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Full text of "Bulletins de l'Academie royale des sciences, des lettres et des beaux?arts de Belgique."

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X BULLETINS 


DE 


L'ACADEMIE ROYALE - 


DES | ^ 


SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS 


DE BELGIQU 


+ 


57" ANNÉE, 3° SÉRIE, ' 


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i 


.. L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIEN 


; DES 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BRLGIQUE. 


pU, 
à A 


BULLETINS 


1 DE 


L'ACADEMIE ROYALE - 


SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS 


DE BELGIQUE. 


= GINQUANTE-SRPTIÈME ANNÉE. — 3m SÉRIE, T. 14. 


1896. nr 
BRUXELLES, oo 
HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGI 
Me Ü rue de Louvain, 108. i 


— 


4887 


ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 


———— t — 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 


DES 


LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


56 awuee , 3* sue, tome 44 


N 1. 


Mo. Bot. Garden. 
1896. 


BRUXELLES, 


F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE, 


Rue de Louvain, 108. 


1887 


BULLETIN 


DE 
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 

1887. — N» 7. 


CLASSE DES SCIENCES. 


—— 


Séance du 2 juillet 1887. 


M. De Titty, directeur, président de l'Académie. 

M. Lian, secrétaire perpétuel. 

Sont présents : MM. Fr. Crépin, vice-directeur; J.-S. Stas, 
P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps, 
Gluge, J. C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, 
Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, - 


..— Briart, Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mens- - 
brugghe, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, membres; 


E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés; L. Frederieq, - 
Paul Mansion, P. De Heen et C. Le Paige, correspon- 


dants 


. $"* SÉRIE, TOME xiv. 1 


CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre de l'Agriculture, de l'industrie et des 
Travaux publies envoie, pour la bibliothéque de l'Aca- 
démie, l'ouvrage du lieuteuant Jéróme Becker, intitulé : 
La vie en Afrique, avec préface du comte Goblet d'Alviella. 
— Remerciements. 


— M. le maréchal des logis d'artillerie en retraite 
Delaey, à Roulers, adresse des communications se rappor- 
tant à divers sujets. — Dépót dans les archives. 


— M. F. Terby, docteur en sciences, à Louvain, demande 1 
le dépót dans les archives d'un billet cacheté daté du 1 
30 juin 1887. — Accepté. 1 


— Le Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles 
envoie le tome XIII (avec planches) de la Description des 
ossemenis fossiles des environs d'Anvers, par P.-J. Van 
Beneden. — Remerciements. 


— Hommages d'ouvrages : 

1° Travaux du laboratoire de Léon Fredericq, à l'Institut 
de physiologie de l Université de Liège, tome 1°", 1885-86; 

2° a) Note sur l'hypnoscope et sur les phénomènes de 
transfert par les aimants ; b) La matière brute et la 
matière vivante ; par J. Delbœuf; 


(5) 

3° Sur les tempétes, théories et discussions nouvelles ; par 
H. Faye, associé de la Classe, à Paris; 

4 Der jetzige Stand der morphologischen Disciplinen 
mit Bezug auf allgemeine Fragen. Discours par A. von 
—. Kólliker, associé, à Wurtzbourg; 

5° a) Sur les causes des variations diurnes du magnétisme 
terreste et sur la loi qui régle la position du courant per- 
turbateur principal; b) Variations diurnes intertropicales 
et variations annuelles du magnétisme terrestre; par 
Ch. Lagrange (présenté par M. Folie, qui « estime que cet 
..» ouvrage semble avoir fait faire un grand pas à la théorie 
E du magnétisme terrestre) » 
i 6° Fauna und Flora iti ce von Neapel : Polygor- 

| dius; par J. Fraipont (présenté par M. Éd. Van Beneden); 
.. T° a) Notes de technique microscopique; b) Résumé d'une 
. conférence sur la microphotographie, appliquée à l'histo- 
ogie, l'anatomie comparée et l'embryologie; par P. Fran- 
cotte (présentés par M. Éd. Van Beneden). — Remer- 
ciements. 


OL  — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à 

1 examen de commissaires : 

- 1? Note sur les oscillations d'un pendule produites par le 
Beplacemen: de l'axe de suspension ; par E. Ronkar. — 
Commissaire : : M. Folie; 

E Description de quelques cucurbitacées nouvelles ; par 
Cogniaux. — Commissaire : M. Crépin ; 

5° Sur le sulfure de cadmium colloidal ; par Eug. Prost. 
Commissaires : MM. Stas et Spring. 


RAPPORTS. 


Développement sur la théorie des formes binaires; 
par J. Deruyts. 


Rapport de M. €. Le Paige. 


« Les fonctions invariantives d'un systéme de formes 
algébriques satisfont, comme on le sait, à deux équations 
aux dérivées partielles qui suffisent pour les définir. 

On s'est occupé, depuis longtemps, des fonctions des 
coefficients seuls qui satisfont à l'une de ces deux équa- 
tions, et qui, pour cette raison, ont été appelées semi- 
invariants. M. Deruyts a obtenu de trés intéressantes 
propriétés de ces fonctions et les a communiquées récem- 
ment à l'Académie. 

Dans le travail actuel, il se propose une question ana- 
logue : celle de déterminer les fonctions des coefficients et 
des variables qui satisfont à une seule des équations diffé- 
rentielles que nous venons de mentionner ; il appelle semi- 
covariants ces expressions nouvelles. 

La nature du travail de notre jeune collégue de Liége 
ne nous permet pas d'entrer dans de longs développe- 
ments : nous nous bornerons à signaler quelques-uns des 
théorémes énoncés. 

L'auteur rencontre d'abord cette propriété fondamen- 
tale : Dans un semi-covariant, le coefficient de la plus 
haule puissance de X, est un semi-invariant. 

Lorsque la fonction satisfait à la seconde équation aux 
dérivées partielles, ce coefficient suffit pour déterminer, 


( 9) 

d'une maniére unique, tous les autres coefficients, c'est-à- 
dire le covariant. Il n'en est naturellement plus de méme 
dans le cas actuel. Mais, grâce à l'opération — d- définie 
dans un travail précédent de l'auteur, celui-ci poil à 
montrer la liaison entre les coefficients du semi-covariant 
et celui de son premier terme. 

Il arrive ainsi à cette propriété : 

Tout semi-covariant est une somme de produits de puis- 
sances de x4 par des expressions de la forme 


dk, » 
ke pi 1 4 d bo 


h do, PURA 


ko étant un semi-invariant. 

M. Deruyts établit ensuite un autre mode de formation 
des fonctions qu'il étudie. 

Comme nous l'avons dit, il nous est impossible de 
reprendre un à un les nombreux théorémes énoneés par 
l'auteur : ce serait simplement reproduire son travail en 
supprimant les démonstrations. 

Nous signalerons cependant la liaison intéressante que 
M. Deruyts établit entre les semi-covariants et la théorie 
des fractions continues, et le procédé ingénieux qu'il en 
déduit pour retrouver le canonizant de Sylvester, ainsi 
que les remarques auxquelles il est conduit sur l'addition 
de certains déterminants. 

En résumé, nous pensons que le nouveau travail de 
M. Deruyts est trés digne d’être approuvé par la Classe, et 
nous en proposons bien vivement l'impression dans un des 
Recueils in-8° de l'Académie. » 


La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles M. Man- - 


sion, second commissaire, s'est rallié. 


(6) 


Application de la photographie à l'étude de l'électrotonus 
des nerfs; par M. Henrijean. 


Rapport de M. Léon Frederica. 


« Les méthodes les plus ingénieuses de l'électro-physiolo- 
gie ontété utilisées pour l'étude des courants électrotoniques 
des nerfs. Malheureusement ces méthodes sont extréme- 
ment compliquées, et ne permettent d'arriver à reconsti- 
tuer la courbe qui représente les différentes phases de 
l'électrotonus, qu'en combinant les résultats fournis par 
un grand nombre d'expériences successives. Il faut bien 
se résigner à faire abstraction de l'influence de la fatigue 
du nerf, et des autres modifications qui peuvent se pro- 
duire dans sa substance, au cours d'une série d'ex périences. 

Bernstein, l'an des physiologistes allemands qui s'est 
occupé avec le plus de succès de ce sujet difficile, émet- 
tait récemment le vœu de voir répéter ces expériences, en 
les disposant de manière à n'avoir à soumettre le nerf qu'à 
une seule action de polarisation, — ce qui s'obtiendrait 
le mieux, dit-il, au moyen de l'électrométre capillaire, dont 
on photographierait les excursions. 

Ce vœu exprimé par Bernstein, M. Henrijean est par- 
venu à le réaliser. Il a pu, au moyen de la photographie, 
recueillir, en une seule expérience, la courbe compléte du 
courant éleetrotonique. Hâtons-nous de dire que son tra- 
vail confirme, en grande partie, les résultats obtenus par 
d'autres expérimentateurs; son intérét réside donc moins 
dans la découverte de faits nouveaux que dans la sub- 
stitution d'une méthode directe, simple et facile, aux pro- 
cédés compliqués et laborieux utilisés jusqu'à présent. 


i C 

Nous vous proposons : 

1° De voter l'impression de la notice de M. Henrijean, 
avec la planche qui l'accompagne, dans le Bulletin de 
l'Académie ; 

2» D'adresser des remerciements à l'auteur, en lenga- 
geant à poursuivre ses recherches et notamment à étendre 
à l'étude de quelques autres problémes de l'électro-physio- 
logie la méthode qui lui a si bien réussi dans celle de 
l'électrotonus. » 


La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles s'est 
rallié M. Van Bambeke, second commissaire. 


— 


Sur la circulation du sang dans le cercle artériel de Willis, 


par M. G. Corin. 


Rapport de M. Léon Fredericq. 


« Quatre gros vaisseaux, les deux carotides et les deux 
vertébrales, amènent au cerveau le sang artériel qui doit le 
nourrir. Ces vaisseaux s'anastomosent largement à la base 
du crâne, de manière à former une espèce de polygone 
vasculaire, connu sous le nom de cercle artériel de Willis. 

C'est gràce à l'existence de ces anastomoses que le cer- 
veau et le cervelet peuvent supporter l'oblitération d'une ou 
de plusieurs artères nourricières, les canaux qui restent 
suffisant à la nutrition. 

M. Corin a cherché à déterminer dans quelle mesure se 
fait cette suppléance. Il a constaté que, chez le chien, la 
ligature de deux et méme de trois des grosses artéres, 


(8) 

n'exerce que fort peu d'influence sur la pression du sang 
dans le cercle artériel de Willis, et par conséquent sur les 
conditions de la circulation cérébrale. Dans la plupart des 
cas, la ligature des quatre vaisseaux afférents n'améne pas 
non plus de troubles graves : le cerveau recoit alors son 
sang par des voies détournées, notamment par les anasto- 
moses avec les vaisseaux spinaux. 

Il n'y a donc pas lieu, selon M. Corin, de s'étonner du 
peu d'influence que la ligature des carotides ou des verté- 
brales exerce sur le rythme respiratoire, et l'on n'est plus 
en droit d'invoquer ces faits contre la théorie respiratoire 
de Rosenthal. 

On sait que, d'aprés ce physiologiste, le rythme respira- 
toire est réglé, en grande partie, par la qualité (composition 
des gaz) du sang qui circule dans la téte, notamment par les 
conditions de l'irrigation sanguine de la moelle allongée. 

M. Corin termine son travail en déterminant la vitesse 
de propagation des ondes pulsatiles à travers le cercle de 
Willis. Cette vitesse est notablement plus faible que dans 
les gros troncs artériels voisins du cœur. 

La notice de M. Corin contient plusieurs fait nouveaux 
et intéressants. 

Nous vous proposons : 

1* D'insérer son travail dans le Bulletin de l’Académie; 

2 De voter des remerciements à son auteur. » 


La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles s'est 
rallié M. Van Bambeke, second commissaire. 


(9) 


Nouvelles recherches sur le spectre du carbone; 
par M. Ch. Fievez. 


Rapport de 73. Stas. 


« Dans son travail, M. Fievez expose brièvement l'état 
de nos connaissances sur le spectre du carbone, qui a déjà 
fait de sa part l'objet de longues et délicates recherches. 
Des spectroscopistes attribuent au carbone un spectre 
différent de celui de ses composés hydrogénés; d'autres 
spectroscopistes considèrent le spectre des composés hydro- 
génés du carbone comme le spectre propre de cet élément. 

Des expériences nouvelles, consignées dans la notice 
presentée à l'Académie, M. Fievez conclut que « dans 
l'état actuel de nos connaissances, le carbone n’a pas de 
spectre différent de celui de ses composés hydrogénés ». 

L'Académie sait qu'il y a plusieurs années déjà j'ai fait 
des recherches sur le spectre du carbone et le spectre de 
l'hydrogène, en soumettant à l'analyse prismatique succes- 
sivement : 1° la flamme du gaz d'éclairage et des 
vapeurs hydrocarbonées alimentée par l'air ou par l'oxy- 
gène; 2° la flamme de l'hydrogène pur dans l'air et dans 
l'oxygène; 5? le gaz de l'éclairage contenu dans des tubes 
de Geissler à la pression de 90 millimétres et rendu lumi- 
neux par le passage d'un courant électrique. 

A l'oceasion d'un rapport que jai eu l'honneur de 
faire à l'Académie sur un Mémoire de M. von Konkoly, 
Jai communiqué à la Classe l'introduction d'un travail 
inédit sur des recherches chimiques et spectroscopiques, 
dans lequel j'expose mes investigations sur le spectre de 


(10) 
flamme de l'hydrogène alimentée par l'air ou par l’oxygène, 
et le spectre de flamme du gaz d'éclairage alimentée par 
l'air ou par l'oxygène. 

Depuis la présentation de la notice de M. Fievez, j'ai eu 
soin de soumettre à un nouveau contróle mes observations, 
en priant mon savant ami et collègue, M. Depaire, profes- 
seur à l'Université de Bruxelles, de me préter son concours 
actif et éclairé en méme temps que sa remarquable et si 
parfaite installation spectroscopique. 

Il résulte de mes anciennes et nouvelles observations 
que : 

4° Le spectre de flamme du gaz d'éclairage et des 
vapeurs des hydrocarbures liquides, alimentée à l'oxygène, 
brülant à la température de la fusion de l'iridium, se com- 
pose des raies et des bandes décrites dans l'introduction 
déposée sur le bureau de l'Académie et paraphée à cette 
époque par M. le Directeur et M. le Secrétaire perpétuel. 
Les raies C. F. G. de Frauenhofer, caractéristiques de la 
présence de l'hydrogéne, font absolument défaut dans ce 
spectre. 

On constate l'absence des raies de l'hydrogène, lors 
méme qu'on fait passer une étincelle ou une décharge à 
l'aide de cónes de charbon ou de sphéres de platine au 
travers de la partie de la flamme hydrocarbonée considérée. 
Quelles que soient les dispositions que M Depaire et moi 
nous ayons prises pour la position des cónes ou des sphéres 
dans la flamme, notre impuissance à faire apparaitre les 
raies C. F. G., et méme la raie C. qui se présente toujours 
dans le spectre de l'étincelle jaillissante à la surface d'une 
solution saline aqueuse, notre impuissance, dis-je, a été 
absolue; 

2^ Le spectre électrique du gaz de l'éclairage et des 


ee ET 


UN) 

vapeurs hydrocarbonées, observé à la tension de 20 milli- 
mètres dans la partie rétrécie des tubes de Geissler, se 
compose des raies et des bandes du spectre de flamme de 
ces mémes gaz et vapeurs, auxquelles viennent s'ajouter, 
suivant l'intensité du courant, soit la raie C. soit les raies 
C. et F., soit les raies C. F. et G. de Frauenhofer, caracté- 
ristiques de l'hydrogène ; | 

3° Le spectre de flamme de l'hydrogène pun, suivant que 
la flamme estobscureetiNCOLoRE ou portée à l'incandescence 
et colorée dans ce cas en bleu d'azur, est représenté par 
un espace spectral totalement obscur ou par un espace 
spectral illuminé, formé d'un spectre continu présentant 
un facies propre, distinct absolument du facies du spectre 
continu qu'on observe par l'analyse prismatique des radia- 
tions lumineuses émises par les solides opaques et fixes, 
tels que le platine, l'iridium, le carbone, portés à la plus 
vive incandescence. 

Quelles que soient les dispositions prises pour la com- 
bustion de l'hydrogéne dans l'oxygène, quels que soient la 
partie dela flamme analysée et les spectroscopes employés, 
il est impossible de constater, à la vue, dans le spectre 
continu, faiblement ou intensément illuminé, la présence 
d'une raie de l’hydrogène. D’après mon expérience, suffi- 
samment contrôlée, je me crois en droit d'affirmer que le 
spectre de flamme de l'hydrogène pur est dépourvu de 
raies brillantes ou noires proprement dites; 

4 Le spectre électrique de l'hydrogène pur observé dans 
des tubes de Geissler est caractérisé par les raies parfaite- 
ment connues C. F. et G. de Frauenhofer. Je dis observé - 
dans des tubes de Geissler, car j'ai des doutes sur la possi- 
bilité de constater l'apparition des raies de Frauenhofer 
dans le spectre de l'arc électrique, produit dans l'hydro- 


(12) 
gène. A mon avis, l'apparition ou la non apparition des 
raies C. F. et G. de Frauenhofer, dans le courant, l'étincelle, 
la décharge ou l'arc électriques, exige des recherches 
nouvelles. 

Des faits qui précédent, je me erois autorisé à dire que 
la conclusion que M. Fievez déduit de ses recherches et 
dont j'admets, sans réserves aucunes, la parfaite exacti- 
tude, n'est pas absolument adéquate à ces faits. Elle ne 
s'adapte qu'au spectre du carbone de l'arc électrique et 
qu'au spectre de flamme des hydrocarbures. Elle ne 
s'applique pas au spectre électrique des hydrocarbures 
observé dans les tubes de Geissler. Ce spectre électrique 
n'est pas le méme que celui du spectre de flamme; il est 
représenté par la somme du spectre de l'arc du carbone 
et du spectre électrique de l'hydrogene. 

L'énoncé des expériences exposées ci-dessus dit suffi- 
samment pourquoi le spectre de flamme des hydrocar- 
bures n'est pas le méme que le spectre électrique des 
mêmes hydrocarbures, et pourquoi ces différences existent 
et doivent exister; mais je ne veux pas insister davautage. 

Quoi qu'il en soit, je partage l'opinion de M. Fievez que le 
spectre de flamme des hydrocarbures représente le spectre 
vrai du carbone, spectre identique à celui observé à l'aide 
du carbone dans l'are électrique fonctionnant dans le vide. 
En conséquence, j'ai honneur de proposer à l'Académie 
d'ordonner l'impression du travail de M. Fievez dans le 
Bulletin de la séance, de lui voter des remerciements pour 
sa communication,et de l'engager à continuer lesrecherches 
qu'il annonce avoir entreprises sur le spectre des différents 
composés carbonés. » 


— Adopté. 


TUS 


PP A 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


—— 


Sur une relation entre l'élasticité optique et l'activité chi- 
mique dans un cristal de Spath d Islande; par Walthére 
Spring, membre de l'Académie. 


Jai eu l'honneur de communiquer à la Classe des 


_ sciences de l'Académie, dans la séance du mois de mars 


dernier, les résultats de recherches que j'avais entreprises 
en vue de connaitre comment variait, avec la température, 
la vitesse de réaction des acides minéraux sur le marbre. 

J'étais arrivé à un résultat trés simple, car la vitesse 
de la réaction s'est montrée indépendante de la nature 
chimique des acides, et variable avec la température sui- 
vant une exponentielle dont le module est 2 : toutes autres 
conditions (étendue de la surface du marbre, concentra- 
tion des acides, etc.) restant les mêmes, bien entendu. 

Le marbre n'étant pas un corps identique à lui-méme, 
sous le rapport physique, dans toutes ses parties, puisqu'il 


n'est pas rare de rencontrer des régions plus ou moins 
. dures, j'ai tenu à vérifier le résultat trouvé d'abord en 


faisant usage, cette fois, d'un corps cristallisé : le spath 
. d'Islande. 


* 


uL WU WES 


Ga) 

J'ai examiné la vitesse de dissolution d’un cristal de 
cette espèce minérale, dans ses diverses directions prin- 
_cipales. Je prie l'Académie de vouloir bien accueillir la 
relation des résultats obtenus afin de me permettre de 
prendre date pour quelques faits qui me paraissent assez 
curieux. 

4° Toutes les faces du solide de clivage se dissolvent 
avec la méme vitesse dans les acides minéraux, toutes 
conditions étant égales d'ailleurs. 

2» Les sections obtenues en taillant un crista! perpen- 
dieulairement à l'axe optique, ou parallélement à celui-ci, 
se dissolvent inégalement vite. 

La section qui se dissout le plus rapidement est aussi 
celle pour laquelle l'indice de réfraction d'un rayon lumi- 
neux est le plus grand. Si l'on détermine le rapport des 
vitesses de réaction des deux sections mentionnées, on 
trouve, en moyenne, qu'elles sont entre elles comme 
1:1,14; d'autre part, les indices de réfraction correspon- 
dants sont entre eux comme 1 : 1,12. 

Il n'y a pas identité entre ces rapports; mais la diffé- 
rence ne comporte que 2 °/, de la valeur totale, de sorte 
que l'on est fondé à conclure, me semble-t-il, que l'élasti- 
cité optique dans une direction donnée d'un cristal n'est 
pas sans influence sur l'activité chimique. Peut-étre bien 
y a-t-il là la trace de connexion entre les phénomènes 
chimiques en général et les mouvements ondulatoires que 
l'on a nommé lumiére. 

J'aurai bientót l'honneur de présenter à l'Académie le 
complément de cette note. 


din OSEE VIRUS 


CAP EASTER, ACE CT T 


Sur une nouvelle interprétation de quelques dépóts ter- 
tiaires ; par M. Mourlon, membre de l'Académie. 


M. Ém. Vincent vient de publier une intéressante Note 
sur trois coupes de dépóts tertiaires relevées à Nossegem, 
Sterrebeek et Ophem, sur le territoire dela Planchette de 
Saventhem (1 

Cette Note remet en question l'interprétation d'une 
partie de ces dépóts telle qu'elle se trouve consignée dans 
la légende de la carte géologique à l'échelle de !/20000 et 
aboutit à des conclusions qui laissent entrevoir d'impor- 
tants résultats. 

Pour le moment, M. Vincent se borne à l'examen minu- 
tieux des deux groupes de couches sableuses qui, dans la 
région dont il s'agit, s'observent entre les sables laeke- 
niens de l'Éocéne moyen et l'argile glauconifére que 
Dumont range dans son Tongrien. 

Le plus inférieur de ces groupes de couches, séparé des - 
sables laekeniens par un gravier à Nummulites variolaria, 
est considéré comme étant la base de l'étage wemmelien, 
mais il parait bien plutót devoir constituer un étage spécial. 
Le groupe de couches supérieur, au contraire, renferme la 
faune-type des sables de Wemmel proprement dits, et 
c’est par erreur qu'il a été, en de certains points comme 
à Nossegem, rapporté à un nouveau systéme de couches 


~x 


(1) Procès-verbal de la séance du 2 avril 1887 de la Société royale 
malacologique, p. xxvii. 


( 16 
au MM. Rutot et Van den CER ont donné le nom 
d'asschien. 

Sans vouloir me prononcer pour le moment sur la 
valeur de ce nouveau systéme qui me parait tout au moins 
sujette à discussion, je crois pouvoir conclure de mes pro- 
pres observations sur les dépóts en question que le nou- 
veau classement proposé par M. Vincent est celui qui, 
dans l'état actuel de nos connaissances, répond le mieux à 
la réalité des faits. 

Le tableau suivant permettra de bien appréeier en quoi 
. ce nouveau classement diffère de l’ancien : 


PART Série ge i das prawo inférieurs N vana 
; à l'argile glauconifère 
classement. sur la planchette de Saventhem. SRE 
Argile glauconifère (Tongrien de 
Dumont). 
Asschien , . . pile LATE TE w eheh. 
un N. SENTE Hd 
^ Sable ferrugineux. j 
Wemmelien . f AEE HEN A } Ledien. 
. 1 Gravier à N. variolaria 5 
à © j Sable blanchâtre ealearifere . 3 i 
Laekenien . .; 2 pee ; t l Laekenien. 
l Gravier à N. lœvigata roulées : 
Bruxellien 5. | Sables siliceux et ealeariferes . . . | Bruxellien. 


J'ajouterai qu'un nouvel examen des échantillons de 
roches et de fossiles déposés au Musée de Bruxelles et se 
rapportant aux nombreuses coupes dont plusieures ne 
sont plus guère visibles aujourd'hui et qu'il m'a été donné 
de relever dans les différentes parties du bassin franco- 


TP 


(m) 
belge, semble devoir confirmer en tous points la nouvelle 
interprétation qui fait l'objet de cette communication. 

Les sables à N. variolaria présentent un faciès faunique 
différant de celui des sables de Wemmel proprement dits, 
notamment à Lede et à Moorsel prés d'Alost, à Forest et 
à Melsbroeck près de Bruxelles, à Baeleghem prés de Gand, 
à Cassel en France, etc. C'est cette considération qui, 
jointe à celle des caractéres minéralogiques et stratigra- 
phiques des sables en question, me fait proposer, d'accord 
avec M. Vincent, de les considérer comme formant un 
élage spécial, et de désigner ce dernier sous le nom d'étage 
ledien comme le renseigne le tableau ci-dessus. 

Déjà, en 1875 (1), j'avais proposé de désigner les sables 
à N. variolaria sous le nom de « sables de Lede », mais 
le degré d'avancement des études de nos dépóts tertiaires 
n'autorisait pas à cette époque de les séparer nettement 
des sables de Laeken et de Wemmel, comme les nom- 
breux et remarquables travaux effeetués depuis, per- 
mettent aujourd'hui de le réaliser. 

Ne voulant pas antieiper sur les résultats des recherches 
qui ne peuvent manquer de se produire à bref délai sur 
les autres dépôts composant le système asschien, je me 
bornerai à faire remarquer que, partout oü il m'a été donné 
d'observer le contact des sables lediens à N. variolaria, soit 
avec les sables wemmeliens qui les surmontent, soit avec 
les sables laekeniens qu'ils recouvrent, ils m'ont paru avoir 
une épaisseur et un développement beaucoup plus consi- 


. dérables que ces deux autres dépóts sableux. 


C'est ainsi que, dans la coupe de Baeleghem (Géologie 


(1) Patria belgica, t. I, p. 194. 


$"* SÉRIE, TOME XIV. 2 


( 18 j 

de la Belgique, t. I, fig. 45, p. 259), les sables et grès n° 7à 
11, que je rapporte au nouvel étage ledien, sont beaucoup 
plus épais que les sables wemmeliens réduits à la couche 
n? B. Ces derniers sont séparés des sables lediens par le 
bane de grès coquiller n° 6, constituant un gravier de base 
à peine visible, et sur lequel l'attention n'avait pas encore 
été appelée lorsque je relevai cette coupe en 1875. Il 
parait en être de même du banc de grès avec sable blanc 
légérement glauconifére et graveleux qui, dans ma coupe 
du Mont des Récollets (Ibid., p. 945), sépare les sables 
wemmeliens n° 3 des sables lediens n° 4. 

C’est le banc de grès le plus inférieur de la première 
zone à N. variolaria de là coupe de MM Ortlieb et Chel- 
lonneix (1). 

Quant aux sables laekeniens, ils ne sont représentés 
dans ees deux coupes que par un faible dépót de sable 
graveleux à N. levigata roulées avec blocs de grès perforés. 

Il est à remarquer à ce sujet qu'en de certains points 
des environs de Bruxelles, notamment à Boitsfort et à 
Watermael, ces mémes sables laekeniens semblent faire 
complétement défaut, et l'on voit le gravier ledien reposer 
directement sur les sables et grès ferrugineux brusxelliens. 

Qu'il me soit permis, en terminant, de faire remarquer 
que, tout en adoptant le nouveau classement proposé par 
M. Vincent et dont je viens de montrer l'application en 
des points assez éloignés de ceux qu'il a plus particuliè- 
rement étudiés, je erois devoir insister sur l'intérét qu'il 
y aurait à faire connaitre la répartition des nombreuses 


(4) Études des collines tertiaires du département du Nord, p. 62, 
fig. 9. 


née 


(19) 


espèces fossiles recueillies dans les dépôts qui font l'objet 


dudit classement. 

Pour effectuer cet important travail, M. Ém. Vincent 
trouvera dans la personne de son pére, M. G. Vincent, un 
collaborateur d'autant plus autorisé que, par ses habiles et 
persévérantes recherches, il a contribué pour une trés large 
part aux progrès si marquants réalisés depuis quelques 
années dans la connaissance de nos terrains tertiaires. 


Les genres EcrEiNAsciDiA Herd. RinopraLEA PniL. et SLui- 
TERIA (nov. gen.). — Note pour servir à la classifica- 
tion des Tuniciers; par Édouard Vau Beneden, membre 
de l'Académie. 


Nos connaissances relatives au groupe des Tuniciers se 
sont considérablement accrues dans ces derniéres années, 
et cela à un double point de vue. Plusieurs travaux récents, 
traitant soit de l'anatomie soit du développement des 
Urochordes, ont largement contribué à élucider les diverses 
questions relatives à la morphologie de ces animaux; 
d'autre part, un grand nombre de formes inconnues jus- 
qu'iei ont été décrites et figurées; les caractères distinctifs 
des familles ont été mieux définis. Il y a cinq ans l'on con- 
naissait à peine quelques espéces exotiques; aujourd'hui, 
gràce surtout aux travaux de Herdman, qui a fait connaitre 
les Ascidies simples et les Synascidies recueillies pendant 
l'expédition du Challenger, gràce aux mémoires de Sluiter - 
sur les Tuniciers de la Malaisie, de von Drasche et de 
Traustedt, qui ont décrit un grand nombre de formes nou- - 
velles provenant de diverses parties du globe, particuliè- 


( 20 ) 
rement du Pacifique, la liste des Ascidies simples et com- 
posées, décrites et figurées, a plus que doublé. 

L'ensemble de ces recherches fait pressentir une réforme 
de la classification des Tuniciers, et diverses tentatives ont 
été faites dejà en vue d'établir la systématique sur des 
bases nouvelles. 

Je me propose de publier prochainement la critique de 
ces essais et de faire connaitre les résultats auxquels j'ai 
été moi-méme conduit, en ce qui concerne la classification 
des Urochordes. La présente note, préliminaire à ce travail, 
. a pour objet l'étude critique du genre Ecteinascidia établi 
par Herdman (1). Il comprend einq espèces, dont trois ont 
été décrites par Herdman lui-méme, sous les noms de 
Ecteinascidia crassa, Ecteinascidia fusca et Ecteinascidia 
turbinata, deux découvertes par Sluiter (2) et désignées 
par lui sous les noms de Ecteinascidia diaphanis et 
Ecteinascidia rubricollis. Quatre de ces espèces se multi- 
plient à la fois par voie sexuelle et par bourgeonnement 
stolonial, à la facon des Clavelines et des Pérophores; la 
cinquième est probablement une Ascidie simple. Le genre 
Ecteinascidia que Milne-Edwards eut certainement rangé 
à côté des genres Clavelina et Perophora, dans son groupe 
des Ascidies sociales, est placé par Herdman à cóté de ces 


(1) Herpman, W.-A. Preliminary Report on Tunicata of the 
Challenger Expedition. Part. IL Edimb. Roy. Soc Proc. Session 
1879-1880. 

Report tho upon the Tunicata collected during the voyage of 
H. M. S. Challenger during the years 1875-1876. Zool. Chal. Exp. 
Vol. VI, part. XVII, 296 pages et 57 planches. 

(2) SLuiTer, Ueber einige einfachen Ascidien v. d. Insel Billiton. 
Natuurkund. Tijdsch. v. Nederl. Indie. Bd. XIV, p. 4 


— oA 


dA 


MES 


es 


( 24 
genres, dans la famille des Clavelinides, parmi les Ascidies 
simples. 

L'organisation des différentes espéces de ce genre et les 
affinités qu'elles manifestent les unes avec des Ascidies 
simples, les autres avec des Synascidies, démontrent avec 
évidence qu'il faut renoncer à chercher dans les modes 
de reproduction un principe de classification. A ce point 
de vue, aucun groupe d'espéces de la classe des Tuniciers 
n'est plus instructif. Des cinq espèces réunies dans le 
genre Ecteinascidia, deux doivent prendre place dans le 
genre RAopalea Phil., deux peuvent être conservées dans 
le genre Ecteinascidia; la cinquième constitue un type 
générique distinct, que je diae de désigner sous le 
nom de S/uiteria. 


RHopaLoEa Phil. 


Quand, en 1879-1880, Herdman créa le genre Ectein- 
ascidia, l'on ne connaissait que par la description qu'en 
avait donnée Philippi (1), la forme si particulière que ce 
naturaliste avait découverte, en 1842, dans le golfe de 
Naples, et qu'il avait baptisée du nom de RAopalea neapo- 
litana. 

Jusqu'en 1881, personne ne réussit a retrouver cet Asci- 
dien, ou tout au moins, si des exemplaires sont tombés 
entre les mains de naturalistes, n'ont-ils pas été reconnus 
comme appartenant au type découvert par Philippi. En 
visitant l'an dernier les collections zoologiques de l'Uni- 


versité de Leipzig, je fus surpris de trouver, parmi les — : 


250 Piueni, Ein neues genus d. einf. Amilin Müller’s dmm 


(22) 
Ascidiens, un bel exemplaire de Rhopalæa neapolitana 
sous le nom de Phallusia mentula. 

Traustedt (1), que la direetion de la Station zoologique 
de Naples a chargé, en 1882, de la publication des Asci- 
dies simples du golfe, ne fait pas méme mention du genre 
Rhophalæa. ; 

En 1884, Roule (2) annonçait à l’Académie des sciences 
de Paris la découverte qu'il venait de faire d’une station de 
Rhopalea sur les côtes de Marseilles, dans les fonds du 
pourtour des Zostéres, dans les sables vaseux charriés 
par les courants, par 25 à 60 mètres de profondeur. H 
donna d'abord quelques renseignements sommaires sur 
l’organisation de ce Tunicier; il en a publié depuis, dans 
le Journal de Fol (5), une description anatomique accom- 
pagnée de fort beaux dessins. 

Pendant mon séjour à Naples en 1881, j'avais réussi à 
retrouver le RAopalea neapolitana de Philippi; j'en ai 
rapporté cinq exemplaires. M. Roule a bien voulu m'en 
envoyer quelques autres recueillis par lui à Marseille, et 
j'ai pu ainsi non pas seulement m'assurer de l'identité de 
la forme des côtes de Provence avec l'espéce napolitaine, 
mais aussi étudier par moi-méme l'organisation de cette 
forme intéressante. 

Roule avait reconnu que la description de Philippi, trés 
exacte d'ailleurs pour la plupart des détails d'organisation 
qu'il signale, devait étre rectifiée sur un point important. 
Philippi avait cru reconnaitre que les barres longitudinales 


(1) TaavsrEpT, Die einfachen Ascidien (Ascidiæ simplices) des 
Golfes von Neapel. Mitth. a. d. Zool. Stat. zu Neapel. 1883. Heft. 1V. 

(2) Roue, Sur le genre Rhopalæa. Comptes rendus du 19 mai 1884. 

(9) Rovte, Revision des espèces de Phallusiadés des côtes de m 
vence. Rec. Zool. Suisse, t. HI. 


us 


ni dir 


(25 ) 

du sac branchial portent des papilles comme on en observe 
chez la plupart des Aseidiadés. C'est là une erreur; ces 
papilles n'existent pas. A ce point de vue, les Rhopalæa ne 
différent en rien des trois espèces du genre Ecteinascidia 
décrites par Herdman. Or, si Herdman s'est décidé à créer, 
pour désigner ces trois formes, un nom générique nouveau, 
c'est en se fondant principalement sur la présence supposée 
de papilles chez les Rhopalæa, et sur l'absence totale de ces 
organes dans les trois formes ramenées par le Challenger. 
Faut-il en conelure à la suppression du genre créé par 
Herdman? 

Si l’on étudie avec soin les caractères des trois espèces 
désignées par l'ascidiologue anglais sous les noms de 
Ecteinascidia crassa, E. fusca et E. turbinata, on con- 
state entre elles des différences considérables, touchant à 
des points d'organisation fort importants. Dans deux d'entre 
elles, E. crassa et E. fusca, la masse viscérale se trouve 
placée en arriére du sac branchial, de facon à constituer un 
véritable abdomen séparé du thorax par un étranglement 
qui, pour être moins apparent à l'extérieur dans E. crassa 
que dans E. fusca, n'en est pas moins réel : « The alimen- 
tary and genital viscera, ainsi s'exprime Herdmen en 
décrivant E. crassa, extend in this species for a conside- 
rable distance beyond the branchial sac, so as to form a 
distinet abdomen, which is almost as large as the thorax, 
and is connected with it by a narrow pedicle traversed by 
the esophagus, the intestine and the genital ducts ». — 


Chez Ecteinascidia fusca, le caractère est plus apparent 


encore, et extérieurement déjà on reconnait que le corpsest 
divisé en deux portions renflées séparées l'une de l'autre 
par un étranglement, et reliées entre elles par un pédi- 
cule, comme dans les genres Rhopalea et Diazona. 

Cette division du corps en un thorax comprenant le sae 


(24) 
branchial et un abdomen composé de la plus grande partie 
du canal alimentaire, des organes génitaux et du cœur, ces 
deux portions se trouvant séparées par un étranglement 
médian traversé par l'esophage, le rectum, les conduits 
génitaux et l’épicarde, constituent le caractère le plus sail- 
lant de l'organisation du Rhopalæa. 

Ce n'est pas là le seul caractère qui rapproche du Rho- 
palea neapolitana les espèces Ecteinascidia crassa el 
. E. fusca. 

Dans ces deux formes, rapportées par Herdman au genre 
Ecteinascidia, E.crassa et E. fusca, comme dans le Rho- 
palea neapolitana, le test est résistant et de consistance 
cartilagineuse; en outre, il est épais, moins cependant 
autour du thorax que daus la région abdominale et autour 
du pédicule qui relie l'une à l'autre les deux portions du 
corps. Les trois espèces se fixent par l'extrémité posté- - 
rieure de leur abdomen au moyen d'une surface irréguliére 
et inégale moulée sur les corps étrangers qui les portent. 
Les bandes musculaires longitudinales de la tunique interne 
sont trés développées; le sac branchial est pourvu de barres 
longitudinales fixées à des prolongements triangulaires 
dépendant des côtes transversales. Il n'existe pas de 
papilles le long des barres longitudinales. 

On ne peut distinguer, pas plus chez les Rophalea que 
chez les E. crassa el E. fusca divers ordres de côtes trans- 
versales. Toutes se rapportent à une seule et méme 
catégorie, et les différences que Roule signale, entre ce 
qu'il appelle les sinus transversaux de premier et de second 
ordre, sont si peu marquées et si peu constantes, qu'elles 
méritent à peine d’être signalées : elles sont plus appa- 
rentes que réelles et dépendent des ondulations de la paroi 
du sac branchial. Roule reconnait lui-méme combien peu 


RS a nii 


CNE a 


(25) 

les deux ordres de côtes qu'il distingue diffèrent entre 
eux quand il dit : « Toutes les descriptions qui précèdent 
sont faites d’après lexamen de la branchie par sa face 
externe; il wen est plus tout à fait ainsi lorsqu'on regarde 
la face interne du même organe. Les calibres des sinus ne 
sont plus très différents, et comme leurs rapports avec les 
sinus longitudinaux sont semblables, on ne peut distinguer 
qu'avec difficulté les deux ordres l’un de l'autre. » J'ai 
examiné avec grand soin la branchie des Rhopalœæa et je 
dois déclarer que si, en certains points de la branchie, là 
où les ondulations de la paroi sont bien marquées, on 
peut reconnaitre une alternance plus ou moins régulière 
de vaisseaux un peu plus et un peu moins volumineux, en 
d'autres points, où les ondulations sont moins apparentes, 
il est absolument impossible de distinguer des vaisseaux 
de premier et de second ordre. De plus, et ce point est 
essentiel, toutes les cótes affectent les mémes rapports 
avec les barres longitudinales, toutes fournissent des 
insertions à ces derniers organes. 

Il n'existe donc, chez Rhopalea comme chez E. crassa 
et E. fusca, qu'un seul ordre de vaisseaux transversaux 
(cótes transversales ou sinus transversaux). 

Dans les trois formes, les stigmates diposés en séries 
transversales régulières présentent les mêmes caractères : 
ce sont des boutonnières à direction longitudinale, de forme 
ovalaire allongée. 

Dans les trois formes, il existe, le long de la ligne médio- 
dorsale, une série de languettes indépendantes les unes des 
autres, insérées aux points oü les cótes transversales 
croisent le raphé dorsal. | 


Il n'existe done aucun caractère dans C e qui We 
permette de séparer génériquement le ripas ép : 


( 26 ) 
lilana des espèces Ecteinascidia crassa et Ecteinascidia 
fusca. Aussi je pense qu'il faut les réunir en un seul et 
méme genre, pour lequel le nom de RAopalea doit être 
conservé (1). Ce genre comprendrait done actuellement 
trois espèces : 

Rhopalea neapolitana, Philippi; 

Rhopalæa crassa, Herdman; 

Rhopalæa fusca, Herdman. 

Roule, auquel les analogies entre les genres Ecteinascidia 
et Rhopalea n'ont pas plus échappé qu'à Herdman lui- 
méme, quoique ni l'un ni l'autre de ces auteurs n'ait appelé 
l'attention sur la distinction qu'il y a lieu de faire à cet 
égard entre Ecteinascidia crassa et Ecteinascidia fusca, 
d'une part, Ecteinascidia turbinata, de l'autre, Roule croit 
trouver la justification de la séparation des deux genres 
dans le fait que Rhopalea neapolitana serait un organisme 
monozoique, tandis que les Ecteinascidia seraient polyzoi- 
ques. Il attache une grande importance à l'absence de la 
faculté de bourgeonner chez les Rhopalæa. 

À supposer que réellement les RAopalea ne puissent pas 
se multiplier par gemmation, ce qui ne me parait pas encore 
absolument établi, il n'en faudrait pas encore conclure, à 
mon avis, à l'obligation de séparer g ] t Rhopalea 
neapolitana de Rhopalea crassa el fusca. 


(1) Je ne vois pas qu'il y ait lieu de substituer, comme Roule en 
fait la proposition, le mot Rhopalona au mot Rhopalea. S'il fallait 
corriger les écarts commis aux lois qui régissent la confection des mots 
scientifiques créés au moyen de racines grecques ou latines, on en 
arriverait à transformer une bonne partie de la nomenclature. Ce 
serait certes avantageux au point de vue de la correction du langage, 
mais il en résulterait un grave inconvénient, celui de compliquer 
davantage encore la synonymie. 


(27) 

Il y a lieu de faire observer que, en ce qui concerne 
Rhopalæa crassa, il n'est nullement prouvé que cette espèce 
se multiplie par bourgeonnement. Herdman n'a eu entre 
les mains que deux exemplaires de cette espéce trouvés sur 
une éponge Hexactinellide. Il ne dit pas s'il existait ou non 
des connexions organiques entre les deux individus. 

D'autre part, en ce qui concerne Rhopalæa neapolitana, 
nous ne pouvons faire abstraction de l'observation de Phi- 
lippi, qui a représenté un exemplaire de son espèce pourvu 
de deux excroissances qu'il dit étre des bourgeons. Il est 
difficile d'admettre qu'un observateur aussi consciencieux 
eût pris pour des bourgeons d'autres Ascidies accidentel- 
lement fixés sur le Rhopalæa. Tout récemment, M. Lahille, 
dans une note sur le systéme vasculaire colonial des Tuni- 
ciers, exprime l'opinion que les formes isolées de Rhopalæa 
sont produites aux dépens de colonies, par suite de l'atro- 
phie des stolons qui les réunissaient entre elles (1). 

Mais à supposer méme que réellement RAopalea soit 
monozoique et qu'il en soit de méme de R^opalea crassa, 
alors que nous savons positivement que RAopalea fusca 
est une forme polyzoïque, en résulterait-il qu'il faille 
séparer génériquement cette dernière espèce des deux 
autres? Je ne le pense pas. On peut citer dans le groupe 
des Zoophytes plusieurs exemples de genres renfermant, à 
côté d'espéces se multipliant par bourgeonnemant, des 
espéces à peine différentes, dépourvues de cette faculté, 
sans que l'on ait songé à se fonder sur cette différence 


(1) Lane, Sur le système vasculaire colonial des Tuniciers. 
Comptes rendus du 24 janvier 1887. 


(28 ) 
pour les ranger dans des genres distincts. L’Actinia mesem- 
bryanthemum se multiplie par bourgeonnement, alors 
qu'une foule d'espèces voisines sont dépourvues de cette 
faculté. Des faits du méme genre ont été révélés chez les 
Fungies et les Flabellum. 

Et à supposer qu'une Hydre ou une Claveline, sous l'in- 
fluence de conditions particuliéres, contrariant sa multipli- 
cation par bourgeonnement, en füt réduite à ne se repro- 
duire plus que par voie sexuelle, cesserait-elle pour ce 
motif d'étre une Hydre ou une Claveline? En quoi l'organi- 
sation de ces étres s'en trouverait-elle modifiée ? 


EcrEiNASCIDIA. Herd. 


Si les ressemblances remarquables que j'ai fait ressortir 
entre les deux premières espèces du genre Ecteinascidia et 
Rhopalea neapolitana justifient pleinement, à mon avis, 
l'identification générique de ces formes, il me parait évi- 
dent, d'autre part, que l Ecteinascidia turbinata représente 
un type générique fort différent. Et tout d'abord la division 
du corps en un thorax et un abdomen n'existe pas chez 
l Ecteinascidia turbinata. M ressort en effet aussi bien de la 
description que des figures produites par Herdman que, 
chez cette espèce, le sac branchial s'étend jusque prés de 
l'extrémité inférieure du corps, et que la masse viscérale 
siége en grande partie, non plus en arriére du thorax, mais 
sur la face gauche du sac branchial. Ce fait à lui seul 
éloigne l Ecteinascidia turbinata du type Rhopalæa et rap- 
proche cette forme des Ascidiadés proprement dits. 

. De plus, le test est mince et membraneux, non de con- 
sistance cartilagineuse, comme c'est le cas chez Rhopalæa. 


(29 ) 

Au lieu de s'insérer par une large surface répondant à 
l'extrémité postérieure de l'abdomen, le corps s'effile en 
arriére pour se continuer dans le stolon par un pédicule. 

Les supports des barres longitudinales n'ont pas la forme 
de languettes triangulaires, insérées par leurs bases aux 
cótes transversales, pour se terminer en pointes au niveau 
des barres; ils s'élargissent au contraire à partir de leur 
insertion, pour atteindre leur maximum de largeur au 
niveau des barres. Les stigmates sont des fentes allon- 
gées et étroites, non des boutonnières ovalaires. 

Les languettes insérées le long du raphé dorsal sont 
distantes et ont l'apparence de tentacules, nou de lamelles 
triangulaires. 

La composition et le trajet du tube intestinal différent 
notablement de ce que l'on observe chez Rhopalæa neapo- 
litana, R. crassa et R. fusca. L'eesophage est court; il se 
dirige en arrière et à gauche pour aboutir à l'estomac, situé, 
au moins en partie, sur la face gauche du sac branchial. L'in- 
testin est placé dans toute sa longueur sur la face gauche 
du sac branchial, le long duquel il remonte d'arriére en 
avant pour atteindre le cloaque. 

Les organes génitaux sont placés dans la concavité de 
l'anse que forme le canal alimentaire. 

Herdman ne décrit pas la musculature; mais il est pro- 
bable, à en juger par ce qui existe dans une espèce décrite 
par Sluiter, Ecteinascidia diaphanis, trés voisine de Ectein- 
ascidia turbinata, que les faisceaux longitudinaux sont trés 
réduits, tandis que les faisceaux à direction transversale 
sont relativement trés développés. ' ; 

Ces caractères, et avant tout celui qui résulte de l'ab- 
sence de toute division en un thorax et un abdomen, me 


( 30 ) 
paraissent justifier pleinement la séparation de l'Ectein- 
ascidia turbinata du genre Rhopalæa. Je pense donc qu'il 
yalieu de conserver le nom générique erée par Herd- 
man pour désigner génériquement l'espèce turbinata. 


Sluiter a déerit, postérieurement aux travaux de Herd- 
man, deux formes nouvelles recueillies par lui à l'ile 
Billiton; il a cru devoir les rapporter au genre Ectein- 
ascidia. Il les a appelées Ecteinascidia diaphanis et Ectein- 
ascidia rubricollis. Je dois à l'obligeance du D" Sluiter, 
qui a bien voulu m'envoyer quelques exemplaires de ces 
deux espéces, d'avoir pu les étudier par moi-méme. 

Les caractères extérieurs de la première, E. diaphanis, 
aont si semblables à ceux de E. turbinata de Herdman, 
que l'on pourrait hésiter, et que Sluiter lui-méme a hésité, 
à distinguer spécifiquement la forme recueillie à Billiton de 
l'espéce des Bermudes. Cependant l'étude de l'organisation 
a permis de constater quelques différences qui justifient 
bien l'établissement d'un nom spécifique distinct. En effet, 
l'espéce de Billiton est incolore; son test est absolument 
transparent et fort délicat. La lamelle dorsale est repré- 
sentée par une série de languettes dont la forme diffère 
assez notablement de celle des languettes dorsales de 
E. turbinata. 

Le nombre des tentacules est de quarante, moitié moin- 
dre à peu prés que chez E. turbinata. 

Les organes génitaux, disposés dans l'anse unique formée 
par le canal alimentaire, semblent différer assez notable- 
ment de ceux de £. turbinata. Chez E. diaphanis lovaire 
occupe le centre d'un ma NE par les ighüles tesli- 
culaires, et les canaux acco- 


[2] 2 


(51) 
lés l'un à l'autre, d'abord assez écartés de l'intestin, s'en 
rapprochent ensuite et s’accolent à lui mais ne le croisent 
jamais. 

D’après Herdman la position relative des testicules et de 
l'ovaire serait inverse chez E. turbinata, et chez cette espèce 
le canal déférent croiserait le rectum avant de s'ouvrir 
dans le cloaque. Il y a lieu de douter de la réalité de ces 
deux particularités signalées par Herdman. Elles éloigne- 
raient VE. turbinata non seulement de E. diaphanis, de 
laquelle elle est si voisine par tous les autres caractéres, 
maisaussi de Clavelina, Perophora, Ciona, et de la plupart 
des Ascidies. Dans toutes ces formes les lobules testi- 
culaires entourent l'ovaire, et chez aucune d'elles le canal 
déférent ne croise le rectum. 

Quoi qu'il en soit, il ne peut y avoir le moindre doute 
sur le bien fondé du rapprochement établi par Sluiter 
entre son E. maps et E. o arala 

Legenre E tei peut étre l l suit: 

Le corps de forme M nettement cylindroïde, se 
rétrécit assez brusquement en arrière pour se fixer au 
stolon par un pédicule grêle et court. Il est tronqué en 
avant. Les orifices buccal et cloacal, assez rapprochés l'un 
de l'autre, répondent à la troncature antérieure. L'un et 


. l’autre sont sessiles. Surface du corps lisse. 


Dans les deux espéces actuellement connues, de nom- 
breux individus sont réunis en colonie par un stolon 
rampant. 

Test mince, délicat, diaphane, peu consistant, dépourvu - 
de tubes stotoniaux stériles; tunique interne mince et déli- 
cate pourvue seulement de faisceaux musculaires à direction 
transversale, sauf au niveau du siphon buccal et du siphon 


( 92) 

cloacal. Les muscles longitudi des siphons ne dépassent 
pas les bases de ees organes. Au contraire, les muscles à 
direction transversale sont répandus dans toute l'étendue 
de la tunique interne, sauf au niveau de la gouttiére hypo- 
branchiale et de la masse viscérale. de ces points, la tunique 
interne est total lép (1). Le système 
musculaire rte considérablement le genre Ectein- 
ascidia du genre Clavelina, aussi bien que des Rhopalæa 
et des Ciona. Chez les Clavelines, si l'on excepte les siphons, 
il n'existe dans la tunique interne que des muscles longi- 
tudinaux. Par les caractères du système musculaire les 
Ecteinascidia se rapprochent au contraire des Pérophores, 
chez lesquels les faisceaux musculaires longitudinaux se 
trouvent aussi considérablement réduits, quoique à un 
moindre degré et des Ascidiacés en général. 

Sae branchial à côtes transversales toutes semblables. 
Barres longitudinales grêles, dépourvues de papilles, 
fixées par des pédicules assez longs s'insérant sur les barres 
par une base élargie. Pas de membranes le long des cótes 
transversales. 

Lamelle dorsale représentée par une série de languettes 
tentaculiformes, distantes les unes des autres, peu nom- 
breuses et non réunies entre elles par une membrane lon- 
gitudinale. - 

Tentacules coronaux simples et nombreux. 

Orifiee de la glande sub-ganglionnaire de forme ovalaire 
allongée dans le sens transversal, et de petite dimension. 

Le tube alimentaire forme une anse unique sur le côté 


(4) Ces earactéres tirés de la musculature résultent de l'étude que 
j'ai faite de l'Ecteinascidia diaphanis de Sluiter. 


jo HAS ei GS 


( 98 ) 
gauche du sac branchial, l'estomac dépassant seulement 
en partie l'extrémité postérieure du sac. En partant de 
l'estomac, l'intestin se dirige en avant et en haut pour se 
rendre directement au cloaque. 
Les organes génitaux occupent la concavité de l'anse 
unique formée par le canal alimentaire. 


Genre SLUITERIA, nov. gen. 


Sluiter a décrit, sous le nom de Ecteinascidia rubricollis, 
une autre forme qu'il a rencontrée également à Billiton. 
Tout en reconnaissant qu'elle diffère de Ecteinascidia tur- 
binata beaucoup plus que l'espèce qu'il décrit sous le nom 
de Ecteinascidia diaphanis, il a cru devoir la faire rentrer 
dans le méme genre. Je pense que ce rapprochement ne 
se justifie guère et que Ecteinascidia rubricollis constitue 
un type générique différent. 

La forme générale de Ecteinascidia rubricollis rappelle 
celle des Pérophores. Les deux orifices ne sont point ter- 
minaux,comme chez Ecteinascidia turbinata et diaphanis: 
ils sont fort distants l'un de l'autre. L'orifice buccal répond 
à la petite extrémité du corps ovoide et est exactement 
terminal ; l'orifice cloacal est placé du cóté du dos, à une 
distance de la bouche équivalent au tiers environ de la 
longueur du corps. Les deux orifices sont portés à l'extré- 
mité de siphons allongés, incomplétement rétractiles. 
Chacun d'eux est pourvu de sept festons, tandis que chez 
les Esteinascidia les orifices sont dépourvus de festons ou 
à peine lobulés. 

Le test est notablement plus épais, plus résistant et 
moins vitreux que chez les Ecteinascidia. De plus, il n'est 

O"* SÉRIE, TOME XIV. 5 


(54) 
pas lisse, mais présente çà et là des prolongements papil- 
laires, conoïdes, dans lesquels se terminent des tubes stoto- 
niaux qui cheminent et se divisent dans l’épaisseur de la 
tunique externe. Des grains de sable, des fragments de 
coquilles ou de polypiers, des squelettes de foraminifères 
adhèrent à la surface du test. 

La tunique interne, assez épaisse, est riche en faisceaux 
musculaires à direction transversale; on ne trouve de mus- 
cles longitudinaux que dans les siphons. 

Le sac branchial est pourvu de barres longitudinales 
supportées, suivant les côtes transversales, toutes de mêmes 
dimensions, par de longs pédicules. Les barres portent des 
papilles qui, pour être peu développées et réduites à de 
simples tubercules, n'en sont pas moins distinctes. Les pédi- 
cules, qui supportent les barres, naissent par une base 
élargie de petits replis intersériaux, régnant le long des 
côtes transversales. Ils sont rétrécis au milieu et s'élar- 
gissent de nouveau au voisinage des barres. 

Le long du raphé dorsal régne une lame dorsale continue 
trés élevée, s'étendant jusqu'à l'entrée de l’œsophage. Cette 
lame membraneuse se termine suivant son bord libre par 
un feston au niveau de chaque cóte intersériale. Les replis 
membraneux transversaux, qui régnent le long de ces 
côtes, se prolongent sur les deux faces de la lame, de facon 
à lui constituer des bourrelets ou des crêtes; ces cótes se 
poursuivent jusqu'aux sommets des festons. Elles sont au 
nombre de quatorze; elles sont dirigées, non pas perpen- 
diculairement au raphé dorsal, mais trés obliquement 
d'avant en arriére. La lame dorsale est incurvée et en 
quelque sorte enroulée; la convexité de la surface cylin- 
drique qu'elle décrit regarde à gauche, la concavité à 
droite; à cause de l'obliquité des cótes qu'elle supporte et 


( 35 ) 

qui paraissent la consolider, il semble qu'un dessin spira- 
loide régne dans toute la longueur de la membrane, 
enroulée en un cylindre creux incomplétement fermé; 
en effet, l'extrémité libre de chaque cóte se projette à peu 
prés sur la base de la cóte suivante. La premiére cóte 
répond à la cóte transversale interposée entre la deuxiéme 
et la troisième série de stigmates. La neuvième siège au 
niveau de l'anus; les cinq dernières répondent au rectum. 
. Dans la partie antérieure de la lame dorsale se voit une 
gouttiére épibranchiale qui se termine en pointe en arriére, 
au niveau de l'extrémité postérieure du cerveau. 

La lame dorsale est constituée de la méme maniére dans 
une foule d'Ascidies simples. Herdman a donné, pl. XXIX, | 
fig. 7, et pl. XXXI, fig. 7 des dessins d'une portion de cette D 
lame chez deux Ascidies appartenant la premiére au genre M 
Pachychlena, lautre au genre Ascidia (1). Ces dessins 
rappelleraient fort bien la lame médio-dorsale de Ectein- 
ascidia rubricollis, n'était que, chez cette dernière espèce, 
les côtes, au lieu d’être perpendiculaires au raphé dorsal, 
sont au contraire trés obliques, et que, en outre, elles sont . 
beaucoup moins nombreuses et moins rapprochées les 
unes des autres. 

La description que je viens de faire de la lame dorsale 
de Ecteinascidia rubricollis repose sur l'examen de trois 
individus chez lesquels elle présentait identiquement les 
mémes caractéres. 

Wesen: n'a pas bien décrit cet organe Veg il dit : « Die 

rsalfalte besteht ans ziemlich breiten 7i l , welche 


Wa 


SEREEN 


(4) Heroman, Report on the scientific results of the exploring 
voyage of H. M. S. Challenger, vol. XIV. Tunicata. 


A 


( 96 ) 

mittelst einer schmalen Membran miteinander verbunden 
sind ». D'aprés sa description et ses figures, on pourrait 
croire que Ecteinascidia rubricollis porte, le long du raphé 
dorsal, des languettes assez semblables à celles qui existent 
chez Ecteinascidia diaphanis, à part qu'elles seraient 
réunies entre elles par une membrane étroite. Il n'en n'est 
pas ainsi : il n'existe pas ici de languettes comme chez 
Clavelina, Perophora, Ecteinascidia, Rhopalæa, Ciona et 
quelques autres Ascidies, mais bien une membrane con- 
tinue, trés élevée, terminée par un bord festonné, pourvue 
de cótes obliques et contournée en cylindre, comme chez 
la plupart des Ascidies proprement dites. Ces caractéres 
de la lame dorsale éloignent complètement Ecteinascidia 
rubricollis des genres susmentionnés et la rapprochent au 
contraire des vraies Ascidies. 

Sluiter décrit l'orifice de la grande subneurale comme 
étant circulaire; il me paraît plutôt qu'il a la forme d'un 
ovale allongé dans le sens transversal, et dont le grand axe 
serait légérement incurvé : la lévre antérieure de l'orifice 
est semi-circulaire; la postérieure est au contraire faible- 
ment convexe. Quoique j'aie trouvé la méme forme à cet 
orifice dans les trois individus que j'ai désséqués, il est pro- 
bable qu'ici comme dans d’autres espèces il se présente 
des variations individuelles. Si j'ai cru devoir indiquer les 
particularités que j'ai constatées, en ce qui concerne la 
forme de cet orifice, c'est que cette forme parait intermé- 
diaire entre l'orifice en fer à cheval de la plupart des 
Ascidies et la forme circulaire de l'orifice dans les genres 
Clavelina, Perophora et autres. 

Le sac branchial est trés étendu, de sorte qu’une 
petite partie seulement de l'estomac dépasse en arrière le 
bord postérieur du sac. La masse viscérale est appliquée 


( 97 ) 
contre la face latérale gauche du sac branchial. La courbe 
intestinale est presque identique à celle que l'on trouve 
chez Perophora. 

Les organes génitaux occupent la concavité de l'anse, à 
peu prés complétement fermée, que forment ensemble 
l’œsophage, l'estomac et la première partie de l'intestin. 

L'ovaire est au milieu, les vésicules testiculaires à la péri- 
phérie, au voisinage de l'intestin. L'oviducte et le canal 
déférent, intimement accolés l'un à l'autre, accompagnent 
le rectum et s'ouvrent dans le cloaque un peu en avant de 
l'anus. 

Tentacules simples, au nombre de quarante-huit, de 
trois longueurs et disposés en cercles concentriques de 
diamétres différents. 

Les caractères par lesquels Ecteinascidia rubricollis 
s'éloigne du genre Ecteinascidia sont donc : 

1. Le test pourvu de papilles conoides et traversé par 
des tubes stoloniaux (vaisseaux de la tunique), comme il en 
existe chez la plupart des Ascidies. 

2, Siphons bien développés; orifices trés écartés l'un de 
l'autre, la bouche étant terminale, l'orifice cloacal sur le 
dos. Lévres buccales et cloacales décomposées en sept 
festons. 

9. Barres pourvues de papilles E Lame 


- dorsale formée par une membrane continue trés développée, 


renforeée par quatorze cótes obliques. 

4. Le tube alimentaire forme une première anse à peu 
prés fermée, logeant les organes sexuels; la direction du 
rectum forme un angle droit avec la première portion de 


. l'intestin. — Chez les Ecteinascidia, le tube alimentaire 
. décrit, au contraire, une courbe ayant la forme d'un ? 


_ renversé : 4, le rectum formant avec la première portion 
| de l'intestin un angle trés obtus, peu accusé. 


( 58 ) 

L'espéce Ecteinascidia rubricollis ne peut être rangée 
dans aucun genre connu. Je propose de créer pour cette 
espéce un nom générique nouveau et de l'appeler désor- 
mais, en la dédiant à l'éminent observateur de Batavia, à 
qui nous sommes redevables de sa découverte, Sluiteria 
rubricollis. 

Des cinq espèces rapportées au genre Ecteinascidia, 
Herdm., deux rentrent donc dans le genre Rhopalæa, Phil., 
sous les noms de Rhopalæa crassa, et Rhopalea fusca; 
une constitue un genre nouveau et sera appelée Sluiteria 
rubricollis; deux restent dans le genre primitif et con- 
servent leurs noms : Ecteinascidia turbinata, Herdm., 
et Ecteinascidia diaphanis, Sluit. 

Voici les caractères distinctifs des trois genres: 


G. RHoPpaLoEA. Philippi. 


Ascidies simples ou sociales. 

Corps allongé, fixé par son extrémité postérieure, divisé 
en un thorax et un abdomen, séparés l'un de l'autre par 
un étranglement traversé par l'eesophage et le rectum, les 
conduits génitaux et l'épicarde. 

Orifices du corps sessiles, placés prés du bord antérieur 
tronqué de l'animal. 3 

Test à surface inégale à l'extrémité inférieure de l'abdo- 
men, translucide, de consistance cartilagineuse, aminci 
autour du thorax. 

Sac branchial à côtes transversales d'un seul ordre, 
C'est-à-dire toutes semblables entre elles, à barres longi- 
tudinales dépourvues de papilles; stigmates ovalaires allon- 

: e a ; Tun RED 


e id LI La 


Uu UTERE 


JUS WW OT UU ET REUA A EPS PRO EE ET ERNEST PER | 
a ER E CONES PE 


( 39 ) 
en festons, le long des côtes transversales; les barres sont 
fixées aux extrémités des festons faisant fonction de 
pédicules, 

Au lieu d’une lame médio-dorsale membraneuse, une 
rangée unique de languettes, très nombreuses, triangu- 
laires, indépendantes les unes des autres et aplaties d’avant 
en arrière. 

Tentacules simples, filiformes. 

Organes génitaux remplissant la cavité de lanse intesti- 
nale et s'étendant autour de l'intestin; très richement 
lobulés. 

Cœur et péricarde repliés sur eux-mêmes de façon à 
former un U, dont la convexité serait dirigée en arrière 
comme dans le genre Diazona et chez les Polyclinides. 
U occupe la méme position et affecte les mêmes rapports 
avec les viscères que chez piason, 

Ci-joint quelques t srie de coupes 
transversales de l'organe cardiaque de Rhopalea neapoli- 
tana; ces figures montrent les rapports du cœur avec le tube 
épicardiaque. La figure 1, faite en avant du cœur propre- 
ment dit, montre qu'ici, comme dans le Polyclinien, étudié 
par Ch. Maurice, le péricarde se prolonge en avant en deux 
culs-de-sac tubulaires, C.Pe. La figure 2 montre une coupe 
passant par les orifices cardiaques, C.c. La figure 5, faite 
plus en arriére, montre les deux cornes péricardiques 
accolées l'une à l'autre comme dans les figures précédentes. 
ll semble, à ne voir que cette coupe, qu'il existe deux 
cavités por et deux tubes cardiaques. La figure 4 


montre ité mun C.Pe; l’épicarde C.Ep. 
Mie Je raphé cardiaque. La figure 5 EZ près " 
l'ext de l'organe, nvexit 


de "t. On y voit le tube cardiaque unique C.c. inscrit dans 


( 40 ) 
la cavité péricardique indivise C.Pe. Dans toutes les figures 
la cavité épicardique est désignée par C.Ep. La portion 
supérieure de l'épicarde n'est pas figurée. Il y a lieu de 
supposer que le cœur présente les mêmes caractères chez 
Rhopalæa crassa et Rhopalæa fusca. 


Fig. 1. 


Le cœur de Rhopalæa neapolitana diffère donc notable- 
ment de celui de toutes les Ascidies simples, des Clavelines 


( 42) 
et des Pérophores; il est constitué, au contraire, comme 
chez les Diazona et les Polycliniens. 


L'estomae et la première portion de l'intestin forment 
avec les organes génitaux, le tube épicardique et le cœur, 
la masse viscérale ou l'abdomen. 

Trois espéces connues : 

Rhopalæa neapolitana Philippi, de la Méditerranée ; fait 
partie de la faune littorale; monozoique ? 

Rhopalæa crassa, Éd. V. Ben. = Ecteinascidia crassa, 
Herdman, de Ki Island, Malaisie. 199 brasses. Monozoique? 

Rhopalea fusca, Éd. V. Ben. — Ecteinascidia fusca, 
Herdman. Banda, Iles Moluques. Faune littorale (17 bras- 
ses). Polyzoique. 


( 45 ) 


Genre SLUITERIA. Éd. Van Beneden. 


Ascidies sociales. 

- Corps ovoïde, fixé par un pédicule court, répondant à la 
grosse extrémité de l'ovoide ; non divisé en thorax et 
abdomen. 

Orifices du corps portés sur des siphons bien dévelop- 
pés, incomplétement rétractiles. Bouche terminale; orifice 
du eloaque dorsal, placé à assez grande distance de la 
bouche. 

Test translucide, pourvu de prolongements papillaires 
allongés, rares, délicats, adhésifs, dans lesquels se termi- 
nent des tubes stoloniaux peu nombreux, se divisant par 
voie dichotomique dans l'épaisseur du test. 

Sae branchial à cótes transversales d'un seul ordre 
(toutes semblables entre elles), à barres longitudinales 
pourvues de papilles rudimentaires ; pas de replis mem- 
braneux aux cótes transversales. Les barres sont suppor- 
tées par des pédicules étranglés à leur milieu. — Stigmates 
allongés, disposés en séries transversales bien régulières. 

Lame médio-dorsale consistant en une membrane con- 
tinue trés développée, pourvue de côtes fortement inclinées 
en arriére; le bord de la membrane est festonné, un feston 
correspondant à chaque cóte. 

Tentacules simples, filiformes, insérés suivant deux ou 
trois cercles concentriques. 

viscérale au cóté gauche du sac branchial. 

L'estomac forme avec l'intestin une anse fermée dans 
laquelle siégent les organes génitaux. Le rectum suit une 
direction formant avec la première partie de l'intestin un 
angle droit ou méme un peu aigu. 


| ds T 
Bi 
3 
| 
E 
E 

i 


( 44) 

Organes génitaux rappelant ceux de la Pérophore par 
leur siége, leur composition et leurs rapports. Lobules tes- 
tieulaires disposés en cercle, beaucoup plus nombreux 
que chez la Pérophore; entourent l'ovaire. 

Le cœur droit croise obliquement le fond du sac bran- 
chial. Il est adjacent à l'estomac. 

Le genre Sluiteria est le seul genre oü l'on ait constaté 
jusqu'ici la coexistence de tubes stoloniaux fertiles, sup- 
portant des Ascidiozoides multiples, nés de ces stolons 
par bourgeonnement, et des tubes stoloniaux stériles, logés 


. dans l'épaisseur du test des Ascidiozoides. Les uns et les 


autres sont constitués de la méme manière et proviennent - 
d'un méme tronc traversant le pédicule des individus 
associés en colonie. 

Une seule espéce connue : Sluiteria rubricollis, Éd. Van 
Ben. — Ecteinascida rubricollis, Sluiter, lle Billiton. 
Faune littorale. — Espéce polyzoique. 


Genre Ecr&iNAscipiA, Herdman. 


Ascidies sociales. 

Corps cylindroïde tronqué en avant, se rétrécissant 
progressivement en arriére pour se fixer par un pédicule 
court sur le stolon colonial; non divisé en thorax et 
abdomen. 

Orifices sessiles, voisins, siégeant le long du bord anté- 
rieur. Festons des orifices peu accusés. 

Test trés délicat, tout à fait vitreux, lisse, peu y vicina 
dépourvu de tubes stoloniaux. 

Sac branchial à côtes transversales d’un seul ordre 
(toutes semblables entre elles), à barres longitudinales 


PRIE ie : 201 OU ER TT LE RM Eu EEE 
uL cu Ade * j 


( 45) 
dépourvues de papilles. Pas de replis membraneux aux 
côtes transversales. Barres supportées par des pédicules 
rétrécis à leur base. Stigmates allongés, en séries transver- 
sales régulières. Le long du raphé dorsal la première barre 
longitudinale est remplacée par une série de papilles en T. 

Lame dorsale absente, remplacée par une série unique 
de languettes, en forme de tentacules, indépendantes les 
unes des autres. 

Tentacules coronaux simples, filiformes. 

Masse viscérale au côté gauche du sac branchial. 

Tout le tube intestinal forme une anse intestinale unique 
commençant par œsophage et se terminant par le rec- 
tum. Cette anse est largement ouverte en haut et en avant. 
Le rectum se trouve dans la même direction à peu près 
que la première portion de l'intestin : à peine les deux 
portions de l'intestin forment-elles ensemble un angle. 
Les organes génitaux sont logés dans la concavité de l'anse 
intestinale. 

Cour rectiligne, court parallélement à l'estomac sur le 
cóté droit de cet organe. 

Deux espéces : 

Ecteinascidia turbinata, Herdman. Bermudes. Faune 
littorale. Espèce polyzoique. 

Ecteinascidia diaphanis, Sluiter. Billiton. Faune litto- 
rale. Espèce polyzoique. 

Il me resterait à discuter la question des affinités de ces 
genres entre eux et avec les autres groupes de l'ordre des 
Ascidiens. Je réserve cette discussion pour le travail qui 
paraîtra prochainement sur la classification des Uro- 
chordes. 


( 46 ) 


Détermination de la loi théorique qui régit la compressi- 
_bilité des gaz ; par P. De Heen, correspondant de l'Aca- 
. démie. 


On désigne sous le nom de gaz parfait un gaz idéal con- 
stitué par des molécules infiniments petites, n'exercant 
aucune action les unes sur les autres. 

A moins d'adopter l'hypothése d'une matiére continue, 
hypothése dont le résultat serait de revétir d'une appa- 
rence paradoxale tous les phénoménes qui dépendent de 
la nature intime de la matière, il faut admettre, non à titre 
d'hypothése mais à titre de fait établi, que les molécules 
qui constituent les gaz sont animées de mouvements de 
translation. Ceci nous est démontré par le phénoméne de 
la diffusion. 

Pour un gaz idéal, constitué tel que nous venons de le 
définir, la loi de Mariotte se vérifierait d'une maniére abso- 
lument rigoureuse ; les volumes occupés par ces corps 
seraient toujours inversement proportionnels aux pres- 
sions, quelle que füt du reste l'intensité de celles-ci. 

Mais si l'on attribue un certain volume aux molécules, 
il faut considérer dans l'expression de cette loi, non pas le 
volume total du gaz, mais bien le volume éntermoléculaire, 
ainsi que M. Hirn l'a fait remarquer (*). 

Cette proposition est conforme à la théorie cinétique; 
en effet, si la pression exercée par un gaz est représentée 
par le nombre de chocs d'une molécule sur la paroi d'un 
vase pendant l'unité de temps, ce nombre sera inverse- 
ment proportionnel au volume intermoléculaire. 


(*) Théorie mécanique de la chaleur, t. II, p. 207, 1876. 


RES Re 


I( 47) 

Si l'on désigne par P la pression exercée sur un gaz, 
par V le volume de ce gaz et par v le volume occupé par 
les molécules elles-mémes, nous écrirons à titre de pre- 
miére approximation : 


P(V — v) 


= t 
P,(V, — v) (1) 


Po et V, représentant la pression et le volume pris pour 
origine. Comme on peut attribuer à ces grandeurs des 
valeurs telles que le gaz puisse être considéré comme un 
gaz idéal et poser, lorsque cette condition est satisfaite, 
Po = 1, Vo= 1, nous écrirons plus simplement : 


PV e RSR VU 


Cette relation permet déjà de nous faire un idée appro- 
chée de la valeur de v, laquelle nous est donnée par l'ex- 
pression : 

PV — 1 


5 E Let 


v 
On doit à M. Natterer (") un travail remarquable tou- 
chant les variations de volume que les gaz éprouvent 
lorsqu'ils sont soumis à des pressions variant entre des 
limites trés étendues. Ce physicien trouve, par exemple, 
que l'azote soumis à une pression égale à 2750 atmosphéres 
occupe un volume égal à !/;,) du volume qu'il occupe sous 
la pression normale. 
En introduisant dans l'expression (2) les plus grandes 
valeurs observées de P, on trouve: 


() Annales de Poggendorff, t. LXM, p. 459 et t. XCIV, p. 456. 


(48) 


Pour l'azote: 


3,908 — 1 
= —————— — va 
9750 0,00105 
Pour l’hydrogène : 
2,767 — 1 
Es — = 0655. 
v 2790 0,000655 
Pour l'oxygéne: 
ensi as 0,000785. 
v "i 0,000785 


Les observations de M. Cailletet et de M. Amagat sur 
l’oxygène et sur l'azote établissent que, pour des pressions 
relativement faibles, on a PV « 1, ou, en d'autres termes, 
que v est négatif. Ce résultat paradoxal nous montre qu'il 
ne s'agit ici que d'une premiére et assez grossiére approxi- 
mation, méme si l'on considère des pressions élevées. Il y 
a lieu d'admettre avec M. Hirn qu'il faut ajouter à la 
pression extérieure P une pression II correspondant aux 
attractions que les molécules exercent les unes sur les 
autres. 

La loi de Mariotte entiérement eorrigée doit donc se 
mettre sous la forme: 


(P--I)(V—v)—4. . . . . . (4) 


Le travail actuel a pour objet la détermination des 
valeurs de II et de v, détermination qui nous permettra 
de caleuler la pression correspondant à un volume donné. 

Voici la méthode que nous avons suivie et qui nous 
parait étre la plus commode. 


(49 ) 
L'équation (4) nous donne: 
MON iecit PV + Po 


II 
V —v 


(5) 


Introduisons dans cette équation la valeur de v qui nous 
était donnée à titre de premiére approximation par l'équa- 
tion (3), et calculons la valeur de II correspondant à des 
valeurs connues de P et de V, différentes de celles qui 
ont servi au calcul de v. 

Cela étant, supposons que l'attraction réciproque des 
molécules s'exerce en raison inverse d'une puissance égale 
à n de la distance, ou égale à = m du volume, et caleu- 
lons la valeur de U correspondant à un autre volume V' (de 
préférence au volume qui a servi au premier calcul de v) en 
attribuant à n une valeur que l'on se donne. 

Nous aurons la relation : 


Hes... 


II. désignant les valeurs de II calculées à l'aide de cette 
expression. 
Si l'on résout l'équation (4) par rapport à v, on trouve: 


PV + IIV — 1 


= 7 
> P+II () 


Introduisons dans cette équation une valeur de IL cal- 
_ Culée et les valeurs de V et de P correspondantes. Nous 
. Obtenons ainsi une nouvelle valeur de v que nous intro- 
. duisons dans l'équation (3) à titre de deuxième approxi- 
. mation. 

En répétant ces opérations, on obtient des valeurs de II 
et de v (correspondant à une valeur déterminée de n) aussi 
approchées qu'on le juge convenable. : 

3° SÉRIE, TOME XIV. 4 


Fr. D d'Awibnn 


( 90) 
Enfin l'équation (4) résolue par rapport à P nous donne: 
1 — (V — v) 
IDEO Dr qa 

Cette équation nous permettra de calculer la valeur de P 
correspondant à une troisiéme valeur de V, aprés avoir 
déterminé la valeur de II, donnée par la relation (6). 

Le résultat correspondra à une valeur observée de P, si 
nous avons attribué à » une valeur convenable. 

Les observations que nous possédons actuellement nous 
portent à eroire qu'il faut admettre pour les gaz n — 5 ou 
m = 1,666.. 

Voici les résultats que nous avons obtenus en utilisant 
les observations de M. Natterer. 


EA | 


Oxygène 
v = 0,00102. 
Valeur Valeur de P Valeur de PV 
VOLUME. der 
en atmosphères. | calculée. | observée. | calculée. | observée. 
1,000 0,01319} 0,988 (*) » 0,988 » 
0,01 28,33 83,0 » 0,830 » 
0,00666 55,65 491,7 » 0,810 » 
0,00500 89,9 163,9 » | 0,849 » 
0,00333 116,5 256,4 » 0,854 » 
0,00250 285,3 383,0 » 0,957 » 
0,00200 374,4 648,9 650 1,298 4,900 
0,004808 484,2 185,0 195. f Lu» 4,491 
0,00454 640,5 14290,0 4300 1,984 2,000 
(*) On peut qu l t valeurs de | 
r ——— et gens sont en réalité trés faibles, car m mo indie erreur 


mise dans la détermination du volume donne bs à une variation consi- 
dérable de la pressio: 


( 91) 


Azole 


| v = 0,001105, 


d Valeur Valeur de P Valeur de PV 


VOLUME. der 
1 en almosphères. | calculée. | observée. [ calculée. | observée. 


4,000 0,006411 0,995 » 0,995 » 
0,02 4,136 48,16 » 0,913 » 


0,00200 191,10 944,00 912 1,828 1,824 
0,004666 259,60 1416.00 1562 2,409 2,602 
0,004428 335,80 2130,00 150 3,898 3,908 


| 
Il est inutile de dire que les données expérimentales que 
. nous possédons actuellement sont encore insuffisantes 
pour fixer, d'une manière définitive et rigoureuse, les con- 
stantes v et m de notre équation. Notre intention en 
. publiant cette note est seulement de poser un premier 
jalon. 

Les observations de M. Natterer semblent douées d'un 
| degré de précision tolérable pour les pressions élevées, - 
| _ mais elles semblent par contre peu rigoureuses pour les 
| pressions relativement faibles. Je suis même assez porté à 
| croire que ce physicien s'est laissé guider par cette idée, 
| préconcue et erronée, que la compressibilité d'un gaz doit 
nécessairement diminuer avec la pression. S'il n'en avait 
été ainsi, il est probable que M. Natterer aurait constaté le 
maximum de compressibilité de l'oxygène; il a sans doute 
pris cette anomalie pour une erreur d'observation. Ce 
maximum correspondrait, d’après les observations de 


(52) 
M. Amagat et d’après notre calcul, à une pression voisine 
de 130 atmosphéres. L'azote présente également un maxi- 
mum de compressibilité, mais il est moins accentué que 
celui de l'oxygène. 

Pour ce qui concerne l’hydrogène, qui ne présente pas de 
maximum de compressibilité au-dessus de 1 atmosphére, 
les observations de M. Natterer concordent sensiblement 
avec celles de M. Cailletet. On sait que ce gaz se comprime 
de moins en moins à mesure que la pression s'élève. Cette. 
circonstance est due à ce que la valeur de II est toujours 
extrémement faible. Les observations que nous possédons 
ne nous permettent pas de nous foire une idée approxima- 
tive de cette grandeur, car les valeurs de v que l'on obtient 
en supposant IT — 0 sont sensiblement concordantes, alors 
que l’on considère des pressions très différentes. 

C'est ainsi que l'on trouve: 


| Valeur de P. Valeur de V. Valeur de v. 
400 0,0025 0,000656 

940 0,001666 0,000602 

- 2690 0,001000 0,000628 

Moy. 0,000628 


Il est seulement permis de dire que, pour l'hydrogène, 
la valeur de IT est inférieure à 0,000628 atmosphères sous 
la pression normale. C’est là la pression interne qui devrait 
être introduite dans notre équation, si l’on avait rigoureu- 
sement pour une pression de | atmosphère PV — 1 (on 
sait qu'il n'en est pas méme ainsi). - 


(55) 
Dans cette hypothèse, l'équation (8) nous donne en effet 
— II (1 — 0,000628) 
1 — 0,000628 
Soit sensiblement II — 0,000698. 


1 
À — 


Développements sur la théorie des formes binaires; 
par Jacques Deruyts, chargé de cours à l'Université 
de Liège. 


Soit k une fonction entière, homogène et isobarique des 
variables x4, x, et des coefficients de formes binaires: 

Nous supposerons que la fonction k est égale à sa 
transformée K par la substitution : x; = X4 + 2X3, 
Xə = X, : nous dirons, pour abréger, que la fonction k 
est un semi-covariant. 

I. — Soit un semi-covariant. 


k = kor? + HL n, + RIRE ++ ka; (1) 


d’après la définition précédente, k satisfait à l'une des équa- 
. tions des covariants : 


eh Meme v0 ce Eras (9) 


- la signification de " dérivée symbolique À gest donnée par 
la formule 


d d 
z—S|« ILE + + ee Ne ; 


dans laquelle a, qoi. pour une forme binaire, le coeffi- 
cient de a£, abstraction faite du nombre binomial corres- 
= pondant; du reste, le signe sommatoire se rapporte aux 


Fa 


(54) 
différentes formes, dont les coefficients entrent dans 
l'expression soumise à l'opération + 
Les équations (1) et (2) donnent immédiatement : 


dk, à 

—— — 5 

9. G) 
dk, 

——h,. 4 
(4) 

k 
d z rd 9k, : (5) 
dé 
et en général, 

dk, 

MAGOS Tis k ds ( 

di pe (6) 


Ces formules montrent que, dans un semi-covariant, le 
coefficient de la plus haute puissance de x, est un semi- 
invariant. 
IL. — Nous ferons usage de la formule 
d dT d dT 


x cer ie n Rot, dL p EN 
dido, do, dt 0) 


dont nous avons développé récemment plusieurs appli- 


cations (7). 
Dans " relation (A), les notations sont les suivantes : 


T est une fonction homogène, du degré total T,, par - 


rapport à des séries de quantités, analogues à 
dos ais la, c... lis Aiz RN 


i 


et formant un système c; 


() Sur quelques propriétés des semi-invariants. Cue de 
l'Académie royale de Belgique, mars 1887). 


TENEAT NONIS 


nd + is ci dd quem 


(55) 


est définie par 


la dérivée symbolique -2 "m 


d 5 d d 

—— — + du T m c], 
dog “47 T TA AC da, 7 den da; 

le signe sommatoire se rapportant au systéme c. 

Soit dans la formule (A), T — kọ; désignons par À la 
valeur de T, dans ce cas particulier; nous aurons, à cause 
de l'équation (5), 

CL SKILL. o 5 o I8 ou» 
ox 


D'après ce résultat, et d’après la formule (4), nous 
aurons : 
m dk, 
(s - (t) e 


k désignant un semi-invariant de méme poids et des 
mémes degrés d'homogénéité que + o, 
Soit encore dans la formule (A): 


m(m-——1)1 dk m—14,, 


T— 
i9 Fis I b 


et par suite, T, = h. 


(°) A l'occasion de cette formule, nous signalerons une Note trés 
intéressante de M. Perrin, Sur les péninvariants de formes binaires 
(Comptes rendus, 18 avril 1887). Dans cette Note, se trouve 
démontrée la relation 


— — m— pP 


dans le cas d'un semi-invariant k,, d'une seule forme. 


5 HN. ut 


( 86 ) 


En tenant compte de la condition —? T = 0, nous aurons 


d [m(m —1) 1 dk, m —11 dk 1 
ae 12  hds 1 hdo 


mm — 1) 1 d dko) m(m—1)4 dk m—1 
-5 12 Adds, ride: 


E. 


D'aprés l'équation (7), la relation précédente devient 


m (m —41) 1 dk, | m —41 dk, 

z 12  hdéó 14 hde, | 
| 1 nid k 1) k. 

=(m— 1) TER i n — ) 


Si l'on tient compte de ce résultat, on a par la for- 
mule (5) : 


m m\ 1 d'k, m—1\1 dk, i 
2^ — ahi + 


1 h das 


k, étant un FRE a même poids et des mêmes 
degrés d'homogénéité que 722. 


En continuant de même, o on ner : 


(2) x CL dk, ES za 4 d una. dk; p” 
s)" ig h? dok 2 /M de uf 1 hdo, TM 


si l'on représente par k; un pal de même poids 
et des mêmes degrés que ài. 

La formation des coefficients de k est facile à suivre, et 
on en déduit que tout semi-covariant est une somme de 


( 97 ) 
produits de puissances de x, par des expressions de la 
forme : 


^m 4 dk, [m 1 d?k, 1 d"k 
here ) tato + ju aT Et — —— x7, (8) 
Vt MER T o^ (2 pgs h” do” 2m (8) 
ko étant un semi-invariant. 
IHI. — On peut établir un autre système de formation 
des semi-covariants : nous l’indiquerons succinctement, en 
nous servant de la formule 


senso aida Y. QUEE 


donnée par M. Cayley. Dans cette formule, la dérivée 
symbolique + analogue à la dérivée symbolique 7; , est 
définie par 


( d d d | 
+ à na q + 0—1) ay + ED T5. 
si l'on désigne par n l'ordre de la forme, qui a pour coeffi- 
cients ay a, az...; T est une fonction homogène et isoba- 
rique des coefficients analogues à a,; t est un facteur 
numérique égal à 


Hf + fat. — 5. . e... (9) 


_ Sb ny, Ta... désignent les degrés d'homogénéité de T, par 
. rapport à des formes d'ordre n4, n... ; enfin, p représente 


le poids de T. 


() Voir notre travail cité plus haut. 


( 58 ) 

En employant la formule (B), de la méme maniére que 
nous avons employé la formule (A), on trouve que tout 
semi-covariant est une somme de produits de puissances 
de x, par des expressions de la forme : 


m(m —1) 1 Pko n-ty? ees (10) 
m(u — 1)4.2 dy? 


(v. désigne la valeur de 7 (9), quand on prend pour T le 
semi-invariant ko). 


Remarque. — Dans le cas particulier de m — y, l'ex- 
pression E est, d’après le théorème de M. Roberts, le 
covariant C qui a pour source kọ. 

On trouve sans difficulté que le covariant dont il s'agit 
peut s'écrire 


4 dE 1 E 
C = Ext" + 14H zi tm. + 13 dif: xix +) 
si l'on prend 
d d d 


dH dy ^ da, 


IV. — Les coefficients p, p, d'un semi-covariant 
linéaire pox, + Pi, se transforment de la méme manière 
que x, et — x,, par la substitution 


Xi = Xi + Xa, L = Xa 
On voit par là qu'en remplaçant x,, xa par — Ppi, Po 


on déduira du semi-covariant k, un semi-invariant. 
Plus généralement, les produits (— 1}x7-'x; se trans- 


| 
| 
| 
1 


( 99) 

forment, par la substitution x, = X, + 1X3, x, = X,, de 
la méme manière que les coefficients de xix? * dans un 
semi-covariant d'ordre m (abstraction faite des coeffi- 
cients binomiaux). On obtiendra donc un semi-invariant, 
en remplaçant dans k les produits (— 1)" - ‘x; *z$ par les 
coefficients de xíx?-' dans un semi-covariant de méme 
ordre. 

Remarquons encore que, pour le cas actuel, les coeffi- 
cients de xjx7-' dans un semi-covariant, se transforment, 
comme les dérivées ds d'un semi-covariant quel- 
conque l. On déduira done du semi-covariant k, un autre 
semi-covariant &', en y remplacantles produits (—1)"— x; 
par les dérivées LET ces résultats sont tout à fait ana- 


logues à ceux qui ont été donnés pour les covariants. 


Exemple. — Soient les semi-covariants 


k — ax? + 2a,x,r2 + d,22, 


l= bx? + Sbirixs + 5b:x,x2 m wy bx. 
Remplacons dans k, successivement x?, — x, x», 3? par 


dl 
dx,dxa 


dl dil : 
dx? 6(bax, Sg b:x:), p 6(b,x, + baxa), dé. 6(bor + bit). 


Nous obtenons le semi-covariant 
k = 6 (ab, — 2a,b, + aabo) x, + 6 (ab; — 2a,b3 + ab) xs. 


V. — La proposition suivante nous permettra d'établir 
plusieurs propriétés des semi-covariants : 


em Lu Be et LT 
ÉD RENE A dr T : j t 


( 60 ) 

Si l'expression du semi-covariant 
m Sr E ca 
k = kat + (^) kas EENE cat. 


se change en 


E EA (5) KOC... RSS 


par la transformation x, — X, + ÀXo, r4 = X,, la suite 


2 : $ X m+1 
SEE eu EE à i + kə (2) — see -fe (— 4r". = 
Ti Xi X, yi 


peut s'écrire 


a co B" (t 
ré "X. K, X +K, s AE 5 TE x»: ©) 


En effet, de l'égalité 
2 MITES + XX = Y (p \K, X7x% , 


on déduit, par l'identification des coefficients de X: 


MIK — m mp EE azm ) 
(8-2 (5) (51) en (0252 
ou bien, 
K, = 25. d Lier 
$95,123 xc 


4 La . 
(^) La notation ( d représente, suivant l'usage, une suite de 


termes en 
1 1 1 
suani d VETRO Od 1 RARE à ele 
xvt MT en 


Ue PEST PROS en NM YE. 


(61) 
D'autre part, on a, en remplaçant x4, x, par leurs 
valeurs X, + 2X4, X, : 


m 


9-53 C7 nnt, | 


P 
p—0 


—(p+1) 


H 


E ) 
— 1+2— 
x| | X, 


le coefficient de | zt dans cette expression est 


Par Ar DU Lol 
Xc ye 72) 0 - c n: 
c'est le résultat annoncé. 


VI. — Réciproquement, si l'on a 


Aa : X, 2 £ X, m+-1 1 
=K, = — K, x) Were te (7 1) A + sia) 
la quantité 


m 


ku? + p ) kar te a a 


est égale à sa transformée par la substitution 
X, = X, +- 1Xs, Lo = Xs 


Pour le vérifier, i! suffit de reprendre exactement, en 
sens inverse, la démonstration précédente. 


() Nous désignons par (77-2) le coefficient de a*-* dans le 
développement de (Ate) PEN. 


(62) 
Comme application de cette propriété réciproque, nous 
pouvons énoncer la proposition suivante : 
Si l'expression 


hax, ia kx oix, +. + kna? 
est un semi-covariant, il en est de même de 
^ m —i SUR ; 
kx 1 | har iiy, + kart, 


i étant un nombre inférieur à m. 
Cette propriété pourrait du reste se déduire de la for- 
mule (6). 


Exemple. — Pour une forme apx; + (1)a,xi ‘Xa + = 
on a le semi-covariant 


(a$a; + 2aj — Sais) x + 5 (aas + atja; — Lao) x12; 
+ 5(2aja; — aa; — a;a.a;) x,x$ + (58,0405 — aja — 2a3)xi. 


On en déduit le semi-covariant 


(aas + 2a; — 9a,a,u;) xi + 9 (aja; + ata; — 2a,a2) xixs 
+ (2aja; — a,a$ — a,4,45)23. 


VII. — Pour abréger, nous dirons que la suite 
: x r 2 +1 
4 =Z (2) 4 oc (— Dk (GJ - 
X1, Li 
est une suite invariantive d'ordre m, quand sa trans- 
formée T, par la substitution x, — X, + ÀX,, x4 = Xs. 
peut s'écrire 


1 
prb 
xer 


ddr x lec E EE T E EER SE LE EEA 


a 


( 65 ) 
du reste, les quantités ko, ki, ka, ... seront supposées fonc- 
tions entières et homogènes des coefficients de formes 
binaires, les poids de ces différentes fonctions formant 
une progression arithmétique de raison 1. 

Plus généralement, nous dirons qu'une suite y de la 
forme khak; za)? + .., est une suite invariantive 
d'ordre #, quand ses m + 1 premiers termes forment une 
suite invariantive d'ordre m. 

Il existe des suites invariantives d'ordre infini : en effet, 
soit kọ un semi-invariant; on obtiendra, par la formule (8), 
l'expression d'un semi-covariant, et l'on pourra fairecroitre 
m indéfiniment. 

Si y est une suite invariantive d'ordre m, et si k' est un 
semi-covariant d'ordre m' inférieur à m + 1, la partie 
entière du produit yk’ est un semi-covariant : de plus, la 
partie fractionnaire du méme produit est une suite inva- 
riantive d'ordre m — m'. 

Soit le semi-covariant 


k' — kar + ML tte + hat", 
qui se change en 
E = K' Rx + (^ Ey X + + EUX, 
par la transformation 
ti= Xi + 1X, Te X. 


Soit d'autre part, la suite invariantive d'ordre m : 


qa CES A Te m+i 1 
dl tori EL zm 


: X; Te \ a ( 1 ) 
c LT he Ape / um FPE + | —— |} 


* 


(64) 


Nous aurons : 


x Sal E: "t / ER Fm, 1 nm 
| [2-42 +e+(—1)"4, a a r ek xS 
X, Wn a. 


wn pe 
e Gb na ] 
== E » e DS "ii Pa EXC. AA Ki m 
EE +(—1"K, x EE TE oX1 + || 


Dans les deux membres de cette égalité, les parties 
entières sont égales entre elles : de plus, elles s'expriment 
de la même manière au moyen des quantités k, K', 24, x» 
et K, K', X,, Xa, si l'on suppose m' Z m. 

On en déduit facilement que, pour ce cas, la partie 

7 entière de yk' est un semi-covariant. 

Pour démontrer la seconde. partie du théorème énoncé, 
observons que, dans les deux membres de l'égalité (11), 
les parties fractionnaires sont égales; dans ces parties 
fractionnaires, la somme des m — m'+ 1 premiers termes 
s'exprime de la méme manière, au moyen des quantités — 
k, k', x4, x et des quantités K, K', X,, Xə. De plus, la dif- 
férence de ces expressions peut se mettre sous la forme — - 
36a : la proposition énoncée résulte de là. 1 

Corollaire. — Dans toute suite invariantive, le coeffi- 
cient du premier terme est un semi-invariant. Le coeffi- 
cient de z dans le produit yk’ est donc un semi-invariant, 
et nous pouvons énoncer cette propriété : 


(11) 


kat m aoe kit 


} 
ge x à m - : 
ES k = kaT + | 1 kar T s ons + Ex, 


(65 ) 
sont deux semi-covariants, la quantité 
RA, — (^T JR ie ("9 sen e C s (19) 


est un semi-invariant, dans le cas de m' cm 


Applications I. — D'après la formule (8), on peut 
prendre 
idk 2 Adk 
UC kdo,’ o fi dat, * 


si l'on emploie A, et Re comme notations analogues à ^ 
et a--(S 2). Dans le cas actuel, la restriction de m’ inférieur 
à m + 1 ést inutile, car dans la formule (8) on peut 
supposer m aussi grand que l'on veut. D'aprés le corollaire 
précédent, nous voyons que si k, et k, sont des semi- 
invariants, il en est de méme de l'expression 


d'k; (^) | dd (^) | d'ko d^ (* 


1 
Md, A hz! bdo; det! 7 2/ kh? do? dar? 
Si l’on suppose plus particulièrement que les semi- 
invariants k,, k, dépendent d’une seule forme, on retrouve 
un théorème démontré récemment par M. Perrin (Comptes 
rendus : 18 avril 1887). 
IL — D’après la formule (10), on peut prendre 


i 1 d'k; 
p(w Li 1). (ue — i o 1) dy! ? 


= Si p' représente la valeur x correspondant au semi- 
f invariant £j. 


"ar mt 2 


C) Nous remplacons m' par r, pour simplifier l'écriture. 
S° SÉRIE, TOME XIV. 


( 66 ) 


Prenons encore 


dk 


k, = 
hi dei.” 


nous aurons, par la formule (12), le semi-invariant : 


;fF 1 1 d'kd'^h () 
xcv) Eu —1) e NT dur daz 


On voit facilement que l'on pourrait encore déduire de la 
formule (12) d'autres suites de semi-invariants. 

VIII. — Soient | un semi-covariant d'ordre v, k' un 
semi-covariant d'ordre r + i; il existe une suite invarian- 
tive y d'ordrer +i—1 telle que lk? ^ xiestla partie entière 
du produit yk’. 

Soient 


l= h + (i) LE aa tes, 


SM r+i 
AGE + , 
Rhone + | 1 ) AE. + oi, 


Par la condition 


t 


r+} i /4 
yk = 1" meli), M woe. sl DN 
Xi 
on peut déterminer une expression 


CEE 


dont les coefficients sont des fonctions entières des 
coefficients de k' et de l. 


"p NEM OTT UO 


rem 


(C) Ce résultat est établi, pour le cas de r — 1, à la page 8 de 
notre travail déjà cité, 


( 67 ) 
En effet, on a les équations suivantes, pour déterminer 
les coefficients K : 


(^1 jee — ks (1) 
y , D r , La ip 
4 P4 Jh — g ^g LS + Kk = (s), 


Par la transformation des variables x,, x, en X, + 2X, Xa; 
k', ka, l, y se changent en K’, Ki, L, Tet l'on a : 
: r4-1 1 
FK' == LXK; + (t) 
Or, on a 
K =k, K—k, Ll 


soit y, l'expression de F, quand on y remplace X,, X, par 
leurs valeurs x, — Àx,, x4; on aura : 


eu c c 
sk = IE sie (2) 
Ti 


_ Cette équation, comparée à la formule (15), démontre la 
relation 


1 
Fri art it T 


Si l'on observe que les coefficients de y sont homogènes 
t de poids convenables (VII), on voit que 7 est une suite 
_ Invariantive d'ordre r + i — 1. 


( 68 ) 
Exemple. — Soient 
ll dx k= Kai + 2x: + kar: 


on trouve la suite invariantive du premier ordre : 
2 1 
y = LK — (24ilo 2 e a- - (2) 
Ti 


IX. — Soit C un semi-covariant, contenant les coefficients 
d'une suite invariantive y : on obtiendra un semi-covariant 
Cı, en remplaçant dans C les coefficients de y par les 
coefficients analogues d'une suile invariantive y, d'ordre 
égal ou supérieur (`) 

En effet, il résulte des propriétés indiquées ci-dessus 
(V et VI) que l'expression de C, se déduit de C, en substi- 
tuant aux coefficients d'un semi-covariant k, les coefficients 
d'un semi-covariant k’ de méme ordre. D'autre part, C, 
sera un semi-covariant, puisque les coefficients de k et de k' 
se transforment de la méme maniére par la substitution 
g,c X, 2- AX,, T, = X,. 

Applications I. — Supposons que la suite invariantive 


do id ES E E pace 


| 
| 


x gt 
y = Ro k, (=>) -+ ses 
X, X, 
est d'ordre infini : la suite 


2 `p jrr 
vm e (xL (B d uu | ( ) 
X Xi X, Pa 


CY Cette propan se rapporte de même aux semi-invariants, qui 
sont des semi-covariants d’ordre zéro. 
(°) p est un nombre entier. 


( 69 ) 
est évidemment une suite invariantive d'ordre infini. 
Done : si le semi-covariant C contient les coefficients de y, 
on obtiendra un semi-covariant C,, en remplaçant ces 
coefficients par les coefficients correspondants de 7". 
Soit par exemple : 


1 
C == (kokz Fr ki)a? + (kokz DR k, k ax lo + A (kok; a keh; 
la supposition de p — 2, donne 
di Le xi 
y^ — kh — US 9 kk, apy + (2k,k A ki) Jm NM etc. : 
xi e zi 


on obtient le semi-covariant 
— ki (kixi + 2k k, x,xs + kits), 
en remplaçant successivement ko, ky, ka, kz par 
0, —R8, —929hk,.-—-(3kk, + kj). 


Plus généralement, si 7', y”, y”, ... sont des suites inva- D 
riantives d'ordre infini, on obtiendra, au moyen de C, un pe 
semi-covariant, en remplaçant les coefficients de y par les o 
coefficients correspondants du produit yy"'7"…, qui est 
aussi une suite invariantive d'ordre infini. 

II. — L'opération To ge appliquée à une suite invarian- 
tive y d'ordre m fournit une suite invariantive d'ordre 
m + 1. 

En effet, de la formule. 


on déduit : 


[XY (Xe MA cns e 
= — «(e —x (©) ++ (—1)"{(m + Dae [0€ I 


De méme, l'opération x} — n appliquée à 7, fournit la | 
suite invariantive d'ordre m + p : | 
m ; : X» itp+i 

y = (— Ay + D + 2) fi + pr?) ^ 


i-o X4 


dont les p premiers termes sont nuls. 
à D’après le théorème énoncé ci-dessus, on obtient un 
E semi-covariant, en remplaçant dans C les coefficients de 7 
par ceux de 7, ; on a donc cette propriété : 

Si C désigne un semi-covariant, on obtiendra un semi- 
covariant en remplacant dans C, k, par zéro ou par 
i(i — 4) (1— p + Dk, ,, suivant que l'indice i est infe- 
rieur ou non au nombre p. 

X. — Considérons le développement en fraction continue 
d'une suite invariantive d'ordre m. 

Le numérateur et le dénominateur d'une réduite, sont 
des semi-covariants, quand cette réduile ne contient pas de 
puissance des variables supérieure à 
F (Cet énoncé suppose le numérateur it le dénominateur 
écrits sous la forme entière la plus simple, pour laquelle 

les coefficients arithmétiques sont entiers). 
.. Soit 


=h- mw ER h(E) bwg A m zr. 
y xj dose pod RS i 


gr 
A 


: En supposant n = 2 


( 74) 
une suite invariantive d'ordre m. Soit 5 la réduite d'ordre 
n, ("z 1H), dans le développement de y en fraction 
continue. 
On a, par la propriété cihin des réduites : 


e-e E] 


, 


pe (a) 


X, 


Désignons par P, , F, les transformées de p, , f, correspon- 
dant au changement de variables x; = X, + AX, x= Xa. 
Nous aurons, en conservant les notations précédentes : 


; " 
TP, — F, + (=). 
n n 25 xe 


Dans cette relation, remplacons les quantités K, X,, X, 
en fonction de k, x,, x, : soient p,, f, les expressions 


de P,, F,; nous aurons, par la propriété fondamentale 
des suites invariantives (V) : 


el par conséquent, 


Pe ~ 


! on pourra écrire 


Nis E (x 


(72) 
La fraction s est, d'aprés cette relation, une réduite du 
développement en fraction continue de y. On a donc 
Fn = da, ou bien : 


Pa = ap, fief, 


si l'on désigne par a un coefficient de proportionnalité. 
Les égalités précédentes peuvent encore s'écrire 


P, = apn,» FE, = a/,, 


Le coefficient a est égal à l'unité : en effet, P, et F, sont 
formés de la méme manière que p, et f, et n'ont aucun 
facteur commun; de là, p, = P,. Le dénominateur p, de 
la réduite 7^ fa est donc un semi- covariant ; le numérateur f, 
est de méme un semi-covariant; du reste, il suffit d'obser- 
ver que f, est la partie entière du produit 7p, (S VH). 

XI. — Cherchons l'expression 


n-i 


OX + ai 


n—?2 


Le + ALT r$ + +. + à, A3, 


du dénominateur p, de la réduite 77 Je , dans le développement 
en fraction continue de 


2 
Te Le 

y = ko— Lu k, (=) S ug a 
X, X, 


pour plus de simplicité, nous supposerons que cette suite 
invariantive est d'ordre infini. 
Les coefficients « doivent satisfaire aux conditions 


a, Ky — i al + &, We. — ve + (— Ay'zok, Ste 0, 
a, ki — a, Aka + TEE A — € (— 1y'« e je 0, 


" LI . 


a, k, a ux aik. + a AN er tee e — 1 Y'avlt, 4 = 0; 


Se VS jé CS ce FE zT à Vu DES ar e T PV NES S 


(75) 
ces conditions expriment que le produit yp, ne contient 
pas de terme en 


1 1 
mu TA ELT FA 
Ti Xi Xi 
On déduit de là; 
x5 HEN MAE Xe. di . ( 1) Xi 
ko k, k, k, 
Pa = k, VA b. Ec 
Es k, kizi kan- 1 


Le numérateur de la réduite 7 z s'obtiendra en remplaçant 
sucessivement dans p, , les quantités 


X5 xb S es 
par les parties entiéres des produits 
n-i 


Ma 
WEB Od; €4 VAE dise à 


Le semi-covariant p, est le canonizant de M. Sylvester, 
quand ; 


kis. (mi Der tee (ee Phat " Jide -+ kon- aF y 


représente une forme binaire (°). 
On peut établir directement une liaison entre la théorie 


(*) On a remarkable discovery in the theory of canonical forms and 
of hyperdeterminants. (Philosophical Magazine. 1854, 1l, p. 551). 


UTE.) 
des fractions continues, et la réduction d'une forme hinaing 
d'ordre 2n — 1 à la somme des puissances (2n — 1)" 
de n fonctions linéaires 
Considérons la forme binaire 


d 2n — 1 oi 
jede + | p [uni xs + ee + au E 


et la suite invariantive d'ordre 9n — 1 : 


Soit ^ la réduite d'ordre n dans le développement de y en 
fraction continue; soient 0,, 05, ..., 0, les valeurs de = 5 
pour lesquelles on a p, — 0 : soit encore : le R 
de x; dans pn. 

Nous avons 


a t | 
E(x, — xs) (x, — xs) ee (x4 — 9,7) = (= 
Dans le second membre de cette égalité, les coefficients de 
T. 1 
R? n? 


^ Tant 
X5 c c gl 


sont nuls : il en est done de méme dans le premier 
membre, et l'on a : 


HN AG ER [. (9) 
0 No s X ats 


en général, 


(— ya = X^, ((—0,1,2...24 —1): (14) 


(75) 
dans ces formules, nous représentons par f, (0) et par p; (8) 
les valeurs de f, et de dz Pa» pour x, ——0, 2,551. 
Les relations (14) montrent que l'on a : 


f— Agi — 6,3," "+ A(X, — ds)" + + A, (x, — 6,23)" !, 


si l'on prend 


XII. — Les résultats obtenus ci- dessus sont susceptibles 
de généralisation. 
Soient K&', Kk" ..., K^, u semi-covariants d'ordre m, 


LT: 


m, ... m", analogues à 
eU ae m "i m. 
— kr, Yom A Le X9. t t + katz; 


Soient Yo ni y® les suites invaria S 
analogues à y. Déterminons une quantité 


Q = at + XXe + aati X + ee + ulh, 
de telle facon que les parties fractionnaires de 7'q, y ‘4, 
74; ..., 7"q commencent par des termes d'un certain 


ordre en =: 


le nombre des conditions équivalentes étant égal à u. 
Pour définir complètement la fonetion 1. nous EE GNT 
tirons aux conditions suivantes : 

1° de s Piper sous forme entiére au moyen des 
coefficients de 7', y” ... y”, les coefficients arithmétiques 
étant des nombres entiers. 


( 76 ) 
9» de ne contenir aucun diviseur satisfaisant aux 
conditions précédentes. 
Cela posé, si le nombre p. — 2 est inférieur aux nombres 


m'—r, m"—r,.., m'—r,, 
la quantité q est un semi-covariant. 
En effet, nous devons avoir v relations de la forme 


, 1 M 
yg =e + (a) "OR TEE A (15) 


e désignant la partie entière du produit 7q. 
Soient respectivement F et Q, les expressions qui 
remplacent y et q, aprés la transformation 


X4—XÀ AX, qa PE 
nous aurons les relations 
4 
rQ = E + ye , 


analogues aux équations (15), E désignant un polynóme 
en X,, X,. Soient q, et e, les valeurs de Q et de E 
exprimées au moyen des variables x,, x, et des coeffi- 
cients de y’, y” ...; nous aurons par la formule 


1 
r=r+ e] 


en supposant v. — 2 < m —r: 


1 
qi ur " + =) 
X, 


Cette relation, de méme que la relation (15), tient lieu de ¢ 


POPE Tete PRESE Io NE IEA PMP S EE 


EPIO UM Rene CERA TRATTE UNT ms A E 


(71) 
relations analogues : il en résulte, d’après les suppositions 
établies ci-dessus, que la fonction q ne peut différer de q; 
c'est-à-dire de Q; cette fonction est d'ailleurs isobarique 
et homogène : elle est par suite un semi-covariant. 


MS TEN s. VES NES Marc a dU RENTE d sint rA PEN PUS ere A E RON A NE CET EM CY. 
zx " 3s ` 4 Run de | T v | 


Exemple. — Soient p — 9, r, = 1, r, —2, r, —0: 
prenons pour y’, 7'' les suites invariantives d'ordre infini : 


COR TM Meus 


La fonction 
Q = ali + ALL + X3X,X1 + axi, 


devra satisfaire aux conditions 


On trouve 


xi — x;x, xx? — x 


(16) 


sS 
t. 
E 
LI 
E 
er 


b- db b b, 
Remarque. — Pour le semi-covariant 


{= IF + mx, T H e xx, 


( 78 ) 
on a, d’après la formule (6), 


ds, 
— = |u xum |. + (15 ou 
mm 1) 


da, 
ER (p + lou, 1. 


Les coefficients 2, ,, 4, , , sont, dans le cas actuel, des 
déterminants d'ordre u, dont les rangées sont respective- 
ment de la forme 


Ka Fiti ... Eni k ope pas TR 


k;, kiss doi NP | TS Labia | M 


les coefficients k se rapportant à l'un ou à l'autre des semi- 
covariants k', k” ... Les coefficients k, sont les coefficients 
de xj dans des semi-covariants (abstraction faite des nom- 
bres binomiaux) : on a 


dz 

Il résulte de là que ——" sera la somme des déterminants 
obtenus en remplacant successivement l'une des rangées 
de «,, ,, telle que 

ki kiza RU : ka, -E3 k opta rs kirus 
par la suite d'éléments 

iEn (i af- 4)k;, .…. (à + p mesa DE, 

GE pa yk e (+ ak à. 
La somme des déterminants ainsi obtenus est égale à 

(p + 1e, ,, : Si l'on observe que a, , , est aussi un 


TNCS E A GS US tendent eu nt ste anna SECTEUR 


(79 ) T 


4 
déterminant, on voit que les v égalités 


p. da... 


= (p 1s 


donnent autant de théorèmes sur l'addition dés détermi- 


.. nants. Ne pouvant actuellement développer ces considé- Hod 
. rations, nous nous bornerons à un exemple. | cud 
. Considérons le semi-covariant de la formule (16); nous E 
| avons 
do 0, d. | do 0, 3 ) A | 
7 Hp b, b, bs 5 y = b, b, b; ; ~ Es 
A b, b. b; | b, b, b, E i À i 


Gy, t Q5 | "t 
b, 2b, 4b; 


$ 


^ 


( 80 ) 


Application de la photographie à l'étude de l'électrotonus 
des nerfs (communication préliminaire) ; par F. Henri- 
jean, assistant à l'Université de Liége. 


(Travail du laboratoire de physiologie.) 


E 


Lorsque l'on fait passer un courant constant (courant 
dit polarisant) à travers une portion de nerf, il se produit, 
dans toute la longueur de ce dernier, des modifications 
extrémement remarquables de l'état électrique. 

Ces phénomènes, découverts par du Bois-Reymond, ont 
recu le nom d'électrotonus. Ce savant chercha à déterminer 
exactement les différentes phases du développement des 
courants électrotoniques des nerfs, en reliant deux points 
de la partie extra-polaire au circuit de la boussole de Wiede- 
mann et en observant, d'une maniére continue, la dévia- 
tion de l'aiguille aimantée. — Les valeurs trouvées de 
cette facon lui permirent de construire la courbe des cou- 
rants éleetrotoniques. 

Malheureusement, la boussole de Wiedemann est un 
instrument paresseux qui n'est pas susceptible de suivre 
et d'indiquer les variations rapides qui peuvent se pré- 
senter dans l'intensité d'un courant électrique. Ce défaut 
est surtout sensible au début de l'observation, au moment 
où l'aimant, primitivement au repos, est brusquement mis 
en mouvement sous l'influence du passage d'un courant 
électrique. Il faut plusieurs secondes avant que l'aimant 


LSU SPI RE N EEEE S SAPE CT AESSR EEIE E MEE SE EMINET PINE GR 


( 81) 
apériodique prenne sa nouvelle position d'équilibre. Avec 
une boussole non apériodique, comme celle qui servit aux 
premiéres recherches de du Bois-Reymond, le reproche 
. est encore plus grave. — Aussi, l'illustre physiogiste de 
- Berlin dut-il laisser en blanc la partie des courbes repré- 
.. sentant le début de l'éleetrotonus (1). 

Les méthodes les plus ingénieuses et les plus compli- 
quées de l'électrophysiologie furent utilisées pour combler 
cette lacune. 

Helmholtz (2) chercha à déterminer l'intervalle de temps 
aprés lequel le début des phénoménes électrotoniques se 
manifeste et se propage dans le nerf, en se servant de la 
secousse secondaire de la patte galvanoscopique comme 
signal de l'arrivée du courant électrotonique en un point 
déterminé du tronc nerveux. Supposons un nerf de gre- 
nouille AB; faisons passer un courant constant à travers 
une portion de nerf voisine de A; pour déterminer le 
inoment où le courant d'électrotonus se manifeste en B, 
appliquons sur cette extrémité le nerf d'une patte galva- 
noscopique (3). Celle-ci sera disposée de façon à inscrire 

. Ses secousses sur un cylindre enregistreur. On inscrira, en 


CDU rop T Pet or RP 


(4) Dv Bois Reymonv. Ueber die elektromotorische Kraft d. Nerven 
u Muskeln. Arch. f. Anat, u Physiologie, 1867, p. #17. — Et Gesam- 
melte Abhandlungen, M, p. 232. 

(2) HeLmaoLrtz. Ueber die Geschwindigkeit einiger Vorgänge in 
Muskeln u Nerven. Bericht. Akadem. d. Wiss. z. Berlin, p. 528. 

(9) Les courants éleetrotoniques peuvent exciter un second nerf 
placé sur le premier. Le nerf d'une patte galvanoscopique, dans ces 
conditions, se trouve excité à chaque ouverture et à chaque fermeture 
du courant polarisant, et il en résulte une contraction des muscles : 
Contraction paradozale. 

9"* SÉRIE, TOME XIV. | 6 


(82) 

regard, le début du courant polarisant sous l'influence 
duquel s'est développé le courant électrotonique. L'ex pé- 
rience montre que le retard de la secousse, sur le début du 
courant de polarisation, est fort petit. Par conséquent, 
les courants électrotoniques se propagent avec une trés 
grande vitesse. Celle-ci, d'aprés Helmholtz, serait trés 
analogue à celle avec laquelle l’excitation elle-même se 
propage dans les nerfs; c'est-à-dire de 27 mètres à la 
seconde, comme l'a démontré le méme auteur. 

Tschirjew (1) s'est également efforcé de mesurer la 
vitesse de propagation des courants d'électrotonus, c'est- 
à-dire de déterminer le retard de l'apparition du début du 
courant électrotonique en un point de la partie extra- 
polaire du nerf, retard compté à partir du début du cou- 
rant de polarisation. 

Dans les expériences de cet auteur, la partie extra- 
polaire d'un nerf de grenouille est reliée soit à la boussole, 
soit à l'électrométre capillaire, et le courant propre du nerf 
est exactement compensé de facon à ramener au zéro 
l'instrument qui sert de galvanoscope. 

Dans une série d'expériences successives, il cherche à 
rompre le circuit galvanoscopique 1, 2, 5, 4, ete., 10 mil- 
lièmes de seconde aprés le début, c’est-à-dire aprés la 
fermeture du courant polarisant. Si la rupture du courant 
galvanoscopique se fait avant que le courant d'électrotonus 
ait atteint la partie extra-polaire du nerf comprise dans 
ce circuit, l'instrument reste au zéro, et il n'y a de 


(4) S. Tscmmsew. Ueber die Fortpflanzungsgeschwindigkeit d. elec- 
trotonischen Vorgänge ins Nerven. — Dv Bois-REvwoxp. Archiv. f- 
Physiologie, 4879, pp. 524, 552, t. VIII, fig. 8. 


| 
j 
| 
: 
| 
1 


( 85 ) 

déviation ni de l'aimant, ni de la colonne mercurielle. — Si, 
au contraire, la rupture du conduit galvanométrique a lieu 
aprés l'arrivée du courant de polarisation, celui-ci aura le 
. temps d'agir sur l'instrument, ce qui se manifestera par 
= un commencement de déviation de l'aimant ou de la 
- colonne de mercure de l'électrométre. C'est par tàtonne- 
ments que cet intervalle de temps se détermine. 

Tschirjew a employé le mouvement de la plaque du 
E myographe pour fermer automatiquement le courant de 


f 


= polarisation, et pour ouvrir le circuit galvanométrique à 
1 des intervalles de temps trés petits, variables et exactement 
= mesurables. |l trouva, comme Helmholtz, que la vitesse de 
propagation du début du courant d'électrotonus est trés 
considérable, mais qu'elle est, cependant, en général infé- 
rieure à la vitesse de propagation du processus d'excitation. 

. Les valeurs qu'il indique varient entre 15,4 et 22,2 mètres 

| à la seconde. 

Plus récemment, J. Bernstein (1) est parvenu non seu- 
lement à déterminer le moment de début des courants 
_d’électrotonus, mais encore à construire la courbe qui 
_ représente les phases successives par lesquelles passe la 
_ valeur de ces courants. L'une des extrémités du nerf étant 
soumise à l'action d'un courant constant, l'autre extrémité 
est introduite dans le circuit de la boussole, au moyen du 
rhéotome de Bernstein, pendant un temps trés court et 
aprés un intervalle de temps variable, compté à partir du 
moment de la fermeture du courant de polarisation. On 


(4) J. BenssriN. Ueber das Enstehen u Verschwinden der elektro- 
tonischen Ströme ins Nerven u die damit verbundenen Erregungs- 
Schwankungen. d. Nervenstromes. — Du Bois Reymono. Archiv. f. 
Physiologie, 1886, pp. 497-250, t IX et X. 


( 84) 


répète l'expérience un grand nombre de fois, en augmen- 


tant graduellement cet intervalle. A chaque expérience, 
la déviation observée sert de mesure au courant électro- 
tonique au moment de l'observation. Chaque observation 
fournit donc un point de la courbe à construire. 

Bernstein est arrivé à des résultats analogues à ceux 
de ses devanciers. La méthode du professeur de Halle, 
bien que fort compliquée, est des plus élégantes. Le 
principal reproche que l'on puisse y faire, c'est que 
la eonstruction de la courbe n'est possible que par le 
groupement de valeurs obtenues dans un grand nombre 
d'expériences exécutées successivement sur un même 
nerf. Or, les résultats des dernières expériences ne sont 
pas rigoureusement comparables à ceux des premières, à 
cause de la fatigue du nerf et des autres modifications qui 
peuvent se produire dans sa substance au cours d’une série 
de recherches. Ce défaut n’a d’ailleurs pas échappé à 
Bernstein lui-même; aussi exprime-t-il le désir de voir se 
répéter ces expériences en les disposant de manière à 
n'avoir à soumettre le nerf qu'à une seule action de pola- 
risation, ce qui s'obtiendrait le mieux, dit-il, au moyen de 
l'électromètre capillaire dont on photographierait les 
excursions (1). 


(1) Auch wäre erwünsch für diesen Fall, den Verlauf der ganzen 


Curve bei einmaliger Polarisation aufzunehmen, um Ermüdung 


zu vermeiden, und dies würde sich vielleicht am besten mit Hülfe 
des Capillarelektrometers ausführen lassen, wenn mann dessen Aus- 
sehläge photographisch aufzeichnete (t), pages 208 et 213 : « Ein 
einzelne Curve aufzunehmen würde ebenfalls eine dankbare mit 
dem Capillarelektrometer auszuführende Aufgabe sein. » 


(*) BURDON SANDERSON, Journal of Physiology, t. IV, p. 321. 


TEM math DIIS PME S entrée 


Ce vœu exprimé par Bernstein, je suis parvenu à le 
réaliser, c'est-à-dire que j'ai pu photographier les excur- 
sions de la colonne de mercure de l'électrométre capillaire 
relié à une portion de nerf soumise à l'électrotonus. J'ai 
pu recueillir, de cette facon, en une seule expérience, la 
courbe complète du courant électrotonique. Ces courbes 
sont très analogues à celles construites par Bernstein. 

Le présent travail confirme done en grande partie les 
résultats obtenus par d'autres expérimentateurs ; son inté- 
rét réside moins dans la découverte de faits nouveaux que 
dans la substitution d'une méthode directe, simple et facile, 
aux procédés compliqués, laborieux et indirects utilisés 
par Tschirjew et Bernstein. 

Toutes mes expériences ont été faites sur des nerfs de 
lapins, de chiens et de grenouilles. Les nerfs pneumogas- 
triques, scialiques, etc., des mammifères se prêtent tout 
aussi bien que le sciatique de la grenouille aux expériences 
d'électrophysiologie, ainsi que l'a démontré Léon Frede- 
ricq (1); de plus, ils ont l'avantage d'étre beaucoup plus 
longs et plus faciles à manier. 

L'expérience est disposée de la maniére suivante: le 
nerf est tendu horizontalement au-dessus d'une plaque de 
liège, au moyen de deux stylets de verre faisant office 
d'épingles. Les deux extrémités du nerf sont fortement 
serrées au moyen de fil de lin imprégné d'une solution de 


——— Mot UR uei 


(1) L. Freperico, Ueber die elektromotorische Kraft. d. Warmblüt- 
nerven. Archiv. f. Physiologie. 


( 86 ) 

chlorure sodique (solution physiologique). Ces ligatures 
sont placées en dedans des aiguilles de verre; elles repré- 
sentent des sections transversales du nerf, de telle façon 
que, pour mettre celles-ci en rapport avec les électrodes, 
il suffit d'enrouler le fil imprégné de la solution de sel 
marin sur les extrémités de ces derniers. — Chaque extré- 
mité du nerf est reliée avec une paire d'électrodes impo- 
larisables de du Bois-Reymond, dont l'un est en rapport 
avec le fil qui correspond à la coupe transversale, l'autre 
avec la surface longitudinale. (AB et ab, figure 1.) Le cou- 
rant polarisant est fourni par un élément de Daniell D, 
figure 1. Ce circuit contient, outre l'extrémité AB du nerf. 
une clef C? qui permet d'ouvrir ou de fermer le courant 
et un commutateur de Pohl qui permet de changer si 
direction. L'extrémité ab du nerf qui sert à l'étude de 
l'électronus est reliée à l'électrométre capillaire par Pinter- 
médiaire d'une clef Ci. 


L'image du capillaire, vivement éclairé à la lumiere 


( 87) 
électrique, est projetée, au moyen de la lanterne Duboscq, 
à travers la fente d'une chambre obscure, sur le cylindre 
enregistreur recouvert de papier au gélatino-bromure 
d'argent (Hutinet). 

L'ombre de la colonne de mereure mettant le papier 
sensible à l'abri des rayons lumineux, l'image que l'on 
obtient est négative. Grâce à cette disposition, les moindres 
mouvements de la colonne mercurielle se traduisent par 
des déplacements de la limite entre l'ombre et la lumiére. 

La partie de la fente qui permet le passage des rayons 
lumineux est en partie employée pour inserire le temps et 
le passage du courant de polarisation. Le temps est inscrit 
en disposant une horloge à seconde de telle facon que le 
balancier interrompe et permette alternativement le pas- 
sage des rayons lumineux. L'horloge dont nous nous 
sommes servi produisait deux interruptions à la seconde. 
Pour inscrire le début et le passage du courant de polari- 
sation, un second circuit électrique, provenant d'une pile 
de Grenet, est relié à un signal électro-magnétique dont 
la plume projette son ombre sur la partie du papier sen- 
sible non protégée par l'image de la colonne de mercure. 
Ce courant est fermé par la clef C?, dont les mouvements 
sont solidaires de ceux de la clef qui sert à ouvrir et à fer- 
mer le courant de polarisation, c'est-à-dire que le signal S 
indique exactement les phases de ce dernier. 

Les graphiques obtenus de cette facon présentent donc 
en regard : la courbe du courant électrotonique, le tracé 
de la durée du courant polarisant et celui du temps. 

Les figures 1, 2, 5 de la planche I représentent trois de 
ces graphiques. Les échancrures de la partie inférieure de - 
chaque tigure correspondent à des demi-secondes. Le trait 
blane représente l'ombre du style du signal électro-magné- 


( 88 ) 

tique. Dans les figures A et B, le signal présentait le défaut 
de vibrer quand le courant cessait de passer, d'oü est 
résulté le vague dans le trait blanc à ce moment ; dans la 
figure c, nous avons remédié à cel inconvénient, le trait 
est aussi net à la fermeture qu'à l'ouverture du courant. 
Ajoutons que, dans les figures A et B, le style du signal 
se rapproche de l'inseription du temps quand le cou- 
rant de polarisation passe, de sorte que, pendant toute la 
durée de celui-ci, le trait formé par le signal électrique se 
trouve au-dessous de celui qu'il donne au repos. Dans la 
figure C, le passage du courant polarisant est, au contraire, 
indiqué par le fait que le trait blanc se rapproche de la 
courbe de l'électrotonus. 

Le graphique n° 1 représente la courbe de l'anélectro- 
tonus et lesn% 2et 5 celle du katélectrotonus. Dans le pre- 
mier cas, le mercure rentrait dans le capillaire, de sorte 
que la lumiére venait influencer une plus grande partie du 
papier sensible. C'est donc la limite entre la partie noircie 
qui s'éléve au-dessus du niveau ordinaire qu'il faut lire, 
tandis que pour le katélectrotonus la colonne de mercure 
étant projetée en avant, c'est la partie du graphique qui 
se trouve enfoncée dans la partie noire qu'il faut étudier. 

Dans la figure 1, nous voyons que le courant électroto- 
nique s'établit rapidement;il atteint presque son maximum 
en moins d'un quart de seconde. La courbe qui représente 
le passage au maximum forme presque un an;le droit. Le 
courant s'établit immédiatement, ainsi que l'indique l'as- 
cension brusque de la courbe à la fermeture. Cependant, 
il serait possible de calculer le temps perdu et, par 
suite, la vitesse de propagation de l'électrotonus, en 
employant des nerfs trés longs et en faisant tourner plus 
rapidement le cylindre qui porte le papier sensible. Dans 


Eds MES ces de. RP ire ete: Mid tde E ER QUE SC RS NE 


( 89) 

la figure 3, par exemple, la vitesse est déjà notablement 
plus grande que dans la figure 1, et sur le trait S qui 
indique le passage du courant polarisant, on peut élever, 
au moyen d'une équerre, au point qui correspond à la fer- 
meture du courant polarisant, une droite représentant 
exactement la fente par laquelle la lumiére passe. Cette 
droite tombe au point P. On voit que le courant ne s’éta- 
blit qu'un peu vers la droite de celle-ci. Il n'est pas trés 
facile de mesurer une aussi petite portion du graphique, 
parce que la limite entre la lumière et l'ombre n'est pas 
absolument nette; mais, on pourrait considérablement 
agrandir cet espace en se servant de plaques sensibles se 
mouvant trés rapidement. J'évalue l'espace à droite de P 
à environ !/, de millimètre. La vitesse du cylindre étant 
de 45 millimétres à la seconde et la longueur du nerf à 
parcourir dans le cas représenté figure C étant 7,5 centi- 
métres, la vitesse de propagation serait de 15", 5 à la 
seconde, ce qui correspond exactement au chiffre le plus 
faible donné par Tschirjew. La disparition du courant 
éleetrotonique parait se faire immédiatement sur les 
courbes des figures 2 et 5, mais sur la figure 1 il persiste 
encore pendant !/,, de seconde. 

Pour apprécier exactement les phénoménes du début et 
de la fin de l'électrotonus, il faudrait employer des plaques 
rapides se mouvant extrémement vite. 

Il faudrait, également, répéter les expériences en 
employant des vitesses trés faibles, afin de déterminer la 
marche dela diminution ducourant électrotonique signalée 
par du Bois-Reymond. C'est ce que nous faisons en ce 
moment. Nous n'avons pas constaté l'existence de la varia- 
tion négative signalée par plusieurs auteurs. 


EXPLICATION DES FIGURES. 


Les tracés se lisent dans les directions des flèches. La ligne infé- 
rieure H représente le temps en demi-secondes. La ligne supérieure 
correspond à l'extrémité de la colonne de mercure de l'électrométre. 
— La ligne blanche S représente l'aiguille du signal électro-magné- 
tique indiquant le passage du courant polarisant. 

Fig. 4. C. P — courant propre du nerf. 

Pm. O = anélectrotonus. 


ab. passage du courant polarisant. 

Fig. B, mémes lettres qu'à la figure précédente. P. M. O. katélec- 
trotonus. 

Fig. C. P O anélectrotonus. — Mêmes lettres qu'aux figures précé- 
dentes. Vitesse du cylindre plus grande. 


Sur la circulation du sang dans le cercle artériel de 
Willis; par G. Corin, préparateur de physiologie à 
l'Université de Liège. 

Les conditions de la circulation du sang dans le cercle - 
artériel de Willis n'ont jamais fait l'objet d'une étude spé- 
ciale. 

Un seul auteur, à notre connaissance, Steiner (1), ren- - 
seigne une valeur absolue de pression prise dans le bout - 
périphérique de la carotide. : 

Quant aux modifications que cette pression subit sous - 
l'influence d'oblitérations plus ou moins étendues des 
artères afférentes du cercle de Willis, quant au retard que - 
peut subir la propagation de l'onde pulsatile dans le canal 


(4) Sreiner. Grundriss M Physiologie des Menschen; zweite 
Auflage. Leipzig, 1885. 


Bull. 3° Série, Tome XIV. 


Fig. 3. 
Insenplorw photographique de l Electrotonus. 


(91) 
irrégulier constitué par les carotides et le cercle artériel, 
nous n'avons trouvé à ce sujet aucun renseignement. 

La question a cependant de l'importance, puisque la 
valeur des expériences de Schiff, de Kussmaul et Tenner 
sur l'anémie expérimentale du cerveau, la théorie chi- 
mique de la respiration émise par Rosenthal et admise 
aujourd'hui par la plupart des phys:ologistes, ont été 
remises en question de différents cótés dans ces derniers 
temps (Mosso, Hoppe Seyler, Herter, Marckwald) (4). 

L'absence de modifications du rhythme respiratoire à la 
suite de la ligature d'une ou de deux carotides a été 
invoquée contre la théorie de Rosenthal, qui admet une 
corrélation étroite entre le fonctionnement des centres 
respiratoires et les conditions de la circulation encépha- 
lique. On admettait a priori que la ligature des carotides 
devait amener une baisse considérable de pression dans le 
cercle artériel de Willis. 

Nos expériences ont eu principalement pour but de 
vérifier l'exactitude de cette assertion. 

Steiner attribue à la pression artérielle dans le cercle de 
Willis du chien une valeur beaucoup plus élevée (156 mil- 
limétres de mercure) que celle trouvée par nous. Nous 
avons vu, il est vrai, cette valeur atteindre quelquefois 
150 millimétres; mais dans la grande majorité des cas, elle 
n'est que de 80 à 90 millimètres, quelquefois méme de 
60 millimètres, alors que la pression dans le bout central 
de la carotide oscille entre 120 et 180 millimètres de mer- 
cure. La valeur de la pression dans le bout périphérique - 
renseignée par Steiner serait donc égale à la moyenne de 


(4) Die athembewegungen und deren Innervation beim Kaninchen. 
Zeitschrift für Biologie, Bd. XXIII, N. F, Bd. V, 1886. 


(92) 
la pression que nous avons trouvée dans le bout central de 
la carotide. 

La déperdition de pression causée par le maintien de 
l'ouverture des branches externes de la carotide est d'ail- 
leurs trés faible. Sous l'influence de leur fermeture, la 
pression n’augrente que 5 à 7 millimètres de mercure. 

Les branches afférentes du cercle de Willis sont les deux 
carotides internes et les deux vertébrales. La fermeture 
de l'une d'elles doit avoir a priori pour effet de faire 
baisser la pression dans le cercle de Willis et la fermeture 
de trois d'entre elles; la quatrième, une des carotides, par 
exemple, étant reliée au manométre, doit amener la pres- 
sion au zéro, à moins qu'il n'existe des branches collaté- 
rales autres que les vertébrales et les carotides. 

Ces branches collatérales supplémentaires existent trés 
certainement chez tous les animaux de laboratoire, car 
jamais la pression dans le cercle de Willis n'arrive au zéro 
sous l'influence de la fermeture des quatre branches affé- 
rentes principales. 

Mais leur développement n'est pas le méme chez tous 
les animaux, et cela explique pourquoi l'expérience de 
Kussmaul et Tenner, qui consiste à provoquer l'asphyxie 
chez le lapin par la fermeture des vertébrales et des caro- 
tides, ne réussit pas dans tous les cas, et pourquoi elle ne 
réussit qu'exceptionnellement chez le chien. 

Tout au moins devrait-il se produire chez ce dernier 
une dyspnée plus ou moins accentuée sous l'influence de 
cette occlusion. C'est ce qui arrive à la vérité dans quel- 
ques cas, mais cette dyspnée est passagère, et dans la 
grande majorité des cas elle n'existe pas du tout. 

Dans la théorie de Rosenthal, cette anomalie apparente 
devrait étre évidemment justifiée par un maintien de la 
pression à son niveau primitif. C'est ce que nous avons 
cherché à vérifier. 


PÉTER ANNE KZ BE PAT AR SRE TP OU v EC NEUEN A 1^ 30 a TRE QU MAU UN ES ONE. 
á AET NRS = igri ie iii dé 


2 PERMET 


(95 ) 

Si chez un chien on isole soigneusement les deux caro- 
tides et les deux vertébrales, si on ligature les branches 
externes d'une des carotides et qu'on mette le bout péri- 
phérique de l'artére ainsi préparée en rapport avec un 
manométre à mesure, on obtient la pression dans le cercle 
de Willis. Si maintenant l'on comprime successivement ou 
simultanément les trois autres branches afférentes acces- 
sibles, on s'attend à voir la pression diminuer d'une cer- 
laine quantité. 

Mais, chose remarquable, cette baisse de pression dans 
la plupart des cas n'est que momentanée; bientót la pres- 
sion se reléve jusqu'à revenir à peu prés à son niveau pri- 
nitif. 

Cette régulation est d'autant plus parfaite et d’autant 
plus rapide que l'animal a été soumis un plus grand nombre 
de fois à la méme expérience, d'autant plus aussi qu'on a 
laissé plus de branches afférentes un peu considérables 
libres de compression. 

Il arrive méme que la pression devient plus grande 
aprés qu'avant la fermeture de l'une des branches affé- 
rentes, et dans certains cas nous avons vu celle pression 
augmenter immédiatement aprés la fermeture, de façon à 
dépasser d'emblée et de beaucoup le niveau primitif. 

Ne pouvant consigner ici graphiquement nos résultats, 
nous allons résumer quatre expériences qui peuvent servir 
de types. 

Nous écarterons dés l'abord les expériences oü nous 
avons obtenu une baisse de pression durable par la ferme- 
ture d'un ou de plusieurs canaux afférents du cercle de 
Willis, les animaux de ce genre rentrant en somme dans 
la catégorie de ceux chez qui réussit l'expérience de 
Kussmaul et Tenner. Nous n'avons d'ailleurs obtenu. ce 
résultat qu'une fois dans quinze expériences. 


(94) 


Type I. — 54 mars 1887. 


Chien mâle n° VIII; 40 centigrammes de morphine, chloroforme. 

Les branches externes de la carotide droite sont liées, et un mano- 
mètre introduit dans le bout périphérique. 

Pression : 60 millimétres de mercure. 

On comprime la carotide gauche; la pression baisse de 2 centi- 
mètres, puis remonte légèrement (0,005 en 50 secondes). On com- 
prime la vertébrale gauche; la pression n'est pas modifiée; on 
comprime la vertébrale droite; la pression baisse de 4 centimétre, 
puis tend à remonter. On ouvre la carotide droite, la pression 
remonte brusquement à la normale. On ouvre les vertébrales, la 
pression n'est pas modifiée. 

La compression des vertébrales seules ne produit pas d'effet. Cette 
compression persistant, si l'on ferme la carotide gauche, la pression . 
baisse du coup de 5 centimètres et n'a que peu de tendance à 
remonter 

Pression dans le bout central de la carotide : 120 millimètres de 
mercure. 


Type Il. — 42 avril 1887. 


Chien måle n» Xll; 40 rs de morphine, chloroforme. 

Les branches externes de la carotide gauche sont fermées. Mano- 
mètre dans le bout périphérique. 

Pression : 410 millimètres de mercure. 

On comprime la carotide droite; la pression baisse de 40 milli- 
mètres ; puis, en 50 secondes, remonte de facon à n'étre plus qu'à 
1 centimétre sous la normale. On ferme alors la vertébrale gauche, 
puis la droite, sans que la pression soit modifiée. On ouvre la caro- 
tide droite et le niveau redevient normal. 

Il n'est plus influencé par l'ouverture des vertébrales. 

La fermeture des vertébrales, la carotide droite restant ouverte, 
n'influence en rien la pression. La fermeture des carotides, les verté- 
brales étant comprimées, produit une baisse de pression de 2 centi- 
mètres; puis la pression tend à se relever légèrement. 

Pression dans le bout central : 180 millimètres de mercure. 


TS 


( 98 ) 


‘Tye III. — 22 mars 1887. 


Chien mâle n° Il; 40 centigrammes de morphine, chloroforme. 

La pression dans le cercle de Willis, prise par la carotide gauche, 
est de 80 millimétres de mercure. 

On ferme la carotide droite; la pression baisse de 10 millimètres, 
puis remonte et, au bout de 25 secondes, est revenue à Ja normale. 
On ouvre; pas de modifications. On ferme la carotide, la pression 
baisse de 5 millimétres, puis remonte et, au bout de 12 secondes, 
dépasse la normale de 5 millimétres et se maintient à ce niveau. On 
ferme la vertébrale gauche, la pression baisse de 40 millimètres, puis 
remonte à la normale en 20 secondes. On ferme alors la vertébrale 
droite, la pression baisse de 25 millimétres et, pendant 90 secondes 
E environ, ne parvient à remonter que de 10 millimétres. 

E Pression dans le bout périphérique : 160 millimétres de mercure. 


Nous n'avons pas la prétention d'établir ici trois types 
invariables. 

Il existe, comme on peut le voir, des transitions d'un E 
type à l'autre, et, d'ailleurs, tel chien qui, au début d'une ME 
expérience, ne possédait qu'une régulation imparfaite 
comme le type l, montrait à la fin une régulation tout 
aussi parfaite que le type HI. Il est donc vraisemblable 
que cette régulation dépend, au moins en partie, du cali- 
bre des voies collatérales, et que celui-ci devient assez 
grand au bout de quelques expériences, sous l'influence — — 
de l'augmentation de pression centrale qui résulte de la à 
fermeture d'une des branches afférentes, pour permettre 
à la pression de se relever dans le cercle de Willis. C'est 
par des transitions également que l'on arrive au type de | 
régulation que nous allons décrire. Les 


Type IV. — 28 mars 1887. 


Chien mâle n° V ; 40 centigrammes de morphine, chloroforme. 

Pression dans le bout périphérique de la carotide gauche : 90 mil- 
limètres; aprés fermeture des branches externes de la carotide: 
97 milimètres. 

On ferme la carotide droite; la pression baisse de 25 millimètres, 
puis remonte rapidement vers la normale; aprés 35 secondes, elle 
n'en est plus éloignée que de 5 millimètres. 

On ouvre la carotide droite; la pression remonte de 7 millimètres, 
puis baisse et revient à la normale. Nous répétons la méme expé- 
rience avec les mémes résultats, plus accentués L'animal est laissé 
tranquille pendant 5 minutes; puis nous fermons la carotide droite. 
La pression augmente rapidement et, au bout de 10 secondes, est à 
20 millimètres au-dessus de la normale. Nous ouvrons alors la carotide 
droite; la pression baisse graduellement et revient à la normale en 
50 secondes. Une nouvelle tentative donne le méme résultat; une 
troisième aussi; seulement, la baisse de pression que nous avions 
constatée à l'ouverture est précédée d'une légère ascension et, d'une 
facon générale, se fait beaucoup plus rapidement. 

Cette régulation paradoxale s'accentue de plus en plus et, au bout 
de 2 minutes, l’ocelusion de la carotide droite produit dans le cercle 
de Willis une augmentalion de pression de 40 millimétres. 

La carotide droite étant ouverte, l’occlusion des vertébrales donne 
une légère baisse de pression (10 millimètres) et, cette occlusion se 
maintenant, si nous comprimons la carotide droite, l'augmentation de 
pression ne se produit plus, mais est au contraire remplacée par une 
baisse de 20 millimétres. La pression tend cependant à remonter et, 
aprés 20 secondes, elle l'a fait de 10 millimétres. Nous ouvrons alors 
les vertébrales; la pression monte de 25 millimétres ; nous ouvrons 
la carotide droite ; la pression baisse rapidement et, en 10 secondes, 
est arrivée à 20 millimètres au-dessous du niveau qu'elle occupait 
avant l'ouverture, puis elle remonte un peu pendant une minute. 

Nous fermons la carotide droite et la pression remonte de 50 mil- 
limétre et se maintient à ce niveau. 

Pression dans le bout central : 14 millimètres de mercure. 


( 97) 

Nous n'avons pu obtenir ce singulier phénoméne dans 
toute sa pureté que chez deux chiens intacts ; nous voyons 
d'ailleurs que cette régulation paradoxale n'est que l'exa- 
gération de celle que nous avons constatée à la fin chez 
les trois premiers types, et qui s'est montrée au début chez 
le type IV. 

À quoi tient cette régulation? Nous devons dire tout 
d'abord que chez des chiens à pneumogastriques coupés, 
qui ne présentaient avant cette opération qu'une régulation 
imparfaite comme celle du type I, nous avons observé une 
fois la régulation du type III, une autre fois celle de type IV. 

Chez tous les chiens, d'ailleurs, le manométre introduit 
dans le bout central de la carotide montre que, sous l'in- 
fluence de l'occlusion d'une branche considérable telle que 
la carotide de l'autre cóté, la pression augmente considé- 
rablement (40 millimétres), que les vertébrales soient liées 
ou non. Cette augmentation est tout aussi durable que celle 
que l'on obtient dans les mémes conditions si l'on explore 
la pression dans le cercle de Willis des chiens du type IV. 
La fermeture de branches moins développées, celle des 
vertébrales, par exemple, n'a que peu ou point d'influence 
sur la pression dans le bout central de la carotide. 

En méme temps que cette augmentation de pression, on 
observe une accélération, assez faible, il est vrai, des batte- 
ments cardiaques (117 pulsations à la minute au lieu de 
105). 


La régulation de la pression dans le cercle de Willis 
dépend donc bien certainement de l'augmentation de 
pression qui se produit en amont du point observé du 
vaisseau afférent. 

Si ce vaisseau est la carotide, cette augmentation est 
considérable et peut dans certains cas dépasser la quantité 

O"* SÉRIE, TOME XIV. 7 


(98 ) 
exigée par une compensation parfaite; si c'est la vertébrale, 
elle est faible ou nulle. 

Si les voies collatérales restées perméables sont assez 
larges, la pression dans le cercle de Willis pourra, soit res- 
ter la méme, soit devenir plus forte qu'auparavant. Si ces 
voies ne sont pas suffisamment étendues, la pression bais- 
sera dans le cercle de Willis. Mais dans la grande majorité 
des cas, la dilatation qui se produit dans les voies collaté- 
rales par la répétition ou la prolongation de l'expérience, 
sera grande assez pour que la pression ne baisse plus 
dans la suite sous l'influence de la fermeture de la caro- 
tide. 

Quand l'augmentation de pression dans le bout central 
de la carotide est plus forte que ne le ferait supposer la 
fermeture de la carotide du cóté opposé, et que cette 
augmentation se maintient quelques secondes aprés la 
réouverture de cette méme carotide, on observe, préala- 
blement à la chute de la pression dans le cercle de Willis, 
une augmentation passagère. 

Nous ignorons encore à quoi peut étre due l'augmen- 
tation de pression si considérable dans la régulation para- 
doxale du IV. Peut-être faut-il la rattacher à la lègère 
augmentation du nombre des pulsations que nous avons 
constatée sous l'influence de la fermeture de la carotide. 

Ces résultats expliquent évidemment pourquoi, en admet- 
tant là théorie de Rosenthal, l'expérience de Kussmaul et 
Tenner ne réussit le plus souvent pas chez le chien. 


La vitesse de la propagation de l'onde pulsatile doit 
étre beaucoup moindre dans le canal irrégulier formé par 
la earotide d'un côté, le cercle de Willis et la carotide de 
l'autre côté, que dans les autres artères du corps où le 
calibre va en diminuant régulièrement. Chez les grands 


U—-m o 


| ( 99 ) 

; chiens qui nous servent au laboratoire, la circonférence 
moyenne intérieure des carotides à la région cervicale est 
1 de 1 centimètre, celle des communicantes antérieures du 
cercle de Willis de 5 millimétres, celle des fémorales de 
: 15 millimétres. 

| L'intercalation entre deux artéres aussi. volumineuses 
que les carotides d'un caual aussi étroit que le cercle de 
Willis, doit augmenter considérablement les résistances. 
Le fait seul qu'il est pour ainsi dire impossible d'obtenir 
un tracé sphygmographique du bout périphérique de la 
carotide, montrant nettement le dierotisme, suffirait déjà à 
le démontrer. 

Le tracé ci-joint montre que le retard éprouvé par l'on. 
dée sanguine pour se propager de l'aorte à travers le 
cercle de Willis, est égal à celui qu'elle éprouve pour arri- 
ver à la fémorale. 

Chez le chien sur lequel ce graphique a été obtenu, la 
distance de la fémorale à la crosse aortique était de 
39 centimètres; celle de la crosse au bout central de la 
carotide de 13 centimétres ; celle de la crosse à la base 
du crâne de 50 centimètres ; de la base du crâne au cercle 
de Willis, de 25 centimètres; entre les deux carotides dans 
le cercle de Willis, 4 centimétre; de la base du cràne au 
bout périphérique de la carotide, 6 centimètres. Il en 
résulte que la distance à parcourir par l'ondée sanguine 
pour arriver aux sphygmoscopes placés dans le bout péri- 
phérique de la carotide et le bout central de la fémorale. 
était respectivement de 99 et de 40 centimètres plus 
grande que celle qu'elle devait parcourir pour arriver au 
Sphygmoscope placé dans le bout central de la carotide. 

Pour parcourir ces distances, elle a mis de 4 à 5 cen- 
tièmes de seconde. 

La vitesse était donc : 


( 100 ) 
De la crosse à la fémorale 


40 x 100 
A AC = 8m88. 


De la crosse au bout périphérique de la carotide par le 
cercle de Willis 


29 x 100 
stes td dor perse 644. 


Nouvelles recherches sur le spectre du carbone; par 
Charles Fievez. 


Quoique le spectre du carbone se trouve parmi les 
spectres les plus étudiés par les chimistes et les physi- 
ciens, les opinions sont encore divisées sur sa nature, les 
uns attribuant au carbone un spectre spécial, différent de 
celui de ses composés hydrogénés, et les autres considérant 
le spectre des composés hydrogénés du carbone comme 
celui de cet élément. 

Il en résulte que le spectre des comètes (identique au 
spectre des flammes hydrocarbonées) et les spectres de cer- 
taines (1) étoiles, peuvent étre considérés comme indiquant 
la présence soit du carbone seul, soit des composés hydro- 
génés de cet élément. 

Bien que les expériences citées par les observateurs à 
l'appui de leurs conclusions semblent à l'abri de toute 
critique, la divergence de ces conclusions permet cepen- 
dant de croire que certains faits ont été mal interprétés. 

Aussi nos recherches ont-elles été entreprises, non pour 


(4) Düwzn, Sur les étoiles à spectres de la troisième classe, p. 122; 
1884. Académie des sciences de Suéde. 


WEN TS PE TRE. Rs Re MS TU ES D SET TE VAN ESS + DIRES COL Net à RO DE PO POSE a PRE ERA S NERO AW S 


C 101 } 
vérifier celles des savants qui se sont occupés de la ques- 
tion, mais piutót pour examiner la valeur des conclusions 
tirées des faits observés. 

Elles ont porté sur trois points controversés, savoir : 

a) Le carbone a-t-il un spectre différent de celui de ses 
composés hydrogénés ? 

b) Les composés hydrogénés du carbone ont-ils un 
spectre spécial, différent de celui du carbone pur? 

c) Le carbone possède-t-il plusieurs spectres distincts? 

D’après Angstróm (1) et Huggins (2), le carbone exige 
une décharge électrique disruptive pour amener la produc- 
tion de son spectre réel, presque semblable à celui de 
l'hydrogéne, et caractérisé par la présence d'une forte raie 
rouge un peu moins réfrangible que la raie C. 

Larc voltaique ne donne pas, selon Angstróm, le spectre 
propre du carbone, mais seulement ceux des carbures 
d'hydrogène et du cyanogéne. 

Les expériences de Piazzi Smyth (3) confirment celles 
d'Angstróm et de Huggins. Un spectre, consistant princi- 
palement en une double raie rouge située prés de la raie 
C de l'hydrogène, a été observé par ce savant en faisant 
éclater une étincelle condensée entre deux électrodes de 
carbone. 

Cette expérience peut être aisément répétée en observant 


(1) Ancsrrôm. Recherches sur le spectre solaire, p. 98, 1868. — 
Recherches sur les spectres des métalloides. Nova Acta Upsaliensis, 
75. 


(2) Huseins. On the spectra of some of the stars and nebulae. Philo- 
sophical Transactions, vol. 158, p. 555. 

(5) Piazzi Suvrn. Carbon and carbohydrogen spectra. Philosoph. 
Magazine, 5* série, vol. 8, p. 117. 


į 4102 ) 
dans lair le spectre d'une forte étincelle électrique (1) 
éclatant entre deux électrodes de charbon (tels que ceux 
employés pour la lumière électrique) de 5 millimètres de 
diamètre, terminées en pointe et distantes l'une de l'autre 
de 3 à 4 millimètres. 

Le spectre, observé avec un spectroscope d'une disper- 
sion équivalente à six prismes de flint, est alors constitué 
par deux raies rouges très brillantes, trés voisines l'une de 
l'autre et trés proches de la raie C, deux raies brillantes 
dans l'orangé, et un grand nombre de raies dans le vert. 

Si l'on dispose l'expérience de maniére à faire passer 
l'étineelle entre les électrodes de carbone placées dans 
l'hydrogène, à la pression de 700 à 1000 millimètres, on 
remarque, avec Huggins, qu'une seule des deux raies 
rouges est visible, les autres raies ayant disparu. 

On constate encore qu'une seule des deux raies rouges 
est visible, en placant les deux électrodes de carbone dans 
une flamme d'hydrogène brülant à l'air libre (on observe 
de plus l'apparition des bandes carbonées). Mais, en plaçant 
les deux électrodes dans l'air trés raréfié (pression 40 mil- 
limétres) et desséché, on observe, par contre, la disparition 
totale des deux raies rouges, quelle que soit l'énergie de 
l'étincelle électrique, ce qui semble indiquer qu'aucune de 
ces deux raies n’appartient au spectre du carbone. 

Remplaçant alors les électrodes de carbone par des fils 
d'aluminium et opérant à l'air libre, on reconnait que le 
spectre, observé dans ces conditions, est absolument sem- 
blable, sauf une raie rouge, au spectre de l'étincelle éclatant 
entre les deux électrodes de carbone, c'est-à-dire constitué 
par une raie rouge trés brillante, deux raies dans l'orangé 
et un grand nombre de raies dans le vert. En superposant 


(1) Produite par une bobine munie d'un grand condensateur. 


( 103 ) 
le spectre solaire, on s'assure que la raie rouge coincide 
exactement avec la raie C de l'hydrogène. 

Cette expérience démontre que loutes les raies, sauf 
une, du spectre présumé du carbone, sont étrangères au 
spectre réel de cet élément. 

Il s'agit maintenant de déterminer l'origine de la seconde 
raie rouge. 

A cette fin, on observe le spectre de l'étincelle éclatant 
à l'air libre entre deux électrodes de carbone de 1 milli- 
mètre de diamètre, en superposant ce spectre sur le spectre 
solaire, el on constate que l’espace obscur séparant les 
deux raies rouges coincide exactement avec la raie noire € 
du spectre solaire. 

Et, par un examen attentif, on acquiert la certitude que 
les deux raies rouges, séparées par un espace obscur, con- 
Stituent dans leur ensemble le renversement de la raie 
rouge de l'hydrogène, renversement formé par une raie 
noire au milieu d'une raie brillante trés élargie, c'est-à- 
dire présentant la méme apparence que deux raies bril- 
lantes trés proches séparées par un espace noir. 

Cette dernière expérience n'est pas sans présenter 
quelques difficultés d'observation, à cause des change- 
ments de réfrangibilité qui se produisent sous l'influence 
de l'étincelle d'induction. 

Aussi, pour toute certitude, j'ai employé successivement 
des speetroscopes de construction différente, notamment - 
le spectroscope à demi-prismes de Christie et le spectro- 
scope à réversion de Young, en disposant les électrodes de 
carbone tantót suivant la longueur de la fente des spec- 
troscopes, tantôt transversalement à cette longueur, en 
employant la méthode de projection, c'est-à-dire en pro- 
jetant sur la fente du spectroscope, au moyen d'un objec- 
tif, une image des électrodes et de l'étincelle. 


( 104 ) 

Je crois donc pouvoir conclure que le spectre spécial 
attribué au carbone n'appartient pas à cet élément chimique. 

Examinons maintenant les raisons qui s'opposent à 
considérer le spectre des composés hydrogénés du carbone 
comme le spectre du carbone pur. 

Swan (1), en 1856, avait déjà remarqué que les raies 
brillantes du spectre d'un hydrocarbure sont identiques 
aux raies similaires du spectre d'un oxycarbure, l'éclat 
des raies variant avec la proportion de carbone brülé, et le 
nombre des raies avec l'intensité lumineuse. 

Ensuite, Atifield (2) avait conclu que ce spectre est 
celui du carbone, puisqu'il peut étre observé dans tous les 
composés du carbone, quelles que soient les forces élec- 
triques ou chimiques qui en déterminent l'incandescence. 

« Si c'est bien la vapeur du carbone qui est en jeu, dit 
Morren, on doit toujours rencontrer le même spectre 
lorsqu'on rend libre le carbone par la décomposition d'un 
composé où il entre comme élément, quel que soit d'ailleurs 
le eorps auquel il est uni (5). » 

Dibbits (4), Lielegg (3), Lockyer (6), partagent aussi 


(1) Swan. On the prismatic spectra of the flame of compounds of 
carbon and hydrogen. Edinburgh Philos. Trans., t. XXI, p. 411. 

(2) ArrriELD. On the spectrum of carbon. Philos. Trans., vol. 152, 
p. : ; 
(5) Morren. De la flamme de quelques gaz carburés Annales de 
chimie et de physique, 1865, p. 505. 

(4) Disirs. Ueber die Spectra der Flammen einiger Gaz. Poggen- 
dorf's Annalen, tome CXXII, p. 497. 

(8) LigLEGe. Contributions to the knowledge, etc. Philos. Magazine, 
4* série, t. XXXVII, p. 508. 


(6) LockvEm. Note on the spectrum of carbon. Proceedings Roy- - 


Soc., vol. 50, p. 355. 


UM La 3 x i 
veo me Te tsp Se mtem t eS PRISE et ee RP EE ee 


105 ) 
celle opinion, en s'appuyant sur l'éclat avec lequel ce 
spectre se développe lorsque le cyanogène est brûlé dans 
l'osygéne, et lorsque l'étincelle électrique passe dans le 
cyanogene, le tétrachloride de carbone, l'oxyde carbonique 
à haute pression, tous ces gaz étant desséchés avec le plus 
grand soin. 

Mais d'autre part, Plücker (1) affirme que les composés 
du carbone peuvent donner naissance à des spectres appar- 
tenant à quatre types différents; Angstróm et Thalén (2) 
soutiennent que le spectre des oxycarbures est différent de 
celui des hydrocarbures et que le spectre à bandes, tel 
qu'il est observé dans l'arc voltaique, appartient aux car- 
bures d'hydrogène et au cyanogéne; Hasselberg (3) con- 
clut que le spectre de tous les composés hydrocarbonés se 
rapporte avec une grande probabilité à celui de l'acétyléne. 

Entin Liveing, Dewaar (4) et Piazzi Smyth (5), arrivent 
aux conclusions d'Angstróm en s'appuyant sur le fait que 
le spectre à bandes est toujours bien développé dans les 
circonstances oü l'on sait que les hydrocarbures sont pré- 
sents, et sur l'impossibilité d'exclure toute trace d'humidité, 
par conséquent toute trace d'hydrogéne, dans les autres 
cas. 

On voit par cet exposé que la raison principale qui 


(1) Prückzn. a the spectra of ignited gazes. PERAS Trans., 
1865, vol. 155, p. 

(2) Ancsrrôu. Mond sur le spectre solaire, A808. - 

(9) HasskLpEnc, Ueber die spectra der Cometen, 1880. 

(4) Livene et Dewaar. On the spectra of the compounds of carbon. 
Proceedings Roy. Soc., vol. 50, p. 152. 

(8) Piazzi Suyru. Micrometrical measures of. gaseous spectra. Tran- 
sactions. Roy. Edinburgh Soc., vol, 32. 


( 106 ) 
s'oppose à considérer le spectre des composés hydro- 
génés du carbone comme étant celui du carbone pur, 
consiste daus l'impossibilité d'éliminer toute trace d'hy- 
drogène des corps et des appareils employés dans les 
recherches. 

Je crois cependant qu'il est un appareil qui, plus que 
tout autre, par les nécessités de son emploi, satisfait en 
partie à cette condition : c'est la lampe à incandescence à 
filament de charbon, car les gaz occlus dans ce filament 
sont éliminés en portant celui-ci à l'incandescence, pendant 
qu'un vide aussi parfait que possible est déterminé dans 
l'appareil. 

Pour étudier le spectre du carbone dans des lampes 
ainsi construites, il faut pouvoir observer l'ignition instan- 
tanée du filament [lorsqu'il est traversé par un courant 
électrique d'intensité croissante] au moyen d'un spec- 
troscope de faible dispersion et de préférence à vision 
directe. 

Au moment de l'ignition, une vive lumiére illumine 
soudainement le champ du spectroscope, et le carbone vola- 
tilisé se dépose sur les parois intérieures de la lampe; ce 
n'est qu'aprés quelques essais infruetueux qu'on parvient 
à observer le spectre du carbone et à constater qu'il est 
absolument semblable au spectre des flammes hydrocarbo- 
nées et au speetre des cométes, observés avec le méme 
spectroscope. 

Lorsque les lampes à ineandescence sont ainsi brúlées, 
il arrive fréquemment qu'une petite portion du filament 
est seule détruite, de maniére que les deux extrémités 
restantes peuvent alors étre employées comme électrodes. 

En faisant passer entre ces deux électrodes une faible 
étincelle d'induction, on vérifie l'expérience précédente 


( 107 ) 
dans de meilleures conditions d'observation, et on s'assure 
encore que le spectre est bien identique à celui des hydro- 
carbures. 

Je considère néanmoins cette expérience comme moins 
probante que la précédente, car en admettant qu'une faible 
trace d'hydrogène soit encore présente dans l'appareil, cette 
faible trace serait insuffisante pour produire, lors de ligni- 
tion du filament de charbon, un spectre d'hydrocarbure d'un 
éclat suffisant pour être visible, tandis qu'un pareil spectre 
| pourrait être produit avec l'étincelle éclatant entre les 
| deux portions du filament. Cependant l'éclat da spectre 
|... observé, dans la seconde expérience, est tel qu'il ne permet 
: pas de l'attribuer à la présence de faibles traces d’hydro- 
. . Carbures. 

De l'ensemble de ces expériences, je crois pouvoir con- 
clure, avec une grande probabilité, que : 

| Dans l'état actuel de nos connaissances, le carbone wa 

= pas de spectre différent de celui de ses composés hydro- 

génes. 

Mais il ne s'ensuit pas que toutes les raies ou bandes 
visibles dans les spectres des principaux composés car- 
bonés, autres que les hydrocarbures, appartiennent au 
spectre du carbone, car il faudrait pouvoir établir que le 
spectre de cet élément, dans les conditions où je l'ai étudié, 
est constitué par une partie ou par toutes les bandes 
signalées dans les spectres de ces composés. J'espére pou- 
voir disposer bientót des moyens suffisants pour entre- 
prendre ce travail. 


( 408 ) 


CLASSE DES LETTRES, 


Séance du 4 juillet 1887. 


M. Bormans, vice-directeur, occupe le fauteuil. 
M. Lust, secrétaire perpétuel. 


Sont présents: MM. Ch. Faider, le baron Kervyn de 
Lettenhove, Th. Juste, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, 
P. Willems, G. Rolin-Jaequemyns, Ch. Piot, Ch. Potvin, 
J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, J.Gantrelle, Ch. Loo- 
mans, Tiberghien, L. Roersch, membres; J. Nolet de Bran- 
were van Steeland, Alph. Rivier, M. Philippson, associés ; 
A. Henne, A. Van Weddingen et le comte Goblet d'Al- 
viella, correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


La Classe apprend, avec un vif sentiment de regret, la 
perte qu’elle vient de faire en la personne de l’un de ses 
associés, M. Ludolphe Stephani, conseiller impérial de 
Russie, décédé récemment à Kurzlich. 


— S. A. R. Mgr. le duc d'Aumale accuse réception de 
son diplóme d'associé. 


na zo wr ES NET SE AEN AE 


( 409 ) 


— Sur l'invitation de la Société d'Émulation de Bruges, 
la Classe délégue un de ses membres, M. Piot, pour la 
représenter au Congrès de la Fédération historique et 
archéologique de Belgique, dont la session s'ouvrira dans 
la méme ville, le 92 du mois d'aoütprochain. 


— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publies envoie, pour la bibliothéque de l'Acadé- 
mie, les ouvrages suivants : 

1° L'amiral Georges van Spilbergen et son temps, par 
Alphonse de Decker; 

> L'Église et l'ordre social chrétien, par Pierre De 
Decker ; 

5° La principauté d'Archaie et de Morée (1204-1430), 
par Ch.-A. Beving; 

4" Bibliotheca Belgica, publiée par F. Vander Haeghen, 
livraisons 73 à 78; 

® Middelnederlands Woordenboek, van E. Verwijs en 
J. Verdam, 2° deel, 9** en 10° aflevering (Gebuur-Gelove.) 
— Remerciements. 


— A la demande du même haut fonctionnaire précité, 
la Classe émet un avis favorable sur le buste en marbre de 
M. L.-P. Gachard, que M. Fraikin vient d'exécuter pour la 
galerie des bustes des académiciens décédés qui ont rendu 
d'importants services au pays. 


— Hommages reçus : 

1° Géographie et histoire des communes belges : canton 
qe Léau, par Alph. Wauters (avec une note qui figure 
ci-après); 


( 110 ) 

2X ['agnosiicisme contemporain dans ses rapports avec 
la science et avec la religion, par Tiberghien; 

3° Épistémonomie ou tables générales d'indications des 
connaissances humaines, par feu Ph. Vandermaelen. Pré- 
senté par M. Wauters avec une note qui figure à la p. 129; 

4° a) Sulla topografia antica di Palermo dal secolo 
X° al XV*; b) Saggi di critica religiosa e filosofica, par 
V. di Giovanni, associé à Palerme. Présentés par M. 
Roy avec une note qui ligure ci-aprés. 

5° Principes de la politique, par Franz de Holtzendorft; 
traduit de l'allemand par M. Ernest Lehr. Présenté par 
M. Rivier avec une note qui figure ci-aprés. — Remercie- 
ments. 


NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 


„Notre savant et fécond associé sicilien, M. Vincenzo di 
Giovann;, ne laisse pas s'écouler une année sans nous 
donner plusieurs fois signe de vie. Il nous présente aujour- 
d'hui deux nouveaux opuscules qui se recommandent à 
des titres bien différents. Je ne les analyserai pas; je me 
contenterai d'en signaler l'intérét. 

En voici les intitulés : 

Sulla topografia antica di Palermo del Secolo x"° al 
"". — Saggi di critica religiosa e filosofica. 

L’attrait du premier est avant tout local. L'auteur y 
poursuit ses curieuses études sur la topographie du vieux 
Palerme, avec ce soin de l'exactitude et ce souci des 
moindres détails dont les patients fouilleurs d'archives 
connaissent seuls tout le prix. Les recherches de M. Gio- 


xv 


( 11 ) 

vanni font penser à celles des géologues, qui retrouvent 
dans les stratifications du sous-sol les éléments de lhis- 
toire de notre planéte. Peu de villes ont été, autant que la 
capitale de la Sicile, successivement habitées, colonisées 
ou conquises par des populations appartenant aux races 
les plus diverses : les Phéniciens, les Grecs et les Romains 
ont passé par là, et aprés eux les Arabes, les Normands, 
les Italiens, les Espagnols, les Slaves, que sais-je ? chaque 
flot laissant, en se retirant. des épaves, chaque domination 
nouvelle marquant ses reconstructions du sceau de sa 
religion et de ses mœurs, rebâtissant sur des ruines une 
cité splendide, elle-méme destinée à ne rester debout que 
daus quelques vieilles murailles, témoins muets d'une civi- 
lisation disparue. M. di Giovanni ne s'est pas seulement 
occupé des monuments : il n'a visé à rien de moins, dans 
le mémoire que nous avons sous les yeux, qu'à ressusciter 
tous les quartiers et jusqu'aux rues et aux boulevards du 
Palerme du moyen âge, depuis le XII* jusqu'au XV* siècle, 
d'aprés des documents manuscrits authentiques, publics 
ou privés, qu'il résume méthodiquement, par un travail 
minutieux qui rappelle les procédés de notre honorable 
confrère M. Alph. Wauters. On a beaucoup écrit sur 
l'histoire des villes italiennes; néanmoins il est à constater 
que le plan adopté par M. di Giovanni est une innovation 
dans son pays. L'auteur se promet bien de ne pas s'en 
tenir là : j'apprends qu'il prépare un travail spécial sur les 
Palermitains eux-mémes, aux différentes périodes de leurs 
annales. Cette fois nous aurons plus qu'une étude locale : 
nous aurons une contribution importante à l'histoire des 
peuples méditerranéens. Maintenant le théâtre est décrit : 
les acteurs vont entrer en scène. 

Le second ouvrage dont je viens de dire un mot atteste 


( 113 ) 

que, pour s'étre fait archéologue par patriotisme, M. di 
Giovanni n'a pas cessé de se tenir au courant du mou- 
vement religieux et philosophique si accentué de nos 
jours, depuis que le génie de la critique a tout ébranlé, 
tout remis en question. Le professeur sicilien vient de 
réunir en un volume une série d'essais, qui ont vu le jour 
pour la première fois dans la Rassegna nationale, de 
Florence. L'Aistoire des religions, qui commence à étre 
partout à l'ordre du jour, y tient une plus grande place 
que la métaphysique, objet principal, jusqu'ici, des médi- 
tations de l'éminent disciple de Miceli. Je signalerai 
d'abord quelques pages sur des lectures faites à Oxford 
et à Londres par un savant hollandais, M. A. Kuenen, et 
répandues en France par la traduction par M. Maurice 
Vernes. ll s'agit de l'élément d'universalité qui se révèle 
dans les grandes religions à côté de leur caractère national, 
et qui a finalement atteint dans le christianisme sa plus 
complète expansion. C'est à ce point de vue que l'auteur se 
place pour faire ressortir, en remontant jusqu'à Abraham, 
les points de contact de l'Islam, du Jahvisme et de la pré- 
dieation du Christ. Si le livre de M. Kuenen était animé 
d'un souffle de foi, M. di Giovanni y verrait une sorte de 
Préparation évangélique au sens d'Eusébe. Le Bouddhisme 
est touché en passant; contrairement à l'avis de certains 
critiques, M. Kuenen estime que ses origines n'ont rien 
de commun avec celles du christianisme. 

Dans les autres essais, consaerés aux derniers travaux 
de MM. Ad. Franck, L. Ferri (ici la métaphysique reprend 
ses droits), Ernest Havet, Ernest Renan, La Banca et 
Albert Réville, les grandes controverses modernes sont 
exposées avec une bonne foi qui témoigne chez l'auteur 
de l'amour le plus sincère de la vérité, ce qui ne l'empéche 
pas de laisser transparaitre ses fortes convictions person- 


( 445 ) 

nelles, notamment quand il prend à partie le professeur 
de Rome, M. La Banca. Encore une fois, je ne puis entrer 
dans des détails : un seul mot résumera tout l'ouvrage. La 
préoccupation dominante de M. di Giovanni est de pré- 
mnuir le publie contre l'abus de la critique, laquelle, selon 
lui, en est venue à dogmatiser en se permettant des néga- 
tions à priori, et s'est trop souvent laissé envahir par l'es- 
prit de système, sans souci des données positives de 
l'histoire. ALPH. LE Roy. 


Le volume que j'ai l'honneur de présenter à la Classe 
(Belgique ancienne et moderne, arrondissement de Lou- 
vain, 5* livraison) contient la description du canton de 
Léau, l'une des parties de Brabant. dont Phistoire est la 
plus intéressante, On y trouve, en effet, à cóté des localités 
dont le passé féodal est des plus curieux, comme Rummen 
et Dormael, un bourg qui a jadis été une commune 
remuante, une forteresse entourée de puissants remparts, 
un centre de commerce trés actif, et qui, aujourd'hui 
encore, attire le voyageur par la profusion des richesses 
archéologiques de son église paroissiale, devant laquelle 
s'éléve un gracieux hótel de ville en style renaissance. 

J'ai déjà eu l'occasion, il y a dix-neuf ans, de vous faire. 
connaitre le nom de l'artiste auquel on doit le célèbre 
tabernacle de Léau, ce triomphe dela renaissance flamande, 
ce joyau que l'on avait trouvé trop beàu pour étre d'un 
Belge. Le travail que je vous offre aujourd'hui établit, 
d’une manière positive, deux circonstances de la plus haute 
importance pour l’histoire de Léau, c’est que son origine 
remonte au moins à l'époque romaine, et que sa prospérité, 
au moyen àge, eut pour principaux aliments : d'une part, 
le commerce par eau qui s'y faisait avec les villes de la 

9"* SÉRIE, TOME XIV. —— 8 


( 414 ) 

vallée du Démer et de la vallée de l'Escaut et, d'autre 
part, le commerce par terre qui répandait dans le pays de 
Liège les marchandises arrivant par eau de l'aval. Pour 
ceux qui sont habitués à contempler dans la rade et les 
bassins d'Anvers de gigantesques steamers el de magni- 
fiques trois-mâts, la navigation s'opérant dans d'étroites 
riviéres pourra paraitre plus que modeste; il ne faut pas 
s'arrêter à cette idée. Si cette navigation était moins 
importante, elle était cependant trés active et elle enri- 
chissait la contrée voisine du Démer. A en juger par les 
chiffres que j'ai recueillis et qui concordent entre eux d'une 
manière parfaite, quoique puisés à des sources différentes, 
les petites villes et les villages situés prés des rivières 
citées plus haut, en aval de Léau, nourrissaient une popu- 
lation trés dense et se trouvaient en général dans une 
situation trés favorable. 

Pour ce qui est de l'antiquité de Léau, elle avait déjà 
été soupçonnée, et il se rattachait, aux commencements de 
cette ville, des traditions, je n'ai pas besoin de dire qu'elles 
sont fabuleuses, dont on trouve un écho dans l’œuvre de 
Jean d'Outre-Meuse. Elles se rattachent à une colline, 
située à une demi-lieue environ au N -N.-E. de Léau et 
connue encore sous le nom de Casteelbergh (la Montagne 
du cháteau). H n'y a eu là ni un poste fortifié, ni une 
habitation féodale, mais simplement des ruines dont les 
derniers vestiges ont disparu au commenccment de ce 
siècle, et dont une partie a été remblayée il y a environ 
160 ans, pour que les malfaiteurs et les vagabonds n'y 
trouvent plus un asile. Ces constructions inconnues à l'his- 
toire remontent évidemment trés haut; elles sont, selon 
toute apparence, un souvenir de plus de l'existence sur 
notre sol du peuple-roi. ALPHONSE WAUTERS. 


(145) 


Les études de M. le baron de Holtzendorff sur les Prin- 
cipes de la politique ont paru, en première édition, en 1869; 
la traduction dont notre savant confrère fait hommage à 
l'Académie, et qui est due à la plume trés habile de 
M. Ernest Lehr, forme en réalité une édition nouvelle, qui 
est la troisiéme. Ce succés d'un livre de théorie, sur une 
matiére que l'on n'est point habitué à voir traitée scienti- 
fiquement, est pleinement justifié; M. de Holtzendorff y 
déploie la richesse d'idées, la hauteur de vues, l'esprit large 
et lumineux que nous lui connaissons depuis longtemps ; 
et si la leeture n'en est pas toujours facile, personue ne 
regrettera de l'avoir entreprise ; on la poursuivra jusqu'au 
bout, la plume à la main, et on en tirera grand profit. 

L'auteur étudie d'abord l'objet de la politique, envisagée 
comme science du gouvernement et comme art de gou- 
verner; puis le principe juridique et moral de la politique ; 
enfin la mission de l'État, considérée comme principe de 
la politique. Il passe en revue, en les soumettant à une cri- 
tique approfondie, les diverses missions idéales que l'on a 
voulu assigner à l'État : la réalisation du bien public au 
moyen d'une tutelle générale exercée par le gouvernement 
sur les citoyens, vieille et énervante doctrine dont les effets 
subsistent dans quantité de nos institutions; la mission de 
la garantie des droits individuels, théorie moins arbitraire 
que la précédente, mais tout aussi erronée dans son exa- 
gération, d’après laquelle « le centre de tous les intérêts 
publies, le but et la fin de toute activité gouvernementale, 
est la liberté de l'individu, que l'État est impuissant à 
rendre heureux d'autorité, et qui doit étre reconnu maitre 
de son sort »; la réalisation de la loi morale, mission 
moralisatrice qui est ou bien rationaliste ou bien ecclé- 


(446 ) 
siastique et théoeratique. Cet examen aboutit à constater 
que « toutes ces conceptions du róle de l'État, de sa mis- 
sion, de son but, manquent de précision », que, « nées de 
réflexions abstraites sur l'État, elles ne s'adaptent que 
médiocrement aux phases du développement politique de 
notre époque et aux États actuellement existants. » 

Aux missions idéales, M. de Holtzendorff oppose la mis- 
sion réelle : « Il est clair que le but matériel de l'activité 
de l'État doit étre indiqué par les sentiments intimes de la 
nation tout entiére, et non pas seulement d'aprés les 
données théoriques d'un idéal de l'État ou les exigences 
égoisles des partis. La politique n'a à prendre en considé- 
ration comme situation donnée, comme fait acquis, que les 
idées qu'en réalité le peuple se fait de la mission de 
l'État. » Considérant les nations, de civilisations en somme 
assez égales, qui forment le domaine du droit des gens dit 
européen, M. de Holtzendortf constate que, chez elles, la 
mission réelle de l'État porte sur les trois objets suivants : 
organisation de la puissance nationale, garantie des droits 
individuels, perfectionnement social. 

C'est bien ce que la constitution de 1871 indique comme 
triple but de l'empire allemand : protection du territoire 
national, protection du droit en vigueur sur ce territoire, 
développement de la prospérité publique en Allemagne. 
C'est aussi ce qu'exprime la constitution actuelle de la 
Confédération suisse, en déclarant que la Confédération 
a pour but d'assurer l'indépendance de la patrie contre 
l'étranger, de maintenir la tranquillité et les droits des 
Confédérés et d'aceroitre leur prospérité commune. 

Les Principes devraient être lus et médités par toute 
personne qui s'occupe de prés ou de loin du maniement 
de la chose publique, et c'est fort justement que l'auteur 


PET 

les caractérise, dans un sous-titre, comme [ntroduction à 
l'étude du droit public contemporain. Malheureusement 
cette science de la politique, si délicate et si difficile, 
est, seule peut-être dans notre siècle de division du tra- 
vail, considérée communément comme susceptible d'étre 
acquise et appliquée sans aucune préparation spéciale, et 
par le premier venu. ALPH. RIVIER. 


PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1889. 


PREMIÈRE QUESTION. 
Faire l'histoire des relations politiques du pays de Liège, 
au XVII et au XVIIF siècle, avec la France, les Pays-Bas 
espagnols et les Pays-Bas autrichiens. 


DEUXIEME QUESTION. 
Quelle a été en Flandre, avant l'avénement de Gui de 
Dampierre, l'influence politique des grandes villes, et de 
quelle manière s'est-elle exercée ? 


TROISIÈME QUESTION. 


Faire l'histoire de la littérature française, dans les livres 
et dans les publications périodiques belges, de 1801 à 1850. 


QUATRIÈME QUESTION. 


On demande une étude sur Jean Van Boendale au point 
de vue de l'état social du Brabant à son époque. 


(118) 


CINQUIÈME QUESTION. 


Quel est l'effet des impôts de consommation sur la 
valeur vénale des produits taxés? En d'autres termes, 
dans quelle mesure cet impôt pese-t-il sur le consomma- 
teur ? 


Exposer et discuter, à l'aide de documents statistiques, 


les résultats des expériences récemment faites à cet égard 
dans les divers pays, et plus spécialement en Belgique. 


SIXIÈME QUESTION. 

Faire, d'après les auteurs et les inscriptions, une étude 
historique sur l'organisation, les droits, les devoirs et l'in- 
fluence des corporations d'ouvriers et d'artistes chez les 
Romains. 


La valeur des médailles attribuées comme prix à la 


solution de ces questions sera de huit cents francs pour 


chacune d'elles. 


Les mémoires pourront étre rédigés en francais, en 
flamand ou en latin. Ils devront être éerits lisiblement 
et adressés, francs de port, avant le 1** février 1889, à 
M. J. Liagre, secrétaire perpétuel, au palais des Académies. 


Conditions réglementaires des concours annuels. 


L'Académie exige la plus grande exactitude dans les 
citations et demande, à cet effet, que les auteurs indiquent 
les éditions et les pages des livres qu'ils citent. 

Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; 
ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront 


Wire 
dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. 
Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne 
pourra leur étre accordé. 

Les ouvrages remis aprés le temps prescrit, ou ceus 
dont les auteurs se feront connaitre, de quelque maniére 
que ce soit, seront exclus du concours. 

L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, 
dés que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils 
sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois les 
auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais 
en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuei. 


PRIX PERPÉTUELS 
PRIX JOSEPH DE KEYN. 
Quatrième concours : deuxième période (1886-1887). 
Enseignement moyen. 


La Classe des lettres rappelle que la « deuxième période 
du quatrième concours annuel » pour les prix Joseph De 
Keyn sera close le 31 décembre 1887. Tout ce qui a. 
rapport à ce concours doit être adressé, avant celte date, 
à M. le secrétaire perpétuel (au palais des Académies). 

Cette période, consacrée à l’enseignement du second 
degré, comprend les ouvrages d'instruction ou d'éducation 
moyenne, y compris l'art industriel. 

Peuvent prendre part au concours: les ceuvres iné- 
dites, aussi bien que les ouvrages de classe ou de lecture 
qui auront été publiés du 4% janvier 1886 au 51 décem- 
bre 1887. 

Conformément à la volonté du fondateur, ne seront 
admis au concours que des écrivains belges et des ouvrages 


(12D ) 
concus dans un esprit exclusivement laique et étrangers 
aux matières religieuses. 

Les ouvrages pourront étre écrits en francais ou en 
flamand, imprimés ou manuscrits. Les imprimés seront 
admis quel que soit le pays où ils auront paru. Les manu- 
serits pourront être envoyés signés ou anonymes : dans ce 
dernier cas, ils seront accompagnés d'un pli cacheté con- 
tenant le nom de l'auteur et son domicile. 

Un premier prix de 2,000 francs, un second prix de 
1,000 francs et un troisième de 500 francs, pourront être 
décernés. 

Les travaux manuscrits qui sont soumis à ce concours 
demeurent la propriété de l'Académie, mais les auteurs 
peuvent en faire prendre copie à leurs frais. 

Tout ouvrage manuscrit qui sera couronné devra étre 
imprimé pendant l'année courante, et le prix ne sera 
délivré à l'auteur qu'aprés la publication de son ouvrage. 

La Classe des lettres jugera le concours sur le rapport 
d'un jury de sept membres, élu par elle, dans sa séance 
du mois de janvier de l'année 1888. 


PRIX CASTIAU. 
(Troisiéme période, 1887-1889.) 
La Classe rappelle que la « troisième période » du pris 
Adelson Castiau sera close le 54 décembre 1889. 
Ce prix, d'une valeur de mille francs, sera décerné à 
l'auteur du meilleur travail belge, imprimé ou manuscrit : 
« Sur les moyens d'améliorer la condition morale, intel- 


lectuelle et physique des classes laborieuses et des classes 
pauvres. » 


(121) 


Règlement. 


ART. 1°. Ne seront admis au concours Castiau que des 
écrivains belges. 

ART. 2. Seront seuls examinés les ouvrages soumis 
directement par les auteurs au jugement de l'Académie. 

Art. 3. Ces ouvrages pourront être rédigés en francais 
ou en flamand. Les manuscrits seront reçus comme les 
imprimés, S'ils sont anonymes, ils porteront une devise 
qui sera répétée sur un billet cacheté contenant le nom et 
le domicile de l'auteur. 

ART. 4. Le jury se composera de trois commissaires 
délégués par la Classe des lettres de l'Académie. Il n'y 
aura qu'un seul prix. 

ART. 5. Si le concours demeure sans résultat, la somme 
restée disponible s'ajoutera au capital primitif. 

ArT. 6. Le nom du lauréat sera proclamé dans la 
séance publique de la Classe des lettres. 

ART. 7. Tout ce qui concerne le concours devra être 
adressé à M. le secrétaire perpétuel de l'Académie, avant 
le 51 décembre 1889. 

ArT. 8. Si l'ouvrage couronné est inédit, il devra être 
imprimé dans l'année. 

Le prix ne sera délivré au lauréat qu'aprés la publica- 
tion de son travail. : 

ART. 9. Les manuscrits envoyés au concours devien- 
nent la propriété de l'Académie (art. 24 du règlement 
général). 


(12) 


PRIX DE STASSART POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE. 
(Cinquième période prorogée : 1875-1880.) 


Conformément à la volonté du donateur et à ses géné- 
reuses dispositions, la Classe des lettres offre, pour la 
5° période prorogée (1875-1880) de ce concours, un prix 
de mille francs à l'auteur de la meilleure notice, écrite 
en francais, en flamand ou en latin, consacrée à la vie 
et aux travaux de David Teniers (né en 1610, mort 
vers 1690). 

Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 
1* février 1888. 

Les concurrents se conformeront aux conditions régle- 
mentaires, données ci-dessus, des concours annuels de 
l'Académie. 


GRAND PRIX DE STASSART POUR UNE QUESTION D'HISTOIRE 
NATIONALE. 
(Quatriéme période prorogée : 1877-1882.) 
Conformément à la volonté du fondateur et à ses géné- 
reuses dispositions, la Classe des lettres offre, pour la 
4° période prorogée (1877-1882) de ce concours, un prix 
de trois mille francs à l'auteur du meilleur travail, rédigé 


en francais, en flamand ou en latin, en réponse à la ques- 
lion suivante : 


« Tracer, sur la carte de la Belgique et des départe- 
ments français limitrophes, une ligne de démarcation 
indiquant la séparation actuelle des pays de langue romane 
et des pays de langue germanique. Consulter les anciens 
documents contenant des noms de localités, de lieux- 


(XX) 

dits, etc., et constater si cette ligne idéale est restée la 
méme depuis des siècles, ou si, par exemple, telle com- 
mune wallone est devenue flamande, et vice versa. 
Dresser des cartes historiques indiquant ces fluctuations 
pour des périodes dont on laisse aux concurrents le soin de 
déterminer l'étendue; enfin, rechercher les causes de 
l'instabilité ou de l'immobilité signalées. » 


Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 
1*' février 1888. 

Les concurrents devront se conformer aux conditions 
réglementaires, données ci-dessus, des concours de l'Aca- 
démie. 


PRIX DE SAINT-GENOIS POUR UNE QUESTION D'HISTOIRE 
OU DE LITTÉRATURE EN LANGUE FLAMANDE. 
(Premiére période prorogee : 1868-1877.) 

Conformément à la volonté du fondateur et à ses géné- 
reuses dispositions, la Classe des lettres offre, pour la 
1'° période prorogée (1868-1877), un prix de mille francs 
à l'auteur du meilleur travail, rédigé en flamand, en 
réponse à la question suivante : 


« Letterkundige en wijsgeerige beschouwing van Coorn- 
herts werken. » 

(Étude littéraire et philosophique des œuvres de 
Coornhert.) 


SE RE TN Ee y a 


M TUE PENNS 


EM m 


Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 
1** février 1888. 

Les concurrents devront se conformer aux conditions 
réglementaires, données ci-dessus, des concours annuels 
de l'Académie. 


(12) 


PRIX TEIRLINCK POUR UNE QUESTION DE LITTÉRATURE 
FLAMANDE. 
(Première période prorogée : 1877-1881.) 

La Classe des lettres proroge jusqu'au 4° février 1888 
le délai pour la remise des manuscrits en réponse à la 
question suivante, mise au concours pour la premiére 
période quinquennale du prix fondé par feu Auguste Teir- 
linck, greffier de la justice de paix du canton de Cruys- 
hautem (Flandre orientale). 


« Faire l'histoire de la prose néerlandaise avant Marnix 
de Sainte-Aldegonde. » 


Un prix de mille francs sera décerné à l'auteur du 
mémoire couronné. 

Les concurrents devront se conformer aux conditions 
réglementaires, données ci-dessus, des concours de l'Aca- 
démie. ! 


RAPPORTS. 


ALEXANDRE D’ABONOTIGHOS : Un épisode de l'histoire du 
paganisme au Il° siècle de notre ère; par Fran 
umont. 


Rapport de M. Wagener, premier commissaire. 
« Le travail de M. Cumont peut être considéré comme 


une dissertation historique sur le traité de Lucien intitulé : 
Alexandre ou le faux prophète. Si incroyable que paraïsst, 


( 125 ) 
à premiére vue, l'étrange réeit du sophiste de Samosate, on 
a le droit d'affirmer qu'il est de tout point conforme à la 
réalité. Voici, en trés peu de mots, de quoi il s'agit. L'ac- 
tion se passe vers le milieu du H° siècle de notre ère. Un 
certain Alexandre, né en Paphlagonie de parents obscurs, 
aprés s'étre signalé dans sa jeunesse par des désordres 
scandaleux, parvient, vers l'àge de quarante ans, à se faire 
prendre au sérieux comme prophète à Abonotichos, petite 
ville de l'Asie-Mineure, située sur les bords du Pont-Euxin. 
il réussit à y faire établir un sanctuaire en l'honneur du 
dieu Esculape, dont il devint immédiatement le grand 
prétre. Ayant fait l'acquisition d'un serpent familier, auquel 
il adapte une espèce de tête humaine, fabriquée en toile, 
il fait accroire à des milliers de personnes que ce serpent, 
nommé par lui Glycon, est l'épiphanie, l'incarnation du 
dieu de la médecine. Lui-méme se fait passer pour fils de 
Podalire et descendant de Persée. Il déclare que sa fille a 
pour mére la déesse de la Lune, Séléné, et il réussit, chose 
à peine eroyable, à lui faire épouser un des plus grands 
personnages de Rome, Publius Mummius Sisenna Rutil- 
lianus, fils de consulaire, consulaire lui-méme, chargé plus 
lard du proconsulat de l'Asie, c'est-à-dire de la plus haute 
dignité qui püt échoir en partage à un sénateur. Fort de 
cette illustre alliance, il se rend redoutable à ses ennemis s 
et continue à émetttre d'innombrables prophéties, soit en 2 
faisant, à l'aide d'un porte-voix, parler le serpent lui-méme 
(genre de miraele jusqu'alors inédit), soit en donnant des 
réponses en vers, d'une obscurité caleulée, à des lettres 
cachetées dont il est censé ignorer le contenu. Non seule- 
ment il prodigue ses conseils aux malades, mais il se trans- 
forme en oracle universel, à l'instar de celui de Delphes, - 
. dont l'importance, on le sait, avait notablement baissé à 


( 126 ) 

cette époque. De tous les cótés de l'empire, de la capitale 
aussi bien que des provinces, on vient le consulter. L'em- 
pereur Marc-Auréle lui-méme ne dédaigne pas de deman- 
der son avis au sujet des mesures à prendre contre les 
Marcomans et les Quades, qui menacaient l'empire d'une 
guerre terrible. Il est vrai que les conseils donnés par 
Alexandre aboutirent à une épouvantable catastrophe. 
Mais son crédit n'en fnt pas ébranlé : le culte du serpent 
Glycon se répandit de plus en plus, et nous en trouvons 
encore des traces environ un siécle aprés la mort du misé- 
rable imposteur qui l'inventa. 

Les traits pri ncipaux de l'épisode que nous venons de 
résumer ont été empruntés à Lucien. Mais M. Cumont, 
pour le mettre pleinement en lumière, a dû le placer dans 
son cadre naturel, en nons faisant connaitre une foule de 
détails curieux, qui étaient familiers aux contemporains 
du spirituel auteur des Dialogues des morts, mais qui ne 
le sont nullement à ses lecteurs du XIX* siècle. Il s'est servi 
à cette fin de toutes les ressources que pouvait lui fournir 
l'érudition de nos jours. 

Toutefois il ne s'est pas borné à tirer parti des auteurs 
modernes qui se sont occupés des croyances répandues 
dans le monde romain au le siècle de notre ère. ll est allé 
puiser directement aux sources, notamment à cette source 
inépuisable de documents authentiques qu'on appelle les 
Inscriptions. Il a emprunté en outre des indications pré- 
cieuses à la numismatique. 

Le mémoire de M. Cumont est divisé en trois parties 
principales, précédées d'une assez longue introduction. 
Dans celle-ci, aprés avoir jeté un coup d'œil d'ensemble 
sur la nature des croyances qui avaient cours dans l'em- 
pire romain, notamment en Asie, au premier et au 


(IM C) 

deuxième siècle de notre ère, il montre qu'il ne faut voir 
rien de bien extraordinaire dans les faux miracles du pro- 
phéte Alexandre, succédant à ceux d'Apollonius de Tyane, 
de Néryllinus, de Pérégrinus et d'autres. ll n'y a donc 
aucun motif, d'aprés lui, pour mettre en doute la véracité 
du récit de Lucien, si sarcastique qu'il soit, d'autant plus 
que ce récit a été composé à la demande expresse d'un 
homme considérable, portant le nom de Celsus, qu'assu- 
rément Lucien n'aurait pas voulu mystifier. Quel était ce 
Celsus? Était-ce le méme que celui qui combattit les chré- 
tiens et composa contre eux « Le discours véritable », 
conservé par Origéne dans la réfutation qu'il en a faite. 
La diseussion à laquelle se livre à se sujet M. Cumont, 
pour prouver l'identité des deux Celse, ne nous parait pas 
avoir abouti à des résultats concluants. 

Le corps du travail soumis à notre appréciation com- 
prend, nous l'avons dit, trois parties principales : la pre- 
miére contient le récit de la vie d'Alexandre; la seconde 
est consacrée à l'exposé du culte qu'il fonda; dans la troi- 
siéme, l'auteur a tàché de montrer comment ce culte se 
propagea et quelle influence il exerca. 

Pour compléter ce qu'il dit au sujet de l'adoption du 
culte de Glycon par les Gnostiques, nous croyons devoir 
lui signaler que le cabinet des médailles de Paris vient 
tout récemment de faire l'acquisition d'une pierre gnostique, 
portant le nom et l'image du dieu-serpent Glycon. Voir : 
Revue critique d'hist. et de litt., 1887, 13 juin, p. 480. 

Dans un appendice, M. Cumont s'est efforcé d'établir, 
d'une manière aussi rigoureuse que le permettent les docu- 
ments dont nous ss la chronologie de la vie 
d'Alexandre. 


ld 


mat 


( 128 ) 

La dissertation dont nous venons de présenter l'analyse 
nous parait pleinement satisfaisante dans son ensemble. 

Elle dénote non seulement une érudition de bon aloi, 
mais aussi un véritable esprit critique. Le sujet dont elle 
s'occupe n'avait pas encore, que nous sachions, été traité 
ex professo. Les détails fournis par Lucien y ont été com- 
plétés d'une maniére fort heureuse. Aprés avoir lu le 
mémoire de M. Cumont, on se rend parfaitement compte 
de la surprenante carriére d'Alexandre le Paphlagonien, et 
de l'importance de l'oracle créé par lui. Ce travail est donc 
une contribution utile à l'histoire, hélas éternelle, de l'in- 
sondable crédulité humaine. 

J'ai en conséquence l'honneur de proposer à la Classe 
d'ordonner l'impreszion de l'étude de M. Cumont dans son 
Recueil des Mémoires in-&. » 


M. Willems, deuxiéme commisssaire, déclare se rallier 
volontiers aux conclusions du rapport de son savant con- 
frére M. Wagener. 


Rapport de M. L. Hioersch, troisième commissaire. 


« Comme mes savants confrères, je suis d'avis que ce 
Mémoire mérite un accueil favorable dans les publications 
académiques. Je m’associe pleinement aux éloges que lui a 
décernés M. Wagener. Je prierai seulement l'auteur de voir 
s'il n'a pas été trop affirmatif en déclarant qu'Alexandre 
n'a pu naître à Abonotichos, pour la raison qu'il était 
Paphlagonien et que cette ville, au point de vue admi- 
nisiratif, était détachée de la Paphlagonie depuis l'époque 
de Pompée. Qu'il considère que Strabon, comme plus tard 


(429.3 
Hierocles et les Novelles de Justinien, 29, c. 1, continuent 
de nommer Abonotichos une cité paphlagonienne, et que 
Lucien dit expressément (c. 12) qu'Alexandre, arrivant 
dans la ville, rentra dans sa patrie. 

Je conseillerai aussi à M. Cumont de collationner encore 
une fois son Mémoire avec le texte de Lucien. En certains 
points, il m'a paru s'en écarter sans molif, par exemple 
dans des détails rapportés aux chapitres 11, 13, 15, 22, 96, 
47,48 et 54. Enfin, l'orthographe de quelques noms propres 
devrait être revue : il faut écrire : Cocconas et non Cocon- 
nas, Rutilianus (conformément aux inscriptions et comme 
le réclame le primitif Rutilius) et non Rutillianus. » 


La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses 


commissaires, décide l'impression du travail de M. Cumont 
dans le recueil des Mémoires in-8. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Sur l'ÉPISTÉMONOMIE de feu Philippe Vander Maelen, 
ancien membre de l'Académie; par M. Alphonse 
Wauters, membre de l'Académie. 


Dans une brochure récemment publiée sous le titre de 
Notice sur les catalogues des bibliothéques publiques 
(Bruxelles, Vanbuggenhout, 1887, in-8° de 24 pages), on 
insiste fortement sur la nécessité d'établir dans les grandes 
bibliothéques, à cóté et indépendamment des catalogues 
d'ouvrages, un dépouillement ue des matières. 

5"* SÉRIE, TOME XIV. 9 


( 150 ) 
qui sont traitées dans les volumes, de manière à faciliter, 
autant que possible, la tâche au chercheur et de mettre à sa 
disposition le plus d'éléments possible. 

Qui ne sait, en effet, que les livres, les recueils, les 
journaux, contiennent d'excellentes données que, plus tard, 
faute de tables ou de toute autre indication suffisante, on 
ne retrouve plus qu'au prix d'efforts considérables, au 
prix d'une énorme perte de temps? L'idée est done excel- 
lente, et l'on ne peut que féliciter l'auteur de la bro- 
chure citée plus haut de s'en être servi pour rendre plus 
accessible les trésors de tout genre de notre Bibliothèque 
royale. 

J'aurais désiré que, en énumérant les avantages résul- 
tant de cette méthode, l'auteur eût rappelé l'application qui 
en a été faite, il y a longtemps déjà, par un homme que 
la plupart d'entre nous ont connu, et que l'on peut citer au 
rep ip a ceux qui ont ni en Belgique à la 
Je veux parler 
de feu notre confrère Philippe Vander Maelen, fondateur 
de l'Établissement géographique de Bruxelles. Il est inutile 
de rappeler les services éminents de ce citoyen; ils ont été 
savamment exposés dans l'Annuaire de l'Académie, par la 
plume exercée et compétente de M. Houzeau. 

Je veux me borner à dire aujourd'hui que, pendant prés 
d'un demi-siècle, M. Vander Maelen avait fait dépouiller, 
jour par jour, les nombreux ouvrages, journaux, revues, 
brochures, qui venaient enrichir ses précieuses collections. 
En 1840, longtemps avant sa mort, il avait déjà recueilli 
plus de trois millions de notes, qu'il classait lui-même 
avec le plus grand soin. 

Ces notes, il ne les réservait pas pour lui seul, car Van- 


( 151 ) 

der Maelen était à la fois la modestie et la complaisance 
incarnées. Sesnotes, sa bibliothèque, ses collections, étaient 
ouvertes, avec la plus grande libéralité, au publie, et 
surtout aux travailleurs, qu'il avait en haute estime. Son 
plus grand plaisir était d'étaler à tout venant ses richesses, 
et autant il faisait peu parler de lui, autant il agissait sans 
relàche pour propager tout ce qui concernait les sciences, 
eten particulier la géographie. C'est lui, on peut le dire, 
qui, en Belgique, l'a fait sortir de la torpeur dans laquelle 
elle était plongée. 

Il existe des notes de M. Vander Maelen un témoignage 
vivant. C'est la brochure intitulée : Épistémonomie ou 
Tables générales d'indications des connaissances humaines, 
par Ph. Vander Maelen et le docteur Meisser. (Prospectus. 
Bruxelles, 1840, in-8° de 16 colonnes; il y a des exem- 
plaires ayant 72 colonnes). Je prie la Classe d'accepter le 
don de cette brochure, oü l'on verra quelles étaient les 
idées des auteurs. On y a réuni, sous la rubrique Chemins 
de fer, une foule d'indications de tous genres, à l'aide 
desquelles on pourrait, sans peine, écrire un trés bon livre 
sur les premiéres années de l'établissement des chemins 
de fer. MM. Vander Maelen et Meisser auraient voulu 
publier, c'est-à-dire mettre à la portée de tous, les innom- 
brabies notes de l'Établissement géographique. Inutile de 
dire que cette pensée féconde resta sans suite, faute d'en- 
e elle mérite d'étre rappelée et sauvée de 

oubli. 


(132) 


Barthélemy Latomus, le premier professeur d’éloquence 
latine au Collège royal de France; par L. Roersch, 
membre de l'Académie. 


Le Collége de France, à Paris, doit, comme on sait, son 
origine au Collège Royal. fondé par Francois I*" à l'instar du 
Collége des Trois Langues de notre ancienne Université de 
Louvain. D'abord le roi n'avait voulu y établir que des 
cours de grec et d'hébreu, mais bientôt il compléta son 
œuvre par l'institution d'une chaire d'éloquence latine, et Y 
fit monter l'Arlonais Barthélemy Steinmetz ou Masson, 
plus connu sous le nom de Latomus. Pendant huit ans, 
Latomus enseigna avec assez d'éclat, puis, se lançant dans 
une nouvelle carrière, il exerça des fonctions politiques 
dans le pays de Tréves, comme conseiller de l'Électeur, et 
joua un róle d'une certaine importance dans les querelles 
religieuses de l'Allemagne. Ces faits ont appelé sur notre 
eompatriote l'attention des annalistes de Tréves aussi 
bien que celle des historiens du Collége de France. Les 
écrivains belges n'ont pas manqué non plus de noter les 
détails de sa vie et de dresser le catalogue de ses ouvrages. 
Mais ils n'ont pas toujours vu eux-mémes les livres dont 
ils donnent les titres, ou ne paraissent en avoir fait qu'un 
examen superficiel. De là, des erreurs constamment répé- 
tées par les écrivains postérieurs, qui ont cru pouvoir 
ajouter foi à leurs assertions sans recourir aux sources. 

En nous adressant à diverses bibliothèques du pays et 
de l'étranger, nous sommes parvenu à lire la plupart des 
écrits de Latomus ; il nous a été ainsi possible de compléter 
el de rectifier les notices qui lui ont été consacrées 


( 155 ) 
jusqu'iei (1) et d'indiquer en méme temps, sinon la valeur 
réelle de ses ouvrages, du moins les circonstances dans 
lesquelles ils ont vu le jour. C'est ce que nous avons tenté 
de faire dans le présent travail. 

Bartholomaeus Henrici, ou Barthélemy, fils de Henri, 
devait à la profession de son pére le nom additionnel de 
Steinmetz ou le Masson (— maçon). Selon l'usage des 
humanistes, il traduisit ce dernier en grec et s'appela 
Barth. Latomus (2). Il naquit à Arlon, vers la fin du 


(1) Les principales sont : Gesner, Bibliotheca universalis (Zurich, 
1545), fol. 455; Simler, Bibl. collecta a Gesnero in Epitomen redacta 
et aucta (Zürich, 1574); Henri Pantaleon, Prosopographia illustrium 
virorum totius Germaniae (Basileae, 1566), t. II, p. 229; Valère 
André, Bibl. Belgica, p. 406; Goujet, Mémoire histor. et littér. sur le 
Collège Royal de France, t. Il, p. 148; D. Calmet, Bibliothèque 
lorraine (Nancy, 1751), p. 861; Nicéron, Mémoires, etc., t. XLII, 
p. 14; Paquot, Mémoires pour servir à l’hist. littér. des Pays-Bas, 
éd. in-fol., t. I, p. 156; W. Wiltheim, Disquisitio antiquit. luxemb., 
Il c., 11, $ 9 (Bibl. roy. de Bruxelles, sect. des manuser., n° 7146); 
— Chr. Brower, Annales Trevirenses, t. Il, pp. 527, 558, 565, 568, 
570, 573; Hontheim, Histor, Trevir. diplomatica, t II, pp. 554 
et 699. Ces deux auteurs ont servi de source à J. Marx, Geschichte des 
Erzstifts Trier, t. MI, p. 499, d’où est extraite la notice de F.-H. Kraus 
dans l Allgemeine Deutsche Biographie, t. XVIII, p. 14; — A. Neyen, 
Biographie luxembourgeoise, p. 509; Douret, Notice sur les ouvrages 
composés par les écrivains luxembourgeois dans l' Inst. archéol. de la 

prov. de Lux., t. VI, p. 175. 
(2) Son inscription comme bachelier au registre de la Faculté des 
Arts de Fribourg est conçue en ces termes : Bartholomaeus Henrici 


magister, sous les noms de Bartholomaeus Latomus Arlunensis. 


burg im Breisgau (Fribourg, 1857), t. H, p. 195. 


lapicidae Arlunensis. L'année suivante il était inserit, en qualité de — 


V. H. Sehreiber, Geschichte der Albert- Ludwigs Universität zu Frei- mu 


( 154 ) 

XV* siècle et mourut à Coblence, le 5 janvier 1570. L'an- 
née de sa naissance ne peut étre exactement établie. La 
biographie insérée dans la Prosopographia de Henri 
Pantaléon la place vers 1485; Valére André la suit, mais 
en supprimant la particule vers. Marx, l'historien de Tréves, 
croit plus probable qu'il vit le jour vers 1498. Il y a bien 
certains faits qui militent en faveur de cette opinion : le 
mot d'adolescentia, appliqué par Latomus à l'époque de sa vie 
antérieure à 1598 (Advers. Buccerum altera defensio O ij); 
le terme iuvenis, par lequel Érasme le désigne en 1521 
(Epistol. 650); mais d'un autre cóté Dathenus, en 1558, 
parle de lui comme d'un vieillard ayant un pied dans la 
tombe, langage qui eadre mieux avec soixante-treize ans 
qu'avec soixante, et dans l'ouvrage de Pantaléon imprimé 
en 1536 il est dit encore vivant à Coblence, déjà octogé- 
naire. 

Latomus fit ses premières études dans sa ville natale. 
Dans la dédicace de son édition du discours pro Caecina 
(1559), il rappelle à Matthias Held, vice-chancelier de 
l'Empire, les années qu'ils avaient passées ensemble à 
l'école d'Arlon (1). Le jeune Held le conduisait souvent 
dans la maison de son oncle paternel, excellent juriscon- 
sulte, possesseur d'une riche bibliothéque, dont la vue le 
remplissait d'admiration et le stimulait au travail (2). 


(1) La date de la naissance de Latomus pourrait-étre approxima- 
tivement établie par celle de Held, mais cette derniére est également 
inconnue. C'est par erreur que la Biographie nationale, t. VIL, p. 889, 
fait naitre Held en 1500. Voir la notice plus up de la Allge- 
meine Deutsche Biographie. 

(3) Bibliothecam illius vidi puer una eum essemus, non solum 
assiduitate ludi litterarii, sed etiam amore coniuncti. 


( 155 ) 

Nous avons lieu de croire qu’il continua ses études à 
Trèves. Il se trouvait dans cette ville le jour de Pâques 1519, 
lorsqu'en présence de l'empereur Maximilien, la relique 
de la Sainte Robe fut montrée pour la première fois au 
peuple (1). Était-il déjà à cette époque professeur de latin 
à Trèves? Goujet prétend qu'il y enseigna tout d'abord, 
mais Latomus lui-méme désigne Fribourg comme le pre- 
mier siège de son professorat (2). Il est du reste peu pro- 
bable qu'il ait enseigné dés 1512, car dans un écrit 
de 1559, il dit s'étre livré à l'enseignement depuis qua- 
rante ans, ce qui nous amène à 1519 (3). 

En 1514 ou 1515, il alla suivre les cours de la Faculté 
des Arts à l'Université de Fribourg. Le 98 septembre 1516 
il subit avec succès l'examen de bachelier devant six 
magistri ou docteurs appartenant, comme c'était l'usage à 
Fribourg, pour une moitié à la tendance des réalistes et 
pour l'autre à celle des nominalistes (4). A la fin de l'année 
suivante il surmonta brillamment les épreuves de magister 
en obtenant la première place parmi dix candidats. Aussi, 
le 15 janvier 1518, il fut admis dans le corps des maîtres 
de la Faculté et autorisé en cette qualité à ouvrir des cours 


(1) Mazim. defunctus b. ij : Ipse aderam, sacrum celebrabant 
tempora pascha et dabat aethereas mystica mensa dapes. 

(2) Adversus Buccerum defensio altera : cursum iactationemque 
adolescentiae meae, quam primum Friburgi, deinde Treviris, postea 
Coloniae in Gymnasiis egi. 

(9) De docta simplicitate H. 2. : Quadraginta plus iii tnt 
studiis operam dedi, exceptis paucis quibus nunc Reipublicae milito. - 

(4) Les examinateurs furent : Vominalistes, Mag. Mathieu Zell, 
M. Henri Klamer et M. Melchior Fatlin ; Aéalistes, M. Albert Krauss, s 
M. Joh. Caesar, et un troisième pris en dehors du conseil dela Faculté. — — 
Voir Schreiber o. c. | 


( 156 ) 

à l'Université (1). Le 26 décembre 1519 il devint membre 
du Conseil de la Faculté (2), et il fat élu, l'année suivante, 
comme régent ou conventor d'une bourse (3). On donnait 
ce nom aux collèges ou pensionnats dans lesquels les 
étudiants de Fribourg étaient logés et nourris soit à leurs 
frais, soit avec les produits d’une fondation (4). Latomus 
exerçait encore cet emploi, quand Érasme, qu'il connaissait 
depuis 1515 (5), traversa en 1521 l'Alsace pour se rendre 
à Bâle. Il l'accompagoa de Strasbourg à Schletstadt, et 
Érasme, racontant plus tard ce fait au chanoine Marc 
Laurin de Bruges, fait l'éloge de son esprit et de son 
affabilité : singulari morum et ingenii dexteritate iuve- 
nis (6). 

Les maitres de la Faculté des Arts étaient, comme nous 
l'avons dit, divisés selon les tendances ou les voies, viae, 


(4) Convocatis Magistris de Consilio 15 die Jan. 1518 sequentes 
Baccalaurei ad Regentiam seu consortium Magistrorum assumti sunt : 
Barth. Latomus, Theobald. Bapst, ete. (Extrait des Protocoles de la 
Fac. des Arts, dans Schreiber o. c.). 

(2) 26 Dee. 1519. Concludebatur : M. Theobaldum et M. Latomum 
assumendos esse in Consilium Facultatis. /bidem. 

(5) Mag. Latomus an. 1520 conven torem bursae, uti vocarunt, egit. 
Note de J.-A. Riegzer, dans Udalrici Zasii Epistolae ad viros aetatis 
suae doctissimos (Ulm, 1774, p. 512). : 

(4) Voir Schreiber o. c., t. I, pp. 56, 44. 

(5) Lettre de Lat. à Érasme, Ep. 1285, datée de Paris le 29 juin 
1555 : lam vigesimus annus est, opinor, et amplius ex quo primum 
mihi cognitus fuisti. 

(6) Epist. 650 du 1° février 1525 : Inde (Argentorato) Sletstadium 
me confero comitantibus aliquot, inter quos erat Bartholomaeus 
Latomus Trevir, singulari morum et ingenii dexteritate juvenis, qui 
Friburgi moderabatur collegium philosophicum. 


PETERS 


( 137 ) 

en nominalistes et en réalistes. Latomus se trouvait dans 
la seconde (1). Mais si ces dénominations rappelaient les 
disputes de l'école, l'humanisme n'en dominait pas moins à 
Fribourg, et l'on y accordait une large place aux études 
littéraires, aux exercices poétiques et oratoires, à l'inter- 
prétation des auteurs latins et grecs. Latomus fit dans ce 
sens des cours privés ou extraordinaires, s'attirant parfois 
le reproche d’occuper les heures des cours publies ordi- 
naires (2), comme aussi on le blàmait de ue pas observer 
strictement la tenue prescrite par les règlements (5). Les 
maîtres és arts étant obligés de fréquenter certains cours 
des autres Facultés (4), il assista à ceux du célèbre juris- 
consulte Zasius (5). Enfin il s'exerca beaucoup à la poésie 
latine, fort en honneur à Fribourg, oü elle avait méme un 
professeur publie spécial (6). Le fruit de ces exercices 
furent les premiers ouvrages de Latomus. 

En 1519 parut de lui : Imp. Caesar. D. Maximilianus 


(1) Electi examinatores die 20 Febr. 1521: In via Realium : Doctor 
Caspar. Nell, Mag. Joh. Caesar, Mag. Bartholomaeus Latomus Arlu- 
nensis. Prot. Facult., dans Schreiber, t. H, p. 129. 

(2) 25 Aug. 1521. « Barth. Latomum Art. Mag. placuit vocari ad 
. Universitatem eo quod horam non mutaret ad conclusa Universitatis, 
ordinariis lectionibus praeiudieantem. » Prot. Univ., dans Schreiber, 
t. II, p. 195. 

(9) 24 Jan. 1521. « Dictum fuit quod Mag. Barth. Latomus et 
Mag. Gregorius Frauenfeld, studentium praesides et institutores, 
Byrreta gestant Galeris similia. Placuit quod eis dicatur per pedellum, 
ut istis Byrretis abstineant similiter et longioribus illis gladiis quibus 
cingantur. » Prot. Univ., dans Schreiber, t. H, p. 85. 

(4) Schreiber, t. II, p. 167. 

(5) Dans la lettre qui a été publiée par Riegger (Epist. Zasii, 
p. 509), il le désigne comme amicus et praeceptor colendissimus. 

(6) Schreiber, t. I, p. 69. 


( 158 ) 

defunctus Bartholomaeo Latomo Arlunen. Germano autore 
(Augustae Vindelicorum 27 oct. 1519, 17 feuillets non 
chiffrés in-4° (1). C'est une élégie de trois cent soixante- 
treize distiques célébrant les vertus et les exploits de 
Maximilien décédé ; le style est coulant et prend une cou- 
leur vraiment poétique, quand l'auteur décrit les derniers 
moments de l'empereur. L'auteur la fait précéder d'une 
épitre dédicatoire aux princes Charles et Ferdinand, datée 
de Fribourg, le 8 mai 1519 (2). 

C'est aussi de Fribourg, ex Academia nostra, que le 
premier janvier 4520 il dédia à son ancien élève Jean Louis 
de Hagen et à Godfroid d’Eltz, chanoines de l'église de 
Trèves, une lettre en vers, que l'Autriche personnifiée es! 
supposée adresser à Charles V, pour le prier de se rendre 
sans retard dans le pays de ses péres : Epistola Austriae 
ad Carolum Imp. fictitia Barptolomaeo Latomo Arlu- 
nense (3) authore. Argentinae, Jean Knobloch, novembre 
1521 (4), 12 feuillets in-8°. En décrivant l’âge d'or que 


RARE PR 


(1) Réimprimé dans Schardius, Orationum ac elegiarum in funere 
illustris. principum Germaniae, t. I, pp. 59-72. 

(2) Latomus étant encore un inconnu, son ouvrage est introduit 
par une lettre de Jacques Spiegel J.-C. au conseiller Jérôme Prunner, 
écrite à Augsbourg le 15 octobre. Spiegel y déclare avoir fait imprimer 
cette poésie à cause du sujet traité et de l'élégance des vers. 

(9) L'exemplaire de la bibliothèque de l'Université de Liège porte, 
par suite d'une faute d'impression, ar nense. 

(4) Simler, dans son résumé complété de la Bibliothéque de 
C. Gesner (Zurich 1574), donne par erreur la date de 1527 et fait 
un léger changement au titre : Epistola Elegiaco carmine Austriae 
nomine ad Carolum V, Imp. Le faux millésime se retrouve dans 
Valère André, avec un titre complètement altéré : Elegia de À ustriae 
nomine. Cette double erreur a été reproduite par tous les biblio- 
graphes. 


( 159 ) 
fera naître en Allemagne le séjour du nouvel empereur, 
Latomus s'élève assez vivement contre le luxe de la Cour 
de Rome et le commerce des indulgences. Une tirade sem- 
blable se rencontre aussi dans le Maximilianus defunctus (1), 
mais ces attaques paraissent plus étonnantes dans une 
épitre adressée directement à Charles V et dédiée à deux 
chanoines, dont l'un occupa plus tard le siège épiscopal de 
Trèves et se montra un ardent défenseur de la cause catho- 
lique (2). Cependant il ne faut pas oublier que les plaintes 
dont Latomus se fait ici l'écho, formaient un lieu com- 


(1) b iiij au verso : Rhoma fidem toties (veniam da Petre) fefellit 
Quasque dedit populus pro cruce caepit opes. 
Et male divitias rebus cessisse prophanis 
Inque ferunt usus sacra abiisse leves. 


(2) F. 10 : Tune solium Petri nullis violabile stabat 
Artibus, externas nil cupiebat opes. 
Regna levi sumptu Papam moderata ferebant, 
Pompae aberant, aberat luxuriosa domus. 
Non famulos totidem Scribasque fovebat inertes 
. Rhoma, levis vitiis fabula facta suis. 
Non tibi bis centum tua limina, Petre, tenebant 
Helvetii, pacis tu tibi tutus eras. 
Non tibi regales cura ostentare paratus, 
Tunc sua pontificum gloria Christus erat. — 
-... Pró, perhibent Rhomam venales tradere coelos 
Vertereque arbitrio limina celsa suo. 

Quum volet haec precio claudet, rursumque recludet. 
Quum volet haec vacuus Juppiter exul eris. 
Juppiter exul eris, nisi sit tibi Juppiter aurum. 

Si venias, ibis tu quoque Christe foras. 
Pauper eras, pauper genitor, tibi paupera mater 
Discipulique inopes, i quoque Christe foras. 


( 140 ) 
mun dans les écrits des humanistes de cette époque, et 
que les partisans de Luther n'étaient pas seuls à les faire 
entendre. 

Peu après il fut appelé à Trèves Il y était en septembre 
1522, lorsque Frans de Sickingen leva, avec les chevaliers, 
l'étendard de la révolte et tenta un coup de main contre 
la ville. Notre professeur prit lui-même les armes en cette 
circonstance (1) et fut ainsi témoin oculaire des faits qu'il 
exposa, l'année suivante, dans un réeit poétique de 
1089 hexamétres: Factio memorabilis Francisci ab Siccin- 
gen cum Trevirorum obsidione, tum exit dem : Barpto- 
lemaeo Latomo Arluneñ autore. (Apud sanctam Ubiorum 
Aggrippinam, in aedibus Eucharii Cervicorni, 1595, 20 ff. 
non chiffrés, petit in-4° (2). Brower en donne de nombreux 
extraits dans les Annales Trevirenses. M décrit en style 
pompeux, avec nombreuses réminiscences de Virgile, les 
forces de l'ennemi, les préparatifs de la défense, le bom- 
bardement, l'arrivée des secours, la fuite de Sickingen, la 
prise de son château et sa mort. La liberté de langage que 
nousavonssignalée dans les précédentes poésies se retrouve 
encore dans celle-ci. La cause de la sédition est à son avis 
la haine du peuple contre le clergé (Invidia populi erga 


(4) Ipse ego qui placidis fueram sacer ante camoenis 
Tranquillae pacis, studiorum cultor et oci, 
Non ulla expertus bella aut Mavortia regna, 
Exceptis vatum ingeniis elarisque loquentum 
Librorum pugnis, horrendo corpora ferro 
Accingor.... 
(=) Réimprimé dans Schardius, Scriptores rerum Germanicarum, 
t. II, pp. 1019-1050. : 


(14) 


clerum), haine provoquée par le faste et l'orgueil dont 
Rome avait donné l'exemple (1) : 


Cetera pars sequitur reliquum dispersa per orbem, 
Exemplumque ducis proceres turbaeque minores 
Arripiunt : leges et mercenaria iura 

Conduntur, premitur populus, fit iniqua tyrannis 
Relligio et toto pietas vilescit in orbe. 


L'histoire du siége est suivie d'une poésie de quarante et 
un vers intitulée Bombarda, et dédiée à Jean-Louisde Hagen. 
L'instrument de destruction y décrit lui-méme ses ravages : 


En ego tartareis Bombarda reperta sub umbris 
Vulcani et durz Telluris filia, flammas 
Ore gerens, ferro aut duro cavus ære Chylindrus 
Deicio terras, celsas demolior arces, etc. 


Aprés avoir enseigné quelque temps à Tréves, Latomus 
se rendit à Cologne. Il y composa plusieurs manuels de 
logique et de rhétorique, et l'on peut en conclure qu'il fut 
professeur de ces arts. Le 30 septembre 1527 il dédia In 
Coloniensi Academia, à Jean-Louis de Hagen etau frére de 
celui-ci, un résumé de la dialectique et de la rhétorique réu- 
nies dansun méme traité; il lesregardait comme constituant 
ensemble l'art du discours, dont le but est docere, movere, 
delectare : Summa totius rationis disserendi, uno eodemque 
corpore et Dialectices et Rhetorices partes complectens, 
Bartholomaeo Latomo Arlunensi authore. Coloniae excu- 
debat Joannes Gymnieus, 1527 (9). Il com posa aussi des notes 


(!) Latomus pensait surtout à la cour d'Albert de Mayence, sur 
laquelle on peut voir l'ouvrage de J. Janssen, Geschichte des deutschen 
Volkes seit dem Ausgang des Mittelalters, t. Il, pp. 60 et 359. : 

(2) Une réimpression datant de 1544 a 112 feuillets non chiffrés, 
in-8e, 


( 142 ) 
sur la logique de Georges de Trébizonde, qui était généra- 
lement employée dans les écoles. Jean de Nimégue avait 
fait paraitre à Cologne une édition corrigée de cette logique 
avec un commentaire. On y ajouta plus tard les notes de 
Latomus : elles sont courtes, ne remplissent que dix pages 
et demie, mais claires et bien appropriées à la matière : 
Georgii Trapezuntii de re dialectica libellus, ab innu- 
meris, quibus hactenus scatuit mendis repurgalus una 
cum scholiis Joannis Noviomagi et Bartholom. Latomi 
illustratus. Coloniae, Martin. Gymnicus, 1544, 1549. 126 
feuillets, petit in-8° non chiffrés (aussi Lyon 1545 in-4°). 

n autre traité de dialectique fort estimé était celui de 
Rodolphe Agricola. Latomus en fit un résumé qu'il dédia 
le 5 mars 1550 au jurisconsulte Henri Olieslager, et qui 
parut chez Gymnicus en 1532 : Epitome commentario- 
rum Dialecticae inventionis Rodolphi Agricolae. Per 
Bartholomaeum | Latomum Arlunensem. (A97 p. in-8°. 
Réimprimé en 1534.) Il est divisé en trois livres : de locis, 
de usu locorum, de movendi et delectandi ratione. 

Le professeur appliqua les préceptes de la E à 
l'interprétation des œuvres oratoires, dans les ouvrages 
suivants : Oratio Ciceronis pro Milone, expositione 
artificio et annotationibus illustrata. Coloniae, 1528; et 
Artificium Dialecticum et Rhetoricum in quatuor prae- 
clarissimas orationes ex T. Livio et Cicerone. Coloniae, 
J. Gymnicus, 1539, in-8°. 

Nous ne savons si c'est à Cologne ou à Fribourg que 
Latomus éerivit les notes sur Térence qui furent jointes à 
l'édition de ce poète publiée en 1559, à Paris, chez Jean de 
Roigny, in-folio. Ces notes donnent un court argument de 
chaque scéne, exposent la suite des idées ainsi que les 
intentions du poète et les artifices du style. Quelques 


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M SU TRITANI IET GR TURAE UP le à ee de 


DER 


(145 ) 
mots difficiles y sont traduits en allemand (1), d'ou l'on 
peut conclure que le commentaire n'a pas été fait pour 
des auditeurs ou des lecteurs francais. Plusieurs de ces 
notes se retrouvent dans l'édition. variorum de Corn. 
Schrevelius, Leyde, 1651. 

C'est aussi en Allemagne que furent rédigées les notes 
sur les Paradoxes de Cicéron, qui parurent à Cologne 
en 1532 (2) et furent souvent réimprimées (5). Dans une 
édition du traité de Officiis et des autres petits écrits 
moraux, de 1559, ces notes oecupent huit pages et demie 
in-8*. Elles se bornent en général à indiquer les noms 
techniques des arguments et des figures. 

Nous trouvons mentionnée dans G. Lizel, Historia poe- 
larum graecorum Germaniae (Francf. et Lipsiae, 1730), 
page 32, une poésie greco-latine composée par notre 
Latomus in orationem Christi passionalem et imprimée, 
aprés sa mort, à Rostoch, en 1595. Il est à supposer qu'elle 
à été écrite en Allemagne, mais nous ne l'avons pas vue 
et ne saurions en indiquer l'époque. 


(1) Eun. IV, 4, 16 varia veste, i. e. gedeylt ; v. 22 colore mustelino, 
flavo, bleychgeel, ad colorem mustelae. Adelph. V, 9, 29 prae manu, 
vulgo uff die hant. : 

(2) Paradoxa cum annotationibus D. Erasmi, additis in margine 
scholiis B. Latomo autore. Coloniae J. Gymnicus. 

(5) Entre autres à Cologne, 1554, 1559; à Paris, 1541, 1545, 
1545, 1556; à Bâle, 1547. On les trouve aussi dans M. T. C. Para- 
doxa ad M. Brutum Audomari Tolaei tario explicata. Lutetiae, 
C. Stephani, 1551, in-4. Puis avec le traité de Officiis, Lyon, 1535; 
Paris, 1558, 1541, 1545, 45406, 1550; Francfort, 1545; s. L. (Stras- 
bourg) 1559, 


( 144 ) 

De Cologne, Latomus partit pour Louvain (1). Melchior 
Adam (Vitae Germanorum philosophorum, page 158), 
raconte qu'il y fut le condisciple de Jean Sturm, avec 
lequel il se lia d'amitié. Or, Sturm demeura à Louvain 
pendant cinq à six ans, de 1524 à 1529, trois ans comme 
éléve, et deux comme professeur. Nous savons que 
Latomus était à Cologne le 30 septembre 1527 et le 
5 mars 1550; si l'assertion de M. Adam est vraie, son 
séjour dans l'Université brabanconne doit étre placé entre 
ces deux dates ou vers 1523. Mais nous n'avons trouvé 
aucune trace du séjour de Latomus à Louvain à cette 
époque. fl est établi au contraire qu'il s'y fit inscrire 
le 51 juillet 1550 sous le rectorat de Pierre Curtius (2). 
il y demeura peu de temps; aprés avoir suivi quelques 
cours, il se rendit à Tréves, oü il semble avoir été appelé 
pour enseigner les lettres à l'Université, mais dans des 
conditions peu avantageuses. 

Un certain découragement s'était emparé de lui, mais 
soutenu par Zasius, son ancien maitre de Fribourg, il se 
remit avec zèle à l'étude. Nous le voyons par une lettre écrite 
de Tréves à Zasius en 1530 le jour des Innocents, c'est-à- 
dire le 28 décembre (3). En janvier 1531, Ferdinand fut 


(1) Adv. Buce. alt. def. O ij : cursum iactationemque adolescentiae 
meae, quam primum Friburgi, deinde Treviris, postea Coloniae in 
Gymnasiis egi, donec robustior faetus evolavi Lovanium, mox in 
Galliam atque Italiam. | 

(2) H est mentionné comme il suit dans les matrieules de l'Uni- 
versité: 1550. « Pridie Augusti Bartholomaeus Latomus, Arlonensis, 
clericus Trevirensis. » Nous ignorons dans : eise sens est pris ici le 
terme de clericus. 

(5) Elle a été publiée par Riegger, Ud. Zasii Epist., p. 509. 
L'année n'est pas indiquée, mais peut étre facilement fixée. Zasius 


( 145 ) 
couronné comme roi des Romains. Latomus célébra aussitôt 
cetévénement par un poème, comprenant, d’après C. Gesner, 
une feuille et demie : Gratulatio in Coronationem Regis 
Romanorum ad Carolum V Caesarem et Ferdinandum 
regem, fratres Augustos (1). Mais il ne devait pas longtemps 
professer à Tréves. Le 15 mars 1551 mourut l'archevéque 
Richard de Greiffenklau, parent de Louis de Hagen, le 
protecteur de Latomus. Un personnage influent auprés du 
nouveau prélat, Jean de Metzenhauzen, élu le 27 mars, 
était mal disposé pour l'humaniste ; il critiqua vivement 
le systéme qu'il avait inauguré pour les études latines et 
rendit fort difficile sa position à l'Université. Latomus se 
décida donc à prendre le chemin de l'étranger, mais avant 
de partir, il voulut laisser un souvenir de reconnaissance 
envers l'évéque décédé, et pour avoir l'occasion de louer 
ses mérites, il écrivit un discours funèbre, qu'il supposa 
avoir prononcé lui-même au dôme, le jour des funérailles. 
ll le fit paraître après son départ et signa ex itinere in 
Galliam, le 98 juin 1551, la préface à Louis de Hagen, où 


y est dit avoir sous presse la nouvelle édition de ses Singulares 
intellectus, qui parut à Fribourg en 1552. La lettre a donc dû être 
écrite en 1530 ou en 1531; mais en décembre 1531 Latomus, 
comme nous verrons, n'était plus à Tréves. Notre humaniste y déplore 
le dédain qu'on a maintenant pour les études: « dolenda profecto 
misera et deploranda studiorum conditio, quae eo nunc redacta est, 
ut intra vilissimarum etiam artium sordes habeatur. » Aussi se 
serait-il repenti de sa vie passée, si les exhortations de Zasius ne 
lui avaient donné du courage. « In quo functus es cum praeceptoris 
tum amici officio, et tua adhortatione ita me obfirmasti ut ab honesto 
iustituto numquam defecturus sim. » 
(1) Il nous a été impossible de voir cette pièce. 
O"* SÉRIE, TOME XIV. 10 


( 446 ) 

il se plaint dela conduite tenue à son égard (1) : Decla- 
malio funebris in obitum magnanimi et excellentissimi 
Principis Richardi, Archiepiscopi Treverensis, Bartholo- 
maeo Latomo Arlunensi autore. Coloniae, apud Joannem 
Gymnicum. 1531, 12 feuillets in-16° non chiffrés. Le 
Père Brower en donne de nombreux extraits ; il croit à 
tort que le discours a été tenu réellement. 

Le départ de Latomus devait avoir pour lui les plus 
heureux résultats. Arrivé à Paris, il entra d'abord en rela- 
tion avec les savants allemands qui y étaient établis,entre 
autres avec Jean Sturm. Puis il ne tarda pas à se faire 
apprécier des lettrés français ; il possédait en effet à un 
haut degré l'art du style latin, auquel on attachait une $i 
grande importance; il parlait correctement, écrivait en 
vers et en prose avec une rare élégance, savait à fond la 
logique et la rhétorique et pouvait non seulement enseigner 
la théorie oratoire, mais reconnaitre mieux que personne 
la nature des arguments, des figures et artifices employés 
par les écrivains classiques. C'était en un mot un parfait 
humaniste. Le 15 septembre 1533 nous le voyons installé 
au Collège S'*-Barbe, dirigé par André Goveau, qui était 


(1) Gratiam habeo vobis et tibi imprimis, pro singulari tua in me 
liberalitate ac beneficentia. Deinde caeteris Treveris meis, qui me 
omni officio et benignitate prosecuti sunt. Unius hominis invidiam ac 
malevolentiam in me singularem dissimulare non possum... Detraham 
illi falsam personam, sub qua latuit, et re ipsa commonstrabo non 
eum esse qui (ut videri affectavit) sanis studiis ac literis melioribus 
consultum velit : sed qui omni conatu et libidine obiecerit se meis 
commodis, ex quibus solis in deplorato Gymnasio spes aliqua futura 
erat : tum qui omni contentione et acerbitate studia mea ita impugna- 
verit, ut ea calumniari non sit veritus, quae ab optimo et doctissimo 
quoque tamquam electa et frugifera ad primae aetatis institutionem 
uno ore confirmantur. 


( 147 ) 

alors recteur de l'Université. Il lui dédia, à cette date, une 
édition corrigée de son résumé de la dialectique de 
Rodolphe Agricola. Elle parut à Paris, chez Fr. Gryphius, 
en 1554, et fut souvent réimprimée, entre autres à Bâle, 
en 1556, à Paris, chez Nic. Buffet, en 1542 (93 feuillets 
non chiffrés, in-8°), à Cologne, chez Cholin, en 1561 
(110 pages in-4°). 

Une plus brillante destinée attendait notre compatriote. 
Francois I° avait résolu, au commencement de 1534, de 
fonder à cóté des chaires de grec et d'hébreu du Collége 
Royal, une chaire d'éloquence latine. Budée, tout puissant 
auprés du Roi pour les questions scientifiques, avait cru 
reconnaitre en Latomus l'homme le plus capable pour 
inaugurer ce nouvel enseignement; il le recommanda 
donc au souverain, et l'humaniste arlonais devint le pre- 
mier professeur de latin au Collège de France. Sa nomi- 
nation ne se fit cependant pas sans obstacle; beaucoup de 
gens criaient au scandale de voir un Allemand appelé à 
cette chaire, au moment où l'Allemagne était infestée par 
l'hérésie; plusieurs directeurs de colléges étaient hostiles à 
l'institution méme, ils eroyaient inutile de créer une chaire 
publique pour l'éloquence latine, enseignée déjà dans leurs 
établissements, et craignaient méme d'être désertés par 
leurs éléves (Bulaeus, Historia Universitatis Parisiensis, 
t. VI, p. 244). L'animosité ne fut cependant pas de longue 
durée et Latomus put enseigner paisiblement pendant huit 
ans, devant un grand concours de jeunes gens de diverses 
nations (1). Il fut seulement inquiété sur la fin de l'année 


i TONS. duo — putes epa per bets annos in 


paonibos habui. — Des neuf années indiquées ici, il faut retrancher d m 


un àn pour le voyage d'Italie. 


( 148 ) 

13534. Les protestants ou sacramentaires, comme on les 
appelait alors, ayant placardé des affiches injurieuses pour 
le roi et les catholiques, le peuple se souleva contre les 
Allemands de Paris et plusieurs faillirent étre tués, mais 
uneenquéte prouva que les coupables étaient des Francais, 
et plus de vingt-quatre furent punis du dernier sup- 
plice (1). 

En prenant possession de sa chaire, il prononca, sur 
l'étude des lettres, un discours qui fut imprimé la méme 
année chez Fr. Gryphe (Oratio de studiis humanitatis. 
Paris, 1534, in-4°). « Il y exposa avec éloquence, dit 
Goujet, les avantages que l'étude des lettres procure à un 
royaume, il y entra dans le détail de ceux qu'en avaient 
retirés les Grecs; les Romains et d'autres nations, déerivit 
les effets pernicieux de l'ignorance, peignit la barbarie des 
derniers siècles et finit par un bel éloge de Francois I°% et 
du savant Budée. » La correspondance d'Érasme contient, 
au sujet de ce discours, une lettre de Latomus lui-méme; 
il lui écrit qu'ayant été nominé professeur d'éloquence 
latine par la recommandation de Budée, il a publié sa 
harangue pour lui témoigner publiquement sa reconnais- 
sance. 

Le Collége Royal n'ayant pas encore de local spécial, 
les cours devaient se faire dans d'autres établissements de 
l'Université. C'est ainsi qu'en 1334 Latomus inaugura son 
enseignement au Collège de S'*-Barbe, par l'interprétation 
des Satires et de l'Art poétique d'Horace. Les notes dictées 
à ce cours nous ont été conservées; un cahier qui les con- 
tient était venu en la possession de Joseph Scaliger et 


(1) Lettre à Érasme, Ep. 1283. 


oai D SE RIRE 


( 149 ) 

passa après sa mort dans la bibliothèque de l'Université de 
Leyde. ll y forme le n° 75 des manuscrits de Scaliger et 
porte pour titre : Annotationes in Sermones Horatii et 
eiusdem de arte poetica, anno 1534, Parrhisiis, calamo 
excerptae Barptolomæo Latomo Trevirensi in Collegio 
Barbarae ibidem publice legente (67 feuillets petit in-8°). 
Le savant bibliothécaire de Leyde, M. le D" du Rieu, a 
bien voulu mettre ce manuscrit à notre disposition. 

Les remarques sur les Satires sont loin de constituer 
un commentaire continu. Latomus les distribue un peu au 
hasard ; dans la satire, par exemple, qui raconte le voyage 
de Brindes, les deux premiéres notes se rapportent aux 
vers 11 et 12, la troisième au vers 32, alors que les 
autres vers présentent bien des difficultés. La plupart des 
remarques qui paraissent propres à Latomus sont du 
genre des notes sur Térence. 

L'Art poétique a été l'objet d'une explication suivie; le 
professeur s'y est efforcé de ne rien passer qui püt avoir 
besoin d'éclaireissement. Il s'attache à bien établir la 
nature des préceptes donnés par Horace, montre la suite 
des idées, rend compte des expressions et des figures, et 
fournit les explieations historiques nécessaires, sans se 
livrer à des digressions inutiles. Mais la critique du texte 
fait entiérement défaut, l'auteur ne cite pas la moindre 
variante; les notes grammaticales sont rares et insigni- 
fiantes; plusieurs interprétations sont empreintes d'une 
grande naïveté; la signification des mots est donnée par 
des périphrases manquant souvent de précision ou d'exac- 
titude ; enfin, le commentateur est plus d'une fois à côté 
du sens ou se trompe dans des détails d'histoire ou d'anti- 
quités. Au lieu de citer des exemples, nous préférons 
donner en appendice le commentaire des quatre-vingts 


( 150 ) 
premiers vers. On pourra se faire ainsi une idée complète 
de ce qu'était le premier enseignement du latin au Collège 
de France. 

L'année suivante, il ouvrit ses leçons par un discours à la 

louange de l’éloquence et de Cicéron (Oratio Bartholomaei 

Latomi, professoris regii, Lutetiae, de laudibus eloquentiae 

et Ciceronis dicia in Auditorio, cum enarrationem Actio- 

num in Verrem auspicaretur. Paris, Gryphius, 1535, in-4°). 

« L'orateur, dit Goujet, y montre fort bien le pouvoir que 

- l'éloquence a sur tous les esprits et sa nécessité dans toutes 

les professions où il est question d'arts, de sciences et de 

littérature, combien celle de Cicéron était vive, pressante, 

supérieure à tous les obstacles, quand il voulait vaincre, et 

persuasive quand il ne voulait que persuader. » Le dis- 

cours eut un certain retentissement. Quand Jean Oporinus 

fit paraître à Bâle,en 1555, son édition avec commentaires 

de toutes les œuvres oratoires de Cicéron, il imprima en 

tête celte introduction de Latomus. Elle est écrite en effet 

en beau latin et peut rivaliser, au point de vue du style, 
avec les meilleures productions de l’époque. 

Comme on le voit par le titre du discours, os avait 
résolu d'enseigner l'éloquence en expliquant Cicéron. Nous 
pouvons juger de la nature de sesexplications par les notes 
qui ont été publiées. Il s'attachait avant tout à faire saisir 
les particularités du style oratoire, les figures du langage 
ou de la pensée, la disposition des parties, la nature des 
arguments. Aujourd'hui, qu'on étudie moins les anciens 
pour se faire un style que pour pénétrer au fond de leurs 
peusées, les notes de Latomus paraissent avoir peu de 
valeur, et l'on comprend que Halm ait pu dire en parlant 
de son commentaire sur le discours in Vatinium : « Nihil 
frugi invenimus in hac editione. (Cicer. orat. in Vatin. 


A MÀ 


C1 j 
superiorum commentariis suisque annotationibus explana- 
rit Carolus Halm. Lipsiae, 1845, p. 55.) Mais les contem- 
porains en jugeaient autrement; ils avaient ces notes en 
grande estime et plusieurs éditeurs s'empressérent de les 
publier, soit seules, soit avec les scolies d'autres commenta- 
teurs. Ainsi Francois Gryphe fit paraitre avec arguments et 
notes marginales de Latomus: en 1554 pro Archia; en 1535 
pro Milone; en 1556, les discours pro Deiotaro, pro Liga- 
rio, pro Marcello, pro Roscio Amerino, pro lege Manilia ; 
en 1538, pro Coelio, pro Murena. Michel Vascosan édita en 
1589, pro Plancio, en 1540, orationes tres ante exilium et 


piques. Francois Gryphe ajouta, en 1545, à l'édition des 
Verrines, une analyse ou partitio faite par Latomus pour 
chaque discours (1). En 1539, parut à Strasbourg, chez 


enarrationibus Bartholomaei Latomi nunc primum aeditis, 
atque iterum ab ipso autore recognitis et genuino candori 
restitutis (Petit in-8°, 952 pages. Bibl. Nat. de Paris), avec 
une dédicace intéressante pour l'histoire intellectuelle d'Ar- 
lon, datée de Paris, le 1** mai 1539, et adressée, comme 
nous l'avons déjà dit, au vice-chancelier de l'empire Mathias 
Held. Plus d'une fois ces notes furent réimprimées, par 
exemple, à Paris, chez Fr. Gryphe pro Archia, 1536, 1538; 
pro lege Manilia, 1559; pro Milone, 1537, 1539; pro Ros- 
cio Amerino, 1551; in Verrem, 1558; chez M. Vasco- 
san, pro Coelio, 1544; pro Deiotaro, 1547; pro Ligario, 


p. 15. Nous n'avons pu les voir. 


post reditum; en 1545 pro Quintio, en 1544 les Philip- - 


Craton Mylius: M. T. Ciceronis Oratio pro A. Cecinna cum | 


(4) Ces éditions sont cité dans l'O ti Tullianum d'Orelli, — 


( 152 ) 
1539 (1), 1542; pro lege Manilia, 1541; pro Marcello, 1556; 
pro Milone, 1537, 1539, 1541; pro Roscio Amerino, 1541, 
1544; in Vatinium, 1560; in Verrem, 1559 (2); — chez 
J. L. Tiletan, pro Marcello, 1539 ; pro Milone, 1559; pro 
Murena, 1545; in Verrem, 1545; — chez Calvarin, en 
1550, pro Ligario, lege Manilia, Marcello, Roscio Ame- 
rino; — chez Mathieu David, en 1555, pro Marcello (3); 
chez Th. Richard, en 1549, pro Roscio Amerino; en 1558 
pro Archia et pro lege Manilia; en 1560, pro Ligario (4); 
en 1565 pro Cecina; en 1564, in Vatinium; — chez 
Th. Brumerius, pro Milone, 1547, pro Murena, 1519; — 
à Cologne, chez Gymnieus, pro Ligario, 1555, 1579; pro 
Milone, 1544, 1545, 1565; pro Murena, 1540, 1545, 
1565, etc. Enfin, le grand recueil de commentaires sur les 
discours de Cicéron, qu'Oporinus fit paraitreà Bàle en 1553 
(à Lyon 1574), renferme toutes les explications citées. À 


(1) M. Tul. Ciceronis orationes tres ad C. Caesarem pro M. Mar- 
cello, pro Q. Ligario, pro Deiotaro Rege, Eruditissimis lucubrationibus 
Francisci Sylvii, Bartholomaei Latomi, Philippi Melanchthonis et 
Antonii Luschi illustratae, Parisiis, ex officina Michaelis Vascosani. 
1559, 67 feuillets in-4*. 

(2) M. T. Ciceronis Actionum in Verrem libri quatuor priores, 
Q. Asconii Paediani et Francisci Sylvii commentariis, Christophori 
Hegendorphini artificio et Bartholomaei Latomi Partitionibus explicati. 
Parisiis, apud Michaelem Vascosanum. 1559, in-4°, 528 pages. 

(9) M. T. Ciceronis pro Marcello oratio Fr. Sylvii commentariis, 
argumentis et annotationibus Bart. Latomi etc. illustrata. Parisiis ex 
ly p. Matthaei Davidis, 1555, in-4*, 

(4) — pro Archia Fr. Sylvii comm. Barth. Latomi annotatiunculis... 
illustrata — pro lege Manilia F. Sylvii, Jac. Omphelii, Ant. Luschi 
comment. et Barpt. Latomi artificio Rhetorico illustrata. — pro Ligario 
F. Sylvii comm, et Barpt. Latomi artificio Rhelorico explicata. 


RTT ETE ES Ed 


E 


DO ue GT MS 
piu. 


( 155 ) 
l'exception des notes sur les discours pro Cecina, pro 
Plancio et sur la seconde Philippique, qui ont plus d'éten- 
due, elles se bornent pour la plupart à indiquer ce que 
l'on appelait l'artificium rhetoricum, ou sont de courts 
arguments marginaux. 

Parfois Latomus prenait pour texte de ses lecons une 
œuvre de rhétorique de l'orateur romain. Ainsi, pendant 
l'hiver de 1557, il expliqua les Topiques. Le 1‘ juin 1558, 
il dédia ses notes sur ce traité à Jean Morin, président 
du Collége de Navarre, et les fit imprimer à Strasbourg 
chez Craton Mylius, où elles parurent au mois de mars 
1539 (127 pages petit in-8). Elles obtinrent un grand 
succès, comme le prouvent les nombreuses réimpressions; 
nous trouvons mentionnées les suivantes dans divers cata- 
logues : Paris, Fr. Gryphe, 1559 et 1540, in-4^, Bàle 1541; 
avec d'autres commentaires : Paris, Tiletan 1545, 1546, 
in-4°, Palierius, 1542, in-4°, Richard, 1549, 1554, 1557, 
1561, in-4*, Vascosan, 1554, in-4°. 

L'année suivante, il avait préparé et en partie copié pour 
l'impression des Enarrationes in Ciceronis Partitiones ora- 
torias, lorsqu'il entreprit le voyage d'Italie. Pierre Galand, 
désigné pour le remplacer pendant son absence, se chargea 
à sa demande de la revision de l’œuvre et en surveilla la 
publication. Elle parut à Paris chez Fr. Gryphius en 1559, 
in-4°, fut réimprimée en 1545, ainsi que chez Tiletan en 
1545, chez Richard en 1549, 4555 et 1558, à Lyon en 
1541 et 1545, à Cologne en 1547 et 1558. Latomus y 
expliquait le texte par de nombreux exemples choisis 
d'ordinaire dans les discours mémes de l'auteur, et parfois 
aussi dans Virgile ou Horace. ll a fréquemment recours 


. aux autres écrits de Cicéron, ainsi qu'à Aristote, à Quin- 


tilien et à Agricola. En un endroit, il corrige avec bonheur 


( 154 ) 
la lecon recue. Les notes, d'abord assez étendues, dimi- 
nuent vers la fin. 

On le voit, l'activité littéraire à Paris du professeur 
belge fut assez considérable. 11 ne négligea pas non plus 
de cultiver la poésie et de faire sa cour en vers aux grands 
personnages. A la fin de 1536, il composa un poème sur 
un sujet qui avait déjà exercé sa verve et l'envoya comme 
étrenne au roi Francois 1°, dans un magnifique exemplaire 
sur vélin, qui se trouve actuellement à la Bibliothèque de 
l'Arsenal (1). Elle a pour titre : Ad Christianissimum 
Galliarum regem Franciscum Bartholomaei Latomi pro- 
fessoris eius in bonis litteris Lutetiae Bombarda. Franc. 
Gryphius excudebat ann. M.D.XXXVI Mense Decembri, 
Lutetiae (11 feuillets). Il y rappelle qu'il a vu lui-même à 
Trèves les effets terribles de la bombarde, en décrit la 
puissance, trace le tableau des victoires de Francois I" 
et termine par le vœu patriotique de voir le roi, récon- 
cilié avec l'empereur, s'unir avec lui pour combattre les 
Turcs (2). La guerre aux Turcs était encore un lieu com- 


(1) Nous devons à l'obligeance de M. Parmentier, professeur 
agrégé et ancien élève de l'école normale des humanités, la description 
de cette piéce et plusieurs autres détails bibliographiques sur les 
ouvrages de Latomus qui se trouvent à Paris. — Nous ne savons Si 
c’est le méme exemplaire qui est mentionné dans Brunet, Manuel du 
libraire, t. HI. 

(2 


— 


At vos, o Superi, tantos avertite luctus, 
Praecipitesque inhibite minas, miserescite gentis 
Christicolae...... 

Sit satis immanem multo vix robore Turcam 
Quod ferimus, nostrisque minantem arcemus ab oris. 


SEDE E RT NRI RR 


PART An TN T E 


PR SRE M ciens REOR E T E RO SES SIS TRIS CABOS Y 
v "RS bipes: = 


( 459 ) 
mun des humanistes de ce temps; mais il est assez piquant 
de la voir conseiller au roi au moment méme où il était 
leur secret allié. 

Un exemplaire sur papier du méme poème à la Biblio- 
théque Nationale annonce de plus sur la feuille du titre 
eiusdem ad Cardinalem Bellaium episc. Parisiensem Ele- 
giacon; mais cette dernière poésie n'est pas dans le volume. 
Elle y manquait probablement déjà en 1750, comme semble 
l'indiquer la mention de piéce dans le catalogue de la 
Bibl. du Roi, t. I, p. 369, n° 9555. 

Enfin Latomus ne négligea pas sans doute de recom- 
mander en vers, selon l'usage, les nouveaux livres de ses 
amis. Gruter, dans les Deliciae poet. Belgicorum, t. M, 
p. 57, insère l'éloge poétique qu'il fit des hymnes de Sal- 
monius Macrinus, qui parurent à Paris en 1557. Ce sont 
les seuls vers de notre écrivain que Gruter ait admis dans 
son recueil; il aurait pu se montrer plus généreux. 

En 1539, Latomus obtint un congé et peut-être aussi 


. un subside pour aller visiter l'Italie. En décembre, il était 

. à Venise et peu après à Bologne. Il s'arréta quelque temps 
1 dans cette dernière ville, pour faire des études de droit 
. €ivil, et c'est là probablement qu'il reçut le grade de legum 
. doctor, dont nous le voyons orné dans la suite. C'est de 
- Bologne aussi que, le 9 février 1540, il adressa à son ami 
. Jean Sturm, alors directeur du gymnase de Strasbourg, 
[une longue lettre sur les dissensions en Allemagne et la 
3 nécessité de maintenir la paix pour lutter contre les Turcs. 
. Une guerre civile entre les deux partis aurait les consé- 


quences les plus funestes : si le parti évangélique triomphe, 
il est bien à craindre que tout ne soit pas réglé conformé- 
ment à l'Évangile; si la victoire appartient en ce moment 


( 156 ) 

aux catholiques, tout espoir de réforme est perdu, et il 
aurait mieux valu ne pas commencer le mouvement que 
de le voir arrêté avant qu’un sage et libre concile ait pu 
décider de la querelle (4). Sturm répondit longuement 
à cette lettre le 31 mai, en exposant les griefs des réfor- 
més et en protestant de leur amour pour la paix. Puis 
jugeant la publication des deux écrits utile à sa cause, 
il les fit imprimer encore la même année sous ce titre : 
Epistolae duorum amicorum Bartholomaei Latomi et 
Joannis Sturmii de dissidio periculoque Germaniae et per 
quos stat quominus concordiae ratio inter partes inea- 
tur. Strasbourg, 1540; seconde édition en 1567. La lettre 
de Latomus comprend quinze pages, celle de Sturm, 
vingt el une. 

A son retour d'Italie, Latomus s'arréta quelque temps à 
Strasbourg, fêté par les humanistes de l'endroit et fréquen- 
tant familiérement aussi les professeurs du séminaire pro- 
testant, Capiton, Hédion et Bucer(9). Il semble s'étretrouvé 
dans la ville alsacienne dés le commencement de juillet, 
car il accompagna les Strasbourgeois à la conférence de 
Hagenau, comme il parait résulter d'un écrit du chanoine 
Grópper, à Cologne (1545), invoquant le témoignage de 


—— 


(4) Quis finis omnino futurus est cum in hane vel illam partem 
fortuna inelinaverit? Vicerint Evangelici, metuo tamen ne non omnia 
protinus evangelica futura sint. Ecclesiastici vicerint: hie vero quan- 
tum spei occiderit, ut mihi satius millies videatur, nullam unquam 
querelam motam fuisse, quam abrupta iam infraetaque animorum 
intentione, causam tantam... aut indecisam reiici, aut non liberrimo 
sapientissimoque concilio definiri. 

(2) Scripta duo adversaria. 


( 157 ) 
Latomus au sujet d'un entretien qu'il y eut avec Bucer et 
auquel, il le dit, avoir assisté (1). 

Revenu à Paris, il y prononca, au mois d'octobre 1540, 
un discours dans lequel il fit la relation de son voyage 
(Oratio Lutetiae in auditorio regio dicta mense octobri 1540, 
qua peregrinalionem suam per lialiam describit. Paris. 


. 8p. Fr. Gryphium, in-#. Nous avons cherché en vain à 


nous le procurer). Il continua ensuite son enseignement et 
rendit en méme temps des services de secrétaire auprés du 
cardinal de Bellay, lorsque son ancien protecteur Louis de 
Hagen fut appelé à l'archevéché de Tréves et fit des offres 
à Latomus pour l'attacher à sa personne. 

Ayant accepté la proposition de l’évêque, il fut nommé 
son Conseiller, au commencement de 1542 (2), s'éta- 
blit à Coblence, et s'y maria, peu après, avec Anna Zie- 


. glins (3). Dans une lettre adressée le jour de l'Ascension 


(18 mai) 1549, au cardinal de Bellay, il annonce son 
mariage comme ayant eu lieu peu auparavant, s'excuse de 
ne pouvoir revenir en France et recommande Pierre 
Galand pour le remplacer auprès du prélat (4). C'est à tort 


. que Brower place le retour de Latomus à Trèves en 1540 


(1) Voir le passage dans Dr Pastor, Die Kirchlichen Revisionsbe- 


w Strebungen während der Regierung Karels V. Freiburg, 1879, p. 258. 


(2) Gesta Trevirorum, dans de Hontheim, Prodromus historiae 
Trevirensis, t. I, p. 866. 

(S) Diplôme du 47 avril 1544, dans de Hontheim, Historia Trevi- 
rensis diplomatica, t. I, p. 694. 

(4) Biblioth. Nation. de Paris, sect. des manuser., Fonds latin, 
n° 1587, fe 67 : Uxorem duxi his proximis diebus Confluentiae, et 
nune eo loco sum ut videar non posse redire in Galliam. 


( 158 ) 
et qu'il le fait assister, à la fin de cette année, au premier 
colloque de Worms, en confondant ce colloque avec la 
conférence de 1557 (1). 

Les historiens de Tréves louent le zéle et la capacité 
déployés par Latomus dans ses nouvelles fonctions, et 
affirment qu'il rendit au prince les services les plus signa- 
lés. Dans les querelles religieuses qui agitaient l'Allemagne, 
il prit, comme son maitre, résolument le parti des catho- 
liques et mit en œuvre pour le défendre tout son talent 
d'écrivain (2). Il n'intervint cependant pas spontanément 
dans les disputes théologiques; il y fut en quelque sorte 
provoqué et s'y trouva engagé malgré lui par la force des 
circonstances. Les réformateurs le croyaient d'abord favo- 
rable à leur cause. Il était lié d'amitié avec plusieurs 
d'entre eux et avait attaqué plus d'un abus dans ses écrits. 
Peut-être méme avaient-ils espéré de le voir déterminer 
l'Electeur de Tréves à suivre l'exemple de Herman von 
Wied, qui avait résolu d'introduire la réforme dans son 
diocèse de Cologne et appelé dans ce but Bucer de Stras- 
bourg. Mais leur espoir fut bientót décu. Le conseiller de 


(1) Annales Trevirenses, t. I, p. 368. — Voir plus loin les détails 
sur le dernier colloque de Worms. 

(2) Brow. Ann. Trev., t. I, p. 527 : munus Senatoris constantis e 
catholici magna pariter et integritatis et eruditionis laude dum 
vixit in hac Dioecesi implevit; ibid. 565 : Magna sane et eximia 
Joh. tudor. ue ecco virum in Ecclesiam suam ornamenta 
contulit, e q presidio, per id tem- 
pus admirandae, res entholiva, quae tum a vicinis hostibus acerrime 
oppugnabatur, fortiter, strenueque multos annos defensa stetit. Voir 
aussi Marz, o. c. 


E TES EEEN? 


( 459 ) 
Jean-Louis manifesta des idées bien différentes et blàma 
ouvertement les innovations de l'archevéque de Cologne. 
Bucer l'apprit pendant qu'il préchait à Bonn et lui exprima 
sa surprise et son mécontentement dans une longue lettre 
datée de cette ville, le 15 juin 1545. La lettre était accom- 
pagnée d'un écrit de Melanchthon sur les questions en 
litige. Bucer invitait son ami à le lire et à lui écrire ce qu'il 
trouverait à y répondre. Ainsi mis en demeure, Latomus 
motiva ses opinions dans une épitre détaillée, datée de 
Coblence le 12 juillet 1545; aprés s'étre excusé d'aborder, 
lui simple laïque, une discussion théologique, il soutient la 
doctrine eatholique sur la communion sous les deux espéces, 
l'invocation des saints, le célibat des prétres, l'autorité de 
l'Écriture et celle de l'Église. Une copie de sa lettre circula 
quelque temps parmi les partisans de la foi ancienne et 
fut imprimée à son insu à Cologne. Bucer entreprit alors 
de la réfuter en détail et fit paraître sa réponse, avec la 
lettre de Latomus, à la fin de mars de l'année suivante, 
dans : Scripta duo adversaria D. Bartholomaei Latomi 
legum doctoris et Martini Buceri theologi... Argentorati, 
Wendelin Rihel, 1544, 262 pages in-4°. L'écrit de Lato- 
mus y occupe les pages neuf à vingt-huit; celui de Bucer 
remplit le reste du volume. L'étendue de ce dernier 
ouvrage, la quantité de faits qui y étaient allégués, ren- 
daient une réplique nécessaire. Latomus demanda et obtint 
un congé pour s'y livrer à loisir. Le 7 septembre elle était 
lerminée et elle parut sous ce titre, avec une dédicace à 
l'Électeur : Bartholomaei Latomi adversus Martinum Buc- 
cerum de controversiis quibusdam ad religionem pertinen- 
libus altera plenaque defensio. Coloniae, Melchior Neus, 
1545, 144 feuillets non chiffrés, in-4°. Cet ouvrage se : 


SE c op e EOD 


160 ) 
distingue par l'élégance du style et la force de l'argumen- 
tation. Il s'y trouve un passage important pour l'histoire 
de l'écrivain O ij. 

L'attitude prise par Latomus dans cette discussion le 
confirma dans les bonnes grâces de l’évêque. Celui-ci lui 
montra sa satisfaction en accordant, par diplóme du 7 
avril 1544 (1), comme demeure viagére à lui et à sa femme, 
la Cour électorale à Coblence, dans le voisinage de l'église 
de S'-Florent, maison que de Hontheim dit avoir occupée 
comme official à partir de 1758, et qui sert maintenant de 
presbytère au curé de Notre-Dame (2). Latomus y avail 
déjà demeuré antérieurement et y avait fait des ré pant: 
tions (5). 

Il accompagna l'icdhitapd en 1544 et en 1545 aux 
diétes de Spire et de Worms, et fut envoyé, comme audi- 
teur catholique, au colloque sur les affaires religieuses 
tenu au commencement de 1546 à Ratisbonne. Les théo- 
logiens protestants ayant quitté brusquement la conférence 
le 20 mars, il en résulta une polémique entre les deux 
partis sur les causes de leur départ. Latomus rédigea une 
relation allemande de tout ce qui s'était passé, et la fit 
paraître peu après, mais sans y mettre son nom : Hand- 


(4) Le texte du diplôme se trouve dans Hontheim, Hist. dipl., t. ll, 
p. 694. Latomus y est qualifié comme hochgelehrter, unser Rath und 
liebe getreuwe Doctor. 

(2) Voir Marx, o. c. 

(5) La cession est faite en partie pour le dédommager des frais, et 
en partie par considération pour le service utile et agréable qu'il a 
rendu à l'Electeur. 


( 161 ) 
lungen des Colloquiums zu Regenspurg (1). Le Codex 
miscellaneus 47457-50 de la Bibliothèque royale de 
Bruxelles, section des manuscrits, contient un résumé de 
la lettre que Latomus écrivit sur ces faits à ses amis, à 
la date du 2 avril. 

Le 25 mars 1547 il eut la douleur de perdre son ancien 
protecteur, Jean-Louis de Hagen. Mais cet événement 
n’amena aucun changement dans son existence; les élec- 
leurs suivants lui continuèrent leur confiance. S'il faut 
ajouter foi à Paquot, Charles V, à la recommandation de 
Viglius, lui donna, en 1548, le rang de conseiller à la 
Chambre impériale de Spire. Pendant les années qui 
suivent, on n'entend plus parler de lui, mais au mois de 
septembre 1557, il reparait au dernier colloque religieux. 
de Worms. Cette conférence échoua, comme on sait, grâce 
à la désunion qui régnait dans le camp des protestants (2). 
La discussion devait avoir lieu entre les catholiques et les 
partisans de la confession d'Augsbourg, mais les réformés 
ne parvenaient pas à s'entendre sur l'étendue de cette 
confession. | 

Les théologiens luthériens du duché de Saxe et de 
Brunswick prétendirent en exclure les adhérents de Calvin, 
d'Osiander et d'autres dissidents; ils partirent quand ils ne 
purent faire prévaloir leur opinion. Les interlocuteurs 
catholiques refusèrent dés lors de continuer la discussion, 
ignorant, disaient-ils, quels étaient les vrais partisans de la 


(4) L. Pastor o. c., p. 325, note 2, 

(2) Ranke, Zur Deutschen Geschichte vom Religionsfrieden bis 

zum dreissigjährigen Krieg. OEuvres sus t. VII, + 59. | 
9"* SÉRIE, TOME XIV. 11 


( 162 ) 
confession et ne sachant plus avec qui ils avaient à traiter. 
La conférence fut ainsi levée, mais avant de quitter Worms, 
les calvinistes y firent paraître un éerit où ils aceusèrent les 
catholiques d'avoir amené la rupture des négociations, et 
soutenaient que leurs doctrines étaient comprises dans la 
confession d'Augsbourg. Latomus rétablit les faits dans un 
opuscule allemand, rédigé sous forme de dialogue, dans 
un slyle clair et incisif. Il est intitulé : Spaltung der 
Auspurgischen Confession durch die newen und streitigen 
Theologen mit kurtzer Widerlegung der unbestendigen 
lehre derselben... Auch welche Parthey die Trennung des 
angestelten Colloquii zu Wormbs verursacht habe, 1557. 
40 feuillets non chiffrés in-4^, sans nom d'imprimeur 
(Bibliothéque royale de Munich). 

La question était de la plus haute importance pour les 
calvinistes flamands réfugiés alors en Allemagne et peu 
certains d'y trouver un asile. C'est pourquoi Dathenus, 
lors du congrès des princes à Francfort, se décida à ébran- 
ler l'effet de la dialectique de Latomus et le combattit 
dans une brochure latine : Ad Bartholomaei Latomi rheto- 
ris calumnias responsio. Ce titre seul montre le ton dans 
lequel l'opuscule était écrit; le conseiller de Tréves y est 
apostrophé comme calomniateur, menteur, impie, rhé- 
teur, etc. Il répondit avec non moins de vivacité : Respon- 
sio Bartholomaei Latomi ad impudentissima convitia et 
calumnias Petri Dathaeni. Scripta Franckfordiae in Con- 
ventu Caesaris et Principum Electorum Imperii, Mense 
Martis anno 1558, 11 feuillets in-4*, non chiffrés (Biblio- 
thèque royale de Munich). ` 


L'année suivante il erut devoir rompre une lance avec 


un nouvel adversaire. Une discussion s'était élevée entre 


P REMIT IRAE AM Er TS S 


( 465 ) 

Jean Brentz et Mathias Bredenbach, recteur du gymnase, 
alors trés florissant, d'Emmerich. Le débat portait sur la 
messe et la communion, la question brülante du jour. 
Jacques Andreae, pasteur protestant de Góppingen, vint au 
secours de Brentz dans un Hyperaspistes ; il s'y éleva vive- 
ment contre un passage de la réponse de Latomus à Bucer, 
oü l'ancien professeur de Paris avait employé le mot rudis 
pour caractériser la simplicité des institutions primitives 
de l'Église. Andreae qualifiait cette expression de blas- 
phéme et appliquait au docteur Latomus le dicton : juristen 
böse Christen. Ainsi pris à partie, Latomus intervint dans 
le débat par l'opuscule intitulé : De docta simplicitate pri- 
mae Ecclesiae et de usu calicis in Synaxi et de Eucharis- 
lico sacrificio, adversus petulantem insultationem Jacobi 
Andreae, pastoris Góppingensis, Barth. Latomi responsio. 
Coloniae, apud Maternum Cholinum, 1559, 35 feuillets 
non chiffrés. Un curieux passage de cet écrit est celui où 
le grave conseiller reproche à son adversaire d'avoir préché 
à Worms, lors de la conférence de 1557, en habit de cour, 
le couteau de chasse au cóté. Brower l'a reproduit dans 
ses Annales. 

Peu aprés parut la réplique de Dathenus à la réponse 
qu'il avait recue deux ans auparavant : Ad Bartholomaei 
Latomi calumnias responsio altera. Latomus y recoit les 
épithètes d'idolàtre, flatteur et parasite; mais il n'était pas 
homme à se taire. Il reprend donc la plume, oppose aux 
accusations de son adversaire un tableau de sa vie passée, et 
combat les idées de Dathenus sur l'autorité de l'Écriture 
et le caractère de l'Église : Ad furiosas Petri Datheni cri- — 
minaliones falsasque et absurdas eiusdem de Verbo Dei, et 
Scriptura, item de Ecclesia Catholica eiusdemque commu- 


( 164 ) 

nione sententias, interiectis interim et aliis controversae 
Religionis locis Barth. Latomi altera responsio. Coloniae, 
apud Maternum Cholinum, 1560, 88 feuillets in-8° non 
chiffrés (Bibliothèque royale de Munich). Dathenus avait 
raillé la vieillesse du conseiller, qui avait déjà, selon son 
expression, un pied dans la fosse. Latomus se déclare prèt 
pourtant à recommencer la dispute, quand son antagoniste 
le désirera : nunc si quid amplius delectat te, fac pericu- 
lum, efficiam quantum potero ne cum fungo tibi aut 
stipite negotium fuisse videatur. Mais la querelle en resta 
là, et Latomus put passer dans le repos le reste de ses 
jours. 

Lorsqu'en 1569 l'évéque Jacques d'Eltz réforma sa cour 
de justice, Latomus obtint, malgré son grand âge, le pre- 
mier rang aprés le chancelier Wimpheling et fut méme 
placé au-dessus des conseillers de l'ordre équestre (1). 
Il ne jouit pas longtemps de ce nouvel honneur et mourut 
à Coblence, le 5 janvier 1570 (2). 

Le personnage dont nous venons d'esquisser la vie et 
es travaux passait de son vivant pour un des hommes les 
plus savants de l'époque (3). Cependant il n'a guère laissé 
de traces; ses écrits sont aujourd'hui rares et oubliés, 
quelques-uns semblent méme avoir completement disparu. 


(4) Honth. Hist. Tr. dipl., t. II, p. 554. 

(2) Ibid. 

(3) On lit dans la Prosopographia de Pantaléon : magnum sibi 
nomen comparavit et talis evasit ut inter viros doctissimos recense- 
retur. Guicciardin (Description des Pays-Bas. Anvers, 1582, p. 457), 
dit en parlant d'Arlon : « De ce lieu fut natif Barthélemy Latomus 
ou le macon) bien versé en toutes sciences et qui a escrit beaucoup 
d'œuvres excellentes. » 


( 165 ) 

Dans le domaine de la philologie, qu'il a particuliérement 
cultivé, il a été bientót dépassé. Le cours sur l'Art poétique 
professé par le Hollandais Nannius au Collége des Trois 
Langues de Louvain, peu de temps aprés que l'humaniste 
d'Arlon interprétait le méme ouvrage au Collége Sainte- 
Barbe, a été publié par Valére André (1), d'aprés un cahier 
d'éléve qu'il tenait d'André Schott. Si l'on compare les 
deux cours, on reconnait dans le second une exactitude 
bien plus grande, une connaissance plus profonde de la 
langue et de l'antiquité, et surtout l'esprit scientifique qui 
marquera les œuvres de la génération suivante et qui a 
fait dire à Juste Lipse que Nannius avait le premier allumé 
le feu sacré à Louvain : Petrus Nannius qui primus ibi 
honestum ignem accenderat (2). Le progrés est encore plus 
sensible dans le commentaire à moitié critique de Lambin, 
qui occupa, une vingtaine d'années plus tard, la chaire 
d'éloquence latine inaugurée par Latomus. Mais si notre 
humaniste ne fut pas un initiateur, sa place n'en est pas 
moins marquée dans l'histoire littéraire de la première 
moitié du XVI* siécle, et au moment oü la Biographie 
nationale va l'accueillir, il nous a paru utile de le faire 
connaitre avec plus de détails que ne le comportent les 
notices nécessairement restreintes de ce recueil. 


(1) Derrière l'Horace de Torrentius, Anvers, 1608. Nannius 
enseigna le latin, au Collège des Trois Langues, de 1539 à 1547. Il 
prit possession de sa chaire le 1er février 4539 par un discours sur 
l'Art poétique d'Horace. Il expliqua done cet ouvrage dés la première 
année de son professorat. Voir F. Nève. Mémoire historique et litté- 
raire sur le Collège des Trois- Langues, p. 150. 

(2) Epist. Miscell., c. ML, 87. i 


( 166 ) 


APPENDICE. 


Annotationes Bartolomaei Latomi in Horatii Artem poeticam, 
vs. 1-82. 
ARGUMENTUM. 


Florente imperio Populi Romani sub Augusto principe, cum 
simul florerent ingenia, honosque esset poetis, multi poemata 


scribebant non tam quod possent seribere, quam ut se osten- 


tarent. Itaque adductus Horatius vel sponte sua, vel ut gratifi- 
caretur Pisonibus, scripsit hunc libellum de Arte poetica, in 
quo docet quid observandum sit in condendo poemate, et unde 
materia petenda, tum quae adhibenda cura et diligentia : 
reprehendens interim vitia et ineptam ostentationem suæ 
elatis multorum, qui nullis ingeniis, nullaque arte freti, rem 
paucis concessam indigne tractabant. Primum igitur de corpore 
totius poematis praecipit, et de verbis in universum. Deindc 
subtexit particularia praecepta, et digerit in varias officii partes. 


HUMANO CAPITI. PRIMUM PRECEPTUM, DE CONYENIENTIA TOTIUS 
í OPERIS ET PARTIUM INTER SE. 


Humano capiti. 


Monstro simile erit poema quod non omnibus partibus et 
inter se el cum toto conveniet,ut unum quodammodo efficiat 
corpus. Hæc est summa totius huius opusculi. Primum autem 
præcipere videtur de dispositione et convenientia et dxoAouQíz 
poematis et carminis. Humano, A similitudine incipit, qua rem 


I IAE ONEEN E em m 


( 407 ) 
declarat. O amici admissi spectatum, scilicet in theatrum ad 
spectandum, ut spectetis. Est supinum. Teneatis, possitis 
tenere. Collatis, aliunde sumptis, ut conferre sepem, i. e. 
sumere undique. Desinat in piscem,i. e. in monstrum : hoc 
autem cum dicit, respicit ad Sirenes. Cervicem, collum. Tem- 
poribus Ciceronis iu singulari erat inauditum, dicebantque 
cervices, quia duo semper sunt colla. Hortensius autem primus 
legit cervicem, ut notant Quintilianus et Aulus Gellius. Varias, 
diversi coloris avium plumas. Undique, i. e. aliunde ex variis 
animalibus sumptis. 

Pisones. Ad Pisones, patrem et filios, scribit, doctos ea 
ætate homines et poeticæ studiosos, ex gente Calphurnia, quae 
fuit nobilissima apud Romanos. 

Credite. Aecommodatio similitudinis ad propositum. Tabule, 

i. e. picturæ. Fore librum, i. e. poema. Vane, inepte. 

Velut ægri. Ægris variæ occurrunt species propter valetu- 
dinis perturbationem. Est igitur apta comparatio. Fingentur, v 
sc. a poeta. Vane, i. e. non cohærentes, more somniorum ægri, 
qui non cohærent inter se. Uni forma, i. e. cert; speciei. 

Pictoribus. Occurrit obiectioni et concedit fictis eatenus 
utendum esse in poemate, quatenus congruant inter se et a i 
summa totius non abhorreant. Eadem præcipiunt rhetores d 
deberi fieri in narratione, ut ostendit Rodolphus in 2? libro. 
Pictoribus atque, subaudiatur dicat aliquis. 

Scimus ete. Respondet Horatius. Veniam, i. e. licentiam 
fingendi quivis, modo sint apta. Petimusque, sub. tanquam 
nos etiam poet. Damusque, sc. tanquam censores et eritici 
aliorum poematum. Sed non, sc. concedimus. ^ 

Non ut serpentes. Hæc allegoricos dicuntur et intelligenda - 
de partibus poematis. Tigrihus, i. e. animalibus efferatissimis. — 
A gni, sc. qui sunt mansuetissimi. E ^ 

: 


( 168 ) 


INCEPTIS GRAVIBUS. SECUNDUM PRECEPTUM. DE DIGRESSIONIBUS 
FACIENDIS IN ALIQUO OPERE. 


Inceptis gravibus. 


Vetat ab extraneis rebus ornatum intempestivum petendum 
esse, ne alio evadat oratio quam institutum sit. Inceptis, i. e. 
operibus et exordiis operum, quæ præ se ferunt magni 
aliquid. Magna professis, i. e. præ se ferentibus et pollicitan- 
tibus. Assuitur, i. e. attexitur, sc. a vitiosis poetis. Allegoricos 
antem hæc dicuntur. Pannus, est fragmentum. Purpureus 
pannus, i. e. purpura que multum splendet. Lucus, sylva 
sacra. Pluvius arcus, i. e. Iris, cum describitur per digressio- 
nem, sed parum aptam et intempestivam, et per quam rece- 
dunt plerumque ab instituto, eius obliti instituti, Sed nunc, i. 
e. in hoe opere quod instituis. 

Scis simulare. Facit eiusmodi poetam imperito pictori 
similem, qui nihil praeter cupressum pingere noverat. Ad hunc 
igitur eum aliquando naufragus venisset et petisset ut casum 
suum exprimeret, interrogavit ille, num et de cupresso aliquid 
addi vellet: quse res postea in iocum et proverbium abiit, eum 
rem intempestivam et ineptam significare vellet. Scis simu- 
lare, i. e. pingere et nil aliud; id est quaeris locum amæniorem 
qui nil faciat ad propositum tuum, in quem per digressionem 
eas. Enatat, i, e. evadit, emergit. Exspes, i. e. sine aliqua spe. 
Ære dato, i. e. pretio. Amphora cepit. Loquitur &Xnyoptx06 
de poeta, ducta similitudine a figulis, qui in rota fingunt vasa 
currente. Sensus est: cum a magnis incipias, turpe est te 
desinere in minima. 

Denique sit, Vetat ne diversæ misceantur res in poemate, 
sed unius argumenti tractatione unum tanquam corpus effi- 
ciatur : nam vitiosum erit, si, cum de Oreste fabulam insti- 
tueris, ad Ipbigeniam sororem eius dilabaris. Possunt tamen 


4 


| 
| 
| 
| 


ERR RE ro e DI S UE ge 1 crate 


( 169 ) 

duo negotia simul tractari, si non misceantur inter se, sed 
perspieuo ordine alterum separatim ab altero per vices 
describatur, ut in Andria et Adelphis Terentii, quce sunt 
duplicis argumenti. Denique sit quodvis, sc. poema. Simplex, 
i. e. non pannosum et citra ineptas digressiones in locos com- 
munes : nec ita desinas et perficias tuam compositionem 
humiliter, cum in propositione magna pollicitus sis. Hactenus 
praecepit de inconvenientia, iam de genere elocutionis. 


MAXIMA PARS VATUM. TERTIUM PRÆCEPTUM. DE ELOCUTIONE. 
Maxima. 


Genus elocutionis aptum adhibendum est, ut neque brevitas 
obscuritatem pariat, neque effusa explanatio languorem, neque 
tumorem magnitudo, neque fastidium humilitas, neque affec- 
tata varietas absurditatem Cum enim hæc vitia propinqua sint 
virtutibus, facile in his aberrant imperiti, et culpam vitantes 
in eandem incidunt. Alloquitur autem Pisones. Specie, i. e. 
imagine, hoc est, fallimur recto iudicio, non possumus rectum 
iudicare in poemate : non possumus iustam formam consti- 
tuere in poemate aliquo, ut simus aut breves, aut prolixi. 

Brevis esse, se. in explanando poemate. Obscurus fio, i. e. 
multa omitto et non intelligor. JVervi deficiunt, i. e. vires et 
animi, spiritus. Alludit ad currentes, qui amittunt spiritum. 
Levia, i. e. copiosa, effusa et prolixitatem. Turget, i. e. inflatur, 
ut fit in tragædiis. 

Serpit humi. Alludit ad navigantes, qui tempestatem 
metuentes terram premunt. Tutus, cautus. Timidus procella, 
i. e. qui timet ne fiat turgidus. 

Qui variare. Sicut pictura coloribus, ita poema verborum et 
sententiarum figuris variandum est, in quo cavendum est ne 
id affectate et præter decorum faciamus, alioqui absurdi et 
inepti erimus : nam id est delphinum sylvis et fluctibus 
aprum appingcre. Variare, rem unam, aliquam, ornare, 


( 170 ) 
expolire : quod solet fieri apud oratores expolitione. Prodi- 
gialiter, i. e. mirabiliter, sc, ut videatur mira illi inesse elo- 
quentia. Appingit, sub. tanquam pictor ineptus. Dicitur 
autem &hAnyoptxws pro eo quod est, facit orationem absurdam 
et prodigiosam. In vitium, se. contrarium. Eniowvnuatixwg 
hoc subiungitur. 

Æmilium circa. Non satis est poema una atque altera parte 
elaboratum esse per elocutionem elegantem, sed oportet vir- 
tutibus elocutionis totum æquabiliter esse perfectum, quod 
declarat per similitudinem Z2Xvyog:x. nam loquitur de fabro 
ærario, intelligens poetam. 

mus, i. e. in ima parte eius loci habitans cirea Lucium - 
Æmilium gladiatorem (1). Apparet autem in eo loco multos 
habitasse fabros, quia dieit imus. Non est autem proprium 
nomen viri, ut quidam putant. Ungues, statuarum. Capillos, 
comam. [mitabitur, i. e. exculpet. Ponere, exprimere et absol- 
vere totum opus. Infelix, se. hic faber. Summa, i. e. perfec- 
tione, i. e. quantum attinet ad summam. Curem, velim. Quid, 
aliquod poema reete componere. Hunc, i. e. talem imperitum. 
Vivere, i. e. esse. Pravo, distorto, et quamvis tamen habeam 


pulchros oeulos et crines. Spectandum, laudandum, dignum 
spectatu, formosum. 


SUMITE MATERIAM. QUARTUM PRÆCEPTUM. ELIGENDA MATERIA. 
Sumite. 
Materia non supra vires tentanda est, sed apte eligenda, ita 
nc . E e 
et estera facilius constabunt de quibus dieturus est. Jtaqu 


videmus alios in aliis generibus excellere, quia aptam mate- 
riam sibi quisque eligit et sumit. 


cigar until 


(1) L'erreur commise ici disparaitrait, si on lisait : circa ludum 
Aemilii gladiatorium. 


(AA ) 
Et versate diu. Alludit ad baiulos, qui diu tentant num 
humeris onus ferre possint. Versate, i. e. perpendite, Recusent, 
negent, non possint. Viribus, se. eruditionis. Res, i. e. mate- 
ria scribenda. Potenler, apte, nec supra vires et quam recte 
tractare possis. Lecta, electa. Facundia, i e. virtus elocutionis. 
Ordo lucidus, i. e. dispositio apta Aptum epithetum, quia 
ordo lueidam reddit orationem. 


h ORDINIS HÆC. QUINTUM PRÆCEPTUM. DE ORDINE MATERIÆ. 


Ordinis hec. 


Commode subnectit ordinem materi», quia dispositio est 
in rebus. Vide Rodolphum lib. 5*, de dispositione. Venus, 
i.e. gratia. Aut ego fallor, i. e. si recte dico : modeste loquitur. 
Jam nunc, sc. quæ debent diei hoc loco. Pleraque differat, et 
dicat alio loco, quamvis ordo rerum gestarum tamen hoec non 
patiatur. Ut Virgilius incipit a septimo anno, tanquam a media 
re, missis quz illis reliquis annis gesta erant et translatis in 
secundum et tertium librum. Hoc amet, sc. in dispositione et 
ordine rerum. 


IN VERB:S ETIAM. SEXTUM PRÆCEPTUM. DE VERBIS NOVANDIS 
VEL COMPOSITIONE, VEL FICTIONE. 


In verbis. 
De verbis singulis precipit, quæ vel compositione vel fic- 
tone novari solent: nam in his scite et prudenter agendum est, 


S! res vel utilitas postularit. Componantur verba ut superiec- 
tum, supereminere, subclamare, item expectorare, eliminare, 


(1) Il est probable que le professeur avait donné un mot composé 
comme purificare, pessumdare, procrastinare. 


purpurare (1), et velivolum mare, et ignivomus sol, quæ poe- 


(272 ÿ 

tica sunt et omnia ex notis verbis significandi causa compo- 
nuntur, vel gratia necessitatis. Fieta autem sunt et derivata 
tum ex latina, tum ex græca origine parceque ad latinitatem 
detorta, ut ratiocinatio, veriloquium, beatitas. Item syllo- 
gismus, ens (1) essentia, tum grammatica, rhetorica, musica 
et alia multa, quz partim ex latinis, partim ex græcis formata 
et deducta temporibus Ciceronis nova fuerunt. De quibus 
vide Fabium lib. 8, Erasmum de copia (2). Nova hodie sunt ut 
bombarda et campana et alia pleraque, quæ in consuetudine 
eruditorum observare licet. 

Quia locutus est de elocutione, nune de verbis agit quibus 
constat elocutio, Tenuis, i. e. parcus, sc. si fueris. Votum, sc. 
extra compositionem et novum per compositionem. Junctura, 
i e. compositio callida, apta et prudenter facta. Indiciis recen- 
tibus, i. e. novis vocabulis. Abdita, i.e. latentes significationes. 
Exaudita,se. vocabula. Cethegis, i.e. veteribus Romanis; posuit 
enim partem pro toto, sc. familiam Cethegorum pro omnibus 
priscis Romanis. 

Cethegi. Cethegi ex gente Cornelia fuerunt, quos cinctutos 
pro einctos vocat, metri causa, vel expeditos et bellicosos : 
significans ab habitu militari, vel ad morem et habitum genti- 
litium spectans : quo dextro humero exerto Cethegi in bello 
prodibant, subter brachia cincti, Gabino, ut opinor, ritu : nam 
is einetus ita erat, ut altera lacinia, i. e. ora vestis, reducta 
super dextrum brachium, per sinistrum humerum in tergum 
reiiceretur. De Cethegis apud Silium Italicum (5) est: /pse 
humero exertus gentili more parentum, difficili gaudebat 
equo, et apud Lucanum (4): exertique manu saga Cethegi. 


(4) Voir Acron. 
(2) Fabius Quintilianus VIII, 5, 30. Erasm. de duplici copia 
erborum. 


v 
(5) Sil. It. VIII, 587. 
(4) Luc. Il, 545. On y lit : exsertique manus vesana Cethegi. 


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SA LÉ, Cap SOU n 0 ET NE CESR 


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Dixit autem cinctutis pro cinctis per speciem pleonasmi ut 
induperator. Unde incincti, i. c. imbelles et mulierosi. Habe- 
bunt fidem, i.e. probabuntur. Ficta, formata, ut triclinium 
— a Tplç et xAlvn, lectus — et calix. 

Quid autem. Exemplo Plauti et Caecilii, vult cæteris etiam 
poetis novationem verborum concedendam esse. Plauto, 
Caecilio, i. e. veteribus comicis. Virgilio Varioque, sc. novis 
poetis et proinde Horatio, qui florebat eorum tempore : nam 
postea de se loquitur. Acquirere, i. e. nova facere et fingere. 
Invideor. Passive usurpat secutus naturam verbi : nam invi- 
dere est nimium intueri alienam felicitatem : unde et Actius 
in Melanippa accusativo non dativo iunxit : florem quis 
invidit meum. Hunc versum citat Cicero in Tuscul. quest. 
(Tertio libro) et hane novationem laudat in poeta, etsi contra 
consuetudinem erat. Mire autem cum de novis verbis praecipit, 
ipse novitatem usurpat. /nvideor, i. e. cur mihi invidetur. 
Acquirere, i. e. adiicere pauca nova verba linguæ Latinæ. 

Cum lingua. Profert exempla qua vim habent a minori. 
Si Ennius, vetus ille scriptor et horridus, potuit fingere nova, 
quidni et ego, qui elegantiori utor stilo et novus sum, Enni, 
pro Ennii. 

Licuit. Claudit sententiam | ézteevnaztxo sg. Signatum. 
Metaphoram facit a moneta, quæ certa nota signatur, atque 
ita demum proba est et in usu habetur. Idem in vocabulis 
faciendum est. JVota, i. e. autoritate alicuius authoris boni, ut 
moneta ab autoritate principis ct nota eius valet. Producere, 
proferre. ; 

Ut silve foliis. Similitudine monet prisea nomina interire et 
nova succedere. Pronos, i. e. volventes, ut dixit Virgilius (1), 
et transeuntes, per metonymiam, quod qua prona sint faeilius 
volvantur. Aetas, i. e. usus. Prima, sc. folia, i.e. vetera quæ 
prima fuerunt. 


(1) Volventibus annis, Aen. I, 234. 


(174) 


Debemur morti. Argumentatur ex maiori : homines et 


euncta humana opera interire, qualiaeunque sint; ergo et 
vocabula interire. Jam exempla humanorum operum sumit : 
Luerinum lacum, in quem immisso mari Augustus portum 
Baianum effecerat; item Pontinam paludem, quam siccaverat, 
ut ager ampliaretur : Tybrim autem crebro inundantem alveo 
purgato et per vicina directo represserat Agrippa. Vostraque, 
ie. omnia humana opera. Neptunus, i. e. mare HETOYULLXOS. 
Receptus, i.e. immissus in Lucrinum lacum. Arcet Aquilonibus, 
i.e. prohibet a ventis, per syneedochen. Est autem úT: 

pro arcet Aquilones a classibus; nam in tuto sunt naves, cum 
sunt in portu, quem ibi fecerat Augustus et appellabat portum 
Baianum. 

Regis opus. Regem Augustum vocat dycoyop.2aztxo6, pro 
magnifico ae potente. Sie alibi in Epistolis : rex eris, ete (1). 
Palus, se. Pontina in Campania. Apta remis, i. e. navigabilis. 
Grave aratrum, i. e. laboriosum. Amnis, Tybris. Iniquum, i. e 
damnosum propter frequentes inundationes. Cursum, alveum. 
Doctus, i. e. directus. Est autem audax metaphora, cum dicit 
amnem doctum, quem docuit Agrippa recta fluere nec amplius 
inundari. Honos, usus. Vivax, ie. durabilis. Sermonum, 
vocabulorum. Cecidere, caue et antiquata sunt. mes ta 
renascentur, sub. nova vocabula. 

Si volet usus. Ostendit magnum momentum esse in consue- 
tudine et docet nos debere semper sequi usum et consue- 
tudinem. 


RES GESTÆ. SEPTIMUM PRÆCEPTUM. DE GENERE METRI. 


Res gestæ. 


De genere metri, nam aliæ materiæ alio genere tractandæ 
sunt, et hexametro res geste scribentur, ut apud Homerum 
et Virgilium, elegiaco res tristes et flebiles, ut apud Ovidium 

DESDE PNEU Ed 


(4) 1, 4, 59. 


lr M P d Nur EUM Mar c CU T 


( 175 ) 
de Ponto et Tristibus. Solent ctiam læta et prospera elegiaco 
versu scribi, ut Amores Ovidii, Tibulli, Propertii. Jambicum 
carmen, quod varium est, comædiis et tragcediis accommo- 
datum, lyrieum deorum et heroum laudibus : item materiis 
iucundioribus, ut amoribus et conviviis : unde et quondam in 
conviviis adhibebatur. /Vumero, i.e. versu. 

Versibus impariter, sc. carmine elegiaco. Quaerimonia, i. e. 
calamitates sunt inclusæ. Sententia voti compos, i. e. res lætæ 
et prospera. Fuerit auctor. Alii tradunt Etheoclem (1) Naxium, 
alii Archilochum, alii Calinorum (2). Exiguos, i. c. humiles et 
demissos, qui grandibus rebus apti non sunt, sed semper binis 
versibus absolvunt sententiain : quod in ampla materia fieri 
non potest. Dicti autem ab £Acéc, quod est misereor. 

Archilochus, poeta Lacedæmonius (5) cum in Lycambem 
socerum, qui desponsatam sibi filiam Neobulem denegaverat, 
stilum stringere vellet, excogitavit iambum pedem, cuius 
acrimonia nimirum ita insectatus est, ut ad laqueum redegerit. 
Constat Jambus brevi et longa syllaba imitans ictum pugnantis, 
qui celeriter veniens hæret in corpore. Rabies, i. e. ira. Jambo 
proprio, quem ipse primus invenit, ut uleisceretur Lycamben, 
a quo fuerat iniuria affectus. Socci, i. e. comedia, ab habitu, 
quod soccus esset habitus comicorum. Cothurni, i. e. tragoedia. 
Allernis sermonibus, i. e. dialogis, dramatico genere, ut in 
comædiis Terentii. 

Populares strepitus, i. e. populi turbam et clamores in 
theatro. Natum, i. e. aptum. Rebus agendis, i. e. dramatico 
genere : nam est narrativum, activum et pésoy. 


(1) Theoclem. Voir Etymologicum magnum, p. 327. 

(2) Callinoum (dans Terentianus de Metris, v. 1729). 

(5) Ces deux mots sont écrits au-dessus de la ligne. L'erreur qu'ils 
contiennent devra probablement étre mise sur le compte de l'éléve. 


( 176 ) 

Fidibus, i. e. lyrico versu, quia hoc genus metri ad lyram 
cantabatur, ut sunt Odæ Horatii et Pindari carmina apud Grae- 
cos, quæ deorum laudes et Olympiacas, i. e. sacrorum certami- 
num victorias (1), ut Castorem Pollucemque et cæteros heroas 
celebrant. jg deiken sub. Pollucem. Et equum, i. e. 
equitem Castorem ie. Curas, iw 


* 


amores, Divos, i. e. eorum laudes. Referre, m A celebrare. 
Vina libera, i. e. liberas comessationes, quia liberius faciunt 
vina homines loqui, ut Anacreon. 


Fac-simile des derniéres lignes de la lettre de B. Lato- 
mus à Ulrich Zasius, publiée par Riegger (voir note 3, 
p. 144). . 


Vale et Magistrum Johannem Cesarem unicum parentem meum 
plurimum saluta. Date Treviri die Innocentum. 
Tuus ez animo Latomus Trevirensis. 


(1) Le professeur a dit sans doute : Olympionicas, i. e. sacrorum 
certaminum victores. 


( 477 ) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance du 7 juillet 4887. 


M. C.-A. FnRaikIN, directeur. 
M. LiacnE, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Robert, vice-directeur; le chevalier 
Léon de Burbure, Ern. Slingeneyer, Ad. Samuel, Ad. 
Pauli, Jos. Schadde, Joseph Jaquet, J. Demannez, Charles 
Verlat, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Vinçotte 
et le chevalier Edm. Marchal, membres; Joseph Stallaert 
et Max. Rooses, correspondants. 


CORRESPONDA NCE. 


M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie el des 
Travaux publies fait savoir que, conformément au désir 
qui lui a été exprimé par la Classe des beaux-arts, il vient 
de commander à M. Thomas Vincotte le buste en marbre 
de feu Louis Alvin. 

La Classe prend, en méme temps, notification d'une 
lettre de remerciements de la famille Alvin, pour l'hom- 
mage que l’Académie a rendu à Louis Alvin lors de ses 
funérailles. 

O"* SÉRIE, TOME XIV. 19 


( 178 ) 

— M. le Ministre de l’Agriculture demande que la 
Classe veuille bien lui faire connaitre son avis sur les 
bustes en marbre de Louis-Prosper Gachard, ancien 
membre de la Classe des lettres, et de Louis Melsens, 
ancien membre de la Classe des sciences. Le premier de 
ces bustes a été exécuté par M. C.- A. Fraikin, le second 
par M. Charles Brunin. — L'avis favorable de la Classe, 
émis séance tenante, sera communiqué au Gouvernement. 


— Le méme Ministre rappelle que, aux termes de 
l'article 5 de l'arrêté royal du 5 mars 1849, relatif aux 
grands concours de composition musicale, la Classe doit 
désigner trois de ses membres pour faire partie du jury du 
eoncours, qui s'ouvrira le 20 juillet prochain. — Ont été 
élus : MM. Gevaert, Samuel et Radoux. 


ÉLECTION. 


La Classe avait à pourvoir au remplacement de Louis 
Alvin comme délégué auprés de la commission adminis- 
trative pendant l'année 1887-1888 : M. Éd. Fétis a été 


em. 


RAPPORTS. 


= M est donné lecture du rapport de M. Éd. Fétis, auquel 
ont souscrit MM. Slingeneyer, Robert et Verlat, sur le 
6° rapport semestriel de M. Émile het id prix de 
Rome pour la peinture en 1885. 

Ce rapport sera envoyé à M. le Ministre de hri 
ture, de dicun et des Travaux pum 


———-——— 


3^7) eds cpi 


( 479 ) 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


De Decker (P.). — L'Église ct l'ordre social chrétien. Lou- 
vain, Paris, 1887; vol. in-8° (404 pages). 

Delbœuf (J.). — La matière brute et la matière vivante. 
Paris, 1887; vol. in-12 (184 p.). 

— Note sur l'hypnoscope et sur les phénoménes de trans- 
fert par les aimants, Paris, 1887; extr. in-8° (5 p.). 

Fredericq (Léon). — Travaux du laboratoire de l'institut de 
physiologie à l'Université de Liège, tome 1°", 1885-86. Gand, 
1886; vol. in-8°. 

Tiberghien (G.). — L'agnosticisme contemporain dans ses 

rapports avec la science ct avec la religion. Bruxelles, 1887; 
extr. in-8* (52 p.). 

Wauters (Alph.). — La Belgique ancienne et moderne. Géo- 
graphie et histoire des communes belges : canton de Léau. 
Bruxelles, 4887; extr. in-8°. i 

Vander Maelen (Ph.) et Meiser. — Épistémonomie, ou tables 
générales d'indications des connaissances humaines. Bruxelles. 
1840; broch. in-8° (16 p.). 

Beving (Ch.-A.). — La principauté d'Achaie et de Morée 
(1204-1450). Bruxelles, 1879; in-8° (100 p.). 

Lagrange (Ch ). — Sur les causes des variations diurnes du 
magnétisme terrestre, et sur la loi qui règle la position du cou- 
rant perturbateur principal. Paris, 1887; extr. in-4° (4 p.). 

— Variations diurnes et variations annuelles du magné- 
tisme terrestre. Paris, 1887; extr. in-4° (4 p.). 

Francotte (P.). — Résumé d'une conférence sur la micro- 
photographie appliquée à l'histologie, l'anatomie comparée et 
l'embryologie. Bruxelles, 1887 ; extr. in-8° (34 p., pl.). 


ET PEDE i y x J TX ew i y à L LE © 
de d MUR E "e ONES | 


( 180 ) 

Francotte (P.). — Notes de technique microscopique. 
Bruxelles, 1887; extr. in-8* (20 p., 1 pl.). 

Vander Haeghen (F.). — Bibliotheca Belgica, livraison 73-78. 
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Becker (Jérôme). — La vie en Afrique, ou trois ans dans 
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Delvaux (E.). — Visite aux gites fossiliferes d’Aeltre, et 
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Saint-Pierre à Gand. Bruxelles, 1887; br. in-8° (27 p 

Swaen (A.). — Études sur le développement de “ torpille, 
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Lyon (Clément). — L'inventeur du gaz d'éclairage en France 
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Institut archéologique liégeois. — Bulletin, t. XX, 1" livr. 
Liege; in-8 

Willems-Fonds. — Uitgave n° 445 : Dc hollandsche schil- 
derkunst (Henry Havard). Gand, 1887; in-8*. 

Société de médecine d' Anvers. — Livre jubilaire du cinquan- 
tième anniversaire de la fondation. Anvers, 1887; vo!. in-8°. 


RE I EN 


ALLEMAGNE ET AUTRICHE-HONGRIE. 


Kölliker (A. von). — Der jetzige Stand der morphologischen 
Disciplinen mit siR auf allgemeine Fragen, Rede. léna, 
1887; in-8° (26 p.). 

Holtzendorff (Franz de). — Principes de la politique. Intro- 
duction à l'étude du droit public contemporain. Ouvrage tra- 
duit par Ernest Lehr. Hambourg, 1887 ; vol. in-8°. 

Fraipont (Jul.). — Fauna und Flora des Golfes von Neapel, 
XIV. Monographie : Polygordius Berlin, 1887; vol. in-4°. 


[39 2 

Physikal.-medic. Gesellschaft zu Würzburg. — Verhand- 
lungen, XX. Band, 1886; in-8°. 

Zoolog.-botan. Gesellschaft, Wien. — Verhandlungen, Band 
XXXVII, 1 un d. In-8*. 

Casopis.... matematiky a fysiky, XVI. Prague, 1886; vol. 
in-8*. 

Wetterauische Gesellschaft für die gesammte Naturkunde. 
— Bericht, 1885-87. Hanau, 1887 ; in-8°. 

Geodütisches Institut, Berlin. — Astronomisch-geodätische 
Arbeiten, I. Ordnung. — Jahresbericht, 1886-87; in-#°. 

Gesellschaft für Natur- und. Heilkunde, Dresden. — Jah- 
resbericht, 1886-87. In-8°. 

Naturwissenschaftlicher Verein in Magdeburg. — Jahres- 
bericht, 4886. In-8*. 

Physikalische Gesellschaft, Berlin. — Die Fortschritte der 
Physik im jahre 1881, 1.-3. Abtheilung. — Verhandlungen. 
5. Jahrgang. 

Naturforschende Gesellschaft in Danzig. — Schriften, neue 
Folge, VI. Bd. 4. [n-8*. 

Verein für vaterländische Naturkunde in Wurttemberg. 
— Jahreshefte, 45. Jahrgang. Stuttgart, 1887; in-8°. 

Verein für Erdkunde, Darmstadt. — Notizblatt, IV, 7. 
In-8*, 

Gesellschaft der Wissenschaften, Güttingen. — Abhandlun- 
gen, Band 55. Nachriehten und Anzeigen für 1886; in-8°. 

Universitaet Heidelberg. — Die altdeutschen Handschriften 
(Karl Bartsch). Hei lelberg, 1887 ; vol. in-4*. 

Verein für Geschichteund Alterthum Schlesiens, Breslau. — 
Codex diplomaticus Silesiae, Bd. XII. — Zeitschrift, Bd. XXI; 
in-8*, 

Gesellschaft für Schleswig- Holstein. … Geschichte, Kiel. 
— Regesten und Urkunden 1, 5; I, 2-4. Zeitschrift, XVI. Bd.; 
in-8, ; 


( 482 ) 


AMÉRIQUE. 


Manterola (Ramon). — Ensayo sobre una clasificacion de 
las ciencias. Mexico, 1884; vol. pet. in-8°. 

Lockwood (Samuel). — Raising diatoms in the laboratory. 
New-York, 1886; extr. in-8° (14 p.). 

Peabody Institute. — Annual report, 1887; Baltimore; 
in-8*, 

Geological and natural history Survey of Minnesota. — 
Report for 1884 and 1885. St-Paul, 1885-86; 2 vol. in-8°. 

New-York Academy of sciences. — Transaetions, 1885-86, 
vol. V, n° 7 and 8. — Annals, vol. IH, ns 44 and 12. Nest 
York; 2 cah. in-8*. 

Histor ical Society of Pennsylvania. — The pennsylvania 
Magazine, vol. X, n° 1, 5 and 4. 

Blue Hill meteorological Observatory. — Results of obser- 
vations, 1886. Boston, 1887; in-4°. 

Smithsonian Institution, Washington. — Fourth annual 
report of the Bureau of ethnology, 4, 1882-85. — Miscella- 
neous Collections, vol. XXVIII-XXX; in-8°. 

Chief signal office. — Annual report, 1885, parts 1 and 2. 
Washington; 2 vol. in-8*, 

— Summary and review of international meteorological 
observations, 1885; 1885 : july-december. In 4^ 

— Monthly weather Review, 1886; july-december. In-^". 

Department of the Interior : U. States geological Survey 
— Mineral resources, 1885. Washington; in-8*. 

Oficina meteorologica Argentina — Anales, tomo v. 
Buenos-Aires, 1887; vol. in-4°. 


D SE aE 


( 483 ) 


FRANCE. 


Faye (Hervé). — Sur les tempétes : théories et diseussions 
nouvelles, Paris, 1887 ; in-8° (75 p.). 

Institut de France : Académie des sciences. — Mémoires par 
divers savants, t. XXIX. — Mémoires relatifs au passage de 
Vénus sur le soleil, t. III, 2° partie, texte et atlas. 


Académie des inscriptions. — Mémoires, t. XXXII, 1'* partie 


avec atlas, — Notices et extraits, t. XXVII, 1"° partie, 1** fasc. 
(avee pl.); XXXI, 2° partie; XXXII, 1** partie. — Histoire litté- 
raire de la France, t. XXIX. — Recueil des historiens des 
Croisades : historiens orientaux, t. II, 1'* partie; historiens 
occidentaux t. IV et V, 1"° partie. — Corpus inscriptionum 
Semitiearum, etc., pars prima, t. I, fase. 3 et 4. — OEuvres de 
Borghesi, t. IX, 1** et 2* parties. Paris, 1885-87. 

Académie de législation de Toulouse. —Féte de Cujas : 
séance publique du 27 mars 1887. In-8*. 


GRANDE-BRETAGNE, IRLANDE ET COLONIES BRITANNIQUES. 


Royal Society of South Australia, Adelaide. — Transactions 
and proceedings, vol. IX, 1885-86. In-8°. 

Geological Survey of Canada. — Rapport annuel, 1885, 
vol, I. Ottawa ; 9 vol. in- 8°. 

British disockhin for the advancement of science. — 
Report for the 35% and 56" DUM (Aberdeen, 1885, and Bir- 
mingham, 1886). Londres; 2 vol. in-8°. 

Radcliff Observatory, Oxford. — Results of observations, 
1885; in-8°. 

Linnean Society of New South Wales. — The proceedings, 
vol. lI. Sydney, 1886; vol. in-8°. 


ns | 


(184) 


ITALIE. 


Giovanni (V. di). — Sulla topografia antica di Palermo dal 
secolo X al XV. Palerme, 1887; vol. in-8*. 

— Saggi di critica religiosa e filosofica. Florence, 1887; 
in-8° (188 p.). 

Luvini (Giov.). — Perturbazione elettrica foriera del terre- 
moto. Florence, 1887; extr. in-8° (5 p.). 

Scuola normale superiore di Pisa. — Annali, sc. fis. e 
matem., vol. IV. In-8°. 


PAYS DIVERS. 


Academia de ciencias morales y politicas, Madrid. — El cre- 
dito agricola. In-8°, 

Société helvétique des sciences naturelles. — Actes et comptes- 
rendus des travaux de la 69* session, réunie à Genéve en 1886. 
2 br. in-8*. 

Natur[forschende Gesellschaft in Bern. — Mittheilungen, 
1886. In-8*. 

Naturforscher- Gesellschaft, Dorpat. — Sitzungsberichte, 
Band VII, 1, 1886. — Archiv, erste Serie, IX, 4. 

Gesellschaft für Literatur und Kunst. — Sitzungs-Berichte, 
1886. Mitau, 1887 ; in-8*. 

Nordhavs-Expedition. — XVMI***^: the north Ocean 
(H. Mohn). Christiania, 1887; 2 vol. in-4*. 

Association géodésique internationale. — Comptes rendus 
de la 8* conférence réunie à Berlin en 1886. Berlin 1887; vol. 
in-4°, 


e E e et) 


e 
OEC 
»- s 


TABLE DES MATIÈRES. 


ASSE DES SCIENCES. — Séance du 2 juillet 1887. 
Connesrosasc — Billet,cacheté déposé par M. mem — — 
rages. — Tra 


= 


vaux manuscrits soumis à l'examen (0 1 
"yiri — Sport de MM. Le Paige et Mansion sur un SEU de 
M. J. Deruyts concernant la théorie des formes binaires ,9 


Rapport de MM. L. Fredericq et Van Bambeke sur un travail de M. Monrjonn 
concernant a de la Poe à l'étude ka V’électrotonus des 
nerfs . 


Rapport des mémes —Á sur un travail à M. 6. Corin | conia 


la circulation du sang dans le cercle artériel de Willis . . 1, 8 
Rapport de M. iere - les nouvelles recherches de M. ORO concernant 
le spectre du 9 
Cowonicanions ET LECTURE + une udin à entre l'élasticité ANE 
et des vité ur dui un cristal de — d'Islande; "- Walthere 
Spring. 3 
Sur une Fa interprétation de quelques dépôt u tertiaires ; pen Michel 
Mourlon E 
Les genres EcTEINASCIDIA nn, not: Pmi el SLUITERIA (NOV gen S5 
Notes pour servir à la classification des Tuniciers, g re Van E 
eden k 
Détermination de "E boi théorique - rép i pr essibolie den gori 
par P. De . 6 
Pasce ung sur la théorie "s fe mes poems par jede Der sin 39 
jy een ae - page à l'étude de p des nain " h 
Sur la peara du sang ie le cercle artériel d wW illis ; par G. Cori 90 
Nouvelles recherches sur le spectre du carbone; par Ch. Fievez . . . 100 
LASSE DES LETTRES. — Séance du 4 juillet 1887. f 
gapar Annonce de la mort de M. Ludolphe Stéphani, aseocie. 
— seigneur le duc Fame remercie pour son diplôme d’associé 
l. Piot, délégué au Congrès de la Fédération historique et iichéola- 
gique de Belgique, à Bruges. — Acceptation du buste en marbre de 
L.-P. Gachard exécuté bann. Fra - — Hommages d'ouvrages . 108 
P. Far dio cop antica di Palermo del Secolo x" ad 
aggi per. re ses jn ca (V. di — note 
Hu Lee f f 1 ); " 110 
Géographie et histoire den mad neiges: ; unit e tán (Alph. 
Wauters); note par Paute n 
Principes de la politique par F. ú Holtzendorf}, t traduit t de l'una à 
par Ernest Lehr ; note par M. Alph. Riv 118 
CONCOURS ANNUEL. — detre pour gen D o vM UY a 
PRIX PERPÉTUELS. — Program 154 
RAPPORTS, — Rapports de M. Wagener, Willems et L Roerseh sa uin: 
travail de M lexand z 
de l'histoire du paganisme au IH* siècle de notre ère . T 128 
COMMUNICATIONS fag LECTURES. — Sur P esed d hs Philipp 
Vander Maelen, ancien membre de l'Académie; par Alph. Wauters 129 
gen Latomus, le ied poem dt latine au Collie 
al de France; par L. Roers 132 
CLASSE DES BEAUX-ARTS. — Sianco du; 7 juillet 1887. 
M9 — Buste en — de L. Alvin commandé à 
otte. — Remerciem a famille Alvin, = Avis enrabien sur iie 
i en marbre de. ow rd et L. — MM. Gevaert, 
uel et gener "m s membres du jury jour d grand Gr = 


coti paa 0 
COMMISSION ADMINISTS TIVE. a Féis Ng 
RaPponTSs. — Lecture de l' appréciation du o 

prix de Rome pour la peinture en 188 
OUVRAGES PRÉSENTÉS. . . . . . 


. Y 


ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 


———Ó — 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 


DES 


LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


56 auuce, 3 serie, tome 14 


N 6. 


BRUXELLES, 


F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE, 
Rue de Louvain, 108. 


ES 


1887 


Les quatre planches photographiques du travail de MM. Éd. Van Beneden 
et Neyt seront jointes au prochain Bulletin. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 


DES 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


1887. — N^ 8. 


CLASSE DES SCIENCES. 


Séance du 6 août 1887. 


M. Fn. Cn£PIN, vice-directeur, occupe le fauteuil. 
M. Liacng, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. J.-S. Stas, P.-J. Van Beneden, le 
baron Edm. de Selys Longchamps, Gluge, J. C. Houzeau, 
G. Dewalque, Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, 
F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Éd. Mailly, Ch. Van 
Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry et 
M. Mourlon, membres; Ch. dela Vallée Poussin, associé; 
Paul Mansion, P. De Heen et C. Le Paige, correspon- 
dants. : 


- M. J. De Tilly, directeur, devant se rendre à l'étranger. 
pour affaire de service, s'est fait exeuser de ne pouvoir: 
présider la séance. | 
3°* SÉRIE, TOME XIV. 15 


CORRESPONDANCE. 


La Classe apprend avec un profond sentiment de regret 
la perte qu'elle a faite en la personne de M. Laurent- 
Guillaume de Koninck, membre de la section des sciences 
mathématiques et physiques, décédé à Liége, le 15 juillet 
dernier, dans sa septante-neuviéme année. 

Elle vote des remerciements à son directeur, qui a bien 
voulu se charger d'étre son organe aux funérailles du 
défunt. 

Le discours de M. De Tilly paraitra dans le Bulletin. 

Une lettre de condoléance sera écrite à la famiile de 
M. de Koninck. 


— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publics communique le rapport qui lui a été 
adressé par M. Paul Pelseneer, sur les résultats de sa 
mission à la station zoologique de Naples. — Commis- 
saires : MM. Van Beneden, père et fils, et Plateau. 


— M. Van der Mensbrugghe présente, pour le prochain 
Annuaire, la notice biographique de M. Francois Duprez, 
ancien membre de la section des sciences physiques et 
mathématiques. — Remerciements. 


— M. Malaise demande le dépót dans les archives de 
l'Académie d'un billet cacheté portant pour suscription : 
Silurien S. M. — Accepté. 


( 187 ) 
— L'Académie des lettres, sciences, arts et agriculture 
de Metz adresse son programme de concours pour l’année 


1887-1888. 


— L'Académie de Stanislas, à Nancy, adresse le pro- 
gramme du prix de chimie appliquée, de 500 francs (fon- 
dation Paul Bonfils), à décerner au mémoire qui lui parai- 
tra le plus recommandable, soit sous le rapport des faits 
nouveaux qu'il contiendra, soit sous le rapport des progrés 
qu'il peut étre appelé à faire faire à la chimie appliquée. 

Délai pour la remise des travaux : 51 janvier 1888. 


— La Classe vote des remerciements aux auteurs des 
ouvrages suivants, dont il lui est fait hommage : 

1? a. Détermination d'une relation empirique entre le 
coefficient de frottement intérieur des liquides et les varia- 
tions que celui-ci éprouve avec la température; b. Déter- 
mination, à l'aide d'un appareil nouveau, du coefficient de 
diffusion des sels en solution, etc.; c. Détermination des 
variations que le coefficient de frottement intérieur des 
liquides éprouve avec la température; trois extraits par 
P. De Heen; 

2 A. DE LasauLx : Précis de pétrographie, traduit de 
l'allemand par H. Forir; 

3° La poterie en Belgique à l’âge du Mammouth 
(quaternaire inférieur), première partie. La poterie de la 
grotte d'Engis; deuxième partie. La poterie de la grotte de T 
Spy, par Julien Fraipont; ext. in-8° ; C 

4" a. De la réhabilitation de la saignée, etc.; b. Rapport | — 
de la commission qui a examiné le travail de M. le docteur 
Bedoin, à Chambéry, intitulé : Les applications des pro- — 
priétés antiseptiques du borax et de l'acide wn dens, z 
brochures in-8°, par le D' Borlée; | à 


( 188 ) 

5° « Les trous » au mauvais air de Nivezé (Spa). Notice 

sur les sources naturelles d'acide carbonique, par le D" Ach. 

Poskin. Bruxelles, 1887; brochure in-8°, présentée par 
M. G. Dewalque. 


— La Classe renvoie à l'examen de MM. Houzeau et 
Folie le travail suivant de M. L. de Ball, préparateur des 
cours d'astronomie et de géodésie à l'Université de Liège: 
Masse de la planéte Saturne déduite des observations des 
satellites Japhet et Titan, faites en 1885 et en 1886 
à l’Institut astronomique de Liège. 

MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke examineront 
une note, avec planche, intitulée : Contributions à l’étude 
du développement de l'œil pineal (Épiphyse) chez les rep- 
tiles, par Francotte. 


RÉSULTATS DU CONCOURS DE LA CLASSE 
1887. 


Un mémoire portant pour devise : Numeri regunt 
mundum, a été recu en réponse à la question suivante de 
la partie du programme de concours se rapportant aux 
sciences mathématiques et physiques : 


On demande des recherches nouvelles sur l'écoulement 
linéaire des liquides chimiquement définis par des tubes 
capillaires, en vue de déterminer si l'on peut appliquer 
aux liquides hypothèse des molécules, telle que l'étude des 
gaz nous l'a fait connaître. 


lia Mic NE 


PRSE Net Pel PEN UTERE CONSENSUM ETSI NIE E Ee et 


( 159 ) 

On se placera au point de vue des trois hypothéses 
principales admises aujourd'hui pour rendre compte de la 
constitution intime des gaz. 

Commissaires : MM. Spring, Van der Mensbrugghe et 
Stas. 


— Un mémoire portant pour devise: Trado quæ potui, 
a été recu en réponse à la question suivante de Ja partie 
du programme se rapportant aux sciences naturelles : 


On demande des recherches sur le développement 
embryonnaire d'un mammifère appartenant à un ordre 
dont l'embryogénie wa pas ou m'a guère été étudiée 
Jusqu'ici. 

Ce mémoire porte pour titre : Onderzoekingen over de 
ontwikkelings geschiedenis van den Egel (Erinaceus euro- 
paeus). 


Commissaires : MM. Van Bambeke, Éd. Van Beneden 
et Plateau. 


Discours prononcé aux funérailles de M. de Koninck, 
par M. De Tilly, directeur de la Classe. 


MESSIEURS, 


L'Académie traverse une période fatale. En six mois, 
nous avons perdu autant de confréres que pendant les 
deux années précédentes réunies. Aprés Cornet, Laurent, 
Alvin, Tielemans, De Man, c'est aujourd'hui notre respec- 
table et affectionné confrère de Koninck à qui nous devons 
dire adieu. En entrant dans cette maison mortuaire, j'ai 
appris la triste nouvelle du décès d'un septième membre. 


( 190 ) 

Entré à l'Académie en 1836, à l’âge de 27 ans, comme 
correspondant, aprés avoir produit plusieurs travaux de 
chimie, dont trois avaient été insérés dans les Bulletins, 
de Koninck fut élu membre titulaire en 1842. Depuis sa 
participation, toujours active, aux travaux de la Classe des 
sciences, dont il fut directeur en 1862, ses efforts se 
tournérent principalement vers la paléontologie, science 
qui a pris en Belgique un développement si considérable. 

Il était aussi membre de l'Académie de médecine, et 
avait obtenu de nombreuses distinctions regnicoles et 
étrangéres; mais je ne dois parler que comme représentant 
de l’Académie des sciences. 

Le moment n'est pas venu d'énumérer et d'analyser les 
ceuvres de notre confrére; toutefois, ce ne sera pas déro- 
ger aux usages que de rappeler ici, rapidement, celles qui 
lui valurent le plus de succés. 

La Société géologique de Londres, qui lui avait déjà 
accordé un prix dés 1853, lui décerna en 1875 la médaille 
de Wollaston pour ses travaux sur le terrain carbonifère. 

En 1882, il obtint en Belgique le prix quinquennal des 
sciences naturelles (période de 1877-1881), pour lequel il 
avait déjà été désigné en 1852 et en 1857, mais en partage 
avec d'autres personnes. C’est un fait peut-être unique que 
ce prix ait été obtenu par un membre de la section des 
sciences mathématiques et physiques. De Koninck appar- 
tenait, en effet, à cette derniére section et présida méme 
en 1884 le jury qui décerna le prix des sciences mathé- 
matiques. J'ai déjà fait observer que, dans sa jeunesse, il 
s'était adonné surtout à la chimie et que l'ardeur pour les 
sciences naturelles ne lui vint que plus tard. 

Pour apprécier complètement les travaux auxquels le 


er OR nier iv po SRE CUR m Pa tie 


( 491 ), 
jury de 1882 décerna le prix quinquennal, il faudrait 
lire tout le rapport de ce jury. Je ne puis y emprunter que 
quelques mots. 

« Nous nous trouvons », dit le rapporteur, « en présence 
des œuvres sur le choix desquelles le jury a longuement 
hésité dans l’accomplissement de son mandat. Dues à 
MM. P.-J. Van Beneden et L.-G. de Koninck, elles reste- 
ront certainement au nombre des travaux les plus considé- 
rables que le pays ait produits. C'est avec admiration que 
nous voyons deux vétérans de la science belge, illustres à 
plus d'un titre, entreprendre, à un âge qui commande 
d'ordinaire le repos, d'aussi vastes ouvrages, avec une 
énergie et un élan qui n'ont d'égale que leur puissante 
expérience, » 

Entre ces deux noms illustres, cest pour de Koninck 
que le jury se prononca à l'unanimité. 

L'ensemble de ses travaux couronnés peut se résumer 
ainsi : elassement des terrains par la paléontologie, étude 
zoologique des faunes primaires, particulièrement de la 
faune carbonifère belge, recherches sur les faunes simi- 
laires du globe et notamment de l'Australie. 

Par cette ceuvre considérable, de Koninck affirmait en 
Belgique les principes de l'école paléontologique, qui voit 
dans la connaissance des fossiles l'auxiliaire indispensable 
du stratigraphe, pour le classement et le raccordement des 
couches. 

Mille à mise base: fossiles de diverses localités de la 
Nouvelle-Ga Qad „résultat "Hac lorati pro'ongées 
du révérend Clarke, avaient été remis aux mains de 
de Koninck pour étre décrits. 

Cette large immixtion dans la paléontologie de l'Austra- 


( 192 ) 

lie obtint une autre récompense, décernée par les savants 
de ce pays méme. En 1886, la Société royale de la 
Nouvelle-Galles du Sud décernait la médaille fondée en 
mémoire de Clarke, à L.-G. de Koninck, comme témoi- 
gnage d'admiration pour ses nombreux et importants tra- 
vaux paléontologiques, et particulièrement en reconnais- 
sance de sa publication relative aux fossiles paléozoiques 
de la Nouvelle-Galles du Sud. 

Le directeur de la Classe des sciences, en portant celle 
distinction à la connaissance de ses confrères, rappelait les 
récompenses de même nature récemment obtenues par 
M. Stas à la Société royale de Londres, et par M. P.-J. Van 
Beneden à l'Académie des sciences de Paris. « La Classe 
peut étre fiére », ajoutait-il, « des honneurs rendus à ses 
trois plus anciens membres, dans les pays étrangers et 
jusque chez nos antipodes ». 

Peut-étre, en m'arrétant ainsi aux travaux que j'ai consi- 
dérés comme principaux, d’après les éloges qui leur ont été 
officiellement décernés, n'ai-je pas eu la bonne fortune de 
mettre réellement en relief les parties les plus importantes 
de l'eeuvre considérable du regretté défunt. Les idées que 
les contemporains apprécient et récompensent ne sont pas 
toujours celles que sanctionnera l'avenir. Si j'ai péché sous 
ce rapport, il faut l'attribuer, d'abord à la hâte extrême 
avec laquelle ces lignes ont dü étre écrites en quelques 
heures, ensuite et surtout à mon incompétence personnelle. 
Mais je n'ai pas voulu m'appuyer sur cette dernière consi- 
dération pour décliner le pénible devoir que je viens 
remplir. 

Les hommes qui s'adonnent à une science quelconque 
n'ont pas le droit de se dire étrangers aux autres sciences, 


( 195 ) 
jusqu'au point d'ignorer les noms et les ceuvres principales 
de leurs compatriotes illustres. 

On a pu constater, à diverses reprises, que des savants 
belges, jouissant à l'étranger d'une célébrité éclatante,sont 
à peine connus dans leur pays, lorsque leur science ne 
fournit point d'arguments à la politique. Sans tomber 
dans l'exagération contraire, qui serait encore plus 
fâcheuse, il est de notre devoir de protester et de réagir 
contre les indifférences injustes. 

Cher et vénéré confrére, il ne sera point dit que tes 
travaux, admirés par le monde entier et récemment accla- 
més jusqu'aux antipodes, sont oubliés dans ton pays, ou 
n'y sont connus que dans les étroites limites de ta spécia- 
lité. C'est au nom de toutes les sections de la Classe que je 
viens rendre hommage à La renommée, et exprimer en 
méme temps les regrets que nous cause à tous la perte 
d'un confrére si bon, si dévoué, si affable, si attentif à 
faire oublier sa supériorité. 

Que ces regrets, et ceux de sa respectable famille, dont 
un membre suit noblement les traces de son pére, soient 
tempérés en ce jour par la conviction que celui qu'elle 
pleure jouit déjà de la récompense méritée par une vie 
entiérement consacrée au culte de la science, de la vérité 
et de la justice. 

Adieu! cher confrére! au nom de l'Académie, au nom 
de tous ceux qui ont pu apprécier tes brillantes qualités, 
adieu ! 


(194 | 


RAPPORTS. 


La Classe décide le dépôt aux archives : 

4° D'une lettre de M. le maréchal des logis d'artillerie 
en retraite, J. Delaey; 

9» D'une lettre de M. Nic. Daniel, de Mal-Mets, R 2/2 
(Asie-Mineure), se rapportant au mouvement perpétuel. 

Elle ratifie l'avis favorable exprimé par MM.Van Beneden, 
père et fils, et Van Bambeke, sur la demande d'un subside 
adressée au Département de l'Agriculture par M. Ch. Julin, 
à l'effet de pouvoir participer au congrès organisé, cette 
année, à Manchester, par l'Association britannique pour 
l'avancement des sciences. 


La Classe vote l'impression au Bulletin des communi- 
cations suivantes : 

1* Des variétés dans l'espéce MusrELA PUTORIUS, PA 
Adolphe Drion, fils; examinée par MM. P. Van Beneden 
et de Selys Longchamps; 

2* Note sur quelques espèces rares de la faune des ver" 
tébrés de la Belgique observées dans le Limbourg belge 
par le D" Bamps; examinée par M. de Selys Longchamps. 


Note sur les oscillations d'un pendule produites par le 
déplacement de l'axe de suspension; par E. Ronkar. 


Rapport de M, Folie. 


€ M. Ronkar a eu l'idée du présent travail en recher- 
chant quel serait le procédé expérimental le plus propre à 
manifester les petites irrégularités que je viens de signaler 
dans le mouvement de l'écorce solide du globe. 

Il s'est demandé si un pendule en repos, librement sus- 
pendu, ne pourrait pas prendre un mouvement oscillatoire 
dans le cas où son point de suspension éprouverait un 
mouvement de méme nature. 

Voici quelles sont les conclusions qu'il tire de l'analyse 
élégante à laquelle il a soumis la question proposée. 

Lorsque l'axe d'un pendule au repos recoit un certain 
nombre d'impulsions ondulatoires simples horizontales, 
le pendule peut conserver un certain mouvement oscilla- 
toire, ou ne le peut pas, suivant les cas. 

Lorsque la durée d'oscillation du pendule est la méme 
que celle de l'axe, le pendule conserve un mouvement dont 
l'amplitude est proportionnelle au nombre d'impulsions 
recues par l'axe. 

En dehors de ce cas, le pendule peut ne conserver 
aucune trace d'oscillation, méme si les périodes ci-dessus 
sont dans un rapport trés simple, tandis qu'il peut prendre 
un mouvement sensible dans le cas contraire. Ce mouve- 
ment dépend de l'amplitude, du nombre et de la durée des 
impulsions ainsi que de la phase. 


(490 ) 

Ces résultats ne sont pas entièrement conformes à l'as- 
sertion de Rossi relativement aux pendules employés 
dans les observations sismiques, quand il dit que des pen- 
dules, qui reçoivent quelques impulsions conformes au 
rythme, sont naturellement fortement agités, et qu’au con- 
traire, avec des impulsions qui se succèdent suivant un 
rythme différent, ils ne bougeront pas. 

uand on considère l'action d'une onde simple de 
longue durée, on peut assimiler, pendant son action, le 
mouvement du pendule à un mouvement oscillatoire, de la 
période propre au pendule, autour d’une certaine position 
moyenne qui est elle-même assujettie à un mouvement 
pendulaire dont la durée d’oscillation est celle de l'onde 
simple considérée. 

L'amplitude de ces deux mouvements est inversement 
proportionnelle à l'intensité de la pesanteur pour le cas de 
longues périodes, et on conclut de là un procédé d'expéri- 
mentation pour la recherche d'irrégularités périodiques 
dans le mouvement de rotation diurne ; ces irrégularités, 
trés faibles, peuvent étre rendues plus sensibles en dimi- 
nuant l'action de la pesanteur. 

J'espére que nous arriverons prochainement, M. Ronkar 
et moi, à réaliser dans de bonnes conditions cette expé- 
rience, qui serait (ondamentale pour l'astronomie. 

Je propose à la Classe d'ordonner l'impression du tra- 
vail de M. Ronkar au Bulletin et de voter des remercie- 
ments à l'auteur. » — Adopté. 


( 197 ) 


Sur le sulfure de cadmium colloidal; par M. Eug. Prost. 


Rapport de M. Stas. 


« Les solutions des substances cristallines se diffusent 
avec la plus grande facilité. Cette propriété fait à peu prés 
complétement défaut aux solutions des substances que 
Graham a désigné sous le nom de corps colloides. Dans 
ces derniers temps, l'attention des c himistes a été portée 
sur ce sujet : aux solutions colloidales des hydrates sili- 
eique, aluminique et ferrique, primitivement découvertes, 
sont venues se joindre les solutions colloidales des sulfures 
arsénieux, antimonieux et stannique, et des oxydes anti- 
monieux, manganique et stannique. Dans le travail qu'il 
présente à l'Académie, M. Prost ajoute à cette liste, 
longue déjà, le sulfure de cadmium, qui jusqu'ici n'était 
connu qu'à l'état insoluble. Il obtient une solution colloi- 
dale de ce composé en faisant passer de l'acide sulfhydrique 
3u travers de l'eau tenant en suspension du sulfure cad- 
mique récemment précipité, et en éliminant ensuite par 
l'action de la chaleur l'acide sulfhydrique dissous dans le 

. liquide, devenu limpide et coloré en jaune. M. Prost a étu- 
.. dié avec soin les propriétés de la solution; il a reconnu 
Par l'examen spectroscopique du liquide que le sulfure 
. Cadmique est réellement à l'état dissous, et que la solution 
i présente les caractères constatés jusqu'ici à tous les corps 
colloidaux dissous, c'est-à-dire, la faculté de se coaguler 
Spontanément par le temps, souvent fort court, et par 
l'addition de substances étrangères. 


( 198 ) 

Son travail renferme à ce sujet des détails très précis et 
intéressants, qui concordent du reste avec les faits observés 
sur les solutions des sulfures colloidaux d'arsenic et d'an- 
timoine. | 

Le travail de M. Prost est incontestablement bien exé- 
cuté. Je l'engage à compléter son étude en recherchant 
si le sulfure cadmique colloidal devenu spontanément 
insoluble, et le sulfure colloidal coagulé par l'addition à sa 
solution de substances étrangères, et enfin le sulfure cad- 
mique précipité, chauffé de maniére à faire cesser son état 
pulvérulent et soumis en présence de l'eau à un courant 
d'acide sulfhydrique, peuvent passer de nouveau à l'état de 
solution colloidale. 

J'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'ordonner 
l'impression du travail de M. Prost dans le Bulletin de la 
séance et de voter des remerciements à l'auteur pour sa 
communication. » 


M. Spring, second commissaire, se rallie à la proposition 
de M. Stas, qui est adoptée par la Classe. 


Descriptions de quelques Cucurbitacées nouvelles; par 
M. Alfred Cogniaux. 


Rapport de Ff, Crépin. 


« La notice que M. Cogniaux a soumise au jugement de 
l’Académie comprend les descriptions de quatorze espèces 
et de plusieurs variétés inédites appartenant à la famille 
des Cucurbitacées. 


( 495.) 

Ces descriptions constituent une addition assez impor- 
tante à la monographie générale de cette famille, que 
l’auteur a publiée dans les Monographie phanerogamum 
de M. Alphonse de Candolle. 

Nous avons l'honneur de proposer l'impression de ce 
travail dans le Bulletin et de voter des remerciements 
à l'auteur. » — Adopté. 


Sur la représentation des involutions unicursales; par 


Fr. Deruyts. 


Rapport de M. €. Le Paige. 


« Dans un mémoire présenté à l’Académie, il y a près 
de dix ans, j'ai signalé le parti que l'on pourrait tirer des 
espaces à un nombre quelconque de dimensions pour la 
représentation des involutions 

C'est celte méme idée qui sert de point de départ au 
travail de M. Fr. Deruyts (*). 

L'auteur se sert de la définition ordinaire de l'involu- 
tion I? par l'équation 


=k 


» À fi 0, 


m 
i=l 


C) IL avait été devancé dans cette voie par un jeune géomètre 
italien fort distingué, M. G. Castelnuovo, mais je erois pouvoir ajouter 
que c'est moi qui ai signalé à M. Deruyts l'existence de ce travail 
antérieur, alors qu'il m'avait déjà communiqué les principaux résul- 
tats de son étude, 


( 200 ) 
f, représentant un polynôme du degré n. A l'une de ces 
formes 


fi aix + ai x5 xo agua X3, 
il fait correspondre la forme linéaire 
F, = aj z, + Qi za + ce + Ola Za 


Maintenant, on peut imaginer un espace à n dimensions, 
dans lequel l'équation 


F, — 0, 


représentera un espace E, , 
Si l'on suppose en particulier k= n — 1, l'ensemble 
des n équations 


F, == 0, F4 — 0,... F, — 0, 


déterminera un espace E, ou point; c'est ce point qui 
représentera l'involution Iž. 

Mais en cherchant à quelle condition doit satisfaire le 
point Ey pour que l'involution Iz , soit décomposable en 
un élément fixe et une involution E71, il trouve que ce 
point doit se trouver sur une courbe d'ordre n, C, , qui est 
précisément la courbe normale de l'espace E,. 

C'est l'inverse de la voie que M. Castelnuovo et moi- 
méme avions suivie, et je pense que la méthode de 
M. Deruyts l'emporte en élégance, car elle indique en 
quelque facon l'origine de cette courbe C,. 

Si, au lieu de l'égalité 


DR RAS TUE TU ur WAS NET E Jede rd i rd 
WARS Tes 7X ae EU Pet LUTTE 


( 201 ) 


on part d'une relation restreinte 
k+i 
Zah =d, 


on a une I; et l'on obtient un système d'équations linéaires 
en nombre £4-1, dont chacune définit un espace E, ,, et 
dont l'ensemble caractérise un espace E, , , que l'auteur 
appelle, avec M. Castelnuovo, l'espace central de l'involu- 
tion l}. 

Si maintenant on considère la courbe normale C,, les 
espaces E, ,qui passent par E, , , rencontrent cette courbe 
et des groupes de n points, dont les paramétres, sur la 
courbe C,, sont liés par l'équation 


k+1 
Y ^i fi es 0, 
1 , 


À côté de la représentation par des formes binaires, 
on rencontre une représentation des involutions par des 
formes plurilinéaires. 

. Cette double représentation a l'avantage de faire cor- 
respondre, à l'aide des mémes formes algébriques, deux 
involutions conjuguées. n 

En se servant de cette seconde méthode, M. Deruyts 
est amené à regarder l'espace central d'une |; non plus 
comme l'intersection de k + 1 espaces E, ,, mais comme 
la jonction de n — k espaces E : 

Je ne suivrai pas l'auteur dans tous les développements 
de ces principes : je signalerai certe la ihanière me pm 
| O"* SÉRIE, TOME XIV. - | id t 


| ( 202 ) 
nieuse dont il établit l'équation de l'espace E, , déterminé 
par k points de la courbe C,. 

M. Deruyts applique ensuite la méthode de représen- 
tation à quelques-unes des questions les plus intéressantes 
de la théorie des involutions : détermination des éléments 
neutres, qui lui servent à établir, comme corollaire, une 
forme canonique élégante; et détermination des groupes 
singuliers composés d'éléments multiples. 

Nous nedoutons pas que le jeune auteur ne communique 
bientót àla Classe d'autres conséquences des principes 
qu'il établit dans le présent travail : ces principes sont, en 
effet, d'une grande fécondité et permettent de présenter, 
d'une maniére qui fait image, des résultats souvent fort 
compliqués. 

Nous espérons que la Classe voudra bien accueillir favo- 
rablement la proposition que nous faisons d'imprimer la 
notice de M. Deruyts dans le Bulletin de la séance. » 
— Adopté. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


— 


M. Folie présente la troisième et dernière partie de sa 
Théorie des mouvements diurne, annuel et séculaire de 
l'axe du monde. 


La Classe décide l'impression de cette nouvelle commu- 


nication dans le Recueil des Mémoires in-4*, 


( 205 ) 
M. Folie a lu la note suivante au sujet de son travail 
précité : 


Le livre III traite des variations séculaires. 

. Jyaiajouté en appendice les formules qui expriment 
l'ensemble des variations en obliquité et en longitude, telles 
qu'elles résultent de ma théorie et de l'adoption des con- 
stantes de Struve et Peters pour la précession et la nuta- 
tion, de Leverrier et Oppolzer pour la variation séculaire 
de l'écliptique. 

On verra que mes formules relatives à l'obliquité con - 
cordent mieux qu'aucune des précédentes avec les obser- 
tions. ll se manifeste encore, toutefois, lorsqu'on les 
applique aux observations les plas anciennes, des écarts 
qui restent à expliquer. Ils proviennent peut-étre de ce 
que l'obliquité a été considérée comme constante dans 
l'intégration. 

Dans une Addition au Livre I, j'ai fait voir que l'exis- 
tence de la nutation diurne a pour conséquence indiscu- 
table une irrégularité dans le mouvement de rotation de 
l'écorce solide du globe. Cette irrégularité, qui consiste en 
un balancement semi-diurne de la croüte autour de son 
axe de rotation, est une véritable nutation ; et comme elle 
n'affecteque l'heure, on pourrait l'appeler nutation horaire. 
Son maximum peut s'élever à 05,06, et se produit au bout 
de 6 heures, c’est-à-dire qu'une pendule dont la marche 
serait parfaite accuserait, comparativement au mouvement 
diurne du ciel, une avance ou un retard de 05,06 aprés 
6 heures. Cette quantité n'est plus négligeable aujourd'hui 
en astronomie, Dans les mêmes conditions, le déplacement 
linéaire d'un point de la croûte terrestre serait, sous la 


204 ) 

latitude de 45°, de 20 mètres environ plus grand ou plus 
petit que le chemin qu'il parcourrait dans le cas d'un 
mouvement de rotation uniforme de la croüte. Ce déplace- 
ment est peut-étre assez sensible pour pouvoir étre accusé 
par un flotteur qu'on maintiendrait bien immobile pen- 
dant quelques heures dans un liquide en repos, et qu'on 
abandonnerait ensuite à son inertie. Si, comme j'ai lieu de 
le penser, la résistance du liquide n'est pas suffisante pour 
vaincre cette inertie, on verra le flotteur se déplacer vers 
PE. ou vers W., selon que le mouvement de j écorce ter- 
restre sera accéléré ou retardé. 

J'ai installé à Cointe un appareil destiné à des observa- 
tions de l'espéce; la condition essentielle d'un semblable 
appareil est une grande stabilité que je ne saurais obte- 
nir à Bruxelles. D'autres expériences très intéressantes 
peuvent être faites dans le même ordre de recherches. A 
ce dernier également se rapporte la note que M. Ronkar a 
communiquée par mon intermédiaire à l'Académie dans sa 
dernière séance, et dont il a eu l'idée en recherchant le 
moyen le plus propre à mettre en évidence l'irrégularité, 
théoriquement démontrée, du mouvement de rotation de 
l'écorce terrestre. 

J'ai eru utile de signaler aux physiciens une expérience 
du plus grand intérét, qui n'est nullement dispendieuse, 
mais qui exige une installation d'une stabilité absolue, 
dans un milieu de température bien uniforme. 


( 205 ) 


Petite expérience relative à l'influence de l'huile sur une 
masse liquide en mouvement; par G. Van der Mens- 
brugghe, membre de l'Académie. 


Récemment, M. le vice-amiral Cloué a rappelé l'attention 
du monde savant et du public, sur l'efficacité d'une trés 
mince couche d'huile pour calmer les vagues de la mer (1); 
le travail du savant francais fait ressortir pleinement, par 
les conclusions de plus de deux cents rapports, dont cent 
et quatre-vingts faits à bord de navires de long cours, l'uti- 
lité de l'emploi de l'huile débitée par trés minces filets ou 
méme par gouttes, non seulement pour calmer les vagues 
en pleine mer, mais encore pour rendre accessibles les 
vaisseaux en détresse ou les cótes rendues inabordables 
par les brisants, et pour combattre les effets désastreux 
des marées. On se rappelle qu'en 1882, j'ai proposé une 
théorie rationnelle de cette efficacité si mystérieuse, théorie 
fondée sur les variations d' énergie potentielle des surfaces 
liquides : je faisais alors, comme l'a fait maintenant M. le 
vice-amiral Cloué, le vœu consistant à voir obliger tout 
Capitaine de navire d’être muni non seulement d'une 
boussole destinée à guider sa route à travers l'océan, mais 
encore d'une provision de pétrole ou d'huile de baleine, 
dont l'emploi judicieux protégerait contre les tempêtes ses 
passagers, son équipage et sa cargaison. 

C'est avec la plus grande satisfaction que j'ai appris les 


(1) Sur le filage de "huile, Paris, librairie L. Baudoin, 1887. 
(2) Sur les moyens proposés pour calmer les vagues de la mer. ( Bull. 
de l'Acad. roy, de > Belge, 1882, 5»* série, t IV, p. 176.) 


( 206 ) 
efforts tentés dans ce but aux États-Unis, en Angleterre et 
tout récemment en France. 

A ce propos, qu'il me soit permis de décrire une petite 
expérience de cours, qui me parait bien propre à rendre 
manifeste l'influence d'une quantité minime d'huile sur le 
mouvement d'une masse d'eau animée d'une grande force 
vive. 


I. — On fixe sur un support un entonnoir parfaitement 
débarrassé de toute trace graisseuse, et ayant, par exemple, 
25 centimétres de largeur au bord supérieur, 12 millimétres 
de largeur à l'orifice et une hauteur totale de 52 centi- 
mètres ; aprés qu'on a fermé l'oritice au moyen d'un bou- 
chon, et rendu vertical l'axe de l'entonnoir, on remplit 
l'appareil d'eau distillée, puis, à l'aide d'une lame de bois 
ou de verre bien nettoyée (1), on imprime au liquide un 
mouvement de rotation autour d'un axe aussi rapproché 
que possible de la verticale. On débouche ensuite l'orifice, 
et l'on constate les effets suivants, dont plusieurs ont été 
signalés depuis des années, mais interprétés d’une facon 
différente. 

1* Le liquide se creuse graduellement vers le milieu de 
la surface libre; cela doit être, car, à cause de la force 
centrifuge, l'eau qui s'écoule par l’orifice est surtout four- 
nie par les portions voisines de l’axe, où cette force est le 
moins sensible, 

Les portions superficielles descendent-elles aussi facile- 
ment que les particules inférieures? Nullement; en effet, 


PR — 


(1) La lame de bois dont j'ai fait usage avait 26 millimètres de 
largeur; je tournais pendant une minute, et je faisais effectuer 
cinquante tours à la lame solide. 


et 


(-207 ) 
au fur età mesure que le creux se prononce davantage, la 
surface libre doit augmenter : or, dans les portions supé- 
rieures m, m' (fig. ci-contre), 
m'/  leliquide tend à obéirà la for- 


E. F x f ce centrifuge, tandis que le 
MR EU: sommet concave o du creux 
\ f a une grande tendance à des- 

Lt: cendre; par conséquent, il 
rd doit se produire constam- 


| | ment des surfaces fraiches 

dans les parties intermédiai- 

res p, p' ; mais, d’après un prineipe que j'ai avancé depuis 

longtemps, un pareil accroissement de surface doit donner 

lieu à une résistance d'autant plus grande que l'énergie 

potentielle de la couche superficielle du liquide employé 
est plus forte. 

2° Lorsque l'écoulement se prolonge encore, la portion 
centrale descend de plus en plus, jusqu'à former une 
figure creuse dont la longueur dépasse notablement le 
diamétre; mais alors cette figure liquide est instable, et, 
d'aprés un principe démontré par Joseph Plateau, elle doit 
se transformer en bulles séparées les unes des autres : 
C'est précisément ce que l'expérience confirme parfois, du 
moins dans les premiers moments, car bientôt la force 
centrifuge rend cette transformation impossible. 

5 L'écoulement continuant toujours, la foree centrifuge 
imprime à une méme masse liquide voisine du bord de 
l'entonnoir une vitesse angulaire croissante : en effet, si 
l'on applique le principe des aires à l'unité de masse en 
mouvement, arrivée successivement à deux distances r 
et r' de l'axe, les deux vitesses angulaires corresponia 
a et a' seront liées entre elles par la relation ar? = a'r?; 
done = TD c'est-à-dire que la vitesse angulaire irait en 


( 208 ) 

croissant en raison inverse du carré de la distance à l'axe. 
Bien que cette solution ne soit qu'approchée, il est certain 
que la vitesse croit rapidement quand r diminue : voilà 
pourquoi le tube central d'air peut s'allonger jusqu'à 
dépasser l'orifice, sans donner lieu à la transformation en 
bulles isolées : toutefois, on voit, le long de la figure tubu- 
laire, une suite de renflements et d’étranglements qui 
rendent manifeste la tendance à la transformation. 

4 Pour savoir quelle forme la masse liquide doit 
affecter aussitót aprés sa sortie de l'orifice,il faut remarquer 
que la force centrifuge animant le liquide ne se trouvera 
plus génée alors par la paroi solide de l'entonnoir, et agira 
immédiatement pour élargirla masse tubulaire; c'est effec- 
tivement ce qui a lieu; mais, en raison de cet élargissement, 
il se produit, d'une part, une augmentation de distance à 
l'axe pour chaque particule, ce qui entraîne une diminu- 
tion rapide de vitesse angulaire; et d'autre part un amin- 
cissement de la lame liquide, d’où résulte une perte 
notable de force vive; c’est pourquoi la pesanteur agit plus 
librement, et la largeur de la masse tubulaire atteint bien- 
tôt son maximum; si, à partir de ce moment, le régime 
était établi, c’est-à-dire si le mouvement pouvait continuer 
dans les mêmes conditions, les pressions normales exercées 
sur les deux faces de la lame auraient pour effet de rappro- 
cher de nouveau celle-ci de la verticale, ce qui amènerait 
à la fois une augmentation de la vitesse angulaire et un 
accroissement de force vive; pour ce motif, la lame ne 
pourrait atteindre l'axe; elle s'en rapprocherait jusqu'à 
une distance minimum à partir de laquelle la figure s'élargi- 
rait encore une fois, et ainsi de suite. En réalité, les con- 
ditions du mouvement sont tellement variables, qu'on ne 
constate généralement qu'un renflement et un étrangle- 
ment, aprés quoi la lame s'éparpille en gouttelettes. / 


j 


P 
E 


UNES, 


TS 


( 209 ; 


II. — Tous ces phénomènes sont profondément modifiés, 
lorsque, avant l'écoulement, on a soin de verser à la sor- 
face de l'eau distillée une trés mince couche d'essence de 
térébenthine, ayant, par exemple, 0,27" à 0,5"" d'épaisseur; 
puis on met le liquide en rotation en faisant effectuer à la 
lame de bois le même nombre de tours pendant le méme 
temps que dans l'expérience précédente, et l'on débouche 
l'orifice de l'entonnoir : on voit alors le liquide se creuser 
plus rapidement et la figure tubulaire se former plus 
promptement que dans le premier cas; ce qui s'explique 
par là diminution de la tension de la couche superficielle 
du liquide (la tension 7,5 milligrammes de l'eau distillée 
est remplacée ici par la force contractile 4,2 milligrammes 
environ de la couche comprenant la surface libre de 
l'essence de térébenthine et la surface commune à ce 
liquide et à l'eau distillée). 

En second lieu, la figure tubulaire a un plus faible dia- 
mètre et offre des renflements et des étranglements moins 
marqués à l'intérieur de la masse liquide : ce résultat est 
dà à ce que les pressions normales dues à la tension sont 
devenues plus faibles que dans le cas de l'eau distillée, et 
offrent ainsi des différences de valeur moins sensibles aux 
divers points de la ligne méridienne de la figure. 

En troisième lieu, la figure se renfle davantage après la 
sortie de l'orifice, ce qu'il fallait prévoir, attendu que 
l'aceroissement de surface libre dù à l'action de la force 
centrifuge se trouve maintenant contrarié par une résis- 
lance notablement moindre, puisque l'énergie potentielle 
7,5 de l'edu distillée est remplacée par la valeur 4,2 envi- 
ron : le renflement qui, dans le premier cas, avait 5 à 
6 centimètres de largeur, peut en avoir actuellement 7 
à 8 et méme davantage, si l'on a réussi à faire tourner la 


( 240 ) 

masse liquide autour d'un axe dirigé à fort peu prés sui- 
vant la verticale. Comme on le comprend aisément, le 
renflement atteint les dimensions les plus fortes, lorsque, 
avant de verser l'eau distillée dans l'entonnoir, on mouille 
parfaitement d'essence de térébenthine toute la paroi inté- 
rieure de l'entonnoir et celle du bec; on ferme alors l'ori- 
fice, on remplit à peu prés l'entonnoir d'eau distillée et l'on 
y verse la mince eouche d'essence. Dans ces conditions, 
l'écoulement du liquide tournant donnera nécessairement 
lieu à une figure liquide creuse, dont la surface extérieure, 
aussi bien que l'intérieure, aura partout une tension 
moindre que celle de l'eau. C'est en opérant ainsi que j'ai 
obtenu une figure liquide creuse qui allait en s'élargissant 
à partir de l'orifice et, aprés avoir atteint une largeur 
maxima d'envirou 8 centiméres, se prolongeait suivant une 
lame cylindrique avant prés de 20 centimètres de longueur, 
pour se résoudre ensuite en une infinité de gouttelettes. 

Ainsi se trouve démontrée, d'une facon bien simple. 
l'influence exercée par une mince couche d'huile sur une 
masse d'eau relativement grande, animée d'une notable 
quantité de mouvement. 


III. — Dans les expériences précédentes, on imprime 
un mouvement de rotation à la masse liquide, aprés avoir 
fixé l'entonnoir à un support convenable; mais les résul- 
tals seraient du méme genre, si, sans faire tourner le 
liquide, on imprimait au contraire un mouvement de rota- 
tion à l'entonnoir. Une vérification curieuse de cette propo- 
sition se réalise dans l'expérience classique du tourniquet 
hydraulique, quoique le vase supérieur oü l'on verse le 
liquide n'ait pas la forme d'un entonnoir. Aprés que, par 
le jeu des pressions latérales, l'appareil a été mis en rota- 
lion, on voit aussi se creuser graduellement |a masse 


( 211 ) 

liquide vers l'axe du système, et finir par atteindre le tube 
vertical de verre fixé au-dessous du vase; bientót aprés, le 
tube cesse d’être rempli entièrement de liquide, et, à partir 
de ce moment, l'appareil tourne de moins en moins vite, bien 
qu'il y ait encore du liquide dans le vase supérieur. On 
concoit que cet effet serait obtenu beaucoup plus rapide- 
ment si le vase du tourniquet hydraulique avait la forme 
d'un entonnoir suffisamment évasé. 


IV. — Il n'est pas méme nécessaire d'imprimer un 
mouvement de rotation à l'eau contenue dans un entonnoir 
suffisamment grand et convenablement fixé, pour voir se 
produire des phénoménes analogues à ceux que j'ai décrits 
plus haut; mais alors il sont beaucoup plus lents à se 
manifester et, de plus, beaucoup moins prononcés. C'est ce 
que bien des personnes ont pu constater en transvasant 
de grandes quantités de liquide à l'aide d'un entonnoir. 


Sur les éléments neutres des involutions ; par C. Le Paige, 
correspondant de l'Académie. 


Les géométres qui ont traité des involutions supérieures 
se sont occupés des éléments singuliers appelés neutres, 
mais ils se sont bornés, au moins autant que nous sachions, 
aux groupes neutres de première espèce, c'est-à-dire que 
dans une I? ils ont considéré seulement les groupes de k 
points tels qu'il leur corresponde oc' groupes de (n — k) 
points, au lieu de déterminer un groupe unique. 

Les propriétés de ces groupes se résument dans les trois 
propositions suivantes, démontrées, par exemple, dans la 
Note de M. Deruyts : 


(212) 


IL. Une involution I} possède ! couples neutres. 
lll. k — 9 éléments arbitraires d'une ìk entrent 
ans — yg —- groupes de k éléments neutres. 
Nous avons déjà signalé, dans un travail antérieur (* 
la possibilité d'une indétermination plus générale. 
Considérons, par exemple, une I; ,. 
Elle sera définie par une équation telle que 


n—4) (n—9) 
4.2 


R Ge E 0, = 0. 
Cette équation peut s'écrire 
Lie d, Ay Q; Qu soe 0; + Xo. 04 Qy Az Uu oe 0, = 0. 


L'élément X sera indéterminé si nous avons simultané- 
ment, 
d, d, Q, Qy ... Q = 0, 
Az Ay Qz Qu ... A, = D. 


Chacune de ces équations définissant une 1-3, l'ensemble 
caractérise une 1*2. C'est le théorème I rappelé plus haut. 
La méme équation pourra aussi s'écrire : 


2,94. 040,0, ... Pan CU Em EU DOUTE CRE AHLY 0920 PRES a, =0. 


Les éléments X et Y seront indéterminés si l’on a simul- 
tanément : 
j 04 8, 0, ... 0, 7 A 
dy 4, Qu ... d, = 0, 
nd 05 
équations qui définissent une I?-*. 
diri E 


t V. 


wv 3 H * » " >, 
() l de sciencias astronomicas e matematicas de Coimbre, 


( 215 ) 

Par suite, dans une l5. ,, les groupes doublement neutres 
constituent une 1255. 

En général, les groupes qui laissent k éléments indéter- 
minés forment une l-z. 

Ces propriétés permettent d'étudier, dans un espace 
quelconque, des courbes rationnelles différentes de la 
courbe normale. 

Ainsi supposons qu'il s'agisse de notre espace E;. 

L'involution l; permet, comme on sait, d'établir toute la 
théorie des cubiques gauches. 

Considérons, dans ce méme espace, une courbe ration- 
nelle C,. 

Tous les plans de TM marquent sur C, une Ej. Les 
éléments neutres déterminent sur cette courbe une lI; Ils 
sont évidemment formés de groupes de trois points en 
ligne droite. Il existe donc une infinité de trisécantes de C4. 

Si, d'un autre cóté, nous considérons une droite quel- 
conque / de l'espace, les plans du faisceau ! marquent sur 
C, une lj. If et If ont, d’après un théorème connu, six 
couples communs. Or, chaque trisécante de C, donne trois 
couples communs Il en résulte que / est rencontrée par 
deux trisécantes de C, : le lieu de ces trisécantes est donc 
un des systémes de génératrices d'une MED du second 
ordre. 


Si, au contraire, nous prenons un point G, les plans de | 


cette gerbe marquent sur C, une E. 
Les deux involutions I}, I5 ont trois ternes communs. 
Donc par uu point G, on peut mener trois trisécantes 
de la courbe C,. 


De méme, si nous considérons, dans l'espace E,, une 


courbe rationnelle Cy, les E; de E, marquent sur Cy une li 
Les groupes de quatre points neutres forment une Ki. 


"d 
" 

Ss 
nc 
2 
ral 

d 
| 


( 214 ) 

Si nous considérons successivement les espaces E; pas- 
sant par un Ey, un E,, ou un E, nous obtenons des 
involutions I5, 15, 

Ces involutions ont en commun avec l; respectivement 

1* 0 quaterne. 

2 trois ternes. 

3° douze couples. 

Il n'est pas difficile d'interpréter géométriquement ces 
résultats. Prenons encore une l; ,; on peut la regarder 
comme définie par les deux équations 


Q, 0, Az Qy ... 0, = 0, 


b, b, b, b, … b, — 0. 


Par suite, pour qu'un élément X soit indéterminé, il 
faudra que l'on ait simultanément 


a, Qy Qz ... d, = 0; as a, a, ... a, = O, 
b, b, b, … b = 0; b, b, b, m" b, = 0. 


Les groupes de n — 1 éléments neutres forment ainsi 
une 17-1. 

En général les groupes de n — k points laissant & points 
indéterminés forment une [775 ,. 

Ainsi, si nous considérons une I$, il existe une lj, C'est- 
à-dire un groupe de six points tels que les deux autres 
points sont indéterminés. 

ous ne pousserons pas plus loin cette étude, que nous 
espérons compléter par l'exposé des conséquences géomé- 
triques qu'on en peut déduire. 


indie Ém—— 


: 9185 ) 


Nouvelles recherches sur la fécondation et la division 
milosique chez l'Ascaride mégalocéphale. — Commu- 
nication préliminaire; par Édouard Van Beneden et 
Adolphe Neyt. 


INTRODUCTION. 


Quand, aprés deux années de recherches consacrées en 
grande partie à l'étude des phénoménes de la fécondation 
et de la division cellulaire chez l'Ascaride mégalocéphale, 
je me suis décidé à livrer à la publicité les résultats de ces 
études, je ne me suis fait illusion ni sur le nombre ni sur 
l'importance des lacunes de mon travail. Les œufs qui m'ont 
servi à rechercher la genése des pronucléus et la division 
des premiers blastoméres avaient été fixés par l'aleool et 
colorés au carmin boracique. Je me suis rendu compte de 
la nécessité de contróler les résultats obtenus au moyen de 
l'alcool par l'emploi d'autres réactifs. Il importait de trouver 
une méthode qui permit de durcir rapidement le corps 
ovulaire, d'arréter le développement à volonté et d'obtenir, 
sur un méme porte-objet, un grand nombre d'œufs mon- 
trant tous un seul et méme stade évolutif. La présence, 
autour du corps ovulaire, de couches périvitellines épaisses, 
qui opposent une résistance vraiment prodigieuse à la 
pénétration de la plupart des liquides, tels que l'acide 
chromique, les bichromates, l'acide picrosulfurique, l': | 
osmique, le sublimé, constitue une source de difficultés 


Dd UNI dei oro WR cM E D rur 
VORMI a e ES a 


( 216 

dont il n’a pas été facile de triompher. Ce n'est qu'après 
de nombreuses tentatives et des essais infructueux que j'ai 
réussi à trouver une méthode qui permet de fixer en 
quelques minutes, de colorer sur porte-objets et de mon- 
ter en préparations permanentes, sans qu'aucune défor- 
mation se produise, les stades relatifs à la fécondation 
proprement dite et à la division des premiers blasto- 
méres, Il y a maintenant plus de deux ans que ce résultat 
a été obtenu, et je n'ai guère discontinué, depuis celte 
époque, à poursuivre l'étude des préparations exécutées 
suivant ce procédé, que je ferai connaitre plus loin. J'ai 
démontré à Berlin, au dernier Congrés des naturalistes, en 
septembre 1886, dans le laboratoire particulier de Prings- 
heim et à l'Institut zoologique dirigé par F. E. Schulze, 
quelques-unes de ces préparations, et je me suis fait un 
devoir de faire connaitre aux naturalistes présents à ces 
séances la méthode employée pour fixer, colorer et monter 
les œufs en préparations permanentes. Vers la fin de 
septembre de la méme année, M. le D" O. Zacharias de 
Hirchberg m'éerivit pour me demander de vouloir bien 
lui communiquer quelques-unes de mes préparations. Je 
n'hésitai pas à lui envoyer les mémes préparations que 
j'avais démontrées à Berlin, et qui y furent examinées par 
un grand nombre de naturalistes, parmi lesquels je citerai 
Pringsheim, Strasburger, R. Hertwig, F. E. Schulze, Hensen, 
Selenka, Reinke et Pfeffer. 

Depuis un an environ, M. Ad. Neyt, dont le nom est 
lié à l'histoire des applications de la photographie à là 
microscopie et à l'astronomie, a bien voulu s'associer à 
moi pour l'étude des diverses questions qui se rattachent 
à la fécondation et à la division cellulaire chez l'Ascaride . 
mégaloeéphale.. Il s'est consacré en outre à reproduire 


B m 

par la photographie tous les détails relatifs à la pénétra- 
tion du zoosperme, à la formation des globules polaires, 
à la genèse des pronucléus et à la karyokinése. Il a si 
complétement réussi à photographier, non seulement les 
éléments chromatiques des pronucléus et des noyaux, à 
tous les stades de la division, mais méme les figures achro- 
matiques, les sphéres attractives avec leurs corpuscules 
polaires, les fuseaux nucléaires et les radiations protoplas- 
miques des asters, que nous serons en mesure de publier 
à bref délai, avec planches photographiques à l'appui, les 
résultats de nos études communes. Le nombre des clichés 
actuellement exécutés est de 1900 environ. Chaque cliché 
représente un œuf unique grossi de 750 à 780 fois (!/16° 
de pouce Imm. Eau Powell et Lealand) et mesurant en 
photographie un diamètre moyen de 5 à 6 centimètres. 

Les recherches nouvelles que nous avons faites contir- 
ment pleinement, sauf sur quelques points de détail, qui 
seront relevés ci-dessous, les résultats que j'ai fait 
Connaître précédemment. Nous avons réussi en outre à 


combler plusieurs lacunes, à trancher différents points 


restés douteux et à découvrir, notamment en ce qui con- 
cerne la karyokinèse, des faits nouveaux auxquels nous 
croyons devoir attacher une grande importance et une 
haute signification. 

Quoique peu partisan, en général, des communications 
préliminaires, j'ai proposé à M. Neyt de publier dés à pré- 
sent, sous une forme sommaire, les faits nouveaux que nous 
avons constatés et de faire connaitre la méthode qui permet 
de les contróler. J'ai déjà exposé, dans une conférence que 
J'ai faite aux membres de la Société royale de microscopie 
de Bruxelles, au mois de février dernier, quelques-uns de 


ces Bree notamment la division des sphères attrac= - 


° SÉRIE, TOME XIV. 5 


* 


(218 ) 
tives, précédée par celle des corpuscules polaires. Nous 
joindrons à cette note quatre planches photographiques 
destinées à montrer qu'il est possible de rendre par la 
photographie bien des détails relatifs aux plus délicates 
particularités de structure des éléments anatomiques. 


Épovanp Van BENEDEN. 


Méthode de préparation. 


Les œufs du vagin el des portions avoisinantes des 
utérus sont pourvus de deux éléments nucléaires, qui 
apparaissent, dans les œufs vivants, sous la forme de deux 
taches claires dans le fond granuleux du vitellus. 

Si, aprés avoir fixé un Ascaris vivant dans un baquet au 
moyen de deux épingles placées l'une prés de l'extrémité 
antérieure, l'autre prés de l'extrémité postérieure du corps, 
on incise la paroi musculo-cutanée, ce qui peut se faire en 
un instant et d'un seul coup de ciseaux, les deux utérus 
étant mis à nu, on peut en quelques minutes avoir déposé 
sur une série de porte-objets de petits amas d'œufs retirés 
de l'appareil sexuel en des points de plus en plus éloignés 
du vagin, et distants les uns des autres d'un quart de cen- 
timètre environ. Ces œufs sont traités sur porte-objet. 
soit par de l'acide acétique glacial, soit par un mélange à 
parties égales d'acide acétique cristallisable et d'alcool 
absolu. En suivant au microscope l'action du réactif, on 
constate qu'au bout de cinq minutes quelques ceufs se font 
remarquer par leur transparence : de granuleux et à peine 
translucide qu'il était, le vitellus est devena transparent. 
Ce changement d'aspect du vitellus se fait brusquement 
et pour ainsi dire instantanément. Au fur et à mesure que 


o e — Suet 


( 949 ) 

le réaetif agit plus longtemps, un plus grand nombre 
d'œufs subissent cette transformation; au bout de vingt 
minutes on ne trouve plus guère d'œufs restés granuleux ; 
tous ont été frappés de mort: l'acide a passé à travers les 
enveloppes périvitellines, est arrivé au contact du proto- 
plasme et a déterminé les modifications que nous venons 
de signaler. Au moment choisi, soit quand quelques œufs 
seulement ont été tués, soit aprés que tous ont été fixés, 
on remplace l'acide par de la glycérine au tiers additionnée 
d'une solution aqueuse de vert de malachite, de vésuvine, 
ou, ce qui vaut mieux, des deux matières colorantes à la 
fois. Il est à peu p:és indifférent que la glycérine soit plus 
ou moins chargée de matière colorante. Moins d'une heure 
aprés, les éléments nucléaires apparaissent distinctement, 
plus ou moins énergiquement colorés, dans le foud clair 
et uniforme du vitellus. La coloration s’accentue avec le 
temps; on peut sans inconvénient laisser les œufs pendant 
plusieurs jours, voire méme pendant des semaines ou des 
mois dans la glycérine colorée. S'il s'est produit un excès 
de coloration, on décolorera soit par l'eau pure, soit par 
l'eau acidulée d'aeide acétique, soit par la glycérine au tiers 
ou méme plus fortement étendue d'eau e! très légèrement 
acidulée d'acide acétique. 

Un point intéressant à noter c'est que, si l'on substitue la 
glycérine à l'acide acétique pur ou au mélange à parties 
égales d'aeide et d’alcool, au bout de cinq à dix minutes, 
alors qu'un nombre plus ou moins considérable d'œufs 
n'ont pas encore été tués, ces œufs, quoique placés dans la 
glycérine colorée, voire méme dans des préparations for- 
mées à la paraffine, se développent, se segmentent régu- 
liérement, donnent parfois méme naissance, après des 
semaines ou des mois, à des embryons normaux, absolu- 
ment comme si rien ne s'était produit. 


( 220 ) 

Au moment oü l'on verse sur les ceufs l'acide pur ou 
mélangé à l'aleool, l'amas se gonfle considérablement. 
Ce phénomène dépend exclusivement du gonflement de 
la eouche de substance qui, dans l'utérus, se dépose à 
l'extérieur de chacun des œufs et qui, sur le frai, se 
montre composée de bàtonnets juxtaposés les uns aux 
autres. L’œuf lui-même conserve exactement son volume 
primitif. La substance gonflée par l'acide est visqueuse, 
molle, parfaitement transparente et homogène en appa- 
rence. Elle fait adhérer les ceufs au porte-objet et permet 
d'exercer sans aucun inconvénient une pression suffisante 
sur le cover pour étendre lamas d'œufs, traités par le 
réactif, en une seule assise d'ovules. 

Quand l'acide a traversé la première couche périvitel- 
line et qu'il commence à imprégner la seconde couche, 
celle-ci perd l'apparence fibrillaire, si marquée sur le vivant, 
de sa couche corticale. 

La substitution de la glycérine à l'acide n'améne pas la 
moindre déformation de l’œuf, ni rétraction des mem- 
branes, ni altération de la forme du corps vitellin. 

Que l'on ait employé l'acide pur ou le mélange d'acide 
et d'aleool, on distinguera avec la plus grande netteté, 
moins d’une heure aprés que l'on aura commencé l'opé- 
ration, deux éléments nucléaires sphériques dans l'im- 
mense majorité des œufs. Si l'on a affaire à des œufs 
rétirés du vagin ou du quart inférieur de l'utérus d'un 
ascaris vivant, chacun des éléments nucléaires montre une 
structure réticulée trés délicate, et les éléments chroma- 
tiques des pronueléus, aussi bien que ceux des globules 
polaires, apparaissent vivement colorés en vert ou en brun, 
suivant les matières colorantes employées. Comme nous 
l'avons dit plus haut, la présence de deux éléments nuclé- 


( 221 ) 
aires, dans l'immense majorité des ceufs retirés soit du 
vagin, soit du quart inférieur de l'utérus, peut étre d'ail- 
leurs constatée sur le vivant : ces noyaux apparaissent 
alors comme des taches claires dans le fond granuleux 
du vitellus (1). Mais il est impossible, par l'examen des 
œufs vivants, de se rendre compte de la structure de ces 
éléments, et ce n'est guére que quand on a reconnu, par 
l'emploi des réactifs, la présence dans le vitellas de deux 
beaux noyaux sphériques, bien délimités et plus ou moins 
chargés de chromatine, que l'on acquiert la certitude que 
les deux taches claires, qui se voient sur le vivant, sont bien 
déterminées par ia présence de deux éléments nucléaires. 


Pour étudier la genèse du pronucléus femelle aux dépens 
de la seconde figure pseudo-karyokinétique, du pronucléus 
mâle aux dépens du spermatozoïde, il faut examiner des 
séries de préparations d'œufs rétirés de l'utérus, en des 
points suffisamment éloignés du vagin. La méthode à 
l'acide acétique et la coloration au moyen de la glycérine 
additionnée de vert de malachite et de vésuvine, permet de 
constater avec la plus parfaite évidence deux faits impor- 
tants : 1° le moment où le pronucléus mâle se consti- 
tué aux dépens du petit noyau chromatique du zoosperme 
coincide exactement avec celui où le pronucléus femelle 
se forme aux dépens de deux éléments chromatiques, en 
forme de bâtonnets, qui proviennent de la seconde figure 
pseudo-karyokinétique (2); 2 au moment où il prend 


mn RPG ME Qe 


(1) Enovanp Van Bengoen, Recherches sur la maturation de l'eeuf, 
la fécondation et la division cellulaire, planche XIX, fig. 10. 

(2) Ibidem, planche XIX, fig. 4, 5, 6, 7 et 8. Planche XVIII, 
fig. 3, 4, 5 et 6. 


( 222 ) 

naissance le pronucléus mâle est enveloppé par le résidu 
dégénéré du corps protoplasmique du zoosperme; celui-ci 
ne se confond pas avec le protoplasme ovulaire : il consti- 
tue autour du noyau du spermatozoide une couche parfai- 
tement délimitée, qui ne se sépare du pronucléus mâle 
qu'aprés que celui-ci s'est constitué en une vésicule. 
Jusqu'à ce moment le résidu du protoplasme spermatique 
enveloppe partiellement le pronucléus et affecte la forme 
d'une calotte à surface irréguliére (1). Cette calotte, aprés 
s'être éloignée du pronucléus, se ramasse sur elle-même; 
elle diminue rapidement de volume, au point de n'étre 
bientót plus qu'un globule, puis un granule à peine per- 
ceptible; enfin toute trace du corps dégénéré du zoosperme 
disparait complétement. Le résidu du protoplasme sper- 
matique se dissout dans le vitellus, probablement par une 
sorte de digestion. 

Ce qui rend particalièrement facile l'observation de ces 
faits, que l'un de nous avait observés, décrits et figurés 
d'après des préparations à l'alcool, colorées au earmin 
boracique, c'est que si l'on traite par la glycérine addi- 
tionnée de vert de malachite et de vésuvine les œufs 
fixés par l'aeide acétique, le corps protoplasmique dégé- 
néré du zoosperme se colore vivement en brun, tandis 
que les éléments chromatiques nucléaires prennent une 
coloration verte, le vitellus restant à peu prés incolore. 
Impossible de ne pas distinguer à première vue, dans ces 
préparations, les deux pronucléus d'une part, le résidu 
du corps protoplasmique du zoosperme de l'autre. Rien de 
plus facile à constater que ce fait capital que, au moment 


BLU ie ee RARE 


(1) Loc. cit., planches XVII” et XIX. 


| 
T 
: 


( 223 ) 

où il se constitue en un noyau vésiculeux et réticulé, au 
voisinage du centre du vitellus, le pronucléus mâle est 
encore enveloppé en tout ou en partie par le résidu du corps 
protoplasmique du zoosperme. ll atteint des dimensions 
considérables et affecte une forme sphérique régulière, 
avant de sortir de la concavité de la calotte fortement 
colorée en brun que, dans des œufs plus rapprochés du 
vagin, on trouve recroquevillée et séparée du pronucléus. 
(PLIL già g) 

Avant que le pronucléus mâle se soit dégagé de son 
manteau de protoplasme dégénéré, le pronucléus femelle 
s'est constitué en un noyau réticulé au voisinage du second 
globule polaire. 

Dans cette genèse des pronucléus, la chromatine, jusque- 
là homogène, se résout en un réticulum formé de granules 
chromatiques reliés entre eux par des filaments; de la péri- 
phérie des deux bàtonnets ponctués partent de petites trai- 
nées de grains achromatiques, réunis en filaments; les 
bàtonnets siégent à ce moment dans un espace clair; ils 
augmentent rapidement de volume, au point d'envahir 
bientôt tout cet espace, dont les limites deviendront celles- 
des pronucléus. On ne peut mieux comparer l'aspect du 
phénoméne qu'au gonflement d'une éponge comprimée 
d'abord, au moment où elle s'imbibe de liquide. 


La méme méthode, traitement par l'acide acétique cris- 
tallisable pur ou mêlé à parties égales avec de l'alcool 
absolu, coloration par la glycérine additionnée de vert de 
malachite et de vésuvine et remplacement aprés deux ou 
trois jours de la glycérine colorée par de la glycérine au 
tiers non colorée, cette méthode donne des résultats 


( 224 ) 

superbes pour l'étude de la karyokinèse dans les blasto- 
méres de l'Ascaris. Pour faire apparaitre les éléments 
chromatiques il est indifférent que l'on emploie l'acide 
seul ou l'acide additionné d'alcool. Mais les fibrilles achro- 
matiques des fuseaux el des asters se conservent beau- 
coup mieux dans le mélange d'alcool et d'acide. Quant 
aux sphères attractives avec leurs corpuscules polaires, 
elles apparaissent trés distinctement aussi dans les prépa- 
rations colorées aprés l'action de l'acide pur; mais elles 
présentent un autre aspect daus les deux catégories de 
préparations, ce qui dépend de ce que les fibrilles achroma- 
tiques ne résistent guère à l'action de l'acide seul, tandis 
qu'elles se conservent bien par le mélange d'acide et d'al- 
cool. L'acide fait gonfler les granules punctiformes des 
fibrilles et parait résoudre celles-ci en granulations. L'alcool 
empéche l'acide de produire ce résultat. 

Pour étudier la métamorphose des pronucléus, voir un 
cordon chromatique d'abord trés ténu, puis de plus en plus 
épais, se constituer aux dépens du réseau nucléaire dans 
chacun des pronucléus, pour observer les phases succes- 
sives de la karyokinèse pendant la segmentation, voici 
comment il faut procéder. Les œufs retirés du vagin et du 
quart inférieur des utérus d’un Ascaris vivant sont mis en 
culture dans un verre de montre ou sur des fèces de che- 
val. La rapidité du développement est fonction de la tempé- 
rature. Les œufs retirés de l'utérus ou du vagin placés 
dans un verre de montre, sans addition d'aucun liquide et 
maintenus dans un milieu humide à une température de 
25 degrés environ, sont déjà segmentés en deux, douze 
heures et méme moins de douze heures aprés avoir été 
mis en culture. Ils se segmentent moins vite si, au lieu de 


( 225 ) 

les mettre en contact avec lair atmosphérique, on les 
maintient plongés dans un liquide, eau, sérum ou glycé- 
rine. Mais pour être un peu plus lent, le développement 
n'en marche pas moins régulièrement dans ces conditions. 
Des températures plus basses ralentissent le développe- 
ment; mais elles n'aménent, pas plus que l'immersion, 
aucun phénoméne anormal ou pathologique. On peut, 
comme l'a montré Hallez, arréter à volonté le développe- 
ment pendant un temps plus ou moins long, soit en abais- 
sant suffisamment la température, soit en empêchant 
l'accés de l'oxygène, sans que le développement normal 
de l’embryon en soit affecté d'aucune manière. Quelles 
que soient les conditions dans lesquelles les ceufs retirés du 
vagin et du quart inférieur de l'utérus se trouvent placés, 
qu'ils soient immergés dans l'eau ou maintenus dans un 
verre de montre sans addition de liquide, que l'on prenne 
la précaution de les placer dans une chambre humide ou 
qu'on les laisse se déssécher, qu'on les conserve à une tem- 
pérature constante ou qu'on les soumette pendant l'hiver 
à toutes les variations journalières de chaud et de froid, 
on est certain, en examinant les œufs aprés un laps de 
temps variant de six semaines à trois mois, de trouver un 
embryon complètement développé et parfaitement vivant 
dans chaque ceuf. 


Les œufs de l'Ascaris du cheval, admirablement pro- 


tégés par les enveloppes périvitellines, si peu perméables 
qu'elles s'opposent à la pénétration de la plupart des 
réactifs, tant que l'œuf est vivant, présentent donc une 
résistance merveilleuse, et l'on chercherait en vain, dans 


n'importe quelle classe du règne animal, des œufs mieux - 


abrités contre l'action des causes extérieures. 


- 


v 226 | 

L'hypothése purement gratuite d'aprés laquelle les ceufs, 
chez lesquels la conjugaison des pronucléus n'a pas lieu, 
seraient des œufs pathologiques, peut être écartée à priori. 
Les expériences de contrôle sont d'ailleurs des plus simples 
et des plus faciles à faire. Elles ont été répétées un grand 
nombre de fois. Des œufs sont mis en culture dans un 
verre de montre. De demi-heure en demi-heure on en fait 
deux ou trois préparations. Au début, on trouve deux pro- 
nucléus dans chaque œuf; puis on voit un cordon chro- 
matique se constituer dans chaque pronucléus et deux 
anses chromatiques primaires se former aux dépens de 
chacun d'eux ; puis le vitellus se divise et les préparations 
donnent successivement tous les stades de la karyokinése. 
Sur le méme porte-objet les ceufs se trouvent à peu 
prés tous au méme stade du développement. On varie la 
durée de l'action de l'acide dans les trois préparations 
faites au méme moment, de facon à tuer dans chacune 
d'elles un nombre plus ou moins considérable d'œufs, ou 
bien à les tuer tous. Dans ce dernier cas encore, les œufs 
présentent tous indistinctement les mêmes particularités. 
Dans les préparations où l’action de l'aeide a été moins 
prolongée, un certain nombre d'œufs ont échappé à la 
mort. Si l'on prend la précaution d'enlever le couvre-objet, 
ou méme sans prendre cette précaution, ces ceufs conti- 
nuent leur évolution normale et, après quelques semaines, 
on y trouve des embryons complètement développés, pat- 
faitement vivants et se contournant en tous sens. Les œufs 
mis en culture ne sont pas tous employés. Aprés quelques 
semaines, on trouve un embryon vivant dans chacun dés 
œufs conservés dans le verre de montre. 

ll faut bien admettre que ces œufs n'étaient point patho- 


( 227 ) 

logiques, et si ceux qui sont restés en culture et qui ont 
pu se développer complétement étaient des ceufs normaux, 
capables d'un développement normal, dira-t-on que ceux 
qui ont été tués par l'acide et chez lesquels deux anses 
chromatiques se sont constituées aux dépens de chacun 
des pronucléus, sans aucune conjugaison préalable, étaient 
des œufs pathologiques? 

Soutiendra-t-on que l'acide acétique les a rendus 
malades avant de les tuer? Comment se fait-il alors que 
ceux qui ont été plongés dans l'acide pendant plusieurs 
minutes, mais qui ont néanmoins échappé à la mort, à raison 
de l'action trop peu prolongée du réactif, donnent naissance 
à des embryons parfaitement vivants? Il faut n'avoir jamais 
observé l'instantanéité avec laquelle l'aspect du vitellus 
change, au moment où l'acide, aprés avoir traversé les 
enveloppes, arrive au eontact du globe vitellin, pour expri- 
mer semblable opinion. 

Si l'on plonge les œufs dans de l'aleool faible, ils ne 
sont tués qu'aprés une immersion prolongée. On pourrait 
Croire que, dans ces conditions, les œufs avant de mourir 
ont pu pendant quelque temps évoluer anormalement. 
Ici, l'objection pourra paraître fondée; et cependant elle 
ne l'est pas; nous n'avons rencontré dans les œufs traités 
de celte manière que des stades normaux, montrant les 
mêmes phénomènes que l'on constate en traitant par l'acide 
acétique et dont on peut contrôler le caractère normal, 
tout au moins en ce qui concerne les phénomènes exté- 
rieurs de la segmentation, en comparant avec le vivant. 
Quant au traitement par l'acide acétique ou par un mélange 
d'acide et d'aleool absolu, l'objection tombe d'elle-même 
en présence de ce fait que les ceufs sont tués en quelques 


( 238 ^ 

minutes. Il serait plus exact de dire qu'il suffit de quelques 
minutes pour que le réactif traverse les couches périvi- 
tellines et arrive au contact du vitellus. Dès le moment 
oü l'acide atteint le globe vitellin, il est instantanément 
tué et fixé dans sa forme, comme le serait un œuf nu ou 
entouré de membranes n'opposant aucun obstacle à la 
pénétration des liquides. 


La méthode à l'acide acétique, qui donne des résultats si 
favorables pour l'étude de la formation des pronucléus et 
de la segmentation, ne convient pas pour l'analyse des 
.figures qui se rattachent à la formation des globules 
polaires. La cause en est dans la composition du vitellus, 
toute différente pendant la période de maturation de l'œuf 
et aprés la maturation. Il existe probablement dans le 
protoplasme ovulaire, préalablement à l'expulsion du 
second globule polaire, des substances qui gonflent au con- 
tact de l'acide. Ce gonflement détermine des altérations 
profondes du corps cellulaire et des figures pseudo- 
karyokinétiques. 

Nous n'avons pas réussi à trouver, pour l'étude de là 
formation des globules polaires, de méthodes plus favo- 
rables que celles qui ont donné à l'un de nous les résultats 
qu'il a fait connaitre. La valeur de ces méthodes a été 
critiquée et l'on a révoqué en doute le bien-fondé des con- 
clusions tirées de l'étude de ces préparations, quant à la 
signification des globules polaires. La plupart des au- 
leurs continuent à penser que les globules polaires sont 
essentiellement des cellules, et que les phénoménes préa- 
lables à l'expulsion de ces éléments sont assimilables à 
ceux qui caractérisent essentiellement la karyokinèse. 


Ryan RE 


( 229. ) 

Nous réservons pour plus tard la discussion des objec- 
üons qui ont été faites à l'interprétation des figures 
décrites et figurées dans le mémoire sur la maturation de 
l'eeuf et la fécondation chez l'Ascaris. Nous nous bornons 
à déclarer que nous maintenons absolument l'opinion 
émise par l'un de nous quant à la nature des globules 
polaires. Sans entrer dans le détail des phénoménes qui 
préludent à la formation de ces éléments, nous appelle- 
rons l'attention sur le fait suivant qui, à notre avis, résoud 
la question. Chaque fois qu'une cellule de l'Ascaris se 
divise, on constate dans la plaque équatoriale de la figure 
dicentrique l'existence de quatre anses chromatiques, et 
les noyaux dérivés se constituent aux dépens de quatre 
anses secondaires. La division karyokinétique n'a donc pas 
pour effet de réduire le nombre des éléments chroma- 
tiques du noyau, mais seulement de dédoubler ces élé- 
ments. Au contraire, la genèse des globules polaires a pour 
résultat de réduire de moitié le nombre des éléments chro- 
matiques du noyau ovulaire. Dans les œufs primordiaux 
et les spermatoméres en voie de division, comme dans les 
cellules des tissus et les blastoméres en cinèse, la plaque 
équatoriale se constitue de quatre anses chromatiques. La 
chromatine de l'œuf ovarien, condensée dans le corpuscule 
germinatif, procéde de quatre anses chromatiques. Tout 
au contraire, le pronucléus femelle se constitue aux dépens 
de deux bàtonnets chromatiques et il ne fournit que deux 
anses chromatiques à la première figure dicentrique : il 
n'est donc, au point de vue de la quantité de chromatine 
qu'il renferme, qu'un demi noyau. Pendant la genése des 
globules polaires, le noyau ovulaire a done subi une réduc- 
tion nucléaire. Le noyau ovulaire, aprés le rejet des 
globules polaires, n'est plus qu'un demi noyau. 


250 ? 


Ce fait capital, établi pour la première fois dans le 
mémoire sur la maturation de l’œuf et la fécondation chez 
l'Ascaris, montre à l'évidence qu'il existe une différence 
radicale entre une division cellulaire et la formation des 
globules polaires. 

Dans son mémoire sur la spermatogenése chez l'Ascaris, 
publié en collaboration avec Ch. Julin, l'un de nous à 
montré qu'il en est de méme lors de la formation des sper- 
matozoides. Tandis que, dans les spermatoméres en cinése, 
la plaque équatoriale se constitue de quatre anses chro- 
matiques, identiques à celles que l'on observe dans un 
blastomére en voie de division, dans les spermatogonies 
l'on ne trouve plus, au stade de la métaphase, que deux élé- 
ments chromatiques primaires, et il en est de méme dans 
les spermatocytes et par conséquent dans les spermato- 
zoides. 

Done, tandis que les noyaux de toutes les cellules de 
l'Asearis sont caractérisés en ce qu'ils renferment l'équi- 
valent de quatre anses chromatiques, l’œuf, après avoir subi 
les phénomènes de la maturation, les spermatogonies, les 
spermatocytes et les spermatozoïdes, ne renferment plus 
chacun qu'un demi-noyau. Alors que, dans toute division 
mitosique, il s’opère un dédoublement des éléments chro- 
matiques, jamais de réduction, la formation des globules 
polaires et la genèse des spermatozoïdes sont caractérisés 
par une réduction de moitié des éléments chromatiques 
de la cellule. Tandis que, dans toute cellule de l’Asearis; 
existe l'équivalent de quatre anses chromatiques, dont la 
présence caractérise un noyau complet, il n'existe dans 
l'œuf mür et dans le spermatozoide que Rs de 
deux anses chromatiques. 


PRE AN ET 


( 231 ) 


RÉSULTATS. 
$ I. — Formation des pronucleus. 


L'une des conclusions fondamentales que l'un de nous 
a formulées dans le mémoire qui fut livré à la publicité au 
commencement d'avril 1884, c'est que l'un des deux élé- 
ments nucléaires, que l'on trouve dans les ceufs vaginaux 
et utérins (quart inférieur de l'utérus) de l'Ascaris, se 
développe tout entier et exclusivement aux dépens du 
zoosperme, tandis que le second procéde d'un reste de la 
vésicule germinative, concurremment avec le second glo- 
bule polaire. Seul le noyau du spermatozoide intervient 
dans la formation du pronucléus mâle : le protoplasme du 
zoosperme subit, pendant la maturation de l'eeuf, une 
dégénérescence progressive, qui s'aecuse notamment en 
ce qu'il acquiert une grande avidité pour les matières colo- 
rantes. Au moment où le petit noyau chromatique du 
Z00Sperme se transforme en un noyau vésiculeux, sphé- 
rique et à structure réticulée, le résidu dégénéré du pro- 
toplasme spermatique entoure ce noyau, en tout ou en 
partie, et lui constitue un revêtement à surface irrégulière, 
qui se colore énergiquement en brun par la vésuvine. 
(Pl. I, tig. 1.) Quand le pronucléus a atteint un certain 
volume, il quitte la concavité de la calotte que lui formait 
le résidu du protoplasme spermatique, et l'on trouve alors 
le résidu de ce dernier dans le vitellus, à cóté du pronu- 
cléus. (PI. I, fig. 2 et 5. Voir aussi pl. XVIII*^, fig. 5, 5 et 


( 232 ) 

6, pl. XIX, fig. 4, 5, 6, 7, 8 du mémoire cité). La calotte 
recroquevillée, réduite à un amas irrégulier de substance 
assez réfringente, nettement circonserite et se colorant 
vivement en brun par la vésuvine, est alors progressive- 
ment résorbée (pl. I, fig. 4); elle finit par disparaître 
complétement. Pendant ce temps, le pronucléus mále con- 
tinue à s'accroitre. 

En méme temps que se forme lé pronucléus mâle, aux 
dépens du noyau du zoosperme, le pronucléus femelle 
prend naissance à la périphérie du vitellus, au voisinage 
du second globule polaire. (Voir pour les détails du phé- 
nomène, pl. XVII”, fig. 5, 4, 5 et 6, pl. XIX'^, fig. 1, 2, 
3, 4, 5 et 6 du mémoire cité. 

Les préparations faites au moyen de la méthode à l'acide 
acétique et coloration par les matiéres d'aniline ont si 
complétement confirmé ces résultats, que nous n'avons rien 
à ajouter, rien à retrancher de la description que l'un de 
nous à faite précédemment de cette période du développe 
ment. 


8 H. — Prophases cinétiques. 


Un autre résultat du méme travail, c'est que, dans l'im- 
mense majorité des ceufs, il ne se produit pas, chez l'Ascaris 
du cheval, de conjugaison des pronucléus. Dès que les élé- 
ments nucléaires ont atteint leur complet développement, 
il se constitue dans chacun d'eux, aux dépens du reticulum 
nucléaire, un cordon chromatique. Les préparations à 
l'acide acétique nous ont permis d'étudier de plus près la 
genése de ce cordon. Il se forme exelusivement à la péri- 
phérie du pronucléus, et siége, tout au moins en grande 


( 299 ) 
partie, dans l'épaisseur de la membrane nucléaire (1). Il se 
présente, au début, sous la forme d'un cordon extréme- 
ment fin, trés sinueux, contourné et pelotonné. Il est diffi- 
cile de dire si, à ce stade, où chacun des pronucléus pré- 
sente exactement l'aspect que Flemming a si bien figuré 
pour les noyaux de la salamandre au début de la cinése 
(Beitr. zur Kenntn. der Zelle. Arch. f. Mikr. Anat. Bd. 16, 
pl. XVII, fig. 5), le cordon est continu ou discontinu. À 
mesure que le développement progresse, le cordon s'épais- 
SiL et se raccourcil; son trajet devient moins flexueux, 
et bieutót il devient facile de constater que, dans chacun 
des pronucléus, il n'existe qu'un cordon unique et continu, 
formant dans la plupart, sinon dans tous les cas, une 
courbe fermée. A un moment donné, on distingue nette- 
ment, dans chaque pronucléus, un champ polaire répondant 
à la zone que Rabl a décrite sous ce nom dans les noyaux 
de la salamandre. Le cordon décrit à la surface de chaque 
pronucléus un certain nombre de lignes méridiennes qui, 
à des distances variables du champ polaire, se réunissent en 
anses deux à deux. Ces méridiens, flexueux à des stades 
plus jeunes, se régularisent progressivement; leurs termi- 
naisons en anses s'éloignent progressivement du champ 
polaire et aussi du póle du noyau opposé à ce champ. 
I! arrive un moment où le cordon chromatique ne forme 
plus qu'un anneau sinueux, à mi-distance entre les deux 
póles du noyau. Puis une moitié de l'anneau est refoulée 
dans l'autre : le cordon chromatique de chaque pronucléus 
forme une figure analogue à celle que l'on produirait au 
moyen d'un anneau élastique, en le pliant suivant un de 


I TA Sq ennt 


(4) Loc. en... page 552. 
Ó"* SÉRIE, TOME XIV. 16 


( 254 ) 

ses diamètres de façon à en faire deux demi-anneaux super- 
posés. Chaque demi-anneau n’est pas cependant régulière- 
ment semi-circulaire; il décrit encore des sinuosités plus 
ou moins marquées. Aprés ce stade, le cordon chromatique 
subit généralement une rétraction ; il quitte en partie la 
surface des pronucléus et se pelotonne plus ou moins vers 
l'intérieur, de sorte que, dans beaucoup d'œufs, il devient 
difficile d'analyser le cordon. 

Le plus souvent avant, parfois seulement aprés cette 
rétraction, qui est du reste plus ou moins accusée et présente 
des aspects variables d'un œuf à l'autre, le cordon subit la 
segmentation transversale. Il résulte de cette segmentation 
que, dans chacun des pronucléus, le cordon chromatique 
se résout en deux anses chromatiques primaires, plus ou 
moins paralléles entre elles, parfois emboitées l'une dans 
l'autre; parfois les deux anses, encore réunies entre elles 
par une de leurs extrémités, forment ensemble une sorte de 
W. Le plus souvent l'une des anses est un peu plus courte 
que l'autre. A ce moment les pronucléus, dont les contours 
sont devenus fort indislincis, se regardent l'un l'autre par 
leurs faces latérales, les champs polaires étant dirigés d'un 
méme côlé, vers les sphères attractives adjacentes entre elles. 
Les anses primaires ont leurs extrémités divergentes et 
elles dirigent toutes, vers le centre de la figure, la con- 
vexité de la courbe qu'elles décrivent. Leur position relative 
se modifie peu à peu: au moment oü elles viennent de Se 
constituer, les quatre anses forment encore deux groupes 
composés chacun des deux éléments dérivés d'un méme 
pronucléus. Souvent les deux anses d'un méme groupe 
sont au début plus ou moins paralléles entre elles; elles 
décrivent la méme courbe, et l'une se trouve logée dans la 
concavité de l'autre. Plus tard les anses d'un méme groupe 


( 255 ) 
s'écartent l’une de l’autre et en viennent à se placer l'une 
à côté de l'autre. A ce moment il devient impossible de 
distinguer les anses paternelles des anses maternelles : les 
quatre anses forment ensemble une étoile composée d'élé- 
ments semblables juxtaposés entre eux. Les membranes des 
pronucléus n'existent déjà plus depuis longtemps et il peut 
sembler, si l'on n'y regarde pas de trés prés, que les anses 
chromatiques sont librement suspendues dans le proto- 
plasme ovulaire. Alors s'accomplit la division longitudinale 
ou le dédoublement des anses primaires en anses secon- 
daires : l'étoile ehromatique primaire se divise, suivant le 
plan équatorial de la figure, en deux étoiles chromatiques 
secondaires, identiques entre elles; adjacentes l’une à l'autre 
au moment oü elles prennent naissance, elles s'écartent 
progressivement l'une de l'autre, gagnent peu à peu les 
póles de la figure dicentrique et constituent les ébauches 
des noyaux des cellules filles. Cette découverte du chemi- 
nement vers les póles opposés de la figure des anses 
jumelles, nées du dédoublement d'une anse primaire, fut 
faite en méme temps par l'un de nous chez l'Ascaris (1), 


nt ms E 


(4) Le premier exemplaire de mon mémoire fut remis à Dubois- 
Raymond, Jors de son passage à Liège, le 4 avril 1884. Le travail 
de Heuser parut dans le courant de mars 1884. Il résulte de ces dates 
que cette découverte à été faite et publiée à peu prés simultanément 
par Heuser dans des cellules végétales et par moi dans des cellules 
animales. Le mémoire de Rabl, sur la karyokinése chez la salamandre, 
Parut plusieurs mois plus tard. C'est done tout à fait à tort que 
Waldeyer, dans un écrit récent, attribue à Heuser et à Rabl la décou- 
verte dont il s'agit. Je tiens à en revendiquer la priorité pour Heuser 
et pour moi-même. Nos travaux ont paru à moins d’un mois d'inter- 
valle, De méme due Pan à EA ce E Sr HER chez les 
Végétaux, S hez l'Ascaris, 


( 256 ) 
par Heuser dans les cellules végétales et, bientót aprés, elle 
fat confirmée par Rabl dans les cellules des tissus de la 
salamandre. Elle donne la elef de l'interprétation des phé- 
noménes si compliqués, jusque-là incompréhensibles, de la 
karyokinése. 

En ce qui concerne la division du premier blastomére de 
l'Ascaris, cette découverte a permis de reconnaitre que la 
chromatine des noyaux des deux premiers blastoméres 
dérive, par moitiés, du pronucléus mâle et du pronucléus 
femelle, sans qu'à aucun moment il y ait eu ni fusion, 
ni mélange, moins encore d'imprégnation (Durchdringen 
Hertwig) des chromatines paternelle et maternelle. Si l'on 
rapproche l'un de l'autre ces trois faits : 4° le fait bien 
connu que le descendant hérite, à égalité de titres et par 
parts égales, des caractères paternels et des caractères 
maternels, qu'il tient également du père et de la mére; 
9? le fait, résultant avec une absolue certitude de l'étude du 
développement de l'Ascaris, que le corps protoplasmique du 
spermatozoide dégénére et n'intervient pas dans l'édification 
du corps protoplasmique de la première cellule embryon- 
naire, que le noyau du zoosperme est le seul élément 
paternel fourni à l'eeuf fécondé; 3° que les noyaux des deux 


E a 9 a peu Eee 


de méme je n'avais et je ne pouvais avoir aucune connaissance de 
ses travaux, quand j'ai reconnu, dans les blastoméres de l'Ascaris, 
la raison de la division longitudinale des anses primaires. Je pense 
aussi que la constatation des mêmes faits par Rabl, dans les cellules 
de la salamandre, a été tout à fait indépendante. Cependant le 
mémoire de Rabl parut assez longtemps aprés les recherches de 
Heuser et aprés mon travail, pour avoir permis à cet auteur de 
citer nos ouvrages. Quelques-uns des résultats consignés dans mes 
« Recherches » sont cités par Rabl à la page 248, dernier alinéa, de 
son mémoire. Épovanp Van BENEDEN. 


tia 


( 237 ) 

premiers blastoméres et tous les noyaux subséquents se 
constituent aux dépens de quatre anses chromatiques sem- 
blables entre elles, dont deux paternelles et deux mater- 
nelles, on en arrive à cette double conclusion : 1° que le 
noyau est le support exclusif des propriétés héréditaires et 
l'organe directeur du développement, de la forme et de 
la fonction ; et 2 que l'hérédité se conçoit chez les êtres les 
plus compliqués, au méme titre et de la méme maniére 
que chez les Protozoaires qui se multiplient par division. 
La premiére de ces conclusions a été surtout mise en 
lumière, aprés la publication de nos recherches sur la 
fécondation chez l'Ascaris, par Strasburger, par O. Hert- 
wig, par Weissmann et par Kólliker. 


S Ill. — Théorie de la fécondation. 


Les observations que nous venons de rappeler, pleine- 
ment confirmées par l'étude des préparations faites au 
moyen de l'acide acétique, ont conduit l'un de nous à 
formuler une théorie de la fécondation toute différente de 
celle de Hertwig, généralement acceptée aujourd'hui en 
Allemagne. 

Pour O. Hertwig, comme pour Strasburger et beaucoup 
d'autres auteurs, la fécondation consiste essentiellement 
dans la conjugaison du noyau spermatique avec le noyau 
ovulaire. Pour ces auteurs il n'y a pas de différence entre 
les éléments nucléaires que l'un de nous a le premier. 
appelés pronucléus, afin de bien les distinguer des noyaux 
complets, et des novaux de cellules ordinaires. La forma- 
lion des globules polaires consisterait, d'aprés eux, en une 
division cellulaire ne différant en rien d'essentiel de toute 


( 258 ) 

autre karyokinése; elle ne se rattacherait pas à la féconda- 
tion, et il faut attribuer aux globules polaires une signifi- 
cation non pas physiologique mais morphologique. Le sens 
qu'il faut attribuer au mot conjugaison, les frères Hert- 
wig l'ont bien précisé dans leur dernier travail, quand ils 
ont cherché à montrer que la fécondation n’est accomplie, 
qu'un développement normal de l'œuf n'a lieu, qu'à la 
condition que le noyau spermatique et le noyau ovulaire 
se soient non seulement soudés entre eux, mais qu'ils 
se soient intimement eonfondus (Durchdringt) : « nur 
dann, wenn die Substanzen von Ei- und Spermarkern sich 
ganz durchdringen, entstehen Kerne, welche mit allen für 
die weitere Entwicklung nötigen Lebenseigenschalten 
ausgerüstet sind (1) ». 

La théorie qui'a été formulée précédemment par l'un 
de nous, fondée sur les phénomènes observés chez l'Ascaris, 
voit dans la conjugaison des pronucléus un phénoméne 
tout accessoire el en quelque sorte accidentel. La fécon- 
dation et la maturation de l'œuf sont des phénomènes 
inséparables, en ce sens que le second est nécessairement 
préalable au premier : la fécondation consiste essentiel- 
lement dans un remplacement, dans la substitution d'un 
demi-noyau fourni par le mâle et introduit par le sperma- 
tozoïde, à un demi-noyau éliminé par œuf sous forme de 
globules polaires. La cellule-œuf, réduite après la matura- 
tion à un gonocyte femelle, à un organisme élémentaire 
pourvu d'un demi-noyau, et pour ce motif incapable de 
multiplication, se complète et devient la première cellule 


ES 


(1) O. et R. Herrwic. Uber den Befruchtungs-und Teilungs- Vor- 
gang des thierischen Eies, unter dem Einfluss aüsserer Agentien. 


—- 


( 259 ) 

de l'embryon, quand un demi-noyau d’origine mâle ou 
paternelle s'est constitué, dans le vitellus, aux dépens de 
l'élément nucléaire du zoosperme. La fécondation, de 
| méme que la nutrilion, se constitue de deux ordres de 
[ phénoménes opposés : élimination et remplacement d'une 
part, décomposition et recomposition de l'autre : dans l'un 
comme dans l'autre cas une réduction s’accomplit d'abord, 
une reconstitution ou une substitution ensuite. Cette com- 
= paraison n'a d'ailleurs que la valeur d'une image destinée 
= à faire comprendre la pensée; car dans la nutrition il 
s'agit d'un phénoméne chimique, dans la fécondation d'un 
phénoméne morphologique. 

Mais dés que ces deux demi-noyaux existent dans le 
corps protoplasmique de l’œuf, la fécondation est accom- 
plie et il est absolument indifférent, pour la suite du déve- 
loppement, que les demi-noyaux que nous avons appelés 
des pronucléus se confondent en un noyau unique ou qu'ils 
restent séparés et écartés l'un de l'autre. Dans l'immense 
majorité des œufs d'Ascaris, ils restent séparés l'un de 
l'autre et M se — "nm l'élification dela premiére 
figure karyokiné t comme s'ils ne formaient 

ensemble | qu'un noyau u unique. Les éléments qui, dans une 
mitose ordinaire, procédent du noyau, sont fournis ici, par 
moitiés égales, par chacun des pronucléus. 

Cette théorie repose sur les faits suivants : 

1° La genèse des pronucléus coincide exactement avec 
l'élimination du second globule polaire, c'est-à-dire avec 
le moment où l'œuf a achevé sa maturation ; 

2 Dans l'immense majorité des cas, il ne se produit pas 
même d'accolement entre les pronucléus; 

5° Les changements préalables à la constitution de la 
figure dicentrique s'accomplissent simultanément dans les 


( 240 ) 
deux pronucléus, qui, quoique écartés l'un de l'autre, se 
comportent exactement comme s'ils ne formaient qu'un 
noyau unique ; 

4° Deux éléments nucléaires, l'équivalent de deux anses 
chromatiques, sont éliminés par l'ueuf, lors de la formation 
des globules polaires, de telle sorte que le pronucléus 
femelle differe des noyaux des cellules des tissus de l'As- 
caris, en ce qu'il ne renferme plus que deux anses chroma- 
tiques au lieu de quatre. 

5° Le noyau du zoosperme ne renferme lui non plus que 
deux éléments chromatiques au lieu des quatre anses que 
l'on observe constamment dans les spermatomères en voie 
de division. L'élément nucléaire du zoosperme, aussi bien 
que l'ébauche du pronucléus femelle, ne sont donc, en se 
fondant sur le nombre des éléments chromatiques qu'ils 
représentent, que des demi-noyaux. 

6° Dès le moment où les pronucléus se sont constitués 
à l'état de corps nucléaires sphériques et réticulés, dès le 
moment où ils ont atteint leur complet déveroppement, la 
cinèse commence. La première cellule embryonnaire; 
capable de division et représentant virtuellement l'individu 
futur, est donc constituée dés le moment où, aux dépens 
du reste de la chromatine ovulaire d'une part, de la chro- 
maline du spermatozoïde de l'autre, se sont formés deux 
éléments nucléaires réticulés. 

Les deux éléments représentent ensemble un noyau 
complet, et il est absolument indifférent qu'ils s'aecolent 
et se fondent ou non l'un avec l'autre puisque, chez l'As- 
caris, celle fusion n'a pas lieu dans l'immense majorité des 
œufs. 

Quelques-uns des faits qui servent de base à notre 
théorie ont été réceniment contestés par deux auteurs 


241 
M. le chanoine Carnoy, professeur à l'Université de Lou- 
vain (1), et M. le D" O. Zacharias, de Hirchberg. 


(4) Il ne peut me convenir ni de discuter avec M. le chanoine 
Carnoy, ni de répondre aux critiques dirigées contre mes travaux 
dans ses ouvrages, dans les conférences qu'il a faites, notamment 
à la Société de microscopie de Bruxelles, dans des journaux poli- 
tiques belges, tels que le Patriote et le Bien public, et dans la 
Revue scientifique. Les motifs les voici : M. Carnoy affirme, dans le 
prospeetus de sa Biologie cellulaire, qu'il fit paraitre en juin 1885, 
que les globules polaires se forment, chez les Nématodes, au sein 
du corps ovulaire! Dans un œuf que l'auteur représente cinq fois, et 
qu'il dit avoir suivi durant 2 !/, heures, un globule polaire est repré- 
senté en voie de formation, aux dépens d'un noyau ovulaire sphérique, 
AU SEIN DU CORPS PROTOPLASMIQUE, puis arrivé plus prés de la surface, 
puis enfin éliminé (fig. 211 ct 212, b, c, d, f, g)! M. Carnoy figure LE 
SPERMATOZ0ÏDE de l'Ascaris mégalocéphale, entouré d'un magnifique 
asler, EN CONJUGAISON avec un noyau femelle consistant en quelques 
granulations entourées d'un autre aster (fig. 217)! Il figure sous 
le nom de cellule mére des spermatoblastes, un spermatozoide 
(fig. 200 B)! Alors que les travaux de Munk ont établi depuis trente 
ans qu'il ne se forme jamais, chez les Nématodes, que quatre sperma- 
lozoides aux dépens d'une spermatogonie, non par bourgeonnement 
mais par division, M. Carnoy représente jusqu'à 15 spermatozoïdes 
se formant par bourgeonnement aux dépens d'un spermatoblaste! 
(Fig. 201.) Ces spermatoblastes n'existent pas. M. Carnoy ignore qu'il 
se forme successivement DEUX globules polaires chez l'Ascaris; il n'a 
pas la moindre notion des pronueléus : il fait conjuguer le spermato- 
zoide avec le noyau ovulaire! Ces faits donnent la mesure des apti- 
tudes de M. Carnoy cn matière d potes en même temps qun ils 
montrent l'étendue de son savoir. 

Le méme auteur qui, en juin 1885, s'imaginait que les obala 
polaires siègent, chez les Nématodes, au sein du corps ovulaire, qui . 
les représente tout formés, blottis (sie) dans le protoplasme, qui igno- 
rait l'existence de deux globules polaires chez ces animaux, qui repré- 
sentait la conjugaison entre le spermatozoïde et le noyau ovulaire, a 


( 242 ) 

Nous ne savons quelle méthode M. e D" Zacharias a 
employée pour obtenir les préparations qui lui ont fait 
voir les images extraordinaires qu'il a représentées pl. IX, 
(ig. 12 à 17, de son mémoire. Cette méthode, il n'a pas cru 
devoir la faire connaitre. M. le D* Zacharias n'a pas vu 
qu'au moment de la formation du second globule polaire, 
le spermatozoide existe encore au centre du vitellus; que 
son corps protoplasmique dégénéré enloure encore le 
noyau spermatique; que c'est entouré par ce résidu que 
le pronucléus mále se constitue à l'état de noyau vésiculeux 
et rétieulé; que le pronucléus ne se débarasse de ce revé- 
tement que quand il a atteint des dimensions déjà consi- 
dérables; que le pronucléus femelle se forme à la périphé- 
rie de l’œuf, aux dépens de deux bâtonnets chromatiques 
qui, d'abord homogènes en apparence, plus foncés et plus 


publié en 1886, deux ans aprés l'apparition de mon Mémoire, deux 
travaux dont les résultats et les figures rappellent d'autant plus ceux 
que j'avais fait connaitre, qu'ils s'éloignent davantage des résultats et 
des figures consignés dans le prospectus de la Biologie cellulaire. 

Cependant M. Carnoy ne cite mon nom que quand il croit devoir 
me combattre, et pour en avoir de plus fréquentes occasions, il relate 
mes observations d'une maniére erronée; il tronque les citations et 
m'attribue des opinions que je n'ai jamais exprimées. C'est du reste 
une habitude, peut-étre méme un prineipe, chez lui, de ne citer les 
auteurs que pour relever les erreurs qu'il leur attribue. 

La conclusion des œuvres de M. Carnoy, c'est qu'aucune loi ne se 
dégage de l'étude des phénoménes de la karyokinése et de la fécon- 
dation : qu'aueun phénoméne n'est essentiel, que tous sont variables! 
Cette thèse M. Carnoy s'est efforcé de l'établir; je ne sais s'il s'imagine 
avoir réussi à le faire. Mais je pense qu'il a surtout réussi à démontrer 
qu'il n'est pas donné au premier venu de contribuer efficacement aux 
progrès de la science. Non cuivis homini contingit adire Corinthum. 


Épovanp Van BENEDEN. 


À ei 


ME ie ie Ge “ét GE 


à 
y 
L- 
* 
À 
E 


( 243 ) 
réfringents à leurs extrémités qu'à leur milieu, prennent 
peuà peu une apparence ponctuée; qu'en méme temps qu'ils 
se résolvent en granulations chromatiques, reliées entre 
elles par de fins filaments, ils augmentent de volume, et 
que, de leur périphérie, partent de fins filaments traver- 
sant l'espace clair qu'ils occupent; qu'au moment où ils 
se constituent à l'état de noyaux vésiculeux et réticulés les 
deux éléments nucléaires se trouvent presque toujours fort 
écartés l'un de l'autre, le pronucléus mále occupant dans 
l'immense majorité des cas le centre du vitellus, tandis 
que le pronucléus femelle siége à la périphérie, au voisi- 
nage du second globule polaire; que l'on trouve pendant 
longtemps, à cóté du pronucléus mále exclusivement formé 
aux dépens du zoosperme, le résidu du corps protoplasmique 
du spermatozoïde. M. le D" O. Zacharias n'a constaté aucun 
de ces faits, que chacun pourra contrôler, non seulement 
en employant l'acide acétique pur ou le mélange d'acide et 
d'alcool, mais méme en examinant des œufs non segmentés 


. fixés au moyen de l'alcool et colorés par le carmin bora- 


Cique. Nous nous offrons à envoyer nos préparations, 
démontrant la genése des pronucléus, à tout histologiste, à 
tout embryologiste compétent, qui nous en exprimera le 
désir. Nous affirmons de la facon la plus eatégorique que 
jamais, dans auenn ceuf, il ne se fait aucune union entre les 
éléments ehromatiques mâles et femelles, comme ceux que 
M. Zacharias a eru observer et qu'il a figurés planche IX, 
figures 15 et 14 de son mémoire; que jamais, dans aucun 
cuf, les deux éléments nucléaires que renferment les œufs 
du vagin et du quart inférieur de l'utérus n'ont la significa- 
tion que M. Zacharias a cru devoir leur attribuer. L'un de 
ces éléments nucléaires dérive toujours et exclusivement 
du zoosperme, l'autre toujours et exclusivement de l'œuf. 

Autant M. le D" Zacharias se trompe quand il décrit et 


( 244 ) 

figure une conjugaison entre chromatines mâle et femelle 
d’où résulterait la formation de deux noyaux conjugués, 
autant il a raison quand il affirme que, dans certains œufs, 
les pronucléus s'accolent l'un à l'autre, pour donner nais- 
sance à un noyau unique. Tandis que, dans la plupart des 
femelles, il est difficile, parfois méme impossible de trou- 
ver un seul œuf montrant les pronucléus soudés entre 
eux, dans d'autres, ces eas ne sont pas extrémernent rares, 
tout en restant toujours exceptionnels. C'est ce que M. le 
D" O. Zacharias pourra lire à la page 525 de notre premier 
mémoire. Il. y est dit : 

« On rencontre dans un certain nombre d'œufs un 
véritable accolement des deux pronucléus qui se défor- 
ment et s'aplatissent suivant la portion de leur surface par 
laquelle ils se touchent. ll s 'agit toujours alors de pronucléus 
arrivés à maturité et présentant la constitution que j'ai 
décrite et représentée planche XIX*™, figure 8. Ces élé- 
ments se moulent partiellement l’un sur l’autre, mais sans 
jamais se confondre en un noyau unique et indivis. Ces 
cas d'accolement sont relativement rares: sur une cen- 
taine d'eeufs montrant les pronucléus complétement sépa- 
rés, on en trouve deux ou trois à peine dans lesquels 
l'accolement s'est produit. Dans l'immense majorité des 
cas, les deux pronucléus restent distincts et indépendants 
l'un de l'autre, et toute la série des changements que je 
vais décrire, qui préludent à la division cellulaire et con- 

situent les premières phases de ce phénomène, s'accom- 
plissent dans les pronucléus encore écartés l'un de l'autre. 
Ces mêmes changements peuvent se produire aprés acco- 
lement préalable; mais il est certain que cette union est 
accidentelle: elle n'entraine pas une fusion: on ne peu! 
donc lui accorder aucune valeur principielle : les deux 
pronucléus ne se confondent jamais. » 


Tae tem 


M ds 2 


( 245 ) 

Qu'est-ce à dire, si ce n'est que dans des cas exception- 
nels les cordons chromatiques procédant l'un du père, 
l'autre de la mère, peuvent se constituer aux dépens des pro- 
nucléus unis en un noyau unique en apparence, tandis que 
dans l'immense majorité des œufs ces cordons se forment 
alors que les pronucléus sont encore séparés et écartés l'un 
de l'autre? M. Zacharias croit-il qu'il serait logique d'ad- 
mettre que, si dans quatre-vingt-dix-sept œufs sur cent, 
deux des anses chromatiques primaires dérivent incon- 
testablement et exclusivement du pronucléus mâle, deux 
autres du pronucléus femelle, les quatre anses chromati- 
ques auraient une autre signification dans les cas oü, au 
lieu de rester séparés l'un de l'autre, ces pronucléus s'ac- 
colent entre eux? 

Nous avons estimé à 9 ou 5 p. */, la proportion des 
œufs chez lesquels on constate une union des pronucléus 
préalablement à la formation de cordons pelotonnés dans 
chacun d'eux, Nous avons fait le dénombrement des œufs 
de cinq préparations faites au moyen d’œufs vaginaux ou 
utérins de cinq femelles différentes. Voici les résultats de 
l'analyse de ces préparations : 


Nombre des œufs 


2c mE Nombre total Nombre des œufs t ro- 
Préparation. montrantles pro- masr dea dard à en 
des œufs. nucléus séparés. 


1 341 348 2 
2 322 305 4 
3 134 134 0 
4 940 : 936 4 
5 512 503 9 


Toraux. | 1,875 4543 32 


( 246 ) 

La moyenne est donc de deux et une fraction p. */,. Que 
conclure de là, si ce n'est que la conjugaison, l'accolement 
et la fusion apparente des pronucléus constituent un phé- 
noméne aceidentel, indifférent et sans aucune importance. 
A supposer méme que la fusion, au lieu de se présenter 
exceptionnellement, se produise dans l'immense. majo- 
rité des œufs, mais que le développement s'aecomplisse 
normalement et amène la formation d'une larve normale, 
dans quelques rares œufs où la conjugaison des pronu- 
cléus n'aurait pas eu lieu, qu'il résulterait encore avec 
évidence de l'existence de ces faits exceptionnels que la 
conjugaison n'est pas essentielle à la fécondation. 

La conjugaison des pronucléus a été observée chez plu- 
sieurs espéces animales et végétales. Nous n'avons jamais 
songé à contester l'exactitude des observations faites chez 
ces espèces, nous n'avons pas pensé qu'elles pussent être 
invoquées comme objection contre notre théorie de la 
fécondation. Le fait qu'il est établi pour une espéce ani- 
male, l'Ascaride mégalocéphale, que le développement 
normal et complet de l'embryon s'accomplit sans qu'il y ail 
eu au préalable conjugaison de pronucléus, non pas dans 
tous les œufs, mais dans l'immense majorité des œufs 
(97 ‘ au moins), ce fait prouve inéluctablement que 
l'essence de la fécondation ne réside pas dans une union des 
pronucléus. 

La circonstance que chez l'Ascaris la conjugaison peut 
indifféremment se produire ou ne pas se produire, sans 
qu'il en résulte aucune conséquence pour la suite du 
développement, ne prouve-t-elle pas à elle seule tout le 
bien fondé de la conclusion? Et comme les phénomènes 
qui s’accomplissent dans chacun des pronucléus sont de 
tous points identiques à ceux qui, dans le noyau unique 


X 


( 247 ) 
d'une cellule ordinaire, se passent préalablement à la.con- 
stitution de la figure karyokinétique, que les pronucléus se 
conduisent exactement comme s'ils ne formaient ensemble 
qu'un noyau unique, il est de toute évidence que la première 
cellule embryonnaire se trouve constituée, que par consé- 
quent la fécondation est accomplie dés le moment oü les 
pronucléus ont atteint leur complet développement. 

L'étude des préparations à l'acide acétique ou à l'aleool 
acétique ne nous ont rien appris à cet égard que ne nous 
aient montré les préparations d'œufs fixés par l'alcool. 
Dans les unes comme dans les autres on trouve exception- 
nellement cà et là, au milieu de centaines d'œufs, montrant 
les pronucléus bien distinets et plus ou moins écartés l'un 
de l'autre, quelques rares œufs où les pronucléus se 
trouvent accolés el soudés entre eux. 

Quand les pronucléus ont perdu leur contour et qu'un 
gros cordon chromatique se trouve constitué dans chacun 
d'eux, il n'est pas toujours possible de décider s'il existe 
un cordon unique et commun aux deux éléments ou deux 
cordons distincts. Il suffira que les deux pronucléus soient 
voisins l’un de l'autre ou qu'ils se projettent légèrement 
l'un sur l'autre, pour qu'il soit impossible de trancher la 
question de savoir s'il y a ou non continuité entre les cor- 
dons chromatiques des deux pronucléus. A plus forte 
raison, s'il y a eu soudure au stade réticulé entre les deux 
pronucléus, sera-t-il bien difficile de dire s'il s'est constitué, 
dans le noyau de segmentation, un cordon chromatique 
unique ou deux cordons distinets. Mais tous ceux qui vou- 
dront prendre la peine d'étudier les objets dont il s'agit 
reconnaitront que l'on ne peut absolument rien conclure 
de ces eas douteux, alors que l'immense majorité des œufs 
démontrent de la façon la plus évidente la formation d'un 


( 248 ) 
cordon distinet et de deux anses chromatiques primaires 
dans chaque pronucléus. Si méme dans tous les œufs qui 
se prétent mal à l'observation, et oü la solution de la 
question est douteuse, il n'existait réellement qu'uu cordon 
unique, en serait-il moins vrai que dans la grande majo- 
rité des œufs le développement s'accomplit sans fusion 
préalable des pronucléus? Mais hâtons-nous d'ajouter 


que neus n'avons jamais eu sous les yeux un seul œuf qui 


nous ait montré avec certitude un cordon chromatique 
unique et commun pour les deux pronucléus; nous n'avons 
jamais vu des images comme celles que M. O. Zacharias a 
représentées planche X, figures 91, 99, 95, 94 de son mé- 
moire. Ce jeune auteur invoque volontiers à l'appui de ses 
affirmations l'autorité de Flemming, saus indiquer de 
quels points particuliers Flemming est disposé à se porter 
garant. Il serait intéressant de savoir si les œufs repré- 
sentés planche X, figures 21, 29, 95, 94 du mémoire de 
M. le D" O. Zacharias ont été mis sous les yeux de 
Flemming, et si l'éminent cytologue de Kiel est disposé à 
certifier l'exactitude de ces images. Consentirait-il à affir- 
mer, aprés l'examen des préparations de M. Zacharias, 
que les éléments qui sont pour nous l'un un pronucléus 
mâle, l'autre un pronucléus femelle, et cela dans tous les 
cas, sans aucune exception, sont, au contraire, à ses yeux 
des noyaux conjugués? A-Lil constaté par l'examen des 
préparations de M. Zacharias qu'il ne se forme qu'un cor- 
don chromatique unique dans le noyau de segmentation, 
dans les cas exceptionnels où un semblable noyau prend 
naissance ? 

La tentative faite par M. Zacharias de représenter les 
phénomènes que l'on constate chez l'Ascaris mégalocéphale, 
comme corroborant la théorie de Hertwig, est donc, 


| 


Rte En ee Ve sai RE de C IPTE MET Site pe RS C HA 
i A eta e er C EL 
"Ret ME 


( 249 ) 
d'aprés nous, tout à fait malheureuse. On comprendra 
que nous ayons quelque peine à nous incliner devant l'au- 
torité de ce jeune auteur, quand il proclame la supériorité 
des recherches de MM. Nussbaum et de A. Schneider. 
Nous attendons de l'avenir un jugement basé sur des 
observations moins superficielles et moins rapides. 


S IV. — Métaphase et anaphase. 


Le dédoublement des anses chromatiques primaires 
présente fréquemment, dans les œufs de l'Ascaris, une 
particularité intéressante, dont la constatation a permis de 
rattacher à la karyokinése ordinaire les phénoménes que 
Flemming avait observés, en étudiant la cinése des sper- 
matocytes de la Salamandre, et qui lui avait fait admettre 
l'existence d'un type aberrant, s'écartant assez notable- 
ment de la mitose normale. Voici en quoi consiste cette 
partieularité. Dans les blastoméres de l'Ascaris, les anses 
jumelles ou secondaires restent parfois unies entre elles 
à leurs extrémités, alors qu'elles sont déjà notablement 
écartées l'une de l'autre dans la plus grande partie de leur 
longueur. Leur écartement est alors maximum vers leur 
milieu et déeroit vers leurs extrémités. Quand cette union 
terminale se maintient pendant longtemps, l'ensemble de 
la figure chromatique prend l'aspect d'un tonneau, carac- 
téristique de la figure doliforme de Flemming. ` 

Flemming, à la suite de nouvelles études faites par lui 
sur là spermatogenése chez la Salamandre (1), a reconnu 


(4) N. Fremmine, Neue Beiträge zur Kenntniss der Zelle, 1887, 


à Archiv für Mikr. Anat. Bd. 29. 


9"* SÉRIE, TOME XIV. | 17 


( 250 ) 
que la division longitudinale des cordons chromatiques 
ne fait pas défaut dans les cas oü elle lui avait échappé lors 
de ses premières recherches, et il se rallie pleinement à 
l'interprétation que nous avons donnée des images qu'il 
avait produites dans son précédent travail. Ses nouvelles 
études l'ont conduit d'autre part à admettre trois moda- 
lités dans la karyokinése: deux d'entre elles, la forme 
hétérotypique et la forme homéotypique, se rencontrent 
dans la division des spermatocytes de la Salamandre; 
il existe dans ce cas un vrai dimorphisme dans la 
mitose. La première multiplication cellulaire des éléments 
épithéliaux se fait suivant la forme homéotypique. Les 
spermatocytes de la premiére génération, qui mesurent en 
moyenne 28 à 50 p, se multiplient presque exclusivement 
suivant la forme hétérotypique. Lors de la division des 
spermatocytes de la seconde génération (18 à 20 p) la 
forme hétérotypique est encore prédominante; mais On 
trouve cependant de nombreux cas de division homéoty- 
pique. Le nombre des cellules en division se rattachant 
à chacun des types est approximativement le méme dans la 
multiplication des spermatocytes de troisième génération 
(14 à 15 p). 

Ce qui caractérise principalement la forme hétéroly- 
pique, c’est l’existence de la figure doliforme, à la suite du 
maintien prolongé d’une union entre les extrémités des 
anses secondaires dans le plan équatorial. Dans la forme 
homéotypique, au contraire, la séparation complète des 
anses secondaires se fait très tôt. Cependant le stade de la 
métakinèse est prolongé, en ce sens que les anses secon- 
daires restent longtemps au voisinage de l'équateur avant 
de se disposer régulièrement en deux groupes étoilés, carat- 
téristiques de la phase dyaster. 


Lee fe LE Sp) 
PITE AD 


( 254 ) 

Nous avons reconnu que, à tous les stades de la segmen- 
tation, il se présente, chez l'Ascaris, des variations indivi- 
duelles d'un œuf à l'autre, qui font qu'à un méme stade de 
la segmentation, tantót la mitose s'accomplit suivant le 
type ordinaire, tantót suivant la forme hétérotypique. Dans 
certains œufs, la division longitudinale des anses se fait 
simultanément dans toute la longueur de ces éléments, el 
les étoiles secondaires, résultant du dédoublement de 
l'étoile primaire, s'écartent. l'une de l'autre tout d'une 
pièce; c'est à peine si, au moment où elles commencent à 
s'éloigner l'une de l'autre, pour se rapprocher des póles, et 
méme au stade dyaster, les extrémités des anses s'inclinent 
légèrement vers l'équateur : les étoiles secondaires siègent 
tout entières dans deux plans parallèles entre eux et per- 
pendiculaires à l'axe de la figure dicentrique. (Pl. IV, fig. 2.) 
Dans d'autres œufs l'union des anses secondaires, à leurs 
extrémités, se maintient encore dans le plan équatorial, 
alors que les convexités des anses se trouvent déjà fort 
écartées du plan équatorial et fort rapprochées des póles. 
On rencontre alors de belles figures doliformes, comme 
celle que nous avons représentée planche IV, figure 5. On 
trouve toutes les transitions possibles entre ces formes 
extrémes. L'existence de ces formes de transition et le fait 
que l'on rencontre, à un méme stade de la segmentation, 
le grandes variations d'un œuf à l'autre, en ce qui concerne 
la métakinése, prouvent que ces variations n'ont qu'une 
importance très secondaire. Nous dirons plus loin à quelle 
cause nous croyons devoir les attribuer. 

Il. Un fait que l'on constate constamment dans la forme 
hétérotypique, chez l'Ascaris, c'est que jamais les extrémi- 
tés ineurvées des ans' s secondaires ne sont dirigées direc- 
tement vers les pôles de la figure dicentrique, comme le 


( 252) 
représente Flemming dans la figure 4, planche XXXI de son 
dernier mémoire. Sans vouloir émettre le moindre doute 
sur la réalité, chez la Salamandre, de la disposition figurée 
par Flemming, nous pouvons affirmer que généralement, 
peut-être même toujours, chez l'Ascaris, les parties des 
anses secondaires qui avoisinent le point de rebroussement 
des courbes se trouvent dans un seul et méme plan, per- 
pendiculaire à l'axe de la figure, leurs extrémités seules 
étant obliquement dirigées vers le plan équatorial. Cette dis- 
position se maintient au stade dyaster, c'est-à-dire aprés 
l'écartement des anses jumelles du plan équatorial. Il en 
résulte que, dans la figure doliforme, une portion des anses 
secondaires répond aux fonds du tonneau, les méridiens 
étant constitués, non par les anses complètes, comme dans 
la figure de Flemming, mais seulement par les portions 


terminales de ces éléments. Ceci revient à dire que, à 


la fin de la métakinèse et, plus tard, au stade dyaster, 
chacune des branches de chaque anse secondaire décrit 
une ligne brisée. (PI. VI, fig. 11 et 19.) On peut se repré- 
senter la figure réelle en s'imaginant le trajet que sui- 
vraient des méridiens tracés à la surface d'une sphère 
molle, après qu’elle aurait été aplatie à ses deux pôles, 
de façon à former une sphère doublement tronquée ou un 
tonneau. 

Ce fait est intéressant, voici à quel point de vue. Nous 
avons observé que, dans une méme préparation, on trouve 
des variations considérables d'un œuf à l'autre, en ce qui 
concerne la netteté des limites du fuseau achromatique- 
Dans certains œufs les filaments du fuseau achromatique 
se distinguent nettement des autres rayons de l'aster, en 
ce qu'ils sont formés par des fibrilles beaucoup plus volu - 
mineuses et partant beaucoup plus apparentes que celles 


( 253 ) 
qui constituent les autres radiations de l'étoile achroma- 
lique. Dans ce cas on peut voir que les grosses fibrilles 
qui marquent les limites du fuseau s'insérent aux anses 
chromatiques primaires vers le milieu de la longueur des 
branches divergentes de ces dernières, et que la portion 
des anses avoisinant leur point de rebrousement se trouve 
en dedans, tandis que les extrémités des branches diver- 
gentes des anses se trouvent en dehors du fuseau. (PI. VI, 
fig. 7 et 9.) Dans les figures doliformes, comme au stade 
dyaster, on voit que les points des anses où s'insérent les 
fibrilles génératrices des cônes achromatiques répondent 
exactement aux points oü les anses secondaires changent 
brusquement de direction en formant un angle. (PI. VI, 
lig. 10, 11, 12.) 

Ce fait nous parait établir clairement la contractilité des 
fibrilles constitutives du fuseau achromatique. Nous éta- 
blirons plus loin que ces librilles ne sont en définitive, 
comme toutes les autres radiations des asters, que des 
éléments différenciés du treillis protoplasmique. Nous 
avons déjà donné ailleurs d’autres preuves de la contrac- 
tilité de ces fibrilles, et nous avons montré que la structure 
du treillis protoplasmique est fondamentalement la méme 
que celle de la substance musculaire striée (1). 

On est antorisé à admettre, pensons-nous, que plus ces 
librilles sont volumineuses, plus leur énergie est consi- 


i$ 


0) Énouann ré BENEDEN, qun sur la matural ion de l'euf, 
la féc isi llul 546 et sui tes, pages 572 


et suivantes, Voir aussi planche XI, P RR 1 à 51, particulièrement 


25, 50 et 31, et planche XV, fig. 3, qui montre que le spermatozoïde - 


donne lieu à la formation d'une saillie partout oü s'insérent em 
fibrilles du treillis protoplasmique. 


( 254 ) 
dérable. Si les fibrilles des asters, et particulièrement 
celles du fuseau achromatique, sont les agents actifs de 
l'écartement des anses secondaires et de leur cheminement 
vers les pôles, la traction exercée par elles, aux points des 
anses où elles s'insérent, étant d'autant plus intense que les 
fibrilles insérées en ces points seront plus volumineuses, 
qu'elles constitueront, si l'on veut, des muscles plus puis- 
sants, il est clair que si les anses secondaires adhérent entre 
elles par leurs extrémités et que d'autre part les fibrilles du 
fuseau achromatique s’insèrent vers le milieu de la longueur 
des branches divergentes des anses, il en résultera néces- 
sairemen! des figures comme celles que l'on observe en 
réalité (pl. VI, fig. 10, 11, 129). Dans certains cas, nous 
avons constaté des saillies en forme de crochets aux points 
des anses chromatiques qui donnent insertion aux fibrilles 
achromatiques du fuseau. 

A côté des œufs montrant trés distinctement le fuseau 
achromatique, il en est d'autres oü ses limites sont si peu 
marquées qu'il se confond avec l'aster, dont il constitue 
un secteur. Cela dépend probablement de ce que les 
fibrilles du fuseau différent plus ou moins, suivant les cas, 
des autres radiations des asters. Dans les œufs où le fuseau 
est peu apparent, comme dans ceux où il est bien visible, 
des fibrilles s'insérent aux anses chromatiques dans tous les 
points de la longueur de ces derniéres, suivant leurs faces 
dirigées vers les pôles. On conçoit que si ces fibrilles 
sont toutes à peu prés de mémes dimensions et partant 
possédent la méme énergie, les anses secondaires unifor- 
mément sollicitées vers les pôles en tous les points de leur 
longueur resteront parallèles entre elles, aprés leur écarte- 
ment, dès le momert où leur adhérence est partout la 


( 255 ) 
méme : les étoiles secondaires siégeront alors tout entiéres 
dans deux plans paralléles entre eux et perpendiculaires à 
l'axe du fuseau. 

Quand, au contraire, des fibrilles plus fortes s'insérent 
au milieu des branches divergentes, et que d’ailleurs 
l'adhérence entre les anses secondaires est maximum à 
leurs extrémités, il devra se produire nécessairement une 
figure doliforme avec fonds et méridiens. Nous pensons 
que les variations que l'on observe dans l'aspect de la 
métakinése dépendent, d'une part, de la constitution des 
asters et, d'autre part, de différences individuelles dans 
l'intensité de l'union des anses jumelles aux bouts libres 
des anses primaires. 

Nous avons vu très distinctement, dans un assez grand 
nombre d'œufs, que les anses chromatiques primaires et 
secondaires se trouvent rattachées les unes aux autres 
par des (ibrilles achromatiques interposées entre elles 
(fig. 6 et 8, pl. 1). La présence de ces fibrilles, probablement 
contractiles, comme tous les éléments constitutifs du treil- 
lis protoplasmique, explique le déplacement relatif des 
anses primaires, préalablement à la formation de l'étoile 
chromatique de la plaque équatoriale. 


IIl. Réédification des noyaux dérivés aux dépens des 
dyasters. — Flemming a admis qu'avant que le noyau 
d'une cellule fille se reconstitue aux dépens d'un dyaster, 
les anses secondaires se pelotonnent et que ce stade de pelo- 
tonnement, qu'il appelle dispirem, répond au stade de 
pelotonnement de la prophase (spérem), ce qui l'a amené à 
représenter par un U le schéma de la karyokinése. L'une 
des extrémités des branches de l'U représente le stade 


( 256 ) 
initial, l'autre le stade final de la division ; l'une des bran- 
ches de l'U représente la succession des prophases, l'autre, 
parallèle à la première, la succession des anaphases, la 
convexité de lU répondant à la métakinèse ou métaphase. 
La plupart des cytologues admettent en outre que deux 
éléments interviennent dans la réédification des noyaux : 
d'une part, les anses chromatiques des dyasters, d'autre 
part, la portion du corps protoplasmique de la cellule inter- 
posée entre ces cordons ou délimitée par les branches diver- 
gentes des dyasters. 

Les choses ne se passent pas de cette maniére dans les 
blastoméres de l'Ascaris. Il est bien vrai que les anses 
secondaires groupées en une étoile décrivent à un moment 
donné des sinuosités (pl. VI, fig. 10); mais il y a lieu de 
distinguer, à ce point de vue, deux portions dans le dyaster 
modifié : une portion centrale, de forme circulaire, formée 
par celte partie des anses qui avoisine leur point de 
rebroussement, et une portion marginale formée par les 
bouts libres des anses. Tantót ceux-ci se trouvent dans le 
méme plan que la portion centrale de l'étoile, tantót, au 
contraire, ils sont dirigés obliquement vers l'équateur de 
l'ancienne figure dicentrique, la portion centrale de l'étoile 
siégeant au contraire dans un plan perpendiculaire à l'axe 
de la figure. Cette différence dépend du caractère de la 
métaphase, tantôt typique. tantôt hétérotypique. 

Seule la portion des anses secondaires qui répond à la 
portion centrale de l'étoile devient flexueuse, et il en 
résulte des images trés élégantes, quand on examine une 
de ces figures stellaires suivant l'axe de l'ancienne figure 
dicentrique. (PI. VI, fig. 19.) Souvent on observe que les 
anses sont étranglées à la limite entre la portion centrale 


( 257 ) 
de l'étoile et les bouts libres marginaux. La longueur de 
ces bouts est du reste trés variable dans une méme étoile, 
variable d'un œuf à l'autre, variable aussi suivant l'âge 
de l'étoile. La portion des anses qui siége dans la région 
centrale circulaire de l'étoile s'allonge aux dépens des 
bouts marginaux, au fur et à mesure que les flexuosités 
S'aecusent d'avantage. Souvent, peut-être méme toujours, 
quelques-uns des bouts marginaux rentrent complètement 


dans la portion centrale, de telle sorte que le nombre des 


bouts libres n'est plus de huit, mais de sept, de six ou 
méme moins. Parfois méme tous les bouts libres sont 
employés à l'édification de la portion centrale de l'étoile, 
et il se forme alors un noyau arrondi, dépourvu de 
lobes. Il est trés difficile de dire si, dans ces cas, les 
extrémités rentrées des anses ne se juxtaposent pas bout 
à bout, de facon à reconstituer un cordon pelotonné; mais 
si, dans certains cas, il n'est pas possible d'affirmer que ce 
phénomène n'a pas lieu, dans d'autres il est absolument 
certain qu'il ne se produit pas, et qu'il ne se constitue pas, 
aux dépens des anses secondaires, un cordon chromatique 
pelotonné par apposition des extrémités libres des anses. 
Dans l'immense majorité des noyaux des blastomères en 
voie de reconstitution, les deux bouts d'une méme anse 
sont d'inégale longueur, et la plus longue des deux bran- 
ches ne rentre jamais dans la portion centrale de l'étoile, 
aux dépens de laquelle va se former la plus grande partie . 
du noyau. Elle se transforme au contraire en un lobe 
nucléaire qui persiste pendant tout le stade de repos. (Pl. f 
lig. 9 et 10; pl. VI, fig. 15, 14 et 21.) 

Les cordons chromatiques, moniliformes, homogènes au 
début, au moins en appareuce, prennent peu à peu un aspect. 


( 258 ) 

ponctué; ils se résolvent en fins granules reliés entre eux 
par des filaments; i's prennent une structure spongieuse. 
Parfois cette transformation est précédée par une division 
longitudinale des anses secondaires; elle peut déjà se pro- 
duire à la fin de la métakinése. Dans un grand nombre de 
cas, au moment oü se produit la transformation de la sub- 
stance chromatique réfringente en une substance ponc- 
tuée, les cordons présentent une striation transversale trés 
nette, surtout marquée dans les bouts libres. (Pl. T, fig. 8.) 
Bientôt, à la place de quatre cordons chromatiques réfrin- 
gents et homogènes en apparence, le noyau en voie de 
reconstitution montre huit boyaux ponctués, contournés 
dans la partie centrale de l'étoile, étranglés à la limite de 
sa partie marginale et renflés à leurs bouts. (PI. VI, fig. 20.) 
Les granules chromatiques siégent principalement, sinon 
exclusivement, à la périphérie de ces boyaux, dans lesquels 
la strueture réticulée est d'ordinaire trés manifeste. 

Les boyaux, en gouflant, finissent par se toucher, dans 
la portion centrale de l'étoile; ils se soudent entre eux 
ou, tout au moins, leurs limites disparaissent. Le noyau à 
pris alors sa forme définitive et sa structure caractéristique 
du stade de repos. (PI. VI, fig. 91.) H se constitue d'une 
portion centrale discoidale ou ovoide, formée aux dépens 
de la portion centrale de l'étoile, et d'un certain nombre 
de lobes marginaux, qui proviennent de la transformation 
des bouts libres des anses secondaires. (Pl. I, fi. 9 et 10.) 
La forme des noyaux des blastoméres est éminemment 
variable, suivant que les bouts libres des anses secondaires 
sont restés plus ou moins séparés de la portion centrale 
de l'étoile, et aussi suivant le nombre de ces bouts libres, 
d'où dépend le nombre des lobes marginaux du noyau. 


( 259 ) 

Quoi qu'il en soit de ces variations individuelles, il est 
certain que le noyau reconstitué présente une structure 
déterminée par la forme de l'aster dont il procéde, et que 
les extrémités des lobes marginaux de ces boyaux répon- 
dent aux extrémités des anses secondaires du dyaster. I! 
est également certain que le noyau se reconstitue exclusi- 
vement aux dépens des éléments chromatiques du dyaster, 
qui s'imbibent à la facon d'une éponge; aucune por- 
tion du corps protoplasmique de la cellule n'intervient 
directement dans la réédification du noyau. Certes les 
liquides dont s'imbibent les cordons chromatiques sont 
soutirés au protoplasme cellulaire; mais le noyau se recon- 
stitue exclusivement aux dépens des cordons chromatiques 
gonflés, qui finissent par se toucher entre eux, de facon à 
donner naissance à une masse réticulée, unique en appa- 
rence, mais en réalité constituée de quatre parties distinc- 
les, juxtaposées entre elles, et organiquement liées en un 
tout unique en apparence qui est le noyau au repos. 

Ce mode de formation du reticulum nucléaire aux dépens 
des anses chromatiques du dyaster diffère complètement 
de la formation du cordon pelotonné aux dépens du reti- 
culum au début de la cinése. Ce dernier phénomène résulte 
de la confluence des granules chromatiques répandus dans 
certaines parties du retieulum, particulièrement à sa péri- 
phérie, en un cordon d'abord trés fin et excessivement 
long, dont les flexuosités courent en partie transversale- 
ment, par rapport à la longueur de l'anse chromatique 
transformée. (PI. 1, fig. 11.) 

Quand, en effet, au moment où une nouvelle division va 
se produire, un cordon chromatique se reconstitue dans le 
noyau lobulé d'un blastomére d'Ascaris, on voit, dans 


( 260 ; 

chacun des lobes, la chromatine se concentrer dans un 
filament; celui-ci décrit à la surface de toutes les parties du 
noyau et de chaque lobe en particulier, de nombreuses 
sinuosités. La direction moyenne de ces flexuosités est 
transversale. Quand le trajet de ce cordon se simplifie et 
qu'en méme temps il devient plus épais, ce qui permet 
de suivre son trajet, on peut s'assurer de ce fait que le 
cordon ne se termine pas par un bout libre, à l'extrémilé 
du lobe nucléaire aux dépens duquel il s'est formé, mais 
qu'arrivé au bout du lobe, il rebrousse chemin, remonte 
vers la racine du lobe et secontinue dans le corps nucléaire. 
(PI. I, fig. 11; pl. VI, fig. 15, 11.) La segmentation trans- 
versale de ce cordon s'accomplit à l'extrémité des lobes 
marginaux transformés. (Pl. VI, fig. 95.) Il en résulte 
qu'aus dépens d'une anse chromatique originelle se for- 
ment ou bien des portions de deux anses différentes, ou les 
deux extrémités d'une méme anse. En d'autres termes, il 
résulte clairement de nos observations que les anses chro- 
matiques aux dépens desquelles s'édifie un noyau, ne se 
retrouvent pas comme telles dans les anses chromatiques, 
qui se formeront, ¿au moment de la division subséquente, 
aux dépens de ce noyau. 

Nous n'avons jamais constaté, au stade dit spirem d'un 
noyau de blastomére, en voie de division, un cordon pelo- 
tonné unique, mais toujours deux; chacun d'eux fournit à 
la plaque équatoriale deux anses primaires par division 
transversale. ll est done probable, quoique nous n'ayons 
pas réussi à le constater par l'observation, que des quatre 
anses, aux dépens desquelles se reconstitue un noyau, 
deux se juxtaposent bout à bout par une de leurs extré- 
mités, qu'elles restent, au contraire, distinctes par lS 


v 261 ) 

autres extrémités, et que les deux groupes, comprenant 
deux anses chacun, restent indépendants l'un de l'autre, 
~ dans le noyau au repos. (Pl. VI, fig. 22 et 25.) 

Si nous désignons par e é e, d les quatre anses 
= d'un dyaster, comme celui que nous avons représenté, 
planche VI, figure 19, le noyau au repos, formé aux 
dépens de ces anses, peut être représenté par la formule 
e ca Si nous appelons #2, 22 #, g les anses 
chromatiques qui se formeront aux dépens de ce noyau 
(pl. VII, fig. 95 et 24), au moment de la division subséquente, 
2» nestpaségalà æ, # à 4 A à c etg à & 


mais 4 —1/, adi, n —!}, ad, f ='h cd, 


Z ='h cd! Cest ce qui ressort avec évidence de la 
série des figures demi-schématiques, qui ont été repré- 
sentées. (PI. VI, fig. 19 à 24.) 

[ n'est malheureusement pas possible de décider si les 
groupes ed, cd procèdent, le premier, des anses pater- f 
nelles, le second, des anses maternelles, ou si les anses 
paternelles répondent aux éléments æ, e, les anses 
maternelles aux groupes 4 a si, en d'autres termes, 
les éléments paternels et maternels restent séparés dans 
la série des générations cellulaires successives, ou si, au 
contraire, il s'opére des unions bout à bout d'un élément 
paternel et d'un élément maternel. La premiére hypothése 
parait plus probable, si l'on se rappelle que, dans la pre- 
mière cellule de l'embryon, où le noyau est représenté par — — — 
deux pronucléus séparés, il ne s'opére aucune apposition d 
bout à bout des éléments chromatiques paternels et 
maternels. Il est difficile d'admettre que la première cellule 
de l'embryon diffère beaucoup des cellules qu'elle engendre. - 


$ HI. — Origine des sphères attractives, des asters 
et du fuseau achromatique. 


C'est au stade équatorial que les sphéres attractives, les 
eorpuscules polaires logés à leur centre, les radiations des 
asters et les fibrilles du fuseau achromatique, présentent la 
plus grande netteté. Si, aprés avoir tué par un mélange à 
parties égales d'alcool et d'acide acétique un amas d'œufs 
montrant le stade équatorial dans le premier blastomére 
en voie de division, on colore les œufs par de la glycérine 
additionnée de vert de malachite et de vésuvine, tous les 
éléments achromatiques de la figure dicentrique appa- 
raissent distinctement. En examinant une de ces figures 
de profil, l'axe du fuseau étant dirigé perpendiculai- 
rement à l'axe du microscope, on voit le fuseau achroma- 
tique coupé à son milieu par la plaque équatoriale compo- 
sée de ses quatre anses chromatiques, et l'on constate 
tout d'abord que la portion convexe de chacune des anses 
se trouve en dedans du fuseau, tandis que leurs extré- 
mités libres siègent en dehors. Ceci revient à dire que 
l'étendue Dp pir les quatre anses réunies est beau- 
coup plus quela section transversale du fuseau, 
pratiquée à mi-distance entre ses deux extrémités. Il est 
facile de voir aussi qu'un corpuscule teinté en vert clair 
siège à chacune des extrémités du fuseau; c’est le corpus- 
cule polaire que l'un de nous a le premier signalé dans les 
cellules en voie de division mitosique(1). Ce corpuscule est 


RERO Ré 


(1) Évouarp Van BENEDEN, Recherches sur les Dicyémides, Bull. 
Aead. roy. Belg., 1874. 


| 
1 
| 


( 265 ) 

formé ici par un amas de granulations. ll occupe le centre 
d'une figure radiaire bien circonserite et à contour circu- 
laire; dans les limites de cette région, circulaire en coupe 
optique, sphéroïdale en réalité, on distingue des fibrilles trés 
apparentes, dirigées radiairement; ces fibrilles aboutissent 
à la surface des sphéres et y présentent d'habitude des 
renflements. Cependant elles ne s'arrétent pas en ces 
points : elles se prolongent dans le vitellus et on peut 
les poursuivre jusqu'à la surface de ce dernier. Au delà 
de la surface des sphères, elles sont beaucoup plus 
minces que dans les limites de ces dernières. Si l'on 
donne à l'ensemble des figures stellaires le nom d'asters, 
il y a lieu de distinguer dans ces derniers une portion cen- 
trale, de forme sphéroidale, bien circonscrite, se teignant 
en vert clair, comme le corpuscule polaire qui occupe leur 
centre; ce sont ces portions centrales des asters que nous 
avons désignées sous le nom de sphères attractives; elles 
se détachent en vert dans le fond faiblement coloré du 
vitellus, si l'on examine l'œuf à un faible grossissement. 

Les extrémités du fuseau achromatique font partie des 
sphères attractives. Les portions terminales du fuseau sont 
formées, en effet, par des fibrilles plus épaisses que celles 
qui sont adjacentes à la plaque équatoriale et souvent il 
existe, sur le trajet de chaque fibrille achromatique, un 
renflement, marquant la limite entre les deux portions du 
fuseau. Il est souvent difficile d'ailleurs de voir nettement 
la limite entre le fuseau et les fibrilles radiantes des asters: 
comme nous le montrerons plus loin, le fuseau n'est qu'une 
portion différenciée des asters, dans les limites de laquelle 
les fibrilles se font remarquer par une plus grande épais- 
seur. Et de méme que l’aster se constitue d'une portion 
centrale, la sphère attractive, et d'une portion corticale 


répondant au vitellus, de méme chaque demi-fuseau 
comprend deux portions, l'une polaire, qui fait partie de la 
sphère attractive, l'autre équatoriale, qui se rattache à la 
portion périphérique des asters. Il n'y a pas que les fibrilles 
du fuseau qui s'insérent aux anses chromatiques primaires: 
les rayons des asters qui avoisinent le fuseau proprement 
dit peuvent étre poursuivis jusque dans le plan équatorial, 
et l'on peut en voir ça et là s'y terminer en s'insérant 
aux cordons chromatiques. 

Si l'on examine de plus prés la constitution des sphéres 
attractives, on remarque qu'il existe, immédiatement 
autour des corpuscules polaires, qu'il vaudrait mieux 
appeler corpuscules centraux, une zone circulaire plus 
claire, dans les limites de laquelle les radiations sont peu 
marquées et peu nombreuses. Elle est délimitée par un 
cercle de granulations assez volumineuses. Des fibrilles 
réunissent ces granulations aux corpuseules centraux. 
Nous donnerons à ces zones centrales des sphères le nom 
de zones médullaires, en réservant le nom de zones 
corticales à leur couche périphérique. Les fibrilles de 
la couche corticale ne convergent pas toutes exactement 
vers le centre des sphéres; on voit fréquemment deux 
ou plusieurs fibrilles partir de l'une des granulations plus 
volumineuses qui siégent à la limite entre la couche 
médullaire et la couche corticale. Ceci s'observe aussi dans 
le fuseau achromatique, et il en résulte que, dans beaucoup 
d'œufs, il semble que les pôles du fuseau ne répondent 
pas aux corpuscules centraux, mais bien à la limite entre la 
zone médullaire et la zone corticale des sphères. Le méme 
fait se constate à la limite entre la sphére attractive et le 
vitellus ambiant : là aussi l'on voit, si l'on suit les fibrilles 
radiaires de la périphérie vers le centre, deux ou plusieurs 


(265) 

fibrilles contiguës aboutir à un des granules qui siègent à 
la surface limite des sphères attractives. Il ressort de là 
que les radiations des asters et les fibrilles du fuseau achro- 
matique ne constituent pas des filaments simples, mais 
qu’elles se résolvent en pinceaux en certains points; ces 
points sont, d’une part, la limite entre la zone médullaire 
et la zone corticale des sphères attractives, d'autre part, 
la limite entre les sphères attractives et le reste du corps 
cellulaire. 

Toutes les fibrilles des asters ne sont pas également 
épaisses; de la méme facon qu'il existe deux cônes différen- 
ciés dirigés vers l'équateur qui forment ensemble le fuseau 
achromatique, et que nous appelons cônes principaux, 
chaque cône principal répondant à un demi fuseau, de 
même il existe des cônes antipodes dont les centres répon- 
dent aux corpuseules centraux, tandis que leurs bases sont 
dirigées vers les pôles de la cellule en voie de division. 
Les fibrilles qui constituent autant de génératrices de ces 
surfaces coniques sont plus épaisses que celles qui sont 
plus voisines de l'axe de la figure, et aussi que celles qui 
sont situées plus en dehors. Toutes ces génératrices s'in- 
sérent à la surface de la cellule suivant une circonférence 
concentrique au póle, et l'on distingue, suivant cette cir- 
conférence, un faible sillon que l'un de nous a figuré, sans 
en connaitre la signification. Nous désignerons sous le nom 
de cercle polaire la portion légèrement saillante de la sur- 
face de la cellule délimitée par cette circonférence. Ces 
cercles superficiels se voient trés distinctement, si l'on suit 


dans un œuf vivant. Ils se conservent méme parfois dans - 
les œufs fixés par les réactifs. 
Les radiations des asters dirigées vers le plan équatorial 
9"* SÉRIE, TOME XIV. 18 


au microscope les phases successives de la segmentation, - 


P 


( 266 ) 

n'atteignent pas toutes l'équateur : elles s'arrétent suivant 
deux lignes divergentes à partir des extrémités de la 
plaque équatoriale de la figure dicentrique. Ces lignes 
divergentes marquent les limites des asters. Elles aboutis- 
sent à la surface de l’œuf suivant deux lignes circulaires 
paralléles aux cercles polaires, plus rapprochées l'une de 
l'autre d'un cóté dela cellule que de l'autre. Elles délimitent 
un anneau superficiel constituant, au début de la division, 
un bourrelet équatorial que l'un de nous a déjà figuré 
planche XIX'*, figure 5. La portion du corps cellulaire, 
correspondant à cet anneau, présente en coupe la forme 
d'un triangle à base dirigée en dehors, et dont le sommet 
répond à la plaque équatoriale chromatique. (Pl. VI, fig. 2.) 
Nous ne savons si les fibrilles des asters se prolongent 
dans cet anneau; en tous cas, s'il en est ainsi, elles y sont 
plus ténues que dans toutes les autres régions du corps 
cellulaire. 

Pour rendre compréheusible la description qui précéde, 
nous avons figuré dans un schéma que l'on trouvera plus 
loin (pl. VI, fig. 2) les différentes particularités que nous 
venons de décrire. 

Il est facile de voir que les fibrilles achromatiques 
sont moniliformes, qu'elles sont formées de microsomes 
réunis entre eux par des interfils. On peut voir aussi Cà 
et là que les microsomes de fibrilles voisines sont réunis 
entre eux transversalement, de telle sorte que les fibrilles 
ne soni trés probablement que des parties plus apparentes; 
à cause d'une plus grande épaisseur, du treillis proto 
plasmique. 

Les diverses particularités du treillis protoplasmique; 
conslitué en asters, que nous venons de décrire, ne se 
voient pas également bien dans tous les œufs. Les fibrilles 


( 267 ) 
sont plus ou moins complètement conservées par l'agent 
fixateur. Les préparations par un mélange à parties égales 
d'acide acétique et d'alcool absolu montrent, en général, 
fort bien les fibrilles achromatiques et les détails des 
asters. Cependant, les meilleurs objets que nous ayons 
obtenus ont été rencontrés dans des préparations faites à 
l'acide pur. Parmi les œufs restés vivants, au moment 
oü on substitue à l'aeide la glycérine colorée, il en est 
qui meurent plusieurs jours aprés et qui sont lente- 
ment saisis par le reste d'acide retenu par la glycérine. 
C'est dans ces œufs que les détails achromatiques se 
montrent avec la plus grande netteté. Malheureusement, il 
se développe en méme temps dans le vitellus de ces ceufs 
des globules arrondis, de dimensions diverses, parfois 
considérables, qui se colorent en brun par la vésuvine. 
Leur présence rend la photographie de ces œufs difficile. 

Les œufs tués brusquement par l'acide acétique pur 
conservent fort incomplétement les détails de structure 
du protoplasme. Néanmoins ils se prétent fort bien à 
l'étude, non de la constitution, mais de l'histoire des 
sphéres attractives; en voici la raison : 

L'acide parait gonfler les microsomes et résoudre les 
fibrilles en granulations qui, n'étant plus reliées entre 
elles, ne permettent plus de reconnaitre les fibrilles dont 
elles proviennent. Tandis que le corpuscule central des 
sphères attractives reste parfaitement distinct, les rayons 
qui en partent deviennent indistincts. A la place de la 
Sphère attractive à structure rayonnée, se voit alors une 
masse uniformément granuleuse, entourant le corpuscule 
central. Cette masse, gráce à cet aspect uniformément gra- 
nuleux, se détache nettement au milieu du protoplasme 


. Vitellin, qui présente un tout autre aspect. En outre, tan- 


( 268 ) 
dis que le reste du corps cellulaire se teinte à peine, la 
masse granuleuse qui répond à la sphére attractive prend 
une belle teinte vert clair; la chromatine nucléaire se 
colore en vert foncé ou en brun, suivant les conditions 
dans lesquelles s'est effectuée la coloration. Le corpuscule 
central, qui siége au milieu de la sphére attractive, se colore 
en vert plus fortement que le reste de la sphére. Les élé- 
ments constitutifs des sphéres attractives ne fixent jamais 
la vésuvine, tandis que le reste du corps vitellin se teinte 
volontiers en brun pàle. Si done on examine, à un faible 
grossissement, un œuf brusquement tué par l'acide pur et 
eonvenablement coloré, les sphéres attractives se recon- 
naissent immédiatement, en ce qu'elles apparaissent 
comme des taches vert clair, au milieu de chacune des- 
quelles siége un corpuseule plus vivement coloré de la 
méme teinte. Les meilleures images s'obtiennent en colo- 
rant énergiquement les ceufs et en les soumettant ensuite, 
pendant deux ou trois jours, à une décoloration progressive. 
Quand la décoloration est suffisante, on monte de nouveau 
dans la glycérine au tiers. 

Des préparations faites suivant cette méthode permettent 
de décider quand apparaissent les sphéres attractives et de 
voir ce qu'elles deviennent. 


Origine des sphères attractives. — L'un de nous, dans 
son mémoire précédent, disait : 

« Je wai jamais vu apparaitre, pendant la série des 
stades que je viens de décrire (formation des cordons chro- 
matiques dans les pronucléus), aucune trace ni de fuseau 
achromatique ni de póles d'attraction. Pour autant que l'on 
puisse se fonder sur des résultats négatifs, je crois pouvoir 
exprimer l'opinion que les pôles ne s'accusent qu'au stade 
suivant, répondant à la phase étoilée de Flemming. » 


( 269 ) 

L'étude des préparations à l'acide acétique nous permet 
de rectifier et de compléter sur ce point nos précédentes 
recherches. 

1) Les sphères attractives existent déjà dans l'œuf, non 
seulement pendant les stades de pelotonnement, mais 
méme plus tôt, alors que les pronucléus sont encore réti- 
culés et fort écartés l'un de l'autre. 

2) Les deux sphéres apparaissent simultanément. Si 
parfois on croit n'en voir qu'une, cela dépend de la posi- 
tion relative des deux organes relativement à l'observa- 
teur. 

5) Elies sont peu écartées l'une de l'autre au début et 
parfois, sinon toujours, des fibrilles réunissent l'un à l'autre 
leurs corpuscules centraux (préparations au mélange d'acide 
et d'aleool). 

4) Leur position relativement aux pronucléus varie 
beaucoup d'un œuf à l'autre, au moins en apparence. Nous 
disons en apparence, parce que ces différences peuvent 
dépendre de la position de l'eeuf relativement à l'observa- 
teur; elles dépendent certainement aussi en partie du stade 
de développement que l'on a sousles yeux. Les deux sphéres 
contigués se voient parfois fort écartées des deux pronu- 
cléus, ou de l'un seulement d'entre eux. Elles se projettent 
parfois entre les deux pronucléus ;le plussouvent on les voit 


d A A ip 17 pot " , . d 
un méme côté des éléments nucléaires, également éloignés 


de l'un et de l'autre, ou plus voisins de l’un d'eux. Quand les 
pronucléus, munis chacun d'un gros cordon chromatique 
pelotonné, se rapprochent l'un de l'autre, la figure dicen- 
trique se dessine : les deux sphères prennent alors une posi- 
lion déterminée vis-à-vis des pronucléus. Elles se trouvent 
alors au contact immédiat de ces éléments, dans l'écarte-- 
ment qu'ils laissent entre eux. La droite réunissant les 


(270: ) 
corpuscules centraux croise perpendiculairement celle par 
laquelle on peut réunir les centres des pronucléus. Cepen- 
dant ces deux droites ne se trouvent jamais, à aucun stade 
du développement, dans un seul et même plan. Cela dépend 
probablement de ce que les sphères attractives sont reliées 
l’une à l’autre et d’abord placées d’un même côté des pro- 
nucléus. C'est ce qui fait aussi que l'axe de la figure dicen- 
trique, ou, ce qui revient au méme, la droite réunissant 
entre eux les corpuscules centraux des asters, ne répond 
pas davantage à un diamétre du globe vitellin, et qu'elle ne 
passe jamais par le centre de l'étoile chromatique. Les cer- 
cles polaires de la cellule et, par conséquent, leurs centres, 
ne répondent jamais aux extrémités d'un diamètre du globe 
vitellin. L'anneau équatorial est plus large d'un côté que 
de l'autre, et le sillon qui amène la division de la cellule 
en deux moiliés commence toujours d'un côté, là où l'an- 
neau équatorial est le plus étroit. Les centres des cercles 
polaires, les corpuscules centraux des sphéres attractives 
et le centre de figure du globe vitellin, se trouvent sur le 
trajet d’une ligne courbe tournant sa convexité du côté où 
l'anneau équatorial est le plus large. (Pl. VI, fig. 2.) Tou! 
cela dépend de la position primordiale des sphéres attrac- 
tives, reliées entre elles, vis-à-vis des pronucléus. (Pl. Vl. 
fig. 1.) Le plan médian de l'œuf passe par la courbe qui 
réunit entre eux les centres des cercles polaires, les cor- 
puscules centraux des sphères attractives et le centre de 
l'œuf. Ce plan passe entre les deux pronucléus : un pront- 
cléus se trouve dans chaque moitié de l'œuf, et ces deux 
éléments nucléaires sont symétriquement placés relative- 
ment au plan médian (pl. VI, fig. 1). 

Comme l’un des pronucléus dérive du père, l'autre de 
la mère, l'un du mâle, l'autre de la femelle, il n'y a Pas 


( 271 ) 
identité entre les deux moitiés droite et gauche de la cel- 
lule, quoiqu'il soit impossible de distinguer les uns des 
autres les pronucléus et les anses chromatiques qui en 
dérivent. 

Le premier plan de division est perpendiculaire à celui 
que nous considérons comme étant le plan de symétrie. 
On ne peut considérer le plan suivant lequel se fait la 
division, comme plan de symétrie, parce que les deux póles 
de la cellule ne sont pas identiques entre eux : 

A l'un des póles siége une saillie polaire beaucoup plus 
marquée et formée par une accumulation de protoplasme 
hyalin plus considérable qu'à l'autre; les deux premiers 
blastoméres différent entre eux par leurs dimensions; l'un 
est notablement plus granuleux que l'autre; l'un est exclu- 
sivement ectodermique, l'autre renferme l'ébauche de 
l'endoderme. Nous étions arrivés, en ce qui concerne la 
valeur des deux premiers blastoméres, aux mémes conclu- 
sions que Hallez. Le premier plan de division ne devient 
pas, chez l'Ascaris, le plan médian de l'animal, contraire- 
ment à ce qui a été établi pour la grenouille et pour la 
claveline. 

Le premier plan de division ne présente donc pas, chez 
lous les animaux, le méme rapport avec le plan médian de 
l'adulte, et l'exemple de l'Ascaris prouve que le plan de sy- 
métrie du premier blastomère n'est pas le plan de sépara- 
lion, mais bien un plan passant par les póles organiques de 
la cellule, fort rapprochés l'un de l'autre au début. (PI. VI, 
fig. 1.) 
5) Les sphères attractives sont d'autant plus apparentes 
el d'autant. plus étendues que les pronucléus sont plus 
avancés dans leur développement. Nous ne les avons pas 
observées au moment de la formation du second globule 
polaire. Nons ne pouvons rien dire de certain quant à leur 


M 


(242) 
origine. Nous inclinons à croire cependant, en nous fon- 
dant sur certaines images où les sphères paraissaient 
exister au voisinage du pronucléus femelle, encore peu 
éloigné du second globule polaire, qu’elles dérivent de la 
seconde figure pseudokaryokinétique. 

6) Il est absolument certain que le fuseau achroma- 
tique dérive en partie des sphères attractives. Alors que 
les contours des pronucléus existent encore, on voit ceux 
des rayons des sphéres qui sont dirigés vers les pro- 
nucléus devenir plus apparents que tous les autres rayons 
des astérs. Souvent ils convergent, non vers les centres 
des sphères attractives, mais vers un globule situé à 
Ja limite entre la zone médullaire et la zone corticale 
des sphéres. Il semble alors qu'il existe deux centres 
stellaires, l'un pour le fuseau, l'autre pour l'aster. À ce 
moment les pronucléus se moulent véritablement sur les 

| sphères. 


Destinée des sphères attractives. — Dédoublement par 
division des corpuscules centraux et des sphères attrac- 
tives. — Les sphères attractives constituent des organes 
permanents de la cellule. — Elles président à la division 
de la cellule. 


L'un de nous a reconnu précédemment que les sphères 
attractives n'interviennent en rien dans l'édification des 
noyaux des cellules filles, qu'on les retrouve, quoique 
réduites, à côté des noyaux reconstitués. Disparaissent-elles 
plus tard? Les préparations à l'alcool n'ont pas permis de 
résoudre cette question. L'étude des préparations à l'acide 
acélique et au mélange d'acide et d'alcool absolu, colorées 


( 275 ) 
par la glycérine additionnée de vert de malachite et de 
vésuvine, nous a montré qu'elles ne disparaissent pas, 
qu'elles persistent à cóté des noyaux, en tant que portions 
différeneiées du corps cellulaire, avec leurs corpuscules 
centraux, à tous les moments de la vie cellulaire. 

Il y a lieu de faire observer ici que l'on ne peut con- 
fondre les sphères attractives avec les asters. La structure 
radiaire du protoplasme cellulaire, d’où résulte l'image 
désignée sous le nom d'aster, est caractéristique de certains 
stades déterminés de la vie cellulaire. C’est pendant la 
cinèse que les asters apparaissent nettement ; ils attei- 
gnent leur maximum de netteté et d'étendue au stade 
équatorial. A ce moment le fuseau achromatique est aussi 
distinct que possible ; il se constitue de deux cônes fibril- 
laires adjacents base à base, la plaque équatoriale, formée 
parles anses chromatiques primaires, étant interposée entre 
les bases des deux demi-fuseaux. 

La plupart des fibrilles des cônes s'insérent aux anses 
chromatiques, et il est impossible de les poursuivre à 
travers le plan équatorial de la figure dicentrique. On 
observe souvent de légères saillies aux points où les anses 
chromatiques donnent insertion aux fibrilles achroma- 
tiques. Cependant toutes les fibrilles ne s'insérent pas aux 
anses Chromatiques : un certain nombre de ces éléments 
relient entre eux les deux centres de la figure dicentrique. 
Au début de la mitose, alors que les deux sphéres attrac- 
lives se trouvent d'un méme cóté du noyau, au voisinage 
l'une de l'autre, les centres des sphères sont manifestement 
reliés entre eux par des fibrilles. Cependant la plus grande 
partie du fuseau se constitue, non pas aux dépens de ces” 
filaments, mais aux dépens de deux secteurs des sphères 
dont les rayons sont dirigés vers le noyau en voie de 
cinèse. 


( 274 ) 

Au stade équatorial, les rayons des asters intéressent 
la plus grande partie du corps cellulaire, sinon le corps 
cellulaire tout entier. Non seulement la couche périphé- 
rique du corps cellulaire, mais aussi la sphére attractive 
présentent, à ce moment, une structure nettement radiée. 

Les radiations de l’aster, quoique déjà plus faiblement 
accusées, sont encore très nettes au stade de la division 
caractérisé par le dyaster, et même encore au moment où 
les noyaux des cellules filles se reconstituent en noyaux 
vésiculeux à structure rétieulée. Seulement les radiations 
deviennent de moins en moins apparentes, et quand 
les noyaux ont revêtu les caractères de noyaux au repos, 
l'aster est devenu tout à fait indistinet. 

Il n'en est pas de méme des sphères attractives : celles-ci 
persistent; la limite qui les séparait du reste du corps 
cellulaire ne disparait pas, et la portion du corps proto- 
plasmique de la cellule, circonserite par cette limite, con- 
serve des caractères spéciaux qui permettent de la recon- 
naître : elle montre dans les préparations à l'acide 
acétique l'apparence uniformément granulée qui contraste 
avec l'aspect du reste du corps cellulaire; elle conserve 
cette affinité spéciale pour le vert de malachite, qui la 
fait apparaitre comme une tache colorée, dans le fond 
beaucoup clair du protoplasme. Au milieu de la tache 
se voit toujours le corpuscule polaire simple ou dédouble, 
reconnaissable à sa coloration d'un vert plus vif que celui 
de la sphère elle-même. 

Au moment où les noyaux dérivés se reconstituent aus 
dépens des éléments chromatiques du noyau maternel, les 
sphéres s'aplatissent et s'allongent dans une direction 
perpendiculaire à l'axe de l'ancienne figure dicentrique 
(PI. VI, fig. 5 et 4 ) Au lieu d'un corpuscule central arrondi 


SN NN AN NN NS m 


( 275 ) 

on trouve au milieu de la sphère, modifiée dans sa forme, 
une tigelle à direction transversale, renflée aux doux bouts 
et ressemblant à une haltére. (Pl. I, fig. 7 et 8.) Puis les 
renflements terminaux s'accusent davantage, tandis que le 
lien qui les réunissait entre eux devient plus gréle. A des 
stades plus avancés, au lieu d'un corpuscule central, on 
en voit deux, de sorte que la tache foncée, interposée entre 
le noyau et la surface de la cellule, présente alors deux 
centres. Le corpuscule central s'est dédoublé. 

Pendant que ces changements s'aecomplissent, le noyau 
reconstitué s'est approché de la surface de la cellule 
et, à un moment donné, il n'en est guére séparé que par 
la sphère attractive. Puis il s'écarte de nouveau de la 
surface; il atteint son plus grand volume et présente la 
structure caractéristique du noyau au repos. La sphére 
attractive. déjà dédoublée ne suit pas exactement ces 
changements de position: elle reste au voisinage de la 
surface et se trouve, pendant quelque temps, distante du 
noyau. Elle est si apparente que, dans les préparations bien 
colorées, elle se reconnait aussi facilement que le noyau 
lui-méme. 

Au moment où le noyau se prépare à une nouvelle 
cinèse et que les cordons chromatiques s'y constituent, la 
sphére attractive a subi une modification importante: elle 
s'est complètement dédoublée en deux sphères contiguës, 
ayant respectivement pour centres les corpuscules résul- 
tant de la division du corpuscule central de la sphère 
maternelle. (PI. I, fig. 9, 10 et 11.) 

Cette division de la sphère, qui débute par le dédou- 
blement du corpuscule central, précéde donc la division 
du noyau: il y a plus, elle débute avant l'achèvement de 
la division cellulaire antérieure : avant méme que le noyau 


( 276 ) 
cellulaire soit complètement reconstitué, souvent même 
déjà au stade dyaster, la sphère attractive est pourvue de 
deux centres, et l'on peut dire qu'elle est virtuellement 
divisée. La sphére attractive, ainsi sers e deux corpus- 


, 


cules centraux „occupe, dans la cell ,la région 


avoisinant le cercle. polaire. Il est clair que la cellule pré- 
sente à ce moment une symétrie bilatérale manifeste. L'axe 
passant par le centre du cercle polaire, le milieu de la 
sphère attractive, à mi-distance entre les deux corpus- 
cules centraux et le milieu du noyau, vient aboutir au 
milieu de la face cellulaire répondant au plan de sépa- 
ration entre-les deux cellules filles nées du premier blas- 
tomère. Il est bien évident que les deux extrémités de cet 
axe ont une tout autre valeur. La sphère attractive siège 
entre le noyau et l’une des extrémités de cet axe; de 
l’autre côté du noyau, il n'y a rien de comparable à cette 
sphére. Par contre, dece cóté se trouvent les restes des 
filaments de réunion qui, jusqu'au moment de la division 
compléte, réunissaient l'un à l'autre les noyaux des deux 
cellules filles. L'axe a donc deux póles d'inégale valeur, 
tout comme l'axe d'un œuf de poule ou de grenouille. 
N'était que la sphère attractive a maintenant deux 
corpuscules centraux, n'étaient la position du cercle 
polaire et la direction du cercle subéquatorial, tout plan 
passant par l'axe cellulaire diviserait celui-ci en deux 
moitiés semblables. Mais, en raison de la présenee, dans 
la sphére attractive, de deux centres d'attraction, en raison 
aussi des autres particularités que nous venons d'indiquer 
et dont il sera question plus loin, il n'y a qu'un plan qui 
puisse diviser la cellule en deux moitiés semblables, c'est 
un plan passant à la fois par l'axe de la cellule et par la 
ligne réunissant entre eux les deux corpuscules centraux- 


CAF ) 

Les premiers blastomères ont, comme l’œuf fécondé, 
non seulement une symétrie monaxone, mais une struc- 
ture bilatérale. Il est probable que c'est là un caractère 
commun à toute cellule et l'on doit concevoir un orga- 
nisme cellulaire, non comme formé de couches concen- 
triques, mais comme présentant essentiellement un axe 
à extrémités différentes et un plan unique de symétrie. 
Cette symétrie bilatérale de la cellule est probablement 
la cause de la symétrie bilatérale des organismes plus 
complexes, des animaux en particulier. Il est bien prouvé 
maintenant que la symétrie bilatérale est primordiale 
chez les Radiaires, les Echinodermes et les Zoophytes, 
comme chez les Mollusques, les Vers, les Arthropodes et 
les Chordés : la symétrie radiée n'apparait que secondai- 
rement chez les Échinodermes et les Cœlentérés. Nous 
pensons que la méme démonstration sera faite un jour 
pour les protozoaires et pour les végétaux. 

Aprés la division de la sphère attractive en deux troie 
filles, dans chacune desquelles les radiations stellaires ne 
tardent pas à apparaitre, celles-ci restent adjacentes à la 
surface de la cellule; elles déterminent une dépression de 
cette surface aux points où elles adhérent. Entre les deux 
dépressions, la surface cellulaire forme, au contraire, une 
saillie. Ces dépressions répondent aux cercles polaires et 
subéquatoriaux des cellules filles en voie de formation, et 
la saillie interposée entre elles est le premier indice de la 
portion rétrécie du bourrelet équatorial de la cellule en 
voie de division. (PI. VI, fig. 5.) 

Les deux sphéres attraetives, quoique séparées l'une de 


2 l'autre, se trouvent encore du même côté du noyau, au 
Stade de pelotonnement (spirem). (PI. I, fig. 11.) Leurs 


Corpuscules centraux sont reliés entre eux par des fila- 


( 278 j 
ments, qui constituent avec les fibrilles dirigées vers le 
noyau un fuseau achromatique de trés petites dimensions. 

Bientót les sphéres s'écartent davantage de la surface 
de la cellule, mais elles restent unies à cette surface par des 
filaments; en méme temps qu'elles s'éloignent l'une de 
l'autre, elles s'agrandissent et elles en arrivent à toucher 
le noyau dans lequel des cordons chromatiques de plus en 
plus épais se sont constitués. Des filaments radiés de 
chacune des sphéres s'insérent manifestement à la surface 
du noyau. 

Peu à peu les sphères filles en arrivent à gagner deux 
extrémités opposées du noyau en voie de division (pl. l, 
fig. 12); à ce moment quatre anses primaires se sont for- 
mées aux dépens des cordons chromatiques du noyau 
maternel; ces anses se disposent dans un plan perpendi- 
culaire à la droite réunissant entre eux les centres des 
sphéres. Néanmoins la position primitivement latérale du 
fuseau achromatique est toujours bien reconnaissable : la 
droite réunissant les centres attractifs ne passe pas par le 
centre de l'étoile chromatique. (Pl. I, fig. 19, à gauche.) 
Celle-ci se trouve presque tout entiére d'un méme cóté 
de cette droite. L'axe de la figure dicentrique est une 
ligne courbe et les pôles organiques de la cellule en voie 
de division, marqués par les cercles polaires, ne répondent 
pas aux póles géométriques de la cellule. Le sillon qui 
amène la division de la cellule apparait d'abord au point 
correspondant au cercle polaire, maintenant effacé, de la 
cellule maternelle. 

La figure dicentrique se trouve reconstituée. Une nou- 
velle division est imminente. Il en résultera la formation 
de quatre blastoméres. 

La série des phénoménes se reproduit identique quand 


ACE LIE CM ET SAR NE ATTESTANT AD br ee LEE on EE 


essi ES RER «Pie 


(XM ) 

les quatre premiers blastomères se divisent à leur tour. 
Nous sommes donc autorisés à penser que la sphère 
attractive avec son corpuscule central constitue un organe 
permanent, non seulement pour les premiers blastoméres, 
mais pour toute cellule; qu'elle constitue un organe de 
la cellule au méme titre que le noyau lui-même; que tout 
corpuscule central dérive d'un corpuscule antérieur; que 
toute sphére procéde d'une sphére antérieure, et que la 
division de la sphére précéde celle du noyau cellulaire. 

Quelle est la fonction de cet organe? 

La division de la cellule est activement déterminée par 
les fibrilles moniliformes des asters et du fuseau achroma- 
tique. Leur structure est comparable à celle des fibrilles 
musculaires striées (1). Plusieurs faits établissent que les 
fibrilles du treillis protoplasmique sont les agents de la 
contractilité du protoplasme; nous avons fait connaitre 
plus haut, en parlant des figures chromatiques, de nou- 
veaux faits qui établissent en partieulier la contractilité 
des fibrilles du fuseau. Si la division de la sphère attrac- 
live est déjà en partie effectuée dans la cellule au repos, 
si tout au moins le corpuscule central s'y trouve déjà 
dédoublé, il est clair que la cause immédiate de la division 
cellulaire ne réside pas dans le noyau, mais bien en dehors 
du noyau, et spécialement dans le corpuscule central des 
sphères. Il est probable que les filaments des cônes prin- 
cipaux déterminent en se contractant, sinon le dédouble- 
ment des anses chromatiques primaires, tout au moins 
l'écartement et le cheminement des anses chromatiques 
secondaires vers les pôles de la figure dicentrique; que les 
filaments qui, partant de ce méme corpuscule central, soit 


(4) Épovanp Van BENEDEN, loc. cif. 


( 280 ) 
directement, soit indirectement, se fixent à la surface de 
la cellule, plus particulièrement suivant les surfaces 
coniques du cône antipode, retiennent le corpuscule cen- 
tral et, en l'empéchant d'étre attiré vers le plan équatorial 
par l'action des fibrilles du fuseau, font de lui un point 
d'appui permettant l'écartement des anses chromatiques 
secondaires. 

Dans notre opinion, tous les mouvements internes qui 
accompagnent la division cellulaire ont leur cause immé- 
diate dans la contractilité des fibrilles du protoplasme cel- 
lulaire et dans leur arrangement en une sorte de systéme 
musculaire radiaire, composé de groupes antagonistes; le 
corpuseule central joue dans le système le rôle d'un organe 
d'insertion. Des divers organes de la cellule c'est lui qui 
se divise en premier lieu, et son dédoublement amène le 
groupement des éléments contractils de la cellule en deux 
systémes ayant chaeun leur centre. La présence de ces 
deux systémes entraine la division cellulaire et détermine 
activement le cheminement des étoiles chromatiques 
secondaires dans des directions opposées. Une partie 
importante des phénomènes qui constituent la cinèse a 
done sa cause efficiente, non dans le noyau, mais dans le 
corps protoplasmique de la cellule. D'où vient l'impulsion 
qui détermine le dédoublement des corpuscules centraux, 
la formation des cordons pelotonnés et la division longi- 
tudinale des anses? Réside-t-elle dans le noyau, ou dans 
le corps cellulaire? Aucune donnée positive ne permet de 
résoudre cette question. Nous n'avons réussi à établir que 
deux choses : c'est l'existence dans la cellule d'un appareil 
ou d'un mécanisme qui préside à la division cellulaire, 
comme notre système musculaire à la locomotion, et le 
dédoublement de ce mécanisme préalablement à la division 
nucléaire. 


( 281 ) 


$ 4. — Quelques faits relatifs à la forme et à la structure 
du corps cellulaire pendant la mitose. 


La forme du globe vitellin n’est jamais, pendant la cinèse, 
ni celle d’une sphère, ni celle d'un ovoide régulier. Les 
faits qui ont été signalés à cet égard et les particularités 
qui ont été figurées (pl. XIX", fig. 5, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 


{et 12 (1)) peuvent être constatés, non seulement sur 


des œufs fixés par les réactifs, mais aussi sur le vivant. 

Il existe constamment, au moment de la métaphase, 
en deux points opposés de la cellule, deux saillies siégeant 
non pas aux deux extrémités du grand axe de l'ovoide 
vitellin, mais en des points voisins de ces extrémités, d'un 
méme cóté de cet axe. (Pl. VI, fig. 2.) Les deux saillies, 
répondant à ce que nous avons appelé plus haut les zones 
polaires, sont trés apparentes sur le vivant; elles sont 
inégalement développées, l’une étant plus marquée que 
l'autre et formée par une accumulation plus considérable 
de protoplasme hyalin. Elles sont délimitées par une ligne 
circulaire suivant laquelle règne souvent un léger sillon, 
le cercle polaire. 

Suivant l'équateur de l’œuf règne un bourrelet équato- 
rial, plus large d'un côté, plus étroit de l'autre. Il est limité — 
par deux cercles ue ose ee concentriques aux cercles 
polaires. 


(4) Épovanp Van BrEwEDEN, Recherches sur la maturation de veuf, i 
la fécondation et la divison cellulaire. 
51° SÉRIE, TOME XIV. 19 


t 


< 282 ) 

L'étude des œufs que l'on a fixés au moyen d'un 
mélange à parties égales d'acide acétique et d'alcool absolu 
permet de reconnaitre : 

1° Que les cercles subéquatoriaux marquent, à la surface 
de la cellule, les limites des portions du corps cellulaire 
qui sont envahies par les radiations des asters : qu'au 
stade de la métakinése, le corps cellulaire se constitue de 
trois parties. (Pl. VI fig. 2.) Il comprend a) deux régions 
astéroides, de forme arrondie, à structure radiaire, ayant 
pour centres les corpuscules centraux des sphéres attrac- 
tives et séparées l'une de l'autre, au milieu du corps cellu- 
laire, par la plaque équatoriale chromatique; et b) un anneau 
marginal, déterminant la formation superficielle que nous 
avons appelée le bourrelet équatorial. En coupe optique, 
cel anneau a une section triangulaire, la base du triangle 
dirigée en dehors, répondant au bourrelet équatorial, son 
sommet dirigé en dedans à la plaque chromatique. L'an- 
neau équatorial a la forme d'un prisme triangulaire, 
contourné sur lui-méme en un anneau. Des trois faces du 
prisme, deux, adjacentes aux régions astéroïdes, sont 
conca ves ; la troisième, convexe, regarde en dehors. Cette 
subdivision du corps cellulaire dépend de ce que les deux 
asters, ovoides l'un et l'autre, séparés entre eux par la pla- 
que équatoriale chromatique, n'envahissent pas tout le 
corps cellulaire. 

2 Les cercles et les saillies polaires dépendent de la 
présence des cónes antipodes, c'est-à-dire de cónes fibril- 
laires suivant lesquels les radiations des asters sont parti- 
culièrement volumineuses et par là plus actives. Les saillies 
polaires sont. probablement sous la dépendance des Con- 
tractions des fibrilles des cônes antipodes. 

On constate, pendant la division des spermatogonies, 


STEADY T RR T tic on Eat ge ECRIRE RENE RTI ERAT NONE T 


| ( 285 ) 
F des particularités rappelant singuliérement celles que je 
viens de signaler au 4° (voir pl. XIX'*, fig. 16 et 17 (1)); 
des cercles polaires et subéquatoriaux se montrent trés ud 
nettement, pendant la segmentation, chez la Claveline et Sa 
anssi chez le Lapin. iE 
Il y a donc tout lieu de supposer que ces particularités 
de forme qui, comme nous venons de le voir, sont sous la 
-. dépendance de la structure, ne sont nullement accidentelles, 
mais bien au contraire caractéristiques de toute division 
cellulaire. L'un de nous avait constaté que, dans les blas- 
. toméres de la Claveline, deux systémes de cercles concen- 
triques superficiels, d'abord trés voisins l'un de l'autre au 
début de la cinése, s'écartent rapidement l'un de l'autre, 
de facon à gagner peu à peu deux points opposés de la 
. cellule, au moment de la métakinése. ll en est de méme 
chez l'Ascaris (pl. VI, fig. 1 et 5), et l'écartement des sys- 
| témes concentriques superficiels marche parallélement 
_ avec l'écartement progressif des sphères attractives pen- 
dant les prophases. 
Au fur et à mesure que la cinése progresse et que les 
etoiles secondaires s'écartent l'une de l'autre, les régions 
astéroides (asters) diminuent détendue, et, au contraire, 
l'anneau équatorial s’élargit. Il gagne exactement en épais- 
seur ce dont les étoiles chromatiques s'écartent l'une de 
l'autre, c'est-à-dire que ces étoiles répondent aux surfaces - 
qui terminent les asters du cóté équatorial. (Pl. VI, fig. 2, 


, 


L'anneau équatorial proprement dit, qui se terminait 


— 


1) Épovanp Van Benenex, Recherches sur la maturation de l'œuf : 
la fécondation et la division cellulaire. : 


vers 


(284 ) 


en dedans par un bord, au stade de la métakinèse (pl. VI, | 


fig. 2), se complète, pendant la période de la métaphase, 
vers l’axe de la cellule, par la substance protoplasmique 
qui s'accumule entre les étoiles chromatiques secondaires. 
L'anneau devient ainsi un disque séparant entre elles les 
deux régions astéroides réduites. (Pl. VI, fig. 5 et 4.) Ce 
disque a la forme d'une lentille biconcave. En méme temps. 
les deux cercles subéquatoriaux superficiels se rapprochent 
des pôles (voir pl. XIX fig. 9 et 10 (1)). 

La réduction des régions astéroides et l'aceroissement 
progressif du disque interposé s’accusent de plus en plus. 
Au stade dyaster, le disque se subdivise en deux portions, 
au moment où la division cellulaire s'accomplit. 

Chaque cellule-fille se constitue alors d'une région asté- 
roide réduite, ayant pour centre le corpuscule central, et 
d'un demi-disque trés épais, plan d'un cóté, concave de 
l’autre; par sa concavité il se moule sur la région asté- 
roide et le noyau, en voie de réédification, siège à la limite 
entre les deux. Un cercle marque à la. surface la limite 
entre les deux portions: c'est le cercle subéquatorial. Un 
sillon plus ou moins accusé règne suivant ce cercle. 
(PL. VI, fig. 6.) Dans le demi-disque qui se moule sur la 
région astéroide par une surface concave, le noyau se 
trouvant entre les deux, il y a lieu de distinguer, au 
point de vue de leur origine, trois régions distinctes. 
Au moment de la première métakinése, on ne voit plus 
nettement les contours des pronucléus; la masse achro- 
matique des pronucléus s'est confondue avec le proto- 
plasme cellulaire. Cependant l'espace qu'occupaient les 


— i RARE PRE NES 


(1) Épovanp Van BENEDEN, loc. cit. 


(285 ) 

pronucléus présente eucore un aspect particulier, ce qui 
permet de distinguer encore vaguement la limite des corps 
nucléaires (voir pl. XIX'*, fig. 6 et suivantes (1)). L'espace 
nucléaire s'étend trés rapidement, au point d'envahir une 
partie de plus en plus considérable du corps cellulaire. 
Quand, d'autre part, les étoiles chromatiques secondaires 
s'écartent l’une de l'autre, l'espace interposé entre ces 
étoiles se remplit d'une substance claire, et cet espace est 
bien délimité par les filaments de réunion, qui relient les 
uns aux autres les éléments chromatiques des deux étoiles, 
Quand done la cellule se divise, chaque demi-disque se 
constitue de trois régions concentriques : une région mar- 
ginale provenant du corps cellulaire de la cellule mater- 
nelle, et plus particulièremènt de l'anneau équatorial; une 
région intermédiaire provenant de la portion achromatique 
des pronucléus; une portion médiane provenant de la sub- 
stance accumulée entre les étoiles chromatiques secon- 
daires, pendant l'écartement de ces dernières. Les fila- 
ments de réunion les plus externes marquent la limite 
entre les deux dernières portions du demi-disque. 

Et puisque nous parlons des filaments de réunion, nous 
mentionnerons ici un fait intéressant, c’est que le faisceau 
tibrillaire, formé par l'ensemble des filaments de réunion, 
présente des variations remarquables dans le cours de la 
cinése. Jusqu'au moment où le sillon qui amène la division ; 
de la cellule commence à se former, l’ensemble du faisceau 
présente, vu en coupe optique, la forme d’une bande 
fibrillaire, à bords parallèles, interposée entre les étoiles 
Chromatiques secondaires. Pendant la formation du sillon 


(1) Ibne. 


( 286 ) 
et immédiatement aprés, la bande fibrillaire s'étrangle à son 
milieu (pl. I, fig. 8), les filaments de réunion cessent d’être 
parallèles entre eux et rectilignes; la section du faisceau 
au niveau du plan équatorial est plus petite qu'au niveau 
des étoiles chromatiques. En partant de ces derniéres, 
les filaments de réunion s'inclinent en dedans, de facon à 
former ensemble deux cónes tronqués, un pour chaque 
cellule fille, les bases des cônes répondant aux étoiles 
chromatiques secondaires. La séparation des deux cellules 
filles se fait en dernier lieu suivant la troncature des 
cónes, au niveau du plan équatorial. Immédiatemen aprés, 
le cóne de réunion de chacune des cellules filles goufle; 
les fibrilles, de rectilignes qu'elles étaient, deviennent 
incurvées, leur convexité étant dirigée en dedans. Le cóne 
augmente trés rapidement de volume; sa troncature s'étend 
rapidement dans tous les sens, au point de l'emporter 
bientôt en étendue sur la base du cône répondant à l'étoile 
chromatique. Les filaments de réunion divergents devien- 
nent de moins en moins nets, et il est difficile, parfois 
méme impossible, de les distinguer encore, quand le noyau 
est complètement reconstitué, 

L'étranglement que subit la bande fibrillaire que forment 
ensemble les filaments de réunion, au moment où s'opère 
la séparation des deux cellules, prouve que la formation du 
sillon de séparation s'accompagne d'une contraction Ci- 
culaire du bourrelet équatorial à mi-distance entre les 
cercles subéquatoriaux. Cette contraction est plus forte 
du côté où le sillon apparait en premier lieu ; car les axes 
des eónes de réunion résultant de la transformation de la 
bande fibrillaire ne se trouvent pas dans une méme direc- 
tion; ils forment ensemble nn angle ouvert du côté où le 


( 287 ) 
bourrelet équatorial est le plus étroit, c'est-à-dire du côté 
où le sillon apparait en premier lieu. * 

Revenons à la constitution du demi-disque équatorial, E 
au moment où les cellules viennent de se séparer. Nous eu 
avons vu qu'il se constitue de trois parties : un cóne de | 
réunion, une portion provenant de la substance achroma- 
tique des pronucléus, enfin d'un demi-anneau équatorial. A Cui 
Il présente la méme constitution dans les blastoméres LOS 
subséquents, avec cette différence toutefois que la partie ca 
qui, dans les deux premiers blastoméres, provient des 
pronucléus, dérive, dans les blastoméres subséquents, de 
la substance achromatique du noyau maternel. | 

Le corps cellulaire des cellules filles se constitue done 
de diverses portions : une de ses moitiés procède de l’aster 
réduit et, par conséquent, du corps cellulaire de la cellule 
maternelle; l’autre moitié résulte de la transformation de 
la substance achromatique du noyau maternel, y compris 
un cóne de réunion; entre les deux régne une bande 
circulaire qui dérive, elle aussi, du corps cellulaire, et mest 
qu'une moitié de l'anneau équatorial de la cellule mère. 
Dans la portion astéroide du corps de la cellule fille siége 
la sphère attractive; le noyau se trouve à la limite entre la 
région astéroide et la région d'origine nucléaire. 

La structure du protoplasme est différente dans la. | 
portion d’origine cellulaire et dans la portion d'origine — 
nucléaire de la cellule fille : le protoplasme est plus dense, - 
plus finement granuleux et moins transparent dans la 
portion d’origine cellulaire; il est plutôt vacuoleux, plus 
clair, moins apte à fixer les matières colorantes dans la 
portion d'origine nucléaire. 

Dans les premiers blastomères, au stade IT, plus encore :: 


( 288 ) 
au stade IV et au stade VIIL, la forme des blastomères au 
repos est tout à fait caractéristique : les portions astéroïdes 
des cellules forment une saillie hémisphérique très mar- 
quée, séparée par un sillon circulaire du reste du corps 
cellulaire. Il en résulte des images très particulières. 
(PI. VI, tig. 6) 

Comme le bourrelet équatorial de la cellule mère est 
beaucoup plus large d'un côté, plus rétréci de l'autre, il 
en résulte que les moitiés de cet anneau sont aussi plus 
larges d'un cóté que de l'autre dans les cellules filles. La 
symétrie bilatérale de ces cellules en ressort avec évidence. 

Les faits qui précèdent ont déjà été signalés en partie 
dans les travaux de l'un de nous. Ils n'ont guère attiré 
l'attention jusqu'ici, et M. Zacharias, qui s'est spécialement 
occupé du développement de l'Ascaris, ne les a pas 
remarqués. ll donne à tous les blastomères une forme 
qu'ils ne présentent jamais. 

Nous pensons que ces faits méritent d'étre étudiés; ils 
montrent que les formes cellulaires sont en rapport avec 
leur structure complexe; ils établissent la symétrie bilaté- 
rale de la cellule et se lient intimement aux phénoniènes 
de la cinése. 


Post-seriptum. — La communication qui précède a été 
déposée à la Classe des sciences de l'Académie royale de 
Belgique à sa séance du 7 août 1887. Un exposé verbal 
en a été fait par l'un de nous, et les planches ont été mises 
sous les yeux des membres de la Classe. 

Au commencement de février de cette année, l'un de 
nous a rendu compte, dans une conférence qu'il a faite à 
la Société royale de microscopie de Bruxelles, des princi- 


( 289 ) 

paux résultats de nos recherches ; il à projeté une série de 
positifs sur verre montrant la division des sphères attrac- 
tives et des corpuscules centraux, et il a mis sous les yeux 
des membres de la Société une série de préparations rela- 
tive à l'origine et à la multiplication des organes attrac- 
tifs des blastoméres, et à la reconstitution des noyaux 
aux dépens des éléments chromatiques du dyaster. La 
découverte de la division des sphéres attractives et des 
corpuscules centraux a été communiquée à Flemming 
dans une lettre que l'un de nous lui a adressée en 
1885; à Weissmann, lors de son voyage en Belgique en 
aoüt 1885, à Rabl, dans une conversation, au banquet 
d'inauguration du congrés des naturalistes, à Berlin, en 
septembre 1886. 

Le 14 aoüt dernier, huit jours aprés la communication 
à l'Académie dn présent manuscrit, l'un de nous a recu de 
M. le D" Boveri, de Munich, une note intitulée : Ueber die 
Befruchtung der Eier von Ascaris megalocephala. Cette 
brochure relate une communication faite par cet auteur à 
la Société de morphologie et de physiologie de Munich le 
3 mai 1887 

Les observations du D' Boveri confirment pleinement 
les résultats fondamentaux consignés dans les Recherches 
sur la maturité de l'œuf, la fécondation et la division cellu- 
laire. À part l'interprétation donnée aux globules polaires, 
que l'auteur, contrairement à notre opinion, considére 
comme des cellules, ses conclusions sont entiérement 
conformes aux nôtres en ce qui concerne la genèse du 
pronucléus, la signification de ces éléments nucléaires, - 


l'absence de con jugaison dans immense majorité des œufs, — 


la formation de la première figure karyokinétique , la +. 


( 290 ) 
transmission à chacun des noyaux des deux premiers blas- 
tomères de deux anses chromatiques mâles et de deux 
anses femelles, après la division longitudinale des anses 
chromatiques primaires. ll. pense comme nous que les 
quatre anses aux dépens desquelles se reconstitue un 
noyau, restent distinctes dans ce noyau et que les éléments 
mâles et femelles se maintiennent séparés dans la série 
des générations cellulaires successives. Il adopte entière- 
ment notre manière de voir sur la constitution du fuseau 
achromatique : il a vu également que les fibrilles du 
fuseau s'insérent aux anses chromatiques ; i! pense comme 
nous que l'écartement des anses secondaires est dû à l'ac- 
tivité contractile des fibrilles du fuseau. Comme nous il a 
reconnu l'origine protoplasmique d'une partie, sinon de 
tout le fuseau. 

De plus, plusieurs des faits relatés ci-dessus, en ce qui 
concerne l'origine, la destinée des sphéres attractives, el 
notamment la division des corpuscules centraux, ont été 
observés par M. le D" Boveri. C'est une grande satisfac- 
tion pour nous de constater que cette découverte a été 
faite en méme temps que par nous-mémes, par un observa- 
teur travaillant d'une manière tout à fait indépendante, et 
Cest avec une vive impatience que nous attendons la 
publication de l'ouvrage in extenso et des planches que 

. le D" Boveri nous fait espérer et dont il annonce l'ap- 
parition prochaine. 

Liége, le 25 aoüt 1887. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


PrawcuE [I 


Fig. 1. OEuf utérin montrant le pronucléus mâle entouré par le 
résidu du corps protoplasmique du zoosperme. Les deux sphères 
attractives se trouvent au voisinage du pronucléus femelle en voie 
de formation aux dépens de deux bâtonnnets es E c et 
encore relié au second globule polaire. 

Fig. 2. Les sphères attractives adjacentes entre elles se projettent 
entre les pronucléus. Le résidu du corps Sep du 
zoosperme est encore accolé au pronucléus mâle. À 

Fig. 5. Un cordon pelotonné est déjà constitué dans chacun des pro- - 
nucléus, On voit le résidu du corps protoplasmique du zoosperi 
dans le vitellus. 

Fig. 4. Il existe un gros cordon chromatique dans chaque pronu- 
cléus. Les sphères attractives se trouvent encore ar méme côté 
des pronucléus. 

Fig. 5. La figure dicentrique apparait. Les pronucléus ont encore 
l'un et l'autre un contour bien apparent. Un cordon chromatique - 
formant une courbe fermée dans chaque pronucléus. Cha n 
polaires des pronucléus dirigés en dehors. "coy 

Fig. 6. Les quatre anses chromatiques primaires. Striation tran 

sale. Pi aoti Sup cine reliant les anses entre elles. 


re 


de divisiva, Les sphères attractives sont aplaties e a 
transversalement. 


( 292 ) 

Fig. 8. Stade voisin du précédent. Les anses chromatiques du dyaster 
montrent une striation transversale très nette. Ces stries sont for- 
mées par des rangées transversales de granules très avides de 
matières colorantes, 

Fig. 9. Sphéres attractives divisées, Noyaux lobulés. 

Fig. 10. Les sphéres attractives sont plus écartées l'une de l'autre. 

Fig. 11. Stade plus avancé. 

Fig. 12. Les sphéres attractives plus écartées tendent à gagner deux 
points opposés des noyaux, aux dépens desquels se sont formés 
quatre anses chromatiques primaires. La position latérale des 
sphères est encore trés évidente dans le blastomère gauche. 


Prancue Il. 


Fig. 4. Le spermatozoïde vient de se fixer. La partie de son corps 
protoplasmique, engagée dans le vitellus, est vivement colorée en 
rouge, tandis que la partie restée en dehors est à peine colorée. 
Son petit noyau chromatique est formé de deux bâtonnets chro- 
matiques; il est entouré d'un espace clair. La vésicule germinative 

. n'était pas au foyer. 

Fig. 2. Le spermatozoide, complètement entré, est vivement coloréen 
rouge. Figure Ypsiliforme. 

Fig. 5. La méme, plus rapprochée de la surface. Le spermatozoide 
qui a gagné le centre du vitellus n'est pas au foyer. 

Fig. 4. Le premier globule polaire au moment de sa formation. Le 
spermatozoide n'est pas au foyer. : 

Fig. 5. Cordon chromatique, trés long et fin, fortement pelotonne 
dans chacun des pronucléus. 

Fig. 6. Stade plus avancé. Dans l'un des pronucléus, la segmenta- 

tion transversale en ses deux parties a déjà eu lieu. 


295 ) CONUM 


PraANcnE Ill. 


Fig. 4. La segmentation transversale des cordons, dans chacun des t 
pronucléus, a amené la formation, dans chacun d'eux, de deux 
éléments chromatiques. . 

Fig. 2. Les anses chromatiques sont encore groupées en deux 
groupes. Les bouts libres sont dirigés en dehors, les convexités 
des anses en dedans. A gauche les deux anses sont encore réunies 
en un cordon unique par l'un de leurs bouts. L'ensemble de la 
figure rappelle un W. 

| Fig. 5. L'étoile chromatique primaire vue par l'un des póles. 

Fig. 4. Les deux pronucléus encore bien délimités, renfermant 
cháeun un cordon, et les deux sphéres attractives avec leurs cor- 
puscules centraux. La figure dicentrique se dessine. 

Fig. 5. La figure dicentrique au stade de la métaphase, vue de profil. 
Le fuseau achromatique est bien délimité. 

Fig. 6. Idem. Les fibrilles du fuseau ne sont guére distinctes des 
autres radiations des asters. On distingue assez bien les limites 
des régions astéroides et le bourrelet équatorial interposé entre - 
elles. En haut, les limites de la sphére attractive sont assez bien 
marquées. La ligne transversale brisée qui coupe en deux la sphère 
résulte de la présence de fibrilles radiaires plus considérables dans 
la direction suivant laquelle va se faire la division du corpuscule 
polaire. La plaque équatoriale chromatique sépare entre elles les 
deux régions astéroides. 


1 


ee 


z 


Prancue IV. 
Fig. 1. Division longitudinale des anses chromatiques primaires. - 
Les deux étoiles chromatiques secondaires, encore trés voisines - 
l'une de l'autre, sont vues de profil. Les deux sphéres MORAN 
et leurs corpuscules polaires sont visibles. 
Fig. 2. Les étoiles secondaires sont un peu plus écartées l'une 
l'autre, 
Fig. 5. Figure doliforme. Forme o háérotypique gel 2 karyokinése. 


Ce Pb: ein 2 RE SHE SO MT PERS DA ee SET s Eo TE GE AE D CU AA Le VOS ROSE LA RERO dumm e sas nus ET À TE NP mg 


Fig. 4. La division sellai va se produire; un sillon se montre 
déjà d'un côté. 

Fig. 5 La division vient de s’accomplir. Les deux blastoméres sont 
NR inégaux. Deux corpuseules centraux dans la sphère attractive du 
| — . plus petit blastomére. Dans les noyaux, vus par le pôle, on voit 
N encore distinctement les quatre anses chromatiques du dyaster. 
2 Elles sont flexueuses. 

Fig. 6. Le noyau en voie de reconstitution. Les branches divergentes 
du dyaster se résolvent en granulations chromatiques. 


PLancue. V. 


Fig. 4. Noyaux lobulés. 

Fig. 2, 5, 4 et 5. Les sphères attractives divisées, situées d'un méme 
cóté des noyaux. 

Fig. 6. La division se fait suivant deux plans perpendiculaires entre 
eux, dans les deux blastoméres arrivés l'un et l'autre au stade de 
la métaphase. Dans l'un des deux la division est cependant un 
peu plus avancée que dans l'autre, ce qui est constant. Aprés leur 
séparation, les deux premiers blastoméres pivotent l'un autour de 
l'autre d'un angle de 90», de telle facon que leurs plans de symé- 
trie, qui se confondaient au moment de la séparation, en viennent 
à former entre eux un angle droit. 


Prancne VI. 
Figures demi-schématiques. 


Fi ig. 1. Les sphéres attractives voisines de la surface sont situées d'un 
méme cóté des pronucléus, La droite qui unit leurs centres est 
perpendiculaire à à celle qui réunit entre eux les centres des pronu- 
. eléus; mais ces droites se trouvent dans des plans différents paral- 

. lèles entre eux. Un seul pronucléus a été représenté; l'autre $€ 
. trouve derrière celui qui a été figuré. c. p. cercles polaires; 
| .€.$ €. cercles subéquatoriaux. L'eeuf est vu de profil. 


| 
| 
| 


| Bull. de Acad Roy. de Belg. 


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3° Ser Tome XIV 


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205. ) 


Fig. 2. Stade de la métakinése. c. p., c. s. e. comme ci- disi L'œuf 


est vu de profil. 
Fig. 3. Stade dyaster. Les corpuscules centraux des sphères ilta: 
tives sont divisés. L'eeuf est vu de face. 
Fig. 4. Noyaux divisés en voie de reconstitution. Les corpuscules 
polaires divisés déterminent la subdivision des sphéres attrac- 
tives. c. s. e. cercles subéquatoriaux. 
Fig. 5. Les cellules filles se préparent à se diviser à leur tour. Les 
deux sphéres sont nettement séparées l'une de l'autre, mais elles 
siégent encore du méme cóté du noyau. Les cercles — 
riaux des cellules de seconde génération ont apparu. 
Fig. 6. Division en quatre pour montrer la saillie bien marquée, 
délimitée par un sillon profond, que forment les régions asté- 
roides de chaque cellule. Les sphéres attractives sont déjà 
divisées. Préparation à l'alcool. 
Fig. 7 à 44. Phases successives de la cinése, à partir du stade équa- - 
torial; 8 et 10, cinèse typique; 9, 11, 12, 15, cinese hétéro- 
typique. Fig. 14. Les noyaux divisés, arrivés au stade de repos, 
présentent une forme lobulée. Fig. 15. Deux cordons chromati- 
ques formés aux dépens d'un de ces noyaux. (Non schématique.) - 
Les figures 7 à 15 représentent des vues de profil. 
Fig. 16 à 24. Vues polaires. 
Fig. 16. Étoile chromatique primaire. 
.. Fig. 17 et 18. Division longitudinale des anses primaires. Fig. 1 | 
Cinése typique. Fig. 18. Cinése hétérotypique. 
Fig. 19. Un des dyasters vu du póle. Portions centrales et. bouts 
ginaux de l'étoile bien distincts. (Figure réelle.) 
Fig. 20. Reconstitution du noyau aux dépens des quatre anses secon- 
daires. (Schématique.) 
Fig. 21. Noyau au repos. Vue polaire. : 
Fig. 22. Deux cordons chromatiques reconstitués M un de 
kerros Image peste non schématisée. E 


Note sur les oscillations d’un pendule produites par le 
déplacement de l’axe de suspension; par E. Ronkar, 
chargé de cours à l’Université de Liège. 


Considérons un pendule au repos et supposons qu'à un 
instant donné, l'axe de suspension A vienne à éprouver un 
certain mouvement dans une direction déterminée du plan 
d'oscillation; recherchons le mouvement que prendra le 
.. pendule autour de l'axe de suspension. Prenons le plan — — 

d'oscillation pour plan des xy, l'axe des y étant verticalet — 
dirigé vers le bas. Soit G le centre de gravité du pendule; — . 
imaginons par le point A deux axes mobiles, AX', AY’, 
parallèles aux premiers. La position du pendule sera déter- 
minée par l'angle « que fait la ligne AG avec l'axe AY, 
cet angle étant considéré comme positif du côté de AY' où 
se trouvent les x positifs 


0 X 


Pad 


N G 


( 297 ) e 
Le principe de d'Alembert nous donne l'équation aet 
rale connue : 


E Ex d'y dL EM 


dm (x, y) étant un élément du corps, et les dx, dy étant 1 ie 


3 compatibles avec les liaisons du systéme. ` 
Soient £, » les coordonnées du point A; soit p la distance 
de l'élément dm à l'axe A et 0 l'angle de p et de AG; nous 


avons : 
PP a 
| y = y + p COS (6 + a). 3 
Considérant p et 6 comme constants, les équations de p 


liaison seront satisfaites, si nous prenons : 


dx — dE + p cos (0 + x) da — JE + (y — »)ox "T ^ 
dy — dy — p sin (0 + à) dx = dy — (x —- £)2a.- T 


L Pour chaque élément dm du pendule, on a en outre : 


X—0, Y —g. 


Si nous désignons par Xo, Yo les composantes. de 
force agissant sur l'axe A, nous aurons l'équation: —— 


j gua f: in|-7 S D aeg) (= es : 
Cette bos se xo Nütrés 


m g-e- re ae «-u- 


E Ó"* SÉRIE, TOME XIV. a M 20 | 


( 298 ) 

Les deux premiéres de ces équations peuvent servir à la 
détermination de la force (Xo, Yo), lorsqu'on connait le 
mouvement oscillatoire du pendule et le mouvement du 
ps point de suspension; la derniére nous permettra de déter- 
vor miner le mouvement oscillatoire, connaissant le mouve- 

ment du point de suspension. 
Nous ne nous occuperons que ue celle-ci. 
Pour cela, remplacons ced e a par leurs valeurs en 
fonction de £, n et a. 
Nous avons d'abord : 
ha dx d£ da dÈ da 
"a E pcos (8 + dis "gr + (y —#) — 


dy ady de da dy E da 
— = —— 58 E in ds —£)—; 
Ne ia i "ar dt (r—£) dt 
| ensuite : 
f 
AN dx d% day? 
man e e—e() 
dy dy day? 
auus | EL F1 vul 


Si nous substituons dans équation précitée, nous aurons: 


P mum (7 MET JE US de er | =o 


et en développant, il vient : 


hi dm + fe cum f(a—#um +9 (z —&)dm ez 0- 


( 299 ) 
Posons AG = pọ; appelons M la masse du pendule, et i 
son moment d'inertie par rapport à l'axe A, nous aurons: 


I ín M = a] i E eos 
= in « — — »- 
dt g + dt Sin x dë o £0 


Posons encore : Ha = ps, et supposons que les oscilla- 
tions considérées soient assez petites pour que l'on gon 
prendre : 


PS 


sina =a; COsSa = 1; 


il viendra alors simplement : 


d'a d*, d'£ 
i-e) 


Le mouvement du point de suspension du pendule 

étant connu, il s'agira d'intégrer cette équation. n 

Supposons, par exemple, que le point de suspension 

vienne à prendre un mouvement vibratoire de 
horizontale, et posons : 
É y 0 

2z (t + À 

. £eau--4 NEED] 


Nous aurons ainsi : 


dé 3r  2z(t4-2) 
qr 


hk 
| 


Nous obtenons ainsi l'équation : 


d?z kä 27 (t + 2) 
Hol ga PUDE Ne 


Cette équation admet une solution particulière de la 
forme As sin gern. la constante À, est déterminée par 


EN) 


A 


A, m 
; oz 


9g— hn A 


L'intégrale générale de l'équation proposée est donc de 
la forme : i 


27 (t + À) 
EE Ges V/ 2 À: + À, nr NE ER + 


. Le pendulé a été supposé au repos au temps {—0; 


obtenons : 


C, = — A, V^ —' — cos ED ; 
Si nous posons: 
Jap SE 
— mM — " y 
pa X 


*représentera la durée de l'oscillation complète du pendule, * 
dans le cas oü l'axe de suspension reste fixe; nous aurons ; 
alors : 


T 1 2r(t+ À) . ra 2rzt à 
ws PB ar x qe TRS 


Recherchons également lorpren de * 
ire à cet opum. on A en géné 


gun ME ui d. 
SE "A Y A 
: ( 902 ) 
, et par suite : 
^ | : A  R 
His (5) uni qe (a —ensden e sin "singen. 
Bs uu, TT = ra, : 


— FT 
eed 

F 
DA Si, à cet instant ¿= nT, le mouvement du point de 


suspension vient à cesser, le pendule continuera à osciller, 
et son mouvement satisfera à l'équation : 


dx g 
$ dé FN ei 


Fa D'où l'on tire : 
' | . 2r(t + y) 
CS qs —— 
T 


L'amplitude du mouvement oscillatoire sera 2a. 

Il faut déterminer les constantes a et par les condi- 
tions initiales du mouvement; si nous comptons mainte- 
nant le temps à partir de l'instant nT que nous avons 
considéré plus haut, nous pouvons prendre pour cé 
second mouvement du pendule : 


Nous obtenons ainsi : 
2 2r À T 274 det 
asin —— Ae [s n T = (+ — cos2rn) — 7008 + ——-sin27^ =] 
9x2 . 
x t — cos lrn a --sin Z m sn =] 
E 


9x Fr 2r 
acos = À, E ES 


( 303 ) 


Faisant la somme des carrés, il vient en réduisant : 


1 E Ge TV , 27 
3 a? — A?| sin KC ne en) + no sin 27n — 


327 À T PLE Arm : 
Ass ape Y MES sin! sin? 9a — 
— T Ha cos 27 n— Ji -- sin T sin? 2rn : 


X 9A r? a 2TA 
— 4 Man an Lu o Le M SE 
4 A% sin’ rn : | T + — T os? T | 


[3 -- r T REA T 27A 
Qmd sinzan-— sim —— + — cos’ ——. 
T T T T 


On peut tirer de cette formule plusieurs conséquences 
importantes : 

1° Supposons d'abord que la durée d'oscillation du 
point de suspension soit égale à celle du pendule; nous 
aurons t= T; et la Rene précédente se réduira : 
d'abord à : 


Si nous faisons à = 1, cette formule prend d'abord la 
forme indéterminée ; mais en appliquant la méthode g 


rale relative à ce cas, nous aurons : 


( 304 ) 

L'amplitude du mouvement pendulaire sera done ?* an, 
c'est-à-dire qu'elle sera proportionnelle au nombre d'i im- 
pulsions qu'a subi l'axe de suspension du pendule ; 

2 Supposons que la durée d'oscillation du point de 
suspension diffère de la durée d’oscillation du pendule. 

Pour simplifier, remarquons que »T est la durée de 
l'action exercée sur l'axe de suspension, et soit nT — T', 
il vient : 


€ , 2 
gd z i. uas. V putt (5 cos? ex 
g t T T F T 
"er 

On voit d'abord que sic est un nombre entier, on 
aa=— 0, 

Ainsi, lorsque la durée de l’action exercée sur l'axe de 
suspension est un multiple entier de la durée de l'oscilla- 
tion du pendule, celui-ci ne conserve aucune trace du 
mouvement qui a affecté l'axe. Comme il est entendu que 
T' comprend un nombre entier de périodes T, la condition 
précédente sera toujours satisfaite, lorsque la période T 
sera un multiple entier de la période +. 

Le rapport = — peut d'ailleurs encore étre entier alors 
méme que la "durée de l'oscillation du pendule est un 
multiple entier de la durée de l'oscillation de l'axe; mais 
alors il est nécessaire que le nombre d'impulsions impri- 
mées à l'axe soit plus grand que l'unité; cette condition 
étant satisfaite, le rapport = T peut encore être un nombre 
entier, et alors le pendule ne conservera aucune trace du 
mouvement de l'axe. 

Au contraire, il peut se faire que le pendule conserve 


( 305 ) 
un assez fort mouvement oscillatoire, bien qu'il n'existe 
pas de rapport immédiat entre T et +. Par exemple, 
à 
supposons que le rapport = soit trés grand; si sin + T 
n'est pas très petit, nous aurons approximativement : 
2A Al. 2A 
a = + — sinz — sin —. 
g t T 
La valeur maximum que peut prendre celte expression 
esi: 
2A 
g 


L'amplitude correspondante sera PE el l'on voit que 


celle quantité est comparable à la valeur Č an qui est 
relative au cas où T — 7, surtout si n n'est pas trés 
grand. 

Nous supposons naturellement dans cette comparaison 
que A a une valeur constante ; cette quantité A n'est d'ail- 
leurs pas autre chose que la moitié de la variation totale 
qu'éprouve l'accélération de l'axe de suspension dans une 
période T. Ainsi, si nous considérons cette amplitude de 
variation de l'accélération comme constante, il résulte de 
ce qui précéde : ; 

1° Que si T —+, le pendule conserve un mouvement 
oscillatoire dont l'amplitude est proportionnelle au nombre 
d'oscillations de a 

2* Que siT S S 7, le pendule peut ne conserver aucune 
trace du mouvement qui a affecté l'axe; ce cas se présente 
notamment si T est un multiple entier de 7, et peut se 
présenter aussi quand est un multiple entier de T; d'autre 
part, le pendule peut conserver un mouvement oscillatoire 


( 306 ) | 
assez fort, alors même qu'il n'existe pas de rapport simple 
entre T et «. 

Si maintenant nous nous reportons à la formule initiale 
. 9m (t -—- 2) 
£ — a, + asin ———— — , 
T 
. nous voyons que l'amplitude du mouvement oscillatoire 
de l'axe de suspension est 2a, et nous avons posé : 


2 s 
T 


Ainsi, pour une même valeur de a,, A est inversement 
proportionnel au carré de la durée de l'oscillation de l'axe. 

Si nous remplacons A par sa valeur dans a, nous 
aurons : 


! ete pr TRE 
Sela "i UA iil n rh id V sio A + ud cos? [e 
D SUR otre a T T Lk T 
Nous pouvons maintenant discuter cette formule en 
attribuant à a, une valeur constante. La discussion conduit 
à des résultats analoguesà ceux de la discussion précédente. 
Ainsi, pour T — z, il vient : 


ce résultat correspond à celui qui a déjà été obtenu précé- 
demment. 

Sans entrer dans une plus longue discussion, on voit tout 
de suite que le mouvement oscillatoire qui subsiste dans le 


erropa 


SHUT. 


1 
4 

p 
E 
A 
1 

E 


D D A E cé Rd dr ES ie ROUEN UN SINE MAD MEAT RETE 


( 307 ) 

pendule, aprés un certain nombre d'impulsions communi- 
quées au point de suspension, varie beaucoup suivant les cir- 
constances : l'amplitude du mouvement, le nombre d'impul- 
sions, la durée d'oscillation, la phase À. En ce qui concerne 
la durée d'oscillation, l'influence varie beaucoup suivant la 
valeur du rapport des périodes d'oscillation du pendule et 
de l'axe. Même dans le cas où ce rapport est simple, soit 
qu'il s'exprime par un nombre entier ou l'inverse d'un tel 
nombre, i| se peut que le pendule ne conserve aucune 
trace de l'agitation de l'axe, tandis qu'il peut conserver 
des traces sensibles de cette agitation, alors qu'il n'existe 
entre T et + aucun rapport simple. 

Ces résultats ne nous paraissent pas entiérement con- 
formes à l'assertion suivante de M. S. Rossi (1), au sujet 
des pendules employés dans les observations sismiques : 
« Chaque pendule, d’après salongueur, oscille en un temps 
déterminé; celui de prés de 25 centimètrès fait 2 oscilla- 
tions à la seconde. Si ces pendules recoivent quelques 
impulsions conformes à ce rythme, ils seront naturelle- 
ment fortement agités. Au contraire, avec des impulsions 
qui se succédent suivant un rythme différent, ils ne bou- 
geront pas. » 

Nous venons de voir, en effet, qu'il peut se faire que le 
pendule prenne un certain mouvement, alors méme que 
l'axe recoit des impulsions qui ne sont pas conformes à 
son rythme et que, réciproquement, le pendule peut ne 
conserver aucune trace d'un mouvement vibratoire dont 
le rythme serait dans un rapport simple avec le sien. 


(1) M. S. Rossi. Programma dell Osservatorio ed archivo: geodi- 
namico, presso il R. Comitato Geologico d'Italia. Rome, 1883, p. 61. 


( 508 ) 

Les résultats précédents se compliquent naturellement 
encore davantage si, à l'instant initial, le pendule n'est pas 
au repos. 

Nous avons jusqu'ici supposé que le mouvement vibra- 
toire de l'axe était un mouvement pendulaire simple. 
Généralement, on peut consi lérer une onde quelconque 
comme résultant de la superposition d'une série d'ondes 
simples. 

li faudrait donc, dans ce cas général, poser : 


. 9z(t + X) 
dea Y, Asin MT TR 


Les coefficients A, et 2, sont. généralement déterminés 
par les circonstances qui accompagnent l'ébranlement ini- 
tial considéré. L'analyse précédente peut étre facilement 
étendue à ce cas, et nous ne nous y arrêlerons pas davan- 
tage. 

Nekoi. au cas d'une onde simple, et examinons le 
cas où T est assez grand relativement à +. Pendant l’ ébran- 
lement, le mouvement du pendule est déterminé par 
l'équation : 


—— —sin — eos — — 608 Si 
T T T 


1 [: 2 r(£4-2) 9zA Or Dr} | 241 
SIN ——— 


Dans le cas actuel, nous ponvons considérer la quantité 
sin TOU) comme constante pendant une période T. 

Le mouvement du pendule sera donc à très peu près 
un mouvement pendulaire simple autour de la position 


MEE 


: 


E 
4 


L'amplitude 2a’ de ce mouvement sera déterminée par 
l'équation : 


A? T? Irà s 
13 s 2 
a F EXT sin^— + T 
T 
ou: da 
AU 54 9 2 i UE AA 
a! = +— ; i "Eoia ig PE uda : 5 
TE sin T + T T e 
T? k LE MS eS is 


Supposons, par exemple, que pour t = 0, on ait : 


d& 5 
—0 t À — — (): : d A 
Fe » dt f Lim : 


il viendra À = ie 


et il reste : 


( 310 ) 

L'amplitude du mouvement pendulaire à un moment 
donné est done en raison inverse de g. Il s'ensuit que si le 
pendule était suspendu en partie dans un liquide au repos, 
ce qui reviendrait à diminuer g, la grandeur des oscilla- 
tions tendrait à s’accroître; mais il est probable que, dans 
ce cas, ces oscillations seraient fortement amorties par la 
résistance du liquide, qui tendrait de son cóté à prendre 
un certain mouvement vibratoire. 

Il n'en résulte pas moins que le mouvement du point 
de suspension n'étant pas uniformément accéléré, l'incli- 
naison moyenne du pendule varie avec le temps. 

En effet, nous venons de voir qu'à un instant quel- 
conque, le pendule oscille autour de la position moyenne: 


L'amplitude du mouvement oscillatoire de cette posi- 
tion est : 


On pourrait peut-être utiliser ce résultat pour rechercher 
sil existe des inégalités périodiques dans le mouvemen! 
de rotation de la terre autour de son axe. Dans ce cas, 5! 
nous prenions T — 19^ — 45.900*, on verrait tout de suite 
que le terme p, ( T) est négligeable vis-à-vis de g, €t 9" 
pourrait prendre : 

92g" — zs z 


9g 


( 914 ) 

Supposons, pour fixer les idées, que l'amplitude du 
mouvement oscillatoire, dont la durée est 12 heures, soit 
ER 

À l'équateur, nous aurons : 


40.000.000 
86-400 
D'oà 
40.000.000 Iry 
9A __ 40.000.000 E 0,1; 
86.400 (43.200 
et 
1 1 1 i 
2a" ——.9A— , environ, 
g 10.016.400 


c'est-à-dire 0",0206 en arc. Si g était réduit au !/1999 de 
sa valeur, on aurait ainsi une déviation de 20'/,6 environ. 

ll ne faut cependant pas perdre de vue que, dans ce 
cas, d'autres influences, telles que l'action du soleil ou de 
la lune, etc., pourraient altérer la position d'équilibre du 
pendule; mais, par un certain ensemble d'observations, 
on pourrait peut-étre isoler les effets de ces différentes 
causes; par exemple, on pourrait faire varier la direction 
du plan d'oscillation ; il ne faudrait pas toutefois négliger 
l'influence de la variation de la force centrifuge résultant 
de la variation de la vitesse angulaire. 


( 312 ) 


Sur le sulfure de cadmium colloidal ; par Eug. Prost, 
assistant de chimie générale à l'Université de Liège. 


Longtemps on a cru que la solubilité appartenait en 
propre à certains composés minéraux, tandis que cette 
propriété faisait complétement défaut aux autres. 

Graham, le premier, montra ce qu'il y avait d'arbitraire 
dans cette division, en mettant eu solution certaines sub- 
stances absolument insolubles dans les conditions ordi- 
naires. Ce savant réussit, entre autres, à préparer des 
solutions d'hydrate ferrique, d'hydrate d'aluminium et 
d'acide silicique, en se basant sur le pouvoir diffusif des 
corps cristallisés qu'il appela « cristalloïdes », et sur l'ab- 
sence de cette propriéte chez les corps amorphes ou « col- 
loides ». Cet état particulier de solution fut désigné sous 
le nom d'état colloidal. 

Depuis Graham, le nombre des corps colloidaux s'est 
notablement accru. 

En 1882, Hans Schulze (1) obtint le sulfure arsénieux 
en solution aqueuse, en traitant l'anhydride arsénieux par 
l'acide sulfhydrique, et éliminant ensuite l'excès de ce der- 
nier gaz par un courant d'anhydride carbonique. 

L'année suivante, le méme chimiste porta ses recherches 
sur le sulfure d'antimoine (2). Presque en méme temps, 
M. le professeur W. Spring prépara des solutions colloi- 
dales de sulfure de cuivre, de sulfure stannique, de per- 

ins lé 


(4) Journal fur prak. Chemie, 1882, p. 451. 
(2) Id., 1885, p. 520 


( 515 ) 
oxyde de manganèse, d'oxyde stannique et d'oxyde antimo- 
nieux (1). 

Toutes les solutions des substances que je viens d'énu- 
mérer dans cet apercu rapide offrent ce caraetére commun 
de paraitre troubles ou limpides, suivant qu'on les examine 
par réflexion ou par transmission. En outre, leur conser- 
vation est subordonnée à de nombreuses conditions ; la 
température, la concentration, le temps, sont autant de 
facteurs qui influent notablement sur l'état colloidal. Dans 
la plupart des cas, l'addition à une solution colloïdale d'une 
quantité méme trés faible de matière étrangère détermine 
la coagulation du corps dissous. 

D'autre part, l'examen optique et microscopique a tou- 
jours montré qu'on avait bien affaire à de véritables disso- 
lutions. Jai pu observer ces différents faits en étudiant 
le sulfure de cadmium colloidal dont il est question dans 
ce travail. 

En les combinant, on est amené à voir, dans l'état col- 
loidal, une phase de transition entre l'état insoluble et 
l'état de solution parfaite, une sorte d'équilibre instable, 
suffisant, toutefois, pour nous montrer qu'il n'y a pas de 
limite tranchée entre les corps solubles et les corps inso- 
lubles, et pour nous autoriser à penser que la solubilité est 
une des propriétés générales de la matiére. 

J'ai obtenu le sulfure de cadmium à l'état colloidal, en 
traitant une solution ammoniacale de sulfate de cad- 
mium par l'acide sulfhyárique jusqu'à précipitation com- 
plète de tout le métal; le sulfure précipité, aprés avoir été 
lavé à fond par décantation avec de l'eau distillée, a été 


(4). Ber. der deutschen Chem. Ges., 1883, os Gad 
5m? SÉRIE, TOME XIV, ` AU onte co t un e o, [ 


( 314 ) 
mis en suspension dans l'eau, puis traité par un courant 
lent d'aeide sulfhydrique. Pendant cette opération, on con- 
state que le sulfure, d'abord floconneux, devient de plus 
en plus laiteux, pour finir bientót par disparaitre. Il ne 
reste plus alors qu'à faire bouillir le liquide, jusqu'à ce 
que les vapeurs dégagées ne noircissent plus un morceau 
de papier imprégné d'acétate de plomb. 

La solution de sulfure de cadmium est d'un beau jaune 
d'or lorsqu'on la regarde par transparence. La teinte est 
naturellement. d'autant plus foncée que la concentration 
est plus forte; vue par réflexion, la solution parait fluo- 
rescente. 

A la filtration, le liquide passe sans laisser le moindre 
dépót sur le filtre. 

Deux analyses faites sur un volume mesuré de solution 
ont conduit au rapport atomique CdS. Il est donc hors de 
doute que la substance dissoute est bien du sulfure de 
cadmium. A l'évaporation au bain-marie, on obtient avec 
les solutions diluées un enduit jaune d'or; si le dépót est 
suffisamment abondant, il se fragmente par une dessica- 
tion prolongée en de nombreuses partieules rougeàtres et 
translucides. 

Au point de vue de la stabilité, on peut dire qu'en géné- 
ral les solutions les plus diluées se conservent le plus 
longtemps intactes. Un liquide renfermant environ quatre 
grammes de sulfure par litre s'est maintenu limpide pen- 
dant plusieurs jours. 

Pour une concentration de 41 grammes par litre, la 
coagulation était complète aprés 24 heures. Íl semble 
cependant que d'autres facteurs interviennent au MOINS 
aussi énergiquement que la concentration. A titre de 
simple coïncidence, je ferai remarquer à ce sujet que 
pendant une couple de jours où le temps était orageux, il 


à ne A Eh a CORRER OT. e S 


EEE TE er ON ES SR TE T oom 


( 515 ) 
m'a été impossible de conserver intactes des solutions, 
méme trés diluées, pendant plus de quelques heures. 

Bien que, d'aprés l'aspect de sa solution et la nature du 
résidu de l'évaporation au bain-marie, le sulfure de cad- 
mium m'ait paru réellement dissous, j'ai tenu à m'assurer 
directement du fait en examinant le liquide au spectros- 
cope. La solution de sulfure étudiée contenait par litre 
15,746 CdS. En l'observant sous une faible épaisseur, 
(2 à 5 millimétres), j'ai constaté la production dans le 
spectre d'une bande commencant dans le vert prés de la 
raie F de Frauenhofer et s'étendant sur la totalité du bleu 
et du violet. Le restant du vert, l'orangé et le rouge, étaient 
parfaitement nets. 

Dans un second essai, la solution de sulfure a été exa- 
minée sous une épaisseur de 26 millimètres. Le résultat a 
été le méme que dans l'expérience précédente ; seulement, 
la partie éteinte du vert était un peu plus grande. En 
somme, l'examen spectral permet d'admettre que le liquide 
est réellement une dissolution de sulfure de cadmium. 

J'ai rappelé précédemment qu'un des principaux carac- 
téres des solutions colloidales est de se coaguler sous l'ac- 
Lion de quantités méme trés faibles de substances étran- 
gères. On constate à cet égard des différences trés grandes 
dans ce qu'on pourrait appeler le pouvoir coagulant des 
corps. Dans des travaux antérieurs, H. Schulze.a tiré de 
l'étude de la coagulation des sulfures d'arsenic et d'anti- 
moine des conclusions intéressantes. Je me suis proposé 
de rechercher jusqu'à quel point les faits observés par 
Schulze s'appliquaient au sulfure de cadmium. Dans ce - 
but, j'ai fait agir sur la solution colloidale un certain 
nombre d'acides et de sels minéraux et organiques. Les 
essais ont été faits de la maniére suivante: on introduisait 
dans un tube à réaction bien see 10 c. c. du réactif à étu- 


( 516 ) 
dier, dont on connaissait la concentration; à l'aide d'un 
comple-gouttes, on versait ensuite dans le tube cinq 
gouttes de la solution de sulfure de cadmium; on agitail, 
puis on observait l'aspect du liquide par transparence ; s'il 
restait limpide, on recommencait l'expérience avec une 
concentration plus grande ; s'il se troublait, on mesurait 
dans un autre tube 5 c. c. de réactif, on complétait avec 
de l'eau distillée le volume de 10 c. c., puis, après avoir 
agité pour rendre le liquide homogène, on ajoutait les 
‚cinq gouttes de sulfure de cadmium. S'il se produisait 
encore un louche, on renouvelait l'essai en prenant moins 
de réactif et de l'eau distillée en quantité suffisante pour 
parfaire le volume de 10 c. c. Si, aprés quelques tàtonne- 
ments, on reconnaissait que le réactif était trop concentré, 
on en prélevait un certain nombre de centimètres cubes 
que l'on diluait à un volume déterminé, puis, avec cette 
nouvelle solution, on recommencait une série d'essais. ll 
est clair qu'avec un peu d'exercice on arrivait à recon- 
naitre facilement quelle était la concentration à donner au 
réactif avant de faire les essais. Un exemple pris au 
hasard fera comprendre aisément la manière d'opérer. Je 
suppose qu'il s'agisse de déterminer quelle est la concen- 
tration minimum pour laquelle l'iodure potassique coagule 
encore le sulfure de cadmium. On constate par un essai 
préliminaire que 10 c. c. d’une solution d'iodure à 3 */. 
coagulent instantanément cin] gouttes de sulfure ; 0n 
observe d'autre part qu'un mélange de 5 c. c. de réactif et 
de 7 €. c. d'eau distillée ne coagule plus; on essaie avec 
5c.c. Klet B c. e. d'eau ; il se produit un trouble. La 
limite est donc comprise entre les dilutions suivantes: 


5c.e KI+ 7 e. c, HO et B e.c, KI + De. c HO. 


En faisant varier les proportions du mélange de réactif 


(517) 


et d'eau entre ces limites, on constate que 5,9 c. e. KI + 


6,5 c. ce. H?20 coagulent instantanément le sulfure, tandis 


que le mélange 5,4 c. c. KI + 6,6 e. c. H?O magit qu'après 
quelques instants. Le pouvoir coagulant de l'iodure de 
potassium est donc représenté par la quantité de ce sel 
dissoute dans 5,5 e. c. d'une solution à 5 */,, après dilution 
de ces 5,5 e. e. au volume de 10 c. c. Or, cette quantité 
est de 07,175. Pour présenter les résultats sous une forme 
comparable, on a rapporté la dilution à 1 gramme de sel. 
Dans le cas qui nous occupe, 0,175 KI étant contenu dans 
10 c. e. de liquide, 1 gramme est contenu dans 57 c. e. La 
concentration minima pour laquelle l'iodure de potassium 
coagule le sulfure de cadmium est donc exprimée par une 
partie KI pour 37 parties H°0. 

Dans le tableau suivant, les résultats sont calculés en 
faisant abstraction de l'eau de eristallisation que certains 
sels renferment. De plus, on ne doit accorder aux nombres 
qui s'y trouvent transcrits qu'une valeur comparative. 
Dans tous les essais j'ai pris, pour établir la limite,la coagu- 
lation instantanée du sulfure de cadmium. Voici les résul- 
tats auxquels je suis arrivé en opérant avec une solution 
renfermant 57,62 de sulfure par litre. 


Chlorure de polhasium < a. -s-a 3 1615 
Bromure de potassium . . . . . 1 727 
lodure de potassium. . . . $4 57 
Cyanure de potassium . I: 108 
Chlorate de potassium . sc. di HM 
Nitrate de potassium. < . 7. . . 1: 109 
Dithionate de potassium . . . . 1: 5000 
Sulfate de potassium, . . . . . 4: 1666 
Tetrathionate de potassium . . - . 1: 855 
Ferricyanure de potassium. . . . . i: 166 
Rt 100 


Ferrocyanure de potassium. . . . .< 


( 948 ) 
Chromate de potassium. . . . . . 
Bichromate de potassium 

Chlorure de sodium. . . . . 
Hyposulfite de sodium . 

Carbonate acide de sodium. a 
Carbonate neutre de sodium . . . 
Phosphate secondaire de sodium . 
Acétate de sodium . . . . . o 
Benzoate de sodium . 
Oxalate d'ammonium 
Chlorure de baryum. 
Nitrate de baryum 
Dithionate de baryum 
Sulfate de magnésium 
Sulfate manganeux 
Sulfate de cadmium . 
Nitrate de cadmium . 
Chlorate de plomb cio *. en 
Acétate de plomb. . . . . 
Cyanure mercurique. . . . 
Sulfate d'aluminium, . . . . . 
Alon ammoniaca . v7. 2 ls s 
Mon de chrome. Ul. 
Acide chlorhydrique. . . : . . . 
Acide sulfurique = — te 47, 


LJ 
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Aecideasétique. "274 s s 15 
Acide dralique, s 0 V 6i E 25255 
Aane iueciliquea 09 4 six: m 100 
MC MEQUE, oL Sx ds in à : 335 


266 


Arme gie. Nu a 


L'examen des nombres consignés dans le tableau précé- 
dent permet de tirer plusieurs conclusions. On voit d'abo 
que les sels alcalins, c’est-à-dire les sels à métaux mono- 
valents, sont ceux dont l'énergie de précipitation est la 
plus faible. Presque tous sont sans action sur le suifure de 


p 
| 
| 
| 
| 
| 
| 
| 
| 
| 


(2909 ) 
cadmium. colloidal pour une concentration inférieure à 
1/1000. Les sels à métaux bivalents agissent à une dilution 
beaucoup plus considérable. Ainsi, tandis que le chlorure 
de potassium à moins de !/,,,5 ne précipite plus, nous 
voyons que le chlorure de baryum est encore actif à la con- 
centration de !/,,2,,. De méme, la limite pour le sulfate 
de potassium est exprimée par {/1666, tandis que pour le 
sulfate de magnésium elle atteint !/,,;;;. ll convient cepen- 
dant de mentionner l'écart que montrent à ce point de vue 
le chorate de plomb et le cyanure mercurique. Ces deux 
sels se comportent comme les sels alcalins. Le sulfate et le 
nitrate de cadmium sont, de tous les corps avec lesquels 
j'ai expérimenté, ceux dont le pouvoir coagulant est le plus 
énergique; peut-étre ce fait tient-il à l'analogie de compo- 
sition qui existe entre eux et le sulfure de cadmium. Les 
sels dans lesquels entrent des métaux trivalents sont doués 
d'une énergie de précipitation beaucoup plus grande que 
les sels à métaux bi- ou monovalents. C'est ainsi que le 
sulfate d'aluminium est encore actif à l'énorme dilution 
de !/35»558. Dans les aluns, qui sont en somme des sels 
doubles, le pouvoir coagulant parait étre déterminé par le 
sulfate à métal trivalent qui y entre, et non par le sulfate 
alcalin. On constate, en effet, que les dilutions extrêmes 


observées pour l'alun ammoniacal et l'alun de chrome sont 


respectivement !/,5557; et !/5553. L'action du sulfate alca- 
lin semble cependant se manifester en ce sens que, bien 
que trés élevé, le pouvoir coagulant des aluns est inférieur 
à celui du sulfate d'aluminium. Ce fait contribue aussi à 
montrer qu'il n'existe pas de relation entre le poids molé- 
culaire d'un sel et son énergie de précipitation. Les nombres 
fournis par le ferrocyanure et le ferricyanure de potassium 


sont intéressants. Ces deux corps ont un pouvoir coagulant 


trés faible et analogue à celui des sels alcalins. H. Schulze. 


AT AS 


B 


( 820 ) 
dans son travail sur le sulfure d'arsenie colloidal, avait 
déjà mentionné ce fait et en avait conclu qu'on ne peut 
assimiler ces composés aux sels doubles. 

En général, il ressort des nombres obtenus que la nature 
de l'acide qui intervient dans la constitution d'un sel est 
sans action sur la manière dont le sel se comporte à l'égard 
de la solution colloidale. On ne peut toutefois méconnaitre 
que les différences que l'on constate entre le chlorure, le 
bromure et l'iodure de potassium, ne dépendent que des 
éléments acides, chlore, brome et iode. De méme, le chro- 
mate et le bichromate de potassium, le carbonate neutre 
et le carbonate acide de sodium, montrent que le rapport 
de l'acide au métal n'est pas sans influence. Les nombres 
fournis par ces sels semblent indiquer que les sels acides 
ont un pouvoir coagulant supérieur à celui des sels nor- 
maux. ; 

En ce qui concerne les acides, les résultats obtenus 
indiquent quen général les acides minéraux agissent 
comme précipitants à des dilutions beaucoup plus grandes 
que les acides organiques. 

En somme, les faits acquis par l'étude de la coagulation 
du sulfure de cadmium peuvent se résumer dans les quel- 
ques points suivants : 

1° Il n'existe pas de relation entre le poids moléculaire 
des acides et des sels et leur énergie de précipitation; 

2» Le pouvoir coagulant des sels est déterminé par le 
métal qui y entre : les sels des métaux monovalents sont 
les moins actifs; ceux des métaux trivalents ont la plus 
grande énergie; enfin, les sels des métaux bivalents 


tiennent le milieu entre les deux catégories précédentes. 


En général, l'influence de l'aeide n'est pas appréciable. 
5^ Dans les aluns, l'influence du sulfate à métal triva- 
lent l'emporte sur celle du sulfate alcalin; 


( 921 ) 

4' Le pouvoir coagulant des sels acides parait étre 
supérieur à celui des sels normaux; 

5° Les sels de cadmium ont une énergie de précipitation 
trés grande à l'égard du sulfure de cadmium. 

La plupart des faits que je viens de signaler concordent 
avec ceux que H. Schulze mentionne dans ses recherches 
sur les sulfures d'arsenic et d'antimoine à l’état colloidal. 

ll est done probable que la coagulation des substances 
colloïdales est soumise à de véritables lois, dont la cause 
nous échappe encore. Peut-étre, lorsque la découverte de 
nouvelles matières colloidales aura permis d'augmenter le 
nombre des observations, arrivera-t-on par la comparaison 
des faits à connaître la raison de ces singulières propriétés 
que présentent les corps colloidaux. 

On entrevoit dés à présent que la solution du probléme 
pourrait contribuer à étendre notablement nos connais- 
sances actuelles sur la structure moléculaire des substances 
minérales. ; 

En terminant, je mentionnerai que j'ai fait une série 
d'essais de coagulation avec une solution de sulfure de 
cadmium renfermant 20 */, CdS de plus que celle dont je 
m'étais servi d'abord. Mon but était de voir si la concen- 
tration du sulfure influerait sur le mode d'action des sub- 
stances précipitantes. Les nombres auxquels je suis arrivé 
étant tous du méme ordre que ceux qui figurent dans le 
tableau précédent, il me parait inutile de les reproduire 
ici. Je crois pouvoir en conclure que la concentration du 
sulfure de cadmium colloidal est sans action sur la façon 
dont il se coagule. 


Université de Liège. Laboratoire de chimie générale 
de la faculté des sciences. Juin 1887. 


Sur la représentation des involutions unicursales; par 
Francois Deruyts, docteur en sciences physiques et 
mathématiques de l'Université de Liége. 


Dans son mémoire « Sur quelques applications de la 
théorie des formes algébriques à la géométrie » (*), M. LE 
Pace a signalé l'emploi de la géométrie des espaces 
supérieurs comme moyen d'investigation dans la théorie 
de l'involution. Plus tard, il a appliqué ce procédé à la 
recherche des groupes communs à certaines classes d'in- 
volutions (**). Pour cela, il prend comme support des 
involutions d'ordre n, la courbe normale C, de l'espace 
à n dimensions, et il recherche la classe du lieu, enveloppé 
par les espaces plans à k dimensions, déterminés par k+4 
points d'une involution lz. 

Plus récemment, M. CasrELNvovo (7) a retrouvé les 
prineipales propriétés des involutions unicursales, en 
partant de la définition suivante : 

« Soient donnés dans un espace à n dimensions E,, une 
courbe normale C,, et un espace E, ,,d n—k—1 
dimensions; les oc* espaces à n — 1 dimensions, Es- 


Wor tuer LM re 


(^) Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers de l'Aca- 
démie de Belgique, tome XLIII, 1879. 

(*) Bulletins de P Académie de Belgique, tome XI, 5° série, 1886. 

(77) atti del R. Istituto veneto di scienzi, lettere ed arli, tome IV, 
À* série, 1886: 

Studio dell involuzione sulle curve razionali mediante la loro curv? 
normale dello spazio a n dimensioni. : 


( 323 ) 
passant par E, , marquent sur C,,oc* groupes de n 
points qui constituent une involution d'ordre n et de 
rang k, >. 

M. CasTELNUOVO appelle E, , ,, espace central de Pin- 
volution. 

Nous nous proposons d'étudier la représentation des 
involutions unicursales, en partant de la définition analy- 
tique qu'on leur donne ordinairement; nous arriverons 
ainsi à retrouver, comme une propriété de ces involutions, 
ce que M. CasrELNvovo en prend comme la définition. 


I. — L'involution la plus générale d'ordre n et de rang 
n — 1, placée sur un support unicursal, peut se définir 
analytiquement de deux façons (‘) : soit, par une forme 
n — linéaire symétrique égalée a zéro, 


00,0, au ce, 
avec les conditions 
0,0,G; ... Op — (at y = Opp = pil 0 t8 
Soit, par une équation de la forme, 
[= Xa + Aa" +. + A a" — 0. 


À, Aas ... À, étant des paramètres arbitraires, les fonc- 
tions a! ^" des formes binaires d'ordre n, que nous suppo- 
serons avoir pour expressions effectives 


a (b) qm 
af" — az? + afr + s. + das hr, + abhag 


() Voir, par exemple, les Essais de géométrie supérieure du troi- 
sième ordre de M. Le Paige. 


( 924 ) 
Nous partirons de cette seconde définition. 
Considérons les n équations linéaires, 


AU e aj z, + af)z, + + a, + an) Luna = 


AU = a yx, + a(?x, + + + a0 x, + a xu = 


. . . . . 


n) 


A™ aj x, + af"), + + + ac x, + a 


pO s.a == 


0,. 
Loi) 


l’ensemble de ces équations peut être regardé comme 
représentant un point de l'espace E, (°); nous dirons que 


ce point correspond à l'involution, définie par 


f 44. 


Nous allons voir comment, dans ce mode de représen- 
tation, nous pouvons déterminer les images des différents 
groupes de l'involution. Supposons que celle-ci soit décom- 


posable, l'équation qui la caractérise devient : 


; a) a. (n, 
$ 5a, (10, *7* 2- 3,0, "7 -- «5 + 2,4, 1) = 0. 


Les équations du point correspondant sont alors : 


VS (à 1 
BO =a P a x, + (af «4 + aa) Te + ve (UPa + a ne), +a, al 


BO —q! a! ax, + (f'a + APas)ts Fe + (a? a, + af. 12) aan a 


Beef, + (ae, + aP) + --- + (alla, + a) aac, + ani T 


` . . . . * LI . - 


. 


E T IUD MEL 


(*) Pour abréger le langage, nous désignerons par espace Ep l'espace 


à k dimensions et du premier ordre. 


=0, 
—0, 


À 


=l. | 


( 325 ) 
Il est facile de déduire de là pour les coordonnées de ce 
point : 
Ki iXQlEy:1X,.:14,,,:502:— 0£ lois d$ re HU ass EU 
(le signe + selon que n est pair ou impair). 
Si nous posons © — — À, nous aurons : 
1 


DE. Mere c tua em Q7 LAT e tA 


ce qui est l’équation, sous forme normale, de la courbe 
caractéristique, C,, de l'espace E,. 

Nous en déduisons ce théoréme : 

Le lieu des points qui représentent les involutions d'ordre 
n et de rang n — 1 décomposables, est la courbe normale de 
l'espace à n dimensions. 

Tout espace E, ,, passant par le point correspondant 
à une involution I? ,, définie par 


[55 9. 
peut se représenter par l'équation 
ia AO + p AO T ve Ma AT T Pa A) = 0. 


Cet espace coupera la courbe C, en des groupes de 
points dont les paramètres sont les racines de l'équation 


( (2) 
Bad) + pa)" b eee PAPER VE Dn + fe aj "=. 


Ainsi, ces groupes de points forment une involution 
li et la relation qui la caractérise est précisément celle 
dont le point en question est le correspondant. Ces groupes 
de points sont donc les images des groupes de l'involution. 


( 826 ) 


II — Uneinvolution d'ordre n et de rang k, I7, est définie 
par la relation, 


(2) (k) (+1) 
DS AM, "4 AME, te ce 4 AQ, + 34440, 0. 


Les k+1 équations linéaires 
AU ax, + ae o + ax, + afanya — 0, 
AO of, + afr, + + aa, + ans = 0, 


LI LI . . . . * LI . 


AMIE at, + at, a uu. aa + ar = 0, 
représentent dans l’espace E, un espace E, ,,: Ces! 
l'espace central de l'involution; nous dirons que cet espace 
correspond à l'involution. 

Si l'involution est décomposable en un point fixe et en 
une involution 1", auquel cas son équation est 


(1) (2) (kH) 


at. (1,0, NOM d os Nel ip Ad. Dat T "n = 0, 


son espace central sera représenté par 


D 1 = 
BO=a ar, Hapa, +aas)ts --e22-(afJje, +a n)r, HAR ATni 

Mo CE 2 = 
bí = af DA Y, +(a alfa, + ax) este (ada, +a? ) 2) +a$ al aet um 


. 
* * . . . . . 


m Fe Jta ++» D abr dicus te 


Ces équations sont vérifiées nique si l'on sup- 
pose 


Dy i Lai ee Li X44 7093: — a lg, 2e ….: matt ax: e 


( 827 ) 

Donc : l'espace central de toute involution d'ordre n et 
de rang k, qui posséde un élément fixe, rencontre la courbe 
normale de l'espace à n dimensions. 

On démontrerait de méme que, si l'involution est décom- 
posable en k’ éléments fixes et en une involution 17^", son 
espace central rencontre la courbe normale en Á' points. 

Tout espace E, ,, passant par l'espace central d'une 
involution Iz, peut se représenter par 


pa AU + uu AO + sse + uu AUTO = 0, 
Cet espace coupera la courbe C, en des groupes de 
points dont les paramètres satisfont à la relation, 
(4) à UH) 
Kl)” + pol)" + at "50, 
c'est-à-dire, à la même relation que l'involution l7 pro- 
posée. 


HI. — Si nous prenons la seconde définition de linvo- 
lution, une I? sera représentée par n— k formes algé- 
briques n-linéaires, égalées à zéro, 


h=a® a a a —0, 
f= a af a a? —0, 


PE ar e a n) a" — 0, | 
Avec les conditions ; 


aPaPa?) ... a = al =) =: 


(pss "secat 


Pour simplifier la notation, nous représenterons les 


( 928 ) 
coefficients de ces formes par les lettres a”, affectées des 
indices inférieurs, 1, 29, ... n +1. 

Nous pouvons considérer les paramétres de chacune de 
ces formes comme représentant les coordonnées d'un point 
dans l’espace E,. L'ensemble de ces points représentera 
un espace E, ,, : c'est l'espace central de l’involution. 
Il est aisé de s'assurer que cet espace a pour équations, 


Zi Za Z5 Zn—k Zn—k+i 
1 T 1 1 1 

at aj! aj a k a? us 
2 2 2 E 

a P cn «af ad. a uus 


-—k c 
atc at d 


ajn- 9 at -9 ar 
i variant de 4 à k4- 1. 

En partant de là, nous arriverions aux mémes théorémes 
que plus haut; nous ne croyons pas utile de reprendre la 
suite de leur démonstration. : 

Nous pouvons, d'ailleurs, passer d'un mode de repré- 
sentation de l'involution à l'autre de la manière la plus 
simple, ainsi qu'il suit : si l'involution est définie par » — k 
formes n-linéaires égalées à zéro, on en déduit immédia- 
tement qu'elle peut se représenter par la seule relation, 


e Ei : Ue kiits Q&4—4H 
9] osa as atta RU 
à j 1 
quU. am un 2 at, Us sri 
[LL "4 TEN e 2 
en aca. am... am , ap. eei 0 
3 x 
p 
[E] . - LI . , . ^ 
Mai Le * LI LI . Lg LL RAT 3 Sr. m4 i- 
dus à (n-—k EX À 
mue M a) am ati 


( 329 ) 
Cela résulte de ce que nous venons de voir. 


Supposons maintenant qu'une involution lẹ soit définie 
par la relation 


SR UA (k+) 
1,4, “HAN + aad. "= 0; 


son espace central est représenté alors par les k 4-1 équa- 
lions 


ar, x ajx, E ie E allita e atka Li ves CES at x, ua = 0, 
(21,9, E 4k 
Si nous désignons par a,,, 2,,. ... &,,4, n —k paramètres, 


un point quelconque de cet espace a pour coordonnées, 
par exemple, 


pn - k+! 


p—n—k 

1 a? k+ (p) 

Y aE tr) D mi 
1 


Xu == , 
M P k4-1 à 
p-n -k+l p-—n—k 
1 2) k+i ip) 
Arpal ) as P dhh ud * C Lp AP 
1 
hamis (9. a, ... ah a : 
(ai, aj Ug Bia 
p—n-k4-1 p-n—k 
(1) a? (kH) 
=, 84a (0$), aF, ces Ok Ep à ipaa 
Liga = — (5 a a o o ME , 
(a, atts af ) Bici 
Tip = CARE 
W 
Tapt == Enpi 


57° SÉRIE, TOME XIV. 22 


(330 ) 
Ce point définit dans l'espace E, une involution [%_,, qui 
a pour équation, 


[es m aA 2e + a Al PO 
+ | a AQ? TP ars AE T edri CENT © | P-D + 
+ fault + m aM, + + + 0, Af] P7 
Tin — vi dB voie Poe AU T CRM ONT rie = , 


CET 2, 4 3B, PO 
en désignant par Pí? la somme des combinaisons des » 
variables 
"i Yı Zi Ur 
Lo VE : Zoa : Us” 
prises k à k. 
Nous pouvons écrire l'équation précédente sous la forme, 
arpa | APP? EAPC D LLL. AQ peA Hk pee 
-H 443] AQPo + AQpe-0, Lu. AQ). CEF a a 


—k\ ue BP 
+ adu) A PO EA pin- 0... + Ape- D, PO | =0. 


Si nous considérons tous les points de l'espace central, il 
leur correspondera un faisceau d'ordre n — k— 1 d'involu- 
tions I ,. Les groupes de base de ce faisceau sont précisé- 
ment les groupes de l'involution proposée; cette involution 
pourra done se représenter par les n — k équations 


: 3 | 
APPP + ADPT- + + ALPE — BQQTC = 0, | 
APPO + APPO t ace PAM po-0 — p, Pet 0, 
ANAPO 4 AP PPS AUD D p =0, | 
c'est-à-dire, par n — k formes n-linéaires symelr (ques, 
égalées à zéro. 


( 331 ) 

D'aprés ce que nous venons de voir, nous pouvons 
regarder l'espace central d'une involution I? comme étant, 
ou bien l'intersection de k + 1 espaces E, ,, ou bien la 
jonction de n — k points de l'espace E,. C'est à ce dernier 
point de vue que nous envisagerons l'espace central dans 
la suite de ce travail. 


IV. — Lemme. Si nous prenons sur la courbe normale 
de l'espace E,, n points de paramètres 
bu - oues diua 
l'espace E, ,, déterminé par ces points a pour équation : 
Za Ze Z3 +. Zny 
M XT UOTA 


Ac LATOAp AT ed 


AL At od 


ou en développant : 
A zz, — z,P(" + z,PP — .-. 2E c, Po) — 0, 


(le signe + selon que n est pair ou impair). 

Nous désignons par la notation P? la somme de toutes 
les combinaisons des q lettres 2,, À, ..., À,, prises k à k. 
ll est visible que l'on peut écrire, 


"RUM í k 
Az (z a +7, PE. + Zi APP) se Praa ems z,PP-i-z, PP — “E Zyrat ) 
pe pr )) (z;— z,P?a- zp% — Pw sx?) — 


(2 45" PP, Lutz, Pr au PP noz, PP) 0. 


Pour plus de facilité, nous mettrons cette formule, en 


( 332 ) 

faisant les conventions nécessaires, sous la forme, 
A= K, — PS TK, + PP, + ce + (— D" PECDE, 4 = 0 
Il en résulte immédiatement que l'espace E, ,, déter- 
miné par k points de la courbe normale de l’espace E,, 


peut se représenter dans cet espace par les n — k- 1 
équations 


DEPT 
Wa UN 0, 
| -—— * 


Si l'espace E, , était osculateur à la courbe au point de 
paramètre 2, il suffirait de faire 


Nous en déduisons encore que l'espace E, ,, qui unit 
les p espaces, 


osculateurs à la courbe normale aux points, 

ly a de Api 
quand on a la condition, 

Yt. +1)]=k, 

1 
est représenté par n — k + 1 équations 
Ko—0, K,—0,.., K, = 0, K, = O0, 

les K, étant des fonctions non homogènes du degré k à p 
variables 2,. Cette fonction est du degré r; + 1, par rapport 
à la variable À. 


( 333 ) 


V. — De notre procédé de représentation, il résulte 
que, pour étudier les propriétés des groupes d'éléments de 
l'involution unicursale la plus générale, il suffit d'étudier 
les propriétés des groupes de points donnés par linter- 
section d'un faisceau, d'ordre k, d'espaces à n — 1 dimen- 
sions, avec la courbe normale de l'espace à n dimensions. 
Nous avons vu aussi que l'on pouvait représenter une 
involution d'ordre m dans un espace E, (n > m); cette 
remanjué est utile pour la recherche des groupes com- 
muns à certaines involutions. 

Comme application, recherchons le nombre des points 
neutres d'une I7. Si nous prenons k points sur le support 
C,, d'une I7 représentée dans l'espace E, par son espace 
central E, , ,, l'espace E, ,, passant par ces k points et 
par E, , est complètement déterminé. Cependant il peut 
arrriver que, par un choix convenable des k points du sup- 
port, on ait non un espace E, , mais un faisceau d'espaces 
E, ,. Dans ce cas, il est évident que les points, ainsi choisis, 
sont soumis à une loi que nous allons rechercher. 

Soient, 


À 19 ... Àn 


les paramètres de k points de C,. L'espace central de 
l'involution I? peut être défini par n — k points de E,, 


—k 
gU, 20, s zm, ^ 


op e z 
le point z'? AP pour coordonnées, 
aP, of, ..., op, aR 


L'espace E, ,, déterminé par les k points À, a pour 
équations, 
K, — 0, K, —0, "^ E 4 


( 554 ) 
L'espace E, , passant par E, , et l'espace central, est 
représenté par 
K, + «, K, + i ig um Qu Lk Ke == 0, 


les n — k coefficients a étant déterminés par les n — k 


conditions 
KP +R + +0, KD, 0, 
K? --oeK(? + ee. + a, ,K?, —0, 
SD PR Vu ET a, (rue 
en désignant par K” ce que devient K,, quand on y rem- 
place les coordonnées courantes par celles du point z”. 
En général, les équations précédentes permettent de 

déterminer d'une facon unique les coefficients «, sauf les 
cas ou l'on aurait 

K KP KU? .. KP, 

K? KP KØ … KD, 

n— um 0. 


RAI PRES REP. 


Alors l'espace E, ,, passant par E, , et E, , ,, est indé- 
terminé du premier ordre. Pour résoudre le probléme que 
nous nous sommes posé, il suffira donc de rechercher 
combien il existe de systèmes de valeurs des k paramétres 
) qui satisfont, par exemple, aux deux conditions, 

= (KP, K9,.., KÉP, KUA) = 0 .() 
B = (KP, KP, …, KEEP, KC?) — 0 


Il est visible, tout d'abord, qu'il existe o" tels 


( 335 ) 
groupes. Donnons à k — 2 de ces paramètres À, par 
exemple à 2,, À, ... 4,, des valeurs déterminées; nous dési- 
gnerons par (K/?) ce que devient K® dans cette hypothèse. 
On a, les æ, È, y, étant des facteurs constants, 


(Kt?) == al” TE B9 (A, ge A4) E Wa À. 
Le système (1) se transforme en 
(A) = (KP), (KP), ..., (K7-24)) —0 


9 
(B) =((K#), qm aida i 
Recherchons combien il existe de systémes de valeurs de 
À, et de J, qui satisfont à (2). Remarquons que ces valeurs 
doivent dépendre de tous les points de l'espace central, et 
uniquement de ceux-ci. Nous devons done rejeter tout 
système qui ne satisferait pas à cette condition. Cela posé, 
nous pouvons considérer À, + À, et À À4,, comme définis- 
sant les coordonnées non homogènes d'un point de l'espace 
E. Il nous suffira donc, d'aprés cette remarque, de recher- 
cher le nombre X des points d'intersection des deux 
courbes représentées par (2). Ces deux courbes se coupent 
en (n — k)? points, mais le système (2) est vérifié identi- 
quement si l'on a 


(Aj) = (KP, (KP) Te (Kei?) vin 


o 

(Bj) = (K^, (KP) + (KPE) = 0 
Parmi les points d’intersection des deux courbes, répré- 
sentées par ces équations, il en est qui ne dépendent que 
de n — k —1 points de l'espace central : représentons 
leur nombre par X,; il en est d'autres, en nombre X,, qui 
ne dépendent que de n — k — 2 points de cet espace; en 


( 336 ) 


effet, les équations (3) sont vérifiées si l'on a 


(As 


— 


= ((KP, (KẸ ) - (KC) = 


Ske 3 
= (KP, (KË) + (Ke) — 0 ! 


—— 


(B. 
En continuant de la sorte, on arriverait à la suite 


X = (n — kř — X; 
X, SZ. (n dem ke 1) — X: 
) TE = | 
d'où 
n—k)(n -k+1) 
X—(n—kJ—(n—k—1) + (nt 2) +1= I 
Nous en déduisons les résultats suivants : 
1° k — 2 éléments arbritraires d’une involution li 
entrent dans (^ $**) groupes de k éléments neutres. 
9» Les groupes de n — 4 points neutres d'une involu- 
tton Y; , forment une involution 1275. 
8° Une involution I; possède (^;*) couples neutres. 


Remarque. En général, une involution I; ne peut posséder 
d'élément neutre. Cela résulte immédiatement des équations 
précédentes. En effet, le paramétre d'un élément neutre 
doit satisfaire aux conditions 


(KP, KP... K" 3) — 0, 
(Kf), KB... Ke-9) — 0, 


les fonctions K” étant linéaires par rapport à 2. Ces 
équations ne peuvent, évidemment, étre vérifiées par une 
méme valeur de À que dans des cas trés particuli 

Les théorémes que nous venons d'énoncer ont été 


( 337 ) 
donnés par M. Ex. WEvn (‘). lls permettent de mettre 
l'équation d'une involution sous une forme assez simple. 
Prenons d'abord le cas particulier de n — 5 et de k= 2. 
Une involution I$ peut se représenter par les points ou 
les plans d'une gerbe rencontrant une cubique gauche. Le 
couple neutre de cette involution est mafqué par les points 
où la bisécante, menée du centre de la gerbe à la cubique 
gauche, rencontre cette courbe. 
Si donc, nous désignons par — = el rx les paramètres 
de ces points, les coordonnées du centre de la gerbe pour- 
ront s'exprimer par 
Xy-—Ep5 EU des 
Lo == 0, ài + 0303 3 
£3 == 0401 + 220%, 
X; m ad Fi ER 
L'équation de l'involution pourra donc s'écrire : 
f — (a 3*3 A) 94942, -F (2,8, + a3) (2,9122 + Xi1/271 + Baiji) 
+ (9 + as) naga + LYZ + XYZ) + (2421 + ada) X22272 = 0, 
ou bien, 
[—^ r+ 9x3 (y,4- Js) (z4 479423) + (0, + Dale) Ya + djs (zi + 0324) —O.. 


M. Le Pace a trouvé cette remarquable expression iq 
canonique, en se servant de ses recherches sur les formes 5a 
algébriques plurilinéaires (7). 

Dans le cas général, une involution l; est définie par son 2 
espace central; celui-ci peut être considéré comme la n 
jonction de n — k points de l'espace E,, | 


AQ, AM …, Am. 


C) Ueber involutionen n'er grades und k*t stufe, Sitzungsberichte z 
der Kais. Akademie in Wien, 1879). d 

(7) Atti dell Accademia Pontifica de’ Nuovi Lincei, juin 1881, et i£ 
Comptes rendus, mai 1881. 


[ur a 


i 


Tu. Ww AEN. ede cma wee INS, SA um aai pe ve A" DU F Sr COL FREE 


( 3358 ) 

D'un autre côté, si nous prenons un groupe de k points 
neutres de l'involution, représentée sur la courbe C,, ils 
déterminent un espace E, , qui rencontre l'espace central 
de l'involution. Nous pouvons done prendre, par exemple, 
au lieu du point A? le point B? d'intersection de E, , et 
dé E, 3. 

i 3 1 1 1 3 

Si nous représentons par Jp» jpeg les paramétres 
des k points neutres et par oj", a, ... ak), des constantes, 
ce point aura pour coordonnées, 

x = o + a + ee + op, 
Xa = APOP + ao -- ... + ap 
: D». ^ A) 
Kai ces adn + a Cs + + offa, ^ 

Si done nous considérons (n — k) groupes de k éléments 
neutres, et si nous prenons sur chacun des espaces 
correspondants un point B?, au lieu de regarder l'espace 
central de l'involution comme formé de n — k points A^, 
nous pourrons le regarder comme formé de n — k points 
B^, Alors, il est visible que les équations de l'involution 
sont : 


fm P (nce apu) Quen) (ea) que du) =O 


hes «P (x Pr) (yi+0Pye) (no Pz) (Qn + pu) 


p=k 
fim Y up (nce dr) (yere y) (z+ dpa) (n + dpi) 


CASES, ú . LI . . . . . * . x E. 


p—k 
f. elt (x, + dre) + deyiz + ghz). (u, 4-7 Bus) = 
p=i 


| 
a 


( 359 ) 
D'après ce que nous avons vu, cette transformation peut 
s'effectuer de œ manières. 


Vl. — Une des questions les plus intéressantes de la 
théorie de l'involution est la recherche des éléments mul- 
tiples associés. Le probléme à résoudre est le suivant : 

Combien existe-t-il de groupes de n éléments d'une invo- 
lution V2, tels que dans ces groupes figurent p points mul- 
liples d'ordres respectifs 


r, + |, LE LT Te Fr 
avec les conditions, 


itrato.+rek, k Fe SN: 
M. Lrncn (^) a trouvé que le nombre N de ces groupes 
est donné par la formule 


N= (PT E) ios D). 


Nous avons retrouvé cette formule par une voie diffé- 
rente de celle qui est employée par M. Lrncn; il nous 
semble intéressant de la reproduire, au moins pour le cas 
particulier de p= 2. 

Soit donc une involution I7, représentée par son espace 
central E, , ,, et la courbe normale, C,. Les équations de 
l'espace à r, + r, +1 dimensions, qui unit les deux 
espaces E,, et E, , osenlateurs à la courbe normale C,, aux 


———— — 


(°) Sitzungsberichte des Königl. bóhm. Gesellschaft der Wissenschaf- 
ten, novembre 1883. 


( 340 ) 


points de paramètres 2, et À,, sont : 


Ko A 0, 
K, = 0, 
Kore j 


Les K, sont des fonctions du degré k+2à deux variables 
non homogènes 2, et 2,, du degré r, + 1 par rapport à À, 
et du degré r, + 1 par rapport à 7,. 

L'espace E, , qui joint l'espace, dont nous venons 
d'écrire les équations, et l'espace central, quand cela est 
possible, est représenté par 

Ko + a Ki + aKo + +e x,4 à Ka 0, 


les paramètres « étant assujettis aux conditions : 


K) +R EaR + o... aV a KU, = 0, 
KỌ +a KO + a, KO Are E E Sun = 0, (A) 
KE + a KV + RE S nan, KE 30; 


nous désignons, comme plus haut, par K?? ce que devient 
K, quand on y remplace les coordonnées courantes, 
Zis Za, ... 7,11, par les coordonnées du point A'*de l'espace 
central. 
Pour que ces. équations (A) soient compatibles, il faul 
que l'on ait : 
KT Ki K? KP, 5 KD, 


KP- KEP RP Koss KOs 


<= 


Ki k-1) grew | | wind | Sera pe xu 


EI^ AS AP Ke, Ke, 


( 844 ) 
ou, ce qui revient au méme, il faut que les paramètres 
À, et 2, satisfassent, par exemple, aux deux relations, 


- 


A, zz (Ki, K85, ..., Ki, Ke N — 
B 


0, | 
(Kj, Kf», wine Rp x. a AT le )— 0. | 


| 


- 


Remarquons que les valeurs des paramétres, qui 
répondent au probléme, doivent dépendre de tous les 
points qui définissent l'espace central et uniquement de 
ceux-ci. 

Cela posé, nous pouvons considérer les deux équations 
précédentes comme représentant, en coordonnées non 
homogénes, deux espaces à une dimension et de l'ordre 
(k + 2) (n — k — 1), ces deux espaces étant situés dans 
un méme espace E,. On peut s'assurer facilement qu'ils 
ont en commun les éléments suivants, étrangers à la 
question : 

1° Deux espaces nuls d'ordres (r, + 1) (n — k — 1) et 
(ra +1) (n — k — 4), situés sur l'espace E, à l'infini de E}. 

2 L'intersection des deux espaces à une dimension dont 
les équations sont : 


js 


—(Kj), KO... KOA Ke-E 220 
—(KP, KP... Ke, Ke) = 0; ) 


xd 


parmi les points d'intersection de ces espaces, il en est qui 
dépendent, en effet, uniquement des coordonnées de 
n — k — 2 points de l'espace central; soit N, le nombre 
de ceux-ci et d'autres en nombre N, qui dépendent de 
n — k — 3 points de l'espace central, nous aurons : 


N, = 2(r, + A)(r, + 4)(n — k— 1} —Ns 


: o DENT 
( 348 ) 
de méme 
Na ——2(n-- (re + !)(n — k — 2f — N, 


x = ajri M MUN E 1), 
de sorte que, 
(m 2(r + Dro 1) (n — k— 1) — (n—k—9) +. 3-4 f. 
ou 


N == 2(r, IE 1)(re des 1) 


(n — k)(n — k — 1) 
2 ? 


ce qui est bien la formule de M. Lrncn. 
. Dans le cas général, les calculs devenant assez compli- 
qués, nous nous bornerons à indiquer la marche de la 
démonstration. 
On écrirafles équations de l'espace E,,, .,, formé par la 
jonetion des p espaces, 
ES.B. HE 


"5 
osculateurs à la courbe normale aux points de paramètres 


AD ALL 

On en déduira l'équation de l'espace E, ,, passant par 
E,,; €t par l'espace central de l'involution,' en fonction 
de n — k— p paramètres non homogènes qui doivent satis- 
faire à n — k équations linéaires. Pour que celles-ci soient 
compatibles, il faut qu'un déterminant multiple, formé de 
n — k — p + | colonnes et de n — k rangées, soit nul. Le 
probéme revient done à chercher combien il existe de sys- 
tèmes de valeurs des paramètres À qui annulent ce déter- 
minant multiple. Or, celui-ci peut étre considéré comme 
représentant, en coordonnées non homogènes, dans l'espace 
E,, l'intersection des o + 1 espaces, E?”,, à p—1 dimen- 
sions et d'ordres p —(n — k — p + 4) (k + p). 


( 345 ) 

On remarquera que ces espaces ont en commun les 
éléments suivants : 

1° p espaces E, ,, multiples d'ordres respectifs 

(n — k — p -+ M)(r, + 1), 

(n — k — p + A)(ro + 1), 

(n — k — p => A) (ro + 4), 
ces éléments sont situés dans l'espace E, , à l'infini de 
l'espace E,. 

2° La partie d'un espace à p — 2 dimensions et dont 
l'équation s'obtient en retranchant du déterminant mul- 
tiple primitif o — 2 rangées; cette partie ne dépend que 
de n — k — 2 points de l'espace central. 

On cherchera l'intersection des p espaces E?" ,, en faisant 
abstraction. des points, situés sur les éléments que nous 
venons d'énumérer, et on retrouvera la formule de M. Lerch. 
Nous pouvons done énoncer les théorèmes suivants : 

° Les espace à n — 4 dimensions, qui passent par les 
espaces à k dimensions, osculateurs à la courbe normale de 
l'espace à n dimensions, enveloppent un espace à n — k 
dimensions et de classe (n — k) (k + 1). 

Nous entendons par classe d'un espace à n — p dimen- 
sions, enveloppé par des espaces plans E, ,. le nombre de 
ces espaces E, ,, qui passent par un espace plan E, , ,. 

2^ Les espaces à n — 4 dimensions qui passent par les o 
espaces E, à r, dimensions, 


E 
(i—4,2,.. Ñ (n + Nbre), 


osculateurs à la courbe normale de l'espace à n dimensions, 
enveloppent un espace à n — k dimensions et de la classe 


len : 1). 
pt p Aire t) 


PSP MEN RE ricis MES NT s 
Am Fais dp. xy CORSO 
Hn PNA do PRES 
À E 


( 544 ) 


VII. — Si nous considérons la courbe normale de 
l’espace E,, par un point extérieur P, nous pourrons lui 
mener n espaces E, , osculateurs. L'espace à n —1 
dimensions, qui joint les points de contact, s'appelle espace 
polaire du point P. 

Réciproquement, si l'on considère les n espaces E, ;, 
osculateurs aux points oü un espace E', , rencontre la 
courbe C,, l'intersection de ces espaces est le pôle de 
l'espace E', ,. 

Recherchons l'équation de l'espace polaire d'un point 
de coordonnées : 


BÉ. UR cus qu Aur 


Les points de contact des espaces osculateurs, issus de 
ce point, sont donnés par les racines de l'équation, 


í 1 n 
n, eca (o) À dla + (3) Mas ee EE (5 a" au = 0, 


(le signe + selon que n est pair ou impair). 
L'équation de l'espace E, ,, passant par ces points es! 


z, — z, PI? + z; PO — Ur pou E 
or, 
E " n " 
1 n 9 n-i 
P=, PP — ee 
Any: Anyi 


, 


donc l'équation de l'espace polaire est 


n n Hn des 
na Zi HESS H y Z3 — dm fr) a, zu = 0. 


\ 


( 545 ) 
Réciproquement, les équations du pôle d’un plan de 
l'espace E,, 


b, z, + ba za + +++ + ba £a = O, 
sont | 


3) (a) 


Nous pouvons en déduire ce théorème : 

L'espace polaire d'un point d'un espace à n dimensions 
passe par ce point, et le pôle d'un espace à n — À dimen- 
sions est situé dans cet espace quand n est impair. 

Ou, ce qui revient au méme: 

Les points multiples d'ordre n d'une involution Y, , 
forment un groupe de cette involution, quand n est impair. 

Ce théorème est dù à M. Le PAIGE. 

En partant de là, on en déduirait des théorèmes sur les 
involutions conjugées et par suite des théorémes sur les 
courbes normales, analogues à ceux que M. APrELL (`) a 
donnés pour les cubiques gauches, notamment sur les 
espaces axiaux et diamétraux de ces courbes. On en tirerait 
encore des propriétés analogues à celles des complexes 
linéaires de droites de l'espace E,. Nous espérons pouvoir 
revenir sur ce sujet. 


() AppeLL. Sur les propriétés des cubiques gauches et le mouvement 
hélicoidal d'un corps solide. (Annales de l'École normale supérieure, 
2* série, tome V.) : 


gme SÉRIE, TOME XIV. : ! 25 


( 546 ) 


Descriptions de quelques Cucurbitacées nouvelles ; par 
Alfred Cogniaux, professeur à l'École normale de l'État 
à Verviers, et vice-consul de l'Empire du Brésil. 


Depuis la publication de notre Monographie générale 
des Cucurbitacées dans les Monographie Phanerogama- 
rum de M. de Candolle, en 1881, nous n'avons cessé de 
: rassembler des matériaux pour compléter ce travail. Nous 
avons déjà publié quelques-uns de ces matériaux antérieu- 
rement ; aujourd'hui, nous décrivons quatorze espèces et 
plusienrs variétés inédites, provenant de diverses régions 
d'Amérique, d'Afrique et d'Océanie. 

Dans le but de faciliter les comparaisons, nous avons 
eu soin de rédiger nos diagnoses et nos descriptions exac- 
tement sur le méme plan que celles des espèces du méme 
genre dans notre Monographie générale. En outre, nous 
avons indiqué, autant que possible, la place que chaque 
espèce nouvelle doit occuper dans l'ordre systématique, et 
nous avons signalé les principales différences qui la 
séparent des espéces affines. 

Nous espérons être parvenu ainsi à caractériser nette- 
ment ces diverses espéces, afin qu'aucune d'elles ne reste 
obscure. 


1. Trichosanthes Muelleri Cogn. sp. nov.; foliis ambitu ova- 
lis, supra punctato-scabris, subtus glabris laevibusque, usque 
ultra medium 3-sub-5-lobatis, lobis oblongo-lanceolatis, acutis- 
simis, margine remotissime minuteque denticulatis ; floribus 


( 547 ) 
monoicis, brevissime racemosis subfasciculatis, longe pedicel- 
latis, ebracteatis; seminibus valde turgidis, longitudinaliter 
zona crassissime cireumvallatis, unilocularibus. 

Rami gracillimi, raraulosi, sulcati, glaberrimi, lacves. Petio- 
lus gracillimus, striatus, glaber vel sparissime breviterque 
asperus, 5-4 cm. longus. Folia tenuiter membranacea, supra 
laete viridia et albo-punctata, subtus paulo pallidiora, 1 1-15 cm. 
longa, 8-10 em. lata, lobo intermedio longiore, adbasim levi- 
ter constricto ; sinus inter lobi angusti, obtusi, basilaris 
subrectangularis, 4 !/5 - 2 !/3 cm. profondus. Cirrhi satis gra- 
ciles, elongati, angulato-suleati, glaberrimi, bifidi. Pedunculus 
communis masculus multiflorus, 1-4 mm. longus; pedieellli 
patuli, eapillares, glabri, 1-4 1/9 em. longi. Flores perfecti 
ignoti. Fructus subsessilis, pallidus, ovoideus, teres, basi 
subtruneatus, apice obtusus, 5 em. longus, 4 !/3-2 em. crassus. 
Semina sordide cinerea, vix rugulosa, basi obtuse attenuata, 
7 mm, longa, 4 mm. lata, 5 mm. crassa. 

Habitatin Quesland Australia (coll. Palmer et comm.Cl. baron 
F. von Mueller). 


Cette espéce fait partie de la curieuse section du genre 
à graines presque en forme de marteau, dont Gaertner 
avail d'abord formé le genre Cucumeroides, nom que 


M. Naudin a changé beaucoup plus tard en Plarygonia. - 


Elle est assez voisine du T. Himalensis C. B. Clarke, qui 
s'en distingue nettement par la villosité recouvrant pres- 
que tous ses organes, et par ses fleurs mâles munies de 
bractées. Toutes les autres espéces de la méme section 
different des deux précédentes par leurs graines ponrynes 
de deux grandes loges latérales vides. 

Nous dédions cette espèce au célèbre explorateur de 
l'Australie, M. le baron von Mueller, de Melbour m de qui 
nous l'avons reçue en 1886. 


2. Eureiandra Balfourii Cogn. sp. nov. caule glabro; petiolo 
brevissime sparseque puberulo demum glabro ; foliis utrinque 
breviter sparseque asperis demum albo-callosis, plerumque 
leviter 5-3-lobatis, lobis saepius triangularibus, apice sub- 
acutis; floribus pro genere parvis, masculis brevissime racemc- 
sis subfaseieulatis; calycis tubo late infundibuliformi subeam- 
panulato ; staminum filamentis glabris; ovario oblongo ; fructu 
ovoideo-subfusiformi, apice longiuscule aeuteque rostrato. 

Caulis gracilis, angulato-suleatus, laevis, cinereus. Petiolus 
satis gracilis, striatus, laevis vel demum interdum leviter 
rugosus, 2-6 em. longus. Folia tenuiter membranacea, ambitu 
ovata, supra laete viridia, subtus paulo pallidiora, 8-15 cm. 
longa et fere totidem lata, rarius fere usque ad medium lobata, 
won margine AA, Rp we ee ,ad 
1 !/,-5 em. 
JOE ltosque. Cirrhi graciles, pots. (ateta glabri. 
Pedunculus communis masculus gracilis, sulcatus, leviter 
puberulus, V m iR 15-5 em. longus; pedicelli filiformes, 
recti, puberuli, 4 !/,-2 em. longi. Calycis tubus puberulus, lon- 
gitudinaliter tenuissime nervosus, superne satis dilatatus, 
inferne longiuscule attenuatus, 5-6 mm. longus et apice toti- 
dem latus; segmenta linearia, 6-7 mm. longa, 1 !/; mm. lata. 
Corolla bibi, segmentis ovato-oblongis, acutis, 5- -B-nerviis, 
margine brevissime ciliatis, 4 !/, em. longis. Staminum fila- 
menta ad basim non dilatata, 2-5 mm. longa; antherae bilocu- 
lares leviter lobatae, 4 mm. longae, 5 mm. latae. — Flores 
feminei solitarii vel rarius geminati. Staminodia lanceolata, 
puberula, 4 !/, mm. longa. Stylus subfiliformis, 5 mm. lengus. 
Peduneulus fractiferus satis gracilis, leviter flexuosus, Por 
longus. Fructus glaber, leviter verrucosus, inferne leviter 
attenuatus oblususque, 5 em. longus, 2 em. crassus. Semina 
pd dr ovoidea, leviter compressa, distinete marginata; 


( 349 ) 
utrinque laevia, basi minute bidenticulata, 7 mm. longa, 
4-5 mm. lata. 
Habitat in insula Socotra ad altit. 200-700 m. ubi dicitur 
« Dachschana » vel « Diehschani » (B. Balfour, n. 181; Schwein- 
furth, exped. Riebeck, ann. 1881, n. 502, 541, 640 et 747). 


En 1882, nous avons recu de M. le professeur Bayley 
Balfour, de Glascow, tous les exemplaires que nous citons 
ici de cette espèce; comme nous les lui avons retournés 
aprés avoir rédigé la description ci-dessus, nous ne pour- 
rions ciler avec certitude quelles sont les collections 
publiques où elle se trouve aujourd'hui. 

ll est facile de distinguer lE. Balfourii des deux autres 
espèces du genre. Voir Monogr. Phaner., MI, pp. 415-416. 


3. Cogniauxia ampla Cogn. sp. nov. foliis amplis, ovato- 
cordatis, apice acutissime et breviuscule acuminatis, margine 
vix undulatis, utrinque tenuissime valde reticulatis et ad ner- 
vos brevissime puberulis caeteris glaberrimis ; racemis mascu- 
lis folio brevioribus, pedicellis apice vel subapice bracteatis; 
calyce leviter furfuraceo praecipue ad apicem. 

Petiolus robustus, striatus, densiuscule furfuraceo-puberu- 
lus, 4-6 cm, longus. Folia membranacea, supra intense viridia, 
subtus paulo pallidiora, 24-50 em. longa, 18-21 em. lata; sinus 
basilaris anguste subrotundatus, 6-8 em. profundus, 2-4 em. 
latus; nervi laterales imum sinum marginantes, Pedunculus 
communis maseulus robustus, profunde striatus, subglaber, 
superne tantum floriferus, 14-16 em. longus ; pedicelli erecto- 
patuli, robustiuseuli, brevissime puberuli, 5-8 mm. longi. 
Bracteae lineares, flexuosae, rigidiusculae, dense furfuraceo- 
puberulae, 8-14 mm. longae, saepius vix 1 mm. latae. Calycis 
tubus leviter 10-costatus, ad basim paulo inflatus, apice satis 
dilatatus, fere 2 em longus, inferne 3 mm. ad medium 


1 ![,-9 mm. apice 7-8 mm. latus; limbus remotissime minute 
acuteque denticulatus. Petala ut videtur flava, late obovata: 
satis asymmetrica, plus minusve inaequalia, tenuiter mem- 
branacea, grosse 7-9-nervia, intus glabra, extus tenuissime 
sparseque punetato-furfuracea, apice subtruncata et longius- 
cule aristato-apieulata, 5-4 em. longa, 2-5 em. lata. Stamina 
ori calycis inserta, filamentis brevissimis; antherae liberae, 
biloeulares 7-8 mm. longae, 5 mm. latae. Pistillodium nullum. 
Rami cirrhi flores feminei et fructus ignoti. 

Habitat in Gabonia 20 sept. 1884 (D* R. Büttner, n. 20 in 
herb. Berol.). 


4. Cogniauxia cordifolia Cogn. sp. nov. foliis pro gencre 
parvis, ovato-cordatis, apice aculis, margine undulato-subere- 
nulatis, utrinque tenuissime valde reticulatis, supra ad nervos 
vix puberulis caeteris glabris, subtus brevissime ct densiuseule 
puberulis; cirrhis bifidis; racemis masculis folio multo longio- 
ribus, pedicellis sub apice bracteatis; calyce dense furfuraceo- 
puberulo. 

Rami salis graciles, sulcati, leviter furfuraceo-puberuli. 
Petiolus satis gracilis, obscure angulatus, brevissime denseque 
paberulus, 2-5 em. longus. Folia rigidiuscula, supra laete viri- 
dia,subtus cinerea, 9-11 em longa, 6 1/,-9 em. lata; sinus basi- 
laris anguste subrectangularis, 2-5 em. profondus, !/,-2 cm. 
latus; nervi laterales imum sinum marginantes. Cirrhi robus- 
tiuseuli, elongati, suleati, leviter, furfuraceo-puberuli. Pedun- 
culus communis masculus robustiuseulus, profundus cule stria, 
tus, brevissime puberulus, fere usque ad medium floriferus, 
11/,-2 dm. longus; pedicelli erecto-patuli, satis graciles, leviter 
puberuli, 10-14 mm. longi. Bracteae lineares, arcuatae, rigi- 
diuseulae, dense furfuraceo-puberulae, 6-8 mm. longae. vix 
1 mm. latae. Calycis tubus obscure 10-costatus, inferne vix 
inerassatus, apice abrupte dilatatus, 1 ,'/, em. longus, ad medum 


( 851 ) 
1 !/; et ad apicem 4-5 mm. latus. Petala lutea, obovata, sati: 
asymmetrica, paulo inaequalia, tenuiter membranacea, grosse 
5-d-nervia, intus glabra, extus densiuseule punctato-furfuracea, 
apice subacuta et longiuscule apiculata, 2 em. longa, 11-14 mm. 
lata. Stamina ut in C. ampla. Flores feminei et fructus ignoti. 
Habitat in Gabonia, 11 august. 1885 (D° R. Büttner, n. 19 in 
herb. Berol.). 


Le genre Cogniauria, décrit par M. le professeur Bail- 
lon en 1884 (in Bull. Soc. Lin. de Paris, n° 55, p. 423; 
Hist. des PI., VIII, pp. 409 et 446), vient se ranger natu- 
rellement à la suite des Eureiandra. L'espèce décrite som- 
mairement par M. Baillon, le C. podolaena, originaire 
également du Gabon où elle a été découverte par le 
P. Duparquet en 1865, diffère des deux espèces que nous 
venons de déerire par ses feuilles cordées-hastées et par 
ses braetées se détachant du milieu du pédicelle et non du 
sommet. En outre, elle se distingue du C. ampla par ses 
grappes florales plus longues que les feuilles, et du C. cor- 
difolia par ses vrilles simples. 

On sait que le pollen est loin d'étre de structure uni- 
forme chez les Cucurbitacées; dans ce genre, il est relati- 
vement assez gros, globuleux, lisse, à peine marqué de 
trois sillons obscurs, et à déhiscence poricide. 


5. Coccinia Buttneriana Cogn. foliis breviter petiolatis, ova- 
tis, basi profunde emarginato-cordiformibus, apice longiuscule 
acuteque acuminatis, margine leviter angulato-sublobulatis et 
remotissime minuteque denticulatis, utrinque glabris laevi- 
busque et sub lente tenuissime punetulatis; cirrhis simplici- 
bus; racemis masculis apice 8-25-floris, petiolo paulo longio- 
ribus; calyce glabro, dentibus ovatis, ereetis. : 


( 352 ) 

Caulis gracillimus, suleatus, glaberrimus, laevis, leviter ramo- 
sus. Petiolus gracilis, angulato-striatus, glaber, 1-2 em. longus. 
Folia membranacea, supra laete viridia, subtus paulo palli- 
diora, basi trinervia, !/,-1 dm. longa, 5-6 em. lata; sinus basi- 
laris angustus, imum obtusus, 1-1 ?/, em. profondus; nervi 
laterales bifidi, imum sinum marginantes. Cirrhi filiformes, 
elongati, obscure angulati, glabri. Pedunculus communis mas- 
eulus gracilis, leviter striatus, glaber, 1-4 em. longus; pedi- 
celli ereeto-patuli, sulcati, capillares, glabri, 4-1 ‘/, em. longi. 
Calycis tubus subpateriformis, 4-5 mm. latus; dentes acutius- 
culi, 1'/,-2 mm. longi, basi 1-1 '/, mm. lati. Corolla 6-8 mm. 
x 4 : : £f f. 2% f 


nhloneis 
ODIUHSIS; 


longa.ut 
54 


q ,Seg 
5 nerviis, acutis, non ciliatis. Staminum filamenta in columnam 
coalita, 5 mm. longa ; capitulum antherarum subglobosum, 
2 mm. crassum. Flores feminei et fructus ignoti. 

Habitat in Gabonia, septemb. 1884 (D' R. Büttner, n. 18 in 
herb. Berol.). 


Cette espéce doit se placer à cóté du C. jatrophaefolia 
Cogn. (Monogr. Phan., MI, p. 558), originaire d'Abyssinie, 
qui en diffère beaucoup par ses feuilles divisées presque 
jusqu'à la base en cinq lobes trés étroits, et par plusieurs 
autres caractères. 


6. Apodanthera crispa Cogn. monoica; foliis mediocribus, 
breviter petiolatis, latioribus quam longis, fere usque ad 
medium 3-5-lobatis, supra brevissime subsparseque piloso- 
scabris, subtus densiuscule breviterque villoso-hirtellis; eirrhis 
ad basim trifidis; racemis masculis 4-8-floris; calyce densius- 
cule breviterque villoso-hirtello, tubo subeylindrico, ad basim 
subtruncato non dilatato, dentibus tubo dimido brevioribus. 

Radix carnosa, ut videtur 3-5 cm. crassa. Rami salis 


( 555 ) 

robusti, sulcati, breviter sparseque pilosi. Petiolus robustus, 
vix striatus, densiuscule breviterque villoso-hirtellus, 2-5 em. 
longus. Folia rigidiuseula, margine plus minusve crispata, 
Supra viridi-cinerea, subtus canescenti-cinerea, 2-5 em. longa, 
3-6 em. lata, lobis undulato-erenulatis; nervi robusti, subtus 
leviter prominentes ; sinus basilaris latissimus, parum pro- 
fundus Cirrhi graciles, brevissimi, compressi, subsparse 
pilosi, Peduneulus communis masculus satis robustus, striatus, 
densiuscule breviterque pilosus, 2-4 em. longus; pedicelli 
erecto-patuli, */,-1 */, em. longi. Bracteolae subulatae, erecto- 
patulae, hirtellae, 5-5 mm. longae. Calyx cinereo-fuscus; tubus 
ad apicem leviter dilatatus, 8-9 mm. longus, ad medium 5 et 
ad apicem 5-6 mm. latus; dentes lineari-subulati, erecti, basi 
valde remoti, 4-5 mm. longi Petala ovato-oblonga, acutiuscula, 
subenervia, brevissime denseque puberula, 4 ‘/; em. longa. 
Peduneulus femineus 5-4 cm. longus, robustus, leviter striatus. 
Ovarium oblongum, breviuseule denseque villoso-hirtellum, 
1 em. longum. Fruetus (immaturus) obovoideus, carnosus, 
4 em. longus, 2 !/, em. crassus. Semina perfecta ignota. 

Habitat in Mexico ad San Luis Potosi, ann. 1879 (Schaffner, 
n. 587 in herb. Bcrol.). 


L'A. crispa a l'aspect des A. undulata A. Gray et 
A. Buraeavi Cogn., entre lesquels il doit se placer. Il se 
distingue sans difficultés de ces deux espèces : l’A.undulata 
a les feuilles beaucoup plus grandes et presque entières, 
le calice légérement dilaté à la base, à dents 3-4 fois plus 
courtes que le tube; VA. Buraeavi a les feuilles aussi longues 
que larges, les vrilles bifides, le calice tomenteux, insensi- 
blement atténué en pédicelle à la base. 


(554) 


Wilbrandia Glaziovii Cogn. dioica?; foliis longiuscule 
petiolatis, ambitu late suborbicularibus, supra brevissime sub- 
sparseque piloso-scabriuseulis, subtus brevissime denseque 
pubescentibus, plus minusve lobatis vel subintegris; floribus 
masculis parvis, in spicas densiusculas brevissimas ad apicem 
pedunculi communis foliis paulo brevioris dispositis; bracteis 
nullis; calyce leviter pubescente, dentibus erecto-patulis, 
anguste ovato-triangularibus, tubo 2-3-plo brevioribus. 

Caulis robustus, leviter sulcatus, subglaber. Petiolus brevis- 
sime puberulus, striatus, 5-6 em longus. Folia tenuiter mem- 
branacea, 10-14 em. longa, 12-16 cm. lata, supra laete viridia, 
subtus viridi-cinerea, margine minute remoteque spinuloso- 
dentieulata ; sinus basilaris subrectangularis, 2-5 cm. latus, 
1-2 em. profondus ; nervi laterales bi-trifidi, imum sinum 
marginantes. Cirrhi robusti, longissimi, basi leviter incrassati, 
striati, subglabri Pedunculus communis masculus 10-13-florus, 
gracilis, striatus, glaber, !/,-1 dm. longus, ab 1-2 cm. florife- 
rus. Calycis tubus anguste obconieus, 4-5 mm. longus, apice 
2-2'/, mm. latus ; dentes pallidi, 1 !/,-9 mm. longi, 1 mm. lati. 
Petala imperfecte evoluta extus brevissime puberula. Flores 
feminei et fructus ignoti. 

Var. e, subintegrifolia. 

Folia 5-angulata vel leviter trilobata. 

Var &, lobata. 

Folia usque ad medium 5-lobata, lobis acutissimis vel suba- 
euminatis, mediano oblongo, lateralibus anguste triangula- 
ribus. : 

Habitat var. z, in littore maris ad Gavia prov. Rio de Janeiro; 
decembr. 1878 (Glaziou in herb. Warming). — Var. B. in prov. 
Rio de Janeiro (Glaziou, n. 12109, in herb. Eichler ct War- 
ming). 


( 555 ) 

Celte espèce n'a de rapports qu'avec le W. ebracteata 
Cogn., qui s'en distingue facilement par ses feuilles pres- 
que glabres en dessous et par les dents du calice étalées, 
lancéolées-linéaires. 


S. Melothria (Eumelothria) Papuana Cogn. foliis brevius- 
cule petiolatis, integris, ovato-oblongis, utrinque glabris, supra 
minutissime sparseque punctatis, subtus laevibus, basi rotun- 
datis vel subtruncatis, apice breviuscule aeuminatis, margine 
subintegerrimis vel inferne minute remote acuteque dentieu- 
latis ; floribus femineis longissime peduneulatis ; fructu 
oblongo, basi rotundato, apice acutiuseule breviterque apicu - 
lato ; seminibus obscure marginatis, utrinque tenuissime scro- 
biculatis. 

Caulis gracilis, angulato-ramosus, glaber, laevis. Petiolus 
subfiliformis, glaber vel vix puberulus, striatus, 1-2 cm. lon- 
gus. Folia membranacea, tenuiter 5-nervia, supra laete viri- 
dia, subtus satis pallidiora, 6-10 em. longa, 4-5 em. lata. 
Cirrhi graciles, breviusculi, obscure angulati, glabri. Flores 
masculi ignoti. Flores feminei solitarii; pedunculus filiformis, 
glaber, angulato-suleatus, 6-10 cm. longus. Calyx supra ova- 
rium late cupuliformis, tenuissime furfuraceo - puberulus ; 
dentes lineari-subulati,2 mm. longi. Corolla brevissime villosa, 
segmentis erecto-patulis, triangulari-lanceolatis, acutis, 5-ner- 
viis, circiter 4 cm. longis. Ovarium anguste oblongum, superne 
longiuseule altenuatum, vix furfuraceum. Fructus 2 !/, cm. 
longus, 4 cm. crassus. Semina canescentia, 5 mm. longa, 
^ mm. lata, 1 1/, mm. crassa. 

Habitat in Nova-Guinea ad Strickland River (coll. Bauerlen 
et comm. Cl. baron F. von Mueller). 


| 290 
Quoique nous n’ayons pas vu les fleurs mâles de cette 
espèce, nous croyons pouvoir particulièrement la rappro- 
cher des M. Grayana Cogn. et M. Peneyana Cogn. 
(Monogr. Phan., II, pp. 591-592) ; mais tous les deux ont 
les fleurs femelles brièvement pédonculées et les graines 
lisses. De plus, le M. Grayana, qui en a presque le port, 
s'en distingue encore par ses feuilles assez profondément 
échancrées à la base et son fruit obtus aux deux extrémités, 
et le M. Peneyana, par ses feuilles cordées-deltoides. 


s 


€. Melothria (Eumelothria) subpellucida Cogn. foliis tenui- 
ter membranaceis subpellucidis, late ovato-subcordiformibus 
vel interdum subdeltoideis, leviter 3-sub-5-lobatis, basi levi- 
ter latissime Um Mpeg cu sig vix pee sublaevibusque, 
subtus ad nervos b 
scabriusculis; racemis masculis Sedi hecal longiori- 
bus; calyce campanulato, dentibus minutis, basi remotis, 
lineari-subulatis. i 

Caulis subfiliformis, angulato-sulcatus, pallide viridis, VIX 
brevissime puberulus. Petiolus gracilis, striatus, leviter pube- 
rulus, 5-4 em. longus. Folia supra saturate viridia, subtus laete 
viridia, margine minutissime remoteque subulato-denticulata, 
5-8 em. longa, 6-9 em. lata, lobis acutissimis ; sinus basilaris 
late subrotundatus, vix 1 em. prófundus, 5-4 em. latus. Cirrhi 
filiformes, elongati, sulcati, vix puberuli. Pedunculus commu- 
nis masenlus filiformis, suleatus, puberulus, 3-6 cm. longus 
apice 8-15-florus; pedicelli patuli, capillares, leviter flexuosi, 
sub lente pilis brevissimis ramosis densiuscule vestiti, 1-1 '/, em. 
longi. Calyx siecitate fulvus, leviter puberulus, basi obtusus, 
1 '/, mm. longus latusque. Corolla subglabra, ut videtur 
3 mm. lata. Flores feminei et fruetus ignoti. 

Habitat in Australia ad Endeavour River (coll. Perseih et 
comm. Cl. baron F. von Mueller). 


$ 


3 
| 
3 
à 
1 
1 
: 


( 557 ) 

Nous soupconnons que cette espéce pourrait bien venir 
se ranger dans le voisinage du M. marginata Cogn. 
(Monogr. Phan., MI, p. 595) ; mais en l'absence des fleurs 
femelles, du fruit et des graines, nous ne pouvons rien 
affirmer. 


10. Melothria celebica Cogn. in Monogr. Phaner., MI, 
p. 625. 

Var. £, villosior. 

Caulis breviter denseque villoso-hirtellus. Folia utrinque 
canescentia vel canescenti-cinerea et densissime breviuseu- 


leque villoso-subtomentosa praecipue subtus. Cirrhi longius- 


culi, breviter denseque villoso-hirtelli. 
Habitat in Australia ad sinum Carpentaria (F. von Mueller). 


L'exemplaire que nous possédons de cette plante, recu 
l'année derniére de M. le baron F. von Mueller, est assez 
incomplet; il est accompagné de fragments de fruit et de 
graines qui paraissent identiques à ceux du M. Celebica, 
mais il ne porte pas de fleurs bien développées. Nous 
sommes assez porté à croire que lorsqu'on pourra en étu- 
dier des exemplaires suffisamment complets, il faudra 
l'élever au rang d'espèce distincte. 


11. Kedrostis Boehmii Cogn. foliis longe petiolatis, utrinque 
subtilissime puberulis praecipue subtus, ambitu suborbicula- 
ribus, usque ad medium trilobatis, basi profunde emarginatis, 
apice obtusis et longiuseule mueronatis, margine minutissime 
remoteque subulato-denticulatis; racemis masculis petiolo vix 
longioribus; calyce densiuscule breviterque villoso-hirtello, 
dentibus oblongis, tubum aequantibus ; fruetu sessili, ovoideo, 


parvo, longe rostrato, brevissime et densiuseule puberulo, 
oligospermo. 

Caulis gracilis, leviter ramosus, angulato-sulcatus, levissime 
villoso-hirtellus, elongatus. Petiolus gracilis, striatus, vix 
puberulus, 3-5 cm. longus. Folia tenuiter membranacea, 
utrinque laete viridia, 7-14 em. longa, 8-12 em. lata, lobis 
ovalis, basi plus minusve econstrietis ; sinus inter lobos sae- 
pius angusti, obtusi, basilaris subrotundatus, 1-2 cm. profun- 
dus. Cirrhi graciles, elongati, sulcati, brevissime leviterque 
puberuli. Peduneulus communis masculus subfiliformis, sul- 
catus, subrectus, puberulus, 5-6 em. longus, apice 5-8-floris; 
pedicelli capillares, patuli, recti, 1-5 mm. longi, ebracteolati. 
Calycis tubus campanulato-ovoideus, basi subtruncatus, superne 
satis constrictus, 1 !/ mm. longus, 4 mm. latus; dentes erecti, 
1-1 '/ mm. longi. Flores feminei solitarii vel rarius geminati. 
Fructus densiuseule breviterque puberulus, 5-8 mm. longus, 
4-5 mm. crassus; rostrum rectum, angusiissimum, 4 mm. 
longum. 

Habitat in Africa orientali ad Kakoma, 27 januar. 1881 
(R. Bóhm, n. 5 a in herb. Berol.). 


Cette espèce doit être rangée à la suite du K. rostrala 
Cogn. (Monogr. Phaner., MI, p. 636), plante indienne qui 
en diffère par ses feuilles brièvement pétiolées, entières, 
arroundics au sommet, les dents du calice subulées, qualre 
fois plus courtes que le tube, elc. 


12. Cayaponia (Eucayaponia) Almeideana Sald. et Cogn- 
foliis supra densiuscule brevissimeque hirtellis et longiuscule 
sparseque setulosis, subtus breviuscule denseque birtellis 
praecipue ad nervos, àmbitu ovatis, fere usque ad medium 
trilobatis, basi profunde angusteque emarginatis; cirrhis 


( 359 ) 
3-4-fidis; calyce breviter denseque villoso-tomentoso, segmen- 
tis erectis, conniventibus, lineari-lanceolatis, longe acuminatis, 
corolla longioribus. 

Rami graciles, profunde sulcati, subsparse longeque villoso- 
hirtelli. Petiolus robustus, leviter striatus, longe denseque 
villosus, 4-6 cm. longus. Folia membranacea, supra saturate 
viridia, subtus viridi-cinerea et leviter reticulata, 4 1/,-2 dm. 
longa, 14-18 cm. lata ; lobi ovato-triangulares, margine leviter 
undulati et minute remoteque subulato-dentieulati, laterales 
acuti vel acutiusculi, terminalis major, breviuseule acumina- 
tus; nervi satis graciles, subtus paulo prominentes, duo late- 
rales bi-trifurcati, imum sinum marginantes; sinus inter lobos 
subaeuti, basilaris obtusus, 4-5 em. profundus; lobi basilares 
valde approximati, nonnunquam superpositi. Cirrhi satis gra- 
ciles, longiusculi, suleati, densiuscule breviterque villoso- 
hirtelli. Flores masculi magni, solitarii vel rarius geminati. 
Peduneulus gracilis, dense longeque villosus praecipue ad 
apicem, !/,-2 em. longus. Calyx viridi-cinereus, tubo late cam- 
panulato, 4-5 mm. longo, apice 7-8 mm. lato, segmentis 
obscure 5-nerviis, 21-24 mm. longis, basi 4-5 mm. latis. 
Corolla (imperfeete evoluta) utrinque brevissime denseque 
tomentosa. Flores feminei ignoti. Fructus pedunculo crassius- 
culo striato dense villoso-hirsuto 4 em. longo instructus, oblon- 
gus, basi rotundatus, superne satis attenuatus acutusque, 5 em. 
longus, 12-15 mm. crassus. Semina perfecta ignota. 

Habitat in prov. Rio de Janeiro ad Laranjeiras, ubi dicitur 
Abobra danta, 22 octobr. 1886 (Glaziou, n. 16.079 in herb. 
meo). 


Notre collègue et ami, M. le consul général J. de Sal- 


danha da Gama, a bien voulu s'associer à nous pour étu- 
dier et nommer cette intéressante espéce, qui est dédiée à 
son ami de jeunesse, M. le conseiller Thomas Coelho 


DA TM 
x 


( 560 ) 
d'Almeida, député et ex-ministre de l’agriculture du 
Brésil. 

Le C. Almeideana doit se placer entre les C. Flumi- 
nensis Cogn. et C. hirsuta Cogn. (Monogr. Phaner., IM, 
pp. 745 et 744), dont il diffère par ses feuilles beaucoup 
plus grandes, à sinus basilaire profond et étroit. En outre, 
le C. Fluminensis a les feuilles tomenteuses en dessous, la 
corolle plus longue que les lobes du calice, le fruit ovoide, 
arrondi aux deux bouts ; le C. hirsuta a les feuilles à peine 
lobées, le fruit peu atténué au sommet, etc. 


13. Cayaponia (Eucayaponia) reticulata Cogn. foliis brevi- 
ter petiolatis, trifoliolatis ; foliolis subscssilibus, coriaceis, 
utrinque glaberrimis lacvibusque, subtus valde nervuloso- 
retieulatis, margine integerrimis vel vix undulatis; cirrhis tri- 
fidis ; ealyce glaberrimo, tubo campanulato, segmentis linea- 
ribus, tubum aequantibus. 

Dioica, Rami robustiuseuli, profunde sulcati, glaberrimi, 
laeves, elongati. Petiolus robustiusculus, striatus, glaberri- 
mus, 1-2 !/, em. longus. Foliola oblonga vel lanceolata, basi 
leviter attenuata, apice acuta vel obtusiuscula, utrinque laete 
vel pallide viridia, 5-12 cm. longa, 2-4 em. lata, lateralia paulo 
asymmetrica ; nervi robustiuseuli, subtus nervulique valde 
prominentes. Cirrhi satis graciles, elongati, suleati, glabri , 
superiores interdum bifidi. Flores masculi majusculi, in pani- 
eulas terminales longiusculas angustasque dispositi. Peduncu- 
lus communis 1-2 dm. longus, satis gracilis, sulcatus, usque 
ad basim leviter ramosus; pedicelli graciles, glabri, braeteo- 
lati, 5-6 mm. longi; braeteolae subulatae, 5-8 mm. longae. 
Calyx siccitate nigricans, tubo basi subrotundato, 8-9 mm. 
longo, apice 9-10 mm. lato, segmentis basi remotissimis, levi- 
ter flexuosis, 7-9 mm. longis, 4 !/, mm. latis. Corolla utrinque 


( 361 ) 


vix furfuracea, 1 em. longa, usque ultra medium divisa, seg- 
mentis erectis, ovato-triangularibus, 5- nerviis, apice acutius- 
culis. Stamina tubo calycis inserta ; filamenta inferne satis 
dilatata et dense villosa ; antherae in capitulum 4 mm. longum, 
3 mm. crassum cohaerentes. Flores feminei in racemos ple- 
rumque axillares paucifloros dispositi, Pedunculus communis 
patulus, satis gracilis, 4-6 em. longus; pedicelli basi bracteolati, 
2-6 mm. longi. Staminodia minuta, subulata, basi dense vil- 
losa. Ovarium sphaerieum, glaberrimum, 4 mm. crassum; sty- 
lus filiformis, leviter flexuosus, glaber, 8-9 mm. longus; stig- 
mata patula, satis dilatata. Fructus ut videtur olivaceus, sphae- 
ricus, laevis, nitidus, 7-8-spermus, 2‘/, cm. crassus. Semina 
fuscescentia, valde compressa, ovata, 1 em. longa, 7-8 mm. 
lata. 2-2 !/, mm. crassa. 

Habitat in Brasiliae prov. Rio de Janeiro (Glaziou, n. 15908 
et 15909 in herb. Eichler); ad Petropolin loco dicto Jaco (Gla- 
ziou, n. 8998 in herb. Eichler et Warming). 


Cette espéce n'a d'affinité bien étroite avec aucune autre 
espéce du genre; cependant, nous pensons qu'il faudrait 
la placer au voisinage du C. coriacea Cogn. (Monogr. Pha- 
ner., II, p. 761). Les caractères : feuilles trés glabres sur 
les deux faces; segments du calice égalant le tube, suffisent 
pour la distinguer nettement des sept autres espéces de 
la section Eucayaponia, qui ont les feuilles divisées en 
folioles distinctes. ; 

Des trois numéros distribués par M. Glaziou, le n° 8998 
est en beaux fruits mûrs, le n° 13908 est femelle, et le 
n° 13909 mâle. 


14. Cayaponia (Trianosperma ?) Saldanhaei Cogn. foliis 
longiuscule petiolatis, ambitu suborbicularibus, utrinque gla- 
bris et punctato-scabris, basi leviter lateque emarginatis et ad 

5° SÉRIE, TOME XIV. 24 


( 562 ) 
petiolum non decurrentibus, usque ad medium vel paulo 
ultra 3-5-lobatis; cirrhis trifidis; floribus masculis parvis, in 
axillis foliorum geminatis ternisve, brevissime pedicellatis, 
pedicellis braeteolatis; calyce glabro vel vix furfuraceo, seg- 
mentis erecto-patulis, triangulari-lanceolatis, basi conniven- 
tibus, apice longiuscule acuminatis, interdum leviter puberulis. 
tubo 2-5-plo longioribus. 

Rami graciles, suleati, glabri, laeves, paulo ramulosi. Petiolus 
satis gracilis, striatus, glaber, scabriusculus, 5-5 em. longus. 
Folia submembranacea, supra laete viridia, subtus pallide 
viridia, 10-12 em. longa et fere totidem lata, superiora satis 
minora, lobis ovatis vel oblongis, apice saepius obtusis, mar- 
gine undulatis et remotissime minuteque subulato-denticulatis, 
terminali majore; nervi crassiuseuli, subtus leviter promi- 
nentes, duo laterales basilares bifureati imum sinum leviter 
marginantes ; sinus inter lobos angusti, obtusi, basilaris 
1-1 !/, em. profondus, 2-5 em. latus. Cirrhi satis graciles, bre- 
viusculi, profunde sulcati, glabri. Pedicelli masculi graciles, 
leviter puberuli, 1-5 mm. longi ; bracteolae lineares, circiter 
!|, em. longae. Calyx pallide viridis, tubo late campanulato- 
obconico, teretiuseulo, basi acutiuseulo, 2-2 !/, mm. longo, 
apice 5-4 mm. lato, segmentis leviter flexuosis, tenuiter triner- 
viis, 6-7 mm. longis, basi 2 1/, mm. latis, Petala (imperfecte 
evoluta) extus brevissime denseque villosa. Flores feminei el 
fructus ignoti. 

Habitat in Brasiliae prov. Rio de Janeiro (Glaziou, n. 15904 
in herb. Eichler). 


Nous dédions cette espéce à M. le consul général 
J. de Saldanha da Gama. C'est par analogie de port que 
nous la rapportons à la section Trianosperma, car en l'ab- 
sence de fleurs femelles et de fruits, on ne peut rien atfir- 


( 363 ) 

mer sur ce point. Dans cette section, elle doit venir se 
placer à côté du C. trilobata Cogn. (Monogr. Phaner., MI, 
p. 780) ; mais elle en diffère énormément, car celui-ci a 
les feuilles densément velues-hérissées en dessous, à sinus 
basilaire très étroit, les vrilles bifides, les fleurs mâles 
grandes, en grappes, le calice velu, à segments plus courts 
que le tube. 


13. Alsomitra Muelleri Cogn. foliis breviuseule petiolatis, 
trifoliolatis ; foliolis breviter petiolutatis, eglandulosis, mem- 
branaceis, anguste ovatis, basi subrotundatis, apice acutissi- 
mis subacuminatisque, integerrimis, utrinque glaberrimis 
laevibusque, penninerviis; cirrhis longiuscule bifidis. 

Rami graciles, teretes, tenuiter striati, glabri. Petiolus gra- 
cilis, leviter striatus, glaber, 1-2 em. longus; petioluli glabri, 
3-9 mm. longi. Foliola utrinque laete viridia, subtus tenuis- 
sime reticulata, 5-11 em. longa, 2 !/,-6 em. lata, lateralia vix 
asymmetrica; nervi subtus leviter prominentes Cirrhi satis 
graciles, longissimi, profunde sulcati, glabri. Panieulae mascu- 
lae satis ramosae, multiflorae, interdum foliatae. Pedunculus 
communis gracilis, subrectus, glaber vel supernevix puberulus, 
elongatus; rami divaricati, elongati ; pedicelli capillares, glabri 
vel inferne vix puberuli, saepius fasciculati, basi bracteolati, 
4-6 mm. longi; braeteolae subulatae, leviter puberulae, vix 
1 mm. longae. Calyx leviter puberulus, segmentis lanceolato- 
istae apice dicem 1 !/; mm. op DOR vix e 


rula p cip albescens, 


lrinerviis, apice aeutiuseulis, 5 mm. longis. Sissi fila- 
menta ?/. mm. longa. Flores feminei et fructus ignoti. 

Habitat « Islands near S.-E. coast of N. Guinea, 1884 » - 
(coll. Armit et comm. CL baron F. von Mueller). 


( 364 ) 

L'affinité de cette espèce avec l'A. Beccariana Cogn. 
(Monogr. Phan., II, p. 952) est évidente. Cependant, dans 
l'état où ces deux plantes sont connues actuellement, il est 
assez difficile de les comparer, par la raison que pour 
l'une, celle que nous venons d'établir, on connait ses fleurs 
mâles, mais on n'en a encore récolté ni les fleurs femelles, 
ni les fruits; tandis que l'autre a été décrite sur un exem- 
plaire de l'herbier du Musée de Florence présentant des 
fruits et des graines en bon état, mais absolument 
dépourvu de fleurs. La comparaison ne pourrait donc 
porter que sur les rameaux, les feuilles et les vrilles. Or, 
dans ce genre, des espèces trés distinctes ont parfois les 
organes de végétation presque identiques. 


Voici, pour ces organes, en quoi PA. Beccariana diffère 
de l'espéce précédente: ses rameaux sont distinctement 
sillonnés; ses folioles sont presque de moitié plus petites. 
plus largement ovales, moins aigués, les latérales asymé- 
tiques et notablement plus petites que la médiane; ses 
vrilles sont seulement bifides au sommet. 


16. Feuillea albiflora Cogn., var. B. Glaziovii, var. nov. 

Calyx pilis brevissimis leviter flexuosis densiuseule ves- 
titus. 

Habitat in prov. Rio de Janeiro (Glaziou, n. 15906 in herb. 
Eichler). 

Le type de cette espéce, observé dans les provinces de 
Dahia et de Minas Geraes, a le calice glabre. 


Des races et des variétés dans l'espèce MUSTELA PUTORIUS; 
par Adolphe Drion, fils. 


Il existe en Belgique deux races de putois : 

1* La race jaune; 

2^ La race noire. 

Le putois jaune a le corps plutót court; il est haut sur 
jambes; ses ongles sont effilés et droits; le dessous du 
corps, les cuisses et les pattes sont d'un poil trés foncé; 
les flancs sont couleur jaune d'or; le contour des yeux et 
du museau est marqué de teintes jaunâtres, tirant sur le 
gris; la queue est brune et fournie, surtout chez les sujets 
vieux. 

Le putois jaune habite ordinairement les endroits 
humides et le bord des ruisseaux; accidentellement les 
lieux secs et le voisinage des habitations. 

Rebelle à toute éducation, il devient craintif et timide 
en captivité. 

Le putois noir est de forme plus allongée; il est moins 
haut sur pattes que son congénére; ses ongles sont plus 
Courts et plus recourbés; les oreilles, le contour des yeux 
et du museau sont d'un blanc pur qui tranche vivement - 
sur le poil foncé; la robe est noire; cependant les côtes 
présentent une teinte jaunâtre, mais effacée. 

Il se plait ordinairement dans les lieux secs et le voisi- 
nage des maisons habitées; accidentellement dans les berges 
des rivières et les marais. 


( 566 ) 

En captivité il est indomptable; non seulement il se 
montre, comme le putois jaune, rebelle à toute espèce 
d'éducation, mais il est hardi et sanguinaire, au point de 
se jeter furieux sur la main qui le nourrit. 

En dehors de ces deux races caractérisées par une 
différence appréciable dans la structure du corps, la con- 
formation particuliére des ongles, la couleur de la robe et 
par les mœurs, il existe des nuances mélangées qui résul- 
tent des croisements. 

Ce sont : 

l° Le putois brun-jaune (issu d'un croisement entre 
jaune pur et noir pur; conformation demi-allongée; ongles 
moyens); 

2* Le jaune d'or bronzé; 

5 Le jaune citron; 

4° Le gris mêlé de jaune terne; 

5° Le putois à plastron (variété accidentelle). 
~ Les putois aux nuances jaune d'or bronzé, jaune-citron 
el à plastron sont des fils du putois brun-jaune croisé 
avec le jaune pur ou le noir. 

Le gris, mélé de jaune terne, diffère complètement des 
autres par sa robe; celle-ci est d'une teinte beaucoup plus 
uniforme sur toutes les parties du corps. 

Je n'ai pu former mon opinion sur ce point : à savoir sil 
constitue une race distincte des deux précédentes, sil 
résulte d'un croisement, ou enfin s'il n'est pas tout simple- 
ment « le furet » échappé. Cette dernière appréciation 
parait assez vraisemblable, car le furet-putois est beaucoup 
moins frileux que le furet albinos et par conséquent beau- 
coup moins exposé à mourir de froid, à l'état de liberté. 
. ll existe au Musée d'histoire naturelle de Bruxelles un 


( 367 ) 

jeune putois noir et un jeune putois gris; celui-ci est men- 
lionné comme « jeune » sans commentaires; Ja différence 
de teinte qui existe entre ces deux animaux empaillés est 
frappante. 

Le putois gris ressemblant beaucoup au furet métis, il 
pourrait se faire que ce füt un produit du mélange d'un 
putois nuancé avec un putois albinos (pour autant que ce 
dernier existe...). | 

Le putois à plastron est remarquable par une tache 
blanche ou jaune, sous la gorge. 

Je possède un sujet gris à plastron blanc et un sujet 
noir à plastron également blane; et il m'a été donné d'en 
voir de noirs qui avaient le plastron jaune. 

Les putois « brun-jaune » sont les plus communs; les 
jaunes et les noirs sont assez rares; ces deux derniers 
constituent les sujets de race pure. 

Les putois gris et ceux à plastron se rencontrent trés 
rarement, 

Mes observations portent sur 200 individus de toutes 
nuances dont 108 capturés par moi-même et 92 qui me 
furent apportés par des gardes-chasse. 

On a eru longtemps que les différences de couleur entre 
le putois jaune et le putois noir n'étaient que le résultat 
d'influences locales, accidentelles, climatériques, d'âge ou 
de sexe. 

Je puis affirmer le contraire, parce que j'ai pris des 
putois jaunes, mâles ou femelles, jeunes ou vieux, qui por- 
taient les signes distinctifs de leur race en toute saison; 
j'en ai pris de noirs, jeunes ou vieux, mâles ou femelles, 
depuis le commencement de l'année jusqu'à la fin. 

De plus, j'ai fait une expérience sérieuse qui confirme 
ma manière de voir : 


( 568 ) 

Je me suis procuré, au mois de septembre 1883, deux 
jeunes putois mâles, l'un jaune et l'autre noir ; je les ai 
conservés dans des cages séparées, jusqu'en septembre 
1886. Or, pendant ces trois années ils n'ont absolument 
pas changé de couleur, ni de conformation : le jaune est 
toujours resté jaune, en été, aux saisons de mue et en 
hiver; le noir a toujours conservé sa méme robe noire; j'ai 
remarqué que le noir était plus féroce et plus hardi; il était 
aussi plus agile et grimpait ordinairement au haut de sa 
cabane quand on l'inquiétait; le jaune était eraintif, timide 
et moins léger dans ses mouvements; il avait pour habi- 
tude d'arracher le pavement de sa cage et voulait chercher 
une retraite en se creusant un terrier. 

Dans les couleurs intermédiaires, les ongles des indivi- 
dus dont le pelage se rapproche du jaune, sont plus fins, 
moins recourbés que les ongles des putois à la robe foncée. 

Pour bien reconnaitre la différence des griffes, il faut 
donc posséder des sujets de race pure. 

Les tout jeunes putois des deux variétés, âgés à peine 
de quelques mois, sont noirs; il est donc difficile de déter- 
miner, dans le premier âge, s'ils appartiennent à la race 
jaune ou à la race noire. 

Les riches fourrures sont celles des putois jaune pur. 
des jaune-bronzé et des jaune-citron. Les peaux des putois 
noirs ne plaisent pas à la vue et sont rarement employées 
dans le commerce. 

Enfin, dans toute l'espéce, le mâle adulte est toujours 
d'un bon tiers plus gros et plus grand que la femelle. 


DNE 100-917 20 RH TS LIE inge raf MARS Sp ED APR TS a ne an 
Pee TE UNCTUS i 


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( 869 ) 


Note sur quelques espéces rares de la faune des vertébrés 
de la Belgique, observées dans le Limbourg belge, par le 
docteur C. Bamps. 


OISEAUX. 
Calamoherpe aquatica Lath. — Acrocephalus aquaticus 
Newt. ex Gm. — Dans sa faune des vertébrés, en voie de 


publication, M. Alph. Dubois considère cet oiseau comme 
très rare en Belgique. D'autre part, dans une brochure 
plus récente (1), le méme auteur le cite comme rare et de 
passage irrégulier en été, ajoutant : «il parait qu'on le voit 
chaque année aux environs de Hasselt ». Déjà en 1885, 
dans un petit travail publié dans les Bulletins de la section 
scientifique de la Société des mélophiles de Hasselt (9), je 
cite, parmi mes observations ornithologiques, à la date du 
6 octobre, le départ de la rousserolle aquatique. Plusieurs 
Savants m'écrivirent à ce sujet, pour attirer tout spécia- 
lement mon attention sur cet oiseau et pour m'engager à 
vérifier avec le plus grand soin la date des captures éven- 
tuelles de cette rare espèce. 

Dans un nouvel article publié en 1886, aux bulletins 
de la méme Société (3), je signalai aux dates du 5 août, 
du 41 et du 14 septembre 1884 et du 2/ septembre 1885, 
des observations concernant cet oiseau, faites dans les 
marais de Stockroye, à une lieue nord-ouest de Hasselt, 


(4) Voir : Revue des oiseaux observés en Belgique, dans le Bulletin 
du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique, tome IV. 

(2) Voir : Les oiseaux des environs de Hasselt et leurs phénomènes 
périodiques, dans les Bulletins de la section scientifique et littéraire de 
la Société des mélophiles de Hasselt, tome XIX. 

(8) Tome XXII. 


( 970 ) 

par M. Edgard Claes, avocat. Malheureusement cet oiseau 
n'a jamais été rencontré au printemps par M. Claes qui 
suppose qu'il passe aprés la fermeture de la chasse (1). Je 
suis plus porté à croire qu'il s'agit ici d'un oiseau d'été qui 
vient régulièrement nicher près de nos marais, et que c'est 
même la rousserolle qui nous quitte la dernière. Les inté- 
ressantes observations de M. Fontaine de Papignies (2) 
semblent confirmer entièrement ces suppositions. 


Otocorys alpestris. L 


Cette espéce, qui est aussi considérée comme trés rare 
en Belgique où elle n'arriverait qu'irréguliérement, d'après 
M. Dubois, est prise régulièrement depuis six ans au moins, 
avec l'alauda arvensis, à la tenderie de l'arriére-saison, aux 
environs de Hasselt. Comme je le fais remarquer dans un 
de mes articles cités ci-dessus, cette espèce est bien connue 
des amateurs d'oiseaux de la ville de Hasselt, et plusieurs 
en conservent continuellement dans leurs voliéres. On en 
rencontre chaque année, parmi les alouettes ordinaires, 
chez les marchands de volaille de Hasselt, provenant des 
alentours de eette ville, particulièrement de Schuelen. 

S'agirait-il ici d'un passage localisé en Belgique? Comme 
celte espèce boréale affectionne les lieux marécageux, il 
n'y a rien d'étonnant à la voir paraître régulièrement en 
automne aux environs de Hasselt, si remarquables par leurs 
nombreux marais, de même que M. Albarda l'a constaté 
pour la province de la Gueldre en Hollande (3). 

Wobei SN Eee 


(4) Voir : Compte rendu des observations ornithologiques faites en 
Belgique pendant l'année 1883, dans le Bulletin du Musée royal 
d'histoire naturelle de Belgique, tome IV. 

(2) Voir idem. 

(9) Voir : Ornithologischer Jahresbericht (1885) aus Holland, von 
Berinai Albarda in Leeuwarden. 


S ML AP WE ne > ds CE CS LT TT Sn ES à à à 


Qr b mer + 


RES TR Tr De PVR TUR et 


PEN PORT RAP 48 


PRE Me PTE PURES ESS 


(371) 


REPTILES. 
Lacerta agilis. L. — Lacerta stirpium Daud. 


Dans la liste des reptiles de la Belgique, publiée dans la 
Patria Belgica en 1875, M. le baron de Selys-Longchamps 
dit que ce lézard — le plus grand de ceux qu'on rencontre 
en Belgique, si, comme il est probable, le Lacerta viridis n'y 
existe pas — parait n'habiter que la Lorraine luxembour- 
geoise. L'an dernier, au mois de septembre, un étudiant 
de Hasselt, M. Constant Stellingwerff m'apporta un magni- 
lique exemplaire de cette espéce, lequel mesurait 16 à 
17 centimètres de longueur et 6 !/, centimètres de pour- 
tour à la région abdominale, il venait de le capturer à 
Lancklaer dans une vaste sapinière. Cette espèce dont les 
localités sont si restreintes en Belgique, parait étre assez 
abondante là où elle existe, car depuis cette époque et sur 
mes indications, mon ami le baron Paul de Chestret en a 
trouvé plusieurs exemplaires prés du château de HocAt à 
Pietersheim, dans des bois montueux qui forment la con- 
linuation de la chaîne de collines boisées, allant de Neeroe- 
teren à Lanaeken et qui traverse Lancklaer en longeant, 
parallèlement à la Meuse, la lisière orientale de la province 
du Limbourg. 

Cette découverte me parait offrir de l'intérêt, parce 
qu'elle permet d'élargir notablement l'aire de dispersion 
de celle espèce, connue dans notre pays, et qu'elle tend 

à prouver que, malgré de grandes différences de sol ct 
d'altitude, la Campine limbourgeoise, dans certaines de 
ses parties, offre non seulement par sa flore, mais encore 
par sa faune, de frappantes analogies avec les Ardennes 
et le bas Luxembourg. 


(572) 


POISSONS. 


Leucaspius delineatus. Siebold. 


A la suite d’une note de M. Gens, parue dans le Bulletin 
de l’Académie des sciences (1) et de l'envoi gracieux que 
l'auteur me fit d'un échantillon de Leucaspius delineatus, 
découvert par lui dans les eaux du fortin n° 4 de l'ancienne 
enceinte des fortifications d'Anvers, je fis de nombreuses 
recherches dans les étangs, les mares et les ruisselets pré- 
levés sur les cours d'eau pour l'irrigation des prairies dans 
les environs de Hasselt. Mes recherches furent couronnées 
de succés, car, au printemps de l'année 1886, je découvris 
l'espéce en question en grande abondance dans une mare 
plusieurs fois séculaire, appelée « Begyne poel », mare 
des béguines (2) située aux portes de la ville de Hasselt. 

Cet étang bourbeux, qui n'est alimenté que par les eaux 
pluviales et qui déverse son trop plein dans les égouts de 
la ville, ne nourrit, outre ce rare poisson, que quelques 
carpes et quelques tanches minuscules. Je pus récolter, 
sans crainte de détruire l'espéce, plusieurs centaines 
d'exemplaires du Leucaspius. 


NECEM Ld 


(4) Voir : Note sur un poisson d'eau douce, nouveau pour la faune 
belge, dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, troisiéme 
série, tome XI, 1886. 

(2) Cette mare est déjà citée dans des actes du XVIe siècle repo- 
sant aux archives de la ville de Hasselt. Le béguinage qui existait 
anciennement à cet endroit et qui remontait au XIIe siècle a été 
détruit lors du bombardement de la ville de Hasselt, en 1567, par le 
prince-évéque de Liège Gérard de Groisbeek. 


D a 


Bat edge Ne HN E Meetup E T EEEE EE EE A REEE E EN A TENOR 


( 575 ) 

L'absence complète de communication de cette mare 
avec des rivières ou des ruisseaux nourrissant des brochets 
ou d’autres poissons carnassiers, jointe à sa proximité d’un 
centre habité qui éloigne les oiseaux piseivores, nous 
explique sans doute l'existence en quantité considérable de 
ce petit cyprinoide en cet endroit, où il n'a guère à craindre 
que le filet du collectionneur. 

La rareté relative des mares oü les poissons sont placés 
ainsi à l'abri des causes de destruction naturelle, est pro- 
bablement la cause du nombre si réduit d'habitations 
renseignées de cette espèce, non seulement dans notre 
pays, mais encore dans les contrées limitrophes. 

En effet, M. Gens nous apprend qu'elle est inconnue en 
France et en Hollande et rare en Allemagne. 

Notons toutefois que cette espéce est facile à confondre 
avec le fretin des différents leuciscus qui habitent nos 
eaux, et qu'il faut un filet à mailles fort étroites pour 
pouvoir le capturer. 

Comme M. Gens, je serais tenté d'expliquer la présence 
de ce poisson dans la mare isolée, dite des béguines, par 
un transport accidentel d'eeufs de poissons, effectué par 
des oiseaux aquatiques voyageurs, si je n'avais des rai- 
sons de croire que cette mare a fait partie autrefois du 
Systéme de défense des fossés de la ville de Hasselt, les- 
quels étaient alimentés par le Démer. L'origine de cette 
espèce dans le Begyne poel reste done bien obscure. 


CLASSE DES LETTRES. 


Séance du 1% août 1887. 


M. Bormans, vice-directeur, occupe le fauteuil. 
M. Liacng, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. P. De Decker, le baron J. de Witte, 
R. Chalon, Th. Juste, Alph. Wauters, Émile de Laveleye, 
Alph. Le Roy, A. Wagener, P. Willems, G. Rolin-Jaeque- 
myns, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, Aug. Scheler, 
P. Henrard, J. Gantrelle, G. Tiberghien et L. Roersch, 
membres; J. Nolet de Brauwere van Steeland et 
Alph. Rivier, associés; C. de Harlez et A. Van Weddingen, 
correspondants. 


M. Éd. Mailly, membre de la Classe des sciences, assiste 
à la séance, 


En ouvrant la séance, M. Bormans, vice-directeur, 
rappelle que les vœux qu'il avait exprimés de ne pas être 
appelé une seule fois à oceuper cette année le fauteuil de la 
présidence, ne se sont malheureusement pas réalisés : 
M. Tielemans est mort. Appelé à lui succéder, M. Bormans 
ne se dissimule pas les difficultés de la tàche et fait appel 
à l'indulgence de ses confrères. 


( 378 ) 
CORRESPONDANCE. 


La Classe apprend, avee un profond sentiment de regret 
— par une lettre de M"* Z. Poncelet-Tielemans — la perte 
qu'elle a faite en la personne de son directeur, M. J.-Fran- 
cois Tielemans, ancien premier président de la Cour d'appel 
de Bruxelles, décédé à Ixelles, le 5 juillet dernier. 

Une lettre de condoléance sera adressée à la famille du 
défunt. 

Des remerciements sont votés à M. Bormans pour les 
paroles qu'il a prononcées, au nom de la Classe, à la céré- 
, monie des funérailles. 

Son discours sera inséré au Bulletin. 

M. Faider est désigné pour retracer la vie du défunt. Sa 
notice paraitra dans un prochain Annuaire. 


— M. Piot remet, pour l'Annuaire de 1888, le manuscrit 
de sa notice sur Louis-Prosper Gachard. — Remercie- 
ments. 


— M. Émile de Laveleye remercie par écrit ses confrères 
pour les félicitations qu'ils lui ont fait parvenir à l'occasion 
de sa nomination de membre du sénat académique de 
l'Université de Saint-Pétersbourg. ! 


— Sur la demande exprimée par M. le Ministre de 
l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics, le 
4 juillet dernier, une liste complémentaire de noms lui a 
été adressée, en vue de la formation du jury pour le prix 
Guinard. | 


PER OST ras UPON AD V NET NR TEC RE 
* r S * e" 


( 576 ) 


— Le méme haut fonctionnaire envoie pour la Biblio- 
théque : 

4° Un Rapport sur la situation des Sociétés de secours 
mutuels pendant les années 1585, 1884 et 1885; 

2 Fleurs d'Ardenne. Poésies par Arthur Drumaux. 
Bruxelles, 1887; in-18; 

3° Études morales et littéraires. i ppt et romans 
chevaleresques par Léon de Monge. Vol. in-18; 

4° Bulletin de la section scientifique et littéraire de la 
Société des Mélophiles de Hasselt; 23° volume, in-8°. 


— M. le Ministre adresse également, pour être distribués 
aux membres de la Classe des lettres, des exemplaires du 
rapport du jury qui a jugé la première période du concours 
quinquennal des sciences sociales. 


— Des remerciements sont votés aux auteurs des 
ouvrages suivants, dont il est fait hommage : 

1° Correspondance du cardinal de Granvelle, tome VI, 
publié par Ch. Piot (avec note bibliographique insérée 
ci-après) ; 

9" Canakya, Recension de cinq recueils de stances morales, 
par Eugène Monseur (présenté par Ch. de Harlez avec une 
note bibliographique insérée ci-aprés); 

^ Religion ou irréligion de l'avenir, par le comle 
Goblet d'Alviella ; 

4 Message de Dieu aux hommes de mon temps el å 
ceux de l'avenir, ou Dieu et l'enfant, par Joseph O' Dru de 
Revel. 

M. H. Pascaud, conseiller à la cour d'appel de Chambéry, 
adresse une collection de ses travaux, dont les titres parai- 
tront au Bulletin de la séance. 


(577) 


— L'Académie de Stanislas, à Nancy, envoie le pro- 
gramme du Prix Herpin, à décerner en 1889. 

Ce prix de 1,000 francs sera attribué, s'il y a lieu, au 
mémoire jugé le meilleur sur le sujet suivant : 

Recherches sur les temps préromains, en Lorraine 
(archéologie, linguistique, anthropologie, ete.). 


Discours prononcé aux funérailles de M. Tielemans, direc- 
teur de la Classe des lettres; par M. Bormans, membre 
de l'Académie. 


MESSIEURS, 


L'Académie royale de Belgique tient à faire entendre 
sa voix au milieu du concert d'éloges et de regrets qui 
suivent, au bord de sa tombe, le vénérable M. Tielemans. 

Elle est fiére d'avoir compté au nombre de ses membres 
ce grand citoyen qui, aprés avoir fourni dans la politique 
et dans la magistrature la plus brillante carrière, est venu 
tranquillement prendre part aux travaux de la Classe des - 
ettres. ; 

Sa place y était depuis longtemps marquée. Comme 
rédacteur d'arréts, il avait fait preuve d'une science juri- 
dique profonde en méme temps que d'une grande fermeté 
d'appréciation; comme écrivain, et notamment comme 
auteur du Répertoire du droit administratif, i| s'était fait 
remarquer par sa méthode d'exposition, par la clarté et 
l'élégance de son style. 

3"* SÉRIE, TOME XIV. 25 


( 378 ) 

Malgré ses titres, ce ne fut que bien tard que M. Tiele- 
mans occupa un siège parmi nous. Entrainé par le tour- 
billon des affaires, cet homme d'élite, revêtu successivement 
des plus hautes dignités, qui avait été tour à tour profes- 
seur et recteur d'université, conseiller et premier président 
de cour d'appel, membre de la Chambre, deux fois gou- 
verneur de province, ministre du Roi, n'avait pas eu le 
temps de songer aux lauriers académiques. 

Il nous consacra les dernières années de sa vie; et si la 
plume, à l’âge de 74 ans, était devenue entre ses mains 
un instrument rebelle, il sut, pour nous aider de ses con- 
seils, retrouver en plus d'une occasion l'énergie de l'àge 
můr et la verdeur de la jeunesse. 

Appelé au commencement de cette année méme à l'hon- 
heur de diriger les travaux de la Classe, vous savez avec 
quel zéle, avec quelle dignité il sut accomplir sa mission. 

Cher et vénéré confrére! La place que j'occupais auprés 
de vous au bureau m'imposait le devoir de prendre la 
parole en cette circonstance. Tout autre se serait acquitté 
mieux que moi de cette tâche douloureuse. Mais cette 
situation me permet de rappeler la bienveillance touchante 
de vos rapports avec tous vos confrères et en particulier 
avec celui qui vous adresse aujourd'hui un supréme adieu; 
bienveillance qui nous faisait oublier à tous deux et la 
différence d'âge et la divergence de nos directions d'esprit. 
J'en garderai précieusement le souvenir. 

Au nom de l’Académie, cher et excellent confrère, je 
vous dis adieu! 


LA 


( 379 ) 


NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 


J'ai l'honneur de faire hommage à la Classe d'un exem- 
plaire du tome VI de la Correspondance de Granvelle. 

Ce volume renferme les lettres adressées au cardinal 
ou écrites par lui de 1576 à 1577. 

Les plusanciennes se rapportent au décés de Requesens, 
gouverneur général des Pays-Bas. Cet homme d'État 
expira au moment oü il était, pour ainsi dire, abandonné 
de son souverain, harcelé par ses amis autant que par ses 
ennemis, sans argent, sans ressources, vivant enfin au 
milieu d'une soldatesque effrénée, presque toujours muti- 
née. 


LI 
Philippe n'avait pas pourvu au remplacement de son 


lieutenant général. Le conseil d'État, en attendant la 
nomination d'un nouveau gouverneur général, dirigea 
toutes les affaires du pays, jusqu'au jour oü les insurgés 
S'emparérent des membres de ce corps politique. Le désar- 
roi était grand. Partout les soldats espagnols pillaient, 
détruisaient, assassinaient , dans les villes, dans les cam- 
pagnes. 

Pendant ce temps-là que faisait le roi? Il délibérait. H 
délibérait sur le parti à prendre pour la nomination d'un 
gouverneur général en remplacement de Requesens. 

Dés 1575 il avait été question de nommer à ce poste 
don Juan, le vainqueur de Lépante, le frére naturel de 
Philippe. Mais le caractére chevaleresque de ce prince, son 
ambition favorisée par ses secrétaires, n'inspiraient pas de 
confiance au monarque. Don Juan déplaisait également à 
Granvelle. Ses imprudences, l'impétuosité de sa nature, ne 
permettaient pas de faire le moindre fonds sur lui. Était-il 
capable de rétablir la paix, l'union entre le souverain et 


a 


( 380 ) 
son peuple? Avait-il assez d'expérience pour négocier ce 
rapprochement ? Philippe, qui commencait à comprendre 
l'impossibilité de réduire les révoltés par la force et la 
compression, n'avait pas plus de foi dans les aptitudes de 
son frére. 

D'autre part les provinces des Pays-Bas réclamaient un 
gouverneur de sang royal et déclaraient hautement ne plus 
vouloir d'Espagnol. La situation était critique. A quelle 
combinaison s'arréter? Le roi hésitait. Granvelle lui sug- 
géra l'idée de rappeler Marguerite de Parme. Cette prin- 
cesse était adroite, intelligente ; elle abhorrait la violence; 
elle était aimée et respectée de ses compatriotes. 

La proposition de Granvelle allait étre adoptée, lorsque 

„tout à coup Philippe, cédant aux suggestions de conseil- 
lers imprudents, résolut d'envoyer son frère aux Pays 
Bas. 

Pressentant combien cette résolution serait nuisible à la 
cause qu'il défendait, Granvelle écrivit au roi, à don Juan, 
pour les conjurer d'arranger les choses à l'amiable. C'était 
tout ce que le cardinal pouvait encore tenter. Il prévit et 
prédit le fatal dénouement des affaires. Bientôt le conflit 
entre don Juan et les États, excités par le prince d'Orange, 
amena la guerre ouverte. ——— 

Dans cette correspondance, Granvelle n'apparait pas tel 
qu'on se l'est trop souvent figuré, comme un despote, n 
séide aveugle de Philippe II. Au contraire, le cardinal veut 
l'apaisement, la réconciliation. Il condamne l'emploi de la 
force, répudie les soudards espagnols et blàme leur féro- 
cité ; il se montre enfin un véritable et sincère patriote. Il 
eut méme le courage d'écrire au roi : « Je crains que la 
colére soulevée par les Espagnols n'ait plus de puissance 
que jamais pour aliéner les cœurs. » Cn. Prior. 

. 


— 


( 881 ) 


Cánakya. — Recension de cinq recueils de stances 
morales, par E. Monseur, docteur en philosophie et lettres, 
avocat à la Cour d'appel de Liége. Paris. E. Leroux, 1887, 
grand in-8°, pp. xx, 76. 

J'ai l'honneur de présenter à la Classe des lettres l'ou- 
vrage d'un jeune avocat belge, qui a uni aux études juri- 
diques celles de la littérature sanscrite, et qui à ce double 
titre mérite une attention spéciale de la part de l'Académie 
royale de Belgique. Trop souvent, nos jeunes compatriotes, 
entrainés par la nécessité de la vie et les habitudes 
régnantes, ne visent qu'au pratique et à l'utilité matérielle. 
Il est du devoir du premier corps savant du pays d'encou- 
rager, par une attention bienveillante, ceux qui savent 
s'élever au-dessus des basses régions de l'utilitarisme. 
M. Monseur, avocat prés la Cour d'appel de Liége, est un 
de ceux qui ont obéi à des sentiments plus élevés et s'est 
adonné aux études orientales, qui ne rapportent guére 
aujourd'hui que de l'honneur, méme aux plus brillants 
Succés. 

Le désir de tout sanscritiste sérieux est d'arriver à 
enrichir le trésor des textes connus, à publier un manuscrit 
inédit. C'est par là que M. Monseur a voulu faire son 
entrée dans le monde savant. Ce n'est point naturellement 
en s'attaquant à une œuvre considérable que l'on fait ses 
premières armes en ces régions d'abord difficiles; les com- 
mencements ne peuvent être que modestes; l'important 
est de choisir un texte qui présente à la fois de l'intérêt 
par son contenu et une matière suffisante au travail per- 
sonnel pour qu'on puisse en faire l'objet d'une ceuvre origi- 
nale. Le temps m'a man qué pour donner àcetteappréciation 
le caractére que j'eusse désiré, mais j'ai pu cependant 


o Nr RE OST, JUN US 
quae 
T 


( 982 ) 
m'assurer que, sous ces différents rapports, M. Monseur 
parait avoir réussi. Le texte, ou plutót les textes, qu'il 
s'est décidé à éditer, forment de ces pages où l'on étudie 
avec utilité et satisfaction les manifestations originales de 
l'esprit humain, et en même temps lui ont fourni ample 
matière au travail de lecture, de collation, de correction, 
qui constitue le mérite d’un éditeur de texte. C'est là 
surtout que nous devons chercher le mérite de l'œuvre, 
bien que le premier point de vue ne soit pas à dédaigner. 

Depuis longtemps, les indianistes, et spécialement le 
savant professeur de lena, D" Otto Bóhtlingk, se sont 
appliqués à recueillir les Indische Sprüche, ou proverbes, 
maximes indoues. La collection est déjà énorme, mais n'est 
pas complète. M. Monseur a voulu y ajouter quelques 
pages et s'est appliqué pour cela à l'étude de cinq recueils 
inédits, qui portent le nom de Cánakya. 

Ce personnage était un brahmane contemporain 
d'Alexandre le Grand; Cànakya joua un róle politique 
considérable dans le Magadha, renversa la dynastie 
régnante des Nanda, pour porter sur le trône Chandra- 
Gupta (1) qui, à l'aide de hordes de mercenaires, chassa 
les Grecs de l'Inde et lui rendit son indépendance. Le 
célébre ministre du grand roi est appelé le Machiavel de 
l'Inde; il y est resté célébre et y a méme été pris comme 
héros de drame. On posséde un recueil de sentences qui 
lui est attribué et d'autres qui portent son nom, soit parce 
qu'on a puisé dans le premier pour les composer, soit que 


VES eee 


(1) De méme, semble-t-il, que les Sandracottos ou Sandrogyp!os 
d'Arrien, et d'autres historiens grecs, cette identification a été con- 
testée, mais sans succés, à mon avis. 


( 985 ) 
son nom soit devenu générique, comme les Buffon, les 
Fénelon, etc. 

M. Monseur a recaeilli, étudié cinq de ces recueils, dont 
il nous expose la nature. ll a réuni de nombreux manu- 
serits, comme on peut le voir dans son introduction ; il les a 
comparés, soit entre eux, soit avec les recueils de sentences 
déjà publiés, pour en extraire ce qu'il pouvait y avoir 
d'inédit et publier le résultat de ses recherches. Son intro- 
duction està ce point de vue un apparatus complet et trés 
remarquable. L'auteur a encore dü faire davantage. En 
possession de matériaux très imparfaits, il a dû en cor- 
riger les défauts, rechercher les fautes des copistes, en 
découvrir la nature et la correction la meilleure, et son 
œuvre témoigne, sous ce nouveau rapport, d'une étude 
sérieuse et d'une érudition de bon aloi. Impossible d'en 
donner un résumé ou un apercu; il faut tout lire, pour 
s'en faire une idée exacte et juste. M. Monseur s'est trouvé 
devant de grandes difficultés, vu l'état de délabrement de 
ses manuscrits et leur imperfection, dont on se fera aisé- 
ment une idée quand on saura que plusieurs ont été copiés 
par des écoliers. 

Les restitutions et corrections sont le plus souvent 
heureuses et méritent, si pas une adhésion complète et 
constante, une attention sérieuse. 

De ses considérations sur la nature des recueils étudiés, 
M. Monseur tire deux conclusions qui ne peuvent être 
qu'approuvées et qui lui sont propres. La première est que 
ces recueils ont été faits ou tout au moins utilisés pour 
Servir aux leçons des écoles ; la seconde qu'ils portent le 
nom de Cànakya, parce que le premier de l'espéce avait 
été extrait d'un livre attribué pour de justes raisons au 
célébre ministre. Nous nous rangeons entiérement à cel 


( 984 ) 
avis, y ajoulant qu'il se pourrait que le recueil originaire 
eût été publié sous le nom de Cànakya et comme venant de 
lui, bien qu'il n'en fût rien, et selon l'usage indien d’après 
lequel les hommes illustres donnaient leur nom à des 
publications qu'un autre avait composés pour eux. 

Le texte publié par M. Monseur contient 218 stances 
nouvelles ou 456 vers, dont 196 complétement restituées 
et 22 plus ou moins désespérées. Mais là encore les con- 
jectures de M. Monseur ne sont pas sans mériter l'atten- 
tion, sinon l'adhésion compléte. Ce texte est accompagné 
d'une traduction généralement exacte et qui ne manque 
pas d'éléganee. 

Une derniére partie, non sans importance, nous donne 
tout ce que M. Monseur a recueilli de variantes relative- 
ment aux sentences recueillies et publiées par M. Böht- 
lingk; elles remplissent 24 pages et pourront fournir 
matière en quelques endroits à une revision du texle 
connu. 

Quelques pages d'addenda, en améliorant certaines 
parties du livre, nous montrent tout le soin que l'auteur 
à pris pour mener son livre à bonne et savante fin. 

Cette œuvre étant devant nous uniquement pour l'ap- 
précier en gros et non pour l'améliorer, s'il y avait lieu, 
je me borne à en donner les caractères généraux, Sans 
entrer dans aucun détail ni indiquer aucun changement 0U 
correction désirable ou possible. M. Monseur a été à bonne 
école; les maitres qui l'ont aidé dans son travail et dont il 


cite ls noms avec le sentiment d'une juste reconnaissance, 


nous sont garants de la valeur de ses études. 

Qu'il me soit permis, en terminant, d' ajouter, pour ceux 
de mes savants auditeurs qui désireraient avoir une idée 
de ces textes, quelque spécimen oü se refléte l'esprit 
‘indou. 


( 585 ) 
En voici trois prises au hasard : 
2. La divinité des brahmanes est dans les feux sacrés; 
celle des hommes éclairés, dans le cœur; celle des esprits 
étroits, dans les images ; celle des gens qui connaissent 
l'Atman, partout. 

15. Le grand voyage (la mort) est inévitable; les provi- 
sions sont trés utiles, fais-les avec tout effort; la mort est 
chose certaine. 

104. Toutes les divinités sont invisibles; le roi est une 
divinité visible. On voit les conséquences de sa faveur et 
de sa colére. C. DE HARLEZ. 


RAPPORTS. 


La Classe entend la leeture des rapports de MM. Tiber- 
ghien et Alph. Le Roy, sur le mémoire de M. A. Van 
Weddingen, intitulé : Les tendances spontanées, dans leurs 
rapports avec l'objectivité et la certitude des connaissances 
rationnelles. 

Conformément aux conclusions de ces rapports, la Classe 
vote l'impression du travail dans les Mémoires in-8°. 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance du 4 août 1887. 


M. C.-A. FRatkKIN, directeur. 
M. Lucre, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Robert, vice-directeur; Éd. Fétis, 
le chevalier Léon de Burbure, Ern. Slingeneyer, Ad. Pauli, 
God. Guffens, Jos. Schadde, Th. Radoux, Joseph Jaquet, 
J. Demannez, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le 
chevalier Edm. Marchal et Th. Vincotte, membres; 
J.-B. Meunier, Max. Rooses et J. Rousseau, correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


La Classe apprend avec un profond sentiment de regret 
la perte qu'elle vient de faire en la personne de deux de ses 
membres titulaires : 

M. Nicaise de Keyser, de la section de peinture, né à 
Santvliet, le 26 août 1815, décédé à Anvers, le 16 juillet 


| 
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( 387 ) 

dernier, et M. Gustave De Man, de la section d'architecture, 
né à Bruxelles, le 20 mai 1805, décédé à Ixelles, le 10 
juillet 1887. 

D'aprés les derniéres volontés de M. De Kevser, aucun 
discours n'a été prononcé à ses funérailles. 

En remplacement de M. Fraikin, empéché, M. Robert, 
vice-directeur, délégué de l'Académie, a tenu l'un des coins 
du poéle. 

Lors des funérailles de De Man, M. Fraikin a prononcé 
l'éloge du défunt. 

La Classe, aprés un dernier hommage rendu par 
M. le directeur à la mémoire des regrettés défunts, décide 
qu'une lettre de condoléance sera écrite à leurs familles 
respectives. 

M. Ad. Siret sera prié de faire la notice biographique 
de M. De Keyser, et M. Rousseau accepte de faire celle de 
M. De Man. 


— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publics transmet : ; i 
1° Une copie du procès-verbal du jury chargé de juger 
le grand concours d'architecture de cette année, d’où il 
résulte que le grand prix a été décerné à M. Ch. De Wulf, 
de Bruges, élève de l'Académie royale des beaux-arts de 
Bruxelles, et le second prix, en partage, à MM. Michel De 
Braey et Ferdinand Truyman, tous deux élèves de l'Aca- 
démie royale des beaux-arts d’Anvers; une mention hono- 
rable a été accordée à M. Philippe Van Boxmeer, de 

Malines, également élève de l'Académie d'Anvers: 
2 Une expédition de son arrêté conférant à M. Montald, 
prix de Rome pour la peinture en 1886, la pension de 


i 
i 
i 
: 
| 


( 388 ) 
5,000 francs, instituée en vue d'aider les lauréats à per- 
fectionner leurs études à l'étranger; 
. 3° Le troisième rapport semestriel de M. J. Anthone, 
lauréat du grand concours de sculpture de 1885. — Renvoi 
à la section de sculpture et à M. Marchal, rapporteur. 


Discours prononcé aux funérailles de M. Auguste De Man, 
membre de la section d'architecture; par M. C.-A. Frai- 
kin, directeur de la Classe des beaux-arts. 


Dans la mission si complexe de l'État, les arts occupent 
une des premières places; leur développement marche en 
première ligne dans la culture de l'intelligence. 

Tous les Gouvernements ont toujours été soucieux 
d'aider les jeunes artistes qui se sont distingués dans des 
concours à se perfectionner dans le goût du beau. Celle 
noble mission part du sentiment que l'art fait partie du 
domaine direct de la société. 

L'un des premiers soucis des Gouvernements qui ont 
présidé aux premiers temps de notre nationalité fut 
d'étendre aux différentes branches artistiques l'institution 
des grands concours de peinture et de sculpture, créée par 
le Roi Guillaume, institution qui avait pour but d'aider 
par une bourse de voyage l'artiste qui se serait distingué 
dans une de ces branches, à se perfectionner en allant 
s'inspirer des immortels chefs-d'oeuvre que piste: les 
pays étrangers, notamment l'Italie. 


PEPN TOR ce) lt M RES 


( 389 ) 

Gustave De Man fut le lauréat du premier grand con- 
cours d'architecture qui eut lieu en 1854. 

Notre confrére avait alors 29 ans. Il était arrivé à la 
plénitude de la jeunesse, c'est-à-dire à l'époque oü les 
organisations bien douées sont l: s plus aptes à s'assimiler 
le sentiment du beau. 

Peu d'années aprés son retour en Belgique, en 1841, le 
Gouvernement attacha De Man au Ministère des Travaux 
publics en qualité d'ingénieur pour la construction des 
bàtiments des chemins de fer. Le nouveau systéme de 
relations de ville à ville, de contrée à contrée, exigeait 
des dispositions et une architecture toutes spéciales pour 
les édifices destinés à ce service. 

On cite de De Man, entre autres, ses bàtiments de la 
halte de Cureghem, de Koekelberg, de l'Ouest, élevés de 
1870 à 1879, constructions on ne peut plus heureusement 
appropriées à leur service et dont le caractère architecto- 
nique se distingue autant par l’élégance que par de bonnes 
proportions. 

Dix années aprés l'entrée de De Man au Ministére 
des Travaux publies (1850), le Département de l'Intérieur 
le chargea de l'inspeetion des bàtiments et du mobilier des 
athénées et des écoles moyennes de l'État, lourde tâche, 
dans laquelle notre confrére put surtout faire ressortir 
l'esprit pratique qu'il avait recueilli pendant ses voyages . 
à l'étranger. Il dut bien s'acquitter de sa mission, car de 
1851 à 1871 le méme Département lui confia l'examen 
de tous les projets de construction de maisons d'école, 
el ils étaient déjà nombreux à cette époque, à en juger par 
les soins que les pouvoirs qui se sont succédé ont mis à 
développer l'instruction dans tout le pays. 


( 390 ) 

C'est pendant cette longue période que De Man s'occupa 
à dresser des plans et à élever des édifices pour le Départe- 
ment de l'Intérieur; que De Man construisit les élégantes 
tribunes de l'ancienne plaine des Manœuvres, au Quartier 
Léopold. en 1845; les bàtiments de la grande Exposition 
agricole de 1848; et d'autres constructions du méme genre 
que le Gouvernement lui confia ensuite : constructions 
éphémères, mais qui ne réclamaient pas moins toutes les 
qualités sérieuses que comporte l'art architectural. Son 
hospice des enfants rachitiques, à Ixelles (1855), date 
encore de cette période. 

Le sentiment architectonique tout particulier qui prési- 
dait à ses conceptions, les heureuses dispositions et les 
agencements de ses constructions valurent à De Man la 
faveur de nombreuses constructions d'hótels privés et de 
chàteaux. 

A l'architecture civile ne se borna pas le talent de 
De Man. Il s’acquitta avec un goût heureux de la con- 
struction, à Bruxelles, de la sacristie de l'église de N.-D. 
des Victoires, au Sablon, 1846, et de la chapelle évangélique 
rue Belliard, 1850; des églises de Sugny, 1851; de Rou- 
vroy, 1856; de Macon, prés de Chimay, 1859; de Couvin, 
1865; d'Ethe, 1864, et de Lacuisine, 1869. 

Ce n'est que depuis peu d'années que Bruxelles possede 
un Palais des arts, grâce au talent d'un des nôtres. Avant 
cette époque, les solennités avaient lieu soit au temple 
des Augustins, soit dans l’ancien Palais ducal. En 1855, 
De Man appropria, à la demande du Gouvernement, le 
premier de ces édifices pour les concerts du Conserva- 
_ toire, et en général pour les grandes solennités publiques. 
En 1860, il appropria le second pour la méme destina- 
tion. 


| 
l 
1 
| 
À 
4 


( 991 ) 

Il avait espéré pouvoir attacher encore son nom à une 
œuvre importante : On lui avait confié en 1865 les plans 
du Palais du Roi à Ostende. Cet édifice, dont on n'a jeté 
que les fondements, resta inachevé. 

Ostende doit au regretté défunt son débarcadère des 
bateaux à vapeur, dont la construction remonte à 1869. 

En raison de sa notoriété artistique, la place de De Man 
était naturellement indiquée dans la Commission royale 
des monuments; sa nomination date de 1859. 

Quelques années aprés (1865), il remplaca Roelandt 
comme membre titulaire de l'Académie. Plus d'une fois 
la Classe des beaux-arts recourut à son judicieux juge- 
ment; notre confrère prouva qu'il avait aussi quelque 
habileté à manier la plume. 

De Man avait été nommé professeur de l'Académie des 
beaux-arts de Bruxelles en 1863. Nous n'avons pas à 
parler iei de son professorat. 

Le Gouvernement l'avait nommé à la méme époque 
chevalier de l'ordre de Léopold. 

Telles ont été la carrière et l'oeuvre de celui dont nous 
entourons en ce moment la dépouille mortelle. Rappeler 
ce qu'il a fait est le plus bel éloge que nous puissions faire 
de lui. 

Adieu, cher et affectionné confrére, au nom de la Classe 
des beaux-arts, toi dont l'existence a été si dignement et 
si noblement remplie par le travail. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


La Classe, après avoir reçu communication d’une dépêche 
ministérielle transmissive d'une lettre de l'Académie royale 
des beaux-arts d'Anvers, relative à un envoi réglementaire 
de M. Verbrugge, prix de Rome pour la peinture, décide 
le renvoi de ces piéces, pour rapport, à une commission 
composée de MM. Fétis, Slingeneyer, Robert, Guffens et 


Verlat. 
AR ASPE 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


Goblet d’Alviella (Le comte E.). — Religion ou irréligion de 
l'avenir. Bruxelles, 1887; extr. in-8° (50 p.). 

De Heen (P.). — Détermination d'une relation empirique 
entre le coefficient de frottement intérieur des liquides et les 
variations que celui-ci éprouve avec la température. Bruxelles, 
188^; extr. in-8° (5 p.). 

— Détermination, à l'aide d'un appareil nouveau, du coeffi- 
cient de diffusion des sels en solution et des variations que 
cette quantité éprouve avec la température. Bruxelles, 1884; 
extr. in-8° (20 p.). 

— Détermination des variations que le coefficient de frotte- 
ment intérieur des liquides éprouve avec la température. 
Bruxelles, 1886; extr. in-8° (16 p., 4 pl.) : 

Borlée. — De la réhabilitation de la saignée et des émissions 
sanguines dans les congestions et les inflammations, ete: 
Bruxelles, 1884; extr. in-8° (16 p.). 

— Rapport sur un travail intitulé : « Les applications eu 
propriétés antiseptiques du borax et de l'acide borique- ? 
Bruxelles, 1887; extr. in-8° (7 p.). 


«AS do. m AR CERE o. ARTS QE MR 


( 393 ) 

Burggraeve (D'). — Concours Guinard pour l'amélioration 
de la position matérielle et intellectuelle de la classe ouvriére 
en général, ete., 5?* éd., Gand, 1887; vol. pet. in- 16. 

Nizet (F.). — Notice sur les catalogues de bibliothèques 
publiques, 2° éd. Bruxelles, 1887; br. in-8°(50 p ). 

Blanckart (Charles de). — Histoire moderne (1860-80), 
tomes I et 1I. Bruxelles, 1885-86 ; 2 vol. in-8°. 

Drumaux (Arthur). — Fleurs d'Ardenne. Bruxelles, 1887; 
vol. in-19. 

Poskin (Ach.). — « Les Trous » au mauvais air, de Nivezé 
(Spa) Notice sur les sources d'acide carbonique. Bruxelles, 
1887 ; in-8° (42 

Ministère de l'Agriculture, ete. — Rapport sur la situation 
des sociétés de secours mutuels pendant les années 1883-85. 
Bruxelles, 1887: gr. in-8*. 

— Bulletin. de la fédération des sociétés d'agriculture de 
Belgique, 1885-85. Bruxelles, 1887 ; vol. in-8°. 

Société chorale et littéraire des Mélophiles de Hasselt. — 
Bulletin de la section scientifique et littéraire, 25"* volume. 
Hasselt, 1886 ; in-8°. 

Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut. — 
Mémoires, 4° série, tome IX. Mons, 1887 ; vol. in-8*. 


— 


gz 
— 


ALLEMAGNE. 


Kölliker (A. von). — Die Untersuchungen von Golgi ueber 
den feineren Bau des zentralen Nervensystems. léna, 1887; 
extr, in-89 (7 

Verein für Geschichte der Mark Brandeburg. — Märkische 
Forschungen, Band XX. Berlin, 1887; vol. in-8*. 

Gesellschaft « Philomathie » , in Neisse. — 21°, 22% und 

23° Bericht, 1879-86 ; in-8°. 


9"* SÉRIE, TOME XIV. 26 


( 594 ) 


AMÉRIQUE. 


Pickering (Edw -C.). — Observations of variable stars in 
1886 Boston. 1887; extr. in-8° (16 p.). 

Langley, Young et Pickering. — Pritchard's wedge Photo- 
meter. Boston, 1887; extr. in-4° (99 p.). 

Burmeister (German). — Atlas de la description physique 
de la République argentine, 2* section : Mammiféres, 5* liv. 
Buenos-Ayres, 1886; cah. in-folio. 

Academia nacional de ciencias en Cordoba. — Boletin, 1886, 
1° y 2*. In- 8*. 


l'RANCE. 


Institut de France. — Annuaires pour 1886 et 1887. Prix de 
vertu : discours prononcé le 25 novembre 1886. 

Gosselet (J.). — Note sur quelques Rhynchonelles du terrain 
dévonique supérieur. Lille, 4887 ; extr. in-8* (32 p , 5 pL). 

— Note sur le Famennien. Lille, 1887; extr. in-8° (16 pe) 

Lasaulx (A. de). — Précis de pétrographie. Introduction à 
l'étude des roches, traduit de l'allemand par IT. Forir. Paris, 
1887; pet. in-8°. 

O'Dru de Revel (Joseph). — Message de Dieu aux hommes 
de mon temps et à ceux de l'avenir, ou Dieu et l'enfant, 9e éd. 
Grenoble; vol. pet. in-8°. 

Fraipont (Julien). — La poterie en Belgique à l'àge A 
Mammouth : 1" partie, la poterie de la grotte d'Engis. Paris, 
1887; extr. in-8° (20 p.) 

Monseur (Eug.). — Cànakya. Recension de cinq recueils i 
stances morales. Paris, 1887 ; gr. in-8° (xix- 70 p.). 


ad Me ee ed UE Ueeee erc Y STR RU T 


( 595 ) 

Pascaud (Henri) — Science économique, législation et 
jurisprudence (articles divers dans l'Économiste francais, la 
Gazette des Tribunaux, et la Revue critique de législation). 
Paris, 1875-86 ; 21 br. in-8° et 9 journaux. 

— Des actions en détaxe contre les compagnies de chemins 
de fer, Paris, 1885; extr. in-8° (6 p.). 

— De la responsabilité du colocataire chez lequel l'incendie 
a pris naissance. Paris, 1884; extr. in-8° (10 p). 

— Del'abrogation de l'exception de jeu dans les opérations 
de bourse et les spéculations commerciales. Paris, 1877 ; extr. 
in-8 (13 p.). 

— La lettre de change et les modifications qu'elle comparte., 
Paris, 1885; extr. in-8° (18 p.). 

— Du recours de l'ouvrier contre le patron en cas d'acci- 
dent. Paris, 1883; extr. in-8° (7 p.). 

— De la plainte de la partie civile devant le juge d'instruc- 
tion, Paris, 1884; extr. in-8° (22 p.) 

— Un projet de réforme dates Paris, 1885; extr. 
in-8° (15 p.). 

— La puissance paternelle et ses déchéances nécessaires. 
Paris, 18815; extr. in-8° (8 p.). 

— La séparation des pouvoirs et les conflits d'auributions. 

Paris, 1878; in-8° (54 p.). 

— La police des mœurs. Paris, 1878 ; extr. in-8° (20 p.). 

— De l'organisation communale ct municipale en Europe, 
aux États-Unis et en France, Paris, 1877; vol. in-8° (288 p.). 

— Étude historique et eritique des différents systémes 
d'organisation du suffrage politique. Paris, 1875 ; in-8° (85 p). 

Comité international des poids et mesures. — Procés-ver- 
baux des séances de 1886. Paris, 1887; vol in-8°. 


( 396 ) 


ITALIE. 


Guecia(G.-B.). — Sui sistemi lineari di superficie algebriche 
dotati di singolarita base qualunques. Palerme, 1887; in-8° 
(42 p.). 

Accademia agraria di Pesaro. — Primo congresso degli 
agricoltori marchigiani, 1885 : Resoconto. Pesaro, 1887; in-8°. 

Osservatorio della regia Universita di Torino. — Bollettino, 
1887. In-4*. 


PAYS DIVERS. 
Reuter (F.). — Observations météorologiques faites à 
Luxembourg, 5° et 4° volumes. Luxembourg, 1887; 2 vol. in-8°. 
Steen (A ksel-S.). — Die internationale Polar forschung, 1882- 
85. Bcobachtungs-Ergebnisse der norwegischen Polarstation 
Bossekop in Alten, I. Theil. Christiania, 4887 ; vol. in-4°. 
Warfvinge (F.-W.). — Arsberattelse fran Sabbatsbergs 
Sjukhus i Stockholm, 1886. Stockholm, 1887; in-8". 


TABLE DES MATIÈRES. 


CLASSE DES SCIENCES. — Séance du 6 août 1887. 


> 


CORRESPONDANCE. — Annonce de la mort de L.-G. de Koninck. — Commu- ` 
nication du rapport de M. Pelsener sur les résultats de sa mission à la 
Station zoologique de Naples — M. Van der Mensbrugghe remet, pour 
l'Annuaire, sa notice sur F. Duprez. — D ak d'un billet he par 
C. Malaise. — L'Académie de Metz adresse son programme de concours 
pour 1887 et 1888. — L'Académie de Soie à à Nancy, adresse le pro- 
sramme du Prix de chimie fondé par Paul Bonfils. — Hommage d'ou- 
vrages. — Travaux manuscrits soumis à l'examen, . + + + ++ 186 

CONCOURS ANNUELS, — Mémoires re 188 

Discours prononcé aux funérailles. de L- -G. de Koninck; par Ja De Til. 489 


1 
: 
i 
4 


RAPPORTS. — Dépôt aux archive à í ; c ks 
M. Nic-Daniel . . aa | e am 
Avis exprimés : de par "a p Beneden e et. cra Bambeke su sur une ee 
de subside faite par M. Ch 4 . ibid. 
T» r M. Bd Van pep e de de Selys Longchamps : sur un travail de. 
M. Ad. D z ad 
5° par M. de Selys Longchamps sur un travail de Bar 
faune des Nertéhrés de la Belgi 


nr ns AT DRE EE e re ME EMEND rie D SD ES Sd COR ÉD, “Site SE T SE RIT MEL. EEEE E OO E E NS CS 


d le sulfure de cadmium colloidal; par Eug. Prost 
| des nn MM par En rancois JE: 
De r de quelques Cucurbitacées nouvelles; par Alfred DAN 
Des races et des variétés dans per MUSTELA PUTORIUS; par / 
rion 


Sur. quelques apici rares de de dis des: Vertébrés ds " ipie, (CUR 


observées dans le itane d belge; par C. Bamps . . . . 


CLASSE. DES LETTRES. — Séance. du Lact aoüt 1887. 


| Gnome. — Annonce de la mort de J.-F. Tielemans. s Faider 
Par en ip Mie: — M. Piot t remet le n rit 


in. 


és fero e noms pour le choix du jury dû prix Guinard 


ie 
funérailles de J-F. Tielemans, s, treu de 


le M. Ém. de pirn Mme 


laires du Dre: du hd de la ner pie x 


ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 


DES 


LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


56° auuee, 3 sue, tome 14 


N" 9-10. 


BRUXELLES, 


F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE, 


Rue de Louvain, 108. 


1887 


Rae APTE TT NY LENS UR UN NER, Ee m a GROS ET e s TO PRRIG T JUS ND S Léna e reri , 
- SS À ' à n ui epe A IRVPW UE è ^ 
IARAA : : 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 
DES 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE 


1887. — Nos 9-10. 


CLASSE DES SCIENCES. 


Séance du 8 octobre 1887. 


M. J. De TirLv, directeur, président de l'Académie. 
M. Liang, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Fr. Crépin, vice-directeur; J.-S. 
Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- 
champs, Gluge, J. C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, 
E. Candéze, Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, 
F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Éd. Mailly, Ch. Van 
Bambeke Alf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, 
W. Spring, Louis Henr y, M. Mourlon, membres; E. Catalan, 
associé; A. Renard, P. De Heen et C. Le Paige, corres- 
pondants. 


M. Sterry Hunt, géologue, membre de la Société royale 
O"* SÉRIE, TOME XIV.  ' 91. 


( 398 ) 


CORRESPONDANCE. 


= 


. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publics demande que la Classe des sciences pro- 
cède, conjointement avec la Classe des lettres, à la forma - 
tion de la liste double des candidats pour le choix du jury 
qui jugera la première période du concours décennal des 
sciences philosophiques (1878-1887). 


— Le méme Ministre transmet une ampliation de l'arrêté 
royal du 30 juillet dernier, nommant membres du jury 
chargé de juger le quatrième concours pour la collation 
du prix Guinard : MM. P.-J. Van Beneden et Briart, 
proposés par la Classe des sciences, et Ém. de Laveleye, 
Liagre et Rivier, proposés par la Classe des lettres. 


— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l’Académie, 
un exemplaire : : 

1° Des exposés, avec annexes, de la situation adminis" 
tralive des provinces pour 1886; 

> De l'ouvrage de MM. Corneli et Mussely : Anvers e! 
l'Exposition universelle de 1885 ; À 

5° Du Mémoire de zoologie présenté au concours univer- 
sitaire de 1886, pour la collation des bourses de voya8e; 
par M. Oscar Terpve, docteur en sciences naturelles de 
l'Université de Liège. — Remerciements. 
fait 


— La Société des sciences naturelles de Hambourg ^ 


savoir qu'elle célébrera, le 18 novembre prochain, 
cinquantiéme anniversaire de sa fondation. 


(.399 ) 

— Le comité constitué en Hollande pour la célébration 
du soixante-dixième anniversaire de M. Donders, pro- 
fesseur à l'Université d'Utrecht et associé de l'Académie, 
soumet une liste de souscription à l'effet de fonder, à cette 
occasion, une institution scientifique qui portera le nom 
du jubilaire. 


— La Classe accepte le dépót dans les archives de deux 
plis cachetés adressés, l'un par M. le D" De Keersmaecker, 
de Bruxelles, l'autre par M. le lieutenant-colonel d'artille- 
rie Léopold Verstraete. 

Elle autorise la restitution à M. Émile Laurent, profes- 
seur à l'École d'horticulture de Vilvorde, du pli déposé par 
lui dans la séance du 1** août 1885. 


— M. Delaey, à Roulers, adresse de nouvelles commu- 
nications se rapportant à divers sujets scientifiques. — 
Dépôt aux archives. 


— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à 
l'examen de commissaires : 

1* Action gustative des acides; par Joseph Corin. — 
Commissaires : MM. L. Frederieq et Jos. Delbœuf; 

2 Sur la théorie de l'Involution; par Fr. Deruyts. — 
Commissaires : MM. Le Paige et Mansion; 

5° Observations physiques sur Saturne, faites en 1887; 
par Paul Stroobant. — Commissaires : MM. Folie et 
Houzeau. ; 


— Hommages d'ouvrages : 

1° Odonates de l'Asie mineure et revision de ceux des 
autres parties de la faune paléarctique; par le baron de 
Selys Longchamps; : 
- X Observations sur une grande scolopendre vivante; par 
F. Plateau; 


. 400 ) 

5° Résumé du cours d'analyse infinitésimale de l'Uni- 
versité de Gand; par P. Mansion; 

4° Théorie mécanique de la chaleur, par R. Clausius, 
2* édition traduite sur la 5* édition de l'original allemand, 
tome ]**; par F. Folie et E. Ronkar; 

d° a) Construction et emploi du métronome en musique; 
b) Théorie et application du pendule à deux branches; 
€) La thermodynamique et l'étude du travail chez les étres 
vivants ; par G.-A. Hirn; 

.6* Recherches sur la structure de la substance fondamen- 
tale du tissu osseux; par O. Van der SUIS 

7° Trajectoire d'un corps assujetti à se mouvoir sur la 
surface de la terre sous l'influence de la rotation terrestre; 
par L. Lindelóf, de Helsingfors. (Présenté par M. Van der 
Mensbrugghe avec une note qui figure ci-aprés); 

8" Méthode pour la détermination des parallaxes par 
des observalions continues ; par Ch. Lagrange. 

9" Propositions relatives aux bases à employer dans le 
calcul des tarifs de la Caisse de retraite, réduits à 3 °l 
Premier rapport; par le capitaine Mahillon (avec deux 
autres rapports). — Remerciements. 


NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. 


J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un Mémoire 
très intéressant de M. L. Lindelöf, conseiller d'État, chef 
de l'administration supérieure des Écoles en Finlande, 
bien connu par ses travaux d'analyse et notamment par 
son caleul des variations, rédigé en coliaboration avec 

l'abbé Moigno. 

Le Mémoire actuel a pour titre : Trajectoire d'un corps 
assujelti à se mouvoir sur la surface de la terre sous l'in- 
fl ence de la rotation terrestre. 


( 401 ) 

L'auteur rectifie les notions peu exactes qui ont cours dans 
des traités populaires et méme dans des publications scien- 
tifiques sérieuses, quant à l'influence exercée par la rotation 
dela Terre sur le mouvement des corps à sa surface. S'agit-il, 
par exemple, d'expliquer la déviation d'un courant atmo- 
sphérique vers l'O. ou vers l'E. suivant qu'il s'approche 
ou qu'il s'éloigne de l'équateur, on attribue ce phénoméne 
simplement à la variation de la vitesse linéaire de la rota- 
lion terrestre aux différentes latitudes, variation à laquelle 
le courant ne participerait pas. Mais, suivant M. Lindelöf, 
cette explication est loin d’être suffisante, et poursuivie par 
l'analyse, elle donnerait une idée fort inexacte du chemin 
du courant ou d'un corps en mouvement. Ainsi, d'aprés 
cette explication, il n'y aurait pas de déviation pour un 
courant allant vers l'E. ou vers l'O., tandis que. en réalité, 
la déviation, ou pour mieux dire, la courbure horizontale 
en un point donné de la trajectoire est exactement la 
méme pour tous les azimuts et ne dépend que de la 
vitesse et de la latitude. 

Demande-t-on pourquoi les grands fleuves de l'Asie et de 
l'Amérique qui suivent la direction d'un méridien tendent 
à ronger leur rive droite, tandis qu'une pareille tendance 
n'aurait pas lieu pour les cours d’eau dirigés vers l'E. ou vers 
l'O., la réponse donnée vulgairement est aussi erronée que 
la précédente : il n'y a pas de raison, dit l'auteur, pour que 
l'effet ci-dessus ne se produise pas dans tous les cas. 

Le Mémoire de M. Lindelóf est divisé en quatre parties: 
dans la première, l'auteur établit les équations différen- 


elles du mouvement, et en tire immédiatement quelques 
propriétés essentielles de la trajectoire; la seconde ren- 


ferme la discussion des diverses formes possibles de la 
trajectoire, quand on fait varier de toutes les maniéres les 
données du probléme; la troisiéme est consacrée à l'inté- 


( 402 ) 
gralion des équations du mouvement; enfin dans la qua- 
trième, l'auteur applique sa théorie à l'étude de la route 
de l'onde atmosphérique observée à la suite de la mémo- 
rable éruption volcanique de Krakatoa en 1885. 

Je n'ai pas encore eu le temps d'étudier le beau travail 
de M. Lindelóf avec toute l'attention qu'il mérite; il m'aura 
suffi, je pense, de faire connaitre l'objet de chacune de ses 
parties pour montrer tout l'intérét qui s'attache aux der- 
niéres recherches du savant géométre de Helsingfors. 

G. VAN DER MENSBRUGGHE. 


CONCOURS EXTRAORDINAIRE POUR 1887. 


M. le secrétaire perpétuel dépose sur le bureau deux 
mémoires reçus pour le concours extraordinaire se rap- 
portant à l'assainissement des rivières, la vie el la repro- 
duction des poissons. 

Le premier, écrit en francais, porte la devise : Travail 
el persévérance. 

Le second, écrit en allemand, porte la devise : Trutta. 

Commissaires : MM. P.-J. Van Beneden, Spring et de 
Selys Longchamps. 


RAPPORTS. 


Il est donné lecture du rapport de MM. Van Beneden, 
pére et fils, et F. Plateau sur la mission dont M. P. Pelse- 
neer a été chargé à la Station zoologique du D" Dohrn, à 
Naples. — Ce rapport sera communiqué à M. le Ministre de 
l'Agriculture, de l'industrie et des Travaux publics. 


— 


( 403 ) 


Sur un mode de préparation de la phénylehydrazine; 
par A. Reychler. 


Rapport de M. Stas. 


« M. Reychler, docteur en sciences, m'a prié de pré- 
senter à la Classe une courte note relative à un mode de 
préparation de la phénylehydrazine. Ce travail est bien 
concu et bien exécuté; le doute n'est pas possible ni sur 
la nature du produit, ni sur le rendement considérable 
obtenu. J'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'or- 
donner l'insertion de la note de M. Reychler dans le 
Bulletin de la séance. » 


La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles a souscrit 
M. Spring. 


Sur la masse de la planéte Saturne; par L. de Ball. 
Rapport de M. J. €. Houzeau, premier commissaire, 


« J'ai l'honneur de rendre compte à la Classe d'un. 
mémoire de M. L. de Ball, de l'Observatoire de Cointe, 
déjà connu de l'Académie par plusieurs travaux exacts 
d'astronomie. : 

Dans la présente communication, M. L. de Ball discute, 
pour en déduire la masse de Saturne, une partie des obser- 
vations qu'il a faites des satellites de cette planéte, dans. 
l'hiver de 1885 à 1886. Il a réuni alors, en se servant du 
réfracteur de Cointe de 0^,95 d'ouverture, cent cinquante- 
sept mesures portant sur les cinq anciens satellites de 
Saturne. Dans ces derniéres années, les observateurs ont 


( 404 ) 

trouvé qu'il était plus sûr de comparer entre eux les satel- 
lites, qui sont de petits points brillants, plutôt que rappor- 
ter ces satellites au globe de Saturne. C'est aussi la méthode 
que l'auteur a employée. Quarante-trois des mesures qu'il 
a réunies sont des positions relatives de Titan et de Japet, 
savoir : vingt-cinq différences d'ascension droite et de 
déclinaison, et dix-huit angles de position avec distances. 
Le mémoire actuel est consacré au calcul de ces mesures, 
pour en déduire la correction des éléments des satellites 
employés, ainsi que la masse de Saturne. 

Il ny a rien de particulier à signaler dans la marche 
des caleuls. L'auteur suit la méthode de correction de 
Bessel. Il y a apporte d'ailleurs l'ordre et le soin auxquels 
il nous a accoutumés dans ses précédents travaux. 

On voit par ses résultats à quel degré d'approximation 
les astronomes sont arrivés dans la connaissance du sys- 
tème de Saturne. Les corrections des éléments de Titan 
et de ceux de Japet de M. L. de Ball sont fort petites. La 
plus importante est celle du périsaturne de Japet, qui 
diffère d'un peu plus de 2 de la longitude déterminée par 
A. Hall, d'aprés ses observations de 1875-77. Mais comme 
l'excentricité de l'orbite de ce satellite est peu considérable, 
le périsaturne est nécessairement assez indécis. Une 
seconde correction d'une certaine importance est celle de 
prés de +° sur l'inclinaison de l'orbite de Titan. Les 
observations que l'on possédait jusqu'ici s'accordaient 
cependant à donner à ce satellite une inclinaison un peu 
moindre que celle du mémoire, et les mesures de W. Meyer 


tendaient à diminuer encore les nombres de Bessel et de 


Jacob. 

Le résultat principal de ces calculs est toutefois la 
détermination de la masse de Saturne, d’après les élonga- 
tions. Chaque stallite fournit une valeur. La différence 


a ah 
Pare MR 


( 405 ) 

entre les deux chiffres est un peu supérieure à la somme 
des erreurs moyennes des deux résultats, circonstance qui 
prouve une fois de plus qu'on ne peut pas regarder les 
écarts des observations comme uniquement accidentels, et 
réglés par la seule loi de possibilité. 

Le résultat général [masse de Saturne — = de la 
masse du soleil], est un peu plus faible que les valeurs 
obtenues par les derniers observateurs, W. Meyer, A. Hall 
et H. Struve. Mais cette différence est de l'ordre de celles 
qui se rencontrent dans les déterminations astronomiques; 
en la notant, je n'ai pas pour but de diminuer le mérite du 
travail de M. L. de Ball, lequel me parait digne de figurer 
dans le recueil de nos Mémoires couronnés. Le format 
in-4* serait évidemment c. lui qui conviendrait le mieux à 
l'impression des tableaux de calculs. 

J'ai done l'honneur de proposer à la Classe de voter 
cette impression, et d'adresser des remerciements au labo- 
rieux auteur du mémoire. » 


—— 


Rapport de M, Folie, second commissaire, 


« Je me rallie entiérement au rapport de mon savant 
confrére; je n'ai à y ajouter qu'une remarque, destinée 
à préciser un peu davantage la dernière observation pré- 
sentée dans ce rapport. 

Le résultat moyen de M. de Ball rzs qui provient 
de i combinaison des deux résultats partiels 275-5 et 
3301.5, Est, à la vérité, plus faible que ceux de W. merr, 
A. Hall et H. Suoni; ces derniers sont, en elfet, 55353 
«Meyer, 1884, zi, (1882) et sraz (1885) (A. Hali), 
5194» (Japet) z; sos (Titan) et $755; (Titan) 51008 (Rhéa) 
(H. Struve). Mais on voit que la seconde détermination de 


( 406 ) 
M. H. Struve se rapproche cependant beaucoup de celle de 
M. de Bàll, et il semble que la masse attribuée par A. Hall 
à Saturne soit en effet trop considérable. 

Déjà, comme le fait remarquer M. de Ball, Hill a déclaré 
que ses recherches sur les perturbations mutuelles de 
Jupiter et de Saturne ne lui permettent pas d'admettre, 
pour la masse attribuée à ce dernier par Bessel, 3595 
(1834), une correction telle qu'elle résulterait de la déter- 
mination de Hall. 

J'ajouterai que Le Verrier a donné (1876) le chiffre 


9.6* 

IT faut reconnaitre toutefois que les observations sont 
trop peu nombreuses, vu surtout le grand nombre des 
équations à résoudre, pour pouvoir en tirer une eonclusion 
un peu définitive. 

Heureusement ce ne sont pas les seules que M. de Ball 
ait faites. Outre Japet et Titan, dont les observations, au 
nombre de 45, font l'objet du travail actuel, il a fait éga- 
lement 36 observations de Titan et Rhéa, 97 de Rhéa et 
Téthys, 29 de Rhéa et Dione, 22 de Dione et Téthys. 

Nous ne pouvons qu'engager M. de Ball à nous donner 
la suite de ce travail, qui sera certainement de nature à 
jeter quelque lumière sur la question encore assez indéeise 
de la masse de Saturne. » 


La Classe adopte les conclusions de ces deux rapports: 
elle décide l'impression du travail de M. de Ball dans le 
recueil in-4° des Mémoires des savants étrangers. 

Des remerciements ont été votés à l'auteur. 


. A07 


COMMENICATIONS ET LECTURES. 


Recherches expérimentales sur la vision chez les Arthro- 
podes (première partie). — a. Résumé des travaux 
effectués jusqu'en 1887 sur la structure et le fonction- 
nement des yeux simples. b. Vision chez les Myriopodes ; 
par Félix Plateau, membre de l'Académie royale de 
Belgique, professeur à l'Université de Gand, etc. 


AVANT-PROPOS. 


J'ai fait paraître dans le Bulletin de 1885, sous le titre : 
Recherches expérimentales sur la vision chez les Insectes; 
les Insectes distinguent-ils la forme des objets (1)? une notice 
préliminaire dont la: publication avait surtout pour but de 
prendre date au sujet de quelques procédés. 

La facon dont ce petit travail fut accueilli et les critiques 
du reste bienveillantes dont il fut l'objet de la part de 


genre d'études, et méme à étendre mes investigations bien 
au delà de la question spéciale dont je m'étais d'abord pro- 
posé la solution. 


end iiie E E 


(A) Bull. de P Acad. roy. de Belgique, 5* série, t. X, n° 8; 1885. 
(2) J'ai tenu largement compte des objections formulées; elles 
seront exposées ultérieurement dans la 4° partie. 


MM. Westhoffet Aug. Forel (2) m'engagérent à poursuivre ce 


( 408 ) 

Depuis deux ans, j'ai cherché toutes les occasions de 
m'éclairer, j'ai multiplié les observations sur les animaux 
en liberté, et j'ai effectué sur la vision des Myriopodes, des 
Arachnides et des Insectes un nombre considérable d'expé- 
riences variées, dont les résultats m'ont parfois permis de 
remplacer par des données positives les hypothéses basées 

sur l'anatomie seule. 

Malgré mes efforts, je ne puis cependant me flatter 
d'avoir épuisé le sujet; travailleur isolé, j'ai certainement 
laissé échapper des détails qui frapperont d'autres obser- 
vateurs et j'ai dù, faute de temps, réserver pour plus tard 
des questions importantes, telles que celle de la visibilité 
des couleurs déjà abordée par des chercheurs éminents, et 
celle de la vision chez les Crustacés. 

Le Mémoire actuel est divisé en cinq parties qui seront 
publiées snccessivement et qui traitent des matières sui- 
vantes : 


PREMIÈRE PARTIE : a. Résumé des travaux effectués 
jusqu'en 1887 sur la structure et le fonctionnement des 
yeux simples. b. Vision chez les Myriopodes. 


DEUXIÈME PARTIE : Vision chez les Arachnides. 


TROISIÈME PARTIE : a. Vision chez les Chenilles. b. Rôle 
des ocelles frontaux chez les insectes parfaits. 


QUATRIÈME PARTIE : Vision à l'aide des yeux composes. 
Résumé anatomo-physiologique et expériences sur les 
Insectes. 


CINQUIÈME PARTIE : Perception des mouvements el con^ 
clusions générales. 


E 


ai lie ae EESTI EEN SE EC PEE A AEA 


( 409 ) 

En terminant cet avant-propos, j'exprime le désir légi- 
time que les spécialistes se donnent la peine de répéter 
quelques-unes de mes expériences. Si j'ai bien vu, de 
nouvelles confirmations transformeront les résultats que 
jénonce en faits définitivement acquis; si j'ài peut-étre 
mal interprété, les objections que l'on formulera auront 
une tout autre valeur que des critiques théoriques. 


PREMIERE PARTIE. 
CHAPITRE l. 


Résumé des travaux effectués jusqu'en 1887 sur la structure 
et le fonctionnement des yeux simples. 


§ 1. — Résumé anatomique. 


La bibliographie de la structure des yeux simples des 
Arthropodes, quoique moins étendue que celle qui con- 
cerne les yeux composés, est encore considérable. Ayant 
lu et analysé à peu prés tout ce qui a été publié sur cette 
matiére, je pourrais faire montre d'érudition et remplir 
plusieurs pages par une longue liste de travaux rangés 
chronologiquement depuis P. Lyonet (1762) jusqu'à l'aunée 
actuelle. Cette facon de procéder offre de l'utilité dans un 
traité, mais elle n'est pas de mise dans un Mémoire où 
l'on se propose, avant tout, de faire connaître Ms résultats 
d'expériences physiologiques. 

Je me bornerai donc, dans les lignes ci-dessous, à 


( 440 ) 
résumer aussi simplement que possible l'état actuel de la 
question, en utilisant les données fournies par les recher- 
ches importantes de H. Grenacher (1), V. Graber (2), 
E. Ray Lankester et A. G. Bourne (3), Ph. Bertkau (4), 
W. Patten (5), W. A. Locy (6) et E. L. Mark (7). 


(1) GnENAcnEn, Untersuchungen über das Sehorgan der Arthro- 
poden, Göttingen, 1879. 

Ueber die Augen einiger Myriapoden (Archiv für mikroskopische 
Anatomie, Band XVII, Bonn, 1880) 

(2) Graser, Ueber das unicorneale Tracheaten-und speciell das 
Arachnoideen-und Myriopoden- Auge (Archiv für mikroskopische 
Anatomie, Band XVII, Bonn, 1880). 

(9) Rav-LaxkssrEn ann Bourse, The minute Structure of the lateral 
and the central Eyes of Scorpio and ln (Quarterly Journal of 
microseopical Science, New series, n° 89. January, 1885). 

(4) Bznrkav, Beiträge zur Kenntniss der Sinnesorgane der Spinnen 
(Archiv für mikroskopische Anatomie, Band XXVII, 1886) 

(8) Parren, Eyes of Molluscs and Arthropods (Mittheilungen aus 
der zoologischen. Station zu Neapel. Sechster Band, IV Heft. Berlin, 
1886). Le Mémoire de Patten a été vivement critiqué par Ray- 
Lankester (Quaterly Journal of microscopical Science. October 4886, 
pp. 285 et suiv.) Patten a répondu dans Zoologischer Anzeiger, 
n° 251, 20 mai 1887, p. 256. Je dois naturellement me borner à 
signaler cette polémique. 

(6) Locv, Observations on the Development of Agelena navia 
(Bullet. of the Museum of comparative Zoology at Harvard College, 
vol. XII, n° 5, Cambridge, 1886). 

7) Mark, Simple Eyesin Arth lsí( mé il, vol. XIII, n° 3. 
Cambridge, 1887) ). L'ai dissate avec i bésubodg. de talent les tra- 
vaux de ses prédécesseurs (celui de Patten excepté). Le naturaliste 
qui désire approfondir ce sujet ne peut se dispenser de lire attentive- 
ment l'étude du savant américain. Cette lecture lui évitera bien des 
erreurs d'interprétation. 


TRAN C NERIS HER EDI NE à 


( 4414 ) 

Je réclame l'indulgence du lecteur, car, en présence de 
divergences d'opinions parfois multiples, un pareil résumé 
est fort difficile à rédiger d'une maniére satisfaisante. 

Je laisse naturellement de cóté les yeux de Peripatus 
el de Limulus sur les fonctions desquels je n'ai pu faire 
d'expériences. Les yeux des chenilles, qui offrent une 
structure spéciale, doivent aussi être écartés pour le 
moment : j'en parlerai dans la 3° partie. Ce qui suit con- 
cerne donc les ocelles des Insectes, des Myriopodes et des 
Arachnides (1). 

L'œil simple d'Arthropode est le résultat d'une invagi- 
nation locale de l'hypoderme. La partie la plus profonde 
de cet hypoderme invaginé donne lieu à une vésicule 
optique plus ou moins sphérique, tandis que la portion 
voisine de la surface redevient généralement continue pour 
former, devant la vésicule, une couche cellulaire, consti- 
tuant le prolongement de l'hypoderme général du corps. 

De méme que sur toute la surface de l'individu, la cou- 
che hypodermique externe sécréte une cutieule ehitineuse 
superficielle. Seulement, cette cuticule acquiert ici une 
grande épaisseur et devient, dans la plupart des cas, une 
volumineuse lentille transparente, la lentille cuticulaire 
ou le cristallin des descripteurs anciens (pl. I, ff. 4 et 5, l). 

La lentille est. presque toujours fortement biconvexe, 
la convexité de sa face profonde étant tantót moindre, 
tantôt plus forte que celle de sa face externe. 


(1) Je passe intentionnellement sous silence une série de détails 
tels que le tapis, certains groupes de fibres musculaires, les noyaux 
des cellules et leur position, ete. Les uns n'ont qu'une valeur histo- 
logique, et la connaissance des autres ne peut fournir aucun élément 
nouveau pour la théorie de la vision. 


( 442 ) 


Les valeurs suivantes en fractions de millimètres, 
empruntées à Graber, peuvent donner une idée approxi- | 
mative de la convexité de l'organe : i | 

1 
: 
Largeur |Épaisseur Ripport d 
1 
Scorpio (Buthus) europœus, yeux latéraux, 0,92 0,23 0,1 | 
| Buthus (Heterometrus) afer, yeux médians. 0,41 0,30 1,4 
Epeira Schreibersii, yeux antérieurs, . . 0,20 0,45 43 
dubihsabulosss Io ilc 0.05 0,08 0,6 
Scolopendra cingulata . . . . . . . 0,23 0,22 1,0 
Lühobius forficatus. cta . 1. . 0,07 0,07 1,0 
á 

Dans la lentille, les couches superposées qui caractéri- ; 

sent la cuticule des Arthropodes sont devenues plus épaisses, : 

. . leur densité, leur réfringence et leur courbure varient de 
| l'une à l'autre (1). Enfin, si l'on fait attention aux bonnes 
figures publiées par les auteurs, on voit que les couches 


sont enchàssées les unes dans les autres à la facon de ces 
vases de verre mince pour laboratoires de chimie que le 
- commerce livre par piles emboitées (2). S. Exner a con- 


TT MR RE OHIO RE S a 


(4) Dusannix, Sur les yeux simples ou stemmates des animaux 
articulés (Comptes rendus, Acad. sc. de Paris, t. XXV, p. 711, 1847.) 

(2) Voyez Grexacuer, Untersuchungen, ctc. op cit. pl. 1 à V. 
GRABER, op. cit., pl. VI, fig. 22. Guexacuer, Ueber die Augen einiger 
Myriapoden, op. cit., pl. XXI, fig. 41, ctc. 


( 445 ) 
slaté à peu près la méme chose dans les cornées des yeux 
à facettes de l'Hydrophile, et a trouvé, en outre, que les 
couches centrales réfractent plus fortement la lumière 
que les couches périphériques (1). 

Suivant l'opinion généralement admise et que le beau 
Mémoire de Locy sur le développement embryonnaire de 
l’Agelena nœvia me semble confirmer absolument, la 
couche hypodermique continue qui sécréte la lentille 
cuticulaire constitue ce que l'on appelle le corps vitré ou 
là couche vitrée de l'œil simple. Interposée entre la lentille 
et les éléments rétiniens, presque toujours limitée du côté 
profond par une fine membrane basale (membrane préré- 
ünienne de Graber), cette zone cellulaire transparente peut 
être ou assez épaisse (Larves de Dytiscides, Puce, Diptères 
muscides, œil des Hyménoptères en voie de développement, 
là plupart des yeux d'Arachnides) ou fort mince (ocelle 
de Vespa complètement développé, Grenacher. Yeux de 
Myriopodes, Gr aber); mais, malgré certaines assertions qui 
demandent confirmation, il est probable qu'elle existe 
toujours (2) (pl. I, fig. 1 et fig. 3 cv). 

La vésicule optique dont il nous reste à esquisser la 
Structure comprend deux catégories de cellules, des cellules 
Pigmentaires dont je me contenterai de signaler l'existence 


——— M M — 


(1) Sig. Exven, Ein. Mikrorefractometer (Archiv. für mikrosko- 
pische Anatomie, Band XXV, J. Heft, p. 110. Bonn, 1885). 

(2) Sans entrer dans les discussions que soulève ce point, il est 
utile de remarquer que les quelques recherches faites sur le déve- 
loppement de l'œil simple montrent que la couche vitrée n'a pas la 
méme importanee à tous les stades, et que, parfois trés épaisse dans 
l'eil jeune, elle peut étre réduite à une zone excessivement mince dans 
l'œil entierement formé. 


ow SÉRIE, TOME XIV. 28 


( 444 ) 
afin de ne pas surcharger la description de détails sans 
ulilité immédiate et des cellules rétiniennes, les rétino- 
phores de Patten. 

Les rétinophores, ainsi nommées (1) parce qu'elles 
servent de support aux éléments nerveux récepteurs, 
généralement trés allongées, insérées à peu prés norma- 
lement sur la paroi de la vésicule optique, convergent 
plus ou moins vers l'axe de l'ail, c'est-à-dire que leurs 
directions prolongées viendraient, dans beaucoup de cas, 
s’entre-croiser approximativement au milieu de la len- 
tille. 

Pendant longtemps on a considéré ces cellules comme 
répondant au type classique des cellules neuro-épithéliales, 
chacune d'elles effilée à son extrémité profonde semblant 
continuer une des fibres du nerf optique. De là, le terme 
de nerve-end-cells employé par Ray-Lankester et Bourne 
dans leur description des yeux des Scorpions. Mais d’après 
le remarquable travail de Patten, qui a fait faire incontesta- 
blement d'immenses progrès à nos connaissances sur la 
structure des organes visuels des Articulés, les terminai- 
sons nerveuses excitables par la lumière auraient une 
disposition plus complexe. 

On sait que chaque cellule rétinienne ou rétinophore 
produit un bátonnet transparent. Ce bàtonnet, de nature 
cuticulaire pour la grande majorité des auteurs, de nature 
protoplasmique pour Bertkau (2), est tantót terminal, 
c’est-à-dire situé à l'extrémité de la cellule dirigée vers la 


rend 


(1) J'ai mis au féminin plusieurs des termes nouveaux proposés 
par Patten; s'ils deviennent classiques, l'usage leur attribuera bientót 
un genre déterminé, 

(2) Op. cit., pp. 598, 599. 


TET ERAI EDS a Sd ER ROTEN 


EE RE SE PR Y IS MT TIS 


( 415 ) 
lumière, comme dans les ocelles des Insectes, dans les 
yeux médians antérieurs des Araignées, et probablement 
aussi dans les yeux des Myriopodes, tantôt latéral, oceu- 
pant alors une des longues faces de la rétinophore, modi- 
fication qui s'observe dans les yeux des Scorpions, ainsi que 
dans les yeux postérieurs et latéraux des Araignées. 

S'il s'agit d'ocelles peu complexes, les rétinophores plus 
ou moins fusionnées sont associées deux à deux; dans les 
yeux des Phalangium, elles paraissent associées trois à 
trois (1); enfin, dans les yeux centraux des Scorpions elles 
sont associées cinq à cinq. Chacun des petits groupes dis- 
tincts ainsi formés est une Ommatidie (9) (pl. I, ff. 4 et 5 o). 

Lorsque les bàtonnets sont terminaux, l'ommatidie est 
surmontée d'un corps bacillaire double (parfois triple); 
lorsque, au eontraire, les bàtonnets sont latéraux, l'omma- 
tidie enveloppe un faisceau central de deux ou de cinq 
bâtonnets (pl. I, fig. 9 et 4). 

Ceci posé, les fibres provenant de la subdivision du 
nerf optique, au lieu d'aboutir simplement à l'extrémité 
profonde effilée des cellules de la zone rétinienne, se 
srouperaient en petits faisceaux qui occuperaient chacun 
l'axe d'une ommatidie. De sorte qu'il y aurait non pas 
autant de fibres séparées qu'il existe de cellules, mais 
seulement autant de faisceaux ou nerfs axiles (axial nerve, 
Patten) qu'il y a de groupes ommatidiens (pl. I, ff. 1 et 5 n). 

Arrivé à la hauteur des corps bacillaires, le faisceau 


on 


(1) Aen juger au moins par la disposition des corps bacillaires ou 
psi: figurés par Grenacher (Untersuchungen, ete., op. cit., pl. II, 
g- 17 


(2) O‘pparidios, petit œil. 


MU DUE Th (STER e Sus ES N n. X NAT, ve ji DE 


( 446 ) 
axile pénétrerait dans ces derniers, puis se résoudrait dans 
l'épaisseur et dans toute la hauteur des bâtonnets en un 
réseau de fines fibrilles nerveuses transversales, le retini- 
dium (Patten) (pl. I, ff. 1 et 5 r). 
Les rétinidies des bàtonnets seraient, par conséquent, 
les véritables éléments récepteurs. 


§ 2. — Résumé physiologique. 


Réservant pour les chapitres suivants l'analyse des expé- 
riences faites antérieurement aux miennes et les concep- 
tions théoriques relatives à des cas spéciaux, j'examinerai 
seulement ici quelles sont les hypothèses qui ont été 
émises sur le fonctionnement des yeux simples, considérés 
d'une facon générale. 

La plupart des auteurs, frappés de l'analogie qui existe 
entre beaucoup d'yeux simples et les yeux des Vertébrés, 
ont admis la possibilité de là production d'une image ren- 
versée des objets extérieurs. Cependant, préoceupés 
surtout de la grande convexité de la lentille, ils ont 
presque toujours ajouté que la distance de vision distincte 
devait étre trés petite; les yeux simples étant, suivant eux, 
exclusivement conformés pour la vision des corps rappro- 
chés. 

Cette façon de raisonner suppose deux conditions qui 
n'existent pas : l'homogénéité de la lentille et la situation 
des éléments récepteurs au fond de la vésicule optique, 
comme chez les Vertébrés. : 

J'ai déjà dit que la lentille cuticulaire n'est pas homo- 
gene, qu'elle se compose de couches emboitées de cour- 
bures ct de réfringences différentes. 


RÉ EERST LUE où At RE ai dl E RS NR qe SE TS on ju ch 


( 417 ) 

F. Dujardin (1), considérant que les zones concentriques 
de la lentille sont d’autant plus courbes, c’est-à-dire ont 
des rayons de courbure d’autant plus courts qu’elles sont 
plus voisines de la surface (pl. I, fig. 1,1), en déduisit 
que, quelle que soit la distance d'un objet extérieur, les 
rayons qui en émanent rencontrent une zone susceptible 
de les réfracter de manière à donner encore lieu à une 
image située dans l'œil à une profondeur telle qu'elle puisse 
étre percue. 

En d’autres termes, grâce à la structure spéciale du 
corps réfringent, un objet serait représenté derrière cette 
lentille par autant d'images successives qu'il existe de 
zones, ou, si l'on veut, il y aurait une image coincidant 
avec les extrémités réceptrices rétiniennes pour autant de 
distances différentes de l'objet que la lentille compte de 
couches (2). 

Joignant l'expérience à la théorie, Dujardin montra à 
l'Académie des sciences de Paris nne lunette dont l'objectif 
était composé de plusieurs zones et qui, l'oculaire restant à 
la méme place, donnait quatre images distinetes pour 
autant de distances de l'objet visé. Enfin, employant des 
lentilles d'yeux simples d'Arachnides et d’Insectes, il crut 
constater que l'image reste en réalité distinete pour des 


(1) Duzanpiw, Sur les yeux simples ou stemmates, etc., op. cit., 
P. 715, et Annales des scienees naturelles, Zoologie, 5° série, t. VII; 
p. 107, 1867. 

(2) S. Parrexneim, Le problème de M. Dujardin relativement aux 
yeux des Insectes (Comptes rendus de l'Acad. des sc. de Paris, t. XXV, 
P. 809, 1847), a critiqué le travail de Dujardin, mais pour d'autres 
points dont nous ne nous occuperons pas ici. 


( 448 ) 
distances variables de l'objet « sans toutefois avoir le 
brillant de celle que donne une lentille à foyer unique ». 

J'ai rappelé aussi, plus haut, qu'Exner avait observé 
dans les cornéules des yeux composés que l'indice de 
réfraction des couches successives croissait des couches 
superficielles vers les couches centrales. Nous ignorons, 
bien que la chose soit probable, si ce fait est vrai pour les 
yeux simples; cependant on commettrait une imprudence 
en raisonnaut à la légère comme si la lentille était homo- 
géne. 

Quant à la situation des éléments récepteurs, on sait 
(pl. I, fig. 5, rr) que ceux-ci ne sont pas placés à la péri- 
phérie de la sphére optique, mais qu'ils sont, au contraire, 
groupés de facon à former une surface concave générale- 
ment voisine de la lentille cuticulaire, et méme si rappro- 
chée de celle-ci dans les yeux antérieurs des Araignées, 
les yeux des Faucheurs et les yeux simples des Vespides 
que, quelle que soit la grande convexité du corps réfrin- 
gent et la briéveté de sa distance focale, on peut conce- 
voir l'existence d'une image percue pour des objets assez 
éloignés. 

Reste, enfin, la question de l'acecommodation. En suppo- 
sant qu'il ne se forme qu'une seule image et non plusieurs, 
comme le voulait Dujardin, il est encore possible que la 
vision puisse avoir lieu d'une facon satisfaisante pour des 
distances variables : Grenacher (1) a fait remarquer le pre- 
mier que l'absence d'appareil spécial d'accommodation est 
peut-être compensée, dans l'œil simple, par la longueur des 


(1) Grexacuer, Untersuchungen über das Sehorgan, ete., op. cit 
p. 144. 


f 


CNN LIN ES d TE T RIO NER SE dd E 


CRC NT LE EC NE 


ETE IURE RSR D dE n 


CV ECT S 1m A PIS MERI EUREN TL SUPE 


RTS i he ne ANT EM 


TE 


RES E E Re UE EE CS AT KK WENT 
= TES 


( 419 ) 

bàtonnets; les rayons provenant d'un objet éloigné agissant 
sur l'extrémité antérieure de ces éléments, et ceux qui 
émanent d'un objet rapproché produisant leur effet à une 
profondeur plus ou moins grande, voisine de l'extrémité 
postérieure des corps bacillaires (1). Puis, plus récemment, 
sont venues les observations de Patten, d’après lesquelles 
toute la hauteur des bàtonnets se trouve occupée par un 
réseau au retinidium de fines terminaisons nerveuses 
transversales. Patten ne s’est pas occupé de la vision à 
l'aide des yeux simples; cependant si l'on applique à ceux-ci 
ce qu'il dit des yeux composés, aucune accommodation ne 
serait nécessaire, l'image rencontrant, pour des distances 
très diverses, des terminaisons réceptrices en nombre 
suffisant pour être perçue (2). 

Il résulte de exposé qui précède qu'il n'est pas du tout 
certain que les Arthropodes ne possédant que des yeux 
simples soient. nécessairement myopes, et qu'il n'y aurait 
rien de surprenant à ce que leur vue füt bonne dans des 
limites assez étendues. Mais comme toutes ces considéra- 
lions sont théoriques et que rien ne vaut l'expérimentation 
ou l'observation directe des mœurs, je n'insisterai pas 
davantage sur ce sujet, pour le moment. Des conclusions 
positives et d'une bien autre valeur découleront tout natu- 
rellement de l'ensemble des recherches expérimentales de 
mes devanciers et des miennes propres. 


m NNNM -= 


(1) Grenacher, dans le même passage de sa page 144, émet des 
doutes sur la possibilité du phénomène; la gaine de pigment qui 
enveloppe les bâtonnets jusque prés de leur extrémité antérieure 
constituant, pour lui, le principal obstacle à l'existence d'une image 
Située un peu profondément. 

(2) Je combattrai ce dernier point à propos des yeux composés 
(quatrième partie). 


(420 ) 


CHAPITRE IH. 
Vision chez les Myriepodes. 
$ 3. — Considérations générales. 


Ma notice intitulée : Recherches sur la perception de la 
lumière par les Myriopodes aveugles (1) qui, malgré son 
titre, contient la relation d'un certain nombre d'expériences 
effectuées sur le Lithobius forficatus, dans le double but 
de prouver que cet animal est excessivement lucifuge et 
d'apprécier sa sensibilité pour la lumière, est, je crois, 
jusqu'à présent, le seul travail expérimental à citer. En 
effet, les recherches de Gervais (2), Sograff (5), Graber (4), 
Patten (5), le livre de Carriére (6), sont purement anato- 


ml me mr E 


(1) Journal de 'Anatomie et de la Physiologie normales et patho- 
logiques, t. XXII. Septembre-octobre. Paris, 1886. 

(2) Gervais, Études pour servir à l’histoire des M yriapodes (Annales 
des sciences naturelles, série H, t. VI, p. 57. Paris, 4857). 

(3) Socrarr, Vorlaüfige Mittheilungen über die Organisation der 
Myriapoden (Zoologischer Anzeiger. II Jahrgang, p. 17, 187 

Ip., Anatomie du Lithobius forficatus , pl. MI, fig. 14, Moscou, 1880 
(en russe). 

(4) Graser, Ueber das unicorneale, ete., op. cit. 

(5) Parren, Eyes of Molluscs and Arthropods, ete., op. cit. 

(6) Carrière, Die Sehorgane der Thiere, pp. 117 et suiv. (München 
und Leipzig, 1885). 


EE RON, SES RIETI LS 


dia p, EAT S LE CREE e (PU 2e © 


(421 ) 
miques, et les théories émises par J. Müller (1) et Gre- 
nacher (2) ne reposent que sur des hypothèses. 

Le Mémoire de Grenacher étant de beaucoup le plus 
important, je m'y arréterai quelque peu, prévenant toute- 
fois le lecteur qu’il ne peut être question ici ni des yeux tout 
à fait spécianx des Scutigera (3), ni de ceux d'un certain 
nombre de formes exotiques. 

D'une facon générale, les yeux simples des Scolopendra, 
Lithobius, Julus et Glomeris ont une structure analogue 
à celle des organes visuels des Araignées, avec cette diffé- 
rence capitale, cependant, que, sauf chez les Lithobies, 
les bátonnets terminaux et nombreux occuperaient, d'après 
Grenacher, une position enliérement transversale par rap- 
port à l'axe de l'œil. 

Patten, s'appuyant probablement sur la composition 
de l'organe chez le Lithobius où l'on observe, au-dessus 
de bàtonnets tournés vers la lumiére et, par conséquent, 
entre ces bâtonnets et la lentille, une couche épaisse fine- 
nement striée en travers, comme si elle était formée de 
la juxtaposition de poils réfringents horizontaux, admit, 
Chez tous les Myriopodes, des bàtonnets à situation nor- 
male surmontés d'un corps vitré volumineux sécrété par 
des cellules spéciales. Cette manière de voir, à propos de 
laquelle il donne une figure schématique, expliquerait tout, 
puisque, dans cette facon d'interpréter, les bàtonnets trans- 


(4) J. Mürrzn, F ortgesetzte anatomische Untersuchungen über den 
Bau der Augen bei den Insecten und Crustaceen (Meckel Archiv., p. 45, 
Jahrg. 1829). js 

(2) GagNacusn, Ueber die Augen einiger Myriapoden., op. cit. 

(3) Je n'ai pas eu l'occasion d'observer des Scutigera vivantes. 


( 499 ^ 

versaux, qui ont tant embarrassé Grenacher, ne seraient 
pas les corps bacillaires véritables, mais une apparence 
résultant de la texture fibrillaire du corps vitré. 

Grenacher, qui regardait naturellement ses observations 
histôlogiques personnelles comme exactes, a émis, en 
substance, les considérations théoriques suivantes : à sup- 
poser qu'une petite image renversée soit produite par l'in- 
termédiaire de la lentille cuticulaire (1), celle-ci ne saurait 
être perçue en tant que représentation des objets exté- 
rieurs, 4° parce que la lumière ne tombe pas sur l'extré- 
mité des bàtonnets, mais sur la totalité de la longueur de 
ces corps bacillaires transversaux ; 2? parce que tous ces 
bàtonnets, qui sont traversés par les rayons luinineux, avant 
comme aprés l'entre-croisement de ceux-ci, sont nécessai- 
rement influencés en bloc (2). Chacun des yeux, considérés 
à part, ne pourrait servir qu'à distinguer la lumière de 
l'obscurité. Enfin, comme ces yeux sont groupésen nombre 
plus ou moins considérable chez les Lithobius, Julus et 
Glomeris, il en résulte, peut-être, une vision mosaïque 
analogue à celle que J. Müller a admise pour les yeux 
composés des Insectes. 

Telles sont, dégagées des détails, les seules données 
que nous possédions, données vagues, incomplètes, ue 
pouvant satisfaire personne. On comprend, après cela, 
combien des expériences suivies étaient nécessaires el 
avec quel intérêt j'attendais leurs résultats. 


Wee dicii HL tai le PER 


(1) H fait ses réserves pour les Julus, dont la lentille lui semble 
avoir une forme telle que la production d'une image est impossible. 

(2) Si l'on admet provisoirement la strueture attribuée par Gre- 
nacher aux yeux des Lithobies, ce raisonnement ne leur est pas 
applicable. 


di A de OS dé TG St D 


( 425 ) 


CHILOPODES. 
* 
$ 4. — Expériences sur le Lithobius forficatus. Linn. 


La Lithobie à tenailles étant excessivement commune 
dans mon jardin, j'ai pu, à loisir, multiplier mes observa- 
tions sur cette forme. 

L'animal quiestfortagile possède d'assez longuesantennes 
de 56 à 48 articles et offre, de chaque côté de la tête, un 
groupe de 26 yeux simples, dont 25 arrondis de petit dia- 
mètre et un plus gros elliptique (pl. I, fig. 8). Suivant 
Ludwig Koch (1), le nombre d'organes visuels varie, du 
reste, dans certaines limites, d'un individu à l'autre et 
n'est méme pas toujours égal à droite et à gauche. 

J'ai montré ailleurs (2) que la Lithobie est lucifuge et 
très sensible à la lumière, Comme ce fait a ici une impor- 
tance spéciale et que j'aurai, à propos d'autres animaux, à 
parler de propriétés analogues, on me permettra de redé- 
crire le procédé employé et de résumer les résultats. 

Imitant la méthode de V. Graber (3), j'ai fait usage 
d'une boite en verre de 60 centimètres de longueur, 


(1) Kocu, Die Myriapodengattung Lithobius, p. 40, pl. I, fig. 9. 
Nürnberg, 1862. 

(2) Recherches sur la perception de la lumière par les Myriopodes - 
aveugles, op. eit, fig. 5, pp. 446 et suiv. 

(8) Graver, Fundamentalversuche über die Helligkeits und Farben 
empfindlichkeit augenloser und geblendeter Thiere (Sitzungsberichte 
Math. Naturwiss, Cl. d. k. Akademie, Band LXXXVII, I Abtheil. 
Wien, 1885). 


( 424 ) 
6 centimètres de largeur et 8 !/ de hauteur. Le couvercle 
est en carton et à rebords (pl. I, fig. 5). 

Une seule des longues faces, celle qu'on tourne vers la 
lumiére, est transparente; toutes les autres sont recou- 
vertes extérieurement de papier noir épais. Enfin, le sol 
ou plancher de la boite est revétu à l'intérieur d'une 
couche de papier à filtrer blanc maintenu humide. 

À l'aide de trois rectangles de papier noir double, on à 
divisé la face transparente en six parties égales, dont trois 
laissent pénétrer le jour et alternent avec trois parties 
opaques. 

Lorsque la boite fermée est placée devant une fenétre 
donnant sur un espace largement découvert, l'intérieur 
comprend naturellement trois régions éclairées et trois 
régions relativement obscures. 

Les divers essais ont été faits à la lumiére diffuse pour 
éviter les différences de température. 

J'ai mis dans l'appareil douze Lithobies et, au moyen 
des barbes d'une plume d'oie, je les ai distribuées à peu 
près uniformément partout. Toutes les dix minutes, j'ai 
noté combien d'individus se trouvaient placés dans les 
régions éclairées et combien il y en avait dans les 
régions obscures de la boîte. Puis, après chaque constata- 
tion, j'ai redistribué uniformément les animaux suivant la 
longueur de l'instrument, afin de les forcer à manifester 
nettement leurs préférences. 

Dans douze essais successifs, les Lithobies ont été trou- 
vées cantonnées de la maniére suivante: 

Totaur. 
Dans les régions obscures 41, 42, 44, 19, 42, 49, 42, 49, 12, 44, 11, 12 in 
Dans les régions éclairées 4, 0, 4, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 1, £0. # 
Régions obscures 140 _ 35 0 


md cd ot: Régions éclairées — 4 j 


NC 


E an, 


+ Ys 1 y r 


( 425 ) 
C'est-à-dire qu'il s'est trouvé trente-cinq fois plus d'indi- 
vidus à l’ombre que dans les espaces clairs. 

La sensibilité des Lithobies pour la lumière et leur 
désir d'éviter l'éclat du jour sont, du reste, assez intenses 
pour amener ces animaux à aller se pelotonner en quel- 
ques instants dans le recoin le plus obscur de la boîte. 

Les Lithobies distinguent donc la lumière de l'obscurité 
et il semble naturel d'attribuer cette faculté à leurs yeux 
seuls. On commettrait cependant une grossière erreur en 
raisonnant de cette façon, car il faut tenir compte, en 
méme temps, de la perception dermatoptique ou percep- 
tion de la lumiére par les centres nerveux au travers de 
l'ensemble des téguments (1). 

En effet, en répétant les mémes expériences sur des 
Myriopodes à organisation voisine, mais normalement 
aveugles, dix-sept Geophilus longicornis et deux Cryptops 
punctatus, yai obtenu chaque fois, dans douze essais suc- 
cessifs, les distributions ci-dessous : 


1» Geophilus. 
laut. 
Dans les r'gions obscures 45, 43, 43, 45, 12, 46, 44, 43, 8. 13, 44, 45. 163 
Dans les régions éclairées 2, 4, 2, 9, 5, 4, 3, 4 9, 4 3, 2 A 


Régions obscures 463 


Rapport : 
PROS Régions éclairées 41 


— 3,97, soit à peu près 4. 


(1) V. Graser, dans ses Fundamentalversuche déjà citées, ensuite 
dans Grundlinien zur Erforschung des Helligkeits-und Farbensinnes 
der Thiere. Prag und Leipzig, 1884, a démontré l'existence des per- 
ceptions dermatoptiques chez le ver de terre, puis chez le Triton 
cristalus cl la Blatta germanica. aveuglés. Graber et moi, de mon 
côlé, avons publié d'assez longues listes d'observations qui semblent 


( 496 ) 


2° Cryptops. 


Dans les régions obscures 2, 9, 9, 9, 9, 2 
Dans les régions éclairées 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 00-0) 


Comme je le disais dans mon travail antérieur, ces expé- 
riences démontrent le fait curieux que « la sensibilité des 
» Myriopodes aveugles pour la lumière est assez grande et 
» n’est pas beaucoup inférieure à celle des Myriopodes 
» munis d'yeux (2). » 

Ainsi, en définitive, si les Lithobies offrent une sensi- 


prouver que le phénomène est plus répandu qu'on ne le croirait au 
premier abord. Enfin, en 1887, A. Forel à fait paraitre (Expériences 
et remarques critiques sur les sensalions des [nsectes. Deuxième partie) 
le résultat de ses recherches sur les seusations dermatoptiques chez 
les Fourmis. 

(1) Etonné de l'uniformité des résultats, j'ai changé à deux reprises, 
pendant l'expérience, la direction de la boite, de facon à modifier les 
formes et jusqu'à un certain point l'étendue relative des surfaces 
éclairées et ombrées; mais rien n'y fit, toujours les deux Cryptops 
allérent se blottir à peu de distance l’un de l'autre dans l'extrémité 
la plus obscure de la boite. 

(2) Cette phrase se rapporte aux Myriopodes aveugles de la section 
des Chilopodes. Dans une petite notice que je viens de publier x 
le titre : Observations sur les mœurs du Blaniulus guttulatus et expe- 
riences sur la perception de la lumiére par ce Myriopode aveugle 
(Société entomologique de Belgique. Comptes rendus du 1** octobre 
1887) j'ai montré que les perceptions dermatoptiques des Blaniules 
sont plus faibles que celles des Géophiles. 


PEO A E, 
: Con as 
5 S s 


A ee. Te ve ue entrée tt UE SN MU URSUS RUNE RM 
Tut ae 


( 427 ) 
bilité excessive vis-à-vis des rayons lumineux, ce n'est pas 
à lenrs yeux seuls qu'ils la doivent. H se pourrait méme 
fort bien que leurs organes visuels ne fussent pas plus faci- 
lement excitables que ceux de la plupart des autres ani- 
maux. 

J'aborde maintenant les expériences nouvelles. 

Afin de déterminer jusqu'à quel point les Lithobies dis- 
tinguent les objets, j'ai employé le dispositif suivant, que je 
désignerai dorénavant par le nom un peu prétentieux, 
mais que je crois bien appliqué, de labyrinthe (pl. L, fig. 6). 

Une feuille de papier d'emballage brun foncé (couleur 
neutre de terre), un peu rugueuse, de 68 centimétres de 
longueur et de 50 centimétres de large est appliquée sur 
une table bien horizontale placée en pleine lumiére diffuse 
devant une fenétre. 

Au milieu de la feuille de papier qui constitue le sol sur 
lequel les Arthropodes doivent circuler, est ménagée une 
zone à peu près elliptique de 18 centimètres de long sur 
15 de large. Puis, tout autour, suivant six ellipses concen- 
triques, on a collé sur le papier, comme l'indique la figure, 
des obstacles divers d'un centimétre de hauteur représentés 
par des bandes de carton blanc, des bandes de carton noir, 
des lames de liége et des fragments d'écorce couverts de 
mousse, 

Ces objets forment ainsi des enceintes interrompues de 
distance en distance et sont en général placés de façon 
que ceux d'une des enceintes soient situés vis-à-vis des 
solutions de continuité de l'autre. 

Les obstacles étant blanes, noirs, E de bois ou 
couleur d' écorce, n'offrant donc rien de particuliérement 
étrange, il est évident qu'un animal doué d'une bonne vue 


( 428 ) 

circulera dans le labyrinthe en contournant toutes ces 
petites barriéres et arrivera à la limite extérieure aprés 
avoir décrit un trajet sinueux. Tandis qu'un animal qui 
voit mal ou qui ne voit pas, se heurtera d'abord à un pre- 
mier obstacle, tàtonnera, longera l'objet, ira se heurter à 
l'obstacle de l'enceinte suivante et ainsi de suite, n'abou- 
tissant enfin au bord de la feuille de papier qu'aprés une 
série de chocs et de crochets. 

Voici ce que j'ai observé dans des expériences multiples 
sur des séries d'individus : 


4° Lithobies intactes. — Les Lithobies intactes, déposées 
au centre du labyrinthe, marchent la plupart du temps 
droit sur les obstacles, quel que soit leur aspect, les ren- 
contrent par lintermédiaire de leurs antennes que Ces 
Myriopodes utilisent constamment comme organes explo- 
rateurs, les contournent, par conséquent, à la distance de 
la longueur de ces antennes, puis vont aborder de la 
méme facon une nouvelle barrière et ainsi de suite. 

ll en résulte que la sortie du labyrinthe s'effectue avec 
une lenteur relative, malgré la vivacité d'allures des Myrio- 
podes en question. Ainsi, ayant compté, dans douze expé- 
riences, pendant lesquelles on a opéré sur trois individus, 


le nombre de secondes employé pour arriver au bord exte- . 


rieur de l'instrument, le trajet effectué étant mesuré en 
ligne droite, à vol d'oiseau, du centre au point périphé- 
rique atteint, je trouve que les Lithobies n'ont parcouru en 


moyenne que 2 4 centimétres par seconde. Ce chiffre pris 


seul a peu de valeur; il en acquiert, comme nous le verrons, 
lorsqu'on le compare à ceux donnés par les autres séries 
suivantes ; 


9^ Lithobies à antennes, mais dont les yeux sont couverts 


TNT Y 


A dns en D MA eur ge Là oed oc he peloton IR M CSSS s a 


( 429 ) 
de couleur à l'huile noire (1). — Je fais vingt essais suc- 
cessifs en utilisant trois individus. De temps en temps je 
remets sur les yeux uue nouvelle couche de couleur. La 
température est assez élevée, + 27° c 

Les allures des animaux semblent identiques à celles des 
Lithobies intactes. Les barrières sont abordées perpendi- 
culairement et sont reconnues à l'aide des antennes. 

Les Myriopodes aveuglés, qui, malgré les obstacles, 
suivent un trajet bien déterminé, parallèle à la fenêtre, par 
exemple, parcourent en moyenne 2,7 centimètres par 
seconde. La chaleur qui excite, comme on sait, les Articulés, 
suffit pour rendre raison d'un léger accroissement de 
vitesse ; 


9" Lilhobies dont les yeux sont intacts, mais dont on a 
coupé les antennes. — Désirant supprimer le rôle des 
antennes et voulant obliger les animaux à se servir de leurs 
yeux seuls, j'ai coupé les appendices antennaires à trois 
individus que j'ai laissés se reposer, en les nourrissant, 
pendant dix jours. Les opérés étaient fort vifs et ont vécu 
encore durant des mois. 

Douze expériences conduisent à un chiffre trés voisin du 
précédent : les Lithobies sans antennes parcourent en 
moyenne 2,9 centimètres par seconde. 

Quant aux allures, elles sont nettement différentes ; de 
même que les Lithobies intactes ou aveuglées, les individus 
privés d'antennes marchent presque toujours droit sur les 


mm 


(1) Je montrerai dans la troisième partie qu'un Arthropode dont 
On à recouvert les yeux de couleur à l'huile noire perçoit encore un 
peu de lumière par les organes visuels. La suppression est cependant 
plus que suffisante pour rendre des expérienees du we de celles 
qui sont déerites iei tout à fait démonstratives. 

D" SÉRIE, TOME XIV. | 29 


( 430 ) 
barrières, mais n'étant plus avertis à temps par leurs 
appendices, ils viennent littéralement se cogner. Ils se 
détournent alors d'autant plus vite pour longer l'obstacle 
ou parfois pour le franchir, et c'est ce qui explique, peut- 
être, la rapidité un peu plus grande de la progression ; 


4 Cryptops punctatus intact.— À titre de comparaison, 
je mets dans le labyrinthe un Cryptops ponctué, Myriopode 
peu différent des Lithobies, mais normalement aveugle. 

Sept expériences montrent que, malgré des allures 

encore plus vives, la rapidité de translation dans l'appareil 
est beaucoup moindre. Le Cryptops ne parcourt en 
moyenne que 1,9 centimétre par seconde. Cela tient à ce 
que le Cryptops palpe encore plus activement avec ses 
antennes que la Lithobie; il longe les obstacles dans toute 
leur étendue, puis vient butter contre d'autres qu'il longe 
encore, etc. 

Tandis que les Lithobies, méme sans antennes, suivent 
ordinairement, malgré les heurts et les détours, une direc- 
lion générale déterminée, paralléle ou perpendiculaire à la 
fenétre, par exemple, les Cryptops se jettent à droite, à 
gauche, et font trois ou quatre fois le chemin nécessaire; 


5° Cryptops punctatus privé d'antennes depuis sept 
jours; trés vif. 

La moyenne de douze expériences montre que l'animal 
met un temps encore plus considérable à arriver à la péri- 
phérie; il ne parcourt plus que 1 centimètre par seconde. 

Cette fois, le Cryptops décrit presque des cercles, 
cognant tout. Il n’a plus manifestement pour se guider un 
peu que le sens tactile trés délicat qui réside dans ses 
pattes. Marchant la téte en avant et balancant cette téte de 
droite et de gauche, il se heurte brutalement à chaque 


(451) 

instant, hésite, se détourne, se heurte encore, etc. Il n’arrive 
done à l'extérieur que par hasard et y met parfois 
50 secondes; 


6° Lithobie sans antennes depuis dix-sept jours et dont 
on couvre les yeux de couleur à l'huile noire. — La Litho- 
bie se trouve ainsi placée à peu prés dans les mêmes con- 
ditions que le Cryptops privé d'antennes. Durant les dix 
expériences effectuées, on renouvelle de temps à autre 
l'enduit qui recouvre les yeux. 

Fait intéressant, bien qu'on püt le prévoir, la Lithobie 
sans antennes et aveuglée se comporte exactement comme 
le Cryptops auquel on la compare. Ce sont les mêmes chocs 
contre tous les obstacles, les mémes courses en zigzag ou 
en cercle, sans qu'il y ait là moindre direction générale 
dans la marche. Enfin le temps employé à arriver au bord 
du labyrinthe est aussi trés long; l'Arthropode n'a plus 
fait, en moyenne que 1,7 centimétre par seconde. 

Làché sur le sol de la chambre, il se heurte à tout obsta- 
cle, quelque petit qu'il soit, par exemple la tige d'un crayon 
ou le doigt que l'on place verticalement sur son trajet. 

Si nous récapitulons les résultats obtenus jusqu'ici, 
nous constatons que, dans le labyrinthe : 

La Lithobie intacte. . . Heurtelesobsta- Conserveunedi- Parcourtpar 
cles de front, reciiongénérale, seconde  2,4cent, 


LaLithobie aveuglée, avec 
MOAS 0 x 


Id, Id. vo, cent. 
La lithobie munie d'yeux, j 
sans antennes .'. . Id. Id. 2,9 cent. 
La Lithobie aveuglée, sans 
antennes . , . , , Id, Ne conserve au- 
cune direction 
Cryptops (aveugle) in- 
WEST IS S 1d. Id. 1,9 cent. 


Le Crypto S. 
Ne Lm pps rare Id. ld. 4,0 cent. 


( 432 ) 
De quelque facon que l'on envisage ce qui précède, la 
conclusion qui s'impose est que la vision proprement dite 
doit être à peu près nulle; 


7° Lithobies intactes libres et obstacles mobiles. — Pour 
déterminer jusqu'à quel point les yeux sont utilisés, je 
laisse des Lithobies en liberté sur le parquet de sapin bien 
éclairé d'une assez grande chambre recevant le jour par 
deux fenétres situées d'un méme cóté (1). 

Au bout d'une canne légére j'ai fixé, daus un plan ver- 
tical, une lame de liége rectangulaire des dimensions d'une 
carte de visite. On peut ainsi, en circulant dans la chambre 
et en restant debout, maintenir la lame de liége vertica- 
lement sur le sol, en un point quelconque, de facon à 
créer un obstacle là où on le juge convenable. 

En outre, comme il est facile d'attacher sur la lame, à 
l’aide de deux épingles, des rectangles de méme dimen- 
sion en papier blanc, noir ou de couleurs vives, il y à 
moyen de faire des expériences, non sur la visibilité des 
couleurs, ce qui n'a pas été dans mes intentions, mais sur 
les influences de l'éclat offert par la surface de l'obstacle 
et du contraste existant. entre la teinte de cet obstacle et 
“celle du parquet. 

Les Lithobies libres marchent en général en ligne droite 


SE EES R HU E So oU E La er 


(1) La chambre est au second étage de ma demeure, les fenétres, 
qui sont larges, donnent sur des jardins et des prairies, le plafond 
complétement uni, sans moulures, est blane, enfin le papier de 
tenture des murailles est d'un gris clair, de sorte que les condilions 
d'éclairage sont fort bonnes. 


( 433 ) 
soit vers les fenêtres, soit parallèlement à ces ouvertures, 
soit vers le fond de la chambre. 


A. Lame de liège seule. — Je place de temps en temps 
la lame de liége transversalement sur le trajet du Myrio- 
pode, à 5, à 10 et méme à 20 centimétres en avant de 
celui-ci. 

Toujours et cent fois de suite, si l’on veut, la Lithobie 
vient se heurter perpendiculairement à l'obstacle et ne se 
détourne à droite ou à gauche qu'après le contact brusque 
de ses antennes avec l'objet rencontré. 


B. Lame de carton blanc. — Le liége ayant une teinte 
brunátre neutre peu différente de celle du parquet, on le 
recouvre d'une lame de carton bristol blanc. 

Dans ces conditions, chaque fois que la position de cette 
plaque est telle qu'elle se présente à contre-jour ou seule- 
ment obliquement, de facon à étre obscure ou à offrir une 
teinte neutre, le Myriopode la heurte comme il se heurtait 
à la lame de liége. Si, au contraire, la lame est éclairée en 
plein, de maniére à trancher par son éclat d'un blanc pur 
sur la surface brunâtre du sol, l'animal aperçoit l'obstacle 
et change de direction pour passer à cóté. 

La distance où se manifeste cette perception oscille entre 
10 et 15 centimètres. Un grand nombre d'essais sur divers 
individus me conduisent à admettre 10 centimétres comme 
étant la distance la plus fréquente. 


C. Essai alternatif de la lame de liége et de la plaque 
blanche. — La lame n'étant. couverte de carton blanc que 
sur une face, il suffit de faire tourner la canne entre les 
doigts pour présenter le liége aux Lithobies, 


( 454 ) 

En pleine lumière, la lame de liège reste presque tou- 
jours inapercue et est rencontrée perpendiculairement. Si 
on présente la face blanche, l'obstacle est vu dans la grande 
majorité des cas. L'expérience qu'on peut répéter à satiété 
est excessivement démonstrative. 

Les petits individus paraissent ne percevoir la présence 
de la lame blanche éclairée qu'à une distance moindre que 
les individus ordinaires. Une petite Lithobie d'un centi- 
mètre et demi de longueur ne se détournait qu'à 7 centi- 
mètres de la plaque. 


D. Emploi alternatif du blanc et du jaune vif. — L'une 
des faces de la lame de liége est revétue de carton blanc, 
l'autre de papier jaune (1). 

Autant qu'il est possible d'en juger, l'effet du jaune est 
à peu prés le méme que celui du blanc, avec un léger désa- 
vantage cependant. 

E Lame d'un vert cru (vert-de-gris pur) (2). — Résultat 
beaucoup moins net que pour le blanc. Le Myriopode ne 
se détourne plus chaque fois et, lorsqu'il le fait, ce n'est 
qu'à 6 ou 7 centimètres du carton vert. 


F. Lame d'un bleu franc (voisin du bleu du spectre). — 
Résultat imparfait analogue. Quand la Lithobie manifeste 
de la perception, c'est à 10 centimétres de l'obstacle. 


G. Lame d'un beau rouge (rouge cerise) (5). Chose 


PR PER Nee TUA CAE NUR PE E 


(4) Jaune de chrome clair des peintres. 

(2) Vert de Paris dans le commerce des papiers destinés aux car- 
tonnages de luxe. s 

(9) Rouge de Perse, id. (c'est le plus beau rouge que l'on puisse 
trouver dans le commerce). 


(‘455 ), 

curieuse, le rouge agit comme une teinte neutre, méme 
dans des cas oü, sortant des conditions habituelles, j'ai fait 
en sorte que la plaque fût éclairée par le soleil; le Myrio- 
pode va s'y cogner en plein à peu prés à coup sûr. L 


- H. Essai alternatif du rouge et du blanc. — La lame de 
liége porte sur une face une plaque rouge et sur l'autre 
une plaque blanche. 

Sauf de petites indici inévitables dans ce genre 
d'expériences, la plaque rouge bien éclairée n'est jamais 
vue, tandis que la plaque blanche l'est toujours et améne 
constamment le Myriopode à changer de direction. 

Cette invisibilité du rouge n'a rien qui doive beaucoup 
étonner si l'on songe qu'il résulte des expériences de 
V. Graber qu'un grand. nombre d'animaux lucifuges, soit 
munis d'yeux, soit aveuglés et qui, dans une boite à com- - 
partiments clairs et obscurs, manifestent leur préférence 
pour les régions sombres, soumis à des lumiéres colorées 
l'une bleue et l'autre rouge, fuient la zone bleue pour se 
porter dans la zone rouge, cette dernière leur produisant 
la sensation générale d'une zone obscure (1). 

Done, en résumé, lorsque l'obstacle est à contre-jour, 
lorsqu'il réfléchit peu de lumière ou lorsqu'il offre une : 
couleur telle qu'il agit sur l'animal comme un corps obscur, 
le Myriopode ne le voit pas. Si, au contraire, l'objet réfléchit 
beaucoup de lumière blanche ou réfléchit une lumière - 


UR, ee Nc wA EI RER RP RE AR PES wissen cog metti 


(4) Graser, Grundlinien zur Erforschung des Hellykeits-und 
Farbensinnes der Thiere, op. cit. Pour ne citer que des Arthropodes, 
Graber a observé la préférence des animaux lucifuges pour la lumière 
rouge chez la Blatte germanique aveuglée, puis chez une dizaine de 
formes intactes, larves, insectes parfaits et arachnides. 


( 456 ) 
appartenant à la région la plus réfrangible du spectre, ce 
qui pour les Arthropodes lucifuges semble étre à peu prés 
la méme chose, le Myriopode s'apercoit de sa présence à 
une distance approximative de 10 centimètres. 

Il y a loin de là à la vision proprement dite; la distinc- 
tion entre la lumière et l'obscurité pouvant toujours, pour 
les Lithobies, ne l'oublions pas, s'expliquer en partie par 
des perceptions dermatoptiques. 

Quant à la vision de la forme des objets, celle-ci n'existe 
évidemment pas; une dernière expérience le prouve une 
fois de plus. 

Une Lithobie en captivité depuis deux mois au moins et 
nourrie à l’aide de mouches est déposée dans un grand 
cristallisoir de 20 centimètres de diamètre dont le fond est 
garni d’une couche de sable fin humide. Plusieurs jours 
se sont écoulés depuis le dernier repas, l'animal a faim. 
La chambre n'est éclairée que par de la lumiére diffuse (1). 

Ces conditions établies, on place dans le cristallisoir et, 
à peu prés suivant le trajet circulaire que décrit le Myrio- 
pode, trois mouches vivantes privées d'ailes. Or la Lithobie 
passe un grand nombre de fois à 9 et méme à 1 centimétre 
des mouches sans les voir. Il faut que ses antennes explo- 
ratrices écartées rencontrent par hasard un des Diptères 
pour qu'elle attaque l'insecte et le mange. 


(4) Je préviens le lecteur qu'il est inutile d'essayer cette expé- 
rience avec des Lithobies que l'on vient de capturer et dans une 
chambre vivement éclairée. Les animaux affolés courront autour 
du vase en culbutant les Diptéres comme si ceux-ci n'existaient pas. 
Il est indispensable d'employer des Myriopodes habitués à la captivi té 
et d'éviter un éclairage intense. 


Nord ER RE ESS PESE EEE RER i 


(457) 


§ 5. — Expériences sur la Scolopendra subspinipes 
Kohlrausch (1). 


Grâce à l'obligeance d'un membre distingué de la Société 
entomologique de Belgique, M. J. Puls, en relations con- 
stantes avec les horticulteurs gantois, j'ai eu à ma dispo- 
sition un magnifique exemplaire vivant de Scolopendra 
subspinipes Kohl., arrivé de Bornéo avec des Orchidées (2). 

L'animal avait 14 centimétres de longueur et, durant 
les premières semaines de captivité, offrit les allures d'un 
Myriopode bien portant. 

On sait que les Scolopendra proprement dites n'ont de 
chaque cóté de la téte que quatre yeux simples assez dis- 
tants. Les antennes sont médiocrement longues; celles de 
l'individu observé étaient de 18 articles (pl. 1, fig. 9). 

Comme toutes ses congénères, la Sc. subspinipes s'est 
montrée trés lucifuge; pendant le jour elle se tenait con- 
Slamment cachée sous les débris d'écorce humide qui gar- 


(1) Scolopendra gigantea, C. L. Koch. (Die Myriapoden getreu nach 
der Natur abgebildet-und beschrieben, 11 Band, p. 9, fig. 155, Halle, 
1865). L'animal a porté une foule de noms, comme le prouve le 
remarquable travail de Fr. Meinert : Myriapoda Musei Cantabrigensis 
(Americ. philos. n PRIE 2, aen que Von ne saurait trop 
recommander aux nat [ titud, 
les Chilopodes exotiques. 

(2) D’après le méme Mémoire de Meinert, cette espèce figure ds 
les musées comme reçue de toutes les régions tropicales. 


(/498 ). 
nissaient le fond du vase où elle était renfermée. Déposée 
dans la boite à compartiments alternativement clairs et 
obscurs décrite plus haut ($ 4, pl. I, fig. 5), elle se réfugiait 
toujours au bout de fort peu de temps dans une région 
sombre. Enfin, placée sur le parquet de la chambre, elle 
s'éloignait généralement des fenétres. 
Voici le résumé de quelques expériences : 


A. Emploi d'obstacles fixes. — (Lumière diffuse vive, 
température de l'appartement + 19° c.) 

Je mets la Scolopendre au milieu d'un labyrinthe impro- 
visé composé de quatre grandes enceintes concentriques 
placées à 10 ou 12 centimètres l'une de l'autre, et formées 
de blocs de bois blanc et de gros livres in-8° à reliures d'un 
vert obscur ou d'un brun foncé posés à plat. Ces obstacles 
sont séparés par des intervalles d'au moins 10 centimètres. 
L'aire centrale a 80 centimètres de diamètre (1). 

La progression est beaucoup plus lente que celle des 
Lithobies, mais l'ensemble des allures est identique. Comme 
les Lithobies intactes, la Scolopendre vient rencontrer les 
barrières perpendiculairement, les explore activement à 
l'aide de ses antennes et les longe avant de les contourner. 

J'ai noté, dans six des essais, l'ordre dans lequel ont eu 
lieu les arrêts contre les obstacles. Le signe + représente 


NENNEN 


(1) Afin d'éviter d'effrayer le Myriopode, qui était excessivement 
craintif et irascible, je ne l'ai jamais pris avec des pinces. A la fin de 
chaque essai, je mettais simplement, sur le trajet de l'animal, une 
boite de carton eouchée sur le côté et ouverte; il y entrait infaillible- 
ment ct c’est cette boite que je retournais doucement lorsqu'il s'agis- 
sait de placer de nouveau la Scolopendre au milieu du labyrinthe. 


RS ON SN SE ee D a e 


b 
3 
4 


( 439 ) 
un arrêt, le signe — signifie que le Myriopode passe entre 
deux objets : 


ROREQUEE BR CON PRES 

I Q 

enceinte | enceinte, | enceinte. | enceinte. | 
Premier essai . + + — + 
Desin sur Ti + + + + 
TROSICORP o Cree qus Li LE ER dom 
Quatrième -+ + € -r 
Cinquième + + se ET 
Sixième , -+ — + + 


La seule inspection de ce petit tableau montre combien 
les arrêts contre les obstacles ont été fréquents. 


B. Emploi d'obstacles mobiles (lumière diffuse vive. 
Température de l'appartement + 21°¢). 

Ainsi que dans une partie des expériences sur les Litho- 
bies ($ 4), l'obstacle mobile est une plaque de liège fixée 
au bout d'une canne. L'une des faces de cette plaque est 
revétue de carton blanc, de sorte que l'observateur peut, 
à volonté, présenter à l’Arthropode, soit la face liège, soit 
la face blanche. 

On se rappelle que, dans ces conditions, les Lithobies 
Viennent rencontrer la plaque de liége placée en pleine 
lumière, mais qu'elles voient, au contraire, presque tou- 
jours la plaque blanche éclairée et qu'elles changent alors 
de direction à une distance de 10 centimétres environ. 

La Scolopendre a la vue eneore plus mauvaise, car elle 
heurte la plupart du temps l'obstacle présenté, que celui-ci 


( 440 ) 
soit d'un blanc éclatant ou de teinte neutre. Lorsqu'elle se 
détourne, ce qui est relativement rare, c’est aussi à peu 
près à 10 centimètres de l'objet. 

Certaines précautions sont indispensables pour ne pas 
fausser les résultats et pour ne pas en déduire, par con- 
séquent, des conclusions erronées : la Seolopendre, comme 
presque tous les Arthropodes munis d'yeux, percoit les 
grands mouvements; ainsi, si on déplace un peu vite l'ob- 
stacle à droite ou à gauche, une incurvation brusque de 
la partie antérieure du corps du Myriopode montre que 
celui-ci a acquis la notion de l'existence d'un objet mobile 
à droite ou à gauche de sa téte. Il faut donc éviter les 
mouvements trop brusques et poser la plaque à 20 ou 
50 centimétres en avant de l'animal (1). 


CHILOGNATHES. 


$ 6. — Expériences sur l'Iulus londinensis Leach. 


Les [ules ont des antennes assez courtes, coudées vers 
le bas, de huit artieles, les trois derniers formant une petite 
massue, Derrière chaque antenne existe un groupe d'yeux 
simples, serrés les uns contre les autres, constitué par cinq 
séries verlicales d'au moins dix yeux chacune (pl. J, 
fig. 10). 


PAR i 


(1) On trouvera dans une petite note que j'ai publiée sous le titre : 
Observations sur une grande Scolopendre vivante (Comptes rendus de 
la Société entomologique de Belgique, 6 août 1887), la description 
de quelques autres faits concernant l'exemplaire dont il est question 
dans ce paragraphe. 


( 441 ) 


le résultat ci-dessous : 


Dans les régions éclairées 4, 0, 2, 0, 3, 4 3 


Régions obscures 195 
R t: = = 17,8 
Lc Régions éclairées T 


| Tolaux. 
: Dans les régions obscures 91, 92, 20, 22, 49, 21 125 
: 


tiques (1). 


! La station habituelle de ces animaux, sous les pierres, 
entre les racines des plantes, sous les écorces, etc., per- 
mettait de supposer qu'ils se montreraient trés lucifuges. 
L'expérience suivante, effectuée sur vingt-deux individus 
déposés dans la boite à compartiments éclairés et obscurs 
(pl. I, fig. 5) et examinés toutes les cinq minutes, a donné 


Les lules distinguent donc nettement la lumière de 
l'obseurité, faculté qui, comme pour les autres Myrio- 
podes, peut tenir, en partie, à des perceptions dermatop- 


(20 individus) : 
Tota 

Dans les régions obscures 44, 46, 44, 45, 12, 44, 41, 12, 13, 16 
Dans les régions éclairées 6, 4, 6, 5, 8, 6, 9, 8, 1, 4 


Régions obscures m E 2,1 17. 


mds ‘Régions éclairées 


tables, mais assez faibles. 


(1) Dans ma notice : Observations sur les mœurs du Blaniulus 
gullulatus Bosc et expériences sur la perception de la lumière par ce 
Myriopode aveugle (Comptes rendus de la Société entomologique de 
Belgique, 4er octobre 1887), j'ai publié le résultat suivant obtenu à 

.laide d'un Chilognathe voisin des lules, mais dépourvu d'yeux 


qui démontre l'existence de perceptions dermatoptiques incontes- 


( 442 ) 

Lorsque ces Arthropodes circulent sur une surface, ils 
palpent constamment le sol à l’aide de leurs deux antennes, 
dont ils touchent le terrain de mouvements alternatifs. 
Sauf la lenteur des déplacements, on dirait qu'ils jouent 
du tambour. 

- Déposés dans le labyrinthe à barrières d'un centimètre 
de hauteur (voyez $ 4, pl. I, fig. 6), les Iules n'évitent 
aucun obstacle; ils les abordent perpendiculairement, 
absolument comme s'ils ne les voyaient pas, les tàtent 
de leurs antennes, les longent sans cesser de palper, 
puis vont rencontrer les obstacles de l'enceinte sui- 
vante, ete. 

Les obstacles blancs bien éclairés d'un centimètre de 
hauteur ne sont pas mieux vus que ceux de teinte neutre 
ou de couleur foncée, mais les Myriopodes en question se 
détournent et changent de direction lorsqu'on leur pré- 
sente, en pleine lumiére diffuse, un rectangle blanc d'une 
surface un peu considérable. 

Désirant mesurer jusqu'à un certain point la valeur de 
cette perception, j'ai fait des expériences répétées en met- 
tant sur la route d'un Iule circulant sur une table en bois 
foncé presque noir, des rectangles verticaux de carton 
blane de plus en plus petits, et en notant la distance 
moyenne oü l'animal déviait de la ligne droite, distance 
que l'on peut considérer comme étant celle où a lieu la 
perception. J'ai obtenu ce qui suit : 


Rectangle de : . L'Tule se détourne 
6 cent.sur10—60 c.c2. toujours . . . à 40 cent. en moy. 
6 cent.sur 5—30 c.c? id. » + > à 40 cent. en moy. 
o censur 292—465 Ce id . . . à 9 cent. en moy, 
2,5 cent.sur 3 = 7,5 c.c?, parfois et seulementà 1 cent. en moy. 


( 445 ) 

La perception est done encore nette lorsque le rectangle 
a une surface de 15 centimètres carrés (quart d'une carte 
de visite ordinaire); pour 7,5 centimétres carrés (huitiéme 
d'une carte de visite), elle devient fort douteuse. Il est, par 
conséquent, évident qu'il ne s'agit pas là de la perception 
de la forme des objets, mais simplement de la perception 
de la lumière blanche réfléchie. Lorsque la surface réflé- 
chissante est un peu grande, l'Tule a la notion vague d'une 
zone lumineuse et, comme il est lucifuge, il cherche natu- 
rellement à passer dans une zone obscure. 

Enfin j'ai employé un procédé fort simple qui m'a 
donné avec les Chenilles des résultats assez nets. L'Iule 
est placé sur une petite baguette horizontale de 20 centi- 
métres de long portée par un fil métallique vertical 
implanté au milieu de sa longueur. Le tout a done la 
forme de la lettre T (pl. I, fig. 7). L'animal circule 
librement sur la barre horizontale du T, mais ne peut en 
deseendre à cause du faible diamétre et du poli du fil 
métallique. 

Dans cette situation, le Myriopode s'arréte de temps à 
autre, comme les Chenilles, pour balancer dans divers 
sens la moitié ou le tiers antérieur de son corps à la 
recherche d'un nouveau point d'appui qui lui permette de 
quitter son support. On saisit ces instants pour présenter 
à l'Iule, à des distances variables, une deuxième baguette 
verticale du diamètre d'un crayon. 

Or, si on fait bien attention de ne pas confondre les 
incurvations exécutées au hasard, avec des mouvements 
effeclués dans le but de saisir un objet vu, si l'on met, par 
exemple, la baguette à droite de la téte pendant que 
l'animal se courbe lentement vers la gauche, on peut 


( 444 ) 

s'assurer que les yeux ne sont d'aucun secours; l'lule 
semble ne voir, méme à un centimétre, ni une baguette 
couverte d'écorce, par conséquent de couleur terne, ni un 
cylindre de papier blane de méme diamétre; mais dés 
qu'on agit de facon qu'une antenne fróle l'objet, la pré- 
sence de celui-ci est reconnue et le Myriopode s'y attache 
d'un mouvement vif. 

Le róle prépondérant des antennes, dont la sensibilité 
tactile supplée à l'insuffisance ou à l'absence de la vision, 
peut encore être nettement démontré en plaçant vertica- 
lement devant un lule qui marche une petite baguette 
plus étroite que la distance qui sépare les extrémités des 
antennes écartées. Si l'obstacle est touché par un des 
appendices antennaires, le Myriopode s'arréte à temps, 
palpe et se détourne; mais si l'objet est bien situé dans 
l'ouverture de l'angle formé par les antennes qui, prolon- 
gées, viendraient donc se placer à sa droite et à sa 
gauche, l'lule se heurte brutalement, absolument comme 
un aveugle marchant les bras étendus et un peu écartés 
peut aller se meurtrir le visage contre un trone d'arbre. 


$ 7. — Expériences sur la Glomeris marginata Villers 
(G. limbata, Oliv.). 


Ces petits Myriopodes oniscidiformes ont, de chaque 
côté de la tête, huit yeux simples, disposés suivant une 
ligne à peu près verticale. Les antennes de sept articles 
sont analogues à celles des Jules (pl. 1, fig. 11). 

J.-F. Brandt, daus ses Observations sur le genre de vie 


( 445 ) 

et la physiologie des espèces du genre Glomeris (1), a bien 
décrit, dès 1841, la manière dont les animaux en question 
progressent en tâtant constamment le sol à l'aide des 
extrémités de leurs antennes. Le róle de ces appendices 
comme organes d'exploration lui a paru trés important, 
tandis que celui des yeux, dont il jugeait par les mouve- 
ments des Glomeris, lui a semblé fort réduit. 

Voiei ce que j'ai pu constater de mon cóté : les ioni 
distinguent la lumière de l'obseurité et sont lucifuges. 
Placées dans la boite à compartiments éclairés et obscurs 
(pl. 1, fig. 5), elles vont toujours, après un temps dont la 
durée assez considérable tient à la lenteur de leur 
marche, se réfugier dans une zone sombre. 

Sur une table située devant une fenétre, elles se diri- 
gent plus ou moins obliquement vers l'intérieur de l'ap- 
partement. 

Enfin, mises dans le labyrinthe à barrières de 1 centi- 
mètre de hauteur, elles n'évitent aucun obstacle; elles les 
abordent directement, les tàtent à l'aide des antenues, les 
longent entiérement, puis vont se comporter de méme 
vis-à-vis des obstacles situés plus loin. 

Bien que l'excessive lenteur des mouvements rende 
l'interprétation de ceux-ci difficile, estime que la vision 
proprement dite est à peu prés nulle. 


(1) Baawpr, dans : Recueil de Mémoires relatifs à l'ordre des 
Insectes Myriapodes (Bulletin scientifique de l'Académie des sciences 
de S'-Petersbourg, pp. 162 et 167, 1841). 


Ó"* SÉRIE, TOME XIV. 30 


( 446 ) 


§ 8. — Résumé des résultats fournis par les Myriopodes. 


De ce qui précéde on doit, je pense, tirer les conclu- 
sions suivantes : 

1* Les Myriopodes distinguent la lumiere de l'obscurité; 

9» Cette propriété existant aussi chez les Myriopodes 
normalement aveugles, la perception de la lumière peut, 
chez les formes munies d'yeux, s'expliquer partiellement 
par des sensations dermatoptiques; 

3° Les Myriopodes voient trés mal et suppléent à Pin- 
suffisance de la vue par le toucher, principalement localisé 
dans les antennes; 

4^ Les espéces possédant des yeux ne sont guére mieux 
partagées à cet égard que celles qui sont aveugles; 

^ Les Myriopodes munis d'organes visuels ne per- 
coivent, à distance, l'existence d'un obstacle placé sur leur 
route que si celui-ci réfléchit beaucoup de lumière blanche, 
ou une lumiére appartenant à la région la plus réfrangible 
du spectre. Cette perception est probablement en partie 
dermatoptique; 

6° Les Myriopodes ne distinguent pas la forme des 
objets; 

. 7° Certains d'entre eux semblent percevoir les grands 
mouvements. ; 

Les idées théoriques de Grenacher (voir $ 3) qui, en se 
basant sur la structure seule, émit l'opinion que dans l'œil 
simple des Myriopodes il ne se produit pas d'image et 
que ces animaux ne sauraient avoir d'autres notions qué 


( 447 ) 
celles de lumiére et d'obscurité, étaient done exactes sur ce 
point (1). 

Ajoutons, enfin, que l'imperfection des sensations 
visuelles chez les uns, l'absence totale d'yeux chez d'au- 
tres, sont parfaitement en accord avec le genre de vie de 
ces Arthropodes qui, habitant dans l'intérieur du sol, 
sous les pierres et sous les écorces, passent tous leur 
existence, comme les animaux des cavernes, dans des 
milieux sombres où le sens de la vision n’a pu se déve- 
lopper. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE I. 


Fig. 1. Figure schématique d'un œil postérieur d'Araignée (com- 
binaison d'une figure de Grenacher et d'un schéma 
de Patten). 

l. Lentille cuticulaire avec ses couches emboitées. 

h. Hypoderme. 

c. v. Corps vitré (modification de l’hypoderme). 

m. Membrane basale ou prérétinienne. 

b. Corps bacillaires doubles formés de deux bâtonnets 
accolés. 

o. Ommatidie constituée par deux retinophores (cellules 
rétiniennes) accolées et plus ou moins complètement 
fusionnées. 


(1) La coincidence entre une hypothése de Grenacher et les résul- 
tats de l'expérience ne signifie pas le moins du monde que l'interpré- 
fation faite par le savant histologiste de la structure des yeux des 

Yriopodes soit la bonne. Le désaccord entre ses vues et celles d'au- 
tres auteurs sérieux est tel, que la question mérite d'étre reprise 
orne en évitant les productions artificielles résultant de 

l'emploi de certains réactifs. 


Fig. 


Fig 


( 448 ) 
p. Prolongement effilé d'une ommatidie, pris par presque 
tous les auteurs pour un filament nerveux. 
r. r. Rétinidies (réseaux nerveux) dans les corps bacillaires. 
n. n. Nerfs axiles. 

On a fait abstraction des cellules pigmentaires. Les 
nerfs axiles et les rétinidies ne sont intentionnelle- 
ment représentés que sur la moitié droite de la figure, 
afin de faire saisir la différence entre les interpréta- 
tions récentes (à droite) et les anciennes (à gauche). 

2. Figure schématique montrant comment, dans l'œil d'Arai- 
gnée, l'ommatidie résulte de l'accolement et de la 
fusion de deux rétinophores ou cellules rétiniennes 
munies, chacune, de son bâtonnet bilatéral. 

9. Figure schématique d'œil simple d'Insecte (combinaison 
d'une figure de Grenacher et d'un schéma de Patten). 

Les lettres ont la méme signification que dans la fig. 1. 

Les ommatidies sont encore constituées chacune par 
deux cellules, mais dont les noyaux sont, cette fois, 
à des hauteurs différentes. Les corps bacillaires et, 
par conséquent, les rétinidies, sont terminaux. 

4. Figure schématique d'une ommatidie d'œil d'Insecte (en 
grande partie d'aprés Patten). 

5. Boite de verre recouverte extérieurement de papier noir, 
pour les expérienees sur les perceptions dermatopti- 
ques. La face tournée vers la lumiére comprend trois 
portions transparentes et trois portions opaques. 

6. Labyrinthe avec obstacles d'un centimètre de hauteur. La 
hauteur des obstacles a été un peu exagérée sur le 
dessin, afin de rendre ce dernicr plus clair. 

7. Baguette horizontale portée par une tige métallique et 
servant aux expériences sur la vision des lules ou 
des Chenilles. 

8. Téte de Lithobius forficatus montrant la disposition des 
yeux. Grossissement 7. 

9. Téte de Scolopendra subspinipes, id. Grossissement 4. 

10. Téte d' [ulus londinensis, id. Grossissement 7. 
11. Téte de Glomeris marginata, id. Grossissement 15. 


— 


D Bulletins. 3° Serie, Tome AN 


J 
d 


a 


A 


Zu, O-Severems, Brurelles 


Remarques au sujet de l'éclipse totale de soleil, du 19 août 
1887 ; par L. Niesten, astronome à l'Observatoire royal 
de Bruxelles. 


(Communiqué par M, Folie, directeur de cet établissement.) 


Un examen sommaire des photographies prises pendant 
la durée de la dernière éclipse totale nous donne l'espoir de 
pouvoir, en agrandissant les images, étudier en détail la 
structure de la couronne; leur comparaison avec les résul- 
tats obtenus des éclipses précédentes nous permettra 
d'ajouter quelques données relatives à la configuration 
extérieure de l'enveloppe solaire. 

Une série de photographies du soleil, que le directeur 
de l'Observatoire se propose de prendre dans certaines 
conditions d'exposition, viendra aider à prouvrer ce qui 
appartient réellement au soleil dans les appendices lumi- 
neux et de structure si variée que montrent les dessins et 
les photographies autour de la chromosphère. 

Nous pouvons déjà établir les deux points suivants, 
d'aprés la comparaison de nos photographies avec celles 
obtenues par M. Karelin, de Nijni-Novgorod, qui opérait, 
comme nous, à Jurjewetz : 

1* Avec les plaques sensibles de Van Mobkdoins: 
des objectifs photographiques « portrait-lenses » d'un dia- 
mètre de 12 centimètres donnent presque instantanément 
(1/50 à t/s de seconde) une image, non seulement des 
protubérances, mais aussi de la couronne. On pourra done, 
dans les observations d bes se € pour photo- 
graphier le phénomène, d'emporter avec s 
disposés sur des montures paroligi qui sont toujours 
d'un transport difficile et coûteux ; b 
2" Des temps de pose de 30 secondes ne donnent pas — 


( 450 ) 

des images plus détaillées de la couronne que celles que 
l’on obtient au bout de 8 secondes; il en résulterait que 
ce qui forme réellement la couronne solaire doit se montrer 
au bout d’un temps de pose très court. Si, dans les photo- 
graphies de la couronne obtenues après une durée d’expo- 
sition de plus d’une minute, on obtient des auréoles éten- 
dues et des appendices lumineux, ne devrait-on pas les 
attribuer à des phénomènes physiques dus aux conditions 
atmosphériques, ou à des effets de lumière produits dans 
l'appareil photographique lui-méme, effets d'autant plus 
seusibles que le temps d'exposition des plaques photogra- 
phiques est plus long? 

A ce sujet, nous croyons intéressant de mentionner que, 
parmi les photographies de Jupiter que nous avons prises 
à l'Observatoire de Bruxelles, les images obtenues aprés 
un temps de pose de 2 secondes étaient parfaitement nettes 
et définies, tandis que celles exposées pendant 30 secondes 
montraient une auréole autour de la planète. 


Sur un mode de préparation de la phénylhydrazine; par 
A. Reychler, docteur en sciences, à l'Université de 
Bruxelles. 


J'ai obtenu de la phénylhydrazine d’après un procédé 
qui n'est point sans présenter quelque analogie avec celui 
de Fischer. Les matériaux employés sont les mêmes, mais 
ils entrent en réaction dans un ordre inverse. 

Une solution d'une demi-molécule de carbonate de 
potassium, tenant en suspension une molécule d'aniline, 
est traitée par un courant d'anhydride sulfureux jusqu'à 
dissolution complète de la base organique. Dans cette satu- 


( 451 ) 
ration, qui va jusqu’à donner des bisulfites, on évite avec 
soin l'addition d'un trop grand excès de gaz sulfureux. 

La liqueur obtenue est ensuite versée lentement dans 
une solution aqueuse d’azotite de potassinm, que l'on a eu 
soin de neutraliser au préalable par quelques gouttes 
d'acide acétique. 
| La réaction donne lieu à un dégagement de chaleur 
peu considérable, ne nuisant pas au rendement si les 
liquides à mélanger ont été quelque peu refroidis. 
| On obtient alors, sans aucun dégagement gazeux, une 
| solution jaune et un abondant précipité de la méme cou- 
leur. Celui-ci consiste en diazobenzolsulfonate de potas- 
sium, sans doute déjà mélangé d'une faible proportion 
d'hydrazine sulfonate. 

Un repos d'une couple d'heures est alors nécessaire, 
pendant lequel on voit le précipité pâlir en nuance, à 
mesure que le diazobenzolsulfonate subit l'influence 
réductrice du milieu sulfureux. En méme temps la réac- 
tion du mélange devient nettement alcaline. 

Il ne s'agit plus alors que d'achever la réduction déjà 
commencée. A cet effet, on chauffe le tout au bain-marie 
jusqu'à produire une solution claire, on rend la réaction 
acide par l'addition d'un léger excés d'acide acétique, puis 
on ajoute prudemment du zinc en poudre et de l'acide 
chlorhydrique étendu jusqu'à réduction, c'est-à-dire déco- 
loration, complète. 

La solution filtrée, additionnée d’un peu d’acide chlor- 
hydrique, est alors concentrée à feu nu. Si l'on a poussé 
l'évaporation suffisamment loin, l'addition d’une quantité 
peu considérable d'acide chlorhydrique concentré suffit 
pour faire naitre un abondant précipité de chlorhydrate 
de phénylhydrazine. 

Le rendement en chlorhydrate brut est assez variable : il 


STEPS TN 


( 452 ) 
se rapproche le plus souvent de 85 °/, de la quantité théo- 
rique. Le rendement en produit vrai (déduit du dosage de 
l'azote dans le produit brut) n’est guère que de 65 à 70 */,. 

Le reste de la phénylhydrazine a été en partie détruit 
lors de l'évaporation, laquelle donne lieu à un faible déga- 
gement de produits hydrocarbonés (?). En majeure partie 
il se trouve daus les eaux-méres du chlorhydrate : forte 
réaction par la liqueur cupropotassique. 

L'extraction de la base libre se fait d'aprés le procédé de 
Fischer. Elle présente absolument les caractères de la phé- 
nylhydrazine. Par son aspect, elle ressemble beaucoup au . 
phénol. Elle est solide à la température ordinaire, bout vers 
256^, réduit à froid la liqueur cupropotassique et donne avec 
l'acide pyruvique le produit de condensation caractéristique. 

Dans mes essais j'ai employé le plus souvent : 


5/49 de poids moléculai 26 à 30 grammes d'azotite de potassium. 
5/40 de poids moléculaire — 98 grammes d'aniline. 
5/29 de poids moléculaire = 21 grammes de carbonate de potassium. 
Pour une opération, il fallait environ 500 c. c. d'eau, 
dont 300 c. c. pour la dissolution des bisullites. 
Le mélange des deux solutions prenait à peine cinq à 
dix minutes. 
La quantité totale d'acide chlorhydrique à employer 
était de 80 à 100 c. c. 
L'interprétation théorique de la réaction me parait 
devoir se rattacher aux travaux de Raschig sur les acides 
sulfazotés (1). Une molécule d'azotite alcalin et une molé- 


a A A EE NUNT d 


(1) Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. XX, pp- 584 
et 1158. 

Mon étude a éte faite antérieurement à ces pub'ications ct allait 
donner lieu à des recherches sur les acides sulfazotés, quand parut 
dans les Berichte le communiqué de Raschig. 


( 455 ). 

cule d'acide sulfureux tendent à former comme premier 
produit de condensation une molécule de dihydrox ylamine 
sulfonate de potassium : 


KO NO + HS0,H — N (0H), SO,K 


lequel, trouvant une molécule d'aniline à sa disposition, 
forme le produit diazoté CHN — N — SO;K. 

La réduction ultérieure en dérivé d'hydrazine est opérée 
par la molécule additionnelle de bisulfite et par l'hydro- 
gène naissant (Zn + 2HCI). 

La méthylaniline ne se prête point à la même transfor- 
mation. La réaction du mélange devient ici fortement 
alcaline, et la base organique se trouve précipitée. Dans 
ces conditions il se forme probablement de l'hydroxyla- 
mine disulfonate de potassium. 

Pour finir, je ferai remarquer que l'opération inverse de 
celle qui a été décrite (verser l'azotite dans la solution des 
bisultites) conduit à uu tout autre résultat. Les produits 
de cette réaction n'ont pas été étudiés. Ils forment proba- 
blement un mélange variable de dérivés diazotés et diazo- 
amidés, mélés à leurs produits de décomposition. 


La Classe se constitue en comité secret pour prendre 


connaissance de la liste des candidats présentés par les 
sections pour les places vacantes. 


+ 


TS e 


( 484 ) 


CLASSE DES LETTRES. 


Séance du 10 octobre 1887. 


M. P. De Decken, doyen d'àge, occupe le fauteuil. 
M. LiacnE, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. le baron J. de Witte, Ch. Faider, 
le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, Thonissen, 
Th. Juste, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, A. Wagener, 
P. Willems, G. Rolin-Jaequemyns, Ch. Piot, Ch. Potvin, 
Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gantrelle, L. Roersch, membres; 
M. Philippson, associé; Alex. Henne et A. Van Weddingen, 
correspondants. 


M. Bormans, vice-directeur, écrit qu'il est empêché 
assister à la séance. 


CORRESPONDANCE. 


— 


M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Tra- 
vaux publics demande que la Classe des lettres procède, 
conjointement avec la Classe des sciences, à la formation 
de la liste double des candidats pour le choix du jury 
chargé de juger la première période du concours décennal 
des sciences philosophiques (1878-1887). 


( 455 ) 
— Le même Ministre demande une liste double des can- 
didats pour le choix des jurys chargés de juger : 
1° La 8° période du concours quinquennal de littérature 
francaise (1885-1881); 
2» La 10* période du concours triennal de littérature 
dramatique en langue francaise (1885-1881). 
Ces élections auront lieu dans la séance du mois de 
novembre. 
Le méme Ministre envoie : 
A. Une copie de l'arrété royal du 30 juillet dernier nom- 
mant MM. P.-J. Van Beneden et Briart, proposés par la 
Classe des sciences, et MM. de Laveleye, Liagre et Rivier, 
proposés par la Classe des lettres, comme membres du 
jury chargé de juger le quatriéme concours pour la collation 
du prix fondé par le docteur Guinard; 

B. Les ouvrages suivants destinés à la bibliothéque de 
l'Académie : 
1° Catalogue descriptif et critique des manuscrits d Am- 
phonius se trouvant dans la Bibliothéque royale d'Erfurt, 
une des collections les plus riches et les plus recherchées de 
l'Europe, en ce qui concerne la littérature scolastique. (En 
allemand.) — Don du Gouvernement impérial allemand; 
2^ La Flandre orientale et ses anciennes archives, manuel 
de renseignements, publié par Félix d'Hoop; 
3° Sur la liberté de réunion, mémoire présenté au con- 
Cours universitaire de 1886 pour la collation des bourses 
de voyege, par L. Dupriez; 
4^ Les mauvaises langues, par Jules De Soignie ; 

9* Bulletin de la Société d'art et d'archéologie du diocése 
de Liège. Tomes I“ à IV; 

6* Histoire de la discipline parlementaire, par Auguste 

Reynaert. — Remerciements. 


( 456 ) 

— Hommages d'ouvrages : 

1° Le texte originaire du Yih-King, sa nature et son 
interprétation, par C. de Harlez. (Présenté par M. P. Wil- 
lems avec une note qui figure ci-après); 

2° a) I documenti del archivio di Barcelona, e il ribella- 
mento di Sicilia contro Re Carlo, nel 1282 ; b) L'apologetica 
cattolica e gli studi etnografici, storici archeologici contem- 
poranei, par Vincenzo di Giovanni (Présentés par M. Alph. 
Le Roy); 

9° Le mien et le tien, causerie populaire, traduite de 
l'itatien par Camille Wiliquet. (Préseuté par M. Alph. 
Le Roy avec une note qui figure ci-après.) — Remer- 
ciements. 


— M. Alex. Henne écrira pour l'Annuaire prochain 
la notice nécrologique sur Alphonse Vandenpeereboom, 
ancien membre de la Classe des lettres. — Remercie- 
ments. 


NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 


J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la part de notre con- 
frère, Me de Harlez, un exemplaire d'une étude intitulée : 
Le texte ordinaire du Yih-King, sa nature et son interpré- 
tation. 

Les Chinois possédent un livre qui remonte à une haute 
antiquité et dans lequel ils ont prétendu trouver tons les 
principes et les mystères de toutes les sciences philoso- 
phiques, morales, politiques, naturelles, etc. Aucune 
découverte européenne qui ne soit prévue par ce livre. H 
s'appelle Yih-King ou livres des changements. Ce n'est 
en somme que l'explieation de 64 groupes formés chacun 


( 457 ) 

de six lignes droites, horizontales et parallèles, dont les 
unes sont pleines, les autres coupées par le milieu. Cette 
explication tout entière consiste dans des pronostics à 
tirer de cette figure et de chaque ligne. Il y a 64 sections 
dont chacune a une figure hexagramme, un caractère chi- 
nois qui en est le nom, et une double interprétation, l’une 
de la figure entière, l’autre de chaque ligne. C’est un vrai 
livre de bonne aventure. 

Tout cela est si obscur, que le livre a-été l'objet de plus 
de mille commentaires sans qu'on y ait vu plus clair. En 
outre il est si bizarre qu'on a pu dire qu'aucun livre au 
monde n'est si absurde que celui-là. 

Tous les interprètes et traducteurs chinois ou euro- 
péens ont admis tout cela sans chercher plus loin, et ils 
ont travaillé là-dessus avec un courage digne d'une meil- 
leure réussite. 

Enhardi par les doutes émis par un savant sinologue de 
Londres, M. de Lacouperie, M. de Harlez s'est demandé s'il 
n'y avait pas autre chose à trouver dans le fonds originaire 
du Yi^-King. Après une étude approfondie, il a constaté 
que primitivement ce n'était nullement un livre de bonne - 
aventure ridicule, mais un recueil de réflexions philoso- 
phiques tout à fait dans le goüt des meilleurs philosophes 
Chinois, et, dans la seconde partie ou commentaire, une 
Série d'explications lexicologiques, des exemples d'appli- 
Ccalion du sens des mots et autres choses semblables, le 
tout selon le systéme des dictionnaires chinois. 

Pour arriver à ce résultat inattendu et si intéressant, il 
ne lui a fallu que traduire naturellement tous les mots 
du texte, en rendant aux premiers caractères chinois leur 
róle naturel d'interprétation des figures, au lieu d'y voir 
de simples sons, et en écartant les termes d'augure et de 
nécromancien qui sont venus interpoler et défigurer un 


( 458 ) 
texte des plus rationnels, sans forcer le sens en aucun 
point. On pourra comparer les deux résultats et interpré- 
lations. 

La nouvelle interprétation est certainement, autant que 
nous pouvons en juger, rationnelle et concordante, et 
remet le vieux livre chinois parmi les œuvres sensées et 
dignes d'attention. Aussi l'interprétation de M. de Harlez 
a-t-elle déjà recu l'approbation des sinologues les plus en 
renom. P. WILLEMS. 


J'ai l'honneur d'offrir à la Classe des lettres un ouvrage 
intitulé : Le mien et le tien, causerie populaire, traduite de 
l'italien, par Camille Wiliquet. 

M. l'avocat Wiliquet nous offre aujourd'hui une nou- 
velle traduction de l'italien. Son choix n'a pas été moins 
heureux que d'habitude. Il s'agit d'un simple opuscule de 
moins de cent pages, mais qui en dit plus que maint gros 
livre, du moins pour la classe de lecteurs à laquelle il 
s'adresse. L'auteur est M. Aristide Gabelli, député au par- 
lement d'Italie, et le titre est suffisamment significatif : Le 
mien et le tien. Rien de neuf dans ce cadre, on a soin de 
le déclarer tout d'abord; des vérités aussi vieilles que la 
société humaine elle-méme, mais des vérités qu'il est plus 
que jamais utile de rappeler au peuple, en ce temps où 
les sophistes l'égarent à plaisir et où « les révolutionnaires 
sans le savoir » sont de plus en plus nombreux. Le danger 
est imminent, surtout dans les pays à gouvernement pope" 
laire, livrés aux fluctuations de l'opinion, préoccupés de 
compter les suffrages au lieu de les peser. 

L'absurdité des théories égalitaires qui, si elles étaient 
un instant réalisables, n'aboutiraient qu'à l'égalité de la 


( 489 ) 
misère; le salut et la prospérité de l'ouvrier dépendant de 
son esprit de conduite; la propriété reconnue comme le 
fondement de la vie civile : ce sont là autant de thèses tri- 
viales, pour ainsi dire, mais sur lesquelles on est bien forcé 
de revenir sans cesse, en présence des convoitises malsaines 
et de l'aveuglement des passions. Cependant les plus élo- 
quents plaidoyers n'y font rien : le grand point, c'est de 
parvenir à faire écouter les lecons du bon sens dans la 
mansarde ou la chaumiére. M. Gabelli a compté, pour 
arriver à ce résultat, sur l'influence des exemples. Il met 
en scéne des personnages, raconte tout bonnement leur 
vie, et finit sur leur céder la parole, attentif à leurs objec- 
lions et y répondant par des faits précis et par des chif- 
fres. Tout y passe, depuis la réforme des impóts jusqu'à la 
réforme des salaires, jusqu'aux illusions de l'école qui ne 
compte que sur le gouvernement. L'auteur ne croit pas 
aux panacées, mais il croit au progrès et apprécie haute- 
ment les institutions modernes, basées sur le respect de la 
justice. Il montre de la manière la plus pertinente que 
ceux qui en méconnaissent le bienfait sont en définitive 
les ennemis de ceux qu'ils tentent de séduire : les oisifs 
des grandes villes et les dépensiers qui ont contracté des 
besoins factices. Un discours magistral, prêté à un vieux 
général américain, présente en un résumé clair les conclu- 
sions échelonnées dans tout l'ouvrage, dans un langage 
-à la fois consolateur et fait pour fortifier les âmes. 

Ce petit volume sans prétention, mais dont chaque page 
contient une lecon pratique et s'inspire d'idées élevées, 
serait avantageusement, ce me semble, introduit dans nos 
écoles, et je serais surtout heureux de le voir pénétrer au 
foyer de famille de ceux pour qui il a été écrit. La Bel- 
gique peut en faire son profit, comme l'Italie. L'honorable 
traducteur l'a pensé sans doute; mais ici je me permets de 


( 460 ) 
lui adresser une observation. C'était le cas, ou jamais, non 
de procéder à une version littérale, mais à ce qu'on est 
convenu d'appeler une adaptation. Si M. Wiliquet se déci- 
dait à entreprendre ce travail, il pourrait rendre un véri- 
table service à nos classes laborieuses, mises directement 
en cause et ainsi plus vivement intéressées. 


ALPH. LE Roy. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Vondel et la Belgique; par J. Stecher, 
membre de l'Académie. 


Le 17 novembre prochain, Cologne fétera le troisiéme 
centenaire du poéte Vondel, de Agrippijnsche Zwaan (le 
Cygne agrippinien de Colonia agrippina Ubiorum). On s'y 
propose de jouer sa tragédie Jephta, oü il a voulu repro- 
duire la régularité classique. A Amsterdam, dés septembre, 
à l’occasion du grand congrès littéraire hollando-belge, le 
Vondels-park a vu des fêtes magnifiques en l'honneur du 
plus brillant génie poétique de la Néerlande (1). Anvers, à 
son tour, a eu son comité institué en vue de cette commé- 
moration, et pour que tout füt bien national, il se compo- 
sait fraternellement de libéraux et de catholiques. Ils ont 


(1) Vonvez, The great ideal poet of the Netherlands. Saturday- 
Review du 28 août 1886. 


"OEC ANT ET CEE Let 


: 
11 


( 461 ) 

fait représenter les Leeuwendalers, l'idylle patriotique par 
excellence. Le conseil communal avait chargé M. Robert 
Fabri de sculpter un buste du poète destiné à l'une des 
salles du théàtre flamand, Nederlandsch Schouwburg. Dans 
les écoles, on s'attachait avec une sorte de fiévre à faire 
connaitre à la jeunesse la vie et les ceuvres de ce Flamand 
que la Belgique donna à la Hollande (1). A Bruxelles, 
l'Union littéraire annoncait qu'elle se ferait représenter 
aux fêtes d'Anvers. Entin on vient d'inaugurer le 2 octobre 
le grand théâtre flamand de la capitale par la représen- 
tation de Vondel, le drame du docteur Van Peene. 


I 


On conçoit l'enthousiasme de Cologne, où Vondel est 
né, et celui d'Amsterdam, où il a composé tous ses chefs- 
d'œuvre. Mais en Belgique, ne faut-il pas se résigner à 
dire : « Par la fatalité de nos guerres religieuses, nous 
avons perdu ce grand coloriste flamand, comme nous 
avons failli en perdre un plus grand encore, Rubens, né à 
Siegen? » 

Quelques traits pris dans la vie et surtout dans l’œuvre 
de Vondel montreront aisément que notre pays peut 
revendiquer quelque part de cette gloire. C'est bien un fils 
de parents belges dont on a voulu célébrer la mémoire. 

Joost Vondel (ou Van den Vondel) (2) est né à Cologne, 


Mediae educ mu e 


(1) Cf. Notre Histoire de la littérature néerlandaise en i cce 
page 238. 

(2) Un nom tout à fait brabançon del signifie planche ou pont 
sur un fossé, ; 
9"* SÉRIE, TOME XIV. 51 


( 462 ) 
le 17 novembre 1587. Son grand-père, Peter Kranen, était 
un de ces rhétoriciens anversois qui de la Renaissance 
avaient glissé jusqu’à la Réforme, allant plus loin que 
Houwaert ou que Van Ghistele, fakteur de la Goudbloem. 
I| s'était fait mennonite, doopsgezind, c'est-à-dire non 
pas anabaptiste (comme on traduit quelquefois), mais, tout 
au contraire, une sorte de quaker mitigé par les prédica- 
tions de Menno Simonis, ancien curé catholique. Poursuivi 
par les sbires du markgraaf, sans doute pour quelque satire 
trop hardie, Peter Kranen eut le temps de se sauver à 
Cologne avec ses enfants. Sa femme, prés d'accoucher, fut 
enfermée au Steen; mais un cousin, Hans Michiels, se 
portant caution, obtint sa liberté jusqu'aprés ses couches. 
Ramenée à la prison par Hans Michiels lui-méme, la 
pauyre femme apprit bientót qu'elle allait étre condamnée 
au bücher. On ne lui accorda sa grâce qu'à la condition de 
faire baptiser un de ses enfants qu'il fallut faire revenir 
de Cologne. C'était la petite Sarah, qui devait étre la mére 
du poéte et lui préparer, de loin et comme par influence 
poétique, sa conversion au catholicisme. 

A Cologne, refuge d'un grand nombre de Flamands, les 
Anversois mennonites formaient une sorte de colonie fer- 
mée. On ne se mariait qu'entre coreligionnaires (1). Ce fut 
ainsi que Joost Vondel, un chapelier (hoedstoffeerder), 
épousa la fille de Peter Kranen, qui, baptisée par force, 

ducc EE 


(4) On a remarqué partout cette intime solidarité des proscrits 
flamands. V. Alph. Willems, Les Elzeviers, p. cLxvit. — Nous venons 
de lire dans le Gids de décembre 1887, p. 549 : « L'histoire de 
nos Réfugiés, de ces énergiques Flamands qui ont fait la grandeur 
d'Amsterdam, demeure inconnue malgré le concours institué par la 
Provinciaal Utrechtsch Genootschap. » 


" 


( 463 ) 

était bientôt ramenée à la douce religion mennonite de sa 
famille. Bientôt le nord des Pays-Bas s'affranchit, et les 
protestants purent obtenir la liberté de leur culte, Pour 
des Flamands, rentrer en Hollande, c'était alors, grâce à 
l'identité d'idiome, revenir de l'exil. Le chapelier Joost y 
songea comme tant d'autres; mais des intérêts de commerce 
le forcèrent d'abord à résider à Francfort et à Brême. 
Enfin, en 1598, ii put s'établir à Utrecht, où le futur poète 
commenca son éducation. En 1600, son pére est marchand 
de bas et de chaussons dans la célèbre Warmoesstraat 
d'Amsterdam. Dans cette ville, oà se concentrait alors 
l'énergie néerlandaise, deux Sociétés de rhétorique fla- 
mande, épaves de la catastrophe d'Anvers de 1585, avaient 
la vogue. Elles attiraient, à leurs représentations de Zin- 
nespelen ou moralités allégoriques, non seulement les 
réfugiés de Belgique, mais le peuple d'Amsterdam, dont 
le langage ne différait guère du nies pie que par un peu 
moins de mots francais. 

Le jeune Vondel, on l'a généralement remarqué, fut pro- 
fondément impressionné par ces jeux de scéne oü, avec 
une naïveté digne du moyen âge, on cherchait avant tout à 
édifier un public facilement enthousiaste. M. J. te Winkel (1) 
a parfaitement dégagé ces traces curieuses de l'influence 
rhétoricale, A dix-sept ans, en 1605, un épithalame 
pour le mariage de Clara van Tongerloo, montre le poéte 
déjà tout formé par ce style flamand mélé de réminis- 
cences évangéliques et de bizarreries dérivées du mauvais 


(1) Vondel als treurspeldichter (Haarlem, 1881). — Dans le pre- 
mier volume de sa Geschiedenis der Nederlandsche letterkunde, qui 
vient de paraître, le Dr Te Winkel s'attache à faire ressortir l'impor- 
tance de l'élément flamand dans la littérature néerlandaise. 


( 464 ) 
goût des auteurs de la période bourguignonne. Ce Schrif- 
tuerlyck Bruylofts-reffereyn est une de ces ballades pom- 
peuses dont le refrain ou stock-regel ne manque pas d'af- 
féterie. 

L'an d'après, au concours dramatique (land-juweel) de 
Haarlem, un lied encore assez rhétorical est adressé aux 
deux chambres de rhétorique brabanconnes qu'on venait 
d'applaudir. Mais déjà le grand éerivain Hooft, le Richelieu 
el le Malherbe de là nouvelle renaissance, signalait le fils 
du boutiquier anversois comme un des rimeurs qui don- 
naient les plus hautes espérances. 

En 1609, le doux mennonite, convaincu que la guerre, 
méme défensive,ne peut s'inspirer d'aucun verset du sermon 
de la Montagne, célébre avec amour la Tréve de douze ans 
obtenue par le tolérant Olden Barneveldt, en dépit du trop 
belliqueux prince Maurice. Il espère que cette trêve pourra 
bientót amener une paix définitive, que d'avance il se glo- 
rifie de chanter : 


Op hope of met’ er tydt een vrede-zon misschien 
Den Nederlanden mocht gheduuriglijck bestralen. 


Mais quoi! le fanatisme se réveille : Henri IV est assas- 
siné, et cette victime de Ravaillae, populaire aux Pays-Bas 
comme en France, inspire à Vondel, dans un style déjà 
renouvelé, une poésie à détails réalistes comme les aimait 
la peinture flamande (1). Le Wivaert en treur-dicht déplore 


(1) Simon Gonrzn, dans ses Letterkundige studien (2° édition, 
Amsterdam, 1881) et principalement à propos de Bilderdijk « qui 
osait se placer au-dessus de Vondel, » analyse finement le réalisme 
du génie anversois. — Il faut pourtant reconnaître que Bilderdijk, 
dans la préface de son Willem van Holland, se montre plus enthou- 
siaste que Jonckbloet pour la tragédie de Vondel. 


( 465 ) 

la mort « du défenseur du saint Évangile » et salue naïve- 
ment Louis XIII comme le protecteur de la république 
des Provinces-Unies. 

Cette méme année (1610), Vondel épouse Maaiken 
(Mariette) de Wolf. dont le père, qui était un passementier 
anversois, avait autrefois dà profiter du refuge de Cologne 
à cause de son mennonisme. La jeune femme se met bra- 
vement à la téte de la boutique de la Warmoesstraat et 
permet ainsi à son mari, d'un an moins âgé qu'elle, de se 
livrer plus librement aux aspirations de la poésie. 

Aussi, dés 1612, voyons-nous Vondel aborder le théàtre 
pour son propre compte. Rien de plus curieux pour nous 
que ce début dans un genre longtemps convoité par l'admi- 
rateur des Flamands. La chambre brabanconne Lavendel- 
bloem s'était naturellement chargée de la représentation. 
Het Passcha était une tragédie, ou plutót, comme dit Van 
Lennep (1), un mystére sur la sortie d'Égypte. Avec une 
orthographe essentiellement brabanconne, la piéce s'an- 
nonçait comme donnant une leçon édifiante au peuple, 
trage comedischer wijze, ce qui signifiait, comme pour 
Corneille, un dénouement heureux. Il s'agissail, en effet, 
de la délivrance des Israélites; mais Jéhovah, qui y figure 
Comme protagoniste, y semble bien promettre une autre déli- 
Yrance, celle des Pays-Bas opprimés par Philippe H, auquel 
Pharaon fait sans cesse penser. Dans une « Épistre à mon- 
seigneur Jean-Michiels van Vaerelaer, mon singulier ami » 
(les seuls vers francais que l'on connaisse de Vondel), il 


en dn i i s S EA 


(1) Avons-nous besoin de faire remarquer que la plupart des 
faits cités dans cet article sont empruntés à la grande édition de 
Vondel par Van Lennep (12 vol. gr. in-8*, Amsterdam, 1855-1869)? 


t 


( 466 ) 
copie la langue de ce Dubartas de la Pléiade, si souvent 
traduit en flamand (1). À son mécène, un marchand bra- 
bancon enrichi, il vante toujours la paix : 


Durant l'aage doré que nos premiers ancestres 
Faisoient profession des ouvrages champestres, 
Astrée florissoit, et la terre à chascun 

Estoit avee ses fruiets en partage commun. 
Les fifres ni tambours n'esveillérent l'orage 
D'un sanglant eschaffaut..... 


Malgré certains mots et certains détails qui se ressentent 
de la trivialité des rhétoriciens ses premiers maîtres, Von- 
del rappelle souvent l'élévation de Calderon, qui, lui aussi, 
n'a fait que transformer des mystères du moyen âge. Puis, 
quelle intensité de vie à travers cette diction parfois mys- 
tique! C’est, en vérité, la sensation des choses comme on 
l'a dans Rubens, jusque dans ses allégories. L'inspiration 
est à la fois patriotique et biblique, et cependant plus d'une 
tirade, d'une audacieuse familiarité, a les tournures les 
plus brabanconnes, les plus naturelles pour exprimer des 
idées transcendantes. On pourrait aisément se moquer de 
Pharaon qui maudit Jupyn et les Furies, tout comme un 
fakteur de Belgique; on se lasserait vite de compter les 
burgondismes de ce que les Brabancons appelaient « lan- 
gage de cour, » par exemple, parwyck van Phebus, eene 
tombe, een aster, etc.; mais que nous importe, dès que la 
Fama ou Renommée raconte le passage de la mer Rouge 
comme si elle traduisait le fameux Cantique, en y ajoutant 
l'ampleur de l'épopée? Que nous fait ce reste de fidélité à 

dr Eieiopeco ws 


(1) Par exemple, par le graveur- poète anversois, Zacharias Heyns. 


( 467 ) 

la rhétorique, si tout à coup, dans les chœurs ou Ryen, on 
s'aperçoit que le vieux flamand, dégagé de son bariolage 
bourguignon, retrouve la simplicité, la netteté de Ruus- 
broec et de Maerlant pour monter jusqu’au sublime? Si la 
Passcha garde encore çà et là l'attirail des Brabandsche 
Kamers, du moins y trouve-t-on un esprit nouveau, jusque 
dans le rythme et la cadence. On dirait que la liberté, par 
ses épreuves, a retrempé ce vieux langage d'antan. 


Il 


De jour en jour, Vondel s'associait mieux aux destinées 
de la patrie. Pendant plus de soixante ans, il devait en 
célébrer les moindres aventures. Le catalogue de ses vers 
correspond de point en point aux annales de la Néerlande. 
A peine a-t-il achevé sa tragédie qu'il entreprend une 
autre ceuvre tout aussi nationale. C'est l'hymne à la marine 
des Provinces-Unies : O bondigh Nederland! O forte 
république! que vous voilà vengée de Philippe II! Mais 
que de ruines en ces quarante années de guerre, jusqu'à 
ce que l'Espagne nous octroie le chapeau de la liberté! Et 
alors, avec une netteté de pinceau vraiment flamand, il 
retrace la perte de l'Armada, la bataille de Nieuport, les 
lointains voyages, les audacieuses découvertes. Nova- 
Zembla, Heeinskerk, Nassau, sont chantés d'une facon 
triomphale. Aprés le triomphe, la priére pour que Dieu 
préserve ce peuple des ivresses de la vietoire et pour que 
le brillant Maurice se résigne à la paix. Qui croirait que 
l'auteur de ces vers magnifiques composait encore, quatre 
ans plus tard (1616), un chant de Pentecôte (Pinxter | 
Zangh), signé d'une anagramme à la mode rhétoricale! 

On pouvait craindre que cette naïveté à la fois si ger- 


( 468 ) 

manique et si chrétienne ne se perdit par les nouveiles 
études entreprises par Vondel. Pour mieux se mettre à la 
hauteur du cercle des Roemer Visscher, des Hooft et d'au- 
tres nombreux amis littéraires, il s'était mis à apprendre 
le latin; il se préoccupait surtout des écrits du Gantois 
Daniel Heinsius et de l'Anversois Barlœus sur l'esprit de 
la littérature ancienne. Mais il lui arriva comme à Cor- 
neille, auquel son génie nous ramène quelquefois : il main- 
tint la liberté de ses allures malgré toute la vénération 
qui l'inelinait devant le moindre poète ou critique de 
l'antiquité. 

Cette préférence pour l'érudition se concilie sans effort 
avec la bonhomie toute flamande et le charmant naturel 
qui désormais se montrent dans tous ses écrits. En 1615, 
un libraire lui demande de commenter les gravures du 
Gulden Winckel, dédié à son beau-frére Abraham de Wolf; 
il combine la mythologie greeque et la simplicité évangé- 
lique, sans qu'on s'apercoive de la combinaison, de la 
soudure. Un autre libraire invoque sa plume pour refaire 
le fablier du Brugeois De Deene et rehausser d'autant les 
spirituelles gravures d'un autre Brugeois, Markus Gee- 
raerts. Aussitôt la Warande der dieren apparait avec un : 
trésor de vieux dictons, pratiques comme dans Cats, 
mais d'une tournure plus vive et méme fringante. Pour- 
tant, on y rencontre maint adage destiné à des héros de 
Teniers : 


Lett vooral op de spreuck : Alst bier is in de man 
Dan is al zijn verstant en wijsheid in de kan (1). 


(4) Prends garde avant tout au dicton : « Quand la bière est dans 
l'homme, dès lors toute sa sagesse, tout son esprit est dans le pot. » 


( 469 ) 
Lorsque, vers la fin de 1617, pour lutter contre les 
buveurs, les kanne-kykers des rhétoriques décadentes, le 
D' Samuel de Coster reconstitua la vieille chambre, de 
oude kamer, Vondel fut un des premiers à s'inscrire. Il 
aimait d'ailleurs ce spirituel descendant des gueux de mer, 
qui savait le guérir de sa mélancolie. Chose curieuse, en 
effet, ce génie si anversois de raillerie cordiale (voir son 
portrait en tête de l'édition Van Lennep) était parfois 
rêveur et concentré. Le docteur, au surplus, lui plaisait, 
parce que son protestantisme était tolérant, humaniste, à 
la facon des anciens « politiques ». Quand il finit par 
transformer les rhétoriques en académie et par obtenir un 
théâtre permanent, ce fut à la grande joie de Vondel, 
redoublée encore par la colére de quelques prédicants 
fanatiques et gomariens (sectateurs du Brugeois Goemare). 
A ce théâtre régénéré, Vondel fit représenter sa seconde 
tragédie : La Destruction de Jérusalem. M était alors diacre 
chez les Mennonites, section des Waterlanders, et l'on 
pouvait croire qu'il avait mystiquement renoncé au drame 
et à ses pompes. Mais cette pièce sans aetion, sans véri- 
table mouvement scénique, était en quelque sorte une 
élégie religieuse, où la gravité de la pensée était relevée 
Par une noble simplicité de style. : 
Si mystique qu'il se montràt par moments, depuis sa 
maladie de 1620, il demeurait fidèle à sa prédilection pour 
les humanistes. C'est ce qui l'inspira à propos dÉrasme, 
qui; sous le nom de libertyn (libre-penseur), était violem- 
ment attaqué par les calvinistes de Rotterdam, ennemis 
des politiques. Un sonnet contre l'abus des condamnations 
ecclésiastiques est contemporain d'une ode sur sainte 
Agnés faite à propos d'un livre de Stalpaert van der Wiele, 


( 470 ) 
archiprétre de Delfland et grand ami de ces deux filles de 
Roemer Visscher qu'on a pu surnommer les demoiselles 
Rambouillet de la Hollande. Elles figuraient au cercle lit- 
téraire de Muiden sous la présidence de Hooft. C'était le 
vrai foyer de la tolérance, si difficile à réaliser dans une 
époque de luttes. 

Pour un des plus brillants familiers du cercle, Laurens 
Reael, ancien gouverneur des Moluques, Vondel composa 
l'Éloge de la navigalion, oü se remarque encore une fois 
cette vivacité de coloris, cette exactitude de termes tech- 
niques, qu'on doit d'autant plus admirer dans une œuvre 
largement épique et de la part d'un auteur qui n'avait pas 
encore expérimenté la vie maritime (1). Ce don de la 
description vivante et poétique le rendait naturellement 
enthousiaste de Dubartas et de ses traducteurs. On n'a 
qu'à lire les vers qu'il adressa au poéte-graveur et impri- 
meur Zacharias Heyns, d'Anvers, membre de la Bra- 
bandsche Kamer. Un autre traducteur eut part à ces éloges 
sincères, c'est le baron d'Asperen, gendre de Marnix, en 
méme temps que le célébre imprimeur Balthasar Moretus 
(Moerentorf). 

En 1695, à la mort de Maurice, Vondel salua, dans des 
vers encore admirés de nos jours, le nouveau capilaine- 
général, Frédéric-Henri, qu'il eroyait modéré en religion 


E p iia dam sac cista eani 


(4) Vondel était un voyant, à l'imagination nette, vive et péné- 
trante. « Quand il compose son Rhijnlied, dit Simon Gorter, il a 
nettement dans l'esprit toutes les villes, tous les paysages que par- 
court le grand fleuve depuis les Alpes jusqu'à Katwijck. » Aussi, 
ajoute l'auteur du Beeldspraak, son plus grand charme encore € "est 
d'étre vrai. 


(47 

et grand ami de la paix. C'était comme un réve d'idylle. 
Avec plus d'énergie et méme avec une certaine virtuosité 
dramatique, il composa alors Palamedes, une tragédie 
grecque dont le sous-titre, « l'innocence égorgée », indi- 
quait une pensée vengeresse à tous les amis du malheureux 
pensionnaire des Ktats de Hollande, Olden Barneveldt. 
Les intentions allusives sont transparentes, grâce à une 
foule de détails nettement caractéristiques des lieux et 
des personnes que l’on visait. Ce fut un acte de courage. 
De tous cótés pleuvaient les pamphlets et les pasquins 
scandaleux. Le fanatisme parvint méme à exciter le zéle 
du Schout, chef du tribunal des échevins d'Amsterdam ; 
mais tel était déjà l'ascendant du grand poète, qu'il ne fut 
condamné qu'à une amende de 500 florins, qu'un ami paya 
pour lui. La guerre aux juges iniques du tolérant Barne- 
veldt (4) semblait au moins exiger un long et dur empri- 
sonnement. Pro libertate, ainsi signait-il ses ripostes, et il 
en avait bien le droit. 


IH 


Jamais poète n'a fait plus longtemps (de 1610 à 1672) 
un nombre incalculable de pièces de circonstance, et tou- 
jours avec une verve rajeunie. Lui, si modeste et si peu 
flagorneur, dés qu'il s'avise d'un fait ou d'un homme 


meute ie 


(1) On sait que le grand pensionnaire de Hollande, aprés avoir 
été un vaillant soldat dans les guerres de l'Indépendance, se montra, 
comme Vondel, ami de la paix et de la mansuétude ehrétienne. Le 
parti des fanatiques le fit condamner à mort en 1617. 


( 472 ) 
qui peut intéresser Amsterdam, aussitót, comme pour 
Béranger : 


Son cœur est un luth suspendu : 
Sitót qu'on le touche il résonne. 


Voyez ses consolations à Hooft, puis son poème (car c'est 
bien cela) sur la naissance du futur Guillaume II, ses com- 
pliments tournés en frais tableaux d'idylle néerlandaise, 
(Alles boter en melk, tout est beurre et lait), et surtout son 
May-Lied en l'honneur d'Orange. Voyez aussi ses épitres 
saliriques aux bourreaux des consciences, ses adjurations à 
des mennonites qui veulent pousser jusqu'à l'anabaptisme, 
sa piquante raillerie Rommelpot à cóté du splendide poéme 
sur la prise de Grol. Et quelle variété de cadres rehaussée 
encore par la prodigalité de détails topiques? Si Hooft 
se remarie à Heleonora Hellemans, fille d'un marchand, 
colonel de la garde bourgeoise à Anvers, vite un tafelspel, 
un épithalame dialogué comme on en faisait chez les 
anciens rederijkers. Frédéric-Henri arrive-t-il à Amster- 
dam pour apaiser l'émeute des orthodoxes, Vondel trouve 
des accents trop agressifs, trop francs, et que le prince 
n'ose pas récompenser, à cause de la fureur des Arminiens. 
Une créance importante le poussa jusqu'en Danemark, 
en méme temps son ami Reael est nommé amiral à propos 
des menaces de Wallenstein : quelle meilleure occasion 
pour des piéces nouvelles, soit intimes, Soit publiques, 
d'autant qu'en ces parages il a rencontré plus d'une 
colonie hollandaise! Chemin faisant, lui qui incline déjà 
au catholicisme, ne craint pas pourtant de prophétiser 
les victoires de Gustave-Adolphe, le héros des ennemis 

e Rome. 


( 473 ) 

En 1630, ce fils d'Anversois est mêlé à une lutte 
curieuse. C'est l'académie de Samuel de Coster que les 
calvinistes et les rhétoriciens brabancons attaquent avec 
fureur. Cats même ici ne joue pas un rôle bien honorable. 
Vondel, ennemi des cafards, kerkuylen, adresse son Ros- 
kam (l'étrille) au spirituel et libéral Hooft. Ce qui ne l'em- 
pêche pas de célébrer, presque en même temps, le triomphe 
de Gustave-Adolphe à Leipzig, et de supplier le vainqueur 
d'épargner Cologne, sa ville natale. 

Il pense en vers aussi facilement que Voltaire pensait 
en prose : il a toujours la plume à la main. Voici son ami 
Barleus dont il faut chanter le professorat à l’Athenœum 
illustre; voici encore Grotius, le philosophe tolérant, qui 
revient d'exil. Puis c’est Maestricht pris par Frédéric- 
Henri; c'est Rubens, ambassadeur pacifique; c’est l'infante 
Isabelle qui meurt, dit le poéte, aprés avoir tout fait pour 
la paix, la bienheureuse paix. Aprés une touchante prière 
pour l'installation de l'orphelinat wallon, c'est une aimable 
boutade en l'honneur de Gillis van Vinckeroy, bourgmestre 
de Hasselt et empereur « de la noble arbalète ». Il chante 
avec strophes, antistrophes et épodes, tout comme Pindare 
0u... Ronsard, le Démer aux cent moulins (1) et la joie de 
Saint-Quentin, patron de la ville, au milieu de ces joutes 
qui jadis étaient pratiquées par les comtes de Flandre. C'est 
le Hollandais Van Lennep qui aime à signaler par le menu 
ces moindres témoignages de l'amour que Vondel portait à 
tout ce qui était belge. Nous aurions mauvaise grâce à ne 
pas souligner de telles attestatious. 


Miti pisi Ei ia ERE me 


(4) Nu giet de molenrijcke Demer, 
Door Hasselt, sijn verheugde stée. 


(474) 


IV 


L'esprit belge de Vondel se remarque partout, dès qu'on 
y veut faire attention. En 1658, à l'inauguration du grand 
théàtre d'Amsterdam (1), Vondel fit représenter un chef- 
d'eenvre resté jusqu'à nos jours au répertoire néerlandais. 
Gysbrecht van Amstel est une tragédie qui se rapporte à un 
épisode du quatorziéme siècle. Or, si l'on a pu constater 
dans ces vers la fidélité de la couleur locale, devancant 
Walter Scott (comme dit J. de Meyer), nous ne devons pas 
moins reconnaitre dans plus d'un trait une sorte d'atavisme 
flamand. On songe aux vieux trouvères thiois quand Bade- 
loch, la femme de Gysbrecht, développe dans des vers 
limpides et qui semblent appartenir à un de nos dialectes 
eristallisés, la théorie germanique de l'héroisme conjugal : 


Met smarte baerde ick't kind, en droegh het onder 't hart; 
Mijn man is 't harte self; °k heb son der hem geen leven (2). 


Hou en trou, fidèle et loyale, telle doit être l'épouse, 


(4) Cf. N. Wybrands, Het Amsterdamsche tooneel (Utrecht, 1875). 

(2) « Avec douleur je portais mon enfant sous le cœur; le cœur 
méme, c’est mon époux; sans lui, je ne vis plus! » — D" Jan Ten 
Brink a pu dire, au dernier congrés hollando-belge d'Amsterdam : 
« Au treizième siècle, l’histoire de la littérature néerlandaise est un 
chapitre de l'histoire du moyen âge français. » Mais, par exemple 
pour le roman de la Rose, combien ces imitateurs néerlandais ont 
toujours soin d'écarter tout ce qui semble poétiser l'adultére! Méme 


( 475 ) 

chantent les burg-saeten, les vassaux du bourg, dans up 
chœur (Reij van Edelingen) qu'on peut comparer à l'un des 
plus beaux de Sophocle. La dignité d'une belle tendresse 
conjugale, faite d'estime, de confiance et de respect mutuel, 
toute celte poésie domestique se retrouve dans nos vieux 
poètes, qui n'ont pas, eux, comme les trouvères français, 
organisé et perpétué la conspiration contre le mariage. Le 
Rei van Klarissen a un Kerstlied qui rappelle nos vieux 
noéls flamands. 

Dans des vers adressés au D" Plemp, le père d'un pro- 
fesseur de Louvain, nous rencontrons également des sen- 
timents familiers à nos rimeurs belges. Le catholicisme 
qu'il avoue franchement en 1640 est celui de la tolérante 
Tesselscha, qu'il appelait Eusebia la Pieuse. Est-ce par 
affection pour cette femme si distinguée, si lettrée et si 
peu pédante? Non; Van Lennep, qui west guère suspect 
à cet endroit, nous donne les raisons véritables. Sa nature 
d'artiste finit par se déplaire aux temples trop nus, aux 
cérémonies trop sommaires des mennonites. Beaucoup de 
ses amis de Belgique et de Hollande étaient catholiques. 


le Spreker Willem von Hildegaertsberge, aussi bohéme que Rutebeuf, 
célébre le mariage en des termes aussi respectueux que ceux du 
Minnen-loep. — Dans un mémoire couronné par l'Académie de Bel- 
gique (Lof van Vondel door Dr de Jager) (MÉMOIRES couronnés, in-8°, 
1865), où l'on étudie surtout les types féminins du poète anversois, 
Badeloch, l'héroïne conjugale, occupe la place d'honneur. — Récem- 
ment, H. de Veer dans son Trou-ringh voor *t jonge Holland (5° édit., 
Leyde, 1876), s'inspire à merveille de ce noble esprit vondélien qui 
trouve la plus réelle poésie dans les plus humbles devoirs de la vie 
domestique. 


( 476 ) 
Ceux qui ne l'étaient pas détestaient comme lui les que- 
relles théologiques, répétant avec Ovide : Molesta omnis 
argumentatio, et, à tout prendre, s'inspiraient plutôt de 
l'esprit moderne renouvelé par la Renaissance. Puis, dans 
son intérieur, Vondel aimait à suivre les conseils de sa 
fille Anna, qui, aprés la mort de sa mére, s'était chargée de 
la conduite du ménage et des affaires. Or, elle avait été, on 
ne sait pourquoi ni comment, élevée à Cologne dans le 
catholicisme, et elle finit par se faire religieuse. 
Vondel avait le caraetére trop aimable, et ses amis du 
cercle de Muiden étaient trop peu fanatiques, pour que le 
changement de religion amenât autre chose qu'un peu plus 
de réserve. Grâce à beaucoup de délicatesse en ces matières 
délicates de la conscience, les relations se maintinrent 
jusque dans leur cordialité, en dépit de tout changement 
de culte. On ne s'étonnera donc pas de rencontrer à cette 
date (1642) des vers charmants adressés à un protestant 
belge, Constantin Sohier, d'origine montoise, età sa femme, 
Anna Saye, de Tournai. On dirait que le poéte aime les 
Belges uniquement parce qu'il regrette de les voir séparés 
de la Hollande. Il n'eüt voulu de guerre que contre les 
Tures, comme il le dit dans son poème sur le mariage de 
Guillaume 1I avec Marie Stuart, la sœur de Charles ll 
d'Angleterre. Peut-étre alla-t-il trop loin dans ses invec- 
tives contre les puritains d'Écosse, qu'il appelait sabba- 
tistes. Du moins les chefs de la régence d'Amsterdam lui 
en témoignérent leur mécontentement. Le naïf poète con- 
trariait leur politique, comme l'auteur du Cid celle de 
Richelieu, sans y songer. 
En 1645, il dédie à l'archevéque de Malines, Jean Boo- 
nen, une de ses conceptions les plus grandioses : Altaer 


( 477 ) 

Geheïmnissen (les mystères de l'autel). Ce primat de la 
Néerlande, qui fut depuis condamné comme janséniste, ne 
pouvait pas étre un fervent admirateur des lettres ni des 
arts, On cite de lui ce compliment à Vondel : « C'est fort 
bien ceci, sinjeur Vondel; mais vous n'étes pas encore un 
Cats, à beaucoup prés (op verre nae). » Brandt, dans sa 
naive biographie de Vondel, raconte que l'arehevéque crut 
le récompenser suffisamment en lui donnant un tableau 
religieux de valeur médiocre. Étant à Malines, le poéte alla 
visiter l'atelier du jésuite peintre Daniel Seghers ; l'affinité 
des goûts dut rendre l'entretien assez intime. Il est pro- 
bable que les deux artistes flamands ont échangé leurs 
regrets sur la durée de la guerre fratricide qui ravageait 
le nord et ie sud de la Néerlande. 


V 


Enfin, la guerre de Quatre-vingts ans allait avoir son 
terme. Vondel s'adressa tour à tour au prince Frédéric- 
Henri et aux vrede vaders (pères de la paix), les quatre 
bourgmestres d'Amsterdam. La paix de Munster (1648), 
tant souhaitée, pourrait bientôt être consacrée par le 
beau tableau de Barthélemy Vauder Helst, l'ami de notre 

Le. 

Lui-même, au comble de ses vœux, célébrait le grand - 
événement par une œuvre originale : les Leeuwendalers. 
A une lecture fugitive, on est tenté de n'y voir qu'une 
imitation de l'Aminta du Tasse, et surtout du Pastor fido 
de Guarini. On s'imagine un échange d'élégantes fadeurs, 
de gracieux compliments, de banalités bien sonores, bien 
cadencées. ; 

Ó"* SÉRIE, TOME XIV. 52 


( 478 ) 

Mais Alberdingk-Thijm (dans le Gids de 1879) nous 
avertit tout d'abord que c'est le style essentiellement fla- 
mand de Floris et Blanchefleur, le joli roman de Diederik 
van Assenede, du XIII* siècle. Les scènes d'amour entre 
Hageroos (qui symbolise la Hollande) et Adelaert élevé par 
Lantskroon, c'est-à-dire la Belgique espagnole, sont ravis- 
santes de fraicheur et de vérité. Ni miévreries, comme 
dans la pastorale italienne, ni paroles quintessenciées, 
comme on pouvait le craindre d'une piéce allégorique et 
méme officielle. Non, Vondel obéit ici mieux que nulle 
part ailleurs à sa pensée favorite, au sentiment qui domine 
toute sa vie. D'abord, comme chrétien, il voudrait effacer 
toute trace de guerre : 


Het zaet van tweedraght teelt zoo wrange en bittere vruchten (1). 


Puis, comme Néerlandais, fils d'Anversois, il voudrait 
que le Sud (Warandier, le pays des pares et des bois) 
et le Nord (Duynrijck, le pays des dunes), gardant leur 
autonomie, s'unissent pour se compléter à jamais. C'est 
presque la grande idée du congrés de Vienne, si mal com- 
prise en 1815 et si lamentablement compromise en 1830. 
En Hollande méme, plus d'un critique a trouvé que Vondel, 
dans celte idylle où il épanche tout son cœur aimant, 
donne le plus beau rôle à la Belgique. Il ne songeait pas, 
sans doute, dans cette œuvre de circonstance, à blesser 
les sentiments du publie entassé au Schouwburg d'Amster- 


EEE ES 


- ; ! 

(4) La semence de discorde donne des fruits si ácres, si amers- 

— M. Alberdingk-Thijm vient de commencer une très savante édition 
des œuvres de Vondel. 


Pine 2 I EROS EE TOP UE ESPERE EI TE RS PR SEE Le ptet aga Le A DER N EAE e mon Re S 


(479 ) 

dam. Le créateur du néerlandais littéraire, le doux poéte 
si fiaement flamand et si ingénument pittoresque, n’a pour 
muse, en ce moment, que la muse de Virgile, dont il tra- 
duit la première églogue en tête de sa pièce. Comme le 
chantre de Mantoue, il a horreur de la guerre civile, il en 
a subi les angoisses, et puisque le Sud veut la paix, c'est 
leSud qu'il exalte. 

Cette véritable passion pour la paix, qu'il célèbre encore 
dans la dédicace adressée au graveur Michiel Leblon, agent 
de la reine Christine, a donné à tous ses vers une suavité 
pénétrante, une ardeur communicative. Que nous sommes 
loin des raffinements disparates de Granida, la pastorale 
de Hooft! N'est-ce pas plutôt, par endroits, une éclatante 
Kermesse où vibre la couleur de Rubens l'unique? Que 
toutes ces bergeries sont vraies, palpitantes de vérité, et 
comme on sent que les moindres personnages de la pièce, 
Wouter, le messager, Warner et Govert, les paysans que- 
relleurs de la frontière, Kommerijn, la nourrice, et même 
les personnages du chœur, sont peints d’après nature! Il y 
a là ce coloris gai et clair, ce réalisme de la chair vivante 
et frémissante qu'on admire dans Rubens (1). Là comme 
ici, ce qui triomphe, c'est un art sûr de lui-même, fidèle 
aussi jusqu'au bout à la pensée qu'il a mission de traduire. 
Un souffle lyrique traverse cette molle idylle où plus d'un 


(1) Quand on oppose Rembrandt le Hollandais à Rubens le Belge, 
ne faut-il pas aussi songer qu'à tout le moins Vondel a le coloris 
belge dans son néerlandais classique? — Pour mieux admirer ce 
réalisme obstiné jusque dans l'allégorie, voyez ce qu'il y a de 
Vague dans l'allégorie : Flamands et Wallons, jouée à Bruxelles au 
Vlaamsche Schonwburg, le 22 octobre dernier. 


( 480^) 
détail semble bien rustique; mais ce qui ennoblit cette car- 
nation rutilante, c'est la pensée si chrétienne de la con- 
corde. 

Pais en vré, paix et concorde, c'est la conclusion des 
Leeuwendalers. Le choeur termine par ces paroles : « Nord 
el Sud sont enfin réunis. La Discorde est en fuite; l'union 
est indissoluble; la prospérité est inépuisable (1). » C'est 
pour ces strophes que Brandt a pu dire que son vénérable 
ami savait unir la douceur et le grandiose : Zoetvloeijent- 
heit met ` hooghdraventheit. Quant aux Belges qui n'ont 
pas oublié l'une de nos deux langues nationales, avec quel 
ravissement ils retrouvent ici, sous des termes familiers à 
nos patois, un sentiment généreux, une haute pensée! 
Deux ans plus tard, Vondel a lui-méme donné la théorie du 
style grand à force d'étre simple, éloquent par la précision 
méme technique, dans son aimable et paternel traité : 
Aenleidinge ter nederduitsche dichtkunste (Introduction à 
la poésie néerlandaise (1650). 

Il recommande d'abandonner l'afféterie rhétoricale et 
de remonter jusqu'à la vieille langue, si libre, si coulante | 
el si facile en son tour : natuerlijcke vrijposligheit, vloient- 1 
heit en bevalijcken zwier. Avec quel tact il prémunit contre 
la manie des composés et des dérivés, dont la fausse richesse 
abuse aujourd'hui tant de jeunes écrivains! Avec quelle 
bonhomie spirituelle, pour recommander l'étude et la 


nee 


(1) « De Koeien geven melek en room : 
Het is al boter tot den bóom. » 
— Cela sent, dit Hofdijk, l'aubépine, les fleurs de prairie, le tilleul 
et le saule. 


( 481 ) 

patience, il donne l'exemple des poules mettant la tête en 
Pair pour humer et savourer (met smaeck en nasmaeck 
drincken) et des moutons bien portants qui remâchent et 
ruminent l'herbe! En tout ce qu'il dit, en tout ce qu'il fait, 
on voit prévaloir la simplicité, la franchise de nos vieux 
peintres. En vérité, quand il semble s'abaisser ainsi, il n'en 
montre que plus de souplesse pour se redresser jusqu'à 
l'idéal. Méme quand l'oiseau marche, on sent qu'il a des 
ailes. 

Ce « faire flamand » a plus de charme encore quand il 
l'applique à ses études de Virgile et d'autres poètes de l'an- 
tiquité, ou bien encore quand, au paroxysme de son élan 
lyrique, comme dans son beau mystère de Lucifer (1), 
digne d'inspirer Milton, il dit des choses pindariques ou 
eschyléennes dans un flamand qu'on dirait l'anversois 
d'aujourd'hui. 

Soit qu'il féte le sacre de l'évéque de Bruges (Karel van 
den Bosch, de Bruxelles), ou Anvers, la ville de ses peres, 
ou les triomphes de l'amiral Tromp, ou les écrits de Karel 
van Mander (de Meulebeke), ou les acteurs de l’archidue 
Léopold, gouverneur des Pays-Bas, ou le prieur Karel 
Couvrechef, d'Anvers, ou notre Rubens, ou notre Arthur 
Quellijn, ou notre Roland de Lattre, quelque sujet qu'il 
aborde, il le maitrise sans effort, ne s'inspirant que de son 
Cœur aimant, ne forçant rien de sa langue plébéienne. Aussi 
coloré, aussi original, aussi mouvementé en prose qu'en 
vers, il offre partout des modèles. On peut glaner dans ses 


an 0 À 


(1) Hollàndischen Æschylus, dit Dr Adolf Glazer, de Brunswick 
(Herrig's Archiv., t. XXII). 


ck inci E 
ria P er 


( 482 ) 

moindres bluettes. C'est l'accord d'une belle âme et d'un 
beau langage. A 92 ans, il ne sent pas encore la plume 
trembler entre ses doigts. « C'est Vondel, dit un autre 
maitre, Nicolas Beets, qui nous révéle le mieux toutes les 
ressources de notre idiome; c'est lui qui a créé un néer- 
landais pur, lumineux, transparent et sonore; c'est lui qui 
doit étre le guide de tous nos écrivains. » 

Lorsque, en 1654, les peintres de la gilde Saint-Luc 
lui offraient solennellement la couronne de laurier, aprés 
avoir bien souvent cherché à reproduire sur toile les traits 
si honnêtes et si doux du Vader Hooftpoeet (père et chef 
des poètes), ils reconnaissaient la solidarité de la Peinture 
et de la Poésie. N'était-ce pas le propre de Vondel de tout 
peindre à la pensée, de méme que Rubens, qu'il appelait 
le phénix, excellait à faire paraitre aux yeux les allégories 
et les conventions les plus subtiles ? 

Au génie pictural de sa race, Vondel sut associer quel- 
quefois une noblesse singuliérement sculpturale dans ses 
tragédies, qu'il ne faut juger ni d'après nos classiques, ni 
d'aprés nos romantiques. Or, le style est si bien l'homme, 
que si, comme on l'a vu, l'écrivain unit la familiarité au 
sublime, on en peut dire autant de ce boutiquier employé 
par miséricorde au Mont-de-Piété d'Amsterdam et gar- 
dant sa sérénité chrétienne, sa majesté poétique, dans des 
embarras qui semblaient faits pour humilier et démo- 
raliser. 

La vie de Vondel (mort le 8 février 1679, presque cen 
tenaire) apparait comme un triomphe de la vertu et du 
génie, à travers beaucoup d'épreuves et beaucoup de mau- 
vais exemples. N'a-t-il pas résisté à ceux de ses amis bra- 
bançons de la Lavendelbloem, Heyns, Van Mander, De 


( 483 ) 

Koningh, Serwouters, Jan Kolm et bien d'autres? Ferme 
en ses desseins, tenax propositi, comme dit un des poétes 
qu'il admirait, il a réalisé pour son compte ce que ses 
contemporains ne cherchaient pas, et ce qu'aujourd'hui 
méme l'on ne trouve pas communément : la conciliation 
du grand et du vrai. 

Et pour ce qui concerne particuliérement la Belgique, 
ne paye-t-elle pas un peu la rancon de sa décadence espa- 
gnole, puisque, comme l'honnéte Boonen, archevéque de 
Malines, elle fait encore toujours penser au proverbe 
Cals wordt gelezen en Vondel geprezen (on lit Cats, et l'on 
se borne à louer Vondel)? 

Il fandra pourtant que, dans le peuple flamand, on 
Saccoutume enfin à reconnaitre le véritable interprète de 
la race. 

Mais cela soit dit, comme le voulait Vondel lui-méme, 
zonder gal, zonder ergwaen, sans fiel, sans amertume. 
Est-ce que la fête que l'on a célébrée à Anvers n'est pas 
de bon augure? Est-ce que ce seul projet ne prouve pas 
combien nous voulons nous affranchir de nos vieux pré- 
lugés? Puissions-nous aussi, en relisant ou en revoyant 
ces Leeuwendalers, hymne triomphal à la paix, pénétrer 
jusqu'à la source sacrée de l'inspiration du poéte qui, dans 
le Belgium faderatum de 1579, aimait à rêver l'alliance 
de la Belgique et de la Hollande! ; 


Bi. Lic hoai EY LUN ON ce TRI pue t MN R y VICES EN Me CAESA 


(484) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance du 6 octobre 1887. 


M. C.-A. FRatkIN, directeur. 
M. Luçre, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Alex. Robert, vice-directeur ; 

Éd. Fétis, Ern. Slingeneyer, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, 

Godfr. Guffens, Jos. Schadde, Th. Radoux, Joseph Jaquet, 

; J. Demannez, Ch. Verlat, G. De Groot, Gustave Biot, 

H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, membres; Joseph 
Stallaert et J.-B. Meunier, correspondants. 


M. Mailly, membre de la Classe des sciences, assiste à la 
séance. 


CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publies transmet une copie du procés-verbal de 
la séance tenue par le jury pour le jugement du grand con- 
cours de composition musicale. 


(485) 


s 


— Le premier prix a été décerné à M. Pierre Heckers, 
de Gand. 

Un second prix a été voté, en partage, à M. Paul Lebrun, 
de Gand, et à M. Edmond Lapon, d'Ostende. 


— Le méme haut fonctionnaire donne connaissance des 
résolutions du jury chargé de juger le double concours 
des eantates devant servir de théme aux concurrents pour 
le grand prix de composition musicale. 

Le prix des cantates francaises a été décerné à M. Louis 
de Casembroot, secrétaire-adjoint et bibliothécaire du Con- 
servatoire royal de Bruxelles, pour son poème intitulé : 
Les Suppliantes. 

Le prix des cantates flamandes a été décerné à M. J. Van 
Droogenbroeck, chef de bureau à la Direction des lettres, 
des sciences et des arts du Ministére de l'Agriculture, de 
l'Industrie et des Travaux publics, pour son poème intitulé : 
De Morgen. 


— M. H. Hymans remet pour le prochain Annuaire sa 
notice biographique sur Joseph Franck, ancien membre de 
la section de gravure. — Remerciements. 


( 486 ) 


JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1887). 


ART APPLIQUÉ. 
Peinture. 


Neuf cartons ont été reçus pour une frise décorative à 
placer à 5 mètres d’élévation : 


Les nations du globe apportant à la Belgique les produits 
de leurs sciences, de leurs arts et de leur industrie. 


Un prix de mille francs était attribué à ce concours 
national. 

Les cartons portaient pour devises ou marques distinc- 
tives : 


N° 1. Peindre au dessiner toujours ; 
Bramo assai, poco spero; 
Sapientia ; 

Voorwaarts ; 

La lettre À dans un triangle; 
Un double cercle guilloché; 
Belgique; 

Une croix et une ancre; 

Pour l'art. 


O 96 =1 97 à O1 no 


La Classe, ratifiant la proposition unanime de la section 
de peinture, a décerné le prix à M. Joseph Middeleer, à 
Bruxelles, l'auteur du n° 4 : Voorwaarts. 


( 487 ) 


Gravure en médailles. 


La Classe des beaux-arts avait proposé comme sujet le 
« médaillon préalable à une médaille destinée aux lauréats 
des concours ouverts par l'Académie ». 

Aucun projet n'a été recu. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


M. Stallaert donne lecture d'une note qui se rapporte 
aux modifications réglementaires des grands concours, 
question dont la Classe est saisie depuis quelque temps. 


— M. Hymans fait part, au nom de M. A. Bertolotti, 
conservateur des Archives de l'État, à Mantoue (Italie), des 
démarches faites par ce savant auprés de la municipalité 
romaine, en vue de faire donner le nom de Rubens à l'une 
des rues de la capitale. M. Bertolotti propose la via della 
Croce, qui fut habitée par Rubens durant son séjour 
Rome. ; 

Les journaux italiens ont fait le meilleur accueil à la 
proposition. 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance du 27 octobre 1887. 


M. C.-A. FnRAIKIN, directeur. 
M. Lucre, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Alex. Robert, vice-directeur; 
Éd. Fétis, le chevalier Léon de Burbure, Ern. Slingeneyer, 
F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Godfr. Guffens, 
Jos. Schadde, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, 
Charles Verlat, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier 
Edm. Marchal, membres; Alex. Markelbach et Jos. Du Caju, 
correspondants. 


M. le directeur annonce que M. Ém. Wauters, membre 
de la Classe, vient d'étre élu correspondant de l'Académie 
des beaux-arts de l'Institut de France. 

Il fait savoir aussi que le Musée des Offices, à Flo- 
rence, a demandé à quatre membres de notre Académie, 
MM. Slingeneyer, Guffens, Verlat et Ém. Wauters, de lui 
envoyer leurs portraits, qui seront placés dans la galerie 
des peintres célébres. — Applaudissements. 


ae En AUS er Je 
SC BP AR E Noo E ME 
AE va NE Tas 
t Hi i p 


( 489 ) 


CORRESPONDANCE. 


Par une lettre du Palais, LL. MM. le Roi et la Reine 
font exprimer leurs regrets de ne pouvoir assister à la 
séance publique de la Classe. 

A. RR. le Comte et la Comtesse de Flandre font 
exprimer des regrets semblables. 

MM. les Ministres de l'Intérieur, de l'Agriculture, de 
l'Industrie et des Travaux publies, des Affaires étrangéres, 
des Chemins de fer, Postes et Télégraphes, écrivent égale- 
ment qu'ils regrettent de ne pouvoir assister à la séance. 

M. le Ministre de la Guerre fait savoir qu'il aura le 
plaisir d'y assister. 


— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publies transmet, comme suite à la demande 
de la commission de publication des œuvres des grands 
musiciens, une premiére série des Bulletins formant le 
résultat des recherches que M. Edmond Vander Straeten 
à faites au Musée de Leyde et à la Bibliothèque royale de 


, 


Munich. — Renvoi à la commission précitée. 


— M. Joseph Middeleer remercie la Classe pour le 
Prix accordé à son carton du concours d'art appliqué. 


.— M. Marchal présente pour l'Annuaire sa notice 
biographique sur Joseph Geefs. — Remerciements. 


( 490 ) 


RAPPORTS. 


M. Joseph Martin, de Visé, soumet une note manu- 
scrite intitulée : Proposition d'une base harmonique. — 
Renvoi à la section de musique, qui fait, séance tenante, 
un rapport concluant au dépót dans les archives. 


PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. 


Conformément à l'article 15 du règlement de la Classe, 
M. Fraikin donne lecture du discours qu'il se propose de 
prononcer, en sa qualité de directeur, dans la séance 
publique annuelle fixée au dimanche 30 octobre, à 1 heure 
et demie. - 


( 491 ) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance publique du dimanche 50 octobre 1887. 


M. Lun, secrétaire perpétuel. 
M. FnarkiN, directeur de la Classe. 


Prennent également place au bureau : M. Robert, vice- 
directeur de la Classe; M. J. De Tilly, directeur de la 
Classe des sciences, président de l'Académie. 


Sont présents : MM. Éd. Fétis, Ernest Slingeneyer, 
F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, God. Guffens, Th. Radoux, 
Jos. Jaquet, Jos. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, 
Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, 
membres; Joseph Stallaert, correspondant. 


Assistent à la séance : 


Casse pes sciences. — MM. Fr. Crépin, vice-directeur; 
Gluge, J. C. Houzeau, C. Malaise, F. Folie, Ed. Mailly, 
G. Van der Mensbrugghe, membres; Ch. de la Vallée- 
Poussin, associé; À. Renard, correspondant. 


DES LETTRES. — MM. P. De Decker, Ch. Faider, 
o T Alph. Wauters, Ch. Piot, membres; A. Rivier, 


i frd Tix I MC RET RU VIEWSONIC m T mw — —— 
S Y RE GE es TE ETF TEE PENECTUS 
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( 492 ) 


Les prix de Rome, leur institution et leur but; discours 
par C.-A. Fraikin, directeur de la Classe des beaux- 
arts. 


Mespanes, MESSIEURS, 


La solennité à laquelle nous vous avons conviés com- 
porte un double caractère : elle est, tout à la fois, la fête 
des récompenses et la féte de l'intelligence. 

En ma qualité de directeur de la Classe des beaux-arts, 
la tâche m'incombe de prononcer une allocution. 

Les collégues qui m'ont précédé au fauteuil vous ont 
entretenus du sujet favori de leurs études ou de leurs 
travaux. Ils vous ont exprimé le mouvement et les progrès 
des branches des arts qui sont l'objet de leurs préoccupa- 
tions constantes, et, qui, par leur coordination, forment le 
domaine intellectuel de la Classe dont j'ai l'honneur de 
présider les travaux cette année. 

Ma mission serait donc de vous parler de la sculpture, 
l'aspiration et le but supréme de toute mon existence. 
Mais une étude pareille exige beaucoup d'érudition et 
rentre plutót dans le domaine du livre que dans celui du 
discours. Je n'entends pas, au surplus, abuser de vos 
moments, car notre ordre du jour comporte une partie 
musicale que la plupart d'entre vous attendent avec une 
légitime impatience. 


C'est aux jeunes lauréats, qui ont si vaillamment conquis 
les couronnes et les palmes que nous allons leur décerner, 


( 493 ) 

que je désire donner quelques conseils, qui, je l'espére, 
| pourront avoir une certaine influence sur leur carriére au 
moment où ils vont faire leur entrée dans le monde des 
: artistes. Je me bornerai, à ce sujet, à quelques réflexions 
sur les grands concours de peinture, de sculpture, d'archi- 
lecture et de gravure. 

A en juger par certaines œuvres soumises à l'Acadé- 
mie depuis peu d'années, à titre d'envois réglementaires 
par des lauréats des grands concours, il semble que ces 
pensionnaires du Gouvernement méconnaissent ou, tout au 
moins, perdent de vue le but de l'institution des bourses 
de voyage. 


Il est utile, tout d'abord, de faire remarquer que ces 
bourses sont plus qu'une récompense, puisqu'elles compor- - 
tent, outre la. distinction honorifique qui y est attachée, 
des moyens pécuniaires qui doivent étre considérés comme 
une bonne fortune dans la vie de l'artiste. Elles ont donc 
été créées en vue d'aider les lauréats à se perfectionner 
dans leurs études, en les mettant à méme d'aller visiter 
les grands musées de l'Europe, notamment ceux de l'[ta- 
lie, cette contrée classique des chefs-d'œuvre de lanti- 
quité et de la Renaissance. 

Comme vous le savez, grâce à la libéralité du Gouver- 
nement, les lauréats des prix de Rome jouissent, pendant 
quatre années, d'une pension qui s'éléve de 4,000 à 
5,000 francs. Aux termes du règlement, ils ne sont tenus 
de voyager que durant trois années; pendant la quatriéme 
année, le montant de leur bourse d'étude leur est concédé, 
à titre de libéralité, sans qu'ils soient astreints à d'autres 
obligations. 

Les lauréats des prix de Rome semblent croire actuelle- 
ment que, dés qu'ils ont pu satisfaire à l'examen sommaire 

O"* SÉRIE, TOME XIV. 95 


( 494 ) 


sur les branches littéraires et historiques indispensables à 


leur art — examen qui leur est imposé avant l'entrée en 
jouissance de leur pension — ils sont dégagés de toute autre 
obligation que celles prescrites par le règlement. Or, 
celles-ci se bornent à six rapports semestriels, dans lesquels 
les pensionnaires consignent les réflexions esthétiques qui 
leur ont été suggérées pendant leurs voyages, et à un ou 
deux envois réglementaires ou envois-copies, que l'État 
rétribue largement lorsque ces œuvres en sont jugées 
dignes. 

Rien n'est plus erroné que cette maniére de voir. 

Les grands prix de peinture, de sculpture, d'architecture 
el de gravure, constituent la plus haute récompense à 
laquelle puissent aspirer les jeunes artistes. C'est, en 
quelque sorte, une récompense nationale, car ce sont les 
deniers de l'État qui servent à la payer : c'est le pays tout 
entier qui contribue à la former. Donc, si le Gouvernement 
distrait, ehaque année, du budget de l'État, la somme 
nécessaire pour aider les lauréats à parfaire leur éduca- 
tion artistique, le pays est en droit d'exiger que ce ne soit 
pas en pure perte. 

C'est donc en vue de perfectionner leur talent dans ses 
derniéres limites, c'est-à-dire en leur assurant les moyens 
de se former, par l'appréciation des chefs-d'œuvre tant 
anciens que modernes, une synthése d'idées ou un senti- 
ment personnel, autant sous le rapport de l'interprétation 
de la nature dans son sens réel que pour la composition 
artistique, que les prix de Rome ont été créés. 

De toutes les carrières, aucune ne se prête moins à 
se former, au point de vue méthodique, que celle de 
l'artiste. La culture de l'art, en son essence, procède d'un 
instinet ou d'une disposition propre à certaines organisa- 


( 495 ) 

tions, c'est-à-dire : la vocation. Mais il ne suffit pas, pour 
se diriger dans celte carriére, de se livrer seulement 
aux inspirations naturelles et de se borner aux principes 
méthodiques puisés sur les bancs de l'école; il faut encore 
enrichir suffisamment son imagination par tous les élé- 
ments de nature à susciter et à réaliser les grandes 
pensées, 

La peinture, la sculpture, l'architecture, ne sauraient 
subsister s'ils n'étaient inspirées par des sujets d'ordre 
moral ou matériel, auxquels concourt ce riche ensemble 
d'idées que l'on appelle l'imagination ou la pensée humaine. 
La perfectibilité de chacune de ces manifestations de l'art 
a toujours marché conjointement avec le mouvement pro- 
gressif de l'intelligence. Chacune de ces branches répond, 
non seulement à un besoin, mais aussi à une nécessité 
d'ordre social; autrement dit, l’art a sa place marquée 
dans la marche de la civilisation. Il en a méme été tou- 
jours un des plus puissants éléments moralisateurs, car 
l'image, reproduite par la pierre, le marbre ou le pinceau, 
a dû devancer l'expression de la pensée par l'écriture. Aussi, 
D'est-ce pas sans raison que la sculpture, entre autres, 
aux temps reculés, était appelée : l'image ou le miroir de 
l'univers, 

Mais l'étude seule de la nature ne suffit pas à la réali- 
sation de ces manifestations. Il faut encore que l'artiste 
sache créer des sujets, coordonner des faits ou des idées . 
pour en composer une synthèse. Il doit pouvoir réaliser sur 
la toile ou par le marbre ce que la plume rend dans le 
domaine de l'histoire et de la littérature. 

En s'abstenant, comme elle l'a fait jusqu'ici, de prescrire ` 
aux candidats pour les prix de Rome un examen, méme 
des plus sommaires, sur les connaissances historiques et ` 


( 496 ) 

littéraires, l'Académie a fait chose sage et prudente. En 
élevant cette barrière, que tous les jeunes artistes ne sont 
pas toujours à méme de franchir, elle aurait pu empécher, 
peut-être, l'éclosion d'organisations heureusement douées 
uniquement au point de vue de l'art, mais qui, par des 
circonstances indépendantes de leur volonté, n'auraient 
pu étre à méme de se mettre au courant des études clas- 
siques. C'est pour cette raison que le réglement ne prescrit 
d'examen que lorsque le lauréat est prét à entrer en jouis- 
sance de sa bourse de voyage. 

Mais l'obtention du prix de Rome constitue une sorte 
de maîtrise, une consécration artistique, et, dés lors, le 
lauréat doit étre à la hauteur de ce que le pays, la société, 
est en droit de réclamer de lui. 

S'il fallait s'en rapporter à un certain courant d'idées 
qui s'est produit de nos jours en fait d'art, il semblerait 
que la grande peinture, que la grande sculpture, que l'art 
monumental proprement dit, enfin, ne seraient plus de 
notre temps. Le grand art ne meurt jamais : il est de toutes 
les époques; mais si ses manifestalions, si ses tendances 
subissent les fluctuations de tout ce qui est subordonné 
à la marche des idées, son cóté moral et humanitaire, 
son cóté sublime reste éternellement debout, comme la 
Vérité, 

S'il faut une justification à l'appui du sentiment que 
j'exprime au sujet du courant actuel des idées, on la trou- 
vera dans les motifs émis à propos de la création d'un 
Institut pour le haut enseignement artistique en Belgique, 
que renferme le dernier rapport annuel sur les travaux de 
l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers : 

« Dans ces derniers temps — dit ce rapport — le 
» respect des principes qui concourent au maintien de 


( 497 ) 
l'unité entre les différentes branches de l'art et à leur 
véritable élévation, s'était considérablement amoindri : 
la virtuosité dans la pratique semblait être le dernier 
mot du but à atteindre; de là, dans tous les genres, cette 
» éclosion de productions faciles, sans vie, sans expression 
» ni pensée, 
» Jamais l'art — comme le fait encore si judicieusement 
remarquer ce méme document— n'atteignil des som- 
mets plus hauts qu'à l'époque glorieuse de notre histoire 
où la peinture, la sculpture, l'architecture, étroitement 
unies à la science, concouraient toutes à la fois à la 
grandeur de l’œuvre. » 
Si la marche constante des faits sociaux nous éloigne à 
grands pas des époques qui ont servi d'inspiration à tant 
de grandes pages historiques ou religieuses, formant la 
richesse artistique du pays, l'état actuel de la société nous 
offre d'autres sujets mémorables tont aussi dignes d'étre 
l'objet des pensées des jeunes artistes. 

N'oublions pas que c'est aux grandes écoles qui ont 
brillé en Belgique que celle-ci doit sa gloire la plus pure 
et la plus enviable; c'est aux maitres de ces écoles qu'elle 
est redevable de son droit de cité artistique parmi les 
principales nations européennes. 

Nous vivons à une époque où, d’un côté — selon l'essor 
que certaines écoles, si funestes aux jeunes artistes, veulent 
imprimer à l'art — Ja toile hâtivement brossée, l'ébauche 


v v y y 


Wc We el ADE 


sculpturale à peine modelée, la conception architecturale 


Sans caractère propre au point de vue des styles définis, 
sont exallées comme étant la vraie expression de l'art; 
d'un autre côté, d’après les mêmes novateurs, le sujet 
d'un tableau ou d'un groupe, sous le rapport de l'idée ou 
de la conception, est laissé complètement de côté, pour 


me 


ea 


pates OCT 
EN TUN, HAN 


( 498 ) 
être remplacé par des compositions le plus souvent d'une 
pauvreté absolue d'idées. Il semblerait done que tout ce qui 
a été exécuté jusqu'ici, en fait de chefs-d'œuvre, à toutes les 
époques, que tout ce qui a été écrit pour le développement 
du sentiment du beau, n'a plus de raison d'étre pour l'édu- 
cation des jeunes artistes! 

Que serait devenu l'art, lors de ce retour passionné 
à l'antique qui a si brillamment inauguré les temps 
modernes, si les artistes du commencement du XVF siècle 
avaient pensé de la méme manière que les novateurs 
actuels? Nous n'aurions eu, peut-étre, ni Rubens, ni 
Collyns, ni Jean Bologne, ni Francois Du Quesnoy, ni tant 
de célèbres maitres flamands qui s'inspirérent si longue- 
ment en Italie des œuvres de leurs illustres devanciers ! 
Ces maitres ne se contentaient pas de peindre ou de 
sculpter, l'érudition marchait de pair chez eux avec la 
pratique de leur art. ; 

La virtuosité qui sacrifie l'art au procédé technique, et 
auquel tend la jeunesse artistique, ne peut donc qu'être 
néfaste non seulement au but que celle-ci veut atteindre, si 
elle est sincère dans ses intentions d'aider au progrès des 
arts, mais encore au but réel de l'art. Si, parfois, les 
anciens ont péché par un excés de maniérisme ou par l'abus 
des principes conventionnels classiques, dans la recherche 
du beau, certains de nos modernes sont tombés dans l'excès 
contraire dont ils voudraient faire la régle. Les réalistes, 
en ne choisissant que les cótés matériels de la nature, ne 
sauront jamais arriver à un niveau plus élevé que la banalité 
ou la vulgarité dans le langage. 

Chaque jour ces adeptes mettent, antant dans le choix 
de leurs sujets que dans leur sentiment de la couleur, des 
effets que l'on rechercherait vainement. Aussi, sous le pré- 


( 499 ) 

| texte d'établir la vérité dans l'art, ils sont tombés dans la 
méme licence que certaine littérature où l'on ne s'occupe 
que des sens, au lieu des sentiments qui ennoblissent, et 
que réprouvent les organisations ayant le souci de leur 
dignité morale. Que les lauréats des prix de Rome se garent 
donc de cette voie funeste, qui ne peut que faire tache 
dans notre histoire artistique. 

La virtuosité actuelle, ou cette maniére de sacrifier tout 
| à l'effet à produire, dérive malheureusement d'une absence 
| complète de sentiment personnel de l'observation; elle 
découle également autant de l'étude imparfaite des œuvres 
des grands maitres que de celle de la nature prise dans 
i son sens réel; elle est le résultat, enfin, pour certains 
lauréats, du manque de connaissances historiques et litté- 
raires suffisantes pour connaitre le passé de l'art et ses 
utiles enscignements. 

Les lecons du passé forment un héritage que nous ne 
Saurions non seulement assez honorer, mais dont nous ne 
pouvons assez nous rendre dignes. Pour l'artiste done, 
comme pour tous ceux qui concourent au développement - 
intellectuel, le passé oblige. | E < 

Si les sentiments que je viens d'exprimer sont empreints E 
de quelque sévérité, que les lauréats des prix de Rome - E 
qui m'écoutent n'y voient que des conseils et des encourage- iw 
ments à mieux faire que certains de leurs devanciers. Nous 
ne saurions assez les engager à s'inspirer suffisamment E. 
des œuvres les plus remarquables des principaux musées : 
le marbre et le bronze, les grandes peintures historiques 
€t religieuses forment, surtout pour eux, un ensemhle de 
productions sublimes auquel tant de générations arlisti- 
ques ont travaillé, et que le Gouvernement leur offre si 
libéralement d'aller admirer dans les palais, dans les monu- 
ments, dans tous les sanctuaires de l'art. 


UN Fe SO MIS SPEO EN TRS LE ES G E IRE DE MU 


( 500 ) 

Je leur rappellerai, entre autres, à ce sujet, que Michel- 
Ange ne se lassait pas d'admirer le célébre Torse du 
Belvédère, cette merveille de l'art grec au Vatican. Il 
se glorifiait, disait-il, de s'étre inspiré de cette œuvre 
sublime ! 

Il est de notre devoir aussi d'appeler l'attention des 
lauréats des prix de Rome sur le développement du sens 
critique, qui fait généralement défaut dans leurs rapports 
semestriels. Par une application de leurs idées à l'observa- 
tion, ils saisiront non seulement le caractére synthétique 
de la composition, mais ils se formeront un jugement sain 
et correct. En apprenant à connaitre, de cette maniére, les 
productions des grands maîtres, tout en combinant avec 
cette étude leur manière personnelle de voir la nature, ils 
finiront par acquérir dans son sens réel le sentiment du 
beau. D'autre part, qu'ils s'efforcent aussi de fortilier leur 
éducation artistique par l'étude de l'histoire et par celle de 
la littérature sérieuse, enfin, par la lecture des classiques, 
ces sources toujours si pures el si vivaces accumulées 
depuis tant de siécles. Au surplus, cette lecture des grands 
penseurs, à commencer par celle d'Homére, est devenue 
plutót un délassement intellectuel qu'une fatigue, en raison 
des soins constants apportés à en élaguer tout ce qui 
S'y trouvait d'aride ou d'abstrait, et à en faire valoir les 
beautés. Ils trouveront dans le livre la méme jouissance 
qu'ils auront ressentie en admirant les chefs-d'œuvre de 
l'art, 

Quel plus noble souci pour l'artiste d'orner son intelli- 
gence et de puiser, ses inspirations dans les beautés litté- 
raires de l'antiquité, que l'exemple que nous révéle notre 
confrére Henri Hymans dans une de ses intéressantes 
dissertations académiques : Rubens, entouré de ses élèves 


( 501 ) 
dans son atelier, dictant une lettre tout en se faisant lire 
TaciTE dans cette si belle et si harmonieuse langue latine; 
Tacite qui est considéré comme le plus correct et le plus 
difficile des historiens romains! 

ll est dans la vie des jeunes artistes, comme dans toutes 
les organisations où le travail intellectuel prédomine, des 
moments d'irrésolution ou de lassitude morale pendant 
lesquels le besoin d’une direction ou d’un guide se fait 
sentir. 

Livrés à eux-mêmes pendant trois années, il n’a appar- 
tenu qu'aux organisations spécialement douées parmi les 
lauréats des prix de Rome de se soutenir assez fortement 
dans leurs études pour arriver au résultat désiré. Mais à 
tous n'est pas accordée cette force morale. Nous comprenons 
donc les faiblesses qui se sont trahies récemment, el c'est 
À nous de rechercher les moyens d'empêcher qu'elles ne se 
renouvellent. 

Chaque fois que l'occasion s'est présentée, nous avons 
cru devoir faire ressortir la sollicitude dont le Gouverne- 
ment n'a cessé d'entourer l'institution des grands concours. 

Il y a peu d'années encore, par suite de l'élévation pro- 
gressive du prix des besoins matériels de la vie à Rome, 
les jeunes peintres et les jeunes sculpteurs y ont été 
pourvus, aux frais du pays, d'ateliers confortables dans 
lesquels ces pensionnaires de l'État peuvent se livrer à 
leur art tont en poursuivant leurs études esthétiques. 

ll resterait une dernière mesure, hautement désirable, 
à prendre en faveur de nos jeunes compatriotes : ce serait 
de pouvoir les entourer, durant leur séjour dans la ville 
éternelle, d'une haute surveillance artistique, afin d'impri- 
Mer à leurs travaux la direction voulue pour qu'ils en 
lecueillent immédiatement le fruit. : 


( 902 ) 

Nous ne doutons pas que l'appel que nous faisons 
actuellement à ce sujet au Gouvernement ne soit écouté 
avec bienveillance par le Ministre qui a les beaux-arts dans 
ses attributions. Nous connaissons suffisamment ses vues 
éclairées et sa sollicitude en tout ce qui touche au domaine 
de l'intelligence, pour oser espérer de voir ce vœu se réa- 
liser dans un avenir prochain. 
L'institution des prix de Rome restera incomplète tant 
qu'elle n'aura pas cette direction artistique indispensable 
à la jeunesse, et qui suscitera chez nos lauréats l'ému- 
lation nécessaire au travail : ele les réconfortera aussi 
aux moments de découragement ou d'indécision inhérents 
à ceux qui sont livrés à leurs seuls sentiments. 
Nous pourrons espérer alors voir se relever le niveau 
des études de nos pensionnaires, et voir dorénavant leurs 
produetions se placer au méme degré que celles de leurs 
brillants devanciers. 


— M. le secrétaire perpétuel proclame de la manere 
suivante le résultat des concours : 


JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1887). 


PARTIE LITTÉRAIRE, 


Quatre questions avaient été inscrites au programme de 
concours de la Classe pour l'année 1887. Elles avaient pour 
objet des sujets se rapportant à l'architecture, à la gravure 
en médailles, à la peinture et à la musique. 

L'Académie n'a reçu aucun mémoire en réponse à Ces 
questions. 


( 505 ) 


ART APPLIQUÉ. 
Peinture. 


Neuf cartons ont été reçus pour une frise décorative à 
placer à 5 mètres d'élévation : 


Les nations du globe apportant à la Belgique les produits 
de leurs sciences, de leurs arts et de leur industrie. 


Un prix de mille francs était attribué à ce concours 
national, 


Les cartons portaient pour devises ou marques distinc- 
tives : 


N° 1. Peindre ou dessiner toujours; 
2. Bramo assai, poco spero; 
9. Sapientia; 
4. Voorwaarts ; 
9. La lettre À dans un triangle; 
6. Un double cercle guilloché ; 
7. Belgique; 
8. Une croix et une ancre, 
9. Pour l'art. 


La Classe, ratifiant la proposition unanime de la section 
de peinture, a décerné le prix à M. Joseph Middeleer, à 
Bruxelles, ee du n? 4: Voorwaarts. 


Gravure en médailles. 


La Classe des beaux-arts avait proposé comme sujet le 
« médaillon préalable à une médaille destinée aux lauréats 
des concours ouverts par l'Académie ». 

Aucun projet n'a été recu. 


( 504 ) 


PRIX DE ROME, 


GRAND CONCOURS D'ARCHITECTURE DE 1887. 


Comme suite aux résolutions du jury chargé de juger le 
grand concours d'architecture de 1887, le grand prix a été 
décerné, à l'unanimité des voix, à M. Charles De Wulf, de 
Bruges, éléve de l'Académie royale des beaux-arts de 
Bruxelles. 

Un second prix, en partage, a été voté, également à 
l'unanimité, à MM. Michel De Braey et Ferdinand Truy- 
man, tous deux éléves de l'Académie royale des beaux-arts 
d'Anvers, 

Une mention honorable a été votée à M. Philippe Van 
Boxmeer, de Malines, également élève de l'Académie 
d'Anvers. 


Concours DES CANTATES. 


Comme suite aux propositions du jury qui a jugé le 
double concours des cantates devant servir de thème aux 
concurrents pour le grand prix de composition musicale de 
1887, le prix des cantates françaises a été décerné à M. de 
Casembroot, secrétaire adjoint et bibliothécaire du Conser- 
vatoire royal de Bruxelles, pour son poème intitulé : Les 
SUPPLIANTES. 

Le prix des cantates flamandes a été décerné à M. J. Van 
Droogenbroeck, chef de bureau à la Direction des sciences, 
des lettres et des beaux-arts du Ministére de l'Agriculture, 
pour son poème intitulé : DE MORGEN. 


( 505 ) 


GBAND CONCOURS DE COMPOSITION MUSICALE DE 1887. 


Comme suite aux résolutions du jury qui a jugé le grand 
concours de composition musicale de 1887, le premier prix 
a été décerné à M. Pierre Heckers, élève du Conservatoire 
royal de Gand. 

Un second prix a été voté, en partage, à M. Paul Lebrun, 
élève du méme Établissement, et à M. Edmond Lapon, 
d'Ostende, élève du Conservatoire royal de Bruxelles. 


La séance a été terminée par l'exécution de la cantate: 
Les Suppliantes, poéme couronné de M. Louis de Casem- 
broot, musique (sur la traduction flamande de M. Emma- 
nuel Hiel) par M. Pierre Heckers, de Gand, premier prix 
du grand concours de composition musicale de 1837. 

Voici les noms des solistes : 


ELT 


M"? Clémence Van de Weghe (Évadné) ; 

M"? Irma De Jaeger (Éthra); 

M"* Hortense De Crozières (Une Argienne) ; 

M. Paul Van Hende (Thésée) ; 

M. Charles Wayenberghe (Adraste). 

_ Les chœurs ont été chantés par les éléves du cours 
. d'ensemble vocal du Conservatoire royal de Gand et les 
. Membres de la section chorale du Van Crombrugghe's 


L Genootschap, de la méme ville. 


TM 


TU NV 
ie 


LES SUPPLIANTES 


(d’après EunipipE); par L. de Casembroot, secrétaire adjoint 
et bibliothécaire du Conservatoire royal de Bruxelles. 


PREMIÈRE PARTIE. 


(La scène est à Éleusis, dans le temple de Cérès.) 


Adraste. 
Préte l'oreille à nos prières, 
Toi qui viens implorer la divine Cérés, 
Dans ce temple debout au milieu des clairiéres 
Oü les premiers épis dorérent les guérets. 


Chœur des mères argiennes. 


Auguste Éthra, mére du grand Thésée, 


Par les rameaux fleuris que vers toi nous levons 


Sois de toute part enlacée! 
Auguste Éthra, mére du grand Thésée, 
Abaisse tes regards vers nos tristes haillons? 


Éthra. 


Ma pitié s'est émue 
A voir couler vos pleurs; 
Apprenez-moi qui cause vos malheurs 
Et que votre vieillesse ici soit bienvenue ! 


( 807 » 


Adraste, 


Sous les murs de Cadmus nos fils sont tombés morts, 
Dans le combat qu'hier j'ai livré contre Thébes; 
Argos pleure vaincue, et ses plus beaux éphébes, 
Sur le champ de bataille où se pressent leurs corps, 
Gisent sans sépulture! 
Créon, roi des Thébains, au mépris de nos lois, 
Nous défend d'enlever leurs restes, en pâture 
Aux hótes farouches des bois. 


Le chœur. 


Auguste Éthra, mère du grand Thésée, 
Abaisse tes regards vers nos tristes haillons ! 


Adraste. 


Auguste Éthra, j'invoque ta clémence! 
Fléchis ton fils au nom de la souffrance, 
Et que la terre des tombeaux 
S'amasse enfin sur ceux dont les corps en lambeaux 
Saignent abandonnés, héroïque pléiade, 
Sous le ciel bleu de notre Hellade! 


Le chœur. 
Auguste Éthra, mère du grand Thésée, 
Abaisse tes regards vers nos tristes haillons ! 
Thésée (arrivant avec sa suite) - 


Pourquoi ces femmes étrangéres 
T leurs gémissements ont-elles diei 
"Lesacrifice à peine commencé? | 


pt Og te 
xl Lem 


LAS De or a 
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ET ; 


508 


Éthra. 


Mon fils, ce sont les méres 
Des guerricrs argiens tués par les Thébains; 
Elles tendent vers nous leurs suppliantes mains. ; 


Thésée (à Adraste qui s'est mis à l'écart). 


Quel est ton nom à toi qui voiles ton visage? 
Suspends tes pleurs; reprends courage. 
D'Athénes contre les Thébains 
Dis-moi ce que tu réclames. 


Adraste, 


Je suis Adraste, roi des Argiens ; j'accours, 
Thésée, implorer ton puissant secours; 
Des enfants et des femmes 
M'accompagnent de leurs clameurs: 
Thésée, ô le plus grand des Grecs, ó chef d'Athéne, 
Rends les derniers honneurs 
A nos guerriers tombés sur les bords de l'Ismene' 
Que leurs mânes délaissés 
Par tes soins soient apaisés! 


Thésée. 


Ton orgueil t'a perdu! Le poids de la détresse 
Est lourd au front de ceux 
Que punissent les dieux, 
Et Némésis vengeresse 

Mit àu bras de Créon le châtiment d'Argos. 
A tes morts, je ne puis élever des tombeaux : 
; Dans la plaine, c'est Zeus lui-méme 
Qui coucha tes guerriers, ainsi que des roseaux. 


( 509 ) 


Adraste. 


Je venais implorer une faveur suprême 

Au milieu de nos tourments; 

Je ne t'ai pas choisi pour juge de mes fautes, 

Et si je fus coupable il est des mains plus hautes 
Qui préparent pour moi de justes châtiments. 


Le chœur, 


Pitié, pitié de nos lourdes épreuves ! 


Adraste. 


Cessez vos pleurs; femmes, courbez le front; 
Cachez votre chagrin profond! 
Pauvres mères, tristes veuves, 
Éloignez-vous! Laissez sur cet autel 
Les rameaux verts qu'ont humectés vos larmes ; 
Et prenez à témoins ct la terre et le ciel 
Et les flambeaux du temple et le droit éternel 
Qu'Athénes n'a pas eu pitié de vos alarmes! 


Éthra, 


Mon fils, j'embrasse tes genoux; 
A mon tour je te conjure. 

Ton refus et ton courroux - 
Aux dieux sembleront un parjure! 


+ 
S. 


" 


Sme SÉRIE, TOME XIV. —  — 34 


(510) 


Thésée. 


Ma mére, cesse de pleurer; 
Léve ta tête blanche; 
Ta pitié qui s'épanche 
Sur ceux qu'abrite ce foyer 
A fléchi ma colère impie. 
Adraste, mon passé de victoire me lie 
A la cause des malheureux : 
Puisque au mépris du droit consacré par les dieux, 
Thébes voudrait priver tes morts de sépulture; 
Puisque ma mére méme, oubliant le danger, 
Fait taire dans son cœur la voix de la nature, 
Et m'exhorte au combat, et supplie et conjure, 
Adraste, je veux te venger! 


€h«eur des mères argiennes et ces soldats de Thésée. 


Honneur à toi, soutien de la détresse, 
Héros rempli de majesté! 
A jamais ton nom, par toute la Grèce, 
Sera béni, sera chanté! 
Argos, à féconde patrie, 
. O toi que les malheurs font encor plus chérie, 
Espére, oublie! 
Les rameaux d'olivier cucillis dans les chemins 
Qui des bords de l'Isméne 
nos 


s vers Athéne 
vos pP 


Ont conduit j 


nos 


ge $ H a d. mains! 
N'ont pas en vain frissonné dans is EM 


DEUXIÈME PARTIE. 


(Les soldats de Thésée rapportent, en cortège, les corps des principaux 


guerriers d'Árgos ; on dresse les büchers.) 


Le chœur des mères. 


Voici que les büchers s'allument; 
Les corps sanglants 
De nos enfants 
Parmi les flammes se consument. 
Cruel, erucl malheur! 
Enfants chéris, objets de ma douleur ! 


Élevez-vous, triste harmonie 
Du chant des morts; di 
Vibrez, plaintifs accords 
Des lyres d'lonie. ; hit 
Crucl, cruel malheur! 

Enfants chéris, objets de ma douleur! 


Í 
Hut. 
Les feux de la prochaine Aurore 
. Ne sécheront pas les pleurs de nos yeux, 


Et, dans ees lieux, | Uus is 
Nous trouveront encore. — — d 
Cruel, cruel malheur! 

Enfants chéris, objets de ma 


ho 


( 912 ) 


Thésée, 
N'approchez pas, femmes infortunées; 
N'emplissez point vos yeux d'un spectacle d'horreur; 


Les paupiéres des morts, par Thébes profanées, 
Les mains de mes soldats les ont fermées. 


Le chœur, 


Cruel, cruel malheur! 


Enfants chéris, objets de ma douleur! 


Adraste. 
Au nom d'Argos qu'écrase la défaite 
Et qui mit son espoir aux mains de l'étranger, 
Au nom de la patrie où souffle la tempête, 


Sois salué, toi qui sus nous venger! 


Le chœur. 
Au nom de la patrie où souffle la tempête, 


Sois salué, toi qui sus nous venger! 


(La cérémonie funèbre est interrompue par l'apparition d'Évadné.) 


Le chœur. 
Qui surgit là, sur la colline? 
O ciel, c'est Evadné!... Voyez, elle s'ineline 
Sur la flumme du bücher... 
Evadné, pourquoi t'approcher! . 
Nous frémissons d'épouvante. 


( 943 ; 


Li 


Évadné (les yeux perdus dans l'extase). 


Pourquoi dans les cieux éthérés, 
Phoebé, répandais-tu ta lumière mouvante, 
Quand la ville d'Argos, en des chants inspirés, 
Célébrait l'hyménée 
Qui m'unissait au héros Capanée ? 
Pourquoi, chastes nymphes des bois, 
En cadence, joignant vos voix, 
Dans la nuit illuminée, 
Autour de moi, vous méliez-vous? 
Femmes, demain, avec des gestes doux, 
Jetez des fleurs nouvelles 
Sur ce bücher à l'aube éteint. 
Ne pleurez pas! Puissent vos cœurs fidèles 
Garder mon nom! Femmes, demain 
Cueillez pour moi des fleurs nouvelles! 
Chantez l'heurcux destin 
Qui me rend au héros que j'aime. 
Adicu, pure lumière! O rayonnant soleil, 
Toi qui va t'abaisser sur l'horizon vermeil, 
Recois mes derniers vœux et mon souffle suprême! 


Le chœur, 
Fille d'Iphis, écoute-nous! 
Evadné. 
O mort, étends sur moi tes ailes de ténèbres! 
Le chœur, 
Renonce à tes projets funèbres! 
)vadné (se précipitant dans le bücher qui consume le corps de Capanée). 


. Viens me rejoindre à mon époux! 


(514) 


Le chœur (épouvanté du spectacle qui s'offre à sa vue). 


Horreur! Plus d'espérance! 
Horreur! La voilà qui s'élance 
Du haut du rocher! 


Iphis (survenant). 
Femmes, je vous implore! 

Mon Evadné, la fille que j'adore, 
Est-elle auprès du bücher 2... 

Vous vous taisez?... O cruelle souffrance! 

Ah! Je suceombe à mon malheur immense! 

O mon enfant! Chère Évadné! 
Hélas! Infortuné! 


Le chœur. 


Que je te plains, ó père! 
Profonde est ta misére! 


Iphis, 


O toi qui m'entourais de tes bras caressants, 
La derniére de mes enfants! 
Serait-il vrai? Je t'ai perdue, 
Toi qui baisais mes blancs cheveux, 
Enfant à qui paraissait due 
La tàche de fermer mes yeux! 


Le chœur. 


Que je te plains, ó père! 
(c Profonde est ta misére!... 


(515) 


Jphis, 


Puissance aveugle qui me laisse 
La solitude et la douleur, 

Ah! que je te hais, à vieillesse, 
Plus forte encor que le malheur! 


Thésée. 


Mettez un terme à vos cruclles peines; — 

Adraste et vous, ô femmes argicnnes, 
Recevez de mes mains 

Les cendres de vos fils, victimes des Thébains; 

Conservez-les en souvenir d'Athénes ! 


Adraste. 
Argos n'oubliera pas ton secours généreux. 
Sois aimé par les dieux! 
Que pour toi l'avenir soit riche en jours heureux ! 


Chœur général. | 
Argos, ô fécon le patrie, 
O toi que les malheurs font encor plus heni. 
Espère, oublie! 
Les rameaux d'olivier cucillis dans les chemins 
Qui des bords de Fi ; 
nos 
Ont conduit P% vers Athène 


N° j t nos Ln 1 
ont pas en vain toin dans 2 mains! 


(516). 


DE SWHUEEKENDEN. 


(Euripines gevolgd.) 


(VERTAALD DOOR EMMANUEL HIEL.) 


EERSTE TAFEREEL. 
Scehouwplaals Eleusis, tempel van Demeter. 


Adrastos. 


Hoort, hoort aandachtig naar ons bidden, 

Gij, die Demeter smeckt, 't gemoed met hoop vervuld, 
Hier rijst haar tempel in het midden 
Van "t veld, waar eerst het graan heeft dorren grond verguld. 


Rei der Argivische moeders. 


Doorluchtige Acthra, gij, Thesëus moeder, 

Bij 't geurig vcldgebloemt gestoken naar u heen, 
O, wees ons, armen, thans te goeder ! 

Doorluchtige Aethra, gij, Thesëus moeder, 

Bezie meewarig ons en hoor naar ons geween. 


Aethra. 


'k Zie uwe tranen stroomen : 
Mijn hert is aangedaan... 
Wie tegen u heeft al dit kwaad begaan? 
O grijsheid, spreckt, gij zijt hicr welgekomen! 


C 517) 


Adrastos. 


Bij Kadmos muren viclen onze zonen dood; 

En gistren, in den slag geleverd tegen Theben, 
Verloor, ach, Argos! Zij, die dapper streden. 

De schoone jongens, liggen lijf aan lijf, gansch bloot, 
Op °t slagveld zonder graf!... 

En Kreon, Thebens koning, hij, die onze wet versmaadt, 

Verbiedt ons de overblijfsels te begraven : ach! en staat 

Als prooi aan °t wild gediert hen af. 


Rei. 


CNE Ee SEUNS IJ EP 


Doorluchtige Aethra, gij, Thesëus moeder, 
Bezie meewarig ons, en hoor naar ons geween. 


Adrastos. 


Doorluchtige Acthra, wees nu gocdertieren, 
Vermurf uw? zoon, het meclij moct hem stieren, 
Hij schenk’ de lijken ceuwge rust, 
De heldenlijken, die, door 't zwaard ter dood gekust, 
Verlaten liggen in hun bloed versmacht, 
Hier, onder Hellas blauwe hemelpracht. 


Rei. 


Doorluchtige Acthra, giy Thesëus moeder, 
ie meĉwarig ons en hoor ons smeckgeween. 


Thesëus (komt op met zijn gevolg . 


Waarom, dic vreemde vrouwen, 
Verwarren zij door hun gejammer, Re 
Den offerdienst, die pas begint? 


(518) 


Aethra. 


O zoon, "t zijn moeders, vol vertrouwen, 
Der Argivische krijgers, verslagen door Thebanen! 
Zij smeeken u, en storten bittre tranen. 


Thesëas lot Adrastos, die ter zijde geweken is. 


Hoe is uw naam, gij die uw aangezicht bedekt? 
Staak dit getraan, wees opgewekt ! 
Wat eischt Athene thans van Theben? 


Adrastos. 


Adrastos ben ik, Koning der Argivers, 'k loop 
Tot u, Thesëus, °k vraag uw hulp vol hoop, 
En kindren, mocders, moegeleden, 
erzellen mij met hun gekerm. 
Theséus, machtigste aller Grieken, Vorst van 't schoone Athene, 
Ach, ontferm, ontferm 
U, over onze helden, lizzend aan de zoomen der Ismene, 
Bewijs hun' schimmen cer, 
De laatste, geef ze vrede weer ! 


Theséus, 


Uw trots was uw verlies! 't gewicht van nood 
Drukt zwaar als lood 

Op 't hoofd der menschen, door der Goden wraak 

Vervolgd . .. zij schonk aan Kresus arm de straf 
Van Argos; o verzaak 

Thans uwe dooden... Ik sticht hen geen graf 

In "t naakte veld. ’t Is Zéus zelf die liet 

` Uw krijgers vellen als het zwakke riet. 


( 519 ) 


Adrastos, 


Ik smeek om eene hooge gunste van uw edel herte, 
In "t bitterste onzer smerte ! ... 
'k Hcb u, u nict gekozen als rechter mijner schulden : 
Indien ik plichtig ben, de Goden, die geen misslag dulden, 
Bereiden dan voor mij de welverdiende straf. 


Rei, 


Gena! gena! ons leed is zwaar, laat af! 


Adrastos. 


‘Staakt smartgewcen... gij, vrouwen, buigt uw hoofd ! 
Uw diep verdriet thans uitgedoofd... 
O arme mocders, wecuwen, gaat nu henen; 
Verwijdert u! en leg op "t outer neer 
De groene twijgen, nat door hoopvol weenen... 
Neemt aarde en heme! tot getuigen, ja, nog meer, 
De fakkels van den tempel, t ceuwig recht, der schimmeneer 
Athene heeft geen meclij met uw leed. 


Aethra. 


Mijn zoon, o wecs niet wreed, 

Ik zwcer u, weiger niet... 

Uw gramschap schijnt den Goden 
Meinced! meineed! meineed! 


( 520 


Theséus, 


O Moeder, die zoo rcin deedt, 
"t Gewcen is u verboden... 
Beur 't grijze hoofd, 
Uw meelij zij geloofd! 
Het straalt zich uit, door u gcheiligd, 
Op hen, door dezen haard beveiligd; 
*t Bedaart mijn helsche woede; 
Adrastos, mijn beroemd verleden, bindt mij blij te moede 
Aan `t lot der lijders : 
Daar, ondanks "t recht, door Goden hier geniti 
Thans Thcben "t graf wil weigren aan gevallen strijders, 
Daar gij, o Moederlicf, nict bange zijt, 
En in uw hert de stem der liefde stil versmacht, 
Mij smeekt, bezweert en aandrijft tot den strijd. 
Adrastos, 'k wil uw wraak! 


Rei der moeders en der Argivers. 


Eer, eer aan u, gij steun der diepbedrukten, 
Gij. held vol majesteit! 
Het Gricksche volk verukt en 
Verheugd, bezingt uw naam in eeuwigheid. 
O Argos, vruchtbaar vaderland... 
Gij, gij, ons liever nog door al uw leed, 
O hoop, vcrgeet! 
De olijven geplukt, ter boorden der Ismene... 
Als vredes onderpand! 


Dief ona Š stappen vocrden naar Athene, 


Zij hebben niet vergeefs gesidderd infon hand! 


( 521 ) 


TWEEDE TAFEREEL. 


(Krijgers van Theseus dragen in stoct de lijken der bijzonderste 
strijders van Argos en richten brandstapels op.) 


Roi der moeders. 
De stapels vlammen, 
Het vuur verslindt 
Het blocdig lijk van kind op kind... 
Gcen fel vergrammen 
Stilt thans de smert, 
O kindren lief, van 't mocderhert. 


Klinkt, treurgezangen, 
Klinkt cindloos voort... 
Gij, klagend Jonisch luitaccoord 
Stilt geen verlangen 
Der wreede smert, 
O kindren lief, van 't moederhert! 


De zonnestralen 
Ze droogen niet 
De tranen van ons ziclsverdriet, 
We blijven dwalen 
Hier met ons smert, 
O kindren lief, in 't moederhert. 
Theséus, 
Ach, nadert niet, rampzaalge vrouwen, : 
Vervult uw blikken nict met "t beeld van d en smert. 
Door onze krijgers werden de oogen toegevouwe 
Der heldenschaar, dic hier door Theben snood ontheilig werd. 
Rei. 
O ramp, hoe wreed, hoe wreed! 
Gij kindren lief, gij oorzaak van ons leed! 


Adrastos. 


In naam des vaderlands, waar woeden onweérsvlagen, 
Gij, die ons wrecktet, wees gegroet ! 


( De begrafenisplechtigheid wordt onderbroken door 
de verschijning van Evadnee.) 


Wie rijst daar op den heuveltop? 
O God, ‘Lis Evadnee... ze wendt den kop 
Ten stapel, naar de viam... 
Ach, Evadnce, neen, nader niet... o gram! 
We siddren, schrik, schrik slaat ons lam. 


Evadnee (de blikken verloren in geestvervoering). 


Waarom, in "t blauwe van den hemel, 
O Phebos straalt ge uw lichtgewemel, 
Wanneer in Argos stede liefdezangen 
Luid loofden "t hymenéus, 
Dat mij met eenen held verbond, met Kapenéus?... 
Waarom, gij nimfen van het bosch, 
Sprongt gij vol zwierige dansmaat los 
In de nacht, glinstrend zacht, 
Rond mij, vol licfdepracht? 
O morgen, vrouwen, werpt met teedre hand, 
Ten stapel, frissche bloemen... 
Ten stapel, met den uchtend uitgebrand. 


Ach, weent niet, laat uw trouwe roemen; 
Bewaart mijn naam; o vrouwen, morgen 
Plukt, plukt voor mij. dan frissche bloemen ! 
Zingt 't heillot, dat voor mij wil zorgen, 
Dat mij beschikte cen held, door mij bemind... 


(525 ) 


Vaarwel, rein licht, o glanzend licht, dat mij verblindt; à 
Gij, die nu slapen gaat in "t rozig bed van vrée. 
O neem mijn laatsten wil, mijn laatsten adem mée. 


Roi, 


O Iphis dochter, wee! `t gevaar is groot! 


Evadnee. 


Delf m'in uw duisternis, o dood! o dood! 


Rei. 


Laat, laat uw ontwerp dwaas en snood! 


Evadnee (stort zich in den brandstapel, die het lijk van Kapanëus 
slindt). 


Heil! °k vind u weder, lieve echtgenoot! 


el (verschrikt door het schouwspel). p 


O ramp! geen hope meer! 
O ramp! daar stort ze neer 


In den gloed ... 


Hphis (verschijnt). 
O vrouwen, mocders, 'k smeek u, 
Mijn Edvanec ontweck u: 
Waar schuilt mijn kind, mijn dierbaar bloed? 
Gij zwijgt ... o bitter lijden !... 
Gij zwijgt ... o wreed kastijden!... 
O kind ... Gij spartelt in den gloed .. . 
O "t sterven waar mij zoet! 


( 824 ) 


Rei, 


O vader, laat ons diep uw lot beklagen, 
Uw leed is nict te dragen. 


Iphis, 


O Gij, die met uw streclende armen, 

Gij, laatste kind, mijn boezem wist te warmen, 
Zou ’t waar zijn? ceuwig zijt ge heen ? 

Gij, die door kussen stilde mijn geween, 

Zult mij nict de oogen sluiten? Neen! 

Wee! wec! voor ecuwig zijt gij hcen. 


Rei. 


O vader, laat ons diep uw lot beklagen, 
Uw lced is niet te dragen. 


Iphis, 


O blinde macht, o domme kracht, 

'k Blijf droef alleen van mijn geslacht... 
O grijsheid, 'k haat u met meer gloed 
Dan mijnen helschen tegenspoed. 


Theséus. 


Bekampt en stilt uw smartlijk rouwen, : 
Adrastos; ook gij, Argivische vrouwen, ^ 
Ontvangt uit mijne hand 
Thans de assche van de zoons, gedood door die van Theben..- 
— En neemt ze als pand, 
Gedenknis van Athene mede! Zij hebben kloek gestreden! 


( 525 


Adrastos, 


Neen, Argos, neen, vergeet nooit de edeldaad, 
Dat nooit der Goden zegen u verlaat! 


Rei. 


O Argos, vruchtbaar vaderland, 
Gij, gij, ons liever nog door al uw leed, 
Och hoop, vergeet ! 
De olijven, geplukt ter boorden der Ismene, 
Als vredesonderpand, 
Die onze stappen voerden naar Athene, 
Zij hebben niet vergeefs gesidderd in ons hand. 


Aanmerking. — Men moet de tijdmaat der Grieksche namen 
uitspreken op de volgende wijze : 


Te ww —-— NP 

Aethra. - Hella. 

b aer siib E . MN qe xD 
Theséus. Argivische. 
bs E vw AP oer O 

Adrastos. Athene. 

CONTE v= v 
Evadnee. Argivers. 
ra à Syr ce NE 

Iphis. . Ismene. 

v= vuv ` j vw 

Demeter. 4 Zeus. 

a M s ; y pe ON 
Kadmos.. E Jonisch. 

wi a à i Zen AV 
Theben. 2 : Phebos. . : 
T NE. 
Argos. : ; Hymenëas, "^ 
Kreon. Kapanéus. 


— beteekent : lang. - 
v beteekent : kort. 


3° SÉRIE, TOME XIV. | 55 


( 526 ) 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


Harlez (Ch. de). — Le texte originaire du Yih-King, sa 
nature et son interprétation. Paris, 1887; in-8° (55 p.). 

Clausius (R.). — Théorie mécanique de la chaleur, 2"* édi- 
tion traduite sur la 5* édition de l'original allemand, par F. Folie 
et E. Ronkar, tome Ie. Mons, 1887; vol. in-8* 

Mansion (P.). — Résumé du cours d'analyse infinitésimale 
de l'Université de Gand : calcul différentiel et calcul intégral. 
Paris, 1887; in-8° (300 p ). 

Plateau (F.). — Observations sur une grande SCOLOPENDKE 
vivante. Bruxelles, 4886; extr. in-8° (4 p.). 

Selys Longchamps (de). — Odonates de l'Asie-Mincure et 
revision de ceux des autres parties de la faune paléarctique 
(dite européenne). Bruxelles, 1887; extr. in-8° (87 p 

Errera (Léo). — Pourquoi dormons-nous? PERAR 1887; 
extr. in-8 (51 p.). 

De Coninck-De Windt (C.). — Le houblon. Alost, 1887; 
vol. in-8°. 

Delvaux (E.). — Documents stratigraphiques et paléonto- 
logiques pour l'étude monographique de l'étage ypresien. 
Liège, 1887 ; in-8* (20 p. et 4 pl.). 

— Les anciens dépôts de transport de la Meuse appartenant 
à l'assise moséenne. Liège, 1887 ; extr. in-8° (24 p.). 

— Description sommaire des blocs colossaux de grès blanc 
cristallin. Liège, 1887; extr. in-8° (18 p.). 

Feys (E.) et Nelis (A.). — Les cartulaires de la prévóté de 
Saint-Martin à Ypres précédés d'une esquisse historique Sur 
la prévóté, tome Il, Glossaire. Bruges, 1887; in-4°. 


DE Lut ner NUES EEE 
x TURAE € 


EF 
à 


( 527 ) 

Wiliquet (Camille). — Le mien et le tien, causerie popu- 
laire traduite de l'italien d'Aristide Gabelli. Mons, 1887; in-8° 
(95 p.). 

Van der Stricht (0.). — Recherches sur la structure de la 
substance fondamentale du tissu osseux. Gand, 1887; extr. 
in-8° (7 p.). 

Terby (F.). — Sur une observation de Saturne faite à Lou- 
vain, à l'aide de l'équatorial de huit pouces de Grubb. Bruxelles, 
1887; extr. in-8? (4 p.). 

— Phénoménes observés sur Saturne. Bruxelles, 1887 ; extr. 
in-8° (8 p. et 4 pl.). 

Toussaint (Le chan.). — Histoire civile et religieuse de Wal- 
court. Namur, 1887 ; vol. in-18. 

— Martyre de saint Lambert, évéque de Maestricht, drame 
en 5 actes avec chœurs. Namur, 1887 ; in-12 (56 p.). 

Forir, — Contributions à l'étude du système crétacé de la 
Belgique, I: Sur quelques poissons et crustacés nouveaux ou 
peu connus, Liège, 1887; extr. in-8° (54 p. et 2 pl.). 

Houzé (Le D" E.). — Comparaison des indices céphalomé- 
trique et eraniométrique. Bruxelles, 1887; extr. in-8° (14 .p.). 

— Description d'un squelette d'Hindou. Bruxelles, 1887; 
extr. in-8° (16 p.). 

Corneli (René) et Mussely (Pierre). — La galerie des 
machines, la galerie internationale du travail, l'électricité et 
le eoneours international de la traction mécanique à l'Exposi - 
lion universelle d'Anvers, 1885. Bruxelles, 1887; vol. in-folio 
(170 pages, illustré). 

Terfve (Oscar). — Recherches sur la spermatogénése chez 
Asellus Aquaticus. Bruxelles, 1887; in-8° (26 p. et 5 pl). 

Dupriez (Léon). — La liberté de réunion. Bruxelles, 1887 ; 
vol. in-8o 


Ronkar (E.). — Note sur les oscillations d'un pendule pro- 
duites par le déplacement de l'axe de suspension. Bruxelles, 
1887; in-8* (48 p.). 


( 528 ) 

D'Hoop (Henri). — La Flandre orientale et ses anciennes 
archives. Alost, 1886; vol. in-8° (256 p.). 

Soignie (Jules de). — Les mauvaises langues. Brainc-le- 
Comte, 1887; vol. in-8°. i 

Lagrange (Ch.). — Méthode pour la détermination des paral- 
laxes par des observations continues. Bruxelles, 4887; extr. 
in-4° (85 p.). 

.- Heymans (J.-F.). — Études expérimentales sur le curare et 
le manganèse. Bruxelles, 1886; extr. in-8° (42 p.). 
. Burggraeve (Le D"). — Concours Guinard, 4"* édition. Gand, 
1888; in-12 (490 p.). 

Fraipont (Jules) et Lohest (Max.). — La race humaine de 
Néanderthal ou de Canstadt en Belgique : Recherches ethno- 
graphiques sur les ossements humains découverts dans les 
dépóts quaternaires d'une grotte de Spy, et détermination de 
leur âge géologique. Gand, 1886; extr. in-8° (170 p.).- 

Caisse générale d'épargne et de retraite. — Premier rap- 
port : propositions relatives aux bases à employer dans le 
calcul des tarifs (Mahillon). — Tarifs de la Caisse de retraite 
(Maurice Anspach). — Nouveaux tarifs des rentes viagéres 
(Maus et Mahillon). Bruxelles, [1887]; 5 cah. pet. in-folio. 

Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège. — Bulletin, 
tomes I-IV. Liège, 1881-86; 4 vol. in-8°. 

Conseils provinciaux, — Procés-verbaux des séances de 
l'année 1886. 9 vol. in-8*. 

Cercle archéologique d" Enghien. — Annales, t. III, 1 livr 
Braine-le-Comte, 1887; in-8. 


( 529 ) 


ALLEMAGNE ET AUTRICHE- HONGRIE. 


Winkler (Clemens). — Mittheilungen über das Germanium. 
Leipzig, 1887; extr. in-8° (52 p.). 

Schum (Wilhelm). — Beschreibendes Verzeichniss der 
amplonianischen Handschriften-Sammlung zu Erfurt. Berlin, 
1887; vol. in-8° (110 p. et 2 pl.). 

Schlesische Gesellschaft für  vaterlündische Cultur. — 
64. Jahres-Bericht. Breslau; in-8°. 

— Zacharias Allerts Tagebuch aus dem Jahre 1627. 
Breslau, 1887; in-8*. 
| Senckenbergische naturforschende Gesellschaft. — Bericht, 
| 1887. Francfort-s[M.; in-8°. 

Sternwarte zu Prag. — Beobachtungen im Jahre 1886. 
n-4*, 


iuda SÉRIE RERO AREA TS 


Verein der preussischen Rheinlande, Bonn. — Verhand- 
lungen, 24. Jahrgang, 1. In-8°. 

Université de Tubingen. — Thèses et dissertations, 1886- 
1887. 59 br. in-8° et in-4°. 

Université de Giessen. — Thèses et dissertations, 1886-87. 
29 br. in-8° et in-4*. > 

Plysikalischer ie zu Frankfurt am Main. — Jahres- 
bericht, 1883-86. In- 

Historischer RE für Steiermark. — Beiträge 29, Jahr- 
Sang. — Mittheilungen, 55. Heft. Gratz, 1887; in-8". 

Akademie der Wissenschaften, Wien. — Philos.- histor. 
Classe : a) Sitzungsber., Bd. CXII, CXII, CXIV, 1. b) Denk- 
schriften, Register zu dem Bünden XV-XXXV. — Mathem.- 
naturw. Classe : a) Sitzungsber., I. Abth., 1886, 4-10; H° Abth., 
1886, 5-10; 1887, 4, 2; IIl* Abth., 1886, 1-10. b) Denkschrif- 
ten, Bd. i und 52, — Archiv für Kunde, Bd. 68, 2; 69 
und 70. 


( 830 ) 


FRANCE. 


Reynaert (Aug.). — Histoire de la discipline parlementaire : 


oles et usages les deux mondes, ete., 
o o r 1 

tomes I et II. Paris, 1884; 2 vol. in-8°. 
Hirn (G.-A.). — La thermodynamique et l'étude du travail 


chez les êtres vivants. Paris, 1887 ; extr. in-4° (50 p.). 


— Construction et emploi du métronome en musique. Paris, 
1887; extr. in-4° (8 p.). 

— Théorie et application du pendule à deux branches. 
Paris, 1887; extr. in-4° (16 p.). 

Darget (L.). — Des cubes solides, de leurs arétes et de leurs 
racines numéraires. En outre. procédés pour la destruction du 
phylloxéra. Enfin, soins hygiéniques à donner au besoin à sa 
santé, Auch, 1887 ; in-4° (20 p.). 

Les fétes jubilaires de l'abbaye de Saint-Pierre de Solesmes, 
9, 10 et 11 juillet 1887. Solesmes, 1887; in-8° (60 p.). 


GRANDE-BRETAGNE ET COLONIES BRITANNIQUES. 


Royal Society of Edinburgh. — "Transactions, vol. XXX, 4, 
1882-85. In-4*. 

Meteorological Service of Canada. — Report, 1884. Ottawa, 
1887; in-8°. TE 

Statistical office, Sydney. — Handbook to the statistical 
register of New South Wales, 1886. Sydney, 1887; vol. in-8°. 

Churchill (John Francis). — First and second report ire 
Dispensary for consumption. Londres, 1886-87; 2 br. in-8”. 

Mueller (Baron von). — Eucalyptographia, decade 8-10. L 
Iconography of australian species of acacia, decade 1-4. Mel- 
bourne; 5 cah. in-4°, 


( 531 ) 

— Key to the system of Victorian plants, II. Melbourne, 
1885; vol. in-18 (60 p. et 152 fig.). 

Royal Society of Canada. — Proceedings and transactions, 
1886, vol. IV. Montreal, 1887; vol. in-4°. 

Transit of Venus, 1882 : Report of the Committee appoin- 
ted by the British Government. Londres, [1887]; pet. in-folio 
(88 p.) 


ITALIE. 


Giovanni (V. di). — I documenti dell archivio di Barcellona 
€ il ribellamento di Sicilia contro Re Carlo, nel 1282. Bologne, 
1887; in-8° (16 p ). 

— L'apologetica cattolica e gli studii etnografici, storici, 
archeologici contemporanei. Palerme, 1887 ; in-8° (80 p.). 
Osservatorio di Brera in Milano. — Pubblicazioni, n° 32. 
Triangolazione di Milano. In-4°. 

Comitato geologico d'Italia. — Bollettino, 1886. Rome; 


in-8». 


Società reale di Napoli. — Rendiconto... scienze fisiche e 
matematiche, XXV, n” 4-10, 1885-86; in-4°. 

Accademia di scienze... Modena. — Memorie, tomo XX, 5; 
serie 2, tomo IV, 2 vol. in-#°. 


— 


Pays-Bas ET LUXEMBOURG. 


Ferron (Eug.). — Étude sur la catastrophe de Hugsstetten, 
survenue à un train de plaisir de Fribourg à Colmar, le 5 sep- 
tembre 1882. Luxembourg, 1885; extr. in-8° (46 p.). 

— Mémoire sur le calcul et la construction des polygones 
réguliers. S, ]. ni d.; extr. in-8° (29 p., 4 pl.). 


— 


( 832 ) 


PAYS DIVERS. 


Kammermann (A.). — Résumé météorologique de l'année 
1886 pour Genéve et le Grand Saint-Bernard. Genéve, 1887; 
in-8*. 

Lindelöf (L.). — Trajectoire d'un corps assujetti à se mou- 
voir sur la surface de la terre sous l'influence de la rotation 
terrestre. Helsingfors, 1887; in-4° (60 p., 1 pl.). 

Turrettini (Th.). — Prix courant de la Société pour la con- 
struction d'instruments de physique. Genève, 1887; in-8°. ; 

Société khédivale de géographie. — Bulletin, 2™° série, 
n° 10 et 11. Le Caire, 1887 ; in-8°, 

Société d'histoire de la Suisse romande. — Mémoires et 
documents, seconde série, tome 1. Lausanne, 1887; vol. 
in-8°. 

Tifliser Observatorium. — Magnetische beobachtungen, 
1884-85. In-8°. 


1 TABLE DES MATIÈRES 


CLASSE DES SCIENCES. — Séance du 8 octobre 1887 Y 


CORRESPONDANCE. — Dépêche a relative à la formation de la 
: liste des candidats pour le choix du jury de la première période du con- 
5 cours décennal dés sciences philosophiques. — Membres du jury pour —- 
E le quatriéme concours du prix Guinard — Cinquantième anniversaire … 
de la Societé des sciences naturelles de Hambourg. — Liste de souscrip- 
E tion pour la fondation, à Utrecht, d'une institution scientifique qui poriera. 

; le nom de Donders. — Billets cachetés déposés par MM. De Keersmaecker 
et diit Verstraete, — Restitution à M. Laurent de son billet cacheté ce 


deposé le Aer août 1883. — Dépôt aux archives de communications 

iau par M. Delaey. — Travaux manuscrits soumis. à lexa Metam (sor 

Hommage d'ouvrages. . ed SIME S S 
HUC PUE -— T ajectoire T corps assujetti à se EAE sur. Eja dec 

] d Lio? rrestre (L Lindelöf); 

note par G. Yan der Mensbrugghe. : Fee RARE cR es T os 
CONCOURS EXTRAO IRE POUR 1887. — Deux | ómoires ont été et "E 

Sin la iae onerant aai ères, la vie et | 


+ € 


po — Lecture du apport e par La Y PES : fils, x 


CLASSE DES LETTRES. — Séance du 10 ociobre 1887. 
CORRESPONDANCE. — Dépêche ministérielle relative à la formation de la 
puc gx candidats pour le choix des jurys chargés de juger : 1° la pre- 
du concours décennal des sciences philosophiques; 2» la 
buitiide | période du concours quinquennal de littérature francaise: 
3° la dixiéme période du eoncours triennal de littérature dramatique 
en langue francaise. — Membres du jury pour le quatriéme concours 
Guinard. — Hommage d'ouvrages. — M. Alex. Henne pius pour 
écrire la notice sur vis . e 'eboom . 
EMEN Le texte ordinaire du Yih-King, sa i nature el son inter- 
m (Ch. de NAH Mine par P. Willems. . 


de mien et le tien, causerie populaire, traduite de iilatien } de Camille 


Wiliquet; en LENA. S. ; 
| Vondel et la ADU par 23 dee. * 


Tarta: e. Y OHaet 


E DES nrats-anrs se Séance du 6 octobre 1887 ye 


y * 


LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


La 3 Li t s 


Aem HA TAS 
dis E MAD A e 


E 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 
DES 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 


1887. — No 11. 


CLASSE DES SCIENCES. 


Séance du 5 novembre 1887. 


M. J. De Tiry, directeur, président de l'Académie. 
M. Liacre, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Fr. Crépin, vice-directeur; J.-S. 
Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- 
champs, J. C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, E. Can- 
dèze, Ch. Montigny, A. Brialmont, Éd. Van Beneden, 
C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Éd. Mailly, 
.. Ch. Van Bambeke, Alf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, 
1 W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, membres; E. Catalan, 
-. Ch.dela Vallée Poussin, associés; J. Delbœuf, L. Fredericq, 
J.-B. Masius, Paul Mansion, A. Renard, P. De Heen et 
C. Le Paige, correspondants. 

9"* SÉRIE, TOME XIV. P 96 


D. 


( 834 ) 


CORRESPONDANCE. 


La Classe prend notification de la mort : 

1% de Gustave Kirchhoff, l’un de ses associés de la sec- 
tion des sciences mathématiques et physiques, décédé à 
Berlin le 17 octobre dernier, à l’âge de 63 ans; 

2 de Spencer Fullerton Baird, secrétaire de la Smithso- 
nian institution de Washington, décéde à Woods Holl (M°), 
le 19 aoüt dernier ; 

5° du conseiller Antonio-Augusto d'Aguiar, président 
de la Société de géographie de Lisbonne, décédé le 4 sep- 
tembre dernier, à l’âge de 49 ans. 


— M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publics demande l'avis de la Classe sur la requéte 
de M. Pergens qui sollicite de pouvoir occuper, pendant 
l'année 1888, la table de la Station zoologique, à Naples, 
affectée aux Belges. — Renvoi à MM. Van Beneden, père 
et fils, et Plateau. 


— Le méme Ministre adresse, pour la Bibliothéque de 
l’Académie, le tome VII des Annales du Cercle hutois des 
sciences et des beaux-arts. — Remerciements. 


— M. le général Ibanez, associé de la Classe et président 
de l'Institut géographique et statistique de Madrid, offre 
plusieurs livraisons de la Carte topographique de l'Espagne 
au 1/50.000*. 

.. M. le lieutenant-colonel Hennequin, directeur de l'in- 
stitut cartographique militaire belge, adresse, au nom de 
M. le Ministre de la Guerre, deux exemplaires du premier 


ET do i etw 


( 995 ) 
fascicule du tome VI de la Triangulation du royaume de 
Belgique. , 

Ce fascicule se rapporte aux observations astronomiques 
faites à Hamipré, en 1884, par M. le capitaine adjoint 
d'état-major Delporte. — Remereiements. 


— M. E. Ducretet, à Paris, adresse une note manuscrite 
sur un Enregistreur mécanique et automatique des signaux 
transmis par les télégraphes et par les projecteurs optiques. 
— Dépót aux archives, le réglement s'opposant à ce qu'il 
soit émis un avis sur des travaux déjà communiqués à 
d'autres corps savants. 


— L'auteur du mémoire portant la devise : Numeri 
regunt mundum, envoyé en réponse à la question du con- 
cours de l’année actuelle se rapportant à l'écoulement 
linéaire des liquides, demande à rentrer en possession de 


Son manuscrit. — La Classe prononce l'ordre du jour sur 


cette demande, qui est contraire au réglement. 


— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à 
l'examen de commissaires : ! 

1° Études sur l'aspect. physique de Jupiter (2° partie). 
Observations faites à Louvain, à la lunette de Secrétan, de 
1882 à 1885, par F. Terby (avec 5 planches). — Commis- 
saires : MM. Houzeau, Folie et Liagre; 

2 Les plans planétaires et l'équateur solaire; par 


: L. Niesten. — Commissaires : MM. Folie et Liagre; 


9* On Forecasting the weather; par B.-J. Jenkins, 
(avec 1 planche). — Commissaire : M. Houzeau; 

4 Sur la nature minérale des silex de la craie de 
Nouvelles, et contribution à l'étude de leur formation ; 
Par A. Renard et C. Klément. — Commissaires : MM. de 
la Vallée Poussin et Briart. 


Adice. una ECCLE 
Ne gus 
» SITE 


( 956 ) 

— Hommages d'ouvrages : 

1* Observalions sur les mœurs du BLaniuLus GuTTU- 
LATUS Bose.; par F. Plateau; 

2* L'apophyse styloide du troisième métacarpien chez 
l’homme; par H. Leboucq; 

9" Théorie analytique des mouvements des satellites de 
Jupiter (2** partie); par L. Souillart. — Remerciements. 


— La Classe donne mission à MM. P.-J. Van Benéden, 
Folie et Fredericq de la représenter à la célébration du 
soixante-dixième anniversaire du D" Donders, associé de 
l'Académie, qui aura lieu à Utrecht le 27 mai 1888. 


— Sur la demande de M. Van der Mensbrugghe, pre- 
mier rapporteur, M. Ferron sera remis en possession de 
son travail intitulé : Sur l'insuffisance du système suivi 
par Cauchy (théorie de la lumière), etc., afin que l'auteur 
puisse le modifier s'il le juge nécessaire. 


RAPPORTS. 


Action des acides sur le gout; par J. Corin. 
Rapport de M, Delbæuf, premier commissaire. 
« Après avoir fait cette remarque générale que les acides | 
ont tous le goût acide, M. Corin s’est appliqué à rechercher 
quelle relation il pouvait bien y avoir entre ce gout et la 
composition chimique. Il est arrivé à ce résultat curieux, 
que l'acidité sensible eroitrait avec la quantité d hydrogène 
basique renfermé dans la molécule acide, ct décroitrait 
avec le poids méme de la molécule. 


( 537 ) 

lIl n'établit d'ailleurs — et c'est avec raison — aucune 
relation numérique précise entre les deux termes com- 
parés. 

Rien de plus délicat que les problèmes qui se rattachent à 
la mesure des sensations. On peut s'en convaincre en lisant 
les innombrables travaux, souvent contradictoires, sur 
la mesure des sensations lumineuses, qui sont, sans con- 
tredit, les plus favorables à l'expérimentation. Mais, de tous 
les sens, le goüt est, avec l'odorat, celui qui lui offre le 
. moins de prise, et les tentatives faites jusque dans ces der- 

niers temps pour l'en rendre justiciable, sont loin d'être 

pleinement satisfaisantes. 

Le travail de M. Corin constitue un essai heureux ct ori- 
ginal, qui, perfectionné, pourra fournir des résultats plus 
précis. | 

L'auteur a saisi d'emblée les difficultés de la question, 
et son travail commence par le détail des précautions à 
prendre pour expérimenter avec toute la rigueur possible. 
Seulement il ne nous dit pas qu'il a été seul à faire ses 
dégustations, et c'est là un point important à signaler. Il 
est done possible qu'un autre, en appliquant la même 
méthode, arrive à une autre classification des acides au 
point de vue de l'acidité. Qui sait? en matière de goût, il 
Se révélerait peut-être des différences personnelles, comme 
en fait de couleurs. i 
: Provisoirement done, les résultats que M. Corin nous 
livre ne sont garantis que par lui, et celui qui voudrait les 
contrôler devrait commencer par faire sa propre éducation, 
Comme lui l'a faite. Il me parait nécessaire que le mémoire 
Struise le lecteur de cette circonstance. 

I. Corin désigne les degrés d'acidité par des termes assez 

“agues en eux-mêmes : très acide, acide, assez acide, peu 


VERIS o esae SENTE cde ue. ER CR TE TETE RER — — ÀÀ 


( 538 \ 

_ acide, limonade, douteux, faible, nul. Il devrait et pourrait 
arriver à une terminologie plus précise. Pour apprécier le 
degré d'acidité de ses différentes solutions, il les goütait 
l'une aprés l'autre, et les rangeait dans l'ordre du plus ou 
moins. Mais ceci n'est pas dit dans le mémoire, et il faut 
le deviner. Il se servait donc de la méthode des différences 
finies. S'il nous donnait un seul tableau des essais aux- 
quels il s'est livré pour arriver à obtenir sa. classification, 
nous pourrions nous faire une idée claire de ce que peut 
` être une échelle d'acidité. Il parait qu'il s'était exercé au 
point de ranger toujours dans le méme ordre les solutions 
qu'il éprouvait. Ce qui semble indiquer que les différences 
étaient suffisamment sensibles. 

Partant de là, on concoit qu'il y aurait peut-étre moyen 
de classer les différents acides au point de vue de l'acidité, 
en les rapportant à des dilutions déterminées d'un méme 
acide type. C'est ainsi que les essayeurs de matières d'or 
et d'argent apprécient les alliages. 

ll est vrai que, d'aprés M. Corin, il serait plus difficile 
de juger d'une équivalence que d'une différence. Cependant 
l'essai dont il nous donne un spécimen devrait, ce semble, - 
l'encourager dans cette voie. Ayant par deux fois obtenu 
des solutions d'acide chlorhydrique et d'acide sulfurique, 
sensiblement les mémes au goüt, et les ayant neutralisées 
par de la soude, il est arrivé les deux fois au méme rap- 
port 5/5, soit exactement #/,; et 135/219 pour les quantités 
de soude respectivement employées. | 

Ce serait le cas de recourir à la méthode connue en 
psychophysique sous le nom de méthode des erreurs 
moyennes. Ce pourra être là matière à recherches ulté- 
rieures. " 

En somme, travail intéressant. 


( 539 ) 

Je propose donc 1° d'insérer le travail dans le Bulletin de 
l'Académie, aprés que l'auteur l'aura complété dans le sens 
des observations précédentes, et en aura fait disparaitre 
des négligences de rédaction qu'on y rencontre, surtout 
dans l'énoncé des théorèmes; 

2? De voter des remerciements à l'auteur, en l'invitant 
à continuer ses recherches. » 


+ 


Rapport de M. Léon Frederic, second commissaire. 


€ Pour aucune calégorie de substances sapides, les 
relations qui peuvent exister entre le goüt et la fonction 
chimique ne paraissent aussi évidentes que pour les acides. 
Tous les corps, acides au point de vue gustatif, le sont 
aussi au point de vue chimique; comme si certaines ter- 
minaisons nerveuses de la langue étaient le siége d'une 
affinité spéciale pour les acides. 

Ainsi que le fait remarquer, l'auteur du travail que 
nous analysons, le bout de la langue peut remplacer le 
tournesol quand il s'agit de décider si la molécule d'un 
Composé soluble contient de l'hydrogène basique, Cest- 
à-dire remplacable par un métal; mais il est incapable de 
discerner à quelle espèce d'acide appartient cet hydro- 
gène. En effet, la plupart des acides ont identiquement le 
méme goût : l'intensité seule de la saveur varie. 

Jusqu'oü va cette relation entre l'action gustative et la 
fonction chimique? L'une peut-elle servir de mesure à 
l'autre? En d'autres termes, l'intensité de la saveur des 
différents acides est-elle en rappgrt avec le poids de 
l'hydrogène basique qu’ils contiennent, ou, ce qui revient 


( 540 ) 
au même pour la plupart d’entre eux, avec la quantité 
absolue de soude qu'ils sont capables de neutraliser? 
Telle est la question que M. Corin a cherché à résoudre. 

Il a composé, avec les acides chlorhydrique, nitrique, 
formique, acétique, etc., des limonades contenant la méme 
. quantité d'hydrogène basique et il est arrivé, en les goù- 
tant, à un résultat tout à fait inattendu : ces solutions, 
équivalentes au point de vue chimique, ne le sont pas au 
point de vue du goüt. Une molécule d'acide chlorhydrique 
(c'est-à-dire une quantité d'acide chlorhydrique propor- 
tionnelle au poids moléculaire) exerce sur la langue une 
action plus forte qu'une molécule d'acide nitrique; celle-ci 
à son tour est plus acide au goüt qu'une molécule d'acide 
formique ou d'acide lactique, etc. 

En classant les acides de méme basicité d’après l'inten- 
sité de la saveur acide de leur molécule, M. Corin est 
arrivé à ce second résultat curieux, que la saveur d'une 
molécule d'acide est d'autant plus forte que cette molé- 
cule est plus légère. L'action qu’un atome d'hydrogène 
basique exerce sur la langue est donc d'autant plus 
marquée que la molécule dont il fait partie a un poids plus 
aible. 

Si cette proportionnalité était rigoureuse (point que 
M. Corin n'a pas résolu), il en résulterait cette consé- 
quence curieuse que, pour composer des limonades éga- 
lement acides au goût, en partant de solutions d'HCI, 
HNO;, H,CO,, etc., équivalentes comme acidité au point 
de vue chimique, il faudrait prendre de chacune de ces 
dernières solutions une quantité proportionnelle au poids 
moléculaire de l'acide considéré, et diluer chaque fois 
au méme volume d'eap. Si l’on partait de poids absolus de 
HCI, HNO,. H;CO,, il faudrait prendre de chacun de ces 


| 
LE 


, DA! y 

acides un nombre de grammes ou de centigrammes pro- 
portionnel au carré du poids moléculaire et dissoudre 
dans le même volume d'eau, pour avoir des limonades 
équivalentes au goüt. 

Je me hàte d'ajouter que les tableaux d'expériences de 
M. Corin ne concordent pas bien avec la loi de propor- 
tionnalité rigoureuse, telle que je l'ai supposée un instant. 

D'autres facteurs que le poids moléculaire interviennent 
sans doute pour déterminer l'intensité de la saveur aigre- 
lette d'un atome d' hydrogéne basique. 

J'ai l'honneur de me rallier aux craie formulées 
par mon savant confrère, M. Delbœuf. » 


Les conclusions de ces deux rapports ont été adoptées 
par la Classe, 


Observations physiques de Saturne faites en 1887; 
par Paul Stroobant. 


Rapport de M, F. Folie. 


« M. P. Stroobant, astronome amateur trés zélé, connu 
par plusieurs publications intéressantes insérées au Bul- 
letin, a fait avec soin, du 27 janvier au 20 avril, des obser- 
valions physiques de Saturne et de son anneau. Elles sont 
résumées dans le travail que l'auteur soumet à | "Académie, 
et dont le texte sert. d'éclaireissement à la dns qui 
l'accompagne. 

Les faits les plus intéressants signalés par M. Stroobant 
Sont les suivants. Les fameuses divisions d'Encke et de 
Stuve paraissent sujettes à de très grands changements 
quant à la netteté avec laquelle on les aperçoit et quant à 


( 542 ) 

la position qu'elles occupent. C'est ainsi que le 9 et le 
12 février, la séparation d'Encke semble diviser en parties 
égales l'anneau extérieur À, alors que le 4 avril, l'obser- 
vateur la voit tout prés de la division Cassinienne. Même 
remarque quant à la division de Struve; celle-ci est beau- 
coup plus rarement visible, et, lorsqu'on l'apercoit, c'est 
souvent sur une anse seulement. D'ailleurs, jusqu'ici aucun 
observateur n'a pu la voir distinctement sur toute la por- 
tion visible de l'anneau C. Les dentelures que M. Stroo- 
bant nous montre à différentes reprises, empiétant sur 
l'anneau A comme des éclaboussures partant de la division 
Cassinienne, méritent de fixer l'attention, ainsi que les 
changements dans l'allure de l'ombre du disque sur l'an- 
neau et les modifications profondes des bandes qui recou- 
vrent la surface. 

L'ensemble des descriptions et des dessins de M. Stroo- 
bant nous montre que nous sommes bien loin d'une 
explication compléte du brillant phénoméne admiré dans 
Saturne. Assurément l'état de l'aumosphére joue un grand 
róle dans les résultats observés, la limpidité et le calme de 
l'air, le voisinage de la Lune doivent exercer de l'influence. 
Nous savons aujourd'hui que, sous un ciel trés pur, les 
raies de la chromosphére apparaissent brillantes en dehors 
de toute éruption, mais le caractère des variations signa- 
lées, par exemple, l'extinetion de la division d'Encke, 
alors que la division de Struve était apparente, établissent 
l'existence d’autres causes. Il faut remercier et encourager 
ceux qui, possédant un bon crayon comme M. Stroobant, 
ont la patience de dessiner fidélement les changements 
d'état que Saturne et son anneau présentent dans un bon 
télescope. Ils contribuent ainsi non seulement à étendre le 
champ de nos connaissances relativement à cette planéte, 


( 545 ) 

mais à faire avancer la solution du probléme cosmique et 
' mécanique de l'anneau. 

Je propose done bien volontiers à la Classe l'insertion 
du travail de M. Stroobant ainsi que de la planche qui y 
est annexée, dans le Bulletin de la séance. » 


M. Houzeau, second commissaire, ayant adhéré aux 


conclusions qui précédent, elles sont mises aux voix et 
adoptées par la Classe. 


Sur la théorie de l'involution; par Francois Deruyts. 


Rapport de M. €. Le Paige. 


« Le travail dont j'ai l'honneur de présenter l'analyse à 
la Classe est la suite naturelle de celui que M. Deruyts a 
présenté à l'Académie dans la séance du 6 aoüt dernier. 
Aprés avoir rappelé la méthode dont il fait usage pour 
représenter les involutions unicursales dans un espace E, 
à n dimensions, l'auteur fait observer que le point de cet 
espace qui représente une involution |; , peut aussi être 
considéré comme l'image d'une forme algébrique. 
La courbe normale devient alorsle lieu des points qui 
représentent des formes binaires, puissances exactes. 
Lorsqu'il s'agit d’une forme d'ordre inférieur à n, n — p, 
par exemple, la méme représentation a lieu, et il corres- 
pond, à la forme donnée, un espace E,. 

L'interprétation dont il fait usage permet à l'auteur. 
dénoncer et de démontrer simplement des théorémes dus 
à M. Rosanes. en 


( 544 ) 

Reprenant les résultats de son étude antérieure, le jeune 
docteur obtient certaines propriétés des éléments neutres 
d'involutions supérieures; nous pourrons faire observer, 
en passant, qu'il retrouve, par une méthode différente, un 
des théorémes que nous avons énoneés dans une récente 
communication. Je me hâte d'ajouter que M. Deruyts 
n'avait pas connaissance de ma petite note et que d'ail- 
leurs, tont en généralisant et complétant mes résultats, il 
énonce d'autres propriétés qui découlent immédiatement 
de ses procédés, 

Au surplus, il fait usage de ces propriétés pour établir 
l'existence de formes canoniques simples pour l'équation 
des involutions supérieures, et pour démontrer certains 
théorémes généraux de réduction à des formes normales 
Tun système de formes algébriques binaires. 

Ces théorémes comprennent, comme cas fort particu- 
lier, les résultats sur la réduction d'une forme binaire à 
une somme de puissances n obtenus par M. de Paolis. 

Cette. courte analyse permettra, je pense, d'apprécier 
l'intérêt que présentent les recherches de M. Fr. Deruyts, 
et justifiera, je l'espére, la proposition que je fais à la Classe 
d'ordonner l'insertion de son mémoire dans le Bulletin de 
la séance. » 


Ces conclusions, appuyées par M. Mansion, second com- 
missaire, sont mises aux voix et adoptées par la Classe. 


( 548 ) 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Recherches expérimentales sur la vision chez les Arthro- 
podes (deuxième partie). — Vision chez les Arachnides ; 
par Félix Plateau, membre de l'Académie royale de 
Belgique, professeur à l'Université de Gand, etc. 


AVANT-PROPOS. 


La première partie de ces recherches (1), consacrée à la 
vision chez les Myriopodes, conceruait des êtres d'un type 
très primitif, lucifuges, comparables, pour les habitudes, 
aux Articulés cavernicoles et fort inférieurs, par le déve- 
loppement incomplet des facultés instinetives ainsi que par 
l'absence totale d'industrie, à un grand nombre d'Arthro- 
podes mieux doués. 

Dans la deuxième partie actuelle, qui traite des Arach- 
nides, il s’agit aussi d'animaux voisins, par l'organisation, 
des Arthropodes anciens, mais dont les moeurs sont loin 
d'être restées uniformes : les uns, comme les Scorpio- 


ec MU i uA 


(4) But. de v Acad. roy. de Belgique, 9* sér., t. XIV, n™ 9-10, 
p. 407, 1887 


. 


* 


( 946 ) 
nides, vivent encore à l'abri du jour et, ainsi que:nous le 
verrons, doivent compter surtout sur le hasard pour se 
procurer de la nourriture; d'autres, comme la plupart des 
Aranéides, tendent des pièges aux Insectes; enfin, dans ce 
dernier ordre, les représentants de famille entiéres recher- 
chent la lumiére et se livrent à de véritables chasses; ce 
sont naturellement ceux dont les instincts et les percep- 
tions visuelles ont atteint le développement le plus élevé 
qu'ils pouvaient acquérir dans cette catégorie d'Articulés. 

Les expériences sur la vision devaient donc donner et 
donnent, en effet, des résultats un peu différents suivant 
les types étudiés. C'est pour ce motif, qu'au lieu d'essayer 
de formuler des conclusions générales à la fin de cette 
étude, j'ai préféré rédiger des conclusions spéciales pour 
les trois groupes distinets des Aranéides, des Scorpionides 
et des Phalangides. 

Les figures 4 et 2 de la planche I (première partie) 
représentant la structure d'un d'œil postérieur d'Araignée, 
et les figures 3 et 4 de la méme planche, quoique se rap- 
portant à l'ocelle des Insectes, permettant de comprendre 
aisément l'organisation des yeux simples à bàtonnets ter- 
minaus, je prie le lecteur d'y jeter un coup d'œil avant 
d'aborder l'examen du présent travail. 

Enfin, celui-ci étant une suite, les numéros des cha- 
pitres et des paragraphes continuent les séries com- 
mencées dans la premiére partie. 


(547) 


CHAPITRE Ill. 
Aranéides. 


8 9. — Considérations générales. 


J. Müller (1) attribue aux Araignées une vue nette à 
courte distance, et Lacordaire (2), qui emprunte peut-étre 
ses renseignements au précédent, dit la méme chose pour 
l'ensemble des Arachnides. 

Dugès (3) fait probablement allusion à la Mygale 
maconne {Cteniza cœmentaria) qu'il connaissait bien, 
lorsqu'il s'exprime ainsi : « Si une Araignée rentre dans 
? Son trou à l'approche de l'homme, méme quand il est 
? encore éloigné de prés d'une toise (environ deux 
? mètres), il n’est pas besoin, pour expliquer ce fait, de 
» lui supposer une vision distincte jusqu'à cette distance, 
» mais seulement la perception des masses » (4. — 

Rappelons, en outre, que c’est Grenacher (5) qui 


UE CE 5 0 


(1) Müccer, Zur vergleichenden Physiologie des Gesichtsinnes des 
enschen und der Thiere, p- 955, Leipzig, 1826. 
n Laconpaig. /ntroduction à l'entomologie, t. II, p. 241, Paris, 


(9) Dceis. Traité de physiologie comparée de l'homme et des 
animauz, t. |. p. 322, Paris, 1853. 
(4) Nous dirions aujourd'hui la perception des mouvements. 


(9) GnENACUER, Untersuchungen über das Sehorgan der Arthropoden. 
Göttingen, 1879, | 


( 548 ) 

découvrit le curieux. dimorphisme des yeux des Ara- 
néides : les bàtonnets étant situés aux extrémités des 
ommatidies dans les uns (yeux médians antérieurs 
d'Epeira, par exemple) et plus profondément dans 
d'autres (yeux médians postérieurs d'Epeira, etc.); les 
éléments rétiniens étant aussi plus petits ct plus serrés 
dans les yeux à bâtonnets terminaux, plus larges et 
moins nombreux dans les yeux à corps bacillaires pro- 
onds. 

Sans admettre immédiatement avec Grenacher (1) que 
la vision doit nécessairement être plus nette avec les yeux 
de la première catégorie, ce qui serait, du reste, presque 
impossible à constater, nous pouvons raisonnablement 
supposer que les deux formes d'organes ont des róles 
légèrement différents. 

Là se réduisent à peu près les hypothèses générales sur 
la fonction visuelle des Araignées. Les observations spé- 
ciales sont consignées ci-lessous. 


$ 10. — Atrides. 


(Genres : Salticus, Epiblemum, Attus, etc.) 


Ce groupe, très remarquable par ses maurs, se COM- 
pose de petites Araignées chasseuses se promenant le 
jour sur les murailles, la surface des rochers, le tronc des 
arbres, à la recherche des Insectes et fondant sur leur 
victime en exécutant un bond. 

Nous sommes obligés d'y ranger les Aranéides indéter- 


XU ER ME er E 


(1) GaENacugn. Untersuchungen, etc., op. cit., p. 146. 


( 549 ) 
minées, dont les auteurs parlent en employant la dénomi- 
nation d'Araignées sauteuses. 

Toutes ont les yeux médians antérieurs plus grands 
que les autres, parfois énormes (pl. Il, fig. 1); leurs allures 
curieuses ont attiré l'attention dés longtemps (1). 

Treviranus (2), puis des naturalistes plus modernes (3), 
ont doué les Attides d'une adresse et d'une précision dans 
la capture des Insectes que l'observation attentive ne con- 
lirme guère. Dugès (4) est à peu près exact lorsqu'il dit 
f que les Saltiques « ne poursuivent leur proie qu'à la dis- 
| » lance de quelques pouces », et E. Simon (5) rend bien 
certaines attitudes dans la phrase suivante : « l'Atte reste 
jp 2? Souvent à la méme place pendant des heures entières, 
i ? lournant de temps en temps sur elle-méme et sou- 
» levant son grand corselet pour agrandir son horizon 
» visuel »; mais c'est à Fr. Dahl, à Aug. Forel, à 
C-B. Lyster et à H.-F. Hutchinson, que l'on doit les 
renseignements les plus précis. 

D'aprés Dahl (6), l'Attus arcuatus. Cl. constate la pré- 
sence d'une petite mouche (Homalomyia | canicularis) 


Ren d Uo M Qu 


(1) Voyez, par exemple, CLenck. Aranei suecici, p. 115, Stockholm, 
1757. 


(2) Treviranus. Biologie oder Philosophie der lebenden Natur, 
Bd VI, p. 444, Göttingen, 1822. 

(3) Lisez à cet égard : Bremm. Les Insectes, traduction de Künckel 
d'Herculais, t. If, p. 751, Paris, 1882. 

(4) Ducès. Traité de physiologie, ete., op. cit., p. 522. 

(5) Simon. Histoire naturelle des Araignées, p. 918, Paris, 1864. 

(6) Dan, Versuch einer Darstellung der psychischen Vorgänge in 
den Spinnen (Virteljahrsehrift f. Wissenschaft. Philosophie, pp. 94, 
95. IX, 1, 1884). 


-me » 5 
9 * SÉRIE, TOME XIV. xd 


( 550 ) 

20 centimètres (1); cependant la distance doit être 
réduite à 1 ‘/2 et même à 1 !/4 centimètre pour que 
l'Araignée bondisse sur sa proie. L'ingénieux auteur, 
désirant déterminer jl limite de vision distincte de l'Ara- 
néide en question, lui présenta un petit Hyménoptère 
(Hylœus morio) dier peu en forme et en volume du 
Diptére précédent. L'Atte s'approcha jusqu'à 2 centi- 
mètres, puis recula aussitôt. 

Même résultat avec un Diptére hyménoptériforme, la 
Cheilosia precox, puis avec une boulette de papier de la 
grosseur d'une mouche, suspendue et déplacée à l'aide 
d'un fil (in. L'Araignée recula chaque fois lorsqu'elle ne 
fut plus qu'à 2 centimètres environ de l'objet. 

Dahl eite aussi le eas d'un Epiblemum scenicum qui 
semblait remarquer les déplacements de l'observateur 
à 50 centimètres de distance. l| ne s'agit évidemment ici 
que de la perception des mouvements et non de la vision 
distincte d'un objet déterminé. 

J'arrive aux faits constatés par Forel (2) : « Lorsqu'on 
» observe, dit-il, une petite Araignée sauteuse faisant la 
» chasse aux mouches sur une fenêtre, on est étonné de 


BUD US BUR EDP LEE ma 


(4) H est possible que Dahl ait bien mesuré; cependant cette 
distance de 20 centimétres comparée à ce que j'ai pu constater 
moi-même chez l'Epiblemum scenicum, me semble énorme. ll faut, où 
bien étre trés exercé, ou bien porter sur soi une règle divisée pour 
ne pas commettre d'erreurs. 

(2) Forez. Beitrag zur Kenntniss der Sinnesempfindungen der 
Insekten. (Mittheilungen d. Münchener entom. Vereins, p. 15, 1878. 

Forez. Expériences et remarques critiques sur les sensations des 
Insectes, Premiére partie. (Recueil zoologique suisse, t. IV, n° À; 
p. 18, Genève, 1886.) 


f 
I 


w w U wo y v v w Ww 


aw ww ow - X X" 


( 551 ) 

voir combien sa vue est mauvaise; elle n'apercoit la 
proie qui se proméne tranquillement devant elle qu'à 
deux ou trois pouces (5 !/2 à 8 centimètres), la cherche 
dans une fausse direction dés qu'elle s'éloigne un peu 
plus. Et, lorsque la mouche se tient tranquille, cette 
petite Araignée qui ne posséde que des ocelles peut 
passer encore bien plus prés d'elle sans la voir. Si les 
mouches n'étaient pas si stupides et si imprudentes, 
elles ne seraient jamais prises. » 

Forel (1) ajoute plus loin, à propos des Attides : « Quant 
aux Araignées sauteuses, il m'a paru qu'elles ne voient 
leur proie que lorsqu'elle se meut à peu de distance 
d'elles. Alors elles se tournent dans sa direction et 
sautent dessus. Comme elles ont quelques groupes 
d'ocelles, on peut facilement se représenter qu'ils 
doivent suffire pour leur indiquer la direction du 
mouvement percu, ce qui leur permet d'atteindre l'objet 
par un saut qui rase terre. Du reste, elles manquent 
cinquante mouches pour une qu'elles atteignent (2). » 
C.-B. Lyster, décrivant récemment dans Nature (2) les 


allures d'une Attide qu'il désigne par l'expression vague de 
« petite Araignée chasseuse commune sur la côte occiden- 


tale d'Afrique », évalue à 5 centimètres la distance à 


laquelle l'Aranéide se trouvait de sa proie lorsqu'elle tixa 
son fil et à 2 1/2 centimètres l'espace qu'elle franchit en 
sautant. 


L'observation de Lyster, qui concorde fort bien avec 


P Eaa inia t E 


(1) Forez. Ibid., pp. 40-41. 
(2) Les passages en italique sont en caractères ordinaires dans le 


texte original de Forel. 


(9) Lyster. À spider allowing for the Force af Gravitation. (Nature, 


Yol. XXXVI, n» 929, page 566, 18 août 1887.) 


( 552 ) 
les autres, a d'autant plus de valeur à mes yeux qu'elle est 
indépendante de toute idée préconcue, ayant été effectuée 
par un naturaliste qui ignorait l'existence de recherches 
sur la vision des Arachnides. 

Enfin, on doit rappeler encore le fait curieux rapporté 
par H.-F. Hutchinson (1) d'un Epiblemum scenicum pour- 
suivant sa propre image sur un miroir. Il serait, je crois, 
difficile d'imaginer une expérience qui démontre mieux 
que l'Aranéide distingue trés mal la forme des corps, et 
qu'elle voit surtout les mouvements. 

Ces citations un peu longues étaient nécessaires pour 
pouvoir comparer les faits déjà observés aux résultats de 
mes recherches personnelles. 


§ 11. — Observations et expériences sur l'Epiblemum 
scenicum Clerck. (Salticus scenicus Blackw.) 


A. Individus en liberté. — Deux Epiblemum circulent 
sur un mur exposé au midi. Comme la muraille supporte 
un poirier en espalier, les Arachnides errent tantôt sur 
les pierres, tantôt sur les branches de l'arbre. 

Je proméne dans leur voisinage une mouche vivante 
placée à l'extrémité d'une longue épingle à insectes 
implantée elle-même dans le bout d'une mince baguelle : 
à 10 et à 12 centimètres de distance, l'attention des Ara- 
néides est évidemment attirée par les déplacements de la 
mouche; elles se tournent à droite lorsqu'on transporte la 

xp S ies rur C d 


(1) Hurcnissox. The Hunting Spider. (Nature, vol. XX, p- 581, 
1879.) : 

G. J. Rowaxes. (L'intelligence des animaux, traduction francalse, 
iL p. 201, Paris, 1887), reproduit l'observation de Hutchinson. 


( 553 ) 

proie vers la droite, à gauche lorsqu'on la déplace de ce 
côté. Pour une distance plus grande, 20 centimètres, par 
exemple, les résultats sont si douteux que je n'oserais 
rien affirmer. | 

Si la mouche n'est plus qu'à 3 centimètres, l'Epible- 
mum observé s'approche et, en usant de quelques précau- 
tions, on peut l'amener à suivre sa proie le long des 
branches du poirier, la distance restant à peu prés 5 cen- 
ümétres, 

Tout ceci ne signifie encore que perception des mouve- 
ments et non perception de la forme, car ce n'est qu'à une 
distance notablement plus petite, à peu prés exactement à 
2 centimètres, que l'Epiblemum voit assez nettement sa 
victime pour se décider à la capturer. 

On s'en assure aisément en approchant lentement la 
mouche au lieu de l'éloigner. L'Araignée se ramasse gra- 
duellement sur elle-même et, au moment seulement où la 
distance n’est plus approximativement que 2 centimètres, 
ses pattes se détendent et elle saute. 

Il faut remarquer à ce sujet : 1° que cette distance de 
2 centimètres n’est pas choisie parce qu’elle représente la 
limite du saut, les Epiblemum pouvant franchir d'un bond 
un espace presque double ; 2° que l'attention que l'Arach- 
nide prête aux mouvements de la mouche ne provient 
aucunement des bruits que pourrait produire le Diptére 
par le frémissement de ses ailes ou autrement, puisque 
l'expérience susdite réussit aussi bien avec une mouche 
mo 


D’autres faits prouvent encore qu'à plus de 2 centi- 
métres il n'y a que perception des mouvements : un Epi- 
blemum circulant sur la muraille passe et repasse à 
4 centimètres d'une mouche vivante posée, immobile, et 
ne la voit pas; mes individus suivent à 3, à 4 et méme à 


( 554 ) 

5. centimètres de distance une simple boulette de cire 
noircie que l'on traine devant eux (pl. II, fig. 9). 
Dans ce dernier cas encore, les Araignées doivent étre 
très prés du simulacre pour reconnaître leur erreur; à 
1 !/, et plus exactement, je crois, à 4 centimètre seule- 
ment, l'animal s'apercoit qu'il est dupe d'une illusion. Si 
alors on approche la boulette de cire, l'Epiblemum recule 
craintif. 


D. Individus captifs. — Je transporte un Epiblemum 
dans la chambre d'observations et, afin de pouvoir opérer 
sans l'effrayer, tout en lui laissant une liberté relative, Je 
le place dans un cristallisoir de 90 centimétres de dia- 
mètre flottant sur l'eau d'un assez grand aquarium. 

Aprés avoir constaté que là, comme sur la muraille, 
l'Arachnide apercevait les déplacements d'une mouche à 
9 et à 7 centimètres de distance, je lui ai fait suivre une 
boulette de cire noircie, puis j'ai observé de nouveau 
qu'elle reconnaissait la nature artificielle de cette bou- 
lette lorsque celle-ci n'était plus qu'à 4 centimètre. 

Mais de nouvelles surprises m'attendaient : l'essai à 
l'aide de la boulette de cire ayant été répété coup sur coup, 
il arriva un instant où il me fut impossible d'attirer lat- 
tention de ma prisonnière avec une mouche véritable, et 
si j'approchais l’Insecte, l'Epiblemum, au lieu de chercher 
à le saisir, reculait. 

De plus, chose à peine croyable et que je n’écrirais pas 
si je n'en avais été nettement témoin, l'Araignée, qui avail 
fini par comprendre que la boulette de cire mobile n ’était 
pas une mouche, agit ensuite comme si elle avait effectué 
un raisonnement bien autrement compliqué. Placée sur 
le bord du eristallisoir, elle ne recule plus lorsque Jap- 


+ 
Re 


( 955 ) 

proche lentement la boulette, mais, étendant ses pattes 
antérieures, elle attend que l'objet soit à sa portée, monte 
délibérément dessus et cherche ainsi à s'échapper de sa 
prison flottante en essayant de grimper le long de l'épingle 
et de la baguette. Il ny a ici ni hasard, ni accident; j'ai 
pu, dans l'espace d'un quart d'heure, voir l'Arachnide 
répéter TROIS Fois la même tentative. 

On peut donc conclure provisoirement de ces observa- 
tions que la distance de vision distincte est petite et que, 
certainement, à 1. centimètre, l'Epiblemum scenicum voit 
dans le sens strict du mot. 


$ 12. — Observations sur la Marpessa muscosa Q Clerck 
(Attus tardigradus Walek.) (pl. I, fig. 1). 


Les mouvements de cette Atte sont très lents et elle 
mérite bien son nom de tardigrade, particularité qui faci- 
lite les observations et qui augmente la netteté des 
résultats. 

A 4 centimètres, la Marpessa aperçoit les mouvements 
d'une mouche que l'on promène au bout d'un fil fin; mais 
il s'agit des mouvements seuls, car à cette distance, et méme 
à 3 centimètres, elle semble perdre la proie de vue et 
retombe dans l'indifférence la plus complète si la mouche 
reste absolument immobile. 

A 2 centimétres, la vision est meilleure, l'Araignée 
continue à voirune proie qui ae bouge plus. Elle s'approche 
alors graduellement en se tournant de temps à autre de 
facon à regarder la mouche à l'aide des yeux latéraux 
d'un seul côté. Elle avance ainsi jusqu'à 1 centimètre, 
puis, seulement au bout d'un temps appréciable, probable- 


( 556 ) 
ment nécessaire pour la rassurer entièrement, elle étend 
ses pattes antérieures et capture le Diptère. 

J'ai pu lui faire suivre successivement deux grossiers 
simulaeres attachés à des bouts de fil; un fragment de 
plume grise de Nandou et une boulette de papier noire et 
blanche obtenue en chiffonnant un morceau de journal. 
L'Aue marche comme pour capturer l'insecte artificiel 
auquel on imprime de petits mouvements, s'arréte encore 
une fois à 4 centimètre de distance afin de le considérer 
avec ses yeux latéraux, puis, constatant enfin son erreur, 
recule ou se détourne. 

La distance de vision distincte serait donc de 1 centi- 
métre. Cependant à cette distanee si faible, la vue doit 
encore étre trés imparfaite; en effet, en employant comme 
appàt une boulette de cire noircie trainée à l'extrémité 
d'un fil, j'ai réussi deux fois de suite à amener la Mar- 
pessa à saisir la boulette qu'elle a parfaitement prise pour 
un Insecte véritable. 


§ 15. — Thomisides. 


Les Thomisides ont des mœurs qui ressemblent quelque 
peu à celles des Attides. La forme de leurs pattes, dont les 
deux paires antérieures sont beaucoup plus fortes que 
les paires postérieures, et leur démarche souvent latérale 
les ont fait comparer à des Crabes. 

Observations sur le Xysticus cristatus Clerck (Thomisus 
cristatus Blackw). 

Le Xystique est captif dans un bocal contenant quel- 
ques rameaux de bruyère, la lumière est diffuse, mais vive. 

A 2 1/2 centimètres il aperçoit une mouche que l'on 


( 557 ) 

fait mouvoir au bout d'un fil, se tourne dans la direction 
de l'Insecte et écarte fortement ses pattes antérieures afin 
de saisir la proie lorsqu'elle passera à sa portée. 

Dans ces conditions, si la mouche est promenée le long : 
des rameaux, l'Arachnide la suit, pourvu que le monve- 
ment continue ou que la distance n'augmente pas trop 
rapidement. Ainsi, à 5 centimétres, le Xystique ne voit 
plus la mouche lorsque celle-ci reste immobile; à 4 cen- 
limétres il ne la voit pas non plus, méme lorsqu'on imprime 
à celle-ci des mouvements divers. 

Le méme individu se laisse entièrement duper par une 
boulette de cire noircie qui sautille au bout d'un fil; non 
seulement il la suit à la distance où il suivait une mouche, 
mais si on le laisse gagner de vitesse il la capture comme 
une véritable proie, et s'y cramponne de telle facon qu'on 
peut enlever l'Araignée avec l'appàt. 

Les conclusions sont donc à peu prés celles auxquelles 
conduisent les observations sur les Attides : visibilité des 
Mouvements, vue mauvaise, distance de vision trés courte. 


| 
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§ 14. — Lycosides. 
(GENRES : Lycosa, Dolomedes, ety.) 


Rappelons que les Lycosides sont des Araignées chas- 
“uses, vagabondes, courant partout avee plus ou moins 
d'agilité, soit sur les terrains secs, soit dans le voisinage 
des Cours d'eau ou méme à la surface des plantes aqua- 
‘ques. Les Lycoses femelles traînent avec elles le petit 
cocon qui renferme leurs œufs. Les veux de la rangée 


( 558 ) 
antérieure sont petits; les quatre yeux postérieurs sont 
plus volumineux. 

Je n'ai rencontré, jusqu'à présent, que trois indications 
touchant la vision des Aranéides de ce groupe. D'aprés le 
passage ci-dessous de Simon (1), la vue serait nette à une 
assez grande distance : « lorsque cette araignée (Lycose) 
» s'empare d'une proie, c'est toujours par bonds; si c'est 
» un [nsecte ailé, elle s'élance sur lui de fort loin... » 
D'un autre côté, suivant une observation plus précise de 
Forel (2), la vue serait au contraire fort mauvaise : « qu'on 
enléve soigneusement, dit Forel, à certaine Araignée 
qui court par terre son gros sac blanc rempli d'œufs... 
et qu'on le dépose à deux ou trois pouces (à !/ à 8 cen- 
timétres) d'elle; aussitôt elle se mettra à le chercher 
partout et l'on verra quelle peine elle aura d'ordinaire 
à le retrouver. » 

Ajoutons enfin qu& V. Graber (5) a constaté par la 
méthode photokinétique que la Lycosa (Trochosa) ruricola 
De Geer préfère la lumière à l'obscurité (4). 

En présence des deux opinions différentes de Simon el 
de Forel, il devenait absolument nécessaire d'effectuer des 
expériences nouvelles. Voici celles que j'ai eu l'occasion 
de faire. 


v " vu vo Y 


ARRET EE ARR 


(4) Simon. Histoire naturelle des Araignées, op. cit., p- 564. 

(2) FonzL. Expériences et remarques critiques, op. cit., p- 19. ; 

(3) Graser. Grundlinien zur Erforschung des He tigkeits und 
Farbensinnes der Thiere, p. 217. Prag und Leipzig, 1585. 

(4) Je passe sous silenée les expériences faites par Graber sur 
visibilité des couleurs, ce sujet étant étranger au travail actuel. 


la 


( 359 ) 


$ 15. — Observations sur le Dolomedes fimbriatus Cl. 
(Q non complétement adulte). 


Le Doloméde voit mal, car il s'est laissé prendre facile- 
ment. Afin de le placer autant que possible dans son 
milieu naturel, je le mets dans un large vase contenant 
de l'eau, des algues fraiches et d'autres plantes aquatiques. 

Aprés vingt-quatre heures, temps parfaitement suffisant 
pour habituer l'Araignée à sa nouvelle demeure, on.s'as- 
Sure par des essais répétés : 

1* Que les mouches promenées au bout d'un fil, soit 
sur l'eau, soit sur les plantes, soit sur la paroi du vase, 
ne Sont point vues à une distance de 4 centimètres; 

2° Que pour exciter l'attention du Doloméde, il faut 
une distance beaucoup moindre, 2 centimètres au maxi- 
mum; . 

5° Que l'Araignée ne se décide à capturer la proie que 
lorsque. celle-ci n'est plus qu'à 1 centimètre; 

T Qu'à cette faible distance d’un centimètre, elle se 
laiss: encore tromper à peu prés à coup sür par une bou- 
lette de cire noircie de la grosseur du corps d'une mouche 
domestique. Ce n'est qu'aprés avoir touché l'objet à l'aide 
© ses pattes antérieures qu'elle reconnait sa nature arti- 
ficielle et qu'elle recule. 

La vue est par conséquent trés mauvaise. 


( 560 ) 


$ 16.— Observations et expériences sur la Lycosa amentata 
Clerck (Lycosa saccata Linn.). 


A. Individus en liberté. — Les Lycoses circulent sur 
le sol et à la surface du mur de mon jardin. Elles ont, 
comme la plupart des Arthropodes, la perception des 
grands mouvements effectués par les corps volumineux ; 
ainsi elles fuient lorsque j'approche avec brusquerie, mais 
elles ne s'apercoivent pas du tout de ma présence si je 
m'installe doucement dans leur voisinage. 

Je proméne devant elles une mouche piquée au bout 
d'une fine épingle implantée dans l'extrémité d'une 
baguette. Tandis que les Epiblemum (S 11), habitant la 
méme muraille, manifestent leur attention en se tour- 
nant dans divers sens dés que l'appàt est à 10 centimètres 
de leurs yeux, les Lycoses ne voient rien, ni à cette dis- 
tance, ni à des distances notablement moindres; je Suis 
obligé, ainsi que je l'ai constaté nombre de fois, d'appro- 
cher la mouche jusqu'à 9 centimétres pour attirer mes 
Araignées. Enfin, ce n'est très certainement qu'à 1 cenli- 
mètre qu'elles se décident à s'élancer vers leur victime. 
Elles la saisissent alors avec tant d'énergie qu'on a peine 
à leur faire làcher prise. 

La vision manque cependant encore de netteté à 1 cen- 
timètre, car il est aisé de tromper les Lycoses à l'aide 
d'une boulette de cire noircie (pl. II, fig. 2); elles sautent 
sur ce grossier simulacre, comme sur une mouche vivante, 
lorsque la boulette, animée de mouvements, arrive à 1 cen- 
timètre de leur tête. J'ai dupé trois fois de suite de cette 
maniére le méme individu mále, et ce n'est qu'au quatrième 
essai qu'il ne s’est plus laissé prendre. 


IE: e EoD. DE. a ENN ure e ORE 


( 564 ) 


B. Individus captifs. — Il serait, la plupart du temps, 
parfaitement inutile de tenter des expériences sur une 
Lycose qui vient d'être capturée. Dépaysée et continuelle- 
ment effrayée, elle fuirait de tous côtés sans faire la 
moindre attention aux proies qu'on lui offrirait. 

Les individus doivent être placés isolément dans de 
grands cristallisoirs dont le fend est garni d'une couche 
de sable fin, un peu humide. Au bout d'un jour, ils sont 
calmés, accoutumés à leur prison et dans de bonnes con- 
ditions pour fournir des résultats nets. 

J'ai d'abord répété sur une Lycose femelle l'expérience 
de Forel en la modifiant comme il suit: j'ai préparé d'avance 
quatre boulettes de mie de pain colorées ayant grossiére- 
ment la forme et presque la teinte du sac à œufs de 
l'Araignée, Je dépose ces boulettes vers la périphérie du 
eristallisoir, puis j'enlève à l'Arachnide son sac véritable. 
que je place à peu prés au milieu. 

La Lycose erre en cherchant, passe plusieurs fois non 
loin de son sac et même à 4 centimètre de celui-ci sans le 
voir. Rencontrant une des imitations en mie de pain, elle - 
sd pose dessus, ainsi que j'ai constaté plus tard qu'elle le 
faisait pour le vrai sac; l'erreur est bien vite reconnue au 
toucher et l'Araignée s'éloigne. Quelques minutes aprés, 
elle commet la même faute, puis, à partir de ce moment, 
devient si méfiante qu’elle passe sans y faire attention, 
non Seulement sur les boulettes de mie de pain, mais 
?USSI Sur sa poche à œufs, que j'ai fini par mêler aux imi- 


| tations vers le pourtour du vase. 


Ce n'est qu'au bout d'une heure, lorsque le hasard d'une 
marche plus lente l'amène sur le sac cherché depuis si 
nglemps, que la Lycose saisit enfin celui-ci, le trans- 


< 562 ) 

porte quelque temps sous le céphalotorax à l'aide des * 
palpes, puis finalement l'attache à ses filiéres. 
La vue doit être bien mauvaise, car cette longue 
recherche a eu lieu sur un terrain restreint n'ayant que 
20 centimétres de diamétre. 
Les essais, en employant des mouches comme appâts, 
confirment ce qui précède : une Lycose femelle dans le 
eristallisoir à fond de sable ne voit pas une mouche sus- 
pendue à un fil et que l'on promène à 5 centimètres de 
distance. Ii faut que le Diptère ne soit qu'à 1 '/;, méme 
à 1 centimètre de l'Araignée pour que celle-ci saute 
dessus. ; 
Je dépose sur le sable blane, oü elle se distingue nette- 
ment par sa teinte noirâtre, une mouche vivante libre dont 
les ailes sont coupées. Or, la Lycose n’a aucunement l'air 
de voir la mouche qui circule devant elle à des distànces 
variant entre 5 et 5 centimètres ; l'Araignée ne fait aucun 
mouvement qui puisse laisser soupconner la moindre atten- 
tion spéciale, Enfin, aprés divers crochets, la mouche stu- 
pide arrive à 4 centimètre des pattes antérieures de la 
Lycose, qui l'apercoit, s'élance et la saisit. 


$ 17. — Observations sur la Lycosa paludicola Q Clerck. 


La Lycose est, comme la précédente, dans un cristal- 
lisoir de 20 centimètres de diamètre, garni d'une couche 
de sable. 

Je lui enlève son cocon et je dépose celui-ci à une 
petite distance. L’Araignée cherche en décrivant des € 
cles et passe à 2 centimètres du sac sans le reconnaitre. 
Une chance heureuse l'ayant amenée à 1 centimètre Seu- 
lement, elle s'assure de la nature de l'objet en le tàlant 


( 563 ). 

rapidement, non à l'aide de ses palpes, mais à l'aide de 
ses pattes antérieures. Rassurée, elle monte sur le cocon, 
puis l'emporte. 

Je lui reprends de nouveau le sac à œufs que je place 
un peu plus loin, et je mets en méme temps dans le cris- 
tallisoir une boulette de cire blanche de méme grosseur 
et de méme forme. La Lycose, passant à 1 centimètre du 
simulacre, se trompe, monte dessus, puis l'abandonne. 
Une deuxième fois, à quelque temps de là, elle se trompe 
encore, et cette fois s'efforce d'emporter le faux cocon; elle 
né reconnait probablement son erreur qu'à la différence 
de poids. 

La méme Lycosa paludicola fait ensuite une tentative 
analogue pour uu débris de cadavre de mouche qui était 
bien, par sa couleur noire et par sa forme, le dernier objet 
auquel un animal voyant convenablement eüt fait atten- 
tion. Quant au cocon véritable, j'ai dû le poser sur le trajet 
de l'Araignée pour qu'elle finisse par le reprendre. 

La vue des Lycosides est par conséquent courte et mau- 
vaise. L'opinion de Simon, d'aprés laquelle ces Arachnides 
s'élanceraient sur leur proie de fort loin, doit donc reposer 
sur des observations très superficielles. 


$ 18. — Agalénides. 
GENRES : A galena, Tegenaria, Argyronela, etc. 


Sauf les Argyronètes, dont les mœurs aquatiques sont 
Spéciales, les Agalénides habitent de grandes toiles en 
Dàppe plus ou moins horizontale, terminées par un tube 
au fond duquel elles attendent les Insectes. Les yeux des 
différentes paires ont à peu prés le méme volume. 


LI 


( 564 ) 

V. Graber (1) a soumis la Tegenaria domestica à la 
méthode photokinétique et a trouvé, ce qui était du reste 
à prévoir pour la forme en question, que cette Araignée 
est lucifuge. 


$ 19. — Observations sur les Tegenaria domestica Clerck 
el Tegenaria civilis Walck. 


Je proméne une boulette de cire noire de la grosseur 
d'une mouche sur la toile d'une Tégénaire domestique. 
L'animal, averti par les vibrations du réseau, s'élance du 
fond de sa retraite, mais à 2 centimètres au plus de la 
fausse proie, il semble S'apercevoir de son erreur et rentre 
dans son entonnoir. 

Quelques semaines plus tard, résultat analogue avec 
une jeune Tégénaire civile Q. L'Arachnide s'est approché 
à peu prés jusqu'à 1 centimétre avant de fuir. 

Il est trés probable que, dans ces deux cas, les Araignées 
ont été effrayées soit par l'ombre que je projetais, soit par 
les mouvements de mon bras. Les observations suivantes 
prouvent du reste la chose d'une facon presque évidente : 

Je capture la jeune Tégénaire civile dont il vient. d'étre 
question et je l'installe dans un grand bocal garni de quel- 
ques rameaux. Ainsi confinés, les animaux ne s'apercoi- 


WEE tir Re 


(4) Gnangn. Grundlinien, ete., op. cit., p. 217. Après avoir rappelé 
encore une fois que je ne puis m'occuper ici des autres recherches " 
l'auteur sur la perception des couleurs, je signalerai au lecteur une 
erreur d'impression que présente le résultat donné par Graber; les 
totaux 45 et 5 doivent être évidemment remplacés par 37 et 99. 


( 565 ) 

vent que de ce qui se passe dans leur prison de verre et, 

sauf dans les moments oü l'on imprime des ébranlements 

à la table, ou bien lorsque des ombres s'interposent rapi- 
dement entre le bocal et le jour, ils n'ont aucune notion 
de ce qui a lieu au dehors. Or, au hout de quarante-huit 
heures, l'Araignée, parfaitement calmée, s'élance trois et 
quatre fois de suite sur une boulette de cire noircie sus- 
pendue à un fil. Lors des trois premiéres attaques, elle 
touche la boulette de ses pattes antérieures; la quatriéme 
fois, elle va jusqu'à saisir l'appàt et ne recule qu'aprés 
avoir reconnu sa méprise par le tact. 

Enfin, fait plus démonstratif encore, je parviens à 
amener la Tégénaire à se précipiter à deux reprises sur un 
petit bouquet constitué par quelques délicats épillets verts 
de graminée noués ensemble et rognés aux ciseaux. Per- 
sonne n'admettra qu'un animal distinguant les formes 
d'une facon passable puisse faire pareille erreur. 

. S'introduis dans la toile d'une Tégénaire civile adulte, en 
liberté, un grossier simulacre de mouche, formé par un 
petit fragment de plume d'un gris foncé noué à l'extrémité 
d'un fil (pl. I, tig. 3). La torsion répétée de l'autre extré- 
mité du fil, entre le pouce et l'index, imprime au morceau 
de plume de petits mouvements ayant une certaine ana- 
logie avee ceux d'une mouche qui se débat. 

L'Araignée arrive, capturé cette proie singulière et la 
perce de ses crochets, mais la mouche artificielle conti- 
nuant à s'agiter, elle répète ses morsures. J'en compte 
Jusque 20, séparées par de courts temps d'arrêt, pendant 
lesquels la Tégénaire recule pour s'élancer de nouveau. 
Je tire le fil à moi, l'Arachnide suit son faux gibier jusqu'à - 
l'extrême limite de la toile, A ce moment, une secousse 
5M SÉRIE, TOME xiv. 58 


( 566 ) 
un peu trop forte l'effraie et elle retourne rapidement au 
fond de son tube. 

L'expérience a réussi d'une facon compléte, parce que, 
vu la direction de la lumière, je ne projetais aucune ombre 
et aussi parce que la longueur du fil ne permettait pas à 
l'animal de soupconner ma présence. 

La vue des Tégénaires est donc trés mauvaise, el il est 
presque évident qu'elles ne reconnaissent pas les Insectes 
à leur forme. 


$ 20. — Observations sur l'Agalena labyrinthica Q Clerck. 


A. Individu captif. — L'Agaléne est prisonnière depuis 
trois jours; elle a tissé une toile bien fournie entre les 
rameaux quigarnissent l'intérieur du bocal. 

L'animal distingue d'une facon étonnante entre les vibra- 
tions imprimées à cette toile par un Insecte véritable el 
celles que l'on produit à l’aide d'insectes artificiels ou à 
l'aide d'autres corps. Ainsi je promène inutilement une 
boulette de cire noircie sur la périphérie du réseau, Aga- 
lène n'y fait aucune attention; je projette ensuite une 
mouche vivante dans la méme direction, c'est-à-dire à 
9 !/, ou à 4 centimètres de l'Araignée; celle-ci s'en aperçoit 
immédiatement et vient s'emparer de la proie. 

Quelques jours après, l'Agaléne ayant, ainsi qu 
celles que l'on éléve en captivité, compliqué sa toile d'une 
manière extraordinaire, de façon à la composer de p! usieurs 
plans fort épais situés dans des directions diverses, j'essale 
vainement de l'attirer avec une mouche artificielle ea 
plume suspendue à l'extrémité d'un fil. Ceci constaté, Je 
jette une mouche vivante sur le bord de la toile ; aussitôt 


e toutes - 


( 567 ) 
l'Araignée, qui ne peut rien votr, séparée qu'elle est de 
| l'Insecte par une distance de 6 centimètres et par des 
1 couches superposées, denses de tissu serré, se met cepen- 
= dant en route pour capturer le Diptère. La mouche 
Í s'échappe; j'en profite pour y substituer immédiatement la 
E mouche artificielle; peine perdue, l'Arachnide ne bouge 
plus. | 

Je jette sur la toile une mouche vivante, el, à 5 centi- 
métres de là, je fais sautiller une mouche artificielle en 
plume espérant que l'Araignée se trompera; mais celle-ci 
discerne parfaitement la différence qui existe entre les 
deux formes de secousses et se précipite sur l'Insecte véri- 
table sans hésitation. 


B. Individu en liberté. — Bien des fois, dans des 
excursions à la campagne, j'avais essayé d’attirer des 
Agalénes à l'aide de boulettes de cire ou d'autres petits 
Corps suspendus à des fils. Les Araignées restaient obsti- 
nément au fond de leur tube, ou, si elles en étaient sorties, 
elles y rentraient au moindre mouvement de mon bras. 

Persuadé, malgré cela, qu'il s'agissait du phénomène 
ordinaire de la perception des déplacements des objets 
volumineux et que les Agalénes ne voient pas mieux que 
les autres Aranéides, je choisis soigneusement les circon- 
stances les plus favorables : je me rendis le long d'une 
haie habitée par des centaines d’Agalènes labyrinthiques 
à l'heure où, vu la position da soleil, je ne pouvais porter 
ombre, et je répétai mes essais de toile en toile. 

Aprés quelques insuccés dus soit à la forme des réseaux, 
soit à des fils qui en empêchaient l'accès, je réussis enfin 
Complètement : nne Agalène femelle attirée par un simu- 
lacre de mouche en plume sortit de son entonnoir, se jeta 


( 968 ) 
sur l'appàt et, au premier contact, recula étonnée; mais la 
mouche artificielle sautillant toujours, l'Araignée revint à 
la charge, mordit, puis recula de nouveau. J'eus ainsi la 
satisfaction de compter huit allaques successives et huit 
2worsures. 

Les Agalènes ne font donc pas exception, et leur vue 
est aussi mauvaise que celle des Tégénaires. 


8 21. — Amaurobiides. 


Je n'ai rencontré, dans les auteurs, aucune indication 
touchant la vision des Aranéides de cette famille. Ce sont 
des Araignées à habitudes nocturnes, vivant dans les 
caves, dans les trous des vieux murs et sous les grosses 
pierres. La toile lâche, irrégulière, peu étendue, entoure 
l'orifice d'un tube qui aboutit à la retraite dans laquelle 
l'animal se tient presque constamment caché. 


Observations sur l'Amaurobius ferox Q Walck. — 
L'Amaurobie captive habite un bocal garni de fragments 
d'écorce sous lesquels elle a construit sa de neure. En 
plein jour, et alors que la chambre est assez vivement 
éclairée, il est impossible de l'attirer hors de sa cachette, 
soit en employant des simulacres, soit en faisant usage de 
mouches fixées à des bouts de fil. 

Les choses se passent tout autrement et les expérience 
réussissent assez bien si l'on produit une obscurité arti- 
licielle relative ou si l'on attend le soir. 

Ainsi, aprés avoir dressé une grande plaque de car d 
eutre le bocal et la fenétre, je puis, au bout de quelques 
instants, faire sortir l'Amaurobie à peu près à coup sür en 


ences 


( 569 ) 

faisant sautiller sur les fils de la toile une mouche arti- 
ficielle en plume (pl. II, fig. 5). L'Arachnide s'en approche 
jusqu'à 1 centimètre environ. Une seule fois, elle touche la 
fausse proie de ses pattes antérieures, puis, reconnaissant. 
son erreur, elle retourne précipitamment à son trou. 

Le soir, au crépuscule, l'Amaurobie circule. Bien qu'elle 
soit très méfiante et. qu'elle fuie pour le moindre ébran- 
lement du bocal, je parviens, à deux reprises, à lui faire 
suivre e capturer la même grossière imitation en plume déjà 
employée. Effrayée au contact de cet objet étrange, l'Arai- 
gnée recule et s'enfuit rapidement. 

Les circonstances dans lesquelles ces résultats, du méme 
ordre que les précédents, ont été obtenus, montrent com- 
bien il faut de précautions diverses pour éviter les erreurs 
d'interprétation. 


$ 22. — Épéirides. 
Genres : Meta, Zilla, Epeira, etc. 


Tout le monde connait les Épéires; il est à peine 
besoin de rappeler qu'elles construisent de grandes toiles 
orbiculaires verticales ou inclinées, dans lesquelles les 

nsectes viennent s'engluer. Leurs yeux sont peu inégaux 
quant au volume. 

Dahl a fait sur ces animaux des observations que je vais 
résumer: la Zilla-x-notata Cl. semble ne reconnaître la 
Présence d’un Insecte et la position de celui-ci sur la toile 
qu'à l'ébranlement du réseau et à la tension du fil auquel 
la proie est fixée, Ainsi Dahl (4) jette une mouche dans la 
C e t d 

(4) Dant. Versuch einer Darstellung der psychischen Vorgänge in 
Spinnen, op. cit., pp. 95-96. 


( 570 ) 

toile d'une Zilla et, avant que le Diptère soit complé- 
tement tué, il en jette un deuxième à 2 centimètres du 
premier ; or, l'Araignée, bien que s'étant aperçue tout de 
suile de la chute d'une nouvelle mouche, ne courut pas 
directement à celle-ci, mais se rendit d'abord au centre du 
filet, et ce n'est que là, aprés avoir appuyé par hasard sur 
le rayon convenable, qu'elle sut constater la véritable 
direction qu'elle devait suivre. 

Le méme observateur lance dans la toile d'une jeune 
Zilla un Chironomus beaucoup plus gros qu'elle. Le 
. Diptère ayant été un peu serré entre les doigts ne bougeait 
plus lorsque l'Araignée arriva au centre de son réseau. 
Cette absence de mouvements suffit pour que la Zilla, qui 
n'étaiL cependant qu'à 2 centimètres à peine du Chiro- 
nomus, ne süt plus découvrir celui-ci et se mit à tirailler 
un tout autre fil que celui qui pouvait la guider. 

Dahl jette une abeille sur la toile d'une Epeira sclope- 
taria Cl. L'Arachnide ne reconnut l'Hyménoptére que 
lorsqu'il en fut à 1 centimètre. L'auteur ayant ensuite 
lancé sur la méme toile un Diptére plus ou moins apl- 
forme, un Helophilus pendulus, l'Épéire se trompa de 
nouveau et prit le Diptère pour une abeille (1). 

Enfin, A. Forel (2) dit aussi qu'il suffit d'observer un 
peu attentivement pour s'assurer que « les Araiguées qui 
> se filent une toile reconnaissent leur proie à l'ébran- 
» lement de cette toile au moyen du toucher. » 

Comme le prouveront les paragraphes suivants, Dahl et 

died be v 

(1) Les autres expériences de Dahl concernent la visibilité des 
couleurs. Quoique trés intéressantes, elles ne doivent pas trouv 
place iei. 

(2j Forez. Expériences et remarques critiques, ete., op. cit, p. 40. 


(571) 

Forci ont interprété les phénomènes très exactement : les 
Aranéides tendant des toiles ont une vue détestable et 
réglent leurs actes d'aprés la nature des secousses ou des 
vibrations imprimées aux fils de leur piège. Cette particu- 
larité curieuse explique fort bien les faits dont C. 

Boys (1) a été témoin en touchant avec un diapason la 
toile d'une Épéire-diadéme : l'Araignée tâtait les fils pour 
déterminer celui qui vibrait; elle courait ensuite du cóté 
du diapason et cherchait à le saisir en l'entourant de ses 
pattes. En utilisant les vibrations de son instrument, 
l'auteur cité a même pu amener l Ep£ire à se jeter plu- 
sieurs fois de suite sur une mouche imbibée de pétrole (2); 
« chaque fois, écrit-il, que l'Araignée, ne trouvant pas le 
? morceau de son goût, s'en éloignait, je la faisais revenir 
> en touchant la mouche de nouveau avec le diapason (35). » 

Voici maintenant mes expériences personnelles. 


8 25. — Observations sur la Meta segmentata Clerck. 


Une mouche artificielle en plume fixée au bout d'un fil 
lin (pl. II, fig. 3) et que l'on jette dans la toile d'une Meta 
segmentata attire presque toujours l'attention de l'Arai- 
gnée, pourvu qu'on torde l'estrémité libre du fil de facon 
à provoquer de la part du simulacre de mouche des mou- 
VENCER OU MES 


(1) Boys. The Influence of a Tuning-fork on the Garden spider. 
(Nature, vol. XXIII, pp. 149-150, 1880-1881.) 

(2) La mouche était sur la sies 

(3) G. J. Romanes, | i ticle de de Boys 1 L'intellig ñe 
des animaux (trad. franc , t. 1, p. 195), fait remarquer de son côté 
que cette expérience permet protte ie des Sherni 
citées çà et là et d'a après lesquelles d for diet te 
par les sons de " p I 


( 572 ) 
vemenis analogues à ceux que détermine un lusecte, Si 
l'on s'y prend bien, l'Araignée fond sur cette fausse proie, 
la saisit et y enfonce ses chélicéres. 

On a vu plus haut (8 20) que /'Agalena labyrinthica, 
lorsqu'il y a à la fois sur sa toile un Insecte véritable 
vivant et un Insecte artificiel auquel on imprime des 
vibrations, distingue la différence existant entre les deux 
genres de mouvements. Afin de décider si la vision ne 
joue aueun róle dans le choix de l'Arachnide, j'ai disposé 
les choses de facon que l'Insecte jeté dans le réseau déter- 
minàt lui-même les déplacements du simulacre. 

A cet effet, une mouche vivante est attachée par un 
bout de fil de 2 centimètres de longueur à une mouche 
artificielle en plume offrant des dimensions analogues 
(pl. IE, fig. 4). Lorsqu'un pareil système adhère à une toile 
d'Araignée, tous les mouvements généraux de la mouche 
vraie sont répétés avec la méme amplitude par la mouche 
fausse. 

Les essais ont dù être répétés nombre de fois, parce 
qu'il suffit que l'Insecte vivant soit placé de telle sorte 
que l'Araiguée, en se précipitant, le rencontre en premier 
lieu pour que l'expérience n'ait plus de signification. Enfin, 
aprés une série de tentatives avortées, j'ai eu le plaisir de 
voir une Meta se tromper complètement, se précipiter sur 
la mouche artificielle, l'ataquer en plein, puis s'arréter 
élonnée. 

La proie vivante n’étant distante que de 2 centimètres, 
pareille erreur n'áurait jamais lieu si la vue des Meta était 
bonne et si elles l’utilisaient lorsqu'elles se dirigent vers le 
gibier. 

Moins curieuses et plus faciles à répéter, les expériences 
suivantes montrent aussi combien les Meta voient mal. - 

Je jette dans la toile d'un individu habitant mon jardin 


(3S ) 

une petite boulette de papier noir et blane obtenue en 
chiffonnant un fragment de calendrier à effeuiller. Les 
dimensions et la couleur de la boulette sont à peu prés 
celles d'une mouche domestique, mais, en somme, la res- 
remblance avec un Diptére est si faible qu'à 1 mètre de 
distance un enfant ne s'y tromperait pas. 

Néanmoins, dés que la boulette de papier a touché la 
toile, la Meta se précipite dessus. L'illusion pour l'Araignée 
semble compléte, car elle saisit l'objet, le manipule et ne 
le rejette hors de sa toile qu'aprés un examen d'une durée 
appréciable. 

Une deuxième, puis une troisiéme boulette semblable 
provoquent le méme manége; seulement l'Arachnide les 
laisse suspendues à son réseau. Une quatriéme boulette est 
rejetée. Ce n'est qu'au cinquième essai que la Meta finit 
par comprendre que ce ne sont que des corps étrangers 
qui tombent dans sa toile. A partir de ce moment, il n'est 
plus possible de la tromper. 

d'approche ensuite graduellement des yeux de l'Arai- 
gnée la surface métallique brillante d'un manche de canif 
en mélal blanc; à 2, à 4, à !/, centimètre l'animal ne 
bouge pas ; je dois le toucher pour qu'il s'apercoive de la 
présence d'un objet. L'expérience réussit en employant un 


Corps queleonque et presque autant de fois que l'on 
veut 


D'autres Meta segmentata soumises en pleine campagne 
à l'épreuve des boulettes de papier se laissent duper abso- 
lument comme la précédente.- 


La vue est évidemment détestable à toutes les distances. 
ne mp ne E | 


(1) Il est bien entendu que j'ai glissé la main derriére la toile et 
que je n'ai pas pris le cóté ventral pour le cóté dorsal. 


(574) 


$ 24. — Observations sur l'Epeira diademata Clerck. 


Une jeune Épéire-diadéme ne semble voir aucun des 
corps que l'on proméne devant ses yeux à des distances 
variables méme trés faibles (1). Elle ne devient attentive 
que si l'on tiraille un des fils de sa toile. Ainsi, elle 
s'élance vivement vers une boulette de cire noircie piquée 
au bout d'une épingle et promenée légèrement à la péri- 
phérie du réseau. 

J'ai induit plusieurs fois des Épéires en erreur à l'aide 
d'une mouche artificielle en plume; elles se précipitaient 
dessus, puis, reconnaissant au toucher qu'il ne s'agissait 
pas d'une proie bonne à sucer, elles entortillaient le petit 
pinceau dans un paquet de fils et le faisaient tomber hors 
de la toile. 

Enfin, j'ai été témoin d'un fait qui prouve une fois de 
plus combien les yeux des Épeires sont inutiles et à quel 
degré les sensations tactiles remplacent pour elles les 
sensalions visuelles : je suivais des yeux le vol d'une 
femelle de Bourdon des jardins (Bombus hortorum), 
lorsqu'à mon grand étonnement je vis le gros Hyménop- 
tère empétré dans une toile d'Épéire; je me précipitai 
pour assister à ce qui allait se passer. L'Araignée, qui était 
demi-adulte et par conséquent bien petite par rapport à 
l'Insecte, sortit vivement de dessous une feuille et courut 
droit au Bourdon qu'elle toucha presque. Elle ne parut 
effrayée par les dimensions du monstre et ne recula vers 


sa retraite que lorsque la distance entre ses yeux el 
l'Hyménoptére se trouva réduite à 1 !/, centimètre 
environ. : 

uud o LEE 


(1) Méme observation que dans la note précédente. 


( 575 ) 

Mais la scéne n'était pas terminée; le Bourdon conti- 
nuant à se débattre, l'Épéire, encore une fois victime de 
la méme illusion, retraversa sa toile, pour fuir de nouveau 
lorsqu'elle eut à peu près touché l'animal dont elle avait 
eu si peur quelques instants auparavant. Ce manége 
aurait peut-être recommencé si le Bourdon n'avait fini 
par se dégager complètement. 


$ 25. — Observations sur lEpeira cornuta Q Clerck 
(E. apoclisa Walck.). 


L'Épéire cornue habite ordinairement une loge de tissu 
assez serré fixée à un épi de graminée courbé d'une facon 
caractéristique. L'animal y attend que des secousses 
l'avertissent qu'un Insecte est pris entre les fils de sa 
toile, tendue sous la loge dans un plan à peu prés ver- 
tical. 

Comme je l'avais déjà fait pour la Meta segmentata 
($ 25), je jette dans le réseau d'une Epeira cornuta un 
pelit système double constitué par une mouche vivante 
reliée par un bout de fil de 1 ‘/, centimètre de longueur 
à une mouche artificielle formée d'un petit morceau de 
Plume d'un gris foncé (pl. 11, fig. 4). 

Le hasard me sert à souhait; le systéme double tombe 
Sur le centre de la toile dans une position horizontale ; 
l'Araignée sort de sa loge et se précipite d'abord sur la 
mouche artificielle en plume qu'elle touche ou peu s'en 
faut, puis, seulement aprés avoir reconnu son erreur, elle 
Se déplace sur le cóté pour s'attaquer à la mouche vivante. 

ll serait difficile, ce me semble, de trouver une meilleure 
preuve de l'insuffisance de la vision et de la préponde- 
rance du sens tactile, —- 


$ 26. — Résumé des résultats fournis par les Aranéides. 


En réunissant les résultats obtenus par les auteurs qui 
m'ont précédé et ceux de mes expériences personnelles, 


on peut dresser le petit tableau ci-dessous : 


Attus arcuatus . 
Araignée sauteuse . 


Araignée sauteuse 


Marpessa muscosa . 


Dolomedes fimbriatus 
Lycosa amentata. 
Lycosa paludicola . 


Tegenaria civilis, . 


Agalena labyrinthica 
Amaurobius ferox . 
Zilla-x-notata . . 
Meta segmentata. 

Epeira sclopetaria . 
Epeira diademata . 
Epeira cornuta . . 


Epiblemum scenicum . 


Xysticus cristatus . . 


. 


Tegenaria domestica . 


Distanceen centi- 


"nti qd mètres g Sen la 
iètresà laquelle | vision est assez 
Obserrateurs.| — l'Araignée s voit | bonne pour ge OBSERVATIONS. 
es » ie ements res 
despelitsohjels. s 
Dahl 20 AL à 4j 
Forel. 5,3 à 8 2,5 
Lyster. 5 2,5 
Plateau 40 à 42 1àa29 
Id. 4 1 | 
Id, 5 Aranéides se lais- 
* sant tromper par 
Id. 2 1 des imitations gros | | 
Id. 9 4 
Id. 1 ! 
Id. 
Id. 
Id. Aranéides ne re | 
connaissant gU wa 
ld. l'existence Cira- 
proie qu'aux v p 
Dahl tions delatoilee t 
aissantaussi tro 
Plateau. per par des br, 1 
Dahl. 1 
Plateau. | 
Id. LE 


( 577 ) 
De ce tableau et des détails donnés à propos de chaque 
forme, je crois pouvoir conclure que : 

1° Les Aranéides, en général, perçoivent à distance les 
déplacements des corps volumineux ; 

2» Les Araignées chasseuses (Attides, Lycosides) sont 
probablement les seules qui voient les mouvements des 
petits objets; 

3 Elles perçoivent ces mouvements à une distance qui 
oscille, d’après les observateurs et suivant les espèces, entre 
2 et 20 centimètres (1); 

4° La distance à laquelle la proie est vue assez bien pour 
que la capture en soit tentée, n'est que de 1 à 2 centi- 
mètres; 

9° Même à cette faible distance, la vision n'est pas 
nette, puisque les Araignées chasseuses commettent de 
nombreuses erreurs ; 

6* Les Araignées tendant des toiles ont une vue détes- 
table à toutes les distances; elles ne constatent la présence 
et la direction de la proie qu'aux vibrations de leur filet, et 
cherchent à prendre de petits objets tout autres que des 
Insectes, dés que la présence de ces objets détermine 
dans le réseau des secousses analogues à celles que pro- 
duiraient les mouvements d'Arthropodes ailés. 


(1) Je erois qu'il serait plus prudent d'admeltre que cette distance 
oseille entre 2 et 42 centimètres. J'ai déjà fait remarquer dans une 
note du $ 40 que les 20 centimètres indiqués par Dahl pour l'A/tus 
a7cuatus résultent, peut-être, d'une erreur de mesure. — — 


= 


( 578 ) 


CHAPITRE lV. 
Scorpionides. 
8 27. — Historique. 


Bien que les mœurs des Scorpions aient été fréquem- 
ment décrites, les observations sur la vision sont rares; 
Émile Blanchard et Ray Lankester paraissent être les 
seuls auteurs qui se soient sérieusement occupés de ce 
point spécial. 

Voici, du reste, ce que l’on peut citer : « Un Insecte, 
écrit Blanchard (1), vient-il à passer plus ou moins prés 
d'un Scorpion, celui-ci se dirige vers sa proie et ne lui 
porte des coups d'aiguillon qu'au moment où il en est 
suffisamment rapproché pour l'atteindre. » 

Le méme ajoute plus loin : « ... d'aprés les observations 
faites sur les individus vivants, on peut dire que les 
Scorpions voient à une distance médiocre, mais cepen- 
dant assez variable, les objets placés au-devant ou au- 
dessus d'eux (2). » 

Jousset de Bellesme (3), parlant de la facon dont le 
Scorpion se sert de son appareil venimeux, dit: « Toute 


"y v" wv 


v v VU y 


(4) Brascmanp. irme du oig animal; Arachnides, p. 97, 
Paris, 1851-59. 

(2) Les passages en italique sont en caractères tt dans le 
texte original. 

(3) Jousser pe BeLLEsME. Essai sur le venin du Scorpion. (Annales 
des sciences naturelles, 5* sér., Zoologie, t. XIX, p. 15, 1874.) 


(9179 ) 

» proie saisie par les pinces est ramenée devant les yeux; 
» il en approche alors son aiguillon et pique avec discer- 
» nement... » 

L'attitude que prend ainsi le Scorpion lorsqu'il main- 
tient l'insecte au-devant des organes visuels pour piquer 
a été bien représentée par Joyeux Laffuie (1) d’après le 
Buthus europeus, puis par Ray Lankester (2) d’après 
l'Euscorpius italicus. 

Le savant naturaliste anglais, qui a étudié en méme 
temps les mœurs de l'Androcionus funestus, Hempr. et 
Ehrenb. (Buthus australis, Linn.) (5), a pu constater les 
particularités intéressantes ci-dessous : l'animal, trés luci- 
fuge, se tient, pendant le jour, soit dans des excavations 
creusées dans le sable, soit sous les objets déposés sur le 
fond du vase qu'il habite; extrait de ces retraites, il donne 
peu de signes de vision. proprement dite (very little evi- 
dence of sight) et cherche immédiatement à se cacher de 
nouveau. 

Il ne prend de nourriture que la nuit. Les observations 
faites à l'aide d'une lampe semblent indiquer que le Scor- 
pion en question ne poursuit pas sa proie, mais qu'il 
l'attend en quelque sorte. Ainsi les Blattes, se promenant 
dans le récipient, approchent sans aucnne crainte de 
l'Arachnide , puis, tout à coup, celui-ci saisit un des 
Insectes de la pince gauche et le pique. 


bumper © 


(4) Joyeux Larrvie Appareil 7 t venin du Scorpion. (Thèse 
pour le doctorat en médecine, Paris, 1883, et Archives de zoologie 
expérimentale, 2 sér,, vol. I, fig. I de la planche. 1884.) 

(2) Rav Lankester, Noles on some Habits of the Scorpions. (Journal 
e hay Linnean Society. Zoology, vol. XVI, p. 455, fig. 2, London, 
885.) i 


(5) Rav Laxresren, Op. cit., pp. 456-457. 


( 580 ) 

Méme absence de poursuite de la part de l'Euscorpius 
italicus (1), qui ne se donne pas de peine pour courir aprés 
les Calliphores dont on le nourrit. La capture de la proie 
n'est due, en aucun facon, à l'agilité du Scorpion, mais à 
la stupidité des mouches qui vont, en fait, se promener 
jusqu'entre les pinces de leur ennemi. C'est le moment 
que celui-ci parait attendre, encore une fois, pour prendre 
le Diptére, pour le porter devant les yeux et pour le piquer 
à la téte. 

On peut déjà déduire des extraits ci-dessus : 1? que les 
Scorpions sont lucifuges et ont des habitudes nocturnes; 
ce que l'on savait depuis longtemps (2); 

2^ Que leur distance de vision distincte est probable- 
ment courte. 

Cependant ces données ne suffisent point, et des obser- 
vations méthodiques nouvelles étaient nécessaires pour 
arriver à des conclusions nettes. 


$ 28. — Observations sur le Buthus europeus Linn. 
(Androctonus occitanus Amoreux) (3). 


M. Jules Chalande de Toulouse, naturaliste bien connu 
par des travaux intéressants tels que ses curieuses Recher- 
ches sur le mécanisme de la respiration chez les Myrio- 
podes, etc., et qui m'avait déjà procuré des Scorpions à 
deux reprises différentes, ayant eu l'extrême obligeance 


(1) Rav Lankester. Op. cit., p. 460. à 

(2) Voyez : Amoneux. Notice des Insectes de la France répules 
venimeuz, p. 47, Paris, 1789. 

(5) Voyez, pour la synonymie et les caractères : E. Simon Les 
Arachnides de France, t. VIH, p. 96, Paris, 1879. 


( 581 ) 

de me faire un nouvel envoi, j'ai eu, à ma disposition, dés 
les premiers jours de juin 1887, cinq Buthus europœus en 
parfait état (1). 

Je n'insisterai plus sur les mœurs; l'étude des allures 
des derniers individus et de ceux que j'avais élevés en 
captivité en 1885 (9) n'ayant fait que me prouver l'exac- 
litude des descriptions de Ray Lankester; j'indiquerai 
seulement ce fait, que les Buthus europæus entrent en 
activité avant le coucher du soleil ou vers cet instant de 
la journée, ce qui permet d'effectuer les observations à la 
lumiére naturelle. 

Tous les essais ont été répétés à satiété sur les divers 
exemplaires; je puis done énoncer, sans hésitation, les 
propositions suivantes : 

l° Pour toute distance supérieure à 1 centimètre, le 
Scorpion ne voit pas un corps de faible surface (tel que 
l'extrémité d'une régle, le bout d'une baguette, le manche 
ou la lame d'un scalpel, une grosse mouche suspendue à 
un fil, etc.), immobile ou animé de mouvements lents et 
placé verticalement au-dessus des yeux médians. 

2" A 1 centimètre des yeux médians, la présence de 
l'objet est percue et l'attitude du Scorpion devient mena- 
cante ; 

5 Comme Ray Lankester l'a fort bien constaté, les 
Scorpions ne voient pas les proies (ici des Calliphores, des 


uc SC UNTEN T AMNES NEUE 


(1) Au moment où j'écris ces lignes (28 octobre) les animaux 
vivent encore, mais ne prennent plus de nourriture à cause de 
l'abaissement de la température. 

(2) Voyez ma notice: De l'absence de mouvements respiratoires 
a aq: chez les Arachnides. (Archives de biologie, t. VII, p. 537, 

86.) 


9"* SÉRIE, TOME XIV. 59 


( 582 ) 

mouches domestiques, des araignées, etc.) qui circulent 
dans leur bocal à une distance de quelques centimètres: 

4° Les proies libres, les mouches vivantes suspendues 
à des bouts de fils, enfin les simulacres de mouches qui se 
meuvent ou que l'on fait sautiller devant le Scorpion, ne 
sont point vus par celui-ci, si la distance horizontale est 
de 5 centimètres ou davantage. A 2 centimètres (peut-être 
parfois à 2 !/, centimètres) seulement des yeux latéraux, 
ces objets sont vus tout à coup, comme s'ils sortaient d'un 
brouillard ; 

5° Il résulte des faits ci-dessus que, vers le soir, lorsque 
les Scorpions ont faim et sont en pleine activité, ils ne 
chassent pas, dans le sens exact du mot, mais marchent à 
l'aventure. Des Calliphores et des mouches privées d'ailes 
peuvent impunément cireuler à 3 centimètres des Buthus, 
sans que ces derniers s'apercoivent de leur existence. 

Pour constater la facon dont les Scorpions prennent et 
piquent leur proie, j'étais obligé de procéder à une véri- 
table distribution de vivres; après avoir enlevé à des Calli- 
phores, à des mouches et à des Syrphes les ailes et les 
extrémités des larses, je les mettais directement entre les 
pinces des Buthus. Si l'on ne prend pas ces précautions, 
il arrive que les D errent toute la nuil sans rien 
capturer (1); 

6° Le Buthus europœus est assez maladroit et manque 

Saan ut de 


(4) Il ne faut pas oublier que les Scorpions retirés sous des pierres 
ou sous d'autres corps reposant sur le sol, profitent très probablement 
de l'arrivée des Inseetes qui, par instinet, cherchent des retraites. 
analogues. C'est ainsi qu'en soulevant une pierre plate sous laquelle 
se trouvait un Buthus élevé en captivité, j'ai trouvé le Scorpion 
occupé à manger une Forficulé qui s'était glissée sous le méme abri. 


( 983 ) 
de temps en temps l’ udi placé à sa portée. Cette mala- 
dresse indique aussi une mauvaise vue; 

7° Le Scorpion auquel on a offert une mouche et qui 
l'a manquée, se montre excité; il marche les pinces éten- 
dues et ouvertes, tantôt au hasard, quand le Diptère s'est 
rapidement éloigné, tantót dans une direction bien déter- 
minée, si la mouche chemine à une distance qui ne dépasse 
pas 2 !/, centimètres. Le Buthus perçoit alors trés proba- 
blement les mouvements, mais non la forme, car il s'arréte 
si la mouche ne bouge plus, se remet en marche lorsque 
la mouche chemine de nouveau, la progression ayant lieu 
ainsi par saecades. | 

Toutes les fois que la proie a une vitesse telle qu'elle 
parvient à s'éloigner au moins à 3 centimètres, elle cesse 
d'être vue et la poursuite ne continue pas; 

8° Le Scorpion ne capture pas une Calliphore ou une 
mouche domestique placée entre ses pinces et qui reste 
immobile ; 


E. 
EU 
" 
E. 


9 inge met deux Scorpions dans le méme vase, 
ils ne se voient pas mutuellement et, bien qu'ils eraignent 
beaucoup les individus de leur espéce, ils ne fuient effrayés: 
que lorsque le hasard les fait se heurter; 

10° Une Blatte (Pleriplaneta orientalis) est parfaite- 
ment en süreté dans un bocal renfermant un grand 
Buthus europeus, car ce dernier en a peur. Malgré cette 
frayeur, le Scorpion ne s'apercoit jamais de la priscos 
.. del'Orthoptére que lorsqu'il le touche. 

14° Mis dans le labyrinthe à obstacles d'un centimètre 
de hauteur (première partie, § 4, pl. 1, fig. 6), un Buthus 
y circule les pinces portées en avant. Ne contournant 
aucune barrière, illes aborde perpendiculairement et fran- 
chit les unes après les autres celles qui sont dans une 


( 584 ) 
direction déterminée. Ses pinces, qui remplissent ici à peu 
près les mêmes fonctions que les antennes des Myriopodes, 
semblent seules l’avertir de la présence d'objets placés 
en travers de sa route. 

Afin de rendre les expériences de ce genre plus démon- 
stratives, j'ai employé ensuite un labyrinthe de dimensions 
considérables. Les enceintes concentriques au nombre de 
cinq se composent de lames verticales de carton hautes de 
9 centimétres et longues de douze. Les passages ou solu- 
tions de continuité des enceintes ont, en général, au moins 
7 centimétres. Enfin chacune des enceintes comprend des 
barrières noires, blanches el brunes, de facon que l'animal 
circulant dans une direction quelconque doive nécessaire- 
ment rencontrer des obstacles d'aspects très divers. 

Les essais ont été effectués au commencement d'août, 
vers 7 !/, heures du soir, au moment du coucher du soleil 
et par un temps beau et chaud, par conséquent dans les 
circonstances les plus favorables, les Scorpions se mon- 
trant excités el l'éclairage étant presque aussi intense 
qu'au milieu du jour. 

Les Buthus déposés au centre du labyrinthe marchent 
vers le fond de la chambre, c'est-à-dire en fuyant la 
lumière; les obstacles qui se dressent devant eux sont 
donc, pour la plupart, éclairés. Malgré cela, les Scorpions, 
qui circulent les pinces étendues devant eux, vont donner 
en plein sur les barrières noires ou brunes comme sI 
celles-ci n’existaient pas. 

La même chose se passe presque toujours pour les bar- 
rières blanches, et le nombre de fois où les Arachnides qu 
paru se détourner afin de passer à côté est si restreint, 
qu'il est impossible d'en déduire que les animaux aient 
vu les obstacles. 


( 585 ) 

L'expérience ci-dessous semble, du reste, prouver que 
la vision n'est pour rien dans les rares exceptions con- 
statées ; 

12° J'ai fait usage d’un procédé déjà employé pour les 
Myriopodes (première partie, $ 4). Je veux parler d'une 
carte blanche des dimensions d'une carte de visite fixée à 
l'extrémité inférieure d'une canne et que l'on place verti- 
calement sur le trajet de l'animal circulant à la surface 
d'un parquet bien éclairé (1). 

Or, la plaque blanche réfléchissant la lumiére qui vient 
des fenétres et tranchant, par conséquent, par son éclat, 
sur la teinte neutre du sol est, presque sans exception, 
heurtée en plein par le Scorpion, pourvu qu'on la mette à 
10 centimétres en avant de l'Arachnide. 

Pour des distances supérieures, le Scorpion passe de 
temps à autre à côté de l'obstacle; fait qui tient unique- 
ment à l'incertitade naturelle de la marche; le Buthus 
progressant rarement en ligne absolument droite sur une 
longueur de plus de 10 à 15 centimètres; 

15 Les allures du Scorpion qui rencontre un obstacle, 
puis qui le longe, montrent déjà nettement le rôle d'or- 
ganes explorateurs joué par les pinces; mais on peut 
mettre encore mieux ce róle en évidence en couchant un 
vase ouvert ou une boite ouverte sur le chemin d'un 
Buthus en marche. Chaque fois que l'extrémité des pinces 
S'engage sous le bord du récipient, l'Arachnide fait tous 
ses efforts pour s'insinuer entre celui-ci et le sol; chaque 
fois que les pinces se sont placées au contraire, par hasard, 
au-dessus de ce bord, le Scorpion entre dans le vase ou 
dans la boite sans hésiter ; 
mn 


(4) H est entendu que ces essais ont eu lieu dans les mémes 
conditions d'heure et de lumière que ceux du n° 11 précédent. 


( 586 ) 

14* La plupart des auteurs paraissent croire que le 
Scorpion maintient sa proie au-devant des yeux, au 
moment de la piquer, pour mieux voir la place exacte où 
il enfoncera l'aiguillon. L'observation minutieuse des faits 
prouve cependant que la vue n'intervient guére et que le 
sens tactile a une influence prépondérante. En effet : 


A. — L'Arachnide ne porte pas sa vielime au-dessus 
des yeux médians, mais à !/, centimètre en avant de la 
tête, là où il ne peut l'entrevoir et méme mal qu'avec les 
petits yeux latéraux (1). 


B. — L'acte de piquer se fait avec une rapidité telle 
que si l'animal se laissait en réalité guider exclusivement 
par ses impressions visuelles, la vue devrait être très 
bonne; hypothése qui n'a pour elle aucune preuve, et dont 
les diverses expériences que je viens de décrire semblent 
démontrer la fausseté. 


C. — Si l'on approche jusqu'à 2 centimètres d'un 
Buthus une mouche artificielle en cire ou en plume sus- 
pendue au bout d'un fil, il saisit le petit objet de la pince 
gauche (2), puis le rejette de cóté. Jamais il ne l'approche 
des yeux. Toute fausse proie est ainsi reconnue au lou- 
cher et dédaigneusement repoussée, sans que la vision 
paraisse utilisée d'une facon spéciale. 


e T ÓÓ M 


(1) La position que le Scorpion donne à la proie est scrupuleu- 
sement reproduite sur la planche qui accompagne le mémoire de 
M. Joyeux Laffuie ; Appareil venimeux et venin du Scorpion, op. cit. 

(2) J'ai vu, mais rarement, le Scorpion saisir une proie vivante de 
la pince droite. L'animal n'emploie donc pas toujours la gauche, ainsi 
que des naturalistes ont cru le constater, 


( 887 ) 


D. — J'offre à un Scorpion une Calliphore véritable 
suspendue à un fil (in; il la saisit et cherche à piquer. 
L'animal donne deux coups d'aiguillon, mais chaque fois 
le dard rencontre le fil, de sorte que la mouche reste 
intacte. Non seulement le Scorpion n'a point vu qu'il n'a 
pas piqué l'insecte, mais persuadé, à la suite de la résis- 
tance rencontrée, que l'aiguillon avait réellement fait son 
œuvre, i| dévore le Diptére encore bourdonnant et dont 
les pattes s'agitent convulsivement. 


8 29. — Résumé des résultats fournis par les Scorpions. 


Les observations de Ray Lankester sur l'Androctonus 
funestus et l'Euscorpius italicus, ainsi que les miennes 
sur le Buthus europeus, permettent de considérer comme 
définitivement acquis : que la vue des Scorpions est trés 
mauvaise; que la distance de vision distincte ne dépasse 
pas 1 centimètre pour les yeux médians et 2 !/2 centi- 
mètres pour les yeux latéraux du Buthus europeus; que 
ces animaux ne chassent pas, mais, ou bien qu'ils errent 
au hasard jusqu'à ce qu'une proie soit à leur portée, ou 
bien qu'ils attendent dans leur retraite les Articulés 
imprudents qui s'y glissent; que ce sont leurs pinces et 
non leurs yeux qui les avertissent de l'existence d'obstacles 
placés sur leur route; entin que, lorsqu'ils ont capturé un 
Insecte, c’est surtout par le toucher qu'ils jugent de 
l'endroit où doit être enfoncé l'aiguillon (1). 


n tioquil quiim eris ri LU 


(1) Il n'y a là rien que de parfaitement naturel. Les pages 65, 159, 
160 et 220 des intéressants Souvenirs entomologiques de J. H. Fabre 
(Paris 1879) n t on effet aue lesH s té tels que 


les Cerceris, les Sphex et les Ammophiles qui engourdissent des 


( 588 ) 


CHAPITRE V 
Phalangides (Opiliones) 
8 50. — Considérations générales. 


Les Arachnides de l'ordre des Phalangides offrent, 
comme chacun le sait, des pattes gréles d'une grande 
longueur et ne possèdent que deux yeux simples situés 
sur les faces latérales d'une éminence occupant la partie 
supérieure du céphalothorax. 

-La position des yeux et la direction de leurs axes sont 
telles qu'il semble impossible que l'animal puisse voir un 
objet placé devant lui sur le sol. Enlin la structure des 
organes visuels étudiée par Grenacher (2) parait trés voi- 
sine de celle des yeux antérieurs des Aranéides; la seule 


MM — — 


Insectes dans le but de les offrir en páture à leurs larves et qui 
piquent, à cet effet, certains ganglions bien déterminés de la chaine 
nerveuse, n'utilisent en aucune facon leurs yeux dans cette opération 
délicate. Placés au-dessus de la victime, ils recourbent leur abdomen 
sous le corps du Charancon, de l'Éphippigére ou de la Chenille, et vont 
précisément perforer la face de l'Insecte qu'ils ne peuvent voir. Les 
sensations tactiles seules les guident, et cependant ils opèrent avec 
une précision et une sûreté remarquables. 

On peut soi-même, sans le secours de la vue, effectuer des actes 
aussi nets que ceux dont le Scorpion nous rend témoins. Fermez les 
yeux et, tenant entre le pouce et l'index de la main gauche un petit 
objet quelconque, vous serez étonné de constater, quelle que soit la 
position du bras, avec quelle précision vous irez, d'un mouvement 
assez ais tor feet de ipn sis PE main doe 

2) Grenacuer. C 


( Arthropoden, 
pl. 11, fig. es (Phalangium opilio), Göttingen, 1879. 


RS ES a dot te s a i T i a a A 


NOE EE ST T RUEFEDEN" ER 


e 


d 
3 


( 589 ) 

différence un peu importante consiste dans la présence de 
trois bàtonnets terminaux au lieu de deux, au sommet 
des ommatidies (1). 

Aucune recherche n'avait été effectuée, jusqu'à présent, 
sur la vision des Phalangides. 


$ 51. — Observations et expériences sur les Phalangium 
parietinum de Geer et Phalangium opilio Linn. 


Toutes les observations ont été faites soit sur des ani- 
maux en liberté dans mon jardin, soit sur des individus 
transportés directement de l'extérieur dans la chambre à 
expériences, 

J'ai eru longtemps les Phalangides lucifuges; cependant, 
en soumettant six PA. parietinum à la méthode photoki- 
nélique, c'est-à-dire en les introduisant dans la boite à 
compartiments éclairés et obscurs (première partie, $ 4, 
pl. 1, fig. 5) et en répétant les essais dix fois de suite, 
à 10 on 45 minutes d'intervalle, j'obtins les distributions 
ci-dessous (2: 


Totaux. 
Dans les régions éclairées 6, 4, 3, 5, 5, 5, 5, 3, 5, 5 46 
Dans les régions obscures 0, 2, 3, 4, 1, 4, 1, 3,4,4 14 


Régions éclairées 46 
Régions obscures 14 


Rapport : = 3,2. 


Lernens i AE ROM RE CNN UAR 


(4) Voir pour la signification de ce terme : Pie partie, $ I. 
(2) Le fond de la boite était garni de papier à filtrer humide, 


Re indispensable, les Phalangides souffrant beaucoup dans 
‘air sec. 


( 590 ) 

C'est-à-dire que, malgré une lumière diffuse vive, il 
s'est trouvé trois fois plus d'individus dans les parties 
claires que dans les portions ombrées. 

L'examen de ce qui se passait dans la boite chaque fois 
que les animaux avaient été dérangés pour les amener à 
se distribuer de nouveau, permettait de voir les Phalan- 
gium se repousser mutuellement pour occuper plus vite 
une place dans un segment éclairé (1). 

Les Phalangides du genre type Phalangium préfèrent 
donc la lumiére du jour à l'obseurité; mais, malgré l'évi- 
dence du fait, nous ne sommes en droit de formuler 
aucune conclusion quant à la vision proprement dite, 
puisque, dans certains cas, des perceptions dermaltoptiques 
vives peuvent déterminer des actes qu'un observateur 
superficiel attribuerait facilement à l'influence de percep- 
tions visuelles (2). J'arrive, du reste, à ces dernières qui, 
ainsi que le lecteur en jugera, doivent être d’une bien 
faible utilité aux Arachnides dont il est question dans Ce 
chapitre. 

Posé sur le sol, sur une muraille ou sur une feuille, le 


TENDER 6 oo MEUM RISUS ME TIER 


(1) A la vérité, beaucoup d'entre eux finissaient par s'appliquer 
au plafond de l'instrument, parce que ce plafond en carton leur offrait 
plus de prise que les autres parois qui sont en verre. Cependant, ceia 
n'altére guère les résultats, puisque le p'ancher étant blanc réfléchissait 
beaucoup de lumière vers le haut, et que certainement des Arthropodes 
lucifuges auraient choisi, de préférence, les parties du plafond situees 
dans les compartiments sombres; fait qui n'avait lieu ici que pour z 
minorité. . t 

(2) Voyez à ce sujet, dans la premiére partie, le $4 oü il est 
question des Myriopodes aveugles, et le $ 6 traitant de la vision chez 
les lules. 


RS D TT a De E 


Ur LE UE, SU CSS CRETAE T T ES ERE e : chag 


C DIT 

Faucheur ne voit évidemment aucun des corps que Fon 
approche de ses yeux. J'ai employé à cet effet le doigt, 
un rameau, une petite sphére de verre. un manche de cou- 
teau garni de métal blanc brillant, une petite mouche sus- 
pendue à un fil, un siinulacre de mouche en plume, etc. 
L'objet peut étre approché horizontalement ou verticale- 
ment, trés lentement ou assez vite (pourvu qu'on ne pro- 
voque pas de courant d'air). L'expérimentateur peut 
l'avaneer en ligne droite ou lui imprimer des oscillations, 
jamais le Phalangium ne manifeste rien, tant qu'il n’y a 
point contact soit avec son corps, soil avec ses pattes, 

Les Faucheurs ne percoivent pas davantage les dépla- 
cements des objets volumineux, à la condition que ces 
déplacements n'aménent ni mouvement d'air eonsidé- 
rable, ni trépidation du support sur lequel les individus 
sont placés. Ainsi on cireulera tout prés de ces animaux, 
on agitera méme avec une vitesse modérée et à 10 centi- 
métres au plus de distance, la main, une plaque de 
carton, etc., sans les faire sortir de leur immobilité. 

Ces faits qui expliquent pourquoi les Phalangium se 
laissent facilement capturer soulévent une question plus 
importante : comment, avee une aussi mauvaise vue, les 
Faucheurs parviennent-ils à se diriger et comment 
arrivent-ils jamais à saisir une proie quelconque? (1) 


nm nr S AA 


(4) J'ai montré ailleurs: Note sur les phénomènes de la digestion 
et sur la structure de l'appareil digestif chez les Phalangides (Bull, de 
l'Acad. roy. de Belgique, 2 sér., t. XLII, novembre 1876), qu'on 
trouve dans le tube digestif des Faucheurs des débris d'Insectes, 
et E. Simon (les Arachnides de France, t. VII, p. 132, Paris, 1879) 
dit avoir vu ces animaux dévorer des Fourmis, des Lithobies, des 
Larves et des Cloportes. 


( 592 | 

En remontant au 6° du $ 26, le lecteur y trouvera que 
les Araignées tendant des toiles voient aussi. mal et 
qu'elles suppléent à l'insuffisance de la vision par le sens du 
toucher. L'observation montre que, chez les Phalangides, 
ce sont aussi les pattes, appendices tactiles d'une sensibilité 
extréme, qui servent d'organes avertisseurs et explora- 
leurs. 

Au repos et entouré de ses huit pattes gréles disposées 
en étoile, le Faucheur est au centre d'un cercle qui peut 
parfois atteindre 6 centimètres de rayon. Indifférent à 
tout ce qui pourrait émouvoir un animal doué de bons 
yeux, il percoit, au contraire, immédiatement le plus léger 
contact d'un corps étranger avec chacun de ses membres. 

Grâce aux dimensions considérables de ses appendices 
locomoteurs et à leur disposition rayonnante, il est averti 
à temps du voisinage d'un ennemi ou dn gibier, que ceux-ci 
soient devant lui, derrière lui ou sur le côté. J'approche, 
par exemple, des veux d’un Phalangium parietinum un 
fragment de plume d'un demi-centimètre de longueur, sus- 
pendu à un fil; l'Arachnide ne bouge pas; mais je touche 
la patte droite de première paire à l'aide de ce corps doux 
et léger; le Faucheur lève aussitôt la patte frólée et la 
maintient levée; je touche ensuite la patte gauche; méme 
geste; enfin, j'améne le petit morceau de plume en con- 
tact avec les chélicères, l'animal recule de quelques pas. 

Lorsque le Phalangium circule, ce sont les pattes de la 
seconde paire, les plus longues de toutes, qui lui donnen! 
des indications sur la nature des obstacles. Courant sur les 
pattes des paires 1, 5 et 4, il tient lesextrémités des mêm- 
bres de deuxiéme paire, qui dépassent les autres comme 
de longues antennes, légèrement relevées, et il s'en ser l 
pour palper constamment d’un mouvement rapide les divers 
objets qwelles rencontrent. 


xu dit 
mere Do hat M... EE 


E EOLA A ORO NP S EAE E PEER A TER AUN TERRENT ie E AOE GP EMT REIR d 


( 593 ) 

On constate déjà facilement ce rôle des secondes pattes 
en mellant un Phalangium dans un grand bocal conte- 
nant quelques rameaux. L’Arachnide ne circule qu'à tàtons 
et ne s'aventure sur une branche ou sur une feuille qu'aprés 
avoir palpé la surface. 

Cependant, l'absence de vision distincte et son rempla- 
cement partiel par le toucher deviennent surtout évidents 
si l'on place un Faucheur dans le grand labyrinthe à obsta- 
cles de 5 centimètres de hauteur (voir $ 28). L'animal ne 
se détourne jamais pour passer à cóté des lames verticales 
de carton noires, blanches ou brunes; il marche directe- 
ment vers elles sans les voir, s'arréte un instant dés que 
les extrémités de ses pattes exploratrices de deuxième 
paire rencontrent une barriére, palpe celle-ci, puis passe 
au-dessus pour effectuer le méme manège à l'obstacle sui- 
vant, ete. 

La facon de procéder de l'Arachnide est identiquement 
la méme lorsque, comme pour les Scorpions et les Myrio- 
podes, on met, en travers du trajet d'un Faucheur circulant 
librement sur le parquet, une plaque verticale de carton 
blanc, (ixée au bout d'une canne (voir 17* partie, $ 4, et, 
dans la partie actuelle, $ 28). Que la plaque soit éclairée 
vu qu'elle soit à contre-jour, l'individu en expérience la 
rencontre toujours en plein à l'aide de ses pattes de deu- 
Xiéme paire, et ne se détourne ou ne monte sur l'obstacle 
qu'après une exploration rapide de la surface. 

Enfin, dernière preuve, encore plus convaincante que les 
précédentes : les Phalangium parietinum ou les PA. opilio, 
dont on abolit à peu prés entiérement les perceptions 
visuelles en leur couvrant les yeux d'une couche de couleur 
à l'huile noire, et les PA. oplio, complètement aveuglés par 


( 594 ) 
la section des nerfs optiques (1), circulent nn peu moins 
vite dans le premier c2s, d’une façon un peu plus saccadée 
dans le second, mais se comportent vis-à-vis des obstacles 
absolument de la méme manière que les individus jouis- 
sant de la totalité de leurs organes des sens. Ils tàtent les 
barriéres du labyrinthe de leurs membres de seconde paire, 
franchissent les lames de carton ou les contournent pour 
rencontrer celles qui sont situées au delà, etc., avec des 
allures si normales qu'un observateur non prévenu serait 
persuadé que les animaux qui évoluent devant lui sont par- 
faitement intacts. 


$ 52. — Résumé des résultats obtenus par les Phalangides. 


Les expérienees et les observations sur les Phalangides 
conduisent, en somme, à des résultats analogues à ceux 
que nous ont donnés les Aranéides tissant des toiles. 

La vue est fort mauvaise, et il semble n'y avoir de vision 
distincte à aucune distance. 

Ces Arthropodes compensent l'insuffisance du sens visuel 
en utilisant la sensibilité tactile exquise de leurs membres, 
el surtout en employant, comme organes explorateurs, les 
longues pattes de la seconde paire, qui jouent à peu prés 
le róle des antennes des Myriopodes. 


rt itti tnt: 


(1) Cette opération assez facile se pratique en enfoncant horizon - 
talement et de droite à gauche la lame bien aiguisée d'une aiguille 
à cataracte au travers de la base du tubereule qui porte les yeux. On 
sépare ainsi presque totalement le tubereule du reste des téguments 
dorsaux et, lorsqu'on retire l'instrument, l'animal saigne fort peu. 


yA 
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ESS 


fig. "d 


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( 595 ) 


EXPLICATION DE LA PLANCHE II. 


Fig 1. Céphalothorax d'une Attide, Marpessa muscosa, vu de profil. 
Grossissement, 12. 

L'appareil visuel est énorme et cependant la vue est mauvaise 
(consultez le $ 12). 

ig. 2. Boulette de cire noircie suspendue à l'extrémité d'un fil 


ig. 9. Mouche artificielle en plume (G. n). Remarquer combien ce 
simulacre ressemble peu à un Insecte véritable. 

+ 4. Système double jeté dans une toile d'Araignée et composé 
d'une mouche vivante reliée par un fil de 2 centimètres 
de longueur à une mouche artificielle en plume (con- 
sultez les $$ 23 et 25). 


Simple observation au sujel d'un travail de M. W. Hal- 
lock (1) intitulé : Tug FLow or SoLips, eic.; par 
W. Spring, membre de l'Académie. 


J'ai démontré, on se le rappelle, par de nombreuses 
expériences, que les corps solides jouissaient, à des degrés 
divers, de la. faculté de se souder, à froid, sous l’action 
d'une pression suffisamment énergique. En comprimant 
des eorps de nature chimique différente j'ai pu obtenir, à 
basse température, nombre de combinaisons qui ne se pro- 
duisent, généralement, qu'à l'aide d'une température plus 
moins élevée, : 

Ces recherches avaient été entreprises en vue de vérifier 


a) Voir Te. american Journal of Science, x XXXIV, n° 202, 
ctobre 1887, p. 277. eT. 


- 


( 596 ) 
s'il est possible de retrouver, dans les corps à l'état 
solide, la trace des propriétés qui caractérisent surtout 
l'état liquide. J'ai été amené aussi, à la suite de mes 
expériences, à formuler en principe, dés 1880, que /a 
matiére prend, sous pression, un état en relation avec le 
volume qu'elle est obligé d'occuper; mais cette condensa- 
tion n'est permanente que si la matiére admet des états 
allotropiques différents. Depuis, des expériences nou- 
velles (1), en partie encore inédites, m'ont fait reconnaitre 
l'importance du róle que joue un certain degré de tempé- 
rature dans ces phénoménes; de telle sorte que, pour 
l'état solide comme pour l'état liquide, on observerait 
une température critique, au-dessus ou au-dessous de 
laquelle les changements par simple pression ne seraient 
plus possibles. 

La conséquence de tout ceci est, par exemple, que les 
corps liquides doivent passer, sous pression, à l'état solide, 
en tenant cc mpte de la température critique, bien entendu, 
si leur volume spécifique est plus petit à l'état solide qu'à 
l'état liquide, et réciproquement. 

Cette réciproque a été démontrée d'abord par Mouzon, 
puis, récemment, par moi-méme en collaboration avec mon 
ami J.-H. van 't Hoff. 

Je me proposais de vérifier aussi la proposition pre- 
miére, mais j'ai été devancé, à ma grande satisfaction, 
par M. Amagat (9), qui vient de produire la solidification 
de plusieurs liquides par l'action de la pression. 

Voilà une vérification des résultats généraus de mes 
expériences qui m'a fait le plus grand plaisir; sa graude 
valeur n'échappera à personne. 


PAR NE AR MR RU cé 
(1) Zeitschrift f. phys. Chemie, l, p. 227. 
(2) Comptes rendus, t. CV, p. 165; 1387. 


t 997.) 
. .. Ceci posé, j'arrive à l'article de M. Hallock. 
3 L'auteur m'attribue l'absurde pensée que les corps 
solides se liquéfieraient tous sous l'action de la pression. 
Il s'imagine méme que j'ai tiré cette conclusion de mes 
expériences! Pour appuyer son dire il altére des passages 
. A de mes travaux, en remplaçant partout le mot « soudure » 
. dont je me suis servi, par le mot « fusion », ou méme en 
dénaturant complétement le texte. Qu'on en juge : 

M. Hallock me fait dire, par exemple (p. 281), « sulphur 
prismatic — 5,000 atm. fusion to the octahedral form. » 


TOMOS 


Es 
E 


il ajoute de son cru : « and so on throngh a long and 
varied list. » Or, j'ai dit, page 351 de mon Mémoire de 
1880 : « Du soufre prismatique transparent, fraichement 
préparé, a été soumis à une pression de 5,000 atm. à la 
- température de 13°; il s’est moulé en un bloc opaque beau- 
= Coup plus dur que ceux qu'on obtient par fusion !... » — 
Tout commentaire est superflu. 

Aprés avoir ainsi préparé le terrain, il fait l'exposé d'ex- 
périences nouvelles qui lui ont démontré, naturellement, 
que les corps solides ne fondaient pas sous pression ! 

Enfin, il achève de démontrer mon absurdité en mop- 
posant les expériences d'Amagat, qui démontrent, ainsi que 
je viens de le rappeler, la solidification de certains liquides 
par la pression, ce qui exclut le contraire. 

ll est bien clair qu'il n'y a pas lieu de discaier avec 
M. Hallock, puisque son travail, qui s'appuie sur une chi- 
mére, est, pour moi, nul et non avenu. 

Mais je crois qu'il ne m'est pas permis de laisser passer 
son Œuvre sans protestation, car il est de l'intérêt scienti- 
fique général de rappeler que si, à la vérité, les erreurs ne 
9" SÉRIE, TOME XIV. 


D. 
De 
B. 


( 598 ) 
peuvent pas toujours être évitées, il n'en est pas de méme 
de l'inattention. 

Je dois ajouter, cependant, à la décharge de M. Hallock, 
que son travail a été entrepris et dirigé par M. J.-W. 
Powell, de Washington. J'engage M. Hallock à choisir 
mieux, à l'avenir, ses conseillers. 


Sur les dépôts rapportés par Dumont à ses systèmes 
laekenien et tongrien, au S.-E. de Bruxelles; pas 
Michel Mourlon, membre de l'Académie. 


Les grands travaux de terrassement effectués dans ces 


avenue dite « boulevard Militaire » qui relie la « Petite 
Suisse » aux nouvelles casernes d'Etterbeek, ont mis à 


de hàter la publication de ces coupes, afin Ta 
l'attention des géologues sur les faits intéressants qu’elle 


aucune d'elles ne permettant. d'observer la série comp! 
des dépôts de la région, j'ai cherché à combler 
lacune en sollicitant de l'administration des chemins 
fer l'autorisation, qu'elle a bien voulu m'accorder, 
liser les profondes tranchées du chemin de fer au 
de la Station d'Etterbeek et au N. de Watermael. 


Bull de 14cad. 8° série, t XIV. 
déadtort. 

a Etterbeek. 

Es: 


500 ; ‘ 
s Jong ie d Fig. l Coupe. d'une Butte e/o 


Station 


d'Etterbeek Fig. 3. | Coi oupe relevée puo le Nm de v branchée 


Grand Pont. 


Fig. 2. sd in militaire près le 
oweeaiw pont de Ca. Station d'Etteubeel 


pneus 
a LE 


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Eis . - NON 
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ne ? RS 5-0 


preo de Uv ferme de de fa Bote Sue. 


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1000 


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du Grand Font, aw PIN de bu Station D: 2 


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E - : LK Ta «n5». 
LK ; er 


q— Quaternaire. L - Zedren dii ana. 
T - Zongrien de Dumont. LK. Zaetenzen noy 
W. Wemimelen-Eccène supérieur. - Pruxeliren aere 


Deblais Wei e. 


( 599 ) 

Avant de faire connaitre le résultat des observations 
que m'ont permis d'effectuer les déblais que j'ai fait pra- 
tiquer dans ces tranchées, je commencerai par exposer 
les faits intéressants que présentent l'avenue de l'Hip- 
. podrome et le boulevard Militaire, ainsi que l'ancienne 
i chaussée de Boendael. 


| AVENUE DE L'HippoproME. — Au point culminant de - 
1 cette avenue, qui est à la eote 105, on observe, daus la 
|. petite tranchée située un peu en contre-bas de la maison 
Capouillet, qui domine toute la région, un bel affleurement 
d'argile grise tachetée de jaunàtre et alternant avec de 
l'argile sableuse glauconifére. Ce dépót argileux a une 
épaisseur de plus de 3 mètres sur le talus et représente 
le Tongrien de Dumont. 

En descendant l'avenue de l'Hippodrome, on ne voit 
plus d'affleurement sur une assez grande longueur, mais 
prés de la ferme de la Petite Suisse, au coin de l'avenue 
et du boulevard Militaire, une butte de sable présente la 
Coupe que voici : 


Coupe d'une butte de sable prés la ferme de la Petite Suisse 
(fig. 1). 
Q9. Limon et cailloux roulés à la base, ravinant fortement les 
dépôts sous-jacents. 
T. Lits de graviers argileux séparés par 0",60 de sable et 


recouverts de 0",40 de sable jaune également graveleux. 


W. Sable blane et jaune avec concrétions ferrugineuses à la 
partie supérieure, limité par un gravier de base sur- 


( 600 ) 
monté d'un lit ferrugineux dont il est quelquefois 
séparé par 07,25 de sable graveleux. mètres. 2,20 


L. Sable fin blane et jaune, présentant deux niveaux de 
conerétions ferrugineuses : l'inférieur continu et en 
contact avec le gravier de base, et le supérieur non 
continu, mais paraissant par places se confondre avec 
le premier, le sable qui les sépare se durcissant en 
prenant une teinte rouge brunátre ferrugineuse. 
Entre ces deux niveaux ferrugineux, on observe parfois 
aussi un lit de gravier à 0",20 au-dessus du niveau 
MUR I. VL. s (CN or wa RN 


LK. Sable jaune verdátre demi-fin, moucheté de noir, 
ZEN uo oL Rode serm Lt P 


En continuant à descendre l'avenue de l'Hippodrome, 
on observe sur le petit talus de celle-ci, vis-à-vis la 
maison portant le n° 451, du sable graveleux laekenien 
pétri de Num. levigata roulées; et enfin, plus bas 
encore, dans un déblai pratiqué pour les fondations d'une 
maison en face du Pavillon du "Tram, situé au coin de 
l'avenue et de la rue du Bourgmestre, du sable bruxellien 
durci pissant H grès ferrugineux brun rougeàtre, ayant 
jusqu'à 2",50 à 5 mètres d'épaisseur. 


BovLevard Minrraimmg. — Cette nouvelle grande avenue 
présente, entre la rue du Cygne et le nouveau Pont du 
chemin de fer de la Station d'Etterbeek, une belle conpe 
sur le talus méridional de la tranchée. Elle commence à 
90 mètres du Pont et s'étend à l'O.-S.-O. sur une longueur 
de 250 mètres, jusque prés de la rue du Cygne. 


< 601 ) 


Coupe prise au boulevard Militaire entre le nouveau Pont du 
chemin de fer et la rue du Cygne (fig. 2). 


T Q. Limon brun avec cailloux roulés à la base et limon sableux 
stratifié (q^) entre deux niveaux de cailloux. 


W. Sable blane glauconifére quartzeux, parfois trés grossier 
et passant au gravier vers le bas. ll prend souvent une 
teinte jaunâtre et se présente à grains beaucoup plus 
fins à la partie supéricure; il devient brunàtre humecté 
sur 07,40 vers le bas au contact du gravier, lequel est 
parfois associé à un petit lit argileux. Ce sable W. ren- 
ferme des lentilles presque continues, en de certains 
points, de concrétions sableuses ferrugineuses fossili- 
féres à Pecten corneus, ete., et de plaquettes de grès 
ferrugineux passant à la limonite et pétries de I Yum. 
wemmelensis ; il atteint 27,50 à 5 mètres d'épaisseur. 


: L. Sable gris jaunâtre assez fin, légèrement glauconifére, 
" 4 présentant, en quelques points, des concrétions ferru- 
gineuses friables presque au contaet du gravier de base. 


LK. Sable jaune verdâtre moucheté de noir légèrement glau- 
conifére avec rares taches ferrugineuses. 


Sur le talus septentrional de la tranchée du boulevard 
Militaire, on n'observe, pour ainsi dire, que du limon 
quaternaire; mais un déblai pratiqué pour la construction 
de l'éeout a mis à nu, sous 37,50 de limon avec rares 
cailloux à la base : 
0^,80 de sables blane et jaune séparé du sable sous- 
jacent par un gravier de 07,05, et correspondant aux 
Couches L de la coupe précédente ; 
3 mètres de sable jaune verdâtre, à peine visible sur 
l'autre talus de la tranchée (LK). 


( 602 ) 


Interprétation. — Comment faut-il interpréter les 
coupes qui précèdent? Celle de l'avenue de l'Hippodrome 
montre bien nettement, au-dessus des sables laekeniens 
séparés des sables bruxelliens par le gravier à Nummulites 
levigata roulées, une succession de trois dépôts sableux 
séparés par des graviers bien apparents (fig. 1). 

Toutefois, n'ayant pas rencontré de fossiles dans ces 
dépóts, il eüt été difficile de préciser leur àge géologique, 
si la coupe du boulevard Militaire n'avait présenté dans la 
couche W des concrétions de sable quartzeux durci ferru- 
gineux trés fossilifères, renfermant la faune caractéristique 
des sables de Wemmel, que MM. Vincent ont eu la bonne 
fortune de découvrir en maints endroits à ce niveau. 

Dés lors, il devenait évident que le dépót sableux qui 
sépare ces sables wemmeliens des sables laekeniens, 
représente le nouvel étage auquel nous avons proposé, 
M. É. Vincent et moi, de donner le nom d'étage ledien (1). 

On verra plus loin que la coupe de la tranchée au S.-O. 
de la Station d'Etterbeek confirme pleinement cette inter- 
prétation. 

Quant à la couche argilo-sableuse et graveleuse qui, 
dans la coupe de la ferme de la Petite Suisse, surmonte 
les sables W., elle semble bien représenter la base des 
dépóts argileux tongriens de Dumont, qu'on a vus si bien 
caractérisés au point culminant de l'avenue de l'Hip- 
podrome, près de la maison Capouillet. 

Avant la création de cette avenue, on ne connaissail, 


AR o E Er MM 


(1) Bull. de l Acad. roy. de Belgique, 5° série, tome XIV, 1887, 
pp. 15-19. 


( 605 ) 
dans la région, de représentant de ce dépót argileux qu'en 
un seul point situé à peu de distance sur la chaussée de 
Boendael, vis-à-vis la ferme portant le n? 267. 

On y observe, sur le talus de la chaussée, à environ 
500 mètres au S-E. du boulevard Militaire, la coupe 
ci-dessous : 


Coupe relevée sur le talus de la chaussée de Boendael. 


Q. a. Limon et cailloux roulés recouverts de terre 


VE LL VS CA ei 0e NOEL. Un 

T. b. Argile sableuse grisâtre et jaunâtre . . 1,00 
e. Lit de concrétions ferrugineuses dans un REUS 

aune brunâtre . . MEI 


d. Sable argileux grisátre bigerri de jure . 0,50 
e. Sable blane quartzeux avec grains de glauconie. 0,20 


WW? f. Sable blanc et jme... ega "40. QD 


Les couches argileuses b-e de la coupe qui précède 
étant à la cote 99, on pouvait en conclure qu'elles sont 
inférieures à celles qu'on vient de voir prés de la maison 
Capouillet; mais comme, entre ces derniers affleurements 
et ceux de la Petite Suisse et du boulevard Militaire, 
on n'en observe pas d'autres, il eût été impossible 
d'établir leurs relations stratigraphiques, sans les données 
si précieuses que m'ont fournies les tranchées du chemin 
de fer au S.-E. de la Station d'Etterbeek et au N. de 
Watermael. 


( 604 ) 


TRANCHÉE DU GRAND PowT AU S.-E. DE LA STATION 
D'ETTERBEEK., — Cette profonde tranchée, dont la hauteur 
n'atteint pas moins de 20 mètres au grand Pont, ayant ses 
talus recouverts de végétation et d'arbustes, il ne m'a été 
possible d'en relever la coupe qu'en pratiquant, de dis- 
tance en distance, une série de déblais en escalier, per- 
mettant de voir la roche en place du haut en bas. 

Déjà, en avril 1862, cette tranchée avait attiré l'attention 
du major Le Hon, qui en fit connaitre la composition 
« au grand Pont du chemin de fer du Luxembourg, prés 
» de Watermael. » 

Voici le relevé qu'il en donne dans son intéressante 
Note sur les terrains tertiaires de Bruxelles (Burr. Soc. 
GÉOL. DE FRANCE, 2° série, t. XIX, p. 825): 


Altitudes : 


102 mètres. Niveau du sol humus, limon hesbayen. 
— Argile verte un peu sableuse. 


99 — Sable verdâtre, argileux, bigarré de fer. 

87  —  SSablesiliceux pur, gris, bleuátre clair. 

85  — Sable gris, panaché de fer. 

82  — Sable ferrugineux (orangé foncé), devenant, en 
descendant, argileux et panaché de vert. 

74  — Couches mélangées de sables argileux tachés de 


rouge et de vert et de petites veines pures d'ar- 
gile verte, comme à Schaerbeek. 

70  — (Voie ferrée). 

69  — Surface du système bruxellien. 


Aprés avoir donné ce relevé des couches de la tranchée 


( 605 ) 
qu'il rapporte au système laekenien, Le Hon ajoute : 
« On a trouvé, en creusant cette vaste tranchée, des lits 
de pierres dont une partie contenait des fossiles laekeniens, 
mais il nous a été impossible, depuis tant d'années déjà, 
de découvrir le niveau du gisement de ces pierres. » 

En comparant la coupe de la tranchée telle que l'a 
décrite Le Hon, aussi complètement que le permena 
l'état de la science à cette époque, avec celle qu'on trou- 
vera ci-aprés, on sera frappé de voir combien l'étude des 
terrains qui la composent a fait de sérieux progrés depuis 
vingt-cinq ans. 


Coupe relevée sur le talus oriental de la tranchée au Sud-Est 
de la Station d’Etterbeek (fig. 3). 

Cette coupe n'ayant pu être levée qu'à l'aide des déblais 
pratiqués sur le talus oriental de la tranchée, jai eru bien faire 
de donner ici le relevé détaillé des couches rencontrées, de 
haut en bas, pour chacun de ces déblais : 


Déblai n° 4 (à 15 mètres du grand Pont). 


Q. a. Limon brun, terre à briques avec cailloux disséminés 


à la base. mètres. 4,25 

b. Limon sut pále stratifié a avec £ caillonx à à la 
Dase. c 2 sour 4. E e ceux AM 
T. c. Argile glauconifère d'un vert foncé. . . . 0,55 


d. Argile grise, nuancée de jaunátre par places. 1,00 
e. Sable argileux glauconifére, ueneno vers le 
haut et dso verslebas ; . : . 990 


A reporter. — . 6,90 


( 606 ) 


Report. . 6,90 
f. Sable jaunâtre peu ou point glauconifére avec 
rares paillettes de mica et conerétions ferru- 
sp disséminées, devenant argileux vers 
le . . mètres 2,00 
g. Sable z gris anche Tail. glauconifère 
semblable à . . . 4,00 
h. Gravier peu apparent dix le ATA grishtre. 

WW. i. Sable quartzeux grisâtre et blanchâtre légè- 
rement glauconifère, parfois assez grossier, 
passant au gravier vers le bas et rappelant 
le sable W. avec ue fossilifères de la 
coupe figure 2 . . [£948 

J- Gravier dans un sable jaune g E t MEE o 

L. K Sable fin gris blanchàtre présentant vers le bas, 

80 du gravier l, un lit argilo-ferrugi- 
neux rougeátre(M) .. . . 0. : o. + 920 
l. Gravier dans un sable jaune . . . . . . 005 
Li. m. Sable jaune visible sur 37,80, dont un mètre 
sous le niveau de la voie ferrée. . . . 3,80 
RAA ES 
Toul: 20,10 
Déblai n° 2 (à 50 mètres du grand Pont). 
Q. a. Terre végétale. . . . . mètres 0,70 
b. Sable calcarifère qui senile próvetür d'une 
extraction par bure des niveaux laekenien 
ouledien. . . «ors . 4550 
c. Limon sableux stratifié d remanié m * 
places avec cailloux roulés à la base. - 5,00 
Mete 
A reporter. 5,00 


( 607 ) 


Hepork..-. s 


d. Sable argileux gris verdátre et jaunátre, pas- 
1 sant à l'argile grise, nuaucée de jaunâtre, 
avec concrétions ferrugineuses, rares pail- 
lettes de mica; ce sable présente un lit de 
1 concrétions limoniteuses rouge d'ocre (d") 
à à 07,90 des cailloux b, et un autre (d") 
: à 17,10 du premier . TURE A 

e. Sable gris blanchàtre E N semblable 
1 RO e TH vici c ar D En 
3 f- Gravier dans un sable jaune . . 


WW. g. Sable blanc quartzeux glauconifére et jaune 
1 brunátre au contaet du gravier. . . . . 
E h. Gravier épais verdâtre e . . . . . . . 


LE. ©. Sable gris blanchâtre et jaunâtre ayant, sur- 

3 tout à la partie supérieure, un aspect mou- 
cheté tout particulier gos peu celui 
de la peau de daim . . . 

Jj. Gravier peu apparent dans un abiti jaune. 

k. Sables et grès calcarifères blanchåtres et jau- 
nâtres très fossilifères avec abondantes 
petites Vummulites. 

Le premier banc de grès k’ est séparé du 
gravier j par 0*,80 de sable; le deuxième 
bane de grès k” l'est du précédent par 
17,60; le troisième bane k”, le plus épais, 
est distant du deuxième de 07,90. . . . 

l; Gravier mince s’annouçant par une mince ligne 

jaune brunâtre ondulée. 


A reporter, . 


$ 
S 


4,70 


( 608 ) 
Report... 47,0 


LK. m. Sable et grès calcarifères présentant deux 


bancs de grès : le premier séparé de 07,10 
du gravier | et de 1 mètre du second, au 
niveau dela voie . . . . . . mètres. 4,20 


Total. . . 18,60 


Déblai n° 3 (à 78 mètres du grand Pont). 


a. Terre végétale. . . . mètres. 0,50 
b. Limon pâle avec Paus dan à la 
NN X. 4,00 
c. Limon stratifié avee une couch de ciifibus 
serrés de07,10àlabase. . . . . . . 3,30 


d. Plaquettes de sable ferrugineux durci concré- 
tionné passant à la limonite, en contact avec 
les cailloux serrés de c, et séparées du gra- 
vier e par 0®,10 de sable blanc et EG 


glauconifère graveleux . . . 0,15 
e. Gravier bien apparent dans un be joue 
brepdtre. ion |» 10. x M 


f- Sable blane calcarifére et fossilifère, et jaune 
plus ou moins graveleux par places, renfer- 
mant un lit de plaquettes ferrugineuses 2 
séparé par 07,40 des plaquettes d. . . 

g. Banc de grès calcarifère, légèrement gian 
leux, trés fossilifére, et pétri de petites Vum- 
mulites varioluria rappelant tout à fait cer- 
tain bane de Lede et de Moorsel prés d'Alost. 0,10 

PT 


A reporter. . > 10,85 


Report: © 


h. Sable blanc jaunâtre calcarifère, avec petites 
Nummulites, et graveleux surtout vers le 
bas (h') . i . . mètres. 
t. Sable ET avec ide Naimoiulites pré- 
sentant un bane de 07,10 de grès calcari- 
fère (1') à 17,70 de la couche diee h' 
et à 17,90 du gravier j TNT 
J- Gravier dans le sable iee. EE 


LK. k. Sable calcarifère avec un banc de grès (A) 


séparé par 0,50 du eem j et du niveau 
de la voie ferrée . 

l. Banc de grès calcarifére séparé dá. niveau cle 
la voie ferrée par 0,20 de sable blanc calca- 
rifére. 


Toth V. 


Déblai n* 4 (à 100 métres du grand Pont). 


Terrain remanié, sable calcarifère et limon 
avec cailloux roulés à la base . . mètres. 
Sable argileux d'aspect remanié et limon au 
contact de la couche de cailloux de 07,25. . 


Gravier formant une épaisse couche de 07,40 
avec interposition de sable blane et limité 
inférieurement par un lit ferrugineux 


Sable fin blane et jaune, parfois ferrugineux, 
présentant le plus souventl'aspect moucheté 
de la peau de dhimi . o e - - 


A reporter. . 


10,85 


3,70 
0,05 


16,50 


0,40 


5,70 


. 40,7% 


( 610 


Report 10,75 
e. Banc de grès calcarifère et fossilifére variant 
en épaisseur de 0",10 à 07,50, et séparé du 
lit graveleux f par 07,10 de sable. mètres. 0,40 
f. Lit de sable jaune ealearifére graveleux. . . 0,05 
g. Sable blanc et jaune calcarifère présentant 
deux bancs de grès : le premier (g’) de 07,20 
d'épaisseur séparé du gravier f par 1*,50 et 
du second banc de grès (9"") de 07,10 d'épais- 
seur par 07,90 . 3,90 
h. Ütavieb hien apparent dens! trabtenietiies 0,05 
LK. i. Sable et grès calcarifères blane jaunâtre dont 
un bane se trouve juste au niveau de la voie 
HE OE A ul Le. Eu NEG 
Total 16,25 
Déblai n° 5 (à 110 mètres du grand Pont). 
Q. a. Limon et terre végétale. . . . mètres. 0,45 
b. Sable et grès calcarifères roiublables aux 
roches b du déblai n°2 . . 12205. 2 KB 
c. Limon jaunátre devenant baud à la partie 
supérieure avec cailloux disséminés à la base. 2,70 
d. Limon ns présentant a ip de cail- 
loux lep premier de 07.05 
par m 20 et du second de 07,20 par 0",80. 2,30 
WV. e. Sable jaune et rougeâtre ferrugineux avec lit 
mince de sable concrétiénné passant à la 
Danie. o . 0. 34 xy. 
RERO 
+ 6,55 


A reporter. . +: 


611 ) 


Report. . . 6,55 
f. Sable blane et jaune quartzeux très grossier . 0,80 

g. Plaquettes de grès ferrugineux fossilifére à 
Nummulites wemmelensis . . . mètres. 0,15 

h. Sable quartzeux jaune brunâtre devenant de 

plus en plus graveleux vers le bas, où il 

présente une couche de gravier de 07,10; 

ce sable est traversé par un lit de coneré- 

tions ferrugineuses limoniteuses avec géodes 
renfermant du sable blanc . . . . . 0,65 

L. č Sable fin blanc et jaune devenant — 
vérsle bas: T =, 9.20 
J+ Sable gris jaunâtre fótied, Rosiers i noir. 4,50 
liat 5: prine caa DS Lor Rig 0,05 

LK. /. Sable fin blanc et jaune mis à nu sur { mètre 

et présentant jusqu'au niveau de la voie 
ferrée une épaisseur dé... ... . . . 040 
Tota. , . 1540 

Hd 
Déblai n° 6 (à 150 mètres du grand Pont). 

Q. u. Limon avec rares cailloux à la base . mètres 4,60 
b. Limon sableux stratifié . . . . . . . . 1,15 
€ Calleux foul». 4. . de 00 
d. Sable june ét gtéviér 2575. c. 0s UD 
€. Sable blanc. . . : 0,60 

f. Cailloux roulés et patie dis. un "sable 
humecté LI . . LI . . . . . . e . 0,10 

A reporter. : - 4600 


(612) 


Report. 


L. g. Sable gris verdâtre graveleux vers le bas (3) . 
h. Sable et grès calcarifères plus ou moins grave- 
leux entre les deux bancs de grès, surtout 

sous le premier (h') qui est à 17,25 du gra- 

vier g^; le second est au niveau de la voie . 2,45 


Total.- ; ^. GUB 


LK. ;. Un sondage à la bêche a mis encore à nu, sous le 
niveau de la voie ferrée : 27,15 de sable et grès cal- 
cariféres renfermant des vertébres de poissons; un 
premier banc de grès de 07,10 se trouve à 07,55 du 
niveau de la voie, puis des moellons de 07,20 teintés 
en rouge à la surface s'observent à 07,80 du pre- 
mier bane et à 09,50 du dernier qui à 07,10 est 
presque continu et séparé du gravier j par 07,90 
de sable. 

J. Gravier épais avec grès perforés à Num. levigata 
roulées, 050, 
* 


B. k. Sable quartzeux bruxellien. 


La tranchée se termine un peu au delà de ce déblai 
n? 6 qui se trouve prés du bloc, à la bifurcation des deux 
lignes, puis la voie vers Auderghem est en remblai et 
bientôt apparait une nouvelle tranchée au N. de Water- 
mael. Un déblai pratiqué sur le talus septentrional de 
celle tranchée, à 700 mètres environ de la bifurcation et 
à 140 métres à l'O. du petit pont vers Auderghem, m'a. 
permis de relever la coupe suivante : 


( 613 ) 


Coupe relevée dans la tranchée au Nord de Watermael. 


Q. a. Limon et cailloux . . . mètres 0,50 
b. Sable jaune durci avec casto rouidé dissé- 

miünés . . o5 b ooa NOUO 

W. c. Gravier wemmelien? peut-être quaternaire . . 0,05 


L. d. Plaquettes de grés ferrugineux fossiliféres (Tur- 


ritelles et I llil hes) f t de grandes 
géodes renfermant du sable bg. vov 4M 
e. Sable jaune et blanchâtre à la partie supérieure. 1,50 
f. Lit ferrugineux de sable jaune rougeátre, pré- 
sentant plus à l'Est de grandes plaquettes 
limoniteuses correspondant sans doute à celles 
qui salcervent à l'entrée du dra chemin : 
creux à l'Est . . 0,90 
g: Sable fin jaune odis dé Mc vers le buit 
et rappelant la peau de Daim, sur 17,20; gris 
blanehátre vers le bas, sur 1,70. 2,90 
h. Gravier reposant sur un lit de sable ferr@ineux 
dun rouge Gd eüx . o o: . 279 Se IO 
LK. /. Sable jaunátre graveleux vers le bas. . . . 4,20 
J. Gravier à Num. lœvigata roulées . . . . . 0,0 


B. k. Sable blanc quartzeux bruxellien. 


Résumé et conclusion. — En résumé, on constate dans 
les coupes qui précèdent, au-dessus des sables bruxelliens 
et du gravier laekenien à blocs de grès perforés et à Num. 


fères, parfois décalcarisés, au milieu desquels s'observe 
Me SÉRIE, TOME XIV. Al 


. levigala roulées, des sables et grès calcarifères et fossili- 


un 


( 614 ) 

gravier tantôt fort apparent, comme entre les 3° et 
4° déblais de la coupe fig. 5, où je l'ai mis à découvert 
sur toute la longueur; tantót, au contraire, à peine visible 
et s'annoncant par une mince ligne ondulée de sable jaune 
brunàtre foncé. Ce gravier représente la base du nouvel 
étage de l'Éocéne moyen auquel nous avons proposé, avec 
M. E. Vincent, de donner le nom d'étage ledien. 

ll dépasse 8 mètres d'épaisseur dans la tranchée du 
grand Pont, oü il se montre formé de sables et grès calca- 
rifères, dont certains bancs, très fossilifères et pétris de 
petites Nummulites variolaria, rappellent entièrement les 
sables et grès de Lede et de Moorsel, prés d'Alost. 

J'ai recueilli dans le banc de grès g du déblai n° 3 un 
certain nombre de fossiles peu ou point déterminables, 
mais parmi lesquels M. G. Vincent a pu, néanmoins, 
reconnaitre la présence des espéces suivantes : 


Turritella crenulata. Cytherea levigata. 

Pecten corneus. Cardium Honi. 

Tellina filosa. Cardium semi granulatum. 
Ae agyoroides. Lunulites uyceolata. 


Ces dépôts calcaires, plus ou moins graveleux, passent 
vers le haut à des sables fins blane et jaune offrant fré- 
quemment, par leurs bigarrures mouchetées, l'aspect d'une 
peau de daim. Ils sont aussi parfois ferrugineux jaune 
brunâtre et rougeàtre et présentent, vers le milieu de la 
masse, un niveau de gravier qui parait assez constant. 

Les sables lediens (Éocéne moyen) sont surmontés par 
un épais gravier que recouvrent des sables grossiers trés 
quartzeux, renfermant des plaquettes de grès ferrugineux 
fossilifères à Num. wemmelensis et autres fossiles caracté- 
ristiques des sables de Wemmel (Éocène supérieur). — — 

Enfin un point important et qui n'a pas, semble-t-il, 


(515 ^. 

été suffisamment mis en lumiére jusqu'ici, c'est que les 
sables wemmeliens eux-mêmes sont surmontés par un 
gravier qui, dans la tranchée du grand Pont, les sépare 
des dépóts argileux rapportés par Dumont à son systéme 
tongrien. ; 

Ces dépôts, commençant ainsi par un gravier de base et 
formés de sables argileux glauconifères passant à l'argile 
grise, se terminent, au contact des cailloux diluviens, par 
une couche d'argile glaucenifère d'un vert foncé, dans 
laquelle on serait tenté, à première vue, de voir le repré- 
sentant de la « bande noire »,si l'on ne savait que celle-ci 
se trouve à un niveau inférieur, entre le gravier et l'argile 
grise. C'est dans cette position que je l'ai observée, 
notamment dans une sabliére d'Esschene, prés d'Assche, 
que je visitai cette année en compagnie de M. G. Vincent. 
C'est aussi à cette occasion que je pus constater par un 
sondage à la béche, que, sur le territoire d'Assche comme 
sur celui de Tervueren, l'argile grise, correspondant exacte- 
ment à celle de notre grande tranchée, passe ipsensible- 
ment aux sables qui les surmontent. Or, la faune de ces 
Sables d'Assche, bien que trés imparfaitement connue, com- 
prend des espéces caractéristiques du Tongrien, telles que 
l'Ostrea ventilabrum et la Terebratulina ornata. Dans ces 
conditions, on peut dire qu'il était au moins prématuré de 
renseigner dans la légende de la carte géologique au 
20,000*, les sables d'Assche et les dépôts argileux sous- 
jacents comme formant un nouvel étage de l'Éocéne 
Supérieur. 

On a déjà vu que ce dernier, désigné sous le nom 
d'étage asschien, comprend des dépôts comme ceux de - 
Nosseghem qui, par leur faune, correspondent exactement. : 
eux sables types de Wemmel, alors que d'autres sables, 
qui leur sont immédiatement inférieurs et qui sont ren- 


( 616 ) 

seignés comme wemmeliens sur la nouvelle carte, consti- 
tuent, au contraire, le nouvel étage ledien dont le pronun 
travail permet de bien apprécier l'importance. 

L'introduction de l'étage ledien dans la légende de la 
carte entraîne un nouveau levé pour les parties où aflleu- 
rent les dépóts qui font l'objet de cette communication ; 
seulement il importe de ne pas perdre de vue que, malgré 
les derniers résultats acquis, ce serait s'exposer à préjuger 
une question qui reste encore pendante, que de vouloir 
fixer définitivement la position des dépóts argilo-sableux 
d'Assche dans la série tertiaire, sans avoir pu bien pré- 
ciser leurs relations stratigraphiques avec les dépóts ana- 
logues des environs de Louvain et du Limbourg. 

C'est ce travail auquel plusieurs géologues et moi-méme 
travaillons depuis assez longtemps déjà, avec l'espoir de 
pouvoir le mener bientót à bonne fin. 


Action des acides sur le goût; par Joseph Corin, prépa- 
rateur de physiologie à l'Université de Liége. i 


Les physiologistes admettent généralement dans le sens 
du goût quatre énergies spécifiques, c’est-à-dire quatre 
espèces de sensations élémentaires, qui sont les sensations 
amère, sucrée; salée, acide (1). Quelque variées qu'elles 
ta EE E 


(4) Zenneck et Valentin n'admettent que deux espèces de um 
amer et doux, 

Clericus, Schiff, Stich et Brück admettent en outre une saveur 
acide. 

Voyez : Hermann, Handbuch der Physiologie der Sinnesorgane, 
zweiter Theil; Physiologie des Geschmackssins und des Geruchssinnt, 
par von Vinrscucau, pages 131 à 155. 


( 617 ) f 
nous paraissent, toutes les sensations sapides pourraient 
être ramenées à des mélanges de ces quatre sensations 
simples, ou à des modifications de ces sensations simples 
par suite de leurs combinaisons avec des sensations tactiles 
ou olfactives. 

Les relations qui existent entre le goût des substances 
sucrées (glycols, glycoses, sucres, glycérine, saccha- 
rine, etc.), amères (sels de magnésium, acides biliaires, 
quinine et beaucoup d'autres alcaloides), ou salées (chlo- 
rure de sodium et quelques autres sels), et leur fonction 
chimique, sont assez obscures. Pour les substances acides, 
au contraire, la fonction chimique et la saveur aigrelette 
sont si étroitement liées qu'on les désigne sous un seul 
et méme mot, celui d'acide. Tous les corps acides au 
point de vue du goüt le sont aussi au point de vue chi- 
mique. Le bout de la langue remplace parfaitement le j 
tournesol quand il s'agit de décider si une molécule d'un 
composé soluble contient de l'hydrogène remplacable par 
un métal. 

Jusqu'oü va cette relation entre l'action gustative et la 
fonction chimique? L'une peut-elle servir de mesure à 
l'autre? En d'autres termes, l'intensité de la saveur des 
différents acides est-elle en rapport avec la quantité de 
soude qu'ils sont capables de neutraliser? 

Telle est la question que j'ai cherché à élucider dans 
ce travail. 


Et 


l. — La plupart des acides présentent exactement le 
méme goût, si l'expérimentateur se pince les narines ou 
dilue suffisamment ces acides pour éliminer l'action qu'ils 
peuvent exercer sur l’odorat. 


. ( 618 ) 

Chacun sait, en effet, que la distinction des différentes 
substances sapides par le goüt seul est limitée. Mais, 
l'odorat aidant, nous reconnaissons facilement les unes 
des autres plusieurs substances présentant la méme 
saveur, par. exemple, plusieurs fruits également sucrés ou 
également aigres. De méme, on distingue facilement 
d'ordinaire les acides acétique, chlorhydrique, nitrique et 
phosphoreux, tandis que si l'observateur se pince les 
narines, la distinction de ces substances devient impos- 
sible (1). 

Si donc on a soin de diminuer autant que possible ou 
d'empêcher l'action de ces corps sur l'odorat, on pourra 
comparer l'intensité de leur saveur acide et arriver par là 
à résoudre la question que nous nous sommes posée. Cest 
ainsi que nous avons pu employer les douze acides sui- 
vants, dont le goüt est presque exactement le méme : 
chlorhydrique, nitrique, sulfurique, hypophosphoreux , 
phosphoreux, formique, acétique, oxalique, tartrique, 
citrique, malique et lactique. 


. 
II. — Avant d'aborder la question capitale, j'ai cherché 
quels étaient les meilleurs procédés à employer et les 
limites d'erreur possible. à 
Remarquons d'abord que, par l'exercice, on arrive fact- 
lement à retrouver de faibles traces d'acides ajoutées à de 
l'eau distillée, ou à perceyoir de faibles différences de 
saveur entre des liqueurs de concentrations voisines. 


risas sapi pr 


(1) Les acides propionique, succinique et salieylique et pude 
autres peuvent encore se distinguer par le simple goût, alors qu'on 
à pris toutes les précautions voulues pour empêcher leur action sur 
l'odorat. 


«019 ) 

Notons aussi qu'il faut prendre certaines précautions 
pour qu'un acide déterminé provoque toujours sur la 
laugue la méme sensation. 

Qn sait que toute la surface de la langue n'est pas sen- 
sible aux corps sapides. 

Le sens du goût n'est établi d'une facon certaine que 
pour la base, la région située prés des bords libres, et 
entres autres une surface placée immédiatement en arriére 
de la pointe de la langue. Cette dernière partie est la plus 
accessible et suffit généralement. Car la saveur d'une 
petite quantité de liquide placée sur la pointe de la langue 
se caractérise presque toujours aussi nettement. qu'en 
absorbant une gorgée de ce liquide et en comprimant la 
langue contre le palais. Ce dernier procédé n'est employé 
€t ne donne de meilleurs résultats qu'avec des liqueurs 
trés étendues, c'est-à-dire lorsque ces liqueurs ne donnent 
plus que des sensations difficilement appréciables en en 
goütant de petites quantités placées sur la pointe de la 
langue. 

ll est bon desn’opérer que sur un certain nombre de 
Corps par jour, de changer souvent l'ordre dans lequel on 
es a pris successivement, et de s'arranger de telle sorte 
que, ne connaissant pas la substance que l'on veut goùter, 
on Soit certain de ne pas établir de jugement a priori sur 
Sa saveur. Pour cela, on doit mettre les différents liquides 
dans des flacons semblables, faire disposer ces flacons par 
une personne étrangère à l'expérience, et, aprés avoir 
nolé les résultats, écrire en regard les noms et les con- 
centrations des liquides employés. 

Il faut de plus prendre des quantités d'acide toujours 
les mémes et relativement faibles. A cet effet, je me suis 
servi d'un tube effilé et muni d'un index qui mesurait un 


( 620 ) 

volume rigoureusement exact de liquide (de !/, à !/, centi- 
mètre cube). Pour les acides très dilués, j'ai pris 2,5 centi- 
mètres cubes; mais alors, j'ai pris aussi 2,5 centimètres 
cubes des différents liquides que je voulais comparer dans 
une série d’expériences. Je laissais couler ces liquides sur 
la pointe de la langue, je les y conservais un laps de temps 
égal, 5 secondes, par exemple, je les crachais, et me 
rincais la bouche avec le moins d'eau possible pour que 
l’eau conservée sur la langue ne vint pas diluer une 
liqueur goütée peu de temps aprés. Pour les acides les 
moins concentrés, je me rinçais la bouche de préférence 
avec la salive, mais, naturellement, en opérant toujours 
de la méme manière pour les différents essais à comparer 
entre eux. 

Il est bon aussi de n'opérer que lorsque la langue est 
parfaitement libre, qu'on n'y percoit aucune saveur, que 
l'on n'a ni bo, ni mangé, ni fumé depuis un certain temps. 


HI. — J'ai cherché d'abord à établir pour chaque acide 
le maximum de dilution auquel on peut lesramener, avant 
que l'on ne parvienne plus à le distinguer de l'eau pure. 

C'était là un point important, car si ce maximum est 
invariable, il suffit de le déterminer pour avoir en quelque 
sorte une mesure exacte de l'intensité de la saveur de 
chacun des acides employés. 

Malheureusement, et comme on pouvait le prévoir, ce 
maximum de dilution est un point variable, dépendant 
sans doute de l'état de l'expérimentateur. En effet, j'ai pu 
distinguer d’avec l'eau pure une solution d'acide sulfurique 
telle qu'un litre d'eau contint 0,98 grammes de IPs 
chimiquement pur, à peu de chose prés, soit !/,ooo 34- 
Cet essai, répété plusieurs fois le méme jour, et en pre- 


( 621 ) 

nant les précautions indiquées plus haut pour éviter les 
erreurs résultant d'une opinion établie a priori, ne m'a 
pas laissé le moindre doute. Mais, d'autres jours, j'ai pu 
percevoir l'aeidité d'une liqueur contenant seulement 
0,5 grammes d'acide sulfurique par litre d'eau, soit 5/10000 
tandis que d'autres fois je n'ai pu distinguer de l'eau pure 
une liqueur contenant moins de 2 pour 1000 d'acide; 
souvent même je n'ai pu conclure certainement que pour 
3,5 grammes de H2SO*^ par litre d'eau. En résumé, les 
solutions acides les plus étendues que j'aie pu distinguer 
d'avec l'eau pure varient entre %/16000 et 5/10000: 

Le maximum de dilution auquel on puisse amener un 
acide avant de ne pouvoir plus le distinguer de l'eau pure 
n'est donc pas un point invariable; mais ce point dépen- 
dant de l'expérimentation, je pouvais tout au moins com- 
parer entre eux différents maxima observés à peu d'inter- 
valle pour des acides différents. 

Et ce dernier point m'a été d'un grand secours pour 
mes expériences ultérieures. 

Avant d'abandonner cette question, je vais indiquer les 
doses minima que j'ai pu percevoir d'ordinaire pour quel- 
ques acides (1) : 


Acide citrique . . . «0,40 p. 4,000 aq. | Acide formique . . . 0,16 p. 4,000 aq. 
Acide succinique , . 0,55 p. 4,000 aq. | Acide tartrique . . . 0,60 p. 4,000 aq. 
Acide oxalique. , . 0,20 p. 4,000 aq. | Acide nitrique 0,40 p. 4,000 aq. 
Acide acétique , 0,35 p. 4,000 aq. | Acide niigi 0,25 p. 1,000 aq. 


Pour les acides sur lesquels j’ai expérimenté, une con- 


a La SN 


(1) Valentin distingue !/,,,,,, d'acide sulfurique dans l'eau pure. 
Voyez : Hermann, Handbuch der ec parie 7 der Sinnesorgane, 
Zweiter Theil, p. 211. 


( 622 ) 

centration de 1/1000 Suffisait généralement pour leur don- 
ner une saveur franchement acide. Notons encore qu'une 
liqueur trés faiblement acidulée, et qui pourrait étre prise 
pour de l'eau pure, s'en distingue aisément si l'on a soin 
de goüter plusieurs fois cette liqueur et une méme quan- 
tité d'eau distillée. (Le mieux est de prendre de l'une et de 
l'autre 2 à 5 centimètres cubes). 

Un dernier point important était de rechercher jusqu'à 
quel point je pouvais établir une distinction entre deux 
solutions acides présentant des saveurs d'intensités diffé- 
rentes. 

En opérant sur l'aeide chlorhydrique dilué, j'ai pu établir 
une distinction de saveur nettement tranchée entre deux 
liquides contenant respectivement 0,17 et 0,25 */, de HCI 
chimiquement pur. La différence était difficile à établir 
entre des solutions contenant 0,17 et 0,20 */, de HCl; de 
0,17 à 0,18 */, la distinction est trés difficile, et enfin, de 
0,17 à 0,175 */, elle est impossible. À 

En résumé, pour une concentration d'acide d'environ 
4,5 pour 1000 à 9,5 pour 1000, on peut établir une dis- 
tinction bien marquée entre des solutions différant au 
minimum de 6/,6000- 

Lorsque la concentration n’est que de 3 pour 10000 à 
1,5 pour 1000, on perçoit encore une différence nette 
entre deux liquides différant entre eux de 5/10000: c'est-à- 
dire, entre deux liquides concentrés respectivement à 9 
pour 10000 et à 6 pour 10000, par exemple; ce résultat 
n’est atteint qu'exceptionnellement. Pour des liquides plus 
dilués, il est assez rare que l'on puisse distinguer la 
liqueur acide de l'eau pure. : 

La marche à suivre pour rechercher ce qui fait varier 
l'intensité de la saveur d'un acide est done à peu prés 


( 625 ) 
tracée : chercher pour les acides très dilués le degré de 
concentration nécessaire pour pouvoir les distinguer de 
l'eau pure, mais, dans ce dernier cas, ne comparer entre 
eux que les résultats obtenus dans des expériences duites à 
peu d'intervalle. 

Toutefois, notons encore qu’un autre procédé pouvait 
être suivi : c'était de préparer des liquides tels qu'ils eus- 
sent tous la méme saveur, puis de les doser pour obtenir 
des données numériques. Mais j'ai dà l'abandonner. 

Car je me suis rapidement convaincu qu'il est souvent 
plus facile d'établir une différence qu'une égalité de saveur 
entre deux substances données; du reste, on conçoit faci- 
lement qu'en cherchant à savoir si deux saveurs acides 
sont également intenses, je ne puis accorder que peu de 
Confiance à une égalité apparente, qui peut bien n'étre 
qu'une différence trop faible pour étre perceptible au goüt, 
landis que, par le premier procédé, je puis me prononcer 
Catégoriquement méme pour des différences assez faibles. 

Je citerai seulement deux expériences faites d'aprés ce 
procédé : 

Ayant une solution d'acide chlorhydrique modérément 
étendue, j'ai cherché à composer une solution d'acide sul- 
furique provoquant sur la langue la même sensation. Après 
bien des tàtonnements pour arriver à établir autant que 
possible une analogie à peu prés complète entre les sen- 
sations produites, j'ai titré les deux liqueurs par une les- 
sive de soude. contenant 6,3 grammes de NaOH pour 
1000 centimètres cubes d'eau. 

10 centimètres cubes de la solution de HCl ont été 
Salurés par 9,8 centimètres cubes de liqueur alcaline; 
10 centimètres cubes de la solution de H2SO4 par 6,5 cen- 
Umêlres cubes de cette méme liqueur. : 


( 624 ) 

Dans un autre cas, 10 centimétres cubes d'une solution 
chlorhydrique ont demandé 15,8 centimétres cubes de les- 
sive alealine; et 10 centimètres cubes d'une solution sul- 
furique, présentant la méme saveur acide, ont été saturés 
par 21 centimétres cubes de cette lessive. 

Ces deux essais, auxquels je n'attribuai du reste aucune 
valeur sérieuse, me faisaient cependant douter que la 
saveur plus ou moins prononcée des acides füt due seule- 
ment à la quantité d'hydrogéne basique y contenue. Car, 
dans ce cas, deux liqueurs présentant la méme saveur 
devraient contenir la même quantité d'hydrogène acide, 
et par conséquent être saturées par le même volume de 
lessive alcaline. 

Ces deux essais out été faits le méme jour. Aussi m'ont- 
ils donné des résultats trés rapprochés : le rapport entre 
les quantités de soude nécessaires pour neutraliser un 
méme volume de la solution chlorhydrique et de la solution 
sulfurique est assez constant : 


48 16 i 15,5 . 
-m = = ee . 
6,5 21 2i 


On voit done que les appréciations émises Le méme jour 
sr la saveur des liqueurs ne différent presque pas, et que 
l'on pourrait paccm employer pour des recherches plus 
complètes tt le, qui est celle des erreurs moyennes. 
Toutefois, je n'ai pas eru devoir m'en servir ici, parce que 
ce procédé est trés long, et que, du reste, dans beaucoup 
de cas, les TPO O émises sur les saveurs de ne 
rents liquides, d’après ce procédé, et méme à peu d'inter- 
valle, étaient loin d’être aussi comparables. 

Je ferai encore remarquer que les différents essais dont 


( 625 ) 

je publie ici les résultats ont été faits par moi seul, en 
sorte qu'il est possible qu'un autre expérimentateur arrive 
à une autre classification des acides au point de vue du 
goût; du reste, ainsi que j'ai pu m'en convaincre en fai- 
sant ce travail, l'exercice m'avait rendu capable de distin- 
guer entre deux saveurs données une différence qu'un autre 
n'eüt pu reconnaitre sans avoir fait comme moi sa propre 
éducation. 

Pour désigner les différentes intensités des saveurs 
acides, j'ai dû me borner à me servir de termes assez 
vagues. J'aurais pu employer des longueurs ou des chiffres, 
plus maniables au point de vue de la variété des qualifi- 
catifs qu'ils auraient remplacés. Mais le lecteur est tou? 
jours porté à attribuer une valeur absolue aux longueurs 
Où aux chiffres, et à établir entre eux des comparaisons 
rigoureuses, 

Ce procédé pourrait à la rigueur étre employé pour 
désigner des saveurs acides, que j'aurais classées en les 
comparant à des dilutions déterminées d'un méme acide 
type; ce qui m'eüt entraîné dans une nouvelle et longue 

Série d'essais à pratiquer d'aprés la méthode des erreurs 
moyennes dont j'ai parlé plus haut. 

J'ai done goüté les solutions acides de facon à pouvoir 
toujours ranger dans le méme ordre les sensations que 
J'ai percues, et toujours, en effet, les résultats ont con- 
cordé. Ces résultats ne sont donc pas des moyennes; ils 
ont toujours été constants, ce qui montre que les diffé- 
rences percues sont suffisamment sensibles, et c'est pour 
ce motif que j'ai eru inutile de publier in extenso les diffé- 
rents tableaux représentant différentes séries d'essais qui 
donnaient des résultats identiques. 


( 626 ) 


* s I. — RÉSULTATS OBTENUS. 
Acides monobasiques. 


I. — L'intensité de la saveur n’est pas égale chez les 
différents acides monobasiques au méme degré de dilution, 
c'est-à-dire contenant le méme poids absolu d'acide dilué 
avec un égal volume d'eau. 

« En effet, préparons différentes solutions d'acides avec 
la méme quantité d'eau et des poids égaux (3 grammes) de 
différents acides monobasiques. Nous obtiendrons des 
saveurs d'intensités nettement différentes. Nous pourrons 
les étendre successivement de la méme quantité d'eau, 
le résultat ne changera pas. Je résume dans le tableau 
suivant n° 1 les résultats obtenus. Les solutions acides 
comparées dans chaque colonne verticale ont été compo- 


sées de facon à contenir 3 grammes d'acide (1) pour le : 


volume d'eau indiqué en téte de chaque colonne. Dans la 
dernière colonne (liquides formés de 3 grammes d'acide 
pour 2,000 d'eau), les liqueurs étant trop étendues pour 
présenter des saveuys nettement acides ont été goütées par 
gorgées de 2,5 centimétres cubes. 


(1) Ces quantités d'acide, comme toutes les autres renseignées 
dans cet ouvrage, ont été mesurées par des dosages faits avec une 
solution de NaOH à 6,5 pour 1,000. 


aet 


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pe E oN AVATAV 


( 628 ) 


Il. — L'intensité de la saveur acide n'est pas propor - 
tionnelle chez les différents acides aux quantités d'hydro- 
géne acide contenues dans les solutions, ou, ce qui revient 
au même, au nombre de molécules d'acide. 

Ainsi, pour 200 grammes d'eau, prenons 5,65 grammes 
d'acide chlorhydrique, 6,5 grammes d'acide nitrique, 
6,6 grammes d'acide hypophosphoreux, 4,6 grammes 
d'acide formique, 6 grammes d'acide acétique et 9 grammes 
d'acide lactique, c'est-à-dire des poids d'acide proportion- 
nels au poids moléculaire de chacun. Aprés avoir goüté ces 
liquides, nous les étendrons de la méme quantité d'eau. 
Nous obtiendrons dans tous les cas des saveurs d'inten - 
sités sensiblement différentes. 

Je résume les résultats obtenus dans le tableau n° 2 
construit sur le modéle du précédent. 

Si l'intensité de la saveur acide dépendait de la quan- 
tité d'hydrogéne basique contenue dans la solution, tous 
les liquides indiqués dans ce tableau devraient présenter 
la méme saveur, car, d'aprés leur composition, ils ren- 
ferment à volume égal le méme nombre de molécules 
d'acides, et, puisqu'ils sont monobasiques, le méme nombre 
d'atomes d'hydrogéne acide. 


III. — La saveur acide de différentes solutions conte- 
nant le méme nombre de molécules d'acide, en d'autres 
termes, la méme quantité d'hydrogéne basique, est d'au- 
tant plus prononcée que le poids moléculaire de l'acide est : 
plus faible. 

Une inspection attentive du tableau ci-après (n° 2) 
suffit pour le démontrer. En effet, disposons les résultats 


| 


( 629 ) 


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AHA 
‘qre 
"eique 

'optoe zossy 


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'eproe zossy 

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"opio? zossy 
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* xnojoqdsoqdod&i optov,p *48 9*9 
* * anbu oproe,p souiuredd gg 
* * * onbn99e oproe p Mund 9 
* * onbiuuo} opiov,p seus 9p 


* * enbup&qio[qo oproe,p ‘48 Qofe 


'soqno *ju92 
0005 


*s2qno 1099 


*S2qn9 ‘199 
0007 


*Saqno "zuad 
006 


‘saqna Jua 
006 


'suonn[os sejuaJ9grp SOI 
41u9]q0 anod ouuo[oo ərwəad ef op oprovp sprod xue sogjnofe neop soiruen() 


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-w09 anod so£ojduro soptou,p sptoq 


E 


UND AVATAV 


42 


S"* SÉRIE, TOME XIV. 


. 


( 630 ) 

obtenus de maniére que l'acide dont la saveur est la plus 
prononcée soit en téte, et que celui dont le goüt acide est 
le plus faible soit le dernier; nous verrons alors que ces 
acides, placés dans l'ordre de la saveur la plus prononcée, 
sont aussi placés dans l'ordre du poids moléculaire le plus 
faible; c'est-à-dire que leurs poids moléculaires augmentent 
en sens inverse de leur saveur. Ne voulant laisser aucun 
doute, j'ai préparé de nouvelles solutions avec les mémes 
acides et dans les mémes conditions qu'au tableau n* 2. Je 
les ai goütés avec toutes les précautions indiquées, et les 
résultats ont encore été aussi concluants. Je les expose 
dans le tableau n°5, construit d’après le modèle précédent. 

Les acides ont été composés comme dans le tableau 
n° 2. Leurs poids moléculaires sont inscrits à côté de leurs 
noms. Les essais sur la langueont été faits à deux reprises 
différentes. E 


S HI: 
Acides polybasiques. 


l. — L'intensité de la saveur acide n'est pas égale chez 
les différents acides polybasiques, pris au même degré de 
dilution, c'est-à-dire contenant le méme poids d'acide dilué 
avec le méme volume d'eau. 

Il suffit, pour s'en convaincre, de lire le tableau n° 4. 
Les différents liquides ont tous été composés avec le. 
méme poids (3 grammes) des différents acides et les 
mêmes quantités d'eau (200, 300, 4,000, 1,500 et 2,000 
centimétres cubes d'eau). 


( 651 ) 


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qe 'emnN "'9snojnoq 'o[qi»j SAT, | ape m ‘oppe zossy | * *xnodogdsondod£ oproe.p *18 g'g 

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qe "op N "o[qtej SQL], ‘qre 'eproe zossy | apre zəssy | * * * Oonbmooe oprop,p somumug 9 
"opto? zossy 'osno]noq qA "oproe zossy 'oproy 'eproe MALS | * *  onbrurs0j oproe,p sous 9 

'oproy "oque; ‘proe zossy 'epry "OPIL SQU, |'apie sga) anoeg | "onbripKttojio oproe, p souruma$ eg'g 
'soqno *ju99 | 'soqno *juo9 | 'soqno Ju99 | 'səqnə uad | 'səqnə "ju29 | 'soqno uao 

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JOUHOF anod ouuopoo oQrumo4d er op oprov,p sprod xne 


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AVATAV 


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*osnojnoq “NN ‘MN "e[qm so], "opto? zossy VONACAEU TUS "o gn IM ose : 
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'S9qno 'jtt99 'SOQqno ‘|U99 'Soqno 'ju99 'soqno *juoo 'soqno *'ju99 
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1uo SJUBAINS səpior sop SOURIS e 


'SUONN[OS sojuüo.49gTp SOI 
amozqo anod oproe ənbeqo op sound? e g səpmole neo p sgriuen() 


‘FN AVATAV 


( 633 ) 


il. — L'intensité de la saveur acide n’est pas propor- 
tionnelle chez les différents acides polybasiques aux quan- 
lités d'hydrogène acide contenues dans la solution. 

En d’autres termes, pour des acides de même basicité, 
l'intensité de la saveur acide n’est pas proportionnelle au 
nombre de molécules acides contenues dans la solution. 

Le tableau n° 5 montre les résultats obtenus par l'expé- 
rience. Les différents liquides ont été composés en ajou- 
tant les volumes d’eau inserits en tête de chaque colonne 
à des poids d'acides proportionnels aux poids moléculaires 
de chaque acide. 

Par la composition de ces liquides, ils contiennent tous 
le méme nombre de molécules par centimètre cube. Il 
s'ensuit que si, pour les acides de méme basicité, l'intensité 
de la saveur acide était proportionnelle au nombre de 
molécules acides contenues dans la molécule, les acides 
bibasiques (les quatre premiers) devraient avoir la même 
saveur. 


Ill. — La saveur acide de différentes solutions con- 
tenant le méme nombre de molécules d'acides de méme 
basicité, est d'autant plus forte que le poids de la molécule 
est plus faible. - - 

€ goüt acide d'une molécule d'acide d'une basicité 
donnée est done d'autant plus prononcé que l'hydrogéne 
acide est fixé à une molécule plus petite. 

Ou bien, POUR DES sOLUTIONS D'ACIDES DE BASICITÉS 
DIFFÉRENTES CONTENANT LE MÉME NOMBRE DE MOLÉCULES 
D'ACIDE, L'INTENSITÉ DE LEUR SAVEUR ACIDE DÉPEND DE LA 
GRANDEUR DU RAPPORT DU POIDS D'HYDROGÈNE ACIDE CONTENU - 
DANS LA MOLÉCULE AU POIDS DE CETTE MOLÉCULE. 


( 634 ) 


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“IMN ‘IMN ‘MN ‘MN "opqu SQI, ‘qeg * * Qnbipeur opre, p soumuead [A 
'osno]noq "OIN “IMN 'opqreg SU "equ IQRA * * anbu oproe p sound p'ep 
'9snojnoq "ern N ‘MN 'opqtej. SQ4, "pq proe naq |* * onbe opoe p sour gpp 

"qe '0jqiej sod], qe 'Oproe zossy "eproy 'opre SQL | * * onbrmyins oproe,p soumad g'g 

“olqe o[qtey Sod], IC LU | "0proe zossy ‘apoy "epoesQ] anoaeg) * * * anbyexo oproe,p sawwea? G 

'soqno *ju99 | 'səqnə 'juoo | 'soqno 'juo9 | 'soqno *juoo | 'soqno ‘1099 | 'soqno ‘009 
0006 0006 0067 000} 008 006 
*səpınbıy sjuoggtp so 19s0d 
-uro9 1nod soKo[duro soptov,p sprod 
'suorn[os sojnod9gTp So[ 
4u9]q0 Imod ouuo[oo əguuəxd ef op soptovp sprod xne soginofe neo p sginuen() 


GON AVHIHVL 


( 655 ) 
Le tableau n° 6 contient les résultats obtenus dans une : 
série d'expériences répétées avec des acides de basicités 
différentes. 
Les liquides ont été composés de telle sorte qu'à unité 
de volume ils contiennent le méme nombre de molécules 
d'acides, c'est-à-dire avec des poids d'acides proportionnels 
aux poids moléculaires de chaque acide par une méme 
quantité d'eau. 
Notons seulement que, pour les cinq premiers acides, 
dans la première colonne verticale (à 200 centimètres 
cubes d’eau), si je n'ai pu percevoir de différences de 
Saveur entre eux, c'est que chacun de ces liquides m'a 
donné une sensation de brûlure tellement forte que j'ai dû 
attendre longtemps avant de recouvrer toute la délicatesse 
de goüt nécessaire pour continuer mes essais. 
Le rapport du poids d’hydrogène acide contenu dans 
chaque molécule au poids de cette même molécule, qui, 
ainsi que le prouvent ces expériences, est la mesure de 
l'intensité de saveur acide, est indiqué dans la première 
Colonne au-devant du nom de chaque acide. 


* 


$ IV. — CONCLUSIONS. 
I. — Acides monobasiques. 


3) L'intensité de la saveur acide n'est pas égale chez les 
différents acides pris au méme degré de dilution, c'est- 
ä-dire contenant le méme poids absolu d'acide dilué avec le 
méme volume d'eau. 

b) L'intensité de la saveur acide n’est pas pd 
nelle chez les différents acides aux quantités Ph 

acide contenues dans la solution. 


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saumjoa 0] supp sonbiput s2pt12D,p spiod so] jupimo[p ua 2nu21qo 159 sopinbi] siuoa2[fip sop uornsodwoo vq 


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'O ^N AVATIAVE 


( 637 ) 

c) L'acidité de différentes solutions contenant le même 
nombre de molécules d'acides, ou, ce qui revient au méme, 
la méme quantité d'hydrogéne acide, est d'autant plus forte 
que le poids moléculaire est plus faible. Le goût acide 
d'une molécule d'acide monobasique est donc d'autant plus 
prononcé que l'hydrogéne acide est fixé à une molécule 
plus petite. i 


ll. — Acides polybasiques. 


a) L'intensité de la saveur acide des acides polyba- 
siques n'est pas la méme chez ces différents acides pris au 
méme degré de dilution. 

b) L'intensité de la saveur acide des acides polyba- 
siques n’est pas non plus proportionnelle à la quantité 
d'hydrogène acide contenue dans la solution. 

€) La saveur acide de différentes solutions d'acides de 
méme basicité, contenant le méme nombre de molécules 
d'acides, est d'autant plus forte que le poids de la molécule 
est plus faible. 

d) L'ixrENsiTÉ DE LA SAVEUR ACIDE D'UNE MOLÉCULE D'UN 
ACIDE QUELCONQUE DÉPEND DU RAPPORT DU POIDS D'HYDRO- 
GÈNE ACIDE CONTENU DANS LA MOLÉCULE AU POIDS DE CETTE 
MOLÉCULE. 


( 638 ) 


Observations physiques de Saturne faites en 1887, 
l'Observatoire royal de Bruxelles ; par Paul Stroobant. 


Ces observations ont été faites au grand équatorial 
(ouverture 0",38); les grossissements habituelleme 
employés sont ceux de 360 et de 480. La dernière obse 
vation seule (20 avril) a été faite à l'équatorial de PE 
(ouverture 07,15). 

Nous avons, suivant l'usage, désigné les trois annea 
de Saturne respectivement l'extérieur par A, le mo 
par B et l'intérieur par C. | 

La forme de l'ombre projetée par le globe sur les anneat 
a particuliérement attiré notre attention. 

Ces observations pourront être comparées à celles : 
M. Terby (Bulletin de l'Académie royale de Belgi 
3° série, tome XIII, n? 5, mars, 1887), de M. Stuyv 
(loc. cit.) et de M. T.-G. Elger (Monthly Notices, vol. XLV 
p. 911). 


27 janvier 1857. 


11 heures. La partie plombée du disque parait un 
plus foncée que l'anneau extérieur. La calotte polaire e 
portion du disque en contact avec la bande équatork 
brillante semblent plus grises que la zone intermédioire. 
soupconne une trace de division dans l'anneau extéri 


, Tome XIV. 


érte 


ll. 3*5 


Lith C Severeyns, Bruxelles. 


( 639 ) 
qui est moins brillant que l'anneau moyen. La ligne de 
séparation entre l'anneau sombre intérieur et le fond du 
ciel est nettement dessinée. L'éclat de la bande équatoriale 
parait égal à celui de l'anneau moyen. 

Grossissement : 360. 


9 février. 


10 h. 50 m. On soupçonne une trace de division dans 
l'anse orientale de l'anneau extérieur A. La région polaire 
parait remarquablement foncée. La bande grise et étroite, 
qui s'étend au Sud de la zone équatoriale brillante, semble 
très foncée. La partie moyenne du disque n'est pas d'une 
teinte uniforme (fig. 1). 

Grossissement : 560. 


12 février. 


10 h. 45 m. Sur l'anse orientale de A on voit la divi- 
Sion de Encke. Cet anneau se divise en deux zones concen- 
triques inégales en grandeur et en éclat, la zone intérieure 
étant plus brillante et plus étroite que la zone extérieure 
(fig. 2). On aperçoit deux dentelures sombres qui empiè- 
tent sur l'anneau A dans l'anse occidentale (fig. 3). 

L'ombre du globe sur l'anneau moyen B parait assez 
fortement concave (ig. 4). 

La zone équatoriale brillante est séparée vers l'orient 
par une bande grisátre et étroite qui s'élargit vers le limbe 
de Saturne (fig. 5). Conditions assez mauvaises. 


( 640 ) 


13 février. 


9 h.15 m. La bande grisàtre qui traverse la région 
équatoriale parait plus large et moins nette qu'hier. On 
voit assez bien la division de Encke. Les conditions 
d'observation sont assez bonnes. 


17 février. 


8 heures. La division de Encke est bien visible. La zone 
extérieure de l'anneau A parait plus brillante sur l'anse 
oceidentale que sur l'anse orientale. 

L'ombre du globe sur l'anneau est représentée fig. 6. 


26 février. 


10 h. 45 m. La division de Encke est plus rapprochée 
de celle de Cassini que du bord extérieur de l'anneau A; 
elle est mieux visible dans l'anse orientale (grossissement 
de 360). ; 

La figure 7 représente l'ombre du globe sur l'anneau, 
observée avec un grossissement de 480. 

Trés bonnes conditions d'observation. 


27 février. 


7 h. 40 m. On soupconne la division de Struve dans 
l'anneau sombre C. 

Ombre du globe sur l'anneau (fig. 8). 

Grossissement : 480. Temps trés beau. 


( 641 ) 


29$ février. 


11 heures. On apercoit deux dentelures sur l'anse occi- 
dentale de l'anneau A (fig. 9). 

L'ombre du globe sur l'anneau est représentée fig. 10. 

Grossissement : 480. Les conditions sont bonnes. 


17 mars. 


7 h. 50 m. On voit avec beaucoup de netteté la zone 
sombre intérieure de l'anneau moyen. La division de Encke 
est bien visible. L'espace obscur visible entre l'anneau et 
le disque de Saturne a une largeur égale aux deux tiers 
environ de celle de l'anneau sombre. La division de Struve 
est visible dans l'anse occidentale de l'anneau sombre. La 
limite intérieure de cet anneau ne parait pas régulière, 
Surtout dans la partie australe des deux anses (fig. 11). 

L'ombre du globe sur l'anneau est représentée fig. 12. 

On voit quelques dentelures partant de la division de 
Cassini et pénétrant dans lanse occidentale de l'anneau 
extérieur, Ces dentelures paraissent se prolonger à l'inté- 
rieur de l'anneau A sous forme de stries (fig. 15). Grossis- 
sement : 480. 


7 h. 55 m. L'anneau sombre parait plus large dans 
l'anse occiden tale que dans l'anse orientale. La division de 
Struve est visible dans les deux anses (fig. 14). 


(64 ) 
La zone moyenne du globe de Saturne paraît un peu 
moutonnée. 
Ombre du globe sur l’annean (fig. 15). 
Grossissement : 560. 


5 mars. 


7. h. 15 m. L'ombre du globe sur l'anneau B parait à 
peu prés rectiligne; on aperçoit à peine un petit crochet à 
la division de Cassini (fig. 16). 

L'ombre du globe sur l'anneau C est visible. 

Comme le 5, l'anneau sombre parait plus large dans 
l'anse occidentale que dans l'anse orientale. 

Nous n'avons pas apercu la division de Struve, ni la 
division de Encke. 

L'anneau sombre parait particulièrement bien visible; 
on le voit avec beaucoup de netteté devant le disque de 
Saturne. 

Grossissement : 480. Les conditions sont bonnes, cepen- 
dant la lune est assez prés de Saturne. 


6 mars. 


8 heures. L'ombre a le méme aspect qu'hier (grossis- 
sement : 560). Les conditions sont mauvaises, le ciel est 
nuageux. 


S mars. 


9 h. 30 m. L'ombre du globe sur les anneaux a le méme 
aspect que les jours précédents. Sur B, elle parait cepen- 
dant légèrement concave. On ne voit rien de remarquable 
ailleurs. 

Grossissement : 560. 


( 645) 


10 mars. 


8 h. 45 m. Sur l'anneau A l'ombre est parallèle au globe; 
sur l'anneau moyen B, elle est rectiligne, puis se courbe 
en tournant sa convexité vers la division de Cassini. 
L'ombre parait plus large à la hauteur de la division cas- 
sinienne (fig. 17). 

La division de Encke est visible dans l'anse occidentale. 

L'anneau sombre est mieux visible dans l'anse orientale 
que dans l'anse occidentale. Dans la premiére, sa largeur 
est à peine la moitié de la distance de l'anneau B au globe; 
dans la seconde, au contraire, la largeur de l'anneau est 
plus grande que cette moitié. 

Dans l'anse occidentale, on soupconne la division de 
Struve; la ligne de séparation de l'anneau sombre et du 
fond du ciel parait peu nette et peu réguliére dans cette 
anse, 

Grossissement : 480. 


14 mars. 


9 h. à 10 h. 15 m. L'ombre du globe sur l'anneau a le 
méme aspect que le 10. L'ombre est visible sur l'anneau 
sombre, 

On voit bien la division de Encke, surtout dans l'anse 
orientale. Sa distance à la division cassinienne — le 
liers environ de la largeur de A (tig. 18). 

L'anneau B se partage en trois zones concentriques : : 
la première trés brillante voisine de la division Cassini, la 


( 644 ) 
seconde un peu moins brillante et beaucoup plus large, 
enfin une troisième intérieure et grisâtre, mais d'une teinte 
moins terne que A. Le bord extérieur de cette zone 
sombre est estompé et en festons. 

L'anneau C parait extrémement bien visible, surtout 
dans l'anse orientale; sa largeur est à peine la moitié de 
lintervalle qui sépare l'anneau B du globe. Malgré la 
netteté des images, nous n'avons pas vu la division de 
Struve. 

La bande brillante équatoriale sur le globe parait 
divisée en deux parties, la partie boréale étant moins 
brillante que la partie australe. 

Bonnes conditions d'observation. Grossissement : 480. 


15 mars. 


7 h. 50 m. L'ombre a le méme aspect que le 5; cepen- 
dant, au lieu d'étre à peu prés rectiligne sur A, elle est 
assez fortement convexe. 

L'anneau sombre est bien visible dans les deux anses. 

Le temps est assez beau. 


22 mars. 


9 h. 45 m. L'ombre est convexe sur A et concave 
sur B, le crochet à la division de Cassini est trés accentué. 

Mêmes remarques que le 40 mars relativement à la 
largeur de l'anneau sombre dans les deux anses. 

Images assez mauvaises. Grossissement : 560. 


23 mars. 


8 h. à 9 h. 50 m. L'ombre du globe sur l'anneau A est 
Convexe (parallèle au limbe de Saturne), sur l'anneau 
moyen elle est légérement concave et se prolonge jusque 
sur C. 

On soupconne la division de Encke. 

a zone sombre intérieure de l'anneau B s'étend 
presque jusqu'à la moitié de l'anneau. Il est difficile d'en 
saisir la limite exacte, elle va en diminuant d'éclat insen- 
Siblement de l'intérieur vers l'extérieur. On apercoit une 
Zone d'un gris très clair s'étendant prés de la division de 
Cassini. 

L'anneau sombre a dans l'anse orientale une largeur 
égale à peu prés à la moitié de l'espace qui sépare le globe 
de l'anneau B, c'est-à-dire un peu moins large que 
l'anneau extérieur. 

Dans cette anse, la limite intérieure de l'anneau sombre 
est nette, 

Dans l'anse occidentale cet anneau est un peu plus large 
et moins nettement terminé que dans l'anse orientale. 

Dans la partie Ouest de l'anneau sombre, on voit la 
division de Struve prés du bord extérieur. Cet anneau 
paraît moins large proportionnellement devant le globe de 
Saturne que dans les anses. | x 

Sur le globe on observe en allant du Nord vers le Sud: 

1° La projection de l'anneau sombre; elle est plus 
foncée que A, mais bien moins sombre que C dans les 
anses ; en 
57° SÉRIE, TOME XIV. n 


Ra 


( 646 ) 


2 Une bande septentrionale grise qui dépasse un peu 
de l'anneau sombre; 

3° La grande bande équatoriale, dont la partie Nord 
moins brillante, surtout vers l'Est, a une étendue un peu 
moindre que la moitié de la largeur totale de cette bande; 

4^ Une bande sombre et étroite plus foncée que la 
partie Nord de la zone équatoriale; 

5° La zone moyenne grisâtre et présentant deux ou 
trois rangs de taches plus claires; 

6* Une bande moins foncée, mais cependant bien moins 
brillante que la bande équatoriale ; 

7° Enfin la calotte polaire qui paraît être la partie la 
plus foncée de tout le globe. 

Bonnes images; vent fort. Grossissement : 480. L'aspect 
de Saturne est représenté fig. 19. 


4 avril. 


7 h. 50 m. L'ombre du globe est parallèle au limbe de 


la planète sur l'anneau A. Sur l'anneau moyen elle pré- 
sente l'aspect d'une ligne droite brisée prés de la division 
cassinienne, Sur l'anneau C l'ombre est légèrement con- 
cave (fig. 20). 


La zone brillante de A n’occupe guère que le quart de 


la largeur totale de cet anneau. La division de Encke est 
visible dans les deux anses comme un léger trait grisátre. 
. L'anneau A est d'un gris sale, verdátre. 
La division de Cassini parait bien nette et bien 
régulière. 
L'espace le plus brillant de B (proche de la division de 
Cassini) occupe un quart de la largeur de l'anneau, tandis 


( 647 \ 

que la zone foncée intérieure en occupe deux cinquième. 
environ, Quoique étant la partie la plus grise de l'anneau B, 
elle est moins foncée que A. Cette troisiéme zone parait 
un peu moins large dans l'anse occidentale, 

L'anneau sombre, qui est remarquablement bien visible, 
présente son aspect habituel; moins large et plus régu- 
lier dans l'anse orientale, plus large et plus diffus dans 
l'occidentale. 

Vers l'Est la division de Struve est faiblement marquée 
et située près du bord de l'anneau; vers l'Ouest elle est au 
contraire très noire, et elle parait séparer B de C. 

La couleur de l'anneau est gris violacé. 

L'anneau parait tangent au globe; celui-ci nous semble 
cependant dépasser légèrement (fig. 21). 

Sur le disque nous observons en allant du Nord au Sud : 

1° La projection de l'anneau sombre sur le globe; 

2 Une bande grisàtre qui émerge derrière cet anneau; 

5° La large zone équatoriale brillante séparée en deux 
parties à peu prés égales par un filet gris; la portion sep- 
lentrionale parait légèrement plus sombre; 

4° Une bande foncée; 

5° Une bande plus claire; 

6° Une bande foncée et moutonnée; i 

7° Une seconde zone moutonnée dans laquelle les petits 
nuages paraissent être disposés en files parallèlement à 
l'équateur: | 

8 Une bande relativement claire; 

9* La calotte polaire. L'aspect de Saturne est repré- 
senté (fig. 99), 

Au commencement de l'observation il faisait encore un 
peu clair; le ciel était très pur. Grossissement : 480. 


( 648 ) 


S avril. 


7 h. 15 m. à 8 h. 50 m. L'ombre a le méme aspect que 
le 5 mars (fig. 15). Elle est à peine visible sur l'anneau C. 

Le bord intérieur de cet anneau est mal terminé, surtout 
dans l'anse occidentale; dans cette anse la division de 
Struve est visible prés du bord de l'anneau. 

L'anneau A est d'un gris verdâtre, il parait plus foncé 
sur l'anse orientale. 

La première bande grise australe du globe est trés 
foncée, surtout vers l'Ouest. 

On voit deux zones moutonnées, la plus rapprochée de 
l'équateur étant plus foncée que l'autre. 

La bande claire voisine de la calotte polaire parait unie 
et notablement moins brillante que la grande bande 
équatoriale (voir fig. 95). Grossissement : 480. 


9 avril. 


7 h. 55 m. L'ombre est difficile à voir sur l'anneau C. 
Cet anneau sombre se voit facilement dans l'anse orien- 
tale, où il parait un peu plus large que la moitié de l'inter- 
valle qui sépare le globe de l'anneau B. Sa teinte n'est 
pas uniforme, il parait plus foncé vers l'intérieur. 

Dans l'anse occidentale il parait étroit et diffus, mal 
terminé, et un peu plus large dans la région australe a 
(fig 24). 

Dans cette anse la division de Struve est visible. 

La zone sombre de l'anneau B parait radiée dans la 
région Ovest. 

La division de Encke n'est visible que gráce à la zone 
claire qui avoisine la division de Cassini. 


( 649 ) 
L'auneau A parait verdàtre et plus sombre dans l'anse 
orientale que dans l'occidentale, oü sa teinte est d'un jaune 
sale. 

La division de Cassini parait bien régulière. 

Les bandes grises voisines de l'équateur paraissent 
assez foncées. 

L'aspect moutonné est moins apparent que les jours 
précédents. 

La bande grise, adjacente à l'anneau sombre devant le 
globe, se voit difficilement. 

La calotte polaire parait foncée. Grossissement : 480. 


10 avril. 


7 h. 55 m. L'ombre du globe sur l'anneau B présente 
une partie concave et une partie convexe, le point 
d'inflexion étant à peu prés au milieu de l'anneau. Sur C 
l'ombre est difficile à voir (fig. 95). | 

La largeur de l'anneau C est moindre que la moitié de 
l'intervalle qui sépare le globe de l'anneau B, dans l'anse 
orientale. Dans l'autre anse, on soupconne la division de 
Struve prés du bord extérieur de l'anneau. 

Grossissement : 480. 


20 avril. 


9 h. 15 m. L'ombre du globe sur l'anneau est repré- 
sentée fig, 26. 

Les deux bandes grises de l'hémisphère Sud paraissent 
très foncées. Grossissement : 560 (équatorial de l'Est). 


— 


( 650 ) 


Sur la théorie de l’involution; par François Deruyts, 
docteur en sciences physiques et mathématiques de 
l’Université de Liège. 


Dans un précédent travail ("), nous avons montré qu'une 
involution d'ordre n et de rang n — 1, Ll; *, définie ana- 
lytiquement par une forme » — linéaire symétrique, égalée 
à zéro, peut étre représentée par un point de l'espace à n 
dimensions E,, les coordonnées de ce point étant propor- 
tionnelles aux paramétres de la forme. Dans ce mode de 
représentation, le lieu des points de l'espace E,, corres- 
pondant à des involutions décomposables, est la courbe 
normale, C,, de cet espace; de plus, les espaces à n — 1 
dimensions, passant par le point correspondant à une 
involution, marquent sur la courbe C, des groupes de 
points, qui sont les images des groupes d'éléments de 
l'involution. 

Si l'involution est de rang k, elle est définie par n — k 
formes symétriques égalées à zéro: dans notre système, 
cette involution est représentée par l'ensemble des n — À 
points, correspondant aux n — k formes: du reste, cet 
ensemble de n — k points détermine un espace à n — k -t 
dimensions, qui est l’espace central de l'involation. 

Nous nous proposons actuellement d'établir quelques 


DID pun iude M Re UAR 


() Bulletins de l’Académie royale de Belgique, tome XIV, 5° série 
(août 1887), Sur la représentation des involutions unicursales. 


( 651 ) 
théorèmes sur l'expression analytique des involutions, en 
nous servant des résultats, que nous venons de rappeler. 


I. — En modifiant quelque peu les considérations précé- - 
dentes, on est amené à représenter une forme binaire 
d'ordre n, 


d n 
f 5 ax} + (1) aag La + (p)ar: +e (jet: 
par le point de l'espace à n dimensions, E,, dont les coor- 
données sont respectivement proportionnelles à 
p 


09, is as ...., ya) ii, €. 


Nous dirons que ce point correspond à la forme f. 
Si la forme donnée est une puissance exacte, il existe 
entre ses coefficients les relations, 


ao t An-2 Ont 
— — = 


d’où l'on tire 


do = À”; 
a, = sa. 
a, = À (*) 


Nous en déduisons ce théorème : 

Le lieu des points, qui représentent des formes binaires, 
Puissances exactes, est la courbe normale de l’espace, dont 
le nombre de dimensions est égal au degré de la forme. 
A € CU 

C) Il est entendu que dans ce système le signe d'égalité équivaut 
au signe de proportionnalité. 


( 052 ) 
Cela posé, par le point correspondant à une form 
donnée, 
f— a, 


nous pouvons mener 2 espaces à n — 1 dimensions, oscu- 
lateurs à la courbe normale de l'espace à » dimensions. 
Les paramétres des points de contact sont donnés par les 
racines de l'équation 


Go — ( 042. + (3) (9 — Be + (2) aite, 


(le signe + selon que n est pair ou impair) ; 
ou, en posant 


par les racines de 


Done, les images des racines d'une forme d'ordre n, 
égalée à zéro, sont les points de contact des espaces à n — 1 
dimensions, osculateurs à la courbe normale de l'espace 
à n dimensions, menés par le point correspondant à la 
forme. 

On peut encore représenter, dans l'espace à n dimensions, 
une forme de degré m (m < n), de la manière suivante: 

Soit une forme de degré n — p, 


=b r =bg” + ul se + (Aperi 


Prenons une forme quelconque d'ordre p : 


RUNS de (sara. Lis (?) apk. 


( 655 ) 


À la forme d'ordre n 


[= b”, 


correspond un point de coordonnées X, satisfaisant aux 
relations 


(Pe (" P) (he (7E) (DET). 


(i=0, 4, 2, ...n), 


OU, par un changement de notation, 
n 2 PS n— 
(tx. e (^ i Py, zs Jem b Cote a LP}. 


Ce point se trouve dans l'espace à p dimensions, E,, qui 
unit les p + 1 points de paramètres, 


(z) x = (5 zz b... 


r variant de o à p, et ? de o à n. 

Nous dirons que cet espace E, correspond à la forme c. 
Il est visible d'ailleurs que par cet espace on peut mener 
n — p espaces à n — 1 dimensions osculateurs; les para- 
métres des points de contact sont précisément donnés par 
les racines de l'équation, 


p =b = 0. 


Le rapprochement des modes je représentation indiqués 
ci-dessus pour les involutions et pour les formes binaires, 
nous permet d'envisager un point de TD à n dimensions, 
E., de deux manières différentes : 


< 654 ) 

4° Un point de l’espace E, caractérise une involution 
d'ordre n et de rang n — 1 : les groupes de cette involution 
sont représentés par les points de rencontre de la courbe 
normale, C,, de l'espace E, et des espaces à n — 1 dimen- 
sions, passant par le point considéré. 

2^ Le même point détermine une forme binaire d'ordre n; 
les images des racines de cette forme égalée à zéro sont 
représentées par les points de contact des espaces oscu- 
lateurs, menés à la courbe normale C,, par le point dont 
il s'agit. dos 

Tout point qui représente une involution I} * représente 
à un autre point de vue la forme binaire, dont les racines 
sont les paramètres des éléments multiples de l'involution. 


II. — Soient deux involutions I?-*, définies par 


et 
Em bbb. is M, ect MS 


nous dirons que ces deux involutions sont associées, 
quand les deux formes f, et &,, dont les racines représentent 
les éléments multiples des involutions, sont conjuguées 
suivant la définition de M. Rosanes (*). 
On aura alors 
(ab) = 0, 


si l'on éerit symboliquement 


f=, geb 


ct ae 


(") Journal de Crelle, tome LXXVI, Ueber ein Princip der Zuord- 
nung algebraischer Formen. 


( 655 ) 

Nous pourrons dire aussi, en nous servant d'une défi- 

nition donnée par M. Le Paige (*) que deux involutions 

d'ordre n sont associées, quand leurs éléments multiples 

sont conjugués harmoniques d'ordre n. 

La liaison qui existe entre deux involutions associées 
s'exprime facilement au moyen des points correspondant : 
à ces involutions. 

L'espace à » — 1 dimensions polaire du premier point, 

par exemple, est représenté par l'équation 


ax, — (1)a as T (2 Jeans = E Enp — 0; 
la condition 


aby* — 0, 


~ 


a, b, A (ie. + (s) — E Æ ab, == 


exprime que le second a se trouve dans cet espace, et 
réciproquement. 

Nous pouvons donc énoncer ce théorème : 

Pour que deux involutions de rang m — 4 soient 
associées, il faut et il suffit que le point correspondant à 
l'une d'elles soit situé dans l'espace à n — 1. dimensions 
Polaire du point qui représente l'autre involution, — — 
En d'autres termes, pour qu'une involution de rang 
^ — 1 puisse s'exprimer par la relation 


[= > a(x, + d;X3) (ya + dy») (a + d,zs) 2 (u, + dus) = 0, 
1 


Ta a 0 EN 


() Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2* série, tome XLIV : 
quelques propriétés de l'invariant quadratique simultané de deuz 
formes "ign 


D lie t To ve Ta R aeri Ws ee OE ST A EEE T EUR 
ND ur Mera S E EAN Slut, eo eue ER s OB A de 


( 656 ) 
c’est-à-dire pour que le point qui la représente ait pour 
coordonnées 


Xa = Xadi, (i=0, 1,...n), 


il faut et il suffit que ce point soit situé dans l’espace 
polaire du point correspondant à la forme binaire, dont 
les racines sont 


Observons encore que la forme dont les racines repré- 
sentent les éléments multiples de l'involution, se trouve 
ramenée à l'expression 


h —Y« (x, + de)". 


Nous retrouvons ainsi ce théorème dû à M. Rosanes C 

Les groupes den points, qui expriment une forme binaire 
de degré n comme la somme de n puissances n*^^, consti- 
tuent une involution de rang n — 1; ces groupes sont 
conjugués harmoniques d'ordre n au groupe de n points, 
que représente la forme. 

De plus, le procédé que nous employons permet de 
trouver immédiatement l'équation de l'involution. 

Si la forme est 

fza, 


RAR 


(*) Voir le mémoire de M. Rosanes indiqué plus haut. 


( 657 ) 


l'équation de l'involution est 
P = 0,0,0, o. Qy = 0, 


ou bien, en employant une formule de transformation que 
nous avons fait connaître antérieurement (*), 


i=n 


A^ 


j| RS L'espace à n — k — 1 dimensions E, , ,, déter- 
miné par n — k points de la courbe C, de l'espace à n 
dimensions E,, est représenté, comme nous le savons, 
par les k + 4 équations, 


af ai mm 
== 0. 


d,. a; 


K=z — zP + ap dz, PE 0, 
Ka Pf? age et 7, PE —0, 


LÀ LI 
. * . . . . B . . * . e * 


K= cu — cpl + zuaSPQ7 — e E zu, PEE = 0, 


En représentant par P la somme de toutes les combi- 
naisons des paramètres 
hi MAS 
de q points de la courbe C,, pris p à p. 
: Si cet espace E, , , doit passer par un espace à ? — 1 
dimensions E, ,, déterminé par ọ points, gens 
As åz, ås, e Åg» 


ttes" à À E 


() Voir notre travail cité plus haut. 


. 658 ) 
le point A, ayant pour coordonnées, 


ag, af, af... af, 
il faut que l’on ait les conditions, 


ED 0. KP —0,...- — 0, 
AD es0,- EP —90,... RP — 


Kf — 0, pi 6, ... EP — 0. 
Nous représentons par 
KO = a(? — al PP + a, PE- — ... E af), Pt 


ce que devient K,, quand on y remplace les coordonnées 
courantes par les coordonnées du point A,. 

Nous en parar les résultats suivants : 

4° Quand k < 7 "es Li» nous pouvons, par un espace à e —1 
dimensions, E, ,, faire passer oo"7^* *?-* espaces àn—k—1 
dimensions, n — k fois sécants de la courbe C, de l'espace 
à n dimensions. 

2 Quand & —7—7, ce qui a lieu quand » + 1 est un 
multiple de o + 1, on ne peut faire passer par un espace 
à T. — 1 dimensions qu'un seul espace à = < dimensions, 
ET: ; fois sécant de la courbe normale de l'espace à n 
feu. 

o *, on ne peut mener par l'espace Ez-i 

d'espace E, , ,, à icd fois sécant de yo normale, 
que lorsque les coordonnées des points qui composent 


( 659 ) 
l'espace E, ,, satisfont aux k(Ẹ + 1) — (n — 9) conditions, 
comprises dans le symbole 


apa asas. w^ 07 
a) a — offa? … af), … af) … ap : 
a! amu) qeu is à 3 tek e. at?) 


Nous pouvons donc énoncer les théorémes suivants : 
Une involution d'ordre n et de rang n — 9 possède 
F8 Groupes neutres de n — k éléments, quand 
A = — R, ; ces groupes forment une involution d'ordren —k 
et de rang n — (1 + 9) k — 9. 
Une involution d'ordre n et de rang n — ọ possède un 
seul groupe neutre de 9 Ti éléments, quand n + 1 est 
un multiple de 9 + 1. 

D'un autre cóté, soient les équations d'une involution 
d'ordre n et de rang n — 9: 


fie a QU + a QUO, a... + at QU + a Qi? — 0, 


h= ajo" spe aP Q, Waa a? ,QP ds a9 Qi? — 0, 
f (= sde m iras ae + a), Qi a a Qi MK 


Nous représentons par la notation Q® la somme de 
toutes les combinaisons des n paramétres 


pris i à i. 


( 660 ` 
L'espace central de cette involution, E, ,, est déterminé 
par les 9 points 
b Asc dos dn 


correspondant aux involutions de rang n— 1, représentées 
par ehacune des équations précédentes. 

Par l'espace EL menons un des espaces à n — k — 1 
dimensions, qui rencontrent la courbe normale C, en n— k 
points ; appelons 

1 1 1 


LE AMAR 


les paramètres de ces points. Il est visible que les coor- 
données des points À pourront se mettre sous la forme, 


a) — a(ài + aps 4. + a0 LL, 
aP — aoi + aoi + -.. + a 08 4, 


aP! afp + (Po + ee + aff) dé à, 


i variant de o à n. 
Dés lors, les équations de l'involution pourront s'écrire : : 


= Y QU aP + aal + e Dua) = 
i0 


h= =%0 QU (a9; + aai + e + aD +) = 0 


EB 
. E . " . . . . . LI . LI * * pi 


f Qe. (AP + Pa + ee + - ai = 0. 


( 661 


—k i—n- 
am, sss alf oc, + dite) Y + 8,2) (24 + 9,23)... (1, + dus) —0, 
i£ 


—k i—n-k 
AE o (ar, + dcs) (ya 7 dy) (71 7 0722) --- (U1 + 043) — 0, 


iimg 


—k i—n—k 
PV =N a 
! 


d 
ii 


(Pac, + docs (ys 7 ys) (at 92a)... (à + dus) = 0. 


Nous appellerons la quantité 
ML (x, Las d,Xe) (y + dYa) (z A 9,24) tt (u, us dia), 


produit d'ordre n, et 9, la racine de ce produit. 

Donc, dans le cas de k < II 

Toute involution d'ordre n et de rang n — ọ peut se 
définir analytiquement de oœ” **?-? manières différentes, 
par l'égalité à zéro de 9 formes n linéaires symétriques; 
Chacune d'elles étant la somme de n — k mêmes md 
d'ordre n, affectés de coefficients distincts. 

Les groupes de points, correspondant aux racines de ces 
produits, constituent à leur tour uneinvolution d'ordre n—k 
et de rang n — (1 + g) k — 

Cette involution est représentée par les 9 (k + 1) équa- 
tions 


KP = aP — aP Pe- +... E aP Por — 0, 
K9 = at re af? pte- 5 + s.. = a, PE — 0, 
Kf?) e af — a(f (79 +. + af), PE — 0, 

! Variant de 9 à X. 

3°* SÉRIE, TOME XIV. A 


662 ) 
En faisant usage d’une formule, que nous avons rappelée 
plus haut ($ I), nous pouvons remplacer les équations 
précédentes par l'unique relation. 


4E. -—M mie CPE MEET n 
1 1 1 1 

a A uv ocu al), 
E ra a v aù, ai 
SA — 0 
i=i E . . . . . 

EP Ow uo wm aff), 

«US du 4 d afi 


Dans cette relation, les lettres À désignent des paramètres 
quelconques, et nous avons posé pour abréger p = n — k, 
r — 9 (k 4- 1) — 1. 

Nous pouvons encore observer que le système We formes 
binaires d'ordre n, dont les racines ents 
multiples de chacune des iaxdthüone ]*-* définies par les 
équations 


fi=0, f-09, .… f,—0 


se trouve ramené en méme temps à un systéme de sommes 
de n — k puissances n"^: on a 


dre _ (i) past 
fosse, "= Ai al (x, + d,23)". 
p—i 


Considérons maint tlecasde k— "=. L'involution 
TA A gi 


( 665 ) 
peut s'exprimer, et d'une seule facon, sous la forme 


i=n—k | 
fi TI ai V, LAE 0, 


t , 


i—n—k 
is à ND Ie — — 
h=) aM ues 


Donc : Toute involution d'ordre n et de rang n —o 
peut s'exprimer d'une seule facon par l'égalité à zéro 
xi 9 formes n — linéaires symétriques, chacune d'elles 
dre n, 


lorsque n + 1 est un minh de 9 4- 1. 

C'est la forme canonique de toute involution I2 - e» qui 
satisfait à la condition que ses deux er bias véri- 
fient la relation 

n 


1 . 
== enker, 
$E 1 : 
En particulier, un système de ọ formes binaires d'ordre à 
up, ap, Paky atf", 
peut s'exprimer d'une seule manière par un système de ọ 
Sommes de o + =p mêmes puissances n^"". Il est 


facile de S'ássüfet- né le canonizant de ce système est 


gE a rt cpaau[t'dat 


e cap ls - à 
1 1 1 
a, ane à. a, Lo 
err T4 
9-1 $41 : = 0. 


( a? 
at? Li uei M s 


( 664 ) 

Ces résultats peuvent s'appliquer facilement au cas d'un 
systéme de formes de degrés différents, en faisant usage 
de la représentation des formes d'ordre n —p dans l'espace 
à n dimensions. 
Un cas partieulier intéressant correspond à 9 — 1; on 
arriverait, entre autres, à des théorèmes sur la réduction 
d'une forme plurilinéaire symétriqueà la somme de produits 
d'ordre n, et sur la réduction des formes binaires à la 
somme de puissances d'ordre n; ces derniers théorèmes 
ont été donnés par M. De Paolis; nous ne croyons donc 
pas nécessaire de les reproduire à nouveau (`). 


— La Classe se constitue en comité secret pour discu- 
ter les titres des candidats présentés aux places vacantes. - 


(‘) Atti della R. Accademia dei Lincei, tome XII, 3° série: Sulla 
espressione di una forma binaria di grado n con una somma di 
polenze n°. 


( 665 ) 


CLASSE DES LETTRES. 


Séance du 7 novembre 1887. 


M. Bormans, vice-directeur, occupe le fauteuil. 
M. Liang, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. P. De Decker, Ch. Faider, le baron 
Kervyn de Lettenhove, R. Chalor, Thonissen, Th. Juste, 
Alph. Wauters, Ém. de Laveleye, Alph. Le Roy, A. Wage- 
ner, P. Willems, G. Rolin-Jaequemyns, Ch. Piot, Ch. Pot- 
vin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, 
J. Gantrelle, Ch. Loomans, G. Tiberghien, L. Roersch, 
membres; Alph. Rivier, Philippson et Aug. Snieders, asso- 
ciés; Alex. Henne et A. Van Weddingen, correspondants. 


MM. Houzeau et Mailly, membres de la Classe des 
SCiences, assistent à la séance. 


CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publics adresse les ouvrages suivants : 

1° La littérature francaise au XVII siècle, par J.-B. 
Stiernet ; ; 

2 Histoire populaire de Schaerbeek, par De Saegher et 
Bartholeyns. — Remerciements. 


( 666 ) 


— M. Loomans présente pour le prochain Annuaire 
sa notice biographique de G. Nypels, ancien membre de 
la Classe. — Remerciements. 


— M. Pasquet, ancien professeur à l'Athénée royal de 
Liége, soumet un travail intitulé : Sermons de caréme 
en dialecte wallon. — Commissaires : MM. Scheler et 
Bormans. 


— Hommages d'ouvrages : 

1° Les origines de la métallurgie au pays d'Entre- 
Sambre-et-Meuse; par Victor Tahon. (Présenté par M. Alph. 
Wauters avec une note qui figure ci-après.) 

2 Études morales et littéraires : Épopées et romans 
chevaleresques, 1; par Léon de Monge. (Présenté par 
M. Ém. de Laveleye avec une note qui figure ci-après.) 

5° M. Tvlii Ciceronis pro M. Caelio oratio ad ivdices; 
par L.-C. Vollgraff. (Présenté par M. Philippson avec une 
note qui figure ci-après.) — Remerciements. 


NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 


J'ai l'honneur d'offrir à la Classe des lettres, au nom de 
l'auteur, M. Victor Tahon, ingénieur, le travail intitulé : 
Les origines de la métallurgie au pays d'Entre-Sambre-et- 
Meuse (Mons, Manceaux, in-8°). 

M. Tahon s'attache à prouver que l'industrie du fer est 
très ancienne dans le pays borné d'un côté par la Meuse 
et de l'autre par son principal affluent, la Sambre. Il rap- 


( 667 ) 

pelle avec beaucoup d'à-propos ce fait qu'il y a une tren- 
taine d'années, alors que l'industrie ne s'en était pas encore 
servie pour les utiliser, il existait dans l'Entre-Sambre-et- 
Meuse des quantités énormes de scories, attestant une 
longue et considérable exploitation des couches de minerais 
de fer de cette contrée. On aura une idée de l'importance 
de ces dépóts en se rappelant qu'en vingt-cinq années les 
hauts fournaux du bassin de Charleroi en ont consommé 
la quantité prodigieuse d'un million de tonnes. Ces scories 
y Sont connues sous le nom de Crayats de Sarrasins, nom 
qu'il ne faut pas prendre à la lettre, mais envisager comme 
un reflet de l'opinion vulgaire, qui voit dans ces débris les 
traces d'un peuple disparu, d'une époque bien différente 
de la nótre. 

L'auteur de notre brochure a réuni différents témoi- 
gnàges sur les procédés qu'emploient encore des peuples de 
l'Asie et de l'Afrique pour se procurer du fer; il décrit les 
fourneaux de forme rudimentaire qu'ils emploient encore 
et les rapproche des vestiges de fourneaux, en forme de 
cuves, que l'on a signalés en plusieurs endroits et, en par- 
ticulier, à Vodecée, prés de Philippeville. Il en conclut avec 
raison que les procédés dont ailleurs on se sert encore, ont 
probablement été d'un usage général dans le passé, et que 
l'on peut se représenter ce qu'étaient nos forgerons primi- 
tifs en étudiant les habitudes des forgerons de l'Hindous- 
lan et de l'Afrique centrale. 

Sous la domination romaine, le travail du fer s'améliora 
et s'étendit. Les découvertes de poteries, faites dans les 
àmas de scories, indiquent d'une maniére incontestable 
l’époque où cette industrie se développa en Belgique. Afin 
d'expliquer comment elle envoyait au loin ses produits, 
M. Tahon a donné une idée des voies de communication 


( 668 ) 

qui traversaient l'Entre-Sambre-et-Meuse. Sa conclusion 
que « l'Entre-Sambre-et- Meuse était sans conteste le 
» pays le plus industriel, au point de vue métallurgique, 
» du nord des Gaules et peut-étre du monde romain », 
pourrait étre contestée, mais on s'accordera du moins à 
reconnaitre que son travail constitue une page intéressante 
de l'histoire du pays, sous le rapport économique. 


ALPH. WAUTERS. 


J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom de l’auteur, 
M. Léon de Monge, professeur de littérature à l'Université 
de Louvain, un livre intitulé : Études morales et litté- 
raires. — Épopées et romans chevaleresques. En parlant 
des Nibelungen, M. de Monge montre bien comment nais- 
sent et se développent, d'une facon pour ainsi dire spon- 
tanée, les épopées nationales ou « naturelles » comme il 
les appelle. La comparaison qu'il fait entre les idées et les 
sentiments de la Chanson de Roland et du Romancero du 
Cid est un modéle d'analyse littéraire. Le style de l'ou- 
vrage est trés élégant et d'une grande distinclion, sans 
nulle recherche. Les réflexions ingénieuses et profondes 
abondent. Le culte du bien et du beau est la base de tous 
les jugements; partout règne un sentiment de haute mora- 
lité. On est heureux de lire ces pages d’une inspiration s! 
élevée et si pure, alors que de toutes parts un souffle de 
bas matérialisme et de grossiére sensualité envahit la lit- 
térature. ÉMILE DE LAVELEYE. 


( 669 ) 


J'ai l'honneur de présenter à la Classe, au nom de 
l'auteur, l'édition du Pro Celio, de Cicéron, publiée par 
M. J.-C. Vollgratf, mon collègue à l'Université de Bruxelles. 
Le Pro Celio, négligé pendant le moyen âge, parce que son 
contenu, parfois assez scabreux, ne permettait guére de le 
placer entre les mains des éléves et surtout des jeunes pré- 
tres, ne nous a été conservé que dans un petit nombre de 
manuscrits, fort corrompus d'ailleurs, et se basant presque 
tous sur une copie unique, aujourd'hui perdue, et dont le 
plus ancien représentant est le Parisinus, n? 7794. M. Voll- 
graff a eollationné attentivement les manuscrits les plus 
importants du Pro Cælio; pour la première fois, il s'est 
servi, pour l'émendation de ce discours, d'un codex de 
Salzbourg, actuellement à Munich, qui, à cóté de bien des 
fautes, offre cependant un grand nombre d'excellentes 
lecons, évidemment empruntées à un texte d'une plus 
grande valeur. Muni de connaissances profondes et solides 
dans la langue et la littérature latines, comme il convient 
à un des élèves favoris du grand Cobet, M. Vollgraff a tiré 
Profit de tous ces matériaux pour établir le texte le plus 
digne de foi qu'il soit possible de restituer avec les res- 
Sources dont dispose actuellement la science philologique. 
Un appendice eritique, assez développé, qui termine le 
volume, met le lecteur à méme d'apprécier le travail assidu 
et intelligent auquel l'éditeur s'est livré et, en méme temps, 
de le contróler. On y découvrira beaucoup de lecons nou- 
velles et apparemment justifiées, dues aux recherches cri- 
tiques de M. Vollgraff. Le docte éditeur cite avec un soin 
scrupuleux, dont bien des auteurs aiment maintement à 
s'affranchir, les travaux précédents qui se rapportent à 


( 670 ) 
son sujet, et dont aucun, ce semble, n’a échappé à ses 
investigations. L'édition du Pro Celio que j'ai l'honneur 
de vous soumettre, Messieurs, est done un excellent 
spécimen de cette forte et bonne école philologique dont 
la Hollande se glorifie à juste titre. 


M. PuHILIPPSON. 


ÉLECTIONS. 


La Classe procéde ensuite à l'élection : 

1° de quatorze noms pour le choix du jury chargé de 
juger la huitième période du concours quinquennal de 
littérature francaise (1885-1887); 

2^ de dix noms pour le choix du jury chargé de juger 
la dixiéme période du concours triennal de littérature 
dramatique en langue francaise (1885-1887). 

Ces noms seront transmis à M. le Ministre de l’Agri- 
culture, de l'Industrie et des Travaux publics. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


— 


La dernière séance du Conseil avant le supplice (1); par 
le baron Kervyn de Lettenhove, membre de l'Aca- 
démie. 

(D'aprés des documents inédits.) 


Walsingham, saluant avec joie le terme de sa disgrâce, 
était revenu de Barn-Elms à Londres, oü il devait conférer 
avec le Secrétaire Davison et avec son beau-frère le clerc 
du Conseil, Robert Beale. 

Tous les trois comptaient parmi les chefs du parti 
Puritain et attendaient avec la méme impatience l'heure 
où ils pourraient verser le sang de la reine d'Écosse. 

Ce moment semblait venu. Le 44 février, Élisabeth, 
*pouvantée par l'image des complots qu'on déroulait 
devant elle comme une perpétuelle menace pour sa vie, 
avait signé le warrant ou ordre d'exécution, et elle avait 
ajouté en le remettant à Davison : « Jamais un vilain 
? Comme toi n'eut entre ses mains un semblable warrant!» 
Et toute troublée encore de ce qu'elle venait de faire, elle 
avait prononcé ces paroles, entrecoupées de profonds 


ee me Cd UM 


(1) Fragment d'une histoire de la dernière période de la vie 
de Marie Stuart. 


( 672 ) 
soupirs : « Que personne ne sache que ce warrant est 
» signé! Qu'on ne m'en parle plus! Je verrai plus tard ce 
» que j'ai à faire. Les membres de l'Association ne sont- 
» ils pas tenus par leur serment de décharger ce fardeau 
» de mes épaules? » 

Ce que voulait Élisabeth, ce qu'elle insinuait par ces 
mots, c'était qu'un vulgaire assassin prit la responsabilité 
d'un erime qui eüt laissé une tache sanglante sur son 
manteau de reine. 

Le lendemain, Élisabeth avait fait rappeler Davison. 
Elle répéta ce qu'elle avait dit la veille : « Que tout reste 
» secret! Que l'on attende que j'aie fait connaitre mon 
» bon plaisir! » Et insistant sur la pensée qui ne la quit- 
tait point : « Pourquoi, s'écria-t-elle, rejeter sur moi tout 
» ce fardeau? Que n'ai-je des conseillers comme Archi- 
» bald Douglas! » Archibald Douglas, soudoyé par Éli- 
sabeth, lui avait autrefois rendu le service d'assassiner 
Darnley. 

Davison reparait chez Walsingham. Il lui raconte ce 
nouvel entretien; il lui montre la reine inquiéte et hési- 
tante. Peut-étre reprendra-t-elle de ses mains le warrant, 
depuis si longtemps préparé, et signé avec tant de diffi- 
cultés. C'est une heure d'anxiété, mais la résolution est 
bientót prise. Le warrant est signé : il faut en faire usage, 
et sans délai, avant que la reine puisse le révoquer et 
l'anéantir. Rien ne sera plus aisé à justifier; car, selon un 
avis adopté avec empressement par Davison, celui-là méri- 
terait d’être pendu, qui n'achéverait point, pour le repos 
de la reine et du royaume, une œuvre si bien commencée: 

Ce méme jour, à onze heures du soir, Davison se pré- 
sente chez Robert Beale : celui-ci convoquera le Conseil à 

reenwich, mais, avant de s'y rendre, il devra passer chez 
Walsingham : c’est là qu'on lui révélera la part 1mpor- 


( 673 ) 
lante qu'il aura à remplir dans le drame sinistre qui se 
prépare. 

En effet, le Conseil se réunit à Greenwich le lendemain 
à onze heures du matin. Walsingham y assistait. Davison 
prit le premier la parole et fit connaitre que la reine avait 
signé le warrant prescrivant l'exécution de la sentence 
prononcée contre la reine d'Écosse. « Tel est-il bien le 
» plaisir de la reine? » interrompit Burleigh qui, avec son 
habileté accoutumée, ne songeait qu'à dégager sa respon- 
Sabilité. « Oui, » répliqua Davison. 

Quelques conseillers, alléguant combien la matiére était 
grave, demandaient qu'on consultàt de nouveau Élisabeth. 
Walsingham et ses amis ne pouvaient se rallier à cette 
proposition qui eüt tout compromis. Aussi, eurent-ils soin 
de faire remarquer que la reine elle-méme avait défendu 
qu'on lui parlàt davantage de cette affaire; que l'on savait 
combien elle désirait que ce fardeau füt déchargé de ses 
épaules; que, par suite, rien ne lui serait plus agréable 
que de rester étrangère aux mesures relatives à l'exécu- 
ton du warrant. 

Voici ce que Davison écrira plus tard dans son Apo- 
logie : « Le Conseil avait à rechercher les moyens les 
plus honorables et les plus convenables pour l'envoi 
du warrant. Il considéra que Sa Majesté avait, en ce 
qui la touchait, déjà fait tout ce que l'honneur, la loi et 
» la raison réclamaient d'elle; et il fut finalement résolu 
» quon enverrait le warrant sans troubler davantage 
» Sa Majesté. Vu la charge qui avait été donnée à 
> Davison, on jugea qu'il n'y avait pas lieu, puisqu'elle 
? avait fait, comme il a déjà été dit, tout ce qu'exigeaient 
» la loi et ]a raison, de l'en entretenir de nouveau jus- 
? qu’à ce que tout eût été achevé. On avait pesé les dan- 
> &ereuses conséquences qui auraient pu se présenter si 


( 674 ) 
» Sa Majesté, à la suite d’une nouvelle démarche sans 
» résultats, était revenue à quelque intention d'inter- 
» rompre ou d'arréter le cours de la justice. » 

Des lettres avaient été préparées pour les joindre au 
warrant; mais Christophe Hatton les trouva trop expli- 
cites. Au lieu de prescrire le supplice de Marie Stuart, il 
valait mieux, en termes généraux, s'en référer à la com- 
mission signée par la reine. Aux yeux de Christophe Hat- 
ton, e'était diminuer la grave responsabilité qu'assumaient 
les membres du Conseil. On jugea aussi qu'au lieu d'y 
maintenir le nom de cinq lords (craignait-on le refus de 
quelques-uns d'entre eux?) il suffisait de les adresser aux 
comtes de Kent et de Shrewsbury. 

La séance avait été interrompue afin de mettre au net 
ce nouveau texte; elle fut reprise à deux heures, et la 
rédaction modifiée fut approuvée. Elle était ainsi conçue : 


« Au comte de Kent, 


» Sa Majesté ayant adressé au comte de Shrewsbury, à 
Votre Seigneurie et à d'autres sa commission signée de 
sa main et revétue du grand sceau d'Angleterre, pour 
son service spécial, afin d'assurer le salut de sa royale 
personne et le repos de tout le royaume, nous avons jugé 
convenable de vous faire parvenir la dite commission 
par le porteur de cette lettre, M. Robert Beale, homme 
digne de toute confiance et plein d'expérience, afin qu'il 
la remette d'abord à Votre Seigneurie et puis au comte 
de Shrewsbury; et vous apprendrez promptement par 
lui quand Sa Seigneurie et vous-méme vous pourrez 
vous réunir pour l'exécution de la dite commission. En 
attendant, Votre Seigneurie entendra par le porteur de 
cette lettre combien il est nécessaire que tout ce qui se 


"w y v wv VU V WV WW W W Ww 


( 675 ) 
» fera reste secret : tel est le motif pour lequel cette 
» Commission ne sera point remise aux autres lords qui y 
» Sont nommés. » 

On lisait au bas de cette lettre les noms de lord Burleigh, 
du comte de Derby, du comte de Leicester, de lord Howard, 
de lord Hunsdon, de William Cobham, de Francis Knollis 
et de Christophe Hatton. Walsingham et Davison avaient 
signé les derniers. 

Une lettre conçue dans les mêmes termes fut adressée 
au comte de Shrewsbury. On y avait ajouté qu'elle avait 
été écrite à la hàte. 

Pour mieux cacher cette résolution et les mesures qui 
devaient en étre la conséquence, on rédigea, en méme 
temps, un warrant de Aue and cry, qui prescrivait, au nom 
de la reine, la sévère répression des troubles qui avaient 
éclaté dans plusieurs parties du royaume, notamment dans 
les comtés d’Hertford et de Huntingdon. 

Dès que la délibération fut terminée, Robert Beale fut 
introduit. Burleigh lui déclara, au nom du Conseil, qu’on 
l'avait choisi pour faire exécuter le warrant, parce qu'on 
le savait honnéte, sage et digne de toute confiance; il 
ajouta que la matière réclamait une grande célérité et un 
grand secret; car, si le warrant était connu, la vie de la 
reine d'Angleterre serait en péril. Il lui recommandait 
done d'annoncer que sa mission se rapportait unique- 
ment aux hues and cryes dans certains comtés; on le 
chargea en même temps de choisir la salle pour le sup- 
Plice et de veiller à ce que le corps fût embaumé; on lui 
indiqua même, à cet effet, le nom d'un chirurgien du pays. 

Un ordre spécial allait être adressé directement au 
sheriff de Northampton pour qu'il se trouvàl à Fothe- 
rngay le 16 février; mais Beale, après avoir vu Powlet, 
devait remettre lui-même les lettres qui étaient destinées 


( 676 ) 
aux comtes de Kent et de Shrewsbury. S'il rencontrait 
quelque scrupule chez eux, il pouvait leur déclarer qu'ils 
n'avaient rien à redouter. 

Beale, en ce moment suprême, ne put échapper à ces — 
sentiments intimes de la conscience, que les passions et la - 
haine elle-méme ne peuvent étouffer. Quelle était done 
la mission pour laquelle il était choisi entre tous comme le 
plus cruel et le plus impitoyable? Et cet échafaud méme 
qu'il allait élever, ne transmettrait-il pas à la derniére 
postérité son nom couvert de honte à cóté de celui de la 
vietime? 

Burleigh s'efforca de rassurer Robert Beale; mais Beale 
avait déjà repris son sang-froid. « Je ne crains rien », fut 
sa seule réponse. « Que pourriez-vous avoir à craindre? 
» interrompirent Walsingham et ses amis. Vous avez un 
» ordre de la reine; vous connaissez sa volonté : n'a-t-elle 
» pas déclaré à Belliévre et à d'autres ambassadeurs 
» qu'elle ne pouvait point épargner la vie de la reine 
» d'Écosse? » 

Sur ces paroles, le Conseil se sépara. 

Le lendemain, Davison étant arrivé à la cour, Élisabeth 
s'approcha de lui, le visage troublé des émotions de la 
nuit: « J'ai eu un songe affreux, lui dit-elle; j'ai rêvé 
» qu'on m'annoncait l'exécution de la reine d'Écosse; et, 
» si en ce moment vous aviez été là, je vous aurais plongé 
» une épée dans le corps. » 

Davison se borna à quelques vaines paroles : le secret 
des délibérations du Conseil avait été fidélement gardé. 

A l'heure où avait lieu cet entretien, deux personnages 
suivaient la route de Londres à Fotheringay. L'un Se 
nommait Robert Beale; l'autre était le bourreau. 


— — $9 


`~ 


(677) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


Séance du 10 novembre 1887. 


M. Arex. Ronznr, vice-directeur, occupe le fauteuil. 
M. Lung, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Éd. Fétis, Alph. Balat, le chevalier 
Léon de Burbure, Ernest Slingeneyer, F.-A. Gevaert, 
Ad. Samuel, Ad. Pauli, Godír. Guffens, Jos. Schadde, 
Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, 
Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, 
membres; Joseph Stallaert, Max. Rooses et J. Rousseau, 
correspondants. 


M. Chalon, membre de la Classe des lettres, assiste à 
la séance. 

M. Verlat fait savoir qu'une indisposition l'empéche 
d'y assister. 


A l'occasion de la lecture du procès-verbal de la séance 
du 27 octobre, M. le directeur fait savoir que le nom de 
M. P.-J. Clays doit être ajouté à ceux des quatre autres 
membres de la Classe auxquels le Musée des Offices, à 
Florence, a demandé de lui envoyer leurs portraits, pour 
être placés dans la galerie des peintres célèbres. 


IM—————— 


O"* SÉRIE, TOME XIV. 45 - 


( 678 ) 


CORRESPONDANCE. 


M. le vicomte Henri Delaborde, associé de l’Académie, 
adresse un exemplaire de la Notice sur la vie et les ouvrages 
de M. Théodore Ballu, architecte, qu'il a lue comme 
secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts de 
l'Institut de France, dans la séance publique annuelle du 
29 octobre 1887. — Remerciements. 


— M. Siret écrit qu'il regrette de ne pouvoir se charger 
d'écrire, vu son état de santé, la notice biographique de feu 
Nicaise De Keyser, membre de la section de peinture. 
— M. H. Hymans, sur la demande qui lui en est faite par 
la Classe, s'engage à faire cette notice. 


RAPPORTS. 
JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1887). 
ART APPLIQUÉ. 
Peinture. 
On demande le carton d'une frise décorative, à placer à 
5 mètres d'élévation, et représentant : 
Les nations du globe apportant à la Belgique les produits 
de leurs sciences, de leurs arts et de leur industrie. 


Les cartons (sur châssis) devront avoir 07,75 de haut 
sur 27,25 de développement. 

Prix : mille francs. 

(Ce concours sera national.) 


( 679 ) 


Rapport de M. J. Slaliaert. 


La Classe des beaux-arts avait donné pour 1887, comme 
sujet de concours d’art appliqué (peinture), une frise déco- 
rative, à placer à 5 mètres d’élévation et représentant : Les 
nalions du globe apportant à la Belgique les produits de 
leurs sciences, de leurs arts et de leur industrie, 

Neuf cartons ont été soumis à son jugement. 

C'est en 1849 que la Classe de beaux-arts décidait qu'un 
concours d'art appliqué aurait lieu concurremment avec le 
concours littéraire annuel. Cette disposition a été mise à 
exécution en 1872. 

Les résultats obtenus depuis permettent de dire que 
l'Académie a lieu de se féliciter d'avoir institué ce con- 
cours. 

En 1872, M. Mellery, en 1874, M. Dillens, en 1879, 
M. Bourotte, en 1881, M. Broerman et en 1885, M. Henri 
Évrard, obtinrent le prix. Plusieurs des œuvres couronnées 
sont remarquables. 

Cette année, les cartons soumis ne le sont pas moins; 
le nombre de jeunes artistes qui ne dédaignent pas de se 
livrer aux efforts de la pensée et de se soumettre à un 
programme donné, augmente toujours; il semble aussi 
qu'ils comprennent mieux les régles et les conditions 
qu'exige la peinture monumentale : La clarté dans la dis- 
position générale de la composition, la simplicité dans 
l'exécution. Cependant plusieurs encore ne paraissent pas 
se douter qu'il faut se dépouiller des ressources dont on 
peut user avantageusement dans un tableau de chevalet : 
effets de perspective, plans multiples, profondeurs, ombres 
eL raccourcis, toutes qualités qui sont déplacées dans une 
peinture décorative et qui nuisent à l'architecture, qu’elle 


( 680 ) 
est appelée à compléter et à embellir; les modelés trop 
accentués labourent la muraille et détruisent l'harmonie 
du monument auquel la frise mise au concours est censée 
être destinée. 

Peu de concurrents ont tenu compte de la hauteur à 
laquelle elle devrait être placée; il aurait fallu plus de 
fermeté dans les contours pour qu'on püt, à cette distance, 
distinguer les figures et les accessoires. Quelques-uns des 
cartons prouvent cependant que ces régles ne sont pas 
inconnues à leurs auteurs. 

Le concurrent qui a obtenu le premier prix, M. Midde- 
leer, a le mieux compris le programme donné, et a démon- 
tré qu'il n'ignore pas les conditions que nécessite ce genre 
de peinture. La Classe a été unanime à lui accorder cette 
récompense. 

Sa composition est simple et tranquille; la lumière est 
large et également distribuée; ses figures se détachent 
bien les unes des autres; mais généralement les types 
manquent de caractère et de beauté, les draperies sont 
négligées et arrangées sans goüt; la Belgique surtout 
péche par là. 

Néaumoins, ce dessin pourrait étre exécuté avantageu- 
sement en y faisant quelques corrections. Je me borne à 
parler de quelques caractéres généraux de cette ceuvre, 
sans entrer dans d'autres détails, sans demander des chan- 
gements désirables; et je ferai de méme pour les autres 
concurrents dont les noms nous sont restés inconnus. 

Celui qui a pour devise: Bramo assai, pocco spero, à 
envoyé une des meilleures compositions; le sujet est clair, 
les groupes sont bien disposés, et certaines figures sont 
réussies comme pose et comme caractère; elles sont géné- 
ralement bien dessinées; l'effet général est large et bien 
entendu; la figure de la Belgique n'est pas heureuse. 


COST.) 

Le carton peindre et dessiner toujours est également 
bien composé; les groupes sont parfaitement disposés, les 
nations sont bien caractérisées; la Belgique est la figure 
la moins réussie. L'auteur s'est attaché trop aux détails, 
son dessin manque d'ampleur et de fermeté. : 

Celui qui porte pour devise @ a un ensemble dur et 
noir, ce qui fait paraitre les figures d'autant plus raides et 
ainsi leur óte le mouvement. Sa composition est heureuse, 
le groupe de droite est charmant et disposé avec goût. 
Malheureusement la figure de la Belgique est manquée. 

Sapientia a également une bonne composition, parfaite- 
ment équilibrée; les groupes sont savamment disposés, 
l'action est claire et vraie. C'est celui qui a la meilleure 
figure de la Belgique; mais le dessin est médiocre. 

Deux compositions pleines de vie et de mouvement sont 
signées: pour Part, et JAN . Elles dénotent, de la part des 
auteurs, de vrais tempéraments de peintre, réellement 
flamands; mais aucune des deux ne répond au programme, 
aux exigences d’une décoration mouumentale ; le premier, 
au lieu d’une frise, en a fait un plafond, et le second s'est 
tellement préoccupé de l'effet et du modelé qu'à une cer- 
taine distance on ne peut plus deviner la silhouette d'une 

Sure. Le dessin et le caractère manquent absolument 
dans ces deux cartons. Je n'insisterai pas sur les deux 
autres cartons, dont l'un est par trop novice et l'autre 
trop fantastique. 

En résumé, les résultats obtenus dans ce concours sont 
satisfaisants, mais il est évident que le sentiment du beau 
n'est pas trés développé chez les concurrents; aucune 
ligure de la Belgique n'a la grandeur, ni la dignité dési- 
rables; chez tous, le type est banal, et l'arrangement des 
draperies est sans caractère, sans goùt; ce qui dénote chez 


| 
Le t 


: 682 ) 
eux l'absence complète de l'étude sérieuse des productions 
de l'art ancien et de la Renaissance. 

En terminant je fais des vœux pour que le goût de la 
peinture murale se développe chez nous; c'est le genre le 
plus propre à former des artistes sérieux, et pour lequel 
ils sont obligés d'acquérir des connaissances diverses, de 
se pénétrer de l'ordonnance d'un monument, d'en faire 
ressortir les proportions, outre la science de la composi- 
tion du dessin et de la couleur. 

Je fais également des vœux pour que le Gouvernement 
continue à soutenir ce grand art, et pour qu'il se propage 
chez les partieuliers. Quelle immense ressource ce serait 
pour les artistes! 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


La Classe reprend l'examen de la revision du règlement 
des grands concours pour les arts graphiques et plastiques. 

L'assemblée décide que la commission pour les Prix de 
Rome se réunira avant la prochaine séance de la Classe 
des beaux-arts, afin de s'occuper des différentes questions 
soulevées par M. Stallaert dans une note qui a été impri- 
mée et communiquée aux membres. 

Cet objet sera porté à l'ordre du jour de la prochaine 
séance. 

— La Classe se constitue ensuite en comité secret pour 
prendre connaissance de la liste des candidatures aux 
places vacantes arrêtées par les sections de peinture, de 
gravure, d'architecture et des sciences et des lettres dans 
leurs rapports avec les beaux-arts. 

———— c —M— 


( 685 ) 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


Plateau (Félix). — Observations sur les mœurs du BLaNiULUs 
GUTTULATUS, Bosc., et expériences sur la perception de la 
lumiére par ce myriopode aveugle. Bruxelles, 1887; extr. 
in-8° (4 pages). 

Leboucq (H.) — L’apophyse styloide du 5* métacarpien 
chez l'homme. Gand, 1887; extr. in-8° (15 pages). 

Tahon (Victor). — Les origines de la métallurgie au pays 
d'Entre-Sambre-et-Meuse. Mons, 4886; in-8° (46 pages). 

Matthieu (Ernest). — Surprise de la ville d'Avesnes par les 
Français en 1325. Douai, 1887; in-8° (15 pages). 

— Nécrologie : Louis-Alphonse-Joseph Petit. In-8° (6 pages). 

— Thomas Tordeur, fondeur nivellois. 1887; in-8° (5 pages). 

Bastelaer (D.-A. Van). — Mémoires archéologiques, tome IV. 
Mons, 1886; vol in-8°. 

Schiffers. — Du traitement du catarrhe du sinus maxillaire. 
Bordeaux, 1887; extr. in-8° (8 pages). * 

Monge (Léon de). — Études morales et littéraires. Épopées 
€t romans chevaleresques : I, les Niebelungen; la Chanson de 
Roland; le Poéme du Cid. Bruxelles, 1887; vol. pet. in-8*. 

Deruyts (Jacques). — Développements sur la théorie des 
formes binaires, Bruxelles, 1887; extr. in-8° (28 pages). 

— Sur la représentation des involutions unicursales. 
Bruxelles, 1887; extr. in-8° (26 pages). 

— Sur certains systèmes de polynómes associés. Bruxelles, 
1887; extr. in-8° (14 pages). 

Bollandistes (les). — Acta sanctorum novembris, tomus I 
quo dies primus, secundus et partim tertius. Paris, Bruxelles, 
1887 ; vol. gr, in-4*. i 

De Saegher (E.) et Bartholeyns (Elo). — Histoire populaire 
de Schaerbeek. Schaerbeek, 1887; in-8° (216 pages, plans et 
gravures), 


( 684 ) 

Cercle hutois des sciences et beaux-arts. — Annales, tome VII, 
livraisons 1-5. Huy, 1887; 3 br. in-8°. 

Stiernet (J.-B.). — La littérature française au XVII: siècle : 
Essais et notices avec une introduction (Moyen âge et 
XVI: siècle), Bruxelles, Paris, 1887; vol. in-8°, 

Souillart (M.). — Théorie analytique des mouvements des 
satellites de Jupiter, 2° partie. Paris, 1887 ; vol. in-4°. 

Institut cartographique militaire. — Triangulation du 
royaume de Belgique, tome VI, 4° fascicule. Bruxelles, 1887; 
vol. in-4°, 

Institut archéologique du Luxembourg. — Annales, t. XIX. 
Arlon, 1887; vol. in-8°. 


ALLEMAGNE ET ÁUTRICHE-HONGRIE. 


Verein für Naturwissenchaft zu Braunschweig.— 5. Jahres- 
bericht, 1886-87. In-8*, 

Naturhistorischer-medicinischer Verein zu Heidelberg. — 
Verhandlungen, neue Folge, 4. Band, 1887; in-8°. 

Statistischer Landesamt. — Jahrbücher. — Württem- 
bergische Vierteljahrshefte für Landesgeschichte, 1886. In-4°. 

Nassauischer Verein für Naturkunde. — Jahrbücher, Jahr- 
gang 40. Wiesbade, 1887; vol. in-8°. 

Naturforschende Gesellschaft in Bamberg. — XIV. Bericht, 
1887. In-8*. 

Geodütischer Institut, Berlin. — Prücisions-Nivellement der 
Elbe, 5. Mittheilung. 1n-4*. 

Universität zu Kiel. — Schriften aus dem Jahre 1886-87. 
49 br. in-8° et in-4°. : | 

Ministerium. für Landwirtschaft, etc. — 5* Bericht der 
Kommission... der deutschen Meere (1882-86), XII-XVI. Jahr- 

ang. Berlin, 1887; vol. in-4°. 

j à TERTE def Beobachtungsstationen an den deutschen 
Küsten über die physikalischen Eigenschaften der Ostsee; 
und Nordsee, 4886. Berlin, 1887; in-4° oblong. 


( 685 ) 
Académie des Sciences de Hongrie, Budapest. — Almanach, 
1887. Annuaire, XVII, 4. Bulletin de l’Académie, 1886, 5-7 ; 
1887, 1, 2, 5. Nécrologues, IV, 2-5. Rapports de la section 
philologique, XIII, 5, 4 et 6-12. Phonétique, relative spécia- 
lement à la langue hongroise. Archives des anciens poètes 
hongrois, V. Mémoires philologiques, XX, 1, 2. Fragments de 
poésie populaire des Votjaks. Rapports de la section histo- 
rique, XIII, 2, 4, 5, Rapports de la section des sciences poli- 
tiques, VIII, 7-10; IX, 1. L'infraction consommée et la tenta- 
tive, l'auteur matériel et la complicité, II. L'élection d'Étienne 
Bathory, roi de Pologne. La famille du comte de Bercsényi, IL. 
Defters du fise ture en Hongrie, I. Monumenta Comiliorum 
Transilvaniæ, XI. Aperçus politiques et correspondances de 
Jean Rimay d'Alsó-Sztregova et de Rima. Codex diplom. Hun- 
garicus Andegavensis, V (1347-1552). Documents pour servir 
à l’histoire diplomatique de Gabriel Bethlen. Mémoires archéo- 
logiques, vol. XV. Bulletin archéologique, VI, 3, 4, 5; VII, 1, 2. 
Rapports de la section des sciences naturelles, XV, 19; XVI, 
1-6; XVII, 4. Rapports de la section mathématique, XIII, 4,2. 
Bulletin des sciences naturelles ct mathématiques, 1V, 7-9; 
V, 1-8. Mémoires des sciences naturelles et mathématiques, 
XXI, 2-5. Annuaires militaires hongrois, I. Ungarische Revue, 
1887, 1-7. Naturwissenschafüiehe Berichte, IV. 


— 


AMÉRIQUE. 


Baxter (Sylvester). — Morse collection of japanese pottery. 
Salem, 1887; in-4° (16 pages, 4 planches). 

Coni (D" Em.-R.). — Progrès de l'hygiène dans la Répu- 
blique argentine. Paris, 1887; vol. gr. in-8° (265 p. avec pl.). 

U. S. geological Survey, Washington. — 6% annual report, 
1884-85. Washington; in-4°. 

Signal office, Washington. — Tri-dailly meteorological 
Record, January-april 1878-1884; 4 vol. in-4° oblongs. 

9"* SÉRIE, TOME XIV. 


( 686 ) 
Essex Institute. — Bulletin, vol. XVIII, 1886. In-8°. 
Academy of sciences, San-Francisco. — Bulletin, I, 6, 1887, 
In-8*, 
République Argentine. — Primer censo general de la Pro- 
vineia de Santa-Fé. Censo de las escuelas correspondente a 
fines de 1886 y principios de 1887. Buenos-Ayres, 1887; 
In-4°. 


FRANCE. 


Delaborde (Henri). — Notice sur la vie et les ouvrages de 
M. Théodore Ballu. Paris, 1887; in-4*. 
Guimet (Émile). — Sécurité dans les théátres. Lyon, 1887; 
vol. in-8°. 
Guccia (G.-B.). — Théorème sur les points singuliers des 
surfaces algébriques. Paris, 1887; extr. in-4° (5 pages). ; 
Polybiblion. — Revue bibliographique universelle : partie 
littéraire et partie technique pour 1887. Paris; in-8°. 
Société d'histoire et d'archéologie de Chálons-sur-Saóne. — 
Mémoires, t. VII, 1883-86. In-4*. 
Société archéologique et historique du Limousin. — Bulletin, 
t. XXXIV. Limoges, 1887; in-8°. 
Société des antiquaires de la Morinie. — Mémoires, t. XX. 
Saint-Omer, 1887; vol. in-8*. ; 
Académie des sciences,.. de Rouen. — Précis analytiques, 
1885-86. Rouen, 1887; vol. in-8*. : 
Société des amis des sciences naturelles, Rouen. — Bulletin, 
1886, 2° semestre. In-8°. 
Société libre d’émulation, Rouen. — Bulletin, 1886-87, 
1** partie. In-8*. IV. 
Académie de Stanislas, Nancy. — Mémoires, 5° s série, t. 
In-8*. 
Sociélé des antiquaires de Picardie. — Bulletin, 1886, 2-4; 
1887, 1. Mémoires, 3° série, t. IX. Amiens, 1887; in-B°- 


Er ENE S REIA dot nl fl dis 


( 687 ) 


École polytechnique, Paris. — Journal, 56° cahier. Paris, 
1886; in-4°. 

Académie des sciences d'Arras. — Mémoires, 2° série, 
t. XVII. Arras, 1887; vol. in-8. . 

Société académique indo-chinoise. — Bulletin, 2* série, 


t. I°, 1881. Paris, 1882; vol. in-8*. 

Académie de législation de Toulouse. — Recueil, 1885-86. 
In-8*. 

Société des antiquaires, Paris. — Mémoires, 5* série, t. VI. 
— Bulletin, 1885; 2 vol. in-8°. 

Société des sciences de Nancy. — Bulletin, 1886; in-8°. 


GRANDE-BRETAGNE, IRLANDE ET COLONIES BRITANNIQUES. 


Browning (Oscar). — England and Napoleon in 1805 being 
the despatehes of lord Whitworth and others, now first 
printed from the originals in the Record Office. Londres. 
1887; vol. in-8° (Historical Society) 

Cotes (E.-C.) and Swinhoe (C.). — A catalogue of the moths 
of India, pt. 4, Sphinges. Caleutta, 1887; in-8° (40 pages). 

Edinburgh geological Society. — Transactions, V, 3. In-8°. 

Philosophical Society of Glasgow. — Proceedings, vol. XVIII, 
1886-87. In-8° 


ITALIE. 
Accademia Virgiliana di Mantova — Atti e memorie, 
1885-87. In-8°. 
Osservatorio di Brera in Milano. — Pubblicazioni, n° XXXI : 
Azimut assoluto del segnale trigonometrico del monte Palan- 
zone sull 'orizonte di Milano. Milan, 1887; in-4*. 


( 688 ) 


Pays-Bas. 


Vollgraff (J.-C.). — M Tvllii Ciceronis pro M. Caelio oratio 
ad ivdices. Leyde, 1887; in-8° (96 pages). 

Vorsterman Van Oyen (A.-A.). — Joost Van den Vondel en 
zijn nageslacht. La Haye, 1867; in-18 (22 pages). 

Fondation Teyler, — Catalogue de la Bibliothèque, 5* et 
6° livr. — Archives du Musée, vol. III, 17^ partie. 5 cah. in-8°. 

Natuurkundige Vereeniging in Nederlandsch Indië. — 
Tijdschrift, deel XLVI Batavia, 1887; in-8°. 


PAYS DIVERS. 


Université d’Upsal. — Thèses inaugurales et dissertations, 
1886. Arsskrift, 1886. 25 br. et vol. in-8° et in-4°. 

Instituto y Observatorio de Marina de San-Fernando. — 
Almanaque nautico para 1888 y 1889. 2 vol. gr. in-8°. 

Instituto geografico y estadistico. — Memorias, tomo VI. 
Madrid, 1886; vol. in-8°. 

— Mapa topogräfico de España, en escala de 1/50000, bajo 
la direccion del senor don Carlos (Ibañez é Ibanez de Ibero) 
n" 609, 627, 628, 655, 656, 659, 683-86. Madrid, 1885; 
in-plano. 


TABLE DES MATIÈRES. 


CLASSE DES SCIENCES. — Séance du 5 novembre 1887. 
CORRESPONDANCE. — Annonce de S mort de MM. G. sese Spencer, 
Fullerton Baird et Dole Aagi o d'Aguiar. . Pergens demande 
à pouvoir occuper, en 1888, la pen réservée aux x Belges à in "Station 200- 
logique de Naples. — Dépót aux archives d'une note de 
la i 


soi rsaire du Dr Donders. — M Ferr 
possession de son manuserit concernant le système suivi par Cauchy 
spei de la pri — Homm "- d'ouvrages — Travaux soumis à 


uie i Na apports de MM. Delbeeuf et  Fredericq d un mit E "x 
M. prede Coriu renis Aetion des acides e goü 536, 

Rapport de MM. Folie et Houzeau sur un tra i , M. a Hiroohant int 

tulé : fran PH de Saturne faites en 1887 541, 

es rt de MM. Le Paige et Mansion sur un cuin de M. Fi unt  Deruyts 
A ji la cH d l'involution. . 545, 

COMMUNICATIONS ET LECTURES. — Re do rches TEE sur d vision 
chez p Arthropodes (deuxième partie) Vision chez les AET Ly id 
Félix 


545 


544 


p observation au sujet d gun travail ü M. w. Hallock intitulé z Tue um 
SoLips, ete.; par ing . 595 

ar cd dipl EE par d à ses s systèmes À lackenien è tongrien s 
u S.-E. de Bruxelles ; par Michel Mourlon 398 
os des acides sur le goût ; par Joseph Corin. . 616 

Mifit physi ques dé — scat en 1887, à TOlseroatoire royal 

; par Paul Str : 638 
630 


e la dieto de tinvotution; par La buy $ ae 
ES LETTRES — Séance du 7 mon 18 887. 

CORRESPONDANCE. v Loomans présente p PAnnuaire sa notice sur 

G. Nypels — Hommage « d'ouvrages. — Travail de M. kere soumis à 

l'examen 665 
BIBLIOGRAPHIES. — deo rigines rd ja métellue Led " P ys s d'Entr eSanbre- 

et-Meuse (Vicron TAnox); note par r Alph. Wau 666 
Bude este et littéraires : z ue Gg et romans ehevaleresques (Laos 

DE ce); uote par É. de Laveleye 608 
M Tv i Ciceronis pro M. ial eret ad divdices a- ‘c. Vorens); note 

par Martin Philippson . oop 


CONCOURS QUINQUENNAL DE LITTÉRATURE mscus.- — Aue de noms 5 pour 2h 
le choix du jury de la huitiéme période " 
CONCOURS TRIENNAL DE LITTÉRATURE DRAMATIQUE EX LANGUE FRANCAISE. — 
Liste de noms pour le choix du jury de la dixiéme période. + ibid. 
re ET LECTURES — La derniére amnes du Conseil avant ET i 
supplice ; par le baron geni yn de Lettenhov 
AUX-ARTS. — Séance di 10 wand 1887. 


CLASSE DES BE 
Portraits a demandés ÿ pour le Musée des offices, à Florence. `- m 
CORRESPONDANCE. — Hommage d'ouvrages. — M. Hymans s pe à die E ^ 
la notice de Fa N. De ! Keyser en remplaceme ent de M. Siret. . 
rcp ANNUEL. — uie ids ppm ditus oppor par " sist- 679 
aert. . 
Comines ET LECTURES, — ES men de k revision de règlement ae 682 
nds concours pour les arts graphiques et plastiques. - und 
ÉLECTIONS. — Formation de la liste des candidatures aux places vacantes ibid. 
OUVRAGES PRÉSENTÉES...  . o wou Ca wie UT 


DES 


LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGI 


4) 
p 


pA à 
Mh EE 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 
DES 
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE 


1887. — No 12. 


CLASSE DES SCIENCES. 


Séance du 3 décembre 1887. 


M. J. De Tictx, directeur et président de l’Académie. 
M. Liscng, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Fr. Crépin, vice-directeur; J.-S. 
Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- 
champs, J. C. Houzeau, H. Maus, E. Candéze, Ch. Mon- 
tigny, Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, 
Briart, F. Plateau, Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke, Alf. Gil- 
kinet, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, Louis Henry, 
M. Mourlon, membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, 
associés; Paul Mansion, A. Renard, P. De Heen et C. Le 
Paige, correspondants. | 

Sme SÉRIE, TOME XIV. 4T 


( 690 ) 

M. le directeur donne lecture d’un arrêté royal du 
29 novembre dernier, par lequel le prix quinquennal des 
sciences naturelles, pour la période 1882-1886, est décerné 
à M. Édouard Van Beneden pour son ouvrage intitulé : 
Recherches sur la maturation de l'œuf, la fécondation, et 
la division cellulaire. 

C'est la seconde fois, fait remarquer M. De Tilly, que 
notre confrére remporte cette distinction honorifique; le 
prix de la période 1872-1876, lui avait été attribué pour 
ses Travaux d'anatomie comparée, d’histologie, et pour 
l'impulsion qu'il a donnée à cette branche des sciences. 

D'un autre cóté, ajoute M. De Tilly, j'ai le plaisir d'an- 
noncer à la Classe que notre confrére vient d'étre élu cor- 
respondant de l'Académie royale de Berlin. Je serai cer- 
tainement l'interpréte dela Classe en félicitant M. Édouard 
Van Beneden pour ces nombreux succès, dont l'honneur 
rejaillit sur l'Académie tout entiére. iie Applaudissements. 

M. Édouard Van Beneden remercie M. le directeur pour 
les félicitations qu'il a bien voulu lui adresser. Il remercie 
aussi ses confrères pour l'accueil bienveillant qu'ils ont 
fait aux paroles de M. le directeur. — Applaudissements. 


CORRESPONDANCE. 


ee 


Le Gouvernement anglais offre à. l'Académie, par les 
soins de M. John Murray, la suite des Challenger Reports ; 
Zoologie, vol. XX, XXI, première et deuxième parties; ci 
vol. XXII, 4 volumes in-4°. — Remerciements. 


( 69 ) 


— M.Dormal, de Gembloux, demande à rentrer en pos- 
session d'un billet cacheté, déposé par lui dans les archives 
de l'Académie le 4 juin de cette année. — Accordé. 


— Hommages d'ouvrages : 

1* Description des fossiles du calcaire grossier de Mons, 
4° et dernière partie; par Briart et Cornet; 

2^ Compte rendu de l'excursion de la Société malacolo- 
gique : note sur la structure des dunes; par A. Briart; 

3° Expérience devant servir à l'explication de la vertu 
curative de l'hypnotisme; par J. Delbœuf; 

4 Annuaire populaire de Belgique pour l'année 1888, 
4* année; par J. C. Houzeau; 

9* Troisième note sur les observations des coups de foudre 
en Belgique; par F. Évrard (présenté par M. Folie); 

6° Flora Brasiliensis, fasciculus € : Melastomaceae V b; 
par A. Cogniaux. — Remerciements. 


— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à 
l'examen de commissaires : 

1° A new philosophy, par John Barker Smith. — Com- 
missaire : M. Houzeau; 

2° Recherches sur les causes probables de l'explosion 
d'un récipient, ete., et Nouvelles tables des pressions, den- 
sité et vitesse de sortie de la vapeur, etc.; par Delaurier. 
— Commissaire : M. Spring; 

9* Sur un nouveau glucoside azoté retiré du « LINUM 
USiTATISSIMUM »; par A. Jorissen et E. Hairs. — Commis- 
Saires : MM. Stas et Gilkinet ; 

4 Notice sur les Mélastomacées MORALE s i sad de 
M. Éd. André; par. Alfred €ogniaux. — Commissaire : 
M. Crépin. B 


UNE 
F} 
E 
^ 


h 


( 692 ) 


ÉLECTIONS. 


La Classe procéde à l'élection de sa Commission spé- 
ciale des finances pour l'année 1888 : MM. Gluge, Mailly, 
Maus, Montigny et P.-J. Van Beneden, membres sortants, 
sont réélus. 


JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1887). 


La Classe entend la lecture des rapports suivants : 

1° De MM. Spring, Van der Mensbrugghe et Stas, sur 
le mémoire portant pour devise : Numeri regunt mundum, 

relatif à l'écoulement des liquides ; 

2» De MM. Van Bambeke, Éd. Van Beneden et Plateau, 
sur le mémoire Trado que potui, relatif au pps 
embryonnaire d'un mammifère. É 

La Classe statuera dans sa prochaine séance sur les 
conclusions de ces rapports. Les mémoires restent déposés — 
à l'inspection des membres qui voudront en prendre 
connaissance; les rapports seront imprimés et distribués. 


RAPPORTS. 


— 


MM. Van Beneden pére et fils, et Plateau, émettent leur 
avis sur la requête de M. Pergens, tendant à pouvoir occu- - 
per, pendant l'année 1888; la table belge de la station 
zoologique à Naples. — Cet avis sera communiqué au Gor 
vernement. 


* 


WE E e ONE 
> “ ds MT ga 
x 3 s 


( 693 ) 


— M. Houzeau donne lecture de son rapport sur un 
travail de M. B.-G. Jenkins: On forecasting the weather. 

Sur la proposition de M. Houzeau, ce travail est accepté 
à titre de communication d'attente. 


Sur quelques dérivés nouveaux de l'alcool heptylique normal, 
comparés à leurs homologues; par C. Winssinger. 


Sapport de M, WW. Spring. 


« Il y a quelques mois, M. C. Winssinger à communiqué 
à l'Académie le résultat de recherches qu'il avait entre- 
prises sur quelques dérivés du propane; aujourd'hui, com- 
plétant son étude, il s'occupe de plusieurs dérivé 
de l'alcool heptylique normal, dérivés qu'il a préparés sur- 
tout en vue de procéder à une étude comparée des pro- 
priétés physiques et chimiques des corps appartenant à 
des séries homologues déterminées. 

Aprés avoir fait connaitre le mode de formation et les 
propriétés spéciales de l'alcool heptylique normal, du chlo- 
rure de heptyle, du mercaptan heptylique, du sulfure, 
de l'oxysulfure, du sulfone et de l'acide sulfonique hepty- 
lique, tous corps nouveaux, à l'exception de l'alcool et du 
Chlorure, l'auteur expose des considérations générales sur 
les séries homologues auxquelles appartiennent les dérivés 
Sulfurés heptyliques. Ces considérations font connaître la 
raison de ce travail et lui donnent sa valeur scientifique. 
Elles contribueront, en effet, à faire mieux connaitre la 
loi de l'évolution. des propriétés physiques et chimiques 
des Corps à travers les diverses espèces d'un genre com- 
Mun. Ainsi, aprés avoir défini une fonction chimique 


. 


( 694 ) 
générale, à laquelle il donne le nom trés clair d'intensité 
réactionnelle, il montre que le caractère chimique des 
combinaisons heptyliques doit être considéré comme le 
développement de propriétés dont la trace, ou l’origine, se 
trouve déjà dans les termes inférieurs de la série où figure 
le heptyle. 

Par exemple, la propriété des sulfhydrates d'abandonner 
facilement de l'acide sulfhydrique, pour devenir des sul- 
fures, n'apparaît pas brusquement chez le mercaptan hep- 
tylique, mais ce pouvoir se retrouve dans ses homologues 
inférieurs, à des degrés d'autant plus prononcés qu'ils sont 
plus voisins de ce groupe /iepryle. 

L'ensemble des remarques faites par l'auteur établit, en 
résumé, que la tendance à la formation de corps variés, ou 
multiples, diminue de plus en plus à mesure que s'accroit, 
dans une molécule, l'accumulation des groupes CHF. 

On peut rapprocher de cette observation cette autre, que 
ce sont généralement les corps à poids atomique faible 
qui présentent le plus d'activité chimique, ou, pour me 
servir du terme proposé par l'auteur : le plus d'intensité 
réactionnelle. 

Le travail de M. Winssinger a été exécuté avec grand 
soin; on y retrouve la marque de l'exactitude serupuleuse 
qu'il a apportée aux recherches que l'Académie connait 
déjà. Je n'en doute pas, les résultats numériques qu'il con- 
tient seront reconnus comme exacts. En conséquence, j'ai 
l'honneur de proposer à la Classe d'insérer ce travail dans 
le Bulletin et d'engager l'auteur à continuer ses laborieuses 
recherches. » 


M. Stas s'est rallié aux conclusions du rapport préce- 
dent. — Adopté. 


A cen ui Mapa iE de n ni PO E 


mud aidEL Ll ue L AAS 


te Ja TEENS E as Y 
Ic Hal E C Dd LS D SO LAN T Do Le Me uM Ria t E 


M LA RR NE 


( 698 ) 


Sur la nature minérale des silex de la craie de Nou- 
velles, et contribution à l'étude de leur formation; par 


A.-F. Renard et C. Klément. 


Rapport de M. Ch, de la Vallée Poussin, 
premier commissaire 


« Le mémoire présenté à la Classe par MM. Renard et 
Klément traite de la composition chimique, de la consti- 
tution minéralogique et du mode de formation des silex 
compris dans la subdivision créée par MM. Briart et Cornet 
dans le systéme crétacé du Hainaut, sous la désignation de 
craie de Nouvelles. Quoique ce. travail n'aborde qu'une 
place limitée de la période erétacée du Hainaut, les auteurs, 
avec raison, d’après nous, l'ont fait précéder de l'historique 
plus ou moins détaillé des opinions émises jusqu'à présent 
sur l'importante question de l'origine des silex de la craie. 
Ils résument, en accordant une part à la critique, les doc- 
trines et les hypothèses qui se réclament notamment 
d'Ehrenberg, de Bischof, de Lyell, de Wyville-Thomson, 
de Wallich, de Solas, de Julien. La solution du probléme 
serait d'une telle portée en géologie, qu'on s'explique les 
nombreux travaux qu'on lui a consacrés dans ces dernières 
années, 

En effet, l'association intime des formations siliceuses 
€t ealeédonieuses à des calcaires et à d'autres sédiments 
marins encombrés de restes organiques, n'est pas un fait 
Propre à la période crétacée. Il se répète, et souvent sur 
la plus grande échelle, dans le Jura supérieur, dans le 
Muschelkalk, dans le calcaire carbonifère, dans les cal- 
caires sénoniens et siluriens de plusieurs pays. I! est établi 


. 


( 696 ) 

que, dans un grand nombre d'étages de la série sédimen- 
taire, des bancs calcaires incontestablement zoogènes sont 
entrelacés à des produits siliceux qui, ‘d’après toutes les 
analogies, dérivent également des organismes. C’est ce 
qu'ont admis depuis longtemps beaucoup d’observateurs, 
mais sans l'appuyer de preuves suffisantes et avec des vues 
divergentes. Si l'on obtenait, par l'observation de la craie 
blanche sénonienne, une démonstration de ce mode d'ori- 
gine et de son processus, elle conduirait probablement à 
l'explieation de beaucoup de roches siliceuses à grains fins 
déposées dans les mers anciennes en bancs puissants el 
sans mélange avec le calcaire; telles que les Kieselschiefer, 
par exemple, qui sont encore une énigme lithologique. 

MM. Renard et Klément ont étudié les silex de la craie 
de Nouvelles par l'analyse chimique et à l'aide du micro- 
scope. lls y distinguent un mélange de silice anhydre cris- 
talline et de silice amorphe colloïde. Ils consignent leurs 
propres expériences, confirmant celles de Rammelsberg, 
qui montrent que la séparation des deux modes de la silice 
dans une agrégation qui les renferme tous les deux, ne peut 
s'effectuer sûrement par l'emploi d'une solution de potasse 
chaude, celle-ci attaquant toujours la silice cristalline pro- 
portionnellement à la durée de l'opération. C'est pourquoi 
ils s'en rapportent aux poids spécifiques, qui sont, comme 
on sait, notablement différents pour la silice anhydre et 
pour la silice à l'état d'opale. 

Le poids spécitique des silex de Nouvelles (2,606), trés 
peu inférieur à celui du quartz, montre que la silice eol- 
loide n'y joue qu'un róle trés subordonné. La perte au feu, 
assez faible, qu'éprouvent ces silex aboutit à la méme con- 
clusion. Elle ressort également de l'examen de nombreuses 
plaques minces par le microscope polarisant. Les deux 


di 697 ) 
auteurs ont reconnu entre nicols croisés une polarisation 
d'agrégat dérivant de grains biréfringents, entre lesquels 
est interposée une petite proportion de substance isotrope 
attribuable à la silice colloide. 

D'un autre cóté, le microscope révéle, dans ces mémes 
silex, d'innombrables spicules de spongiaires. On constate 
qu'autour des spicules, comme dans leur canal axial, la 
silice s’est déposée le plus souvent à l'état de calcédoine. 
D'où cette conclusion, que les spicules sont devenus, après 
la disparition de la matière organique, le point d'appel 
d'un supplément de substance siliceuse qui a converti 
l'agrégation en silex compact. 

MM. Renard et Klément rapprochent ensuite les faits 
qui précédent des données acquises sur la boue à globi- 
gérines qui s'étale dans les grandes profondeurs océa- 
niques. [Is font ressortir certaines différences qu'elle pré- 
sente avec la craie blanche sénonienne, et qui font juger 
que celle-ci n'est pas à proprement parler un dépót péla- 
gique, mais qu'elle a dû se former sous une médiocre 
profondeur d'eau. Il est remarquable que, malgré l'abon- 
dance des spongiaires vivant sur les grands fonds, la 
drague n'a jamais ramené un silex des abimes de l'Atlan- 
lique. Ce contraste entre deux formations aussi semblables 
minéralogiquement et zoologiquement que le sont la craie 
et la boue à globigérines, a occupé plus d'une fois les 
Savants de notre temps, et l'on n'en n'a pas donné jusqu'à 
présent d'explication satisfaisante. Nos deux auteurs font 
observer très judicieusement que les silex crétacés appar- 
tiennent à la catégorie des rognons, sorte de concrétions 
qui ne se produit à peu prés jamais qu'à l'intérieur des 
couches, c'est-à-dire quand les dépóts ont acquis déjà une 
certaine épaisseur, tout en conservant de la plastieité. En 


distinguant entre la surface même du fonds marin et les 
lits immédiatement sous-jacents, ils rendent compte jus- 
qu’à un certain point, et beaucoup mieux qu’on ne l’a fait 
avant eux, d'abord de l'absence de rognons siliceux dans 
les fonds actuels de l'Atlantique, et ensuite du double 
phénoméne chimique que présuppose la formation des 
silex, à savoir une dissolution partielle de la silice des 
spongiaires et des diatomées dans l'eau de la mer, suivie 
d'une précipitation de cette méme silice pour la pro- 
duction du silex. L'attaque du”squelette des spongiaires 
par les agents multiples qui s'exercent dans l'eau marine 
est communément admise, et l'état corrodé de beaucoup 
de spicules la démontre. Aprés avoir rappelé les diverses 
réactions classiques auxquelles on a attribué la dissolution 
et la précipitation de la matière siliceuse, MM. Renard et 
Klément font observer que le magrna calcareo-siliceux 
mélangé à la matiére organique en décomposition qui 
constitue les lits de dessous, est comme imbibé par l'eau 
chargée de silice provenant du dessus. Dans un tel milieu 
les conditions deviennent favorables à la concentration de 
la silice en rognons autour des organismes siliceux 
antérieurs, comme à la pseudomorphose de beaucoup 
d'organismes calcareux qui l'aecompagne ordinairement. 
Cette interprétation étant proposée pour la genése des 
silex crétacés, les auteurs terminent en remarquaut que 
l'alignement des silex dans le terrain erétacé et la dispo- 
sition stratifiée qui en résulte répondent précisément aux 
alternanees dans les dépóts et les organismes qui sont 
propres aux mers peu profondes. 

Le mémoire que je viens d'analyser n'éclaircit pas sans 
doute toutes les difficultés soulevées par un des problèmes 
obseurs de la lithologie; et les auteurs n'ont pas la pre- 


E 


WU TAE S SS ida rare, CROCI IR EP OMS 


RAIL) UL a M UR Ei M ELI A EC Mi cem EL 


BUCH MEUSE Eee e c ANE E 


(999 3 

tention de l'affirmer. Mais leurs analyses des silex, leurs 
observations microscopiques et l'examen comparatif, en 
partie nouveau, qu'ils font des couches crétacées et des 
sédiments pélagiques actuels, me paraissent avoir une 
importance trés sérieuse; et je propose avec empressement 
la publication du travail à la Classe des sciences. » 


M. Briart, second commissaire, s’est rallié à l'opinion 
de M. de la Vallée Poussin. 


La Classe vote l'impression du travail de MM. Renard 
et Klément dans le Bulletin de la séance. 


Contribution à l'étude du développement de l'épiphyse et 
du troisiéme cil chez les reptiles. Communication pré- 
liminaire; par Francotte. 


Rapport de M. Éd, Van Beneden, 


« Le travail que M. Francotte, professeur de sciences 
naturelles à l'Athénée royal de Bruxelles, a soumis à l'ap- 
préciation de la Classe, traite d'une question à l'ordre 
du jour. ll n'est personne qui n'ait connaissance de la 
découverte faite récemment d'un œil médian, résidant à' 
la face supérieure de la téte, chez un certain nombre de 
reptiles actuellement vivants. Cet œil siège au niveau d'un 
trou de la voûte du crâne, dont l'existence a été remarquée 
depuis longtemps; il présente des dimensions particu- 
lièrement considérables chez des amphibiens et des reptiles 
secondaires, tels que les Labyrinthodon, les Ichthyosauwres, 
les Plesiosaures, les Iguanodons, ete. Au niveau de ce trou, 
appelé trou pariétal, réside un organe bien particulier, 


LI 


( 700 ) 

entrevu pour la première fois par Brandt en 1829, étudié 
par Leydig et désigué par lui sous le nom d'organe frontal 
(Stirnorgan). Strahl reconnut que l'organe frontal procède 
de la glande pinéale et Rabl Rückhart, dans ses remar- 
quables études sur l'encéphale des poissons osseux, aprés 
avoir signalé l'analogie qui existe entre l'ébauche de 
l'épiphyse et celle des vésicules optiques primaires, exprima 
l'opinion que la glande pinéale est le résidu d'un organe de 
sens impair semblable à un œil, atrophié chez les vertébrés 
actuels, mais qui a présenté, chez les reptiles secondaires, 
un grand développement. Ahlborn avait été conduit à la 
méme idée par ses études sur l'épiphyse des Lamproies. 

Cette opinion devait recevoir une confirmation éclatante 
par les recherches de deux anatomistes, l'un néerlandais, 
l'autre anglais, de Graaf et Spencer. 

De Graaf démontra que l'orgaue frontal de Leydig pré- 
sente, chez l'orvet, une structure trés semblable à celle d'un 
œil de mollusque céphalopode, ptéropode ou hétéropode; il 
y reconnut la présence d'une rétine et d'un cristallin, mais 
il ne put découvrir aucun nerf le rattachant au cerveau. 

Il prouva l'homologie de cet œil impair avec la glande 
extra-eranienne des Amphibiens, connue sous le nom de 
glande de Stieda. 

Spencer étudia l'organe pinéal dans vingt-huit espéces 
de Sauriens. C'est chez Hatteria que l'oeil pinéal atteint 
son plus grand développement. La rétine y est constituée 
de Six couches bien distinctes et elle est reliée au cerveau 
par un nerf optique bien développé. Chez d'autres, l'orvet, 
par exemple, le nerf manque et la composition de la rétine 
est moins complexe,.quoiqu'elle comprenne encore quatre 
couches. D'aprés Spencer le cristallin serait en continuité 
avec la rétine, tandis que de Graaf admet l'indépendance 
des deux formations. 


Le fu Hé a OP ES 


E E ERIL IMAGERIE EE ESE VEU A CET REI EE ETE ae LOS d t 


| 
| 
| 
1 
| 
| 


( 704 ) 

Spencer fait connaitre toutes les variations que l'on 
observe dans le degré de développement et dans la con- 
stitution de l'œil pinéal chez les reptiles qu'il a étudiés; 
chez les uns, l'organe montre des traces manifestes de 
régression, chez d'autres, un arrét de développement. 
Quant au nerf optique, tantót il existe, d'autres fois il fait 
totalement défaut. 

M. Francotte a étudié le développement de l'organe 
pinéal chez l'orvet et chez le lézard, et a utilisé à cet effet 
un riche matériel d'embryons qu'il a recueillis lui-méme, 
ilya quelques années, dans la province de Namur. Il a 
fait des séries de coupes frontales, horizontales et sagittales 
d'embryons d'àges fort différents et, par l'examen compa- 
ratif des stades successifs, il à pu tracer un tableau trés 
clair de l'évolution de l'organe dont il s'agit, depuis le 
moment où l'épiphyse prend naissance à la voûte du tha- 
lamencéphale, jusqu'au complet développement de l'œil 
pinéal. I] a vu le divertieule épiphysaire s’allonger en haut 
et en avant, se mettre en contact avec l'épiderme par son 
extrémité distale renflée en massue; puis celle-ci se séparer 
par étranglement. s'isoler, former une vésicule distinete ; le 
cristallin d'une part, la rétine de l'autre, procéder par dif- 
férenciation dela méme ébauche vésiculaire. Il'analyse les 
Modifications successives que subit la structure de l'œil 
pinéal, Un groupe de cellules sous-jacent à la vésicule opti- 
que, aprés la séparation du pédicule épiphysaire, donnerait 
naissance à un nerf qui, partant du pédicule, va s'épanouir 
dans la rétine. Puis ce nerf dégénére et disparait sans laisser 
de traces. L'organe visuel de l'orvet parcourt dans son évo- 
lution une série de stades successifs, tous realisés d'une 
facon permanente chez l'un ou l'autre reptile adulte. C'est 
un fait bien étrange de voir cet organe de sens innervé 


( 702 ) 
chez l'embryon perdre, dans la suite, le lien, indispensable 
à son fonctionnement, qui, pendant une courte période, 
l'a rattaché aux centres nerveux. 

M. Francotte a fait aussi de bonnes observations sur la 
genése des plexus choroides chez l'orvet, le lézard et le 
poulet. 

Son travail est accompagné d'une fort belle planche 
photographique, trés démonstrative; l'auteur a lui-méme 
exéculé tous les clichés. Les résultats qu'il a obtenus 
permettent d'affirmer une fois de plus que la photographie 
peut rendre dés aujourd'hui d'immenses services au micro- 
graphe. 

Je propose à la Classe : 4° de voter l'impression du tra- 
vail de M. Francotte dans le Bulletin de la séance; 2° d'or- 
donner la reproduction par,la phototypie de la planche 
dont l'auteur tient les clichés à la disposition de l'Acadé- 
mie; 3° de voter des remerciements à M. Francotte pour 
son intéressante communication. » 


M. Ch. Van Bambeke a souscrit à ces conclusions, qui 
sont adoptées par la Classe. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


— 


M. Catalan communique une suite à ses précédents tra- 
vaux : JVouvelles propriétés des fonctions Xn. La Classe 
ge . . , . = o 

en vote l'impression dans le Recueil des Mémoires in-4°. 


de Ve du in S annm 


PA PS E NEN DS e Fa 


Influence des bourrasques sur la scintillation des étoiles ; 
par M. Montigny, membre de l’Académie. 


Dans la soirée du 7 décembre 1886, à Bruxelles le ciel 
était serein, les instruments météorologiques n'aceusaient 
l'approche d'aucun trouble atmosphérique, et cependant la 
scintillation des étoiles était excessivement forte. Cet 
accroissement me surprit : il était dû à l'iofluence d'une 
bourrasque encore trés éloignée, mais dont les effets 
S'étendaient déjà, dans les couches supérieures de l'air, 
sur les rayons stellaires qui les traversaient avant de 
pénétrer dans les couches inférieures, qui étaient encore 
calmes dans nos régions. Ce fut seulement plusieurs 
heures aprés mes observations que le barométre com- 
menca à descendre d'une manière accentuée. Cette chute 
était provoquée par la bourrasque qui sévit du 8 au 10 dé- 
cembre dans nos régions avec une intensité telle, que, 
d'après le Bulletin météorologique de Paris, cette tempête 
est la plus violente qui ait été signalée en Europe depuis 
la création du service météorologique (1). 


Sere e e PER NEQNE REA NT LES EEE 


(1) Bulletin du 9 décembre 1886. Dans l'excellent article de Ciel 
et Terre (n° du 16 décembre) qu'il a consacré à la tempête du 8, 
M. Lancaster fait remarquer que, pendant sa durée, la violence 
du vent n'atteignit pas, dans nos régions, celle de l'ouragan du 
12 mars 4876, et qu'on n'a pas eu à enregistrer des malheurs 
semblables à ceux qui atteignirent alors la Belgique entiére. M. Lan- 
caster n'en considère pas moins la tempête du 8 décembre 1886 
comme l'une desplus mémorables du siècle. 


( 704 ) 

Dans la notice que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca- 
démie, j'indiquerai d'abord les variations d'intensité et les 
caractères particuliers que la scintillation présenta sous 
l'influence de cette tempête. J'exposerai ensuite les résul- 
tats généraux d'autres observations qui ont coincidé, au 
nombre de prés de trois cents, soit avec de grands troubles 
atmosphériques, soit avec des dépressions de moindre 
importance, dans le cours de mes observations depuis 


Voici les indications relatives à la scintillation pendant 
les soirées des 7, 8 et 10 décembre, telles qu'elles ont été 
insérées au Bulletin météorologique de notre Observatoire : 


Mardi 7 décembre. « Scintillation excessivement forte, 
à 154 par 16 étoiles. Son intensité est 158 à l'Est, 156 au 
Sud, 140 à l'Ouest et 159 au Nord. — Trait épaissi, diffus 


et pointillé. — Couleurs trés vives avec excés de bleu 
marqué pour 7 étoiles. — Observations entre 5 !/, et 
9 heures. » 


Mercredi 8. « Scintillation la plus forte que j'ai observée 
depuis l'origine de mes observations (1870), à 244 par 
16 étoiles. Son intensité est 222 à l'Est, 190 au Sud, 260 à 
l'Ouest et 507 au Nord. — Trait épaissi, pointillé pour 
toutes les étoiles observées. — Couleurs vives avec excés 


de bleu trés marqué pour 9 étoiles. — Observations entre , 


5 et 8 heures. » 


Vendredi 40. « lntensité trés forte à 150 par 14 
étoiles. Son intensité est 155 à l'Est, 124 au Sud, 144 
à l'Ouest et 199 au Nord. — Trait épaissi, diffus el 


P MEE. c7 


( 705 ) 
pointillé. — Couleurs vives avec excés de bleu par 
4 étoiles. — Observations entre 6 !/ et 8 heures. » 

L'état du ciel ne permit de faire aucune observation dans 
la soirée du 9 (1). 

Résumons actuellement, d'aprés M. Lancaster, les prin- 
cipales indications concernant la marche que suivit la 
tempête pendant les journées du 7 au 11 décembre, tem- . 
péte qui avait été annoncée par le New-York Herald aux 


(1) Les indications précédentes sont formulées conformément au 
mode adopté pour la transmission de mes déterminations à l'Obser- 
Vatoire, le lendemain au matin de chaque soirée, à la demande de 
M. Houzeau, depuis la création du Bulletin météorologique, en 1878. 
Ces indications comprennent, comme on le voit : 1? l'intensité de la 
scintillation, telle qu'elle a été précisée dans mes travaux précédents; 
2 les caractères du trait circulaire que décrivent les images des 
étoiles par le jea du scintitlomètre adapté à la lunette; 5° l'éclat des 
Couleurs, et, parmi elles, la prédominance du bleu quand il y a lieu, 
cet excès annonçant, selon qu'il est plus ou moins marqué, des pluies 
plus ou moins abondantes, comme je l'ai montré; 4? les heures d'ob- 
servation. 

En ce qui concerne cette dernière indication, je dois dire ici que, 
Presque toujours, mes déterminations ont été effectuées sans disecon- 
tinuité. Mais il en a été autrement pendant les trois soirées du 7, 
du 8 et du 10 décembre. Toutefois, pendant celle du 8, sous l'in- 
fluence la plus violente de la tempéte, les douze premières étoiles, 
qui aeeusérent une scintillation aussi excessive que l'ensemble des 
seize étoiles, furent observées entre 5 et 6 heures et les quatre autres 
àvant 8 heures, 

Je ferai remarquer passagérement ici que l'insertion de mes obser- 
Vations au Bulletin depuis 4878, constituerait, au besoin, une garantie 
I Sujet des résultats sur lesquels reposent mes travaux de seintil- 

ation, : 


3" SÉRIE, TOME XIV. 48 


( 706 ) 
Bureaux météorologiques d'Europe, dés le 5 décembre (1). 

Le 7 décembre, au matin, la dépression s'annonca au 
large des iles Britanniques. A 8 heures du soir, une forte 
inflexion des lignes isobares indiqua que le centre de la 
tempête n'était plus loin. 

Le 8 au matin, la tourmente avait abordé l'Irlande : un 
violent ouragan se levait sur une partie de l'Europe occi- 
dentale; l'agitation de la Manche et de la mer du Nord 
était extrême; la pluie se déclarait intense et accompagnée 
de manifestations orageuses, d'éclairs, de tonnerre et de 
grêle. A huit heures du matin, le foyer de la tempête se — 
trouvait en mer, un peu au N.-O. de l'Irlande. A deux — 
heures du soir, il avait gagné le Nord de ce pays, et à huit. | 

‘heures, le voisinage de l'lle de Man. C'était précisément 
au moment de mes observations d'intensité excessive (244) 
de scintillation. 

e 9 au matin, le centre de la tempête, qui sévissait 
encore avec une extrême violence, avait son centre sur la 
mer du Nord, à l'Est de l'Écosse. 

Le 10, ayant atteint le Sud de la Norwège, elle cessa 
d'exercer une influence marquée sur nos contrées et con- 
tinua sa marche vers le Nord-Est (2). 

Nous voyons. par ees indications, que l'intensité de la 
scintillation, d'abord trés forte à 133 dans la soirée du 7 

SR RER nci 


(1) Voici le texte du télégramme : Une dépression qui traverse en 
ce moment l'Atlantique atteindra probablement les iles Britanniques — 
entre le 7 et le 8, en y occasionnant des troubles atmosphériques. —— 

(2) La trajectoire suivie par cette bourrasque figure dans le travail 
de M. Lancaster, ainsi qu'aux Bulletins météorologiques de Bruxelles 
et de Paris. Je ferai remarquer ici que, malgré la distinction qui 


ver ETE T. 


MUT AEN ee a de ES YOUR ERE aa 


( 707 ) 

avant que la tourmente abordàt l'Irlande, à plus de 900 kilo- 
mètres de Bruxelles, atteignit sa valeur extrême, 244, 
le 8 au soir, quand le foyer de la tempéte se trouvait prés 
de l'Ile de Man, à 600 kilomètres environ, au point de sa 
trajectoire le plus rapproché de nos contrées. Enfin, le sur- 
lendemain au soir, l'intensité avait notablement diminué 
relativement à l'avant-veille, la tempête s'étant éloignée 
alors à plus de 1000 kilomètres au Sud de la Norwège. 

Les variations d'intensité que subit la scintillation du 7 
au 10 décembre, sous l'influence des déplacements de la 
forte bourrasque dont il s’agit, confirment entièrement 
les conclusions auxquelles j'avais été conduit précé- 
demment à ce sujet (1). 


Pourrait être établie ici, d’après la force du vent, entre les tempêtes 
et les bourrasques et méme les dépressions atmosphériques, ce der- 
nier phénomène étant en réalité la cause des déplacements d'air qui 
produisent les grands troubles atmosphériques, je me sers, dans celle 
notice, de ces diverses expressions comme si elles étaient en réalité 
Synonymes. On trouvera des indications précises à leur égard dans 
l'excellent Traité élémentaire de météorologie, par MM. Houzeau ct 
Lancaster, pp- 149 et 458. 

(4) « L'intensité de la scintillation augmente toujours et trés 
» fortement quand une dépression s'approche de nos contrées : elle 
* est le plus marquée au moment du passage de la dépression à 
Bruxelles, ou dans son voisinage; alors son intensité est toujours 
supérieure à Ja moyenne correspondant à l'ensemble des jours de 
pluie. Enfin, l'intensité de la scintillation diminue quand la dépres- 
sion s'éloigne de nous ou qu'elle se comble. » Recherches sur les 
variations de la scintillation des étoiles selon l'état de l'atmosphère. 
ButtgrIN pg L'Acanémre novaLE ne Beccique, 2* série, t. XLII, 1876, 
ett. XLVI, 1878, 


» 


( 708 ) 

Remarquons-le, l'intensité de la scintillation et le 
caractères du trait annoncèrent, dés le commencement de | 
la soirée du 7 décembre, l'approche d'une forte bour- 
rasque, plusieurs heures avant que celle-ci provoquát un 
baisse marquée du barométre à Bruxelles. En effet, d'apré 
les indications données par M. Lancaster, c'est à partir de 
deux heures du matin, le 8, que le barométre, qui avai 
commencé à descendre lentement quelques heures aupara 
vant, baissa d'une manière accentuée. Ainsi, dans la soirée 
du 7, la scintillation annonça, par son intensité si forte 155 
l'approche d'une bourrasque huit heures avant que la 
chute marquée de la colonne mercurielle annoncàt au 1 
niveau du sol, à Bruxelles, ce phénomène. Ce fait prouve 
incontestablement que le trouble produit dans l'atmo- 
sphére par l'arrivée d'une forte dépression, s'étend, dans 
les régions supérieures de l'air, à une distance beaucoup - 
plus grande que son influence déprimante sur le baro- 
mètre ne s'exerce dans les régions inférieures. Cette 
extension de l’action d'une bourrasque dans les couches. 
élevées n'est point surprenante : on concoit que les masses 
d'air en mouvement tourbillonnant éprouvent une résis- 
tance moindre à leur propagation dans les régions supé- 
rieures de l'air, dont la densité est beaucoup moindre que 
celle des couches inférieures. 
Il est à remarquer que cette extension des effets d’une . 
bourrasque persiste en arrière de celle-ci aprés son élo! 
gnement. Ainsi, le 10 décembre au soir, alors que le foyer 
de la bourrasque se trouvait entre Christiansund et Brono, 
l'intensité de la scintillation était encore à 150 et le trait 
restait. pointillé pour plusieurs étoiles. Ajoutons que la 
hausse barométrique se déclara, à Bruxelles, dans l'aprés- 
midi du 9 décembre, puis à l'Ouest et au. Nord-Ouest de 
l'Europe, le 10, avant huit heures du matin. 


( 709 ) 

J'ai remarqué souvent, et depuis longtemps, qu'après le 
passage d'une bourrasque dans nos contrées, la scintil- 
lalion accuse encore une intensité trés forte, quoque le 
temps se fût amélioré (1). 

Pendant la période du 7 au 10 décembre, le trait cir- 
culaire décrit par les images des étoiles scintillantes dans 
la lunette munie du scintillomètre, parut pointillé pour un 
très petit nombre d'étoiles le 7, lorsque la dépression était 
encore trés éloignée; puis, le 8, pour toutes les étoiles 
observées, lorsqu'elle était le plus rapprochée de nous et 
la scintillation la plus forte. Enfin, le 10 au soir, la 


(1) Cest ici le lieu de citer un fait particulier qui a été consigné 
au Bulletin de l'Observatoire, et cela pour montrer ici combien la 
seintillation est sensible aux changements qui surviennent dans l'état 
de l'atmosphère, et la rapidité avec laquelle elle les accuse. 

Le 17 février 1878, j'observai la scintillation entre 6 et 7 ‘/, heures 
du soir; je trouvai une intensité moyenne 66 par 15 étoiles ; le trait 
était régulier et présentait des couleurs pâles. Le même soir, à 
l 1/, heures, je renouvelai mes observations : l'intensité de la scintil- 
lation, devenue beaucoup plus forte, s'élevait à 96 par 19 étoiles 
qui présentaient, pour la plupart, un trait irrégulier et frangé, avec 
Couleurs vives, parmi lesquelles prédominait le bleu. Cet excès pro- 
nostiquait l'approche de la pluie. En effet, le lendemain le ciel resta 

couvert dans la matinée; puis la. pluie tomba, à Bruxelles, mais en 

petite quantité, à partir de trois heures de l'aprés-midi. Ce changement 
de temps s'est produit sur une région assez étendue, car le Bulletin 

de Paris, en date du 18 février, porte cette indieation : « Le ciel, 

généralement beau hier, s'est couvert pendant la nuit, et ce matin la 
Pluie tombe en plusieurs stations, » Il n'est pas inutile de faire 

remarquer qu'au méme moment passait près de Haparanda une forte 

dépression (74lmm), se dirigeant vers l'Est de la Russie. Ajoutons 

que, du 17 au 18, le baromètre était descendu de 6 millimètres à 

Bruxelles, à Flessingue et à Yarmouth. 


( 710 ) 
dépression s'étant éloignée sur la Norwége, le trait poin- 
tillé ne fut plus accusé que par un petit nombre d'étoiles. 

La prédominance du bleu parmi les couleurs qui carac- 
térisent la scintillation est un indice manifeste de pluie, 
comme je lài montré; cet excès s'est ici produit à chaque 
soirée d'observation, particuliérement le 8 décembre; la 
quantité d'eau de pluie recueillie à Bruxelles, du 7 au 10, 
s'éleva à 19?",6, dont,10"7,4 du 9 au 10 (1). 

La bourrasque du 8 décembre a provoqué des vents 
excessivement forts. D’après M. Lancaster, à Bruxelles le 
vent commença à prendre de la force le 8 vers huit 
heures du matin. Le méme jour, à partir de onze heures du 


(4) C'est la présence]de l’eau en quantité plus ou moins grande 
dans l’atmosphère qui exerce l'influence la plus marquée sur la scin- 
tillation en temps ordinaire, et qui en modifie le plus les caractères 
selon cette quantité, ainsi que je l'ai fait voir. D’après ce fait, serait-ce 
l'eau qu'entrainent les bourrasques et qu'elles déversent le plus sou- 
vent sur le sol, qui serait la cause de l’accroissement si marqué que 
subit la scintillation sous leur influence? Non, car on peut citer des 
exemples de fortes dépressions qui ne provoquérent, dans notre pays» 
que de faibles pluies. Ainsi, le 18 octobre 4882, l'intensité de la scin- 
tillation s'éleva à 209 sous l'influence d'une forte bourrasque, et 
cependant la quantité d'eau recueillie à Bruxelles, du 19 au 21 de 
ce mois, ne dépassa point 4 millimétres. Le 25 du méme mois, — 
l'action d'une autre bourrasque plus violente encore, qui produisit 
de grands ravages en Angleterre, et à laquelle correspond une san E 
tillation 255, la quantité d'eau recueillie à l'Observatoire atteignit — 
5 millimètres seulement, du 23 au 25. Quoique ces deux faits soient. 
exceptionnels, car les fortes dépressions sont le plus souvent accom-. 
pagnées de pluies abondantes, ils n'en sont pas moins significatifs 
ici, au point de vue de la cause même de l'accroissement de la sein- 
tillation à l'approehe et au passage des bourrasques. 


C Ao) 

soir jusqu'au lendemain vers trois heures de l'aprés-midi, 
la tempéte sévit avec fureur et l'air court avec une vitesse 
moyenne qui varie de 13 à 16 mètres à la seconde (1). 

C'est à l'agitation extréme de l'air, surtout dans les 
couches élevées, qu'il faut attribuer l'aceroissement si 
marqué qu'épronve la scintillation sous l'influence des 
bourrasques. Depuis longtemps, des observations à l'œil 
nu ont manifesté une scintillation trés forte quand des 
vents violents régnent dans l'atmosphére. Cet acerois- 
sement sous l'influence du vent s'explique aisément, si l'on 
a égard aux considérations et aux faits suivants. Les 
rayons colorés originaires d'une méme étoile sont séparés 
par dispersion dans l'aunosphére en faisceaux rouge, 
orangé, jaune, vert, bleu et violet, suivant le plan verti- 
cal de l'étoile : ces faisceaux sont ainsi é/alés dans l'air 
Sur une certaine étendue suivant ce plan, à une distance 
éloignée de l'observateur. Ils sont incessamment traversés 
par des ondes aériennes en nombre d'autant plus grand 
que la translation de l'air ou le vent est plus rapide. De 
là, des chances d'interceptions nombreuses et momen- 
tanées de ces faisceaux, et par suite des variations de 
couleurs multiples de l'image de l'étoile, ce qui carac- 


maman mt 


(4) D'après le Bulletin de Paris, où est indiquée la force relative du 
vent de 0 à 9 pour chacune des stations météorologiques, cette force, 
à l'ile de Seilly, ne dépassait pas l'intensité relative 5, le 6 décembre. 

ais le 7, elle s'éleva au maximum 9 et s'y maintint jusqu'au 9 au 
soir; alors elle tomba à 5, 6. Il n'est pas inutile de rappeler ici que, 
lors de la fameuse tempête du 12 mars 1876, le coup de vent le plus 
violent exerça une pression de 144 kilogrammes par mètre carré, 
à Bruxelles, Cette pression équivaut à une vitesse de 56 mètres - 
environ par seconde. 


("742 ) 

térise une forte scintillation. Si le vent est d'une extrême 
violence, ces interruptions sont excessivement fréquentes. 

Ajoutons que, suivant des météorologistes, « à l'endroit 
oü régne une dépression l'air est plus léger que sur les 
régions voisines; il s'éléve donc en vertu de sa légèreté 
spécifique, eL son mouvement ascensionnel continue jus- 
qu'au moment où il atteint des couches de moindre den- 
sité que la sienne (1). » Selon d'autres savants, ce mou- 
vement suivant la verticale s'effectuerait en sens inverse. 
Quoi qu'il en soit de la direction verticale que suit le mou- 
vement particulier de certaines masses d'air dans les dépres- 
sions, elles pressent alors les masses qui les entourent, 
et il en résulte des différences de densité qui augmentent 
les chances d’interception des faisceaux des rayons lumi- 
neux émanés des étoiles. Je ferai remarquer également 
qu'au milieu du conflit de ses mouvements si divers, il 
doit se produire des condensations partielles et de courte 
durée de la vapeur d'eau dissoute dans l'air entrainé par les 
dépressions, et que cet autre phénomène, qui est indé- 
niable, tend à accentuer singulièrement la scintillation (2). 


(1) Traité élémentaire de météorologie, par MM. Houzeau et Lan- 
caster, p. 126. 

(2) J'ai établi primitivement d'abord es faits de la séparation 
des rayons émanés d'une méme étoile par suite du phénoméne de la 
dispersion atmosphérique, puis celui de l'influence si importante que 
cette séparation exerce sur la seintillation, dans un mémoire qui est 
inséré au tome XXVIII des Mémoires des savants étrangers, de l'Aca- 
démie de Belgique (1856). Depuis lors, je suis revenu sur cette 
question dans un travail particulier, oü j'ai montré que l'écartement, 
dans l'atmosphére, des rayons diversement colorés provenant d'une 
méme étoile, dépend : 4° du pouvoir dispersif de l'air; 2° de la distance 


( 715 ) 

Dans le cours de mes observations, j'ai relevé des inten- 
silés de scintillation qui ne sont guère inférieures au 
.. maximum 244, de l'ouragan du 8 décembre : toutes ont 
coincidé avec des bourrasques sévissant dans nos contrées. 
= J'airéuni dans les tableaux suivants les indications relatives 
à dix-huit tempétes auxquelles correspondent des inten- 
—  Sités supérieures à 180. Les indications concernant la 
3 marche des dépressions, la position du centre ou du foyer 
- de chacune, d'abord le jour de l'observation scintillomé- 
trique, 2 huit heures du matin, puis le lendemain à la méme 
heure; la pression barométrique au centre de la dépres- 
sion aux mêmes heures; toutes ces indications ont été 
empruntées aux Bulletins de Paris et de Bruxelles. 

J'ai déduit de la pression barométrique au foyer de 
chaque tourmente la profondeur de la dépression, c'est- 
à-dire l'excès de la moyenne générale 07,76 de la pression 
atmosphérique sur la hauteur barométrique à ce foyer, 
à huit heures du matin des deux jours indiqués. On admet 
actuellement que la profondeur d'une dépression exprime 
son importance ou plutôt, au point de vue qui nous occupe, 
elle mesure, pour ainsi dire, la violence de la tempéte 
qu'elle provoque. En effet, cette agitation extrême 
qu'éprouve une partie de l'atmosphére a pour cause un 
violent appel d'air vers le point oü le barométre est nota- 


pour laquelle on calcule cet écartement; 3? de la distance zénithale à 
laquelle on considére l'étoile; 4? enfin de la largeur de l'objectif de 
la lunette, ou de la pupille de l’œil du spectateur quand il observe à 

leil nu. Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 2* série, t. XXIX, 
.. 4870. 


(HER 

blement plus bas que dans les régions environnantes. Or, 
le lieu où la pression barométrique est un minimum, c'est 
le centre de la dépression. On comprend ainsi que la vitesse, 
ou mieux la violence, avec laquelle l'air afflue vers ce lieu, 
est d'autant plus grande que la pression barométrique v 
est plus faible, et, par conséquent, la profondeur de la 
dépression plus grande. 

Quant aux indications relatives à chaque observation, 
je me suis borné à signaler, en outre de l'intensité de la 
scintillation, le nombre des étoiles observées à chaque 
soirée et celui des étoiles qui accusérent le trait. pointillé 
ou perlé, afin de mettre en évidence ce curieux caractere 
qui se manifeste sous l'influence des bourrasques (1). 


(4) Dans mes travaux précédents, jai donné la désignation de 
trait perlé à un caractère partieulier que présente le trait circulaire 
qui est décrit par les images des étoiles seintillantes, sous l'action des 
bourrasques, dans la lunette, par le jeu du scintillomètre. Le trait 
présente alors des parties plus brillantes, espacées sur son contour, 
qui lui donnent, jusqu'à certain point, l'aspect d'un cercle présentant 
des perles disposées avec plus ou moins de régularité. Les points 
lumineux sont plus étroits, plus brillants et plus nombreux sur le 
trait pointillé. Pour plus de simplicité, j'ai conservé cette désignation 
seule. 

Les eommunications télégraphiques avec l'Angleterre ayant été 
interrompues par l'ouragan du 12 mars 4876, le Bulletin de Paris 
ne renferme guère d'indications au sujet des mouvements eycloniques 
pour le 45 et le 44, la première de ces deux dates figurant au tableau. 
J'ai trouvé les indications des mouvements qui s’y rapportent dans 
les Cartes journalières de M. Hoffmeyer (Trimestre Mars-Mai 1876). 


( 745 ) | 
Voici les principales conséquences qui résultent de ces 
tableaux : 
1° Toutes ces observations de scintillation excessive- 
ment forte ont coïncidé avec de violentes tempêtes, qui 
troublaient profondément l’atmosphère dans les régions 
occidentales de l’Europe lors de mes déterminations, soit 
en automne, soit en hiver ou au mois de mars; l’observa- 
tion du 23 août 1882 seule appartient à la saison estivale ; 
2° Au moment même de la plupart de mes observations, 
le centre de la tempête se trouvait généralement peu 
éloigné, et même très près de Bruxelles, comme les indi- 
cations cycloniques nous le montrent. Ainsi, le 24 octobre 
1882, le foyer de la tourmente passa dans l'aprés-midi 
prés de notre littoral. Le 10 février 1881,celui d'une autre 
bourrasque se trouva sur les Pays-Bas, à six heures du 
Soir, au moment méme de mes observations. Le 95 mars 
1882, l'atmosphére est troublée par une dépression qui 
passa prés de Furnes à huit heures du matin. Le 28 mars 
1876, le 97 novembre 1881, puis le 95 aoüt 1882, le 
11 décembre 1883, des troubles atmosphériques sévirent 
également, soit sur la Manche, soit sur les Pays-Bas, ou 
sur la mer du Nord, aux jours de mes observations. Ainsi, 
l'action qu'exerce une tempête sur la scintillation est 
excessivement forte quand elle sévit au voisinage du lieu 
d'observation ; 
5° Sauf pour le 18 octobre 1882, le trait circulaire que 
décrit l'image de l'étoile par le jeu du scintillomètre, est 
pointillé ou perlé pour toutes les autres observations. Ce 
Caractère se manifeste donc spécialement sous l'influence 
dés fortes dépressions; 


( 716 ) 


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( 720 ) 

4° La pression atmosphérique au centre de chacune des 
bourrasques a généralement varié entre des limites res- 
treintes, dans l'intervalle des vingt-quatre heures écou- 
lées entre le matin du jour des observations et celui du 
lendemain. On peut donc admettre que la pression baro- 
métrique au centre de chacune de ces tempétes, au moment 
méme de mes observations, est sensiblement représentée 
par la moyenne des pressions correspondant aux matins 
du jour de mes observations et du lendemain; 

B° La bourrasque à laquelle correspond la profondeur 
la plus grande est celle qui provoqua la violente tempête 
du 8 décembre, pour laquelle se présente précisément le 
maximum d'intensité de scintillation observé. 

Ce dernier rapprochement est trés important au point 
de vue qui nous occupe, car d’après ce qui a été dit, une 
tempéte est produite par un violent appel d'air vers une 
dépression atmosphérique, et cet air est violemment 
altiré vers le point où le baromètre est notablement plus 
bas que dans les régions qui l'entourent. Ainsi, parmi 
les exemples cités, le maximum d'intensité de la scintil- 
lation, celui du 8 décembre 1886, correspond à la tem- 
péte produite par la dépression la plus profonde, et pour 
laquelle l'air doit avoir été attiré avec le plus de vio- 
lence au centre méme. 

Les résultats précédents m'ont engagé à étendre ce 
genre d'étude en recherchant quelles ont été, depuis l'ori- 
gine de mes observations en 1870, les dépressions plus ou 
moins profondes qui ont coincidé avec mes mesures d'in- 
tensité de la scintillation. Ces coïncidences se sont élevées 
au nombre de trois cent-huit, les intensités de scintillation 
restant comprises entre 944 et 120. Mais ce nombre 
eüt été plus grand si j'avais compris les observations 
d'intensités inférieures à 120, relevées sous l'influence 


( 32F) 

de plus faibles dépressions. Il a dû subir d’ailleurs une 
réduction de vingt-cinq déterminations de scintillation, 
parce que celles-ci coïncidèrent simultanément avec 
une dépression, et avec une perturbation magnétique à 
Bruxelles. Or, j'ai fait voir, à l'aide de nombreux exem- 
ples, que l'intensité de la scintillation éprouve un accrois- 
sement marqué lorsqu'une perturbation de ce genre sur- 
vient à Bruxelles dans le cours de mes observations. Cette 
influence se produit également quand une aurore boréale 
apparait, comme d’autres observateurs l'ont constaté dans 
d'autres régions. La suppression de vingt-cinq soirées 
d'observations, qui était ici de rigueur, réduit donc à deux 
cent quatre-vingl-trois le nombre de mes observations rele- 
vées sous l'influence de dépressions dans les limites indi- 
quées plus haut (1). 

Je me suis assuré d'abord, par l'inspection des Bulletins 
de Paris et de Bruxelles, que ces observations ont coin- 
cidé avec des dépressions sévissant, soit sur nos contrées, 
Soit sur des régions plus ou moins éloignées de Bruxelles. 

Afin d'établir aisément la comparaison entre l'intensité 
de la scintillation et l'importance des dépressions, puis 


(1) Il convient de rappeler ici que le fait de l'accroissement de la 
scintillation des étoiles pendant les aurores boréales fut affirmé 
d'abord par le Dr Ussher, en Irlande, dés la fin du siècle dernier, et 
plus tard par Forbes et Necker de Saussure. J'ai confirmé ce fait 
remarquable par des observations seintillométriques lors de l'appari- 
lion d'aurores boréales en 1870, aum 1884 e 488, à ne 
$ Quant à I q per 
turbati Le: sep x Bruxelles, pendant vs ober Yatiuns, 


ul vivit, 


j'ai constaté tet site fait, de même RS, dès 1881, comme je l'ai 
indiqué dans les notices qui sont insérées au Bulletin de l'Académie 
royale de Belgique (3* série, tomes V et VI). 

gme SÉRIE, TOME XIV. | —— 49 


( 722 ) 
leur éloignement, j'ai subdivisé ces dépressions en diffé- 
rents groupes, d'aprés les intensités de la scintillation 
correspondantes. Le premier comprend les dix-huit bour- 


rasques dont il a été question précédemment; le second, | 


les dépressions auxquelles correspondent les intensités de 
scintillation comprises entre 180 et 170; le troisième, 
entre 170 et 160, et ainsi de suite. 

Le tableau suivant présente les moyennes relatives à 
l'ensemble des observations appartenant à chaque groupe 
el qui sont : 

1* L'intensité de la scintillation; 2 la fréquence rela- 
tive du trait pointillé, c’est-à-dire, le rapport du nombre 
des soirées où ce caractère a été observé au nombre total 
des soirées d'observation pendant les tempétes comprises 
dans le groupe indiqué; 3° la pression atmosphérique au 
centre des dépressions à huit heures du matin, d'abord le 
jour de l'observation scintillométrique, puis le lendemain ; 
4 la profondeur des dépressions déduite de ces mesures 
de la pression atmosphérique; 5° la distance en kilomètres 
entre le centre de chaque dépression et Bruxelles, à 
huit heures du matin, le jour de l'observation, puis le 
lendemain. 

Remarquons que les premiers tableaux nous ont offert 
la réunion des données relatives au premier groupe, sauf 
les distances des centres des bourrasques qui n'y figurent 


as. 
d Je dois ajouter ici que, quand deux dépressions sévis- 
saient au méme moment, ce qui s'est rarement présenté, 
j'ai seulement considéré la dépression la plus rapprochée 
de nos contrées, parce que c'était celle dont l'action a été 
la plus directe, et trés probablement la plus marquée, sur 
la scintillation. Les cas où la dépression s'était comblée le 
lendemain de l'observation ont été excessivement rares. 


( 793 ) 


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“sonbsexnoq sop 
'sonbseixinoq sop ‘sanbserimoq 
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er ep AUANON 


( 724 ) 

Ce tableau nous montre que les intensités de la scintil- 
lation et les fréquences relatives du trait pointillé corres- 
pondant aux divers groupes, forment deux séries de 
valeurs numériques qui décroissent régulièrement et paral- 
lélement à la série des profondeurs moyennes des bour- 
rasques ou des dépressions. Ces profondeurs nous don- 
nant, pour ainsi dire, une mesure de l'importance de ces 
météores, les rapprochements que présente le tableau 
précédent nous permettent d'établir les conclusions géné- 
rales suivantes : 

1° Sous l'influence dés bourrasques, l'intensité de la 
scinlillation des étoiles est d'autant plus forte qu'elles sont 
plus violentes ; 

2" Dans les mémes conditions, la fréquence relative du 
trait pointillé augmente avec l'intensité de la scintillation 
et par conséquent avec la violence de la tempéte. 

Le premier groupe, auquel correspond la scintillation 
moyenne la plus forte, est aussi celui pour lequel léloi- 
gnement des centres des bourrasques est le moindre, tant 
le lendemain au matin du jour des observations que pour 
ce jour méme. Quoique ce soit aussi le groëpe qui réunisse 
les deux profondeurs des bourrasques les plus grandes en 
moyennes, il ne résulte pas moins du rapprochement pré- 
cédent cette conclusion : toutes choses égales d'ailleurs, 
l'influence des dépressions sur la scintillation est d'autaut 
plus marquée que celles-ci sévissent plus prés du lieu des 
observalions. 

Ce dernier résultat justifie toute prévision que l'on aurait 
pu émettre à priori à cet égard, et il se trouve confirmé 
par les cas particuliers sur lesquels j'ai appelé l'attention 
au sujet de l'influence si marquée qu'ont exercée sur la 


* 


( 725 ) 
scintillation des dépressions qui troublaient profondément 
l'air, lorsque leurs centres passaient sur notre pays ou 
prés de son littoral. 

La grandeur si considérable des distances moyennes du 
centre des bourrasques qui sont réunies dans les deux 
derniéres colonnes du tableau, nous montre combien 
l'influence de ces troubles sur la scintillation s'étend au 
loin dans les régions de l'air. Le fait sur lequel j'ai attiré 
particuliérement l'attention au début de cette notice, à 
propos de l'extréme extension que prit la bourrasque du 
8 décembre 1886 dans les régions supérieures de l'atmo- 
sphére, n'était donc pas un fait exceptionnel. 


Sur la vitesse de réaction du spath d'Islande avec quelques 
acides ; par W. Spring, membre de l'Académie. 


Dans une note préliminaire que j'ai eu l'honneur de 
présenter derniérement à l'Académie (1), j'ai fait connaitre 
une relation entre l'élasticité optique et l'activité chimique 
dans un cristal de spath d'Islande. En taillant un cristal 
perpendieulairement à l'axe optique, ou parallèlement à 
celui-ci, on obtient des surfaces qui se dissolvent inéga- 
lement vite dans l'acide chlorhydrique. Le rapport des 
vitesses de réaction a été trouvé, à 2 °], prés, égal au rap- 


eee a RENE IR. IE Fr: 


(1) Bull. de Acad. roy. de Belgique, 3™° sér., t. XIV, n° 7, 1887. 


. 


( 726 ) 
port des indices de réfraction du rayon ordinaire et du 
rayon extraordinaire. 

Je me permets de communiquer aujourd'hui à l'Acadé- 
mie le développement de cette note. 

La méthode suivie pour mesurer la vitesse de réaction 
du spath d'Islande avec certains acides, est celle dont j'ai 
fait usage pour le marbre; je puis done me borner à 
renvoyer à ce travail pour les renseignements d'ordre tech- 
nique. 

Le spath a été examiné non seulement suivant ses 
faces de clivage, mais encore dans ses deux directions 
eristallographiques principales ; pour cela on a taillé des 
cristaux parallèlement et perpendiculairement à l'axe 
principal de manière à obtenir les plans de dimensions 
voulues, destinés à l'attaque des acides. On aura donc 
trois cas à examiner : 


1* Surfaces de clivage. — L'expérience démontre que 
toutes les faces du solide de clivage se dissolvent éga- 
lement vite, toutes conditions restant égales d'ailleurs. Le 
tableau suivant reproduit les résutats obtenus à la suite 
de plusieurs séries d'essais concordants, à l'aide d'acide 
chlorhydrique au titre de 10 °/, et aux températures de 
155, 35° et 55°. 

Le volume d'acide employé, chaque fois, élait mesuré 
de manière à pouvoir fournir, au plus, 522 centimètres 
cubes de CO? see à la pression normale et à la tempe- 
rature de 15". C'est-à-dire que, comme dans les mesures 
faites à l'aide du marbre, la réaction s'arrétait aprés un 
débit de 522 centimètres cubes de gaz. 

J'ai reproduit, dans la dernière colonne des tableaux, 
pour faciliter la comparaison, la vitesse de réaction obser- 


( 727) 
vée à l’aide du marbre après des débits successifs de 
25 centimètres cubes de C02. 


L'examen des résultats contenus dans le 
cédent est beaucoup facilité si l'on trace, 


APRES FACES DE CLIVAGE. 
debit de C02 Vitesse de réaction du spath par dise 
millimétre carré de surface. cas 
: jé du marbre. 
centim. cubes. 450 350 55° 
0 T NS 
25 0,00145 0,00234 0,00552 0,00182 
50 0,00106 0,00219 0,00488 0,00173 
75 0,00205 0,00412 0,00464 
100 0,000094 0.00484 0,00349 0.00154 
125 0,00082 0,00461 0,00307 0,001444 
150 0,00074 0,00150 0,002 0,00136 
175 0,00067 0,00133 0,00243 0,00127 
200 0,00064 0,00148 0,00246 0,00120 
225 0,00034 0,004 0, 0,001414 
250 0,00044 0,00088 0,00165 0,00106 
275 ,00036 0,00079 0,00140 0,00107 
300 0,00034 0,00063 0,004146 0,00094 
325 0,00027 0,00055 0,00092 ,00082 
350 0,000416 0,00034 0,00069 0,00075 
915 ete 0,000418 0,00042 ete 
— ete 0,00018 E 


tableau pré- 
à l'aide des 


nombres précédents, des courbes ayant pour abscisses les 
volumes de CO? débités et pour ordonnées les vitesses 


correspondantes. On reconnait alors que : 


a. Les lignes figurant la variation de la vitesse de la 
réaction pour les températures de 15° et de 35°, sont à très 
peu prés des droites aprés le débit de 50 et de 75 centi- 
mètres cubes de CO?, et jusqu'au débit de 350 centimètres 


cubes environ. 


( 728 ) 

Donc, comme pour le marbre, la vitesse varie entre les 
limites indiquées, proportionnellement à l concentration 
de l'acide. Mais pour la température de 55°, il n'en est 
plus de méme: la ligne est courbe et la concavité de la 
courbe est tournée vers le haut, c'est-à-dire que, dans ce 
cas, la vitesse diminue plus rapidement que la concen- 
tration. 

Il est clair que les résultats ne peuvent plus, ici, être 
exprimés par la formule exponentielle simple applicable 
au cas du marbre. Méme si l'on compare les vitesses à 
15 et à 35°, on trouve qu'elles ne varient pas, en chaque 
point, du simple au double exactement: la moyenne des 
rapports calculés pour tous les points est 2,04. 

b. Pour chacune des trois températures, la vitesse de la 
réaction diminue, après le débit de 550 centimètres cubes 
de CO?, d'une maniére si rapide, qu'en pratique on peut 
la considérer comme nulle aprés le débit de 400 centi- 
mètres cubes pour les températures de 13 et de 35°, et de 
495 centimètres cubes pour la température de 55°. La 
concentration de l'acide est descendue alors respectivement 
à 2,54 et 1,86 */,. J'ai vérifié directement que le spath 
n'était plus attaqué qu’avec la plus grande lenteur, dans 
de l'acide chlorhydrique à 2 */,. 

Ce résultat parait d'autant plus curieux que rien de 
semblable n'a pu étre observé à l'aide du marbre. On se 
le rappelle, la réaction continuait alors jusqu'à épui- 
sement complet de l'acide. Bien plus, quand l'acide s'était 
affaibli par les progrès de la réaction, on remarquait, au 
contraire, une recrudescence de la vitesse. J'avais attribué 
cette augmentation de la vitesse ou bien à l'accumulation 
des sels qui, comme Ostwald l'a fait voir déjà, facilite 
laction des acides, ou bien à la propriété du marbre 
d'étre inégalement attaqué par les acides faibles ou affai- 


> 


: 
i 
* 
A 
t 
T 
E 


V 
3 


ER 


729 ) 
blis ; ainsi, dans les acides organiques, le marbre s'émiette, 
pour ainsi dire, tout en se dissolvant. Cela étant, la sur- 
face d'attaque présentée aux acides né demeure plus 
constante. i 

. Comme le spath résiste à cet émiettement et que, 
d'autre part, il montre une diminution rapide de la vitesse 
de réaction quand les acides s'affaiblissent, il me parait 
que l'anomalie observée pendant la dissolution du marbre 
n’est que le résultat d'un accident dû à l'attaque irrégulière 
des acides faibles. 

c. Pour chacune des trois températures, la. vitesse de 

dissolution du spath est plus petite que celle du marbre, 


‘toutes autres conditions restant les mémes. 


Ainsi, aprés un débit de 100 centimétres cubes de CO?, 
on obtient les vitesses suivantes, par millimètre carré de 
surface. 


VITESSES. 
Températ ures. | T—————————————————————————— Rapports. 
Spath. Marbre. i 
130 0,00094 0,00154 
35e 0,00484 - 0,00320 1.73 
550 0,00349 0,006419 £u 


La différence va grandissant avec la température, d'une 
manière lente, mais régulière. Soit dit, à titre de ren- 
seignement, le calcul montre qu'à 171" on trouverait la 
vitesse de dissolution du marbre double de celle du dene 
S'il était possible d'opérer à cette température. 

Mais revenons aux vitesses de réaction du spath aux 
températures de 15° et 33°; celles-ci, variant proportion- 
nellement à la concentration de l'aeide, peuvent étre 


( 750 ) 
mieux comparées aux vitesses de dissolution du marbre. 
„Si l'on trace les lignes des vitesses pour le spath et 
pour le marbre, on voit que l'on obtient, pour une méme 
température, DES DROITES PARALLÈLES. La démonstra- 
tion de ce fait se trouve dans le premier tableau des 
vitesses ; en effet, on peut passer des valeurs de la vitesse 
pour le spath à celles qui se rapportent au marbre, en 
ajoutant aux premières la valeur 0,00060. 
La loi de la solubilité est donc la même pour le spath 
et le marbre, à une même température, mais la réac- 
tion ne commence pour le spath qu'au delà d'une con- 
centration d'acide chlorhydrique de 2,54 »J,. H faut cette 
charge d'acide pour vainere la résistance du spath, ou 
bien encore, pour reprendre une expression déjà ancienne, | 
on peut dire que la réaction réclame, pour s'accomplir, la — 
présence préalable d'une certaine masse d'acide (2,54 */.) 
masse qui est probablement en relation avec la cohésion 
du spath calcaire. 
d. Pour le spath, comme pour le marbre, si l'on ne 
prend une précaution spéciale, la vitesse de la réaction 
n'est pas la plus grande au début, alors que l'acide est 
au titre le plus fort, mais seulement quand environ 50 à 
74 centimètres cubes de CO? ont été produits. Le fait est 
surtout évident pour les basses températures. 
La première pensée qui vient à l'esprit, pour expliquer - 
cette particularité, est que le CO? se dissout d'abord dans - 
le liquide acide jusqu'à le saturer et échappe, dès lors, par- 
tiellement à la mesure. Des expériences de vérification 
entreprises avec le marbre avaient laissé la question sans - 
réponse certaine; mais, à l'aide du spath, j'ai pu me con^ 
vaincre que véritablement le retard de la réaction au début | 
était accidentel et dà à la dissolution de CO?. 
Pour s'assurer de la chose il convient, non pas de satu 


rer 


(7354 ) 

le liquide acide par un courant de CO?, ainsi que je l'avais 
fait pour le cas du marbre, mais de préparer une solution 
d'acide à un titre un peu plus élevé que le titre utile (HCI 
à 12 */, au lieu de 10 °/,) et de laisser agir cette solution 
sur du spath jusqu'à ce que le titre soit revenu à 10 */,. 
On obtient alors un liquide qui se trouve bien dans les con- 
ditions voulues et avec lequel on observe que la vitesse de 
réaction est la plus grande au début. 

C'est d'ailleurs ce que montrent les nombres figurant 
dans le tableau des résultats. 

e. La vitesse de dissolution du spath parallélement à ses 
faces de clivage est la méme dans les acides chlorhydrique, 
azotique, iodhydrique de titres équivalents. Ce résultat est 
conforme à celui que l'on a observé à l'aide du marbre. 
Avec l'acide bromhydrique la vitesse dépasse d'autant celle 
des acides mentionnés que la concentration est plus élevée, 
C'est-à-dire que la différence tend à s’effacer de plus en 
plus à mesure de l'épuisement de l'acide. Voici, d'ailleurs, 
les résultats numériques obtenus à l'aide de cet acide à la 
lempérature de 35°, comparativement avec l'acide chlor- 
hydrique : 


co? Vitesse Vitesse. : 
1 DIFFÉRENCES. 
débité. pour HBr. pour HCI. 
0 PER M — 

50 0.00302 0,002419 0,00083 
400 0,00230 0,00184 0,00066 
450 0,00197 0,004150 0,00047 
200 0,00430 0,001148 0,00032 
250 0,00107 0,00088 0,00019 
300 0,00068 0,00063 0 
350 0,00036 0,00034 0,00002 
400 etc. elc. 


(732 , 


*3° Faces taillées parallèlement à l'axe. — Je me suis 
placé exactement dans les conditions précédentes; les 
résultats numériques contenus dans le tableau suivant 
sont donc immédiatement comparables aux précédents: 


APRES FACES PARALLÈLES A L'AXE. 
débit de CO? Vitesse de réaction par millimètre carré. 
en 
centim. cubes. 49e 350 95» 
0 i Ps 
25 0,00142 0.00335 0,00782 
50 0,00103 0,00340 0,00623 
75 0,00094 0,00215 0,00524 
400 0,00087 0,00240 0,00442 
125 0,00080 0,00208 0,00391 
450 0,00072 0,00180 0,00347 
178 0,00067 0,00462 0,00343 
200 0,00057 0,00142 
225 0,00054 0,00122 0,00230 
250 0,00040 0,00102 0,00202 
275 0,00036 , 0,00086 0,00179 
300 0,00030 0,00070 0,00149 
323 - 0,00056 0,00144 
350 a 0,00042 À 
375 He Sr 
400 dus Rs dude 


à l'aide des faces de Pons on voit que : 
a. A la température de 15° les faces taillées parallèle- 


égale à celle des ilc de clivage. Mais, à mesure que 


( 733 ) 

la température s'éléve, l'égalité disparaît et l'on observe 
qu'à 35° et à 55° les faces parallèles donnent une vitesse 
respectivement4,25 et 1,98 fois plus grande en moyenne (1). 
b. Il résulte nécessairement de là que, pour les faces 
paralléles, la vitesse de réaction n'est plus reliée à la tem- 
pérature par une exponentielle simple. 

c. Enfin, ici comme dans le cas des faces de clivage, la 
ligne traduisant la variation des vitesses est sensiblement 
une droite pour la température de 15°, mais au-dessus de ce 
degré elle devient une courbe de plus en plus prononcée. 
En d'autres termes, ici encore, au-dessus d'une certaine 
lempérature, la vitesse ne diminue plus proportionnelle- 
ment à la température. * 


5° Faces taillées perpendiculairement à l'axe. 


Resultats numériques, 


APRÈS FACES PERPENDICULAIRES A L'AXE. 
débit de CO? Vitesse de réaction par millimètre carré. 
en 
centimét, cubes, 450 350 550 
0,00428 0,00400 0,00754 
0,0014147 0,00375 0,00754 
0,00107 0,00320 0,00643 
0,00400 0,00273 0,00332 
,00094 0,00247 0,00459 
0,00082 0,00224 0,00404 
mre e ENEA NEIN 


(1) Ces moyennes sont calculées en comparant les valeurs des 
Vitesses correspondantes à un méme débit de CO*, depuis le débit 
25 centimétres cubes jusque 500 centimétres cubes. 


LÀ 


Résultats numériques (Suite). 


P FACES PERPENDICULAIRES A L'AXE 

débit de C02 Vitesse de réaction par millimètre carré. 
en 

centimèt. cubes. 15° 350 | 550 
475 0,00076 0,00193 0,00857 
200 0,00065 ,00167 0,002314 
225 0,00058 0,00140 0,00268 
250 0,00046 0,004115 0,00225 
218 0,06040 0,00095 0,00187 
300 0,00034 0,00074 0,00143 
325 0,00028 0,00051 0,00106 
350 = 0,00035 0,00069 
319 un Te 0,00035 


On le voit, dans ce troisième cas, les vitesses de réac- 
tion sont plus grandes encore que dans le cas précédent. 
Si l'on trace les lignes des variations des vitesses pour: 
les trois températures, on peut faire les Fra sui- 
vantes : 
A 15° la vitesse diminue proportionnellement à la 
concentration; la ligne est une droite, comme dans le cas 
de l'emploi des faces de clivage ou de faces paralléles à 
l'axe; seulement, le coefficient angulaire de la droite est 
plus grand. 
b. Pour la température de 35°, et surtout pour celle 
de 55°, la vitesse diminue d'abord trés lentement jusqu'au. 
point correspondant environ au débit de la dixiéme partie 
de CO? possible, puis elle tombe plus rapidement pour se 
raccorder enfin, après l'épuisement du cinquième environ 
de I acide, à la droite qui exprime la proportionnalité, pour 
chacune des deux températures, avec la concentration 


CR. Mt MESSEN, E ke t 
dU E Mr: 


(499 ) 

l'acide. En d'autres termes, au lieu d'obtenir des courbes 
concaves comme dans les cas précédents, on a des couches 
d'abord convexes, à points d'inflexion, qui se raccordent à 
une droite par un arc concave. 

La vitesse augmente donc, pendant un certain temps, 
malgré l'affaiblissement de l'acide, ainsi que je l'ai constaté 
pour le marbre, et le fait ne dépend en aucune facon de la 
solubilité de CO? dans le liquide acide au début de la réac- 
tion, puisque j'ai toujours opéré en saturant l'acide de CO? 
comme je l'ai dit plus haut. , 

On peut se demander si, pour le marbre, l'induction de 
la vitesse de réaction n'a pas pour origine la circonstance 
que, dans une surface taillée, il peut y avoir nombre de 
petits cristaux découpés perpendiculairement à leur axe. 

c. Comparons, eniin, la vitesse de réaction des faces per- 
pendiculaires à l'axe à la vitesse des faces paralléles à cet 
axe. À cet effet, divisons, pour les trois températures, cha- 
cune des vitesses pour les faces perpendiculaires par les 
vitesses correspondantes pour les faces parallèles, et pre- 
nons la moyenne des quotients; on obtient : 


id 
E 
EUR 
g 
5 
(d 
© 


| Rapport des vitesses. . . . 143 | 145 144 


Ou, comme moyenne générale, 1,14. Or, les indices de 
réfraction correspondant aux deux sections mentionnées 
Sont entre eux comme : 1,115, c'est-à-dire qu'ils condui- 
Sent à un rapport ne différant que de 2,95 */, du précé- 
dent. | 

Ce résultat curieux donne à penser qu'il existe une 
relation entre l’activité chimique d'une substance et son 
élasticité optique dans une direction donnée. Cependant 


( 756 ) 
on ne perdra pas de vue que cette relation peut bien ne 
pas étre immédiate, car le pouvoir réfringent d'un corps 
est en rapport inverse de la densité, et celle-ci est, à son 
tour, trés probablement au moins pour une méme sub- 
stance, une fonction simple de la dureté. 


— 


De l'action du chlore sur les combinaisons sulfoniques et 
sur les oxysulfures organiques (quatrième communi- 
cation); par W. Spring et C. Winssinger. 


Sous ce litre, nous avons l'honneur de présenter à 
l'Académie la suite d'un travail dont le début date déjà de 
plusieurs années (1). 

Dans notre troisiéme mémoire, publié il y a trois ans, il 
nous avait paru nécessaire de rappeler succinctement le 
but que nous nous étions proposé, et de résumer les pre- 
miers chapitres de notre étude, afin que l'on püt mieux 
rattacher nos résultats nouveaux aux précédents. 

Au risque de nous répéter encore, nous agirons de 
méme aujourd'hui, en vue d'épargner au lecteur une 
recherche peut-étre un peu longue, et de pouvoir dire un 
mot de la position nouvelle que prennent maintenant nos 
recherches à la suite des résultats obtenus par nos travaux 
précédents. Nous pourrons mieux tenir compte, de la sorte, - 
des modifications apportées, dans ces derniers temps, à la 
notion de l’affinité chimique comme aux idées admises Sur 
la structure des corps organiques. 

E OE 


(1) Bull. de l'Acad. de Betg., 5° sér., t. H, n° 12; 1881 ; 5° sér., 
t. IV, ne 8; 1882; 9* sér., t. VII, n° 1; 1884. 


( 737 ) 

On le sait, Kekulé avait considéré une molécule d'un. 
corps organique comme résultant, au fond, de l'union des 
atomes de carbone, les uns aux autres, par la saturation 
de couples de valence. Les atomes ainsi enchainés ne 
devaient manifester de caractére chimique différent que 
par le nombre plus ou moins grand des valences dispo- 
üibles pour retenir des éléments ou des groupes étran- 
gers; mais aucun d'eux ne devait jouir par lui-méme d'une 
propriété prépondérante. Une molécule était à comprendre, 
en un mot, comme un système mécanique. 
Suivant Kolbe, au contraire, la molécule devait offrir 
l'image d'un organisme, chaque atome se trouvant, 
d'aprés lui, soumis à l'influence de tous les autres, et de 
plus, certains d'entre eux devaient étre doués d'une in- 
fluence prépondérante. Dans cet ordre d'idées, les proprié- 
tés d'un atome, ou d'un groupe d'atomes, dépendaient 
immédiatement de sa position relative parmi ses voisins 
ainsi que de la nature de ces derniers. 
Il nous avait paru qu'il n'était pas impossible de décider, 
par l'expérience, laquelle de ces deux maniéres de voir 
était la plus conforme à la réalité des choses ; aussi avions- 
nous commencé une série de recherches dont la conti-. 
nuation fait précisément l'objet du présent travail. 
On se le rappelle, nous avions choisi, comme champ 
d'expérience, l'action du chlore sur les dérivés sulfurés des 
hydrocarbures saturés normaux. Ce choix était motivé 
par la nature même de ces dérivés qui possèdent, grâce à 
l'union directe du soufre et du carbone, une stabilité 
remarquable en même temps que des propriétés bien 
Caractéristiques. 

Notre plan consistait à établir d’abord les différences 
que présenterait l'action du chlore sur un hydrocarbure et, 
Ó"* SÉRIE, TOME XIV. 


( 758 ) 
sur ses dérivés sulfurés, pour mettre en lumiére l'in- 
fluence de la nature du nouvel élément soufre, ou de ses 
dérivés, sur la partie carbure de la molécule; ensuite, à 
répéter parallélement les mémes expériences sur des corps 
homologues, à chaines carbonées de plus en plus longues, 
pour reconnaitre si l'étendue du champ d'induction était 
limitée, et arriver peut-étre, dans l'affirmative, à la 
mesurer. 

Nos recherches, qui n'ont encore porté, à la vérité, que 
sur des corps à 2, 5 et 5 atomes de carbone, ont montré 
qui ni l'une ni l'autre des deux théories rappelées ne sont 
en état de rendre compte des faits observés d'une maniére 
salisfaisante. 

En effet, nos conclusions précédentes peuvent se résumer 
comme il suit : 

1° La faculté de substitution du chlore à l'hydrogéne 
d'une chaine carbonée, dont l'extrémité est unie à un 
groupe sulfuré, semble une fonction de la longueur de 
cette chaine, en ce sens que la substitution est d'autant 
plus facile que la chaine est plus longue; mais, 

2^ Lorsque la substitution est possible, elle ne peut étre 
que partielle : si le nombre des atomes de chlore substitués 
à l’hydrogène atteint une certaine limite, dépendant de la 
longueur de la chaine, l'union du groupe sulfuré au car- 
bone est rompue; enfin, 

3° Si l'on provoque une chloruration à outrance, le 
chlore s'accumule surtout sur l'atome de carbone uni au 
groupe sulfoné, de sorte qu'au moment de la rupture, cet 
atome de carbone se trouve uni à trois atomes de chlore. 

On voit où git la difficulté. La substitution de l'hydro= 
gène de la molécule organique par le chlore n’a pas lieu 
dans la région où, suivant la théorie de Kekulé, elle 


BONE CNE EUR 


739 ) 

devrait se produire, c'est-à-dire loin des groupes sulfonés, 
mais bien dans le voisinage de ceux-ci. On ne doit donc 
pas dire que le chlore se porte sur les atomes de carbone 
suffisaniment éloignés des groupes sulfonés. 

En outre, le caractére générique des combinaisons sul- 
fonées (théorie de Kolbe) devrait apparaitre dans chaque 
espéce, tandis que, en réalité, il fait défaut dans les molé- 
cules dont le nombre d'atomes de carbone est un peu 
élevé, 

En présence de ces faits, il nous a paru nécessaire de 
rechercher si les trois lois énoncées plus haut, applicables 
àux trois groupes de corps successivement étudiés, seraient 
encore vérifiées par des homologues d'un degré nota- 
blement plus élevé; cependant, avant d'aborder l'étude des 
propriétés d'une chaine beaucoup plus longue, nous avons 
cru prudent de poser un nouveau jalon intermédiaire, 
afin de découvrir sürement toutes les phases de l'évolution 
des propriétés dans les séries, et de ne pas nous trouver, 
par suite d'un saut trop brusque, en présence de carac- 
léres trop nouveaux peut-étre pour que le processus des 
métamorphoses füt encore saisissable. 

À cet effet, nous avons soumis à l'action du chlore les 
dérivés sulfurés de l'alcool heptylique normal (1). 

Les conclusions à tirer de ces nouvelles expériences 

trouveront leur place ci-après, et, dans un dernier para- 

graphe, nous mettrons en parallèle tous les résultats 
acquis jusqu'à présent. 


me 


(4) La préparation et les propriétés principales de ces substances 
ont été décrites par l'un de nous. Bulletin de l’Académie, 5° série, 
t. XIV, n° 12, 1887. 


( 740 ) 

Ainsi qu'on le verra, les dérivés heptyliques se con- 

duisent vis-à-vis du chlore tout autrement que leurs 

homologues inférieurs, mais les différences observées sont 

précisément de nature à confirmer les lois qui découlent 
de nos premiéres recherches. 


Action du chlore sur l'acide heptylsulfonique normal. 


De l'acide heptylsulfonique parfaitement pur a été 


dissous dans une petite quantité d'eau et pe l’action 


d’un courant de chlore. 

Aucune réaction ne s’est manifestée tant que l'acide a 
été placé à la lumière diffuse, mais il a suffi de l'exposer 
aux rayons d'une lampe au magnésium ou aux rayons 
direets du soleil pour provoquer l'absorption du chlore 
avec dégagement d'acide cblorhydrique. 

Afin de hàter l'opération, on a concentré la lumiére 
solaire au moyen d'un miroir concave, et placé le liquide 
à une distance du foyer telle que la température n'atteignil 
jamais 50°. 

Au bout de sept à huit heures d'insolation, l'absorption 
du chlore ne semblait pas s'étre ralentie et le liquide était 
demeuré limpide et incolore. j 

On en a prélevé à cet instant une première portion qui 
a été soumise séparément à examen. 

Le reste. du liquide a subi une seconde période de chlo- 


ruration de même durée que la première, Comme au bout 


de ce temps le chlore ne paraissait plus être absorbé, et 
que la liqueur en gardait la coloration verdâtre, méme 
lorsqu'on la laissait exposée à une lumière intense, on à 


TX NC 


É 


T EAA 


( 744 ) 
sipat alors une seconde portion qui a fait l’objet d’un 
nouvel examen. 

Enfin on a continué à faire passer du chlore dans la 
dernière partie du liquide, après y avoir ajouté quelques 
paillettes d'iode. Mais l'analyse a montré que cette addi- 
tion n'avait produit aucun changement qualitatif dans la 
composition du liquide précédent. 

Nous nous occuperons d'abord du liquide qui n'a été 
chloré qu'incomplétement. 

Il est limpide, incolore et un peu moins fluide qu'à l'ori- 
gine. Aprés l'avoir étendu d'eau, ce qui ne le trouble pas, 
on constate qu'il ne renferme pas d'aeide sulfurique; d'oü 
l'on conclut déjà que le groupe sulfonique SO5H ne s'est 
pas détaché du carbone pour former de l'acide chloro- 
sulfurique, qui, réagissant avec l'eau, aurait produit de 
l'acide sulfurique. 

Le chlore a done pénétré dans le noyau carboné sans 
produire de division dans la molécule. De fait, le liquide 
est un acide, on le sature par du carbonate de baryum. 
Comme le sel qui se forme est trés peu soluble à froid, 
on chauffe jusqu'à l'ébullition et l'on filtre à chaud. 

Par refroidissement on obtient un précipité abondant 
et volumineux de sel de baryum (I), cristallisé en très 
petites houppes formées de fines aiguilles rayonnées. - 

L'eau mére ne renferme pas d'heptylsulfonate de 
baryum. Il s'ensuit que la réaction a eu lieu dans toute la 
masse, et n'a point été limitée, ainsi qu'on Ta observé 
dans les cas de l'acide amylsulfonique. 

Le sel de baryum (I) a été soumis à de nouvelles cristal- 
lisations avant d’être analysé; mais comme on constate 
qu'il se décompose en présence du nitrate d'argent, avec 


( 742 ) 
production de chlorure d'argent, il est difficile de s'assurer 
qu'il n'est plus souillé par du chlorure de baryum. 
Néanmoins l'analyse ne laisse aucun doute sur l'identité 
de ce sel, qui est un heptylsulfonate bichloré : 


Trouvé (C*H!3CI3805)? Ba 
De. 9474 21,64 
Ob o vu 2516 29,45 
8. AIC 479 10,11 
io 2667 26,54 
Ho. kti 4,10 
O (diff). — 15,57 15,16 

100,00 99,98 


Le dépôt de BaCO5, séparé par filtration, présentant 
une odeur térébenthineuse rappelant celle des dérivés 
chlorés supérieurs des hydrocarbures, on l'a épuisé au 
moyen d'éther. On a pu en extraire, en effet, une petite 
quantité d'une substance huileuse; elle a été reconnue 
pour être un dérivé chloré supérieur. Il s'était donc formé, 
à côté de l'acide bichloré, un acide polychloré qui s'est 
décomposé, en abandonnant, au contact de l'eau, le groupe 
SO5H. Ce qui permet de conclure de la sorte avec certi- 
tude, c'est qu'on retrouve de l'acide sulfurique dans le 
liquide à mesure de la formation de la matière à odeur 
térébenthineuse. ; 

Avant d'aller plus loin, il ne sera pas inutile de faire 
dès à présent ressortir les différences profondes que nous 
rencontrons déjà entre l'acide heptylsulfonique et les 


( 745 ) 
homologues inférieurs dont nous avons traité précé- 
demment, savoir : 

1° La propriété de l'acide heptylsulfonique d'échanger 
facilement deux atomes d'H contre deux atomes de CI, 
alors que l'acide amylsulfonique n'admettait qu'un seul 
échange de ce genre par deux molécules d'acide, et que 
les acides éthyl- et propylsulfoniques n'en admettaient 
aucun, dans les mémes conditions d'éclairage; 

2» [étendue de l'action du chlore qui n'est plus, comme 
dans le cas de l'amyle, limitée à une portion de la masse 
liquide (1); 

3° Enfin la tendance moins marquée du groupe SO5H 
à abandonner le carbone en présence de la pénétration du 
chlore. 

Revenons maintenant à la portion d'acide sulfonique 
qui a été soumise à l'action du chlore jusqu'à refus. 

L'acide chloré, traité comme le premier, a fourni un sel 
de baryum (II) tout différent du sulfonate bichloré. 

L'odeur camphrée a été également percue pendant la 
neutralisation, mais pas plus intense que lors de la précé- 
dente opération. 

Le sel (I) est soluble dans cinq ou six fois son poids 
d'eau bouillante. Par refroidissement, il se dépose presque 
complétement sous forme de grumeaux constitués par des 
libres microscopiques transparentes, de diamètre variable, 
ressemblant à des gouttes pue et visqueuses trés 
allongées. 


(1) Peut-être bien la limite observée dans le cas de l'emploi 
d'acide amylsulfonique était-elle accidentelle. Elle pouvait avoir 
Pour cause la présence d'un peu d'acide penthylsulfonique normal. 


( 744 ) 

Par une légère agitation, ces gouttes se rassemblent en 
une masse molle, facile à séparer du liquide. On redissout 
celle masse dans une grande quantité d'aleool à 95 ©), 
bouillant. 

Par refroidissement, le sel se prend en une masse feutrée 
volumineuse, dont l'aspect rappelle celui de l'ouate. Lors- 
qu'on en exprime l'alcool, le sel se transforme en une 
pâte qu'on peut couper au couteau comme du savon. 

L'analyse a donné : 


Pa... ‘49,49 
Go os 3005 
S... — 910 
Co 9504 
io. 2^ E08 
O (dif). 492,24 


100,00 


On en déduit que le sel (Il) est un sulfonate trichloré 
accompagné d'une petite quantité du sel (1). 

En effet, si l'on se base sur les rapports fournis par 
l'analyse, on arrive à la formule 


25(C'H*Cl'SO*)Ba + (C'H CIS") Ba 


qui exigerail : 


Ba . 49,58 
Ci. . c 30,00 
E.: . 24,02 
A UT 9,15 
HB. . . 00 
0: 43,72 


Ful gio om Ets VA 28. 
ipis: cue t 


( 745 ) 

En comparant les rapports des quantités trouvées de 
C, S, Cl à ceux des quantités calculées des mémes éléments 
on a le tableau suivant : 


Trouvé Calculé 
C C 
— = 2,66 == 2,62 
S 
CI CI 
— = 1,90 — = 1,95 
é ü ; 


Ainsi l'action du chlore, à la pression ordinaire, à la 
lumière solaire concentrée, à une température d'environ 
40°, et en présence de l'iode, est limitée à l'introduction 
de trois atomes de chlore dans la molécule d'acide. 

De plus, nous voyons que ce degré de chloruration 
sélend uniformément à la presque totalité de la masse 
liquide, puisque la formule déduite de la composition du 
sel indique que l'acide triehloré est de beaucoup plus 
abondant que le bichloré. 

On ne peut cependant pas conclure à l'existence d'une 
limite quant à /a quantité. 

En effet, rien ne prouve qu'en prolongeant le séjour au 
Soleil de la liqueur acide sursaturée de chlore, nous 
D'aurions pas obtenu une quantité plus grande encore 
d'aeide trichloré. Nous avons seulement constaté que 
l'absorption du chlore finissait, au bout de quinze heures, 
par devenir insaisissable par les moyens dont nous dis- 
Posions, mais nous ne pouvons affirmer avoir atteint une 
limite réelle de chloruration. 

Nous ferons remarquer encore, à ce sujet, que pendant 


( 746 \ 
la chloruration, la solution acide devient de plus en plus 
visqueuse; il en résulte que le chlore éprouve une diffi- 
culté croissante à rencontrer les parties du liquide sur les- 
quelles sou action pourrait encore s'exercer. 


Action du trichlorure d'iode sur l'acide heptylsulfonique 
 trichloré. 


Bien que le but principal de notre étude comparative 
füt atteint déjà par les expériences que nous venons de 
rapporter, il était intéressant de pousser plus loin la com- 
paraison et de savoir comment se comporterait l'acide tri- 
chloré en présence d'un chlorurant plus énergique. 

Nous avons donc soumis notre premier produit à l'action 
d'un grand excès de trichlorure d'iode en tube scellé. 

Un premier tube fut maintenu à 125? pendant trois 
heures. En l'ouvrant on ne constata qu'un trés faible déga- 
gement d'HCI, et l'on ne trouva ni cristaux d'iode ni acide 
sulfurique dans le liquide, dont l'aspect primitif s'était 
conservé. Le dégagement d'HCl peut être attribué à la 
transformation en acide trichloré d'une petite quantité 
d'aeide bichloré existant dans le liquide, comme nous 
l'avons vu. 

Dans une nouvelle expérience, la température de l'étuve 
a été portée à 167°-170°. Ici l'aeide trichloré a été profon- 
dément attaqué. Les tubes dégagent des torrents d'HCl et 
sont tapissés d'une grande quantité de cristaux d'iode. On 
en verse le contenu dans de l'eau, puis on sépare la partie 
liquide par filtration. Le résidu est traité par une solution 
de NaHSOS qui dissout l'iode et abandonne une huile 
(Ill) semi-fluide, brune, à odeur camphrée, brûlant avec 
une flamme à bords verts et un grand dépót de carbone. 


( 747 ) 

Cette substance, dont nous n'avons malheureusement 
pu recueillir que quelques décigrammes, n'a pu être amenée 
à un état de pureté convenable, et l'analyse qui en a été 
faite ne peut fournir que des indications sur sa nature. 
Nous avons trouvé : 


UC ds 
H. 12 490 
bo. 61,40 
Différ. . 12,41 

100,00 


Ces nombres se rapprochent néanmoins, d'une manière 
trés satisfaisante, de ceux auxquels conduit la formule 
d'un acide oxyheptylique hexachloré : 


CB'C*.CHOH..CO*H: ou  C’H°CI‘0° 


qui exigerait : 


Nu vr 
SR n 
ü. 60,50 
0 . 15,59 

99,94 


Ce qui tend à démontrer l'exactitude de cette conclu- 
sion, c’est que la potasse, en solution concentrée, ne dis- 
Sout que partiellement cette substance.. Il demeure un 
résidu incolore, d'odeur semblable à celle du produit pri- 
mitif, et fortement chloré, ce qui s'explique parce que la 
NENS enlève le groupe CO?H pour laisser une chlorhydrine 
Chlorée. 


EC - 


( 748 ) 
Quoi qu'il en soit du doute qui peut régner encore sur 
l'identité de la substance, il est néanmoins établi qu'une 
partie de l'acide sulfonique a éprouvé, pendant la chloru- 
ration en tube scellé, une décomposition qui a détaché le : 
groupe sulfonique du carbone. C'est là le point essentiel. Il 
s'est formé d'abord C7H5CI qui, au contact de l'eau, est — 
devenu C7H7CI605. 
Revenons à la solution aqueuse fournie par le lavage du 
contenu des tubes scellés. 4 
Après avoir éliminé, par une agitation avec du mercure, 
le chlore et l'iode libre qu'elle renferme, la solution a été 
saturée à 100° par du carbonate de baryum. Après filtra- — 
tion, décoloration au noir animal et évaporation, elle - 
abandonne un sel (IV) de méme apparence que le sel (II). 
On le purifie, autant que possible, par une nouvelle c cris- : 
tallisation et on le soumet à l'analyse. : 
Celle-ci montre que l'on a affaire à un mélange d ‘œnan- 
thylate et d’heptylsulfonate de baryum chlorés qu'on 
représenter, très approximativement, par la formule : . 


(C'H®CFSOS)Ba + 1,5 (CHClO?) Ba + 12H°0. 


En effet : 

On trouve Au lieu de 
BA... AO 16,88 
0 y. Sa 36,76 
Hs OX 3,15 
Ci 4 20,71 
NH. 2,94 5,55 
O. ... 90956 (HE). 48,99 


100,00 99,98 


(MS 

La concordance peut être jugée satisfaisante, si l'on 
tient compte de l'extréme difficulté des dosages de soufre 
et de chlore, dans un composé renfermant aussi du 
baryum. 

La masse du chlore a donc produit, dans la molécule, 
la division à l'endroit du groupe terminal, de sorte que 
l'extrémité de la chaine 


(MEM 
—(—C-—SO'H 
a c 
serait devenue : 


Cl Ci 
po 

— C—C—CI, 
Is] 
e. Qi 


puis, sous l'influence de l'eau : 


C 
| Z9 
ad. 
N OH. 
CI 


Cette supposition trouve d’ailleurs sa justification dans 
les résultats de nos précédents travaux. 

Nous avons vu, en effet, que chaque fois qu'un atome 
de carbone terminal se trouve uni à trois atomes de chlore, 
il échange facilement ce dernier contre de l'hydroxyle, 
püis une molécule d'eau se sépare et la substance devient 
acide. Le groupe — CC semble donc, en toute circon- 
Slance, agir comme dans le chloroforme suivant : 


HC.CF + 4KOH = HCO*K + 3KCI + 2H°0. 


Action du chlore sur l'oxysulfure d'heptyle. 


Pour continuer la comparaison des propriétés de lhep- 
tyle à celles des radicaux homologues inférieurs, nous avons 
fait réagir le chlore sur l'oxysulfure heptylique. 

Ce corps est solide et ressemble par ses caractéres exté- 
rieurs à l'acide stéarique. l flotte sur l'eau et fond à 70° 
en éprouvant une forte dilatation. 

Pour nous placer dans des conditions comparables à 
celles de nos précédentes expériences sur les oxysulfures 


inférieurs, corps qui étaient solubles dans l'eau ou au moins 


liquides, nous avons traité celui-ci, comme l'oxysulfure 
d'amyle, en l'agitant avec de l'eau dans laquelle passait un 
rapide courant de chlore. 

Dés l'arrivée des premiéres bulles, l'oxysulfure a com- 
mencé à se liquéfier, tout en restant à la surface de l'eau. 


L'absorption du chlore continuant, la température s'est - 


élevée jusqu'à 60° environ, et l'huile formée a fini par 
gagner le fond du vase. 

Aprés 14 à 15 heures, le chlore Rae ne plus être 
absorbé, on a séparé la couche aqueuse supérieure de la 
couche huileuse. 

La premiére n'était qu'une solution concentrée d'acide 
chlorhydrique, contenant une trace d'un acide organique 
chloré. Cet acide provenait de l'action de l'eau sur un 
chlorure d'acide trés stable, constituant la majeure partie 


de l'huile. En effet, cette huile, lavée à l'eau pure, aban- - 


donnait une trés petite quantité du méme acide, et l'on 
pouvait répéter l'opération, méme en employant de l'eau 


d 2 «| 
us c 


TEAM 
t 


(3905 VT 
chaude, sans réussir à décomposer le chlorure d'acide en 
quantité notable. 

Pour obtenir la décomposition compléte, aprés avoir 
constaté que l'huile ne pouvait être distillée, méme dans 


. le vide, sans s'altérer, nous avons eu recours à une solution 


concentrée de soude caustique qui a dissous environ les 
deux tiers de l'huile, en produisant une forte élévation de 
température. 

Le résidu a été traité de la méme facon et à deux 
reprises par de la solution de soude fraiche, puis lavé à 
l'eau et séché sur du chlorure de calcium. Aprés ce traite- 
ment on l’a soumis à la distillation dans le vide et l'on a 
recueilli un liquide, presque incolore, passant de 420° 
à 155^ ; le résidu était brun foncé et visqueux (V;). 

Le liquide soumis à une nouvelle distillation a fourni 
une huile incolore (V4) passant de 120^ à 142° et un résidu 
(Va) légèrement jaunâtre. 

L'analyse a montré que ces liquides, composés de car- 
bone, chlore et hydrogène, étaient des mélanges d'heptane 
tri- et létra-chloré, ainsi que l'indique le tableau suivant : 


Calculé Calculé 
Trouvé V, Trouvé V5 CH!5CIS C'H12Cl4 


Gi, LOU 36,15 41,27 35,29 
EK V A 5,29 6,58 5,04 
GE, 8640 58,56 52,95 59,67 


100,00 — 400,00 — 400,00 100,00 


Il restait à trouver la position relative des atomes de 


Y 


( 752 J : 
chlore dans la molécule, c'est-à-dire, à s'assurer si, comme - | 
dans le cas des composés amyliques et propyliques, le 
chlore s'était porté de préférence sur l'atome de carbone | 
qui avait été uni au soufre. 

A cet effet, nous avons d'abord fait réagir en tube scellé, 
sur une portion de l'huile V4, une solution concentrée de 
soude caustique à une température d'environ 420°. 

Le résultat a été absolument nul : le verre du tube a été | 
attaqué, mais l'huile V, n'a pas été modifiée. 

Daus une seconde expérience, la soude a été remplacée 
par de l'hydrate d'argent, et la température maintenue 
pendant 2 !/; heures vers 138°. : 

On a retiré du tube la presque totalité de l'huile intro- 
duite; cependant un commencement de réaction s'était. 
manifesté, une faible couche d'argent s'était déposée, par 
places, sur le verre, et il s'était formé du AgCl. 

En conséquence on a rechargé un nouveau tube avec 
grand excès d'hydrate d'argent, et l'on a chauffé de 155° 
à 162° pendant 5 !/, heures. Il eût été inutile de dépasser - 
cette température puisque l'huile V, se serait décomposée, 
comme pendant la distillation. 

Aprés la chauffe le tube était complètement argenté 
sous une épaisseur telle que la couche métallique avait 
pu, en certains endroits, se détacher par feuilles. 

Le contenu du tube fut agité avec de l'eau; aprés filtra 
tion et addition de BaCI2, on constata la formation d'un 
faible précipité de AgCI, indice de la jore d'une trace 
de sel d'argent soluble: 

Mais la majeure partie de la substance étudiée était 
restée sur le filtre, mélangée au chlorure d'argent fi 
et à l'excès d'hydrate; on traita le dépôt par de l'éther qui | 
enleva une huile à odeur de fruits, en rappelant 


( 753 ) 
celles de l'alcool et de l'acétate heptyliques. Elle brülait 
sans résidu avec flamme à bords verts. 

Il s'était donc trés probablement formé un éther chloré. 

Pour s’en assurer, il suffisait de tenter la saponification 
de la substance. On fit d'abord bouillir celle-ci avec une 
solution de potasse caustique dans de l'eau, mais sans 
aucun résultat. Au contraire, il y eut réaetion immédiate 
lorsqu'on remplaca l'eau par de l'alcool. La liqueur brunit, 
changea d'odeur, et il se forma un dépôt de KCI. 

On ajouta alors une grande quantité d'alcool absolu, 
puis de l'acide sulfurique en quantité suffisante pour 
saturer la potasse et mettre l'aeide inconnu en liberté. 
Enfin, on sépara le K*SO* formé et l'on satura les acides 
par une solution de baryte, aprés quoi l'on évapora à 
siccité pour chasser l'aleool. Pendant toute la durée de 
cette opération, les vapeurs d'alcool éthylique entrainérent 
une substance odorante rappelant l'alcool heptylique; 
C'était probablement l'aleool auquel l'éther inconnu devait 
sa formation ; mais comme on n'opérait que sur une trés 
petite quantité de matière, il était impossible de songer à 
recueillir cet alcool pour l'analyser. 

Finalement, le résidu de l'opération, repris par l'eau, et 
débarrassé de l'excés de baryte par un courant d'anhydride 
carbonique, a fourni un sel de baryum, mais en quantité 
insuffisante pour l'analyser méme qualitativement. Nous 
nous sommes bornés à constater que la solution de ce sel, 
additionnée d'acide sulfurique, répandait une odeur ana- 
logue à celle de l'acide cenanthylique. 

n résumé, les expériences précédentes montrent que 
les heptanes chlorés de l'huile (V,) résistent incomparable- 
ment mieux à l'action des bases que les dérivés corres- 
pondants du propane et de l'hydrure d'amyle; ces derniers, 

9"* SÉRIE, TOME XIV. T E 


( 754) 

-comme on peut se le rappeler (1), étaient attaqués, même 
par l'eau à basse température, pendant la chloruration, et 
nous ont donné de l'acide propionique et de l'anhydride 
valérianique. Dans le cas actuel, au contraire, ni l'eau, 
ni méme la soude caustique à 190^ n'ont produit 
semblable résultat, et il a fallu faire réagir l'hydrate 
d'argent vers 162". 

Mais là ne se borne point la différence : il faut comparer 
aussi les produits obtenus. 

Tandis que le propane trichloré a donné naissauce à de 
l'acide propionique, que l'hydrure d'amyle trichloré a pro- 
duit beaucoup d'anhydride valérianique et. probablement 
un peu d'aldébyde valérique, l'heptane tri-ou tétra-chloré 
a produit, au contraire, trés peu d'acide en combinaison 
avec l'oxyde d'argent, une quantité trés notable d'aldéh yde 
(ainsi que le donne à supposer ia couche d'argent métal- 
lique obtenue), et un éther, impliquant nécessairement la 
formation préalable d'un alcool et d'un acide. 

Il semble donc que, dans les heptanes chlorés que nous 
venons d'étudier, les atomes de chlore ne sont pas tous 
groupés vers l'extrémité de la chaine carbonée qui se trou- 
vait liée au soufre, mais occupent diverses positions diffé- 
rentes par rapport au dernier atome de carbone. 


Remarque. — Avant d'abandonner ce sujet, nous ajou- 
. terons que nous avons procédé à des expériences directes 
sur l'huile provenant. de la chloruration de l'oxysulfure 
d'heptyle, pour nous assurer si elle ne contenait pas 
d'anhydride. Nous ne les rapporterons pas ici pour la 


tite adest puto 


(4) Voir Bull. Acad. Composés propyliques : 3° sér., t. IV, n° 8j 


1882; Composés amyliques : 5° sér., t. VII, n° 4; 1884. 


( 755 ) 

raison que le résultat en a été négatif, ce qui était à pré- 
voir, étant donné que les heptanes poly-chlorés résistent 
à l'eau et méme aux bases aussi énergiquement que nous 

venons de le prouver. | 

Passons à l'examen de la dissolution obtenue en trai- 

tant par la soude l'huile brute provenant de l'action du 

chlore sur l'oxysulfure d'heptile. — - 

Cette dissolution contient différents sels de sodium qui 

cristallisent mal; on les transforme en sels de baryum afin 

de pouvoir plus facilement les amener à un état de pureté 

relatif. 

On trouve successivement dans l'ordre de eristallisation : 

1° Un sel (VI) cristallisant en houppes formées de fines 

aiguilles, plus soluble dans l'eau à chaud qu'à froid, et s'y 

dissolvant avec un violent mouvement de giration. 

Ce sel se décompose assez facilement, surtout à chaud, 

en présence du AgNO3, en donnant du AgCI. Il est loin 

d'être pur, renferme un peu de sodium, probablement à 

l'état de chlorure, et peut-être aussi un peu de BaCl?. On 

l'a séché à 100°, puis soumis à l'analyse. 

Le résultat permet de conclure que l'on a affaire à un 

mélange d'heptylsulfonates de baryum, contenant du 

Chlore en différentes proportions. | 
La formule suivante, qui exigerait cependant une 

teneur en soufre un peu plus faible que celle que l'on a 

trouvée, exprime assez bien la constitution que le sel 

semble devoir présenter 


CISO? "H'CISO* 
CASE Ba + OCT? Da + 9H*0 
+ 0,28BaCI* 


+ 0,16NaCIl. 


( 756 ) 
En effet on a 
Trouvé Calculé 
E c. 2394 29,45 
n E T 0,26 
B. H 9,19 
s v 470 14,58 
Eq SEES EE 24,13 
Hs. ui. A 5,24 
O (dif) 22,49 24,15 
100,00 99,96 
2 Un sel (VII), nacré, formé de fines lamelles prisma- 
tiques, anhydre, répondant à la formule 


C'H4CISO? c 14, 3 
C'H*CISO* > Ba + CH > Ba, 


ainsi que l'indique le tableau suivant : 


Trouvé Calculé 

G., 31,02 50,73 
H. 5,78 5,21 
CI. s 9,82 9,74 
S. . A211 11,70 
Ba . .. 23508 25,05 
O (diff) 16,23 17,56 
100,00 99,99 


5° Un sel (VIII), amorphe, en poudre pesante, insoluble 
dans l'eau froide, répondant à la formule du sel VI, à part 
cette différence que le sel VIII est anhydre. ? 


(751 j 
Il ressort de ce qui précède que le chlore, agissant en 
présence de l'eau sur l'oxysulfure d'heptyle 


C7H1 —— So e. Chu, 
ou C'HS — 8.5 ("ne 


l 
0 


(si l’on admet la tétra-atomicité du soufre), opère une scis- 
sion bien nette à l'endroit du soufre : d'une part, le 
groupe C7H!5 se sépare en formant du chlorure d'heptyle 
plus ou moins chloré, et d'autre part le résidu C?H'5SO 
subit une oxydation qui le transforme en chlorure d'acide 
C'H'5SO?CI., tandis que du chlore se substitue à une partie 
de l'hydrogène du radical C7H15. 

On peut remarquer que les deux groupes C7 H'5 de la 
molécule d'oxysulfure ne se sont pas comportés de la 
méme maniére vis-à-vis du chlore: tandis que celui qui 
est devenu chlorure d'heptyle chloré a pu absorber 5 et 
4 atomes de chlore, l'autre, au contraire, qui s'est trans- 
formé en chlorure d'acide, n'en a admis qu'un seul, ou au 
plus deux. Cette différence n'a rien qui doive surprendre, 
si l'on considère que le chlorure d'acide participe déjà 
aux propriétés de l'acide méme qu'il pent engendrer, lequel, 
nous l'avons démontré, n'absorbe plus aucun atome de 
Chlore, si, comme c'était le cas, la réaction se passe à la 
lumière diffuse. 

De cette remarque il semb'e résulter aussi que la scis- 
sion de la molécule d'oxysulfure doit étre postérieure à 
la pénétration du chlore dans les deux groupes Aeptyles, 
Où tout au moins dans celui qui devient chlorure d'acide. 

Si nous comparons la réaction de l'oxysulfure d'heptyle 
à celles des oxysulfures de propyle et d'amyle, avec le 
même métalloide, nous apercevons une différence fonda- 


( 788 ) 
mentale, c'est que, dans le cas actuel, nous n'avons pas 
trouvé trace de sulfone heptylique 


(CH'*S0* 


parmi les produits de la réaction, alors que, dans les pré- 
cédentes, nous avions recueilli une notable quantité de 
sulfone propylique, et une quantité incomparablement 
plus grande encore de sulfone amylique. 

Nous pouvons affirmer aussi que ce corps ne s'est pas 
formé au cours de la chloruration, pour étre détruit ensuite 
par le chlore, ear nous avons constaté, par une expérience 
spéciale, que le sulfone heptylique ne subit pas la moindre 
action de la part de ce gaz, méme à la lamiére concentrée 
d'un miroir ardent. 

Il faut très probablement voir dans ce fait une consé- 
quence de la propriété, que nous avons reconnue aux 
composés heptyliques, d’être plus attaquables par le ch'ore 
que leurs homologues inférieurs. 

En effet, la formation du sulfone n'est possible que si 
la phase d'oxydation précède celle de chloruration, et 
nous venons de voir que c'est l'inverse qui semble avoir 
leu. 


Roni DM E n 


CONCLUSIONS. 


En résumé, les trois lois auxquelles parait soumise 3 
l'action du chlore sur les combinaisons sulfonées, trouvent - 
une confirmation complète dans les faits nouveaux obser- 
vés au cours de ce travail. 

Le chlore se substitue d'autant plus facilement à 
l'hydrogène d'une molécule contenant un groupe sulfoné, 1 
. que le nombre d'atomes de carbone de cette molécule est - 
plus grand; ensuite, le remplacement de l'hydrogène par - 


( 759 ) 
le chlore affaiblit graduellement la liaison des groupes sul- 
fonés au point de finir par l’annuler ; enfin, le chlore, loin 
de se porter sur l'atome de carbone non uni directement : 
au groupe sulfoné, se fixe de préférence sur celui-ci, de 
sorte qu'aprés la division de la molécule, on obtient des 
homologues du chloroforme. 

Nous l'avons dit au début de ce travail, ces trois lois 
ne peuvent trouver une explication satisfaisante ni dans 
la théorie de Kekulé, ni dans la théorie de Kolbe. Les 
molécules organiques ne peuvent pas étre assimilées à des 
Systémes mécaniques simples, ni à des organismes. On 
verse dans l'erreur en raisonnant dans ces théories, non 
pas parce que celles-ci seraient complétement fausses, mais 
plutôt parce qu'elles ne nous donnent qu'un tableau 
incomplet de la réalité. En un mot, le défaut de ces théo- 
ries est d'étre trop simples. On doit les compléter. 

Mais n'oublions pas non plus qu'il nons manque encore 
un renseignement essentiel, avant de faire une tentative 
dans le sens indiqué. On ne connait pas encore le rôle que 
peut jouer dans les phénomènes de chloruration, ce que 
l'on est convenu de nommer aujourd'hui la longueur de 
la chaine carbonée. 

Dans notre dernier travail, nous avions déjà fait allu- 
sion à cette lacune de nos connaissances, et nous avions 
fait connaître notre projet de mesurer l'aptitude réac- 
tionnelle comparée des hydrocarbures d'une méme série 
vis-à-vis d’un même élément : le chlore. Des difficultés 
extraordinaires nous ont empêché d'aboutir jusqu'à pré- 
sent; mais nous pensons qu'en reprenant, par une méthode 
nouvelle, l’étude de la chloruration des hydrocarbures, 
conjointement avec celle des acides gras, nous pourrions 
résoudre le probléme. 


( 760 ) 
Tel est l'objet du travail que nous nous permettons 
d'annoncer dés maintenant comme la suile naturelle de 
nos recherches actuelles. 


Sur quelques dérivés nouveaux de l'alcool heptylique 
normal, comparés à leurs homologues; par C. Winssinger, 
ingénieur. 


La découverte du premier alcool heptylique, faite en 
1862, est due à Faget, qui isola ce corps de l'huile de marc 
de raisin. 

Peu de temps aprés, d'autres chimistes, parmi lesquels 
on peut citer Bouis, Chapman, Schorlemmer et Cross, firent 
connaitre de nouveaux alcools présentant la méme com- 
position que le premier, et décrivirent quelques-uns de 
leurs dérivés. 

Depuis cette époque, nos connaissances sur les dérivés 
de l'heptane sont restéesà peu prés ce qu'elles étaient; c'est 
ainsi qu'en ce qui concerne notamment l'alcool heptylique 
normal, on ne posséde encore des données que sur l'alcool 
lui-méme et ses éthers acétique, chlorhydrique, bromhy- 
drique et iodhydrique. 

Des recherches précédentes (1) m'ayant fourni l'occasion 
d'étudier les dérivés sulfurés de quelques termes inférieurs 
de la série des hydrocarbures saturés normaux, je me vid 
proposé de répéter cette étude à l'égard des dérivés 
heptyliques, moins en vue de produire un travail descriptif 
et de cataloguer quelques substances nouvelles, que dans 


ERU a 


(4) Notamment, Bull. de l'Acad., 5° série, t. XIII, n° 5, 1887 : 
Sur quelques dérivés du propane. 


( 761 ) 
le but d’obtenir des séries homologues assez étendues pour 
donner lieu à une étude comparative. 

Il n’est guère admissible, en effet, que l’étude des corps 
rangés dans une même série puisse se borner à la déter- 
mination de leurs propriétés individuelles, ni même à la 
découverte des analogies qu'ils présentent entre eux; cette 
étude doit être complétée par la recherche des relations 
qui doivent exister entre le degré variable de développe- 
ment des caractéres communs et la constitution molécu- 
laire des corps. | 

Les résultats, encore peu nombreux, auxquels je suis 
Parvenu, prouvent que ce genre de recherche, loin 
d'exposer à des redites, ainsi qu’on pourrait le croire, peut 
Conduire, au contraire, à des observations intéressantes, 
capables d'apporter des éléments nouveaux à l'étude de la 
constitution de la matière. 

A ce point de vue, la note que j'ai l'honneur de pré- 
Senter à l'Académie peut être considérée comme une 
annexe au travail que M. Spring et moi nous avons entre- 
pris sur les combinaisons sulfoniques et les oxysulfures 
organiques (1). 

Les combinaisons heptyliques que j'ai étudiées sont : le 
sulfhydrate, le sulfure, l'acide sulfonique et le sulfone. 

Avant de les décrire, et afin de ne laisser aucun doute 
sur l'identité de ces composés pour lesquels de nombreux 
isoméres sont à prévoir, j'exposerai succinetement le mode 
de préparation de l'alcool et du chlorure qui m'ont servi de 
point de départ. 


(1) Bull. de  Acad., 5* sér., t. Il, n° 19, 1881 ; 3° sér.. t. IV, n° 8, 
1882; 3* sér., t. VH, n° 4, 4884. 


( 762 ) 


1. Alcool heptylique. — On l'obtient facilement lorsque 
l'on traite l'eenanthol, produit de la distillation séche de 
l'huile de ricin, par de l'hydrogéne naissant. Suivant la 
méthode générale de Krafft (4), on dissout l'aldéhyde dans 
de l'acide acétique cristallisable, et l'on ajoute, par petites 
portions successives, de la poudre de zinc. On chauffe 
légérement pendant plusieurs jours. 

L'hydrogénation terminée, l'aldéhyde se trouve convertie 
en acétate d'heptyle qu'on saponifie par la potasse. 

L'alcool rectifié bout de 173? à 176°, retenant encore de 
l'eau que n'enléve plus le carbonate de potassium. On ne 
peut faire usage du chlorure de calcium, qui forme avec 
l'alcool une combinaison cristallisée. 


2. Chlorure d'heptyle. — On l'a préparé au moyen de 
l'aleool et de l'acide chlorhydrique que l'on a fait réagir 
en tube scellé, pendant deux heures, entre 130? et 150". 

Le produit, lavé à l'eau, débarrassé d'un reste d'alcool 
par du pentachlorure de phosphore, puis rectifié, bout 
à 15852 (corr., à la pression de 760 millimètres (2). 
Il représente 86 °/, du rendement théorique. 

Cette méthode est préférable à celle qui consiste à opérer 
la chloruration au moyen du chlorure de zinc, lequel 
attaque profondément l'alcool heptylique, en produisant 
un mélange complexe de chlorures normal et secondaire 
accompagnés d’heptylène. 


nier TT 


| 4. 
(4) Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, 1885, s. s 
(2) Cross, Ann. Chem. Pharm., b. 189, s. 1, donne le no 
de 15902. 


PE ed + le M 


RER 


(765 ) 


3. Mercaptan. — Ce corps prend naissance lorsqu'on 
met le chlorure d'heptyle en présence d'une solution 
alcoolique de snlfhydrate de potassium, mais il faut provo- 
quer la réaction en chauffant légèrement au bain-marie. 
Dés lors la double décomposition se fait rapidement, sans 
grand dégagement de chaleur, et le mercaptan formé 
gagne la surface du liquide, sous forme d'une couche 
huileuse. De fait, ce sulfhydrate est peu soluble dans 
l'aleool. C'est un liquide mobile, incolore, doué d'une odeur 
moins pénétrante que celle de ses homologues inférieurs. 

Il bout à 174°.175°, à la pression de 760 millimètres, 
Sans éprouver la moindre altération. Au contraire, 
lorsqu'on le chauffe au bain-marie, mélangé à la solution 
alcoolique dans laquelle il s'est formé, il se décompose 
rapidement en sulfure d'heptyle et en hydrogène sulfuré. 

C'estlà une propriété singulière, étant donnée l'extréme 
solidité qui caractérise ordinairement la liaison directe du 
soufre au carbone ; par exemple, dans les termes inférieurs 
de la série des mercaptans, dans les dérivés du benzol, etc. 

La décomposition du mercaptan heptylique, que j'ai 
d'ailleurs déjà mentionnée (1), parait donc constituer une 
véritable anomalie. Cependant on verra plus loin, par 
l'examen comparatif des séries, que cette manière de voir 
n'est pas fondée, et que le phénomène semble être plutôt 
la conséquence naturelle d’une relation générale, qui appa- 
raît entre la tendance des radicaux à entrer dans une com- 
binaison et le degré de complication moléculaire qu'ils 
présentent. 


(1) Dérivés du propane, loc. cit. 


( 764 ^ 


4. Sulfure. — Si l’on emploie, dans la préparation pré- 
cédente, du sulfure de potassium au lieu de sulfhydrate, 
on n'obtient plus que du sulfure d'heptyle. Ici encore il 
faut élever légérement la température pour que la réaction 
commence, au moins sans trop se faire attendre. Elle 
s'effectue alors en peu d'instants, et le rendement est 
presque théorique. 

Le sulfure posséde une odeur moins forte et moins 
persistante que celle du mercaptan. Il bout à 298" sans se 
décomposer. | 


9. Acide heptylsulfonique. —  L'acide nitrique d'une 
densité 1,5 attaque le sulfhydrate et le transforme en 
acide sulfonique. 

La réaction, analogue à celle qui donne naissance à 
l'acide propylsulfonique, en diffère cependant par une 
moindre énergie. Elle ne se produit méme pas visiblement 
sans qu'on élève légèrement la température. Une fois 
commencée, elle s'achéve d'elle-méme avec dégagement de 
chaleur. 

L'oxydation terminée, on sature le mélange acide, 
étendu d'eau, par un lait de carbonate de plomb. L'heptyl- 
sulfonate de plomb étant insoluble dans l'eau froide, et se 
dissolvant bien à chaud, on parvient trés aisément à le 
débarrasser du nitrate qui s'est formé. Aprés deux cristal- 
lisations, le sel de plomb est décomposé par l'hydrogène 
sulfuré, et l'acide est évaporé jusqu'à consistance sirupeuse. 

Il est soluble dans l'éther, ce qui permet de lui enlever 
les dernières portions d'eau. Néanmoins l'acide ne cristallise 
qu'aprés un séjour prolongé dans le vide au-dessus de 
l'acide sulfurique. Il est alors formé d'une masse de gros 


( 76 ) | 
mamelons atteignant 1 centimétre en diamétre, et dont la 
cassure est rayonnée. |l peut être rangé parmi les corps 
les plus déliquescents que l'on connaisse. Il fond un peu 
au-dessus de 15*. 


6. Oxysulfure d'heptyle. — Ce corps résulte de l'oxy- 
dation du sulfure par l'acide nitrique (densité 1,4). On 
verse le sulfure dans l'acide tiéde. Le dégagement de cha- 
leur n'est pas considérable. L'oxysulfure produit reste 
combiné à l'acide nitrique en excés, sous forme d'une 
couche huileuse. Cette combinaison est analogue à celles 
que produisent les oxysulfures en général dans les mémes 
conditions. On la détruit par l'eau, qui enléve l'acide et 
abandonne l'oxysulfure. Ce dernier a l'aspect physique 
d'une graisse solide. On le purifie, d'abord par l'eau chaude, 
ensuite par des cristallisations dans l'alcool, ou mieux dans 
l'éther. 

L'oxysulfure d'heptyle pur rappelle, par ses caractères 
extérieurs, l'acide stéarique. Il est incolore; il fond à 70° 
€n se dilatant notablement. Solide, il posséde à peu prés 
la densité de l'eau. I! se dissout dans l'acide chlorhydrique 
Chaud avec lequel il semble se combiner de méme qu'avec 
l'acide nitrique. 


T. Diheptylsulfone. — (C7H'5)?SO?. On prépare ce sul- 
one, comme tous ses homologues à partir du terme pro- 
Pylique, en oxydant l'oxysulfure au moyen du permanga- 
Date de potassium. 

Comme l'oxysulfure est solide, on le fond sur une 
Solution sursaturée de permanganate, et l'on agite le 
mélange pendant qu'on le chauffe jusqu'à l'ébullition. 
Sitót commencée, la réaction s'active d'elle-même, à 


( 766 ) 
tel point qu'il devient nécessaire de la modérer par une 
addition d'eau froide. 
Cette dernière circonstance pourrait faire supposer que 
la transformation de 


(C'H5?S0 en (C55) SO? 
dégage plus de chaleur que celle de 
(CH5?S en (C'H'5: SO, 


puisque, dans ce dernier cas, la température s'éléve peu 
pendant la réaction. Mais, sans avoir procédé à des déter- 
minations calorimétriques, je pense qu'il n'y a là qu'une 
illusion due aux conditions particuliéres de chaque réac- 
tion. En effet, pendant l'oxydation, le sulfure se dissout dans 
une grande masse d'acide nitrique, tandis que l'oxysulfure 
fondu ne se mélange pas à la solution de permanganate, 
et presque toute la chaleur de combinaison s'y concentre. 

On purifie le sulfone obtenu en le dissolvant à plusieurs 
reprises dans de l'aleool bouillant, qui l'abandonne, par 
refroidissement, en feuillets nacrés, fusibles à 80°. 

A 1%, il est plus dense que l'eau, mais à l'état liquide 
il est moins dense que cette derniére. ; 

Il se dissout trés peu dans l'éther, lentement dans l'acé- 
tone, le sulfure de carbone et l'acide acétique; presque pas 
dans la térébenthine, mais trés rapidement dans le chloro- 
forme, son meilleur dissolvant. 

L'acide nitrique le plus concentré ne l'attaque aucune- 
ment à la pression atmosphérique, méme à chaud. I| se 
dissout dans cet acide à l'ébullition, mais s'en sépare par 
refroidissement. 


767 ) 


Considérations générales sur les séries homologues aux- 
quelles appartiennent les dérivés heptyliques sulfurés 
précédents. 


Ces séries, au nombre de cinq, sont les suivantes : 


Séries, Formule, Termes connus. 
Sulfhydrates. HK. S. H. 1,2, 5,4,:06,7 
Sulfures. R. S. R. 5*5. 7 
Oxysulfures. RSOR N. CA 
Sulfones. R.5.0.0: R, LX XEM + 
Acides sulfoniques. R S. 0.0.0.H. 1,2,5,4,6,7 


R figurant un radical alcoolique normal. 


A. Relations entre les points d'ébullition. 


En général, si l’on trace une courbe en prenant pour 
abscisses des longueurs proportionnelles aux nombres 
d'atomes de carbone contenus dans la molécule de chaque 
terme d'une série, et pour ordonnées des longueurs pro- 
portionnelles aux points d'ébullition correspondants, on 
obtient une ligne assez régulière, d'une courbure peu pro- 
noncée, et dont la concavité se trouve tournée vers l'axe 
des abscisses. 

Si, en un méme tableau, l'on applique ce tracé aux 
principales séries des corps gras (1), on voit qu'à quelques 
exceptions prés, les courbes présentent toutes une régu- 


sm mur 


(1) Notamment aux séries suivantes : acides, chlorures, bromures, 
iodures, cyanures, sulfures, sulfhydrates, acétates, formiates alcooli- 
ques, aldéhydes, éthers simples, acétones symétriques, acctones mixtes 
(dont chaque terme renferme le radical CH*), monamines, etc. 


( 768 ) 
larité de même ordre, et que de plus la grande majorité 
d’entre elles ont une allure semblable; de telle sorte que 
l'ensemble du tracé a l'aspect d’un faisceau de lignes 
presque paralléles à une directrice commune. 

En examinant ces courbes, on peut, plus facilement 
qu'en faisant usage de formules d'interpolation, juger de 
l'exactitude relative des points d'ébullition des corps 
rangés en une méme série, ou, inversement, découvrir des 
erreurs de classification provenant soit de ce que certains 
corps n'étaient que les isomères des combinaisons sup- 
posées, soit de ce qu'ils n'étaient pas purs; enfin l'on 
peut prévoir avec une assez grande probabilité la tempé- 
rature ébullition d'une substance encore inconnue. 

C'est ainsi, par exemple, qu'il est aisé de constater que 
le sulfure hexylique, passant pour normal, offre un point 
d'ébullition probablement trop bas d'environ 30». Le fait 
n'aurait rien de surprenant, étant donné que ce sulfure a 
éié préparé au moyen d'hexane provenant du pétrole. 

Le sulfhydrate hexylique, provenant de la méme source, 
présente aussi un point d'ébullition qui semble trop faible, 
mais de quelques degrés seulement. 

Autre exemple : En examinant la courbe des sulfures 
normaux, dont la forme vient d'étre mieux déterminée 
par la connaissance du terme éloigné 


(CHR S ; 


qui renferme quatorze atomes de carbone, on voit què le 
nombre 141°,5-142,5, que j'ai trouvé en mesurant le point 
d'ébullition du terme propylique, répond mieux à la forme 
du diagramme que le nombre précédemment admis 150°- 
155*. La première de ces données se justifie d'ailleurs par 
des considérations d'un autre ordre. 


( 769 ) 


B. Relations entre les propriétés chimiques. - 


Si l’on possédait actuellement la définition exacte de la 
cause efficiente de la combinaison chimique, et le moyen 
d'en mesurer les effets avec précision, de façon que le 
degré d'intensité des réactions püt être représenté par des 
nombres rapportés à une unité vraie, il serait facile, aprés 
avoir mis les termes successifs d'une série homologue en 
présence d'uu méme réactif, d'apercevoir des relations 
entre l'intensité réactionnelle (1) et la constitution molé- 
culaire. 

On pourrait notamment faire usage du moyen graphique 
applicable à la comparaison des points d'ébullition, et il 
est à présumer que les diagrammes que l'on obtiendrait 
seraient, comme les précédents, des courbes réguliéres, 
indiees d'une loi générale de continuité. 

Pareille étude est malheureusement au-dessus des 
forces de la chimie moderne, qui n'est point encore par- 
venue à mesurer l'intensité réactionnelle. 

Dans ces conditions, la comparaison des réactions ne 
peut étre qu'appréciative et, par conséquent, approxima- 
live; mais il ne s'ensuit pas qu'elle soit inutile; au con- 
traire, car les résultats imparfaits qu'elle peut donner 


om 


(1) Qu'il me soit permis d'employer ici cette expression pour dési- 
gner la résultante de toutes les forces, quelles qu'elles soient, qui 
concourent à l'acte de la combinaison. 

Sme SÉRIE, TOME XIV. 52 


( 4320. ) 
contribueront peut-être à faciliter la découverte de la 
cause méme des réactions. 

Lorsqu'on étudie parallélement, par séries, les dérivés 
sulfurés dont l'énumération précéde, on peut, en estimant 
l'intensité réactionnelle d’après l'ensemble des phénomènes 
observés, faire les remarques suivantes : 

4° Dans la formation des sulfhydrates par l'action du 
chlorure alcoolique sur le sulfhydrate de potassium, l'inten- 
sité réactionnelle semble diminuer à mesure que la chaîne 
carbonée augmente de longueur. On verra, par exemple, 
que le mercaptan éthylique se forme immédiatement à la 
température ordinaire, tandis que l'homologue heptylique 
ne le fait pas; de plus, les manifestations thermiques sont 
fort différentes ; 

2 Les sulfures se comportent de la méme façon; 

3° De méme, à mesure que la chaine carbonée s'accroît, 
les sulfhydrates se montrent de moins en moins stables. 
Le septième terme, par exemple, offre un caractère d'insta- 
bilité déjà trés marqué; ainsi qu'on l'a vu, il se dédouble 
facilement en sulfure et hydrogène sulfuré; 

4 Les sulfures et sulfhydrates réagissent de moins en 
moins vivement avec l'acide nitrique; 

5 Les oxysulfures eux-mêmes, d'abord facilement oxy- 
dables, perdent ensuite ce caractére, à tel point que, dés 
le troisième terme, ils résistent à l'action de l'aeide 
nitrique ; 

6° D'autre part, les oxysulfures étudiés possèdent tous 
la propriété de s'unir à l'acide nitrique, pour former une 
combinaison définie, qui conserve le caractère d'un acide. 

Les remarques qui viennent d'étre faites sont toules 
concordantes et se prétent un mutuel appui. Elles tendent 


M E 
i inc. cu 


C TH) 

à établir qu'un radical organique devient de moins en 
moius eapable de se combiner par addition à une méme 
substance, à mesure qu'il s'accroît du groupe CH?. 

Mais avant de généraliser cette thése et de l'ériger en 
un principe d’où l'on puisse utilement tirer des con- 
clusions, il importe qu'on multiplie les données sur les- 
quelles elle repose, et qu'on s'assure qu'elle s'applique à 
tous les types de réaction qui nous sont connus. 

Je me propose d'entreprendre de nouvelles recherches 
sur ce sujet. 


Laboratoire de la Faculté des sciences de l’Université de Liége. 


Sur la découverte de poissons devoniens dans le bord nord 
du bassin de Namur; par C. Malaise, membre de l'Aca- 
démie. 


J'ai l'honneur d'annoncer à la Classe des sciences qu'un 
de mes éléves, M. Victor Dormal, candidat en sciences 
naturelles, a trouvé, dans les couches du calcaire de Givet, 
exploitées à Alvaux (Bossières), divers débris de poissons. 

Profitant d'un voyage scientifique en Angleterre, je les 
ài soumis à l'examen de M. Henry Woodward, chef de la 
section paléontologique au British Museum, et à M. Wil- 
liam Davies, attaché au méme établissement. D'après 
les déterminations de ces messieurs, ils appartiennent à 
diverses parties se rapportant aux genres Cephalaspis, 
Coccosteus, et Holoptychius, genres en partie nouveaux 


(2/2 ) 
pour la Belgique. Ils sont analogues à ceux signalés par 
Pander, en Russie (1). 
Ces poissons ont été rencontrés dans des calcaires ren- 
fermant les espèces caractéristiques du devonien moyen : 


Macrocheilus arculatus, 
Murchisonia bilineata, 
Stringocephalus Burtini, 
Uncites gryphus, 
Cyathophyllum quadrigeminum. 


M. V. Dormal a également trouvé des restes de poissons 
dans les roches rouges du Mazy et dans le calcaire de 
Bovesse, appartenant au devonien supérieur. Il en a aussi 
rencontré dans le calcaire à crinoides du carbonifère infé- 
rieur, entre la ferme de Falnuée (Mazy) et le chàteau de 
Mielmont (Onoz) : dents de Cochliodus et de Helodus. 

De mon côté, j'ai trouvé des écailles de Holoptychius 
nobilissimus, et des dents d'autres espéces dans les psam- 
mites du Condroz, au bois de la Rocq, prés d'Arquennes; 
et divers débris de poissons, à Marches-les-Dames, dans 
les schistes des Isnes au voisinage des oligistes. 


E e Leur À ARE 


(^) Dr C.-H. Panper, Geognostiche Beschreibung, der Russich Bal- 
tischen Gouvernements, St-Petersburg, 1857. 


(778) 


Sur la nature minérale des silex de la craie de Nou- 
velles, contribution à l'étude de leur formation; par 
A.-F. Renard et C. Klement. 


Dans la notice que nous avons l'honneur de présenter 

à l'Académie, nous nous proposons surtout d'étudier les 
questions qui se rattachent à la nature minérale du silex 
de la craie : sous quelle forme la silice existe-t-elle dans 
ces concrétions? Quels sont Tes caractères physiques et 
chimiques des matiéres siliceuses qui les constituent? Nous 
nous appuyons pour les résoudre sur l'examen microsco- 
pique et les analyses que nous avons faites du silex noir de 
la craie de Nouvelles, troisième assise de la craie blanche 
du Hainaut, d'aprés la division de MM. Cornet et Briart. 
Dés les débuts de la géologie, les problémes que pré- 
sentent ces concrétions siliceuses ont attiré l'attention des 
savants; on a formulé des opinions diverses sur leur mode 
de formation et sur l'état moléculaire de la silice qu'elles 
renferment. Nous avons voulu donner dans cette notice 
un aperçu général sur la question d'origine des silex de 
la craie, et nous avons pensé qu'il serait peut-étre utile 
de voir réunies les diverses hypothéses auxquelles ces 
Concrétions ont donné naissance. Sans nous arrêter aux 
travaux anciens, nous nous bornons à les résumer avant 
* exposer les résultats de nos recherches. A la fin du travail 
nous indiquons l'interprétation que nous eroyons pouvoir 
accepter pour expliquer l'origine du silex. Nos recherches, j 
basées sur des faits dont on a moins tenu compte, mais 
qu'il importe de faire entrer en considération, apporteront 


( 774 ) 
quelques données complémentaires pour interpréter la 
formation de ces concrétions siliceuses. 


On considére généralement le silex comme un mélange 
intime de silice amorphe hydratée et de silice cristalline ; 
comme un état intermédiaire entre le hornstein (silex 
corné) crypto-cristallin et l'opale amorphe. A cette masse 
principale viennent s'ajouter de petites quantités de 
matières accidentelles, telles que l'alumine, le fer, la 
chaux, les alcalis et des matières organiques. Ces dernières 
provoquent souvent la coloration des silex. Ils forment 
des nodules ou des lits eontinus, orientés suivant les 
couches, ou bien ils affectent une disposition plus irrégu- 
liére, quelquefois ils traversent la craie sous la forme de 
veines. On les trouve surtout dans la craie, où ils consti- 
tuent un horizon caractéristique pour certains étages. Leur 
forme est très variable, elle imite en cela celle des corps 
concrétionnés. Souvent, ils renferment des restes orga- 
niques siliceux ou silicifiés, surtout des foraminifères, des 
bryozoaires, des diatomées, desspicules de spongiaires, etc ; 
souvent méme on y trouve des éponges entiéres. 

Guettard, de Luc, Faujas S'-Fond, Dolomieu, Huot, 
Parkinson et d'autres, admettaient déjà que ces nodules 
ne sont autre chose que des spongiaires associés à certains 
organismes qui auraient extrait, de l'eau de mer, la silice 
d’où se serait formé le nodule. Plus tard Bowerbank et 
Ansted, ayant soumis les silex à l'examen microscopique, 


confirmérent cette interprétation, en s'appuyant sur le fait , 


que la silice renferme presque toujours des spicules de 
spongiaires et d’autres organismes microscopiques siliceux. 

Dans un travail, publié en 1849, dans le Quarterly 
Journal of the Geological Society, Bowerbank, résumant 
les idées qu'on avait émises avant lui sur l'origine de ces 


RAR US Si ELEC S 


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GE ER RE PAE A Sd Ut 


re 


( 775 ) 

nodules, se demande d’où peuvent venir les quantités 
énormes de silice qui ont été emmagasinées dans les fos- 
siles et qui continuent à se séparer encore de l’océan. On 
‘a exprimé bien des opinions sur ce phénomène, dit-il, on 
à invoqué comme causes l'extréme chaleur, les grandes 
pressions, les sources thermales, une condition spéciale 
gélatineuse de la silice. Mais aucune de ces causes ne lui 
parait donner une interprétation suffisante pour les vastes 
dépôts de silice unis aux matières organiques. La pression 
et la température élevée sont incontestablement des agents 
actifs pour produire la solution de silice en excès, dont 
quelques sources minérales sont chargées. Ces agents sont 
peut-étre trés énergiques pour former certains produits 
minéraux à l'intérieur de la terre; mais, pour ce qui con- 
cerne la silice des fossiles et celle scerétée par les orga- 
nismes vivants, les causes invoquées lui paraissent avoir 
été moins cn jeu qu'on ne le suppose communément. On a 
attaché beaucoup de poids à l'hypothèse que les spicules de 
spongiaires agissent comme centres d'attraction, lorsqu'ils 
se fossilisent; mais c'est un fait remarquable que cer- 
tains spongiaires dans lesquels ces spicules abondent, sont * 
extrêmement rares à l'état fossile. 

Mantell décrivait les nodules et les veines de silex 
Si fréquents dans le terrain erétacé supérieur, comme 
ayant été formés sous l'action d'eau surchauffée tenant en 
solution de la silice. Il montrait que cette matiére siliceuse 
devait avoir été páteuse ou dissoute avant sa conso- 
lidation, paree que certains nodules présentaient des 
empreintes bien nettes de coquilles, parce qu'un grand 
nombre de corps organiques étaient inclus dans ces con- 
crélions et enfin, parce que des spongiaires se rencon- 
traient si fréquemment enveloppés de silice dans les 


LV - Dee uut 


* 


( 476 ) 
couches crétacées. Il eroyait que l'eau surchauffée, dissol- 
vant la silice des roches, au travers desquelles elle circu- 


lait, pouvait réaliser tous les phénomènes présentés par 
les nodules, les veines, les filons de silex ; que ces concré* 


tions pouvaient dériver, en un mot, du quartz des roches 
granitiques et d'autres roches plutoniques dissous dans 
des eaux thermales venant se jeter dans le bassin où se 
formait la craie. 

Mantell ajoute que d’autres sont portés à penser que les 
silex de la craie, de l'Oolite de Portland et de certaines 
couches calcareuses, doivent leur origine aux spongiaires 
dont on retrouve souvent les traces dans le silex. Bower- 
bank, dit-il, admet cette origine pour tout le silex que 
renferment les terrains crétacés (1). Mantell fit remarquer, 
en outre, que bien souvent des coquilles calcareuses sont 
remplacées par la silice. Il se ralliait, pour expliquer ce 
remplacement de la matière calcaire par l'élément siliceux, 
à une interprétation déjà donnée par Dana. Il admettait 
que la silice, dissoute dans l'eau de mer surchauffée, sous 
pression, en présence d’alcalis, se précipitait dés que la 
pression et la température diminuaient. L'acide silicique 
remplacait alors, atome par atome, le carbonate de chaux 
qui entrait en solution. Si nous nous sommes arrêlés un 
instant à cette interprétation, c'est qu'elle a été souvent 
reprise depuis pour expliquer la formation des silex. 

Notons que Mantell signale dans les silex de l'Irlande 
des miero-organismes siliceux dont les coquilles sont silici- 
fiées et dont les chambres, dans le cas oü elles étaient 


pur A es 


(1) Cité par Waguicu, À contribution to the physical history of the 


cretaceous flints, Quart. Journ. geol. Soc., 1880, pp. 68 et 69. 


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(777) 

vides lors de la silicitication, sont de même entièrement 
remplies par de la silice. Si ces organismes contenaient 
encore des substances organiques, on voit celles-ci souvent 
conservées sous la forme d'une matière à laquelle jl donne 
le nom de molluscite; dans plusieurs cas, il vit les coquilles 
remplies d'une substance grenue de couleur ambre, qui est 
peut-être la matière organique primitive de l'animal, ou 
de la silice colorée par cette substance. Ces derniéres 
Observations, comme nous le montrerons, conservent 
encore aujourd'hui toute leur valeur. 

Ehrenberg, dont le nom est lié à l'étude de l'action géolo- 
gique des micro-organismes, défendit aussi l'origine orga- 
nique des silex ; il admet que ce sont surtout les infusoites 
Siliceux, comme il les appelle, qui ont donné naissance à ces 
nodules. Ils ne seraient autre chose qu'une accumulation 
de carapaces d'organismes microscopiques siliceux dont 
tous les pores sont pénétrés par de la silice. I! montra la 
présenee de spicules de spongiaires et de radiolaires dans 
Plusieurs nodules de silex. C'est par cette théorie qu'il 
expliquait pourquoi, dans la craie de l'Europe méridionale, 
on trouve des couches marneuses remplies d'organismes 
siliceux, mais où le silex est peu ou point représenté; 
tandis que dans les couches crayeuses du Nord, riches en 
silex, ces masses siliceuses font défaut; on peut dire que le 
silex remplace ici les marnes à organismes siliceux. 

Avant d'aller plus loin, notons un détail sur lequel 
Ehrenberg insiste. Le silex est souvent recouvert à la 
partie externe d'un enduit plus ou moins compact, quel- 
quefois friable et d’ aspect farineux, blanchâtre ou jau- 
nàtre. Parlant de ces zones externes, ce savant constate 
tout d'abord qu'elles ne sont pas de la craie, mais de la 
Silice ; il admet que ces zones ne sont pas produites par 


( 778 ) 
décomposition du nodule, mais qu'on peut les considérer 
comme une zone oü la consolidation. n'est pas encore 
faite, où, en d'autres termes, la substance siliceuse, qui a 
cimenté les nodules, ne s'est pas déposée entre les éléments 
encore plus ou moins isolés. Il appuie cette manière de 
voir par le fait, qu'il rencontre, dans cette patine, un 
grand nombre d'organismes dont les formes sont bien 
nettes, 

A ces observations on peul opposer les suivantes : 
d'abord, pour un grand nombre de silex, la zone externe 
est. tellement épaisse que non seulement la concrétion en 
est constituée à la périphérie, mais qu'elle pénétre, peut- 
on dire, jusqu'au cœur du nodule. On comprend d'ailleurs, 
si l'on admet que la zone externe est décomposée, que les 
organismes doivent y apparaitre mieux que dans les par- 
lies massives, car l'élément qui cimente étant, comme nous 
le verrons, la partie la plus soluble, a dû disparaitre sous 
l'influence des agents d'altération. De méme qu'il est 
impossible de voir les organismes microscopiques consti- 
tutifs dans des bancs de calcaire massif, de même appa- 
raissent-ils parfaitement dès que le calcaire est altéré et 
devient terreua à la surface des cassures ou des bancs; fait 
bien connu d'ailleurs des chercheurs de fossiles. 

Nous passerons sous silence un grand nombre de tra- 
vaux qui n'ont fait que redire avec plus ou moins de détail 
les interprétations que nous venons de rappeler. 

Dès que les premiers sondages en mer profonde eurent 
révélé l'existense de la vase à globigérines, ct fait penser 
aux relations qui existent entre ces dépóts des océans 
modernes et les formations géologiques de la craie, l'at- 
tention fut vivement attirée sur l'origine des silex. 


#4 


( 779) 

Lycli, dans sa « Géologie élémentaire (1) », rappelant le 
résultat des sondages en mer profonde par le D" Wallich, 
dit: sur certains fonds de mer oü les rhizopodes calca- 
reux ne sont pas représentés, des plantes microscopiques, 
les diatomées, dont les parties solides sont composées de 
silice, s'étalent sur le lit de la mer à des profondeurs de 
400 brasses. La grande quantité de silice en dissolution, 
que réclament ces plantes, dérive probablement de la 
désintégration des roches feldspathiques dont plus de 
la moitié de la masse est formée de silice; elles peuvent 
en fournir des quantités inépuisables à tous les grands 
fleuves. Il serait possible, en outre, qu'après une longue 
Série d'années, des modifications se fissent sentir dans 
l'allure des courants marins; cette. modification des cou- 
rauls aurait déterminé, en un point, le développement des 
organismes siliceux et, en un autre, celui d'organismes 
calcareux. Les éponges peuvent, par leur décomposition, 
àvoir donné naissance à la silice qui, en se séparant de la 
vase calcaire, se groupait sur des corps organiques, formait 
des nodules ou remplissait des fissures de retrait. Dans les 
Principles of Geology, Lyell dit : « Le caractère homogène 
» de la craie blanche ou de la partie supérieure de la 
» grande formation crétacée, qui s'étend sur une aire 
» considérable de l'Europe, peut s'expliquer maintenant 
(1872) par le fait qu'elle est formée exclusivement des 
» restes Calcareux de foraminifères, tandis que la silice 
» que renferme cef couches doit surtout son órigiite aux 
» diatomées (2). » 


lemen e E ESSERE IRR P 


(1) Lyer.. The Student's Elements of Geology, 1874, pp. 264 et 
suivantes, 


(2) Lveu, Principles of Geology, 41° édition, 1872, vol. I, p. 216. 


( JBU jJ 

Eu 1869, on :ouleva la question de la nature de la 
vase caleaire trouvée dans le fond de l'océan; on la con- 
sidérait comme étant le représentant de la craie et on 
avanca méme que nous vivions encore dans la période 
crétacée. Nous n'avons pas à discuter ici cette question, 
mais citons l'interprétation que donne à ce sujet Sir Wy- 
ville Thomson (1) pour expliquer la présence des nodules 
siliceux des terrains crétacés : « La silice organique, dis- 
» tribuée dans la craie sous la forme de spicules de spon- 
» giaires et d'autres organismes siliceux, doi! avoir été 
» dissoute sous l'action d'une cause à déterminer, et lors- 
» qu'elle était à l'état colloïde, elle a dû se mouler dans 
» les vides 'aissés par des fossiles. » 

Wallieh (2), dans son Histoire physique des silex de la 
craie, reprend la question; aprés avoir envisagé les résul- 
tats des sondages en mer profonde, il applique, pour 
expliquer la formation de ces conerétions, les hypothèses 
qui avaient cours, à cette époque sur la présence d'une 
matiére protoplasmique étalée sur le lit de la mer (5). 

Nous donnons ici quelques-unes des conclusions de 
cet auteur qui se rapportent à notre sujet : 

1° La silice des silex dérive surtout des lits d'éponges 


Vues A LR E aaa 


(1; Tnousow, The Depths of the Sea, 1872, p. 482. 

(2) Warricu, On the physical history of the cretaceous flints, Quar- 
terly Journal of the Geological Society, XX€'I, 1880, p. 68. 

(3) Wallich n'explique pas seulement de cette facon l'origine, mais 
la forme du silex; il dit: « Those characteristic amcebiform outlines 
» which, according to my hypothesis, are dependent on the presence 
» of, and the consolidation of the silica with, the accumulation of 
» nearly pure protoplasm still sufficiently recent to have resisted 
» admixture with caleareous or other matter. » 


SUNT oS : 
Mines d LL. T 


( 784 ) 
qui s'étalent sur de grandes aires dans les parties du lit de 
l'océan oà se dépose la vase à globigérines; 

2 Les éponges des mers profondes, avec la matière 
protoplasmique qui les environne, constituent les éléments 
les plus importants dans la formation et de la disposition 
stratifiée des lits de silex; 

9' Tandis que presque tout le calcaire, sécrété par 
les foraminifères et d'autres organismes du fond et de la 
surface, forme la vase calcareuse, presque toute la silice, 
dérivée des éponges de mer profonde et des protozoaires 
de la surface, forme les silex; 

4' Les éponges du fond des mers sont le facteur 
essentiel dans la formation du silex ; 
5° Ces silex sont le résultat de l'action des organismes 
tout comme la craie elle-même; 
6° La stratification des silex est due à ce que les 
protozoaires sessiles sont confinés à la couche superficielle 
du dépôt vaseux. 

Dans la discussion, qui suivit la lecture de ce travail à 
la Société géologique de Londres (1), M. Sorby a fait 
remarquer, avec beaucoup de justesse, que, puisque dans 
les couches crétacées qui renferment des silex, les orga- 
nismes siliceux ne se retrouvent plus; tandis que dans les 
Vases des océans modernes les restes siliceux existent et 
les nodules manquent, on doit en conclure que c'est aux 
organismes siliceux que les silex doivent leur origine. 

Les remarques de M. Seeley nous paraissent devoir être 
surtout notées. Il fit observer que les fissures remplies de 
silex et les couches tabulaires qui entourent les nodules 


Pru sr RIEN RE ER 


(1) Quart. Journal Geol, Soc., loe cit., p. 91. 


< 


( 782 ) 
moutrent que la silice s’est déposée dans les couches de la 
craie. Le flint. des fissures doit être produit par des infil- 
trations venant de la craie. Il est porté à penser que les 
masses siliceuses de la craie ont des analogies marquées 
avec les septaria des argiles, et que les silex s'étaient 


développés après le dépôt des couches. M. Huddleston fit 


observer que M. Mortimer, dans son travail sur le Marsu- 
pite Chalk de l'Yorkshire ne renfermant pas de flint, 
établit que ces couches contiennent deux fois autant de 
silice que la craie à silex. A North Grimston, dans le 


Coral Rag, oü les couches sont horizontales, il n'y a pas 


de flint; partout oü elles sont infléchies, on en trouve. 
Nous devons nous arréter plus longtemps au travail de 
M. Sollas sur les nodules de silex de la craie de Trimmin- 
gham (1). L'auteur a envisagé les divers aspects de l'his- 
toire bien compliquée du. silex ; son mémoire mérite à 
tous égards une analyse détaillée. M. Sollas se rallie à 
l'opinion défendue autrefois par Ehrenberg, Lyell et plus 
récemment par W. Thomson, Wallich et Alexis A. Julien. 
Il démontre que les sédiments qui renferment des nodules 
de silex doivent avoir contenu autrefois des quantités plus 
ou moins considérables d'organismes siliceux, qui n'y 
existent plus aujourd'hui. Ainsi, dans les silex de Trim- 
mingham, on observe des fragments d'hexactinellides et 
de lithistides et d'autres restes de spongiaires indiquant, 
d'une maniére bien évidente, qu'autrefois ces sédiments 
devaient renfermer des éponges entiéres; d'un cóté, les 
spicules qui sont conservés montrent des traces incon- 


RN cdd 


(1) W.J. Souzas, On the ftint nodules of the Trimmingham chalk, 
Ann. Mag, nat. hist., nov. 1880. : 


RECEN tee TT ES 


nU 


MF SEE 


( 785 ) 

testables de corrosion. Il a constaté des faits analogues 
dans un grand nombre de roches de formation ancienne 
et plus récentes de l'Amérique, de l'Écosse et de l'Angle- 
terre, et il signale aussi que la silice des éponges, dans 
quelques-uns de ces terrains, est remplacée par la caleite. 
M. Sollas, aprés avoir montré que les spicules de spon- 
giaires ont, selon toute probabilité, donné naissance au 
silex, recherche la cause de l'accumulation de ces spicules. 
Proviennent-ils d'éponges qui vivaient aux points où nous 
rencontrons leurs débris, ou ont-ils été amenés sous l'action 
de courants ? 

L'examen des silex montre qu'ils renferment des spicules 
de différents genres et de différentes familles d'éponges. 
Certains spongiaires bien caractéristiques de la craie, 
comme Poterion cretaceuim, qui est certainement in situ, 
est rempli de spicules appartenant à d'autres espèces. 
L'auteur admet que la profondeur à laquelle les dépôts 
crayeux de Trimmingham se sont formés, est comprise 
entre 100 et 400 brasses. Ces conditions bathymétriques 
ne sont pas inconciliables avec l'existence de courants, et 
nous verrons plus loin que nous avons bien des raisons 
d'admettre que des actions mécaniques étaient en jeu lors 
de la formation de la craie. Mais acceptons ici, pour-le fait 
«dont il s'agit, l'interprétation que suggère M. Sollas; elle 
est suflisante pour expliquer la formation des nodules. 
€ Nous croyons que l'aire sur laquelle se trouvent aujour- 
» d'hui les spicules de Trimmingham était autrefois un 
» lit de spongiaires oü ces organismes vivaient en grand 
? nombre, et s'y accumulaient générations aprés géné- 
> rations... plusieurs avaient une existence parasitique 
? Ou épizoique, d'autres eroissaient sur le même support, 
> de méme qu'aujourd'hui nous ne voyons pas moins de 


( 784 ) 

sept espéces d'éponges croissant ensemble sur un petit 
fragment de Lophohelia (1). Aprés la mort et lors de 
la dissolution des organismes, les spicules se mélérent, 
des courants peuvent avoir alors contribué à accumuler 
ces restes organiques.... Les éponges, assez résistantes 
pour maintenir leur forme, peuvent avoir été recouvertes 
et remplies de spicules et de vase. Nous aurions ainsi 
l'interprétation de ces éponges fossiles présentant une 
forme externe bien préservée et qui renferment un 
curieux mélange de spicules ». 

M. Sollas résume les causes qui peuvent déterminer la 
solution des spicules. D'après M. A. Julien (9), ce seraient les 
acides humiques, produits par la décomposition sous-marine 
des organismes, qui auratent été les agents de la solution. 
L'auteur eroit que l'eau de mer aidée de la pression pour- 
rait suflire (5). Lorsqu'il veut expliquer que la silice, aprés 
avoir élé tenue en solution, va se déposer dans le méme 
sédiment dont-elle a été éliminée, il se heurteà des objec- 
lions qui peuvent être levées si l'on admet, comme nous le 
ferons, que le concrétionnement de ce corps ue s'est pas 
fait sur le fond méme de la mer. Il arrive, en effet, à sup- 
poser, pour expliquer la précipitation de la silice, que le 
fond de la mer aurait pu se soulever et que la silice, tenue 


v w uU v v." w 


wo VW v wv 


(1) Carter, Ann. mag. Nat. Hist., sér. 4, vol. XH, pl. 4, fig., s. 1,2. 
(2) A. Jurien, Proc. Am. Ass. Adv. Science, XXVMI, p. 396, 1879. 
(5) M. Sollas rapporte (loc. cit., p. 444). pour expliquer la décom- 
position de certains silex, que la calcite renfermée quelquefois dans 
les nodules peut les avoir rendus attaquables à l'eau de pluie, plus ou 
moins chargée d'aeide carbonique; quoique, ajoute-t-il, la quantité 
extrêmement petite de chaux, que montrent les analy ses, doit nous 
faire hésiter à sehir cette interprétation. 


LS ES E 


Db a LE a aaa a CM o C E Le Rae Ari raia 


( 785 ) 

en solution sous l'influence de la pression, se serait déposée 
à chaque exhaussement. Nous verrons que cette hypothèse 
est au moins aussi peu probable que celle que MM. Hull, 
Hardman et Renard invoquaient autrefois pour expliquer 
la silicification du calcaire (1). Hàtons-nous d'ajouter que 
M. Sollas reconnait lui-même que cette explication soulève 
des objections sérieuses, et qu’il n’attache pas une grande 
valeur à cette interprétation. 

Après avoir rappelé que la silice peut remplacer le car- 
bonate de chaux et indiqué les formes qu'affecte le silex de 
la craie : lits, filonnels, conerétions autour d'éponges, il 
examine les causes qui ont déterminé cette concentration 
de silice autour de ces derniers corps. Voici, en résumé, 
comment il rend compte de ces phénoménes : On sait 
qne Graham a montré que la silice possède la propriété 
de se combiner avec des substances, telles que l'albumine 
et la gélatine, pour former des silicates; il suppose, qu'après 
la mort des spongiaires, l'acide silicique tenu en solution 
vient se combiner avec les tissus de ces organismes, et 
former avec eux un composé chimique qui se décomposera 
plus tard en carbone, hydrogène, etc., abandonnant la silice, 
qui se concentrera comme le carbone dans la houille. Il 
Suppose en même temps que le silicate de sodium qui 


(1) Hur et Harpman, Seientifie transactions of the Royal Dublin 
Society, 1878, vol. I, p. 71. 

RENAnp, Recherches lithologiques sur les phthanites du calcaire 
carbonifère. Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 2* sér., t. XLVI, 1878. 
L'interprétation donnée par ces auteurs, pour expliquer l'origine 
des phthanites, n'a pas été admise par M. Sollas et plus récemment 
par M. Hinde, Dans une prochaine notice consacrée à l'étude de cette 
question, nous reviendrons sur cette controverse. 

Me SÉRIE, TOME XIV. Do 


( 786 ) 

pourrait être contenu dans l’eau se décomposerait sous 
l’action de l'acide carbonique, provenant de la matière 
organique en décomposition, et qu’il se formerait ainsi du 
carbonate de sodium et de l'acide silicique libre. H 
n'admet pas que toute la silice qui remplace les substances 
organiques, ou les parties dures des organismes, ait toujours 
été fournie par la décomposition des spicules de spon- 
giaires. Dans le cas des coquilles silicifiées de Blackdown, 
par exemple, la silice proviendrait de l'altération des sables 
de cette formation par l'action de l'eau contenant de 
l'acide carbonique. 

En résumé, il admet : 4° que la silice se combine avec 
les matiéres organiques, — c'est un fait, dit-il, admis en 
chimie; 2? que le silicate ainsi formé se décompose et que 
la silice se concentre. Il ajoute que ceci n'est qu'une 
hypothése, mais qu'elle se concilie trés bien avec d'autres 
faits chimiques. Avant d'aller plus loin, insistons sur les 
difficultés que présente la discussion des idées hypothé- 
tiques que suggère M. Sollas. On sait, en effet, quels doutes 
soulèvent encore les questions relatives aux combinaisons 
qui peuvent se réaliser entre plusieurs corps en présence, 
et, d'un autre côté, on devrait pouvoir apprécier si les con- 
ditions, où ces nodules se sont formés, sont comparables à 
celles des expériences du laboratoire. Ainsi, dans les expé- 
riences de Graham, auxquelles il vient d'étre fait allusion, 
on à expérimenté avec de la silice en solution concentrée, 
et rien ne prouve, à notre avis, que des solutions de cette 
nature aient existé lors de la formation des nodules. Nous 
ne voulons pas dire que, lorsqu'on le peut, on ne doive 
pas aller plus loin que les faits, mais encore importe-t-il 
de détacher nettement les spéculations de l'observation 
directe. Ceci ne s'adresse pas à M. Sollas, qui fait preuve 


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( 787 ) 
dans le travail, que nous analysons, d'une grande circon- 
spection à cet égard. 
M. Julien modifie la théorie de M. Sollas en ce sens qu'il 
admet que, durant la décomposition des parties molles des 
végétaux et des animaux, il se forme des substances 
gélatineuses ou colloïdes ressemblant à la glairine, qui 
Sont solubles dans l’eau de mer et se combinent avec 
la silice. Elles concentrent cette matière et dissolvent 
les particules s'liceuses qui sont disséminées dans les 
sédiments. Cette opinion se rapproche de celle déjà 
exprimée par Bischof et d’après laquelle la silicification 
ne serait autre chose que la combinaison des acides cré- 
niques (Quellsäuren), produits par la décomposition de 
substances organiques(par exemple des mollusques) et de la 
silice qui est en solution dans les eaux. M. Julien attribue la 
forme des silex non à la matière organique, mais il admet 
que la silice s'est déposée autour d'organismes et de par- 
ticules siliceuses non dissous, qui deviennent les centres 
des nodules, 
M. Sollas étudie ensuite le rôle qu'ont joué, dans la pré- 
cipitation de la silice, les squelettes des éponges qu'on 
retrouve revétus de silex, et il passe enfin aux nodules irré- 
guliers de flint. Il conclut, contrairement aux idées de 
Wallich, que cette forme n'est pas due à l'action directe 
des matières organiques; il Pattribue à la distribution irré- 
Sulière de solutions siliceuses dans un lit irrégulier lui- 
méme de spicules de spongiaires, à l'époque où ces solu- 
lions remplissaient la craie et déposaient de la silice entre 
les interstices de ces masses calcareuses. 
Il ressort done de ce travail, où abondent les vues et où 
bien des points sont traités par un habile spécialiste, que 
l’histoire du silex commence à s'éclaircir. Nous résumons 


( 788 ) 

les résultats principaux en disant que la silice du silex est 
dérivée des spicules de spongiaires; qu'elle a été déposée 
d'abord comme remplacement de la craie, et qu'une dépo- 
sition subséquente de silice a transformé la craie siliceuse 
en nodules de silex. Quant à la forme externe de ces 
nodules, elle a été déterminée par la distribution. des 
spicules qui leur ont donné naissance et, en partie, par 
les fissures et les cavités de la roche. Un fait dominant 
ressort aussi des recherches, c'est qu'une quantité prodi- 
gieuse de spicules, qui doivent avoir existé dans presque 
toutes les formations stratifiées, ont disparu, et que leur 
décomposition nous donne la clef de dépóts de silice que 
renferment un grand nombre de roches sédimentaires. 

Signalons enfin le récent travail de M. Hinde (1) sur les 
lits de spongiaires du grés vert du sud de l'Angleterre. 
Ce mémoire, écrit par un savant auquel ses connaissances 
spéciales donnent une compétence particulière, montre 
que dans les couches du Greensand du Wealden, de l'ile 
de Wight et des comtés de sud-ouest de l'Angleterre, il 
existe des dépóts de matiéres siliceuses dont l'accumulation 
est due à des éponges. Ces lits sont quelquefois formés 
d'une roche massive dans lequel on peut distinguer des 
restes. d'éponges siliceuses. La masse de la roche est 
constituée par de la silice amorphe ou cristalline. L'auteur 
a décrit avec beaucoup de soin les spicules de spongiaires 
qui forment ces dépôts ; il y trouve représentés les quatre 
ordres d'éponges siliceuses : les monactinellides et les 
hexactinellides sont peu nombreux, tandis que les tetrac- 


tinellides et les lithistides y sont trés abondants. 
go Tes 


(1) Hinne, On beds of Sponge-remains, etc. Phil. Transact. of the 
Royal soc., Part H, 1885. 


Rés T ED aad deg à 


(257 ) 


Nous venons d'indiquer les notions que l'on a émises sur 
l'origine des nodules de silex. Voyons maintenant — et 
Cest surtout le but de notre travail — quelle est la consti- 
tution intime de ces nodules composés, comme les ana- 
lyses chimiques le démontrent, presque exclusivement de 
silice. On sait que ce corps se présente dans la nature 
surtout sous deux formes : l'une cristalline, représentée 
par les diverses variétés du quartz, et l'autre amorphe, 
représentée par l'opale. I| résulte des recherches de 
H. Rose que ces deux maniéres d'étre de la silice sont 
caractérisées par le poids spécifique; celui-ci s'élève, pour 
la variété cristalline, à peu prés à 2,6; pour la variété 
amorphe, il varie entre 2,2 et 2,3. Ce savant range le silex 
parmi la variété cristalline compacte. 

Souvent on a avancé qu'on peut distinguer ces deux 
formes de silice par la solubilité dans la potasse caustique. 
La silice amorphe, en effet, est remarquablement plus 
soluble dans ce réactif que la variété cristalline. Mais quant 
à vouloir trouver dans ce caractére un moyen de diffé- 
rencier nettement les deux modalités de l'acide silicilique 
libre, les travaux de Rammelsberg et nos propres recherches 
démontrent qu'on ne peut pas l'appliquer d'une maniére 
absolue. 

Ce savant a trouvé, en effet, que l'attaque par la potasse 
caustique ne se borne pas seulement à la silice amorphe, 
mais que le quartz lui-même peut se dissoudre sous l'in- 
fluence de cet agent. C'est ainsi qu'en traitant du quartz, 
finement pulvérisé, par de la potasse (une partie de 
potasse sur trois d'eau), il s'est dissous jusqu'à 7,75 0/, de 
la poudre cristalline. M. Rammelsberg arrive à la conclusion 
que la quantité de silice amorphe est toujours inférieure 


( 790 ) 
à celle qu'on déduirait de la somme de la silice dissoute. Il 
résulte encore de ses expériences que la solubilité de cette 
substance augmente avec sa densité (1). 

Voici les résultats obtenus sur trois échantillons de silex 
de la craie de Nouvelles, dont on a traité la poudre fine 
par une solution de potasse caustique à 20 */, (KHO), au 
bain-marie pendant trois heures. La masse compacte d'un 
silex noir s'est dissoute dans ce réactif jusqu'à 51 */,. Ce 
chiffre concorde avec les résultats de quelques-unes des 
expériences de Rammelsberg. Mais il est bien évident que 
la solubilité croît ou déeroit suivant les conditions spé- 
ciales de l'expérience : élévation de la température, degré 
de concentration, durée du traitement, finesse de la pou- 
dre, etc. On ne doit donc attacher qu'une valeur relative 
aux indications fournies par ces expériences. 

C'est ce que montrent d'ailleurs les faits que nous 
avons constatés nous-mêmes, Ainsi, dans le cas du silex 
noir qui, aprés trois heures, s'était dissous jusqu'à 51 */», 
l'expérience ayant été prolongée ensuite pendant neuf 
heures, la solubilité s'est accrue jusqu'à 86 */,. 

M. Rammelsberg a déjà fait observer que certains silex 
sont attaqués assez facilement par la potasse caustique, 
tandis que leur poids spécifique montre que la quantité de 
silice amorphe doit être beaucoup moins forte que celle 
qui est dissoute par la potasse. C'est ce qu'il a constaté en 
particulier pour une calcédoine de Hongrie et pour un 
silex, qui, l’un et l’autre, se sont dissous jusqu’à envi- 
ron 94 */, de leur masse. Pour éliminer les incertitudes 


RUINIS NEN UNT ne 


(4) Ramwersserc, Ueber das Verhalten der aus Kieselsäure beste- 
kenden Mineralien gegen Kalilange. Pogg. Ann., tome CXII, 1861. 


( 791) 
que laissent, comme on vient de le voir, le procédé précé- 
dent, beaucoup employé autrefois, on a généralement 
recours, aujourd’hui, au poids spécifique. On sait, comme 
nous l'avons rappelé, que, pour les variétés cristallines de 
l'acide silicique, le poids spécifique est approximativement 
de 2,6, celui de la silice amorphe étant de 2,2 à 2,5. 
Nous avons pris le poids spécifique des échantillons que 
nous décrivons, et les résultats obtenus montrent qu'il faut 
rapporter ces silex à la variété cristalline compacte à 
laquelle s'ajoute de la silice amorphe. C'est ce que démon- 
went l'examen optique et les caractéres chimiques des 
nodules de la craie que nous allons décrire. 


Nous avons examiné d'abord un échantillon de silex de 
la craie de Nouvelles dont le eentre était absolument inal- 
téré, de teinte noire, à cassure conchoidale, à arêtes tran- 
chantes dans ses éclats, trés transparent sur les bords, 
homogéne et compact. Il était entouré, à l'extérieur, par 
une couche de décomposition de 5 ou 4 millimètres, blanc- 
jaunàtre, happant à la langue, se laissant entamer par 
l'acier et se désagrégeant en matière farineuse. Au micro- 
scope, cette roche se montre composée, pour la majeure 
partie, de formes allongées présentant des ramifications, 
et, dans certains cas, on voit le canal central caracté- 
ristique des spicules de spongiaires. On peut dire que 
les ?/; de la masse totale sont formés par l'accumulation 
de ces formes organiques, auxquelles viennent s'ajouter 
plus rarement des corps sphériques hérissés de spicules 
microscopiques et qui pourraient bien se rapporter à des 
rhizopodes. Les spicules de spongiaires présentent sou- 
vent des sections transverses circulaires dont le bord plus. 
foncé se détache de la masse entourante. Généralement, 


( 792) 
les bords des spicules sont en quelque sorte soulignés par 
une matière organique transformée aujourd'hui en matière 
charbonneuse empätée dans la silice. Souvent, le spicule 
tout entier se détache de la masse fondamentale par une 
teinte noiràtre ou grisätre répandue uniformément sur sa 
section. Dans d'autres cas, cette teinte est jaune clair. 
On voit en outre des fragments irréguliers noirátres, des 
petits flocons informes de matiére charbonneuse. Plus 
rarement ces substances, unies probablement à du fer, 
remplissent des moules qui ressemblent, à s'y méprendre, 
à des chambres de foraminifères. Ces faits rappellent le 
remplissage de ces organismes par la glauconie. Tel est 
l'aspect, à la lumiére ordinaire, des éléments d'origine 
organique empátés dans la masse fondamentale. Celle-ci 
est formée d'une masse grisàtre, presque incolore, qui se 
présente partout homogéne et sans structure lorsqu'on la 
voit sans appareil de nicol. Certaines plages, oü l'on 
découvre plus de spicules accumulés, sont d'une teinte 
plus brunàtre. A la lumière polarisée, cette pâte donne 
la polarisation d'agrégats et se montre en méme temps 
formée de grains excessivement fins, dont quelques-uns 
réagissent entre nicols croisés, et d'autres se présentent 
comme sensiblement isotropes. En employant la teinte 
sensible, on voit que ces derniers maintiennent la couleur 
violette pour une rotation compléte. Mais il est difficile de 
définir exactement les contours respectifs des plages 1507 
tropes et cristallines, à cause de la petitesse des grains et 
de l'enchevétrement des éléments constitutifs de cetle 
pâte. On dirait que la silice amorphe est intercalée en par- 
ticules infinitésimales entre tous les grains cristallins. 
Parmi ces derniers, il en est de plus grands qui se détachent 
de la masse fondamentale et qui présentent tous les carat- 


| 
E 
; 


(799-) 

tères de la calcédoine. Hs sont isolés, de forme irrégulière 
ou circulaire; dans ce cas, ce sont souvent des sections et 
des spicules. Dans ces sections, on observe alors fréquem- 
ment la structure fibro-radiée de la calcédoine et quelque- 
fois méme la croix caractéristique de ses agrégats. Les sec- 
tions de spicules paralléles à l'allongement, lorsqu'elles ne 
sont pas trop chargées de matière noires, grisátres, opaques, 
se détachent vivement aussi, par leur teinte brillante, de la 
masse fondamentale. On voit dans ces sections allongées, 
les mêmes caractères de silice caleédonieuse que dans les 
sections circulaires. Les détails mierographiques que nous 
venons de donner conviennent, peut-on dire, au grand 
nombre des silex crétacés. Dans quelques-uns, nous voyons 
moins de traces d'organismes, dans d'autres ils sont plus 
fréquents; mais les caractères physiques restent à peu 
prés toujours les mémes, ainsi que les caractéres chimiques 
dont nous allons parler. 

Voici les résultats de l'analyse du nodule noir dont on 
vient de lire la description lithologique : 


Analyse I. 


0,8296 gramme de substance séchée à 100^ donna 0,0108 
gramme de perte au feu, et, attaquée ensuite par les carbonates 
alealins, 0,8089 gramme de silice. 

0,6740 gramme de substance traitée au bain-marie pendant 
trois heures par une solution de potasse caustique (à 20 */, de 
KHO environ) laissa 0,5139 gramme de résidu insoluble dans 
le réactif. 

0,9998 gramme de substance, traitée de la même manière 
pendant douze heures, douna 0,8575 gramme de silice soluble 
dans la potasse eaustique 


RP EP OR hh m GL nca v ISI 
dM duda E f 1 
FREE? 


( 794 ) 
UO er AUR RENE ROR MET NEC DAR M L : "00 
Silice soluble dans KHO (traitement pendant 


trois heures) Red ob a EU EL S |l— » 
Siliee soluble dans KHO (traitement pendant 

douze heures) . (you NEC 
LE US. DD NE PE T scs 1,30 » 
A de an 2,606 


Si l'on tient compte de la solubilité dans la potasse, de 
la perte au feu et surtout du poids spécifique 2.606 (celui 
du quartz étant 2.65); on voit que la silice doit se rapporter, 
pour la presque totalité, à la variété cristalline de ce corps, 
comme l'indique d'ailleurs l'examen optique. 

Afin de se rendre compte de la nature de la zone blan- 
chàtre de décomposition qui entoure souvent le silex, nous 
avons analysé et examiné au microscope un fragment de 
cette matière. Ce fragment de patine, environnant un silex 
noir, est blanchâtre, à cassure subconchoïde, mat, légère- 
ment granulé, happant à la langue, opaque sur les bords, 
il ressemble à la craie, et se laisse aisément entamer par 
l'acier. Les préparations mieroscopiques montrent, en 
lumiére naturelle, une masse incolore, transparente, for- 
mée, on dirait, d'une infinité de granules microscopiques à 
contours extrémement vagues, juxtaposés les uns contre les 
autres et dont l'ensemble reproduit une apparence chagri- 
née. ll serait difficile de dire s'il existe une substance 
intercalée entre chacune de ces sections plus ou moins 
circulaires; il se pourrait fort bien que cette apparence ne 
fût due qu'aux contours des sections accolées. Çà et là on 
observe comme des éclaircies. Dans cette masse formée de 
plages irréguliéres, il s'en détache qui présentent la meme 
structure, mais dont la couleur est sensiblement moins 
foncée. En lumière polarisée, on voit de nouveau la polar ” 

sation d'agrégats, mais vaguement indiquée cette fois; les 


LR PE AN PR Ll CLA EE 
LEE a pes Le 


(793. 

grains sont si petits qu'ils réagissent à peine. Entre nicols 
croisés, la silice isotrope y parait un peu mieux représentée 
que dans la matière centra!e inaltérée du nodule. Les 
traces d'organismes, beaucoup plus rares, sont indiquées 
encore par des plages calcédonieuses, mais elles tendent à 
s'effacer. 

Les résultats de l'analyse concordent, comme nous allons 
le voir, avec ceux de l'examen microscopique. 


Analyse 11. 


1,4447 gramme de substance séchée à 400^ donna 0,0188 
gramme de perte au feu, et fusionnée ensuite par les carbo- 
nates alealins, 4,1171 gramme de silice, 0,0059 gramme de 
sesquioxydes de fer et d'aluminium, 0,0111 gramme de chaux 
et des traces de magnésie. 

1,0757 gramme de substance attaquée par l'acide fluorhy- 
drique donna 0,0045 gramme de chlorures de sodium et de 
potassium. 

0,7525 gramme de substance traitée au bain-marie pendant 
trois heures par la potasse caustique laissa 0,1758 gramme de 
résidu insoluble. 

0,998 gramme de substance traitée de la méme manière 
pendant douze heures donna 0,7950 gramme de silice soluble 
dans la potasse caustique. 

Silice totale . . 97,59 °‘% 


Silice soluble dans KHO (sitemen pendant 


trois heures) . = e + 
Silice soluble dans KHO (itement pendant 

douze heures). Un Pen . . 88, — » 
Alümine et fer -a 0 a 4 ia 0,52 
CRUE o. lov 08504 os EN 0,97 » 
Aa uou UV USUS 0,25 » 


-> 

c 

D 
= 


Perte au feu . PEN E d" 
Poids spécifique. vici E dk qur oio ne. 2,606 


[. 396 ) 

Dans ce cas, comme dans le précédent, on voit que la 
silice appartient à la variété cristalline ; elle atteint le poids 
spécifique de 2,606, mais elle est plus attaquable à la 
potasse caustique que dans le cas précédent, et enfin sa 
perte au feu, 1,64, indique, comme les faits que nous 
venons de citer, un mélange de silice amorphe en petite 
quantité et de quartz eryptocristallin. 

Enfin, nous avons soumis à l'analyse la patine plus 
compacte, ressemblant à la porcelaine et recouvrant d'une 
épaisseur de 2 à 3 millimètres un silex noir type. Cette 
patine représente les silex dans un état moins altéré que 
pour le cas précédent; elle est blanche, légèrement luisante 
dans la cassure, translucide sur les bords, sans grains 
apparents à l'oeil nu, ne happe pas à la langue, ne se laisse 
pas entamer par l'acier et raie le verre. 

L'examen des lames minces prouve que cette zone est 
encore presque entiérement composée de silice cristalline 
qui se dévoile par la polarisation d'agrégat. A la lumière 
transmise, on voit que cette zone d'altération se décompose 
en deux bandes juxtaposées. Celle superposée sur le nodule 
est opaque; on dirait qu'une matière pigmentaire charbon- 
neuse s'y est aceumulée; la bande externe, au contraire, 
est composée de silice incolore où n'apparaissent que de 
petites ramifications dentritiques de la méme substance 
qui remplit la bande opaque inférieure. L'analyse som- 
maire de cet enduit confirme les observations précédentes. 
On trouve, en effet : 


Analyse HI. 
0,7820 gramme de substance séchée à 100° donna 0,0108 
gramme de perte au feu, et fusionnée ensuite par les carbo- 
nates alcalins, 0,7675 gramme de silice. 


( 797 ) 

0,7750 gramme de substance traitée au bain-marie pendant 
trois heures par la potasse caustique donna 0,4120 gramme de 
silice soluble dans ce réactif. 

Silice totale . 98,12- 

Silice soluble dins KHO (traitement pendant 


trois heures) » . e à 
Perteau fet 2. 2-25 54 Dh e Des 1,54 » 
Poids spéeitique ; 3. 95.4 ovx 2,597 (1) 


Une conclusion découle de ce que nous venons de dire 
sur les propriétés physique et chimique de ces nodules de 
la craie : c'est qu'ils ne renferment qu'une quantité relati- 
vement faible de silice amorphe. Ce fait, établi par l'ana- 
lyse mieroscopique et les expériences relatives au poids 
spécifique et à la composition chimique, nous permet de 
ranger le silex parmi les variétés cristallines de la silice se 
rapprochant surtout de la calcédoine. 


Il résulte de l'ensemble des observations précédentes 
que les nodules de silex de la craie doivent avoir été pro- 
duits par le concrétionnement de la silice, provenant gor- 
ganismes siliceux, surtout de spongiaires, Lenue en solution 
par l'eau. On peut ajouter que le concrétionnement s'est 
Opéré autour des restes ou des déhris organiques dans 
des masses déjà accumulées de sédiments crayeux, et 
que la silice a pris généralement la forme cristalline; une 
petite partie de la masse restant à l'état amorphe. Sans 
admettre que les conditions de sédimentation et la nature 


curseur e ERES A S UG 


(1) Le poids spécifique de la masse interne noire du méme 
échantillon est 2,591. 


( 798 ) 

lithologique aient été les mêmes pour la craie que celles 
des sédiments pélagiques de la période actuelle, nous 
pouvons trouver, dans la vase à globigérines des océans 
modernes, quelques points de rapprochement qui per- 
mettent d'éclaircir les problémes que présente la formation 
des silex. Nous savons que, dans les profondeurs moyennes 
de l'océan, qui ne dépassent pas 1,500 brasses et à 
des distances assez grandes des cótes pour que les 
matiéres terrigénes n'y soient pas entrainées, il se forme 
aujourd'hui de vastes dépôts, composés essentiellement de 
foraminifères calcareux, dont les dépouilles viennent 
s’accumuler sur le lit de la mer aprés la mort de ces orga- 
nismes, Pendant que ces dépouilles de rhizopodes tombent 
sur le fond de la mer, celui-ci se tapisse d'organismes qui 
habitent des grands fonds, et parmi lesquels les spon- 
giaires jouent un rôle important. Ces spongiaires y sont 
tellement nombreux qu'un seul dragage en ramène quel- 
quefois plus de 40 espéces, et que la vase est comme 
cimentée par des spicules ou filaments siliceux. Ils jouent 
dans les sédiments caleareux, comme le disait W. Thom- 
son, le méme rôle que le poil dans le mortier (1). 

Les vases à globigérines, méme les plus pures, ont tou- 
jours donné à l'analyse un excès de silice non combinée 
qui doit se rapporter à cesspicules de spongiaires enchàssés 
dans ce qu'on appelle la craie moderne (2). Il n'est pas 
hors de propos de citer ici l'appréciation que formulaient 


SR RS CR AE AR 


(4) W. Tuousos, Ann. mag. nat. hist., 1869, pp. 119-424. 
(2) Munnav et Rexano, Classification et nomenclature des sédiments 
pélagiques, p. 45. 


(799 ] 

deux pionniers des explorations sous-marines, le D* Car- 
penter et Sir Wyville Thomson. Ils étaient portés à admet- 
tre comme hautement probable qu'à toutes les périodes 
de l'histoire de la terre les rhizopodes et les spongiaires, 
ou les deux à la fois, prédominaient en nombre sur 
toutes les autres formes organiques. Thomson écrivait 
en 1877 (1): « Des éponges vivent à toutes les profon- 
» deurs, quoique cette classe n'atteigne son maximum de 
développement qu'entre 500 et 1000 brasses; cependant 
tous les ordres se retrouvent dans la zone abyssale, 
sauf l'ordre des Calcarea; à de grandes profondeurs les 
hexactinellides dominent... » 

On sait la part qui revient aux foraminiféres dans la 
constitation de la craie et combien y sont abondants les 
débris siliceux de spongiaires. On voit done, d'un coup 
d'œil, les analogies qui unissent les sédiments crayeux et 
les dépôts à globigérines; dans les deux cas, c'est l'énergie 
vitale qui. est la source d’où dérivent les matériaux qui 
constituent ces roches. 

Si nous tenons compte de la grande quantité de spicules 
de spongiaires qu'on retrouve dans certaines couches de 
la craie, spicules mélangés et appartenant à des espèces 
différentes, si l'on se rappelle en méme temps les nom- 
breux exemplaires d'éponges plus ou moins complètes 
qu'on découvre dans ces couches, on peut en déduire que 
ces organismes étaient aussi bien représentés dans les 
mers erétacées que dans les océans modernes. Les éponges 
Siliceuses actuelles sont formées de silice amorphe, de 


D 
» 
» 
» 


meer, 


(1) Tnousos, The Atlantic, vol. II, p. 540. 


( 800 ) 

méme aussi l'étaient celles de la craie. Les expériences 
qu'on a faites sur cette variété de silice, montrent qu'elle 
est la plus facilement attaquable, et les recherches entre- 
prises par M  Thoulet (1) sur les spongiaires dragués 
par l'expédition du Talisman, apportent une nouvelle 
preuve en faveur de la solubilité de ces restes organiques. 
M. Thoulet, en effet, a démontré que la silice de ces spon- 
giaires se prétait facilement à l'attaque des substances qui 
agissenl sur ce corps. 

La siliee en solution dans l'eau des mers doit avoir été 
primitivement dissoute par les agents physico-chimiques 
qui déterminent la décomposition des roches oü ce corps 
existe à l'état libre ou à l'état combiné. Les fleuves en 
apportent à la mer et celle-ci, par son action dissolvante 
sur son lit et -urtout sur ses côtes, en ajoute sans cesse de 
nouvelles quantités à celles qui lui viennent de l'intérieur 
des terres. Les organismes, dont l'enveloppe ou les parties 
dures sont formées par la silice, puisent dans l'eau de mer 
cette substance qu'ils fixent à l'état amorphe. Lorsque 
l'aetion vitale a cessé de s'exercer, l'acide silicique, isolé et 
accumulé par ces étres, est rendu, peut-on dire, au monde 
inorganique. La silice se redissout en partie et enfin se lixe 
ense concrétionnant. Demandons-nous maintenant quelles 
peuvent étre les causes en jeu pour redissoudre ces restes 
d'organismes siliceux ? 

Nous n’hésitons pas à avouer qu'il est difficile de les 
spécifier; toutefois on peut avancer, comme hypothèse très 
probable, en nous basant sur des faits bien connus, 


Fi een 


(4) Tuoucer, Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1884, p. 1000. 


( 801 ) 

que l’eau de mer chargée de ses sels, aidée de la pression, 
dans d’autres cas, chargée d’acide carbonique ou d’acides 
organiques plus ou moins analogues aux acides crénique 
et ulmique, peut être envisagée comme dissolvant. On doit 
dire la méme chose à peu prés de l'eau circulant dans les 
couches. On sait aussi combien l'élévation de la tempéra- 
ture peut aider l'eau à se charger de silice; mais nous ne 
pensons pas qu'on doive tenir compte de ce facteur pour le 
cas dont il s'agit. 

Nous verrons plus loin qu'il n'est pas nécessaire 
d'admettre que cette redissolution se fasse sur l'aire qui est 
actuellement le fond de la mer ; cependant il résulterait de 
certaines observations de Carter (1), que des spicules, dra- 
gués sur le lit de la mer, montrent comme un commence- 
ment de décomposition : leur surface est pointillée de 
petites excavations et le canal axial est élargi. 

Tout porte à croire que, parmi les organismes à enveloppe 
siliceuse, ce sont les spongiaires qui doivent avoir fourni, 
pour la plus grande partie, la silice des nodules que nous 
avons décrits. Non seulement on a la preuve, par l'exa- 
men microscopique, que ces nodules sont comme pétris 
de spicules, mais, suivant une observation déjà ancienne 
d'Ebrenberg, que nous avons rappelée plus haut et qui 
se trouve confirmée par de nombreuses recherches, les 
couches crayeuses oü la silice s'est concrétionnée ne 
renferment pas de spicules, et, d'un autre cóté, celles, 
où les spicules sont disséminés en grand nombre dans 
masse de la craie, ne présentent pas le développement 


—————Y!. 


(1) Carter, in Sollas, loc. cit., p. 414. 
9"* SÉRIE, TOME XIV. 54 


( 802 ) 
de concrétions siliceuses que nous remarquions tout à 
l'heure (1). 

Bornons-nous à citer ici les faits signalés par Petzold et 
qui confirment ce qu'on vient de dire. Ce savant a montré 
que, dans une roche dolomitique, les parties les plus voi- 
sines des concrétions siliceuses ne contenaient que 2,51 */, 
de silice, tandis que celles plus éloignées de la concrétion 
en renfermaient prés de 4,75 "/,. Nous avons done la 
preuve bien évidente que c'est à la silice des spongiaires 
qu'est due la matiére des nodules siliceux. Ces derniers 
se seront formés, comme il arrive si souvent pour les 
concrétions, par concentration sur un point de particules 
de la méme substance, disséminées dans les couches et 
auxquelles les eaux servent de véhicule. Ces faits prou- 
vent, en outre, que la concrétion s'est formée lorsque 


(4) La craie de Nouvelles a été analysée dans le but de s'assurer 
de la teneur en silice. Voici les résultats de cette reclierche. 


0,2853 gramme de substance séchée à 1109 donna 0,1594 gramme de chaux et ` 


0,0022 gramme de pyrophosphate de magnésium, : 
0,7082 gramme de substance traitée dans l'appareil de Ludwig par l'acide 
chlorhydrique donna une perte de 0,3055 gramme d'acide carbonique. ; 
3,0917 grammes de substance traité par l'acide acétique laissaient un résidu 
contenant 0,0214 gramme de silice et 0,0483 gramme de sesquioxydes de fer et 
d'aluminium, 


GR. s 4. s 4S3 v MUR 
DO NN ir 00 
Al Os + Fes 0,. . . . . 059 
Mg oO. +... Pen (C 098 

100,57 


Ces résultats montrent que la craie renfermant les nodules est 
pure et contient des quantités trés petites de silicc. 


f 


( 805 ) 

les séliments s'étaient déjà accumulés. Nous fournirons 
plus tard d’autres arguments en faveur de cette interpré- 
lation; admettons-la pour le moment et supposons que des 
masses crayeuses, remplies de spicules de spongiaires, 
soient venues recouvrir un lit d'éponges qui s'étalaient au 
fond de la mer erétacée. Voyons quels sont les phéno- 
ménes qui se passent et dont le résultat se traduit par la 
formation du silex. 

Un dissolvant de la silice, l'eau plus ou moins chargée 
de sels ou d'acides, s'infiltre au travers de la masse 
Crayeuse; celle eau peut être déjà saturée de bicarbonate 
de chaux, qu’elle possédera cependant encore le pouvoir 
de dissoudre la silice ; elle trouve dans le sédiment crayeux 
des spicules microscopiques disséminés et des radioliaires 
ou des diatomées constitués par de l'acide silicique à l'état 
amorphe. Ceux-ci, grâce à leurs petites dimensions, à la 
résistance relativement faible qu'ils opposent comme silice 
amorphe à l'action des dissolvants, grâce, en outre, aux 
grandes surfaces d'attaque qu'ils présentent, cèdent une 
partie de leur substance. Le dissolvant se sature peu à peu 
d'acide silieique; la capillarité aidant, la solution siliceuse 
arrive au contact des amas de spicules et d'éponges qui 
constituent le lit sur lequel ces organismes vivaient avant 
le dépót des matiéres crayeuses surincombantes. C'est en 
Ce point que le conerétionnement va se faire; c'est sur ce 
lit que vont se former les nodules que nous trouvons 
aujourd'hui alignés à certains niveaux des terrains de la 
Craie. 

Rappelons la propriété, que possèdent d’une manière 
tout à fait spéciale certaines formes de silice, de se concré- 
tionner en passant de l'état colloïde à l'état solide cristal- 
lin ou amorphe ; rappelons, en méme temps, que c'est pré- 


( 804 ) 

cisément à l'intérieur des couches que les formes coneré- 
tionnées prennent surtout naissance. Nous ne sommes pas 
dans le domaine de l'hypothése, si nous aflirmons que, 
d'une solution saturée, la précipitation se fera généralement 
sur un corps solide et qu'elle se fera de préférence sur un 
corps de méme nature chimique. Nous pouvons ajouter 
que le dépót de la substance dissoute s'effectuera méme en 
raison dela masse qui lui sert de centre. Les eaux infiltrées, 
chargées de silice, se trouvant au contact de ces lits de 
spongiaires, vont donc déposer sur ces restes organiques 
la silice dont elles sont saturées et, d'aprés ce que nous 
venons de dire, les spongiaires ou les accumulations de 
leurs débris, étalés en lit plus ou moins continu, serviront 
de centres d'attraction et de nuclei pour les concrétions. 

Il importe de faire entrer ici en ligne de compte la pré- 
sence de substances organiques, qui doivent se trouver 
associées aux éponges et à leurs débris, réunis sur l'ancien 
fond de mer où se forment les concrétions. Si la forma- 
lion de ces nodules trouve déjà sa raison d'étre dans les 
conditions que nous indiquions tout à l'heure, à plus forte 
raison serons-nous portés à admettre l'interprétation d'un 
concrétionnement de la silice autour d'un centre siliceux ; 
lorsque le centre dont il s'agit est pénétré de matière 
organique en décomposition. Ces matières, avons-nous 
dit, peuvent posséder la propriété de se combiner avec 
l'acide silicique ; d'un autre côté, le carbonate d'ammo- — 
niaque qui se forme, lors de la décomposition, peut préci- 
piter la silice. Ce sont autant de particularités qui corro- - 
borent l'interprétation que nous sommes portés à admettre; — 
mais si nous voulions entrer ici dans le détail des réactions, 
nous serions dans le domaine de l'hypothése. Nous ne 
citons ces vues générales que pour montrer qu'aucun des 


( 805 ) 

faits n'est en opposition avec l'idée que nous nous faisons 
de la formation des silex. 

Ces concrétions, comme toutes les autres formes inor- 
ganiques de cette nature, se sont développées par des 
apports successifs de la matière qui les constitue. L'action 
dissolvante et continue des eaux dans les couches environ- 
nantes, s'exercait sur les particules infinitésimales de silice, 
et dés que celles-ci avaient livré une partie de leur sub- 
stance, elle venait s'ajouter aux nodules en voie de for- 
mation. La silice ainsi agrégée se fixe tout d'abord comme 
un enduit autour des formes organiques préexistantes. 
Celles-ci, grâce au bain de silice qui les enveloppe et à l'eau 
saturée qui les entoure, conservent leurs contours primitifs. 
C'est ce que nous montrent les préparations microscopiques 
où les sections de spicules abondent. Ces derniers ont leurs 
contours bien souvent mis en relief par une matière bru- 
nâtre, qui est, suivant toute probabilité, le reste de la 
matière organique adhérente aux spongiaires. Dans les 
creux, la silice se dépose sous la forme de grains ou 
d'agrégats fibreux cristallins qu'on rapporte à la calcédoine; 
elle se trouve surtout le longdu canal axial des spongiaires. 
Autour des débris organiques, la silice cristallise en grains 
microcristallins, et enfin certaines plages, peu nombreuses 
et très petites, s'observent où la silice colloide en se soli- 
difiant reste à l'état amorphe. Nous pouvons rapprocher 
ces faits, relatifs au mélange de silice à différents états 
moléculaires, de ce que nous montrent certaines concré- 
lions siliceuses où la calcédoine et l'opale se sont déve- 
loppées simultanément. La silice, en se concrétionnant, 
devait non seulement euglober des restes d'organismes 
siliceux, mais aussi des fragments ou des coquilles de 
mollusques ou de rhizopodes à enveloppes calcaires, qui 


( 806 ) 
étaient emprisonnées dans les éponges ou les accumulations 
de spicules. Dans ce cas, l'élément calcareux est entière- 
ment remplacé par l'acide silicique, les cavités de l'orga- 
nisme sont remplies de calcédoine, et l'on a un de ces nom- 
breux exemples du phénoméne bien connu de substitution 
de la silice au calcaire. 

Nous avons supposé jusqu'ici que ces nodules se sont 
formés dans les couches de sédiments «rayeux et non sur 
le fond méme de la mer; il nous reste à établir cette 
interprétation. Ceci nous fournira l'occasion de montrer 
les différences que doivent présenter la sédimentation 
des masses de la craie et celle des vases calcareuses péla- 

giques modernes. Nous avons rappelé plus haut les condi- 
tions dans lesqueHes s'opère le dépôt de la Globigerina 
ooze; nous avons vu les dépouilles des organismes calca- 
reux de la surface venir s'accumuler lentement sur le fond 
de la mer et se réunir zux spongiaires qui vivent sur son 
lit. L'action mécanique de l'eau, comme agent de sédimen- 
tation, ne se fait pas sentir dans les profondeurs loin des 
terres émergées. Tout nous porte à croire que ces carat- 
tères de dépôt pélagique proprement dit manquent à la 
craie. Les sédiments, compris sous ce nom, ne sont pas Ce 
qu'on a appelé des sédiments de haute mer. Si lon 
admettait que la craie et la vase à globigérines ont un mode 
de dépôt identique, on aurait tout d'abord à lutter avec 
les difficultés que présente l'interprétation des couches de 
_silex intercalées régulièrement dans les masses crayeuses. 

Représentons-nous un instant ce qui se passe sur le 
fond des mers modernes, aux points où se dépose lente- 
ment la vase calcaire. Des spongiaires, pour ne parler que 
de ces organismes, s'étalent sur le lit, des foraminiféres 


( 807 ) 

vivant à la surface tombent au fond, aprés leur mort, et 
viennent recouvrir lentement cette végétation de proto- 
zoaires qui croît à mesure que les dépouilles de foramini- 
fères se déposent. Supposons un instant qu'on fasse une 
coupe au travers des couches ainsi formées. Comme les 
conditions des fonds de mer sont absolument stables, on 
verra, en admettant méme que la silice des spongiaires se 
soit concrétionnée, que ces concrétions sont réparties d'une 
manière irrégulière dans les masses de calcaire qui les 
enveloppent. IL est évident, en effet, que les organismes 
siliceux vivant sur le fond doivent continuer à se déve- 
lopper pari passu avec l'accumulation des dépouilles de 
rhizopodes qui viennent, en quelque sorte, enterrer les 
premiers, Nous n'avons pas, en effet, dans les mers 
actuelles, de raisons pour admettre que les sédiments péla- 
giques doivent alterner, et l'interprétation donnée par 
Lyell, et d'après laquelle il se formerait en un point de 
l'océan, sous l'influence des courants, tantót un dépót 
siliceux, tantôt un dépôt calcareux, n'est pas fondée et ne 
sera parlagée aujourd'hui par personne. 

Ainsi donc, les phénoménes actuels que nous con- 
naissons par les explorations sous-marines, ne montrent 
pas dans les vases à globigérines des faits analogues à 
ceux que présentent les lits de silex de la craie. La 
formation du silex, aligné suivant les couches de strati- 
fication, ne peut s'interpréter en admettant le mode de 
Sédimentation qu'on observe dans les océans modernes 
aux grandes profondeurs loin des côtes. 

Hàtons-nous d'ajouter qu'aucun fait ne vient prouver 
non plus que ces nodules ou ces concrétions siliceuses se 
forment à la surface du lit actuel de la mer. Parmi tant 
de sondages effectués partout dans les aires à globigérines 


( 808 ) 
de lAtlantique, dans les fonds à diatomées de l'Antarc- 
tique, dans les sédiments à radiolaires du Pacifique, 
dans l'argile rouge des plus grandes profondeurs, jamais 
la drague n'a rapporté un fragment de silice de formation 
récente, rappelant les silex de la craie. 

Il est inutile d'objecter que nous ne connaissons rien 
ou presque rien du fond des grandes mers actuelles, que 
les appareils ne rapportent qu'une quantité infinitésimale 
des matières qui constituent le fond : cet argument perd 
toute sa valeur dés qu'on réfléchit à l'uniformité de la 
composition minéralogique que les explorations sous- 
marines établissent d'une maniére incontestable pour cha- 
cune des régions du lit dela mer. 

Ainsi donc, ni les conditions théoriques dans lesquelles 
devrait s'effectuer la sédimentation des vases à globigé- 
rines, ni les faits directement observés, en viennent 
appuyer l'opinion que les nodules siliceux se forment sur 
le lit des mers modernes. Rien de ce que nous con- 
naissons des dépôts pélagiques ne s'oppose à admettre que 
ces concrétions siliceuses stratifiées se sont formées dans 
les couches elles-mémes, aprés le dépót des matières 
crayeuses. Entre un grand nombre de faits, qui plaident 
d'une facon incontestable en faveur de cette interprétation, 
bornons-nous à rappeler les suivants : 4° la formation 
du silex en veines, qui présuppose nécessairement l'exis- 
tence de fentes dans un sédiment déjà accumulé; 2° l'éli- 
mination de la silice dans les couches qui renferment les 
nodules. Cette élimination ne peut se comprendre que 
dans le cas d'une dissolution de particules enchâssées dans 
les couches calcareuses, et d'une concentration autour 
d'amas de matières siliceuses étalées sur un ancien fond 
de mer. 5 


( 809 ) 

Nous sommes donc amenés à admettre, pour expliquer 
d'une manière adéquate, la formation des nodules siliceux 
de la craie, que les sédiments de cette formation ont été 
accumulés d’une manière bien différente de celle des dépôts 
 pélagiques proprement dits. Bien des preuves ont été 
données d'ailleurs pour montrer que la formation crétacée 
n'est pas un dépót de mer profonde. Nous ne voulons 
rappeler ici qu'un fait, qui nous parait décisif en faveur de 
cette interprétation. L'examen des fossiles, spécialement 
des échinodermes, nous prouve à l'évidence qu'ils ont été 
soumis à des remaniements mécaniques. Or, ceux-ei 
sont inexplicables si la craie s'est déposée comme les 
vases océaniques. Non seulement, les oursins de la craie 
ne se retrouvent presque jamais avec leurs piquants, 
mais souvent ils sont recouverts de serpules. Ces obser- 
vations nous forcent à admettre deux interprétations 
qui sont en opposition directe avec ce que nous savons 
des conditions dans lesquelles se forment les dépóts 
des mers profondes. Pour expliquer ces faits, il faut 
recourir à des émersions successives, qui n'ont rien de 
vraisemblable, ou bien à l'invasion sur le lit des mers assez 
profondes et tranquilles de matières sédimentaires calca- 
reuses. Celles-ci, apportées par des agents mécaniques, les 
Courants marins ou atmosphériques, viennent recouvrir le 
fond où vivait une faune de profondeur moyenne et où 
dominaient les éponges. Nous arrivons donc, pour rendre 
compte de la formation des nodules de silex, au méme 
résultat où nous amènent des considérations d'un autre 
ordre, et la concordance, qui existe dans cet ensemble de 
faits, nous donne la preuve de la probabilité de l'inter- 
Prétation que nous avons formulée. 


( 810 ) 


Contribution à l'étude du développement de l'épiphyse et 
du troisième œil chez les reptiles. — Communication 
préliminaire, par le D" P. Francotte. 


PREMIÉRE PARTIE. 


Depuis 1879, nous nous sommes occupé de recueillir 
le matériel nécessaire pour l'étude du développement de 
l'orvet (Anguis fragilis). Les stades que nous possédons 
sont, actuellement, suffisamment nombreux pour que 
nous puissions exposer le mode de formation de l'épi- 
physe. 

Les derniers travaux de Graaf (1) et de Spencer (2) ayant 
trait à cet organe chez l'orvet et d'autres reptiles adultes, 
rendent la question intéressante. C'est ce qui nous à 
engagé à présenter dés aujourd'hui à l'Académie les 
résultats de nos recherches sous une forme Re mais 
suffisante pour prendre date (5). 


(1) De Gnaar, Zur Anatomie und Entwicklung der Epiphyse bei 
Amphibien und Reptilien. (Zool. Anzeiger n» 219, 29 mars 18806.) 

De Gnaar, Bijdrage tot de kennis van den bouw en de ontwikkeling 
der Epiphyse bij Amphibien en Reptilien (Leiden, 1886). 

(2) Seecen, The parietal eyeof Hatteria (Nature, n° 865, mai 1886). 

SreNcEn, On the presence and Structure of the Pineal eye in Lacer- 
tilia. Quarterly journal of Micros. Science. London, 1886. 

(9) Le travail complet, comprenant l'histoire du développement 
de l'épiphyse ehez l'orvet, sera présenté sous peu à la Faculté 
médecine de l’Université de Bruxelles, pour l'obtention du grade de 
docteur spécial. 

Les embryons d'orvet qui avaient été recueillis par nous jusqu'en 


: 
; 


(81 ) 
Nous ne croyons pas nécessaire de donner ici l'historique 
complet des recherches qui ont été entreprises sur la 
structure et le développement de l'épiphyse. Mais nous 
indiquerons brièvement les principaux résultats auxquels 
sont arrivés les différents auteurs qui ont abordé la ques- 
tion. 
En 1829, Brandt (1) a reconnu qu'il existait sous une 
écaille de la tête chez Lacerta agilis, et correspondant à 
une dépression circulaire, une glande spéciale là précisé- 
ment où se trouve le trou pariétal. Cet auteur n'a pas fait 
figurer dans ses dessins cette particularité, mais il est évi- 
dent que la glande spéciale qu'il a entrevue est bien la 
partie distale de l'épiphyse. 
Milne Edwards (2) et Dugés (5) ont figuré cette modifi- 
cation externe chez certains lézards ; mais ni l'un ni l'autre 
n'en ont fait mention dans leur description. 
Ce n'est que plus tard, en 1875, que Leydig (4) fit con- 
naître qu'il existe, chez les reptiles, au-dessus du cerveau 


1882 avaient été déposés à l'Université de Liége dans les collections 
du laboratoire de M. Éd. Van Beneden, qui nous avait proposé d'en- 
treprendre l'étude du. développement des reptiles de notre pays. Ce 
matériel, considérablement augmenté depuis, a été généreusement 
remis à notre disposition pour l'étude de l'épiphyse. Nous espérons 
pouvoir soumettre à bref délai à l'Académie, un travail concernant le 
développement du systéme nerveux de l'orvet. 

(4) Bnawpr, Medizinisch Zoologie. 4829, vol. I, p. 160. - 

(2) Mine Enwarps, Recherches zoologiques pour servir à l’histoire 
des lézards. Annales des Se. nat., 1829, tome XVI. 

(8) Ducis, Mémoire sur les espèces indigènes du genre Lacerta, 
Annales des Se. nat., tome XVI 

(4) Levoic, Dic in Deutschland lebenden Arten des Saurien. Tubin- 
gen, 1872 


( 812 ) 

intermédiaire, un organe Correspondant par sa position au 
trou pariétal, et consistant en une légère dépression à 
bord circulaire délimitée par des cellules allongées pareilles 
à celles d’un épithélium cylindrique. Le bord de la dépres- 
sion est dirigé vers le haut et possède un anneau épais de 
pigment noir. Sur une coupe à travers la tête de Lacerta 
agilis, Leydig a reconnu que l'organe frontal (Stirnor- 
gan) (1) est nettement délimité, qu'il est logé au niveau du 
trou pariétal; dans le méme plan et en dessous se trouvait 
la glande pinéale. 

Chez Anguis fragilis le méme auteur a constaté la pré- 
sence de l'organe frontal. Il l'a trouvé sous forme d'une 
tache foncée chez de jeunes embryons. Il donne des ren- 
seignements assez précis sur l'épiphyse, et il établit un 
rapprochement entre l'organe frontal de l'orvet et le même 
organe chez les batraciens. 

Strahl (2) démontra le premier, en étudiant le dévelop- 
pement du lézard, que l'organe de Leydig n'est qu'une 
partie de la glande pinéale. 

Dans ses Weitere Untersuchungen zur Entwicklungs- 
geschichte der Reptilien (5), Hoffmann établit que : 

1° A la voûte du cerveau, il se produit deux diverti- 
cules épithéliaux; l'un se trouve à la limite du cerveau 
antérieur et du cerveau médian (c'est le plexus choroide 
du troisiéme ventricule); l'autre, apparaissant entre le 
cerveau intermédiaire et le cerveau moyen, formera Mir: 
physe et l'organe de Leydig; 


(1) L'organe du sixième sens. 

(2) Sitzungsber. d. Gesellsch. zur Beförderung d. gesammt. Naturv* 
zur Marburg, 1884. 

(5) Morpholog. Jahrbuch, Bd. XI. 


( 813 ) 

2" La portion proximale de l'épiphyse avait l'aspect 
d'un tube creux piriforme, dilatée vers le haut; la pointe 
dirigée vers le bas est rétrécie; 

9^ Le plexus choroide du troisième ventricule se trouve 
accolé contre l'épiphyse et ces deux parties ne semblent 
former qu'un tout; x 

4° L'épiphyse existerait également chez les chéloniens 
et les sauriens. 

Rabl-Ruckhard (4), en étudiant l'épiphyse embryonnaire 
de la truite, a comparé cet organe aux vésicules optiques 
primaires. Cet auteur remarque que, chez les reptiles, il 
existe au niveau de cet organe dans l'os pariétal un trou 
où vient se loger l'organe du sixième sens de Leydig. 

Deux ans plus tard, le méme auteur (2), revenant sur 
cette manière de voir, disait : « die Glandula pinealis der 
Wirbelthiere als Rudiment einer unpaaren Augenanlage 
anzusehen ist ». Enfin, il remarque que chez les Enalio- 
sauriens fossiles du lias, l'Ichthyosaure et le Plésiosaure, 
un trou impair existe; ce trou correspond par sa position 
au trou pariétal des sauriens. 

Il suppose qu'un organe pinéal s'y trouvait bien 
développé et servant moins d'organe visuel que d'un 
organe spécial du sens de la température, à l'aide duquel 
l'animal était prévenu avant qu'il eüt à souffrir de l'inten- 
sité des rayons tropicaux. 

Remarquons que Ahlborn avait également établi, en 
étudiant le développement du Petromyson, l'analogie de 
l'biphyse avec des vésicules optiques primaires, les rap- 


(4) Zur Deutung und Entwicklungs der Gehirns der Knochemfische 
(Arch. für Anat. und Physiologie. Anat. Abth., 1882). 

(2) Rasr-Rucknuanp, Gesellsch. für Heilkunde zu Berlin, 20 juin 
1884. 


( 814 ) 
ports du premier organe avec la région optique du cerveau 
et spécialement avec le Thalamus opticus (1). 

C'est à de Graaf que revient l'honneur d'avoir montré 
que l'organe frontal de Leydig, la partie distale de l'épi- 
physe, était constituée comme un organe visuel chez 
Anguis fragilis; que cet ceil impair possédait un cristallin, 
une rétine, ete. Au point de vue phylogénique, cette décou- 
verte a une importance considérable. 

Dans ses recherches, l'auteur a étudié le mode de 
développement de l'épiphyse chez différents batraciens; 
nous avons pu vérifier chez plusieurs espéces les résultats 
qu'il a obtenus et nous pouvons affirmer que son travail 
est parfait sous ce rapport. 

Parmi ses propositions les plus importantes, nous remar- 
quons qu'il établit : 4° l'homologie entre la glande de 
Stieda, extra-craniale et logée sous la peau, et l’œil frontal 
des reptiles; 2? que la structure de l’œil impair de l'orvet 
rappelle celle d'un œil des céphalopodes, des ptéropodes et 
des hétéropodes. 

Spencer, dans le Quaterly journal of the microscopi- 
cal science (fascicule d'octobre 1886), étndie l'épiphyse 
des reptiles d'une facon remarquable; vingt-huit espéces 
différentes ont été soumises à l'observation. 

Les recherches du savant anglais établissent que chez 
les reptiles l'épiphyse affecte une série de formes présen- 
tant, au point de vue de la phylogenése, la plus haute 
importance. Nous ne croyons pas nécessaire d'analyser 
complétement le travail de l'auteur qui nous occupe en 


(4) Anrsonx, Untersuchungen über das Gehirn der Petromyzonten. 
Zeitsch. für Wiss. Zool., t. XXXIX, 1885. 


(^ 815 

suivant toutes les variations de chaque partie de l'œil 
pinéal chez les nombreuses espèces examinées. Nous 
nous contenterons de rapporter brièvement les grands 
fails constatés chez les reptiles adultes et qui se repro- 
duisent successivement, d’après nos observations pendant 
le cours du développement de l'orvet. Les observations si 
bien faites de Spencer montrent que, parmi les vingt-huit 
lacertiliens étudiés, c'est chez l'Hatteria que l'œil pinéal 
est le plus parfait. 

La rétine comprend : 

1* Une couche de bàtonnets chargés de pigments tapis- 
sant intérieurement la cavité oculaire ; 

2 Une couche d'éléments sphériques en connexion 
d'une part avec les bàtonnets, d'autre part avec la couche 
externe; les cellules nucléées qui constituent cette couche 
sont placées sur une double et méme sur une triple rangée 
en certains points. Les bâtonnets reposent sur cette 
couche ; 

3° Une couche moléculaire constituée par une substance 
finement ponctuée. Cette couche est trés mince chez 
Hatteria ; 

4° Une couche de cellules sphériques appliquées contre 
la couche moléeulaire. Les éléments sont réunis par des 
prolongements filiformes à la couche 2; 

5° Une couche de corps en forme de cônes, proba- 
blement sans noyaux. Leur extrémité élargie repose sur 
la eapsule propre de l'organe, tandis qu'ils s'effilent en 
cône pour aller se perdre dans la couche moléculaire ; 

6^ Entre la base élargie de ces éléments coniques, on 
trouve une série d'éléments nucléés dont les extrémités 
vont se perdre dans la couche moléculaire; des prolon- 
gements sont aussi envoyés dans la couche externe. Ces 


( 816) 
cellules fusiformes se prolongent jusque dans le pédicule 
de l'épiphyse, et elles se continuent directement avec les 
libres de ce pédicule. 

L'œil pinéal est relié au cerveau par un nerf. Quant 
au cristallin, Cest une lentille trés épaisse au centre, 
constituée par des cellules nucléées distinctes et trés 
nombreuses. 

Chez l'orvet adulte, Spencer (comme de Graaf) (1) a 
reconnu que la rétine était constituée de : 

1* Une couche de cellules cylindriques remplies de 
pigment noir, représentant pour Spencer la couche de 
bàtonnets chez Hatteria ; 

2° Une couche de cellules sphériques à grands noyaux - 
disposés sur deux rangées; 

5° Une couche moléculaire ; , 

4° Une couche externe de cellules à grands noyaux. : 

Le cristallin est formé d’une lentille biconvexe; les 
cellules qui le forment sont en continuité directe avec 
les cellules de la rétine. De Graaf avait cru primitive- 
ment que le cristallin était complètement distinct de la 
rétine; nos observations confirment la manière de voir de 
Spencer. 

Chez l'orvet adulte, il n'y a plus de nerf optique. Par la | 
suile, nous montrerons qu'à un stade, il existe complè- | 
tement formé; nous verrons par quel processus il dispa- 4 
rait. 3 

Chez Lacerta ocellata, Spencer constate que la rétine a | 
subi une dégénérescence pigmentaire. Les bàtonnets sont 
bien marqués; ils sont en rapport avec le nerf qui entre 

uM Rc 


id la ns oid 


E c i ; iver- 
(1) Nous aurons par la suite l'occasion de revenir sur les dive 
gences entre les observations des deux auteurs., 


( 817 ) 

postérieurement dans la rétine. En dehors se trouvent 
deux séries de cellules rangées en une couche interne et 
une couche externe. Un nerf relie la rétine à la partie 
proximale de l'épiphyse. Chez Varanus giganteus la plupart 
des détails de structure signalés chez Hatteria se retrou- 
vent. Au milieu du cristallin, les ceilules sont envahies 
par un pigment noir brunâtre. Ce fait n'a pas été constaté 
chez d'autres espèces (1). 

Chez Leiodera nitida, Seps chalcidica, Calotes, il n'y a 
pas de nerf pinéal reliant l'eeil au cerveau. Il y a analogie 
de strueture avec ce que nous avons vu chez l'orvet. 
L'épiphyse chez Cyclodus gigas est arrêtée dans son 
développement; la partie distale de l'épiphyse qui forme 
l'œil chez les espèces nommées précédemment, ne se 
sépare pas de la partie proximale. L'épiphyse reste à l'état 
d'une vésicule reliée au troisième ventricule. Toutefois, la 
portion distale est élargie; les cellules ciliées de la paroi 
n'offrent pas partout le méme aspect et la même dispo- 
sition. Les noyaux des cellules de la paroi superficielle 
Sont disséminées sans ordre; l'ensemble représente le 
cristallin des autres espéces; les noyaux de la paroi pro- 
fonde sont rejetés vers la périphérie; cette paroi repré- 
sente la rétine. L'existence d'un pigment n'a pas été 
constatée. 

Chez Chameleo vulgaris, une vésicule distale représente 
l'œil pinéal ; au lieu d’être en communication directe avec 
le troisième ventricule par une partie proximale, non 
Séparée, les deux parties de l'épiphyse sont reliées par un 
cordon de fibrilles nerveuses; ces derniéres se mettenten 


(1) Dans l'étude du développement de l'orvet, nous avons trouvé. 
Souvent, au centre du cristallin, des cellules pigmentées. 
O"* SÉRIÉ, TOME XIV. 


{ 818 ) 
communication avec les cellules allongées qui forment la 
paroi profonde du saccule. Les cellules de la partie dis- 
tale sont ciliées; il n'y a pas de différenciation cellulaire 
entre la paroi superficielle et la paroi profonde. Aucun 
élément cellulaire n’est envahi par du pigment. 

Il résulte des observations de Spencer que : 

1* Chez les lacertiliens, l'oeil pinéal est hautement orga- 
nisé chez certaines espèces, qu'il subit une série de modi- 
fications avec dégénérescence pigmentaire de plus en plus 
profonde ; 

2° Que chez Cyclodus, eet organe reste à l'état rudimen- 
taire sans aucune dégénérescence ; 

3° Chez Chameleo vulgaris, il y a arrét dans le dévelop- 
pement. 

Voici les conclusions. que Spencer a tirées de ces 
études : 

1° Nos connaissances actuelles ne sont pas assez avan- 
cées pour établir que l'œil de l'Amphioxus est l'homologue 
de l'œil impair des tuniciers, ou de l'œil pinéal des 
vertébrés ; 

2'L'épiphyse des ehorduta supérieurs est l'homologue 
de l'œil de la larve des tuniciers ; | 

3° L'œil pinéal est une différenciation secondaire de la 
partie distale de l'épiphyse ; 

4 Il n'est pas suffisamment évident que cel organe 
existe ou n'existe pas chez les amphibiens éteints, el 
parmi les formes vivantes, il ne subsiste que chez les 
lacertiliens ; : 

5? Dans toutes les formes existantes, il est à l'état rudi- 
mentaire et, quoique bien développé quant à la structure 
chez quelques-uns, il n'est cependant pas parfaitement 
fonctionnel ; | 


{ 
PEN: 


( 819 ) 
6° ll a été développé le plus hautement : 
1* Dans les amphibiens (Labyrinthodon); 
2° Dans les grands groupes des formes éteintes (ichtyo- 
saure, plésiosaure, iguanodon, qui peuvent être regardés 
comme ancêtres des reptiles et des oiseaux); 
3° L'œil pinéal doit être regardé comme un organe de 
sens particulier à l’époque prétertiaire. 
La première ébauche de lépiphyse apparaît chez 
Anguis fragilis sur l'embryon correspondant à un poulet 
vers la fin du troisième jour (fig. 2). L'embryon, qui a 
4 millimètres de longueur, est alors contourné en- 
demi-ellipse, couché sur le cóté droit et reposant sur l'aire 
vasculaire; cette dernière mesure 7 millimètres de dia- 
mètre; elle est légèrement échanerée en cœur vis-à-vis de 
la tête (1%) de l'embryon, à l'endroit où aboutissent la veine 
et l'artère omphalo-mésentériques uniques. Le corps de 
l'embryon est allongé et grêle et mesure en diamètre à 
peine un demi-millimètre. Les vésicules optiques se 
sont invaginées, et elles contiennent un cristallin encore 
creux; les fentes branchiales ont apparu; la figure 2 
montre à quoi en est la flexion de la tête par rapport 
au Corps. 
Sous sa première forme, la glande pinéale est un diver- 
ticule creux ayant l'aspect d'un champignon sans stype 
(fig. 29) ; elle s'est formée aux dépens de la voûte du tha- 
lamencéphale (fig. 26); elle se trouve ainsi invaginée 
dans la paroi supérieure du cerveau intermédiaire 5. 
La paroi de l'épiphyse est alors formée de plusieurs cou- 
ches de cellules fusiformes. La voüte du cerveau intermé- 
diaire en avant de l'épiphyse s'amincit jusqu'à l'endroit où 
elle se confond avee le cerveau antérieur; tandis qu'en 
arrière, elle s'épaissit en se fusionnant avec la paroi du cer- 


( 820 . 

veau moyen.Quantau creux épiphysaire,il communique lar- 
gement avec la cavité du troisième ventricule (fig. 2), ét l'or- 
gane lui-même est logé dans le mésoblaste; il vient en con- 
tact direct avec l'épiblaste. C'est à ce moment que l'épiphyse 
ressemble le plus à une vésicule optique primaire. Disons 
en passant que chez le poulet, d'aprés nos observations, 
la méme disposition existe vers la fin du troisième jour. 
Il suffit, pour s'en assurer, de comparer la figure 10, repré- 

sentant une coupe d'embryon de poulet, à la figure 2. 
Ce premier état de l'épiphyse est de courte durée, le 
"divertieule s'allonge rapidement en doigt de gant en même 
temps qu'il se porte en avant; les parois s'épaississent, 
soit que les cellules atteignent une hauteur plus grande, 
soit qu'il se forme une nouvelle couche d'éléments; la 
cavité d'abord largement ouverte se réduit un peu parce 
qu'il y a probablement compression de l'organe au milieu 
du mésoblaste; par sa face supérieure, l'épiphyse est en 
contact avec l'épiblaste; par sa face inférieure, elle repose 
dans toute sa longueur sur la voüte amincie du thalamen- 
céphale (fig. 5). Chez le poulet, au quatriéme jour (fig. 9), 
les dispositions sont pareilles à ce qui existe chez l'orvet, 
mais les dimensions de la vésicule sont relativement bien 

plus considérables chez le poulet (fig. 9«). 

Mais tandis que l'épiphyse se développe comme nous 
venons de le décrire, il apparait en méme temps, à la 
limite du cerveau antérieur, dans le cerveau intermédiaire 
et dans le plan médian, un autre diverticule d'abord indécis, 
mais qui ne tarde pas à ressembler quelque peu à la glande 
pinéale telle que nous l'avons primitivement décrite; toute- 
fois, au lieu de s'aplatir par la suite comme l'épiphyse, € 
creux reste largement ouvert, débouchant dans le troisième 
ventricule; la paroi de cette cavité constitue l'ébauche du 
plexus choroïde du troisième ventricule. | 


( 821 ) 

Les phénomènes que nous venons de décrire ont lieu 
jusqu'au moment où l'extrémité caudale commence à s'en- 
rouler chez l'embryon. 

Dès que l'extrémité postérieure se contourne-(1) sur 
elle-méme, la partie libre de l'épiphyse s'épaissit considé- 
rablement (fig. 4), les cellules s'étirent en longueur et 
deviennent cylindriques; et alors qu'il n'existe encore 
aucune trace de séparation entre la portion distale et la 
portion proximaleépiphysaires, i! est possible de distinguer 
quelles seront les cellules qui sont destinées à devenir le 
cristallin et celles qui formeront la rétine. Celle-ci est* 
constituée par les cellules de la paroi profonde placées à 
l'extrémité. 

Les noyaux sont rejetés à la périphérie, tandis que les 
éléments qui doivent former la lentille sont disséminés 
sans ordre précis. À ce moment, sans nul doute, nous 
nous trouvons en présence d'un état voisin de ce qui existe 
chez Cyclodus, et que Spencer a si bien décrit dans son 
excellent travail sur l'état de l'épiphyse chez les reptiles 
adultes. La différenciation s’accentue rapidement et la 
paroi de la vésicule tournée vers l'épiblaste est nette- 
ment biconvexe, formant un plateau qui deviendra le cris- 
tallin de l'œil pinéal. (Nous avons pu dérouler complè- 
tement un embryon du stade que nous décrivons 
actuellement ; il mesurait 9 millimètres de longueur.) 

Sur des embryons un peu plus développés, un étran- 
glement apparait et sépare bientôt la partie distale diffé- 
renciée, comme nous venons de l'indiquer; la séparation se 
trouve complète dans le stade de la figure 1. 
PRE 

(1) Il n'est plus possible alors de considérer les phases successives 
en notant la longueur de l'embryon. Par les figures,il est facile de se 
rendre compte du stade que nous décrivons. 


bl A Ke A 


( 822 ) 

La longueur de la téte de l'embryon, depuis l'extrémité 
nasale jusqu'à l'extrémité du cerveau moyen, mesure 3 mil- 
limétres. L'axe des cerveaux antérieur (a), intermédiaire (b) 
et moyen (c), se trouve sur une méme ligne droite; tandis 
que l'axe du cerveau postérieur est perpendiculaire à cette 
derniére ligne; le cerveau moyen commence à proéminer; 
les cavités nasales sont déjà profondes. Quant à l'épi- 
physe, avec un peu d'attention, on la découvre à l'œil nu 
en avant du cerveau intermédiaire. Elle a l'aspect d'un 
petit bourgeon hyalin; à la loupe de Steinheil grossissant 
*cinq fois, il est possible de constater le sillon qui sépare 
les deux parties de l'organe que nous étudions. Cette sépa- 
ration n'est pas aussi simple que pourrait le faire penser 
un premier examen des figures 7 et 8. Nous verrons par 
Ja suite que les choses se passent de la méme facon chez 
Lacerta muralis (fig. 26). 

Tandis que le cristallin se ipeo nettement par la 
scission à la partie supérieure de l'extrémité distale, il 
reste, dans l'angle formé entre la face antérieure de la 
partie proximale et la voüte du cerveau intermédiaire, un 
amas de grosses cellules provenant de l'épiphyse et qui 
marquent encore la trace de l'union des deux parties de cet 
. organe. 

La figure T montre une dizaine de ces cellules en con- 
tact avec l'œil pinéal qui, à ee moment, a la forme d'une 
coupe. Ces cellules adhérent à la partie inférieure de la- 
coupe par de fins prolongements; ces derniers pénètrent 
dans les cellules formant le fond de la coupe. Dans la 
figure 5, à la base de l'œil pinéal, on découvre encore 
nettement les cellules qui nous occupent; leur réunion à 
l'aspect d'un court pédicule; enfin, sur des coupes. voisines 

de celles que nous avons photographiées, ces cellules repo- 
-sent sur la voüte méme du cerveau intermédiaire. 


( 823 ) 

En suivant les amas de cellules au stade figuré en 1, 5, 
6, 7 et 8, toutes photographies prises sur le méme em- 
bryon, on voit que ces cellules, d'une part, sont en rela- 
tion avec la base de l'œil (fig. 1) et, d'autre part, avec 
lépiphyse proximale méme. Le cordon cellulaire ainsi 
formé est analogue aux pédicules primitifs des yeux ordi- 
naires; toutefois, remarquons que ce cordon n'est pas 
creux ; il conduira cependant les cylindres-axes qni consti- 
tueront plus tard le nerf optique. 

L'examen des figures 7 et 8 nous montre : 1? que le 
cristallin est formé d'un plateau biconvexe en forme de 
lentille; 2 que ce cristallin est en continuation directe 
avec le reste de la paroi de l'œil; 3° qu'il est formé de deux 
rangées de cellules fusiformes portant des cils vibratiles 
vers la cavité interne; 4° que le reste dela paroi de la cavité 
distale est formé de trois couches de cellules à gros noyaux; 
a) des cellules à la périphérie sont globuleuses et délimitent 
l'œil pinéal sauf à la partie inférieure, là où vient aboutir le 
cordon cellulaire: dont il a été question plus haut; b) une 
couche de cellules moins volumineuses placées sur deux 
rangées; c) sur cette derniére couche repose une assise 
de cellules tournées vers la cavité; elles ont la forme de 
bâtonnets trés bien délimités et dont les noyaux se trouyent 
vers lg base; ces bàtonnets sont ciliés vers la cavité ocu- 
laire; 5° que la partie proximale de l'épiphyse forme une 
cavité dont la paroi est formée de plusieurs couches de 
cellules fusiformes et ciliées. Cette cavité See E 
avec le troisiéme ventricule. 

A ce stade, l'œil pinéal ainsi que la partie proximale de 
l'épiphyse se trouvent logés dans le mésoblaste. Js sont 
environnés de toutes parts par des cellules sembryonnaire 
n'ayant subi aucune différeneiation. Une seule rangée de 


* 


( 824 ) 
cellules mésoblastiques séparent de l'épiblaste la surface 
supérieure du cristallin; un vaisseau sanguin arrivant pos- 
térieurement se dirige vers le plexus choroide S. 

La partie proximale de l'épiphyse se trouve rattachée à 
la voüte du cerveau en avant de la commissure postérieure, 
qui est déjà trés apparente. 

Les figures 1, 5, 6 et 11 nous montrent que la voûte du 
cerveau intermédiaire est trés mince en avant de l'oeil 
pinéal jusqu'au plexus choroïde S; nne seule couche de 
cellules peu élevées en forme la paroi. 

Quant à la cavité S, fig. 5 et 6, résultant de la formation 
du plexus choroide, elle s'est considérablement accrue; elle 
se dirige en arrière vers l'épiphyse, elle pousse latérale- 
ment dans le mésoblaste des tubes parfaitement limités 
(la figure 6 montre la section de l'un de ces tubes). La 
paroi de l'ensemble de cette eavité est formée d'une seule 
couche de cellules. Entre la voüte du cerveau moyen et la 
paroi de la nouvelle cavité s'insinue un vaisseau sanguin. 

A partir du stade que nous venons de décrire, la voüte 
trés mince du thalamencéphale va diminuer en longueur 
par le rapprochement des hémisphéres cérébraux et du 
cerveau moyen. La cavité creusée pendant la formation 
du plexus choroide atteindra la portion proximale de l'épi- 
physe (fig. 11 et 19), tandis que cette cavité communiquera 
encore avec le troisième ventricule. Pour se faire une idée 
des modifications de la voüte du thalamencéphale, il suffit 
de comparer les figures 11 et 12. On constate par cette 
comparaisen que la paroi de cette voüte cesse mainte- 
nant de délimiter extérieurement le troisième ventricule 
(fig. 11). 

Les transformations que vont subir maintenant les deux 
portions de l'épiphyse s'accompliront trés rapidement ; SUT 


( 825 ) 

les embryons, on découvrira à l'eeil nu la tache pigmentaire 
signalée autrefois par Leydig. Sur des embryons plus ágés, 
ou la découvrira facilement au milieu de la plaque, telle 
que de Graaf l'a figurée chez l'adulte. 

L'œil pinéal, qui avait dans notre dernière description 
l'aspeet d'une coupe, va maintenant en s'aplatissant, et 
il prend en s'allongeant la forme d'un ovoide. Le cristallin 
est formé de plusieurs couches de cellules en continuation 
avec les éléments de la rétine. 

De Graaf, chez l'adulte, avait d'abord décrit et figuré le 
cristallin comme séparé des éléments rétiniens ; Spencer 
a reconnu que cette disposition n'existait pas et que de 
Graaf s'était trompé; quant à ce point, nos observations 
sur un nombre considérable d'embryons confirment que 
l'auteur anglais a exactement reconnu les rapports du 
eristallin et de la rétine. Nos photographies tranchent la 
question d'une facon absolue. 

Entre les éléments du cordon cellulaire (fig. 5, 6, 7 et 8) 
Sinsinuent des fibrilles nerveuses qui prennent leur ori- 
gine à la face inférieure du pédicule proximal; elles 
naissent des cellules constituant la paroi de ce dernier 
organe, qui fait toujours partie du cerveau intermédiaire, 
et par conséquent doit étre considéré comme partie inté- 
grante des centres nerveux. 

Il nous a été possible de constater que, dans le début, 
les cylindres-axes, nombreux vers la base du pédicule, 
S'avancent vers l'oeil pinéal; ils arrivent bientôt en contact 
avec l'oeil lui-même, ils y pénètrent par la face inférieure 
là où le cordon cellulaire vient aboutir. 

Dans l'oeil, les cvlindres-axes s'irradient dans les éléments 
rétiniens, La photographie 11bis nous montre quelques-uns 
de ces cylindres-axes; il en est que l'on voit s'étendre de 


* 


( 826 ) 

Pœil à l'épiphyse proximale. Nos préparations montrent 
que quelques-unes des cellules du cordon réunissant les 
deux parties de l'épiphyse fournissent des prolongements 
fibrillaires; nous pensons que ces cellules peuvent consti- 
tuer des cylindres-axes. Le uerf est fort bien limité 
(fig. 16, n). Les cellules du mésoblaste qui environnaient 
l'eeil se sont différenciées, elles se sont aplaties et elles 
entourent de toute part l'organe formant une enveloppe 
piale. La membrane formée ainsi se continue directement 
autour du nerf auquel elle forme une véritable gaine. Le 
nerf est d'autre part en contact avec la face inférieure de la 
partie proximale de l'épiphyse. Quant au reste de la rétine, 
il se trouve formé : 4° de deux rangées de cellules qui 
viennent reposer à certains endroits sur une couche de 
fibrilles provenant du nerf; 9» d'une couche constituée 
de bàtonnets ciliés tapissant l'intérieur de l'ceil. 

La couche fibrillaire occupe, comme nous venons de le 
dire, le fond de l’œil; latéralement (voir fig. 16) on peut 
voir une premiére trace de la zone moléculaire future 
entre la couche de cellules externes et internes. 

La cavité résultant de la formation du plexus choroide 
s’est ranifiée dans le mésoblaste en s'incurvant; elle à 
atteint maintenant le voisinage de la partie proximale de 
Teoipet 

Les figures 11 et 11 bis montrent le nerf. 

La figure 11 bis montre des fibrilles nerveuses s'éten- 
dant de l'épiphyse proximale à la base de l'oeil, où elles 
vont se perdre dans la rétine. 

La figure 19 représente une coupe d'un embryon plus. 
âgé, sur lequel on aperçoit une traînée de cellules consti- 
tuant la gaine des nerfs. 

La coupe n'a atteint que latéralement le nerf mais il est 


( 827 ) 

possible de voir qu'à la base de l'œil des fibriiles du nerf y 
pénétrent; vers l'épiphyse, c'est avec la face inférieure de 
la tige que le contact a lieu. 

La figure 12 montre encore les rapports de l'extrémité 
inférieure de l'épiphyse avec les couches optiques. Elle 
indique ce que devient le plexus choroide S; on voit que 
la cavité du troisième ventricule b, qui était relativement 
grande, est actuellement très réduite. 

Sur des embryons plus âgés, le nerf optique a disparu; 
les cellules et les fibres qui le formaient se sont dispersées 
et sont perdues sans ordre dans la partie comprise entre 
le revément commun de l'oeil et l'extrémité de l'épiphyse 
par la pie-inére; la figure 15 nous montre en effet que 
l'eil est enveloppé d'une membrane piale commune éga- 
lement à l'extrémité libre de l'épiphyse. 

Dans le stade représenté par la figure 15, les organes 
qui nous occupent ont atteint, à peu de chose prés, le 
développement qu'ils auraient sur l'adulte; l'embryon à 
alors 5 centimétres de long, l'axe de la téte se trouve 
maintenant dans la direction de l'axe du corps, tandis que 
dans les figures 14 et 19, l'axe de la tête se trouvait encore 
perpendiculaire à l'axe du corps. 

En examinant la figure 15, on voit que la portion proxi- 
male de l'épiphyse a subi un allongement considérable; 
une flexion s'y est produite; dans l'angle de cette flexion 
est venu se loger le plexus choroide du troisième ventri-. 
cule. C'est pendant que s'allonge la tige épiphysaire en 
méme temps qu'elle se plie, que le nerf disparaît; il se 
rompt d'abord, et ses éléments diparaissent, confondus 
avec les cellules du mésoblaste; des coupes nous font 
penser qu'il en est ainsi. Remarquons encore que trés 
souvent, entre la partie proximale et la. partie distale de 


* 


( 828 ^ 

l'épiphyse, nous avons trouvé des amas de cellules 
pigmentées. La dégénérescence pigmentée intervient- 
elle dans la disparition du nerf? Nous sommes tenté 
de le croire, sans que nous puissions l'assurer d'une 
maniére absolue. Pour se rendre un compte exact des 
phénoménes qui se produisent relativement aux dimen- 
sions et à la direction de la partie proximale de l'épiphyse, 
il suffit d'examiner les photographies. 

Chez le lézard, ces phénomènes d'allongement et de 
flexion sont moins accentués; en comparant la figure 25, 
représentant une coupe longitudinale d'un embryon de 
lézard au stade correspondant à celui qui est représenté 
figure 12 pour l'orvet, on voit que l'épiphyse proximale est 
perpendiculaire à la direction de l'œil pinéal. 

Il sera aisé de comprendre comment il se fait que chez 
le lézard, le nerf persiste même chez l'adulte, comme 
Spencer l’a prouvé. 

Les figures 11, 12, 13 montrent que l'œil produit 
une dépression sur la tête. On voit sur la figure 18 
qu'au-dessus de l'oeil se trouve, en allant du dehors en 
dedans : 1° la couche cornée de l'épiderme et le corps 
muqueux de Malpighi; 2° le derme qui vient ensuite est 
formé de fibres transversales minces, puis de fibres longi- 
tudinales serrées les unes contre les autres; elles forment 
au-dessus de l'œil un épaississement plus considérable 
que partout ailleurs; la photographie 48 montre nette- 
ment cet épaississement. Le resie du mésoblaste vient 
ensuite. Il s'y est produit un commencement de différen- 
ciation contre le cristallin; cette différenciation, qu’on 
remarque également tout autour de l'œil, représente la 
capsule piale de cet organe. Remarquons encore, pour que 
le lecteur puisse se faire une idée exacte des choses au 


( 029] 

point de vue topographique, que les figures 15 et 18 pro- 
viennent du méme embryon, sur lequel: nous sommes 
parvenu à dissoudre le pigment des bàtonnets à l'aide de 
réaelifs. 

Il nous est ainsi facile de constater que le pigment noir 
est Contenu dans les bàtonnets, à l'extrémité de ceux-ci; 
nous voyons encore que les bàtonnets sont ciliés. La cavité 
de l'oeil est occupée par une substance qui s'est eoagulée 
par les réactifs. 

Sur des coupes transversales de œil, nous avons décou- 
vert que la pigmentation formait un réseau à mailles poly- 
gonales, et il nous a été possible de constater que le pig- 
ment est accolé à la paroi des bâtonnets (peut-être méme 
entre les parois des bàtonnets); de là, l'aspect réticulé obtenu 
sur les coupes. Il se peut que par la suite le pigment enva- 
hisse toute l'extrémité des bàtonnets, ce qui parait exister 
d'ailleurs chez l Hatteria (voir Spencer). 

De Graaf croyait d'abord que l'extrémité des bàtonnets 
dirigés vers la cavité était tout à fait claire; Spencer a 
reconnu que cette région claire el réfringente n'existe 
Pas; nos observations sur des embryons dont le pigment 
a été enlevé sans nuire à la conservation des tissus 
(tig. 18) nous permettent d'affirmer que c'est l'opinion de 
Spencer qui doit prévaloir. : 

Sur les figures 18 et 19, nous voyons que les bàtonnets 
reposent sur une couche de deux rangées de cellules à 
gros noyaux. Sur la figure 19, on peut s'assurer que ces 
bâtonnets sont munis inférieurement de filaments qui tra- 
versent la couche de cellules sous-jacentes et vont méme 
se perdre dans la couche moléculaire; ces filaments eux- 
mémes sont envahis par du pigment, c'est ce qui permet 
de suivre leur trajet; sur les préparations, il est facile de 


D Be ot E E re 


( 830 ) 
voir que ces filaments parviennent jusqu'à la couche de 
cellules externes. z 

Ensuite vient une assise, très mince, d'une substance 
granuleuse qui ne se colore pas par les réactifs. Sur la 
photographie, elle simule une zone claire séparant nette- 
ment la couche interne de la couche externe. Enfin, on 
rencontre une dernière couche formée de grosses cel- 
lules à gros noyaux; nous avons déjà dit que des prolon- 
gements filiformes, souvent pigmentés, partent de cette 
couche, traversant les autres parties de la rétine et se 
terminant à la partie inférieure des bâtonnets. La couche 
qui nous occupe est fort bien différenciée de la couche 
granuleuse; elle s'est accusée d'une facon précise à partir 
du moment où le nerf s'est constitué (1). 

Par l'examen des figures 17 et 18, il est facile aussi de 


s'assurer que de Graaf s'est trompé en décrivant et en 


représentant le cristallin comme un organe séparé de la 
rétine. 


Spencer a reconnu que la rétine et le cristallin étaient | 
en continuation non interrompue; nos observations mon- - 


ara EE. à 


(4) De Graaf et Spencer ont comparé l'œil pinéal des reptiles aux 


yeux de Céphalopodes et des Ptéropodes. Nous pensons que la 


ressemblance entre cet œil et ceux des planaires est aussi trés grande., 


C'est ainsi que d’après Lang (Fauna und Flora des Golfes von Neapel, 


XI Monographie 4884) chez Pseudoceros la rétine est formée d'une 


couche de cellules volumineuses où viennent aboutir les fibrilles du l 


nerf optique; ces cellules portent des bâtonnets. D'après ed 
recherches, chez Leptoplana tremellaris il existerait méme, entre ^? — 


celles données par Spencer et de Graaf, on sera convaincu 
ressemblance de structure dont nous parlons actuellement. 


E. 
P. 
$ 


couche de cellules et les bâtonnets, une couche moléculaire ; 
mince ne se colorant pas. En comparant les figures 12 et 15, 


22, de la belle Monographie de Lang à nos figures 17 et 18 nr de 


E ALE NIMEN OUNT PNE TEE NIAE EEEE E Sd AGF 


( 851 ) 
trent, en effet, qu'il n'existe aucune solution de continuité 
entre les deux organes que nous décrivons en ce moment, 
Le cristallin forme une lentille biconvexe composée de 
cellules allongées ; à l'extrémité tournée vers la cavité ocu- 
laire ces cellules sont ciliées (fig. 18). I arrive très sou- 
vent, qu'au centre, les cellules du cristallin Sont envahies 
par du pigment. 

L'œil pinéal apparait maintenant comme une tache noire 
sur la téte de l'embryon. 

Par les figures 15, 14 et 15, nous pouvons fixer la posi- 
tion de l’œil par rapport aux autres organes. La figure 15 
nous représente la section transverse de la téte d'un em- 
bryon àgé; cette coupe passe par l'oeil lui-méme. 

Latéralement et en dessous, nous voyons la section des 
deux hémisphères cérébraux aa; immédiatement sous l'œil 
nous remarquons la section de l'artére pinéale, puis la sec- 
tion du plexus choroidien S, qui ferme supérieurement le 
troisième ventricule. Sur le Thalamus opticus (t. h.) repo- 
sent latéralement les deux hémisphéres. j 

La figure 44 nous montre une section de la tête d'un orvet 
du même stade; la coupe passe par le point où viennent 
aboutir les dernières cellules de la tige proximale de l'épi- 
physe. On voit en avant les deux hémisphères sectionnées ; 
en arrière et dans l’angle formé par ces deux hémisphères, 
on découvre la section du sommet du Thalamus opticus, 
limitant la cavité du troisième ventricule b; on reconnait 
encore le plexus choroïde S avec la Tela choroïdea. 

Nous aurions voulu joindre une photographie d'en- 
semble représentant une section longitudinale d'une tête 
d'embryon passant également par l'œil pinéal, mais il n'est 
Pas possible que nous multipliions les figures déjà nom- 
breuses. Les photographies 11, 12 : 15 tiendront lieu de 
cette coupe longitudinale. 


( 852 ) 

L'œil pinéal ainsi formé est semblable, à peu de chose 
prés, à ce qui a été décrit par de Graaf et Spencer. Si l'on 
se rappelle ce que nous avons dit antérieurement dans la 
partie historique, nous voyons que l'œil pinéal a de 
grandes ressemblances avec celui de l'Hatteria. 

Occupons-nous maintenant de la structure de la partie 
proximale de l'épiphyse, du plexus choroide et des cavités 
qu'il limite. Nous savons déjà comment ee plexus se forme, 
nous avons vu comment ces cavilés arrivent à atteindre le 
voisinage de l'œil pinéal et de la partie proximale épiphy- 
saire. Nous savons aussi que, sur la ligne médiane, la voüte 
primitive du thalamencéphale est remplacée par une voüte 
de formation secondaire; tous ces détails de formation se 
découvrent facilement si l'on compare les figures 5, 6, 11, 
12 et 13. 

Quant à l'extrémité libre de l'épiphyse proximale, la 

figure 15 nous la montre formée de deux parties; la partie 
antérieure est composée d'un tube allongé, cylindrique, 
se dirigeant parallélement à la surface de l'épiderme; la 
partie inférieure se dirige vers le bas, elle a la forme d'un 
cône dont l'extrémité repose sur la commissure pos- 
térieure. Nous savons comment cet état de choses s'est pro- 
duit; nous croyons inutile de parler encore des phases par 
lesquelles passe la tige épiphysaire : l'examen des ligures 
11, 12 et 15 remettra rapidement en mémoire les trans- 
formations successives dont il a été question antérieu- 
rement, : 
- Remarquons toutefois qu'il y a eu un moment oü la 
direction de celle tige était presque perpendiculaire au 
grand axe de l'œil pinéal; cette disposition existe à un* 
degré plus marqué chez le lézard (voir fig. 25 24 et 26) 

De Graaf a décrit la partie proximale de l'épiphyse 

* s 4 


( 888 ) 

munie de sinuosités. Sur des embryons, jamais cette dis- 
position ne se présente, c’est là une différenciation post- 
embryonnaire. 
Les figures 20, 21, 22 et 25 représentent des coupes 
de l'épiphyse proximale et du plexus choroide du troi- 
siéme ventricule à différents niveaux et parallèles au 
plancher du crâne. Les tubes sont donc sectionnés à peu 
prés perpendiculairement. La cavilé représente la lumière 
du tube épiphysaire; cette cavité diminue à mesure qu'on 
approehe de l'extrémité inférieure. Nous voyons que la 
paroi interne est formée de longues cellules cylindriques 
ciliées, fort analogues aux bâtonnets de la rétine pinéale 
(fig. 25). Sur certains embryons, on rencontre méme du 
pigment noir dans les bàtonnets. 
Ces bâtonnets reposent sur une couche externe formée 
de deux rangées de cellules. Sur la partie en contact avec 
le plexus, les cellules sont souvent plus nombreuses (fig. 95). 
Quant au plexus choroidien, nous le voyons formé de 
cavités irréguliéres affectant la forme de tubes contournés, 
et dont les parois sont formées d'une seule assise de 
cellales peu élevées; extérieurement, entre ces tubes 
. €horoidiens, se sont glissées des cellules du mésoblaste et. 
des vaisseaux sanguins. Il existe toujours une cavité prin- 
cipale S représentant la première invagination que nous 
avons décrite antérieurement. La figure 22 montre, outre 
la coupe de cette cavité, la section de la voûte du-cerveau 
intermédiaire, à la hauteur de l'endroit où l'épiphyse vient 
€n contact avec les couches optiques. 
Les figures 19, 45, 14, 15 montrent suffisamment les 
dispositions du plexus choroide par rapport aux organes 
voisins, pour que nous puissions nous dispenser dione 
description plus longue. . pe UT 
O"* SÉRIE, TOME XIV. . 56 


( 884 ) 


Comparaison de l'eil pinéal et de l'épiphyse chez l'orvet 
el le lézard des murailles. 


M. le professeur Swaen, de l'Université de Liége, a eu 
l'extrême obligeance de nous céder une série d'embryons 
de lézards sur lesquels nous avons pu étudier le dévelop- 
pement de l'épiphyse. 

Tout ce que nous avons dit de l'épiphyse de l'orvet, tant 
de la portion proximale que de la portion distale, 
s'applique en tout point au lézard jusqu'à la phase repré- 
sentée par la figure 1. A partir de ce stade, le pédicule 
proximal se place tout à fait dans une direction perpendi- 
culaire à l'œil épiphysaire; cette direction, que nous avous 
déjà décrite antérieurement, persiste chez des embryons 
très âgés; chez ces derniers, le nerf optique persiste, contrai- 
rement à ce qui a lieu chez l'orvet. 

Un coup d'oeil sur la figure 7 se rapportant à l'orvet, et 
sur la figure 26 se rapportant au lézard, suffit pour se con- 
vaincre que la structure de l'épiphyse est semblable à ce 
moment chez les embryons de ces deux reptiles à des 
stades eorrespondants. 

Le plexus choroide du troisième ventricule suit égale- 


ment dans son développement le méme processus chez le: ; 


lézard que chez l'orvet. : 
Au stade représenté par les figures 95 et 24, et qui 


correspond à un embryon dont la tête a 4 millimètres de 


long, l'œil pinéal diffère cependant dans sa structure du 
méme organe chez l'orvet. Le cristallin est une lem 

biconvexe formée de cellules fusiformes; la face tournée 
vers l'extérieur est claire et hyaline, le mésoblaste ê 


( 839 ) 

beaucoup moins d'épaisseur que chez Anguis. Le cristallin 
est d'ailleurs en continuation directe avec la rétine. 
Celle-ci est formée: 1° d'une couche de bátonnets dont 
l'extrémité tapisse la cavité oculaire; ces bâtonnets 
commencent à étre envahis par de petites sphérules de 
pigment; 2° puis on distingue une couche de cellules 
internes servant de support aux bàtonnets; 5? une couche 
de cellules sphériques volumineuses à gros noyaux se 
trouve à la périphérie. Les cellules provenant de l'épi- 
physe, et qui s'aecolent d'une part à l'extrémité proximale, 
d'autre part à la couche externe, forment un cordon comme 
chez l'orvet; plus tard des cylindres-axes apparaissent 
également. Quant aux cavités du plexus choroidien du 
troisième ventricule, comme chez l'orvet, elle est tapissée 
d'une seule couche de cellules peu élévées. Ces cavités sont 
formées de tubes s'insinuant dans le mésoblaste et venant 
se loger sous l'œil et dans le voisinage du pédicule proximal 
épiphysaire. Chez l'orvet et chez le lézard, ce sont là des dis- 
positions qui se ressemblent trop pour que nous refassions 
à nouveau nos descriptions. Les photographies prouvent 
suffisamment ce que nous avancons sous ce rapport, et 
elles nous dispensent de rendre plus longue cette note 
Préliminaire. d 

Pour ce qui est du rôle fonctionnel de l'œil pinéal, 
Nous avons fait des expériences qui, sans être absolument 
concluantes, nous permettent de penser qne, chez le lézard 
du moins, l'œil impair est encore capable de percevoir la 
umiére, 

Nous avons disposé six boites de carton (1)en contact par 
leur angle et de facon qu'elles limitent un espace hexa- 


iore e ous PHP Per T CU 


(!) Boites qui avaientcontenu des plaques photographiques 9 x 12. 


( 856 ) 
gonal. Chaque boîte était percée d'une ouverture d'un 
centimètre carré de surface, chacune d'elles communiquant 
ainsi avec l'espace hexagonal. 

Dans l'une de ces boites nous placons une lampe à 
incandescence de 4 volts. 

Un lézard, dont les yeux avaient été cautérisés profon- 
dément par un fer rouge, fut placé dans l'hexagone central; 
ce dernier fut recouvert de son couvercle; en répétant un 
grand nombre de fois l'expérience, huit fois sur dix, aprés 
un quart d'heure, nous avons retrouvé le lézard dans la 
boite où fonctionnait la lampe à incandescence. Dans les 
mêmes conditions, et en opérant avec l'orvet, nous avons 
trouvé l'animal trois fois sur dix dans la boîte éclairée. 
Ces expériences militent en faveur du rôle actuellement 
en partie fonctionnel de l'œil pinéal. 

Comme nous l'avons dit antérieurement, c'est sur les 
conseils et sur les indications de M. Éd. Van Beneden que 
nous avons entrepris l'étude du développement de l'orvet, 
alors que nous fréquentions encore les laboratoires d'ana- 
tomie comparée et d’embryologie de l'Université de Liège. 
Dans le cours des recherches dont nous présentons les 
premiers résultats à l'Académie, notre ancien maitre a 


bien voulu nous honorer de ses conseils éclairés et bien- 


veillants. Qu'il nous soit permis de lui exprimer iei toute 
notre reconnaissance. 

Nòus remercions M. Swaen de l'obligeance qu'il a eue 
en nous confiant une série d'embryons de lézard. Nous 
avons été ainsi à méme de vérifier nos observations sur 
un second reptile. M. Swaen a eu la bonté de nous indiquer 
également quelle était la marche à suivre, au point de vue 
de la technique, pour arriver à de bons résultats sur les 
sujets qu'il nous donnait à étudier. 


-> 


( 837) 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


N. B. Toutes les figures ont été obtenues par la photographie; 
elles représentent des coupes colorées en rouge par le piero-carmin (4). 
Aucune retouche, quelle qu'elle soit, n'a été exécutée à aueun 
cliché. Les plaques employées étaient isochromatiques de la marque 
Attout Tailefer ou d'Obernetter (Perutz) (2). Nous avons nous- 
méme rendu isochromatiques des plaques Nys suivant les procédés 
que nous avons fait connaître à la Société belge de microscopie (5). 
Comme éclairage, nous nous sommes servi simplement de la lampe 
au pétrole (Lampe belge). Toujours le condenseur d'Abbe a été 
employé avec le diaphragme 4 millimètres. 


Puoroërapnie 4. — Embryon d'orvet, coupe antéro-postérieure : 
4. Cerveau antérieur; b, cerveau intermédiaire ou thalamencéphale; 
€, cerveau moyen ; o, œil pinéal; e, tige proximale de l'épiphyse. 

Objectif 5 de Nachet sans oculaire; amplification 20 diamétres. 


PHOTOGRAPHIE 2. — Embryon d'orvet, coupe antéro-postérieure : 
E 4, cerveau antérieur; b, thalamencéphale; c, cerveau moyen; c, pre- 
miére apparition de l'épiphyse à la voüte du thalamencéphale. 

Objectif apochromatique NA — 0,50 de Zeiss, foyer 16 millimétres; 
oculaire projecteur 2; amplification 48 diamètres. 


- Paorograpmie 5. — Embryon d'orvet, coupe antéro-postérieure : 
4, Cerveau antérieur ; b, thalamencéphale; œ, épiphyse s'allongeant 
en avant. 
Objectif NA = 0,50 foyer 16 millimètres de Zeiss; amplification 
5 diamètres. 


Puorocnapnig 4. — Enty on d orret, coupe antéro:postérieure : 
Portion de la voüte du th 
qui s'accomplissent dans la paroi de l'épiphyse c. 

Objectif NA — 0,50 foyer 16 millimétres de Zeiss ; amplification 
48 diamètres. 


ne Le te 


1) Voir Manuel de gens. va re par le Dr P. Franc 
(2) Voir Résumé d’une con xen a microphotographie appliqué à 
l'histologie, Foulan eos pard et Pie as lapi ie, par le Dr P. Fra 

(3) Voir Notes de technique microscopique, par le Dr P. Francotte. — ap edet 
DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE em bna 30 avril 4887. 


( 838 ) 


Pnotograpmies 5 et 6. — Embryon ‘d’orvet; coupe antéro -posté- 
rieure : b, thalamencéphale; o, œil pinéal; e, épiphyse proximale ; 
S, plexus choroïde du troisième ventricule; en 5, on voit encore la 
communication de la cavité de ce plexus avec le troisième ventricule; 
6, montre un tube de ce plexus parfaitement limité dans le méso- 
blaste. En arriére de la tige proximale de l'épiphyse, on voit la 
premiére ébauche de la commissure postérieure. Méme combinaison 
optique et méme grossissement qu'en 4. 


PuorocRAPHiEs 7 et 8. — Embryon d'orvet, coupe antéro-posté- 
rieure: b, thalamencéphale; o, cil pinéal; e, tige proximale de 
l'épiphyse; postérieurement à cette tige, commissure postérieure; 
7 montre la forme du cristallin futur; sous l'œil et entre cet organe 
et la voûte du thalamencéphale, on voit de grosses cellules formant 
le cordon que nous avons décrit; 5 et 6 montraient également un 
certain nombre de cellules de ce cordon. En 8, on remarquera la 
cavité de l'épiphyse proximale, 

Objectif 6 de Nachet, oculaire 2, projecteur de Zeiss; amplification 
250 diamètres. 


Puorocrapnies 9 et 40. — Embryon de poulet, coupe antéro- 
postérieure : a, cerveau antérieur; b, thalamencéphale; c, cerveau 
moyen ; œ, épiphyse à la voûte du thalamencéphale. 

Objectif 3 de Nachet, sans oculaire; amplification 18 diamètres. 
(9, fin du troisième jour ; 10, quatrième jour d'incubation.) 


PuorocraPaie 44. — Embryon d'orvet, coupe antéro-postérieure : 
b, thalamencéphale; o, œil pinéal; e, épiphyse proximale venant 
aboutir à la commissure postérieure; S, plexus choroide. o voit 
sans peine le nerf optique pinéal reliant l'œil à l'épiphyse proximale. 

Objectif NA = 0,30, 46 millimètres de foyer de Zeiss, ocula 
projecteur; amplification 48 diamètres. 

PnorocnapPmiE 14 bis. — Coupe du méme sujet que 11 à un niveau 
inférieur. On voit l'œil entier avec le cristallin et la rétine; raphim 
est un peu détaché; on voit en dessous le derme. À droite - 
représenté l'extrémité de l'épiphyse proximale ; le nerf optique pinéal 
relie cette dernière à l'oeil; dans ce nerf, on distingue Sans pros 
quelques cylindres-axes qui vont se perdre dans la rétine. 


iUe CES ine 


( 889 ) 
: Objectif D de Zeiss; oculaire projecteur corrigé per? cet objectif ; 
grossissement 200 diamètres. 


Pnorograpnie 12. — Comme 11, mais à un stade moins avancé, 


Méme combinaison optique et méme grossissement. 


PuorocnaPuig 13. — Comme 11 et 42, stade plus avancé. Même 
eombinaison optique et méme grossissement, 


Puorocrapuie 14. — Embryon d'orvet, coupe parallèle au plancher 
du cràne: aa, hémisphères cérébraux; b, thalamencéphale avec le 
plexus choroide en avant et la tela choroidea; latéralement les 
couches optiques (thalamus opticus); ce, cerveau moyen. 

Objectif 5 de Nachet, sans oculaire, 18 diamétres. 


Pmorocnaprmig 15. — Embryon d'orvet, coupe transversale et 
perpendiculaire à l'axe du corps : aa, hémisphéres cérébraux recou- 
vrant le thalamencéphale; 5, cavité du troisième ventrieule limitée 
latéralement par les couches optiques (thalamus opticus); vers le 
haut, le thalamencéphale est limité par le plexus choroide S et la tela 
choroïdea. Exactement au-dessus du thalamencéphale, on voit l'œil 
pinéal; vers ce dernier se montre la section de l'artère pinéale. 
Même combinaison optique que pour 44; grossissement 25 diamètres. 


Puorocrapnie 16. — OEil pinéal coupé longitudinalement; infé- 
rieurement et à droite, on voit le nerf optique pinéal pénétrant dans 
l'œil; on y distingue nettement des fibrilles nerveuses ainsi qu'une 
série de noyaux dont le grand axe cst dirigé dans la longueur du 
nerf. On voit que la gaine du nerf se continue avec l'enveloppe piale 
de l’œil. Latéralement dans la rétine apparait la couche moléculaire. 


Puorocnapnig 17. — Comme la précédente; une partie du derme 
est enlevée, les bátonnets sont pigmentés. Même combinaison óc: 
et méme grossissement que 18. 


Puorocrapnig 48. — OEil pinéal coupé longitudinalement. La 
tonnem & wot 93 y 1 £*L 4 FT. A. 


i TUO NS H 

une couche de fibres longitudinales serrées et hyalines s'épaississant 
*t prenant ce dernier aspect au-dessus de l'œil seulement, une couche. 
de cellules du derme; on voit ensuite l'enveloppe piale de l'œil. 


( 840 
Le cristallin et les différentes couches de la rétine se montrent 
fort bien; il n'y a pas de pigment dans les bâtonnets. 
Objectif NA = 0,95, 4 millimètres de foyer de Zeiss; oculaire 2, 
projecteur, grossissement 250 diamètres. 


PuorocrapHIE 49. — Coupe transversale de l'œil pinéal. Nous 
croyons inutile d'analyser cette figure. Même combinaison optique 
et méme grossissement que 17 et 18. 


PnorocnaPeuig 20. — Coupe transverse de la tige proximale de 
l'épiphyse e et du plexus choroide S. - 
Objectif NA = 0,50 et oculaire 4, projecteur de Zeiss, 85 dia- — — 
mètres. 2 
PuorocnaPHig 24. — Comme 20, à un niveau un peu plus bas; E 
e, section de la tige proximale; S, cavité principale du plexus; . 
remarquer l'extension des replis du plexus. T3 


PnorocRAPHiE 22. — Comme 90 et 24, à un niveau plus bas - 
encore; e, cavité réduite de l'épiphyse proximale; s, cavité principale : 
du plexus. : 

Pour 21 et 22, méme combinaison optique et méme gronini 1 
que pour 20. d 


Pnorocnapnie 23. — Embryon de lézard, coupe antéro-postérieure : E 
œil pinéal o, tige proximale e perpendiculaire à la direction de l œil; | 
cavité du 5° ventricule b; plexus choroïde de ce ventricule. L'analyse 
du reste de la figure se fera facilement. 


Paorograpuie 24, — Embryou de lézard; œil pinéal o; tige 
épiphysaire proximale; b, cavité du troisième ventricule ; S, plexus | 
du troisiéme ventrieule. Commissure postérieure. Méme rent 
optique et même grossissement que 11 et 12. : t 

Puorocrapmie 25. — Comme 20, à un niveau supérieur, grossis- z 
sement 210 fois; e, épiphyse proximale; s, peus choroïde. Combi- E 
naison optique comme pour 7 et 8. , 

Puorocnarmte 26. — Embryon de lézard; coupe longitudinal 
l'œil et de la tige proximale à un stade voisin de 7 et 8. Mème 
grossissement et méme eombinaison optique que 7 et 8. 

——— — Hc d — — —— 


él 


( 844 ) 


CLASSE DES LETTRES. 


Séance du 5 décembre 1887. 
M. Bormans, vice-directeur, occupe le fauteuil. 
M. LiacnE, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. P. De Decker, Ch. Faider, R. Cha- 
lon, Th. Juste, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, A. Wagener, 


: P. Willems, G. Rolin-Jaequemyns, Ch. Piot, Ch. Potvin, 


J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gan- 
trelle, Ch. Loomans, G. Tiberghien, L. Roersch, membres; 


. Alph. Rivier, M. Philippson, associés ; et A. Van Weddingen, 


correspondant. 


CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre de l'Agriculture adresse, pour la Biblio- 


théque de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage publié 
Par J. Van Droogenbroeck sous le pseudonyme de Jan 
Ferguut : Makamen en Ghazelen , proeven oosterscher 


Poëzie. — Remerciements. 

La Classe recoit encore à titre d'hommages, les ouvrages 
Suivants pour lesquels il est voté des remerciements aux 
auteurs : 


1° A. Dictionnaire d'étymologie française, d’après les 


ji ( 842 j 
résultats de la science moderne, 3° édition; B. Anhang zu j 
Friedrich Diez? etymologischem Wörterbuch der roma- 
nischen Sprachen, 5. Ausgabe; par A. Scheler; 
2 Un chanoine démocrate, secrétaire du général Van- 
der Mersch; par Ernest Discailles (présenté par M. Le Roy, 
avec une note qui figure ci-aprés); 
3° Traduction annotée de la « Kaushitaki-Upanishad, » 
, traité indien de philosophie; par C. de Harlez (présenté 
par M. Le Roy, avec une note qui figure ci-après); 

4° Des irrigations et des desséchements; par Detroz; 

5° Dietsche Warande, tijdschrift voor kunst en zedege- 
schiedenis, nieuwe reeks, n° 1; par Paul Alberdingk-Thijm 
(présenté par M. Piot, avec une note qui figure ci-après). 


NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 


M. Ernest Discailles, professeur à l'Université de Gand, : 
bien connu par ses études sur le règne de Marie-Thérèse, - 
s'occupe depuis quelque temps des hommes et des choses 
de la Révolution brabanconne. Il reste à glaner plus qu'on 
ne croit dans ce champ; mais le zèle des chercheurs est | 
parfois mis en défaut par la difficulté de recueillir des 
renseignements. Quand on aborde l'histoire d'une eg 
aussi voisine de la nótre, il faut s'attendre à des déco 
venues, tous les documents dont on aurait besoin 
trouvant pas déposés dans les archives publiques. : 
moins, dans le cas présent, par exemple, à 
patience et de clairvoyance, on arrive parfois à 
tables découvertes. C'est ainsi que M. Di 
tirer de l’oubli le chanoine démocrate De Bri 


Battetins, Lt Série Tome AIV, D. 825 


Ó / | 


3 'ancotte | ; - : 
Photogrammes du Dr P. Franco | Phototypie Bruckmann, Munich 


( 843 ) 


d'un égard, mais si peu connu aujourd'hui qu'on cher- 
cherait vainement son nom dans les colonnes de notre 
Biographie nationale. M. Théodore Juste ne le cite qu'en 


belge, parmi ceux des prétres dont les tendances se rappro- 
chaient du vonckisme. 

L'opuscule que j'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la 
part de l'auteur, est moins une biographie de De Broux 
qu'une analyse de sa correspondance. Aumónier et secré- 
taire du vainqueur de Turnhout depuis les premiers temps 
de la Révolution, le chanoine partagea toutes les disgràces 
du général, devénu suspect aux conservatistes. D'abord 
aux arréts chez les capucins de Bruxelles, il fut, de méme 

Que celui-ci, transporté à Anvers par ordre du Congrès 
Souverain des provinces belgiques unies, et, malgré toutes 
ses protestations, il y resta sept mois enfermé dans la 
citadelle, exposé à toutes sortes de mauvais traitements. 
Conduits ensuite à Louvain, ils furent séparés au bout de 
quinze jours. C'est à partir de là que s'engagea entre eux 
un échange de lettres dont l'activité persista jusqu'à la 
mort de Vander Mersch. 

Les missives de De Broux sont absoloment inédites. 
Elles respirent un dévouement sans bornes, un respect 
profond qui n'exclut pas la familiarité, enfin une bonté 
d'âme compatibte avec l'énergie et la franchise dans les 
Conseils. Les Autrichiens étant rentrés, il semble que 
De Broux se préoccupa de la possibilité d’une transaction 
entre le Gouvernement et les vonckistes, « sur les bases 
de la liberté constitutionnelle ». Le comte de Mercy n'était 

pas hostile à cette idée ; on est fondé à croire qu'il cher- 

chait à gagner les chefs du parti démocratique. Mais pour 


du général Vander m personnage intéressant à plus 


passant, dans une note de la page 476 de sa République 


( 844 ) 

aboutir à un résultat, selon De Broux, Vander Mersch, 
alors réfugié à Lille, devait prendre la résolution de repa- 
raitre à Bruxelles. De Broux s'épuise en instances et finit 
par triompher. Vander Mersch se montre un instant, puis 
repart; les lettres relatives à cet incident sont fort 
curieuses. Ce qui suit est relatif au mémoire entrepris par 
Dinne, avec la collaboration du chanoine, pour la réha- 
bilitation du général, qui a été en butte à des calomnies 
de toute sorte. Mais celui-ci décourage son ami par ses 
lenteurs et ses hésitations : le fait est qu'on lui avait pro- 
posé de prendre du service en France, et que statistes et 
démocrates commençaient à tourner les yeux de ce côté. 
Mais le róle du général était bien fini, et la Révolution 
belge avait dit son dernier mot. De Broux vécut daus une 
demi obscurité jusqu'en 1817. 

Il faut savoir gré à M. Descailles d'avoir rendu justice 
à un bon citoyen, à un esprit éclairé et vraiment libéral, 
type de fidélité et patriote sincère, supérieur par l'intel- 
ligence à la plupart des politiques belges de cette malheu- 
reuse époque. Arpa. Le Roy. 


J'ai l'honneur de présenter à la Classe, de la part de 
l’auteur, notre savant confrère Mgr. de Harlez, la traduc- 
tion annotée de la Käushitaki Upanishad, traité indien 
de philosophie, tirant son nom de celui d'un sage dont les 
commentateurs indous ne savent eux-mémes absolument 


~ * rien. Ce document n'en est pas moins important, ne fût-ce 


| qu’à raison de son antiquité légitimement présumée : 
... Weber, qui le cite, fait remarquer, en effet, que pour celui 
qui l'a rédigé, le nord de l'Inde est l'univers. Il se rat- 


e 2 


( 845 ) 

lache d'autre part au Rig-Véda, le plus ancien des livres 
sacrés du brahmanisme, du moins en certaines parties. 
On y constate d'ailleurs la liberté de penser qui distingue 
toutes les compositions du méme genre. Les Upanishads 
sont à proprement parler des lecons de philosophie ajou- 
tées par les Brahmanes aux grands commentaires d'hymnes 
religieux et liturgiques : la spéculation et la théologie s'y 
rencontrent sans se heurter. 

Celle-ci forme le troisième livre d'un bráhmana d'une 
étendue relativement considérable, portant également le 
nom de Kàushitaki. Ce troisième livre comprend quatre 
Chapitres, traitant respectivement du passage de l'âme 
dans le monde des bienheureux, c'est-à-dire arrivant à la 
Connaissance de la divinité, du prána, souffle vital ou 
énergie de l'être universel agissant dans tous les êtres 
partieuliers; de la lutte d'Indra, assimilé à ce souffle, 
contre les éléments; enfin, des enseignements donnés à 
un brahmane instruit par un kshatriya, Ajatacatru, roi 
de Kâci. Le chapitre I présente un singulier mélange 
d'idées philosophiques et d'exposés de pratiques supersti- 
leuses; les trois autres sont de petits traités spéciaux, 
jusqu'à un certain point méthodiques. Le point de vue est 
celui du panthéisme : « Brahma n'est pas le Dieu supréme, 
mais l'étre universel dont tous les étres finis et particu- 
liers ne sont que des ondulations ». La sagesse consiste à 
découvrir « que chacun est identique à Brahma, et n'en 
différe que par des formes illusoires ». Celui qui sait 
Cela est sauvé à jamais et exempt des métempsychoses. 
-Je ne puis iei qu'indiquer l'intérêt de l'ouvrage, plein 
d'idées et de figures ingénieuses, comme tous les monu- 
ments de la littérature.et de la philosophie indiennes. Cet 
Intérêt s'étend à l'appendice, où l'on trouvera, traduit 
Pour là premiére fois, le chapitre IX d'une Upanishad 


( 846 ) 

composée par le sage Vidyáranya, dans le but de faire 
connaitre et de réunir en un corps les doctrines et les 
interprétations éparses dans une multitude de traités. 
L'auteur s'appuie sur Káàushitaki, mais laisse entrevoir 
des tendances éclectiques qui l'empéchent d'aboutir à un 
systéme suivi et laissent le champ libre à la fantaisie. 
Aussi bien, quand on y regarde de prés, on se convainc 
avec Mgr. de Harlez que toute la philosophie indoue est 
une cuvre d'imagination plutót que de réflexion; elle 
n'en a pas moins sa place marquée dans l'évolution de la 
pensée religieuse et de la haute métaphysique. 


ALpH. LE Roy. 


J'ai l'honneur de présenter à la Classe, au nom du 
directeur, la première livraison imprimée en Belgique de 
la Dietsche Warande. Elle inaugure, si je puis m'ex primer 
ainsi, la nouvelle série belge d'une ceuvre internationale. 

Fondée par le frére de son nouveau directeur, M. Pau 
Alberdingk Thijm, professeur à l'Université de Louvain, 
cette revue d'archéologie, d'histoire et de littérature, dont 
la réputation n'est plus à faire, s'imprimait jusqu'à ce 
jour en Hollande. L'impression et la publication du recueil 
auront lieu désormais à Gand, le siège de notre jeune 

émie 


_ boration est réservée à nos archéologues, historiens et 
linguistes flamands. 

= Qu'il me soit permis de voir là une nouvelle preuve du 

développement des lettres néerlandaises dans notre pays, 


ii VUES NE ETTE 


d AES Se c a 


flamande. Une part plus importante de colla- 


. 847 ) 


ÉLECTIONS. 


Il est procédé à l'élection : 

1° de quatorze noms pour le choix du jury chargé de 
juger la première période du concours décennal des sciences 
philosophiques, qui sera close le 31 décembre prochain. — 
Ces noms seront communiqués à M. le Ministre de l'Agri- 
culture, de l'Industrie et des Travaux publics; 

2° des membres de la Commission spéciale des finances 
de la Classe pour l’année 1888: les membres sortants sont 
réélus par acclamation. 


RAPPORTS. 


Sermons de caréme en dialecte wallon; travail présenté 
par M. Pasquet. 


Rapport de M, Aug. Scheler, premier commissaire. 


« Pour deux raisons, le travail sur lequel je viens ici 
émettre mon appréciation était de nature à m'intéresser 
Plus particulièrement. D'une part, il a trait à une branche 
d'étude qui, depuis de longues années, posséde toutes mes 
affections et qui, si dans tous les coins de l'Europe elle se 
développe et prospére étonnamment, ne se manifeste qu'à 

* rares occasions parmi nous. D'autre part, le nom de 
l'auteur s'était récemment présenté à mes yeux au bas d'un 
article de philologie romane intitulé : « Quelques particu- 


( 848 ) 
larités grammaticales du dialecte wallon au XIII* siècle », 
et inséré dans le tome XV de la Romania, de Paris, recueil 
dirigé par deux sommités de la science en question, 
MM. Paul Meyer et Gaston Paris. 

En lisant cet article, je ne me doutais pas que, quelques 
semaines plus tard, ma qualité de membre de l'Académie 
me mettrait en présence d'un autre travail se mouvant sur 
le méme terrain et signé du méme nom, et encore moins 
que ce nom se révélerait comme celui d'un compatriote 
liégeois. 

C'est donc avec empressement que je me suis mis à étu- 
dier le vieux texte wallon communiqué par M. Pasquet et les 
notes dont il l'a accompagné, et je suis heureux de pouvoir 
déclarer que son envoi, aprés un scrupuleux examen, m'a 
paru tout aussi digne d'étre accueilli dans nos publications 
académiques que le travail mentionné plus haut avait — — 
trouvé faveur auprès d'un critique aussi compétent et aussi — — 
sévére que M. Paris. Je n'ai pas la prétention de dire par 
là que les Sermons de caréme jetteront de vives et surtout 
de nouvelles clartés sur la question relative au dialecte 
wallon dans ses rapports avec les dialectes circonvoisins, 
question prise en main dans ces derniers temps par des 
romanistes de premier rang, mais ils fourniront leur 
contingent d'enseignement aux savants engagés dans cette 
matière. M. Pasquet ne possède peut-être pas encore toute 
la force voulue, toute la süreté de jugement pour aborder 
de haute lutte la controverse provoquée par divers points 
se rattachant à son sujet; toujours est-il qu'il se fait 
connaitre comme initié suffisamment dans la science 
romane pour avoir la conscience des devoirs qu'assume 
aujourd'hui tout homme qui se charge d'exhumer un vieux 
texte francais quelconque au profit de la science. 


( 849 ) 
Le fond de sa communication est le texte de quelques 
sermons de caréme en francais wallon, qu'il juge avoir été 
écrits au plus tard dans le premier tiers du XIII" siècle, 
et qu'il a découverts parmi les piéces d'un manuscrit de 
Gand, ayant appartenu jadis à l'abbaye de Saint-Jacques, 
à Liége. 

Ce texte est précédé, outre une courte introduction, 
d'une série de notes philologiques sur des traits relatifs à 
l'orthographe, à la phonétique et à la grammaire qui carac- 
térisent la langue de ces sermons, comparés, d'une part, 
avec celle des textes littéraires wallons récemment mis 
au jour et qui leur sont antérieurs, d'autre part, avec celle 
des chartes qui sont de date postérieure. Il n'entre pas 

dans notre mission de faire ici un examen minutieux du 
travail de M. Pasquet, et d'exposer tout ce qu'il y aurait à 
relever au point de vue de la critique; cependant j'ai cru 
faire chose utile en signalant à l'auteur un certain nombre 
de passages qui, à mon avis, me semblent mériter une 
retouche et où je lui soumets, le plus succinctement pos- 
Sible, ma maniére de voir personnelle. 

Je commence par une série d'observations relatives aux 
Notes philologiques ; mes citations se rapportent ici à la 
Pagination de la copie de M. Pasquet. 

Page 10. Je cherche vainement, dans l'article cité de la 
Zeilschrift für rom. Philologie, l'opinion prêtée à M.Suchier 
à propos des deux formes puisons et puisiens. Il doit y 
avoir erreur. ee 

Page 12. Chuintement de c devant eou i. Note mal rédi- 
86e; elle laisse entendre que, si l'auteur du sermon a dit 
Comenchierent, il wa pas dit comencha, comenchons. 

Page 15. Il fallait noter à côté d'avarize la concurrence 
d'avarisce (146 v.). 


Sme SÉRIE, TOME XIV. 91 


( 850 ) 

Page 15. La persistance de a p. e dans celestial, loial est, 

je suppose, réservée aux cas de i + lat. alis. 
` Page 16. Gleve (glaive); la bonne forme glaive se trouve 
deux lignes plus haut. 

Page 17. E (bref) libre — ie est juste, mais les exemples 
sont mal choisis : l'e dans lat. sequere (qu — qv), d'oü 
siere, n'est pas libre, mais entravé, et mides (qui n'est pas 
médius, mais medicus) est issu de miede, qui, quoi que j'en 
aie dit dans mon Gloss. de la Geste de Liége, me parait 
étre la forme wallonne normale. 

Page 21. Vermissiel étant fautif, c'est-à-dire anti-wallon, 
pourrait être un lapsus de copiste; il fallait citer une autre 
exception, plus frappante, celle-là, puisqu'il n'y a pas de 
sifflante en jeu à savoir : bel miracle (150 v.). 

Page 21. Illos — wall. eas n'est pas à sa place ici. 


Page 22. A côté de lit (lectus), à l'appui de e + i — i, 


notre texte offrait aussi perfitement. 

Page 24. Astalet — installé, selon moi, est une modifi- 
cation de estalet, qui a préexisté, et qui repose sur le méme 
principe que anoier, anemi, astoit chascun (à côté de ches- 
cun), à savoir la position de l'i ou e sur la protonique. — 
Aclin n'est pas lat. inclinis, mais acclinis. 

Page 25. Je trouve aussi dans les Dial. Gregore le nom. 
soloz . 

Page 26. I long — o dans promier est, je pense, tout à 
fait exceptionnel et l'effet de la labiale voisine Cp. v. fr. 
provende — prébende. 

Page 26. Sous o il valait la peine de mentionner l'in- 
constance, dans le traitement de cette voyelle, qui régne 


dans notre texte; jy trouve p. latin solus, en tonique sol, 


soul et soule, à l'atone solement, soulement et seulement. 


TM mS 


"etenim LP 


————s————Á——— TE VEHIT: 


(891 ) 
Page 27. Présenter assegurer comme une forme exclu- 
sivement wallonne est inexact. 

Page 51. Dans ensaieuet, n n'est pas intercalaire; ensayer 
appartient à tous les domaines du francais; mieux valait 
citer ici, bien que se trouvant aussi ailleurs, le mot laren- 
chin (152 v.) — latrocinium. 

Page 55. Astoit. Dans cette note, il était opportun de 
remarquer que la forme régulière esteve s'employait aussi 
dans notre texte (je trouve le plur. esteuent, 153 r.), mais 
qu'il était réservé (exclusivement?) au sens de lat. stare. 

Page 55. Je tiens piiue pour une faute d'écriture. 

Page 56. Les parfaits diet, rechiet, restent à mes yeux 
problématiques en tant que wallonismes, tant qu'il n'y a 
pas plus d'exemples à alléguer. En tout cas cette forme est 
isolée et étrangére à la langue des Dialoges Gregore. — 
J'ai relevé comme digne d'attention le parfait prinst (150 v.) 
— Poist (— potuit) est certainement fautif. 

P. 46. Ajoutez aux exemples de l'adjectif encore non 
lléchi au fém. : grief chose, la viez loi. 

P. 46. Pour le pronom possessif sua, ajoutez l'exemple 
à la soi honor (139 r.). 

assons maintenant à ce qui me semble vicieux ou 
digne d'éclaircissement dans le texte même. 

146 r. Maloit est impossible; corrigez soit maleit ou 
maloit. Cp. pl. loin fuoit. 

146 v. Les tresors en (ou eu?) chiel la u ruinins nel 
(l. nes) porat courir ne vermisiaz de dé rore (l. ne verm. 
derore. — Une explication, s. V. p., sur preuechiet. — 
Doist p. doinst (— qu'il donne) est inadmissible. 

147 r. Que la mort iert venue; l. mors. — Uilhés, comme 
Plur. de uelhe (veuille), est-il admissible? peut-être, en 
raison de l'avancement de la tonique. — et se voile]. 


( 852 ) 

147 v. aussi fa|i]tement. — l'ausaut (p. l'assaut) est 
bien peu probable; j'accepterais plutót la forme nasalisée 
l'ansaut. 

148 r. Plusemes — plurimum est-il connu? — prouehet 
(l. prouueket). — Faut-il lire aiue par ajue ou par aive? 
ma question est fondée sur la concurrence de la graphie 
aiwe (150 v). 

148 v. Malgré plusieurs cas de suppression de s devant 
consonne qui se rencontrent dans les Sermons, il m'est 
avis que atenir n'est guére acceptable, d'autant moins que 
nous trouvons astenons 150 v.(1). — departes [de] uos 
liz. — creit, corr. creat, comme je le trouve écrit 155 v. 
(un parfait crei est tout aussi peu présumable qu'un par- 
fait chargi). — ne s'en pue[en]t partir. — manance n'a 
pas de sens, corr. manasce. — pi(i)ue. — laissez subsister 
que aprés chastiement, la répétition est conforme à la 
syntaxe ancienne et méme moderne. — esperir est fautif; 
l. espir. — haime (— haine) est bien suspect. — pst ne 
m'est pas clair, mais certes il ne représente pas poeste. 

149 r. merchable, |. merchiable. 

149 v. l. [en] offrande. — et en travalh est, |. ert. — 
atrait, |. a trait (en deüx mots). — marte p. martre est 
acceptable. — ne nes uuelent; il faut ne les uuelent. — 
corace, |. corage (comme ailleurs). — l'ennemi(s), l'anemi(s). 


(4) Sur cet intéressant sujet, je ne puis m'empécher de signaler à 
M. P. une note pleine d'instruction, insérée par son compatriote lié- 
geois, le professeur M. Wilmotte, dans sa critique du Poéme oral 
(publié l'an dernier par le professeur Cloetta à Erlangen), Romania, 
t. XVI, pp. 118-128. 


( 853 ) 

150 r. ki vous en puist; |. ke ou K'il. — bon[e] merite. 
— siwoi[en]t. — spirit[u]el. — 

150 v. si fer[s] (= firmus) et enclos. — de la gr. dochor ; 
l. et la gr. d. — qui (l. ke) si astoit (ici un mot omis) et li 
(l. si) spirituez et couers [li] sens. — XII corbel; |. corbias. 
— qu'il nos [le] die. — lauez [uos]. 

151 v. les (l. ses) commans acomplir. — La conjonction 
que aprés lizant peut rester. — et uos le(s] devez. — desie- 
rement, |. desieramment ou desieréement. — contre nostre 
mortel anemi(s). | 

132 r. nostre mortel anemi(s). — voil[h]ent. 

152 v. poist ne peut traduire que potuisset (püt). — por 
sauietet, quid ? je comprends et je lis por sa viutet ou viltet 
(= pour l'avilir). 

155 r. bojure, mauvaise graphie p. boiuvre (à lire boivre 
= boisson). — aisit p. aisil (vinaigre) m'est inconnu. — 
eiissit; |. eissit, comme pl. h. (le texte donne aussi essit). — 

155 v. voi(s)ci ton fil. — solés (soleil) étant répété pl. 
loin et correct, peut être conservé, bien qu'il se heurte 
contre la forme voisine del sololh. — retrast p. retraist est 
bien douteux. — giet, participe de gesir, donc p. geüt, 
est-il admissible? jen doute. — à ceu(s) de la cite. — que 
Se nos tort; |. qu'ele n. t. — nos uuelh[e] releuer. ` 

La lecture des Sermons m'a mis en présence de quel- 
ques termes ou formes qui me paraissent dignes d'atten- 
Mon, et pour l'intelligence desquels l'auteur aurait bien 
fait d'éclairer les lecteurs. Ainsi le. mot ruinin (rouille) 
offre pour l'éymologie du mot français rouille un grand 
intérêt, De méme foink au sens de prairie. — Comment 
expliquer delissier (« des tresors que li vermissiel delis- 
sent »)? Serait-ce avoir en delice? — Descolchier « la flor 


( 854 ) 

del foink » (150 v.), au sens de lat. conculcare, est inté- 
ressant. — La valeur de porter dans la phrase « la lois que 
li pueles des juies porteuet » ne l'est pas moins. — Il est 
curieux de voir soler — lat. satullare remonter si haut 
dans la langue; de méme saurer, qui doit représenter 
saporare. — Fer stat (— ferme stat) méritait aussi une 
petite observation. Je termine enfin par deux mots qui ont 
particuliérement eaptivé mon attention. 

Le mot français desir est rendu alternativement par 
desier (qui est primitivement sans aucun doute de 5 syll. 
et — lat. desiderium, v. fr. deseier, desier) el par desir. 
Cette dernière représentation doit-elle être considérée, 
pour la langue des Sermons, comme le subst. verbal de 
desirer, ou peut-elle se rapporter à desier comme mestir à 
mestier? Question délicate. — Le mot juif ne nous apparait 
qu’au pluriel, et sous les formes variées suivantes : 

Au cas sujet: li gyu (155 v.), li felon juyer (152 v.), li 
juier (152 r.), li felon gye (155 v.); au cas oblique : rois 
des guiz (155 r.), as juyers (451 v. et 152 r.), li pueles des 
juies (152 r., 2 fois), as felons juyers (152 v.). Il y a là, 
comme on voit, une difficile question de phonétique et de 
graphie à débrouiller, que nous abandonnons à M. Pasquet. 

La polémique engagée parmi les étymologistes sur l'ori- 
gine et l’âge du subst. soif (voy. mon Append. au Diet. de 
Diez, éd. de 1887, ainsi que mon Dict. d'étym. franc., 
3° éd.) m'oblige à remarquer en dernier lieu que notre 
texte donne à la fois soit et soef. Cette derniére forme est 
insolite et me semble suspecte. » 


( 855 ) 


Rapport de M. Bormans, second commissaire. 


« Je me rallie avec empressement aux conclusions si 
bien justifiées de mon savant confrère. Pour les biblio- 
philes, j'ajouterai que le manuscrit de l'Université de 
Gand d’où M. Pasquet a tiré ses sermons wallons du 
XII”. siècle, figure sous le n° 184 dans le Catalogue des 
livres de la bibliothéque de la célébre abbaye de Saint- 
Jacques, à Liége, dont la vente se fera publiquement au 
plus offrant sur les cloîtres de ladite ex-abbaye, le 
3 mars 1788, catalogue qui fut dressé par Paquot. Nul 
doute qu'on en retrouverait aussi la trace dans les deux 
listes des manuscrits de Saint-Jacques; beaucoup plus 
détaillées que le catalogue imprimé, faites au XVII* siècle, 
el conservées aujourd'hui à notre Bibliothèque royale, 
n 15995 et 15994 ». 


La Classe vote l'impression du travail de M. Pasquet 
dans les Mémoires in-8*. 


( 856 ) 


CLASSE DES BEAUX-ARTS, 


Séance du 1*' décembre 1887. 


M. Arpu. Bazar, doyen d'ancienneté, occupe le fauteuil. 
M. Lure, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Éd. Fétis, le chevalier Léon de Bur - 
bure, Ernest Slingeneyer, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, 
Ad. Pauli, G. Guffens, Jos. Schadde, Th. Radoux, Jos. 
Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, Ch. Verlat, G. De Groot, 
Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchal, 
Th. Vincotte, membres; Max. Rooses et J. Rousseau, cor- 
respondants. 


MM. Fraikin et Robert, respectivement directeur et vice- 
directeur de la Classe, font savoir que leur état de santé 
les empéche de diriger les travaux de la séance. 


CORRESPONDANCE. 


M. le secrétaire perpétuel donne lecture de la lettre sui- 
vante, qu'il a recue de la famille Gallait, sous la date du 
20 novembre dernier : 

« J'ai la douloureuse mission de vous faire part, au 


( 857 ) 
nom de la famille, de la mort de mon beau-père, M. Louis 
Gallait, membre de l’Académie. 

» Celui que nous pleurons a manifesté le désir qu'aucun 
discours ne soit prononcé sur sa tombe. 

Agréez, etc. 
» (Signé) CH. FAIDER-GALLAIT. » 


Une lettre de condoléance sera écrite à la famille du 
défunt 

M. Éd. Fétis se charge d'écrire, pour l’ Annuaire de 
l'Académie, la notice biographique de Louis Gallait. En 
attendant, la Classe décide dé publier l'éloge du défunt, que 
M. Fétis a bien voulu rédiger dans les termes suivants : 

« L'Académie, l'art, le pays, viennent de faire une perte 
immense : Louis Gallait a cessé de vivre. L'altération de 
* santé inspirait, depuis longtemps, des inquiétudes à 
*'$ amis, c’est à-dire à tous ceux qui l'approcbaient, car 
de simples relations conduisaient rapidement, avec lui, 
à des sentiments affectueux ; mais on ne croyait pas, on ne 
voulait pas croire à une fin aussi prochaine. Sa modestie, 
en prescrivant l'absence de tout appareil officiel à ses 
funérailles, n’a pas permis à l'Académie de faire exprimer, 
Par l'organe de son président, la profonde douleur que lui 
cause une perte qu'on peut, cette fois, qualifier d'irrépa- 
rable. Ce suprême hommage n'ayant pu étre rendu au plus 
lllustre de ses membres, la Classe des beaux-arts tout 
entière vient Jui payer le tribut de ses regrets. Ce n'est 
Pas ici le lieu de retracer la brillante carrière du maître 
dont la renommée est européenne. L'accomplissement 
d’une pareille tâche demande un temps et un espace qui 
uous manquent en ce moment; elle sera religieusement 
remplie; mais l'Académie ne peut pas attendre jusque-là 


( 858 


pour rendre hommage à une mémoire gii lui est, qui lui 
sera éternellement chère. 

» Gallait est du petit nombre des artistes dont la car- 
rière a été exempte de vicissitudes. Quelques-uns, accueillis 
d'abord par la faveur publique, sont tombés dans l'oubli 
pour n'avoir pas répondu aux espérances que leurs débuts 
avaient fait naître ; d'autres ont eu des alternatives de bons 
et de mauvais jours, suivant que, bien ou mal inspirés, ils 
produisaient des œuvres de plus ou de moins de valeur. 
Gallait n'eut pas de telles épreuves à subir. Les premiers 
tableaux qu'il exposa à Paris, oü il s'était temporairement 
établi, fixérent sur lui l'attention du monde artiste, et il eut 
l'honneur de voir l'un d'eux acquis par le Gouvernement 
francais pour le Musée du Luxembourg, honneur bientót 
suivi de la commande de plusieurs toiles importantes pour 
les galeries de Versailles. 

» La fortune, qui avait souri à ses premières tentatives, 
lui resta tidéle jusqu'à la fin de sa longue et laborieuse vie 
artistique. La fortune, comme nous l'entendons ici, ce n'est 
pas un capricieux effet du hasard, c'est la continuité de 
celle force mystérieuse qu'on appelle le génie et que les 
artistes d'une trempe vigoureuse portent en eux-mêmes. 
A l’âge où l'heure du repos a sonné pour la plupart des 
hommes, Gallait eut le courage d'entreprendre l'exécution 
d’une œuvre colossale, sa vaste composition de la Peste de 
Tournai, et il eut le bonheur de l'accomplir magistrale- 
ment. ll aura eu cette chance heureuse de ne pas avoir à 
waverser la période de décadence par laquelle se termine 
communément la carriére des artistes auxquels la nature 
accorde de longs jours. Ses œuvres sont partout en Europe, 
disons mieux, dans les deux mondes, et l'on peut affirmer 


( 859 ) 

qu 'il a plus fait pour la gloire de l'École belge qu'aucun 
des peintres de son temps. Chez lui, la haute faculté de la 
conception s'unissait a celle de l'exécution. Ses nombreuses 
et belles productions ont, à un degré supérieur, le mérite 
de l’idée et celui de la forme, qu’on rencontre rarement 
chez le même artiste. 

» Lenom de Gallaita été, il devait être le premier inscrit 
sur la liste des membres de l’Académie, quand fut créée 
la Classe des beaux-arts. Ce n’est pas en ce lieu, ce n’est 
pas à ses collègues, qu'il est nécessaire de rappeler l'élé- 
vation des vues, la justesse des appréciations, la süreté des 
jugements dont il fit preuve toutes les fois qu'une question 
Importante était soumise, en sa présence, aux délibéra- 
lions de l'Académie. Bornons-nous à signaler deux cir- 
Constances où, par sa judicieuse et puissante initiative, 
furent prises, tant au sein de l'Académie elle-méme que 
par le Gouvernement, des mesures qui ont fait contracter 
à son égard, par les artistes de la famille belge, une dette 
de reconnaissance au devoir de laquelle ils ne sauraient se 
Soustraire sans une profonde ingratitude. C'est sur sa pro- 
position que fut créée la Caisse centrale des artistes, insti- 
tution de prévoyance qui a rendu et rendra de plus en plus, 
au fur et à mesure que s'aceroitront ses ressources, d'im- 
portants services aux familles de ses membres éprouvés 
par le sort. En second lieu, ce fut à la suite d'un discours 
prononcé par lui, en 4871, à une séance publique de la 
Classe des beaux-arts, dont il était le directeur, discours 
dans lequel il blàma l'absence d'un édifice affecté aux 
expositions triennales, que fut décidée l'érection du Palais 
des Beaux-Arts, un des monuments que la capitale montre 
avec orgueil aux étrangers. 


* 


( 860 ) 

» La perte que l'Académie a faite d'un membre aussi 
éminent nous a causé une profonde et cruelle émotion. 
Notre admiration pour ses œuvres, notre haute estime pour 
son caractère, notre attachement pour sa personne, redou- 
blent en voyant vide aujourd'hui la place où il venait s'as- 
seoir parmi nous et qui, toutes les fois qu'il l'occupait, : 
devenait un centre de sympathique et puissante attraction. 
L'Académie perd en Louis Gallait sa plus grande illustra- 
tion. Payer à ce glorieux maitre un tribut d'amers regrets 
est un devoir qu'elle accomplit pieusement et douloureu- 
sement. » : 


— M, le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publies transmet le premier rapport semestriel de 
M. Guillaume Vander Veken, lauréat du grand concours 
de gravure de 1886. — Renvoi à la section de gravure et 
à M. Hymans. 


— M. Rousseau, correspondant de la Classe, fait hom- 
mage des quatre brochures suivantes : 

1° Monuments et peintures de Pise, le Campo santo; 

2% L’ Espagne monumentale et quelques architectes fla- 
mands ; 

3° Le musée des plátres au Palais des Académies; 

4 Les anciennes portes de Berchem et de Borgerhout, 
à Anvers. — Remerciements. 


( 861 ) 


ÉLECTIONS. 


Par acclamation, la Classe renouvelle à MM. Demannez, 
Fraikin, Pauli, Samuel et Slingeneyer, leur mandat de 
membre de la commission spéciale des finances pour l'année 
1 


RAPPORTS. 


Il est donné lecture de l'appréciation faite par la section 
de sculpture et M. Marchal (rapporteur) du troisième rap- 
Port semestriel de M. Jules Anthone, lauréat du grand 
concours de sculpture de 1885. — Ce document sera com- 
muniqué à M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et 
des Travaux publics. 


— La Classe entend ensuite l'appréciation faite par la 
section de gravure de l'envoi-copie réglementaire de 
M. Lenain, lauréat du grand concours de gravure de 


1881. — Cette appréciation sera communiquée au méme 
Ministre, 


( 862 ) 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Fra Beato Angelico, par J. Rousseau, correspondant de 
l'Académie. 

Le couvent de Saint-Mare, à Florence, a vu vivre 
ensemble, cóte à cóte, deux célébrités, deux génies, de 
caractères bien différents. 

Là travaillait le doux frère Giovanni de Fiesole, ce 
peintre qu'on disait inspiré par les anges et qu'on a béatifié. 
Là préchait Savonarole, le grand apótre républicain, qui 
prétendait réformer du méme coup l'Église et l'État, et 
qui tonnait à la fois contre les Médicis et contre les 
Borgia. 

Aujourd'hui le couvent est changé en musée. Ce n'est 
plus le souvenir de Savonarole qu'on y cherche; il ny 
reste rien de lui que son portrait, peint à fresque par 
son compagnon. C'est celui-ci, l'Angelico, le peintre séra- 
phique, qu'on y vient voir et admirer, car il a laissé ses 
plus belles peintures aux murs de ce cloitre oü s'est passée 
sa vie paisible. 

Ces fresques du bienheureux frére Giovanni sont géné- 
ralement assez bien conservées. Chose naturelle, puisque, 
aprés sa mort, elles sont devenues des reliques. 

Dans le nombre sont quelques-unes de ses ceuvres les 
plus vantées; je cite : 


dod ide Kcu Ne A ali Lad MM I I M 


t 863 ) 


En face de la porte d'entrée du premier cloître, un 
grand Christ erucifié, abaissant un regard de bonté sur le 
patron du couvent, Saint Dominique, qui embrasse la eroix 
de ses deux bras ; 

Au-llessus de l'ancienne entrée de la foresteria (hospice 
des étrangers), le Christ encore, déguisé en pèlerin, et 
reçu par deux bons dominicains qui l’invitent à entrer au 
couvent ; 

Au-dessus de la porte qui conduit à la sacristie, un 
Saint Pierre martyr, sévère, le doigt sur la bouche, invi- 
lant au silence. Sur une autre porte, un Saint Dominique, 
tenant dans la main droite la discipline et, dans la main 
gauche, le livre de la Règle; 
Dans le corridor supérieur, une délicieuse Annonciation, 
avec une de ces Vierges frêles comme des lys et divine- 
ment candides, dont les Madones de Raphaël lui-même 
n'égalent pas l’idéalité ; : 
Signalons encore une Nativité, une Présentation au 
Temple, dont on a eu la singuliére fantaisie de vouloir 
modifier le fond; une trés importante Adoration des Mages; 
Un grand et admirable Calvaire, dans la salle du chapitre; 
un Ecce homo très original : le Christ est assis sur un trône 
‘vec une majesté toute royale, et l'on entrevoit, sous le 
bandeau abaissé sur ses yeux, son regard qui menace ses 
bourreaux et juge ses juges; et, finalement, un charmant 
Couronnement de la Vierge, car de toutes les visions chré- 
tiennes, la Vierge est celle qui a le mieux inspiré le doux 
Péintre-moine. Je ne parle pas d'une foule de petites 
fresques de moindre importance qui tapissent beaucoup 
de cellules, comme si fra Giovanni avait voulu laisser 
Un Souvenir à chacun de ses frères. 


E 


( 864 ) 

Il serait oiseux de décrire toutes ces peintures, si belles 
qu'elles soient. Je renvoie aux pages enthousiastes du 
père Marchese, qui a tout dit. Je ne demande qu'à 
m'arréter un moment à une intéressante question qu'elles 
soulévent : je veux parler du róle de l'idée dans l'art. 

Les croyants sont absolument extasiés. 

— Comme on voit, s'écrient-ils, que l'artiste avait la 
foi! Comme il a le respect des lieux sacrés qu'il veut orner, 
des scénes augustes qu'il représente! Tous ses person- 
nages, anges, moines, prélats, martyrs, sont-ils là pour 
nous offrir SCRIBE. comme dans les toiles D rep un 


de RS e et de costumes? Nullement, ils r ne s'inquiètent 
que de célébrer la gloire de Dieu, aux pieds duquel l'artiste 
lui-méme s'immole. Aussi voyez ! nulle recherche dans les 
attitudes des figures, ni dans la distribution des groupes; 
nul souci des élégances et des pompes ordinaires de la 
peinture ; la simplicité, la modestie, l'absence de toute 
prétention, voilà le premier caractère de cet art con- 
sacré au ciel et humble comme le servage. Les allures et 
les gestes ont cette retenue que les fidèles apportent dans 
les lieux saints. Les habits flottent sur les corps sans les 
dessiner, avec une chasteté monacale. Le nu est rare; il 
craint. d'étre indécent. Les morceaux les plus beaux et 
les plus étudiés sont les tétes, car tout le reste n'est que 
l'épanouissement de cette matière que le chrétien doit 
mépriser. Qne sont eux-mémes ces types oü se concentrent 
la vie et l'effet? De simples portraits, faits aussi naivement 
que possible et rayonnant d'une beauté toute morale par 
le caractère toujours sincère, le sentiment toujours tou- 
chant. Beauté bien supérieure à la beauté paienne des 


( 865 } 

formes et des proportions, car elle n'éblouit pas seulement, 
elle remue, attendrit et gagnerait au bien les cœurs les 
plus rebelles. Cette action morale, voilà le vrai róle de 
l'art dans la société; sinon il n'est qu'un charmeur, un 
amuseur, et l'artiste n'est pas sensiblement au-dessus de 
l'histrion. 


Là-dessus, et à bon droit, les artistes réclament. 

— Que de telles théories, objectent-ils, soient celles d'un 
moine, c'est logique, et sa robe ne lui laisse guère le droit 
de parler, de penser autrement. Mais qu'elles deviennent 
celles des peintres, et demain l'art aura vécu. 

Combien d'éléments de beauté sacriliés, dans Angelico, 
à l’idée que poursuit l'artiste, et par cela seul qu'ils sem- 
blaient inutiles à la cause ! 

La composition d'abord. Fra Angelico, avec son tact 
d'artiste, en comprenait certainement les lois, et il a trouvé 
plus d'un beau groupe, plus d'une harmonieuse combi- 
naison de lignes. Mais il ne les cherchait pas, sa sincé- 
rité de chrétien dédaignait cet art théâtral de la mise en 
scène, cela se voit de reste. Combinées au hasard, à la grâce 
de Dieu, ses compositions sont d’un arrangement parfois 
banal, voire choquant. On trouve de lui à l'Académie de 
Florence, ce beau Musée des primitifs italiens, un Juge- 
Dent dernier divisé exactement en quatre compartiments ; 
dans le haut, à droite et à gauche du Christ, les bienheu- 
reux, tous assis; dans le bas, les âmes jugées; à gauche, 
les élus, à genoux ; à droite les réprouvés et les démons, 
tohu-bohu de contorsions et de grimaces. Les poses sont 
aussi uniformes que les groupes sont symétriques. 

Je ne dis rien des erreurs de la perspective, souvent trés 
naïve. Je ne parle pas des inexpériences de la coloration, 
inhabile à combiner, à échelonner ses valeurs. 

A SÉRIE, TOME XIV. 


( 866 ) 

J'ai parlé des nus. Ils ne sont pas rares seulement chez 
Fra Angelico; ils sont pauvres, maigrement, gauchement 
exécutés. Il n'en use qu'avec répugnance, et lorsque le 
sujet les réclame absolument, comme dans le Baptéme du 
Christ, la Flagellation, etc., et il les coule dans un galbe 
ascétique qui leur óte tout attrait profane. Son austérité 
redoute jusqu'à la nudité des enfants, si innocents dans 
l'indécence même. Il emmaillotte l'enfant Jésus. Il met 
des chemises aux petits innocents, massacrés par les sol- 
dats d'Hérode. 

Quant aux costumes, il va de soi qu'il n'y attache pas 
d'importance : ce sont des voiles quelconques jetés sur la 
matière, rien de plus. Il habillera ses personnages sacrés 
de draperies idéales et flottantes, mais ne croyez pas qu'il 
perde à varier, à étoffer ses plis, un temps dont il doit 
compte à Dieu. Il endossera à d'autres figures les modes 
florentines de son temps; mais il s'inquiétera peu d'en 
faire valoir l'élégance et le pittoresque. 

Par la méme raison, il négligera de méme les fonds de 
ses tableaux, paysages ou architecture; tout cela est 
nul, mesquin, sacrifié. Qu'importe le lieu oü se passe le 
miracle? C'est le miracle qui doit appeler les yeux. 

Qu'importe, pour l'œil d'un chrétien, un raccourci bien 
rendu? Qu'importe la grâce d'un pied ou d'une main? 
Autant de beautés profanes qu'il ne faut point demander à 
Fra Angelico, absorbé dans des réves d'un ordre supé- 
rieur. Il y a des lacunes analogues jusque dans ses tétes, si 
adorablement parlantes. Il exprime à ravir la vertu, qu'il 
pratique; en revanche le vice, qu'il ne connait pas, le 
déroute visiblement; son Judas est le plus bénin des trai- 
tres, ses démons sont grotesques au point de sembler inof- 


( 867 ) 

fensifs, et jusqu'à : je vous hais! tout se dit tendrement 
dans ces évangéliques peintures. 

C'est ainsi que l'horizon de Fra Angelico est borné, 
rétréci en toutes choses par les murailles de son couvent. 
Un petit coin de ee monde qu'il peint lui est à peine 
connu; du fond de sa cellule, il ne contemple avidement, 
il ne voit bien que les profondeurs étoilées de ce ciel 
auquel il aspire. Humble et naif religieux! Pendant qu'il 
traçait ces peintures timides, l'art hardi et capricieux de 
la Renaissance ouvrait ses ailes d'aigle; Donatello seulptait 
son fier S'-Georges, si bien campé sur ses jambes en 
compas; Ghiberti nouait et déliait librement ses groupes 
charmants sur les portes du Baptistère ; Masaccio retrou- 
vait les secrets du style; l'antiquité sortait des entrailles de 
la terre et rendait à l'art ressuscité ses modèles éternels 
de la grâce sans effort, de la grandeur sans emphase. Et l'on 
dirait que Fra Angelico, qui a vécu à côté de ces hommes 
et de ces merveilles, ne les a point connus. Ou plutôt il a 
fermé volontairement les yeux à ces progrès, car le moine, 
chez lui, commande au peintre, et avant de flatter les 
Yeux, il veut édifier les àmes. 

Et pourtant, malgré tout, malgré ses lacunes, Fra Ange- 
lico n'en reste pas moins un maitre exquis, incomparable. 
Cette idée à laquelle il sacrifie tout et qui fait si souvent 
Sa faiblesse, fait aussi sa force. Ce peintre-apôtre, ce 
fervent, ce convaincu, est un des types de l'art sincère et 
Simple, de l'émotion vraie, profonde et pénétrante. Par 
cela méme qu'il cherche dans la peinture un moyen de 
Prédication, et qu'il concentre son talent sur les têtes, 
sièges de la pensée et de l’expression, ses têtes charment 
Presque toujours par l'intimité du sentiment et du carac- 


( 868 ) 

tère. Toute son âme serait montée à la face de ses per- 
sonnages, qu'ils ne seraient pas enflammés d’une charité 
plus vraie, d'une piété plus vive. Ces yeux levés semblent 
voir véritablement le paradis, et l'on comprend que le 
peintre qui sentait si bien ces naives extases, tombât 
lui-méme, en travaillant, dans les catalepsies des vision- 
naires. Bien que l'exécution soit d'une rare minutie, elle 
semble réellement inspirée, tant elle est süre et nette : 
aussi la tradition assure-t-elle que Fra Angelico peignait 
du premier coup et ne retouchait jamais ses tableaux, 
estimant, dit Vasari, que Dieu les voulait tels qu'ils étaient 
venus. | 

Telle est la puissance de l'idée sur l'art. Elle porte en 
quelque sorte l'artiste qui se voue à elle. Par l'effort qu'elle 
fait pour s'exprimer, elle éléve le style, elle accentue les 
caractères, les types, elle met dans les gestes, dans les atti- 
tudes, un maximum de signification. 

Ce n'est pas à dire assurément que l'art n'existe pas par 
lui-méme. Quiconque est sensible à une harmonie; à un 
effet, à la richesse d'une silhouette, à l'éclat d'un ton, au 
rhythme d'un contour, quiconque a entrevu seulement 
les mystères de cette beauté dont l'antiquité, éblouie, 
s'était fait une religion, quiconque a recu cette initiation 
premiére, sait que le beau tout seul est assez merveilleux 
pour étre un but et non un moyen. L'art pur, avec ses lois 
d'équilibre et d'harmonie, constitue déjà un spectacle fait 
pour grandir les âmes capables de le comprendre. Il reflète 
les grands prineipes d'ordre, de justice, d'unité, qui gou- 
vernent le monde créé. 1l résume à lui seul des idées d'un 
ordre supérieur et fonciérement civilisatrices. 

Quelle est l'idée enfermée dans un de ces débris antiques 


FRA NOS ENA 


( 869 ) 

qu'on ne se lasse pas d'admirer? Hier, quand la statue 
était entiére et debout sur son piédestal, dans son temple. 
elle incarnait peut-étre un dogme vénéré, une légende 
héroique, qui commandaient le respect; elle était Jupiter, 
elle s'appelait Thésée ou Achille. Mais voici que les siècles 
et toutes les dévastations du temps et des hommes ont 
passé sur elle; maintenant, la voilà par terre, mutilée, 
sans bras, sans visage, sans nom; ce n'est plus un héros 
ni un dieu, ce n'est qu'un torse. Et ce torse qui ne repré- 
sente plus rien, sinon le triomphe de la forme, ce torse 
restera cependant une des idoles et des modèles éternels 
de la statuaire ! 

Mais qui dira ce que doit sa prestigieuse beauté à l'idée 
qu'il exprimait d'abord? Qui dira ce qu'il y a gagné en 
hauteur de style, en. puissance, en pureté, en affinement 
de la forme? 

Oui, l'art existe par lui-méme; mais il n'existe pas que 
par la forme extérieure et par l'enveloppe : il lui faut une 
âme. || ne vaut méme, disons-le bien haut, que par la 
quantité d'óme mêlée à l’œuvre, je veux dire par l'émo- 
lion ressentie et communiquée. L'œuvre d’où cette émotion 
est absente aura beau réunir toutes les perfections maté- 
rielles : elle ne sera que le dernier mot du métier. L'art 
la renie, 

L'idée élève Part au-dessus de la pure copie des choses : 
aussi est-ce quand l'art remplit une fonction, religieuse ou 
Sociale, et non quand il n’est plus qu'un objet de luxe et de 
fantaisie au service de quelques Mécénes, qu'il produit ses 
plus purs, ses plus fiers chefs-d'œuvre. Phidias, dans 
son Parthénon, Michel-Ange, du fond de sa Sixtine, ne le 
proclament-ils pas assez haut? 


( 870 ) 

Seulement, prenons garde de nous tromper sur le róle 
de l'idée et sur ses moyens d'expression! 

Défions-nous du tableau à thése et de ses rébus 
solennels! L'artiste peut et doit émouvoir, mais il n'est ni 
de son ressort, ni dans ses moyens de plaider et d'en- 
seigner. La ligne ne raisonne pas, la couleur ne prouve 
pas, un aspect n'est pas une démonstration, le pinceau se 
refusera toujours à ces besognes, faites par la plume. 

Défions-nous aussi des idées qui changent les artistes 
en hommes de parti! 

Savonarole aimait les arts; mais, comme les intran- 
sigeants de nos jours, il les aimait à la condition qu'ils 
servissent une idée, la sienne. Pour les épurer, il imagina 
une procession solennelle. Elle symbolisait le triomphe du 
génie chrétien sur le paganisme. Des enfants allaient de 
maison en maison, demandant qu'on leur livrât l'anathéme; 
Cétait le nom qui désignait el flétrissait tout objet d'art 
profane. Un bücher était dressé sur la place publique; on 
y jetait péle-méle des recueils de chansons licencieuses, des 
monceaux de gravures indécentes, les poésies érotiques 
de l'antiquité, les peintures et les sculptures qui repré- 
sentaient autre chose que des objets de sainteté. Jamais 
il ne se vit plus prodigieux autodafé. Ce bücher colossal 
était fait d'une accumulation de chefs-d’œuvre. Des statues 
antiques y brülaient; pour qu'on les regrettàt moins, on 
leur avait donné le nom de quelques prostituées du temps; 
les Vénus, les Minerve, les Diane s'appelaient la bella 
Bina, la bella Bencina, Lena Morella. Les peintures pro- 
fanes de Baccio della Porta et de Lorenzo di Credi brü- 
laient, et c'était la main repentante de leurs auteurs qui 
les livrait aux flammes; la Morgante de Pulci brülait, 


( 871 ) 

. Pétrarque brülait, Boccace brálait : de là l'extréme rareté 
de leurs premières éditions. Pendant ce temps, on disait 
des prières, on chantait des hymnes, on sonnait les 
cloches, car l'idée chrétienne triomphait de ce grand holo- 
causte où périssaient ensemble l'art paien et la littérature 
sceptique de la Renaissance. 

Dieu nous garde de voir relever au nom d'une idée, 
quelle qu'elle soit, le bücher de Savonarole! 

Dieu nous garde de l'art communiste qui déboulonne 
les colonnes triomphales et qui entreprend follement de 
raturer l’histoire ! 

Dieu nous garde de l’art orthodoxe qui voudrait expulser 
de nos églises, comme mondains, les chefs-d'œuvre des 
trois derniers siècles, comme si cette succession d'époques 
et de styles différents dans un monument ne contribuait 
pas à sa grandeur, en rappelant combien de générations 
se sont relayées pour le construire! 

En politique et en religion, Dieu nous garde de l'art 
sectaire! 


— La Classe se constitue en comité secret pour dis- 
cuter les titres des candidats présentés pour les places 
vacantes. 


( 872 ) 


CLASSE DES SCIENCES. 


Séance du 15 décembre 1887. 


M. J. De Tiey, directeur, président de l'Académie. 
M. Liacre, secrétaire perpétuel. 


Sont présents : MM. Fr. Crépin, pice-directeur; J.-S. 
Stas, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Long- 
champs, J. C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, E. Candéze, 
F. Donny, Ch. Montigny, Brialmont, Éd. Van Beneden, 
C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Éd. Mailly, Ch. Van Bam- 
beke, Alf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, 
Louis Henry, M. Mourlon, membres; E. Catalan, Ch. de la 
-Vallée Poussin, associés; A. Renard, correspondant. 


CORRESPONDANCE. 


Par une lettre du Palais, Leurs Majestés le Roi et la 
Reine font exprimer leurs regrets de ne pouvoir assister à 
la séance publique. 

Des regrets semblables sont exprimés de la part de 
Leurs Altesses Royales le Comte et la Comtesse de 
Flandre. 


( 878 ) 

MM. les Ministres de l'Agriculture, de l'Industrie et des 
Travaux publics; des Finances; des Chemins de fer; et de 
la Guerre, remercient pour l'invitation qui leur a été faite. 


— La Classe accepte le dépót, dans les archives de 
l'Académie, d'un. billet cacheté de M. G. Van der Mens- 
brugghe: Sur la pression électrostatique exercée par le 
fluide électrique contre le milieu ambiant. 


— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à 
l'xamen de commissaires : 

1° Étude expérimentale sur l'influence du magnétisme 
et de la température sur la résistance électrique du bismuth 
el de ses alliages avec le plomb et l'étain; par Edmond Van 
Aubel. — Commissaires : MM. Spring et Van der Mens- 
brogghe; 

2 Sur la détermination de la pression du vent en 
grandeur et en direction; par A. Damry. — Commissaires : 
MM. Houzeau et Folie, 


— M. Folie, directeur de l'Observatoire royal de 
Bruxelles, fait hommage du Tome VI de la nouvelle série 
des Annales astronomiques, publié par cet établissement. 

Ce volume renferme le catalogue de 10,792 étoiles 
observées à l'Observatoire royal de Bruxelles, de 1857 à 
1878, et réduites à l'époque 1865,00, entrepris par Ernest 
Quetelet, astronome à l'Observatoire royal. 

M. Hirn, associé à Colmar, envoie un exemplaire de sa 
brochure : Remarques sur un principe de physique d’où 
Part M. Clausius dans sa nouvelle théorie des moteurs à 
 "apeur. — Remerciements. 


HU 


( 874 ) 


RAPPORTS 


Sur un nouveau glucoside azoté retiré du LINUM vsiTA- 
TISSIMUM ; par À. Jorissen et Hairs. 


Rapport de M, Stas, 


« Dans un travail précédent, M. Jorissen a fait connaitre 
le dégagement de l'acide cyanhydrique qui se produit lors- 
qu'on écrase les plantules de lin. Ayant constaté que l'acide 
cyanhydrique ne préexiste pas dans ces plantules ou dans 
les plantes du Linum usitatissimum, et s'associant à 
M. Hairs, il a recherché la substance qui donne naissance 
à cet acide. Aprés avoir reconnu que celle-ci n'est ni 
l'amygdaline, ni la laurocérasine, qui, se dédoublant, four- 
nissent , ainsi qu'on le sait, de l’acide cyanhydrique, 
MM. Jorissen et Hairs ont institué des recherches directes 
pour isoler la matière en question. Ils ont découvert ainsi 
un glucoside nouveau, cristallisable, se dédoublant par 
l'aeide sulfurique dilué en acide cyanhydrique, en glucose, 
et en un troisiéme produit que, jusqu'à présent, ils ne sont 
pas parvenus à définir. Ils continuent leurs investigations, 
mais, afin de pouvoir s'assurer la priorité de leur décou- 
verte, ils adressent une note préliminaire à l'Académie. 

J'ai l'honneur de proposer à la Classe de voter l'impres- 
sion de cette note dans le Bulletin de la séance et d'engager 
les auteurs à se livrer à une étude compléte du glucoside 
qu'ils ont découvert. » 


La Classe a adopté ces conclusi quelles s'est rallié 
M. Alf. Gilkinet, second commissaire. 


( 878 ) 


Recherches sur les causes probables de lexplosion d'un 
récipient, laquelle a dú se faire à 10,000 atmosphères, 
quoique la pression interne ne düt pas théoriquement 
dépasser 60; suivies de nouvelles tables des pressions, 
densités et vitesses de sortie de la vapeur d'eau dans l'at- 
mosphére, en raison de la température, de ![, d'atmo- 
sphère à 524,000 ; par Delaurier. 


Rapport de M, Spring. 


« M. Delaurier a chauffé dans un récipient métallique 
composé de deux parties vissées l'une sur l'autre, du sucre 
en poudre, en vue de s'assurer si, sous la double action de 
l'élévation de la température et de la pression énorme qui 
devait en étre la conséquence, il ne se produirait pas un 
changement moléculaire intéressant, tel que la séparation 
du carbone des éléments de l'eau, soit sous forme de gra- 
Phite, soit sous forme de diamant. 

uand la température eut atteint 245° environ, le réci- 
pient fit explosion. 

M. Delaurier caleule que la pression due à la vaporisa- 
tion des produits de décomposition du sucre n'a pas pu 
dépasser 60 atmosphères, tandis que le récipient avait été 
Construit pour résister à 10,000 atmosphères. 

M. Delaurier admet, pour expliquer cette explosion, que 
* des corps volatils, enfermés hermétiquement dans des 
? Corps solides, acquiérent une température bien supé- 


( 876 ) 
» rieure à celle des vases qui les enferment. » Ce serait 
la pression développée par suite de la dilatation qui serait 
la cause de l'excés de température. 

Cette explication est inadmissible, car elle est contraire 
au principe de physique en vertu duquel la chaleur ne 
peut passer d'un corps froid à un autre plus chaud sans 
dépense de travail. 

En conséquence j'estime que la note de M. Delaurier ne 
présente pas un intérét scientifique suffisant pour étre 
insérée dans le Bulletin de la séance. 

Je dirai la méme chose des tables de pressions, etc., 
calculées par M. Delaurier. 

Ces tables, qui s'étendent jusqu'à 524,000 atmosphéres 
de pression et 12,618? de température, ont été dressées 
dans l'hypothése oü la loi bien connue de Regnault sur les 
tensions de la vapeur d'eau serait encore applicable à ces 
températures excessives, et aussi dans l'hypothése où l'eau 
ne subirait aucun phénoméne de dissociation; ceci est 
contraire au fait. 

Le long travail auquel M. Delaurier s'est livré est donc 
destiné à rester sans emploi, aussi longtemps qu'on ne pos- 
sédera pas le moyen d'empécher l'eau de se dissocier par 
l’action de la chaleur. Dès lors, il est inutile de publier 
aujourd'hui les tableaux de l'auteur. » 


Ces conclusions ont été adoptées par la Classe. 


Bet NITE Ur my 
t Au S 


IE rS UE rdi RES SON prr n 


( 877 ) 


À new philosophy; by John Barker Smith. 
Rapport de M. Howuzeas. 


« La Classe a renvoyé à mon examen une note en anglais 
de M. J. B. Smith, intitulée « Une philosophie nouvelle » 
(A new philosophy). Cette note, qui se réduit à 3 pages, 
est d'une telle concision qu'il n'est pas facile de saisir le 
but de l'auteur. Le principe sur lequel il se fonde me 
parait celui-ci : les sensations ne sont pas uniquement 
personnelles au sujet qui les éprouve directement; elles 
sont susceptibles de se communiquer, bien que d'une 
maniére moins vive, aux voisins de ce sujet. Elles pas- 
Sent, dit l'auteur, à travers les corps opaques (opaque 
media). 

J'ai eru devoir essayer l'expérience prineipale indiquée 
par M. Smith. J'ai prié M. A. Lemonnier, ingénieur, de la 
répéter avec moi. Sans le mettre au courant de ce qu'on 
attendait, je lui ai bandé les yeux et je l'ai fait entrer dans 
une chambre obscure. Aprés avoir attendu le temps néces- 
Saire pour dissiper les images accidentelles qui pouvaient 
Subsister dans l'organe, j'ai enlevé le bandeau, en recom- 
mandant à mon compagnon de conserver les paupiéres 
constamment fermées. J'ai alors, étant prés de lui, fixé 
trés attentivement les regards sur deux petites ouvertures 
brillantes de la chambre obscure. Mon compagnon, qui 
tenait toujours les yeux fermés, n'a rien vu. L'expérience, 
renouvelée avec l'assistance d'un tout jeune homme (ainsi 


( 878 ) 
que l'auteur le conseille), n'a pas donné de meilleur 
résultat. 

Mais si le sujet était introduit dans la chambre obscure 
les yeux ouverts, si, avant de commencer l'expérience, il 
voyait les points brillants qui vont en faire l'objet, il est 
manifeste qu'aprés avoir fermé les yeux et perdu l'image 
accidentelle, le souvenir lui représenterait encore, dans 
bien des cas, la mire brillante. Il pourrait prendre ce sou- 
venir pour une sensation actuelle; mais ce serait une 
erreur. 

Dans les conditions où j'ai essayé l'expérience, je me 
gardais contre une pareille confusion, et le résultat a été 
négatif. Je ne prétends pas en conclure sans réplique que 
l'auteur a été victime d'une illusion ou d'un entrainement, 
mais seulement qu'il y a lieu d'attendre avant d'accepter 
sa philosophie nouvelle. 

J'ai done l'honneur de proposer à la Classe de déposer 
aux archives la note de M. J. B. Smith, et d'en donner 
avis à l'auteur. » — Adopté. 


Sur le rapport de M. F. Crépin, la notice de M. A. 
Cogniaux, Sur les Mélastomacées austro-américaines de 
M. Ed. André, paraitra dans le Bulletin de la séance. 


wt | 
lx EE. 15 


(819 ) 


JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1887). 


Rapport de M. Spring, premier commissaire, 


« La première question du programme de concours 
pour 1887 (section des sciences mathématiques et phy- 
siques), était formulée comme il suit : 


On demande des recherches nouvelles sur l'écoulement 
linéaire des liquides chimiquement définis, par des tubes 
capillaires, en vue de déterminer si l'on peut appliquer 
aux liquides l'hypothèse des molécules, telle que l'étude des 
gaz nous l'a fait connaître. 


Un mémoire a été envoyé en réponse à cette question ; il 
porté pour devise : Numeri regunt mundum. 

Avant de passer à l'examen de ce travail, je crois néces- 
saire de rappeler, en quelques mots, le but que l'Académie 
: eu en vue en provoquant des recherches nouvelles sur 
l'écoulement linéaire des liquides. J'aurai, en effet, 
quelques observations critiques à présenter sur la forme du 
Mémoire soumis au jugement de l'Académie; il me sera 
Plus facile, alors, de les justifier. : 


ER EAU à AT 0 © UNE ter EL: OP Ut 30 NM D CON Ludo PVO ES RAN PMU ue ee 
: i : s Le ME EN our 


L'ensemble des propriétés des gaz, simples ou composés, 
a conduit à admettre que leurs atomes ne sont pas répartis 
uniformément dans l’espace, mais qu'ils sont groupés et 
serrés, plus ou moins nombreux, en masses (molécules) qui, 
elles, sont partagées de manière à réaliser l'homogénéité 
de la matière gazeuse. 

: La raison des groupements se trouve dans les forces 
chimiques dont les atomes sont le siége, de sorte que les 
groupes eux-mémes, ou molécules, sont, pour ainsi dire, 
indépendants les uns des autres. De cette facon, l'idée de 
la discontinuité de la matiére, nécessaire pour l'explication 
des phénomènes physiques les plus constants, est la con- 
séquence, non seulement de la conception des atomes, 
mais encore de celle des molécules. 

La grandeur de ces groupements est aujourd'hui connue 
pour tous les corps gazeux ou gazéifiables. Sa détermina- 
tion a d'ailleurs une importance capitale pour l'étude 
chimique des corps. 

Mais pour les corps liquides ou solides, il n'en est pas 
ainsi, et bien que la connaissance des grandeurs molécu- 
laires pour les corps solides ou liquides ne paraisse pas 
impossible a priori, aucune tentative réelle de mesure n'a 
encore été faite. L'analyse chimique a permis seulement de 
nous renseigner sur le poids relatif de matiére, exprimé 
atomiquement, qni doit avoir la méme composition que le 
tout; mais elle n'a pu nous dire si cette grandeur exprime 
véritablement le groupement atomique dů aux forces 
moléculaires. Ainsi, par exemple, l'analyse démontre seu- 


( 881 ) 

lement pour la cellulose la formule brute C6H!905, tandis 
que les propriétés de cette substance font conclure à un 
polymère (C6H'905)'; mais le coefficient n est encore 
inconnu. ; 
Cependant, avant de faire un essai de détermination des 
grandeurs moléculaires pour les corps solides ou liquides, 
il est logique de s'assurer d'abord si la matière admet, 
dans ces états d'agrégation, une répartition des atomes en 
molécules telles que l'étude des gaz nous les a fait connaitre. 
Celte question. mérite d'autant plus un examen sérieux, 
qu'il s'agit précisément de savoir si la cohésion, caractéris- 
lique des liquides et des solides, ne pourrait étre, jusqu'à 
un certain point, la négation d'un arrangement d'atomes 
par groupes déterminés. 

Dans le cas où ces groupes ne seraient pas fictif, on 
doit s'attendre à trouver, dans l'étude du frottement inté- 
rieur des liquides, une manifestation de leur réalité. On 
conçoit sans peine, en effet, qu'un groupe d'atomes pourra 
se déplacer d'autant plus facilement, toutes autres condi- 
lions restant égales d'ailleurs, que sa complication ato- 
mique sera moins grande et, s'il est possible de tenir 
compte de l'influence de la température seule sur les 
mouvements moléculaires d’un méme liquide, la part du 
frottement intérieur qui reviendra à la grandeur molécu- 
laire devra varier seulement avec la dilatation du groupe 
atomique. 

Ainsi, en résumé, le problème posé par l'Académie con- 
“Iste à résoudre la question de savoir si, dans les liquides, 
les atomes forment des groupements déterminés, caracté- 
"Isiques de chaque corps composé, et, comme moyen de 
“Soudre ce probléme, l'Académie indique l'étude du frot- 
lement intérieur. 

9"* SÉRIE, TOME XIV. 59 


( 882 ) 

Voyons maintenant comment l'auteur du mémoire 
envoyé en réponse à celle question a traité la matière. 

Abstraction faite d'un premier chapitre intitulé : Intro- 
duction, le mémoire comprend trois parties principales : 

1* Une étude sur le frottement intérieur des liquides; 

2^ Une étude sur le coefficient de diffusion ; 

5° Un examen des tensions des vapeurs. 

On le voit déjà, l'auteur ne s'est pas borné aux limites 
dans lesquelles l'Académie a eru devoir renfermer la ques- 
tion, car l'étude de la diffusion et de la tension des 
vapeurs ne figurait pas dans son programme. À mon avis, 
celte extension n'est pas un mal, au contraire; en poursui- 
vant dans d'autres directions la solution du probléme 
proposé, l'auteur a fourni un complément utile à son 
travail. Peut-étre bien a-t-il été amené à agir de la sorte 
parce qu'il s'est assuré, au cours de ses recherches, que, 
dans l'état actuel de la science, l'étude de l'écoulement 
linéaire des liquides n'était pas susceptible d'un dévelop- 
pement suffisant. 

Quoi qu'il en soit, je pense qu'en ma qualité de rappor- 
teur, je dois rendre compte surtout du chapitre qui rentre 
le plus dans la voie indiquée par l'Académie., 

La pensée qui parait avoir guidé l'auteur dans ses 
recherches a été de vérifier si, pour les liquides, le frot- 
temer intérieur varie avec la température et avec la pres- 
sion, dans le méme sens que pour les gaz. Selon le résultat 
obtenu, il pouvait conclure à une similitude ou à une dif- 
férence dans la constitution de la matière dans ces deux 
états d'agrégation. 

L'examen de l'influence de la température sur le frotte- 
ment intérieur des liquides ne comprend pas de recherches 
expérimentales nouvelles. L'auteur a été devancé, depuis 


{ 885 ) 

le jour où l'Académie a fait connaitre le programme du 
concours, par un travail de M. De Heen (1) qui complète 
des observations dues à MM. Pribram et Handl. Force lui 
à été de résumer les travaux de ces physiciens. Il les a 
soumis au calcul et il montre, par une formule simple, 
dont il est superflu de donner ici le développement, com- 
ment l'expérience et la théorie sont d'accord pour recon- 
naitre que, dans les liquides, le coefficient de frottement 
intérieur diminue quand la température augmente. 

Ce résultat montre déjà l'impossibilité de reporter sur 
l'état liquide, sans les modifier profondément, les idées 
généralement recues sur la constitution des gaz. En effet, 
pour ceux-ci, le frottement intérieur augmente avec l'élé- 
vation de la température. Le passage de l'état liquide de 
la matière à l'état gazeux semble ainsi accompagné d'un 
changement de direction complet dans l'une des propriétés 
fondamentales de la matière. 

Cependant, il ne parait pas encore établi à suffisance 
de preuves que, dans les liquides, la diminution de la 
Cohésion provoquée par l'élévation de la température 
n'absorbe pas l'action exereée par l'augmentation du mou- 
vement que l'on nomme chaleur, de sorte que l'on ne peut 
pas conclure nécessairement à une différence de constitu- 
tion de la matière. 

C'est pour répondre à cette objection que l'auteur a 
entrepris de mesurer, cette fois, la vitesse d'écoulement 
des liquides en faisant varier la pression de manière que, 
malgré une élévation de la température, les liquides oceu- 
Passent cependant le méme volume. Ceci présuppose, bien 


SRI RD RE RENE 


(4) Bulletins de Acad. roy. de Belgique, 5° sér., t. VIII, n° 8. 


( 884 


ete quà égalité de one la cohésion demeure la 
méme, dans un méme liquide, malgré les changements de 
la température. Soit dit en passant, ce postulat est loin 
d'étre évident. 

La méthode suivie est ingénieuse. Elle eonsiste à enfer- 
mer dans uu tube capillaire, en verre, le liquide à étudier, 
et à mesurer le temps inis par un petit cylindre de fer 
pour parcourir le tube placé verticalement à la tempéra- 
ture voulue. Il est évident que si le liquide a été empri- 
sonné à basse température, il se trouvera fortement com- 
primé à toute température plus élevée ; mais, à la vérité, 
son volume ne sera pas maintenu complétement constant, 
puisqu'on ne peut empécher le tube fermé qui le contient 
de se dileter. On opérait d'ailleurs toujours par compa- 
raison avec un tube identique mais laissé ouvert à son 
extrémité supérieure. Le coefficient de frottement inté- 
rieur du liquide est proportionnel au temps employé par 
le curseur pour parcourir le tube. 

L'auteur a observé que, pour tous les liquides employés, 
« le coeflicient de frottement intérieur croissait avec la 
pression », mais moins vite qu'il ne diminue par suite de 
l'élévation de la température. Par conséquent, méme si 

„lon tient compte de l'impossibilité de maintenir absolu- 
ment constant le volume du liquide, il demeure établi que 
les lois qui régissent le frottement des gaz ne peuvent 
s'appliquer en aucune facon aux liquides. 

Dans la discussion de ces résultats, l'auteur émet l'opi- 
nion qu'il n'y a aucune continuité de constitution entre 
les gaz et les liquides. Bien plus, chaque pression, ou 
chaque température, engendrerait, pour ainsi dire, un 
liquide répondant à une autre définition physique. 

Pour rendre sa pensée plus tangible, l'auteur Pepe 


( 885 ) 

en disant que les molécules telles qu'on les admet dans 
les gaz (« les molécules gazogénes ») se groupent en 
nombre plus ou moins grand lors du passage de l'état 
gazeux à l'état liquide; mais le coefficient de ce groupe- 
ment n'est pas constant pour chaque liquide, il varie avec 
la pression et avec la température, de maniére méme que, 
dans les régions voisines de la surface, il se ferait déjà un 
travail de simplification préparatoire à la vaporisation. 

Suivre l'auteur dans les développements de sa pensée 
serait dépasser les bornes d'un rapport; mais je ferai 
remarquer qu'elle revient, en résumé, à la négation de 
l’idée de molécule telle que l'étude des gaz nous l'a don- 
née. Bien plus, si des groupes grossissent tandis que 
d'autres diminuent, on doit admettre un échange perpé- 
tuel d'atomes entre les groupements et, de cette facon, 
on revient à une conception que j'ai exposée, il n'y a pas 
longtemps, à l'occasion d'un travail sur la chaleur des 
alliages fusibles (1). Il me sera permis de rappeler le pas- 
Sage suivant : 

« Les échanges d'atomes ne se produisent pas seule- 
» ment à l'état liquide entre des corps différents, mais il 
? Se fait un transport de matière, de molécule à molécule 
? méme à l’état solide. On serait porté à penser qu'entre 
» deux TOS il !y a un va-et-vient perpétuel d'atomes. 
D 


» n me voit méme ique la raison de la tokian. iiis 
les corps solides, doit être cherchée dans ce mouvement. 
La cohésion ne serait qu'un cas particulier de la force 
* Qui unit les atomes : de l'uffinité chimique en un mot. » 
ddr one 


» 
» 
» 


(1) Bulletins de PA cad. roy. de Belgique, 5° sér, t. XI, n° 5, 1886. 


Ld 


( 886 ) 

Je passe maintenant à l'examen sommaire des deux der- 
niéres parties du mémoire. | 

Je lai dit plus haut, l'auteur a tenu à vérifier si la dif- 
férence observée dans la constitution des gaz et des liquides 
se manifestait aussi dans le phénoméne de la diffusion. 

A cel effet, il a placé, dans un liquide donné, grâce à 
un arrangement spécial, dans le détail duquel il est inutile 
d'entrer, une certaine quantité du méme liquide, teiut par 
addition d'une trés faible partie de matiére colorante. Le 
tout pouvait être maintenu à une température constante, 
plus ou moins élevée. La vitesse de diffusion était déter- 
minée en mesurant, par la méthode colorimétrique, la 
quantité de matiére colorante transportée dans la partie 
non teinte, aprés un temps déterminé. 

Soit dit en passant, l'exactitude de cette méthode n’est 
pas tout à fait hors de question. On doit se demander si 
la matiére colorante, qui différe chimiquement du liquide 
qu'elle teint, n'a pas une diffusion propre en état de faus- 
ser le résultat final? 

Quoi qu'il en soit, l'auteur a constaté que, pour un méme 
l:quide, pris à des températures différentes, la valeur du 
coefficient de diffusion est, à peu prés, inversement pro- 
portionnelle au coefficient de frottement intérieur. 

Ce résultat, établi d'ailleurs aussi par le caleul, montre, 
à son tour, la différence que présentent le gaz et les 
liquides. 

Enfin, dans la deruière partie de son mémoire, l'auteur 
montre que la volatilité d'un liquide est en relation simple 
avec le coefficient de frottement intérieur. 

Pour cela, il se sert d'une formule démontrée par 
M. Stefan, formule reliant la quantité de liquide volati- 
lisée o, dans l'unité de temps, à la teusion de vapeur p et 


( 887 ) 
à la pression p, de la vapeur; il introduit le frottement 
intérieur x et arrive à la relation simple: 


1 
log. p — — X const. : 
# 


Faisant usage, ensuile, des mesures de volatilité exécu- 
tées par M. De Heen pour divers liquides, il calcule, pour 
chacun d'eux, la valeur de log. p et de $; il montre lac- 
cord de ces grandeurs. Il conclut ensuite à l'inadmissibi- 
lité de l'hypothése classique qui consiste à attribuer la 
vaporisation des liquides à la force vive de translation des 
molécules et à la nécessité d'admettre un travail préalable 
de division de la matière : en un mot, d'admettre qu'il n'y 
à pas continuité simple entre l'état gazeux et l'état liquide 
de la matiére. 


uh 

Celle courte analyse montre que l'auteur du mémoire a 
répondu, dans une certaine mesure, à la question posée 
par l'Académie. Cependant, il ne m'est pas possible de 
proposer à la Classe de lui décerner le prix. 

Si, à la vérité, dans un concours académique, un auteur 
doit traiter son sujet avec une certaine latitude et dépasser 
les limites de la questiou posée quand les recherches l'exi- 
sent, il est néanmoins entendu que cette liberté ne peut 
Pas aller jusqu'à s'écarter, en quelque sorte, de l'objet lui- 
méme du concours. L'auteur ne parait avoir porté que par 
Occasion ses efforts sur la question posée, car j'ai tenu à 
le dire dés le début de ce rapport, l'étude de l'écoulement 
linéaire des liquides était inoins but que moyen dans le 


( 888 ; 
probléme proposé. En outre, l'exposé des recherches laisse 
beaucoup à désirer. 

Dés les premiéres lignes l'auteur développe ses vues 
théoriques sur la constitution des liquides sans que les 
bases sur lesquelles il s'appuie soient suffisamment éta- 
blies. Ensuite, dans chaque chapitre, les recherches expé- 
rimentales sont présentées comme étant la conséquence 
de ces vues, tandis que, en réalité, celles-ci viennent de 
celles-là. Enfin, l'objet de la question posée par l'Académie 
n'est pas tenu assez en évidence. Il résulte de là que le 
lecteur éprouve une certaine difficulté à suivre l'auteur; 
il ne saisit pas sans effort l'ordre logique des diverses par- 
ties du travail et il peut se demander (cela a été le cas 
pour moi, je dois le reconnaitre) s'il a bien affaire à une 
réponse à la question posée par l'Académie. 

S'il m'est permis d'exprimer mon avis, je dirai que la 
lecture du travail eût été beaucoup plus aisée si l'auteur, 
aprés avoir montré l'état de la question et exposé les 
moyens pratiques d'arriver à une solution, avait réuni, 
sous forme de conclusions, les vues théoriques que son 
travail lui a inspirées. 

En résumé, malgré des mérites incontestables, ce travail 
ne réunit pas les qualités nécessaires pour étre couronné.» 


Rapport de M. Van der Wensbrugghe, deuxième 
commissaire. 

« Le rapport du premier commissaire fait connaitre 
d'une maniére précise le but que l'Académie a eu en vue 
en provoquant de nouvelles recherches sur l'écoulement 
linéaire des liquides; mon savant confrére, M. Spring, 
donne ensuite une analyse compléte du mémoire soumis 


( 889 ) 
au Jugement de la Classe; je pourrai done me borner à 
l'examen de quelques points spéciaux qui ont particu- 
liérement appelé mon attention. 
L'auteur débute par quelques réflexions générales sur 

la théorie cinétique des liquides, sans insister suffisamment 
sur la relation qui existe entre cette théorie et la question 
proposée par l'Académie : il rappelle l'hypothése de notre 
honorable confrère, M. De Heen, consistant à appeler 
molécules gazogéniques, les molécules isolées, douées de 
mouvements rectilignes, et molécules liquidogéniques les 
Systèmes moléculaires produits par la réunion de plusieurs 
moléeules gazogéniques; il admet, entre les molécules des 
deux espéces, une attraction sensible et s'exercant en raison 
inverse d'une puissance déterminée de la distance; seule- 
ment i! ne mentionne pas que les choses se passent comme 
“il existait aussi entre ces molécules une force répulsive; 
est-ce une lacune, ou bien veut-il exclure la force répul- 
sive ? 

S'appuyant toujours sur les recherches de M. De Heen, 
l'auteur regarde comme démontrée la proposition que les 
molécules liquidogéniques doivent étre considérées comme 
se touchant entre elles; mais si elles exercent une attrac- 
lion sur les molécules gazogéniques, le contaet supposé 
ne pourra se faire, semble-t-il, que par l'intermédiaire des 
différentes couches de molécules gazogéniques. 

Enfin, l'auteur déclare que l'étude de la compressibilité 
permet d'établir ee fait naturel que la densité des molé- 
cules liquidogéniques est plus considérable au centre qu'à 
la périphérie; c'est là un point capital qui n'est pas mis en 
lumière; le lecteur ne voit pas oü finissent les molécules 
liquidogéniques et où commencent à paraître les molécules 
8e comportant comme gazogéniques. 


( 890 ) 

ll y a lieu de demander aussi à l'auteur du Mémoire : 
1° pourquoi la quantité de mouvement déduite dans 
l’hypothèse de mo'écules gazogéniques indépendantes, doit 
être remplacée par une autre plus grande, dès que l’on con- 
sidère des molécules comme faisant partie d'une molécule 
liquidogénique; 2° pourquoi la grandeur p». diminue len- 
tement quand la température augmente pour se confondre 
avec la masse m d'une molécule gazogénique à la tempéra- 
Lure critique; 3° quel est le sens de la variable x dans la 
dérivée A ; 4° pourquoi le frottement intérieur est inver- 
sement proportionnel au diamètre D des molécules liqui- 
dogéniques ; 5° comment, si p. et n diminuent, tandis que 
D et T augmentent, on est autorisé à conclure que le 
frottement intérieur n — C X pnDT diminue quand la 
température augmente. 

Je suis porté à croire que l'auteur trouverait sans doute 
aisément la solution de ces diverses questions; mais 
j'estime que cette solution devrait être indiquée dans le 
Mémoire, au lieu d’être abandonnée à l'initiative du 
lecteur. 

Je regrette aussi de ne pouvoir approuver sans réserves 
leS5 du Mémoire, où l'auteur cherche à établir une relation 
entre la volatilité et le coefficient du frottement intérieur 
des liquides. 

Et tout d'abord, l'auteur ne justifie par la relation 
v—— X constante, entre le poids de la substance qui 


s'échappe pendant l'unité de temps de l'unité de surface 
liquide, la vitesse moyenne U des molécules liquidogé- 
niques et le volume V du liquide; comment v change-t-il 
nécessairement avec V? pourquoi la volatilité varie-t-elle 
avec le volume total du liquide, la surface libre restant la 


( 891 ) 
même? Le doute qui règne dans l'esprit du lecteur au 
sujet de la formule précédente augmente encore à propos 
d'une autre qui est déduite de la première, savoir 
v=! x constante, d’après laquelle le poids de la sub- 
stance volatilisée serait en raison inverse du frottement 
intérieur du liquide. Quelques mots d'explication suffiraient 
peut-être pour dissiper ce doute. 

Pour obtenir une expression de v en fonction de la ten- 
sion de la vapeur du liquide et de la pression du gaz où se 
produit là vaporisation, l'auteur invoque une formule due 
à M. Stefan, qui montre comment le degré de volatilité 
dépend de la pression p, de l'enceinte et de la tension p 
de la vapeur du liquide. 

Au lieu de se servir de cette relation sous la forme que 
lui a donnée M. Stefan, l'auteur suppose, sans invoquer 
aucun motif spécial, que p, peut étre négligé à cóté de p; 
mais dès lors, en cherchant à justifier cette supposition, il 
ue fait en réalité que prouver l'inexactitude de la formule 
de M. Stefan. 

D'aprés cela, les conséquences énoncées à la fin du $ 5 
ne permettent pas, à mon avis, de conclure qu'il n'y a pas 
continuité simple entre l'état gazeux et l'état liquide de la 
matière. 

En résumé, si le Mémoire ayant pour devise : « Numeri 
regunt mundum » ne répond pas d'une façon claire et 
logique à la question proposée par l'Académie, il prouve 
du moins, selon moi, qne l'auteur serait en mesure de la 
résoudre d'une manière satisfaisante; pour atteindre ce but, 
il n'aurait qu'à recourir à une méthode plus rigoureuse, à 
ne pas présenter comme des vérités déjà démontrées, des 
Propositions qui doivent découler de ses expériences, et à 
ne formuler ses conclusions qu'aprés avoir fait connaitre 


( 892 ) 
les résultats de ses observations. La rédaction méme de 
son travail exigerait aussi des soins plus scrupuleux. 
En conséquence, j'ai l'honneur de me rallier aux conclu- 
sions du premier commissaire, et de proposer à la Classe 
de maintenir la question au concours, » 


Rapport de M. Stas, troisième commissaire, 


« J'ai examiné avec attention le mémoire de concours 
portant pour devise : Numeri regunt mundum. 

Je suis d'accord avec mes savants confrères MM. Spring 
et Van der Mensbrugghe que ce travail, quoique renfer- 
mant des recherches originales, ne satisfait pas aux con- 
ditions du concours. Je partage donc leur avis qu'il n'y a 
pas lieu de lui décerner la médaille d'or. 

La conformité de la théorie cinétique des gaz avec tous 
les faits observés, étant contestée, je m'abstiens de me 
prononcer sur la convenance et l'opportunité qu'il y a de 
reporter la question au programme du prochain con- 
Cours. » 


Conformément aux conclusions des rapports des com- 
missaires qui ont examiné ce travail, la Classe décide que 
le prix ne sera pas décerné. 


( 895 ) 


Onderzoekingen over de ontwikkelingsgeschiedenis van 
den Egel (ERINACEUS EUROPEUS). 


Rapport de M. Van Bambeke, premier commissaire. 

« Le mémoire soumis à notre examen porte pour épi- 
graphe : TnApo Qu rorut. Il a été envoyé en réponse à la 
question suivante : 


« On demande des recherches sur le développement 
embryonnaire d'un mammifére appartenant à un ordre 
dont l'embryogénie n'a pas ou m'a guére été étudiée 
jusqu'ici. » 


Comme l'indique le titre du mémoire, écrit en langue 
néerlandaise, l'auteur a choisi, pour objet d'étude, le 
Hérisson (ERINACEUS EUROPEUS). Le travail est divisé en 
huit chapitres; dix-neuf belles planches (dessins ct photo- 
graphies) accompagnent le texte. 


Chapitre I** ou préface. — L'auteur cherche à justifier 
Pourquoi il a choisi un représentant de l'ordre des insecti- 
vores, si intéressant au point de vue de la morphologie 
comparée, et il invoque, à l'appui de sa thèse, diverses 
ctations de Parker et de Huxley. Il fait allusion à la diffi- 
culté qu'il y a de se procurer, en quantité suffisante, le 
matériel nécessaire aux recherches. Toutefois, dans l'espace 
de trois étés, il a pu examiner deux cents femelles environ, 
dont plusieurs étaient pleines et à des stades trés divers 


( 894 ) 

de la gestation. En outre, de nombreux individus furent 
tenus en captivité pendant l'hiver, dans le but d'obtenir 
un rapprochement des sexes au printemps ; mais ces ten- 
latives, entourées de toutes les précautions voulues, 
restérent sans résultat. L'auteur regrette vivement cet 
insuccès, sans trancher la question de savoir s'il est dù à 
une influence fâcheuse de la captivité sur les fonctions 
génitales ou à certaines précautions négligées par lui. 
D'autre part, il a été assez heureux de rencontrer, chez 
certaines femelles en gestation, quelques phases primor- 
diales du développement. Aprés avoir signalé combien les 
difficultés que rencontre l'observateur sont moindres quand 
il s’agit de mammifères, comme le Lapin, la Souris, le 
Cochon d'Inde, se reproduisant en captivité, il termine le 
premier chapitre par cette remarque : Lorsque, aprés des 
années, on est parvenu à rassembler une série à peu prés 
compléte d'un matériel embryogénique rare et à confec- 
tionner les préparations se rapportant aux divers stades, 
le terme fatal est arrivé, le temps fait défaut pour étudier 
à fond les objets dont on dispose et en tirer tout le parti 
désirable. Cette remarque est suggérée à notre auteur par 
les conditions oü lui-méme s'est trouvé. Puis il ajoute : 
« J'ose espérer que les nouveaux résultats auxquels j'arri- 
verai peut-étre aprés l'envoi de ce mémoire — et ils sont 
d'autant plus probables que la période de reproduction 
tombe en juillet — pourront y étre intercalés avant son 
apparition. » 

Dans le chapitre IT, l'auteur s'occupe des recherches 
antérieures aux siennes sur le développement des Insecti- 
vores. Aprés avoir cité les travaux de Needham, Rolleston, 
Nasse, Ercolani, sur la placentation du Hérisson, il a épuisé 
'a liste des auteurs qui se sont occupés de l'embryogénie 


( 895 ) 

de cet insectivore. Il rappelle ensuite les recherches de 
Heape sur le développement de la Taupe, auxquelles il 
reviendra d'ailleurs au chapitre consacré à l'organogenése. 


II. Description des stades de développement. — Nous 
savons déjà pour quels motifs les tout premiers stades du 
développement, ceux notamment relatifs à la fécondation 
et à la segmentation de œuf, n’ont pu être observés. Le 
stade le plus jeune, quatre fois rencontré par l'auteur, était 
représenté par une vésicule blastodermique à plusieurs 
couches cellulaires à l'endroit du disque, à une seule 
rangée de cellules aplaties dans le reste de son étendue. 
Dans les quatre cas, la vésicule montrait de nombreux 
replis et occupait une cavité spéciale de la caduque mater- 
nelle, sans contracter d'adhérence avec cette dernière. 
Une particularité propre à ces vésicules blastodermiques 
est la facile séparation, au niveau du disque, des cellules 
écloblastiques d'avee la couche hypoblastique; ce qui 
rappelle une disposition décrite et figurée par Heape. Il est 
à remarquer, enfin, que certaines coupes tangentielles 
pourraient en imposer pour des stades plus précoces, tels 
que ceux de trés jeunes vésicules blastodermiques de ron- 
seurs figurées par Selenka. 

L'interprétation donnée par l'auteur est-elle exacte, en 
d’autres termes a-t-il eu sous les yeux une vraie vésicule 
blastodermique ? Si nous ne nous trompons, ce qu'il décrit 
et figure comme vésicu!e blastodermique, c'est l'hypoblaste 
plus la portion épiblastique de la tache embryonnaire. Il 
rattache à la caduque le reste de l'épiblaste déjà uni, à cette 
époque, à la muqueuse ulérine modifiée. C'est là une 
erreur d'autant. plus regrettable qu'elle met nécessaire- 
ment en question les résultats obtenus au sujet de la for- 
mation des caduques et de la placentation. 


( 896 ) 
L'auteur a pu examiner également quatre exemplaires 
d'un deuxiéme stade de développement; malheureusement, 
trois de ces exemplaires furent en grande partie perdus par 
les manœuvres de préparation, mais le quatrième, laissé en 
place dans la eaduque maternelle, fournit une série de 
coupes en excellent état de conservation. Comme dans le 
précédent stade, la vésicule blastodermique, renfermée 
dans une cavité de la caduque maternelle, est maintenant 
plus étroitement appliquée contre la paroi de cette cavité; 
un espace libre existe seulement au-dessus du disque blasto- 
dermique, à l'endroit où, plus tard, apparaîtra l'amnios. 
Dans ce stade, le disque blastodermique, didermique sur 
la ligne médiane, au point d'apparition de la future lame 
médullaire, se compose, sur les parties latérales, de l'épi- 
blaste, du mésoblaste déjà divisé en deux lames, et de 
l’hypoblaste. Mais comme l'auteur n'a pu examiner des 
embryons en place, ni praliquer ses coupes avec toute la 
rigueur désirable, il a jugé inutile d'insister sur ces parti- 
cularités et de les comparer avec les résultats obtenus chez 
d'autres espèces. Il s'arréte plus longuement, par contre, à 
la partie périphérique du disque, là où elle s'applique contre 
les cellules déciduales. Elle consiste en un amas cellulaire 
à la formation duquel contribuent les cellules mésoblas- 
tiques et hypoblastiques. Cet amas mérite, dés à présent, 
le nom d'aire vasculaire (area vasculosa), avec cette 
réserve, toutefois, que l'apparition des vaisseaux y est plus 
tardive. Viennent ensuite des considérations snr le rôle et 
la signification de ce bourrelet périphérique; indépendam- 
ment de son róle hématopoétique, il contribuerait à la 
nutrition de l'embryon par l'intermédiaire de matériaux 
venus du dehors. 
Mais l'amas cellulaire dont il est ici question repré- 


FPE WE DEUS 
e F4 DI 


( 897 ) 
sente-t-il, en réalité, l'aire vasculaire? Ne correspond-il 
pas plutót à la région du sinus terminal, et l'opinion expri- 
mée par l'auteur, d'aprés laquelle les globules sanguins s'y 
formeraient aux dépens du mésoblaste et de l'hypoblaste, 
ne repose-t-elle pas sur les images que donnent les coupes 
obliques? 


Dans un stade encore plus avancé, dont l'auteur eut 
également quatre exemplaires à sa disposition, nous trou- 
vons plusieurs organes à l'état d'ébauche. Ce stade se dis- 
lingue surtout des précédents par les particularités sui- 
vantes : 
a) L'existence, à l'état d'ébauche, des principaux 
organes ; 
b) La présence, trés évidente, d'un pro-amnios ; 
c) La fermeture encore incomplète, mais prochaine, de 
l'umnios définitif au-dessus de la région dorsale; 
7) L'apparition de la première ébauche de l'allantoide; 
e) Le fonctionnement, comme telle, de l'aire vasculaire. 
Nous ne pouvons entrer ici dans de longs détails au 
Sujet de ces particularités. Signalons quelques points sur- 
tout intéressants. En ce qui concerne la fermeture de la 
gouttière médullaire, l'auteur attire notre attention sur le 
fait suivant : dans la région lombaire, au niveau du sinus 
rhomboidal, la gouttiére, encore ouverte, présente une 

auteur à peu prés double de celle des somites mésoblas- 
liques auxquels elle touche; de là résulte une forte saillie 
de cette gouttière au-dessus de la région dorsale, et une 
inflexion brusque et très prononcée de l'épiblaste. Comme 
cela ressort clairement de l'examen des figures, la corde 
dorsale, encore peu développée, surtout en arrière, est à 
l'état de corde-entoblaste. D'autres figures montrent l'ori- 
gine épiblastique du canal segmentaire. La cavité des 


OM? SÉRIE, TOME XIV. <`- 


( 898 ) 

somites mésoblastiques ne se trouve pas en communica- 
tion avec celle limitée par les lames latérales (cavité coelo- 
mique). La première paire de somites, située un peu en 
arrière de la vésicule acoustique, diffère des paires sui- 
vantes par ses Caractères et par des dimensions plus 
petites; d'après l'auteur, cette particularité peut s'expli- 
quer de deux façons : ou bien, comme cela se constate 
ailleurs, cette première paire n'apparaît qu'après les paires H 
et JII, et reste ainsi en arrière au point de vue du dévelop- 
pement; ou bien, elle possède en réalité un caractère plus 
ou moins rudimentaire, ce qui ne peut étouner quand il 
s'agit d'un somite antérieur, et eu égard à la manière d’être 
des somites céphaliques visibles chez les vertébrés. Enfin, 
chez le Hérisson, la paroi supérieure du sac vitellin, loin 
de montrer la dépression observée par Bischoff et d'au- 
tres chez la Lapine, se ferme du cóté de la caduque mater- 
nelle, dés le moment oü celte paroi peut se tourner libre- 
ment vers la face dorsale; les échanges de matériaux entre 
la mère et le fœtus se font, par conséquent, à la face externe 
du sac vitellin, comme cela s'observe, d'aprés les récentes 
recherches de Selenka, chez l'Ópossum. 

Dans le stade suivant, désigné par le chiffre IV, la sépa- 
ration entre les parties embryonnaires ventrales et l« sac 
vitellin est devenue plus nette. Des descriptions et des 
Apure nous net tant sur les caractères extérieurs 
que sur | les cou pes 
microscopiques. 

Entre les stades IV et V, l'écart est considérable, Dans 
. ce dernier stade, l'allantoide se trouve définitivement 
reliée au tissu maternel. Un stade intermédiaire entre les 
stades IV et V, et montrant la toute première origine de 
celte union, n'a pas été vu par l'auteur. En ce qui con- 
cerne l'embryon du stade V, il insiste plus particuliérement 


ri 


( 899 ) 

sur la maniére d'étre de la vésicule vitelline, et sur la 
disposition des vaisseaux ombilicaux et omphalomésenté- 
riques. Renvoyant au chapitre V pour la description des < 
différenciations internes propres à ce stade, il s'attache 
ensuite à démontrer en quoi les stades VI-X se distinguent - 
de ce dernier. L'embryon revét de plus en plus sa forme 
définitive, les piquants deviennent visibles; mais il est 
surtout deux phénoménes qui méritent de fixer l'attention : 
a) une rotation de 90° exécutée par l'embryon ; 6) l'invo- 
lution progressive du sac vitellin. Au troisième stade, 
l'embryon est placé de telle sorte que la région dorsale 
regarde la partie voisine de la caduque, tandis que la 
région ventrale est tournée du cóté de la cavité du sac 
vitellin; sa position est donc parfaitement symétrique. Un 
changement, en relation avec le développement progres- 
sif de l'allantoide, s'observe au stade IV et atteint son 
apogée au stade V, l'embryon se placant alors sur le flanc, 
lune moitié du corps en regard de la cavité du sac vitel- 
lin, l’autre moitié tournée vers le placenta. Il en résulte 
que la ligne dorso-ventrale forme un angle de 90° avec 
celle du stade précédent. Mais telle n'est pas la position 
définitive de l'embryon. Dans les périodes qui précédent 
immédiatement la naissance, le dos se trouve, derechef, 
tourné du côté du placenta. Ce changement serait en 
relation intime avec le mode spécial suivant lequel dispa- 
rail la vésicule vitelline vers la fin de la gestation. Cinq 
Pages de texte avec renvor à bon nombre de figures sont 
consacrées à mettre en relief le processus dont il s'agit. 
L'auteur nous explique pourquoi il s'est abstenu d'envi- 
sager les stades VI-X au point de vue de l'ontogénie 
Comparée; mais ces stades lui fourniront des résultats 
importants concernant les enveloppes fœtales et la placen- 
alion. 


( 900 ) 


IV. Enveloppes fœtales et placentation. — L'auteur a 
consacré une grande partie du temps dont il disposait à 
l'étude de la placentation, de l'involution et de la trans- 
formation de la vésieule vitelline, de l'allantoide et de la 
caduque. Si, plus que ces prédécesseurs, il insiste sur ces 
questions, s'il en a fait son étude de prédilection, c'est, 
d’après lui, grâce à la lecture des nombreux travaux 
d'Ercolani. 

Il signale d'abord les divergences d'opinions au sujet du 
rôle des glandes utérines dans la placentation, et expose 
les vues d'Ercolani concernant la formation de la caduque. 
Comme le savant italien, il a constaté que, chez le Héris- 
son, le développement de la caduque précéde l'arrivée de 
l'œuf fécondé dans l'utérus. C'est sur la paroi utérine 
opposée au mesometrium que ce développement com- 
mence. ll décrit ensuite les caractères macroscopiques et 
histologiques de cette formation, les modifications éprou- 
vées par la cavité utérine; une sorte de bouchon, rap- 
pelant par ses caractères un coagulum sanguin, qui semble 
avoir pris naissance aprés la pénétration de la vésicule 
blastodermique dans la cavité de la caduque, et qui a sans 
doute pour mission de séparer cette cavité de la lumière 
utérine, Au milieu du tissu cellulaire nouvellement formé 
de la caduqué, on rencontre, par places, des eaillots, 
désignés par l'auteur sous le nom de caillots (coagula) 
nucléaires; leurs caractères rappellent, à maints égards, 
ceux du bouchon; ils se distinguent, par contre, tant au 
point de vue maeroscopique qu'au point de vue microsco- 
pique, des masses jaunâtres, formées aux dépens d'un. 
liquide coagulé, et qui renferment des éléments figurés de 
dunensions variables, mais pas de noyaux. 


hd nee dis REES F PI MER ACE AN AN EENE” 


( 901 ) 
Certaines parties de la néoformation déciduale présen- 
tent des points de ressemblance avec la formation désignée, 
chez l'Homme et les Primates, sous le nom de caduque 
réfléchie (decidua reflexa). | 
On distingue facilement, notamment dans les stades 
avancés, deux parties constituantes de la caduque : l'une 
amincie, là caduque réfléchie (decidua reflexa), l'autre, 
plus épaisse, qui concourt à la formation placentaire, et 
que l'auteur désigne sous le nom de caduque placentaire 
(decidua placentalis) ; cette désignation lui semble préfé- 
rable, pour divers motifs, à celle de caduque sérotine 
(serotina). La caduque placentaire livre, à elle seulg, 
toute la portion maternelle du placenta, c'est-à-dire cette 
portion qui se distingue de la portion fœtale par sa 
couleur plus foncée, et que l'on pourrait appeler, avec 
Winkler, plaque basale. Elle est le siége de processus 
importants, trés analogues à ceux que montre la. caduque 
rélléchie dans les plus jeunes stades de développement. 
Parmi ces processus, le principal, décrit depuis longtemps 
par plusieurs observateurs, consiste dans la déliquescence 
‘un grand nombre de cellules de la caduque, et dans 
l'utilisation. des produits de cette déliquescence, « le lait 
ülérin », comme nourriture de l'embryon. Dans une courte 
revue historique de la question, sont mentionnées tout 
partieuliérement les recherches de Masquelin et de Swaen. 
L'auteur décrit et figure les diverses phases de cette déli- 
quescence; celle-ci a nécessairement, pour conséquence 
l'augmentation du nombre des lacunes renfermées dans la 
caduque. La plupatt de ces lacunes se remplissent main- 
tenant de lait utérin. Celles qui limitent la cavité occupée 
par l'embryon sont à peine séparées, à l'endroit oü se 
développe l'aire vasculaire du sac vitellin, par l'épaisseur 
d'une cellule, des parois vasculaires. 


( 902 ) 

L'auteur nous fait connaître ensuite le développement 
progressif de l'allantoide, les caractères de texture de 
cel organe provisoire, son étalement à la surface de la 
caduque et son mode de fixation à cette dernière. Cet inté- 
ressant processus, capable de jeter quelque lumiére sur la 
maniére d'étre si controversée de la placentation chez 
l'homme; a éte suivi dans toutes ses phases. Chez le Héris- 
son, a) il n'existe pas d'espace intermédiaire entre la paroi 
allantoidienne et la caduque; b) les villosités choriales ne 
pénètrent pas dans des cavités préformées, cryptes glan- 
dulaires ou autres. Déjà, dans un stade précoce, ces der- 
niers ont perdu leur épithélinm et se sont transformés en 
des lacunes remplies de lait utérin. 

Le contact immédiat des parois allantoidienne et déci- 
duale mérite d'autant plus de fixer l'attention, que Langhans 
et d'autres embryologistes admettent la persistance, entre 
l'allantoide et la caduque chez l'homme, de cavités desti- 
nées à se transformer plus tard en des lacunes vasculaires 
du placenta. Rien de semblable ne s'observe chez le Héris- 
son. La lente pénétration du tissu allantoidien vascularisé 
est interstitielle et se fait à l'instar de celle d'une plante 
parasite qui s'insinue entre les tissus sains de son hóte. La 
pénétration a lieu le long des parois de séparation encore 
persistantes de la caduque en partie liquéfiée ; on peut dire, 
avec Kólliker, qu'il s'agit d'une sorte de corrosion, ein von 
allen Seiten Anfressen, du placenta maternel. 

A mesure du développement, la caduque placentaire 
produit de moins en moins des matériaux de réserve, et 
perd ainsi son caraetére glandulaire;*mais elle acqniert 
une haute signification, en servant de réservoir à une 
quantité importante de sang maternel et en facilitant le 
contaet entre ce dernier et le sang fœtal. Nous dépasse- 


db d dis 


3 
À 
| 
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3i 
1 
P 


( 903 ) 
rions les limites de ce rapport en suivant l'auteur dans les 
nombreux détails donnés par lut au sujet de ces divers 
processus. Rappelons simplement ici les conclusions aux- 
quelles il arrive : 

a) On ne distingue l'allantoide, en dehors du corps de 
l'embryon, qu'à une époque très tardive (stade IV). 

b) Sa paroi est d'abord épaisse et conserve ce caractère, 
d'une facon trés évidente, en certains endroits, en dehors 
du placenta. 

c) Sa lumière persiste sous forme d'une cavilé spa- 
cieuse, dans laquelle saillent fréquemment les vaisseaux 
allantoidiens. 

d) Dans les stades embryonnaires plus avancés, la por- 
lion extra-placentaire de l'allantoide est devenue mem- 
braneuse, la portion placentaire, par contre, de plus en 
plus épaisse. 

e) Cet épaississement peut étre considéré comme un 
phénomène d'aeeroissement de la face allantoïdienne en 
Contact avec la caduque. A la suite de l'émigration (diapé- 
dèse) de leucoblastes, du tissu allantoïdien de nouvelle 
formation prolifère de plus en plus entre les cellules déci- 
duales en voie de déliquescence. 

f) Les lacunes du tissu décidual déliquescent, remplies, 
à l'origine, de lait utérin, se mettent de plus en plus en 
communication avec les vaisseaux de la paroi utérine. Les 
lacunes les plus volumineuses forment une couche située 
immédiatement en dehors de la prolifération fœtale de 
l'allantoide. Du côté interne, elles se trouvent reliées aux 
espaces lacunaires, beaucoup plus petits, mais trés nom- 
breux, qu'entoure l'allantoide. 

9) Déjà le mode d'accroissement du laji fætal 
démontre qu'il ne peu! être question de vraies villosités 


( 904 ) 
ou bien d'épithélium. L'épithélium chorial primitif, (la 
couche cellulaire de la membrane séreuse) n'est déjà plus 
reconnaissable dés le moment oü débute la prolifération 
de l'allantoide à l'intérieur de la caduque. 

La conclusion sub littera g pourra contribuer à élucider 
la question controversée de l'existence ou de la non-exis- 
tence, à la surface des villosités placentaires chez l'homme, 
d'un revétement épithélial, le soi-disant épithélium sub- 
chorial, comme aussi de l’origine de cet épithélium. L'au- 
teur rappelle que Éd. Van Beneden et Julin n'ont pu, de 
leur cóté, découvrir chez la Lapine une couche épithéliale 
intermédiaire entre les tissus fœtal et maternel. 

Nous trouvons ensuite des considérations sur les villo- 
sités vitellines, la délamination du mésoblaste dans sa por- 
tion extra-embryonnaire, le rapport de ce processus avec 
l'extension des vaisseaux vitellins, l'union définitive de la 
paroi du sac vitellin diamétralement opposée à l'embryon 
avec la membrane séreuse, la non-division du mésoblaste 
au delà de l'endroit où cette union a lieu. Il est fait un 
rapprochement entre la disposition rencontrée chez le 
Hérisson et celle décrite, chez les Cheiroptères, par Erco- 
lani, Robin et surtout par Éd. Van Beneden et Julin. 

Le chapitre se termine par des remarques au sujet de la 
caduque réfléchie et de la membrane séreuse ; notre atten- 
tion est plus particuliérement attirée sur le peu d'impor- 
tance du róle de cette derniére chez le Hérisson. 

Comme nous l'avons fait remarquer à propos du premier 
stade, la deseription de tout ce qui concerne les caduques 
et la placentation se ressent fatalement de l'interprétation 
erronée donnée par l'auteur de la vésicule blastodermique. 
Cette description pèche ainsi par la base. 


s 
M ar ai T dra 
| gu i c cO uL Co LE LL c mi. 


fm worse m E Ea d ao 


( 905 ) 


V. De quelques particularités sur le développement des 
systèmes organiques. — L'auteur rappelle encore une fois 
qu'il n'a pa tirer tout le parti vouludesjpréparations dont 
il disposait, et cela surtout à cause du temps qu'ont 
absorbé ses recherches sur les annexes fœtales. Ainsi 
s'explique le peu d'extension du chapitre consaeré à l'or- 
ganogenése. 

Il s'occupe d'abord du développement de la corde dor- 
sale. Ce qu'il a observé touehant ce développement rap- 
pelle, en grande partie, les résultats obtenus par Heape 
chez la Taupe. Une fois séparée de l'hypoblaste (stades IV 
et suivants), la corde se présente sous forme d'un cordon 
cellulaire qui se distingue de celui de la plupart des autres 
vertébrés par la petitesse de ses dimensions; sous ce rap- 
port, eile se rapproche, au contraire, de celle de la Taupe. 
La notocorde se termine, en avant, dans l’espace étroit 
compris entre la paroi inférieure du cerveau postérieur et 
celle du cerveau intermédiaire, par un renflement en bou- 
ton (stade IV); on ne rencontre aucune trace d'union entre 
celle extrémité renflée et l'invagination hypophysaire. 

Vient ensuite l'exposé des résultats fournis, par l'étude 
des coupes mieroscopiques, au sujet du développement de - 
la moelle épiniére et des ganglions spinaux, points que 
Heape, jusqu'à présent, a passé sous silence dans ses 
recherches embryogéniques sur la Taupe. La première 
ébauche des ganglions spinaux se rencontre, dans le cours 
du troisiéme stade, sous forme d'une prolifération paire, 
Située de chaque côté du sommet (extrémité dorsale) du 
canal médullaire, prolifération déjà trés nelle en avant, 
alors qu'elle est encore peu distincte dans la région caudale. 
L'ébauche ganglionnaire s'insinue entre le canal médul- 
laire et la protovertèbre. En méme temps, on trouve, dans 


( 906 ) 

le voisinage immédiat du canal médullaire, des cellules 
isolées qui n'appartiennent pas aux ganglions. Certaines 
images correspondent à celles figurées chez la Taupe, et 
démontrent que des éléments étrangers de nature cellu- 
laire pénétrent, de bonne heure, entre les cellules du canal 
médullaire; peut-étre sont-ce les précurseurs des vaisseaux 
sanguins qui, à une époque plus avancée, s'engagent, en si 
grand nombre, dans le tissu de la moelle. 

Sans plus s'arrêter au stade III, l'auteur fait remarquer 
que plusieurs figures auxquelles il renvoie pourraient 
fournir des indications eoncernant le développement des 
vésicules cérébrales, celui des vésicules oculaires primi- 
tives, l'inflexion céphalique, la genèse des vésicules acous- 
tiques. 

Certains phénomènes apparaissant dans le cours du 
IV* stade l’occuperont davantage. Dans ce stade, comme le 
démontre l'étude des coupes transversales contrôlée par 
celle des coupes longitudinales, les proliférations latérales 
du canal médullaire constituant l'ébauche des ganglions 
spinaux forment une masse cellulaire continue; celle-ci se 
prolonge, à la facon de métamères, du côté ventral; elle 
prend de plus en plus le caractère fibrillaire pour s'unir 
ensuite, comme racine dorsale, aux fibr:s de la racine ven- 
trale, et se distribuer, plus tard, à l'état de nerf spinal 
complet, aux tissus de l'organisme. A l'exemp'e de plu- 
sieurs embryologistes, His, Sagemehl, Balfour, Onodi, etc., 
notre auteur admet que l'union primitive des ébauches 
ganglionnaires avec la moelle disparaît, pour faire place à 
une union secondaire. 

Contrairement à une opinion trés généralement admise 
aujourd'hui, d’après laquelle les fibres nerveuses ou tout 
au moins les eylindres-axes de ces fibres sont. d'origine 


RA EET eee + KI CUL CENE PS NER I TET 


( 907 ) 


médullaire, l'auteur, retournant à l'ancienne opinion de 


` 


v. Baer et de Remak. croit pouvoir attribuer à ces élé- 
ments une origine mésoblastique. I décrit et figure la 
prétendue transformation de cellules mésoblastiques en 
fibres. En admettant qu'une telle transformation ait lieu 
— et je dois avouer que les figures de l'auteur ne me 
paraissent pas absolument démonstratives — on pent 
encore poser la question de savoir : 4° si les cellules en 
voie de transformation sont bien des cellules mésoblas- 
tiques. Je rappellerai, à ce propos, que le D" Lahousse a 
soutenu cette thèse que «les fibres nerveuses naissent 
aux dépens et par transformation du protoplasma de cel- 
lules d'origine médullaire et disséminées au sein des 
tissus, là où plus tard doivent exister des nerfs, transfor- 
mation qui ne se fait pas simultanément dans toute la 
longueur, mais graduellement du centre à la périphé- 
rie (1). » Or, on l'a vn, notre auteur décrit, dans le 
stade III, dans le voisinage de la moelle, des cellules iso- 
lées qui n'appartiennent pas aux ébauches ganglionnaires. 
Ces cellules sont-elles de nature mésoblastiqne, ou bien 
de nature ectoblastique? 2 dans l'hypothèse que les cel- 
lules en voie de transformation appartiennent au méso- 
blaste, vont-elles former réellement les fibres-axiles, ou 
bien donneront-elles simplement naissance aux enveloppes 
des fibres nerveuses, savoir la gaine médullaire et la gaine 
de Schwann? Quoi qu'il en soit, l'auteur attribue la méme 
origine mésoblastique à un cordon fibrillaire longitudinal 
qui sert d'union entre les racines dorsales de la moelle. 


(4) Recherches histologiques sur la genèse des ganglions et des nerfs 
‘Pinaux. BULL. pk L'Acap. ROY. DE MÉDECINE DE BELGIQUE, 5° série, 
t. XIX, n» 5, — Voir aussi notre rapport sur ce travail. Is. 


( 908 ) 

Ce cordon, d'abord situé en dehois du tube méaullaire, 
est annexé, plus tard, par ce dernier. A en juger par ce 
qui se passe chez le Hérisson, ce cordon serait ainsi une 
formation secondaire, correspondant à ce que l’on désigne, 
dans la moelle adulte des mammifères, sous le nom de 
cordon postérieur. Ajoutons toutefois que l'auteur, à 
l'exemple d'autres embryologistes, considère les fibres 
radiaires comme provenant du canal médullaire primitif. 
Puis, revenant à l'opinion qu'il défend chaleureusement, 
il décrit et figure des cellules mésoblastiques situées dans 
l'espace compris entre l'ébauche ganglionnaire et le tube 
médullaire, et qui montrent une grande tendance à s'ap- 
pliquer contre ce dernier; elles finissent par se transfor- 
mer en une sorte de manteau fibrillaire entourant la 
moelle. Ce manteau aussi serait, par conséquent, d'origine 
mésoblastique. 

Une structure primitivement cellulaire est attribuée 
aux racines antérieures; l'attention. est plus particulière- 
ment attirée sur un processus de différenciation qu'on 
observe, au stade IV, à l'endroit où ces racines sont reliées 
à la moelle, par conséquent de chaque côté de la face ven- 
trale de cette. derniére. Nous ferons remarquer que le 
D" Lahousse, dans le travail déjà cité, signale une sem- 
blable excroissance, au côté antéro-interne du canal médul- 
laire, chez le Poulet. 

Au stade V, comme c'est le cas pour d'autres mammi- 
fères, on trouve les ganglions spinaux reliés à la moelle 
par plusieurs cordons. D’après l'auteur, cette disposition 
s'explique mieux dans l'hypothèse admise par lui su sujet 
de l’union définitive des ganglions spinaux avec le tube 
médullaire, qu'en admettant, avec His, Sagemehl et 
d'autres, que les fibres secondaires se dirigent du gan- 


*- IE AEN DEE SE ai E 


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( 309 ) 
glion vers la moelle ou de celle-ci vers le ganglion. La 
pénétration de fins capillaires sanguins à l'intérieur du 
tissu médullaire est très évidente à ce stade. 

Le chapitre se termine par quelques considérations sur 
le ganglion du trijumeau au V* stade. 


Le chapitre VI renferme, sous forme de propositions, 
le résumé des principaux résultats obtenus par l'auteur. 
Pour compléter l'analyse qui précéde et faciliter ainsi 
l'appréciation du mémoire, nous avons eru utile, au risque 
de nous répéter, de traduire le résumé susdit. 

1) L'époque de la reproduction, chez le Hérisson, tombe 
surtout dans le arr des mois de juillet et iro. la 
portée est de quatre à dix jeunes. 

2) La formation de la caduque précède la fixation de la 
vésicule blastodermique à la paroi utérine. Cette formation 
dela caduque résulte d'une prolifération cellulaire, trés 
active, sous-épithéliale. L'épithélium utérin et celui des 
glandes utérines disparaissent à l'endroit de la saillie déci- 
duile. En méme temps, le nombre des vaisseaux sanguins 
augmente. 

5) La vésicule hlastodermique est reçue dans une cavité 
devenue plus volumineuse de la caduque; du côté de la 
lumière utérine, cette cavité est bouchée, non seulement 
par le tissu propre de la caduque, mais encore et surtout 
par un bouchon renfermant beaucoup de sang. 

4) A une période plus avancée du développement, du 
lait utérin (et probablement aussi du sang) apparait dans 
la caduque à la suite d'une déliquescence du protoplasme 
des cellules déciduales. Les lacunes qui, dans les premiers 
Stades, ont pris naissance aux dépens de la lumière des 
glandes, se remplissent de ces produits de déliquescence, 


€n méme temps que s'établissent des anastomoses entre 


(. 910.) 
les plus fines ramifications vasculaires de la caduque et les 
lacunes. 

5) Ce processus atteint sou. maximum de développe- 
ment dans la caduque placentaire entièrement développée; 
on trouve alors des lacunes nombreuses et minuscules 
circonscriles par le tissu fœtal allantoidien, et en même 
temps en communication directe avec les vaisseaux san- 
guins maternels. 

6) La fixation de la vésicule blastodermique à l'intérieur 
de la cavité de la caduque a lieu, primitivement, à toute la 
face interne de cette cavité; au moment oü les trois feuil- 
lets blastodermiques sont ébauchés, une zone annulaire de 
cette face interne s'épaissit, et cela à l'endroit oü le disque 
blastodermique, resté libre, s'infléchit et s'applique à la 
caduque. 

7) Cette zone épaissie est le précurseur de l'aire opaque 
(area opaca) ou aire vaseulaire (area vasculosa). 

8) En méme temps que se montrent, dans cette zone, 
les vaisseaux omphalo-mésentériques, et que la circulation 
vitelline s'établit, de puissantes villosités vitellines vascu- 
larisées se développent, à partir de la zone, et pénètrent 
dans le tissu de la caduque. 

9) On trouve, par conséquent, dans les jeunes stades 
de développement, une placentation omphaloïdienne très 
significative; la structure, le développement et le siège du 
réseau vasculaire qui lui donne naissance correspondent 
entièrement à la disposition de l'appareil vitellin chez le 
genre Opossum, décrite récemment par Selenka. 

10) Dans la deuxiéme période de la gestation, cette 
placentation primaire diminue d'importance, pour faire 
place à la placentation secondaire par l'intermédiaire de 
l'allantoide. 


4 
E 
1 


( 911 ) - 
11) La séparation des villosités omphaloidiennes d'avec 
le tissu de la caduque marche de pair avec la délamination 
du mésoblaste le long de la moitié inférieure du blasto- 
cyste; le sae vitellin, devenu libre, s'aplatit et se replie 
d'une facon toute spéciale, mais en méme temps trés 
réguliére. 
12) L'allantoide, qui saille d'abord librement dans 
l'espace étroit compris entre la région dorsale de l'embryon 
et la caduque, et se trouve délimitée circulairement par 
la paroi du sae vitellin fixée à la caduque, se caractérise 
par une paroi montrant, en divers points, une assez grande 
épaisseur. A l'endroit où elle s'applique contre la caduque, 
elle refoule, devant elle, la membrane séreuse; celle-ci 
n'est pas le siège d'une prolifération préalable, et s'insinue 
entre les lacunes déciduales dont les cloisons de séparation 
tombent de plus en plus en déliquescence. Ce mode 
d'aeeroissement ne peut se comparer à une formation de 
villosités. 
15) Une émigration de leucocytes contribue activement 
à ce rapide accroissement d'une partie de la paroi allan- 
loidienne. Par suite de cette prolifération, les vaisseaux 
allantoidiens pénètrent, de toute part, entre les lacunes de 
la caduque. 
14) La fin de ce processus de développement de l'allan- 
loide coincide avec le processus indiqué sub 5, et qui a 
son siège dans la caduque. La partie proliférée de lallan- 
loide, de méme que la caduque placentaire, affecte alors la 
forme d'un disque aplati. On ne peut méconnaitre divers 
points de ressemblance avec le placenta de mammifères 
lout à fait supérieurs. 

15) Le bord de la caduque réfléchie se fixe à la caduque 
Planectaire. La caduque réfléchie est relativement beau- 


912 } 
coup plus épaisse dans les stades précoces que dans les 
stades tardifs du développement. Dans les phases ulté- 
rieures, elle se soude à la membrane séreuse; entre les 
deux, existe une couche homogène et transparente. 

16) L'embryon possède un pro-amnios très développé. 

17) La limite entre le pro-amnios et l'amnios définitif 
est fournie par les deux veines vitellines (v. omphalo- 
mesentericæ) qui retournent au cœur; dans les stades plus 
avancés, le pro-amnios a disparu. 

18) La corde dorsale nait trés distinetement de l'hypo- 
blaste. Dans les jeunes stades, le eordentoblaste est trés 
apparent; lorsque l'embryon a atteint son complet acerois- 
sement, la notocorde se présente sous forme d'un cordon 
cellulaire trés développé. 

19) Le conduit du mésonéphros se développe aux 
dépens de l'épiblaste. 

20) Le canal médullaire atteint, dans la région lom- 
baire, un développement tout spécial; le sinus rhomboidal 
est encore ouvert, alors que la gouttiére médullaire est 
fermée en avant et en arrière de lui; sur les bords du 
sinus, les parois de la gouttière médullaire s'élévent nota- 
blement au-dessus du niveau des somites mésoblastiques. 

21) Un repli continu des bords supérieurs (dorsaux) 
du canal médullaire forme, à droite et à gauche, la bande- 
lette ganglionnaire, qui ne reste pas en continuité avec le 
canal. j 

22) Pendant un certain temps, les ganglions spinaux 
sont reliés entre eux, par l'intermédiaire de cellules, dans 
le sens longitudinal. 

25) Dans un stade plus avancé, les ganglions spinaux 
sont constamment reliós, au canal médullaire, par deux 
ou un plus grand nombre de cordons (connectifs), et, de 


PROPRETÉ IN PP INNER UE PR PE NEGERI s ER TE AR SIN 


(915 ) 
chaque côté, avec un faisceau fibrillaire longitudinal, 
situé, à l'origine, en dehors du canal médullaire. 

24) Un processus spécial de différenciation de la paroi 
du canal médullaire précède l'apparition des racines 
ventrales. 

25) Les troncs nerveux ne naissent pas sous forme de 
proliférations du canal médullaire, mais in loco, dans le 
inésoblaste; en général, la participation de ce feuillet à la 
formation de parties du système nerveux central est plus 
importante qu'on ne l'admet communément. 


Dans l'appréciation du mémoire que nous venons 
d'analyser, nous devons surtout avoir en vue, eu égard à 
la teneur de la question, les deux points suivants : 

1° L'espèce choisie par l'auteur comme objet de ses 
recherches appartient-elle à un ordre de mammifères 
dout l'embryogénie n'a pas ou n'a guére été étudiée 
Jusqu'ici? 

2^ Quelle est la valeur des résultats obtenus et con- 
signés dans le mémoire? 

À la première question, nous répondrons affirmati- 
vement. En effet, excepté les travaux bien connus de 
Heape sur le développement de la Taupe (Talpa europea), 
nous ne possédons pas de recherches embryogéniques 
suivies sur d'autres espéces de l'ordre des Insectivores; et, 
en ce qui concerne le Hérisson (Erinaceus europeus), 
espèce choisie par l’auteur, on ne peut guère citer, comme 
il le rappelle d’ailleurs, que les observations de Needham, 
Rolleston, Nasse et Ercolani sur la placentation de cet 
animal. C’est aussi avec raison que, dans sa préface et en . 
se basant sur diverses citations de Parker et de Huxley 
l'auteur fait ressortir toute l'importance morphologique 

9"' SÉRIE, TOME XIV. 744 


( 944 ) 
de l'ordre des Insectivores et celle du Hérisson en parti- 
culier. 

2^ Quelle est la valeur des recherches consignées dans 
le mémoire? 

Et d'abord, ferons-nous un grief à l'auteur d'avoir 
fourni une histoire incompléte du développement du 
Hérisson? Ceux qui -s'occupent d'études embryogéniques 
peuvent seuls comprendre les difficultés sans nombre dont 
ces études sont entourées : l'assemblage des matériaux 
nécessaires aux recherches, l'observation sur le vif, le 
durcissement des objets par des réactifs divers, leur colo- 
ration, leur débit en coupes microscopiques, l'étude de ces 
dernières, puis la reproduction des objets par le dessin ou 
la photographie; tout cela ce ne sont, en définitive, que des 
préparations préliminaires. Reste encore — et c'est incon- 
testablement le travail le plus difficile — la saine appré- 
ciation des objets qu'on a sous les yeux, leur comparaison 
avec les faits connus ou avec d'autres objets examinés 
déjà. Rien d'étonnant, dés lors, que l'auteur, comme il en 
fait la remarque en divers endroits de son travail, n'ait 
pu, le temps lui faisant défaut, tirer tout le parti voulu 
des nombreuses préparations dont il disposait. C'est ce 
qui justifie l'épigraphe en tête du mémoire : « Trado quæ 
polui. » : 

Saus doute, nous eussions été heureux de rencontrer 
des détails sur la fécondation et la segmentation de l'œuf ; 
mais, on l'a vu, il n'a pas dépendu de l'auteur de ne pou- 
voir nous renseigner sur ces phases si intéressantes du 
développement ontogénique. Seulement, ne faut-il pas 
attribuer, en partie du moins, à cette lacune involontaire 
les erreurs signalées plus haut? N'est-ce pas par suite du 
manque des stades antérieurs que l'auteur a faussement 
A id PS 4 * IA ES tł dE $ 1 E ac 


E bd RB 


(HS 
observés par lui? Quant à la placentation et à ce qui s’y rat- 
tache, elle est traitée avec un soin particulier; malheureu- 
sement, nous devons le répéter encore, tout le chapitre, y 
consacré, est entaché de l'erreur commise au début. C'est 
surtout l'extension donnée à cette partie de son mémoire 
qui u'a pas permis au concurrent de s'étendre longuement 
sur l'organogenése. En effet, la corde dorsale et les gan- 
glions spinaux sont seuls étudiés, sous ce rapport; mais, 
les renseignements fournis, au sujet des ganglions spinaux 
surtout, sont nombreux et intéressants. Si, comme cela 
ressort de ce qui précéde, nous ne partageons pas entiére- 
ment les vues de l'auteur sur ce point, il n'en est pas 
moins vrai que cette partie du travail peut étre considérée 
comme une utile contribution à l'étude de la genèse des 
nerfs et à certaines parties de la moelle épinière. 

Si maintenant nous envisageons le mémoire dans son 
ensemble, nous pouvons affirmer qu'il est d'un travailleur 
sérieux, bon observateur, au courant de la technique et de 
la bibliographie. Il est écrit d'un style clair, avec ordre et 
méthode. Les figures dessinées jointes au texte sont trés 
belles; quant aux photographies, elles ne nous ont pas 
loutes paru également démonstratives. 

Mais, certaines erreurs signalées dans le cours de ce 
rapport enlévent incontestablementau mémoire une grande 
partie de sa valeur. Il serait à souhaiter, dans l'intérét 
méme de l'auteur, de voir disparaître ces desiderata. Pour 
ces motifs, nous proposons à la Classe : 

1° De surseoir à toute décision concernant le résultat 
du concours; 

2^ De maintenir la question au programme, en enga- 
geant l'auteur, qui a pris pour devise : Trado que potui, 
à compléter et à corriger son œuvre. » 


. 


( 918.) 


Rapport de FI. Éd. Van Beneden, deuxième commissaire, 


« L'étude approfondie qu'il a faite de l'organisation des 
marmiféres vivants et fossiles a amené Huxley à formuler 
l'opinion queles Insectivores occupent «une position cen- 
trale parmi les mammifères placentaires ». « Celui qui 
` connaitrait tous les degrés de variations de structure qui 
peuvent exister dans l'ordre des Insectivores et celui des 
Rongeurs, ainsi s'est exprimé l'éminent naturaliste, possé- 
derait la clef de toutes les particularités que l'on observe 
chez les Primates, les Carnivores et les Ongulés.» L'or- 
ganisation des mammifères supérieurs ou euthériens peut 
être déduite de celle des Insectivores, et, de tous les ani- 
maux de cet ordre actuellement vivants, le Gymnure et le 
Hérisson s'éloignent le moins du type euthérien. « Il n'y a 
pas de monothréme connu, dit Huxley, qui ne soit beau- 
coup plus différent du type protothérien, ni de marsupial 
qui ne s'éloigne davantage du type métathérien que le 
Gymnure et méme le Hérisson (Erinaceus) ne s'éloignent 
du type euthérien. » 

ll v a longtemps déjà que Huxley a exprimé, pour la 
première fois, cette opinion dans ses lectures au Collège 
royal des chirurgiens. Il l'a étayée depuis, dans une série 
de publications, par quantité de faits que les découvertes 
paléontologiques des vingt dernières années ont mis en 
lumière, et l’on peut dire qu'à l'heure qu'il est tous les zoo- 
logistes et les paléontologistes, dont les noms font autorité, 
se sont ralliés à la manière de voir du chef incontesté de 
l'École biologique en Angleterre. 

Un intérêt tout spécial s'attache donc à la connaissance 
du développement embryonnaire des Insectivores en géné- 
rai et du Hérisson en particulier. C'est. assez dire que, 


(9 
dans mon opinion, l'auteur du mémoire ne pouvait faire 
un meilleur ehoix, et qu'en prenant le Hérisson comme 
sujet de recherches il a répondu complètement aux vœux 
de la Classe. 

Mon honoré confrère, M. Van Bambeke, a fait une ana- 
lyse étendue, chapitre par chapitre, du travail que nous 
sommes chargés d'apprécier : il a fait connaitre les résul- 
tats que l'auteur a obtenus et les conclusions qu’il a 
déduites de ses recherches. Je n'ai rien à ajouter à cet 
exposé et je me rallie sans restriction au jugement qu'il 
formule sur la valeur de l'ouvrage quand il dit : « nous 
pouvons affirmer que le mémoire émane d'un travailleur 
sérieux, bon observateur, au courant de la technique et 
de la bibliographie. » Je suis également d'avis que les 
planches sont fort belles : on y reconnait la main d'un 
artiste. Jen dirai autant des photographies : elles sont, en 
général, trés lines, bien détaillées et suffisamment démon- 
stratives. Elles témoignent de la valeur des préparations 
obtenues. 

Japprécie hautement tout ce que l'auteur a dû se 
donner de peine pour recueillir et utiliser dans l'espace 
de trois ans le matériel précieux qui a servi à ses recher- 
ches. On ne peut que s'étonner qu'il ait réussi à se procurer 
des embryons de Hérisson en aussi grand nombre et à des 
stades de développement aussi différents. Mais il faut bien 
reconnaitre, d'autre part, que ce malériel est insuffisant 
pour justifier des conclusions quant à l'organogenése. Non 
seulement le mémoire présente d'immenses lacunes, mais 
il est défectueux à certains égards, en ce qu'il renferme 
des erreurs d'interprétation graves. 

Le plus jeune stade que l'auteur ait réussi à se procurer 
est représenté par des vésicules blastodermiques avec 
embryon formé de deux couches cellulaires. Les recher- 


918 ) 
ches que je poursuis depuis une série d'années sur l'em- 
bryogénie des Cheiroptéres me permettent d'affirmer que 
l'auteur s'est mépris sur la signification des couches con- 
stitutives du blastocyste; ses dessins ne laissent aucun 
doute à cet égard. 

Au stade dont il s'agit la vésicule est formée dans toute 
son étendue de deux couches cellulaires : l'épiblaste fort 
épaissi est déjà intimement uni à la muqueuse utérine et 
l'hypoblaste formé de cellules plates, dans la plus grande 
partie de son étendue, est immédiatement accolé à la face 
interne de la vésicule épiblastique. Sous l'influence de 
beaucoup de réactifs employés pour durcir le blastocyste, 
l'hypoblaste se détache du feuillet externe et, tandis que 
celui-ci reste uni à la muqueuse maternelle, la vésicule 
hypoblastique se rattatine dans la cavité délimitée par 
l'épiblaste. Dans les mêmes circonstances, la partie épi- 
blastique de la tache embryonnaire se sépare très facile- 
ment du reste du feuillet externe du blastocyste. 

L'auteur du mémoire a pris pour le blastocyste la vési- 
eule hypoblastique ratatinée et il considére à tort, comme 
faisant. partie de la caduque en voie de formation, l'épi- 
blaste épaissi du blastocyste. Il rattache donc aux tissus 
maternels le feuillet externe de la portion extraembryon- 
naire de la vésicule blastodermique el cette erreur à 
entrainé des conséquences graves dans l'interprétation 
des phases subséquentes du développement. Une partie 
importante du mémoire est consacrée à l'exposé de la for- 
mation des caduques et du placenta. Chacun comprendra 
combien tout cet exposé se trouve vicié par l'interprétation 
fautive des premières phases du développement. 

Cette méprise, quelque regrettable qu'elle soit, est 
d'ailleurs fort excusable, en ce qu'elle résulte de l'impossi- 
bilité, dans laquelle s'est trouvé l'auteur, de se procurer des 


CMD 3 

stades préalables à la fixation du blastocyste. Nul doute 
que chez le Hérisson, comme chez d'autres mammifères, la 
vésicule blastodermique ne s'unisse trés tót à la muqueuse 
maternelle, qu'elle ne remplisse complètement la cavité qui 
lui est réservée et que la limite entre l'épiblaste embryon- 
naire et l'épithélium utérin ne disparaisse de bonne heure, 
voire même avant l'apparition de la ligne primitive. 

Une période fort importante du développement sépare < 
les stades II et I de l'auteur. C'est pendant cette période 
que se forment la ligne primitive et le mésoblaste, qu'ap- 
parait le canal chordal, que se constitue la plaque noto- 
chordale et que se montrent les premiers ilots sanguins. 
Ceux -ci sont groupés en un cercle assez rapproché des 
bords de l'embryon. La confluence de ces ilots amène la 
formation du sinus terminal, dont le diamètre croît avec 
l’âge, en même temps que l'aire vasculaire s'étend. L'auteur 
n'a pu fournir aucun renseignement sur cette période si 
importante de l'évolution. Il n'a pu étudier qu'un seul 
embryon se ratiachant à son stade II, et il ressort clai- 
rement des dessins et des photographies que cet embryon 
se prétait mal à l'étude. Soit à raison des manipulations 
auxquelles il a été soumis, soit par l'action des réactifs 
employés pour la durcir, il a été ployé en divers sens, 
déformé et, par suite, rendu peu propre à étre débité en 
Coupes orientées. 

Ce que l'auteur considère comme étant l'ébauche de 
l'aire vaseulaire n'est que la région marginale de cette 
formation, c’est-à-dire la série circulaire des ilots sanguins 
àux dépens desquels se forme dans la suite le sinus ter- 
minal. 


J'incline à croire que l'opinion d'aprés laquelle les pre- 
miers globules sanguins procéderaient à la fois du méso- 
blaste et de l'hypoblaste repose sur l'examen de coupes 


( 920 ) 

obliques, faites à travers les îlots sanguins encore séparés 
les uns des autres, saillants dans la cavité blastodermique 
et recouverts par l'hypoblaste. Les premiers éléments du 
sang se forment à une période du développement nota- 
blement plus reculée, et les figures produites établissent 
que l’auteur n'a pas eu sous les yeux les stades de for- 
mation des premiers globules sanguins, mais bien des 
cavités vasculaires déjà fort étendues. 

Il y a aussi un grand écart entre les stades H et HI de 
l'auteur. Pendant la période qui s'écoule entre ces deux 
stades, les ébauches des principaux organes se consti- 
tuent aux dépens des feuillets. L'auteur, n'ayant pas eu 
sous les yeux d'embryons d'âge intermédiaire entre les 
stades lI et IH, s'est trouvé dans l'impossibité de fournir 
aucun renseignement sur la genése de ces ébauches. 
S'il s'était borné à décrire objectivement les embryons du 
stade IT nous n'eussions eu quà constater et à regretter 
l'existence de cette lacune. Mais 1l a eu le tort de conclure, 
de l'étude des embryons qu'il a ens sous les yeux, aux pro- 
cessus génétiques de quelques-unes des ébauches et par- 
ticulièrement. de la notocorde et du canal segmentaire. Il 
fait dériver de l'hypoblaste la plaque notocordale et rat- 
tache à l'épiblaste le canal segmentaire. Or, en ce qui 
concerne la notocorde, il est bien démontré aujourd'hui 
qu'elle ne procéde pas de la couche interne de l'embryon 
et que le stade figuré par l'auteur résulte d'une inter- 
calation secondaire de la plaque notocordale dans l'hypo- 
blaste vitellin. 

L'auteur conclut de ce qu'il trouve le canal segmentaire 
soudé à l'épiblaste, au voisinage de son extrémité anté- 
rieure, à l’o:igine ectodermique de cet organe. Je suis loin 
de vouloir révoquer en doute l'exactitude de cette opinion; 
mais les faits observés par l'auteur ne justifient pas sa 


E Ro E 
DIOS pd ic t 


SAP SUR 17 ETES ee SERRE Teen a ALPE HN 


Tt ROCHE T ANTA ST TERRE M REA MS 


( 991 ) 


` 


conclusion. Comment répondrait-il à quelqu'un qui, 
acceptant d'ailleurs la parfaite réalité des faits observés, 
exprimerait l'opinion que ce canal segmentaire procède du 
mésoblaste et qu'il se soude secondairement avec l'épi- 
blaste? Je cherche vainement aussi dans les observations de 


l'auteur la preuve établissant que, au stade dont il s'agit, 
les échanges matériels entre la mère et le fœtus se font 
par la face externe du sac vitellin. 

Les écarts sont tout aussi considérables entre les stades 
HI et IV, IV et V, ete., qu'entre les stades I et H et I et 
III, et je ne trouve rien qui ne soit déjà connu, pour plu- 
sieurs autres mammiféres, dans les observations de l'auteur 
relatives aux stades avancés du développement. J'en 
excepte les résultats qu'il annonce quant à la genése des 
nerfs. Sur ce point, l'opinion qu'il s'est faite est en oppo- 
sition formelle avec les idées qui ont cours aujourd'hui. 
Les faits justifient-ils la maniére de voir de l'auteur, qui 
en revient aux idées de Remak? Il faut bien reconnaitre 
qu'ils sont loin de suffire pour entrainer la conviction, 
et je souscris sans restriction aux réserves que l'honorable 
premier commissaire a cru devoir formuler à ce sujet. 

Les critiques qui précèdent ne m'empéchent nullement 
de reconnaitre de grands mérites au mémoire qui nous 
est soumis. Elles établissent que plusieurs conclusions 
sont prématurées, que d'autres sont manifestement enta- 
chées d'erreur, Ces défauts sont dus à ce que l'auteur n'a 
eu à sa disposition qu'un matériel insuffisant et il est à 
désirer, non seulement dans l'intérêt de la science, mais ` 
dans l'intérêt de l'auteur lui-même, que ces premiers 
résultats soient complétés et revisés avant que le mémoire 
Soil livré à l'impression. 

l’auteur s’est parfaitement rendu compte de l'étendue 
des lacunes que j'ai signalées, et il exprime l'espoir de les 


( 922 ) 
combler à bref délai. « J'ose espérer, dit-il, que les nou- 
veaux résultats auxquels j'arriverai peut-étre aprés l'envoi 
du mémoire pourront y être inlercalés avant son appari- 
tion. » 

Dans ces conditions, j'estime qu'il y a lieu de suspendre 
toute décision en ce qui concerne le résultat du concours; 
je propose à la Classe de maintenir la question à son pro- 
gramme et j'invite l'auteur anonyme du mémoire à com- 
pléter son œuvre. Nul doute qu'en poursuivant ses 
recherches il ne parvienne à combler des lacunes impor- . 
tantes et à mériter pleinement, non seulement le couron- 
nement de son mémoire, mais les félicitations de tous ceux 
qui s'intéressent aux progrés de l'embryologie. » 


M. Félix Plateau déclare se rallier complètement aux 
conclusions formulées par ses savants confréres, MM. Van 
Bambeke et Ed. Van Beneden. 


En conséquence des rapports qui précèdent, la Classe 
n'a pas jugé pouvoir décerner le prix au mémoire qui lui 
à été soumis ; mais elle a décidé que la question restera au 
concours pour l'année prochaine. Elle espére ainsi mettre 
l'auteur à méme de compléter ses recherehes, et de pro- 
duire un mémoire qui méritera, non seulement d'étre 
couronné, mais de recevoir les félicitations de tous ceux 
qui s'intéressent aux progrès de l'embryologie. 


M. Gilkinet ayant accepté de remplacer M. Spring 
comme commissaire pour les Mémoires du concours 
extraordinaire sur le Repoissonnement des rivières, la 
lecture des rapports de MM. Gilkinet, P.-J. Van Beneden 
et de Selys Longchamps aura lieu ultérienrement. 


( 923 ) 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


Sur un nouveau glucoside azoté retiré du « LINUM USITATIS- 
SIMUM. — Communication préliminaire; par A. Jorissen 
et E. Hairs. 


I| y a quelque temps déjà, l'un de nous signalait l'abon- 
dant dégagement d'acide cyanhydrique auquel donnent 
lieu les plantules de lin écrasées, et étudiait les conditions 
dans lesquelles ce phénoméne est le plus marqué (1). 
Nous rappellerons que le rendement le plus élevé en acide 
cyanhydrique s'obtient quand on opére sur des plantules 
dont l'accroissement a eu lieu à la lumière et dans une 
atmosphère normale, tandis que les plantules étiolées 
fournissent une quantité d'acide beaucoup plus faible. 
Nous comptons revenir prochainement sur l'étude de ces 
faits, qui présentent un réel intérét au point de vue de la 
physiologie. 

Dans les divers essais pratiqués en vue de procéder au 
dosage de l'acide cyanhydrique produit par les plantules 
ou les plantes de Linum usitatissimum, il était aisé 
de constater que cet acide n'existe pas tout formé dans le 
végétal, mais qu'il provient de la décomposition d'une 
autre substance, comme c'est le cas, par exemple, pour 
l'acide cyanhydrique, qui, dans certaines conditions, prend 
naissance aux dépens de la laurocérasine du laurier-cerise. 
Il y avait donc lieu de supposer que le Linum usita- 


(4) Voir les Phénomènes chimiques de la germination; par A. Joris- 
Sen, Mémoire couronné par l'Académie, 1885, coll. in-8°, t. 58. 


( 924 ) 
lissimuin renferme soit de l'amygdaline, soit de ia lauro- 
césarine. | 

La solubilité de l'amygdaline et de la laurocérasine dans 
l'aleool et la facilité avec laquelle ces deux glucosides 
voisins se dédoublent en présence de l'émulsion d'amandes 
douces, permettaient de rechercher aisément si l'acide 
cyanhydrique provenait iei du dédoublement de l'un ou 
de l'autre de ces glucosides. 

C'est en vain, cependant, que l'extrait aleoolique des 
plantes de lin fut traité à diverses reprises par l'émulsion 
d'amandes douces; méme aprés vingt heures de contact, 
i| n'était pas possible de constater la formation d'aeide 
cyanhydrique dans le mélange. 

Dans ces conditions, nous étions portés à croire que 
le glucoside se décomposait pendant la préparation de 
l'extrait alcoolique, lorsqu'une circonstance fortuite vint 
nous montrer qu'il n'en était rien. Avant de traiter cet 
extrait alcoolique par les acides dilués à l'ébullition, nous 
erümes devoir essayer l'action de la poudre de certaines 
graines, et notamment de la farine de lin, sur l'extrait pré- 
paré. A notre grand étonnement, le mélange dégagea une 
forte odeur d'acide cyanhydrique aprés quelques heures 
de contact. L'alcool enlevait done aux végétaux étudiés 
un composé susceptible de fournir de l'aeide cyanhydrique 
quand on le met en présence de la farine. de lin, mais 
résistant à l’action de l'émulsine des amandes. 

Aprés de longues recherches, nous sommes parvenus à 
isoler ce produit à un état de pureté suffisant pour le sou- 
mettre à divers essais. Bien que les données que nous 
possédons sur la nature et les propriétés chimiques de ce 
composé soient encore incomplétes, nous avons tenu à 
prendre date et à communiquer à l'Académie les résultats 


que nous avons obtenus jusqu'à présent en étudiant cette” 


DETULIT CES a 


1 
ij 
A 


( 925 ) 

substance. Comme on le verra, celle-ci semble devoir être 
ajoutée à la liste des rares glucosides azotés qui ont été 
retirés des végétaux. 

Pour préparer ce produit, les plantes ou plantules de 
lin sont desséchées à une température aussi basse que 
possible, on les épuise par de l'alcool à 94°, puis on soumet 
la teinture obtenue à la distillation. On reprend le résidu 
sirupeux par l’eau, on filtre sur filtre mouillé et on ajoute au 
liquide de la levure de bière pour faire disparaître le suere 
dont la solution est chargée, quand on opère au moyen 
de plantules. Dès que la fermentation a pris fin, on filtre, 
on fait bouillir; puis on traite la liqueur par une solution 
de tanin. 

Il se produit un précipité que l'on sépare par liltration. 
La liqueur est alors additionnée d’acétate plombique, on 
tiltre et on débarrasse le liquide filtré de l'excès de plomb 
par l'acide sulfhydrique. 

La solution filtrée est évaporée à siccité. On reprend 
par l'aleool absolu, on filtre et on ajoute au liquide d'un 
demi à un volume d'éther officinal; on filtre et on répète 
au besoin ce traitement. 

On évapore alors à siccité, on dissout le résidu dans l'eaa 
et on décolore par le charbon animal. La solution décolorée 
est évaporée jusqu'à ce que la masse coule difficilement et 
êst abandonnée à la cristallisation sons la cloche d'un 
exsiccateur à acide sulfurique, ou méme à l'air libre. Ce 
résidu ne tarde pas à se prendre en une masse d'aiguilles 
blanches groupées autour d'un centre commun; celles-ci se 
dissolvent aisément dans l'eau et l'alcool et possèdent une 
Saveur légèrement amère. L'acide sulfurique concentré ne 
les eolore pas en violet et leur solution aqueuse ne réduit 
Pas la liqueur de Fehliug. L'essai au sodium permet d'y 
Constater la présence d'une forte proportion d'azote. 


( 926 ) : 
Quand on ajoute à la solution aqueuse du produiten — — 
queslion une pincée de farine de lin, le liquide renferme 
une dose notable d'acide cyanhydrique, aprés quelques 
heures. L'émulsion d'amandes douces est sans action dans 
les mémes conditions. 1 
Lorsqu'on dissout cette substance dans de l'eau renfer- — - 
mant deux centiémes d'acide sulfurique, puis que l'on fait 
bouillir le liquide pendant une ou deux heures dans un bal- 
lon surmonté d'un réfrigérant à reflux, la solution se charge 
d'acide cyanhydrique. Aprés évaporation et neutralisation 
par le carbonate calcique, elle réduit la liqueur de Fehling 
et fermente quand on l'additionne de levure de biére. 
L'acide cyanhydrique et le sucre glucose constituent 
donc deux des produits de dédoublement du glucoside; 
nous avons lieu de supposer qu'il en existe un troisiéme, 
mais d'aprés des essais comparatifs que nous avons faits 
en opérant sur l'eau distillée de plantes de lin et l'eau dis- 
tillée de laurier-cerise, ce troisième produit ne serait pas 
l'aldéhyde benzoique. | 
Nous avons, en effet, préparé de l'eau distillée de laurier- 
cerise et de l'eau distillée de plantes de lin, d'une égale 
richesse en acide cyanhydrique; or, tandis qu'en faisant 
bouillir l'eau de laurier-cerise rendue alealine,en présence de 
l'oxyde d' argent, il étail aisé d'en retirer une notable quan- 
tité d’acide benzoiqt filtrati idalation par l’acide 
sulfurique et agitation avec del éther, nous n'avons obtenu 
qu'un résidu insignifiant et d'une nature différente en opé- 
rant de la méme facon sur l'eau distillée de plantes de lin. 
Le produit en question se distingue donc de l'amygda- 
line, notamment par sa résistance à l'action de l'émulsine 
des amandes douces, par la réaction de l'acide sulfurique 
pesos et par la nature de l'un des produits résultant 
u dédoublement. | | * 


PANT : 
vq Seo a RD RCM NE PE AC SR S RR 


a ECTS Tod rre Hs CR P Td ON 


(C927 7 
Dès que nous aurons préparé une quantité suffisante de 
ce composé, nous en ferons l'étude complète, et nous 
aurons l'honneur de soumettre à l'Académie les résultats 
de nos recherches. 


Notice sur les Mélastomacées austro- américaines de 
M. Ep. Anpré; par Alfred Cogniaux, professeur à l'École 
normale de l'État à Verviers et vice-consul de l'Empire 
du Brésil. 


Les Mélastomacées dont nous donnons ici l'énumération 
ont été récoltées par M. André en 1875 et en 1876, prin- 
cipalement dans la Nouvelle-Grenade et l'Équateur. 
Il y a plusieurs années, nous avons déjà fait connaitre 
les Cucurbitacées récoltées dans le méme voyage d'explo- 
ration. On a vu alors que la collection des plantes de cette 
famille était fort remarquable; celle des Mélastomacées ne 
l'est pas moins, car elle comprend cent trois espèces dis- 
linetes et une variété. Les nouveautés sont au nombre de 
vingt, dont dix-neuf espèces et une variété. : 
Nous avons donné une description détaillée de toutes 
les espèces inédites; de plus, pour les autres espèces, nous 
avons cru utile de reproduire les notes prises sur le vif 
par M. André et concernant généralement soit le port, 
soit la taille de la plante ou la couleur des fleurs, ete., en 
Un mot des caractères d'autant plus intéressants à con- 
` naitre qu'on ne peut généralement les observer bien exac- 
lement sur les échantillons d'herbier. L'indieation du lieu 
natal est extraite littéralement de ses étiquettes, et les 
numéros entre parenthèses sont ceux des exemplaires de 
$&3 collection. 


( 928 ) 

Pour ne pas toujours répéter les mots Nova Granata et 

Ecuador, nous avons fréquemment fait usage des abré- 
viations N. Gr. et Ec. 


3. Bucquetia glutinosa DC. Prodr. 111, 110, 8. rosea, nov. var. 

Rami superne vix glutinosi. Pedicelli filiformes, 2-4 cm. 
longi. Flores rosci. 

Ad colles prope Chipaque in Cordillera orientali Andium 
Novo-Granatensim, altit. 2800 m., Decembri 4875 (n° 1015). 
— Ad Boqueron de Bogota, altit. 2900 m., 26 Januar. 1876 
(n° 4265). — « Frutex 2-5 m. altus, ramis numerosis, apice 
confertis; floribus eymosis, speciosis, roseis. » 


Le type de cette espéce, qui se rencontre également 
dans les environs de Bogota, a les jeunes rameaux souvent 
très glutineux, les pédicelles longs de 1/,-2 em. et les 
fleurs violettes. 


2. hhynchanthera grandiflora DC. var. microphylla Naud. in 
Aun. Sc. Nat. ser. 5. XII. 211. — N. Gr. : Ad Alto del Potre- 
rito prope Vijés in valle Cauca, altit. 1780 m., 50 Mart. 1876; 
ad La Laguna in vall. flum. Dagna, altit. 1020 m., 2 April. 1876 
(n° 1076). — « In humidis montium, rara. Frutex 1-2 m. 
rarius 2-3 m. altus, floribus rubris vel rubro-violaceis. » 


Cette variété n'avait encore été signalée que dans la 
Guyane hollandaise. 


3. Arthrostemma campanulare Triana, Mélast. 55. — Prope 
Ibagué, ad pedem orientalem montis Tolima in Cordillera cen- 
trali Novae Granatae, altit. 1410 m., 4 Mart. 1876 (n° 2021). 
— « Herbacea; flores pulchre rosei, petalis medio dorso ruber- 
rimis. » 


( 929 , 


4. Érnestia ovata, nov. sp. 

Caule ramoso; ramis obscure tetragonis, brevissime denseque 
glanduloso-villosis; foliis ovatis, basi rotundatis et saepius 
leviter emarginato-cordatis, apice abrupte brevissime acuteque 
acuminatis, 7-nerviis,supra densiuscule breviterqueglanduloso- 
hirtellis, subtus breviter villoso-hirtellis praecipue ad nervos 
nervulosque; panicula densiuscula, multiflora; calycis tubo late 
campanulato, densiuscule breviterque glanduloso-villoso, seg- 
mentis lineari-subulatis, sparse pilosulis, tubo paulo longiori- 
bus; petalis anguste ovatis, apice subrotundatis, utrinque gla- 
berrimis vel apice vix glanduloso-pilosulis; staminibus subsi- 
milibus, majorum connectivo infra loculos longe producto 
arcuato !/; parte totius longitudinis a basi distincte genieulato 
nec calearato, ultra 1usertionem filamenti antice porrecto et 
longe biaristato, aristis simplicibus, minorum connectivo bre- 
vissino basi postice subealearato antice breviuscule biaristato; 
ovario 4-loculari, vertice leviter breviterque glanduloso-piloso. 
Suffrutex 1 m. altus. Rami robustiuseuli, longiuseuli, erecto- 
patuli, subrecti, fuscescentes, subsimplices. Petiolus satis gra- 
cilis, teretiuseulus, supra vix canalieulatus, brevissime den- 
Seque. glanduloso-hirtellus, cinereo-fuseus, 1 !/5-2!/, em. 
longus. Folia membranacea, patula, internodiis saepius duplo 
longiora, margine tenuissime serrulata, supra laete viridia et 
paca, subtus satis pallidiora, 3-8 cm. longa, 4-6 cm. lata; 
nervis satis gracilibus, supra vix impressis, subtus satis promi- 
nentibus, mediano satis crassiore, exterioribus caeteris multo 
8racilioribus brevioribusque. Paniculae erectae, subpyrami- 
datae, subaphyllae, 1-2 dm. longae, ramis patulis, gracilibus, 
longiuseulis, diehotome ramulosis. Pedicelli subfiliformes, 
divaricati, densiuscule breviterque glanduloso-pilosi, 3-8 mm. 
longi. Bracteolac lineares, patulae, 1-2 mm. longae. Calyx fus- 
tescens, tubo obscure 10-sulcato, basi obtusiusculo, 5 mm. 
longo, apice totidem lato, segmentis patulis, leviter flexuosis, 
3-4 mm. longis, basi vix 1 mm. latis, Petala pulehre rosea, 
patula, basi subrotundata, tenuiter multinervia, 8-9 min. longa, 
5" SÉRIE, TOME XIV. 62 

, 


( 950 ) 

6 mm. lata. Staminum filamenta capillaria, leviter flexuosa, 
purpurascentia, 4-5 mm. longa; antherae lineares, paulo 
flexuosae, 5 vel 5 !/, mm. longae, !/, mm. crassac, connectivo 
infra loculos 4 vel 4-5 mm. longos producto, capillari, basi 
. dilatato, aristis tenuissimis, 1 !/ vel 5 mm. longis. Ovarium 
ovoideum, leviter 4-suleatum ; stylus filiformis, satis sigmoideo- 
flexuosus, superne non vel vix inerassatus, 8-9 mm. longus. 
Capsula ovoidea, bees. > mm. ionge; 4 mm. crassa. Semina 
fulva, creberri i lata, !/5 mm longa, !/, mm. 
crassa. 

Habitat ad Cerro de Anvila prope Panche in descensu occi- 
dentali Andium occid. Novae Granatae, altit. 1400 m., 
17 Februari 1876 (n* 1701). 


Cette espèce doit se placer dans la section Euernestia, 
entre les E. tenella DC. et E. quadriseta O. Berg. En com- 
parant les descriptions que nous avons données de ces 
deux espèces (in Mart. Fl. Bras., Melast. I. 227), on verra 
qu'elle en différe beaucoup. Rappelons seulement que 
l'E. tenella a les feuilles oblongues, à 5 nervures, el le 
connectif des grandes étamines éperonné; VE. quadriseta 
a les feuilles ovales-oblongues et les arétes du connectif 
des grandes étamines profondément bifides. 


5. Pterolepis pumila Cogn. var. y. ramosa Cogn. in Mart. 
Fl. Bras., Melast. Y. 264. — N. Gr. : in humidis prope 
Jamundi, ad mediam vallem « Cauca », altit. 1025 m., 12 Apri- | 
lis 4876 (n° 2028). — « Herbacea, 5-5 dm. alta; floresalbi.» — 


€. Pterogastra divaricata Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. XIII. 
` 35 (pro parte). — JV. Gr. : Ad Caqueza, in declivitate orien- 
tali Andium bogotensium, altit. 1800 m, 50 Decembr. 187 

(n° 981). — « Herbacea; flores rubri, fugaces. » 
.. On n'avait jusqu'ici signalé cette espèce que dans le 
2^ nord du Brésil et la Mn anglaise. 


3. Tibouchina Lindeniana Cogn. l. c. 1. 547. — N. Gr. : Ad 
Cerro de Anvila prope Panche, altit. 4750 m., 17 Februar. 
1876 (n° 1711). — « Frutex 2-5 m. altus, habitu erecto, ramis 
apice confertis, floribus puleherrime rubris. » 


Cette espèce a d'abord été décrite par Bentham (PI. 
Hartw. 181) sous le nom de Pleroma corymbosum ; mais 
des raisons de priorité nous ayant forcé d'employer le 
méme nom spécifique pour une autre espéce, nous avons 
dédié celle-ci au célébre explorateur belge M. J. Linden, 
qui l'a distribuée autrefois sous les numéros 103 et 753. 


S. Tibouchina lepidota Baill. in Adansonia, XII. 74; Cogn. 
l. c. 572. — In sylvis primævis ad Aguadita, in Cordillera 
orientali Andium Novæ Granatæ rara, altit. 2100 m., 4 Febr.1876 
(n*1455). « Arbor 15 metr.alta, cyma rotundata, cortice caulino 
exfoliato (Arbuti Andrachne instar) cinnamomeo, floribus 
maximis cœruleis post anthesin violaceis. » — Inter Salento et 
Tambores in declivit. oceid. montis Quindio, altit, 1380 m., 
14 Mart. 1876, et ad San Pablo, altit. 1270 m., 22 Maii 1876 
(n^ 2546 part). « Arbor 8-10 metr. alta, floribus novis pul- 
cherrime purpureis veteribus violaccis. » — Ad Rio Roble 
prope Popayan, altit. 1810 m., 19 April. 1876 (n. 2546 part.). 


9. T. lepidota, var. congestiflora Cogn. Pl. Lehm. in Engl. 
Bot. Jahrb. VIII. 47. — Ec. : Prope San Nicolas ad ripas Rio 
Toachi, altit. 1080 metr., 21 Junii 1876 (n. 2546 part.). « Arbor 
4-6 m. alta, floribus purpureo-violaceis. » 


10. Tibouchina paleacea Cogn. in Mart. Fl. Bras., Melast. 
I. 573. — N. Gr. : Ad Pié de San Juan in decliv. orient, 
montis Quindio, altit. cire. 2500 m., 8 Mart. 4876 ( n° 22 " ina 
* Arbor 6-7 m. alta. cyma rotunda, floril yn 
violaceis, antheris luteis. » 


(992. 


11. Tibouchina Karstenii Cogn. /. c. I. 581. — Prope 
Susumuco in regione Melastomaccarum dilectiss. Andium 
orient Novae Granatae, altit. 1200 m., 4 Januar. 1876 (n° 1126 
et 915 part). — « Frutex plur. metr. altus, floribus violaceis. » 


12. Tibouchina bipenicillata Cogn. l. c. 1. 585. — Inter San 
Miguel et Quetame Cordillera orient. Novae Granatae, altit. 
1950 m., 31 Decembr. 1875 (n° 865). — « Arbuseula 5-4 m. 
alta, ramis crassis erectis, floribus rubris. » 


33. Tibouchina gracilis Cogn. var. 9. vulgaris, l. c. 1. 587. — 
N. Gr.: In montibus Bogotensibus meridiem versus, altit. 
2800 m., Decembri 1875 (n* 915 part.). — « Frutex erectus, 
2-5 m. altus, floribus rubris. » 


14. Tibouchina longifolia Baill. in Adansonia, XII. 74; Cogn. 
l.c. 1. 402. — In Venezuela ad littus maris prope La Guayra, 
altit. 12 m.; 25 Novembr. 1875 (n° 100); V. Gr. : ad Carare 
secus ripas fluminis Magdalena, altit. 550 m., 7 Decembr. 1875 
(n° 409); ad Susumuco in declivit. orient. Andium Bogoten- 
sium, altit. 1240 m., 1 Januar. 1876 (n° 825). — « Frutex 
2 m. altus, ramosus. » 


43. Tibouchina ciliaris Cogn. — Meriania ciliaris Vent.! 
Choix de Pl., tab. 54. — Chaetogastra ciliaris DC. Prodr. IM. 
152. — Micranthella ciliaris Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. 
XIII. 548. — Pleroma ciliare Triana, Mélast. 46, tabl. IH. 
fig. 51 o. 

Prope Fusagasuga ad margines sylvarum Andium orient. 
Novae Granatae, altit. 1900 m., 6 Febr. 1876 (n° 1409). 
« Suffrutescens, 4 m. alta, floribus roseis. » — Ad Panche in 
declivit. Andium orient. Magdalenam versus, altit. 1600 m., 
18 Febr. 1876; propter urbem Ibague ad pedem occid. montis 
Quindio, altit. 4550 m., 6 Mart. 1876 (n° 1667). « Frutex 5 m. 
altus, paueiramosus, floribus a:bis, petalis obovatis. » 


( 953 ) 


16. Tibouchina mollis Cogn. in Mart. Fl. Bras., Melast. 1. 
349 in adnot. — In paludibus et locis inundatis prope Cumara! 
ad pedem Cordill. orient. Novae Granatae, altit. 410 m., 
5 Januar. 1876, cum Mauritia flexuosa crescens (n° 1054). 
« Planta suffrutescens, 2 m. alta; rami assurgentes; corollae 
conspicuae violaceae. » — Ad Paramo de la Union in alta valle 
Caucana, altit. circit. 9500 m., 27 April. 1876 (n° 2776 bis). 
« Frutex ramosus, 3 m. altus, floribus copiosis violaceis. » — Ad 
Casapamba, prope lacum Andium Laguna Cocha dietum, altit. 
cire. 5000 m., Maio 1876 (n° 5085). « Arbuseula 4-5 m. alta, 
floribus roseo-violaceis.» — Ad Alto de Chocorral in vicinitate 
montis ignovomi Cumbal, altit. cire. 2800 m., 20 Maii 1886 
(n° 5257 bis) « Frutex 3-4 m. altus, ramosus, floribus 
violaceis. » 


17. Tibouchina laxa Cogn. — Melastoma laxa Desr.! in 
Lamk. Encycl. méth. Bot. IV. 41. — Rhexia 'sarmentosa 
Bonpl.! Rhex. 25, tab. 10. — Chaetogastra sarmentosa DC.! 


Prodr. HI. 154. — Pleroma laxum DC.! l. c. 151; Triana, 
Mélast. 47, tab. III. fig. 51 j. — Lasiandra sarmentosa Naud.! 
in Ann. Sc. nat. ser. 5. XII. 150. — L. laxa Naud. l. c. 159 
et Melast. 720. — Pleroma sarmentosa Hook. f.! in Bot. Magaz. 
tab. 5629, 

In humidis apud pratos lomas in Andibus centralibus 
Ecuadorensibus, altit. 2800 m. (n° 4350). « Frutex dumosus, 
floribus violaceis » — In Cordillera centrali Ecuadorensi, altit. 
cire, 5000 m. (n. 4362) « Frutex 2 m. altus, floribus albis 
Suavibus. » 


18. Tibouchina pendula Cogn. PL. Lehm. in Engl Bot. 
Jahrb. VII. 18. — Ece.: Ad ripas flum. Pilaton in decliv. 
occid. montis Corazon, altit. 1800 m., 21 Junii 1876 (n° 3765). 
— « Flores magni, candidi, speciosi. » 


( 934 ) 


19. Tibouchina arthrostemmoides, nov. spec (sect. Diotan- 
thera). 

Fruticosa; ramis obscure tetragonis, junioribus breviuseule 
denseque adpresso-setulosis praecipue ad nodos, vetustioribus 
subglabris; foliis brevissime petiolatis, rigidiuseulis, ovatis, 
basi rotundatis et saepius leviter emarginato-cordatis, apice 
acutis, raargine integerrimis, 7-nerviis nervis intermediis basi 
breviter coalitis, utrinque brevissime subsparseque adpresso- 
strigillosis praecipue subtus ad nervos; floribus majusculis, 
longiuscule pedicellatis, basi minute bibracteolatis, ad apices 
ramulorum paucis subeymosis; calyce densiuseule longeque 
adpresso-strigoso, tubo  eampanulato-oblongo, segmentis 
linearibus, breviuscule ciliatis, tubo paulo longioribus; stami- 
nibus satis inaequalibus, filamentis glabris, connectivo infra 
loculos breviuscule producto, glabro, basi valde incrassato; 
stylo longiusculo, glabro, superne non vel vix incrassato, apice 
truncato. 

« Arbuseula 5-6 m alta, ramosissima. » Rami erecto- 
patuli, graciles, elongati, rigidiuseuli, cinerco-fusci, satis ramu- 
losi. Petiolus gracilis, teretiuseulus, longiuscule denseque 
adpresso-setulosus, 2-6 mm. longus. Folia patula vel subre- 
flexa, internodiis saepius breviora, utrinque siccitate viridi- 
fuscescentia, 4-6 em. longa, 2-5 !/, em. lata, ramealia satis 
minora; nervis crassiusculis, supra satis impressis, subtus 
valde prominentibus; nervulis transversalibus indistinetis. Pe- 
dicelli graciles, teretiuseuli, densiuscule breviterque adpresso- 
sù igillosi, 1-2 em. longi. Bracteolae erectae, rigidiusculae, 
oblongo-lineares, fuscescentes, subglabrae, 2-4 mm. longae. 
Calyx fulvus, tubo 6-7 mm. longo, apice 4 mm. lato, seg- 
mentis erecto-patulis, rigidiusculis, 7-8 mm. longis. Petala 
rubra vel violacea, patula, obovata, apice oblique subtruncata, 
margine vix ciliata, utrinque glabra, 15-17 mm. longa, 
10-12 mm. lata. Staminum filamenta capillaria, purpurascen- 
tia, 6 vel 7.8 mm. longa; antherae lineares, superne salis 
attenuatae, plus minusve arcuatae, 4 vel 6 mm. longae, connect- 


tivo infra loculos 1 vel 2 mm. longos producto. Ovarium ovoi- 
deo oblongum, superne densiuseule breviterque setulosum ; 
stylus filiformis, apice uncinatus, 8-10 mm. longus. spinis 
anguste obovoidea, leviter 6-suleata, superne 3-valvis, fere 
1 em. longa. Semina fusea, leviter cochleata, tenuissime foveo- 
lata, !/; mm. longa, !|; mm. crassa. 

Habitat ad Altaquer in Cordillera meridionali Andium Novo- 
Granatensium, altit. 990 m., Maio 1876; ad San Pablo in 
regione humidissima Andium Pastoensium, altit. 1970 m., 
22 Maii 1876 (n. 5359). 


Parmi les nombreuses espèces de la section Diotanthera, 
aucune n’a un port analogue à celle-ci, et au premier coup 
d'œil, on pourrait croire qu'elle appartient au genre 
Arthrostemma, quoiqu'elle ait absolument tous les carac- 
tères floraux du genre Tibouchina. 


20. Tibeuchina cerastifolia Cogn. in Mart. FL Bras., Melast. 
L 405. — Ec. : In declivitate occid. montis Corazon, altit. 
1900 m., Junio 1876 (n* 1428 part). — « Suffrutex ramis 
gracilibus, floribus roseis. » 


La découverte de cette espèce dans la république de 
l'Équateur est trés remarquable, car elle n'était connue 
jusqu'ici que dans les provinces méridionales du Brésil et. 
l'Uroguay. Malgré le grand éloignement des habitations 
de l'Équateur et du Brésil, la seule différence un peu 
nolable que nous trouvons entre ces plantes est que celle 
du Brésil a les fleurs pourpres, tandis que M. André note 
pour la sienne des fleurs roses. 


24. Tibouchina grossa Cogn. in Mart. Fl. Bras., Melast. | 
l. 297. — N. Gr. : Ad Boqueron de Bogota, altit. 2800 m., 
21! Decembr. 4875 (n° 724). « Frutex 2-4 m. altus, ramis 


( 956 ) 
assurgentibus, floribus atropurpureis.» — Ad Paramo de Chim- 
balan in Cordillera meridionali Novae Granatae, altit. 5000 m., 
4 Maii 1876 (n° 2247 part.) « Flores viride sanguinei. » 


22. Tibouchina Andreana, nov. spec. (sect. Purpurella). 

Fruticosa; ramis obscure tetragonis, breviter dense subad- 
presseque strigosis ; foliis parvis, rigidis, breviter petiolatis, 
basi rotundatis, apice obtusis et saepius subrotundatis, margine 
subintegerrimis, 5-nerviis nervis lateralibus basi breviter 
coalitis, supra breviter denseque bullato-strigosis asperri- 
misque, subtus pilis brevissimis patulis rigidiuseulis papillosis 
dense hirtellis praecipue ad nervos ; floribus magnis, breviu- 
seule pedicellatis, ad apices ramulorum aggregatis subcy mosis, 
basi bibracteatis; calyce longiuseule densiuseule subadpres- 
seque strigoso, tubo campanulato-ovoideo, segmentis anguste 
ovatis, apice subrotundatis, margine membranaceis glabris 
ciliatisque, tubo satis. brevioribus; petalis extus longiuscule 
denseque villosis; antherarum connectivo basi in calear bifi- 
dum producto. 

« Frutex ramosus, 5 m. altus. » Rami erccto-patuli, robus- 
tiuseuli, satis breves, ferruginci, satis ramulosi. Petiolus gra- 
cilis, teretiusculus, breviter dense adpresseque strigosus, 
2-4 mm. longus. Folia patula, internodiis saepius breviora, 
supra viridi-cinerea, subtus cinerca, 1-1!/2 cm. longa, 
7-12 mm. lata; nervis erassiusculis, supra profunde impressis, 
subtus satis prominentibus; nervulis transversalibus nume- 
rosis, paulo distinetis. Pedicelli robustiusculi, breviter den- 
seque strigosi, '/,-1!/, em. longi. Bracteae rigidiusculae, 
adpressae, ovatae, apice rotundatae, fuscae, intus subglabrae, 
extus brevissime subsparseque hirtellae, 7-10 mm. longae. 
Calyx fuscus, tubo teretiusculo, basi rotundato, fere | em. 
longo, 7-8 mm. lato, segmentis erectis, 6 mm. longis, 5 mm. 
latis. Petala atrosanguinea, erecta, obovata, apice subrotun- 
data, inferne longiuscule attenuata, 2-2 1/5 em. longa. Stami- 
minum filamenta (imperfecte evoluta) glaberrima; antherae 


(99r Jj 

purpurascentes, oblongo-lineares, rectae, apice truncatac, 
6-7 mm. longae, 1 1/9 mm. erassae, conneetivo infra loculos 
^ mm. long. producto. Ovarium ovoideum, superne brevius- 
cule denseque caneseenti-setulosum ; stylus  erassiuseulus, 
atropurpureus, subrectus, apice truncatus, 4 1/9 em. longus. 
Capsula perfeeta ignota, 

Habitat ad Boqueron del Quindio, in Cordillera centrali 
Novae Granatae, altit. 5450 m, 40 Mart. 1876 (n° 2247 part.). 


Le T. Andreana se distingue immédiatement des deux 
autres espèces de la section Purpurella par ses feuilles 
beaucoup plus petites, dont la face inférieure est couverte 
de poils papilleux et non simples. 


23. Brachyotum rotundifolium, nov. spec. (sect. Dicentrae 
Cogn. in Monogr. Melast. ined.). 

Ramis obscure tetragonis, superne pilis patulis longiusculis 
dense hirtellis ; foliis rigidis, subparvis, breviter petiolatis, 
suborbieularibus, margine subintegerrimis, 7-nerviis nervis 
intermediis basi "teri ne pre longiuseule subad- 
presse d e breviterque villosis 
praecipue e aer foribus 4-meris, ad apices ramulo- 
rum saepius aggregatis, ebractcatis vel interdum bracteatis; 
calyce dense longe adpresseque villoso, tubo campanulato- 
Obconico, segmentis ovato-triangularibus, apice acutis, basi 
contiguis, tubum aequantibus ; petalis margine vix ciliatis, apice 
subrotundatis ; antheris linearibus, basi longiuscule bicalea- 
ratis, 

* Frutex ramosissimus, 2 m. altus. » Rami erecti vel erecto 
Paluli, satis graciles, breves, leviter tortuosi, ferruginei, inferne 
plus minusve excoriati, valde ramulosi. Petiolus robustiuseu- 
lus, teretiusculus, breviuseule denseque villoso-hirtellus, 
2-7 mm. longus. Folia patula. internodiis subduplo longiora, 
supra viridia vel interdum dilute flavescentia. subtus satis 
pallidiora vel rufescentia, 1 1/,-9 em. longa ct fere totidem 


( 958 ) 

lata; nervis crassiusculis, supra profundiuscule impressis, 
subtus satis prominentibus. Flores breviter vel brevissime 
pedicellati. Calyx fulvus et saepius dilute purpureus, tubo 
teretiuseulo, 6-7 mm. longo, apice totidem lato, segmentis 
erectis, 6-7 mm. longis, 4 mm. latis. Petala ut videtur pur- 
pureo-violacea, obovata, basi breviter unguiculata, tenuissime 
plurinervia, 15-15 mm. longa, 9-10 mm. lata. Staminum fila- 
menta subeapillaria, purpurea, 5-6 mm. longa; antherae 
pallidae, lineares, superne satis attenuatae, subrectae, 5-6 mm. 
longag. Ovarium anguste ovoideum, superne longiuscule den- 
seque setulosum; stylus filiformis, atropurpureus, fere 2 em. 
longus. Capsula ovoidea, fuscescens, 8 mm. longa, 5 min. crassa. 

Habitat apud « Paramos » montium in Andibus Ecuado- 
rensibus frequens, altit. 5200-5800 m. (n° 4301). 


Cette espèce doit être rapprochée du B. campanulare 


Triana, qui s'en distingue facilement par ses feuilles étroi- | 


tement ovales, à 5 nervures, les lobes du calice deux fois 
plus longs que le tube, etc. 


24. Brachyotum cernuum Triana, Mélast. 48. — Ad sum- 
mum montem ignivomum Azufral in Cordillera merid. Novae 
Granatae, altit. eire. 4000 m, 18 Maii 1876 (n° 5261). — 
« Frutex 1-2 m. altus, ramis adpressis, erectis; calyce obscure 
miniato; corolla luteola. » 


23. Brachyotum strigosum Triana, l. c. 49. — VN. Gr. : 
Alto del Paramo in Cordillera Bogotensi, altit. 2850 m., 


14 Januar. 1876 (n° 1084); ad Guadalupe, propter urbem. 


Bogota, altit. 5150 m., 25 Januar. 1876 (n° 1261). — « Fru- 
tex 1-2 m. altus, pauciramosus; floribus urceolatis, atrovio- 
laceis. » : : 


26. Brachyotum Andreanum, nov. spec. (sect. Adesmiae Cogn. 
in Monogr. Melast. ined.). : 
Ramis teretiusculis, superne subadpresse breviter denseque 


no e Um TOP MU aaa a TERES HE E REI S e o S M 


( 939 ) 

strigillosis; foliis rigidis, parvis, breviter petiolatis, ovato- 
suborbicularibus, basi rotundatis, apice obtusis vel subrotun- 
datis, margine subintegerrimis, 5-nerviis nervis lateralibus 
basi breviter coalitis, supra callis conieis brevibus apice 
subsetiferis dense onustis, subtus selulis brevissimis basi 
tubereulatis densiuscule hirtellis praecipue ad nervos nervu- 
losque; floribus 5-meris, ad apices ramulorum solitariis vel 
paucis, 4-bracteatis; calyee adpresse longe denseque sericeo, 
tubo eampanulato, segmentis ovatis, acutis, tubum aequantibus ; 
antheris inappendiculatis. : 
Frutex erectus, ramosissimus. Rami erecti, robustiusculi, 
satis breves, sordide fusci, inferne denudati, valde ramulosi. 
Petiolus robustiusculus, teretiusculus, breviuseule denseque 
hirsutus, 5-5 mm. longus. Folia patula, internodiis 9-5-plo 
longiora, supra fuscescentia, subtus cinerca, 12-17 mm. longa, 
10-14 mm. lata; nervis crassis, supra profunde impressis, 
subtus valde prominentibus; nervulis transversalibus nume- 
rosis, supra indistinctis, subtus satis prominentibus. Bracteae 
imbrieatae, submembranaceae, ovato-suborbiculares, intus 
glabrae et fuscescentes, extus canescenti-cinereae et densius- 
cule adpresseque sericeae, 4 em. longae. Calyx canescens, 
tubo teretiuseulo, 6 mm. longo, «pice 7-8 mm. lato, segmentis 
erectis, rigidiusculis, 6 mm. longis, 4-5 mm. latis. Petala 
* viride sanguinea », suborbicularia, margine brevissime 
ciliata, 4 tls em. longa. Staminum filamenta filiformia, glabra, 
purpurea, 5-6 mm. longa; antherae flavescentes, oblongo- 
lineares, apice attenuatae, subrectae, 4 mm. longae. Ovarium 
anguste ovoideum, superne breviter denseque canescenti- 
setulosum; stylus filiformis, purpureus, 2 cm. longus. Capsula 
subglobosa, fere 1 em. crassa. 

Habitat in Andibus centralibus Ecuadorensibus, altit. 
3300 m. (sine n°). à 
Dans la section Adesmiae, le B. confertum Triana est le 
Seul qui ait, comme l'espèce que nous venons de décrire, 


( 940 ) 
les fleurs entourées d'une sorte d'involucre de bractées, 
mais le B. confertum a six bractées au lieu de quatre; de 
: * f 
plus, ses feuilles sont beaucoup "plus petites, ovales- 
oblongues, à trois nervures, etc. 


27. Brachyotum canescens Triana, Mélast. 48. — N. Gr. : 
Ad « El Peñon », prope Sibate, in deeliv merid. Andium 
Bogotensium, altit. 2650 m., 4 Febr. 1876 (n? 1464). « Frutex 
2-4 m. altus, ramis depauperatis; calycibus coloratis; corolla 
alba-luteola. » — Ad Paramo San Fortunato inter Bogota et 
Fusagasuga, altit 2880 m. (n° 1018). « Frutex 1-2 m. altus, 
pauciramosus ; floribus urccolatis, rosco-citrinis. » 


28. Chaetolepis microphylla Miq. Comm. Phytogr 72. — 
Ad Boqueron de Bogota, in declivitate occidentali Andium 
orient. Novae Granatae, altit. 2780 m., 91 Decembr. 1875 
(n° 756). x « Fruticulus, ramis gracilibus; floribus flavidis. » 


29. Aciotis paludosa Triana, Mélast. 51. — N. Gr. : Secus 
ripas Rio Guaro ad viam Tuquerres-Barbacoas, altit. 1650 m., 
21 Maii 1876 (n* 5412 part.). — « Suffrutex 1 m. altus, flori- 
bus albis. » . 


30. Aciotis purpurascens Triana, l. c. 52. — N. Gr. : In 
declivitate orientali Andium  Bogotensium, altit. circiter 
1600 m., Januario 1876 (n° 5412 part.). 


34. Monochaetum multiflorum Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. 
IV. 52 tab 2. fig. 1 C, XIV. 162. — N. Gr. : Ad Buenavista 
in monte ek altit. cire. 2000 m., 7 Mart. 1876 (n° 2129). 
— « Flores albi 


32. Monochaetum Benplandii Naud. /. c. IV. 51. tab. 2. 
fig. 1 B, XIV. 165. — N. Gr. : Ad jugum montium Bogoten- 
sium in declivitate orientali, altit. 9800 m., Decembr. 1875 
(n° 878). — « Frutex 5-4 m. altus, ramis erectis, floribus 
roseis. » 


| 
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( 944 ) 


83. Monochaetum lineatum Naud. /. c. IV. 52, — Ad Tocota, 
in alta valle flum. Dagna in Cordillera occid. Novae Granatae, 
alt. 1500 m., 2 April. 1876 (n. 2618). « Frutex ramosissimus, 
2 m. altus., ramis gracilibus; floribus roscis. » — In declivitate 
occid. montis Corazon Andium Ecuadorensium, altit. circ. 
2500 m., 22 Junii 1276. « Flores pallidissime rosei. » 


Cette espéce, déjà connue à plusieurs localités du Pérou 
et de l'Équateur, n'avait pas encore été signalée dans la 
Nouvelle-Grenade. 


34. Monochaetum. Hartwegianum Naud. l. c. IV. 51, XIV. 
161. — NW. Gr. : Ad Fusagasuga, in declivitate septentrionali 
Andium Bogotensium, altit. 1800 m., 5 Febr. 1876 (n. 1428 
Part). « Suffrutex ramis gracilibus; floribus roseis. » — Ad 
alto de San Juan in monte Quindio, altit. cire. 2500 m., 8 Mart. 
1876 (n* 2080). « Frutex ramosissimus, 2 m. altus; floribus 
rubris. » 


35. Monochaetum myrtoideum Naud. l. c. IV. 54, tab. 2, 
ig. 4 D, XIV. 4164. — Ad Boqueron de Bogota, in Andibus orient, 
Novae Granatae, altit. 2700 m., 21 Decembr. 1875 (n. 711). 
« Frutex ramosus, 2-5 m. altus, ramis assurgentibus. » — Prope 
Moscofio, in decliv. orient., Cordillerae orient., altit. 1700 m., 
Decembr. 4875 (n° 4196). « Frutex 2. m. altus, ramosissimus, 
elegans, floribus pulchre roseis. » 


36. Monochaetum Meridense Naud. l. c. XIV. 165 — N. Gr.: 
Ad Barro blanco et Fusagasuga, altit. 1750-1800 m., 4 et 5 Febr. 
1876 (n° 1449). — « Frutex plur. metr. altus, ramis gracilibus, 
floribus rubris. » 


( 942 ) 


37. Monochaetum Lindenianum Naud. /. c. XIV. 158, &. par- 
vifolium, nov. var. 

Planta quam in typo villosior, foliis parvis, 12-22 mm. 
longis, 6-10 mm. latis. 

N. Gr. : Ad Alto de Viota altit. 1150 m., et ad Paramo del 
Quindio, altit. 5200 m., Febr. ei Mart. 1876 (n° 2205). — 


3 ws ye t . : | 
« Frutex ramosissimus, 2-5 m. altus; floribus albis, antheris 


luteis, connectivi append. violacea. » 


35. Meriania speciosa Naud. /. c. XVIII. 128.— JV. Gr. : Ad 
Rio Roble prope urbem Popayan, altit, 1817 m., 19 April. 1876; 
alto de las Piedras prope Popayan, alt. 1815 m., 20 April. 1876 
(n° 2620bis). — « Flor de Mayo incolarum. Frutex 5-4 m. 
altus, ramis erectis; foliis nitentibus; floribus conspicuis, 
rubro-violaceis. » 


39. Meriania Trianae Cogn. PL. Lehm. in Engl. Bot. Jahrb. 
"VHI. 19. — Ad Alto San Antonio prope Tocota in Cordillera 
oecid. Andium Granatensiumn, altit. 1970 m., 2 April. 1876 
(n. 2620). — « Frutex 5 m. altus; ramis fastigiatis; floribus 
pulcherrimis, rubris. » 


40. Meriania nobilis Triana, Mélast. 66. — N. Gr. : Crescit 
apud Souson, in prov. Antioquia, altit. circiter 2500 m., 
« Amaruboyo d’ Antioquia» dieta (n° 811); ad vias propter 
urbem Popayan rara, altit. 1800 m., 17 April. 1876 (n° 2768 
part.).— «Flor de Mayo del monte incolarum, Arbor 15-20 m. 
alta, petiolis foliisque subtus violaceis; floribus paniculatis, 
speciosissimis; corollis maximis, rubro-violaceis. » 


Cette dernière note est reproduite sur toutes les éti- 
-quettes des feuilles qui appartiennent au Miconia majalis 
Cogn.; mais nous pensons qu'elle ne convient qu'au 
Meriania nobilis. : 


"UTEM 


REY S ue V RTE LS ERE nde SE ATR 


Jal, o0 hey bi re A 
[PT ASI D PM 
(EIE TA 


945 ) 


41. Centronia tomentosa, nov. spec. (sect. Brachycentrum). 
Ramis obtuse tetragonis, junioribus brevissime et densius- 
cule tomentoso-furfuraccis, vetustioribus glabratis; foliis 
rigidiusculis, longiuseule petiolatis, anguste ovatis vel ovato- 
oblongis, basi rotundatis, apicc acutiusculis, margine minu- 
tissime oberenulatis vel subintegerrimis, 7-nerviis, supra 
glabris et interdum leviter bullatis, subtus dense tomentosis; 
panieulis terminalibus, paucifloris saepius trifloris; floribus 
magnis, 5-meris, breviuscule Fee ins bibracteolatis ; 
alabastris ovoideo-oblongi: tratis rostro 


profunde 5-fido; ira derisi toetad, tubọ campanulato, 


limbo irregulariter rupto saepius bivalvi; antheris oblongo- 
linearibus, connectivo infra loculos breviter producto, postice 
appendice obtusa instructo, appendice superne tuberculato vel 
subealearato; ovario 5-loculari, glabro, vertice integro et 
rotundato; stylo crasso, stigmate non vel vix dilatato. 

« Arbor 8-10 m. alta, ramis apice confertis,» robustiusculis, 


, elongatis, leviter nodosis, inferne saepius denudatis, satis ramu- 


losis, cinereo-fuscis. Petiolus robustiusculus, teretiuseulus, 
supra non canaliculatus, rufescens, dense tomentosus, 1-5 em. 
longus. Folia patula, internodiis multo longiora, supra laete 
viridia, subtus canescenti-cinerea vel interdum rufescentia, 
1-1'/, dm, longa, 5-9 em. lata; nervis robustis, supra profun- 
diuseule impressis, subtus satis prominentibus, mediano leviter 
crassiore; nervulis transversalibus numerosis, robustiuseulis, 
supra profundiuscule impressis, subtus satis prominentibus et 
valde ramuloso-reticulatis. Peduneulus communis paniculae 
'h-1 dm. longus, robustus, obtuse tetragonus, densiuscule 
tomentosus; pedicelli dense tomentosi, !/,-1 cm. longi. Brac- 
teolae lanceolato-lineares, rufescentes, utrinque tomentosae 
praecipue extus, 1-3 em. longae. Alabastrum 2 cm. longum. 
Calyx rufescens, tubo teretiuseulo, 4 em. longo et apice toti- 
dem lato. Petala atrorubra, late irregulariterque obovata, mul- 


( 944 ) 

tinervia, utrinque vix furfuracea, apice oblique subtruneata, 
1 !/; em. longo lataque. Staininum filamenta subfiliformia, satis 
compressa, 12-15 mm. longa; antherae subrectae, apice bre- 
viter attenuatae, 10-12 mm. longae, i !/, mm. crassae. Ova- 
rium late ovoideum, fere usque ad medium adhaerens, 6 mm. 
longum; stylus purpureus, subrectus, glaber, 2 cm. longus. 
Capsula perfecta ignota. 

Habitat ad margines sylvarum primaev. in Andibus Ecua- 
dorensibus rara, altit. 5000 m. (n° 4475). 


Cette espèce a des rapports avec le Centronia excelsa 
Triana, Mélast. 72; mais ce dernier, d'aprés Bonpland, 
est seulement une herbe multicaule haute de 2 à 5 mètres; 
de plus, ses feuilles sont espacées et un peu cordées à la 
base; le bouton floral, au lieu d'étre rostré, est obtus au 
sommet, elc. 


42. Calyptrella cucullata Triana, Mélast. 72. — In sylvis 
humidis regionis temperatae Andium central. Ecuadorensium, 
altit 2000 m. (n° 4656). « Arbor 5-6 m. alta, pauciramosa, 
floribus albis. » — Secus viam Barbacoas in Andibus meridion. 
Novae Granatae, altit. 1040 m., Maio 4876 (n° 5422). « Arbor 


6-8 m. alta, ramis divaricatis; foliis conspicuis, junioribus 


coloratis. » 


43. Diplarpea paleacea Triana, Mélast. 80 (nomen tantum). 
— Prope Altaquer, pagum Cordillerae meridion. occid. Novae 
Granatae, altit. 990 m., 25 Maii 1876 (n° 5500). — « Planta 
herbacea, erecta, 5-10 dm. alta, floribus roseis. » 


MM. Bentham et Hooker, qui ont décrit le genre nou- 
veau Diplarpea Triana (Gen. Plant., |. 756), ne donnent 
ni le nom, ni la description de l'unique espèce qui com- 
pose ce genre. M. Triana (/.c.) en donne le nom, mais ne 


( 945 ) 

l'accompagne non plus de l'indication d'aucun caractère; 
de sorte que nous n’avons pu connaître sa plante que par 
les très maigres exemplaires qui se trouvent dans quelques 
herbiers. En étudiant ces exemplaires ainsi que ceux de 
M. André, nous avons constaté une erreur assez grave 
dans la description générique de MM. Bentham et Hooker. 
Nous lisons, en effet, dans le Genera: « Calycis... lobi 
9... cum dentibus minoribus alternati. » Nous trouvons 
bien au limbe du calice cinq lobes plus grands et cinq plus 
petits; mais ces derniers, au lieu d'alterner avec les pre- 
miers, sont extérieurs et insérés exactement sur le dos 
des plus grands, particularité qui se retrouve dans la plu- 
part des genres de la tribu des Miconiées. 


44. Monolena ovata, nov. spec. 

Glaberrima; rhizomate crasso, tuberoso, brevi; foliis longe 
petiolatis, tenuiter membranaceis, ovatis, basi rotundatis, apice 
acuminalis, margine subintegerrimis et breviter ciliatis, 
7-plinerviis, utrinque concoloribus; scapo gracili, glaberrimo, 
petiolo paulo breviore, apice 2-5 floro; floribus brevissime 
pedicellatis, basi subebracteolatis; calycis lobis triangularibus, 
apice obtusis, tubo paulo brevioribus; petalis late obovatis. 
Petiolus satis gracilis, laevis, viridis, 1 dm. longus. Folia 
laete viridia, plana, 1 '/ dm. longa, 8-9 em. lata, nervis satis 
gracilibus, non prominentibus; nervulis transversalibus satis 
distantibus, gracilibus, flexuosis. Scapi erecti, 7-8 em. longi. 
Pedicelli crassiusculi, 1-2 mm. longi. Calyx viridis, tubo 5 mm, 
longo, apiee totidem lato, lobis erectis, 2 mm. longis. Petala 
pulehre rosea, tenuiter membranacea, utrinque glaberrima, 
Ssubenervia, fere 2 cm. longa. Staminum filamenta capillaria, 
Tecta, 5-6mm longa; antherae oblongae, apice obtusae, rectae, 
? mm, longae, connectivo infra loculos fere 1 mm. long. pro- 
ducto. Capsula perfecta ignota. 
gme SÉRIE, TOME XIV. 65 


( 946 ) 

Habitat ad Quebrada Parada, prope Villavicencio ad pedem 
orient. Cordillerae Bogotanae altit. 600 m., 5 Januar. 1876 
(n? 1185). 


Cette espéce est voisine du M. primulaeflora Hook. f., 
qui en différe principalement par ses feuilles coriaces, 
5-5 plinerves, pourpres à la face inférieure, et par les lobes 
du calice arrondis. 


A5. Leandra melanodesma Cogn. in Mart. Fl. Bras., Melast. 


H. 115. — Ad El Cascajal in decliv. occid. montis Corazon 
Andium Ecuadorensium, altit. 1370 m., 22 Junii 1876 
(n° 5750). — « Frutex 3-4 m. altus, ramis elongatis, floribus 


pallide roseis, » 


46. Leandra subseriata Cogn., |. c. 75. — N. Gr. : In sylvis 
prope Upin et ad Hacienda de Salitu in regione dicta Ilanos de 
San Martin ad pedem orientalem Andium Bogotensium, altit. 
410-450 m., 5-7 Januar. 1876 (n° 1151). — « Arbuscula 
ramosa, 4-5 m. alta. » 


47. Conostegia speciosa Naud. in Ann. Sc. nat., ser. 5. XVI. 
109. — Panama, in sylvis umbrosioribus humidis, altit. 75 m., 
4 Augusti 1876 (n° 450157s). — « Frutex ramosus, 5-4 m. 
altus, floribus laete violaceis. » 


48s. Miconia Benthamiana Triana, Mélast. 102. — Ad Que- 
brada de Pususquer in Cordillera meridionali Andium Novo 
Granatensium, altit. 1800 m., Maio 1876 (n° 5391). — « Frutex 
ramosus, 5-4 m. altus, floribus albis, corollis extus roseo- 
pietis. » 


49. Miconia notabilis Triana, l. c. 105. — N. Gr.: Ad - 
Timbio in valle Cauca, altit. 1890 m. (n° 2809). — « Arbor 
5-8 m. alta; foliorum nervis subtus rubris; floribus albis; 
baccis pulchre roseis demum nigro-violascentibus. » 


(947.) 


$0. Miconia macrophylla Triana, l. c. 105. — N. Gr.: 
Islitas prope Nare ad ripas fluminis Magdalena, in sylva pri- 
maeva umbrosa eum Martinezia caryotaefolia erescens, altit. 
160 m., 9 Decembr. 1873; sicus ripas Rio Guatiquia ad pedem 
Andium orient., altit.. 600 m., Januar. 1876 (n° 416). — 
« Arbor 4-6 m. alta, conspicua ; foliis subtus canis vel cinna- 
momeis ; floribus paniculatis, roseis. » 


$1. Miconia caudata DC. Prodr. HI. 187; Triana, l. c. 104 
(pro parte — exel. syn.). — Prope Ibague, ad pedem montis 
Tolima, in Cordillera centrali Novae Granatae, altit. 1500 m., 
3 Mart. 1876 (n° 1956). — « Arbor 6 m. alta, ramosa, cyma 
pulchre disposita; foliis majoribus; floribus paniculatis, pallide 
roseis; antheris luteis. » 


52. Miconia aponeura Triana, l. c. 106. — JV. Gr. : Prope 
Villavicensio, ad pedem orientalem Andium Bogotensium, 
altit. 505 m., 12 Januar. 1876 (n° 1178). — « Arbuscula 
9-k m. alta, ramis paucis, erectis; floribus paniculatis, 
roseis, » 


53. Miconia smaragdina Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. XVI. 
186. — N. Gr.: In sylva Salitre ad pedem orientalem Cordil- 
lerae Andinae Bogotensis, altit. 400 m., Januar. 1876 (n° 1060). 
— * Arbor 5-6 m. alta, ramis gracilibus ; floribus paniculatis, 
albis. » 


$4. Miconia symplocoidea Triana, .Mélast. 108. — N. Gr.: 
Ad Barro blanco prope Fusagasuga in Andibus orient., altit. 
circit, 4850 m., 4 Febr. 1876 (n° 1496). « Arbuseula 5-4 m. 
alta, ramis elongatis, floribus albis. » — Ad Pasco in Andibus 
orient., altit. 9200 m., 41 Febr. 1876 (n° 1554). « Frutex. 2 m. 
altus, ramis divaricatis, floribus albis. » 


( 948 ) 


55. Miconia lhbaguensis Triana, l. c. 110. — JY. Gr.: Ad 
Caqueza in declivitate orient. Andium Bogotensium, altit. 
2070 m., 51 Decembr. 1875 (n° 905). « Frutex ramosus, 2-4 m. 
altus.» — Ad Arbalaez prope Pandi, altit. 1400 m., 8 Febr. 1876 
(n° 1452). « Arbuscula 5-5 m. alta, ramis erectis; floribus 
albis. » 


56. Miconia eriodonta DC. Prodr. II. 185, var. B. oblongi- 
folia DC. — JV. Gr. : Prope pagum Villavicensio, ad pedem 
orientalem Andium Bogotensium, altit 505 m., 2 Januar. 1876 
(n° 958). — « Arbuscula 5-6 m. alta, ramosa, in sylvis 
montium. » 


57. Miconia decipiens, nov. spec. (sect. Eumiconia). 

Ramis leviter compressis, junioribus petiolis peduneulisque 
brevissime denseque stellato-tomentosis demum scabriusculis ; 
folis magnis, submembranaceis, breviter petiolatis, late 
oblongo-lanceolatis, inferne satis attenuatis basi acutis et ad 
petiolum leviter decurrentibus, apice subabrupte breviter 
acuteque acuminatis, margine integerrimis, 5-plinerviis, supra 
glabris laevibusque, subtus brevissime et densiuscule stellato- 
pilosis; panieulis magnis, terminalibus, late pyramidatis, 
multifloris; floribus 5- meris, sessilibus, minute fasciculatis, 
basi breviter bractcolatis; calyce brevissime denseque stellato- 
piloso, fructifero subglabro, tubo campanulato-suburceolato, 
limbo brevissime 5-lobato, lobis obtusis extus vix tuberculatis. 

Arbor 10 m. aita, ramis divaricatis, robustiusculis, elongatis; 
subrectis, ferrugineis, simplicibus. Petiolus robustus, angulato- 
sulcatus, supra non vel vix canaliculatus, ferrugineus, circiter 
1 em. longus. Folia erecta vel erecto-patula, internodiis multo 
longiora, supra siecitate nigricantia et opaca, subtus. ferru- 
_ginea, in eodem jugo saepius inaequalia, 1 !/,-2 '/, dm. longa, 


( 949 ) 

6-11 em. lata; nervis ere le di ipiam 
impressis, subtus satis p 

exterioribus margini proximis; nervulis transersalibes 
numerosis, crassiusculis, subrectis, supra leviter impressis, 
subtus valde prominentibus et leviter reticulato-ramulosis. 
Panieulae erectae, sordide ferrugineae, satis trichotome 
ramosae, 2-5 dm. longae: rami patuli, satis graciles, elongati, 
leviter compressi, valde ramulosi, basi saepius bracteati. 
Bracteac caducae, patulae, rigidiusculae, lineari-subulatae, den- 
siuscule stellato-pilosae, !/,-1 em. longae; bracteolae subulatae, 
leviter flexuosae, caducae, 2-3 mm. longae. Flores « albi », 
perfecti ignoti. Bacca nigricans, subglobosa, sparse stellato- 
puberula, 5 mm. crassa. Semina fulva, nitidula et laevia, 
breviter angulato-pyramidata, */5 mm. longa et fere totidem 
ata. 


Habitat in sylvis regionis humidissimae ad Rio Nembi, in 
Cordillera meridionali Andium Novo-Granatensium, altit. 
900 m., 23 Maii 1876 (n° 5455). 


An premier abord, cette espéce pourrait étre prise pour 
le Miconia impetiolaris Don, dont elle a tout à fait le port; 
mais il est facile de l'en distinguer à ses feuilles pétiolées 
et assez longuement atténuées-aigués à la base, tandis que 
le M. impetiolaris a les feuilles sessiles, aurieulées à la 
base et presque amp:exicaules. 

Flle a aussi quelques rapports avec le Miconia phaeo- 
phylla Triana, qui a des feuilles coriaces, plus longuement 
pétiolées, à veines transversales à peine visibles, et des 
fleurs pédicellées. 


35. Miconia versicolor Naud. in Ann. Sc. nat. ser 5. XVI. 
189. — N. Gr. : Ad Tocaima iu decliv. montium flumen Mag- 
dalena versus, altit. 510 m., Februar. 1876 (n° 1568). ; 


( 950 ) 


59. Miconia spicellata Bonpl. Msc. ex Naud, l c. 154. — 
N. Gr. : Propter urbem Cartago in valle fluminis Cauca, altit. 
990 m., 17 Mart. 1876 (n* 2458). — « Frutex 5-4 m. altus. » 


60. Miconia albicans Triana, Mélast. 416. — N. Gr. : Ad 
Cañitas in valle Cauca, altit. 1250 m., 15 April. 1876 (n° 2759). 
— « Frutex 1-2 m. altus, dumosus; floribus albis, petalis 
reflexis; baeeis viridibus, edulibus. Madroño incolarum. » 


68. Miconia chlorocarpa, nov. spec. (sec. Glossocentrum). 

Ramis obscure tetragonis superne leviter compressis, junio- 
ribus petiolis pedunculisque densiuscule furfuraceis, vetustio- 
ribus glabratis; foliis subparvis, coriaceis rigidisque, brevius- 
cule petiolatis, ovato oblongis, basi subrotundatis, apice obtu- 
siuseule longeque acuminatis, margine integerrimis et satis 
revolutis, paris sopra pen densiuseule stellato-furfu- 
raceis demu subtus tenuissime dense 
adpresseque ioxnentellis: paniculis PAPAS alaribusve, 
parvis, pyramidatis, submultifloris; floribus 5-meris, breviter 
pedicellatis, ebracteolatis; calyce dense furfuraceo, tubo cam- 
panulato-suburceolato, limbo brevissime 5-lobato, lobis obtusis, 
basi remotis, dorso obscure tuberculatis; petalis obovatis, 
apice retusis; antheris oblongo-linearibus, inferne satis atte- 
nuatis, eonnectivo brevissime producto inappendieulato ; stylo 


brevi, superne satis incrassato, apice truncato. 

Arbuseula 5-4 m. alta. Rami satis graciles, subrecti, fusces- 
centes, paulo ramulosi. Petiolus crassiusculus, obscure angu- 
latus, supra leviter compressus ct vix canaliculatus, ferrugineus, 
*/-1 !/, em. longus Folia erecto-patula, internodiis duplo lon- 
giora, supra siccitate lurida et nitidula, subtus ferruginea, in 
eodem jugo saepius paulo inaequalia, 4-6 em. longa, 1 '/,-2 ‘/: 
em, lata; nervis crassis, supra profundiucule impressis, subtus 
valde prominentibus, mediano satis crassiore; nervulis trans- 
versalibus numerosis, crassinseulis, subrectis, supra leviter 


( 951 ) 

impressis, subtus satis prominentibus, Paniculae erectae, ferru- 
gineae, leviter ramosae, 4-5 em longae; rami erecto-patuli, 
erassiusculi, satis breves, obscure tetragoni, leviter ramulosi; 
pedicelli crassi, subrecti, 1-4 mm. longi. Calyx ferrugineus, 
tubo teretiusculo, basi subrotundo, superne leviter constricto, 
3 mm. longo latoque. Petala alba, patula vel reflexa, 1 '/, mm. 
longa, 1-1 '/, mm lata. Staminum filamenta tenuissima, satis 
flexuosa, 2 mm. longa; antherae paulo arcuatae, 4 '/, mm. 
longae. Stylus filiformis, subrectus, 2 '/,-5 mm. longus. Bacca 
viridis, subglobosa, 4-5 mm. crassa. 

Habitat ad Alta de la Cruz in Andibus Pastoensibus Novae 
Granatae merid., altit. 3560 m., 4 Maii 1876 (n° 5106) 


Cette espèce est. voisine du M. sclerophylla Triana, qui 
en différe par son pétiole comprimé latéralement, ses 
feuilles notablement plus grandes et à 5 nervures, ses 
fleurs sessiles et fasciculées, ete. 


62. Miconia longifolia DC. Prodr. III, 184 (non Naud.). — 
W. Gr. : Secus ripas Rio de la Vieja propter urbem Cartago in 
valle Cauca, altit. 990 m. et propter urbem Buga secus ripas 
fluminis Cauca, altit 1020 m.,47-99 Mart. 1876 (n° 2454 part.). 
« Arbor 10 m. alta, ramosa, floribus albis, paniculatis, suaveo- 
lentibus. » — In pratis humidis prope Jamundi in valle Cauca, 
alti. 1040 m., 11 April. 1876. (n° 2736). « Frutex 3 m. altus, 
floribus albis. » 


63. Miconia fulva DC. L. c. 180. — V. Gr. : Ad Carare secus 
flum. Magdalena, altit. 445 m., 7 Decembr. 1875; secus ripas 
Guaitara ad pedem orient. Andium Bogotensium, altit. 500 m., 
5 Januar, 1876 (n° 279). — « Arbuscula 4-5 m. alta, ramis 
assurgentibus; foliis erectis, subtus pulchre einnamomeis; 
floribus... » 


( 952 


64. Miconia Andreana, nov. spec. (sect. Amblyarrhena). 

Ramis obtuse tetragonis superne leviter compressis, junio- 
ribus tenuiter furfuraceis vetustioribus glaberrimis laevi- 
busque; foliis magnis, rigidiusculis, breviuscule petiolatis, ova- 
tis, basi rotundatis et intcrdum leviter emarginatis, apice brevi- 
ter acuteque acuminatis, margine minute serrulatis et breviter 
ciliatis, 7-9 nerviis, supra glaberrimis laevibusque et elegante 
bullatis, subtus ad nervos nervulosque leviter furfuraceis cae- 
teris glabris; paniculis majuseulis, pyramidatis, multifloris, 
satis congestis; floribus 5-meris, brevissime pedicellatis, basi 
minute bracteolatis; calyce densiuscule furf@racco, tubo cam- 
panulato, dentibus minutissimis, late triangularibus, acutis; 
petalis obovatis, apice subtruncatis; antheris oblongo-lineari- 
bus, connectivo basi vix bituberculato; stylo subeapillari , 
glabro, apice leviter dilatato. 

Frutex vel arbusenla 5-5 m. alta, robusta, pauciramosa, 
ramis erectis vel patulis, fuscescentibus, leviter ramulosis. 
Petiolus erassus, angulato-sulcatus, leviter furfuraceus, supra 
leviter barbatus non vel vix canaliculatus, 2-6 cm. longus. Folia 
patula, pulchre purpureo-metallica, 2-5'/, dm. longa, 12-22 em. 
lata; nervis robustis, supra profundiuscule impressis, subtus 
valde prominentibus, mediano satis crassiore, exterioribus 
caeteris multo gracilioribus brevioribusque; nervulis transver- 
salibus numerosissimis, crassiusculis, leviter arcuatis, supra 
profunde impressis, subtus valde prominentibus, valde ramu- 
loso-retieulatis, Paniculae erectae, satis ramosae, 4 '/, dm. 
longae; rami patuli, satis graciles, longiuseuli, leviter com- 
pressi, densiuscule furfuraceo-puberuli, valde ramulosi, basi 
interdum bracteati; pedicelli saepius vix 4 mm. longi. Brac- 
teolae caducae, adpressae, oblongae, acutiusculae, 1-2 mm. 
longae. Calyx dilute roseus, teretiuséulus, 2 mm. longus, 
4 !/, mm. latus. Petala rosea, patula, tenuiter membranacea; 
2 mm. longa Staminum filamenta tenuissima, flexuosa, 1 ‘/2- 


[A \ 
( 953 J 
2 mm. longa; antherae subrectae, 1 !/; mm. longae. Ovarium 
subglobosum, glaberrimum; stylus subrectus, 4 mm. longus. 
Bacca nigro-coerulea, late subglobosa, 4-5 mm. crassa. 
Habitat in declivitatis occident. montis Quindio Novo-Graha- 


lensium ad Salento (n? 2525) et ad Rio Boquia (n? 2808 
1800 m., 12-15 Mart. 1876. 


altit. 


— 
m 


Parmi toutes les espèces de la section Amblyarrhena 
qui ont les feuilles et les rameaux glabres ou presque 
glabres et les fleurs en panicule, celle-ci se reconnait sans 
difficulté à ses trés grandes feuilles munies de 7-9 ner- 
vures, élégamment bullées et d'un beau pourpre à reflets 
métalliques. 


65. Miconia asclepiadea Triana, Mélast. 191. — N. Gr. : Ad 
Quebrada Tulpas in Andibus meridionalibus, altit. 975 m., 
Maio 1876 (n° 1167). « Frutex ramosus, gracilis; floribus 
albidis. In regionc pluviosissima Cordillera vigens. » — Ad San 
Pablo, apud viam Barbacoas, alti. 4970 m., 22 Maii 1876 
(n° 3556). « Frutex 2-3 m. altus; floribus albido-cocrulescen- 
tibus (petalis albis, ovariis coeruleis). » 


66. Miconia difficilis Triana, Mélast. 192. — N. Gr. : Ad 
La Ceja del Quindio, aliit. 5140 m., 10 Mart. 1876 (n° 2485 
part ). — « Flores albi, antheris luteis. » 


657. Miconia majalis, nov. spec. (sect. Amblyarrhena). — * 

Ramis obtuse tetragonis et leviter quadrisulcatis superne 
paulo compressis, junioribus petiolis pedunculis calycibusque 
tenuissime furfuraceis, vetustioribus glabris laevibusque ; foliis 
longiuscule petiolatis, magnis, submembranaceis, siccitate 
Valde fragilibus, ovatis, basi subrotundatis et ad petiolum 
breviter decurrentibus, apice abrupte breviterque acumi- 
natis, margine minutissime remoteque denticulatis, 7-nerviis, 


c 954 ) 

supra glaberrimis laevibusque, subtus ad nervos nervulosque 
tenuissime punctato-furfuraceis caeteris glabratis; panieulis 
terminalibus, amplis, late pyramidatis, multifloris; floribus 
amplis, 5-meris, breviter pedicellatis, basi bibracteolatis; 
calycis tubo hemisphaerico, limbo brevissime 5-lobato, lobis 
late rotundatis, dorso minute denticulatis; petalis late irregu- 
lariterque suborbicularibus, utrinque tenuissime punctato- 
furfuraceis ; staminum filamentis crassis, superne densiuscule 
glandulosis, connectivo dorso inerassato basi non producto ; 
stylo robusto, brevissime et densiuscule glanduloso, stigmate 
amplo peltato. | 

Rami robusti, elongati, fuscescentes, Petiolys robustus, late- 
raliter leviter compressus, supra non canaliculatus, siccitate 
fuscescens, 5-7 em. longus. Folia patula, supra laete viridia et 
nitidula, subtus viridi-cinerea, 1 !/,-2 !/» dm. longa, 10-16 cm. 
lata ; nervis robustis, supra vix impressis, subtus valde pro- 
minentibus, exterioribus caeteris multo gracilioribus ; nervulis 
transversalibus numerosis, gracilibus, leviter flexuosis, supra 
vix impressis, subtus leviter prominentibus, tenuissime 
valde ramuloso-retieulatis. Panieulae erectae, satis ramosae, 
2-2'/, dm. longae; rami patuli, robusti, elongati, satis com- 
pressi, leviter ramulosi, basi ebracteati; pedicelli crassi, 
9-7 mm.longi. Bracteolae caducae, rigidae, adpressae, oblongo- 
lineares, 5-9 mm. longae. Calvx teretiusculus, siccitate atro- 
fuseus, 10-11 mm. latus. Petala patula, obscure pluriner- 
vulosa, leviter asymmetrica, basi non vel vix unguiculata, 
circiter 4 em. longa lataque. Staminum filamenta subrecta, 
6 mm. longa; antherae oblongae, subrectae, apice subrotun- 
datae et minute uniporosae, 4 mm. longae. Ovarium 5-loculare, 
| ovoideum, glabrum, apice leviter intrusum, usque ad medium 
liberum; stylus subrectus, 4 em. longus, stigmate 4 mm lato. 
Bacca ignota. 

Habitat ad rivos propter urbem Popayan Novo Granaten- 
sium, altit. 1800 m., 17 April. 1876 (n° 2768 part.).— « Flore 
de inayo del monte » incolarum. 


( 955 ) 


Cette espèce a de grands rapports, pour l'aspect et l'or- 
ganisalion de la fleur, avec les Miconia macrantha Triana 
(Mélast., 195) et M. grandiflora Cogn. (Pl. Lehm. in Engl, 
Bot. Jahrb. VII. 95); mais ces deux derniers ont les 
feuilles plus étroites, oblongues ou oblongues-lancéolées 
et seulement à 5 nervures; de plus, le M. macrantha en 
diffère encore par les feuilles aiguës à la base et les pétales 
oblongs, et le M. grandiflora par les feuilles trés entiéres, 
la panicule pauciflore, les fleurs dépourvues de bractées et 
les dents du calice plus longues. 


65. Miconia Pichinchensis Benth. PL Hartw. 182. — £c. : 
In declivitate occid. montis Corazon, altit. circit. 2500 m., 
21 Junii 1876 (n° 5748 bis). — « Frutex ramosus, ramis clon- 
gatis, floribus albis. » 


69. Miconia hymenanthera Triana, Mélast., 150. — Ec. : Ad 
Mindo, in sepibus sat frequens, altit. 2900 m., 2 Junii 1876 
(n° 5812). 


20. Miconia hematostemon Naud. in Ann. Sc. nat., ser. 5. 
XVI. 193. — NW. Gr. : ln sylvis umbrosis humidisque ad La 
Paila in valle Cauca, altit. 930 m., 26 Maii 1876 (n° 2426 bis). 
* Frutex 3-4 m altus, floribus albis. » 


71. Miconia hematostemon, var. glabrata Triana, Mélast., 124 
(nomen tantum). — JY. Gr. : Ad Paramo de la Union, in valle 
fluminis Cauca, altit. 1840 m., 27 April. 1876 (n° 2957) — 
* Frutex 9.5 m. altus, ramosus ; floribus albis ; staminum 
filamentis rubris, antheris aureis ; fructu baceato, viridi-roseo, 
punctis albis verrucosis consperso. » 


Cette variété, dont M. Triana n'a donné que le nom, 


( 956 
diffère du type, non-seulement parce que la plante est 
presque glabre au lieu d'être assez densément hérissée, 
mais encore par plusieurs autres caractères, tels que les 
feuilles plus longuement pétiolées, aiguës à la base et non 
arrondies, etc. Nous pensons qu'il y aura lieu de l'élever 
au rang d'espéce. 


22. Miconia scabra, nov. spec. (sect. Amblyarrhena). 

Ramis obtuse tetragonis superne leviter compressis, junio- 
ribus petiolis peduneulis foliisque subtus setulis patulis bre- 
vibus densiuseule hirsutis, vetustioribus glabratis scabrisque; 
foliis longiuscule petiolatis, rigidis, ovato-oblongis, basi subro- 

tundatis, apice acutiuseulis, margine tenuissime crenulatis, 
7-nerviis, supra densiuscule breviterque bullato-strigosis, 
subtus crebre rcticulato-foveolatis; paniculis terminalibus, 
parvis, congestis, multifloris; floribus 5-meris, sessilibus, basi 
ebracteolatis; calyce setulis patulis longiuseulis rigidis densius- 
cule hirsuto, tubo eampanulato-suburceolato, limbo obscure 
5-lobato; petalis late triangulari-obovatis, apice truncatis et 
saepius leviter retusis; añtheris oblongis, connectivo basi non 
producto dorso incrassato; ovario apice leviter setuloso; stylo 
glabro, stigmate peltato. 

Rami robustiusculi, breviusculi, erecto patuli, cinereo-fusci, 
satis ramulosi. Petiolus robustiusculus, teretiusculus, supra 
non canaliculatus, fuscus, 2-2 !/, em. longus. Folia erecto- 
patula, internodiis 5-4-plo longiora, supra siecitate nigricantia 
et opaca, subtus cinereo-rufescentia, 7-10 em. longa, 4-5 cm. 


lata; nervis erassiusculis, supra profundiuseule impressis, | 


subtus satis prominentibus, exterioribus caeteris multo graci- 
lioribus; nervulis transversalibus numerosis, crassiusculis, 
subrectis, supra leviter impressis, subus satis prominentibus 
valde ramuloso-reticulatis. Paniculae erectae, paulo ramo- 
sae, 4-6 em. longae. Calyx cinereo-fuseus, terctiusculus, 
.2; 1/2 mm. longus latusque. Petala ut videtur alba, patula; 
2 mm. longa lataque. Staminum filamenta filiformia, glabra; 


l SDI) 

satis compressa, subrecta, 2 mm. longa; antherae subrectae, 
apice obtusae et minute 1-porosae, 1 1/3 mm. longae. Stylus 
subfiliformis, rectus, 4 mm. longus. Bacca ignota. 

Habitat in Cordillera centrali Ecuadorensi haud procul a 
monte Chimborazo, altit, circit. 3060 m., Julio 1876 (n° 5880 
part.). 


Cette espéce a certains rapports avec le Miconia asper- 
rima Triana, qui s'en distingue par ses rameaux, ses 
pétioles, ses pédoneules et son calice couverts de soies 
apprimées, ses feuilles à face supérieure couverte de soies 
plus fines et à base non ou à peine bullée, ses fleurs 
tétraméres, etc. 


73. Miconia Radula, nov. spec. (sect. Amblyarrhena). 
Ramis teretiuseulis, junioribus petiolis pedunculis foliisque 
subtus setis brevissimis inferne incrassatis dense hirtellis; 
foliis breviuscule petiolatis, rigidis, ovatis, basi rotundatis, 
apice obtusis, margine subintegerriimis, 5-nerviis, supra appen- 
dicis brevibus pyramidatis apice apiculatis dense onustis 
asperrimisque; paniculis terminalibus, minutis, paucifloris ; 
floribus 5-meris, brevissime pedicellatis, basi minute bracteo- 
latis; calyce strigis brevibus inferne valde incrassatis dense 
hirsuto, tubo campanulato, limbo distincte 5-lobato, lobis 
brevibus, obtusis, dorso minutissime denticulatis; petalis late 
; irregulariterque suborbicularibus, apice subtruncatis; antheris 
0voideo-oblongis, connectivo basi non producto dorso incras- 
sato; ovario apice brevissime setuloso; stylo brevissime et 
densiuseule glanduloso-pilosulo, stigmate peltato. 
Rami satis graciles, breviusculi, erecto-patuli, fuscescentes, 
Satis ramulosi. Petiolus erassiuseulus, lateraliter leviter com- 
Pressus, supra non canaliculatus, rufescens, 1J2-1 cm. longus. 
Folia patula, internodiis du plo longiora, supra siccitate cinereo- 
fusca, subtus rufeseentia, 5 !ja-5 em, louga, 4 !/2-5 em. lata; 
nervis crassis, supra profundiuscule impressis, subtus satis 


-< 


( 958 ) 

prominentibus; nervulis transversalibus numerosis, paulo 
distinetis, Paniculae erectae, leviter ramosae, 2-5 cm. longae; 
pedicelli crassi, rigidi, 2-5 mm. longi. Bracteolae caducae, 
rigidae, lanceolato-lineares, dense hirsutae, 2-5 mm. longae. 
Calyx cinereus, teretiusculus, basi obtusus, 5 mm. longus 
latusque. Petala erecto-patula, subenervia, 2 1/2 mm. longa 
lataque. Staminum filamenta filiformia, paulo compressa, 
brevissime subsparseque glanduloso-pilosula, 4 1/2 mm. longa; 
antherae subrectae ; apice rotundatae et minulissime 1- 
porosae. Stylus subfiliformis, rectus, 3 mm. longus. Bacca 
ignota. 

Habitat in Cordillera centrali Eeuadorensi haud procul a 
monte Chimborazo, altit. cire. 5000 m., Julio 1876 (n° 5880 


part.). 


74. Miconia suborbicularis, nov. spec. (seet. Amblyarrhena). 

Ramis obscure tetragonis superne paulo compressis, junio- 
ribus petiolis pedunculis calycibus foliisque subtus setulis 
brevissimis patulis inferne leviter incrassatis dense hirsutis; 
foliis breviter petiolatis, rigidis, suborbicularibus, margine 
subintegerrimis, J-nerviis, supra appendicis brevibus pyrami- 
datis apice apiculatis densissime onustis asperrimisque; pani- 
culis terminalibus, minutis, paucifloris, late pyramidatis; 
floribus 5-meris, subsessilibus, basi ebracteolatis; calycis tubo 
late campanulato, limbo insigniter 5-lobato, lobis pellucidis, 
glaberrimis, late obovato-cordiformibus, basi satis constrictis, 
apice profundiuscule emarginatis, extus basi denticulatis, tubo 
dimidio brevioribus; petalis late irregulariterque suborbicula- 
ribus, apice interdum leviter retusis; antheris oblongis, 
connectivo basi non producto dorso incrassato; ovario glabro ; 
stylo densiuscule breviterque hirtello, stigmate subpeltato. 

Frutex 5-4 m. altus. Rami breves, robustiusculi, patuli, 
leviter flexuosi, inferne denudati, atro-fusci, satis ramulosi. 
Petiolus robustus, teretiusculus, supra non canaliculatus, 


( 959 ) 

7-12 mm. longus. Folia patula, internodiis subduplo longiora, 
supra siccitate atro-fusca et opaca, subtus rufescentia, 2 !/,- 
3 !/ em. longa lataque; nervis crassis, supra leviter impressis, 
subtus satis prominentibus, exterioribus caeteris satis gracilio- 
ribus; nervulis transversalibus numerosis, gracilibus, rectis, 
supra paulo distinctis, subtus leviter prominentibus. Pani- 
culae erectae, paulo ramosae, 2-4 cm. longae; rami patuli, 
breves, robusti, vix ramulosi, basi ebracteati. Calyx siccitate 
fuscescens, tubo teretiusculo, basi subaeuto, 4-5 mm. longo, 
apice totidem lato, segmentis erectis, pallide fulvis, 2-2 1/2 mm. 
longis. Petala alba, erecta, satis asymmetrica, basi distinete 
unguiculata, 4 mm. longa, 4-5 mm. lata. Staminum fila- 
menta subfiliformia, brevissime subsparseque glanduloso- 
pilosa, inferne dilatata et satis compressa, 2 !/a-5 mm. longa; 
antherae subrectae, apice obtusae et minute uniporosae, 
2 mm. longae. Ovarium fere usque ad apicem adhaerens; stylus 
crassiusculus, 4-5 mm. longus. Bacca ignota. 

Habitat in regione frigida Andium Ecuadorensium, altit. 
circit. 3700 m., Julio 1876 (n° 5989 bis). 


Ces deux Acrnières espèces n’ont guère d’affinité qu'avec 
le Miconia scabra, décrit plus haut, et il est facile de les 
distinguer en comparant leurs diagnoses. Il nous suffira 
de faire remarquer ici que le M. scabra se distingue 
nettement des deux autres par les filets des étamines et 
le Style glabres; pour les M. Radula et M. suborbicularis, 
il suffit de comparer la forme des feuilles et des lobes du- 
Calice, qui chez le dernier sont tout à fait étranges et 
uniques dans le genre. 


35. Miconia goniostigma Triana, Mélast. 124. — Ad Rio 
Cuaiquer et ad San Pablo, in Andibus merid. Novae Granatae, 
altit. 1040-1270 mm., 22-25 Maii 1876 (n° 5568). — « Arbor 
0 m. alia, floribus albis, calycibus violaceis. » 


( 960 ) 


26. Miconia cardiophylla, nov. spec. (sect. Amblyarrhena.) 

Ramis obscure tetragonis, junioribus petiolis peduneulisque 
brevissime denseque stellato-puberulis et sparse longeque 
setulosis praecipue ad nodos, vetustioribus glabratis et sca- 
briuseulis; foliis longe petiolatis, submembranaceis, ovato-cor- 


diformibus, basi profundiuseule emarginatis, apice longiuscule 


acuteque acuminatis, margine subtiliter serrulatis, 7-9-nerviis, 
supra brevissime et densiuscule bullato-strigillosis, subtus cre- 
berrime minuteque foveolatis et brevissime densiusculeque 
hirtellis; panieulis terminalibus alaribusve, majusculis, pyra- 
midatis, subdiftusis, multifloris; floribus 5-meris, sessilibus 
vel brevissime pedicellatis, basi subebracteolatis; calyce den- 
siuscule furfuraceo-puberulo, tubo campanulato-suburceolato, 
limbo obscure 5-denticulato; petalis ovato-suborbicularibus ; 
antheris oblongis, connectivo basi non producto, postice vix 
calearato vel inappendiculato; ovario glabro; stylo glabro, 
apice truncato. 

Frutex 3-4 m. altus, ramosus. Rami graciles, elongati, erecto- 
patuli, leviter flexuosi, cinereo-fusci, leviter ramulosi. Petiolus 
robustiusculus, teretiuseulus, supra non vel vix canaliculatus, 
rufescens, 4-6 em. longus. Folia patula, internodiis 3-5-plo 
longiora, supra siceitate atro-fusca et opaca, subtus satis palli- 
diora, in eodem jugo interdum satis inaequalia, 9-15 em. longa, 
6-10 em. lata; nervis satis gracilibus, supra profundiuscule 
impressis, subtus leviter prominentibus, exterioribus caeteris 
multo gracilioribus brevioribusque; nervulis transversalibus 
numerosis, gracilibus, paulo flexuosis, supra satis impressis, 
subtus leviter prominentibus, valde ramuloso-reticulatis. 
Paniculae erectae, leviter ramosae, !/,-1 !/, dm. longae; rami 
patuli, graciles, elongati, paulo compressi, leviter ramulosi, 
basi interdum minute bracteati. Calyx siccitate atro-fuscus, 
teretiuseulus, 2 !/, mm. longus latusque. Petala siccitate fusca, 
reflexa, 1!/; mm. longa. Staminum filamenta filiformia, glabra, 


( 961 ) 

1 tl, mm. longa; antherae subrectae, apice obtusae et minute 
1-porosae, 1 !/,-1 ‘/2 mm. longae. Stylus filiformis, subrectus, 
5-4 mm. longus. Bacca nigricans, subglobosa polysperma, 
3-4 mm. crassa. 

Habitat in sylva umbrosiore ad Mediacion, in declivitate 
orientali montis Quindio, Cordillera centrali Novae Granatae, 
altit. eireit, 2300 m., 7 Mart. 1876 (n° 2065). 


Les feuilles et les rameaux de cette espéce ont beaucoup 
de ressemblance avec ceux du M. Lechleri Triana; mais 
ce dernier a ses inflorescences et son calice trés glabres 
et, de plus, la structure de ses fleurs en diffère notablement. 


353. Miconia papillosa Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. XVI. 
216. — Ec. : In declivitate montis ignivomi Pichincha, versus 
urbem Quito, altit. circit. 3000 m., 5 Julii 1876 (n° 3880 part.). 


35. Miconia acalephoides Naud. l. c, 207. — N. Gr. : Ad 
Quebrada Agonia, inter Tuquerres et Barbacoas, altit. 1460 m., 
22 Maii 1876 (n° 5028bis) — « Herbacea; caulis simplex; 
flores albi; baccae coeruleae. » 


29. Miconia ochracea Triana, Mélast. 127. — N. Gr. : Ad 
Alto del Tabano prope Pasto et ad Piedra Ancha, inter 
Tuquerres et Barbacoas, altit. 1940 m., Maio 1876 (n° 3307bis). 
— « Frutex ramosus, plur. metr. altus, floribus albis, baccis . 
albis. » 


$0. Miconia salicifolia Naud. l. c. 254. — N. Gr.: Ad 
Paramo de Chipaque in Cordillera orient., altit. 2800 m., 
14 Januar. 1876 (n° 1081). « Frutex 2-5 m. altus, ramis depau- 
peratis; in locis ventosis, passim. » — Ec.: In Andibus Qui- 
lensibus ultra lineam vegetationis arboreae, altit. 4000 m, 
(n° 5634). « Frutex 1-2 m. altus; flores obscure ignei vel 
lateritii. » 

O"* SÉRIE, TOME XIV. 64 


( 962 ) 


$1. Miconia crocea Naud. l. c. 245. — N. Gr.: Ad Azufral 
prope El Paramo in regione frigida Andinm, altit, 5000 m., 
18 Maii 1876 (n° 525661s). « Frutex 5-6 m. altus, floribus 
albis. » — Ad Ipiales, altit. 5080 m., 1 Jun. 1876 (n° 2185 part.). 
« Planta tinctoria, colorem luteum proebens. Vernaculi Ama- 
rillo. » — Ec.: Ad San Florencio, altit. 1580 m.; prope 
Niebli ad pedem montis ignivomi Pululagua, altit. circit. 
2000 m.; ad El Tambillo prope Quito, altit. 2800 m. ; ad ver- 
tices montis Corazon, altit. circit. 5200 m. (n° 2185part., 
5771 bis). 


$2. Miconia squamulosa Triana, l. c. 128. — N. Gr.: In 
montibus Bogotensibus, in declivitate occidentali Andium 
orientalium, altit. circit. 2800 m., 24 Decembr. 1875 (n° 758). 
— « Frutex dumosus, floribus albis. » 


$3. Miconia nodosa, nov. spec. (sect. Cremanium). 

Ramis obscure tetragonis superne leviter compressis, 
nodosis, ad nodos densiuscule et longiuscule setulosis caeteris 
glabratis demum glaberrimis, ad insertionum petiolo distincte 
callosis; foliis breviuscule petiolatis, rigidis, ovatis, basi leviter 
attenuatis acutisque, apice subacuminatis obtusisque, margine 
subintegerrimis et saepius leviter revolutis, triplinerviis vel 
subtrinerviis, utrinque primum sparse stellato-furfuraceis 
praecipue subtus demum glaberrimis laevibusque; paniculis 
terminalibus, parvis, pyramidatis, submultifloris; floribus 
5- meris, sessilibus vel brevissime pedicellatis, ebracteolatis ; 
calyce glabro, tubo campanulato-suburceolato, lobis brevissi- 
mis, late triangularibus, obtusiuseulis, dorso minutissime den- 
tieulatis; petalis late obovatis, apice subtruncatis; antheris 
obverse oblongis, connectivo infra loculos brevissime producto, 
basi postice breviuscule acuteque calcarato. 

Rami lignosi, satis graciles, elongati, erecto-patuli, leviter 


( 965 ) 

flexuosi, satis ramulosi, juniores purpurascentes, vetustiores 
cinereo-fusci. Petiolus satis gracilis, teretiusculus, supra leviter 
canaliculatus, primum vix emum glaber, 8-15 mm. 
longus. Folia erecto- patula, internodiis 2-5- plo longiora, sicci- 
tate nigricantia et nitidula, 3 {/2-6 em. longa, 2-5 cin. lata; 
nervis crassiusculis, supra profundiuscule impressis, subtus 
satis prominentibus; nervulis transversalibus numerosis, te- 
nuissimis, paulo flexuosis, supra tenuiter impressis, subtus 
paulo distinetis. Paniculae erectae, paulo ramosae, 4-6 em. 
longae; rami erecto-patuli, satis graciles, longiusculi, acutius- 
cule tetragoni, leviter ramulosi, basi ebracteati. Calyx siccitate 
nigricans, obscure 5- costatus, basi rotundatus, apice leviter 
constrictus, 2 !/2 mm longus latusque. Petala subreflexa, - 
1/2-2 mm. longa lataque. Staminum filamenta filiformia, 
1 !/2- 2 mm. longa; antherae paulo arcuatae, apice truncatae 
et late biporosae, 1 !/2 mm. longae. Bacca perfecta ignota. 
Habitat ad Alto del Tabano prope Pasto. in Cordill. merid 
Novae Granatae, altit. 5200 m., Maio 1876 (n° 5201bis). — 
Etiam in sylvis prope Pasto (Jameson n. 447 in herb Boiss. et 
Deless.) 


Celle espéce a de grands rapports avec le Miconia 
linifolia Naud.; mais ce dernier a des feuilles beaucoup 
plus étroites et plus acuminées; ses rameaux sont abso- 
lument glabres aux nœuds et dépourvus d'un rebord cal- 
leux à l'insertion des pétioles. 


S4. Miconia ligustrina Triana, l c. 128. — N. Gr. : Ad 
Boqueron de Bagota, altit. 2850 m., Decembri 1873 (n° 744 bis). 
* Frutex 2 m. altus, ramosus, floribus albis, » — In regione 
frigida Andium centralium republicae Ecuadorianae, altit. 
circi, 2900 m. (n° 3094). « Frutex ramosus, 2-3 m. altus. » 


( 964 ) 


$3. Miconia theaezans Cogn. in Mart. Fl. Bras. Melast. 
II. 419, var. x. parvifolia Cogn. l. c. 422. — N. Gr. : Ad Fusa- 
gasuga, in declivitate Andium, flumen Magdalena versus, altit. 
eircit. 1600 m , 5 Febr. 1876 (n° 1533). — « Frutex ramosus, 
floribus albis. » 


$6. Miconia corymbiformis, nov. spec. (sect. Chaenopleura). 

Glaberrima; ramis acute tetragonis, subquadrialatis, alter- 
natim hine et inde leviter compressis; foliis majuseulis, bre- 
viuseule petiolatis, coriaceis rigidisque, oblongis vel ovato- 
oblongis, basi rotundatis, apiee obtusis vel subacuminatis, 
margine integerrimis et leviter revolutis, 5-5-nerviis; paniculis 
terminalibus, majuseulis, corymbiformibus, multifloris, con-. 
gestis; floribus 5-meris, breviuscule pedicellatis, basi ebracte- 
olatis; calveis tubo suburceolato,lobis tenuiter membranaceis, 
brevibus, late rotundatis, extus basi minute denticulatis; peta- 
lis late rotundatis; antheris late cuneatis, apice latissime uni- 
porosis et antice fere usque ad basim rimosis, connectivo infra 
loculos satis producto et incrassato, basi antice leviter bifido, 
postice breviter calcarato; stylo glaberrimo, crasso, apice 
truncato. . 

Arbor 5-6 m. alta. Rami robusti, breviuseuli, subrecti, sim- 
plices, siccitate fuscescentes. Petiolus robustus, terctiusculus, 
supra leviter canaliculatus, 4 !/,-4 em. longus. Folia erecta vel 
erecto-patula, internodiis multo longiora, supra laevia siccitate 
opaca et nigricantia, subtus paulo pallidiora, 4-2 dm. longa, 
4-9 em lata; nervis crassis, supra profundiuscule impressis, 
subtus valde prominentibus, mediano satis crassiore; nervulis 
transversalibus numerosissimis, crassiuseulis, subrectis, supra 
profunde impressis, subtus valde prominentibus et tenuiter 
ramuloso-retieulatis. Panicula erecta, robusta, regulariter tri- 
chotome ramosa, 1-1 !/, dm. longa; rami erecti vel erecto- 

atuli, elongati, robusti, tetragoni, basi ebracteati, superne 


( 965 ) 

valde ramulosi; pedicelli crassi, rigidi, apice articulati, 4-8 mm. 
longi. Calyx violaceus, tubo teretiusculo, 6 mm. longo latoque, 
lobis erectis, pallidioribus, 1!/-9 mm. longis, basis 5 mm. latis. 
Petala flavida, erecta, satis concava, 4-5 mm. longa lataque, 
Staminum filamenta crassa, valde compressa, glaberrima. 
2 mm. longa; antherae pallidae, rectae, 2 '/ mm. longae, apice 
1-1 ‘} mm. latae. Ovarium subglobosum, triloculare, fere 
usque ad medium adhaerens, glaberrimum, apice minute den- 
ticulatum; stylus rectus, 5 mm. longus. Bacca perfecta ignota. 
Habitat ad Alto del Tabano in Andibus Pastoensibus Novae 
Granatae, altit, 5500 m., 4 Maii 1876 (ne 5061). — Ad Casa- 
pamba in Cordill. orient. Andium Novo-Granatensium, altit. 
5000 m., 5 Maii 1876 (n° 5051). 


Nous avons décrit les fleurs comme dépourvues de brac- 
téoles parce que nous n'en avons pas vu, méme chez celles 
qui sont encore à l'état de bouton; cependant comme, dans 
les espéces qui ressemblent le plus à celle-ci, les brac- 
téoles sont extrêmement caduques, il se pourrait qu'ici 
elles fussent déjà tombées. Il semblerait méme qu'au 
sommet du pédicelle on en voit les cicatrices. 

Le M. corymbiformis n'a d'espèces analogues comme 
port que les M. quadrangularis Naud. et M. Sintenisii 
Cogn.; mais ces derniers s’en distinguent surtout en ce 
qu'ils ont les rameaux obtusément quadrangulaires et que 
le connectif des étamines n’a, ni antérieurement ni posté- 
rieurement, aucun des appendices que nous avons décrits 
plus haut, ` 


$3. Tococa Guyanensis Aubl. PL. Guian, I. 458, tab. 174. — 
In sylva primaeva prope Upin, ad pedem Cordillerae orientalis 
Novae Granatae, altit. 450 m.,.7 Januar. 1876 (n° 1189). — 
* Frutex 1-2 m. altus. In partibus umbrosioribus sylvarum. » 


( 966 ) 


88. Tococa platyphylla Benth. PL. Hartw. 481? — Ad que- 
brada de Altaquer, in Cordillera merid. Andium Novo-Grana- 
tensium, altit. 990 m., Maio 1876 (n° 3460). — Arbor 5-6 m. 
alta, caule simplici; foliis maximis; floribus paniculatis; fruc- 
tibus pulchre roseis, baceatis. » 


' Une seule feuille de la plante portant le n° 3460 se 
trouve en herbier, et encore a-t-elle peut-étre le pétiole 
incomplet; c'est pourquoi nous conservons des doutes au 
sujet de sa détermination. 


$9. Clidemia hirta D. Don in Mem. Wern. Soc. IV. 509, 
var. elegans Griseb. Fl. Brit. W. Ind. Isl. 247 (excl. syn). — 
N. Gr. : Ad. Carare prov. Magdalena, altit. 540 m., 7 Decembr. 
1875 (n° 288) — « Frutex dumosus, 3 m. altus, floribus 
albis. » 


90. Clidemia dentata D. Don, l. c. 508. — Ec.: Propter 
Rio Pisagua, in declivitate occid. montis Chimborazo, altit. 
cireit. 500 m., 44 Julii 1876 (n° 4074). — « Frutex 5-4 m. 
altus, floribus albis. » 


91. Clidemia spicata DC. Prodr. III. 159 (non D. Don). — 
N. Gr. : Ad Susumuco, in Cordillera orient. Andium Bogo- 
tensium, altit. 1240 m., 1 Januar. 1876 (n° 817). « Arbuscuia 
2.5 m. alta, floribus albis. » — Ad Ibagué, ad pedem orient. 
montis Tolima, altit. 1500 m., 3 Mart. 1876 (n° 1965). « Fru- 
tex 2 m. altus; floribus minoribus, albis. — Inter Altaquer et 
'El Paramo, secus viam Barbacoas, altit. 1050 m., 24 Maii 1876 
(n° 5295). « Arbuseula 4-6 m. alta, dumosa ; floribus albis; 
fructibus baccatis, violaceis. » 


( 967 ) 


92. Clidemia rariflora Benth. in Hook. Journ. of Bot.Il. 508? 
— N. Gr. : Prope Cumaral ad pedem orient. Andium Bogo- 
tensium, altit. 380 m , 5 Januar. 1876 (n* 1057). 


Il y a en herbier trois exemplaires de la plante qui porte 
le n°1057; mais tous sont dépourvus de fleurs et de fruits, 
de sorte qu'il nous reste quelque doute sur leur exacte 
détermination. Si celle-ci était bonne, la découverte de 
M. André serait fort intéressante, car le Cl. rariflora 
n'avail encore été observé précédemment que dans le nord 
du Brésil et la Guyane anglaise (voyez Coen. in Manr. 
Fl. Bras., Melast. M. 499). : 


93. Clidemia pilosa D. Don, in Mem. Wern: Soc. IV 308 
(Calophysa pilosa Triana, Mélust. 140). — N. Gr. : Ad. Susu- 
muco, in Cordillera orientali Andium Bogotensium, altit. 
1160 m., 1 Januar. 1876 (n° 829) — « Frutex dumosus, 
3-4 m. altüs, floribus albis. » 


94.Clidemia rubra Mart. Vov. Gen. et Spec. III. 152, tab. 
281. — YN. Gr. : Ad Susumuco, in declivitate orientali Andium 
Bogotensium, altit. 1460 m., 4 Januar. 1876 (n° 821). « Frutex 
dumosus, floribus albis. » 


95. Bellucia grossularoides Triana, Mélast. 441. — N. Gr. : 
Ad Servita in decliv. orient. Andium Bogotensium, altit. 650 m 
Januar. 1876 (n° 1214). — « Arbor 10 m. alta, ramis paucis, 
erectis, fronde conspicua. » 


96. Henriettella trachyphylla Triana, l. c. 144. — XN. Gr.: Inter 
Quetame et Susumuco, in Cordillera orientali, altit. 1300 in., 
51 Decembr. 1875 (n° 801). — « Frutex ramosus, 2-5 m. altus, 
ramis divaricatis, floribus candidis. » - 


( 968 ) 


97. Ossaea diversifolia Cogn. (Melastoma diversifolia Bonpl. 
Mélast. 158, tab. 59; Clidemia? diversifolia DC. Prodr. HI. 
159; Staphydium diversifolium Naud. in Ann. Sc. nat. ser. 5. 
XVII. 522; Octopleura diversifolia Triana., Mélast. 145). — 
N. Gr. : Ad Isla Brava secus ripas fluminis Magdalena, altit. 
70 m., Decembr. 1875 (n° 536). — « Arbuscula 5-6 m. alta; 
ramis multis, gracilibus; floribus albis. » 


Le genre Octopleura de Grisebach ne différe absolument 
du genre Ossaea DC. que par son calice fructifère muni 
de huit ou dix cótes longitudinales plus ou moins pro- 
noncées, qui manquent chez le second. MM. Bentham et 
Hooker (Genera, I. 770) le trouvent trés naturel, mais 
difficile à caractériser. M. Triana (Mélast. 21) juge son 
caractère distinctif assez faible; mais il admet cependant 
le genre comme distinet. Pour nous, nous préférons sur 
ce point suivre l'opinion de M. Baillon (Hist. des PL., VII. 
20), qui ne le trouve pas distinct des Ossaea. Il est, en 
effet, beaucoup plus faiblement caractérisé que bien des 
genres que tout le monde s'accorde aujourd'hui à réunir 
aux Miconia. 


98. Blakea caudata Triana, Mélast.148.— In sylvis primaevis 
propter Upin ad pedem Andium orient. Novae Granatae, 
alti. 400 m., 5 Januar. 4876 (n° 1112). « Arbor 4-5 m. alta, 
ramis elongatis, sparsis et decumbentibus. » — Secus ripas 
Rio Nembri, in Cordillera occid. merid. Novae Granatae, alt. 
990 m., 22 Maii 1876 (n° 3398 part.) « Arbor 10 m. alta, 
ramis paucis; floribus campanulatis, albis. In regione humid. 
| crescens, » 


( 969 ) 


Blakea subconnata O. Berg ex Triana, l. c. — £c. : Ad 
Balsapamba, in sylva primaeva ad pedem montis Chimborazo, 
altit. cireit. 500 m., Julio 1876 (n° 3598 part. et 4045). — 
* Arbor 10 m. alta, ramis elongatis; floribus speciosis, 
roseis. » 


100. Blakea Andreana nov. spec. (sect, Eublakea). 

Ramis glaberrimis, acutiuseule tetragonis; foliis magnis, 
crasse breviterque petiolatis, erassiuseulis, ovatis vel ovato- 
ellipticis, basi apiceque subrotundatis, margine integerrimis, 
praetermisso utroque nervulo marginali trinerviis, supra glaber- 
rimis laevibusque, subtus sub lente tenuissime sparseque fur- 
furaceo-puberulis ; floribus amplis, 6- meris, ut videtur axilla- 
ribus solitariisque, crasse longeque pedunculatis ; bracteis 4, 
magnis, crassis rigidisque, arcte imbricatis, late suborbicula- 
ribus, concavis, interioribus liberis utrinque glaberrimis apice 
subtruncatis, exterioribus usque ad medium connatis intus 
glabris extus’ leviter furfuraceis apice subrotundatis; calyce 
glabro, tubo campanulato, lobis brevissimis latisque, apice 
truncatis; petalis late obovato-triangularibus, apice truncatis 
vel emarginatis ; antheris late dolabriformibus, pendulis, apice 
oblique subtruncatis, connectivo postice longiuscule acuteque 
calcarato; stylo incluso, crasso, glabro, apice leviter attenuato. 
* Arbor 6-8 m. alta, pauciramosa, ramis elongatis, sparsis », 
robustis, cinerco-fuscis, nodosis, subrectis. Petiolus obtuse 
angulatus, supra subcanalieulatus, glaber, 1-2 cm. longus. 
Folia ut videtur patula vel subreflexa, internodiis 5-4-plo 
longiora, supra ut videtur laete viridia et opaca, subtus paulo 
Pallidiora et ad nervos rubescentia, 2-2!/9 dm. longa, 
12-16 em. lata; nervis crassis, supra leviter impressis, subtus 
satis prominentibus; nervulis transversalibus gracilibus, leviter 
flexuosis, supra subimpressis, subtus paulo prominentibus, 
5-5 mm. inter se distantibus. Pedunculus subreetus vel 


( 970 ) 
recurvus, obscure Pica rita super dia vix PRES 3-D cm. 


longus, 4-5mm. crassus. B tes,ener viae, 


2-5 cm. longae. Calyx siccitate fuscus, obscure eoa laias, basi 
subrotundatus, 2 1/5-5 em. longus latusque. Petala albido-rosea 
et rubro-marginata, patula, subenervia, siecitate coriacea et 
rigidiuscula, valde asymmetrica, basi longiuscule unguiculata, 
9 1/9-4 em. longa lataque. Staminum filamenta crassiuseula, 
leviter compressa, glabra, 1 1/9 cm. longa; antherae 1 cm. 
longae, 4-5 mm. crassae, caleare 1-1 1/5 min. longo. Ovarium 
6-loculare, vertice subplanum; stylus subrectus, 4 1/9 cm. 
longus. Bacca ignota. 

Habitat ad Alto del Potrerito prope Vijes in valle fluminis 
Cauca Novo-Granatensium, altit. 1800 m., 50 Martii 1876 
(n° 2691). Incol. « Amaraboyo. » 


Cette espèce nous paraît voisine du Blakea quadran- 
gularis Triana, là seule des espéces rapportées jusqu'ici 
au genre Blakea que nous n'avons pu étudier dans les 
herbiers, et dont M. Triana n'a d'ailleurs recueilli qu'un 
seul exemplaire incomplet. D'aprés sa description, le 
B. quadrangularis différe de notre espéce par ses feuilles 
un peu p/us étroites (oblongues ou obovales-oblongues), 
briévement acuminées, ses pédoncules plus longs (8 cm.), 
ses bractées externes caudalo-acuminées, les internes 
oblongues-subaigués et plus longues que les fleurs. 

Nous devons aussi rapprocher l'espéce que nous venons 
de décrire des Amaraboya princeps et A. amabilis J. Lind., 
figurés dans l’AHlustration horticole de cette année 
(vol. XXXIV, 1887, tab. IV et IX). Si nons nous en rap- 
portons aux deux planches qui représentent ces espéces, 
l'A. princeps diffère du Blakea Andreana par ses feuilles 
sessiles, d'un rouge carminé en dessous; ses fleurs d'un 
rouge carmin uniforme, en cyme terminale pauciflore, et 


(7E ) 
son style beaucoup plus robuste. L'A. amabilis paraît avoir 
les rameaux cylindriques, les fleurs également terminales 
et pourvues d'un style longuement saillant au delà des 
élamines. 

Toutefois, il importe de remarquer que, d’après ce que 
M. Lucien Linden a bien voulu faire répondre à une 
demande de renseignements que nous lui avions adressée, 
ces deux Amaraboya ne sont connus que par des aquarelles 
peintes par M. Wallis dans ses voyages d’exploration. Il 
faut done voir jusqu’à quel point les caractères botaniques 
ont été fidèlement reproduits dans ces aquarelles, qu'aueun 
botaniste n'a pu contrôler par l'étude des plantes elles- 
mêmes. 

Le genre Amaraboya, dont il vient d’être question, est 
pour nous absolument identique aux Blakea. L'examen des 
deux planches citées ne nous laisse pas le moindre doute 
à cet égard. Nous ne pourrions toutefois discuter les 
Caractères du genre, car M. Naudin, qui est l'auteur de la 
description générique (/. c., p. 15), ne décrit guère que 
l'aspect de la plante et non ses caractères botaniques réels ; 
aussi sa description ne nous apprend-elle rien des affinités 
du genre, ni de sa place dans la série naturelle, ni méme 
de la tribu à laquelle il appartient. 

Nous ferons remarquer en outre que quand il dit : « le 
coloris (des pétales) contraste avec la teinte blanche des 
étamines rangées en cercle autour de l’ovaire », il a évi- 
demment pris le style pour l'ovaire, comme on peut le voir 
par l'examen de la planche IX. Si c'était bien l'ovaire que 
les étamines entourent dans la planche IV, le style serait 
nul, el nous trouverions ici deux caractères qui ne se 
rencontrent pas ailleurs dans toute la famille des Mélas- 
lomacées. 


( 972 ) 

Il est à remarquer que le nom vulgaire d'Amaraboyo, 
donné par les habitants de la Nouvelle-Grenade aux plantes 
dont nous venons de parler, ne les désigne pas spécialement, 
` puisque c'est aussi le nom du Meriania nobilis Triana, 
comme nous l'avons dit plus haut (voyez n° 40), et ainsi 
que M. Triana l'a signalé bien avant nous en décrivant 
son espèce (Mélast., p. 67). 


101. Blakea Pyxidanthus Triana, Mélast. 149. — NW. Gr. : 
Ad El Hatico in valle Cauca, altit. 1800 m., 14 April. 1876 
(n* 2725). — « Arbor 5-6 m. alta, floribus albis, extus roseis, 
staminibus semicoronantibus. » 


102. Topobea Ándreana, nov. spec. 

Ramis obtuse tetragonis, glaberrimis vel apice vix furfu- 
raceis; foliis breviter petiolatis, rigidiuseulis, ovato-oblongis, 
basi rotundatis vel leviter emarginato-cordatis, apice abrupte 
longeque caudato-acuminatis, margine integerrimis, adjecto 
utroque nervo marginali 7-nerviis, supra glaberrimis laevi- 
busque, subtus brevissime subsparseque hirtellis, nervulis 
transversalibus prominulis; floribus 6-meris; bracteis ealyce 
aequantibus; calyce glabro, tubo campanulato-suburceolato; 
ovario libero, apice subrostrato tenuiter 12-costato; stylo 
gracili, stigmate truncato. 

« Arbor 7-8 m, alta, ramis perpaucis », satis gracilibus, 
arcuatis, sordide cinereis. Petiolus satis gracilis, tortuosus, 
obscure sulcatus, lateraliter leviter compressus, supra anguste 
canaliculatus, tenuiter furfuraceo - puberulus, 2-21/a cm. 
longus. Folia patula, supra siccitate intense viridia et opaca, 
subtus rubro-fusca, 17-22 em, longa, 9-12 cm. lata; nervis 
robustis, supra profunde impressis, subtus valde prominen- 
tibus, mediano satis crassiore, exterioribus caeteris multo 
gracilioribus; nervulis iiaieenlibui crassiusculis, subrectis, 
supra distincte impressis, subtus satis prominentibus, 
1 1/9-2 mm. inter se distantibus. Flores perfecti ignoti. 


( 973 ) , 
Habitat ad Quebrada Cuyambe in Cordillera merid. Andium 
Novo-Granatensium, altit. 990 m. (n* 4586). « In sylvis 
primaevis humidissimis. » 


Cette espèce a l'aspect du T. subscabrula Triana, 
Mélast. 150, qui s'en distingue en ce qu'il a les rameaux 
couverts d'une pubescence trés courte et étoilée, la face 
inférieure des feuilles couverte d'une fine poussiére éparse 
et étoilée, les bractées de moitié plus courtes que le 
calice, etc. 


103. Topobea punctulata Triana, Mélast. 150. — N. Gr. : 
In regione humidissima apud Rio Nembi Andium meridionali- 
occid., altit. 990 m., 25 Maii 1876 (n° 3570) — « Arbor 
14-15 m. alta, pauciramosa, floribus albis. » 


104. Topobea gracilis Triana, l. c. 150. — Y. Gr. : Secus 
ripas Rio Guavo in Cordillera occidentali, altit. 1650 m., 
Maio 1876 (n° 5434 bis). — « Frutex plur. metr. altus, ramis 
elongatis, raris. » 


ÉLECTIONS ET PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. 


La Classe procéde, en comité secret, aux élections pour 
les places vacantes. Les résultats en seront publiés dans 
le compte rendu de la séance publique. 


— MM. De Tilly et de Selys Longchamps donnent lec- 
lure, conformément au réglement, des discours qui com- 
Poseront le programme de cette solennité, fixée au 16 de 
ce mois, 


———— sue OQ C —— — 


( 974 ) 


CLASSE DES SCIENCES. 


Séance publique du 16 décembre 1887. 


M. J. DE TiLLy, directeur de la Classe, président de 
l'Académie. 
M. Lure, secrétaire perpétuel. 


Sont présents: MM. Fr. Crépin, vice-directeur; J.-S. Stas, 
P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps, 
J. C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, 
Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, 
Éd. Mailly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, 
Louis Henry, M. Mourlon, membres; E. Catalan, Ch. de la 
Vallée Poussin, associés; P. Mansion, A. Renard et 
Léo Errera, correspondants. 


Assistent à la séance : 


CLASSE DES LETTRES : MM. P. De Decker, P. Willems, 
Ch. Potvin, P. Henrard, membres; Alph. Rivier, associé. 


CLASSE DES BEAUX-ARTS : MM. Éd. Fétis, le chevalier 
Léon de Burbure, Ernest Slingeneyer, Godfr. Guffens, 
Joseph Jaquet, Jos. Demannez, P.-J. Clays, Gustave Biot, 
H. Hymans et le chevalier Edm. Marchal, membres. 


( 973 ) 


La séance est ouverte à 4 heure et demie. 


Sur les notions de force, d'accélération et d'énergie, en 
mécanique ; discours par J. De Tilly, directeur de la Classe, 
président de l'Académie (1). 


Mespames, MESSIEURS, 


Lorsque le directeur de la Classe des sciences (astreint 
par l'usage, sinon par le règlement de l'Académie, à pro- 
noncer un discours en séance publique) (2), appartient à la 
section des mathématiques pures, le choix du sujet à 
traiter constitue pour lui un embarras sérieux. 
Un ancien adage dit que les mathématiques régissent le 
monde, mais elles le régissent sans l'amuser, et en bornant 
méme mon ambition à me faire écouter avec indulgence, 
je sens combien la tàche exigerait un autre talent que le 
mien. 
Aussi ma première pensée fut-elle de recourir à nos 
annales, pour y rechercher comment certains de mes pré- 
décesseurs se sont tirés du pas difficile qu'ils ont dà fran- 
chir avant moi. 
Jai vu qu'is y ont réussi, tantót par le choix des 
parties les moins abstraites, touchant aux applications 
physiques, astronomiques ou techniques; d'autres fois, par 
un compte rendu succinct de quelques-uns des travaux 
importants accomplis pendant la période de leur direction, 
Où des principales questions soulevées; enfin, par des 
généralités intéressantes sur l'histoire ou l'enseignement 
des mathématiques. 

e ces moyens, il semble que le premier, c'est-à-dire 
le choix d'une application pratique, soit pour moi le n 
naturellement indiqué. 
On sait, en effet, que l'enseignement technique iint 
àux ingénieurs, civils et militaires, est basé principalement 


IM et AR 


( 976 ) 
sur les sciences mathématiques, et, réciproquement, il 
serait trés facile d'indiquer des questions de théorie 
pure, sur lesquelles l'étude des applications a exercé, en — - 
quelque sorte, une influence réflexe. E 

En me bornant à celles où la science belge peut reven- 
diquer une part, plus ou moins directe et plus ou moius 
importante, je citerai trois exemples, empruntés au métier 
que je professe. 

Les appareils électro-balistiques ont appelé l'attention, 
méme des théoriciens purs, sur ]a possibilité de mesurer 
des temps extrémement petits, qu'on s'était borné jusque- 
là à introduire, dans les formules de mécanique, d'une 
maniére abstraite, sans avoir aucune idée nette de leur 
grandeur ni de leur mesure. 

L'étude du mouvement des projectiles allongés dans 
l'air a conduit à simplifier et à perfectionner, en certains 
points, la théorie du mouvement de rotation des solides en 
général. 

Enfin, l'étude du mouvement des projectiles dans l'in- 
térieur des bouches à feu est généralement basée aujour- 
d'hui sur la théorie mécanique de la chaleur, dont elle peut 
n'être pas seulement une application remarquable, mais 
aussi une cause de progrés. 

Sur la premiére de ces questions, je ne pourrais rien 
dire qui n'eüt été dit déjà par les éminents inventeurs. 

La seconde présenterait un vif intérêt scientifique; 
mais, malgré l'invitation bienveillante qui m'a été faite à 
cet égard (5), je ne pense pas que le moment soit venu d'en 
entreprendre l'exposé et, dans tous les cas, je m'en déclare - 
actuellement incapable. 

C'est donc à la troisième seule, c "est-à-dire à à la théorie - 
de là chaleur, que je puis m'arréter, mais je n'aborderai 
qu'une seule discussion parmi toutes celles que ce sujet 


OMS Em 


(977) 
pourrait amener : c’est la comparaison entre les notions 
de force, d'accélération et d'énergie. 

Je disais tout à l’heure qu’en réfléchissant aux divers 
sujets possibles de mon discours, j'avais trouvé dans les 
précédents de l'Académie l'indication de quatre voies dif- 
férentes : les applications, le compte rendu des quon: 
soulevées, l'enseignement, ou l'histoire. 

Les circonstances me permettent de suivre simultané- 
ment ces quatre voies, en traitant de la force, de l’accélé- 
ration et de l'énergie. 

Je viens de montrer comment elles se rattachent aux 
applications. 

Elles rappellent aussi, mais indirectement, une partie 
des questions soulevées devant la Classe. Je dis ?ndirec- 
lement, car, dans le débat auquel je fais allusion, il s'est 
ägi de la nature méme de la force, tandis que je me bor- 
nerai à examiner si sa notion doit étre maintenue ou aban- 
donnée en mécanique rationnelle, et je ne m'occuperai 
nullement de sa nature. 

En outre, la question choisi pporte de deux manières 
à l'enseignement. C'est, d'abord, dais mon cours à l'École 
militaire que javais introduit, il y a longtemps déjà, un 
exposé, fait d'aprés mes idées, des premiers principes de la 
théorie de la chaleur, comme préambule du mouvement 
du projectile dans la bouche à feu. Mais, ensuite, la ques- 
tion de la force, de l'accélération et de l'énergie, a une 
importance capitale dans l'enseignement de la mécanique 
rationnelle. 

Quant au point de vue historique, c'est le plus délicat 
de tous, et j'aurai soin de n'y toucher que par des cita- 
tions empruntées à des autorités imposantes. Pour com- 
prendre le danger de s'aventurer davantage sur ce terrain, 
9"* SÉRIE, TOME XIV, 65 


(C378 ) 
il suffira d'observer que, dans la théorie méme de la 
chaleur, dont nous parlons, la désignation des véritables 
inventeurs du principe fondamental a donué lieu à une 
polémique trés vive, et qui n'est pas épuisée. 

Avant de comparer les notions de force, d'accélération 
et d'énergie, il conviendrait peut-ètre de les définir; mais 
je me bornerai à prendre les précautions nécessaires pour 
qu'on ne puisse les confondre entre elles et considérer ces 
trois mots comme synonymes, surlout le premier et le 
dernier (force et énergie), ce qui pourrait arriver si l'on 
s'en rapportail au langage usuel. 

Sans m'arréter aux nombreuses définitions possibles, 
jadopte, pour distinguer la force de l'énergie, l'énoncé de 
l'ouvrage dont j'aurai principalement à combattre les ten- 
dances. | 

Chaque fois, dit l'auteur, qu'un transport d'énergie à 
lieu d'une portion de matière sur une autre, il y a mouve- 
ment relatif des portions de matière correspondantes, et 
ce que l'on nomme valeur d’une force, dans une direction 
quelconque, est tout simplement-la valeur de l'énergie 
transportée, par unité de longueur du déplacement effectué 
dans cette direction. 

Seulement, je retournerai cet énoncé, car, pour l'auteur, 
l'énergie est le principal et la force l'accessoire. Je suis 
d'un avis contraire, et je dirai donc qu'une énergie com- 
muniquée est le produit de la force qui la communique 
par le chemin déerit dans le sens de l'effort exercé. 

Quant à l'accélération, c'est, comme le mot l'indique, 
l'augmentation de vitesse qui serait communiquée au bout - 
d'une seconde. 

Pour parler un langage plus pratique, la force est un 
nombre de kilogrammes, l'accélération un nombre de | 


( 979 ) 
mètres, l'énergie un nombre de kilogrammètres. Il n'y a 
donc, entre elles, aucune confusion possible. 

Nous nous demanderons maintenant si la notion de la 
force doit réellement subsister dans la mécanique ration- 
nelle, ou si elle peut être complètement remplacée par la 
notion des effets produits (accélération et énergie). 

Aux yeux de ceux qui n'ont fait aucune étude méca- 
nique, le choix paraitra peut-étre indifférent; mais la 
plupart des autres s'étonnerout de m'entendre dire qu'il 
pourrait être question de supprimer, en mécanique, la notion 
de force. Pour justifier ce qu'ils seraient tentés de consi- 
dérer comme une énormité, je devrai ny'appuyer sur des 
citations; mais, bien que le nombre des adeptes de la sup- 
pression de l'idée de force soit aujourd'hui cousidérable, 
je ne citerai que des noms célèbres. 

Je diviserai ces adeptes en deux catégories, snivant 
qu'ils veulent remplacer la force par l'accélération ou par 
l'énergie; je prendrai comme type du premier systéme les 
écrits de feu M. de Saint-Venant, membre de l'Institut de 
France et l'un des physiciens-mathématciens les plus 
éminents de notre temps; comme type du second, les con- 
férences de M. Tait, professeur de physique à l'Université 
d'Édimbourg, dont le nom fait également autorité. 

Voicile système de M. de Saint-Venant, expliqué par 
lui-méme (4) : 

* Dans le fait, quel que soit un probléme de méca- 
nique terrestre ou céleste proposé, les forces n'entrent 
jamais ni dans les données, ni dans le résultat cherché de 
la solution. On les fait intervenir pour résoudre, et on les 
élimine ensuite , afin de n'avoir finalement que du temps, 
Où des distances, ou des vitesses, comme en commençant. 
On conçoit très bien qu'un jour, à la place de ces sortes 


( 980 ) 
d'intermédiaires d'une nature occulte et métaphysique, on 
puisse n'introduire et n'invoquer, pour la solution des 
divers problémes de l'ordre physique, que ces lois avérées 
des vitesses el de leurs changements, suivant les circon- 
stances... Ce ne sera pas bouleverser la science, ce ne sera 
qu'en modifier le langage... Il est done possible que les 
forces, ces sortes d'étres problématiques, ou plutót d'ad- 
jectifs substances, qui ne sont ni matière, ni esprit, êtres 
aveugles et incouscients, qu'il faut douer cependant de la 
merveilleuse propriété d'apprécier les distances et d'y 
proportionner ponctuellement leur intensité, soient de plus 
en plus expulsées et écartées des sciences mathématiques. 
Elles feraient place aux lois, non seulement géométriques, 
mais aussi physiques, qui réglent les circonstances, les 
durées et les grandeurs des changements de vitesse et de 
situation; et cela, quel qu'en soit l'agent excitateur... Le 
temps n'est peut-être pas bien loin, où, sans nier aucune- 
ment le principe de causalité, qui appartient à une sphére 
d'idées plus élevée, mais en laissant la cause ou les causes 
à leur vraie place, qui n'est point la physique, on renon- 
cera à la prétention d'en faire un sujet de calculs... on 
trouvera sans doute le moyen... de n'exprimer plus, en 
mécanique, que les faits réels de temps et d'espace, en 
énoncant et en appliquant les lois de leur succession. » 
Entre ce système de M. de Saint-Venant et celui de 
M. Tait, que nous rencontrerons tout à l'heure, il y a deux 
points communs. L'un et l'autre refusent de considérer la 
force comme une réalité objective. C'est, dit M. de Saint- 
Venant, un être problématique à expulser; c'est, dit M. Tait, 
une idée destinée, avec le progrés de la science, à étre 
reléguée dans les limbes. L'un et l'autre, donc, pensent 
que l'on peut construire toute la science mécanique sans 
parler de forces. 


(CONT 

Voilà ce qui leur est commun. Mais voici où ils dif- 
érent : 
D'abord, comme je l'ai déjà dit, le premier remplace la 
force par l'accélération et le second par l'énergie. Mais 
ensuite, le premier s'attache principalement à prouver 
qu'il est possible de faire un traité de mécanique sans y 
parler des forces; il n'insiste pas longuement sur la ques- 
tion des réalités objectives et n'indique pas un moyen clair 
de distinguer les quantités constituant de semblables réa- 
lités de celles qui n'en sont pas. 
Le second, au contraire, donne trés peu de détails sur ce 
que deviendrait la mécanique rationnelle dans son système; 
mais il explique clairement ce qu'il entend par une réalité 
objective. 
En un mot, tous les deux expulsent la force, mais 
M. de Saint-Venant s'a pplique surtout à montrer comment 
on peut l'expulser, et M. Tait à montrer pourquoi il faut 
le faire. De méme, en discutant leurs idées, je ne prendrai 
d'abord, dans chacun des deux, que sa partie la plus 
développée. Ensuite, je m'attacherai, au contraire, à signa- 
ler les défauts de l'idée qui leur est commune, et les incon- 
Yénients qu’il y aurait, d’après moi, à supprimer la notion 
de force, qu'on la remplace d'ailleurs par celle d'accéléra- 
lion ou par celle d'énergie. 
J'ai done à examiner d'abord le systéme de M. de Saint- 
Venant, dans lequel l’auteur, tout en supprimant la force, 
la remplace partout par un simple symbole analytique, 
dans lequel entrent la masse, la vitesse et le temps, et trans- 
forme les énoncés en conséquence. 
Sans doute, cela est possible, mais on peut aller plus 
loin. D'abord la distance, la masse et le temps sont seuls 
ds idées irréductibles, ou paraissant telles. La vitesse 
n'est, au fond, que le quotient d'une distance par un temps. 


( 982 ) 
Màis ce n'est pas tout :-les distances, les masses et le 
temps peuvent, comme les vitesses et les forces, étre éli- 
minés du discours et remplacés par de simples nombres. 

Pour bien le comprendre, il convient de penser d'abord 
à la géométrie. La position d'un point peut y être déter- 
minée par trois nombres (coordonnées). Une surface peut 
s'y représenter par une équation; une ligne, par deux 
équations. Or, une théorie géométrique quelconque étant 
ainsi traduite, on peut y faire abstraction des idées con- 
crêtes de point, de ligne, de surface, pour ne plus voir et 
ne plus nommer que les nombres et les équations. 

Ainsi entendue, la géométrie n'est plus que l'exposi- 
tion de certaines propriétés spéciales des groupes de trois 
nombres. C'est méme dans ce sens qu'il faut absolument 
comprendre les géométries à » dimensions, que certains 
auteurs ont développées, en supposant x plus grand que 
trois. 

Ces géométries ne sont pas autre chose que l'exposé de 
certaines propres spéciales des groupes de n nombres; 
mais, tandis qu'ici l'on trouve avantage à donner une forme 
concrète à des résultats purement analytiques, la poursuite 
des idées de M. de Saint-Venant, au delà du point où l'au- 
teur a eru devoir s'arrêter, nous aménerait, au contraire, à 
chasser de la géométrie et de la mécanique toute idée con- 
crête, pour ne plus y voir que des nombres abstraits. 

Je viens de montrer comment cela est évidemment pos- 
sible et même déjà fait en géométrie. Ce ne serait pas 
beaucoup plus difficile en mécanique. En effet, l'état méca- 
nique complet d'un point comprend sa position actuelle, 
ou ses trois coordonnées; sa masse ; les trois composantes 
de sa vitesse, qui ne dépendent pas des quantités précé- 
dentes, mais que l'on peut cependant exprimer par les 
variations des coordonnées relativement au temps; les 


985 ) 
trois composantes de la force motrice, également indépen- 
dantes, mais exprimables au moyen de la masse et des 
dérivées secondes des coordonnées par rapport au temps. 
De ià résulte que l'état mécanique actuel d'un point est 
déterminé par cinq nombres au moins et par onze au plus, 
selon la manière d'envisager la question. 

Et si, dans les formules, on fait ensuite abstraction. du 
sens concrel des quantités introduites, la mécanique ne 
sera plus que l'exposition de certaines propriétés spéciales 
des groupes de cinq ou de onze nombres, dont l'un (la 
masse) reste constant dans chaque groupe. Il faut bien 
observer qu'il s'agit de propriétés spéciales, c'est-à-dire 
que là mécanique, ainsi entendue, ne serait nullement 
l'équivalent de la géométrie à cinq ou à onze dimensions. 

On voit donc que l'idée de M. de Saint-Venant peut être 
développée, de maniére à franchir de beaucoup les bornes 
que son auteur lui assignait. 

Si la notion de force doit étre éliminée parce que la force 
n'est qu'un produit ou un quotient d'autres quantités, il 
. Semble que la notion d'accélération et celle de vitesse, tout 
au moins, doivent être éliminées pour le méme motif. Ne 
disons pas que cela compliquerait le langage, car ce n'est 
qu'une question de plus ou de moins : la suppression de 
la force complique déjà le langage, et d’une manière très 
sensible. Ne disons pas non plus que la force n'est pas une 
réalité objective, ear cette qualité peut étre contestée tout 
aussi bien à l'aecélération et à la vitesse. D'ailleurs, nous 
Dé savons pas encore bien ce que c'est qu'une réalité 
objective; M. Tait nous l'apprendra tout à l'heure. 

En attendant, reconnaissons que l'introduction des 
idées de M. de St-Venant, même considérablement ampli- 
fiées, est parfaitement possible, légitime, logique, et deman- 


( 984 ) 
dons-nous seulement si elle est utile, el en quoi consiste 
son utilité, car elle en a une, même d'après moi, mais il 
importe de la préciser et de la limiter. 

La réduction de la géométrie, de la mécanique, et méme 
de certaines questions physiques à de simples problémes 
d'analyse, permet de déméler nettement, dans l'exposition 
de ces sciences, la part réelle de l'expérience et celle du 
raisonnement. 

Une science exacte se compose essentiellement de deux 
parties distinctes : l'une, qui est fondée sur l'observation et 
l'expérience, consiste à rassembler des faits, et à en con- 
clure, par induction, les lois et les principes qui serviront 
de base à la science; l'autre, qui n'est qu'une branche de 
la logique générale, s'occupe de combiner ces principes 
fondamentaux, de maniére à en déduire la représentation 
des faits observés, et à prédire en outre des faits nou- 
veaux (5). 

Mais la distinction entre la partie expérimentale et la 
partie logique de la science n'est pas toujours aisée. 

En analyse, nous raisonnons sur des symboles que nous 
avons, en quelque sorte, créés nous-mêmes; c'est pourquoi 
les difficultés que l'on peut y rencontrer n'ont pas le 
caractère de postulats proprement dits. Il n'y a point là de 
partie absolument expérimentale; la logique y régne seule 
ou presque seule. Mais en géométrie, en mécanique, en 
physique surtout, on se trouve en présence, non plus de 
symboles, mais de faits, dont il faut tenir compte, si l'on 
veut que le développement ultérieur de la science théo- 
rique corresponde aux observations et à l'expérience. 

Ces faits nous sont si familiers que nous sommes tentés 
de les considérer comme évidents et nécessaires, et cepen- 
dant ce serait prétendre que l'univers n'eüt pas pu étre 
créé autrement qu'il n’est, 


( 985 ) 
De là résulte qu'en cas de doute sur la validité d'un 
raisonnement, il y a toujours un grand avantage à réduire 
les questions à l'analyse pure, pour échapper à la tentation 
de confondre des faits révélés par l'expérience seule (et 
qui peut-étre ne sont qu'approximatifs) avec des vérités 
démontrées, ou, si l'on veut, avec des conséquences pure- 
ment logiques de faits antérieurement acceptés. 
Les traités de mathématiques, méme de mathématiques 
appliquées, ne peuvent pas étre de simples catalogues de 
vérités expérimentales; une fois quelques faits posés, on 
démontre par le raisonnement l'existence d'autres vérités 
qui en dépendent; mais quand il s'agit de prouver des 
faits que l'expérience journalière nous montre comme 
presque évidents et se rattachant aux notions premières, 
le sens mathématique, méme le plus incontestable et le 
plus développé, n'a pas toujours suffi pour éviter les erreurs 
de raisonnement; et l'on a vu, par exemple, des géométres 
justement célébres donner, de bonne foi, dans leurs 
ouvrages, de prétendues démonstrations du postulatum 
d'Euclide, lequel, on le sait aujourd'hui, ne peut pas se 
démontrer, et doit étre, ou bien adopté sans démonstra- 
tion comme un fait expérimental simplifiant la géométrie, 
ou bien rejeté comme douteux et superflu, mais alors au 
prix de grandes complications, et pour aboutir à des for- 
mules équivalentes à celles de la géométrie usuelle, dans 
les limites de nos moyens de mesure. 
La cause qui rend si difficile la distinetion du vrai et 
du faux, dans la démonstration des faits que l'on est habitué 
à considérer comme évidents par l'expérience journalière, 
à été résumée par M. Bertrand en ces termes (6) : 
* La géométrie... conserverait, méme aprés ce succés 
(Cest-à-dire aprés la démonstration du postulatum d'Eu- 


( 986 

clide), des difficultés bien autrement insolubles; la préten- 
tion de faire reposer la science sur le raisonnement seul, 
sans y laisser intervenir le sentiment intime relatif aux 
idées d'espace, semble absolument chimérique; l'évidence, 
quoi qu'on fasse, doit être invoquée; c’est sur elle, seule- 
ment, que peuvent reposer les idées premières de ligne 
droite et de plan. Un étre autrement organisé que nous et 
privé de ce sens commun que l'on invoque, sans parfois le 
dire explicitement, pourrait posséder les facultés du rai- 
sonnement les plus développées, sans devenir capable 
d'étudier la géométrie d'Euclide, où la logique lui mon- 
trerait clairement des lacunes, que la claire vue des pre- 
miers principes ne saurait combler pour lui. » 

Il y a certainement du vrai dans ce passage; mais l'au- 
teur en fait immédiatement une application abusive, qui le 
conduit à provoquer l'insertion, dans les Comptes rendus 
de l'Académie des sciences de Paris, d'une démonstration 
contenant les paralogismes les plus criants. 

Sans doute, en voulant tout expliquer, on est très ex posé 
à tomber dans la pesanteur, l'obscurité, la minutie (7); mais 
ce n'est pas une raison pour ne pas rechercher conscien- 
cieusement, lorsque des doutes surgissent sur la valeur 
d'une théorie, quels sont les principes réellement invoqués 
et employés, comme l'a fait M. Darboux à propos du 
parallélogramme des forces (8); ce n'est pas une raison, 
non plus, pour introduire, sous prétexte d'évidence, des 
notions douteuses ou inutiles. 

L'erreur commise, par un grand nombre d'analystes, 
dans la question des fonctions continues, a contribué à 
ramener beaucoup d'esprits vers des idées plus rigoureuses, 
parce qu'iei l'erreur portait, non seulement sur la démon- 
stration, mais sur le fait méme que l'on prétendait démon- 


Uf so T cape EE i C rat gi 


(CIT) 
trer; tandis quen géométrie le raisonnement seul est 
reconnu vicieux : le fait matériel n’est pas démontré 
inexact. 

Mais à l’époque où M. Bertrand écrivait son article, 
aussi tranchant dans la forme (car j'en ai cité seulement 
les parties les plus anodines) que contestable pour le fond, 
il existait en France, malgré les efforts de mon ami bien 
regretté M. Hoüel, une véritable prévention contre les théo- 
ries développées en Allemagne, en Hongrie, en Russie et 
en [talie, par des géométres éminents. La science francaise 
à Su se dégager aujourd'huide cette prévention et je me féli- 
cile d'y avoir contribué en présentant, sous une autre 
forme, des théories au fond identiques. Je m'en félicite, non 
par un vain amour-propre, mais à cause de la satisfaction 
intime d'avoir contribué, dans la mesure de mes forces, 
au triomphe de ce que je crois étre la vérité scientifique. 
Puissent les considérations nouvelles que je développerai 
aujourd'hui avoir le méme succès, le seu! que j'ambi- 
lionne. 

Après avoir parlé, un peu longuement peut-être, du 
postulatum d'Euclide, pardonnez-moi de citer encore un 
autre exemple, le problème de la quadrature du cercle. 
Mais ici je serai très bref et me bornerai à deux remarques. 
D'abord, si l'on est parvenu aujourd'hui à démontrer que 
la quadrature géométrique du cercle est impossible, c’est 
précisément en traduisant ce problème en analyse pure, 
et en faisant complètement abstraction de sa signification 
géométrique. Ce fait vient done à l'appui de l'idée générale 
que j'exposais. 

Mais, en dehors de cette idée, on peut signaler un fait 
piquant : c’est que l'opinion publique a devancé la science 
positive dans cette question de l'impossibilité de la qua- 


( 988 ) 

drature du cercle. En 1869, alors que l'Académie des scien- 
ces de Paris accueillait encore une démonstration du postu- 
latum d'Euclide (et quelle démonstration!), elle rejetait 
depuis longtemps, sans examen, tout ce qui se rapportait à 
la quadrature du cercle. Eu égard aux travaux qui avaient 
paru à cette époque, les décisions inverses eussent été plus 
logiques. Mais aujourd'hui on peut, sans hésitation, jeter au 
panier toutes les prétendues solutions de ces deux pro- 
blémes : la preuve du caractére purement expérimental du 
postulatum, déjà sérieusement ébauchée en 1869, a été 
absolument complétée depuis (9), et la preuve catégorique, 
scientifique, de l'impossibilité de la quadrature du cercle, 
avec la régle et le compas, a enfin été trouvée, il y a six ans, 
par M. Lindemann (10). 

Je citerai un troisiéme et dernier exemple à l'appui de 
ma pensée, c'est la démonstration, si longtemps cherchée, 
de ce prétendu théoréme analytique que toute fonction 
continue aurait une dérivée. Mais ici, je m'attends à ce que 
ceux d'entre vous qui m'ont conservé leur bienveillante 
attention, trouvent l'exemple mal choisi : Comment, me 
diront-ils, les idées expérimentales nous poursuivent donc 
jusque dans l'analyse? N'est-ce pas le renversement de 
votre thése? 

Je vais prouver que c'en est, au contraire, une confir- 
mation nouvelle. Plusieurs membres de notre Aca- 
démie, dont l'un me fait l'honneur de m'écouter en ce 
moment, ont soutenu, avec beaucoup d'autres savants, 
que toute fonction continue devait avoir une dérivée. 
Moi-méme, j'ai essayé de le soutenir. Nous nous sommes 
trompés. Pourquoi? Parce que nous faisions le contraire 
de ce qu'il faut faire pour éviter les paralogismes expéri- 
mentaux. Nous parlions de fonctions continues, mais, au 


989 ) 
fond de notre pensée, il y avait une courbe continue, et la 
vue intérieure de cette courbe faussait nos raisonnements. 
Nous nous imaginions à tort que la fonction continue, 
telle que la définissent les meilleurs auteurs, était l'équi- 
valent ou la traduction analytique de la courbe continue. 

Nous introduisions les idées concrètes là où elles n'exis- 
taient pas, tandis qu'il faut au contraire les supprimer là où 
elles existent, quand on veut juger de la valeur mathé- 
matique d'un raisonnement. 

Telle est donc, exposée aussi nettement que j'ai pu le 
faire, la véritable utilité de cette abstraction que M. de 
Saint- Venant appliquait simplement à la suppression de la 
force, mais que l'on peut compléter par la suppression des 
idées d’accélération, de vitesse et de beaucoup d'autres 
encore. i 

Mais dans quelle mesure de pareilles abstractions doi- 
vent-elles étre introduites dans l'enseignement? Voici, à 
cet égard, le résultat de mes réflexions. 

Je crois, d'abord, qu'il faut reprendre la question d'un 
peu plus haut et se demander, en thése générale, si l'on 
doit, dans un cours, adopter les méthodes les plus scienti- 
fiques, ou bien les inéthodes les plus élémentaires, les plus 
simples, les plus rapides, celles qui se greffent le plus 
facilement sur les notions vulgaires? 

On peut soutenir le pour et le contre. On a soutenu le 
pour et le contre. Je dirai méme : J'ai soutenu le pour et 
le contre, et si cette déclaration n'est pas de nature à aug- 
menter l'autorité de ma parole, elle est du moins un gage 
de mon impartialité, et elle me servira d'excuse pour les 
“deux citations que je vais emprunter à deux de mes 
ouvrages. 

Jai dit que l'exposition la plus élémentaire d'une 


( 990 ) 
question ne doit différer de son exposition la plus scienti- 
fique que par des suppressions (11). 

Avec la signification que j'attachais à ce principe, à 
l'époque où j'écrivais ces lignes, je l'admets encore; mais 
jai reconnu depuis qu'on peut lui donner un sens plus 
étendu, et alors je le répudie. La signification réelle qu'il 
avait dans mon esprit élait déterminée par l'ensemble de 
l'article d’où il est extrait. Mais, à la rigueur, dans l'expo- 
sition la plus scientifique, il pourrait ne rester, comme je 
l'expliquais tout à l'heure, que de l'analyse pure. On pour- 
rait exposer, non seulement toute la mécanique, en se 
passant de la force (et de bien d'autres idées), mais aussi 
toute la géométrie en se passant du point, qui ne serait 
qu'un groupe de trois nombres (et naturellement en se 
passant aussi de tout le reste). Quand ces sciences seraient 
ainsi terminées, dans l'analyse, on ferait observer que si 
l'on admet les notions vagues possédées par le vulgaire sur 
l'espace, la masse, le mouvement et la force, on peut y 
adapter les calculs déjà faits, et qu'alors chaque théorème 
d'analyse se transforme en un théoréme de géométrie, de 
cinématique ou de mécanique. : 

Ce n'est certes pas à une pareille exposition scientifique 
que l'on pourrait, suivant la lettre de ma citation précé- 
dente, supprimer encore quelque chose, pour la trans- 
former en exposition élémentaire : il ne resterait plus rien 
du tout. : 

J'étais, je le crois, plus près de la vérité pratique, quand 
j'écrivais ces autres lignes : « Si, d'une part, l'emploi des 
trois dimensions, pour parvenir à des propositions degéo- 

-métrie plane, peut être critiqué; d'autre part, il est cepen- 
dant avantageux de ramener les théories habituellement 
réservées au plus haut enseignement spéculatif, à d'autres 


(991 
théories, plus complexes au fond, mais que leur utilité 
pratique a fait entrer, depuis longtemps, dans l'enseigne- 
ment ordinaire (12). » 

On saisira, sans doute, l'analogie entre ce cas et celui 
de la mécanique. 

Certes, on n'a pas besoin de la géométrie descriptive 
pour établir la géométrie supérieure. Mais les éléves à qui 
l'on veut donner quelques notions de géométrie supé- 
rieure connaissent déjà la descriptive. N'est-il pas évident 
que son emploi fera gagner beaucoup de temps? 

De méme en mécanique, on n'a pas besoin de la force, 
voire de l'accélération; mais les élèves les connaissent 
(surtout la force), et leur emploi donne aux théorèmes une 
forme plus tangible, une signification plus matérielle, plus 
en rapport avec des notions déjà acquises. 

On peut adopter un système mixte, consistant à suivre le 
second principe à la dons méme et dans legrand texte du 
cours écrit, seule part Lire lesélèves ordinaires; 
mais à faire remarquer, dans les parties en petits caractères, 
les notes au bas des pages, les notes finales, les appendices, 
qu'il existe des méthodes plus scientifiques et plus compli- 
quées, au moyen desquelles on pourrait éliminer certaines 
idées, simplifiant les raisonnements en les rattachant à des 
choses connues, et préparant en outre aux applications, 
mais qui en elles-mémes ne sont pas indispensables; et 
aussi éliminer certains principes que l'on a admis pour 
simplifier, mais que l’on peut rattacher à d'autres, ou sup- 
primer complètement. Ces notes et appendices pourront 
alors renvoyer aux ouvrages spéciaux qui ont traité les 
matiéres au point de vue philosophique ou logique. 

MM. Rouché et de Comberousse, dans leur géométrie, 
ont suivi la marche que je viens d'esquisser; mais, jusqu'à 


| 992 ) 

ces derniers temps, ils ne l'appliquaient pas aux fonde- 
ments mémes de la science; ils ne disaient pas à leurs 
lecteurs qu'en dehors du systéme usuel et simple, il existe 
d'autres systémes de géométrie plus compliqués, mais tout 
aussi logiques, et renfermant une constante inconnue que 
l'on prend égale à zéro dans la géométrie usitée; que les 
postulatums (d'Euclide et autres) ne sont pas indispen- 
sables, mais ont simplement pour effet de masquer l'exis- 
tence d'autres voies de raisonnement, et d'annuler subrep- 
ticement la constante; qu'enfin, nous n'avons el n'aurons 
probablement jamais le moyen de savoir si la constante est 
mathématiquement nulle, ou seulement physiquement 
nulle, c'est-à-dire trop petite pour être mesurée par nous; 
peut-être un jour le microscope ou le télescope jettera-t- 
il de nouvelles lumiéres sur cette question, mais actuel- 
lement c'est difficile à admettre (15). 

Tout cela, dis-je, MM. Rouché et de Comberousse le 
laissaient ignorer à leurs lecteurs; ils ont comblé cette 
lacune depuis la cinquiéme édition, et leur ouvrage offre 
aujourd'hui un des modèles les plus complets de ce système 
mixte auquel je faisais allusion. 

C'est surtout dans nos grandes écoles techniques, dont 
le but n’est pas précisément de former des savants, mais 
bien moins encore de former des routiniers, que ce sys- 
ième doit, me semble-t-il, prévaloir : Exposer la science 
par des raisonnements aussi rigoureux que possible; 
cependant marcher droit vers les parties supérieures et 
vers les applications, puisque le temps est limité et, pour 
cela, introduire au besoin des idées auxiliaires ou prati- 
ques, dont on pourrait se passer dans un cours dont la 
logique pure serait le seul but; mais ensuite,dans les notes 
et les appendices d'un texte imprimé ou autographié, remis 


(-995) 

aux élèves, justifier la marche suivie et faire voir, en 
renvoyant aux sources, comment on pourrait la rendre 
plus philosophique, en la compliquant. 

Ces notes, je l'ai déjà dit, ne feraient pas partie du 
cours enseigné. Elles pourraient servir aux trés bons 
éléves, qui apercoivent quelquefois le défaut de logique 
consistant à introduire, dans une théorie, une idée inutile 
et sont alors déroutés, ou perdent confiance dans le cours. 
Elles auraient en outre l'avantage de faire apprécier le 
cours au dehors, d'augmenter son utilité pour les anciens 
élèves et de ne pas laisser supposer que sa simplicité soit 
le résultat de l'ignorance du professeur. 

Mais, m'objectera-t-on, vous ne défendez pas l'idée de 
force en elle-même; vous faites, pour l'enseignement, une 
simple concession à la nécessité résultant des idées pré- 
concues de l'éléve et des limites imposées au cours. Si vous 
pouviez, d'un coup de baguette, extirper du cerveau des 
élèves l'idée de force et y substituer l'idée complète d'aecélé- 
ration, n'y aurait-il pas lieu de le faire et de remplacer la 
force, idée inutile, par l'aecélération, qui seule est réelle, qui 
seule est la manifestation de ce que vous appelez la force ? 
Méme dans ces termes, je ne pourrais pas répondre affir- 
malivement. Mais le moment n'est pas encore venu de 
m'expliquer complétement à cet égard. 

J'ai discuté surtout jusqu'à présent (et j'en ai dit la rai- 
son) la question de savoir comment et dans quelle mesure 
on pourrait supprimer l'idée de force. Je vais discuter 
maintenant le pourquoi d'une élimination plus compléte, 
et comme j'arriverai à conclure que j'y suis opposé, il en 
résullera que je me garderais bien de détruire, si même je 
le pouvais, la notion première de force que les élèves 
possèdent. 

3% SÉRIE, TOME XIV. 66 


( 994 ) 

Voici donc, maintenant, le résumé des idées de M. Tait 
sur la question qui nous occupe (14) : 

« De méme que l'or, le plomb, l'oxygéne, etc., sont des 
espèces différentes de matières, de méme le son, la lumière, 
la chaleur, etc., sont des formes diverses d'énergie, celle-ci 
constituant, comme nous le verrons bientót, une réalité 
objective, au méme degré que la matière... La grande 
preuve de la réalité de ce que nous appelons matière, la 
preuve de son existence objective, est l'impossibilité de la 
détruire ou d'en créer, par aucun des procédés qui sont à 
la disposition de l'homme... Cette indestructibilité de la 
matiére doit... étre considérée comme la preuve de sa réa- 
lité objective. 

» ll nous reste encore à parler de la force... Cette notion 
nous est suggérée directement par ce que l'on nomme 
« sens musculaire » ; c'est lui qui nous donne la sensation 


de la pression, quand nous déplaçons un corps avec la 


main ou avec le pied. 

» Mais nous devons être circonspects avec les données de 
nos sens dans ces matières... La définition de la force, telle 
qu'on l'entend en physique, est comprise implicitement 
dans la première loi du mouvement de Newton; elle peut 
s'énoncer ainsi : 

» Onappelle force,la cause qui modifie ou tend à modifier 
l'état naturel de repos d'un corps ou son mouvement recti- 
ligne et uniforme. | 

» La seule difficulté sérieuse que nous sentons ici, pro- 
vient du mot cause; ce mot, dans les choses matérielles, 
implique ordinairement une existence objective. Mais nous 
n'avons absolument aucune preuve de l'existence objective 
de la force, dans le sens que nous venons d'expliquer. Ce 
que nous observons réellement dans chaque cas oü l'on dit 


H 


(995) 

qu'une force agit, en dehors du sens musculaire, c'est un 
transport, ou une tendance à un transport, de ce qu'on 
appelle énergie, d'une portion de matière sur une autre. 
Chaque fois qu'un tel transport a lieu, il y a mouvement 
relatif des portions de matières correspondantes, et ce que 
l'on nomme valeur d'uue force, dans une direction quel- 
conque, est tout simpiement la valeur de l'énergie trans- 
portée, par unité de longueur du déplacement effectué dans 
cette direction. La force n'a done pas nécessairement une 
réalité objective, pas plus que la vitesse ou la position. 
Cependant l'idée de force est encore trés utile; elle intro- 
duit un terme nous permettant d'abréger les énoncés, qui 
autrement seraient longs et fastidieux ; mais avec le pro- 
grès de la science, elle est très probablement destinée à 
être reléguée dans ces limbes, où sont déjà relégués les 
Spires de cristal des planètes et les quatre éléments, ainsi 
que le calorique et le phlogiston, le fluide électrique et la 
force odique ou psychique. 

» Ce n’est que depuis relativement peu d'années qu'on a 
généralement reconnu l'existence dans le monde physique 
de quelque chose, qui a une réalité objective au méme titre 
que la matière, quoiqu'elle ne soit pas aussi tangible; 
aussi sa conception a-t-elle mis beaucoup plus de temps 
à pénétrer dans l'esprit humain. Ce que l'on appelait « les 
impondérables », que l'on considérait comme de la matière 
— tels que la chaleur et la lumière — ont été reconnus, 
Par une méthode purement expérimentale — la seule 
sûre —, pour différentes variétés de ce que nous appelons 
énergie, quelque chose qui, sans ètre matière, doit tout 
aussi bien être reconnu, à cause de son existence objec- 
live, que n'importe quelle portion de matière. Le grand 
Principe de la conservation de l'énergie, d’après lequel 


(. 996 ) 
aucune portion d'énergie ne peut étre ni détruite ni créée 
paraucun des procédés à notre disposition, est simplement 
une affirmation de l'invariabilité de la quantité d'énergie 
dans l'univers, une proposition faisant pendant à celle de 
l'invariabilité de la quantité de matiére. » 

Voilà encore une citation un peu longue, mais impor- 
tante, car elle montre nettement la tendance de l'auteur, 
et je crois devoir en discuter quelques points essentiels, 
afin de montrer pourquoi elle me laisse dans le doute, et 
m'oblige à m'appuyer sur des considérations toutes diffé- 
rentes pour décider si la notion de force doit ou non être 
conservée. 

L'auteur dit que, dans la définition qu’il donne de la 
force, la seule difficulté sérieuse provient du mot cause. 
J'estime, au contraire, qu'il y en a une autre, trés grave, 
à laquelle il ne songe point, et que je me réserve de déve- 
lopper à propos du principe de l'inertie, car ce principe et 
la définition de la forcesont intimement liés. 

ll dit ensuite que l'on ne peut observer réellement qu'un 
transport d'énergie, ou une tendance à un tel transport. 
Je ne me rends pas bien compte de là maniére dont on 
observe la tendance au transport, quand le transport lui- 
méme ne se produit pas. Il me semble que si, dans ce cas, 
on peut observer quelque chose, c'est une pression ou une 
force. Mais continuons. « Chaque fois qu'un tel transport 
a lieu,... ce que l'on nomme valeur d'une force... est tout 
simplement la valeur de l'énergie... » Et quand il n'y a que 
tendance au transport, quelle est la valeur de la force? 
Deux hommes également robustes tirent aux deux bouts 
d'une barre rigide. Il n'y a pas de mouvement. Y a-t-il ou 
n'y a-t-il pas de forces? L'auteur s'en explique ailleurs, et je 
suis obligé de le citer encore, ear dans une discussion avec 


( 997 ) 

des esprits que je dois reconnaître comme supérieurs, la 
moindre erreur de texte pourrait me valoir l'accusation, 
ou bien de dénaturer leurs idées, ou bien de combattre 
des chiméres. 

Voici done ce que dit M. Tait de l'état d'équilibre (15) : 

« ... Une force produit toujours un effet. Il n'y a pas de 
forces se détruisant mutuellement, l'une, prévenant, pour 
ainsi dire, l'action de l'autre... la science que l'on appelle 
statique n'existe pas pratiquement. Il n'y a pas de destruc- 
tion de forces, il y a neutralisation des effets des forces, 
ce qui est tout autre chose. Une force produit toujours son 
effet, eL si deux ou plusieurs forces produisent des effets 
qui se neutralisent, nous avons un équilibre permanent. 
Mais ce ne sont pas les forces, ce sont simplement leurs 
effets qui se détruisent. Nous en avons l'exemple le plus 
commun dans un poids qui repose sur une table. La 
Pesanteur agit toujours : le poids est constamment tiré 
vers le bas par l'attraction de la terre, mais en méme 
temps il est constamment tiré versle haut par la résistance 
de la table, et les deux efforts produisent à chaque instant 
une certaine quantité de mouvement : l'un produit une 
quantité de mouvement dirigée verticalement de haut en 
bas, l'autre produit la méme quantité de mouvement de 
bas en haut. Ces quantités de mouvement correspondent 
à des vitesses égales el contraires, mais ce sont les vitesses 
et non pas les forces qui se neutralisent mutuellement. » 
M. Taitattribue ces idées à Newton, mais il les approuve; 
quant à moi, elles me paraissent bien peu claires; j'y vois 
bien peu de réalité objective; pour moi, c'est la résistance 
de la table qui neutralise le poids, et quant aux vitesses, 
elles ne se produisent pas, et n'ont donc pas besoin de se 
neutraliser. 


( 998 ) 

Mais n'anticipons pas; nous n'avons pas épuisé encore 
les remarques à faire sur la citation principale empruntée 
à l'ouvrage de M. Tait. 

« La force » dit l'auteur, « n'a donc pas nécessairement 
une réalité objective, pas plus que la vitesse ou la posi- 
tion. » Pas plus que la vitesse ou la position! C'est bien 
cela, et je trouve la comparaison tout à fait juste, au point 
de vue de l'auteur, mais compromettànte dans sa sincérité. 

Si l'idée de force, l'idée de vitesse et l'idée de position 
sont équivalentes sous le rapport de la réalité objective, 
pourquoi la première seule doit-elle aller rejoindre les 
spires de eristal et le phlogiston? 

Et d'ailleurs, examinons de plus prés cette réalité objec- 
tive que l'on concéde à l'énergie, au méme titre qu'à la 
matiére, mais à elles deux seulement. Tout le monde 
comprend ce que l'on entend par l'indestructibilité de la 
matiére, ou par cette proposition que la somme des 
masses contenues dans l'univers, ou dans une partie de 
l'univers supposée complétement séparée des autres par- 
ties, reste toujours constante. Mais je doute fort que tout 
le monde comprenne aussi bien la constance de la somme 
des énergies. 

L'énergie effective d'une molécule, ou, pour étre plus 
précis, d'un point matériel, se mesure en faisant le pro- 
duit de la moitié de sa masse par le carré de sa vitesse. 
Admettons qu'il n'y ait aucune difficulté à mesurer ainsi 
toutes les énergies effectives et à en faire la somme, qui 
comprendra donc, d’après les théories nouvelles, outre les 
mouvements visibles, la chaleur, le son, l'électricité dyna- 
mique, et les autres mouvements vibratoires. 

Quelques-unes, la majorité peut-étre des personnes qui 
ont une teinte vague de la physique moderne, s'imagi- 


( 9995 

neront que c'est cette somme des énergies visibles et des 
énergies vibratoires qui doit rester constante dans la suite 
du temps. 

I| n'en est rien cependant. Elle peut augmenter ou 
diminuer. Nous supposerons, pour fixer les idées, qu'elle 
diminue; mais cela ne peut pas arriver sans un change- 
ment dans les positions relatives des molécules (ou des 
points matériels); la diminution étant due à ce changement 
de position, et un changement de position inverse pouvant 
restituer ultérieurement l'énergie perdue, on considére 
fictivement cette partie perdue elle-même comme une 
énergie spéciale, qu'on appelle énergie de position ou 
potentielle, et dés lors il est tout naturel que la somme 
de toutes les énergies, y compris celte énergie potentielle, 
devienne constante. 

Si, au reste d’une soustraction, on ajoute le plus petit 
nombre, on retrouve le plus grand. C'est tout le secret du 
« grand principe de la conservation des énergies. » 

Pour ceux qui admettent l'idée de force, l'énergie 
potentielle est le maximum possible de la somme des 
travaux futurs des forces intérieures; méme sans la force, 
mais avec l'aecélération, on peut démontrer que l'énergie 
potentielle est une certaine fonction déterminée des coor- 
données des points ; mais ces deux explications, d'ailleurs 
fort abstraites, ne peuvent étre données en ces termes si 
l'on ne veut considérer que les deux prétendues réalités 
objectives : masse et énergie. Il faudra donc dire de 
l'énergie potentielle ou latente ce que l'on disait autrefois 
de la chaleur latente : c'est une énergie actuellement dis- 
parue, mais qui reparaitra tôt ou tard, et ce n'est qu'en 
ajoutant cette énergie disparue à celle qui subsiste que l'on 
obtient un total constant. 


( 1000 ) 

Insistons sur la réapparition de l'énergie latente, pour 
éviter jusqu'à l'apparence d'exagérer les cótés faibles de 
l'opinion adverse. 

J'ai dit qu'un changement de position, contraire de celui 
qui a eu lieu, pourra restituer ultérieurement l'énergie 
perdue. Non seulement cela est possible, mais cela est 
probable, d’après tous les faits connus. Il est probable que 
toute énergie réelle, qui aura été pérdue par des change- 
ments de position des molécules, sera regagnée plus tard, 
tandis que l'inverse n'est pas vrai : une énergie réelle 
gagnée, surtout à l'état de chaleur, a beaucoup moins de 
probabilité d'étre reperdue. 

Il est donc assez naturel de considérer les énergies per- 
dues comme devant étre regagnées tót ou tard, comme 
étant des énergies futures, latentes, potentielles. 

Disons donc que les auteurs de la théorie de la chaleur 
(ou plus généralement des énergies) ont eu une idée heu- 
reuse, juste et utile; qu'ils ont créé une fiction ingénieuse; 
mais ne disons pas qu'ils ont découvert une réalité objec- 
tive au méme titre que la matière. 

Il résulte de tout ce qui précède que ni les idées de 
M. de Saint-Venant, ni celles de M. Tait, ne suffisent pour 
me convertir à la suppression de la notion de force. 

Mais à toutes les raisons que j'en ai données, je dois en 
ajouter deux autres, que je crois importantes. 

D'abord, ni dans l'un ni dans l'autre de ces auteurs, je 
ne trouve rien qui se rapporte à la question du mouvement 
absolu, ou de l'immobilité absolue dans l'espace. Or, je ne 
crois pas qu'il soit possible de se passer de cette idée. 

Le célébre Duhamel a exprimé, à ce sujet, une opinion 
tout à fait contraire à la mienne : 

« Pour nous, dit-il (16), le repos absolu est, non plus une 


( 1001 ) 

chose impossible à reconnaitre, mais tout simplemeut un 
non-sens, car ce serait la coincidence avec les mémes 
points immobiles de l'espace, auxquels nous n’accordons 
aucune existence, et dont la fixité prétendue est une chi- 
mére, dont la simple notion ne pourrait étre ni définie, ni 
senlie, c'est-à-dire, ne pourrait s'acquérir ni par l'esprit, 
ni par les sens. 

» On ne pourrait, en effet, définir l'immobilité de ces 
points qu'en. l'admettant déjà dans d'autres, c'est-à-dire 
par un cercle vicieux. Et quant à l'évidence obtenue par 
les sens, on ne peut l'invoquer, puisque les hommes 
n'apercoivent que des repos ou mouvements relatifs, 
de sorte que la conception de repos ou de mouvement 
absolu, loin de pouvoir étre rangée parmi les idées pre- 
miéres, admises par le sentiment de l'évidence, ne serait 
qu'une vague réverie dont le fond serait un cercle vicieux. 

> Abandonnons donc cette fausse notion, dont l'inutilité 
est d'ailleurs évidente, car tous les principes que l'on 
établirait en l'admettant, ne pourraient jamais être fondés 
que sur des observations et des expériences relatives. Et 
à quoi bon partir du relatif pour établir par induction un 
absolu imaginaire, d'oü l'on tirerait ensuite des principes 
applicables au relatif, qui est la seule chose réelle? 

» Ne vaut-il pas mieux, aprés avoir établi les principes 
sur le relatif, les appliquer directement au réel, sans 
remonter à un absolu fantastique, pour l'abandonner 
immédiatement aprés? » 

Il semble que, dans ce passage, Duhamel ait voulu dire, 
non seulement que l'immobilité n'existe nulle part dans 
l'univers matériel, mais en outre qu'il est méme impossible 
de la concevoir et de la définir scientifiquement. 

Or. il suffirait évidemment de la concevoir et de la 


| 1602 ) 
définir, pour pouvoir introduire en mécanique un système 
d'axes immatériels, invariables et immobiles, auxquels on 
rapporlerait tous les mouvements, sans prétendre pour 
cela que certains points matériels partagent l'immobilité 
de ces axes. 

La définition d'un système immobile comprendrait deux 
définitions : celle d'un systéme sans translation et celle 
d'un systéme sans rotation. 

Sur le premier point, je me range à l'avis de Duhamel. 
ll est impossible, à l'aide des notions généralement 
admises, de définir un systéme sans translation. En trans- 
lation, tout est relatif : le mouvement et le repos absolu 
sont indéfinissables pour nous. 

En rotation, il n'en est pas de méme; car si tout y était 
relatif, que signifieraient les expériences du corps tombant 
librement (mines du Freiberg), du pendule de Foucault et 
du gyroscope? 

Qu'entendrait-on par la manifestation dynamique du 
mouvement diurne du globe? 

La question de savoir si c'est la terre, ou si c'est le sys- 
téme des étoiles fixes, qui tourne, serait une question vide 
de sens, si l'on ne comprenait que les mouvements relatifs. 
On répondrait que chacun des deux tourne par rapport 
à l'autre, et c'est tout ce que l'on pourrait savoir (17). 

Évidemment, il n'en est pas ainsi. En géométrie el en 
cinématique, il est impossible de définir le mouvement 
absolu, mais les notions dynamiques, c'est-à-dire celles de 
masse et de force, nous en fournissent le moyen. 

Ce moyen, il faut nécessairement l'employer; et les 
auteurs qui croient pouvoir se soustraire à cette obli- 
galion, qui croient pouvoir se passer à la fois de la notion 
de force et de la notion d'immobilité dans l'espace, sont 


adsiduis Mt aM Eua LC c ue s ct i s T A 


( 1005 ) 
obligés, ou bien d'éviter l'étude approfondie des questions 
analogues à celles que je viens d'indiquer (pendule de 
Foucault, par exemple), ou bien d'introduire dans cette 
étude des erreurs de raisonnement qui se compensent; et 
leur compensation n'a rien d'étonnant, puisque l'on con- 
nait presque toujours d'avance le résultat auquel on doit 
arriver. 

Leur première erreur consiste dans la manière dont ils 
expliquent le principe de l'inertie; la seconde, dans la 
manière dont ils appliquent ce méme principe. 

Son énoncé étant à peu prés le même partout, je 
prendrai le plus explicite. 

« 1° Si un point matériel est en repos dans l'espace, il 
reste en repos tant qu'aucune force n'agit sur lui; 

2 Quand un point matériel est en mouvement, si 
aucune force n'agit sur lui, son mouvement est rectiligne 
et uniforme (18). » 

Ainsi, d'aprés ces auteurs, le principe de l'inertie con- 
siste en ce qu'un point matériel, sur lequel n'agit aucune 
force, doit rester immobile, ou décrire une droite d'un 
mouvement uniforme. 

Mais tout point, répondrai-je, décrit une droite d'un 
mouvement uniforme, pourvu que cette droite elle-même 
possède un mouvement convenable. I| manque donc 
quelque chose à la définition, tout au moins un mot 
important. 

Ce n'est pas seulement une droite que le point doit 
décrire, mais une droite fixe, une droite immobile, et dont 
tous les points sont immobiles, c'est-à-dire qu'elle est 
méme dépourvue de tout glissement dans le sens de sa 
longueur. 


( 1004 ) 

C’est évidemment cela que l’on veut dire, mais si on le 
disait, on aménerait immédiatement une question cap- 
tieuse. Qu'est-ce qu'une droite fixe ou immobile? Nous 
sommes à la premiére page de la mécanique. Comment 
vous assurez-vous qu'une droite, ou méme un point, est 
immobile? Quel est le systéme de comparaison auquel 
vous les rapportez pour juger de leur immobilité ou de 
leur mouvement? 

La plupart des auteurs ne répondent pas à cette ques- 
tion; ils restent dans le vague; mais, heureusement, il n'y 
a que trois hypothéses possibles, et en les adoptant suc- 
cessivement, nous ne pourrons être accusés d'interpré- 
tation fautive. 

Ou bien le principe de l'inertie se rapporte à un sys- 
tème invariable arbitraire, qui est simplement considéré 
comme immobile, par convention; ou bien il se rapporte 
à un systéme déterminé pris dans l'univers matériel; ou, 
enfin, il se rapporte à un système réellement doué de 
l'immobilité absolue (que l'on considére celle-ci comme 
notion premiére, ou qu'on en donne une explication). 

La première méthode est celle qu'on serait tenté d’autri- 
buer à la plupart des auteurs (car leurs intentions ne se 
devinent pas toujours). Alors les forces qu'ils mettent en 
jeu sont, si l'on peut s'exprimer ainsi, des forces relatives 
au système qu'ils considèrent conventionnellement comme 
immobile; on peut, bien certainement, continuer la dyna- 
mique théorique dans cet ordre d'idées; on obtient ainsi 
une espèce de mécanique relative ou idéale, assez ana- 
logue à ces exposés purement analytiques auxquels j'ai 
fait allusion au début de ce discours, et tous les calculs 
réussiront, sans nul doute, jusqu'au bout. 

C'est le cas de dire, avec M. Tait, que l'on peut tout 
admettre, tant que l'on ne fait pas d'expériences. 


( 1005 ) 

Mais il est bien entendu que, dans cette méthode, quand 
on parle d'une translation ou d'une rotation quelconque, 
` elle est relative à des axes invariablement liés au systéme 
arbitraire de comparaison. 

Il en résulte qu'aucune application n'est possible. On en 
fait cependant, mais alors on répudie l'hypothése fonda- 
mentale, ou du moins on n'y reste pas fidèle. Quand, par 
exemple, on traite du mouvement du pendule à la surface 
de la terre, et que l'on attribue à celle-ci une rotation 
déterminée, on change de systéme; car ce n'est certai- 
nement pas par rapport à des axes arbitraires que la terre 
posséde cette rotation. 

Sans doute, on n'avertit pas du changement, pas plus 
que l'on n'a expliqué tout d'abord le systéme adopté; mais 
ces rélicences ne sauraient influer sur ma critique, puisque 
je vais admettre toutes les hypothéses possibles sur ce que 
l'on ne dit pas. 

Dans la seconde méthode, on prend un systéme de com- 
paraison (admis comme invariable de forme), dans l'uni- 
vers matériel. En pratique, on n'a jamais fait jouer ce 
rôle qu'à la terre, au soleil, ou au système des étoiles fixes. 

Mais si les lois dynamiques étaient rigoureuses par rap- 
port à la terre, la trace laissée sur le sol par le pendule de 
Foucault devrait être une ligne droite invariable, que la 
terre tourne ou qu'elle ne tourne pas. Or cette trace varie 
pendant l'expérience; donc l'hypothése est inadmissible. 

Je n'insiste pas, puisque sur ce point il y a accord una- 
nime. 

On ne peut pas non plus attribuer raisonnablement à la 
terre une rotation (diurne) par rapport au soleil. 

Considérons donc le systéme des étoiles fixes. Celui-ci a 
été adopté, comme terme de comparaison, par des auteurs 


( 1006 ) 
éminents, et malgré cela il est presque aussi inadmissible 
que les précédents. C'est ici le fond de ma thèse et le 
point où j'ai surtout besoin d'attention. 

Les lois dynamiques ainsi comprises ne sont plus en 
opposition avec l'expérience de Foucault, mais celle-ci, au 
lieu d'étre contradictoire, devient insignifiante. 

Rappelons, en effet, ce que nous avons remarqué tout à 
l'heure, que quand on parle d'une translation ou d'une 
rotation quelconque, elle est relative au systéme de com- 
paraison. 

Vous donnez done à la terre, dans votre analyse du 
mouvement du pendule, une rotation par rapport au 
systéme de comparaison, ou aux étoiles fixes. L'analyse 
vous indique qu'alors le pendule doit décrire sur le sol 
une certaine trace, qui n'est pas une ligne droite. Vous 
constatez par l'expérience qu'il en est ainsi. Que pouvez- 
vous en conclure? Que la terre possède effectivement le 
mouvement que vous lui avez attribué, c'est-à-dire une 
rotation... relative, par rapport aux étoiles fixes. Mais per- 
sonne n'en doutait. Ce n'est pas cela qu'on est en droit de 
vous demander de conclure de l'expérience de Foucault. 
Vous devez pouvoir en déduire logiquement que la terre 
tourne d'une maniére absolue, sans quoi votre logique, 
votre mécanique et votre analyse se montrent inférieures 
au simple bon sens de la masse du public. 

Je puis encore m'expliquer autrement, bien que je ne 
le eroie pas indispensable. Admettez pour un instant que 
la loi d'inertie, telle que vous la posez, soit absolument 
vraie par rapport au système des étoiles fixes, mais que 
cependant ce systéme tourne, et que la terre soit immo- 
bile. L'expérience de Foucault réussirait encore. 

Ce n'est done, ni par rapport à des axes arbitraires, ni 


di CHRON 


coupe c ae cc. La E rad D ES lo ie 


( 1007 ) 

par rapport à la terre, ni au soleil, ni méme par rap- 
port aux étoiles fixes, mais bien par rapport à des axes 
absolument immobiles (au moins en rotation), qu'il faut 
élablir le principe de l'inertie; sans quoi, aprés avoir 
manqué de logique dans l'explication du principe, on est 
condamné à en manquer une seconde fois dans l'applica- 
lion, ou bien à n'aboutir qu'à des résultats inexacts ou 
insignifiants. 

En partant, au contraire, d’un système de comparaison 
immobile, les conclusions deviennent rigoureuses. La terre 
tourne d'une manière absolue dans l'espace ; el comme la 
vitesse de rotation absolue que le calcul lui assigne est 
égale, dans les limites des observations, à sa vitesse de 
rotation relative par rapport au systéme invariable des 
étoiles fixes, nous en concluons que ce dernier est aussi, 
sensiblement, un systéme immobile. 

La notion d'immobilité absolue est donc, non pas inu- 
tile, comme le disait Duhamel, mais au contraire indispen- 
sable. 

Et ne dites pas non plus, avec ce savant, qu'elle est 
inintelligible pour vous, puisque vous pouvez l'expliquer, 
la matérialiser en quelque sorte, dés le début de la méca- 
nique, comme je l'ai montré il y a longtemps, par la notion 
de force, ou simplement de point libre (19); ne dites pas 
davantage que cette notion vous est elle-même étrangère, 
Car on l'emploie aussi dans l'explication habituelle du 
principe de l'inertie; et d'ailleurs, vous la possédiez dans 
votre enfance, vous n'avez pu vous en affranchir que par 
un effort contre nature (20), et il vous faudra moins de 
temps et de travail pour y revenir qu'il ne vous en a fallu 
pour la perdre. 

Et pourquoi cette propriété, que possède la notion de 

* 


( 1008 ) 

force, de nous conduire à l'idée indispensable d'immobilité 
dans l'espace (au moins en rotation), n'est-elle pas partagée 
par les notions d'accélération et d'énergie? 

Ceci encore mérite d'étre examiné de prés. | 

Au lieu de considérer des points libres, on pourrait 
prendre des points sans accélération, ou des points à 
énergie constante, ou à énergie nulle. 

Mais commencera-t-on par définir l'aecélération et 
l'énergie? Alors on retombe dans le relatif. 

Supposons qu'on ne le fasse pas et qu'on invoque réel- 
lement des notions premières. Celle d'accélération nulle 3 
équivaut au point libre, tout en étant moins claire; celle 


d'énergie nulle équivaut à l'immobilité, et celle d'énergie 
simplement constante ne suffirait pas pour définir Pim- 
mobilité, méme en rotation, car il faudrait y joindre la 
constance de la direction, ce qui ramènerait aux idées 
antérieures. 

En résumé, on se représente plus facilement un point 
matériel débarrassé de l’action de toute force, de toute 
pression, de toute influence externe, que dépourvu de tout — - 
mouvement; parce que, dans le second cas, il faut un terme 
de comparaison et non dans le premier. L'emploi de l'idée 
de force, pour arriver à celle d'immobilité, ne constitue 
donc pas une vaine question de mots, mais peut aider réel- 
lement certaines intelligences à ramener des notions com- 
pliquées à d’autres plus simples pour elles. : 

Il reste entendu que si l'on accepte à priori, comme — 
notion claire, celle de l'immobilité absolue, l'idée première 
de force n'est plus nécessaire et peut étre supprimée par- 
tout, sauf les réserves que nous avons faites en ce qui con- 
cerne l’enseignement, et celles que nous ferons encore 
relativement à l'intervention possible des volontés. 


* . 


( 1009 ) 

J'ai dit que si l'on commence par définir Paccélération 
et l'énergie, on retombe dans le relatif. 

En effet, l'accélération d'un point matériel varie suivant 
le système de comparaison adopté. Elle ne reste la méme, 
par rapport à deux systèmes différents, que si l'un de ces 
systémes posséde, comme seul mouvement par rapport à 
l'autre, une translation uniforme. 

La variation d'énergie d'un point et son énergie totale 
sont plus relatives encore. Elles sont différentes, par 
rapport à deux systémes de comparaison quelconques, si ces 
derniers ne sont pas reliés invariablement l'un à l'autre. 
On ne pourra done définir ni l'accélération, ni surtout la 
variation. d'énergie ou l'énergie totale, sans dire par 
rapport à quel systéme on les considére (21). 

Enfin, je désire présenter une dernière remarque. On 
trouvera peut-étre qu'elle s'écarte, plus que le reste, des 
sciences purement mathématiques, mais il me semble 
qu'elle s'impose à notre esprit, lorsque nous réfléchissons 
aux lois mécaniques qui régissent l'univers. 

Jai admis qu'on peut, en théorie pure et abstraction 
faite de l'enseignement, se passer complètement de l'idée 
de force, pourvu que celle d'un systéme immobile la rem- 
place, soit directement, soit par l'intermédiaire de la force 
et du point libre, que l'on abandonnerait ensuite. 

Mais, si je l'ai admis, c'est parce que je vois clairement 
que tout énoneé méeanique usuel, comprenant des forces, 
pourra étre facilement trausformé de maniére à ne plus 
comprendre que des accélérations ou des énergies. 

Par exemple, la loi de la gravitation universelle peut, 
conformément aux idées de M. de Saint-Venant, se trans- 
former en disant que, lorsqu'un point matériel donné est 
animé d'une certaine vitesse (ou d'une certaine (ero n et 

3"° SÉRIE, TOME XIV. 67 


( 1010 ) 

que les autres points matériels occupent des positions 
données par rapport au premier, il en résulte des varia- 
tions déterminées de la vitesse (ou de l'énergie). Dans 
l'énoncé ordinaire, les positions relatives des points maté- 
riels déterminent les forces, et celles-ci déterminent les 
mouvements; mais on peut supprimer la force, comme un 
intermédiaire inutile. 

Cet exemple comprend méme, au fond, tous les cas 
possibles, si l'on admet, avec Laplace, que l'état présent 
de l'univers est le résultat nécessaire de son état passé et 
la cause unique de son état futur (22). 

Mais ici apparait une difficulté sur laquelle on tenterait 
vainement de fermer les yeux. Si l'état futur de l'univers, 
aprés un temps quelconque, était déterminé par son état 
actuel; si tout se réduisait à un jeu de molécules ou de 
points matériels, que nulle volonté libre ne viendrait jamais 
moditier; toutes nos actions, tous nos mouvements, tous 
les résultats de nos travaux seraient aussi déterminés 
d'avance, et il serait bien inutile de nous imposer à nous- 
mémes des actions parfois pénibles, pour atteindre un but 
sur lequel nos peines n'auraient aucune influence. Mais 
ceux mémes qui admettent aveuglément la doctrine résu- 
mée par Laplace se gardent bien d'y conformer leur con- 
duite. Cette doctrine conduirait droit au fatalisme, et pour 
y échapper, il faut tout au moins ajouter quelque chose à 
l'idée de Laplace : « l'état de l'univers à chaque instant 
résulte de son état dans l'instant qui précéde, modifié par 
les lois naturelles qui ont exercé leur action dans l'inter- 
valle des deux instants, et par l'intervention incessante de 
volontés qui s'imposent à la matière et qui modifient ses 
lois ordinaires ». 

Parmi ces volontés figure en premiére ligne, ou le plus 
» habituellement, la volonté ou le libre arbitre de l'homme, 


A: 


( 40H 7 
qui modifie à chaque instant les lois naturelles, en produi- 
sant des mouvements qui ne se fussent certainement pas 
produits d'eux-mêmes, sans son intervention, et qu'il a 
choisis à son gré. 

Mais comment et dans quelles limites le libre arbitre de 
l'homme produit-il ces mouvements ? 

Lorsqu'une volonté se traduit en acte, il faut bien qu'un 
premier point matériel, pris, par exemple, dans le cerveau, 
se melle en mouvement, ou modifie la trajectoire qu ^l 
allait décrire. Comment la volonté donne-t-elle le mouve- 
ment à ce premier point matériel, ou simultanément à 
plusieurs points matériels qu'elle déplace ou fait dévier en 
premier lieu ? 

-Rassurez-vous. Je n’essaierai pas de vous l'expliquer. Je 
ne veux toucher ni à la métaphysique, ni à la philosophie, 
ni à la physiologie, sciences qui ne sont pas de mon 
domaine. Mais les explications que l'on en a données et 
celles que l'on pourra proposer encore se divisent en deux 
catégories bien tranchées, suivant que l'on introduit, ou 
non, une force, comme moyen d'action de la volonté. 

Comme exemple bien remarquable de la possibilité 
d'une explication où l'on n'introduit pas de force, je citerai 
la théorie de M. Boussinesq (25), basée sur une idée 
brillante, mais dont la justesse est controversée. Dans ce 
Système, l'usage du libre arbitre ne modifierait que les 
positions, les distances, les vitesses, mais non l'énergie 
totale, y compris celle de l'organisme. Dans l'autre, au 
contraire, la somme des énergies varie d'une quantité 
égale au travail de la force introduite, au moins si l’on 
n'en introduit qu'une seule à la fois (24). 

C'est à l'expérience à se prononcer, si elle le peut, 
entre les deux systémes. Mais ce serait empiéter sur ses 
droits qu de supprimer, dès aujourd'hui, la notion 


( 1012 ) 

premiére de force, comme cause d'un mouvement ne 
provenant pas nécessairement d'un autre mouvement 
antérieur, ni de la disposition relative des molécules; 
car alors l'une des deux explications possibles serait con- 
damnée à priori, à moins de dire que la volonté produit 
directement l'acecélération ou l'énergie, ce qui ne serait 
que remplacer un mot par un autre. 

Résumons donc, en quelques paroles, cette discussion 
peut-être un peu longue. 

La notion première de force est aussi réelle et moins 
relative que celles qu'on voudrait y substituer. Elle aide 
à concevoir et à définir dés le début l'immobilité absolue, 
qui est elle-méme une notion indispensable. Elle peut 
enfin devenir nécessaire pour expliquer l'action des volon- 
tés extérieures sur le monde matériel. 

Quant à la suppression momentanée de l'idée de force, 
et d'autres idées concrétes, elle peut avoir son utilité dans 
la partie philosophique des sciences, mais ne saurait étre 
conseillée pourla pratique, ni pourl'enseignement ordinaire. 

En dehors du cas spécial que je viens d'indiquer, la 
suppression de l'idée de force parait désavantageuse, et la 
suppression du mot ne serait qu'un tour de force inutile. 

J'en conclus que la mécanique rationnelle, basée sur 
l'idée de force et sur la statique, telle qu'elle a été créée 
par les travaux de tant d'hommes illustres, depuis Archi- 
mède jusqu'à Lagrange (25), n'est pas à la veille d’être rem- 
placée par une autre mécanique, où n’entreraient que des 
accélérations ou des énergies. 

Faisons servir toutes les idées nouvelles au complément 
et au perfectionnement de l’ancien corps de doctrine, mais 
ne renversons pas, sous prétexte de le reconstruire avec 

des matériaux neufs, le plus beau monument scientifique 
que les siècles nous aient légué. 


| 


Le " 
RAT derum C CEDERE UMEN RE en DST E x 
Nessun qu pins aoi icr eder oves sic ded ne 


( 1043 ) 
Surtout, soyons modestes. Ne croyons pas posséder la 
vérité tout entière, ni la posséder seuls. Accueillons toutes 
les idées scientifiques qui nous paraissent pouvoir con- 
tribuer au progrés tel que nous le comprenons, et respec- 
tons celles que nous n'accueillons pas. E 

Pratiquons cette philosophie simple et sincére qui con- 
siste à ne jamais nous payer de mots et à aller toujours 
au fond des idées et si, sur le terrain de la discussion 
scientifique, nous rencontrons des adversaires, ne disons 
pas qu'ils ne sont pas sérieusement convaincus; qu'ils sont 
curieux de disputer, non de s'instruire; qu'ils poursuivent 
le caprice d'une débauche de logique; que leurs théories 
sont la preuve d'une folie inoffensive ou d'une bétise per- 
nicieuse, 

Ces expressions malsonnantes sont, malheureusement, 
des citations empruntées à quelques-uns des auteurs 
célèbres que j'ai eu l’occasion de nommer dans ce discours. 

La science n'y peut rien gagner. Ceux qui lui auront 
apporté le plus de faits, le plus d'idées, le moins d'erreurs, 
et le moins d'injures, auront le mieux mérité d'elle et de 
l'humanité. — (Applaudissements.) 


NOTES. 


(1) Les parties les plus abstraites de ce discours ont été suppri- 
mées lors de la lecture en séance publique. 

(2) D’après les statuts organiques, adoptés par arrélé royal du 
1 décembre 1845, la Classe doit rendre compte de ses travaux dans 
Sa séance publique annuelle (art. 18). 

(5) Annales de la Société scientifique de Bruxelles, 2° année, 1877- 
1878, seconde partie, p. 259. 

) Mémoires de la Société impcriale des seint, de l’agriculture ct 
des arts de Lille, année 4805. 


( 1014 ) 

On peut voir aussi les Principes de mécanique, fondés sur la 
cinématique du méme auteur, lithographiés en 1851 chez Hayet, 
avenue de S'- Cloud, 19, Versailles; notamment le chapitre V (p. 64 
à 85). 

(8) Hoüzr. Du rôle de l'expérience dans les sciences exactes. Prague, 
4875. 

(6) Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, 4869, 
2* semestre, p. 1265 

(7) Giiserr. Cours d'Analyse infinitésimale, 3° éd., 1887, p. VI. 

(8) Cours de mécanique, par M. Despeyrous, avec des notes par 
M. G. Darboux. Paris, Hermann, 1884-1885. 

(9) Hoürr. Note sur l’impossibilité de démontrer par une construc- 
Lion plane le principe de la théorie des paralléles, dit postulatum 
d'Euclide. Procés-verbaux de la Société des sciences physiques et natu- 
relles de Bordeaux. Séance du 50 décembre 1869. (Mémoires, 
Are série, t. VIII, 1872). 

De Tiiiv. Compte rendu d'un ouvrage de géométrie non eucli- 
dienne de M. Flye-S'-Marie (Bulletin des sciences mathématiques 
et astronomiques, publié par MM. Darboux et Hoüel, t. III, 4872). 
Rapport sur une lettre de M. A. Genocchi à M. A. Quetelet (Bulletin 
de P Académie royale de Belgique, 2* série, t, XXXVI, 1875). 

Essai sur les principes fondamentaux de la géométrie et de la 
mécanique (Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles 
de Bordeaux, 2* sér., t. IH, 1873). 

Je ne cite que les ouvrages dans lesquels l’ impossibilité de démon- 
trer le postulatum est établie d'une maniére formelle et explicite; 
mais il est bien entendu qu'elle l'était déjà implicitement dans des 
travaux antérieurs, notamment ceux de Lobatchefsky, Bolyai, 
Riemann et Beltrami. . 

(10) Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, t. XCV, 
et Mathematische Annalen, t. XX, 1882. 

(11) Mémoire sur diverses questions de balistique, 1876, p. 29 
(Revue belge d'art, etc., 4"° année, 1876, t. II). Cette opinion avait, 
d'ailleurs, été formulée, à peu prés dans les mémes termes, par 
M. Hoüel (Essai critique sur les principes fondamentaux de la 
géométrie élémentaire, Paris, Gauthier-Villars, 1867). 

(42) Rapport sur les travaux de l'Académie, 1872, p. 116. 


| 


Euh Rene 


( 1015 ) 

(15) L'idée que le microscope ou le télescope pourrait jeter un 
jour de nouvelles lumiéres sur les relations géométriques rigoureuses 
qui régissent l'espace est, jusqu'à présent, purement spéculative, 
méme pour le télescope. En effet, d’après les calculs de Lobatschefsky, 
les observations astronomiques indiquent que, pour un triangle dont 
les côtés seraient à peu près égaux à la distance de la terre au soleil, 
la somme des angles ne diffère pas, de deux droits, de trois dix- 
millièmes de seconde. 

Quant au microscope, je n'en ai parlé qu'à titre de curiosité, et 
voici ce que j'ai voulu dire : 

Aprés Cauchy (5* lecon de physique générale), M. de Saint-Venant 
fait observer (Annales de la Société scientifique de Bruxelles, 2 année, 
1877-1878, supplément, pages 27 et 28), que l'on pourrait, à la 
rigueur, mesurer l'étendue par un comptage des points ou des atomes 
d'éther, ete. ll n'y a pas contradiction à supposer que l'on puisse 
ainsi, gráce au perfectionnement indéfini des instruments d'optique, 
arriver à une évaluation de la distance de deux points, d'une 
exactitude incomparablement supérieure à celle que l'on peut obtenir 
aujourd'hni. Or, la mesure rigoureuse des distances détermine le 
Système de géométrie qui existe réellement. 

En effet, il y a, entre n points, zei distances, et à partir 
de n = 5, il existe une relation entre ces distances, relation qui 
n'est pas la méme dans les divers systèmes de géométrie, et qui con- 
tient le paramètre constant de la géométrie réelle. De là résulte que 
la mesure rigoureuse de dix distances ferait connaître ce paramètre. 

(14) Conférences sur quelques-uns des progrès récents de la physique, 
par P.-G. Tait, professeur de physique à l'Université d'Édimbourg ; 
traduit de l'anglais, sur la troisiéme édition, par M. Krouchkoll; Paris, 
Gauthier-Villars, 1887, pp- 8 et suivantes. 

(45) P. 42. 

(16) Des méthodes dans les sciences de raisonnement, t. IV, p. 224. 

(17) Il en est tout autrement de la question de savoir si c’est la 
lerre qui tourne autour du soleil, c'est-à-dire qui posséde un 
mouvement de translation autour du soleil, ou bien si c'est le soleil 
qui possède le mouvement correspondant autour de la terre. lei l'on 
possède un terme de comparaison et la question se résout en mou - 
vement relatif, par rapport au système des étoiles fixes. 


1016 ) 

(18) Desreyrous, Cours de mécanique déjà cité, t. I, p. 194. 

(19) C'est en 1878 que j'ai exposé cette théorie, dans mon 
ouvrage déjà cité: « Essai sur les principes fondamentaux de la 
géométrie et de la mécanique ». Je l'ai basée sur la considération de 
trois points libres. On pourrait essayer de n’en: prendre que deux, 
mais alors les équations obtenues seraient insuffisantes et laisseraient 
quelque chose d'indéterminé. 

Aulieu de points libres, on pourrait aussi considérer des points 
uniquement soumis à leurs actions mutuelles, exprimer celles-ci par 
des fonctions des masses et des distances, et mesurer un nombre 
de distances suffisant pour déterminer toutes les inconnues. Ce 
systéme est évidemment plus compliqué, au point de vue analytique, 
que celui des points libres; mais peut-étre plus facile à réaliser prati- 
quement, surtout pour trois points, puisque l'on pourrait prendre le 
soleil, la terre et la lune. Ainsi, une étude minutieuse du mouvement 
de ces trois corps (supposés réduits à trois points) pourrait conduire 
à la construction d'un systéme sans rotation ni accélération, et faire 
constater directement le mouvement de rotation de la terre. 

Lorsqu'un pareil systéme de comparaison a été construit d'une 
maniére quelconque, par exemple au moyen de trois points libres, ce 
qui est la méthode la plus simple, il faut admettre que les autres 
points libres décrivent aussi des droites, d'un mouvement uniforme, 
par rapport à ce systéme de comparaison, et c'est en cela que consiste 
le principe de l'inertie. J'ai donné des détails à ce sujet dans mon 
ouvrage précité. Ce principe, habituellement exprimé en disant que 
les points libres déerivent des droites, se trouve ainsi complétement 
expliqué quant à la partie qui était inintelligible à priori; et quant 
à l'autre partie, c'est-à-dire la notion de point libre, je n'ai fait, au 
fond, que la conserver. 

Mais ce n'est pas seulement le principe ou l'axiome de l'inertie qui 
se réduit à la considération ze e stémes sans rotation ni accéléra- 
tion; il en est de méme du dinaire de la dynamique: 
celui de l'indépendance des effets. simultanés des forces et du mouve- 
ment antérieurement acquis. 

Voici done, d’après ma manière de comprendre les choses, les 
véritables énoncés des deux premiers axiomes de la dynamique. 


| — 0 E E TT ———— 


(4067 ) 


I. Axiome de l’inertie. — Un système sans rotation ni accélération 
étant obtenu au moyen de trois points libres, tous les autres points 
libres décrivent également des droites, d’un mouvement uniforme, 
par rapport à ce système, et par conséquent aussi par rapport à tous 
les autres systèmes sans rotation ni accélération, lesquels ne possè- 
dent, relativement au premier, qu’une translation uniforme, 


II. Axiome de l'indépendance. — La seule loi déterminée de com- 
position d'une vitesse acquise et d'une foree agissante, qui puisse 
rester la méme pour tous les systèmes sans rotation ni accélération 
(ou, plus généralement, pour tous les systémes ne possédant, l'un par 
rapport à l'autre, qu'une translation uniforme), est celle qui oblige la 
vitesse acquise et la force résultante à produire séparément leurs 
effets, et qui amène finalement le point matériel à l'extrémité de la 
diagonale du parallélogramme construit sur les deux droites qui 
seraient décrites séparément, ce point matéricl décrivant en réalité, 
non pas cette diagonale, mais bien une parabole dont la diagonale 
est ]a corde. 

Nous ne considérons qu'une seule force, car s'il y en avait 
plusieurs, on pourrait d'abord les réduire à une, par le principe de 
la composition des forces (établi comme il l'est par M. Darboux), et 
l'introduction d'un système de forces en équilibre. 

Nous devons done accepter ces deux axiomes de la dynamique, 
non seulement comme des résultats d'expérience, mais comme des 
résultats d'une seule et méme expérience: eelle qui nous montre 
qu'il n'y a jamais pour nous, ni utilité, ni possibilité, de distinguer 
entre un systéme absolument immobile et un autre qui ne 
posséderait, par rapport au premier, qu'une translation uniforme. 

Ainsi, la seule partie qui reste admissible des idées de Duhamel 
sur le mouvement absolu et le mouvement relatif, domine en réahté 
toute la dynamique et en constitue presque l'unique principe fonda- 
mental; car le troisiéme axiome, celui de l'action et de la réaction, 
est d'une nature toute différente ct appartient presque autant à la 
mécanique physique qu'à la mécanique rationnelle. 

Le procédé employé pour nous rendre compte de l'immobilité en 


( 1018 ) 
rotation consiste, au fond, à faire la mécanique à rebours, et à 
prendre des données telles que les lois mécaniques se vérifient pour 
ces données. 

Depuis la publication de mon mémoire de 1878, j'ai reconnu 
qu'en Angleterre on est allé plus loin dans cette voie. J'en ferai 
juger par la citation suivante (The laws of molion, by R. F. Muir- 
head; Philosophical magazine, june 1887), que je traduis librement : 

« Que l'on concoive un systéme matériel divisé en une infinité de 
particules, dont les plus grandes dimensions linéaires soient toutes 
infiniment petites. Attribuons à chaque particule une certaine 
valeur, que nous appellerons sa masse conventionnelle. Adoptons 
un systéme de comparaison invariable, mais arbitraire, et une 
mesure, aussi arbitraire ou conventionnelle, du temps. Appelons le 
produit de l'aecélération de chaque particule multipliée par sa masse 
conventionnelle, la force apparente de cette particule. Il devient 
alors possible de choisir les masses conventionnelles, la mesure 
arbitraire du temps et le systéme de comparaison, de maniére que 
les masses conventionnelles et les forces apparentes aient entre elles 
des rapports susceptibles d'étre exprimés par les lois des sciences 
physiques, par exemple la loi de l'indestructibilité de la matiére, la 
loi de l'égalité de l'action et de la réaction, la loi de la gravitation 
universelle, les lois des actions électrique, magnétique, élastique, 
capillaire, ete. Un pareil systéme étant choisi, les masses con- 
ventionnelles et les forees apparentes qui en font partie sont alors 
de véritables masses et de véritables forces. La mesure arbitraire du 
temps indiquera des temps absolus, et le systéme de comparaison 
n'éprouvera absolument ni rotation, ni accélération. » 

J'ignore complétement si ces idées ont été émises, pour la 
premiére fois, avant ou aprés la publication de mon mémoire 
de 1878, et j'attache d'ailleurs peu de prix à cette circonstance. 

Mais je ferai observer que l'on accepte assez facilement, comme 
notions premières, les mesures des distances, des temps, des masses et 
des forces, que l'on peut, d'ailleurs, réduire à trois, tandis que la 
notion de l'immobilité est d'une autre nature. En ne cherchant à 
définir que celle-ci, j'ai pu en faire une détermination précise et en 
quelque sorte géométrique. L'auteur que je viens de citer, en voulant 


aod uei EN À Een 


( 1019 ) 


` 


aller plus loin, doit se borner à affirmer la possibilité de régler 
ses données de manière à satisfaire aux lois dynamiques, mais il ne 
saurait en effectuer de détermination. « Qui trop embrasse, mal 
étreint. » Malgré cela, j'ai cru devoir appeler l'attention sur cette 
idée, qui est incontestablement plus générale que la mienne. 

(20) Moreno, Statique; Préface, p. xxu. 

(21) On remarque cependant que bien des auteurs parlent, non 
seulement de variations d'énergie, mais des quantités totales d'énergie 
existant dans un systéme matériel. Il serait alors nécessaire de fixer 
un terme de comparaison, car l'énergie est aussi relative que la 
vitesse, plus relative que l'accélération ou la force. 

(22) LapLace (Théorie analytique des probabilités, 5° édition; Paris, 
Ve Courcier, 1820; Introduction, pp. 1 et ut), s'exprime ainsi : 

« Nous devons donc envisager l'état présent de l'univers comme 
l'effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. 
Une intelligence qui, pour un instant donné, connaitrait toutes les 
forees dont la nature est animée, et la situation respective des étres 
qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre 
ces données à l'analyse, embrasserait, dans la méme formule, les 
mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger 
atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, 
serait présent à ses yeux. » 

Je ne prétends pas, bien entendu, qu'en écrivant ces lignes, 
Laplace ait voulu exclure complétement les mouvements volontaires 
et le libre arbitre, mais il est certain que les expressions dont il 
s’est servi ont été souvent comprises dans ce sens, et celles qui les 
précédent, à la méme page de l'introduction, sont de nature à 
justifier cette interprétation. 

(25) Conciliation du véritable déterminisme mécanique avec lexis- 
tence de la vie et de la liberté morale, par M. J. Boussinesq, professeur 
à la faculté des sciences de Lille. Paris, Gauthier-Villars, 1878. 

(24) Mais rien n'empéche de supposer que la volonté agisse 
simultanément sur plusieurs points, et cette idée peut servir à lever 
bien des contradictions apparentes. Déjà en agissant sur deux points, 
on pourrait conserver la somme des énergies. Mais, au moyen des 


( 1020 ) 
actions simultanées sur trois points, on peut satisfaire à toutes les 
intégrales connues des équations de la dynamique, c'est-à-dire à celle 
des forees vives, à celles des aires, et à celles de la conservation du 
mouvement du centre de gravité général; car il suffit, pour cela, de 
résoudre une seule équation, contenant trois indéterminées, En effet, 
dans le plan des trois points d'application, prenons un point 
arbitraire, ce qui introduira deux indéterminées. Joignons les trois 
points d'application à ce point arbitraire, et suivant l'une des droites 
ainsi obtenues, introduisons, au sommet correspondant, une certaine 
force, qui sera notre troisiéme indéterminée. Suivant les deux autres 
droites, appliquons les forces qui feraient équilibre à la première 
si le système était rigide. Il est visible que ces forces, transportées 
au centre de gravité, ne modifieront pas le mouvement de ce point; 
de même, la somme de leurs moments étant nulle par rapport à un 
axe quelconque, elles n'influeront pas sur les intégrales des aires; 
il ne restera qu'à annuler la somme des travaux des forces, e'est-à- 
dire à relier nos trois indéterminées par une seule équation. Les trois 
forces agissantes seraient, à chaque instant, réglées de cette maniére. 

Ainsi done la vérification, méme parfaite, pour l'univers entier 
ou une de ses parties séparée des autres, des trois grandes lois qui 
régissent les systémes matériels livrés à eux-mémes, ne prouverait 
encore rien contre l'action incessante de forces émanant des volontés 
libres. 

(28) Je m'arréte à Lagrange, sans méconnaitre les mérites de ses 
successeurs. Aprés lni, d'autres hommes éminents ont pu perfectionner 
les principes, ou développer les résultats, surtout en ce qui concerne 
la rotation des solides, l'intégration des équations dynamiques, 
l'introduction de forces vives réelles qui étaient autrefois considérées 
comme des agents spéciaux; mais il n'en est pas moins vrai qu'à 
partir de Lagrange la mécanique peut étre considérée comme finie, 
en tant que corps de doctrine, puisqu'elle est réduite à l'analyse. 


( 4091 ) 


— M. le baron Edmond de Selys Longchamps vient 
prendre place au bureau pour faire la lecture suivante : 


Révision des poissons d'eau douce de la Faune belge. 


I. 


La connaissance des poissons d’eau douce européens 
est restée assez longtemps stationnaire après les grandes 
publications d'Artédi (1738), de Linné (1766) et de 
Bloch (1782), toutes du siècle dernier. 

Çà et là, il est vrai, on décrivait isolément des espèces 
nouvelles que les ouvrages généraux, tels que ceüx de 
Gmelin (13° édition du Systema naturæ) de Lacépède 
(1789-1803), et de Sonnini (1803-1804), enregistraient à 
leur place systématique — mais c'était souvent une ceuvre 
de compilation édifiée sans critique suffisante et sans com- 
paraison directe des espèces admises de cette facon, sur la 
foi des auteurs qui les avaient établies. - 

ll en est autrement des ouvrages ichthyologiques 
publiés dans la premiére moitié de notre siécle. Cuvier 
élabora les siens non plus par voie de compilation, mais 
d'aprés ses observations personnelles, d'abord daus son 
Règne animal, puis dans l'Histoire naturelle des poissons 
commencée en 1828 avec la collaboration de Valenciennes, 
et continuée par ce dernier jusqu'en 1849. C'était une ére 
nouvelle que le grand naturaliste inaugurait. 

En méme temps, Louis Agassiz, qui avait acquis une 
connaissance profonde des poissons et qui créait, on peut 


( 1022 ) 
le dire, l'Ichthyologie fossile, mettait au jour dans divers 
mémoires (1828-1859) ses recherches sur les poissons 
d'eau douce, et le prince Charles Bonaparte publiait (1832- 
1841) sa Fauna italica, dans laquelle beaucoup d'espéces 
nouvelles sont décrites et splendidement figurées. 

Bon nombre de Faunes locales virent le jour, proposant 
des espéces nouvelles d'aprés les principes alors admis, et 
qui dirigérent également Heckel et ses collaborateurs 
dans leurs importants mémoires. 

Mais, à partir du commencement de la seconde moitié 
du XIX* siècle, la connaissance des procédés de piscicul- 
ture et les études des spécialistes et des biologistes, ont 
fait faire un nouveau pas en avant à la science ichthyolo- 
gique en constatant l'existence fréquente de l'hybridité et 
la variabilité de plusieurs espéces. 

Il fallait done réaliser une réforme tenant compte de 
ces observations nouvelles. Le résultat fut une réduction 
dans le nombre des espéces admises par Agassiz, Bona- 
parte, Heckel et Valenciennes. Le professeur Th. Van 
Siebold, de Munich, en a été le promoteur principal dans 
son excellent livre : « Les poissons d'eau douce de l'Eu- 
rope moyenne (1865). Le pasteur Joh. Andreas Jàckel 
(1864-1866) et M. Victor Fatio (1882) ont travaillé d’après 
les mémes principes, qui, espérons-le, pourront étre con- 
sidérés comme les bases définitives de la science. 

J'ai pensé qu'il était temps aujourd'hui de rectifier 
d'aprés ces données nouvelles ce que j'ai dit de nos 
poissons dans la Faune belge, qui date de quarante-cinq 
ans (1842). 

Dans ma Faune belge (1842), qui n'avait pas la préten- 
tion d’être autre chose qu'un catalogue raisonné de nos 


( 1025 ) 

animaux vertébrés, j'avais accordé une place à part à la 
famille des Cyprinides, en donnant une courte diagnose 
des genres et des espéces qui la représentent chez nous. 
J'avais fait cette exception au plan général de l'ouvrage, 
parce qu'il y avait à faire connaitre la nouvelle classifica- 
tion et les découvertes, toutes récentes alors, faites par les 
ichthyologistes les plus célébres de ce temps. Il y avait 
aussi à fournir des diagnoses de plusieurs formes que 
j'avais recueillies dans nos rivières et que j'avais commu- 
niquées successivement à ces savants illustres : Agassiz, 
Bonaparte, Heckel. Ils furent unanimes pour les déclarer 
nouvelles et voulurent bien aussi contróler la détermina- 
lion des espéces déjà connues. Leur gracieuse interven- 
uon, d'un prix inestimable pour moi, couvrait en méme 
temps ma responsabilité. 

À cette époque, ces savants spécialistes étaient générale- 
ment portés à admettre parmi les Cyprinides un grand 
nombre d'espéces représentatives, cantonnées en général 
d’après les grands bassins hydrographiques, l'altitude, et 
dans certains lacs. 

L'existence de formes résultant de l'hybridité était à 
peine soupconnée ou méme absolument révoquée en 
doute, lorsque les pécheurs de profession les qualifiaient 
de bátardes. 

De là le rang d'espéces attribué à ces croisements dont 
la véritable origine est aujourd'hui reconnue. Les études 
auxquelles on s'est livré depuis une trentaine d'années 
sont venues, en effet, contredire en partie les appréciations 
des maitres de la science que j'avais consultés en 1840 et 
1841. Il est juste cependant de reconnaitre qu'en décrivant 
et en nommant ces formes, nouvelles selon leur maniére 


( 1024 ) 
de voir, ils ont appelé sur elles l'attention des observa- 
teurs et provoqué de nouvelles investigations, qui ont eu 
pour résultat de faire connaitre jusqu'à un certain point 
l'influence des milieux, l'existence de l'hybridité et les 
limites de la variabilité. 

C'est ainsi que se construit et se contróle avec le temps 
l'édifice du progrès scientifique, auquel chacun apporte 
successivement des matériaux de plus en plus éprouvés. 

En comparant en détail les Cyprinides d'un méme 
groupe, provenant de riviéres, de laes ou d'étangs de 
diverses contrées européennes, on constatait que plusieurs 
des caractéres sur lesquels on avait cru pouvoir fonder de 
de nouvelles espèces, en quelque sorte géographiquement 
cantonnées, étaient plus ou moins variables, non seulement 
selon les riviéres dont elles provenaient, mais encore dans 
un méme cours d'eau, de sorte que les différences observées 
se comblant peu à peu, il fallait réduire bon nombre de 


ces prétendues espéces nouvellement décrites au rang de 


races locales ou méme de simples variétés. 

Je citerai parmi les caractéres employés, variables dans 
une certaine mesure, la taille, le profil (longueur et hau- 
teur du corps), l'épaisseur, la coloration générale, la lar- 
geur et la couleur de l'œil, et méme, dans une limite 
étroite il est vrai, le nombre des rayons des nageoires 
dorsale et anale et celui des rangées d'écailles au-dessus 
de la ligne latérale et dans la série longitudinale qui la 
constitue. 

On reconnaissait encore, quant aux proportions du 
corps et de l’œil, qu'elles subissaient souvent des modi- 
fications leur donnant un aspect particulier à l'époque du 
frai, et pouvaient induire en erreur sur l'identité d'indi- 
vidus appartenant cependant à la méme espèce. 


( 1025 ) 

Aprés avoir éliminé les espéces nominales fondées sur 
des variétés, des races locales, des individus à l'époque du 
frai ou sur des hybrides, il faut encore considérer une. 
derniére catégorie de poissons d'un aspect spécial, qui ont 
parfois été décrits comme espéces séparées : ce sont des 
exemplaires stériles. On les a observés surtout parmi les 
carpes et les salmones. La différence avec les types est 
notable notamment à l'époque oü ces derniers frayent. La 
cause de celte anomalie est encore inconnue. 

C'est au pasteur Jäckel et au professeur von Siebold 
que l'on doit principalement les recherches qui les ont 
conduits à reconnaitre de simples hybrides en des formes 
qui avaient été décrites comme espéces, telles que la carpe 
bâtarde (Cypr. Kollarii, Heckel — C. striatus, Holandre). 
Lorsque l'illustre von Siebold me fit l'honneur de venir 
visiter ma collection aux vacances de Pâques en avril 1867, 
il préjugeait d'avance quelle serait la disposition générale 
des dents pharyngiennes des hybrides présumés que je lui 
présentais, et j'ajoute que l'examen prouvait qu'il ne se 
trompait pas. Chez les hybrides les dents participent plus 
ou moins de celles des deux espèces mères, et sont souvent 
variables d'individu à individu. ll. en est de méme des 
rangées d'écailles, de la manière parfois irrégulière dont 
elles se terminent à la crête du dos, enfin du nombre des 
rayons des nageoires les plus caractéristiques. 

La quantité d'individus hybrides que l'on rencontre est 
en général restreinte. On ne les observe que dans les 
eaux où existent les deux espèces dont ils proviennent. 

Une expérience que j'ai faite m'a prouvé l'exactitude de 
€es principes relativement à la prétendue Bréme de 
Leuckart (Abr. Leuckarti, Heckel — Abr. Heckelii Selys). 
J'ai introduit un certain nombre de Brémes ordinaires 

O"* SÉRIE, TOME XIV. 68 


( 4026 ) 


(Abr. brama) dans un étang, à Longchamps-sur-Geer, oü 
celte espèce n'existait pas auparavant. Ils s'y sont pro~- 
pagés, el trois ou quatre ans après, j'y trouvais quelques 
Brémes de Leuckart, qui sont le produit du croisement de 
i3 Brême ordinaire et de la rosse (Leuciscus rutilus). 

Les procédés de la fécondation artificielle en usage dans 
la pisciculture ont aussi fourni la preuve de la possibilité 
des croisements que l'on y a obtenus entre des espéces 
voisines dans la famille des Salmonides. 

A mon avis, la fréquence des croisements à l'état spon- 
tané chez les Cyprinides démontre combien sont rappro- 
chés les genres nombreux qu'on a établis en subdivisant, 
je dirais presque à l'infini, le grand genre Cyprinus de 
Linné, que Cuvier (Régne animal, 1828) laissait encore 
nominalement intact, puisqu'aprés en avoir exposé les 
caraetéres généraux, il ajoutait. « Nous le subdivisons 
en sous-genres, ainsi qu'il suit, elc. » 

Pour arriver à créer les nombreux nouveaux genres 
entre lesquels on l'a démembré, on a poussé à l'extréme 
l'usage du caractère tiré des dents pharyngiennes, qui a 
pour premier inconvénient d'étre un caractére de l'organi- 
sation interne, qui ne peut étre constaté que par la dissec- 
tion. On a reconnu d'ailleurs que ces dents sont parfois un 
peu variables chez une méme espéce; qu'elles s'usent avec 
le temps, sont souvent caduques, et capables de se renou- 
veller aprés leur chute. 

Afin de rendre la connaissanee de nos Cyprinides acces- 
sible à tout le monde et considérant que ces animaux 
forment des groupes si voisins et de mœurs si semblables, 
je préfère ne voir dans l'examen des dents pharyngiennes 
que des caractéres confirmatifs, qui du reste ne sont 
jamais en opposition avec les caractères externes. 


( 1027 ) 

Nous possédons en Belgique vingt et une espèces de 
Cyprinides. Or, en s'appuyant sur des différences souyent 
minutieuses, fournies par les dents pharyngiennes, on en 
est arrivé à constituer pour elles autant de genres qu'il y a 
d'espéces! Ne devrait-on pas en conclure qu'il s'agit de 
caractéres bien plutót spécifiques que génériques?... 
Valenciennes classe nos espéces en 6; Günther en 14; 
Blanchard en 13; Bonaparte en 16; Fatio en 16 ou 17; 
von Siebold en 17 coupes. C'est en cumulant les coupes 
proposées par eux que l'on arrive à 21 genres. 

Quant à moi, me bornant aux caractéres externes recon- 
naissables, je trouve 11 genres, dont plusieurs peuvent 
être répartis en petites sections. 

Si, pour désigner les formes hybrides, on acceptait la 
nomenclature adoptée par von Siebold et Heckel, le 
nombre des genres se trouverait encore augmenté. Ces 
auteurs, ayant constaté qu'ils présentent des caractères 
mixtes, différant en conséquence de ceux des deux types 
dont ils proviennent, proposent de les ériger en genres 
particuliers et d'intercaler ces nouvelles coupes dans le 
Systéme. | 
Ce sont : 


Carpio, Heckel (Cyprinus. x Cyprinopsis). 
Abramidopsis, Siebold (Blicca. x Leuciscus). 
Bliccopsis, Siebold (Blicca. x Scardinius). 
Scardinopsis, Heckel (Scardinius. x Leuciscus). 


En tenant compte de la combinaison des caractères 
qu'offrent d'autres hybrides provenant des genres Alburnus, 
Squalius, Telestes, Chondrostoma, etc., il faudrait créer 
encore de nouveaux genres et de nouveaux noms. 


( 1028 ) 

Je regrette de ne pouvoir me rallier à cette manière de 
voir d’un maître tel que von Siebold, qui place ces genres 
hybrides au même rang que les coupes normales : Elles 
sont d’une nature toute différente. On ne peut, non plus, 
les intercaler toujours entre les deux genres parents, 
puisque nous voyons, par exemple, les Alburnus produire 
des croisements avec quatre genres divers. 

Geoffroy-Saint-Hilaire, dans sa Tératologie, a édifié, il 
est vrai, pour les monstres, une nomenclature par familles, 
genres et espéces; mais ces cas tératologiques ne s'y 
trouvent pas mélangés avec les types normaux. C'est une 
étude spéciale, qui forme un tout homogène. 

M. Victor Fatio a proposé un autre systéme pour la 
nomenclature des hybrides. Il construit le vocable qui 
équivaut à la désignation générique par la combinaison du 
nom des deux genres dont l'hybride provient, et celui de 
l'espéce par une combinaison analogue des noms spéci- 
fiques des deux espéces parentes. L'exemple d'un des 
hybrides les mieux connus, le Cyprinus Buggenhagii de 
Bloch (Abramis Leuckarti, Heckel — Abr. Heckelii, Selys) 
fera bien comprendre la formation et l'application de la 
nomenclature de M. Fatio. Le poisson en question provient 
du eroisement de l' Abr. brama et du Leuciscus rutilus, de 
sorte que M. Fatio le nomme : Leucisco-Abramis rutilo- 
brama. 

C'est un systéme logique, mais qui nécessite pour 
désigner un hybride l'emploi de quatre mots dont la con- 
traction, deux par deux, n'est pas toujours euphonique. La 
place à donner à ces espéces bàtardes et leur dénomina- 
tion peuvent méme soulever des difficultés, ear il est pres- 
que certain, à en juger par ce qui se passe chez d'autres 
classes d'animaux, que chaque hybride peut se produire 


Lau 


AE METTRE EE T PU LEE 


TEC " CM TETTE: is s dex 4 
i EA ETS a EUM avg "Les 
HO EM E TUE E up UL. M c S je AS Te ST t je uid m UNE re E Lue UM Mi. E EL 


( 1029 ) 

ce que j'appellerai en partie double. Je m'explique : Je 
suppose, partant toujours du méme exemple cité plus 
haut, que les œufs de l'Abramis brama, fécondés par le 
mâle du Leuciscus rutilus, donneront naissance à un 
hybride un peu différent de celui qui est produit lorsque 
ce sont les œufs du Leuciscus rutilus qui sont fécondés par 
le mâle de l'Abramis brama. 

Tout le monde connaît des exemples de ces croisements 
en deux sens différents, témoin le Mulet, produit de l'àne 
et de la jument, et le Bardeau, produit du cheval et de 
l'ànesse. 

Dans la Révision de nos poissons qui se trouve à la fin 
de ce discours, j'ai trouvé plus simple d'énumérer tous les 
hybrides à la suite les uns des autres, et de les désigner de 
la facon suivante : prenant toujours pour exemple le pré- 
tendu Abramidopsis Leuckarti cité plus haut, je le signa- 
lerai done ainsi : Abramis brama. x Leuciscus rutilus. 

Les poissons hybrides sont-ils féconds, soit entre eux, 
soit avec des individus de race pure? On ne possède pas 
de données certaines pour répondre à cette question. Ces 
produits étant peu fréquents, on peut croire, se basant 
d'ailleurs sur ce qui se constate chez les mammifères et 
les oiseaux, que la stérilité est la loi, la fécondité l'excep- 
tion. Il faudrait instituer des expériences au moyen de 
l'isolement des hybrides d'une méme sorte dans des étangs 
séparés, pour s'assurer si ces formes peuvent se repro- 
duire au point de constituer des races fécondes. 

Je viens de signaler des questions d'ordre scientifique 
qui pourront être élucidées par les procédés de piscicul- 
ture actuellement en usage. Je n'ai pas à m'étendre aujour- 
d'hui sur les avantages que cette industrie nouvelle prómet 
aux populations, en facilitant le repeuplement de nos 


( 4050 ) 
rivières. J'ai résumé son histoire rétrospective chez nous 
jusqu’en 1866, dans le discours Sur la pêche fluviale en 
Belgique, que j'ai prononcé à la séance publique de notre 
Classe, le 16 décembre de la méme année. — Plus tard, 
en 1883, dans un article sur le Repeuplement de nos 
cours d'eau, inséré dans les Bulletins de la Société natio- 
nale d'Acclimatation de Paris, j'ai exposé quelle était alors 
la situation, et ce que l'on projetait de faire pour y 
remédier. J'annoncais la constitution par le Gouvernement 
(en 1882) d'une commission chargée d'étudier les ques- 
tions qui se rattachent au repeuplement des cours d'eau. 

Cette commission, composée d'abord de dix membres, 
n'est pas restée inactive. Elle a examiné un grand nombre 
de documents relatifs à ce qui a été fait à l'étranger, et 
donné son avis sur ce qui pouvait étre tenté chez nous. 

Depuis 1884, des quantités notables d'alevins de plu- 
sieurs espéces de salmonides ont été déposées dans les 
petites riviéres de la rive droite de la Meuse qui, par la 
nature de leurs eaux et du sol sur lequel elles coulent, ont 
été jugées favorables aux salmonides. — Des échelles à 
saumons, dont l'aménagement sera successivement amé- 
lioré, ont été établies à plusieurs des barrages de la Meuse 
qui formaient obstacle à la remonte des saumons. 

Nos Chambres législatives avaient enfin voté en 1877 
une loi sur les cours d'eau non navigables ni flottables, 
puis une autre loi sur la pêche fluviale en 1881. 

Lorsque leurs dispositions auront été bien exécutées et 
que le respect qui leur est dû sera entré dans nos mœurs 
(ce qui malheureusement n'est pas encore arrivé), ces lois 
pourront protéger le poisson contre le braconnage, et 
contre la pollution des riviéres par les matiéres qu'on y 
déverse et qui font périr le poisson. 


: EM E 
ben se A e e ESENUT n 


| 
| 
| 


( 1031 ) 

Je viens de prononcer le mot : pollution des eaux! 
C'est malheureusement la plus grande pierre d’achoppe- 
ment, l'obstacle véritable auquel viennent se buter les 
efforts du Gouvernement et de la Commission de repeuple- 
ment. 

Notre regretté collégue de cette Commission, feu M. de 
Clereq, inspecteur général des Ponts et Chaussées, dans 
un travail important rédigé à la demande de M. le Ministre 
des Travaux publics, écrivait à ce sujet : « Il ne peut être 
question d'interdire les industries dont le sort est lié à 
l'intérêt général; mais il importe de ne déverser les 
maliéres dans les cours d'eau, qu'aprés qu'elles ont été 
traitées par les moyens les plus efficaces pour les débar- 
rasser de leurs principes malfaisants pour les poissons, 
et qui le sont dans une proportion au moins aussi 
grande pour les animaux qui boivent ces eaux corrom- 
pues. 

» On ne peut done considérer la pollution. comme 
suffisamment atténuée, (ant qu'on ne pourra pas y faire 
vivre le poisson. » 

Le principe essentiel de la pisciculture pratique c'est 
de ne répandre les alevins que dans les eaux oü ils peuvent 
vivre; autrement ce ne seraient pas des poissons, ce serait 
de l'argent que l'on jetterait à l'eau en pure perte. 

En conséquence on ne peut songer à peupler de Salmo- 
nides les riviéres de la rive gauche de la Sambre et de la 
Meuse, ni celles du bassin de l’Escaut, ce qui embrasse 
les deux tiers du territoire de la Belgique. Si leurs eaux 
n'étaient pas contaminées, elles seraient excellentes pour 
recevoir une population de Cyprinides, de perches, de 
brochets et d'anguilles, en choisissant les espèces appro- 
priées à la nature du terrain, de la végétation aquatique et 


V Uu OV vU v v v wv 


v" vw 


=- 


ww Ww W Ww Ww v 


( 1032 ) 

des petits animaux dont les poissons forment leur nourri- 
ture. : 

Mais la Commission de repeuplement n'a pu jusqu'ici 
proposer aucune mesure de ce genre au Gouvernement, 
parce que presque toutes ces riviéres (si pas toutes) et 
une grande partie de leurs affluents sont polluées ou méme 
empoisonnées par les eaux et les résidus qu'y déversent 
les usines, à un tel point que le poisson a disparu, de méme 
que la plus grande partie des végétaux et des petits ani- 
maux (insectes, vers, coquillages) nécessaires à sa sub- 
sistance. 

C'est frappé de cet obstacle, qu'on n'a pas essayé 

jusqu'ici d'écarter ou d'atténuer par des mesures efficaces, 
que, peu de mois aprés le vote de la loi surla péche fluviale, 
à la fin de 1881, j'offris à l'Académie d'instituer un prix 
à décerner au concours de 1884, dont la condition prin- 
cipale à remplir était : « La recherche et l'indication des 
moyens pratiques de purifier les eaux à la sortie des 
fabriques pour les rendre compatibles avec la vie du 
poisson sans compromettre l’industrie, en combinant les 
ressources que peuvent offrir la construction de bassins 
de décantation, le filtrage, enfin l'emploi des agents 
chimiques. » 
L'Académie voulut bien accueillir la proposition dans sa 
séance du 1°" avril 1882; mais à l'époque fixée, qui était 
le 1°" octobre 1884, aucun mémoire ne lui étant par- 
venu, l'auteur proposa de proroger le concours jusqu'au 
1°" octobre 1887, en écartant au besoin quelques condi- 
tions subsidiaires du programme primitif. 

Cette fois des Mémoires en réponse à la question de 
concours ont été envoyés. 


- 


BOCCUTTTT 


( 1033 ; 

Nous ignorons encore quelles seront les conclusions des 
rapporteurs auxquels ils sont soumis en ce moment. 

Quoi qu'il en soit, il est de fait qu'après la mise en 
vigueur des règlements établis en Angleterre, plusieurs 
riviéres contaminées ont été assainies, et que, d'aprés des 
documents communiqués à la Commission de repeuple- 
ment, certaines usines allemandes ont réalisé le méme 
“résultat et ont utilisé avantageusement les produits de la 
purification. Pourquoi n'en serait-il pas de méme chez 
nous ? 

L'industrie, qui en somme est la propriété particulière 
et le profit de ceux qui l'exploitent, est une des sources 
principales de la prospérité publique. Il ne peut étre 
question de prendre des mesures qui en empécheraient 
l'exercice. 

Mais il est juste qu'elle soit astreinte, dans la mesure 
du possible, à ne pas étre nuisible aux autres intéréts en 
jeu qui, dans leur ensemble, sont également respectables, 
puisqu'à titres divers ils sont l'apanage de toute la popula- 
tion. C'est la thése qu'énoncait naguère, mais d'une facon 
beaucoup plus absolue, un hygiéniste éminent, membre de 
l'Académie de médecine. 

ll est pénible, en effet, d'avoir à constater que dans une 
étendue considérable du pays, les habitants qui possédaient 
des sources, des ruisseaux et des puits d'eau pure indis- 
pensable à l'alimentation, à la salubrité et à l'hygiéne 
publique en voient successivement frustrés. 

Là, les eaux sont taries par les travaux souterrains des 
mines; ailleurs les usines les confisquent pour leurs chau- 
dières et leurs lavages et en déversent le résidu corrompu 
dans les cours d'eau. Les grandes villes s'étendent ; elles 


| 14054 ) 

réclament sans cesse une augmentation dans leur distri- 
bution d'eaux, qu'elles veulent capter par le drainage du 
sous-sol, ou bien prétendent les amener de fort loin, en ` 
accaparant les sources ou les riviéres si nécessaires cepen- 
dant aux campagnards victimes de ces expropriations 
pour cause de nécessités urbaines, dommages que rien ne 
peut compenser. La cause de ces exigences s'explique 
par l'augmentation excessive de la population dans notre* 
pays, oü l'émigration est difficile et répugne à ses instincts. 

Comme conséquence de cette situation économique, le 
travail manque fréquemment et manquera davantage à — 
mesure que cet excès de population croîtra et que les 
mines marcheront vers leur épuisement. E 

Quant aux poissons, cette nourriture saine, qui fut si 
abondante et à la portée de tous les habitants riverains de 
nos cours d'eau, ces poissons qui faisaient en méme temps 
le bonheur du paisible pécheur à la ligne et le délassement 
de l'ouvrier en ses jours de féte ou pendant ses moments 
de repos, il n'existent presque plus dans nos provinces les 
plus fertiles, et si la science, qui accomplit, il est vrai, des 
miracles inattendus en ce siècle de progrès, ne parvient 
pas à concilier les intérêts et les exigences dont je viens 
d'esquisser le tableau, les poissons d'eau douce ne se verront | 
bientôt plus que dans les aquariums ou dans les musées, 
où ils prendront place parmi les espèces éteintes, à la suite 
des animaux préhistoriques. 


( 1035 ) 


iH. 


Catalogue raisonné des poissons d'eau douce 
de la Faune belge. 


Dans la Faune (1849) j'ai suivi la classification du prince 
Charles Bonaparte, qui avait adopté plusieurs des ordres 
établis par Agassiz, fondés sur le caractère des écailles, 
notamment les Cténoïdes et les Cycloides. 

Les études faites depuis ont prouvé que l'emploi de ce 
Caractère souffrait là différentes exceptions, de sorte que 
ces deux ordres ont été généralement abandonnés, bien 
que d'une maniére générale ils répondissent aux Acan- 
thoptérygiens et aux Malacoptérygiens de Cuvier. 

La classification de Jean Müller semble aujourd'hui la 
plus naturelle. Celles de Siebold et de Günther n'en 
différent guére. 

C'est pourquoi je suivrai presque tout à fait cette der- 
nière, adoptée dans son grand ouvrage Catalogue of Fishes, 
dans lequel se trouvent déerites toutes les espèces de 
poissons connues jusqu'en 1870. 

Dans la Faune belge, les noms vulgaires des poissons en 
dialecte flamand n'étaient pas indiqués. Gràce à M. le pro- 
fesseur P.-J. Van Beneden, qui les a donnés dans la Patria 
belgica, j'ai pu, en le copiant, combler cette lacune; c'est 
donc à lui que l'on est redevable de ce complément. 

J'ai pu compléter ou corriger an petit nombre de noms 
Wallon-liégeois d'après le vocabulaire des noms wallons 


è 


( 1056 ) 
d'animaux de feu Charles Grandgagnage (1857). Ceux-là 
sont signés : Gggg., entre parenthéses. 

M. le D* Victor Fatio ayant décrit avec un soin serupu- 
leux les dents pharyngiennes des Cyprinides, je lui ai 
emprunté plusieurs de ces signalements pour la diagnose 
des genres, en ayant soin d'ajouter sa signature à ces 
emprunts. 

Dans la Faune belge se trouvaient les diagnoses de toutes 
les Cyprinides. Je n'ai pas eru nécessaire d'en faire la 
réimpression, mais j'ai ajouté naturellement la descrip- 
tion sommaire de ce qui est nouveau, notamment pour 
les hybrides. 

Cependant, les formules numériques des rayons pour les 
nageoires dorsale et anale, ainsi que pour les rangées 
d'écailles au-dessus et au-dessous de la ligne latérale et le 
nombre d'écailles sur cette ligne sont si utiles pour la 
détermination, que je n'ai pas hésité à les reproduire aprés 
le nom de chaque espéce. 

Les abréviations pour ces formules sont les suivantes : 


D. Nageoire dorsale; 

A. Nageoire anale; 

Super. Le nombre de séries d'écailles au-dessus de la 
ligne latérale; 

INrER. Celui des séries d'écailles au*dessous de cette 
ligne; 

Later. Le nombre des écailles (en longueur) sur cette 
ligne. 


( 4037 ) 


ORDRE 1. — ACANTHOPTÉRYGIENS. 
(Cténoides, Agassiz, en partie.) 


Famuze l. — PERCIDES. 


GENRE : PERCA. — Perche. 
1. Perca fluviatilis, L. — Perche de rivière. 
En wallon Perco et Piche. — En flamand Baes. 

Commune dans presque toutes nos riviéres, mais 
préfére les eaux vives, sans exiger cependant comme la 
Truite un fond pierreux. En général ces deux poissons 
semblent s'exclure. On ne trouve pas la Perche dans 
l'Ambléve ni le Bocq, oü la Truite est commune. 


GENRE : ACERINA, Cuv. — Gremille. 


92. Acerina cernua, L. — Gremille goujonniere. 
En wallon Oggi. — En flamand Post, 


Commune dans la Meuse et plusieurs de ses affluents à 
fond pierreux. Elle existe cependant dans la Néthe, la Lys 
et autres cours d'eau du bassin de l'Escaut, tels que les 
aflluents de la rive gauche du Démer. 


Fiame IL — TRIGLIDES. 
GENRE : COTTUS, L. — Chabot. 
3. Cottus gobio, L. — Chabot tétard. 
En wallon Chabot. — En flamand Clabotskop. 

Trés commun dans la Meuse et les rivières à fond pier- 
reux qui s’y jettent; aussi dans la Lys, le haut Escaut les 
afluents de la rive gauche du Démer, les ruisseaux des 
environs d'Anvers; se tient sous les pierres. 


( 1058 ) 


Fauze IL. — GASTÉROSTÉIDES. 
GENRE: GASTEROSTEUS, L. — Gastéroste. 
À. Gasterosteus aculeatus, L. — Gastéroste épinoche. 


En wallon Spinette. — En flamand Stekebok, Paddesteker, Kraeyvisch. 


Une grande divergence d'opinions existe entre les 
auteurs sur la question de savoir s'il y a en Europe une 
ou plusieurs espèces d'Épinoches à trois épines dorsales, 
qui seraient confondues sous le nom de G. aculeatus, L. 

Cuvier et Valenciennes ont d'abord établi quatre 
espéces : chez le trachurus, Cuv. (aculeatus, Blanchard), les 
côtés du corps sont entièrement armés de plaques osseuses 
jusqu'à la nageoire caudale, les dernières formant une 
carène prononcée. F 

Chez le semiarmatus, Cuv. (de même que chez le 
semi-loricatus, Cuv. Val. et le neustrianus, Blanchard), 
l'armature ne va que jusqu'au niveau de la première 
partie de la nageoire dorsale pour reparaitre ensuite sous 
la forme d'une caréne de petites plaques avant la nageoire 
caudale. 

Chez le leiurus, Cuv. et Val., les plaques latérales ne 
dépassent pas le bout des nageoires pectorales. Le reste 
des flanes est nu jusqu'à la nageoire caudale. L'armature 
est analogue chez argyropomus, brachycentrus, tetra- 
canthus, Cuv. et Val., et chez les Baillonii, argenta- 
lissimus et elegans, Blanchard, qui ne seraient que des 
sous-races. ; 

Pour proproser ses nouvelles espéces, le professeur 
Blanchard a utilisé les caractères fournis par les plaques 
de l'armature latérale, la forme des épines du dos, du 
ventre et celle du prolongement postérieur du bassin. 

Enfin, M. H.-E. Sauvage, dans sa révision des Épinoches 


IAM 


EA 


ax 


( 1059 ) 
(Nouvelles archives du Museum, 1874), admet pour les 
deux continents arctiques trente-deux Gastérostes à trois 
ou quatre épines, et douze Épinochettes à huit ou onze 
épines dorsales. 

Siebold, Fatio, Canestrini sont, au contraire, partisans 
de n’admettre qu'une seule espèce pour le groupe de 
l'aculeatus, mais variable selon les localités (1). 

Le D” Günther rapporte aussi à une seule espèce les trois 
races principales européennes mentionnées plus haut; 
mais il admet quelques autres formes, entre autres le spi- 
nulosus, Yarrell, qui a quatre épines dorsales. 

Pour moi, d'aprés l'examen de nombreux exemplaires 
belges des trois races principales, je les considére comme 
appartenant à une seule espéce, et M. Gehin est du méme 
avis pour les Épinoches de la Lorraine, qui se rapportent 
toutes à la race leiurus, qu'il répartit en six variétés 
principales, parmi lesquelles se rencontre la variété à 
quatre épines. 

En Belgique la race (type) aculeatus ne se trouve que 
vers la côte dans les eaux sanmâtres, les huitriéres aux 
environs d'Ostende et dans le bas Escaut. 

La race semiarmatus provient des mémes localités, de 
méme que sa sous-race semiloricatus. Ces Épinoches des 
eaux saumâtres sont toutes mieux armées de plaques 
latérales que celles des eaux douces. Le blane des cótés 
du corps est nacré, argenté. Cependant j'ai trouvé dans 
les fossés saumâtres, derrière les dunes, de petits exem- 
plaires également brillants, mais un peu moins armés. 

La race leiurus est commune dans un grand nombre 


(4) Voyez le Prospetto critico de Canestrini ainsi que les obser- 
vations du D” Paolo Bonizzi : Sulle varietà della specie G. aculeatus, 
dans les Arch. pour la zoologie, ete. (Florence, 1869, page 156). 


( 1040 ) 
de sources et de ruisseaux de l'intérieur de la Belgique. 
Cependant, je ne l'ai pas rencontrée dans les cours d'eau à 
Truites qui descendent de l'Ardenne et du Condroz. 

Cette race existait dans le Geer en nombre immense 
avant l'établissement des sucreries. Aujourd'hui elle est 
reléguée dans les sources attenantes à cette rivière. 

J'ai trouvé dans des paniers d'éperlans quatre exem- 
plaires de cette race, trés argentés, à épines dorsales trés 
denticulées, mais pas un seul sans ces dentelures. — 
Dans la Meuse, à Liége, trois individus à épines longues 
par rapport au sternum. — Dans le Geer, au contraire, 
les épines du sternum sont généralement courtes par 
rapport à celui-ci; les épines dorsales sont fortement mais 
irréguliérement denticulées. Il y a cinq ou six plaques laté- 
rales, — il s'y trouve des exemplaires encore plus grands 
que le Baillonii, Blanchard (brachycentrus), dont un a 
sept plaques latérales. 

Enfin, au milieu de ces nombreux exemplaires recueillis 
autrefois dans le Geer, j'en ai pris un pourvu de quatre 
épines dorsales non dentelées, ce qui le ferait rapporter au 
spinulosus de Yarrell; mais je suis porté à croire que ce 
n'est qu'une aberration individuelle et non une race, 
puisque je n’ai vu que ce seul exemplaire (1). 

Le D" Bamps, parmi beaucoup d'exemplaires ordinaires 
- dn bassin du Démer, en a pris (dans le Stiemer) également 
un à quatre épines non dentelées (les deux antérieures 
longues) — et un individu (Étang de Curange) n'ayant que 
deux épines dorsales, qui sont trés fortement dentelées, la 
troisième étant avortée. Ce serait une variété nouvelle, 
que l'on pourrait nommer biaculeatus. 


.(4) H y a lieu toutefois de faire de nouvelles recherches sur- cette 
forme singulière de méme que sur.les autres races citées. 


RS SRE PO SR 


( 404 ) 


5. Gasterosteus pungitius, L, — Gastéroste épinochette, 


En flamand De Tiendoornige Stekelbaars. 


Je n'ai rencontré jusqu'ici en Belgique que la race sans 
caréne caudale, séparée par Cuvier sous le nom de G. levis 
(à laquelle M. Fatio rapporte les G. levis — lotharingicus 
— etl breviceps du professeur Blanchard). 
Elle se trouve dans le Geer. Je l'ai rencontrée également 
dans les fossés derriére les dunes d'Ostende et dans de 
petits ruisseaux de la rive droite de la Meuse prés de 
Maestricht. M. le D" Van Bambeke me signale l'Épino- - 
chette aux environs de Gand, et M. le D' Bamps dans les 
affluents du Démer. 
La race type (G. pungitius, L.) que je n'ai pas encore 
trouvée, se distingue, dit-on, de la /evis par une mince 
carène latérale de cinq très petites écailles ou plaques 
s'étendant du niveau postérieur des nageoires dorsale et 
anale jusqu'à la caudale. M. Fatio n'admet qu'une seule 
espéce. La burgundianus de M. Blanchard serait aussi une 
SOus-race du type, ayant comme lui une petite caréne 
caudale. 
Nos Épinochettes ont d'ordinaire 10 rayons à la 
nageoire dorsale et 9 à l'anale. Les épines dorsales sont au 
nombre de huit ou neuf. Il m'est impossible de les rap- 
porter absolument à l'une des formes de la levis décrites 
par M. Blanchard. La taille est trop faible pour son levis 
proprement dit. D'aprés la courbure du bout de la 
mâchoire inférieure et la branche montante de l'armure 
thoracique non élargie, elle ressemble à son breviceps des 
environs de Caen, mais les épines dorsales ont une petite 
5° SÉRIE, TOME XIV. 69 


( 1042 ) 

membrane en voilure comme son lotharingicus des ruis- 
seaux de la Moselle, affluents de la Meuse prés de Saint- 
Mihiel. M. Blanchard a recu des environs de Lille la forme 
typique (pungitius) à caréne caudale. Il lui attribue dix 
épines dorsales, quelquefois onze. Il est probable qu'elle 
existe dans quelques-uns de nos ruisseaux affluents de 
l'Escaut en Hainaut ou en Flandre. La lotharingicus 
n'aurait que huit épines; la breviceps, neuf ou dix. Pour 
M. Géhin, la forme habitant les affluents de la Meuse en 
Lorraine est la levis. 


ORDRE Il. — ANACANTHIENS. 


( Malacoptérygiens Jugulaires) 


Familie l. — PLEURONECTIDES. 
GENRE : PLEURONECTES, L. — Pleuronecte. 
6. Pleuronectes flesus, L. — Pleuronectes flet. 

En flamand Bot, Botje. 

Trés commune dans les eaux saumâtres de l'Escaut, 
qu'elle remonte assez haut, dans la Lys jusqu'à Gand, 
la Néthe jusqu'à Westerloo et la Dyle jusqu'à Malines. 
Observée accidentellement dans la Meuse et à l'embou- 
chure de l'Ourthe, également aussi, mais très rarement, 
dans la Moselle. 

L'aberration P. passer Bloch (exemplaires sénestres) 
n'est pas trés rare. 


Fame d]. — GADIDES. 
GENRE : LOTA, Cuv. — Lote. 
7. Lota vulgaris, Cuv. — Lote commune, 
En wallon Boulotte, — En flamand Lomp. 
Meuse, Ourthe, Escaut, Lys, assez commune. 


* 


, (104) 


ORDRE lll. — PHYSOSTOMES. 
(Malacoptérygiens Abdominaux et Apodes). 
Faunus L — CYPRINIDES. 
Sous - famille]. COBITINES. 
GENRE : MISGURNUS, Lacép. — Misgurne. 


8. Misgurnus fossilis, L. — Miszurne d'étang. 
D. 7. A. 6. Dix barbillons. 
En flamand Weeraal, Donderaal. 

Se trouve dans les eaux vaseuses affluentes de l’Escaut, 
la Lys, la Néthe, ete. Assez commune aux environs de 
Louvain et en Campine, dans les ruisselets d'irrigation de 
toute la vallée du Démer, d’après le D" Bamps. Aussi dans 
le bassin de la Moselle. Je ne l'ai pas encore observée dans 
celui de la Meuse. 

Je me rallie à l'opinion de Günther qui adopte pour 
cette espèce le genre Misgurne proposé par Lacépède. Par 
ses dix barbillons, il se distingue facilement des Cobitis et 
des Acanthopsis qui n'en ont que six. 


GENRE : COBITIS, L. — Loche. 
9. Cobitis barbatula, L. -- Loche franche. 
D. 40. A. 8. Six barbillons. 
En wallon Mosteye. 

Vit dans la vase et dans les herbes aquatiques de la 
plupart des rivières et même dans des ruisseaux qui sont 
presque à sec pendant l'été. 

Autrefois, en Hesbaye, on faisait d'excellentes fritures 
avec ce petit poisson. Mais il est devenu rare et disparaît 
des cours d’eau contaminés par les industries agricoles. 


( 4044 ) 


GENRE : ACANTHOPSIS, Agassiz. — Acanthopsis. 
10. Acanthopsis tænia. — Aeanthopsis rubanée, 
D. 8. À, 7. Six barbillons. 
En wallon Popicale (6ggg.). 

Commune dans l'Ourthe, aussi dans la Meuse et dans 
cerlains affluents de l'Escaut. Elle a disparu de la Vesdre 
depuis que cette riviére est empoisonnée. Elle se tient 
sous les pierres. M. Van Bambeke me l'indique dans la Lys. 

M. Géhin dit que c'est à tort que Holandre a rapporté 
les exemplaires de la Moselle au Cobitis spilura de 
Carlier, de Liège (MSS), attendu que ce sont bien des 
tenia, ce qui est vrai. Mais l'erreur provient de Valen- 
ciennes, qui avait écrit à Carlier que ses C. tenia for- 
maient une espéce nouvelle. 


Sous-famille I. — CYPRININES. 
GENRE : GOBIO, Ag. — Goujon. 
11. Gobio fluviatilis, Ag. — Goujon fluviatile. 
D. 10. A. 9. Super. VI. Infer. IV. Later. 43. 
En wallon Govion. — En flamand Geuve, 


Commun dans les rivières ; aussi dans les étangs. 


GENRE : BARBUS, Cuv. — Barbeau. 
12. Barbus fiuviatilis, Ag. — Barbeau fluviatile. 
D. 11. A. 8. Super. XI. Infer. IX. Later. 60. 
En wallon Barbai. — En flamand Barbeel. 
Habite la Meuse et ses affluents à fond pierreux ; se 
trouve aussi dans des affluents de l'Escaut. Dans le 
bassin du Démer, d’après le D" Bamps. 


( 4045 ) 


Variété. Le BARBEAU JAUNE (B. var. auratus, Fatio). 

Tout le corps d'une couleur orangé-coriacé, excepté le 
dessous jusqu'à l'anus qui est blane. Toutes les nageoires 
d'un rouge carmin. Décrit d'aprés un exemplaire de grande 
taille, pris dans l’Ourthe-en 1750 et peint d’après nature 
pour le comte d'Horion, alors grand maitre du prince- 
évéque de Liége. D'autres poissons de l'Ourthe étant 
admirablement peints par le méme artiste, je ne doute 
nullement de l'exactitude du tableau, d'autant plus que 
M. Fatio signale un exemplaire. presque semblable pris 
dans un affluent de l'Aar en 1878. 


GENRE : TANCA, Ag. — Tanche. 
15. Tinca chrysitis, Ag — Tanche doree. 
D. 12. A. 11. Super. XXXI. Infer. XXI. Later. 95. 


En wallon Tinche, — En flamand Laauw. 


Se trouve dans presque toutes les riviéres; aussi dans 
certains étangs marécageux. C'est dans les bassins et les - 
abreuvoirs alimentés par des eaux pluviales grasses que 
l'on multiplie le mieux cet excellent poisson, le meilleur 
à mon avis de toutes les Cyprinides. Je n'ai pas vu en 
Belgique la variété allemande nommée Tanchor (Cypr. 
tincauratus, Lacép.); nos tanches ont toutefois des cou- 
leurs vives, et l'oeil en général rouge carmin. 


( 1046 ) 


GENRE : CYPRINUS, L. — Cyprin. 
14. Cyprinus carpio, L. — €yprin carpe 
D. 22-24 A. 8-9. Super. VI (v). Infer. VI Later. 37-58. 
En wallon Cápe. — En flamand Karpel. 


CrPRinus REGINA, carpio et etaTUs, Selys, F. belge, nos 12, 13 et 14. 


Commun dans les étangs; en petit nombre dans les 
rivières, C'est un poisson d'origine étrangère, importé sans 
doute dans le pays vers la fin du moyen âge. 

La Carpe ne se multiplie pas dans les eaux de source, 
à moins qu'elles ne soient réchauffées par des écoulements 
d'abreuvoirs ou de champs cultivés. En Campine on l'éléve 
en grand. 1l faut trois ans pour qu'elle parvienne à la gros- 
seur nécessaire pour étre livrée au commerce. On réserve 
certains étangs gras pour l'alevinage; l'année suivante on 
péche les alevins pour les distribuer dans un second étang, 
puis dans d'autres un an aprés. On prétend que dans les - 
derniers il ne faut pas placer beaucoup plus d'une centaine 
de Carpes par hectare. On les péche pour la vente la qua- 
wiéme année et l'on séme des céréales au fond de l'étang 
mis à sec, c’est une sorte d'assolement successif. 

Le nombre de ces étangs en Campine a singulièrement 
diminué depuis cinquante ans, par suite de l'extension des 
plantations de pin sylvestre et de la culture. 

L’espèce est fort variable. Dans la Faune belge j'ai décrit 
séparément deux races, que Bonaparte, Agassiz et Heckel 
considéraient comme espèces distinctes : 

4° C. regina, Bp. (hungaricus, Heckel), de forme 
allongée, à dos peu élevé; 

2 C. elatus, Bp., forme ramassée, à dos élevé. 


( 1047 ) 

A côté de ces races, qui se croisent entre elles, il existe 
de simples variétés qui se maintiennent lorsqu'on les isole. 
Telles sont la Carpe à grandes écailles (C. macrolepidotus, 
Klein; C. Rex cyprinorum, Bloch; specularis, Lacép.) qui 
a été importée d'Allemagne dans quelques étangs de la 
province de Namur et des Flandres, et la Carpe sans 
aucune écaille (C. nudus, Bloch; coriaceus, Lacép.). Je 
ne crois pas que cette derniére existe en Belgique. 

Le C. striatus, Holandre; Selys, F. belge, n* 15, pl. 9, 
est un hybride avec le carassius, de méme que le C. Kol- 
larii, Heckel. (Voyez plus bas le ehapitre: Hybrides.) 

En France on nomme Carpeaux des individus stériles. 
Ils sont, dit M. Fatio, remarquables par leurs formes 
ramassées, le dos charnu, les lévres épaisses et le corps 
trés comprimé vers l'anus. Les organes de la reproduction 
sont atrophiés. 


GENRE : CYPRINOPSIS, Fitzinger. — Cyprinopsis. 
15. Cyprinopsis carassius, L. — €yprinopsis carassin, 
D. 18-21. A. 8-9. Super. VII. Infer. V. Later. 54. 
Cyrnisus ciser1o, morxs et carassius, Selys, F. belge, n°s 16, 17 et 18. 


Vulgairement Carpe à la lune, — En flamand Maankarpel, 


On éléve cette espéce et ses races dans la plupart des 
étangs vaseux. Elle a l'avantage de pouvoir vivre et se mul- 
liplier dans de petites mares et des abreuvoirs d'eau plu- 
viale; c'est done une ressource pour les localités qui ne 
possèdent pas d'eau courante. On ne la:rencontre que rare- 
ment dans les riviéres. : 

Dans la Faune belge j'ai décrit comme espèces distinctes 
le C. gibelio (Gibèle) de Bloch, qui se distingue par un dos 
beaucoup moins élevé et moins comprimé, en un mot par 


( 4048 ) 


` 


une stature analogue à celle du C. carpio, type; puis le 
C. moles, Agassiz, qui est intermédiaire entre les deux 
races, dont il n'est probablement qu'un métis. 

Il ne faut pas s'étonner de ces variations chez des pois- 
sons qui sont vraisemblablement d'origine étrangére. Les 
variétés que l'on rencontre chez le poisson rouge de la 
Chine (C. auratus, L.), qui est du méme groupe, sont bien 
plus extraordinaires. 

Je suis porté à eroire que la forme primitive est la race 
gibelio, dont le profil est plus conforme à celui des espèces 
exotiques du méme genre, et que les carassius à dos 
excessivement bossu et comprimé sont plutót une aberra- 
tion produite à la suite de la culture. 

M. Blanchard maintient pourtant la distinction entre le 
carassius et le gibelio, s'appuyant sur la forme des écailles 
de cette derniére, dont le bord basilaire n'offre que de 
légéres sinuosilés et non les festons si prononcés du 
carassius. Il en donne la figure pages 238 et 241. 

Malgré la grande similitude entre les Cyprinus et les 
Cyprinopsis, je me décide à accepter aujourd'hui cette 
derniére coupe parce qu'elle se distingue facilement par 
le manque de barbillons. 


GENRE : RHODEUS, Ac. — Bouvière. 
16. Rhodeus amarus, Àg. — Bouvière amère, 
D. 12. A. 11#12. Super. XI. Infer.' XL. Later. 50 environ. 
En wallon Plgtte mouse, — En flamand Bittervoorn. 


Se trouve dans la Meuse, à Liège, etc. Aussi dans le 
bassin de la Moselle. Les pécheurs disent qu'elle vit dans 
la vase. Commune à Gand daus la Lys. 


( 1049 ) 


GENRE : ABRAMIS, Cuv. — Brême. 


Heckel a réparti nos deux espéces de Brémes en deux 
genres : les Abramis (A. brama) ayant les dents pharyn- 
giennes sur un seul rang, et les Blicca (A. bjorkna) ayant 
ces dents sur deux rangs. Siebold a adopté ce démembre- 
ment. 

M. Fatio s'y est soumis, tout en avouant que les deux 
poissons sont excessivement voisins et qu'il ne les aurait 
considérés que comme simples sous-genres, s'il n'avait cru 
à l'importance de ce caractère des dents. J'ai déjà dit 
dans mon discours préliminaire pourquoi je ne pouvais 
me rallier à ce systéme, d'autant moins que pour les Blicca 
ces dents sont fort variables'en nombre. Dans la Faune 
belge j'ai donné comme caractéres génériques des Brémes : 
dents sur un double rang, ce qui n'est pas exact pour 
l'A. brama. On a dit que j'avais donné les caractéres 
d'aprés un Blicca. Pour me justifier je cite la note que j'ai 
insérée page 192 où je dis : « Pour ce qui est des carac- 
» tères génériques tirés des dents pharyngiennes, je me 
» suis borné à les transcrire d'aprés M. Agassiz, n'ayant 
» paseu l'occasion de les vérifier sur toutes les espéces. » 


SOUS-GENRE I. — ABRA MIS, Cuv. Heckel, Siebold, Fatio. 


Dents pharyngiennes sur un seul rang. 


17. Abramis brama, L. — Brême ordinaire. | 
D. 12. A. 27-50. Super. XII-XIV. Infer. VI-VIII. Later. 55-58. 
En wallon Grande Bráme. — En flamand Brasem. 
Commun dans la Meuse et les affluents de l'Escaut; se 
multiplie beaucoup dans les étangs, les canaux, etc. 
C'est, je crois, le poisson qui était établi au moyen àge 


i 


( 1050 ) 
dans les étangs des abbayes, avant l'introduction de la 
Carpe. 

Il varie beaucoup pour la coloration et les proportions 
suivant l’âge et la nature des eaux (Voyez le signalement 
des variétés dans la Faune belge, page 217). | 

On considère maintenant comme identiques à PA. brama: 


Abramis vetula, Heckel. 
— microlepidotus, Agassiz. 
-—  farenus, Linné. 
— arg reus, Agassiz. 
—  Gehini? Blanchard. 

M. Géhin, qui se borne à reproduire dans son ouvrage la 
description de l'A. Gehini du professeur Blanchard, parait 
douter que l'espéce soit réellement distincte ; ce serait 
plutôt selon lui une variété ou race nommée haute Brême 
par les pécheurs de la Moselle. 


SOUS-GENRE ll. — BLICCA, Heckel. 


Dents pharyngiennes sur deux rangs. 


18. Abramis bjorkna, L — Brême bordeliere, 
D. 14. A. 22-90. Super. X. Infer. V. Later. 48-52. 
En wallon Bráme. — En flamand Blei, Bliek. 
Asrams nLiccA, Bloch; Selys, F. belge. 


Commun dans la Meuse et les cours d'eau du Brabant. 

Facile à distinguer de la brama par le nombre des ran- 
gées d'écailles au-dessus de la ligne latérale, au nombre 
de dix seulement (au lieu de 12 à 14). 

Dans la Faune j'ai adopté le nom de blicca, Bloch, qui 
était généralement admis, mais on a constaté que celui de 
bjorkna, Linné, appartient à la bordeliére, de sorte que 


( 1051 ) 
je me soumets à la loi de priorité, suivant eu cela les 
auteurs récents. 
Les noms synonymes, d'aprés M. Fatio, sont : 
latus, Gmelin. 
laskyr, Pallas. 
aryyroleuca, Heckel. 
plestja, Leske. 


GENRE : ASPIUS, Agassiz. — Aspe. 


Agassiz a fondé le genre. Aujourd'hui on l'a démembré, 
réservant le nom d’Aspius à PA. rapax, dont je n'ai pas à 
m'occuper, et chez qui le ventre, après les ventrales, est 
écailleux, tandis que Heckel et les auteurs plus récents 
nomment Alburnus les espèces chez qui les écailles 
n'atteignent pas la créte du ventre dans cette partie. 

Il m'est impossible de trouver là un caractére assez 
important pour y voir autre chose qu'un sous-genre. 

M. Fatio a proposé un troisiéme démembrement sous le 
nom de Spirlinus pour le bipunctatus qui est, dit-il avec 
raison, intermédiaire sous plusieurs rapports entre les 
Abramis et les Alburnus. Le principal caractére réside 
dans les dents pharyngiennes. Par les motifs que j'ai déjà 
invoqués, je ne l'admets qu'en qualité de sous-genre. 


Sovs-cENRE I. — SPIRLINUS, Fatio. 


Dents pharyugiennes en ongle crochu au sommet et 
sur deux rangées : 2,5 — 4,2 (2,4 ou 5,2) ; une arête nue 
en arrière des ventrales. La dorsale un peu en arrière des 
ventrales (Fatio). 

Le D' Günther place parmi les Abramis l'espèce type. 
Je serais tenté d'adopter cette opinion, en prenant en 
considération la forme générale du poisson. 


( 1052 ) 


19. Aspius bipunctatus, L. — Aspe biponctué, 
D. 11. A. 18-19. Super. IX-X. Infer. IV-V. Later. 50-52, 
En wallon Goge. — En flamand Zwart gestipte alvertyen. 

Je l'ai observé dans la Meuse, l'Ourthe, l'Ambléve. 
Comme M. Van Beneden indique le nom flamand, je sup- 
pose qu'il existe dans quelques affluents supérieurs de 
l'Escaut. Il fréquente les eaux vives. M. le D‘ Bamps ne 
l'a pas observé dans le bassin du Démer. | 

Le Baldneri de Valenciennes est de la méme espéce, 
mais revétu de la coloration plus brillante de l'époque du 
frai. 


SOUS-GENRE ll. — ALBURNUS, Heckel. 


Dents pharyngiennes allongées franchement pectinées 
et sur deux rangs 2,5 — 5,2, une aréte nue en arriére des 
ventrales. La dorsale trés en arrière des ventrales (Fatio). 


20. Aspius alburnus, L, — Aspe able, 
D. 11. A. 18-21. Super. VHI Infèr: IV. Later. 50. 
En wallon Abl»tte. — En flamand Alvertje. 
Aspivs ALBURNOIDss, Selys, F. belge, n° 52. 

Commune dans l'Ourthe et autres affluents de la Meuse 
à eaux vives, moins fréquente dans le fleuve. Parait rare 
dans quelques cours d'eaux du bassin supérieur de 
l’Escaut. Commune cependant dans la Lys ainsi que dans 
la Herk et le Mombeek, affluents de la rive gauche du 
Démer. 

Dans la Faune je l'ai décrite comme espèce distincte 
sous le nom d'Aspius alburnoides, Selys, parceque Agassiz 
et Heckel ont considéré comme nouvelles les Ablettes que 


( 1053 ) 
je leur avais communiquées; maintenant Siebold et Fatio 
réunissent à l'alburnus cette forme et d’autres, qui pas- 
sent de l'une à l'autre; ce sont, selon Fatio : 

ochrodon, Fitzinger. 
obtusus, Heckel. 
lacustris, Heckel. 
mirandella, Blanchard. 
breviceps, Heckel. 
Fabræi, Blanchard. 


GENRE : LEUCASPIUS, Heckel et Kner. — Leucaspe. 


Corps ramassé, subcylindrique; dos arqué, ventre 
caréné entre les nageoires ventrales et l'anale. Bouche 
ascendante, la mâchoire inférieure redressée, son extré- 
mité pénétrant dans un enfoncement formé par les inter- 
maxillaires, la mâchoire supérieure comme échancrée au 
milieu. Caudale fourchue. Dorsale courte, l'anale un peu 
plus longue que la dorsale. 

Écailles non striées, trés caduques. Ligne latérale 
incompléte s'arrétant à la huitiéme ou au plus à la 
douziéme écaille. 

Dents pharyngiennes variables, sur un ou sur deux rangs; 
leur rangée interne ayant à droite quatre, rarement cinq 
dents; à gauche cinq dents, quelquefois une petite en 
plus devant la rangée interne de droite. Couronnes des 
dents internes comprimées dentées en scie et courbées en 
crochet au bout. 

Ce genre n'était pas connu lors de la publication de la 

aune, 

Par la direction de la bouche il se rapproche des Aspes, 
mais s’en distingue facilement par la nageoire anale courte 
et la ligne latérale incomplète. Ce dernier caractère l'éloigne 
des Leuciscus qu'il rappelle par la nageoire anale courte. 


* 


+ 


( 1054 ) 


21. Leucaspius delineatus, Heckel. — Leucaspe déligné. 
D. 11. A. 14. Super. IV. Infer. VII-VIII. Later 48. 


Synonymie : Squarrus pELiNEATUS, Heckel 
Leuciscus srympnaticus, Valenc., pl. 495. 
Aspius owslanxa, Czernav, Kessler, 
Leucaspius AsnuPrUs, Heckel et Kner 
Owsranxa Czensav, Dybowsky. 


Yeux grands. Dessus du corps verdâtre, les côtés et le 
dessous argentés avec une nuance obscure à la place oü 
serait la ligne latérale vers la queue. Nageoires pâles. 

Cette espéce si intéressante et tout à fait nouvelle pour 
notre Faune, a été découverte pour la premiére fois en 
Belgique, par M. Émile Gens. Il a publié une notice fort 
intéressante à ce sujet sous le titre de Note sur un 
poisson d'eau douce nouveau pour la Faune belge (BULLET. 
ACAD, BELG., février 1886). Il l'avait trouvée, en 1880, 
dans les eaux du fortin n° 4 de l'ancienne enceinte des 
fortifications d'Anvers, prés de la Longue rue d'Argile. Ce 
poisson, dit-il, nage à la surface de l'eau en troupes nom- 
breuses. 

M. le D" Bamps, dont l'attention fut éveillée par la 
découverte de M. Gens, a eu la chance heureuse de 
retrouver le delineatus, au printemps de 1886, dans une 
perite mare appelée Begyne Poel aux portes de Hasselt. 
C'est un étang minuscule, tourbeux, qui n'est alimenté que 
par les eaux pluviales. Le delineatus y est fort nombreux 
et n'a pour compagnon que quelques carpes et de très 
petites tanches (voyez la notice du D" Bamps, Sur quelques 
espéces rares de Vertébrés de la Belgique observées dans le 
Limbourg belge. BULLET. DE L'Acap. ne Bere. Août 1837). 

L'espèce n'a été observée jusqu'ici que dans quelques 


( 4055 ) 


contrées de l’Europe orientale, centrale et méridionale : en 
Russie méridionale, Moravie, Gallicie, Poméranie, Cour- 


lande, Prusse orientale, lac Zaraco (Stymphale) en Morée, 


presque toujours dans des localités isolées. 

Au premier abord on la prendrait pour un alevin d'une 
espèce de Leuciscus ou Aspius. 

D'un autre cóté, par sa taille excessivement petite 
(6 centimétres au plus), elle rappelle le véron (Phoxinus). 


GENRE : LEUCISCUS, Cuv. — Meunier. 

Je ne puis me décider à considérer comme des genres 
tranchés les coupes nombreuses qui ont été proposées en 
démembrant ce genre, dont les formes diverses passent de 
l'une à l'autre. Pour moi ce sont de simples sous-genres. 
Dans les caractères donnés dans la Faune il faut corriger 
celui attribué (d'aprés Agassiz) aux dents pharyngiennes. 
Elles ne sont pas toujours sur deux rangs : il n'y en a 
qu'un dans le sous-genre Leuciscus (type : rutilus). 


SOUS-GENRE I. — ADUS, Heckel. 
Dorsale naissant au-dessus des ventrales. Dents pharyn- 
giennes un peu erochues au sommet, non pectinées, sur 
deux rangées 5,5 —5,5 (Fatio). 


23, Leuciscus idus, L. — Meunier ide. 
D. 11. A. 13 (12 à 14). Super. IX (VIII). Infer. IV-V. Later. 55-60. 
En wallon Wenne. 
Cremiaus ies et 1omanus, L. — Juses, Bloch. 
Commun dans plusieurs cours d’eau du bassin de 
l’Escaut, rare dans la Meuse. Non observé jusqu'ici dans 
la Lys ni dans le Démer. 


( 1056 ) 

Heckel a eru voir deux espèces parmi celles que je lui 
ai communiquées. La seconde que j'avais indiquée avec 
doute sous le nom de L. neglectus aurait la téte plus 
longue, le corps moins haut, la bouche étroite, les écailles 
moins nombreuses (VIII au lieu de IX rangs supérieurs; 
55 latérales au lieu de 60); mais il existe des intermé- 
diaires. Ces variations se rencontrent surtout chez les 
espèces possédant des écailles nombreuses comme l'idus. 

La superbe race érythrine (Cypr. orfus, L.), considérée 
longtemps comme distincte, n’a pas été encore trouvée 
chez nous. C'est par erreur que Valenciennes a dit qu'elle 
existait dans les riviéres de la Hollande (voyez ma lettre 
dans la Revue zoologique, janvier 1845). 


Sous-cENRE ll. — SCARDINIUS, Bonaparte. 


Bouche oblique. Dorsale en arriére des ventrales. Dents 
allongées trés pectinées, sur deux rangs 5,5—5,5 (Fatio). 


25. Leuciscus erythropthalmus, L. — Meunier rotengle. 
D. 11 (12). A. 15-15. Super. VII (VIH). Infer. IV. Later. 40-45. 


En wallon Rossette et Rosse di fond. 


Commun dans presque toutes les riviéres, mais surtout 
dans celles d'eau vive. Aussi dans les étangs. Se distingue 
bien du rutilus par la bouche ascendante et la nageoire 
dorsale en arrière de 3 à 5 écailles par és aux 
ventrales. 

Malgré son nom spécifique, l’œil est en général jaune, 
rarement rougeàtre. 

Je posséde une variété érythrine. C'est un jeune exem- 
plaire des environs de Broxelles, analogue pour la couleur 
à la var. orfus de l'ide, et à la jaune du barbeau. L'ceil est 
rouge vif, le dessus de la tête rougeâtre, le dos brun-jau- 


ASR AES 
MG TN TETN 
ve Vie 


( 1057 ) 


nâtre, la dorsale et l'anale rouges, les autres blanches à 
rayons rouges. 


Appartiennent comme synonymes, races ou variétés de 
l'erythrophthalmus, selon M. Fatio : 
* 


L. corulescens, Yarrell. 


macrophtalmus, id. 


SOUS-GENRE I. — LEUCISCUS, Cuv. (Leucos 
et Gardonus, Bp., 1846). 
Bouche terminale ou subinfére. Nageoire dorsale nais- 
sant au-dessus des ventrales. Dents pharyngiennes 
ramassées, recourbées, un peu ou non pectinées, sur un 
seul rang 6 ou 5—3 ou 6 (Fatio). 


24. Leuciscus rutilus, L. — Meunier rosse, 
D. 13 (12). A. 15-14. Super. VIH (VII). Infer. VI. Later. 45-46. 
En wallon Rossette, Blanc Pehon, — En flamand Gewoone voorn. 
Leuciscus Sezysn, Heckel, Selys, F. Gin n° 27, pl. 6 
Jeses, (excl. syn.), F. yod À 


— nuriLus, L., F. belge, n° 2 


3 
RUTILOIDES, Saj, F. belge, n° 30, j 7. 


28, pl. 


Très commun partout, excepté dans les ruisseaux de 
l'Ardenne. 


Espéce trés variable. | 
D'aprés les études de von Siebold, Fatio, etc., il y a 


lieu de supprimer presque toutes les espéces que l'on a 
D" SÉRIE, TOME XIV. 70 


( 1058 ) 
établies à ses dépens, et de ne les signaler qu'à titre de 
simples races plus ou moins locales qui passent encore 
parfois de l'une à l'autre, probablement par le métissage. 
Telles sont celles qui figuraient dans la Faune belge 
en 1842, avec l'approbation de Hanau. Agassiz, Heckel 
et Valenciennes : 

1* Leuciscus rutiloides, Selys — à dos plus arqué, 
élevé, comprimé. Tête étroite. OEil plus petit, jaune pâle. 
Aucune des nageoires n'est jaune ni orangée. Ces cou- 
leurs sont remplacées par de l’ocracé terne, surtout aux 
ventrales et aux pectorales. Rare; observée dans la Meuse. 

2 Leuciscus Selysii, Heckel. Corps peu élevé, presque 
cylindrique. OEil trés grand, jaune. Tête large. Le rouge 
des nageoires moins vif que chez le rutilus type. Le plus 
souvent orangé; dos bleuátre. 

Cette forme est la plus commune dans les étangs de la 
Hesbaye. La grande largeur apparente de l’œil et le dos 
et le ventre amincis, peuvent étre en partie attribués à 
l'amaigrissement qui se produit dans ces parties à l'époque 
du frai. 

Dans l'explication. des planches de la Faune belge, 
page 295, je disais déjà à propos de la planche 6 repré- 
sentant le Jeses et le Selysii : « Ces deux espéces, telles 
qu'elles sont figurées ici d’après nature, sont bien diffé- 
rentes quant à la proportion de l'œil et de la tête, et 
cependant, malgré l'opinion de M. Heckel sur leur diver- 
sité, je soupçonne toujours que le L. Selysii n'est qu'un 
état différent de la Jesse, peut-étre ce poisson au 
moment du frai, car j'ai trouvé dans les étangs à Long- 
champs-sur-Geer beaucoup d'individus que je ne sais 
à laquelle des deux espéces rapporter. Tous deux ont la 
méme formule numérique et les yeux jaunes. » 


"v v U o 9? vy V 


——" 


( 1059 ) 

3° Le jeses, Selys (excl. syn.), se trouve dans les mêmes 
localités que le Selysii et lui ressemble par la coloration, 
mais l'eeil est plus petit et le corps plus épais. Ce serait 
une sous-variété, se rapportant peut-étre à la variété 
crassa, de Fatio, si ce n'est que ceux de cet auteur ont 
l'ail rouge comme la forme type n° 4; 

4 Mon rutilus; L. (type) est apporté en grand nombre 
au marché de Bruxelles. Les yeux sont rouge-aurore, les 
nageoires ventrales et anale orangées, à rayons rouges, 
presque comme chez l’erythrophthalmus, On trouve aussi 
dans la Meuse cette forme. Le dos est verdâtre (bleuâtre 
chez le Selysii). 

Selon Siebold et Fatio, il faut réunir au rutilus : 


L. jaculus, Jurine. 
prasinus, Ag. 
decipiens, Ag. 
Selysii, Heckel. 
jeses, Selys. 
ruliloides, Selys, Valenc. 


pallens, "rom 


Sous-cENRE IV, SQUALIUS, Bonap. 


Bouche terminale ou subinférieure, nageoire dorsale 
naissant au-dessus des ventrales. Dents pharyngiennes 
crochues au sommet, pectinées ou non, sur deux rangs : 
5,5-5,5 (Fatio). 

Bonaparte divise encore ce groupe, appelant celui du 
Chevaine Squalius, et appliquant le nom de Leuciscus 
(Sensi strictiori) à la vandoise (C. leuciscus L.). 


( 1060 > 


25, Leuciscus cephalus, L. — Meunier chevaine. 
D. 10-11. A. 10-1 t. Super. VII. Infer. IV. Later. 45 
En wallon Gvenne (Givenne, Gggg.) et Mouni. — En flamand Schieter, 


L. »osura, Cuv. -- F., belge, n° 24. 


Trés commun dans la Meuse et ses affluents, mais pas 
dans les eaux dormautes ni les étangs; aussi dans les 
affluents supérieurs du bassin de l'Escaut, du Démer etc. 

J'ai adopté maintenant le nom de cephalus, parce que 
c’est bien l'espéce de Linné, au dire des naturalistes suédois, 
tandis que son C. dobula est synonyme de son C. leuciscus 
(la vandoise). 

Suivant Siebold et les auteurs récents, il faut réunir au 
cephalus 


L. idus, Bloch (excl. synon.). 
dobula, Cuvier, Ag., Bp., Selys. 
jeses, Jurine. 
frigidus, Valenc. 
latifrons, Nilss. 
chlatratus, Blanch. 
meridionalis, Blanch. 


26. Leuciscus grislagine, L. — Meunier vandoise. 
D. 10-11. A. 1t. Super. VIII-IX. Infer. IV. Later. 51-55. 
En wallon Raiion et Raignon. — En flamand Witvisch 
L. ancenraus, Ag., Selys, F. belge, n° 25. 

Commun dans les riviéres d'eau vive et limpide comme 
l'Ouríhe, l'Ambléve, et aussi dans la Meuse et certains 
affluents supérieurs de l'Escaut. Rare dans le Démer. 

L'espéce est assez variable d'apparence. J'avais cru 


( 1061 ) 
d'abord y distinguer deux races, trouvant des exemplaires 
à bouche plus étroite, à corps plus comprimé et ayant en 
général moins d'écailles en hauteur (7 rangs supérieurs au 
lieu de 8), mais je n'ai pu constater de ligne de démarea- 
tion. 

Les noms de Linné ayant la priorité, j'adopte celui de 
grislagine. Dobula du méme auteur y appartient égale- 
ment parait-il, mais il a l'inconvénient d'avoir été géné- 
ralement attribué au cephalus. Quant à la dénomination 
d'argenteus Ag., il faut bien y renoncer comme étant plus 
récente. 

A cette espèce les auteurs rapportent : 


L. Lancastriensis, Yarrell. 


; AS. 
burdigalensis, Blanch. 
lepusculus, Heckel. 
chalybœus, Heckel. 
Bearnensis, Blanch. 


GENRE : PHOXINUS, Ag. — Véron. 
Ajouter aux caractéres : ligne latérale incompléte; dents 
phar$ngiennes un peu crochues an sommet, non pectinées ; 
sur deux rangs: 2,5-4,2 ou 2,4-4,2 (Fatio). 


27, Phoxinus levis, Ag. — Véron lisse. 
A. 10. A. 10. Super. XVII. Infer. XIV. Later. environ 88. 
En wallon Grevi, 
Trés commun dans la Meuse, l'Ourthe et les ruisseaux 
des Ardennes. Je l'ai vu également dans les flaques d'eau 
des tourbiéres aux environs de Bastogne. 


TREES 


( 1062 ) 
A Liège, dans la Meuse, il se plait au débouché des 
égouts. 


GENRE : CHONDROSTOMA, Ag. — Chondrostome. 


Ajouter aux caractères : dents pharyngiennes en couteau 
plus au moins effilé; sur un seul rang, variables en nombre: 
5-6; 7-7; ou 6-5 (Fatio). 


28. Chondrostoma nasus, — Chondrostome nase. 
D. 12-15. A. 13-14. Super. IX. Infer. VI. Later. 60-66. 
En wallon Hotiche (le jeune, Balowe, Gggg.). — En flamand Neusvisch. 


Excessivement commun au mois de mai dans la Meuse, 
l'Ourthe et autres affluents de la Meuse à fond pierreux; 
moins fréquent pendant les autres saisons. 


VARIÉTÉ : Chondrostoma auratus, Schäfer (Mosel Fauna). 


Corps brun-doré, ventre plus clair; écailles bordées de 
blanc argenté. 

Un autre exemplaire, signalé par M. de la Fontaire, est 
analogue, mais il y a 15 rayons à la dorsale et à l'anale et 
67 écailles sur la ligne latérale. 

M. de la Fontaine dit que les pécheurs luxembourgeois 
donnent le nom de Goldmakrele à cette aberration, que l'on 
trouve quelquefois dans la Moselle et son affluent, la Sure. 


( 1063 ) 


Famire Il. — SALMONIDES. 
GENRE : COREGONUS, Artedi. — Corégone. 
29. Coregonus oxyrhynchus, L. — €Corégone oxyrhynque 
Satwo Lavarsrus, Bloch. 
En flamand Houting. 


Habite avec l'Éperlan l'embouchure de l'Escaut et les 
eaux saumâtres du canal de Terneuzen. 

Il remonte accidentellement la Meuse. M. le professeur 
Édouard Van Beneden en a reçu un individu de taille rela- 
tivement grande, péché non loin de Liége. Ceux que j'ai 
recueillis au marché de Bruxelles se trouvaient mélés iso- 
lément dans les paniers d'Éperlans, avec quelques Gaste- 
rosteus aculeatus type, qui habite aussi les eaux sau- 
mátres. 

Les autres espéces de Corégones habitent, au contraire, 
les laes profonds de la Suisse et du Nord. 


GENRE : THYMALLUS, Cuv. — Ombre. 
'50. Thymallus vulgaris, Nilss, — Ombre commune. 
En wallon Ombe. 


Se trouve dans quelques cours d'eau de l'Ardenne et du 
Condroz, tels que l'Ambléve, l'Aisne, affluents de l'Ourthe; 
l'Eau Noire, à Saint-Hubert, dépendant de la Lesse; le 
ruisseau d'Hamois, affluent du Bocq. Accidentellement 
dans la Meuse et dans l'Ourthe. 

Le chaulage des terres est considéré comme principale 
cause de sa diminution et de son extinction partielle. 


* 


( 4064 ) 


N.-B. C'est par une fàcheuse distraction que, dans la 
Faune belge, en adoptant pour ce poisscn le nom spéci- 
fique vexillifer, proposé par Agassiz, je l'ai traduit en 
francais comme O. chevalier. 

Le poisson nommé en francais Omble chevalier est du 
genre Saumon (Salmo umbla L. et Salmo salvelinus, id.). 
Il n'existe pas en Belgique, mais se rencontre accidentelle- 
ment dans la Moselle, descendant des lacs des Vosges. En 
ce moment, on essaie de l'aeclimater dans le nouveau lac 
formé par le barrage de la Gileppe. 


GENRE : OSMERUS, Artedi. — Éperlan. 
51 £perlan ordinaire. — Osmerus eperlanus, L. 
Commun à l'embouchure de l'Escaut, qu'il remonte en 
automne pour frayer parfois en amont d'Anvers. M. Van 
Beneden (père) cite Rumpst comme le lieu de la pêche 
principale de cet excellent petit poisson. 


GENRE : SALMO, L. — Salmone. 
On a voulu subdiviser le genre Salmo en autant de 
genres que nous possédons d'espèces, sur de légères diffé- 
rences dans la disposition des dents vomériennes. Il m'est 


impossible de me rallier à ce système. 


32. Salmo salar, L — Salmone saumon, 
En wallon Sámon, le jeune âge, Ailon et Spiterai (Gggg., 
en ancien liégeois, Ancrawe (Gggg.). — En flamand Zalm., 
Remonte réguliérement et en assez grand nombre la 
Meuse en automne, pour aller frayer dans ses affluents à 
fond pierreux, jusque dans l'Ardenne, lorsque les moulins 
à eau ne l'en empéchent pas. 


( 1065 ) 

Le nombre des saumons a singulièrement diminué 
depuis l'établissement des barrages et la canalisation d'une 
partie de la Meuse. On s'occupe de l'établissement d'échelles 
à saumons aux barrages, pour obvier à ce grave préjudice 
causé à une péche qui était fort lucrative. Il est trés rare 
que le saumon remonte l'Escaut. 

Ceux que les mœurs du saumon intéressent trouveront 
tous les renseignements voulus dans le livre de M. Gens 
sur la pisciculture (voir les notes bibliographiques). 


Note. Salmo trutta, L. Siebold. — Salmone saumonée, 
Vulgairement Truite de mer, Truite saumonée. 


Sarwo argenteus, Valenciennes, 
Sazmo LacustRis et Samo TRUTTA, L. 

Une grande confusion existe relativement à divers pois- 
sons appelés vulgairement Truites saumonées. 

Il est encore très douteux si le S. rutta qui habite la 
mer et remonte les riviéres pour frayer se rencontre dans 
la Meuse. C'est possible, mais ce n'est pas bien constaté. 
On le confond peut-être avec le saumon à l'époque (fin 
automne) où la chair de celui-ci est trés pâle. 

Le poisson que les pécheurs de nos ruisseaux appellent 
Truite saumonée est tout bonnement la truite ordinaire, 
mais à chair un peu jaunâtre ou rose. On ne connait pas 
bien la cause de cette coloration, qui n'est pas rare et qui 
S'observe chez des individus pris au milieu de cenx à chair 
blanche, dont ils ne diffèrent nullement sous d'autres 
rapports Ilestà remarquer d'ailleurs que M. Van Bemmelen 
ne l'admet pas parmi les poissons des cótes de Hollande. . 


( 1066 ) 


55. Salmo fario, L. — Salmone truite, 
En wallon Treutte. 

Espèce commune autrefois dans tous nos cours d’eau à 
fond pierreux du bassin de la Meuse. 

Aujourd'hui elle a tout à fait disparu de la Vesdre 
à cause de l'empoisonnement de l'eau par les fabriques 
de Verviers; elle a été chassée de la Sambre de la même 
manière; mais elle existe encore dans différents ruisseaux 
de la rive droite de la Meuse, notamment dans la Berwinne, 
l'Ourthe, l'Ambléve, le Bocq, la Lesse, la Semois et d'autres 
cours d'eau du Luxembourg. 

On. connaît des variétés obscures (S. sylvaticus) et 
d’autres pâles. 

Pour des détails sur cette espèce, je renvoie également 
à l'ouvrage de M. Gens sur la pisciculture. 


Fazze I. — CLUPÉIDES. 
GENRE : ALOSA, Cuv. — Alose. 
54. Alosa vulgaris, Cuv, — Alose commune. 


En wallon Aloïe et Abeye, à Namur, Oubie, — En flamand Elfte. 


Remonte la Meuse en grand nombre du 10 avril au 
commencement de mai. Elle était fort commune à Liège 
à cette époque avant l'établissement des barrages et arrivail 
jusqu'à Huy, parfois jusqu'à Namur. Comme elle ne peut 
plus franchir ces obstacles, on ne la péche plus qu'eu des- 
sous du barrage de Visé, et bon nombre de celles qui se 
vendent à Liège proviennent de la Meuse hollandaise. Elle 
se trouve aussi dans le bas Escaut. 


$ t 


( 4067 ) 


55. Alosa finta, Cuv. — Alose finte. 
En flamand Meyvisch (Schot à la Panne). 


Très commune dans l'Escaut qu'elle remonte dans le 
mois de mai, un peu plus tard que l'alose commune; 
M. Van Beneden constate que l'on en prend aussi à la côte 
et dans l'arriére port d'Ostende, et que les petits poissons 
connus à Ostende sous le nom de Scardegnes, que l'on 
prend en abondance à l'estacade du port, ne paraissent étre 
en général que des jeunes de cette espéce. 

Il la signale aussi dans la Meuse, probablement dans la 
basse Meuse; car les péchenrs à Liége ne connaissaient 
qu'une sorte d'alose. 

Comme le dit le professeur Blanchard, Cuvier, le pre- 
mier, distingua la finte qui se caractérise par sa forme 
plus allongée, ses dents plus fortes aux deux mâchoires, 
et cinq ou six taches noires le long des flancs. M. Blan- 
chard appuie avec raison la séparation d’après l'observa- 
tion de M. Troschel, professeur à Bonn, qui reconnut que 
chez la finte les ares branchiaux portent un nombre de 
lamelles bien moins considérable, 39 à 43 chez les deux 
premiers, 55 à 34 sur le troisième, 23 à 27 sur le qua- 
trième ; tandis que chez l'alose commune il y en a 99 à 
118 sur le premier are, 96 à 112 sur le deuxième, 74 à 88 
sur le troisième, enfin 56 à 65 sur le quatrième. 


( 1068 : 


Zi 


Famnze IV. — ÉSOCIDES. 
GENRE : ESOX, L. — Brochet. 
56. Esox lucius, L. — Brochet commun. 
En wallon Béchet, — En flamand Snoek. 


Se trouve dans les rivières et les étangs de toute la 
Belgique. 


Famire V. — MURÉNIDES. 
GENRE : ANGUILLA, Cuv. — Anguille. 
57. Anguilla vulgaris, Cuv. — Anguille commune, 


En wallon Aweïe, — En flamand Paling et Aal. 


Commune dans toutes les eaux, également sur la cóte 
et à l'embouchure de l'Escaut. 

On eroit généralement que la reproduction n'a lieu que 
dans l'eau salée ou saumátre, oü descendent à la fin de 
l'automne beaucoup d'anguilles; cependant, M. le profes- 
seur Van Beneden pense qu'elles se reproduisent égale- 
ment dans l'eau douce, qu'elles sont ovovivipares et 
déposent leurs jeunes dans une espéce de nid au milieu de 
la vase. 

Je n'ai pas connaissance toutefois qu'on ait jamais 
trouvé dans nos étangs ni dans nos riviéres supérieures 
ces filaments si petits qu'on appelle la montée, qui sont de 
très jeunes anguilles et qui se voient par myriades au 
printemps à l'embouchure des fleuves dans les eaux 
saumâtres. 

Dans des étangs sans issue où l’on place de jeunes 


( 1069 ) 
anguilles, elles y prospérent et deviennent énormes, mais 
ne produisent pas. Dans ceux qui ont une communication 
avec une riviére ou un ruisseau, de jeunes anguilles ont 
l'instinet de pénétrer, mais toujours aprés avoir atteint 
une certaine taille, au moins celle de la petite lamproie. 

Dans la Faune j'ai admis comme espèces les trois formes 
acutirostris, mediorostris et latirostris, démembrées de la 
vulgaris par Yarrell. On a méme poussé plus loin encore 
la subdivision en espéces. 

Mais des intermédiaires existent dans la forme apparente 
de la téte et des máchoires, de sorte que Siebold ne recon- 
nail qu'une seule espèce; Günther en admet deux : la 
vulgaris (acutirostris) et la latirostris, s'appuyant princi- 
palement sur la situation du commencement de la nageoire 
anale et sur le développement des lévres. 

Je ne me permets pas d'émettre une opinion entre ces 
deux grandes autorités. 


ORDRE IV. — GANOIDES. 
Fame : ACIPENSERIDES. 


GENRE : ACIPENSER, B. — Esturgeon. 


58. Acipenser sturio, L. — Esturgeon ordinaire. 


Commun à l'embouchure de l'Escaut et de la Meuse, 
qu'il remonte au printemps, assez souvent jusqu'à Liège 
et quelquefois plus haut. 

N. B. Rien n'est venu confirmer l'apparition d'une 
seconde espèce, que feu le D" Constant Van Haesendonck 
pensait avoir vue à Anvers, et que j'avais d'abord soup- 
conné pouvoir se rapporter à lA. latirostris de Yarrell et 
Parnell. 


( 1070 ) 


Note. 


Aucun poisson de l'ordre des Plagiostomes n'habite les 
eaux douces de la Belgique. Cependant, M. le professeur 
Édouard Van Beneden a constaté à Liége méme la capture 
d'un jeune individu de la Raie bouclée (Raïa clavata, L.). 

C'est un fait accidentel fort curieux. 


ORDRE V. — CYCLOSTOMES. 


Fauinue: PETROMYZONIDES. 
GENRE : PETROWYZON, L. — Lanproie. 
59. Petromyzon marinus, L. — Lamproie de mer. 
En flamand Zeelamprey. 

C’est un poisson de mer qui remonte assez souvent 
l'Eseaut et méme la Meuse belge en avril et mai. M. Van 
Beneden mentionne qu'on l'a pris aussi dans le Démer; 
M. Van Bambeke m'indique qu'on l'a trouvé accidentel- 
lement dans la Lys. 

Le jeune àge est encore inconnu. 


40. Petromyzon fluviatilis, L. — Lamproie de rivière. 
En wallon Amproie, — En flamand Ragenoog. 


Se trouve dans la Meuse, l'Ourthe, l'Escaut et quelques- 
uns de leurs affluents. Peu commune. Rare dans le Démer. 
On ne connait pas le jeune âge. 


CHA > 


. N. B. — M. le professeur P.-J. Van Beneden (Bullet. 
Acad. Belg., 1875, M, p. 549, fig. 1-5) a décrit une espèce 
nouvelle de Lamproie qu'il a dédiée a feu M. d'Omalius, 
sous le nom de Petromyzon Omalii. Elle est commune, 
dit-il, entre Nieuport etla Panne, et feu M. Eug. Coemans 
l'a vue à Blankenberghe. Les pécheurs de crevettes la 
prennent communément dans leurs filets. M. Malm l'a 
trouvée en Norwége. 

Cette forme, qui n'a pas encore été observée dans les 
eaux douces, est voisine de la fluviatilis. M. Günther pré- 
tend méme qu'elle n'en est pas spécifiquement distincte. 
Les pécheurs belges la nomment en flamand Lamprey, 
et Prikkel. 

Dans ses additions à la faune ichtyologique de nos 
cótes (Bullet. Acad., 1885), M. le professeur Édouard Van 
Beneden fils dit, à propos de l'opinion de Günther et 
d'autres ichtyologistes : « J'hésite beaucoup à croire que 
ces doutes (sur la validité de l'espéce) soient fondés. 
e P. Omalii a un tout autre facies que le fluviatilis. 
Il a le corps comprimé transversalement; il a du côté 
du ventre et des flancs des reflets argentés trés accusés; 
la téte est comprimée et beaucoup plus petite que chez 
le flnviatilis. La bouche a une autre forme et une autre 
position; les papilles labiales sont trés différentes. » 
Il donne ensuite des renseignements sur la taille, qui varie 
de 13 à 59 centimétres, et sur les organes sexuels qui, chez 
le plus grand, n'étaient encore qu'au tiers de leur dévelop- 
pement, de sorte que chez cette espèce (si elle subit une 
métamorphose) l'adulte continuerait à s'accroitre. L'intes- 
tin est aussi trés large, tandis qu'il est trés gréle chez le 
fluviatilis. 


g 


v w v Y y Ww 


( 1072 ) 

M. Édouard Van Beneden étant un excellent observa- 
teur, je suis fortement porté à croire à la validité de l’es- 
pèce, qui assez probablement sera observée plus tard dans 
le bas Escaut, ce qui lui donnerait droit à figurer parmi nos 
poissons de rivière. 


41. Petromyzon branchialis, L. — Lamproie branchiale. 
En wallon Trawpire (Troue pierre). 
Psrromyzon Praneni, Bloch., Selys, F. belge, no 52 (Adulte). 
ÅMMOCÆTES BRANCHIALIS, L. Selys, F. belge, n° 53 (Larve). 

Habite la Meuse et une partie de ses affluents; je lai 
trouvée jusqu'aux environs de Virton dans les eaux cou- 
rantes. Commune dans le Bocq. Également dans certains 
affluents de l’Escaut, Dyle, Démer. Pas encore observée 
dans la Lys. 

L'adulte s'attache aux pierres, surtout à celles des bar- 
rages el des vannes, en s'y fixant par sa bouche formant 
ventouse à la manière des sangsues. 

La larve, dontla bouche a une toute autre conformation, 
a été décrite par Linné sous le nom de P. branchialis, 
nom spécifique qui a la priorité sur celui de Planeri, Bloch. 
Duméril a constitué pour cette larve le genre Ammocetes. 
C'est à M. Aug. Müller que l'on doit la découverte inatten- 
due de la métamorphose étonnante que subit cette espèce 
et qui a lieu sans doute aussi chez les autres Petromyzon. 
Cette larve ressemble à un ver de terre et se tient dans la 
vase pendant deux ou trois ans, puis la métamorphose 
s'accomplit en peu de temps. L'adulte transformé fait sa 
ponte et meurt probablement bientót aprés. 

Dés 1808 (dans le Journal de physique, de chimie et 
d'histoire naturelle de Paris, page 549), M. d'Omalius 
d'Halloy a publié un mémoire sur la Planeri et la bran- 


( 1073 ) 
chialis, dont il avait observé les mœurs dans le Bocq à 
Halloy. Il fit connaitre la grande différence dans les formes 
et les habitudes de ces deux espèces nominales, dont on 
n'a constaté que cinquante ans aprés l'identité spécifique, 
par la découverte de ce genre de métamorphose, unique 
jusqu'ici parmi les poissons. 


HT. 


CYPRINIDES HYBRIDES. 
A. Cyprinus carpio, L. x Cyprinopsis carassius, L. 
D. 23. A. 8-9. Super. VII-VIII. Infer. VI. Later. 56. 


YrniNUs Korranir, Heckel, Blanchar 
- srüiaTUS, Holandre; Selys, F. i n° 15, pl. IX. 
Jà € 


Canasso-Cypnixu RE em Fatio. 
Vulgairement, Carpe blanche ou bâtardée. — En wallon, Moldusse (Gggg.j 
Ces hybrides sont assez communs dans les étangs oü se 
trouvent ensemble le C. carpio et le C. carassius. 
Leur dos est moins élevé lorsqu'ils proviennent de la 
race gibelio du carassius. Tel est l'exemplaire que j'ai 
figuré dans la Faune belge sous le nom de striatus 
olandre. 
Le C. Sieboldii, Heckel, provient de la variété rex cypri- 
norum du C. carpio. 
Les barbillons sont excessivement courts. L'une des 
deux paires est parfois tout à fait atrophiée. 
Valenciennes et Blanchard n'ont pas eru à l'hybridité. 


Heckel forme un genre spécial pour cet hybride, sous le 
nom de Carpio. 


Ó"* sÉRIE, TOME XIV. 11 


( 4074 ) 


B. Cyprinus Carpio, L. x Cyprinopsis auratus, L. 


J'ai vu ce produit dans un étang, à Hontaine (province 
de Namur), chez M. le baron d'Huart. 

Il atteint une taille plus forte que le poisson rouge de 
la Chine (C. auratus). Il possède de petits barbillons. 
Sa cóloration est d'un brun doré plus rougeátre que la 
carpe. 

M. Géhin l'a également observé. 

C'est ici le lieu de noter que le Cyprinopsis auratus, L. 
s’acclimate facilement dans nos étangs, et se multiplie 
abondamment surtout dans les bassins dont l'eau à une 
température assez élevée. Je n'ai pas numéroté cette 
espéce parmi celles de notre Faune, parcequ'elle a été 
importée de la Chine et n'existe pas à l'état spontané dans 
nos cours d'eau. 


C. Cyprinus Carpio, L. x Tinca Chrysitis, Agassiz. 

M. Émile Gens (dans son rapport sur l'Exposition de 
Berlin en 1880) en a vu des exemplaires produits artificiel- 
lement chez M. Robert Echardt, à son établissement de 
pisciculture de Lubhinchen, prés de Guben. 


N.-B. Pas encore observé en Belgique. 


D. Abramis brama, L. x Leuciseus erythropthalmus, L. 
D. 15, A, 20-21. Super. X-XI. Infer. V. Later. 48. 


Bleuàtre en dessus, blanchâtre sur les côtés et en 
dessous. Dorsale gris clair; lobes de la caudale mélés 
d'ocracé au bout; anale gris pâle, un peu ocracée au bord 
basal, ainsi que les ventrales. Pectorales un peu olivàtres. 


( 1075 ) 

Museau peu renflé, mâchoires égales, la bouche fendue 
vers le bas comme chez l'erythrophthalmus. OEil blanc 
jaunâtre clair, avec une tache supérieure foncée, compris 
deux fois entre son bord postérieur et celui de l'opercule. 
Corps modérément MODE Dos peu tranchant; sa crête 
bien garnie d'écailles. 

La position de la nageoire dorsale rappelle l'erythroph- 
thalmus, étant plus en arrière que chez l'hybride de brama 
avec rutilus, dont il diffère encore par la tête plus courte, 
l'œil plus grand et les deux mâchoires égales. 

J'en ai observé quelques exemplaires dans l'étang à 
Longchamps-sur-Geer, depuis que j'y ai introduit lA. 


brama. ^ 


E. Abramis brama. x Leuciseüs rutilus, L. 
D. 12-15. A. 18-20. Super. X (rarement XI\. Infer. V. Later. 48-53. 


Asrams Leucxarri, Heck. Vanlen 

A. Hzcksrr, Selys, F. belge, n° 55, LAN 

Cyrrus Buccennaent, Bloch. Valence. MNA 
Asnaurporsis Leucxarri, Siebold. 

Leucisco-asnams RUTILO- BRAMA, Fatio. 


Se rencontre assez souvent dans nos rivières et nos 
étangs. En 1849, je l'ai décrit comme espèce nouvelle sur 
l'avis de Heckel, qui le croyait distinct de son Leuckarti, 
parce qu'il lui trouvait le corps plus svelte, le dos moins 
arqué et le nez plus charnu. 

Maintenant on sait que l’un et l’autre ne sont que des 
croisements de brama et de rutilus. I a paru dans mon 
étang, à Longchamps-sur-Geer, peu d'années après l'intro- 
duction du brama. Il faut ajouter comme un des caractères 
propres à le distinguer de brama, l'absence de ligne 
dénudée sur le dos. 


( 1076 ) 


? F. Abramis brama, L. x Aspius alburnus, L. 


M. Géhin parle d'un poisson que les pêcheurs de la 
Moselle appellent Ablette-bréme qui, selon eux, n'est 
qu'un métis de l'alburnus et du brama et qui serait beau- 
coup plus haute que l'alburnus. Elle atteindrait, selon 
Holandre, 6 pouces sur une hauteur de 1 pouce 4 lignes. 
On la péche souvent dans les fossés de Metz et dans la 
Moselle. Il ajoute qu'elle doit être identique avec mon 
alburnoide. En cela il y a erreur, la race que j'ai nommée 
ainsi n'ayant pas le corps notablement plus élevé que le 
type. 

Ciest probablement un hybride, comme le pensent les 
pêcheurs. 


G. Abramis bjorkna, L x Leuciscus erythrophthalmus, L. 
D. 11. A. 19 (20). Super. VIII, Infer. V. Later. 44. 


ABRAMIS ABRAMORUTILUS p Holandre. 
Buiccorsis ABRAMORUTILUS, . 
Briccorsis eRYrHRoPHTHALMOIDES, Jäekel. 
ABRAMIS CENOMANENSIS, Anjubault (in litteris). 
SCARDO-BLICCA ERYTHRO-BJORENA, 


Apparence du Leuciscus erythrophthalmus, mais le rouge 
des nageoires ventrales et pectorales terne. Museau pointu 
(non renflé comme chez le bjorknaæt le rutilus). Màchoires 
égales, houche penchée en bas. OEil grand, blanc jaunètre. 

Nageoire dorsale commençant un peu après le niveau 
des ventrales. Dorsale et anale enfumées, les pectorales 
gris pâle, ventrales et anale rougeátre terne; cette dernière 
fort pointillée de noiràtre, surtout à sa base. La ligne 
médiane du dos et la caréne ventrale couvertes par les 
écailles. Dents pharyngiennes sur deux rangs, pectinées 


( 1077 ) 
ou denticulées, moins fortement que chez l'erythroph- 
thalmus. 

J'ai recueilli quelques individus au marché de Bruxelles. 
Feu M. Anjubault, du Mans, m'en a adressé des exem- 
plaires de la Sarthe. C'était un observateur excellent 
qui avait parfaitement distingué (mais comme espèces 
distinctes) les hybrides marqués E, G, H de cette notice. 
En 1855 il publia les poissons qu'il connaissait alors, dans 
le département de la Sarthe. 


H. Abramis bjorkna, L. x Leuciscus rutilus, L. 
D. 11. A. 18. Super. VIII, Infer. V. Later. 45-46. 


ABRAMIS ABRAMORUTILUS, Holandre (Pars), Blanchard. 
A. Buccennacn, Selys, F. belge, n° 54 (nec Bloch.) 
Brıccorsis asramoruTiLus, Siebold., 

Lxvcisco-Bricca nvriLo BJIoRENA, Fatio, 


Ressemble beaucoup à l'hybride de Bjorkna et d'ery- 
throphthalmus, mais ee dernier a la mâchoire inférieure 
un peu plus longue que la supérieure, le museau moins 
obtus et la nageoire dorsale placée plus en arriére; enfin 
les dents pharyngiennes sur deux rangs et bien pectinées. 
Ici, au contraire, elles sont sur un rang ou deux rangs 
selon les individus, d'aprés Fatio; les principales un peu 
crochues avec un sillon médian et peu ou pas pectinées. 

Selon M. Fatio, cet hybride et le précédent ont été 
confondus par Holandre et même par Siebold. 

J'en ai rencontré quelques exemplaires au marché de 
Bruxelles. 


( 1078 ) 


I. Abramis Bjorkna, L. x Aspius alburnus, L. 
D. 11. A. 22. Super. VIII. Infer. IV. Later. 47. 


Brıccorsıs aLsurNiFoRmIS, Siebold, page 108. 


M. le professeur von Siebold mentionne un poisson 
dont il trouva un exemplaire au marché de Kænigsberg 
en septembre 1860. Il lui sembla intermédiaire entre 
bjorkna et alburnus. Il était long de 5 !/, pouces sur 
4 1/, de haut. Il le désigne dans cette note sous le nom de 
Bliccopsis alburniformis. La direction de la bouche est 
ascendante sans aucune échancrure à la mâchoire supé- 
rieure et sans renflement au menton. Le corps ramassé 
parait trés comprimé. Le dos n'a pas de créte nue, tandis 
que la caréne ventrale montre une raie sans écailles. 

Les dents pharyngiennes dans la formule 2,5 — 5,2 de 
méme que le nombre des écailles rappellent l'hybride 
entre bjorkna et rutilus, tandis que les rayons des nageoires 
dorsale et anale, comme le profil aprés la nageoire posté- 
rieure, le rapprochent de l'alburnus. 


J. Leuciscus erythrophthalmus, L. x Leuciscus rutilus, L. 
D. 15 (52-10). A. 12 (24-10). Super. VIII, Infer. IV. Later. 45. 


ScanpiNopsis anceps, Jäek 
ScARDINOPSIS AMPHIGENUS, ii: Congres de Chartres, 1869. 


^ L Lzvcisco SCABDINIUS R P Fati 


Différe extérieurement de rutilus par le corps plus com- 
primé, la bouche assez ascendante (moins que chez l'ery- 
throphthalmus) et la dorsale commençant deux écailles 
plus loin que le niveau des ventrales. J'ai rencontré ces 
exemplaires dans l'étang à Longchamps-sur-Geer, produits 
par le croisement de l'erythrophthalmus avec la race 


$ 


[1079 
Selysii du rutilus. Comme coloration ils différent de cette 
race par les nageoires ventrales et anale rouge vif (orangé 
chez le Selysii), le dos verdâtre, l’œil jaune vif. C'est ce 
croisement que j'ai signalé sous le nom d'amphigenus. 
(Congrés de Chartres.) 

J'ai trouvé aussi un exemplaire qui se rapprochait 
davantage de l'erythrophthalmus par la dorsale de onze 
rayons seulement, mais reconnaissable toujours par cette 
dorsale placée moins en arrière. 

M. Jàckel, qui a étudié avec soin cet byki, dit que les 
dents pharyngiennes sont variables, étant parfois sur un 
rang, d'autres fois sur deux rangs; les principales sont plus 
gréles que chez le rutilus; leur couronne généralement 
pincée et pectinée. 

Ses exemplaires n'ont que onze rayons à l'anale, sept 
rangs supérieurs d'écailles et quarante à quarante-deux 
à la ligne latérale. Les nageoires ventrales et anale jaune 
rougeâtre. [ls proviennent du rutilustypeet de lerythroph- 
thalmus; c'est ceux-là auxquels il a donné le nom 
d'anceps. 


K. Leuciseus erythrophthalmus, L. x Aspius alburnus, L. 

D, 11. A. 17-18. Super. VIII Infer. IV. Later. 45-46. 

Leuciscus Rosenmaver, Jäckel. 
ScarDo-ALBURNUS ERYTHRO-LUcIDUS, Fatio. 

Bouche ascendante,à màchoire inférieure fort redressée, 
plus longue que la supérieure, qui est un peu échancrée. 
Yeux assez grands, blanc verdàtre avec une tache supé- 
rieure foncée; tout l'iris pointillé d'obscur ainsi que 
l'opereule et l'espace entre les écailles (peut-étre effet de 
la saison printaniére). 

Dessus du corps verdâtre, les côtés et le dessous blanc 


( 1080 ) 
assez argenté. Dorsale et caudale olivàtres; pectorales plus 
pàles; ventrales à peine ocracées; anale notablement 
jaune orangé à son bord ventral et dans sa première 
moitié. La dorsale commençant 3-4 écailles plus loin que 
les ventrales. 

Cet hybride est impossible à confondre avec la van- 
doise (Leuc. grislagine) dont il a assez la stature, si l'on 
considère sa bouche ascendante à mâchoire inférieure plus 
longue que la supérieure, son corps plus comprimé et les 
rayons nombreux de la nageoire anale (17-18 au lieu 
de 11). | 

Distinete de l'hybride dolabratus par ce grand nombre 
de rayons à l'anale, de l'idus par ce méme caractère la 
bouche ascendante et le petit nombre d'écailles de la ligne 
latérale. 

Je n'ai rencontré que trois exemplaires de ce rare croi- 
sement. C'était au printemps, au marché de Bruxelles. 


L. Leuciscus cephalus, L. x Aspius alburnus, L. 
D. 11. A. 14. Super. VIII. Infer. IV. Later. 44-45. 


Levciscus pocasrarus, Holandre ; Selys, F. belge, n° 25, pl. 5. 
ArsunNUs porasnaíTUs, Siebold, Blanchard. 

ALBURNUS DOBULOIDES, Günther. 

Sovario -ALBURNUS CEPHALO-LUCIDUS, Fatio. 

Ressemble beaucoup à l'Aspius alburnus, mais s'en dis- 
tingue bien par la máchoire inférieure ne dépassant pas la 
supérieure, et la nageoire anale plus courte (14 rayons au 
lieu de 19-21). 

Signalé d'abord par Holandre dans la Moselle et ses 
affluents. 


( 1081 ) 


M. Leuciseus grislagine, Ag. x Aspius alburnus, L. 
Squaricis Axivsavrri, Selys, Congrès scient. de Chartres, 1869, page 113. 

Feu M. Anjubault, naturaliste trés distingué du Mans, 
auteur d'une Revue des poissons de la Sarthe m'a envoyé 
en 1860 différents poissons de cette riviére parmi lesquels 
il avait déterminé les hybrides dolabratus (du cephalus et 
de l'alburnus). 

Le professeur Siebold les ayant examinés chez moi, 
en 1867, a reconnu que l'un d'eux y appartenait en effet; 
mais qu'un autre, par le diamétre de la téte et la bouche 
plus étroite, ainsi que par la forme des nageoires anale 
et dorsale, appartenait à un croisement non encore décrit 
entre le L. grislagine et l'alburnus; c'est pourquoi je l'ai 
signalé au Congrès scientifique de Chartres en 1869 en le 
dédiant à M. Anjubault. 

D'aprés le systéme de nomenclature de M. Fatio, on 
devrait le nommer Squalio-Alburnus leucisco-lucidus. 


N. Chondrostoma nasus, L. x Leuciscus cephalus, L. 

D. 11-12, A. 12, Super. VII-IX. Infer. III-IV. Later. 52. 

SQUALIO-CHONDROSTOMA cePHALO-NASUS, Fatio, pages 706 à 723. 

Cet hybride n'a pas encore été observé en Belgique, 
mais il est presque certain qu'il doit s'y produire, car les 
deux espéces parentes sont communes dans la Meuse, 
et, d'aprés les renseignements fournis à M. Fatio, il n'est 
pas trés rare dans le haut Rhin, à Bâle. Cet auteur a donné 
de longues et judicieuses descriptions de trois individus, 
un peu différents les uns des autres, qu'il a examinés. 
Je ne puis mieux faire que de renvoyer à son ouvrage 
pour les détails. 

Qu'il me suffise de dire que le museau et la bouche sont 
plus ou moins intermédiaires, se rapprochant cependant 


( 4082 ) 
davantage de ceux du nasus. ll en est de méme du nombre 
des rayons des nageoires dorsale et anale. Les rangées 
d'écailles sont dans le méme cas, et le nombre pour 
la ligne latérale est franchement intermédiaire ; 45 chez 
le cephalus. — 52 chez l'hybride. — 60 chez le nasus. 


D'autres hybrides sont encore mentionnés parmi les 
Cyprinides européennes, notamment par MM. Siebold, 
Günther et Fatio dans leurs ouvrages respectifs; mais 
comme les espéces dont ils sont issus ne se trouvent pas 
en Belgique, ce n'est pas le lieu d'en donner le signalement. 
L'un des mieux connus est le croisement du nasus et du 
Leuciscus Agassizii. ll a été décrit comme espéce par 
Agassiz sous le nom de Chondrostoma rysela. 

Günther décrit encore : 

Alburnus Alborella. X Leuciscus aula, 

A. alborella. x L. ukliva. 

Chondrostoma polylepis. X Barbus Bocagei. 
Ch. polylepis. X Leuciscus Arcasii. 

Ch. Miegii. x Barbus Graellsii. 


L'Abramis erythropterus, Agassiz, décrit par Valen- 
ciennes, d’après un dessin, est probablement, selon Fatio, 
un hybride d'un Abr. Bjorkna avec un autre genre de 
Cyprinide. Sa formule est celle-ci : 


D. 10. A. 15. Super. VI. Infer. VI. Later. 40. 


Mais si le nombre des rangées d'écailles figurées sur le 
dessin est exact, il serait absolument insolite en tant 
qu'Abramis. Je dois croire que le dessinateur s'est trompé; 
je suis porté à penser que le dessin est inexact et que le 
prétendu Abr. erythropterus est une simple variété de 
l'erythrophthalmus. Le nombre de rayons me semble 
Pindiquer. 


QUELQUES NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 


ll est à propos, pour terminer cette revision, de fournir 
quelques renseignements sur différents ouvrages, mémoires 
Ou notices, que j'ai eu à consulter relativement aux pois- 
sons d'eau douce qui se trouvent en Belgique; en com- 
mençant par ceux qui ont été écrits et publiés chez nous. 

Je parlerai ensuite de plusieurs publications relatives 
aux poissons du Bassin de la Moselle, dont certains 
affluents prennent leur source dans nos Ardennes; puis de 
la Hollande, vers laquelle nos deux fleuves, la Meuse et 
l'Escaut, se dirigent. 

Enfin je citerai un petit nombre d'ouvrages généraux 
concernant la France, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et 
l'Angleterre. 

ll ne s'agit pas, on le voit, d'une véritable bibliographie, 
mais simplement d'appeler l'attention sur ce qui sera le 
plus utile à étudier pour les Belges qui voudraient s'occu- 
per encore de nos poissons d'eau douce. 

Il est presque certain que l'on ne rencontrera plus d'es- 
pèces à ajouter au présent catalogue, mais il reste encore 
beaucoup à faire pour l'étude des races ou variétés locales 
et surtout pour celle des hybrides (dont la liste est sans 
doute incomplète). ll y a aussi à rechercher l'origine 
sexuelle de chacun d'eux, puisque l'on doit croire qu'ils se 
produisent en partie double, ainsi que je l'ai expliqué dans 
le discours préliminaire. 


( 1084 ) 


BELGIQUE. 


Epu. DE SELYS LONGCHAMPS. 


FAUNE BELGE. 4"° partie. Indication méthodique des 
Mammifères, Oiseaux, Reptiles et Poissons observés 
jusqu'ici en Belgique. Liège 1842. (La 2° partie n’a pas 
paru). 

Quoiqu'une révision détaillée de nos poissons ait été 
donnée plus haut, je pense utile de cumuler ici le sommaire 
des Addilions et rectifications qu'il y a à faire à la Faune 
de 1842, pour l'usage des personnes qui la possèdent. 1l 
s’agit des poissons d'eau douce, qui sont énumérés dans 
les pages 185 à 229. Leur total s'éléve à 55 espéces. 

I| faut commencer par éliminer les numéros suivants, 
qui sont de simples races : 


N° 12. Cyprinus regina, Bp. (Race de C. carpio). 
` M. C. elatus, Bp. (Race de C. carpio). 
16. C. gibelio, Bl. (Race de Cyprinopsis carassius). 
17. C. moles, Ag. (Race de Cyprinopsis carassius). 
26. Leuciscus neglectus, Selys (Var. de L. idus). 
27. L. Selysii, Heckel (Race de L. rutilus). 
28. L. jeses, excl. syn. (Race de L. rutilus). 
50. L.rutiloides, Selys (Race de L. rutilus). 
92, Aspius alburnoides, Selys (Var. d'A. alburnus). 
A1. Salmo trutta, L. (Apparition non constatée). 
47-48-49. Les trois espèces d'Anguilla ne sont peut-être que 
des races d’À. vulgaris. 


( 1085 ) 
Il faut également écarter les suivants qui sont des 
hybrides : 


N° 45. Cyprinus striatus, Holandre (C. carpio x C. carassius). 
25. Leuciscus dolabratus, Hol. (L. dobula X A. alburnus). 
94. Abramis Buggenhagii (abramorutilus, Hol. = Abramis 
blicca X Leuciscus rutilus). 
95. A. Heckelii, Selys (Leuckarti, Heck. = Abramis bra- 
ma x Leuc. rutilus, 
b 


Le genre Ammocætes étant reconnu maintenant comme 
fondé sur la larve du Petromyzon Planeri, Bloch, le n° 52 
est à supprimer. Mais le nom de Planeri étant plus récent 
que celui de branchialis de Linné, l'espèce doit s'appeler 
P. branchialis. 

Au contraire, il faut ajouter aux poissons d'eau douce : 

Leucaspius delineatus, Heckel, et les deux espèces ana- 
dromes des eaux saumâtres : Osmerus eperlanus, L., et 
Coregonus oxhyrhynchus, L. qui dans la Faune sont pla- 
cées à l'Appendice parmi les poissons de mer n° 35 et 36. 

Peut-être aussi le Petromyzon Omalii, P.-J. Van 
Beneden, s'il remonte dans l'Escaut, et s’il est réellement 
distinct du P. fluviatilis. 


En janvier 1845 (Revue zoologique publiée par M. Guérin 
Meneville), j'ai publié une lettre ayant pour objet la recti- 
fication de plusieurs erreurs qu'avait commises M. Valen- 
ciennes dans le tome XVII de son Histoire des poissons, 
qui venait de paraitre, à propos de différentes Cyprinides 
de ma Faune belge, dont je lui avais communiqué les 
types. 


( 1086 ) 


En 1854, dans un discours prononcé à l'Académie Sur 
la Faune de Belgique, je n'ai rien changé à ce que j'avais 
publié dans la Faune. M. le professeur Cantraine m'avait 
indiqué par erreur l'Aspro vulgaris qui figure aux addi- 
tions. Il faut l'effacer. 


En 1867, dans un autre discours académique Sur la 
pêche fluviale en Belgique, „jai déjà indiqué presque 
toutes les corrections à faire à la liste de 1842, en élimi- 
nant les simples races et les hybrides, comme je le fais 
aujourd'hui. | 

Les indications sur les mesures à prendre pour s'oppo- 
ser à la destruction du poisson sont encore à recommander. 
Seulement j'ai parlé des poissons de la riviére du Geer au 
moment où ils allaient disparaître. Il n'y en a plus. 


Au Congrès scientifique de Chartres en 1869 (Chartres, 
1870), j'ai donné (page 110) une liste rectifiée de nos 
Cyprinides, les répartissant en trois catégories : 

1° 20 espèces trés certaines ; 

2° 9 races ou variétés locales; 

3° 9 hybrides, dont plusieurs n'avaient pas été signalés 
jusque-là. 


Dans le Bulletin de la Société nationale d'acclimatation 
de Paris (mars 1885) se trouve un article que j'ai publié 
Sur le repeuplement des cours d'eau en Belgique. ll avait 
pour objet de faire connaitre l'état de la question en Bel- 
gique : pisciculture; causes du dépeuplement; appuyant 
sur le résultat de la corruption des eaux par les résidus 


wf eorr ad 


( 4087 ) 
industriels ; enfin, appel à l'attention des hommes compé- 
tents sur un prix que j'ai mis à la disposition de l'Académie 
pour obtenir la solution de cette question, sans laquelle 
toute autre mesure restera inefficace. 


Avant 1842, il a paru deux listes des poissons de la 
province de Liège. La première par le botaniste RICHARD 
COURTOIS dans ses Recherches sur la statistique de la pro- 
vince de Liège (Liège 1828). Cet auteur indique 23 espèces 
avec jes noms wallons. Ce n'est pas complet, mais c'est 
exact. On voit qu'à cette époque la Truite pouvait encore 
vivre dans les eaux de la Vesdre. 

La seconde liste fournie par ALExawpRE CARLIER, 
conservateur de l'Université de Liége, se trouve dans le 
Dictionnaire géographique de la province de Liége, publié 
par Philippe Van der Maelen (Bruxelles, 1851). Elle con- 
tient 55 espèces; c’est le fonds de celle de Courtois com- 
plétée par l'auteur et par l'indication de quelques espéces 
que je lui ai indiquées. 


M. le professeur P.-J. VAN BENEDEN a publié des 
Mémoires d’une grande importance sur les poissons de 
mer de nos cótes. 

Le premier : Les poissons des cótes de Belgique et leurs 
commensaux (Mém. DE L'Acap£mmg, t. XXXVII, 1870), 
fait avec tout le soin qui caractérise les travaux de notre 
illastre confrére, comble un grand vide; car dans la Faune 

elge je n'avais été à méme de donner qu'une liste trés 
incompléte de nos poissons de mer, 41 espéces en tout, 
dont quelques-unes y sont inscrites à tort. M. Van Deneden 
en signale plus de 90. 


( 1088 ) 

Dans un second travail, l’article : Poissons et Pêche 
(publié en 1873 dans la ParRiA BELGICA de M. Eug. Van 
Bemmel) il entre dans de nouveaux détails sur les espéces 
marines, leur péche et le commerce auquel elle donnent 
lieu. Quant aux poissons d'eau douce qui y figurent éga- 
lement, l'auteur ne les signale que briévement. Ce sont les 
mêmes que celles que j'ai mentionnées dans la Faune 
belge, si ce n'est qu'il n'a pas eru devoir parler de ceux des 
Cyprins qui ne sont que des races locales, des variétés ou 
des hybrides. On peut regretter qu'il n'en ait pas donné 
la synonymie et la critique. 1! faut au contraire se féliciter 
de ce qu'il ait été à méme de donner les noms vulgaires en 
flamand pour tous nos poissons marins et fluviatiles. 


En 1885, M. Én. VAN BENEDEN a publié dans les 
BULLETINS DE L'ACADÉMIE une notice: Additions à la 
Faune ichtyologique des côtes de Belgique, qui ajoute sept 
espéces au catalogue de M. P.-J. Van Beneden et donne 
de nouveaux renseignements sur beaucoup d'autres. 


Avant de terminer la citation des principaux auteurs 
belges qui se sont occupés de nos poissons, j'ai à faire 
connaître en quelques mots les travaux persévérants et 
éminemment pratiques de M. ÉmLe GENS, docteur en 
sciences naturelles, professeur à Verviers. Je suis l'ordre de 
publication : 


1879. De la protection des poissons d'eau douce en 
Belgique. — C'est un petit mémoire écrit peu de temps 
avant la discussion de la loi sur la pêche. Il indique les 
meilleurs moyens à prendre pour atteindre le but désiré. 


( 1089 ) 


1880. Rapport au Ministre de l'Intérieur sur l'Expo- . 
sition de.péche et le Congrès de pisciculture de Berlin. Il 
a vu dans les aquariums de l'Exposition des hybrides de 


Salmo salar, O x S. fario, cy. 
S. salvelinus, O x S. lacustris, cy. 
S. fario, Q x S. salvelinus, Cj, 


tous produits de l'établissement de Hunningue, puis de 
l'établissement de Lübbinchen : Cyprinus Carpio x Tinca. 
Vient ensuite une liste des poissons d'eau douce de Bel- 
gique, mais qui n'est pas tout à fait complète (34 espèces). 


1885. Notions sur les poissons d'eau douce en Belgique, 
la pisciculture, l'entretien, le repeuplement des eaux, 
suivies de la nouvelle loi sur la péche. 

Les deux pages d'introduction résument parfaitement 
l'urgence de s'occuper du repeuplement des eaux et les 
moyens d'y arriver. 

Ce qu’il dit de la viciation des eaux (p. 50) est à 
retenir. 

La seconde partie du livre qui traite de la pisciculture 
pratique est un excellent manuel pour tous ceux qui 
voudront s'occuper de celte industrie. 


1886. Notice sur un poisson nouveau pour la Faune 
belge (Burr. Acan. BELG., février 1886). 

M. Gens fait connaître en détail dans cet article le 
Leucaspius delineatus, qui est certainement la découverte 
la plus curieuse qui ait été faite depuis quarante ans parmi 
nos poissons d’eau douce. C’est en effet la seule espèce à 
ajouter à ceux que j'ai signalés dans la Faune belge en 

18 


je SÉRIE, TOME XIV. — . 72 


( 1090 ) 

1887. M. le D" Cu. BAMPS : Note sur quelques espèces 
` rares de la Faune des Vertébrés de Belgique (BuLL. Acap. 
Bere., août), a.publié un article dans lequel il donne l'histo- 
rique du Leucaspius delineatus qu'il venait de retrouver à 
son tour aux portes de Hasselt, découverte d'autant plus 
intéressante, qu'il est probable que l'espéce n'existe plus à 
Anvers. Les notes manuscrites qu'il a bien voulu m'adresser 
récemment sur les Poissons du bassin du Démer m'ont 
permis d'indiquer avec certitude les espèces de la Campine 
limbourgeoise. 


BASSIN DE LA MOSELLE. 


Quelques petits cours d'eau qui prennent leur source 
dans la province de Luxembourg, notamment la Witz 
prés de Bastogne, la Sure prés de Neufchâteau et l'Attert 
non loin d'Arlon, appartiennent au bassin de la Moselle, 
dans laquelle ils se jettent un peu en amont de Tréves 
par la Sure, aprés avoir traversé le Grand-Duché de 
Luxembourg. 

Nous ne savons pas au juste quels sont les poissons 
de la Moselle qui peuvent remonter jusqu'en Belgique par 
ces minces affluents; mais ce que nous savons, c'est que 
la Faune de la Moselle est identique avec la nótre. 

Le point de départ de l'étude des poissons de la Moselle, 
c’est l'excellente petite Faune du département dela Moselle 
par feu M. HOLANDRE (Metz 1856). C'était un obser- 
valeur consciencieux et judicieux, avec lequel je me 
trouvai en rapport dés cette époque, et dont j'utilisai les 
travaux en 1842, à raison des quelques ruisseaux de la 
province de Luxembourg qui se jettent dans la Moselle, 
comme je l'ai dit plus haut. 


ENA PEE NENNI EP L N OMEN B TO CSS NUN EE T 


Ai i a Do el 


( 1091 ) 


En 1844,a paru, à Trèves, un ouvrage en allemand : 
Moselfauna oder Handbuch der Zoologie, parM. SCHAFER 
(1 partie : Vertébrés). Quarante-huit espèces sont énu- 
mérées, concordant avec celles de Holandre et de ma 
Faune belge. 


En 1866, M. J.-P.-J. KOLZ, garde général des forêts 
du Grand-Duché de Luxembourg, publie, à Paris, la 
9* édition de son Traité de pisciculture pratique, fort utile 
pour ceux qui s'occupent du repeuplement. 

i En 1868, parait, à Metz, la Revision des poissons qui 


vivent dans les cours d’eau et dans les étangs du dépar- 
tement de la Moselle, par M. J.-B. GÉHIN. Ce livre, qui ne 


Contient qu’une centaine de pages, est fondé sur de bonnes , 


observations originales. 

I. Géhin constate (comme nous le faisons chez nous) 
que les barrages, et surtout les produits insalubres déversés 
par l'industrie, sont la cause de la destruction du poisson, 

On lira avec intérét les considérations étendues de 
l'auteur sur le Darwinisme, les variétés, les races, les 
hybrides, ete., théories qu'il adopte. Vient ensuite la revi- 
sion des espèces de la contrée, d'accord en général avec 
la réforme de von Siebold, à laquelle je me suis également 
rallié. 


M. Azpnonse DE LA FONTAINE, luxembourgeois, a 
publié une Faune du pays de Luxembourg. La partie qui 
concerne les poissons a paru en 1872. Il décrit et figure 
la variété du Chondrostoma nasus nommée aurata par 
Schäfer, et continue à considérer comme espèces propres 
les hybrides décrits parmi les Cyprinides. Les descriptions 
sont correctes. 


B 


1092 ) 


PAYS-BAS. 


, 

Le bassin de la Meuse et de l'Escaut se prolongeant en 

Hollande, il est intéressant de comparer notre Faune avec 
celle des Pays-Bas. 

M. A.-A. VAN BEMMELEN nous fournit pour le faire 
un excellent document publié dans les Bouwstoffen voor 
eene Fauna van Nederland (tome HI, 1866), sous le titre 
de Lijst van visschen in Nederland waargenomen. 

Les poissons d'eau douce qui y sont mentionnés sont 
les mêmes que ceux de la Belgique, si ce n'est qu'on n'a 
pas encore constaté la présence du Leucaspius delineatus, 
et que celle du Phoxinus levis et du Petromyzon branchia- 

` tis (planeri) sont douteuses. Il faut ajouter toutefois que 
quelques Silurus glanis ont été observés dans l'ancienne 
mer de Harlem, mais cette partie du pays dépend plutôt 
du bassin du Rhin, et ils avaient peut-être été importés (1). 

Les poissons de mer énumérés se retrouveront sans 
doute presque tous sur nos cótes. 

De la concordance, on pourrait dire compléte, entre les 
poissons d'eau douce de la Belgique avec ceux de la Hol- 
lande et du bassin de la Moselle, je conclus qu'ils consti- 
tuent une seule Faune, et que nous devons supposer que 
toutes les espéces en sont maintenant connues. 


(4) Plusieurs Siturus glanis placés il y a longtemps dans l'étang 
du Jardin botanique de Bruxelles y ont parfaitement vécu ; mais c'est 
un poisson trés destrueteur dont on ne peut conseiller l'introduetion 
dans nos eaux. 


RU LS eS. PEE MEQUE IDE RETI T Qd SES SEL NI Nur Re de CE IN e ET Gsm 


( 1095 ) 


FRANCE. 


Histoire naturelle des poissons, par Cuvier et Valen- 
Ciennes, ouvrage général en 18 volumes, commencé en 
1828, continué depuis la mort de Cuvier (en 1832) par 
Valenciennes, mais non achevé. 

Le tome XVII, publié en 1844, contient les Cyprinides. 
Ce volume laisse à désirer. Il s'y trouve un certain nombre 
de races, décrites comme espéces, de méme que des 
hybrides, que l'auteur n'a point reconnus comme tels. 

Dans la Revue zoologique de Guérin-Méneville (janvier 
1845), j'ai fait à ce volume quelques rectifications concer- 
nant les espéces de ma Faune belge, telles que je les 
considérais alors. 


Les poissons d'eau douce de la France, par le professeur 
ÉmiLe BLANCHARD (Paris, 1866). 

Ouvrage indispensable à ceux qui s'occupent de la 
Faune francaise. [l est accompagné de bonnes figures 
dans le texte. A consulter avec fruit les pages 1 à 119 
contenant l'histoire générale des poissons depuis les 
auteurs anciens jusqu'à nos jours; l'anatomie, l'ostéologie, 
la classification. La description des genres et des espéces 
occupe les pages 195 à 523. Enfin, la partie économique 
et la législation (pages 554 à 641) sont d'un intérét 
général. 

Il ne m'appartient pas de discuter ici la valeur de cer- 
taines espèces. Je me contente d'émettre l'opinion que, 
d'accord avec Siebold et Fatio, je ne puis admettre pour le 
moment les nombreuses espèces décrites dans le genre 


( 1094 ) 

Gasterosteus, et que j'adopte la maniére de voir de ces 
auleurs, qui est également celle de Günther, en ce qui 
concerne les hybrides de la famille des Cyprinides. 
M. Blanchard, suivant en cela Valenciennes, Bonaparte, 
Agassiz (et Heckel dans ses premiers travaux), n'a pas 
accepté l'intervention de l'hybridité, — de là quelques 
espéces sont à éliminer. 


ALLEMAGNE, 


Die Susswasserfische von Mittel Europa, par le profes- 
seur C.-TH.-E. VON SIEBOLD (Leipsig, 1865). 

C'est un traité d'une valeur capitale pour la connais- 

sance des Poissons de l'Europe moyenne. De trés bonnes 
figures se trouvent dans le texte. 
. L'exposé de la Littérature est des plus importants, de 
méme que les parties où il est question des hybrides et 
des caractères tirés des dents pharyngiennes des Cypri- 
nides. Ce livre est absolument au courant de ce qui a pu 
étre observé jusqu'alors. Il est bien regrettable que la tra- 
duction francaise qui avait été prévue n'ait point paru. 


AnpREAs-Jonannes JACKEL, pasteur à Sommerdorf, 
prés de Thann, a donné dans les Correspondenz Blatt 
der zoologisch-mineralog . Verein in Regensburg (Ratis- 
bonne), en 1865 et 1866, d'excellentes observations sur 
les Cyprinides hybrides, 


Re ee + TM 


( 1095 ) 


SUISSE. 


Faune des Vertébrés de la Suisse (volume IV, Poissons), 
par le D" Vicror FATIO, Genève, 1882. 

C'est une première partie qui contient les anciens 
Acanthoptérygiens et les Cyprinides, avec 5 planches et 
178 figures dans le texte. 

Il est impossible de louer assez ce travail. Le déve- 
loppement qui est donné aux descriptions minu- 
tieuses et à l'histoire particulière de chaque espèce est tel 
que les vingt-neuf espéces de Suisse, dont vingt-six Cypri- 
nides qui y figurent, occupent un volume de 786 pages; 
certaines espèces des contrées limitrophes y sont, il est 
vrai, ajoutées pour comparaison. 

Les descriptions sont absolument parfaites. Le seul re- 
proche qu'on pourrait leur adresser est d'étre trop longues, 
parce qu'elles sont minutieusement complètes, ce qui en 
rend l'étude un peu faligante; mais l'article de chacune 
étant précédé d'une diagnose assez détaillée obvie à cet 
inconvénient. 

Ce traité offre encore le grand avantage de vulgariser 
en langue francaise une bonne partie des recherches de 
Siebold, en les complétant par ce qui a été observé pendant 
les dix-huit années qui se sont écoulées depuis la publi- 
cation du livre magistral du professeur de Munich. 

Nous attendons avec impalience le seconde partie des 
poissons de Suisse. 


( 4096 ) 


ITALIE. 


Quelques années aprés l'achévement de la Fauna italica, 
si riche en observations nouvelles sur les Vertébrés de ce 
grand pays, le prince CmarLes BONAPARTE a publié 
différents mémoires ichthyologiques. Je citerai comme 
spécialement bons à consulter pour les Cyprinides : 

4° Cyprinidarum Europe catalogus methodicus dans 
les Atti du Congrès des savants italiens de Milan en 1844. 
Il est suivi de rectifications nombreuses sur le XVII* vo- 
lume des poissons de Valenciennes concernant les Cypri- 
nides italiennes. L'auteur s'y livre à une critique excessi- 
vement vive de la maniére dont ces espéces sont traitées 
dans ce volume. 

2» Catalogo methodico dei Pesci europei (Atti du Con- 
grès des savants italiens de Naples en 1846). 

Le trop grand nombre d'espéces de Cyprinides que 
Bonaparte admet semble principalement dà à la pro- 
pension qu'avait le grand zoologiste à croire à une grande 
diversité d'espéces de ce groupe, selon les bassins hydro- 
graphiques et les laes où elles seraient cantonnées. Il n'a 
pas eu connaissance de l'hybridité — ou tout au moins il 
n'y a pas cru. : 


Le professeur GIOVANNI CANESTRINI, chargé de la 
classe des poissons dans la nouvelle Fauna italica, 
répartit les Cyprinides d'Italie en quatorze genres, com- 
prenant vingt et une espéces. Ce travail est important à 
consulter, parce qu'il réforme celui du prince Bonaparte, 
conformément aux observations de Siebold, en citant, 
comme simples synonymes,les espéces nominales beau- 
coup trop nombreuses établies par Bonaparte. 


( 1097 ) 


ANGLETERRE. 


Catalogue of Fishes in the British Museum, par le 
D' Azeerr GUNTHER. 

Travail colossal en 8 volumes, commencé en 1859, ter- 
miné en 1870. 

6,843 espèces sont décrites avec soin. Le nombre des 
poissons connus en 1870 était évalué par l'auteur à 
9,000 espéces environ. 

C'est pour le moment le travail général le plus complet 
que je connaisse et que je puisse recommander. 


v. 
CONCOURS POUR LA PURIFICATION DES EAUX. 


A titre de document, je reproduis ici le programme du 
Concours pour la purification des cours d'eau, tel qu'il a 
été adopté par l'Académie en 1882. 

« Le Gouvernement a proposé, et les Chambres ont 
adopté une loi qui a pour objet la conservation du poisson 
et le repeuplement des rivières, 

» L'obstacle capital qui empêche actuellement d'at- 
teindre ce but, c'est la corruption des eaux dans les petites 
riviéres non navigables ni flottables, qui sont contaminées 
par des matiéres solides et liquides, déversées par diffé- 
rentes industries, et incompatibles avec la reproduction et 
l'existence des poissons. 

» L'Académie fait appel à la science pour faciliter 
l'aecomplissement des vues des pouvoirs publics. 


( 1098 ) 


» Acceptant la proposition d'un de ses membres, qui 


met généreusement à sa disposition une somme de trois 
mille francs, elle demande une étude approfondie des 
questions suivantes, à la fois chimiques et biologiques : 


v v w v €" w v Ww Ww "v v" v wv 


"d y y- y 


« 1° Quelles sont les matières spéciales aux princi- 
pales industries qui, en se mélangeant avec les eaux 
des petites rivières, les rendent incompatibles avec 
l'existence des poissons et impropres à l'alimentation 
publique aussi bien qu'au bétail ; 

» 2° La recherche et l'indication des moyens pratiques 
de purifier les eaux à la sortie des fabriques pour les 
rendre compatibles avec la vie du poisson, sans coinpro- 
mettre l'industrie, en combinant les ressources que 
peuvent offrir la construction de bassins de décantation, 
le filtrage, enfin l'emploi des agents chimiques; 

» 9° Des expériences séparées sur les matières qui, 
dans chaque industrie spéciale, causent la mort des 
poissons et sur le degré de résistance que chaque 
espéce de poisson comestible peut offrir à la destruc- 
tion; , 

» 4° Une liste des rivières de la Belgique qui, actuelle- 
ment, sont dépeuplées par cet état de choses, avec l'indi- 
cation des industries spéciales à chacune de ces rivières, 
et la liste des poissons comestibles qui y vivaient avant 
l'établissement de ces usines. » 

Lorsque la question a été remise une seconde fois au 


concours, dont le délai fut prorogé au 1° octobre 1887, il 
a été ajouté que, si le mémoire est jugé satisfaisant pour 
la solution des deux premiers paragraphes (1° et 2), une 
somme de deux mille francs pourra lui être décernée, 
quand méme aucune réponse ne serait faite aux $$ 5? et 4° 
de la question. 


( 1099 ) 


— M. le secrétaire perpétuel proclame, de la maniére 
suivante, le résultat des concours et des élections : 


CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE (1887). 


Un mémoire portant pour devise : Numeri regunt 
mundum, a été envoyé en réponse à la question suivante 
des sciences mathématiques et physiques : 


On demande des recherches nouvelles sur l'écoulement 
linéaire des liquides chimiquement définis, par des tubes 
capillaires, en vue de déterminer si l'on, peut appliquer 
aux liquides l’hypothèse des molécules, telle que l'étude des 
gaz nous l'a fait connaitre, | 


Conformément aux conclusions des rapports des com- 
missaires qui ont examiné ce travail, le prix n'a pas été 
décerné. 


Un mémoire portant pour épigraphe : Trado qu& potui, 
a été envoyé en réponse à la question suivante des 
sciences naturelles : 


On demande des recherches sur le développement em- 
bryonnaire d'un mammifére appartenant à un ordre dont 
l'embryogénie n'a pas ou n'a guére été étudiée jusqu'ici. 


Les commissaires chargés d'examiner ce mémoire ont 
été unanimes à lui reconnaitre de grands mérites; mais 
quelques prémisses sont erronées, d'oü résultent quelques 
conclusions prématurées. 


( 1100 ) 

En conséquence, la Classe n'a pas jugé pouvoir lui 
décerner le prix ; mais elle a décidé que la question reste- 
rait au concours pour l'année prochaine, Elle espère ainsi 
mettre l'auteur à méme de compléter ses recherches, et de 
produire un mémoire qui méritera, non seulement d’être 
couronné, mais de recevoir les félicitations de tous ceux 
qui s'intéressent aux progrés de l'embryologie. 


ÉLECTIONS. 


La Classe des sciences a eu le regret de perdre, cette 
année, deux de ses membres titulaires : LAURENT-GUILLAUME 
DE Koninck, de la section des sciences mathématiques et 
physiques, et Françors-LéoroLD Corner, de la section 
des sciences naturelles. 


Ont été élus : 


Membres titulaires, MM. Paur Mansion, professeur à 
l'Université de Gand, et Josera DELBoEur, professeur à 
l'Université de Liège. 


Correspondants, MM. CHarLes LAGRANGE, astronome à 
l'Observatoire royal de Bruxelles, et Léo ERRERA, profes- 
seur à l'Université de la méme ville. 


La Classe a élu, en outre, en qualité d'Associé étranger : 
M. Juuius THomsen, professeur à l'Université de Copen- 
hague. 


( 4401 ) 


PRIX QUINQUENNAL DES SCIENCES NATURELLES. 


Sur le rapport du jury chargé de juger la huitième 
période (1882-86) du concours quinquennal des sciences 
naturelles, le Roi, par arrêté du 29 novembre dernier, a 
décerné le prix de cing mille francs à M. Édouard Van 
Beneden, membre de la Classe des sciences de l'Académie, 
professeur à l'Université de Liége, pour son ouvrage 
intitulé : Recherches sur la maturation de l'euf, la fécon- 
dation et la division cellulaire. 


——— Qi - 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


Briart. — Compte rendu de l'excursion de la Société mala- 
cologique de Belgique. Note sur la structure des dunes. 
Bruxelles, 1886 ; extr. in-8° (57 p.). * 

Briart et Cornet.— Description des fossiles du calcaire gros- 
sier de Mons, 4° partie. Bruxelles, 1887; extr. in-8° (124 p., pl.). 

Houzeau (J. C.). — Annuaire populaire de Belgique, 1888. 
Mons; in-192, 

Delbæuf (J.).— Expérience devant servir à l'explication de la 
vertu curative de l'hypnotisme. Paris, 1887; extr. in-12 (3 p.). 

Harlez (C. de). — Kaushitaki-Upanishad, avec le commen- 
taire du Cankarananda, etc. Louvain, 1887 (46 p.). 

Scheler (Aug.). — Dictionnaire d'élymologie francaise 
d’après les résultats de la science moderne, 3° éd. Bruxelles, 
1888; vol. gr. in-8*. 

— Anhang zu Friedrich Diez’ etymologischem Wörterbuch 
der romanischen Sprachen, 5. Ausgabe. Bonn, 1887; in-8* 
(143 p.). 


( 1102 ) 

Rousseau (Jean). — Le Musée des plátres au Palais des 
Académies. Bruxelles; extr. in-8° (58 p.). 

— Les anciennes portes de Berchem et de Borgerhout à 
Anvers, Bruxelles; extr. in-8? (57 p.). 

— Monuments et peintures de Pise : Le Campo Santo. 
Bruxelles, 1869 ; in-8° (41 p.). 

— L'Espagne monumentale et quelques architectes fla- 
mands. Bruxelles, 1871 ; in-8° (97 p.). 

Preudhomme de Borre (A.). — Matériaux pour la faune 
entomologique de la province du Brabant : Coléoptéres, 
quatrième centurie. Bruxelles, 1887; extr. in-8° (45 p.). 

De Ball (L.). — Masse de la planète Saturne déduite des obser- 

. vations des satellites Japet et Titan, faites en 1885 et en 1886. 
Bruxelles, 1887 ; extr. in-4* (18 p.). 

Colinet (Ph.). — L'histoire des religions; nouvel examen du 
cours de M. le comte Goblet d'Alviella à propos de sa réponse 
à mes premières objections. Bruxelles, 1887 ; extr. in-8° (35 p.). 

— M. Thiele et la méthode dans « l’histoire des religions ». 
Louvain, 1887 ; extr. in-8° (5 p.) 

Horion (Ch.). — La question sociale et les partis politiques, 

lutions scientifi : collectivi et i Bruxelles, 


1888; in-8° (198 p.). 

Ferguut (Jan).—Makamen en Ghazelen, proeven Oosterscher 
poëzie, 2% druk. (J. Van Droogenbroeck). Roulers, 4887; pet. 
in-8°, portrait. 

Evrard (F.). — Troisième note sur les observations des 
coups de foudre en Belgique. Bruxelles, 4887; extr. in-8° 
(50 p., tableaux). 

Discailles (Ernest). — Un chanoine démocrate, secrétaire 
du général Vander Mersch. Bruxelles, 1887; in-8° (92 p.). 

Detroz. — Des irrigations et des desséchements (chapitre III 
du Code rural belge), discours. Liège, 1887; in-8° (67 p.). 

Morren (Éd). — La Belgique horticole, 4885. Liège. 
vol. in-8°. 


( 4105 ) 

Cogniaux (A.). — Flora Brasiliensis : fasciculus C: Melastoma- 
cea I, Leipzig. 1887; vol. in-folio. 

Forir (H.). — Contributions à l'étude du systéme crétacé de 
la Belgique, IL et III. Liège, 1887; extr. in-8° (77 p., pl.). 

Conservatoire royal de musique de Bruxelles. — Annuaire, 
11° année. Bruxelles, 1887; pet. in-8*. 

Koninklijke vlaamsche Academie voor taal- en letterkunde 
— Jaarboek, 1887. — Verslagen en mededeelingen, 1*** en 2n. 
aflevering, 1887. Gand; 1 vol. et 2 cah. in-8*. 

Archives de biologie, t. VI, 1887. Gand; in-8*. 

Académie d'archéologie de Belgique. — Bulletin : 4° sér. 
des Annales, X à XIII. Annales, tome XLI. Anvers; in-8*. 

Académie royale de médecine de Belgique. — Procés-ver- . 
baux des séances, 1887. Bulletin, 1887. Mémoires couronnés, 
t. VIII, 2* à 4* fasc. Bruxelles; in-8°. 

Analecta Bollandiana, t. V, 5; VI, 1-5. Bruxelles, 1886-87 ; 
in-8°. 

Annales des Travaux publics, t. XLIV, n° 4; XLV, 1, 2. 
In-8°. 

Ministère des Affaires Étrangères. — Recucil conania; 
t. LVI à LX. Bruxelles; in-8°. 

Ministère de l'Agriculture, etc. — Bulletin administratif, 
t. HI. — Bulletin de l'agriculture, tomes II et III. -— Rapports 
des agronomes de l'État sur les cultures Sr ag de 
1885-1886. 

Musée royal d'histoire naturelle je Belgique. — Bulletin, 
t. IV, 4; V. Bruxelles; in-8*. 

Observatoire royal de Bruxelles. — Annuaire pour 1888. 
— Annales, nouvelle série, t. VI. 

Revue de l'horticulture belge et étrangère, t. XIII, 4. Gand, 
1887; in-8°. 
= Cercle archéologique de Mons. — Bulletins, 5° série, IL. 
Mons, 1887 

. Société archéologique de Namur. — Annales, t. XVII, 17 liv, 
— Bibliographie namuroise, 1'* partie, 4° liv. In-8*. 


( 4404 ) 
Société archéologique, Nivelles. — Annales, IM, 2 et 5. 
In-8. 
Oudheidskundige kring van het land van Waas. — Annalen, 
deel XI, aflevering 2 en 3. St-Nicolas 1886-88; in-8*. 


ALLEMAGNE ET ÁUTRICHE-HONGRIE. 


Rohrbeck. (D' Hermann). — Chemische, physikalische, 
pharmaceutische Apparate. Berlin, 1887; in-8? (104 p.). 


Sterneck (Robert von). — Der neue Pendel Apparat 
des militür-geographischen Institutes. Vienne, 1887; in-8° 
(54 p., 1 pl.). 


— Trisonometrische Bestimmung der Lage und Hóhe eini- 
ger Punkte der Haupstadt Prag. Vienne, 1887; in-8° (24 p.). 

Handelstatistisches Bureau in Hamburg. — Uebersichten 
des hamburgischen Handels im 1886. In-4°. 

Statistisches Bureau, Budapest.—Publicationen, XXI. In-8°. 

Archaeologische Gesellschaft zu Berlin. — 47. Programm : 
das ionische Capittel. Berlin, 1887; in-4°. 

Université de Marbourg. — Dissertations et théses de 
1886-87; 76 br. in-8° et in-4°. 

Université de Fribourg (Bade). — Dissertations et théses 
de 1886-87; 66 br. in-8° et in-4°. 

Naturforschender Verein, Brünn. — Verhandlungen, 
XXXIV“, Band. — IV. Berichte der meteorologischen Commis- 
sion, Jahre 1887. Brünn, 1886; in-8°. 

Oberhessische Gesellschaft für Natur-und Heilkunde. — 
25. Bericht. Giessen; in-8°. 

Waturforschende Gesellschaft, Friburg. — Berichte, erster 
Band, 4886. In-8°. 

Verein für Erdkunde. — Mittheilungen, 1887. Halle, 1887; 
in-8°. 

Verein für Naturwissenschaft zu Braunschweig. — 
9. Jahresbericht, 4881-83. In-8°. | 


( 1105 ) 

Internationale Zeitschrif für HAE aer: Sprachwissenschaft, 
Band Il, 2. Leipzig, 1887; gr. in-8*. 

Akademie der ne satin zu Berlin. — Sitzungsbe- 
richte, 1886, N° 40-55 ; 1887, N° 148. — Abhandlungen, 1886. 

— Politische Correspondenz Friedrich's des Grossen, 
Bd. XIV. 

Geographische Anstalt, Gotha. — Mittheilungen, 1887. — 
Ergánzungsheft, N° 86-88. Gotha, 1887; in-4*. 

Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig. — Mathem. 
phys. Classe : a) Abhandlungen, Bd. XIII, N° 8-9; XIV, 1-4; 
b) Berichte, 1887. Philos.-hist. Classe : a) Abhandlungen, Bd. 
X, 5-7. Berichte, 1886, 2; 1887, 2, 5 

K. bayerische Akademie zu München. — Philos.-philol. 
Classe, Sitzungsberichte, 1886, 4; 1887, 1-5. — Sitzungsbe- 
richte, math.-physikal. Classe, 1886-87. — Abhandlungen XV, 
3; XVI, 1. — Rede auf Leopold von Ranke (von Giesebrecht), 
von Siebold (Hertwig) und von Frauuhofer (von Bauernfeind). 

Repertorium der Physik, München, Band, XXIII, 1-5, 
1887 ; in-8°, 

Ungar. geologische Gesellschaft, Budapest. — Mittheilun- 
gen, Band VIII, 4-4. Zeitschrift XVI, 7-12 ; in-8°. 

Società adriatica di scienze naturali in Trieste. — Bolle- 
tino, X. In-8*. 

Geologische  Reichsanstalt, Wien. — Jahrbuch, Jahrg., 
1886. Bd. XXXVI, 2-4; 1887. — Verhandlungen, 1887. — 
Abhandlungen, Bd. XII, 1-4. 

Anthropologische Gesellschaft in Wien. — Mittheilungen, 
Bd. XVI, 5 und 4; XVII, 1. 

Akademie der, Wissenschaften zu Wien. — Anzeiger, 1887. 
In-8*, 

K. k. naturhistorisches Hofmuseum. — Annalen, Il, 5, 4. 
Vienne; in-8*. 


J= SÉRIE, TOME XIV. x 75 


( 1106 ) 


AMÉRIQUE. 


Jameson (J. Franklin). — Willem Usselinx, founder of the 
dutch and swedish West-India Companies. New-York, 1887 ; 
in-8° (250 p.). 

Ashburner (Charles-A.). — The geologic distribution of 
natural gas in the United States. Saint-Louis, 1886; in-8* 
(92 p., cartes). 

— The geologie relations of the Nanticoke Disaster. 1887; 


in-8° (16 p) 
California Academy of sciences. — Bulletin, H, 7; in-8*. 
Observatory of Yale University. — Transactions, vol. I, 4. 
New-Haven, 1887 ; vol. in-4*. 
Smithsonian Institution. — Miscellaneous collections, vol. 


XXII-XXVI, 1882-85. Washington; 5 vol. in-8° 

— Scientific writings of Joseph Henry, vol. I and ll. 
Washington, 1886; 2 vol. in-8*. 

New-York Academy of sciences. — Transactions, vol. IV, 
1884-85. Annals, IV, 1 and 2. In- ge. 

New-Orleans Academy of sciences.— Papers, 1886-87. In-8°. 

Washburn Observatory. — Publications, vol. V. Madison, 
1887 ; in-8°. i 

Wagner free Institute of science of Philadelphia. — Trans- 

actions, vol, I. In-8°. 

Bureau of Education, Washington. — dope for 1884-85. 
Circulars and Bulletins, 1885; 1887, n“ 1 and 2. 2 vol. in-8°. 

American Association for the advancement df science. — 
Proceedings, 34% and 55% meeting, 1883-86. Salem, 1886-87; 
2 vol. in-8*. 

U. S. Geological Survey. — Bulletin, n” 27-59. Monographs, 
vol. X and XI. Washington 1886. 

Sociedad mexicana de historia natural. — La Naturaleza, 
t. VII, n 19-24; 2° serie, I. Mexico, 1886; in-4*, 

Jolin Hopkins University, Baltimore. — American chemi- 


(07: 
cal journal, vol. VIII, 6; IX, 1-6. — American journal of 
philology, vol. VIII, 1-5. — American journal of mathematics, 
vol. IX, 2-4; X, 1. — Circulars, n°5 55-59. — Studies from 
the biological laboratory, vol. 1V, 4-2. — Studies in historical 
and political science, 5'^ series, III-XI. 

Boston Sociely of nalural history. — Proceedings, vol. 
XXIII, part. 2, — Memoirs, vol. IL, n** 12 and 13. 

American Academy of arts and sciences, Boston. — Pro- 
ceedings, XXI, 2; XXII, 1, 2. — Memoirs, vol. XI, part, 4, 
n° 4 and 5. 

Museum of comparative zoülogy, at Harvard College, 
Cambridge. — Bulletin, vol. XIII, 2-5. — Memoirs, XVI, 4 and 
2. — Annual report for 1886-87. In 8°. 

Academia nacional de ciencias en Cordoba. — Boletin, t. IX, 
9 y 4. Actas, V, 5 

Estados Unidos Mexicanos. — Informes y documentos 
relativos a comercio, agricultura e Les km 1886, 17, 18; 
1887, enero-junio. Mexico, 1887; in 

American geographical Society i No dark ic Bulletin, 
1885, 4 et D; 1886, 2, 4, B; 1887, 1-5. New-York; in-8°. 

War Department, Washington, Signal Office. — Summary 
of international meteorogical de pr 1886. 

— Weather Review, 1887, jan. 

American philosophical Did Philadelphia — Procee- 
dings, vol. XXIII, n* 124; XXIV, n° 125. In-8° 


ESPAGNE ET PORTUGAL. 


Academia de ciencias, Madrid. — Revista de los progresos, 

| XXII, 2 y 3. In-8°. 

— Memorias, tomo XI, 1887; vol. in-4*. 

Jornal de sciencias mathematicas e astronomicas (F. Gomes 
Teixeira), vol. VII, 4-6 ; VIH, 1. Coimbre; in-8°. 


( 4108 ) 


FRANCE. 


Les fêtes d'Arles. Inauguration du monument Amédée 
Pichot, 50 avril, 4° et 2 mai 1887. Paris, 1887; in-8° (65 p.). 

Hirn (G.-A) — Remarques sur un principe de physique 
d’où part M. Clausius dans sa Nouvelle théorie des moteurs à 
vapeur. Paris, 1855; extr. in-4° (15 p.). 

Moissun (Henri). — Recherches sur l'isolement du fluor. 
Paris, 1887; in-8° (64 p.). 

Pagart d'Hermansart. — Les cygnes de Saint-Omer : fiefs 
et hommages; la garenne du roi. Saint-Omer, 1887; in-8° 
(21 p.). 

Pascaud (H.). — De l'évaluation des apports en nature 
dans les Sociétés anonymes. Paris, 1887; extr. in-8° (4 p.). 

— Le régime des Sociétés anonymes; les cas de nullité et de 
responsabilité. Paris, 1887 ; extr. in-4° (2 p.). 

— Des droits du bailleur agissant en vertu de son privilége 
et du tiers-acquéreur de bonne foi sur les meubles garnissant 
la ferme ou la maison Paris, 1887 ; extr. in-8° (11 p.). 

Daly (César). — Revue générale de l'architecture et des 
travaux publics, 1886 et 1887, In-4*. 

de Witte (le baron J.) et Lasteyrie (Robert). — Gazette 
archéologique, 1887. Paris; in-4*. 

Académie de médecine, Paris. — Bulletin, 1887. Paris; in-8°. 

Académie des inscriptions, Paris. — Comptes rendus des 
séances de l'année 1887. In-8°. 
` Académie des sciences, Paris. — Comptes rendus des 
séances, 1887. OEuvres de Laplace, tome VII. In-4*. 

Annales médico-chirurgicales, Paris, 1887, n° 1, 2, 5. 
In-8*. 

Ministère de l’Instruction publique à Paris. — Bulletin 
du comité des travaux historiques et scientifiques : (a) sec- 
tion d'histoire et de philologie, 1886, 5 et 4; (b) archéologie, 


( 1109 ) 

1886, 5 et 4; (c) sciences économiques et sociales, 1886, 
In-8*. 

— Bibliographie des travaux historiques et archéologiques 
publiés par les Sociétés savantes de la France, 3° liv. In-4°, 

— Bibliographie des Sociétés savantes de la France, par 
E. Lefévre-Pontalis. Paris 1887 ; in-4*. 

— Documents inédits sur l'histoire de France : comptes des 
bâtiments du roi, t. II Vol. in-4*. 

— Répertoire des travaux historiques, III, 4 

Musée Guimet. — Revue de l'histoire des religions, t. XIV, 
1-5; XV, 1-3. Paris; in-8°. 

— Annales, tomes XI et XII. In-4^. 

Répertoire universel de médecine dosimétrique, 1887, jan- 
vier, mars, juillet, novembre et décembre. Paris; in-8*. 

Société géologique de France. — Bulletin, t. XIV, 8; XV, 
1-5. — Mémoires, 5* série, t. IV, 5. Paris; in-8° et in-4°. 

Sociélé des sciences naturelles, Rouen. — Bulletin, 1886, 
1*' semestre, in-8°. l 

Société archéologique du midi de la France, Toulouse. — 
Bulletin, n*!* série, n** | à 5. — Mémoires, t. XIV. 17 livr. 


GRANDE-BRETAGNE, IRLANDE ET COLONIES BRITANNIQUES. 


Linnean Society, London. — Zoology : Transactions, vol. IV, 
1 and 2. Journal, vol. XIX-XXI, n^ 114-117; 126 129. Botany: 
journal, vol. XXII-XXIV, n* 143-149; 151-158. — Trans- 
actions, vol. II, n** 9-14. — Proceedings, october 1886 and 
july 1887. 

India Office of trigonometrical branch. — Account of the 
operations of the great trigonometrical Survey of India, 
vol. IVa. Dehra Dun, 1886; vol. in-4°. 

Birmingham philosophical Society. — Proceedings, V, 2, 
1886-87. In-8*. 


(AHO ) 

- Asiatic Society of Bengal. — Proceedings and Journal 
parts 1, JI. — Bibliotheca Indica : new series, n°% 596-607, 
610-622; old series, n** 256-261. Calcuta; in-8°. 

Geological Survey of India, Calcutta. — Records, vol. XX, 
2, 3. — Memoirs in-4° : ser. X, vol. IV; ser. XII, vol. IV, 2; 
ser, XIII, vol. I, part. 6. 2 

Meteorological Department of the Government of India, 
Calcutta. — Indian meteorological Memoirs, vol. iV, 2 and 5. 
— Report on the meteorology of India in 1885. — Charts of 
the Bay of Bengal and adjacent sea north of the Equator. — 
Weather charts of the Bay of Bengal. — Meteorological obser- 
vations recorded at six stations in India, 1886, september-dec. ; 
4887. Calcutta ; in-4°. 

Cambridge philosophical Society. — Proceedings, vol. VI, 
1, 2. Transactions, vol. XIV, 2. 

* Geological Society of Ireland. — Journal, vol. XVII, part, 1 ; 
XVIII, 4 and 2. Dublin, 1887; in-8°. 


Botanical Society, Edinburgh. — Transactions and pro- 
ceedings, vol. XVI, 5. In-8°. i 
Observatory, Greenwich. — The Nautical almanac and 


astronomical ephemeris for the year 1891. Londres, 1887; vol. 
in-8°. 

Society of antiquaries of London. — Proceedings, second 
series, vol. XI, 3. — Archaeologia, vol. L. 

Royal Institute of british architects, London. — Procee- 
dings, 1887. — Transactions, new series, II. Londres; in-4°. 

Royal asiatic Society of Great Britain and Ireland, Lon- 
don. — Journal, vol. XVII, parts 3 and 4; XIX, 1, 2. — Jour- 
nal of the China branch, XIX, 3 and 4; XXI, 3-6. 

Royal Society, London. — Transactions, vol. 177, 1 and 2. 
Proceedings, 1887. 

Zoological Society, London. — Proceedings, 1886 and 1887. 
— Transactions, vol. XII, 4-6. 


( 444 ) 
Natural history icit of Montreal.— The canadian record 
of science, vol. II, 6-8; 
Institute of mining and mechanical engineers. — Transac- 
lions, vol. XXXVI, 1-2. Neweastle-upon- Tyne; in-8°, 
Canadian Institute, Toronto. — Proceedings, vol. IV, 2; 
V, 4. In-8*. 


ITALIE. 


Massalongo (Roberto). — Etiologia e patogenesi : ricerche 
bacteriologiche. Rome, 1887 ; in-8° (10 p. 

Maltese (F.). — Monismo o nichilismo, voi le "n Victoria, 
1887; 2 vol. ; in-18. 

Società italiana delle scienze, Roma. — Memorie di mate- 
matica e di fisica, serie terza, tomo VI. Topes 1887; vol. 
in-4°. 

Accademia delle scienze np Istituto di i Bologna. — 
Memorie, serie IV, tomo VII. In- 

Osservatorio di Brera. in Musis — Publicazioni, n° 7, 
parte 2 : Osservazioni di stella cadenti. — N° 26 : Osservazioni 
meteorologiche, 1882. Milan, 1887; 2 vol. in-4°. — N° 29: 
Operazioni per determinare la differenza delle longitudini 
ra... Montsouris... di Brera in Milano. 

Accademia economico-agraria. — Atti, 4* serie, IX, 4. Flo- 
rence, 1887 ; in-8°. 

L' Industria, Rivista tecnica ed economica illustrata, vol. 1. 
Milan, 18587 ; in-4°. 

Istituto lombardo di scienze e lettere, Milano. — Rendiconti, 
vol. XVIII. — Memorie (scienze matematiche XV, 4; XVI, 1. 
— Memorie (lettere) XVI, 5. 

Zoologische Station zu Neapel. — Sock Jahresbe- 
richt, 1885, I-IV. Naples ; in-8°. 

Società veneto-trentino di scienze naturali. — Din. 
t. IV, 4. Padoue; in-8°. 


( 1112 ) 

Circolo matematico di Palermo. — Rendiconti, I, n° 4 

Società toscana di scienze naturali, Pisa. — Atti, vol. VIII, 
1, 2. — Processi verbali, 1887. Pise; in-8°. 

R. Accademia dei Lincei. — Memorie de la classe di science 
morali e fisiche, ete., ser. 5*, vol. XII; ser. 4^, vol. l. Rendi- 
conti, vol. III. Rome; in-4°, 

R. Accademia delle science di Torino. — Atti, vol. XXII. 
Turin, 1887; in-8*. 


Pays-Bas, LUXEMBOURG ET INDES NÉERLANDAISES. 


Verwijs en Verdam (D° J.). — Middelnederlandseh woor- 
denboek, deel II, 9% tot 12% aflevering. La Haye, 1887 ; in-8°. 

De dietsche Warande, deel V, aflevering 76. Amsterdam, 
1886; in-8*. — Nieuwe reeks, eerste jaargang, n? 4. Gand, 
La Haye, 1887; in-8*. 

Bataafsch genootschap der proefondervindelyke wijsbegeerte 
te Rotterdam. — Steven Hogendijk herdacht, 1787-1887 
(Huet). Rotterdam, 1887 ; in-4° (26 p.). 

Catalogus van de militaire geneeskundige Bibliotheek te 
Weltevreden. Batavia, 1887 ; in-8*. 

Bataviaasch Genootschap van Kunsten en Wetenschappen, 
Batavia. — Tijdschrift, deel XXXI, 4-6. Notulen, deel XXIII, 
5 en 4; XXV, 1. — Catalogus der archeologische en numisma- 
tische verzameling. — Dagh-register gebouden int Kasteel 
Batavia (1640-1641). 

École polytechnique, Delft. — Annales, 4886, 3° et 4* livr.; 
1887, 2* livr., 1-5. Leyde; in-4°. 

Jardin botanique de Buitenzorg. — Annales, vol. VI, 2; 
VII, 1. In-8°. 

Instituut voor de taal-, land- en volkenkunde van Neder- 

andsch- Indié, — Bijdragen, 5** reeks, II, 2-4. La Haye; in-8*. 

Société hollandaise des sciences, Harlem. — Archives néer- 


(1115) 
landaises des sciences exactes et nalureiles, te XXI, 2-5; 
XXII, 1-5. Mémoires, IV, 4; V, 1. 
Nederlandsche entomologische Vereeniging. — Tijdschrift, 
deel XXX. La Haye; in-8°. 


Russie. 


Esperanto (D"). — Langue internationale, préface et manuel 
complet. Varsovie, 1887; pet. in-8° (48 p ). 

Société impériale des amis d'histoire naturelle, etc. — 
Bulletin, 1887, n° 2. Moscou; in-8°. 

Société des naturalistes ma la Nouvelle Russie. — Mémoires, 
t XII, 1. Odessa, 1887 ; 

Physikalisches ile Dé bah Annalen, 1886, I. 
Saint-Pétersbourg, 1887 ; in-4°. 

Société impériale des naturalistes de Moscou. — Bulletin, 
1886, 3 et 4; 1887, 1, 2, 3. — Mouveaux mémoires. t. XV, 4. 

Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. — Mémoires, 
t. XXXIV, 4-15; XXXV, 1-7. Bulletin, 1887. — Repertorium 
für Meteorologie, Band X ; Supplementband, II, IIT, IV. In-4°, 

Société ouralienne des sciences naturelles, Ekatherinebourg. 
— Bulletin, t. X, 1. In-4*, 

Comité géologique à Saint- Pétersbourg. — Mémoires, vol. IH, 
n° 2; IV, 4. — Bulletin, 1886, 7-11; 1887, avec supplément. 


Suèpe, NonwEcE ET DANEMARK. 


Institut géologique de la Suède. — Carte géologique, 
textes et cartes, série Aa, n** 92, 94, 97-99, 101 et 102; 
série Ab, n^ 11 et 12. Textes: série Bb, n° 5; série, C, n% 65, 
78-91. Stockholm, 1887. 


(M4) 


Socielé royale des sciences à Upsal. — Nova acta, seriei 
tertiae, XIII, 2. In-4° 
Institut méléorologique danois. — Annuaire météorolo- 


gique pour 1884. 2° partie; 1885, 1"° et 5° parties. Copenhague; 
in-4°, 

K. Vitterhets, Historie och Antiquitets Akademien, Stock- 
holm — Antiqvarisk Tidskrift, Delen IX, 1, 2; X, 1-4. — 
Manadsblad, 1886. In-8*. 

Académie royale de Copenhague. — Mémoires, Classe des 
sciences, 6* série, vol. IV, 5-5. Oversigt, 1886, 5; 1887, 1, 2. 
— Regesta diplomatica historiae Danicae, ser. secunda, t. I, 5. 
Copenhague; in-8° et in-4° 

Société des antiquaires de Copenhague. — Aarboger, 1886, 
4; 1887, 4, 2. 


SUISSE. 
Commission géologique suisse. — Carte géologique de la 
Suisse; feuilles V, XXI, XXV et titre. — Matériaux pour la 


carte géologique de la Suisse. 22° livraison, texte et atlas. 
Supplément à la 24* livr. IL Genève, Berne, 1887; 4 feuilles 
in-plano et 3 volumes in-4°. 

Astronomische Mittheilungen. (R. Wolf), LXVII- LXX. 
- Zurich; in-8°. 

Société vaudoise des sciences naturelles. — Bulletin, n** 95 
et 96. Lausanne; in-8° 


Imperial University of Japan. — Journal of the college 
of sciences, vol. I, 5, 4. Tokyo, 1887; in-4°. 

Deutsche Gesellschaft für Natur-und Völkerkunde Ost- 
asiens. — Mittheilungen, Heft 56 und 37. breue. 1887; 
in-4*. 


“Age 


( 4115 ) 

En outre, durant l année 1887, l'Académie a recu les recueils 
ainsi que les publications des Sociétés savantes dont les noms 
suivent : a 

Anvers. Chronique des beaux-arts et de la littérature. — 


De vlaamsche school. — Société de géographie. — Société de 


médecine 

Bruxelles. Z’ Abeille, revue pédagogique. — Annales d'ocu- 
listique. — Association belge de photographie. — Bibliographie 
de la Belgique. — Ciel et Terre. — Commission royale 
d'histoire. — Commissions royales d'art et d'archéologie. — 


Moniteur industriel belge. — Institut de droit international 


et de législation comparée. — Sociétés d'Anthropologie, de 
Botanique, d'Electriciens, d'Entomologie, de Géographie, de 


` Malacologie, de Microscopie, de Médecine publique, de 


Numismatique, de Pharmacie, des Sciences médicales et 
naturelles. — Société scientifique. 

Enghien. Cercle archéologique. 

Gand. L'Illustration horticole. — Messager des sciences 
historiques. — Revue de l'instruction publique. — Société de 
médecine. 

Liège. L'Écho vétérinaire. — Société des Bibliophiles lié- 
geois. — Société médico- chirurgicale. 

Louvain. Journal des beaux-arts et de la littérature. 

Berlin, Deutsche chemische Gesellschaft. — Geologische 
Gesellschaft. — Gesellschaft für Erdkunde. — Gesellschaft 
für pee set und Urgeschichte. — Physio- 
logische Gesellsc 

Giessen. paaa über die Fortschritte der Chemie. 

Halle. Vaturwiss. Verein für Sachsen und Thüringen. 

Iéna. Medic.-naturwissenschaftliche Gesellschaft. 

Leipzig. Astronomische Gesellschaft. — Archiv der Mathe- 
matik und Physik. — Zeitschrift für algemeine Sprachwis- 
senschaft. 

Strasbourg. Société des sciences, agriculture et arts de (a 
Basse- Alsace. 


Ld 


( 116 


Buenos-Ayres. Sociedad cientifica Argentina. 

New-Haven. Journal of sciences and arts. 

Philadelphie. Franklin Institute. — Historical Institute. — 
Academy of natural sciences. 

Rio de Janeiro. Club de Engenharia. — Observatorio. — 
Sociedade de geographia. 


Madrid. Sociedad geografica. — Academia de la historia. 


Amiens. Société industrielle. 

Caen. Société des beaux-arts. 

Lille. Bulletin scientifique du Département du Nord. — 
Société géologique, 

Marseille, Société scientifique industrielle. 

Paris. L'Astronomie (Flammarion). — École normale supé- 
rieure. — Journal de l’agriculture (Barral). — Le Cosmos. — 
La Nature. — Le Progrès médical. — Moniteur scientifique. — 


Revue britannique. — Revue des questions historiques. — 
Revue politique et littéraire. — Revue scientifique de la 
France. — Revue numismatique. — Revue internationale de 


l'électricité. — Semaine des constructeurs. — Société nationale 
d'agriculture. — Société zoologique. — Société de géographie. 
— Société mathématique. — Sociélé philomatique. — Société 
d'anthropologie, — Société méléorologique. 

Saint-Omer. Société des antiquaires de la Morinie. 

Toulouse. Société franco-hispano-portugaise. — Société 
d'histoire naturelle, 

Valenciennes. Société d'agriculture, sciences et arts. 


Édimbourg. Royal physical Sociely. 

Londres. Anthropological Institute.— Astronomical Society. 
— Chemical Society.— Entomological Society. — Geographical 
Society. — Geological Society. — Historical Society. — Insti- 
tution of mechanical engineers. — Institution of civil engi- 
neers. — Institution of Great Britain. — Numismatic Society. 


D NS en een Lie 
Vr daa TN OR 


(4147) 


— Mathematical Society. — * Meteorological Society. — Micro- 
scopical Soctety. — Statistical Society. 


Brescia. Ateneo. 

Florence. Società entomologica italiana. — Rivista scien- 
lifico-industriale. — Biblioteca nazionale centrale. 

odéne. Società dei naturalisti. 

Rome. Bulletin del vulcanismo italiano. — Comitato di 
artigliera e genio. — Ministerio dei lavori publici. — Biblio- 
teca nazionale centrale Vittorio Emanuele. 

Saint-Pétersbourg. Société de géographie. — Société de 
chimie. 

Stockholm. Entomologisk Tidskrift. — Nordiskt medicinsk 
Arkiv. 


Genéve. Société de géographie. 
Zurich. JVaturforschende Gesellschaft, 


BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 
a 


ne 


TABLES ALPHABÉTIQUES 
DU TOME QUATORZIEME DE LA TROISIÈME SÉRIE. 


tat. ead 


1881. 


TABLE DES AUTEURS. 


o 


A. 


Académie des lettres, seiences, arts et agriculture de Metz. — Adresse 
son programme de concours pour 1887-1888, 

Académie de Stanislas, à Nancy. — Adresse le programme : 4° du 
prix de chimie (fondation Paul Bonfils), 187; % du prix Herpin 
à décerner en 1889, 311. 

Alberdingk-Thijm (Paul). — Hommage d'ouvrage (Dietsche Warande, 
nieuwe reeks, n° 1), 842; note sur ce fascicule par Ch. Piot, 846. 
Alvin (La famille) — Remerciements pour l'hommage rendu aux 

funérailles de Louis Alvin, 177. 

Anonymes. — Rapports de MM. Spring, Van der Mensbrugghe et Stas 
sur le mémoire de concours concernant l'écoulement linéaire des 
liquides ehimiquement définis, par des tubes capillaires, 879, 
888, 892; rapports de MM. Van, Bambeke, Van Beneden, Éd. et 
F. Plateau sur le mémoire de concours concernant le développe- 
ment embryonnaire du Hérisson, 893, 916, 922. 

(J.). — Envoi de son troisième rapport semestriel, 388; 
communication au Ministre de l'appréciation faite sur ce travail 
par la section de sculpture (M. Marchal, rapporteur), 861. 

Aubel (Edmond Van). — Soumet une étude expérimentale sur l'in- 
fluence du magnétisme et de la température sur la résistance élec- 
trique du bismuth et de ses alliages avec le plomb et l'étain, 813. 


HARE T PE AM AUCUNE M PANNE RP NAN TR 
i È PAR v 


TABLE DES AUTEURS. 1119 


B. 


Baird (Spencer Fullerton). — Annonce de sa mort, 534. 

Bambeke (C. Van). — Rapports : voir Anonymes, Corin, Francotte, 
Henrijean, Julin. 

Bamps (C.). — Note sur quelques espèces rares de la faune des 
vertébrés de la Belgique, observées dans le Limbourg belge, 369; 
avis exprimé sur ce travail par M. Edm. de Selys Longehamps, 194. 

Va 


des Tuniciers, 19; nouvelles recherches sur la fécondation et l 
préliminaire, 215; lauréat psa la huitième période di du concours 


quinquennal des sciences naturelles, 690, 1401 ; élu ee 
e l’Académie royale des sciences de Berlin, 690; félicitations au 


sujet de ces distinetions, 690. — Rapports: voir Anonymes, 
Francotte, des Pelsener, Pergens. 

Beneden (P.-J. Van). — Membre du jury pour le fads Guinard, 398, 
455; délégué : (i célébration de ai D* Donders, 536; 


réélu membre de la Commission finances, 692. — Rapports : 
voir Drion, Julin, Pelsener, Pergen 

Bertolotti (A.). — Propose de donnée le nom de Rubens à une des 
rues de Rom Y 

Biot (Gust.). — er voir Lenain. 

Borlée (Le Dr). — PME ens 

Bormans (Stanislas). urs prononcé aux funérailles de 
J.-F. Tielemans, PAT es e: Classe des lettres, 311. — Rapport : 

. voir Pasquet. 

(Philippe Van). — Lauréat (mention honorable) du grand 

concours d'architecture de 1887, 387, 

Briart (Alp.). — Membre du jury pour je prix Guinard, 398, 455; 
hommage d'ouvrages, 691. — Rapport : voir Klément et etra 


` Brunin (Charles). — Avis favorable sur son buste en marbre 


- Louis Melsens, 178. 


Burbure (Le chevalier Léon de), — Rapport : voir Martin. 


4120 TABLE DES AUTEURS. 


C. 


Casembroot (L. de). — Lauréat du concours des cantates françaises, 
485, 504; Les suppliantes (cantate nee avec traduction 


Catalan (Eug.\. — Présente pour la collection des Mémoires in-4° un 
travail intitulé : Nouvelles propriétés des fonctions X,, 709, 
Chalon (R.). — Réélu membre de la Commission spéciale des 


finanees, 841. 

Clays (P.J.). — Son portrait lui est demandé pour la galerie des 
peintres célèbres du Musée des Offices à Florence, 611. 

Cogniaux (Alfred). — Description de quelques eucurbitacées nou- 
velles, 346; notice sur les Mélastomacées austro-américaines de 
M. Ed. André, 927; rapports sur ces travaux par F. Crépin, 198, 
818; hommage d'ouvrage, 691. 

Corin (J.). — Sur la circulation du sang dans le cercle artériel de 
Willis, 90; rapport sur ce travail par MM. Fréderieq et Van Bambeke, 
1,8; action des acides sur le goût, 616; rapports sur ce travail 
par MM. Delbœuf et Frederieq, 536, 539 

Cornet (Feu F.L.). — Hommage d'ouvrage ait en son nom, 691. 

Crépin (F.). — Rapports : Voir Cogniaux. 

Cumont (Franz). — Rapports de MM. Wagener, Willems et Roerseh 
sur son travail imprimé dans les Mémoires in-8 et intitulé : 
Alexandre d'Abonotiehos : Un épisode de l'histoire du paganisme 
au Ile siecle de notre ère, 124, 198, 


D. 


d'Aguiar (Antonio-Augusto). — Annonce de sa mort, 534. 

Damry (A.). — Soumet un travail sur la détermination dela pression 
du vent en grandeur et en direction, 813. 

Daniel (Nic.). — Dépôt aux archives de sa lettre relative au mouve- 
ment perpétuel, 194. 

d'Aumale (S. A. R. le duc). — Aceuse réception de son diplôme 
d'associé, 108. 

De Decker (P.). — Réélu membre de la Commission des finances, 847. 

De Ball (L.). — Soumet un travail intitulé: masse de la planéte 
Saturne déduite des observations des satellites Japet et Titan, faites 
en 1885 et 1886 à l'Institut astronomique de Liège, 188; rapports 
de MM. Houzeau et Folie sur ce mémoire imprimé dans le Reeueil . 
in-4°, 403, 405 


TABLE DES AUTEURS. \… 178 


De Braey (Michel). — Lauréat (2e prix) du grand concours d'architec- 
ture de 1887, 387, 504. 

De Groot (Guil.). — Rapport : voir Anthone. 

De Heen (P.). — Détermination de la loi théorique qui régit la 
 compressibilité des gaz, 46; hommage d'ouvrages, 187. 

De Keersmaecker (Le Dr). — Dépose un billet cacheté, 399. 

De Keyser (Nicaise). — Annonce de sa mort, 386. 

De Koninck (L.-G.). — Annonce de sa mort, 186 ; discours prononcé 

à ses funérailles par J. De Tilly, 189. 


culpe enri). — Hommage d'ouvrage, 618. 

Del H.). — Hommage de travaux manuscrits déposés aux 
idt. 2, 194, 399. 

Delaurier. — Soumet une note intitulée : Recherches sur les 


causes probables de l'explosion d'un récipient, ete. s deco 
= de M. Spring sur ce travail qui est déposé aux archiv 

de la Vallée Poussin (Ch.). — Rapport : voir Klément et Riar 
Delbæuf (J.). — Hommage d'ouvrages, 2, 691; élu membre titoli 


Demannez (Joseph). — Réélu mémbre e la Commission spéciale des 
finanees, 861. — Rapport : voir Lena 

Deruyts (Jacques). — bidoya sur la théorie des formes 
binaires, 53; rapport sur ce travail par MM. Le Paige et 
Mansion, 4, 5. ; 

Deruyts PEER — Sur la représentation des involutions unicur- 
sales, 322; sur la théorie de l'involution, 650; rapports sur ces 
travaux par MM. Le jer et ar 199, 543, 544. 

Detroz. — Hommage d'o 

De Wulf (Ch.). — Landa de; prix) da grand concours d'architecture 
de 1887, 387, . 

Discailles (Ern.). — Hommage d'ouvrage (Un chanoine démocrate, 
secrétaire du général Vander Mersch), 842; note sur cet opuscule 
par Alp. Le Roy, 842. 

Donders (F.-C.). — Souscription pour la fondation d'une institution 
scientifique à l’occasion de son soixante-dixiéme anniversaire, 399. 

Dormal (V.. — Remis en possession de son billet cacheté, 

` déposé en juin 1887, 691. — Voir Malaise (note sur les poissons 

- devoniens). 


$7* SÉRIE, TOME XIV. Er 


1122 TABLE DES AUTEURS. 


Drion (fils. — Des races et des variétés dans l'espéce MUSTELA 
PUTORIUS, 365; avis exprimé sur ce travail par MM. P. J. Van Bene- 
den et de Selys Longchamps, 1 

Droogenbroeck (J. Van). — Lauréat du concours des cantates flamandes, 
485, 504 


, 904. 
Ducretet (E.). — Sa nôte manuscrite sur un enregistreur mécanique 
et automatique de signaux, ete., est déposée aux archives, 535. 


E 
e 


Errera (Léo). — Élu eorrespondant, 1100. 
Évrard (F.). — Hommage d'ouvrage, 691. 


F. 


Faider (Ch.). — Chargé de faire la notice de feu J.-F. Tielemans, 315; 
réélu membre de la Commission spéciale des finances, 841. 
Faider-Gallait(Ch.).— Annonce la mort de son beau-père Louis Gallait, 


Faye (Il). — Hommage d'ouvrage, 3. 

Ferron (Eug.).— Remis en possession de son travail it concer- 
nant l'insuffisance du système suivi par Cauchy (Théorie de la 
lumière), 536. 

Fétis (Éd.). — Délégué auprès de la Commission administrative, 178; 


se charge d'écrire la notice de Louis Gallait, 857; éloge de 


Louis Gallait, 851. — Rapport : voir Verbrugge. 

Fievex (Ch.). — Nouvelles recherches sur le spectre du earbone, 100; 
rapport sur ee travail par M. Stas, 9. 

Folie (Fr.). — Note relative à la troisiéme partie de sa Théorie des 
mouvements diurne, annuel et séeulaire de l'axe du monde, 202; 
hommage d'ouvrages, 400, 873; délégué à la célébration de l'anni- 
versaire du Dr Donders, 536. — Rapports : voir De Ball, Ronkar, 
Stroobant. 

Forir (H.). — Hommage d'ouvrage, 187. 

Fraikin (Ch.) — Avis favorable sur son buste en marbre de 
L.-P. Gachard, 109, 178; discours prononcé aux funérailles 


d’Auguste De Man, 388; les prix de Rome, leur institution et leur . 


but (diseours), 492; réélu membre de la Cikonio spéciale des 
finances, 861. — Rapport: voir Anthone. 
Fraipont (J.). — Hommage d'ouvrages, 3, 187 


Francotte (P.). — Hommage d'ouvrages, 3; Contribution à l'étude du | 


DCUM 


TABLE DES AUTEURS. 1125 


développement de l'épiphyse et du troisième œil chez les reptiles. 
Communieation préliminaire, 810; rapport sur ce travail par 
MM. Éd. Van Beneden et Ch. Van Bambeke, 699, 7 

Fredericq (Léon). — Hommage du tome I des tnde de son labo- 
ratoire, 2; délégué à la eélébration de l'anniversaire du Dr Donders, 
36. — Rabon voir Corin, Henrijean. 


G. 
Gallait (Louis). — Annonce de sa mort, 856; son éloge par Éd. Fétis, 
857. 


Gevaert (F. A.). — Membre du jury du grand concours de composi- 
tion musicale de 4887, 178. — Rapport : voir Mart 

Gilkinet (Alf.). — 1er commissaire pour l'examen jes Mémoires sur 
le concours Mona à la purifieation des eaux, 922. — Rapports : 
voir Hairs, Joris 

Giovanni (V. di). ne Free a 110, siis note sur ses opus- 
cules intitulés : Topografia antica di Palermo. — Critica religiosa 
e filosofica, par Alph. Le Roy, 110. 

Gluge (Th.) — Réélu membre de la Commission des finances, 692. 

Goblet d'Alviella (Cte Eug.). — Hommage d'ouvrage, 

Gouvernement anglais. — Hommage d'ouvrage (Challenger Reports), 
690. 


Guffens (Godfr.). — Son portrait lui est demandé pour la galerie des 
peintres eélébres du Musée des Offices, à Florence, 488. 


H. 


Hairs (E.). — Sur un nouveau glucoside azoté retiré du LINUM USITA- 
TISSIMUM, 923; rapports sur ce travail par MM. Stas et Gilkinet, 874. 

Harles (C. de). — Hommage d'ouvrages : 1° Le texte originaire du 
Yih-King, sa nature et son interprétation, 456; note sur ce 
volume par P. Willems, 456; % Kaushitaki-Upanishad, 842; note 
sur cet opuseule par Alph. Le Roy, 844. — Note bibliographique : 
voir Monseur. 

Heckers (Pierre). — Lauréat (1er prix) du grand concours de compo- 
sition musicale de 1887, 485, 505; exécution de sa cantate, 506. 

Henne (Alexandre). — Chargé d'écrire pour l'Annuaire de 1888 la 
notiee d'Alph. ad, 456. 

Hennequin (Émile). — Hommage d'ouvrage, 534. 


4124 TABLE DES AUTEURS. 


Henrijean (F.). — Application de la photographie à l'étude de l'éleetro- 
tonus des nerfs, 80; rapport sur ce travail par MM. Frederieq et 
Van Bambeke, 6,1. 

Hiel (Em.). — De Smeekenden, traduction de la eantate eouronnée 
« Les suppliantes », 516, 

Hirn (G. A.) — Hommage dirigés 400, 873. 

Holtzendorff (Franz de). — Hommage d'ouvrage (Principes de la poli- 
tique), 110; note sur ee volume par Alp. Rivier, 4 

Houzeau (J. C.). — Hommage d'ouvrage, 691. — Rapports ; voir De 
Ball, Jenkins, Smith (John Barker), Stroobant. 

Hymans (H.). — Remet pour l'Annuaire sa notice sur J. Franck, 485; 
fait part de la proposition de M. Bertolotti de donner le nom de 
Rubens à une rue de Rome, 487; s'engage à écrire la notiee de 
N. De Keyser, 618. — Rapport : voir Lenain. 


I. 


Ibâñez (Charles). — Hommage de livraisons de la carte topographique 
de l'Espagne, 534. 


J. 


Jaquet (Jos.). — Rapport : voir Anthone. 

Jenkins (J.). — Soumet une note intitulée : On Forecasting the 
Weather, 535; leeture du rapport fait par M. Houzeau sur ce travail 
déposé aux archives, 693. 

Jorissen (A.). — Sur un nouveau glucoside azoté retiré du LINUM 
USITATISSIMUM, 923; rapport sur ce travail par MM. Stas et Gilkinet, 

rt^ 


Julin (Ch.). — Avis exprimés par MM. Van Beneden, père et fils, et 
Van Bambeke sur sa demande de subside à l'effet de pouvoir 
se rendre à Manchester, au Congrès de l'Association pritannique 
pour l'avancement des sciences, 194. 


K. 


Kervyn de Lettenhove (Le baron J.-B.-M.-G.). — La dernière séance 
-du Conseil avant le Supplice, 671. 

Kirchhoff (Gustave). — Annonce de sa mort, 534, 

Klément (C.). — Sur la nature minérale des silex d la craie de - 

. Nouvelles, contribution à l'étude de leur formation, 113; rapport 
sur ce travail par MM. de la Vallée Poussin et Briart, 695, 699. et 

Kolliker (A. von). — Hommage d'ouvrage, 3. : 


TABLE DES AUTEURS. 11235 


E. 


Lagrange (Ch.). — Hommage d'ouvrage, 3; élu correspondant, 1100. 

Lapon (Edmond) — Lauréat (second prix) du grand concours de 
composition musicale de 1887, 485, 5 

Laurent (É.) — Remis en possession de son pli cacheté déposé 
le 1er aoüt 1885, 399, 

Laveleye (Ém. de). — Remercie pour les félicitations qui lui ont été 

. adressées à l'oecasion de sa nomination de membre du Sénat 
académique de l'Université de Saint-Pétersbourg, 315 
jury pour le prix Güinard, 398, 455. — Notice bibliographique : 
voir Monge (L. de). 

Leboucq (H.). — Hommage d'ouvrage, 536. 

Lebrun (Paul). — Lauréat (second prix) du grand concours de compo- 
sition ina de 1887, 485, 5 

.. Lenain (Louis). — Communieation[au Ministre de l'appréciation, faite 

. par la section de gravure, de son envoi-copie réglementaire, 861. 

Le Paige (C.). — Sur les éléments neutres des invohuipiis, eM. — 
Rapports : voir Deruyts. 

Le Roy (Alp.) — Rapport : voir Weddingen (Van). — n bibliogra- 
phiques : voir Discailles, Giovanni (di), Harlez (de), Wiliquet. 

Liagre (J.-M.-J.). — Membre du jury pour le prix des 7 398, 455. 

Lindelóf (L.). — Hommage d'ouvrage (Trajectoire d'un corps assujetti 
à se mouvoir sur la surface de la terre sous l'influence de la rotation 
terrestre), 400; note sur ce travail par M. Van der Mensbrugghe, 400. 
oomans (Ch.). — Remet le manuscrit de sa notice sur G. Nypels, 666. 


M. 

Mailly (Éd.). — Réélu membre de la Commission des finances, 692. 
Malaise (C.). — Dépose un billet cacheté, 186; sur la découverte de 
poissons devoniens dans le bord nord du bassin de Namur, 171. 
Mansion (P.). — Hommage d'ouvrage, 400; élu membre titulaire, 1100. 

— Rapports : voir Deruyts. 
Marchal (Le chev. Edm.). — Remet pour l'Annuaire sa notiee sur 
J. Geefs, 489. — Rapport : voir Anthone. 
Martin Ce. — Avis de la section de musique sur sa note déposée 
. aux archives et intitulée : Proposition d'une base harmonique, 490. 
Maus (H.). — iia membre de la Commission des finances, 692. 


1126 a TABLE DES AUTEURS. 


Middeleer (J.). — Lauréat du concours d'art appliqué (sujet de 
peinture), 486, 503; remercie, 489. 

Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics. — 
Envoi d'ouvrages, 2, 109, 316, 398, 455, 534, 665, 841; fait savoir 
qu'il a commandé à M. Vinçotte le buste de M. Alvin, 177 

Ministre de la Guerre. — Hommage d'ouvrage, 535. 

Monge (Léon de). Hommage d'ouvrage (Études morales et littéraires. 
Épopées et romans eard, 666; note sur ce volume par 
Ém. de Laveleye, 668. 

Monseur (Eugène). — Hommage de l'ouvrage suivant : Canakya. — 
Recension de cinq recueils de stances morales, 316; note sur cet 
opuscule par Ch. de Harlez, 384. 


Montald (C.). — Allocation de sa pension de lauréat du grand 
concours de peinture de 1886, 387. 
Montigny (Ch.). — Réélu membre de la Commission spéciale des 


finances, 692; influence des bourrasques sur la scintillation des 
étoiles, 703. 

Mourlon (Michel). — Sur une nouvelle interprétation de quelques 
dépôts tertiaires, 15; sur les dépôts rapportés par Dumont à ses 
systèmes laekenien et tongrien au S. E. de Bruxelles, 598. 

Murray (John). — Hommage d'ouvrage, 690. 

Musée d'histoire naturelle. — Hommage d'ouvrage, 2 


N. 


Neyt (Adolphe). — Nouvelles recherches sur la fécondation et la 
division mitosique chez l'Asearide mégaloeéphale, 24 

Niesten (L.). — Remarques au sujet de l'éclipse totale de soleil du 
19 août 4887, 449; soumet un travail intitulé : Les plans plané- 
taires et l'équateur solaire, 535, 


0. 
O'Dru de Revel (J.). — Hommage d'ouvrage, 316. 
P. 

Pascaud (H.). — Hommage d'ouvrages, 316. 

Pasquet (Em.). — Soumet un travail intitulé: Sermons de carême en 
dialeete wallon, 666; rapports de MM. Scheler et Bormans sur ce 
travail qui sera imprimé dans les Mémoires in-8», 847, 855. 

Pauli (Adolphe). — Réélu membre de la Commission spéciale des 
finanees, 861. 


TABLE DES AUTEURS. 41127 


Pelseneer (Paul). — Envoi à l'examen de son rapport sur les pur 
e ses études à la Station zoologique de Naples, 186; com 
nication au Ministre de l'appréeiation de ce rapport faite p 
. MM. Van Beneden, père et fils, et Plateau, 402. 
Pergens. — Demande à pouvoir occuper, en 1888, la table 
reservée aux Belges à la Station zoologique, à Naples, 534; eommu- 
cation au Ministre des rapports faits sur cette demande par 
. Van Beneden, père et fils, et Plateau, 692. 
: pin (Martin). — Note bibliographique : voir Voligra 
Piot (Ch.). — Délégué au Congrès de la Fédération hisforiquá et 
archéologique de Belgique, 109 ; remet, pour l'Annuaire de 1888, le 
manuscrit de sa notice sur L.-P. Gachard, 315 ; réélu membre de la 
Commission des finances, 847; hommage, avec note bibliogra- 
phique, du tome VI de la Correspondance du Cardinal de Granvelle, 
316, 319. — Voir aussi Alberdingk-Thijm. 


.. Plateau (F.). — Hommage d'ouvrage, 399, 536; recherches expéri- 


mentales sur la vision ehez les Arthropodes (premiére partie). 
a. Résumé des travaux effectués jusqu'en 1887 sur la structure et 
le fonctionnement des yeux simples; b. Vision chez les Myriopodes ; 
(deuxiéme parti e). c. Vision chez les Arachnides, 545. 
— Rapports: voir Anonymes, Pelsener, Pergens 

Poskin (Ach.). — Hommage d'ouvrage, 188. 

Prost (Eug.). — Sur le sulfure du cadmium colloïdal, 312; rapport 
sur ce travail par MM. Stas et Spring, 197, 1 


R. 


Radoux (J.-T.). — Membre du jury du grand concours de composition 
musicale de 1887, 178. 

Renard (A.-F.). — Sur la nature minérale des silex de la craie de 
Nouvelles, contribution à l'étude de leur formation, 113; rapport 
sur ee travail par MM. de la Vallée Poussin et Briart, 695, 699. 

Reychler (A.). — Sur un mode de epist de la phénylhydrazine, 
450; rapport sur ce travail par MM. Stas et Spring, 403. 

Rivier (Alp.). — Membre du jury pour le prix Guinard, 398, 455. — 
Note bibliographique : voir nr 

Robert (Alex.). — Rapport : voir Verbrugge. 

 Roersch (L.). — Barthélemy Latomus, le premier professeur d'élo- 
~ quence latine au Collège royal de France, 132. — Rapport: voir 

Cumo 


1128 TABLE DES AUTEURS. 


Ronkar (E.). — Note sur les oscillations d'un pendule produites par 
le déplacement de l'axe de suspension, 996; rapport sur ce travail 
par M. Folie, 195; hommage d'ouvrage, 400. 

Rousseau (Jean). — Chargé de faire la notice de feu G. De Man, 381; : 
hommage d'ouvrages, 860; fra Beato Angelico, 862, 


S. 


Samuel (Ad.). — Membre du jury du grand concours de composition 

musicale de 1887, 478; réélu membre de la Commission spéciale 
- des finances, 861. — Rapport : voir Martin. 

“Scheler (Auguste). — Hommage d'ouvrage, 842, — Rapport: voir 
Pasquet. 

Selys Longchamps (Le baron Edm. de). — Hommage d'ouvrage, 399; 
revision des poissons d'eau douce de la faune belge, 1091, — 
Rapports : voir Bamps, Drion. 

"Siret (Ad.). — Désigné pour écrire une notice sur feu N. de Keyser, 
381; regrette de ne pouvoir accepter cette mission, 678. 

Slingeneyer (Ernest). — Son portrait lui est demandé pour la galerie 
des peintres célèbres du Musée des Offices, à Florence, 488; réélu 
isse de z Commission spéciale des finances; 364 — Rapport : 
voir 

Smith din Barker) — Soumet une note intitulée : A new philosophy, 

. 694; rapport de M. Houzeau sur ee travail qui est déposé aux 
selves, 871. 

Société des sciences naturelles de Hambourg. — Annonce la célébration 
de son einquantiéme anniversaire de fondation, 398. 

Souillart (L.). — Hommage d'ouvrage, 536, 

Spring (W.). — Sur une relation entre l'élastieité optique et l'aetivité 
chimique dans un cristal de spath d'Islande, 13; sur la vitesse de 
réaction du spath d'Islande avec quelques acides, 725; simple 
Observation au sujet d'un travail de M. W. Hallock intitulé : The 
Flow of Solids, ete., 595; de l’action du chlore sur les combinaisons 

~ sulfoniques et sur les oxysulfures organiques (4e communication), 
136. — Rapports : voir Anonymes, Delaurier, Prost, Reychler, 
Winssinger. 

“Stallaert (J.). — Lecture d'une note relative aux modifications 
réglementaires des grands concours (Prix de Rome), 487, 682; 
rapport sur le eoneours annuel d'art appliqué (peinture), 679. 


TABLE DES AUTEURS. 1129 


Stas (J.-S.). — Rapports : voir Anonymes, Fievex, Hairs, Jorissen, 
PA Reychler, Winssinger. 
her (J.). — Vondel et la Belgique, 460. 
ad (Ludolphe). — Annonce de sa mort, 108. 
Stroobant (Paul). — Observations physiques de Saturne, CHE en 1881, 
à l'Observatoire royal de Bruxelles, 638; rapport sur ce travail 
par MM. Folie et Houzeau, 544, 543. 


T: 


Tahon (Victor). Hommage d'ouvrage (Les origines de la métallurgie 
au pays d'Entre-Sambre-et-Meuse), 666; note sur ce volume par 


Terby (F.). — Dépose. un billet cacheté, 2; soumet un travail intituté : 
Études de l'aspeet physique de Jupiter (2e partie). Observations 
faites à Louvain à la lunette de Secrétan, de 1882 à 1885, 535. 

Thomsen (Julius). — Élu associé, 1100. 

Thonissen (J.-J.). — Réélu membre de la Commission des finances, 


Tiberghien (G.). — Hommage d'ouvrage, 110. — Rapport: voir Weddin- 


. gen (Van). 

Tielemans (J. Frangois. — Annonee de sa mort, 315; discours 
prononeé à ses funérailles par s. Bormans, SI 

Tilly (J. De). de L.-G. de Koninck, 


189 ; sur les notions de force, d'accélération et d'énergie en méca- 
ape (discours), 975. 
Truyman (Ferdinand). — Lauréat (2e prix) du grand concours 
d de de 1887, 387, 504. 


y. 


- Van der Mensbrugghe (G.). — Remet, pour l'Annuaire, le manuscrit de 
sa notice sur F. Duprez, 186; petite expérience relative à l'influence 
. del'huile sur une masse liquide en mouvement, 205; dépose un 
… billet cacheté, 873. — Rapport : voir Anonymes. — Note bibliogra- 
phique : voir Lindelöf. 
Vander Straeten (Edmond). — Envoi à l'examen d'une 1re série de 
Bulletins formant le résultat de ses recherches à Leyde et à 


489. 
Van der Stricht (0.). — Hommage d'ouvrage, 400, 


1150 TABLE DES AUTEURS. 


Vander Veken (Guillaume). — Envoi à l'examen de son premier 
rapport semestriel, 860. 

Verbrugge (E.). — Rapport de MM. Fétis, Slingeneyer, Robert et 
Verlat sur son 6e rapport semestriel, 178; communication d'une 
lettre de l'Aeadémie royale des beaux-arts d'Anvers relative à son 
envol réglementaire, 392. 

Verlat (Ch.). — Son portrait lui est demandé pour la galerie des 
peintres eélébres du Musée des Offices, à Florence, 488. 
Rapport : voir Verbrugge. 

Verstraete (Léopold). — Dépose un billet eacheté, 399. 

Vinçotte ( T.). — Chargé d'exéeuter le buste de Louis Alvin, 171. — 
Rapport : voir Anthone. 

Vollgraff (J. C.). — Hommage d'ouvrage (M Tvllii Ciceronis pro 
M. Cœlio oratio ad ivdiees), 666; note sur ee volume par M. Phi- 
lippson, 669. 


Ww. 
Wagener (Aug.). — Rapport: voir Cumont. 
Wauters (Alph.). — Hommage, avec note bibliographique, de la 


de livraison (canton de Léau) de sa Belgique ancienne et moderne, 
113; sur l'Épistémonomie de feu Philippe Van der Maelen, ancien 
membre de l'Académie, 129. — Note bibliographique : voir Tahon. 

Wauters (Ém.). — Élu correspondant de l'Institut de France, 488 ; 
son portrait lui est demandé pour la galerie des peintres célèbres 
du Musée des Offices, à Florence, 488. 

Weddingen (A. Van). — Lecture des rapports de MM. Tiberghien et 
Le Roy sur son travail (imprimé dans les Mémoires in-80) intitulé : 
Les tendanees spontanées, dans leurs rapports avee l'objeetivité 
et la certitude des connaissances rationnelles, 385. 

Wiliquet (C.). — Hommage d'ouvrage (Le mien et le tien), 458; note 
sur cet opuseule par Alp. Le Roy; 

Willems (P.). — Rapport: voir Cumont. —Note bibliographique : voir 
Harles (de). 

Winssinger (C.). — Sur quelques dérivés nouveaux de l'aleool hepti- 
lique normal, comparés à leurs homologues, 
travail par MM. Spring et Stas, 693, 694; de l'action du chlore sur 
les combina isons sulfoniquet et sur les oxysulfures organiques 
(4* communication), 736. 


M 606000—— — 


TABLE DES MATIÈRES. 


A 


Anatomie. — Voir Zoologie. 
Astronoms: amo s de Ball soumet ı un travail intitulé : Masse de la 
Japet et Titan, 
faites en 1885 et en 1886 à l'Institut astronomique de Liège, 188; 
rapports faits par MM. Houzeau et Folie sur ce Mémoire imprimé 
dans le recueil in-4o, 403, 405; théorie des mouvements diurne, 
annuel et séculaire de l'axe du monde, Ile partie, par F. Folie, 
. 202; observations physiques de Saturne, faites en 1887, à l'Obser- 
vatoire royal de Bruxelles, par Paul Stroobant, 638; rapport sur 
ce travail par MM. Folie et Houzeau, 541, 543; remarques au sujet 
de l'éelipse totale de soleil, du 19 août 1887, par L. Niesten, 449; 
M. Terby soumet un travail intitulé : Études sur l'aspeet physique 
. de Jupiter (deuxième partie). Observations faites à Louvain, à 
la lunette de Seeretan, de 1882 à 1886, 535; M. Nysten soumet un 
travail concernant les plans planétaires et uses solaire, 535. 
Voir Météorologie (pour la seintillation: et Spectroscopie 


B. 


Beaux-arts. — Voir Concours (Grands). Prix de Rome, Histoire des 
beaux-arts, Musique. 

Bibliographie. — Notes sur les ouvrages suivants : Dietsehe Warande, 
nieuwe reeks, n° 4 (Alberdingk-Thijm, P.*, par Ch. Piot, 846; un 
chanoine démocrate, secrétaire du général Vander Merseh (Dis- 
cailles, Ern.), par AME Le Roy, 842; topografia antiea di Palermo. 
— Critica religiosa et filosofica (V. di Giovanni, par Alp. Le Roy, 
110; le texte originaire du Yih-King, sa nature et son interprétation 
(C. de Harlez), par P. Willems, 456; Kaushitaki-Upanishad (C. de 
Harlez), par Alp. Le Roy, 844; Principes de la politique (Holtzen- 
dorff (F. de), par A. Rivier, 115; trajectoire d'un corps assujetti à 
se mouvoir sur la surface de la terre sous l'influence de la rota- 
tion terrestre (Lindelöf, L.), par G: Van der Mensbrugghe, 400; 
études morales et littéraires. Épopées et romans ehevaleresques 
(Léon de Monge), par E. de Laveleye, 668; Canakya. Recension de 
cinq recueils de stances morales (Monseur, Eugène’, par Ch. de 


ODER ER AE 
om : n lie mor E 


1152 TABLE DES MATIÉRES. 


Harlez, 381; Correspondance du cardinal de Granvelle (tome VI 
par Ch. Piot), par l'auteur, 379; les origines de la métallurgie au 
pays d'Entre-Sambre-et-Meuse (V. Tahon), par Alph. Wauters, 666; 
M Tvllii Cieeronis pro M. Coelio oratio ad ivdices (Vollgraff, 
J. C.), par M. Philippson, 669; Belgique ancienne et moderne. Can- 
ton de Léau (Alp. Wauters), par l'auteur, 113; sur l'Épistémonomie 
de feu Philippe Van der Maelen, par Alp. Wauteurs, 199; le mien 
et le tien (C. Wiliquet), par Alp. Le Roy, 458. 

Billets cachetés déposés par MM. Terby, 2; Malaise, 186; le Dr De 
Keersmaecker, 399; Léopold Verstraete £399; Van der Mensbrugghe, 
813; M. Émile Laurent est remis en possession de son billet cacheté 
déposé dans la séanee du 1er aoüt 1885, 399; M. Dormal remis en 
possession de son b llet cacheté déposé le 4 juin 1887, 694. 

Biographie. — Barthélemy Latomus, le premier professeur d'élo- 
quence latine au Collège royal de France, par L. Roerseh, 132; 
diseours prononeés aux funérailles : 1» de L.-G. de Koninek par 
J. De Tilly, 189; % de J. F. Tielemans par S. Bormans, 371; 
3° d'Auguste De Man par C. A. Fraikin, 388; éloge de Louis Gallait 
par Éd. Fétis, 851. — Voir Notices Wogrüphignes pour l Annuaire. 

Biologie. — Voir Physiologie et Zoologie.. 

Botanique. — Description de quelques Cucurbitacées nouvelles, par 
A. Cogniaux, 346; sur les Mélastomacées austro-américaines de 
M. Ed. André, par A. Cogniaux, 927; rapports sur ces travaux 


Buste des académiciens décédés. — Avis favorable sur le buste en 
marbre de L.-P. Gachard, exécuté par Ch. Fraikin, 409, 178; le buste 
de L. Alvin a été commandé à Th. Vinçotte, 177; avis favorable 
sur le buste en marbre de L. Melsens, exécuté par Ch. Brunin, 178. 


C. 


Chimie. — Sur une relation entre l'élasticité optique et l'aetivité 
chimique dans un cristal de spath d'Islande, par Walthére Spring, 
13; sur la vitesse de réaction du spath d'Islande avec quelques 
acides, par W. Spring, 125; simple observation au sujet d'un travail 
de W. Hallock intitulé : The Flow of Solids, ete., par W. Spring, 
995; sur le sulfure de cadmium, par Eug. Prost, 312; rapport sur ee 

. travail par MM. Spring et Stas, 197, 198; sur un mode de prépara- 
tion de la phénylhydrazine, par A. Reychler, 450; rapport sur ee tra- 
vail par MM. Stas et Spring, 403; de l’action du chlore sur les combi- 
naisons sulfoniques et sur les oxysulfures organiques, quatrième | 
communication, par W. Spring et C. Wissinger, 136; sur quelques 


TABLE DES MATIÈRES. 1155 


dérivés nouveaux de l'aleool heptilique normal eomparés à leurs 
homologues, par C. Wissinger, 760; rapport de MM. Spring et Stas 
sur ce travail, 693, 694; sur un nouveau glueoside azoté, retiré du 
« Linum usitatissimum », par MM. Jorissen et Hairs, E., 923; rap- 
port sur ce — im r MM. ee et Gilkinet, 814. — oc Concours 
de la Classe des , Spectroscopie. 

Commission Pons M. Fétis, membre, 178. — chargée de la 

publication des œuvres des anciens musiciens belges. Renvoi à son 
xamen d’une première série de Bulletins formant le résultat des 

recherches faites par M. Edm. Vander Straeten à Leyde et à Munich, 
spéciale ek finances. Réélections : sciences, 692; lettres, 

847: ; beaux-arts, 

Concour rs. — Les re Mb suivantes adressent leurs programmes : 
Académie des lettres, sciences, arts et agriculture de Metz, 187; 
Académie de Stanislas, à Maney (prix de Miian Fondation Paul 
Bonfils et prix Herpin), 187, 311. — Voir Pri 

Mere de is Classe des hissar (1887). — rate (art appliqué), 

rt de M. J. Stallaert sur les sujets de peinture, 619; 
remerciements de M. J. Middeler, lauréat, 486; proclamation du 
résulta 

Er de la Liai des lettres. — Programme pour 1889, 117. 


quement définis, par des tubes capillaires, 819, 888,892; rapports de 
MM. Van Bambeke, Éd. Van Beneden et F. Plateau sur le mémoire 
concernant le développement embryonnaire du Hérisson, 893, 916, 

. 992; proclamation es “résultats, 1099. — Concours extraordinaire 
Hirilsation des eaux). Mémoires reçus, 402 ; M. Gilkinet, premier 
commissaire pour T examen de ces mémoires, 922. 

Concours des cantates (4881). — Lauréats, 485; Les Suppliantes, par 
L. de Casembroot (cantate couronnée), 506; De Smeekenden, 
Miche t Em. Hiel, 516. 

rands). Prix de Rome. — Lecture par M. Stallaert d'une 
` note ples aux modifieations réglementaires, 487; renvoi de 

' eette note à l'examen de la Commission des prix de Rome, 682; 
les Prix de Rome, leur institution: et leur but; diseours par 

“C.-A. Fraikin, 492. — ARCHITECTURE (1887). Lauréats, 381; procla- 
mation des résultats, 504. — GRAVURE (1881). omi pitstion. au 
Ministre de l'appréciation de l'envoi-copie réglementaire du lauréat 


115^ TABLE DES MATIÉRES. 


Lenain, 861; (1886) envoi à l'examen du premier rapport du 
lauréat Vander Veken, 860. — MusiQuE (18871. MM. Gevaert, Samuel 
et Radoux désignés pour faire partie du jury, 178; lauréats, 485; 
proclamation des résultats, 505; exécution de la cantate de 
M. Heckers, 506. — PEINTURE (1883,. Appréciation du sixième 
rapport du lauréat É. Verbrugge, 178; lettre de l’Académie royale 
des beaux-arts d'Anvers relative à l'envoi réglementaire du méme 
lauréat, 392; (1886) arrêté conférant à M. Montald sa pension de 
5,000 franes, 387. — SCULPTURE (1885). Envoi du troisième rapport 
du lauréat Anthone, 388; communieation au Ministre de l'appré- 
eiation de ce rapport, 861. 

Concours décennal des sciences philosophiques. — Formation de la liste 
double des eandidats pour le choix du jury, 398, 454 

Concours quinquennal des sciences sociales (premiére période). 
M. le Ministre adresse des exemplaires du rapport du jury, 316; 
— de littérature française (huitième période). Formation de la liste 
double de eandidats pour le choix du jury, 455, 610; — des sciences 
naturelles (huitiéme période). — M. Éd. Van Beneden, lauréat, 690, 

1101. 


Concours triennal de ovs dramatique en langue française 
(dixième période). — Formation de la liste double de candidats 
pour le choix du jury, 455, n 

Congrés. — M. Piot, délégué au Congrés de la Fédération historique 
et arehéologique de Belgique, 109. 


D. 


Dons. — Ouvrages imprimés par : Alberdingk-Thijm (P.), 842; 
Borlée (Le Dr.), 187; Briart (Alp.), 691; Cogniaux, 691; Cornet 
(feu F.-L.), 691; De Heen, 187; Delaborde, 618; Delbœuf, 2, 6H; 
Detroz, 842; Discailles, 842; Évrard (F.), 691; Faye, 3; Folie, 400, 
813; Forir, 187; Fraipont, 3, 187; Francotte, 3; Fredericq (L.), 2; 
Giovanni (V. di), 110, 456; Goblet d'Alviella (le Cte Eug.), 316; Gou- 
vernement anglais, 690; Harlez (C. de), 456, 842; Hennequin (E.), 
534; Hirn, 400, 813; Wloltzendorff (F. de), 410; Houzeau (J.), 
691; Ibanez (Ch, 534; Kolliker (A. von), 3; Lagrange (Ch.), 3; 
Leboueq (H.), 536; Lindelôf (L.), 400; Mansion (P.), 400; Ministre de 
l'Agriculture, de l'Industrie et des "Trovaux publies, 2, 409, 316, 
398, 455, 534, 665, 841; Ministre de la Guerre, 535; Monge 
{Léon de), 666; Monseur (Eug; » 916; Murray (J.», 690; Musée 
royal d'histoire materelle, 2; 0' Dru de Revel, 376; Pascaud (H.), 
316; Piot (Ch.), 376; Plateau (F.), 399, 536; Poskin (Ach.), 188; 


4 TABLE DES MATIÈRES. —— 1155 


E. 
bp 
EL 
"d 
E 


Ronkar (E., 400; Rousseau (J.), 860; Scheler (Aug.), 849; 
Selys Longehamps (le baron Edm. de), 399; Souillart (L.), 536; 

. Tahon 'V.), 666; Tiberghien, 410; Van der Stricht (0.), 400; Voll- 
graff (J.-C.) 666; Wauters (Alph.), 409, 110; Wiliquet (C.), 
456. — Ouvrages manuscrits, par C.-H. Delaey, 9, 194, 399. 


E. 
Élections, nominations, distinctions. — CLASSE DES SCIENCES : 
; Beneden lauréat pour la huitième période du concours 


quinquennal des seiences naturelles, et correspondant de 
l’Académie royale des sciences de Berlin, 690; MM. Paul Mansion 
et J. Delbœuf élus membres titulaires; MM. C. Lagrange et 
Léo Errera élus correspondants; M. J. Thomsen élu associé, 1100. 
— CLASSE DES LETTRES : Mgr le duc d'Aumale accuse réception de 
son diplôme d'associé, 108; M. Ém. de Laveleye remercie ses con- 
fréres pour leurs félicitations au sujet de sa nomination de membre 
du Sénat académique de l’Université de Saint-Pétersbourg, 375. — 


Ém. Wauters et Clays sont demandés pour la galerie des peintres 
` célèbres du Musée des Offices, à Florence, 488, 611. — Voir 
Commissions. 

G. 


Géologie, minéralogie et paléontologie. — Sur une nouvelle interpré- 
tation de quelques dépóts tertiaires, par Miehel Mourlon, 15; sur 
J A2 28 H n t» A 1 L mi ++ "+ 


au S.-E. de Bruxelles, par Michel Mourlon, 598; sur la nature 
minérale des silex de la craie de Nouvelles, contribution à l'étude 
de leur formation, par A. F. Renard et C. Klément, 773; rapport 
sur ce travail par MM. dela Vallée Poussin et Alp. Briart, 695, 699; 

- sur la découverte de poissons dévoniens dans le bord nord du 
bassin de Namur, par C. Malaise, 771. 


H. 
- Histoire. — La dernière séance du Conseil avant le Supplice, par 
le baron Kervyn de Lettenhove, 671. 


Histoire des beaux-arts. — Fra Beato Angelico, par J. sn 862; 
nom de Rubens donné à une rue de Rome, 487, 


1156 TABLE DES MATIÉRES. 


Histoire des religions.—Rapports de MM, Wagener, Willems et Roersch 
sur un travail de M. F. Cumont, imprimé dans les Mémoires in-8e 
et intitulé : Alexandre d'Abonotichos : Un épisode de l'histoire du 
paganisme au Ile siècle de notre ère, 124, 498 

Histoire littéraire. — Barthélemy Latomus, le premier professeur 
d'éloquence latine au Collège royal de France, par L. Roersch, 132; 
Vondel et la Belgique, par J. Stecher, 460; M. Em. Pasquet soumet 
un travail intitulé : Sermons de carême en dialecte wallon, 666; 
rapports de MM. Seheler et Bormans sur ce mémoire qui figurera 
dans le Recueil in-8e, 847, 855. 


J. 


Jubilés et Fétes. — Cinquantiéme anniversaire de la fondation de la 
Société des sciences naturelles de Hambourg, 398; liste de sous- 
cription pour la fondation d'une institution 'seientifi que à l’occasion 
de la célébration du soixante-dixiéme anniversaire du professeur 
Donders, 399; MM. P.-J. Van Beneden, Folie et Frederieq délégués 
à ce jubilé, 536. 


M. 


Mathématiques. — Développements sur la théorie des formes binaires, 
par Jacques Deruyts, 53; rapport sur ce travail par MM. Le Paige 
et Mansion, 4, 5; sur la représentation des involutions unieursales, 
par Francois Deruyts, 322; rapport sur ce travail par C. Le Paige, 
199; sur la théorie de l'involution, par Fr. Deruyts, 650; rapport 
sur ee travail par MM. Le Paige et Mansion, 543, 544; sur les 
éléments neutres des involutions, par C. Le Paige, 211; M. Ferron 
est remis en possession de son manuscrit intitulé : Sur l'insuffisance 
du système suivi par Cauchy (Théorie de la lumière), 536; M. Catalan 
- présente pour les Mémoires in-4° une suite à ses précédents travaux 
intitulée : Nouvelles propriétés des fonctions X,, 102. — Voir 


Mécanique. 

Mécanique. — Note sur les oscillations d'un pendule produites par le : 
déplacement de l'axe de suspension, par E. Ronkar, 296; rapport » 
sur ce travail par F. Folie, 195; sur les notions de force, d'accélé- — — 
ration et d'énergie, discours par J. De Tilly, 975; dépôt aux archives — — 
d'une lettre de M. Nie. Daniel, Mal-Mets de (Asie mineure, relative- : 
au mouvement perpétuel, 194: 

et physique du pa — * B.-G. Jenkins soumet une- 


TABLE DES MATIÈRES, 1137 


note intitulée : On Foreeasting the weather, 535; avis de M. Houzeau 
Kaval dépose D cune ication d'atéire 
693; influence des bourrasques sur la scintillation des étoiles, par 
Ch. Montigny, 103; M. Damry soumet une note concernant la 
pression du vent en grandeur et en direction, 813. 
Musique. — Avis de la seetion de musique sur une note de M. J. Martin 
de Visé intitulée : Proposition d'une base harmonique, 490. — 
Voir Concours (Grands). Prix de Rome. 


N. 


Nécrologie. — Annonce de la mort de MM. Ludolphe Stephani, 108; 
Laurent-Guillaume de Koninck, 186; J.-F. Tielemans, 315; N. De 
Keyser, 386; G. De Man, 387; Louis Gallait, 856; G. Kirchhoff, 534 ; 
Spencer Fullerton Baird, 534; Antonio-Augusto d'Aguiar, 534. 

Notices biographiques pour l'Annuaire. — F. Duprez par G. Van der 
Mensbrugge, 186; L.-P. Gaehard par Ch. Piot, 315; Alp. Vanden- 
peereboom par Ch. Henne, 456; Joseph Franek par H. Hymans, 
485; J. Geefs m le chev. Edm. Marchal, 489; G. Nypels par 
Ch. Loomans, 666 ; M. Ch. Faider écrira la notice dd -F. Tielemans, 
375; M. Éd. Fetis celle de Louis Gallait, 857; M. J. Rousseau celle 
de G. De Man, 387; M. Siret désigné pour faire une notice sur 
N. De Keyser est remplacé par H. Hymans, 387, 678. 


o. 
Ouvrages présentés. — Juillet, 179; août, 392; octobre, 521; novembre, 
83; décembre, 1101. 
~ 
Philosophie. — Lecture des ei de de MM. Tiberghien et Le Roy sur 


mémoire de M. A. Van Weddingen intitulé : Les tendances 
RS 6 dans leurs rapporte avec Tobjestvite et la certitude 


= 
B. 


M. John Barker Smith so te intitulée : A new philosophy, 
691; rapport de M. Houzeau sur ee travail qui est déposé aux 
archives, 818. 
Bloiographie. — Voir Physiologie (travail de M. Henrijean). 
Physiologie. — Application de la photographie à l'étude de l'électro- 
- tonus des nerfs (communication préliminaire), par F. Henrijean, 
Ta 


oo m SÉRIE, TOME XIV. 


ani 


1158 TABLE DES MATIÈRES. 


80; _rapport sur ce travail par MM. L. Frederieq et Van Bambeke, 
6, 1; sur la cireulation du sang dans le cercle artériel de Willis, 
par I. Corin, 90; rapport sur ce travail par MM: L. Frederieq et 
Yan Bambeke, 7, 8; action des acides sur le goût par J. Corin, 616; 
rapports sur ce travail par MM. Delbœuf et Frederieq, 536, 539. — 
Voir Zoologie. 

Physique. — Détermination de la loi théorique qui régit la compres- 
sibilité des gaz, par P. De Heen, 46; petite expérience relative à 
l'influence de l'huile sur une masse liquide en mouvement, par 
G. Van der Mensbrugghe, 205; dépôt aux archives d'une note de 
M. E. Dueretet sur un enregistreur mécanique et automatique des 
signaux transmis par les télégraphes et par les projecteurs 
optiques, 535; M. Delaurier soumet une note sur les causes proba- 
bles de l'explosion d'un réeipient, 691; rapport de M. Spring sur 
ce travail déposé aux arehives, 815; M. Edm. Van Aubel soumet un 
travail intitulé : Etude expérimentale sur l'influence du magnétisme 
et de la température sur la résistanee éleetrique du bismuth et de 
ses alliages avee le plomb et l'étain, 813. — Voir Chimie et Concours 
de la Classe des sciences. ; 

Poésie. — Voir Concours des Cantates. 

Prix Castiau. — Programme (troisième période), 120. 

Prix de Saint-Genois. — Programme de la première pe; 193. 

Prir de Stassart. (Notice sur un Belge célébre.) Programme de la 
cinquième période, 122. Big d'histoire nationale.) 
Programme de la quatrième md 

Prix Guinard. — Envoi au Ministre d'une ; liste supplémentaire de 
noms pour le choix du jury, 375; membres du jury, 398, 45 

Prix Joseph De Keyn. — Programme (4* concours, deuxième 
période), 119. 

Prix Teirlinck. — Programme de la première période, 124. 


S... 


Séances. — P e DES SCIENCES : 2 juillet, 1; 6 août, 185; 8 octo- 
bre, 397; 5 novembre, 524; 3 décembre, 689; 15 décembre, 812; 


16 décembre aee conia ei, 914. — CLASSE DES LETTRES : 
4 juillet, 108; , 914; 10 octobre, 454; 1 novembre, 665; 
5 décembre, d. — i „ASSE DES BEAUX-ARTS : T juillet, ATT; - 


4 août, 386; 6 octobre, 484; 97 oetobre, 488; 30 octobre (séance 
publique', 491; 10 novembre, 617; 1er décembre, 856. 


TABLE DES MATIÈRES. 1159 


Spectroscome. — Nouvelles recherches sur le spectre du carbone, par 
ievez, 100; rapport sur ce travail par M. Stas, 9. 

Sub. bsides. — Avis favorable sur la RESIN de abside faite par 
M. Julin à l'effet de pouvoir participer au congrès organisé, à 
Manchester, par l'Association eec pour l'aviiceieiit des 
sciences, 19. 


Z. 


Zoologie. — Les genres ÉcreNAsGIdrA Herp. RHOPALEA Pau. et 
SLUITERIA (nov. gen.). Note pour servir à la classification des 
des Tunieiers, par Éd. Van Beneden, 19; nouvelles recherches sur 
la féeondation et la division mitosique chez l'Asearide mégalocé- 
phale, Communication préliminaire par Éd. Van Ben óden et 
Adolphe Neyt, 915; contribution à l'étude du développement de 
l'épiphyse et du troisième œil chez les reptiles. Communication 
enis par P. ag 810; rapport sur ce travail par 
M . Éd. n Beneden et Ch. V n Bambeke, 699, 702; recherches 


Myriopodes; % partie. Vision chez les Arachnides, par F. Plateau, 
407, 545; revision des poissons d’eau douce de la Faune belge par 
le baron Edm. de Selys Longchamps, 1021; des races et des 
variétés dans l'espèce MusTELA PUTORIUS, par A. Drion, 365; avis 
exprimé sur ee travail par MM. P.-J. Van Benedet et Ed. de Selys 
Longchamps, 194 ; note sur quelques espèces rares de la faune des 
vertébrés de la Belgique, observées dans le Limbourg belge, par 
le Dr Bamps, 369; avis ex juge sur ce pier iae le baron Edm. 
de Selys Longehamps, 194; i à l'examen du rapp e 
M. Paul Pelseneer sur le Hour y ses inis Re Station zoolo- 
gique de Naples, 186; communication au Ministre de l'appréeiation 
faite de ce travail par MM. Van Beneden, pére et fils, et F. Plateau, 
; M. Pergens demande à pouvoir occuper, en 1888, la place 
réservée aux Belges à la Station zoologique de Naples, 534; 
communication du Ministre des rapports faits sur cette gp 
. Van Beneden, père. et fils, et F. Plateau, 692. — Voi 
Concours de la Classe des Science: 


TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES. 


Pages 40, 41, 42, — Série de coupes transversales de l'organe car- 


pue 886, tome XIII. — Ligne 4 en remontant, au lieu de : Depuis hd 


diaque de RHOPALÆA NEAPOLITANA (Éd. Van Beneden»). 

86. — Dispositif pour l'étude de l'éleetrotonus des nerfs 
(F. Henrijean) 

90. — Inscription photographique de l'éleetrotonus |F. Henri- 
ean 


207 — Influence d'une quantité minime d'huile sur le mouve- 
ment d'une masse d'eau (entonnoir); G. Van der 
Mensbrugghe 

291. — Fécondation et division métosique chez l'Asearide 


mégalocéphale (Éd. Van Beneden et Adolphe Neyt). 

296. — Oscillations d'un pendule ipie per le déplacement 
de l'axe de suspension (E. Ronk 

448, 594. — Recherches sur la vision dix les Arthropodes 
(F. Plateau). 

598. — Sur les dépôts rapportés par Dumont à ses systèmes 
laekenien et tongrien au S.-E. de Bruxelles (coupes) 
par Michel Mourlon. 

638. — Observations physiques de Saturne, faites en 1887, par 
Paul Stroobant. 

840. — Développement de l'épiphyse et du troisième œil chez 
les reptiles (P. Francotte». 


ERRATUM. 


et desormais, lisez : Dupuis et Des Ronais. 


TABLE DES MATIÈRES. 


CLASSE DES SCIENCES. — Séance du 3 décem*re 1887. 
Van Beneden, lauréat pour la! 8* période du concours. Le eos 


ne E Restitution à M. -Dormal de son billet cacheté déposé 


«n 
nee 


SION SPÉCIALE DES FINANCES. — - Résodtion. o. 
URS ANNUEL. — Lecture des rapports . 
c E Communication a u Ministre des rapports faits jar MM. Yan! 
et fils et F. Plateau sur la deman de adre ore per r M. Pe rge ans 
cet d’être re à la station zoologique de Naples . 
M Houzeau sur un "M de M. 2-6. Jenkins, 
On fori rüsiing " weat € : 
ort ei MM. Spring et St nssinger concernant 
ues dérivés nouveaux bs l'alcool entyique peram v" — 
es. 


h. "IM Vallée-Poussin et niet sur un aval d 
med concernant la nature minéral ia ~l 
i à à l'étude epa ur for mation. 


PR NUT AR COLE ON d 


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: 


n: aret nieuwe ARENE ne 1. sienne da diu us note 


n € SCIENCES ds Liste de quatorze nons: 
pour le choix du jus. £d ğ P 
COMMISSION SPÉCIALE DES FINANCES. — -. Réélection i 
Rapports. — Rapports de MM. Scheler et Bormans sur un EH. de 
M. Pasquet intitulé : Sermons de caréme en dialecte wallon, . 
CLASSE DES BEAUX-ARTS. — Séance du 1e décembre (887, 2 
CORRESPONDANCE. — Annonce de s mort de Louis pr a du i e par 
Ed. Fétis. — "Envoi à l'examen du 1*r rapport de M. Vander Veken, 
lauréat du grand concours ded “rad e de 1886. — poses d’ ouvrages. 
COMMISSION SPÉCIALE DES FINANCES. — Réélection . . . i s 
Rarporrs. — Com munication au Ministre des appréciation 1e du 5x SUM 
de M. Anthone, grand prix de sculpture en 1885; 2» de Femoi-terie 
scs de M. Lenain, grand prix de gravure en 1881 . 
COMMUNICATIONS ET LECTURES.. — Fra em n Ange par J. Roussesd. 


eid u eter 
Rapport de M. | Spin sur n trava il de M ce Fa concernant. les causes 
TT obesse idi duh récipient, etc. 

e M. veg sur un travail de libe. Barker Smith inti vm; a 


ii 
(^ 
| 


, 


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ux Mémoires, lomes XIX (Ha 1845); in-4^, — Mémo oires, 
nt XX. XLVI, (1846-1856); in-4°. — Prix : 8 fr. par volume à partir du 
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15858, in- série, Lomes I-XX (1857- -1866),' tomes XXI-L (1867- 
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lettres, 1881-87, 5 vol. in-8°. 

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1865-1? s l ^, — Le 8*7 livre des Chroniqu Froissart, 
: publié par le méme. 1865, 2 vol. ee —€ 1 han le Bel, 
publiées par M. Polain. 1865. 2 vol. in Cléomadès, 
publié par M, Va: ae It. 1866, 2 vol. in-89, — Bits e entes d Jean et | 
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; mes in-8v, (Voir la li cid " couverture. 


; — Commission pour l la publication d'un liographi | nationale, r m 
x Mionraphte mationale, t Hal Ms X; Las E "gels, IS gr “2