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Full text of "Bulletin de la Societe botanique de France."

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SOCIÉTÉ BOTANIQUE 


DE FRANCE 


Paris, — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2, 


BULLETIN 


DE LA 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 
DE FBANCE 


FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 


TOME DIX-HUITIÈME 


PARIS 


AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ 


RUE DE GRENELLE, 84 


1871 


LISTE DES MEMBRES 


DE LA 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE 


AU 1*'* NOVEMBRE 1871. 


Siége de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. 


ABZAC DE LADOUZE (le comte D, au château de Bori-Petit, commune de 
Champcevinel prés Périgueux. 

ALANORE, pharmacien, à Clermont-Ferrand. Membre à vie. 

ALMANSI (EMMANUEL), Borgo San Croce, 54, à Florence. 

AMBLARD (Louis), docteur en médecine, rue Paulin, 14, à Agen. 

AMBROSI (FR.), directeur du Musée, à Trente (Tirol, empire d'Autriche). 

ANDOUARD (AMBROISE), pharmacien, rue du Calvaire, 1, à Nantes. 

ANDRÉ (ÉDOUARD), rédacteur de l'/llustration horticole, rue de la Bruyère, 10, 
à Paris; et à la Croix-de-Bléré, par Bléré (Indre-et-Loire). 

ANDREE, pharmacien, à Fleurier, canton de Neuchâtel (Suisse). 

ARDOINO (HONORÉ), à Menton (Alpes-Maritimes). Membre à vie. 

ARNAUD (CHARLES), à Layrac (Lot-et-Garonne). 

AUBOUY, professeur au collége de Lodéve (Hérault). 

AVICE, médecin-major au 55° régiment de ligne, armée de Versailles. 

AYASSE (ÉTIENNE), Grand quai, 18, à Genève. 


BABINGTON (CHARLES-CARDALE), professeur à l'Université de Cambridge 
(Angleterre). Membre à vie. 

BAILLET, professeur à l'École vétérinaire d'Alfort (Seine). 

BAILLIÈRE (ÉMILE), libraire-éditeur, rue Hautefeuille, 19, à Paris. 

BALANSA, naturaliste-voyageur du Muséum, à Nouméa (Nouvelle-Calédonie). 
Membre á vie. (Correspondant à Paris : M. Cosson, rue du Grand-Chan- 
tier, 12.) 

BALL (JOHN), 24, Saint Georges road, Eccleston square, à Londres. 

BARAT, professeur au lycée de Tarbes. Membre à vie. 

BARCELO Y COMBIS (FRANCISCO), professeur de physique à l'Instituto Balear, 
à Palma, ile de Majorque (Espagne). 

BARLA (J.-B.), directeur du Musée, à Nice. 

BARNSBY (DAVID), directeur du jardin botanique, à Tours. 

BARRANDON, huissier, rue de l'Argenterie, 29, à Monipellier. 


vj SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. 


BARTHÈS (CHARLES), chez M. Jung-Treuttel, libraire-éditeur, rue de Lille, 19, 
à Paris. 

BARTHEZ (MELCHIOR), pharmacien, à Saint-Pons (Hérault), 

BAUDOIN (ANTONIN), élève en pharmacie, rue du Brave-Rondezu, 17, à la 
Rochelle. 

BEAUTEMPS-BEAUPRÉ (CHARLES), juge au tribunal de la Seine, rue de Vau- 
girard, 22, à Paris. 

BÉKÉTOFF (ANDRE), professeur à l'Université de Saint-Pétersbourg. 

BELLOC, greffier de la justice de paix, à Langon (Gironde). 

BENTHAM (GEORGE), au jardin botanique de Kew près Londres. 

BESCHERELLE (ÉMILE), chef de bureau au ministère des travaux publics, rue 
du Cherche-Midi, 102, à Paris, 

BESNOU (LÉON), ancien pharmacien de la marine, rue Saint-Yves, 13, à Brest. 

BIANCA (JosEPH), à Avola (Sicile). 

BLANCHE (EMMANUEL), docteur en médecine, président de la Société des amis 
des seiences de Rouen. 

BLANCHE (HExri), à Dôle (Jura). 

BLANCHE (ISIDORE), consul de France, à Tripoli (Syrie). Membre à vie. 

BOCQUILLON, docteur en médecine et ès sciences naturelles, boulevard Saint- 
Germain, 7, à Paris. Membre à vie. 

BOISDUVAL , docteur en médecine, rue des Fossés-Saint-Jacques, 22, à Paris. 

BOISSIER (EDMOND), rue de l'Hótel-de-Ville, 4, à Genève. Membre à vie. 

BOLLE (CARL), docteur ès sciences, place de Leipzig, 19, à Berlin. Membre à vie. ’ 

BORDERE, instituteur primaire, à Gédre par Luz (Hautes-Pyrénées). 

BORIES (PAUL), pharmacien de la marine, à Saint-Denis (ile de la Réunion). 

BORNET (ÉDOUARD), docteur en médecine, Villa-Thuret, à Antibes (Alpes-Mari- 
times) ; et rue de Bourgogne, 19, à Paris. Membre à vie. 

BOUCHARDAT, professeur à la Faculté de médecine, rue du Cloitre-Notre- 
Dame, 8, à Paris. 

BOUCHEMAN (EUGENE DE), rue de l'Orangerie, 27, à Versailles. 

BOUDIER, pharmacien, à Montmorency (Seine-et-Oise). 

BOUILLÉ (le comte RocEn DE), au château de Goué, par Mansle (Charente) ; et 
rue Bayard, 33, à Pau. 

BOUIS (DE), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 168, à Paris. Membre à vie. 

BOULAY (l'abbé), professeur au séminaire de Saint-Dié (Vosges). 

BOURGAULT-DUCOUDRAY, rue Dubocage, 36, à Nantes. 

BOURGEAU (EUGÈNE), naturaliste- voyageur, rue Saint-Claude, 44, à Paris. 
Membre à vie. 

BOUTEILLE, à Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise). 

BOUTEILLER, professeur, à Provins (Seine-et-Marne). 

BOUTIGNY, sous-inspecteur des foréts, à Auch. 

BOUVIER, docteur en médecine, à Lancy près Genève. 

BRAS (A.), docteur en médecine, ^ Villefranche-de-Rouergue (Aveyron). 

BRAUN (ALEXANDRE), membre correspondant de l'Institut, professeur à l'Univer- 
sité de Berlin, Kochstrasse, 22. 

BRESSON, licencié ès sciences naturelles, rue des Feuillantines, 69, à Paris. 

BRETAGNE (PAUL DE), rue de Chàteaubriand, 7, à Paris. Membre à vie. 


LISTE DES MEMBRES. vij 


BRINGUIER ( ANTÉNOR), docteur en médecine, rue Saint-Guilhem, 27 ou 43, 
à Montpellier. 

BRONGNIART (Ap.), membre de l'Institut, professeur de botanique au Muséum, 
rue Cuvier, 57, à Paris. 

BROWN /THEODORE), rue Ancienne, 97, à Carouge prés Genéve. 

BRULLÉ (ÉMILE), docteur en médecine, à Hesdin (Pas-de-Calais). 

BRUTELETTE (B. DE), rue Saint-Gilles, à Abbeville (Somme). 

BUBANI (PIERRE), docteur en médecine, à Bagnacavallo prés Ravenne (Italie). 

BUFFET (JuLES), pharmacien, rue d'Aboukir, 99, à Paris. 

BULLEMONT (DE), chef de division à la préfecture de police, rue d'Assas, 16, 
à Paris. 

BUREAU (ÉDOUARD), docteur en médecine et ès sciences naturelles, quai de 
Béthune, 24, à Paris ; et à Cop-Choux, commune de Mouzeil, par le 
Boulay-des-Mines (Loire-Inférieure). 

BURLE (AUG.), rue Neuve, 41, à Gap. 

BURNAT (ÉMILE), à Nant-sur-Vevey (Suisse, canton de Vaud). 


CABASSE (PAUL), pharmacien, à Raon-l'Étape (Vosges). Membre à vie. 

CALLAY, pharmacien, au Chesne (Ardennes). 

CALMEIL, médecin en chef de la maison de Charenton (Seine). 

CANNART D'HAMALE (DE), sénateur, à Malines (Belgique). 

CARON (ÉDOUARD), à Rubempré prés Villers-Bocage (Somme). 

CARON (HENRI), à Bulles (Oise). Membre à vie. 

CARUEL (TH.), professeur extraordinaire à l'École de pharmacie, à Florence. 
Membre à vie. 

CASARETTO (JEAN), docteur en médecine à Chiavari (Italie). Membre à vie. 

CASPARY, professeur à l'Université de Kænigsberg (Prusse), 

CASTELLO DE PAIVA (le baron de), à l'Académie polytechnique, à Oporto 
(Portugal). Membre à vie. 

CAUVET, docteur en médecine et ès sciences, pharmacien-major aux hôpitaux 
militaires de la division de Constantine (Algérie). 

CESATI (le baron VINCENT), directeur du jardin botanique de Naples. 

CHABERT (ALFRED), médecin-major, à l'hópital militaire de Médéah (Algérie). 

CHABERT, juge de paix, à Saint-Vallier (Dróme). 

CHABOISSEAU (l'abbé), rue Saint-Martin, 300, à Paris. 

CHAPUIS, employé des Douanes, aux Rousses (Jura). 

CHASTAINGT, conducteur des ponts et chaussées, à la Châtre (Indre). 

CHATIN (AD.), professeur à l'École supérieure de pharmacie, rue de Rennes, 
129, à Paris. Membre à vie. 

CHEVALIER (l'abbé E.), professeur au séminaire d'Annecy (Haute-Savoie). 

CINTRACT (DÉSIRÉ-AUGUSTE), sous-chef de bureau au ministère de la guerre, 
rue Saint-Dominique, 22, à Paris. 

CLARINVAL (le colonel), rue Saint-Marcel, 18, à Metz. 

CLOS (D.), professeur de botanique à la Faculté des sciences et directeur du Jardin- 
des-plantes, à Toulouse, Membre à vie, 

GLOUËT, rue Saint-Jacques, 189, à Paris. 

COEMANS (l'abbé Euc.), place Saint-Pierre, 6, à Gand (Belgique). 


viij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


COLVIN (le Rév. RoBERT-F.), pasteur à Moffat (Écosse). Membre à vie. 

CONSTANT (ALEXANDRE), banquier, à Autun (Saône-et-Loire). Membre à vie. 

CORDIER, docteur en médecine, quai Saint-Michel, 19, à Paris. 

CORNU (MAXIME), répétiteur de botanique à Ja Faculté des sciences, rue d'Ulm, 
45, à Paris. 

COSSON (ERNEST), docteur en médecine, membre du Conseil général du Loiret, 
rue du Grand-Chantier, 12, à Paris. Membre à vie. 

COSSON (PAUL), rue du Grand-Chantier, 12, à Paris. 

COURCIERE, professeur au lycée, rue Pradier, 6, à Nimes. 

CRÉVÉLIER, greffier du tribunal, à Confolens (Charente). 

CROUAN, rue de la Vierge, 31, à Lambézellec près Brest (Finistère). 


DARRACO, pharmacien, à Saint-Esprit prés Bayonne (Basses-Pyrénées). 

DE BARY, professeur à l'Université de Halle (Prusse). 

DEBEAUX, pharmacien-major, à l’hôpital militaire des Invalides, à Paris. 

DECAISNE, membre de l'Institut, professeur de culture au Muséum, rue Cuvier, 
57,à Paris. 

DE CANDOLLE (ALPH.), membre correspondant de l’Institut, cour Saint-Pierre, 3, 
à Genève. 

DELACOUR (THÉODORE), quai de la Mégisserie, 4, à Paris. 

DELAUNAY, manufacturier, boulevard Heurteloup, 72, à Tours. 

DELONDRE (AUGUSTIN), rue Saint-Pierre, 3, à Sèvres (Seine-et-Oise). 

DERBES, professeur à la Faculté des sciences, rue des Minimes, 10, à Marseille, ' 

DEROUET, rue Chabannais, 1, à Paris; et rue des Fossés-Saint-Georges, 4, à Tours. 

DERUELLE, avocat, rue des Bons-Enfants, 28, à Paris. 

DES ÉTANGS (LÉON), juge au tribunal d'Autun (Saône-et-Loire). 

DES ÉTANGS (S.), juge de paix, à Bar-sur-Aube (Aube). 

DES MOULINS (CHARLES), rue et hôtel de Gourgues, à Bordeaux. 

DEZANNEAU (ALFRED), docteur en médecine, à Saint-Pierre-Montlimart, par 
Montrevault (Maine-et-Loire). Membre à vie. 

DORVAULT , directeur de la Pharmacie centrale, rue de Jouy, 7, à Paris. 

DOUMET-ADANSON, président de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle 
del'Hérault, à Cette (Hérault). 

DROUSSANT, boulevard du Temple, 34, à Paris. - 

DUBY (le pasteur), rue de l'Évéché, 5, à Genève. 

DUCHARTRE (P.), membre de l'Institut, professeur de botanique à la Faculté 
des sciences, rue de Grenelle, 84, à Paris. Membre à vie, 

DU COLOMBIER (MAURICE), inspecteur des lignes télégraphiques, place des 
Vignaux, à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). 

DUCOT (FRÉDÉRIC), rue Saint-François, 7, à Bordeaux. 

DUFOUR (ÉDOUARD), licencié ès sciences naturelles, président de la Société 
acedémique de la Loire-Inférieure, rue de l'Héronniere, 6, à Nantes. 
Membre à vie. 

DUHAMEL, rue Saint-Honoré, 191, à Paris. 

DULAC (l'abbé), paroisse Saint-Jean, à Tarbes. 

DUPUY (l'abbé;, professeur au petit séminaire d'Auch. 

DURAND, pépiniériste, à Bourg-la-Reine (Seine). 


LISTE DES MEMBRES. ix 


DURIEU DE MAISONNEUVE, directeur du Jardin-des-plantes, à Bordeaux. 

DUSSAU, pharmacien, place de Rome, 9, à Marseille. Membre à vie. 

DUVAL-JOUVE (J.), inspecieur de l'Académie, rue Auguste Broussonnet, 1, à 
Montpellier. 

DUVERGIER DE HAURANNE (EMMANUEL), membre du Conseil général du Cher, 
rue de Tivoli, 5, à Paris; et à Herry (Cher). Membre à vie. 

DUVILLERS, architecte-paysagiste, avenue de Saxe, 45, à Paris. Membre à vie. 


EICHLER, professeur et directeur du jardin botanique de Gratz (Styrie). 
ELOY DE VICQ, place de Cerisy, à Abbeville (Somme). 


FAIVRE (ERNEST), professeur à la Faculté des sciences, avenue de Noailles, 54, 
à Lyon. 

FARÉ, directeur général de l'administration des foréts, rue de Rivoli, 156,à Paris. 

FAURE (l'abbé), professeur au petit séminaire de Grenoble. 

FÉE (A.), professeur à la Faculté de médecine de Strasbourg. 

FERMOND (CHARLES), pharmacien en chef à la Salpêtrière, à Paris. Membre à vie, 

FLEUTIAUX, boulevard des Filles-du-Calvaire, 22, à Paris. 

FOURNIER (EUGÈNE), docteur en médecine et ès sciences naturelles, rue de 
Seine, 72, à Paris. Membre à vie. 

FRANCHET (ADRIEN), au château de Cheverny, par Cour-Cheverny (Loir-et-Cher). 

FRANQUEVILLE (le comte ALBERT DE), rue Palatine, 5, à Paris; et au 
château de Bisanos, par Pau. Membre à vie. 

FRÉMINEAU, docteur en médecine et és sciences naturelles, rue Turbigo, 68, 
à Paris. 


GADECEAU (ÉMILE), négociant, quai de la Fosse, 90, à Nantes. 

GAILLARDOT, médecin sanitaire de France, à Alexandrie (Égypte). 

GANDOGER (MICHEL), propriétaire à Arnas près Villefranche-sur-Saóne (Rhône). 

GARIOD, juge suppléant au tribunal de Gap. 

GAROVAGLIO (SANTO), directeur du jardin botanique de Pavie (Italie). 

GARROUTE (l'abbé), chez M. le marquis de Saint-Exupéry, à Agen. 

GAUDEFROY, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, 8, à Paris. 

GAY (CLAUDE), membre de l'Institut, rue de la Ville-l'Évêque, 26, à Paris. 
Membre à vie. 

GENEVIER (GASTON), pharmacien, quai de Ja Fosse, 83, à Nantes. 

GERMAIN DE SAINT-PIERRE, au Château du Bessay, par Chantenay-Saint- Imbert 
(Nièvre); et rue de Vaugirard, 22, à Paris. Membre à vie. 

GESLIN (JULES), avoué, rue de Toulouse, 2, à Rennes, 

GILLOT (XAVIER), docteur en médecine, à Autun (Saóne-et-Loire). 

GOBERT, propriétaire, à Bouaye (Loire-Inférieure). | 

GODEFROY |V.), professeur au lycée, rue du Cygne, 6, à Châteauroux. 

GODRON , doyen de la Faculté des sciences, rue de la Monnaie, 4, à Nancy. 

GOEPPERT, professeur à l’Université de Breslau (Prusse). 

GONOD D'ARTEMARE, pharmacien, à Clermont-Ferrand. Membre à vie. 

GONTIER, docteur en médecine, rue Saint-Honoré, 364, à Paris. 

GOUMAIN-CORNILLE, secrétaire de la mairie, place du Panthéon, à Paris, 


X SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


GRAS (AUGUSTE), bibliothécaire de l'Académie royale des sciences de Turin. 

GRAS (FRANÇOIS), horticulteur, rue de l'Abbé-de-l'Épée, 159, à Marseille. 

GRENIER (CH.), doyen de la Faculté des sciences, Grand'-rue, 106, à Besancon. 

GRIS (ARTHUR), docteur ès sciences naturelles, aide-naturaliste au Muséum, rue 
Guy-de-la-Brosse, 5, à Paris. 

GUBLER (AD.); professeur à la Faculté de médecine, rue du Quatre-Septembre, 
48, à Paris. 

GUIARD (l'abbé), rue Saint-Dominique, 23, à Paris. 

GUICHARD, rue de l'Algérie, 22, à Lyon. 

GUILLARD (ACHILLE), docteur ès sciences, rue de Bruxelles, 15, à Paris; et à 
Labruyére, par Vaugneray (Rhóne). 

GUILLAUD (ALEXANDRE), aide de botanique à la Faculté de médecine, rue Sau- 
nerie, 8, à Montpellier. 

GUILLON, directeur des contributions indirectes, à Niort. 

GUILLOTEAUX-VATEL, rue Mademoiselle, 2, à Versailles. Membre à vie. 

GUIRAUD, docteur en médecine, grand'rue Ville-Bourbon, à Montauban. 


HACQUIN (JULES), rue Bourtibourg, 9, à Paris. 

HALLEY, professeur au collége d'Avranches (Manche). 

HASSKARL (J.-K.), docteur en philosophie, à Clèves (Prusse rhénane). Membre 
à vie. 

HÉBERT, pharmacien en chef à l'hópital des Cliniques, place de l'École-de- 
Médecine, à Paris. 

HENNECART (JULES), ancien député, rue Neuve-des-Mathurins, 41, à Paris. 

HÉNON, docteur en médecine, cours Morand, 56, à Lyon. 

HERVIER-BASSON (JOSEPH), rue de la Bourse, 31, à Saint-Étienne. 

HOMOLLE, docteur en médecine, rue Bonaparte, 7, à Paris. 

HOWARD (JoHN-ELIOT), à Tottenham près Londres. Membre à vie. 

HUBERSON (GABRIEL), attaché à la préfecture de la Seine, rue Garancière, 4, 
à Paris. 

HULLÉ, professeur d'hydrographie, à Blaye (Gironde). 

HUSNOT (TH.), maire de Cahan, par Athis (Orne). Membre à vie. 


JAUBERT (le comte), membre de l'Institut, député du Cher à l'Assemblée natio- 
nale, au domaine de Givry, par Jouet-sur-l'Aubois (Cher). 

JEANBERNAT (ERNEST), docteur en médecine, rue du Musée, 4, à Toulouse. 

JOLY (JosEPH), place Saint-Bernard, 8, à Dijon. 

JORDAN (ALEXIS), rue de l'Arbre-Sec, 40, à Lyon. 

JOURDAN (PASCAL), ingénieur civil, garde-mines, villa du Bon-air, à Vichy (Allier). 
Membre à vie. 

JUHEL DE LAMOTE-BARACÉ, au château du Coudray, près Chinon (Indre-et- 
Loire); et rue Casimir Périer, 19, à Paris. 

JULLIEN-CROSNIER, conservateur du Musée, rue d'llliers, 56,à Orléans. 


KANITZ (AUG.), professeur d'hístoire naturelle à l'Institut supérieur agricole 
d'Altenbourg (Hongrie). 


oerte nic UN 


LISTE DES MEMBRES. Xj 


KRALIK (Lovis), rue du Grand-Chantier, 12, à Paris, Membre à vie. 
KRESZ, docteur en médecine, rue des Bourdonnais, 14, à Paris. 


LAGRANGE. docteur en médecine, au Bois-de-Rosoy, par Hortes (Haute-Marne). 
LAISNÉ, ancien principal du collége, boulevard du Sud, à Avranches (Manche). 
LAMOTTE (MARTIAL), professeur d'histoire naturelle, barrière d’Issoire, à Cler- 
mont-Ferrand. 
LAMY (ÉpovAnD), ancien banquier, rue Saint-Esprit, à Limoges. 
LANGE (JOHANN), directeur du jardin botanique de Copenhague. 
LANNES, capitaine des douanes, aux Salins-d'Hyeres (Var). 
LARAMBERGUE (HENRI DE), place de l'Albingue, à Castres; et à Anglès-du- 
Tarn (Tarn). 
LARCHER (AD.), chef du bureau de l'instruction publique à la préfecture de la 
Seine, avenue de Clichy, 127, à Paris. 
LARÉVELLIÈRE-LÉPEAUX, au Gué du Berger, par Thouarcé (Maine-et-Loire). 
LA SAVINIERRE (E. DE), rue de la Monnaie, 7, à Tours. 
LASÈGUE (ANTOINE), rue de l'Ancienne-Comédie, 3, à Paris. 
LAUTOUR, pharmacien, à Vassy-près-Vire (Calvados). 
LAVALLÉE (ALPHONSE), rue de Penthièvre, 6, à Paris. 
LAVAU (GASTON DE), au château de Moncé, par Pézou (Loir-et-Cher). Membre 
à vie. 
LEBEL, docteur en médecine, à Valognes (Manche). 
LE DIEN (ÉMILE), ancien avocat à la cour de cassation, boulevard Malesherbes, 
172, à Paris. 
LEFÈVRE (Ép.), rue de Coustantine, 27 (Plaisance), à Paris. 
LEFRANC (EDMOND), pharmacien en chef de la garde républicaine, à Paris. 
LEFRANC DE VILLELONGUE (LÉON), rue des Martyrs, 37, à Paris. 
LE GRAND (ANTOINE), agent voyer d'arrondissement, cloître Notre-Dame, à 
Montbrison (Loirc). 
LEGUAY (le baron LÉON), au château de Serceaux, commune de Valframbert 
par Alencon. 
LEJOURDAN (ALFRED), directeur du Jardin-des-plantes, place Saint-Michel, 7, 
à Marseille. 
LE MAOUT (EMMANUEL), docteur en médecine, rue de Poissy, 2, à Paris. 
LEPELTIER (ARMAND), docteur en médecine, rue de Feltre, 10, à Nantes. 
LÉPINE (JULES), ancien chirurgien de la marine, commissaire de surveillance 
administrative des chemins de fer, à Chátellerault (Vienne). 
LE SOURD (ERNEST), docteur en médecine, rue de l'Université, 8, à Paris. 
LESPINASSE (GUSTAVE), rue de la Croix-Blanche, 25, à Bordeaux. 
LESTIBOUDOIS (THÉMISTOCLE), membre correspondant de l'Institut, rue de 
la Victoire, 92, à Paris. 
LETOURNEUX (ARISTIDE), conseiller à la cour d'appel d'Aiger. 
LETOURNEUX ('ACITE), président du tribunal civil de Fontenay-le -Comte 
(Vendée). 
LOCK, pharmacien, à Vernon (Eure). 
LOMBARD (ARMAND), au Vigan (Gard). 
LOMBARD (F.), rue Chabot-Charny, 48, à Dijon. 


Xi) SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
LORET (HENRI), rue Barthez, 4, à Montpellier. 
LORTET, docteur en médecine, avenue de Saxe, 69, à Lyon. 


MAILLARD (AUGUSTE), docteur en médecine, rue du Petit-Potet, 34, à Dijon. 

MALINVAUD (ERNEST), rue Clément, 6, à Paris. Membre à vie. 

MALINVERNI (ALESSIO), à Quinto près Verceil (Italie). 

MANCEAU, conservateur de la bibliothèque de la ville, rue de Rivoli, 2, au Mans. 
Membre à vie. 

MANESCAU, ancien représentant, à Pau. 

MARCET (ADOLPHE), docteur en médecine, licencié ès sciences naturelles, rue 
Bonneau, 7, à Suresnes (Seine). 

MARCHAND (LÉON), docteur en médecine et és sciences naturelles, rue 
Lhomond, 37, à Paris. 

MARCILLY, inspecteur des forêts, à Chálons-sur-Marne. 

MARES (PAUL), docteur en médecine, à Alger. 

MARJOLIN, chirurgien des hôpitaux, rue Chaptal, 16, à Paris. Membre à vie. 

MARLIER, officier comptable des subsistances militaires, Commission de liqui- 
dation de l'armée de la Loire, au Maus. 

MABMOTTAN, docteur en médecine, rue Desbordes-Valmore, 31 (Passy), à 
Paris. 

MARTIN (BERNARDIN), docteur en médecine, à Aumessas prés le Vigan (Gard). 

MARTIN (ÉuiLE), juge, à Romorantin (Loir-et-Cher). 

MARTIN (JOSEPH DE), docteur en médecine, à Narbonne (Aude). 

MARTIN (Louis DE), docteur en médecine, boulevard du Jeu-de-Paume, 2?, 
à Montpellier. 

MARTINET (J.-B.), licencié és sciences naturelles, rue Monge, 27, à Paris. 

MARTINS (CH.), membre correspondant de l'institut, directeur du Jardin-des- 
plantes, à Montpellier. Membre à vie. 

MARVILLET, pharmacien à Autun (Saône-et-Loire). 

MASSON (VICTOR), libraire-éditeur, place de l'École-de-Médecine, à Paris. 

MATHIEU (AUG.), inspecteur des forêts, rue Stanislas, 46, à Nancy. 

MATIGNON (E.), à Fontainebleau (Seine-et-Marne). 

MAUGERET, inspecteur du télégraphe, avenue de Villars, 8, à Paris. 

MAUGIN (GUSTAVE), avoué, rue Guénégaud, 12, à Paris. Membre à vie, 

MÉHU (ADOLPHE), pharmacien, à Villefranche-sur-Saóne (Rhóne). 

MER (ÉMILE), garde général des foréts, à Chaumont en Bassigny. 

MERCEY (ALBERT DE), à Cannes (Var). , 

MICHEL (AUG.), rue Lemercier, 48 (Batignolles), à Paris. 

MIÉGEVILLE (l'abbé), à Notre-Dame-de-Garaison, par Castelnau-Magnoac 
(Hautes-Pyrénées). 

MIGNOT, docteur en médecine, à Beaumont-sur-Oise (Seine-et-Oise). 

MILLARDET, docteur en médecine, à Montmirey par Moissey (Jura). 

MOGGRIDGE (J. TRAHERNE), maison Gastaldi, à Menton ( Alpes-Maritimes); 
et care of Rev. M.W. Moggridge, Long Ditton, Kingston on Thames (An- 
gleterre). Membre à vie. 


MONARD (P.), ancien médecin en chef des armées, rue de l'Évéché, 95, à 
Metz. 


t 


LISTE DES MEMBRES. xiij 


MOQUIN-TANDON (OLIVIER), rue de Sèvres, 44, à Paris. 

MORIERE (J.), professeur à la Faculté des sciences de Caen. Membre à vie. 

MORREN (ÉDOUARD), professeur à l'Université de Liége (Belgique). 

MOTELAY (LÉONCE), rue Guillaume-Brochon, 7, à Bordeaux. Membre à vie. 

MOUGEOT (ANTOINE), docteur en médecine, membre du Conseil général des 
Vosges, à Bruyères (Vosges). 

MOUILLEFARINE (EDMOND), avoué, rue Ventadour, 7, à Paris. Membre à vie. 

MOURA-BOUROUILLOU (B.), docteur en médecine, rue Molière, 25, à Paris. 


NÆGELI (CARL), professeur à l'Université de Munich (Bavière). 

NETTO (LADISLAU DE SOUZA MELLO Y), directeur de la section d'agriculture et 
de botanique au Musée impérial de Rio de Janeiro (Brésil). 

NOÉ (le marquis DE), rue du Bac, 126, à Paris. 

NOUEL, directeur du Musée d'histoire naturelle, à Orléans. 

NOULET, professeur à l'École de médecine, rue du Lycée, 14, à Toulouse. 


OPOIX (JOSEPH), horticulteur, chef des cultures de M. le duc de Vallombrosa, 
à Cannes (Var). 

OUDEMANS (C.-A.-J.-A.), professeur de botanique, à Amsterdam. 

OZANON (CHARLES), à Rougeon, par Buxy (Saóne-et-Loire). 


PAILLOT (JUSTIN), pharmacien aux Chaprais, commune de Besancon. 

PAIRA (MICHEL), cultivateur, à Geudertheim prés Brumath (Alsace). 

PARIS (E.-G.), lieutenant-colonel du 100* régiment d'infanterie, à Périgueux. 
Membre à vie, 

PARLATORE (PH.), professeur de botanique au Musée royal d'histoire naturelle 
de Florence. 

PARSEVAL-GRANDMAISON (JULES DE), avocat, aux Perrières près Mâcon. 

PASSY (ANTOINE), membre de l’Institut, rue Pigalle, 69, à Paris; et à Gisors 
(Eure). Membre à vie. 

PAYOT (VÉNANCE), naturaliste, à Chamonix (Haute-Savoie). 

PEDICINO, professeur à l'Institut technique, via del Fico a Foria, 24, palazzo 
Février, à Naples. 

PELLAT, conseiller de préfecture, rue des Vieux-Jésuites, 8, à Grenoble. 

PELTEREAU (ERNEST), notaire, à Vendóme (Loir-et-Cher). 

PENCHINAT (Cn.), docteur en médecine, à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales 77 

PÉRARD (ALEXANDRE), rue Guy-de-la- Brosse, 4, à Paris. 

PERRIER DE LA BATHIE (EUGÈNE), à Conflans près Albertville (Savoie). 

PERRIO (FRANÇOIS), rue des Pyramides, à Pontivy (Morbihan). 

PERSONNAT (VICTOR), à Sancerre (Cher). 

PETERMANN (C.-E.), rue Foy, 9, à Saint-Quentin (Aisne). 

PETIT (GUILLAUME), ancien député, à Louviers (Eure), Membre à vie. 

PETIT (PAUL), pharmacien, rue des Quatre-Vents, 16, à Paris. | 

PIRÉ (Louis), secrétaire de la Société royale de botanique de Belgique, rue 
d'Orléans, 15, à Ixelles-lez-Bruxelles. 

PLANCHON (ÉMILE), professeur à la Faculté des sciences et directeur de l'École 
supérieure de pharmacie de Montpellier. 


xiv SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


PLANCHON (GUSTAVE), professeur à l’École supérieure de pharmacie, boulevard 
Saint-Michel, 139, à Paris. - l 

POISSON (JULES), préparateur au Muséum d'histoire naturelle, rue du Tem- 
ple, 194, à Paris. | 

POMEL, ingénieur garde- mines, à Oran (Algérie). 

POMMARET (E. DE), à Agen. 

POURTIER (JULES), employé des contributions indirectes, rue Saint-Vincent, 21, à 
Besancon. 

PRADEL, pharmacien, rue Réaumur, 15, à Paris. 

PRILLIEUX (ÉDOUARD), docteur ès sciences, rue Cambacérès, 14, à Paris. 

PUGET (l'abbé), chez Madáme de Livet, à Pringy près Annecy. 


QUESTIER (l'abbé), curé à Thury-en-Valois, par Betz (Oise). 


RAMES FILS, pharmacien, à Aurillac. 

RAMOND (A.), administrateur des douanes, rue des Écoles, 38, à Paris. 

RAVAIN (l'abbé), professeur au collége de Combrée (Maine-et-Loire). 

REBOUD, médecin-major au 3° régiment de tirailleurs indigènes, province de 
Constantine (Algérie). . 

REMY (JULES), ancien voyageur du Muséum, à Louvercy, par Châlons-sur- 
Marne. Membre à vie, 

RENAULT (BERNARD), docteur ès sciences, professeur à l'École normale spéciale 
de Cluny (Saóne-et-Loire). 

RIPART, docteur en médecine, rue de l'Arsenal, 4, à Bourges. 

RIVET, rue Lemercier, 89 (Batignolles), à Paris. 

ROCHEBRUNE (ALPH. DE), rue de Beaulieu, 65, à Angoulême. Membre à vie. 

RODIN, chef d'institution, à Beauvais. 

RODRIGUEZ (JUAN), calle de la Libertad, 48, à Mahon, ile de Minorque (Espagne). 
Membre à vie. 

ROGET DE BELLOGUET, rue de l'Université, 15, à Paris. 

ROSS (DAVID), 7, Regent place, à Édimbourg. Membre à vie. 

ROUMEGUERE (CASIMIR), rue Riquet, 31, à Toulouse. 

ROUSSEL, docteur en médecine, rue des Fossés-Saint-Jacques, 26, à Paris. 

ROUY (GEORGES), à Saint-Léger-du- Bois, par Épinac (Saône-et-Loire); et rue 
Saint-Lazare, 44, à Paris. 

ROYER (CHARLES), avocat, à Saint-Rémy prés Montbard (Cóte-d'Or). Membre à vie. 

ROYET (EUGÈNE), docteur en médecine, à Saint-Benoit-du-Sault (Indre). 


ROZE (ERNEST), attaché au ministère des finances, rue des Feuillantines, 101, 
à Paris. 


SAGOT (PAUL), docteur en médecine, professeur à l'École normale spéciale de 
Cluny (Saône-et-Loire). 


SAINT-EXUPÉRY (le comte GUY DE), à Agen. 
SALDANHA DA GAMA (JOAO DE), à Rio de Janeiro ; par M. Thorin libraire, bou- 
levard Saint-Michel, 58, à Paris. 
SALVE (le vicomte SÉBASTIEN DE), place des Précheurs, à Aix-en-Provence 
(Bouches-du-Rhône); et au château de Reillanne (Basses-Alpes). 


LISTE DES MEMBRES. XV 


SAPORTA (le comte GASTON DE), à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). 

SAUZE (l'abbé), curé de Marcieu, par la Motte-Saint-Martin (Isère). 

SAUZET (DE), licencié ès sciences naturelles, rue d’Astorg, 3, à Toulouse. 

SAVATIER (LUDOVIC), chirurgien de la marine, arsenal de Lokoska, par Yoko- 
hama, au Japon. Membre à vie. 

SAVY (F.), libraire-éditeur, rue Hautefeuille, 24, à Paris. 

SCHLUMBERGER (Heyr), maire de Guebwiller (Alsace). Membre à vie. 

SCHMITT, pharmacien-major. à l'hôpital militaire des Colineltes, à Lyon. 
Membre à vie. 

SCHOENÉFELD (W. DE), rue de Bellechasse, 35, à Paris. Membre à vie. 

SENOT DE LA LONDE (CH.), à Rosseau par Corné (Maine-et-Loire). 

SERRES (HECTOR), pharmacien, à Dax (Landes). 

SEYNES (JULES DE), professeur agrégé à la Faculté de médecine, rue Saint- 
Guillaume, 29, à Paris ; età Lassalle (Gard). 

SONGEON (ANDRÉ), rue de Roche, à Chambéry. 

SOUBEIRAN (J.-L.), secrétaire de la Société zoologique d'acclimatation, rue de 
Lille, 19, à Paris. 

SPACH (ÉDOUARD), conservateur de la galerie de botanique au Muséum, rue 
Cuvier, 57, à Paris. 

SPÉNEUX (Louis -EUGENE), pharmacien, à Saint-Leu-Taverny (Seine-et-Oise). 


TAILLEFERT, Maison de Charenton, à Saint-Maurice (Seine). 

TANTENSTEIN, rue Paillet, 29, à Paris. 

TARDIEU (MAURICE), rue de Tournon, 6, à Paris. 

TARGIONI-TOZZETTI, professeur d'histoire naturelle,à Florence. 

TASSI (ATTILIO), professeur d'histoire naturelle, à Sienne (Italie). 

TCHIHATCHEF (PIERRE DE), membre correspondant de l'Institut, aux soins de 
MM. Fenzi et Cie, banquiers, à Florence. 

THÉRY, docteur en médecine, à Langon (Gironde). Membre à vie. 

THÉVENEAU, docteur en médecine, à Béziers (Hérault). 

THIBESARD, rue Saint-Martin, 49, à Laon. 

THIÉBAUT, lieutenant de vaisseau, à Vitry-le-Francois (Marne). 

THOREL (CLOVIS), docteur en médecine, rue de Longchamps, 3 (Passy), à Paris. 

THURET (GUSTAVE), membre correspondant de l'Institut, à Antibes ( Alpes- 

Maritimes). 

TIMBAL-LAGRAVE (ÉDOUARD), rue Romiguière, 45, à Toulouse. Membre à vie, 

TISSEUR (l'abbé), aux Chartreux, à Lyon. 

TITON, docteur en médecine, à Chàlons-sur-Marne. Membre à vie. 

TOCQUAINE, pharmacien, à Remiremont (Vosges). 

TODARO, directeur du jardin botanique, à Palerme (Sicile). 

TOURLET, à Chinon (Indre-et-Loire). Membre à vie. 

TRABUT (Lours), étudiant en médecine, cours Lafayette, 67, à Lyon. 

TRIADON CADET, chez M. Laniel, rue Conti, à Pézénas (Hérault). 

TRIBOUT (A.), docteur en médecine au Grand-Quevilly, par Rouen. 

TROUILLARD, banquier, à Saumur (Maine-et-Loire). 

TUEZKIEWICZ (DIOMÈDE), docteur en médecine, au Vigan (Gard), 

TULASNE (L.-R.), membre de l’Institut, rue Cuvier, 57, à Paris, 


xvj SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


VALON (ERNEST DE), conserv. des hypothèques, à Coulommiers (Seine-et-Marne). 

VAN TIEGHEM (PH.), docteur ès sciences, maître de conférences à l'École nor- 
male, rue de Sorbonne, 4, à Paris. 

YENDRELY, pharmacien, à Champagney (Haute-Saône). 

VEBLOT (J.-B.), directeur du Jardin-des-plantes, à Grenoble. 

VIAUD-GRAND-MARAIS (AMBROISE), professeur à l'École de médecine, rue Beau- 
soleil, 2, à Nantes. 

VIBRAYE (le marquis DE), membre correspondant de l'Institut, au château de 
Cheverny, par Cour-Cheverny (Loir-et-Cher) ; et rue de Varenne, 56, à 
Paris. 

VIGINEIX (GUILLAUME), rue de la Harpe, 49, à Paris. 

VILMORIN (HENRI), rue du Bac, 39, à Paris. 


WALKER (ARTHUR), docteur en médecine, 32, Melville-street, à Édimbourg. 
Membre à vie. 

WARION (ADRIEN), médecin-major au 4°" bataillon léger d'Afrique, à Mascara 
(Algérie). 

WATELET, officier de l'instruction publique, à Soissons (Aisne). 

WATTERS (JAMES), Dalkeith road, Belleville, prés Édimbourg. Membre à vie. 

WEDDELL (H.-A), docteur en médecine, rue de la Tranchée, 44, à Poitiers. 


ZANIEWSKI (JEAN), étudiant en pharmacie, rue des Feuillantines, 84, à Paris. 
ZETTERSTEDT, professeur à l'Université d'Upsal (Suède). 


Membres admis en novembre et décembre 1874. 


FRANCO (Luis), médecin à Machecoul (Loire-Inférieure). 

POSADA-ARANGO (ANDRES), docteur en médecine, à Medellin (États-Unis de 
Colombie). Membre à vie. 

LECLERC (FRANÇOIS), ancien pharmacien à Seurre (Cóte-d'Or). 

VENDRYÈS, attaché au ministère de l'instruction publique, place Saint-Sulpice, 4, 
à Paris. 

BOREL (J.), professeur au collége de Gap. 


SOCIETE BOTANIQUE 
DE FRANCE 


SÉANCE DU 13 JANVIER 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT. 


Malgré le bombardement qui sévit particulièrement sur la rive 
gauche de la Seine (où se trouvent la plupart des établissements 
scientifiques et d'instruction publique de Paris), en dépit des obus 
qui atteignent les maisons de la rue de Grenelle et méme de la rue 
Saint-Dominique (plus rapprochée encore de la Seine), la Société se 
réunit au local habitucl de ses séances, rue de Grenelle, 84. 

Sont présents : MM. Buffet, Cauvet, l'abbé Chaboisseau, Cintract, 
Damiens, Debeaux, Aug. Delondre, Gaudefroy, Mouillefarine, 
E. Roze, W. de Schenefeld, le D' Tribout et Henri Vilmorin. 

Conformément à la décision prise dans la séance du 9 décembre 
dernier, les élections pour le renouvellement du Bureau et du 
Conseil (qui ont lieu habituellement dans la premiére séance de 
janvier) sont ajournées. Le Bureau nommé pour 1870 reste en 
fonctions jusqu'à nouvel ordre. 

M. le Secrétaire général donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 23 décembre 1870, dont la rédaction est adoptée. 

M. Aug. Delondre donne lecture lui-méme de la lettre suivante 
qu'il adresse à M. le Président de la Société : 


LETTRE DE W. Aug. DELONDRE. 
Monsieur le Président, 
Les armées allemandes, sans aucun avis préalable, ont cru pouvoir, au mé- 


pris de toutes les règles du droit des gens, infliger à nos hôpitaux aussi bien 
T. XVIII. . (SÉANCES) 1 


2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


qu'à nos établissements scientifiques des dévastations inutiles, qui heureuse- 
ment n'altéreront en rien la courageuse attitude de Paris assiégé. Notre noble 
cité se défend avec héroisme, et, si elle succombe, la famine seule pourra la 
réduire à capituler. Mais, parmi les établissements atteints, se trouve le Mu- 
séum d'histoire naturelle, si cher à tous les membres de notre Société. M. Che- 
vreul, directeur du Muséum, a protesté au nom de cet établissement. Nous 
vous proposons de demander à la Société de s'associer par son vote à la pro- 
testation de M. Chevreul, sans préjudice de tout autre mode de protestation 
plus eíficace contre les procédés sauvages des Prussiens, et en général des 
sujets de la Confédération de l'Allemagne du Nord en guerre contre nous. 
Agréez, etc. 
Augustin DELONDRE. 


M. Mouillefarine propose de nommer une Commission chargée 
de constater les dégâts commis au Muséum par le bombardement. 
La Société adopte cette proposition, et désigne, pour faire partie de 
ladite Commission, sous la présidence de M. Decaisne, MM. Delondre, 
Gaudefroy et de Schoenefeld. 

M. l'abbé Chaboisseau met sous les yeux de la Société trois volumes 
de sa bibliothéque, avec les annotations suivantes : 


NOTES SUR QUELQUES OUVRAGES RARES OU CURIEUX RELATIFS A LA BOTANIQUE, 
pa M. 'abbé CHABOISSEAU (suite). 


I 


Mentzel. — Iivaë Boravwvupos mokéylorros xoOolixós. 
Index nominum plantarum universalis, etc. — 
Editio altera. — Berolini, 4696. — (Pritzel, Thesaurus 
liter, bot. n° 6789.) 


Voici l'exemplaire méme de la bibliothèque de J. Gesner, de Zurich : il 
porte au-dessous du titre la note manuscrite suivante : « Provenant de la bi- 
bliothèque de Jean Gessner (sic). Acheté 4 livres 16 sous chez le citoyen Fussly 
le fils, à Zurich, le 7 brumaire an VIII. (Signé) De Cayrol.» — L'ouvrage est 
interfolié et rempli de notes manuscrites de J. Gesner sur la synonymie des 
plantes; avec une sorte de préface manuscrite où cet auteur expose la mé- 
thode à suivre pour continuer le travail de Mentzel. Cet exemplaire est donc 
par le fait un véritable manuscrit de J. Gesner, dont la date peut étre à peu 
prés fixée par cette phrase significative de sa préface : Cum vero a Linnæo 
pauciores plante? ex his auctoribus (J. Bauhin, Morison, Ray, Tournefort) 
suis in scriptis potissimum in Horto Cliffortiano commemorentur. .. L? Hor- 
tus Cliffortianus a été publié en 1737; le manuscrit présent ne doit être pos- 


SÉANCE DU 18 JANVIER 1871. 3 


térieur que d'un petit nombre d'années. Il prouve du reste que J. Gesner, en 
annotant et continuant Mentzel, s'était souvenu du Catalogus plantarum, 
latine, grace, germanice et gallice, publié en 1542 par Conrad Gesner, et 
avait pensé à continuer l’œuvre. 


Il 


Pedanii Dioscoridis Anazarbei de medicinali materia libri sex, 
Joanne Ruellio Suessione interprete, etc.— Francofurti, 1543. 
— (Pritzel, Thes. n° 11518.) 


Cette édition de Dioscoride n'a rien de rare ni de remarquabr . Seulement 
l’ exemplaire présent est celui de la bibliothèque de Colbert, relié en maroquin 
rouge, à ses armes, et portant à l'intérieur la mention manuscrite d'une écri- 
ture caractéristique : Zibliothece Colbertinæ. 


III 


De universali stirpium natura, libri duo, Joannis Coste Lau- 
densis, ad sereniss. Emmanuelem Philibertum et Carolum 
Emmanuelem Sabaudiæ ac Pedemont. D. et P. — Auguste 
Taurinorum, 1518. 


Pritzel (Thes. n° 2010) dit avoir vu ce livre dans la bibliothèque De Can- 
dolle ; ce qui le suppose peu commun. L'exemplaire que je présente offre un 
intérét spécial : il est orné d'une belle reliure de Boyet, en maroquin citron, 
aux armes du prince Eugéne de Savoie, dont les ancétres en avaient recu 
la dédicace. — Au verso du dernier feuillet, on a mis l'estampille : Dupl. 
biblioth. palat. Vindobon. Ce qui suppose un autre exemplaire au moins 
aussi beau et aussi curieux. (Je n'ai pu, pendant le siége de Paris, avoir aucun 
renseignement sur ce point; d'ailleurs mes pensées étaient portées ailleurs : 
ce n'est qu'hier [8 février 1871] que j'ai recu enfin des nouvelles de ma 
famille.) 

Les trois volumes dont je parle ici ont été achetés par moi à Paris, en vente 
publique. 


Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la 
Société : 
NOTE SUR LA CULTURE DU CACAOTIER, par MI. Paul LÉVY. 


( Grenade-de-Nicaragua, 25 novembre 1869.) 


La culture du Cacaotier varie suivant les pays. — Le cacao que produit le 
Nicaragua est estimé ; mais, comme il entre pour une forte proportion dans 
l'alimentation publique, la production est à peu prés absorbée par la consom- 


h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


mation locale ; le peu qui est exporté va dans les républiques voisines où l'on a 
renoncé à sa culture, mais où on ne l'estime pas moins. Le San-Salvador s'est 
voué à l'indigo, Guatemala à la cochenille, Costarica au café, Nicaragua au cacao, 
Honduras exploite ses foréts ; on ne connait donc pas ou presque pas le cacao du 
Nicaragua ea Europe. 

Cette culture présente certains avantages nouveaux aux cultivateurs, en ce 
sens qu'elle est éminemment perfectible, et que certainement un planteur qui 
essaierait tous les perfectionnements rationnels arriverait à faire obtenir aux 
cacaos portant sa marque, sur les marchés européens, une plus-value excep- 
tionnelle. 

Le Cacaotier ne se rencontre que rarement à l'état sauvage. Il donne alors des 
fruits en quantité, mais d'une qualité inférieure et d'un arome presque nul ; 
en revanche, il contient beaucoup de beurre de cacao. On ne cultive que la 
variété à fruit rouge ; d'autres variétés se rencontrent, semées accidentellement. 
Sous l'influence de la culture, les fruits deviennent moins nombreux, mais 
plus savoureux et plus gros. 

Une fois le terrain défriché, on sème d'abord des arbres-abris. Tous les 
arbres à feuillage menu et tremblotant sont bons pour cet usage. On choisit 
celui que l'on veut. On emploie ici la maderu negra, espèce d'Immortelle à 
fleurs rouges. Les conditions que doit remplir un arbre-abri sont : d'arriver 
le plus rapidement possible à sa hauteur normale, de tamiser la lumière sans 
l'intercepter, de n'étre pas apte à se couvrir de parasites, de n'étre pas 
détruit par les insectes, et enfin d'avoir des racines qui lui permettent de ne 
pas étre abattu par le vent. D'autres ajoutent encore : et d'étre bon à quelque 
chose. 

La madera negra, employée au Nicaragua, ne réalise aucune de ces condi- 
uons-là. Elle met sept ans pour arriver à la hauteur suffisante ; elle replie ses 
feuilles pendant la plus forte chaleur du jour, et laisse alors passer le soleil 
juste au moment oit il est le plus préjudiciable au Cacaotier; elle est dévorée 
par le comehen, les fourmis, et se couvre de caturiguin (n° 47 de l'herbier); 
ses racines s'étalent à la surface du sol, et un vent fort l'abat en détruisant 
quelquefois douze ou quinze Cacaotiers dans sa chute. Enfin elle n'est utile 
qu'à la condition d'étre arrachée, c'est-à-dire comme bois de chauffage ou de 
construction, 

L'amélioration à apporter sur ce point serait de la remplacer par exemple 
par le Copahu, le Cassia Fistula, le marungo qui permet de faire beaucoup 
de miel et de cire, etc., etc. Le marungo me parait le meilleur, parce qu'il rem- 
plit toutes les conditions et arrive en deux aus à donner l'ombre suffisante. 

On piante la madera en quinconce très-régulièrement de 4 en 4 mètres, ce 
qui, par parenthèse, est beaucoup trop près, étouffe les Cacaotiers et les em- 
pêche d'arriver à leur grosseur normale. 1l faudrait 6 mètres, sauf à employer 
des arbres-abris plus larges de dôme. 


- 


SÉANCE DU 43 JANVIER 1871. 5 


On divise la plantation, à l'aide de chemins d'exploitation, en grands carrés 
de 500 mètres environ de côté, appelés madriados. Chaque madriado est 
entouré de mangos qui l'abritent du vent et y concentrent l'humidité et la 
chaleur. Quelquefois on y ajoute une haie supplémentaire de pinnelas ou de 
Caféiers. . 

Lorsque l'arbre-abri est à point, on dépose la graine du Cacaotier juste au 
milieu des intervalles de 4 métres qui séparent les abris. Si l'on ne veut pas 
attendre aussi longtemps (sept ans pour la madera negra et huit ans pour le 
Cacaotier, en tout quinze ans), on sème à la fois le Cacaotier et l'abri à leur 
distance, et tant qu'ils sont petits on maintient des Bananiers çà et là entre 
eux. Le Bananier se plante de rejetons, donne de l'ombre au bout de deux 
mois et des fruits au bout de huit; il s'entretient ensuite de lui-même, Il y a 
des plantations où il n'y a jamais eu d'abri que les Bananiers; les Cacaotiers 
une fois âgés de dix ans n'y ont plus eu d'abri que leur propre feuillage et ne 
s'en sont pas trouvés plus mal. 

Le Cacaotier se sème aux premières pluies, en enfoncant l'index dans le sol et 
en introduisant dans le trou une graine. Au bout d'un mois on passe une revue, 
et l'on resème partout où la graine n'a pas levé. 

On obtient un résultat plus certain et meilleur en semant en paniers, c'est- 
à-dire en faisant des vases avec une matière végétale quelconque, y mettant 
de la terre bien préparée et y semant la graine; une fois qu'elle a bien levé, 
on porte et l'on enterre le tout au lieu voulu ; le vase pourrit, fume le pied, et 
le développement de la plante est assuré. 

On desyerbe toutes les fois que les herbes ont atteint un pied. Au bout de 
six ans, le Cacaotier donne des fleurs ; à sept ans, quelques fruits ; à huit ans, il 
est en pleine récolte; il dure ensuite trente ans. Une plantation doit donc avoir 
des madriados échelonnés, afin d'en avoir toujours un nouveau prét à donner 
au moment où un vieux n'est plus bon qu'à arracher. Les vieux madriados 
replantés sont bien meilleurs que les autres. Quand un madriado a attcint 
la moyenne de son âge, le desyerbage n'y est plus aussi fréquent : l'ombre 
empéche les herbes de pousser. 

Les principaux perfectionnements dont la culture du Cacaotier est alors 
susceptible sont l'irrigation, la taille, les mesures nécessaires à prendre pour 
le forcer à ne donner, autant que possible, que des fruits du tronc et non des 
branches ; car ceux du tronc sont de beaucoup les plus savoureux. 

Ces trois procédés sont inconnus au Nicaragua ; le dernier n'est méme usité 
en grand nulle part. Quant à la taille, elle est pourtant indispensable : les 
arbres ici donnent des feuilles immenses, des branches nouvelles chaque année, 
et les fruits en sont appauvris d'autant. Quant à l'irrigation, lorsqu'il y en a, 
elle est fortuite, partielle et naturelle; les essais d'irrigation artificielle et géné- 
rale qu'on a faits n'ont produit que des résultats maigres et insuffisants, ou 
des inondations qui ont dépouillé les racines de la madera negra et l'ont rendue 


6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


plus apte à être couchée par le vent. L'irrigation ne doit pas être permanente ; 
ce qu'il faut, c'est un passage d'eau suffisant au pied de chaque ligne d'arbres, 
puis une interruption pour laisser agir le soleil. On y arrive au moyen de vannes 
convenablement distribuées, qui donnent alternativement de l'eau aux files 
impaires et aux files paires, vingt-quatre heures à chacune. L'irrigation permet : 
4° d'obtenir une récolte à peu prés permanente, au lieu que sur les terres non 
rriguées elle n’a lieu que pendant six mois (de décembre à mai) ; 2° d'avoir des 
fruits plus gros, des grains plus pesants et meilleurs ; 3? de planter le Cacaotier 
dans des terres où le sous-sol est maigre et le sol peu épais. Dans les terres 
dites à cacao, le sous-sol doit étre argileux et le sol épais. — On interrompt 
l'irrigation pendant la saison des pluies. 

La récolte du cacao est le point capital de cette culture. Si le fruit est cueilli 
avant ou aprés le point de maturité (mazorca), l'arome peut étre nul ou 
détestable. Cela demande un coup d'oeil spécial, un grand souci des intérêts du 
maitre de la maison, et conséquemment oblige celui-ci à faire le possible pour 
maintenir sur sa plantation, par sa bienveillance, sa générosité, ou par con- 
trats spéciaux, les mêmes gens, afin qu'ils connaissent tous les arbres des allées 
dont ils sont chargés, et guettent pour ainsi dire le moment où chaque fruit 
est à point. Cet idéal est loin d’être réalisé au Nicaragua, et les produits 
actuels étant néanmoins de trés-bonne qualité, on est fondé à croire qu'ils 
auraient une saveur exceptionnelle s'ils étaient l'objet de soins rationnels et 
assidus. 

Les fruits récoltés sont ouverts et les amandes retirées ; il y en a de quarante 
à soixante par fruit. On fait sécher au soleil sur des claies, on dépouille, on 
fait un triage sommaire, et l'on emballe dans des sacs pour la vente et l'ex- 
pédition. 

Mais, en bonne règle, les choses ne doivent pas se passer ainsi. Les graines, 
enveloppées de la pulpe aigrelette et, du reste, agréable et comestible qui y 
adhère, doivent subir une fermentation qui développe l'arome avant la torré- 
faction, au grand avantage du produit. 

Dans certains lieux, on jette les graines dans des fosses et on les y laisse 
soixante heures. Ces cacaos sont dits ferrés ; on en fait grand cas. Mais le pro- 
cédé est défectueux, parce que, le cacao n'étant pas remué, il se développe de 
la moisissure ; de plus, le temps de la fermentation est insuffisant. Le meilleur 
mode d'opérer parait étre de faire séjourner les graines pendant cent vingt 
heures dans des troncs d'arbres creusés ou des caisses de bois, et de remuer 
la masse toutes les douze heures avec des pelles de bois. 

Un procédé mexicain, ignoré ici, consiste à /aver ensuite les graines dans 
des cuves. Le produit est plus propre, la graine durcie et la fermentation 
arrêtée juste au point voulu. En séchant tout de suite et sans laver, il pour- 
rait y avoir continuation d'une fermentation intime dans chaque graine, qui 
serait préjudiciable. 


SERIONS 


SÉANCE DU 13 JANVIER 4871. 7 


Voilà tous les procédés de culture du Cacaotier et de récolte du cacao. 
J'ajouterai qu'indépendamment du capital relativement considérable qu'elle 
nécessite immédiatement, et du laps de temps énorme qu'elle exige avant de 
donner lieu à une première récolte, c'est de toutes les récoltes intertropicales 
celle qui a le plus d'ennemis. Les primes à payer par paire d'ailes de perro- 
quet, queue d'écureuil ou téte de singe, etc., etc., viennent s'ajouter aux 
frais d'entretien, sans compter la surveillance incessante qu'il faut exercer 
contre l'homme et les animaux domestiques, la nuit surtout. 

Et pourtant le cacao ne vaut guère plus de 150 à 200 fr. les 100 kilogr. 
sur la place du Havre, ce qui fait 4 fr. 50 à 2 fr. le kilogr. en France, ou 1 fr. 
et 4 fr. 50 ici. Chaque arbre, l'un dans l'autre, ne donnant guère plus de 
4 kilogr. par an, il s'ensuit que la plantation du Cacaotier est une assez mé- 
diocre spéculation, si l'on tient compte de tous les frais et inconvénients signalés 
plus haut et de ceux signalés en général dans la note n° 3. 

Un hectare planté en Cacaotier ne donne guére plus de 1000 fr. de recette 
brute; nous verrons que ce résultat est bien loin de certaines autres cultures 
spéciales à la contrée. Deux hommes par hectare suffisent à son entretien 
annuel et à sa récolte, une fois que la plantation est en plein rapport. 

Mais il n'en reste pas moins vrai que c'est là la plus artistique, la plus aris- 
tocratique de toutes les cultures intertropicales, et que, entreprise sur une 
grande échelle et en observant tous les perfectionnements ci-dessus indiqués, 
on l’amènerait, au Nicaragua surtout, à prendre le premier rang, même 
sous le rapport financier, grâce à l'augmentation en nombre du produit par 
hectare et au prix plus élevé que prendrait le produit ainsi obtenu, dû à ses 
qualités. 


M. le Secrétaire général donne lecture de la note suivante : 


QUELQUES MOTS SUR LE SOUMBOUL, par M. Paul VŒLKEL. 


(Extrait de la Chronique russe publiée dans le Bulletin de la Société de géographie de Paris, 
cinquième série, t. XX, pp. 67-68, juillet-août 4870.) 


Il y a quinze ans environ, l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg 
offrit une prime de 20 demi-impériales (environ 400 fr.) pour le premier 
échantillon complet de la plante nommée Soumboul, qu'il n'avait pas encore 
été possible de déterminer, faute d'en connaitre autre chose que la racine. 
Cette dernière, très-estimée en Orient comme médicament contre le choléra, 
se vend dans toutes les villes du Turkestan, et le prix trés-modéré de ce remède 
donne lieu de croire que le Soumboul n'est pas une plante trés-rare. Il n'en a 
pas moins été impossible à divers savants de la découvrir dans le pays méme, 
et les efforts qu'a faits M. Favitski pour se procurer soit des graines, soit un 
exemplaire complet de la plante, ont été vains. 


S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Borchtchof, dans ses Matériaux pour servir à une géographie botanique 
du pays aralo-caspien, dit que, d’après les indigènes qui ont été dans le Kho- 
kand, patrie du Soumboul, cette plante serait une Ombellifére, et croit qu'il 
faudrait la ranger dans la tribu des Peucédanées, peut-être dans le genre 
Heracleum. 

Le baron d'Osten-Saken, qui en 1867 avait recueilli à Tachkend des ren- 
seignements sur le Soumboul, et à la note duquel nous empruntons ces détails, 
n'avait pu réussir non plus à s'en procurer une branche ou seulement une 
feuille. . 

La question en était là à la fin de 1869. Or, dans une lettre publiée par 
l'avant-dernier numéro des Zzvestiya (15/27 mars 1870), M. Fedtchenko 
écrit de Moscou, sous la date du 7 mars, qu'à ce moment -là le jardin bota- 
nique de l'Université de cette ville possédait sept pieds vivants de Soumboul, 
provenant de racines que M. Fedtchenko avait lui-même rapportées vivantes 
de l'expédition du Turkestan. Le plant le plus avancé faisait sa troisième feuille, 
Les observations de M. Tchistiakof sur la racine du Soumboul devaieut paraitre 
dans les Mémoires de la Société des naturalistes de Moscou. Toute la lettre 
de M. Fedtchenko est trés-intéressante, autant pour le naturaliste que pour le 
géographe. Cet été-ci, le voyageur devait retourner dans le bassin.du Zériaf- 
chane, et il se proposait d'explorer lui-méme les parties du territoire de 
Maguiane, d’où proviennent les exemplaires du Soumboul cultivés au jardin 
botanique de Moscou. 


M. de Schenefeld appelle sur cette note le bienveillant intérêt de 
ses honorables confrères, et surtout de ceux d'entre eux qui s'oc- 
cupent spécialement d'études pharmaceutiques et de matière médi- 
cale. — Il ajoute que, d’après le Dictionnaire de Mérat et De Lens 
(t. VI, publié en 1834), Somboo ou Sombu serait le nom, en 
langue tamule, du Pimpinella Anisum, 

M. Cauvet veut bien se charger de faire des recherches et de 
donner, à la séance prochaine, quelques renseignements sur le 
Soumboul. 

M. de Schœnefeld communique ensuite à la Société un article 
(publié par le Journal de la Société asiatique) sur les noms arabes 
de quelques végétaux. 

M. l'abbé Chaboisseau veut bien se charger de parcourir ce travail 
et d'en entretenir la Société à la prochaine séance. 


SOUS SUCRE 


SÉANCE DU ?7 JANVIER 1871. 9 


SÉANCE DU 27 JANVIER 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT. 


M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 13 janvier, dont la rédaction est adoptée. 

Le Secrétaire général annonce ensuite à la Société la perte 
cruelle que vient d'éprouver M. Ach. Guillard, l'un de ses hono- 
rables vice-présidents. Son fils, M. Léon Guillard, âgé de trente- 
quatre ans, avocat distingué et membre zélé de la Société d'anthro- 
pologie (à laquelle il consacrait tous ses loisirs), a été tué au champ 
d'honneur, d'une balle au front, dans le parc de Duzenval, le 19 
de ce mois. Ses funérailles ont eu lieu le 23, au milieu d'un grand 
concours de parents, d'amis et de compagnons d'armes, et M. dc 
Schenefeld a eu l'honneur d'y représenter la Société botanique 
de France. 

La Société exprime unanimement la plus vive sympathie pour 
le deuil profond qui frappe le cœur paternel de M. Ach. Guillard, 
et décide qu'une lettre de condoléance lui sera adressée. 

M. Aug. Delondre, rapporteur de la Commission chargée de 
constater les dégáts commis au Muséum d'histoire naturelle par le 
bombardement, donne lecture de son rapport, ainsi congu : 


RAPPORT DE M. Aug. DELONDRE SUR LES DÉGATS CAUSÉS AU MUSÉUM D'HIS- 
TOIRE NATURELLE DE PARIS PAR LES OBUS DE L'ARMÉE ALLEMANDE PENDANT LE 
BOMBARDEMENT DE PARI3 EN JANVIER 1871. 


Fait à la Société botanique de France au nom d'une Commission prise dans son sein, et composée 
de MM. Decaisne, président, W. de Schœnefeld, Gaudefroy et Aug. Delondre, rapporteur. 


L'Institut de France, réuni le 18 septembre 1870 en assemblée générale 
comprenant les cinq classes dont il se compose, a constaté qu'une armée alle- 
mande, en faisant le siége de Strasbourg, en soumettant la ville à un bombar- 
dement cruel, venait d'endommager gravement son admirable cathédrale, de 
brûler sa précieuse bibliothèque, et, partant de ce fait, s'est préoccupé, au 
milieu de toutes les douleurs de la patrie, des intéréts qu'il a la mission spé- 
ciale de défendre. Il a rédigé en conséquence et publié une déclaration par 
laquelle il protestait contre la possibilité du bombardement de Paris; cette 
déclaration est reproduite dans les publications officielles de l'Institut (1). 


(1) Un exemplaire a été déposé dans les archives de la Société botanique de France. 


10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


La Société botanique de France, fondée à Paris le 23 avril 1854, avait déjà 
cru devoir, en reprenant à la date habituelle le cours de ses réunions, donner 
unanimement, dans sa séance du 11 novembre 1870, son adhésion pleine et 
entière à cette solennelle déclaration, en insistant sur la préservation des her- 
biers publics et privés, qui craignaient surtout l'action du feu, et de la conser- 
vation desquels elle se préoccupait spécialement, comme base de ses études. 

La protestation de la Société botanique avait été reproduite dans les Comptes 
rendus de l'Académie des sciences (séance du 28 novembre 1870). Plus 
récemment, Paris étant déjà investi et assiégé depuis le 17 septembre 1870, 
M. Faye, président de l'Académie des sciences, a donné, dans la séance 
du 9 janvier 1871, la parole au vénérable M. Chevreul, directeur du Muséum, 
qui a fait la lecture de la déclaration suivante : 

« Le Jardin des plantes médicinales, fondé à Paris par édit du roi Louis XIII, 
à la date du mois de janvier 1626, 

» Devenu le Muséum d'histoire naturelle, par décret de la Convention, du 
10 juin 1793, 

» Fut bombardé, sous le régne de Guillaume I*' roi de Prusse, comte 
de Bismark chancelier, par l'armée prussienne, dans la nuit du 8 au 9 jan- 
vier 1871. 

» Jusque-là il avait été respecté de tous les partis et de tous les pouvoirs 
nationaux et étrangers. 

» E. CHEVREUL, Directeur. » 


Comme on le voit, il ne s'agissait plus de protester contre la possibilité, 
mais il fallait s'élever contre le fait méme du bombardement. 

Cette protestation du Muséum devait plus que jamais attirer l'attention de la 
Société botanique, préoccupée vivement du sort, non-seulement des herbiers 
du Muséum, mais de ses propres collections, puisque son siége se trouve daus 
la partie bombardée de la ville de Paris. Aussi cette Société a-t-elle, dans 
sa séance du 13 de ce mois, nommé une Commission chargée de se rendre 
au Muséum pour exprimer à M. le Directeur et à MM. les Professeurs-admi- 
nistrateurs, en se mettant au nom de la Société à leur disposition, son 
adhésion pleine et entiére à leur protestation; la Commission était de plus 
chargée de se rendre compte des dégâts et d'en faire un rapport qui serait lu 
dans sa prochaine séance. 

La Commission, composée de MM. W. de Schenefeld, secrétaire général, 
Gaudefroy et Augustin Delondre, s'est transportée le lundi 16, au Muséum, chez 
M. le professeur Decaisne, afin de le prier, conformément au vœu de la Société, 
d'en accepter la présidence, et a visité avec lui les parties de l'établissement 
qui ont été atteintes. C'est avec le plus profond regret que nous avons pu 
constater les dévastations sérieuses qui sont consignées dans ce rapport. 

Nous remarquerons tout d'abord que le bombardement, contre lequel pro- 


SÉANCE DU 27 JANVIER 1871. 11 


testait M. Chevreul dans la séance de l'Académie des sciences du 9 janvier, 
n'avait pas cessé le lundi 16, jour de la visite que la Commission a faite au 
Muséum ; jusqu'à cette date, le Muséum avait recu dix-huit obus, et il en est 
tombé encore d'autres ultérieurement. Il nous parait vraiment douteux qu'un 
bombardement ainsi prolongé pendant plus de huit jours puisse provenir d'une 
erreur de tir, ainsi que le prétendent, dit-on, les autorités prussiennes. 

Un des obus est arrivé au bas de la butte où se trouve le Cedre-du-Liban, 
près de l'allée qui va passer entre les deux grands pavillons des serres pour 
rejoindre l'allée des tilleuls; un autre avait pénétré en terre, tout contre la 
serre tempérée, du cóté opposé de la méme allée; trois obus sont tombés au 
bas du pavillon des serres tempérées, et ont projeté du gravier contre le vitrage 
de ce pavillon, qui a été atteint et brisé à une hauteur de 10 métres. La serre 
des Fougères a été atteinte obliquement. Dans le pavillon des Palmiers, tous 
les carreaux du cóté sud sont brisés, probablement par la détonation des obus. 

La serre à multiplication, au bas de la terrasse, est complétement effondrée ; 
aucun carreau n'y est resté intact. Il en est de méme de la serre aux Orchidées. 
Il nous est assurément bien permis de dire ici que la dévastation de cette der- 
nière serre est d'autant plus déplorable que la collection d'Orchidées qui s'y 
trouvait était la plus complète de France. Combien ont dû souffrir, entre 
autres, de pareilles plantes originaires d'un climat chaud, lorsque, pendant la 
nuit du 8 au 9 janvier, elles ont été subitement exposées à un froid intense 
d'environ — 10 degrés, et ont subi, par conséquent, une différence de tempé- 
rature d'au moins 26 degrés; quelques-unes ont en outre été littéralement 
hachées par les éclats d'obus. 

Les Orchidées des tropiques n'ont pas été, du reste, les seules pertes que 
nous ayons à mentionner; quelques plantes, et notamment des Pandauées, 
ont été réduites à l'état de filasse. Les Cyclanthées ont aussi beaucoup souffert. 
Parmi les raretés végétales vivantes qui ont été atteintes, nous citerons les 
Clusiacées et plusieurs espéces nouvelles originaires des iles Philippines. Un 
magnifique Camphrier ( Camphora officinarum) a été endommagé par un obus 
qui en a brisé une forte branche. l 

M. le professeur Decaisne a fait, du reste, établir une liste des plantes ainsi 
saccagées : nous la joignons à ce rapport, et nous espérons que tous les direc 
teurs de jardins botaniques français ou étrangers, sous les yeux desquels elle 
passera, s'efforceront de combler libéralement les regrettables lacunes qu'elle 
signale dans notre grand établissement scientifique. 

La serre où se trouve l'aquarium a eu tous ses carreaux brisés sur une des 
faces; quant à l'aquarium, où l'on pouvait admirer naguère une collection 
précieuse de Marantacées, il a été vidé en grande partie par crainte d'acci- 
dent, et nous ne pouvons qu'applaudir à cette sage précaution : en effet, cet 
aquarium se trouve au-dessus des appareils de chauffage des serres, et si une 
bombe, en tombant dans l'aquariam, l'avait défoncé, l'eau aurait pu inonder 


12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les appareils de chauffage et les magasins de combustible, et produire encore 
d'irréparables désastres. 

Si, quittant les serres, nous entrons dans les galeries, et nous nous rendons 
à celle où se trouvent les reptiles, objet particulier des études d'un professeur 
dont le Muséum déplore encore la perte toute récente, du bien regretté M. Du- 
méril, de M. Bibron, etc., nous rencontrons les traces de deux obus qui, 
entrant par la face sud au travers d'un mur de 60 centimètres au moins 
d'épaisseur, ont traversé la galerie et sont sortis par la face opposée; deux 
grandes armoires ont été ainsi mises dans l'état le plus complet de dévastation. 

A ces galeries ne se borne du reste pas le dégât que la zoologie devra 
enregistrer au Muséum; d’autres bâtiments du Muséum, consacrés à cette 
science, ont été atteints. Les laboratoires d'entomologie, de malacologie, d'er- 
pétologie ont été en partie détruits, ainsi que les collections qu'ils renfer- 
maient. Les galeries de botanique, de géologie et de minéralogie n'ont pas 
été épargnées. 

C'est avec une véritable et profonde tristesse que votre rapporteur consta- 
tait avec la Commission cette dévastation d'autant plus pénible pour lui que 
de nombreux liens le rattachaient personnellement au Muséum, oü il a des 
maîtres, peut-être devrait-il dire plutôt des amis, tant ces maîtres lui témoi- 
gnent de bienveillance, et où il a été admis pendant un temps trop court, à son 
grand regret, à collaborer avec les sommités scientifiques qui y président à 
l'enseignement des sciences. 

Mais rentrons dans le jardin méme, dans lequel plus de cinquante obus sont 
aujourd'hui tombés, au milieu de cette collection si compléte de plantes 
vivantes de plein air, dans cette école de botanique modèle, si bien disposéc 
pour l'étude. 

En général, les collections de plantes vivantes du Jardin royal de Kew, prés 
de Londres, contiennent peut-étre des échantillons plus beaux, plus plaisants 
à la vue, de certaines espèces; mais l'ensemble est loin d'y être aussi complet 
qu'au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Que de dévastations y ont fatale- 
ment produites les obus ! 

Les projectiles ont également atteint les logements des professeurs, et nous 
avons eu à craindre pour la vie méme de maîtres bien-aimés, tels que MM. Che- 
vreul, Brongniart, Milne Edwards, de Quatrefages, Delafosse, Spach, etc. 

Professeurs, chefs de service du Muséum, emplovés, tont le monde enfin, 
dans l'établissement, est resté à son poste et a rempli avec le plus grand 
zèle son œuvre de sauvetage. M. le professeur Decaisne a passé toute une 
semaine sans se reposer ni se coucher (1). Toutes les précautions du reste ont 


(1) Dés le 9 janvier notre secrétaire général, et quelques autres de nos confréres 
aussitôt qu'ils ont appris que le Muséum était devenu l'objectif des obus prussiens, se 
sont hátés de s'y rendre et d'offrir leurs services pour aider à réparer le désastre. 


SÉANCE DU 27 JANVIER 1871. 138 


M 


été prises. Espérons que nous n'aurons pas maintenant à enregistrer de plus 
grands malheurs. 

Mais nous ne pouvions nous défendre d'une impression encore plus pénible 
lorsque nous nous rappelions que ce Muséum d'histoire naturelle, ce séjour oü 
les Buffon, les Cuvier, les Geoffroy Saint-Hilaire, les Jussieu, les Brongniart, les 
Blainville, les Gay-Lussac, les Duméril, etc., etc., ont mis au jour leurs im- 
mortels travaux, voyait, comme le disait avec tant de raison le rédacteur d'un 
de nos journaux politiques, accourir chaque année de tous les points de 
l'Allemagne des savants qui fouillaient les trésors de ses riches collections, qui 
chaque année trouvaient au Muséum l'accueil le plus cordial, la plus bienveil- 

Jante hospitalité. Les registres de notre grand établissement scientifique sont 
couverts de leurs expressions de gratitude, et cependant, il ne s'est pas trouvé 
dans toute cette Allemagne, qui se croit le flambeau de l'humanité, une seule 
voix pour demander que le Muséum fût respecté. Rappelons que, en 1814, 
c’est à l'influence d'un savant allemand et méme berlinois, l'illustre Alexandre 
de Humboldt, que le Muséum et ses collections ont dà d'étre sauvegardés. 

Nous observerons encore que c'est sur un espace trés-restreint, dans le voi- 
sinage de nos collections, que tombent surtout les projectiles, c'est-à-dire dans 
la partie de l'établissement la plus intéressante au point de vue scientifique. 

Y a-t-il eu erreur de tir? Cela ne nous parait pas possible. Les obus arri- 
vent avec une précision trop mathématique, et d'ailleurs le chemin du Muséum 
est familier aux nombreux naturalistes de l'Allemagne, et par conséquent 
sa position topographique bien connue de l'armée prussienne. Ce n'est du 
reste pas notre seul établissement scientifique endommagé par les bombes 
germaniques. Notre École des mines a vu aussi ses collections scientifiques 
soumises aux effets du bombardement, et là encore la précision du tir était 
remarquable. La Sorbonne, le Collége de France, l'École normale, l'École de 
pharmacie, le Val-de-Gráce, la bibliothéque Sainte- Geneviéve et une foule 
d'autres établissements scientifiques ont été aussi atteints. 

C'est donc en toute connaissance de cause que la Société botanique de 
France peut voter son adhésion à la protestation faite au nom du Muséum par 
M. Chevreul, son directeur; mais le siége méme de ses séances, le lieu où se 
trouvent sa bibliothèque, ses herbiers, etc., et où tant de botanistes allemands 
(notamment en 1867) ont été fraternellement accueillis, est aussi dans la 
partie bombardée de Paris, sur la rive gauche, comme la plupart de nos 
Ctablissements scientifiques; elle doit donc avoir à exprimer des craintes 
sérieuses pour ses collections particulières, et à émettre à ce point de vue une 
adhésion nouvelle à la protestation actuelle. Heureusement, jusqu'à ce jour, 
ces dernières craintes ne sont pas encore devenues des réalités. 

D'autre part, la science n’exclut pas l'humanité : en face de l'acharnement 
des armées allemandes, du meurtre des enfants ct des femmes sans défense, 
ne nous Sera-L-il pas permis aussi de protester au nom de l'humanité contre 


14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


cette barbarie scientifiquement organisée, et de nous reposer, d'autre part, un 
instant sur les nobles et sympatbiques actes des Washburne, des Wallace, etc.? 
L'homme de science et le citoyen les en remercient du fond du cœur. 


Paris, 25 janvier 1871. . 
Augustin DELONDRE. 


M. le Président, au nom de la Société, remercie M. Delondre du 
soin consciencieux qu'il a apporté à la rédaction de ce travail, dont 
la lecture a été écoutée avec un vif intérét. 


Liste des végétaux des serres du Muséum qui ont été détruits en janvier 1871, 
lors du bombardement de Paris, soit par l'action directe des projectiles, 
soit par l'effet du froid intense auquel il n’a pas été possible de soustraire 
les plantes instantanément, 


Acanthophonnix crinitus. 
Acridocarpus. 
Acrocomia cubensis. 
— Prieurii, 
Adansonia digitata, 
Adelaster albinervis. 
Afzelia africana. 
Agalmyla. 
Agathophyllum aromaticum. 
Aleurites. 

Alstonia. 

Amomeæ. 
Amorphophallus, 
Anda Gomezii. 
Anthurium maximum. 
— rubronervium. 
Antiaris toxicaria. 
Apeiba glabra, 
Aræococcus. 

Areca alba. 

— coccoides. 

— horrida. 

— Nibungii. 

— nobilis. 

— speciosa. 

— triandra. 
Aristolochia cordiflora, 
— Duchartrei. 

— labiosa. 

— saceata, 
Aroidaceæ (species generum). 
Arrhostoxylon. 
Arrudea clusioides. 
Artabotrys. 
Artocarpus incisa. 

— integrifolia. 
Aspidopteris, 


Asystasia. 

Azolla amazonica. 

Bactris acanthocnemis. 
— amazonica. 

— cariotæfolia. 

— Liboniana. 

— socialis. 

Balanites. 

Barringtonia. 

Bassia. 

Bertholletia excelsa. 
Blackwellia. 

Borassus flabelliformis. 
Botryodendron speciosum. 
Bucida. 

Burasaia madagascariensis. 
Byrsonima. 

Calamus Jenkinsonianus. 
— latispinus. 

— Lewisianus. 

— microcarpus. 

— robustus. 

— Royleanus. 

Calathea (species generis). 
Calycophyllum. 
Canarium. 

Carolinea insignis. 

— princeps, 
Carpotroche. 

Caryocar. 

Caryophyllus aromaticus, 
Ceroxylon ferrugineum, 
— niveum. 
Choripetalum Porteanum. 
Clusiaceæ, 

Cochliostema Jacobianum, 
Cochlospermum. 


SÉANCE DU 27 JANVIER 1871. 1 


Commersonia. 

Connaraceæ. 

Conocarpus. 

Conocephalus Fontanesii. 

Cosmibuena obtusifolia. 

Cossignia. 

Coutarea. 

Cryptopbragmium. 

Cupania. 

Cyanopliyllum assamicum. 

— magnificum. 

Cyanospermum. 

Cyclantheæ (Carludovica, ete.). 

Cynometra. 

Dæmonorops fissus. 

— perianthus. 

— trichrous. 

Dialium. 

Dichorizandra mosaica. 

Didymocarpus. 

Dipteryx. 

Dipterocarpus. 

Dischidia. 

Durio zibethinus. 

Dypsis pinnatifrons. 

Elytraria. 

Entada. 

Eriolæna. 

Erythalis. 

Fernelia. 

Ficus Sycomorus. 

Ceraptoteris. 
Filices, precipue Lindsæa, 
spec. generum : } Saccoloma, 

. Schizæa. 

Freycinetia insignis. 

— javanica. 

—— nitida. 

Gagnebina. 

Galactodendron. 

Garcinia Mangostana. 

Garuga. 

Gaudichaudia. 

Glochidion Porteanum. 

Gnetum. 

Gynocephalum. 

Gyrocarpus. 

Hecastophyllum. 

Hellenia. 

Herrania. 

Hevea. 

Hippomane Mancinella. 

Hoya. 

Hygrophila. 

Hyophorbe Commersoni. 

— Verschaffeltii, 

Imbricaria. 

Iriartea. 

Ischnosiphon guianense. 


D 


Ischnosiphon obliquum. 
— surinamense. 
Kielmeyera. 
Kleinhovia. 

Knoxia, 

Lagetta funifera. 

— lintearia. 
Laplacea. 

Latania aurea, 

— Loddigesii. 

— Verschaffeltii. 
Lavoisiera. 
Lecythis. 
Lepidocaryum gracile. 
Licuala peltata. 

— spinosa. 
Liebigia. 

Livistona rotundifolia. 
Lucuma deliciosa. 
Ludia. 
Luxemburgia. 
Lysionotus. 
Manicaria saccifera. 
Mapania silvatica. 
Mappa Chantiniana. 
Marantaceæ. 
Marcetia. 

Matisia. 

Mauritia. 
Memecylon. 
Meriana. 

Metroxylon leve. 
Microlicia. 

Mitchelia Champaca. 
Mitracarpum. 
Monodora. 
Monorobea. 
Moquilea guianensis. 
Musa Abaca. 

— coccinea. 

— glauca. 

— textilis. 
Myonima. 

Myristica aromatica. 
— Jaurifolia, 

— moschata. 

— sebifera. 
Nastus. 

Nepentheæ. 

Nipa. 

Nymphæaceæ. 
Ochna mozambicensis. 
Ochroma Lagopus. 
Ochrosia. 

Olmeyda ferox. 
Olyra. 
Omphalocarpum. 
Pachypodium. 
Palicourea. 


16 


Pandanophyllum Porleanum. 
Pandanus amaryllidifolius. 
— Amherstii. 

Blancoi. 

— bromeliæfolius. 

— Candelabrum. 

— caricosus. 

— inermis. 

— polycephalus. 

— Porteanus. 

— pygmæus. 

— spiralis. 

Pariana. 

Parkia. 

Parsonsia. 

Paullinia. 

Peixotoa. 

Pergularia. 

Pharus, 

Philodendron calophyllum. 
— Melinoni. 

— Simsii. 


Phœnicophorium Sechellarum. 


Pinauga Kuhlii. 

— latisecta. 

— maculata. 
Piptadenia. 

Piscidia carthagenensis. 
Pistiaceæ. 

Plectocomia himalaica. 
Pongamia. 

Pothos (non Anthuria). 
Pyrenaria. 

Pyrostria. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Quiinia Decaisniana. 
Quivisia. 

Rapatea. 
Rhynchanthera. 
Rhynchotecum. 
Saccopetalum. 
Saldinia. 

Sauropus Gardneri. 
Schizolobium glutinosum. 
Schmidelia. 
Schwabea. 
Securidaca volubilis. 
Semecarpus. 
Serjania. 
Simaba Cedron. 
Siphonia. 
Smeathmannia. 
Spachea. 
Tetrazygia. 
Toddalia. 

Toulicia. 

Touroulia 

Turræa. 

Unisema. 

Urania amazonica. 
— Mettensis. 
Urvillea. 

Vinsonia. 

Vouapa. 
Wolkensteinia Theoplirasii. 
Xylopia æthiopica. 
— frutescens. 
Zanopia sarcophylla. 
Zingiberaceæ. 


ORCHIDEÆ, præcipue genera : 


Acriopsis. 
Bonatea. 
Broughtonia. 
Colax. 
Cyathoglollis. 
Evelina. 
Galeandra. 
Govenia. 
Grobia. 


Galeottia. Warrea. 
Guebina. _Stelis 
Huntleya. Physosiphon. 
lonopsis. Masdevallia. 
Ponthicva. Octomeria. 
Physurus, Pedilonum. 
Ornithocephalus. Diothonea, 
Sarcadenia. Ponera. 
Scaphiglottis. Barkeria. 
Spathium. 


La Société, adoptant les conclusions du rapport de M. Delondre, 


donne son adhésion à l 


du Muséum. 


e 


L4 


nergique protestation de M. le directeur 


SÉANCE DU 27 JANVIER 1871. 17 


M. Cauvet, pour répondre à l'invitation qui avait été adressée 
dans la dernière séance par M. de Schœnefeld, donne lecture de la 
note suivante : 


NOTE RELATIVE AU SUMBUL, par M. CAUVET. 


Dans la séance du 13 de ce mois, M. de Schenefeld nous a communiqué 
un article relatif à l'origine du Sumbul (voy. plus haut, p. 7) D'après 
l'auteur de cet article, il existerait encore une grande obscurité au sujet de a 
plante qui fournit le Sumbul. 

La 2° édition de l’ Histoire des drogues de Guibourt ne nous enseigne rien 
à cet égard, M. le professeur G. Planchon, autant que je puis juger, n'ayant 
rien ajouté à ce que son illustre prédécesseur avait écrit sur cette racine. 

Dans la 7* édition de l'Officine, M. Dorvault dit simplement que le Sum- 
bul « paraît provenir d'une Ombellifére voisine des Angelica ». 

Je n'ai pas eu le moyen de consulter les Traités de matière médicale et de 
thérapeutique de M. Bouchardat. 

Voici l'article que j'ai consacré au Sumbul dans mes Nouveaux Eléments 
d'histoire naturelle médicale, t. 11, p. 310-311. Je crois en avoir emprunté 
la majeure partie à l’ Histoire des médicaments nouveaux de Guibert, ouvrage 
de grande valeur, à mon avis, et que les Francais n'ont peut-étre pas assez 
consulté. 

« Le Sumbul, Sounbul, Jatamansi, racine musquée (Sambala Guibourt), 
en allemand Moschuswurzel, est la racine d'une Ombellifère orthospermée de 
la tribu des Angélicées. 

» La plante (Angelica moschata Wiggers) qui fournit cette racine croit 
dans les régions montagneuses du nord de l'Inde anglaise. Elle vient en Europe 
par la Sibérie, et ses propriétés médicales ont été surtout étudiées par les mé- 
decins russes. Le Sumbul est en troncons épais de 2 à 4 centimétres, larges 
de 5 à 10 centimètres, dont la tranche est fibreuse et blanc-jaunâtre, et qui 
présentent de nombreuses stries circulaires. Cette racine est composée de fibres 
grossières, irrégulières, facilement séparables, et recouvertes par une sorte 
d'écorce mince, ridée, un peu sombre ou légèrement brune. Sa saveur est 
d'abord douce, puis amère, balsamique, laissant dans la bouche un arome très- 
vif qui se communique à l'haleine. Elle a une odeur forte et franche de musc. 

» Reinsch v a signalé, entre autres principes, une huile volatile, deux ré- 
sines balsamiques, et un acide particulier, l'acide sumbulique, qui parait étre 
identique à l'acide angélicique. 

» La racine de Sumbul est un stimulant nerveux ; on l'a employée contre les 
fièvres adynamiques, la dyssenterie et la diarrhée à forme asthénique, contre le 
choléra, le delirium tremens, la chlorose, l'aménorrhée, la dysménorrhée, etc. 

T. NW. (SÉANCFS), 2 


48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


» Selon M. Murawief, Ja résine est le principe actif de cette plánte. Cette 
résine s'obtient à la manière de celle du Jalap; elle est blanche, transparente, 
de saveur acide, aromatique, brûle sans résidu et se ramollit entre les doigts. 
Stromeyer prescrit le Sumbul sous forme de teinture alcoolique. » 


M. l'abbé Chaboisseau remet sur le bureau le numéro du Journal 
de la Société asiatique de Paris, contenant un article Sur les noms 
arabes de quelques végétaux, qui avait été présenté à la dernière 
séance (voyez plus haut, p. 8) et qu'il s'était chargé d'examiner. 


- Cet article, dit M. Chaboisseau, se trouve dans le Journal asiatique, 6* série, 
t. XV, n? 56, janvier-février 1870, et n'occupe pas moins de 150 pages d'im- 
pression. L'auteur, M. J.-J. Clément-Mullet, est malheureusement mort avant 
d'avoir pu en revoir les épreuves, de sorte que la correction typographique 
laisse beaucoup à désirer. Jl traite des noms arabes donnés aux variétés cultivées 
de certaines espèces du genre Citrus, à quelques Hibiscus et Alcea, aux Eu- 
phorbiacées et autres plantes désignées sous le nom de « Tithymale », à diverses 
Cucurbitacées, enfin au Platane, au Noyer, au Noisetier, à l'Amandier, au 
Châtaignier, etc. — M. Chaboisseau est d'avis que cet article n'offre qu'un 
bien faible intérét phytographique, mais qu'il contient de curieux renseigne- 
ments bibliographiques, et méritait à ce titre d’être signalé aux botanistes qui 
s'occupent de l'histoire de la science. On y trouve les noms d'auteurs arabes 
qui sont trés-peu connus. | 


M. Cauvet fait à la Société la communication suivante : 


OBSERVATIONS DE M. CAUVET, RELATIVES A QUELQUES-UNS DES TRAVAUX 
PRÉSENTÉS A LA SOCIÉTÉ PAR M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. 


La Société remarquera, sans doute, que je me suis permis, à plusieurs 
reprises, de lui communiquer mes impressions au sujet des travaux déjà 
anciens de plusieurs sav ants et trés-honorés confrères. 

Il ne faudrait pas attribuer à une tendance à la critique ces observations 
tardives. 

Les membres de la Société qui habitent loin de Paris ne peuvent prendre 
une part active à la discussion. Ils aiment mieux se taire, dans les cas où leur 
personnalité n'est pas en jeu, réservant leur opinion sur le sujet traité, adop- 
tant ceci, repoussant cela. I est à croire toutefois que, dans bien des cas ils 
en agiraient autrement si cela était en leur pouvoir. | 

Je me suis souvent trouvé dans la nécessité de garder le silence, à cause 
de mon éloignement. J'avoue d'ailleurs que, si je pouvais en ce moment trä- 
vailler avec quelque suite, je préférerais exposer mes recherches plutót que de 


SÉANCE DU 27 JANVIER 1874. 19 


discuter les opinions des autres. Mais, dans les circonstances douloureuses où 
nous nous trouvons, étudier sérieusement est à peu prés impossible; c'est à 
peine si l'on peut lire et réfléchir. 

La Société me pardonnera donc de l’entretenir aujourd'hui des remarques 
qui m'ont été suggérées par la lecture de quelques-unes des communications 
de son honorable président, M. Germain de Saint-Pierre. 


I. — Note sur la marche de la séve et sur l'origine des tissus. 


En parcourant le n? 5 du compte rendu des séances de la Société botanique 
pour 1869, j'ai été surpris de voir M. Germain de Saint-Pierre admettre, 
comme l'expression de la vérité, que les tissus produisant l'accroissement des 
tiges descendent de la base des feuilles (pp. 371-372). 

M. Germain de Saint-Pierre dit : « Za substance des tissus fibro-vascu- 
» laires s'élabore dans les feuilles (aux dépens de la séve ascendante) ef en 
» descend sous la forme de tissu naissant pour s'organiser de proche en 
» proche, de haut en bas et de ‘dehors en dedans (et aussi sur place pendant 
» l'élongation du jeune rameau qui résulte de l'élongation d'un bourgeon) en 
» fibres et en vaisseaux (dont l'union constitue les faisceaux fibro-vasculaires 
» de l'écorce et du bois); à l'encontre de l'opinion des botanistes qui admet- 
» tent que les tissus tout formés se prolongent de bas en haut et de dedans 
» en dehors vers les bourgeons et vers les feuilles. » 

L'opinion de M. Germain de Saint-Pierre me paraît difficile à concilier avec 
l'observation immédiate des points où se produisent de nouveaux tissus. 

Des figures en contradiction absolue avec cette maniére de voir ont été 
données, si je ne me trompe, par M. Trécul, dans les divers mémoires rela- 
tifs à l'origine des racines et dans ceux oü ce savant expose ses recherches sur 
l'évolution du nouveau bois. | 

En ce qui concerne l'origine des tissus ligneux, j'ai toujours vu les tissus 
nouveanx procéder de tissus préformés, dont les éléments se développent de 
dedans en dehors, puis se divisent, cette production s'effectuant sans discon- 
tinuité pendant une période de temps plus ou moins considérable. 

Quant au mode d'apparition des faisceaux dans les bourgeons, je n'ai jamais 
observé que ces vaisseaux naquissent des feuilles. Le faisceau fibro-vascu- 
laire, à son origine, 1n'a toujours paru se montrer au sein d'un tissu plus clair 
que les tissus ambiants, à éléments plus fins, plus délicats, indépendant de la 
jeune feuille, et situé à quelque distance de sa base. Ce faisceau, d'abord 
composé de cellules s"iralées, mais non encore de trachées, s’allonge de proche 
en proche par ses deux extrémités, tant par la production d'éléments nou- 
veaux que par l'élongation des éléments déjà formés. Il pénètre ainsi dans la 
feuille, d'une part, et vient, d'autre part, s'appuyer sur la face externe du 
faisceau voisin préexistant. 


20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Dans une note sur la structure anatomique des Cactées (Recueil de mémoires 
de médecine, etc. , militaires, 4861, 4°" semestre), note dont il a été donné 
un résumé dans la Revue bibliographique de notre Bulletin, j'ai montré que 
la formation de nouveaux faisceaux à l'intérieur des cladodes de l'Opuntia 
vulgaris s'effectue sur place, dans l'intervalle compris entre deux faisceaux et 
au sein de ce tissu plus clair dont je viens de parler. Rien dans cette pro- 
duction nouvelle ne me laissa soupconner qu'elle füt due à la présence d'un 
tissu naissant descendu des feuilles. 

On sait, d'ailleurs, combien sont fugaces les feuilles des Opuntia, et je ne 
vois pas trop quel róle actif elles peuvent jouer dans la nutrition générale et 
l'apparition ultérieure des faisceaux, chez des cladodes depuis longtemps 
aphylles. 

Revenons à l'origine du bourgeon. Un bourgeon naissant est, sans contre- 
dit, formé d'abord par une ou plusieurs cellules préexistantes, qui, sous une 
influence mystérieuse, se mettent à proliférer. Il est incontestable que, dés 
lors, la prolifération ne peut s'effectuer dans un seul sens. Si elle se produi- 
sait seulement de bas en haut ou de dedans en dehors, le jeune rameau, privé 
d'un point d'appui solide, serait facilement arraché. Mais il n'en est pas ainsi, 
comme on peut s'en convaincre par observation directe : la partie inférieure 
des faisceaux issus du noyau primitif s'étend à la fois de bas en haut, de haut 
en bas et latéralement, c'est-à-dire sur tout le pourtour de son point d'émer- 
gence, de telle sorte qu'il se produit une sorte de greffe entre le rameau et 
l'arbre qui le porte. M. Bureau a rapporté un fait qui semble, au premier 
abord, venir à l'appui de l'opinion de M. Germain de Saint-Pierre. 

M. Bureau a vu les faisceaux fibro-vasculaires d'un Tecoma radicans, 
greffé sur un Catalpa, s'insinuer entre le bois et l'écorce du Catalpa, sur 
une longueur assez considérable. 

Ce fait, trés-intéressant en lui-méme, démontre comment se fait la soudure 
du rameau à l'arbre, mais il ne prouve pas que « /a substance des tissus... 
descend sous la forme de tissu naïssant, pour s'organiser de proche en pro- 
che... en fibres et en vaisseaux ». Il est incontestable que si, une fois effectuée 
la greffe du jeune rameau, les nouveaux tissus ne se formaient pas sur place, 
de dedans en dehors et non de haut en bas, si la séve issue du rameau descen- 
dait sous forme de tissu naissant, les faisceaux fibro-vasculaires du Tecoma 
auraient dü se montrer sur toute ou presque toute l'étendue du Catalpa, au- 
dessous du point d'émergence du rameau greffé. Ceci nous ramènerait donc, 
d'une maniére détournée, aux théories de Du Petit-Thouars et de Gaudi- 
chaud. 

M. Germain de Saint-Pierre repousse ces théories ; mais il considére comme 
absolument vraie l'existence d’une séve descendante; il attribue à cette séve 
la production de tous les nouveaux tissus. 


J'avoue ne pas bien comprendre ce qu'est cette substance des tissus fibro- 


zeit 


SÉANCE DU 27 JANVIER 1871. 91 


vasculaires, qui s'élabore dans les feutlles et en descend sous forme de Tissu 
NAISSANT, pour s'organiser de proche en proche, de haut en bas, etc. 

Ce n'est pas le tissu qui descend, comme dans la théorie de Du Petit-Thouars, 
c'est la substance des tissus qui descend sous forme de tissu naissant. Entre 
les deux théories, la différence ne me parait pas grande; mais il ne me semble 
pas nécessaire de m'arréter plus longtemps à ce sujet. Tout ce que je voulais 
en tirer, c'est que M. Germain de Saint-Pierre admet que les nouveaux tissus 
sont dus exclusivement à la séve descendante, et je saisis cette occasion pour 
combattre cette manière de voir. 

Cette théorie d’une séve descendante créatrice des tissus est regardée 
depuis longtemps en France comme l’expression de la vérité, et cependant je 
ne vois pas sur quel fait absolument probant on a pu l'étayer. Toutes les expé- 
riences rapportées à ce sujet, dans les ouvrages spéciaux, peuvent tout aussi 
bien étre invoquées en faveur de la théorie de la diffusion. L'observation dé- 
montre, en effet, que les liquides contenus dans les végétaux ne tendent pas 
uniquement à monter des racines aux feuilles et à descendre des feuilles aux 
racines. Ces liquides se portent partout oà il y a un principe à dissoudre, à 
transformer, partout où doit s'effectuer une production nouvelle. 

Dans les végétaux qui fallent, les matériaux de la nutrition ultérieure s'accu- 
mulent dans les feuilles principalement, puis s'en échappent en majeure partie, 
lorsque s'effectue la montée de la plante. C'est pourquoi M. Rocbleder a pu 
considérer les feuilles comme des magasins temporaires des principes nutritifs. 

Les recherches de M. Corenwinder et de M. Isid. Pierre ont fait connaitre 
la nature et les m?grations d'un certain nombre de ces principes. Dans les 
végétaux vivaces, surtout chez les arbres, il se produit des phénomènes de 
méme espéce, quoique dans un ordre peut-étre différent. M. J. Sachs a mon- 
tré que les feuilles perdent, avant de tomber, la chiorophylle et l'amidon dont 
elles étaient remplies. 

Cette disposition de principes immédiats, azotés et hydrocarbonés, ne peut 
étre attribuée exclusivement à la respiration des feuilles, qui, devenues jaunes 
ou rouges, exhalent. alors exclusivement de l'acide carbonique. La théorie 
que Morot et d'autres ont étavée sur la transformation de la chlorophylle ne 
parait pas avoir fait beaucoup d'adeptes. 

M. Sachs a vu d'ailleurs que, pendant l'évacuation automnale des feuilles, 
les cellules de transport du pétiole sont gorgées de matériaux albumineux. La 
disposition de l'amidon et de la chlorophylle du parenchyme des feuilles, au mo- 
ment de leur chute, et la présence de matières albumineuses dans leur pétiole, 
un peu avant cette chute, sont des faits identiques aux migrations observées 
par MM. Corenwinder ct Isid. Pierre, dans les plantes qui ta/lent. 

Où se rendent ces matériaux nourriciers que les feuilles avaient fabriqués 
et emmagasinés ? I] me parait difficile d'admettre que la totalité de ces prin- 
cipes s'arréte dans les bourgeons axillaires. 


29 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


D'autre part, M. A. Gris a découvert que, pendant l'été, il se forme un 
dépót de matiére amylacée au sein de la moelle, des rayons médullaires et du 
parenchyme ligneux : ce dépót va en augmentant, jusqu'à l'arrét de la végé- 
tation, et se résorbe au printemps suivant, lorsque monte la séve. 

Évidemment, cet amidon a son origine dans les feuilles, et les recherches 
de M. Sachs nous montrent la période ultime de ce transport. 

Les auteurs qui admettent une séve descendante ne devraient pas chercher 
ailleurs les preuves de leurs croyances. Mais est-ce une séve de ce genre, 
c'est-à-dire fournissant les matériaux nécessaires au développement ultérieur, 
que ces auteurs appellent une séve descendante ? Non. M. Germain de Saint- 
Pierre, rappelant la théorie de Mirbel sous une forme peu différente, nous dit 
que « La substance des tissus... descend sous la forme d'un tissu naissant, pour 
» s'organiser de proche en proche... en fibres et en vaisseaux ». Ainsi les 
nouveaux tissus du bois ne seraient produits que lorsque la séve retournerait 
des feuilles dans la tige. 

Or combien d'arbres voient commencer le développement de leurs couches 
ligneuses printanières, concurremment avec la formation des feuilles, sinon 
avant que ces organes apparaissent ? 

Les réflexions qui précédent me portent à formuler les propositions suivantes, 
que je crois fondées : | 

1° La séve élaborée sert surtout à la production des principes amylacés et 
autres, que l'on trouve dans les tissus persistants, pendant l'arrét de la végé- 
tation. 

2° Cette séve arrive dans les tissus ligneux par imbibition ou par l'intermé- 
diaire des tubes cribreux et des laticifères, dont on connaît les relations avec 
les faisceaux ligneux et les rayons médullaires. 

3° Les matériaux ainsi emmagasinés sont modifiés et dissous par la séve 
ascendante, et arrivent, par diffusion latérale, dans la zone génératrice, où ils 
fournissent les matériaux des nouvelles cellules. 

h° Ainsi s'explique l'épaississement considérable que présente la séve cam- 
biale dés le commencement de la végétation. 


SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT. 


M. le Secrétaire. général donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 27 janvier, dont la rédaction est adoptée. 
Lecture est donnée de la communication suivante : 


nent | 


SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1871. 28 


OBSERVATIONS DE MI. CAUWVE'T, RELATIVES A QUELQUES-UNS DES TRAVAUX 
PRÉSENTÉS A LA SOCIÉTÉ PAR M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE (4). 


II. — Remarques à propos du Tableau analytique d’une classifi- 
cation morphologique des organes souterrains de la végétation 


(Bulletin, 1870, t. XVII [Séances], p. 127). 


Je me permettrai peu d'observations au sujet de ce tableau. On pourrait 
lui reprocher peut-étre la longueur et le grand nombre de ses divisions; peut- 
étre encore trouverait-on à y reprendre relativement à certains mots nouveaux 
(gemmosarques, turiosarques, caulosarques), dont la nécessité n'est pas bien 
démontrée, et qui viennent s'ajouter à la liste déjà considérable des termes 
employés en botanique. Toutefois ma critique, si critique il y a, portera 
exclusivement sur les parties suivantes : 

4° L'auteur dit : racine non coléorrhizée (la plupart des racines). Or 
M. Trécul a démontré que toutes les racines adventives sont coléorrhizées. 

2» Racine piléorrhizée (un petit nombre de racines; exemple : Lemna). 
Évidemment, M. Germain de Saint-Pierre ne considére comme piléorrhize 
que l'enveloppe celluleuse, ou coiffe, qui entoure l'extrémité des racines de 
plusieurs plantes aquatiques. Cette restriction ne me semble pas fondée. 

3° Racine non piléorrhizée (la plupart des racines). Cette manière de voir 
est basée uniquement sur le besoin de séparer les racines pourvues d'une 
coiffe de celles qui n'en ont pas. 

Toutes les racines sont piléorrhizées; seulement, au lieu d'étre presque 
complétement libre comme dans les Zemna, la piléorrhize est, dans la grande 
majorité des plantes, adhérente par toute son étendue à l'extrémité de la 
racine, Ce fait, d'observation facile, ne peut étre révoqué en doute. M. Trécul, 
le premier, donna le nom de pi/éorhize (sic) à l'enveloppe celluleuse de l'ex- 
trémité des racines, fit connaitre son origine et montra sa présence chez les 
Phanérogames. MM. Garreau et Brauwers ont étudié son mode d'exfoliation 
et rapporté à tort à cette exfoliation l'excrétion d'un certain nombre de prin- 
cipes par les racines des plantes. 

Enfin, M. Germain de Saint-Pierre range la racine d?ffluente du Gui parmi 
les racines pivotantes (2). Je ne sais trop sur quoi il se fonde pour en agir ainsi. 

On dit qu'une matière est diffluente, quand sa masse peut se répandre de 
manière à occuper tous les interstices du corps poreux dans lequel elle 
s’introduit. 

La racine du Gui (s? c'est une racine) s'interpose entre le bois et l'écorce 


(1) Voyez ci-dessus, p. 18. 
(2) Voy. Bulletin de la Soc, bot, t. XVI, p. 376, et t. XVII, p. 129. 


2h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
de son hóte, à peu prés comme s'épancherait un liquide épais. Mais peut-on 
en induire qu'elle est diffluente ? 

Je n'ai jamais eu l'occasion d'étudier la végétation du Gui et d'examiner 
Ja structure de ses plus jeunes tissus, dans leurs points d'application au bois. 

Cependant il m'est difficile de croire que ces tissus soient tellement mous, 
qu'on puisse les comparer au cambium de Mirbel et les appeler diffluents. 

Il est probable que la végétation de la racine du Gui s'effectue à peu près 
comme celle du Cytinet, et, pour les jeunes tissus de ce dernier parasite, je 
puis affirmer que jamais ils ne sont diffluents. Jusqu'à preuve contraire, 
je me refuse donc à admettre que la racine du Gui est diffluente, et je crois 
cette appellation basée sur un apercu spéculatif plutót que sur un fait anato- 
mique. 

Ensuite la racine du Gui est-elle bien une racine? Sans doute, elle en 
remplit les fonctions; mais range-t-on les sucoirs de la Cuscute au nombre des 
racines? D'ailleurs, l'apparition réguliére de bourgeons sur cette prétendue 
racine aurait dû rendre M. Germain de Saint-Pierre plus circonspect et ne 
lui permettre de rien préjuger, jusqu'à ce qu'on soit bien fixé sur une 
structure dont on ne possède peut-être pas encore tout le secret. 

Enfin, peut-on appeler pivotante une racine qui ne l’est pas du tout, ou 
qui, du moins, n’est pivotante que par les courts prolongements adventifs 
qu’elle envoie dans les rayons médullaires ? 

Cette manière d’être me semble plutôt devoir être rapportée à ce groupe de 
racines qu'on dit fasciculées. On nomme fasciculées les racines dont le corps 
principal émet plusieurs pivots secondaires aussi développés que lui. 


A ce compte, si tant est que la racine du Gui soit pivotante, il faudrait aussi 
la dire fasciculée. 


Je n'admets pas, d'ailleurs, que la racine du Gui soit pivotante, car l'épate- 
ment de la base du Gui ne peut, en aucune maniére, étre regardé comme 
un corps en forme de pivot. 

Qu'il me soit permis maintenant de présenter quelques observations au 
sujet de la différence que M, G. de Saint-Pierre admet entre la racine et la tige. 

M. G. de Saint-Pierre donne, comme caractère distinctif entre la tige et 
la racine, la présence d'un bourgeon à l'extrémité de la tige, l'absence de ce 
bourgeon à l'extrémité de la racine (Bull. Soc. bot. t. XVI, p. 335-372). 

Pour le botaniste qui cherche à différencier le caudex ascendant du 
caudex descendant, le caractère invoqué par M. Germain de Saint-Pierre peut 
être regardé comme absolu, bien que d'observation souvent difficile. Il est 
évident toutefois que, étant donné un troncon végétal dépourvu de bourgeons, 
silong d'ailleurs que soit ce troncon, le caractére essentiel de distinction 
manquant, peu de botanistes pourront dire si ce tronçon appartient à une tige 
ou à une racine, 


Sans revenir ici au mémoire de M. Ach. Guillard, mémoire au sujet duquel 


SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1871. 255 


j'ai eu l'honneur de présenter quelques observations à la Société (voy. t. XVII, 
p. 325), on sait aujourd'hui qu'il n'existe pas de caractére anatomique certain 
sur lequel on puisse s'appuyer pour différencier la racine de la tige. 

La racine a généralement une écorce plus épaisse que celle de la tige; la 
moelle s'y montre chez un certain nombre de plantes; enfin, on v trouve sou- 
ventun liber bien déterminé. En ce qui concerne les fibres libériennes, j'ai 
reconnu leur présence dans les racines du Cistus monspeliensis; la forme de 
ces fibres, leur disposition en groupes concentriques en dehors de la zone 
génératrice, et la coloration rose que leur communique l'acide chlorhydrique 
ne permettent aucun doute à cet égard. 

Il est un caractère, peut-être négligé, qui pourrait servir de distinction entre 
la racine et la tige : c'est la forme des cellules épidermiques. Dans les racines, 
d'ordinaire, les cellules épidermiques sont légèrement renflées en dehors, 
chaque cellule étant séparée de sa voisine par un faible sillon. Les naturalistes 
allemands ont regardé cette forme des cellules épidermiques de la racine 
comme constituant une sorte d'épiderme particulier, et ils lui ont donné le 
nom d'epiblema. Ces cellules présentent assez habituellement aussi, sur leur 
paroi externe, un épaississement considérable, et sont disposées tantót sur 
un seul rang (Veratrum album et V. viride), tantôt sur plusieurs rangées 
(Salsepareilles). On sait, au contraire, que les cellules épidermiques de la tige 
sont généralement aplaties, et que leur paroi externe se distingue nettement 
de la cuticule qui les recouvre. 

Toutefois, on ne saurait recommander la constitution de l'epiblema 
comme caractéristique ; car, en étudiant la structure anatomique de la feuille 
des Aloë et la répartition des principes contenus dans ses tissus, j'ai vu les 
cellules épidermiques de cette feuille offrir la méme forme renflée que celles 
de l'epiblema. 

Ainsi, épaisseur plus grande de l'écorce, absence de moelle et de liber, 
forme des cellules épidermiques, aucun de ces caractères n'est absolument 
propre à la racine. 

Reste le caractére purement spéculatif, quoique fondé, établi par M. Ger- 
main de Saint-Pierre : l'absence de bourgeon à l'extrémité de la racine. 

Je ne sais comment M. Germain de Saint-Pierre a défini le bourgeon. 
Voici, si je ne me trompe, la définition que M. le professeur Clos, mon 
maître, m'a enseignée : 

Un bourgeon est un petit corps ovoide ou conique, composé d'un axe et d'ap- 
pendices, et qui est le rudiment d'un rameau ou de la prolongation de la tige. 

Si la présence d'appendices sur les bourgeons est nécessaire pour établir sa 
nature, la distinction admise par M. Germain de Saint-Pierre est absolue. 

Si nous supprimons, pour le bourgeon, ce caractère de la présence d'ap- 
pendices, nous trouverons la plus grande ressemblance entre lui et le point 
végétatif de l'extrémité de la racine. Chez l'un et chez l'autre se-montre ce 


26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


que nous pouvons appeler un centre de développement, c'est-à-dire un point 
dont l'activité créatrice détermine l'élongation de l'axe. Il est vrai que l'acti- 
vité de l'extrémité de la racine est, ou mieux semble incessante, tandis que 
celle du bourgeon terminal éprouve un temps d'arrét en rapport avec l'arrét 
de la végétation. On me dira sans doute que, dès son origine, l'extrémité de 
la racine offre une constitution spéciale, alors méme que le jeune organe, 
encore à l'état latent, est caché sous l'écorce. Dès sa première apparition, en 
effet, la racine est coiffée par la pilorrhize, qui la recouvre comme une calotte, 
tandis que jamais, à ma connaissance, on n'observe rien qui ressemble à une 
pilorrhize, au-dessus du point végétatif du bourgeon. 

Mais, je le répète, le bourgeon qui termine la tige et le tissu spécial que l'on 
trouve à l'extrémité de la racine offrent une grande ressemblance quant à 
leur but final, qui est le prolongement de l'axe. 

Je crois donc que, si l'on accepte la distinction spéculative admise par 
M. Germain de Saint-Pierre, il sera bon de la modifier de la manière sui- 
vante : La tige est toujours terminée par un bourgeon ; l'extrémité de la racine 
est toujours enveloppée par une pilorrhize. 


M. Cornu fait la communications uivante : 


NOTE SUR LE SYNCHYTRIUM STELLARIÆ MEDIÆ Fuckel ET LE SYNCHYTRIUM ALISMATIS 
species nova, pr MI. Maxime CORNU. 


I. — Dans le milieu du mois de septembre de l'année 1868, pendant l'au- 
tomne et l'hiver, qui furent pluvieux et doux, je rencontrai, dans toutes les 
vignes humides des environs de Romorantin, le Stellaria media attaqué par 
un parasite particulier. — | 

Ce parasite, que je n'avais jamais vu avant cette année et que je croyais 
nouveau, est le Synchytrium Stellariæ medie Fuckel, Champignon qui vit 
dans les cellules épidermiques dilatées du Mouron-des-oiseaux, sans aucune 
sorte de mycélium. J'ignorais que le Champignon eût été découvert (1) aupa- 
ravant, et j'essayai d'en faire l'étude. Je ne trouvai à peu près que des spores 
immobiles ; j'en envoyai des échantillons frais à M. Roze, qui ne trouva aussi 
que ces derniéres. 

C'est seulement le 27 octobre de l'année suivante, qui avait été trés-séche, 
que j'en rencontrai de nouveau quelques échantillons, mais ils étaient fort 
rares; je pus du moins, cette fois, voir les Sporanges et suivre leur déve- 
loppement. 


On sait que le genre Synchytrium a été établi et étudié dans un mémoire 
(4) C'est l'Uredo (Podocystis) pustulata Fuckel, Fungi rhenani, fasc. 5, n? 409. — 


L'auteur a reconnu plus tard, dans les Addenda (V° et VI° suppl.), quec'est un véritable 
Synchytrium. | 


SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1874. 27 


publié par MM. De Bary et Woronin (extraits des Comptes rendus de la So- 
ciété des naturalistes de Fribourg en Brisgau, t. XIE, fasc. 11, trad. in Ann. 
des sc. nat. 5° série, t. III, p. 238, 1865). 

Les Synchytrium connus sont peu nombreux ; le S. Taraxaci (qui vit sur 
le Taraxacum officinale), le S. Succisæ (Succisa pratensis), le S. Anemones 
(Anemone nemorosa), sont les seuls cités dans le travail de MM. De Bary 
et Woronin. 

La première espèce seule est étudiée complétement; la seconde, rencontrée 
une seule fois, semble, d’après les échantillons secs, être fort analogue à la 
première; la troisième n'est connue qu'à l'état de spores immobiles. L'étude 
n'en est pas achevée. 

Dans un travail plus récent, M. Woronin (Bot. Zeit. t. VI, p. 81, 1868) 
est revenu sur les Synchytrium; il y étudie le S. Mercurialis perennis et 
cite le S. Stellarie Fuckel, mais il ne l'a vu que sec. 

Je n'ai pas l'intention de m'étendre beaucoup sur cette plante; je n'en dirai 
que quelques mots. Le Stellaria attaqué est tout entier d'un jaune d'or ou 
d'un jaune brunátre, dont la teinte est variable, suivant que les sores ou les 
spores immobiles sont en majorité ; il est rabougri, difforme, hypertrophié, 
et se reconnait d'assez loin. Il faut se garder de confondre cette teinte avec la 
couleur jaune pále que prennent souvent les feuilles mortes ou malades du 
Mouron. 

La membrane générale du sore est difficile à voir : les sporanges qui y sont 
contenus sont irréguliers et polyédriques, d'une belle couleur rouge orangé. 
En les tenant dans l'eau, le contenu change d'aspect et se résout en zoospores 
aprés trois ou quatre heures. 

La forme, la couleur, les mouvements saccadés et amiboides des zoospores, 
toutes les particularités décrites pour le Synchytrium Taraxaci, se retrouvent 
ici. M. Woronin ne se trompait pas quand il pensait que le SS. Stellariæ 
devait être placé à côté du S. Taraxaci avec le S. Succise. 

On pourrait parler assez longuement de la formation des spores immobiles 
et des développements et hypertrophies cellulaires, qu'on rencontre chez le 
Stellaria, faciles à étudier ici surtout, parce qu'ils ont lieu parfois dans les 
poils disposés en ligne le long de la tige. 

Je n'ai pas réussi à obtenir la germination des spores immobiles, peut-étre 
faute d'avoir récolté des spores bien mûres, peut-être à cause de la difficulté 
inhérente au sujet. Il serait cependant important de savoir si le contenu se 
développe en un seul et uniquesporange (S. T'araxaci) ou en un sore (S. Mer- 
curialis). 

Le S. Tarazxaci semble commun en Allemagne. Il paraît l'être bien moins 
chez nous; je ne l'ai jamais rencontré. Le S. Anemones se trouve en plusieurs 
endroits aux environs de Paris. Le S. Suscisæ n'a été trouvé qu'une fois par 
M. De Bary, le S, Stellaric l'a été très-rarement par M. Fuckel. Il est pos- 


28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sible, pour cette derniére espéce, que l'époque tardive de l'apparition et les 
conditions d'humidité dans lesquelles elle doit vivre (qui varient d'une année 
à l'autre) en rendent la rencontre beaucoup moins fréquente que celle des 
autres espéces du méme genre, quoique la plante hospitaliére soit des plus 
communes (1). 


II. — J'ai rencontréà Villeherviers (Loir-et-Cher), en septembre 1869, 
sur l'Alisma ranunculoides var. repens, un parasite que je rapporte de méme 
au genre Synchytrium. Les cellules de l'épiderme contiennent une ou deux 
grandes spores, à parois assez épaisses, sphériques ou elliptiques, à épispore 
brun et un peu irrégulier ; le plasma est opaque et finement granuleux; ces 
spores sont plongées dans le contenu bruni de la cellule. J'avais cru d'abord 
devoir les rapporter au Cystopus Alismatis Bonorden (2), mais l'absence com- 
plète de mycélium m'a montré que j'avais affaire à un Chytridium. L'ana- 
logie assez grande de ces spores avec certaines spores stables des Synchytrium 
Stellariæ et Anemones m'a déterminé à adopter pour cette espèce le nom gé- 
nérique de Synchytrium. Je propose de l'appeler SYNCHYTRIUM ALISMATIS. 
Je n’en ai trouvé qu'un nombre restreint d'échantillous. Le parasite produit sur 
les feuilles de très-petites taches noires, tout à fait analogues à celles qui se 
montrent aux endroits froissés ou blessés de la plante hospitaliére. J'ai récolté 
beaucoup de ces feuilles présentant ces taches, et n'ai pu, aprés un long examen, 
en trouver que fort peu d'attaquées : quatre ou cinq feuilles au plus. L'A/isma 
ranunculoides est trés-commun en Sologne; le Synchytrium Alismatis, au 
contraire, parait y étre fort rare (3). 


(4) M. Fuckel dit, en effet, dans son Catalogue, p. 17 : « Uredo pustulata. .. In Stel- 
larie medie caulibus, foliis, pedunculis, petiolis calycibusque, rarissime. Autumno. » 

(2) Bot. Zeitung, t. XIX, p. 194 (1861). — A ce propos, on peut faire remarquer 
que M. De Bary ñ’en a pas parlé dans son grand travail sur les Péronosporées (Ann. sc, 
nar. 1863). 

(3) Note ajoutée pendant l'impression (novembre 1871).— Le Synchytrium Slellariæ 
a été revu cette année vers le milieu du mois d'octobre, mais trés-rare, à cause de la 
sécheresse du sol, et muni surtout de sporanges. — Le S. Alismatis a été retrouvé et 
un peu étudié. Les spores jeunes émettent des sortes de filaments analogues à ceux qui 
proviennent dela germination des zoospores (ex.: Chytridium roseum, voy. De Bary et 
Woronin, loc. cit.), qui perforent les parois des cellules voisines; ils se renflent à leur 
extrémité de l'autre cóté de la cloison, La petite masse ainsi formée se segmente en quatre 
cellules, dont l'une communique avec le filament et les trois autres donnent naissance à 
des filaments analogues dont l'extrémité finit par se développer en spore. C'est ainsi que 
le parasite chemine de proche en proche. Une fois son rôle terminé, le tout disparaît en se 
contractant; il ne reste plus de la petite masse qu'une sorte de globule oléagineux oü les 


membranes se distinguent trés-mal. On finit bientót par n'en plus voir de trace : ce serait 
une sorte de mycélium fugace. 


SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1871. 29 


SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT. 


M. le Secrétaire général donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 10 février, dont la rédaction est adoptée. 

Il annonce ensuite à la Société l'affreux malheur dont vient 
d'étre frappé M. le comte Jaubert, l'un de ses anciens présidents et 
de ses fondateurs les plus dévoués à son institution. Son fils, M. le 
vicomte Hippolyte Jaubert, vient de succomber à la fleur de l'áge, 
victime de son dévouement pour les habitants de la commune de 
Coulongé (Sarthe), dont il était le maire, du courage avec lequel 
il a défendu, contre les soldats du duc de Mecklembourg, la vie du 
curé de sa paroisse, et des mauvais traitements qu'il a subis pen- 
dant une douloureuse captivité. C'est avec un vif sentiment de dou- 
leur et d'indignation que la Société apprend cet horrible événement, 
qui remonte à la seconde moitié de décembre, mais dont la nouvelle 
n'a pu arriver à Paris que tout récemment; elle décide qu'une 
lettre sera adressée, en son nom, à M. le comte Jaubert, pour 
lassurer de sa profonde sympathie. 

M. Cauvet fait à la Société la communication suivante : 


DE LA STRUCTURE DU CYTINET ET DE L'ACTION QUE PRODUIT CE PARASITE 
SUR LES RACINES DES CISTES, par M. CAUVET. 


III. — Action produite par le Cytinet sur les racines des Cistes (1). 


Les recherches consignées dans la première et la deuxième partie de ce 
travail ont fait connaitre la structure anatomique du Cytinet et celle de la 


(1) Lorsque j'eus l'honneur de présenter à la Société ma note sur le Cytinet (voy. Bul- 
letin, t. XVII, p. 305), je fis observer qu'un travail du méme genre avait. été inséré par 
M. le comte de Solms-Laubach, dans les Annales de M. Pringsheim. Bien queles deux 
premières parties de mon mémoire eussent été reçues par l'Académie des sciences le 
18 juillet, que la troisième eût été présentée au méme corps savant dans la séance du 
16 août, que, par conséquent, mon travail eût fait son apparition à peu prés à la même 
date que celui de M. de Solms, je craignis, comme on me l'avait dit, d'avoir labouré 
dans un champ ensemencé. Je fis part de ces craintes à la Société botanique et réservai 
la communication de la troisième partie jusqu'à ce que j'eusse pu me rendre compte du 
travail de M. de Solms, Mon savant ami M. Kralik a bien voulu lire ce mémoire. Il l'a 
trouvé peu différent du mien et m'en a traduit plusieurs passages, surtout ceux qui pou- 
vaient se rapporter aux questions restées douteuses pour moi. . 

Autant que j'ai pu en juger, M. de Solms a beaucoup dilué ses observations, principa- 
lement en ce qui concerne la description et la forme des cellules fibreuses de la partie 
intraradicale du parasite. M. de Solms n'a pas, plus que moi, fait connaitre la maniére dont 


30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


racine du Ciste-de-Montpellier (voy. Bulletin, t. XVII, pp. 305 et 322). Il 
sera donc facile de distinguer, au sein d'une racine attaquée, ce qui appartient 
au parasite de ce qui appartient à son hôte, 

Le Cytinet est rarement solitaire sur la racine du Ciste; le plus souvent il 


forme une touffe plus ou moins compacte, dont les éléments semblent groupés 
au hasard autour de la racine attaquée. 

Comme le Gui, sur la branche qui le porte, le Cytinet pousse sur un point 
quelconque du pourtour de la racine. Mais, au lieu de se diriger verticalement, 
par rapport à son point d'émergence, il s'éléve jusqu'à la surface du sol et se 
courbe ainsi plus ou moins, selon le lieu où il est implanté, pour arriver à la 
lumiere, fleurir et fructifier. 


Dés la premiére évolution de cette plante, il existe donc une différence 
entre elle et le Gui. 

Si l'on fait une section longitudinale, passant par le milieu du Cytinet et de la 
racine du Ciste, on observe, au sein de cette derniére, une ou plusieurs lignes 
de couleur généralement plus foncée que celle des tissus voisins et qui bru- 
nissent à l'air. Ces lignes pénétrent plus ou moins le corps de la racine, tantót 
distinctes, tantót anastomosées; les plus extérieures convergent vers la base 
du Cytinet et, d'autre part, s'étendent souvent en ligne droite jusqu'à une 
distance relativement grande de leur point d'attache au parasite. 

Une coupe transversale de la racine envahie montre le parasite s'enfoncant 


s'effectue la germination du Cytinet, ni comment cette plante, dés son origine, s'introduit 
dans les racines du Ciste. Enfin, s'il parle de la végétation du Cytinet, il ma semblé 
n'avoir guére étudié le bourgeon du parasite dés sa premiére apparition sur la racine. 
La figure qu'il donne de ce bourgeon est peu différente de la mienne, avec cetle ré- 
serve que, dans mon travail, cette derniére représente un bourgeon plus jeune. 

En général, dans les dessins de M. de Solms, les tissus du parasite me semblent pro- 
portionnellement trop grands, et je suis persuadé que, tout en conservant une certaine 
exaclitude, ces figures sont surtout schématiques. Ainsi s'explique la netteté de ces des- 
sins et l'absence de ce fouillis que l'on peut reprocher aux miens, Comme je voulais 
représenter fidélement ce que je voyais, il fallait bien retracer sur le papier tous les 
contours et toutes les cellules que la chambre claire y renvoyait. 

Au reste, M. de Solms a étudié la structure des tissus parasites sur des échantillons ve- 
nus d'Espagne et conservés dans de l'alcool, Il se peut donc queces échantillons aient 
subi une altération quelconque, bien que l'alcool soit généralement regardé comme un 
liquide conservateur, 

Én définitive, M. de Solms a effleuré seulement la constitution anatomique du Cyli- 
nus; il n'a pas étudié la structure de la racine du Ciste ; enfin il ne me paraît avoir rien 
dit de plus que moi sur les tissus intraradicaux du parasite et sur la manière dont 
s’effectue leur végétation. 

J'ai été plus sobre de détails au sujet de la forme des cellules fibreuses du Cytinet : je 
ne crois pas que cela puisse m'étre imputé comme un défaut. En toutes choses, surtout 
dans la science, la sobriété dans l'exposition des faits observés m'a toujours semblé né- 
cessaire. 

Jene sais si le mémoire de M. de Solms sera traduit en francais, mais je suis persuadé 
qu'il ne servirait qu'à confirmer la vérité de mes descriptions anatomiques. Je crois donc 
bien faire, en communiquant à la Société la troisiéme partie de mon travail, Ceux 
que celte question peut intéresser y trouveront des renseignements sur Ja structure et le 
parasitisme d'une plante peu ou point étudiée en France, 


SÉANCE DU 2A FÉVRIER 1874. 31 


dans la racine, sous forme d'un prolongement conique, à l'extrémité duquel 
s'arrête, ou mieux semble s'arrêter le tissu cellulo-vasculaire, qui en consti- 
tue les faisceaux. Sur les côtés du cône, on voit la portion la’ plus extérieure 
du bois rompue et déjetée vers l'écorce ; on peut méme suivre, jusqu'au voi- 
sinage du centre de la racine, les tissus envahisseurs qui pénétrent dans le 
corps ligneux et en dissocient les éléments. 

Ainsi la coupe longitudinale montre le parasite s'étendant plus ou moins loin 
de son point d'émergence, tandis que la coupe transversale le montre contour- 
nant et dissociant les couches ligneuses. 

La portion 2ntraradicale du Cytinet ne forme donc pas, comme on l'ob- 
serve pour le Gui, une sorte d'épatement constitué par une dilatation de 
sa base, que les couches ultérieurement développées recouvrent et enchás- 
sent. 

Les tissus du parasite du Ciste contournent sa racine, en méme temps 
qu'ils la pénètrent en avant, en arrière et dans sa profondeur. 

Cette constitution, dont je ne connaissais guère d'exemples que daus la vé- 
gétation des Champignons parasites, a failli m'induire en erreur, lorsque j'étu- 
diais la structure anatomique de la racine du Ciste. 

J'avais choisi une racine en apparence trés-saine et, aprés en avoir fait une 
coupe transversale, je l'examinai au microscope. l 

Le centre (ou à peu près) de la coupe était occupé par un tissu. cellulaire 
peu développé, mais dont les éléments différaient beaucoup, par leur forme 
et leur grandeur, des fibres et des vaisseaux du bois ambiant. 

La portion centrale de cette sorte de moelle était formée de cellules polyé- 
driques relativement très-grandes. 

Le calibre de ces cellules s'amoindrissait à mesure que l'on s'avancait vers 
la périphérie, où il atteignait son minimum. 

Toutefois, méme en ce point, leur dimension était plus considérable de 
beaucoup que celle des fibres qui les entouraient. 

Supposant alors que la racine du Ciste était pourvue d'une moelle, je me 
réjouissais à l'idée de signaler cette nouvelle exception à l'abseuce de moelle 
dans les racines. 

Une coupe longitudinale, passant par le centre de cette prétendue moelle, 
me montra que son pourtour était formé d'un cóté de fibres ligneuses et, de 
l'autre, de vaisseaux paraissant annelés. 

La présence de vaisseaux annelés au pourtour du cylindre celluleux sem- 
blait autoriser la supposition que l'enveloppe immédiate de la prétendue moelle 
était un étui médullaire. 

Par un examen longtemps prolongé, je m'assurai que les vaisseaux obser- 
vés étaient des vaisseaux rayés, dont le faible calibre m'avait induit en erreur, 
et que la constitution du cylindre celluleux différenciait beaucoup les éléments 
de ce cylindre des cellules ou fibres de la portion centrale de la racine du 


39 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ciste. Ces dernieres sont, en effet, infiniment plus petites et proportionnelle- 
ment plus épaisses. | 

La racine examinée était jeune; mais, pour admettre l'existence d'une 
moelle dans les jeunes racines du Ciste, il faudrait supposer que les cellules 
de cette moelle se multiplient ultérieurement par division interne et se ligni- 
fient ensuite, pour arriver à l'état sous lequel se présente le noyau central dans 
les racines plus âgées. 

Si une telle modification se fût accomplie, j'aurais certainement, dans le 
grand nombre de racines examinées, saisi le passage entre ces deux états suc- 
cessifs. Malgré les recherches multipliées auxquelles je me suis livré, je n'ai 
jamais vu le centre des racines du Ciste occupé par un autre tissu que celui 
dont j'ai parlé plus haut et qui est de nature ligneuse. 

A un grossissement de 400 fois, la prétendue moelle se montre composée de 
cellules très-irrégulières, de grandeur variable, toutes plus ou moins ponctuées. 
Ce tissu est traversé par des séries tortueuses de cellules plus étroites, à parois 
plus largement ponctuées, et que l'on ne peut suivre dans une grande éten- 
due. Le plus souvent, en effet, elles disparaissent tout à coup, pour se mon- 
trer avec le méme aspect, sur un autre point de la préparation. 

Grossies 500 fois, on les voit formées de parois. d'épaisseur variable, irré- 
‘ gulières, marquées de saillies et d'étranglements, qui, si ma mémoire est 
fidéle, rappellent à l'esprit la structure des cellules du périsperme de la datte. 

Ces étranglements de la paroi peuvent se montrer isolés sur une seule des 
faces, ou juxtaposés sur les deux faces d'une méme paroi. Dans ce dernier 
cas, les canalicules contigus sont toujours séparés par une mince couche qui 
parait due à la persistance de la paroi primitive de la cellule. 

En rapprochant cette constitution de celle que M. A. Gris a faite de la 
structure anatomique de la moelle, dans un certain nombre de familles, on 
serait tenté d'admettre que le cylindre celluleux étudié est une moelle. Les 
raisons que j'ai invoquées plus haut s'opposent à cette maniére de. voir. La 
suite des recherches dont je vais rendre compte montrera que la prétendue 
moelle appartenait à l'une de ces ramifications que le Cytinet envoie dans la 
racine du Ciste. 

Parmi les trés-nombreuses racines de Ciste que j'ai examinées, aucune ne 
m'a fourni de renseignements au sujet de la manière dont s'effectue l'évolu- 
tion de la graine du Cytinet. Aucune ne m'a présenté de traces de la graine 
du parasite, au-dessous des plus faibles élevures de l'écorce. Je ne puis donc 
indiquer comment se produit la pénétration primitive du Cytinet. 

La destruction annuelle de la tige florale de cette plante et la présence d'un 
abondant mucilage dans ses ovaires permettent de supposer que sa graine 
arrive au contact de la racine du Ciste et s'attache à elle par son enduit vis- 
queux. 

Pénètre-t-elle ensuite de la méme manière que la graine du Gui? 


SÉANCE DU 2/4 FÉVRIER 4871. 33 


- Nous savons que le parasite n'a pas besoin de ses graines, pour se multiplier 
dans l'intérieur d'une racine, car les prolongements émanés de sa base peu- 
vent étre considérés comme des stolons. Mais si la suite de ces recherches 
montre la vérité de cette assertion, elle n'indique pas comment se fait l'enva- 
hissement d'une racine saine. 

Là, comme je l'ai dit plus haut, git le point obscur de la question posée, 
question que je n'ai pu résoudre, et qui demande, pour étre éclaircie, une 
nouvelle et toute différente série d'observations et d'expériences ; je m'y atta- 
cherai lorsque le temps et les circonstances me le permettront. 

Partout où j'ai étudié le premier développement du Cytinet, je l'ai vu s'ef- 
fectuer de la manière suivante : 

Sur un point quelconque de la racine du Ciste et immédiatement au-des- 
sous de l'écorce, se montre un mamelon celluleux, à la base duquel apparais- 
sent des stries plus ou moins prononcées, indices des tissus vasculaires. Ce 
mamelon soulève l'écorce et finit par en déterminer la rupture. Il présente 
généralement alors, à son sommet, un certain nombre de feuilles écailleuses 
qui se recouvrent successivement. 

Quand la jeune plante fait saillie au dehors, l'écorce de la racine est rejetée 
latéralement et forme autour du parasite une sorte de bourrelet circulaire plus 
ou moins déchiqueté sur ses bords. 

Si, un peu plus tard, on vent séparer le parasite de son hóte, le Cytinet se 
détache aisément : sa base présente l'aspect d'un cóne court, à sommet 
arrondi, et la racine du Ciste offre, au point d'implantation, une sorte de godet 
ou de cratère d'une faible profondeur. 

Sur les racines déjà vieilles, ces godets persistants ressemblent assez aux 
cicatrices arrondies du rhizone du Sceau-de-Salomon (Convallaria Polygo- 
natum L.). 

Si le jeune bourgeon est en communication immédiate avec un autre Cyti- 
net, si surtout il est placé sur l'un des points du grand cercle qui passe par la 
base du second parasite, on observe alors que les tissus ligneux de la racine 
sont profondément dissociés. 

Parfois, d'ailleurs, le bourgeon se montre fort éloigné du Cytinet qui lui a 
donné naissance. On ne voit partir, de chaque cóté de la base, qu'un mince 
filet de tissu envahisseur, et ce filet va s'amincissant jusqu'à ce qu'il dispa- 
raisse. 

Comme, dans ce cas, on ne trouve pas de graine à son lieu de production 
et qu'on ne peut saisir aucune corrélation apparente entre lui et le Cytinet 
dont il émane, on se demande quelle est l'origine du nouveau parasite. 

L'étude des tissus envahis va permettre de résoudre ce probléme. 

Si l'on fait une section transversale d'une racine de Ciste en un point voisin 
d'un Cytinet, on voit que le tissu envahisseur s’est glissé au delà de l'écorce 
ct de la zone génératrice jusque dans l'aubier, dont il a attaqué les fibres : 

T. NV. (SÉANCES) 3 


34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


une partie du jeune bois est séparée de la portion centrale et rejetée du côté 
de l'écorce, avec les faisceaux libériens. L'écorce est absolument saine et ses 
éléments ont été respectés. 

- Les faisceaux ligneux, ainsi séparés de leurs congénéres, forment des ilots 
de grandeur variable. Leurs intervalles sont occupés par un tissu à cellules 
étroites dépendantes du parasite. Leur bord externe est surmonté par les sé- 
ries correspondantes des cellules de la zone génératrice; leur bord interne, 
plus ou moins déchiqueté, est en contact immédiat avec le tissu envahisseur. 

Les faisceaux ligneux, encore adhérents à la portion centrale de la racine, 
présentent un certain nombre de saillies et d'angles rentrants irréguliers ; 
autour ou dans l'intérieur de ces saillies et de ces angles, se montre le tissu pa- 
rasite qui les emboite exactement. 

Tout l'espace compris entre les deux portions du tissu ligueux est occupé 
par le tissu envahisseur. 

Celui-ci présente d'ordinaire, vers son milieu, une sorte de zone dépourvue 
de cellules et dont les bords plus foncés se détachent nettement. Ces bords 
sont formés de cellules jaunátres, à parois un peu plus épaisses. 

: Quant aux éléments du tissu parasite interposé, ils sont presque unique- 
ment composés de grandes cellules, les unes incolores et polyédriques, les 
autres jaunátres, souvent plus allongées et plus étroites que les cellules inco- 
lores. . 

Au sein de ce tissu, se montrent quelques-unes des cellules ou de ces semi- 
vaisseaux irréguliers ponctués ou treillissés dont la présence a été signalée dans 
l'étude de la tige du Cytinet. 

Si l'on examine, à un grossissement plus considérable, l'une des dépressions 
anguleuses du bois attaqué, on voit que le parasite s'enfonce dans le tissu 
ligneux par des sillons tortueux, qui viennent, comme des ilots, se montrer de 
loin en loin à la surface de la coupe. 

Ces sortes d'ilots du tissu parasite sont composés surtout de cellules 
fibreuses ou de vaisseaux irréguliers, garnis de ponctuations nombreuses et 
inégales. 

Dans les points où il attaque les fibres ligneuses, le tissu envahisseur est 
principalement constitué par des éléments de deux sortes : les uns, qui occu- 
pent surtout le centre et l'extrémité du sillon, sont formés de vaisseaux rayés, 
ponctués ou réticulés, parfois même munis de formations spiralées ; les autres, 
situés sur les côtés du sillon, sont composés de cellules de nature variable, 
généralement ponctuées. Ces dernières sont souvent coupées par un certain 
nombre de cloisons, complètes ou non, dont la présence indique que ces cel- 
lules sont en voie de prolifération par scissiparité. 

Selon Schacht, les racines du Gui pénètrent dans le bois, en usurpant la 
place des rayons médullaires. 


Dans le Cytinet, les racines (si l'on peut parler ainsi) m'ont paru surtout 


SÉANCE DU 10 Mans 1874. 35 


attaquer les fibres, dont elles déterminent la destruction. En examinant un 
certain nombre de coupes transversales, on s'assure, en effet, que les cellules 
des rayons médullaires résistent plus que les fibres et se montrent souvent sur 
les côtés du sillon que le parasite s'est creusé. 

Quand le tissu envahisseur occupe un assez grand espace au sein du bois, il 
se compose en majeure partie de cellules ponctuées, à parois épaisses et cana- 
liculées, tout à fait semblables à celles des cellules observées dans la préten- 
due moelle dont j'ai parlé plus haut. Ces cellules sont de méme nature que 
celles dont j'ai signalé la présence dans les sillons envahisseurs, au contact des 
fibres ligneuses. Sur une coupe longitudinale, on les voit plus allongées, mais 
leur organisation est la méme. 

Le parasitisme du Cytinet n'est pas comparable à celui du Gui. Dans ce 
dernier, selon M. Jean Chalon, les expansions de la base s'étendent à une 
distance relativement grande de son point d'attache, en rampant surtout au- 
dessous de l'écorce. Les racines qu'il envoie à l'intérieur du bois s'y enfoncent 
surtout en usurpant la place des rayons médullaires. 

Le Cytinet ne forme pas d'épatement proprement dit au-dessous de l'écorce. 
Il rampe au milieu du bois, et le dissocie en s'y tracant des sillons tortueux, 
qui, sur une coupe longitudinale, apparaissent comme des amas de tissus 
étrangers au sein des tissus ligneux. Enfin, sa pénétration dans le bois s'effec- 
tue par la destruction des fibres ligneuses, tandis que les rayons médullaires 
sont ou semblent étre respectés pendant plus longtemps. 

Les recherches que je viens de faire connaitre auraient dû être corroborées 
par l'examen microchimique des racines attaquées par le Cytinet. 

Malheureusement les exigences du service m'ont empéché de continuer ces 
études pendant un certain temps. Quand je voulus les reprendre et sou- 
mettre les divers tissus à l'action des réactifs, la végétation du Cytinet était 
terminée. 

Je ferai toutefois observer, dés à présent, que la potasse, dont l'action sur le 
Cytinet est si manifeste, ne m'a semblé déterminer aucune coloration spéciale 
au sein des éléments du parasite dans la racine. 


SÉANCE DU 10 MARS 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT, 


M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 24 février, dont la rédaction est adoptée. 
M. le Secrétaire général annonce que le Conseil, dans sa séance 


36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


du 8 de ce mois, a fixé les élections, pour le renouvellement annuel 
du Bureau et du Conseil, au vendredi 7 avril prochain. Cette déci- 
sion est soumise à la ratification de la Société et sanctionnée par 
elle. | 


Lecture est donnée d'une lettre de M. le comte Jaubert, dont suit 
la teneur : 


LETTRE DE M. le comte JAUBERT. 


Bordeaux, 24 février 1871. 


Prière à M. le président de la Société botanique de France de vouloir bien 
lui communiquer et faire insérer au procès-verbal de la prochaine séance la 
lettre ci-dessous. 


Son dévoué confrére, Comte JAUBERT. 


Extrait du Moniteur universel du 23 février. 


A M. le Président de l'Académie impériale des Curieux de la nature, en session 
Dresde. 


Bordeaux, 20 février 4874, 
Monsieur le Président, 

Je me suis senti grandement honoré lorsqu'en 1858 j'ai recu le diplóme de membre 
de votre célébre Académie, sous le cognomen de Gundelsheimer, compagnon de Tourne- 
fort en Orient, allusion obligeante à mes travaux comme botaniste voyageur dans ces con- 
trées. La guerre actuelle entre nos deux nations a pris un tel caractère, qu'un Français 
ne peut plus, sans compromettre sa propre dignité, entretenir de relations, méme scien- 


tifiques, de l'autre cóté du Rhin. En conséquence, je vous prie de vouloir bien retrancher 
mon nom de la liste des membres de votre Académie. 


Agréez personnellement, Monsieur le Président, l'assurance de ma considération trés- 
distinguée. 


Comte JAUBERT, 


Membre de l'Institut, 
député du Cher à l’Assemblée nationale. 


~ Note du rédacteur du Moniteur. — Une lettre dans le méme sens a été adressée par 
M. le comte Jaubert à la Société royale de botanique à Ratisbonne. 


M. Cauvet fait à la Société la communication suivante : 


REMARQUES A PROPOS DE CERTAINES QUESTIONS DE PHYSIOLOGIE SOULEVÉES 
PAR LA THÈSE DE M. JULES EDMOND DUVAL (1), par M. CAUVE'T. 


Dans la thése qu'il a soutenue devant l'École supérieure de pharmacie 


de Paris, M. Duval a émis quelques opinions qui me paraissent au moins 
hasardées. 


Je ne me serais pas occupé de cette thèse, si elle n'eüt pas été couronnée et 


(4) Des ferments organisés, de leur origine, et du rôle qu'ils sont appelés à jouer 
dans les phénomènes naturels. Paris, avril 1869, in-4°, 


SÉANCE DU 10 mars 41871. 37 


si les rédacteurs du Journal de phormacie et de chimie, en insérant plu- 
sieurs passages de ce travail dans leur journal, n'avaient ainsi semblé lui don- 
ner unc certaine approbation. 

Lorsque je lus ces extraits, je voulus tout d'abord protester au nom de la 
pbysiologie. Mais j'étais alors en Algérie, et je me dis que peut-étre certaines 
parties non citées de cette thèse enlevaient quelque chose de leur absolutisme 
aux théories un peu risquées de M. Duval. 

Depuis mon arrivée à Paris, le hasard m'a fait rencontrer cette thése, et 
j ai vu avec étonuement que les extraits cités représentaient bien l'opinion de 
son auteur. 

Je vais donc me permettre de discuter celles des parties de cette thése qui 
me paraissent renfermer des erreurs scientifiques. 

M. Duval dit (p. 25) : « Autant qu'il nous a été permis de l'apprécier, la 
» prédisposition polymorphique des étres inférieurs, le besoin fatal de leur 
» mutabilité, n'ont été émis par personne d'une manière non équivoque. » 

L'auteur parle des travaux de Turpin, de Berkeley, Bail, Hallier, Schlei- 
den, Hoffmann et Pouchet. Mais, s’il a lu ces travaux, il ne semble guère 
en avoir tiré profit, au point de vue du polymorphisme des étres inférieurs. 

M. H. Hoffmann a reconnu que la levüre de bière, que l'on jette aprés s'en 
être servi, donne constamment naissance à une efflorescence douce et grisátre 
composée surtout de Penicillium glaucum, puis, en moindre quantité, de 
Penicillium brevipes, d' Ascophora elegans, etc. Il pense, d’après ces obser- 
vations, que la levüre de biére est produite par des Champignons ordinaires 
en particulier par des Penicillium, sur les filaments desquels, soit végétatifs, 
soit fertiles, se montrent les cellules du ferment. 

Le ferment, dit-il, est dû aussi à une sorte de bourgeonnement des spores 
submergées et méme à une production de conidies (par étranglement), de 
quelques ramifications du mycélium aquatique. 

Ces conidies se forment également, dans des circonstances analogues, sur 
l'Ascophora Mucedo. 

Je ne sais si l'on connait bien la nature et les fonctions de tous les appareils 
de multiplication (?) ou de reproduction (?), que l'on observe chez certains 
Champignons. Qui ne sait que, pour beaucoup de végétaux inférieurs, le mi- 
lieu entraine un chaugement dans la forme de leur appareil reproducteur, ou 
méme dans l'aspect général de la plante? Il est reconnu que tous les Crypto- 
games se reproduisent normalement par des spores, et pourtant que de 
noms divers n'a-t-on pas donnés aux formes différentes des organes repro- 
ducteurs ! 

Que sont ces conidies, ces pycnides, ces spicules, ces stérigmates, ces 
basides, ces cystides, ces conidies, ces sporanges, ces spermaties, ces 
oogonies, Ces oocystes, etc., si ce n'est, en beaucoup de circonstances, 
des exemples de polymorphisme appliqué à la reproduction? 


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Ce polymorphisme a été signalé chez les Ærysiphe, qui sont un état parti- 
culier de la végétation d'autres plantes. M. De Bary l'a étudié chez les Pucci- 
nia; M. OErsted et M. Decaisne l'ont démontré chez le Podisoma Sabine, 
qui devient le Ræstelia cancellata du Poirier. 

Enfin, les mémoires de M. E. Hallier ont appris que les parasites de 
l'homme appartiennent à un petit nombre d'espéces, dont chacune peut se 
modifier considérablement, selon les milieux. 

Je ne puis évidemment citer ici tous les travaux faits à ce sujet et montrer 
que, le plus souvent, les auteurs ont été très-affirmatifs à propos du polymor- 
phisme des végétaux inférieurs. 

Quel exemple plus curieux de polymorphisme peut-on présenter que celui 
des états successifs des Myxomycétes, tour à tour animaux et plantes ? 

Pour les Bactéries et autres Vibrioniens, que M. Duval range parmi les 
animaux, sait-on bien la nature de ces étres problématiques? 

Ils s'agitent dans les liquides, et Ehrenberg, Dujardin, les zoologistes en 
général, les reggent parmi les animaux. 

Mais, depuis longtemps, M. H. Hoffmann et M. Nægeli considèrent le Zac- 
terium Termo comme un Champignon (un Schizomycéte, pour M.: Nzegeli). 
Pour M. Cohn, les Bactéries sont le jeune âge des Zooglæa, les Spirillum 
sont des Oscillaires. 

Selon M. Lüeders, les Bactéries peuvent ramper comme des Vibrions, s'en- 
tortiller comme un filament d'77ygrocrocis, se pelotonner en boules et former 
le Zooglea de M. Cohn ; dans les liquides en fermentation, elles se transfor- 
ment en Zeptothrix ou en espèces du genre Palmella. Les spores des Mucor, 
Botrytis et Penicillium, cultivées dans l'eau pure, produisent des Bactéries, 
qui grossissent, puis se confondent et constituent des agglomérations par qua- 
tre, huit, seize, semblables à celles des Merismopædia et autres Palmellées ; ou 
bien ces corpuscules arrivent à renfermer un liquide, avec un noyau brillant 
à chacune de leurs extrémités : ce sont alors des Torula. 

Voilà pour les êtres douteux compris entre le règne animal et le règne 
végétal. 

Passons au polymorphisme des animaux inférieurs, 

Sans nous occuper du mode de reproduction des Spongiaires, si bien étu- 
diés par MM. Laurent, Carter, Grant, Kælliker, Huxley, Schmidt, Lieber- 
kuehn, ni méme des phénomènes de généagenèse offerts par les Distomaires, 
les Cestoides et les Polypo-Méduses, bornons-nous à relater les transformations 
singulières que l'on a signalées chez les Infusoires. 

M. Pineau à vu une Monade se transformer en Actinophrys. L'un des 
rayons de l'Acfinophrys s'allonge, le corps de l'animal se renfle d’un côté, 
s'amincit de l'autre; on dirait une poire supportée par une longue queue : 
l'Actinophrys devient un Acinète. Puis le sommet de la poire s'affaisse, se 
creuse d'une cavité dont les bords se garnissent de cils vibratiles ; un orifice 


SÉANCE DU 10 Mars 1871. 39 


puccal apparait au centre de cette cavité, s'élargit de plus en plus, en méme 
temps que, dans le pédicule, s'organise un cordon très-contractile : Aci- 
néte se change en Vorticelle. 

Les observations de M. Stein semblent faire suite à celles de M. Pineau. 
Après un certain temps, la Vorticelle redevient Acinète. Celle-ci, par bour- 
geonnement interne, produit une série continue de Vort?celles, ou bien, tou- 
jours à l'intérieur, le bourgeon se fractionne en un nombre infini de nucléoles 
trés-petits qui s'organisent peu à peu et s'échappent enfin sous la forme de 
Monades. 

M. Pineau a vu les Vorticelles présenter un autre mode de production : 
certaines perdent leurs pédicules, s'enkystent, et se transforment en Oxy- 
triques. Les métamorphoses de ces derniers Infusoires ont été étudiées par 
Jules Haime. 

Après s'étre multipliée par fissiparité, l'Oxytrique perd ses mouvements 
petit à petit, ses cils disparaissent, et elle s'entoure d'une coque flexible, sécré- 
tée par ses téguments. i 

De ce kyste sort un Loxode, qui se remet en boule et, par des transfor- 
mations nouvelles, se change en un Trichode-Lyncée. Là, sans doute, ne 
s'arréte pas l'évolution, car Jules Haime n'a pu découvrir les œufs du Tri- 
chode. 

En admettant que les recherches de Jules Haime continuent celles de 
M. Pineau, le 7richode, avant d'arriverà cette forme dernière, passerait par 
les états successifs de Monade, Actinophrys, Acinète, Vorticelle, Oxytrique, 
Loxode. h ' 

Les auteurs plus modernes n'ont pas généralement accepté la valeur des 
observations de Pineau et de Stein; aucun n'a attaqué celles de Jules Haime. 

M. d'Udekem, qui combat les observations de Stein, admet néanmoins que, 
si les Vorticelles ne se transforment pas directement en Acinètes, il existe une 
nouvelle phase dans cette métamorphose : la Vorticelle s'enkyste, du kyste 
sort une Opaline, et celle-ci, aprés avoir nagé quelque temps, se fixe et de- 
vient une Acinète. Cette derniere enfin produit des sortes de bourgeons 
internes, qui, une fois sortis de leur parent, se meuvent à l'aide de longs cils 
vibratiles, puis se fixent et se transforment en Acinètes. 

Nous venons de voir la mutabilité , le polymorphisme se montrer dans les 
animaux, dans les végétaux et chez les étres douteux placés entre ces deux 
régnes. 

M. Duval a eu donc tort de dire que cette mutabilité n'avait été indiquée 
par personne d'une manière non équivoque. 

Passons à la partie saillante de la thèse de M. Duval et analysons-la rapide- 
ment. 

L'auteur a mis des lambeaux de Palmella cruenta dans un liquide fermen- 
tescible, et il a remarqué que la matière verte des cellules de cette plante s’est 


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transformée d'abord en sphérules, puis en amas de cellules identiques à a 
levûre de bière, quoique plus petites, et qui sont devenues libres par la des- 
truction de la cellule-mère. 

Les nouvelles cellules ont déterminé la fermentation alcoolique de la liqueur. 

M. Duval conclut que la production de ces cellules est due à la faculté créa- 
trice des granulations moléculaires, qui se transformeraient lorsqu'elles se 
trouvent dans des conditions favorables à leur évolution. Au lieu de ne voir, 
daus le fait observé, qu'un cas de polymorphisme des Palmella, dont la 
matiere verte, comme chez beaucoup de végétaux inférieurs, peut, en s'ag- 
glomérant, donner naissance à une forme nouvelle, ainsi que l'a observé 
M. Lueders, M. Duval en tire une déduction bien autrement étendue. 

Il pense que la matière contenue dans les cellules vivantes peut, en de cer- 
taines circonstances, se transformer pour donner naissance à un ferment, 
mais, bien entendu, sous l'influence vivifiante de l'oxygène. Selon lui, dans 
l'expérience de Gay-Lussac avec le grain de raisin, c'est moins à la bulle d'air 
introduite qu'à la matière vivante des cellules qu'est due la production du fer- 
ment. Aussi admet-il comme fondée l'opinion de Fabroni, que, dans un grain 
de raisin, la matière fermentescible se trouve juxtaposée à la matière ferment. 

De là à dire qu'il en est de méme dans la fermentation de tous les sucs de 
fruits, il n'y avait qu'un pas à faire, et M. Duval ne s'en prive pas. 

Je ne suivrai pas l'auteur dans les raisonnements de valeur problématique 
sur lesquels il essaye d'appuyer sa manière de voir, qu'il appelle une conception 
hardie. ` 

Bien hardie elle est, en effet, cette conception d'un jeune homme qui veut 
combattre l'hétérogénie et ne s'apercoit pas qu'il suit la méme voie, les mémes 
errements que les apôtres de ce système. Il pense s'écarter de l'opinion de 
Buffon sur le système des molécules organiques, en cela « que le grand natu- 
» raliste argumentait sans preuves palpables, et que sa doctrine, embrassant 
» un champ beaucoup trop vaste, la faisait tomber dans les régions nuageuses 
» du mystère et de l'impénétrable ». 

J'avoue que je suis resté tout ébahi en lisant cette phrase. On peut répondre 
à M. Duval : Et vous donc ! où allez-vous? Parce que vous vous trouvez en 
face d'un végétal polymorphe, vous vous croyez en droit de tirer, de ce que 
vous voyez, une théorie que Buffon tirait de son seul génie, et qui n'en était 
pas moins admirable, malgré son défaut de vérité. 

L'expérience de Gay-Lussac avec les grains de raisin est, à peu de chose 
prés, comparable à celles qui ont servi de base à la méthode d'Appert, et, 
quant à l'opinion de Fabroni, elle est depuis longtemps reléguée parmi ces 
théories qui prennent leur source dans les régions nuageuses du mystère, 
comme dit M. Duval, 

Je ne saurais trop m'étonner d'ailleurs que M. Duval ne connût pas le mé- 
moire publié par M. H. Hoffmann, dans le Botanische Zeitung, et dont il a 


SÉANCE DU 10 Mars 1871. AM 


été rendu compte en 1860 dans notre Revue bibliographique (voy. le Bulle- 
tin, t. VII, p. 180). Son esprit judicieux eüt été sans doute mis en éveil par 
la lecture de ce mémoire, et sa croyance en la vérité de l'opinion de Fabroni 
eüt été profondément modifiée. 

M. H. Hoffmann s'est assuré, de visu et experimento, que la fermentation 
des fruits est déterminée par les spores de Cladosporium, Stemphylium, etc. , 
qu'on trouve à leur surface. Si l'on immerge ces fruits dans de l'eau bouil- 
lante, pendant quatre à dix secondes, la fermentation de leur jus ne s'établit 
pas ou s'établit incomplétement et avec un retard de plusieurs heures. Si l'on 
maintient des baies de Groseillier-à-maquereau dans l'eau froide, pendant trois 
quarts d'heure, en les agitant de loin en loiu, cette eau agit comme ferment, 
faible à la vérité. En raclant ces baies avec un scalpelet en mettant les raclures 
dans de l'eau distillée, à l'abri de toute poussière, vingt-quatre heures après 
on y remarque des filaments germinatifs en groupes épais et de nombreuses 
cellules de ferment à tous les degrés de développement. 

Je ne m'étendrai pas davantage sur les travaux de M. H. Hoffmann, et je 
passe sans autre transition à ce que je disais plus haut relativement à la pa- 
renté des opinions de M. Duval avec celles des hétérogénistes. 

M. Pineau place un morceau de chair musculaire dans de l'eau de puits; 
en observant la maniére dont s'effectue la destruction de cette chair, il reste 
convaincu que la substance organique s'est convertie en animalcules. 

MM. Pouchet et Joly disent avoir vu les granules du vitellus de l'œuf 
de poule se réduire à un état de ténuité extréme et donner naissance à des 
Monades et à des Bactéries. 

M. Montegazza enferme un morceau de courge fraiche, avec de l'eau dis- 
tillée, dans un tube plat qu'il ferme à la lampe et qu'il met sur le champ du 
microscope. . 

Après une observation non interrompue de seize heures, il voit sous ses 
yeux se former des Vibrions et des Bactéries. 

Dans les expériences ci-dessus, selon ceux qui les ont faites, c'est la matiére 
organisée qui se transforme en animalcules. D'autre part, M. Duval a conclu 
de son observation avec le Palmella que la production des cellules-ferments 
est due à la faculté créatrice des granulations moléculaires qui se transforme - 
raient lorsqu'elles se trouvent dans des conditions favorables à leur évolution. 
On peut juger que cette manière de voir est en tout comparable à celle des 
hétérogénistes. 

Si, mieux instruit dela maniére dont se fait souvent la multiplication des 
Champignons inférieurs et de beaucoup d'Algues, il s'était contenté de voir, 
dans le fait observé, un phénomène de multiplication analogue à ceux que l'on 
observe chez les êtres généagénétiques, M. Duval eût été dans le vrai. Mais il se 
lance dans les régions nuageuses des hypothèses, et ce qu'il regarde comme 
une conception hardie n'est pas autre chose qu'une utopie pure et simple. 


A2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


La parenté que je viens de signaler entre les opinions des hétérogénistes et 
celles de M. Duval n'a pas été entrevue par lui. Aussi termine-t-il la troisième 
partie de sa thèse par les conclusions suivantes, basées à la fois sur la muta- 
bilité des germes et sur la production d'un être nouveau, issu de la matière 
des cellules. Il admet donc : 

« 4° Que, malgré que l'air soit la source la plus commune des ferments, ce 
» disséminateur universel n'est pas toujours indispensable à leur formation 
» originelle. 

» 2° Que la panspermie pure et simple, abstraction faite dela mutabilité des 
» germes, est impuissante à expliquer leur origine dans tous les cas. 

» 3° Que du moment où ces reproducteurs des ferments ne se trouveraient 
» pas en nature dans les liquides normaux retirés de l’organisation vivante, 
» les granulations renfermées dans les cellules non brisées qu'on rencontre 
» forcément dans ceux-ci sont susceptibles de s'accroitre et de devenir, aprés 
» modification, des ferments actifs, aptes à se reproduire et possédant en tout 
» point le caractère des ferments proprement dits. La panspermie, la mutabi- 
» lité des germes et leur formation possible dans les cellules vivantes, voilà 
» donc trois moyens d'action qui se simplifient l'un par l'autre. Ajoutons enfin 
» qu'ils annihilent d'une maniére évidente la croyance aux genéses spon- 
» tanées. » 

Je m'arréte ici, ne voulant pas poursuivre plus loin l'examen de cette thèse, 
ni combattre les arguments sur lesquels son auteur étaye ses opinions. 

On a pu juger combien ces opinions sont différentes de celles que suggèrent 
l'observation judicieuse des faits et les principes de la science. 


M. Roze présente les observations suivantes : 


. 

Mon intention n'est pas de suivre M. Cauvet dans toutes les parties de son 
intéressante critique. Je lui demanderai seulement a permission d'émettre 
une opinion moins affirmative que la sienne au sujet de la levüre, que certains 
auteurs rattachent, il est vrai, à un Penicillium, mais, à ce qu'il me semble, 
tout au moins prématurément, sinon à tort. J'ai fait moi-même quelques 
recherches sur ce sujet, et j'ai été conduit à reconnaître que le résultat de 
l'expérience, quel qu'il fût d'ailleurs, était des plus susceptibles d’une inter- 
prétation erronée. En effet, si le Penicillium succède au Mycoderma, vien 
ne prouve que ce dernier ne lui serve point alors de substratum pour se déve- 
lopper; et si un semis de spores de Penicillium est suivi de l'apparition du 
Mycoderma, il est à peu prés impossible d'avoir la certitude que ce dernier, 
ou ne l'accompagnait point, ou ne se trouvait pas déjà lui-méme sur le liquide 
fermentescible. D'où il résulte que cette question, comme celle des générations 
spontanées, est extrémement difficile à prouver expérimentalement. 

D'un autre cóté, M. Cauvet m'a paru considérer les Myxomycétes comme 


SÉANCE DU 10 mars 1871. A9 


des animaux. M. De Bary, auquel on doit de fort beaux travaux sur ces êtres 
singuliers, les avait en effet classés comme tels à lasuite de ses premières 
recherches. Mais il me semble avoir changé d'avis depuis lors, surtout dans 
ses dernières publications, puisqu'il remplace méme le nom de Mycétozoaires, 
qu'il leur avait donné antérieurement, par celui de Myxomycètes. Certes, de 
si étranges Champignons étaient bien faits pour étonner tout d'abord, car on 
ne se fait guére à cette idée qu'un végétal puisse exister sans qu'il soit revétu 
de tissu cellulaire durant sa vie propre, pendant laquelle il est en méme temps 
doué d'un mouvement sensible et soumis à une nutrition pour ainsi dire ani- 
male ! Mais cette organisation si particulière n'est plus aujourd'hui susceptible 
d'étre jugée comme tout à fait anormale, car ce que nous savons déjà du róle 
du plasma ne tend à rien moins qu'à nous prouver qu’il constitue la base 
essentielle de la vie des plantes. Quoi qu'il en soit, j'espère, avec l'agrément 
de la Société, pouvoir lui faire dans quelque temps une communication sur 
cet important sujet. 


M. Cauvet répond : 


Les observations présentées par M. Roze se rapportent à deux ordres de faits 
bien distincts : 

1? Ce que j'ai dit du polymorphisme des Penicillium; 

2° L'animalité (?) des Myxomycètes. 

Je vais répondre à chacune d'elles successivement, 

En entreprenant la critique de la thèse de M. Duval, je n'ai pas eu la pré- 
tention d'affirmer que tous les faits exposés dans ma note sont incontestables 
et définitivement acquis. 

Je me suis proposé de prouver combien M. Duval a eu tort de dire que « la 
» prédisposition polymorphique des étres inférieurs, le besoin fatal de leur 
» mutabilité, n'ont été émis par personne d'une manière non équivoque ». 

Pour montrer l'erreur de cette opinion, j'ai cité quelques exemples du 
polymorphisme observé chez les étres inférieurs et j'ai pris ces exemples : 
4° chez les animaux; 2° chez les végétaux: 3° chez les êtres de nature pro- 
blématique, qui semblent jetés comme un pont entre les deux règnes. 

Je n'ai pas à défendre la valeur réelle des travaux dont j'ai parlé : je faisais, 
à l'encontre des idées de M. Duval, une sorte de revue bibliographique des 
faits observés. 

Je n'avais pas d'ailleurs à juger ces travaux. Si je me l'étais permis, si 
j'avais suivi le vagabondage de ma pensée lorsque j'étais au milieu du fouillis 
d'opinions contradictoires émises au sujet du polymorphisme et de la nature 
du protoplasma, j'aurais été bien au delà du but précis que je m'étais imposé : 
la critique de quelques points litigieux de la these de M. Duval. 

M. Roze me reproche d'avoir été trop affirmatif au sujet de l'origine de la 


Ah SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


levüre. Je sais combien cette question est encore entourée d'obscurité et com- 
“bien il est difficile (sinon impossible), dans des expériences de ce genre, de se 
mettre à l'abri de toute cause d'erreur. 

Je lui abandonne volontiers les travaux de M. Hallier, et méme ceux de 
M. Lueders, comme j'ai abandonné les travaux de Pineau sur les métamor- 
phoses des Infusoires. ` 

Je ne puis toutefois en faire autant vis-à-vis de ceux de M. H. Hoffmann. 
Ce savant, dont l'autorité est incontestable, regarde les Zeptothrix comme 
formés par un assemblage de Bactéries, et, tout en faisant les plus grandes 
réserves au sujet des difficultés de l'expérimentation, il admet que le Myco- 
derma peut naitre du Penicillium. 

J'avoue que ces questions ne sont pas encore bien nettement définies, et je 
crains fort que, comme celle des générations spontanées, elles ne soient jamais 
résolues d'une facon péremptoire. Toutefois, si la saine induction des faits 
met hors de doute l'inanité de la théorie des générations spontanées, il ne sau- 
rait en étre de méme pour la question du polymorphisme. Si je ne craignais 
d’être entraîné trop loin, je pourrais montrer le polymorpbisme chez les ani- 
maux, en rattachant ce polymorphisme au phénomène de la généagenèse. 
L'animal digénèse a besoin d'un certain milieu pour revêtir certaine forme, 
il peut se multiplier parfois d'une manière surprenante (Acéphalocystes, 
Hydatides). 

Si les expériences relatives aux végétaux ne sont pas encore absolument 
démonstratives, rien ne prouve que certains d’entre eux ne possèdent pas la 
même propriété. 11 faut être très-réservé à cet égard, je le concède volontiers ; 
mais cette réserve ne saurait induire à une négation dont les faits observés 
tendent à montrer le peu de fondement. 

M. Roze m'attribue, bien à tort, l'opinion que les Myxomycétes sont des 
animaux. Je ne vois pas, dans ma notice, ce qui peut m'étre imputé en faveur 
de cette croyance. 

Les travaux de M. Cienkowski, de M. Wigand et de M. De Bary ont depuis 
longtemps fait connaitre la nature de ces Champignons (?) singuliers, que, tout 
d'abord, M. De Bary avait nommés Mycétozoaires et rapportés avec doute au 
regne animal. 

J'en ai fait l'histoire abrégée dans mes Nouveaux Eléments d'histoire natu- 
relle médicale, et, si la Société le désire, je pourrai lui communiquer ce 
chapitre de mon livre. 

Je n'ai point dit que les Myxomycètes sont des animaux; mais j'ai dit que, 
pendant une partie de leur existence, ces êtres présentent tous les attributs de 
l'animalité. Ils se meuvent et se nourrissent comme les Amibes ; comme les 
Amibes, ils se contractent sous l'influence des excitants. Un observateur qui 
les examinerait, pendant cette période de leur vie, ne pourrait s'empécher de 
les prendre pour des animaux. Si l'on suit, au contraire, leurs différentes 


SÉANCE DU 10 Mans 1871. A5 


phases, on les voit arriver à la production de la cellulose, c'est-à-dire de ce 
principe immédiat qui parait étre le seul caractere exclusif des végétaux. 

La matière animée qui forme seule le Myxomycéte à son origine n'est évi- 
demment pas spéciale à ces étres, comme le fait observer M. Roze. En 1860, 
M. Garreau étudia le plasma des cellules, et, voyant que cette matière se con- 
tracte sous l'influence de l'alcool, de l'acide chlorhydrique et de l'azotate de 
mercure, il l'appelle matière animale intracellulaire. 

Depuis cette époque, MM. Schultze, Hæckel, Schnetzler ont fait connaître 
leurs recherches sur le protoplasma. Ils ont vu que ce protoplasma se com- 
porte comme les pseudopodes des Polythalames et des Radiolaires, lorsqu'on 
le soumet à l'influence des réactifs chimiques et des courants d'induction. Les 
granulations du protoplasma se meuvent de la même manière que dans les 
pseudopodes de ces animaux ; comme chez eux, on observe la confluence des 
filaments qui arrivent au contact. 

D'autre part, M. Kuehne a démontré que [a substance contractile, vivante, 
incluse dans le sarcolemme, est un liquide dont les mouvements peuvent s'ef- 
fectuer dans tous les sens et coagulable à 40 degrés. En comparant ce liquide 
à la matiére qui forme le parenchyme des Amibes, M. Kuehne a observé que 
ce parenchyme est coagulable par la chaleur, comme la substance contractile 
des muscles, et que les courants d'induction, qui font contracter les muscles, 
influencent aussi les Amibes, qui se contractent vivement en boule. 

Dans ses études sur l'irritabilité, M. Claude Bernard a admis que les sub- 
stances contractiles sont des degrés divers d'une méme substance, celle-ci 
pouvant étre libre et amorphe (Amibes); unie à une enveloppe élastique et 
constituant un système à la fois contractile et élastique (Polypes hydraires); 
limitée dans des tubes constituant les fibres musculaires lisses ou striées et 
dominée par des nerfs. 

Les recherches de M. Claude Bernard démontrent que la rigidité cada- 
vérique est due exclusivement à la contraction de la matière vivante incluse 
dans le sarcolemme. Cette propriété est comparable à celle que possèdent les 
Amibes et les Myxomycetes, dans leur période animale (?), de se contracter 
en boule. 

Il existe donc, chez les animaux et les végétaux, une matière vivante, con- 
tractile, qui se montre dépourvue d'une membrane propre chez les étres les 
plus inférieurs de ces deux groupes, soit d'une manière permanente (Amibes), 
soit d'une manière transitoire (Myxomycétes). 

La seule différence entre le plasma des végétaux et la matiére incluse dans 
le sarcolemme, c'est que la première se meut entre des parois rigides (le plus 
souvent), tandis que la seconde, contenue dans des tubes élastiques, peut, en 
se contractant, amener le raccourcissement de ces tubes. 

M. Hofmeister a donné, des mouvements des granulations du plasma, une 
explication peut-étre un peu basardée et que l'autorité de ce physiologiste 


h6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pouvait seule étayer. Je ne crois pas que l'on puisse rapporter tous les phéno- 
mènes de la nature animée à des actions purement physiques et chimiques. Il 
y a sans doute, au-dessus de ces actions, quelque chose de plus élevé : c'est 
ce qu'on appelle la vie. 

M. Roze nous annonce une communication sur le rôle du plasma. Je désire 
bien vivement qu'il puisse éclairer quelques-uns des points encore si obscurs 
de l'histoire de cette matière. 

La rigoureuse observation des faits et la süreté du jugement dans les 
déductions sont des qualités qui distinguent M. Roze, et je ne doute pas que 
sa communication ne présente un haut intérêt. 


M. Cornu présente quelques échantillons desséchés de Nitella 
batrachosperma, intéressante espéce de Characées, dont il a entre- 
tenu la Société dans sa séance du 25 novembre dernier (voy. le 
Bulletin, t. XVII [Séances], p. 303). 

M. l'abbé Chaboisseau annonce qu'il a trouvé récemment, dans 


la Seine, à Billancourt prés Paris (en face du bastion n° 67), le 
Chara mucronata. | | 


SÉANCE DU 24 MARS 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT, 


M. le Secrétaire général donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 10 mars, dont la rédaction est adoptée. 


Lecture est donnée de la lettre suivante de M. le Président de 
la Société : 


LETTRE DE M, GERMAIN DE SAINT-PIERRE. 
A Monsieur le Secrétaire général de la Société botanique de France. 


Château du Bessay (Nièvre), 46 mars 4874. 
Cher Secrétaire général, 


Je vous prie d’être mon interprète près de la Société botanique, et de 
vouloir bien transmettre à nos honorables confrères les bien vifs regrets que 
j'exprime dans ces quelques lignes de ne pouvoir leur adresser de vive voix 
l'expression de mes sentiments. 

bes devoirs de famille, d'impérieuses obligations m'ont forcé de rester éloi- 
gné de Paris pendant la durée de cette guerre si désastreuse pour la France et 


SÉANCE DU 24 MARS 1871. A7 


si fatale pour la civilisation, dont Paris était et est encore à la fois la téte et le 
cœur. Je ne saurai jamais me consoler de n'avoir pu me trouver au milieu de 
vous, Messieurs, pour partager les privations et les dangers que vous avez si 
stoiquement et, il est permis de le dire, si héroiquement supportés pendant la 
durée de l'investissement et du bombardement de la capitale du monde des 
sciences, des lettres et des beaux-arts (j'ai; pour mon humble part, rendu 
d'obscurs mais utiles services en qualité de médecin d'ambulance). 

. Votre attitude si ferme et si pleine de diguité alors que, malgré le retentis- 
sement sinistre du canon et sous la gréle d'engins meurtriers qui criblaient la 
rive gauche de la Seine et pouvaient à chaque instant vous atteindre, vous 
poursuiviez avec calme les travaux de vos séances ; cette attitude, Messieurs, 
que notre monde scientifique ne pouvait qu'attendre de vous, restera un des 
titres les plus précieux, un des souvenirs les plus glorieux de la Société bota- 
nique de France. - 

Qui nous eût dit, Messieurs, il y a quelques mois à peine, lorsque, pendant 
notre dernière session, nous parcourions si gaiement les pittoresques monta- 
gnes du Morvan, les rives agrestes de la Loire, les riches campagnes de la 
Bourgogne, du Nivernais et du Berry, que tant de beaux pays étaient menacés 
de si grands désastres ? 

Quelques semaines plus tard, l'honorable président de la session, notre 
savant maître M. le comte Jaubert, qui nous avait offert à tous, au château de 
Givry, une si charmante et si cordiale hospitalité, était atteint bien cruellement 
dans ses affections les plus cheres : son fils, M. le vicomte Hippolyte Jaubert, 
dont beaucoup d'entre nous ont pu apprécier les éminentes qualités d'esprit et 
de cœur, martyr de son dévouement à la cause de la France et de l'humanité, 
était ravi à la famille dont il était adoré. 

Qui de nous, Messieurs, pendant cette guerre funeste, n'a été frappé en plein 
Cœur ? qui de nous n'aspire en ce moment à des jours de calme qui puissent 
nous permettre de panser de si cruelles blessures ? Et le retour à nos chéres 
études n'est-il pas, pour distraire des chagrins du cœur, pour adoucir les 
peines de l'esprit, l'un des remèdes les plus efficaces ? 

Cette année, si néfaste et si fertile en désastres de toute nature, n'aura ce- 
pendant pas été stérile au point de vue de notre science de prédilection. Sans 
‘doute, les projets que nous étions heureux de mettre à l'étude au début de 
l'année précédente, projets relatifs soit à l'ordre à mettre dans nos importantes 
collections, soit aux gravures à multiplier dans les articles et les mémoires de 
notre Bulletin, soit à toute autre amélioration, ont dû, par la force des choses 
et le malheur des temps, subir un temps d'arrét forcé ; mais cet arrét n'aura 
été, espérons-le, qu'un court ajournement. Pendant les premiers mois de 1870, 
d'importantes et nombreuses communications, d'intéressants mémoires, d'in- 
structives discussions ont occupé et animé de nombreuses séances. Notre inté- 
ressante session, au mois de juin, dans les domaines de la flore du centre de 


A8 SOCIÉTÉ. BOTANIQUE DE FRANCE. 


la France, nous laissera les plus charmants souvenirs; enfin, malgré les diffi- 
cultés de tout genre apportées pendant la longue durée du siége de Paris à 
l'impression de notre Bulletin, un numéro composé de sept feuilles a été publié 
en janvier dernier, et un autre numéro est en ce moment sous presse, C'est 
à votre zèle et à votre dévouement, mon cher Secrétaire général, que notre 
Société est particulièrement redevable de ce résultat inespéré. 

Il y a deux mois, l'investissement de Paris avait forcé la Société botanique 
d'ajourner ses élections annuelles; aujourd'hui, nous sommes invités à mettre 
un terme à cet ajournement. En transmettant les fonctions de la présidence 
à l'honorable confrère appelé à me succéder, je fais des vœux bien ardents 
pour qu'il lui soit donné de voir s'ouvrir pour la France, et aussi pour notre 
chère Société botanique, une nouvelle ère de prospérité. 

Recevez, mon cher Secrétaire général et excellent ami, l'expression de mes 
sentiments les plus dévoués. 


GERMAIN DE SAINT-PIERRE. 


M. le Secrétaire général donne aussi lecture d'une lettre de 
M. Antonin Baudoin, membre de la Société, qui propose pour cette 
année une session extraordinaire dans le département de la Cha- 
rente-Inférieure, et transmet à cet effet l'offre du bienveillant con- 
cours de la Société des sciences naturelles de la Rochelle. Des re- 
mercimenls sont votés à cette savante Société et à M. Baudoin. 
Malheureusement les circonstances politiques actuelles ne permet- 
tént pas d'espérer que la Société botanique puisse organiser, cette 
année, en temps utile, une session départementale quelconque. 
` Le travail suivant est déposé sur le bureau de la Société : 


ÉTUDE SUR LES HIERACIUM DE LAPEYROUSE ET SUR LEUR SYNONYMIE, 
par M. Édouard TIMBAL-LAGRAVE. 


(Toulouse, juin 1870.) 


Il est, de l’aveu de tous les botanistes, difficile de bien établir la détermi- 
nation et la synonymie des*/7ieracium adoptés par Lapeyrouse dans son His- 
toire abrégée des plantes des Pyrénées et dans le Supplément qui l'a suivie. 
Cette difficulté et cet embarras tiennent à plusieurs causes inévitables dans un 
genre formé d'espéces nombreuses, ambigués ou affines, dans lesquelles les 
caractères sont peu tranchés et souvent très-variables. Ces faits sont parfaite- 
ment connus de tous ceux qui se sont occupés sérieusement du genre Hiera- 
cium. Je n'insisterai pas là-dessus. 


Je dirai cependant que presque tous les auteurs qui ont écrit sur Jes Hiera- 


SÉANCE DU 24 MARS 1871. A9 


cium des Pyrénées ont eu le tort de baser leur détermination et leur synonymie 
sur des sujets pris dans des herbiers toujours incomplets et souvent de pro- 
venance douteuse, au lieu de choisir les types dans leur lieu natal, en ayant 
le soin de les suivre dans les diverses stations où ils ont été indiqués. Ils 
auraient aussi dû tenir un grand compte d'une foule de circonstances climaté- 
riques ou chimiques, qui peuvent faire varier ces plantes critiques et induire 
en erreur les botanistes descripteurs qui ne seraient pas prévenus. 

Ces premiéres conditions bien établies, il fallait alors poursuivre ces mémes 
recherches dans les herbiers qui pouvaient renfermer quelques échantillons 
instructifs, soit que leur provenance füt directement de Lapeyrouse, soit d'un 
autre auteur cité par lui. Enfin on devait puiser des renseignements d'une 
grande valeur dans les figures citées et dansla synonymie adoptée par l'auteur 
de l'Histoire abrégée des plantes des Pyrénées. 

Une circonstance importante, de laquelle on n'a pas tenu suffisamment compte 
dans l'étude des Hieracium de Lapeyrouse, est le peu de fixité de la méthode 
d'observation de cet auteur, qui prenait en grande considération le port, le 
faciès, la pubescence, et souvent méme la taille ou le nombre des fleurs, choses 
certainement trés-variables. Il fut amené ainsi à modifier plusieurs fois ses 
déterminations, de manière que ce qui était une variété dans la Flore est 
devenu espèce dans le Supplément; des types méme furent dédoublés. Il 
résulte de ces faits que si l'on base ses observations sur des plantes d'herbiers 
répandues dans la premiére période, elles portent certains noms, tandis que si 
elles ont été nommées plus tard, dans le Supplément par exemple, elles en 
porteront d'autres; et comme l'herbier de Lapeyrouse a été fait après la pu- 
blication de la Flore et du Supplément, il est probable qu'il aura modifié 
encore, en le faisant, ses premieres déterminations. fl était, en outre, convaincu, 
comme il l'a écrit à Villars, d'aprés la correspondance que j'ai sous les yeux, 
qu'il y avait dans les Pyrénées un grand nombre d'Hieracium à décrire encore 
comme types, mais qu'il ne pouvait les débrouiller. 

Ces considérations ont servi de base au travail que je présente aujourd'hui 
à la Société, et reposent tout entières sur des recherches personnelles faites 
dans la montagne sur les plantes vivantes que j'ai poursuivies dans une foule 
de localités et dans des stations variées, principalement dans celles indiquées 
par Lapeyrouse. Je n'ai pas non plus négligé l'étude de son herbier, malheu- 
reusement trés-incomplet, ainsi que celui de Chaix que Villars cite à chaque 
page. Enfin, j'ai fait, dans mon travail, une large part aux figures citées 
par lui. 

Je dois avouer que j'ai été souvent découragé dans mon œuvre, et que je me 
demandais parfois s'il ne vaudrait pas mieux, comme certains auteurs l'ont 
proposé, abandonner ces noms difficiles à bien établir, et créer tout à nouveau, 
avec des déterminations mieux faites, exactes et rigoureuses. Mais il m'a sem- 
blé qu'en agissant ainsi, ce serait manquer aux plus simples notions du devoir 

T, XVIII, (sauces) 4 


50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et à la probité scientifique, qui doit étre la régle à laquelle il n'est permis 
à personne de se soustraire. 

J'ai été fortifié dans cette voie par l'étude sérieuse des livres de Villars et de 
Lapeyrouse, et surtout par la lecture de leur correspondance, dans laquelle 
ces deux botanistes phytographes ne manquaient jamais, avec une exactitude 
et une probité qui les honorent, de rendre pleine et entiére justice aux au- 
teurs leurs devanciers ou leurs émules. 

Je crois donc pouvoir aujourd'hui, sans trop de témérité, aborder cette 
question difficile et controversée, en y apportant quelques lumières. 

Lapeyrouse, prenant en considération le port ou l'aspect de ces plantes, les 
divisé d'une manière tout à fait superficielle en quatre sections. La première 
est appelée les Péloselles, la seconde les Pulmonaires, la troisième les Éper- 
viéres , enfin il nomme la quatrième les Cérinthoides, Outre ces quatre divi- 
sions arbitraires, il établit le genre LEPICAUNE, dans lequel il fait rentrer plu - 
sieurs Crepis et les Hieraciun du groupe Amplexicaule des auteurs. 

Nous allons passer successivement en revue chaque groupe séparément, en 
étudiant les espèces et leurs synonyrnies les plus importantes, 


SECTION I. PILOSELLES. 


|. Hieracium aureum Lap. Hist. pl. Pyr. p. h68 ; non Vill. (Leontodon 
hispidum forma alpina Schultz-Bip. Cichor. n° 95. — Apargia dubia 
Hoppe.) . 

La plante de Lapeyrouse ne peut se rapporter au Leontodon aureum L. Sp. 
et, par conséquent, à la plante de Villars, ni de Scopoli, car elle n'a pas été 
retrouvée dans les Pyrénées. 

Mais si l'on consulte la diagnose de Lapeyrouse, qu'il emprunte, selon son 
habitude, à Willdenow, il est facile de se convaincre qu'il y a là une erreur de 
détermination de sa part. En effet, Lapeyrouse dit de sa plante calycibus his- 
pidis, tandis que le Crepis aurea Cass. (Leontodon aureum L. Sp.) a les 
écailles du péricline et méme les pédoncules couverts de longs poils noirs, 
mélés de poils plus courts, blancs et tomenteux : caractère qui n'aurait pas 
échappé à Lapeyrouse, car ceux tirés du vestimentum étaient pour lui du pre- 
mier ordre. | 

Après cette diagnose, il ajoute : « Fleurs jaunes purpurines en dessous », 
tandis qu'elles sont jaune orangé dans le Crepis i 
n'aurait pas oublié de citer notre auteur. pi gurea Cans., circonstance que 

Enfin il indique cette plante dans les prairies alpines, à Melles et Barèges. 
Je lai vainement cherchée dans toutes les localités de la région alpine pyré- 
néenne, que j'ai souvent parcourue, notamment à Melles, où je n'ai jamais 
pu la trouver; mais, dans cette localité, j'ai vu en quantité un Zeonto- 
don, très-voisin de lAispidum L., que je rapporte à la forme alpina 


SÉANCE DU 24 Mans 1874. 51 


Sch.-Bip. Cichor. n° 94, qui, d’après cet auteur, serait l'Apargia dubia 
Hoppe. Ce Leontodon de Melles a la souche pérennante et méme vivace, des 
feuilles courtes, inégalement roncinées, épaisses, à nervures rougeâtres, cou- 
vertes de poils simples et bifurqués, rudes au toucher; les tiges sont nues, 
purpurines, uniflores ; les écailles du péricline sont légèrement hispides, vert 
foncé ; les fleurs de la circonférence de la calathide sont rouges en dehors, 
comme le dit Lapeyrouse, et jaunes en dedans. Nous inclinons à penser que 
c'est là Ja plante de Lapeyrouse. 

2. H. alpinum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 468; non L. Sp. p. 1224. 
(H. piliferum Hoppe, pl. exsicc. n° 1790.) 

Ce synonyme est connu depuis longtemps. L'H. alpinum L. n'a pas été 
trouvé dans les Pyrénées, tandis que le piliferum abonde à Cagire, à Casta- 
nése. M. Bordère l'a trouvé aussi aux environs de Gédre (Hautes-Py- 
rénées). | 

2. H. pumilum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 469, et Suppl. p. 122. (H. öre- 
viscapum DC. FI. fr. t. V, p. 439.) 

L Hieracium pumilum de Lapeyrouse est une espèce bien déterminée qui 
n'a rien de commun avec IZ. pumilum de Linné, ni de Jacquin, quoique 
Lapeyrouse assure que sa plante est celle de Hoppe et de Willdenow, que 
Koch rapporte avec raison comme variété à l'A. alpinum L. 

C'est dans le Supplément (1. c.) que nous trouvons de précieux rensei- 
gnements sur cette espèce. Lapeyrouse en signale trois formes : la forme type, 
qui est uniflore ; la forme (5, plus grande, qui offre de trois à six calathides ; 
enfin une troisième dont nous parlerons tout à l'heure. 

Il indique les deux premières dans les Pyrénées orientales, au Canigou, 
à Costabone et Cambredases, où l'on trouve aujourd'hui encore cette espèce. 
Mais la troisième appartient au centre de la chaîne, sur les rochers escar- 
pés de Penna-blanca et du port de la Picade; il la distingue des deux 
autres variétés par la phrase diagnostique suivante : y. majus « incanum, vil- 
losius, ligulis subtus rubescentibus » ; et il ajoute : « Cette variété, sans être 
plus haute, est plus renforcée, la fleur est plus grande, rougeàtre en dessous, 
les poils sont plus nombreux, plus pressés, plus soyeux, horizontaux et ar- 
gentés. » . 

Cette variété ne peut être réunie aux deux premières qui constituent 
l'H. pumilum Lap. Outre les caractères que je viens de signaler d’après 
cet auteur, j'ajouterai que les écailles du péricline sont longues et recour- 
bées après l’anthèse ; les calathides sont jaune d'or, deux ou trois fois plus 
grandes, avec les fleurs ligulées, pourpres en dessous, passant au rouge som- 
bre en se desséchant. Cette plante, très-rare, se trouve encore dans les loca- 
lités signalées par Lapeyrouse, sur les rochers très-escarpés du port de la 
Picade et de Penna-blanca ; elle descend méme quelquefois dansles prairies des 
Campsaur en allant vers l'Entecade, où elle a été retrouvée deux fois par 


52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Lézat, à qui je suis redevable de plusieurs plantes rares du centre de la 
chaîne. Je la distingue à cause de cela, en lui donnant le nom d'HIERACIUM 
LEZATIANUM Nob. 

lh. H. bulbosum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 469. (Crepis bulbosa Cass. in 
Ann. sc. nat. t. XXIX, p. L.) 

5. Hi. Pilosella Lap. Hist. pl. Pyr. p. 469. 

Plante bien connue, nullement douteuse; elle varie à petites fleurs, à péri- 
cline couvert de poils blancs ou noirs, quelquefois mélangés. 

6. H. dubium Lap. Hist. pl. Pyr. p. 469. (H. auriculæforme Fries 
Symb. p. 7.) 

7. M. Auricula Lap. Hist. pl. Pyr. p. 469. 

Dans les basses montagnes, on trouve le type des auteurs, et si l'on monte 
dans la région alpine inférieure, on rencontre en abondance une variété uni- 
flore, comme l'a déjà observé M. Zetterstedt (P? vase. des Pyr. princip. 
p. 165). 

8. H. hybridum Lap Hist. pl. Pyr. p. ^69. 

Cette plante est non-seulement critique pour notre flore pyrénéenne, mais 
encore pour la flore francaise. Il est certain que la plante type est celle figurée 
dans l' Histoire des plantes du Dauphiné de Villars et dans son Voyage bota- 
nique. J'ai vu aussi, dans l'herbier de Chaix, un échantillon bien conservé de 
cette plante, qui est conforme à la figure citée; mais j'ai vu de diverses prove- 
pances des Hieracium étiquetés hybridum Chaix, qui me paraissent très- 
douteux. 

Chaix, d'aprés le nom qu'il a donné à sa plante, croyait qu'elle était hy- 
bride; j'ai, dans mon travail sur l'herbier Chaix, attribué l'origine de la plante 
du Dauphiné au croisement des H. Auricula et alpinum. Si ces faits sont 
exacts, comme j'ai lieu de le croire, IZ. hybridum Chaix ne peut pas venir 
dans les Pyrénées, puisque ses parents ne s’y trouvent pas. En effet, personne 
depuis Lapeyrouse n'a pu constater la présence de cette plante critique dans 
nos montagnes, et nous ne pouvons encore savoir quelle est l’espèce que cet 
auteur a eue en vue, car il ne faut pas oublier que Lapeyrouse avait en sa pos- 
session l'herbier Chaix, qui, comme je l'ai dit, renferme un bon échantillon 
de cette plante. Il dit méme dans sa Flore que la culture n'a pu la modifier; 
maisla culture, pour Lapeyrouse, consistait à transporter la plante vivante 
dans le jardin et la conserver soit en pot, soit en pleine terre. 

Quoi qu'il en soit, ce synonyme reste encore pour moi dans les desiderata 
de la flore pyrénéenne. 


9. H. aurantiacum Lap. Hist. pl. Pyr. p. h70. (H. Auricula L, Sp. var. 
majus.) 

Lapeyrouse signale cette plante au port de Paillères, d’après Pourr et; il ne 
l'avait pas trouvée lui-méme, et, depuis cette époque, personne, à ma con- 
paissançe, n'a été plus heureux, 


SÉANCE DU 24 Mans 1871. 5à 


Mais Lapeyrouse dit que cette plante a souvent des rejets rampants comme 
lH. dubium, ce qui nous ferait croire que sa plante serait peut-être une 
espèce voisine d'une des formes de l’ H. Auricula. MM. Clos et Loret (Révision 
herb. Lap.) disent avec raison que la plante qui porte ce nom dans son herbier 
est en effet LH. Auricula L., qui a, comme on le sait, les fleurons de la cir- 
conférence rouges en dessous. 

10. H. Lawsonii Lap. Hist. pl. Pyr. p. 410. 

En voyant les nombreuses variétés ou formes dont Lapeyrouse fait suivre la 
description de son H. Lawsonii, on peut se faire une idée de l'embarras qu'il 
a éprouvé pour pouvoir bien caractériser cette espèce, et sa description nous 
donne en méme temps un exemple de la manière dont il a vaincu cette dif- 
ficulté. Voici quel était son système : Il empruntait à Linné sa méthode, qui 
consistait à prendre un type de convention et à grouper autour de ce type 
toutes les formes voisines, à caractéres ambigus ou moins tranchés; mais, au 
lieu d'englober toutes les variétés dans une diagnose courte et précise, il les 
énumérait toutes les unes aprés les autres, avec un ou deux mots caractéristi- 
ques, el méme souvent une courte diagnose les accompagnait. Mais, à mesure 
que ses études s'avancaient, il prenait certaines variétés pour en fairedes espèces, 
comme on peut s'en convaincre dans le Supplément publié longtemps aprés. 

Ainsi PH. Lawsonii Lap. représente un petit groupe de plantes qui 
renferme plusieurs espèces affines, que Lapeyrouse a entrev aes sans pouvoir 
les caractériser convenablement. Elles se rapprochent beaucoup de la section 
des Cérinthoides, qui est la plus intéressante des plantes des Pyrenées. Ce petit 
groupe est caractérisé par une souche forte ei ligneuse, courte, donnant nais- 
sance d'abord à des feuilles ovales, obtuses, arrondies, ensuite d'autres ellip- 
tiques, lancéolées-aigués et atténuées aux deux bouts; plusieurs tiges gréles, 
aphylles, glabres, bifurquées dès le milieu ; pédoncules glabres ou hispidules ; 
calathides de moyenne taille, à périclines glabrescents et verdátres. 

Ce groupe est aussi très-rapproché de l'H. saxatile Vill., qui marque 
le passage entre celui qui m'occupe et les Cérinthoides. Mais ce dernier 
est formé par des plantes plus robustes, à souches fortes, plus allongées, 
produisant de grandes feuilles, toutes de méme forme, trés-nombreuses; des 
tiges grosses, vertes, hérissées, ainsi que les pédoncules, ceux-ci glanduleux. 
Les écailles du péricline sont couvertes de poils, tantót blancs, tantót noirs, 
simples, soyeux ou glanduleux, selon les espéces. Ces trois groupes contien- 
nent une foule de plantes trés-intéressantes, peu connues. Mais, voulant me 
renfermer spécialement dans celles dont Lapeyrouse nous a donné l’histoire, 
je rechercherai seulement ici quelle est la forme typique que je crois trouver 
dans la figure de Villars citée par Lapeyrouse, et qu'on voit encore dans les 
localités indiquées par cet auteur. C'est une plante commune et très-répandue 
dans toute la chaine. 

Les var. f$ et y sont exactement les mémes; l'une est plus velue et à poils 


5h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


plus fins que l'autre; les feuilles sont plas courtes, à pétioles ailés, dentés; la 
tige est simple, non ramifiée. Je pense que ces deux variétés, mieux étudiées, 
pourront un jour être distinguées. 

La variété multicaule « scapis aphyllis, foliis rotundatis sessilibus », serait 
inextricable si Lapeyrouse ne citait pas la figure de Barrelier, /con. 342, qui 
représente une plante appartenant au groupe suivant (Pulmonaires) et que 
nous rapportons, dans les Pyrénées, à PH. divisum Jord. 

Les variétés hirsutissimum «incanum, lanatum » et lanatum a foliis acute 
lanceolatis » (Lap. Hist. pl. Pyr. p. ^70), sont élevées, dans le Supplément, 
au rang d'espéces, comme Lapeyrouse le fait entrevoir dans son ouvrage, sous 
le nom d' Z. scopulorum, en l'accompagnant de la diagnose suivante : « Incano- 
villosum, scapo subnudo, foliis petiolatis, lanceolatis acuminatis, radice præ- 
morsa »; il indique cette espèce au port de la Picade, où on la trouve encore. 

Mais Lapeyrouse, qui donnait à la taille des plantes et à la grandeur de 
certains organes, comme nous l'avons déjà dit, une valeur exagérée, futobligé, 
pour rester fidèle à ses principes, d'ajouter à cette plante une variété B majus 
pour placer une forme luxuriante, qui se distingue ainsi, dit-il : « Angustifo- 
lium, foliolis et petiolis elongatis », auxquels il aurait pu ajouter « tige ra- 
meuse en panicule », telle que cette plante se trouve encore sur les rochers 
autour de la ville de Vénasque et que l'on a distinguée depuis comme espèce 
(H. Lychnitis S. et P.). 

Quelques botanistes réunissent l' 7. scopulorum Lap. avec l'A. sericeum 
Lap. Cependant ces deux plantes n'ont de commun qu'un certain vesfi- 
mentum blanc; elles se distinguent, comme je l'ai dit autrefois dans notre 
Bulletin, assez pour ne pas méme appartenir à la méme section. 

11. H. montanum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 470. (Soyeria montana Monn. 
Ess.) 

Synonyme bien exact; mais ce qui l'est moins, c'est la localité de la vallée 


d'Eynes, indiquée par Pourret; car, à ma connaissance, personne n'a trouvé 
cette plante dans cette riche vallée. 


SECTION Il. PULMONAIRES. 


12. Wieraeium glaucum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 471. (H. vogesiacum 
Mougeot apud Fries, Monogr. p. 52. —H. juranum Rapin, Cat. cant. Vaud, 
p. 212.) 

Malgré l'opinion de Lapeyrouse, qui donne à sa plante le synonyme 
d'A. scorzoneræfolium, je pense que la plante qu'il a eue en vue appartient à 
PH. vogesiacum Moug., qui abonde dans toutes les prairies de la région 
alpine. Il a été trompé par un examen trop superficiel. La forme de M. Rapin 


est trés-commune aussi sur les rochers dans la même région, où l'on ne peut 
trouver VA. glaucum AI. 


SÉANCE DU 2À Mans 1871. 55 


13. H. humile Host; Lap. Hist. pl. Pyr. p. 474. (H. Jacquinii Vill. — 
H. pumilum Jacq. Austr. tab. 189.) 

Cette espèce est parfaitement déterminée ; je ne l'ai pas vue dans le centre 
de la chaine, mais elle est assez répandue dans les Hautes-Pyrénées, d'oü 
M. Bordére et le comte Roger de Bouillé nous l'ont donnée. 

1^. H. intermedium Lap. Hist. pl. Pyr. p. 471. 

Nous avons déjà dit avec mon ami M. Loret, dans notre Ztude sur l'herbier 
Marchant, imprimée dans le Bulletin de la Société en 1860 (t. VII), que la 
plante de Lapeyrouse était PH. fragile Jord. Dans l'herbier de ce botaniste, 
jl y a plusieurs espèces réunies du groupe Silvaticum, et parmi elles se trouve 
un échantillon d'H. fragile, semblable à celui de l'herbier Marchant. 

15. H. murorum Lap. Hist. pl. Pyr. p. hi4. 

Lapeyrouse, ayant confondu sous ce nom toutes les espéces que les bota- 
nistes ont distinguées depuis, ce synonyme ne peut convenablement se placer, 
et n'a d'ailleurs aucune importance. 

16. W. silvaticum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 472. 

Méme observation. 

17. H. paludosum Lap. Hist. pl. Pyr. p. ^72. 

Cette espèce est tellement tranchée qu'elle ne peut être sujette à aucune 
contestation. 

17 bis. H. altissimum Lap. Hist. pl. Pyr. Suppl. p. 125. 

Il y a longtemps qu'on a établi que cette plante devait étre rapportée au 
Crepis succisæfolia Tausch; mais la forme des Pyrénées est à feuilles plus 
larges et plus velues, de consistance molle, embrassantes, sa panicule est plus 
développée. M. Serres (Bull. Soc. bot. t. III, p. 278) en a fait une espèce : 
Crepis altissima Serres. 

Il est certain que la plante du Jura et des Alpes est bien plus glabre et 
plus fluette, mais ce même fait se présente pour le Crepis blattarioides, dont 
Lapeyrouse avait fait, en se servant des mémes caractéres, plusieurs espéces 
de Zepicaune (multicaulis, tomentosa, turbinata). 

18. H. lampsanoides Vill.; Lap. Hist. pl. Pyr. p. 412. (Crepis lam- 
psanoides Gouan.) 

Le Crepis lampsanoides Gouan présente les mêmes variations que le C. suc- 
cisæfolia Tausch (glabre, velu ou tomenteux). Je ne crois pas que ce soient des 
espèces, mais des variations parallèles, dues aux influences physiques ou chi- 
miques des lieux où croissent les individus représentant ces espèces. 


SECTION III. ÉPERVIERES. 


19. Hieracium denudatum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 413. 
L'H. denudatum Lap. est une des espèces les plus critiques de ce groupe. 
La plupart des auteurs le rapportent en synonyme à l'H. boreale Fries 


56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


(G. G. Fl. Fr. i. II, p. 385), Steudel à l'umbellatum et au silvaticum, 
MM. Loret et Clos au boreale, tandis qu'ils considèrent PH. cordifolium 
comme devant être réuni à l'umbellatum. Lapeyrouse confondit d'abord ces 
deux plantes sous la même dénomination; mais cet auteur, après avoir établi 
son denudatum, sépara la plante de Babar près Saint-Béat pour en faire, dans le 
Supplément, son cordifolium. il commit la faute de ne pas refaire la descrip- 
tion comparative des deux espèces, de manière qu'il est encore difficile de les 
séparer, si l'on veut prendre pour base la description de ces deux plantes dans 
son ouvrage. Son herbier n’est pas exact, car tout dans ce genre y est mélangé, 
brouillé ; et la synonymie des auteurs que nous venons de citer aurait- 
elle une base certaine, qu'elle serait loin d'élucider ces deux plantes; car, dire 
que telle espèce se rapporte au boreale ou à l'umbellatum des auteurs, n'a 
aucune autorité, ces deux plantes représentant un ordre d'idées qui, aujour- 
& hui, tend à diminuer de valeur par le défaut d'exactitude. 

Pour éclairer la détermination des H. denudatum et cordifolium, il ne 
reste que peu de chose du passé, si ce n'est l'herbier Marchant, qui contient 
un échantillon de l' Z. cordifolium de Lapeyrouse. Il était donc indispensable 
que de nouvelles découvertes vinssent apporter des faits nouveaux à l'appui de 
ceux déjà connus. Nous avons pensé que des recherches dans les Pyrénées, 
aux localités citées, étaient leseul moyen d'élucider cette question litigieuse. 
Aussi, depuis bien des années, nous avions cherché ces plantes à Saint-Béat, 
à Bagnéres-de-Luchon, dans les Pyrénées centrales, toujours en vain, quand, 
il y a deux ans, M. A. Peyre, en parcourant un chainon inexploré, a trouvé 
en quantité H. cordifolium de Babar et a jeté par cette précieuse découverte 
un jour nouveau sur cette question. Il résulte de mes récentes recherches que 
l'A. cordifolium Lap. est une bonne espèce, bien distincte de l'H. denudatum 
de Lapeyrouse, qui, à son tour, est le méme que IZ. pyrenaicum Jord, 

Lapeyrouse ( ist. pl. Pyr. Suppl. p. 128), en donnant une diagnose de 
son cordifolium, réunit les deux plantes, comme je l'ai déjà dit; il donne des 
caractères qui ne peuvent aucunement convenir au pyrenaicum, comme, par 
“exemple, « calices glabres », caractère essentiel qui convient trés-bien, au con- 
traire, au cordifolium. Mais si l'on sépare ces deux plantes et que chacune 
reprenne ses caractères, on verra facilement quel H. pyrenaicum trouvera 
dans la description de H. denudatum Lap. une foule de caractères qui lui 
conviennent. Cette plante se trouve encore dans les localités citées par Lapey- 
rouse. 

L'H. cordifolium Lap. est une plante bien tranchée, qui se distingue par 
ses tiges effilées au sommet, ses pédoncules glabres fins et par son péricline 
glabre, ses ligules non ciliées, rougeâtres en dessous, les feuilles inférieures 
lancéolées, sessiles, ramassées au bas des tiges, tandis que celles d'en haut 
sont espacées, ovales-amoindries, embrassantes, à peine dentées, et justifient 
très-bien le nom que Lapeyrouse lui a donné.Cette espèce a un port particulier, 


SÉANCE DU 24 Mans 1871. 57 


L'H. denudatum Lap. (H. pyrenaicum Jord.) a aussi les feuilles ramassées 
au bas des tiges, mais elles sont hérissées et beaucoup plus larges. Celles de la 
tige sont appliquées, ovales-lancéolées, dentées; les pédoncules ou rameaux 
sont gros, hérissés, étalés et courts ; les périclines sont hérissés de poils blancs ; 
les ligules ont les dents ciliées; la plante est basse et assez trapue; la souche est 
multicaule. Mon ami M. Peyre a trouvé ces deux plantes dans la chaine qu 
sépare la vallée de Luchon de celle de Saint-Béat, dans la région alpine infé- 
rieure, sur les rochers les plus escarpés des cascades, notamment à Juset prés 
Luchon. 

20. H. sabaudum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 473. 

Lapeyrouse trouve que la fig. 2 dela planche xxvi1 du Flora pedemontana 
d'Allioni représente assez bien cette plante ; cela est vrai, mais celle des Pyrénées 
a des feuilles plus embrassantes et un peu panduriformes, ainsi que la panicule 
plus étalée (voy. mon travail sur l'herbier Chaix, in Mém. Acad. Toul. pour 
1856, et tirage à part, p. 43, où j'ai décrit cette plante sous le nom d'HiE- 
RACIUM CONTROVERSUM Nob.). 

21. W. prenanthoides Lap. Hist. pl. Pyr. p. 473. 

Cette plante se présente dans les Pyrénées comme celle du Dauphiné; mais 
comme cette dernière, elle nous semble différer de l’espèce des Vosges, qu'on 
nomme aujourd'hui avec raison H. preruptorum. 

22. H. lanceolatum Lap. Hist. pl. Pyr. p. ^73. 

J'avais pensé autrefois (voy. mon travail sur l'herbier Chaix, tirage à part, 
P. A4) que cette plante était différente de H. controversum, mais de nou- 
velles observations me portent à croire que le /anceolatum Lap. est une forme 
exigué et gréle de son sabaudum et, par conséquent, de mon controversum. 

23. B. eriophorum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 57^. 

Nous avons établi, mon savant ami M. Loret et moi, dans le Bulletin de la 
Société, t. VI, p. 387, que la plante de Lapeyrouse n'avait que des rapports 
éloignés avec lA. eriophorum de Saint-Amans. Nous avons, en conséquence, 
proposé cette espéce comme nouvelle, et nous l'avons décrite sous le nom 
d'HIERACIUM PSEUDERIOPHORUM. Depuis cette époque, je cultive cette espèce 
de graine dans mon jardin : elle n'a pas varié, méme dans sa pubescence, ce 
qui n'arrive jamais au groupe du silvaticum et du murorum. 

24. H. umbellatum Lap. Hist. pl. Pyr. p. hi^. 

Cette plante linnéenne est le type aujourd'hui d'un groupe d'espèces affines, 
que Lapeyrouse a peu connues ou quil'ont embarrassé autant que Linné et 
ses successeurs. Comme eux, Lapeyrouse avait réuni ces formes sous la rubri- 
que d'H. umbellatum ; il avait cependant, pour se conformer à sa méthode, 
établi deux variétés, 8 et y, tout à fait insignifiantes et mal caractérisées. 


(La suite prochainement.) 


‘58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
M. Cornu fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR DEUX GENRES NOUVEAUX DE LA FAMILLE DES SAPROLÉGNIÉES, 
par M. Maxime CORNU. 


En étudiant les Saprolégniées, j'ai rencontré deux genres nouveaux. 

L'un est caractérisé par un support général formé de cellulose épaisse, du- 
quel partent en rayonnant des filaments munis cà et là d'étranglements, comme 
le Leptomitus lacteus Ag. etle Lept. brachynema Hildebrdt (1). Je propose 
de le nommer Rhipidium, du grec ferideos (éventail). Sile Z. lacteus, par le 
mode de sortie de ses zoospores, rentre dans le genre Saprolegnia, comme 
l'a montré M. Pringsheim (2), le genre nouveau se rapporterait au genre Py- 
thium. Mais la constitution anatomique des filaments s'y oppose évidemment. 
Les sporanges sont ovales et séparés du reste du filament par un étranglement 
oblitéré par un dépót de cellulose formant une cloison épaisse. 

Le plasma s'en épanche sous forme d'une masse cylindrique, large comme 
la moitié du sporange et deux fois pluslongue. On reconnait bientót qu'il est 
entouré d'une mince vésiculeà parois transparentes : les zoospores se séparent 
sur-le-champ, crévent les vésicules et se dispersent dans l'eau. Cela rappelle le 
mode de sortie qu'on observe chez certaines formes du Pythium proliferum 
De Bary. La structure des zoospores est la méme, sauf des points de détail, que 
dans le genre Pythium. 

Le deuxiéme mode de reproduction a lieu par oogones et par anthéridies. 
La gonophérie est unique : elle est étoilée ou un peu irréguliére. Aprés la 
fécondation, elle s'entoure d'une membrane gui reproduit ce contour. Elle 
s'accroît ensuite par la partie interne dont le contour devient circulaire. Les 
parois de l'oospore sont fort épaisses et d'une grande blancheur. Leur mode 
d’accroissement est justement l'inverse de ce qu'on observe chez les Péronospo- 
rées. On voit que le genre Rhipidium se distingue de toutes les autres Sapro- 
légniées. 

J'en ai trouvé quatre espèces : 

Deux ont une oospore étoilée. 

L'une présente des filaments munis de nombreux étranglements : RHIPIDIUM 
INTERRUPTUM. 


L'autre n'en a jamais qu'un seul à la base de chaque filament : RH. CON- 
TINUUM. 

Dans une troisième espèce, l'oospore està contour extérieur ondulé ; les ar- 
ticles, c'est-à-dire les intervalles entre deux étranglements successifs, ne sont 


: (1) Jahrbuech. f. wiss. Bot. t. VI, p.5253 (1867); et Ann. des sc. nat, 5° série, 
. VIII, p. 327. 


(2) Jahrbuech. f. wisse Bot. t. II, p. 228 (1859), 


RÉUNIONS D'AVRIL ET DE MAI 1871. 59 


pas cylindriques, mais claviformes et parfois trés-allongés.(4 millim.) : RH. 
ELONGATUM. 

Une dernière espèce, beaucoup plus rare et moins bien étudiée, présente 
certains sporanges (?) munis de pointes longues, dirigées en haut ou en bas : 
RH. SPINOSUM. | 

L'autre genre est caractérisé par des zoospores normalement munies d'un 
seul cil. Il n'y en a pas d'autre exemple dans la famille des Saprolégniées. 
Je propose de lui donner le nom de Monoblepharis (By:p6 cil, uóvos, 
unique). 

Le corps de la zoospore sort d'abord du sporange, le cil y restant encore 
engagé; par la traction qu'elle exerce pour l'en retirer, elle en fait sortir 
une seconde, puis une troisiéme. On voit ainsi, à l'ouverture des sporanges oü 
les zoospores sont disposées en file, trois zoospores imparfaitement libres et 
encore retenues par leur cil dont des longueurs diverses pour chacune sont 
déjà dégagées. Si dans les sporanges les zoospores sont plus abondantes, un 
plus grand nombre sort et se dégage à la fois. 

La reproduction sexuée a lieu par oogones et anthérozoides. Ces derniers, 
identiques aux zoospores, mais dont le diamètre est moitié moindre, naissent 
de petits sporanges très-réduits ayant identiquement la forme des grands. 
L'anthérozoide pénétre dans la gonosphérie et la féconde. Celle-ci s'entoure 
alors d'une membrane qui ne tarde pas à se couvrir de verrues et à brunir. 

Il y en a trois espèces : 

L'une présente des sporanges prolifères, comme le Pythium proliferum 
De Bary; la reproduction sexuée n'y est pas connue : MONOBLEPHARIS PRO- 
LIFERA. 

Chez une autre, l'oogone est solitaire et sphérique; l'anthéridie, solitaire 
aussi, est située au-dessous dans le filament; l'oogone contient une oospore 
unique interne : M. SPHJERICA. 

Chez l'autre espéce, qui est trés-polymorphe, les oogones sont dissymétri- 
ques, oblongs, solitaires ou disposés en file jusqu'au nombre de douze; les 
anthéridies variables naissent sur eux ou à l'extrémité des rameaux voisins, 
La gonosphérie aprés la fécondation sort de l’oogone et devient une oospore 
externe, mais adhérente : M. POLYMORPHA. 

Des détails plus circonstanciés sur ces deux genres seront donnés dans une 
Monographie de la famille des Saprolégniées, qui paraîtra dès que les circon- 
Stances le permettront. 


RÉUNIONS D'AVRIL ET DE MAI 1571. 


La séance électorale pour le renouvellement annuel du Bureau 
et du Conseil, fixée au 7 avril, a été forcément contremandée par 


60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


suite de la subite interruption, à dater du 30 mars, des communi- 
cations postales, qui rendait absolument impossible la réception des 
bulletins de vote expédiés des départements et de l'étranger. 


Le 44 avril, la Société n'a pu non plus tenir de séance réguliére, 
en raison des graves événements politiques dont la ville de Paris 
est malheureusement devenue le théâtre et du départ d'un grand 
nombre de ses habitants. 

Quatre membres seulement (MM. Cornu, Duchartre, Duvillers et 
de Scheenefeld) se sont trouvés réunis vers neuf heures et se sont 
entretenus (autant que le permettaient les préoccupations du jour 
et les soucis du lendemain) de sujets scientifiques. 

M. de Schœnefeld a mis sous les yeux de ses confrères : 


1° Une rondelle d'une büche de bois exotique, probablement bois de tein- 
ture, provenant (suivant MM. Duchartre et Cornu) d'un arbre de la famille des 
Césalpiniées. Ce bois, d'un prix relativement élevé, a servi, en janvier dernier, 
de combustible à l'imprimerie de M. Martinet, au moment de la grande disette; 
il semblait dégager une quantité de calorique bien supérieure à celle que don- 
nent nos bois de chauffage habituels. 

2» Un petit traité élémentaire de botanique, en langue grecque moderne, 
ouvrage qui, bien qu'imprimé et publié en 1845, ne figure pas dans le The- 
saurus de M. Pritzel. Ce livre est tiré de la riche bibliothéque néo-hellénique 
de M. W. Brunet de Presle (de l'Institut), professeur à l'École spéciale des 
langues orientales vivantes. En voici le titre : 


" Eyyetpidto» tis Bovavucig, map Eaveptou Auvdeoto, &pyrpapparoront tis A. M. , 
xaðnyntoð tZ; ynpeias xot mpocwptvOc ts Borowtxfig, Emereuiou xat àvremiatéh- 
ovrog péhous Otaxgopay Érarpeë x. t. À. "Ey AUrvats, ix tis turoypapias K. 'Av- 
towtddou, òdò Eppo. — Manuel de botanique, par Xavier Landerer, phar- 
macien en chef de S. M., professeur de chimie et temporairement de botani- 
que, membre honoraire et correspondant de diverses Sociétés, etc. Athènes, 
de l'imprimerie d'Antoniades, rue de Mercure, 1845. In-8° de xt et 220 p. 


M. Cornu annonce la mort de M. Cave, et donne les détails 
suivants sur ce douloureux événement : 


M. Cave fut blessé le 30 octobre en se battant, devant Dijon, contre les 
Prussiens. 1l se trouvait dans les vignes entre la ville et Saint-Apollinaire, 


RÉUNIONS D'AVRIL ET DE MAI 1871. 61 


lorsqu'il tomba frappé d'un éclat d'obus dans le côté. On ne le releva que le 
lendemain, et il mourut peu d'heures après. Il n'avait que trente-huit ans. 

Ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, docteur 
és sciences, Charles Cave était professeur de physique au lycée de Dijon. 
Sa thèse était un mémoire de botanique; il avait cru pouvoir affirmer l'exis- 
tence d'une zone génératrice chez les feuilles et en avait déduit des cousé- 
quences sur la structure et le développement du péricarpe. Il avait, dans cet 
ordre d'idées, présenté à l'Académie des sciences une note Sur la placenta- 
tion des Primulacées. On lui doit aussi un petit Traité de botanique très- 
élémentaire (1). 

Tout le monde sera unanime pour paver un juste tribut d'admiration et de 
regret à cet homme de cœur qui n'hésita pas à donner sa vie pour sa patrie, 
quand son âge, sa position sociale et son titre de père lui permettaient d'échap- 
per aux obligations militaires. Nous devons donc dire : Honneur à sa mé-. 
moire ! 


M. de Schenefeld rappelle qu'un article de M. Cave, Sur la 
zone génératrice des organes appendiculaires, a été communiqué 
à la Société dans sa séance du 8 juillet 1870 et publié dans noire 
Bulletin, t. XVII, p. 271. 


Le ?8 avril, la Société s'est trouvée également dans l'impossibi- 
lité de tenir une séance réguliére. 

Trois personnes seulement sont présentes : MM. Kralik, J.-B. 
Martinet et de Schoenefeld. M. Duchartre, indisposé, s'est fait ex- 
cuser. 

M. Martinet sollicite son admission dans la Société, sous le patro- 
nage de MM. Decaisne et A. Gris. Le Secrétaire général prend acte 
de cette présentation, et reçoit des mains de M. Martinet le ma- 
nuscrit d'une communication Sur les organes glanduleur des 
espéces du genre Citrus (2). 


Le 12 mai, la situation ne s'étant nullement améliorée, méme 
impossibilité de tenir une séance réguliére. 
Quatre membres (MM. Debeaux, Duchartre, Kralik et de Schæ- 


(1) Voyez le Bulletin, t. XVII (Revue), pp. 67, 97 et 110. 
(2) M, Martinet a depuis retiré son manuscrit, 


62 | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nefeld) sont présents. Ils se bornent à prononcer l'admission provi- 
soire de : 


M. ManriNET (Jean-Baptiste), licencié és sciences naturelles, élève 
en médecine, rue Monge, 27, à Paris, présenté par MM. De- 
caisne et A. Gris. 


Cette admission sera soumise à la ratification de la Société aus- 
sitót qu'elle pourra se réunir en nombre suffisant. 


Enfin, le 26 mai, le vendredi de cette semaine néfaste qui a 
inondé de sang et jonché de ruines la capitale du monde dit civi- 
lisé, au moment oü, aprés cinq jours de lutte acharnée, la partie 
orientale de la ville restait encore, sur les deux rives de la Seine, 
au pouvoir de l'insurrection, oü la flamme achevait de dévorer les 
plus splendides monuments de Paris, où la circulation, le soir sur- 
tout, était partout difficile et même interdite dans certains quartiers, 
il était plus que jamais impossible de songer à tenir une paisible 
séance scientifique (1). 


SÉANCE DU 9 JUIN 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT. 


M. le Secrétaire général donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 24 mars et du compte rendu des essais de réunion qui 
ont été tentés en avril et en mai. La rédaction de ces piéces est 
adoptée; et la Société confirme ladmission de M. J.-B. Mar- 


(4) Néanmoins notre Secrétaire général, pour l'aequit de sa conscience, a cru devoir 
se rendre à l'heure habituelle au siége de la Société. Ainsi qu'il le prévoyait, il a eu le 
regret de s'y trouver absolument seul. — Dès le mercredi matin, d'ailleurs (aussitôt 
que les habitants du quartier Saint-Thomas d'Aquin, aprés quarante-huit heures de sé- 
questration absolue, eurent enfin la faculté de franchir le seuil de leurs demeures), M. de 
Schenefeld avait eu la satisfaction de constater lui-même que les collections de la Société 
étaient parfaitement intactes, malgré l’épouvantable lutte qui la veille avait criblé de pro- 
jectiles la plupart des édifices de la rue de Grenelle et plus ou moins complétement dé- 
truit un grand nombre des maisons de la rue du Bac. — Le lendemain jeudi, il était allé 
aussi s'assurer que les nombreux exemplaires du Bulletin déposés chez le brocheur, ainsi 
que les manuscrits confiés à l'imprimerie de M, Martinet, n'avaient éprouvé aucun dom- 
mage. (Note de M. le Président de la Société.) 


SÉANCE DU 9 JUIN 41874. 63 


tinet, comme membre de la Société, admission prononcée à titre 
provisoire par les Membres réunis le 12 mai. 

M. le Secrétaire général donne lecture de la délibération suivante, 
prise le 34 mars dernier par les deux seuls membres présents de 
la Commission électorale : 


La Commission de sept membres, chargée de dresser une liste de candidats 
pour les élections fixées par le Conseil au 7 avril 1871, a été düment convo- 
quée pour aujourd'hui 31 mars. 

Les deux membres soussignés sont seuls présents, les autres étant absents 
de Paris et ne pouvant y rentrer par cas de force majeure. 

La Commission, considérant que, ainsi réduite, elle ne peut fonctionner 
utilement; 

Considérant, en outre, que la ville de Paris se trouve en ;ce moment dans 
une situation tout exceptionnelle par suite d'événements que le Conseil ne 
pouvait prévoir lorsqu'il a, le 8 de ce mois, fixé les élections au 7 avril ; 

Enfin, considérant surtout que l'interruption des relations postales, méme 
dans l'enceinte de Paris, ne permet pas plus d'expédier des convocations que 
de recevoir des bulletins de vote ; 

Invite M. le Secrétaire général à suspendre toute opération relative aux 
élections. 

Les membres de la Commission, 


A. LASEGUE, P. DUCHARTRE. 


M. de Schenefeld ajoute que les élections pour le renouvelle- 
ment du Bureau et du Conseil, n'ayant pu avoir lieu (par suite des 
graves événements politiques) ni en janvier, ni en avril dernier, il 
il y aurait lieu de fixer une nouvelle date pour ces élections, ou de 
les ajourner au mois de janvier prochain. 

Sur la proposition de M. E. Cosson, la Société renvoie la discussion 
de cette question à la prochaine séance. Une convocation ad hoc 
Sera adressée à tous ceux des Membres qui ont un domicile à 
Paris. 

M. le Secrétaire général donnelecture de la déclaration sui- 
vante faite le 29 mai à l'Académie des sciences, par M. Chevreul, 
directeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris : 


DÉCLARATION DE M. CHEVREUL. 


C'est avec une satisfaction bien vive que j'annonce à l'Académie que le 
Muséum d'histoire naturelle a heureusement échappé aux dangers qu'il a 


04 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


courus et à l'incendie dont il fut menacé toute la journée du mercredi 24 mai. 

Les dommages qu'il a éprouvés sont peu de chose relativement à ce qui 
pouvait arriver. 

Qu'il me soit permis de dire à l'Académie combien nos confréres, M. De- 
caisne pour les serres et les jardins, M. Milne Edwards pour la ménagerie et 
les collections de son service, M. Delafosse pour les galeries de minéralogie et 
de géologie, ct M. de Quatrefages pour la galerie d'anthropologie, ont déployé 
de zèle et d'activité dans cette circonstance où toutes les collections du Muséum 
pouvaient étre anéanties. 

Combien j'ai regretté que notre confrére M. Blanchard et M. le professeur 
Deshayes, logés loin de nous, aient, pour cette raison, été obligés d'interrompre 


de temps en temps les services qu'ils ont rendus au Muséum, empêchés par 
la force d'y parvenir lorsqu'ils l'auraient voulu. 


Enfin M. Gervais, logé hors de l'établissement, mais dans son voisinage, 


n'a épargné ni son temps ni sa vie méme pour veiller à la conservation des 
collections de l'anatomie comparée. 


Dans les circonstances si graves auxquelles nous venons d'échapper, il est 
de mon devoir de dire aux amis de la science ce qu'ils doivent de remerci- 
ments aux professeurs du Muséum dont je viens de citer les noms. 


Lecture est donnée d'une lettre de M. Leybardie, qui se dis- 
pose à explorer l’île de Madagascar, et offre ses services à la 
Société à cette occasion. M. le Secrétaire général est invité à répon- 
dre à M. Leybardie que la Société accueillera avec intérét les com- 
munications botaniques qu'il voudra bien lui envoyer, et s'efforcera 
de concourir au placement des récoltes de plantes qu'il sera à 
méme de faire durant son voyage. 

M. Chatin annonce qu'il a récemment trouvé, dans le parc de 
Meudon, } Euphorbia dulcis et le Poa sudetica ; prés des Essarts- 
le-Roi (Seine-et-Oise), l'Orchis viridis et Y Asperula galioides. 

M. Cosson annonce que M. Mouillefarine a constaté, à Neuilly- 
sur-Seine, le Trifolium resupinatum, dont les graines ont proba- 
blement été apportées avec des fourrages destinés aux armées qui 
ont assiégé Paris. 

M. Cosson signale l'abondance de l Anacharis Alsinastrum dans 
les fossés aquatiques peu profonds des environs d'Ostende (Bel- 
gique) ; il y a observé cette plante au mois d'avril de cette année. 


M. Yabbé Chaboisseau fait à la Société la communication sui- 
vante ; 


SÉANCE DU 9 JUIN 1871. 65 


SUR QUELQUES CHARACÉES DES BASSINS DE VERSAILLES ET DES ÉTANGS CIRCONVOISINS, 
pr M. l'abbé CHABOISSEAU. 


J'ai eu la bonne chance de rencontrer, le 12 mai dernier, à Versailles, une 
superbe colonie de Chara aspera Willd. Cette espéce dioique, qui se repro- 
duit facilement par les nombreux buibilles dont ses racines sont chargées, 
habite en grande quantité dans trois des bassins du parc, sans que jamais les 
sexes soient réunis. Ainsi les individus mâles se trouvent seuls dans le petit 
bassin circulaire de la terrasse (dite Parterre d'eau), au-dessus de l'Orangerie 
et tout à côté de l'aile sud du palais, qui contient la galerie des Batailles ; 
tandis que les individus femelles sont seuls dans le bassin d'Encelade, et aussi 
dans un autre petit bassin circulaire du parterre, à droite et immédiatement 
au-dessous du bassin de Latone (1). 

Cette singuliére distribution fait supposer que la propagation s'est faite, dans 
chaque bassin, par un individu unique et par les racines, les nucules, quoi- 
que bien conformées, n'ayant jamais germé, par suite de l'absence des anthé- 
ridies. Il serait difficile d'expliquer la présence de cette espèce en pareil lieu : 
je ne doute pas qu'elle ne provienne d'un étang des environs, oü on ne l'a pas 
encore observée. Toujours est-il qu'elle doit s'étre introduite depuis plusieurs 
années. 

La colonie est nombreuse ; elle ne se tient que dans des bassins pavés et 
dans les lignes formées par les interstices des pierres, là où s'accumulent le 
sable et les détritus. Les bassins n'ont pas été nettoyés à fond depuis plusieurs 
années, et du reste les bulbilles échappent facilement à la destruction. La 
plante manque généralement là où le pavage a subi des réparations depuis 
quatre ou cinq ans. Je nel'ai vue dans aucuu des bassins qui ne sont pas pa- 
vés, ni dans ceux où l'eau un peu plus profonde met le végétal dans de mau- 
vaises conditions de respiration et surtout de lumiere. On sait que les Chara- 
cées sont délicates sur les conditions de développement, et qu'elles restent 
souvent plusieurs aunées avant de reparaitre. Il pourrait donc se faire que je 
fusse arrivé à point pour surprendre le Chara aspera dans une année favorable. 
Cependant l'abondance des bulbilles est un gage de réapparition constante, et 
je crois plutôt qu'il n'a pas été aperçu jusqu'ici, parce qu'on ne songe guère 
à faire une herborisation sérieuse en se promenant sur la terrasse de Versailles. 
Il a fallu les vacances forcées que m'ont faites les événements pour attirer 
mon attention sur cette espéce en pareil lieu. 

J'ai visité à la méme époque l'étang de Trou-Salé et celui de Trappes. Le 
premier était à sec. Dans le second, à moitié vide et trés-vaseux, j'ai vu en 


(4) Ce bassin et celui qui lui sert de pendant du côté gauche sont désignés, sur, les 
plans du parc, sous le nom de bassins des lézards. 


T, XVIII, (SÉANCES) 5 


06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


abondance le Nitella opaca Ag. , et avec lui un Chara encore peu développé, 
dioique, inerme, qui me fait soupconner un Ch. fragifera, connivens, ou quel- 


, 


que chose de semblable. Je me propose d'y retourner bientót et de l'étudier. 


M. Cosson présente à la Société le tra vail suivant : 


INSTRUCTIONS SUR LES OBSERVATIONS ET LES COLLECTIONS BOTANIQUES A FAIRE 
DANS LES VOYAGES, pr MI. E. COSSON. 


Le développement actuel des relations commerciales entre les peuples, la 
facilité et la rapidité des communications rendent de jour en jour les voyages 
plus fréquents, et permettent en quelques semaines d'atteindre les pays les 
plus éloignés et de parcourir des contrées qui, jusqu'à ces derniers temps, 
étaient fermées aux investigations scientifiques. Parmi les voyageurs, il en est 
un grand nombre qui, sans faire de la botanique le but spécial de leurs 
recherches, n'en ont pas moins le désir de faire profiter cette science de leurs 
découvertes et formeraient des collections botaniques s'ils savaient pouvoir en 
réunir les éléments sans trop se détourner du but principal de leurs voyages 
et le faire facilement et utilement. C'est à eux que s'adressent surtout ces 
instructions, restreintes aux notions les plus pratiques concernant l'exploration 
botanique d'une contrée, les instruments d'observation, de récolte et de pré- 
paration, le choix et la récolte des échantillons d'herbier, la récolte des 
racines, des bulbes, des fruits, des graines et des bois, les notes à prendre 
sur les plantes récoltées et leur étiquetage, la préparation des échantillons, les 
moyens d'assurer la conservation temporaire des collections, ainsi que les 
procédés les plus avantageux pour leur emballage et leur expédition. 


I. — Exploration hotanique d'une contrée, 


La végétation d'une vaste contrée ou d'une circonscription méme peu éten- 
due offre toujours des caractères particuliers plus ou moins nettement tran- 
chés; ces caractéres sont nombreux et d'importance diverse. Il n'y a lieu 
d'insister ici que sur ceux qui doivent surtout appeler l'attention du voya- 
geur, en négligeant ceux qui résultent de l'étude approfondie de la flore et 
qui demandent des travaux de détermination et de statistique impossibles à 
réaliser en voyage. Pour ces dernières recherches, le calme du cabinet et l'étude 
des grands herbiers et des ouvrages sont indispensables. 

Dans l'état actuel des connaissances sur la végétation de la plupart des con- 
trées du globe, il y a plus d'intérét à explorer avec soin une contrée d'une mé- 
diocre étendue, surtout si elle offre des milieux variés, tels que littoral, prai- 
ries, marais, montagnes, forêts, steppes, terrains cultivés, etc., qu'à parcourir 
de grands espaces et à y glaner pour ainsi dire les espèces les plus remarqua- 
bles. I! n'y a guère d'exception à ce précepte général que pour les steppes et 


SÉANCE DU 9 JUIN 1871. 67 


les déserts dont la végétation est trop uniforme pour offrir à l'observateur de 
nouvelles espèces, si ce n’est à de grandes distances (1). 

A part l'Europe et une grande partie de l'Amérique du Nord, il est peu 
de pays dont la flore soit assez connue pour qu'il n'y ait pas un véritable inté- 
rét scientifique à ce que le voyageur y recueille toutes les plantes, méme les 
moins remarquables et les plus répandues. Parmi les contrées lointaines, 
celles dont l'exploration botanique est la plus imparfaite sont celles qui occu- 
pent l'intérieur des continents et surtout celles que l'on ne peut atteindre qu'en 
traversant de vastes étendues de désert. 

Avant d'explorer une contrée, il est indispensable d'étudier préalablement 
sa géographie et son orographie, et de prendre un apercu de sa végétation par 
l'examen des herbiers publics ou particuliers dans lesquels sa flore est le plus 
largement représentée ; de se procurer les ouvrages botaniques publiés sur le 
pays, ou au moins d'en extraire des notes sur les plantes les plus caractéristi- 
ques, en reproduisant par des calques les planches ou les parties de planches 
suffisantes pour faire reconnaitre sur le terrain les espéces les plus remar- 
quables. 

Le voyageur, alors méme qu'il est versé dans les études botaniques, ne 
doit emporter avec lui que quelques volumes bien choisis concernant la flore 
du pays qu'il doit parcourir; car s'il recueille des échantillons complets, s'il 
prend sur la plante vivante des croquis et des notes pour les caractéres les 
plus fugaces, s'il prépare avec soin des fleurs ou des parties de fleurs, des 
sommités florifères ou fructifères, s'il conserve dans l'alcool les fleurs et les 
autres parties que la dessiccation peut altérer, etc., il sera bien mieux à méme, 
aprés son retour, d'arriver à des déterminations précises que par l'étude, trop 
souvent imparfaite, qu'il ferait dans le cours de ses explorations. Si la végé- 
tation d'un pays a été l'objet d'une flore locale, ou au moins d'un catalogue, 
il devra se borner à ces livres, qui seront pour lui des guides précieux pour 
peu que les notions génériques lui soient familières; car le nombre seul des 
espéces de chaque genre qu'il aura recueillies lui montrera si ses récoltes com- 
prennent la plus grande partie des espèces citées. Pour les contrées peu con- 
nues au point de vue botanique, ou qui n'ont pas été l'objet de publications 
spéciales et sur lesquelles les documents se trouvent dispersés dans les traités 
généraux, dans de nombreuses publications ou consignés daus des ouvrages 
que leur volume ne permet pas de transporter facilement, le voyageur doit se 
borner à un Genera qui lui permette d'arriver au moins à la connaissance 
des genres les plus largement représentés; sans cette notion générique, ses 
recherches perdraient pour lui beaucoup de leur intérêt et seraient nécessai - 
rement moins complètes en raison des confusions auxquelles il serait exposé. 


(4) Dans les déserts et les dunes du Sahara, chaque degré de latitude n'ajoutera sou- 
vent qu'une espèce ou deux au nombre des espèces observées. 


68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ll est utile, sinon indispensable, d'arriver dans le pays à une saison pendant 
laquelle la flore n'est encore représentée que par un petit nombre d'espéces; 
on sera ainsi à méme de suivrela végétation dans ses développements succes- 
sifs, tout en faisant une reconnaissance rapide des lieux, et de prendre pour 
centre deses recherches les parties qui offrent les milieux les plus variés et 
sont par cela méme les plus riches au point de vue botanique. Dans l'explora- 
tion du pays, il faut visiter successivement ses diverses parties en se guidant 
sur le degré de développement de la végétation ; on doit commencer par celles 
dont la végétation est la plus précoce, et y revenir, si c'est possible, à une 
saison plus avancée, pour y recueillir les espèces à floraison tardive et des 
échantillons en fruits des espéces déjà vues en fleurs. Du reste, il vaut généra- 
lement mieux herboriser à une saison un peu avancée qu'à une saison trop 
précoce; on aura ainsi presque toujours des échantillons complets, c'est-à-dire 
portant à la fois des fleurs et des fruits, et l'on sera à méme de recueillir des 
graines, des souches ou des bulbes des plantes que l'on ne trouvera qu'en 
fruits. Un assez grand nombre d'espèces croissent également dans la plaine et 
dans la montagne, et il sera souvent facile detrouver à des altitudes plus grandes 
des échantillons en fleurs des plantes déjà défleuries dans les plaines. Pour les 
espèces qui ne s'élévent pas dans la montagne, on en rencontrera souvent, 
aprés la saison des pluies, des repousses fleuries, si toutefois on ne les a pas 
encore trouvées en fleurs dans des lieux plus frais ou plus ombragés que ceux 
où elles croissent ordinairement. 

Le voyageur devra prendre note de l'importance relative des familles qui 
sont le plus largement représeutées dans la flore, soit par le nombre des 
espèces, soit par celui des individus, et qui donnent à cette flore son type 
spécial. Cet ordre d'importance pourra étre modifié par des études ultérieures, 
mais cette premiere annotation aura, comme M. Alph. de Candolle l'a si judi- 
cieusement fait observer (1), l'avantage d'appeler surtout l'attention sur les 
plantes qui, par leur abondance, sont essentiellement caractéristiques. — Pour 
compléter les données fournies par l'importance relative des familles, il est trés- 
utile de noter celles qui sont à peine représentées dans le pays ou qui y 
manquent complétement, et cette dernière donnée a d'autant plus de valeur 
que les conditions générales du climat auraient pu, au contraire, faire croire 
à priori que les plantes de ces familles devaient y exister. 

Les plantes des diverses familles se combinant d'une maniére trés-diffé- 
rente selon les contrées, il est important de tenir compte de leurs combinaisons 
aux diverses stations, ces combinaisons constituant un caractére souvent tout 
aussi essentiel que celui de la prééminence de telle ou telle famille. 

Pour les genres, il faut observer, comme pour les familles, ceux qui sont le 
plus largement représentés, soit par le nombre des espèces, soit par celui des 


(1) Alph, de Candolle, Caractères qui distinguent la végétation d’une contrée, 


SÉANCE DU 9 JUIN 1871. 69 


individus, et ceux qui, en raison des dimensions qu'atteignent leurs espèces, 
ou au moins une partie de leurs espéces, donnent au pays son aspect général. 

Les mémes principes doivent étre appliqués aux espéces. Ainsi l'attention 
devra se porter sartout sur les plantes spontanées les plus communes, parti- 
culièrement sur celles qui dominent dans e pays, ainsi que sur les plantes carac- 
téristiques, c'est-à-dire celles qui sont les plus remarquables, soit par leurs 
formes, soit par leurs dimensions, quelle que soit d'ailleurs leur abondance. On 
devra s'appliquer à n'omettre aucun des arbres et des arbrisseaux qui forment 
l'essence principale des bois et des broussailles. Trop souvent le botaniste ne 
rapporte que des échantillons imparfaits de ces végétaux, dont il remet de jour 
en jour la récolte à cause méme de leur fréquence ou de la difficulté qu'il a 
quelquefois, en raison de leur hauteur, d'en obtenir de bons échantillons. 

Aprés ces grands végétaux, viennent comme importance les plantes les 
plus répandues et qui, sur les divers points explorés, constituent le fond de la 
végétation, surtout celles qui croissent en dehors des cultures et loin des habi- 
tations, et forment la base des prairies naturelles et des pâturages. Si, en raison 
des circonstances, on doit négliger quelques espèces, que ce soient surtout 
les plantes dites rudérales, propres au voisinage des lieux habités, croissant 
dans les jardins, les terrains cultivés, les lieux habituels de campement, auprès 
des puits, des aiguades, sur les décombres, etc ; ces plantes qui accompagnent 
l’homme sont souvent cosmopolites et offrent par cela même une importance 
moindre au point de vue de la géographie botanique. Il en est de même pour 
un grand nombre de plantes des moissons que l'homme multiplie par des 
semis involontaires et par les labours qui, en ameublissant le sol, en font dis- 
paraître les plantes réellement indigènes qui l'occupaient d'abord. La plupart 
de ces plantes sont répandues dans une grande partie du monde ou dans le 
monde entier, et leur véritable patrie est souvent inconnue, en raison méme 
de leur diffusion actuelle due aux circonstances particulières qui favorisent 
leur propagation. 

Les lieux marécageux ou aquatiques offrent ordinairement une végétation 
très-variée (1); mais les plantes de ces stations sont souvent celles qui sont le 


(4) On ne saurait trop recommander les précautions hygiéniques à prendre pour l'ex- 
ploration des marais et des bords des eaux à niveau variable, surtout dans les pays chauds, 
car on est exposé à y contraeter le germe d'affections paludéennes, qui, trop souvent, dé- 
terminent des accidents graves ou mortels, méme longtemps après que l'on est soustrait 
à la cause qui les a produites. Il ne faut jamais, avant de pénétrer dans l'eau, négliger de 
se débarrasser des vêtements qui pourraient être atteints par elle et de remplacer les 
vêtements mouillés, ou au moins de ne les remettre qu'aprés les avoir fait sécher. Une 
recommandation non moins importante est d'éviter de passer Ja nuit dans un campement 
exposé aux émanations marécageuses. Il est prudent de prendre du vin de quinquina ou 
de l'extrait de quinquina, ou au moins du café ou quelque spiritueux avant une herbori- 
sation dans les marais. On ne doit séjourner dans les lieux marécageux ni au moment de 
la plus forte chaleur, ni au coucher du soleil, et il faut, au préalable, avoir pris un repas 
suffisamment réconfortant. 


70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


plus largement répandues non-seulement dans le pays, mais méme daus le 
monde, et, en raison de ce fait, elles ont une importance moindre au point 
de vue de la géographie botanique que celles des terrains secs. 

On doit porter son attention d'une maniére spéciale sur les végétaux em- 
ployés à des usages alimentaires, médicaux, économiques ou industriels. On 
doit également ne négliger aucun de ceux qui sont connus des habitants pour 
leurs propriétés vénéneuses. 

Les plantes rares sont trop souvent l'objet de la préférence presque exclu- 
sive des voyageurs; ce sont évidemment celles qui ont le moins de valeur 
comme caractéristiques d'une flore et qui peuvent étre le plus impunément 
négligées. Du reste, à part quelques exceptions, et ce fait est surtout particulier 
aux flores des iles et des pays de montagnes, il n'y a que peu de plantes qui, 
rares sur un point, ne se rencontrent pas en plus ou moins grande abondance 
à des localités plus ou moins éloignées. 

Les plantes cultivées en grand, en raison de la large place qu'elles occupent 
dans la flore du pays et du caractere spécial qu'elles lui impriment, méritent 
une attention particuliére. L'explorateur doit noter si elles occupent ou non 
de larges espaces, et constater, toutes les fois qu'il le pourra, si leur culture 
remonte à des temps déjà anciens, ou si, au contraire, elles sont d'introduction 
récente. 

Les milieux divers dans lesquels les plantes peuvent croître constituent 
leurs stations. Il faut noter les stations principales que présentent les contrées 
parcourues, en les classant d'aprés l'étendue qu'elles occupent; cette mention 
fournira les notions les plus utiles sur les caractères généraux de la flore. En 
effet, chaque station, telles que les prairies, les forêts, les marais, les rivières, 
les sables, les rochers, les terrains salés, les champs cultivés ou incultes, etc. , 
offre un certain nombre de plantes particulières. — Les aspects variés que 
peut présenter la végétation à chaque station doivent être soigneusement 
constatés en tenant compte des végétaux qui, lui donnent ses principaux 
caractères. 

La fréquence ou la rareté des végétaux appartenant à certaines grandes caté- 
gories physiognomoniques, telles que les plantes grasses, les plantes à feuilles 
persistantes ou aciculées, les plantes annuelles, les plantes vivaces, les plantes 
épiphytes, etc., ne doit pas être négligée ; car ce caractère, bien que d'une 
importance moindre que les précédents, contribue aussi à donner à la flore un 
type spécial. 

Toutes les observations qui viennent d’être indiquées doivent être prises 
pour l’ensemble du pays, pour ses diverses régions naturelles et pour les sta- 
tions principales que l'on y rencontre, lorsque ces régions et ces stations offrent 
des caractères particuliers. 

C'est surtout dans les pays montagneux que la flore offre des différences très- 
tranchées selon l'altitude. Les diverses zones de la végétation seront carac- 


SÉANCE DU 9 JUIN 1871. 71 


térisées par les végétaux ligneux qui y dominent, et celles dépourvues de bois 
et de broussailles le seront par leurs plantes les plus abondantes et les plus re- 
marquables. Les limites inférieure et supérieure de ces zones, ainsi que leur 
altitude moyenne, doivent être déterminées au moyen de baromètres ou d'hyp- 
sométres bien réglés (1). 

Lorsqu'on a déterminé, au moyen du baromètre ou de l'hypsométre, l'alti- 
tude des zones des végétaux caractéristiques, on peut y rattacher les plantes 
qui croissent avec eux, et avoir ainsi des données presque complètes sans mul- 
tiplier outre mesure les observations. 

Les déterminations d'altitude sont importantes non-seulement dans lés pays 
dont la topographie a été peu étudiée, mais méme dans ceux pour lesquels 
existent les meilleures cartes donnant ces indications; car ce qui intéresse 
surtout le naturaliste, c'est bien plutôt l'altitude des zones végétales que celle 
des points culminants, qui n'ont souvent pour li flore qn'une valeur secon- 
daire. Dans le cas où des observations barométriques n'auraient pas été exécu- 
tées, l'ordre de superposition des zones végétales noté avec soin fournira de 


(1) L'altitude devant être établie aussi exactement que possible, il est indispensable, 
pour une exploration sérieuse, de se munit d'un ou de plusieurs barométres Fortin, 
le moins fragile et le plus simple des barométres à mercure, en emportant des tubes 
de rechange et du mercure pour étre à méme de remonter l'instrument en cas de fracture 
du tube. Il est avantageux de se munir aussi d'un ou de plusieurs barométres anéroïdes 
(système Vidi ou Bourdon), bien réglés sous la cloche de la machine pneumatique. Ces 
derniers barométres sont trés-utiles pour déterminer l'altitude des zones végétales, car ils 
permettent de multiplier les observations, en raison méme de la facilité avec laquelle 
elles peuvent être prises; mais il ne faut avoir dans ces instruments portatifs qu'une 
confiance relative pour les observations prises dans le cours d'un voyage: en effet, les 
secousses du cheval ou de la voiture troublent souvent leur marche; de plus, les obser- 
vations dans les montagnes doivent être faites en gravissant les pentes et non en les 
descendant, car, dans ce dernier cas, la cuvette métallique du baromètre anéroïde étant 
quelquefois assez longtemps à reprendre son élasticité, on pourrait avoir des résultats très- 
incorrects. Les baromètres anéroïdes, dont la marche, comme nous l’avons déjà dit, est 
Souvent troublée dans le cours d'un voyage rapide, sont, au contraire, des instruments 
précieux pour les observations à poste fixe, et ils fourniront le moyen facile d'établir des 
points de repère pour la détermination des altitudes. En effet, lorsqu'ils ont été réglés 
d'après un bon baromètre à mercure et contrôlés par une série suffisante d'observalions, 
étant soustraits aux causes de perturbation que peuvent causer dans leur marche les 
secousses auxquelles ils sont exposés dans un voyage, leurs indications seront très-suffi- 
santes pour servir de moyen de comparaison à celles que l'on prendra sur les divers points 
que l'on explorera. Les faibles erreurs de lecture que pourra commettre l'observateur 
chargé des observations à poste fixe seront presque insignifiantes, pour peu qu'il soit 
exercé, et d'ailleurs ces erreurs disparaitront presque complétement daus l'établissement 
d'une moyenne comprenant un certain nombre d'observations. — Pour suppléer au besoin 
au baromètre, le voyageur peut utilement aussi se munir d'un hypsomètre. Les indica- 
tions fournies par cet instrument n’ont pas, il est vrai, toute la valeur des observations 
barométriques, mais elles peuvent donner des approximations généralement suffisantes 
pour la détermination des limites des zones végétales. — Un observateur exercé pourrait, 
s’il était dépourvu de baromètre et d'hypsométre, avec un simple thermomètre à mer- 
cure bien réglé et à divisions assez larges, en évaluant à l’œil les dixièmes de degré, 
apprécier la température à laquelle a lieu l'ébullition de l'eau, et, au moyen dés tables 
hypsométriques, arriver à des indications d'altitude déjà très-utiles. 


72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


précieux repères pour juger approximativement de l'altitude à laquelle croit 
telle ou telle espèce, en la rapportant à la zone dans laquelle elle a été obser- 
vée; mais il va sans dire qu'il ne faut pas omettre de mentionner si la plante 
existe dans toute l'étendue d'une des zones, si elle se rencontre dans deux ou 
plusieurs de ces zones, ou si, au contraire, elle ne se trouve que dans la partie 
supérieure ou inférieure de l'une d'elles. Il est évident que dire d'une plante 
qu'elle se rencontre sur un point de l'Europe dans la zone du Chêne, du 
Hétre, du Mélèze, etc., ne donne qu'une idée vague de l'altitude à laquelle 
elle croit, mais cette notion devient plus précise si l'on mentionne qu'elle 
n'existe qu'à la limite supérieure ou inférieure de la zone caractérisée par 
l'un de ces arbres. ` 

Des thermomètres à mercure, bien réglés et gradués sur tige, serviront à 
observer les températures atmosphériques aux diverses heures de la journée, 
leurs maxima et leurs minima, et celles non moins importantes du sol à sa 
surface et à des profondeurs diverses; les observations de la température du 
sol permettront souvent de juger de son degré d'humidité, car l'abaissement 
de la température à une faible profondeur sera d'autant plus rapide que l'eau 
contenue dans le sol sera en plus grande abondance, comme cela a lieu souvent 
dans les dunes, au bord de la mer et dans les déserts. 

Il serait avantageux d'avoir en outre à sa disposition des thermomètres 
maxima et minima ; surtout si l'on peut les laisser un certain temps en expé- 
rience, aprés les avoir placés dans des conditions convenables, ils permettront 
d'apprécier les variations de température de l'atmosphére et du sol, et lin- 
tensité du rayonnement pendant la nuit. 

Il est indispensable de noter la profondeur des puits et leur température, 
ainsi que celle des sources, de méme que la durée des pluies, leur saison 
habituelle, leur fréquence ou leur rareté, leur abondance, la présence ou 
l'absence de neige ou de glace, l'épaisseur de leurs couches, la date des pre- 
miers et des derniers froids, les températures maxima et minima de l'at- 
mosphére et du sol aux diversessaisons, etc. En un mot, toutes les obser- 
vations qui peuvent contribuer à faire connaitre le climat doivent étre cousi- 
gnées sur le carnet du voyageur explorateur. 

Le botaniste voyageur doit se munir de médicaments propres à combattre 
les affections les plus communes dans les pays qu'il doit visiter. S'il n'est. pas 
médecin, il devra étudier les caractères généraux de ces affections et les 
moyens les plus propres à les combattre. Avec un petit nombre de médica- 
ments bien choisis et quelques instruments de petite chirurgie, on peut non- 
seulement se préserver souvent d'accidents graves, mais encore, par les soins 
que l'on donnera aux malades, se rendre facile l'accès des contrées habitées 
par des populations fanatiques ou presque hostiles. 

Dans presque tous les pays peu civilisés où habités par des peuplades sau- 
vages, l'Européen est considéré comme médecin et respecté en cette qualité. 


SÉANCE DU 9 JUIN 1871. 73 


On négligerait un moyen important de sécurité, si l'on ne se mettait à même 
d'entretenir ces bonnes dispositions (1). 


(La suite à la prochaine séance.) 


M. Cauvet fait à la Société la communication suivante et met sous 
les yeux des Membres présents de nombreux dessins à l'appui. 


STRUCTURE DU RICIN D'AFRIQUE, par M. CAUVET. 


Pendant mon séjour à Bougie (Algérie), je voulus étudier comparativement 
la structure du Ricin commun et celle de l'Euphorbe arborescente ( Eu- 
phorbia dendroides). 

On sait que le Ricin d'Afrique devient un arbre de moyenne grandeur, et 
que le tissu ligneux y occupe un espace beaucoup plus considérable que chez 
le Ricin cultivé en France. 

Sans atteindre les mémes dimensions, l'Euphorbe arborescente acquiert 
néanmoins une taille et une grosseur suffisantes pour qu'on puisse la rangec 
parmi les arbustes. 

Je ne savais pas si l'étude comparée de ces deux Euphorbiacées avait été 
faite, et je pensais qu'il serait intéressant de rechercher si des végétaux d'une 
méme famille, mais appartenant à des tribus différentes, possèdent ou non la 
méme structure. 

Malheureusement, la guerre a interrompu ce travail avant que j'eusse ter- 


(1) On pardonnera au médecin cette digression presque étrangère au sujet de cet 
article, en raison de son importance capitale, surtout dans les contrées habitées par les 
peuples d'origine orientale, qui ont pour le médecin européen une estime qui le leur fait 
respecter presque à l'égal de leurs marabouts qu'ils entourent d'une si grande vénéralion. 
C'est pour ne pas avoir tenu compte de cette donnée si importante que les explorateurs 
de l'Afrique centrale ont été si souvent viclimes, dans le cours de leurs voyages à travers 
des pays malsains, de leur zéle et de leur dévouement pour la science. On n'aurait 
peut-être pas à déplorer la perte cruelle que la Société de géographie vient de faire d'un 
de ses membres les plus dévoués, voyageur intrépide, s'il ne se fût pas laissé entraîner par 
Son ardeur méme à braver, sans avoir tous les moyens de les combattre, les dangers 
d'un climat meurtrier. 

La connaissance de la flore du Maroc, et spécialement celle des hautes montagnes de 
ce pays, encore d'un accés si difficile et si dangereux, malgré son voisinage de l'Europe, 
est un des desiderata de la science. Il n'est pas douteux cependant qu'un médecin ne 
puisse se concilier le bon vouloir des populations fanatiques de cette contrie et de leurs 
chefs, et aborder enfin les sommités neigeuses encore inexplorées de ces montagnes qui 
promettent à la botanique de précieux documeuts, ll lui suffirait de séjourner quelque 
temps dans les villes les plus voisines, d'y faire reconnaitre sa qualité de rebib, et il pour- 
rait être certain, grâce au prestige médical, aprés avoir conjuré l'ombrageuse méfiance 
des chefs arabes, de trouver auprès des populations berbères de la montagne non- seule- 
ment la sécurité, mais méme une cordiale hospitalité (voir les renseignements donnés 
par M. Balansa [Bull. Soc. geogr. avril 1868] sur la bienveillance que lui ont témoi- 
gnée les habitants des hautes montagnes situées au sud-ouest de la ville de Maroc, bien 
veillance qui fait un heureux contraste avec la perfidie des chefs arabes). 


75 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


miné l'étude du Ricin. Quant à l'Euphorbe, je n'ai pu examiner qu'une coupe 
de la racine. 

Dans cette communication, je me bornerai donc, pour le moment, à l'exposé 
de mes recherches sur le Ricin, et je ferai connaitre aujourd'hui la structure 
du Ricin d'un an. 

J'aurai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société des figures histolo- 
giques dessinées à la chambre claire, avec un grossissement de 400/4. 


Premiére partie. 


A. Radicelles. — Sur une radicelle d'environ 4 centimètre 1/2 de dia- 
mètre, l'épiderme n'existe plus. Je n'ai jamais trouvé, à sa place, cette couche 
simple ou multiple de cellules singuliéres, bombées et épaissies en dehors, 
minces en dedans et à /umen d'ordinaire trés-excentrique, couche que les 
Allemands ont nommée epiblema. 

Le suber est formé de cellules jaunes, plus ou moins exfoliées, recouvrant 
un tissu à parois trés-minces, à mailles irrégulieres, en général allongées tan- 
gentiellement, parfois presque carrées. 

Quelques-unes renferment des groupes de cristaux disposés en rosaces. 
Les cellules corticales sont remplies de fécule (aoüt 1870) à grains arrondis ou 
elliptiques, marqués d'un hile central et de grosseur à peu prés uniforme. 

Beaucoup de ces cellules contiennent, en outre, des groupes de cristaux 
semblables à ceux du suber. 

Les cellules corticales sont le plus souvent ovoides ou ovales. Au sein du 
tissu qu'elles constituent, se trouvent de petits amas de fibres (?) ou canaux (?) 
à parois peu épaisses, tantót vides, tantót occupées par une formation cylin- 
drique, distincte de la paroi du canal et plus ou moins ratatinée. Le cylindre 
cavitaire est pourvu d’un [umen de grandeur variable : il se montre comme 
une fibre enchâssée dans une autre. 

Si l'on traite ce tissu par une solution de potasse au huitième pour 100, la 
matiére du cylindre cavitaire s'épaissit beaucoup et s'applique contre la paroi 
interne de la fibre enveloppante, tandis que son lumen se rétrécit et que des 
stries circulaires se dessinent dans son épaisseur. 

Ces éléments, qui, tout d'abord, ressemblaient à des laticifères, offrent 
alors un aspect comparable à celui des fibres libériennes. 

Sont-ce là de jeunes fibres ou des cellules scléreuses (pachydermes?) ? Un 
waitement par l'acide chlorhydrique dilué m'aurait sans doute permis de 
résoudre cette question, si j'avais eu le temps de terminer cette étude. 

Toutefois la grande longueur des éléments litigieux ne permet guère de 
les rapporter aux cellules pachydermes. Le cylindre cavitaire est-il issu de la 
paroi de la fibre? Le /umen de cette formation est parfois double; elle est 
normalement distincte de la fibre et ne peut être regardée comme une pro- 


SÉANCE DU 9 JUIN 1871. 75 


duction de cette paroi, si, comme on l'admet généralement, l'épaississement 
des cellules s'effectue par intussusception. 

Au voisinage de la zone génératrice, ces fibres sont moins épaisses et vides 
ou garnies d'un cylindre à lumen plus grand. 

La zone génératrice se distingue nettement de l'écorce. Elle est formée 
d'éléments trés-fins, allongés tangentiellement, disposés en séries régulières, 
et pourvus d'une mince paroi. 

Le corps ligneux se compose de fibres dont l'épaisseur augmente rapide- 
ment et présente des vaisseaux ponctués assez grands. En de certains points, 
les méats interfibreux sont occupés par des canaux trés-petits. 

Les cellules des ravons médullaires sont disposées en séries simples ou 
doubles, finement ponctuées, plus grandes, en général, que les fibres voisines 
et souvent séparées d'elles par des parois trés-minces. 

Le centre de la radicelle est occupé par des vaisseaux d’un calibre plus 
faible que celui des vaisseaux du bois, et par des fibres à parois peu épaisses. 
Ce tissu central ne se distingue du bois que par l'étroitesse plus grande de ses 
éléments. 

B. Æacine.— Dans une racine de 6 millimètres environ, l'épiderme n'existe 
pas. Le tissu subéreux est formé de cellules minces, incolores ou brunátres, 
déprimées et ratatinées, selon qu'elles sont vivantes ou exfoliées. On y trouve 
parfois un peu de fécule. 

Les cellules corticales sont grandes, ovales, irrégulières, gorgées de fécule ; 
quelques-unes offrent une teinte lie de vin. 

La coupe transversale ne présente pas toujours des cellules à cristaux ; on 
y observe seulement, par places, des taches brunes, occupant tonte l'étendue 
de quelques cellules. 

Sur la coupe longitudinale (radiale), au contraire, les cellules à cristaux 
sont relativement nombreuses, mais réunies par petits groupes au milieu des 
cellules à fécule. 

Les fibres (?) corticales ont une épaisseur à peu prés égale; leurs parois 
extérieures, propres, sont d'ordinaire bien visibles; les diverses couches in- 
ternes s'y montrent distinctement, sans le secours d'aucun réactif. 

Ces fibres sont réunies en amas composés d'un petit nombre d'éléments. 
Elles ont une grande longueur et se terminent généralement en une pointe 
effilée. Leur cavité médiane est souvent presque obstruée par des expansions 
plus ou moins irrégulières, issues de la couche d'épaississement. Je n'ai jamais 
vu d'ouvertures dans leurs parois, et leur canal ne m'a point semblé contenir 
de liquide. 

Au voisinage de la zone génératrice, se trouve un tissu brun clair, à cel- 
lules quadrilatères, parfois allongées radialement et remplies d'une substance 
mal définie, au sein de laquelle se montrent de petits amas cristallins disposés 
en rosace. 


76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les jeunes vaisseaux, situés dans là zone génératrice ou dans l'aubier, sont 
petits et composés de cellules allongées juxtaposées. Au premier abord, ils res- 
semblent à des irachées, tant les raies que présentent leurs parois sont 
longues par rapport au diamètre de chacune des cellules constitutives. Je ne 
sais si le calibre de ces vaisseaux change rapidement ou si les cloisons juxta- 
posées de plusieurs cellules sont résorbées de très-bonne heure, mais la plupart 
des vaisseaux voisins sont fort grands. On trouve, toutefois, au sein du tissu 
ligneux, quelques vaisseaux rayés, d’un diamètre relativement petit. 

Les fibres ligneuses ont des parois minces. Celles qui entourent les vais- 
seaux ou qui bordent les rayons médullaires sont littéralement farcies de 
fécule. 

Les vaisseaux sont, en général, très-grands et rayés ou ponctués. Ils se 
terminent d'ordinaire en une pointe courte, par un biseau, qui se juxtapose au 
biseau inverse de l'autre vaisseau. La paroi de séparation m'a semblé perforée. 

Quelques vaisseaux disséminés dans le bois ont des parois assez épaisses, 
jaune d'or, et leur canal est tantôt vide, tantôt obstrué de matières jaunâtres, 
soit libres, soit adhérentes. 

Leurs parois n'offrent pas les perforations lenticulaires qui distinguent la 
plupart des vaisseaux du Ricin. (On en verra de nombreux exemples dans 
l'étude de la tige.) 

Certains autres, situés entre deux vaisseaux régulièrement constitués, sont 
amincis vers l’une de leurs extrémités qui offre, dans sa cavité, une produc- 
tion celluleuse très-fine, analogue à une dentelle, 

Sont-ce là des vaisseaux conducteurs d'une nature particulière ? 

Enfin, les cellules des rayons médullaires offrent de nombreuses ponctuations 
et contiennent beaucoup de fécule. Le centre de la racine est occupé par un 
tissu à mailles étroites et à parois assez minces. Ce tissu renferme un peu de 
fécule. Il est parcouru par quelques vaisseaux plus petits que ceux du bois, 
parfois méme d'un calibre à peine plus grand que celui des fibres ambiantes. 

En examinant une coupe longitudinale, passant par le milieu de la racine, 
j'ai vu le centre de ma préparation occupé par un tissu singulier, qui parais- 
sait isolé au sein du bois et présentait la forme d'un ovoide très- allongé. 

Ce tissu a une teinte générale rose; il est formé de cellules minces, régu- 
lières, finement ponctuées, trés-petites au centre de la préparation, d'autant 
plus grandes, au contraire, qu'elles sont plus extérieures. 

Lorsque je pratiquai la section longitudinale de la racine, ) essayai de suivre 
une ligne rousse qui paraissait en occuper le centre; le tissu observé devait 
donc se retrouver sur un autre point de ma préparation. En l'examinant dans 
toute son'étendue, je trouvai, en effet, un autre amas du méme tissu, moins 
bien défini, mais composé d'éléments rosés et tout aussi étroits. 

Un examen comparatif de ce tissu et du tissu central de la racine montre 
que leurs éléments différaient par la grandeur des cellules médianes,” par 


SÉANCE DU 9 JUIN 1874. 77 


l'épaisseur de leurs parois et surtout par la constitution des cellules les plus 
extérieures du premier comparées à celles des fibres du second. 

Les fibres du tissu central sont, d'ailleurs, allongées dans le sens de l'axe 
de la racine, tandis que les cellules du tissu nouveau sont à peu prés d'égales 
dimensions dans tous les sens. 

Le tissu en litige parait donc étre formé par des amas d'éléments sécréteurs 
espacés dans la longueur de la racine. Rien ne prouve, toutefois, que cette 
opinion soit fondée. La racine du Ricin peut, en effet, avoir son parasite comme 
tant d'autres; dans ce cas, le tissu observé serait analogue à celui que j'avais 
trouvé dans une racine de Ciste, prétendue saine, et que tout d'abord j'avais 
rapporté à une moelle. 


M. Cauvet dépose ensuite sur le bureau la liste suivante : 


LISTE DES PLANTES RÉCOLTÉES AUX ENVIRONS DE BOUGIE, PENDANT L'ANNÉE 1870, 
pr M. D. CAUVET. 


Les environs de Bougie sont peu fréquentés par les botanistes ; je ne saurais 
exprimer trop de regrets à cet égard. La flore de cette région est trés-riche, 
et pourtant c'est à peine si elle est mentionnée dans les catalogues : aussi ai-jé 
eu la facile satisfaction de voir que, parmi les plantes récoltées en six mois, 
trois cent cinquante, environ, étaient nouvelles pour la station de Bougie. J'ai 
méme eu le bonheur de trouver une espéce nouvelle (?) que M. le D' Cosson, 
qui a bien voulu se charger de la détermination des plantes mentionnées dans 
cette liste, a provisoirement nommée GENISTA STENOCARPA, et de recueillir, 
avec fleurs et fruits, le Bupleurum plantagineum Desf., que, depuis Desfon- 
taines, personne n'avait vu en fleur. Comme je me bornais alors au simple rôle 
de récolteur, on concoit que je ne puisse tirer vanité de ce qui fut un hasard. 

Puisse cette modeste nomenclature de plantes offrir quelque intérét aux 
botanistes et déterminer l'un d'eux à séjourner assez longtemps à Bougie pour 
en étudier la flore ! 


Clematis cirrosa L. Sinapis amplexicaulis DC. 
Anernone palmata L. — pubescens L. var. circinata. 
Adonis autumnalis L. Sisymbrium erysimoides Desf. 
Ranunculus arvensis L. Biscutella apula L. 

— muricatus L. Raphanus Raphanistrum L. 
— palustris L. var. procerus. Reseda alba L. 

— trilobus Desf. Helianthemum guttatum Mill. 
— Philonotis Retz. Fumana viscida Spach. 
Ficaria calthæfolia Rchb. — lævipes Spach. 
Nigella damascena L. Cistus monspeliensis L. 
Papaver hybridum L. — salvifolius L. 

— dubium L. — villosus Lmk. 

Fumaria agraria Lag. Dianthus siculus Presl. 

— oflicinalis L, Silene inflata Sm. 


78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Silene ambigua Cambess. 

— imbricata Desf. 

— gallica L. 

Lychnis leta Ait. 

— Cœli-rosa Desr. var. aspera. 
Cerastium glomeratum Thuill. 
Linum angustifolium Huds. 

— strictum L. 

— corymbiferum Desf. 
Hypericum dentatum Lois. 

— perforatum L. 

— repens Poir. 

Malva silvestris L. 

— parviflora L. 
Lavatera cretica L. 

— trimestris L. 

— olbia L. var. hispida. 
Malope 'malopoides L. 
Geranium dissectum L, 

— atlanticum Boiss. et Reut. 
Ruta bracteosa DC. 

— angustifolia Pers. 
Rhamnus Alaternus L. 
Genista ulicina Spach. 


— stenocarpa sp. nova (chemin du grand 


phare), février. 

Ononis alba Pers. 

— pendula Desf. 
Anthyllis tetraphylla L, 
— Vulneraria L. 
Medicago Gerardi Waldst. et Kit. 
— orbicularis All. 
— denticulata Willd. 
— sphærocarpa All. 
— minima Lmk. 

— pentacycla DC. 


Melilotus sulcata Desf. var. compacta. 


— infesta Guss. 

— parviflora Desf. 
Trifolium angustifolium L. 
— isthmocarpum Brot. 

— stellatum L. 
— tomentosum L, 
— resupinatum L. 
— squarrosum L, 
— arvense L, 
— procumbens L. 
Lotus cylisoides L. 
— ornithopodioides L. 
— edulis L. 
Tetragonolobus purpureus Meench. 
Astragalus epiglottis L. 
— chlorocyaneus Boiss. et Reut. 
— pentaglottis L. 
— sesameus L. 
Phaca bætica L. 
Ornithopus compressus L. 
Scorpiurus subvillosa L. 
— sulcata L, 


Coronilla juncea L. 
Hippocrepis unisiliquosa L. 
— multisiliquosa L. 
Onobrychis Caput-galli Lmk. 


Vicia tetrasperma Mænch var. pubescens. 


— Lens Coss. et Germ. (cult.). 

— hybrida L. 

— Monardi Boiss. 

— sativa L, 

— lutea L. 

Lathyrus Ochrus DC, 

— Clymenum L. 

— latifolius L. 

Orobus atro-purpureus Desf. 
Anagyris fœtida L, 7 
Cratgus Azarolus L. 
Poterium ancistroides Desf. 

— Magnolii Spach. 

— verrucosum Ehrenb. 
Myrtus communis L. 
Tamarix africana Poir. 
Lythrum Græfferi Ten. 
Paronychia argentea Lmk. 
Bupleurum plantagineum Desf. 
Œnanthe globulosa L. 

— anomala Coss. et DR. 
Smyrnium Olusatrum L. 
Caucalis leptophylla L. 
Scandix Pecten-Veneris L. 
Daucus parviflorus Desf. 

— muricatus L. 

Lonicera implexa Ait. 
Rubia peregrina L. 
Sherardia arvensis L. 
Vaillantia muralis L, 
Galium saccharatum All. 

— lucidum All. 
Asperula lævigata L. 

— hirsuta Desf. 

— aristata L. f. 
Centranthus ruber DC. 
Valeriana tuberosa L. 
Scabiosa monspeliensis Jacq. 
Ageratum. ... (cult.?). 
Asteriscus maritimus Monch. 
Pallenis spinosa Cass. 
Pulicaria odora Rchb. 

Inula viscosa Ait. 

— graveolens Desf. 

Bellis annua L. 

— silvestris Cyrill. 

Evax pygmæa Pers. 
Phagnalon saxatile Cass. 
Helichrysum Fontanesii Cambess 
Chrysanthemum coronarium L. 

— segetum L. 

Anacyclus clavatus Pers. 
Anthemis fuscata Brot. 
— punctata Vahl, 


SÉANCE DU 9 JUIN 1874. 


Pyrethrum Myconis Mœnch. 
Nardosmia fragrans Rchb. 
Senecio delphinifolius Vahl. 

— erraticus Bert, 

-—- crassifolius Willd. 
Calendula arvensis L. 

— suffruticosa Vahl. 
Echinops spinosus C. 
Centaurea napifolia L. 

— pullata L. 

Galactites tomentosa Mœnch. 
Rhaponticum acaule DC. 
Carduncellus cæruleus DC. 
Hedypnois cretica Willd. 

— polymorpha DC. 

Tolpis umbellata Bert. 
Scorzonera undulata Vahl. 
Helminthia echioides Gærtn. 
Urospermum Dalechampii Desf. 

— picroides Desf. 
Seriola ætnensis L. 
Thrincia tuberosa DC. 
Hypochæris neapolitana Ten. 
Campanula Rapunculus L. 
Arbutus Unedo L. 
Erica arborea L. 

— multiflora L. 
Olea europæa L. 
Jasminum fruticans L. 
Phillyrea latifolia L. 
Vincetoxicum officinale Mench. 
Nerium Oleander L. 
Anagallis arvensis L. 
— var, platyphylla. 
Chlora grandiflora Viv. 
Erythræa Centaurium Pers. var. suffruti- 

cosa. 

Convolvulus sabatius Viv. 

— althæoides L. 
— var. sericeus. 

— Cantabrica L. 

— siculus L. 
Lithospermum rosmarinifolium Ten. 
Echium plantagineum L. 
Anchusa italica Retz, 
Cynoglossum cheirifolium L. 

— pictum Ait. 
Hyoscyamus albus L. 
Solanum villosum Lmk. 
Scrofularia canina L. 
Verbascum Blattaria L. 
Veronica Anagallis L. 
Linaria triphylla Mill. 

— reflexa Desf. 
Anarrhiuum pedatum Desf, 
Antirrhinum Orontium L. var. grandiflo- 

rum. 
Trixago apula Stev. 
Orobanche condensata Moris. 


79 


Orobanche minor Sutt. 
— amethystea Thuill. 

Phelipæa Muteli Schultz. 

Lavandula multifida L. 

— Stæchas L. 
Micromeria græca Benth. 
Calamintha grandiflora Mench var. parvi- 

flora Coss. 
Rosmarinus officinalis L. 
Salvia Verbenaca L. 
Clinopodium vulgare L. var. plumosum. 
Stachys hirta L. 
Brunella vulgaris L, 
Marrubium vulgare L. 
Ballota nigra L. 
Prasium majus L. 
Teucrium flavum L. 

— Polium L. 

— fruticans L. 

Ajuga Iva Schreb. 
Plantago Psyllium L. 

— Lagopus L. 

— macrorrhiza Poir.? 

— Serraria L. 
Globularia Alypum L. 
Polygonum Convolvulus L. 
Rumex bucephalophorus L. 
Daphne Gnidium L. 
Thymelæa hirsuta Endl. 
Osyris alba L. 

Aristolochia longa L. 

— Fontanesii Boiss. et Reut. 
Cytinus Hypocistis L. 
Mercurialis annua L. 
Euphorbia Paralias L, 

— exigua L. 

— dendroides L. 

— Peplus L. 

Salix pedicellata Desf. 
Juniperus Oxycedrus L, 
Quercus Pseudosuber Desf. 
Pinus halepensis L. 
Alisma Plantago L. 
Tamus communis L. 
Ruscus Hypophyllum L. 
Arisarum vulgare Targ. 
Arum italicum Mill. 
Simethis bicolor Kunth. 
Allium triquetrum L. 

— nigrum L. 

— Chamemoly L. 

— roseum L. 
Ornithogalum arabicum L. 
Bellevalia comosa Kunth. 
Scilla Aristidis Coss. 
Gladiolus byzantinus Mill, 
Trichonema Columnae Rchb. 

— Bulbocodium Ker, 
Iris Sisyrinchium L. 


60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Iris stylosa Desf. Phalaris brachystachys Link. 

— fætidissima L. Melica minuta L. var. latifolia, 
Ophrys Speculum Link. Lagurus ovatus L. 

— Scolopax Cav. Avena fatua L. 

— tenthredinifera Willd. Festuca Myuros L. var. sciuroides. 

— bombyliflora Link. Bromus mollis L. 

— lutea Cav. Dactylis glomerata L. 

— picta Link. Ampelodesmos tenax Link. 
Aceras anthropophora R. Br. Lolium perenne L. var. multiflorum. 
Cyperus esculentus L. Ægilops ovata L. var. triaristata. 
Pollinia distachya Spreng. Adiantum Capillus-Veneris L. 
Pennisetum asperifolium Kunth. Polypodium vulgare L. 
Briza maxima L. , Pteris aquilina L, 
Phalaris paradoxa L. Selaginella denticulata Koch. 


SÉANCE DU 23 JUIN 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. LASEGUE, ANCIEN PRESIDENT, PUIS DE M. ROZE, VICE-PRÉSIDENT. 


M. le Secrétaire général donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 9 juin, dont la rédaction est adoptée. 

Des lettres spéciales de convocation ayant été adressées à MM. les 
Membres résidant à Paris, la Société est appelée à se prononcer 
d'une maniére définitive au sujet des élections pour le renouvelle- 
ment annuel du Bureau et du Conseil. Aprés une courte délibération, 
la Société, en raison du peu de temps qui nous sépare des vacances, 
prolonge jusqu'au 5 janvier prochain les pouvoirs du Bureau et du 
Conseil nommés le 7 janvier 1870. Les élections du 5 janvier 1872 
auront lieu exactement dans les mémes conditions oü auraient eu 
lieu celles qui, par force majeure, n'ont pu être faites ni le 6 jan- 
vier, ni le 7 avril 18714. 

Lecture est donnée d'une lettre et d'une proposition de M. le colo- 
nel Paris, tendant à modifier l'article 3 des statuts, à exclure de la 
Société tous les nationaux de la Confédération allemande du Nord 
el à rompre toutes relations avec les corps savants de ce pays. 

Cette grave question est renvoyée à l'examen du Conseil, et lui 
sera soumise aussitôt que les circonstances permettront de le réunir 
en nombre suffisant ; et la Société se réserve de prendre ensuite une 
décision définitive à l'égard de la proposition de M. Paris. 

M. Cosson présente à la Société le travail suivant ; 


SÉANCE DU 23 JuIN 1874. 81 


INSTRUCTIONS SUR LES OBSERVATIONS ET LES COLLECTIONS BOTANIQUES A FAIRE 
DANS LES VOYAGES, par MI. E. COSSON (suite). 


II. — Instruments d'observation, de récolte et de préparation 


des plantes. 


Pour les études rapides qui doivent étre faites en voyage on peut se borner 
a une loupe à deux ou à trois verres, à un bistouri, un rasoir, une lancette et 
deux aiguilles solidement emmanchées, l'une droite, l'autre courbe à son 
extrémité; ces quelques instruments suffiront dans la plupart des cas pour les 
coupes et les dissections indispensables devant conduire à la connaissance des 
genres. Le microscope et la loupe montée (1) ne sont guère utiles que pou 
les dissections délicates et les études cryptogamiques. 

Pour la récolte et la préparation des plantes, la conservation et le transport 
des collections, le voyageur doit, avant son départ, indépendamment de plu- 
sieurs rames de papier non collé, se munir de tous les instruments et du 
matériel nécessaire. Ces instruments sont peu nombreux et faciles à se pro- 
curer, mais il faut apporter beaucoup de soin à leur choix, car de ce choix 
dépend en grande partie le succés botanique du voyage. Les principaux in- 
struments de récolte sont : une pioche courte solidement emmanchée ou un 
piochon en forme de marteau à bec allongé; une houlette ou une lame épaisse 
et solide en forme de fer de lance ou de couteau-poignard, à deux tranchants, 
munie d'un manche solide; un échenilloir, dont on se servira avantageuse- 
ment pour la récolte des échantillons des arbres que l'on pourrait difficilement 
atteindre sans lui; plusieurs couteaux et serpettes ; une boite d'herborisation, 
environ du format du papier, mais d'une assez grande capacité ; une petite 
boite d'herborisation de poche ; des flacons bien bouchés (2), destinés à con- 
server dans l'alcool les plantes entières ou les parties de plantes de nature à 


(4) M. Nachet a construit, d’après les indications de l'auteur de cet article, un mi- 
croscope trés-portatif, muni d'une table à dissection qui, avec un porte-loupe et une 
série de doublets, sert aussi de loupe montée. 

(2) Les flacons dans lesquels doivent ètre renfermés les échantillons ou fragments 
d'échantillons à conserver dans l'alcool, doivent étre munis de bouchons ajustés avec le 
plus grand soin pour éviter la déperdition ou l'évaporation du liquide qui se produisent 
trop souvent, surtout avec les bouchons de liége. Avec ces bouchons, il est indispensable 
de les enduire, ainsi que le col du flacon, d'une couche d'un lut trés-tenace qui est 
souvent difficile à préparer et à employer en voyage, et qui a l'inconvénient d'empécher 
d'ouvrir le flacon si cela est nécessaire. On ne saurait trop recommander aux naturalistes- 
voyageurs de se munir de flacons à bouchage métallique et hermétique du systéme Jack- 
son (50, rue de la Chaussée-d'Antin, à Paris), qui ont l'avantage de se fermer avec une 
grande précision et de pouvoir étre ouverts autant de fois qu'il en est besoin, alors méme 
qu'ils renferment déjà des échantillons plongés dans l'alcool. Lorsque le flacon est plein, 
le bouchon métallique peut facilement être scellé par du lut, du mastic ou du plâtre, 
que l’on introduit entre la plaque supérieure du bouchon et Ja cavité du col du flacon. 


T. XVIII. (SÉANCES) 6 


82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


être altérées par la dessiccation ; des feuilles d’un carton résistant du format 
du papier; des planchettes, de dimensions un peu plus grandes, de bois blanc 
(peuplier), munies vers leurs extrémités d'une gouttière plate de bois dur (chène) 
qui les empêchera de se déjeter et facilitera e glissement des courroies; des 
châssis de bois dur munis de barres transversales et longitudinales; des châssis 
de fer, légers, garnis d’un treillage à mailles assez serrées ; des courroies, les 
unes de cuir, les autres de coutil fort (dit {irant) pour serrer les presses; du pa- 
pier goudronné pour envelopper les paquets de plantes sèches; de la poudre in- 
secticide, de la benzine ou de l'acide phénique pour préserver ces paquets de 
l'atteinte des insectes ; des toiles cirées pour protéger contre la pluie les caisses, 
les sacs ou les ballots renfermant ces paquets ; des cordes et des ficelles de 
diverses grosseurs. — Il n'y a pas lieu d'insister ici sur l'emploi de ces divers 
instruments dont l'usage est généralement connu de tous ceux qui ne sont pas 
complétement étrangers aux recherches botaniques (1). 

On ne saurait trop recommander d'emporter autant de papier que le com- 
portent les moyens de transport dont on disposera et la nature du voyage 
que l'on doit exécuter. Le choix du papier à préparation doit étre l'objet d'une 
attention toute spéciale; il doit être non collé, aussi perméable que possible à 
l'humidité, suffisamment résistant. Le meilleur est celui qui renferme des ma- 
tiéres laineuses, car c'est celui avec lequel on obtiendra la dessiccation la plus ra- 
pide et avec lequel cn sera le moins exposé à voir se développer la fermentation 
des plantes mises sous presse. On peut dire, comme indication générale, que 
plus on aura de papier à interposer en coussins épais entre les feuilles ren- 
fermant les échantillons, moins on aura de peine pour la dessiccation, tout en 
obtenant rapidement les meilleurs résultats. Le papier à sécher doit, pour les 
traversées et les voyages lointains, être renfermé dans des caisses adaptées à 
son format et d'une forme convenable pour pouvoir être, au besoin, facilement 
chargées sur des bétes de somme. Dans le cours des explorations, ces mémes 
caisses serviront à contenir les paquets des plantes entièrement sèches et à les 
soustraire ainsi aux chances d’avarie auxquelles elles peuvent être exposées 
par les chargements et déchargements successifs. Cette recommandation est 
surtout importante pour les pays dans lesquels la sécheresse de l'atmosphère 
et une température élevée rendent les échantillons très-fragiles, On ne saurait 
trop engager les botanistes -voyageurs à adopter, pour le papier destiné aux 
préparations de plantes, un format de 42 ou 43 centimètres de longueur sur 
26 ou 21 centimètres de largeur, c’est-à-dire d’une grandeur un peu infé- 
rieure à celle de la plupart des herbiers. On évitera ainsi de donner aux 
échantillons des dimensions qui les excluraient des collections. 


(4) Pour plus de détails, consulter l'ouvrage de M. B. Verlot (Guid i 

, - uon + De e dà botanist - 
borisant, pages 271-48) et l'article HERBORISATIONS du Nouvens Dictionnaire de bolant- 
que, par M. Germain de Saint-Pierre, 


SÉANCE DU 28 JUIN 1874. 83 


IIl. — Choix et récolte des échantillons d'herbier. 


Les échantillons d'herbier, recueillis et préparés avec soin, sont la véritable 
base de l'étude des plantes, car ils permettent de comparer facilement entre 
elles, et au méme état de développement, les espèces voisines; ils sont aussi, 
comme l'a dit avec une si grande justesse d'expression A.-P. De Candolle, des 
documents certains et permanents qui éclairent la classification et la nomen- 
clature. Ce sont, comme le fait observer l'éminent botaniste, des types sau- 
vages plus précieux à observer que les végétaux cultivés dans les jardins, 
souvent déformés par la culture. On ne saurait donc apporter trop de soin au 
choix et à la récolte de ces précieux moyens d'étude. 

Dans les voyages à pied ou à cheval, et ce sont les seuls qui permettent 
d'étudier à fond la flore du pays, il faut que l'attenüon soit constamment en 
éveil et que l'on visite chaque point différant notablement de l'ensemble de la 
contrée par l'aspect de sa végétation, par la nature du sol, son degré de sécheresse 
ou d'humidité, sa configuration, etc. On arrive ainsi à recueillir en peu de 
temps un grand nombre d'espéces. Si, au contraire, on n'herborise qu'aux en- 
virons des centres où l'on séjourne, on peut laisser passer inapercues un grand 
nombre de plantes, et ne pas retrouver en aussi bon état de développement 
celles que l'on avait vues aux stations que l'on n'avait fait que traverser. Il 
est utile de s'écarter souvent des chemins fréquentés, cer la végétation dans 
leur voisinage est généralement modifiée en raison méme de leur fréquentation 
par l'homme et les animaux domestiques qui a pu en faire disparaitre ou, au 
contraire, y introduire un certain nombre d'espèces. — Il ne faut jamais re- 
mettre la récolte d'une plante que l'on trouve en bon état de développement, 
quelle que soit d'ailleurs son abondance dans le pays. Il arrive trop souvent - 
que dans les collections des voyageurs, ce sont les plantes les plus abondantes 
qui ont été négligées, car on est toujours disposé à attendre le jour où l'on 
ne sera pas surchargé d'occupation pour procéder à leur récolte; tout 
voyageur sérieux ne sait que trop combien sont rares ces journées de 
loisir relatif. 

Les plantes ne doivent étre, autant que possible, récoltées que lorsque les 
Caractères présentés par leurs divers organes, racine, tige, feuilles, fleurs, 
fruits, graines, ont acquis leur complet développement. Si l'on est à méme de 
recueillir des échantillons assez nombreux de chaque espèce, il faut repré- 
senter, par la série des échantillons, les diverses périodes de la végétation de 
la plante, toutes les variétés ou modifications qu'elle pent présenter, ses 
extrêmes de taille, sa taille moyenne, etc. Il va sans dire que l'on doit surtout 
s'attacher à la récolte des échantillons en fleurs et en fruits ; généralement ces 
deux états peuvent se rencontrer sur le même individu, mais il y a lieu de 


SA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


procéder à deux récoltes lorsque la plante en fleurs ne porte pas en même 
temps des fruits complétement mûrs. 

Lorsque la taille de la plante le permet, ia souche ou la racine doit être 
recueillie entière ; mais si elle est trop volumineuse, elle peut être fendue lon- 
gitudinalement avant d'étre soumise à la préparation. Il en est de même des 
bulbes, dont on doit, en tout cas, ménager les écailles et les tuniques exté- 
rieures qui fournissent souvent des caractères importants. 

La tige doit être recueillie entière, lorsque la taille de la plante n'excède pas 
la longueur du papier ou lorsqu'elle peut y être renfermée après avoir été re- 
pliée à angles très-aigus une ou deux fois sur elle-même. Il est souvent utile, 
pour les échantillons dont la tige doit être repliée, de lui faire subir, au niveau 
du pli, un léger écrasement qui lui enlève son élasticité et lui permet de garder 
la direction qu'on veut lui donner; pour les tiges très-élastiques il est même 
quelquefois indispensable de fixer le pli par une anse de papier fort, de fil ou 
de ficelle. Lorsque les tiges ou les rameaux sont trop volumineux pour pou - 
voir entrer dans l’herbier, on obtient souvent de bons échantillons en les 
fendant longitudinalement ; il est indispensable d’en agir ainsi lorsque les fleurs 
naissent sur le vieux bois de troncs volumineux. Pour les arbres et les arbris- 
seaux, il est utile de prendre des fragments d’écorce et des rondelles munies 
de leur écorce du tronc, des branches ou des rameaux, ainsi que des coupes 
longitudinales de 2-3 décimètres de longueur et également munies de leur 
écorce. 

Les feuilles étant souvent différentes de forme dans la partie inférieure de 
la plante, dans sa partie movenne et dans sa partie supérieure, il est indispen- 
sable dans ce cas, si la plante, même repliée, ne peut être contenue dans le 
format du papier, de recueillir des fragments de tiges munies de feuilles pré- 
sentant ces formes diverses. Un certain nombre de plantes, comme les Om- 
bellifères, par exemple, ont souvent les feuilles radicales et inférieures très- 
différentes des feuilles caulinaires ; on doit recueillir avec soin ces feuilles qui 
offrent souvent des caractères importants, alors méme qu'elles sont flétries ou 
desséchées lors de la floraison; si elles n'existent plus sur les individus en 
fleurs ou en fruits, on doit les rechercher sur ceux dont le développement est 
moins avancé. Il est méme quelquefois indispensable, surtout pour les plantes 
bisannuelles, telles que les Carduacées, de recueillir à part les rosettes de 
feuilles radicales, car elles auront disparu longtemps avant la floraison. Chez 
un certain nombre de plantes les feuilles et les fleurs ne se développent pas 
à la méme époque, et dans ce cas elles doivent nécessairement étre recueillies 
à part. 

Les fleurs, offrant les caractères de premiere valeur, doivent être l'objet de 
soins particuliers. Autant que possible on doit recueillir des échantillons por- 
tant des fleurs complétement épanouies et des boutons à divers degrés de déve- 
loppement, car l'étude de la préfloraison et de la symétrie des parties florales 


SÉANCE DU 23 JUIN 1871. 85 


sera généralement beaucoup plus facile sur les boutons que sur les fleurs elles- 
mêmes. Pour les plantes où les deux sexes sont séparés, on doit recueillir des 
échantillons de l'individu mále et de l'individu femelle. Pour la plupart des 
arbres, il est important d'avoir des échantillons munis de fleurs et de fruits et 
des échantillons portant des feuilles adultes provenant du méme individu, et il 
est souvent utile, pour éviter de regrettables confusions dans les genres dont 
les espèces sout voisines par leurs caractères, de marquer, si la durée du 
séjour le permet, le sujet sur lequel doivent étre faites les diverses récoltes. — 
Pour obtenir des échantillons florifères ou fructiféres des arbres élevés, sur- 
tout dans les forêts vierges où les grands végétaux ligneux croissent trés-rap- 
prochés et ne (leurissent généralement que daus la partie supérieure de leur 
cime, il faut varier les procédés de récolte. Les plus avantageux sont certai- 
nement d'abattre les arbres ou d'y grimper, ou d'y faire grimper pour en 
couper les branches qui doivent fournir à l'herbier les rameaux portant les 
fleurs ou les fruits, mais ces moyens sont loin d’être toujours praticables en 
raison de la perte de temps qu'ils entraînent, et, dans les pays civilisés, ils 
pourraient exposer le voyageur à de fàcheuses contestations; mais dans la 
plupart des cas on peut employer l'échenilloir ou un crochet de fer ou de bois 
pour détacher les rameaux. A défaut de ces instruments, on peut lancer dans 
les branches ou les rameaux une pierre fixée à une ficelle dont l'autre extré- 
mité est retenue dans la main, et, en tirant à soi, on peut généralement 
abaisser les branches ou détacher les rameaux, et obtenir ainsi les échantillons 
d'herbier. Enfin on peut avoir quelquefois recours au fusil pour détacher les 
rameaux que l'on ne pourrait atteindre par un autre moyen. — On est aussi 
réduit à ce procédé brutal pour détacher des fragments de plantes croissant 
à de grandes hauteurs sur des rochers abruptis. 

Les fruits ne sont pas moins importants que les fleurs pour la détermination 
des genres et des espéces, et, dans un certain nombre de familles, telles que 
les Cruciféres, les Bignoniacées, les Ombelliféres, les Valérianées, les Com- 
posées, les Graminées, etc., ils fournissent les différences génériques et spé- 
cifiques principales. Les fruits doivent être recueillis avant leur complète 
maturité et à leur maturité parfaite; en effet, les jeunes fruits sont souvent 
très-utiles pour l'étude de la forme, lorsque celle-ci est modifiée à l'extréme 
maturité par la déhiscence. 

Ce n'est qu'exceptionnellement que les graines doivent étre recueillies 
à part et renfermées dans des sachets, et seulemement lorsque les fruits les 
laissent échapper facilement; mais toutes les graines qui se détachent des 
échantillons doivent étre soigneusement conservées dans des sachets de papier 
placés dans la méme feuille que l'échantillon lui-même. 

Pour les plantes parasites il faut autant que possible conserver leur adhé - 
rence avec la plante nourricière, ou au moins noter avec soin, lorsque cette 
adhérence ne peut étre maintenue, sur quelle plante elle croissait. Dans le 


86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


familles où le parasitisme a liéu par les fibres radicales, on doit apporter les 
plus grandes précautions dans l'arrachage pour respecter toutes les adhé- 
rences, et débarrasser les racines de la terre au moyen d'un lavage dans une 
eau courante ou sous le robinet d'une fontaine. 

Une bonne précaution à prendre pour la récolte des Cryptogames inférieures, 
c'est de placer au fur et à mesure tous les échantillons recueillis d'une méme 
espèce, soit dans un sac de papier, soit dans un flacon bouché, suivant la na- 
ture ou la consistance de l'espéce. On évite ainsi d'avoir à se livrer, pour la 
préparation, à un travail de triage toujours long et minutieux et rendu quel- 
quefois presque impossible par le mélange qui peut se produire d'individus 
appartenant à des especes voisines et par la terre qui, dans le transport, les 
salit et masque leur forme. 

Les échantillons des plantes aquatiques croissant trop loin des bords ou dans 
des eaux trop profondes pour pouvoir étre recueillis directement (ce qui est 
le mieux toutes les fois que cela est praticable), peuvent souvent être obtenus 
au moyen d'un petit culot de bois lesté de plomb, hérissé de crochets de fer 
et attaché à l'extrémité d'une ficelle, où mieux au moyen d'un râteau , 
muni d'un manche suffisamment long, avec lequel on drague le fond de 
sable ou de vase dans lequel la plante est enracinée: 

Les espèces d'Algues qui croissent dans les eaux douces péu profondes, ou 
dans la mer, sur les plages basses ou les rochers du littoral mis à découvert 
pendant le reflux, surtout au moment des plus basses marées, sont facilement 
recueillies avec leur base insertionnelle ou les crampons qui les fixent au sol 
ou aux rochers ; mais pour celles qui croissent dans les mers sans flux et re- 
flux ou à de grandes profondeurs, il faut profiter de toutes les occasions qui 
peuvent les mettre à votre portée, et ne pas négliger de les recueillir lors- 


qu'elles sont rejetées sur la plage par les tempétes ou par les filets des 
pêcheurs. - | 

Pour la récolte des Lichens croissant sur les troncs d'arbres, il suffit d'en- 
lever une tranche de l'écorce qui les porte. Pour recueillir ceux qui croissent 
sur les rochers ou sur les pierres, il faut employer un ciseau à froid et un 
marteau, en évitant de briser les échantillons et de prendre des fragments dé 
roche trop volumineux pour être placés convenablement dans l’herbier. 

Les plantes recueillies doivent être placées immédiatement dans la boîte 
à herboriser, après avoir eu le soin de débarrasser leurs racines de la terre 
qu'elles peuvent retenir, et avoir replié, d’après le format du papier, les 
échantillons lorsqu'ils sont trop grands pour y rentrer sans cette précaution. 
Mais pour éviter les causes de détérioration que les échantillons subissent sou: 
vent dans la boite en s'y froissant, en s'y crispant par la chaleur, en perdant 
les pétales de leurs fleurs, etc. , on doit, à la premiere halte, les en retirer pour 
les placer sur les feuillets de papier à préparation renfermés dans un cartable 
que l'on doit toujours avoir avec soi. On ne saurait trop insister sur l'impor- 


SÉANCE DU 23 JUIN 1871. 87 


tance de la bonne installation de ce cartable pour assurer la conservation des 
plantes à texture délicate dans les pays teinpérés, et de presque toutes dans les 
pays chauds; en effet, la boite de métal y étant souvent exposée à une tempé- 
rature élevée, on aura à craindre le développement d'un commencement de 
fermentation trés-nuisible pour une bonne dessiccation. Les plantes disposées 
dans le papier que renferme le cartable y sont, au contraire, soustraites à ces 
causes de détérioration. 

Un cartable se compose de deux feuilles de carton résistant (le meilleur est 
celui qui est fabriqué avec des débris de cordes goudronnées) où de forte 
carte, recouvertes ou non de parchemin, de cuir, de toileou de toile cirée, réu- 
nies au moyen de deux courroies ou simplement d'une cordelette solide. On 
peut avantageusement substituer aux cartons deux feuilles de cuir suffisamtiternt 
épais. Entre les deux feuilles de carton ou de cuir on place unë centaitte de 
feuilles simples de papiér à préparation et une vingtaine de feuilles doublés. 
Le cartable peut être utilement muni d'une ou deux courroies pour lé póttet 
soi-même, soit en gibecière, soit en havre-sac, soit derriere la boite; mais 
dans les longues courses il vaut mieux en charger le guide qui vous accom- 
pagne, ou, ce qui est encore préférable, si l'on est à cheval, le placer dans un 
sac de tapisserie grossiére, de moquette ou de grosse toile, ouvert en haut et 
fixé par ses deux angles à une courroie que l'on attache à l'arcori de la selle. 
Dans les longs voyages et les courses qui doivent fournir d’abondantés récoltes, 
il est trés-avantageux d'avoir deux de ces sacs renfermant chacun un cartable 
et que l'on réunit par des courroies pour les placer comttié an bât sur la 
béte de somme. 

Dés que l'on a recueilli tous les échantillons qui doivent représenter üne 
espèce, échantillons que l'on a momentanément déposés dans la boite à hér- 
borisér, on doit les retirer de la boite pour les disposer avec autant de soin 
que possible sur les feuilles simples du cartable. On peut généralement placer 
plusieurs échantillons sur une méme feuille, mais il faut leur donner la forme 
qu'ils devront garder définitivement. Toutes les feuilles simples consactées à 
l'espèce et couvertes d'échantillons seront. renfermées dans une feuille double 
formant chemise, et si elles forment un paquet un peu volumineux, ce paquet 
sera entouré de deux feuilles doubles emboitées et sera fermé ett outre, à 
chaque extrémité, par une feuille simple pliée vers le milieu de sa longueur. 
Un ficelage en croix, simple ou double suivant le besoin, maintiendra le pa- 
quet suffisamment serré. — Les plantes et les fascicoles de plantes que l'on 
placera dans le cartable devront être assez comprimés pour empécher leur 
déplacement et leur froissement par suite du transport. Pour les plantes à 
texture trés-délicate et se flétrissant vite, ainsi que pour celles dont les corolles 
sont trés-caduques, les échantillons devront être imunédiatement disposés d’une 
manière définitive et placés à l'intérieur de feuilles doubles. Si l'on dispose, 
comme cela est utile dans les voyages à cheval ou à mulet, de deux cartables 


88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


renfermés dans des sacs, il est trés-avantageux de réserver un de ces cartables 
aux plantes qui doivent recevoir leur arrangement définitif au moment méme 
de la récolte, et l'autre à celles qui ne doivent être arrangées que provisoi- 
rement. — Les branches et méme les feuilles des échantillons trop touffus 
doivent en partie être supprimées, mais en en ménageant la base pour mon- 
trer la place qu'elles occupaient; on doit, au contraire, conserver les feuilles 
radicales ou inférieures méme lorsqu'elles commencent à se détruire, car ces 
feuilles ou leurs débris peuvent offrir souvent des caracteres utiles et laissent 
à l'échantillon son port naturel. 

Les plantes dont les fleurs s'épanouissent aux premières heures du jour, ou, 
au contraire, vers le coucher du soleil, doivent étre déposées dans la boite jus- 
qu'au moment où les fleurs s'ouvrent de nouveau ou auront été remplacées 
par des boutons qui se seront. épanouis, et l'on ne doit mettre l'échantillon 


en presse que lorsqu'il présente un certain nombre de fleurs réguliérement 
ouvertes. 


1V. — Récolte des bulbes, des fruits, des graines et des bois. 


Indépendamment des échantillons d'herbier, le voyageur aura à recueillir 
des bulbes, des rhizomes ou des graines des végétaux offrant une valeur scien- 
tifique spéciale ou ayant un intérét économique, médical ou industriel. Il sera 
ainsi à méme d'obtenir aprés son retour la reproduction et la multiplication 
des plantes qui doivent étre étudiées dans toutes leurs périodes de végétation 
ou pouvant offrir des applications utiles. Les difficultés que présente le trans - 
port des plantes vivantes à de grandes distances, en raison des soins qu'elles 
réclament et de l'espace qu'elles occupent (1), doivent engager à recueillir 
surtout des graiues dont la conservation et le transport offrent généralement 
bien plus de facilité. 

Les bulbes et les rhizomes, pouvant se conserver assez longtemps pour étre 
replantés utilement, doivent étre recueillis aprés que la plante a disséminé ses 
graines ou est au moins défleurie, c'est-à-dire pendant la période de repos. 
C'est surtout pour les Monocotylées bulbeuses que la récolte des bulbes et des 
graines est particulièrement utile, car il est souvent presque impossible d'é- 
tudier ces plantes d'une manière complète, si ce n'est sur des échantillons 
vivants. . 

Les graines doivent être récoltées complétement mûres, c'est-à-dire au mo- 
ment de la déhiscence naturelle du fruit, si ce fruit est déhiscent, ou de sa 
maturité parfaite accusée par la consistance de son péricarpe, s'il est. indé- 


(4) Consulter, pour la conservation et le transport des plantes vivantes, les Instruc- 
tions pour les voyageurs, publiées par le Muséum d'histoire naturelle, où se trouvent 
consignés des renseignements étendus sur l'emploi de la caisse Ward, serre portative la 
mieux appropriée aux longues traversées, 


SÉANCE DU 23 JUIN 1871. 89 


hiscent. Elles doivent être séchées à l'air libre et maintenues dans un lieu 
bien sec, puis enfermées, selon leur volume et leur quantité, dans des sachets 
de toile ou de papier. Il va sans dire que les sachets doivent être accompagnés 
d'étiquettes identiques à celles des échantillons d’herbier et portant le même 
numéro d'ordre. — Les graines des fruits pulpeux doivent être séparées de la: 
pulpe avant d'étre soumises à la dessiccation. — Les graines huileuses, perdant 
promptement leur faculté germinative, réclament des procédés de conservation 
particuliers et doivent étre expédiées dans des caisses accessibles à l'air, et dans 
lesquelles on fera alterner des couches de sable avec des lits de graines con- 
venablement espacées et disposées pour en assurer la germination pendant le 
transport à destination. 

Les échantillons de bois, les fruits et les graines, trop volumineux pour 
pouvoir étre préparés avec les plantes ou parties de plantes recueillies pour 
l'herbier, doivent être pris sur l'individu méme qui entrera dans l'herbier ou 
qui en a fourni les échantillons. 

Les échantillons de bois doivent, comme nous l'avons dit plus haut, étre 
munis de leur écorce et comprendre des coupes horizontales et des coupes 
verticales, soit de la tige, soit des branches, suivant leur grosseur. Dans le cas 
où le diamètre de la tige ne permet pas d'en prendre une rondelle, il est bon 
de recueillir un fragment de son écorce, souvent assez différente d'aspect de 
celle des branches. — On doit, autant que possible, placer les échantillons 
de bois dans des lieux bien aérés, ni trop secs ni trop chauds, afin d'éviter 
qu'ils ne se fendillent par une dessiccation trop rapide. 

Les produits fournis par les plantes, tels que les gommes, les résines, les 
sucs condensés, les substances tinctoriales, médicinales ou toxiques, doivent 


étre munis du méme numéro d'ordre que les échantillons de la plante qui les 
fournit. 


V. — Étiquetage des échantillons, notes et carnet de voyage. 


Le voyageur doit, au moins une fois par jour, consigner sur son carnet de 
voyage toutes les observations météorologiques, géologiques ou autres qui sont 
de nature à fournir des documents utiles sur le pays qu'il explore et sur les 
influences qui en déterminent la végétation. Mais tous les renseignements 
concernant les plantes dont il recueillera des échantillons doivent étre inscrits 
sur des feuillets libres ; ces feuillets seront réunis aux échantillons de la 
plante, avec l'étiquette qui doit les accompagner, et porteront le méme numéro 
d'ordre que 'étiquette elle-méme. 

Autant que possible chaque échantillon, ou au moins chaque série d'échan- 
tillons appartenant à une inéme espece et recueillis à une méme station. et à 
une méme date, sera, au moment méme de sa préparation, munie d’une éti- 
quette portant un numéro d'ordre. — Le numérotage des étiquettes devra 


90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


être continu en suivant l'ordre régulier de la série des nombres de la premièré 
à la dernière plante récoltée dans le voyage. Ce numéro d'ordre, qui devra 
étre invariablement maintenu, permettra de correspondre pendant et aprés 
le voyage avec les botanistes et d'en obtenir des renseignements sur l'es- 
pèce dont on leur aura communiqué des échantillons numérotés, et plus tard, 
si la plante est décrite comme nouvelle, il offrira un facile moyen de véri- 
fication et de concordance. — Indépendamment du numéro d'ordre, léti- 
quette doit indiquer les noms générique et spécifique, si on les connait, le 
nom trivial que les habitants du pays donnent à la plante, s'il en existe, et la 
signification de ces noms, souvent caractéristiques, toutes les fois que l'on 
pourra l'apprendre. On inscrira également sur l'étiquette la localité indiquée 
géographiquement avec autant de précision qu'on le pourra, ainsi que la sta- 
tion, l'altitude approximative si on la connait, la nature du terrain, son état 
d'agrégation, son exposition, son degré de sécheresse ou d'humidité, la date 
de la récolte. Il est également important de noter si la plante est rare ou abon- 
dante ; si elle croit isolée ou réunie en groupes d'individus; si elle occupe un 
grand espace du pays ou si, au contraire, elle est localisée ; si elle se rencontre 
plus particulièrement en société avec une ou plusieurs espèces. — C'est sur- 
tout pour les espèces constituant les essences principales des forêts et des pátu- 
rages, ainsi que pour celles ayant des usages économiques, indastriels ou 
médicaux, que le nom trivial doit étre noté avec soin. On devra, pour ces 
plantes usuelles, prendre tous les renseignements sur les parties employées et 
sur leur mode d'emploi. Il est également important de mentionner les pro- 
priétés des espéces connues comme toxiques par les habitants. — La couleur 
et l'odeur de la fleur et des autres parties de la plante, ainsi que la saveur, 
qui sont généralement plus ou moins altérées ou disparaissent par la dessicca- 
tion, doivent être notées. Il est avantageux, si l'on sait dessiner, de joindre à 
ces derniers renseignements un croquis des fleurs, des fruits et autres parties 
qui peuvent étre déformées par la dessiccation et, par une teinte à l'aquarelle, 
d'en indiquer aussi exactement que possible la couleur lorsqu'elle est de nature 
à s'altérer par la préparation de l'échantillon. — Si les échantillons sont com- 
plets, il faut noter s'ils représentent la taille moyenne de la plante, ou si, au 
contraire, ils appartiennent à ses extrêmes de grandeur. S'ils sont incomplets, 
comme c'est le cas pour la plupart des arbustes et pour les arbres, on doit 
prendre note de la taille habituelle de l'espéce. Il est important de mentionner 
si les arbres et les arbrisseaux sont ramifiés dés leur partie inférieure, et, dans 
le cas contraire, d'indiquer vers quelle hauteur naissent leurs ramifications 
principales ; il ne faut pas non plus négliger d'inscrire dans ses notes si les 
branches et les rameaux sont espacés ou rapprochés, s'ils sont dirigés hori- 
zontalement, obliquement ou verticalement. La circonférence du tronc des 
arbres doit étre mesurée à un métre du sol. — Pour les grands végétaux 


ligneux, dont le port ne peut étre apprécié d'aprés les échantillons d'herbier, 


SÉANCE DU 23 JUIN 1871. 91 


il est trés-utile que le voyageur, toutes les fois qu'il le pourra, prenne une vue 
d'ensemble d'un ou de p'usieurs sujets représentant le mieux le type habituel 
de l'espéce par un croquis, s'il sait dessiner, ou mieux par une épreuve photo- 
graphique, s'il a un appareil héliographique à sa disposition. — Il faut, sur les 
étiquettes, distinguer avec soin les plantes cultivées ou échappées des cultures, 
des plantes réellement indigènes, et, pour ces dernières, indiquer toujours si 
elles se rencontrent loin des habitations, ou si, au contraire, elles sont propres 
aux lieux habités, au voisinage des campements, des puits, des sources et autres 
stations fréquentées par homme. 

Trop souvent, aprés une journée laborieusement remplie par les récoltes 
et une soirée consacrée à la préparation des plantes recueillies, on n'a pas le 
temps d'écrire les étiquettes définitives portant toutes les indications néces- 
saires, et l'on doit se borner, avant de mettre en presse les échantillons, à les 
accompagner d'étiquettes portant seulement la date et là mention sommaire 
de la station. Mais il ne faudra pas négliger de profiter du premier moment 
de loisir pour substituer à ces étiquettes provisoires des étiquettes définitives 
pendant que l'on aura encore présentes à la mémoire toutes les données qui 
doivent y étre corisignées. 

Pour les échantillons de bois, ainsi que pour les graines et les fruits conser- 
vés à part, commé nous l'avons déjà dit plus haut, on doit reproduire l'éti- 
quette de la plante d'herbier avec son numéro d'ordre, et coller cette étiquetté 
sur l'échantillon, le sachet ou le flacon ; pour plus de sûreté, il est bon d'in- 
scrire encore directement le numéro d'ordre sur les échantillons de bois. 

Si l'on ignore le nom d'une espèce, il est souvent commode de lui substi - 
tuer un nom de genre ou de famille accompagné d’un nom spécifique arbi- 
bitraire, nom que l'on reproduira sur les étiquettes. Dans le cas où le nom du 
genre et méme celui de la famille sont inconnus, ce qui peut arriver souvent 
alors que l'on aborde l'étude d'une végétation entiéremeiit nouvelle pour soi, 
on peat fixer sur les feuillets d'un carnet portatif des échantillons fragmen- 
taires; ce carnet sera une précieuse ressource pour la comparaison des élé- 
ments de la végétation des divers points que l'on sera à méme de visiter : 
cette recommandation est surtout importante pour les arbres ou les végétaux 
essentiellement caractéristiques des régions naturelles d'une contrée ou des 
zones de végétation d'une montagne élevée. On aura ainsi un moyen commiode 
de prendre des notes sur la fréquence ou la rareté de ces végétaux, si l'on a eu 
le soin d'établir par le méme numéro d'ordre la concordance exacte entre les 
échantillons du carnet et ceux de l'herbier. 


(La fin à la prochaine séance.) 


M. le Secrétaire général donne lecture de la lettre suivanté qu'il 
vient de recevoir de M. l'abbé Boulay : 


92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


LETTRE DE M. 'abbé BOULA Y. 
Séminaire de St-Dié, 20 juin 4874. 


Monsieur le Secrétaire général, 


J'ai l'honneur d'adresser à la Société botanique de France un petit paquet 
de plantes sèches renfermant des échantillons des espèces suivantes : 

|. Hedwigidium imberbe Br. et Sch. — Rochers granitiques, prés de 
Vagney, arrondissement de Remiremont (Vosges), altitude environ 500 mètres. 
Espèce nouvelle pour l'Europe moyenne : elle n'a été signalée en France jus- 
qu'ici que dans les Pyrénées. 

2. Bryum cyclophyllam Schwgr. — Bords vaseux de l'étang du Fran- 
kenthal au Hohneck (Vosges) ; altitude, 1100 mètres. Cette espèce se retrouve 
sur les bords de plusieurs autres de nos petits lacs des Vosges; elle est nouvelle 
pour la France. Malheureusement ces deux espéces sont stériles dans les 
localités de nos régions où je les ai découvertes. — . 

3. Fragaria roseiflora N. Boul. —Espéce nouvelle, voisine du Fr. vesca - 
stolons munis d'une écaille à base engainante dans l'intervalle des bouquets de 
feuilles; tiges floriferes nues ou ne portant qu'une feuille ordinairement uni- 
foliolée, feuilles radicales trifoliolées, blanchâtres, un peu soyeuses en dessous, 
à foliole médiane sessile ou pétiolulée ; pédicelles garnis de poils appliqués ; 
divisions du calice étalées ou renversées àla maturité —- elle s'en distingue 
nettement par ses pétales orbiculaires constamment rosés, à teinte plus vive 
vers la base, et par son fruit globuleur déprimé et non ovoide. — Fleurit au 
printemps et pendant tout l'été. — Hab. coteaux de grès vosgien, près de 
Mutzig (Alsace). — Depuis cinq ans que je cultive cette plante, elle n'a pas 
changé. 

La rédaction de mon travail descriptif sur les Muscinées de l'Est est ache- 
vée, et l'impression en serait commencée depuis longtemps sans les tristes 
épreuves par lesquelles nous avons dû passer. 

Les conditions de souscription ne sont pas changées, mais le prix de l'ou- 
vrage sera notablement plus élevé en librairie. 


Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la 
Société : | 


NOTE EXTRAITE D'UN MÉMOIRE SUR LES FRUCTIFICATIONS DU CALAMODENDRON, 
par M. Bernard RENAULT. 
(Cluny, 20 juin 1874.) 


Ce végétal, si commun dans le bassin d'Autun et si important à l'époque 
houillére, a excité l'attention et les études d'un grand nombre de paléontolo- 


SÉANCE DU 23 JUIN 1871. 93 


gistes, mais il est encore loin d'étre connu complétement. En effet, ses fructi- 
fications se sont rencontrées, mais non suffisamment conservées ; on n'a aucune 
donnée sur son écorce; celle-ci, dans les échantillons fossilisés par la silice ou 
le carbonate de chaux, a complétement disparu, vraisemblablement tombée 
avant la fossilisation ; on ne peut donc savoir si elle renfermait des lacunes 
extérieures, comme il s'en rencontre dans celle des Préles de notre époque, 
détail qui a son importance pour compléter l'assimilotion de ces derniers 
végétaux avec leurs ainés. 

Ce n'est pas que l'on puisse espérer trouver une ressemblance complète 
entre les végétaux formant le groupe des Zquisetum de la période houillère et 
ceux qui composent actuellement cette famille. Le temps qui s'est écoulé 
entre les deux époques est trop considérable pour que l'on ne doive pas ren- 
contrer des différences profondes entre les individus composant la méme 
famille à deux moments si éloignés l’un de l'autre dans le cours des âges. 

Les végétaux, comme les animaux, sont soumis à des lois permauentes de 
transformations dépendant principalement du climat et qui amènent fatalement 
des modifications profondes dans le type primitif ; et ce dernier, plus ou moins 
modifié, finit lui-même par disparaître quand la limite de plasticité ou d'élas- 
ücité vitale (pour ainsi dire) se trouve dépassée. 

Il est donc d'une haute utilité philosophique, lorsqu'on rencontre une 
famille animale ou végétale qui, en survivant aux siècles, a dû conserver les 
traces de leur passage, de bien observer les individus qui la composent, car 
les chaugements que les générations successives ont subis sont la conséquence 
des révolutions lentes qu'elles ont traversées et, par conséquent, peuvent ser- 
vir à l'histoire de ces dernieres. 

C'est principalement par l'étude de quelqu'une des grandes familles vé- 
gétales et animales, prise à l'origine et suivie avec détail jusqu'à nos jours, que 
l'on pent espérer avoir quelques données sur la grandeur, la durée des chan- 
gements climatériques du passé. 

Les familles des £quisetum, des Fougeres,des Lycopodes , des Conifères, etc. , 
qui ont apparu de bonne heure et qui sont encore représentées mainte- 
nant par de nombreux individus, offriraient certainement un intérét consi- 
dérable si l'on pouvait suivre les phases diverses, les changements importants 
qu'elles ont subis à travers les siécles. 

En effet, si les Calamodendron, les Calamites, les Sphenophyllum, les 
Astérophyllites, etc. , représentent les individus qui, à l'époque houillère, ont 
été les ancétres de nos Préles actuelles, si bien connues depuis les travaux de 
MM. Duval-Jouve et J. Milde, la différence profonde qui existe entre les 
premiers et les derniers annonce une lacune immense, et l'on est en droit de 
prévoir l'existence d'une multitude d'individus devant servir de transition et 
qui porteront dans la modification de leurs organes l'histoire sommaire des 
temps géologiques, 


94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Dans le règne animal, à mesure que l’on remonte dans le passé, les espèces 
dont la place est douteuse augmentent, les individus présentant réunis des 
caractères propres à des familles, à des classes différentes deviennent plus 
nombreux ; il en est de même chez les plantes, et si les exemples u’en sont 
pas plus fréquents, c’est que les conditions de conservation complète des vé- 
gétaux rarement se soni trouvées réunies, et que peu de sujets relativement 
sont parvenus jusqu’à nous. 

Cependant on peut citer, dans le terrain houiller seul, plusieurs végétaux 
offrant simultanément cette diversité de caractères qui se sont séparés depuis 
pour devenir la propriété exclusive d’une famille. Ainsi : 

Le Psilophyton rappelle le développement des Fougères par ses jeunes 
pousses terminées en crosse, la fructification des Pilulaires actuelles par ses 
sporanges élégamment suspendus, et la structure interne des Lycopodes par la 
disposition et la nature des tissus qui forment sa tige. 

Le Calamodendron, si l'on examine son tissu ligneux, épais, uniforme, 
formé de longues cellules scalariformes, séparé par des rayons médullaires, 
pourra être rangé parmi les Gymnospermes. Si, au contraire, on donne plus 
de valeur, comme caractère spécifique, à la présence d'une couronne intérieure 
de lacunes aériennes (lacunes essentielles), il passera pour une Préle gigan- 
tesque dont le tissu ligneux serait considérablement développé; cette dernière 
opinion se confirme, si l'on se rappelle la description anatomique de cónes 
étudiés et rapportés au Calamodendron par M. Binney. 

Mais les spores de ce végétal n'offrent pas d'élateres, comme celle des 
Préles; elles sont assez bien conservées pour qu'on puisse étre certain que si 
ces organes eussent existé primitivement, il en resterait des traces aprés la 
silicification. . 

Dans les Préles que nous connaissons, les sporanges sont fixés à des écailles, 
qui auraient persisté dans les cônes de Calamodendron si les sporanges avaient 
eu cette disposition; on n'en trouve pas de traces. * 

On sait que le cóne de Calamadendron est formé d'un axe central qui sup- 
porte une série de verticilles stériles et fertiles en alternance; les sporanges, au 
nombre de quatre sur chaque rameau fertile, ont la forme de sacs à section 
rectangulaire, et sont remplis de granulations nombreuses. 

Ayant eu l'occasion de trouver silicifiés quelques-uns de ces cónes, je si- 
gualerai quelques différences qui existent entre eux et ceux rencontrés en 
Angleterre. 

Je ne connais ceux-ci que par la description et les figures que M. Binney à 
données dans son mémoire : Observations on the structure of fossil plants 
found in the carboniferous strata. 

En comparant les grandeurs respectives de chacune des parties des deux 
séries de cônes, on arrive à faire le tableau suivant : 


SÉANCE DU 23 JUIN 1874. 05 


Cónes d'Autun. — Cónes anglais. 


Diamètre de l’axe........ sonores. 5mm Qmm,7 à Omm 8 

Nombre des rameaux composant un Verticille 
fertile........................ . 16 6 

Rameaux composant un verticille stérile el al- 
ternant.............. ue ou e. 16 6 

Hauteur des sporanges. ................ 2mm Qmm, 42 

Épaisseur ........................... Omm,7 à 1 Omm,42 

Longueur diamétrale . ..... sueur 1mm,3 0mm,99 


On voit que les cónes que j'ai étudiés sont plus volumineux que les cónes 
du savant paléontologiste de Manchester, que l'axe et les sporanges ont des 
dimensions plus considérables; la différence est surtout sensible pour la hau- 
teur des sporanges, et par conséquent pour la distance des verticilles stériles 
et fertiles entre eux; ce qui devait amener un allongement remarquable dans 
l'axe du cóne. 

J'ai mesuré le diamètre des spores contenues dans des sporanges apparte- 
nant à différents cônes; j'en ai trouvé qui avaient 0"",02 à 0"7,03 de dia- 
mètre et d'autres plus volumineuses, 077,092. 

Celles figurées par M. Binney me paraissent avoir 0™™,05. 

Les dimensions des spores m'ont semblé constantes dans un méme cóne ; si 
cette différence dans la grandeur relative des spores que j'ai mesurées n'est 
pas accidentelle, on serait en droit d'admettre l'existence de macrospores et 
de microspores; les microspores étant neuf à dix fois plus petites que les 
macrospores. 

Les macrospores et les microspores seraient portées par des cónes différents, 
placés soit sur le même individu, soit sur des individus distincts. 

Comme on le voit, le C'alamodendron offre des difficultés sérieuses pour un 
classement définitif : son tissu ligneux, composé uniformément de cellules al- 
longées scalariformes et séparées par des rayons medullaires, le rapproche des 
Gymnospermes. Les lacunes centrales qui entourent la moelle (lacunes essen- 
telles) le feraient ranger à côté des Préles dont le tissa ligneux aurait pris une 
grande extension. Enfin, la présence des spores de dimensions très-distinctes, 
et par conséquent de fonctions très-différentes, ferait songer aux Lycopodes. 

Il y a loin, comme on peut en juger, de la structure du Calamodendron à 
celle des végétaux de nos jours ; on n'en trouve aucun dont on puisse le rap- 
procher avec quelque certitude : cela tient évidemment à l'immense vide laissé 
entre les plantes de l'époque houillère et leurs congénères de l'époque actuelle, 
les intermédiaires manquent, et l'on s'égare faute d'un nombre suffisant de ja- 
lons. Souhaitons que les travaux des paléontologistes finissent par faire revivre 
quelques-uns de ces types perdus, qui seraient si pleins de révélations. 


96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


DISCUSSION DE QUELQUES POINTS DE GLOSSOLOGIE BOTANIQUE (suite), 
par M. D. CLOS (1). 


(Toulouse, 24 juin 1871.) 


I. De la placentation centrale filamenteuse ou columnaire adhé- 
rente ou dérivée. — Aug. de Saint-Hilaire écrivait du genre Portulaca, 
en 4816 : « Cinq filets s'élèvent du fond de l'ovaire qui est à une seule loge 
et le traversent dans toute sa longueur : aucune substance ne se trouve inter- 
posée entre ces filets... A peu près jusqu'aux deux tiers ou au delà, les filets 
donnent naissance à de nombreux ovules, mais ils restent nus dans la partie 
supérieure. Aprés la fécondation. .., les filets se rompent à leur extrémité ; les 
cordons ombilicaux s'allongent ; la partie des filets qui ne portait point d'ovules 
disparait et les semences semblent portées par cinq placentas libres. » (Mém. 
sur les plantes auxquelles on attribue un placenta central libre, pp. h2- 
43.) (2) C'est, en effet, à ce dernier état que Gærtner a décrit et figuré la cap- 
sule du Portulaca pilosa (De fruct. et semin. tab. CXXVII, p. 212), encore d'a- 
près la remarque d'A. de Saint-Hilaire. Endlicher, dans son Genera, n° 5474, 
décrit ainsi la placentation des Portulaca : « Ovula plurima, columella basilart 
libera simplici v. ramosæ funiculis distinctis inserta », assertion tout à fait 
opposée à celle d'A. de Saint-Hilaire. M. Spach se borne à dire : « placentaire 
à 3-8 branches filiformes » (Phanér. t. V, p. 225), et MM. Bentham et 
D. Hooker ne signalent pas la piacentation dans leur description du genre 
Portulaca (Genera, t. Y, p. 156). Enfin, M. Godrou, décrivant, dans la 
Flore de France (t. I, p. 605), l'ovaire des Portulacées, le dit uniloculaire 
par l'oblitération des cloisons, et donne à tort aussi au fruit de cette famille 
un placenta central libre. 

M. Duchartre a depuis longtemps reconnu que le prétendu placenta central 
des Caryophyllées dérive d'une placentation axile an début, suivie de la des- 
truction des cloisons (in Revue botanique, t. II, pp. 220-225). Payer a 
constaté le même phénomène chez les Portulacées. Dans les Portulaca en 
particulier, « à un certain moment, la cavité de l'ovaire est quinquéloculaire 
dans sa partie inférieure et incomplétement quinquéloculaire dans sa partie 
supérieure. ..; les ovules naissent non-seulement dans l'angle interne des loges 
complètes, mais encore sur les bords libres des cloisons qui les séparent. 
Aussi quand, par suite des développements, ces cloisons se déchirent comme 
dans les autres. Portulacées, les bords libres des cloisons qui sont chargés 
d'ovules persistent comme l'axe central, qui en est également couvert, et sem- 


(4) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 738 ; t. VI, p. 187 et 211 ; t. VIII, p. 615; t. IX, 
p. 395 et 652 ; t. XII, p. 348. 


(2) L'auteur rappelait, en 1841, cette disposition daus ses Leçons de botanique; 
54L. 


SÉANCE DU 23 JUIN 1874. 97 


blent n'en être que des ramifications (Traité d'organogénie, pp. 329-330). » 
Ce même botaniste rappelle cette disposition dans ses Éléments de botanique, 
pp. 199-200, aprés avoir défini les placentations centrale, pariétale, axile; 
mais il omet de distinguer la placentation centrale libre ou à un seul point 
d'attache, des Primulacées par exemple, de la méme placentation dérivée 
adhérente ou à double point d'attache : c'est à cette dernière division qu'ap- 
partient le placenta filamenteux des Portulaca, le placenta columnaire des 
Calandrinia et des Talinum. Il convient, en outre, de distinguer ces placentas 
centraux adhérents en fertiles ou ovuliféres (comme ceux des deux derniers 
genres cités, des Portulaca (1), des Caryophyllées), et en stériles ou nus, les 
ovules naissant du bas de la loge (Montia, Claytonia perfoliata, où trois 
filets parcourent celle-ci de la base au sommet). C'est ce que montrera le petit 
tableau suivant : . 


primitive ou essentielle à un seul point d'attache. . Primulacées. 


Placentation columellaire (à un seul axé)....... -.  Caryophyllées, 
dérivée tous fertiles ovuliféres Calandrinia. 
filamenteuse, les Talinum. 
filaments étant Montia. 


les centraux stériles. Í Claytonia perfoliata. 


II. Stipulies. — J'ai depuis longtemps proposé le mot de stipulium pour 
ces réunions de stipules qui simulent, soit des calicules (plusieurs Malvacées), 
soit des involucres (Pelargonium, Paronychia), et qui étaient décrites comme 
tels (voyez le Bulletin, t. I, p. 298, t. II, p. 5). 

Mais il est un certain nombre de plantes chez lesquelles les deux stipules 
de la feuille ou de deux feuilles voisines se soudent plus ou moins intimement, 
soit que les feuilles persistent (Melianthus, Rubiacées ligneuses, Houblon), 
soit qu'elles disparaissent, comme au sommet des tiges de plusieurs Rosiers, 
comme dans l’ Zuithemia, où la feuille est remplacée par deux stipules soudées 
ensemble et figurant une feuille simple réticulée, comme enfin, d'aprés De 
Candolle, dans la plupart des Érythroxylées ct dans le Pictetia squamata (2). 

On ne saurait nier l'avantage, en morphologie et surtout en phytographie, 
de pouvoir désigner par un seul mot des organes composés, et le mot stipulie 
me parait trés-propre à dénominer tous ceux qui proviennent de la soudure 
plus ou moins compléte de deux stipules. 

Chez la plupart des Erodium, en particulier chez les espèces dont les 
rameaux s'étalent et s'appliquent plus ou moins sur le sol, chaque paire de 


, 4) Voyez, pour la structure interne de l'ovaire du Pourpier commun, la figure don- 
née par. MM. Decaisne ct Le Maout dans leur Traité général de botanique. 

(2) Voyez De Candolle (Organographie, t. 11, p. 209); on y lit : « Les rameaux de 
la plupart des Érythroxylées, du Pictetia squamata et de plusieurs autres plantes, sont 
souvent revêlus par de petites écailles imbriquées et scarieuses ; ce sont des stipules 
persistantes et trés-rapprochées dont les feuilles ont manqué, etc. » 


T. XVIII. (SÉANCES) 7 


08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


feuilles est accompagnée de deux stipules d'un côté, d'une séipulie de 
l'autre. | . 

III. Plateau. — Mot créé par De Candolle, quile définit « espèce de dis- 
que plus ou moins aplati, qui représente la vraie tige dans les bulbes et qui 
émet par-dessous les racines et par-dessus les feuilles et les fleurs » (7/Aéor. 
élém, p. 323), interprétation adoptée par la plupart des morphologistes 
modernes, mais qui me parait susceptible d'une plus grande extension. 

J'ai depuis longtemps proposé d'appliquer le mot co//et à cette portion de 
tout axe caulinaire de première génération interposée à la tige et à la racine 
et limitée en haut par les cotylédons, en bas par les points d'origine des ran- 
gées de radicelles (Anz. des sciences nat. 3° sér. t. XIII, pp. 5-20) (1). 
Trés-court chez les plantes à cotylédons hypogés (Féves, Pois, Marronnier- 
d'Inde), le collet constitue la totalité du tubercule des Cyclamen, la presque 
totalité de celui des Radis ronds, une portion des tubérosités des Navets arron- 
dis et des Betteraves, tout l'axe épigé sous-cotylédonaire du Welwitschia 
mirabilis. Mais au-dessus de ces parties d'axe, dont le caractère morphologique 
essentiel est d'étre tout à fait nues, est une autre partie souvent trés-courte, et 
tantôt restant telle pendant toute la vie de la plante (qu'elle porte soit les cotylé- 
dons et l'inflorescence, ex. : Welwitschia, soit les feuilles et les pédoncules, 
ex. : Cyclamen), tantôt ayant une durée qui varie de quelques mois à deux 
ans ou à un grand nombre d'années (certaines plantes annuelles, les bisan- 
nuelles et les monocarpiennés, comme les A gave). Je ne vois pas la possibilité 
de distinguer ces tiges trés-courtes des plateaux, et j'y rapporterai encore les 
axes à feuilles empilées de la plupart des Palmiers dans les premiéres années 
de leur vie, car je puis leur appliquer exactement la définition donnée par De 
Candolle du plateau des bulbes. 

IV. Pseudovules. — MM. Duval-Jouve (Monogr. des Equis.) et Du- 
chartre (Traité génér. de bot.) ont adopté le mot pseudembryon, que j'ai 
proposé à la date de dix ans (in Bull. Soc. bot. de France, t. VI, p. 213, 
en note) pour le rudiment de la jeune plante des Cryptogames vasculaires. Le 
premier de ces deux savants a substitué depuis le mot sporophyme à celui de 
proembryon ou de prothallium. Mais je m'étonne de voir partout désigner 
sous le nom d'archégones les vrais archégones des Mousses et des Hépatiques, 
et les petits corps qui, chez les Cryptogames vasculaires se montrant sur le 
sporophyme, ont recu de M. Leszczyc-Suminsky le nom d'ovules et méritent 


^ 


(4) Adopté par quelques botanistes avec cette signification, rejeté par d'autres et en 
particulier par les Allemands, le mot collet est préférable à celui d'aze hypocotylé (proposé 
par M. Thilo Irmisch), qui a le double désavantage d'étre composé et de pouvoir s'appli- 
quer à tout l'axe sous-cotylédonaire, c'est-à-dire à l'ensemble du collet et du pivot. Le 
nom de mésophyle vaudrait assurément mieux qu'axe hypocotylé, si M. Germain de 
Saint-Pierre ne l'avait appliqué récemment à cette tranche horizontale de la tige qui 


porte les cotylédons, tranche qui fait essentiellement partie de la tige, dont les cotylédons 
sont les premières feuilles. 


SÉANCE DU 23 JUIN 1871. 99 


celui de pseudovules : car s'il y a parité entre eux et les archégones, il n'y pas 
identité, les archégones ayant unc orgonisation plus compliquée analogue à 
celle des pistils et produisant de nombreuses spores, tandis que les pseudo- 
vules restent à un état extréme de simplicité et donnent naissance à un seul 
corps celluleux qui devient le pseudembryon. Les auteurs s'accordent à sépa- 
rer les deux groupes de plantes qui les produisent. M. J.-G. Agardh, en 
particulier, en fait deux des quatre régions qu'il admet dans le règne végétal 
sous les noms d’Anfhogameæ, pour les Muscinées, et de Thallogamæ, pour les 
Acotylédones semi-vasculaires ( Theor. syst. plant. 393). N'y a-t-il pas là un 
nouvel argument en faveur de la distinction proposée par moi en 1859 des 
archégones et des pseudovules? 

V. Variété et anomalie. — Dans son excellent traité de 7ératologie 
végétale, À. Moquin- Tandon a compris les variétés sous le titre d'anomalies 
légères, les divisant en quatre groupes d’après la coloration, la villosité (dimi- 
nution, disparition, augmentation), la consistance et la taille. 

Ayant cherché, dans un travail spécial, encore en voie de publication, à 
envisager les monstruosités des plantes dans leurs rapports avec les divers 
degrés de la classification, j'ai été conduit à cette conclusion que les variétés, 
en tant que représentant des sous-degrés des espéces, ne doivent pas figurer 
dans le cadre tératologique. Ce n'est pas que la limite entre elles et les ano- 
malies soit toujours parfaitement tranchée; mais le règne organique n'est-il 
pas le règne des transitions et des nuances? J'espére prouver que, dans la 
trés-grande majorité des cas, variétés 'et anomalies représentent des états 
d'un ordre tout différent. Je suivrai la quadruple division établie par Moquin, 
en y ajoutant quelques considérations sur l'apparition ou la perte des rayons 
chez les Composées. 

1° Coloration. — La diminution de coloration dénote souvent faiblesse ou 
maladie, et alors elle disparait avec les causes qui l'ont déterminée; le chan- 
gement de couleur est parfois l'effet de la station, d'un abaissement de la 
température et de la nature du sol. Qu'une Campanule, une Digitale, un 
Erythrea Centaurium, un Galactites, se montrent avec des fleurs blanches, 
je nesaurais y voir un cas tératologique, et j'en dirai autant de l'Aubépine 
passant du blanc au rouge, des racines de Betteraves empruntant successive- 
ment leur coloration au blanc, au jaune et au rouge. 

Mais si la couleur entre dans le caractère de l'espéce, comme c'est le cas 
du Lamium purpureum, faudra-t-il qualifier d'anomalie le fait (observé par 
M. Godron) du remplacement de la couleur pourpre par la couleur blanche? 
J'inclinerais à l'admettre. Et il en est peut-être ainsi de l'Antirrhinum Oron- 
tium, appelé en France Muflier rubicond. Cultivé pendant plusieurs années 
dans l'école de botanique de Toulouse sous l'ombrage d’un Paulownia, il por- 
tait toujours des fleurs blanchâtres. Les graines de celles-ci ont donné cette 
année des individus semblables, bien qu'exposés au soleil. 


100 © SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

2° Villosité. — On sait combien le caractère de pilosisme ou de glabrisme 
est dépendant des circonstances extérieures; on sait qu'il peut offrir de nom- - 
breux degrés entre l'état normal et l'exagération du phénoméne; dans ce 
dernier cas méme, il n'appartient pas à la tératologie, mais bien à la phyto- 
graphie, qui y voit, selon le point de vue auque! se place le botaniste descrip- 
teur, ou une variété, ou une race, ou une espèce : tels le P/antago lanata 
Host, l’ Hieracium prostratum DC. 

La monstruosité n'apparait que lorsqu'un organe limité est exceptionnelle- 
ment atteint soit de villosité, soit de glabrisme, comme c'a été le cas pour les 
étamines d'un Saliz triandra qui s'étaient accidentellement couvertes de poils. 

3* Consistance. — Que la tige et les feuilles deviennent plus charnues au 
voisinage de la mer ou sous l'influence d'arrosements abondants, plus sèches 
sur les montagnes et dans un sol aride, c'est une modification que l'on pour- 
rait prévoir à priori et qui rentre dans le groupe des variations ou des varié- 
tés. Mais la tératologie pourra réclamer ses droits si, comme on l'a vu, une 
corolle et les organes sexuels du Vicia Cracca deviennent charnus, si les fleurs 
d'une Rave prennent la consistance cartilagineuse, si une capsule remplace la 
baie de Raisin. 

lj? Taille. — Serait-on plus fondé à voir de vraies anomalies dans les réduc- 
tions ou exagérations dans la taille des plantes? Quel botaniste n'a observé 
tous les degrés entre le Coquelicot aussi élevé que les Blés qu'il infeste et la 
forme lilliputienne de la méme espèce, et cependant la notion que tous ces 
individus appartiennent à un méme type spécifique n'est pas mise en doute. 
Mais supposons qu'un changement de taille en plus ou en moins rende l'espéce 
méconnaissable, comme il en a été du Plantago minima DC., rapporté au 
P. major par Moquin-Tandon, au P. intermedia par MM. Grenier et Go- 
dron; je suis disposé, par le fait méme de cette indécision, à voir une ano- 
malie dans cet écart considérable d'un type spécifique. 

5° Doit-on rapporter au cadre tératologique la perte ou l'apparition acciden- 
telle des” rayons chez les Composées? 

J'ai déjà étudié, dans une précédente communication, la valeur de ce 
caractére au point de vue taxinomique (voyez ce recueil, t. XVIIT, pp. 182- 
189). 

Je n'hésiterai pas à voir des anomalies : 4° dans le Zinosyris vulgaris radié, 
car le fait, à ma connaissance, n'a été signalé qu'une fois; 2° dans les cas 
exceptionnels oà l'on pourrait constater la perte des rayons par des Radiées, 
où ce phénomène n'a pas encore peut-être été consigné dans les annales de la 
science (Rudbeckia, Coreopsis, Actinomeris, Cosmos, etc.). Mais, en vertu 
de ce principe que la monstruosité est. oujours un fait accidentel, j'admettrai 
comme variétés le Zeucanthemum vulgare DISCOIDEUM, l'Anthemis aurea 
(variété de lA. nobilis qui s'est fixée), le Senecio Jacobæa ERADIATUS où 
DISCOIDEUS. 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1871. > 101 


M. Maxime Cornu annonce à la Société la découverte de quelques 
Algues d'eau douce intéressantes. Il a trouvé récemment : 


1° Le Ziynchonema rostralum Hass. (que ni Kuetzing ni Rabenhorst n'ont 
vu et qui n'avait pas été retrouvé depuis Hassal), aux environs de Romoran- 
tin (Loir-et-Cher), dans un fossé où il était trés-abondant. 11 est très-recon- 
naissable par sa taille et ses nombreuses bandes de chlorophylle. 

2° Le Spheroplea annulina, qui formait des pulvinules d'un rouge vif dans 
les mares situées entre les deux lignes de chemin de fer, à la station de Juvisy 
(Seine-et-Oise). Aux environs de Romorantin, il formait sur la terre sèche 
une sorte de tapis rouge. 

3° L'Hydrodictyon utriculatum, aux environs de Romorantin. Cette Algue 
parait étre peu commune dans le centre de la France. M. le docteur Ripart 
(de Bourges), malgré ses actives recherches, ne l'a rencontrée qu'une seule 
fois. 


M. Cosson entretient la Société de l'important voyage exécuté au 
Maroc par MM. J.-D. Hooker et J. Ball, qui ont exploré les hautes 
sommités de l'Atlas, aux environs de la ville de Maroc. 


Ce voyage, dit M. Cosson, ne peut manquer de fournir de précieux docu- 
ments sur une flore presque inconnue. Le regrettable Webb n'avait abordé 
les montagnes du Maroc qu'aux environs de Tétuan, et M. Balansa, qui s'était 
proposé d'explorer les hautes régions de l'Atles, n'avait pas pu dépasser 
1800 mètres, à cause des mauvaises dispositions des indigènes, qui l'avaient 
forcé de renoncer à sa périlleuse entreprise. Les nouvelles reçues de MM. Hoo- 
ker et J. Ball font espérer que leur voyage sera continué avec autant de bon- 
heur qu'ils l'ont commencé, gráce à la haute protection du gouvernement 
anglais. 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1874. 


PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIART, VICE-PRESIDENT. 


M. le Secrétaire. général donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 23 juin, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président annonce quatre nouvelles présentations. 

M. Augustin Delondre fait à la Société la communication suivante : 


102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


NOTES DE BOTANIQUE ET D'ACCLIMATATION VÉGÉTALE, par Mi. A. DELONDRE. 


I. Des progrès récents des plantations de Cinchona dans 
les Indes britanniques. 


Divers rapports antérieurs, insérés dans les publications de la Société d'ac- 
climatation à la suite de l'Exposition universelle de 1867, nous ont permis, en 
collaboration avec notre collègue M. J.-L. Soubeiran, de retracer les premières 
phases de l'introduction de la culture des Cinchona dans les Indes britanni- 
ques jusqu'au mois d'avril 1866, et méme un peu au delà, par suite de la 
communication de documents encore inédits à cette époque. M. CI. -R. Mark- 
ham, secrétaire de la Société Royale de géographie de la Grande-Bretagne, 
qui, dés l'origine, avait vivement contribué aux bons résultats obtenus et qui 
n'a cessé d'y apporter un concours vraiment utile, a bien voulu, avec son 
amabilité ordinaire, se mettre à notre disposition et nous procurer les docu- 
ments nécessaires pour vous entretenir des nouveaux progrés obtenus depuis 
cette époque. 

Si sa profonde expérience de la langue (1), des mœurs des habitants, des 
produits naturels du sol, de la constitution du sol méme (2) et du climat des 
pays d'où les Cinchona sont originaires, son plan de récolte des graines des 
divers Cinchona, ainsi que l'expédition qui s'en est suivie, dans laquelle il a 
recueilli lui-méme sur certains points une quantité de graines et de plants de 
Cinchona pendant que ses collaborateurs en recueillaient sur d'autres points, 
ont déterminé assurément le succés de l'entreprise, M. Cl.-R. Markham n'a 
pas cru, ainsi que nous l'avons déjà observé ailleurs, que sa tâche fût ainsi 
terminée. Il a contribué par ses conseils à la bonne installation des plantations 
dans les Indes, en les visitant sans cesse non-seulement à l'origine, mais éncore 
actuellement (3), et se rendant compte si les Cinchona lui paraissaient installés 
dans les mêmes conditions que dans leur patrie originaire : il a, de plus, eu soin 
de se tenir au courant des documents les plus importants publiés dans les divers 
pays sur les Cinchona, et de mettre ces documents mêmes à la disposition des 


(4) La langue quichua, qui a été de la part de M. Markham l’objet de publications 
bien connues des linguistes. 

(2) Nous rappellerons ici que les mœurs des habitants et les produits du sol dont les 
Cinchona sont originaires, ont été pris par M. Markham pour sujets de deux ou- 
vrages relatant les voyages qu'il a faits dans ces pays. Ces ouvrages sont le Cuzco and 
Lima et le Travels in Peru and in India. Ce dernier, qui est un récit de l'expédition de- 
M. Markham et de ses collaborateurs à la recherche des graines et des plants de 
Cinchona, et de leur introduction dans les Indes britanniques, contient notamment des 
renseignements aussi nombreux qu'intéressants sur la végétation du Pérou et des pays 
voisins, aussi bien que sur celles des Indes britanniques. 


a M Markham a nolamment visité, en 1866, le district de Wynaad, si riche en 
plantations de café, 


m 


SÉANCE DU 1/4 JUILLET 1871. 103 


surintendants des plantations gouvernementales de Cinchona et méme des di- 
recteurs des plantations particulières, ou d'en faire des extraits ou des traduc- 
tions pour les mettre à leur portée, afin de leur faciliter leur tâche, En dehors 
des ouvrages classiques sur la matière, tels que ceux de MM. H.-A. Weddell, 
J.-E. Howard (1), Karsten, Phoebus, J. -E. de Vrij, Otto Berg, Vogl, etc. , bien 
connus, nous mentionnerons, parmi lesopusculeset traductions publiés pour les 
directeurs de plantations, les Votes on the Cinchona trees of Huanucco, extrait 
du t. II, pp. 217-23 et pp. 257-64, de l'ouvrage de L. Poeppig, intitulé : Reise 
in Peru wahrend der Jahre 4821-32; The Cinchona species of INew-Gra- 
nada, extrait publié en 1867 des travaux de Mutis et de Karsten sur les Cin- 
chona de la Nouvelle-Grenade, et les Notes on the Quinquinas, publiées 
en 1871, qui sont une traduction du travail de notre collègue M. Weddell 
inséré dans les Annales des sciences naturelles, 5* série, tt. XI et XII. 

Les efforts faits par M. Markham et par les divers surintendants des 
plantations des Indes britanniques, par MM. W.-G. Ivor, le docteur Ander- 
son, le docteur Thwaites, etc., etc., aidés des conseils si utiles de divers 
savants, et notamment de M. le docteur J.-D. Hooker, de M. Howard, ont 
continué à porter des fruits sérieux, et les résultats obtenus depuis notre 
rapport antérieur, ainsi que le constatent les documents existants entre nos 
mainset dont nous donnons ci-dessous un extrait succinct, permettent de 
considérer l'acclimatation des Cinchona dans les Indes britanniques comme 
un fait incontestablement acquis, et la culture de ces végétaux si utiles comme 
prenant dans ce pays un développement de plus en plus considérable, sans que 
le changement de pays nuise aucunement à la qualité de l'écorce. Ainsi se 
trouve réalisé, au profit de l'Angleterre, le rêve qu'avaient fait La Condamine 
et plus tard A. Delondre père, et que notre collègue M. Weddell avait presque 
entiérement réalisé. 

Un herbier qui provient des plantations des Neilgherries et qui nous a été 
envoyé par M. Mac Ivor avec les écorces récoltées, constitue une preuve 
palpable du bon état des plantations, et nous permet de mettre sous les 
yeux de la Société botanique les feuilles, les fleurs et les fruits d'une partie des 
espèces de Cinchona de ces plantations. Un travail chimique que nous proje- 
„tons depuis longtemps et que diverses circonstances indépendantes de notre 
volonté nous ont seules empéché d'exécuter, nous permettra de confirmer les 
résultats obtenus par MM. Howard, de Vrij et Broughton. 

Quelques nombres puisés dans les rapports officiels feront aisément com- 
prendre les progrès récents obtenus. ` 

D'aprés le rapport officiel; publié le 31 décembre 1866 par M. Mac 


(1) Il est à peine besoin de rappeler ici que M. Howard a publié sur la quinologie 
des plantations des Indes britanniques un magnifique travail bien connu des quinolo- 
gistes et dont un exemplaire se trouve, grâce à la libéralité de notre collègue, dans la 
bibliothèque de notre Société. 


E] 


104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ivor, il existait, tant dans les pépinières d'Ootacamund que dans les plantations 
de Dodabetta, de Neddiwattum, de Pycara, de Malakoondah, situées dans les 
Neilgherries, un total de 4 783 303 plants de Cinchona, dont 834 545 appar- 
tenaient au C. succirubra et 787 903 au C. officinalis var. B Condaminea. 

D'aprés le rapport annuel de M. W.-G. Mac Ivor pour 1866-67, le nombre 
des plants s'était élevé à 2 026044. Le rapport pour 1867-68 donnait le 
chiffre de 2353370; les rapports de 1868 et 1869 mentionnaient de nou- 
veaux accroissements dans le nombre des plants de Cinchona, qui le 31 jan- 
vier 1870 était de 2595176, dont 1215963 C. succirubra et 1185159 
C. officinalis var. Condaminea. En outre, 178 605 plants de diverses espèces 
de Cinchona avaient été distribués à diverses personnes, ainsi que 295 onces 
de graines (1). 

Les Cinchona installés dans les plantations prennent d'année en année un 
développement de plus en plus grand, tant en hauteur qu'en largeur, ainsi 
que le constatent les rapports officiels. Quelques-uns atteiguent 25 pieds anglais 
de hauteur (env. 77,60). 

Tout en s'occupant du développement et de la bonne installation des plan- 
tations, M. Mac Ivor, pour éclairer sa marche, a continué des essais compara- 
tifs sur la cultureà l'ombre des arbres vivants et la culture en pleine exposition à 
l'action de l'air et de la lumière sans aucun abri protecteur, sur le moussage (2), 
sur la formation des alcaloides dans l'écorce. D’après les observations de M. Mac 
Ivor, les feuilles paraitraient jouer un rôle important dans la formation des alca- 
loïdes : elles ne devraient donc pas être enlevées de l'arbre sans nécessité. 

La méthode de culture à laquelle les essais de M. Mac Ivor l'ont conduit, 
se trouve résumée dans un véritable manuel pratique de culture des Cinchona, 
qu'il a publié sous le titre de Notes on the propagation and cultivation of 
medicinal Cinchona. 

La qualité des écorces fournies par les Cinchona des Indes britanniques 
avait du reste été constatée par comparaison avec les écorces des Cinchona 


(4) La France a eu sa part dans cette distribution de graines : plusieurs personnes ont 
fait en France et dans nos colonies divers essais avec ces graines. C'est notamment avec 
des graines envoyées par M. Mac Ivor que M. Aug. Rivière a pu faire, dans les serres 
du jardin du Luxembourg, à Paris, ses expériences si intéressantes sur la germination 
des Cinchona et sur la proiongation de la faculté germinatrice de leurs graiues pendant 
plus de trois ans. Les résultats de ces expériences sont consignés dans différentes notes 
publiées par M. Rivière dans le Bulletin de la Société d'acclimatation. M. Rivière a de 
plus utilisé les plants obtenus, pour effectuer des essais d'acclimatation des Cinchona en 
Algérie, qu'il continue encore en ce moment. Malgré les événements qui ont attristé 
Paris depuis plusieurs mois, les serres du Luxembourg, bien que le palais et le jardin 
aient été exposés à deux bombardements successifs assez prolongés, contiennent encore, 
grâce aux soius de M. Rivière, un millier de pieds de Cinchona. Ce fait prouverait la 
rusticité, relative du moins, de certaines espéces. 

(2) Procédé qui consiste à couvrir de mousse bien verte el exempte de Lichens les 


troncs ou branches des arbres décortiqués à la façon du Chén2-Liége, afin de favoriser 
la reproduction de l'écorce, 


SÉANCE DU 1^ JUILLET 1871. 105 


d'Amérique, tant au point de vue chimique (1) par les analyses de MM. Ho- 
ward et de Vrij, d'une compétence assurément incontestable, et par celle 
de M. Broughton, élève de M. le professeur Frankland, attaché aux plantations 
des Neilgherries comme chimiste pour apporter à M. Mac Ivor l'aide de ses 
connaissances spéciales, qu'au point de vue médical par les résultats des inves- 
tigations des commissions médicales nommées à cet effet. 

Nous nous abstiendrons d'entrer dans le détail des résultats obtenus tant 
par la chimie que par la médecine, soit sur la valeur relative des divers alca- 
loides, soit sur la valeur des diverses écorces de l'Amérique et des Indes bri- 
tanniques. Nous constaterons seulement que les expériences ont donné des 
résultats tout à fait favorables, non-seulement pour les écorces fournies par les 
Cinchona des diverses plantations des Neilgherries, mais aussi pour celles pro- 
venant des Cinchona des diverses autres plantations de la présidence de Madras, 
ainsi que des autres parties des Indes britanniques, et notamment de celles de 
la présidence du Bengale. 
= En ce qui concerne la présidence de Madras, les plantations des Neilgher- 
ries sont assurément les seules qui aient été organisées sur une échelle consi- 
dérable ; mais, sur d'autres points de cette présidence, il a été fait quelques 
essais qui ont été loin de donner des résultats défavorables. 

Nous mentionnerons notamment les essais faits à Vytry, dans les monts 
Cutcherry, compris dans le district de Wynaad, qui ont porté sur des 
C. succirubra ; ceux faits à Peermade, dans le district de Travancore, qui ont 

‘donné de trés-bons résultats ; ceux faits à Paupanassum, à Chinna-Kuluratti, 
et à Paria-Kuluratii, dans le district de Tinnevelly, dont le gouvernement 
britannique a décidé la continuation sur une plus grande échelle. 

D'autres essais ont été faits avec assez de succes dans les monts Shervaroy, 
faisant partie du district de Salem, dans les monts Pulney et daus d'autres 
localités de la province de Madras. Tous ces essais ont été faits sous la direc- 
tion du gouvernement. 

La culture des Cinchona par les particuliers, qui avait pris un certain 
essor dans le district méme ou les environs du district où se trouvent les pépi- 
niéres et les plantations, paraissait malheureusement subir un temps d'arrét, 
du moins d’après le rapport de M. Mac Ivor pour 1868-69 : toutefois de 
nouvelles graines avaient été distribuées dans le district et dans l'Himalaya, 


(1) Pour donner une idée des services que la chimie rend ici à l'entreprise, nous 
énumérerons quelques-unes des questions examinées expérimentalement par M. Broughton, 
déjà presque résolues par luiet traitées dans son rapport dalé du 9 décembre 1869, le der- 
nier qui nous soit parvenu : 1* mode de dessiccation des écorces; 2* influence des sai- 
sons ; 2* conditions dont dépend la teneur en quinine des écorces de Cinchona ; 4? forme 
sous laquelle les alcaloides se trouvent dans la plante vivante. . 

L'emploi de la plante fraiche paraît, d'après les expériences de M. Broughton, presen- 
ter, au point de vue chimique, des avantages sur celui dela plante séche : les alcaloides 
sont extraits avec plus de facilité lorsque la plante est fraiche. 


106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et les rapports fournis sur ces essais étaient favorables. Les plantations de 
M. Money, de M. le colonel Morgan, de M. James Morgan, de M. le docteur 
Colvin Smith, de M. le capitaine Jennings, de M. R.-F. Phillips et de M. le 
colonel Fyers, ont été maintenues jusqu'ici. Nous croyons devoir faire observer 
que le temps d'arrét que nous venons de signaler ne s'applique pas seulement 
aux Cinchona : le méme fait a pu être constaté sur les autrescultures du district. 

Les plantations de Cinchona de la présidence du Bengale continuent à pros- 
pérer également, ainsi que le constatent les rapports annuels de M. le doc- 
teur Anderson et de M. C.-B. Clarke, insérés dans le troisième Blue Book. 

Le 31 mars 1870, les pépiniéres et les plantations du gouvernement à 
Darjeeling, à Rungbee, à Rishap, où le C. Calisaya paraît prendre un bon 
développement, et dans les localités voisines, ne contenaient pas moins de 
2 262 210 plants de Cinchona, dont 1 500 758 avaient déjà été installés à leur 
place définitive dans les plantations. 

Dans la présidence du Bengale, la culture des Cinchona parait prendre une 
assez grande extension, et M. le docteur Anderson n'évalue pas, au 31 mars 
1868, à moins de 600 000 les plants que possèdent les divers particuliers et 
diverses associations privées, notamment M. le major Fitzgerald, la Darjeeling 
Cinchona Association, la Darjeeling tea Company, la Tukvar tea Company, 
la Selim tea Association, etc. , etc. 

Au 31 mars 1869, d'aprés le rapport de M. Clarke, les plantations 
privées du Bengale contenaient 795518 plants de Cinchona. Nous signalerons 
d'abord celles de M. Lloyd et de M. le colonel Angus, appartenant à la Dar- 
Jeeling Cinchona Association. 

La Darjeeling Cinchona Association, celle qui s'occupait de la culture des 
Cinchona sur la plus grande échelle, possédait 671518 Cinchona, dont 
652 506 étaient des C. succirubra : ses plantations occupent la partie nord 
de la vallée Rungbee. | 

L'exploitation de la Tukvar tea Company contenait 75 000 plants de Cin- 
chona, dont 20 000 étaient installés définitivement dans les plantations. 

La Darjeeling tea Company avait à sa disposition 30 000 pieds de Cinchona 
sur la Tukvar tea Company, et il existait 19 000 Cinchona dans d'autres plan- 
tations voisines du Darjeeling. 

D'aprés le rapport de M. Clarke du 31 mars 1870, les plantations de 
la Darjeeling Cinchona Association contiendraient 500 acres plantés en 
C. succirubra : elles ont déjà fourni des écorces au marché de Londres; ces 
écorces provenaient d'arbres âgés de trois ans. 

Il parait, du reste, s'organiser de nouveaux essais tant sous les auspices du 
gouvernement qu'aux frais des particuliers, tels que ceux de M. le docteur 
Jameson, à Sabarunpore, de M. le colonel Strutt, dans la vallée de Kan- 
gra, etc., etc., auxquels les pépinières de Darjeeling avaient fourni des plants. 
Mentionnons encore les essais qui paraissent s'effectuer à Chittagong. 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1871. 107 


Nous rappellerons que le gouvernement britannique avait fait établir à 
Nunklow, dans les monts Khasia, une pépiniére pour fournir des plants aux 
habitants de l'Assam et du Cachar qui voudraient s'occuper de la culture des 
Cinchona. Le 31 mars 1869, il s'y trouvait 18975 plants de Cinchona. 
M. Clarke, dans son rapport pour 1869-70, conseillait du reste de la suppri- 
mer, observant qu'il était possible d'arriver au méme but en transmettant des 
graines de Darjeeling. 

Les essais de culture faits dans le Burmah britanuique, dans la plantation 
de Plumadoe, au sud du village de ce nom, le long de la rive septentrionale 
d'un cours d'eau nommé Zalorlah Choung et dans une autre plantation plus 
élevée de 100 pieds au sud de Zalorlah, sous la direction de M. le capitaine 
Seaton, paraissent promettre de bons résultats : toutefois ce ne sont que des 
essais. 

Les plantations des Neilgherries, de Ceylan et celles du gouvernement néer- 
landais à Java, ont pratiqué, avec les plantations du Bengale, de nombreux 
échanges de bons procédés qui ont permis à ces dernières d'acquérir certaines 
espèces qu'elles n'avaient pas encore. M. Yan Gorkom, directeur des planta- 
tions de Java, a notamment fait parvenir au surintendant des plantations du 
Bengale des graines de C. Calisaya. Les plantations des Neilgherries ont fourni 
aux plantations du Bengale deux nouvelles espèces, dont l'une est le C. Pitayo 
et dont l'autre est provisoirement dénommée C. mirabilis. l 


Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la 
Société : 


NOTE SUR DEUX HYMÉNOMYCÈTES DESTRUCTEURS DES BOIS OUVRÉS. ESSAIS 
DE PRÉSERVATION, par M. Casimir ROUMEGUERE. 


(Toulouse, 26 juin 1871.) 


Deux grandes administrations, à Toulouse, sont aujourd'hui préoccupées 
des ravages à peu prés irréparables causés aux bois ouvrés qu'elles emploient 
en grand, par deux Hyménomycètes d'apparition récente dans le pays. Ces 
Champignons sont le Mérule-destructeur (Merulius lacrimans Fr., M. des- 
truens Pers., M. vastator Tode, non Ag. destruens de Brond.) et le Polypore- 
envahissant (Polyporus obducens Pers., P. Medulla-panis DC. p. parte), 
qui se montrent en abondance sur les poteaux de sapin soutenant les fils élec- 
triques, ainsi que sur les traverses de chéne qui portent les rails de fer sur 
la voie. 

Le Mérule-destructeur n'est indiqué ni par Gaterau (Flore de Montauban, 
1789), ni par Tournon (Flore de Toulouse, 1841), ni par Laterrade (Flore 
bordelaise, 1829). Un seul floriste méridional, Saint-Amans (Flore agenaise, 


108 ' SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


4821), le signale « dans les lieux humides, sur les poutres », du département 
de Lot-et-Garonne. De Candolle (Flore française, 1805), qui a fourni sa 
phrase descriptive à ce dernier auteur, ne mentionne que l'appareil de la repro- 
duction, le seul apparent, celui qui, au moment où il écrivait, semblait d'ail- 
leurs constituer toute la-plante. Les auteurs qui ont écrit après lui n’ont pas fait 
davantage ; aucun ne signale l’état souterrain du Mérule et les dégâts qu'il 
occasionne à l'état byssoide. Chevallier (Flore de Paris, 1836) et Saint-Amans 
décrivent l'état hyménoide, et reproduisent les mots de De Candolle relatifs 
à l'habitat. Cependant, dès 1806, Haberle (Origine du Mérule, texte alle- 
mand) avait entrevu le système végétatif (mycelium, Trattinick, 1805), d'où 
provient notre espèce, et, trois ans plus tard, Palisot de Beauvois (Journ. 
de bot. 1813, p. 13) avait indiqué les deux états particuliers du Cham- 
pignon. 

La localité envahie depuis plusieurs années (ma première observation re- 
monte au mois de mai 1864 pour le Mérule, ei j'avoue que je ne reconnus pas 
la forme byssoide spécifique de la plante; il est à supposer aussi que son peu 
de vulgarisation, à ce moment, ne causait pas de dommages appréciables) est 
située au nord de Toulouse, dans l'espace compris entre la Garonne et le 
canal latéral, et aussi la ligne du chemin de fer jusqu'au delà d'Agen (1). 

Au commencement du printemps, le Mérule se montre ici à l'état d'une 
membrane déliée, blanche, soyeuse, allongée, plus ou moins ramifiée dans 
la terre à une profondeur de 80 centimètres ct dans un rayonnement de 
30 centimètres autour du poteau. C'est la forme rudimentaire du Ghampignon 
qui a dü persister à l'état de repos pendant plusieurs années ct qui ne s'est 
associé au bois, dans la partie enfouie, que dans’ ces derniers temps. Utilisant 
les remarques de Haberle et l'opinion de Palisot, voici comment H. Persoon 
(Traité des Champignons comestibles, 1829) précise la durée du mycélium 
du Mérule à l'état latent. « Il reste souvent longtemps sous les planches ow les 
bois dont il accélère la décomposition, dans l'état d'un Himantia, mais se 


(4) Dans le trajet de la ligne électrique à travers le département de la Haute-Garonne, 
plus de 200 poteaux sont actuellement attaqués par le Mérule, au point qu'ils ne peuvent 
conserver un équilibre assez résistant et vont ètre remplacés. Un méme nombre est relevé, 
nous a-t-on assuré, sur le parcours du département de Lot-et-Garonne, et une égale part 
de dommages est faite au département de Tarn-et-Garonne. En rappelant que le cordon 
électrique traversant ces trois départements parallèlement à à la voie de fer est d'un par- 
cours direct de 120 kilométres et que chaque poteau est à la distance de 60 métres du 
poteau le plus voisin, on doit étre justement effrayé du développement rapide du Mérule 
dont le mycélium a littéralement envahi le sol. Il est bon d'observer que tous ces poteaux 
dont l'usage est compromis après un an et demi d'implantation ont élé, en vue d'une 
simple conservation et nullement pour éloigner l'atteinte du Mérule dont on ne soupcon- 
nait pas l'existence, injectés de sulfate de cuivre, ou carbonisés au feu et même enduits 
de brai gras. À mon avis, et les faits de dévastation récents le prouvent, ces préparations 
des bois enfouis sont insuffisantes. La carbonisation demande non- -seulement des soins 
particuliers, mais encore un renouvellement périodique pour la prolongation de la durée 
du poteau. 


SÉANCE DU 1^ JUILLET 1871. 109 


développant ensuite en dehors, il prend une forme régulière, s'élargit beau- 
coup en occupant un grand espace. » 

Ma premiere observation du développement hors de terre contre le pied du 
poteau, sous forme de placenta successivement étalé ct montrant une large 
couche sporulifère, date de l'automne dernier seulement. J'ajoute que je n'ai 
pu découvrir les gouttelettes humides dont parle Fries, et assez rarement la 
nuance foncée du réceptacle résultant sans doute du degré complet de matu- 
rité du Champignon. La plus grande partie des réceptacles développés conservait 
une couleur blanchátre passant au roux clair : là encore on trouvait une grande 
mollesse au toucher, persistant méme avec le temps sec. J'ai pu remarquer 
que le Champignon stationne de préférence au pied de poteaux ombragés par 
la haie de clóture du chemin de fer. Il est rare et méme absent sur les poteaux 
dont le pied est découvert, sur ceux exposés au soleil, et notamment sur la 
ligne droite de la voie ferrée où les poteaux se trouvent en deçà de la haie. 
Les poteaux placés dans les terrains argileux ou constamment humides sont 
réfractaires aux atteintes du Champignon; mais, dans les terrains rapportés, 
c'est le contraire. Le poteau enterré à 1",50 subit l'atteinte du Champignon 
au-dessus de 70 centimètres environ, cela assez exactement. Au-dessous le 
bois est sain ; la terre étant tassée et l'influence de l'air à peu près nulle, la 
végétation du Champignon est empéchée. Les talus formés par les terres reti- 
rées du lit du canal ou de l'assiette du chemin de fer subissent alternativement 
les conditions fâcheuses d'une humidité prolongée pendant la saison des pluies 
et d'une sécheresse dévorante pendant l'été. Là est la station préférée du Mé- 
rule et du Polypore. 

La voie ferrée de Toulouse à Agen est généralement en contre-bas du talus 
où a été planté le poteau télégraphique, et, sur la voie encore, le Mérule, 
trouvant des conditions favorables, s'est développé d'une maniere luxu- 
riante. En 1869, pour la première fois, descendant sans doute des talus, il 
s'est montré au-dessus des graviers, en expansions encore informes marquant 
la place invisible des traverses de chéne. (Ces traverses sont renfermées dans 
le sol à 25 centimétres environ de profondeur, et le mycélium a presque tou- 
jours débuté par l'occupation de l'incision qui sert à relier le rail à la traverse.) 
Là encore, à ce moment, les rails subissent des affaissements partiels selon le 
degré de pourriture de leur support. Sans pouvoir l'affirmer, je crois cepen- 
dant que ces travaux n'avaient recu aucune préparation pour leur conser- 
vation. 

Le mycélium du Mérule est formé par l'association d'un grand nombre de 
menus filaments et constitue la forme fibreuse. Si j'en juge par un examen 
comparatif de plusieurs types, il faudrait rapporter ce mycélium à une pro- 
duction non autonome, désignée sous le nom d'ZIypha et à l'espèce flabel- 
lata de Persoon (Byssus speciosa Humb.) qui envahit les bois exposés à une 
obscurité complete. 


110 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


Le Polypore-envahissant, inconnu jadis dans notre localité, fut observé par 
moi, il y a plus de dix ans, dans la méme région où il abonde aujourd'hui. 
Il se montra d'abord sur les lourdes barrières de bois de chêne qui bordent 
le canal du Midi au boulevard de la Gare à Toulouse (aujourd'hui il est 
répandu sur les bois de Pin-des-Landes servant aux clôtures du chemin de 
fer et sur les poteaux télégrapbiques généralement au voisinage du Mé- 
rule). Les bois avaient été primitivement peints, puis goudronnés plusieurs 
années aprés , et cependant le mycélium s'était fait une route dans les fibres 
intérieures, à ce point que, sur diverses parties des poteaux placés horizonta- 
lement et mesurant 15 centimétres sur chacune des quatre faces, la pression 
de la main fut suffisante pour déchirer toute l'épaisseur du bois, qui montra 
alors les fibres ligneuses exactement occupées par les couches compactes du 
mycélium. Pendant longtemps je fus embarrassé pour déterminer cette pro- 
duction stérile. Certaines couches étaient pulvérulentes, d'autres étaient lisses. 
(Deux obligeants correspondants, qui m’honorèrent longtemps de leur amitié, 
inclinaient pour voir le Telephora calcea Pers. dans mon mycélium : Tillette 
de Clermont et Desmaziéres, qui étiquetaient cependant mes exemplaires avec 
un point de doute.) Ce fut l'année dernière seulement que le mycélium, 
s'échappant de ses cavités obscures, gagna les bouts des pièces de bois et vint 
s'étaler sur les surfaces éclairées ; il montra enfin sa couche poreuse caracté- 
ristique. J'ai pu graduellement suivre le développement de l'hyménium. 
Ainsi la couche de premiere année, celle de 1870, était fort mince et exacte- 
ment privée du contour byssoide, et, quoique colorée légèrement en jaune à la 
marge, elle rappelait le mycélium floconneux dont elle provenait. La couche 
de deuxième année, celle du printemps 1871, était plus épaisse, quoique 
amincie à son bord, de forme suborbiculaire, un peu incrustante, entièrement 
poreuse, sauf sur l'extréme bord régulièrement nu; les pores étaient bien 
formés, petits, arrondis et disposés en couches distinctes. 

Le mycélium du Po/yporus obducens Pers. appartient encore à la forme 
fibreuse et mieux à la modification membraneuse, qui ne diffère, on le sait, 
de la première que par lé resserrement des filaments qui simulent un feutre. 
C'est une membrane floconneuse plus longue que large, souvent papyracée à 
l'état sec, molle à l'état frais, douce au toucher, constamment blanche, ne 
changeant jamais de couleur et présentant sous les verres amplifiants un tissu 
épais, entremélé. Les fragments détachés du bois étaient tantót aplatis comme 
est une pellicule (ils atteignent alors 8 centimètres dans le sens le plus long) 
et tantót subtriangulaires ou méme polyédriques et d'une épaisseur d'un tiers 
de centimètre. J'ai été tenté de rapporter à cette production un Champignon 
non autonome, le Zematium giganteum Chev. (Byssus DC., Xylostroma 
Tode), que M. Tulasne a fait remonter, avec doute, il est vrai, au Polyporus 
fumosus (voyez Sel. Fung. Carp. Y, p. 99). Je joins ici, pour l'herbier de 
la Société, un type de chaque état des deux Champignons. 


SÉANCE DU AA JUILLET 1874. 111 


Les auteurs qui, depuis le commencement de ce siècle jusqu'à ces dernières 
années, ont mentionné le Mérule et ses dévastations (De Candolle a été, dans 
cette période, un des premiers, 1805), se sont tous passé cette phrase: « Un 
bon moyen pour détruire le Mérule consiste dans l'arrosage des bois avec 
l'acide sulfurique étendu d'eau. » Aucun de ces auteurs n'ayant indiqué la 
pratique de cet arrosage, je vais signaler les expériences qui m'ont paru 
réussir. ' 

Pour moi, la carbonisation du bois destiné à étre planté en terre est effecti- 
vement encore le moyen le plus efficace pour isoler ses surfaces des agents 
végétaux de décomposition. La carbonisation l'emporte sur les injections mé- 
talliques si utiles cependant à d'autres points de vue. Elle est justement recom- 
mandée aux agriculteurs pour la conservation des pieux, des tuteurs, des cló- 
tures, des espaliers, qui durent, quand l'opération est bien faite, méme dans 
les sols les moins propices, le double du temps prévu; mais la carbonisa- 
tion par le feu s'exécute presque toujours mal, parce qu'il est impossible de 
maintenir dansle tissu du bois l'action du feu à une profondeur égale. Le 
moyen le plus régulier et aussi le plus facile doit consister à carboniser au 
moyen de l'acide sulfurique (ne pas confondre avec « l'arrosage étendu d'eau » 
que j'ai mentionné). Mon opération est simple : je place pendant dix secondes 
la partie du piquet à enfouir (je dis dix secondes, s'il s'agit d'un bois de 
10 centimètres environ de diamètre; j'ai vérifié que le nombre de secondes 
pour l'immersion correspondait assez bien au nombre de centimètres offerts 
par l'épaisseur du bois à carboniser) dans un récipient contenant de l'acide 
sulfurique concentré. Après avoir immergé le bois, je le fais égoutter soigneu- 
sement, puis placer dans un endroit sec et couvert pendant deux ou trois jours, 
avant qu'il soit planté en terre. La carbonisation des fortes pièces de bois devrait 
être renouvelée après six mois. 

Je sais qu'on fait en ce moment, à l'administration des télégraphes, sous 
la direction d'un intelligent inspecteur, M. Bourseul, l'essai de moyens particu- 
liers pour arréter les ravages des Champignons dont je viens de parler. J'at- 
tends impatiemment les résultats de ces recherches et aussi l'autorisation de les 
publier, 


M. Cosson communique à la Société la derniére partie de son 
travail intitulé : 


INSTRUCTIONS SUR LES OBSERVATIONS ET LES COLLECTIONS BOTANIQUES A FAIRE 
DANS LES VOYAGES (fin), pr MI. E. COSSON, 


VI. — Préparation des échantillons d'herhier. 


ll est impossible, dans les limites de ces instructions, d'indiquer toutes les 
modifications que les procédés de dessiccation devront subir selon le degré de: 


112 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


chaleur, de sécheresse ou d'humidité du climat de la contrée oü l'on herbori- 
sera, selon les conditions dans lesquelles s'exécutera le voyage, et selon que la 
préparation devra avoir lieu en route, à poste fixe, en plein air ou sous la tente, 
dans des habitations étenducs ou restreiutes. Un peu de pratique vaudra mieux, 
du reste, que tous les préceptes, et l'on ne saurait trop engager tout voyageur 
qui devra entreprendre une exploration botanique de se mettre en relation 
avant son départ avec des botanistes familiers avec tous les modes de prépara- 
tion ; il en apprendra plus par leurs conseils et par quelques essais, faits sous 
leurs yeux, avec le matériel le plus approprié au climat de la contrée à explo- 
rer, que par la lecture des instructions les plus détaillées. 

On ne saurait trop iusister sur l'avantage qu'il y a à procéder à la préparation 
définitive dés que l’on est arrivé soit à un lieu de halte ou de campement, soit à 
une habitation ; car cette préparation sera d'autant plus facile et sera faite dans 
des conditions d'autant plus avantageuses qu'elle sera plus rapprochée de la ré- 
colte; on sera à méme de remédier sans difficulté aux faux plis que les échau- 
tillons auront pu prendre lors de l'arrangement fait sur place ou dans le trans- 
port, et surtout on évitera la fermentation et des altérations de tissus qui 
retarderaient la dessiccation ou méme la compromettraient et, en tout cas, 
altéreraient les couleurs. Cette derniére recommandation est surtout impor- 
tante dans toutes les circonstances qui peuvent déterminer rapidement la fer- 
mentation, telles qu'une chaleur intense, l'humidité atmosphérique, l'influence 
des orages, etc. 

Les échantillons, au fur et à mesure qu'ils seront extraits du cartable, seront 
placés dans l'intérieur de feuilles doubles du papier à préparation (chemises) 
qui seront superposées aprés avoir été séparées les unes des autres par cinq ou 
six feuilles doubles formant un mince cahier et constituant ce que les bota- 
nistes appellent un coussin ou matelas. On peut fixer les feuilles du. coussin 
par une ou deux anses de gros fil, mais il est généralement plus avantageux de 
les laisser libres ; car, dans un voyage, on est souvent forcé derecourir au pa- 
pier des coussins pour la préparation des récoltes ou l'emballage des échantil- 
lons secs. 1l va sans dire quesi l'on a beaucoup de papier à sa disposition, il 
y a avantage à augmenter le nombre des feuilles doubles des coussins : la pré- 
paration n'en sera que plus rapide et plus satisfaisante. 

Lorsque le paquet formé par les chemises renfermant les échantillons et les 
coussins interposés a atteint environ le volume de une ou deux rames de papier 
au plus, on le comprime entre deux plancheites, au moyen de deux courroies, 

“ou mieux, lorsqu'on est à poste fixe, en placant un poids ou une pierre d'une 
vingtaine de kilogrammes sur la planchette supérieure. — On doit éviter de sou- 
mettre les échantillons à une compression insuffisante, éar ils auraient ainsi un 
volume trop considérable, et les parties délicates seraient exposées à se crisper ; 
mais il faut encore, avec plus de soin, éviter de leur faire subir une compres- 

. sion trop forte qui les déformerait ct, par l'écrasement des organes les plus im- 


SÉANCE DU 41h JUILLET 1874. 113 


portants pour l'étude, en empécherait l'examen ultérieur, — Aprés environ 
douze heures de compression sous la presse, on doit retirer les coussins et les 
remplacer par des coussins secs et, autant que possible, séchés et chauffés soit 
au soleil, soit à la chaleur artificielle d'un foyer ou d'un four. Pendant cette 
opération, on entr'ouvrira quelques-unes des chemises renfermant les échan- 
tillons, et l'on s'assurera si aucun d'eux n'offre pas de faux plis auxquels la 
mollesse des parties de la plante permet généralement encore de remédier; 
mais il ne faut pas changer les échantillons de chemise, ils doivent rester jus- 
qu'à complète dessiccation dans celle où ils ont été primitivement placés, car 

l'on procédait autrement, on les exposerait à des déformations qu'il faut 
soigneusement éviter. 

La première disposition des échantillons dans la chemise a dû être faite 
avec assez de précaution pour qu'il n'y ait que peu à y retoucher, car, si elle 
avait été défectueuse, il serait le plus souvent impossible de la rectifier. C'est 
donc la mise en papier qui a la plus grande importance, car c'est de cette pre- 
miére opération que dépendra en grande partie le bon état des échantillons, 
Du reste, avec un peu d'habitude, et surtout si les plantes ont été placées au 
moment de la récolte sur les feuilles simples d'un cartable convenablement 
serré, on arrivera facilement à conserver aux échantillons toute l'élégance de 
leur port, élégance bien préférable à celle que l'on obtient à grand'peine et avec 
une perte de temps considérable, si l'on veut artificiellement leur donner une 
forme conventionnelle, — Lorsqu'on a remédié aux faux plis que les échan- 
tillons peuvent présenter aprés cette premiére compression, on met de nou- 
veau:en presse chemises et coussins. Apres douze ou vingt-quatre heures au 
plus, on change de nouveau les coussins, et l'on continue ainsi jusqu à dessic- 
cation compléte, en ayant soin, à chaque changement de coussins, de mettre 
de côté les chemises renfermant les plantes arrivées à dessiccation complète 
ou au moins à un tel degré de dessiccation, qu’elles ne puissent se crisper 
à l'air libre. 

Si l'on dispose de locaux bien secs et bien aérés, à sol parqueté ou betonné, 
mais non carrelé, et surtout non carrelés avec des carreaux vernissés, on peut 
étendre pendant la nuit ou pendant quelques heures de jour les chemises ren- 
fermant les plantes, aprés avoir remplacé les coussins, et méme, en cas d'ur- 
gence, sans changer les coussins, si on les a étendus sur le sol en méme temps 
que les chemises. Mais, méme dans les pays tempérés, où les plantes sont le 
moins exposées à se crisper et à fermenter, ce procédé est moins sûr que celui 
du changement de coussins. Dans les pays chauds et dans les campements, il 
est d'une application difficile et délicate, et exige une surveillance de tous 
les instants. Ce que l'on peut encore faire, mais cela demande un tact que 
l'habitude seule peut donner, c'est, lorsque les échantillons ont acquis leur 
forme définitive par un séjour assez prolongé dans la presse, de rassembler les 
chemises en minces fascicules légèrement serrés au moyen d'un ficelage en 

T. XVIII. (stances) 8 


114 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


croix double, et d'exposer ces fascicules au grand air en les suspendant sur des 
cordes tendues horizontalement, en ayant soin de les retourner. fréquemment 
et en vérifiant souvent si les feuilles et les parties délicates des échantillons ne 
se crispent pas par une dessiccation trop rapide. Aprés cette aération, dont la 
durée est nécessairement subordonnée au degré de la sécheresse atmosphé- 
rique et de a température, les fascicules sont déficelés et les chemises remises 
en presse entre des coussins secs.— Dans les Alpes et dans les climats tempérés 
secs, on peut quelquefois, surtout pour les petites plantes, supprimer les cous- 
sins si l'on a à sa disposition du papier épais et trés-buvard; mais alors il est 
indispensable, au moins une ou deux fois par vingt-quatre heures, d'étaler 
pendant quelques heures, sur le sol d'une piéce bien aérée, en prenant les 
précautions indiquées plus haut, les chemises renfermant les plantes. Pour les 
voyages dans lesquels le bagage doit étre réduit en raison de l'étendue des 
espaces peu habités ou déserts à traverser, le voyageur botaniste se trou- 
vera trés-bien de l'usage de chássis de bois formés de barres transversales et 
longitudinales et surtout de chássis de fer, légers, garnis de treillage à mailles 
assez serrées pour permettre, au moyen de courroies, une compression 
suffisante sans gêner la circulation de l'air. Au moyen de ces châssis, on 
peut, dés que les échantillons ont été soumis assez longtemps à l'action de 
la presse pour leur donner leur forme définitive, les disposer sur des feuilles 
simples que l'on groupe par fascicules de quarante à cinquante, en parta- 
geant le fascicule par un coussin assez épais de papier non collé et trés-per- 
méable à l'humidité. Pour achever la dessiccation, il suffira d'exposer les 
chássis à une ventilation active en les suspendant à l'air libre et en les expo- 
sant alternativement sur leurs deux faces à la chaleur du soleil ou à celle d'un 
foyer. Toutes les plantes peuvent être préparées au moyen de ces châssis 
en prenantles précautions qui viennent d'étre indiquées ; mais ce procédé 
de préparation sera surtout très-avantageux pour les espèces à feuilles grasses, 
pour les Orchidées, les Liliacées, etc, et toutes celles qui se préparent d'une 
manière imparfaite et trés-lentement au moyen de la presse ordinaire de 
voyage. — Si l'on doit recourir à la chaleur d'un four, soit pour sécher 
les coussins, soit exceptionnellement pour achever la dessiccation des échantil- 
lons, il faut éviter de placer les paquets de papier ou les fascicules de plantes 
dans le four immédiatement aprés la cuisson du pain, car l'humidité qui s'est 
dégagée pendant cette cuisson imprégnerait le papier et serait une condition 
très-défavorable, surtout pour des échantillons déjà presque secs. — Lorsque 
les presses doivent être chargées sur des voitures découvertes ou des bêtes de 
somme, on ne doit les abriter par des bâches ou des toiles cirées que si le temps 
est menacant; si, au contraire, le ciel est pur, il faut les laisser exposées à 
l'air, qui, en es pénétrant de toutes parts, active beaucoup la dessiccation. — 
il est surtout important d'arriver à une dessiccation rapide, quel que soit 
d'ailleurs lc procédé adopté, pour les plantes à feuilles lisses et luisantes où 


SÉANCE DU 1/ JUILLET 1871. 115 


composées de nombreuses folioles se détachant facilement, comme c'est le cas 
pour un grand nombre d’espèces des régions tropicales; en effet, si cette 
dessiccation est lente, on n'obtient guère que des échantillons fragmentaires 
et insuffisants pour donner une idée vraie du port de la plante. — Lorsque les 
tiges sont trop épaisses pour pouvoir étre séchées aussi rapidement que les 
feuilles et pour pouvoir facilement étre mises en herbier, il y a souvent avan- 
tage, comme nous l'avons déjà dit, soit à les fendre ou à les couper longitu- 
dinalement, soit à leur faire subir une forte pression sous un cylindre de bois 
ou une bouteille, etc.; mais, dans ce cas, il est bon de joindre à l'échantillon 
un fragment de tige ou de rameau, ou au moins une rondelle que l'on aura 
séchée à l'air libre et qui en donnera les véritables contours. On peut agir de 
méme pour les souches trop épaisses. 

Pour obtenir une préparation irréprochable, lorsqu'on a recueilli en nom- 
breux échantillons un certain nombre d’espèces, il est très-important de rap- 
procher dans la presse tous les échantillons d'une méme plante : il sera bien 
plus facile ainsi d'en retirer les plantes au fur et à mesure de leur dessiccation , 
et, de plus, on aura l'avantage d'éviter les chances d'altération qui résulte- 
raient du contact de plantes de consistance et de nature très-diverses et, par 
cela méme, d'une durée de dessiccation bien différente. Il est de méme indis- 
pensable, pour que les presses soient plus réguliérement parallélipipédiques, 
d'éviter de disposer du méme côté les souches volumineuses des plantes ; on 
doit, au contraire, faire alterner les souches et les sommités de manière 
que la compression s'exerce horizontalement et bien d'aplomb. Lorsque les 
fleurs, par leurs dimensions, par leur consistance ou leur structure compliquée, 
ne sont pas de nature à se préter à une préparation satisfaisante en ne les déta- 
chant pas de l'échantillon, il est indispensable d'en préparer à part, ainsi que 
leurs diverses parties isolées (calice, corolle, étamines, ovaire, etc.), et, dans 
un grand nombre de cas, il est avantageux de dessécher également à part des 
coupes longitudinales et horizontales des fleurs, coupes qui sont des plus utiles 
pour l'étude. — Lorsqu'on ne peut, en raison des conditions de voyage dans les- 
quelles on est placé, recueillir de nombreux échantillons d'une méme espéce, 
on doit préparer, indépendamment des échantillons représentant le port de la 
plante, des sommités floriferes et fructiferes, ou au moins des fleurs et des 
fruits isolés qui serviront à l'étude des caractéres sans forcer à recourir, pour 
les dissections, à l'échantillon complet; cette recommandation est surtout im- 
portante pour les plantes ne portant qu'une fleur ou un petit nombre de fleurs. 
Pour les fleurs préparées isolément, il est utile de comprimer les unes de face, 
les autres de côté, car on rendra ainsi les dissections nécessaires pour l'étude 
d'une exécution beaucoup plus facile. — Pour les plantes à corolle gamopétale 
de grande dimension et pour le labelle de certaines Orchidées, on emploie utile- 
ment du coton cardé que l'on interpose entre les diverses parties de la fleur 
afin d'en empêcher l'adhérence, qui, sans cette précaution, en rendrait ulté- 
rieurement l'examen difficile. 


116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les plantes grasses, la plupart des plantes bulbeuses et toutes celles dont la: 
vie n’est pas étruite par la compression dans le papier à sécher, doivent être 
soumises à une opération spéciale avant d'étre mises en presse. On les fait ma- 
cérer pendant quelque temps dans du vinaigre, de l'aleool, ou de l'eau chargée 
de chlorate de potasse, pour mortifier leurs tiges et leurs feuilles et les mettre, 
au point de vue de la dessiccation, à peu prés dans les mêmes conditions que 
les autres végétaux. On peut remplacer la macération en immergeant les 
échantillons dans l'eau bouillante, ou en les exposant pendant le temps néces- 
saire à la vapeur d'eau bouillante ; mais, dans l'un et l'autre procédé, il est 
bon de ne pas soumettre les parties florifères à ce traitement. Les échantillons 
ayant été déposés quelques instants sur un linge ou sur du papier non collé 
pour laisser égoutter le liquide qui les mouille, sont ensuite placés, comme 
les autres plantes, dans l'intérieur de feuilles doubles séparées par d'épais 
coussins, mais il est indispensable de ne pas les soumettre à une compression 
trop forte qui pourrait amener leur écrasement. — Aprés avoir été mainte- 
nues sous la presse un ou deux jours, pendant lesquels elles ont été régu- 
lièrement et fréquemment changées de coussins, les plantes grasses ou suc- 
culentes, dont la tige et les feuilles ont été tuées par la macération ou l'action 
de l'eau bouillante, réclament encore des soins particuliers. Les sommités 
floriferes, qui, comme nous l'avons dit, n'ont pas été soumises au méme 
traitement que le reste de la plante, doivent étre ou séchées au moyen d'un fer 
chaud promené sur la chemise renfermant les échantillons, ou au moins étre 
comprimées au moyen d'un cylindre de bois ou d'une bouteille que l'on roule 
sur elles pour les empécher de continuer à végéter et de développer leurs 
ovaires. Si c'est ce dernier procédé que l'on adopte, les échantillons doivent, 
aprés avoir été retirés des chemises, étre placés sur des feuilles simples que l'on 
serre fortement entre deux chássis de fer solidement reliés entre eux et que l'on 
soumet soit à la chaleur solaire, si elle est suffisante, soit à la chaleur artifi- 
cielle d'un foyer ou d'un four. Si l'on n'a mis qu'un petit nombre de feuilles 
entre les deux châssis, etsi l'on a placé au centre de ce mince fascicule un 
Coussin assez épais pour rendre la compression égale, il n'y a plus d'autre soin 
à prendre jusqu'à la dessiccation compléte que d'exposer le plus souvent pos- 
sible le châssis à la chaleur, tantôt sur une face, tantôt sur l'autre. 

On peut encore préparer de la manière suivante, et ce procédé est sans 
contredit le meilleur toutes les fois que l'on peut le pratiquer, non-seulement 
les plantes grasses ou charnues, un grand nombre de Champignons à tissu mou 
ou spongieux, mais encore les sommités florifères ou des fleurs isolées, telles que 
celles des Nymphéacées, de certaines Sterculiacées, des grandes espèces d'Or- 
chidées épiphytes, d'un grand nombre de Liliacées, Iridées, Broméliacées, etc. , 
pour lesquelles les autres moyens de dessiccation ne donnent généralement que 
des résultats assez imparfaits. On place les plantes ou parties de plantes dans du 
sable fin, bien sec, passé à travers un tamis à mailles trés-serrées, et renfermé 

une caisse de bois ou de tóle, en ayant soin de disposer le sable de ma- 


SÉANCE DU 1/4 JUILLET 1874. 117 


nière à ne pas déformer les échantillons ; puison exposela caisse au grand soleil, 
ou mieux à la chaleur d'une étuve ou d'un four, et, quand les échantillons ont 
perdu la plus grande partie de leur eau de végétation, on les soumet à la com- 
pression, entre les feuilles.du papier à préparation, dans la presse à plan- 
chettes ou mieux dans celle à châssis de fil de fer. — Dans les pays chauds, 
lorsque la sécheresse de l’atmosphère ct du solle permettent, on peut obtenir 
quelquefois de trés-bons résultats en exposant les échantillons à la chaleur so- 
laire aprés les avoir placés dans une couche de sable convenablement disposée. 

La plupart des Algues à texture délicate, les Characées et un grand nombre 
de plantes aquatiques à feuilles molles ou découpées en segments déliés, doi- 
vent étre préparées sous l'eau. On les fait flotter dans l'eau dont on remplit 
un vase large et peu profond, tel qu'une terrine, un plat creux ou mieux uu 
plateau de zinc, du format du papier, muni d'uu rebord relevéà angle droit, 
et percé en dessous d'un trou muni d'un bouchon pouvant s'enlever facilement 
pour faire écouler le liquide dans un autre vase. On glisse sous l'échantillon 
un feuillet de papier blanc, un peu fort et bien collé, d'un format approprié 
à la grandeur de la plante, et au moyen d'une pointe mousse ou d'un pinceau 
on étale les rameaux ou les segments de la plante ; et lorsqu'elle a ainsi repris 
son port naturel, si l'on s'est servi d'un plateau muni d'un trou, on fait écouler 
le liquide qui laisse déposer l'échantillon sur le papier, ou, sil'on a eu recours 
à un vase dépourvu de trou, on retire avec précaution le papier portant 
l'échantillon, eh évitant d'en déplacer les parties en le sortant de l'eau. On 
place ensuite sur ce carré de papier un autre feuillet de papier pénétré de 
suif, ou mieux un morceau de calicot dépourvu d'apprét, environ de méme 
grandeur, pour empêcher que la plante mise sous presse n'adhére au coussin 
qui lui sera superposé. Pour obtenir une bonne préparation, il faut changer les 
papiers suifés ou les morceaux de calicot, ainsi que les coussins, deux ou trois 
fois par jour jusqu'à dessiccation compléte. Si l'on a bien opéré, l'échautillon 
restera intimement adhérent à la feuille de papier fort sur lequel on l'a étendu 
et donnera l'idée la plus vraie du port que présentait la plante dans l’eau où elle 
croissait. — Les Algues marines doivent être dessalées par une immersion 
dans l'eau douce avant d’être étendues sur le papier. Il est rare qu'un vovageur 
ait le temps de les préparer définitivement au moment même del eur récolte, 
et il peut, dans la plupart des cas, se borner à les laisser sécher à l'air libre 
aprés les avoir dessalées. Ainsi séchées, leur préparation peut étre ajournée 
presque indéfiniment; seulement il est indispensable, pour les espèces divisées 
en ramifications délicates, avant de les sécher à l'air, de ne pas intriquer 
ces ramifications : on évitera ce grave inconvénient en les retirant de l'eau 
douce par leur extrémité inférieure et en les suspendant ensuite par la *néme 
extrémité sur des ficelles bien tendues. Les échantillons ainsi séchés à Pa 
libre seront conservés à l'abri de toute humidité, arin. d'éviter de leur faire 
perdre leurs couleurs souvent trés-vives; pour procéder à leur préparation 


418 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


définitive, il suffira de les ramollir par une immersion suffisamment prolongée 
dans l'eau douce, soit froide, soit tiède, afin qu'ils reprennent leur flexibilité, 
qui permettra de leur donner leur port naturel, et ensuite ils seront traités, 
comme nous venons de le dire pour les échantillons vivants. 

Les Mousses, les Hépatiques et les Lichens ne réclament pas non plus une 
préparation immédiate, bien qu'elle soit toujours préférable, et s'ils sont trop 
secs et trop fragiles, au moment où l'on voudra les mettre en presse, il suffira, 
pour leur rendre leur flexibilité, de les enfermer dans unlinge mouillé que 
. l'on placera pendant le temps nécessaire dans un endroit frais, tel qu'une cave, 
par exemple. 

Les Champignons trés-charnus et ceux qui deviennent déliquescents doi- 
vent étre conservés dans l'alcool, mais un certain nombre cependant peuvent 
être desséchés pour l'herbier, et l'on obtient des échantillons utiles de la plupart 
des espèces, méme de celles de trés-grande taille, en pratiquant convenablement 
des coupes verticales et horizontales de leur chapeau et de leur pédicule pour 
les soumettre à la dessiccation. Il est souvent avantageux, avant de les mettre 
en presse, de faire tremper pendant quelque temps dans de l'alcool ou dans 
une solution concentrée d'alun les échantillons des espèces à tissu trés-mou. 
Aprés avoir mis dans le papier les Champignons entiers ou les segments résultant 
de leurs coupes verticales et horizontales, on les presse d'abord assez légère- 
ment pour en éviter l'écrasement, puis, aprés avoir changé plusieurs fois les 

coussins, on augmente graduellement la pression, jusqu'à ce qu'ils soient assez 
comprimés pour pouvoir étre placés, avec les feuilles de papier qui les renfer- 
ment, entre les chássis de fil de fer, et étre ensuite exposés soit à la chaleur 
solaire, soit à celle d'un foyer. — On peut encore avoir recours très-avantageu- 
sement au sable chauffé, pour la préparation des échantillons d'herbier de 
Champignons, en procédant comme nous l'avons indiqué plus haut. 

Pour les Glumacées et autres plantes d'une dessiccation facile, on peut gé- 
néralement se contenter de les disposer avec soin sur des feuilles simples que 
l'on comprime entre des coussins épais. Souvent, si les conditions atmosphé- 
riques sont favorables, aprés vingt-quatre ou quarante-huit heures, on pourra 
réunir en paquets, médiocrement serrés, les feuflles de papier à préparation 
qui portent les échantillons, et la dessiccation s'achévera sans autres soins. 

Quand, en raison de leur volume, on doit détacher des fleurs ou des fruits 
d'un échantillon, il est trés-avantageux, si l'on sait dessiner, de fixer l'échan- 
tion sur du papier fort par des bandelettes et de figurer dans leur position 
naturelle les fleurs et les fruits que l'on a dû conserver ou préparer à part. 

Les fruits duivent être préparés avec non moins de soin que les fleurs (et 
l'on ne doit pas considérer comme des fruits des ovaires imparfaitement déve- 
loppés). Ils doivent être pris à l'état de maturité parfaite, c'est-à-dire au moment 
où les graines sont sur le point de s'échapper du péricarpe. Les fruits volumi- 
neux doivent être séchés à part à l'air libre, et l'on devra accompagner les 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1871. 119 


échantillons de leur coupe transversale et de leur coupe longitudinale. Une 
bonne préparation du fruit, indispensable dans certaines familles oü il fournit 
les caractères essentiels, est toujours avantageuse méme pour les familles où 
son importance est moindre; la consistance du fruit, son volume, sa déhis- 
cence ou sa non-déhiscence, le mode de déhiscence, etc., constituent souvent 
des différences du premier ordre. — Un assez grand nombre de plantes dont 
les fruits ou les parties de fruit se détachent ou se séparent à la maturité ré- 
clament pour leur conservation des soins particuliers : ainsi les cónes de cer- 
taines Conifères, se désagrégeant facilement, doivent être entourés d'une gaze 
de tissu lâche cousue en sac et les enveloppant étroitement ; les cupules des 
Chénes doivent étre, à l'état frais, transpercées d'une épingle qui traversera la 
base du gland et en empéchera la chute qui résulterait nécessairement du retrait 
produit par la dessiccation. Dans un certain nombre de cas, en entourant les 
fruits de fil ou de ficelle, on évitera que les valves ne se séparent et ne laissent 
échapper les graines. 

La maturité des graines est aussi des plus importantes pour leur étude, 
et, avant de les joindre aux échantillons, il est bon de s'assurer, par l'examen 
à la loupe d'un certain nombre d'entre elles coupées longitudinalement et 
transversalement avec un rasoir, si leur embryon est complétement formé. Cet 
examen est souvent difficile en voyage pour les petites graines : aussi, dans la 
plupart des cas, peut-on se borner à les projeter d'une certaine hauteur sur 
une feuille de papier collé ; si elles rebondissent, c'est un indice à peu prés 
certain de leur maturité. . 

Il est trés-avantageux de conserver dans l'alcool des sommités floriféres ou 
fructiferes, ou au moins des fleurs et des fruits isolés, toutes les fois que ces 
parties sont de nature à étre trop déformées par la préparation pour pouvoir 
ensuite étre facilement étudiées. Ces parties doivent étre enfermées dans des 
cornets de papier résistant, liés aux deux extrémités avec du gros fil, et sur 
lesquels on inscrit au crayon de mine de plomb un chiffre trés-lisible repro- 
duisant le numéro d'ordre des étiquettes accompagnant les échantillons d'her- 
bier. Ces cornets permettent de réunir dans un méme flacon d'alcool des 
fragments d'un assez grand nombre d'espèces, sans danger de confusion, et 
les préservent en méme temps des détériorations q i pourraient résulter de 
l'agitation du liquide dans les transports. 


VII. — Emballage et expédition des collections. 


Lorsque les échantillons d'herbier sont assez secs pour ne plus se crisper, il 
suffit de laisser les feuilles qui les renferment exposées à l'air libre, aprés les 
avoir superposées par minces fascicules non serrés. Cette aération enlévera 
toute humidité, et les échantillons pourront ensuite étre retirés des chemises 
et disposés sur des feuilles simples qui prennent moins de place dans les em- 


120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ballages et permettent de ménager la provision de papier et de diminuer le 
poids des paquets. Si l’on a recueilli plusieurs échantillons d'une méme espèce, 
à la même localité et à la même date, il est important de grouper les 
feuilles simples qui les portent dans une même chemise, munie d’une étiquette 
qui s'appliquera à l'ensemble. Il va sans dire que dans l'emballage, de méme 
que dans la préparation, il faut éviter, en formant les paquets, de superposer 
des plantes de consistance et de voluine trop différents, car, sans cette pré- 
caution, on s'exposerait soit à briser les petites plantes, soit les parties délicates 
des grandes plantes. 

Autant que possible, on devra réunir en paquets isolés, portant extérieu- 
rement l'indication de la localité, toutes les plantes recueillies à un méme 
endroit et à peu prés à a méme date. On aura ainsi le moyen d'éviter les 
erreurs qui pourraient résulter plus tard de transpositions d'étiquettes. 

Dans les pays lointains, si l'on doit faire des envois successifs de ses récoltes, 
il est prudent de conserver avec soi la série compléte de toutes les plantes 
recueillies, représentées par un ou deux échantillons sculement; on évitera 
ainsi de compromettre l’ensemble des matériaux réunis en en confiant la tota- 
lité aux chances d'une méme traversée. Les étiquettes et les notes de cette 
série devront étre la reproduction exacte de celles qui accompagnent la masse 
des récoltes et porter les mémes numéros d'ordre. D'une maniére générale, 
on ne saurait trop recommander au voyageur de prendre les plus grandes 
précautions pour l'emballage et l'expédition de ses collections, alors même 
que, les transportant avec lui, il peut les surveiller de manière à mieux en 
,assurer la conservation. 

Chaque paquet devra être entouré de papier goudronné aprés avoir tou- 
tefois mis temporairement à l'abri de l'atteinte des insectes les échantillons 
qu'il contient, soit par une aspersion de benzine ou d'acide phénique, soit 
par une insufflation de poudre insecticide. Si quelques-unes des plantes qui 
composent un paquet sont de nature à étre compromises prochainement par 
l'éclosion des œufs que les insectes ont pu y déposer pendant la vie de la 
plante, ces précautions ne suffisent pas, et l'on ne pourra soustraire tempo- 
rairement les écha tillons à cette cause de déterioration ou de destruction 
qu'en les plongeant dans du vinaigre ou une légère solution alcoolique de 
bichlorure de mercure (25 à 35 grammes par litre). 

Les caisses dans lesquelles on renferinera les paquets devront être garnies 
à l'intérieur de papier goudronné, et pour les longues traversées étre entourées 
à l'extérieur de toile goudronnée appliquée à chaud. 1l est quelquefois pos- 
sible, dans de grands centres commerciaux, de se procurer des caisses dou- 
blées de zinc ou de fer-blanc qui ont servi au transport d'objets qui craignent 
l'humidité. Ces caisses, convenablement réparées et soigneusement scellées 
par de nouvelles soudures, sont trés-propres à assurer la conservation des col- 
lections botaniques et à les préserver de toute humidité. 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1871. 421 


Les sachets renfermant les graines doivent, toutes les fois qu'on le pourra, 
étre placés dans de petites boites de fer-blauc dont le couvercle sera soudé ; 
on évitera ainsi l'influence de l'air et de l'humidité sur les graines et l'on 
empéchera les insectes de les attaquer. — Pour éviter dans le transport le 
ballottement qui pourrait à la longue altérer les graines, il est bon de rem- 
plir tous les vides qui existent entre les sachets avec du sable fin, tamisé et 
très-sec. 

Il faut placer dans des caisses spéciales les flacons consacrés à la conserva- 
tion dans l'alcool ou dans tout autre liquide des parties de plantes les plus 
délicates, des fruits, etc. Car, malgré tout le soin que l'on pourra apporter 
à leur emballage, il serait à craindre qu'un ou plusieurs de ces flacons, en se 
brisant, ne compromissent le contenu d'une caisse. Il est presque superflu de 
dire que les bocaux ou flacons doivent être protégés contre les chocs par une 
épaisse couche de filasse ou par des Algues ou des Mousses desséchées. — On 
doit éviter également de placer dans les caisses consacrées aux plantes sèches 
des fruits charnus, des boutures de plantes grasses ou des Algues séchées à 
l'air libre, car on y introduirait ainsi de l'humidité ou des éléments hygro- 
métriques qui détermineraient la fermentation et la moisissure. 


Nous nous sommes appliqué à réunir dans cet article toutes les indications 
qui peuvent guider un voyageur dans une exploration botanique; nous en 
avons emprunté aux ouvrages les plus estimés les éléments principaux, en les 
complétant par les données que nous a fournies notre expérience personnelle ; 
mais nous ne saurions trop engager à lire ces ouvrages, dont nous dounons 
ci-dessous la liste, et dans lesquels se trouvent exposées d'une manière plus 
complète les instructions dont notre travail n'est guère que le résumé. 


HuuBoLpT et BONPLAND, Essai sur la géographie des plantes, accompagné d'un tableau 
physique des régions équinoxiales, fondé sur des mesures exécutées depuis le 
10° degré de latitude boréale jusqu'au 40° degré de latitude australe, pendant les 
années 1799-1803. Paris, in-4?, 1805. 


Instructions sur les recherches qui pourraient étre faites dans les colonies, sur les objets 
qu'il serait possible d'y recueilliret sur la manière de les conserver et de les transpor - 
tec. — Ces instructions ont paru dans les Mémoires du Muséum, t. IV, in-4°, 1818. 
(ll en a été fait un tirage à part.) 


Instructions pour les voyageurs et pour les employés dans les colonies, sur la maniére 
de recueillir, de conserver et d'envoyer les objets d'histoire naturelle, rédigées par 
l'administration du Muséum d'histoire naturelle. 


A.-P. DE CANDOLLE, Essai élémentaire de Géographie botanique, publié dans le 18* vo- 
lume du Dictionnaire des sciences naturelles, pp. 359-437, in-8°, 1820. (Il a été 
fait un tirage à part de cette publication.) 


— Instruction pratique sur les collections bolaniques, in-8°, 1821, publiée dans la 
Bibliothèque universelle de Genève et tirée à part. 


H. Lecoo, De la préparation des herbiers pour l'étude de la botanique, in-8°, 1829. 


122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
ADR. DE JUSSIEU, Géographie botanique. -— Cet important article a paru dans le Dic- 
tionnaire universel d'histoire naturelle. (Il en a été fait un tirage à part.) 


— Cours élémentaire d'histoire naturelle, Botanique (voir spécialementles Notions sur 
la Géographie botanique), in-12, 1848. (Il en a depuis paru plusieurs éditions.) 


GERMAIN DE SAINT-PIERRE, Guide du botaniste, ou Conseils pratiques sur l'étude de la 
Botanique, etc., in-12, 1851. 


— Nouveau Dictionnaire de Botanique, in-8°, 1870. (Voir particulièrement les articles 
Herbier et Herborisations.) 


ALPH, DE CANDOLLE, Géographie botanique raisonnée, ou Exposition des faits principaux 
et des lois concernant la géographie botanique des plantes de l'époque actuelle, 
2 vol. in-8°, 4855. (Voir particulièrement l’article intitulé : Des caractères qui distin- 
guent la végétation d’une contrée. Cet article a paru antérieurement dans la Biblio- 
thèque universelle de Genève, décembre 1854, et a été tiré à part.) 


AcH. RICHARD, Nouveaux Éléments de Botanique, 40° édition augmentée de notes par 
MM. Ch. Martins etJ. de Seynes, in-12, 1870. (Voir spécialement l'article consacré 
à la Géographie botanique.) : 


B. VERLOT, Le Guide du botaniste herborisant, Conseils sur la récolte des plantes, la 
préparation des herbiers, l'exploration des stations de plantes phanérogames et crypto- 
games et les herborisations, in-12, 1865. 


P, DUCHARTRE, Éléments de botanique, in-8°, 4867. (Voir particulièrement l’article 
intitulé : Préparation des plantes et Herbiers, pages 781-791.) 


M. le Secrétaire général donne lecture de la communication sui- 
vante, qu’il a reçue de M. le président de la Société : 


RÉPONSE AUX OBSERVATIONS DE M. CAUVET—I. SUR LA MARCHE DE LA SÉVE ET SUR 
L'ORIGINE DES TISSUS, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, 


(Silvabelle près Hyères, 40 juillet 4871.) 


Je remercie, avant tout, notre honorable confrère M. Cauvet d'avoir 
bien voulu autoriser mon ami M. de Schœnefeld à me communiquer l'épreuve 
d'un article lu par lui à la séance du 27 janvier 1871, séance à laquelle il ne 
m'a pas été donné de pouvoir assister. L'article de M. Cauvet a pour titre: 
Observations relatives à quelques-uns des travaux présentés à la Société 
par M. Germain de Saint-Pierre. La premiére partie de ce travail que je 
reçois aujourd'hui est intitulée : Vote sur la marche de la séve et sur lori- 
gine des tissus (voyez plus haut, p. 19). 

Je regarde comme un devoir de répondre à des observations courtoises ou 
à de sérieuses objections toutes dignes d'examen et d'attention, faites par un 
esprit observateur. Pour plus de précision et de clarté, je vais, sans adopter 
la forme de discussion, répliquer à l'article de M. Cauvet, paragraphe par 
paragraphe. 

1. — Les excellentes figures données par M. Trécul dans ses mémoires 
sur l'évolution du bois me paraissent conciliables avec le mode de produc- 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1871. 123 


tion des tissus végétaux que je regarde comme le véritable, quelle que soit l'in- 
terprétation que l'auteur ait cru devoir donner aux figures qu'il a publiées. 

2. — Des tissus nouveaux peuvent procéder de tissus préformés pendant la 
durée d'une méme période d'évolution ; en d'autres termes, par exemple, 
pendant une méme période d'évolution, pendant une méme saison, des cellules 
produisent des cellules ; — mais des productions de l'année actuelle ne pro- 
cédent pas, par continuité, des productions de l'année précédente : l'ancien 
bois ne produit pas la nouvelle couche de bois; cette nouvelle couche (dans 
les Dicotylées) se dépose, s'organise simplement à la surface, au contact de la 
précédente; seulement, des matériaux nutritifs (résultat direct de la séve 
élaborée ou séve descendante) accumulés dans certaines parties de la plante 
pendant une période précédente (de la fécule, par exemple) servent, en se mo- 
difiant physiquement (c'est-à-dire en se liquéfiant), et en se modifiant chi- 
miquement, à la nutrition des productions nouvelles. 

3. — Tous les tissus, soit cellulaires, soit fibro-vasculaires, se constituent 
aux dépens d’une séve élaborée; or la séve s'élabore chez les végétaux, 
comme le sang chez les animaux, surtout par l'action de la respiration, et 
les fonctions de respiration s'accomplissent chez les végétaux par l'action des 
Stomates, organes qui appartiennent essentiellement aux organes foliaires, 
savoir : la partie libre et aussi la partie décurrente des feuilles. 

4 et 5. — Chez les végétaux dont les feuilles sont à limbe presque nul, 
abortif, ou réduit à une membrane squamiforme ou à une ou plusieurs ner- 
vures spinescentes, notamment chez les plantes de la famille des Cactées, 
chez les plantes dites à c/adodes, les feuilles existent dans leur partie dite 
décurrente, et, par un admirable balancement orgauique, le cladode remplace 
la feuille libre; d'amples décurrences compensent ce qui manque en limbes 
libres ; la feuille ne manque donc alors qu'en apparence, et les phénomènes de 
respiration et d'assimilation se produisent comme chez les plantes dont les 
feuilles sont à limbe libre et membraneux. 

6 et suivants. — Un bourgeon, soit terminal, soit axillaire, soit adventif, est 
dans l'origine un nucléus cellulaire, et ce nucléus est toujours un produit de 
la séve élaborée ; des faisceaux fibro-vasculaires ne se rendent pas de la tige à 
ce bourgeon, mais se rendent, au fur età mesure de son développement, de ce 
bourgeon à la tige. Ces processus fibro-vasculaires ne s'irradient pas dans 
tous les sens, ils ne remontent pas le long de la tige, ils descendent au con- 
traire le long de la tige en tendant à l'envelopper. Rien n'est plus facile que de 
suivre la direction de ces productions, surtout chez les végétaux à tissu 
lâche (c'est-à-dire abondamment pourvus de tissu cellulaire), par le procédé 
dela macération, qui, en détruisant le tissu cellulaire, laisse voir trés-nettement 
la forme extérieure etla direction des faisceaux fibro-vasculaires. Les bour- 
relets qui se produisent à la partie supérieure des surfaces décortiquées sont 
encore, de ce fait, une éloquente et irréfutable démonstration. 


195 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


A cette objection, trés-forte en apparence, que, au printemps, des tissus 
s'organisent le long des tiges avant la production des nouvelles feuilles, je ré- 
pondraique les nouveaux tissus, et notamment les bourgeons qui se développent 
alors, sont le produit de la séve élaborée l'année précédente par les feuilles 
tombées en automne, et aussi par les parties décurrentes et persistantes de 
ces feuilles (décurrences qui constituent la surface herbacée des jeunes ra- 
meaux), et que les productions nouvelles s'accroissent à la fois par l'absorption 
de ces matériaux nutritifs tenus en réserve, et parla séve actuellement élaborée 
dans les nouvelles feuilles, au fur et à mesure de leur développement. 

La séve élaborée, dit M. Cauvet dans ses conclusions, sert surtout à la pro- 
duction des principes amylacés et autres que l'on trouve dans les tissus per- 
sistants pendant l'arrét de la végétation. — Je crois que tous les physiologistes 
sont complétement, sur ce point, de l'avis de M. Cauvet, et, pour mon compte, 
je n'ai jamais attribué une autre destination aux dépóts de substance nutritive 
qui s'accumulent soit dans les rhizomes charnus ou les tubercules, soit dans les 
bulbes ou les pseudo-bulbes, soit sur certains points des tiges aériennes, etc., 
et qui servent à la nutrition des productions nouvelles, lorsque ces dépóts sont 
délayés par l'apport de sucs nouveaux. C'est ainsi que les ophrydo-bulbes de 
l'année précédente se vident pour la production de la jeune rosette de feuilles 
et de la tige vernale, et qu'à mesure que ces anciens ophrydo-bulbes se 
flétrissent, la nouvelle plante fournit de jeunes ophrydo-bulbes volumineux 
et turgescents qui se préparent à jouer le róle nourricier à leur tour. 

Ajoutons, au point de vue de l'origine des tissus et de la marche de la 
séve, ce fait essentiel (sur lequel j'ai plus d'une fois déjà insisté, à l'encontre 
de la théorie encore généralement admise), que les lignes placentaires sont le 
produit de la décurrence des funicules, lesquels funicules sont postérieurs eux- 
mêmes à l'apparition du bourgeon ovula?tre ; que, par conséquent, pour les 
pourgeons ovulaires (qui se manifestent d'abord par une feuille rudimentaire 
enroulée : la primine, puis par les feuilles suivantes dont l'évolution a lieu 
dans l'ordre suivant : secondine, nucelle et sac embryonnaire), que, par con- 
séquent, dis-je, pour les bourgeons ovulaires comme pour les bourgeons 
foliaires ou floraires ordinaires, les tissus fibro-vasculaires qui font partie con- 
stituante du raphé, du funicule et des cordons placentaires, ne montent pas de 
la tige aux bourgeons ovulaires, mais se rendent du bourgeon ovulaire dans 
la direction de la tige. 

Je crois, en terminant ces observations, devoir faire remarquer que les 
idées que je viens d'exprimer sur la marche de la séve et sur l'origine des 
tissus me semblent ne pas étre précisément en opposition, sur l'un des points 
les plus essentiels, avec les idées émises par notre honorable confrère M. Cau- 
vet, puisqu'il ne parait pas nier que les productions nouvelles s'accroissent 
aux dépens de substances élaborées d'abord dans les organes foliaires, ni 
qu'une partie de ces sucs élaborés ne puisse immédiatement être mise en œuvre, 


SÉANCE DU Â4 JUILLET 1874. 495 


et que j'admets comme lui (ce que M. Cauvet semblait me refuser) que ces 
sucs peuvent également n'étre mis en œuvre comme substance assimilable et 
nutritive qu'après avoir été déposés dans des réservoirs particuliers où ils peu- 
vent avoir à subir d'importantes modifications. 

Dans un prochain article, je répondrai aux observations critiques de M. Cau- 
vet (dont j'attends la communication) sur les divers points de ma classifica- 
tion des organes souterrains des végétaux. 


Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la 
Société : 


NOTE SUR LA COUPE DE L'ACAJOU, par M. Paul LÉVY, 


(Grenade-de-Nicaragua, novembre 1869.) 


L'Acajou du Nicaragua (Swietenia Mahagoni L.) ne se rencontre en abon- 
dance que dans la terre chaude du versant de l'Atlantique, oü il forme une 
notable partie des foréts qui couvrent les bassins des riviéres traversant de 
l'est à l'ouest cette contrée encore vierge, humide et malsaine du reste, peuplée 
de serpents et autres animaux dangereux, et habitée seulement par quelques 
misérables sauvages, non pas hostiles, mais arrivés au dernier degré de la 
barbarie. Dans la terre chaude du versant du Pacifique on trouve bien aussi 
quelques Acajous, mais ils sont généralement petits et chétifs. 

Cet arbre se rencontre un peu partout dans la région qui parait propice 
à son entier développement; mais il paraît y préférer le bord des ruisseaux. 
C'est le roi des forêts, autant par les dimensions énormes de son tronc que 
par la magnificence de son feuillage ; auprès de lui les autres arbres, méme 
ceux de première taille, paraissent insignifiants. Aussi ce seul fait laisse-t-il 
déjà deviner que sa recherche est relativement facile, puisqu'en montant sur 
un Acajou on peut apercevoir tous ceux qui, aux environs, dominent, de leur 
dôme de verdure noirâtre, le tapis de nuances diverses que forment les au- 
tres arbres d'alentour. 

Il est acquis que l'Acajou croit avec une extréme lenteur : mais rien ne 
prouve qu'il soit vrai que, ainsi qu'on le dit dans le pays, il ne puisseétre bon à 
couper qu'à l'áge de trois cents ans au moins. Cette limite inférieure peut étre 
provisoirement considérée comme bonne, mais jusqu'à preuve du contraire 
seulement. En attendant, cette donnée suffit pour comprendre que les coupes 
anciennes sont regardées comme anéanties, jusqu'à ce que la forét vierge, 
s'étant refermée sur les sentiers pratiqués parles hommes, y recommence dans 
le silence et l'oubli son œuvre patiente et mystérieuse, qu'un jour quelque 
Spéculateur rencontrera et dénoncera comme une découverte. 

Mais alors, quel âge peuvent avoir ces Acajous si gros, qu'on les coupe à 


196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


quinze pieds au-dessus du sol sans: oser attaquer le bas? et ceux d'où ont été 
extraites des piéces que j'ai vues, qui avaient 2 métres sur 2 métres d'équar- 
rissage sans le moindre aubier, qui pesaient 20 tonnes et avaient 7 mètres de 
long ? 

L'Acajou se distingue de la plupart des autres arbres par le peu de hauteur à 
laquelle il commence à donner des branches. En forét vierge, les autres jeunes 
arbres, étouffés dans le bas, s'élancent d'abord vers le sommet de leurs voisins 
pour rencontrer un peu de soleil. Ils grossissent alors, mais on comprend que 
ce mode de croissance leur donne à presque tous un tronc cylindrique élancé 
et droit ne commençant à porter‘ des branches qu'à une grande hauteur. 
C'est du tronc de l'Acajou que l'on retire par l'équarrissage les bois dits carrés. 
Quant aux branches, souvent énormes, trés-longues et trés-fortes, elles se 
vendent en grume, dépouillées ou non de leur écorce, sous le nom de 
canons. 

Les bois carrés, c'est-à-dire les troncs, n'ont, pour ainsi dire, pas de va- 
leur; sciés et polis, ils ne forment aucun dessin et ressemblent à du sapin 
auquel on aurait donné artificiellement la teinte de l'Acajou. Les canons, daus 
lesquels les fibres du bois sont plus serrées, se vendent beaucoup plus cher, et 
le prix est encore plus élevé pour ceux qui se terminent en fourche, et qui, 
sous ce même nom de fourches, valent trois fois plus que le tronc, que l'on 
peut considérer aujourd'hui comme invendable puisque l'on ne fait plus de 
gros meubles d'acajou massif. Dans la fourche on obtient, par le sciage des 
nœuds, des dessins bizarres fort recherchés dans le placage de l'ébénisterie. 
Les lames enlevées sur l'axe d'une fourche sont beaucoup plus chéres que 
celles enlevées prés des bords. 

Voilà le motif pour lequel on ne coupe les Acajous qu'à une grande hauteur 
au-dessus du sol, abandonnant ainsi le tronc, qui justement coûterait le plus à 
abattre et à sortir du bois, et rapporterait le moins. Le plus grand nombre des 
voyageurs ont jusqu'ici trouvé cela inexplicable et l'ont attribué soit à la pa- 
resse, soit au défaut de moyens de transport. 

On pourrait bien ne couper que les branches, mais on remarquera que la 
fourche la plus précieuse, c'est la première, celle qui est formée par les mai- 
tresses branches, et qui souvent, à elle seule, vaut plus que tout le reste 
du produit de l'arbre. On abat donc l'arbre un peu au-dessous, système dé- 
fectueux, d'abord parce qu'il est périlleux pour le bücheron, et puis parce 
que, en tombant, beaucoup de bons canons ou de petites fourches se cassent. 
Il vaudrait mieux couper d'abord toutes les branches et ensuite séparer la 
fourche principale du tronc. Les canons les plus gros sont les plus chers, il 
en est de méme pour les fourches. 

L'écorce del'Acajou est grisâtre, rugueuse, sillonnée de grandes cannelures 
parallèles à l'axe. Le feuillage est d'un brun vert presque permanent en toute 
saison. Les petites branches sont abondantes, l'arbre est trés-ombreux, très- 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1874. 197 


touffu, et, si les feuilles tombent, elles se renouvellent au far et à mesure, car 
il en est toujours aussi bien garni et on ne le voit sec que lorsqu'il est mort. 
Je n'ai jamais vu la fleur. Le fruit est une sorte de boule en forme de poire; 
il est recouvert d'une écorce dure et ligneuse, et, au mois de décembre ou de 
janvier, s'ouvreen quatre écailles qui se recourbent sur elles-mêmes et laissent 
apparaître un axe d’où les graines ailées d'un côté se détachent peu à peu 
sous l'effort du vent, comme dans les arbres de la famille des Bignoniacées. 
L'Acajou parait repousser la plupart des lianes et des parasites; ni les abeilles 
ni les fourmis ne l’attaquent ; il paraît à l'abri de toutes les sources de des- 
truction dont sont victimes la plupart des essences forestières américaines. 

La sciure d'Acajou jeune est employée au Nicaragua comme bois de tein- 
ture. L'eau dans laquelle on l'a fait bouillir sert à teindre des tissus indigènes 
ou divers autres objets ; mais on l'emploie surtout pour donner de la couleur 
aux cuirs tannés dans le pays. | 

En espagnol, une coupe d'Acajou s'appelle un corte. Mais les rares cortes 
qu'il y a sur la cóte de l'Atlantique étant fondés et dirigés par des Anglais qui 
appellent une coupe benk ou wank, ce dernier mot a prévalu au Nicaragua ; 
d'autant plus que les indigénes employés dans les coupes ont tous été jadis 
sujets du fameux roi mosquito, que l'Angleterre avait inventé d'abord et mis 
ensuite sous sa protection afin de poser des jalons pour étendre sur cette 
côte sa colonie de Balize. Aujourd'hui tout le bruit qu'a fait jadis la question 
mosquite a disparu, et le Nicaragua, alors à moitié conquis, est rentré dans 
ses limites naturelles, gráce aux efforts de la diplomatie européenne ; mais les 
populations de la côte continuent à appeler wank un corte et à parler anglais 
plutôt qu’espagnol. 

Les forêts vierges étant naturellement propriété de l'État, celui-ci a le droit 
d'imposer une somme à payer pour chaque arbre abattu. Cette somme a 
même été fixée par des décrets, et il y a au cap Gracias-a-Dios un délégué 
chargé de la percevoir. Mais on concevra que l'éloignement, l'absence de tout 
contrôle et de toute autorité locale font de tout cela un pauvre revenu. Il est, 
du reste, fort difficile que le délégué, qui naturellement ne peut pas aller dans 
les coupes et s’y perdrait, n'ayant d'autre moyen d'apprécier la quantité d'ar- 
bres abattus que le nombre des maîtresses fourches embarquées, ne se trompe 
souvent. Le mieux serait d'imposer un droit par stère, ce à quoi on n'a jamais 
songé. La conséquence la plus déplorable de cet état de choses est l'absence 
compléte de documents statistiques sur cette industrie, sur son importance au 
Nicaragua, sur les mouvements de fonds, de gens et de bestiaux qu'elle occa- 
sionne, et enfin sur les marchés où est vendu le caoba (acajou) nicaraguien. 

La première chose à faire pour établir une coupe d'Acajou, c'est de choisir, 
au bord de la mer et à l'embouchure d'une rivière, un lieu où l'on puisse 
fonder un établissement permanent, facile à approvisionner, pouvant rece- 
voir les navires, et où l'on soit à méme de charger ceux-ci commodément. Il 


198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


faut ensuite lancer sur la riviére et sur ses affluents une flottille d'embarca- 
tions de dimensions variées. On se procurera un approvisionnement de roues 
épaisses et solides, ainsi que de chaines, haches, sabres d'abatis et tout un 
outillage considérable, puis des bœufs, et enfin des ouvriers. On devra con- 
stamment être pourvu de vivres de toute nature pour alimenter les diverses 
brigades, et avoir, pour le méme objet, des marins, des chasseurs et des pé- 
cheurs constamment occupés. 

Les premiers auxiliaires à appeler à son aide sont de bons monteadores. 
Un monteador est un homme chargé de chercher et de trouver les arbres 
bons à couper. Il y en a toujours de disponibles, et leur renommée les dé- 
signe à l'entrepreneur ; mais ils se font toujours payer un prix exorbitant 
(200 à 250 francs par mois). Je ne crois pas qu'il y ait au monde une occu- 
pation plus difficile et plus sauvage que celle du montéador, à moins que ce ne 
soient celles du chercheur de caoutchouc ou de quinquina, qui ont avec elle 
beaucoup de ressemblance. IL marche dans la forêt sans autre guide que le 
soleil, souvent perdu, sans eau et sans vivres. Pourtant, à l'époque où se fait 
la campagne du montéador (du 15 juillet au 4°" janvier), le feuillage des Aca- 
jous est légèrement jaunâtre, et son œil exercé sait les découvrir à de grandes 
distances, de méme que son instinct lui permet d'arriver ensuite jusqu'à eux. 

On calcule qu'un montéador peut découvrir assez d'arbres pour occuper 
cinquante hommes. . Ceux-ci forment une compagnie, sous les ordres d'un chef 
appelé capitaine, qui distribue les travaux et fixe les tâches et les salaires. Le 
capitaine doit découvrir les sentiers qu'a faits le montéador pour arriver à 
chaque arbre ou chaque groupe d'arbres, et cela est d'autant plus difficile que 
le montéador a intérét à faire ce sentier le moins visible possible et à en 
dissimuler l'entrée au point qu'elle ne soit reconnaissable que par un signe 
convenu entre le capitaine et lui, tel que, par exemple, un piquet à tant de 
mètres en avant ou en arrière, etc. Il y a en effet de nombreux exemples de 
montéadors qui, ayant découvert les sentiers (piquetés) d'autres collègues, se 
sont empressés d'y amener leur compagnie; et, lorsque le premier y a voulu 
amener la sienne, ila trouvé la place occupée ou vide, et cela sans réclamation 
possible. 

Lorsque la saison est avancée, ou la place mauvaise, ou le montéador inha- 
bile, on diminue l'effectif de la compagnie. Quoi qu'il en soit, celle-ci, arrivée 
au lieu désigné, commence par se faire, en vingt-quatre heures, des huttes 
composées de quatre piquets et d'un toit de palmes. Chacun accroche dans la 
sienne son hamac muni de sa moustiquaire ; et, pres de celle du capitaine, qui 
recoit et. distribue les provisions de l'entrepreneur, une marmite sur deux 
pierres suffit à faire la cuisine, composée de viande ou poisson bouilli et de 
bananes bouillies ou grillées. Le capitaine envoie dire à l'entrepreneur le ti- 
rant d'eau des embarcations dont il a besoin suivant l'importance du ruisseau 
le plus voisin ou le nombre et la difficulté des rapides. 1l reçoit les bœufs de 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1871. 129 


trait et de boucherie, qu'on làche attachés deux à deux dans le bois oü l'herbe 
croit avec profusion. Prés de sa cabane s'eutassent les roues et les chaines, et 
à la porte se dresse un meuble d'une importance capitale: une meule à aiguiser 
les haches et les sabres. 

On commence alors à attaquer les arbres; chaque ouvrier se voit désigner 
le siea ainsi que la hauteur à laquelle il doit le couper. Il fait ensuite un écha- 
faudage grossier jusqu'à cette hauteur-là, et, bien que ce procédé soit trés- 
périlleux en apparence, il n'arrive presque jamais d'accident. 

A partir de janvier, il y a trop peu d'eau dans les rivières pour assurer le 
service de la coupe, et la sécheresse, dit-on, a une mauvaise influeuce sur les 
bois fraichement coupés ; cela est très-fâcheux, parce que le transport sous bois 
des troncs abattus, pendant les pluies et les boues qui en résultent, est quel- 
quefois fort difficile. L'enlevement des produits de la coupe est certainement 
l'opération la plus délicate. Le capitaine choisit d'abord la direction d'un che- 
min général allant jusqu'à l'endroit propice à l'embarquement; de ce chemin, 
partent d’autres embranchements qui vont jusqu'à chaque arbre. Ces che- 
mins sont faits à la tâche ainsi que les nombreux ponts qu'ils nécessitent. 
On. ne fait aucun travail de terrassement, et l'on se contente de couper jus- 
qu'au ras du sol les arbres qui se trouvent sur le trajet; travail considé- 
rable tant à cause de la largeur du chemin et de la quantité d'arbres à 
Couper que par la dureté de quelques-uns qui résistent à la hache et que l'on 
n'abat qu'à l'aide du feu. Ces débris, dont quelques-uns seraieut pourtant 
utiles ou précieux, servent à combler les petits ruisseaux ou à faire les ponts. 

Eu décembre, les rivières sont à leur maximum et les chemins finis; on 

divise alors les bois par charges amarrées avec des chaines; on les suspend à 
l'essieu de deux roues, et l'on y attèle les bœufs qui les amènent à grand ren- 
fort de coups et de cris sauvages; puis les bois sont embarqués et centra- 
lisés à l'établissement principal. Quelques ouvriers restent là pendant l'été, 
occupés à l'embarquement sur les navires, à faire des canots, des roues et à 
tout préparer pour la campagne suivaute. Les autres retournent daus leurs 
familles, en emportant leur gain qui est, suivant leur classe, de 75, 00 ou 
50 francs par mois, payables moitié eu argent, moitié en effets, outils, ar- 
mes, etc. 

P.-S. Tout ce qui précède est applicable au Cédrel, au Gaïac et au bois de 
Campéche, qui sont chacun au Nicaragua l'objet de coupes au moins aussi 
importantes qne l’Acajou, lequel d'ailleurs, comme chacun le sait, a passé 
de mode et diminué beaucoup de valeur. 


M. Gris, au nom de M. Brongniart et au sien, fait à la Société la 
communication suivante : | 


T. XVIII. (sEANCES) 9 


130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


SUPPLÉMENT AUX CONIFÉRES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 
pr MM. Adolphe BRONGNIART cet Arthur GRIS (1). 


Les Araucaria sont des plantes polymorphes qui ne peuvent être détermi- 
nées d'une manière certaine que si l'on en possède des rameaux adultes munis 
de fleurs et de fruits. 

Nous avons longtemps attendu des différents collecteurs de la Nouvelle- 
Calédonie autre chose qu'un cóne isolé ou quelque petit fragment de rameau. 
Grâce aux échantillons si intelligemment récoltés par M. Balansa, il nous est 
enfin permis de donner une diagnose suffisante des diverses espèces de ce 
beau genre propres à notre intéressante colonie, de compléter ou de rectifier 
certaines descriptions, enfin de nous éclairer sur une synonymie confuse, 
chose difficile, car les voyageurs ou les descripteurs se laissent aller bien aisé- 
ment à donner un nom à des échantillons incomplets. 

Ces espèces sont au nombre de cinq, et ox: peut les disposer dans un ordre 
tel que l’on passe insensiblement d'un type dans lequel les feuilles sont ré- 
duites à de petites écailles à un autre type dans lequel ces organes ont pris un 
développement et une manière d’être analogues à ceux que l'on connait dans 
les feuilles de l’ Araucaria imbricata. 

C'est dans cet ordre que nous allons décrire ces espéces pour obéir au 
principe de la méthode naturelle, et non pour indiquer qu'elles sont des formes 
indéterminées produites par un certain concours de circonstances extérieures. 
Nous croyons à l'existence de l'espéce en général, et, en particulier, des types 
que nous allons décrire dont les caractères distinctifs sont pris en même temps - 
dans les appareils de la végétation, de la reproduction et de la fructification. 
L'absence de graines mûres ne nous a pas permis de constater, par le nombre 
des cotylédons, si la place de ces espèces est dans le groupe des £'utassa 
australiens ou dans celui des Araucaria américains. 


1. ARAUCARIA BALANSEÆ. 

Arbor excelsa, 40-50 metr. alta. 

Ramuli adulti distichi, adscendentes. 

Folia arboris adulte in ramulis speciminis feminei imbricata, squamifor- 
mia, 4-5 mill. longa, 2 j mill. lata, arcuata vel arcuato-uncinata, ovato- 
triangularia, medio utrinque carinata, itaque subtetragona, basi obliqua 
subrhomboidali inserta, punctulis albis multiseriatis conspersa. 

Amenta mascula cylindrico-conica, paulum arcuata, 3-5 cent. longa, 


4 1 cent. lata, basi bracteis imbricatis involucrata, inferioribus minoribus 


ovatis, superioribus 5 mill. longis lanceolato-triangularibus; stamina arcte 
mbricata, connectivo 2 $ mill. longo, triangulari, acuto, crasso, nitido, pau- 


|! (4) Voyez le Bulletin, t. XIII, p. 422 et t. XVI, p. 325. 


SÉANCE DU Åh JUILLET 1874. 131 


lum arcuato; lobi polliniferi decem, his patentibus breviter mucronulatis, 
illis concavis apice paulo cucullatis (1). 

Ramus strobiliferus rigidus, ramis sterilibus immixtus, crassior, 4-5 cent. 
longus, foliis squamiformibus distantibus, triangularibus, subplanis, applicatis. 

Strobilus elliptico-globosus, 10-11 cent. longus, 7-8 cent. latus; squamae 
obovato-cuneatæ, 3 cent. longa lateque, parte superiore coriacea, semi- 
rotunda, externe convexa sicutque transverse carinata, nitida incrassate, in 
appendicem triangularem acutam vix incurvam vel rectam, 3 mill. longam 
productæ, lateraliter in alam scariosam fulvam, fragilem, 4 cent. latan 
expansæ, medio inflate ; squamula triangularis, apice tantum libera, margine 
subtiliter fimbriata. 

Habitat in silvis Novæ-Caledoniæ, altitudine 500 m, (Balansa, n? 2511). 

Cet arbre, qui peut atteindre 50 mètres de hauteur, est, d’après M. Ba- 
lansa, répandu dans les bois du littoral, et son tronc est souvent incliné. 
Notre voyageur l'a rencontré dans les foréts situées au sud-est de la table Unio, 
vers 500 métres d'altitude; au cap Bocage, sur les collines éruptives; à la 
baie Duperré (rade de Kanala), dans les bois des terrains éruptifs. 

Ses feuilles sont de petites écailles longues de 4 à 5 millimètres, et de 2 à 
3 millimètres de largeur, ovales-triangulaires, subtétragones, arquées. 

Ses chatons máles sont longs de 3 à 5 centimétres. Le conuectif des éta- 
mines porte 10 lobes d’anthère dont les intérieurs sont concaves et un peu 
cucullés au sommet ; il est long de 2 mill. 1, triangulaire, arqué, luisant et 
coriace. 

L'appendice qui surmonte les écailles du cóne est triangulaire, presque 
droit et long de 3 millimètres. 


2. ARAUCARIA COOKII R. Brown. 

Arbor excelsa, 40-60 metr. alta, « ramis sub-5-verticillatis, brevibus, 
horizontalibus ». 

Ramuli juveniles et adulti plerique distichi, adscendentes. 

Folia in arboris juventute compresso-tetragona, subulata, arcuata, adscen- 
dentia, in ramulis imbricata, 1 cent. longa, in ramis paulo distantia, 12 mill. 
longa; arboris adult: in ramulis masculis sterilibus vel amentigeris brevia, 
squamiformia, imbricata, 5-6 mill. longa, 4-5 mill. lata, ovato-rotundata, 
intus concava et punctulis minutis, albis, oo-seriatis conspersa, dorso convexa 
medioque subcarinata, lucida, in ramulis femineis plerumque ovata, paulo 
longiora angustioraque, ceterum conformia. 

Amenta mascula ramulos 45-20 cent. longos sterilibus conformes termi- 


(1) Dans notre travail sur les Araucaria, qui a paru derniérement dans les Annales 
des Sciences naturelles, les lobes d'anthére sont généralement décrits comme triséries ; 
mais, en s'attachant plus particulièrement à leur mode d'insertion, il eût été plus exact 
de les dire communément bisériés. (Note ajoutée pendant l'impression.) 


132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nantia, conoidea, 5-8 cent. longa, 1 4 cent. lata, basi bracteis imbricatis 
involucrata ovatis, ovato-lanceolatis vel superioribus lanceolatis, sensim 
angustatis , submembranaceis margine scarioso inæqualiter denticulatis. 
Stamina arcte imbricata, connectivo ovato submembranaceo basi incrassato, 
margine scarioso fimbriatoque, 6 mill. longo, basi 5 mill. lato ; lobi polliniferi 
decem, plerique patentes, apice subulati, 3-4 (interiores filamento contigui) 
concavi apice paulum cucullati. 

Amenta feminea 5 cent. longa, 2 £ cent. lata, ramulos 3-4 cent. longos 
terminantia, foliis imbricatis applicatis, ovato-triangularibus, utrinque medio 
plus minusve carinatis, multiseriatim albo-punctulatis, nitidis, 8-10 mill. 
longis, superioribus ovato-lanceolatis vel etiam angustato-subulatis, margine 
subtilissime denticulatis: Squamæ lanceolatæ, infra medium lateraliter alata, 
alis membranaceis rotundatis, versus apicem angustato-subulatæ reflexæ, 15- 
16 mill. longe ; squamula ovata, margine delicatule fimbriata squamae basi 
adhaerens. 

Ramus strobiliferusrigidus, 5 cent. longus, foliisapplicatis, distantibus, ovato- 
triangularibus, apice incurvatis, intus medio dorsoque carinatis et «o -seriatim 
punctulatis, superioribus lanceolatis, basi dilatato - incrassatis; Strobilus 
elliptico-globosus, 10-11 cent. longus, 6-7 cent. latus; squamæ obovato- 
cuneata, 2 1-3 cent. longæ latæque, parte superiore coriacea, semirotundata, 
externe convexo-gibbosa, incrassatæ, in appendicem triangularem, subula- 
tam, acutam, 6 mill. longam, extus recurvam productæ, lateraliter in alam 
scariosam, fulvam, fragilem, 10-12 mill. latam expansæ, medio-inflatæ ; squa- 
mula triangularis, margine subtiliter fimbriata, apice tantum libera. 

Habitat precipue in Nova-Caledonia australi et in insula Pinorum (Pancher, 
loco dicto Port-Boisé. — Vieillard, in oris sinus 7o Caledoniæ australis, 
n? 1279 (ex Parlatore). — Balansa, circa Kanala prope pagos, n? 2509; circa 
pagum /Vekou dictum, n° 2509c; ad rupinas insule. Lifu prope Chepenche, 
n° 2509»; prope ostium rivi Vera loco Aoche- Percée vocato. 

Var. B. luxurians. — Foliis plerisque majoribus, 8-9 mill. longis, ovato- 
rotundatis; amentis masculis majoribus, 12 cent. longis, plerisque arcuatis ; 
staminum connectivo simulque longiore. 

Cette variété croit à Kanala, mêlée avec le type; mais, au rocher de Bou- 
remère, près de l'embouchure de l'Io, M. Balansa n'a rencontré que des pieds 
appartenant à cette forme remarquable. 


Le 23 septembre 177^, Jacques Cook, naviguant dans l'archipel de la 
Nouvelle-Calédonie, apercut de loin des objets qui ressemblaient à des colonnes 
éloignées les unes des autres ou formant des groupes serrés. » Nous ne pou- 
» vions pas nous acco der, dit-il, sur la natuie de ces objets. Je supposais que 
» c'était une espéce singuliére d'arbre. » Deux jours aprés, on rencontra sur 
quelques-unes des iles basses plusieurs de ces élévations déjà mentionnées. 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1871. 133 


« Chacun tomba d'accord que c'étaient des arbres, et MM. Forster en convin- 
» rent eux-mêmes (1). » 

Ne pouvant se résoudre à quitter la côte avant d’avoir reconnu ces arbres qui 
avaient été le sujet des spéculations de tout l'équipage, Cook débarqua, avec 
les botanistes, dans une petite île qu'il nomma île de la Botanique, parce 
qu'on y découvrit trente espèces de plantes dont plusieurs étaient nouvelles. 
« Nous trouvâmes, dit-il, que les gros arbres étaient une espèce de Pin très- 
» propre pour des espars dont nous avions besoin. Leurs branches croissaient 
» autour de la tige, formant de petites touffes; mais elles surpassaient rarement 
» dix pieds, et elles étaient minces en proportion... J'observai que les plus 
» grands de ces arbres avaient les branches plus petites et plus courtes, et 
» qu'ils étaient couronnés comme s'il y eût eu à leur sommet un rameau qui 
» eût formé un buisson. C'était là ce qui les avait fait prendre d'abord, et avec 
» $i peu de fondement, pour des colonnes de basalte. » 

Le végétal gigantesque dont la forme remarquable avait tant intrigué nos 
voyageurs, et que Cook avait avantageusement utilisé pour des constructions 
nautiques, fut signalé par Forster sous le nom de Cupressus columnaris (2). 
Mais il en donnait une idée bien incomplete dans cette courte phrase diagno- 
stique : « Foliis imbricatis, subulatis, sulcatis ; strobilis cylindricis elongatis », 
qu'il appliquait d'ailleurs en méme temps à l'Araucaria excelsa de l'ile de 
Norfolk, confusion reproduite par Lambert (3). 

C'est Robert Brown (4) qui, en examinant l'échantillon unique de la plante 
rapporté par les naturalistes de l'expédition de Cook , reconnut qu'elle était 
une espéce distincte et lui donna le nom de son illustre et excellent inven- 
teur. | 

En 1851, Lindley (5) appelait de nouveau l'attention des savants et des 
horticulteurs sur cet arbre singulier, à l'occasion d'une récente exploration de 
M. Moore dans la Nouvelle-Calédonie. Ce dernier, jardinier en chef du jardin 
botanique de Sidney, crut avoir retrouvé en pleine vigueur un des arbres 
mentionnés par Cook, qu'il disait élevé comme une tour, et que M. Moore 
compare à une trés-haute cheminée de manufacture. 

M. Hooker donna le premier, en 1852, une description assez complète de 
la plante (6). Il constatele dimorphisme des feuilles, signale les inflorescences 
máles, décritle fruit, et ajoute au texte une planche contenant deux figures, 
dont l'une représente une branche adulte, rameuse, portant deux strobiles, et 


(4) Voyage dans l'hémisphère austral et autour du monde, écrit par Jacques Cook, 
commandant de la Resolution, t. MI, p. 318 et suiv. 

(2) Florulæ insularum australium Prodromus. 

(3) Description of the genus Pinus. . 

(4) Araucaria Cookii Rob. Bréwn, ex Don in The Linnæan Society's Transactions, 
vol. XVIII, p. 164. 

(9) Journal of the Horticultural Society of London, t. VI, p. 267. 

(6) Botanical magazine, 3* sér. t. VIII, tab. 4635. 


134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l'autre une branche également adulte, avec rameaux terminés par des chatons 
d’étamines. Nous ferons remarquer que le végétal est décrit sous le nom 
d'Araucaria columnaris, et que les écailles du strobile sont dites dispermes. 

M. Vieillard, dans son intéressant mémoire sur les Plantes utiles de la 
Nouvelle-Calédonie (4), rapporte que l'arbre en question a le tronc droit, 
trés-élevé, souvent fort gros, rarement rameux, presque dénudé, ne présen- 
tant dans toute sa longueur que des rameaux gréles, dressés, apprimés, qu 
lui donnent une apparence de pauvreté désagréable à l'œil; on dirait un mà 
autour duquel on aurait collé de petites branches. « Cet arbre, ajoute-t-il, est 
» beaucoup moins commun qu'on ne le croit généralement ; on ne le rencontre 
» qu'à la baie du Sud. Cette dernière localité, que Cook avait trouvée si riche 
» en Pins columnaires, n'en possède plus que quelques pieds isolés, et les 
» ilots eux-mêmes ont été si exploités que l'administration locale a dû prendre 
» des mesures pour empêcher cette précieuse essence de disparaître ; car non- 
» seulement on abattait les arbres, mais encore on arrachait les jeunes pieds 
» par milliers pour les expédier à Sidney. » 

Enfin, en 1868, dans le grand travail sur les Conifères dont M. Parlatore a 
enrichi le Prodromus, l Araucaria Cookii est rangé dans la section des E'u- 
tacta, entre I' E. Cunninghami et l'E. excelsa. Mais l’auteur, manquant sans 
doute de matériaux, n'a décrit ni les chatons máles ni les chatons femelles. 

Nous avons longtemps attendu nous-mémes les.matériaux nécessaires à 
l'étude complète de cette magnifique espèce. C'est grâce à M. Balansa que 
nous avons pu décrire avec quelque certitude ses feuilles, ses fleurs et ses 
fruits. 

L’ Araucaria Cookii est un arbre de 40 à 60 mètres de haut, dont le tronc 
droit porte des couronnes espacées de branches courtes et horizontales, et 
dont les ramules sont distiques et ascendants. 

Dans sa jeunesse, l'arbre porte des feuilles comprimées, tétragones, subulées, 
ressemblant à des aiguilles. 

A l'état adulte, les feuilles sont de petites écailles coriaces de 5 à 6 milli- 
mètres de longueur, de 4 à 5 millimètres de largeur, ovales ou ovales-arrondies, 
convexes et carénées sur le dos, luisantes ét comme vernies. 

Les chatons mâles sont longs de 5 à 8 centimètres, cylindriques, atténués 
vers le haut. Le connectif des étamines porte dix lobes d'anthére, dont les 
intérieurs sont repliés en façon de gouttière et un peu cucullés au sommet. Tl 
est long de 6 millimétres, membraneux, ovale, à bords scarieux finement et 
irréguliérement laciniés. 

L'appendice qui surmonte les ‘écailles du cône est triangulaire, subulé, 
réfléchi et long de 6 millimètres. 


L'Araucaria de Cook habite particulièrement la Nouvelle-Calédonie aus- 


(1) Ann. des sc. nat, &* sér. t. XVI, p. 55. 


SÉANCE DU 44 JUILLET 1871. 135 


trale et l'ile des Pins; d'aprés M. Parlatore, on le retrouverait dans les iles 
Observatory et Aniteura des Nouvelles-Hébrides, mais il y serait rare. 


Après l'examen des caractères extérieurs de la plante, nous croyons devoir 
ajouter quelques mots sur l'organographie des parties constitutives du chaton 
femelle ou du cóne. 

Un chaton femelle assez jeune, appartenant à l'un des échantillons récoltés 
par M. Balausa, nous a permis de nous éclairer sur la question de savoir si le 
chaton ou le cône des Araucaria se compose, comme celui des Abiétinées 
indigènes, à la fois d'écailles et de bractées. 

L'un de nous, il y a longtemps déjà, y avait admis l'existence de ces deux 
organes (1). Endlicher (2) l'a niée; la squamule qui surmonte la graine pro- 
prement dite étant, pour lui, un appendice du tégument ovulaire. 

M. Parlatore l'a affirmée de nouveau. « La bractée, dit-il (3), a beaucoup 
» de part à la formation de l'écaille des Araucaria; elle la forme presque 
» entièrement dans les cônes extrêmement jeunes ; plus tard, l'organe écailleux 
» se développe pour se souder presque aussitôt avec la bractée, mais celle-ci 
» prédomine toujours. » 

M. Dickson, dans une note lue en 1861 à la Société botanique d'Édim- 
bourg, s'exprime ainsi : » Ce que l'on a appelé les écailles de l'Araucaria 
» devrait dorénavant étre considéré comme les bractées auxquelles les écailles 
» Seraient adhérentes dans une grande étendue. » 

M. Eichler (4), revenant à l'opinion d'Endlicher, a déclaré que les écailles 
du cône des Araucaria sont simples. 

Enfin, plus récemment, M. Van Tieghem fut conduit par ses recherches 
anatomiques à admettre que ces écailles sont réellement doubles (5). Elles sont 
formées, selon lui, par deux organes foliaires unis ensemble dans presque toute 
leur longueur, savoir : la bractée-mére et l'unique feuille d'un rameau axil- 
laire. C'est entre ces deux organes que l'ovule né de cette feuille se trouve 
compris. 

Voici maintenant ce que nous avons vu. Sur l'axe d'un jeune chaton de 
3 centimètres de longueur s'insérent des écailles lancéolées-subulées, réflé- 
chies dans leur partie moyenne et dont l'ensemble constitue la masse générale 
de l’inflorescence. C'est à la page supérieure de ces écailles que se trouve une 
trés-petite squamule qui semble naitre de leur base. Dans le lieu méme 


(4) Ad. Brongniart, Dict. d’hist. nat. de Ch, d'Orbigny, article ARAUCARIA. 

(2) Synopsis Coniferarum, p. 184. 

(3) Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. LII, p. 312. — Confer Prodro- 
mus, t. XVI, sect. poster. p. 369. 

(4) Excursus morphologicus de formalione porum Gymnospermarum (Ann. des sc. 
nal. 4° sér, t, XIX). 

(5) Mémoire sur l'anatomie comparée de la fleur femelle et du fruit des Cycadées, 
des Conifères et des Gnétacées (Ann. des sc. nat. 5° sér. t. X). 


136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d'adhérence de la squamule, il y a un épaississement transversal, au centre 
duquel on apercoit une ouverture arrondie qui embrasse un trés-petit mame- 
lon. C'est l'origine de l'ovule. 

A cet âge, l'ovule, très-jeune, semblerait donc naître au lieu de réunion de 
l'écaille et de la squamule. 

Il résulte de là que, contrairement à l'opinion d'Endlicher et de M. Eichler, 
et conformément à celle de MM. Parlatore, Dickson et Van Tieghem, l'écaille 
des Araucaria est double ; qu'elle se compose trés-vraisemblablement d'une 
bractée correspondant à la bractée des Pins et des Sapins, et d'une squamule 
fertile correspondant à l'écaille proprement dite des mêmes arbres. On remar- 
quera, en outre, que le plus souvent, chez les Pins et les Sapins, la bractée 
s'oblitére, pendant que l'écaille ovulifere prend un grand développement et 
devient lignescente ou ligneuse, tandis que chez les Araucaria, au contraire, 
c'est la bractée qui forme à elle seule une grande partie de l'organe complexe 
que nous appelons faussement écaille. 


3. ARAUCARIA MONTANA.. 

Arbor 20-30 metr. alta. 

Folia arboris adultæ in ramulis speciminis feminei imbricata, squamifor- 
mia, 13 mill. longa, 8 mill. lata, arcuata, ovata, obtusiuscula, plus minusve 
concava, nervo medio dorsali notata, punctulis albis multiseriatis conspersa, 
extus plus minusve pruinosa. 

Amenta mascula (in speciminibus haud integris) ut videtur 8-9 cent. 
longa, 2 1-3 cent. lata, basi bracteis involucrata, mediis oblongo-lanceolatis, 
4 © cent. longis, 5 mill. latis, superioribus supra basim angustatam lateraliter 
rotundato-dilatatis, versus apicem angustato-subulatis; stamina arcte imbri- 
cata, conuectivo 6-7 mill. longo, 4-5 mill. lato, ovato-cordato, crasso, nitido, 
apice acuto, margine subtilissime fimbriato; lobi polliniferi 12, patentes, 
subulati, interioribus tantum concavis apice paulum cucullatis. 

Ramus strobiliferus rigidus, arcuatus, ramis sterilibus immixtus, 6-7 cent. 
longus, foliis squamiformibus subconformibus obtectus. 

Strobilus ovoideus, 10-11 cent. longus, 8 cent. latus; squama obovato- 
rotundata, 2 $ cent. longa latæque, parte superiore incrassata, coriacea, semi- 
rotundata, externe convexa sicutque transverse carinata, nitida, in appendi- 
cem lanceolatam rigidam, adpressam, rectam, pungentem, 9 mill; longam 
productæ, lateraliter in alam scariosam fulvam, fragilem, 7-8 cent. latam 
expansæ, medio inflatæ; squamula margine subtiliter fimbriata, apice tantum 
libera. 

Habitat in cacumine montis Mi dicti, altitudine 1000 metr.; in montibus 
ferrugineis inter Couaoua et Kanala, altitudine 900 metr. 

M. Balansa a récolté cette espèce dans les montagnes éruptives, à une alti- 
tude assez élevée, à partir d'environ 800 mètres. 


SÉANCE DU 1/4 JUILLET 1871. 137 


Le tronc atteint 20 ou 30 métres de hauteur; les feuilles, squamiformes, 
arquées, ovales et un peu obtuses, sont longues de 13 millimètres et larges de 
8 millimètres. 

Les chatons måles paraissent avoir 8 à 9 centimètres de longueur ; le con- 
nectif des étamines est ovale, coriace, luisant, aigu et porte 12 lobes d'an- 
thére, dont les intérieurs sont concaves et un peu cucullés au sommet : il est 
long de 6 à 7 millimètres, large de 4 à 5 millimètres. 

L'appendice qui surmonte les écailles du cône est lancéolé, droit, rigide, 
piquant et long de 9 millimètres. 


lh. ARAUCARIA RULEI Ferd. Mueller. 

Arbor 15-20 metr. alta (Balansa), ramis verticillatis distantibus, e basi 
usque ad apicem modo Coniferarum nostrarum sensim hrevioribus (Pancher). 

Folia arboris adultæ in ramulis speciminis feminei sterilibus adscendenti- 
bus, 20-25 cent. longis, 3 cent. latis dense imbricata, coriacea, ovato-lan- 
ceolata, obtusiuscula, intus concava, arcuata, nervo medio dorsali notata, 
nitida, 2 cent. longa, basi 1 cent. lata ; in speciminum sterilium juniorum (?) 
ramulis arcte imbricata, ovata, coriacea, arcuata, obtusiuscula, dorso carinata, 
nitida, punctulis multiseriatis conspersa, 6-8 mill. longa, 3-4 mill. lata. 

Amenta mascula 8-10 cent. longa, 3-4 cent. lata, basi bracteis imbricatis 
involucrata , inferioribus triangulari-lanceolatis , arcuatis, dorso convexis 
medioque carinatis, intus nervo medio notatis et punctulis albis multiseriatis 
conspersis, superioribus basi dilatatis versus apicem angustato-subulatis; sta- 
mina arcte imbricata, connectivo ovato-lanceolato, coriaceo, dorso plano, intus 
medio carinato, margine subtiliter denticulato, subpungente, nitido, 7-9 mill. 
longo, 4 mill. lato; lobi polliniferi 15, plerique patentes acuti, interiores 
filamento contigui apice paulum cucullati. 

Strobili ovoidei, squamarum appendicibus subulatis adscendentibus adpres- 
sis hirsuti coronatique, 8-9 cent. longi, 6-7 cent. lati, ramulos adscendentes 
5-6 cent. longos terminantes, foliis imbricatis, coriaceis, incurvatis, pungentibus, 
triangulari-lanceolatis, nitidis, nervo medio dorsali notatis, 2 + cent. longis, 
basi 8 mill. latis, intus seriatim albo-punctulatis, superioribus sicut involu- 
crum efformantibus basi dilatato-incrassatis, inde triangularibus, subulatis, 
arcuatis, Squamae cuneata, 3 $ cent. longa, parte superiore coriacea, externe 
convexa seu transverse rotundo-carinata, superne in appendicem anguste 
lanceolato-subulatam, vigidam, acutam, 2 cent. longam producta, lateraliter 
in alam scariosam, fulvam, fragilem, 4 mill. latam expausz, medio inflata ; 
squamula triangularis, margine subtiliter fimbriata, apice tantum libera. 

Araucaria intermedia Pancher mss. 

Araucaria intermedia Vieill, Ann. sc. nat. h° sér. t. XVI, p. 55. 

Eutacta Rulei polymorpha Carr. Conif. t. II, p. 606. 

Habitat in montibus ferrugineis Novæ-Caledoniæ, prope Kanala (Pancher, 
1858 ; Vieillard, n° 1276 [ex Parlatore] ; Balansa, n? 2513). 


138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Dès l'année 1858, M. Pancher nous a adressé quelques rameaux et des 
fragments trés-incomplets de cônes mâles et femelles appartenant à cette 
espèce. La note suivante les accompagnait : « On peut appliquer à cet Arau- 
» caria le nom d’intermedia, car, par la largeur et l'épaisseur des feuilles, il 
» est évidemment intermédiaire entre les deux espèces australiennes et les 
» deux espéces américaines. Les verticilles de ses branches sont plus éloignés 
^» que ceux de l’Araucaria Cookii. Ses branches vont en diminuant réguliè- 
» rement de longueur de la base au sommet du tronc, ce qui donne à l'arbre 
» l'aspect des Coniféres européennes. Il acquiert la hauteur et le diamètre 
» des plus hautes espéces de Pins et croit sur les montagnes les plus arides de 
» Kanala, dans un sol argilo-ferrugineux. Si le bois est de bonne qualité, 
» il doit étre préféré à celui du Pin de Cook, car il est beaucoup moins 
» noueux. » . 

Nous avons reçu également de M. Ferd. Mueller (1) plusieurs rameaux sans 
fleurs ni fruits, représentant, suivant lui, diverses formes de l'espéce qu'il a 
dédiée à M. John Rule, pépiniériste à Victoria. 

Enfin M. Balansa nous a envoyé de très-beaux spécimens, d’après lesquels 
nous avons fait notre description. « Cet arbre, dit-il, est vulgairement appelé 
» à Kanala Pin candélabre ; il est très-répandu, à partir de 400 mètres d'al- 
» titude, surles montagnes ferrugineuses des environs de Kanala. » Nous 
croyons, avec notre savant collecteur, que cette espèce a été décrite par 
M. Vieillard, dans son mémoire sur les Plantes utiles de la INouvelle-Calé- 
donie, sous le nom d'A. intermedia. Il importe seulement de remarquer 
que, par suite d'une transposition de noms, la description très-sommaire 
de cette espèce a été placée sous le nom d' 4. Cookii, tandis que la caractéris- 
tique de ce dernier type est appliquée à lA. intermedia. 

Tel que nous le tenons de M. Balansa, l'A. Rulei est bien caractérisé par 
la forme et la grandeur de ses feuilles, par la structure de ses étamines et par 
celle des écailles séminales. 

Les feuilles adultes sont des écailles coriaces, imbriquées, ovales-lancéo- 
lées, longues de 2 centimètres, larges de 4 cent., luisantes et carénées sur le 
dos, un peu obtuses. 

Les chatons mâles sont longs de 10 à 12 centimètres. Le connectif des 
étamines porte quinze lobes d'anthére, les intérieurs étant concaves et un 
peu cucullés au sommet ; il est ovale-lancéolé, coriace, luisant, aigu, long de 
8 millimétres. 

L'appendice qui surmonte les écailles du cône est lancéolé, subulé, rigide, 
aigu, long de 2 centimètres. 


(1) Le rameau envoyé sous le nom Q'A. Rulei est assez différent du type décrit par 
nous, d’après les échantillons de M. Balansa, et qui mesi d'ailleurs pas représenté dans 
l'envoi de M. Mueller. La forme qu'il nomme Ar. Rulei var. parvifolia, et qui est l’ Eu- 
tacta Rulei compacta de M, Carriére, ressemble beaucoup à un échantillon feuillé et sté- 
rile envoyé par M. Balansa avec la plante que nous avons prise pour type et sous le méme 
numéro. 


SÉANCE DU A4 JUILLET 1871. 139 


5. ARAUCARIA MUELLERI. 

Arbor magna, ramis patentibus. 

Folia ovata, imbricata, coriacea, subplana, dorso plus minusve carinata, 
nitida, punctulis albis longitudinaliter multiseriatis undique conspersa, 3 cent. 
longa, 2 cent. lata. 

Amenta mascula cylindrica, 20-25 cent. longa, 3-4 cent. lata, basi bracteis 
imbricatis involucrata, inferioribus triangulari-lanceolatis, paulo concavis, 
arcuatis, dorso carinatis, apice incrassato obtusiusculo incurvis, 3 cent. longis, 
superioribus sensim angustioribus, basi dilatatis, versus apicem angustato- 
subulatis. Stamina connectivo ovato, coriaceo, crasso, lucido, medio ca- 
rinato, apice obtusiusculo, 7-8 mill. longo, 5 mill. lato, lobis polliniferis cir- 
citer 20; lobi inæquilongi, fere omnes patentes, appendiceque subulata, 
incurva apiculati; alii filamento contigui concavi, vel apice incurvo cucullati, 
vel etiam uncinato-reflexi. 

Strobilus ovoideus, 44 cent. longus, 9 cent. latus; squamæ obovato- 
cuneata, 3 + cent. longa lateque, parte superiore coriacea externa convexa, 
in appendicem rectam planam subulatam acutam flexibilem pungentem 10- 
12 mill. longam sensim productæ, lateraliter in alam scariosam fulvam fragi- 
lem 4 cent. latam expansæ, medio inflatæ ; squamula triangularis, acuta, apice 
tantum libera, margine subtiliter fimbriata. 

Habitat in Nova-Caledonia, versus apicem montium (Balansa, n° 188) ; Pan- 
cher, in monte Cougui. 

Araucaria Rulei var. grandifolia. Mueller mss. 

Eutacta Muellerii Carr. Conif. t. II, p. 607. 

Cette espèce est représentée, dans les récoltes de M. Balansa, par des spé- 
cimens feuillés et munis de chatons staminaux. M. Pancher nous a communi- 
qué des cónes détachés. 

Les feuilles sont ovales, presque planes, un peu obtuses au sommet, lon- 
gues de 3 centimètres, larges de 2 centimètres. 

Les chatons mâles atteignent jusqu'à 20 et 25 centimètres de longueur; le 
connectif des étamines est ovale, coriace, luisant, un peu obtus, long de 7 à 
8 millimètres. Il porte 20 lobes d’anthère, dont les intérieurs sont concaves, 
cucullés où même recourbés en crochet au sommet. 

L'appendice qui surmonte les écailles du cône est triangulaire, subulé, 
aigu, droit et long de 10 à 12 millimètres. 


M. Parlatore a décrit quatre espèces de Libocedrus dans le Prodromus. Les 
Libocedrus tetragona, chilensis et decurrens sont américains, et l'on trouve 
dans la forme des rameaux, dans celle des feuilles, dans la position du stro- 
bile, dans le nombre et la structure de ses écailles, des caracteres qui les dis- 
tinguent de l'espéce néo-calédonienue que nous allons décrire. Elle parait 


140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


avoir plus d'analogie avecle L. Doniana de la Nouvelle-Zélande, mais elle en 
diffère par ses feuilles latérales ovales obtuses, et non oblongues acuminées, 
par ses feuilles antéro-postérieures triangulaires obtuses et non ovales acumi- 
nées, par les écailles du strobile dont les latérales, et non les antérieures, sont 
plus longues que les deux autres, dont les appendices sont linéaires, subulés, 
droits, et non ovales-lancéolés arqués. 

LIBOCEDRUS AUSTRO-CALEDONICA. 

Frutex ramosissimus, 4-6 metr. altus. 

Rami teretes, squamis cruciatim oppositis, ovato-rotundatis, apice breviter 
triangulari acutis, fere omnino adnatis, acumine tantum libero ; ramuli sparsi, 
paulo compressi, squamis antero-posterioribus oblongis apice triangulari plano 
liberis, cæterum omnino adnatis, 5 mill. longis, 3 mill. latis, squamis latera- 
libus basi decurrente adnatis, parte superiore libera, 2 mill. longa, ovata 
horizontaliter expansis, compressis, arcuatis, dorso carinatis, intus concavis, 
obtusiusculis. 

Surculi oppositi, distichi, compressi, 3-5 cent. longi, squamis dimorphis, 
decussatim oppositis, nitidis obtecti; squamae antero-posteriores minima, 
2 mill. longa latæque, triangulares, dorso convexa ; squama laterales ovatæ, 
paulum arcuatæ, apice obtuse, basi obliqua decurrente adnatæ, compressa, 
carnosa, ex uno latere (supra) plano-convexæ, altero longitudinaliter exca- 


vatæ, dorso angustato-carinatæ, intus vel pagina superiore arcte canaliculatæ, 
h mill. longa. 


Amenta mascula... . 

Amenta feminea solitarie terminalia, squamis 4 cruciatim oppositis invo- 
lucrata, antero-posterioribus ovato-lanceolatis acutis, dorso convexis, intus 
concavis, 4 mill. longis, lateralibus paulo minoribus magisque navicularibus. 
Amenti squama proprie 4, subverticillatæ, 2 laterales antero-posterioribus 
minores. Squams laterales oblongo-lanceolatæ, 1 cent. longa, dorso cari- 
nate, intus concave, basi oblique insertæ, apice acutæ, lepidio sterili oblongo 
inferne adnato 3 mill. longo stipatæ, Squamæ antero-posteriores (e lepidio et 
bractea simul connatis compositæ) oblongæ, subspathulatæ, carnosæ, appen- 
dice dorsali (bractea) subulata, dorso carinata, intus canaliculata, apice pun- 
gente instructæ, 15 mill. longe, altera ovula 2 sterilia, altera fertilia fovente ; 
ovula oblique ad insertionem squamæ nascentia, minima, lagenæformia, 
erecta, orthotropa, micropyle in collum apice lateraliterque bidentatum pro- 
ducta; semina nondum matura compressa lateraliter alata, ala altera lata sursum 
rotundato-expansa, altera angusta marginiformi, micropyle brevi bidentata. 

Strobilus valvis diductis, sublignosis, antero-posterioribus oblongis apice 
attenuatis, obtusiusculis, 8 mill. longis, dorso paulo supra medium mucrona- 
tis ; valvis lateralibus 12 mill. longis, oblongis, apice rotundatis, paulo supra 
medium mucrone dorsali recto, lineari-subulato pungente, adscendente 1 cent. 
longo asperatis. Semina... 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1871. 141 


Habitat montem Humboldt, altitudine 1100 metr. in locis saxosis (Balansa, 
n° 2503). 


À la suite de cette communication, M. Brongniart expose les ob- 
servations suivantes : 


NOTE SUR LA CONSTITUTION DU CONE DES CONIFÈRES, 
par M. Ad. BRONGNIART. 


La description des chatons femelles des Araucaria et de leur développement, 
qui vient d’être donnée dans la note précédente, a reporté mon attention sur 
l'organisation générale de ces parties dans les deux principaux groupes de la 
classe des Coniféres, les Cupressinées et les Abiétinées. 

Les opinions les plus diverses ont été émises sur les parties constituantes des 
petits épis qui forment l'inflorescence et plus tard les cônes de ces végétaux. Je 
ne veux pas revenir en ce moment sur un des points les plus controversés de 
cette question, à savoir la nature ovulaire ou ovarienne des parties qui devien- 
nent ce qu'on appelle généralement les graines de ces Coniféres, mais seule- 
ment sur la nature des écailles qui les portent ou les accompagnent. 

Dans les Cupressinées on admet des écailles simples, organes appendicu- 
laires naissant de l'axe de l'épi ou cône: dans les Abiétinées tous les auteurs 
reconnaissent deux parties distinctes, l'une plus extérieure naissant aussi di- 
rectement de l'axe et qu'on a nommée la bractée, et immédiatement au-dessus 
ou à l'intérieur de chacune de ces bractées, une écaille généralement plus dé- 
veloppée, qui porte deux ovules dans les vraies Abiétinées, Pinus de Linné, 
un seul dans les Araucaria et Dammara, trois dans les Cunninghamia. 

C'est la nature de cette écaille qui a donné lieu à des interprétations trés- 
diverses, car on l'a considérée tantót comme une feuille distincte, tantót comme 
un rameau axillaire modifié. 

On a objecté à la première de ces manières de voir que jamais, sur un 
méme rameau, une feuille ne nait immédiatement au-dessus d'une autre, et 
que si cette feuille était la premiére feuille d'un rameau axillaire, elle serait 
latérale et non superposée à la feuille à l'aisselle de laquelle ce rameau se serait 
développé, et, en admettant sa nature appendiculaire, on a été conduit à sup- 
poser que l'écaille des cônes des Abiétinées était le résultat de la confluence 
des deux feuilles latérales d'un rameau axillaire. 

A la seconde opinion, qui a été émise par M. Baillon (1), on peut objecter 
non-seulement la forme si insolite de ce rameau foliacé et la position des 
ovaires ou ovules sur sa face supérieure, mais l'union qui m'a toujours 
paru bien manifeste entre la base de la bractée et la base de l'écaille, qui sem- 


(1) Ann. sc. nal., 4° série, t. XIV, p. 186. 


142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ble n’en faire que les deux parties d'un méme organe, et enfin la dissem- 
blance profonde que cela établirait entre les Abiétinées et les Cupressinées. 

En objectant à la première de ces manières de considérer les organes des 
épis femelles des Conifères que deux feuilles ne pouvaient pas être immédia- 
tement superposées l’une à l’autre, on me paraît avoir complétement oublié 
celte théorie des dédoublements d’un même organe, théorie si ingénieuse qui, 
depuis son introduction dans la science par Dunal, s’est vue confirmée par tant 
d'observations et particulièrement par les études organogéniques. 

Nous voyons en effet, dans les dédoublements antéro-postérieurs qui se 
présentent surtout dans les fleurs et particulièrement dans les pétales, tantôt 
l'organe extérieur conservant presque toujours ses caractères habituels pro- 
duire une seconde lame sous forme d'écaille ou de crête plus ou moins déve- 
loppée, tantót, ce qui n'a été longtemps qu'une présomption que l'organogé- 
nie est venue confirmer, donner naissance à un organe trés-différent, une ou 
plusieurs étamines par exemple; il n'est en effet, je crois, aucun botaniste 
qui n'admette actuellement que, dans la plupart des cas, les étamines opposées 
aux pétales ou les faisceaux d'étamines des Malvacées, des Myrtacées, etc. , ne 
soient le résultat du dédoublement intérieur des pétales devant lesquels ils sont 
placés (4). / 

Voilà donc des organes d'apparence souvent fort différente, mais tous deux 
de nature appendiculaire, qui se trouvent placés l'un devant l'autre, soit en 
restant unis dans une plus ou moins grande étendue, soit en devenant com- 
plétement distincts par leur base. 

Je crois qu'il en est de méme dans les Conifères, et que cette explication 
des anomalies apparentes de leurs épis femelles est la plus vraisemblable, quoi- 
qu'elle ne soit venue, à ma connaissance, dans la pensée d'aucun des nom- 
breux botanistes qui se sont occupés de ce sujet. 

Dans les Cupressinées, la bractée et l'écaille ne forment qu'un seul tout, 
ou du moins la tendance au dédoublement n'est pour ainsi dire qu'indiquée 
par la forme des écailles de certains genres, dont le sommet, marqué par un 
apicule dorsal subulé, est accompagné à l'intérieur d'un rebord entier ou 
lobé. 

Les écailles des petits cônes du Cryptomeria, avec leurs cinq lobes à leur 
bord intérieur, me paraissent montrer surtout d'une manière bien évidente ces 
deux portions de l'organe appendiculaire. 

Dans les Abiétinées ordinaires, le dédoublement est, au contraire, complet ; 
cependant, quand on y regarde de prés, dans plusieurs Pinus ou Abies, on 
voit que la bractée et l'écaille sont unies vers leur base dans une étendue de 


(4) En supposant méme qu'on n'admette pas dans ces cas un dédoublement réel d'un 
organe, c'est-à-dire la partition d'un seul mamelon primitif en deux organes distincts, il y 
a du moins évidemment production d'un organe de nature appendiculaire immédiatement 
au-dessus ou à l'intérieur d'un autre organe, dont il parait étre une dépendance. 


SÉANCE DU 1/ JUILLET 1871. 143 


quelques millimètres, et peut-être, en examinant un plus grand nombre d'es- 
pèces que je ne l'ai fait, trouverait-on des exemples de cette union bien plus 
prononcés. ` 

Sans doute ici, la dissemblance des deux parties de l'organe dédoublé est 
trés-grande; la portion extérieure, ordinairement la plus développée, est ici 
presque atrophiée; cependant, dans certains Abies, elle reprend son caractère 
foliacé et dépasse l'écaille interne. Celle-ci, épaisse, ligneuse, n'est pourtant 
pas aussi différente de l'organe qui l'aurait produite qu'une étamine ne l'est 
d'un pétale. 

Mais ce qui me parait une confirmation puissante de l'opinion que je viens 
d'énoncer et ce qui m'a amené à en entretenir la Société dans ce moment, 
c'est la structure de l'écaille des Ara ucaria. 

Dans ces plantes, étudiées avec le plus grand soin par M. A. Gris, l'épi fe- 
melle ou le cône jeune est composé d'écailles étroites lancéolées-subulées qui, 
par leur position, correspondent aux bractées des cónes des Abiétinées ordi- 
naires; à leur face interne et très-près de leur base se trouve une petite 
écaille qui leur adhère dans une très-petite étendue; c'est immédiatement 
sous la partie basilaire de cette écaille interne qu'apparait l'origine de l'ovule 
représenté par un petit mamelon; mais bientót la partie inférieure de la 
bractée ou écaille externe s'accroit, s'allonge et s'élargit et entraine la petite 
écaille interne qui se trouve ainsi reportée vers la partie supérieure de la 
bractée, ainsi que le point d'attache de la graine. 

La dépendance de cette petite écaille interne de l'écaille principale est ici 
évidente, elle n'en est que le dédoublement interne; dans sa jeunesse, elle 
rappelle la petite écaille qui est à la base des pétales des Renoncules et qui forme 
un dédoublement de ces organes dans plusieurs autres familles (Sapindacées, 
Résédacées, etc.). 

Il me parait résulter de cet examen et de la comparaison des Cupressinées, 
des Abiétinées et des Araucaria, que les cônes de ces plantes ne sont réelle- 
ment formés que d'un seul ordre d'organes appendiculaires : des bractées sim- 
ples dans les Cupressinées; dédoublées jusqu'à leur base ou très-près de leur 
base, et montrant ainsi une bractée et une écaille interne distinctes, dans les 
Abiétinées; dédoublées en deux parties à une distance plus ou moins grande 
de leur base, suivant le degré de leur évolution, dans les Araucaria. 


M. Martinet fait à la Société la communication suivante : 


SUR LES ORGANES GLANDULEUX DES RUTACÉES, par M. J.-B. MARTINET. 


Au mois d'avril dernier, dans une petite réunion de la Société botanique, 
J'ai eu l'honneur de présenter une courte note sur les organes glanduleux du 
genre Citrus (voyez plus haut, p. 61). 


144^ SOCIÉTÉ BOTANIQUÉ DE FRANCE. 


J'ai démontré que les glandes des Orangers ne sont pas des cavités à parois 
sécrétantes, des vésicules remplies de liquide, des glandes vésiculaires en 
un mot, mais qu'elles sont formées d'un tissu spécial glandulaire, bien différent 
du parenchyme dans lequel il est plongé. J'ai signalé, en outre, dans la méme 
note, un phénomène particulier qui survient dans le tissu glandulaire à une 
certaine époque de son existence, et par suite duquel ce tissu disparait plus 
ou moins complétement. C’est sans doute à ce phénomène de résorption du 
tissu sécréteur que doit étre attribuée l'interprétation erronée qui a été faite 
jusqu'alors de la structure des glandes des Citrus. 

J'ai étudié plus récemment les glandes des Rutacées. On sait que les divers 
organes des plantes de cette famille sont abondamment pourvus de glandes 
analogues à celles des Aurantiacées. On les désigne sous le nom de glandes 
vésiculaires, comme celles des Orangers, mais aussi improprement que pour 
ces dernières, car elles en ont, à trés-peu près, la structure. 

C'est surtout des glandes des Fraxinelles que j'ai à dire quelques mots. 
Ainsi qu'on le sait, les plantes du genre Dictamnus, indépendamment des 
glandes situées dans le parenchyme de leurs organes, sont munies de glandes 
extérieures qui, par leur volume et l'abondance de leur sécrétion, ont de bonne 
heure fixé l'attention des savants. 

La structure de ces organes n'est pas connue ; on les considère générale- 
ment comme formés d'une couche unique de cellules épidermiques, limitant 
une cavité considérable dans laquelle s'accumule la substance sécrétée. 

Cette cavité, celte outre, comme on l'a appelée, à parois sécrétantes, ne 
laisse pas d'avoir quelque chose d'extraordinaire. Pour mon compte, je m'ex- 
plique assez difficilement, ou plutót je ne comprends pas du tout, la formation 
d'un tel organe. 

C'est néanmoins ainsi que sont décrites et figurées les glandes des Fraxi- 
nelles dans nos meilleurs traités, qui, il faut le dire, pour tout ce qui touche 
les sécrétions végétales, ne sont pas toujours très-bien renseignés. J'en dirai 
la cause autre part. 

L'étude des glandes extérieures des Dictamnus les montre constituées par 
deux tissus différents : un tissu enveloppant, de méme nature que l'épiderme 
dont il n'est qu’une modification, et un tissu central glandulaire, qui jus- 
qu'alors a échappé aux observations des anatomistes, 

Le tissu adénoide, comme celui des glandes nombreuses dites vésiculaires 
que l'on observe dans les organes d'un grand nombre de végétaux (Aurantia- 
cées, Myrtacées, Rutacées, Hypéricinées, Myoporinées, etc.), subit, chez les 
Fraxiuelles, un phénomène de résorption ou de désassimilation exagérée, et 
finalement disparait par suite de ce trouble nutritif. 

Les faits que je viens de signaler trouveront prochainement le développe- 


ment qu'ils comportent dans un travail spécial Sur les organes de sécrétion 
des végétaux. 


SÉANCE DU 14 JUILLET 1874. 145 


Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la 
Société : 


OBSERVATIONS SUR QUELQUES PLANTES DU FOREZ, par M. Antoine LE GRAND. 


(Montbrison, 30 juin 1874.) 


Voici quelques espèces qui, je crois, n'ont pas encore été signalées dans des 
conditions aussi différentes de celles où elles vivent habituellement. 

L' Erica cinerea L., cette parure si abondante des landes de l'Ouest et du 
Centre, est venu s'égarer jusque dans les bois de sapins du Pilat, sous la som- 
mité du Crét-de-la-Perdrix (1350 à 1400 m. d'altit.), oà, du reste, je n'en ai 
rencontré que quelques maigres touffes commençant à fleurir le 6 août 1865. 

Le Carex levigata Sm. a envoyé une colonie abondante et vigoureuse 
peupler quelques marécages spongieux (sagnes) des pentes de Pierre-sur- 
Haute, à la lisière des sapins, où il croit au milieu des Betula pubescens 
Ehrh. 

Comment cette espéce occidentale et méditerranéenne a-t-elle quitté ces 
lointains parages pour venir, comme la précédente, s'ensevelir une partie de 
l'année sous les neiges de nos montagnes? 

Ne quittons pas les Carex sans aunoncer le C. nutans Host, prés de Mont- 
brison, et le C. pauciflora Lightf. , en abondance au pied du pic de Gourgon 
(Pierre-sur-Haute), en société d'Oxycoccos palustris et d'Andromeda poli- 
folia. 

L'Zlatine macropoda Guss. , signalé dans le Bulletin (t. XVI, p. 60), est la 
forme appelée par M. Grenier, qui a lui-méme vérifié mes échantillons, E. Fa- 
bri, intéressante variété que l'on ne connaissait jusqu'à ce jour que dans les 
mares d'Agde (Bull. Soc. bot. t. XVI, p. 213), et qui est bien éloignée ici 
de sa station presque maritime, dont l'influence parait également nécessaire 
à l'existence du type. 

Il est plus facile d'expliquer la présence sur nos grèves de la Loire du Zeu- 
canthemum palatum Lam. (L. cebennense DC.), qui doit s'appeler Z. mons- 
peliense L. (sub Chrysantliemo), que les graines nous soient arrivées (par les 
aux du fleuve, comme c'est probable) des montagnes où la Loire prend sa 
source, ou de localités plus rapprochées que de nouvelles recherches feront 
peut-étre découvrir. C'est à M. Hervier-Basson que nous devons la découverte 
de cette belle espéce. 

L'Epipogon aphyllus Sw. a été déjà indiqué dans notre région forézienne 
(Cariot, Étude des fleurs, t. II, p. 563). Mais son existence à Pierre-sur- 
Haute est un fait assez considérable pour qu'il soit permis de le rappeler et de 
le confirmer. Deux échantillons seulement ont été trouvés et récoltés, et j'ai eu 
le plaisir de voir l'un d'eux bien conservé daus l'herbier de M. l'abbé Pey- 

T. XVIII. (SÉANCES) 10 


1^6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rón, aüteur de cette importante découverte. L'autre échantillon fait partie de 
l'herbier Cariot. 

Genre PULMONARIA. — On a multiplié les espéces de ce genre aux dépens 
du P. angustifolia L. L'un des caractères les plus usités est tiré de la position 
et de l'abondance des poils qui se trouvent à l'intérieur du tube de la corolle. 
Le P. affinis Jord. notamment a ces poils disposés en anneau autour de la 
gorge. Mais j'ai observé plusieurs corolles où ces poils garnissent tout l'inté- 
rieur du tube ; et ce qui est plus curieux, c'est que je n'ai observé ce fait que 
dans des corolles où l'androcée est inséré au fond du tube corollaire au lieu 
de l'étre vers le sommet (ce qui est beaucoup plus fréquent). A ces positions 
de l'androcée correspondent, comme on sait, des formes longistyles ou brévi- 
styles, comme dans les Primulacées et quelques autres plantes. 

Ce genre est représenté, dans le bassin de Montbrison, par un assez bon 
nombre de formes, telles que : P. affinis Jord., ovalis Bast., longifolia 
Bast. , tuberosa Schk., azurea Bess. Mais constituent-elles autant d'espèces? 
L'observation que j'ai rapportée ci-dessus permet d'en douter. 

Genre NARDURUS. — Le Nardurus Poa Boiss. est mutique (Festuca Poa 
Kunth, Boreau), ou aristé (F. fenwicula Link, Boreau); et quelques auteurs 
se basent sur la présence ou l'absence de l'aréte et sur une prétendue diffé- 
rence de station pour faire deux espèces de ces deux formes. Dans nos envi- 
rons, je les ai trouvées croissant ensemble, et je dirai même si intimement 
qu'ayant cru récolter une centurie de la forme mutique, je fus fort étonné, au 
dépouillement, de trouver un tiers environ d'échantillons aristés tellement 
mélés avec les autres qu'il fallut un vrai travail pour les séparer. 

Quant au caractère tiré de l'aréte, on sait avec quelle réserve il faut lad- 
mettre dans les formes affines appartenant à la famille des Graminées. 

Genre AGROPYRUM. — Le savant directeur du Jardin-des-plantes d'Angers, 
en publiant'une monographie des Agropyrum d'Europe (Mém. de la Soc. 
acad. de Maine-et-Loire, t. XXIV, p. 347), a appelé l'attention des botanistes 
sur ce genre intéressant et peu étudié. Déjà j'avais eu le plaisir de découvrir, 
sur les bords de la Loire, une forme de l'A. acutum R.S., rapportée dans cette 
monographie à l’A. obtusiusculum Lge. Depuis, mes recherches se sont éten- 
dues et ont apporté le tribut suivant : 

A. glaucum R.S. (A.R.); A. obtusiusculum Lge (A.C.); A. pungens R.S. 
(R.); A. cæsium Presl (A.C.); A. repens P.B. (CC.), et var. subulatum 
Schk. (C.); A. caninum R.S. (R.). 

Ces plantes habitent surtout les haies, les buissons, les rocailles, le bord des 
fleuves. Aiusi presque toutes celles-là se rencontrent le long de la Loire. Elles 
sont probablement plus communes qu'on ne pense, mais elles attirent peu le 
botaniste en excursion et passent inapercues. 

Noms vulgaires du Meum athamanticum. — Cette Ombellifere 
abonde dans les prairies des montagnes de Pierre-sur-Haute et du Pilat, où elle 


SÉANCE DU 1/4 JuILLET 1871. 147 


constitue un assez bon fourrage pour les bestiaux. Le fait assez curieux qui 
me la fait mentionner ici, c'est qu'elle est vulgairement connue des monta- 
gnards de la chaine du Forez sous le nom de méon, qui se rapproche singu- 
liérement du nom scientifique. 

D'un auue côté, Latourrette (dans son Voyage au Mont-P'lat, p. 135) rap- 
porte, d'aprés Dalechamps, que cette plante était anciennement connue « dans 
les boutiques » sous ie nom de mu ou meu. Il me paraît probable que ces 
noms, ainsi que celui de méon, auront été apportés dans nos montagnes par 
les herboristes du moyen áge (1). 

Dans les montagnes du Pilat, le Meum est appelé vulgairement citre; mais 
l'odeur anisée de notre plante ne permet guère de faire un rapprochement 
étymologique entre ce nom vulgaire et le nom du citron (citrus). 

Rappelons, en terminant, que l'étymologie du mot Meum, que M. Boreau 
(Fl. centre, éd. 3, p. 324) rapporte à ucov, plus petit, à cause de la ténuité 
des lobes des feuilles, ne paraît pas satisfaire entièrement l'esprit (2). 


M. l'abbé Chaboisseau fait à la Société la communication sui- 
vante : 


SUR LE NITELLA SYNCARPA Thuillier, ET LE CHARA, CONNIVENS Salzmann, 
pr M. l'abbé CHABOISSEAU. 


J'ai pu observer cette année, pour la première fois, le véritable Nitella 
syncarpa Thuill., celui de la Flore des environs de Paris, de M. Alex. Braun, 
et des exsiccata de M. Rabenhorst. Il était abondant dans l'étang de la Grange 
prés Rosoy-en- Brie (Seine-et-Marne), où il remplaçait totalement le Potamo- 
geton acutifolius Link , qui y foisonnait il y a trois ou quatre ans. Il devra se 
retrouver dans d'autres localités : les Characées échappent facilement aux re- 
cherches, peut-étre à cause du petit nombre des observateurs, mais assurément 
à cause de leur habitat au fond des eaux et souvent loin du bord. Me serait-il 


(4) Le Gnaphalium dioicum est connu aussi dans toutes nos montagnes sous le nom 
de Pied-de-chat, qui n'est pas un nom indigène. 

(2) Notre obligeant Secrétaire général, en me communiquant l'épreuve de mon article, 
a bien voulu me donner les renseignements suivants : 1? Le nom latin Meum a été em- 
ployé par Pline et provient de pov ou gstov, nom par lequel, disent MM. Le Maout 
et Decaisne (Flore des jardins et des champs, p. 367), les naturalistes grecs désignaient 
« certaines Ombellifères ». — 2° La forme meu est mentionnée comme nom vulgaire du 
Meum dans le Pinaz de G. Bauhin (1671). — 3? Dans ses Stirpium adversaria (1570), 
Lobel cite les noms de meum , meon et meu , et ajoute que la plante se trouve sur les 
sommets les plus élevés des Cévennes, notamment à l’Espérou, où, dit-il, les monta- 
gnards la nomment cestre (qui se rapproche beaucoup de la forme citre, employée encore 
aujourd'hui dans le Forez). — Dans l'opinion de M. de Schenefeld, cestre, cétre ou 
Citre serait peut-être la vieille appellation gauloise et indigène (ou bien proviendrait du 
latin cestrum ?), tandis que meu et méon ne sont certainement que des altérations du 
latin meum. (Note ajoutée au moment de l'impression.) 


148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


permis de recommander pour leur récolte un moyen d'une simplicité pri- 
mitive, une ficelle enroulée sur un bâtonnet, à la manière d'un cordeau 
de jardinier? Arrivé sur place, on la munit de deux pierres attachées à 
quelque distance l'une de l'autre, et fixant le bâtonnet en terre, on lance cette 
drague improvisée, qui rapporte souvent des merveilles. On ne doit s'en servir, 
bien entendu, que dans les endroits inaccessibles; car rien ne remplace une 
main tant soit peu exercée à ce genre de récolte, surtout en ce qui concerne 
les parties souterraines de la plante, si importantes et si curieuses dans cette 
famille. Si je ne craignais d'entrer dans des détails puérils, je recommanderais 
d'envelopper sans facon les touffes fraiches dans une feuille de papier buvard, 
an moment de la récolte, si l'on n'a pasle temps de les préparer sur place, et 
de les faire flotter chez soi dans de l'eau pure, sur une feuille de papier blanc, 
comme on prépare les Algues, en ayant soin de séparer les deux sexes des 
espèces dioiques et de les noter au moment de la préparation; ne pas oublier 
de récolter à part des échantillons à fruits adultes, c'est-à-dire à nucules 
noires. 

Je prends la liberté de rappeler ici les caractères différentiels des trois /Vi- 
tella dioiques de ce groupe; quoiqu'ils soient établis soigneusement dans la 
dernière édition de la Flore de Paris, beaucoup de botanistes semblent encore 
les méconnaitre. Ces trois espéces sont trés-voisines, et peut-étre pourrait-on 
les réunir à cause de la similitude de leur facies. Quoi qu'il en soit, elles sont 
nettement et exactement caractérisées par M. Al. Braun (Char. Eur. exs.) : 

NITELLA SYNCARPA Thuillier.—Glæocarpa, leiopyrena. 

NITELLA CAPITATA Nees. — Glæocarpa, oxygyra. 

NITELLA OPACA Agardh. — Gymnocarpa, pachygyra. 

Les deux premières en effet ont les glomérules d'anthéridies et de sporanges 
enveloppés de mucilage, tandis que la troisième en manque. Et en supposant 
que ce caractère soit inconstant, les nucules du Nitella syncarpa se distin- 
guent à première vue par leurs spires larges et peu profondes, offrant en pro- 
fil un aspect arrondi, tandis que les nucules des deux autres ont des stries ai- 
guës et très-prononcées, étroites de base et profondes dansle Nitella capitata, 
plus larges de base, mais toujours très-fortes dans le Nitella opaca. Le Nitella 
capitata, que je n'ai pas encore observé autour de Paris et qui m'a semblé 
aimer les terrains granitiques ou sablonneux, est généralement trés-gréle, 
germe en automne et passe l'hiver de manière à fructifier dès la fin de mars, 
quelquefois sous la glace. Le Nitella opaca lui succède, germe au premier 
printemps et fructifie d'avril en juin; le Nitella syncarpa m'a paru plus 
retardataire, il fructifie en juin-juillet. Je ne parle pas ici des caractères que 
l'on a tirés de la consistance plus ou moins tenace de ces espèces, de leur cou- 
leur plus ou moins verte et plus ou moins opaque; tout ceci est variable et 
n'a pas grande valeur. 

Le Chara que j'avais vu en mai dans l'étang de Trappes prés Versailles, 


SÉANCE DU A4 JUILLET 1874. 149 


et qui m'avait paru si curieux, a justifié pleinement la bonne opinion que 
j'avais de lui. Je l'ai revu il y a quelques jours : c'est incontestablement le 
Chara connivens Salzmann. Il se trouve en abondance aux deux côtés de la 
chaussée, mais ne m'a pas paru remonter trés-loin, du moins autant que la vase 
m'a permis d'en juger. Cette espèce étant imparfaitement connue de plusieurs 
botanistes, je deinande la permission d'en donner une description et une 
figure, méme après MM. Alexandre Braun et Kuetzing. Notre collègue M. Max. 
Cornu a bien voulu m'aider à l'étudier et en faire le dessin (pl. I de ce volume). 
Je dois à la vérité, et à l'amitié que j'ai pour lui, de déclarer que si je parviens 
à dire quelque chose d'intéressant, tout l'honneur lui en revient pour les 
excellentes observations dont il a accompagné son étude. 


CHARA CONNIVENS Salzmann, in Collect. pl. de Tanger.— Alex. Braun, in 
Flora, 1835, I, p. 73, in Schweinf. Beitr. z. Flora Æthiop. p. 229, et in 
Die Characeen A frika's (1868), p. 855. — Kuetzing, Spec. Alg. p. 521, et 
Tab. phycol. VII, tab. 63, 1. (Cette figure médiocre ne représente qu'une 
tige incompléte de la plante femelle, avec un ramuscule et un fruit grossi.) — 
Wallm. Charac. p. 99. — Brébisson, Fl. de Normandie, 2° éd. p. 336; 
3*-éd. p. 381; 4° éd. p. 405. — Lloyd, FI. de l'Ouest, 2° éd. p. 622. 

Dioique. Racines dépourvues de bulbilles; articulations inférieures de la 
tige offrant quelques renflements paucicellulés traversés par l'axe. — Tiges 
de 1 à 2 décimétres, opaques, d'un beau vert, s'incrustant et grisonnant à la 
fin, trés-fragiles, inermes, à tubes corticaux droits et réguliers. — Rameaux 
au nombre de 7-9, rarement 10, ceux de la plante mále (et quelquefois méme 
ceux de la plante femelle) arqués en dedans ou contournés. — Papilles invo- 
lucrales peu distinctes. — Articles (4) de chaque rameau au nombre de 12 à 
20, généralement très-rapprochés, surtout dans les plantes mâles, cortiqués, à 
l'exception du dernier ou des deux derniers (fig. 2); lesarticles stériles sans brac- 
tées ou n'offrant que trois bractées antérieures à peine distinctes, les articles fer- 
tiles munis antérieurement de 2-4 bractées très-courtes sous l'anthéridie (fig. 4), 
et, sous le sporange, de trois ou cinq bractées pouvant atteindre au maximum 
le tiers du sporange, mais souvent beaucoup plus réduites, la médiane égale 
aux latérales ou plus courte (fig. 7). — Anthéridies globuleuses, assez grosses, 


(4) Le sens des mots article et articulation varie chez les auteurs et peut donner lieu 
à confusion. Si l'on examine un rameau de Chara connivens ou de quelque espéce voi- 
sine, on y remarque des articulations trés-prononcées, susceptibles de produire des 
bractées et des organes reproducteurs ; ce sont de vrais entre-nœuds, où les bractées 
représentent de véritables rameaux, à l'aisselle desquels naissent les anthéridies et les 
sporanges ; mais chacun de ces entre-uceuds est séparé par une articulation moins forte 
et toujours stérile, manquant quelquefois, comme on peut le voir sur l'excellente figure 
du Chara Durici (Explor. scient. de l'Algérie, tab. xxxix, fig. 2 d). Ici, nous comptons 
absolument les articles tels qu'ils se présentent à la loupe ou au microscope, et en y 
o eg ant méme l'extrémité monosiphonée, sans tenir compte de leur valeur: morpho- 
ogique. 


150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


— Sporanges adultes allongés, presque cylindriques (fig, 7) ou ovoides 
(fig. 5), offrant de 14 à 17 tours de spire; coronule conique, égalant le cin- 
quième de la longueur du sporange. 


Je n'ai pas à revenir sur la différence si bien établie par M. Clavaud (in Pull. 
Soc. bot. de Fr. t. X [1863], p. 137 et suiv.), entre les bulbilles insérés latéra- 
lement aux racines, et les renflements traversés par l'axe de la tige, renflements 
produits par l'arrét dans le développement normal d'un verticille. Ces deux 
phénomènes se présentent ensemble sur certains Chara, par exemple sur le 
Ch. fragifera. Malgré mes recherches, je n'ai pu observer de bulbilles ra- 
dicaux sur le Ch. connivens. En revanche, on trouve assez fréquemment l'en- 
veloppe noire de Ja spore (fig. 1, sp.) encore adhérente à l'individu auquel cette 
spore a donné naissance. Du reste le Ch. coronata Ziz, dont je n'ai jamais 
observé la germination, est comme celui-ci, si je ne me trompe, dépourvu 
de bulbilles, et au contraire souvent pourvu de renflements aux articulations 
inférieures de la tige. Pareille chose s'observe sur plusieurs Nitella. 

Le développement du sporange mérite une mention particulière. Dans l'ex- 
tréme jeunesse du sporange, les cellules qui doivent se contourner en spirale 
sont au nombre de cinq et parallèles entre elles. A mesure que le sporange se 
développe, elles prennent une disposition spiralée qui s'accroit avec l'áge. La 
coronulé subit des modifications encore plus profondes. Dans la jeunesse du 
sporange, les cinq cellules de la coronule sont un peu plus larges en haut qu'en 
bas (fig. 5), d'une hauteur égale au diamètre moyen ; ce qui produit un aspect 
un peu évasé par le sommet (le sporange n'en étant pas moins fermé pour 
cela). En continuant de s'accroitre, les dents augmentant de longueur, la 
coronule prend l'aspect cylindrique (fig. 6). Enfin, à l'état adulte, la partie su- 
périeure des dents est plus étroite que la base; chaque cellule prend un aspect 
triáriguláire, et l'ensemble produit une apparence conique (fig. 7 et 8). On voit 
de là corübieti il ést important de considérer des sporanges adultes, c'est-à-dire 
toits, si l'on ne veut s’exposer à des erreurs graves. 

Les espèces dioiques du groupe aspera réclament encore une étude com- 
pátátive faite sur le vif avec dé bons échantillons. La série formée par les 
Chara üspePü Willd., galioides DC., Duriæi A. Braun, connivens Salz- 
miann et fragifera DR., est si naturelle, que je n'oserais décider si le Chara 
connivens est une bonne espéce, malgré les apparences qui militent en sa 
faveur. Il se distingue des espèces affines par la singulière crispation des ver: 
ticilles rhâles et pat la fome et là longueur delà coronule. En oütre, il offre 
des dilféréücés notables avec chacune d'elles. 

4° Il diffère du Chara fragiférd DR.; par l'absence de bulbilles, les tiges 
fragiles, tigides, les ratieaux à articles rapprochés. 

2° De la belle espèce algérienne Chara Duriæi Al. Braun, Char. Afrik. 
p. 854 (CA. galtoides, vat. Duríbi Al. Br. in Eaplor. sc. Alger. tab. XXXIX, 


SÉANCE DU AÁ JUILLET 18741. 154 


fig. 2. — Ch. concinna Coss. et DR. in Bull. Soc. bot. Fr. t, VI, p. 183, en 
note), par sa taille beaucoup plus grande, son port plus robuste, ses tiges 
inermes, ses bractées beaucoup plus courtes, nulles ou peu distinctes aux 
articulations stériles, réduites à 3 ou 5 aux articulations fertiles, ses rameaux 
abondamment fertiles, etc. (cf. Al. Braun Z. citatis). 

3° Du Chara galioides DC., par ses tiges inermes, ses bractées beaucoup 
plus courtes, ses rameaux à articles plus nombreux, etc. 

h° Enfin il ne peut aucunement être confondu avec le Chara aspera Willd., 
dont il diffère par l'absence de bulbilles, es tiges inermes, l'absence, de brac- 
tées aux articulations stériles et la brièveté de ces mêmes bractées aux articu- 
lations fertiles. 

Les échantillons que j'ai vus dans le riche herbier de M. le docteur Cosson 
sont tous africains. Car je ne pourrais citer qu'avec la plus grande réserve la lo- 
calité de l'ile sicilienne Favignana (Z. et A. Huet du Pavillon, 5 mai 1855, sub 
Chara aspera, var. subinermis), dont l'espéce ne me paraît pas étre le Chara 
connivens. Je ne sais méme pas si tous les échantillons africains que j'ai vus 
se rapportent bien à ma plante. Quant aux localités françaises, je les cite d’après 
les flores locales ou sur le témoignage de M. Alex. Braun; mais je n'ai vu jus- 
qu'ici d'autres échantillons que les miens. 


Ceci posé, voici les localités qui sont arrivées à ma connaissance : 


. En Afrique. — MAROC: Tanger (Salzmann, 1819, ex A. Braun, et 
Schousboe, in herb. Cosson). — ALGÉRIE : Alger (Bové, 1830, ex A. Braun). 
Oasis de Biskra (Balansa, 1* mars 1853, in herb. Cosson). — TUNISIE : 
In cisternis, Feskia dictis, prope Sfax, 5 juin 1854 (Kralik, pl. tunet. n° 344 
et bis). In insule Djerba stagno prope Harra Piccola, Ah juin 1854 
(Kralik, in herb. Cosson). — ÉGypTe : Le Caire (Bové, ex A. Braun). — Je 
vois également une autre localité algérienne rapportée par Me A. Braun au 
Chara connivens, et dans l'herbier de M. Cosson au Chara Duriæi : Marais 
de Senhadja entre Bône et Philippeville, 3 juillet 1861 (A. Letourneux et 
H. de la Perraudière, in Kralik, pl. alger. select. n° 154). 


En Europe, c'est-à-dire jusqu'ici en France seulement, si je ne me 
trompe. — LOIRE-JNFÉRIEURE : Marais de la Loire, lac de Grand-Lieu, où 
il est commun, surtout à l'entrée de la Boulogne ; Machecoul (ex Lloyd, 
FL de l'Ouest). — FiNISTERE : Goulven (de Crec'hquéravlt; ex Lloyd). — 
MANCHE : Trouvé par M. Godey dans le Gavron, à Pirou (Brébisson, cité par 
A. Braun, l. c. p. 858). Étang de Vrasville, d’après A. Braun, qui rapporte 
à cette espèce la plante signalée sous le nom de Chara fragilis B. cœspitosa, 
par M. Lebel, Rech. etobs, sur qq. pl. de la presqu'ile de la Manche, 4888, 
P. 10, — Et enfin SEINE-ET-OisB : Étang de Trappes près Versailles. Nul 
doute que cette espèce ne se retrouve ailleurs, aussi bien que d'auttes Clara- 


152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ées, notamment le Chara fragifera, qui doit être dans le rayon de la flore 
parisienne, avec l’/soëtes tenuissima (1). 


Explication des figures de la planche I de ce volume. 
Chara connivens Salzm. 


Fic. 1. Individu mâle, de taille moyenne (grandeur naturelle). Les tiges b, c, d, sem- 
blables à la tige a, ont été supprimées, ainsi qu'une partie de la tige e. On voit 
à la base la nucule sp, qui a donné naissance à l'individu. 


Fic. 2. Extrémité d'un rameau, offrant deux cellules extrêmes monosiphonées (42/1). 
Fic. 3. Verticille anthéridien (5/1). 


Fic. 4. Fragment de rameau anthéridien, — a, cicatrice laissée par l'anthéridie et vue 
de face. — b, b’, c, c’, bractées rudimentaires (42/1). 

Fic. 5. Coronule de sporange trés-jeune (149/1). 

Fic. 6. Sporange plus âgé; la coronule est moins évasée, et les tours de spire commen- 
cent à se resserrer (149/14). 


Fic. 7. Sporange adulte; forme ordinaire, cylindracée. Remarquer les variations des 
bractées (21 /1). 


Fic. 8. Sporange adulte ; forme moins commune, plus ovoide (21/1). 


Al'occasion de cette communication, M. Cornu donne les indica- 
tions uivantes sur la récolte et la préparation des Characées : 


Jeze ois, dit-il, devoir signaler à la Société le bon usage, pour la récolte 
des Caaracées, d'un instrument bien connu des pécheurs parisiens. C'est un 
anneau de cuivre, muni de crochets et d'un poids assez lourd, qui sert à reti- 
rer de l'eau les objets auxquels s'accrochent les lignes. Quand on lance cet 
anneau sur un corps quelconque plongé dans l'eau, il s'y fixe avec une grande 
solidité, et l'on peut, au moyen de la ficelle qui y est attachée, ramener à soi 
des pièces de bois trés-volumineuses, des branches, etc. Si l’on veut récolter 


(4) Note ajoutée au moment de l'impression. — Aujourd'hui 15 novembre, je recois 
de l'excellent M. Durieu de Maisonneuve une lettre charmante d’où j'extrais les impor- 
tants renseignements qui suivent : « Que dire du Chara connivens, le seul représentant 
incontestable de la plante de Salzmann que j'aie encore vu de France?... Il est vrai que, 
dans les premiers temps de mon établissement à Bordeaux, je crus avoir trouvé le Ch. 
connivens dans nos étangs du littoral. Mais, à l'aide de frágments d'un échantillon arché- 
type de Salzmann donné au regrettable J. Gay, détachés pour moi par cet excellent 
homme, il me fut facile de reconnaitre mon erreur. Il y a quelques années, j'ai recueilli 
dans le lac de Grand-Lieu ce que M. Lloyd arapporté au Ch. connivens; je crois que c'est 
encore douteux. Je n'ai pas vule connivens de la Flore de Normandie : je ne puis donc 
en rien dire. Les échantillons algériens ou tunisiens récoltés par M. Kralik, bien que vus 
par l'illustre Al. Braun, ne me paraissent pas parfaitement identiques avec la plante de 
Salzmann. Je le répéte, quoique n'ayant pas en ce moment cette plante sous les yeux, 
ses caractéres me sont tellement présents que je n'ai encore vu rien de plus identique que 
vos beaux échantillons de Trappes. Aussi vous me feriez grand plaisir si vous pouviez 
m'en envoyer sous un pli un nouveau petit bout pour M. Clavaud, ce botaniste éminent 
qui a fait de si beaux travaux sur les Characées et qui en fera de plus importants encore, 
s'il peut en prendre le loisir.,. » 


d 


SÉANCE DU 44 JUILLET 1871. 453 


des touffes de Potamogeton, de Renoncules aquatiques, de Characées, de 
Conferves, on l'emploiera encore avec succès. C'est notre excellent confrère 
M. G. Rivet qui a eu l'heureuse idée d'appliquer ce petit instrument à un 
usage scientifique. 

Les Characées, ajoute M. Cornu, fréquemment encroütées de calcaire, sont 
d'une conservation difficile à cause de leur fragilité ; elles s'émiettent dans 
les herbiers. J'ai obtenu de bous résultats en les plongeant dans une eau con- 
tenant 1 pour 100 d'acide chlorhydrique; le carbonate de chaux se dissout 
avec une légère effervescence, et on retire les plantes quand leur teinte com- 
mence à devenir jaunátre. On les plonge alors dans l'eau pure et on les pré- 
pare comme des Nitella. Elles se conservent ensuite sans difficulté ; le papier 
qui les supporte peut étre courbé assez fortement et brusquement sans que 
l'on brise pour cela les échantillons. Les diverses parties ne sont pas altérées ; 
la couleur se rapproche bien plus de celle de la plante vivante que la couleur 
de la plante simplement séchée, qui tourne en général au blanc. 


M. l'abbé Chaboisseau présente ensuite trois volumes imprimés 
au xv° siècle et intitulés : Ortus sanitatis; il donne, au sujet de ces 
incunables, les détails suivants : 


SUR LES ORTUS SANITATIS, par M. l'abbé CHABOISSEAU. 


„Je possède de ce livre rare quatre éditions latines, celle de 1517, sur la- 
quelle je n'ai pas à m'appesantir, parce qu'elle est exactement décrite dans 
Pritzel (Thes. n» 11880), et trois autres, sans date ni nom de lieu ou d'im- 
primeur, toutes trois antérieures à l'an 1500. Elles different peu, mais enfin 
elles different des quatre éditions décrites par Hain (Repertor. bibliogr. 
n™ 8941 à 8944), et citées d’après lui par Pritzel (n° 14876 à 11879). Ce fait 
paraitra moins surprenant, si l'on réfléchit que ce livre a été pendant trente 
Ou quarante ans à peu près le seul manuel populaire d'histoire naturelle avant 
les remarquables travaux d'Otto Brunfels, de Tragus et de Fuchs, et que par 
conséquent il a dà en exister des éditions assez nombreuses. Malheureusement 
Sa popularité a nui à sa conservation, si bien qu'aujourd'hui les exemplaires 
€n sont rares et souvent défectueux. 

Je donne ici la description de mes trois éditions sans date : 

1* Ortus sanitatis | De herbis & plantis | De Animalibus & reptilibus | De 
Avibus & volatilibus | De Piscibus & natatilibus | De Lapidibus & in terre venis 
nasceti(bus | De Urinis & earum speciebus | Tabula medicinalis Cum directorio 
| generali per omnes tractatus. 

Cette édition est entièrement conforme à celle décrite par Hain, n° 8942, 
Pritzel, n° 41877; elle ne diffère que par deux variantes : 4° Dans le titre, le 


154 SOCIÉTÉ, BOTANIQUE DE FRANCE. 


mot nascétibus est coupé, la dernière syllabe est imprimée au-dessus de 1 
ligne. — 2° Au folio 333, tractatus de urinis est bien écrit, et non pas trat- 
tacus, comme Hain le signale expressément. Je ne mentionne des différences 
aussi légères que pour attirer l'attention sur ces livres, au cas où ils tombe- 
raient aux mains d'un botaniste véritablement ami du bon vieux temps et de 
la tradition. 

2o L'édition suivante n'est mentionnée, autant que je puis croire, ni. dans 
Hain ni dans Pritzel : (Folium 4° tit. :) Ortus Sanitatis | De herbis et plantis. 
| De animalibus et reptilibus. | De Auibus et volatilibus | De piscibus et 
patatilibus | De Lapidibus & in terre venis nasce(tibus | De Urinis et earü spe- 
ciebus | Tabula medicinalis Cum directorio generali per omnes tractatus. -~ 
(Folium 1^:) icon xylogr. (Folium 2% : ) Omnipotetis | eterniq3 dei : totius 
natu | re creatoris opa mirabi | lia admirandaq 3 mecu 3 | vicibo iterato crebri9 
pre | cogitado reuolui, etc. (Fol. 202«, col. 2, lin. 18 et 19 :) Hec de herbis 
& arboribo & que ex his |ad vsum medicine cocurrüt sufficiant. | (Fol. 203*:) 
Prologus in tractatum | De animalibus. (Foll. 244° et 227« habent errore ty- 
pographico titulum De herbis.) (Fol. 245^, col. 2, lin. 17 :) agnosci possunt. 
(Fol. 2454 : sign. Qiiij) Prologus in d'Auibus. (Fol. 2725, col. 1, lin. 18 et 
19 :) Hec igitur dictà de Auium | natura sufficiant. (Col. 2 :) Proemium in 
tractatu De Piscibus. (Fol. 2972) Prohemium in-de Lapidibus. (Fol. 331, 
tit :) Tractatus | de Urinis. (Sequitur eadem paginà icon xylog., et altera 
icon in Fol. 331^). (Fol. 340 ^.) Finis. (Sequitur tabula, qua desinit in 
Fol. 358%.) — Volume in-4° à 2 colonnes de 54-55 lignes, provenant de la 
bibliothèque de Huzard (de l'Institut), ainsi que le suivant; vendus tous deux 
à vil prix à la vente Huzard, en 1842. 

3° Mon troisième exemplaire offre une particularité singuliére. Il porte à la 
première page le titre simple : Ortus sanitatis, et jusqu'au fol. 423», qui est orné 
d'une figure sur bois, il est identique à l’Ortus sanitatis imprimé à Mayence 
en 1491 et trés-bien décrit par Hain (n° 8944) et par Pritzel (n° 11879). 
Mais ensuite, au lieu d'avoir la table de l'édition de 1491 (où sont indiqués le 
lieu, la date et le nom de l'imprimeur Jacques Meydenbach), il présente une 
table de 18 feuillets, identique à celle de l'édition que je viens de décrire plus 
haut (1°), à l'exception de la signature cciiij qui est en bas du quatrième 
feuillet de table, tandis qu'elle manque dans mon autre édition. —Est-ce une 
édition à part, ou une erreur de reliure? J'incline pour la premiére supposi- 
tion, et j'y suis autorisé par une note de Huzard, qui a maladroitement fait 
relier l'ouvrage en deux parties séparées, mais affirme l'avoir acheté dans sa 
premiere reliure du temps. S'il y a eu quelque erreur, elle date certainement 
de l'apparition méme du livre. Ne doit-on pas supposer plutôt que la table a été 
volontairement réunie à l'ouvrage par l'éditeur, qui n'a imprimé que plus tard 
une table spéciale où il indique enfin son nom, avec le lieu et la date de l'im- 
pression ? Ce livre est ;dans un état si parfait de conservation, qu'une erretr 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 155 


dece genre ne me paraîtrait guère possible. Du reste, comment. expliquer 
cette signature cciiij, qui semble ajoutée.là comme marque distinctive ? 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. CORDIER, VICE-PRÉSIDENT. 


M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de 
la séance du 14 juillet, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le 
Président proclame l'admission de : rant 


MM. GaNpocER (Michel), propriétaire, à Arnas, par .Villefranche- 

sur-Saóne (Rhóne), présenté par MM. Eug. Fournier et 
A. Le Grand ; 

GADECEAU (Émile), négociant, quai de la Fosse, 97, à Nantes, 
présenté par MM. Genevier et Bourgault-Ducoudray ; 

Brown (Théodore), rue Ancienne, 97, à Carouge prés Ge- 
nève, présenté par MM. Boissier et Ayasse; 

Corvin (le Rév. R.-F.), pasteur, à Moffat (Écosse), présenté 
par MM. J. Watters et A. Walker. 


M. le Secrétaire général présente de nouveau à la Société les ex- 
cuses de M. le Président, que d'impérieux devoirs de famille conti- 
nuent à tenir éloigné de Paris. 

M. le Président annonce que M. le Ministre de l'instruction pu- 
blique à bien voulu accorder à la Société, cette année comme les 
précédentes, une allocation de 500 fr. à titre d'encouragement. 

M. Cordier fait à la Société la communication suivante : 


SUR LE GENRE CORDICEPS, par MI. F.-S. CORDIER. 


Le genre Cordiceps, séparé dans ces derniers temps du genre Sphæria, 
compte déjà un assez grand nombre d'espéces. Quelques-unes de ces espéces 
viennent plus particulièrement sur des insectes, soit à l’état parfait, soit à l'état 
de larves, soit à l’état de chrysalides ; c'est sur ces dernières, enfouies dans 
la terre, qu'ont été trouvés les Cordiceps militaris Fr. et entomorrhiza Fr. 

J'ai trouvé cette année, au mois de mai, dans la province d'Alger, sur une 


456 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


abeille que je crois avoir recueillie vivante, mais qui, si elle était morte, l'était 
depuis fort peu de temps, car elle n'était nullement altérée dans ses formes, 
j'ai trouvé, dis-je, un Cordiceps qui n’est pas sans analogie avec le C. myr- 
mecophila B., lequel a pour habitat un ichneumon. Je donne ici la descrip- 
tion de l’espèce trouvée en Algérie. 

Ce Cordiceps présente deux spécimens, dont l'un est simple et l'autre bifur- 
qué; ces spécimens n’ont pas plus de 2 millimètres de longueur ; leur pied ou 
stipe prend naissance au milieu de la tête de l’insecte, précisément au-des- 
sous de l'insertion des antennes : ce pied est jaunâtre, trés-mince à son ori- 
gine; il va en grossissant légèrement vers son sommet, lequel porte un capitule 
distinct, comme tuberculeux, presque subdigité, de couleur violacée très-pâle. 

Ce Cordiceps peut-il étre regardé comme une espéce nouvelle? J'en 
doute. 

Persoon, dans une note manuscrite inédite, fait mention d'un Cordiceps 
qu'il regarde comme une variété du militaris, venu aussi sur des abeilles; il 
décrit ainsi cette variété qu'il appelle y americaña - 

« Stipite s. caule tenui, elongato, clavula ovata, breviuscula. Ex apibus 
amortuis, aliisque insectis (nec phalenarum chrysalidibus) crescens. Color 
convenit : an radiculis fibrosis instructa? Poiteau, qui hunc fungum ad San- 
Domingo invenit. Clavula 2-3 lin. longa, 2 crassa; caulis 3 lin. crassus. » 

Cette espéce ou variété ressemble donc beaucoup à celle que j'ai observée 
en Algérie. 

Dans une seconde note inédite de Persoon, je trouve la description suivante 
d'un Cordiceps venu aussi sur une abeille et qu'il avait dénommé Sphæria 
apicola : 

« Stipite longo subfiliformi, glabro, deorsum fuligineo, sursum cum capitulo 
globoso flavescente. Inventa in Vogesis a cl. Mougeot, ape in mortua innas- 
cens. Stipes 2 unc. fere longus, { lin. crassus, equalis; caput 2-3 lin. latum, 
granulosum (ob sporas inclusas). » 

L'individu décrit par Persoon diffère du mien surtout par sa taille beau- 
coup plus grande. Il se peut néanmoins que ces deux Fongus appartiennent à 
une méme espéce, et que l'un se soit développé davantage parce qu'il avait 
pour habitat une abeille morte, plus favorable, par conséquent, au développe- 
ment du Cordiceps; peut-être aussi plusieurs espèces de Cordiceps viennent- 
elles sur les abeilles. 

Si le Cordiceps trouvé par moi en Algérie est d'une trés-petite taille, il n'en 
est pas de méme d'un Cordiceps recueilli à Guanajuato, au Mexique, par le 
docteur Dugès. La taille de ce Cordiceps est d'environ 8 centimètres, sa cou- 
leur est brune, — peut-étre est-elle altérée par l'alcool dans lequel il a été 
conservé, — Son pied est rugueux dans toute son étendue, à peu prés égal, 
grêle, allongé, flexueux ; de son sommet partent deux capitules confluents, 
allongés, fusiformes, granuleux à leur surface, sur lesquels sont insérés d'au- 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 157 


tres capitules sous la forme de petites touffes pédiculées, rameuses, de couleur 
un peu plus pâle que le reste de la plante, irrégulières, subdigitées, tubercu- 
leuses, ayant très en petit l'aspect d'un Clavaria Botrytis,et que je serais tenté 
de regarder comme des Cordiceps distincts, parasites d'un autre Cordiceps. 

Ce singulier Champignon, venu sur une trés-grosse chrysalide, a pris 
naissance aussi sur le sommet de la téte de l'insecte, précisément entre les 
deux yeux, où l'on aperçoit encore un reste de mycélium. On pourrait croire 
que la tête est toujours le lieu de sélection des Cordiceps qui viennent sur les 
insectes ; il n'en est pas tout à fait ainsi. Claude Richard en avait observé un 
qui venait sur la poitrine d'une grande fourmi noire morte. Le Cordiceps 
myrmecophila B. a été trouvé sur un ichneumon ; l'auteur qui l'a décrit ne 
dit pas sur quelle partie du corps le Champignon s'est développé. 

Si le Cordiceps trouvé à Guanajuato est une espèce nouvelle, ce qui me 
paraît douteux, je proposerais de l'appeler C. DucEsr, en l'honneur du mé- 
decin distingué qui l'a signalé le premier. 

Les Cordiceps, du reste, paraissent n'étre pas rares en Amérique ; les Cor- 
diceps militaris Fr. , entomorrhiza Fr. et alutacea Fr. s'y rencontrent aussi 
bien qu'en Europe. 

Le docteur Levacher a trouvé, àl'ile Sainte-Lucie ( Antille), un Cor- 
diceps qui vient aussi sur les chrysalides; il l'a dessiné, mais sans en donner 
la description. 

Dans une troisiéme note manuscrite de Persoon, je trouve décrite, comme 
appartenant aussi au Sphæria militaris des auteurs, la variété suivante qu'il 
appelle à Jarvanus, se demandant si ce ne serait pas une espèce distincte : 

« Magna, stipite elongato, flexuoso, clavulis lineari-cylindricis, caule sub- 
crassioribus. Supra larvas. Poiteau. Stirps ad 4 unc. longus, lin. 4 $ crassus; 
clavula 1 unc. longa, 2 lin. crassa. » 

Cette espèce ou variété ressemble singulièrement au Cordiceps trouvé par 
M. Dugés, mais Poiteau ne dit pas qu'elle présente les touffes ou rameaux 
parasites qui feraient de ce dernier une espèce distincte. 


M. Augustin Delondre fait à la Société la communication suivante : 
NOTES DE BOTANIQUE ET D'ACCLIMATATION VÉGÉTALE, par M. A. DELONDRE (1). 


Il. —De l'introduction de nouvelles espèces ou variétés de Cinchona 
dans les plantations des Indes britanniques. — Graines de Cin- 
chona de Bolivie fournies par M. Money. — Résultats de l'expé- 
dition de M. R. Cross dans le but de se procurer des graines de 
Cinchona de la vallée de Pitayo. 


Nos rapports antérieurs constataient qu'à l'époque où ils ont été publiés, 
(1) Voyez plus haut, p. 102. 


458 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


diverses espèces de Cinchona étaient encore, pour lés plantations des Indes 
britanniques, à l'état de desiderata (1). 

M. J.-E. Howard a pu fournir à M. W.-G. Mac Ivor les moyens de remplir 
quelques-unes des lacunes : il a pu, dans ces trois dernières années, pro- 
curer entre autres à M. Mac Ivor une variété importante de C. Calisaya. 

M. Van Gorkom, directeur des plantations de Java, a fait, de son côté, 
parvenir à M. Mac Ivor des graines d'une variété de Cinchona à écorce jaune 
recueilliés à l'est de Sorata en Bolivie. 

M. Money, l'un des plus zélés planteurs de Cinchona des Neilgherries, a 
réalisé l'importation des graines de Cinchona de Bolivie. M. Mac Ivor, à qui 
M. Money avait donné une certaine quantité de ces graines, en a obtenu 
60 000 petits pieds de Cinchona qui paraissaient appartenir à cinq variétés dif- 
férentes. Deux de ses variétés seraient rustiques : pour les trois autres varié- 
tés, au contraire, un passage rapide de l'humidité à la sécheresse présente- 
rait des inconvénients. 

Le troisième Blue Book nous apprenait déjà le succès du moins partiel de 
l'expédition que M. R. Cross, après avoir pris les instructions de M. Daniel 
Hanbury et de M. Howard, en l'absence de M. CI.-R. Markham, alors en 
Abyssinie, avait tentée pour se procurer des graines de Cinchona de la 
Nouvelle-Grenade; en effet, le rapport de M. Mac Ivor pour 1868-69 indi- 
quait que des graines de trois variétés de C. pitayensis, envoyées des Andes 
par M. R. Cross, avaient germé au moins en partie et fourni à M. Mac 
Ivor quelques plants de chacune de ces variétés; d'autre part, un rapport de 
M. Mac Tvor, en date d'Ootacamund du 4° septembre, constatait que des 
graines transmises en plusieurs envois par M. Cross de la Nouvelle-Grenade 

\ 


(4) M. W.-G. Mac Ivor, dans une note de son Rapport pour 1867-68 (voy. Chinchona 

Blue Book du 9 août 4870, p. 179), signale au gouvernement des Indes britanniques 
les espèces ou variétés de Cinchona qu'il faudrait encore introduire dans les plantations 
des Indes. Il indique, outre les espéces ou variétés de la vallée de Pitayo, telles que celle 
qui donne l'écorce rouge dé Pitayo, le C, pitayensis, le C. Triana, etc.; diverses autres 
espéces ou variétés de la Nouvelle-Grenade, telles que le C. lancifolia var. discolor de 
Karsten et sa variété à petites feuilles produisant l'écorce désignée sous le nom de Cali- 
saya de Santa-Fé. 
, Parmi les Cinchona donnant les écorces de Loxa, M. Mac Ivor désigne comme utile à 
introduire celle qui fournit l'écorce nommée Amarilla del Rey : il appelle, en outre, 
l'attention sur les espéces ou variétés du district de Pan comme ayant une grande va- 
leur et poussant à 10000 pieds au-dessus du niveau dela mer, par conséquent très- 
rustiques. . " 

M. Mac Ivor paraît, du reste, avoir pu, depuis cette époque, notamment par l'expédi- 
tion de M. Cross, compléter une partie des lacunes qu'il signalait; car, dans son rapport 
pour 1868-69 (voyez Chinthona Blue Book du 9 août 1870, p. 213), il s'exprime ainsi : 
« Nous avons maintenant réussi à nous procurer toutes les espéces de Cinchona d'une 
valeur connue, et si nous ne devions plus recevoir aucune nouvelle graine, la possession 
de ces espéces n'en serait pas moins assurée, car nous possédons des plants de chaque 
espèce en bon état, et nous pourrions par boutures multiplier les plants de manière à 
obtenir de chaque espèce tel nombre de nouveaux plants que l'on jugerait néces- 
saire. » 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 159 


et provenant notamment des vallées de Popayan et de Pitayo que M. Cross 
avait surtout explorées, avaient fourni 86 plants, et qu'on ne pouvait pas encore 
connaitre les résultats d'un envoi du 26 avril 1868 : les graines de cet envoi 
étaient en bon état, mais, mises en terre depuis peu de jours seulement, n'a- 
vaient pas encore germé. M. Mac Ivor observe, du reste, que plusieurs des 
'envois de graines de M. Cross n'ont pas donné un bon résultat, parce que les 
graines étaient en mauvais état. 

M. Mac Ivor, dans son rapport semestriel relatif aux opérations se termi- 
nant au 31 janvier 1870, constate qu'il existait à cette date, à Ootacamund, 
123 plants provenant de graiues envoyées par M. Cross. 

M. Cross, de retour de son expédition, vient, d'autre part, de publier, en 
date du 43 mars 1871, son rapport dans lequel il nous apprend qu'il 
est arrivé, le 18 mars 1870 dans la matinée, à Southampton avec les plants 
qu'il apportait et qu'il a transportés immédiatement au Jardin royal de Kew. 
Ces plants sont restés à Kew pendant tout l'été; ils ont été remis ensuite en 
caisse lorsque le tenips est devenu plus humide et ont commencé à pousser avec 
vigueur ; ainsi disposés dans les caisses, ils ont été acheminés, le 26 octobre, 
en chemin de fer à Southampton pour étre transportés en steamer dans les 
Indes britanniques. ° 

Espérons que M. Mac Ivor les aura reçus en bon état et que les efforts de 
M. Cross seront entièrement couronnés de succès : cela est d'autant plus 
important que les espèces dont il s'agit ont une véritable valeur tant au point 
de vue commercial qu'au point de vue médical. 

Mais, en dehors des avantages pratiques que présentent à la fois et l'expé- 
dition de M. Cross et toutes les expéditions entreprises ainsi sous les auspices 
du gouvernement des Indes britanniques dans le but de se procurer des graines 
de Cinchona, elles ont encore celui de compléter, au point de vue théorique, 
les notions sur le genre Cinchona acquises par un grand nombre de savants 
Voyageurs, parmi lesquels la France en réclame plusieurs, tels que La Con- 
damine, Joseph de Jussieu et notre collègue M. le docteur Weddell : ces 
expéditions nous permettent, en nous apportant des graines qui germent sous 
nos yeux, d'assister au développement du végétal, et de connaitre ainsi d'une 
manière de plus en plus positive un des végétaux les plus utiles à la thérapeu- 
tique. 


I — De UH ymenodictyon excelsum, succédané des Cinchona, 
employé comme fébrifuge dans les Indes britanniques. 


Parmi les espèces végétales des Indes britanniques, un nombre relativement 
assez grand sont considérées par les natifs comme fébrifuges. M. Alexander 
Smith a publié une liste des principales de ces espèces. Cette liste, qui ne 
contient pas moins de 70 espèces, est insérée à la fin du Travels in Peru and 


460 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


in India de M. Cl.-R. Markham, Appendix C. p. 546. M. Kanny Loll Dey, 
dans ses /ndigenous drugs of India, catalogue des végétaux doués de pro- 
priétés médicales qu'il avait envoyés à l'Exposition universelle de 1867, 
assigne à plusieurs de ces végétaux des propriétés fébrifuges. Enfin la Pharma- 
copée de l'Inde (Pharmacopæia of India), publiée par le gouvernement bri- 
tannique en 1868, signale aussi plusieurs végétaux du pays comme utilisés 


dans les Indes britanniques par la pratique médicale comme étant réellement 
antipériodiques et fébrifuges; ce sont : 


Aconitum heterophyllum. Papaver somniferum. 
Alstonia scholaris. Piper nigrum. 
Azadirachta indica. Soymida febrifuga. 
Berberis asiatica. Strychnos Nux vomica. 
Cæsalpinia Bonducella. Toddalia aculeata. 


D'autres, bien que considérés par les natifs comme fébrifuges, n'ont pas 
encore été admis dans la pratique médicale ; tels sont : 


Acorus Calamus. 
Adansonia digitata. 
Aristolochia indica. 


Holarrhena antidysenterica. 
Hymenodictyon excelsum. 


Justicia Gendarussa. 

— bracteata. aa Kadagarogonie. 
Cæsalpinia Coriaria. Michelia Champaca. 
Cedrela Toona. Nauclea ovalifolia. 
Clerodendron infortunatum. Plumbago zeylanica. 
Corydallis Goveniana. Roylea elegans. 
Eurycoma longifolia. Salix tetrasperma. 
Fagræa fragrans. Strychnos colubrina. 
Ficus oppositifolia. Thevetia neriifolia, 
Geniosporum prostratum. 


Parmi ces derniers se trouve une espèce, l Hymenodictyon excelsum, 
appartenant à la famille des Rubiacées, qui se rapproche des Cinchona par ses 
caractères au point que le docteur Roxburgh lui avait assigné le nom de Cin- 
chona excelsa. 

Il paraissait naturel de rechercher si Hymenodictyon excelsum n'était pas 
réellement doué de propriétés fébrifuges et ne contenait pas un ou plusieurs 
alcaloides fébrifuges analogues aux alcaloides des Cinchona, sinon identiques 
avec eux. 

Les expériences faites par M. Broughton, chimiste attaché aux plantations 
des Neilgherries, et insérées dans le Chinchona Blue Book du 9 août 1870, 
p. 946, lui ont montré que ce végétal ne contient aucun des alcaloïdes des 
Cinchona ni aucun autre alcaloide fébrifuge spécial, mais donne seulement de 
l'esculine. 

Comme on le voit, le gouvernement britannique, en introduisant les Cin- 


chona dans les Indes, n'entend pas négliger les ressources que la flore du pays 
peut fournir à la thérapeutique. 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 161 


Nous ne doutons pas que les autres végétaux fébrifuges des Indes britanni- 
ques ne soient successivement étudiés ainsi, d'autant plus que quelques-uns, 
comme le fadagurogonie, ne sont pas méme encore connus d’une manière 
précise au point de vue botanique. Nous sommes bien convaincu que les 
recherches, tant chimiques que médicales, ne se borneront pas aux fébri- 
uges, mais s'étendront à toute la flore thérapeutique des Indes, aussi bien 
qu'aux nouvelles acquisitions de cette flore par acclimatation. Le jalap, d'in- 
troduction récente, a du reste été déjà soumis par M. Broughton à des expé- 
riences qui en ont confirmé la valeur. 

La Pharmacopæia of India, vrai traité de matière médicale indienne, si riche 
en renseignements précis sur la flore médicale de l'Inde, sera assurément un 
guide précieux pour ces expériences. Le phytographe peut y trouver aussi des 
indications fort intéressantes sur l'habitat et les caractères botaniques des 
végétaux qui y sont passés en revue; et, en la comparant avec le catalogue des 
produits de nos colonies, il est facile de voir qu'elle nous fournira, pour l'étude 
de ces produits, une masse de renseignements utiles. 


IV. — De la plantation expérimentale d'Arbres-à-thé 
dans les Neilgherries. 


Le gouvernement britannique avait sanctionné, en décembre 1863, la for- 
mation d'une plantation expérimentale d'Arbres-à-thé (Thea sinensis Sims.) 
dans les Neilgherries. Cette plantation, mise à exécution par M. W.-G. Mac 
Ivor, s'est rapidement développée, et les Arbres-à-thé s'y sont élevés, d’après 
e rapport de M. Mac Ivor pour 1865-66, au nombre de 13 500 par une addi- 
tion de 1700 plants d'Arbres-à-thé de l'Assam provenant de graines fournies 
par le gouvernement de l'Inde. Quelques plants avaient même, d’après ce 
rapport, fleuri durant l'année. 

Les rapports de M. Mac Ivor pour 1866-67, 1867-68, 1868-69 constatent 
que les plants continuaient à se bien développer, mais que leur nombre n'avait 
pas été augmenté, la plantation devant rester limitée et simplement expéri- 
mentale. Le rapport pour 1868-69 nous apprend que les Arbres-à-thé ont 
commencé à fournir un petit nombre de graines parfaitement développées. De 
plus, en 1868-69, il a été fait 2000 boutures des plants qui promettaient 
de fournir la plus grande quantité de feuilles, sans toutefois que la plantation 
eüt subi d'extension matérielle, conformément à l'ordre du gouvernement de 
la présidence de Madras du 20 juin 1867. M. Mac Ivor a en effet remarqué 
que tous les plants ne fournissaient pas une quantité de feuilles méme relative- 
ment aussi considérable, et que, toutes circonstances égales d'ailleurs, certains 
plants donnaient quatre ou cinq fois autant de feuilles que d'autres. Il en est de 


méme de la qualité. Il faut donc reproduire par boutures, plutôt que par graines, 
T. XVIIL (SÉANCES) 11 


162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les plants dont le rendement méritela préférence et par la quantité et par la 
qualité. 


V. — Jardin gouvernemental d'Ootacamund. 


Les résultats si importants que la culture des Cinchona avait donnés à 
Ootacamund devaient inévitablement engager à poursuivre les essais sur d'au- 
tres végétaux, pour se rendre compte si ces derniers donneraient aussi dans la 
méme localité, sous l'habile direction de M. W.-G. Mac Ivor, des résultats 
du méme ordre. M. Mac Ivor lui-méme, avec l'autorité de sa pratique, ne 
devait-il pas nécessairement étre poussé à prendre l'initiative de la culture des 
plantes, tant appartenant à la localité qu'étrangéres à la localité et même au 
pays, dans le but de les multiplier et de les propager. Aussi ne devons-nous 
pas étre étonnés de voir le Jardin du gouvernement à Ootacamund, dans lequel 
avaient été installés dés l'origine, et les serres de propagation, et les pépinières 
pour la culture des Cinchona, servir à divers essais de culture de plantes, soit 
exotiques, soit appartenant aux autres parties des Indes britanniques, telles 
que les Conifères d'Australie, les Orchidées du Burmah, les arbres à fruits de 
l'Himalaya, les plantes utiles Comme le “Convolvulus Scammon:a, le Garcinia 
Mangostana, V'Aralia pdpyrifera, de nombreuses Fougères, les essences 
forestiéres, économiques ou ornementales de divers pays, et un grand nombre 
d’autres plantes. 

Poussé par les résultats déjà obtenus, M. Mac Ivor propose, dans son rapport 
pour 1866-67, de coordonner le Jardin gouvernemental d'Ootacamund d’après 
un nouveau plan, dans lequel une partie déterminée de cet établissement serait 
réservée pour un jardin consacré à la culture des plantes utiles et éco omi- 
ques, en méme temps que la partie supérieure (du Jardin gouvernemental) 
serait transformée en un jardin botanique, où chaque groupe ou ordre naturel 
de végétaux serait représenté autant que possible; et rangé suivant le systéme 
aaturel de Lindley (1). 

Dansle méme rapport, M. Mac Ivor mentionne des. essais de culture de 
l'Exogónium Purga (qui donne le vrai jalap), du Convolvulus Chicorrhiza 
qui donne le faux jalap), du Tabac de Shiraz; du Dracæna Draco et d'autres 
plantes économiques ornementales, notamment de nouvelles variétés de Vé- 
roniques et de quelques Fougères rares, comme ayant été faits pendant l’an- 
née au Jardin d'Ootacamund. 

Si nous jetons un coup d'eil sur le rapport de M. Mac Ivor pour 1867-68, 
nous.voyons les cultures expérimentales du Jardin d'Ootacamund prendre 
une extension de plus en plus grande. Ce jardin devient ainsi, comme ceux de 


(1) Le gouvernement de Madras a approuvé la création de ce jardin botanique par dé- 
cision du 20 juin 1867, en conformité de la proposition faite par M. Mac Ivor et au plan 
qu'il y avait annexé. * 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 163 


Calcutta et de Sabarunpore le sont depuis longtemps, un jardin botanique ex- 
périmental, où l'on voit tenter incessamment l'introduction d'un grand nombre 
de plantes exotiques économiques ou ornementales, et où nous pourrons aller 
puiser d'abondantes ressources pour nos essais d'introduction en Europe. 

L'Exogonium Purga, la plante qui fournit le jalap, prend, au Jardin 
d'Ootacamund, un développement qui prouve que le climat et le sol lui con- 
viennent bien, et il y produit des racines comparables pour leur efficacité au 
jalap du Mexique. L'analyse de ces racines donne du moins, d'aprés les expé- 
riences de M. Broughton, une quantité de principe actif égale à celle du 
jalap du commerce. 

Le Convolvulus Scammon?a, qui fournit la scammonée, se développe auss 
trés-bien; mais la valeur thérapeutique du suc qu'il produit n'a pas encore pu 
être vérifiée comparativement avec Ja scammonée du commerce. i 

L'Exogonium Purga et le Convolvulus Scammonia ont du reste été pro- 
pagés pour être distribués. 

L'Aralia papyrifera est planté en plein air depuis environ dix mois : il se 
développe bien, et la beauté de son feuillage en fait une véritable plante d'or- 
nement. Le Phormium tenax pousse vigoureusement. 

Parmi les autres acquisitions du Jardin d'Ootacamund, nous citerons : 
l'Arundo conspicua de la Nouvelle-Zélande, le Cerisier du Cachemyr, un 
grand nombre de végétaux du Japon, des Aucuba, des Aralia et notamment 
l'Aralia Sieboldii, plusieurs Yucca, les Lapageria rosea et rosea-alba (Smi- 
lacées du Chili), l’ Ampelopsis virginica, différentes espèces ou variétés de 
Rhetinispora, de Thujopsis, de Thuja, de- Podocarpus, etc., des plantes 
ornementales herbacées, telles que. les. Phlox; les. Lobelia, les Delphinium, 
les Sedum, les Saxifraga, etc., diverses espèces de Fuchsia, etc., divers 
arbres fruitiers et, entre autres, l’Olea-europæa. SRE 

Enfin le rapport de M. Mac Ivor pour 4868-69 constate que le Jardin 
d'Ootacamund a fait, durant l'année, des progrès considérables. Les nouvelles 
acquisitions du jardin sont nombreuses et importantes : on peut y voir main- 
tenant à côté les unes des autres, tant dans les serres que dans les pépinières, 
les plantes économiques et ornementales les plus importantes de l'Europe, de 
l'Asie, de l'Amérique, de l'Australie, etc., en un mot des différents pays du 
globe. Citons, parmi les acquisitions récentes les plus intéressantes : le Wel- 
lingtonia gigantea, les Osmanthus du Japon, les Rhetinispora Thujopsis et 
Rh. obtusa, le Fitzroya patagonica, le Sciadopitys verticillata (Conifère du 
Japon qui atteint une hauteur de 20 à 25 métres), sans compter une foule d'au- 
tres dont la liste serait trop longue pour étre insérée dans cet apercu succinct. 

Un grand nombre de ces végétaux ont été propagés sur une assez grande 
échelle, et les plants obtenus ont été en partie, aussi bien que des paquets de 
graines, remis entre les mains de diverses personnes pour faire des essais. Si 
le nombre des plants ainsi distribués (arbres fruitiers, essences forestières 


164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


espéces ornementales, etc.) a été considérable et s'est élevé à 2670, le nombre 
des paquets de graines remis à diverses personnes a été aussi assez grand et 
s’est élevé à 1537. 

Nous ne doatons pas que, marchant dans cette voie, le Jardin d'Ootaca- 
mund ne continue de plus en plus à faire de rapides progres, et il nous parait 
évident que la botanique y trouvera une source importante d'études sur les 
végétaux des divers pays du globe. 

En constatant ce nouveau résultat des efforts si consciencieux et des vues 
sj pratiques de M. Mac lvor, nous ne pouvons que souhaiter de voir le gou- 
vernement britannique et le gouvernement tant des Indes britanniques que 
dela présidence de Madras, soutenir de tout leur pouvoir M. Mac Ivor, dont 
l'intelligence perspicace et le dévouement infatigable ont pu suffire à remplir 
sa tâche, malgré de grandes difficultés, et à réaliser en peu de temps de si bril- 
lants résultats, en dépit des fâcheuses oppositions qu'il a malheureusement 
rencontrées sur sa route. | 


Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la 
Société : 


DE L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA GELÉE SUR LES VÉGÉTAUX, 
pr M. Émile MER (suite). 


(Chaumont-en-Bassigny, 45 juillet 48714.) 


I. — De la combinaison des diverses influences qui interviennent 
dans Yaetion du froid sur les végétaux. 


Dans une premiére communication, adressée l'an dernier à la Société 
botanique (1), j'ai décrit es expériences qui m'avaient permis d'apprécier 
séparément le róle des influences diverses pouvant compliquer l'action d'une 
température relativement basse sur les tissus herbacés. Dans une deuxiéme 
communication (2), j'ai cherché à mettre en évidence les effets produits par la 
combinaison de ces différentes causes, lors d'une gelée survenue dans les pre- 
miers jours du mois de mai 1870. Mais cette gelée, d'ailleurs trés-intense et 
ayant attaqué des tissus encore trés-jeunes, s'était fait sentir aussi bien sur les 
sujets dominés que sur ceux à découvert. La part d'influence, due à chacune 
de ces causes et principalement au rayonnement, ne pouvait donc être que 
difficilement discernée. 

Une température moins basse et qui probablement n'atteignit pas zéro, 
puisque la présence de la glace ne put nulle part étre constatée, étant survenue 


(4) Voyez le Bulletin, t XVII, p. 240, 
(2) Ibid. p. 263. 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 165 


dans la nuit du 48 mai dernier, alors que les tissus de l'année avaient déjà 
acquis un certain degré de consistance, il me fut plus facile d'apprécier l'in- 
fluence exercée par le ravonnement, par la distance au-dessus du sol et enfin 
par l'altitude. 

Le terrain qui m'a servi de champ d'étude se compose de deux collines 
paralléles, séparées par une vallée étroite, profonde et humide, boisée sur 
certains points et située à 120 métres au-dessous. Les versants, de méme que 
les plateaux qui les couronnent, sont peuplés de taillis d'âges gradués de un à 
vingt-cinq ans. Pour plus de clarté, je décrirai séparément les effets du froid 
sur les plateaux, sur les versants et dans le fond de la vallée. 

PLATEAUX. — Tellis âgés de quinze à vingt-cinq ans. Ces taillis et les 
réserves qu'ils renferment n'ont aucunement souffert du froid, aussi bien 
ceux situés en plein massif que ceux placés le long des routes, qu'ils aient 
été exposés aux rayons solaires dés le matin ou qu'ils n'aient pu en étre frappés 
que quelques heures plus tard. Toutefois les rejets situés dans les clairiéres 
ont été atteints. 

Taillis âgés de un à dix ans. Ws ont souffert de la gelée, bien qu'à des de- 
grés divers, sauf sur une zone qui a été préservée sans que j'aie pu en découvrir 
la cause. Les ravages se sont exercés jusqu'à une hauteur de 3 mètres au- 
dessus du sol, exclusivement sur les Hétres, Chénes et Frénes. Cependant des 
rejets d'autres essences, d'Épine-noire par exemple, ont été atteints quand ils 
se trouvaient presque au niveau du sol dans des places découvertes. En plein 
massif, les rameaux supérieurs seuls ont été frappés, et leur sommet plus que 
leur partie inférieure ; ainsi les entre-nœuds et les feuilles de l'extrémité se 
trouvaient détruits, quand à la base les feuilles seules l'étaient, et souvent méme 
dans une portion seulement du limbe. Les rameaux latéraux s'étendant sur une 
place découverte, un chemin par exemple, avaient plus souffert que ceux situés 
en plein massif. Les branches basses cependant étaient généralement intactes. 
Dans les clairières enfin, les feuilles et la plupart des entre-nœuds de l'année 
étaient détruits sur toute leur hauteur. 

Les branches inférieures des réserves ont seules été atteintes; la partie 
de leur cime située à 5 mètres au moins au-dessus du sol était entièrement 
intacte. Les branches basses qui se trouvaient englobées dans le taillis envi- 
ronnant ont été préservées, tandis que celles qui atteignaient le niveau supé- 
rieur du taillis ont été gelées. Sur de grands Hétres renversés par l'ouragan 
pendant l'hiver et qui, tenant encore au sol par quelques racines, avaient 
développé leurs bourgeons, les feuilles ont. été attaquées; ce qui démontre 
que la préservation des pousses très-élevées ne tient pas à un état par- 
ticulier de leur constitution, mais simplement à leur distance du sol. J'ai 
méme remarqué quelques-uns de ces arbres abattus et atteints parla gelée 
dans la zone qui n'avait pas souffert et dont j'ai parlé plus haut. On doit 
attribuer cette diversité des résultats à une différence de précocité dans le 


160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


développement. des pousses. Cette cause exerce une grande influence dans le 
phénoméne et sert à expliquer des effets en apparence contradictoires. 

J'ai dit qu'en général les branches basses étaient épargnées : ce qu'on 
doit attribuer à la fois à leur développement plus avancé et à la protection 
des branches supérieures. Néanmoins on remarque cà et là des sujets sur 
lesquels le fait contraire s'est produit. Cela tient alors à un retard dans le dé- 
veloppement des pousses : les branches basses se trouvant plus jeunes que 
celles des sujets voisins et les branches supérieures étant encore contenues 
dans les bourgeons. | 

VERSANTS. — La partie des plateaux qui avoisine les versants est peuplée de 
taillis âgés de quinze à vingt ans que e froid n’avait pas frappés. Mais, à me- 
sure que l’on descendait le long des versants, les effets en devenaient plus ma- 
nifestes. Plus on approchait de la vallée, plus s'élevait sur les arbres le niveau 
au-dessous duquel l'abaissement de température s'était fait sentir. A mi-côte, 
prés de feuilles détruites, on en remarquait d'autres sur une méme branche 
intactes ou attaquées partiellement. Les branches basses ont été épargnées 
comme sur le plateau. Quant aux réserves, leurs rameaux inférieurs domi- 
nant le taillis ont seuls souffert. Dans le voisinage de la vallée, les. branches 
basses du taillis, même en plein massif, ont été frappées; le.froid a atteint 
le sommet des réserves, mais en ne s'attaquant encore que partiellement aux 
euilles des branches supérieures. 

L'état des deux versants est à peu près le méme. 

VALLON. — Dans le vallon enfin, les pousses de l'année, méme à 7 et 8 mètres 
d'élévation, ont été noircies ; les Cornouillers, les Épines, les: Coudriers, les 
Trembles, n'ont pas été épargnés. Dans une jeune coupe, pas un seul rejet de 
Chêne n’a résisté. 


La ligne ponctuée A’, B’, C/, D’, E/, F’, représente, dans la figure ci-dessus, le niveau 
idéal où le froid s’est fait sentir au-dessus du terrain dont le profil est représenté par 
la ligne pleine A, B, C, D, E, F. 


De cet examen comparatif, il résulte que l'abaissement de température doit 
être attribué : 4° à l'altitude, 2° à l'élévation au-dessus du sol, 3° au rayon- 
nement. 

C'est à cette derniére cause qu'il faut rapporter l'aggravation des effets 
du froid dans les places clairiérées ; dans ce cas, les végétaux n'étant protégés 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 167 


par aucun abri, se refroidissent trés-facilement. Mais ils subissent en outre 
l'influence du rayonnement du sol, rayonnement qui est bien plus sensible sur 
un terrain gazonné que sur un terrain dénudé. Il est facile de remarquer 
qu'une prairie est couverte souvent de gelée blanche, quand un champ récem- 
ment labouré en est dépourvu. On s'explique ainsi pourquoi les branches basses 
des plantes isolées dans les clairières sont plus gelées que les branches supé- 
rieures, contrairement à ce qui se passe dans les massifs. Les rameaux infé- 
rieurs rayonnent presque autant que ceux situés plus haut, et de plus subis- 
sent l'influence du rayonnement du sol qui généralement est couvert d'une 
abondante végétation herbacée. 

Quant à l'action du soleil, si puissante sur -un végétal qui y est soumis di- 
rectement aprés avoir éprouvé les effets d'une basse température, elle est 
d'ordinaire beaucoup moins manifeste que dans les expériences dirigées spé- 
cialement dans ce but. Et en effet cette action se confond le plus souvent avec 
celle du rayonnement. Ce sont précisément les branches supérieures des jeunes 
sujets croissant isolément qui sont le plus exposées tout à lafois au rayonnement 
et à l'action solaire. Dans l'étude du phénomène naturel, il est difficile d'isoler 
ainsi le rayonnement, la chaleur et la lumiére. Nous n'apercevons que le ré- 
sultat final, sans pouvoir discerner la part d'influence qui revient à chacune 
de ces trois causes. Toutefois il est possible, dans certains cas, d'arriver sous 
ce rapport à un résultat appréciable. J'ai pu constater que, dans un groupe 
d'arbres dont les cimes formaient un massif assez épais pour intercepter les 
rayons solaires, les branches situées du côté du soleil levant étaient bien 
plus détruites que celles situées du cóté opposé. Quelquefois méme cet effet 
du soleil est frappagt. Ainsi j'ai vu, sur de jeunes plants élevés de 2 mètres 
au-dessus du sol et abrités en partie des rayons du matin par un massif 
d'arbres placés à une certaine distance, l'effet du froid ne se faire sentir que 
dans la portion non abritée, et alors toute une zone de feuilles détruites indi - 
quer le passage de la trainée lumineuse. En examinant avec attention des tail- 
lis situés sur les deux bords d'une route, dont l'un seulement était exposé aux 
rayons solaires, j'ai pu voir une différence assez appréciable entre les, effets 
que le froid avait produits de chaque côté. Mais, je le répète, tant d'éléments 
entrent en jeu dans le phénomène que cette distinction est difficile à faire. Toutes 
choses égales d'ailleurs, il faut que la température ne se soit pas abaissée au- 
dessous d'une certaine limite, sans quoi les sujets abrités des rayons du soleil, 
aussi bien que ceux qui y sont exposés, ont leurs tissus désorganisés. 

Cette action de la lumière jointe à la chaleur ne peut donc réellement être 
appréciée qne dans des expériences instituées dans ce but. Pour bien la 
mettre en évidence, il faut soumettre deux végétaux à une température 
un peu supérieure à la limite au-dessous de laquelle leurs tissus sont dé- 
truits, et n'exposer que l'un d'eux aux rayons du soleil, en maintenant 
l'autre à une basse température. On peut apprécier par là le résultat des in- 


168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


fluences combinées de la chaleur et de la lumière. Ayant placé dans un bocal 
entouré d’un mélange réfrigérant deux jeunes plants de Hêtre encore munis 
de leurs cotylédons et les ayant maintenus pendant plusieurs heures à une 
température de + 3° à + ^^, je retirai l'un d'eux et l'exposai aux rayons so- 
laires, en abandonnant l'autre dans l'appareil. La température du milieu dans 
lequel ce dernier était plongé ne s'étant élevée que lentement par suite de la 
saturation du liquide réfrigérant, le plant ne subit aucun dommage. Il n'en fut 
pas de méme de l'autre, dont les feuilles ne tardérent pas à se décolorer. Sur 
tous les deux, au contraire, les cotylédons ne parurent nullement avoir 
souffert, car leur coloration persista. Cependant on n'aurait pu l'affirmer que 
si on les avait vus continuer à végéter. Et pour cela il eût fallu faire l'expé- 
rience en maintenant les sujets en terre. On peut néanmoins regarder comme 
positif ce fait, que les cotylédons de Hétre supportent mieux le froid que les 
feuilles primordiales. L'opinion contraire avait, il me semble, jusqu'à présent 
prévalu. En revanche, je les crois bien plus sensibles aux rayons du soleil. 


II. — De la manière dont un arbre qui a souffert du froid parvient 
à former de nouveaux rameaux. 


Lorsque les jeunes rameaux d'un arbre ont été entiérement détruits, soit 
par l'action d'un froid intense ou par le concours des diverses influences que 
j ài décrites, soit parce qu'ils avaient acquis un degré de développement tel 
que ce résultat ait pu étre atteint méme par un froid modéré, la végétation 
parait subir un arrêt momentané ; mais, comme la provision des matières nu- 
tritives accumulées dans les tissus n'a pas encore été complétement utilisée, 
on ne tarde pas à voir s'évolutionner des bourgeons dormants sur les entre- 
nœuds des années antérieures. Une question vitale pour l'arbre est donc 
de posséder ces bourgeons en nombre suffisant pour pouvoir constituer ra- 
pidement une nouvelle ramification. Les chances de reprise varieront donc 
suivant l'essence et l’âge du sujet. Le Chêne, le Charme, dont les entre-nœuds 
sont chargés de bourgeons dormants, se reforment vite un feuillage. Il n'en est 
pas de méme des espèces qui ont besoin de créer des bourgeons adventifs, ce 
qui exige un certain temps et prolonge l'état apparent de stagnation. Mais, en 
usant de l'un ou de l'autre de ces movens, les arbres parviennent généralement 
à éviter le dépérissement qui les menace; les dégâts se bornent à une diminu- 
tion dans l'accroissement ligneux de l'année et quelquefois à une déformation 
dans la rectitude des tiges : ce qui peut avoir des conséquences fâcheuses, 
dans les taillis de Châtaigniers par exemple. Malheureusement, il n'en est pas 
toujours ainsi quand le froid atteint les jeunes rejets d'une coupe récemment 
exploitée. Il peut arriver en effet que toute la matière nutritive accumulée 
dans la souche ait été employée, ou bien que tous les bourgeons dormants 
s'étant déjà évolutionnés, il n'en reste plus suffisamment. Si alors l'écorce 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 169 


est à la fois épaisse et lisse, dépourvue de toute crevasse, aucun bourgeon ad- 
ventif ne pourra se former, et la mort de la souche sera certaine. C'est ce qui 
arrive souvent pour le Hétre et le Chátaignier. Aussi est-il bon de ne les ex- 
ploiter qu'à la fin du printemps, dans les endroits exposés à la gelée. Si au 
contraire l'écorce n'est ni assez épaisse, ni assez lisse pour empêcher la for- 
mation de bourgeons adventifs, la reprise du plant ne sera pas encore assurée, 
car ces bourgeons demandaut bien plus de temps pour s'évolutionner que 
des bourgeons dormants, il arrivera que les jeunes rameaux seront en- 
core trés-tendres lorsque surviendront les premiers froids de l'automne et y 
succomberont. Ce fait se présente trés-souvent sur les souches des vieux Hétres. 
Dans cette essence, les bourgeons dormants ont disparu sur les troncs âgés de 
plus de cinquante à soixante ans ; l'écorce de ces arbres est d'ailleurs trop serrée 
pour permettre à des bourgeons adventifs de se former. Mais il n'est pas rare 
d'en voir se développer entre le bois et l'écorce sur le périmètre de la section. 
Ils commencent seulement à apparaitre dans le courant de juin et dépérissent 
à l'entrée de l'hiver. Les souches de Peupliers ont également une tendanceà 
former leurs rejets de cette manière, mais comme la croissance de ces derniers 
est bien plus rapide et que du reste ils sont moins sensibles au froid, leurs 
tissus, déjà lignifiés en partie, peuvent résister aux rigueurs de la saison. Les 
souches de Chéne sont d'ordinaire tellement chargées de bourgeons dormants 
que si la gelée printanière n'est pas survenue trop tard, ces bourgeons ont le 
temps de s'évolutionner et de se lignifier avant l'automne. La reprise de la 
végétation est en outre, pour un autre motif, beaucoup moins assurée quand 
l'action du froid se fait sentir à la fin du printemps ou au commencement 
de l'été. On sait en effet qu'à cette époque l'ancienne provision des matières 
amylacées est épuisée et que la nouvelle n'est pas encore formée. 
Généralement l'intensité du froid n'a pas été suffisante pour détruire entiè- 
rement un jeune rameau. On remarque que tantót la partie supérieure a été 
complétement désorganisée, tandis que la base n'a été atteinte qu'en partie. 
Ce fait se présente quand, la cime du rameau ayant commencé à se développer, 
la partie inférieure plus ágée se trouvait plus en mesure de résister. Tantót 
au contraire, quand le bourgeon commençait seulement à s'évolutionner, les 
feuilles inférieures ont été atteintes alors que celles de la partiesupérieure, en- 
core en préfoliaison, ont été préservées. Dans le premier Cas, les bourgeons 
qui se trouvent à l’aisselle des feuilles sur les entre-nœuds intacts et qui ne 
se seraient développés qu'au mois d'août ou même l’année suivante, se déve- 
loppent immédiatement. Dans le deuxième cas, c’est la partie supérieure du 
rameau qui s'évolutionne, et il ne tarde pas à surgir du sein des entre-nœuds 
inférieurs quand ceux-ci n’ont été atteints que légèrement. De plus, les bour- 
geons situés sur les rameaux de l'année précédente et qui, faute d'aliments, 
ne s'étaient pas encore développés, prennent alors leur essor. Aussi peut-on 
parfaitement, au mois de juillet, reconnaitre, méme de loin, un massif dés- 


470 SOCIÉTÉ BOTANIQUE- DE FRANCE. 


organisé.par le froid, à sa teinte vert pále due à la nouvelle évolution des 
bourgeons, nuancée de la teinte roussátre ou noire des feuilles détruites. 


(La suite à la prochaine séance.) 


COMPTE RENDU DE QUELQUES PROMENADES AUX ENVIRONS DE MONTPELLIER , 
pr M. A. BARRANDON. 


(Montpellier, 20 juillet 1871.) 


A mon avis, toute excursion botanique un peu heureuse doit tourner au 
profit de tous; c'est pourquoi je veux rendre compte à nos confrères de quel- 
ques courses faites dans le courant du mois dernier et que l'on peut réaliser 
avec la plus grande facilité. 

Le 4 juin, une voiture nous jeta de très-bonne heure entre Montarnaud et 
Argelliers, au delà de la localité classique où l'on allait recueillir le . Cistus 
crispus L., le Cistus albidus L. et surtout l'hybride Cistus albido-crispus 
Delile. Cette riche localité. a été ravie aux botanistes. par un propriétaire plus 
soucieux de belles vignes que de belles plantes ; nous dümes. donc aller plus 
loin, dans.ce qui reste de bois non encore défrichés, et nous n'eümes rien 
à regretter. Le coteau qui conduit de Fontméjeanne à la Font- Grande, où 
Argelliers altéré vient chercher son eau, nous offrit une abondante moisson 
de Stipa juncea L. et Stipa pennata L., et le coteau siliceux qui court 
du sud au nord, à l'est de la seconde fontaine, nous offrit non-seulement 
l'hybride désiré Cistus albido-crispus Delile, mais encore l'autre hybride Cis- 
tus crispo-albidus Req., trés-belle plante qui, à notre connaissance, n'avait 
été trouvée qu'à Narbonne et non dans notre département. Ces deux hybrides 
sont abondants sur ce coteau; malheureusement, le second (Cistus crispo- 
albidus Req.) a des pétales si caducs, qu'il est impossible de les conserver 
quelques instants adhérents à la plante. Là croissaient aussi les Aira caryo- 
Phyllea L. et A. Cupaniana Guss., et, à notre grande surprise, nous retrou- 
vàmes en: abondance, sous les Gistes (Cistus monspeliensis L. et C. salvi- 
folius L.) et les Bruyères (Erica multiflora L. et E. cinerea L.), le Carex 
edipostyla J; Duv.-J,, que notre compagnon M. Duval-Jouve avait trouvé 
l'an dernier dans le bois de la Moure. Hâtons-nous d'ajouter que nous avons, 
pendant toute la journée, retrouvé la méme espèce en immense abondance par- 
tout où, dans les bois entre Argelliers et Montarnaud, se trouvaient des Cistes 
et des Bruyères, sur un cailloutis quartzeux. A cette occasion, nous apprîmes 
de M. Duval-Jouve que son Careg avait été retrouvé en méme abondance aux 
environs de Toulon et d'Hyères, par MM. Huet et Shuttleworth (1). 


(4) Voyez, dans le tome XVII du Bulletin (Session d'Autun-Givry), la note 2, placée 
au bas de la page Lxxvni. mu 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 174 


Ici doit se placer un avertissement pour les botanistes qui iraient dans cette 
contrée ; ils ne trouveraient pas une goutte d'eau dans le triangle que forment 
Argelliers, la Boissière et Montarnaud ; il serait donc prudent de se désalté - 
rer et de faire sa provision à la Font-Grande, ainsi que nous le fimes. 

En montant de là vers Argelliers, nous trouvâmes dans des champs en fri- 
che une quantité de plantes méridionales vraiment incrovable : les Helian- 
themum, les Ruta, les Linum, les Phlomis, le Narcissus juncifolius Req. en 
fruit, le Sideritis scordioides L., les Bupleurum rigidum L. et B. arista- 
tum Bartl., Althæa hirsuta L., les Bromus macrostachys Desf., B. squar- 
rosus L., nos trois Ægilops, les Brachypodium distachyum, B. ramosum 
R. S. et B. phonicoides DC., les Psilurus nardoides Trin., Danthonia 
decumbens DC. et tant d'autres qui, sans attrait pour nous, auraient fait le 
bonheur des botanistes du Nord. 

Au delà d'Argelliers, nous battimes le versant occidental et le sommet de 
la chaine qui s'étend d'Argelliers. à Saint-Paul de Valmalle; là, peu de plantes 
comparativement, mais de trés-bonnes espèces : Lathyrus macrorrhizus 
Wimm., Helianthemum canum Dun., Spartium junceum L., en pleine flo- 
raison, Cephalanthera rubra Rich., Trifolium rubens L., Erica arborea L., 
E. cinerea L., E. multiflora L., Inula salicma L., et enfin Coronilla 
glauca L. Cette dernière trouvaille était précieuse pour nous, parce qu'elle 
nous donnait, de cette plante rare, une localité certaine pour notre départe- 
ment, dans des bois sauvages, à deux lieues de toute habitation et presque de 
toute culture, tandis que les autres localités déjà indiquées sont rendues in- 
certaines par le voisinage des jardins et des habitations (la Valette), aussi bien 
que par la confusion qui a fait prendre pour elle certains pieds de Coronilla 
Emerus L. (pic Saint-Loup et Capouladoux). 

Sur un certain point, nous trouvâmes en méme temps le Carex precox 
Jacq., dont tous les utricules, attaqués par un insecte, présentaient cette forme 
en gourde que notre confrére M. le docteur. Lebel a désignée sous le nom de 
Carex sicyocarpa, et le Carex Halleriana Asso, attaqué par une Urédinée 
et rendu méconnaissable par l'avortement de ses utricules et l'excessif déve- 
loppement de ses bractées ormant de gros paquets foliacés. 

À mi-distance de la Boissiére à Montarnaud, sur le versant ouest, nous 
retrouvàmes en notable quantité le Carex olbiensis Jord., que notre com- 
Pagnon M. André et moi avions déjà trouvé, mais en petite quantité, au même 
lieu en 1868. 

. Enfin, pendant la descente qui nous ramenait vers Montarnaud, nous trou- 
Vàmes en très-grande abondance les Linum campanulatum 1., L. nar- 
bonense L., Carduncellus Monspeliensium All., Carex humilis Leyss., 
Avena Ludoviciana DR., Psilurus nardoides Trin., et enfin Pinus Salz- 
manni. Dunal. On ne trouve de ce Pin, dans cette localité, que deux ou trois 
pieds isolés au milieu des bois et très-évidemment spontanés. La présence de 


172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ces pieds 2solés, d’une espèce qui n'existe pas du tout dans notre contrée au- 
dessous des Cévennes, ne peut s'expliquer, selon nous, que par le transpor 
de quelques graines, opéré par les vents ou par les oiseaux, des hauteurs de 
Saint-Guilhem-le-Désert, l ocalité la plus rapprochée et distante, à vol d'oiseau, 
de 10 à 12 kilomètres. 

Ainsi, une seule course nous avait fourni deux plantes nouvelles pour la 
Flore de l’ Hérault que nous préparons de concert avec notre savant confrère 
M. Loret et qui, nous l'espér ons, ne tardera pas à étre achevée. 


Le 41 juin nous revoyait tous les trois, MM. André, Duval-Jouve et moi, 
dans la plaine qui occupe le fond de la vallée depuis Saint-Martin de Londre 
jusqu'au pied du versant septentrional du pic Saint-Loup. Les premières 
prairies contre Saint-Martin, dites la Prade de Saint-Martin, sont très-belles 
et trés-riches en Graminées et Cypéracées, et nous fournirent plusieurs variétés 
de Phleum pratense L.; le Gaudinia fragilis P. Beauv. vivace, ou au moins 
bisannuel, car ses touffes portaient les restes des tiges de l'année précédente; 
l'Arrhenatherum elatius M. K., avec ses deux fleurs fertiles et aristées, 
variété déjà mentionnée par Bertoloni (F7. ital. t. I, p. 485) et nuisant un 
peu à la solidité du genre; un Avena qu'au premier abord, à cause de sa 
vaste panicule étalée en tous sens et de ses petites fleurs, nous primes pour 
l'Avena fatua L.; mais, aprés examen, nous vimes que la fleur intérieure 
est seule articulée, que le pédicelle des fleurs stériles est glabre, ce qu nous 
le fit rapporter à l'Avena sterilis L. var. B minor Coss. (Fl. d'Alg. Glum. 
p. 109), plante qui mérite singulièrement l'attention des botanistes. A: côté 
croissaient les Hordeum secalinum Schreb. et Festuca heterophylla Lam., 
chacun d'un mètre de haut, et enfin les Sisymbrium asperum L. et S. polyce- 
ratium L. Un peu plus bas, les prairies dites du Renard aboutissent à de pe- 
tits coteaux argileux où croît le précieux Brassica humilis DC., indiqué à 
tort au pic Saint-Loup, où plusieurs botanistes vont chaque année inutilement 
le chercher. Sa véritable localité est sur les petits coteaux argileux commen- 
cant au sud-est des prairies du Renard, sur une ligne qui irait de ces prai- 
ries au point culminant du pic Saint-Loup, et non point sur ce pic. Dans ces 
prairies croissent en abondance le vrai Juncus striatus Schousb., trés-belle 
espéce trop souvent méconnue ; une grande forme de Poa compressa L. , dont 
Reichenbach a fait sa variété 8 Langeana, } Alopecurus bulbosus et le Statice 
echioides L., qui se tiennent d'ordinaire dans les terrains salés; les Avena 
Ludoviciana DR., Bromus commutatus Schrad., Carex glauca Scop. var. 
erythrostachys Hoppe, Gratiola officinalis L., assez rare dans le département, 
Ranunculus ophioglossifolius Vill., Tulipa gallica Jord., Orchis incar- 
nata L., etc. 

Les petits coteaux qui nous conduisirent sur les pentes boisées formées par 
les éboulis du pic nous fournirent plusieurs plantes intéressantes : Sesleria 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 173 


cœrulea Ard., Scorzonera hirsuta. L., Plantago serpentina Vill., Kaderia 
setacea Pers. Thymus Serpyllum Pers. var. citriodorus, Dianthus Godronii 
Jord., Saponaria ocimoides Salisb. , les Linum campanulatum L., suffrutico- 
sum L. , narbonense L. et tenuifolium L., Carduncellus Monspeliensium All. 

Les bois des éboulis contiennent très-peu de plantes, mais de très-bonnes 
espèces : Scorzonera hispanica L. var. asphodeloides Wall., Centaurea 
ugdunensis Jord., Daphne Laureola L., Pæonia peregrina Mill. , variant à 
carpelles tomenteux et à carpelles glabres, Silene puberula Jord., Lathyrus 
macrorrhizus Wimm., et, tout à fait au pied de l'escarpement, Opopanax Chi- 
ronium DC., Erodium petræum L., Saxifraga mixta Lap. 

En revenant vers Saint-Martin par le Mas-de-Londres, on rencontre le 
Knautia collina Req. et, dans les cultures, les Polygonum Bellardi All., La- 
thyrus hirsutus Wimm. , Turgenia latifolia Hoffm., Cota altissima J. Gay, 
Caucalis leptophylla L., Allium rotundum L. Enfin, sur les murs de clô- 
ture, nous trouvâmes de très-beaux pieds des Ægilops hybrides, savoir 
e vugarr-ovatum et le vulgari-triunciale; l'un et l'autre ayant à leur 
base les restes de l'épi-mére. Ce qui nous surprit le plus, ce fut de voir dans 
es champs d'avoine de trés-grandes quantités de Triticum monococcum L. 
Nous crümes d'abord qu'il était cultivé dans le pays; mais les cultivateurs qui, 
profitant du repos du dimanche, nous suivaient par curiosité, nous apprirent 
que cette plante était pour eux une mauvaise herbe, se reproduisant chaque 
année dans leurs cultures gráce à la fragilité de son épi, malgré le soin qu'ils 
mettent à la faire arracher ; d'autre part, nous avous appris que cette plante 
se reproduit avec la méme obstination anx environs de Pézénas, où l'on met 

méme soin à la faire arracher; elle est donc complétement naturalisée 
daus nos contrées. 


Ces deux riches herborisations uous avaient mis en haleine, et le dimanche 
suivant nous trouva sur la plage des Ongloux, plage très-riche, très-vaste, peu 
visitée autrefois, et qu'une station du chemin de fer du Midi rend trés-facile 
à explorer. Le temps, pluvieux jusqu'alors, avait donné à la végétation une 
orce et un aspect inaccoutumés. Le Vulpia Michelii Rchb. y atteignait 
50 centimètres de haut, et si De Candolle l'y avait vu dans cet état quand il le 
décrivit pour la première fois, il ne lui aurait pas infligé l'épithéte de maci- 
lenta. Des tapis de Statice virgata Willd., S. duriuscula Gir., S. echioides L. 
gigantesque, S. bellidifolia Gouan, S. Girardiana Juss. et S. serotina 
Rchb. commençaient à se montrer; et parmi ces espèces si distinctes, un 
très-grand Statice, à panicule très-fournie, trés-différent du S. bellidifolia 
Gouan, qu'il rappelle un peu, et que nous n'avons pu rapporter à aucune espèce 

rancaise. 

Le Santolina Chamæcyparissus L. y forme, comme aux environs de Bé- 
ziers, des lignes de clôtures naturelles autour des vignes. 


174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les sables disparaissaient littéralement sous les Phleum arenarium L., Kæ- 
leria villosa Pers., Scleropoa Hemipoa Parlt. et S. maritima Parlt. , Crepis 
bulbosa Cass., Polygonum Roberti Lois. et P. Bellardi AIl., Hutchinsia pro- 
cumbens Desv., Rumex tingitanus L. , et sur certains points le Corispermum 
hyssopifolium L., toujours si rare dans nos contrées, couvrait tout de ses 
touffes vertes, déjà chargées de fruits. Le Phelipæa arenaria Wall. y était 
également abondant, ainsi que le Pancratium maritimum L. 

Je mentionne seulement pour mémoire le Psamma arenaria R. Sch., 
l'Imperata cylindrica P. Beauv. et lErianthus Ravennæ P. Beauv. (non 
fleuri), qui prenaient l'aspect de plantes ornementales. Au milieu du Spartina 
versicolor Fabre, l'Agropyrum acutum DC. était abondant et gigantesque, 
avec son voisin l'Agropyrum junceum P. Beauv., qui rivalisait de beauté 
et tranchait par sa couleur glauque exagérée. 

Sur le bord des flaques d'eau salée, le Glyceria festucæformis Heynh. , était 
par sa grandeur, devenu méconnaissable ; mais ces flaques elles-mémes, toutes 
remplies de Ruppia maritima L., dont les pédicelles d'un blanc rosé et rou- 
lés en spirale rappelaient le Vallisneria spiralis L., nous réservaient de 
grandes surprises. D'abord un Chara étrange et à nous’ inconnu, toujours 
réduit à de petites touffes d’un centimètre de diámétre en tous sens; et ensuite 
l’'Althenia filiformis Petit, forme dressée et plus rapprochée de la figure de 
Mutel (FZ. fr. tab. 63, fig. 473) que du dessin original de Petit (Ann. sc. 
obs. t. I, pl. xit, fig. 1), où les groupes de fleurs sont représentés sur des 
tiges rampantes. C’est donc une localité de plus pour cette plante rare, mais 
nous devons prévenir. nos confréres qui voudraient venir l'y chercher qu'il 
leur faut entrer dans l'eau, parce que cette plante n'est guère visible quañd on 
est sur les bords; ils la trouveront dans les mares qui sont à l’est de la petite 
ferme du quartier de Pisse-Saume. Ces mémes eaux contenaient diverses 
espèces de Chara à nous inconnues, dont une dioique, trés-remarquable par 
sa gracilité et l'excessive abondance de ses fleurs mâles d’un beau rouge, et 
très-distincte du Cara aspera à nous connu. 

Nous omettons la mention inutile de ces nombreuses centuries de plantes 
qu'on rencontre sür toutes ‘nos plages et qui foisonnaient aux Ongloux. 

Nous croyons toutefois être agréable et atile‘aux membres de la Société en 
leur signalant trois nouvelles acquisitions dont M. Loret, notre honoré con- 
frère et collaborateur, et M. André ont enrichi notre Flore de l Hérault. 
D'abord le Campanula rapunculoides L., trouvé par M. Loret sur la route 
de Celleneuve; ensuite le Plantago albicans L., trouvé par le méme derrière 
la citadelle de Montpellier et plus tard par moi prés de Lunel sur les bords 
de la route conduisant à Sommières; enfin l'Avena eriantha DR., très-belle 
espèce qui, par ses glumes très-inégales, se distingue de toutes nos espèces 
françaises, et que M. André a eu'l'heureuse chance de rencontrer à Saint- 
Guilhem-le-Désert, en face des; premières:maisons, à gauche.:Cette plante 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 175 


n'avait été jusqu'à présent signalée qu'en Afrique (Cosson), en Asie Mineure 
(Kotschy) et en Espagne (Steudel). 


DES GENRES PAVIA ET TIMBALIA, par MI. D. CLOS. 


(Toulouse, 23 uillet 1871.) 
I. Du genre Pavia et du Pavia pallida Spach 


a. Faut-il admettre, avec Poiret, Ventenat, De Candolle, Ach. Richard (in 
Dict. class. d'hist. nat.), Thiébaut de Berneaud (in Dict. pittor. d'hist. 
nat.), Spach (Phanér. t. III, p. 18), Le Maout et Decaisne (Flore des 
Jardins et des champs, p. 501), les auteurs du Bon jardinier et du 
Nouveau jardinier illustré, etc., le genre Pavia (1) comme distinct du 
genre ZZ'sculus ? 

Faut-il, avec Endlicher, considérer le premier comme un sous-genre du 
second ? 

Enfin convient-il, à l'exemple de Dietrich (Synops. pl. t. TI, p. 122^), d'Asa 
Gray (Flora of North America, p. 251), de Jacques et Hérincq (Manuel gé- 
néral des plantes, t. I, p. 258), de MM. Bentham et D. Hooker (Genera 
plant. t. I, p. 398), de ne pas séparer le Pavia de l'Æ'sculus, sous prétexte 
qu'ils ne different que par la capsule, lisse dans l'un, hérissée dans l'autre, 
caractère ainsi apprécié par les deux botanistes anglais : character hic nullius 
est valoris et omnino inconstans? Schlechtendahl écrivait aussi en 1840 : 
« Genus Pavia delendum videtur, optimam suppeditaret generis sectionem 
(in Linnea, t. XIV, p. 303). » MEN 

Assurément, ce dernier avis devrait prévaloir s'il n'y avait entreles Æ'sculus 
et les Puvia qu'une si légère différence reposant sur les capsules. Mais, dès 
1804, Poiret écrivait : « Les fleurs, dans le Marronnier, ont cinq pétales ondu- 
lés, planes (sic), très-ouverts ; les filaments des étamines recourbés; une cap- 
sule comme globuleuse, armée d'un grand nombre de pointes dures et pi- 
quantes. Dans les Pavies, la corolle n'a que quatre pétales étroits, rapprochés, 
fermés à leur orifice ; les filaments des étamines droits, saillants hors de la co- 
rolle ou bien plus courts qu'elle; une capsule glabre ponctuée ou chagrinée, 
Sans pointes ni piquants (in Encycl. Dict. de Bot. t. V, p. 93). » 

Ces caractères sont exacts (à part le dernier) (2); M. Spach n'a pas hésité 


(4) La plupart des auteurs font honneur à Boerhaave de la création du genre Pavia. 
I1 est très-vrai que, dés l'année 1727, ce savant le faisait figurer parmi ses Tetrapelalæ 
siliculosæ dans son Historia plantarum qua in horto acad. Lugduni Batavorum cres- 
Cunt, p. 312 ; mais avec ce semblant de description : « Pavia flores habet ut Branca 
Ursina ; multi auctores volunt quod sit ricinoides americana, sed flores non conveniunt, » 
J ignore, faute de pouvoir les consulter, si Pune ou lautre des deux éditions suivantes 
du même ouvrage (1731-1738) contient sur le Pavia des renseignements plus précis. 

(2) Et avec cette autre restriction apportée par M. Spach : « Toutes les espèces (de Pa- 


176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


à les étayer de son autorité ; et si MM. Decaisne et Naudin déclarent que ces 
deux genres, ne se distinguant l'un de l'autre par aucun caractère de quel- 
que valeur, n'en forment réellement qu'un seul (Manuel de l'amat. des jard. 
t. III, p. 28), ces savants ne les conservent pas moins comme distincts, et 
tous les horticulteurs ont aujourd'hui adopté ce sentiment. 

b. Ayant reçu naguère d'un des principaux établissements d'arboriculture, 
sous le nom d'ZZsculus ohiensis (sic), un arbre qu'à sa floraison j'ai pu rap- 
porter avec certitude au Pavia pallida Spach, j'ai été frappé des divergences 
des auteurs descriptifs touchant le nom et la place de cette espéce. 

De Candolle admet les deux genres 7Zisculus et Pavia, mais comprend . 
dans le premier le Pav?a pallida, et avec lui les Pavia rubicunda, glabra, 
ohioensis (Prodr. t. I, p. 97). M. Asa Gray, divisant le genre Æseulus en 
deux sections basées sur le caractére extérieur de la capsule, l'une Pavia à 
fruit unarmed, l'autre Æ'sculus à fruit echinate, n'en rapporte pas moins à 
celle-ci l'Zsculus glabra W. avec ses synonymes : Pavia pallida Spach, 
P. glabra Spach, P. ohioensis Michx ., Æsculus ohioensis DC. (loc. cit.). 
Cet exemple est suivi, en 1857, par les auteurs du Manuel gén. des pl. (t. I, 
p. 258); et plus récemment encore l'un d'eux, dans son Nouveau Jardinier 
illustré, p. 109, tout en admettant les genres Æsculus et Pavia, inscrit au 
nombre des Æsculus, à la suite des Æ. Hippocastanum et rubicunda, 
rÆ. ohioensis Michx f. avec ce synonyme Æ. glabra W. et cette variété 
Æ. pallida W.; tandis que Dietrich, qui conserve comme espèce lÆ. gla- 
bra W., lui donne comme synonymes : ZZ. pallida W., Æ. ohioensis DC., 
Pavia ohioensis Michx f., P. pallida et glabra Spach. 

Nonobstant ces discordances d'appréciations de la part des phytographes, il 
me parait ressortir des données qui précédent : 

4° Que la distinction des genres Æ'sculus et Pavia a été basée tantôt 
uniquement sur le caractére dela capsule lisse ou épineuse, tantót sur des 
caractères généraux empruntés à la fleur et aux fruits ; 

2° Que suivant celle des deux interprétations que les phytographes ont ad- 
mise, ils ont rapporté les Æsculus pallida et glabra W. à l'un ou à l'autre 
de ces deux genres; 

3° Que De Candolle, et quelques auteurs à son exemple, tout en admettant 
la séparation de ces genres par des caractéres floraux valables, ont attribué au 
genre Æ'sculus des espèces appartenant au genre Pavia; 

h° Que, depuis les études de M. Éd. Spach sur les Hippocastanées (in Ann. 
des sc. nat. 2° sér. t. U, p. 52, et Phanér. t. III, p. 16-36), la distinc- 
tion des deux genres est bien établie, à condition de négliger les caractéres 


extérieurs de la capsule, les Pavia pallida et glabra de Spach ayant le fruit 
hérissé. 


via) que nous avons observées nous ont offert, parmi un grand nombre de fleurs tétrapé- 
tales, quelques fleurs pentapétales » (loc. cit. p. 21). 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 177 


5e Que l'ZEsculus ohioensis Michx f., rapporté par les auteurs du Manuel 
général des plantes aux Æ. glabra et pallida, paraît en être distinct, puis- 
que M. Spach n'a voulu l'annexer à aucune des espéces décrites par lui, et a 
bien soin d'ajouter (loc. cit.) à la synonymie de son Pavia pallida : « Æsculus 
ohiotensis Desf. in Hort. paris. (NON MICHX FIL.).» 


II. Du genre Timbalia. 


On l'a dit bien souvent, lorsqu'une espèce est reportée tour à tour d'un 
genre à l'autre, elle a presque toujours droit au titre de genre. 

Le Crategus Pyracantha L. me paraît être dans ce cas. 

Aprés que Lindley eut créé le genre Cotoneaster pour les Cratægus et les 
Mespilus aux feuilles entiéres, la plupart des phytographes reconnurent la 
légitimité de ce genre, auquel M. Spach crut devoir réunir le Cratægus 
Pyracantha L., tout en le séparant de manière qu'il formát à lui seul une 
section. « Nous n’hésitons pas, écrivait cet habile observateur, à placer cette 
espèce parmi les Cofoneaster : ses ovaires étant parfaitement inadhérents 
entre eux, et ses dents calicinales charnues, infléchies après la floraison » 
(Végét. phanér. t. II, p. 74). Mais quelques botanistes-descripteurs ne par- 
tagérent pas cette opinion, car l'arbuste en question figure au nombre des 
Mespilus dans le Flora italica de Bertoloni (t. V, p. 157), au nombre des 
Cratægus dans le Synopsis plantarum de D. Dietrich (t. III, p. 158), et 
encore, en 1852, dans la Flore d'Alsace de Kirschleger (t. I, p. 253). 

Or le Crategus Pyracantha L., plus rapproché des Cotoneaster (auxquels 
l'ont réuni MM. Grenier et Godron, Flore de France, t. I, p. 568), diffère 
des Cotoneaster : 

4° Par le port; 2° par la présence d'épines; 3° par la préfoliation qui, fran- 
chement condupliquée dans les Cotoneaster, est condupliquée, mais avec 
tendance à la convolution, l'un des bords recouvrant souvent un peu l'autre 
dans le Buisson-ardent; 4° par les dentelures des feuilles. Tous les Coto- 
neaster ont les feuilles entiéres : un seul, le C. denticulata H.B.K. , faisait 
exception (1); mais Lindley a cru devoir élever cette derniére espéce au 
rang de genre, en raison de l'endocarpe mince et non osseux (in Botanical Re- 
gister de 1845, miscell. 40). 5° Par la couleur rose des anthères, ces organes 
étant rouges dans les Cotoneaster ; 6° par le nombre des loges de l'ovaire et 
du fruit, nombre qui, dans toutes les espèces de Cotoneaster où ce caractère 
à été noté, varie de deux à quatre, ne s'élevant que trés-exceptionnellement 
à cinq (2), tandis que le Buisson-ardent a toujours de cinq à six carpelles. 


(1) J'ai reçu dernièrement d'un des principaux établissements horticoles, sous le nom 
de Cotoneaster denticulata, un arbuste que je n'ai vu ni en fleur ni en fruit, mais dont les 
feuilles sont à peine denticulées ; est-ce le C. denticulata H.B.K.? . 

(2) On lit dans le Flora altaica de Ledebour, t. IL, p. 219 et 220, à propos des Cotoneas- 
ter : u C. vulgaris, pomis plerumque dipyrenis; C. uniflora, pomo.. semper fere 


T. XVIII. (stances) 12 


178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Enfin la plupart des Cotoneaster sont caractérisés par ce fait physiologique, 
qu'à la suite de l'anthese, les sépales deviennent connivents en s'abaissant sur 
le fruit, dont ils ferment complétement l’œil; une seule espèce, reçue au Jar- 
din-des-plantes de Toulouse sous la dénomination de C. nepalensis, m'a paru 
faire exception à cette régle par ses sépales dressés. Ceux du Buisson-ardent, 
connivents aussi, le sont pourtant à un moindre degré, laissant sorlir entre 
eux et au-dessus d'eux étamines eL styles, organes entiérement abrités et 
cachés dans presque tous les Cofoneaster. 

Je proposerai donc de désigner désormais le Buisson-ardent sous le nom 
de TIMBALIA PYRACANTHA, dédiant le genre Timbalia à notre confrère 
M. Édouard Timbal-Lagrave, auteur de plusieurs bons mémoires de phyto- 
graphie. 


Note ajoutée au moment de l'impression (décembre 1871). — Aurai-je été 
devancé dans la création d'un genre aux dépens du Cotoneaster Pyracantha? 
M. Decaisne a écrit dans ses Observations sur les Pomacées, insérées dans les 
Comptes rendus des séances de l Académie des sciencesdu 13 novembre 1871, 
à la page 1144 : 

« Le Buisson-ardent (Pyracantha Spach), tour à tour ballotté entre les 
Cotoneaster, les Mespilus et les Cratægus, se distinguera de ces genres 
par la position des cotylédons par rapport au raphé. Dans la grande majorité 
des Pomacées les cotylédons sont accombants, tandis que dans le Pyracantha 
ils sont incombants. Ce caractére, que je suis loin de donner avec une con- 
fiance absolue à cause des objections auxquelles a donné lieu la classification 
des Cruciféres établie d'aprés ce principe par A. -P. de Candolle, mériterait ce- 
pendant d'étre examiné dans les autres tribus des Rosacées, mais il m'a paru 

constant dans les plantes qui nous occupent (Pyracantha vulgaris, crenu- 
lata, etc.), ainsi que chez l' Eriobotrya japonica. » 

Quoi qu'il en soit, cette concordance d'opinion plaide de plus fort en faveur 
de l'autonomie du genre, quel que soit le nom que la priorité lui assigne. 


DE LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MOUSSES DANS LES VOSGES ET LE JURA, 
pr M. l'abbé BOULAY, 


(Séminaire de Saint-Dié-des-Vosges, 20 juillet 4874.) 


Ce sujet est traité d'une manière étendue dans notre Flore bryologique de 
l Est (1) ; nous ne voulons donner ici qu'un résumé de nos recherches. 


tripyreno; C. multiflora pomis... di-tripyrenis». Le C. nummularia Fisch. et Mey. est 
décrit: «fructibus dipyrenis », et le C. comptus Lem. :« ovario biloculari ». M. Spach donne 
2 styles à son C. Fontanesii, mais il dit du C. tomentosa: « fleurs 4-5-gynes», et en 
effet j'ai constaté l'existence de 5 carpelles chez cette espéce, de 3-4 chez le C. mela- 
ni'ocarpa . 

(1) Ce: ouvrage formera un fort volume in-8 de 800 pages. Prix de souscription : 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 479 


La chaîne des Vosges, moins vaste que celle du Jura, est aussi moins éle- 
vée : son point culminant, le ballon de Soultz, n'atteint que 1426 mètres 
au-dessus du niveau de la mer, tandis que le Reculet, dans le Jura, s’élève à 
1728 mètres. 

Aux points de vue hydrographique et météorologique, les Vosges, constituées 
en très-grande partie par des terrains siliceux (granites, syénites, gneiss, grès 
vosgien et grès bigarré) arrosés par une multitude innombrable de petites 
sources, sont plus humides et plus froides que le Jura. 

Cette dernière chaîne de montagnes est formée par les divers étages cal- 
caires dénommés de son nom et par de nombreux lambeaux de terrain cré- 
tacé. Dans le Jura, surtout dans la région alpestre, les sources sont très-rares, 
mais, en revanche, elles ont un débit très-fort, particulièrement dans la 
région montagneuse ; sur les sommités, la fraîcheur ne se maintient que par la 
pluie et les brouillards, 

A la suite de M. Godron, nous ramenons les influences qui agissent sur la 
distribution des végétaux en général, et des Mousses en particulier, à deux 
ordres de faits principaux : les influences atmosphériques et celles du sol dans 
lequel les végétaux implantent leurs racines. 

Les agents extérieurs qui dépendent de l'atmosphére sont la chaleur, la 
lumière, l'air, l'eau, qui, dans chaque lieu, se combinent en un certain rap- 
port pour former ce qu'on appelle le climat (1). 


Le sol, ou support, pour les Mousses, agit par sa nature minéralogique et 
par ses propriétés physiques. 


" PREMIERE PARTIE. — Influences atmosphériques. 


Les agents atmosphériques, tels que la lumière, la chaleur, l'air et la vapeur 
d'eau, modifient leur action d’après trois circonstances principales : l'expo- 
sition, la latitude et l'altitude. 

Un certain nombre de Mousses se plaisent sur les rochers ou les coteaux 
secs, dénudés, exposés au midi; elles subissent donc, sans en être iucommo- 
dées, les variations de température les plus brusques et les plus étendues. 
Complétement desséchées par le soleil pendant les grands jours d'été, elles ont 
à résister, pendant l'hiver, à l'action désorganisatrice des froids les plus in- 
tenses. D'autres, au contraire, fuient l'action directe du soleil ; elles préfèrent 
un demi-jour. Quelques-unes semblent rechercher les tempêtes ; elles vont 
s'établir sur les pointes les plus élevées des rochers battus des vents. 


i fr., chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24. 


Paris. — En ce moment (15 février 1872), les 350 premiéres pages sont im- 
primées. - . . 


(1) Godron, Géographie botanique de la Lorraine, p. 11. 


180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Nous ne reproduirons pas ici les tableaux que nous avons dressés ailleurs 
de ces préférences qui sont en rapport avec l'exposition. 

La latitude exerce une influence non moins incontestable. A ce point de 
vue, M. Schimper a divisé l'Europe en trois zones : 4° la zone septentrio- 
nale, comprise entre le pôle et le 64° degré parallèle; 2° la zone intermé- 
diaire, allant du 64° au 46° degré; 3° la zone méridionale, embrassant 
les terres limitées par le 46° degré et la mer Méditerranée. 

Le domaine dela flore de l'Est étant compris entre 45° 36/, au point où le 
Guier se jette dans le Rhône, au sud de Belley, et 49° 37' de latitude sep- 
tentrionale, à la limite du département de la Meuse, on voit d'abord qu'il n'y 
a pas lieu d'attendre des modifications bien sensibles dans la dispersion de nos 
Mousses, en raison d'une latitude trop peu différente d'elle-méme en ses points 
extrémes, et ensuite que le domaine de notre flore, à part une lisiére insigni- 
fiante, se range dans la zone intermédiatre de M. Schimper. 

Un petit nombre d'espéces seulement, et en très-grande partie de celles qui 
croissent sur les rochers calcaires, plus chauds que les rochers granitiques ou 
arénacés, sont plutót de la zone méridionale ; ce sont : 


Hypnum heteropterum Brid. Trichostomum tofaceum Brid. 
— dimorphum Brid. — flexicaule Br. Sch. 
Leskea Philippeana N. Boul. Seligeria pusilla Br. Sch. 
Hedwigidium imberbe Br. Sch. — tristicha Br. Sch. 
Cinclidotus aquaticus Br. Sch. Gymnostomum calcareum N. et Horn. 
— riparius Br. Sch. Phascum rectum Smith. 


C'est l'altitude qui apporte les changements les plus sensibles et les plus 
brusques dans le tapis végétal bryologique. L'altitude est, en effet, la cause de 
modifications trés-complexes dans le mode selon lequel les agents atmosphé- 
riques influent sur la végétation. 

La plus importante de ces modifications est un abaissement de la tempéra- 
ture moyeune ; or, dans nos régions de l'Est, cette moyenne diminue d'un 
degré pour une élévation de 180 à 200 métres selon la verticale. 

Il nous semble qu'il faut aussi prendre en sérieuse considération deux autres 
faits : 

4° Dans les hautes régions, surtout au-dessus de 1000 mètres, la neige 
tombe de bonne heure, souvent dés le mois d'octobre et parfois dés les pre- 
miers jours; elle tombe en abondance et ne disparait que trés-tard, en avril- 
mai. Le 30 juin 1870, aprés des chaleurs prolongées et trés-intenses, il restait 
encore de grandes quantités de neige dans l'escarpement du Castelberg, au 
Hohneck. Il résulte de ce fait que les Mousses, envahies de bonne heure et 
protégées tard par ce manteau de neige, n'ont pas à subir les effets désastreux 
des froids intenses qui font périr une foule de végétaux dans les régions basses, 
babituellement sans neige méme au cœur de l'hiver. Dans la région alpestre 
des Vosges, les sources, dont la température se maintient à 3 ou 4 degrés au- 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 181 


dessus de zéro, se creusent sous la neige de vastes cavités oà les. Mousses 
continuent à végéter, bien que trés-lentement. 

2° Les régions élevées sont habituellement brumeuses, couvertes de brouil- 
lards méme pendant l'été. Ces brouillards fournissent aux Mousses l'humidité 
si nécessaire à leur végétation. Cette circonstance nous parait d'une impor- 
tance capitale. Combinée avec une température suffisante, la vapeur d'eau 
atmosphérique, maintenue dans un état de demi-condensation, permet aux 
Mousses, qu'elle baigne constamment dans la région alpestre, de développer 
et de mürir leurs capsules dans un intervalle de temps trés-court. Ce fait 
explique aussi la multitude et la belle végétation des Mousses qui croissent 
dans le haut Jura, malgré la sécheresse naturelle du sol dans ces montagnes : 
elles prennent la fraicheur qui leur est nécessaire, non pas à leur support, 
mais à l'atmosphére. 

L'action de la lumiére varie aussi en raison de l'altitude; la pression atmo- 
sphérique diminue. Ces causes concourent certainement à la production d'un 
effet total, mais sans que nous puissions assiguer à chacune d'elles sa part spé- 
ciale d'influence. Citons encore l'action des vents, qui deviennent plus violents, 
plus continus, autour des masses élevées. 

Aprés avoir indiqué les diverses influences atmosphériques sujettes à varier 
d'aprés l'altitude, il nous reste à faire voir comment, de fait, les Mousses, dans 
les Vosges et le Jura, se coordonnent à ces variations. 


I. Région alpestre. 


Mousses qui se maintiennent au-dessus de la limite des foréts ou, dans les 
Vosges, ne descendent pas au-dessous de 1200 à 1150 métres et, dans le 
Jura, au-dessous de 1500 à 1400 mètres : 


Vosges. 


Hypnum callichroum Brid. 
Pogonatum alpinum Roehl. 
Oligotrichum hercynicum DC. 
Bryum Duvalii Voit. 

— Ludwigii Schwgr. 

— cucullatum Schwgr. 

— polymorphum Br. Sch. 
Splachnum sphæricum Linn. f. 


Rbacomitrium fasciculare Brid. 


— microcarpum Brid. 

— sudeticum Brid. 

— patens Schimp. 

Grimmia Donniana Sch. 

— torquata Grev. 

— contorta Schimp. 
Zygodon lapponicus Br. Sch. 
Desmatodon latifolius Br. Sch. 
Dicranum subulatum Hedw. 

— Starkii W. et M. 

Weisia crispula Hedw. 
Bruchia vogesiaca Schwgr. 


Jura. 


Hypnum Vaucheri Lesq. 

— cirrosum Funk. 

— fastigiatum Brid. 
Myurella julacea Sch. 
Timmia austriaca Hedw. 

— megapolitana Hedw. 
Bryum Zierii Dicks. 

— arcticum Br. et Sch. 
Mnium orthorrhynchum Br. Sch. 
Encalypta apophysata N. et H. 

— longicolla Br. Sch. 

— rhabdocarpa Schwgr. 

— commutata N. et H. 
Barbula mucronifolia Br. Sch. 

— aciphylla Br. Sch. 
Trichostomum glaucescens Hed w. 
Desmatodon latifolius Br. Sch. 
Distichium inclinatum Br. Sch. 
Anacalypta latifolia N. et H. 
Dicranum subulatum Hedw. 


182 


- Quelques espéces des régions inférieures affectent, en passant dans la zone 


alpestre, des formes spéciales ou variétés que l'on ;pourrait joindre aux listes 
précédentes : 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Vosges. 


Hypnum fluitans, v. purpurascens. 
Pogonatum urnigerum, v. humile. 
— v. Crassum. 
Bryum albicans, v. latifolium. 
pallens, v. speciosum. 
nutans, v. subdenticulatum, 


Jura. 
Meesia uliginosa, v. alpina. 
Bryum capillare, v. Ferchelii. 
v. cochlearifolium. 
turbinatum, v. latifolium. 
pallescens, v. boreale. 
v. contextum. 


— — 


Les tableaux qui précédent établissent que la végétation bryologique des 
sommités alpestres des Vosges diffère à peu prés complétement de celle des 
mêmes régions dans le Jura. Les Dicranum subulatum et Desmatodon lati- 
folius, seules espèces communes aux deux chaînes de montagnes, sont 
trés-rares dans l'une et dans l'autre, et par conséquent peu caractéristiques. 
Cette diversité de la végétation, dans des conditions météorologiques analogues, 
prouve la prédominance, dans ce cas, de la nature chimique et des propriétés 
physiques du support. 

II. Région montagneuse. 


Nous diviserons la région montagneuse en deux sous-régions. La plus élevée, 
allant depuis 700 à 800 mètres jusqu'à la limite supérieure des forêts, comprend 
des espéces qui sont encore influencées d'une maniére évidente par l'altitude, 
tandis que les espéces des montagnes inférieures paraissent rechercher plutót 
des stations favorables en raison des qualités physiques du support, que des 
conditions atmosphériques spéciales découlant de l'altitude. 


A. Région montagneuse supérieure ou région des forêts (limite inférieure 
700 à 800 mètres). 


Vosges (alt. infér. 700 m.) 


Hypnum fertile Sendt. 
— reflexum St. 

Starkii Brid. 

— alpestre W. et M. 

umbratum Ehrh. 

nitidulum Wahl, 


Jura (alt. infér. 800 m.) 


Hypnum nitidulum Wahl. 
— reflexum W. et M. 
— plicatum Schleich. 

fertile Sendt. 

Halleri Linn. f. 

umbratum Ehrh. 


— atrovirens Dicks. — catenulatum Brid. 

— catenulatum Brid. — atrovirens Dicks. 

— heteropterum R. Spr. Leskea Philippeana N. Boul. 
— denticulatum. — rufescens Schwgr. 

—  — v. myurum Sch. — striata N. Boul. 

— — v. densum Sch. Mnium medium Br. Sch. 


Leskea striata N. Boul. 
— myura N. Boul. 

— v. robusta. 

Bryum elongatum Dicks. 
— v. longicollum. 


Gymnostomum fupestre Schwgr. 


Dicranum majus Turn. 
Weisia denticulata Brid. 


— spinosum Schwgr, 
Tayloria splachnoides Hook. 

— serrata Br, Sch, 
Grimmia funalis Schi mp, 
Dicranum majus Turn. 

— virens Hedw. 
Fissidens osmundoides Hedw. 
Weisia Wimmeriaña Br. Sch. 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 183 


Les espéces communes aux régions montagneuses vosgienne et jurassique 
sont plus nombreuses que celles de la région alpestre. Ces espèces, étant pour 
la plupart corticicoles, trouvent, dans les deux chaines de montagnes, des sta- 
tions identiques et sont dés lors sous la dépendance immédiate des actions 
météorologiques ; presque toutes d'ailleurs se maintiennent à la lisiere supé- 
rieure des foréts, et pourraient étre envisagées à la rigueur comme apparte- 
nant à la région alpestre. 


B. Région montagneuse inférieure (limite inférieure250 à 300 mètres). 


Afin d'arriver à une exposition satisfaisante, nous devons établir plusieurs 
catégories parmi les Mousses qui se rencontrent dans les montagnes moyennes 
ou inférieures. 

1° Espèces qui, dans les hautes Vosges, ne descendent guère au-dessous 
de 700 mètres, et appartiennent dés lors à la région montagneuse supérieure, 
mais se retrouvent, à une faible altitude, dans les basses Vosges : 


Hypnum Crista-castrensis L, Bartramia Œderi Sw. 
— uncinatum Hedw. — Halleriana Hedw. 
— silesiacum Selig. — ithyphylla Brid. 
— dimorphum Brid. Bryum crudum Schreb. 

Leskea nervosa Myr. Encalypta ciliata Hedw. 


2° Espèces qui, dans les Vosges, ont leurs stations préférées dans la région 
supérieure ou méme dans la région alpestre, mais descendent cà et là jusqu'à 
600 mètres : 


Andreæa petrophila Ehrh. Grimmia Hartmanii Schimp. 
— rupestris Roth. Blindia acuta Br. Sch. 
Hypnum dilatatum Wils. Dicranum squarrosum Schrad, 


3° Espèces jurassiques répondant aux deux catégories précédentes : 


Hypnum commutatum. Bartramia (Ederi Sw. 

—  — v. falcatum Schimp. — Halleriana Hedw. 

— uncinatum Hedw, — ithyphylla Brid. 

— silesiacum Selig. Bryum crudum Schreb. 

— dimorphum Brid. Encalypta ciliata Hedw. 
Leskea nervosa Myr. Dicranum squarrosum Schrad. 


Le Espèces qui recherchent les montagnes, mais descendent cependant à 
des niveaux trés-bas, comme elles s’élèvent très-haut, souvent méme jusqu'à 
la région alpestre, sinon chez nous, au moins dans diverses contrées de l'Eu- 
rope : 


Vosges. Jura. 
Hypnum loreum L. Hypnum loreum L. 
— brevirostrum Ehrh. — silvaticum L. 
— palustre L. — myosuroides L, 
— incurvatum Schrad. — confervöides Brid. 


— undulatum L, - — alopecurum L, 


184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Vosges. 


Hypnum silvaticum L. 

— filicinum L. 

— alopecurum L. 

— myosuroides L. 

— plumosum Sw. 

— rivulare Br. Sch. 
Pterogonium gracile Sw. 
Pterygophyllum lucens Brid. 
Fontinalis squamosa L. 
Bartramia pomiformis Hedw. 
Aulacomnium androgynum Schwgr. 
Meesia uliginosa Hedw. 

Mnium punctatum L. 

— serratum Brid. 

— hornum L. 

Bryum cyclophyllum Schwgr. 

— pallens Sw. 

— alpinum L. 

— elongatum Dicks. 

— pallescens Schwgr. 

" Tetrodontium Brownianum Schwgr. 
Zygodon Mougeotii Br. Sch. 
Orthotrichum Lyellii H. et Tayl. 

— urnigerum Myr. 

— rivulare Turn. 

— rupestre Brid. 

— Hutchinsiæ Sm. 


Ptychomitrium polyphyllum Br. Sch. 


Hedwigia ciliata Timm. 
Rhacomitrium lanuginosum Brid. 

— heterostichum Brid. 

— aciculare Brid. 

— protensum A. Braun. 
Grimmia montana Br. Sch. 

— commutata Huebn. 

— ovata W. et M. 

— trichophylla Grev. 

— Sehultzii Wils, 
Trichostomum homomallum Br. Sch. 

— tortile Schrad. 
Didymodon cylindricus Br. Sch. 
Brachyodus trichodes N. et H. 
Seligeria recurvata Br. Sch. 
Campylopus fragilis Br. Sch. 

— flexuosus Brid. 
Dicranum undulatum Br. Sch. 

— fuscescens Turn. 

— longifolium Hedw. 

— fulvum Hook. 

— curvatum Hedw. 

— pellucidum Hedw. 

— polycarpum Ehrh. 
Weisia Bruntoni N. Boul. 

— fugax Hedw. | 

— cirrata Hedw. 
Campylostelium saxicola Br. Sch. 


Jura. 


Hypnum incurvatum Schrad, 

— Tommasinii Sendt. 

— campestre Bruch. 

— plumosum Sw. 

— rivulare Br. Sch. 

— palustre L. 

Leskea longifolia R. Spr. 
Pterogonium gracile Sw. 
Bryum pallescens Schwgr. 

— pallens Sw. 

— Funkii Schwgr. 

— albicans Brid. 

Mnium punctatum L. 

— stellare Hedw. 

— serratum Brid. 
Bartrainia pomiformis Hedw. 
Catoscopium nigritum Ed. 
Meesia uliginosa Hedw. 
Splachnum ampullaceum L. 
Cinclidotus aquaticus Br. Sch. 
Rhacomitrium canescens Brid. 
Orthotrichum Lyellii H. et Tyl. 
Barbula tortuosa W. et M. 

— inclinata Schwgr. 
Trichostomum tortile Schrad. 

— flexicaule Br. Sch. 
Didymodon capillaceus W. et M 
Dicranum Grevilleanum Br. Scb. 

— pellucidum Hedw. 

— undulatum Br. Sch. 

— fuscescens Turn. 

Weisia fugax Hedw. 

— cirrata Hedw. 

Seligeria tristicha Br. Sch. 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 185 


Obs. 4. Les espèces suivantes des collines jurassiques lorraines répondent 
à la liste précédente des Mousses du Jura inférieur : 


Hypnum confervoides Brid. 
Leskea longifolia R. Spr. 
Mnium serratum Brid. 
Bryum albicans Brid. 


Cinclidotus aquaticus Br. Sch. 
Trichostomum flexicaule Br. Sch. 
Didymodon capillaceus W. et M. 
Seligeria pusilla Br. Sch. 


Obs. 2. On rencontre dans le haut Jura, mais uniquement sur des blocs 
erratiques siliceux, un certain nombre de Mousses : 


Pterogonium filiforme Schwgr. 
Leskea attenuata Hedw. 
Rhacomitrium sudeticum Brid. 
— heterostichum Brid. 
Hedwigia ciliata Timm. 
Grimmia ovata W. et M. 
— commutata Huebn. 


Grimmia trichophylla Grev. 
— elatior Br. Sch. 
— Schultzii Wils. 
— conferta Funk. 
Orthotrichum Sturmii. 
— rupestre Hoppe. 
— Hutchinsiæ Sw. . 


Ces espèces se retrouvent toutes dans les Vosges, à l'exception du Grimmia 
elatior. 


III. Région des plaines (contrées basses). 
Nous établirons ici deux séries principales : 


A.— La première se compose de Mousses qui se rencontrent à la fois dans 
les plaines et les montagnes : 


Hypnum aduncum L. 
— commutatum Hedw. 
— chrysophyllum Brid. 
— flagellare Dicks. 
— strigosum Hoffm. 
— salebrosum Hoffm, 
— abietinum L. 


Cylindrothecium repens N. Boul. 


Pterogonium filiforme Schwgr. 
Leskea subtilis Hedw. 


Homalia trichomanoides Br. Sch. 


Buxbaumia indusiata Brid. 
— aphylla Hall. 
Diphyscium foliosum W. et M. 
Pogonatum urnigerum Reæhl. 
— nanum P. Beauv. 
Atrichum tenellum Br. Sch. 
— angustatum Br. Sch. 
Philonotis fontana Brid. 
— calcarea Sch. 
— marchica Schimp. 
Mnium affine Bland. 
Bryum roseum Schreb. 
— turbinatum Schwgr. 
— pseudotriquetrum Schwgr. 
— bimum Schreb. 
— inclinatum Br. Sch, 


Bryum intermedium W. et M. 

— pendulum Schwgr. 

— uliginosum Br. Sch. 

— albicans Brid. 

— nutans Schreb. 

— piriforme L. 

Encalypta vulgaris Hedw. 

— streptocarpa Hedw. 
Cinclidotus riparius Br. Sch. 

— fontinaloides Pal.-B. 
Barbula tortuosa W. et M. 

— convoluta Hedw. 
Orthotrichum stramineum Brid. 

— speciosum Nees. 

— Braunii Br. Sch. 

— patens Bruch. 

— pallens Bruch. 

— anomalum Hedw. 

— cupulatum Hoffm. 
Trichostomum rigidulum Sm. 
Ceratodon cylindricus Br. Sch. 
Fissidens adiantoides Hedw. 

— bryoides Hedw. 
Leucobryum glaucum Hamp. 
Dicranum flagellare Hedw. 
Weisia verticillata Brid. 


. 


186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Obs. 1. Laliste précédente ne renferme que les espéces communes aux 
Vosges et au Jura; il faut ajouter, pour les Vosges, les espéces suivantes qui 
n'ont pas encore été signalées dans le Jura : 


Hypnum pratense Koch. 

— albicans Neck. 
Anacamptodon splachnoides Brid. 
Atrichum tenellum Br. Sch. 

— angustatum Br. Sch. 


Bryum erythrocarpum Schwgr. 
Physcomitrium ericetorum Br. Sch. 
Orthotrichum Drummondii Br. Sch. 
Dicranum montanum Hedw. 
Trematodon ambiguus Hornsch. 


Obs. 2. La méme liste a été dressée à un point de vue général; mais, en 
réalité, plusieurs de ces espèces qui, ailleurs, s'élévent dans les montagnes, res- 
tent confinées, dans nos régions, aux plaines ou aux collines inférieures, soit 
parce qu'elles ne se trouvent que dans les basses Vosges, dont l'altitude est 
toujours peu considérable, soit parce qu'elles ne trouveraient pas de stations 
propices dans les hautes Vosges ou le haut Jura. Dans cette catégorie, on 


trouve, pour les Vosges : 


Hypnum chrysophyllum Brid. 
— flagellare Dicks. 


Cylindrothecium repens N. Boul. 
Anacamptodon splachnoides Brid. 


Atrichum angustatum Br. Sch. 
Philonotis marchica Sch. 

= calcarea Sch. 
Bryum pendulum Schwgr. 

— intermedium W. et M. 

— piriforme L, 


Pour le Jura : 


Hypnum flagellare Dicks. 
— strigosum Hoffm. 


Cylindrothecium repens N. Boul. 
Homalia trichomanoides Br. Sch. 


Physcomitrium ericetorum Br. Sch. 

Encalypta vulgaris Hedw. 

Cinclidotus fontinaloides P. Beauv. 
— riparius Br. Sch, 

Barbula convoluta Hedw. 

Trichostomum rigidulum Sm. 

Ceratodon cylindricus Br. Sch. 

Dicranum flagellare Hedw. 

Weisia verticillata Brid. 


Bryum pendulum Schwgr. 
Cinclidotus riparius Br. Sch. 
Dicranum flagellare Hedw. 


Plusieurs, au contraire, dans le Jura, ne se trouvent que dans les mon- 


tagnes élevées : 


Leskea subtilis Hedw . 
Buxbaumia aphylla Hall. 
— iadusiata Brid. 


Philonotis marchica Sch. 
Bryum piriforme L. 
Leucobryum glaucum Hamp. 


B.— Notre deuxième liste comprend les espèces propres aux plaines et aux 
collines inférieures et qui ne s'élévent pas dans les montagnes. 
Espèces communes aux Vosges et au Jura : 


Hypnum polymorphum Hedw, 
— riparium Linh, 

— Illecebrum L. 

— crassinervium Tayl. 

— campestre Bruch, 


Hypnum glareosum Bruch. 


— tenellum Dické. 


Leskea polyantha Hedw . 


-— polycarpa Ehrh: 


Cylindrothecium concinnum Schimp. 


SÉANCE DU 28 


Cylindrothecium cladorrhizans B. S. 
Anomodon viticulôsus H. et Tayl. 
Neckera pennata Hedw. 
Mnium stellare Hedw. 
— cuspidatum Hedw. 
Bryum Funkii Schwgr. 
— carneum L. 
— annotinum Hedw. 
Physcomitrium fasciculare Br, Sch. 
— piriforme Brid. 
Grimmia conferta Funk. 
— orbicularis Br. Sch. 
— crinita Brid. 
Barbula inclinata Schwgr. 
— squarrosa Br. Sch. 
vinealis Brid. 
revoluta Schwgr. 
Hornschuchiana Schultz. 
gracilis Schwgr. 
fallax Hedw. 
aloides Br. Sch. 
ambigua B. S. 


LLL 1111 


JUILLET 1874. 


Barbula rigida Schultz, 
Trichostomum tofaceum Brid. 

— pallidum Hedw. 
Anacalypta lanceolata Br. Sch. 
Pottia minutula B. S. 

— truncata B. S. 

— cavifolia B. S. 

Fissidens taxifolius Hedw. 

— incurvus Schwgr. 
Dicranum rufescens Turn. 

— varium Hedw. 
Gymnostomum tortile Schwgr. 
Phascum palustre B. S. 

— nitidum Hedw. 
curvicollum Hedw. 
bryoides Dicks. 
cuspidatum Hedw. 
muticum Schreb. 

— Flerkeanum W. et M. 
Physcomitrella patens Sch. 
Ephemerum serratum B. S. 


187 


A cette liste il faut ajouter, pour les Vosges, les espèces suivantes, qui n'ont 
pas encore été constatées dans les régions basses du Jura : 


Hypnum imponens Hedw. 
exannulatum Guemb. 
polygamum Br. S. 
helodes Spr. 
curvipes Guemb. 
saxatile Sch. 
radicale P. B. 
Teesdalii Sm. 
rotundifolium Scop. 
demissum Wils. 
depressum Bruch. 
confertum Dicks. 
androgynum Wils. 
velutinoides Bruch. 

— minutulum Hedw. 
Cryphæa heteromalla M. 
Bryum obconicum Hornsch. 

— marginatum Br. Sch. 
versicolor A. Br. 
atropurpureum B. S. 
torquescens B, S. 
calophyllum R. Br. 

— lacustre Brid. 

Funaria hibernica H. et E. 

— caléaréa Wahl. 
Sehistostega osmundacea W; et M. 
Physcomitrium sphericum Brid. 


LLL LL g g g 901g 1 


— 


— 


Orthotrichum gymnostomum Brid. 
Zygodon Forsteri Wils, 

— viridissimus Brid. 
Hedwigidium imberbe B. S. 
Grimmia leucophæa Grev, 
Barbula latifolia Br. 

— lævipila Brid. 
Trichostomum convolutum Brid. 

— crispulum Bruch. 
Didymodon luridus H. 

Anacalypta Starkeana B, S. 

— cæspitosa B. S. 

Pottia Heimii B. S. 
Dicranum spurium Hedw. 

— Schreberi Hedw. 

Weisia cirrata Hedw 
Gymnostomum tenue Schrad. 

— squarrosum Wils. 

— rostellatum N. Boul. 
Archidium alternifolium Sch. 
Phascum alternifolium Dicks. 

— rectum Sm. 

— triquetrum Br. Spr. 
Physcomitrella recurvifolia Sch. 
Ephemerum sténophyllum Sch. 

—, coherens Hampe. 


À cétte longue liste d'espéces propres surtout à la plaine d'Alsace et áux 
collines des Vosges inférieures, nous ne pouvons opposer, pour le Jura, que 


188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Barbula paludosa Schwgr. et B. membranifolia. Mais il est tout à fait pro- 
bable que l'exploration des plaines de la Bresse aménera la découverte d'une 
foule de Mousses intéressantes qui seront à porter au compte du Jura infé- 
rieur. 

Dans la rédaction des listes qui précédent, nous avons négligé 71 espèces 
universellement répandues, se trouvant à la fois dans les plaines et les hautes 
montagnes. 

Nous citerons enfin, comme appendice, les espéces caractéristiques des 
tourbières des Vosges et du haut Jura; leur station semble les rendre indé- 
pendantes de l'altitude : 


Hypnum stramineum Dicks, Meesia longiseta Hedw. 
— giganteum Sch, Splachnum ampullaceum L. 
— revolvens Sch. Campylopus torfaceus B. S. 
— nitens Schreb. Dicranum cerviculatum Hedw, 
Polytrichum strictum Menz. — palustre La Pyl. 
— gracile Menz. — Schraderi Schwgr. 
Aulacomnium palustre Schwgr. 


Les tourbiéres du haut Jura nourrissent de plus les espéces suivantes, qui 
ne se trouvent pas dans celles des Vosges : 


Hypnum scorpioides L, Meesia tristicha B. S. 
— lycopodioides Schwgr. | 


(La suite à la prochaine séance.) 


M. A. Gris annonce qu'il a trouvé dans les collections de M. Ba- 
lansa une nouvelle espèce de Libocedrus dont il présente la des- 
cription ; il est entendu que cette description figurera au compte 
rendu de la derniére séance, avec celle des autres Coniféres néo- 
calédoniennes (voyez plus haut, pp. 139-140). 

M. Gris fait ensuite à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR LE NOUVÉAU GENRE GARNIERIA, DE LA FAMILLE DES PROTÉACÉES, 
par MM. Adolphe BRONGNIART ct Arthur GRIS. 


Dans notre deuxiéme notice sur les Protéacées néo-calédoniennes, nous 
avions cru pouvoir rapporter au genre Cenarrhenes, sousle nom de C. spathu- 
lefolia (voyez le Bulletin, t. XII [Séances], p. 41), une espèce envoyée par 
M. Vieillard sous le n° 1120. Cette espèce était représentée par un échantillon 
unique dont les inflorescences n'offraient plus que des réceptacles floraux ré- 
guliers munis de quatre glandes à la facon des Cenarrhenes et qu'accom- 
pagnait un seul fruit qu'il eût fallu sacrifier entièrement pour en faire 
l'étude. 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 180 


Les échantillons de la méme plante se trouvent dans un récent envoi de 
M. Balansa et dans la collection de M. Pancher. Ils portent des fleurs passées 
et des fruits márs. 

L'examen des ovaires déjà accrus et des fruits nous conduit à reconnaitre 
que cette espéce n'appartient pas au genre Cenarrhenes, mais devient le type 
d'un genre nouveau que nous dédions à M. Garnier, ingénieur, qui a publié 
un livre intéressant sur la Nouvelle-Calédonie. 

Dans ce genre, l'ovaire est uniloculaire et renferme 6 ou 7 ovules ortho- 
tropes disposés sur deux rangs, alternes, horizontaux ou un peu inclinés. 

Le fruit est une véritable noix. Il est muni d'un mésocarpe ferme et co- 
riace. Sous cette écorce est un noyau très-dur, épais, dont la surface externe 
est creusée de nombreuses et profondes anfractuosités. Par suite d'un dévelop- 
pement excessif du tissu ligneux de l'endocarpe, il offre 6 ou 7 petites 
logettes superposées qui renferment chacune une seule graine; cette graine 
est attachée à un funicule horizontal et se prolonge à l'extrémité opposée en 
une languette ou aile micropylaire; le funicule et l'aile sont engagés dans des 
intervalles trés-étroits de la substance ligneuse du noyau. Elle contient un 
embryon droit, à radicule courte et conique et à cotylédons obovales, charnus, 
plans en dedans et convexes en dehors. 


GARNIERIA SPATHULÆFOLIA. 

Frutex ramosus, 2-3 metr. altus, ramis teretibus, foliorum delapsorum 
cicatricibus notatis, cortice sulcato albescente glabro, ramulis novellis ferru- 
gineo-velutinis. 

Folia approximata, adscendentia, glaberrima, plus minusve nigrescentia, 
coriacea, alterna, 7-14 cent. longa, infra apicem 2 1 cent. lata, in ramulis 
novellis inæquilonga, spathulata, apice rotundato integra vel subemarginata, 
basi sensim attenuata et in petiolum brevem desinentia, nervo medio ner- 
visque secundariis adscendentibus dichotome ramosis, parum conspicuis, 
utrinque punctulis albis creberrime conspersa. 

Racemi breves, 1 1-2 cent. longi, floribus destituti, ovaria persistentia plus 
minusve evoluta vel sterilia hinc illinc foventes, adscendentes, erecti vel in- 
curvato-contorti, angulati, tomento ferrugineo brevi velutino induti, bracteis 
alternis axillantibus 5-6 crassis, subglabris, inferioribus triangularibus, dorso 
carinatis, basi amplectente auriculatis, apice obtusiusculis, aliis ovatis reflexis, 
sub fructu persistentibus. 

Receptacula subsessilia, basi oblique decurrentia, regularia, rotundata, 
extus ferrugineo-velutina. 

Sepala... 

Stamina... 

Discus ambitu circulari brevi; squamis 4, triangularibus, subulatis, erectis, 
minutis. 


490 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ovarium oblongo-ovoideum, paulo compressum, basi breviter angustatum, 
ex uno latere medio paulo gibbosum longitudinaliterque sulcatum, in stylum 
brevem apice stigmatifero truncatum attenuatum, glabrum. Ovula 6-7, pla- 
centz parietali funiculo compresso, vittato, biseriatim alternatimque inserta, 
horizontalia vel paulo declivia, orthotropa. 

Fructus plerumque 3 cent. longus, 2 À ‘cent. latus, erectus, ellipsoideus, 
lateraliter compressus, antice posticeque carinatus, stylo infra apicem mucro- 
natus, lateribus convexis, irregulariter torulosis; epicarpio extus glabro, sul- 
cato, plus minusve pruinoso; mesocarpio carnoso, coriaceo; endocarpio nu- 
cleum crassissimum lignosum efformante extus anfractibus numerosis irregu- 
laribus ruminatum, loculis 6-7 superpositis oblique transversis, 1 $ cent. 
longis, medio tantum ellipsoideo dilatatis, inde in substantia lignosa augustis- 
sime prolatis excavatum. 

Semina saepe sterilia, ovoidea, funiculo elongato filiformi appensa, in alam 
micropylarem planam subulatam, basi 3 mill. latam, 5 mill. longam expansa ; 
integumento exteriore subcrustaceo fragili, interiore membranaceo ; albumine 
nullo; embryone recto, radicula. cuneata brevissima, cotyledonibus obovatis 
intus planis, dorso convexis. 

Cenarrhenes spathulæfolia Ad. Br. et A. Gris, in Ann. $c. nat. 5° sér. 
t. III; et in Bull. Soc. bot. t. XII. 

Habitat in montibus prope Kanala (Vieillard, n° 1120); in collibus ferrugi- 
neis sinus Prony dicti (Pancher; Balansa, n° 177); ad basim montis Hum- 
boldt (Balansa, n° 2291). 


Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la 
Société : 


UNE HERBORISATION DANS LA CAMPINE LIMBOURGEOISE, par M. A. WARION. 


(Lille, 25 juillet 4874.) 


I y a quelques jours, j'ai pu réaliser un ancien projet et aller voir sur 
place une grande partie des raretés que, depuis une dizaine d'années, les bo- 
tanistes belges ont signalées dans les landes et les étangs de la Campine lim- 
bourgeoise. Pressé par le temps, je ne pouvais disposer que d'une seule jour- 
née; si cependant il m'a été permis de récolter la plupart des espèces indiquées 
dans la région, je le dois à l'excessive et gracieuse obligeance de M. Armand 
Thielens (de Tirlemont), qui a bien voulu me servir de guide dans un pays 
qu'il a souvent parcouru et qu'il connaît à fond. Qu'il me soit permis de lui 
témoigner ici toute ma reconnaissance de son aimable accueil. 

Toutes les plantes que j'ai vues, à trés-peu prés, se trouvent indiquées soit 
dans le Manuel de la flore de Belgique de M. F. Crépin, soit dans le Bulletin 
de la Société royale de botanique de Belgique; et surtout dans le quatrième 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 194 


volume de ce Bulletin (1865), où M. l'abbé Vandenborn a publié une florule 
de cette partie de la Campine, et oà M. A. Thielens a donné le compte rendu 
de l'herborisation générale de la Société dans cette méme région, compte 
rendu qui nous a fourni de précieux renseignements. 

Mon seul but aujourd'hui est de faire connaítre à la Société botanique de 
France combien cette riche herborisation est facile à faire; puissé-je étre 
assez heureux pour inspirer à quelques-uns de ses membres le désir de par- 
courir une région si curieuse et si voisine de nos frontières ! 

Partis de Hasselt, chef-lieu du Limbourg belge, le 8 juillet au matin, 
nous traversons rapidement les jardins et les riches cultures qui entourent la 
ville et s'étendent chaque jour. Aprés quelques kilométres, la lande commence 
et la route traverse de vastes bruyères entrecoupées de marais ou plantées de 
sapins. Arrivés à la hauteur des étangs de Genk, nous descendons de voiture; - 
c'est là que commence une série d'une vingtaine d'étangs plus ou moins ma- 
récageux, à fond sablonneux et généralement peu profonds (50 cent. à 1 m. 
d'eau) ; ces étangs s'étendent jusqu'aux environs de Diepenbeek et communi- 
quent entre eux par le ruisseau de Kaesbeek. 

La bruyére que nous traversons nous offre, selon que le terrain est sec ou 
marécageux : 


Erica Tetralix (trés-ab.). Alopecurus fulvus. 

Narthecium ossifragum (ab.). Stellaria uliginosa. 

Rhynchospora fusca. Pedicularis silvatica. 

Drosera rotundifolia. Calluna vulgaris. 

— intermedia. Corynephorus canescens. 
Lycopodium inundatum. Nardus stricta. 

Carex Goodenovii. Scleranthus perennis. 

— Œderi. Genista pilosa. 

— panicea. Sagina apetala. 

Juneus supinus. Thymus Serpyllum var. angustifolius. 
— squarrosus, Potentilla silvestris Neck, (P. Tormentilla 
— lamprocarpus. Monch). 


Plus loin, au bord des étangs et dans les marais : 


Viola palustris. Hottonia palustris. 
Myrica Gale (ab.). Caltha palustris. 
Deschampsia discolor (ab.). Sparganium ramosum. 
Galium palustre. Helodes palustris, 

— uliginosum. Spiræa Ulmaria. 
Cirsium palustre. Peucedanum palustre. 
Œnanthe Phellandrium, Salix repens. 
Heleocharis palustris, " aurita. alust 

— multicaulis, omarum palustre. 
Lemna minor, Menianthes trifoliata. 
Ranunculus Flammula, Hydrocotyle vulgaris. 
Rhynchospora alba. 


Bientôt arrivés au grand étang où M. l'abbé Vandenborn a découvert, en 
1862, le rare /soétes echinospora DR., nous entrons résolûment dans l'eau. 


192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Hélas ! malgré plusieurs heures de recherches attentives, et dans cet étang, et 
dans plusieurs autres où la plante a été vue également dans ces dernières 
années, nous avons le regret de ne pas en trouver un seul pied; tout ce 
que nous ramenons à la surface est du Littorella lacustris stérile, du Su- 
bularia aquatica en magnifique état, ou des rosettes de Lobelia Dortmanna. Et 
cependant, me dit M. Thielens, l'/soétes echinospora y était abondant les 
années précédentes; en 1870 encore, il l'y avait revu et récolté. 

Comme compensation, nous faisons bonne provision de Lobelia. Dort- 
manna, extrémement abondant dans presque tous les étangs que j'ai vus, 
et de Subularia aquatica. Partout ces étangs nous offrent en outre : 


. Nymphea alba. Potamogeton natans. 
Nuphar luteum. — polygonifolius. 
Polygonum amphibium. Callitriche hamulata. , 
Scirpus lacustris. Sagittaria sagittifolia (forme très-remarqua- 
— fluitans. | ble par l'étroitesse de ses feuilles). 
Alisma natans. 


. Deux étangs voisins ont été mis à sec au printemps; nous les visitons et y 
récoltons : 


Subularia aquatica (1). Peplis Portula. 

Helosciadium inundatum. Epilobium palustre. i 
Alisma ranunculoides. Veronica scutellata et var. pubescens. 
Cicendia filiformis. Littorella lacustris. 

Elatine hexandra. Sagittaria sagittifolia. 

Juncus bufonius, Scirpus acicularis. 

— Tenageia. Alopecurus fulvus, 


L'heure s'avance, et il nous faut songer à gagner le village de Genk, dont 


nous sommes assez éloignés; en route, nous prenons dans les lieux sablonneux 
de la lande : 


Ilex Aquifolium. Spergularia rubra. 
Juniperus communis. Hypochæris glabra. 
Carex arenaria. Danthonia decumbens, 


Genista anglica. Scleranthus perennis. 
—- pilosa. 


Aux bords d'un étang tourbeux : 


Cicuta virosa. Peucedanum palustre. 
Oxycoccos palustris. Equisetum limosum. 
Andromeda polifolia. — hiemale. 
Vaccinium Myrtillus. Viola palustris. 


Helodes palustris. 


(1) Tous les auteurs que je puis consulter disent du Subularia aquatica : « plante crois- 
sant sous l'eau ». Et cependant, de méme que beaucoup de plantes aquatiques (les Ba- 
trachium, l’ Helosciadium inundatum, etc.), le Subularia vit et se développe parfaite- 
ment lorsque l'étang où il se trouve a été mis à sec. Mais alors il prend un aspect tout 
particulier ; et il me semble intéressant de signaler ce fait et utile de faire pour cette 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 193 
Et dans les prairies ou fossés, près du village : 


Ranunculus aquatilis var. peltatus, Valeriana offlcinalis, 
Leersia oryzoides. Galium palustre. 
Lychnis Flos-cuculi. Myosotis repens, 
Scutellaria galericulata. — — cæspitosa. 


Stellaria glauca. 


Il est midi et demi quand nous arrivons à l'auberge de Genk ; nous herbo- 
risons depuis six heures du matin et avons grand besoin de prendre un peu 
de repos. Vers deux heures, nous allons visiter une colline sablonneuse plantée 
de sapins, située à un kilomètre de Genk. Dans les rues du village, nous 
trouvons Chenopodium Vulvaria (rare en Campine), et dans les champs : 


Arnoseris minima, Galeopsis villosa Huds. 


Sagina procumbens. Viola tricolor (forme à fleurs très-grandes:. 
Teesdalia nudicaulis. 


Plus loin, dans une clairière, se trouve en petite quantité la plante que nous 
étions venu chercher, l'Eica cinerea, une des raretés de la flore belge; 
outre cette localité et celle de Lanaeken qui n'en est pas éloignée, l Erica 
cinerea n'est plus connu qu'en deux points de la Flandre occidentale depuis 
que les défrichements l'ont fait disparaître d'Aerschot (Brabant) Revenant 
ensuite sur nos pas, nous ne trouvons rien de remarquable jusqu'à Camerloo ; 


entre ce village et Diepenbeek, nous récoltons au bord de la route et dans les 
fossés : 


Illecebrum verticillatum. Alisma natans. 
Euphrasia nemorosa. — repens Cav. 


Plus loin, nous quittons la route et, prenant sur la droite, nous allons visi- 
ter un nouvel étang qui nous offre en abondance : 


Myriophyllum alterniflorum. 


Isnardia palustris. 
Helosciadium inundatum. 


Alisma natans. 


Un autre étang voisin nous donnerait Calla palustris et Chara coronata; 
mais l'heure nous presse et nous devons renoncer à le visiter pour gagner au 
plus vite la station de Diepenbeek. En route, nous voyons dans une sapi- 


niere le bel Osmunda regalis, et dans les champs sablonneux, les fossés et 
les haies : 


Oxalis stricta. | . . . | Cirsium arvense. 
Epilobium Lamyi. — lanceolatum. 
Spergula arvensis. Ægopodium Podagraria. 


Senecio silvaticus. 


forme du Subularia aquatica ce qu'on a fait pourles Batrachium, en signalant une variété 
terrestris, ainsi caractérisée : Plante plus petite, d'un vert foncé, se développant souvent 
en gazon, à feuilles très-courtes, étalées sur le sol, à pédoncules généralement plus longs 
que les feuilles, redressés. 


T. XVII. (SÉANCES) 13 


194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Enfin nous terminons cette belle herborisation en cueillant dans les haies 
du village Leonurus Cardiaca et Sisymbrium Sophia, et à huit heures et 
demie du soir nous rentrons à Tirlemont, que nous avions quitté la veille vers 
la méme heure. 


LETTRE DE M. Ch. ROYER A M. DUCHARTRE. 


Saint-Remy prés Montbard, 23 juillet 1871. 


...Dans la note que vous avez ajoutée au procès-verbal de la séance du 
A1 août 1870 de la Société d'horticulture, vous signalez un fait d'un grand 
intérét, la variation d'orientation du fruit du Pécher. Permettez-moi de 
vous exposer quelques observations en rapport avec une telle particula- 
rité : 

J'ai trouvé, sur 30 calices d’ Helleborus fœtidus, 21 préfloraisons imbrica- 
tives et 2 quinconciales ; 

Sur 8 calices de Caltha palustris, 6 imbricatives et 2 quinconciales ; 

Sur 2 calices de Ranunculus bulbosus, une imbricative et une quincon- 
ciale; 

Sur 4 corolles de .Rununculus repens, 3 imbricatives et une quincon- 
ciale; 

Sur 8 corolles de Cardamine pratensis, 7 imbricatives et une con- 
tournée; 

Sur 8 corolles de Cheiranthus Cheiri, 6 imbricatives et deux contournées. 

La méme espéce peut donc présenter plus d'une sorte de préfloraison. En 
outre, l'orientation est trés-variable pour la méme préfloraison : ainsi, dans 
l'imbricative, on a, chez l’ Helleborus et le Caltha, tantôt la pièce interne 
contigué à l'externe; tantôt, au contraire, elle en est séparée par une pièce 
externe-interne ; et, chez le Cheiranthus Cheiri comme chez le Cardamine 
pratensis, la piéce interne est tantót à droite, tantót à gauche de l'externe, tan- 
tót enfin elle lui est opposée. N'y aurait-il donc rien de bien fixe dans la pré- 
floreison, laquelle devrait ainsi perdre beaucoup de sa valeur dans la diagnose 
des familles et des genres? Eufin, Monsieur, ces faits ne vous semblent-ils pas 
fournir un argument. assez grave contre la doctrine de la métamorphose, 
puisque le cycle foliaire ne se trouve plus observé dans le verticille floral? 


è b . . e. > . . . . . . e. . e. . L] . e . è . Le 


A propos de sève, j'ai remarqué, en écussonnant, par ces jours de grande 
chaleur, un Abricotier sur un Prunier, que l'écorce du côté sud de la tige du 
sujet manquait de séve et ne pouvait se soulever, tandis qu'au cóté nord 
l'opération a pu se faire dans de bonnes conditions. A ce moment, la couche 
génératrice de ce Prunier était donc inerte au côté sud, et le côté nord pre- 
nait seul de l'accroissement ; ce qui, du reste, concorde avec les inégalités 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 195 


d'épaisseur que chaque zone ligneuse annuelle offre généralement quand on 
pratique sur un tronc une coupe transversale (1). 


M. Alfred Chabert fait à la Société la communication suivante : 


NOTES SUR QUELQUES PLANTES DES ENVIRONS DE FONTAINEBLEAU, 
pr M. Alfred CHABERT. 


Fréquemment explorée par les botanistes parisiens, la forét de Fontaine- 
bleau ne leur a pas encore dévoilé toutes ses richesses. Les recherches que 
j'y ai faites du 22 mars au 1°" juin ont été très-favorisées et, dès les premiers 
jours, j'ai pu y recueillir une plante qui n'y avait pas été signalée, le Galan- 
thus nivalis L., une Violette décrite par MM. Cosson et Germain de Saint- 
Pierre dans la première édition de leur Flore des environs de Paris, mais 
tout à fait négligée par eux dans la seconde, et plus tard une Euphorbe oubliée 
depuis Thuillier, un Helianthemum umbellatum à fleurs rouges, une variété 
du Potentilla splendens, dont les fibres radicales renflées rappellent celles 
du Spiræa Filipendula, etc. J'ai soumis à l'examen de M. Cosson les plantes 
qui me paraissaient devoir attirer l'attention des botanistes, et c'est aidé des 
conseils de notre savant confrére que je publie cette note aujourd'hui. Je 
saisis cette occasion de remercier M. Cosson de l'extréme obligeance avec 
laquelle il m'a permis de faire des études dans sa bibliothèque et dans son 
magnifique herbier. 

Parmi les plantes énumérées plus bas, les unes, plus ou moins rares pour la 
flore parisienne, sont citées à cause des localités nouvelles où je les ai recueil- 
lies, les autres pour leurs variétés non décrites encore. Des échantillons de 
„chacune ont été déposés dans l'herbier de M. Cosson; je fais hommage à la 
Société botanique d'un fascicule où elles sont toutes représentées en bons 


(4) Note du Secrétaire général.— La publication de cette lettre de M..Ch, Royer nous 
fournit l'occasion de faire connaitre, avec un sentiment de sincére regret, une faute 
d'impression que nous avons laissée passer dans une précédente communication de notre 
savant confrère, auquel l'investissement de Paris ne nous avait pas permis d'en soumettre 
une épreuve. M. Royer a bien voulu nous signaler cette faute sans exprimer son légi- 
time mécontentement, quoiqu'elle ait dû le contrarier aussi vivement qu'elle nous con- 
trarie nous-méme. Il ne s'agit point en effet d'une vulgaire coquille, que tout lecteur 
intelligent est capable de rectifier lui-même, mais de la malencontreuse interpolation 
d'une particule qui altére complétement l'expression de la pensée de l'écrivain. 

Tome XVII du Bulletin, page 252, ligne 21 : supprimez la particule NE, et lisez : « Je 
» pense aussi que les ovules naissent toujours d'un point axile, et que dans beaucoup de 
» placentations pariétales ON PEUT invoquer des partitions et digitations de l'axe floral. » 

Nous n'invoquerons en notre faveur qu'une seule circonstance atténuante. Le timbre 
mobile, dont notre imprimerie frappe toutes les épreuves qui sortent de ses ateliers, porte 
sur Ja feuille 17 (qui contient la faute), cette date de lugubre mémoire : 20 janvier 1871. 
Or alors, depuis quinze nuits et quinze jours consécutifs, l'armée allemande bombardait 
à cœur joie la rive gauche dela Seine, et les correcteurs, bloqués et bombardés dans le 
Pré-auz-Clercs et le Pays-latin, ne sont pas tout à fait indignes de quelque indulgence. 


196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


exemplaires. Il sera donc facile aux botanistes parisiens de contróler la valeur 
de mes observations. 

Ranunculus tripartitus DC. — Mares de Bellecroix ; mares voisines de 
la croix du Grand-Veneur; mares voisines de la Butte-à-Gay. 

R. hololeucos Lloyd. — Mares voisines de la Butte-à-Gay. 

MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, F/. par. éd. 2, p. 12, indiquent 
les mois de mai à juillet comme époque de la floraison de ces deux espèces. 
Pourtant le R. tripartitus est bien plus précoce que le A. hololeucos : le ? 
avril il était en pleine fleur, tandis que le Æ. hololeucos n'a fleuri qu'un mois 
plus tard. 

R. confusus Godr. — Remplit une des mares de Bellecroix. 

R...... (aquatili L. proximus). — Mare-aux-Fées. 

Ce Ranunculus, voisin du À. aquatilis L. (dont il n'est qu'une variété pour 
M. Cosson), en diffère par le style trés-court, presque nul, les carpelles peu 
apiculés et plus souvent mutiques ; les feuilles moyennes et inférieures pétio- 
lées, divisées en laniéres courtes, roides, divariquées en tous sens et ne se 
réunissant pas en pinceau hors de l'eau. Il s'éloigne du R. trichophyllus 
Chaix par ses feuilles supérieures nageantes suborbiculaires, ses étomines 
nombreuses, ses grandes fleurs, son style et ses carpelles. 

Lychnis Viscaria L. — Rochers de Samoreau. 

Arenaria triflora L. (4. grandiflora var. triflora Coss. et G. de St-P.). 
— Mont-Merle. 

Helianthemum umbellatum Mill. var. ubriflorum Nob. — Floribus 
rubris, minoribus, seminibusque minoribus. — Mont-Merle. 

Tous les botanistes décrivent les fleurs de l’ H. umbellatum comme blanches, 
sauf De Candolle (Prodr.), qui les dit blanches ou d'un blanc jaunâtre. La 
plupart des auteurs, tels que MM. Grenier et Godron (FJ. Fr. t. I, p. 160), 
MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre (FT. par. éd. 2, p. 136), etc., indi- 
quent méme la couleur blanche des pétales comme caractere distinctif de l'espèce. 
Or, dans la localité citée jadis par Tournefort : « sur les buttes du Mont- 
Merle », se trouve, pêle-mêle avec le type et assez rare, une variété à fleurs 
rouges d'un tiers ou de moitié plus petites età graines un peu moins grosses. 

Viola arenicola Nob. — `V. arenaria botan. par. non DC. — V. sil- 
vestris Lmk, var. arenicola Coss. mss. — V. silvestris Lmk, s.-v. pumila 
Coss. et G. de St-P. (Fl. par. éd. 4, p. 111). 

Radice longa, crassa, non stolonifera, cæspitosa, vestigiis petiolorum emar- 
cidorum longe et dense squamosa ; caulibus floriferis 2-6 (rarius 8) centim. 
longis, adscendentibus, simplicibus, glabris; foliis parvis, glabris, basi cordatis, 
ovatis vel subreniformibus, obtusis, crenatis, radicalibus in rosulam centralem 
sterilem persistentem dispositis; stipulis lanceolatis vel lanceolato-línearibus 
acutis, inferioribus inciso-dentatis petiolo pluries brevioribus, superioribus in- 
tegris petiolum æquantibus vel longioribus ; floribus parvis, petalis violaceis, 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1874. 197 


albo-lilacinis vel albis, inferiore emarginato, calcare albo vel albo-lilacino, 
apice incurvato obtuso non canaliculato, appendicibus calvcis 3-4-plo lon- 
giore; sepalis lanceolato-linearibus acuminatis, margine anguste scariosis, 
appendicibus brevibus capsulam ovato-oblongam acutam circumvallantibus.— 
Perennis. — Fl. a desinente Martio ad ineuntem Maium. — Hab. in arena 
mobili locorum apricorum : Mail de Henri IV, Mont- Merle, Hautes- 
Plaines. 

Cette espèce diffère donc du Viola silvestris Lmk; Koch Syn. ed. 2, p. 91; 
Coss. et G. de St-P. Flor. par. éd. 2, p. 139 (V. silvatica Fries; Gr. et 
Godr. FI. Fr. t. I, p. 178) et, par conséquent, des deux formes distin- 
guées par M. Jordan (V. AHiviniana Rchb. et V. Reichenbachiana Jord.) : 
1° par sa racine pivotante produisant une ou plusieurs souches épaisses et 
longuement écailleuses sur une longueur de 4 à 5 centimètres par les débris 
persistants des pétioles des anciennes feuilles; 2° par la persistance, pendant 
et aprés la floraison, de ia rosette formée par les feuilles radicales, tandis que 
dans les diverses formes du V. silvestris la rosette se détruit ordinairement 
pendant la floraison et est remplacée bien plus tard par de nouvelles feuilles ; 
3* par la petitesse constante de sa taille, de ses fleurs et de ses feuilles, ses tiges 
non rameuses et hautes de 2 à 6 (rarement 8) centimétres; ^* par ses feuilles 
obtuses, glabres, d'un vert sombre en dessus, d'un vert rougeátre ou lie de 
vin et fortement veinées en dessous, par les nervures rougeâtres; 5° par les 
stipules inférieures incisées-dentées et non ciliées-fimbriées, et surtout par 
les supérieures entières égalant le pétiole ou plus longues; 6° par le pétale 
inférieur échancré ; 7° par le port et l'aspect sombre et noirátre de la plante 
vivante, i 

Le V. nemoralis Jord. , à rhizomes gréles rampants, à capsule obtuse, etc., 
est trés- différent. 

Le rhizome, l'absence d'une rosette centrale de feuilles radicales, la forme 
des feuilles, des fleurs et de la capsule, distinguent le V. canina L. auquel 
Mérat {Revue de la Flore parisienne) paraît avoir rapporté notre plante comme 
variété. 

Le V. arenicola a plus de rapport avec le V. arenaria DC. pour lequel il a 
été pris par plusieurs botanistes parisiens, et avec le V. rupestris Schm. ; 
Bor. Fl. centre, éd. 3, p. 78. Semblable à eux par ses feuilles et son faciès, on 
l'en distingue facilement par sa souche allongée, écailleuse, par ses sépales 
lancéolés-linézires et non pas oblongs-lancéolés ou ovales-lancéolés, par la 
forme etla longueur relative de ses stipules, etc. Ajoutons que le V. arenaria 
à les fleurs bleues. 

Dans la première édition de leur Flore des environs de Paris, MM. Cosson 
et G. de Saint-Pierre admettent un V. silvestris s.-v. pumila, qu'ils décrivent 
ainsi: « Tigesde 2-4 centimètres; feuilles trés-petites, souvent à peine acuminées; 
fleurs petites, » Les échantillons conservés sous ce nom dans l'herbier de Paris 


198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de M. Cosson se rapportent à notre V. arenicola. Mais, dans la deuxième édi- 
tion, ils passent cette sous-variété complétement sous silence; bien plus, la des- 
cription qu'ils donnent du V. silvestris exclut notre plante, dont les tiges ne sont 
ni rameuses ni hautes de 1-3 décimétres, qui n'a ni les feuilles acuminées, ni 
toutes les stipules plus courtes que le pétiole, etc. Aujourd'hui M. Cosson, restant 
convaincu que les caractéres de notre Violette sont des modifications dues à 
l'influence du sol et de la station, la rapporte toujours au V. silvestris comme 
variété et la nomme V. silvestris var. arenicola; l’épithète de pumila a été 
abandonnée pour éviter la confusion avec la variété pumila du V. canina. 
Pour moi, qui n'ai jamais pu trouver d'intermédiaire qui la reliât au V. sil- 
vestris, fort abondant dans les bois et les taillis des mémes localités, je crois 
que ses caractères sont amplement suffisants pour l'élever au rang d'espèce, 
d'accord en cela avec les botanistes parisiens qui l'ont distinguée en la nom- 
mant par erreur V. arenaria, etje propose de l'appeler VIOLA ARENICOLA. Elle 
se place entre le V. arenaria DC. etle V. silvestris Lmk, particuliérement 
la forme nommée par M. Jordan V. Heichenbachiana. 

Potentilla splendens Ram. var, filipendula Nob. — Dans les clairières 
voisines de la croix de Saint-Hérem et de la Mare-aux-Bœufs croit, mélangée 
avec le type, une variété dont la souche et les rhizomes émettent çà et là des 
fibres radicales plus ou moins renflées, fusiformes, descendant verticalement 
et offrant quelque analogie avec celles du Spiræa Filipendula L. Ces fibres 
renflées sont ligneuses et se terminent brusquement par une ou deux fibrilles 
trés-fines et plusieurs fois ramifiées. 

Sorbus latifolia Pers, — Rochers de Samoreau. 

Primula grandiflora Link. — Bois des Bécassières près de la Mare-aux- 
Évées. 

Veronica spicata L. — Une variété à tige moins élancée, à feuilles plus 
larges, à épi plus épais, a été trouvée en pleine fleur par M. Matignon et 
moi, le 3 mai auprès de la Mare-aux-Évées, et le 12 mai dans les prairies 
humides de Moret. Trés-distincte, par son port, sa station et l'époque de sa 
floraison, du Veronica spicata qui fleurit en juillet dans les bois sablonneux 
et les bruyères de la forêt de Fontainebleau, cette variété ressemble beaucoup 
à la forme qui croit en août et septembre sur les coteaux secs des environs de 
Chambéry. 

Euphorbia Gerardiana Jacq. — Ses feuilles ont pour caractère d’être 
linéaires, linéaires-lancéolées ou oblongues et frès-entières. Les auteurs des 
Flores des environs de Paris, Thuillier (qui le prenait pour VE. Æsula), 
Mérat, MM. Cosson et G. de Saint-Pierre, n'en indiquent aucune variété. 
J'en ai pourtant recueilli deux fort distinctes et croissant mélangées dans une 
localité de peu d'étendue : le Mont-Merle. 

Les nombreux intermédiaires qui relient ces variétés l'une à l'autre et avec 
le type démontrent le peu de fixité de leurs caractères, et ne permettent pas 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. © 109 


de songer à leur donner une valeur diagnostique. C'est en vain que j'ai par- 
couru à plusieurs reprises les localités classiques de PE. Gerardiana à 
Champigny et à Saint-Maur, où il abonde : là, l'espéce est fixe et ne m'a 
présenté aucune modification. Quelle est la cause de sa variabilité extraordi- 
naire dans un espace aussi restreint que le Mont-Merle ? Je ne saurais le dire, 
me hornant à rappeler que j'ai déjà observé un phénoméne analogue chez 
d'autres plantes, notamment chez certains Hieracium, dans les montagnes 
de Gap, chez un Biscutella, dans les environs de Nimes, etc. 

E. Gerardiana var. dentata Nob. — Foliis superioribus argute dentatis. 
— Feuilles supérieures lancéolées ou oblongues, dentées dans leur moitié 
supérieure par des deuts acuminées au nombre de 3-6 sur chaque bord et 
dirigées en haut. 

E. Gerardiana var. multicaulis Nob. — E. multicaulis Thuill. FL 
par. éd. 2, p. 238. — Foliis superioribus brevibus, ovatis fere trapezoideis ; 
foliolis involucri brevibus ovatis. 

Dans sa Flore de Paris, Thuillier distingue de l'E. Gerardiana, qu'il 
nomme E. Esula, un E. multicaulis dont je reproduis la description : « Ex 
radice perenni crassaque multicaulis, glaberrima ; caulibus decumbentibus, sim- 
plicissimis ; foliis glaucis, lævigatis, obscure sub-5-nerviis ; inferioribus oblon- 
gis, superioribus ovalibus : umbella regulari, multiradiata 3 radiis longiusculis, 
apice trifloris; involucris suborbiculatis, involucellis reniformibus. — Hab. 
in locis glareosis; flores pallido-lutei. Junio. — Se trouve sur les montagnes, 
à Orsay. » 

ATE. Gerardiana (E. Esula Thuill.), il donne pour caractères : « Ramis 
sterilibus, foliis uniformibus, etc. » 

La plante d'Orsay m'est inconnue; mais je n'hésite pas à rapporter à 
l'E. multicaulis Thuill. cette forme qui cadre si bien avec la description de 
l'auteur et dont l'aspect est si différent, dés le premier coup d'eil, de celui 
de E. Gerardiana par ses feuilles supérieures trés-courtes ovales, et sou- 
vent presque trapézoides, par ses folioles de l'involucre ovales presque 
arrondies. 

Sur le vif, le port et l'aspect des deux plantes sont les mêmes; elles crois- 
sent ensemble; les touffes de I' E. multicaulis sont, en général, plus fournies, 
les tiges plus nombreuses que celles de lE. Gerardiana ; mais cela n'est pas 
constant. Quant aux tiges, trés-simples dans le premier, à rameaux stériles 
dans le second (ramis sterilibus Thuill.), tous les botanistes parisiens qui 
ont si fréquemment l'occasion d'observer E. Gerardiana savent combien il 
est rare de le trouver rameux. 

Le caractere tiré des tiges simples n'a donc pas de valeur diagnostique. La 
forme des feuilles ne peut davantage suffire pour conserver l'espèce créée par 
Thuillier, d'abord parce qu'on trouve des intermédiaires établissant le pas- 
sage graduel de l'une à l'autre forme, puis parce que sur la méme racine qui 


200 : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


émet des tiges floriferes pourvues de feuilles de deux formes et à feuilles 
supérieures courtes et ovales, il n'est pas rare d'observer une ou deux tiges 
stériles chargées de feuilles toutes uniformes, linéaires ou linéaires-lancéolées. 
Mon herbier renferme deux échantillons de cette nature. 

M. Duby, Bot. gall. p. 415, MM. Grenier et Godron, Fl. Fr. t. III, p. 84, 
décrivent un Æ. Gerardiana var. minor, « plante naine, à tiges ascendantes, 
pauciflores, chargées de feuilles plus courtes, oblongues (E. saxatilis Lois., 
DC. non Bieb.) ». Cette variété, particuliére au mont Ventoux, différe donc de 
la variété multicaulis par sa taille, ses fleurs peu nombreuses et la forme de 
ses feuilles. 

Dans l'E. Gerardiana var. multicaulis, les feuilles perdent en longueur 
et gagnent en largeur à mesure qu'elles naissent plus haut sur la tige; dans 
lE. Gerardiana type, les feuilles supérieures sont ordinairement conformes 
aux inférieures ou sont un peu plus longues et plus larges. Cette derniere dis- 
position se montre trés-accentuée chez quelques individus croissant au méme 
lieu et pour lesquels il me parait inutile d'établir une nouvelle variété. 

Bien que j'aie remarqué, dans les organes floraux de ces diverses variétés, 
quelques légéres différences, je crois superflu de les indiquer, car elles ne sont 
guère constituées que par de simples nuances et sont encore bien moins fixes 
que celles des feuilles. 

Juniperus communis L. var. squamis amenti non connatis. — Variété 
à écailles du fruit non connées, mais seulement cohérentes à la base. Le fruit 
n'a donc pas l'apparence d'une baie unique, mais celle de plusieurs petites 
baies juxtaposées. Cette variété, due au développement incomplet du fruit, se 
montre sur trois arbres très-âgés croissant séparément sur les rochers de 
Franchart, au milieu d'autres Genévriers dont ils ne se distinguent par aucun 
autre caractère. 

Seilla bifolia L, — Bois-Gautier, où l'avait déjà recueilli M. Matignon. 

Galanthus nivalis L. — Plaine des Pins, le 25 mars; bois au nord de 
la Vallée-de-la-Solle, le 30 mars; assez rare dans ces deux localités. 

Anacharis Alsinastrum Babingt. — Elodea canadensis mult. bot. gall. 
non Mich. — Mare-aux-Fées, où il a été introduit (1). 

Goodyera repens R. Brown. —M. Matignon et moi l'avons rencontré, ie 
10 juillet dernier, aussi abondant dans les bois de pins du versant nord du 
rocher Bouligny et dans ceux de la plaine des Placereaux, qu'auprès du Mail 
de Henri IV. Son extréme fréquence dans ces trois localités nous porte à croire 
qu'il existe encore dans les stations analogues de la forét : bois de pins ex- 
posés au nord. Le parasitisme du Goodyera repens sur les détritus des pins 
nous a été démontré d'une manière incontestable par l'examen d'un individu 


(4) On peut le recueillir maintenant en fleur dans les fossés du bois de Vincennes, où 
il abonde et où son existence a été constatée pour la première fois en 1866 par mon ami 
M. le docteur A, Warion. 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 901 


dont la racine est fixée par son extrémité sur un morceau de branche morte 
de pin, absolument comme les fibres radicales des Orobanches le sont sur 
les racines d'autres végétaux. Ce fait vient à l'appui des observations de M. de 
Schenefeld (Bull. Soc. bot. t. YI, p. 594). 


M. Cosson ajouté quelques observations sur les formes de l’Eu- 
phorbia Gerardiana étudiées par M. Chabert et sur le Viola qu'il 
propose d'élever au rang d'espéce. Pour lui, les variétés de l'Eu- 
phorbia Gerardiana décrites par M. Chabert ne sont que des formes 
accidentelles, tout à fait analogues à celles que présente l'E. exigua 
surtout dans la région méditerranéenne; et le Viola arenicola ne 
lui paraît être qu'une simple variété du V. silvestris, due à la 
station. 

M. Duchartre, à l'occasion du parasitisme du Goodyera repens, 
indiqué par M. de Schenefeld et confirmé par M. Chabert, pré- 
sente quelques observations, d'aprés les recherches de M. Aug. 
Riviére, sur le parasitisme de certaines Orchidées. 

M. Cosson donne quelques détails sur la belle collection des Orchi- 
dées européennes de la tribu des Ophrydées, recueillies pour la plu- 
part par Mgr le comte de Paris dans ses voyages, et cultivées avec 
le plus grand succès, sous sa direction, dans le parc et les serres 
de son habitation à Twickenham prés Londres; cette collection, 
la plus compléte qui existe, renferme presque toutes les espéces 
et variétés d'Orchis et d’ Ophrys connues en Europe. 

M. l'abbé Chaboisseau fait à la Société la communication sui- 
vante : 


NOTES SUR QUELQUES OUVRAGES RARES OU CURIEUX RELATIFS A LA BOTANIQUE, 
par M. l'abbé CHABOISSEAU. 


Le projet que j'avais formé de contribuer à l'histoire de la botanique en 
donnant des notices bibliographiques un peu étendues, a dü subir par suite 
des circonstances une suspension forcée. En attendant mieux, je vais me 
borner à une táche plus modeste, et signaler seulement les ouvrages de ma 
bibliothèque qui semblent mériter une mention particulière. Plusieurs sont 
indiqués comme rares dans le Thesaurus de M. Pritzel; quelques-uns n'y 
figurent pas, ou du moins je ne les y ai pas aperçus. Je réclame l'indulgence 
Pour ces notes prises à la hâte ; en un tel sujet, les erreurs sont faciles. En indi- 
quant que tel ouvrage n’est pas dans Pritzel, je ne prétends donc pas dire qu il 
Y est omis, mais seulement que je ne l'y ai pas vu. Encore moins pourrais-je 


202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


prétendre que tous les ouvrages indiqués par moi aient assez d'importance 
pour figurer dans une bibliographie générale. J'appelle simplement l'attention 
sur eux, sans les juger. Peut-étre cette longue liste paraitra-t-elle fastidieuse? 
J'espére trouver une excuse suffisante dans la pensée méme qui m'a fait les 
réunir. L'histoire de la botanique ne date pas plus de Linné que l'histoire de 
France ne date de 1789. Aussi, tout en rendant hommage aux modernes, j'ai 
voulu m'entourer des anciens, qui sont les témoins fidèles de la tradition et 
des progrés successivement accomplis. C'est cette assemblée vénérable que je 
tiens surtout à présenter devant ceux qui profitent de leurs lumiéres et s'in- 
spirent de leurs laborieux efforts, dans la noble pensée de couronner l'édifice 
scientifique dont leurs pères ont péniblement établi les bases. 

Je suivrai naturellement l'ordre historique, de manière à présenter l'évolu- 
tion successive de la science depuis l'origine de l'imprimerie jusqu'à nous. 
On peut établir quatre périodes : 

4° Les incunables de la botanique. Quand il s'agit de l'imprimerie consi- 
dérée comme art, la période des incunables n'atteint pas le xv1* siècle, tant 
furent rapides les progrès typographiques. Mais la science botanique est restée 
dans le berceau jusqu'à Otto Brunfels, vers 1530. 

2° La Renaissance. Le développement commencé par Otto Brunfels est 
brillamment continué par Tragus, Fuchs, Mattioli, et trouve son couronne- 
ment dans les beaux travaux des fréres Bauhin (vers 1623). 

3» Le xvir? siècle. « Postea res herbaria languit », dit Haller. Le réveil se 
fait, au commencement du xvii’ siècle, par Tournefort et Vaillant, dignes 
précurseurs de Linné. 

4° La période moderne, de Linné à nos jours. Malgré l'importance de la 
méthode naturelle de Jussieu, il n'est pas facile d'établir là une division 
historique, parce que la classification linnéenne a persisté chez un grand 
nombre d'auteurs trés-recommandables. Et d'ailleurs la réforme capitale inau- 
gurée par Linné consiste dans l'application réguliére de la nomenclature 
binaire, entrevue seulement et incomplétement pratiquée par ses devanciers. 


Premiére période. — Les incunables de la botanique. 


4° Bartholomæus Anglicus de Glanvilla. — DE PROPRIETATIBUS 
RERUM. — Le moine anglais frére Barthelemy de Glanwill écrivit en latin, 
au commencement du xIv* siècle, un recueil de notions sur l'histoire naturelle 
et la médecine, recueil qui fut longtemps en honneur. — Ce livre, traduit en 
francais vers 1362, par Jehan Corbichon, chapelain du roi Charles V, a eu 
plusieurs éditions tant latines que françaises. — Je possède les neuf éditions 
latines qui suivent : 

Édition sans titre (Hain, n° 2099; non mentionnée dans Pritzel), sans 
lieu ni date. 1 vol. grand in-fol. de 218 ff. à 2 col. de 60 et 61 lignes ; d’après 
Hain, imprimé à Bále. (Provient de la bibliothéque de M. de Martius, ) 


SÉANCE DU 28 JUILLET 4871. 203 


Edition sans titre (le 1°" feuillet signé A. ferait supposer que le titre 
existe ; cependant Hain ne l'a pas vu, n° 2500). Cette édition n'est pas dans 
Pritzel. Impressus per Nicolauz pistoris de Benssheym et Marcum reinhardi 
de Argentina socios, 1/80; petit in-folio de 320 ff. à 2 col. de 48 et 49 
lignes. (Biblioth. de Martius.) 

Edition sans titre. (Hain, n° 2505; Pritzel, n° 511). Nurenberge, 1483. 
Petit in-folio de 266 ff. à 2 col. de 53 lignes. (Biblioth. de Martius.) 

LIBER DE PROPRIETATI | BUS RERUM BARTHOLO | MEI ANGLICI. — Argen- 
tine, 1485 (Hain, n° 2506; Pritzel, n° 511). Petit in-fol. de 300 ff. à 2 col. 
de 47 lignes. (Biblioth. de Martius.) 

PROPRIETATES RERUM DO| MINI BARTHOLOMEI ANGLICI, 1/88, sans lieu 
(Hain, n° 2507; Pritzel, n° 511). Petit in-fol. de 326 ff. à 2 col. de 50 lignes. 
(Bibl. de Martius.) 

LIBER DE PROPRIETATIBQ RE | RU BARTHOLOMEI ANGLICI. Argentine, 
1491 (Hain, n° 2509; Pritzel, n° 511). Petit in-fol. de 257 ff. à 2 col. de 
52 lignes. (Bibl. de Martius.) 

BARTHOLOMEUS ANGLI | CUS DE PROPRIETATIBO | RERUM. Nurenberge, 
1492 (Hain, n° 2510; Pritzel, n° 544). Petit in-fol. de 199 ff. à 2 col. de 
61 lignes. (Bibl. de Martius.) | 

LIBER DE PROPRIETATIBUS | REZ BARTHOLOMEI ANGLI|CI ORDINIS MI- 
NO. Argentine, 1505 (Pritzel, n° 511). Petit in-fol. de 252 ff. à 2 col. de 
52 lignes. (Bibl. de Martius.) | 

BARTHOLOMÆI ANGLICI DE GENUINIS RERUM CÆLESTIUM, TERRESTRIUM 
ET INFERARUM PROPRIETATIBUS, libri xvii. Francofurti, 1601. 4 vol. in-8° de 
1261 pages chiffrées, sans compter la préf. et l'index. :V’est pas dans Pritzel. 

2° Petrus de Crescentiis, de Bologne, né en 1230, a écrit des ouvrages 
d'agriculture, souvent réimprimés au xv° et au xvi* siècle, J'en possède six 
éditions : 

Edition princeps, sans titre (Hain, n° 5828; Pritzel, n° 7951); per 
J. Schützler civem áugustensem (1471). Petit in-fol. de 209 feuillets, à 35 
lignes, (Bibl. de Martius.) Précieux exemplaire, déshonoré d'une mauvaise 
reliure bavaroise, comme plusieurs autres livres rares provenant de la méme 
bibliothèque. 

OPUS RURALIUM COM | MODORUM PETRI DE|CRESCENTijS. Argentine, 
1486 (Hain, n° 5831; Pritzel, n° 7954). Petit in-fol. de 147 ff. à 2 col. de 
^6 lignes. (Bibl. de Martius.) 

(OPUS RURALIUM COMMODORUM), avec figures nombreuses dans le texte ; 
sans lieu ni date. Petit in-fol. de 153 ff. à 2 col. de 53 lignes, caract. 
gothiq., sign. A-biiij, plus 3 feuillets et demi de table, signés à part j, ij, iij. — 
Le 1*' feuillet manque malheureusement dans mon exemplaire ; je crois 


cependant ce livre identique au n° 7953 de Pritzel (voyez sa note). (Bibl. de 
Martius.) 


204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


DE OMNIBUS AGRICULTURÆ PARTIBUS ET DE PLANTARUM ANIMALIUMQUE 
NATURA ET UTILITATE, LIBRI XII. Basileæ, 1548 ; in-fol. Pritzel, n° 7956. 

PETRUS DE CRESCENTIIS. VON DEM NUTZ DER DING DIE IN AECKEREN 
GEDUWT WERDE, elc. Petit in-fol. avec figures. Strassburg, 1518 ; Pritzel, 
n? 7956, page 227, 2* col. (Biblioth. de Martius.) 

(OPERA DI AGRICOLTURA). In Vinegia, 1536 ; 1 vol. in-8*. Letitre manque 
dans mon exemplaire. 

3° Le Livre de nature (anonyme, traduit en allemand par Conrad de 
Megenberg). J'en possède trois éditions fort curieuses, les deux premières 
avec figures coloriées, la dernière avec figures noires. Ce sont probablement 
les premieres figures de plantes qui aient jamais été publiées. 

Edition sans titre; Augspurg, 1475; petit in-fol. de 292 ff. de 28 
lignes, absolument conforme à la description de Hain (n? 4041) que M. Pritzel 
a résumée (n° 11764.). Fig. grossièrement coloriées. (Biblioth. de Martius.) 

Edition sans titre; Augspurg, 1478 ; petit in-fol. de 292 ff. à 28 lignes, abso- 
lument conforme à la description de Hain, n° 4042. (On a seulement ajouté 
en téte de mon exemplaire deux pages appartenant à une autre édition, que je 
ne connais pas ; il est complet, indépendamment de cette superfétation.) Vest 
pas dans Pritzel. Fig. coloriées. (Bibl. de Martius. ) 

Edition sans titre ; Augspurg, 1499; petit in-fol. de 171 ff. à 39 lignes ; 
conforme à la description de Hain, n* 4046, à l'exception que la table est 
transposée aprés le 9° feuillet, au lieu d'être en tête. Fig. noires. N'est pas 
dans Pritzel. (Bibl. de Martius.) 

4° Ortus sanitatis. L'auteur, Johannes Cuba, n'est nommé que dans les 
éditions du xvi1* siècle, Je dois observer que le mot ortus n'est qu'une simple 
altération orthographique de hortus, d’après l'usage du temps. On trouve en 
effet l’Ortulus anime de 1498 ; l'Ortus anime et l'Ürtulus rosarum in valle 
lacrimarum, de 1500, etc. ; et dans une édition allemande d'Augsbourg, on 
lit: « Und nennen dises Buch zu latein, Ortus sanitatis, auff teutsch, Ein 
garten der Gesundtheit. » 

Je n'ai pas à revenir ici sur les descriptions que j'ai données de mes quatre 
éditions latines, dans la séance du 44 juillet (voyez plus haut, p. 153). J'ajou- 
terai seulement une autre édition latine, que j'ai acquise depuis : 

ORTUS SANITATIS | De herbis et plantis | De animalibus & reptilibus | De 
Auibus et volatilibus | De Piscibus & natatilibus | De lapidibus & in terre 
venis nasce (tibus | De Urinis et ea% speciebus) Tabula medicinalis Cum 
directo -|rio generali per omnes tractatus. Sans lieu ni date; in-folio à 2 
colonnes de 54-55 lignes, 360 (f. Absolument conforme à la description de 
Hain, n° 8944, reproduite par Pritzel, n° 11876. 


Voici maintenant les éditions allemandes que je posséde : 


Edition sans titre, en allemand, caractère gothique, fig. color.; in-fol. 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 205 


sans lieu, 1485 ; trés-bien décrite par Hain, n° 8948, et Pritzel, n» 41884. 
(Biblioth. de Martius.) 

HERBARIUS ZU TEUTSCH UNND VON ALLERHANDT KREÜTEREN. Caractère 
gothique, fig. color. Iu-fol. Augspurg, 1/496. — Hain, n° 8955. Pritzel, 
n° 11891. (Bibl. de Martius.) 

Edition sans titre, du moins dans mon exemplaire ; semblable du reste 
à la précédente. Augspurg, 1502. In-fol., fig. mal coloriées. Pritzel, n? 41893. 
(Bibl. de Martius.) 

IN DISEM BUCH IST DER HERBARY : oder Krüterbuch : genant der gart 
der gesuntheit : mit merern figuren und registern. Strassburg, 1507. In-fol. 
gothique, fig. noires. Pritzel, n° 11894. (Bibl. de Martius.) 

DAS KRAUTERBUCH ODER HERBARIUS. Strassburg, 1528. In-fol. gothique, 
fig. color. Pritzel, n° 44899. (Bibl. de Martius.) 

5° Herbarius, — J'ai six éditions, latines, françaises et italiennes. 

HERBARIUS PATAVIE IM : | PRESSUS ANNO DOMI & CETE | RA. LXXXV. (Hain, 
n° 8445; Pritzel, n° 11868.) Ce précieux volume est de tous points conforme 
à la description de Hain. Malheureusement il est affublé d'une reliure moderne 
du plus piteux effet. (Provient de la bibl. de Martius.) 

(HERBARIUS PATAVIE IMPRESSUS.) (Hain, n° 8447. N'est pas dans 
Pritzel.) Il est conforme à la description de Hain ; comme lui il manque des 
feuillets préliminaires, et de plus, du feuillet 1 (Absintheum, Wermut) et de 
toute la fin, à partir du feuillet CL. — Je ne sais s'il existe un exemplaire 
complet de cette édition ; celui de la Bibliothèque nationale (réserve, S. 499 
+ 1. a) n'a qu'un seul feuillet préliminaire, et manque de tous les feuillets 
CXXIX à CXLIV. (Biblioth. de Martius.) 

Edition sans titre. (Hain, n° 8451. Pritzel, n° 11870). ARNOLDI DE 
NOVA VILLA AVICENNA. Incipit tractatus de virtutibus herbarum. Vincentiæ, 
1491, in-h*, avec des figures coloriées. Le volume est en pitoyable état ; il a 
dà passer par le feu, et il semble étre tombé dans le vin, tant il est taché de 
rouge-lie, (Bibl. de Martius.) 

ARBOLAYRE cótenat la qualitey et virtus. proprietey des herbes, arbres, 
gomes et seméces. etc. (vers 1485). Voyez la notice déjà donnée à la séance 
du 9 décembre 1870. N’est pas dans Pritzel, ni dans Hain. 

LE GRAT HERBIER EN FRANÇOIS (vers 1507). Voyez la notice donnée à la 
séance du 9 décembre 1870. Cette édition n’est pas dans Pritzel. 

HERBOLARIO VOLGARE, Nel qual e le virtu de le herbe, e molti altri sim- 
plici se dechiarano... (et à la fin) : Stampato ne la inclita citta di Venetia. . 
per Gioanni Andrea Vavassore detto Guadaguino e fratelli, Nel anno 1534. 
Petit in-8° avec 150 fig. Cette édition n'est pas dans Pritsel. (cf. n° 11875.) 

6" Anonyme. — (EST LE SECRET DE L'HISTOIRE NATURELLE Cotenant 
les merveilles et choses mémorables du monde, et signantement les choses 
monstrueuses qui sont trouvées en nature humaine. ... de toutes manières de 


* 


206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


bestes terrestres volatiles et aquatiles, et aussi des arbres, herbes, fruictz ... 
ainsi que le tout est amplement escript et récité par les trés-excellens et expé- 
rimentez philosophes naturelz Pline, Solin, Démocrite, Erodote, Orose, Ysi- 
doire et le docteur Gervaise et to9 aultres. Ce long titre, imprimé en rouge et 
noir, est accompagné d'une figure coloriée représentant les cercles astrono- 
miques. Ce vol. in-8°, non mentionné dans Pritzel, comprend 128 feuillets 
chiffrés en romain : le caractère est gothique. On ne saurait rien imaginer de 
plus bizarre que les fables qui y sont racontées. — Le lieu de l'impression 
(sans doute Paris) n'est pas indiqué. La date xxvrI (1527) est au bas du titre, 
au-dessus du frontispice. 


7° Mesue. — J'en possède deux éditions, dont aucune ne m'a paru men- 
tionnée dans Pritzel. 

Edition sans titre. Sans lieu (probablement Venise), 1471. Décrite par 
Hain, n° 14107. In-fol. à 2 col. de 39 lignes. Mon exemplaire manque mal- 
heureusement des quatre derniers feuillets. 

MESUE ET OMNIA QUÆ CUM EO IMPRIMI CONSUEVERUNT. Venetiis, apud 
Juntas, 1549. In-fol. de 313 pages chiffrées. 

8° Rhases. — DIVISIONES RASIS FILII ZACHARIE. | VIATICUM COSTAN- 
TiNI MONACHL Lugduni, 1510. In-8° de 102 feuillets chiffrés en romain, 
plus 2 feuillets de table. — N'est pas dons Pritzel. 

9^ Sérapion. — LIBER SERAPIONIS AGGREGATUS IN MEDICINIS SIMPLI- 
CIBUS. Édition in-folio, sans titre, décrite par Hain, n^ 14692, omise dans 
Pritzel ; Venetiis, 1^79. Hain indique en téte une table de deux pages, que je 
n'ai pas dans mon exemplaire. 

40° Théophraste. — Édition princeps, sans titre, (Hain, n° 15491; 
Pritzel, n° 10150.) Tarvisii, 1483. In-fol. de 155 ff. à A1 lignes. 

11° Dioscoride. — DE MATERIA MEDICA. Trois éditions méritent une 
mention spéciale : 

DE MATERIA MEDICA, LIBRI V. DE LETALIBUS VENENIS, LIBER UNUS. 
Edition grecque-latine, avec commentaire de Vergilius, Colonie, 1529. 
(Pritzel, n° 1150.) In-fol. sans figures. 

DE MEDICINALI MATERIA LIBRI SEX, JOANNE RUELLIO SUESSIONENSI 
INTERPRETE. (Francoforti, 1549.) In-fol., avec figures. (Pritzel, n° 11524.) 

DIOSCORIDIS LIBRI OCTO GRJÉCE ET LATINE. CASTIGATIONES IN EOS- 
DEM LIBROS. Parisiis, apud Petrum Haultinum, via Jacobæa, sub signo caudæ 
vulpinæ. 4549. 4 vol. in-8°, sans figures, 392 ff. Cette édition me semble 
identique au n° 11501 de Pritzel, quoiqu'il n'y soit pas fait mention de la 
veuve d'Arnold Birkmann (cf. Pritzel). 

42° Pline. — Voici trois éditions que je ne vois pas dans Pritzel. 


C. PLYNIUS SECUNDUS DE NATURALI HYSTORIA DILIGENTISSIME CAS- 
TIGATUS. (Hain, n° 13098.) Brixiæ, 4496. 


SÉANCE DU 28 JUILLET 18741. 907 


PLINIL SECUNDI NATURJE HISTORIARUM LIBRI XXVII, E CASTIGATIONIBUS 
HERMOLAi BARBARI... EDITI. Hagenoæ, 1518. 1 vol. in-fol. 

L'HISTOIRE DU MONDE DE C. PLINE SECOND....... MISE EN FRANÇOIS 
PAR ANTOINE DU PINET. Genève, 1625. 1 vol in-4°. 

13° Collenueius. PLINIANA DEFENSIO PANDULPHI COLLENUCII PISAU- 
RENSIS IURISCONSULTI ADVERSUS NICOLAI LEONICERI ACCUSATIONEM. Fer- 
rari, sans date (vers 1510), imprimé par « Andreas Belfortis gallicus ». 
1 vol. in-8° de 49 ff. de 35 lign. sign. N'est pas dans Pritzel. (Biblioth. de 
Martius.) 

14° Hermolaüs Barbarus. — CASTIGATIONES PLINIANÆ. Je possède 
les deux éditions de Rome, 1493, in-fol., et Bâle, 1534, petit in-4°, indiquées 
dans Pritzel, n° 4401. Malheureusement l'édition de Rome, 1493 (Hain, 
n° 2421), manque du 1*' feuillet. 

45° Macer Floridus. — J'en possède quatre éditions : 

ÆMILII MACRI PHILOSOPHI DE VIRTUTIBUS HERBARUM NOVITER INVEN- 
TUS AC IMPRESSUS. Venetiis, 1506 ; in-h? : 44 ff. non chiffrés, signat. aii 
— mii. (Pritzel, n° 6385.) 

MACER DE VIRIBUS HERBARUM : au-dessous du titre, une gravure repré- 
sentant le crucifiement. Vol. petit in-8° gothiq. Sans lieu ni date (vers 1510); 
158 feuillets non chiffrés, sign. a. ii — v. iii, avec des fig. grossières : il con- 
tient le texte de Macer, et les commentaires de Guillerinus Gueroaldus. (Je 
ne vois pas cette édition dans Pritzel : c'est l'exemplaire méme de Chou- 
lant.) 

DE HERBARUM VIRTUTIBUS, etc. Basilee, 1559; petit in-8°, avec des 
figures. (Pritzel, n° 6385.) 

DE HERBARUM VIRTUTIBUS, etc. Basilee, 1581. (Per Sebastianum Henric- 
petri. CID. ID. XXCI), avec figures; petit in-8°. (Pritzel, n° 6385.) 

16° Pierre d'Abbano OU d'Abamo, OU d'Albano. — J'en ai deux 
éditions. 

TRACTATUS DE VENENIS t A MÁGISTRO PETRO DE ALBANO EDIT9. Rome, 
1490. Petit in-4° de 48 ff. non chiffrés, de 33 lignes, sign. a, b, c, (Hain, 
n^ 13. N'est pas dans Pritzel.) 

TRAICTÉ DES VENIMS DE PIERRE D'ABANO DICf CONCILIATEUR (traduit 
par Lazare Boet.). Lyon, 1593. 1 vol. in-16, de 162 ff. chiffrés et 9 (f. de 
tables non chiffrés. Vest pas dans Pritzel. 

(A suivre.) 


M. le Président déclare close la session ordinaire de 1870-741. La 
Société se réunira de nouveau le 10 novembre prochain. 


208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE- PRÉSIDENT. 


M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1871-72. 

M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 28 juillet, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président présente les excuses: 1° de M. Germain de 
Saint-Pierre, président de la Société, qui devait arriver ce jour 
méme à Paris, et qui (ainsi qu'il l'annonce par télégramme) en a 
été empêché par un léger accident de chemin de fer; et 2° de M. de 
Schenefeld, secrétaire général, retenu chez lui, à son profond 
regret, par une grave indisposition. 

M. le Président annonce ensuite deux nouvelles présentations, et 
fait part à la Société des pertes douloureuses qu'elle a éprouvées. De- 
puis sa derniére réunion, cinq de ses membres sont décédés, savoir : 
MM. Henri Lecoq, professeur à la Faculté dessciences de Clermont- 
Ferrand (A août) ; Pietro Savi, directeur du jardin botanique de 
Pise; le docteur Rambur, de Genève ; l'abbé Jacquel, curé à Coin- 
ches (2 octobre) ; et Armand Peyre, de Toulouse (10 octobre). 

A l'occasion des dons reçus par la Société durant les vacances, 
et dont M. l'Archiviste énumére la liste, M. Brongniart appelle l'at- 
tention de la Société sur la brochure de M. Renault, relative aux 
végétaux silicifiés trouvés dans la partie supérieure du terrain 
houiller d'Autun, qui ont été l'objet d'une communication faite à la 
session extraordinaire de 1870 (1). 


Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la 
Société : 


DE L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA GELÉE SUR LES VÉGÉTAUX (suite), 
par M. Émile MER (2). 


III. — Causes de la décoloration rapide des feuilles gelées. 


Les couleurs végétales s’altèrent, aprés le dégel, avec une rapidité caracté- 
ristique : souvent le phénomène s'accomplit en moins d'une heure. On con- 


(1) Voyez le compte rendu de cette session, dans le tome XVII du Bulletin, p. L. 
(2) Voyez plus haut, p. 164. 


L] 


SÉANCE DU 40 NOVEMBRE 1871. 209 


coit que, se trouvant en présence de l'air et de toutes les causes de fermen- 
tation qui proviennent de la désorganisation des tissus, ces couleurs ne tardent 
pas à se décomposer. Celles qui sont en dissolution dans les liquides cellulaires 
s'épanchent soit dans d'autres cellules, soit dans les méats et lacunes, soit à la 
surface des organes. 

Si l'on comprime, immédiatement aprés le dégel, dans du papier buvard, 
des pétales roses, rouges, bleus, etc., le liquide coloré qu'ils renferment est 
absorbé par le papier. Il n'en est pas ainsi de la chlorophylle : cette matière, 
qui n'existe qu'à l'état gélatineux ou en grains, ne peut sortir des cellules oü 
elle est amassée. Mais, de méme que les autres couleurs auxquelles elle est 
Souvent associée dans les jeunes tissus, elle s'altére avec d'autant plus de 
rapidité qu'elle est en présence d'une plus grande quantité d'eau et qu'elle se 
trouve à un état de développement moins avancé. 

Les expériences suivantes prouvent que ce sont ces deux causes qui influent 
principalement sur la rapidité et l'intensité de l'altération de la chlorophylle. 

1* Si on laisse séjourner à l'obscurité ou à la lumière diffuse des jeunes 
feuilles de Chêne, Charme, Coudrier, Frêne, dans lesquelles la chlorophylle 
encore peu consistante est en partie masquée par d'autres matiéres colorantes 
(jaunes ou rougeátres), on constate que ces feuilles, au bout de quelques jours, 
présentent à peu prés les mémes apparences que si elles avaient été gelées : 
elles sont desséchées, déformées et noircies ; une teinte vert foncé est cepen- 
dant encore visible par transmission. Quant aux couleurs étrangéres, elles ont 
généralement disparu. 

Sur un méme limbe, ces effets sont plus marqués au sommet qu'à la base, 
dont le tissu plus ágé renferme une chlorophylle déjà en grains. 

Des feuilles de Hêtre, dans ces conditions, perdent leur coloration vert pâle 
et revêtent la nuance jaune rougeâtre si caractéristique des jeunes organes 
foliacés de cette essence aprés la gelée. | 

Si, après avoir fait macérer dans l’eau ces tissus, on les laisse se dessécher 
de nouveau, l'altération se poursuit. En renouvelant plusieurs fois ces opéra- 
tions, ils finissent par acquérir la teinte feuille- morte (1). 

2° Lorsqu'on répète ces expériences sur des tissus plus âgés, les résultats 
sont différents. Les feuilles complétement formées ne s’altèrent qu'avec une 
très-grande lenteur et se dessèchent sans subir ces froncements qu'on observe 
sur celles qui sont plus jeunes. Mais, si on les fait macérer dans l'eau pendant 
quelques heures et qu'on les abandonne ensuite à l'air, elles se déforment en 
se desséchant et acquièrent une teinte noirátre qui passe à la nuance feuille- 
morte quand cette opération a été renouvelée un certain nombre de fois. 


(1) Il faut faire une exception pour les feuilles de Hétre gelées ou séchées dont la 
couleur rougeátre est très-stable ; elle persiste, méme aprés une longue exposition aux 
influences atmosphériques. Il ya donc lieu de croire qu'elle appartient en propre au 
tissu et non à une matière étrangère dont ce dernier serait imprégné. 


T. XVIII. (SÉANCES) 44 


210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Qu'il s'agisse de tissus jeunes ou complétement formés, la marche de la 
décomposition est plus prompte au soleil. 

L'altération qui se produit après le dégel est un phénomène du même ordre 
que ceux dont je viens de parler, et n’en diffère que par la plus grande rapidité 
de sa manifestation. Il est facile d’en comprendre la raison. Par suite de la 
dissociation de leurs éléments anatomiques, les tissus sont imbibés par l'eau 
qui remplissait les cellules ou qui entrait dans la composition des membranes. 
En présence de cette quantité d'eau excessive, la chlorophylle s'altére, proba- 
blement en s’oxydant aux dépens de l'air, sans que la lumière ait besoin d'in- 
tervenir, du moins quand il s'agit de tissus en voie de formation : j'ai constaté 
que de trés-jeunes feuilles de Hétre, exposées, aprés le dégel, les unes à un 
soleil trés-vif, les autres à la lumière diffuse, jaunissent presque aussi vite 
dans les deux cas. Étant trés-aqueux, ces tissus sont, par suite du dégel, très- 
imbibés d'eau, et leur chlorophylle, encore imparfaitement formée, ne possède 
qu'une faible fixité. 

Il n'en est pas de méme des feuilles parvenues à leur complet dévelop- 
pement, aussi ne se décomposent.elles que bien plus lentement aprés le dégel. 
La présence de l'eau exerce une telle influence sur la décomposition, que, si 
l'on comprime dans du papier buvard une feuille qui vient d'étre gelée, pour 
absorber une grande partie du liquide dont elle est imprégnée, ou qu'on 
l'expose à une température assez élevée pour que sa dessiccation soit rapide, 
elle acquiert bientôt une teinte vert foncé qu'elle conserve indéfiniment. Elle 
reprend, par une macération peu prolongée, une nuance plus claire qu'elle 
perdra bientôt, en s'altérant, si l'on ne se hâte de la dessécher de nouveau (1). 


(1) La décoloration des organes foliacés semble pouvoir également se produire pendant 
le cours de la végétation, à la suite de pluies continues. J'ai remarqué cet été un grand 
nombre de feuilles de Hétre, les unes présentant des taches noirátres s'étendant sur une 
partie plus ou moins étendue du limbe, généralement sur la face supérieure, mais quel- 
quefois sur les deux faces ; les autres entièrement noircies et fanées. Ces taches ressem- 
blent beaucoup à celles qui se produisent sur une feuille qu'on a laissée macérer dans 
l'eau et qu'on abandonne ensuite à l'air. Ces faits tendraient à prouver que le tissu foliacé 
peut absorber uue certaine quantité d'eau, au moins dans les conches superficielles. 
Pendant les étés secs et chauds, les feuilles sont exposées à une altération d'un autre 
ordre, qui se traduit par une décoloration s'étendant soit sur la totalité du limbe, soit 
seulement sur certains points disséminés au hasard. Cet état se présente principalement 
sur les jeunes sujets peu profondément enracinés, et par conséquent exposés à se dessé- 
cher facilement. On attribue vulgairement à des coups de soleil ces décolorations carac- 
téristiques, mais je ne crois pas qu'elles soient la conséquence d'une altération spéciale 
de la chlorophylle par les rayons solaires; je me suis assuré que si l'on expose au 
soleil des feuilles séchées, mais conservées vertes, aucune décoloration sensible n'appa- 
rait. La chlorophylle desséchée ne semble donc pas être altérable par la lumière. J'at- 
tribue en conséquence ceite teinte jaune pâle à une sorte d'étiolement. causé par le 
manque d'eau. La nuance de ces feuilles a, en effet, beaucoup d'analogie avec celle 
qui provient de la privation de lumiére. Dans les deux cas, la chlorophylle résorbée 
dans les tissus ne peut plus se reformer. D'ailleurs, cet état ne se produit pas aussi 
brusquement qu'on le croit communément. Les feuilles commencent à pâlir longtemps 
auparavant : la chlorophylle se résorbe peu à peu et, alors seulement qu’elle a presque 
entièrement disparu, le tissu acquiert cette teinte jaune pâle. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1571. 211 


IV. — Exposé des moyens employés pour garantir les végétaux 
de la gelée. 


Sans parler des grands froids qui, pendant les hivers rigoureux, heureuse- 
ment très-rares dans nos climats, détruisent les céréales, désorganisent le 
tissu ligneux des essences exotiques cultivées dans nos jardins et méme de nos 
essences indigènes les plus délicates, les gelées printaniéres occasionnent cha- 
que année de grands dégâts dans les récoltes. Ces dégâts sont surtout considé- 
rables et fréquents dans les contrées vignobles de l’est de la France. Presque 
toutes les causes qui viennent aggraver les effets du froid se trouvent alors 
réunies : situation en terrain découvert sur des coteaux exposés souvent à 
l'est, précocité dans la végétation, enfin délicatesse particuliére des tissus. 
Aussi depuis longtemps a-t-on cherché à employer des moyens préservatifs. 

Dans quelques crus dont les produits sont renommés, on fait brûler, au 
milieu des vignes, pendant les nuits où l'on redoute la gelée, des combustibles 
un peu humides, tels qu'un mélange de paille et d'herbes propres à fournir 
une fumée abondante, Dans d'autres, on butte à l'automne les ceps en ne 
laissant sortir de terre que quelques rameaux. Si ces rameaux sont gelés au 
printemps suivant, on découvre la partie enterrée et préservée par cette pré- 
caution; les bourgeons qui se développent alors remplacent ceux qui ont 
été détruits. Ailleurs quelques propriétaires font enduire au printemps les 
jeunes bourgeons de plâtre gâché. Dans les jardins, on entoure de paille pen- 
dant l'hiver les Figuiers et autres arbustes que l'on sait être sensibles à l'action 
du froid. 

J'ai déjà mentionné cette autre coutume de répandre avant le lever du 
soleil de l'eau aussi fraiche que possible sur les sujets que l'on pense avoir 
été atteints par le froid de la nuit. 

Généralement on cherche à préserver les espèces délicates par des cloches 
ou autres abris. On couvre les pépinières de paillassons, de toile, ou de claies 
en feuillages. Enfin, dans les jeunes massifs visités souvent par les gelées du 
printemps ou de l'arriére-saison, les forestiers ont l'habitude de protéger les 
essences délicates par d'autres plus robustes. On voit donc que, par tous ces 
moyens, on cherche à prémunir les jeunes organes contre le rayonnement. 
Et en effet cette cause de destruction est à peu près la seule contre laquelle 
l'homme puisse pratiquement lutter. Il est impossible de modifier la constitu- 
tion d'un sol, sa situation et son exposition. Aussi, comme ces éléments exer- 
cent une grande influence dans le phénoméne, les résultats obtenus par les 
préservatifs employés seulement contre le rayonnement ne sont-ils en général 
que peu satisfaisants, outre qu'ils exigent souvent des frais de main-d'œuvre 
disproportionnés. Les mécomptes que l'on a à subir devraient faire compren- 
dre que la culture doit étre changée dans toutes les stations signalées par des 


912 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


gelées presque annuelles. Que de vignobles dans le nord et le nord-est, où 
une bonne récolte n'est possible que tous les dix ans! Que de jeunes peuple- 
ments qui, malgré le couvert d'essences moins délicates, ont leurs pousses 
détruitesà chaque printemps! Si cette protection suffit le plus souvent dans 
les lieux exposés seulement à des froids légers et accidentels, elle est presque 
toujours insuffisante dans ceux oü sévissent des gelées périodiques et in- 
tenses, telles que les vallées humides. On observe en effet que les jeunes 
rameaux, méme ceux qui sont le plus à l'abri, sont alors attaqués par la gelée, 
et souvent jusqu'à une grande hauteur. Il est donc nécessaire, dans ce cas, 
d'assainir autant que possible la vallée et de procéder au remplacement de ces 
essences par d'autres plus robustes. 


V. — Résumé de travaux exécutés récemment en Allemagne, rela. 


tivement à l'action d'une basse température sur les tissus orga- 
nisés. 


Dans le courant de l'été passé, j'ai eu connaissance de diverses expériences 
entreprises récemment en Allemagne concernant l'action d'une basse tempéra- 
ture sur les tissus végétaux. 

Ainsi que j'ai essayé de le faire, les physiologistes allemands ont cherché à 
démontrer qu'il ne se produit pas, dans cette action, de rupture des parois 
cellulaires. Ils se sont ensuite attachés à mettre en évidence l'influence exercée 
par le passage brusque d'une basse température à une température plus élevée, 
enfin la part importante qu'il faut attribuer dans le phénoméne au degré d'im- 
bibition des tissus. 

1* M. Nægeli a prouvé que la gelée ne déchire pas les parois cellulaires, en 
plongeant dans un corps colloide, la glycérine par exemple, des cellules pro- 
venant de tissus gelés. Elles se vidaient alors entièrement par exosmose. Il est 
certain qu'en cas de fissures, la dialyse n'eüt pu avoir lieu, et qu'une partie de 
la glycérine aurait pénétré dans les cellules. M. Nægeli a du reste observé que 
telle plante était tantót détruite par la gelée dans certaines circonstances, tantót 
ne l'était pas, toutes choses égales d’ailleurs; il s'assura en outre que certaines 
espèces, après avoir été couvertes pendant plusieurs années par des glaciers, 
végètent de nouveau, quand elles sont mises à découvert. J'ai eu moi-même 
occasion de voir cet hiver des feuilles et des entre-nœuds complétement 
rigides, cassant comme du verre, et qui cependant ne parurent avoir éprouvé, 
aprés le dégel, aucun dommage de cet état passager. 

2° M. J. Sachs constata que des tissus exposés à une température de — 4° 
à — 6° se désorganisent quand on les fait dégeler dans un milieu à + 2° 
ou + 3°; tandis que si on les plonge dans de l'eau à 0°, de manière qu'ils 
se recouvrent d'une mince couche de glace et que la température ne s’élève 
ainsi que progressivement, on peut impunément les exposer ensuite dans une 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 243 


atmosphère portée à plusieurs degrés au-dessus de zéro. Le contact du doigt sur 
une feuille gelée en plein air suffit, paraît-il, à désorganiser la partie touchée, 
tandis que le reste du limbe, ne s’échauffant que lentement, n'éprouve 
aucune atteinte. 

3° Plus un tissu renferme d'eau de constitution, plus facilement il est 
détruit par un méme abaissement de température. M. Gæœppert s'assura que des 
graines desséchées à l'air peuvent supporter de très-grands froids, tandis que, 
si elles sont au préalable imbibées d'eau, elles sont détruites bien plus facile- 
ment. C'est la seule expérience qui, à ma connaissance, ait été faite en Alle- 
magne pour mettre ce fait en évidence. Mais M. Sachs cite plusieurs obser- 
vations à l'appui, telles que les jeunes feuilles qui sont désorganisées plus 
facilement que les feuilles plus âgées, et en général les tissus aqueux et herbacés, 
lesquels résistent beaucoup moins que les tissus ligneux. 


(La suite à la prochaine séance.) 


DE LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MOUSSES DANS LES VOSGES ET LE JURA, 
pr M. P'abbé BOULAY (1). 


. DEUXIÈME PARTIE. — Influences du sol. 


Cet article se subdivise à son tour ; car, outre les propriétés physiques ordi- 
naires du sol ou du support, nous devons examiner spécialement l'action due 
à sa nature chimique ou minéralogique. 


I. Action des propriétés physiques du sol. 


Ces propriétés déterminent des stations que l'on peut ramener à quatre prin- 
cipales : les rochers, la terre, les eaux, les troncs d'arbres. 

Chacune de ces stations générales en comprend plusieurs autres d'un ordre 
inférieur; il y a de plus des complications qui résultent de ce qu'une espèce 
s’accommode, à divers degrés, de deux ou méme de trois stations différentes. 
Nous avons cherché à saisir ces préférences aussi complétement que possible. 
Cependant les considérations auxquelles on peut se livrer à cet égard étant 
du ressort de la bryologie générale, et n'offrant rien de particulier à la région 
de l'Est, nous ne reproduirons pas ici les listes de Mousses que nous avons 
dressées d'aprés les stations dont il s'agit. 


II. Influence de la nature chimique du sol. 


La question est de savoir si le sol agit directement et immédiatement, par 
Sa constitution chimique, sur la végétation, de telle sorte que cette constitu- 


(1) Voyez plus haut, p. 178. 


214 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tion chimique ou minéralogique étant une fois donnée, il exclue ou admette 
telle ou telle catégorie de plantes. 

Cette question est surtout posée entre les terrains siliceux, tels que les 
granites, la syénite, les gneiss, les eurites, les grés, etc., ct les terrains cal- 
caires ou à base de chaux, formés surtout par le carbonate de chaux. Elle a 
soulevé, parmi les botanistes, d'innombrables discussions ; les uns niant ou 
atténuant cette influence chimique du sol sur la dispersion des plantes, d'autres 
la regardant comme trés-certaine. 

Nous nous rangeons décidément dans ce second parti, et nous donnons notre 
adhésion aux conclusions suivantes, formulées par M. Godron dans son Zssa? 
sur la géographie botanique de la Lorraine, pp. 210-211 : 

1* S'il est des végétaux qui se montrent indifférents à la nature du sol et 
qui végètent partout, il en est d'autres qui ne peuvent se propager que sur 
certaines natures de terrains. 

2° L'influence du sol n'est pas liée à sa constitution géologique, mais à sa 
nature minéralogique. 

3* Cette influence minéralogique du sol s'exerce par ses propriétés phy- 
siques et par ses propriétés chimiques ; son influence physique, pas plus que 
son influence chimique, ne peut étre niée : bien que l'une des deux soit 
souvent prépondérante, elles se révèlent l'une et l'autre par leurs effets 
et prennent chacune une part importante dans la distribution des végé- 
taux. ... 

Dans une brochure intitulée : De la végétation du Kaiserstuhl dans ses 
rapports avec celle des coteaux j'urassiques dela Lorraine (1863), M.Godron 
compléte et explique ses conclusions dans les termes suivants : « L'élément 
calcaire domine par son action l'élément siliceux, puisque le nombre des 
espèces calcicoles et silicicoles n’est pas en rapport avec les proportions de 
silice que renferme le sol; l'avantage est toujours, et cela d'une maniére 
trés-saillante, en faveur de l'élément calcaire » (à cause, ajouterons-nous, de 
la plus grande solubilité de ce dernier). 

» Il résulte en outre, de tous les faits, que les espèces végétales, pour 
prospérer, n'ont pas toutes besoin de la méme quantité de chaux ou de silice ; 
qu'elles sont par conséquent plus ou moins calcicoles ou silicicoles ; qu'il y a 
dans l'action de l'élément chimique des degrés; que chaque espéce par con- 
séquent a des besoins particuliers au point de vue de la composition minéra- 
logique du so! ; et n'est-ce pas la preuve évidente qu'on ne peut pas tout rap- 
porter aux influences physiques ? » 

Ces paroles de l'éminent professeur résument parfaitement, dans notre sens, 
cette doctrine de l'influence chimique du sol, dans ce qu'elle a de plus im- 
portant. 

Thurmann (Zssai sur la phytostatique du Jura) et Fr. Kirschleger (Géo- 
graphie botanique de l’ Alsace) ont soutenu, pour nos régions de l'Est, la thèse 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 215 


opposée de la prépondérance des propriétés physiques du sol sur la dispersion 
des végétaux. 

Sans nous engager dans la discussion de leurs théories, nous allons exposer 
les faits de dispersion que la nature chimique du sol nous semble déterminer 
daus le domaine de notre flore. 

Parmi les espèces que M. Schimper considère comme propres aux terrains 
siliceux, celles qui se rencontrent dans les limites de notre circonscription ne 


s'y trouvent en effet que sur le granite ou les grès. Ce sont : 


Andreæa petrophila Ehrh. 
— rupestris Roth, 

Weisia denticulata Brid. 
Dicranum polycarpum Ehrh. 
— fulvum Hook. 

— longifolium Hedw. 
Didymodon cylindricus B. S. 


Tetrodontium Brownianum Schwgr. 


Grimmia commutata Huebn. 


Ptychomitrium polyphyllum B. Sch. 
Orthotrichum Hutchinsiæ Sm. 

— rupestre Brid. 

— Sturmii Hoppe. 

Zygodon Mougeolii B. S. 

— lapponicus B. S. 
Campylostelium saxicola B. S. 
Blindia acuta B. S. 

Schistostega osmundacea W. et M. 


— leucophæa Grev. 

— montana B. S. 

— Donniana Sm. 

— ovata W, et M. 

— trichophylla Grev. 

— Schultzii Wils. 

— elatior B. S. 

Rhacomitrium (toutes les espèces). 
Hedwigidium imberbe B. S. 


Gymnostomum rupestre Schwgr. 
Brachyodus trichodes N. et H. 
Bryum marginatum B. S, 

— alpinum L. 

Hypnum irriguum Wils. 

— molle Dicks. 

— alpestre Sw. 

— heteropterum R. Spr. 


Toutes ces espèces font complétement défaut dans le Jura, ou celles qui s'y 
trouvent ne se voient que sur les blocs siliceux (granites, gneiss, eurites) 
amenés des Alpes ; ce qui confirme singuliérement, pour ces espéces, leur 
choix exclusif du support, en raison de sa nature minéralogique. 

M. Schimper cite encore, dans la méme liste : Weisia fugax; Bryum pal- 
lescens ; Bartramia pomiformis, Halleriana; Leskea myura; Hypnum 
myosuroides, umbratum, Stokesit, depressum, fastigiatum ; Fontinalis squa- 
mosa. Éliminons d'abord comme incertaines les espèces : Bartramia Hal- 
leriana, Hypnum depressum, fastigiatum, au sujet desquelles M. Schimpet 
avoue qu'elles se rencontrent aussi sur le calcaire ou sur des rochers en partie 
calcaires. De fait, le Bartramia Halleriana est répandu dans tout le haut 
Jura, Hypnum depressum croit aussi sur le calcaire jurassique de la Lorraine ; 
de plus Bryum pallescens, Leskea myura, Hyperum Stokesii sont des espèces 
ubiquistes, sans préférence bien marquée. Weisia fugax, Hypnum myosu- 
roides, Bartramia pomiformis, Fontinalis squamosa, sont des espèces 
extrêmement rares, indiquées dans une seute io--lité dans le Jura, tandis 
qu'elles sont abondantes et très-répandues dans ies terrains siliceux des 
Vosges. Il est singulièrement à regretter que M. Lesquereux, dans son cata- 
logue, ne donne pas de détails sur la nature minéralogique de la station de 


216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ces plantes dans le Jura. Elles peuvent trés-bien croitre sur les grés du néoco- 
mien ou sur le diluvium venu des Alpes, comme cela se vérifie pour les 
Hypnum umbratum et Dicranum pellucidum, qui croissent sur le néoco- 
mien siliceux au pied de la Dóle. Nous pouvons donc considérer jusqu'à 
nouvel ordre ces dernières espèces comme silicicoles. 


D'autre part, M. Schimper indique comme calcicoles les espèces qui 
suivent : 


Seligeria pusilla B. S. Encalypta streptocarpa Hedw. 

— tristicha B. S. Bryum Funkii Schw. 
Gymnostomum rupestre Schw. Philonotis calcarea Sch. 

— calcareum N. et H. Cylindrothecium cladorrhizans B. S. 
— viridulum Brid, Leskea Philippeana N. Boul. 


— tortile Schw. Hypnum confervoides Brid. 
Weisia verticillata Brid. — plicatum Schleich. 


Trichostomum flexicaule B. S. Teesdalii Sm. 

— tofaceum Brid. tenellum Dicks. 
Barbula tortuosa W. et M. rusciforme Weis. 
— membranifolia Schultz. Tommasinii Sendt. 
Grimmia crinita Brid. filicinum L. 

— orbicularis B. S. commutatum L. 
Orthotrichum cupulatum Hoffm. Halleri L. 
Cinclidotus aquaticus B. S. catenulatum Brid. 
— fontinaloides P. B, 


Nos observations concordent pleinement avec celles de M. Schimper pour 
la plupart de ces espèces. 

Ce sont des espèces vraiment calcicoles, du moins dans nos régions. Il 
faut excepter, dans la liste précédente, Gymnostomum rupestre, déjà porté 
par M. Schimper sur la liste d'espéces silicicoles; les Hypnum filicinum et 
rusciforme, au moins aussi communs sur nos terrains siliceux des Vosges que 
sur les terrains calcaires. Le Cylindrothecium cladorrhizans pourrait bien 
être aussi dans le même cas. 

Le Barbula tortuosa est répandu dans les Vosges granitiques, cependant 
il est plus abondant encore et fructifie mieux dans le Jura calcaire. Le Bar- 
bula inclinata affecte des préférences bien plus marquées pour les terrains 
calcaires. 

Parmi les espéces que M. Schimper signale comme étant indifférentes à la 
nature chimique du sol, nous ferons observer que les Didymodon capillaceus 
et Bartramia OEderi ne peuvent trouver place dans cette catégorie. Du reste, 
M. Schimper le reconnait pour cette dernière espèce, à peu près nulle dans 
les Vosges granitiques et arénacées, et extrêmement abondante dans toutes 
les régions montagneuses du Jura. 

Si nous nous reportons aux listes comparatives que nous avons dressécs plus 
haut (pp. 181 et suiv.), d’après l'altitude, pour les Mousses des Vosges et du 
Jura, le méme fait deviendra évident. Dans des conditions météorologiques 
tout à fait semblables, les Mousses de la région alpestre des Vosges diffèrent 


——— 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 217 


presque toutes de celles de la méme région dans le Jura. Le peu de déve- 
loppement de cette région dans les Vosges ne suffit pas à expliquer un 
écart aussi notable, car nos hautes Vosges sont relativement trés-riches en 
Mousses alpestres. D'autre part, les genres Hypnum, Encalypta et Barbula, 
qui ont le plus d’espèces dans le haut Jura, sont précisément des genres 
dont un grand nombre d'espèces préfèrent les terrains calcaires; tandis que, 
par une raison inverse, ce sont les Grimmia et les Rhacomitrium qui abon- 
dent dans les hautes Vosges. 

Dans la région montagneuse supérieure, les espèces communes aux deux 
chaines de montagnes sont beaucoup plus nombreuses que celles de la région 
alpestre, mais ces espéces communes croissent sur des troncs d'arbres, pour 
la plupart, ce qui les soustrait plus ou moins complétement à l'influence chi- 
mique du sol. Les espéces non communes de la méme région sont d'ailleurs 
presque toutes des espéces calcicoles dans le Jura, silicicoles dans les Vosges. 
On pourrait argumenter de la méme manière, au sujet des Mousses spéciales 
qui croissent dans les régions montagneuses moyenne et inférieure des Vosges 
et du Jura. Les espèces jurassiques sont surtout des espèces calcicoles et les 
espèces vosgiennes des Mousses silicicoles. 

Mais ce genre de raisonnement n'est plus applicable aux Mousses des col- 
lines inférieures et des plaines du Jura et des Vosges; car la vallée du Rhin et 
les basses Vosges, qui renferment le plus de Mousses spéciales de ces deux caté- 
gories, sont constituées, à la surface, par des sols mixtes, à la fois siliceux et 
calcaires, ou au moins compénétrées de carbonate de chaux par les eaux qui 
les ont baignées autrefois. 

Au point de vue particulier qui nous occupe en ce moment, nous ne pou- 
vons négliger un fait trés-significatif dont nous avons déjà parlé dans une Notice 
sur la Géographie botanique des environs de Saint- Dié (1866), Près de cette 
ville, dans le vallon de Robache, et plus loin vers Senones, par Saint-Jean- 
d'Ormont et le Ban-de-Sapt, on rencontre des lambeaux peu étendus de 
dolomie (carbonate de chaux et de magnésie), intercalés dans le grès rouge. 
Toutes les propriétés physiques de cette roche, au moins dans les portions qui 
affleurent et servent de support à la végétation, sont identiques à celles du grès 
rouge qui lui est entremélé. Or, dans ce petit coin de terre, de Robache à 
Dijon prés Saint-Dié, on trouve les Mousses suivantes : 


Hypnum chrysophyllum Brid. Barbula fallax Hedw. 

— commutatum L. — convoluta Hedw. 

— rugosum Ehrh, — inclinata Schw. 

— rivulare B. S, Trichostomum rigidulum Sm, 
— lutescens Huds. — tofaceum Brid. (murs). 
— glareosum Bruch. — flexicaule B. S. 

— albicans Neck. Didymodon luridus St. 
Philonotis calcarea Sch. Anacalypta lanceolata B. S. 
Physcomitrium fasciculare B. S. Dicranum pellucidum Hedw. 
— piriforme Brid. Weisia verticillata Brid. 
Barbula unguiculata Hedw. Phascum muticum Schreb, 


248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lesespéces dont les noms sont en italique étant presque toutes décidément cal- 
cicoles, comment expliquer leur présence sur ces petits îlots de dolomie, loin de 
toute formation calcaire importante, si l'on rejette l'influence chimique du sol? 
Nous le répétons, cette dolomie désagrégée, graveleuse à la surface, n'offre pas 
de propriétés physiques distinctes de celles du grès rouge voisin, et cependant 
les Hypnum chrysophyllum, commutatum, glareosum, Bartramia calcarea, 
Barbula inclinata, Weisia verticillata, croissent là, à plus de dix lieues de 
leurs stations les plus proches. Ce fait nous semble des plus concluants. 

Au sujet du Weisia verticillata, qui est une des espèces les plus fran- 
chement calcicoles, on nous permettra un détail encore. En 1869, nous 
fümes trés-surpris de rencontrer cette Mousse sur les parois d'un rocher de 
grés vosgien et nullement chargée de tuf calcaire, comme d'habitude. La loca- 
lité dont il s'agit est prés de Darney, au-dessous de Saint-Baslemont (Vosges), 
Ce fait nous parut des plus étranges. Cependant, au retour de cette excursion, 
nous étant avisé de verser quelques gouttes d'acide azotique sur une touffe de 
cette Mousse et sur le grés encore adhérent à la base de la plante, une vive 
effervescence se produisit aussitôt. Le rocher de grès vosgien sur lequel nous 
avions recueilli le Weisia verticillata est dominé en pente douce par une 
colline calcaire (Muschelkalk), en sorte que les eaux pluviales, aprés avoir lavé 
la colline et dissous une certaine quantité de carbonate de chaux, apportent à 
notre Mousse, sur son support inerte de grès vosgien, l'élément chimique dont 
elle a besoin. Ce sont des faits de ce genre, mal interprétés, qui ont conduit 
certains botanistes de cabinet à nier l'influence minéralogique du sol. Les 
indications données par les floristes sur les stations des plantes sont trop sou- 
vent superficielles, incomplètes; elles mentionnent un fait apparent, mais 
négligent l'essentiel; puis viennent les généralisateurs, qui confondent tout 
dans un péle- méle indéchiffrable. Citons un exemple, entre mille autres. 

Le docteur J. -B. Mougeot (Statist. des Vosges) a signalé le Calluna vulgaris 
sur toutes les formations géologiques du département ; ce qui est vrai, en ce 
sens que presque toutes les formations géologiques comprenant, outre les 
calcaires, des parties siliceuses, le Calluna peut végéter et existe de fait sur ces 
dernières, quel que soit leur étage géologique. C'est ainsi qu'on retrouve la 
Bruyére commune, au milieu des calcaires, sur la bande étroite et sinueuse 
du grés infraliasique qui traverse obliquement la Lorraine; elle se retrouve 
encore sur les sables siliceux du diluvium qui recouvrent, sur certains points, 
les plateaux du calcaire jurassique. Cependant qu'est-il arrivé de fait ? M. Alph. 
de Candolle, en modifiant quelque peu le texte de Mougeot, lui fait dire 
que le Calluna vulgaris croit « sur tous les sols », et il en conclut que cette 
espéce n'affecte pas de préférence pour les terrains siliceux. Dans le méme 
article, M. de Candolle parle du Jura comme d'une montagne essentielle- 
ment calcaire, donnant à entendre par là qu'on aurait tort d'appeler silicicoles 
des plantes qui croitraient dans le Jura. La vérité est que le Jura présente, 
sur une foule de points, des nappes d'alluvion siliceuse, que presque tous les 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 219 


étages calcaires dont il se compose renferment des couches entiérement sili- 
ceuses, ou des marnes fortement siliceuses, telles que l'Oxford-clay. 

Dans la plaine d'Alsace, le mélange de carbonate de chaux et de silice est 
plus intime encore, souvent plus difficile à reconnaitre. Ces faits permettent 
d'expliquer comment Thurmann et Kirschleger ont pu nier l'influence de la 
nature chimique du sol sur la dispersion des végétaux : à force de voir dans 
le domaine qu'ils exploraient des plantes appelées calcicoles par les auteurs 
coudover à chaque instant des plantes st/icicoles, ils ont fini par croire cette 
distinction mal fondée. Sur le revers occidental des Vosges, où les terrains 
siliceux sont trés-purs, on ne voit nulle part de ces mélanges de plantes 
calcicoles et silicicoles. 

Nous citerons enfin, comme établissant l'action chimique des roches sur la 
dispersion des Mousses, l'analogie qui existe entre la végétation bryologique 
des collines du calcaire jurassique lorrain et alsacien et celle du Jura inférieur. 


Les espèces caractéristiques des collines jurassiques lorraines et alsaciennes 
sort : 


Hypnum chrysophyllum Brid, 
polymorphum Hedw, 
depressum Bruch. 
tenellum Dicks. 

riparium L. 

rusciforme Weis. 
commutatum L. 
molluscum Hedw. 
alopecurum L. 

— confervoides Brid. 
Leskea polycarpa Ehrh, 

— longifolia R. Spr. 
Anomodon viticulosus H. et T, 
Philonotis calcarea Sch. 
Meesia longiseta Hedw, 
Mnium rostratum Schw. 

— serratum Brid. 

Bryum piriforme L. 


Barbula rigida Schultz, 
ambigua B, S. 

aloides B. S. 

fallax Hedw. 

convoluta H. 

revoluta Hedw. 
Hornschuchiana Schultz. 
tortuosa W. et M. 
latifolia Bruch. 
Trichostomum rigidulum Sm. 
— flexicaule B. S. 
Orthotrichum cupulatum Hoffm., 
Didymodon rubellus B. S. 

— capillaceus W. et M. 
Anacalypta lanceolata B. S, 
— Starkeana B. S. 

Pottia minutula B. S. 

— cavifolia B. S. 


LE 11 1 111 
LLL gr gb ggg 


Physcomitrium piriforme Brid. 
— Sphæricum B. S. 

— fasciculare B, S. 
Cinclidotus aquaticus B. S. 

— fontinaloides P, B. 
Encalypta vulgaris Hedw. 

— streptocarpa Hedw. 
Grimmia crinita Brid. 

— orbicularis B. S. 


Seligeria pusilla B. S. 
Fissidens taxifolius Hedw. 
— incurvus Schw. 
Gymnostomum tortile Schw. 
Phascum bryoides Dicks. 
— alternifolium Dicks. 

— patens Hedw. 

.— curvicollum Hedw. 

— rectum Sm. 


Or ces mêmes espèces sont aussi caractéristiques de la végétation du Jura 
calcaire inférieur, et c'est à peine si sur ces cinquante-quatre espéces, dix à 
quinze se retrouvent sur le granite ou le grès vosgien pur, dans les mémes con- 
ditions physiques. 

D'après l'ensemble des renseignements que nous ayons pu recueillir et 


220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


surtout d'aprés nos propres observations, voici le tableau des relations qui nous 
semblent exister entre la dispersion des Mousses et la nature chimique du sol, 


dans la région de l'Est : 


Espèces franchement silicicoles. 


Hypnum brevirostrum Ehrh, 

— albicans Neck.? 
myosuroides L, 

confertum Dicks. 
megapolitanum BI. 

demissum Wils. 

Starkii Brid. 

imponens Hedw. 
callichroum Brid, 

irriguum Wils, 

fluviatile P. B. 

alpestre Sw. 

molle Dicks. 

heteropterum R. Spr. 
Pterygophyllum lucens Brid. 
Bryum alpinum L. 

— Duvalii Voit. 

— Ludwigii Spr. 

— elongatum Dicks. 

— cucullatum Schw. 

— polymorphum B. S. 
Aulacomnium androgynum Schw. 
Zygodon Mougeotii B. S. 

— lapponicus B. S. 
Orthotrichum urnigerum Myr. 
— rivulare Turn, 

— Hutchinsiæ Sm, 

— rupestre Schl, 
Ptychomitrium polyphyllum B. S. 
Pogonatum alpinum Roehl. 
Oligotrichum hercynicum DC. 
Trichostomum homomallum B. S. 
Didymodon cylindricus B. S. 
Dicranum spurium Hedw, 

— longifolium Hedw. 

— fulvum Hook. 

— Starkii W. et M. 

— heteròmallum Hedw. 

— curvatum Hedw, 
— rufescens Turn. 
— varium Hedw. 
— Schreberi Hedw. 
— squarrosum Schrad. 

— polycarpum Ehrh. 
Campylopus fragilis B. S. 

Weisia Bruntoni N. Boul. 

— denticulata Brid. 

— fugax Hedw. 

Gymnostomum rupestre Schw. 
Blindia acuta B. 5. 

Brachyodus trichodes N. et H. 
Schistostega osmundacea W, et M, 


| (lieux argileux). 


Espèces calcicoles. 


Hypnum plicatum Schl. 

— tenellum Dicks. 

— Tommasinii Sendt. 
trifarium W. et M. 
lycopodioides Schw. 
commutatum L. 
scorpioides L. 
chrysophyllum Brid. 
confervoides Brid. 
Halleri L. 

— catenulatum Brid. 
Myurella julacea B. S. 
Leskea longifolia R. Spr. 

— Philippeana N. Boul. 

— rufescens Schw. 
Cylindrothecium Montagnei B. S, 
Bryum Funkii Schw. 
Mnium rostratum Schw. 
Philonotis calcarea Sch. 
Funaria calcarea Wahl. 

— hibernica H. et T. 
Encalypta streptocarpa Schw. 
— longicolla B. S. 

— rhabdocarpa Schw. 

— commutata N. H. 
Barbula aciphylla B. S. ? 
mucronifolia B. S. 
inclinata Schw. 

revoluta Hedw. 
convoluta Hedw. 
paludosa Schw. ? 
Hornschuchiana Schultz. 
vinealis Brid. 
membranifolia Schultz. 
aloides B. S. 

ambigua B. S. 

rigida Schultz. 
Trichostomum tophaceum Brid. 
— rigidulum $m. 

— glaucescens Hedw. 
Didymodon inclinatus Sw. 
Anacalypta lanceolata B. S. 
— Starkeana B. S. 

— cæspitosa B. S. 

— latifolia B. S.? 

Pottia cavifolia B. S. 

— minutula B. S. 

— Heimii B. S. (sel marin). 
Weisia verticillata Brid. 
Gymnostomum calcareum N. et H. 
Seligeria tristicha B. S. 

— pusilla B. S. 


LL 1g g g1 


LL ELLE EL g ng lg 


SÉANCE DU 40 NOVEMBRE 1871. 


Espèces franchement silicicoles. 


Grimmia Schultzii Wils, 

— elatior B. S. 

contorta Sch. 
commutata Huebn. 
ovata W. et M. 
leucophæa Grev. 
conferta Funk. 
Donniana Sm. 

montana B. S. 
Hartmanii Sch. 

torquata Sch. 
Rhacomitrium patens Sch, 
aciculare Brid. 
protensum A. B. 
fasciculare Brid. 
heterostichum Brid. 
sudeticum Brid. 
microcarpum Brid. 
lanuginosum Brid. 
Hedwigia ciliata Timm. 
Hedwigidium imberbe B. S. 
Campylostelium saxicola B. S. 
Tetrodontium Brownianum Schw. 
Andreæa petrophila Ehrh. 
— rupestris. Roth, 


Espèces préférant les terrains siliceux 
ou en parlie siliceux. 


Hypnum loreum L. 
umbratum Ehrh. 
salebrosum Hoffm. 
plumosum Sw. 
crassinervium Tayl. 
Stokesii Turn. 

pratense Koch. 

— silvaticum L. 

— denticulatum L. 

Leskea attenuata Hedw. 
Pterogonium gracile Sw. 
Fontinalis squamosa L. 
Bryum calophyllum N. Br. 
— Cyclophyllum Schw. 

— intermedium W. et M. 
— marginatum B. S. 

— lacustre Brid. ? 

Mnium affine Bl, 

Bartramia pomiformis Hedw. 
— ithyphylla Brid. 
Buxbaumia indusiata Brid. 
— aphylla Hall. 

Diphyscium foliosum W. et M. 
Polytrichum commune L. 

— formosum Hedw. 

— juniperinum Hedw. 
Pogonatum urnigerum Sch. 
— nanum P. B. 
Trichostomum tortile Schrad. 


LLL E 1g 


221 


Espèces calcicoles. 


Cinclidotus fontinaloides P. B. 
— aquaticus B. S. 

Grimmia orbicularis B. S. 

— crinita Brid., 

— funalis Schimp. 

Phascum alternifolium Dicks. 
— rectum Sm, 

— curvicollum Hedw. 

— bryoides Dicks. 

— Flærkeanum W. et M. 
— triquetrum B. Spr. 
Physcomitrella patens Sch. 
Ephemerum recurvifolium N. Boul. 
— stenophyllum B. S. 

— cohærens Hampe. 


Espèces préférant les lerrains calcaire 
ou en parlie calcaires. 


Hypnum glareosum Bruch. 

— campestre Bruch. 

— Teesdalii Sm. 

— prælongum L. 

— riparium Lin. 

— curvipes Guemb. 

— incurvatim Hedw. 

— polymorphum Hedw. 
Anomodon viticulosus H. et T. 
Leskea polycarpa Ehrh. 
Bryum atropurpureum B. S. 
— versicolor A. B, 

— carneum L. 

— arcticum B. S. 

Mnium cuspidatum Hedw. 

— serratum Brid. 

— orthorrhynchum B. S.? 
— stellare Hedw. 

Paludella squarrosa Brid. ? 
Bartramia gracilis Fl. 
Physcomitrium piriforme Brid. 
— fasciculare B. S. 

— sphæricum B. S. 
Encalypta vulgaris Hedw. 
Barbula latifolia Bruch. 

— muralis Hedw. (mortier des murs). 
— tortuosa W. et M. 

— squarrosa B. S. 

— gracilis Schw. 


222 


Espèces préférant les terrains siliceux 
ou en partie siliceux. 


Trichostomum pallidum Hedw. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Espèces préférant les terrains calcaires 
ou en partie calcaires. 


Trichostomum latifolium Schw. ? 


Dicranum undulatum B. S. 

— pellucidum Hedw. 
Campylopus flexuosus Brid. 
Ceratodon cylindricus B. S. ? 
Leucobryum glaucum Hampe. 
Weisia cirrata Hedw. 
Gymnostomum tenue Schrad. 
— squarrosum Wils. 
Rhacomitrium canescens Brid. 
Phascum nitidum Hedw. 


— crispulum Bruch, 
Didymodon luridus H. 

— rubellus B. S. 

— capillaceus W. M. 
Dicranum virens Hedw. 
Fissidens osmundoides Hedw., 
— incurvus Schw. 

— taxifolius Hedw. 
Gymnostomum rosteliatum Sch. 
Seligeria recurvata B. S. 
Cinclidotus riparius B. S. 
Archidium alternifolium Sch. ? 


Nous ne donnerons pas ici, comme moins intéressante, une troisième liste 
formée des espèces indifférentes à la nature du sol. 

Les espèces qui croissent sur les troncs d'arbres ont été exclues de nos listes ; 
toutefois il est possible que leurs conditions d'existence soient encore jusqu'à 
un certain point sous la dépendance de la poussière du sol voisin que le vent 
leur améne. : 

Nos tableaux ne sont pas définitifs; un certain nombre. d'espéces nous 
laissent dans l'incertitude au sujet de la place qui leur convient. Cependant, 
quelle que soit l'imperfection de nos listes actuelles, nous nous permettons de 
les recommander à l'attention des bryologues ; nous prions les botanistes de 
vouloir bien les contróler dans les localités qu'ils sont à méme d'explorer avec 
soiu. Comme nous l'avons déjà insinué, ce contróle exige beaucoup d'exacti- 
tude. Il ne suffit pas d'indiquer, d'une manière générale, l'étage géologique : il 
faut faire l'analyse chimique du sol ou des rochers sur lesquels se trouvent les 
Mousses que l'on observe ; il faut enfin tenir compte d'une foule de circon- 
stances qui semblent accidentelles au premier abord, mais qui, lorsqu'on s'en 
rend un compte exact, se trouvent être la cause principale du phénomène. 


SUR DES FEUILLES ANOMALES DE TRIFOLIUM REPENS ET DE TRIFOLIUM PRATENSE 
par M. Gustave MAUGIN, 


(Paris, octobre 1871.) 


La quadrifoliolation du 7rfolium repens que j'ai signalée à la Société (1) a 
persisté à se produire, et j'ai pu continuer àla constater, depuis 1865 jusqu'au 
milieu de l'année 1870, dans l'endroit du parc de Saint-Cloud où je l'avais 
rencontrée. Les échantillons que j'y ai récoltés appartenaient tous à la s.-v. 
microphyllum du T. repens de la deuxième édition de la Flore des environs 
de Paris, de MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre. 

Dans le courant de 1869, j'ai observé la quadrifoliolation du 7. repens 


(4) Voyez le Bulletin, t. XIII, 1866 (Séances), p. 279. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 293 


type dans une autre localité : sur la pelouse du petit jardin en avant de la 
maison n° 15, rue des Tibilles, à Bellevue-lez-Meudon. Cette pelouse, d'envi- 
ron 6 mètres de long sur 4 mètres de large, légèrement inclinée du sud-ouest 
au nord-est, ombragée par deux Marronniers-d'Inde (Æsculus Hippocasta- 
num), un Acacia blanc (Robinia Pseudacacia) et un Acacia rose (Robinia 
viscosa), est établie sur un sol argilo- calcaire de fort mauvaise qualité. Les 
pieds de 7. repens y étaient nombreux, et plusieurs ont produit des feuilles 
quadrifoliolées depuis les premiers jours d'avril où je les ai apercues jusqu'au 
mois de novembre, époque à laquelle je n'eus plus occasion d'examiner cette 
pelouse. J'ai pu suivre les feuilles quadrifoliolées du 7. repens dans leur 
développement et dans leur sommeil, et j'espére ne pas abuser des instants de 
la Société en lui faisant part de ce que j'ai vu. 

Les feuilles quadrifoliolées sont pliées dans le bourgeon comme les feuilles 
trifoliolées elles-mémes, c'est-à-dire que toutes les folioles se trouvent situées 
dans le prolongement de l'axe du pétiole, que chaque foliole est pliée en deux 
sur la nervure médiane qui forme charniére, de sorte qu'elles se touchent par 
leurs faces extérieures. Elles sortent du bourgeon en cet état; ce n'est que 
lorsqu'elles s'étalent et s'ouvrent qu'elles prennent, dans leur circonscription 
et par rapport au pétiole, l'apparence d'une feuille composée-digitée. L'une 
des deux folioles du milieu s'ouvre, et son pétiole s'infléchit de facon à ren- 
verser la foliole et à faire un angle droit avec le pétiole : c'est la foliole du 
sommet de la feuille. Chacune des deux folioles situées à droite et à gauche 
de celle-ci se déverse en s'ouvrant dans la position qu'occupent les folioles 
latérales d'une feuille trifoliolée ; et la derniére foliole, qu'elle soit à droite ou 
à gauche, vient en s'ouvrant s'opposer par la base à la foliole du sommet. On 
voit que la préfoliation des feuilles quadrifoliolées est analogue à la préfoliation 
des feuilles trifoliolées. 

Pour dormir, les deux folioles inférieures se relèvent et appliquent l'une 
contre l'autre leurs faces supérieures. Les deux folioles supérieures, au lieu de 
faire le méme mouvement, comme on aurait pu le supposer, se redressent de 
telle sorte que leurs nervures médianes soient dans le prolongement de l'axe 
du pétiole, et viennent, en se posant l'une devant l'autre, la seconde appli- 
quant sa face supérieure sur la face inférieure de la première, simuler une 
foliole unique. Il en résulte qu'à ce moment de la journée oü elles som- 
meillent les feuilles quadrifoliolées ont l'apparence des feuilles trifoliolées 
endormies. 

De Ja position des folioles dans la période de sommeil, on pourrait induire 
que la feuille quadrifoliolée se produit chez le T. repens par le dédoublement 
de la foliole du sommet. Cependant je ne suis pas disposé à admettre cette 
maniere de voir. La position des folioles pendant le sommeil me parait com- 
Mandée par la nécessité de maintenir durant ce temps le méme rapport entre 
la superficie des faces supérieure et inférieure de ces folioles et l'obligation 


221 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de ne pas troubler l'équilibre résultant des fonctions respiratoires différentes 
qu'elles accomplissent l'une et l'autre. En effet l'addition d'une foliole dans 
'état de veille ajoute à la plante une égale superficie de face inférieure et supé- 
rieure, tandis que si pour dormir les quatre folioles se rapprochaient deux par 
deux en appliquant les unes contre les autres leurs faces supérieures, la 
superficie des faces inférieures libres serait augmentée, et en méme temps 
chaque feuille quadrifoliolée serait pendant le sommeil privée entierement de 
face supérieure libre. 

D'autre part, si l'on regarde avec soin le point d'insertion de chaque foliole 
sur le pétiole et la position des pétiolules entre eux, on aperçoit généralement 
une trifurcation bien distincte au sommet du pétiole et trois petits bourrelets, 
puis sur l'un des pétiolules latéraux un autre petit pétiolule à la base duquel 
se trouve également un petit bourrelet. Enfin l'une des folioles est générale- 
ment plus petite que les autres, souvent elle est de forme différente ; et cette 
foliole, qui parait étre additionnelle, portée sur le pétiolule latéral, soit de 
droite, soit de gauche, dédoublé, est, à l'état de veille, opposée par la base à 
la foliole du sommet, du moins chez toutes les feuilles que j'ai observées. 

Resterait à rechercher si l'examen anatomique confirme ce qui, je crois, 
se produit d'une facon constante ; ce que j'ai toujours vu. 

Je crois devoir noter aussi cette particularité, que les feuilles quadrifoliolées 
appliquent pour dormir la face supérieure de la foliole normale d'un cóté 
contre la face supérieure de la foliole additionnelle située de l'autre côté, et 
que c'est la foliole normale située du cóté de la foliole additionnelle qui vient, 
en se relevant et en tournant sur son pétiolule, se placer devant la foliole 
normale supérieure, qui se contente de se redresser comme dans une feuille 
trifoliolée. . 

Le 18 juillet 1869, dans le bois de Meudon, sur la berge de l'étang des 
Fonceaux, à l'angle sud de la portion libre, contre la muraille de la portion 
réservée, j'ai rencontré une autre anomalie de 7. repens. Voici en quoi elle 
consiste. 

Les trois folioles de l'une des feuilles sont cordiformes, assez profondément 
échancrées au sommet, et dans cette échancrure deux des folioles présentent un 
pédicelle court formé par le prolongement de la nervure centrale et suppor- 
tant une foliolule suborbiculaire très-légèrement émarginée au sommet. C'est 
comme une prolifération de ces folioles. J'ai souvent depuis, soit au même 
lieu, soit en d'autres endroits, vainement cherché à retrouver cette singularité 
dont je n'ai pu recueillir qu'un échantillon. Des autres feuilles du pied sur 
lequel je l'ai apercue, les unes sont de forme normale, c'est-à-dire obóvales, 
les autres sont cordifermes, mais ne présentent pas de foliolule adventice. La 
foliole méme de cette feuille qui est simplement cordiforme n'a jamais été 
dotée de foliolule, et ne l'a point perdue par accident, comme on pourrait 
le supposer en voyant ses deux sœurs en porter, car il n'y a pas le moindre 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 925 


mucron à la base du cœur, c'est-à-dire dans l'échancrure du sommet de la 
feuille, et l'on voit fort bien par transparence, aujourd'bui que ces feuilles sont 
desséchées, que la nervure centrale ne s'est, à aucun instant de son existence, 
prolongée au delà du limbe, et qu'elle se termine normalement à sa circon- 
scription. Il me semble utile d'appliquerà ce Tréfle une dénomination spéciale, 
et sa caractéristique étant l'adjonction d'une foliolule à une foliole, je pro- 
pose de l'appeler Trèfle foliolulé. Je n'ai pu observer la préfoliation de cette 
feuille, n'en ayant jusqu'à présent trouvé qu'un exemplaire entièrement déve - 
loppé, et par ma faute je ne connais pas son sommeil. J’ai eu le tort, en effet, 
de la cueillir sans attendre que le soleil fût couché, et de la serrer tout de suite 
dans un cartable, tandis que j'aurais pu me rendre compte de sa manière 
de dormir en ne la comprimant pas immédiatement et en mettant, lorsque je 
rentrai chez moi, le pied de cet exemplaire dans un verre d’eau. 

Je disais en 1866 que je croyais la quadrifoliolation spéciale au 7. repens, 
et notre honorable Président, en signalant la culture, que je n'ai pu retrouver 
par suite de la mutilation du jardin du Luxembourg, d'un Trèfle dont toutes 
les feuilles étaient quadrifoliolées, ne disait pas qu'il appartint à une autre 
espèce. En examinant la petite pelouse sur laquelle j'étudiais le développe- 
ment et les phases de ce phénoméne, j'ai rencontré quelques cas de quadrifo- 
liolation sur des individus appartenant au 7. pratense; chez le T. pratense, 
j'ai observé la méme préfoliation, la méme disposition pendant le sommeil, 
le méme dédoublement apparent d'une des folioles latérales que chez le 
T. repens. Mais la foliole adventice, si elle est parfois plus petite que les 
folioles normales comme chez le 7'. repens, est généralement de méme forme 
que les autres, Peut-être doit-on à cette circonstance de n'avoir pas encore 
aperçu la quadrifoliolation dans cette espèce, car l'euchevétrement des folioles 
des différentes feuilles d'une méme plante ne permet plus alors de remarquer 
cette disposition que si l'on regarde chaque feuille séparément. 

Le Trifolium pratense ne se contente pas de la quadrifoliolation, et à di- 
verses reprises, dans le courant de l'été de 1869, j'ai pu constater et recueillir 
des pieds de ce Trèfle porteurs de feuilles quinquéfoliolées sur la méme 
pelouse du n° 13 dela rue des Tibilles. Il se produit alors une paire de folioles 
de plus que d'habitude, ct la feuille a l'aspect d'une feuille imparipennée à 
deux rangs de folioles, 

Dans la préfoliation, la feuille quinquéfoliolée porte, à l'extrémité du pétiole 
et dans son prolongement, la foliole terminale pliée en deux longitudinalement, 
de sorte que chaque moitié d'un cóté de la nervure médiane applique sa face 
Supérieure sur la face supérieure de l'autre moitié. Chaque foliole dela paire 
Supérieure, pliće de même, a l'une la moitié de sa face inférieure gauche 
appliquée sur la moitié de la face inférieure droite de la foliole terminale, et 
l'autre la moitié de sa face inférieure droite appliquée sur la moitié de la face 
inférieure gauche de la foliole terminale. Les folioles de la paire inférieure, éga- 

T. XVIII... (SÉANCES) 15 


226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


lement pliées en deux dans le sens de la longueur, comme le sont toutes les 
folioles de tous les Trifolium, ont : la foliole de droite, la moitié gauche de la 
face inférieure appliquée contre la moitié droite de la face inférieure de la 
foliole de droite de la paire supérieure, et la foliole de gauche, la moitié droite 
de la face inférieure appliquée contre la moitié gauche de la face inférieure 
de la foliole de gauche de la paire supérieure. Ces folioles, ainsi pliées, s'écar- 
tent l'une de l'autre en sortant du bourgeon, et bientôt chacun des limbes en 
s'étalant donne à la feuille le port d'une feuille bipennée avec impaire et lui 
permet d'accomplir ses fonctions respiratoires. , 

A l'heure du sommeil, les folioles de la paire inférieure se redressent et 
appliquent réciproquement l'une contre l'autre leurs faces supérieures. Au 
lieu de se comporter de méme, les folioles de la paire supérieure viennent se 
poser devant la foliole terminale, l'une appliquant sa face inférieure sur la 
face supérieure de la foliole terminale et l'autre appliquant sa face inférieure 
sur la face supérieure de la foliole opposée, de telle sorte qu'à elles trois elles 
ne présentent plus qu'une face supérieure et une face inférieure libres. De 
cette facon se trouve maintenue la proportion entre les surfaces des faces supé- 
rieures et inférieures, qui eüt été détruite si la paire supérieure s'était com- 
portée pour dormir comme la paire inférieure. 

Chez les exemplaires du 7. pratense quadrifoliolé que j'ai rencontrés, les 
quatre folioles conservent assez complétement la méme dimension et surtout 
la méme forme que les folioles des feuilles trifoliolées. Lorsque la feuille est 
quinquéfoliolée au contraire, si la paire inférieure ne diffère généralement pas 
d'une paire de folioles normales, la paire supérieure et la foliole terminale, 
généralement plus petites que des folioles ordinaires de T. pratense, affectent 
des formes variées et singuliéres et sont le plus souvent profondément échan- 
crées au sommet. 

Il semble, surtout si l'on rapproche la position qu'ont entre elles la paire 
supérieure et la foliole terminale pendant le sommeil de ce développement 
moindre de leur limbe, qu'elles ne sont à elles trois qu'une trifurcation de la 
foliole terminale. Chacune, au reste, est portée sur un pétiolule distinct abso- 
lument semblable au pétiolule normal et inséré comme lui sur le pétiole com- 
mun, de telle manière que si l'on supprimaitla paire inférieure, on pourrait 
se croire en présence d'une feuille trifoliolée d'une forme particulière et d'une 
moindre dimension. Il serait intéressant de s'assurer anatomiquement de la 
constitution du pétiolule et de son bourrelet, car il semble qu'elle doit être 
autre dans la paire supérieure que dans la paire inférieure et dans les paires 
normales, pour permettre aux folioles de prendre durant le sommeil leur posi- 
tion particulière. 

J'ai vu des pieds de T. pratense qui présentaient soit toutes les feuilles tri- 
foliolées, soit des feuilles trifoliolées et des feuilles quadrifoliolées, soit des 
feuilles trifoliolées et des feuilles quinquéfoliolées, voire méme tout à la fois 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 297 


des feuilles trifoliolées, quadrifoliolées et quinquéfoliolées. Je n’en ai pas ren- 
contré chez lesquels toutes les feuilles auraient été quadrifoliolées ou quin- 
quéfoliolées. 

Je ne sais, et il me sera peut-être bien difficile, même si je retourne à l'en- 
droit où était cette pelouse, de savoir si le phénomène a persisté et de l'étu- 
dier tant sur place que dans des semis de graines provenant de pieds anor- 
maux, bien que cela m'eüt paru intéressant à suivre au point de vue de la 
continuité ou du développement par la sélection de ces sortes de déformations. 
Quant à la localité du parc de Saint-Cloud oü j'avais vu persister la quadri- 
foliolation du 7. repens, elle a été détruite par l'invasion prussienne qui, 
si elle nous fournit quelques sujets d'étude botanique, nous a été bien dou- 
loureuse à tant d'égards. 

La multiplication des folioles du Trèfle n'est peut-être pas assez curieuse 
pour qu’il intéresse la Société de connaître tous les endroits où je pourrais 
rencontrer cette anomalie; je crois toutefois pouvoir me permettre de lui 
sigualer qu'elle se produit dans une région différente de celle où je l'ai pour 
la premiere fois apercue, d'autant plus que j'ai vu là un fait que je n'avais pas 
encore noté. J'ai trouvé, en mai 1871, sur la pelouse du jardin du n° 31, rue 
Morel, à Douai, des pieds de 7. repens à feuilles, les unes trifoliolées, les 
autres quadrifoliolées et même quinquéfoliolées, ce que je n'avais pas encore 
vu dans cette espéce. J'ignore sous quelle influence cette anomalie s'est pro- 
duite, mais je suis certain qu'elle est récente dans ce jardin. Elle y avait, en 
effet, été cherchée en vain depuis une trentaine d'années par quatre personnes 
avant le jour où je l'ai aperçue. 

J'avais énoncé que l'on attribuait autrefois au Tréfle quadrifoliolé des 
vertus particulières ; à l'appui de mon assertion, je puis aujourd'hui produire 
un document que j'extrais textuellement du tome sixième (pp. 408-410) de 
l'ouvrage où je l'ai rencontré (4) : 

« TRIFOLIUM, le Trèfle. 
» Voici ses caractéres : 

» Sa fleur est en papillon ou à peu près... Ses feuilles sont trois à trois, 
» rarement quatre à quatre ou cinq à cinq. 

» Boerhaave en compte les trente-six espéces suivantes (2) : 

» 10. Trifolium quadrifolium, Hortense album, C. B. P. 327. Boerh. Ind. 
» alt. 2, 31. 7] rifolium purpureum, Offic. Trifolium Phœum fuscum luxu- 
» rians quaternis, quinis et senis foliis, Tourn. Inst. 406. Trifolio affine 


(4) Dictionnaire universel de médecine, de chirurgie, de chymie, de botanique, d'ana- 
Mw s de pharmacie, d'histoire naturelle, ete. : traduit de l'anglais de M. James, par 
t "i. Diderot, Eidous et Toussaint, revu, corrigé et augmenté par M. Julien Busson, doc- 
eur-régent de la Faculté de médecine de Paris, 1746-48, six volumes in-folio. . 

(2) Sur ces trente-six espèces de Boerhaave, M. Maugin n'a reproduit ici que ce qui 
Concerne celle marquée du numéro 10. 


298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


» quadrifolium, Phœum Lobelii, J. B. 2, 380. Raii Hist. 1, 942. Quadrifo- 
» lium fuscum, Park 'Theat. 1412. Lotus quadrifolia, Ger. 1028. Emac. 1193. 
» On trouve ce trèfle dans les prés, d’où on le transporte dans les jardins, 
» où on le cultive avec soin ; il fleurit en été. On fait usage de son herbe. 
» Son suc chasse des intestins les humeurs phlegmatiques, guérit les ul- 
» ceres à la bouche et à la langue, garantit de la petite vérole, et passe vulgai- 
» rement pour un remède excellent, dans la fièvre pourpreuse des enfants. » 


M. Brongniart fait remarquer que l'on cultive depuis longtemps, à 
titre de curiosité, le Tréfle quadrifoliolé dans les jardins botaniques. 


Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la 
Sociélé : 


: NOTE SUR QUELQUES PLANTES DES ENVIRONS DE MONTPELLIER, 
pr M. A. BARBRANDON. 


(Montpellier, & novembre 18741.) 


Je ne sais si Linué est vraiment l'auteur de cet adage à lui attribué, qu'il 
ne faut herboriser que de la Violette au Colchique ; mais j'ai lu dans sa PAi- 
losophie botanique (édit. de 1751, p. 293) que les herborisations doivent 
durer depuis l'apparition des fewilles des arbres jusqu’à leur chute; et, sous 
cette forme, le précepte vaut mieux pour nos contrées méridionales, car il s'y 
trouve encore en automne de trés-bonnes plantes à recueillir et à étudier. 

Le 6 du mois dernier, nous herborisions avec M. le professeur Martins 
sur les garrigues de Montmaur prés Montpellier, et nous y trouvions en 
abondance les Seseli tortuosum L., montanum L., et elatum Gouan, lors- 
qu'un de nous remarqua que toutes les ombelles de l'elatum étaient chargées 
de fruits, tandis que la plupart de celles des S. tortuosum et montanum 
étaient stériles. Un examen plus attentif nous permit de reconnaître que ces 
deux plantes sont très-régulièrement monoïques, quoique par simple avorte- 
ment, en cc sens que les ombelles terminales de chaque grand rameau sont 
seules fécondes. Sur les fleurs de ces ombelles il n'y a point d'étamines, ou il 
n’y en a, trés-rarement encore, que quelques-unes à demi développées, avec 
un pollen mal conformé ; le disque épigyne est très-développé et d'un beau 
violet, ainsi que les deux styles fort gros et fort longs. La couleur permet de 
les reconnaitre de loin. Aux (leurs des autres ombelles, les étamines ont de 
grosses anthères avec du pollen bien conformé ; mais le disque épigyue est 
blanc, peu développé. On ne voit aucune trace de styles; mais au-dessous de 
la fleur existe un ovaire, ct si l'on sépare les deux parties du disque, on trouve 
des styles trés-courts et qui, ne parvenant point à l'air libre, sont ainsi soustraits 
à l'action du pollen. L'ovaire est petit, ainsi que l'ovule non fécondé qu'il con- 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 220 


tient ; tous les deux se flétrissent trés-vite après l'anthése. Et ainsi il n'y a 
absolument que les ombelles terminales qui portent des fruits, bien que les 
fleurs des autres soient réellement hermaphrodites. 

J'ai contrólé cette observation les jours suivants, sur plusieurs autres points 
du département, et je n'ai pas trouvé une seule exception. Seulement j'ai 
rencontré quelques pieds assez rares de Seseli tortuosum dont toutes les 
ombelles étaient de couleur violette, mais la conformation en était la méme 
que sur les autres pieds et les ombelles terminales étaient seules fécondes. 
Ch. del'Écluse et J. Bauhin avaient déjà averti que, parmi les pieds de Seseli 
tortuosum, il s'en trouvait quelques-uns, en très-petit nombre, avec des fleurs 
violettes (J. Bauhin, Hist. plant. t. ILI, part. 11, p. 16). 

D'autre part, j'ai voulu rechercher si quelques auteurs font mention de cet 
avortement régulier des ombelles secondaires. Je n'ai rien trouvé sur ce point ; 
ce qui s'explique assez naturellement, si l'on considère d'abord que les Seseli 
tortuosum et montanum sont, par leur floraison trés-tardive, soustraits à l'étude 
du plus grand nombre des botanistes voyageurs, ct ensuite que ces plantes, 
réputées bien connues, n'ont été d’après l’/conum index de M. Pritzel, figurées 
par aucun botaniste moderne. Les seules figures citées par les auteurs sont 
en effet celles de Lobel, 7c. 785, et de J. Bauhin, Hist. pl. III, part. 11, 
P. 16, fig. 1; l'étude qu'eüt nécessitée l'exécution d'une figure analytique 
aurait inévitablement amené la constatation des deux sortes de fleurs. 

Nous croyons qu'il sera utile de faire à l'avenir mention de cette circon- 
stance dans les ouvrages descriptifs. 

Le 16 du méme mois d'octobre, nous parcourions, avec M. Duval-Jouve, 
les environs de Béziers et de Roquehaute ; et nous avons vu dans le canal du 
Midi le Vallisneria spiralis L., et le Villarsia Nymphoides Vent., croissant 
en une abondance telle, que la drague est nécessaire pour que le service de la 
navigation n'en soit pas embarrassé. Les bords du méme caual étaient tout 
couverts de Leersia oryzoides Sw. ; mais la plupart des pieds étaient à pani- 
cule terminale incluse, avec d'autres panicules également incluses dans 
Chacune des gaînes de la tige, comme cela a été signalé par M. Duval-Jouve 
dans Billot, Annotations à la fl. de Fr. et d' All. p. 113 ; 1857. 

Entre Villeneuve et Portiragnes, croissait à côté de cette curieuse Grami- 
née, mais en moindre abondance, le très-élégant Cyperus serotinus Rottb. 
(C. Monti auct. plur.). Nous reprenons le nom de Rottboell, parce que la 
priorité appartient à cet auteur qui, dès 1772, dans son Descr. progr. p. 12, 
décrivit ce Cyperus sur des spécimens que lui avait donnés à Dologne 
F. Bassi ct sur l'excellente figure qu'en avait donnée Monti (Cat. stirp. Bon. 
prodr. tab. 1, fig. 2). Le nom de serotinus qu'il lui imposa était justifié 
aussi bien par l'époque de la floraison que par l'emploi qu'en avaient anté- 
rieurement fait Ray (Hist. pl. IJ, p. 6:6), Lel. Triumfetti dans l'ouvrage 


230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de son frère (Obs. de ortu et veg. pl. p. 6^), Monti (op. c. p. 12), Micheli 
(Nov. pl. gen. p. h5, n° 9), et enfin Scheuchzer (Agrost. p. 380). Ce nom 
fut reproduit par Rottboell, en 1773, dans ses Descr. et ic. p. 313 il est 
donc ainsi antérieur de neuf ans à celui de Linné fils, datant de 1781, et il 
doit jouir du droit de priorité que lui ont déjà reconnu Vabl, Z'num. II, p. 350, 
n° 112, et Kunth, Enum. pl. II, p. 19, tandis que beaucoup d'auteurs 
contemporains conservent encore le nom de Linné fils. On pourrait méme, 
sans encourir le reproche d'un scepticisme outré, se demander si le Cyperus 
décrit par Linné fils dans son Supplément, p. 102, est bien la plante que 
Monti avait figurée; car Linné attribue à sa plante : 1? un chaume rond, 
teres, et celle de Monti a le chaume triquétre avec angles aigus et faces un 
peu rentrantes ; 2? « folia longissima, umbella supra decomposita, involucrum 
hexaphyllum », ce qui ne convient point à la plante de Monti. Linné ajoute 
que sa plante croit dans l'Inde et peut-étre aussi en Italie, et personne depuis 
n'a signalé le Cyperus de Monti comme croissant dans l'Inde. Le doute est 
donc permis, et pour dire toute la vérité, je ne fais, en l'exprimant ici, que 
reproduire celui qu'ont émis Reemer et Schultes (Syst. veg. Il, p. 207). 

Un mot encore sur la méme plante. De Candolle lui avait attribué une 
« racine fibreuse » (Fl. fr. Y, p. 197), ce que Gaudin qualifie un peu vive- 
ment d'erreur complète, attendu que ce Cyperus a une souche rampante et 
stolonifère (Agrost. helv. II, p. 55). Mais cet auteur n'avait pas suffisamment 
remarqué que De Candolle, au passage cité, ne prend pas, comme lui, le 
mot racine dans le sens de souche, mais oppose l'expression « racine fibreuse » 
à celle de « fibres de la racine renflées en tubercules ». Quoi qu'il en soit, 
l'observation de Gaudin est juste, et il décrit assez bien la souche du C. sero- 
tinus en la disant « stolonifère, grêle et revétue d'une enveloppe tubuleuse 
» dont la partie fibreuse n'occupe pas le tiers.....; organisation si singulière 
» qu'on ne voit pas la pareille dans toute Ia série des Gramens(1). » Bertoloni 
en dit à peu prés autant (F/. ital. Y, p. 272). Pour me rendre compte de 
cette organisation, j'eus recours à l'obligeance de M. Duval-Jouve, et bientót 
des coupes microscopiques nous permirent de reconnaitre que la composition 
de ces stolons ne différe en rien de celle que notre confrére a signalée dans 
son mémoire sur les Agropyrum de l'Hérault, p. 331, et présente deux 
zones : l'une, centrale, formée de faisceaux fibro-vasculaires épars dans du 
parenchyme ; et l'autre, externe ou corticale, consistant en plusieurs couches 
d'un tissu cellulaire très-lâche et se détruisant vite, recouvertes par des cellules 
Cpidermiques dures, résistantes et très-persistantes. Ce sont elles qui consti- 


(4) « Radix viticulosa..., viticuli (sic) graciles, articulati, fibrosi, tunica tubulosa, cujus 
» capacitatis fibra ne quidem tertiam partem complet, tecti.... Fabrica viticulorum omnino 
» singularis est ut in tota Graminearum gente nulla occurrat planta que tales habeat 
» radices, » (Agrost. helv. M, p. 53 et 54.) — Est-ce que les dictionnaires ne donnent 
pas viticula, au lieu de viticulus ? 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 231 


tuent, aprés la destruction du tissu lâche qu'elles recouvrent, ce « tunica 
tubulosa » de Gaudin, dans lequel flotte la zone centrale « fibra ». 

Revenons à notre course. 

Le plateau de Roquehaute, si riche au printemps, était sec, absolument sec; 
quelques pieds de Pulicaria sicula Moris.s'y montraient pourtant, avec des 
touffes d'Asfer acer d'un mètre de haut et d'un bel aspect ornemental. 
Mais les mares n'offraient qu'un fond desséché et fendillé, où l’soëtes setacea 
Del. essayait de reparaitre à côté de quelques pieds mourants de Marsilia 
pubescens Ten. 

Enfin, en descendant du plateau vers Vias, après les carrières de Medeillan 
et sur les talus d'un chemin creusé dans le tuf volcanique, nous rencontrámes 
en quantité et en très-bon état un Zuffonia que je ne rapporte qu'avec 
grande hésitation au B. tenuifolia Gay. En effet, les sépales n'ont que trois 
nervures, comme le B. tenuifolia Gay, mais ces nervures demeurent isolées 
jusque sous le sommet, comme celles du B. macrosperma Gay; les graines, 
planes d'un cóté, convexes de l'autre et assez grosses, sont mélées à de plus 
petites ; elles sont réguliérement tuberculeuses sur le dos, maisles faces, au 
lieu de porter aussi des tubercules, sont marquées de sillons irradiants et 
relevés seulement à leur extrémité en tubercules formant des lignes concen- 
triques. 


SUR QUELQUES TISSUS DE JONCÉES, DE CYPÉRACÉES ET DE GRAMINÉES, 
pr M. J. DUVAL-JOUVE. 


(Montpellier, 15 octobre 1871.) 


En décembre 1869, j'ai communiqué à la Société quelques observations 
sur les formes successives que présentent les cellules de certains Juncus, sur 
les interruptions de la moelle dans les tiges du Juncus inflexus L. (J. glaucus 
auct. et J. paniculatus Hoppe), ainsi que sur le mode de formation des cloi- 
sons qui se montrent dans les feuilles des J. /ampocarpos, obtusiflorus et autres 
constituant le groupe des espèces vivaces a feuilles cloisonnées (voir Bull. Soc. 
bot. de France, tom. XVI, pp. 404-410, pl. 3). Or, en commençant la présente 
étude, je dois revenir sur ce que j'ai dit des cloisons des feuilles : car de 
nouvelles observations m'ont permis de constater que, si ce que j'ai avancé 
concernant les interruptions du tissu médullaire dans les tiges du J. inflexus 
est demeuré complétement exact, ce que j'ai affirmé sur les cloisons des 
feuilles des autres espéces, toujours exact pour les premiers moments de 
leur développement, les seuls que j'eusse observés, est iusuffisant pour le 
développement ultérieur. 

Quant aux interruptions de la moelle du J. inflexus, j'ai seulement à faire 
remarquer que, n'offrant aucune constance, elles ne peuvent servir comme 
Caractère spécifique. Sur un méme pied, on trouve des tiges où la moelle est 


232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


restée continue, d'autres où elle ne s’est interrompue que par régions, d'autres 
où elle est si rare qu'elle a presque entièrement disparu, d'autres enfin où le 
retrait des cellules s'est fait, non plus dans le sens vertical, mais de la péri- 
phérie vers le centre et plus particulièrement entre les faisceaux fibro-vascu- 
lairesles plus internes. Il résulte de ce dernier mode de retrait un second 
cercle de lacunes longitudinales, qui a fait prendre pour une espèce distincte 
les individus qui le présentent : J. equisetosus Dum. in Bull. Soc. bot. Belg. 
tome VII, pp. 364 et 365. Or, si la disposition relative des tissus constitutifs 
offre, par son invariabilité, d'excellents caractères distinctifs, il n'en est pas 
de méme des modifications ultérieures et tout à fait accidentelles que peuvent 
subir les éléments de ces tissus. Ainsi que je l'ai exposé dans mon mémoire 
sur les Comparaisons histotaxiques (Mém. Académ. sciences et lettres de 
Montpellier, t. VII, p. 481), comparer non plus l'agencement essentiel, mais 
les états successifs des tissus, c'est s'exposer à faire plusieurs espèces d'une 
même plante à des moments différents et selon que ses tissus sont à l'état de 
fraicheur et de vie ou à celui de retrait et de mort. 

Sur les tiges du J. inflexus, les apparences de cloisons, dues au retrait dans 
le sens vertical des cellules médullaires, sont analogues aux cloisons partielles 
qu'on observe dans les tiges de quelques Cypéracées, ainsi que dans les feuilles, 
les gaînes et les rhizomes de certaines Graminées aquatiques (voir Bull. Sor. 
bot. de France, 1. XVI, pp. 408-409 et pl. 3, fig. 7, etc.). Elles sont et 
demeurent jusqu'à la fin de simples amas exclusivement cellulaires. Mais il 
n'en est pas de méme sur les cloisons des feuilles des autres Juncus. Si on les 
observe sur des sujets adultes, on voit que ces cloisons ne sont pas composées 
seulement de couches cellulaires rapprochées, mais qu'entre leurs couches 
cellulaires il existe un véseau transversal fibro-vasculaire ; de telle sorte que 
ces cloisons, avec ce réseau, rappellent, non plus les cloisons caulinaires du 
J. inflexus, mais bien la composition réticulée des nœuds de Graminées. Et, 
circonstance assez singulière, les vrais nœuds des tiges de ces mêmes Juncus 
n'ont point de réseau transversal vasculaire; sur leur pourtour les vaisseaux 
sont seulement un peu inclinés vers l'intérieur. 

Ces cloisons sont rarement planes, mais presque toujours en verre de 
montre avec la convexité dirigée en haut; à leur contour répond sur les feuilles 
sèches une saillie, sur les feuilles trés-fraiches une légère dépression. Le ré- 
seau qui les parcourt ne forme qu'une couche et ne se divise qu'en irradiant, 
sans régularité, du centre vers la circonférence (pl. II, fig. 4). Chacune de 
ses branches se compose d'une enveloppe de fibres excessivement ténues et 
tout unies, puis, au centre, d'un groupe de vaisseaux ponctués et rayés, ayant 
un diamètre trois ou quatre fois supérieur à celui des fibres enveloppantes et 
s'articulant entre eux par des surfaces peu obliques et irrégulières. La fig. 2 
donnera une idée de cette disposition. Ces vaisseaux sont incolores, ou jau- 
nâtres dans les feuilles un peu avancées. Les cellules interposées sont de deux 


SÉANCE DU 10 NovEMBRE 1871. 232 


sortes : celles qui entourent les faisceaux sont petites, très-irrégulièrement étoi- 
lées, et ne laissent entre elles que de faibles méats arrondis et irréguliers 
(fig. 3) ; les autres sont rondes ou ovales avec de grands méats. Sur toutes les 
espèces, les rameaux du réseau s'avancent vers la périphérie et s'y mettent 
en communication avec les faisceaux longitudinaux de la feuille, en s'y rat- 
tachant, non par celle des faces qui regarde le centre et se présente directement 
à eux, mais bien par les faces latérales et un peu en arrière; de telle sorte 
qu'ils doivent s'infléchir pour y arriver, comme le représente la figure 4. Le 
limbe des feuilles du J. obtusiflorus, indépendamment de la particularité déjà 
signalée (Bull. Soc. bot. de France, t. XVI, p. 407), et qui consiste à avoir 
plusieurs cavités longitudinales, présente encore quelques autres particula- 
rités. Aiusi, d'une part, les fibres qui entourent les vaisseaux du réseau trans- 
versal sont moins fines et moins nombreuses que sur les autres espèces; et, 
d'autre part, la zone externe du limbe étant parcourue par de grandes lacunes 
longitudinales, les ramifications du réseau, pour arriver aux faisceaux les plus 
externes, ont à passer à travers ces lacunes et les obstruent, attendu que, 
méme alors, ces ramifications demeurent entourées d'un grand nombre des 
petites cellules représentées fig. 3. 

Des cloisons transversales séparant des cavités se montrent également sur 
toute l'étendue de la gaine; mais sur cette région les cavités ne s'étendent 
qu'entre les grandes nervures. Les cloisons, placées à des hauteurs variables, 
ont un réseau vasculaire comme celles du limbe, mais les cellules interposées 
sont chargées de chlorophylle. Vers les marges de la gaine, les cavités sont 
trés-étroites; elles sont plus larges sur la partie dorsale, le deviennent plus 
encore à mesure qu'elles s'élévent, et aboutissent à un limbe ayant, chez cer- 
taines espèces, une seule cavité longitudinale cloisonnée (J. /ampocarpos), chez 
d'autres, plusieurs cavités longitudinales, interrompues à des hauteurs inégales 
par des cloisons transversales partielles (J. obtusiflorus). Cette dernière con- 
formation rappelle celle de certains Scirpus et des feuilles de Graminées aqua- 
tiques, dont le limbe et la gaîne sont creusés de cavités longitudinales cloison- 
nées ; seulement il y a de la chlorophylle et des vaisseaux dans les cloisons des 
Juncus, tandis qu'il n'y en a point dans celles des Graminées que j'ai pu 
observer. 

À propos de la gaine des Juncus, je signalerai deux inexactitudes, en sens 
contraire, échappées à deux auteurs justement renommés pour leur clair- 
Voyance et leur rare exactitude. Laharpe a dit : « Les Juncus ont toujours la 
» gaine fendue...., ce qui concourt encore à les distinguer des Luzula, dont 
» la gaîne est entière » (Mon. Jonc. pp. 6, 18et 77): et Kunth dit au con- 
traire du genre Juncus comme du genre Luzula : « Vagina integra » (Enum. 
plant. TIT, pp. 296 et 315). En cequi concerne les Zuzula, dont toutes les es- 
pèces (au moins celles de France) ont la gaine entière, ces deux assertions sont 
vraies; mais elles sont toutes deux inexactes en ce qui concerne les Juncus. 


234 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


D'abord celle de Kunth, attendu que, à l'exception de deux espèces, nos Juncus 
français ont la gaine fendue sur.toute la longueur, l'un des bords recouvrant 
l'autre, comme dans la plupart des Graminées ; avec cette différence toutefois 
que sur un méme chaume de Graminée le sens de ce recouvrement alterne 
d'une gaîne à l'autre, de telle sorte que si, à la première gaine, le bord droit 
recouvre le gauche, à la seconde ce sera le bord gauche qui recouvrira le 
droit; tandis que, sur une méme tige de Juncus, le sens du recouvrement est 
le méme à toutes les gaînes. D'autre part, l'assertion de Laharpe pèche par 
trop de généralité, puisque le J. compressus Jacq., et sa variété J. Gerardi 
Lois., ainsi que le J. tenuis Willd., ont la gaine entière ; ce qui, avec un 
.imbe non cylindrique, mais semi-plan et en gouttière, les rapproche des Lu- 
zula (1). Laharpe aura sans doute été trompé par ce fait que, sur les deux 


Juncus précités, les gaines des feuilles radicales s'emboitent les unes dans les: 


autres, et comme la partie antérieure en est. d'une extréme ténuité, elle se 
déchire par le développement des plus intérieures et de la tige, et ne se trouve 
bien entière que sur la plante jeune et fraiche; sur la plante adulte, les gaines 
radicales les plus internes et les caulinaires les plus élevées demeurent seules 
entières. 

Je dois ajouter encore que les cellules bulliformes, dont j'ai signalé la pré- 
sence sur la ligne médiane et dans les sinus de la face supérieure des feuilles 
de Graminées (Agropyrum de l'Hérault, p. 320), se retrouvent trés-pronon- 
cées sur foute la face supérieure des feuilles en gouttière du J. compressus 
Jacq. (pl. II, fig. 5), du J. tenuis Willd. et du J. bufonius L. Cette méme 
face est entiérement dépourvue de stomates, tandis que les feuilles cylindriques 
des autres espèces en ont sur toute leur surface (2). La figure 5 fait voir que, 


(4) Ces deux espèces se rapprochent encore entre elles par une particularité commune. 
Dans les descriptions leurs feuilles sont dites canaliculées ; mais, bien qu'à peu prés 
symétriques dans leur constitution et par rapport au faisceau médian, elles se mon- 
trent inéquilatérales, et leur ligne de plicature, au lieu de répondre au faisceau médian, 
se rapproche de l'un des bords, comme on peut le voir sur la figure 5, reproduisant une 
coupe transversale, et sur la figure 6, montrant le singulier mode de vernation en rap- 
port avec cette inégalité de plicature. Les lacunes longitudinales des feuilles sont 
d'abord remplies par des ceilules à rameaux irradiants, comme celles qui remplissent les 
lacunes des feuilles des Graminées aquatiques et que j'ai décrites et figurées dans le 
Bull. Soc. bot. de France, t. XVl, pp. 408 et suiv., et pl. HI, fig. 7. 

Les feuilles du J. bufonius se rapprochent beaucoup de celles du J. compressus ; 
mais elles sont moins inégalement pliées, sans cellules étoilées dans les lacunes, avec la 
gaine fendue sur toute la longueur, bien que les bords ne se recouvrent que prés de 
la base. 

(2) La face supérieure des feuilles du Luzula silvalica a ses cellules presque trois 
fois aussi larges que celles de l'autre face, et elle est aussi entièrement dépourvue de 
stomates. Il en est de méme sur les feuilles des Carex ea tensa, distans, ete., Cyperus 
serotinus Wottb, (Monti auct.), longus, ete., Galilea mucronala, ete. Sur les feuilles de 
Dicotylédones dépourvues de stomates à cette méme face, je n'ai pas trouvé entre les 
cellules des deux faces l'inégalité de grandeur que je signale ici. A cette occasion, je 
dirai que, en comparant les deux faces des feuilles du Burus sempervirens L., j'ai trouvé 
la face supérieure dépourvue de stomates seulement sur les côtés du limbe et abondam- 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1874. 235 


si ces feuilles se fermaient en rapprochant et soudant les bords de leur limbe, 
ces cellules bulliformes répondraient aux grandes cellules du centre des feuilles 
cylindriques, comme si ces feuilles semi-planes n'étaient. que des feuilles cy- 
lindriques dont le limbe se serait étalé, ou les cylindriques des feuilles planes 
dont le limbe se serait fermé et soudé par les bords (1). 

Laharpe a dit aussi de la gaine des Juncus : « "Toujours... clle offre, à sa 
» jonction avec le limbe, deux petites oreillettes analogues aux ligules des Gra- 
» minées, quoique situées sur les cótés du limbe et non entre lui et la tige. » 
(Mon. Jonc. p. 18.) C'est encore là une ossertion trop générale et double- 
ment inexacte. D'abord en ce que, si, sur certaines espèces (J. tenuis, par 
exemple), la ligule est si réduite qu'elle parait manquer entre les oreillettes 
isolées, sur la plupart des autres, ces oreillettes sont reliées entre elles par une 
vraie ligule, aussi haute qu'elles, située entre le limbe et la feuille, prononcée 
comme celle des Graminées, souvent trés-entiére, souvent aussi fendue au 
milieu, ce qui a peut-étre fait illusion à Laharpe. Ensuite en ce que ces 
oreillettes n'existent pas sur toutes les espèces. Les J. capitatus et bufonius, 
par exemple, en sont absolument dépourvus et n'ont trace ni d'oreillettes, ni 
de ligule (2). 

En m'occupant des recherches qui précédent, j'ai pu constater une autre 
particularité. Les stomates des Juncus ne sont pas simples, c'est-à-dire n'ont 
pas une cellule unique de chaque cóté de l'ostiole; ils en ont, de chaque cóté, 
deux entièrement distinctes des cellules épidermiques environnantes par leur 
forme, par leur grandeur, par la minceur de leurs parois, et enfin par la chlo- 
rophylle qu'elles renferment. Une coupe transversale permet de reconnaitre 
que les deux cellules internes qui bordent l'ostiole (pl. II, fig. 7 ?, 8 ?) sont 
beaucoup plus petites que les deux autres, contre lesquelles elles sont un peu 
obliquement appliquées. Leur cavité est à peu prés ovale vers le milieu et 


ment pourvue de ces organes sur la ligne médiane au-dessus de la nervure. Ce doit 
étre un fait propre au Buzus, puisqu'on lit dans tous les traités : « Les stomates corres- 
» pondent aux parties uniquement cellulaires et ne se trouvent que dans les espaces cir- 
» conscrits par les nervures. » 

(1) On voit aussi des feuilles cylindriques-fistuleuses et des feuilles planes dans les 
genres Asphodelus, Allium, etc., et l'on est tenté de voir là entre les Joncées et les Li- 
liacées un rapport de plus à ajouter à ceux que R. Brown et Kunth ont indiqués et tirés 
des organes de reproduction ; mais, quand on remarque sur les Cypéracées toutes ces 
mêmes formes de feuilles planes (Cyperus longus L., etc.), — semi-planes avec face 
supérieure à cellules bulliformes et sans stomates (Galilea mucronata, etc.), — fistu- 
leuses (Scirpus Savii), — cloisonnées (Scirpus articulatus, etc.), on ne trouve plus là 
qu'un de ces cas de parallélisme de formes spécifiques, cas trés-nombreux, mais peut-étre 
trop peu remarqués. 

(2) Le J. Tenageia a une ligule très-prononcée, et, comme le J. sphærocarpus N. 
ab Es. en a également une, c’est au J. Tenaÿgeia qu'il doit être rapporté, et non au 
J. bufonius, comme Steudel l'a prétendu (Syn. Glum. I, p. 307, n° 163). Le J. ca- 
pilatus a ses feuilles presque planes et canaliculées, dépourvues de ligule et d'oreilleltes, 
ce qui le distingue à première vue du J. pygmæus, dont les feuilles fistnleuses et cloi- 
sonnées ont ligule et oreillettes très-développées. 


936 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


arrondie vers les extrémités. Les deux cellules externes (fig. 7 e, 8 e) péné- 
trent plus vers l'intérieur que les ostiolaires, avec une cavité un peu courbée 
obliquement, à angle aigu vers l'extérieur, arrondie vers l'intérieur. Sur une 
lame d'épiderme (fig. 9 7, e), les deux paires de cellules se montrent distinc- 
tement en correspondance avec ce qui se voit sur les coupes transversales : 
elles sont à peu prés de méme longueur; souvent cependant les ostiolaires 
dépassent un peu les deux autres. 

J'ai examiné les stomates des espèces suivantes : J. conglomeratus L., 
effusus L., inflexus L., acutus L., maritimus Lam., supinus Mœnch, lage- 
narius Gay, lampocarpos Ehrh., striatus Schsb., acutiflorus Ehrh., anceps 
Lah. , alpinus Vill., obtusiflorus Ehrh. et compressus Jacq. ; et sur toutes j'ai 
trouvé la même disposition générale, mais avec quelques différences de détail. 
Sur le groupe des espèces à feuilles cloisonnées (J. lampocarpos, etc.), les cel- 
lules stomatiques n'ont qu'un revétement cuticulaire trés-mince et les deux 
externes atteignent à peine la moitié de l'épaisseur des cellules de l'épiderme 
(ig. $ e); sur le J. inflexus, elles les dépassent presque de moitié et le revê- 
tement cuticulaire est presque égal à celui des autres cellules (fig. 7 e) ; sur 
le J. compressus, les cellules stomatiques pénètrent à la méme profondeur que 
les autres cellules de l’épiderme. L'appareil stomatique est généralement vers 
l'extérieur au niveau de l'épiderme, quelquefois un peu plus bas, mais il n'a 
jamais de cavité au-dessus de lui. 

Sur les Luzula, sur le Galilea mucronata L. (sub : Schænus) et sur les 
Cyperus longus L., serotinus Rottb. , efc. , j'ai trouvé des stomates répondant 
par leur ensemble à ceux des Juncus. 

Sur les Graminées, l'appareil stomatique est également composé de quatre 
cellules (pl. II, fig. 10à 13). Les deux cellules ostiolaires, longues, et trés- 
étroites le long de l'ostiole, y sont un peu dépassées et recouvertes par les 
externes (fig. 10); mais vers leurs extrémités elles se dilatent latéralement sous 
la cuticule, et surtout vers l'intérieur, en deux saillies trés-chargées de chlo- 
rophylle, ce qui donne aux stomates de cette famille un aspect tout particu- 
lier. Les deux celluies externes sont au contraire plus dilatées vers le milieu 
de leur longueur et réduites vers leurs extrémités (1). 


(1) La répartition des stomates sur les feuilles de la méme famille mérite une mention 
particulière. En général, sur les feuilles à épidermes parallèles (voir, sur la division des 
feuilles de Graminées, mon Mémoire sur les Agropyrum de l Hérault, pp. 321 et 323), 
et dés lors à petites côtes, ils sont distribués sur les deux faces, en lignes longitudi- 
nales de chaque côté et à peu de distance des nervures (ex. : Piptatherum paradoxum, 
Arundo Phragmiles, Avena sterilis, etc.). Mais sur les feuilles à grosses côtes, il n'y en 
a que quelques-uns ou méme pas du tout à la face inférieure ; il n'y en a qu'à la face 
supérieure sur les côlés des grosses nervures (ex. : Triticum junceum, Psamma are- 
naria, Spartina versicolor, etc.) ; et, ce qui paraîtra peut-être digne de remarque, 
ces dernieres feuilles, tant qu'elles sont fraîches et bien vivantes, au lieu d'étendre leur 
limbe avec la face supérieure en haut, subissent à peu de distance du chaume un mouve- 
ment de torsion et tiennent constamment leur lace supérieure tournée vers la terre. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 237 


A l'effet de comparer la structure des stomates d'autres Monocotylédones, 
j'ai examiné ceux du Pancrafium maritimum L., du Narcissus Tazetta 1., 
et de l’Asphodelus albus Willd., qui par leur grandeur se prêtent facilement 
à cette étude. Sur une lame d'épiderme, enlevée par déchirement à une feuille 
adulte, on voit, au centre des deux grandes cellules stomatiques, un cercle 
noir assez nettement terminé par des lignes et simulant, à s'v méprendre, deux 
petites cellules ostiolaires (fig. 15). Mais une coupe transversale (fig. 14) ré- 
vèle aussitôt que cette apparence est due à ce qu'il existe au-dessus de l'os- 
tiole une cavité cratériforme (fig. 14 p et 15 p), dont les bords, oblique- 
ment excavés, dévient les rayons lumineux, et qu'il n'y a en réalité que deux 
cellules stomatiques (fig. 44 s et 15 s). J'ai pu en suivre le développement 
avec une facilité extrême et constater avec pleine évidence les faits suivants : 

4° Tout à fait à la base d'une feuille trés-jeune, dans le bulbe et contre le 
plateau, toute cellule qui aboutira à un stomate apparaît absolument en méme 
temps que les autres à un nivcau identique ou à peine plus bas, et s'en dis- 
tingue d'ailleurs par ses dimensions bien moindres et une plus grande quan- 
tité de granulatious. 

2° A quelques millimètres plus haut, apparaissent dans chaque cellule-mére 
deux nucléus qui repoussent les granulations vers les bords devenus d'une 
extréme ténuité. A ce moment, la cuticule n'est point fendue et n'a aucune 
trace des boutonnières et des cratères qu'elle présentera plus tard. 

3° Un peu plus haut, la cellule-mére n'est plus distincte, et les deux nucléus 
ont abouti à deux cellules, aussi larges ou plus larges que longues, ayant 
chacune sa cloison propre, de façon que la cloison médiane est ainsi double 
et formée de deux cloisons en contact, qui se séparent presque aussitôt vers 
leur milieu pour constituer l'ostiole. 

h° Ce qui précède se passe vers la base de la feuille et profondément 
dans le bulbe; c'est un peu plus haut, mais encore sous les tuniques du 
bulbe, que la cavité épistomatique (fig. 14 et 15 p) commence à se former ; 
la cuticule, encore mince, s'ouvre d'abord en une très-petite boutonnière, 
puis à mesure que les cellules stomatiques et celles de l'épiderme prennent 
leur développement, l'ouverture s'élargit vers le haut et se creuse en cratère 
ovale; en méme temps le revétement cuticulaire augmente d'épaisseur et se 
dépose sur les parois du cratere jusque vis-à-vis des cellules stomatiques. A ce 
méme moment apparaissent dans les cellules stomatiques les granulations de 
chlorophylle, et tout l'appareil est délinitivement constitué. 

Je puis affirmer, et mes préparations en font foi, que les choses se passent 
ainsi sur les Pancratium maritimum, Narcissus Tazetta et Asphodelus 
albus (1), et que ce qui a été dit d'abord par M. Hugo de Mohl (Linnea, 


(4) Sur cette dernière plante, la cavité épistomatique est moins forte, les parois des 
cellules de lépiderme et le revêtement cuticulaire moins épais. Pour bien suivre la 


formation des stomates sur ces plantes, il est bon, au moins à Montpellier, de ne pas 
attendre le mois de février. 


238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


1838, p. 54^ ; traduit dans les Ann. sc. nat. 2° série, Bot. t. XIII, p. 22h) et 
eusuite reproduit, sur la formation de certains stomates, savoir qu' « il se 
» forme une cloison délicate au milieu et d'un bout à l'autre de la cellule- 
» mère, et qu'ensuite cette cloison se dédouble dans son milieu en deux 
» feuillets qui se dissocient et s'écartent pour laisser entre eux le vide de l'os- 
» tiole », n'est pas exactement applicable aux Monocotylédones précitées, ni 
à plus forte raison aux Joncées, aux Cypéracées et aux Graminées. 

Le développement des stomates est incomparablement plus difficile à suivre 
sur les Juncus, Cyperus, etc., par suite de la petitesse de ces organes, surtout 
chez les espèces de Juncus à tige nue (J. inflexus L., etc.), attendu la forte 
adhérence de l'épiderme et la mollesse extréme des tissus en voie de formation. 
Sur le J. striatus Schsb. et sur le Cyperus serotinus Rottb., qui ont les plus 
grandes cellules épidermiques et les plus gros stomates, j'ai pu reconnaitre 
que la cellule-mére d'un stomate se montre en même temps que les autres, 
parfaitement simple, et sans aucune trace de cellules adjacentes qui plus tard 
deviendraient les cellules latérales du stomate ; qu'elle contient ensuite deux 
grands nucléus qui aboutiront, comme dans l'exemple précédent, à l'envahis- 
sement de la cellule-mère. Mais à peine sont-ils arrivés à ce point, qu'on voit 
déjà et toujours, non plus deux cellules, mais quatre, comme si, dans chacun 
des côtés de la` cellule-mére, il y eût un nucléus double aboutissant à deux 
cellules au lieu d'une. Il m'a été jusqu'ici impossible de voir un nucléus 
double, ni de rien distinguer sur l'ordre d'apparition de ces deux cellules. 
Mais, bien qu'infructueuses sur ce point, mes observations m'ont permis de 
reconnaître avec netteté et d'affirmer que les cellules stomatiques externes ne 
se montrent point en méme temps que les autres cellules épidermiques, et 
qu'au contraire leur apparition se rattache au développement ultérieur et à 
la transformation de la cellule-mère du stomate. Leur forme et leur contour 
sont d'ailleurs identiques à ce que montrent les cellules ostiolaires, et, comme 
celles-ci, elles contiennent de la chlorophylle. C'est pourquoi je les considére, 
non comme des cellules de l'épiderme modifiées et comprimées par le dévelop- 
pement des cellules ostiolaires, mais comme des cellules propres, concourant 


à constituer l'appareil stomatique de certaines familles et participant à son 
mode particulier de développement. 


Explication des figures de la planche If de ce volume. 


Fic, 4. Juncus aculiflorus Ehrh. — Coupe transversale sur une cloison de la feuille 
(1071). 


Fic. 2. Juncus aculiflorus Ehrh.— Coupe d'une branche du réseau de la même cloison 
(500/1). 
d. Vaisseaux ponclués et rayés, 
b. Fibres très-fines constituant une enveloppe. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 939 


Fic. 3. Juncus oblusiflorus Ehrh. — Cellule prise dans les mailles du réseau des cloi- 
sons (500/1). 
a. Corps de la cellule, 
b. Méats intercellulaires, 
Fic. 4. Juncus striatus Schsb, — Mode de communication du réseau des cloisons avec 
les faisceaux longitudinaux (100/4). 
a. Rameau du réseau, 
b. Faisceau fibro-vasculaire longitudinal. 
Fic. 5. Juncus compressus Jacq. — Coupe transversale d'une feuille (50/1). 
Fic. 6. Juncus compressus Jacq. — Coupe de gaines et de jeunes feuilles pour montrer 
le mode de vernation (10/1). 


Fic. 7. Juncus inflexus L. — Coupe transversale d'un stomate de la tige (500/1). 
i. Cellule interne du stomate, ou cellule ostiolaire. 
e. Cellule externe du même. 
m. Cellules de l'épiderme, 
c. Cuticule et revêtement cuticulaire. 
h. Chambre hypostomatique, 


Fic, 8. J. striatus Schsb. — Coupe transversale d'un stomate de la feuille (500/1) 
i, e, m, c, h, méme signification qu'à la figure 7. 
Fic. 9, J. striatus Schsb. — Stomate vu de face sur une lame d'épiderme (500/1 . 
t, e, m, méme signification qu'à la figure 7. 
Fic. 10. Avena sterilis L. — Stomate de la feuille coupé transversalement vers son 
milieu (482/1). 
Fic. 41. Le méme, coupé vers l'une de ses extrémités (482/1). 
Fic. 12, Le méme, vu de face (482/1). 
Fic. 43. Moitié longitudinale du même, vue du côté de l'ostiole (4892/1). 


Fic. 44, Pancratium maritimum L. — Coupe transversale d'un stomate d'une feuille 
(250/1). 
P. Cavité cratériforme au-dessus de l'ostiole. 
8. Cellules ostiolaires. 
m. Cellules de l'épiderme. 
h. Chambre hypostomatique. 


Fic. 45. Pancratium maritimum L. — Siomate d'une feuille vu de face sur une lame 
d'épiderme, 
P, 5, méme signification qu'à la figure 14. 


M. Martinet fait à la Société la communication suivante : 
SUR LES ORGANES GLANDULEUX DES LABIÉES, par M. J.-B. MARTINET. 


Je me suis occupé depuis quelque temps de l'étude des glandes de la 
famille des Labiées. Un certain nombre d'auteurs admettent que les glandes 
des Labiées sont placées sous l'épiderme. Il n'en est rien, ainsi que me permet- 
tent de l'affirmer les dissections que j'ai faites sur un assez grand nombre 
d'espèces, appartenant à plus de quarante genres différents. Je dois dire, en 
outre, que c'est à tort que l'on. qualifie les feuilles des Labiées, aiusi qu'on 
peut le lire dans des ouvrages fort estimés, de feuilles ponctuées glanduleuses 
(Hyssopus, Satureia, etc.). Cette expression est. inexacte, car elle implique 


, 


je 1 
l'idée d'une erreur anatomique. 


L2 


240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les glandes des Labiées, qui offrent des types assez variés, au point de vue 
soit de leurs dimensions, soit de la complication de leur structure, appartiennent 
toutes au groupe d'organes sécréteurs que De Candolle a désignés sous le nom 
de poils glanduleux (pili glandalosi) et parmi ceux-ci aux poils glanduli- 
féres (pili glanduliferi) du méme auteur. Elles sont par conséquent toutes 
essentiellement situées à la surface de l'épiderme, méme quand elles sont 
logées dans une petite fossette produite par la dépression de cet épiderme et du 
tissu sous-jacent. | 

Meven, qui a décrit beaucoup de choses qu'il n'a pas vues, dit que les glandes 
des Labiées sont identiques à celles des feuilles des Orangers, des Myrtacées, 
des Rutacées, etc. (Ueber die Sekretionsorgane der Pflanzen, Berlin, 1857). 

Jesignalerai un fait que l'on observe assez fréquemment chez les glandes de 
cette intéressante famille et chez celles de quelques autres végétaux, les Pelar- 
gonium entre autres. Lorsque la substance sécrétée est accumulée dans la 
glande en assez grande abondance, cette substance sort à travers les parois des 
cellules glandulaires et s'extravase entre l'orgaue sécréteur et la cuticule qui le 
recouvre. Celle-ci, plus ou moins fortement distendue, prend la forme sphérique, 
etla glande apparait surmontée d'un volumineux globule de la substance 
qu'elle a produite. Il arrive quelquefois que le décollement cuticulaire, au lieu 
de porter simplement sur la partie supérieure de la glande, intéresse tout cet 
organe, et méme une portion plus ou moins étendue du poil qui lui sert de 
pédicelle. 

Quand l'huile essentielle sécrétée est ainsi extravasée, elle exerce une 
pression sur la face interne de la cuticule et sur la face supérieure de la glande. 
La cuticule résiste facilement à cette pression à cause de son élasticité, mais 
la glande, surtout quand elle est unicellulaire, comme cela a lieu chez tous 
les Pelargontum, la glande, dis-je, en partie vidée parla sortie de la sécrétion 
qu'elle a produite, dépouillée en outre de son revétement cuticulaire, ne 
résiste pas toujours àla pression du globule liquide qui la surmonte, et sa 
partie supérieure s'aífaisse dans l'inférieure, s'y invagine comme le doigt d'un 
gant retourné et constitue ainsi une cupule que Guettard a décrite, il y a plus 
d'un siécle, comme une forme normale d'organe glanduleux, organe que De 
Candolle a accepté sous le nom de poils en cupule (pili cupulati) et qu'il a fait 
accepter, à cause de son autorité, par presque tous les savants qui ont parlé 
des poils glanduleux. 


Les poils glanduleux, dits poils en cupule, n'existent pas. 


M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture de la lettre suivante, 
adressée à M. le Secrétaire général : 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 2541 


LETTRE DE M. Antoine LE GRAND. 


Montbrison, 4 novembre 1871, 
Monsieur le Secrétaire général, 


Mes recherches relatives aux Agropyrum m'ont conduit à de nouvelles 
découvertes intéressantes, à ajouter au contingent que j'ai fait connaitre à la 
Société par une note récente (1). 

Il y a peu de temps que notre honorable confrére M. Gaudefroy annoncait, 
comme nouveau pour la flore francaise, l'Agropyrum Savignonit De Not. (2). 

Eh bien, la localité citée des Hautes-Alpes ne sera plus la seule; cet Agro- 
pyrum est décidément bel et bien francais, et appartient aujourd'hui au bassin 
de la Loire. Je l'ai récolté à 2 kilomètres en amont de Montbrison, dans les 
prairies des bords du Vizezi, oü il est fort rare. Mais les beaux échantillons que 
j'ai recucillis ont permis à M. Boreau de se prononcer avec certitude. 

J'ai eu le plaisir de rencontrer dans la méme localité plusieurs autres Agro- 
pyrum remarquables qui croissaient à proximité du précédent : 

D'abord l'Agropyrum glaucum type, mais plus développé et à grands épil- 
lets, sans doute à cause de l'humidité de la station. 

Puis une variété nouvelle de l'A. glaucum, à fleurs longuement poilues 
(4. glaucum var. pilosum), qui était assez abondante. 

Voilà quelques bonnes acquisitions nouvelles que j'ai cru devoir vous 
signaler. 


Agréez, etc. A. LE GRAND. 


M. Brongniart, au nom de M. Gris et au sien, fait à la Société la 
Communication suivante : 


SUPPLÉMENT AUX PROTÉACÉES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. SUR LE NOUVEAU GENRE 
BEAUPREA, par MISI. Adolphe BRONGNIART et Arthur GRIS. 


Nous avons trouvé, dans les collections de M. Pancher et dans les derniers 
envois de M. Balansa, un groupe de cinq espèces dont nous formons un genre 
nouveau qui doit prendre place dans la tribu des Persooniées. 

Nous le dédions à Beautemps-Beaupré, qui fut membre de l'Académie des 
Sciences, ingénieur-hydrographe de la marine, et l'un des compagnons de 
La Billardiére dans le voyage de d'Entrecasteaux. 

Les Beauprea sont des arbrisseaux à feuilles alternes, simples ou impari- 
pinnées, dont les fleurs régulières se groupent à l'extrémité des rameaux en 
grappes composées axillaires ou terminales. 


(4) Voyez plus haut, p. 146. 
(2) Voyez le Bulletin, t. XVII (Séances), p. 182. 


T. XVIII. (SÉANCES) 16 


242 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Le calice se compose de quatre sépales libres et finalement caducs, spatulés, 
cunéiformes ou lancéolés, dont la partie supérieure s'étale, se réfléchit ou 
s'enroule en dehors lors de l’anthèse. 

L'androcée est constitué par quatre étamines presque aussi longues que les 
sépales, dont le filet plan adhère dans sa partie inférieure au sépale corres- 
pondant, et dont l'anthére est elliptique-oblongue, mutique ou brièvement 
mucronée. 

L'ovaire est ovoide, un peu comprimé latéralement, et plus ou moins gib- 
beux du cóté opposé à la bractée axillante de la fleur. Il renferme un ovule 
ascendant sur un placenta pariétal postérieur, semi-anatrope, avec le micropyle 
en dehors, et se continue en un style filiforme que couronne une petite crête 
papilleuse. 

Autour de l'ovaire, le réceptacle présente un disque composé de quatre 
petites languettes ovales-arrondies ou tronquées, charnues et libres. 

Le fruit est une petite drupe luisante ou couverte d'unc efflorescence glau- 
que, dont le mésocarpe, pulpeux, est peu abondant, et dont le noyau, lisse, 
est assez mince. 

C'est en vain qu'on chercherait les traces du style vers le sommet du fruit. 
Par suite du développement inégal du péricarpe, cet organe, ou ce qui reste de 
cet organe, est reporté très-près de la base de la drupe, du côté de la bractée 
axillante. 

La graine (1), sessile, est suspendue au-dessous du sommet de la loge, du 
côté antérieur, par un disque hilaire elliptique latéral, auquel parait corres- 
pondre la chalaze, et qui occupe environ la moitié de sa circonférence. Elle 
est comprimée sur les cótés et présente, dans sa partie libre opposée au point 
d'attache, une dépression qui correspond à une saillie basilaire du noyau. Telle 
est du reste la forme générale de l'embryon, car, sous le tégument membra- 
neux de la graine, il n'v a pas d'albumen. Telle cst en méme temps la forme 
générale du corps cotylédonaire, car la tigelle qui constitue l'une des extrémités 
de la dépression en arc opposée au point d'attache est extrémement courte. 
Cette masse cotylédonaire ne s'ouvre pas, comme on pourrait le croire 
d'aprés sa forme, à la maniere de celle des haricots, par exemple : elle est 
divisée en deux parties inégales et dissemblables comme par une sorte de par- 
tition transversale et oblique partant de la pointe radiculaire. Il en résulte 
que l'un des cotylédons est entier et que l'autre est excavé dans sa région 
dorsale et basilaire. Ces cotylédons sont du reste courbés en arc; leur dos, 
assez étroit, porte dans sa partie supérieure l'empreinte d'une moitié du disque 
hilaire ; ils sont larges, convexes sur les côtés, plans ou légèrement concaves 
sur leurs faces supérieures contigués (2). 


(1) Nous ne l'avons observée dans son élat de maturité que dans les D. diversifolia et 
spathulæfolia. 


(2) L'espèce unique du genre Dtlobeia de Du Petit-Thouars, originaire de Madagascar; 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1874. 243 


BEAUPREA (nov. gen.). 


Flores regulares. 

Sepala h, libera, æqualia, ad anthesim reflexa revolutave, decidua. 

Stamina h, sepalis subæquilonga, filamentis planis sepalis versus basim 
adnatis, antheris elliptico-oblongis, muticis vel breviter mucronatis. 

Ovarium sessile, postice plus minusve gibbosum ; ovulum unicum semi- 
anatropum adscendens, micropyle extrorsum infera. 

Stylus elongatus filiformis, stigmate cristato. 

Sguame hypogyne b, liberæ, breves. 

Drupa basi styli prope fructus insertionem apiculata, mesocarpio pulposo 
parco, nucleo parum crasso, lævi, basi excavato. 

Semen sessile, infra apicem loculi lateraliter et antice affixum, integumento 
membranaceo. Embryo tigella infera brevissima acuta, cotyledonibus obli- 
quiter erectis, carnosis, dissimilibus, dorso obtuse carinatis et hilo sigillatis, 
lateraliter compressis, latis, convexis, pagina superiore augustata subplana 
coutiguis, uno integro, altero parte dorsali basilarique excavato. 

Frutices folis alternis, petiolatis, simplicibus vel imparipinnatis; floribus 
in racemos compositos axillares vel terminales dispositis. 


1. BEAUPREA GRACILIS. 

Frutex debilis, 2-3 metr. altus, ramis teretibus, rugosis, glabris. 

Folia alterna, simplicia, coriacea, glaberrima, nitida, petiolata, petiolo 
1-5 centim. longo infra convexo, supra concavo, limbo in petiolum sensim 
desinente, 10-15 cent. longo, 3-8 cent. lato, elliptico-lanceolata, elliptico- 
obovata, spathulatave, regularia vel inæquilateralia asymmetrica, apice saepius 
emarginata, superne grosse crenata, vel aliquoties, in foliis asymmetricis uno 
latere irregulariter lobato -crenata, nervo medio secundariis pinnatis aliisque 
reticulatis utrinque prominulis. 

Inflorescentia terminalis, ampla, multiflora, erecta, paniculata, 30 centim. 
longa; racemis compositis, in axilla foliorum superiorum nascentibus, race- 
moque terminali; ramis compressis glabris striatis; rachi communi bracteas 
racemos foventes lineari-lanceolatas, apice obtusiusculas, 2-5 millim. longas 
gerente, bracteolis superioribus pedunculos foventibus ovato-lanceolatis acutis 
brevissimis ; ramis secundariis adscendentibus vel aliquoties patulis, superio- 
ribus simplicibus, id est racemosis, inferioribus tertiario ordine ramosis; 
florum pedunculis distantibus, distichis vel hinc illinc geminatim approximatis, 
adscendentibus, gracilibus sed rigidis, 8-10 mill. longis. 

Fructus ellipsoideus, 4 £ cent. longus, nitidus. 


ressemble, par son inflorescence et sa régularité florale, à nos espèces de Beauprea, mais 
ses fleurs sont unisexuées ; l'ovaire et le fruit étant d'ailleurs inconnus, nous ne saurions 
réunir les deux types. 


244 SUCiËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Habitat in silvis locorum eruptorum prope Kanala, ad rivos eorumdem 
prope Messioncoue (Balansa, n? 2277). 


2. BEAUPREA SPATHULÆFOLIA. 

. Frutex 2- metralis, ramosus, rotundatus, densus; ramis teretibus, laevibus, 
albescentibus. 

Folia alterna, simplicia, subcoriacea, glaberrima, nitida, infra punctulis 
minutissimis creberrime conspersa, angustato- vel obovato-spathulata, 12 -15 
cent. longa, basi in petiolum elongatum, gracilem, infra convexum, supra 
planum sensim attenuata, apice rotundato-emarginata, ceterum integra vel 
superne rotundato-lobata crenatave, lobis integris vel emarginatis, nervo 
primario nervis secundariis pinnatis aliisque reticulatis utrinque conspicuis 
prominulis. 

Inflorescentia terminalis, paniculata, 15-16 cent. longa, erecta ; racemis 
compositis bractea brevi, ovata vel spathulata stipatis racemoque terminali ; 
ramis parte nuda compressis sulcatis glabratis vel ferrugineo-velutinis, parte 
florifera angulosis sulcatis, eodem modo puberulis; rachi communi bracteas 
racemos foventes ovato-lanceolatas vel lineari-spathulatas, apice incrassatas 
obtusiusculas, 3 millim.-1 cent. longas gerente, bracteolis superioribus pedun- 
culos foventibus ovatis acutis brevissimis ; ramis secundariis adscendentibus, 
superioribus simplicibus id est racemosis, inferioribus secundario ordine 
ramosis ; florum pedunculis brevissimis, approximatis. 

Fructus obovoideus, 6-7 mill. longus, nitidus. 

Habitat in locis aridis ferrugineis montis Cougui dicti (Vieillard, 
n* 3097) (1). 


3. BEAUPREA DIVERSIFOLIA. 

Frutex 3-4 metr. altus, ramis teretibus, albescentibus. 

Folia alterna, imparipinnata, coriacea, glaberrima, nitida, 10-20 cent. 
longa, plerumque 2-3- juga, vel aliquoties 1- juga, vel rarius segmento termi- 
nali tantum instructa et ita simplicia spathulataque. Rachis gracilis, usque ad 
medium nuda, supra plana vel paulo concava nervoque medio notata, infra 
convexa. Segmenta lateralia opposita, adscendentia, spathulato-cuneata, 2-6 
cent. longa, apice obtusa, lobata crenata vel crenulata vel etiam integra, ali- 
quoties inæquilateralia paulumque arcuata; segmento terminali 5-10 cent. 
longo, spathulato, cuneato vel elliptico-lanceolato, sæpissime 3-lobato, lobo 
medio longiore crenato vel inzequaliter obtuse inciso vel integro. 

Inflorescentia terminalis, paniculata, 15-20 cent. longa, erecta; racemis 
compositis vel simplicibus, in axilla foliorum superiorum nascentibus seu 
bractea brevi ovata stipatis racemoque terminali ; ramis parte nuda compressis, 
sulcatis, glabratis, parte florifera angulosis, sulcatis, hinc illinc ferrugineo-velu- 


(4) Specimina floribus fructibusque prædita dedit cl. Pancher, anno 1870. 


 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1874. 245 


tinis; rachi communi bracteas racemos foventes lanceolatas, vel lineares, 
integras seu obtuse brevissimeque 3-lobulatas, apice incrassatas obtusiusculas, 
plus minusve concavas, 5 mill. -2 £ cent. longas gerente, bracteolis superio- 
ribus pedunculos foventibus ovatis, acutis, brevissimis; ramis secundariis 
adscendentibus, superioribus simplicibus id est racemosis, inferioribus ter- 
tiario ordine ramosis ; florum pedunculis brevissimis, approximatis. 

Fructus obovoideus, 7-8 mill. longus, nitidus. 

Habitat silvas montis Mi dicti (Balansa, n° 1244). 

Obs. Species, ut videtur, B. spathulæfoliæ affinis ; an speciei polymorphae 
varietas ? 


h. BEAUPREA PANCHERII. 

Frutex 2-metralis, densus, rotundatus. 

Folia alterna, imparipinnata, coriacea, glaberrima, nitida, 20-28 cent. 
longa, 3-4-juga; rachis gracilis fere usque ad medium nuda, supra plana 
vel paulo concava nervoque medio ultra partem inferiorem nudam notata, 
infra convexa, apice in tres lobos terminales inæquales (medio 3-4 cent. 
longo, lateralibus 1-3 cent. longis) crenatos. rarius subintegros sensim ex- 
pansa ; foliola opposita, 7-9 cent. longa, adscendentia, lanceolata, arcuata, 
margine exteriore concava crenulisque 1-2 versus apicem excisa, margine 
interiore paulo supra basim lobata, lobo oblongo obtuso vel subrotundo 5-10 
millim. longo, indeque crenulata, nervo medio secundariisque dichotome ra- 
mosis infra supraque conspicuis. 

Inflorescentia terminalis paniculata, 20-25 cent. longa, erecta; racemis 
compositis, in axilla foliorum superiorum nascentibus seu bractea brevi ovata 
Stipatis racemoque terminali; ramis parte nuda compressis sulcatis gla- 
bratis, parte florifera angulosis sulcatis hinc illinc ferrugineo-velutinis ; rachi 
communi bracteas racemos foventes ovatas brevissimas, vel foliaceas pinnati- 
sectas, 6-8 cent. longas (lobis subalternis linearibus obtusis 5-10 millim. longis, 
lobo terminali subsimili 2 cent. longo), vel lineares, integras apice obtusas, 
Supra concavas, nervo medio percursas, 3-4 cent. longas, vel ctiam lanceolato- 
subulatas, obtusiusculas vel acutas, concavas plus minusve glabratas gerente ; 
bracteolis superioribus pedunculos foventibus triangularibus, acutis, concavis, 
subglabratis, brevissimis; ramis secundariis adscendentibus, superioribus 
simplicibus id est racemosis, inferioribus quaternario ordine ramosis; florum 
pedunculis brevissimis, approximatis. 

Fructus obovoideus, 7-8 mill. longs, nitidus. 

Habitat in Nova Caledonia (Vieillard, n° 3094 ; specimen a clar. Pancher, 
anno 1870, divulgatum). 


9. BEAUPREA BALANSE. 
Frutex 2-3 metr. altus, ramis teretibus, rugosis, glabris. 


246 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Folia alterna imparipinnata, subcoriacea, glaberrima, nitida, 25 cent. 
longa, plerumque tri-juga; rachis gracilis usque ad medium nuda, supra 
plana vel paulo concava, nervoque medio ultra partem inferiorem notata, 
infra convexa; segmenta alterna vel sub-opposita oblongo-elliptica, 8-10 cent. 
longa, 2 1-3 cent. lata, margine crenata, basi in petiolulum brevem, planum 
sensim attenuata, apice emarginata, infra punctulis minutissimis creberrime 
conspersa, plus minusve inæquilateralia arcuataque, nervo medio nervis 
secundariis pinnatis aliisque reticulatis utrinque prominulis; segmentum 
terminale integrum, aliisque plerumque subsimile, vel aliquoties inzequaliter 
2-3 lobatum. 

Inflorescentia terminalis, paniculata, 25 cent. longa, erecta; racemis sim- 
plicibus vel plerumque compositis, in axilla foliorum superiorum nascentibus 
seu bracteis brevibus ovatis, concavis, stipatis, racemoque terminali ; ramis 
parte nuda compressis, glabris, sulcatis, parte fructifera angulosis glabratisque ; 
rachi communi bracteas racemos foventes lanceolatas vel lanceolato-lineares 
apice obtusiusculas vel acutas, circiter 5 mill. longas gerente ; bractéolis su- 
perioribus pedunculos foventibus, ovatis, acutis, brevissimis ; ramis secundariis 
adscendentibus, superioribus simplicibus id est racemosis, inferioribus tertiario 
ordine ramosis ; florum pedunculis brevissimis, approximatis. e 

Fructus ellipsoideus, 10-12 mill. longus, paulum pruinosus. 

, Habitat in montibus ferrugineis inter Couaoua et Kanala sitis (Balansa, 
n° 2280). . 

Var. montana, foliolis ellipticis vel elliptico-spathulatis crassis, coriaceis, 
nervo primario secundariisque furcatis, supra tantum conspicuis, infra 
evanidis. . 

Habitat montem Humboldt, altitudine 1000 metr. 


Lecture est donnée des communications suivantes : 


NOTE SUR DES PLANTES MÉRIDIONALES OBSERVÉES AUX ENVIRONS DE PARIS 
(FLORULA OBSIDIONALIS), 
pr MM. Eugène GAUDEFROY ET Edmond MOUILLEFANBINE. 


(Paris, novembre 1871.) 


Nous venons, au nom d'un groupe de botanistes amateurs (1) qui, depuis 
plus de dix ans, explore les environs de Paris, rendre compte à la Société de 
ses herborisations de 1871. 

Il ne semblait pas que cette date funèbre pát jamais trouver place sur une 
étiquette d'herbier. — L'herbe ne repousse plus, disait-on dans des temps 
que les nôtres rappellent, là où le cheval d’Attila a passé, — Nous ne pouvions 


(1) MM. Maurice Tardieu, G. Maugin, Th. Delacour, B. Verlot, Latteux, Damiens, 
Gaudefroy, Mouillefarine, etc. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 4871. 207 


espérer revoir avec plaisir nos bois abattus et nos campagnes bouleversées 
par la guerre. B 


Quacumque ingreditur, florentia proteritarva 
Exuritque herbas. 


Le printemps, qui sonue chaque année le réveil des botanistes, présentait 
cette fois des contrastes bieu amers. C'était au moment oü la nature guérissait 
ses plaies que nous élargissions les nótres. Pendant qu'elle se revétait de 
charme et d'harmonie, il fallait fuir sa maison et laisser l'herbier aux hasards 
de la guerre et de l'incendie. 

Quand ces sombres jours furent passés, les préoccupations matérielles absor- 
bérent l'activité de chacun de nous et la botanique avait grande chance d'étre 
renvoyée à des temps moins rudes. Mais le phénomène végétal dont nous 
avons à entretenir la Société était trop général et trop remarquable pour ne 
pas s'imposer à l'inattention méme, et, quand le hasard eut fait cueillir à l'un 
de nous le Medicago Soleirolii dans les ruines du parc de Neuilly, à l'autre 
le Lathyrus Ochrus à la lisiére du bois de Meudon, les observations se multi- 
pliérent, un intérét croissant s'y attacha, et nous nous donnámes pour but 
d'établir la Florule des deux siéges de Paris (Florula obsidionalis), c'est-à- 
dire la liste des plantes introduites à Paris et dans ses environs immédiats par 
les armées assiégées et assiégeantes. 

L'importation de végétaux à la suite d’armées en campagne n'a rien qui puisse 
surprendre la Société. Elle sait (Bull. Soc. bot. VIH, p. 365), que le Corisper- 
mum Marschallii et le Bunias orientalis ont suivi les armées russes, le pre- 
mier jusque dans le grand-duché de Bade, le second jusqu'au bois de Bou- 
logne. M. Aug. Gras a donné la liste des plantes amenées en Lombardie par 
nos troupes (t. VIII, p. 684); mais il ne semble pas que ce phénomène ait 
jamais été observé avec autant d'ampleur et de magnificence qu'il a pu l'étre 
cette fois. Sous l'influence d'un printemps et d'un été très-chauds, cette 
végétation adventice a pris, notamment à la plaine des Bruyéres- de-Sévres et 
au rond-point des Bergères sous le mont Valérien, une luxuriance surpre- 
nante pour laquelle on ne pouvait avoir assez d’admiration. Les Anacyclus, 
Melilotus, Medicago Anthemis, Bellis annua, Trifolium isthmocarpum, 
Ormenis aurea, s'étendaient et foisonnaient comme dans leur pays d'ori- 
gine, 

C'est surtout sur la rive gauche de la Seine que nos recherches ont été 
heureuses. Aux deux localités que nous venons de citer, il faut ajouter le 
Champ-de- Mars, le chemin de ronde aux environs du grenier à fourrages, la 
zone militaire près de la porte d'Orléans, les forts d'Issy et de Montrouge, le 
Moulin-Saquet, la redoute des Hautes-Bruyéres et celle de Châtillon, Bièvre, 
Palaiseau, les bords de l'étang de Trivaux, le parc de Buzenval, le plateau de 
la Bergerie, et surtout le Petit-Bicêtre et le Moulin-Fidèle. 


248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ces divers points, on le remarque, ont été durant l'un des deux siéges occu- 
pés par nos troupes. 

Sur la rive droite, nous avons fait de trés-utiles recherches au parc de 
Neuilly et noté quelques plantes adventices au bois de Boulogue et au Ranelagh. 
Mais l'intérét cessait dés que l'on sortait du rayon d'investissement pour 
explorer les points occupés seulement par l'armée allemande. La station de 
Villiers-le-Bel avait été pendant le siége un centre considérable : parc d'artil- 
lerie, magasin d'intendance, etc. Nous y avons trouvé un échantillon unique 
de Vicia villosa Roth, plante du nord et du centre de l'Europe, qui paraît 
remplacée dans le sud par le Vicia varia Host. Aucune autre découverte n'a 
été signalée. Il faut seulement noter pour mémoire, au bord des chemins et 
dans les rues de Sarcelles, Deuil, Montmagny, etc., une abondance inusitée 
de Pisum sativum, P. arvense, Ervum Lens, dont on peut attribuer la 
présence à l'alimentation de l'armée assiégeante. 

Les localités que nous avons citées plus haut présentaient d’ailleurs un 
assez vaste champ à nos recherches ; sauf quelques plantes rarissimes, trouvées 
ici ou là, elles nous ont présenté une végétation assez identique. Elles avaient 
également une certaine identité d'aspect. Nous nous sommes habitués bientót 
à trouver les campements sur lesquels les corolles brillantes des Melilotus 
attiraient les yeux, et, dans les campements, leur superlatif, la piste. C'est 
un espace plus ou moins long, également large, dénudé, et qui représente sur 
le terrain un rang de chevaux attachés au piquet. Là se sont réunies toutes 
les conditions d'acclimatation. Le cheval a labouré la terre avec ses sabots et 
écarté toute végétation concurrente; il l'a ensemencée en éparpillant son 
fourrage ; enfin il l'a abondamment fumée, et créé ainsi pour les plantes nou- 
velles venues un sol factice, chaud, meuble et fécond. C'est là et non ailleurs 
que furent trouvés les Bartsia, Eufragia, Lavatera, Convolvulus, etc. 

Nous avons ainsi établi la liste suivante, qui par le nombre et la variété, 
nous parait digne de quelque intérét. 

Afin de ne pas surcharger notre travail, nous avons groupé aussi géogra- 


phiquement que possible les localités explorées, que nous désignons par des 
chiffres, dans l'ordre suivant : 


1. Ancien parc de Neuilly. 

2. Bois de Boulogne, Ranelagh, Point-du-Jour. 

3. Champ-de- Mars. 

^. Le chemin de ronde intérieur, compris entre les bastions 70 et 84, no- 
tamment aux abords du grenier à fourrage, au lieu nommé Villafranca. 


5. Fontenay-aux-Roses, Clamart, redoute de Châtillon (5-bis, Montrouge). 
6. Redoutes des Hautes-Bruyères et du Moulin-Saquet. 


7. Le Petit-Bicêtre, Bièvre, le Moulin-Fidèle près Aulnay (1). 


(1) M. Ramey a bien voulu nous autoriser à joindre ses découvertes aux nôtres. Il a 


SÉANCE DU 10 NOVEMDRE 1871. 


2^9 


8. Le bois de Meudon, notamment la plaine des Bruyéres-de-Sévres et ses 


environs. 


9. Le plateau de la Bergerie et le parc de Buzenval. 
10. Au N.-N.-O. du mont Valérien, le rond point des Bergères, celui de 
Courbevoie, les bas cótés de la route qui les réunit, et lieux adjacents. 


1. Ranunculus trilobus Desf. — 7, 8, 10. |31. Erodium laciniatum Cav. — 10. 

2. — muricatus L. — 10. 32. — ciconium W. — 10. 

3. Nigella damascena L. — 5. 33. — moschatum W. — 7, 10. 

^. Hirschfeldia adpressa Meench, — 7, 10. |34. — chium W. — 7,8. 

5. Eruca vesicaria Cav. — 10. 35. — malacoides W. — 1, 4,6, 7,8,10. 
6. Berteroa incana DC. — 5, 6,8, 10. |36. — Salzmanni Delile. — 6. 

7. Lepidium perfoliatum L. — (M. Ramey). | 37. Lupinus albus L. — (M. Ramey). Le 


Bois de Boulogne entre le jardin d'ac- 
climatation et Madrid, et au bord de 


Moulin-Fidèle. 


. Medicago scutellata All. — 7 (M. Ra- 


la rivière. mey). 


8. Camelina fœtida Fries. — 1, 7,8, 10. | 39. — orbicularis All. — 8. 
9. Rapistrum Linnæanum B.et R.— 8,10. | 40. — radiata. L. — 7 (M. Ramey). 

10. — rugosum All. — 10. 41. — Soleirolii Dub. — 7,8. 

11. Bunias Erucago L. — 7, 10. 49. — pentacycla DC. — Partout. 

12. Diplotaxis erucoides DC. — 8, 10. 43. — ciliaris W. — 4,7, 8, 10. 

13. Helianthemum salicifolium Pers.— 10. | 44. — Echinus DC. — 4, 7, 8, 9, 10. 

14. Reseda alba L. — (M. Ramey). 45. — disciformis DC. — 8. 

15. Astrocarpus Clusii J. Gay. — (M. Ra-| 46, — tribuloides Lamk. — 7, 8,10. 
mey). Dans une friche sablonneuse | 47. — turbinata W. — 4,7, 8,10. 
entre Malabry et le Moulin-Fidèle ; | 48. — sphærocarpa Bertol.— Partout. 
n'était indiqué que sur les confins | 49. Trigonella corniculata L. — 7,8, 10. 


de la flore parisienne. . Melilotus parviflora Desf. — 8, 10. 


16. Silene Armeria L. — 2, 7. 51. — neapolitana Tenore. — 7 (M. Ra- 
17. — rubella L, — 40. mey). 
18. — quinquevulnera L. — 7, 8,10. 52. — messanensis Desf. — 4, 7, 8,10. 
19. — lusitanica L. — 1, 8, 10. 53. — sulcata Desf. — Partout (1). 
20. — noctiflora L. — 1, 54. Trifolium stellatum L. — 4, 7, 8. 
21. — fuscata Link. — 7, 9. 55. — angustifolium L. — 7, 8,10. 
22. Lychnis Cœli-rosa Desr. — 7, 10. 56. — flavescens Tineo. — 7, 8, 10. 
23. Spergula maxima Weihe.— 1, 6,8, 10. |57. — maritimum Huds, — 7, 8. 
24, Arenaria media L. — 8. 58, — panormitanum Presl. — Partout. 
25. Mœnchia mantica Fenzl. — 7. 59. — lappaceum L. — 7, 8, 10. 
26. Linum perenne Lois, — 4, 7, 8, 10. |60. — phleoides Pourr. — 5, 7, 8, 10. 
27. Malva mauritiana L, — (M. Ramey). | 61. — sphærocephalum Desf. — 7. 

Le Moulin-Saquet. 62. — resupinatum L. — Partout. 
28. — nicæensis All, — 4, 7, 8, 10, 63. — tomentosum L. — 1, 5, 7, 8. 
29. — parviflora L. — 1, 7, 8, 10. 64. — spumosum L. — 8 9. 
30. Lavatera trimestris L. — 7, 8. 65. — glomeratum L. — 7, 10. 


surtout exploré la plaine comprise entre le Plessis-Piquet, Aulnay et Malabry, et notam- 
ment le point désigné sous le nom de Moulin-Fidéle, . 

. (1) L'une des espèces les plus répandues ; elle est abondante à toutes les localités 
citées. Nous avons observé, plus communément que le type, une forme plus robuste, à 
feuilles plus amples, à fleurs plus grandes, et que son port nous avait fait prendre d’abord 
Pour le Melilotus infesta Guss. Nos doutes ont été levés par la comparaison avec des 
échantillons provenant des environs de Palerme (Sicile), envoyés par M. Todaro et 
se trouvant dans l'herbier de M. Pérard, Nous pensons également que la plante de 
Toulon distribuée sous le n° 3833 dans les exsiccata de Billot, sous le nom de M. in- 
festa Guss., n'est qu'une variété ou forme du M. sulcata Desf. La méme observation 
s'applique à la plante récoltée aux environs d'Antibes par M. Gustave Thuret et dont il 
a donné un bel échantillon à l'hecbier de France du Muséum. 


66. Trifolium levigatum Desf, — 7. 
67. — elegans Savi. — 2, 7, 8. 
68. — nigrescens Viv. — 1, 7, 8, 10. 


. — isthmocarpum Brot.— 4, 5-bis, 7, 


. — hybridum L. — 3, 7, 11. 
. Tetragonolobus purpureus Meench.— 


. — conjugatus Seringe. — 7,8, 10. 


. Vicia lutea L. — 5, 8. Forme à fleurs 


. — narbonensis L. — 7, 8, 10. 

. — bithynica L. — 7, 8, 10. 

. — villosa Roth. — Villiers-le-Bel. 
. — dasvcarpa Ten. — 10. 

. — varia Host, — 7, 8, 10. 

. — Pseudocracca Bert. — 10. 

. Lathyrus Clymenum L. — 7, 8. 


. Orobus atropurpureus Desf.— 7, 8. 
. Scorpiurus subvillosa L. — 5, 7, 8. 


. — vermiculata L. — 8. 
. Arthrolobium scorpioides DC, — 8, 10. ! 
. Ornithopus compressus L. — 7, 10. | 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


8, 10. 


5, 7, 8. 
— biflorus Seringe. — 8. 


Lotus ornithopodioides L. — 8. 10. 
Astragalus hamosus L. — 8, 10. 


rubescentes, n'a jamais été observée 


aux environs de Paris, abondante en 
Algérie. 


— — var. tenuifolius Desf. — 8. - 
— Ochrus DC. — 7, 8. 


— sulcata Desf. — 2, 3, 7, 8, 40. 


92. Hedysarum flexuosum Desf.— 4, 5, 7 | 
(M. Ramey). 
93. — coronarium L. — 8,10. 
94. — capitatum Desf. — 8. Ex. unique. 
95. Lythrum Græfferi Ten. — 1, 10. 
96. Pharnaceum Cerviana L. — 7 (M. Ra- 
mey). 
97. Daucus setulosus Guss. — 7 (M. Ra- 
mey). 
98. Coriandrum sativum L. — 7. 
99. Ammi majus L. — 7,8. 
100. Galium murale All. — 10. 
101. Fedia Cornucopiæ Gærtn. — 7, 8. 
102. Valerianella discoidea Lois. — 7. 
(M. Ramey). 
103. Scabiosa maritima L. — 1, 5-bis. 
104. Stenactis annua Nees. — Bièvre. 
105. Bellis annua L. — Partout. 
106. Anthemis tinctoria L. — 6. 
107. — fuscata Brot. — 3, 6, 7, 8, 10. 
108. Ormenis aurea Dur. — 3, 7, 8,10. 
109. Anacyclus clavatus Pers. — 7, 8, 10. 
110. — valentinus L. — 2, 6, 7. 
111. Matricaria discoidea DC. — 7. 
112. Pyrethrum Myconis Mœnch. — 7, 8, 


10. Dans cette dernière localité, une 
variété a fleurons ligulés, jaune-paille, 
mélangée au type. 


113. 
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159. 


Pyrethrum arvense Salzm, — 7, 10. 

Chrysanthemum coronarium Less. — 
5,7. 

Senecio crassifolius W. — 7, 10. 

— humiiis Desf. — 1,3, 7, 8, 10. 

Calendula stellata Cav. — 7, 8,10. 

— gracilis D. — 6, 7. 

— Cuiista-galli Viv. — 7. 

Carlina racemosa L. — 6, 7, 10. 

Centaurea pullata L. — 7, 8. 

— napifolia L. — 7, 8, 10. 

Silybum Marianum Gærtn. — 8. 

Galactites tomentosa Mœnch. — 7, 8. 

Scolymus maculatus L. — 5. 

Hyoseris radiata L. — 7, 10. 

Hedypnois polymorpha var. erecta G. 
et G. — 7, 8, 10. 

— — var. diffusa C. etG.— 7,8,10. 

Catanance lutea L. — 7, 8. 

Cichorium glabratum Presl. — 10. 

Seriola ætnensis L. — 1, 7, 8, 10. 

Thrincia hispida Roth. — 7, 8. 

Kalbfussia Salzmanni Schultz Bip. — 
7, 8, 10. ° 

Urospermum picroides Desf. — 8, 10. 
(M. Ramey.) 

Barkhausia taraxacifolia L. (forme 
algérienne). — 8, 10. 

— amplexicaulis Coss. et DR. — 8. 

Picridium vulgare Desf. — Moulin- 
Fidèle. (M. Ramey). 

Xanthium spinosum L. — 4, 5-bis. 

— strumarium L. (an X. fuscescens 

Jord.?). — 5,10. 


. Campanula dichotoma L, — 7. (M. Ra- 


mey). 
Convolvulus tricolor L. — Partout. 
Cerinthe gymnandra Gasp.— 3, 7, 8, 
10. Buc prés Versailles. 
Echium plantagineum L. — 4, 7, 8. 
Linaria reflexa Desf. — 10. 
Veronica anazalloides Guss. — 10 
(mélangé au V. Anagallis) L. 
Trixago apula Stev. — 7, 8. 
Eufragia viscosa Bth. — 7, 8. 
Stachys marrubiifolia Viv. — 7. 
— hirta L. — 8. 
Plantago Lagopus L. — 7,8,9, 40. 
— Psyllium L. — 4, 7,8, 9,10. 
Chenopodium ambrosioides L. — 10. 
Un seul pied, non fleuri. 
Suida maritima Dum. — 10. Idem. 
Amarantus chlorostachys W. — 8, 10. 
— albus L. 10. 
Albersia prostrata Kunth. — 10. 
Rumex bucephalophorus L.— Partout. 
Euphorbia segetalis L. — 10. 
Anthoxanthum Puelii Lecoq. — 7, 8, 
10. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 254 


160. Alopecurus utriculatus Pers. — 40. |476. Cynosurus echinatus L. — (M. Ra- 

161. Phalaris canariensis L. — 5. mey). Moulin-Fidèle. 

462. — brachystachys Link. — 3, 5. 177. Glyceria distans Wahl, — 6, 7. 

163. — minor Retz. — 7 (M. Ramey). 178. Briza maxima L. — 6, 7,8. 

164, — paradoxa L. — 7,8. 179. — minor L. — 7, 8. 

165. — cærulescens Desf. — 1, 3,5, 7, 8. | 180. Eragrostis pilosa P. de B. — 10, 

166. Panicum miliaceum L. — 3, 7, 8, | 181. Bromus maximus Desf. — 7, 8,9,140. 
40. 182. — rubens L. — 7, 10. 

167. Lagurus ovatus L. — 7, 10. 183. — macrostachys Desf. — 6, 7,8, 9. 

168. Agrostis pallida DC.— 4, 3, 8, 40. | 184. Vulpia ligustica Bertol. — 1, 3, 7, 

169. Polypogon maritimus W. — 7, 8, 10. 8, 9, 10. 

170, — subspathaceus Req.— 4, 8, 185. — geniculata Link. — 7, 10. 

171. Gaudinia fragilis L. — Partout. 186. Brachypodium distachyon R. et S. — 

172. Avena sterilis L.— 6, 7, 8,10. 7,8, 10. 

173. Trisetum neglectum Rom. et Sch. — | 187. Hordeum maritimum With, — 1, 3, 
7, 8, 10. 5, 7, 8, 10. 

175. Koleria phleoides Pers. — 7, 10. 188, — leporinum Link, — 8. 

175. Cynosurus polybracteatus Poir. — | 189. JEgilops ventricosa Tausch. — 8. 
9, 10. 190. — ovata L. — 3, 7, 8. 


Il est facile, en lisant la liste qui précéde, de se former une opinion générale 
sur la cause de cette florule adventice. On ne peut l'aitribuer qu'aux fourrages 
de l'armée française. Ils sont tirés de l'Algérie, et, trés-exceptionnellement, 
de l'Italie et de la Sicile. Il en est de méme des plantes de notre liste. Sauf 
quelques exceptions, on dirait le catalogue d'une herborisation dans la plaine 
de la Mitidjah. Toutes les plantes que l'armée francaise a introduites en 1871 
aux environs de Paris avaient été observées en Lombardie par M. Aug. Gras, 
aprés notre campagne de 1860. Le rôle de l'armée allemande dans cette 
importation parait à peu prés nul. On ne peut lui attribuer que trois plantes de 
notre liste, le Vicia villosa de Villiers-le-Bel, le Stenactis annua trouvé à 
Bièvre, mais qui paraît échappé d'un jardin, et le Lepidium perfoliatum re- 
cueilli au bois de Boulogne où les Allemands n'ont campé que quelques jours. 

Les plantes observées se rattachent presque toutes aux familles fourrageres 
ou praticoles. Sur les cent quatre-vingt-dix espèces de la liste : - 


Les Légumineuses figurent pour....... eese ns nnns. 9B 
Les Composées pour......... eteteoa tnnt eÓeSsgBBssÉ 34 
Les Graminées pour. ...... ess. esorserososessseses 32 
Les autres familles réunies pour seulement. ........ 222. 66 


Total...... lesen 190 


Il est encore intéressant de noter des espéces, déjà connues aux envirous de 
Paris, mais qui foisonnaient avec une abondance exceptionnelle au milieu des 
plantes méridionales et paraissaient les avoir accompagnées. Ce sont : 


Lepidium sativum. -— Puteaux, fort d'Issy, | Medicago falcata. 


Conringia perfoliata. — apiculata. 

Agrostemma Githago (forme naine). — denticulata. 

Linum usitatissimum. Potentilla supina. — Bois de Boulogne. 
Arenaria rubra. Portulaca oleracea. 


Trifolium pratense (forme à grandes fleurs). | Centaurea solstitialis. 


252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Helminthia echioides. Avena orientalis. 
Anagallis cærulea (forme trés-développée). | Panicum Crus-galli. 
Echinospermum Lappula. . Setaria glauca. 
Avena sativa. — viridis (et autres). 


La plupart des plantes observées sont annuelles, on ne peut guère citer 
comme exceptions que l’ Hedysarum coronarium, qui a peu fleuri, et l Echium 
plantagineum, dont il n'a été trouvé qu'un. échantillon florifere. Les plantes 
bisannuelles et vivaces apparaitront-elles l'an prochain? Les plantes annuelles 
se resèmeront-elles ? Cette importation aura-t-elle sur notre flore parisienne 
une influence définitive ? C'est ce qu'il reste à se demander. Le Bunias orien- 
talis, apporté en 1815 au bois de Boulogne, y existait encore avant les grands 
travaux. La guerre de 1871 laissera-t-elle une trace aussi persistante ? On 
pourrait le croire, à l'abondance des végétaux introduits. Mais les premières 
gelées ont fait bien des ravages. Les Melilotus, sur lesquels on comptait, vu 
leur vigueur et leur nombre, penchent maintenant leurs rameaux flétris et leurs 
folioles noircies par le froid. Le Bellis annua tient mieux, malgré sa délicate 
apparence. Les Medicago ont déjà piqué fortement dans le sol leurs petits 
fruits épineux. L'été prochain nous dira quelle aura été la plus forte, de la mort 
ou dela vie. Pour nous, si triste que soit la cause de cette florule adventice, 
nous la verrions disparaitre avec peine. Elle contient des souvenirs salutaires. 
Vieux explorateurs des environs de Paris, nous allons tantót céder nos bátons 
et nos boîtes à la génération qui nous suit. Il n'est pas mal qu'elle trouve par 
les chemins la trace de nos malheurs et de nos fautes, et que la botanique méme 
lui vienne réveiller la mémoire et raviver la rancune. 


NOTICE SUR LA VÉGÉTATION DES ENVIRONS DE CONSTANTINE, par M. le colonel PARIS. 


(Dinard, prés Saint-Malo, septembre 1871.) 


La ville de Constantine est située par 35° 22' 21" de lat. N., et 4° 16' 36" 
de long. E. Elle est bátie sur un rocher prismatique, escarpé sur presque tout 
son contour. Une section perpendiculaire à l'axe de ce prisme donneun losange 
très-voisin du carré, dont la grande diagonale est orientée presque exac- 
tement N.-S., et la petite E.-O. — L'altitude du point le plus élevé de Con- 
stantine (la Kasbah, au N.) étant de 661 mètr., et celle de la partie la plus 
basse (la pointe de Sidi-Krached, au S.) de 515 m., il en résulte que la sec- 
tion oblique supérieure du prisme sur laquelle repose la ville forme avec 
l'horizon un angle d'environ 45° et est directement exposée au S. 

J'emprunte, en l'abrégeant, à la géologie de l’ Exploration scientifique de 
l'Algérie, par M. Renou, la description du terrain sur lequel repose la ville 
et de ceux qui l'avoisinent. 

« Le rocher sur lequel est bâtie Constantine n'offre qu'une série de couches 
épaisses de calcaire noir ou gris très-fin, très-homogène, à cassure presque 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 253 


vitreuse. La plupart de ces couches sont dépourvues de fossiles; mais, vers la 
partie supérieure du systéme, on en remarque quelques-unes, peu épaisses, 
qui en contiennent une certaine quantité : les hippurites etle Chama ammo- 
nia y dominent beaucoup, ce qui détermine complétement l'áge de ce calcaire, 
entièrement semblable, sous tous les rapports, à celui qui se trouve non loin 
de Roquevaire, à 20 kil. N.-E. de Marseille. 

» Le calcaire à hippurites de Constantine se retrouve tout autour de la 
ville, jusqu'à une assez grande distance ; il est remarquablement développé au 
Dj. Chettabah (18 kil. environ O.-N.-O. de la ville, 1322 m. alt.). Il est dé- 
couvert depuis le Sidi Mecid (684 m. alt.) jusqu'à la rive droite de l'Oued- 
Mecid ; mais sur la rive gauche, et plus au S.-O. dans toute la pente du 
Mansourah (704 m.), on voit une succession de marnes grises ou noires, 
feuilletées, et qui le recouvrent à stratification discordante. La partie supé- 
rieure de ces deux montagnes est formée d'une couche de travertins légers, 
spongieux, remplis d'empreintes végétales et d'une couleur jaune grisâtre. 

» La colline de Koudiat-Ati, qui se trouve à la porte méme de Constantine, 
du cóté de l'O., est formée d'un poudingue rouge ressemblant beaucoup 
à celui du Righi (en Suisse) ; c'est une agglutination de cailloux roulés, dont 
la grosseur varie du volume du poing à celui d'une très-grosse courge, et qui 
sont formés de calcaire compacte roulé et d'un grès jaune à grains fins. Elle 
paraít avoir subi, comme le Dj. Chettabah, les deux derniers soulévements 
des Alpes. 

» Dans le versant S.-O. du Dj. Chettabah, on voit de grandes masses de 
marnes grises et de calcaires du même terrain, reposant à stratification peu 
discordante sur le calcaire à hippurites, mais bouleversées et interrompues par 
des masses énormes de gypse saccharoide semblable à celui de Roquevaire. 
Tous les ruisseaux des environs du Dj. Chettabah sont salés. Cet état tient, 
selon toute probabilité, à la présence, dans les flancs de la montagne, d'amas 
de sel gemme pareils à ceux qui sont exploités à 30 kil. vers l'O., et où ce 
minéral est associé à l'anhydrite et au gypse. 

» La montagne des Ouled-Pellam, située à 7 kil. S.-O. de Constantine, 
dans la direction de Sétif, et qui s'élève à 814 metr. d'alt., est entièrement 
composée de calcaires d’eau douce, traversés de veines de spath calcaire très- 
pur. Ils contiennent des moules intérieurs d' Zeliz bien conservés, et reposent 
sur les marnes de la craie-tuffeau, qui se voient à découvert au pied de la mon- 
tagne, et qui contiennent des Catillus. Ils s'approchent jusqu'à 2 kil. S. de 
Constantine, et paraissent étre un terrain subapennin d'eau douce. » 

M. Durieu de Maisonneuve est le premier botaniste qui ait herborisé aux 
environs de Constantine (1) : là, comme partout où il a passé, il a laissé bien 


(1) Si l'on en excepte Bové, dans les récoltes duquel, d'ailleurs, les plantes de Cons- 
lantine n'entrent que pour une faible part. 


254 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


peu de choses à glaner à ses successeurs, et c'est à lui qu'est due la décou- 
verte de presque toutes les espèces spéciales de cette flore. Les conditions 
dans lesquelles il explora cette région et quelques autres; de l'Algérie sont de 
nature à faire ressortir encore plus vivement le mérite de notre savant confrère, 
en méme temps qu'elles doivent accroitre la reconnaissance du monde bota- 
niste. En effet, à cette époque, les environs de Constantine n'étaient rien 
moins que sûrs; et il fallait que l'amour de la science fût chez M. Durieu 
fortement doublé d'une autre vertu pour qu'il se risquát à aller explorer cer- 
tains points où d'ailleurs il a peut-être fait ses plus belles découvertes. 

Je ne sache pas que M. Durieu ait publié la liste de ses récoltes. Mais, dans 
le rapport sur son premier voyage dans la province de Constantine, en 1853, 
rapport inséré dans les Annoles des sciences naturelles, 5* série, t. IV, M. le 
docteur Cosson, en donnant laliste des plantes que lui et ses compagnons 
de voyage, MM. Henri et Joseph de la Perraudière, ont observées aux 
environs de la ville les 13, 14 et 15 mai, a indiqué celles dont la découverte 
était spécialement due à MM. Durieu de Maisonneuve et de Marcilly, autre bota- 
niste qui y a constaté la présence de quelques espèces intéressantes. Viennent 
ensuite, par ordre de date, M. Choulette, pharmacien militaire, qui a résidé 
de longues années à Constantine, en a exploré les environs avec le plus grand 
soin, et a publié dans ses exsiccata la majeure partie des espèces qui croissent 
dans un rayon de quelques kilomètres aux environs de la ville; M. Bancel, 
employé des ponts-et-chaussées et collaborateur de M. Choulette; M. Hénon, 
interpréte militaire ; M. Émy, capitaine au 3* tirailleurs algériens, etc. C'est 
ce dernier qui a eu l'obligeance de me guider dans les montagnes qui avoisi- 
nent Constantine, dont les meilleures localités lui sont familières. 

Tous ces botanistes ont apporté leur pierre, plus ou moins grosse, à l'édi- 
fice commun. Moi-méme, quelque rares qu'aient été les moments dont il m'a 
été permis de disposer pour aller courir la campagne, j'ai eu la bonne fortune 
de grossir de quelques espéces, surtout en cryptogamie, le nombre de celles 
connues aux environs de la ville, et méme en Algérie. 

Les seules listes à moi connues de quelques-unes de ces plantes étant celles 
insérées au rapport précité de M. Cosson, il m'a paru que réunir en un cata- 
logue méthodique les résultats des recherches de mes devanciers et des miennes, 
serait un travail de quelque utilité, susceptib'e de rendre aux futurs explora- 
teurs de cetterégion les mémes services que rendent déjà les excellentes mono- 
graphies que nous ont données de Sidi-Bel-Abbès, de la Calle et du Hodna, nos 
collegues MM. Edmond Lefranc et Reboud. Le moment me senible d'autant 
plus opportun pour faire ce travail que, d'ici à quelques années, la végétation 
que je me propose de retracer sera certainement très-profondément modifiée. 
En effet, le Sidi Mecid et le Mansourah, qui ne possédaient autrefois d'autres 
essences ligneuses que le Prunus prostrata et, dans les anfractuosités des 
rochers, quelques pieds de Celtis australis et de Ficus Carica ;le Djebel- 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 18741. 255 


Ouach, où sur une étendue de plusieurs kilomètres carrés on ne trouvait que 
huit ou dix pieds rabougris de Frêne, d'Olivier et d'Azerolier, ont déjà reçu 
plus de150,000 pieds d'£ucalyptus Globulus et d'arbres résincuxde diverses 
espèces, qui y réussissent admirablement, Ce reboisement doit être étendu à 
toutes les parties incultes de ces montagnes ; et l’on ne peut douter que, avant 
peu d'années, ces forêts exerceront une influence considérable sur la végéta- 
tion, tant par leur action directe sur le sol qu'elles recouvriront que par les 
perturbations qu'elles sont appelées à apporter dans les conditions climaté - 
riques actuelles. D'autre part, d'ici à quelques mois, les eaux d'Aïn - Fezia 
(situé à 18 kil. de Constantine) arriveront en ville (1) ; et l'on compte sur 
un débit assez considérable pour pouvoir en consacrer une notable partie à 
l'irrigation des coteaux stériles des environs, dont par suite la végétation sera 
complétement bouleversée. 

Je n'ai pas indiqué de localités, dans cette énumération, pour les plantes qui 
sont tellement répandues qu'il est impossible de ne pas les rencontrer en faisant 
simplement le tour de la ville. Pour toutes celles qui ne se rencontrent que 
dans des stations déterminées, j'ai cité les lieux précis où elles ont été vues 
par mes devanciers ou par moi. Lorsque aucun nom de botaniste ne suit ces 
localités, c'est que les plantes auxquelles elles se rapportent figurent dans les 
listes de M. Cosson. Je ne prétends pas avoir découvert moi-méine toutes les 
espéces que j'ai fait suivre du mien. J'ai seulement voulu indiquer qu'elles ne 
figurent pas dans les listes de M. Cosson, ni dans la publication de M. Chou- 
lette (du moins dans les collections que je possède ou que j'ai pu examiner), et 
qu'elles ne m'avaient pas été signalées non plus par les botanistes avec lesquels 
j'ai été en relations. 


Clematis Flammula L. — Sidi Mecid. Répandu. 

— cirrosa L, — Gorges du Roummel ; rivière des Chiens (Ch.). Escarpements N.-E. du 
Sidi Mecid ! 

Anemone coronaria L. — Champs près de la route de Sétif (Ch.). 

— palmata L. — Páturages N. du Dj. Ouach (Ch.). 

Adonis æstivalis DC, — Sidi Mecid. 

Ceratocephalus falcatus Pers. — Mansourah (Ch.). 

Ranunculus hederaceus L. — Sources au-dessous du sommet (vers. S.) du Dj. Ouach! 

aquatilis L. var. heterophyllus. — Mares sur le vers. N. du Dj. Ouach! 

bullatus L, (R. supranulus Jord.) — Sidi Mecid (Ch.). Toutes les pentes herbeuses ! 

flabellatus Desf. — Dj. Ouach (Ch.). 

millefoliatus Vahl, — Dj. Chettabah (DR ). Sidi Mecid (Ch.). 

macrophyllus Desf, — Constantine (Ch.), aux bords du bas Roummel ! etc. 

gramineus L. var. luzuæfolius Boiss. — Dj. Chettabah (DR.). 

arvensis L. — Sidi Mecid. 

ophioglossifolius L. — Dj. Ouach (Ch.). 

— blepharicarpos Boiss. — Sidi Mecid, Mansourah (Ch.). 

Ficaria calthæfolia Rehb. — Pâturages N. du Dj. Ouach ! Bords du bas Roummel ! 

Nigella damascena L. — Sidi Mecid. 

— hispanica L., — Sidi Mecid (Merche). 


LLL EL IL 1g 1 


(4) Écrit en 4869 : c'est aujourd'hui un fait accompli. 


256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Nigella hispanica var. intermedia, — Sidi Mecid. 

Delphinium cardiopetalum DC. — Sidi Mecid. 

— junceum DC. — Très-répandu ! 

— Staphisagria L.— Pied du Sidi Mecid, prés de la source (Letx). 

Papaver hybridum L. — Sidi Mecid. 

— Argemone L. — Champs voisins du télégraphe de Sétif (Ch.). 

— Rhœas L. — Sidi Mecid. 

Remeria hybrida DC.— Sidi Mecid. Mansourah ! 

Glaucium corniculatum Curt. — Sidi Mecid. Mansourah ! 

Fumaria numidica Coss. et DR. — Gorges du Roummel, rochers du Sidi Mecid. Man- 
sourah (Ch.). 

— capreolata L. (F. Emyi, Paris in litt.) — Tourbiéres du Dj. Ouach! (1). 

— agraria L. — Sidi Mecid. 

— parviflora Lam. — Sidi Mecid. 

— micrantha Lag. — Sidi Mecid. 

Raphanus Raphauistrum L. — Sidi Mecid. 

Sinapis geniculata Desf. — Sidi Mecid. 

— pubescens Poir.— Sidi Mecid., etc. 

— arvensis L. — Sidi Mecid. 

— alba L. — Sidi Mecid ! Rochers derrière l'hópital militaire ! 

— procumbens Poir. (S. Choulettiana Coss. et DR.)— Dj. Ouach (Ch.). 

Eruca sativa L. — Sidi Mecid. 

Brassica dimorpha Coss. — Mansourah. 

— Rapa L. — Bords du Roummel ! Éboulements du Sidi Mecid ! (Sp ?). 

— Gravine Ten. — Sidi Mecid. 

Moricandia arvensis DC. — Sidi Mecid. Toutes les pentes schisteuses ! 

Diplotaxis erucoides DC. — Sidi Mecid, etc. 

— muralis DC. — Sidi Mecid. Djebel Ouach! 

Matthiola lunata DC. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

Sisymbrium amplexicaule Desf. — Sidi Mecid, Mansourah (Ch.). 

— officinale L. — Bords des routes (Ch.). 

Nasturtium silvestre R. Br. — Lieux humides (Ch.). 

Alyssum campestre L. — Sidi Mecid. 

— maritimum Lam. — Commun. 

Clypeola Jonthlaspi L. var. microcarpa. — Pied du Sidi Mecid, près de la source ther- 
male: très-rare ! 

Ionopsidium albiflorum DR. — Le long des murs du cimetière chrétien (Ch.) ; chanps 
du Dj. Ouach (Emy). 

Thlaspi perfoliatum L. — Sidi Mecid (f. gracilis) ! 

— Bursa-pastoris L. — Champs, décombres (Ch. j. 

Hutchinsia petræa R. Br. — Sommet du Sidi Mecid ! 

Iberis pectinata Boiss. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.). 

Biscutella apula L. (B. Choulettii Jord.). — Mansourah (Ch.) ; Sidi Mecid. 

— lyrata Poir. — Mansourah ! 

Senebiera Coronopus Poir. — Décombres, lieux vagues. 

Bivonæa lutea DC. — Sidi Mecid (Ch.). 

Rapistrum Linnganum Boiss. et Reut. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.). 

Capparis spinosa L. — Environs de Constantine (Ch.). 

Cistus salvifolius L. — Vers. N.-0. du Dj. Ouach! 

Helianthemum guttatum Mill. — Dj. Ouach ! 

— niloticum Pers. — Sidi Mecid. 

— salicifolium Pers. — Sidi Mecid (Ch.). 

— rubellum Presl. — Sidi Mecid. 


(+) Cette localité, située à environ 1000 mètres d'altitude, est la seule où j'aie ren- 
contré celle plante, qui y entourait les tiges de Senecio giganteus, d'Osmunda rega- 
lis, etc. Je m'étais cru en droit d'y voir une espéce nouvelle : M. Cosson n'a point partagé 
cet avis, et ne la regarde que comme une forme de l'espéce linnéenne. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 957 


Helianthemum lavandulefolium DC, — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.) ; Dj. Chettabah! 
— glaucum Pers. — Dj. Ouach (Ch.). 
— croceum Pers. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 
— pilosum Pers. — Sidi Mecid. 
Fumana viscida Spach. — Sidi Mecid. Mansourah! 
Reseda suffruticulosa L. — Décombres, lieux vagues. 
— papillosa Muell. Arg. — Constantine (herb. Boissier). 
— Duriæana J. E. — Sidi Mecid. Mansourah (DR.). 
— Luteola L. var. « Gussonii Muell. Arg. — Sidi Mecid. Polygone! 
Polygala rosea Desf. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 
— monspeliaca L. — Sidi Mecid. 
Gypsophila compressa Desf. — Mansourah (Ch. ). 
Dianthus siculus Presl. — Sidi Mecid ! 
Silene inflata Sm. — Sidi Mecid. 
rubella L. —- Sidi Mecid. 
gallica L. — Sidi Mecid. 
nocturna L. — Sidi Mecid. 
— var. brachypetala Bthm. — Sidi Mecid (Ch.). 
hispida Desf. — Ravins entre le Sidi Mecid et le Mansourah (Ch.). 
velutina Pourr, — Sidi Mecid. 
ambigua Camb, — Sidi Mecid. 
bipartita Desf. — Sidi Mecid (Ch.), au ravin d'el Kantara ! 
Chouletti Coss. et DR. — Dj. Ouach (Ch. . 
Muscipula L, — Sidi Mecid. 
italica DC. — Dj. Chettabah ! 
Pseudatocion Desf. — Mansourah (Ch.). 
fuscata Lk, — Prairies (Ch.). 
Lychnis Coli-rosa Desv. var, aspera Poir. — Dj. Ouach ! Sidi Mecid (Ch,j. 
— macrocarpa B. et Rent. — Sidi Mecid. Gorges du Roummel ! 
Velezia rigida L. — Sidi Mecid (Ch.). 
Buffonia tenuifolia L. — Crétes du Mansourah (Ch.). 
Stellaria media Mill. — Décombres ! 
Alsine tenuifolia Crantz, B. apetala DR. — Sidi Mecid (Ch.). 
Arenaria procumbens Vahl. — Crétes du Mansourah (Ch.). 
— spathulata Desf. — Dj. Ouach (Ch.). 
Cerastiwn dichotomum L. — Sidi Mecid (Ch. ). 
— atlanticum DR, — Alluvions du Roummel. 
Linum corymbiferum Desf. — Pied du Dj. Chettabah. 
— strictum L. — Sidi Mecid ! 
— angustifolium Huds. — Dj. Ouach (Ch.). 
— decumbens Desf.: — Sidi Mecid. 
~ suffruticosum L, — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 
— tenue Desf. — Pâturages entre le Kroubs et la Montagne Noire (Ch. ). 
Radiola linoides Gml. — Tourbiéres du Dj. Ouach! 
Malope stellipilis Boiss. et Reut. — Constantine (Séjourné, in herb. Fauché). 
~ stipulacea Cav, — Sidi Mecid. 
Malva silvestris L. — Sidi Mecid, etc. 
— parviflora L. Sidi Mecid. 
Lavatera trimestris L. — Sidi Mecid. 
— slenopelala Coss, et DR. var. B. purpurea DR. — Moissons au S. de Constan- 
tine (Ch.). 
lypericum afrum Desf. — Tourbières du Dj. Ouach (Letx.). 
— tomentosum L, — Pentes humides du Mansourah (Ch.). 
Vitis vinifera L, — Tourbières du Dj. Ouach ! 
Geranium atlanticum B. et Reut. — Pentes N. du Sidi Mecid. 
— molle L. — Champs, lieux vagues (Ch. ). 
Erodium cicularium Lam. — Sidi Mecid. 
— moschatum, Willd, — Sidi Mecid, etc. 
— Botrys Bert. — Pelouses du Dj. Ouach (Ch.). 
T. XVIII. (SÉANCES) 17 


LEE EL 0L g:11101]01 


258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Erodium ciconium Willd. — Chemin de ronde des gorges du Roummel! 

— malacoides Willd. — Sidi Mecid. 

— guttatum Willd. — Éboulements des schistes du Mansourah (Ch.). 

— hymenodes L'hérit. — Sidi Mecid. Gorges du Roummel. Moulin-Lavy ! 

Tribulus terrestris L. — Constantine. 

Ruta montana Chaix, — Mansourah, Dj. Ouach (Ch.). 

— bracteosa DC. — Constantine (Ch.). 

— angustifolia Pers. — Vallée du Roummel supér. (Ch.). 

Haplophyllum linifolium A. de Juss. — Côte au S. de Constantine, prés la route de 

Sétif (Ch.). 

Zizyphus Lotus L. — Sidi Mecid, Mansourah. 

Rhamnus Alaternus L. — Vallée du Roummel infér. (Ch.). 

— lycioides L. — Sidi Mecid. 

Pistacia Lentiscus L. — Gorges et vallée infér. du Roummel ! 

Anagyris fætida L. — Sidi Mecid. 

Calycotome spinosa Link. — Sidi Mecid ! Dj. Ouach! Mansourah ! Dj. Chettabah ! 

Spartium junceum L. — Constantine. 

Genista tricuspidata Desf. — Dj. Ouach (Ch.). 

— ulicina Spach. — Dj. Ouach (Ch.). 

Lupinus angustifolius L. — Dj. Ouach (Ch.;. 

Ononis Natrix L. — Sidi Mecid. 

ramosissima Desf. — Constantine (Ch.). Sidi Mecid. 

Cherleri Desf. — Entre le Koudiat-Ati et le Dj. Chettabah (Ch.). 

breviflora DC, — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.). 

hispida Desf. — Bords du Roummel (Ch.). 

pubescens L. — Ravins des environs (Schmitt). 

ornithopodioides L. — Sidi Mecid, 

monophylla Desf. — Dj. Chettabah! Roummel supér. (Ch.). 

Columnæ All. — Sidi Mecid. 

serrata Forsk. — Bords de l’0. Melah, entre le polygone et le télégraphe de 
Sétif (Ch.). 

Anthyllis Vulneraria L. — Sidi Mecid. 

— tetraphylla L. — Sidi Mecid. Tous les champs ! 

— numidica Coss. et DR. — Constantine (Ch.), au Dj. Ouach! 

Medicago sativa L. — Pâturages élevés. 

orbicularis All, — Sidi Mecid. Mansourah ! 

scutellata All. — Sidi Mecid. 

denticulata Willd. — Sidi Mecid. 

pentacycla DC, — Sidi Mecid. 

elegans Lam. — Escarpements au sommet (vers. N.) du Sidi Mecid, avec le Gera- 
nium atlanticum, ! 

tribuloides Lam. — Sidi Mecid. 

minima Lam. — Sidi Mecid. 

spheerocarpos Bert. — Sidi Mecid ! 

ciliaris Willd. — Sidi Mecid. 

Echinus DC, — Sidi Mecid ! Mansourah ! 

Trigonella gladiata Stev. — Sidi Mecid. 

— monspeliaca L. — Sidi Mecid (Ch.). 

Melilotus sulcata Desf. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.). 

— infesta Guss. — Pentes du Mansourah (Ch.). 

Trifolium scabrum L. — Sidi Mecid. 

— stellatum L. — Sidi Mecid. — Tous les champs arides ! 

— isthmocarpum Brot. — Source entre le Sidi Mecid et le Mansourah ! 

— fragiferum L. — Sidi Mecid. 

— tomentosum L. — Sidi Mecid. 


LLLE EET I 


Lotus rectus L — Base du Sidi Mecid, prés la source thermale ! 
— edulis L. — Sidi Mecid. 
— ornithopodioides L. — Sidi Mecid ! Bords de la voie ferrée, entre les deux tunnels! 


— cytisoides L. — Sidi Mecid (Ch.) ; Dj. Chettabah ! 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 259 


Lotus hispidus Desf. — Dj. Ouach (Ch.). 
— corniculatus L. — Sidi Mecid, près la source thermale. 
Astragalus pentaglottis L. — Sidi Mecid. Mansourah! 
— Glaux L. — Mansourah (Ch.). 
sesameus L. — Sidi Mecid. Mansourah ! 
scorpioides Pourr. — Pentes du Mansourah (Ch.). 
hamosus L. — Sidi Mecid. Mansourah! Dj. Quach! 
geniculatus Desf. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.). 
epiglottis L, — Sidi Mecid. 
caprinus L. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.). 
Psoralea bituininosa. L. — Sidi Mecid (Ch.). 
Vicia calcarata Desf, — Environs de Constantine. 
— onobrychioides L. — Vallée du Roummel supér. (Ch.). Som. du Sidi Mecid ! 
— sativa L. — Sidi Mecid. 
— lutea L, — Sidi Mecid. 
Lathyrus silvestris L. — Bords du ruisseau des Chiens (Ch.). 
— Clymenum L. — Sidi Mecid, etc. 
Scorpiurus sulcata L. — Sidi Mecid. 
Coronilla minima L. — Dj. Chettabah, prés la Zaouia! 
Arthrolobium scorpioides DC. — Sidi Mecid. 
Hippocrepis multisiliquosa L. — Sidi Mecid. 
— unisiliquosa L. — Sidi Mecid. 
— ciliata DC, — Sidi Mecid. 
Hedysarum pallidum Desf. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.). 
— coronarium L, — Constantine (Ch.). Commun! 
— capitatum Desf. — Sidi Mecid, Mansourah. 
Onobrychis alba Desv. — Sidi Mecid. Mansourah. 
— Caput-galli Lam. — Sidi Mecid. Mansourah ! 
— venosa Desv. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.) ; Dj. Chettabah ! 
Ebenus pinnata Desf. — Sidi Mecid, Mansourah (Ch.); Dj. Chettabah ! 
Ceratonia Siliqua L. — Sidi Mecid. 
Prunus insititia L. — Gorges du Roummel (Emy). 
-— prostrata La Bill. — Sidi Mecid. 
Rubus fruticosus L. — Route du pont d’Aumale ! Zaouia du Dj. Chettabah ! 
— discolor W. et N. — Sidi Mecid. 
Poterium Magnolii Sp. — Sidi Mecid. Mansourah ! 
Rosa sempervirens L. — Roummelinfér. (Ch.). 
Cratægus monogyna Lam. — Sidi Mecid. Dj. Ouach ! 
— Azarolus L. — Dj. Ouach! 
Punica Granatum L. — Salah Bey (Ch.). 
Epilobium hirsutum L. — Roummel supér. (Ch.). Sidi Mecid, prés de la source thermale ! 
Lythrum Græfferi Ten. — Sidi Mecid , près de la source thermale. 
Tamarix gallica L. — Bords du Roummel (Ch.). 
Bryonia dioica L. — Route de Sidi Mecid au Dj. Ouach! 
Ecbalium Elaterium C. Rich. — Décombres, lieux vagues. 
Corrigiola telephiifolia Poir. — Dj. Ouach (Ch.). 
erniaria cinerea DC. — Sidi Mecid. 
Paronychia argentea Lam. — Sidi Mecid. Tous les lieux secs ! 
— nivea DC. — Sidi Mecid, Mansourah, etc. ! 
Polycarpon tetraphyllum L. — Dj. Ouach! 
— Bivone J. Gay. — Atterrissements du Roummel. 
Scleranthus polycarpus DC. — Dj. Ouach (Ch.). 
Minuartia campestris Lœfl. — Sidi Mecid ! 
Umbilicus hispidus DC. — Sid Mecid. 
— horizontalis DC. — Sidi Mecid. Mansourah ! 
Sedum cæruleum Vahl. — Sidi Mecid. Ravin d'el Kantara ! 
— dasyphyllum L. — Constantine (Ch. ). 
— altissimum Poir. — Sidi Mecid, Mansourah (Ch.). 
— pubescens Vahl. — Sidi Mecid (Ch.). 


960 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Cactus Opuntia L. — Tous les rochers. . 

Saxifraga atlantica Boiss. et Reut. — Sidi Mecid (Ch. ; Dj. Ouach ! Route de Sétif, etc. 

Daucus maximus Desf. — Sidi Mecid. 

— sessilifolius Desf.— Dj. Ouach (Ch.) ; Sidi Mecid ! 

— aureus Desf. — Champs entre le Polygone et l'O. Melah ! 

— crinitus Desf. — Pentes du Mansourah ! 

— gracilis Steinh. — Sidi Mecid (DR.). 

Turgenia latifolia Hoffm. — Sidi Mecid. 

Caucalis leptophylla L. — Sidi Mecid. 

Torilis Anthriscus Gmel. — Ravin d'el Kantara. 

Bifora testiculata DC. — Sidi Mecid. 

Elæoselinum meoides K. — Sidi Mecid (Ch.). 

—- Fontanesii Boiss. — Sidi Mecid! 

Thapsia garganica L. — Sidi Mecid. Toutes les collines ! 

— villosa L. — Coteaux du Bou-Merzoug (Ch.). 

Ferula sulcata Desf. — Sidi Mecid (Ch.). 

— communis DC. — Sidi Mecid. Ravin d'el Kantara ! 

Athamanta sicula L. — Sidi Mecid. 

Deverra scoparia Coss. et DR. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

Ridolfia segetum Moris. — Moissons, champs. 

Fœniculum vulgare Gærtn. — Sidi Mecid! Mansourah ! 

Bupleurum fruticescens L. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

Pimpinella lutea Desf. — Mansourah (Schmitt). 

Carum incrassatum Boiss. — Sidi Mécid. 

— mauritanicum Boiss. et Reut., — Sidi Mecid, 

Ammi majus L. — Sidi Mecid, Mansourah. 

— Visnaga Lam. — Sidi Mecid ! Mansourah ! 

Ptychotis verticillata Duby. — Sidi Mecid (Schmitt) ; Dj. Chettabah ! 

Helosciadium nodiflorum K. f. minima. — Tourbiéres du Dj. Ouach! 

Scandix Pecten-Veneris L. — Sidi Mecid. 

— australis L. — Sidi Mecid. 

Smyrnium Olusatrum L. — Bords du Roummel inférieur. 

Conium maculatum L. — Gorges du Roummel ! 

Krubera leptophylla Hffm. — Sidi Mecid (Emy). 

Cachrys pterochlena DC, — Dj. Chettabah (Ch.). 

Magydaris tomentosa K. — Rivière des Chiens (Ch.). Bords des ruisseaux sur la route 
d'el Aria! 

Eryngium campestre L. — Sidi Mecid. 

— triquetrum Vahl. — Sidi Mecid. Commun dans les champs argileux. 

— dichotomum Desf. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.) ; Dj. Ouach! 

—-. tricuspidatum L, — Mansourah (Ch.) ; Sidi Mecid! 

Sambucus nigra L. — Haies de la rive gauche du Roummel infér, ! Spont. ? 

Putoría calabrica Pers. — Dj. Chettabah, Dj. Ouach (Bandel). 

Sherardia arvensis L. — Sidi Mecid. 

Asperula cynanchica L. — Pentes du Mansoural (Ch.). 

— hirsuta Desf. — Mansourah. 

Crucianella angustifolia L. — Bou-Merzoug (Ch.). 

Rubia lævis Poir. — Rivière des Chiens (Ch.) ; Sidi Mecid, prés de la source thermale ! 

Galium elongatum Presl. — Somm. du Dj. Ouach! 

— tunetanum Lam, -— Dj. Chettabah (Ch.). 

— saccharatum All. — Sidi Mecid. 

— Aparine L. — Sidi Mecid ! 

— lucidum All. — Sidi Mecid { 

Callipeltis cucullaria Stv. — Sidi Mecid (Ch.). 

Valerianella discoidea Lois, — Sidi Mecid. Mansourah | (Ch.), Sidi Mecid ! 

— chiorodonta Coss. et DR. — Bords du Roummel. 

— stephanodon Coss. et DR. -— Bords du Roummel (DR.). 

— fallax Coss. et DR. — Moissons de la rive droite du Roummel (Ch.). Adven. 

Fedia Coruucopiæ Gærtn, — Constantine (Pressoir). 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 261 


Fedia graciliflora F. et M. — Sidi Mecid. 

Centranthus Calcitrapa Desf. — Constantine (Ch.), au Dj, Ouach! 
— ruber DC. — Sidi Mecid. 

Scabiosa stellata L. — Sidi Mecid, Dj. Chettabah (Ch.). 

— crenata Cyr. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 


— maritima L. — Sidi Mecid, Mansourah. 
Nardosmia fragrans Rchb. — Dj. Ouach! Riviére des Chiens (Ch.). 
Bellis aanua L. — Sidi Mecid, etc. 


— silvestris Cyr. — Dj. Ouach! 

Phagnalon sordidum DC, — Sidi Mecid ! 

— rupestre DC. — Sidi Mecid ! 

Evax asterisciflora Pers. — Dj. Ouach ! 

Micropus supinus L. — Sidi Mecid. 

— bombycinus Lag. — Sidi Mecid. Mansourah ! 

Inula montana L. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

— viscosa Ait. — Sidi Mecid, Mansourah, etc. 

Pulicaria arabica Cass, — Alluvions du Roummel. 

Pallenis spinosa Cass, — Sidi Mecid. 

Anthemis fuscata Brot. — Sidi Mecid ! Dj. Ouach (Emy). 

Anacyclus Pyrethrum DC, — Environs de Constantine. 

— tomentosus DC. — Décombre, lieux vagues. 

— pedunculatus Pers. — Vallée du Roummel supér. (Ch.). 

Santolina squarrosa Willd. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

— canescens Lag. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

Leucanthemum glabrum Boiss. et Reut, — Sidi Mecid. Mansourah, etc. ! 

Coleostephus Myconis Cass. — Sidi Mecid ! 

Chrysanthemum segetum L. — Sidi Mecid. 

Pinardia coronaria Less, — Sidi Mecid, etc. ! 

Lonas inodora Gærin. — Dj. Ouach (Ch.). 

Helichrysum Fontanesii DC. — Sidi Mecid, Mansourah (Ch.). 

Gnaphalium uliginosum L. — Dj. Ouach, près de la maison du garde (Ch.). 

Filago spa'hulata Presl. — Dj. Ouach, prés de la maison du garde (Ch.). Sidi Mecid. 

— gallica L, — Sidi Mecid ! 

Senecio vulgaris L, — Cultures. 

— leucanthemifolius Poir. — Constantine (Ch.). 

— delphinifolius Vahl. — Sidi Mecid. . . 

— giganteus Desf. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). ; tourbières du Dj. Ouach 
(Hénon); Dj. Chettabah, prés de la Zaouïa ! 

— nebrodensis L. — Constantine. Commun dans les cultures et les lieux vagues ! 

Calendula arvensis L. — Cultures, 

— pàrviflora Raf. — Décombres, lieux vagues. 

Othonna cheirifolia L. — Commun dans les schistes. 


Echinops spinosus L. — Champs, commun. 
Xeranthemum inapertum Willd. — Mansourah (Ch.). Sidi Mecid. 
Carlina lanata L. — Bords dela route du Mansourah au Dj. Ouach! 


— involucrata Poir. — Sidi Mecid. Mansourali (Ch.). 

— corymbosa L. — Constantine (Ch.). Commun dans les lieux arides ! 

— racemosa L. — Constantine (Ch.). Commun dans les champs. 

— gummifera Less. — Constantine (Ch.) ; commun. 

Atractylis cancellata L. —- Sidi Mecid. Assez commun. 

= cespitosa Desf. — Constantine (Desf.), au Dj. Ouach! à la butte du télégraphe Je 
étif! 

Microlonchus Clusii Sp. — Sidi Mecid, Mansourah (Ch.). 

Crupina Morisii Bor. — Mansourah (Ch.). 

Centaurea pullata L. — Décombres, lieux vagues. 

— parviflora Desf. — Constantine (Ch.), à Sidi Məcid ! au Mansourah ! 

— acaulis L. — Sidi Mecid. — Dj. Ouach ! 

— pubescens Willd. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

— eriophora L. — Sii Mecid ! 


202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Centaurea Schouwii DC, — Sidi Mecid (Ch.). 

— nicæensis All, — Sidi Mecid. 

— Calcitrapa L. — Décombres, lieux vagues. 

— napifolia L. — Sidi Mecid ! Dj. Ouach (Ch.). 

Centrophyllum lanatum DC. et Dub. — Sidi Mecid. 

Onobroma helenioides Spreng. (1). — Moissons S. de Constantine (Ch.). 

Carduncellus pinnatus DC. — Sidi Mecid. 

— cæruleus DC. f. incisus. — Sidi Mecid (Ch.). Dj. Ouach! 

— pectinatus DC. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

Silybum Marianum Gertn. — Décombres, lieux vagues : commun. 

Galactites tomentosa Mœnch. — Décombres, lieux vagues. 

Onopordon macracanthum Schousb. — Sidi Mecid ! Route de Philippeville! 

Cinara Cardunculus L. — Tous les champs argileux. 

Carduus macrocephalus (2) Desf. — Mansourah. Sidi Mecid ! 

— pteracanthus DR. — Sidi Mecid. 

— pycnocephalus L. — Décombres, lieux vagues. 

Picnomon Acarna Cass. — Pentes du Koudiat Ati (Ch.) ; route de Batna ! 

Cirsium echinatum DC, — Constantine (Ch.), entre le Dj. Ouach et le Mansourah ! 

Notobasis syriaca Cass. — Constantine (Ch.), aux bords de l'O. Melah! au Dj. Chettabah ! 
bords du chemin d'el Aria! 

Rhaponticum acaule DC. — Sidi Mecid. Dj. Ouach (Ch.). 

Leuzea conifera DC. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

Serratula pinnatifida Poir. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

— mucronata Desf. — Dj. Chettabah. 

Scolymus hispanicus L. — Décombres, lieux vagues. 

— grandiflorus Desf. — Sidi Mecid. 

Rhagadiolus stellatus DC. — Sidi Mecid. 

Hyoseris microcephala Cass. — Sidi Mecid. 

— radiata DC. — Sidi Mecid. 

Hedypnois cretica Willd. — Constantine (Ch.). Commun. 

— polymorpha DC, 8. diffusa G. et G. — Sidi Mecid. 

Catanance caerulea L. — Sidi Mecid, Mansourah. 

Piptocephalum carpholepis C. H. Sch. — Sidi Mecid. Répandu dans les moissons ! 

Cichorium Intybus L. var. divaricatum. — Décombres, lieux vagues. 

Seriola ætnensis L. — Sidi Mecid. 

— levigata L. — Vallée du Roummel supér. (Ch.). 

Thrincia hispida Roth. — Sidi Mecid ! 

— tuberosa DC. — Sidi Mecid ! Dj. Ouach, à 1000 mèt. d'alt. ! 

Kalbfussia Muelleri Sch. Bip. — Sidi Mecid. 

Podospermum calcitrapæfolium K. — Constantine (Ch.). 

Tragopogon australis Jord. — Sidi Mecid ! 

Spitzelia cupuligera DR. — Sidi Mecid. 

Urospermum Dalechampii Desf. — Sidi Mecid. 

Scorzonera undulata Vahl. — Sidi Mecid. Vallée du Bou Merzoug (Ch.). 

Helminthia echioides Gærtn. — Constantine (Ch.). 


(1) Cette plante est décidément celle dont j'ai parlé dans une précédente communica- 
tion à la Société (XIV, 281), et que les Arabes du sud des provinces d'Alger et d'Oran 
appellent ziltséte, 

(2) M. Choulette a consacré au Carduus numidicus DR. les n° 262 et 262 bis de 
son exsiccata. La plante de Philippeville est bien en effet le C. numidicus, mais celle de 
Constantine est le C. macrocephalus Desf., du moins dans la collection de l'hópital mili- 
taire de Constantine et dans celle que je possède. Il en est probablement de méme pour 
les autres, car il m'a été impossible de trouver, jusqu'à 7 ou 8 kil. de la ville, autre chose 
que cette dernière espèce. Par contre, la première infeste littéralement les prairies d'el 
Aria (20 kil. E. de Constantine, sur la route arabe de Guelma). Je l'ai retrouvée deputs 


auprès de cette dernière ville (12 kil, E.). prés dela maison du caïd des Beni-Marmi, en 
compagnie du Delphinium Staphisagria L. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1874. 263 


Helminthia aculeata DC. — Constantine (Ch.). 

Lactuca Scariola L. — Mansourah! 

Taraxacum Dens-leonis Desf. var. depressum Coss. et DR. — Crêtes du Man- 
sourah (Ch. ). 

Barkhausia taraxacifolia DC, — Constantine (Ch.). 

— fœtida DC. — Sidi Mecid. 

Picridium vulgare Desf. — Commun. 

Sonchus oleraceus L. — Sidi Mecid ! 

— maritimus L. — Constantine (Ch.). Abonde le long des rigoles du Mansourahl 

— tenerrimus L. — Décombres, lieux vagues. 

Andriala integrifolia L. — Ravin d'el Kantara ! 

Xanthium antiquorum Wallr. — Mansourah ! 

— spinosum L. — Sidi Mecid, en montant au collége arabe ! 

Laurentia Michelii DC. — Fontaine entre Sidi Mecid et le Mansourah (Emy) ; tourbiéres 
du Dj. Ouach! 

Campanula Erinus L. — Sidi Mecid. 

— Rapunculus L. — Constantine (Ch.). 

— numidica DR. — Mansourah. Sidi Mecid (Ch.). 

Specularia falcata A. DC. — Constantine (Ch.). 

— Speculum A. DC. — Constantine. 

— hybrida A. DC. — Constantine. 

Cyclamen africanum B. et Reut. — Sidi Mecid (Emy, Hénon). 

Coris monspeliensis L. — Ravins du Dj. Chettabah (Ch.). 

Asterolinum stellatum Lk et Hffm. — Sidi Mecid (Ch.). 

Anagallis arvensis L.— Sidi Mecid. 

— Monelli Clus. — Vallée du Roummel supér. (Ch.). 

— linifolia L, — Sidi Mecid. 

Samolus Valerandi L. — Sidi Mecid, près la source thermale ! 

Olea europea L. — Constantine. 

Jasminum fruticans L. — Sidi Mecid. 

Nerium Oleander L. — Bords du Roummel. 

Cynanchum acutum L. — Alluvions du bas Roummel (Ch. ). 

Gomphocarpus fruticosus R. Br. — Sidi Mecid, près la source thermale (Ch.). 

Erythræa ramosissima Pers. — Sidi Mecid, prés la source thermale ! 

Chlora perfoliata Willd. — Dj. Ouach! 

Convolvulus Cantabrica L. — Sidi Mecid. 

— lineatus L. — Le Kroubs (Ch.). 

—  mauritanicus Boiss. — Sidi Mecid. Ravin d'el Kantara ! 

— tricolor L. — Sidi Mecid. 

— undulatus Cav. — Sidi Mecid. 

— arvensis L, — Sidi Mecid. Mansourah! 

— althæoides L. — Sidi Mecid. Commun. 

—  pseudosiculus Cav. — Pentes du Mansourah (Ch.). 

Cuscuta planiflora Ten. — Sidi Mecid. 

Heliotropium supinum L, — Alluvions du bas Roummel (Ch.). 

— europæum L. — Commun. 

Cerinthe aspera Roth. — Sidi Mecid, etc. ! 

Echium calycinum Viv. — Constantine. Sidi Mecid (Ch.), etc. 

— plantagineum L. — Décombres, lieux vagues. 

— italicum L, — Décombres, lieux vagues. 

Nonnea nigricans DC. — Décombres, lieux vagues. . 

Borrago officinalis L. — Décombres, lieux vagues. 

Anchusa italica Retz, — Décombres, lieux vagues. 

Lithospermum arvense L. — Décombres, lieux vagues. 

— tenuiflorum L. — Crêtes du Mansourah (Ch.). 

— apulum Vahl. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

Alkanna tinctoria Tausch. — Décombres, lieux vagues. 

Myosotis pusilla Lois. — Mansourah (Ch.). 

— hispida Schlecht, —- Mansourah. 


- 


26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Cynoglossum cheirifolium L. — Sidi Mecid. 

Solanum nigrum L. — Constantine (Ch.). 

— — var. miniatum. — Mansourah ! 

— villosum Lam. — Décombres, lieux vagues. 

Lycium vulgare Dum. — Décombres, lieux vagues. 

Datura Stramonium L. — Commun sur la rive gauche du Roumme. 

Hyoscyamus niger L. — Constantine. 

— albus L. — Décombres, lieux vagues. 

Verbascum Boerhaavii L. — Sidi Mecid (Ch.). 

— sinuatum L. — Sidi Mecid. Commun. 

Celsia cretica L. — Sidi Mecid (Ch.). 

— betonicæfolia Desf. — Dj. Ouach (Ch.). 

Linaria lanigera Desf. — Constantine (Ch.). 

— spuria Mill. — Sidi Mecid (Ch.); rive droite du Roummel, au-dessus du pont du 
Diable! 

— triphylla Chaix. — Constantine, Commun dans les prairies ! 

— simplex DC. — Sidi Mecid (Ch.). 

— reflexa Desf. — Sidi Mecid. Commun. 

— virgata Desf. — Constantine (Ch.), au Dj. Ouach! etc. 

— flexuosa Desf. — Constantine (Bové), au Mansourah. 

Anarrhinum pedatum Desf. — Dj. Ouach (Ch.). 

— fruticosum Desf. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). 

Antirrhinum Orontium L. — Sidi Mecid. 

— tortuosum Bosc. — Sidi Mecid. 

Scrofularia auriculata L. — Butte du télégraphe de Sétif; moulin Lavy (Ch ). Bassin de 
la source thermale de Sidi Mecid ! 

— lævigata Vahl. — Parois verticales du Sidi Mecid, au-dessus de la corniche ! 

— canina L. — Commun, 

Veronica Anagallis L. (vel potius V. anagalloides Guss. ?). — Gorges du Roummel! 

— agrestis L. — Constantine (Ch.). 

— Buxbaumii Ten, — Champs au pied du Sidi Mecid, près la source ! 

— hederifolia L. — Constantine (Ch.). 

Eufragia viscosa Bthm. — Sidi Mecid. Dj. Ouach! 

— latifolia Grisb. — Tourbiéres du Dj. Ouach! 

Phelipæa lavandulacea Reut. — Atterrissements du Roummel. 

— Muteli F. Sch. — Constantine. 

Orobanche crinita? Viv. — Vers. E. du Dj. Chettabah! 

Mentha silvestris L. — Commun dans les lieux humides. 

— Pulegium L. — Commun dans les lieux humides. 

Origanum hirtum Lk? Vog.! — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.) ; pointe de Sidi Mecid 
en face l'Arsenal! 

Thymus Guyonii de Noé.— Montagnes des environs de Constantine (Coss. in herb. de Noé). 

— algeriensis B. et Reut. — Sidi Mecid (Ch.). 

— ciliatus Bthm. — Sidi Mecid. Dj. Ouach! 

— numidicus Desf. — Pâturages au-dessus de la ville. 

Micromeria greca Bthm. var. latifolia Boiss. — Dj. Chettabah (Ch.). 

Calamintha heterotricha B. et Reut, — Constantine (Bové), à la poudrerie ! 

Salvia viridis L. — Sidi Mecid (Ch.). 

— argentea L. — Sidi Mecid. 

— bicolor Desf. — Pâturages au-dessus de la ville. 

— Verbenaca L. — Sidi Mecid. . 

Nepeta tuberosa L. — Dj. Ouach (Ch.). 

Brunella algeriensis de Noé. — Sommet du Dj. Ouach! 

Sideritis incana L. — Roummel supérieur (Ch.). 

Marrubium vulgare L. — Décombres, lieux vagues. 

Stachys Mialhesii de Noé. — Sidi Mecid. 

— hirta L. — Constantine (Ch.); Dj. Chettabah ! 

— Duriæi de Noé. — Dj. Ouach, Dj. M'lah (DR.). Roummel supér. (Ch. . 

Lamium amplexicaule L, — Sidi Mecid! 


c 
©! 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 


Phlomis Herba-venti L. — Sidi Mecid ! 

— biloba Desf. — Dj. Ouach (Ch.). 

Teucrium campanulatum L. — Roummel supér. (Ch.). 

— Pseudochamæpitys L. — Constantine /Ch.) ; Dj. Chettabah ! 
— spinosum L. — Entre le Polygone et O. M'lah (Ch.). 

— scordioides Schrb. — Sidi Mecid (Schmitt). 

— Botrys L. — Alluvions du Roummel (Ch.). 

— Chamædrys L. var. australe. — Collines calcaires au S. de Constantiae 
— Polium L. — Sidi Mecid. Commun. 

— resupinatum Desf. — Sidi Mecid (Ch.). 

Ajuga Iva Schrb. — Sidi Mecid! Bords de l'O. M'lah! 


ext.) 


— Chamæpitys Schrb. — Sidi Mecid. n 
Acanthus mollis L. — Ravin d'el Kantara et gorges du Roummel! 
Verbena officinalis L. — Mansourah. 


Lippia nodiflora Rich. — Le Hamma (Ch.). 

Globularia Alypum L. — Dj. Ouach (Ch.). 

Plantago albicans L. — Sidi Mecid. Commun. 

— Lagopus L. — Sidi Mecid. Commun. 

— Serraria Lag. — Sidi Mecid. Commun. 

— Psyllium L. — Sidi Mecid. Commun. 

Plumbago europæa L. — Décombres, lieux vagues. 

Amarantus retroflexus L. — Constantine (Ch.) ; commun dans les décombres et au mou- 
lin Lavy. 

— prostratus Balb. — Décombres sous le pont d'el Kantara ! 

Euxolus viridis Moq.-Tand. — Sous le pont d'el Kantara ! 

Beta vulgaris L. — Sidi Mecid ! 

Oreobliton thesioides DR. — Gorges du Roummel (de Marsilly). 

Chenopodium Vulvaria L. — Décombres, lieux vagues. 

— opulifolium Schrad. — Décombres, lieux vagues. 

— murale L. 8. albescens Moq. — Décombres, lieux vagues. 

Atriplex Halimus L. — Rives de l'O. Melah! 

Rumex conglomeratus Murr. — Environs de Constantine. 

— thyrsoideus Desf. — Prairies à Constantine (Ch.). 

— bucephalophorus L. — Sidi Mecid. Partout. 

Emex spinosa Campd. — Salah Bey (Ch.). 

Polygonum aviculare L. — Décombres, lieux vagues. 

— amphibium L. — Roummel, en amont du pont d'Aumale ! 

— Hydropiper L. — Roummel, en «mont du pont d'Aumale! 

Passerina annua Wickstr. var. pubescens. — Coteaux sur la rive gauche du Bou Merzoug 
(Ch.). Sidi Mecid ! 

— hirsuta L. — Sidi Mecid. 

Daphne Gnidium L. — Sidi Mecid ! Dj. Ouach ! 

Osyris alba L. -— Sidi Mecid. . 

Thesium humile Vahl. — Ravins au N. du cimetière chrétien (Ch.). Sidi Mecid ' 

Aristolochia Jonga L. — Sidi Mecid. 

Crozophora tinctoria A. de Juss. — Commun. 

Ricinus communis L. — Autour des habitations : n'y paraît pas spontané ! 

Mercurialis annua L. — Constantine (Ch.). Commun. 

Euphorbia Chamæsyce L. — Sidi Mecid (Ch.). Commun le long des routes. 

pubescens Vahl. — Alluvions du Roummel (Ch.). 

Helioscopia L. — Décombres, lieux vagues. 

exigua L. — Sidi Mecid. 

falcata L. — Sud de Constantine (Ch.) . 

sulcata de Lens.— Sidi Mecid (Ch.). 

Peplus L. — Décombres, lieux vagues. 

peploides Gouan. — Sidi Mecid (Ch.). 

hieroglyphica DR. — Mansourah, vallée du Bou Merzoug (DR.); vallée du Roummel 

supér. (Ch.). 
segetalis L, — Moissons autour de la ville (Ch.). 


IILI] 


| 


266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Euphorbia Pinea L. (E. calcarea Coss. et DR. olim). — Sidi Mecid (DR.). 

— nicæensis All. — Coteaux calcaires de la vallée du Roummel supér. (Ch.). 

Theligonum Cynocrambe L. — Décombres, lieux vagues. 

Urtica membranacea L. — Décombres, lieux vagues. 

— pilulifera L. — Décombres, lieux vagues. 

Parietaria diffusa M. et K. — Sidi Mecid. Gorges du Roummel! 

Celtis australis L. — Sidi Mecid. Koudiat Ati ! etc. 

Ficus Carica L. — Sidi Mecid ! etc. 

Salix fragilis L. — Bords du Roummel (Ch.). Spont. ? 

— pedicellata L. — Bou Merzoug (Ch.) ; bords du Roummel infér. ! 

Populus alba L. — Bords du Roummel infér. ! Spont. ? 

Colchicum Bertolonii Stev. — Constantine (Ch.). Commun sur tous les coteaux argileux ! 

Scilla autumnalis L. — Mansourah! Dj. Ouach ! 

— obtusifolia Poir. — Sidi Mecid (Ch.). Gorges du Roummel! 

— peruviana L. — Sidi Mecid. Dj. Ouach! 

— lingulata Desf. — Constantine (Trib.). Sidi Mecid (Ch.). Dj. Ouach ! Assez commun. 

Urginea Scilla Steinh. — Sidi Mecid. Commun. 

— fugax Steinh. — Dj. Ouach, en face les baraques ! 

Gagea fibrosa Rœm. et Sch. — Pépinière (Ch.). Sidi Mecid ! Mansourah ! 

Ornithogalum arabicum L. — Sidi Mecid, Dj. Ouach (Ch.). 

— narbonense Dod. — Sidi Mecid. 

— umbellatum L. (0. algeriense Jord.). — Sidi Mecid. Ravin d'el Kantara! 

Allium pallens L. — Sidi Mecid (Ch.). f 

— triquetrum L. — Sidi Mecid, à la source thermale ! 

— Chamæmoly L. — Vers. S. du Sidi Mecid (Emy). 

— roseum L. — Sidi Mecid. ` 

— nigrum L, — Sidi Mecid. 

Bellevalia romana Rchb. — Sidi Mecid. 

Hyacinthus dubius Guss. — Sidi Mecid. 

Muscari comosum Mill. — Constantine ; commun dans les champs argileux. 

— racemosum DC. — Sidi Mecid. 

Phalangium algeriense B. et Reut. -— Tourbières du Dj. Ouach ! 

Asphodelus microcarpus Viv. — Constantine; très-commun. 

Asphodeline lutea Rchb. — Vers. S. du Dj. Chettabah (DR.). 

Asparagus albus L. — Sidi Mecid. 

Smilax mauritanica Poir. — Sidi Mecid, à la source thermale ! 

Tamus communis L. — Rives du Roummel infér. ! Tourbières du Dj. Ouach ! 

Trichonema Bulbocodium Rchb. — Dj. Ouach! 

Iris juncea Poir. — Dj. Ouach (Ch.). 

— stylosa Desf. — Dj. Ouach (Ch.). 

— scorpioides Desf. — Constantine (Ch.). Très-commun partout. 

— Sisyrinchium L. — Constantine. Commun. 

Gladiolus segetum Gawl. — Constantine (Ch.). 

— Ludoviciæ Jan. — Sidi Mecid. 

Leucoium autumnale L. — Dj. Ouach (Emy). Roummel infér. (Ch.). 

Sternbergia lutea Gawl. — Constantine (de Marsilly) : commun au Koudiat Ati et aux 
gorges du Roummel ! 

Narcissus aureus DC. — Prairies marécageuses du Dj. Ouach! Bas Roummel (Ch.). (4). 

-— elegans Sp. — Mansourah! Bas Roummel (Ch., si, comme je le pense, cette plante 
et le N. Cupanianus Guss. ne diffèrent pas spécifiquement). 

Serapias Lingua L. — Dj. Ouach ! (2). 


(1) M. Choulette a publié cette plante, n? 183 de la 2° série, sous le nom de N. Ta: 
sella var. algeriensis, Je suis encore à voir le N. Tazetta d'Algérie. Tout ce que ja! 
récolté dans la Mitidja et la province de Constantine, aux localités où cette plante est indi- 
quée, et tout ce que j'ai reçu sous ce nom du Tell oranais se rapporte au N. aureus. 

(2) Il ne faut jamais remettre au lendemain la récolte d'une plante! — Cet axiome 
devrait être la chehada (profession de foi) de tout botaniste, En juin 1869, le capitaine 


SÉANCE DU 10 NovEMBRE 1871. 267 


Orchis papilionacea L. — Constantine (Ch.). 

— tridentata Scop. — Dj. Ouach (Ch.). ` 

Ophrys tenthredinifera Willd. — Dj. Ouach (Ch.). 

— fusca Lk. — Dj. Ouach (Tribout). 

— — var. Duriæi. — Dj. Ouach (Tribout). 

— lutea Cav. — Dj. Ouach (Ch.). 

— ciliata Biv. — Entre Sidi Mecid et le Mansourah (Ch.). 

Vallisneria spiralis L. — Lac entre l'étang du Dj. Ouach et le barrage de la rivière des 
Chiens (Ch.). 

Triglochin laxiflorum Guss. — Somm. au Dj. Ouach ! 

Potamogeton natans L. — Roummel en amont du pont d'Aumale ! 

Arisarum vulgare Targ. Tozz. — Sidi Mecid. 

Biarum Bovei Bl. — Pâturages au-dessus de la ville. 


Arum italicum Mill. — Sidi Mecid. ! 
Typha latifolia L. — Environs de Constantine. 
— angustifolia L. — Sidi Mecid, à la source thermale ! 


Juncus acutus L. — Commun dans les lieux humides. 

— heterophyllus L. Desf. — Constantine (Ch.). 

— alpinus Vill. — Tourbières du Dj. Ouach! (4). 

— striatus Schousb. — Dj. Ouach (Ch.). 

— — var. macrocephalus. — Mansourah (DR.). 

— valvatus Lk. var. caricinus. — Mansourah (DR.). 

— capitatus Weig. — Dj. Ouach (Ch.). 

— Tenageia Ehrh. — Constantine. 

— bufonius L. — Dj. Ouach (Ch.). 

— — var. — Commun. 

Cyperus fuscus L. — Constantine (Bové) : commun le long du bas Roummel! 
— olivaris Targ. Tozz. — Constantine (Bové) : au pied du Dj. Chettabah (DR.). 
— longus L. — Sidi Mecid, à la source thermale! Moulin Lavy ! 

— badius Desf. — Environs de Constantine. 

Schenus nigricans L. — Vers. N. du Dj. Ouach! 

Scirpus Savii S, et M. — Constantine : au Dj. Ouach! 

— lacustris L. — Constantine : Roummel en amont du pont d'Aumale! 
— Holoschenus L. — Dj. Ouach ! 

— maritimus L. — Bas Roummel (Ch.). 

Heleocharis palustris R. Br. — Constantine (Ch.). 

Carex remota L. — Sidi Mecid, à la source thermale (Ch.). 

— glauca L. — Tourbiéres du Dj. Ouach ! 

— — var. serrulata. — Constantine. 

— olbiensis Jord. — Vers. N. du Dj. Ouach! 

— echinata Desf. — Constantine : source thermale de Sidi Mecid ! Dj. Ouach! 
— distans L. — Constantine. 

— punctata Gaud. — Tourbiéres du Dj. Ouach! 

Phalaris canariensis L. — Constantine. 

— brachystachys Lk. — Sidi Mecid. 

— minor Retz. — Constantine. 

— paradoxa L. — Sidi Mecid. 

— truncata Guss. — Bords du Roummel. 

—— cærulescens Desf. — Constantine. 

Phleum pratense L. var. nodosum. — Environs de Constantine (Ch.). 
Alopecurus ventricosus Pers. — Alluvions du Roummel. 

— bulbosus L. var. macrostachys. — Dj. Ouach (Ch.). 


Emy et moi trouvâmes, le long des tourbiéres du Dj. Ouach, un seul pied de Serapias 
authentique à fleurs jaunes. — Les boites pleines, la fatigue, la difficulté de partager 
un échantillon entre deux, que sais-je? D'autres échantillons étaient là, prés de fleurir : 
nous remîmes la récolte à la prochaine excursion; et quinze jours aprés, lorsque nous 
y revinmes, nous trouvâmes tout complétement desséché ! 

(1) Cette espèce n’avait point encore été rencontrée en Algérie. 


268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Echinaria capitata Desf, — Constantine : commun dans les prairies sèches. 

Tragus racemosus Hall. — Constantine (Bové). 

Setaria verticillata P. Beauv. — Constantine (Bové). Le long du bas Roummel, etc.! 

— glauca P. Beauv. — Constantine (Bové). Le long du bas Roummel, etc. ! 

Panicum colonum L. — Constantine. Le long du bas Roummel, etc. ! 

Cynodon Dactylon Pers. — Sidi Mecid. Commun! 

Andropogon distachyus L. — Constantine : Sidi Mecid ! etc. 

Imperata cylindrica P. Beauv. — Pentes schisteuses désagrégées du Mansourah ! 

Arundo isiaca Kth. — Constantine (Ch.). 

Ampelodesmos tenax Lk. — Constantine : toutes les collines et montagnes des environs ! 

Agrostis alba L. var. coarctata. — Constantine. 

— — var. Fontanesii (A. Mustapha Steud.). — Constantine. Source thermale de Sidi 
Mecid ! 

— verticillata Vill. — Constantine. Bords du ruisseau dela route de Sétif! etc. 

— elegans Thore. — Dj. Ouach (Ch.). 

Gastridium lendigerum Gaud. — Sidi Mecid. 

— muticum Guenth. — Constantine. 

Polypogon maritimus Willd. — Constantine. 

— subspathaceus Req. — Constantine. 

Lagurus ovatus L. — Sidi Mecid. Commun dans les champs cultivés ! 

Stipa barbata Desf. — Constantine. 

— juncea L. var. Duvalii Nob. — Sidi Mecid! le Kroubs (Ch.). 

— gigantea Lag. — Constantine. Commun dans les ravins du Dj. Chettabah ! 

— parviflora Desf. — Constantine. 

— tortilis Desf. — Le Kroubs (Ch.). 

Piptatherum miliaceum Coss. — Constantine (Ch.). Commun. 

Molineria minuta Parl. — Constantine. 

Aira capillaris Host. — Dj. Ouach. 

Avena barbata Brot. — Commun dans les prairies séches ! 

— pratensis L. — Constantine. 

Triselum flavescens P. B. — Sidi Mecid. 

— neglectum R. et Sch, — Sidi Mecid. 

— paniceum Pers. — Sidi Mecid. 

— — var. canariense. — Vallée du Roummel. 

Holcus lanatus L. — Dj. Ouach (Ch. ). 

Kæleria pubescens P. B. — Sidi Mecid, etc. 

— valesiaca Gaud. — Sidi Mecid (Ch.). 

Catabrosa aquatica P. Beauv. — Constantine. 

Glyceria plicata Fr. — Constantine. 

Sclerochloa dura P. Beauv. — Constantine. 

Poa annua L. — Commun. 

Briza minor L. — Constantine (Ch.). 

Melica Maguolii 6. et G. — Sidi Mecid! 

— Cupani Guss. — Vers. S. du Mansourah (DR.j. 

Scleropoa rigida Grisb. — Sidi Mecid. Commun! 

Dactylis hispanica Roth. — Constantine. Commun. 

Cynosurus polybracteatus Poir. — Constantine. 

— echinatus L. — Constantine. 

— Lima L. — Constantine. 

Lamarckia aurea Mœnch. — Sidi Mecid. Commun ! 

Festuca Michelii Brot. — Constantine. 

— sicula Presl. — Mansourah (DR.). 

— bromoides L. — Dj. Ouach (Ch.). 

— ciliata Pers. — Constantine. 

— geniculata Willd. — Constantine. 

— incrassata Salzm. — Constantine. 

— cynosuroides Desf. — Mansourah ; alluv. du Roummel. 

Bromus maximus Desf. var. Gussonii. — Sidi Mecid. 

— rubens L. — Sidi Mecid, Commun. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 269 


Bromus alopecuros Poir. — Sidi Mecid. 

— macrostachys Desf. — Sidi Mecid. Commun. 

Hordeum murinum L. — Constantine (Ch.). 

— bulbosum L. — Constantine (Ch.). Trés-commun dans les prairies sèches ! 

Elymus crinitus Schreb. — Constantine. 

Ægilops ventricosa Tausch. — Sidi Mecid. 

— ovata L. — Sidi Mecid. 

— — f. aristata Willd. — Sidi Mecid. 

Agropyrum repens P. B. — Constantine. 

Brachypodium pinnatum P. B. — Constantine. 

— distachyon P. B. — Sidi Mecid. 

Lolium perenne L. — Lieux vagues, décombres. 

— italicum Al. Br. — Lieux vagues, décombres. 

— multiflorum Lam. — Lieux vagues, décombres. 

— strictum Presi. — Lieux vagues, décombres. 

— temulentum L. — Sidi Mecid. 

Gaudinia fragilis P. Beauv. — Dj. Ouach (Ch.). 

Nardurus tenellus Rchb. var. aristatus. — Constantine. ' 

Lepturus cylindricus Trin. — Constantine. 

— filiformis Trin. — Constantine. 

Adiantum Capillus-Veneris L. — Chutes du Roummel! Source thermale de Sidi Mecid ! 

Cheilanthes fragrans Hook. — Source thermale de Sidi Mecid ! 

Pteris aquilina L. — Source au sommet (vers. N.) du Dj. Ouach (Hénon). 

Athyrium Filix-femina Roth. var. dissectum Th, Moore. — Ibidem (Hénon) ! 

Asplenium Trichomanes L. — Constantine (Ch.). 

Scolopendrium Hemionitis Sw. — Constantine. 

Ceterach officinarum Willd. — Sidi Mecid. 

Osmunda regalis L. var. Plumieri Milde. — Source au sommet (vers. N.) du Dj. Ouach 
(Hénon). 

Equisetum ramosissimum Desf. — Source thermale de Sidi Mecid ! 

Selaginella denticulata Lk. — Tous les rochers humides exposés au Nord ! 


Liste de quelques Lichens saxicoles récoltés aux environs de Constantine. 


Les espèces contenues dans cette liste ont été récoltées par moi dans le 
courant de l'année 1869. J'y ai joint l'énumération de quelques Lichens qui 
m'ont été rapportés de Bou-Saada (Hodua) par M. le capitaine Emy, du 
3* tirailleurs algériens. 

M. le D' Nylander a bien voulu, avec cette bienveillante amitié dont il m'a 
déjà donné tant de preuves, revoir et compléter la détermination de ces espèces, 
qui a acquis ainsi une certitude absolue. 


Explication des abréviations de localités : Dj. O. — Djebel Ouach ; M. — 
Mansourah ; S. M. — Sidi Mecid. 

Le signe +, placé devant le nom d'une espèce, signifie qu'elle n'avait point 
encore été trouvée en Algérie. 


Collema melænum Ach. — S. M. Squamaria crassa DC. — Dj. 0. > 
Parmelia prolixa Ach. — Dj. 0. — — var. periculosa Schær. — S. M. 
— fuliginosa Fr. — Dj. O. — lentigera DC. — Dj. O. 
Physcia parietina Ach. var. aureola. — | — saxicola Nyl. var. albo-pulverulenta 
Dj. 0. Schær. — Dj. 0. 


— obscura Nyl — S. M, — — var. versicolor Pers. — M. 


270 


Squamaria saxicola var. diffracta Scheer. — 
Dj. 0. 

Placodium circinatum Nyl. — Dj. O., S. M. 

— var., vel potius sp. nov. ? — S. M. 

teicholytum DC. var. rubricosum Nyl. — 
Dj. 0. 

murorum DC. — S. M. 

— var. citrinum Nyl. — S. M. 

callopismum Mer. — Dj. O.S. M. 

fulgidum Nyl. — M., S. M. 

T — medians Nyl. — M. 

— variabile Pers. — M. 

Lecanora cerina? Ach. — Dj. 

arbores). 

— pyracea Ach. var. rupestris Scop. — S. M. 

— aurantiaca Nyl. var. erythrella Nyl, — 
M.,S. M. 

Lallavei Nyl. — Dj. 0. 

castanea Scheer. — Dj. 0. 

— f. percanoides Nyl. — S. M. 

Schleicheri Ach, — Dj. 0. 

cinerea Nyl. — Dj. O. 

— var. calcarea. — Dj., 0. M. 

subfusca Ach. f. campestris Scheer. — 
S. M. 

— f. erythræa Ach, — Dj, O. 


— 
— 
— 
— 


— 


0. (ad 


[IIIi 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Lecanora glaucoma Ach. — Dj. 0. 

— — T var. subflavescens Nyl.— Dj. 0. 

— atra Ach. — Dj. O. (et ad arbores !). 

T — badia Ach. — Dj. 0. 

— sophodes Ach. var. lævigata. — M. 

+ — teichotea Nyl. — Dj. 0. 

+ — pruinifera Nyl. — Dj. O. 

Urceolaria seruposa Ach. — Dj. 0. 

— actinostoma Pers. — Dj. 0. 

Pertusaria dealbata ? Pers. — Dj. O. 

Lecidea lurida Ach. — M., S. M. 

— decipiens Ach. — Dj. O. 
mamillaris Desf. — S. M. 
vesicularis Ach. — S. M. 
cinereo-virens Scher. — S, M. 
parasema Ach. — Dj. 0. 

— insularis Nyl. — Dj. 0. 
albo-atra Scheer. — Dj. 0., M. 

— geographica Schær. — Dj. 0. 

Arthonia varians Ach. — Dj. O. 

Endocarpon miniatum Ach. — S. M. 

Verrucaria viridula Ach. — M., S. M. 

— macrostoma Desf. — S. M. 

t — integra Nyl. — M., S. M. 

t — muralis Ach. — S. M. 

Limboria sphinctrina Desf. — S. M. 


[IT] 


Lichens de Bou-Saada. 


Squamaria lentigera DC. 
Placodium fulgidum Nyl. 
Lecidea ferruginea Nyl. 

— esculenta Nyl. 


Urceolaria scruposa Ach. var. gypsacea. 
Lecidea cinereo-virens Schær, 
Endocarpon hepaticum Ach. 


Lecture est donnée de la lettre suivante : 


LETTRE DE M. Paul SAGOT A M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. 


Cluny (Saône-et-Loire), 3 juillet 4874. 


Cher Monsieur, 


J'adresse à la Société botanique un travail qui, par son titre, semble étran- 
ger à la botanique: Élève du bétail à la Guyane (1). 

Les premiers chapitres, consacrés à la description, au point de vue agricole, 
des savanes et des plantes cultivées comme fourrage dans la colonie, ont ce- 
pendant quelque rapport avec la botanique. 

Vous y trouverez quelques indications sur les plantes de toutes familles re- 
cherchées par le bétail ou repoussées par lui, et sur les plantes cultivées 
comme fourragères. 


L' Herbe-de- Para ( Panicum molle Sw.), Graminée qui s'enracine aux 


(4) On sait que notre honorable et savant collégue M. le docteur Sagot a longtemp* 
séjourné à la Guyane, en qualité de médecin de la marine. (Note du Secrétaire général.) 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 274 


nœuds avec une extrême facilité, nous présente un exemple rare et remar- 
quable de bonne Graminée fourragère propre à croître dans les sols vaseux et 
humides. 

L' Herbe-de- Guinée (Panicum altissimum) est déjà bien connue. 

Parmi les Légumineuses, la tribu des Phaséolées parait fournir les meil- 
leurs fourrages. 

Le Dolichos sphærospermus est peut-être l'espèce la plus propre à repré- 
senter les cultures fourragéres améliorantes : cultures jusqu'ici malheureuse- 
ment inusitées dans l'agriculture intertropicale. 

L'Arachis hypogæa donne, malheureusement en très-petite quantité, un 
fourrage d'une valeur nutritive supérieure. 

Les fanes feuillées vertes de la Patate sont recherchées des bestiaux et méme 
des porcs. 

Je joins à cette brochure une courte notice imprimée par la Société aca- 
démique d'Angers, notice qui rassemble quelques souvenirs d'herborisations 
relativement à l'influence géologique et minéralogique du sol en géographie 
botanique. 

Je regrette de n'avoir pas fait ressortir dans ce petit travail que la préfé- 
rence, dans certaines régions, de quelques plantes pour tel sol géologique 
pouvait se rattacher non-seulement à des convenances actuelles, mais encore 
à des convenances qui existaient dans les périodes géologiques précédentes. 
Si les espéces aujourd'hui trés-rares semblent les restesd'une plante plus com- 
mune à une période géologique précédente et détruite en majeure partie à la 
constitution de la période actuelle, soit par le froid, soit par l'humidité ou la 
sécheresse, soit par la concurrence d'espéces plus vigoureuses, ne peut-on 
pas supposer que quelques natures de sol et quelques expositions privilégiées 
ont pu, sur quelques points, préserver l'espéce de destruction ? 

Dans un autre ordre d'idées, les considérations géologiques pourraient peut- 
étre nous expliquer le phénoméne de la présence, rare ilest vrai mais con- 
statée cependant quelquefoisdans la méme localité, de deux formes affines, l'une 
septentrionale, l'autre méridionale de la méme espèce ? 

Supposons une plante s'étendant sous une zone assez vaste pour subir, ici 
le climat des hautes Alpes, là celui de la région méditerranéenne. Presque 
toujours elle porte quelques légers caractères de race, quelque faciès propre, 
dans l'une ou l'autre région. Une culture de quelques années dans un jardin 
botanique ne détruit pas ces caracteres. 

De tels faits ont pu se produire dans la nature. Si les influences de climats 
divers, successifs ou contemporains, ont constitué plusieurs variétés notables, 
ces variétés, àla période géologique actuelle, ont pu se rencontrer dans la 
méme localité et persister plus ou moins parfaitement dans leur type propre. 

En voyant, dans le Bugey, le lehm alpin s'étendant dans la vallée entre les 
hauts coteaux et les montagnes du calcaire jurassique, il me semblait que les 


972 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


races alpines de nos plantes vulgaires ont pu revenir pousser à cóté de 
races restées sur les coteaux calcaires a l'abri de ces influences. 

Il est certain que dans quelques localités, le Lyonnais, le Dauphiné, par 
exemple, on trouve aujourd'hui une plus grande variété de races distinctes 
de la méme espèce que dans les plaines du uord. 


Agréez, etc. P. SAGOT. 
Professeur à l'École de Cluny. 


M. Pérard présente à la Societé le travail suivant : 


ÉNUMÉRATION DES CRYPTOGAMES DE L'ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON (ADDENDA), 
pr M. A. PÉRARD. 


ALGUES. 


BATRACHOSPERMUM MONILIFORME Roth. — Adhérent aux pierres dans les 
ruisseaux et les fontaines. — Cà et là. 

LtMANEA FLUVIATILIS Ag. — Dans les eaux courantes des torrents et des 
rivières. — Montluçon, le Cher et la Vernoille. | 


. Var. B. tenuis Kuetz. Tab. phyc. vu, n° 82. — Sur les pierres du ruisseau de la 
Brosse près Montluçon. 


— MAMILLOSA var. ß. subtilis Kuetz. Tab. phyc. vii, n° 83. —Sur les pierres 
des ruisseaux et des torrents. — Montlucon, la Vernoille. 

— 'TORULOSA Ag., Dub. Bot. gall. p. 978. — L. incurvata Bory. — Sur 
les pierres et les rochers dans les ruisseaux et les rivières. — Le Cher et la 
Yernoille, etc. 

HYDRODICTYON UTRICULATUM Roth. — 77. pentagonum Vauch. — Montlu- 
con, le Cher où il est commun. 


L'Algue thermale que l'on trouve dans les eaux de Néris les-Bains (Anabaina monli- 
culosa Bory) a été étudiée avec soin par MM. De Laurès et Becquerel dans une brochure 
(1855) intitulée Recherches sur les Conferves des eaux thermales de Néris, 


CHAMPIGNONS. 


AGARICUS (Tricholoma) PHÆOCEPHALUS Bull. tab. 555, fig. 1. — Lieux 

humides aux environs de Montluçon. — Commencement de mai, — R. 

Annulo fugaci! sporis argillaceis rotundato-polygonalibus!, cystidiis in 
medio ventricosis, apice bi- tri- aut quadriechinatis! De Seynes Zssa? F1. 

mycol. région de Montpellier et du Gard, p. 100, n° 89. 

Notre espèce diffère du type par son chapeau squammeux comme celui des Lepiola, mais 
nous n'avons pas vu d'anneau bien caractérisé, Elle se rapporte à la description que 
M. de Seynes en a faite, et la forme et la couleur des spores (un peu rosées), ainsi que 
les cystides, sont celles de 14. phæocephalus, espèce rare, qui n'aurait encore été vue 
qu'une seule fois en France, dans la région de Montpellier et du Gard et dans la région 
cu Centre. Notre obligeant et savant collègue, M. de Scynes, a bien voulu me commu- 


riquer ses dessins et tous les renseignements pour m'aider à la détermination de celte 
espèce. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 275 


AGARICUS (Omphalia) PYxipATUS Bull., Fr. Epicr. — Automne. — Mont- 
luçon, bois du château des Modières. 

— (Pholiota) CYLINDRAGEUS DC., Fr. — Sur les vieilles souches de saules. 
— Automne. — Montluçon, bords du ruisseau de Néris, près du moulin 
de Nerde. 

— (Ph.) PRÆcOx Pers. — Var. minor et sans anneau. — Terrestre, 
parmi le gazon. — Printemps. — Montluçon, vallée de l'Amaron et prairies 
de la Vernoille au-dessous de Saulx. 

— (Naucoria) SEMIORBICULARIS Bull., Fr. — Décombres, détritus de démo- 
litions. — Printemps. — Montluçon. — (à et là. | : 

— (N.) MELINOIDES Bull. — Terrestre, parmi le gazon. — Août-sept. — 
Env. de Montluçon, brandes de la Châtre. 

— (Galera) TENER Schæff. — Printemps. — Montluçon, fosse du vagon- 
porteur de l'usine Boigues-Rambourg. 

— (Psalliota) CAMPESTRIS L.— Ag. edulis DC. part.— Páturages,' brandes. 
— Printemps et automne. — Env. de Montluçon, A.C. — Vulgairement 
Mousseron. — Comestible. 

On trouve quelquefois, dans les brandes de la Châtre, cet Agaric sans collier ou ne 
présentant que des lambeaux attenants au chapeau. Cette forme a été peinte à l'aquarelle, 
d’après nature, par Mlle Alex. Pérard, et fait partie des planches de Champignons de 


l'herbier de Montluçon (var. «. nudus De Seynes, Essai d'une Flore myc. de Montpellier 
et du Gard). : 


On rencontre cà et là, sur les tas de fumier, une forme plantureuse de l’Ag. campes- 
tris L., et enfin une variété qui atteint des dimensions assez considérables, et qui vient 
sur les pelouses trés-séches, dans les pacages secs, au-dessus de Marmignolles, prés de 
la route de Bizeneuille. 

— (Hypholoma) FASCICULAnIS Huds. — Terrestre, prés des vieilies souches. — 
Env. de Montluçon, A. C. — Vénéneux. 

Cet Agaric vient généralement en touffe; il est variable de grandeur je l’ai rencontré 
nain parfois. Dans le creux d'un arbre coupé au bord de la Vernoille, j'ai recueilli des 
échantillons robustes, ayant un chapeau assez grand, d'un beau jaune orangé, dont les 
lamelles jaunes verdissent assez promptement. . 

— (Psilocybe) CANDOLLIANUS Fr. Epicr. — Printemps. — Montlucon, 
près des traverses du chemin de fer, plan incliné de l'usine Boigues-Ram- 
bourg. 

— (Psathyra) cosoPiLUS Fr. — Terrestre parmi le gazon. — .Automne,— 
Montluçon, dans les brandes au bord de la Vernoille. 

— (Panaeolus) SPHINCTRINUS Weinm. — Terrestre. — Automne, — Mont- 
lucon, dans un jardin au pied des arbustes. — A. R. 


Champignon élégant, chapeau rabattu, jaune livide supérieurement, à bords un peu 
froncés, surmontés d'une ligne paralléle d'un gris plus foncé. 
— (P.) PHALÆNARUM Bull. — Sur le fumier. — Printemps. — Jardins de 
Montluçon. 
— (Psathyrella) nYnROoPHORUS Bull. — Terrestre. — Automne. — Mont- 
T. XVIII. (SÉANCES) 18 


27h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


:Jucon, dans la terre imbibée de résidus de graisse (fosse du vagon-porteur 
de l’usine Boigues-Rambourg). 
AGARICUS (Ps.) DIGITALIFORMIS Bull. — Bruyères, brandes humides. — 


Automne. 


Ce petit Champignon nain vient en touffe; je l'ai recueilli et observé assez abondam- 
ment dans les brandes des environs de Saulx, qui sont aujourd'hui recouvertes par les 
eaux du réservoir de la Vernoille. 


— (Coprinus) coMATUS Batt., Fl. dan. — Printemps et automne. — Mont- 
lucon, usine Boigues-Rambourg, dans les décombres et le fumier. — Peu C. 

— '(C.) DÓMESTICUS Bolt. — Fin d'été.—Montlucon, dans la fosse du vagon- 
porteur de l'usine Boigues-Rambourg. 

— (C.) FIMETARIUS L., Scop. .— Fossés humides au bord des chemins, ter- 
rains gras. — Printemps et automne. — Montlucon, fosse graisseuse du 
vagon-porteur de l'usine Boigues-Rambourg; bords du chemin de Terre- 
neuve à Saulx, dans les fossés. — A.C. 

— (C.) MiCACEUS Bull. — Terrains gras, matières en décomposition. — Prin- 
temps. — A. C. — Montluçon, sur le plan incliné de l'usine Boigues-Rain- 
bourg; on l'observe assez souvent dans les jardins, et près des poulaillers et 


; des pigeonniers. 
D'aprés Bulliard et M. Cordier, l'eau de ce Coprin efface l'écriture faite avec de l'encre 
ordinaire... 


— (C. ) DELIQUESCENS Bull. — Automne. — Montluçon, fosse du vagon- 
porteur de l'usine Boigues-Rambourg. ^ 

— (Hygrophorus) Nivkus Scop., Scheff., Fr. — A. virgineus Pers. — 
Automne. — Montlucon, prairies au-dessus de Nerde. . 

— (Lactarius) PLUMBEUS Bull, — Terrestre, — Fin d'été dans les bois et 
taillis. — Env. de Montluçon, bois de bouleaux du parc du Mont, près du 
Roc-de-Pyraume, où il est assez commun. — Vénéneux. 

— (Russula) ALUTAGEUS: Pers. — Russula alutacea Fr. — Fin d'été et 
automne. — Terrestre dans les bois. — Varie de couleur: — Montluçon, 
bois de pius de Marignon prés du plan inclinc. 

— (H.) evericus Fr. Syst. — Russula emetica Fr. Epicr. — Fin d'été 
'et automne. — Terrestre dans le$ bois. — Vénéneux. — Montlucon, bois 
de pins de Marignon, prés du plan incliné. 

CANTHARELLUS BRYOPHILUS Fr. — Sur les mousses. — - Printemps. — A.R. 
— Rochers humides de la gorge de Thizon, sur le Zeucobryum glaucum. 

SCHIZOPHYLLUM COMMUNE Fr. — Sur les écorces d'Aune, — Printemps. — 
Montluçon, bois de la Brosse. 

BOLETUS COLLINITUS Scheff., Fr. Epicr. — Bois ct taillis ombragés. — Fin 


d'été, automne, — Peu C. — Montlucon, bois de la Liaudon. 
— GRANULATUS L., Fr. — B. circinans Pers. — Terrestre, bois parmi les 
débris de feuilles. — Fin d'été, automne. — Montlucon, bois de pins de 


Marignon prés du plan incliné. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871, 275 


BOLETUS AURANTIACUS Bull., Cordier, Champ. de France, t. II, p. 134. 
— Bois, brandes. — Automne. — Montluçon, bois de Douguistre et de la 
Brosse, A.R. — Brandes de la Châtre. C. 

MERULIUS LACRIMANS Fr. Zpicr. — Vient sur les vieilles poutres dans les 
lieux humides. — Çà et là dans les maisons. — Montluçon. 


Ce Champignon, au fort de sa croissance, laisse souventéchapper des gouttelettes d’eau, 
d’où lui vient son nom de pleureur. . 


THELEPHORA PUTEANEA Fr. — Automne. — Vieilles souches. — Montlucon, 
bois de la Liaudon. 

STEREUM HIRSUTUM Fr. £picr. — Auricularia reflexa Bull. — Sur lé- 

. corce des troncs d'arbres et les vieilles souches. — A.C. — Montluçon, 
parc du Mont, etc. — Bois d'Audes. 

MITRULA PALUDOSA Fr. Syst. — M. phalloides Chevallier, FL. des env. 
de Paris. —-A.R. — Env. de Quinsaines, bois tourbeux près Bodijoux. 


Ce Champignon a le chapeau d'un jaune rouge orangé et adopte des formes diverses, 
tantôt en massue un peu comprimée, tantôt en soucoupe. — Il vient à terre sur les 
feuilles d'Aune en décomposition dans les tourbiéres. 


LYCOPERDON GEMMATUM Batsch, — L. perlatum Pers. — L. Proteus DC. 
— Terrestre dans les lieux sablonneux. — C.—Vulgairement Vesse-de-loup. 


D'après M. Cordier, la poussière de ce Champignon, lancée dans les yeux, peut occa- 
sionner des ophthalmies assez graves. 


PEZIZA ACETABULUM L. — Sur la terre dans les bois humides des envir. de 
Montluçon, le Mont. — Printemps. 

— AURANTIA OEd. Fl. dan. — Sur la terre ou sur le bois mort. — Env. de 
Montlucon, bords de la Vernoille. — Printemps. 

— AQUATICA DC. — Sur les racines et branches submergées dans les ruis- 
seaux. — Montlucon, ruisseau de la Liaudon, la Vernoille. 


Localités nouvelles pour quelques espéces comestibles citées 
antérieurement (4). 


ÀMANITA CÆSAREA Pers, — Oronge. — Bois de la Châtre et de la Cha- 

vine, C. 

Champignon d'un goût délicat et qu'il ne faut pas confondre avec la Fausse-Oronge 
(A. muscaria), qui est trés- vénéneuse. L'A. cæsarea a les lamelles jaunâtres et le pédicule 
Jaune extérieurement; de plus le volva reste complet et les bords du chapeau sont visi- 
blement striés. L'A. muscaria a les lamelles.blanchátres, le pédicule blanc ou blanc-jau- 
nätre; le volva incomplet n'offre que des débris, et les bords du chapeau, un peu visqueux, 
Sont légèrement striés. — Le caractère des taches blanchâtres (débris de volva), mou- 
chetant le chapeau, fait défaut dans la vaviété à chapeau lisse. 


(4) M. Charles Leseurre s'est occupé depuis longtemps à Montluçon de la recherche 
des Champignons comestibles de cette contrée ; il a eu l'obligeance de me signaler un 
certain nombre de localités nouvelles, J'ajouterai que l'herbier de Montluçon doit à son 
véritable talent d'artiste. quarante aquarelles, peintes d’après nature, d'une exécution 
remarquable et qui représentent une partie des espèces citées dans ce Catalogue. 


276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


AGARICUS PROCERUS Scop. — Cocherelle. — Montluçon, coteaux du Mont, 
de la Châtre et de la Chavine, C. ; coteaux de Quinsaines et de Bodi- 
joux, C. ; bois de la Piátre au delà de Coursage. 

— OREADES Bolt. — aux-Mousseron. — Commun dans tous les terrains 
sablonneux sur la montagne et dans la plaine, pelouses des coteaux, 
bruyères, bords des haies. — Été et automne. 


ll y a quelques variétés de forme et de couleur, mais on le distinguera toujours de plu- 
sieurs espéces voisines, et qui lui ressemblent beaucoup, en ce que les lamelles du cha- 
peau sont très-écartées, et que le pédicule, légèrement creux, est formé de fibres tellement 
tenaces, qu'il est trés- difficile de le rompre méme en le tortillant (Ag. tortilis DC). 


BOLETUS EDULIS Bull. —Ceps ou Cépe comestible. — Fin d'été. — Montluçon, 
vallée de l'Amaron et bois de Douguistre ou d'Anguitte ; Commentry, bois 
des forges. 


Cette espèce a le chapeau couleur bronze florentin et l'hyménium blanc ou blanchâtre; 
elle recherche le grand air et croit sur les pelouses avoisinant les grands arbres ; elle 
vient aussi en plein champ sous les chátaigniers (en montant à la Brosse). On ne la trouve 
pas dans les bruyéres ni dans les hautes herbes. 

Var. œæreo-flavescens (Nob. ). — Le chapeau est d'un bronzé trés-blond ; l'hyménium, 
au lieu d'étre blanc, est jaune et verdit en vieillissant. 

Cette variété blonde est comestible comme le type ; sa station est différente, elle est 
assez commune dans les feuilles séches sous les cépées (bois de Douguistre); elle vient 
plutót dans les fourrés que sur les pelouses. 


FISTULINA HEPATICA Fr. — Boletus hepaticus Pers.— Langue-de-bœuf. — 
Commun dans les bois et dans les ravins, partout au pied des chénes. On 
en trouve d'énormes spécimens dans le bois de Douguistre. — Comestible. 

CANTHARELLUS CIBARIUS Fr. — Girolle, Chanterelle (Girodelle dans le dé- 
partement de Ja Creuse). — Bois montueux, taillis, dans la mousse et les 
feuilles seches. — Fin d'été. — A.C. — Montlucon, vallée de l'Amaron, 
bois de la Brosse, de Douguistre, de la Chátre, etc. 


Le Cantharellus aurantiacus Fr., espèce voisine et qui n'est pas comestible, s'en dis- 
tingue par sa saveur désagréable, par sa couleur ochracée, ses lamelles serrées, droites, 
d'une couleur plus foncée que le chapeau, et par son pédicule grêle, parfois noir à la base. 


CLAVARIA CORALLOIDES T. — Clavaire. — Montluçon, assez commun dans 
les bois dela Brosse, de Douguistre et de la Châtre. 


Le Cl. amethystea Bull. croit dans le bois de la Brosse, oü il est rare. 

La Morille grise (Morchella esculenta L.) est rencontrée cà et là dans les vignes et les 
terrains gras, mais généralement peu commune, Elle croit dans la fosse, imbibée de 
résidus de graisse, du vagon-porteur de l'usine Boigues-Rambourg. 


LICHENS. 


COLLEMA FLACCIDUM Ach., Nyl. — Sur l'écorce des arbres et sur les tiges et 
les feuilles des mousses. — Montlucon, bois de la Garde. — Marcillat. 

BÆOMYCES ROSEUS Pers., Nyl. — Lieux sablonneux. — Env. de Montluçon, ` 
bois d'Audes dans les brandes. 

CLADONIA FIMBRIATA Hoffm, — Type, C. — Montluçon, bois d'Audes; 
Cusset, à l'Ardoisiere ; Vichy, etc. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 277 


Var. 1. tulcformis (Hoffin.), — Env. de Montluçon, Désertines, gorge de Thizon, etc. 
— 2. fibula (Ach.). — Montluçon, bois d'Audes. 

— 3. radiata (Schreb.). — Montluçon, bois d'Audes. 

— 4. cornuta (Ach.). — Montluçon, Cusset, etc. 


CLADONIA CORNUCOPIOIDES L. — C. coccifera Hoffm. — Forme podetiis 
exasperatis. — Montluçon, Désertines. — Cusset. 
— SOBOLIFERA Délise. — C. cervicornis auct. pro parte. — Montluçon, 


rochers secs de la cascade du ruisseau de la Brosse. 
CLADINA SILVATICA Nyl. — C. rangiferina var. silvatica Hoffm. — C. — 
Montlucon, Cusset, etc. 


Forme pumila Nyl. — Plante beaucoup plus petite dans toutes ses parties. — Mont- 
lucon, rochers dela gorge de Thizon. 
Var. 4. porientosa Schaer. — Podeliis turgidis. — Cusset, rochers des Malavaux. 


STEREOCAULON NANUM Ach. , Nyl. — Env. de Montlucon, pelouses des rochers 
du Saut-du-Loup, prés de Néris. 

USNEA BARBATA Fr., Nyl. — Forme 1. florida (L., Hoffm., Ach.). — Mont- 
lucon, sur les peupliers de la rive gauche du Cher, entre les Iles et Lavaux 
Sainte-Anne. 

EvERNIA PRUNASTRI (L.) Ach., Nyl. — Sur les troncs d'arbres. — A.C. — 
Montlucon, Cusset, etc. 

NEPHROMIUM LXEVIGATUM (Ach.).— Var. parile Nyl. — Montluçon, rochers 
du ruisseau de Chauvière. 

PELTIGERA CANINA Hoffm., Nyl. — Montlucon, rochers du ruisseau de la 
Brosse. — Cusset, aux Malavaux. 

— RUFESCENS Hoffm. — Montluçon, rochers humides du ravin de Gout- 
tiére. — Cusset, aux Malavaux. 

— POLYDACTYLA Hoffm. — Var. hymenina Nyl. — Gussel, rochers des 
Malavaux. 

PAKMELIA CONSPERSA Ach., Nyl. — Var. stenophylla (Ach.) Nyl. — Mont- 
lucon, rochers secs du ruisseau de Désertines au Mont. 

— PHYSODES (L.) Ach., Nyl. — Env. de Montlucon, rochers secs de la 
gorge de Thizon. — Cusset, rochers du Sichon au-dessous de Busset. 

AMPHILOMA LANUGINOSUM (Fr.) Nyl. — Montluçon, environs de Désertines, 
rochers du val du Diable et du ruisseau du Mont. 

SQUAMARIA SAXICOLA (Poll.) Nyl. — Env. de Néris, sur la roche basaltique 
du cháteau de Cerclier. 

LECANORA AURANTIACA Nyl. — Var. erythrella (Ach.) Nyl. — Env. de 
Montluçon, rochers granitiques de la gorge du Saut-du-Loup, près 
de Néris. 

— FERRUGINEA (Huds.) Nyl. — Var. festiva Nyl. — Montluçon, rochers 
du ruisseau de Désertines au Mont. 

— TEICHOTEA Nyl, -- Env. de Néris, rochers granitiques de la gorge du 
Saut-du-Loup. 


978 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


LECANORA PARELLA (L,) Ach.—Montlucon, rochers du ruisseau de Désertines 
u Mont. 

— SUBFUSCA Ach. — Var. distans (Pers.) Ach.— Sur l'écorce des arbres. — 

. Env. de Désertines près de Montluçon. | 

DIRINA REPANDA Fr. Lichen. — Env. de Montluçon, i rochers granitiques 
de la gorge du Saut-du- Loup, p près de Néris. 

PERTUSARIA DEALBATA (Ach.) Nyl. — Montluçon, rochers granitiques de la 
gorge du Saut-du-Loup, près de Néris. 

LECIDEA NEGLECTA Nyl. ! — Montluçon, rochers du Roc-du-Saint. 

ARTHONIA ASTROIDEA Ach. — Sur l’écorce des arbres, bois de pins et de 
châtaigniers entre Désertines et le Mont. 

OPEGRAPHA VARIA Pers. — Forme type notha Ach. — Sur l'écorce d'un 
vieux chéne à Marcillat. mE 


HÉPATIQUES. 


MADOTHECA LÆVIGATA Nees. — Montluçon, rochers humides de la cascade 
du ruisseau de la Brosse. — Stérile. 
Le M. platyphylla Dum. (indiqué p. 44).est commun sur l’écorce des arbres. 

LEJEUNIA SERPYLLIFOLIA Lib. — Rfnpant sur les mousses. — Montluçon, 
rochers des ruisseaux de la Brosse et de Chauvière, | 

FRULLANIA DILATATA Nees. — Sur l'écorce des arbres. — Montluçon, entre 
Désertines et le Mont. 


Le F. Tamarisci Nees (indiqué p. 44) est commun sur les rochers granitiques du dé- 
partement. Le Radula complanala Dum. (indiqué p. 44) est assez commun sur l’écorce 
des arbres ; Désertines, Goutelle, ravin de Gouttière, etc. — Le Plagiochila asplenioides 
Nees (indiqué p. 44) se rencontre assez souvent dans les ravins, sur les talus et rochers 
humides, ruisseau de Chauviére, ravin de Gouttière, aux environs de Montluçon ; 
env. de Cusset, talus près de la cascade de l’Ardoisière. 


JUNGERMANNIA ALBICANS L: — Rochers humides et ombragés ; Montluçon, 
au Roc-du-Saint. — Fruct. août! | 

— INFLATA Huds. — Rochers humides et ombragés ; Montluçon, au Roc-du- 
Saint. — Fruct. août! 

— BARBATA Schreb. — Montluçon, rochers humides de la cascade du ruis- 
seau de la Brosse. 
Var. attenuata — Méme localité. — Fruct. mars! 

LOPHOCOLEA BIDENTATA Nees. — Rochers humides de l'Ardoisiére, prés de 
Cusset, et probablement dans l'arrondissement de Montlucon. 

— HETEROPHYLLA Nees. — Talus ombragés, au pied des arbres, entre 
Désertines et le Préau. -— Fruct. avril-mai ! 

CHEILOSCYPHUS POLYANTHOS Corda. — Rochers ombragés et humides. — 
Montluçon, au Roc-du-Saint. 


REBOULIA HEMISPHÆRICA Raddi. — Talus humides du chemin de Déser- 
tines au Préau. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 279 


Le Marchantia polymorpha L. (indiqué p. 44) est assez commun. Je l'ai trouvé fruc- 
tifié en aoüt sur les rochers humides des bords de l'Amaron, au Roc-du-Saint. 
Le Riccia fluilans Nees (indiqué p. 44) est commun sur les flaques d'eau dormante de 


la prairie de Piau, prés d'Audes, 


MOUSSES. 


SPHÆRANGIUM MUTICUM (Schreb.) — Terres argileuses et cultivées, talus 
des chemins. — Mars-avril. — Montlucon, ravin de Gouttiére. 

Le Phascum cuspidatum Schreb. est commun autour de Montluçon, Désertines, etc. 

PLEURIDIUM SUBULATUM (L.). — Lieux sablonneux. — Mars-avril. — Mont- 
lucon, bois de Chauviére ; brandes du bois d'Audes. 

ARCHIDIUM PHASCOIDES Brid. — A. alternifolium Schpr..— Lieux sablon- 
neux, graviers. — Avril. — Montluçon, alluvions du Cher aprés le moulin 
de la Rivière. , 

GYMNOSTOMUM MICROSTOMUM Hedw. — Weisia microstoma- auct. plar. — 
Lieux sablonneux. — Mars-avril. — Montlucon, alluvions du Cher après fe 
moulin de la Rivière ; ravin de Gouttiére. E 
Le Cynodontium Bruntoni (Sm.) est commun dans les fissures des rochers des Mai- 

sons-Rouges et de la gorge de Thizon. 

CAMPYLOPUS FRAGILIS (Dicks. ).— Lieux sablonneux. — Juin. — R. — Env. 
de Montlucon, bruyéres du bois d'Audes (Fruct. juin !). 

Les Fissidens bryoides el taxifolius Hedw. sont assez communs autour de Montluçon. 

POTTIA TRUNCATA (Hedw.). — Forma minor. — Talus des chemins, aux 
environs de Désertines, prés de Montluçon. 

ANACALYPTA STARKEANA (Hedw.). — Lieux argileux, bor ds des chemins. — 
Printemps. — Avril. — Montluçon, talus des chemins de Désertines au Préau. 

— LANCEOLATA (Dicks.). — Bords des chemins, champs, murs.'— Prin- 
temps. — Avril. — Montluçon, talus des chemins autour de Désertines. 

LEPTOTRICHUM FLEXICAULE (Schwgr.): — Lieux Ombragés, talus. — Juin.— 
A.R. — Montluçon, talus du ruisseau de là. Liaudon. 

BARBULA AMBIGUA Br. Schpr. — Vieux murs. — Printemps et automne. — 
Peu C. — Allier, env. de Cusset, route de Vichy. 

— ALOIDES Koch. — Vieux murs. — Printemps et automne, — Peu C. — 
Allier, env. de Cusset, route de Vichy. | 

77 UNGUICULATA (Dill.) Hedw. — Murs, rochers. — Printemps et autómne.— 
A. C. — Montluçon, sur les murs du Préau et de Désertines, ete. 

— CUNEIFOLIA (Dicks.). — Murs, bords des fossés. — Xvril-mai. — Mont- 
lucon, sur les laitiers humides du chemin de fer de Commentry, dans 
la vallée de l'Amaron. 

ZYGODON VIRIDISSIMUS (Dicks.). — Sur les troncs d'arbres. — Printemps:— 
Monilucon, taillis du ruisseau de Chauvière. 

SCHISTIDIUM APOCARPUM (L.. — Grimmia  apocarpa auct. — Rochers, 
talus, ravins, — Printemps. — A.C. 


280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Var, rivulare (Schwgr.). — Montluçon, rochers inondés de la cascade du ruisseau de 
la Brosse. 


GRIMMIA PULVINATA (L.). — Pierres, murs, rochers. — Mars-avril. — C. 
— Montluçon, Désertines, ravin de Gouttière, gorge de Thizon, Cusset, 
Vichy, etc. 

— MONTANA? Schpr. — Désertines, rochers de la gorge du val du Diable. 
— Printemps. 


Les Grimmia Schulizii et leucophæa sont communs sur les rochers granitiques secs ; 


les G. ovata et commutata croissent sur les rochers de la gorge du val du Diable, prés 
Désertines. 


V Hedwigia ciliata Ehrh. est commun sur les rochers granitiques des: environs de 
Montluçon. 


CINCLIDOTUS FONTINALOIDES (Hedw.). — Été. — Montluçon, rochers inondés 
de la cascade du ruisseau de la Brosse. 

PHYSCOMITRIUM PIRIFORME (L ). — Lieux humides. — Printemps. — Mont- 
lueon, bords du ruisseau de Désertines au-dessous du Préau. 

ENTOSTHODON ERICETORUM (Bals. et de Not.). — Bruyères. — Juin. — R. 
— Env. de Montluçon, brandes du bois d'Audes. 

— FASCICULARIS (Dicks.). — Pierres humides, talus. — Printemps. — Mont- 
lucon, ruisseau du bois de la Liaudon. 

BARTRAMIA -POMIFORMIS (L.) — Var. crispa (Sw.). — Env. de Marcillat, 
rochers de la route de Saint-Pardoux. 

PHILONOTIS FONTANA (L.) — Bords des ruisseaux et cascades dans le 
granite, — Été, — Montlucon, Roc-du-Saint, ruisseau de Marignon. — 
Env. de Quinsaines, ruisseau de Le Méry. — Env. de Désertines. 


Var. falciformis (Nob.). — Montlucon, au Roc-du-Saint, en remontant le ruisseau de 
Marignon dont l'embouchure est entre le premier et le deuxiéme tunnel de l'Amaron. 

Forme particuliére qui se rapproche de la var. falcata et qui est remarquable par ses 
feuilles trés-Jáches, trés-espacées, et ses tiges géniculées, dépourvues de tomentum et 
garnies de rameaux trés-longs non verticillés. C'est même avec doute que M. Bescherelle, 
à qui je l'ai communiquée, la rapporte au Ph. ! fontana ? (L.) 


WEBERA NUTANS (Schreb.). — Rochers des ruisseaux granitiques. — Avril- 
mai. — Env. de Montlucon, rochers du ruisseau de la gorge de Thizon. 


— CARNEA (L.; Schpr. — Lieux argileux humides, — Printemps. — Mont- 
lucon, ruisseau du bois dela Liaudon. 

BRYUM TURBINATUM Hedw. — Lieux humides. — Printemps. — Montlucon, 
rochers un peu inondés du ruisseau de la gorge du val du Diable, près 
Désertines. 

— CESPITICIUM L, — Lieux humides, sur les laitiers et sur les pierres des 
ruisseaux. — Mai-juin. — Montlucon, vallée de l'Amaron, sur les laitiers 
du chemin de fer de Commentry; Désertines, ruisseaux du Mont et de la 
gorge du val du Diable. 

— ERYTHROCARPUM Schwgr. — Lieux sablonneux et pierreux. — Printemps. 
— Montluçon, Roc-du-Saint, ruisseau de Marignon ; Désertines, bords des 
ruisseaux du Préau et du val du Diable; ravin de Gouttiere, 


—€— 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1874. 281 


BRYUM ARGENTEUM L. — Forme tenellum. — Allier, env. de Cusset, 


J'ai trouvé le Br, alpinum en fruit sur les rochers du ruisseau de Le Méry, près de 
Quinsaines, et le Br. bimum Schreb. au bord du ruisseau du val du Diable, près Déser- 
tines. : 


MNIUM PUNCTATUM Hedw. - Lieux ombragés, bords des ruisseaux. — Prin- 
temps. — Env. de Montlucon, chemin de Désertines au Mont, bords d'un 
ruisseau longeant le petit bois de pins. 


Le Mnium undulatum (Dill.\ est commun dans les lieux frais et ombragés des bois 
et des ravins. 
Le M. hornum (Dill.) L. croit dans le bois tourbeux de Bodijoux, près de Quinsaines. 


— CUSPIDATUM Hedw. — Lieux humides et ombragés. — Printemps. — 
Env. de Montlucon, bords du Cher, au-dessous du bois de la Garde. — 
A.C. 

— AFFINE Bland. — Lieux humides et ombragés. — Avril-mai. — Mont- 
lucon, taillis du ruisseau de la Brosse. 

AULACOMNIUM ANDROGYNUM (L.) — Talus des bois, rochers. — Juin. — 
Montluçon, gorge de Thizon ; env. de Cusset, taillis de l'Ardoisiére. 

On le rencontre toujours muni de propagules, je ne l'ai pas vu fructifié, 

POGONATUM ALOIDES (Dill.). — Rochers, bruyères. — Printemps. — Allier, 
env. de Vichy et de Cusset, à l'Ardoisiére. 

DIPHYSCIUM FOLIOSUM (L.). — Lieux humides et ombragés, sur la terre aré - 
nacée. — Printemps. — R. — Montluçon, bords du ruisseau de la Brosse. 

CRYPHÆA HETEROMALLA (Dill) Hedw. — Sur les troncs d'arbres. — Mai- 
juin. — Env. de Montluçon, bois de la Garde au bord du Cher. - 

NECKERA COMPLANATA (L.). — Rochers ombragés, troncs d'arbres, — Prin- 
temps. — Env. de Montlucon, bois de la Garde au bord du Cher. 


Forme pusilla. — Env. de Désertines et du Préau. 
Le N. crispa (L.) est commun sur les rochers ombragés du ruisseau de Chauviére, 
près de Montluçon. 


ANOMODON ATTENUATUS (Schreb.). — Rochers ombragés. — Automne et 
printemps. — Peu C. — Montluçon, lisière du bois de Chauvière ; Cusset. 

— VITICULOSUS (L.) Schreb. — Rochers, fontaines, talusau pied des arbres. 
— Printemps. — A.C. — Montlucon, ruisseau de la Liaudon et de Chau- 
vière; Désertines, fontaine du Préau ; bords du Cher, en bas du bois de la 
Garde. — Env. de Vichy et de Cusset. 
Le Thuidium tamariscinum (Hedw.) est commun dans les bois et les ravins ombragés. 

PTEROGONIUM GRACILE (Dill.) L. — Rochers granitiques. — Hiver. — Mont- 
lucon, rochers de la cascade du ruisseau de la Brosse ; rochers du ruisseau 
de Chauvière ; Désertines, gorge du val du Diable. 

CLIMACIUM DENDROIDES (Dili.). — Lieux humides. — Hiver et printemps. 
— (Je ne l’ai vu que stérile.) — Env. de Montlucon, bords du Cher en bas du 
bois de la Garde, où il est assez commun. 


L'Isothecium myurum Brid. croît sur les rochers ombragés des ruisseaux dela Brosse 
et de Chauviére, et au bord du Cher, en bas du hois de la Garde, 


282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


PYLAISIA POLYANTHA (Schreb.). — Surles troncs d'arbres et les ceps de 
vigne, — Printemps. — Montluçon, taillis du ruisseau de la Brosse ; vignes 
de Désertines ; bois de la Garde au bord du Cher. 

BRACHYTHECIUM PLUMOSUM (Sw.). — Automne. — Montluçon, rochers du 
bois de Chauvière. | | 
Le Br. rutabulum (L.) est commun dans les environs de Montluçon, ainsi que le 

Br. velutinum (Dill.). 

EURYNCHIUM PRÆLONGUM (L.) Schpr. — Lieux humides sur les pierres et 
sur la terre. — Automne et printemps. — Montluçon, ruisseau de Déser- 
tines au Mont. 

— STOKESII (Turn. ). — Talus, bois ombragés. — Printemps. — Montluçon, 
env. de Marmiguolles, dans un chemin creux, à gauche de la route de 
Saint- Amand. ` 


L'Eur. striatum (Schreb.) est commun dans la vallée de l'Amaron, sur les talus du 
ruisseau de Chauviére, et dans la gorge de Thizon prés de Montluçon. 
RHYNCHOSTEGIUM CONFERTUM (Dicks.) — Sur la terre, les murs et les 

pierres. — Printemps. — Montluçon, ravin de Gauttiére; dans les haies 

autour de Désertines. 

Le Rh. rusciforme (Weise) croit au bord du ruisseau. de la gorge du val du Diable, 
prés Désertines. 

Le Rh. megapolitanum (Bland.) se trouve dans les bois de la Brosse et de Douguistre 
prés de Montlucon. ! 


AMBLYSTEGIUM SERPENS (L.). — Sur les pierres et au pied des arbres. — 
Été, automne. — Montlucon, taillis du ruisseau de la Liaudon ; Désertines, 
bords du ruisseau du Mont. 

— IRRIGUUM (Wils.). — Sur les pierres des ruisseaux. — Printemps. —- 
Montlucon, bords du ruisseau du bois de la Liaudon. 

HYPNUM STELLATUM Schreb. — Lieux humides. — Fin du printemps. — 
Env. de Montlucon, ravin de Gouttiére. 

— FILICINUM L. — Lieux humides. — Mai-juin. — Montluçon, rochers de 
la cascade du ruisseau de la Brosse. 

— ScHnEBERI Wils, — Rochers, terre à bruyère. — Automne, — Mont- 
lucon, gorge de Thizon. 

L'Hypnum cupressiforme var. tenue croit sur les rochers dela gorge de Thizon. 


L'H. molluscum Hedw. est assez commun sur les rochers dans les ravins ombragés ; 
Montluçon, ruisseaux de'la Brosse et de Chauvière ; bords du Cher, en bas du bois de la 
Garde, ravin de Gouttiére, etc. 


H. cuspidatum L. — Bords du ruisseau de la gorge de Thizon; Désertines, gorge 
du val du Diable. 


HYLOCOMIUM BREVIROSTRE (Ehrh.) Schpr. — Bois ombragés. — Montluçon, 
taillis du ruisseau de la Brosse, etc. 

— LOREUM (Dill.). — Bois humides. — Automne et hiver. — R. — Mont- 
lucon, talus du ruisseau du bois de la Liaudon. | 


Cette rare espèce appartient à la région élevée des montagnes, je ne l'ai vue jusqu'ici 
que stérile, 


SÉANCE DU 2A NOVEMBRE 1871. 283 


L'H. triquetrum (L.) est commun aux environs de Montluçon, mais fructifie assez rare- 
ment. Je ne l'ai rencontré en fruit que dans la vallée de l'Amaron, au Roc-du-Saint, en 
remontant le ruisseau de Marignon, qui aboutit entre le premier et le deuxiéme tunnel 
du chemin de fer de Moulins. Les H. splendens et squarrosum sont généralement 
stériles. 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. 


M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de 
la séance du 10 novembre, dont la rédaction est adoptée. 
M. le Président prononce l'allocution suivante : 


Messieurs, 


Depuis le jour où je vous adressais l'expression de mes profonds regrets, de 
n'avoir pu, pendant l'investissement de Paris par les armées étrangeres, venir 
vous rejoindre ici et partager avec vous les diverses épreuves de ces temps si 
douloureux, des journées plus néfastes encore, de plus cruels désastres ont 
frappé au cœur notre cher Paris. —Paris, ce grand navire alors désemparé, Paris, 
ce gigantesque radeau de la Méduse, a vu porter des torches incendiaires au 
milieu des trésors de la science et de l'art que l'ouragan d'obus et de mitraille 
avait épargnés. | 

Aujourd'hui, Messieurs, je suis heureux qu'il me soit donné, au nom de 
la Société botanique de France, de remercier cordialement ceux d'entre vous 
qui, avec une si louable fermeté, ont occupé ici un poste d'honneur, pendant la 
longue durée de ces temps si lamentables, et qui, en continuant à se grouper, 
calmes au milieu de la tourmente, sans se laisser aller au découragement, sans 
consulter le danger, ont protesté par leur présence contre une seconde inva- 
sion des barbares ! 

Le compte rendu de ces simples et pourtant solennelles séances vous dira 
ceux que la tempéte n'a pu disperser qu'au dernier jour. 

Pendant ces temps si difficiles, plusieurs d'entre vous, Messieurs, et notam- 
ment MM. Ernest Roze, Maxime Cornu, Cauvet, ont fait preuve d'un zèle scien- 
tifique que ne saurait jamais oublier notre Société, en alimentaut d'articles 
pleins d'intérét notre Bulletin, dont les pages sans eux fussent restées désertes. 
J'ai lu avec un plaisir tout particulier les savantes Observations et les notes 
critiques dans lesquelles M. Cauvet a passé en revue quelques-uns des sujets 
favoris de mes études, et j'éprouverai une satisfaction infinie à répondre à 
mon habile contradicteur. 


28h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Au nom de la Société botanique, j'adresse tout spécialement de chaleureux 
remeérciments à M. Ernest Roze, l'un de nos honorables vice-présidents, qui, 
pendant mon involontaire.abseuce, a présidé saus interruption nos séauces, 
depuis le mois de novembre 1870 jusqu'au mois de juin 1871;— à MM. Larcher 
et Delondre, qui ont contribué aux fonctions du secrétariat avec un infatigable 
dévouement ; — et à M. de Schœnefeld, notre digne secrétaire général, qui, 
malgré sa santé altérée par de dures privations, n'a pas cessé un seul instant, 
pendant les deux siéges de Paris, de se dévouer à ses laborieuses et difficiles 
fonctions ; et qui, pilote habile, a pu, à travers mille obstacles et en dépit de ces 
temps néfastes, faire parvenir à bon portles deux dernières années de notre 
Bulletin et le compte rendu de notre session d'Autun-Givry, cette session si 
joyeuse et si bien remplie qui précédait de si peu les calamités et les désastres 
de la guerre. Vous le savez, Messieurs, au moment où Paris se trouvait pres- 
que désert, et où ses rares habitants étaient encore terrifiés par les événements 
inouis dont ils venaient d'étre témoins, M. de Scheenefeld se rendait ici à son 
poste, le 26 mai, à l'heure fixée pour la séance, et y représentait seul la Société, 
dont la courageuse persévérance et la ferme attitude s'étaient solidement 
maintenues jusqu'à l'explosion supréme de l'ouragan le plus antipatriotique 
et le plus antisocial dont les générations conserveront le souvenir. 

J'ajoute en terminant ce rapide tableau : LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 
MÊME PENDANT LES PLUS MAUVAIS JOURS, A BIEN MÉRITÉ DE LA SCIENCE ! 


Messieurs, durant les dernières vacances, la Société botanique a fait des 
pertes profondément regrettables en la personne de plusieurs de ses membres 
éminents. Notre savant coufrére M. Henri Lecoq (de Clermont-Ferrand), na- 
guére encore plein de force et de santé, a succombé en quelques jours à une 
maladie aiguë, dans la force de l’âge et laissant d'importants travaux inachevés. 
M. H. Lecoq unissait aux aptitudes du vrai naturaliste, à la sagacité de l'ob- 
servateur, les brillantes facultés de l'écrivain, la finesse et la malicieuse gaieté 
du conteur, et les solides qualités du cœur. La perte que les amis des sciences 
naturelles font en la personne de M. H. Lecoq ne sera pas moins sensible 
aux géologues qu'aux botanistes. Parmi tant de travaux estimables dus à la 
plume facile de M. H. Lecoq, je rappellerai surtout l'important ouvrage (9 vo- 
lumes in-octavo) intitulé: Études sur la géographie botanique de l'Europe, 
et en particulierdu plateau central de la France. Vulgarisateur infatigable des 
sciences qu'il cultivait, M. H. Lecoq publiait, il y a deux ans à peine, son livre 
ingénieux et élégant intitulé : /e Monde des fleurs. M. Lecoq a légué, nous a- 
t-on dit, à la ville de Clermont-Ferrand ses importantes collections botaniques, 
zoologiques et minéralogiques (véritable musée des productions naturelles de 
la France centrale), dont la valeur est considérable. Une notice sur la vie et 
les travaux de M. H. Lecoq, insérée dans le Bulletin de la Société botanique, 
sera un juste hommage rendu à la mémoire de l'éminent naturaliste. 


SÉANCE DU 2/ NOVEMBRE 1871. 285 


Nous apprenons également avec un profond regret la mort de M. Pietro 
Savi, le savant professeur et directeur du jardin botanique de Pise ;—la mort 
de M. le docteur Rambur (de Genéve), connu des naturalistes surtout par 
ses importants travaux sur l’entomologie ; — la mort de M. l'abbé Jacquel, 
curé de Coinches (Vosges), dont les recherches, en la savante compagnie de 
MM. Mougeot, Godron, Kirschleger, etc., ont contribué à compléter les 
études sur la flore vogéso-rhénane ; — et enfin, la perte si prématurée et si 
regrettable de M. Armand Peyre (de Toulouse), enlevé à l’âge de trente ans, 
par une maladie rapide, à ses amis et aux recherches qu'il poursuivait avec 
autant de zèle que de succès. 


M. A. de Bouis demande la parole et s'exprime en ces termes : 


Aux pertes nombreuses que M. le Président vient d'annoncer à la Société, 
je crois qu'il serait convenable d'ajouter le nom de Madame veuve Ricard, 
qui, en consentant à se faire inscrire parmi les membres de la Société, 
a donné un bon exemple aux personnes de son sexe (voyez le Bulletin, 
L VII, p. 440). Guidée dans ses premières études par l'abbé Le Turquier- 
Delongchamp (auteur de la Flore de Rouen), par son frère M. Arsène 
Maille (si connu des entomologistes) et par quelques amis, elle trouva un 
charme dans une science qui ne lui permettait pas de faire un pas sur 
la terre sans y trouver des problèmes à résoudre. C'est ainsi qu'elle acquit, 
par une longue et minutieuse application à la détermination des espéces, 
une connaissance assez süre pour pouvoir en ajouter quelques-unesà la florc 
francaise. Il nous suffira de signaler le Dracocephalum Ruyschiana. Je ne 
voudrais pas me permettre de faire uu éloge dont sa modestie, méme aprés la 
mort, serait blessée ; car si elle cultivait la botanique avec amour, si elle trou- 
vait les nobles plaisirs de l'intelligence dans cette contemplation des merveilles 
de la nature, elle évitait avec un soin particulier tout ce qui aurait pu faire 
croire qu'elle füt savante : contente, jusqu'à la fin de sa vie, de récolter pour 
son herbier aujourd'hui assez complet des plantes de France, toutes les plantes 
qu'elle pouvait trouver dans ses nombreux et fréquents voyages dans notre patrie. 
Bienveillante envers tous et surtout envers les botanistes, qui s'empressaient de 
lui envoyer les plantes qu'elle n'avait pu trouver elle-même, elle a pu arriver 
à former une riche collection des plantes françaises, pour laquelle elle a 
eu comme collaborateurs Requien, J.-B. Mougeot, Maire, Alphonse Maille 
(son neveu), Aug. Le Prévost, etc. Son savoir étaitle moindre de ses mérites, 
et aujourd'hui, dans un monde meilleur, elle jouit des nombreux bienfaits 
qu'elle a répandus autour d'elle pendant une longue vie, car sa charité était 
grande, généreuse, ingénieuse, inépuisable, et elle a vécu près d'un siècle. 


Par suite des présentations faites dans la derniére séance, 
M. le Président proclame l'admission de : 


g 


\ 


286 SUCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


MM. Franco (Louis), médecin à Machecoul (Loire-Inférieure), pré- 
senté par MM. Gobert et Viaud-Grand-Marais ; 
PosADA-ARANGO (Andres), docteur en médecine, à Médellin 
(États-Unis de Colombie), présenté par MM. G. Planchon 
et Bureau. | 


M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. 
M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : 


4 


SUR LES CANAUX OLÉIFÉRES DES COMPOSÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. 


Les plantes de la famille des Composées forment dans la profondeur des 
tissus de leurs divers organes des huiles essentielles incolores ou diversement 
colorées, dont quelques-unes ont fait l'objet d'études chimiques intéressantes. 

Onsait que ces huiles essentielles sont des mélanges d’un hydrocarbure liquide 
de la forme C" H^, ordinairement isomére de l'essence de térébenthine C?9H!6, 
et d'une essence oxygénée solide et cristallisable de la forme C"H"O?, le plus 
souvent isomère du camphre du Japon C?*H!60?, Cette essence oxygénée est 
tenue en dissolution par l'hydrocarbure dont elle parait dériver par simple 
oxydation. Ainsi, pour en citer quelques exemples, l'huile essentielle de Ma- 
tricaire (Matricaria Parthenium L.)est un mélange d'un hydrogéne car- 
boné et d'une essence oxygénée solide qui présente la méme composition que 
le camphre des Laurinées C?H!60?, mais qui dévie à gauche le plan de pola- 
risation de la lumière incidente, tandis que le camphre des Laurinées le dévie 
à droite. L'essence d'Absinthe ( Artemisia Absinthium) plusieurs fois rectifiée 
offre la méme composition que le camphre des Laurinées, mais comme lui elle 
dévie à droite. L'essence de Camomille (Matricaria Chamomilla), qui est 
bleu d'azur, se solidifie en partie par le froid, et les lamelles cristallines qui s'y 
déposent sont isomères du camphre du Japon. L'essence de Tanaisie( Tanacetum 
vulgare) traitée par l'acide chromique produit une substance identique au 
camphre des Laurinées. L'essence de Camomille romaine (Anthemis nobilis) 
est un mélange d'un hydrogène carboné C?H!6 isomére de l'essence de téré- 
benthine et d'une huile essentielle oxygénée C!?H50?, qui, traitée par la po- 
tasse, se convertit.en acide angélique. L'essence d'Osmitopsis asteriscoides a 
la méme composition que le camphre de Bornéo C2?H!502, La racine d'Aunée 
(/nula Helenium) contient dans son essence un principe cristallisable odo- 
rant, l'hélénine de Gerhardt C'5H#%0?, d'où l'on extrait par élimination de 
deux équivalents d'eau, l'hélénéne C'5A8. Enfin l'essence d' Arfemisia contra 
offre la composition C?!H?O?, et par distillation sur l'acide phosphorique 
anhydre elle reproduit le cymène C#H'8, Telle est d'une facon générale la 
nature ou la qualité de ces huiles essentielles. 

Si maintenant, pour se faire une idée de leur quantité, c’est-à-dire de la 


m 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 18741. 287 


proportion où elles se développent dans les divers organes, on compare les 
quelques analyses immédiates faites par divers chimistes, on trouve, par 
exemple, que la quantité d'hélénine de la racine d'Aunée est de 4 millièmes 
du poids de l'organe; mais l'hélénine ne forme qu'une partie de l'huile es- 
sentielle de la racine. La proportion d'huile volatile de la racine d’Arnica 
montana est de 15 millièmes. La quantité d'essence de la racine d'AntAemis 
Pyrethrum est de 20 millièmes. Dans la tige de l’Absinthe il y a 15 millièmes 
d'huile essentielle. On peut donc admettre que la quantité d'essence sécrétée 
dans la racine et dans la tige est d'environ 15 à 20 millièmes du poids de 
l'organe. i 

Cela posé, quelle est, dans la profondeur des tissus, la structure de l'appa- 
reil où se forment ces huiles essentielles, et comment cet appareil oléifere est- 
il distribué dans les divers organes de la plante: telle est la question que je 
me suis proposé de résoudre. Je diviserai cet exposé en trois parties. Dans 
la première je décrirai sur un exemple particulier et aussi complétement que 
possiblé la structure et la distribution de l'appareil oléifère. Dans la seconde, 
je comparerai à ce type bien connu un assez grand nombre de genres choisis 
dans les diverses tribus de la famille. La troisième sera consacrée à un court 
aperçu historique. 


I. — APPAREIL OLÉIFÈRE DE L'OEILLET-D'INDE (Tagetes patula). 


Racine. 


ll y a dans la racine deux périodes de développement à distinguer. Dans la 
première, tous les tissus constitutifs de l'organe sont complétement différen- 
ciés, mais les arcs générateurs n’y ont pas encore apparu. Dans la seconde, 
le jeu des arcs générateurs, bientôt confondus en une couche génératrice 
continue, a introduit dans l'organe des productions nouvelles qui s'accroissent 
sans cesse jusqu'à la fin de la période végétative. 

Période primaire. —Pour étre bien compris, il est nécessaire que je re- 
trace d'abord les principaux traits de l'organisation de la racine danssa période 
primaire. Aussi bien la connaissance que nous en aurons acquise, non-seule- 
ment nous servira dans la suite pour toutes les autres Composées, mais 
encore elle s'appliquera, dans ses caracteres essentiels, à toutes les Dicot ylé- 
dones, à toutes les Monocotylédones, à toutes les Cryptogames vasculaires, et 
notre horizon s'en trouvera agrandi, 

La racine est formée d'un parenchyme cortical et d'un cylindre central. Le 
parenchyme cortical, ou l'écorce, limité en dehors par l'épiderme et en dedans 
parla membrane protectrice, se compose de deux zones distinctes : dans 
l'externe, les cellules à section polygonale sont ajustées irrégulièrement sans 
laisser de méats et décroissent vers l'extérieur ; dans l'interne, les cellules à sec- 
tion carrée sont disposées à la fois en séries radiales et en cercles concen- 


988 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


triqües, décroissent vers le centre, et laissent entre leurs coins arrondis des 
méats aérifères. Ce sont les éléments de la dernière assise de cette zone in- 
terne qui sont marqués sur leurs faces latérales et transverses de plissements 
échelonnés trés-courts et trés-rapprochés de leur face interne, plissements par 
le moyen desquels ils s'engrénent fortement les uns aux autres pour former 
une membrane résistante entièrement distincte du tissu qui précède et du tissu 
qui suit. Considérée par rapport à l'écorce à laquelle elle appartient et qu'elle 
termine, elle en est l'endoderme ; considérée par rapport au cylindre central 
qu'elle revét, elle en est la membrane protectrice. Elle constitue un excel- 
lent repère pour déterminer la position des divers groupes d'éléments anato- 
miques, et il en sera souvent question dans cet exposé (1). 

Le cylindre central commence par une assise de cellules non plissées, en 
contact avec les protectrices et alternant régulièrement avec elles. Cette alter- 
nance, succédant brusquement à la superposition en séries radiales des élé- 
ments de la zone interne de l'écorce, rend la limite entre le parenchyme 
cortical et le cylindre central toujours trés-facile à saisir. C'est contre cette 
assise, dont les éléments conservent une grande activité vitale, que s'appuient 
en dedans et en des points réguliérement alternes les premiers vaisseaux et les 
premiéres cellules libériennes. Disons tout de suite que cette membrane péri- 
phérique a une importance extrême. C’esten elle, en effet, dans ceux de ses 
éléments qui sont situés en facé des premiers vaisseaux, que s’opèrent les 
segmentations qui amenent la formation des racines nouvelles aux flancs de 
la racine primitive. On peut donc l'appeler, comme nous le ferons désormais, 
membrane rhizogéne. Si c'est le pivot que l’on considère, il se forme, contre 
la membrane rhizogène, et en deux points diamétralement opposés, un vais- 
seau étroit annelé suivi bientót detrois ou quatre vaisseaux de plus en plus 
larges d'abord spiralés, puis ponctués, de sorte que ces deux séries vasculaires, 
centripétes et cunéiformes viennent se toucher au centre en une bande dia- 
métrale renflée en son milieu, amincie sur ses bords. Les vaisseaux externes 
de ces deux lames confluentes, annelés et spiralés, ont leurs cloisons trans- 
verses obliques et permanentes; les plus larges seuls ont leur cavité fusionnée. 
Alternes avec ces deux lames vasculaires, se forment contre la membrane 
rhizogène deux groupes de cellules libériennes étroites et longues, toutes 
semblables, à paroi un peu épaissie, blanche et brillante, mais où je n'ai pas 
réussi à voir de ponctuations grillagées, à contenu  protoplasmique azoté. Ces 
faisceaux libériens, toujours moins étendus radialement que les faisceaux 
vasculaires avec lesquels ils alternent, mais en revanche beaucoup plus étalés 


(4) Parles progrès de l’âge, les cellules plissées gardent leur paroi mince; mais leurs 
plissements, ceux des faces transverses notamment, se fondent de bonne heure en une 
sorte de fine bande d'épaississement, qui n'est pas sans rappeler à la mémoire les cadres 
d'épaississement que présente l'avant-derniére assise corticale dans la racine des Cyprés, 
des Thuïas, des Ifs, etc. 


SÉANCE DU 2A NOVEMBRE 1871. 289 


tangentiellement, ne viennent pas toucher la bande vasculaire. Il y a entre 
eux et les vaisseaux au moins deux rangées de cellules plus larges, à paroi 
mince et terne, contenant un liquide hyalin, et dont les propriétés et les fonc- 
tions sont fort différentes ; je les appellerai cellules conjonctives. C'est le rang 
conjonctif externe qui deviendra plus tard, en divisant ses éléments, l'arc 
générateur des productions secondaires. 

Les radicelles se forment sur le pivot par la segmentation des cellules de la mem- 
brane rhizogène situées en face des deux lames vasculaires, et de manière que 
leurs axes s'appuient sur les deux arétes formées par les deux vaisseaux les 
plus étroits. Elles sont donc insérées sur deux génératrices opposées, aux flancs 
du cylindre central dont elles sont tout entières des dépendances périphé- 
riques. La radicelleest d'ailleurs organisée comme le pivot, et le plan de la 
bande vasculaire issue du rapprochement au contact de ses deux faisceaux 
vasculaires primitifs, passe par l'axe du pivot, tandis que le plan de ses deux 
faisceaux libériens lui est perpendiculaire. Il en résulte que le corps tout en- 
tier de la racine principale se ramifie idéalement dans un seul plan vertical, 
qui est, comme nous le verrons plus loin, le plan des nervures médianes des 
deux cotylédons. 

Si c'est une racine adventive qu'on étudie, on y trouvera un cylindre cen- 
tral plus large avec trois, quatre, cinq faisceaux vasculaires, ou méme davan- 
tage, et autant de faisceaux libériens alternes. Le nombre des faisceaux des 
deux espéces varie un peu le long de la méme racine ; il est plus grand à la 
base et va diminuant vers la pointe; il est en rapport avec le diamètre du 
cylindre central. En outre, surtout s'il y en a au moins cinq, les faisceaux 
vasculaires ne pourront venir se toucher au centre, et le tissu conjonctif, plus 
développé, remplira l'espace de plus en plus large qu'ils y laissent entre eux, 
D'ailleurs, sauf cet accroissement et cette variabilité numériques, tous les carac- 
tères de structure et de développement demeurent les mêmes. 

Quel est maintenant le róle physiologique que les divers tissus constitutifs de 
l'organisation de la racine ont à remplir, principalement dans le transport des 
liquides du sol absorbés par les poils épidermiques depuis leur lieu d'introduction 
jusqu'à la base de la tige, et dans le mouvement de retour de la séve plastique 
élaborée dans les feuilles depuis la base de la tige jusqu'aux extrémités des 
radicelles? J'ai fait à ce sujet une série d'expériences, soit avec divers liquides 
colorés, soit au moyen de liquides incolores pouvant donner, par leur réaction 
mutuelle à l'intérieur des éléments où ils cheminent, un précipité coloré. Ces 
expériences, dans le détail desquelles je ne puis entrer ici (1), ont porté sur les 
divers organes des plantes vasculaires, tant Cryptogames que Monocotylé- 
dones et Dicotylédones, examinés aux diverses périodes de leur développe- 
ment ; elles ont eu notamment pour objet le Zagetes patula. En ce qui con- 


(4) Voir à ce sujet : Ann. des sc. nat. 5° série, XIII, pp. 118, 179, 277 (1871). 
T. XVIIL (séances) 19 


290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


cerne la racine pendant sa période primaire, elles ont montré que c'est par 
les vaisseaux seuls que s'élévent les liquides colorés, et par conséquent la 
séve. C'est par le bois primaire, si l'on veut; mais le bois primaire de la racine 
est toujours composé exclusivement de vaisseaux. Le tissu conjonctif, en dé- 
terminant un transport latéral, ne joue qu'un róle tout à fait secondaire, et 
encore ne le remplit-il le plus souvent que s'il se Gbrifie. Il forme en quel- 
que sorte le sol où est creusé le lit du fleuve. La séve plastique, élaborée par 
les feuilles, redescend ensuite dela base de la tige au sommet de la racine par 
les faisceaux libériens. Et si nous avons comparé l'ascension assez rapide des 
liquides du sol par les vaisseaux au courant de l’eau dans le lit d'une rivière, 
c'est au lent écoulement d'un glacier qu'il faudra comparer la descente du 
protoplasma à travers les cellules libériennes. 

Il résulte de ce qui précéde que, dans l'organisation primaire de la racine 
principale, il y a deux courants ascendants confluents et deux courants des- 
cendants séparés alternes avec les premiers, et que toutes les radicelles, qui 
se forment toujours en face des courants ascendants, ont indéfiniment leurs 
propres paires de courants ascendants dans le méme plan et leurs propres 
paires de courants descendants dans des plans alternativement rectangu- 
laires. 

Revenons maintenant à la membrane protectrice et au sujet spécial qui 
nous occupe aujourd'hui. | 

Devant les faisceaux vasculaires primitifs du cylindre central, les larges 
cellules protectrices, au nombre de cinq assez souvent, sont simples et n'of- 
frent rien de remarquable (1). Mais celles qui correspondent aux groupes libé- 
riens, au nombre de quatre à six ordinairement, d'abordsimples, se sont 
agrandies dans le sens du rayon, puis dédoublées par une cloison tangentielle 
extérieure aux plissements en deux éléments superposés ; le plus interne est 
plus petit que l'autre et porte le cadre de plissements. Puis les coins des 
nouvelles cellules se sont arrondis, et les étroits méats en forme de losange qui 
résultent de leur écartement se sont remplis d'une huile essentielle d'un jaune 
verdátre, tandis que les cellules elles-mêmes demeurent hyalines et en appa- 
rence sans aucun caractere spécial. Quelquefois on voit l'huile verte remplir 
aussi quelques-uns des méats plus larges qui existent entre les cellules protec- 
trices dédoublées et celles de l’avant-dernière assise corticale; mais cela n'est 
qu'accidentel. Il se fait donc ainsi normalement, en dehors des faisceaux 
libériens primitifs, un arc de cinq à sept canaux interstitiels oléiféres, entourés 
chacun par quatre grandes cellules transparentes et incolores, etqui cheminent 


(1) Si ce n'est toutefois que, pendant la période germinative, c'est en elles seulement 
que l'amidon se forme aux dépens de l'huile grasse contenue dans les cellules du paren- 
chyme cortical. Plus tard, cet amidon disparait en se transformant en glucose. Voir à ce 
sujet : Julius Sachs, Ueber das Auftreten der Stærke bei der Keimung œlhaltiger Saamen 
(Botan. Zeitung, 1859, pp. 177 et 185). 


SÉANCE DU 2h NOVEMBRE 1871. 291 


côte à côte en s'anastomosant çà et là (1). Ces canaux ressemblent, par leur 
structure et par leur disposition, à ceux qui existent dans l’organisation pri- 
maire de la racine des Ombellifères et des Araliacées. Mais, tandis que dans 
ces familles (2) les canaux oléifères de la jeune racine sont superposés aux fais- 
ceaux vasculaires, et qu'ils appartiennent au cylindre central, puisqu'ils sont 
creusés dans la membrane rhizogène, dans le 7'agetes patula ces mêmes 
canaux sont superposés aux faisceaux libériens, et ils font partie de l'écorce 
primaire, puisqu'ils sont entaillés dans la membrane protectrice. 

Période secondaire. — Le début de cette période est marqué par le dédou- 
blement, au moyen de cloisons tangentielles, des cellules du rang conjonctif 
qui touche immédiatement le faisceau libérien primitif. Les deux nouvelles 
cellules aiusi formées se divisent ensuite successivement, l'externe en direc- 
tion centripète, l'interne en direction centrifuge, de manière à former un 
double massif de séries radiales où les éléments sont d'autant plus jeunes qu'ils 
sont plus rapprochés de la ligne médiane où est leur lieu de formation. 

Les cellules dela région interne et centrifuge du massif se trausforment 
dans l'ordre de leur production, c'est-à-dire de dedans en dehors, en vais- 
seaux dont les premiers se posent par conséquent très-près de la bande vas- 
culaire primitive, n'en étant séparés que par un rang de cellules conjonctives. 
Souvent méme ils sont en contact direct avec cette bande. Ces vaisseaux, 
bientôt mélangés de cellules allongées qui s'épaississent en fibres, forment le 
bois secondaire dont les groupes alternent par conséquent avec le bois pri- 
maire. Ainsi, tandis que le bois primaire est exclusivement formé de vaisseaux, 
dans le bois, secondaire les vaisseaux se trouvent mélés de cellules allongées 


(^) Pendant la période germinative il ne se dépose pas d'amidon dans les cellules qui 
bordent les canaux oléifères, mais en revanche elles contiennent du tannin en abondance 
et noircissent par les sels de fer (J. Sachs). La membrane protectrice est donc formée, 
pendant cette période, de deux arcs amyliféres superposés aux faisceaux vasculaires, et 
de deux arcs, à la fois tanniféres et oléiléres, superposés aux faisceaux libériens. 

(2) Voir à ce sujet : Recherches sur la symétrie de structure des plantes vasculaires : — 
la Racine — (Ann. des sc. nat. 5* série, t. XIII, pp. 223 et 231, fig. 52-54). Dans le 
pivot des Ombelliféres, on trouve, de chaque cóté du canal quadrangulaire principal, trois, 
quatre ou méme cinq méats triangulaires de plus en plus étroits. La membrane rhizo- 
gene y renferme donc, vis-à-vis de chaque faisceau vasculaire, un are de sept, neuf ou 
onze canaux oléifères. Il ne reste alors, vis-à-vis de chaque faisceau libérien que quelques 
cellules non consacrées à la formation de l'huile, et remplies d'un protoplasma sombre 
et un peu jaunátre. Ce sont elles qui se divisent pour former les radicelles. Ainsi réduit, 
chacun de ces arcs rhizogénes peut ne former qu'une seule radicelle géminée, superposée 
au faisceau libérien et qui implante ses vaisseaux à la fois sur les deux faisceaux vascu- 
laires (loc, cit, p. 226). Les radicelles sont donc alors, et pour cette cause, insérées en 
deux rangées alternes avec les faisceaux vasculaires et avec les lignes d'insertion des 
deux cotylédons supérieurs. Les choses se passent, pour une raison anatomique différente, 
à peu prés comme chez les Graminées. Mais, que l'arc oléifère se restreigne quelque peu, 
qu il se réduise par exemple à sept ou à cinq canaux, et l'arc rhizogène, s'étendant à me- 
Sure, pourra produire deux radicelles contigües, une dans chaque moitié. Chaque radicelle 
se dirigera alors à travers le parenchyme cortical à 45 degrés du plan vasculaire et implan- 
lera ses vaisseaux sur le faisceau vasculaire correspondant. Il y aura donc sur le pivot 
quatre rangées de radicelles. Nous reviendrons sur ce point dans un prochain travail. 


292 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


en fibres. C'est là, comme on le sait, le caractére général des Dicotylédones 
Angiospermes. Mais les Gymnospermes se comportent autrement. Le bois 
secondaire y conserve indéfiniment le caractère de pureté du bois primaire, 
et se trouve exclusivement composé de vaisseaux du méme ordre, en mettant 
à part, bien entendu, les rayons parenchymateux (1). Quant aux Monoco- 
tylédones et aux Cryptogames vasculaires, il ne s'y fait jamais de bois secon- 

daire, tandis qu'il s'en fait toujours chez les Dicotylédones (2). 

Les cellules de la région externe et centripète du massif se transforment 
de dehors en dedans en un mélange de vaisseaux grillagés et de cellules libé- 
riennes ordinaires. Ce mélange constitue le liber secondaire qui est super- 
posé au liber primaire. 

Il se forme donc, au début, sur le bord interne de chaque faisceau libé- 
rien primitif et par le jeu double d'un arc générateur d'origine conjonctive, 
un faisceau double, libérien en dehors, ligneux en dedans, que j'appellerai 
donc libéro-ligneux, et qui refoule en dehors le faisceau libérien primitif qu'il 
déborde beaucoup de chaque côté. Bientôt les cellules rhizogènes superposées 
aux vaisseaux primitifs se dédoublent, et quand les arcs générateurs, daus 
leur déplacement vers l'extérieur, sont parvenus à faire partie d'une circon- 
férence tangente aux vaisseaux les plus étroits, ils se réunissent l'un à l'autre, 
par l'intermédiaire de la moitié interne des cellules rhizogénes ainsi dédou- 
blées, en une couche génératrice qui produit désormais un anneau libéro- 
ligneux continu. Plus tard cet anneau se divise, par la formation de rayons 
parenchymateux internes quise continuent à la fois dans le liber et dans le 
bois, en un certain nombre de bandes rayonnantes libéro-ligneuses. Enfiu, 
mais assez tard, les cellules de la membrane rhizogène, par exemple celles 
qui séparent les groupes libériens primaires dela membrane protectrice, se 
divisent, non-seulement par des parois radiales, comme elles l'ont fait jus- 
qu'alors pour se préter à l'extension progressive du cylindre central, mais 
encore par des cloisons tangentielles de maniere à former une zone peu. épaisse 
de parenchyme cortical secondaire. 

Voilà comment les formations secondaires s'introduisent peu à peu dans le 
cylindre central de la racine, dont elles accroissent progressivement le dia- 
métre jusqu'à la fin de la période végétative. 

Que deviennent pendant ce temps et notre parenchyme cortical primaire et 
nos canaux oléiferes? L'écorce primaire se préte, gráce à ladivision de ses cel- 
lules par des cloisons à la fois tangentielles et radiales, à l'extension progressive 
du cylindre central. Elle persiste donc sans s'exfolier. Les cellules de la mem- 
brane protectrice qui bordent et séparent les canaux oléiféres s'étendent 
d'abord tangentiellement, puis chacune d'elles se divise en deux par une cloi- 


(4) Voir sur ce point: Ann. des sc. nat. 5° série, t. XIII, pp. 187 et suiv. 
2) Loc. cit., pp. 258 et suiv., et p. 279. 


SÉANCE DU 2h NOVEMBRE 1874. 293 


son radiale, plissée comme les parois latérales primitives et au même endroit, 
mais sans laisser toutefois de méat oléifère entre ses deux moitiés et les deux 
moitiés correspondantes de la cellule superposée qui se dédouble en mémetemps 
qu'elle. Puis chaque cellule nouvelle se divise en deux de la méme façon, et 
ainsi de suite. De sorte qu'au bout d'un certain temps, deux quelconques des 
canaux oléifères primitifs, d'abord isolés par une seule largeur de cellule, se 
trouvent séparés par une vingtaine de cellules protectrices plissées, nées à l'in- 
térieur d'un seul élément primitif. Les cellules plissées ne se divisant jamais 
par des cloisons tangentielles, les canaux oléifères un peu élargis demeurent 
toujours appliqués immédiatement contre la membrane protectrice. 

Ainsi les canaux oléiféres persistent dans le parenchyme cortical primaire 
jusqu'à la fin de la période végétative. Leur nombre ne s'accroit pas et ils ne 
s'écartent pas dela membrane protectrice, mais ils s’éloignent progressivement 
les uns des autres pour se distribuer uniformément à la surface du cylindre 
central à mesure que ce dernier s'élargit. 

Mais, si le cylindre central est absolument privé d'huile essentielle dans sa 
période primaire, ne s'y forme-t-il jamais d'essence dans les productions se- 
condaires? Pendant longtemps on n'en voit pas. Toutefois, si l'on examine la 
base du pivot à l'automne, on en rencontre en certains points situés dans 
les rayons parenchymateux du liber secondaire; il n'y en a pas dans la partie 
de ces rayons qui traverse le bois. Et l'on s'assure que l'huile essentielle y est 
Sécrétée et demcure contenue directement dans certaines cellules de ces 
rayons, isolées ou associées en groupes au milieu d'autres cellules hyalines ; 
elle ne se déverse pas dans des canaux interstitiels. L'huile y apparait d'ailleurs 
de dehors en dedans. Elle se forme d'abord dans les cellules les plus âgées du 
rayon, où elle est déjà d'un jaune orangé quand les éléments plus intérieurs 
commencent seulement a acquérir une légère teinte verdâtre. 

En résumé, dans l'organisation primaire de la racine, qu'elle soit princi- 
pale ou secondaire, normale ou adventive, l'huile essentielle est contenue dans 
un système d'étroits canaux quadrangulaires (1) creusés dans l'épaisseur de 
la membrane protectrice dédoublée, et associés au nombre de six ordinai- 
rement au dos de chaque faisceau libérien primitif. Les cellules dédoublées de 
Ces arcs oléiféres superposés aux faisceaux libériens, dans lesquelles se 
forme l'huile qui se déverse dans les canaux, se montrent dés l'origine douées 
de propriétés différentes de celles des éléments qui forment les arcs protecteurs 
alternes superposés aux faisceaux vasculaires. Car, tandis que ces derniers 
Sont le lieu exclusif de la formation et du dépôt transitoire de l'amidon pen- 
dant la période germinative, les premiers sont, pendant cette méme période, 
le siége principal de la production transitoire du tannin. 

(1) Les deux canaux extrêmes de larc sont toujours triangulaires; tous les autres 


quadrangulaires. Dans l'arc de canaux oléiféres de la racine des Ombelliféres, au contraire, 
le canal médian seul est quadrangulaire, tous les autres triangulaires. 


^ 


294 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Plus tard, après l'apparition des faisceaux puis de l'anneau libéro-ligneux 
secondaires, ces canaux subsistent seuls, mais ils vont sans cesse s'écartant 
l'un de l'autre en demeurant toutefois en contact avec la membrane plissée, 
et ils se distribuent en définitive uniformément au pourtour du cylindre cen- 
tral élargi. 

Enfin, vers le déclin de la période végétative et dans la région la plus âgée de 
la racine, on voit apparaître, dans certaines cellules des rayons du liber secon- 
daire, une huile essentielle toute semblable à celle que recèlent les canaux 
corticaux. A l'appareil interstitiel primitif si nettement circonscrit se superpose 


alors un appareil cellulaire assez vaguement limité. 
(A suivre.) 


Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la 
Société. 


QUELQUES PLANTES DU DÉPARTEMENT DU NORD, par M. Adrien WW ARION. 


(Lyon, septembre 14871.) 


Il n'existe point de catalogue récent des plantes du département du Nord, et 
les découvertes faites, il y a quelques années, par M. Cussac aux environs de 
Lille et de Dunkerque, par M. de Mélicocq dans la forét de Raismes, et par 
M. A. Lelièvre aux environs de Valenciennes, sont presque toutes restées iné - 
dites et perdues pour la géographie botanique de France. Dans ces conditions, 
il m'a paru de quelque intérét de publier la liste des plantes les plus remar- 
quables que j'ai récoltées pendant un séjour de plusieurs moisà Lille. Quelques- 
unes (Elodea canadensis, Lemna arrhiza, etc.) n'avaient pas encore, je crois, 
été signalées dans la région; quant à celles que j'indique dans la forét de 
Raismes, je dois ajouter que je les ai récoltées sous la conduite de M. Lelièvre, 


` auquel je suis heureux d'offrir ici l'expression de toute ma reconnaissance. 


. Ranunculus Drouetii F. Sch. — Fossés à Saint-Omer. 
Diplotaxis tenuifolia. — Ab. remparts de Lille. 
Cardamine hirsuta. — Fossés des fortifications à Lille ; Saint-Amand, forét de Raismes. 
- Sagina ciliata Fr.— Champs sablonneux à Carvin, Saint-Amand et au Mont des Bruyères. 
Arenaria leptoclados Guss.— Champs sablonneux à Saint-Amand et au Mont des Bruyères. 
Stellaria nemorum. — Forêt de Raismes. 
Genista anglica. — Forét de Raismes. 
Trifolium micranthum Viv. — Bords d'un chemin sablonneux prés la forêt de Raismes. 
Sium latifolium. — Ab. fossés à Saint-Omer, Lille, Saint-Amand, forét de Raismes. 
Selinum Carvifolia. — Forêt de Raismes. 


Senecio Fuchsii Gm, — Forêt de Raismes. 

Gnaphalium uliginosum. Type à akères lisses et glabres. — Lille et Saint-Amand. 

Carduus acanthoides. — Ab. remparts de Lille, où je n'ai rencontré ni le C. nutans, ni 
le C crispus. 

Vaccinium Myrtillus. — Forét de Raismes. 


— Vitis-idæa. — Forêt de Raismes. 
Erica Tetralix, - Forêt de Raismes. 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871. 295 


Hottonia palustris. — Ab. fossés à Saint-Omer, Lille, Saint-Amand, Valenciennes. 

Myosotis repens Don, — Lille. 

— strigulosa Rchb. — Forêt de Raismes. 

— lingulata Lehm. — Forêt de Raismes. 

— intermedia Link, var. dumetorum Crép. — Foréts de Phalempin et de Raismes. 

Linaria Cymbalaria, — Vieux murs à Lille et à Saint-Omer ; rare. 

Scutellaria minor. — Forêt de Raismes, 

Plantago Coronopus. — Saint-Amand. 

Rumex maritimus, — Lille. 

— sanguineus, — Foréts de Phalempin et de Raismes. 

— Hydrolapathum. — Saint-Omer, Lille, Saint-Amand, 

Scilla bifolia, — Forét de Phalempin. 

Endymion nutans. — Forét de Phalempin. 

Maianthemum bifolium. — Ab. forêts de Phalempin, de Vicoigne, de Raismes. 

Stratiotes aloides L. — Indiqué depuis longtemps à Lille, où il n'existe plus, les fossés 
qu'il remplissait ayant été comblés. — Se trouve en immense quantité dans tous 
les fossés des prairies entre Saint-Omer, Saint-Momelin et Watten, et certainemeut 
ailleurs dans cette direction. Localité trés-remarquable, qui vient se rattacher aux 
stations de la plante en Hollande et eu Belgique, et qui marque peut-étre la limite 
du Stratiotes vers le sud ouest. — Le Stratiotes avait déjà été signalé par M. Cussac 
aux environs de Saint-Omer, mais cette indication se trouve comme perdue dans le 
supplément de la flore de l'arrondissement de Hazebrouck de M. Vandamme. : 

Elodea canadensis Mich. — Très-abondant dans la Scarpe (à Saint-Amand) et dans un 
pelit ruisseau qui vient s'y jeter. — Cette plante, qui se répand chaque jour davan- 
tage en Belgique, se rencontrera certainement dans les canaux du Nord, — En 1868 
et 1869, je l'ai récoltée en trés-grande abondance dans tous les fossés et ruisseaux 
du bois de Vincennes, surtout vers Saint-Mandé et derrière 1 hôpital militaire, 

Potamogeton rufescens. — Lille. 

— acutifolius, — Lille, Saint-Omer. 

Lemna arrhiza. — Dans un fossé, derrière la citadelle de Lille, où la plante se trouve en 
société des autres Lemna, mais rare, — A Valenciennes, M. Lelièvre me l’a montrée 
très-abondante dans les fossés des fortifications ; il me l’a également indiquée dans 
les fossés des fortifications de Douai. 

Juncus obtusiflorus. — Lille, rare ; forét de Raismes. 

— supinus. — Forêt de Raismes. 

Carex pilulifera. — Forêt de Raismes. 

— Œderi. — Forêt de Raismes. 

— binervis. — Forêt de Raismes. 

— Pseudocyperus. — Lille et Saint-Amand, 

Calamagrostis lanceolata. — Forêt de Raismes. 

Danthonia decumbens. — Forêts de Raismes et de Phalempin. 

Ophioglossum vulgatum. — Lille. 

Polystichum Oreopteris. — Forét de Raismes, rare ; mais abondant dans la forét de Mor- 
mal, d’après M. Lelièvre. 

Blechnum Spicant, — Forêt de Raismes, abondant. 

Cystopteris fragilis. — Forêt de Raismes, 

Equisetum hiemale. — Forét de Raismes. 


M. le Président donne lecture de la lettre suivante, qu'il a reçue 
de M. Ch. Royer : 


LETTRE DE M. Ch. ROYER A M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. 


Saint-Remy, 25 août 1874. 
Monsieur le Président, 


Permettez-moi de revenir sur la distinction qu'il me semble utile d'établir 


296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


entre souche et rhizome, el qui a eu la mauvaise fortune de rencontrer vos 
critiques ; critiques du reste empreintes de tant de bienveillance que je dois 
vous témoigner toute ma gratitude. Les exemples suivants, empruntés à des 
plantes drageonnantes, viendront peut-étre à l'appui de mon iunovation : 

Le Mercurialis perennis, arraché avec soin, offre un vaste rhizome sur 
lequel on remarque, espacées de 8 à 12 centimétres, plusieurs nodosités d'oü 
partent les tiges, les drageons et les pseudorrhizes ; chacune de ces nodosités 
joue le rôle de centre vital et constitue une souche. J'appelle article la partie 
du rhizome qui les sépare ; les articles du Mercurialis perennis sont formés 
d'un ou deux mérithalles et ne donnent naissanceà aucune des productions 
qui caractérisent les souches. 

Si l'on passeà uu Carex acuta Fries, on trouve encore des souches dra- 
geonnantes et radicantes à l'exclusion des articles, mais avec cette différence 
qu'elles sont en outre cespiteuses. 

Les souches du rhizome de l’ Epipactis palustris émettent aussi les dra- 
geons, mais une partie seulement des pseudorrhizes, qui pour le surplus 
naissent sur toute la longueur des mérithalles supérieurs de chaque article. 

Chez l'77gopodium Podagraria, une partie des pseudorrhizes est produite 
par les souches; les autres le sont par les nœuds des mérithalles de chaque 
article, et non plus sur toute la longueur de certains mérithalles, comme il 
arrive à l’ E prpactis palustris. L'/£. Podagraria diffère en outre des trois 
plantes précédentes en ce qu'il drageonne, non par ses souches, mais par ses 
articles. 

Voici en quelques mots le résumé de ces détails : 


LI 


Mercurialis perennis Rhizome drageonnant et radicant aux souches qui sont simples 
et Carex acuta. (Mercurialis perennis), ou cespiteuses (Carex acuta). 
nal : Rhizome drageonnant par les souches, radicant aux souches et 
Epipactis palustris. | sur toute l'étendue de la partie supérieure des articles, 
Ægopodium Poda- Rhizome drageonnant par les articles, radicant aux souches et 
graria. aux nœuds des mérithalles des articles. 


Dans les meilleurs ouvrages descriptifs on lit : 


Souche longuement rampante, à racines fasciculées au niveau des 
neuds des anciennes tiges. 
Mercurialis perennis. \ Rhizome longuement tracant, à fibres radicales trés-longues, ver- 
ticillées à la base des tiges. 
Racine rampante. 
( souche cespiteuse, émettant des rhizomes obliques. 
Souche rampante, stolonifére. 
Carex acula. | Racine épaisse, rampante. 
Radix stolonifera. 
Rhizome tracant. 
Epipactis palustris. [emet oblique, garnie de fibres. 
Racine longuement rampante, émettant des stolons. 
Ægopodium Poda- (Souche rampante. 
graria. l Racine tracante, 


SÉANCE DU 2h NOVEMBRE 1871. 297 


On voit tout de suite combien est défectueuse la glossologie en usage pour les 
parties souterraines, puisque souche, racine stolonifère, rampante et traçante, 
racines et fibres radicales, stolons et rhizomes, peuvent être synonymes ; et 
puisque encore une diagnose en termes identiques caractérise parfois des sys- 
tèmes souterrains dissemblables sous beaucoup de rapports. 

En continuant donc à n’user que d’un seul des mots souche et rhizome, 
et en ne distinguant pas dans un rhizome les souches et les articles, on 
restera dans l'impossibilité d'indiquer s'il y a plusieurs souches réparties sur 
l'ensemble du rhizome; à quels points si variés du rhizome naissent les dra- 
geons et les pseudorrhizes, etc. Une description complète doit dire en outre si 
les souches sont définies ou indéfinies ; si le rhizome est ou non sympodique ; 
elle doit mentionner la forme, la longueur et les écailles des drageons ; la di- 
rection, la grosseur, la vestiture et la période active des pseudorrhizes ; les 
caractéres anatomiques des drageons, des pseudorrhizes, ou ceux de la racine; 
le remplacement de la racine par des pseudorrhizes, ou simplement le róle 
auxiliaire de celles-ci ; la persistance et les dimensions des articles ; l'alternance 
de floraison et de foliation de certaines souches; leur durée, leur extinction 
définitive ou leurs divers modes de remplacement; leur mise en liberté par 
destruction des articles intermédiaires, et leur élévation au rang d'individus 
distincts, etc.; toutes particularités si nombreuses et si importantes que l'on 
peut, grâce à elles seules, déterminer quantité d'espéces aussi sûrement et 
aussi facilement que par la méthode florale. C'est ce qu’un travail, en prépa- 
ration depuis plusieurs années déjà, me permettra, si je ne m'abuse, de prou- 
ver prochainement. 

Si vous pensez, Monsieur le Président, que ces observations puissent offrir 
quelque intérét à la Société, je vous serai bien reconnaissantde me faire l'hon- 
neur d'en donner communication. 

Veuillez agréer, etc. 


M. Germain de Saint-Pierre s'exprime ensuite en ces termes : 


Je ne puis, à l'occasion de la lettre que notre honorable et savant confrère 
M. Royer me fait l'honneur de m'adresser, que répéter ce que j'exprimais 
dans ma réponse à une première lettre sur le même sujet (1). 

Comme le dit M. Rover « Les expressions: souche, racine stolonifère ram- 
pante et tracante, racine et fibres radicales, stolons et rhizome, ont été em- 
ployées dans divers ouvrages comme synonymes, en méme temps que des 
Systèmes souterrains dissemblables ont souvent été décrits en termes iden- 
tiques. » Aussi ai-je, de mon côté, proposé une classification morphologique 
pour les organes souterrains des plantes : tiges souterraines et racines. 


(1) Voyez le Bulletin, t. XVII, pp. 250 à 256, et la note placée au bas de la page 195 
du présent volume. 


298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


J'ai conservé, autant que possible, les termes anciens dont la signification 
est précise et presque universellement admise (que cette signification ait été 
ou non toujours, bien connue de ceux qui les ont employés). Au nombre 
de ces expressions dont le sens m'aparu bien déterminé, sont les mots souche et 
rhizome. . | 

SoucHE est l'ensemble du système souterrain d'une plante (tige souter- 
raine et racine) quelles qu'en soient les formes et la disposition. 

RHiZOME est la partie souterraine de la tige, surtout quand cette tige sou- 
terraine est allongée, oblique, couchée ou tracante (qu'elle soit grêle ou 
épaisse, ligneuse ou charnue, qu'elle émette plus ou moins de stolons, que 
les articles soient longs ou courts, qu'elle appartienne au système défini ou au 
système indéfini). Les bulbes et les tubercules sont des dépendances ou des 
formes particuliéres du rhizome. 

RACINE STOLONIFÈRE, racine rampante, racine tracante, sont. des expres- 
sions souvent employées à fort pour: rhizome stolonifère, rhizome tracant, 
ou méme souche stolonifère, souche tracante ; cependant l'expression racine 
stolonifère peut s'appliquer exactement à certaines racines (peu communes) 
qui émettent normalement de nombreux bourgeons adventifs latéraux, lesquels 
s'allongent en stolons se terminant en tiges aériennes: (les racines de l’ E'u- 

 phorbia Cyparissias par exemple). 

Le mot RACINE n'est du reste jamais employé aujourd'hui, comme syno- 
nyme de souche ou de rhizome, que par des descripteurs inattentifs ou inex- 
périmentés. Le caractère si simple et si absolu sur lequel j'ai insisté : absence 
de bourgeon terminal pour la racine, ne permet pas de confusion à cet 
égard. 

Je suis heureux, du reste, d'avoir à reconnaitre que la divergence d'opinions 
qui peut se trouver sur ces points entre M. Royer et moi porte presque com- 
plétement sur les mots. Relativement aux faits observés, je suis généralement, 
sur les points essentiels, en communauté d'opinions avec notre laborieux 
et savant conírere, et je suis heureux de trouver une nouvelle occasion de le 
féliciter de son zéle à poursuivre de son cóté, comme je le fais du mien, 
l'étude comparative des divers modes de végétation des plantes. 


MM. Roze et Cornu présentent à la Société une culture floris- 
sante du Pilobolus crystallinus sur du fumier de cheval. 


Ce curieux Mucor, qui à la maturité projette ses conceptacles à une dis- 
tance considérable, se développa sur du fumier de chat, dans la serre de 
M. Roze, au moisd'octobre, et de là se répanditrapidement sur d'autres fumiers 
(cheval, lapin) servant à d'autres cultures. M. Rozea trouvé dans le substra- 
tum des spores étoilées comme celles signalées par M. l'abhé Coemans, revues 
par MM. De Bary et Voronine, mais sur lesquelles on ne sait encore que bien 


SÉANCE DU 2/ NOVEMBRE 1871. 209 


peu de chose. M. De Bary, dans son livre (1), est très-peu explicite sur ce sujet. 
Elles sont portées par des filaments spéciaux du mycélium recourbés à leur 
extrémité et cloisonnés. La membrane est épaisse et jaunâtre. Elles ne provien- 
nent pas d'une conjugation et sont formées librement à l'extrémité des ra- 
meaux. La germination n'a pas encore été observée. La présente culture a été 
obtenue en délayant dans de l'eau un substratum qui présentait le Pilobolus en 
abondance, et en versant de l'eau sur du fumier frais. L'apparition du Mucor 
eut lieu aprés neuf jours; à cette époque les spores étoilées étaient déjà abon- 
damment formées. 


M. Germain de Saint-Pierre dit avoir observé autrefois le Pilobolus 
sur des substratum analogues dans son jardin de la rue de Ma- 
dame (à Paris); maisil n'était pas muni d'un long pédicelle, et pré- 
sentait un renflement plus considérable au-dessous du conceptacle. 

M. Gaston Genevier (de Nantes) dit que le Pilobolus n'est pas 
rare à Nantes et aux environs, sur le fumier de cheval ; la forme 
qu'il a observée se rapporte à celle dont vient de parler M. Germain 
de Saint-Pierre. 

M. Roze fait remarquer la tendance du Pilobolus à se diriger 
vers la lumiére, tendance qui se traduit par une forte courbure du 
support. 

M. Roze met ensuite sous les yeux de la Société de beaux échan- 
tillons de l'Onygena equina, développé sur une queue de cheval et 
rencontré à Chaville (Seine-et-Oise), le 20 novembre 1871. Cette es- 
péce est presque identique avec l'O. cervina, sur lequel MM. Tulasne 
ont publié un mémoire (in Ann. sc. nat. 3° série, t. I, pp. 367 
el suiv.) et qu'ils ont trouvé sur les plumes d'un passereau. 

Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la 
Société : 


DE L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA GELÉE SUR LES VÉGÉTAUX (suite), 
par M. Émile MER (2). 


VI. — Exposé d’une théorie moléculaire propre à expliquer l’action 
d’une basse température sur les tissus, 


Les physiologistes allemands ne se sont pas contentés d'étudier les effets du 
froid et les causes qui peuvent exercer quelque influence dans ce phénoméne; 
ils ont également cherché à pénétrer ie motif pour lequel un tissu est désor- 


(1) Morphologie und Physiologie der Pilze, p. 179. 
(2) Voyez plus haut, pp. 164 et 208. 


300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ganisé, quand il est exposé à une certaine température. De leurs expériences et 
de leurs explications, on peut déduire la théorie suivante : 

Tout tissu végétal (membranes, protoplasma, grains d'amidon ou de chloro- 
phylle) est, d’après M. Nægcli, constitué par la réunion de particules solides 
(organiques et minérales) et de particules d'eau. Par particules, il faut en- 
tendre un groupement de molécules similaires formées elles-mêmes par la 
réunion d'atomes, et, de méme qu'il y a des espaces intermoléculaires, on doit 
admettre l'existence d'espaces interparticulaires. Ces particules, de nature dif- 
férente, sont disposées dans un ordre déterminé et possèdent des formes régu- 
lières : celles de petites sphères, d'ellipsoides ou plus souvent de cristaux 
allongés ; elles sont douées d'attractions réciproques qui varient suivant leur 
nature chimique. Sous l'influence des forces extérieures, telles que le choc, la 
chaleur, la lumiere, l'électricité, elles peuvent s'éloigner ou se rapprocher les 
unes des autres. Tant que ces forces n'atteignent pas un certain degré d'inten- 
sité, ce rapprochement ou cet écartement n'a lieu que dans une certaine limite 
et la constitution du tissu n’est pas altérée, Mais, dés que cette limite est dé- 
passée, la particule solide A, qui était accolée à la particule d'eau B, peut sortir 
de la sphère d'attraction de cette dernière et tomber dans celle de la particule 
solide C. De son côté la particule d'eau B, qui n'est plus soumise à l'attraction 
de la particule solide A, peut étre attirée par une particule voisine. 

C'est à l'aide de cette théorie que M. Nægeli explique la croissance des 
tissus, le pouvoir d'imbibition des membranes, la formation des grains d’ami- 
don et des cristalloides, enfin le mouvement des organes protoplasmiques. 

Elle peut servir aussi à expliquer l'action des températures anormales sur 
les tissus. 

On concoit, en effet, que, à mesure que la température s'abaisse, les vibra- 
tions des particules devenant de moins en moins rapides, les espaces inter- 
particulaires tendent à diminuer. Tant que la température ne descend pas 
au-dessous d'une certaine limite, l'équilibre du système n'est pas changé. 
Mais il en est autrement dès que cette limite est dépassée. L'attraction de la 
particule solide A pour la particule liquide B devient inférieure à son attrac- 
tion pour la particule solide voisine C, et, de son cóté, la particule B est plus 
attirée par la particule liquide voisine D qu'elle ne l'était par les particules 
solides A et C. Les particules tendent donc à se grouper en petites masses 
de méme nature. L'arrangement nécessaire au fonctionnement vital se trou- 
vant ainsi détruit, le tissu est désorganisé et soumis dès lors complétement, 
comme un corps inerte, aux influences extérieures. 

L'eau de constitution n'étant plus retenue par les particules solides, s'écoule à 
travers les parois descellules, qui perdent ainsi, suivant l'expression de M. Sachs, 
« leur pouvoir de résistance à la filtration ». Les liquides cellulaires se mé- 
langent, et les tissus, ayant perdu leur turgescence, deviennent flasques et 
mous. Ils éprouvent nune contraction daus tous les sens. Enfin cette eau 


SÉANCE DU 2A NOVEMBRE 1871. 301 


levenue libre ne tarde pas à s'évaporer et le tissu à se dessécher trés-rapi- 
dement. 

Dans les membranes, il se forme ainsi des pores d'une ténuité extréme, suf- 
fisants cependant pour laisser sortir le liquide cellulaire et pénétrer des liquides 
étrangers. C'est ce qu'on peut facilement vérifier si le liquide cellulaire est 
coloré. Je rappellerai à ce propos un fait que j'ai déjà cité: ayant comprimé 
entre des feuilles de papier absorbant des pétales violacésde Primevére-de-Chine 
désorganisés par le froid, j'ai remarqué que ces pétales laissaient sur le papier 
des taches colorées. M. Sachs, ayant plongé dans de l'eau des morceaux de bet- 
terave rouge gelés, cette eau ne tarda pas à se colorer en rouge. Ayant placé 
dans de l'acide sulfurique pourpre des fragments vivants et des fragments 
gelés de rave blanche, la coloration pénétra seulement dans l’intérieur des 
derniers. M. Kuehne constata que l'arrangement des parties constituantes du 
protoplasma est détruit par le froid, les particules solides se groupant en pe- 
Lites masses qui semblent coagulées. Il peut dans cet état absorber les matières 
colorantes, ce qu'il ne saurait faire pendant la vie. 

A l'aide de cette théorie sur la constitution des membranes, on peut se ren- 
dre compte, dans une certaine mesure : 1? de l'action de la chaleur succédant 
brusquement à une basse température, 2° de l'influence qu'exerce dans le 
phénoméne l'état d'imbibition des tissus. 

1? Action de la chaleur. —Puisque les particules constitutives d'un tissu ne 
se trouvent en équilibre stable qu'entre certaines limites de température, on 
comprend quesi la température n'a pas été assez basse pour les dissocier, 
mais suffisante cependant pour les porter à un état d'équilibre instable, cet 
équilibre puisse être rompu par une très-légère influence, telle qu'une cha- 
leur un peu forte ou survenant brusquement, ou même seulement, ainsi qu'on 
l'a observé, par le contact du doigt. Il se passe alors dans le tissu quelque 
chose d'analogue à ce qui arrive quand deux bulles d'air se trouvent séparées 
l'une de l'autre par une couche liquide. Sous la plus faible impulsion elles se 
réunissent. Si, au contraire, la température ne s'éléve que graduellement, de 
manière que les particules puissent reprendre leur position normale, toute 
désorganisation pourra ainsi étre prévenue. 

2° Influence de l'imbibition des tissus. — Quand un tissu aqueux est ex- 
posé à une basse température, les particules solides étant séparées les unes des 
autres par des particules d'eau volumineuses, leur attraction mutuelle est di- 
minuée ; l'équilibre du système n'est plus aussi stable, et sera dérangé par une 
influence qui eût été insuffisante si le tissu avait été moins riche en eau. Cette 
influence aura d'autant plus d'effet qu'elle se sera exercée plus brusquement ; 
d'où il est probable que si le passage rapide d'une basse température à une 
température plus élevée est funeste, le passage inverse ne l'est pas moins. Un 
organe transporté, par exemple, d'un milieu à +40 degrés, dans un milieu 
à -]- 5 degrés, pourra étre désorganisé quand, dans les conditions normales, il 


302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ne l'eüt été qu'à 0 degré. Il serait à désirer que cette expérience fût faite. On 
conçoit, en effet, que l'arrangement moléculaire est plus facilement détruit 
par des impulsions brusques que par des impulsions graduelles. 

L'action de températures relativement élevées sur les tissus et celle 
de l'électricité offrent la plus grande analogie avec celle des basses tempé- 
ratures. On a constaté que des organes peu riches en eau peuvent supporter 
des températures voisines de + 50 degrés, tandis que ces mêmes organes plus 
imbibés se désorganisent méme à + 40 degrés. Des graines désséchées peu- 
vent, sans perdre leur faculté geriminative, être exposées à une température 
qu'elles ne pourraient supporter à l'état frais. De méine que les tissus désor- 
ganisés par le froid, ceux qui le sont par la chaleur deviennent mous, se 
contractent par suite de l’eau épanchée, laissent filtrer les matières colorantes 
contenues dans les liquides cellulaires et sont pénétrés par les liquides colorés 
venant de l'extérieur. Le protoplasma se rassemble en petites masses séparées. 
L'action de l'électricité sur le protoplasma est identique, soit qu'on ait recours 
à l'électricité statique, aux courants continus ou à ceux d'induction. Si un 
certain temps est nécessaire pour que l'effet d'une température relativement 
basse ou élevée puisse se faire sentir, il faut aussi une certaine durée à un 
courant faible pour produire quelque résultat. 

Enfin des chocs peu violents produisent des effets analogues. En secouant des 
rameaux, M. Hofmeister a causé leur fanaison. En courbant une brauche par une 
impulsion lente et continue ou en la soumettant à des chocs faibles, mais réitérés 
comme ceux provenant des oscillations d'un pendule, il la forcait à végéter 
dans la direction qui lui était imprimée. Les couches passives, distendues 
au delà d'une certaine limite, se constituaient dans un nouvel état d'équilibre 
tel que les couches érectiles du cóté convexe avaient la prédominance sur les 
couches érectiles du cóté concave. Je crois cet exemple propre à donner une 
idée de ce qui se passe dansla constitution intime des tissus, sous l'empire des 
influences extérieures. Il y a encore dans ces effets une question de mesure. 
Il peut arriver que l'arrangement particulaire soit légèrement troublé, sans 
que pour cela la destruction s'ensuive : ainsi des protoplasmas agglomérés 
par petites masses peuvent quelquefois reprendre ensuite leur mouvement. 

On voit, par ces exemples, que la chaleur, l'électricité et la lumière pro- 
duisent sur les tissus organisés des effets semblables : serait-ce aller trop loin 
que d'y trouver une nouvelle confirmation de cette théorie toute moderne, en 
vertu de laquelle ces trois agents ne sont que des modifications du mouve- 
ment ? 

En résumé, un tissu organisé est constitué par des particules solides et 
liquides agrégées entre elles dans un certain état d'équilibre stable. Cet 
équilibre peut étre troublé par les forces extérieures. Quand ces forces agis- 
sent avec une inténsité suffisante, tout en restant au-dessous d'une certaine 
imite, l'équilibre devient instable; et, si cette limité elle-méme est dépassée, 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871. 303 


il se produit un nouvel arrangement moléculaire duquel peut résulter la 
désorganisation définitive du tissu. 

Tel est le point ultime auquel la science moderne est arrivée, pour expli- 
quer l’action des températures anormales sur les tissus, et les facultés si variées 
de résistance que présentent sous ce rapport les divers organes. Pourquoi la 
même plante exposée à diverses reprises à une température donnée finit-elle 
par en souffrir, alors que dans le principe cette température n'avait pas paru 
lui nuire? Pourquoi telle plante se désorganise-t-elle dans un milieu où con- 
tinue à végéter telle autre plante? 

La première question trouve une solution satisfaisante dans la théorie que 
j'ai exposée. Quant à la deuxième, on ne peut lui faire que cette réponse : les 
constitutions moléculaires du tissu varient à l'infini, non-seulement d'espéceà 
espèce, mais d'organe à organe, et pour un méme organe suivant son âge. Ainsi, 
cet hiver (1870-71), j'ai constaté sur les Pins-maritimes qui peuplent les dunes 
et les landes du golfe de Gascogne, que toutes les feuilles âgées de deux ans 
avaient été jaunies par les gelées des mois de décembre et de janvier. Celles 
de l'année n'avaient pas souffert. Quelle est la cause de cette anomalie, alors 
qu'il semble que les plus jeunes eussent dà offrir la plus faible résistance? 
J'ai observé ce fait sur de si grandes surfaces, dans les stations les plus diverses, 
qu'on ne saurait, je crois, l'attribuer à des conditions locales. Jl faut en 
rechercher la cause jusque dans la constitution des tissus. 


VII. — Extension de la théorie précédente aux corps organiques 
et inorganiques soumis à de basses températures. 


Cette théorie n'est pas seulement applicable aux corps organisés. Si l'on 
fait geler de l'albumine coagulée, on obtient uue masse dure, résonnant 
quaud on la laisse tomber. En dégelant, elle laisse suinter une grande quan- 
tité d'eau que la chaleur ne peut plus coaguler. 

En répétant cette expérience, j'ai pu retirer d'un œuf un volume notable 
d'eau. J'ai remarqué que le jaune de l’œuf fournissait moins d'eau, par 
la compression, que le blanc. Cette expérience est trés-remarquable; car par 
la chaleur l'albumine n'éprouvant pas de perte sensible en eau, cette eau 
de constitution et les particules solides qui y étaient entremélées se sont 
donc groupées d'une autre maniére par la coagulation. De visible qu'elle 
était, l'eau est devenue ensuite inappréciable pour nous. Mais l'état particu - 
lier que la chaleur a créé, le froid le défait pour en constituer un autre, dans 
lequel l’eau n'a pu se grouper. Abandonnée à elle-même, elle s'est répandue 
dans les mailles du réseau formé par les parties solides, s'y est coagulée, et, 
après le dégel, a suinté de toutes parts. 

. Voici encore d'autres expériences que j'ai faites ou répétées : une dissolu- 


304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tion de gomme bien limpide, que l’on fait geler, se trouble après le dégel; dans 
les mêmes conditions, une pâte faite avec de la farine devient aqueuse. 

Le vin qui a été gelé a perdu de son bouquet, de sa chaleur et de sa force, 
et j'ai vu se former après le dégel au fond d'un vase qui contenait du vin, un 
dépót blanc qui ne se redissolvait que difficilement. 

Dans la congélation de dissolutions salines, l'eau qui prend l’état solide 
se sépare des sels qu’elle avait dissous, el ceux-ci, s'accumulant dans la partie 
restée aqueuse, en augmentent la densité. C'est ainsi que dans le Nord on se 
procure le sel marin. | 

Quand une éprouvette pleine d'eau se prend en glace, on voit dans la masse 
et contre les parois du verre des bulles d'air emprisonnées. 

Les fruits qui ont été gelés sont plus doux, parce que les dissolutions de 
sucre contenues dans les cellules, et par suite inappréciables pour nous dans 
l'état normal, sont percues par notre goüt, quand cette eau intérieure s'est 
épanchée dans les tissus. Aussi, dans certaines contrées, fait-on geler les poires 
trop acides pour les rendre plus sucrées et comestibles. La pomme-de-terre 
gelée est douce, de méme que celle qui a déjà commencé à germer. 

La terre, apres le dégel, est imbibée d'eau comme aprés une pluie. 

L'encre ordinaire, après le dégel, est devenue trés-pàle. Le tannate de fer 
et le mucilage gommeux qui servait à le maintenir eu suspension, se sont, en 
grande partie, déposés et agglomérés. On voit, par tous ces exemples, que les 
basses températures ont pour résultat de produire, dans les corps, des mou- 
vements moléculaires tels, que les particules de méme nature tendent toujours 
à se grouper entre elles. 


DES IGNAMES, par M. Paul SAGOT. 
(Cluny, juin 1874.) 


Les Ignames appartiennent à la classe des Monocotylées et à la famille des 
Dioscorinées dont elles représentent le type. Ce sont des plantes à tige volubile 
et annuelle, à souche vivace constituant sous terre des tubercules farineux d'un 
volume. souvent considérable. Ces tubercules cuits forment un aliment bon 
et sain. 

Elles sont répandues dans tout l'espace intertropical, et chaque continent 
en possède des espèces particulières. Un très-petit nombre croît dans les pays 
tempérés. Ce sont des plantes assez mal connues des botanistes. Les unes 
croissent sauvages dans les forêts et plusieurs au moins d'entre elles ont une 
racine qu'on peut manger ; d'autres sont cultivées de toute antiquité en Asie, 
en Océanie, en Afrique ou en Amérique, et de celles-là tantóton connaît, tantôt 
on ignore la souche sauvage. Les diverses Ignames des cultures ne sont pas de 
simples races ou variétés d'une méme espéce, mais des espèces botaniques 
très-distinctes, présentant un feuillage et un aspect général différents, des ra- 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1874. 305 


cines variables de forme, de volume et de goût. Cette confusion de plusieurs 
espèces sous un méme nom agricole rend assez embarrassante la description 
de la culture de l'Igname. Il y aurait un véritable intérêt à bien connaître 
toutes les espéces, à les réunir dans quelque jardin botanique des pays chauds 
pour les comparer, définir les avantages des meilleures, et donner les règles 
précises de la culture de chacune. 

Je dois évidemment ne m'occuper ici que des espèces cultivées à la Guyane. 

Noms. — La nomenclature se ressent de cette confusion d'espèces diverses 
sous une désignation commune, et il faudrait plusieurs pages pour énumérer 
les noms et en débrouiller la synonymie. Je n'entrerai pas dans de si longs 
développements. 

On appelle en général les Ignames : dans les colonies anglaises et hollan- 
daises d'Amérique, yams; au Brésil, caras; dans quelques anciennes colonie 
espagnoles d'Amérique, ajes ; à l’île Bourbon, cambares. 

Noms indigènes : caraibe, namain, et quelques espèces particulières cou- 
chou, cayarali, inicoma. — Yam, mot d'origine américaine qu'on trouve 
dans de trés-anciens auteurs, Vespucci, Cabral (Alph. de Candolle, Géographie 
bot.); mexicain, iz; langue indienne d'Haïti, age ; langue malaise, ubi; Taiti, 
ubi ; Nouvelle-Calédonie, oui (un des noms du Dioscorea alata) ; Sandwich, 
oi ; Benguela, kara. 

Noms botaniques des espèces les plus cultivées : Dioscorea alata ; D. cayen- 
nensis (D. altissima); D. uncinata, voisin du précédent; D. triloba Lam.; 
D. sativa; D. pentaphylla ; D. aculeata; D. triphylla ; D. bulbifera; D. 
Batatus. 

Les espèces cultivées à la Guyane sont : 

L'Igname indien (Diosc. triloba) cultivée de toute antiquité par les indi- 
gènes d'Amérique. C'est l'espèce dont les tubercules sont les plus agréables 
au goût. 

L'Igname pays-nègre ou Igname de Guinée, Igname épineuse, Diosc. cayen- 
nensis Kth (D. altissima Lam.). Ses tubercules sont très-volumineux, mais 
moins délicats. 

L'Igname franche, appelée souvent mal à propos Igname francaise (Diosc. 
alata), moins répandue que les précédentes. 

Voici leur courte description : 

L'Igname indien, D. triloba Lam. (D. affinis Kth, D. truncata Miquel, 
D. trifida Meyer), a la tige sans épines, relevée de crétes membraneuses sail - 
lantes; Les feuilles sont larges; elles ont, les inférieures 7 ou 5 lobes, les su- 
périeures 3, qui ne vont pas jusqu'à la moitié de leur lo. gueur. Le feuillage 
est d'un vert jaunâtre clair. Les tubercules sont nombreux, ovoïdes ou 
arrondis, couverts d'une écorce noirâtre et crevassée. Celie espèce, qui est 
américaine, est cultivée au Brésil et aux Antilles, comme à la Guyane. C'est 
une excellente espèce. 

T. XVIIL (SÉANCES) 20 


306 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L'Igname pays-nègre, Diosc. cayennensis Kth (D. altissima, D. Berte- 
roana Kth), vraisemblablement apportée anciennement d'Afrique, a la tige 
épineuse. Les feuilles sont entiéres, cordiformes, d'un vert foncé, luisantes, 
assez petites. Son tubercule est généralement simple, aplati, plus ou moins 
ovoide. Il est trés-volumineux, mais plus dur et moins délicat au goût que 
celui de l'Igname indien. C'est, d'autre part, une espèce plus productive et 
moins exigeante sur la qualité du sol. 

L'Igname franche, Diosc. alata L., originaire de l'archipel malais et de 
l'Océanie, a la tige sans épines, relevée de crétes membraneuses saillantes, les 
feuilles cordiformes, entiéres, d'un vert jaunátre. Le tubercule est ovoide, plus 
ou moins allongé. Cette espèce est moins répandue dans la colonie que les 
deux précédentes. Son tubercule n'est pas aussi délicat que celui de l'Igname 
indien. 

On cultive encore quelquefois dans la colonie le Diosc. pubescens Poir. ; mais 
je n'ai pas eu l'occasion de l'observer. On recueille quelquefois les tubercules 
de l'Igname-bois, D. bulbifera, qui vient sauvage dans les forêts. Les Indiens 
du haut des riviéres cultivent, à ce que m'a rapporté M. Leprieur, outre 
l'Igname indien, une espèce particulière que les colons ne possèdent pas. 

Description abrégée de la végétation de l'Igname. — Pour comprendre 
la culture de l'Igname, il est essentiel de suivre les phases de sa végétation. 
Au retour des pluies, il pousse de la téte du tubercule une ou plusieurs tiges, 
d'autant plus fortes et plus vigoureuses que le tubercule est plus gros. A me- 
sure que la tige s'éléve et se développe, ce tubercule, qui fournit en partie 
à sa nutrition, se ride, s'affaisse et perd une partie de son voluine et de sa ri- 
chesse en fécule et en albumine végétale. La tige grimpe et se répand au loin, 
couverte d'un beau feuillage et nourrie en partie par le tubercule, en partie 
par le réseau de racines qui sortent de la souche. Cette tige végète et reste 
verdoyante pendant 5, 6 ou 8 mois, plus ou moins, suivant la force de la sou- 
che, la bonne ou médiocre qualité du sol, le climat plus ou moins favorable. 
Ensuite elle jaunit, se fane et sèche. Le tubercule lui reprend alors les ma- 
tiéres nutritives qu'il lui avait fournies et celles qu'elle avait tirées du réseau 
des racines. Il grossit, devient ferme et bon à arracher. Telle est au moins la 
végétation des Ignames à tubercule gros et simple. Dans les espéces à tuber- 
cules multiples, diversement suspendus à la souche par des pédicules radi- 
cellaires, les choses se passent à peu prés de la méme manière ; cependant 
plusieurs des tubercules se détruisent probablement tout à fait pendant la 
végétation, et il s'en forme de toutes pièces plusieurs nouveaux au moment 
de la maturation. 

On voit par là que la multiplication de l'Igname demande des soins parti- 
culiers, et qu'on ne peut avoir de beaux produits qu'en plantant de belles sou- 
ches; que les trés-grosses racines, mentionnées par des agronomes ou des 
voyageurs, ne sont pas l'expression du produit annuel de la plante, mais l'ac- 


SÉANCE DU 2h NOVEMBRE 1871. 307 


cumulation en quelque sorte de plusieurs années de végétation. On ne s'éton- 
nera pas d'apprendre que ces tubercules énormes sont souvent, en raison de 
cela, assez durs et moins délicats à manger que de plus jeunes racines. 
Culture. — Les Ignames, l'Igname indien surtout, réclament un sol meuble 
et riche en terreau ; elles demandent à être bien espacées et à avoir un appui 
sur lequel elles puissent grimper et se répandre librement. Pour satisfaire à 
ces diverses conditions, on les plante généralement dans de nouveaux défri- 
chés, à grande distance les unes des autres, intercalées entre les pieds de Ma- 
nioc. On fouille et l'on remue la terre pour l'ameublir en les plantant, et on 
les place au voisinage d'un petit arbre qui servira de tuteur, ou bien on leur 
donne pour appui une haute perche enfoncée en terre. On a grand soin, sur- 
tout pour l'Igname indien, de choisir pour plant de fortes tétes de tuber- 
cules, c'est-à-dire la souche de pieds vigoureux et adultes (un faible bourgeon 
ne pouvant donner de bons résultats qu'aprés plusieurs années de culture). La 
multiplication de l'Igname ne peut donc étre rapide, car chaque souche arra- 
chée ne donne qu'un assez petit nombre de rejets forts et principaux, et le 
cultivateur doit s'attacher à conserver soigneusement et à augmenter peu à 
peu sa provision de beaux plants. Celui qui établit une nouvelle habitation, 
S'il se trouve au voisinage d'un village indien, fera bien de leur acheter du 
plant, car ils en ont toujours de fort beau. Celui qui n'aurait pas l'occasion 
d'en acheter fera bien d'établir une pépinière où il multipliera la plante de 
divisions de souche et de fragments de tubercules, et où il donnera de la force 
au jeune plant en le soignant bien et le laissant plusieurs années sans le récol- 
ter. Quelques espèces d'Ignames se prêtent à se multiplier de tubercules 
coupés en morceaux ; d'autres donnent sur leurs tiges des tubercules aériens 
qui peuvent se planter. Mais je crois qu'il doit falloir plusieurs années et des 
soins pour amener de petits pieds gréles et faibles à l'état de bon plant. 
L'Igname commence à végéter aux premieres pluies, et, sile plant est bon, 
la tige s'éléve trés-vite à une grande hauteur, avant méme d'émettre des feuil- 
les bien formées. Si le plant était faible, la tige au contraire sortirait grêle et 
développerait immédiatement des feuilles, mais elle ne tarderait pas beaucoup 
à s'arréter et sécherait au bout de peu de mois. Pendant que la feuille pousse, 
il faut veiller à ce qu'elle s'enroule bien sur le tuteur ou les tuteurs qu'on lui 
a donnés, de manière à se bien répandre et à bien recevoir la lumière, et en 
même temps on sarcle le pied et on le butte. L'Igname pays-nègre fleurit 
souvent, mais je ne lui ai vu que des fleurs máles. Il parait que les pieds à 
fleurs femelles sont beaucoup plus rares : j'en ai vu cependant dans les collec- 
tions botaniques. L'Igname indien fleurit assez rarement, et l’Igname franche 
plus rarement encore. Je n'ai pas eu l'occasion de voir cette dernière en 
fleur à la Guyane. La floraison n'a du reste rien d'essentiel pour la végéta- 
tion de la plante, et les pieds qui ont donné une forte tige, qu'elle ait ou non 
fleuri, donnent de volumineux tubercules. La tige s'arrête, jaunit, puis sèche, 


$08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


5, 6 ou 8 mois aprés étre sortie de terre. Elle séche d'autant plus vite que 
le plant est plus jeune et le sol plus médiocre. L'Igname indien séche plus 
vite que l'Igname pays-nègre. L’atrophie de la tige marque la matura- 
tion des tubercules. Il est toutefois prudent d'attendre encore un peu pour 
laisser à ceux-ci le temps d'achever de résorber les sucs de la tige et des radi- 
celles, et d'organiser complétement leur tissu. C'est en été, en août ou en 
septembre, qu'on arrache les Ignames. 

L'Igname indien a ses tubercules réunis en faisceau autour de la souche, et 
s'arrache facilement. L'Igname pays-nègre, surtout si l'on est resté plusieurs 
années sans la récolter, a sou tubercule enfoncé profondément en terre, et il 
est quelquefois assez laborieux de l'extrairc. 

Rendement. — Rien n'est plus difficile à évaluer que le rendement de 
l'Igname. Quand on la cultive par touffes trés-espacées dans un champ de 
Manioc, il est assez embarrassant de faire son compte à part. D'un autre cóté, 
on n'en fait point de cultures exclusives, et je ne saurais trop dire, si l'on vou- 
lait en faire, de combien il faudrait espacer les pieds. Suivant la nature du 
sol, le soin de la culture, la force des plants et l'espèce plantée, les tubercules 
sont plus ou moins gros. J'admets que le poids d'un beau tubercule moyen 
doit arriver de 2 à 5 kilogr. ; que celui d'un tubercule provenant d'un pied un 
peu faible doit étre d'un kilogr. Les racines énormes, exceptionnelles, provenant 
généralement de pieds d'Igname pays-nègre qu'on est resté plusieurs années 
sans récolter, peuvent, d'aprés les auteurs, peser 12, 15et 18 kilogr. En sup- 
posant, dans un champ planté exclusivement d'Ignames, les pieds espacés de 
2 mètres, le plus probable est qu'on récolterait environ 20 000 ou 40 000 kilogr. 
de tubercule. C'est plus que je n'ai assigné au Manioc, pour un an de végé- 
tation; mais je ferai remarquer que pour obtenir de tels résultats, il faudrait : 
une terre meuble et riche, meilleure que celle oà le Manioc se plante ordi- 
nairement; une culture plus soignée et plus dispendieuse ; une provision de 
beau plant, accumulée et conservée avec soin. Je ne conseillerais à personne 
de telles plantations, autrement que par amusement et pour expérience sur 
un petit espace. Le plus sage est de se contenter de planter des Ignames trés- 
espacées, intercalées dans des plantations de Manioc sur nouveaux défrichés 
de grands bois. On peut alors supposer que les pieds sont éloignés de 5 à 10 
mètres les uns des autres, et évaluer le produit probable de chaque touffe 
à 3 ou 5 kilogr. L'Igname pays-négre donnerait plus, au moins si on le 
récoltait à deux ans. 


Usage domestique. — La racine d'Igname se cuit comme les pommes-de- 
terre, à l'étouffée dans la vapeur d’eau ; il faut, surtout pour l'Igname pays- 
nègre et l'Igname franche, la laisser au feu plus longtemps. On peut encore 
peler la racine et la cuire par quartiers avec de la viande ou des légumes, ou 
bien en préparer des sortes de bouillies. Les tubercules d'Igname indien sont 
excellents, tendres, farineux, et plaisent à tout le monde ; ceux des deux au- 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871. 309 


tres espèces sont sujets à être durs, si on les a pris sur de vieux pieds. Mis en 
bouillie, ils paraitront fades, si l'on n'a pas mis beaucoup de jus et d'accom- 
modement. 

Les racines se récoltent à l'entrée, ou plutót au milieu de la saison séche, 
en aoüt ou septembre. Ils commencent à pousser en décembre, au retour des 
pluies. Pour en jouir plus longtemps, si l'on en a récolté en abondance, on 
séche au soleil les tubercules, et on les conserve ensuite dans un lieu sec, 
comme au-dessus du foyer. La sécheresse et la fumée les conservent. 

Je crois que les racines d'Ignames sont un aliment médiocrement nutritif. 
Les analyses y indiquent peu d'albumine végétale. Elles contiennent beaucoup 
d'amidon et de substance mucilagineuse et, surtout dans les racines de vieux 
pieds, beaucoup de cellulose. 

Des diverses espèces d' Ignames. — Yl me serait impossible de comparer, 
au point de vue de la qualité et des avantages agricoles, les 15 ou 20 espèces 
de Dioscorea qui sont cultivées dans les diverses parties de la zone intertro- 
picale. Je ne puis donner sur ce sujet que quelques indications générales, em- 
pruntées particuliérement à l'intéressant travail de M. Vieillard sur les plantes 
cultivées à la Nouvelle-Calédonie. 

Le Dioscorea aculeata parait une des espéces dont les tubercules sont le plus 
agréables au goût. La tige porte des épines recourbées ; les feuilles sont cordi- 
formes entières; le pétiole porte à sa base deux aiguillons. Les tubercules 
sont arrondis, multiples, souvent suspendus à la souche par un fil radicel- 
laire, ou plutôt par un stolon souterrain dont le tubercule représente le bour- 
geon terminal développé sous terre en forme de racine. Cette espèce paraît 
devoir se recommander par son excellente qualité et sa facile multiplication. 
ll serait à désirer qu'elle fût introduite dans les colonies d'Amérique. Son 
rhizome rameux stolonifére, le grand nombre de ses tubercules, 7 ou 8 (Vieil- 
lard), me font penser qu'elle pourrait se propager rapidement. Elle produirait 
peut-étre moins que les espéces à grosse racine, mais elle produirait plus 
vite et donnerait un aliment plus délicat. 

Le Diosc. alata, qui est cultivé à Cayenne et aux Antilles en petite quan- 
tité sous le nom d'Igname franche, est cultivé trés-abondamment à la Nou- 
velle-Calédonie et y recoit de grands soins. On le plante, de troncons de ra- 
cines, dans un sol bien faconné et ameubli. Les pieds sont trés-rapprochés, 
mais on a soin d'assurer aux tiges un développement et une aération suffi- 
sants, en leur donnant de très-hautes rames sur lesquelles on les dirige et on les 
palisse en quelque sorte. La terre est soigneusement sarclée et buttée au pied. 
Par cette culture intelligente et laborieuse, on obtient de grands produits. 
M. Vieillard dit qu'on voit de gros tubercules peser 8 kilogr., et que cette 
Plante, dont la culture à la Guyane a si peu d'importance, est la principale 
ressource alimentaire des Néo-Calédoniens. On en distingue plusieurs variétés, 
les unes à tubercules simples, les autres à tubercules lobés ou digités. Il y en 


310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


a à tiges vertes et à tubercules à chair blanche; d'autres à tige pourpre vio- 
lacée et à tubercule à chair violacée. Ce méme Diosc. alata est cultivé dans 
les grandes iles de l'archipel malais et dans l'Inde, concurremment avec plu- 
sieurs autres espèces. 

Le Diosc. globosa Rxb. est indiqué comme ayant de gros tubercules arron- 
dis. Le D. rubella Rxb. a la racine oblongue. Le D. fasciculata Rxb. a plusieurs 
racines allongées réunies en faisceau. Plusieurs espéces de l'Inde, de l'archi- 
pel indien et des iles Philippines sont représentées dans les herbiers par 
des échantillons dont les tiges vigoureuses et les fleurs abondantes semblent 
annoncer une forte végétation. Tels seraient le D. divaricata Blanco, le D. op- 
positifolia, L. etc. 

Le D. pentaphylla, qui se cultive, mais qui ne paraît pas une espèce très- 
productive, est très-remarquable par ses feuilles profondément divisées en 
4 ou 5 lobes. 

Le D. triphylla L. a les feuilles grandes, pubescentes divisées en 3 lobes 
jusqu'à la base. 

Le D. Batatas, originaire de Chine,. présente un intérêt particulier, parce 
qu'il supporte trés-bien les climats tempérés. On le possède aujourd'hui dans 
les jardins en France. Ses tubercules sont longs, gréles et réunis en faisceau, 
ce qui en rendrait l'arrachage peu commode dans la grande culture. Il vient 
jusque dans le nord de la France, mais il ne peut pas y produire beaucoup, 
car ses feuilles sont surprises encore vertes par les froids d'automne. 

Des Ignames sauvages et cultivées. — Les Ignames sont peut-être le 
genre botanique où les espèces sauvages et cultivées se ressemblent le plus 
et semblent aptes au méme usage économique et aux mêmes conditions de 
végétation. Plusieurs espéces, qu'on trouve incontestablement sauvages ( D. 
pentaphylla, D. bulbifera, etc.), fournissent des tubercules bons à manger. 
Et d'une autre part les espéces cultivées, abandonnées à elles-mémes dans 
des champs délaissés, continuent à végéter au milieu des broussailles et méme 
des bois qui envahissent le sol, comme je l'ai observé pour le D. cayennensis 
et le D. triloba à la Guyane. 

On peut cependant remarquer que lesespèces sauvages présentent souvent des 
tubercules empreints d'une certaine âcreté ; et dans quelques pays on lessoumet 
au lavage après les avoir divisés en tranches, ou les avoir méme grossièrement 
râpés. Elles semblent encore ne pas être trés-productives, et si quelquefois on 
leur trouve de gros tubercules, il faut les fouiller en terre trés-profondément ; 
ce qui semble indiquer une plante déjà âgée. Les espèces très-cultivées parais- 
sent avoir été légèrement modifiées dans leurs conditions de végétation, quoi- 
que certainement elles l'aient été moins que le plus grand nombre des plantes 
de nos cultures. Plusieurs ne fleurissent que rarement, et, quand elles fleuris- 
sent, donnent bien plus souvent des fleurs máles que des fleurs femelles. Les 

tubercules sont plus gros, plus précoces, plus tendres; contiennent plus de 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871. 311 


fécule et moins de cellulose. Les tiges semblent chez quelques-unes avoir un 
développement plus rapide et une vie plus courte. 

De (a distinction des espèces et de la distribution géographique dans le 
genre Dioscorea. — ll ne faut pas s'étonner que les botanistes aient beaucoup 
de peine à distinguer les espéces de ce genre difficile, et surtout qu'ils se 
soient laissés aller à décrire, comme des espéces distinctes, des formes et des 
états différents de la méme plante. Suivant Ia période de végétation, la position 
des rameaux cueillis au pied d'une tige radicale ou à l'extrémité terminale de 
la liane, les échantillons d’une méme espèce présentent dans les herbiers une 
tige plus grosse ou trés-fine, pourvue d'ailes membraneuses ou n'en présen- 
tant que des traces presque insensibles, trés-épineuse ou presque inerme, des 
feuilles grandes ou petites, cordiformes ou ovales à base tronquée, profon- 
dément lobées ou à lobes peu marqués, alternes ou opposées. De là des hésita- 
tions et des erreurs inévitables pour ceux qui n'ont pas vu la plante vivante. 
Plusieurs espéces fleurissent rarement ; et on ne les rencontre pas dans des 
herbiers locaux, parce que le collecteur a dédaigné de prendre une espéce 
qu'il ne rencontrait pas en fleur. Sans pouvoir l'assurer positivement, je suis 
porté à présumer que les fleurs méme n'ont pas une constance parfaite. La 
longueur absolue des sépales, et leur longueur relative à l'égard des étamines 
et de l'ovaire, le développement de l'ovaire (ou dans les fleurs máles des éta- 
mines) varient probablement dans certaines limites, et de là de nouvelles subti- 
lités erronées dans la définition des espéces. 


ÉTUDE SUR LES HIERACIUM DE LAPEYROUSE ET SUR LEUR SYNONYMIE (suite), 
pr M. Édouard 'TEMBAL-LAGR AVE (1). 


SECTION IV. CÉRINTHOIDES. 


25. Hieracium cerinthoides Lap. Hist. pl. Pyr. p. 415. Gouan, Mil. 
tab. 22, f. 4 (H. Neocerinthe Fries, Monogr. p. 67). 

Il est facile de savoir quelle est la plante que Lapeyrouse a nommée ainsi, 
quoiqu'elle ne se trouve pas dans son herbier ; car la figure de Gouan, citée par 
lui, ne peut laisser aucun. doute dans l'esprit : elle représente en effet. très- 
exactement un Hieracium de la région alpine supérieure des Pyrénées, d'où 
il ne descend pas. Il est parfaitement caractérisé par ses tiges dressées, à 
rameaux nombreux, ses panicules étalées multiflores ; par ses feuilles étroites 
spatulées, obtuses arrondies au sommet, subitement mucronées, atténuées en 
un large pétiole denté à dents à bases larges et à pointes droites, les supérieures 
embrassantes, courtes, dentées, trés-atténuées au sommet ; par ses calathides 
de taille moyenne, comparées aux autres espèces du groupe; par ses pédon- 


(4) Voyez plus haut, p. 48. 


312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


cules glanduleux ; par les écailles du péricline glanduleuses, les inférieures 
étalées. 

Toute la plante est couverte de poils simples, peu abondants, ou glanduleux ; 
elle se rapproche un peu, par le port et le faciés, des variétés exigués de 
rH. amplexicaule L. Sp. 

Il me semble que cette plante doit être considérée comme représentant 
PH. Neocerinthe Fries, puisque ce célèbre botaniste cite la même figure de 
Gouan, qui, je le répète, est très-bien ‘caractérisée. Je crois que mon ami 
M. Loret s'est trompé, quand il a écrit (in Bull. Soc. bot. Fr. t. VI, p. 339) 
que l’Æ. obovatum Lap. est spécifiquement identique avec lH. Neocerinthe 
Fries, synonyme répété récemment par M. F. Schultz, Arch. de Fl. p. 373. 

Gouan, en figurant sa plante, avait cru représenter l’Æ. cerinthoides de 
Linné, il a ainsi trompé tous les botanistes qui l'ont copié; mais ce dernier 
a été ensuite figuré par Jacquin Austr. p. 87, sous le nom d'H. villosum L., 
ce qui est encore une erreur. L'A. villosum L. est une autre plante des Alpes, 
bien connue aujourd'hui. 

26. Hi. flexuosum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 475, non Wald. et Kit. nec 
DC. Fl. fr. V, p. 436 (H. cerinthoidi-latifolium Lap. Icon. dans l'album 
de M"* Gineste). : 

Jusqu'à présent l’ H. flexuosum Lap. a été réuni à l’Æ. cerinthoides auct. 
non Linné, que j'ai nommé en 1864 H. Grenieri, quoique la figure de 
VA. flexuosum Wald. et Kit. ne puisse en aucune manière convenir à cette 
plante. Mais on pensait que Lapeyrouse avait décrit, comme type, la forme 
commune dans toutes les Pyrénées, et sous le nom de flexuosum f. 
majus une autre espèce très-répandue dans le centre de la chaîne, principale- 
ment dans la région alpine supérieure, comme la Rencluse, la Maladetta, les 
Plans des Étangs, etc. 

L'embarras des auteurs est d'autant plus grand, que déjà l’ H. flexuosum de 
Waldstein et Kitaibel est pour plusieurs une plante critique elle-méme. Ainsi 
Koch, Syn. ed. 2, p. 519, la considére, d'aprés la figure citée, comme une 
variété de l H. villosum L. Sp. 1130, et plus récemment MM. Grenier 
et Godron, Fl. Fr, et Corse, t. II, p. 357, font le méme rapprochement, 
mais en exprimant un doute. Cependant Fries (dans les Symbolæ, p. 52, et 
l'Epierisi$, p. 65) en donne une bonne description. Dans son dernier ouvrage 
cet auteur serait porté à réunir l'H. flexuosum W. et Kit. à PH. speciosum 
Horn. H. haf. p. 15h; c'est méme avec cette synonymie qu'en 1856 M. Kær- 
nicke m'a donné cette plante, cultivée alors sous ces deux noms au jardin 
botanique de Berlin. 

Quant à moi, je crois IH. flexuosum W. et Kit. une trés-bonne espèce, 
et partage l'opinion de Fries. De plus je la croisle type princeps d'un petit 
groupe d'espéces avant dans les Pyrénées deux ou trois représentants fort 
remarquables. Si les auteurs doutent et. hésitent encore, c'est que ces plantes 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1874. 313 


ne sont pas suffisamment connues, parce que la figure servant de base à leur 
appréciation est mauvaise. 

Si j'en juge d'aprés les espéces pyrénéennes, que j'ai vues vivantes et méme 
soumises à des essais de culture, la figure de Waldstein représente un échan- 
üllon dépourvu de feuilles inférieures, qui sont desséchées quelquefois au 
moment du complet développement de la plante. Celles qui sont représentées 
dans la figure citée ne sont que les feuilles croissant au-dessus des radicales 
et constituent une seconde évolution de la rosette des feuilles inférieures, radi- 
cales et suivantes. Celles de la premiére évolution sont produites à l'automne ; 
elles deviennent très-grandes pendant la période hivernale et printanière; elles 
sont en outre fermes et coriaces, trés-développées, velues sur les nervures et 
la partie inférieure ; le développement de la tige est précédé d'une nouvelle 
production de feuilles qui constituent une rosette moins condensée, plus 
espacée au bas des tiges. Ce sont celles représentées par la figure de Waldstein 
et Kitaibel. On remarquera, si l'on est prévenu, que la figure citée indique la 
trace et les cicatrices de ces feuilles, qui peuvent étre détruites ou exister 
encore au moment du complet développement du sujet : cela dépendra des 
influences physiques auxquelles elles seront soumises, dans le lieu où la plante 
sera obligée de vivre. 

L'H. flexuosum Lap. , plante curieuse et encore peu connue, se trouve dans 
l'herbier Lapeyrouse, elle y portel'étiquette d' Hieracium cerinthoides L.; tandis 
quel' Z. flexuosum Lap. véritable est représenté par un exemplaire d' H. rhom- 
boidale Lap. Il y a évidemment transposition d'échantillons. Dans tous les cas, 
celte espèce ne peut conserver le nom d' Z. flexuosum, ni celui plus impropre 
encore d'H. cerinthoidi-latifolium, qu'elle porte dans la figure conservée 
dans l'album de M"* Gineste; je la nomme HIERACIUM PERUSIANUM Nob. 

Je distingue l Hieracium Perusianum Nob. aux caractères suivants : 
Souche forte, vivace, trés-vigoureuse, donnant naissance à des rosettes de 
feuilles, et à des tiges trés-nombreuses, de 3 à 4 décimetres de hauteur, 
hérissées de poils simples à la base, glanduleux sous les pédoncules, fistu- 
leuses, divisées au sommet en rameaux étalés uni-biflores, disposées en pani- 
cules étalées, flexueuses ; calathides trés-grandes, les latérales dépassant les 
terminales; périclines à écailles couvertes de longs poils blancs, simples, non 
soyeux, égalant les aigrettes aprés l'anthese ; fleurs ligulées, profondément den- 
tées, à dents obtuses ciliolées au sommet, de couleur jaune orangé très-pronon- 
cée. Feuilles inférieures de première évolution détruites, ou plus ou moins, 
desséchées, à l'époque de la floraison. Les suivantes ovales-lancéolées, dentées, 
à dents espacées, à base large et prononcée, atténuées en pétioles larges et non 
dentés, toutes très-hérissées sur les pétioles aux bords et à la face inférieure. 
Les supérieures sessiles, embrassantes, ovales-lancéolées, à pointes longues 
et atténuées, un peu ondulées aux bords. 

Je n'ai jamais vu cette espéce dans les Pyrénées frangaises, ni dans les 


314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


hautes Pyrénées, pas plus que dans les environs de Bagnéres de Luchon. 
Mais je l'ai rencontrée en abondance dans la vallée de la Noguera, sous le 
port de Salo (Pyrénées de l'Ariége), sur le parapet du pont de Pinas, entre 
Salo et Mont-Garry; toute la bátisse en était couverte du cóté du midi. 

27. H. croatieum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 475 (H. cerinthoides Gr. et 
God. Fl. de Fr. et Corse, IX, p. 360, non L. — H. Grenieri Nob. in Bull. 
Soc. bot. Fr. 4864, p. LXXXIII). 

Pour justifier cette synonymie, j'ai besoin de donner quelques explica- 
tions. Il est d'abord bien certain que l’Æ. croaticum Lap. n'est pas la plante 
de Waldstein et Kitaibel, pnisque cette dernière est sûrement le Crepis suc- 
cisæfolia Tausch, dont Lapeyrouse a fait son H. altissimum, synonyme bien 
connu. Mais Lapeyrouse, qui attachait au port et au faciès des plantes une 
grande importance, n'a pas ainsi apprécié la figure de Waldstein et Kitaibel. Il 
a préféré rapporter àl’ H. croaticum la plante commune dans les Pyrénées, et 
donner au véritable croaticum un nom nouveau. 

On s'explique bien la méprise de Lapeyrouse quand on connait bien sa 
méthode d'observer et de déterminer les plantes, et de plus quand on a vu vi- 
vants un grand nombre d'échanullons d'A. Grenieri. Si l'on n'adopte pas cette 
synonymie, il faut admettre que Lapeyrouse n'a pas connu cette espéce qui 
abonde dans toute la chaîne des Pyrénées, où elle offre de nombreuses varia- 
tions, dont certaines se rapprochent beaucoup de la figure de PH. croaticum. 

Cela n'est pas possible, et ce qui tend encore à justifier ce synonyme, c'est 
que Lapeyrouse fait judicieusement remarquer que cette plante offre deux 
variétés, l'une à calice (péricline) et pédoncules couverts de poils longs et tomen- 
teux, l'autre à poils noirs et droits, comme on. l'observe dans l’ H. Grenier, 
selon qu'on la prend dans les Pyrénées orientales où dans d'autres parties de 
la chaine pyrénéenne, et souvent selon l'altitude. 

Cette plante se trouve aussi dans son herbier sous le nom d'H. cerinthoides 
L. (H. Grenieri Nob.). Ce qui vient encore à l'appui de la synonvmie que je 
cherche à faire prévaloir. 

28. H. compositum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 76. 

L'Hieracium compositum Lap. est assez bien établi pour être à l'abri de 
toute critique; je le considére comme un type autour duquel viennent se grou- 
per plusieurs formes affines, qu'une étude attentive et suivie nous fera plus tard 
connaitre. Cette plante est un des rares Hieracium bien figurés par Reichen- 
bach; elle est très-voisine de l’ HT. nobile Gr. et God. avec lequel Lapeyrouse 
l'a confondue. L'herbier de ce botaniste en possède encore un très-bel échan- 
tillon bien caractérisé. 

29. H. villosum Lap. Hist. pl. Pyr. p. h76 (H. cerinthoides L. Sp. 
p. 1129; Timb.-Lagr. in Bull. Soc. bot. Fr. 1864, p. LXXXII ex parte. — 
H. mixtum Frœl. ap. DC. Prodr. t. VII, p. 205 ex parte). 

Pour établir cette synonymie, nous avons pris pour base la figure 87 de Jac- 


SÉANCE DU 2/ NOVEMBRE 1871. 315 


quin Ausír., citée par Lapeyrouse, qui représente l’ H. cerinthoides L. Sp. 
1219, et qui n'a avec le villosum L. Sp. 1130, que des rapports éloignés. 

. Cette plante abonde dans les localités citées par Lapeyrouse : elle fleurit 
une des premières dans le centre de la chaîne, sur les rochers calcaires, 
à Esquierry, Cagire, Crabère, dans la région alpine inférieure. 

Selon son habitude, Lapeyrouse a groupé autour de son H. villosum plu- 
sieurs variétés, mais, arrivé à la variété ð, il en fait une mention spéciale, il 
cite en synonyme l'H. saxatile Vill., la figure que cet auteur en donne, 
et méme l'échantillon qui se trouve dans l'herbier Chaix. 

Il est bien évident que cette variété n'est autre qu'un Hieracium très-rap- 
proché de la figure du saxatile Vill. Or, ce dernier ne croissant pas dans les 
Pyrénées, je ne vois que lH. mixtum qui puisse avoir été pris pour la plante 
qui y est commune. L'H. mixtum, par sa grande dispersion, n'a pu échapper 
au botaniste pyrénéen, qui se préoccupait beaucoup du plus ou moins de pu- 
bescence qui recouvre les divers organes de végétation de cette espéce. Il 
offre lui-même une foule de variétés que nous espérons pouvoir faire connaître 
dans la suite. 

30. H. elongatum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 416 (H. panduriforme Nob.). 

L' Hieracium elongatum de Lapeyrouse est certainement la plante la plus 
douteuse des Hieracium des Pyrénées. Cette espèce peu connue, que j'ai vue 
en abondance à la serre de Bouc, allant à Crabère, est trés-voisine de l’ Z. 
rhomboidale Lap., que quelques botanistes ne veulent pas admettre comme 
espèce. Lapeyrouse les avait placés près l'un de l'autre, les faisant suivre de l H. 
obovatum qui en est aussi trés-rapprochés il se distingue cependant des deux, 
par ses feuilles inférieures qui, comme le dit Lapeyrouse, ont un très-long 
pétiole à peine ailé, fortement denté au bord par de grosses dents, celles de 
la tige embrassantes, ovales dentées, les plus inférieures trés-sensiblement pan- 
duriformes ; les calathides sont plus grandes; toute la plante est plus glabres- 
cente, plus pâle, comme un peu étiolée, et sa taille plus élevée. 

Cette plante justifie à elle seule tout ce que nous avons dit sur la confusion 
qu'on a mise dans l'herbier dé Lapeyrouse, car on trouve, sous le nom d'H. 
elongatum, l'H. rhomboidale, H. vernum, Saug. et Maill., une forme de 
lH. murorum des auteurs, enfin un échantillon d'un Hieracium du groupe de 
PH. elatum Fries, ou prenanthoides Vill. : ce qui est cause, comme l'ont fait 
Observer MM. Grenier et Godron, que l'on place l'H. elongatum en syno- 
nyme, tantôt à l'A. /Veocerinthe Fries, tantôt à l'H. boreale Fries ; mais ilest 
évident que si l'on veut le réunir à d'autres espèces, on doit le placer avec 
les H. rhomboidale et obovatum, dont il est voisin. 

Pour ma part, je croisau contraire qu'il doit étre distingué et devra prendre 
le norn d'HIERACIUM PANDURIFORME Nob. , pour éviter encore la confusion, 
ce nom d'H. elongatum ayant été donné antérieurement par Willdenow à une 
autre espèce trés-rapprochée de l'H. villosum L, 


516 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


31. H. rhomboidale Lap. Hist. pl. Pyr. p. 411, et in Mém. Acad. Toul. 
t. I, p. 215, tab. xvii. 

Cette plante de Lapeyrouse est parfaitement connue ; elle est du reste trés- 
répandue dans toute la chaine centrale des Pyrénées. Malheureusement les 
auteurs ont toujours voulu la réunir à lH. cerinthoides de Gouan (H. Neo- 
cerinthe Fries), tandis qu'elle en est trés- distincte par ses tiges simplement 
bifurquées, à rameaux uni-biflores seulement. Calathides trés-grandes ; pédon- 
cules couverts de poils noirs glanduleux, ainsi que les écailles du péricline : 
Feuilles inférieures elliptiques-lancéolées, aiguës au sommet, insensiblement 
atténuées en pétiole non denté, les supérieures trois ou quatre embrassantes, 
courtes avec quelques poils au bord, ainsi que les inférieures. La souche cst 
forte et donne naissance à plusieurs rosettes florifères, produisant à leur tour 
des tiges de 2 à 3 décimètres. Les calathides sont grandes, les rameaux por- 
tent deux ou trois fleurs. 

Lapeyrouse donne de sa plante une figure parfaitement exacte : elle représente 
un individu jeune, de taille moyenne, il est figuré au moment où la première 
calathide est épanouic ; plus tard la tige s'allonge et multiplie ses rameaux, 
sans donner une panicule, comme dans le /Veocerinthe Fries ; toute la plante 
est velue, les poils sont courts sur la surface des feuilles, et au contraire très- 
longs et tordus sur les pétioles et les nervures ; les poils des écailles du péri- 
cline sont longs, noirs, tous glanduleux. C'est pour nous une espéce commune 
et trés- bien caractérisée. 

32. H. sericeum Lap. Aist. pl. Pyr. p. 471. 

L'H. sericeum Lap. est certainement une espèce complexe, qui comprend 
tous les Mieracium des Pyrénées, dont les feuilles sont couvertes d'une pubes- 
cence abondante, courte de manière à cacher plus ou moins le parenchyme 
des feuilles, mélée à des poils plus lougs, souvent aussi trés-nombreux dans 
ce groupe d'espèces affines. La forme des feuilles est différente, les calathides 
offrent aussi des caractéres importants; mais on n'a pas voulu en tenir compte. 
Obéissant à un parti pris d'avance, on a réuni ces espèces en une seule, sous 
le nom d'Z. sericeum, comme l'avait fait Lapeyrouse. Mon ami Loret et 
M. Clos ont méme proposé de les rattacher comme variétés à l'A. saxatile de 
Villars, qui appartient également à la méme section. Cependant Frælich, 
dans le Prodromus, a distingué les H. phlomoides et cordifolium Froel. non 
Lap., qui sont compris dans les H. sericeum Lap. M. Fries a tiré de cette 
méme plante l Z. Loreti ; enfin plus récemment M. Schelle (in Linnæa, XVI) 
a distingué plusieurs espèces aux dépens de ce méme H. sericeum. 

F. Schultz (Arch. de Fl. p. 373) assure que l'A. sericeum Lap., à pédon- 
cules glabres, est VZ. laniferum Cavanilles, tandis que celui à pédoncules 
glanduleux serait pour lui PH. phlomoides Frœl. Nous n'avons pu vérifier si 
ces rapprochements sont exacts et s'il n'y aurait pas d'autres caractères qui 
pussent séparer ces plantes entre elles. 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871. 317 


33. H. alatum Lap. Hist. pl. Pyr.p. 478. 

L'H. alatum Lap. est une trés-bonne espéce, qui est peu connue parce 
que généralement elle ne vient pas dans les Pyrénées élevées, où tous les 
botanistes portent leurs pas. Lapeyrouse l'indique dans la vallée d'Evnes et à 
la montagne de Cagire oü nous l'avons récoltée ; elle est plus commune encore 
à la Penna blanca d'Arbas (Haute-Garonne) ; le dessus de la grotte de la Bou- 
russe en est couvert, les grandes feuilles radicales en couronnent l'entrée. 

L'H. alatum appartient au groupe de l’Æ. flexuosum Wald. et Kit.; il se 
distingue parfaitement de tous les autres, comme le disent trés-judicieusement 
MM. Grenier et Godron ( Fl. de Fr. et de Corse, II, p. 363), qui en donnent 
une description trés-exacte. Un échantillon de cette plante, sans feuilles radi- 
cales, se trouve encore dans l’herbier Lapeyrouse. 

3h. H. obovatum Lap. Hist. pl. Pyr. Suppl. p. 129. 

L'H. obovatum Lap. est une espèce trés-commune dans les basses Pyrénées, 
elle est plus rare dans les autres parties de la chaine; elle est très-voisine des 
H. panduriforme et rhomboidale, ente lesquels elle doit être placée. 
Ainsi que nous l'avons déjà.dit, il se distingue très-bien de ces deux 
espéces par l'absence de poils, si ce n'est un peu au collet et à la base des 
pétioles des feuilles inférieures, par ses premières feuilles obovales sans pé- 
lioles, les radicales obovales largement arrondies, à pétioles larges et courts 
relativement aux autres, les caulinaires sessiles, arrondies, deux ou trois, termi- 
nées brusquement en pointes courtes; par ses calathides grandes, son péri- 
cline à écailles couvertes de poils courts, glanduleux etsimples, noirs, ses tiges 
uni-biflores ; par ses rameaux arqués courts. 

MM. Grenier et Godron (/. c.) réunissent comme variété cette plante à l'A. 
cerinthoides, tandis qu'ils rapportent les H. rhomboidale et elongatum en 
simples synonymes au /Veocerinthe Fries. Nous ne pouvons pas partager cette 
opinion; LH. Neocerinthe Fries (H. cerinthoides Gouan non L.) est une 
espèce entièrement séparée. 

Les H. rhomboidole Lap., elongatum Lap. et obovatum Lap., peuvent, si 
l'on abuse de la synthèse, être réunis ; mais ccs trois plantes sont, à mon avis, 
trois espèces distinctes, par la permanence de leurs caractères et par leur 
grande dispersion dans les Pyrénées. 


Dans un autre travail nous tâcherons de faire connaître quelques Hieracium 
réunis comme variétés aux précédents par Lapeyrouse, et d'autres méconnus 
par lui. Ce botaniste a commis des erreurs ; il s'est souvent trompé, mais, quoi 
qu'on en dise, pour son époque, avec le peu de travaux qu'on avait sur les 
plantes de ces montagnes, il nous semble qu'il a bien mérité de la flore pyré- 
uéenne. Il en est ainsi de tous les genres difficiles. Peut-on admettre que les 
savants botanistes qui s'occupent aujourd'hui avec distinction des genres Rosa 
et Z'ubus ne feront pas d'erreurs, et que, malgré leur grande sagacité, ils ne 


318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
laisseront pas beaucoup à faire apréseux ? Ils ne le pensent pas eux-mêmes et 
ils ont bien raison. 


« Nous sommes des hommes, écrivait Villars à Lapeyrouse : on ne peut pas 
» attendre de nous des œuvres divines. » 


M. Pérard présente à la Société le travail suivant : 


ÉNUMÉRATION DES PHANÉROGAMES DE L'ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON (ADDENDA), 
pr M. A. PÉRARD. 


RENONCULACÉES. 


ADONIS L. 


A. autumnalis L. — Moissons. — Mai-juill. — (2. — Calcaire. — R. 
spontané. 


Moissons aux environs de l'étang de Passat!!, où il n'est pas commun. 


Souvent cultivé dans les jardins sous le nom de Goutte-de-sang, quelquefois subspon- 
tané dans les décombres prés des habitations !! 


MYOSURUS L. 
M. minimus L. — Lieux humides. — Avril-juin. — (D. — R. 
Bords sablonneux de l'étang de Passat !! A.C. 
RANUNCULUS Tourn., L. 
R. rectas J. Bauh., Bor. Fl. centr. éd. 3, n° 52. — Prairies. — Mai-juill. 


Env. de Montluçon, prairies du Montais !! bords du ruisseau de Nerde 
à Marignon !!, etc. 


R. nemorivagus Jord. Diagn. — R. Friesanus Jord. Fragm., Bor. Fl. 
centr. éd. 3, n° 54. — Bois, champs en friche. — Mai-juin. — %. — 
Peu C. 


Environs de Domérat, prés du chemin de fer !! (Lucand). 


PAPAVÉRACÉES. 


PAPAVER Tourn., L. 
P. modestum Jord. — Champs incultes. — Mai-juill. — ©. — A.C. 


Env. de Montluçon, Goutelle prés du ravin de Gouttiére!! et probable- 
ment ailleurs. 


CRUCIFERES. 


MYAGRUM L. 


M. perfoliatum L. — Moissons. — Mai-juill. — ©. — R. — Terrains 
argileux ou calcaires. 


Moissons aux environs de l'étang de Passat !!, où il est commun. 


SÉANCE DU 2/ NOVEMBRE 1871. 319 


CAPSELLA Vent. 


€. rubella Reuter Cat. pl. Genev. p. 22. — Lieux sablonneux. — Mars- 
août. — ©. — Peu C. 
Montlucon, alluvions du Cher !! env. d'Audes, champs du Cluzeau !! 


Cette espéce n'étant pas décrite dans la Flore du centre, éd. 3, je crois utile de repro- 
duire la description donnée par l'auteur : 

Sépales trés-glabres, oblongs, rougeátres au sommet, entourés d'un rebord membra- 
neux étroit; pétales obovés-rétus surpassant à peine le calice, égalant les étamines qui 
sont dela méme longueur que le pistil; anthéres petites arrondies ; silicules obcordées 
triangulaires, trés-atténuées à la base, égalant le pédicelle ou un peu plus courtes que 
lui, tronquées-émarginées au sommet très-brièvement apiculé par le style, à lobes ar- 
rondis un peu divergents ; graines petites, oblongues, brunes, 5 ou 6 dans chaque 
loge ; feuilles un peu luisantes, d'un vert foncé, les radicales et les inférieures lyrées- 
pennatifides glabrescentes ou un peu hérissées, les supérieures entiéres, étroitement sagit- 
tées à la base, à limbe étalé et recourbé. — Printemps et été. 


EROPHILA DC. 


(Draba verna L.). 


Parmi les formes d' E. vulgaris DG., je pense avoir distingué les suivantes 
dans l'arrondissement; néanmoins M. Jordan les a tellement multipliées qu'il 
m'a été difficile, méme avec l'aide de M. Boreau, de les déterminer d'une 
facon certaine. Ces plantes sont tellement voisines qu'il me parait impossible 
de les considérer autrement que comme des formes d'un méme type : 
Erophila vulgaris DC. 


Forme a. breviscapa. — E. breviscapa Jord.? Diagn. p. 222. — Lieux sablon- 
neux. — Mars. — Montlucon, aux Iles, le Thet, les Nicauds !! 

Hampes dressées ou ascendantes, courtes, flexueuses, hérissées sur- 
tout inférieurement ; feuilles courtes, subovales-aigués, rétrécies en un 
court pétiole, souvent grossiérement dentées, d'un vert gai ou le plus 
souvent rougeâtres ; fleurs petites, pétales bifides jusqu'au milieu; pé- 
doncules étalés, courts, les inférieurs un peu plus longs que ia silicule 
elliptique-obovale. 

M. Jordan, dans ses Diagnoses, dit qu'on la reconnaîtra à ses tiges 
naines et un peu trapues, à ses feuilles courtes et assez larges, aigués, 
dentées, tantôt vertes et un peu tachées à la base, tantôt entièrement 
d'un brun rougeátre. 

— b. muricola. — E. muricola Jord. Diagn. p. 224. — Lieux secs, rochers. 
— Avril. — Gorge de Thizon !! 

Hampes ascendantes ou subdiffuses, flexueuses, seulement un peu his- 
pides inférieurement, en grappes courtes au sommet ; feuilles ovales ou 
lancéolées, briévement dentées, ou parfois presque entiéres, atténuées 
en un pétiole un peu allongé, d'un vert gai, couvertes de poils simples 
et bifurqués un peu mêlés ; fleurs médiocres, pétales bifides au delà de 
leur milieu ; pédoncules dressés-étalés, les inférieurs deux fois plus longs 
que la silicule elliptique- obovale. 

M. Jordan, dans ses Diagnoses, dit qu'elle est remarquable par son 
port étalé et par ses grappes courtes; ses silicules sont assez larges et 
assez régulièrement obovales-elliptiques; ses fleurs sont de grandeur 
moyenne ; ses feuilles sont d'un beau vert, plus ou moins dentées. 

— c. rurivaga. — E. rurivaga Jord.? Diagn. p. 225. — Lieux secs, 
rochers. — Avril. — Gorge de Thizon !! 


320 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Hampes ascendan:es ou dressées, flexueuses, souvent un peu his- 
pides ; feuilles elliptiques-lancéolées, briévement et rarement dentées 
ou presque entiéres, d'un vert gai, le plus souvent non tachées vers le 
pétiole, couvertes de poils bifurqués très-ouverts; fleurs médiocres, 
pétales bifides au delà de leur milieu ; pédoncules dressés-étalés, les infé- 
rieurs à peine deux fois plus longs que la silicule oblongue ou subovale- 
elliptique, rétrécie inférieurement et plus qu'au sommet. 

M. Jordan dans ses Diagnoses, dit qu'elle ressemble beaucoup, par 
l'aspect de ses fleurs et de ses silicules, à P E. muricola, seulement celles- 
ci sont plus allongées et visiblement plus rétrécies au sommet. Ses 
feuilles sont beaucoup moins dentées. Mais la pubescence offre une dif- 
férence plus saillante, qui ne permet pas de les confondre : les poils sim- 
ples étant, dans lE. rurivaga, presque nuls, et les poils bifurqués très- 
nombreux, à branches allongées, trés-étalées. 


Forme d. brevipila. — E. brevipila Jord. Diagn. p. 237. — Pelouses sèches 


e. 


des rochers. — Mars, — Montluçon, ravin de la Brosse au-dessous de 
de l'étang, rive gauche du ruisseau des Maisons-Rouges !! 

Hampes ascendantes ou dressées, flexueuses, munies d'une pubes- 
cence trés-courte subéloilée ; feuilles courtes ovales ou elliptiques- 
lancéolées, un peu aiguës, sensiblement étroites inférieurement, obscu- 
rément dentées ou entiéres, d'un vert foncé ou un peu grisátre, marquées 
souvent d'une tache brune-violacée vers le pétiole qui est court, couvertes 
de poils trés-courls bi- ou trifurqués et à branches trés-ouvertes ; fleurs 
très-petites, pétales bifides à peine jusqu'à leur milieu; pédoncules 
dressés-étalés, les inférieurs presque deux fois plus longs que la sili- 
cule petite, presque également oblongue, un peu rétrécie au sommet et 
légérement à là base. 

M. Jordan, dans ses Diagnoses, dit qu'elle est remarquable par ses 
fleurs trés-petiles, ses pédoncules fructiféres peu étalés, ses poils trés- 
courts et à branches trés-ouvertes. Ses feuilles sont courtes, souvent 
un peu larges, d'un vert foncé, un peu grisâtre ; la tache du pétiole est 
rembrunie, souvent tridentée au sommet. 11 ajoute qu'elle se distingue 
de l'E. cinerea par ses fleurs encore plus petites, ses silicules plus 
comprimées, son style plus court, ses feuilles plus courtes et plus larges, 
tachées à la base, d'un vert grisátre, mais non cendrées-blanchátres. Sa 
fleuraison est trés-précoce et non tardive. 


propinqua. — E. propinqua Jord, ined. —Pelouses séches des rochers. 
— Mars. — Montluçon, ravin de la Brosse, rive gauche du ruisseau 
des Maisons-Rouges, au-dessous de l'étang ! ! 

Hampes ascendantes ou dressées, flexueuses, hispides surtout infé- 
rieurement ; feuilles allongées, oblongues ou lancéolées, rétrécies en 
pétiole non taché, obscurément dentées ou entiéres, d'un vert gai, 
velues-ciliées, poils simples et bifurqués mêlés ; fleurs médiocres, pétales 
profondément bifides; pédoncules dressés-étalés, les inférieurs deux 


fois plus longs que la silicule obovale-elliptique un peu rétrécie inférieu- 
rement et au sommet. 


f. stenocarpa. — E. stenocarpa Jord. Pug. p. 11 et Diagn. p. 239. — 


Bor. Fl. centr. éd. 3, p. 64. — Pelouses sèches, rochers. — Avril. — 
Granite et calcaire. — A.C. 
Montluçon, plateau de l’abbaye !! gorge du val du Diable près Déser- 
tines 
Hampes ascendantes ou dressées, flexueuses ; feuilles linéaires aiguës, 
rétrécies en pétiole, chargées de poils nombreux trifurqués: fleurs 
petites, pétales bifides à lobes un peu écartés ; pédoncules dressés, 
flexueux, un peu étalés, les inférieurs au moins deux fois plus longs que 
la silicule linéaire-oblongue rétrécie aux deux bouts. 
M. Jordan, dans ses Diagnoses, dit qu’elle se reconnaîtra à ses fleurs 
très-pelites et à pélales très-étroits, ses feuilles étroites et dentées, 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871. 321 


trés-vertes et constamment dépourvues de tache à leur base, ses tiges 
. fines, relevées et ordinairement trés- nombreuses. 

Forme g. majuscula. — E. majuscula Jord. Pug. p. 11 et Diagn. p. 245. — 
Bor. Fl. centr. éd. 3, p. 64. — Lieux sablonneux, champs. — Avril. 
— C. — Alluvions du Cher !! 

Hampes trés-élevées, souvent hispides inférieurement. Feuilles larges, 
allongées, obovales ou oblongues, lancéolées, entières ou dentées, 

e atténuées en pétiole à la base et chargées de poils bi- ou trifurqués 
fleurs grandes, pétales bifides presque trois fois plus grauds que le 
calice ; pédoncules dressés -étalés, les inférieurs 3-4 fois plus longs que la 
silicule oblongue-elliptique un peu rétrécie à la base et au sommet. 

Dans ses Diagnoses, M. Jordan dit qu’elle diffère de l’ E. brevifolia par 
ses fleurs notablement plus grandes, ses feuilles d'un vert pàle, un peu 
grisátres, plus grandes, de forme plus allongée, plus aigués, plus lon- 
guement rétrécies en pétiole à la base. Elle s'éloigne de PE. occiden- 
talis par les mémes caractéres et, de plus, par ses silicules du double 
plus grandes, à style moins écourté. 

J'ai essayé de réunir le plus de caractéres possible pour aider le 
botaniste de ces contrées à reconnaitre ces formes qui doivent étre les 
plus communes dans l'arrondissement, à en juger par le nombre assez 
considérable d'échantillons que j'ai recueillis dans des stations dif- 
férentes. 


VIOLARIÉES. 


VIOLA Tourn., L. 


V. Reichenbachiana Jord. — Bois. — Avril-mai. — %. — A.G. 
Env. de Montluçon, lisière du bois de Chauvière !! Lavaux-Sainte-Anne !! 
Quinsaines, bois tourbeux de Bodijoux !! 


CARYOPHYLLÉES. 


CERASTIUM L. 


€. brachypetalum Desp. — Lieux sablonneux. — Avr. -juill. — (D. 
— A. C. 
Montluçon, alluvions du Cher sous Saint-Jean !! Env. de Lignerolles, 


montagnes des bords du Cher !! pelouses des rochers du ravin de Gout- 
tiere !!, etc, 


GÉRANIACÉES. 


ERODIUM L'Hérit. 


E. triviale Jord. — Vignes, bords des chemins. — Mars-oct. — © et ©. 
— A.C. 
Alluvions, vignes du Thet !!, etc. 
E. commixtum Jord. — Lieux sablonneux. — Avr.-sept. — @ t ©. — 
R. — Stigmates d'un rose clair. 
Alluvions du Cher, aux Iles !! 


Cette espèce a les pétales plus tachés (de noir) que lE. prætermissum Jord. dont 
elle diffère à priori par ses stigmates. L'E. triviale Jord. a les pétales non tachés. 


T. XVIIL (séances) 21 


322 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
E. Boreanum Jord. — Lieux sablonneux. — Mai-sept. — @. — RR. 


Alluvions du Cher aux Iles!!, où il est rare. 


On distinguera à priori cette espèce à ses fleurs d'un blanc rosé, les autres espèces, 
reconnues jusqu'ici dans l'arrondissement, ayant les fleurs d'un rouge clair ou violet 
pourpre. — L’ E. pilosum Bor. diffère de toutes les autres par les folioles de ses feuilles 
fortement découpées (jusqu'à la cóte). 


BALSAMINÉES, 
IMPATIENS L. 


E. Noli-tangere L. — Lieux frais et couverts. — Juin-juill. — ©. — R. 
Env. d'Audes, lieux marécageux de la prairie de Piau prés du canal du 
Berry !!, oü cette espéce est commune. 


LÉGUMINEUSES. 
TRIFOLIUM Tourn., L. part. 
T. sabuletorum Jord. — Lieux sablonneux. — Juill-sept. — ©. — 
Peu C. 


Alluvions du Cher !! 
T. gracile Thuill. — Champs sablonneux. — Juin-sept. — (0. — A.C. 
Alluvions du Cher !! rochers du Gourre-du-Puy !! 


OnoBus Tourn., L. 


©. niger L. — Bois. — Juin-juill — 2. — RR. 
Lavaux-Sainte-Anne (Servant sec. Bor. F7. centr. éd. 1) ; bois d'Audes !! 
où il est très-rare. 


On trouve, au Bateau du Mas, une forme (latifolius) de l'O. tuberosus L. qui possède 
des feuilles larges, mais qui ne noircissent pas ou trés-peu par la dessiccation. 


ROSACÉES. 
POTENTILLA L. part. 


P. supina L. — Grèves des étangs. — Juin-sept. — (2. — R. 
Env. de Montluçon, étang de Passat !!, où il est très-commun. 


RuBus Tourn., L. 


(Frulicosi veri.) 


R. silvaticus Bor. #71. centr. éd. 3, p. 199; Weihe et Nees? — Bois. — 
Juill-août. — 5. — Peu C. — Bois d'Audes !! 
R. fastigiatus Weihe et Nees. — R. suberectus Anders. sec. Bor. Fl centr. 
éd. 3, p. 204? — Bois couverts. — Juin-aoüt. — 5. — Peu C. 
Bois d'Audes !! 


Turion glabrescent, d'abord dressé, puis arqué, anguleux à faces planes, munis d'ai- 
guillons réguliers un peu arqués, Feuilles quinées, vertes sur les deux faces, pubescentes. 


SÉANCE DU 2h NOVEMBRE 1571. 323 


minces ; folioles assez longuement pétiolulées, les latérales ovales cuspidées, la termi- 
nale ovale-cordiforme, longuement cuspidée; stipules linéaires, ciliées-glanduleuses ; 
panicule ou grappe très-simple ; calice glabre à la base, pubescent au sommet, parfois 
tomenteux sur les bords, réfléchi aprés l'anthése ; pétales ovales, blancs (les pétales 
jeunes sont d'un rose-pâle et blanchissenten vieillissant [Chaboisseau !]), fruits médiocres, 
noirs, d'une saveur agréable, acidule. Floraison précoce par rapport aux autres espèces. 
(Descript. d'aprés Weihe et Nees Rub. germ. p. 16, tab. 2, extr. et trad.) | 

Cette espèce se distingue surtout par la disposition de ses fleurs en grappes simples, 
es pédoncules étant simples ou à peu près. 


Depuis la publication de nos Rosacées, M. L. Gaston Genevier a publié, dans son Essai 
monogr. des Rubus du bassin de la Loire (1869), les espéces suivantes rencontrées par 
lui dans le sud-est du département de l'Allier, aux environs de Vichy et de Cusset, Dans 
son savant ouvrage, on trouvera une méthode dichotomique et les descriptions de ces 
Rubus dont la plupart ne figurent pas dans la Flore du centre de la France. 


Rubus agrestis W. et Kit., Gast. Genev. n° 28. — Haies. — Juin-aoüt. — 
5. — Vichy, montagne Saint-Amand ; Cusset. 


Le R. diversifolius Lindl., cité par moi dans les environs de Montlucon, p. 81, est 
décrit par M. Gast. Genevier sous le n° 26. 


— cuspidatus Muell., Gast. Genev. n° 41. — Bois frais. — Juin. — b. 
— Cusset. 

— calliphyllus Muell., Gast. Genev. n° 47. — Forêts, bois. — Juin-juill. 
— 5. — Cusset, à l’Ardoisière. 
J'ai cité cette espèce aux environs de Montluçon, page 81. 

— amplifolius Muell., Gast. Genev. n° 48. — Bois frais. — Juin-juill. — 
5. — Cusset, à l’Ardoisière. 

— emersistylus Muell., Gast. Genev. n° 52. — Bois. — Juill. — 5. — 
Cusset, bois montagneux, près de l'Ardoisiére. 

— Menkei W. et N., Bor., Fl. centr. éd. 3, p. 197, Gast. Genev. n° 69. 
— Bois montueux. — +. — Juin-juill. — Cusset, à l'Ardoisiére, 

— hirtus W. et Kit., Gast. Genev. n° 81, Bor. Fl. centr. éd. 3, p. 190. 
— Bois montagneux. — Juin-juill. — $. — Cusset, à l’Ardoisière. 

— melanoxylon Muell. et Wirtg., Gast. Genev. n° 89. — Bois. — Juill, — 
b. — Cusset, à l’Ardoisière. 

— amphichloros Muell., Gast. Genev. n° 111. — Granite. — Juin-juill. 
— Cusset, près de l'Ardoisiére. 

— nemophilus Rip., Gast. Genev. n? 132. — Haies, bois. — Juill — 5. 
— Hauterive, Vichy, Cusset. 

— robustus Muell., Gast. Genev. n? 137. — Haies, bois. — Juin-juill. — 
5 — Vichy. 

J'ai cité cette espèce aux environs de Montluçon, page 81. 

— albomicans Rip., Gast. Genev. n° 178. — Vignes, lieux pierreux. — 
Juin-juill. — h. — Cusset, à l'Ardoisiere. 

— Lloydianus Gast. Genev. n° 185. — Coteaux et champs arides. — Juill. 
— b, — Qusset. 


324 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Rubus tomentosus Borkh., Gast. Genev. n° 187, Bor. Fl. centr. éd. 3, 
p. 204. — Champs incultes, buissons. — Juill. — $. — Vichy, Cusset. 


J'ai cité cette espèce aux environs de Montluçon, page 81, je l'ai rencontrée depuis 
prés du ravin de Gouttière !! 


— collinus DC., Bor., Fl. centr. éd. 3, p. 202, Gast. Genev. n° 189. 

Lieux stériles ou incultes. — 5. — Juill. — Gannat (Bor. Fl. ventr.). 

On rencontrera probablement une partie de ces espéces dans l'arrondissement de Mont- 
luçon, dans la région des montagnes; néanmoins il est à remarquer que beaucoup 
d'entre elles ont été récoltées à l'Ardoisiére, prés de Cusset, c'est-à-dire daus le terrain 
de transition, qui n'a pas encore été observé dans l'arrondissement. 

Rosa Tourn., L. 


(Canines. ) 


R. dumetorum Thuill. — Haies. — Mai-juin. — $h. — Peu C. — Feuilles 
pubescentes. 
Env. de Montluçon, avenue du château de Gouttiére !! 


R. andegavensis Bast. — Haies. — Mai-juin. — 5. — Peu C. — Feuilles 
glabres. 
Haies du chemin, au-dessus de Lavaux-Sainte-Anne, et qui va à Traine- 
Balais !! 
Varie à fleurs blanches. — Méme localité. 


SANGUISORBÉES. 
POTERIUM L. 


P. platylophum Jord. — P. muricatum a Spach. — Champs. — Mai-juill. 
— #. — A.C. 
Env. de Montluçon, champs aux environs de Goutelle et du ravin de 
Gouttière !!, etc. 
P. stenolophum Jord. — P. muricatum (5 Spach. —- Pelouses sèches. — 
Mai-juill. — %. — A.C. 
Montlucon, talus du bois de la Liaudon !!, etc. 
Ces deux espéces remplacent le P. muricatum Spach, page 84. 
P. guestphalieum Bœnningh.— Coteaux arides, talus secs. — Mai-juill. — 
Z7. — À. R. — Terrains argileux ou calcaires. 
Montluçon, coteau de l'Abbaye!! C.; env. d'Audes, monticule calcaire 
de Piau, près du canal !! Passat, talus près de l'étang !! 
Cette espèce se distingue à priori des trois. autres par ses tiges gréles, hérissées 
surtout à la base. 
HALORAGÉES. 
CALLITRICHE L. 


€. hamulata Kuetz. — Rivières. — Juin-sept, —( ou X. — Peu C. 
Dans le Cher au-de-sous des Varennes !! 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871. 325 


CRASSULACÉES. 
SEDUM L. 


S, esesium Bor. Monogr. inéd. — Rochers et lieux secs. — Juill. — 2. 
Env. de Montluçon, talus rocailleux du Bateau du Mas, prés de la Tarde !! 
sur la limite de l'arrondissement et probablement ailleurs. 


Cette espéce ne figurant pas encore dans la Flore du centre de la France, M. Boreau 

a eu l'obligeance de m'adresser la description et les observations suivantes : 

SEDUM cæsium Boreau Fl. centr. Suppl. (inédit). — S. glaucum Smith ? non Waldst. et 
Kit. — Tiges de 2 à 3 décim. couchées à la base puis redressées ; feuilles glauques 
ponctuées; rejets stériles oblongs, à feuilles non sériées, imbriquées, cylindriques 
mucronées, les caulinaires petites apprimées un peu aplanies, prolongées à la base 
en appendice court, tronqué; cyme serrée, penchée avant l'anthése, à rameaux courts, 
munis de bractées; fleurs d'un beau jaune, la plupart sessiles sur les axes; calice à 
lobes petits lancéolés, un peu pointus ; boutons en pyramide oblongue, à partie sail- 
lante de la corolle dépassant au moins trois fois le calice an moment de l'épanouis- 
sement ; 6-7 pétales étalés, oblongs un peu en canal, poils hyalins trés-courts au fond 
de la fleur; bec des carpelles un peu plus court que les étamines; écaille necta- 
rifère presque carrée, à angles émoussés. — Commencement de juillet.— 2%. — 
Lieux secs et pierreux. — C. 

Oss. — Trés-voisin du S. albescens Haw., qui diffère par sa taille et ses proportions 
moitié plus petites, par les boutons en pyramide obtuse, à partie saillante dépas- 
sant le calice environ deux fois et non trois fois, par les rameaux de la cyme trés. 
peu étalés et non à la fin scorpioides. — Le S. collinum Willd., qui croit aussi au 
bord du Cher, différe par sa fleuraison un peu plus tardive, les feuilles plus étalées et 
atténuées en pointe subulée blanchátre et qui ne sont pas seulement mucronées comme 
dans le S. cæsium. 

Un petit Sedum, dont les pétales sont acuminés et qui aurait été recueilli sur les rochers 
du Gourre-du-Puy, prés de Montlucon, m'a été remis en mauvais état sous le nom de 
S. hirsutum All. Aprés de minutieuses recherches dans la localité indiquée, je n'ai 
rencontré aucun pied de cette espèce. Jusqu'à plus ample confirmation dans l'arrondis- 
sement, je me contente donc de signaler le fait pour mémoire. Du reste le S. hirsutum 
All. n'a encore été observé jusqu'ici que dans le sud du département, d'aprés M. Boreau, 
à qui j'ai communiqué l'échantillon douteux cité plus haut. 


OMBELLIFERES. 
OENANTHE Tourn., L. 


€. peucedanitolin Poll. — Prairies humides. — Mai-juin. — >. — A.C. 

Env. de Montluçon, prairies de Montgacher !! Marmignolles et Déser- 

tines !! env. de Passat, prairies des domaines de Chaput et des Gosis !! env. 
de Vaux-sur-Cher et d'Audes !!, etc. 


CAPRIFOLIACÉES. 


SAMBUCUS Tourn., L. 


S. racemosa L. — Bois montagneux dans le granite. — F/. avr.-mai, Fr. 
juill.-aoüt — $. — A.R. 
Marcillat, bois du Chignoux, au bord de la route de Saint-Pardoux! 
(M"* Vaillant.) 


326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. L. de Lambertye (Bull. Soc, d'émul. de l' Allier, t. X, p. 39) l'indique prés de cette 
localité, env. de Chambouchard (Creuse). 


RUBIACÉES. 
GALIUM L. 


G. viridulum Jord, Pug. p. 79. — Pelouses montueuses, talus secs et 

pierreux surtout dans le granite. — 77. juin, Fr. juillet, — 27. — Peu C. 

Env. de Montlucon, Bateau du Mas à l'entrée du chemin de Saint-Ma- 
rien !! sur la limite de l'arrondissement et probablement ailleurs. 


Cette espéce ne figurant pas encore dans la Flore du centre de la France, j'ai traduit 
Ja description suivante de M. Jordan : 

Panicules allongées, à rameaux le plus souvent étalés ou défléchis, en grappes oblon- 
gues terminées par des grappes plus petites ovales-oblongues, mulliflores à fleurs rap- 
prochées; pédicelles trois fois plus longs que l'ovaire suburrondi ; corolles petites blanchà- 
tres à lobes lancéolés-oblongs apiculés ; styles trés-courts, soudés dans leur moitié infé- 
rieure, dressés ou subétalés, beaucoup plus courts que l'ovaire; fruit petit brunátre 
finement granulé ; feuilles d'un vert gai, un peu luisantes, presque papilleuses, non 
épaisses, subtransparentes, les caulinaires habituellement verticillées par huit, étalées 
défléchies, linéaires, rétrécies à la base, très-aiguës au sommet, mucronées, munies en 
dessous d'une nervure légère un peu saillante, à bords légèrement. enroulés et munies 
d'aiguillons faibles ascendants, nombreux et rapprochés ; tiges diffuses à la base, ascen- 
dantes, dressées sans roideur, renflées aux nœuds, souvent pubescentes ; racine grêle, 
rameuse, très-longuement rampante. 

Cette espèce appartient à la section du G. silvestre Poll., avec lequel je l'avais confon- 
due et qui doit étre moins commun dans l'arrondissement que je ne l'ai indiqué page 99. 
Le G. silvestre Poll. paraît en différer à priori par ses feuilles moins aiguës, à nervures 
saillantes et plus épaisses. 

Le G. viridulum Jord. est voisin du G. rigidum Vill., dont il se distingue par ses 
fleurs deux fois plus petites, par les styles plus courts, les fruits plus petits, les feuilles 
beaucoup plus minces et plus aiguës, par sa racine grêle très-longuement rampante. 


G. supinum Lamk.— Rochers, broussailles. —Juin-juill. — 2:.— Peu C. 


Forme odoratum. — Montluçon, rochers du Gourre-du-Puy !! — Cette forme est odo- 
rante à l'état frais et sec et a l'odeur de lAsperula odorata L. (sec); elle est telle- 
ment voisine du G, supinum Lamk (lequel n'est pas odorant), qu'il a été impossible de la 
séparer de cette derniére espéce. J'ai, du reste, consulté à ce sujet le savant auteur de 
la Flore du centre, et, après examen, il a jugé lui-même que notre plante ne pouvait être 
qu'une forme voisine du G. supinum Lamk. 

J'ai rencontré, sur les rochers un peu humides, dans la gorge du val du Diable prés 
Désertines, un Galium à tige gréle, rameux au sommet et à la base, à feuilles verticil- 
lées par 6 ou 7, linéaires, lerminées par un mucron trés-prononcé, lisses au bord, et qui 
paraît intermédiaire entre les G. commutatum Jord. et leve Thuill., mais plus voisin de 
ce dernier. 


G. anglicum Huds. — Lieux sablonneux ou pierreux. — Juin-aoüt. — © 
et 2). — Peu C. 
Montluçon, alluvions du Cher, au-dessous de Saint-Jean !! où il est assez 
commun. 


Le Galium saxatile L. est commun dans les bois montagneux de l'arrondissement, du 
côté du Marcillat; clairiéres sèches du bois des Champeaux !! 


CRUCIANELLA L. 
€. angustifolia L, — Lieux sablonneux. — Juin-juill. — @.— Peu C. 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871. 327 


Montluçon, bords du Cher!!, où il est rare et apporté probablement 
des montagnes avec les débris granitiques. — Désertines, montagnes arides 
de la gorge du val du Diable!!, où il est commun. 


Dans cette derniére localité, les tiges, au lieu d'étre dressées, sont couchées et les 
rameaux divariqués très-étalés (forme supino-divaricala). 


COMPOSÉES. 
ARNICA L. 


A. montana L, — Bois, bruyères. — Juin-juill. — %. — RR. 
Env. de Marcillat, clairières du bois des Champeaux !! sur la limite de 
l'Allier et du Puy-de-Dôme (M™° E. Duché). Alt. 495 m. 


Cette espèce croît sur un espace restreint, et il est à espérer que l'exploitation actuelle 
de ces bois pour le charbon ne la fasse pas disparaître. Elle a été indiquée en 1822 à 
Néris par Boirot-Desserviers, 


SENECIO L. 


S. aquaticus Huds. — Prairies humides et marécageuses. — Juin-aoüt. —- 
@.— Peu C. 
Env. de Passat, prairies du domaine de Chaput !! Perreguines, boires prés 
de l'écluse du canal !! 


HYPOCHOERIS L. 
(Achyrophorus Scop.) 


H. maculata L.— Achyrophorus maculatus Scop. — Pâturages des bois, 
bruvères. — Juin-aoüt. — %. — R. — Brandes et clairières du bois 
d'Audes !!, où il est assez commun. 


. Dans les champs humides, on trouve parfois une forme élancée de l'H. radicata L., 
à feuilles sinuées, un peu maculées lavées de rouge (H. maculata L., Migout FI, de 
l'Allier, aux Cluzeaux prés Montluçon). — Prairies de Chamblet !! 


SconzoNERA Tourn., L. part. 


S. humilis L. — Bois humides et prairies marécageuses. — Mai-juill. — 
©. — C. 

Montluçon, prairies de la Brosse !! Néris, prairies au-dessous de Bloux !! 
Quinsaines, tourbiéres de Le Méry et du bois de Bodijoux !! env. d'Audes, 
dans le bois et prés du cháteau de la Créte!! prairies du Cluzeau d'Au- 
des !! env. de la Chapelaude, les Couteaux, etc. 


Plante variable, tantót à tige basse et à feuilles courtes, tantót élevée à feuilles allon- 
gées. — Le S. plantaginea Schleich. du bois de la Liaudon, ne me parait être qu'une 
forme plus élancée à feuilles trés-allongées, probablement parce qu'elle croit dans des 
endroits tourbeux et ombragés, 


TARAXACUM Juss. 


T. lævigatum DC. — Lieux sablonneux. — Avril-mai. — X. — A.C. 


328 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Alluvions du Cher et des torrents, vallée du ruisseau de Néris !!, etc. 
- Le T. erythrospermum Andrz. est une forme de cette espèce à fruits rougeâtres. 


HIERACIUM Tourn., L. part. 
Section umbellatum. | Pa 


H. Boreanum Jord. — Taillis à découvert. — Juill.-aoüt. — %. — Peu C. 
Montlucon, vallée de l'Amaron, talus boisés du chemin de fer prés du 
quatrième tunnel. 
Section silvalicum. 
H. aurulentum Jord. — Bois. — Juin-juill. — zz. — R. 
Env. de Marcillat, clairières du bois des Champeaux !! 
H. paucinsevum Jord. — Taillis, rochers. — Juin-juill. — zc. — Peu C. 
— Granite. 
Bateau du Mas, taillis du chemin de Saint- Marien !! 
H. nsevuliferum Jord. — Taillis, bois. — Juin-juill. — %. — A.C. 
Env. d'Audes, lisiére du bois d'Audes, du cóté du chemin de Vaux-sur- 
Cher!! taillis au-dessus de l'église de Nassigny !! 
B. spurcatum Jord. — Taillis, bois. — Juin-juill. — 24. — Peu C. 
Env. de Montluçon, taillis du ravin de Gouttière, rochers des bords de 
la route de Goutelle !! C. 


Section murorum. 


H. fallens Jord. — Bois. — Mai-juin. — 7X. — R. 


Env. de Marcillat, talus dela route de Saint-Pardoux, prés du bois du 
Chignoux !! 


H. scabripes Jord. — Bois couverts. — Mai-juin. — 2%. — Peu C. — 
Granite. — Env. de Montluçon, ravin du bois de Chauviere !! 


PRIMULACÉES. 
SAMOLUS L. 


S. Valerandi L. — Lieux humides. — Juin-août. — z. — RR. 
Env. de Montlucon, dans les bruyéres cóte nord au Roc-du-Saint 


(L. de Lambertye Bull. Soc. d'émul. de l'Allier, t. X, p. 39). 
SCROFULARIÉES. 
EUPHRASIA Tourn. L. part. 


E. officinalis L. — Prairies. — Juin-sept. — (1). — A.R. 
Env. de Marcillat, prairie de l'étang de la Romagere !! 


SÉANCE DU 2/4 NOVEMBRE 1871. 329 


Clef dichotomique du genre Euphrasia. 


A. Section 1. GLANDULOSÆ. 


Tige velue glanduleuse au moins supérieurement, ou feuilles velues-glandule uses. 
Calice toujours velu, le plus souvent glanduleux. 


4 ( Fleurs petites, tube de la corolle inclus dans le calice. . 
| Fleurs assez grandes... .. - TU . 
Feuilles largement ovales, pubescence glanduieuse dense. TD E" hirtella Jord. 

2 [rete médiocres à dents ob(uses, pubescence courte et roide, tige grosse sub- 
fistuleuse.......,... em ht +...... E. polyadena Gren. et Roux. 

3 Capsules dépassant la feuille florale... 
Capsules ne dépassant pas la feuille florale.......... ........ er hn 4 
eere larges, obtuses, toutes à dents obtuses, grappe interrompue à la base. .... 


Meet hh teh hh] rn hh nn ............ E. montana Jord. 
4 Feuilles sup. à dents briévement acuminées, grappe non interrompue à la base .. 


cs... es CCC""""-————————---——————— 0.» 


Tige couverte de poils longs et mous, glanduleux abondants..... E. officinalis L, 
je munie de poils courts, moins glanduleux, rameaux plus ouverts 


soso emet omen n n nn nns. E. uliginosa Ducommun 


B. Section 2. EGLANDULOSÆ, 


Tige plus ou moins velue, non glanduleuse ; feuilles glabres ou glabrescentes (rare- 


ment hispides) non glanduleuses, calice glabre ou plus ou moins velu, rarement un peu 
glanduleux. 


Corolle blanche mêlée de bleu, de lilas ou de jaune.................,. e 3. 
Corolle trés-petite toute jaune ou jaune à lèvre sup. lilas, plante naine.. .... 2. 

o) Feuilles à dents sup. aiguës... 4... Lecce .. E. minima Jacq. 
Feuilles trés-petites à dents toutes obtuses, tige filiforme......... E. minor Jord. 

3 f Capsule dépassant la feuille florale. .................. eee ntn 4. 
Capsule ne dépassant pas la feuille florale, généralement plus courte. .... ... 7 
Tige grêle, fleurs en grappes lâches, capsules non émarginées au sommet et tron- 
quées......... cnrs E. gracilis Fr. E. nemorosa Pers. 
Capsules mucronées, émarginées au sommet......... ehh Hehe °. 5. 

5 s | Fleurs en grappes courtes, grosses, plante (rapue, tige grosse... E. nitidula Reut. 
Fleurs en grappes allongées, plante naine. ,............... ee enne n o nn ns 6. 
per à dents sup. aiguës.........,............... ..... E. minima Jacq. 
Feuilles très-petites à dents toutes obtuses, tige filiforme co... ... E. minor Jord. 
Feuilles pubescentes hispides.......,... ............ .. E. puberula Jord. 


Feuilles glabres ou glabrescentes 


8 {poules linéaires: munies vers leur tiers sup. de deux dents aiguës. E. tricuspidata 4 
Feuilles dentées à plusieurs dents. 


Épi comme quadrangulaire, feuilles épaisses, dentées, la sup. à dent terminale 

g} toujours ovale. .................... cussous.e E. tetraquetra Arrondeau. 

Fleurs en grappe serrée ou láche, feuilles sup. à dents toutes aiguës, c ou a cuspidée, 
ou brièvement acuminées. ........... nsc. ee en nn n n n nnns 10. 

o f calice velu ou subglanduleux........ ete VENE eer 11. 
Calice glabre ou glabrescent............. esses the htt nn or. 13. 


Feuilles ovales-o oblongues ou oblongues, fleurs médiocres ou petites, calice velu. 12. 
11 į Feuilles lancéolées linéaires ou à peu prés, fleurs grandes, calice subglanduleux. . . 


toto 000000000100 0% . E. ramosissima Reut. 


330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Feuilles vertes à dents des feuilles sup. étalées, subulées. ..... E. majalis Jord. 

12! Feuilles d'un vert rembruni ou cuivré, dents des feuilles sup. porrigées, longues, 
cuspidées. — Plante brune ou noirdtre.......... css... E. cupræa Jord. 
Fleurs grandes, tube de la corolle très-saillant hors du calice.... E. alpina Jord. 
Fleurs petites ou médiocres. ..,.................... ..... een n sss 14, 


' Feuilles ovales ou oblongues à dents subobtuses ou aiguës. .............. . 16. 
14 i 


13 


Feuilles HMM ou lancéolées, à dents trés-profondes acuminées-aris- 
tées............................... enema ter 15. 
Tige simple ou rameuse vers son milieu, feuilles lancéolées.................. 
EV isempessrresses eee hh nnn soso. E. saisburgensis Funk. 
H ord. rameuse dès la base, feuilles lancéolées oblongues.................. 
 peeteseseee tH] ehh e 9 e ten E. Soyeri Timb. -Lagr. 
( Feuilles inf. à dents subobtuses, fleurs en grappes láches, capsules émarginées- 
|  mucronées...................................,... E. rigidula Jord. 
| Feuilles à dents toutes aiguës, fleurs en grappe, rapprochées-serrées, capsules mu- 
cronées-arrondies au sommet. ................... .... E. ericetorum Jord. 


16 


SALICINÉES. 


Salix pentandra L. — Bords des eaux. — Mai-juin. — +. — RR. 
Euv. de Terjat, sur le bord des prairies à Beausson (L. de Lambertye 
Bull. Soc. d'émul. de l' Allier, t. X, p. 39). 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. 


M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de 
la séance du 24 novembre, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la derniére séance, 
M. le Président prononce l'admission de : 


MM. Leccerc (François), ancien pharmacien, à Seurre (Cóte- ` 
d'Or), présenté par MM. Fr. Lombard et Ch. Royer ; 
VENDRYES, attaché au ministère de l'Instruction publique, 
place Saint-Sulpice, 4, à Paris, présenté par MM. Ad. 
Larcher et Aug. Delondre. 


M. le Président ‘annonce en outre une nouvelle présentation, et 
rappelle à la Société la mort prématurée et bien regrettable de 
M. Henri Fournier, ancien membre, décédé à Paris en août dernier, 
à l’âge de trente-quatre ans. 

MM. Posada-Arango, Tourlet et le Rév. Colvin, membres. de la 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1874, 324 


Société, sont proclamés membres à vie, sur la déclaration faite par 
M. le Trésorier, qu'ils ont rempli les conditions auxquelles est 
soumise l'obtention de ce titre. 

À l’occasion des dons faits à la Société, M. Duchartre appelle 
l'attention sur l'annonce de la publication prochaine d'un nouveau 
Nomenclator botanicus, par M. Louis Pfeiffer. Il offre ensuite à 
la Société une brochure comprenant la série des articles récemment 
publiés par lui sur le genre Lilium. 

M. Aug. Delondre communique à la Société une lettre reçue 
par M. le Secrétaire général, de M. l'abbé Boulay (datée de Saint- 
Dié en Vosges, le 21 novembre), qui annonce la découverte faite par 
lui à Gérardmer de l' Hyocomium flagellare B. S., près du Saut- 
des-Cuves. Cette espèce, dit M. Boulay, est nouvelle pour nos ré- 
gions de l'Est, si l'on ne tient pas compte de la localité de Geroldsau 
prés Baden (Grand-duché de Bade). 

M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : 


SUR LES CANAUX OLÉIFÈRES DES COMPOSÉES, par M. Ph, VAN TIEGHEM. 


I. — APPAREIL OLÉIFERE DE L'OEtLLET- D'INDE (Tagetes patula) (suite). 
Tige. 


Étudions la tige jeune, avant l'apparition des formations secondaires, et por- 
tons d'abord notre attention sur sa région hypocotylée ou tigelle, et notam- 
ment sur la- base de cette région, là où s'opére le passage de la racine prin- 
cipale à la tige. Ce passage est indiqué au dehors par une ligne circulaire 
trés- nette séparant l'épiderme rose et lisse de la tigelle de l'épiderme gris et 
velu de la racine. 

D'une façon générale, il existe toujours entre ces deux épidermes une 
brusque différence qui indique nettement au dehors la limite entre la racine et 
la tige, et cette différence superficielle provient de la différence d'origine des deux 
Organes. La tigelle, en effet, est un axe primitif exogène, tandis que la racine 
principale est un axe secondaire endogène. La tigelle de la plantule est issue 
du simple allongement de la tigelle de l'embryon, laquelle s'est développée 
directement dans le sac embryonnaire par les segmentations successives de la 
moitié inférieure de la cellule primordiale. Sa surface externe, son épiderme, 
à donc toujours été extérieur. La racine principale au contraire est née à l'in- 
térieur du tissu de la tigelle, au voisinage de sa base, c’est-à-dire de son point 
d'attache au suspenseur, par la formation d’une calotte de cellules génératrices 
à une certaine profondeur au-dessous de ce point d'attache. Ces cellules géné- 


533 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ratrices, se divisant à la fois vers le suspenseur et vers la tigelle, donnent 
d’un côté la coiffe et de l’autre le corps même de la racine. Ce corps est plus 
ou moins développé dans l'embryon. A la germination, le cône radical refoule 
Je sac formé autour de lui par le tissu périphérique de la base de la tigelle et 
s'allonge au dehors. Dans un certain nombre de cas (7ropæolum, Grami- 
nées, etc.), ce tissu périphérique est épais et après sa rupture il subsiste en 
forme de manchette autour de la racine principale. Mais dans la plupart des 
plantes, le sac est trés-mince, il s'émiette en quelque sorte et disparait de 
bonne heure, de sorte que la manchette se réduit à une ligne nette circonscri- 
vänt la base du pivot. Ainsi, sous le rapport de son origine endogène, le pivot 
se comporte comme toutes les racines adventives primaires, et comme toutes les 
racines normales secondaires, tertiaires, etc. ; il n'en diffère que par sa position 
terminale. Donc, la surface externe de la racine, son épiderme, était d'abord 
intérieure à un tissu préexistant; la surface externe de la tige, son épiderme, à 
toujours été extérieure. De là, la nature différente de ces deux surfaces, et dans 
le premier áge, tant queles épidermes ne sont pas exfoliés, une limite fort nette. 

Ceci posé, cherchons dans le cas particulier qui nous occupe aujourd'hui 
si cette limite superficielle facile à constater, mais essentiellement éphémère, 
ne coincide pas avec une limite interne fondée sur l'organisation du cylindre 
central, un peu moins aisée à apprécier peut-être, mais indéfiniment persis- 
tante et inaltérable. 

Quand par une série de sections à travers la partie supérieure du pivot on 
s'approche de sa base, on voit les deux lames vasculaires se séparer au centre 
à cause du brusque élargissement du cylindre central, tandis que le tissu 
conjonctif se développant à mesure remplit tout l'espace laissé entre elles. Puis 
chaque lame cunéiforme se scinde en deux suivant son rayon médian et à 
partir du centre, et il en est de méme des deux faisceaux libériens dont les deux 
moitiés s'écartent simplement l'une de l'autre. Chaque moitié de la lame vas- 
culaire primitive tourne alors autour de la pointe commune immobile, c'est- 
à-dire autour du premier vaisseau formé qui reste en place, et quand la rota- 
tion est de 90 degrés, les deux moitiés sont dans le prolongement l'une de 
l'autre, pointe contre pointe. Elles s'arquent ensuite en dehors de manière à 
venir placer leur base élargie contre le bord interne de la moitié correspon- 
dante du faisceau libérien, puis elles achévent de se séparer en isolant leurs 
pointes du premier vaisseau formé qui demeure en place. Enfin, elles se 
ramassent sur elles-mémes en superposition avec les faisceaux libériens, et 
finissent par tourner vers le centre leurs vaisseaux les plus étroits. Ainsi, pen- 
dant que le liber primaire subit un dédoublement et une translation latérale, 
le bois primaire subit un dédoublement, une translation latérale et une rota- 
tion de 180 degrés. 1l était centripéte, il est devenu centrifuge. Il était alterne 
avec le liber primaire, il lui est désormais superposé. Nous étions tout à 
heure dans la racine, c'est-à-dire au-dessous de la limite superficielle dont 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 333 


nous venons de parler; nous sommes maintenant dans la tige, c'est-à-dire 
au-dessus de cette limite, et il v a exacte coincidence dans les deux passages. 
Là donc où s'opérent le dédoublement du faisceau vasculaire ou du bois pri- 
maire, la demi-rotation qui le rend centrifuge et la translation latérale qui 
l'amène à se superposer au bord interne du liber primaire lui-même dédoublé 
et dévié, Jà est la limite anatomique, la séparation interne entre la racine et la 


tige (1). 

La tigelle posséde donc dés sa base quatre faisceaux doubles libéro-ligneux 
disposés en cercle, dont aucun ne continue la direction des quatre faisceaux 
simples purement libériens et purement ligneux du pivot, mais qui alternent 
exactement avec eux. Les cotylédons qui la terminent s'insérent vis-à-vis des 
deux intervalles qui correspondent aux faisceaux vasculaires du pivot et aux 
deux rangs de radicelles ; ces intervalles sont marqués par la présence d'un 
unique vaisseau spiralé déroulable, séparé de la membrane protectrice par 
une assise de cellules rhizogènes et qui n'est autre chose que la continuation 
du vaisseau le plus externe de la lame vasculaire du pivot. C’est devant 
les deux autres intervalles entiérement libres que naissent les feuilles de la 
seconde paire. 

En méme temps que le dédoublement et la rotation des faisceaux vascu- 
laires s'opéraient à la base de la tigelle, le cylindre central continuait la dilata- 
tion déjà commencée dans le haut du pivot, et un large tissu conjonctif paren- 


(1) Dans la plante que nous étudions, le faisceau libérien et le faisceau vasculaire se 
dédoublent tous les deux, et pour se lier ensemble ils font chacun la moitié du chemin. 
Ailleurs le faisceau vasculaire seul se divise et vient se placer en dedans du faisceau 
libérien demeuré immobile. Dans d'autres cas, c'est le faisceau vasculaire qui reste en 
place en tournant sur lui-méme, tandis que le libérien se dédouble et vient se placer en 
dehors de lui. 

Dans un grand nombre de plantes étudiées à ce point de vue, les quatre temps de la 
transformation interne sont, comme dans l'OEillet-d'Inde et les autres Composées, presque 
simultanés, La rotation du faisceau vasculaire qui de centripéte devient centrifuge en 
passant par un développement latéral, sa superposition au faisceau libérien, la brusque 
Interruption de la membrane rhizogéne en dehors de ce dernier, enfin la dilatation du 
Cylindre central avec interposition du tissu conjonctif, ces quatre changements s’y opèrent 
dans un très-court espace et exactement au niveau marqué parla limite superficielle. De 
Ces quatre changements les trois premiers seuls sont essentiels, le dernier n'est qu'ac- 
Cessoire, puisque dans nombre de plantes le pivot lui-même possède un large tissu con- 
Jonctif qui peut étre parenchymateux. Mais ailleurs les quatre phases de la transformation 
Dé se montrent que successivement et sont séparées par d'assez longs intervalles. C'est 
alors la premiére d'eutre elles seulement qui coincide avec la limite superficielle ; les 
autres s'opérent plus ou moins haut dans la tigelle. Et s'il est vrai que ce premier chan- 
gement suffit à marquer nettement le passage interne de la racine à la tige, il faut con- 
Venir cependant que la chose est alors moins saisissante que dans le cas ordinaire. Les 
Ombelliféres, les Coniféres, la Balsamine, offrent à cet égard trois modifications distinctes. 
Ces divers aspects du phénomène proviennent simplement de ce que l'accroissement in- 
lercalaire qui produit l'élongation de la tigelle de l'embryon se trouve localisé, suivant les 
Cas, dans des régions un peu différentes de cet organe. . . 

J'étudierai dans un prochain travail, avec tous les détails que comporte un sujet aussi 
délicat, les divers caractères du nœud anatomique qui sépare la racine principale de la 
lige, tant chez les Monocotylédones que chez les Dicotylédones. 


33A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


chymateux, qui se prolonge désormais dans toute l'étendue de la tige 
principale et de ses diverses ramifications, venait séparer les faisceaux libéro- 
ligneux. 

A l'entrée méme de la tige la membrane rhizogene s'arréte brusquement en 
dehors des faisceaux libéro-ligneux qui viennent désormais appuyer directe - 
ment leurs cellules libériennes les plus externes contre les cellules protectrices. 
Mais ellese continue dans l'intervalle entre les faisceaux pour donner naissance, 
par son bord externe, aux racines adventives dont la disposition en quatre 
séries est ainsi déterminée, et par son bord interne aux arcs générateurs qui 
relieront entre eux les arcs générateurs des faisceaux et en formeront une 
zone génératrice continue. 

La membrane protectrice se prolonge dans la tigelle, et, disons-le tout de 
suite, dans toute l'étendue de la tige et des branches, avec tous les caracteres 
qu'elle possédait dans la racine. Ses cellules présentent sur chaque face laté- 
rale une série de courts plissements échelonnés rapprochée de la face interne, et 
sur chaque face transverse une fine bande d'épaississement, parfois striée en tra- 
vers, qui relie les deux séries de plissements en un cadre continu. Elles ne pos - 
sèdent pas de chlorophylle, mais seulement un liquide hyalin et un nucléus ; 
l'amidon s'y concentre pendant la période germinative; plus tard elles n'en 
renferment plus. Par les progrès de l’âge leur paroi, qui demeure mince, ac- 
quiert souvent des reflets irisés analogues à ceux qui caractérisent les assises 
subéreuses. Les éléments de la zone interne du parenchyme cortical con- 
servent dans toute la tigelle leur disposition en séries radiales et en cercles con- 
centriques et leurs méats réguliers en forme de losange ; mais cet arrangement 
se perd au-dessus des cotylédons (1). 

Que deviennent pendant ce temps nos canaux oléiféres? Déjà en remontant 
vers la base du pivot, à 3 ou 4 millimètres au-dessous de la limite, on voit les 
cellules protectrices dédoublées se remplir d'un liquide rose violacé dépourvu 
de granules, tandis que toutes les cellules simples de la membrane demeurent 
incolores. A la limite méme, ce principe colorant dissous apparait dans 


` 


(4) Ainsi, et j'insiste sur ce point, la tige est, comme la racine, et dans toute son 
étendue, composée d'un cylíndre central et d'un parenchyme cortical limité en dehors 
par un épidérme, en dedans par une membrane protectrice ou endoderme. C’est là le 
résultat d'une première différenciation opérée dans le parenchyme fondamental. Ensuite 
le cylindre central se différencie en cordes de tissu cambial allongé et en tissu conjonctif 
plus ou moins développé qui demeure en général parenchymateux dans la tige, et qui, 
dans la racine, par exemple dans les grosses racines adventives où il est abondamment 
développé, tantót demeure parenchymateux et tantót se fibrifie en tout ou en partie. 
Enfin les cordes cambiales se différencient à leur tour, et dans la tige elles se divisent en 
deux moitiés qui se transforment d'une manière diflérente et en sens inverse pour donner 
l'une le bois primaire centrifuge, l'autre le liber primaire centripéte ; elles constituent 
ainsi en définitive autant de faisceaux libéro-ligneux bipolaires. La moelle de la tige n'est 
donc pas, comme il parait généralement admis, de méme nature que le parenchyme 
cortical, dont elle serait la simple continuation à travers les rayons médullaires. La moelle 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 339 


toutes les cellules de l'épiderme. Cette coloration similaire est une preuve 
nouvelle d'une certaine correspondance ou équivalence entre l'épiderme 
et l'endoderme ; seulement dans ce dernier elle se montre un peu plus tót et 
elle y demeure localisée dans les cellules dédoublées. Pendant que les fais- 
ceaux libériens se dédoublent, les arcs oléifères violacés qui leur correspondent 
se dédoublent aussi. Deux ou trois canaux, creusés entre six ou huit cellules 
rouges, accompagnent chaque nouveau faisceau libérien, et par conséquent 
viennent occuper le dos de chaque faisceau libéro-ligneux, appliquant directe- 
ment leurs cellules rouges internes plissées contre les cellules libériennes les 
plus externes. Ces canaux sont tous quadrangulaires désormais, car les méats 
externes des arcs de la racine, qui seuls étaient triangulaires, ne se continuent 
pas dans la tigelle (1). En méme temps commencent à apparaitre dans chaque 
cellule rose, et seulement contrela face qui borde le méat oléifére, de petits 
granules jaune orangé, de méme couleur que l'huile qui remplit ce méat. Ces 
petits granules bleuissent par l'iode, ils sont donc amylacés. A mesure qu'on 
s'élève dans la tigelle, ces grains amylacés jaunes, toujours exclusivement ap- 
pliqués contre le méat, augmentent en grosseur et en quantité, mais le liquide 
cellulaire demeure violacé et les cellules conservent leur dimension. Dans le 
tiers supérieur de l'organe il s’opère quelques changements. Les deux canaux 
oléiferes de chaque faisceau se fondent en un seul canal un peu plus large 
entouré par six cellules. Puis ces cellules se divisent par une cloison 
paralléle à l'axe du méat. Les cellules externes se décolorent, tandis que les nou- 
velles cellules de bordure, plus petites, conservent d'abord leur liquide vio- 
lacé et ont leur paquet de grains jaunes appliqué contre leur face bombée. 
Enfin au voisinage des cotylédons le liquide des cellules de bordure se déco- 
lore à son tour et ces éléments n'ont plus que la couleur jaune orangé que 
leur donnent leurs nombreux granules. Ce pigment jaune des cellules de bor- 
dure parait dà à une simple transformation des grains de chlorophylle qui se 
trouvent dans les cellules du parenchyme cortical ; mais il en differe par 
l'amidon qu'il renferme. 

Ainsi, dès leur entrée dans la tige, les canaux oléifères se transforment pro- 


et la partie des rayons médullaires intérieure à la membrane protectrice d'une part, 
l'écorce avec la partie des rayons médullaires extérieure à cette membrane d’autre part, 
sont des tissus distincts et d'áge différent. La preuve en est dans la membrane protectrice 
qui limite si nettement l'écorce à laquelle elle appartient. La preuve en est encore dans 
la formation des racines adventives aux dépens des cellules périphériques du tissu central 
qui sont directement en contact avec les cellules plissées dans l'intervalle entre les fais- 
ceaux; en sorte que cette membrane rhizogéne limite nettement le tissu conjonctif cen- 
tral partout où il communique avec le parenchyme cortical. Une double ceinture sépare 
ainsi ces deux tissus. 

. J'appelle donc, comme dans la racine, tissu conjonctif la partie du cylindre central non 
différenciée en faisceaux libéro-ligueux, et parenchyme cortical ou écorce primaire tout ce 
qui est en dehors de la membrane protectrice ondulée, y compris cette membrane. 

(1) La largeur des méats oléifères de la tigelle, estimée suivant les diagonales du 
losange, est d'environ 07,008. 


336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


gressivement par une spécialisation de plus en plus grande des cellules qui les 
bordent. Celles-ci, qui dans les racines ne possèdent qu’un nucléus appliqué 
contre le méat et un liquide incolore dépourvu de granules, acquièrent d'a- 
bord un principe colorant rose dissous, puis un pigment jaune à grains 
amylacés; enfin elles se divisent en donnant au canal une bordure spéciale 
de petites cellules qui contiennent tout le pigment. Cette bordure est donc 
désormais séparée des cellules libériennes externes par un rang de cellules 
plissées incolores, et le canal oléifère est distinct de la membrane protectrice 
et seulement appliqué contre elle, C'est le caractère qu'il conservera dans 
toute l’étendue de la tige et de ses ramifications. 

Au nœud cotylédonaire le nombre et la disposition des faisceaux libéro- 
ligneux et des cauaux oléifères se compliquent à la fois. Les quatre faisceaux 
de la tigelle s'échappent dans les cotylédons. Mais au-dessus de l'insertion de 
de ceux-ci la tige possède quatorze nouveaux faisceaux, six foliaires et huit 
réparateurs plus puissants, ainsi distribués. La tige est carrée; il y a un fo- 
liaire à chaque angle et un autre au milieu de chacun des cótés qui corres- 
pondent aux feuilles de la seconde paire; il y a deux réparateurs rapprochés 
sur.chaque face répondant aux cotylédons et deux réparateurs séparés par 
un foliairesur les deux autres faces. Ces quatorze faisceaux touchent par 
leurs arcs libériens la membrane protectrice. dans laquelle ils déterminent au- 
tant d'angles saillants. En dehors de cette membrane et appuyant ses quatre 
à sept petites cellules de bordure jaunes et amylifères contre les éléments 
plissés, on trouve un canal oléifére à droite et un autre à gauche de chaque 
faisceau foliaire; il y a donc douze canaux. Vers le milieu de l’entre-nœud, les 
deux réparateurs des faces cotylédonaires produisent entre eux un nouveau 
faisceau foliaire destiné à la troisième paire et le nombre des faisceaux est 
porté à seize ; mais les canaux oléifères latéraux des nouveaux foliaires n'appa- 
raissent qu'au nœud suivant par le dédoublement des deux voisins. Et comme 
en méme temps le foliaire médian des deux autres cótés s'échappe avec ses 
deux canaux, la tige n'a encore dans l’entre-nœud suivant que quatorze, puis 
seize faisceaux et douze canaux oléifères. 

Les choses continuent ainsi jusqu'à la cinquiéme paire de feuilles. Ensuite 
les feuilles se dissocient et se disposent en spirale 3 ou jS. La tige a environ 
treize faisceaux libéro-ligneux et les canaux oléifères, qui y accompagnent tou- 
jours les faisceaux foliaires de chaque cóté de leur arc libérien, sont à un ni- 
veau donné en nombre double des faisceaux foliaires formés à ce niveau, 
c'est-à-dire ordinairement dix et quelquefois jusqu'à quatorze. 

Ainsi, en aucun point de l'organisation primaire de la tige et des branclies, 
les canaux oléifères ne pénètrent à l'intéricur du cylindre central. Il ne saurait 
donc s'établir de rapports directs entre eux et les faisceaux libéro-ligneux. 

Si, pour nous faire une idée de la phase du développement où apparaissent 
«es canaux oléifères, nous nous élevons maintenant jusqu'au sommet de là 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 337 


tige, nous les trouverons déjà développés avec tous leurs caractères à droite et 
à gauche des faisceaux foliaires avant que le premier vaisseau se soit formé 
daas la partie interne de ces derniers. Les cellules de bordure y ont déjà 
la coloration orangée et les grains amylacés caractéristiques, alors qu'aucun 
grain d'amidon n'existe dans les autres points du tissu. 

Du sommet d'une tige âgée, redescendons maintenant vers sa base, pour en 
étudier les formations secondaires. Considérons, par exemple, l'entre-nœud 
supérieur aux cotylédons vers la fin de la période végétative. L'écorce primaire 
subsiste, avec ses canaux élargis à bordure orangée et amylacée pleins d'huile 
verdâtre, en contact immédiat avec la membrane protectrice. Pour se prêter 
à la dilatation du cylindre. central, cette dernière a divisé ses cellules par de 
nombreuses cloisons radiales, plissées comme les parois latérales primitives et 
au même endroit. Les faisceaux du cylindre central se sont accrus par la for- 
mation, au moyen d'arcs générateurs intra-libériens bientôt confluents en une 
zone génératrice continue, d'un anneau libéro-ligneux secondaire traversé par 
des rayons de parenchyme secondaire. Dans la partie libérienne de ces rayons 
on voit des cellules éparses pleines d'huile essentielle qui s'y développe de de- 
hors en dedans en suivant les progrès de l’âge. Les formations libéro-ligneuses 
secondaires présentent donc dans la tige le méme caractere que dans la racine; 
il s'y superpose de même tardivement au premier apparcil oléifére interstitiel 
si nettement caractérisé et cortical, un second appareil cellulaire, intérieur au 
liber des faisceaux ct assez diffus. 


Feuille. 


Chaque cotylédon entraîne deux des faisceaux principaux de la tigelle qui se 
réunissent pour former sa nervure médiane, et en outre il reçoit deux bran- 
ches latérales provenant de la bifurcation de deux faisceaux nouvellement for- 
més dans les intervalles qui correspondent aux feuilles de la seconde paire. Il 
à donc trois nervures à sa base. Les canaux oléifères qui, dans la tigelle, oc- 
cupent le dos des deux faisceaux principaux, s’incurvent avec ces faisceaux ; 
mais ils s'arrêtent à la base du cotylédon. Cependant le cotylédon renferme 
de l'huile essentielle. Elle y est contenue dans deux séries de poches sphériques 
qui longent, au nombre de huit à douze pour chaque série, les deux bords 
du limbe, et que l'on apercoit à la face inférieure de la feuille comme autant 
de petits cercles d'un rouge violacé. Ces poches sont creusées dans le paren- 
chyme de la face inférieure du limbe ; elles sont pleines d'une huile jaune 
orangée ou verdátre, et bordées de plusieurs séries concentriques de cellules 
à pigment jaune amylacé. Sur tout le cercle superposé à la poche, l'épiderme 
inférieur, qui en est trés-voisin, est dépourvu de stomates et a ses cellules 
remplies du principe colorant rose violacé que nous y avons déjà rencontré 
dans la tigelle. 

T. XVIII, (séances) 22 


338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


La feuille ordinaire prend à la tige trois faisceaux. Le médian y passe avec 
ses deux canaux ; chacun des deux latéraux, provenant du dédoublement d’un 
faisceau foliaire de la tige, n’y entraîne qu’un seul canal situé du côté qui 
regarde le faisceau médian. En sorte que près de son insertion la feuille a trois 
faisceaux libéro-ligneux et quatre canaux oléifères. Chaque faisceau foliaire, en 
émergeant, demeure enveloppé dans la membrane protectrice qui se replie 
tout autour de lui pour lui former une gaîne individuelle. Le parenchyme 
ambiant du pétiole, étant le prolongement pur et simple du parenchyme cortical 
de la tige, ne se sépare pas, comme le parenchyme fondamental de la racine et 
de la tige en deux régions par une membrane protectrice générale tangente à 
tous les faisceaux. — Si de l'insertion on remonte le long du pétiole, on voit 
bientót les deux canaux appartenant aux deux faisceaux latéraux s'arréter. Les 
deux canaux qui accompagnent le faisceau médian cheminent jusque vers 
l'insertion de la premiere paire de larges segments, qui est la quatriéme paire 
de segments latéraux en comptant les stipulaires. Au-dessus de ce point, le 
pétiole ne posséde plus de canaux continus. Aucun de ces canaux ne se rend 
d'ailleurs dans les segments latéraux. Les segments du limbe de la feuille 
renferment seulement, de chaque cóté de leur nervure médiane, une série 
de grandes poches sphériques oléiféres bordées de cellules spéciales pourvues 
de grains d'amidon orangés. Ces poches sont assez rapprochées du bord et 
assez écartées l'une de l’autre de facon qu'elles sont en petit nombre dans 
chaque série. 


Pédoncule floral, 


Le plus souvent le pédoncule floral fistuleux a huit côtes et produit ut 
involucre à huit bractées disposées suivant une spire ? en une sorte de ca- 
lice garhosépale denté. Plus rarement, il n'a que cinq côtes et se termine par 
un involucre calicoide à cinq dents. Dans ce second cas, on compte ,vingt 
faisceaux libéro-ligneux appuyésdirectement contre la membrane protectrice qui 
sépare le parenchyme cortical du tissu conjonctif. Il y a cinq faisceaux prin- 
cipaux aux angles, cinq plus petits au milieu des cótés, et dix autres alternes 
beaucoup plus faibles et réduits souvent à des filets de tissu allongé sans trace 
de vaisseaux. Les canaux oléifères appuient, comme dans la tige, leurs cellules 
de bordure orangées et amylifères contre les cellules plissées, et ils accompa- 
gnent de chaque côté les cinq faisceaux principaux. Il y en a donc dix dans 
un pareil pédoncule. 


Involucre; 


Chaque bractée de l'involucre entraîne trois faisceaux ; le médian y pénètre 
avec ses deux canaux latéraux. Mais ces derniers s'interrompent bientót, puis 
reprennent pour S'interrompre de nouveau, et ainsi de suite, formant de cha- 
que côté de la nervure médiane une série de cinq ou six poches oléifères fort 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 339 


allongées, bordées de cellules spéciales orangées et amylifères. Les choses se 
passent donc pour la bractée à peu prés comme pour le cotylédon. 


Pédicelle. 


Au-dessus de l'involucre, le pédoncule floral, redevenu plein, émet en spi- 
rale 5; des fascicules trés-ténus pour des bractées florales extrêmement peu 
développées, et à l'aisselle de chaque fascicule deux faisceaux latéraux desti- 
nés au pédicelle floral. Pendant leur trajet oblique à travers le parenchyme 
cortical, il se forme entre ces derniers un large canal oléifére bordé de six 
à huit cellules orangées pourvues de grains d'amidon appliqués contre la face 
qui touche le canal. Arrivés à la périphérie, ces deux faisceaux s'unissent en 
cercle, et le canal est compris au centre de la petite moelle qu'ils circonscri- 
vent. Ainsi,fait curieux et que l'étude des axes végétatifs était loin de nous faire 
prévoir, le pédicelle floral possède un seul canal oléifère au centre de sa moelle. 

Ce petit cercle ne tarde pas d'ailleurs à émettre un cercle de branches vas- 
culaires dans le parenchyme cortical externe, tandis qu'il reste au centre un 
anneau entourant le canal oléifère axile. Les faisceaux externes s'élévent dans 
la paroi de l'ovaire infère et ils sont destinés à former tous les appendices de la 
fleur. Le petit anneau central perd bientót son canal, qui s'arréte brusquement 
à la base même de l'ovaire, et il se résout en un faisceau unique qui pénètre dans 
l'enveloppe de la graine. Ce faisceau y remonte tout le long d'un côté jusqu'à 
la chalaze, puis redescend du cóté opposé jusque vers le micropyle. Le plan 
principal de l'embryon, c'est-à-direle plan qui passe par l'axe de la tigelle et 
les nervures médianes des deux cotylédons, est perpendiculaire au plan de 
symétrie de la graine ainsi déterminé. 


Fleur. 


On ne trouve de canaux ou de poches oléifères ni dans la paroi complexe de 
l'ovaire infère, ni dans l'enveloppe de la graine, ni dans les écailles calicinales, 
ui dans le style, ni dans le tube de la corolle. Cependant, à partir du point oü 
ce tube se fend et s'étale, on y voit apparaître des poches oléifères, disposées 
notamment en deux séries qui longent les bords de la corolle étalée, entre 
l'avant-dernier faisceau et le dernier. Ces poches sont allongées et analogues 
à celles de l'involucre. 


Embryon. 


Enfin, pour compléter cette étude, jetons un coup d'œil sur les diverses 
parties de l'embryon. Son cóne radiculaite a déjà sa membrane protectrice 
dédoublée suivant deux arcs opposés, et entre les cellules dédoublées on 
distingue des méats quadrangulaires très-étroits (077,002 et moins en- 


340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


core); mais je n'y ai pas constaté avec certitude la présence de l'huile. Dans la 
tigelle, la membrane protectrice présente quatre arcs de cellules dédoublées, 
rapprochés deux par deux, et creusés de méats où la présence de l'huile jaune 
ne m'a paru certaine qu'au voisinage des cotylédons. Enfin les cotylédons 
montrent le long de leurs bords des sortes de noyaux de cellules disposées 
concentriquement, et au centre de ces noyaux se trouve une petite cavilé 
pleine d'huile jaune. Ainsi l'embryon renferme de l'huile essentielle dans ses : 
cotylédons, il n'en possède pas encore dans sa tigelle et dans sa radicule où 
l'appareil destiné à la contenir est cependant tout formé. Toutefois, ni dans 
la tigelle, ni dans les cotylédons, je n'ai trouvé d'amidon dans les cellules qui 
bordent la cavité oléifère. L'huile existe donc dans la cavité avant que l'ami- 
don ait apparu dans les cellules de bordure. 


Résumé, 


Telle est la structure et tel est le mode de répartition de l'appareil oléifère 
dans l'ensemble de la plante et aux divers états de son développement. 

En résumé, nous avons rencontré dans l’OEillet-d’Inde cinq sortes d'organes 
producteurs d'huile essentielle : 

1* Dans la racine, ce sont des canaux coniinus fort étroits quadrangulaires 
et triangulaires, non bordés de cellules spéciales différentes des cellules protec - 
trices elles-mêmes, rapprochés d'abord côte à côte au nombre de cinq à neuf 
au dos de chaque faisceau libérien primitif, mais s'écartant plus tard et tendant 
à se distribuer uniformément au pourtour du cylindre central élargi. Ils sont 
situés dans le parenchyme cortical, mais bien près de sa limite interne puis- 
qu'ils sont creusés dans l'épaisseur méme de l'endoderme. 

2° Dans la tige, et déjà au-dessous des cotylédons, ce sont des canaux con- 
tinus bordés de cellules spéciales plus petites que les cellules ambiantes, ct 
pourvues de grains amylacés de couleur orangée appliqués contre la face bom- 
bée qui touche le méat. Ces canaux bordés continuent ceux de la racine ; ils 
sont distincts de la membrane protectrice contre laquelle ils appuient leur 
bordure. Excepté dans la tigelle, où ils occupent le dos de chacun des quatre 
faisceaux libéro-ligneux, ils sont situés un à droite et un à gauche de chaque 
faisceau foliaire du cylindre central. Ni dans la tige, ni dans la racine, ces 
canaux ne pénètrent à l'intérieur du cylindre central. Ils n'ont donc et ne 
peuvent avoir aucun lien direct avec les faisceaux libériens ou ligneux. 

3° Dans les feuilles, les canaux à bordure jaune et amylacée de la tige sc 
continuent d'abord dans le pétiole, puis ils s'arrêtent sans pénétrer dans le 
limbe où ils sont remplacés par des poches arrondies ou allongées qui possè- 
dent la même structure que les canaux eux-mêmes. 

h° Dans le pédicelle floral, c'est un canal unique situé au centre de la moelle, 
et l'organe est dépourvu de canaux corticaux, 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871, 941 


5° Enfin, dans les productions secondaires que le jeu des arcs générateurs 
d'abord, puis de la couche génératrice qui résulte de la confluence dé-ces 
arcs à travers la membrane rhizogène, introduit dans le cylindre central, 
et cela aussi bien dans la tige que dans la racine, on voit apparaitre de 
l'huile essentielle dans des cellules spéciales. Ces cellules oléifères appartien- 
nent aux rayons de parenchyme secondaire, et seulement à la partie libérienne 
de ces rayons. Elles y sont isolées, ou groupées irrégulièrement au milieu des 
cellules ordinaires incolores. 


Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la 
Société : 
DU MANIOC, par M. Paul SAGOT, 
(Cluny, juin 18714.) 


Le Manioc (Jatropha Manihot L.) est une plante sous-frutescente de la famille 
des Euphorbiacées, qui porte de grosses racines féculentes, d'un très-bon 
usage alimentaire, quand on en a chassé par l'expression et détruit par la 
cuisson un suc vénéneux. C'était du Manioc que les Indiens indigènes de la 
Guyane, comme ceux des parties chaudes et humides de l'Amérique du Sud, 
tiraient de toute antiquité leur nourriture végétale, et la plante est restée, 
depuis la conquête des Européens, la base de l'alimentation dans le pays. 
C'est une plante peu délicate sur le choix du terrain, d'une venue facile, et 
qui ala précieuse propriété de conserver longtemps en terre sa racine en 
bon état. 

Noms.— Jatropha Manihot L.; Manihot utilissima Pohl; et Manihot Aipi 
Pohl. Famille des Euphorbiacées. 

Noms indiens variés et nombreux : caraibe, kiére et canhim ; galibi, kie. 
ray ; arrouague, calóli. — Grandes-Antilles : yuca (ce méme mot est en usage 
dans les colonies espagnoles, Nouvelle-Grenade, Pérou et au Para). — Langues 
indiennes du Brésil : mandiocca, maniba (pied du Manioc), azpé (Manioc 
doux). — Mexicain, tziin. 

Origine. — Le Manioc était cultivé de toute antiquité par les Indiens 
indigènes de la Guyane, comme par ceux de toute la région intertropicale de 
l'Amérique. On en observait dans leurs cultures un grand nombre de variétés, 
toutes trés-stables, quoique trés-voisines l'une de l'autre, et se recommandant 
chacune par quelque propriété particulière, comme plus ou moins de préco- 
Cité, produit plus ou moins abondant, plus ou moins d'aptitude à résister à 
la pourriture dans un terrain trop imbibé d'eau, suc plus ou moins vénéneux... 
et les Indiens de la Guyane en cultivaient au moins huit à dix variétés, qui 
étaient vraisemblablement les mêmes que celles des Antilles, mais qui diffé- 
raient, au moins cn partie, de celles de la vallée des Amazones, des provinces 


342 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


intérieures du Brésil, et du Mexique... etc. Les botanistes n'ont pas encore 
trouvé à l'état sauvage le Manioc cultivé, mais ils ont rencontré au Brésil, à 
la Guyane, en Colombie, diverses espéces incontestablement spontanées du 
genre Manioc, dont plusieurs sont véritablement trés-voisines du Manioc cul- 
tivé, et lui ressemblent trés-sensiblement. C'est particulièrement au Brésil, 
entre 12 degrés et 20 degrés lat. austr. , et 45 degrés et 53 degrés long. occid., 
dans la province de Goyaz, qu'on en remarque le plus grand nombre. Les 
Manihot pusilla, M. flabellifolia, M. digitiformis, M. triphylla, sont les 
espèces qui offrent les traits de ressemblance les plus sensibles. J'ai consulté 
avec un véritable intérét, dans la riche bibliothéque botanique de M. Deles- 
sert, les belles gravures coloriées de l'ouvrage de Pohl qui représentent une 
riche série d'espéces de Manioc. Pohl suppose que le Manihot pusilla peut 
être regardé comme la souche des Maniocs cultivés, mais c'est une hypothèse 
qu'on ne saurait confirmer de preuves certaines, et il y a réellement encore loin 
de la plante des montagnes de Goyaz à celle des cultures. Pohl décrit comme 
espèces le Manioc doux (non vénéneux), ou Camanioc, appelé Azpi au Bré- 
sil, et d'un autre côté le Manioc vénéneux, Yuca brava ou Mandioca brava 
des colonies espagnoles et portugaises, mais je préfère le sentiment de Goudot, 
qui ne croyait pas qu'on pát les distinguer autrement que comme variétés. 
Pohl reconnaît du reste beaucoup de variétés distinctes dans le Manioc doux 
et dans le Manioc vénéneux. 

Le Manioc se multiplie de boutures qui s'enracinent avec une extréme fa- 
cilité. Il pousse d'abord une tige droite garnie de feuilles plus grandes, digi- 
tées, à sept lobes environ ; arrivé à une hauteur de 1 à 2 métres et à l'áge de 
six à dix mois, il pousse des branches latérales du haut de la premiére tige. 
Celles-ci portent des feuilles plus petites, et donnent bientót des fleurs. A ce 
moment la racine commence à porter plusieurs tubercules allongés, denses et 
riches en fécule, qui continuent à grossir sous terre, pendant que les branches 
donnent des feuilles et des fleurs et végètent avec une vigueur qui va décrois- 
sant. Versun an et demi à deux ans, le Manioc est bon à récolter. Mais, si les 
besoins ne pressent pas, on peut le laisser encore quelque temps en terre, en 
le surveillant pour n'étre pas surpris par la pourriture de ses racines. Si le 
‘besoin presse, on l’arrache plus jeune, mais le rendement est d'autant moin- 
dre. Les pieds de Manioc s'espacent de 1 mètre ou de 80 centimètres. Le pro- 
duit habituel de chaque pied est de deux ou trois tubercules, dont le poids 
varie de 4 à 2 et 3 kilogr. Les tubercules sont lourds, denses, riches en fé- 
cule. On les lave, on les gratte, puis on les rápe; on exprime le suc de leur 
pulpe rápée, puis on les cuit sous forme de farine grenue ou de gáteau sec 
très-mince. Trois kilogr. de racine donnent à peu près un kilogr. de farine. 
Cette farine est d'un usage sain et agréable, mais elle n'a qu'une valeur nutri- 
tive assez faible. 


Culture, choiz du sol. — Le Manioc n'est pas une plante très-délicate 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. $43 


sur le choix du terrain ; quoiqu'il soit d'un plus grand rapport dans üne terre 
fertile, il vient encore passablement dans une terre médiocre, surtout si elle 
est un peu meuble. Il aime particulièrement les nouveaax défrichés ; il y vient 
plus fort, et sa racine s'y conserve plus longtemps en bon état, Il ne peut pas 
pousser dans une terre marécageuse, et l'on ne peut en récolter dans des terres 
basses qu'autant qu'elles sont bien désséchées : encore est-il sujet à y pourrir 
àu retour des pluies. Les sols un peu légers lui sont trés-favorables. On peut 
dire que ce sont, avant tout, les nouveaux défrichés de foréts oü il réussit 
le mieux, quelle qu'y soit du restela nature précise du sol; aussi lui a-ton 
de tout temps dans la colonie consacré les terres hautes, de qualité ordinaire 
ou médiocre, exploitées à longs intervalles de jachère. Il réussit aussi bien 
sur les pentes que sur les plateaux ; mais il ne voudrait pas d'un sol qui püt 
être inondé ou imbibé même momentanément de beaucoup d'eau. 1l vient 
passablement, même en sol appauvri, sur les niaments ou anciens défrichés 
` remis en culture par un nouveau défrichement. 

Plantation, — La meilleure saison pour le planter est l'ouverture des pluies, 
novembre ou décembre. On peut cependant en planter presque en toute saison, 
sauf au fort de la sécheresse. On le multiplie, comme je l'ait dit, de bouture. 
On coupe la tige ligneuse, ou, comme on dit, le bois de Manioc, en petits 
tronçons de 3 à 4 décimètres de long, et l'on en place deux dans les trés-petits 
trous que l'on fait à la houe en plantant le terrain. On ramène un peu de 
terre par-dessus. Les boutures, soit qu'on les couvre de terre, soit qu'on en 
laisse un bout affleurer, s'enracinent et poussent promptement. 

On espace les pieds d'un mètre environ ; dans une terre riche, et qu'on 
aurait par exception faconnée avec soin, on pourraitles placer à 70 ou 80 cen- 
timètres. En abatis nouveau, ou méme en défriché de niament, on ne donne 
pas de facon au sol avant la plantation. Cependant on voit quelquefois, daus 
des morceaux de terres basses désséchées où l'on plante plusieurs années de 
suite du Manioc, les nègres façonner à l'avance la terre à la houe et méme à 
la béche. On doit encore l'ameublir et lui donner une facon plus ou moins 
réguliére, quand on plante dans des terres argileuses épuisées par plusieurs 
années de culture ; mais il faut reconnaitre que de tels travaux sont peu pro- 
fitables, et qu'on n'obtient guère que de médiocres récoltes. 

Le Manioc s'espacant beaucoup et n'ayant pas un premier développement 
bien rapide, on sème assez fréquemment, surtout en abatis novè, des graines 
de Mais, ou méme de Riz, entre les pieds de Manioc. Il en résulte une récolte 
intercalaire qui n'est jamais bien abondante, mais qui fournit un petit profit 
Sans nuire à la culture principale. 

Le Manioc lui-méme est quelquefois planté comme récolte intercalaire dans 
de nouvelles plantations de Caféier, de Cacaotier ou d'autres plantes arbores- 
centes. Mais c'est une mauvaise pratique que peuvent se permettre de petits 
Cultivateurs peu expérimentés ou peu soucieux de l'avenir, mais que con- 


94^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


damneront tous les colons éclairés. Effectivement le Manioc attire les fourmis 
et fait toujours plus ou moins tort aux jeunes plants dont la vigueur dans les 
premieres années assure le beau développement futur. 

Entretien, phases de la végétation. — Le Manioc planté ne tarde pas à sortir 
de terre ;-après quinze jours ou trois semaines on voit ses jeunes pousses ap- 
paraître. Il craint alors beaucoup les déprédations des fourmis et des animaux 
sauvages, dont il se ressent à ce moment d'une manière plus fàcheusg qu'à 
tout autre âge. Le cultivateur doit visiter son champ, et y couper avec le 
sabre d'abatis les repousses de bois ou les plus fortes mauvaises herbes qui y 
paraîtraient. Si la plantation a été faite en abatis nove au retour des pluies, on 
fait en général le premier sarclage pendant l’été de mars, on en fait un second 
à l'entrée de la saison sèche. On chausse de terre la jeune plante en sarclant. 
Si la plantation a été faite sur d’anciennes cultures, on sarcle aussitôt que la 
mauvaise herbe devient trop apparente. Il faut alors compter trois ou quatre 
sarclages pour la premiere année. | | 

En terre neuve, quand le Manioc a pris de la force, il n'est plus nécessaire 
de le sarcler beaucoup ; et l'on voit des abatis, où l'on ne s'est guère occupé de 
combattre la mauvaise herbe dans la seconde ou dans la troisième année, qui 
donnent cependant de bons produits. 

Comme je l'ai déjà expliqué, la plante, aprés avoir poussé une tige droite 
jusqu'à 1 ou 2 mètres, jette des branches du sommet et donne des fleurs en 
méme temps que les tubercules commencent à se former. Ces tubercules con- 
tinuent à grossir pendant que les branches poussent et fleurissent avec une 
vigueur qui va en décroissant. Quoique le Manioc vive deux ou trois ans, ce 
n'est pas à proprement dire une plante vivace. Il s'épuise lentement à mesure 
que ses tubercules arrivent à leur plus fort volume. A ce moment ils sont plus 
gros et plus lourds, mais pourrissent facilement en terre. Les phases de là 
végétation ne sont pas très-tranchées, et n'ont pas une durée bien précise. Le 
cours des saisons, la nature du sol influent sur elles. Il y a des races de Ma- 
nioc hátives et d'autres tardives. En nouveau défriché de grand bois, la plante 
pousse avec plus de force, forme ses tubercules plus tard et les conserve en 
bon état plus longtemps. La sécheresse ralentit la végétation des feuilles et aide 
à la maturation des racines ; la pluie imprime une nouvelle vigueur à la pousse 
des feuilles et fait souvent pourrir les tubercules. 

Le Camanioc (ou Manioc doux) s'arrache à six ou huit mois, parce que 
plus tard sa racine devient dure et mauvaise : toute race de Manioc en terre 
deniament se récolte à un an, parce que plus tard la pourriture pourrait détruire 
les tubercules ; en abatis nove il ne faut pas, à moins de nécessité, arra- 
cher avant deux ans, et la plante se conserve souvent en bon état jusqu'à trois. 

Quand le Manioc est un peu grand, il ne réclame plus que peu de soins, 
mais il faut surveiller pendant les pluies l'état des racines, et se háter de l'ar- 
racher si la pourriture s'y met, Lorsqu'il pleut avec force, il faut visiter le 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 549 


champ et s'assurer si les eaux ne s'accumulent pas, nestagnent pas dans quel- 
que place, et, si cela a lieu, leur procurer un écoulement en ouvrant une rigole. 

Les animaux sauvages exercent des déprédations dans les abatis ; les biches 
mangent les feuilles, les agoutis rongent les racines; les cochons sauvages, qui 
vivent en troupes, exercent quelquefois de grands ravages. 

Récolte, préparation des racines. — La récolte du Manioc est facile : en 
tirant la tige ligneuse les tubercules viennent avec ; s’il reste un tubercule en 
terre, on s'en apercoit à ce que le pédicule, qui le lie au collet de la tige, 
est cassé, et, en fouillant un peu la terre, on le retrouve et on l'extrait. Ce 
n'est que lorsque la terre est grasse et argileuse et qu'elle est momentané- 
ment durcie par la sécheresse, que l'arrachage peut devenir plus laboricux. 

Le produit en racines est d'une évaluation assez difficile, car il varie et avec 
l’âge de la plante, et avec la fertilité du sol. A un an, en terre médiocre, il 
peut être de 15 000 kilogr. l'hectare et méme seulement de 10 000 kilogr., 
chiffre qui, comparé au rendement des racines farineuses d'Europe, paraitra 
peu élevé. A deux ans ou deux ans et demi, en terre meilleure, on pourra ohte- 
nir. 20 000 à 30 000 kilogr. On pourra certainement observer, dans quelques 
circonstances très-favorables, plus encore; mais, comme en agriculture 
il faut avant tout éviter les mécomptes, le plus sage est d'évaluer le produit 
entre 10 ct 20 000 kilogr. En général, chaque pied donne deux ou trois tu- 
bercules, dont l'un est toujours plus fort que les autres. Un petit tubercule 
peut peser de 100 à 200 grammes, un moyen 500 grammes, un gros tuber- 
cule 1 kilogr. J'ai pesé une fois un tubercule d'une grosseur exceptionnelle 
qui atteignait le poids de 3*,5; on pourrait en observer. parfois de plus gros 
encore. 

Le rendement du Manioc, comparé au temps pendant lequel il a occupé 
le sol, est donc peu élevé : d'un autre côté, il faut dire que la racine est très- 
lourde et contient moins d'eau qu'aucune autre racine féculente. Arrivée à sa 
maturité, elle n'en renferme guère que 60 pour 100. Elle est d'un tissu trés- 
dense et fort serré. Elle contient beaucoup de fécule ; sa richesse en albumine 
et autres matières azotées peut être évaluée à 2 pour 100. La conversion des 
racines en farine comestible est assez simple, mais entraîne une main-d'eeu- 
vre longue et minutieuse. On commence par racler et peler ces tubercules ; 
on les lave alors, puis on les râpe sur une planche de bois hérissée de petites 
aspérités de fer, dite grage, travail assez long qu'il serait facile d'expédier 
beaucoup plus vite avec une râpe en roue. La pulpe rápée est généralement 
abandonnée vingt-quatre heures à elle-même, ce qui y excite un trés-léger 
commencement de fermentation. On l'introduit alors dans de longs paniers 
ou chausses, flexibles, de forme longue ct cylindrique, qui portent dans le 
pays le nom de couleuvres, et qui sont tressés, suivant l'industrie tradition- 
nelle des Indiens, en jonc d'Arouma. On comprime la farine introduite dans 
la couleuvre en la suspendant par une anse qui est à son ouverture, eten tirant 


346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l'autre bout par un poids dont on la charge. Elle s'étire sous ce poids, et le 
suc du Manioc coule à travers la tresse. Aux Antilles, où la destruction 
des forêts a rendu l'Árouma rare, et où le sentiment du prix du temps a fait 
regretter celui qu'on perdait à tresser des chausses qui ne durent pas long- 
temps, on comprime la farine dans une enveloppe grossiére. De quelque ma- 
nière que la compression soit exercée, elle fait exsuder un suc aqueux légè- 
rement opalin, qui est trés-vénéneux. La farine comprimée est extraite, et 
exposée quelque temps au-dessus d'un foyer; puis elle est pilée, grossièrement 
tamisée et cuite sur une plaque de fonte chauffée par-dessous, dite platine, 
à une chaleur de 100 et quelques degrés, qui la roussirait si on ne la remuait 
et renouvelait incessamment. La plaque de fonte de la platine est circulaire, et 
d'un mètre environ de diamètre. Elle est encadrée au-dessus d'une petite ma- 
connerie d'un metre de haut, qui soutient la plaque et ménage sous elle une 
cavité en forme de four, où le feu s'allume, la famée trouvant une issue par 
une ouverture latérale. 

Si l'on prépare la farine en couac, après avoir allumé un feu suffisant, qu'on 
a soin d'entretenir, on projette sur la plaque une certaine quantité de farine 
fraîche, et avec un petit râteau de bois on l'étale et on la remue. Lorsqu'elle 
est cüiteet séchée, on la retire etl'onen met de nouvelle; et ainsi de suite jus- 
qu'à ce qu'on ait épuisé la farine fraîche. Ce couac est en petits grains durs 
qui imitent un peu l'aspect de la semoule. Si c'est de la cassave qu'on prépare, 
la farine, plus soigneusement pilée et mieux tamisée, est étalée circulairement 
sur la plaque, puis comprimée très-légèrement avec une palette pour qu’elle 
s'agrége. Elle est retournée deux ou trois fois pendant sa cuisson. 

Dans l'une et l'autre préparation, il y a cuisson et dessiccation complète, ce 
qui assure une conservation longue et pour ainsi dire indéfinie. La farine de 
Manioc est un aliment sain, mais d'une valeur nutritive faible. Le docteur 
Schier estime qu'elle contient 0,18 pour 100 d'azote. Il suffit de remarquer 
qu'elle acquiert en roussissant peu d'odeur, et qu'en brülant sur les char- 
bons elle n'exhale pas unefumée âcre et désagréable, pour en conclure qu'elle 
renferme peu d'azote et de phosphore. Elle ne contient pas non plus de ma- 
tière grasse, on n'en présente qu'en trés-minime quantité. Cette farine nou- 
vellement cuite a un petit goût très-léger, puis elle devient insipide. Comme 
elle est très-dure, on la ramollit par un peu d'eau ou de bouillon pour la man- 
ger. C'est une substance d'une très-faible valeur alimentaire, et les indigènes 
d'Amérique, qui en faisaient et en font la base de leur nourriture, mangent 
en méme temps beaucoup de poisson et de viande. 

Le prix vénal du couac était, avant l'émancipation, de 25 à 20 centimes le 
kilogr.; depuis la liberté et sous l'influence du renchérissement des vivres, 
que la création du Pénitencier a amené, il se tient à Cayenne à 50 centimes 
le kilogramme environ, prix trés-exagéré relativement à sa valeur nutritive. 
Sur toutes les habitations au surplus on le produit, et l'on se ruinerait à la- 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871, 947 


cheter. Suivant l'abondance ou la rareté des vivres, les prix baissent ou s'élè- 
vent beaucoup. 

J'ai décrit la préparation telle qu'elle se pratique dans la colonie, mais il 
est évident qu'il y aurait une économie énorme à employer des moyens mé- 
caniques. Un lavage à grande eau des tubercules, accompagné d'un frottement 
des tubercules les uns contre les autres, obtenn par un appareil tournant à 
grande vitesse, enlèverait l'épiderme de la racine. Un moulin à rápe ferait 
l'office des grages ; l'exsudation du suc par la compression, le pilage et la 
cuisson pourraient également s'opérer plus en grand et avec une grande éco- 
nomie de travail. Tous ces procédés sont, je crois, déjà pratiqués à Démérari, 
et il ne manquerait pas de colons intelligents qui les introduiraient à Cayenne, 
‘si l'instabilité des ateliers de travail et l'incertitude qui en résulte ne faisaient 
pas hésiter aujourd'hui à introduire l'innovation utile la plus simple. La roue 
à grager a été déjà depuis longtemps employée à Cayenne sur quelques grandes 
habitations. 

Tous les auteurs ont décrit la manière de préparer le tapioca ou fécule 
fine de Manioc. La racine gragée est délayée dans l'eau, malaxée et compri- 
mée. On retire les parties plus grossiéres, qui peuvent étre cuites et données 
aux animaux ; on recueille, en laissant l’eau déposer, les matières les plus 
fines. Le tapioca est lui-méme assez peu nutritif, mais il sert à préparer des 
potages délicats. Sous cette forme il peut étre utile aux convalescents, parce 
qu'il se fond en gelée par l'ébullition, et n'est pas disposé à aigrir et à s’altérer 
quand le suc gastrique, versé en trop peu d'abondance par un estomac ma- 
lade, l'attaque faiblement. 

A Démérari, le suc de Manioc, privé par une ébullition de ses propriétés 
malfaisantes, est connu sous le nom de cassareep, et sert de sauce en cui- 
sine, On dit que les viandes qu'on y a cuites se conservent plus longtemps. Il 
serait utile de vérifier cette opinion. 

Les Indiens emploient beaucoup la racine de Manioc pour préparer des 
boissons fermentées, qui ne plairaient pas beaucoup au palais des Européens. 
Il est certain quela Canne-à-sucre est beaucoup plus propice à un tel usage. 

Races diverses de Manioc. —Le Manioc compte, à la Guyane seule, dix 
ou douze races différentes, fort constantes et présentant chacune quelque 
particularité utile. Il y en a de plus hátives, de plus tardives. 1l y en a de plus 
ou moins vénéneuses. On les distingue à la couleur de l'épiderme des tiges 
ligneuses (blanche ou jaune), àla couleur du pétiole des feuilles, à la forme et 
au nombre des folioles dont elles sont composées. Elles se ressemblent géné- 
ralement beaucoup, ct il faut de l'habitude pour les distinguer. 

Je ne citerai que les plus remarquables : | 

Le Manioc doux (ou Camanioc) contient si peu de principes âcres, qu'on fait 
cuire ses racines au feu et qu'on les mange comme des pommes-de-terre. C'est 
une espèce hátive; il est mûr à cinq ou six mois, et deux ou trois mois plus 


548 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tard sa racine devient dure et cornée et ne peut plus se manger. .L'écorce du 
bois est blanche; le pétiole des feuilles est d'un beau rouge purpurin ; le nom- 
bre des digitations est de sept dans les feuilles vigoureuses du pied de la tige. 
Les tubercules sont longs et d'un faible diamètre. Cuits sous la cendre, ils 
sont agréables à manger, doux et d'une consistance fine. 

Parmi les Maniocs vénéneux je citerai : 

Le Báton-magasin ou Bäton-blanc, grande espèce, trés-productive, se 
conservant bien en terre et d'une bonne qualité. Le feuillage est d'un vert 
glauque trés-pur sans mélange de couleur rouge, même dans les jeunes 
pousses ; les pétioles sont blancs ou très-légèrement rosés. 

Le Manioc-Maillé (nom qui lui vient des Indiens Maiés d’après de Pré- 
fontaine) est encore une espèce à haute tige. L'écorce du bois est jaune bru- 
nátre, le sous-épiderme de la racine est rouge pourpre.. La racine est courte 
et grosse, et, quand on la prépare, elle rend beaucoup d'eau. 

Le Manioc-jaune, apporté du Para, donne un couac d'une couleur jau- 
nâtre ; ses jeunes feuilles ont une couleur pourpre violacée. 

Le Petit-Louis est plus vénéneux. que les autres. 1l n'est pas élevé, et 
môûrit assez vite. 

Le Bâton d'Organa a la: propriété de mieux résister à la pourriture dans 
une terre humide. 

Le Manioc-Cachiri, dont la racine est trés-aqueuse, est préféré par les 
Indiens pour la préparation de leurs boissons, et n'est pas planté par les colons. 

Les races de Manioc trés-hátives ont un grand intérét, parce que, lorsque 
les vivres deviennent rares, on peut par elles se procurer de promptes res- 
sources. On en posséde à Cayenne une race remarquable venue du Para, mais 
je n'ai pas eu l'occasion de l'observer. 

Appréciations générales. —Pour résumer en quelques courtes propositions 
nos appréciations principales sur la culture du Manioc, nous dirons : 

Que le Manioc est une plante parfaitement adaptée au climat du pays ct 
d'une culture facile. 

Qu'il ne donne un produit réellement considérable qu'autant qu'on l'a 
planté en un sol qui lui convient, et qu'on a attendu pour le récolter sa pleine 
maturité, c'est-à-dire deux ans à deux ans et demi. 

Qu'en raison de cela, on doit toujours établir une forte partie de ses cul- 
tures en défriché de grand bois, où la plante vient plus forte et conserve mieux 
ses tubercules. 

Que les terres hautes de la Guyaune de qualité ordinaire ou médiocre, qui 
sont les plus nombreuses, sont très-propres à l'établissement de telles plan- 
tations. 

Qu'il est très-désirable qu'on abrége la préparation des racines par l'emploi 
de moyens mécaniques ct expéditifs. 

Que le seul moven de ne jamais manquer de Manioc, est d'en avoir tou- 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 349 


jours plus qu'on n'en consomme, la pourriture des racines en terre exer- 
cant, quoi qu'on fasse, des ravages dont on ue peut prévoir l'importance 
dans les plantations. 

Que, pour utiliser cet excédant de Manioc, il faut apprendre à en donner 
aux animaux, spécialement aux cochons, et s'assurer d'un moyen expéditif et 
facile d'en détruire à cet effet le principe vénéneux (1). 

Du poison du Manioc. — Rien n'est plus singulier que de voir appliquer à 
l'alimentation une plante vénéneuse. Sans entrer dans une étude approfondie 
du poison du Manioc, je crois utile de présenter à son sujet quelques courtes 
considérations. Il est probable que ce puison est un composé organique peu 
stable, nuisible par lui-méme, mais redoutable surtout en ce qu'il peut, en 
certaines circonstances, engendrer de l'acide prussique, substance, comme on 
le sait, la plus délétère que la chimie connaisse, mais elle-même très-instable 
et trés-volatile. Les feuilles de Manioc froissées exhalentune légère odeur d'a- 
mandes améres ; et il est arrivé, dans des recherches chimiques sur les tuber- 
cules, qu'on a constaté la formation d'acide prussique. Cela expliquerait com- 
ment l'eau de Manioc est un poison, comment l'eau distillée tirée d'elle est un 
poison encore bien plus énergique (voyez Descourtilz); comment l'eau de Ma- 
nioc, bouillie pendant longtemps et écumée, est inoffensive et sert d'aliment 
aux Indiens de la Guyane et du Brésil; comment les feuilles et la racine de 
Manioc rongées par les animaux, tantót les empoisonnent, tantót ne leur font 
aucun mal, Il est évident, dans ce dernier cas, que si la quantité prise a été 
modérée, et que le suc gastrique a exercé immédiatement une. action énergi- 
que, il n'a pu se former d'acide prussique. Les animaux sauvages, la biche, 
l'agouti, le pécari, recherchent avidement les feuilles et la racine de Manioc ; 
d'un autre côté, on a vu des hœufs, des chèvres, des cochons, s'empoisonner 
àvec du Manioc et surtout avec de l'eau de Manioc. Je ferai remarquer que 
cette eau représente d'abord plus de principe vénéneux sous un moindre vo- 
lume, mais surtout qu’elle n'est exprimée à la Guyane que vingt-quatre 
heures aprés quela racine a été râpée, délai qui peut permettre à une réaction 
chimique de s'accomplir. On dit à Cayenne que l'écorce de la racine est le 
Contre-poison du suc, et que c'est pour cela que les animaux sauvages qui 
rongent les racines ne s’empoisounent pas, mais je crois l'explication que 
je donne plus rationnelle. 

Il ya des Maniocs plus vénéneux les uns que les autres, mais je doute 
qu'aucun soit absolument exempt de principe nuisible. On dit bien que cer- 
taines peuplades sauvages du Brésil mangent de la racine de Manioc doux 
crue, mais cela ne prouve pas que l'eau qu'on exprimerait de ces mêmes ra- 
Cines rápées et abandonnées à un commencement de fermentation, avant 

(1) M. Bar estime à environ 3000 kilogr. de couac le produit ordinaire d'un hectare 


de Manioc, Il estime à environ trois journées la manipulation d’un hectolitre de couac 
(travail de peler et grager les racines, de comprimer la pâte et de cuire):. - 


350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d'étre comprimées, ne serait pas vénéneuse, Les Indiens de la Guyane com- 
priment la racine rápée immédiatement et sans aucun délai, de méme qu'ils 
cuisent la farine aussitót aprés l'expression du suc (1). 

Des Maniocs sauvages. — Quoiqu'on ne puisse affirmer que le Manioc cul- 
tivé soit issu des Maniocs sauvages, qui ont avec lui quelque ressemblance, 
il serait fort intéressant de cultiver quelques-uns de ceux-ci dans un jardin 
botanique colonial, et de se livrer à quelques expériences sur le semis de 
graines du Manioc cultivé. 

Autant qu'on peut deviner les choses par présomption, je suppose que les 
Maniocs sauvages sont trés-vénéneux, sont trés-vivaces de racine (repoussant 
de nouvelles tiges de leur souche quand les tiges précédentes ont séché); qu'ils 
donnent beaucoup plus de graines que le Manioc cultivé; qu'ils ont des ra- 
cines tuberculeuses beaucoup plus petites, plus fibreuses, plus dures, moins 
riches en fécule. 

M. Bar me donna un jour, à la Guyane, un rameau de Manioc sauvage 
qu'il avait recueilli aux bords de la Mana. Je le desséchai sans avoir le soin 
d'en garder une bouture pour planter. Cet échantillon est indiqué par M. Mul- 
ler dans le Prodromus, parmi les variétés du Manihot palmata, sous le nom 
de « diffusa. La tige était plus rameuse et les rameaux plus divariqués que 
dans le Manioc cultivé, mais la principale différence était le fruit, beaucoup 
plus gros, sphérique et non ovoide, lisse et non relevé de petites crétes mem- 
braneuses. Les fruits étaient trés-nombreux, ce qu'on n'observe pas dans le 
Manioc cultivé. 

Je montrai la plante à des Indiens qui me dirent qu'ils la connaissaient et 
l'appelaient Manioc-Biche, c'est-à-dire Manioc sauvage mangé dans les bois par 
les cerfs. Le Camanioc, ou Manioc doux de la Guyane, rapporté par M. Mul- 
ler au M. palmata, ne me paraît pas différer spécifiquement du Manioc ordi- 
naire, et diffère au contraire beaucoup du Manioc sauvage dont il est ici 
question. Il est vrai que M. Muller mentionne aussi des variétés de M. utilissima 
qui n'ont pas la. racine vénéneuse. Je ne me rappelle pas d'avoir observé le 
fruit du Camanioc, mais s’il eût été d'une autre forme que celui du Manioc, 
le fait m'aurait certainement frappé. 

J'ai souvent vu des fruits sur des pieds de Manioc, mais je n'en ai jamais 
ouvert pour examiner la graine. Je n'en ai non plus jamais semé. 

Du semis de graines de Manioc cultivé, essayé en vue d'obtenir de nou- 
velles races plus productives. — Il y aurait beaucoup d'intérêt à ce qu'un 
expérimentateur intelligent et patient essayât de perfectionner le Manioc cul- 
tivé par des semis méthodiques. Quoiqu'il ne donne pas tout à fait autant de 
graines qu'une plante sauvage, il en donne cependant un certain nombre, 
surtout dans les abatis noves, à l’âge de deux ans ou deux ans et demi. 


(4) M. Boussingault m'a dit avoir vu, à la Nouvelle-Grenade, des mouthes périr après 
avoir sucé des tranches de racine de Mänioc: 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 3951 


Pour avoir quelque chance de réussir, il faudrait semer beaucoup de grai- 
nes prises sur des pieds très-vigoureux et très-productifs, élevés dans une terre 
très-riche et fortement fumée. On rejetterait dans les semis la plupart des 
individus, et l'on ne s'attacherait qu'à ceux qui montreraient une végétation 
plus puissante ou des qualités particulières. 

Le rendement médiocre du Manioc donne à penser que cette plante utile 
pourrait étre considérablement améliorée, et qu'elle est encore à un état demi- 
sauvage, où elle ne donne que des produits incomplets. 

Le Père Labat affirme que le Manioc élevé de graines donne trés-peu de 
racines. Faut-il supposer que les pieds élevés de semis restent, comme on 
l'observe pour la Vigne, plusieurs années petits et chétifs, n'acquérant que 
plus tard, aprés plusieurs bouturages successifs, leur vigueur et leur taille 
définitives ? Faut-il supposer que le semis de graines, recueillies peut-être sur 
des pieds trop peu vigoureux, donnait des individus dégénérés et tendant à 
revenir à l'état sauvage ? 

Il est évident qu'on obtient, en élevant de graines, et des individus pires et 
des individus meilleurs que la souche. C'est à l'art du cultivateur de bien di- 
riger ces essais délicats. Il y a des règles générales connues, et il ne faut pas 
se décourager pour quelques premiers résultats mauvais ou insignifiants. 

Utilité qu'on pourrait retirer des pelures de racine et de l'eau de Ma- 
nioc. — On laisse perdre, à la Guyane, l'eau de Manioc comme les écorces de 
la racine. On pourrait cependant les utiliser dans la confection des engrais 
ou méme pour l'alimentation des animaux. 

Ces écorces, qui entrainent toujours avec elles une partie du tissu du tuber- 
cule, s'échauffent et fermentent promptement. Nul doute que, entassées avec 
des feuilles mortes, de la vase, un peu de terre et d'autres débris, elles ne 
donnent de très-bon terreau. 

L'eau de Manioc, étendue d'eau, pourrait également servir à arroser des 
las de feuilles et de débris végétaux entassés destinés à fournir de l'engrais. 

Il ne faudrait pas donner directement, et avant qu'elles eussent fermenté, 
ces substances comme engrais : elles pourraient attirer les fourmis. 

Les pelures de racines, laissées quelques jours à macérer dans l'eau cou- 
l'ante, ou mieux cuites, pourraient probablement étre données aux porcs. Il 
faudrait toutefois s’assurer par quelques essais qu'ils ne peuvent pas en res- 
sentir de mal (1). 

Culture du Manioc hors de la Guyane. — Cultivé originairement dans 
l'Amérique intertropicale, le Manioc a été répandu par les Européens dans 
tous les pays chauds, et sa culture y a pris plus ou moins d'extension, sui- 
vant que le climat, le sol, l'état social, les lumières et les goûts des populations 

(1) L'eau de Manioe non bouillie a une propriété fermentescible assez énergique: c'est 


Pour cela qu'on lave soigneusement les couleuvres et les toiles qui ont servi à comprimer 
la farine; sans cela elles s'altéreraient promptement, 


352 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ont favorisé ou non la propagation de la culture. Cette utile diffusion continue 
à s'opérer, et elle est appelée dans certaines localités à reudre de grands 
services. 

Le Manioc est proprement une plante de pays chauds ; c'est dans la zone 
équatoriale qu'il pousse le plus haut et prend son plus beau développement. Il 
réussit bien dans tout l'espace intertropical, préférant toutefois les localités un 
peu pluvieuses à celles où il y ade trop longues sécheresses. On le voit s'avan- 
cer hors des tropiques jusqu'au 30° degré, particulièrement dans les provinces 
extratropicales du Brésil, à Sainte- Catherine. 

Partout il préfère un sol meuble, et les sables mélés de terreau lui con- 
viennent singulièrement. Il n'aime pas les terres sujettes à s'imbiber d'eau. 

Il se prête assez bien à un ralentissement ou une suspension momentanée 
de végétation, sous l'influence ou de sécheresse ou d'un rafraîchissement mo- 
mentané de la température; mais il préfère les. climats où l'humidité et la 
chaleur ne lui font jamais défaut. Là où dans l'espace intertropical s'élevent de 
petites montagnes et des plateaux, à une altitude déterminée, sans cesser 
d'étre cultivé, il est planté moins abondamment que le Mais (provinces aus- 
tro-centrales du Brésil, versant oriental des Andes); plus haut il cesse de 
venir. Sa culture ne s'observe pas généralement au-dessus de 1000 mètres 
(Adr. de Jussieu). 

La nature du sol, la densité de la population, la prédominance ou l'aban- 
don des cultures industrielles, la facilité ou la difficulté de cultiver ou d'acheter 
le Riz, le Mais, le Sorgho, l'abondance ou la rareté du poisson et de la viande, 
favorisent ou restreiguent indirectement l'avantage qu'on trouve à planter du 
Manioc. 

Culture aux Antilles. — Aux Antilles françaises, où les terres hautes 
sont beaucoup meilleures qu’à la Guyane, et où le pays porte une population 
nombreuse, le Manioc est planté dans des terres depuis longtemps en culture, 
et est généralement récolté jeune, l'emploi du sol ayant trop de prix pour 
qu'il y ait avantage à l'y laisser deux ans, quoiqu'il continue à y profiter. On 
laboure la terre pour le planter ; on le plante un peu plus serré et on le 
sarcle plus soigneusement qu'à la Guyane. On aime à alterner sa culture avec 
des plantations de Cannes, cette alternance reposant le sol. Latige est donc un 
peu moins haute qu'à Cayenne et les racines sont un peu plus petites. Le 
prix vénal de la farine de Manioc y est très-élevé. Tel est le bénéfice de la cul- 
ture de la Canpe bien faite, qu'il y a avantage pour les plantations à tirer une 
partie de leurs vivres du dehors, particuliérement à acheter du riz des Indes. 

Le Manioc est probablement très-cultivé à Saint-Domingue et méme à la 
Jamaïque, où les conditions sociales sont très-différentes. 

Culture au Brésil, —La culture du Manioc est générale au Brésil, le nom- 
bre de ses races ou variétés y est très-considérable, 11 y a maintenant de nom- 
breuses sortes d'Aipi ou Manioc doux. Dans le Para, qui est peu éloigné de la 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 353 


Guyane, on voit déjà plusieurs races de Manioc inconnues à Cayenne, et le 
couac s'y prépare d'une maniére un peu différente. La production y est trés- 
abondante et le prix vénal est trés-bas, en sorte que depuis l'émancipation la 
ville de Cayenne a été fréquemment y chercher des vivres. 

Dans la vaste étendue du Brésil, le Manioc se cultive dans des conditions 
assez différentes de climat et de sol. Dans les provinces centrales, beaucoup 
moins humides que le littoral et la vallée de l'Amazone, la plante redoute les 
sécheresses, et, dans certaines années où il n'a pas plu suffisamment, on voit 
des disettes calamiteuses (docteur Sigaud); dans les provinces austro-centrales, 
la fraicheur et la sécheresse du climat restreignent sa culture. A Sainte- 
Catherine, le Manioc et le Blé se rencontrent, le premier est cependant la 
culture prédominante. Dans le haut de la vallée de l'Amazone, on voit quel- 
quefois de singuliéres cultures de races précoces sur des plages tour à tour 
couvertes et abandonnées par les eaux, suivant les saisons. Les Indiens plan- 
tent à la hàte dans le sable humide et engraissé de limon, dés que les eaux 
Se sont retirées. On se háte d'arracher quand la saison des débords arrive 
(E. Carrey). 

Partout au Brésil, le Manioc préfère les terres neuves ; mais là surtout où 
le climat n'est pas trop humide, on le plante trés-souvent sur des terres 
antérieurement cultivées. Quelquefois on le cultive sur des bandes de terrain 
légérement relevées en lignes saillantes ou à dos, lorsque le sol est trop humide; 
quelquefois sur des terres cultivées depuis longtemps, aprés une jachére 
plus ou moins prolongée ; on nettoie le sol au sabre d'abatis, mais on ne brûle 
pas les herbes, on les enfouit dans des sillons que l'on creuse, et l'on plante 
dessus le Manioc en lignes, aprés avoir ramené la terre par-dessus les herbes 
enfouies (Vignerou-Jousselandière). 

Au Para, on fait quelquefois tremper pendant quelques jours uue partie des 
tubercules dans l'eau. Ils s'y ramollissent et éprouvent un commencement de 
décomposition ; on les écrase et on les méle à de la pulpe gragée fraiche, puis 
on prépare le tout en couac. | 
> Jadis, aux Antilles, les nègres marrons préparaient quelquefois le Manioc en 
faisant tremper pendant plusieurs jours dans l'eau d'un ruisseau les tuber- 
cules coupés en tranches (Labat). 

On appelle au Brésil le Manioc Mandiocca ou Youca, le Manioc doux Api 
ou Youca dolce par opposition au Youca brava (Manioc vénéneux). L'eau de 
Manioc s'appelle tucup? ; on sait, les Indiens au moins, la rendre inoffensive 
par une ébullition prolongée où l'on enlève les écumes. On nomme la cassave 
beju (1). | 

Culture au Benguela. — Le Portugal ayant fondé, dès le commencement 


(1) La roue à grager est fort employée sur les grandes habitations ; il y en a quelque- 
fois de très-grandes qui sont mues par des chutes d’eau ou des animaux de travail. 


T. XVIII. (SÉANCES) 93 


354 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de l'ère moderne, des colonies au Brésil et à la côte d'Afrique, des relations 
actives s'établirent entre le Mexique et le Congo, et le Manioc, importé par 
les Portugais, fut adopté par les nègres de la côte dans leurs cultures, et pro- 
pagé au loin par eux dans l'intérieur du continent. Ladislas Magyar décrit la 
manière dont onle cultive sur le littoral du Benguela, localité où il pleut 
trés-peu. On le plante dans des terres sableuses dans les vallées de grands 
cours d'eau : terres sèches à la surface, mais ayant constamment une légère 
humidité à une certaine profondeur. On est obligé d'arroser plusieurs fois le 
jeune plant ; mais quand il a pris dela forceet que les racines sont descen- 
dues assez avant en terre, il n'est plus nécessaire de lui fournir de l'eau. La 
plante s'éléve trés-haut, forme un bois très-fort et donne de très-grosses 
racines. 

Les nègres de la Guyane d'origine africaine, sortis la plupart de l'intérieur 
de la Guinée, qui m'ont parlé du Manioc cultivé dans leur pays natal, me 
l'ont toujours dépeint comme poussant très-haut, formant un bois trés-gros 
et vivant plusieurs années (1). 


ADDITIONS A LA FLORE ALGÉRIENNE ET OBSERVATIONS SUR QUELQUES PLANTES 
DE CETTE FLORE, pr M. le colonel PARIS, 


(Périgueux, novembre 1871.) 


. Depuis longtemps j'aspirais au moment où il me serait permis de faire une 
excursion daus lesud de la province de Constantine, afin de pouvoir en com- 
parer les hauts plateaux et la région désertique avec les zones correspondantes des 
provinces d'Alger et d'Oran. Au mois de mai 1870, j'ai pu réaliser ce désir, mais 
d'une facon trop incomplète. En effet, dès el Outaïa et presque aussi abondam- 
ment qu'à el Aghouat en 1866, je rencontrai les sauterelles; la plaine de Biskra 
était rongée jusqu'au sable; et un dóme de fumée, s'échappant des feux que 
l'on entretenait sur tous les points de l'oasis pour tâcher de sauver les Dattiers, 
remplacait le ciel bleu du désert par un autre plus semblable à celui de Lon- 
dres ou de Birmingham. De plus, le lendemain méme de mon arrivée, et au 
moment oü j'allais nonobstant me mettre en route pour Tougourth, je rece- 
vais un télégramme de service qui me rappelait aussi rapidement que possible 
à Constantine ; si bien que, parti de cette derniére ville le 10 mai, j'y étais de 
retour dans la nuit du 29 au 30. 

Bien que contrarié par ces divers contre-temps, auxquels je pourrais er 
ajouter d'autres, mon voyage n'a point été complétement stérile; et j'ai pu 
récolter, non-seulement bon nombre de plantes spéciales, mais encore quel- 


(4) J'ai vu cultiver aux Canaries, par curiosité, quelques pieds de Manioc doux. La 
plante donnait des racines de volume médiocre. Elle arrétait sa végélalion en novembre, 
lorsque la chaleur devenait insuffisante. Malgré les relations trés-actives des Canaries 
avec Cuba, l'usage de cultiver le Manioc ne s'est pas établi dans ces îles, 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 355 


ques espèces nouvelles, les unes d'une facon absolue, le plus grand nombre 
comme localités. Ce sont celles de ces deux dernières catégories qui font 
l'objet de ma communication àla Société. 

Le seul travail d'ensemble que nous ayons sur la végétation de cette partie 
dela province de Constantine est le « Rapport sur un voyage botanique en 
Algérie, de Philippeville à Biskra et dans les monts Aurés, entrepris en 1853 » 
(Ann. des sc. nat. h° sér. t. IV), par M. Cosson, qui était accompagné dans 
ce voyage par le regrettable Henri de la Perraudiére et par M. Balansa. 
M. Cosson a de plus mentionné, dans son rapport, les découvertes antérieu - 

. rement faites sur les hauts plateaux et aux environs de Biskra par MM. Ba- 
. lansa, Guyon, Hénon et Jamin. - 

Je me propose donc, dans cette notice, de reprendre une à une les stations 
indiquées par M. Cosson dans le rapport précité, et de signaler à chacune 
d'elles les plantes que j'y ai rencontrées, qui ne figurent pas sur les listes 
affectées à ces stations. 

M'lila. 


Sisymbrium torulosum Desf. — Limite septentrionale de l'espèce en Al- 
gérie. Les points extrêmes où elle avait été signalée dans cette direction 
(P. C. (1) Ain-Yagout [Coss. et La Perr.]; P. A. K'sar Boghari, pl. du Chelif 
[O. Debeaux]; P. O. Saint-Denis du Sig [Durando]) sont tous au-dessous da 
36° parallèle, tandis que la latitude de M'lila est de 36° 4! N. 

Reseda Duriæana J. Gay. 

Carduncellus rhaponticoides Coss. et DR. — Je ne mentionne ici cette 
rarissime espèce, qui y a été découverte par M. le docteur Guyon, et ensuite 
retrouvée par MM. Cosson, Kralik et de la Perraudière, que pour signaler le 
parfum exquis de vanille, mélangé de violette, qui se dégage de la plante (de 
la racine?) à l'état frais. Il y a là, pour notre confrère M. Lefranc, une ana- 
lyse à faire pour servir de pendant à son beau travail sur l’ Atractylis gum- 
mifera., 

Stipa gigantea Desf. 

Chotts. 


Prasium majus L. — Il croit dans les fentes de blocs qui gisent cà et là sur 
le plateau entre les deux lacs; il n'y dépasse pas 07,20 à 07,25 de hauteur, 
mais y devient sous-frutescent. 

Allium pallens L. var. tenuiflorum Guss. 


Ain Yagout et Oum el Asnam. 


Clypeola cyclodontea Del. — Si je ne me trompe, cette localité nou- 
velle constitue en Algérie, et par conséquent d'une facou absolue, la limite 


(1) P. C, — province de Constantine; P. A. — prov. d'Alger ; P. 0, — prov. d'Oran. 


350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


septentrionale de l'espéce. Jusqu'à présent les points extrêmes atteints par elle 
dans la direction du N., à moi connus, étaient les suivants : P. C. Batna 
(Coss. et La Perr.). P. A. Moulin de Djelfa (Reboud). P. O. Entre Mascara et 
l'O. el Hammam (Pomel), 

Astragalus cruciatus Link. 

Pimpinella dichotoma L. — Cette plante est nouvelle pour la province de 
Constantine ; du moins je ne la connais jusqu'à présent en Algérie que dans 
Ja province d'Oran, où elle est assez répandue, et dans la province d'Alger, où 
elle a été signalée seulement à Guelt es Stel (Coss.) et au Dj. Sahari près 
Djelfa (Reboud). — Elle croit abondamment sur un petit tertre pierreux qui 
se trouve à 150 mètres environ au S. du caravansérail, à droite de la route ; 
elle reparait dans les mémes conditions d'babitat, toujours à droite de la route, 
100 mètres environ avant d'arriver à Oum el Asnam (en compagnie du Poly- 
carpon Bivonæ Gay). Enfin, pour terminer ce qui est relatif à cette espèce, 
je dirai qu'elle se rencontre encore, mais moins abondamment que dans les 
deux premières localités, dans les pierrailles à gauche de la route, entre les 
gorges et le village arabe d'el Kantara. 

Avena bromoides Link. —M. Duval-Jouve, auquel j'avais envoyé des échan- 
tillons de cette Graminée, m'écrività son endroit: « Remarquez que ce n'est 
» pas l'A. bromoides type, mais bien quelque chose de plus curieux, c'est-à- 
» dire une forme parfaitement intermédiaire entre l' A. bromoides et l'A. aus- 
» tralis Parl.» — Or, VA. australis n'a point encore été trouvé, que je 
sache, en Algérie; et lA. bromoides en constitue une des hautes raretés, à ce 
point qu'il ne figure ni dans le volume consacré aux Glumacées dans l’£xplo- 
ration scientifique de l Algérie, ni méme dans son supplément. Je ne l'y connais 
que de: P. A. Bou Ismaél prés Colea (Clauson). P. O. Frenda (Warion). — 
La plante d'Ain Yagout croit avec le Pimpinella dichotoma. 

Notons, en passant à la fontaine du Génie (10 kilom. avant d'arriver à Batna), 
ia présence des espèces suivantes : 

Erysimum perfoliatum Cr. 

Trigonella gladiata Stev. 

Rochelia stellulata Rchb. 

Festuca Pectinella Del. 

Elymus crinitus Schreb. 

Æ gilops ventricosa Tausch. 


Bois de Lambessa. 
Erysimum longifolium J. Gay. — Déjà signalé par le rapport précité au 
Dj. Tougourth. 
Erysimum strictum var. micranthum J. Gay. — Déjà signalé par le rap- 
port précité au Dj. Tougourth. 
Erinacea pungens Boiss. 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. | 357 


Astragalus lanigerus Desf. 
Valerianella discoidea Lois. 
Rochelia stellulata Rchb. 


Itche Ali (1). 


La partie de. cette montagne que j'ai pu explorer, pendant la matinée du 
15 mai seulement, est le ravin qui fait suite à la route sortant de cette porte 
de Batna qui se trouve immédiatement à lE. de celle à laquelle s'amorce la 
route de Biskra. Ces deux routes font entre elles un angle trés-aigu. Après 
h ou 5 kilom. de plaine, on arrive au pied de la montagne et l'on s'élève le 
long de la berge occidentale du ravin par un sentier arabe, qui, bordé de buis- 
sons où dominent l'Erinacea pungens Boiss. et le Rosmarinus officinalis 
L. var. Tournefortii de Noé, aboutit, après 3 ou 4 kilom., à un plateau cul- 
tivé, d'une altitude de 1350 à 1400 mètres, que je n'ai pas dépassé. 

Diplotaxis pendula DC. — Cette localité constitue la limite septentrio- 
nale de l'espéce dansla province de Constantine, où ellen'avait pas été signalée 
au N. d'el Kantara, de Bou Saada et de ses environs, dans le Hodna: sta- 
tions situées à un demi-degré environ au S. de l'Itche Ali, et au seuil de la 
région désertique. La présence de cette plante dans le massif montagneux des 
environs de Batna, à une altitude de 1300 mètres où elle doit être recouverte 
par la neige presque tous les hivers, est un fait de géographie botanique qui 
m'a paru des plus intéressants. 

Erodium ciconium Willd. 

Vicia cuneata Guss. — Nouvelle pour l'Algérie, cette espèce se trouve à 
la lisière des buissons sur le plateau supérieur dont j'ai parlé. Je regrette bien 
de n'y avoir vu, sur le moment, qu'une variété du V. lathyroides L., et de 
n'en avoir fait, sous cette impression, qu'une récolte insignifiante. 

Astragalus nummularioides Desf. — Déjà signalé dans la plaine de Batna 
et au Dj. Tougourth par le rapport précité; abonde au seuil du premier grand 
palier horizontal du sentier arabe, à droite de ce dernier. 

Djebel Tougourth. 

Végétation trés en retard : les pentes inférieures et moyennes seules m'of- 
frent un certain nombre d'espéces, toutes mentionnées par M. Cosson. Je 
ne trouve à citer que: 

Barbula levipila Brid. 

Bryum atro-purpureum W. et M. 


Les K'sours. 


Je donne la liste compléte des espéces que j'ai recueillies aux environs du 
(1) L'ethnique ltche (ou Icht?), en berbère, est l'équivalent du mot arabe djebel; 


l'un et l'autre signifient montagne. C'est donc un pur pléonasme que de réunir ces deux 
mots, comme le font quelques botanistes, devant le nom Ali. 


358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


caravansérail, où MM. Cosson et de la Perraudière n'ont point séjourné, et où 
ils ont simplement noté, en passant, les Peganum Harmala L., Hohenackeria 
polyodon Coss. et DR., Valerianella stephanodon Coss. et DR. et Silybum 
eburneum Coss. et DR. J'ai retrouvé ces espèces (moins le V. stephanodon), 
et de plus : l 

* Ceratocephalus falcatus Pers. 

Diplotaxis muralis DC. 

Neslia paniculata Desv. 

Fumaria micrantha Lag. 

Atsine procumbens Vahl. 

Trigonella monspeliaca L. 

—  polycerata L. 

Medicago Lupulina L. 

Astragalus sesameus L. 

* Polycarpon Bivonæ J. Gay. 

Herniaria annua J. Gay. 

Hohenackeria bupleurifolia F. et M. — Deux individus au milieu de cen- 
taines d' H. polyodon. i 

* Bupleurum semicompositum L. 

* Crucianella patula L. 

Valerianella chlorodonta Coss. et DR. 

* Kolpinia linearis Pall. 

Androsace maxima (1) L. 

Asperugo procumbens L. 


(1) Puisque le nom de l'Androsace maxima est amené sous ma plume, le moment 
me parait opportun pour me rectifier moi-méme, et signaler une erreur que j'ai com- 
mise. On se rappelle peut-étre que, dans une précédente communication à la Société 
(Vingt-deux mois de colonne dans le Sahara algérien et en Kabylie, XIV, 283), j'ai 
parlé d'une vaste plaine d'A. maxima que j'aurais vue sur la rive droite de l'O. R'harbi, 
depuis Bennout jusqu'au loin dans le Sud, et que je n'avais pu que constater du haut de 
mon cheval. Quelques mois aprés la publication de cet article, je recevais de mon ami 
le docteur Warion, qui colonnait du côté de Figuig, tandis que nous arpentions, à Sa 
hauteur, PO. Segguenr et l'O. R'harbi, une lettre où il me disait: « Le portrait, frap- 
» pant de ressemblance, que vous tracez des monticules verdoyants de PO. R'harbi me 
» permet d'autant moins de les méconnaître que, dans un de ses crochets, la colonne à 
» laquelle je suis attaché est allée de vos côtés jusqu'à Bennout. Je crois donc pouvoir 
» dire que ce n'est pásY A. mazima que vous avez vu, mais bien la plante ci-jointe que 
» je vous envoie de Figuig. Me trompé-je? » 

M. le docteur Warion ne se trompait pas, et la plante qu'il m'envoyait, mais en fruit, 
alors, et non pas seulement en feuilles radicales, comme je l'avais entrevue, n'était rien 
moins que l' Anabasis aretioides Coss. et Mq.-Td, ! 

Dimitte nobis... sicut et nos... 

Ainsi donc, voilà une plante qui jusqu'alors avait été une des plus grandes raretés de 
notre Sud algérien, et qui devient une non moins grande vulgarité aux approches du 
grand désert ! Combien de plantes, dont nous ne trouvons entre la ligne el-Kantara-el- 
Aghouat-Géryville, et la ligne Ouargla-Methili-les deux Mor'ars, que de rares individus, 
ne sont aussi que les sentinelles perdues de vastes colonies dont le centre d'habitation 
se trouve à 2 ou 3 degrés plus au sud? 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 359 


« Nonnea micrantha Boiss, et Reut. 

Marrubium Alysson L. 

Lolium rigidum Gaud. 

La présence des espéces marquées d'un astérisque a été constatée par 
MM. Cosson, Kralik et de la Perraudiére aux environs du poste des Tama- 
rins, un peu plus d'à moitié chemin 'des K'sours à el Kantara. Immédiate- 
ment en quittant les Tamarins, on descend une cóte, à partir du pied de 
laquelle on longe d'abord l'O. Feddala, affluent de l'O. el Kantara, puis ce 
dernier jusqu'au col de Sfa. C'est au pied méme de cette côte que s'opère 
brusquement la transition de la végétation des H. P. à celle de la région saha- 
rienne. 

El Kantara. 

Fumaria Bastardi? Bor. —Je n'oserais affirmer que cette espèce soit bien 
celle de M. Boreau, dont je n'ai pas d'échantillons authentiques sous les yeux : 
à coup sur c'est une de celles en lesquelles a été démembré le F. capreolata 
de Linné. Elle croit au pied des blocs de rochers que l'on voit sur le ver- 
sant N. -O. du Dj. Gaous, au sommet méme du talus à gauche de la route, 
un kilom. environ avant de franchir l'O. Feddala pour la seconde fois. Le 
F. Bastardi a été trouvé à Mascara par M. le docteur Warion. 

Fumaria longipes Coss. et DR. — MM. Cosson et Durieu de Maison- 
neuve, qui ont créé cette espèce dans notre Bulletin (1I, 305), ont été amenés 
plus tard, sans que je puisse en ce moment me rappeler quand et où, à n'y 
voir qu'une forme annuelle du F. numidica. Aprés avoir vu sur place le 
F. longipes, il me sera permis de dire que je ne saurais vraiment me rallier 
à celte derniere maniére de voir, et qu'à mon avis, ces deux savants avaient été 
mieux inspirés dans leur première appréciation. J'ai pu observer le F. numidica 
dans deux de ses stations les plus extrémes : au Kh'eneg et au Guern el Mi- 
loch prés el Aghouat, d'une part, et de l'autre à Constantine. C'est dans cette 
dernière localité que l'on. est le mieux à même d'étudier les diverses varia- 
tions que cette plante est susceptible de présenter. En effet, on la rencontre 
depuis le sommet jusqu'à la base des escarpements verticaux du Sidi-Mecid. 
Seulement, dans les parties supérieure et moyenne, elle n’est nullement 
äbritée, et reste exposée pendant les cinq ou six mois d'été aux rayons du 
soleil africain sans être désaltérée par une seule goutte d'eau. Dans ces con- 
ditions, la plante de Constantine est identique à celle d'el Aghouat : ramassée, 
trapue, les pédoncules et les pétioles courts, les segments foliaires rapprochés 
et enroulés sur eux-mêmes comme ceux d'une fougère desséchée. Tout autre 
est l'aspect dela plante à la base de la montagne, surtout prés de l'arche na- 
turelle que forme le rocher au-dessus du sentier conduisant du moulin Lavit 
aux chutes du Roummel, et aussi de l'autre côté dela rivière, à la surface du 
rocher d’où jaillit la source thermale. Là le F. numidica, qui émerge de toutes 
les fissures du roc, ne voit que peu ou point la lumière directe du soleil, et l'hu- 


360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


midité de la terre et de l'air ambiant est constamment entretenue, méme au 
cœur de l'été, par les suintements de la montagne et l'évaporation des eaux. Il 
change alors complétement de faciès, s’allonge dans toutes ses parties, au point 
d'offrir des feuilles qui mesurent de 07,25 à 07,30, et ressemblent à de vérita- 
bles feuilles d'Ombellifere. Jamais, dans l'une ou l'autre forme, je n'ai aperçu 
trace de cette couleur rosée des pétales, que MM. Cosson et Durieu signalent 
spécialement comme existant quelquefois, et qui est normale dans le F. lon- 
gipes. Si ce dernier n'était qu'une forme annuelle du F. numidica, évidemment 
c'est aux pieds âgés d'un an de la première de ses deux formes qu'il devrait 
ressembler, puisqu'il croit dans des conditions climatériques analogues, et 
encore plus accentuées. Point! Ce Fumaria, qui fait saillie à dix pieds au-des- 
sus de la route, le long de la paroi verticale des rochers exposés en plein au 
soleil (et quel soleil!) d'el Kantara, a, de la facon la plus absolue, le port de 
la deuxième forme signalée ci-dessus ; et, pour tout dire, il ne s'en distingue 
que par les caracteres, mais auxquels je maintiens une parfaite valeur spéci- 
fique, par lesquels les auteurs ont, dans le principe, trés-distinctement dif- 
férencié les deux espéces, et auxquels il me parait utile d'ajouter les suivants, 
dont on appréciera la valeur : 


F. NUMIDICA : .... pedicellis 0%,09-0%,10 longis jam a 07,012-07,015 ante siliculam 
sensim concrescentibus ; siliculis subgloboso-ovatis, apice haud depresso acumine trian- 
gulari marginem suluralem evidenter continuante donatis. Sectio transversa (axi per- 
pendicularis) siliculæ ovato-suborbicularis. | 


F. LONGIPES : .... pedicellis 07,12-07,15 et ultra longis, sub fructu abrupte dilatatis; 
siliculis ovato-compressis sublenticularibus, apice emarginato-depresso acumine trian- 
gulari in imo sinu nascente donatis, Sectio transversa (axi perpendicularis) siliculæ ellip- 
soidea, diametro inter suluras 2-3-plo diametro inter valvas majore (1). 


Au lieu de la souche vivace du F. numidica, le F. longipes émet de 
longues racines filiformes, qui vont loin de la surface du rocher lui cher- 
cher un peu de fraîcheur. En extrayant avec précaution, de la fissure où elle 
avait pris naissance, la seule touffe que j'en ai vue, mais qui formait une co- 
lonie de quinze à dix-huit individus, j'ai obtenu des racines de 07,35 de 
longueur. Une autre considération, empruntée à la physiologie générale, me 
parait encore militer en faveur de ma manière de voir. Je connais, comme 
tous les botanistes, de nombreux exemples de plantes dont l'existence devient 
de plus en plus longue à mesure qu'elles s'avancent davantage vers le sud. A ne 
prendre que le Moricandia arvensis, je l'ai vu, chétif et annuel prés de Mar- 
seille, limite N. de son aire, vigoureux et au moins bisannuel dans les schistes 


(1) Parmi les caractères que MM. Cosson et Durieu de Maisonneuve ont assignés à leur 
section Petrocapnos (l. c.), il en est un, très-exact en général, mais qui comporte des 
exceptions, et ne peut rester par conséquent énoncé d'une façon aussi absolue : ce 
caractère est celui de l'indéhiscence. Au moment où j'écris ces lignes, j'ai sous les yeux 
deux silicules de F, longipes dont les deux valves sont séparées, le long de la suture 
marginale, dans leurs deux tiers supérieurs. 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 361 


des environs de Constantine, devenir franchement vivace et presque sous- 
frutescent dans la région saharienne (dans les ravins du Dj. Melah, prés d'el 
Outaïa, où il abonde avec le Salvia Jaminiana, il atteint 1,60 de hauteur et 
est garni de feuilles pareilles à celles du Calotropis procera!). Mais.cet exem- 
ple serait pour moi le premier d'une plante vivace dans le N., qui deviendrait 
annuelle en pénétrant dans la zone désertique. Enfin, et pour terminer, 
pourquoi, alors que le F. numidica se trouve assez répandu dans les H. P. 
et la bande septentrionale de la région saharienne, sa forme annuelle se can- 
tonnerait-elle dans un coin resserré de la partie E. de cette bande? C'est 
qu'en effet l'aire du F. longipes est des plus restreintes! La station d'el Kan- 
tara forme désormais le sommet N. du triangle qui constitue cette aire; le 
sommet S.-O. est au col de Sfa (Hénon), le sommet S.-E. à M'chounech (Bal.); 
la quatrième station connue est l'oasis de Branis (Cosson), 6 kilom. N.-N.-E. 
du col de Sfa, donc dans l'intérieur du triangle, dont la superficie est de 
230 kilom. carrés (1)! — Je me résume. Si l'on me dit : le F. longipes a été 
semé, et deux ans ou plus ensuite on a obtenu le F. numidica, je m'incline 
et prie de considérer mes observations comme non avenues ; sinon, non. 

Iberis pectinata Boiss. 

Psychine stylosa Desf. — N'était encore indiqué dans la province de 
Constantine, à ma connaissance, qu'à Tebessa (Letx). Par contre, je n'ai pu 
mettre la main sur son socius habituel, le Cordylocarpus muricatus, qu'y 
signale le rapport de M. Cosson. 

Reseda decursiva Forsk. 

— arabica Boiss. 

— propinqua R. Br. 

— neglecta Muell. 

—  atriplicifolia J. Gay (R. Aucheri bot. alger., non Boiss.). — 
Me sera-til permis de demander, timidement, à quelle circonstance ce 
Reseda doit de s'appeler aujourd'hui R. Alphonsi, in DC. Prodr. XVI-11, 
579, n. 44? — M. Mueller, le monographe des Résédacées, a décrit pour la 
première fois le R. Alphonsi en 1856, dans le Bot. Ztg, sur des échaniil- 
lons recueillis à Biskra par M. Balansa et distribués par lui sous le n° 875. 
L'étiquette qui accompagne cette plante porte: R. atriplicifolia J. Gay, 
Sp. nova. Or, non-seulement M. Mueller a remplacé par un nom spécifique 
signé delui le nom antérieurement imposé par notre vénérable et si regretté 
maitre, mais encore ni dansle Bof. Ztg, ni dans le Prodromus, il n'a fait au 
R. atriplici folia les honneurs de la synonymie : si hien que, pour tous ceux 
qui ne se sont pas spécialement occupés de la végétation algérienne, M. Mueller 
semble avoir, le premier, distingué et nommé ce Reseda! Je veux laisser à 


(4) M. A. Letourneux me l’a indiqué encore au Dj. Thaya, prés Guelma : mais cette 
localité, bien excentrique à l'aire authentiquement déterminée de l'espéce, aurait vraisem- 
blablement besoin d’être contirmée. ' ' 


202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de plus autorisés. que moi le soin de rechercher dans le volume du Prodromus 
qui traite des Euphorbiacées (étant donné, bien entendu, que la monographie 
magistrale, comme tout ce que fait M. Boissier, de la tr ibu des Euphorbieg 
qui inaugure ce volume, n'est point en cause) si le fait que je reléve est isolé, 

s'il dérive d'un systéme adopté par l'auteur. J'ai seulement tenu à protester 
ici contre cette dépossession d'un nom cherà tous les botanistes francais, 
comme je l'ai fait en distribuant la plante à mes correspondants sous le nom 
de À. atriplicifolia. | 

Paulo minora canamus! C'est vraiment un séjour de prédilection pour 
les espèces de ce genre que le ravin d'el Kantara, et il n'y manquait au ren- 
dez-vous des Reseda désertiques, dans un espace de 100 mètres, que le beau 
R. villosa de Metlili, que M. Mueller (je lui demande encore bien pardon 
de la liberté grande) a décrit sous le nom de R. tomentosa (l. c. n. ^2), 
déjà appliqué (1. c. n. 38) à une espèce de Cappadoce, mais en lui laissant 
cette fois, je me háte de le proclamer, sa paternité légitime; ce qui exclut 
pour ce cas toute idée autre que celle d'un lapsus calami. 

Silene Muscipula L. 

— ? 

Sclerocephalus arabicus: Boiss. 

Pimpinella dichotoma L. 

Seseli varium? Trevir. — L'absence des feuilles rongées par les saute- 
relles, jointe à celle d'échantillons authentiques de la plante de Treviranus, ne 
me permet pas de donner cette dernière détermination comme certaine. 

Asperula hirsuta Desf. 

Bellis dentata DC. — Voilà bien certainement un fait de géographie bo- 
tanique des plus curieux! Une plante qui, en Algérie, n'a encore été trouvée 
que dans le Dj. Taïg et le Dj. Taguelsa, aux environs de Boghar, à 4250 m. 
alt. (0. Debeaux), à la Calle, aux Seba et aux Senhadja (A. Letx), c'est-à- 
dire dans la région montagneuse et sur le littoral, qui se retrouve au seuil de 
la région désertique! — J'ai eu beau la retourner sur toutes ses faces, il m'a 
été impossible d'y rieà découvrir qui la distinguât de la plante du Pro- 
dromus. Aussi, bien qu'elle füt passée et bien séche, comme elle avait 
conservé ses caractéres généraux de forme extérieure et d'akénes, n'ai-je 
point hésité à la recueillir en nombre, et à la distribuer comme souvenir de 
sa station si originale. — Je dois la bien préciser. Avant d'arriver aux gorges 
proprement dites, on traverse deux affluents del'O. el Kantara, le premier à 
un kilom. environ du caravansérail. Immédiatement aprés avoir passé celui-ci, 
dans lequel méme viennent s'enfoncer les escarpements du Dj. Gaous, 
tourner à gauche dans les rochers, en remontant l’affluent : à quinze pas de 
la route, on trouve le B. dentata dans les anfractuosités, en compagnie du 
Seseli varium? et du Cheilanthes odora. 

Centaurea parviflora Desf. — Abondant sur les rochers, avant et dans les 


SÉANCE DU S8 DÉCEMBRE 1871. 303 


gorges. La station de Medjez dans le Hodna (D' Reboud) et celle que je 
viens de sigualer constituent la limite méridionale de l'espéce dans cette pro- 
vince, où elle n'avait point été indiquée au S. de Constantine. J'ai également, 
si je ne me trompe, constaté la méme limite pour cette plante dans la pro- 
vince d'Alger, au rocher de Sel ( Bull. XIV, 288). 

Campanula Kremeri Boiss. ct Reut. — Rare dans la province d'Oran, où 
elle n'a été indiquée qu'à Mers el Kebir et au Dj. Santo (Boiss. et Reut.), et 
aux bords de la Tenira prés Sidi bel Abbés (Lefranc), inconnue dans la pro- 
vince d'Alger, cette plante a été signalée dans le Hodna, à Kerdada et el Alleg 
(D' Reboud). Mes échantillons d'el Kantara concordent parfaitement avec 
la description du Pugillus (p. 75), surtout en ce qui concerne les dimensions 
de la corolle. Est-ce assez pour la distinguer spécifiquement du C. dicho- 
toma, avec les formes petites et moyennes duquel il me parait impossible 
de ne pasla confondre, lorsqu'elle n'est pas encore en fleur, ou est déjà en 
fruit ? 

Sideritis montana L. — Limite méridionale de cette espéce encore, qui, 
sur la ligne Philippeville-Biskra, n'avait pas été signalée au S. de Batna. Con- 
statée aussi dans le Hodna aux mémes localités que le Campanula Kremeri 
(D' Reboud). 

Rumex roseus Campd. — Très-abondant dans les pierrailles à 'la sortie 

des gorges. Indiqué seulement à el Outaia et à Biskra dans le rapport de 
M. Cosson. 
. Asphodelus tenuifolius Cav. — Je ne sais s'il est bien constaté que cette 
plante soit annuelle. Kunth (Enum. IV, 558) la donne comme telle, mais 
dubitativement; aussi est-il disposé à n'y voir qu'une variété de l'A. fistu- 
losus, qui est vivace. Si cette dissemblance entre la durée des deux plantes 
n'existe point, je me rangerais volontiers à l'avis de Kunth, car la première 
n'est à vrai dire qu'une miniature de la seconde. 

Pennisetum... sp. nova? (P. numidicum journ. de voyage). — Le rapport 
de M. Cosson ne signale aucun Pennisetum dans le ravin d'el Kantara. Ce- 
lui-ci est assez abondant sur les rochers à gauche de la route, aprés le cara- 
vansérail et un peu avant d'arriver au. pont. Ses épis violacés me firent 
soupçonner sur-le-champ une espèce, sinon nouvelle, du moins inconnue 
pour moi ; la comparaison que j'en ai faite depuis avec les Pennisetum nord- 
africains de mon herbier m'a encore affermi dans cette opinion. Désireux 
cependant de lui acquérir une confirmation autorisée, j'adressai ma plante à 
mon savant ami M. Duval-Jouve, qui me répondit : « Votre Pennisetum d'el 
» Kantara ne m'est pas moins inconnu qu'à vous, et ce n'est aucune de mes 
» espéces algériennes. Ce n'est toutefois pas une raison pour qu'il soit nou- 
» veau, il faudrait visiter les herbiers de Paris... » Comme je n'ai pas été, de 
toute cette année, en position d'aller faire cette étude comparative, je me 
suis décidé à distribuer à mes correspondants ce Pennisetum (n. 1,99) sans 


36h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nom spécifique, plutôt que de charger encore, au cas où il serait connu, la 
nomenclature botanique d’un synonyme inutile. 

Stipu tortilis Desf. 

Cheilanthes odora Sw. 

Lepturus incurvatus Trin. 

Je ne voudrais point terminer cette note sans essayer de faire ressortir, 
mieux qu'on ne l'a fait à mon sens jusqu'à ce jour, le peu de ressemblance 
qui existe entre les H. P. de la province d'Alger et ceux de la province de 
Constantine. A dire vrai, il n'y a de commun, entre ces deux régions, que le 
nom et l'altitude (inférieure cependant dans les H. P. de l'E.): mais le relief 
orographique, et partant le systéme des eaux, la constitution géologique et les 
caractères de la flore diffèrent absolument. 

J'ai parlé assez longuement des premiers dans une précédente communica- 
tion pour pouvoir n'y revenir ici que très-succinctement. Je me contenterai 
donc de rappeler quesur le méridien d'Alger et sur une longueur de 2 degrés et 
demi, des gorges de Boug-Zoul à el Aghouat, la route qui passe à Guelt el Stel 
tout au travers de l'extréme contre-fort oriental du Dj. Oukeit, ne coupe par 
ailleurs quela chaine du Dj. Senalba (à laquelle fait suite, à l'E., le Dj. Sahari), 
depuis le rocher de Sel jusqu’au gué de l'O. Cdeur. En dehors de ce nœud 
central, elle se traine au milieu de steppes que creusent cà et là quelques bar- 
rancas, où que dépriment, au fur et à mesure que l'on s'avance vers le sud, 
de plus nombreuses dahias (mot arabe qui veut dire : cuvette). A droite et à 
gauche, c'est à peine si l'on distingue à l'horizon le plus lointain, malgré la 
transparence exceptionnelle de l'atmosphère, les sommets bleuâtres de quel - 
ques chaines pelées. Entre Boug-Zoul et Djelfa, ce sont : à l'O. les pics du Ser- 
sou, à PE. le Dj. Dira; de Djelfaà el Aghouat, à l'O. le massif du Dj. Amour, 
à l'E. celui du Dj. Bou Kahil. | 

La conséquence immédiate de cette ‘disposition orographique est l'absence 
absolue d'eaux courantes, en dehors de la chaine du Dj. Senalba : encore ne 
parlé-je que pour mémoire de la riviere du rocher de Sel, dont la nature est 
suffisamment indiquée par son nom. Partout ailleurs, sauf pendant la saison 
des pluies, il n'y a pas une goutte d'eau à espérer en dehors des puits creusés 
dans les caravansérails d'étapes. Donc, point d'agriculture, point de création de 
centres habités possible; tous les steppes, lavés par les pluies diluviennes 
del'hiver, ont depuis longtemps abandonné aux dahias la maigre couche 
d'humus qui les recouvrait dans le principe, et ne présentent plus, au-dessus 
dela roche sous-jacente, qu'un mince lit de gravier provenant de la décompo- 
sition sur place, ou amené par le guebli (vent du S.-O.). Phénomène étrange, 
et encore insuffisamment expliqué, du moins à mes yeux! Longeant le pied 
N.-O. du Dj. Senalba et du Dj. Sahari, intermédiaire à ces deux chaînes et 
aux deux lacs des Zahrés, se développe, sur une longueur d'environ 80 kilom. 
et une largeur de Aà 6 ou 7, un banc de sables mobiles que la route traverse 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 365 


à peu prés par son milieu, et qui, cà et là, forment des dunes de 12 à 15 mè- 
tres de hauteur, de véritables aregs, comme dans l'extréme sud! Aussi re- 
trouve-t-on là quelques sentinelles perdues de la région désertique : Astragalus 
Gombo Coss. et DR. , Zollikoferia resedifolia Coss.— En dehors de cette bande, 
jetéeà plus de quarante lieues en avant de la région des sables désertiques, des 
myriamétres carrés de Tgoufeute (Artemisia campestris L.), de Hatob (Sal- 
sola vermiculata L.) et de Halfa (Macrochloa tenacissima Lk.), sont évidem- 
ient condamnés à ne jamaisjétre qu'un pays de pâturages à chameaux et à 
moutons. Seuls les environs de Taguine et de Taadmitt, où se trouvent des 
Sources, peuvent étre convertis en prairies susceptibles de nourrir des bétes à 
cornes ; mais par-dessus tout ceux de Djelfa sont destinés à devenir un cen- 
tre agricole du premier ordre, par la facilité que les eaux du Senalba donnent 
d'irriguer, aux portes mêmes de la ville, de belles prairies; tandis que les 
épaisses alluvions qui se sont déposées sur une ligne continue dans la direc- 
tion Djelfa-Bou Saada offrent à la culture des céréales des conditions excep- 
tionnelles de réussite (1). 


(1) Le 3 octobre 1864, au plus fort d'une insurrection qui tenait depuis le commen- 
cement du printemps, le général Yusuf conclut avec les Mozabites de Djelfa, pour le 
ravitaillement de sa colonne et de la place d'el Aghouat, un marché fabuleux comme 
quantité, de blé et d'orge : plusieurs milliers de quintaux ! Il faut toutefois tenir compte, 
dans les chances de réussite d'établissements agricoles dans cette région, de la difficulté 
des transports, qui ne s'effectuent encore aujourd'hui qu'à dos de mulet ou de chameau. 
Me sera-t-il permis de faire, à ce sujet, une courte excursion en dehors de la partie 
spéciale de cette communication, et de répéter une fois, tout haut, la question que quel- 
ques-uns de mes amis et moi nous sommes adressée tant de fois? Pourquoi, el Aghouat 
ayant élé pris en 1852, et immédiatement élevé au rang de centre principal de la colo- 
nisation et des opérations militaires dans le sud de la province d'Alger, le pays entre ce 
point et Boghar dés lors parfaitement soumis et tranquille (il n'a jamais cessé de l'étre 
que par notre faute!), pourquoi n'avoir point depuis longtemps relié ces deux points 
extrémes par un chemin de fer? düt-on laisser aux modes primitifs de transport la 
partie montagneuse comprise entre Rocher de Sel et Djelfa! Düt-on méme n'installer 
qu'une voie dite américaine! Le terrain, plan et horizontal, ne demande qu'à recevoir 
les rails ; quelques détours de peu d'importance permettraient d'éviter tout travail d'art 
proprement dit ; la voie passerait à tous les caravansérails, qui seraient des gares, et aux 
environs desquels une citerne, comme celles de Nili et de Tilr'emt, établie dans la plus 
prochaine dahia, servirait de réservoir à eau si l'on se décidait à employer des locomo- 
tives ; et quant à la sécurité (qu'on aura compléte, absoiue, quand on voudra l'avoir, je 
le répète et ne cesserai de le répéter), deux ou trois wagons-blockhaus, meublés d'une 
douzaine de chassepots chacun et placés en tête, en queue et au centre du train, ne 
seraient-ils pas plus que suffisants pour parer à toute éventualité ? u 

La nature du pays, en laissant provisoirement aux moyens de transport ordinaires, si 
l'on veut, l'espace compris entre Rocher de Sel et Djelfa, permet d'établir ce chemin de 
fer à trés-peu de frais, Peut-étre m'objectera-t-on le prix de transport du charbon, de 
Blida à Boug-Zoul? A cela je répondrai que, dans l'état actuel des choses, les colonnes 
du Sud et la population européenne qui habite Djelfa, el Aghouat, etc., recoivent, en 
dehors du blé et de la viande sur pied qui sont produits par la région de Djelfa, tout, 
absolument tout, du Tell : habillement, munitions de guerre, vin, café, objets d'échange 
et méme de construction, etc., etc. ; et que ces transports se font : 1? pour l'armée, par 
des convois périodiques et nombreux de mulets et prolonges du train des équipages ; 
2^ pour l'armée et la population civile, par des voitures de roulage dont la dépense 


306 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Tout autre est l'aspect des hauts plateaux de la province de Constantine. 
Ils commencent, à proprement parler, entre les Ouled Rhamoun et M'lila. 
Depuis ce point jusqu'aux gorges d'el Kantara, la route est bordée à droite et 
à gauche de chaînes de montagnes plus ou moins reliées entre elles, et qui 
envoient çà et là, jusqu'à ses accotements, de nombreux contre-forts. Il ré- 
sulte de cette disposition du systéme orographique que, dans toute sa longueur, 
la route suit deux vallées longitudinales dont le point de partage est la plaine de 
Batna, oü elle est coupée presque perpendiculairement à sa direction générale 
par la vallée transversale que forment les escarpements septentrionaux de 
l'Aurés, et qu'elle présenteune suite de cirques plus ou moins étendus. Comme 
un trés-grand nombre de ces montagnes sont encore couvertes au moins d'é- 
paisses broussailles, que la chaine orientale de l'Aurés et celle occidentale qui 
culmine au Dj. Tougourth sont couronnées de vastes forêts de cèdres, et gar- 
dent leurs neiges jusqu'au mois de mars, il en résulte que des cours d'eau 
sillonnent ces plaines pendant la majeure partie de l'année, et que dés lors 
. elles sont parfaitement propres à l'agriculture. Aussi longe-t-on constam- 
ment d'immenses prairies où paissent les troupeaux des Z'moul, etc., ou bien 
des champs cultivés. Nombre de terres qui pourraient aussi étre couvertes de 
moissons, et qui le sont en effet tous les deux ou trois ans, suivant le déplo- 
rable. systéme agricole des Arabes, n'attendent que des cultivateurs européens 
sérieux (ce qui nous a toujours manqué, en Algérie!) pour devenir un des pays 
les plus riches du monde. Si l’on en excepte les environs immédiats des Chotts, 
que les principes gypseux et salés qu'ils renferment en abondance permettront 
difficilement d'arracher à la stérilité, et une immense dahia entre les K'sours 
et Oum el Asnam, tout le reste est cultivable, sauf quelques petits plateaux 
arides où l'on ne découvre guère d'autre végétation que le Chibh, le Santo- 
lina squarrosa et l'Asphodelus fistulosus. Chose étrange! le Halfa, déjà 
très-rare avant Batna, disparaît complétement à partir de là, et n'existe plus 
que sur les hauteurs. C'est ce que j'ai appris à el Kantara, où, tout étonné d'en 
voir quelques bottes dans l'écurie du caravansérail, j'interrogeai sur leur pro- 


moyenne, pour le destinataire, est de cent francs par jour! et clles en mettent neuf, par 
beau temps, à aller de Boghar à el Aghouat ! 

Il est, sinon flatteur, hélas ! du moins intéressant de rapprocher de la façon satisfaite 
et compassée dont nous comprenons le progrès, et surtout le développement des voies 
rapides de communication, qu'on peut considérer comme en étant l'origine, celle autre- 
ment pratique el intelligente dont procèdent les Anglais et les Américains, Le dévelop- 
pement des voies ferrées en Australie, qui ne compte pas un demi-siàcle d'existence 
proprement dite, est déjà supérieur à celui des voies francaises ; et quant aux États-Unis, 
il leur a fallu un peu moins de trois ans (de 1866 au printemps de 1869) pour relier, 
par le Central Pacific, Omagua, sur le Missouri, à Sacramento, sur le rio de ce nom. Or 
cette ligue a un développement de 2600 kil., ce qui fait en moyenne 2 kilomètres et demi 
de travail exécuté par jour ! Les deux compagnies qui, partant d'Omagua et de Sacra- 


mento, devaient se réunir à Promontory-Point, ont devancé de sept ans la date assignée 
par les actes de concession ! 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1874. . 867 


venance le maitre de cet établissement, qui me dit l'envoyer chercher, par 
des indigénes, jusque sur les sommités du Dj. Gaous et du Dj. Metlili. 


M. Cosson fait remarquer que ni M. Durieu de Maisonneuve, ni 
lui-même, n'ont rien publié, au sujet du Fumaria longipes, qui 
puisse autoriser à leur prêter l'opinion que M. le colonel Paris 
discute. 


ESSAI DE RÉVISION DES ARMOISES ALPINES DES PYRÉNÉES FRANÇAISES, 
pr M. l'abbé MIÉGEVILLE (1). 


(Notre-Dame de Garaison, novembre 1871.) 


Un des plus intéressants de la famille des Synanthérées, le genre Artemisia 
a de nombreux représentants dans la flore française. Plusieurs de ses espèces 
fixent leur domicile sur certains points de notre sol intérieur, d'autres sont 
«circonscrites à nos plages maritimes ; quelques-unes croissent à la fois dans 
les terres basses et les plus hautes vallées. Il en est qui ne descendent jamais de 
la région des neiges éternelles. Les Artemisia rupestris, glacialis et Mutellina 
ornent de leurs touffes les rochers les plus élevés des Alpes. Deux espèces me 
semblent propres aux Pyrénées. L'établissement de ce fait de géographie bo- 
tanique est l'objet principal de mon modeste travail. La Société voudra bien 
me permettre de placer d'abord sous ses yeux la diagnose de ces plantes. 


1. Artemisia racemosa (2). 


Calathides 2-25, mox omnes sessiles et fingentes racemum ovalem aut glo- 
bosum, æqualem, largum, compactum, caulis apicem decorantem ; mox supe- 
riores contigua et sessiles, et inferiores remotae et pedunculatæ, componentes 
racemum erectum, subunilateralem, basi laxum, occupantem mediam caulis 
partem, Bractez lineares, superiores integrae, obtusæ, inferiores sæpe denti- 
Culatæ aut pinnatifidæ. Periclinium hemisphæricum, lanuginosum, 12-25 
llores ferens ; foliolis vix inaequalibus, concavis, externis ovatis, internis obova- 
lis, omnibus margine nigris et large scariosis. Corolla flava, villosa; tubo obco- 
nico. Antherz apice appendiculam acuminatam exhibentes, Receptaculum con- 
vexum, glabrum vel glabriusculum(3). Achania minima, pilis albis sat longis 


(4) Le nouveau travail que j'ai l'honneur de soumettre au contrôle de la Société bota- 
nique avait recu un commencement d'exécution à l'époque de la publicatiou de mon 
Artemisia racemosa. Craignant qu'il ne renfermát quelque erreur au sujet de cette 
Plante, j'hésitais à le terminer pour le livrer à l'impression. Des renseignements positifs, 
fournis par M. Bordère (de Gédre), m'ont mis en mesure de le conduire à bonne fln. Je 
m'empresse de consigner ce fait dans le Bulletin comme témoignage de la vive gratitude 
qu'un tel service mérite de ma part à l'honorable confrère. 

(2) Bulletin, t. XII, pp. 341-342. 

(3) Le réceptacle à l'état frais est souvent pourvu de quelques poils tellement cadues 
qu on les y retrouve difficilement après la dessiccation. 


368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


apice coronata, Folia radicalia petiolo lincari innixa et formantia rosulas ste- 
riles, limbo tripartito, segmentis simplicibus aut multifidis; caulina inferne 
2-3-fida aut pinnatifida, superne lineato-integra. Caules simplices, violacei, 
basi arcuati, adscendentes. Radix lignosa, cæspitosa, fusca, ramosa, ramulis 
radicantibus et edentibus foliorum rosulas. Planta 8-18 centimetr. longa, lanu- 
ginoso-alba, aromatica. 

Crescit julio, augusto et septembri. 


2. Artemisia oligantha. 


Calathides 2-9, parvae, viz. mediam calathidum Artemisiæ glacialis Vill. 
partem œquiparantes, superiores sessiles et inferiores subsessiles durante 
anthesi, et formantes simul racemum terminalem, compactum, ovalem, 1-2 
centimetr. longum ; et maturitate perfecta subsessiles aut pedicellatæ, coadu- 
nate in racemum 3-5 centimetr. longum. Aliquoties infra racemum apparent 
1-3 calathides axillares remotæ et subsessiles, raro 4-5 longe pedunculatæ, 
qua fere usque ad basin caulis descendunt, Bracteæ multifidæ, raro supe-* 
riores integræ, calathidibus /ongiores initio anthesis, et in fine breviores. Peri- 
clinium ovato-angulosum, continens 5-10 flores; foliolis fere aequalibus, elli- 
ptico-concavis, externis nigrescenti membrana circumamictis, et internis 
albidulis. Corolla flava, saiens, apice ciliata; tubo- obconico. Antheræ 
apice acumen habentes. Achania obovato-elongata,  nigro-fusca, glabra. 
Receptaculum convexum, pilis tectum. Folia petiolo lineari-angusto munita ; 
radicalia 3-5-partita, segmentis simplicibus aut 2-A-fidis; caulina multifida, 
laciniis elliptico-acutiusculis, integris, aliquoties 2-fidis. Caules simplices, vio- 
lacei, adscendentes, primum basi et apice arcuati, denique rigido-erecti. Ra- 
dix lignosa, cæspitosa, nigro-fusca, foliorum rosulas pariens. Planta 5-10 
centimetr. longa, villoso-sericea, argenteo- alba, aromatica. 

Crescit julio, augusto et septembri. 


Après avoir décrit nos deux Armoises et précisé l'époque de leur évolution, 
je dois ajouter quelques mots sur le lieu de leur naissance, la date de leur 
découverte par moi, et les motifs qui m'ont déterminé à leur imposer les noms 
désignés. | 

L'A. racemosa concourt ordinairement à former le butin des floristes qui 
explorent en temps utile les pics de la haute chaîne des Pyrénées. J'ai maintes 
fois constaté sa présence au cirque de Gavarnie, aux ports d'Estaubé et de la 
Canaou, à la Meunia de Trémouse et aux Tours du Camp-long, dans la vallée 
de Héas, au sommet du pic du Midi, dans la vallée de Campan, et du pic de 
la Carnaou qui domine le lac de Migouélou, dansla vallée d'Azun. Plus rare 
que l'espèce précédente, l'A. oligantha occupe les mêmes stations, sans trop 
mêler ses touffes à celles de sa congénère. Je l'ai observé dans plusieurs des 
pics du vallon de Héas; je l'ai récolté les 2, 3, 4, 5, 6 septembre 1856, au 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 369 


milieu du port de la Canaou, au-dessous du rocher où M. Bordère fait sa 
provision d'A. racemosa (1); le 4 août 1860, entre les crêtes les plus élevées 
du Camp-long et les pâturages du Camp-vieil; le 17 juillet 1860, prés du 
pic des Aguilous, sur les premiers rochers de la montagne de Vignec-Aure; 
et le 16 août de la méme année, au Port-vieil d'Estaubé, versant espagnol, à un 
kilomètre d'un vallon appelé Tourmacal par les Aragonais. Ces deux plantes 
vivent souvent en compagnie des Ranunculus glacialis, Saxifraga græn- 
landica, Androsace ciliata, Papaver pyrenaicum, Borderea pyrenaica, Poa 
distichophylla, Festuca stolonifera, etc. 

Il m'a paru qu'on rie pouvait, sans contrevenir aux lois fondamentales de la 
nomenclature, sacrifier à un autre quelconque le nom d'A. racemosa, sous 
lequel cette espéce avait obtenu droit de cité. Sa congénére dormait depuis 
longtemps dans mon herbier sous l'étiquette: A. pyrenaica. Mais séduit par 
une sorte de culte pour les caractères spécifiques tirés de l'organisme des in- 
dividus, je me suis décidé à l'appeler A. oligantha en raison du petit nom- 
bre de fleurons que renferment ses calathides. | 

Nos devanciers et nos contemporains n'ayant pas nettement dé(ini nos deux 
Armoises, la science nous fait un devoir de les étudier de nouveau, de les 
disséquer, de les catégoriser, et deles mettre en rang utile dans le catalogue 
de Flore. Commençons par l’4. racemosa. 

Le moment est venu de recourir au principe proclamé encore dans la lettre 
qui précède la notice où figure ma première description de cette espèce. Voici 
mes propres termes : « Rien de plus rationnel que de publier sous toutes 
» réserves, au fur et à mesure qu'on les rencontre, les plantes qu'il est im- 
» possible de rapporter à des types bien déterminés (2) . » 

" En vertu du droit consacré par ce principe, je viens désavouer comme 
incomplète ma diagnose de l'A. racemosa, insérée dans mon Phytographia 
aliquarum plantarum vallis Heas (3). Des herborisations postérieures m'ont 
fourni le moyen d'établir que cette description (4) ne convient qu'à la forme 
la plus atrophiée de l'espéce. En juillet 1866, notre plante me tomba sous la 
main, au milieu de la Canaou, sous sa forme rabougrie et sa forme la plus 
robuste avec un nombre incalculable de formes intermédiaires ; je m'apercus 
à l'instant qu'elle était le jouet d'un polymorphisme illimité. La plupart de ses 
organes errent, en effet, dans une mobilité perpétuelle. Toutes sessiles ou 


(4) Pour trouver là PA. oligantha, il faut ôter ses cothurnes, et, s'aidant des pieds et 
des mains, escalader jusqu'à la hauteur de 5 à 10 mètres, selon la méthode des isards, 
le mur de granite qu'on aperçoit à sa droite en montant vers le.sommet du port, 

(2) Bulletin, t. XII, p. 340. 

(3) ibid. 

(4) Cette diagnose n'expose que la forme à grappe courte, globuleuse ou ovale, et 
serrée, de notre plante ; forme unique sur les rochers de la cime du Camp-long. Quel est 
le botaniste qui ne se fût cru autorisé à soupçonner sous une telle forme l'existence 
d’une véritable espèce ? 

T. XVIII. (sÉANcrS) 2h 


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toutes pédonculées, parfois mixtes, les calathides forment une grappe longue ou 
courte, lâche ou compacte, une grappe indéfinissable. Un peu différents de 
ceux d'Estaubé et du Pimené, mes échantillons du Camp-long, de Tré- 
mouse et de Migouélou sont d'un blanc argenté plus prononcé. De tels élé- 
ments n'offrent au botaniste descripteur qu'une faible valeur taxonomique. 
Mais la structure des bractées et des feuilles, l'exiguité et la villosité des 
achanes, la sphéricité des calathides, la pubescence des fleurons, le tomentum 
de toute la plante, constituent des caracteres d'une fixité imperturbable. Le 
but de ma nouvelle diagnose est de faire ressortir aussi fidèlement que possible 
les circonstances morphologiques dissimulées dans la premiére. 

Essayons de démontrer que l’A. racemosa est distinct de l'Artemisia des 
Alpes publié sous les synonymes: À. spicata Wulf, A. rupestris Vill., 
A. Villarsii G. G. On ne peut les comparer dans leurs parties élémentaires 
sans être bientôt convaincu que ces plantes forment deux espèces. Les ca- 
lathides médiocres de l'espece pyrénéenne contrastent avec les calathides gros- 
ses de l'espéce alpine. La plante de Wulfen atteint parfois 18 pouces d’après 
Mutel, 3 décimètres d’après les auteurs de la Flore de France; la nôtre 
ne dépasse guère 15. centimètres. L'A. spicata : prend assez souvent une 
physionomie brunátre, et les habitants des Alpes l'appellent à bon droit Génépt 
noir. L'A. racemosa conserve invariablement la blancheur: de son faciès, plus 
ou moins accentuée, et les habitants des Pyrénées ne. pourraient lui donner 
d'autre nom que celui de Génépi blanc. L'A. spicata est doué d'une organi- 
sation plus mâle et plus développée que l'A. racemosa. Il me semble que la 
distinction spécifique de nos plantes se trouve suffisamment établie par ce 
parallélisme. C’est le sentiment de plusieurs botanistes qui ne se prononcent 
pas à la légère sur ces sortes de questions. M. Bordére (de Gèdre) vient de 
m'écrire en date du 21 octobre dernier : « L'Artemisia spicata est inconnu 
de moi dans les Pyrénées; je le posséde des Alpes. » 

L'A. oligantha, de son cóté, n'a rien de commun avec les Armoises dé- 
crites dans nos flores classiques. Il se sépare nettement de l'A. Mutellina Vill., 
Absinthium laxum Lam. MM. Grenier et Godron disent au sujet del'A. 
Mutellina que ses calathides inférieures géminées ou ternées au sommet d’un 
long pédoncule dressé, et ses calathides supérieures de plus en plus rappro- 
chées et de plus en plus pédonculées, forment par leur réunion une grappe 
plus longue que le reste de la tige, trés-láche, feuillée. Ces caractères ne 
vont à aucune espèce des Pyrénées connue jusqu'à ce jour. Cela n'empêche 
pas M. Philippe de les appliquer comme distinctifs à l' A. Mutellina Vill. , dont il 
signale l'existence dans plusieurs de nos montagnes de la haute chaine. Lapey- 
rouse fait de la plante de Villars une description qui contredit formellement 
celle de la Flore des Pyrénées ct de la Flore de France. Qu'il me soit permis 
de la reproduire à titre de preuve : « A. Mutellina Vill.: caule herbaceo simpli- 
cissimo; foliis omnibus palmato-multifidis, albido-sericeis ; floribus termina- 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871, 371 


libus glomeratis sessilibus globosis. » Ces botanistes ont-ils retrouvé dans les 
Pyrénées l'espéce découverte par Villars dans les Alpes? Ou bien, redevenus 
les dupes d'une hallucination qui leur a été funeste en d'autres circonstances, 
n'ont-ils pas pris pour l'A. Mutellina quelque forme de PA. oligantha? On 
ne peut élucider ce doute par une réponse précise. Mais tout porte à croire 
que Lapeyrouse et Philippe ont voulu désigner la méme plante, attendu qu'ils 
lui assignent les mémes localités pour patrie. L'un et l'autre, par exemple, 
indiquent au mont Perdu l’A. Mutellina Vill. Or les rochers du Tourmacal, 
où foisonne notre A. oligantha, servent en partie de base à ce géant des 
Pyrénées. Aux phytographes le soin de saisir la portée d'un tel rapprochement. 


Habitat de A. Mutellina Vill. dans les Pyrénées. 


D'aprés Lapeyrouse, sur les sommets dans D'aprés Philippe, Pyrénées orientales et 
le centre de la chaîne principalement. — | centrales.— Cambredases, au Roc-Blanc du 
Cambredases, au Roc-Blanc du Llaurenti, | Llaurenti ; pic du Midi, au sommet; vallon 
pic du Midi, pen du Brada, Tuquerouy, | d'Arise; Tuquerouy, mont Perdu, dans les 
mont Perdu, Monney. (Hist. plant. Pyrén. | rochers du lac; Vignemale, Mounné, pic 
p. 503.) Long. (Fl. Pyrén. t. I, pp. 468-469.) 


Habitat de lA. oligantha. — Les localités où je l'ai observé sont à peine 
éloignées de quelques kilomètres de plusieurs stations susdites, assignées par 
nos deux auteurs au prétendu À. Mutellina Vill. 

Il ne faut pas non plus confondre l’A. oligantha avec l' A. glacialis Vill., 
propriété exclusive des Alpes jusqu'à présent. Possesseur de quelques échantil- 
lons de ce dernier, recueillis au Lautaret par M. Grenier en juillet 1856, je 
me trouve muni de tous les éléments nécessaires pour soutenir cette thése. 
Nombreux dans l' A. glacialis, les fleurons n'excédent guère le chiffre de 10 dans 
lA. oligantha. Sessiles et agglomérées en grappe ovoide au commencement 
de l'anthése, à la fin pédicellées et formant une grappe spiciforme et presque 
unilatérale, les calathides de l'A. oligantha tranchent avec celles de l'A. gla- 
eialis, au moins une fois plus grosses et réunies au sommet de la tige en un 
Corymbe persistant pendant toute la durée de la période végétale. Linéaires 
et lancéolées, les bractées de l'A. glacialis sont plus courtes que la calathide ; 
presque toutes multifides, les calathides de l'A. oligantha dépassent d'abord 
la calathide, et ne sont dépassées par elle qu'au déclin de l'évolution. Hémi- 
sphérique dans I A. glacialis , le péricline est anguleux dans l'A. oligantha. 
Les fleurons de l'A. glacialis ont leurs tubes recouverts de glandes, tandis 
que les fleurons de l’A. oligantha montrent des cils à leur sommet. Les pé- 
tioles de l'A. oligantha sont dépourvus des lobes linéaires qu'on remarque 
souvent à chaque côté du pétiole de l'A. glacialis. L'A. glacialis a toujours 
ses tiges droites et roides ; peu fermes et recourbées, les tiges de l'A. oligantha 
ne se redressent décidément qu'à l'époque de la maturité. S'élevant à une 
hauteur de 1-2 décimètres, sous une physionomie identique avec celle de notre 


372. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


A. racemosa , la plante de Villars se rapproche peu de l'A. oligantha, dont la 
taille varie entre 5 et 10 centimètres, et dont le faciès est d'un blanc argenté 
plus fortement accentué. La différence organique et morphologique de ces 
Armoises est sans contredit une preuve péremptoire de leur distinction spé- 
cifique. 

Selon toutes les probabilités, nos phytographes ont pris pour l'A. glacialis 
Vill. la forme première de l' A. oligantha. Lapeyrouse et M. Philippe assurent 
avoir vu la plante des Alpes au sommet du Cambredases dans les Pyrénées 
orientales. L'Armoise de cette montagne ne me paraît guère différer de notre À. 
oligantha contemplé au début de sa floraison. Rien de plus propre à légiti- 
mer un pareil doute que la diagnose de Lapeyrouse, que voici : « A. glacialis: 
caule herbaceo simplicissimo ; foliis omnibus palmato-multifidis, albido- 
sericeis ; floribus axillaribus, oblongis, inferioribus pedunculatis, summis 
sessilibus. » Dans cette description, à peu près formulée dans les mêmes termes 
que sa description de l'A. Mutellina Vill., notre auteur rapporte l’ Artemisia 
du Cambredases à l'A. glacialis L. Sp., A. glacialis All., synonymes de 
PA. glacialis Vill. d’après nos ouvrages classiques les plus autorisés. Le 
botaniste qui voudra se donner la peine de confronter ma diagnose de l' A. oli- 
gantha avec la diagnose de Lapeyrouse. que je viens de citer, pourra-t-il se 
défendre d'un certain penchant à soupçonner. l'identité de la plante du mont 
Perdu avec la plante du Cambredases? Je m'abstiens de reproduire: la. des- 
cription de Lapeyrouse qui se bat les flancs pour retrouver dans l'espéce des 
Pyrénées orientales les caractéres spécifiques que MM. Grenier et Godron 
attribuent à l'A. glacialis des hautes Alpes. M. Pack (1), botaniste anglais, 
a eu l'obligeance de me donner, en juillet 1864, quelques exemplaires d'un 
Artemisia qu'il avait recu, sous le nom d'A. glacialis Vill., des herbori- 
sateurs des environs de Bagnères-de-Luchon. Provenant de la Maladetta, ces 
échantillons représentent au parfait notre intéressante Synanthérée des pics 
qui encadrent le vallon de Héas. L'ensemble de ces faits m'autorise à penser 
que l'Armoise pyrénéenne depuis longtemps répandue dans tout l'univers 
sous le. pseudonyme A. glacialis Vill. est. probablement la forme juvénile 
de notre A. oligantha. | 

Je termine mon humble notice en ajoutant qu'à défaut d'autre résultat, 
elle aura celui d'établir l'incertitude de la croissance spontanée des A. rupes- 
tris, Mutellina et glacialis Vill. dans les Pyrénées francaises. 


NOTE SUR QUELQUES PLANTES FÉCULENTES, pr M. A. POSADA-ARANGO. 


Nous n'avons pas à nous occuper ici de la fécule en général, de ses carac- 
tères physiques, de sa structure intime, de ses propriétés chimiques, des 
organes végétaux qui Ja contiennent, des procédés pour l'extraire, ni de ses 


(4) Est-ce bien l'orthographe de ce nom anglais, que je n'ai jamais vu écrit. 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 373 


usages ou applications, Elle a déjà été suffisamment étudiée à tous ces points 
de vue. 

Ce n'est pas notre intention non plus de traiter en particulier d'aucune des 
fécules du commerce, car aprés les recherches ou les observations publiées 
à cet égard par Raspail, Fritzsche, Payen, Rivot et Denny, il serait difficile 
d'y rien ajouter. 

Notre tâche, beaucoup plus simple, beaucoup plus modeste, se réduit à 
compléter ces données par la description abrégée de quelques fécules exoti- 
ques, peu ou point connues, et qui n'ont encore fixé l'attention de personne. 

Nous commencons aujourd'hui à en passer quelques-unes en revue, nous pro- 
mettant de continuer plus tard ce travail. D 

Arracacha esculenta. — Cette précieuse racine, compagne inséparable 
dela Pomme-de-terre dans les Cordilléres des Andes, mais qui n'a pas pu 
la suivre dans son émigration vers l'Ancien continent, est le représentant de 
la Carotte dans le Nouveau monde. Elle appartient en effet. à la même fa- 
mille (Ombellifères), et est chez nous d'un usage aussi général et aussi journa- 
lier que la racine du Daucus l’est en Europe; mais elle lui est aussi bien 
supérieure, non-seulement par sa grosseur, puisqu'une seule racine d’Arra- 
cacha pèse jusqu'à 3 kilogrammes, mais par son goût et ses qualités. Ainsi, 
tandis que la Carotte est un aliment lourd, auquel il faut être habitué (1), 
l'Arracacha au contraire est la plus légère de toutes les racines féculentes, 
le légume le plus approprié aux estomacs faibles et aux convalescents. 

L'Arracacha contient de la fécule, du sucre incristallisable et un principe 
aromatique. La fécule est assez blanche : ses grains, examinés au microscope, 
sont irréguliers, polyédriques ou cuboïdes, compactes et sans apparence de 
hile; ils atteignent jusqu'à 25 millièmes de millimètre. 

Ceroxylon andicola. — Ce Palmier, célèbre à cause de l'exsudation cireuse 
qui le recouvre, n'est pas seulement utileà ce point de vue. Ses feuilles ten- 
dres servent à tisser des chapeaux ; la bourre des pétioles, trempée dans une 
lessive de cendres, est l'amadou des montagnards (2); le tronc, qui s'éléve 
à 60 mètres et que l'on abat pour obtenir la cire, est aussi employé aux 
constructions ; il fournit en outre une moelle farineuse bonne à engraisser les 
porcs. Nous en avons obtenu une fécule de grains arrondis ou piriformes, à 
hile peu apparent, situé vers la petite extrémité ; ils atteignent 50 millièmes 
de millimètre. 

Colocasia esculenta. — Cette Aroidée, dont la racine contribue notable- 
ment à l'alimentation en Colombie, sous le nom de Mafafa, contient une 
fécule trés-blanche, de grains globuleux ou cassés,en hémisphéres, et ayant 
20 millièmes de millimètre. 


(4) Les premières fois que je mangeai des Carottes, lors de mon arrivée en France, 
elles me causèrent des indigestions, et m'ont servi de purgatif. H 
(2) 11 y a en Colombie d'autres Palmiers et quelques Melastoma utilisés de méme. 


974 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Andripetalum Yoloimbo Posada. — C'est ‘un arbre de la famille des Pro- 
téacées, de 4 à 6 mètres de hauteur, qui croît spontanément dans les mon- 
tagnes qui entourent la vallée de Medellin, en Colombie, Son fruit, de la 
grosseur d'une pomme, est une noix dont l'amande, cueillie avant la parfaite 
maturité, fournit une grande quantité de fécule trés-blanche, usitée pour 
amidonner le linge. Bien lavée, elle pourrait étre utilisée dans l'alimentation. 
Ses grains sont globuleux, semblables à ceux du C'olocasia, et varient de 10 à 
20 milliémes de millimétre. 

Canna indica, — On le cultive beaucoup en Colombie pour extraire la 
fécule de ses racines, qu'on donne aux malades comme l'arrow-root ou amidon 
de Maranta, Ses grains sont oblongs, atteignant jusqu'à 115 milliémes de 
millimétre, et avec quelques traces de hile et de couches superposées. 

Mirabilis Jalapa. — Les graines de cette plante, si connue par ses fleurs 
qui s'épanouissent le soir, contiennent beaucoup de fécule trés-blanche, à 
grains trés-fins, arrondis, de 3 millièmes de millimètre. 


LETTRE DE M. P'abbó GARROUTE A M. DE SCHŒNEFELD. 


. Agen, 18. septembre 1871. 
Notre cher Secrétaire général, 


Je viens de relire (in Bull. t. XI, p. xc) votre rapport sur l'herborisation 
du 16 juillet 4864, à la vallée du Lis près Luchon. Cette lecture m'a fait faire 
quelques réflexions que je vous communique. 

Vous nous disiez dans ce rapport : « Nous engageons tous les botanistes qui 
» herborisent à Luchon, à rechercher activement l’£pipogon, et, s'ils ont la 
» bonne fortune de le retrouver, à ne pas craindre de le détruire, si peu 
» abondant qu'il s'y montre. » Ah! gardez-vous désormais de semblables 
conseils, surtout au sujet de l' Zpipogon. Et voici pourquoi : 

Cette année, notre excellent ami et collègue M. Trouillard, et moi, 
nous nous sommes mis, le 7 août, à la recherche de cette rare Orchidée. Je 
croyais peu la trouver ; car bien souvent j'avais fait, dans ce seul but, des her- 
borisations autour dela cascade du Lis, et toujours je revenais bredouille. 
Mais mon ami espérait, et me faisait presque partager ses heureux pressenti- 
ments. En effet, tandis que j'étais naivement en admiration devant un colossal 
Cirsium palustre d'une taille de prés de 3 mètres, il aperçut un, puis deux, 
puis trois échantillons d’'Æpipogon ; à mon tour j'en découvris d'autres. Avec 
quelle fiévre je piochais, me rappelant à peu prés ce que vous aviez écrit à 
ce sujet? Mais aussi que d'échantillons non encore sortis de terre, que de 
rbizomes je détruisis par quelques coups de pioche ! Je devins dés lors plus 
prudent. Nous trouvàmes plusieurs restes de tiges défleuries et en décom- 
position, d'autres attaquées par les limaces, d'autres encore renversées par 

les pluies, aucune en état de fructification. 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 375 


Le 17 aoüt, nous revenious à la méme localité, dans le but de pousser plus 
loin nos recherches et d'étudier quelles conditions semblent le plus favoriser 
le développement de l’ Epipogon. Encore quelques échantillons nous récompen- 
sèrent de notre course; mais ceux que nous avions laissés à peine sortis de 
terre, avaient été détruits dans cet espace de temps. Puis, examinant le terrain 
et l'état dans lequel notre Orchidée s'offrait à nous à la cascade du Lis, voici 
ce que nous avons cru pouvoir conclure : 

1° L'Epipogon aphyllus Sw. ne vient que dans les clairières, fuyant le 
voisinage de toute autre plante. Il choisit les endroits à pente peu roide, où la 
terre très-meuble est retenue par des rochers ou les racines à fleur de terre 
des sapins ; la plupart du temps c'est contre ces rochers ou ces racines qu'il 
se développe le mieux. 

2° Ainsi que je le disais tout à l'heure, nous n'avons trouvé aucun individu 
en fructification. Est-ce un cas exceptionnel cette année? Ou bien dans cette 
localité les conditions atmosphériques sont-elles défavorables à la fécon- 
dation? Cette opinion me semble probable, et notre Orchidée nous a paru ne se 
propager ici que par ses rhizomes. En effet, les individus ne se rencontrent 
point isolés, mais par groupes placés à droite et à gauche d'un point central 
qui a dû servir de point de départ. En un endroit particulièrement, sur un 
espace de moins d'un mètre carré, le périmètre était marqué par des traces 
d' E'pipogon, tandis qu'il n'y avait absolument rien au milieu. Les rhizomes 
partant du centre avaient sans doute rayonné, tandis que les souches-méres 
étaient détruites. 

Ne peut-on pas expliquer le phénomène d’une fructification dans tous les 
cas bien rare, par la présence très-fréquente, je dirais presque quotidienne, 
d'épais brouillards dans la région où fleurit notre Orchidée, et par les pluies 
qui, se transformant facilement en torrent le long de ces pentes rapides, en- 
trainent ou renversent dans la boue cette plante dont la tige est si fréle? 

Quoi qu'il en soit de ces raisons, je crois néanmoins trés-prudent de ne pas 
trop engager les botanistes à piocher et à arracher sans ménagement. La 
pointe seule d'un couteau suffit pour déraciner l'Zpipogon et l'obtenir avec 
une partie de son rhizome. Certes il existe beaucoup trop de ces botanistes ra- 
vageurs qui s'inquiètent bien peu des autres : c'est ainsi que l'Aster pyre- 
"Gus DC., je le crains bien, a disparu des Clochers d' Esquierry, où je l'ai 
récolté en 1864 et depuis vainement cherché, méme cette année. Ainsi encore, 
il y a à peine un an qu'on a découvert à Saint-Mamet prés Luchon une 
station nouvelle du Schistostega osmundacea, et elle est déjà bien maltraitée. 

Bonne chance donc à ceux de nos collégues qui, comme nous, seront dis- 
posés à pousser leurs recherches jusqu'aux pâturages qui avoisinent la Aue 
d'enfer. Mais, de grâce ! qu'ils ménagent notre trésor pyrénéen. 


M. Bertrand fait à Ja Société la communication suivante : 


376 SOCIÉTÉ. BOTANIQUE DE FRANCE. 


NOTE SUR LE GENRE ABIES, par ME. Charles-Eugéne BERTRAND. 


Notre but a été de rechercher si lon rencontre la même disposition des 
éléments anatomiques dans toutes les espèces d'un groupe naturel, ou si les 
formes spécifiques présentent des différences d'organisation en rapport avec 
la distribution géographique ; enfin s'il serait possible de déterminer l'influence 
des conditions physiques sur la variabilité ou la fixité de certaines formes con- 
sidérées tour à tour comme espèces ou comme variétés par les botanistes. Les 
Sapins proprement dits nous ont paru se préter à ce genre de recherches. 
Les arbres de ce groupe des Abiétinées sont répandus dans les deux continents 
entre le 30° et le 50° degré de latitude boréale. Quelques espèces, d'un as- 
pect particulier, sont confinées sur les bords de la Méditerranée (A. Hegine 
Amaliæ, A. numidica) ; d'autres sont cantonnées dans l'Himalaya (A. Pin- 
drow, A. Webbiana) ; d'autres encore habitent seulement le nord des États- 
Unis (A. Fraseri, A. balsamea). 

Disposition de la feuille. — Dans toutes les espéces du genre Abies, les 
feuilles sont très-régulièrement implantées sur le rameau; chacune d'elles 
repose sur un coussinet peu saillant; mais, suivant que la feuille a ou n'a pas 
de pétiole, elle présente certaines particularités que nous allons indiquer. Les 
espèces dont les feuilles sont pétiolées n’ont pas de stomates sur la face 
süpérieure ; de plus, toutes celles qui sont implantées sur le méme rameau se 
placent les unes à droite, les autres à gauche, inclinant leur pétiole dans un 
sens ou dans l'autre. Mais comme, par suite de l'implantation de la feuille, 
quelques-unes d'entre elles tourneraient vers le ciel leur face inférieure, qui 
seule porte les stomates, le pétiole s'allonge un peu, se renfle et se tord sur 
lui-même ; rejetant vers le sol la face qui porte les organes de la respiration. 
Notons en passant une différence, conséquence immédiate de cette tendance 
de la nature à rejeter vers le sol la face de la feuille qui porte le plus de sto- 
mates, différence qui permet de distinguer les Picea à feuilles aplaties, des 
Abies à feuilles pétiolées. Chez les Abies, d’après ce que nous venons de dire, 
ce sont les feuilles qui sont à la face supérieure du rameau qui doivent se 
tordre sur leur pétiole ; chez les Picea, au contraire, commeles stomates sont 
placés seulement à la face supérieure de la feuille, ce sont les feuilles qui sont 
à la face inférieure du rameau qui subiront la torsion : comparez en effet deux 
échantillons, Pun d'Aóies Nordmanniana Lindl., l'autre de Picea . micro- 
sperma, qui n'est peut-être qu'une variété du Picea ajanensis S. et Z. 

Revenons aux Abies. Les espéces dépourvues de pétiole portent toujours 
des stomates sur la face supérieure; et l'on peut dire que plus il y a de sto- 
mates sur cette face, moins la feuille a de pétiole. Dans ce cas chaque feuille 
est perpendiculaire sur le rameau qui la porte. 

Caractères extérieurs de la feuille. — Les feuilles des Abies. sont apla- 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871, 377 


ties, elles portent deux bandelettes blanches à la face inférieure, ce sont 
les bandelettes de stomates. Quelques espèces, toutes américaines ou mé- 
diterranéennes, présentent des stomates sur la face supérieure; chez ces 
espèces, ainsi que nous l’avons indiqué déjà, le pétiole manque, le coussinet 
est alors un peu plus saillant. Les stomates sont réunis en files, et ces files 
rapprochées les unes des autres forment les bandelettes. 

Caractères intérieurs de la feuille. — Passons maintenant à l'étude des 
éléments anatomiques de la feuille. La nervure est toujours bifide ; toujours 
aussi nous rencontrons deux canaux résinifères gorgés de résine. Ces canaux 
sont circonscrits par des fibres lisses très-longues, à parois minces, et 
gorgées, elles aussi, de résine; par les progrès de la végétation, il semble 
que le contenu de ces longues fibres lisses se déverse dans le grand réser- 
voir qu'elles enveloppent. Quelquefois ces canaux sont accolés à l'épiderme 
de la face inférieure; parfois ils sont enveloppés de toutes parts par le 
parenchyme rameux. Signalons un dernier élément que nous aurons souvent 
à considérer dans la distinction des espèces du genre Abies : ce sont les fibres 
à parois épaisses qui se développent généralement sous l'épiderme supérieur, 
sur les bords de la feuille, au-dessus et au-dessous de la nervure. Ces fibres, 
qui ressemblent beaucoup aux fibres libériennes, se développent aussi quel - 
quefois dans le parenchyme rameux, et l'on peut alors suivre l'un de ces élé- 
ments à travers les méats intercellulaires du parenchyme à des distances con- 
sidérables; toujours alors ces éléments sont parallèles à la nervure. Les 
fibres à parois épaisses sont tantôt isolées, tantôt réunies en faisceaux plus ou 
moins volumineux. 

Il entre trois paires de cellules dans la constitution de chaque stomate. 

Nous venons de voir les caractères des Abies proprement dits ; mais, ce 
point acquis, grand fut notre embarras en présence d'opinions très-différentes 
émises par les botanistes au sujet des limites des genres du groupe des Abié- 
tinées : les uns séparant les Abies, les Picea, les Tsuga, les Cedrus, les La- 
riz; tandis que d'autres ne font qu'un seul genre de la tribu entiére qu'ils 
désignent sous le nom de Pinus. C'est alors que nous avons entrepris une 
Série de recherches pour savoir si, en dehors des caractères empruntés 
aux organes de la fructification, on pourrait en trouver d'autres justifiant les 
anciennes divisions. 

Frappé tout d'abord du port particulier des Abies, des Tsuga, des Picea, 
C'est par ces trois genres que nous avons commencé notre étude. Une 
feuille d'Abies étant donnée, était-il possible de la distinguer de celles 
qui appartiennent aux Tsuga et aux Picea? Pour plus de simplicité, indiquons 
seulement les caractères généraux des feuilles de ces trois genres. 

Les feuilles des Abies sont aplaties, à nervure bifide, avec deux canaux 
résinifères marginaux. Les stomates sont localisés dans deux bandelettes pla- 
cées à la face inférieure de la feuille. Chaque stomate est formé par trois 
paires de cellules. , 


378 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les feuilles des Tsuga sont aplaties, à nervure simple, avec un seul canal 
résinifére situé sous la nervure. Les stomates sont localisés dans deux bande- 
lettes placées à la face inférieure de la feuille. Ghaque stomate est formé par 
deux paires de cellules. | 

Les feuilles des Picea ne sont que rarement aplaties et dépourvues de 
pétiole (le coussinet se tord quand il y a lieu). La nervure est simple. Les 
canaux résinifères sont marginaux et épidermiques, quand ils existent. Il y a 
toujours des stomates sur la face supérieure, quelquefois la face inférieure 
en est absolument dépourvue. La structure du stomate est la méme que chez 
les Abies proprement dits. 

Ainsi que nous venons de le voir, il est possible, par l'examen des élé- 
ments anatomiques d'une feuille d'une espèce quelconque appartenant à 
l'un de ces trois groupes, de déterminer à quel genre elle appartient. L'étude 
des éléments anatomiques de la feuille nous permet non-seulement de distin- 
guer les genres, mais encore les éspèces. C'est ainsi que nous avons pu distin- 
guer l'une de l'autre toutes les espèces du genre Abies. En poursuivant le 
cours de ces recherches, nous avons été conduit parfois à rapprocher ou 
même à réunir certaines espèces que les botanistes éloignaient et séparaient 
avec soin. Quelquefois, au contraire, nous avons éloigné des types que les 
pépiniéristes surtout avaient confondus. Mais un fait sur lequel j'appellerai 
l'attention, c'est que le voyageur qui partirait des montagnes Rocheuses, entre 
le 30* et le 50* degré de latitude boréale, traversant les États-Unis, l'Europe 
méridionale, le nord de l'Afrique, l'Asie, le Japon, la Californie, aurait vu, 
en revenant à son point de départ, toutes les espèces du genre Abies dans 
l'ordre méme où les place la classification basée sur l'étude des éléments ana- 
tomiques de la feuille. Les 7suga, les Picea, les Cedrus, présentent des faits 
du méme ordre. Encore quelques données et cette étude sera complète. Le 
tableau ci-aprés montre les différences qui permettent de distinguer entre elles 
les espèces du genre Abies. 

Les feuilles du genre Abies sont aplaties, à nervure bifide ; elles portent 
à la face inférieure deux bandelettes de stomates; il entre trois paires de 
cellules dans la constitution de chaque stomate. Il y a toujours deux canaux 
résinifères. 

Les Abies se divisent en deux groupes, dont le premier a deux canaux rési- 
nifères épidermiques, et le second deux canaux résinifères non épidermiques. 


I. — Canaux résinifères épidermiques. 


1. Avec stomates à la face supérieure de la feuille. 

A. grandis Lindl. 1/files de stomates à la face supérieure, 10 files de 
stomates par bandelette. (Californie.) 

A. Reginsæ Amalise Heldr. Douze files de stomates à la face supérieure, 
7 files de stomates par bandelette. (Grèce.) 


SÉANCE: DU 8 DÉCEMBRE 1874.: 379: 


L'Abies baborensis Ball est une variété de PA. Regine Amalia; il:se rencontre en 

Algérie. 

A. numidica +. Quelques stomates (9-15) dans une petite dépression trian» 
gulaire à l'extrémité supérieure de la feuille. (Algérie.) 
2. Sans stomates à la face supérieure de la feuille. 

a. A. Webbiana Lindl. 2-3 sortes de feuilles. (Himalaya.) 

b. Une sorte de feuille. 

br. 7 files de stomates par bandelette. 

b'. Épiderme peu épais, 

A. Pindrow Spach. (Himalaya.) 
Quelques variétés de PA. Webbiana sont des variétés de PA. Pindrow. 

b'a. Épiderme épais. 

A. cephalonica Loud. La couche formée par les fibres à parois. épaisses 
sous-épidermiques est continue. (Céphalonie.) 
L'Abies Apollinis Link est une variété de l'A. cephalonica ; il croit en Attique. 

A. Nordmanniana Lindl. Les fibres à parois épaisses forment des fais- 
ceaux distincts sous-épidermiques. (Asie Mineure.) 
L’ Abies pectinata DC. est une variété de A. Nordmanniana ; il croit dans les Pyré- 

nées, sur les Alpes, au Caucase, 

A. eilicica +. Il n'y a pas de fibres à parois épaisses sous-épidermiques. 
(Taurus.) 

b". Plus de 10 files de stomates par bandelette. | 

A. bifida S. et Z. La couche formée par les fibres à parois épaisses sous- 

' épidermiques est continue ; quelques-unes de ces fibres parallèles à la ner- 

vure sont dispersées dans le parenchyme rameux. (Japon.) 

A. bracteata Hook. et Arnott. Les fibres à parois épaisses forment une cou- 
che continue sous l'épiderme. (Californie.) 

A. Gordoniana +. Les fibres à parois épaisses forment une couche dis- 
continue sous l'épiderme. (Vancouver.) 


II. — Canaux résinifères non épidermiques. 


1. Avec des stomates à la face supérieure. 

A. Pinsapo Boiss. 12 files de stomates à la face supérieure, faisceaux de 
fibres et parois épaisses sous l'épiderme supérieur. (Espagne mérid.) 

A. Fraseri Pursh. 6 files de stomates à la face supérieure, faisceaux de 
fibres et parois épaisses sous l'épiderme supérieur. (Amérique.) 

L'Abies amabilis Forbes est une variété de l4. Fraser: (Amérique). 

A. balsamea Michx. 2-3 files de stomates à la face supérieure dans le sillon 
médian. Il n'y a pas de fibres à parties épaisses sous-épidermiques. (Amé- 
rique.) 

2. Sans stomates à la face supérieure. 

a. 7 files de stomates par bandelette. 


380 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE. FRANCE. 


. nephrolepis Max. Faisceaux volumineux distincts de fibres à parois 
"pisse sous-épidermiques. 
A. sibiriea Ledebours. Pas de fibres à parois épaisses sous l’épiderme. 
(Altai. ) 
b. Plus de 7 files de stomates par bandelette. 
A. firma S. et Z. Les fibres à parois épaisses forment sous l'épiderme une 
couche continue. (Japon.) 
L’ Abies brachyphylla est une variété de l'A. firma. 
A. Veitehii +. Les fibres à parois épaisses forment des faisceaux distincts 
sous l'épiderme (Japon. ) 
Espèces non étudiées : A. religiosa, microphylla, lasiocarpa, hirtella, 
homolepis, holophylla, falcata. 
L'espéce étudiée sous le nom de A. nobilis n'était peut-étre pas authentique. 


Nota. — Les espèces marquées d'une croix sont celles dont le nom d'auteur est in- 
connu ou trés-douteux. 


Tableau montrant la concordance de la classification précédente avec la 
distribution géographique des espèces du genre Abies. 


PREMIER TYPE. SECOND TYPE. 


A. grandis.,......... Montagnes Rotheuses. | A. amabilis ........ Montagnes Rocheuses. 
— | (4. Fraseri)... États-Unis |, Pennsilvanie. 
À. Regine Amaliæ. . ... Grèce. A. balsamea ...,... États-Unis | New- York. 
(4. baborensis)... Algérie. — 
A. numidica. ....,... Algérie. A. Pinsapo......... Midi de l'Espagne. 
A. cephalonica....... Céphalonie. 
(4. Apollinis?)... Attique. 
À. Nordmanniana.. ... Asie Mineure. 
(4. pectinata).... Caucase. 
A. cilicica...... e... Taurus. 
A. Pindrow.......... Himalaya. | A. nephrolepis. ..... Asie centrale. 
A. Webbiana, ...... .. Himalaya. A. sibirica......... Altaï. 
. A.firma........... Japon. 
À. bifida............ Japon. (A. brachyphylla) Japon. 
A. Veitchii......... Japon. 
A. Gordoniana........ Vancouver. 
A. bracteata ...... ... Californie. 


381 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 4871. 


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382 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Cosson présente quelques observations au sujet de la commu- 
nication de M. Bertrand. En voyant placer dans des séries différentes 
des plantes qui sont rapprochées par l’ensemble de leurs caractères 
extérieurs, il doute un peu de la valeur taxonomique des différences 
anatomiques constatées par M. Bertrand. 

M. Bertrand répond de la manière suivante : 


Les caractères extérieurs des feuilles n’ont aucune valeur dans le groupe 
des Conifères, puisque les rejetons d’un même arbre offrent toutes les varia- 
tions possibles. Il n’en est pas de même des caractères anatomiques : ainsi, 
dans le genre Cedrus, qui offre parfois, sur un même échantillon dont la végé- 
tation est languissante, des feuilles qui semblent appartenir par leurs carac- 
téres extérieurs à deux, trois et méme quatre espèces distinctes et séparées, la 
structure anatomique donue toujours les mémes résultats. 

En outre l’ Abies Reginæ Amaliæ et Y'A. Pinsapo, que M. Cosson (d’après 
les observations de M. Boissier) regarde comme trés-voisins, différent beaucoup 
l'un de l'autre, méme en se bornant à l'examen des caractères extérieurs, l'un 
ayant ses feuilles couchées sur le rameau, tandis que l'autre les a dirigées 
perpendiculairement au rameau. 


M. Pérard présente à la Société le travail suivant : 


SUPPLÉMENT DE LOCALITÉS POUR LES ESPÈCES DE L'ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON 
INDIQUÉES ANTÉRIEUREMENT, par M. A. PÉRARD. 


Ceterach officinarum Willd. — Désertines, sur un vieux mur au Préau !! 
Nephrodium Filix-mas Stremp. 


Forme lanceolatum. — Pennes convergentes, pennules trés-allongées, dentées, toutes 
fortement décurrentes. — Env. de Désertines, ravin du chemin du Mont, bords du ruis- 
seau !! 


Cette forme a un aspect particulier qui la distingue à priori du type. 

— spinulosum Stremp. — Montluçon, bois de la Líaudon !! env. d'Audes, 
marais de la prairie de Piau !! Marcillat, bois du Chignoux !! 

— dilatatum. — Env. d'Audes, marais de la prairie de Piau !!, où il est com- 
mun. 


Forme dissectum. — Pennules de la moitié sup. de la fronde déchiquetées, comme 
rongées en certains endroits. Sores moins nombreux, espacés, généralement plus gros 
et plus éloignés de la nervure médiane. — Env. d'Audes, lieux marécageux de la prai- 
rie de Piau !! où cette forme est assez commune. 


Cystopteris fragilis Bernh. — Rochers et broussailles dans les taillis om- 
bragés. — Granite. — Juin-juill. — A.R. dans l'arrondissement. — Env. 
de Montluçon, bords du Cher, au-dessous de Gouttière !! A. C. — Haies du 
chemin qui va de Traîne-Balais au-dessus de Lavaux-Sainte-Anne, après avoir 
dépassé le domaine !! 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 383 
Je crois l'avoir observé dans les fentes des rochers ombragés du ravin du val du 

Diable prés Désertines, mais non fructifié et dans un état indéterminable. 

Asplenium Breynii Retz. — Rochers du moulin de la Bique prés du châ- 
teau de l'Ours !! R. 

Lomaria Spicant Link. — Montlucon, vallée de l'Amaron entre Marignon et 
le Roc-du-Saint, dans un ravin situé au-dessous du premier bois de pins de 
la route des Ferriéres !!, où i! est rare et caché dans les broussailles. — Env. 
de Quinsaines, dans une tourbiére de la prairie de Bodijoux, près de la 
haie!! R. — Marcillat, bois du Chignoux !! C. 

Ranunculus radians Revel. — Batrachium radians. — Bords du Cher, 
au-dessous des Varennes!! C. — Bords du canal entre Nassigny et Piau !! 
A.C. 

— silvaticus Thuill. — Bois d'Audes !! taillis au-dessus de l'église de Nas- 
signy !! 

Le A. nemorosus DC., d'aprés M. Jordan, comprenant maintenant deux 
espèces, la plante de nos contrées (R. nemorosus DC.) est le : 

— Amansii Jord. — È. villosus Saint-Amans. — R. nemorosus DC. partim. 
— R. nemorosus Bor. Fl. centr., non Schultz. — A.G. 

Montluçon, bois de Chauvière !! bois de la Garde !! Commentry, au Ma- 
rais !! env. d'Audes, taillis de la Créte!! Cérilly, forét de Troncais entre 
Maulne et Braise !! Marcillat, bois des Champeaux !!, etc. 

M. Boreau, que j'ai consulté, le 21 mars 1870, au sujet des R. silvaticus 

Thuill. et R. nemorosus DC., m'a répondu, dans une de ses lettres, par la 

note suivante qu'il m'a autorisé à livrer à la publicité : 


Note de M. Boreau 
sur les R. silvaticus Thuill., R. nemorosus DC., R. tuberosus Zapeyr. 


Lorsque De Candolle, dans son Systema, a rapporté le Ranunculus silvati- 
cus de Thuillier au groupe acer, il avait sous les yeux un exemplaire de l'auteur, 
comme il l'indique par le !. J'en avais également un lorsque j'ai rédigé la des- 
cription insérée dans les addenda de la Flore du centre. Il n'y a donc pour moi 
aucun doute sur l'identité de la plante de Thuillier ; les paroles de l'auteur : 
* Feuilles divisées en trois grands lobes irrégulièrement découpésen 5 à 7 divi- 
sions a/gués et moins profondes » ne peuvent s'appliquer au R. nemorosus, et 
conviennent au contraire à la plante que j'ai décrite et dont les stigmates sont 
crochus plus que dans toutes les formes connues sous le nom d'acer. C'est 
donc certainement une erreur de rapporter la plante de Thuillier au À. ne- 
morosus, qui, du reste, n'était pas connu à Paris de son temps, n'ayant été 
découvert par Maire, à Sainte-Geneviève près Corbeil, que depuis 1830. 

Le R. nemorosus de la Flore du centre est certainement l'espèce de 
De Candolle, maisil l'a composée de deux formes : l'une, répandue dans le Midi 
el l'Ouest (c'est la plante de Sainte-Geneviève), est nommée par M. Jordan 


38h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


R. Amansit (R. villosus Saint-Amans); l'autre, plus spéciale à la région de 
l'Est, est le À. nemorosus de Schultz et de quelques autres auteurs ; son aspect 
est en effet différent, mais ses différences sont difficiles à exprimer. Le 
R. Amansii existe dans l'herbier de Lapeyrouse sous le nom de R. tuberosus, 
mais on sait qu'il n'y a aucune certitude à espérer de cet herbier. Je regarde 
comme À. tuberosus Lapeyr. une plante répandue dans les jardins botaniques, 
dont la souche est très-épaisse et qui répond bien à la description que 
De Candolle a donnée dans le Systema d'aprés un exemplaire de l'auteur. C'est 
aussi l'avis de M. Jordan, qui, à la page 75 de ses Diagnoses, a très-bien 
exposé la question. Je pense donc qu'on a trés-mal à propos embrouillé l'his- 
toire de ces plantes, sous le prétexte de la recherche des noms princeps, recher- 
che dont on a, dans ces derniers temps, abusé d'une manière puérile, car je 
pourrais démontrer que la plupart des changements de noms proposés récem- 
ment ne soutiennent pas un examen sérieux. Mon R. nemorosus était, du reste, 
le R. lanuginosus de Lapeyrouse, de Dubois, de Bastard, de Desvaux, de 
Guépin (édit. 1) et de la plupart des botanistes français qui ne connaissaient 
pas la plante des Alpes. 


Caltha palustris L. 


Forme aurata. — Plante intermédiaire entre les C. palustris et Guerangerii Bor. — 
Elle a les fleurs d'un jaune d'or de ce dernier, mais les pétales ne sont pas distants à la 
base et les fleurs sont de moitié plus petites, ce qui fait que je l'avais prise pour le 
C. flabellifolia Pursh, Bor. Fl. centr. — Prairies des environs de Quinsaines !! où elle n’est 
pas rare. 

On trouve aussi, dans cette dernière localité, la forme pseudo-peltata, mentionnée 
déjà plus haut. . 


Isopyrum thalictroides L. — Montluçon, bois de la Brosse ou de l’Allée, 
dans les taillis, au bord du ruisseau !! C.; taillis au-dessous de la ferme 
de Saint-Genest, rive droite du Cher!! bois dela Garde, entre le cháteau 
de l'Ours et Lignerolles !! 

Corydallis solida Sm. — Env. de Thizon, haies du chemin de Nafour !! 
Marcillat (D' E. Duché). 

Fumaria parviflora Lamk. — Commun dans les vignes de Désertines, de 
Marmignolles et de Chézelles jusqu'aux Varennes !! 

Nasturtium officinale R. Br. — Forme parvifolium. — N. microphyl- 
lum Bonningh. ? — Marais des bords du Cher, au-dessous des Varennes !!, 

— pyrenaicum R. Br. — Roripa pyrenaica Spach. — Très-commun sur 
les bords du canal. — Saint- Victor, Estivareilles, Reugny, Piau, etc. 

Barbarea rivularis Martr. Don. — Bords du canal; env. de Piau, Nàs-. 
signy !! champs prés de l'étang de Passat !! — Moulins-sur- Allier (Avisard). 

Cardamine hirsuta L. — Montluçon, bords du Cher après le moulin de la 
Riviére!! C. — Ruisseaux des montagnes, entre le Mont et Désertines !! C. 

— silvatica Link, — Ravin de Gouttière !! C, — Env. d'Audes, lieux maré- 
cageux de la prairie de Piau !! 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 385 


Cardamine impatiens L. — Bords du Cher en bas du bois de. Chau- 
viere!! C.; bords du Cher, rive droite, entre Gouttiére et Saint-Genest !! 
env. d'Audes, taillis de la Créte!! 

Lepidium Smithii Hook. — Montluçon, avenue du parc du château de 
Bisseret !! alluvions du Cher sous Saint-Jean!! ruisseau de la Brosse !! 
Quinsaines, près de Le Méry et de Bodijoux!! env. d'Audes!! route de la 
Chapelaude, prés de Montluçon !!, etc. 

Helianthemum guttatum Mill. — Commun dans le bois d'Audes!! env. de 
Montluçon, champs sablonneux entre Terre-Neuve et l'Abbaye !! observé 
deux pieds, rive gauche du Cher, sur les coteaux arides, en haut du bois de 
Chauviére !! 

Polygala calearea Schultz. —Commun sur le plateau calcaire de l'Abbaye !! 
oü il varie à fleurs blanches ou rosées. 

—, serpyllacea Weihe. — Env. de Quinsaines, tourbières du bois de Bodi- 
joux et ruisseau tourbeux au-dessus de Le Méry !! A.C. 

Cerastium pumilum Curtis. — Lieux sablonneux. — Pelouses des chemins 
aux Varennes, à Saint-Victor et à Nafour !! montagnes arides, vallée de 
l'Amaron, au Roc-du-Saint !!, etc. 

— obscurum Chaub. — C. glutinosum Fries. — Forme C. pallens Schultz. 
— Plante naine, bractées plus scarieuses. — Montlucon, talus sablonneux 
aux Nicauds !!, etc. 


Sur les montagnes arides, on rencontre assez souvent une forme naine du C. glome- 
ratum Thuill. 


Spergula Morisonii Bor. — Vallée de l'Amaron!! Désertines, au val du 
Diable!! le Thizon !! ruisseau de la Brosse!! Quinsaines !! Lignerolles, 
bords du Cher !! Néris !! Marcillat, rochers des bords du Buron. 


Cette espèce, que l'on rencontre assez souvent sur les rochers secs ou sur les monta- 
gnes arides et granitiques, parait plus commune dans nos contrées que le S. pentan- 
dra L., que j'ai observé généralement dans les terrains sablonneux des alluvions du 
Cher et plus rarement sur les montagnes. — On distinguera le S. Morisonii à ses graines 
bordées d'une membrane rousse et munies d'un petit pédicelle, trés-apparent dans la 
plupart, à la maturité. 


Meenchia erecta Fl. Wett. — Commun sur les pelouses des montagnes gra- 
nitiques arides. — Vallées de l'Amaron et de Néris!! Quinsaines !! le 
Thizon !! Désertines, au val du Diable !! env. de Lignerolles, bords du Cher, 
Saint-Genest !!, etc. 

Oxalis Acetosella L. — Gorge de Thizon !! bois de Bloux prés de Néris !! 
ravin de Gouttiére !! Marcillat, bois des Champeaux !! 

Trifolium ochroleucum L. — Env. de Montluçon, prairies du Montais et 
de Passat !! 

— subterraneum L. — Commun sur les montagnes arides. — Désertines, 
au val du Diable !! Audes, près de la Grête!! montagnes du ravin de Gout- 
tière!! gorge de Thizon!! coteaux entre Passat et la fontaine d'Argen- 
tière !!, etc. 

T. XVIII. (SÉANCES) 25 


386 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Astragalus glycyphyllos L. — Bords du canal, Magnette, Piau !!, etc. 

Coronilla varia L. — Champs argilo-calcaires : aux environs de l'é étang de 
Passat !! C. 

Vicia lutea L. — Pelouses arides des rochers entre Lavaux-Sainte-Anne et 

le moulin Chapelot !! le Chatelard !! 

Lathyrus angulatus L. — Ravin de Gouttière, bords de la route!! talus 

de la route du Chatelard !! 

Comitrui palustre L. — Montlucon, lieux tourbeux de l'étang de la 
"iBrósse 1 A:C: { máis abordable seulement dans les années de sécheresse. — 
^ Env. de Marcillat, étang de la Romagére !!, où il est commun. 

Rosa Lemanii Bor. — Haies des environs du Montais, prés de Montlucon !! 
— toinentella Leman, — Env. @ Audes, haies du Peüx !! Goutelle, haies de 

l'avenue du château de Gouttière !! 

Cratsægus oxyaéanthoides Thüïll! == Montlucon, chemin de Montgacher à 

Désertines !! ; env. de la Cliapeláude, bords de la route des Couteaux !!, etc. 


On rencontre, cultivés aux environs TAudes, les Sorbus torininalis ét Cormus domes- 
tica Spach. — T 


Epilobium feizegenum L. — Env. d'Audes !! Geri; Beiuk Bonnet» lo- 
Désert, etc. acri NT e 

Sedum. recurvatum Willd. -—-Allivions granitiques du: Gher "n env. de 
Désertines et de Marmignolles !! rochers du Gourre-du-Puy thy: etc. 

— gramitieum (sp. nov.). — Alluvions et. rochers granitiques des bords 
du Cher dans les environs de Montlucon !! 

Helosciadium inundatum Koch. 


Forme terrestre. — Plante croissant sur les gréves asséchées du petit étang de 
Chamblet !! 


Conopodium denudatum Koch. — Env. de Quinsaines, bois prés de Bodi- 
joux!! A.C. ; bords du Cher dans le bas du bois de Chauvière !! C.; Bateau 
du Mas, à Saint- Marien !! 

Torilis helvetica Gmel. — Deux formes dans notre contrée : 


Forme a. divaricata Bor. Fl. centr. éd. 3, — Tige peu élevée, diffuse, à rameaux 
divariqués. — A.C. — Domérat, Couraud, Désertines !!, etc. 
— b. anthriscoides Bor. Fl. centr. éd. 3. — Tige assez haute, à rameaux re- 
dressés. — C. dans les haies et les broussailles. 


Adoxa Moschatellina L. — A.C. — Bords du ruisseau. du bois de la Liau- 
don!! C.; Désertines, env. de la fontaine du Préau !! ravin de Gouttière !! 
ravin et bois de Bloux prés Néris!!, etc, 

Valeriana officinalis L. 


Forme silvestris; feuilles et rameaux floriféres ternés. — Marcillat, cloirières du 
bois des Champeaux. 
-— palustris paraît beaucoup plus commune dans nótre contrée. 


Erigeron acer L. — Montlucon, coteau calcaire de l'Abbaye!! colline cal- 
caire entre la Chátre et Verneix !! env. d'Audes, monticule calcaire de 
Piau, au bord du canal !! 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 187]. 387 


Anthemis Cotula L.—Forme grandiflora. — Fleurs à peu prés atissi grandes 
que celles du Leucanthemum vulgare (type). — Montluçon, sommet du 
Chatelard !! dans les endroits humides, où elle est très-rare. 


Le Leucanthemum vulgare var. nanum (Nob.) croît en abondance sur le plateau 
calcaire de l'Abbaye, où je l'ai recueilli encore cette année dans le. méme état. Cette 
forme curieuse, à tige gréle, basse, dressée, fleurs trés-petites, se montre toujours iden- 
tique depuis quelques années : an species nova? (L.parvulum). 

Le Gnaphalium pilulare Whlbg croit sur les alluvions humides du Cher, le G. luteo- 
album y est plusrare;il est commun à l'étang de Passat !! 


Centaurea serotina Bor. — Talus, bords des chemins et des routes. — 
Commun. 

— pratensis Thuill. — Bords du Cher; Bateau du Mas !! C. 

— Seahiosa L. — Env. d'Audes, monticule calcaire de Piau !! A.C. 

Cirsium anglicum DC. — Prairies de Verneix!! bois d'Audes H Marcillat, 
prairie de la Romagère !!, etc, 

— aeaule All. — Lisière du bois de la Brosse, du côté de l'étang !! coteau 
calcaire entre la Chátre et Verneix !! C. ; env. de l'étang de Passat !! 

Serratula tinctoria L. — Montlucon, à l'Abbaye!! ruisseau du bois de la 
Brosse!! bois de Douguistre ou d'Anguitte !! la Chátre!! bois d'Audes !! C., 
env. de Bizeneuille !!, etc. 

Arnoseris pusilla Gzrtn. — Parc du château du Mont !! Désertines, monta- 
gnes arides du val du Diable !! montagnes de Chatelard et de la vallée de 
l'Amaron!! env. de Marcillat, moissons prés de Fougéres!!, etc. 

Tragopogon pratensis L. — Forma. — T. orientalis L. ? — Frairies des 
Trillers, au bord du canal !! 


Cette forme a les feuilles élargies à la base et les folioles de l'involucre égalant les 
fleurs, caractéres que j'ai observés également dans le T. pratensis type. Elle ne diffère 
que par ses feuilles à pointe tortillée-enroulée. 

J'ai cherché vainement cette année, sur les talus de la fontaine d'Argentiére, le 
Podospermum laciniatum DC., que j'avais récolté en 1860 avec M. Jamet. Je crains que 
cette espèce, rare dans nos contrées, n'ait disparu par suite des travaux exécutés autour 
de cette fontaine minérale depuis plusieurs années. 


Crepis taraxaeifolia Thuill. — Assez commun dans les prairies humides 
avec le C. biennis L. — Montluçon, Désertines, Audes, les Trillers, etc. 

— fœtida L. — Commun sur les sables et graviers des alluvions du 
Cher !! 

Hieracium Pilosella L. 


Forme majus. — Rejets trés-allongés ; tiges dressées, élevées ; feuilles d'un vert foncé 
en dessus, blanchátres en dessous. Montlucon, bords de la route en haut du Chatelard !! 


— aeuminatum Jord. — Cà et là dans le bois d'Audes!! 

— nemophilum Jord. — Taillis entre Audes et le château de la Crête !! 

— similatum Jord. — Talus du chemin au-dessus de Lavaux-Sainte-Anne 
el qui va à Traine-Balais!! Marcillat, rochers de la route de Saint-Par- 
doux !! 

— ovalifolium Jord. — Bateau du Mas, rochers et taillis en allant à Saint- 
Marien !! 


888 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Hieracium bounophilum Jord. — Désertines, rochers de la gorge du 
val du Diable !! 

— prasinifoliam Jord. — Talus du chemin au-dessus de Lavaux-Sainte- 
Anne et qui va à Traine-Balais !! 

— rarinsevum Jord. — C. — Montluçon, lisière du bois de la Liaudon!! 
bois de Chauvière !! ravin de Gouttière !! Marcillat, talus et rochers de la 
route de Saint-Pardoux !! C. 

— silvivagam Jord. — Taillis au-dessus de l'église de Nassigny, près 
d'Audes !! 

Jasione montana L. 


Forme nana. — Très-petite plante, haute de 4 à 2 centim.; pas de capitule; tige 
uniflore. — Coteaux arides aux environs de Montlucon I! R. 


Phyteuma spicatum L. — A.C. — Bois de Chauvière !! bois d'Audes !! 
bois et ravin entre la Chátre et Verneix!! Marcillat, bois du Chignoux !! 
Forme cœæruleum. — Bois de Bodijoux prés de Quinsaines !! A.C. 

Campanula persicifolia L. — Ravin de Gouttière !! bords du Cher, Bateau 
du Mas!!, etc. 

— patula L. — Montlucon, bois de la Liaudon!! vallée de l'Amaron !! 
bords du Cher, Bateau du Mas !!, etc. 

Cicendia pusilla Griseb. — Fleurs d'un jaune pále (type). 

Sous-variété C. Candollei Bast. — Fleurs roses. — Cosne, étang des Landes. 


La plante de l'étang des Landes, prés de Cosne, a les fleurs roses, tandis que le Lype 
a les fleurs d'un jaune pále. C'estla seule différence que j'aie pu constater entre ces deux 
plantes, considérées comme espéces distinctes par quelques auteurs dans des Catalogues 
raisonnés, Je les ai rencontrées aussi robustes et toutes deux avec des rameaux divari- 
qués; de plus, elles sont rameuses également dés le collet et tout le long de la tige. Ces 
caractéres n'ont donc pas de valeur, et je pense, avec M. Boreau Fl. centr. éd. 3, que 
l'on ne peut en faire deux espéces, le C. Candollei n'étant tout au plus qu'une sous- 
variété. ' 


Pulmonaria nfünis Jord. — Bois de Chauviére!! coteaux boisés avant 
Lavaux-Sainte-Anne !! ravin de Gouttière !! 

— saccharata Mill. — Néris, bois de Boux !! bois de Lavaux-Sainte-Anne!! 
Allier, Cusset, bords du Sichon !! 

Verbascum Blattaria L. — Lieux argileux. — Champs autour de l'étang 
de Passat !! A.C. 

Thymus Serpyllum L. 


Forme pilosulus. — Feuilles bordées de cils longs et nombreux, — A.R. — Déser- 
tioes, rochers humides de la gorge du val du Diable !! 


Polycnemum pumikum Hoppe Bot. Taschenb. 1791, t, I. — Port du 
P. majus A. Br., dont il diffère par ses feuilles plus courtes et par ses 
bractées et ses fruits un peu plus courts que le calice. La longueur des tiges 
dressées ou couchées, simples ou rameuses, varie dans la forme plus 
robuste des montagnes de Désertines. 


Le P. majus A. Br., dont j'ai vu un échantillon type de l’auteur dans l'herbier de 
M. Cosson, a les tiges allongées, rameuses, les feuilles roides, longues, et le fruit 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 18741. 389 


dépassant sensiblement le calice. Quant au P. verrucosum Lange, DC. Prodr., herb. 
Moq. -Tand.!, il me semble différer totalement des Polycnemum que j'ai pu observer dans 
le Centre, et trés-distinct par ses feuilles courtes apprimées, par ses fleurs et ses fruits 
plus petits. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 


PRÉSIDENCE DE M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. 


M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de 
la séance du 8 décembre, dont la rédaction est adoptée. 

M. de Schœnefeld, secrétaire général, encore gravement indis- 
posé el qui n'a pu se rendre ni aux séances de novembre, ni à celle 
du 8 décembre, fait de nouveau présenter ses excuses. 

. Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, 
M. le Président proclame l'admission de : 


M. BonEL (J.), professeur au collége de Gap, présenté par 
MM. Verlot et Burle. 


M. le comte Jaubert, ancien président de la Société, demande la ` 
parole et s'exprime en ces termes : 


Messieurs, 


Un honneur insigne est sur le point d'étre accordé à la Société botanique 
de France, et je me félicite d'étre le premier à lui en donner la bonne nou- 
velle. 

Aujourd'hui méme j'ai été admis à présenter mes hommages à S. M. l'Em- 
pereur du Brésil, protecteur éclairé des sciences, des lettres et des arts, véri- 
tablement savant lui-même, et possédant une connaissance parfaite de la 
langue francaise, qu'il a approfondie jusques et y compris l'étude de nos 
idiomes provinciaux. 

C'est à cette particularité remarquable, et à la publication de mon Glossaire 
du centre de la France, que j'ai dû, il y a quelques années, la faveur inat- 
tendue d'un grade supérieur daus l'ordre impérial de la Rose, fondé en 1829 
par l'empereur Dom Pedro I°", et dont l'embléme, emprunté à l'un des plus 
beaux types du régne végétal, rend cette distinction doublement précieuse 
pour un botaniste. , 

Notre science, Messieurs, est familière à l'Empereur ; il ne la cultive pas 
seulement en amateur, mais en véritable adepte. Sa récente visite au Muséum 
a donné la mesure de ses connaissances en histoire naturelle, dont la variété 


990 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et l'étendue ont frappé ceux de nos maîtres qui lui servaient de guides dans 
notre grand établissement scientifique. 

Vous apprendrez tous, Messieurs, avec un vif sentiment de satisfaction et 
de reconnaissance, que Sa Majesté a bien voulu témoigner l'intention d'assis- 
ter, dans un trés-bref délai, à une séance de notre Société. 

En conséquence, et par anticipation sur notre date réglementaire du 
12 janvier, j'ai l'honneur de proposer à la Société: 

4° De tenir trés-prochainement une séance extraordinaire , afin de 
répondre aux intentions de l'Empereur, si flatteuses pour notre institution, 
si encourageantes pour nos travaux ; 

2° De nommer immédiatement une Commission qui sera chargée d'orga- 


niser ladite séance, et de prendre les ordres de Sa Majesté pour la fixation 
du jour et de l'heure. 


La Société accueille avec enthousiasme l’heureuse nouvelle ap- 
portée par M. le comte Jaubert, et s'empresse d'adopter les propo- 
sitions qu'il vient dé lui soumettre. Une Commission est nommée sur- ` 
le-champ et composée ainsi qu'il suit : MM. Édouard Bureau, 
Germain de Saint-Pierre, le comte Jaubert, Laségue, Gustave Plan- 
chon, et W. de Schenefeld (1). 1 in | 

M. le Président annonce à la Société la mort regrettable de 
M. Césaire Gouville, l’un de ses membres, décédé à Carentan, 
en avril dernier (2), et la perte profondément douloureuse que la 
science vient de faire dans la personne d’un des premiers phyco- 
logues de France, M. René Lenormand, décédé à Vire, le 11 dé- 
cembre courant. 

M. Roze, vice-président, donne lecture d’une lettre adressée à 
cette occasion à la Société par M. le docteur Roussel, et du discours 
prononcé par M. Morière, professeur à la Faculté des sciences de 
Caen, aux funérailles de M. Lenormand : 


DISCOURS DE M. MORIÈRE. 
Messieurs, 


Une mort qui, tout en étant redoutée depuis quelque temps, nous a néan- 
moins surpris comme un coup de foudre, vient d'enlever à la science, — à un 
grand nombre d'Académies nationales et étrangères, — à une famille éplorée, 
-— à ses nombreux amis, un des botanistes contemporains les plus distingués 


(1) La Commission s'est depuis adjoint M. Al, Pérard, comme membre auxiliaire. 


(2) La nouvelle de la mort de M. Gouville u'est parvenue que tout récemment au 
secrétariat. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 394 


et les plus connus, un de ces hommes qui ont le privilége de ne jamais vieillir 
sous le rapport du cœur et de l'esprit. M. René Lenormand s'est éteint le 
11 décembre, malgré les efforts de la science et de l'amitié pour retenir une 
vie si précieuse. 

Qu'il soit permis au secrétaire dela Société Linnéenne de Normandie, qui 
avait l'honneur de le compter au nombre de ses membres depuis longues 
années, de rendre au collégue un dernier hommage! Qu'il soit permis, sur- 
tout, à l'ami de prononcer un supréme adieu ! 


Multis ille bonis flebilis occidit 
Nulli flebilior quam mihi ! 


. Né à Condé-sur-Noireau, en 1796, René Lenormand, aprés avoir fait de 
solides études au collége de Vire, viut suivreles cours de Droit de la Faculté 
de Caen. Ce fut dans cette ville qu'auditeur assidu du cours de Lamouroux, 
il s'éprit d'une véritable passion pour l'étude des plantes, Quelques années 
plus tard, il forma dans la ville de Vire, avec les Despréaux, les Delise, les 
Dubourg-d'Isigny, les Chauvin, les Pelvet, cette pléiade de botanistes, qui 
ne se rencontrait dans aucune autre ville de la Normandie. 

René Lenormand fit d'abord de nombreuses excursions dans notre province, 
qui lui procurèrent les premiers éléments de son immense herbier. Bientôt il 
entra en correspondance avec les principaux botanistes de la Frauce et de 
l'étranger, et de nombreux échanges de plantes ajoutèrent de nouveaux maté- 
riaux à ceux qu'il avait déjà réunis. 

Pendant plus de cinquante années, notre collègue a. développé une activité 
extraordinaire. — Appréciant parfaitement tous les avantages que l'on peut 
retirer d'un emploi régulier du temps, il avait pris l'habitude de consacrer 
les premieres heures de la journée, qui commençait pour lui souvent avant 
cinq heures du matin, à s'occuper de sa nombreuse correspondance, et tout 
le reste du jour était employé à examiner des plantes qu'il recevait de tous les 
points du globe, ou bien à préparer les envois qu'il faisait aux botanistes du 
monde entier. L'ermitage de Lénaudiéres a été, pendant ces cinquante années, 
le rendez-vous des savants qui venaient consulter l'herbier de notre collégue, 
— puiser dans son érudition, dans sa profonde connaissance des plantes, de 
précieux renseignements, — et qui repartaient émerveillés des richesses 
végétales qu'ils avaient vues et de l'aménité parfaite avec laquelle ils avaient 
été recus. 

M. René Lenormand réservait un accueil aussi bienveillant aux élèves 
qu'aux maîtres. Plus d'un botaniste, qui occupe aujourd'hui une position 
élevée dans la science, doit ce résultat à l'hospitalité si affectueuse qu'il avait 
reçue à Lénaudières, —aux encouragements dont ses premières recherches 
avaient été l’objet. Que de fois les botanistes de tous les pays ont eu recours 
à la bibliothéque et à l'herbier de notre ami ! Que d'auteurs lui ont dó de pré- 


302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


cieux matériaux qu'il s'empressait de mettre à leur disposition! D'une géné- 
rosité en quelque sorte instinctive, on le trouvait toujours disposé à donner 
de nombreux échantillons de ses chéres plantes, quand il croyait que cette 
libéralité pouvait étre utile à la science ou aux jeunes gens qui voulaient de- 
venir des botanistes. 

Lorsque la Société Linnéenne de Normandie, qui avait déjà tenu ‘une 
séance publique à Vireen 1836, y revint trente années après, en 1866, elle 
voulait surtout, en offrant à M. Lenormand la première médaille d'argent : 
qu'elle eût décernée depuis sa fondation, saisir l’occasion de rendre hommage 
à une vie consacrée tout entiére au culte désintéressé de la science. A cette 
séance publique, M. Lenormand nous retraça, en termes qui partaient du 
cœur, les travaux des naturalistes nés à Vire ou qui étaient venus se fixer 
dans cette ville, et il ajouta ces paroles que nous aurons toujours présentes 
à l'esprit : | | 

« Voici la dernière fois, Messieurs et chers confrères, que j'aurai le bon- 
heur de vous voir réunis dans notre Bocage. Lorsque vous y reviendrez, j'au- 
rai rejoint mes vieux camarades dans les autres mondes qu'ils habitent et où 
peut-étre ils se livrent à leurs goüts favoris d'ici-bas. Mais je ne mourrai pas 
tout entier. J'ai assuré le sort des collections qui ont fait le charme de toute 
ma vie. Elles recevront une honorable hospitalité dans la galerie du Jardin- 
. des-plantes de Caen. Je continuerai à les rendre de plus en plus dignes de 

figurer prés de celles de Dumont d'Urville, de Lamouroux, de Chauvin, 
de Roberge, de d'Isigny. » | 

Vos collections, excellent ami, seront certes le joyau le plus précieux de 
notre galerie botanique. Sur cette tombe encore ouverte, nous renouvelons 
l'engagement que nous avons contracté vis-à-vis de vous, M. Vieillard et moi, 
de veiller pieusement sur ce précieux dépôt tant que nous existerons, — de 
le mettre, comme vous le faisiez dans cette charmante et paisible retraite de 
Lénaudières, à la disposition des nombreux botanistes qui viendront le con- 
sulter. Nous nous efforcerons ainsi de rendre au savant qui a passé sa vie à 
réunir tant de richesses végétales, l'hommage qui devra être le plus agréable 
à sa mémoire. 

Il a fallu des difficultés insurmontables pour empêcher l'administration mu- 
nicipale dela ville de Caen de se rendre à la cérémonie qui nous réunit en 
ce jour. Elle m'a chargé d'étre l'interpréte des sentiments de vive gratitude 
qui l'animent, de dire combien elle apprécie les splendides donations faites 
à son musée botanique. Elle tiendra à honneur d'installer, comme il mérite 
de l'étre, un herbier qui n'a d'égal en France que celui du Muséum d'histoire 
naturelle de Paris. 

Si René Lenormand a droit à la reconnaissance sans borne des amis de 
cette charmante science des végétaux, le souvenir de ses vertus privées rendra 
pour toujours sa mémoire chère à ceux qui l'ont connu. C'était une de 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 393 


ces natures excellentes, d'une probité antique, comme on est si heureux d'en 
reucontrer quelquefois daus le monde. Il possédait cette égalité de caractére, 
cette douceur, cette bonté, cette sérénité d'âme qui répandent tant de 
charme sur l'existence de ceux qui nous entourent. Aussi quel vide pour tous 
les siens ! quel vide surtout pour cette compagne dévouée de sa vie, qui avait 
voulu partager ses goûts et ses travaux, et qui, jusqu’au dernier moment, lui 
a donné les preuves de l'affection la plus touchante ! Ces deux âmes, si bien 
faites pour se comprendre, n'en faisaient en quelque sorte qu'une seule, tant 
elles s'étaient assimilées l'une à l'autre. 

Entouré de parents affectueux, d'amis dévoués, sans avoir jamais connu 
d'ennemis, trop modeste pour avoir suscité des jaloux , honoré de tous, béni 
d'une foule de malheureux dont sa main discréte soulageait les miséres, ses 
jours se sont écoulés dans la paix et la douceur. Ses seuls moments de tris- 
tesse étaient ceux oü il perdait un ami, qu'il se faisait alors un devoir d'ac- 
compagner jusqu'à sa dernière demeure. Dieu a permis qu'il s'éteignit sans 
souffrance, et que son âme, en quittant ce monde, ne fût pas attristée par les 
angoisses que la séparation de sa bien-aimée compagne lui eût fait éprouver. 


In memoria eterna erit justus ! 
(Ps. cxi, 6.) 


Tout le monde, ici, sent profondément l'étendue de la perte que la Nor- 
mandie et surtout la ville de Vire viennent de faire. Ce concours de citoyens 
de tout áge, de toute condition, d'opinions diverses, qui accompagnent René 
Lenormand, atteste, mieux que des paroles, l'affection et le respect que cha- 
cun portait à notre ami. A quoi bon dès lors revendiquer pour sa mémoire 
quelque chose de plus? Les mêmes regrets sont dans tous les cœurs, les lar- 
mes coulent de tous les yeux. Quel plus beau tribut peuvent payer ceux qui 
restent à celui qui nous quitte ! 

René Lenormand, du fond de votre tombe, hélas! trop tót ouverte, vous 
devez être satisfait, car vous obtenez en ce jour la récompense de vos labo- 
rieux travaux et des bienfaits que vous avez répandus autour de vous : une 
réputation incontestée parmi les botanistes, et la pieuse reconnaissance de vos 
concitoyens. 

La terre vous sera donc légère ! 

Au revoir, cher et excellent ami. Dieu, dans son indulgente bonté, vous a 
déja placé parmi les siens, car vous avez passé votre vie à étudier les mer- 
veilles sorties de ses mains, et vous avez beaucoup prié parce que vous avez 
beaucoup travaillé. 


M. le comte Jaubert exprime les vifs regrets que lui cause la mort 
de M. Lenormand, et prie la Société de vouloir bien le charger de 
rédiger une notice sur ses travaux. C'est un hommage qu il lui 


394 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


serait doux de rendre à la mémoire de celui qui fut pour lui, durant 
de longues années, un-excellent ami et un correspondant assidu. 
La Société ne peut que déférer avec empressement au désir de 
M. le comte Jaubert. 
M. Van 1 Tieghem fait à la Société la communication suivante : 


=SUR LES CANAUX OLÉIFÉRES DES j üreosidls " M. Ph. VAN TIEGHEM. 


II. — MODIFICATIONS DE L'APPAREIL OLÉIFERE DANS LES DIVERS GENRES 
DE LA FAMILLE. 


Dans la première partie de ce travail j'ai décrit la structure et le mode de 
distribution des canaux oléifères dans les divers organes de l'OEillet-d'Inde. 1l 
me reste à étudier les modifications secondaires que cette structure et cette 
distribution subissent dans les principaux genres des différentes tribus de la 
famille des Gomposées. 


Racine. 


Dans l'organisation primaire de cet organe, sur laquelle j'ai surtout porté 
mon attention, les canaux oléifères affectent, partout où ils existent, la méme 
structure et la méme position. Ce sont toujours, comme dans l'ORillet-d' Inde, 
de très-étroits méats creusés dans la membrane ' protectrice dédoublée locale- 
ment à cet effet, non bordés de cellules spéciales différentes des cellules pro- 
tectrices elles-mémes, disposés au dos de chaque faisceau libérien primitif, 
dont leur cavité n'est séparée que par les cellules plissées et par les éléments 
de la membrane rhizogène, alternes par conséquent avec les faisceaux vascu- 
laires primordiaux. Ces canaux sont le plus souvent quadrangulaires et asso- 
ciés côte à côte en formant autant d'arcs oléifères qu'il y a de faisceaux libé- 
riens ; les méats extrémes de chaque arc sont seuls triangulaires. Dans le jeune 
áge, deux canaux consécutifs ne sont séparés que par une seule épaisseur de 
cellule, ou plus exactement par deux cellules superposées qui les bordent à la 
fois tous les deux ; mais plus tard. ils s'écartent de plus en plus par la division 
répétée de ces deux cellules au moyen de cloisons radiales qui sont toutes plis- 
sées dans la cellule interne. Entre les nouvelles cellules ainsi formées il ne se 
forme pas de méats oléifères, de sorte que le nombre des canaux primitifs de- 
meure constant. De plus, comme il ne se fait dans les cellules plissées aucune 
cloison tangentielle, les canaux demeurent toujours en contact avec la mem- 
brane protectrice, et ils ne font que la suivre dans son extension pour se dis- 
tribuer peu à peu uniformément à la périphérie du cylindre central élargi. 

Dans aucun cas la racine ne possède, pendant sa période primaire, de 
canaux oléifères dans son cylindre central, soit dans les faisceaux libériens, soit 
dans le tissu conjonctif, méme quand ce dernier est trés-développé et paren- 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 395 


chymateux, comme dans les racines adventives à 9 ou 10 faisceaux du Conyza 
Gouani, ou fibreux, comme dans les racines adventives à 8 ou 10 faisceaux de 
l'Aupatorium aromaticum. i 

Voilà ce qui demeure constant. Ce qui varie d'un genre à l'autre, c'est le 
nombre des canaux associés qui correspondent à chaque faisceau libérien. 
Pour obtenir sous ce rapport des résultats comparables, il est nécessaire 
d'observer d'abord que ce nombre n'est pas absolument le méme pour les 
divers faisceaux libériens d'une méme racine, et surtout qu'il change si l'on 
compare dans la méme plante deux racines ayant dans leur cylindre central 
un nombre différent de faisceaux, constitutifs. Il est, jusqu'à un certain point, 
en relation avec la largeur du faisceau libérien, et il croit et diminue avec elle. 
Cependant si l'on supprime cette source de variations individuelles en ne 
comparant d'un genre à l'autre que des racines du méme type numérique et 
en ne considérant que des nombres moyens, on réussit à mettre en évidence 
une simplification numérique liée à l'organisation des diverses tribus, et dont 
je voudrais indiquer le sens et fixer les principaux degrés. 

Le nombre moyen des canaux adossés à chaque faisceau libérien est tantôt 
plus grand et tantôt plus petit que dans le Tagetes patula où nous comptions 
d'ordinaire dans le pivot binaire 5-7 méats oléifères, et où la membrane pro- 
lectrice se divisait en arcs sensiblement égaux, alternativement simples et dé- 
doublés. 

Il paraît constamment plus grand dans les plantes de la tribu des Cinarées. 
Ainsi le Serratula centauroides a dans une racine adventive quaternaire 12 à 
15 méats oléiféres rapprochés en arc au dos de chaque faisceau libérien, tan- 
dis qu'en face de chaque lame vascülaire il ne subsiste que deux cellules pro- 
tectrices non dédoublées, ou même une seule. La racine principale binaire 
du Cirsium arvense a deux arcs oléifères extra-libériens comprenant chacun 
15à 20 méats. Les pivots binaires des Carduus pycnocephalus, Silybum Ma- 
rianum, Xeranthemum cylindraceum, ainsi que les radicelles binaires ou 
ternaires des Centaurea atropurpurea, Echinops exaltatus, ont également 
leurs méats oléiferes associés, au nombre d'une dizaine au moins, en deliors 
de chaque faisceau libérien. 

Le nombre des canaux diminue dans les Calendulacées ; car si l'on compte 
encore 8 à 10 méats oléiféres vis-à-vis de chaque faisceau libérien et cinq 
cellules protectrices non dédoublées vis-à-vis de chaque faisceau vasculaire 
dans la radicelle binaire du Calendula officinalis, il n'y a plus que 3-5 canaux 
dans le Venidium calendulaceum, et le nombre des cellules protectrices 
non dédoublées s'en accroit d'autant. 

Mais la décroissance progressive est surtout marquée chez les Sénécionidées, 
comme on en jugera par les exemples suivants: Helianthus annuus, pivot 
quaternaire, 5-8 canaux; Gnaphalium citrinum, racine binaire, 5-8; 7a- 
getes patula, pivot binaire, 5-7; Tanacetum vulgare, Arnica Chamissonts, 


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racine quaternaire, 4-6; Santolina Chamæcyparissus, racine quaternaire, 
3-5; Anthemis: Pyrethrum, racine ternaire, 3; Cotula matricarioides, 
racineternaire, 2; AcAillea Millefolium, racine ternaire, 1-3 ; Senecio vul- 
garis, racine quaternaire, 2 se fusionnant quelquefois en un seul; Chrys- 
anthemum Parthenium, racine ternaire, 1, trés- rarement 3. 

Dans la tribu des Astéracées la réduction numérique des canaux se fixe à 
son minimum. Car si une racine ternaire d’/nula montana a encore en de- 
hors de chaque faisceau libérien un arc de 6 à 8 méats, on ne trouve dans une 
racine également ternaire de Bellis perennis qu'une seule cavité oléifère fort 
étroite, formée par le dédoublement de deux cellules protectrices contigués. 
Il n'y a non plus qu'un seul canal, encore quadrangulaire, mais un peu plus 
large, dans une racine quaternaire d’ Erigeron glabellus, se dilatant davan- 
tage dansles Aster et les Conyza par l'écartement total des deux cellules ex- 
ternes qui lui permettent de s'appuyer sur les cellules du troisième rang et de 
prendre une forme hexagonale, devenant énorme enfin et cylindrique dans une 
racine quaternaire de So/idago limonifolia par suite de la dissociation com- 
plète et du grand écartement latéral des cellules du troisième, du quatrième et 
méme du cinquiéme rang. 

De leur cóté les Eupatoriacées présentent des différences numériques du 
méme ordre. Ainsi une racine ternaire de Tussilago Farfara a, dans chaque 
arc supra-libérien, 5-7 méats oléifères ; il y en a encore 2-3 dans une racine 
également ternaire d'Ageratum conyzoides ; il n'y en a plus qu'un seul, plus 
large et rendu hexagonal par la dissociation des deux cellules du second rang, 
dans le Petasites niveus et l’ Eupatorium aromaticum. 

Enfin, comment se comporte la racine des Chicoracées sous le rapport des 
canaux oléifères? On sait que les divers organes des plantes de cette tribu sont 
abondamment pourvus de vaisseaux laticifères anastomosés qui ont fixé lat- 
tention de nombreux anatomistes. Aussi me bornerai-je à dire ici que dans 
l'organisation primaire de la racine, où ils ne paraissent pas avoir été étudiés, 
les laticifères appartiennent aux groupes libériens primitifs dont ils ne sont que 
certaines files de cellules transformées. Ils sont assez irrégulièrement mélangés 
aux autres cellules libériennes. Dans le trés-jeune áge il semble méme que 
tous les éléments libériens soient également remplis de latex, et que ce nc 
soit que plus tard que le suc laiteux se localise dans certaines cellules. Il n'y 
a pas de laticifères dans le tissu conjonctif, méme quand il est très-développé, 
comme dans les racines adventives à 6 ou 8 faisceaux de l’ Hieracium cymo- 
sum, par exemple. Plus tard, il se forme de nouveaux laticifères dans le liber 
secondaire issu du jeu externe de l'arc générateur; ils sontassociés aux vais- 
seaux grillagés dans les rayons d'éléments allongés ; les rayons de parenchyme 
secondaire qui séparent ces derniers en sont dépourvus. Souvent on observe 
dans es rayons libériens une alternance assez régulière entre les éléments gril- 
lagés et les laticifères. Ainsi dans l’Æieracium cymosum, par exemple, chaque 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1874. 397 


cellule génératrice produit alternativement deux cellules grillagées à section 
carrée cóte à cóte, et un vaisseau laticifere ayant une largeur double et la 
méme épaisseur ; plus tard les choses se dérangent un peu. 

En résumé, les vaisseaux loticiféres de la racine appartiennent exclusive- 
ment au cylindre central; aucun d'eux ne franchit la membrane rhizogène. Les 
canaux oléifères appartenant, au contraire, au parenchyme cortical, on peut 
concevoir à priori la coexistence possible de ces deux appareils qui paraissent 
indépendants. Toutefois il n'en est pas ainsi, au moins dans la plupart des 
cas. Ainsi je n'ai rencontré aucun canal oléifère dans la majorité des Chicora- 
cées à la place où la racine des autres Composées en possède toujours, et la 
membrane protectrice y demeure simple, aussi bien en dehors des faisceaux 
libériens que des faisceaux vasculaires (Hieracium cymosum, Lactuca sativa, 
Hypochæris radicata, Tragopogon crocifolius, Chondrilla brevirostris, 
Taraxacum Dens-leonis, etc.). Mais déjà dans le pivot binaire du Cichorium 
Intybus et du Lapsana communis, je vois s'opérer en face des faisceaux libé- 
riens le dédoublement de quatre ou cinq cellules plissées, sans toutefois que les 
anglesde ces cellules dédoublées s'arrondissent pour former des méats oléiféres. 
Enfin le phénomène annoncé par ce dédoublement s'achéve dans le Scolymus 
grandiflorus, où la membrane protectrice, dédoublée encore en face de chaque 
faisceau libérien, s'y creuse en outre de cinq canaux oléiféres rapprochés en 
arc, absolument comme dausle Tagetes patula : ce qui n'empéche pasun latex 
abondant de se former dans certains éléments du faisceau libérien. Ici donc 
les deux appareils coexistent dans le méme organe, et sous ce rapport, comme 
sous plusieurs autres, les Scolymus se montrent intermédiaires aux Chicora- 
cées vraies el aux Cinarées. Nous verrons tout à l'heure que ce passage, déjà 
annoncé par les Cichorium et Lapsana, ne s'opére pas seulement vers les Cina- 
rées par l'intermédiaire de certaines Chicoracées, mais encore en sens 
inverse. 

Jetons maintenant un coup d'œil sur l’organisation secondaire de la racine. 
Au point de vue qui nous occupe, les modifications présentées par les pro- 
ductions secondaires issues d'arcs générateurs d'abord distincts, bientót con- 
fondus en une couche génératrice continue, sont beaucoup plus étendues que 
celles que nous ont offertes les formations primaires, et ces variations s'obser- 
vent dans les plantes de la méme tribu. N'ayant pas à ce sujet de documents 
suffisants pour me livrer utilement à une comparaison un peu étendue, je 
me bornerai à citer deux exemples. Parmi les Cinarées, si l'on étudie la racine 
âgée du Centaurea atropurpurea, on voit se former, dans le liber secondaire 
issu du jeu externe de l'arc libérien, des canaux oléifères bordés de quatre 
cellules spéciales et disposés au milieu des cellules grillagées en autant de 
Séries radiales simples ou doubles qu'il y a de bandes rayonnantes de tissu 
grillagé. Il ne se forme pas d'huile essentielle dans les cellules des rayons de 
parenchvme qui séparent ces bandes. Dans l'Echinops exaltatus, au con- 


$98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


traire, les arcs générateurs ne forment pas de canaux oléiféres dans le tissu 
grillagé du liber secondaire. Mais en revanche il se fait de l'huile essentielle 
dans les cellules mémes des rayons de parenchyme, et cela aussi bien dans la 
moitié ligneuse que dans la: moitié libérienne de ces rayons. Dans les Séné- 
cionidées, on observe Ja méme différence entre la racine des Helianthus où 
la couche génératrice produit des canaux oléiferes bordés de quatre cellules 
et entremélés aux éléments grillagés, et les Tagetes où il ne se forme d'huile 
essentielle que dans des cellules disséminées dans la moitié libérienne des 
rayons de parenchyme. 


Tige. 


Les canaux oléiféres dela tige des Composées sont toujours isolés, bordés 
de quatre ou. quelquefois d'un plus grand nombre de cellules spéciales, mais 
ces cellules de bordure n'y présentent plus, en général, ces grains d'amidon 
colorés en jaune orangé et appliqués contre la face interne qui donnent aux 
canaux du Tagetes patula un caractère si remarquable. Elles sont seulement 
beaucoup plus petites que les cellules ambiantes, et remplies d'un liquide in- 
colore finement granuleux, souvent presque hyalin. La présence du pigment 
amylacé dans les cellules de bordure, toute constante qu'elle est dans l'OEillet- 
d'Inde, n'est donc pas indispensable à la fonction oléigéne de ces cellules, 
comme on le voyait déjà par son absence dans la racine de cette plante : 
mais ce sujet mérite de nouvelles recherches. Ce système de canaux bordés 
et isolés continue celui de la racine et se conserve appuyé contre la mem- 
brane protectrice dont les plissements demeurent partout trés-nets (1). 

Ce qui varie dans les différents genres, c'est le nombre des canaux et leut 
disposition par rapport aux faisceaux libéro-ligneux, et l'on observe à cet égard, 
dans l'organisation primaire de la tige, des modifications beaucoup plus éten- 
dues que dans la racine où la distribution de ces petits organes était bien uni- 
forme. C'est qu'en effet il intervient ici un élément nouveau. Dans la racine 
primaire nous ne trouvions jamais de canaux oléifères à l'intérieur du cylin- 
dre central, notamment dans le tissu conjonctif, et cette exclusion absolue pa- 
rait régner aussi dans toute la longueur de la tigelle hypocotylée, à en juger 
du moins par l’Helianthus annuus. Maisil y a de nombreuses Composées qui, 
outre l'appareil oléifére cortical, présentent, dans la zone périphérique de la 
moelle de la tige épicotylée, au voisinage des pointes internes des faisceaux 
libéro-ligneux, des canaux oléifères bordés de cellules spéciales. De telle sorte 


(4) Remarquons encore que dans les parties souterraines de la tige les cellules de bor- 
dure sont hyalines et presque aussi larges que les cellules ambiantes, à peine spécialisées 
en apparence. Méme il y a des plantes, comme le Tussilago Farfara par exemple, et le 
Cirsium arvense, où les canaux de la tige souterraine sont rapprochés côle à côte et 
creusés directement, comme dans la racine, ou comme dans la moitié inférieure de la 
tigelle, dans l’épaisseur de la membrane protectrice. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 399 


qu'on peut distinguer, dans l'organisation primaire de la tige, trois modifica- 
tions principales présentant chacune des variations secondaires. 

4° La tige ne possède pas de canaux oléifères, ni dans son parenchyme cor- 
tical, ni dans son cylindre central, tandis que la racine en possede. Cela se voit 
dans l’ Echinops exaltatus, le Gnaphalium citrinum et quelques autres ; 
mais ce sont là en quelque sorte des exceptions. Cela se voit encore daus le 
Scolymus grandiflorus, seule Chicoracée dont la racine m'ait montré des 
canaux oléiféres, et il est à peine utile d'ajouter que dans les autres Chico- 
racées la tige est également dépourvue de ces organes. 

2° La tige, comme la racine, ne possède de canaux oléifères que dans le 
parenchyme cortical, oà ils s'appuient directement contre l'endoderme. C'est 
le cas que nous avons développé dans le Tagetes patula. Le mode de distri- 
bution des canaux à cette profondeur, par rapport aux faisceaux libéro-ligneux 
qui viennent appuyer directement leurs éléments libériens externes contre la 
membrane protectrice, y introduit plusieurs modifications secondaires : 

a. Ily a un canal au dos de chaque faisceau foliaire; les réparateurs n'en 
ont pas. Ex. : Senecio vulgaris, Bellis perennis (deux faisceaux foliaires op- 
posés, deux canaux), Petasites niveus, etc. 

b. Un canal au dos de chaque faisceau foliaire; les réparateurs ont autant 
de canaux dorsaux rapprochés qu'ils vont donuer de foliaires en se divisant. 
Ex.: Aster, etc. | 

c. Chaque faisceau foliaire a deux canaux, un à droite et un à gauche, au 
voisinage des cornes de l'arc libérien; les réparateurs n'en ont pas. Ex.: 7a- 
getes patula, Arnica Chamissonis, Tanacetum vulgare, Cotula matricarioi- 
des, Anthemis Pyrethrum, Chrysanthemum Parthenium, Santolina Chame- 
eyparissus, Achillea Millefolium, etc.; en un mot, la plupart des Sénécioni- 
dées, auxquelles il faut joindre l'Znu/a montana, le Cirsium arvense, etc. 

d. Il y a unnombre impair de canaux, 3 à 5 par exemple, disposés en arc 
en dehors de chaque faisceau foliaire; les réparateurs n'en ont pas. Ex.: Cen- 
taurea atropurpurea, etc. 

e. Il y aun nombre pair de canaux, disposés en deux groupes de deux ou 
trois chacun aux cornes du faisceau libérien. Ex.: Silybum Marianum, etc. 

3° La tige possède toujours des canaux corticaux contre la membrane pro- 
tectrice, mais en outre il se forme, au-dessus des cotylédons, d'autres canaux 
dans la zone externe de la moelle, au voisinage de la pointe interne des faisceaux 
libéro-ligneux. Cela se présente, entre autres, dans beaucoup de Cinarées ; 
mais encore ici interviennent de nombreuses variations secondaires dont voici 
les principales : 

a. Un petit nombre seulement des faisceaux, deux par exemple, ont un 
canal ventral. Ex.: Ageratum conyzoides. 

b. Chaque faisceau foliaire a un canal dorsal et un ventral. Ex.: Solidago 
limonifolia, oà ces canaux sont fort larges et pleins d'une huile incolore 
à odeur de savon. 


A00 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


c. Un canal ventral et plusieurs dorsaux à chaque faisceau foliaire. Ex.: 
Serratula centauroides, etc. 

d. Plusieurs canaux ventraux disposés en deux groupes aux cornes de l'arc 
fibreux interne, et plusieurs canaux dorsaux disposés de la méme manière. 
Ex.: Carduus pycnocephalus, etc. 

e. Un arc de canaux ventraux et un arc de canaux dorsaux. Ex.: Helian- 
thus tuberosus, etc. 

A ces trois modifications principales de la jeune tige, l'introduction des 
formations libéro-ligneuses secondaires, issues des arcs générateurs bientôt 
confondus en une couche continue, vient en superposer plusieurs autres. Ces 
formations secondaires présentent les mémes caractéres dans toute l'étendue 
de la plante, racine, tige ou feuille. Là donc où, comme nous l'avons vu, il 
se forme des canaux oléiferes dans le liber secondaire de la racine au milieu 
du tissu grillagé, il s'en fera également dans la tige (Centaurea atropurpurea, 
Helianthus tuberosus, etc.). Là, au contraire, où il ne se développe dans la 
racine que des cellules oléigènes disséminées dans les rayons de parenchyme 
secondaire, les choses se passeront de méme dans la tige (Æchinops exalta- 
tus, Tagetes patula, etc.). 


Feuille, 


Les canaux oléifères du pétiole ou de la nervure médiane des feuilles des 
Composées sont comme ceux de la tige, dont ils sont le prolongement, bordés de 
cellules spéciales au nombre de quatre originaireient. Ils sont placés contre 
la membrane protectrice qui enveloppe individuellement les faisceaux libéro- 
ligneux de la feuille, et de manière que leurs cellules de bordure, tantôt tou- 
chent immédiatement les cellules plissées, tantôt en soient séparées par une 
ou deux cellules ordinaires. Quelquefois, comme dans le Tussilago Farfara, 
on voit le canal entaillé daus l'épaisseur méme de la membrane protectrice, 
comme S'il provenait de la division en quatre d'une de ses cellules. Ces canaux, 
ou bien accompagnent les nervures dans toute l'étendue du limbe où ils de- 
meurent continus, ou bien se rompent à leur entrée dans le limbe en poches 
oléiféres arrondies ou allongées, et ces deux maniéres d'étre se rencontrent 
déjà dans les cotylédons, comme on peut le voir dans les Helianthus d'une 
part et les Zagetes de l'autre. 

Outre ce premier système de canaux oléifères lié aux faisceaux, j'ai trouvé 
dans le Solidago limonifolia, où ces canaux sont trés-larges et pleins d'une 
huile parfaitement incolore et limpide, un système de canaux sous-épider- 
miques bordés aussi de cellules spéciales, mais beaucoup plus étroits et cou- 
tenant un liquide sombre qui tient en suspension de nombreux granules 
opaques. Il y a, à la face inférieure de la feuille, trois à cinq de ces canaux 
externes de chaque côté de la nervure médiane ; leurs cellules de bordure 


sont séparées de l’épiderme par un ou deux rangs de cellules collenchyma- 
teuses. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. A01 


Dans le nombre et la disposition des canaux ordinaires par rapport aux fais- 
ceaux du pétiole, on remarque les principales modifications suivantes : 

1? La feuille n'a pas de canaux oléiféres, quand la racine en possède. Cela 
a lieu toutes les fois que la tige elle-même en est dépourvue au niveau de l'in- 
sertion. Ex.: Echinops exaltatus, Gnaphalium citrinum, Lappa grandi- 
flora. Mais cela peut se présenter aussi quand la tige possède à ce niveau des 
canaux oléifères bien développés. Ex.: Xeranthemum cylindraceum, Cirsium 
arvense. llva sans dire que les feuilles des Chicoracées sont toujours dé- 
pourvues de canaux oléifères. 

2° Les faisceaux n’ont de canaux que sur leur face inférieure, dorsale ou 
libérienne. Il en est ainsi toutes les fois que la tige elle-même ne possède pas 
de canaux médullaires. Voici les principales modifications secondaires : 

a. Un seul canal au dos de chaque faisceau, occupant le milieu de l'arc 
libérien. Ex.: Senecio vulgaris, Bellis perennis (faisceau médian seulement), 
Aster, Tussilago Farfara, Petasites niveus, etc. 

b. Un nombre impair de canaux, 3-5 par exemple, formant un arc dorsal. 
Ex.: Erigeron glabellus, Conyza Gouani. Il y a des transitions entre ce 
cas et le précédent. 

€. Deux canaux, un à chaque corne de l'arc libérien. Ex.: Arnica Cha- 
missonis, Tagetes patula, Tanacetum vulgare, Cotula matricarioides, Sun- 
tolina Chamæcyparissus, Achillea Millefolium, Inula montana, etc. 

d. Un nombre pair de canaux disposés en deux groupes aux cornes de l'arc 
libérien. Ex.: Silybum Marianum. Il y a des transitions entre ce cas et le 
précédent. 

3° Les faisceaux ont, outre les canaux de leur face inférieure disposés 
comme. nous venons de le dire, des canaux sur leur face supérieure, ventrale 
ou ligneuse, Cela se présente quand la tige a des canaux médullaires qui 
s'échappent avec les faisceaux foliaires. Le nombre et la disposition de ces 
canaux supérieurs varient ; en se combinant avec les diverses dispositions 
des canaux inférieurs, ils produisent de nombreux et caractéristiques arrange- 
ments dont je me bornerai à citer ici quelques exemples. 

a. Un canal ventral et un canal dorsal. Ex.: Solidago limonifolia. 

b. Un canal ventral et deux canaux inférieurs situés aux cornes de l'arc 
libérien. Ex.: Ageratum conyzoides. 

c. Un canal ventral et un nombre impair de canaux dorsaux, 5, 3 ou 1, sui- 
vant la dimension des divers faisceaux. Ex.: Serratula centauroides. 

d. Deux canaux ventraux disposés à droite et à gauche de la face interne du 
faisceau et deux canaux dorsaux situés de méme. 

e. Deux canaux ventraux et un nombre impair de canaux dorsaux disposés 
en arc tout autour de l'arc libérien inférieur. Ex.: Cinara Scolymus. 

f- Deux groupes de canaux ventraux et un groupe de canaux dorsaux. Ex.: 
Carduus pycnocephalus. 

T. XVIII. (séances) 26 


A02 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


g. Enfin un arc de canaux ventraux et un autre arc de canaux dorsaux se 
rejoignant pour entourer tout le faisceau. Ex.: Helianthus tuberosus. 

Outre cette première sorte de canaux oléifères appartenant au paren- 
chyme fondamental, cortical ou conjonctif, de la tige, et qui accompaguent 
les faisceaux dans les feuilles, on voit dans certaines Composées se former, à 
l'intérieur. méme de ‘ces faisceaux foliaires, des canaux oléifères bordés de 
quatre cellules spéciales. Ils font partie du liber secondaire issu de l'arc géné- 
rateur et y sont mêlés aux cellules grillagées. Le liber primaire en est tou- 
jours dépourvu. Le pétiole de l’ Helianthus tuberosus en est un exemple. Les 
canaux y proviennent de la division en quatre de certaines des larges cellules 
à paroi mince, qui alternent réguliérement avec les paires de cellules quadran- 
gulaires grillagées. Ces canaux oléiferes libériens d'origine secondaire ne se 
constituent dans les faisceaux de la feuille que chez les plantes qui en for- 
ment de semblables dans les productions secondaires de leur tige et de leur 
racine, et dans la proportion toujours faible où les formations secondaires 
elles-mémes se développent dans ces faisceaux foliaires. 

Nous avons vu que certaines Chicoracées, les Scolymus par exemple, tout 
en demeurant abondamment pourvues de latex, acquièrent, tout au moins 
dans leur racine, les canaux oléifères corticaux qui caractérisent les autres 
Composées. 1l nous reste à montrer maintenant que certaines Cinarées, tout 
en conservant leurs canaux oléifères, acquièrent au moins dans quelques or- 
ganes, notamment dans la partie supérieure de leur tige et dans leurs feuilles, 
les vaisseaux laticifères qui caractérisent les Chicoracées. Tel est, par exem- 
ple, le Cirsium arvense. Les racines de cette plante et la région inférieure 
de sa tige sont pourvues des canaux oléifères habituels à ses congénères, mais 
sans qu'il y ait de vaisseaux laticiféres dans le liber des faisceaux. Dans la 
région supérieure de la tige, les canaux oléifères continuent à s'élever le long 
des cornes de l'arc libérien de chaque faisceau, et en même temps un latex 
abondant s'écoule de vaisseaux laticifères situés au bord externe de cet arc 
libérien. Les deux appareils coexistent ici dans la tige, comme ils coexistaient 
dans la racine des Scolymus. Mais dans la feuille les canaux oléifères cessent, 
et l'on voit en revanche les laticiféres se multiplier au bord externe de l'arc 
libérien. Ainsi les deux appareils, isolés dans la racine et dans la feuille, coexis- 
tent dans la tige, au moins dans sa région supérieure. Il en est de même 
dans le Zappa grandiflora. Si donc les Scolymus, et quelques autres, en ac- 
quérant des canaux oléiféres dans leur racine, relient les Chicoracées vraies 
aux Cinarées, de leur côté les Zappa, Cirsium et quelques autres, en gagnant 
des laticiferes dans leur tige et leurs feuilles, unissent les Cinarées aux Chico- 
racées. 

Résumé. 


Au total, nous voyons. que les plantes de la famille des Comnosées renfer- 
ment dans leurs divers organes un système d'étroits canaux oléifères semblables 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. AGS 


à celui que nous avons décrit avec détail chez l'OEillet-d'Inde dans la pre- 
mière partie de ce travail. Il n'y a d'exception que pour la plupart des Chi- 
coracées où cet appareil parait remplacé physiologiquement par les vaisseaux 
laticifères, quoique dans quelques formes de transition les deux systèmes 
puissent coexister, au moins dans certains organes. 

Les cellules, originairement au nombre de quatre, qui entourent l'étroit 
méat et sécrétent l'huile qui s'y déverse, sont toujours douées de pro- 
priétés particulières, non partagées par les cellules ambiantes, Mais par eur 
forme, leur dimension et leur contenu, elles se montrent spécialisées à deux 
degrés différents, suivant qu'on est dans la racine ou qu'on s'éléve dans la tige 
et dans la feuille. Dans la racine, le canal est creusé dans la membrane pro- 
tectrice dédoublée, dont les larges cellules hyalines le limitent immédiatement 
et méme sont dans le jeune âge communes à deux canaux voisins. Dans la tige 
et surtout dans la tige épicotylée et aérienne, ainsi que dans la feuille, le canal 
est entouré de cellules plus petites, détachées des cellules protectrices par des 
cloisons paralléles à l'axe du méat. On peut dire, en un mot, que les canaux 
primaires ne sont pas bordés dans la racine et qu'ils sont bordés dans la tige et 
dans la feuille, dans le limbe de laquelle ils se réduisent souvent à des poches. 
Les canaux secondaires libériens, quand il s'en forme, sont toujours bordés 
et de la même manière dans les trois organes. 

En outre, chez nombre de Composées où la zone génératrice ne forme pas 
de canaux secondaires libérieus, il se fait, dans la période secondaire de la tige 
et de la racine, de l'huile essentielle dans des cellules éparses faisant partie des 
rayons de parenchyme qui traversent les productions libéro-ligneuses issues 
de cette zone génératrice. 

Considéré dans son ensemble, cet appareil oléifère présente d'une plante à 
l’autre des modifications secondaires qui peuvent jusqu'à un certain point 
servir à caractériser les genres. Et bien qu'on puisse dire d'une facon géné- 
rale que telle ou telle de ces modifications prédomine dans telle ou telle tribu, 
il est pourtant impossible, sous ce rapport, à cause des nombreuses transi- 
tions qu'on y remarque, d'établir dans la famille une série de coupes nettes 
coincidant avec les tribus. 


III. — HISTORIQUE. 


Je nepuis terminer cet exposé sans dire quelques mots des travaux anté- 
rieurs où il est fait mention des canaux oléiferes des Composées. Jusqu'à pré- 
sent, il en est venu troisà ma connaissance : l'un est de M. Julius Sachs (1859), 
un autre de M. Trécul (1862), le troisième de M. N.-J.-C. Mueller (1867). 

M. J. Sachs, dans son mémoire sur la formation de l'amidon dans la 
germination des graines oléagineuses (1), a signalé en quelques mots et figuré 


(4) J. Sachs, Botanische Zeitung, 1859, pp. 177 et 185, pl. viri, fig. 7. 


A04 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


à la base de la tigelle de l Helianthus annuus des méats prismatiques rappro- 
chés en arcs en dehors des six faisceaux et situés dans ce qu'il appelle la 
« gaine du cambium » (Cambiumscheide) dédoublée. « Ces méats sont remplis 
d'une huile épaisse qui rougit par la potasse et noircit par les sels de fer» 
(p. 183). Plus loin, il identifie cette assise alternativement simple et double, 
où sont creusés les canaux, avec la membrane protectrice (Schutzscheide de 
Caspary), en montrant qu'elle en possède les marques noires caractéristiques 
(p. 188). 

Sans étudier à fond la structure et le mode de distribution des canaux oléi- 
fères des Composées, qu’il regarde avec raison comme dépourvus de paroi 
propre, M. Trécul (1) s'est surtout préoccupé de leurs rapports avec les 
vaisseaux laticifères. Il signale l'existence de laticiféres à suc laiteux et à paroi 
propre dans un certain nombre de genres étrangers à la tribu des Chicoracées. 
Aux sept genres où Meyen dit avoir vu des laticifères et que M. Trécul réduit 
à quatre (Arctium, Carduus, Cirsium, Vernonia), il en ajoute neuf autres 
(Onopordon, Carlina, Jurinea, Notobasis, Tyrimnus, Galactites, Silybum, 
Echenais, Lappa). Il montre ensuite que la méme plante peut avoir en méme 
temps des canaux oléifères, « de maniere qu'il y a une transition réelle entre 
les laticiféres et les canaux dits oléo-résineux. » Dans la racine de ces plantes 
le suc propre est seulement oléo-résineux ; il est seulement laiteux dans la tige. 
« Dans la tige, les vaisseaux ont une membrane propre; dans la racine, ils 
n'en ont pas et ressemblent à des méats plus ou moins élargis. Les canaux 
oléo-résineux sont donc substitués aux vaisseaux laiteux dans le caudex descen- 
dant. Toutefois leur position relative y est un peu différente de celle des vais- 
seaux laiteux dans la tige (p. 269). » 

Nous avons vu que les appareils laticifére et oléifère des Composées ne 
sont pas, comme M. Trécul semble l'admettre, les deux parties d'un seul et 
même système qui se prolongerait en se modifiant dans des organes différents, 
mais bien deux systémes indépendants qui peuvent coexister à un niveau 
donné dans le méme organe. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il parait exis- 
ter entre eux un certain balancement physiologique. 

Dans un travail plus récent et dont l'objet est précisément l'étude des or- 
ganes sécréteurs des plantes (2), M. N.-J.-C. Mueller a consacré un paragraphe 
spécial à la famille des Composées (p. ^18). Il signale les canaux dans l’/nula 
Helenium et dans l'Artemisia vulgaris; il en suit surtout le développement 
dans la racine de cette derniére plante. Il s'attache à montrer qu'ici comme 
chez les Cycadées, les Conifères, les Térébinthacées, les Ombelliferes et 
les Araliacées, qu'il a d'abord étudiées, le canal est un simple espace intercel- 


(1) Trécul, Journal Institut, 6 août 1862, 

(2) N.-J.-C. Mueller, Untersuchungen ueber die Vertheilung der Harze, «lherischen 
Œle, Gummi und Gummiharze, und die Stellung der Secretionsbehælier im Pflanzen- 
kœrper (Pringsheim's Jahrbuecher, V, 384; 1866-67). 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 18714. A05 


lulaire bordé originairement par quatre cellules qui tantót se divisent plus 
tard, tantôt demeurent simples. Mais, ce point établi, et il n'y avait aucun 
doute possible à cet égard chez les Composées, l'auteur se méprend sur la 
position de ces canaux daus l'organisation de la jeune raciue, en méme temps 
qu'il méconnait plusieurs traits essentiels de cette organisation elle-méme. Il 
est de mon devoir de relever ici quelques-unes des erreurs accumulées dans 
ce paragraphe. 

1? La position de la membrane ou gaîne protectrice n'est pas correctement 
indiquée et figurée par les lettres MM dans la fig. 29 et mm daus la fig. 31 de 
la pl. LI. Cette assise MM ou mm est la membrane rhizogène qui touche im- 
médiatement les premiers vaisseaux formés. C'est l'assise aa de la fig. 29 qui 
est la membrane protectrice. Mais les plissements si caractéristiques de cette 
membrane ne sont indiqués nulle part. 

2° De cette première méprise en découle une autre. Les canaux oléifères 
sont décrits comme étant en dehors de la membrane protectrice, tandis 
qu'ils sont réellement creusés dans son intérieur, comme l'avait fort bien vu 
M. J. Sachs en 1859, sur l’ Helianthus annuus. | 

3° Les faisceaux libériens primitifs du cylindre central sont méconnus et 
confondus avec le cambium. Bien plus, dans la fig. 31, ces groupes d'élé- 
ments libériens externes, appuyés contre la membrane rhizogéne mm, sont 
figurés comme des vaisseaux par un contour trés-noir; ils sont d'ailleurs 
appelés dans la légende explicative « second système centripéte de rayons 
ligneux. » C'est là une erreur grave. L'auteur admet donc qu'il y a six faisceaux 
vasculaires primaires dans cette racine, et de deux qualités différentes, formant 
deux étoiles ternaires alternes, quand il n'y en a que trois en réalité, alternes 
avec trois faisceaux libériens. 

h° Suivant M. Mueller, les canaux oléifères naissent associés par deux ou trois 
en six places qui correspondent exactement aux six branches des deux étoiles 
ligneuses ternaires ainsi constituées. Cela est peu exact ; car c'est seulement 
en trois places et vis-à-vis des faisceaux libériens primitifs, c'est-à-dire vis-à-vis 
de la deuxième étoile ligneuse ternaire de l'auteur, que se forment les canaux. 
En face des lames vasculaires primitives, on ne trouve pas de méat oléifères ; 
Ou si par hasard on en rencontre quelqu'un à cette place, c'est. par un pur 
accident, comme il arrive d'en trouver parfois dans quelques-uns des méats 
du parenchyme cortical extérieur à la membrane protectrice. 1l en est ainsi, 
nous l'avons vu, daus toutes les Composées. 

5° Enfin, l'auteur affirme que, à la suite de l'élargissement du cylindre 
central produit par la formation des productions secondaires, les cellules de 
la membrane protectrice acquièrent un grand développement latéral, mais 
que « le nombre n'en est pas sensiblement augmenté » (p. 421). Nous savons 
au contraire que les éléments de la membrane protectrice, ainsi que ceux de la 
membrane rhizogéne sous-jacente, se divisent par de nombreuses cloisons 


A06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


radiales, qui sont toutes plissées au méme endroit dans la première de ces mem- 
branes. En sorte que là oü il n'y avait d'abord qu'une seule cellule plissée, il y 
en a maintenant vingt-cinq à trente et méme davantage. Cette multiplication 
écarte progressivement les canaux oléifères. ' 

Il était difficile, on le voit, dese faire une idée moins exacte de l'organisation 
de la jeune racine et de la position réelle des canaux oléifères au sein de cette 
organisation. 


Lecture est donnée d'un extrait du travail suivant : 


OBSERVATIONS SUR L'ORIGINE GLACIAIRE DES TOURBIÉRES DU JURA NEUCHATELOIS 
ET DE LA VÉGÉTATION SPÉCIALE QUI LES CARACTÉRISE, 


par M. Ch. MARTINS. 
(Montpellier, août 1874.) 


L'origine des flores actuelles est un problème nouveau en géographie 
botanique. On croyait jadis qu'elles avaient toutes apparu simultanément à la 
.surface du globe. Cette opinion n’est plus soutenable. Comme les terrains, 
les flores et les faunes qui nous entourent remontent à des époques géolo- 
giques plus ou moins anciennes. Il en est qui datent de la période glaciaire. 
Lelle est l'origine de la végétation des tourbières jurassiques, et peut-être de 
celles de l'Europe tout entiére. Ce travail est destiné à éveiller sur ce sujet 
l'attention des géologues et des botanistes. Les circonstances qui l'ont fait 
naitre se rattachent à des souvenirs qui me seront toujours bien précieux. 
Lorsque je vis pour la première fois, en 1859, la végétation de la grande 
tourbière qui occupe le fond de la vallée des Ponts, à 1000 mètres au-dessus 
de la mer, dans le Jura neuchátelois, je crus avoir de nouveau sous les yeux 
l'aspect des paysages de la Laponie, que j'avais visitée vingt ans auparavant. 
Non-seulement les arbres, mais les herbes méme étaient identiques à celles du 
Nord. Plusieurs séjours successifs dans le chalet hospitalier de mon ami Desor, 
à Combe-Varin, près de l'extrémité méridionale de la tourbière, me permi- 
rent de confirmer ce premier apercu, que je complétai en étudiant les tour- 
biéres de Noiraigues dans le Val-Travers, et de la Brévine dans la vallée de 
méme nom. La première est élevée de 720, la seconde de 1030 mètres au- 
dessus de la Méditerranée. Comme terme de comparaison, je visitai ensuite 
les tourbières des environs de Gaiss, dans le canton d'Appenzell, élevées éga- 
lement de 900 à 1000 mètres au-dessus de la mer, et dernièrement les fonds 
tourbeux des Cévennes granitiques, dont les altitudes varient de 950 à 675 
mètres, qui est celle du village dela Salvetat, sur les limites des départements 
du Tarn et de l'Hérault. Ces études me permirent de constater la parfaite 
exactitude de tous les faits et de tous les résultats contenus dans l'ouvrage 
publié en 1844, sur les Marais tourbeux, par M. Léo Lesquereux. Je n'au- 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. h07 


rais même pas pris la plume si l'auteur s'était mis au point de vue de lori- 
gine géologique et phytologique de ces tourbiéres. Mais à l'époque où il 
écrivait, ces questious n'étaient pas encore à l'ordre du jour, et il eüt été fort 
en avant de son temps s'il les avait méme pressenties. Je m'attacherai donc 
à ce point de vue, renvoyant pour tout le reste à l'ouvrage que je viens 
de citer. 


Origine glaciaire des tourbiéres. 


Un sol imperméable que les eaux pluviales ne puissent traverser, telle est la 
condition première de la formation d'une tourbiére. La configuration du sol ne 
joue qu'un róle secondaire. Ainsi, on observe des tourbiéres sur des terrains 
plats, ceux des bords de la Somme, de l'Ems et du Weser (1), du Slesvig- 
Holstein et de la Hollande, comme dans les vallées des Vosges, des Alpes, du 
Jura et des montagnes de l'Écosse. Quelquefois méme, elles s’établissent dans 
les légères dépressions de pentes très-inclinées. Si le sol est imperméable, si 
l'écoulement des eaux n'est pas facile, la tourbière se forme. Une autre con- 
dition, c'est que les pluies ne soient pas trop rares, l'air habituellement humide, 
la chaleur des étés modérée. Aussi en Europe les tourbiéres s'étendent-elles 
du Spitzberg jusqu'aux Pyrénées et dans la haute Italie, mais ne dépassent pas 
ces limites vers le Sud ; cependant méme le climat du pied septentrional des 
Pyrénées est encore assez humide, assez pluvieux et assez tempéré pour favo- 
riser l'établissement de tourbières exploitables : mon ami M. Émilien Frossard 
m'apprend qu'il en existe une sur le plateau d'Ossun, prés de Lourdes, une 
autre sur le plateau de Lannemezan, non loin de la Barthe-de-Neste, arron- 
dissement de Bagnères-de-Bigorre ; toutes deux fournissent du combustible 
aux environs. 

Les vallées longitudinales, en forme de berceau, dela chaine du Jura se pré- 
tent singulièrement à l'établissement des tourbières : en effet, presque toutes 
se terminent, comme celle des Ponts, par deux cols qui, étant plus élevés que 
le fond de la vallée, s'opposent à l'écoulement des eaux. Sur les bords longitudi- 
naux où les assises relevées en forme de crête se sont rompues, ces eaux s'é- 
chappent entre les couches calcaires disloquées, et forment ces cavités coniques 
réguliéres connues dans le pays sous le nom d'emposieuz (2). Ces cavités sont 
analogues aux chasmata des Grecs anciens, catavothra des modernes, bétoires 
de la Normandie, ScA/otten en Thuringe, shallow holes en Angleterre, do- 
lines ou Jamen sur le plateau de Karst, entre Trieste et Adelsberg, en Car- 
niole. Les eaux d'infiltrations forment les sources abondantes des vallées infé- 
rieures du Jura, celle de Noiraigues dans le Val-Travers, la source de l'Areuse, 
celle de l'Orbe dans le Jura vaudois, du Muehlbach prés de Bienne, de la 


(1) Voyez Grisebach, Ueber die Bildung des Torfs in den Emsmooren (Gællinger Stu- 
dien, 4845). 
(2) Voyez, sur les emposieux de la vallée des Ponts, Magasin pittoresque, 1865, p. 236. 


A08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Birse, etc. Néanmoins le fond de la vallée reste toujours humide ; une partie 
des eaux pluviales ne s'écoule pas, mais s'étend en nappe souterraine au -des- 
sous du banc de tourbe, et alimente la végétation des Sphagnum et des autres 
végétaux qui entrent daus la composition de ce terrain. 

Où est l'obstacle qui s'oppose à l'infiltration de ces eaux à travers les fissures 
des couches calcaires formant le thalweg de la vallée des Ponts ? Cet obstacle, 
c'est une couche d'argile siliceuse qui, semblable à un enduit imperméable, 
recouvre toute la partie horizontale occupée par la tourbiére. D'où provient 
cette couche d'argile siliceuse? Elle ne saurait étre due à la décomposition des 
roches, qui sont toutes calcaires ; cetteargile est un produit dela trituration des 
roches feldspathiques, alumineuses etsiliceuses, de roches dites primitives : c'est 
de la boue glaciaire. A l'époque de la grande extension des glaciers alpins, tout 
le Jura fut envahi par eux, Il était compris dans le domaine du glacier du 
Rhône. Malgré une exploitation trop active, les blocs erratiques qu'il ya dé- 
posés sont encore innombrables, La plupart appartiennent aux roches primi- 
tives: protogines, gneiss, schistes métamorphiques, poudingues à cailloux 
quaftzeux, etc.; ces blocs sont épars sur le crét de Travers qui borne au sud 
la vallée des Ponts. Dans celle de Travers méme ils formaient la puissante 
moraine de Noiraigues, dont les blocs ont été utilisés en majeure partie pour 
la construction des tétes de tunnels du chemin de fer, de clochers d'églises, 
d'escaliers et de montants de portes et de cheminées. Cette moraine est précisé- 
ment en aval dela tourbière de Noiraigues, et les blocs se retrouvent dans 
tout le Val-Travers jusqu’au Chasseron. Les tourbières jurassiques ont donc 
une origine glaciaire, méme lorsqu'elles ne sont pas barrées par une moraine 
qui, en s'opposant à l'écoulement des eaux, détermine la formation de lacs, de 
marais ou de tourbières, comme on en connaît tant d'exemples dans les Alpes, 
le Jura, les Vosges, les Pyrénées et même dans les montagnes de la Lozère (1). 

Les tourbières des environs de Gaiss, dans le canton d'Appenzell, sont une 
confirmation de ce qui se voit dans le Jura. La roche dominante est la nagel- 
flue polygénique, poudingue molassique, composée d'éléments variés, mais où 
dominent les cailloux calcaires impressionnés. Si l’on parcourt la tourbière 
qui longe la route de Gaiss à Appenzell, on remarque qu'elle est coupée par 
plusieurs ruisseaux quí se jettent dans le Rothbach. Ces ruisseaux sont creusés 
dans une argile grise très-plastique et trés.pure. Cette argile, qui fait à peine 
effervescence avec les acides, recouvre sur plusieurs points le véritable terrain 
glaciaire formé de cailloux anguleux. La plupart ne sont pas calcaires, non 
plus que les blocs erratiques gisant à la surface du sol: ce sont des cailloux et 
des blocs apportés par l'ancien glacier du Rhin qui les a déversés daus les envi- 
rons de Gaiss, par-dessus le col d'Am Stoss, où ils deviennent fort nombreux 


(4) Voyez une Note sur l’ancien glacier de la vallée de Palhères (Comptes rendus de 
l'Académie des sciences de Paris, 9 novembre 1868). 


000000" —^M.——————————————————— —————— oo — a 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. h09 


et reposent sur une moraine dont la tranchée de la route qui conduit à Als- 
tætten permet d'apprécier la puissance. La partie horizontale du col est elle- 
méme occupée par une petite tourbière exploitée, à fond également argileux. 
Mais ce qui est encore plus démonstratif, ce sont de petiis îlots marécageux 
qu'on observe sur les pentes de toutes les montagnes voisines : ils correspon - 
dent à de légères dépressions du sol, e on les reconnaît de loin à leur végéta- 
tion, qui est tout à fait différente de celles des prairies au milieu desquelles ils 
sont enclavés. Tandis que les pâturages, d'un vert admirable, se composent 
uniquement de plantes fourragères, ces îlots se distinguent de loin par une 
teinte jaune due à la présence du Cirsium palustre qui domine les Cypéracées 
et les Joncs, témoins comme lui de l'existence d'un sol humide et spongieux. 
Aussi, tandis que les pâturages servent à la dépaissance des vaches laitières, 
ces ilots sont fauchés, et les herbes employées uniquement comme litiére dans 
les étables. Le mode de formation de ces îlots est le méme que celui des tour- 
bières. La boue argileuse de l'ancien glacier s'étant déposée dans les moindres 
dépressions du terrain et arrétant l'écoulement des eaux, le sol reste humide, 
devient spongieux, etla végétation du pâturage est remplacée par celle des 
marais et des tourbiéres. Un drainage intelligent suffit pour faire disparaitre 
la végétation aquatique, remplacée bientót par celle des plantes sociales du 
pâturage alpin. 

La formation des tourbiéres alpines, vosgiennes ou jurassiques, se rattache 
donc à l'époque glaciaire. Supprimez les moraines comme barrage daus un grand 
nombre d'entre elles, supprimez la boue glaciaire qui rend le terrain imper- 
méable, et la tourbiére ne se formera pas. Les moraines et la boue glaciaire 
jouent méme un grand róle dans la formation des tourbiéres qui se trouvent 
en dehors des chaines de montagnes, mais dans le domaine des anciens gla- 
ciers, qui jadis sortaient des vallées pour s'épanouir dans les plaines. Telles 
sont toutes celles du versant septentrional et du versant méridional des Alpes: 
en Piémont, les grandes tourbieres de San-Martino et San-Giovanni prés 
d'Ivrée, d'Avigliana sur la route de Suse à Turin (1), de Mercurago et d'An- 
gera, prés d'Arona, sur le lac Majeur. Dans les environs de Novare, beaucoup 
de marais tourbeux ont été transformés en riziéres. En Lombardie, des tour- 
bières existent aux environs de Côme, de Varese, de Colico et de Comabbio. 
Toutes ces tourbiéres sont dans le domaine de l'ancienne extension des gla- 
ciers alpins, et la boue glaciaire, en rendaut le sol imperméable, a autant 
contribué à leur formation que l'obstacle mécanique apporté par la digue 
morainique à la circulation des eaux courantes. Mon ami et ancien collabora- 
teur le professeur D. Gastaldi, de Turin, distingue méme (2) des tourbières 


(4) Voyez Ch. Martius et B. Gastaldi, Essai sur les terrains superficiels de la vallée 
du P6, in-4°, pp. 5 et 19. | 

(2) B. Gastaldi, Nuovi cenni sugli oggetti di alta antichita trovali nelle torbiere e 
nelle marniere del! Italia, p. 77. 


A10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


du premier ordre situées dans la plaine, au pied de la moraine, et des tour- 
biéres du second ordre placées dans les dépressions de la moraine elle-méme. 
Les mémes faits se représentent dans le nord de la Suisse, dont les marais tour- 
beux sont compris dans le domaine de l'ancien glacier du Rhin. 

Je n'oserais encore affirmer qu'à l'époque glaciaire les Cévennes granitiques 
du département de l'Hérault, dont les hauteurs ne dépassent pas 1100 mètres 
au-dessus de la mer, aient eu des glaciers permanents; et cependant je me 
suis assuré que les nombreux fonds tourbeux de la montagne de Sautmail, 
compris entre 600 à 950 mètres, sont formés par une couche d'argile aussi 
imperméable aux eaux que la boue glaciaire. La puissance de la tourbe n'atteint 
pas un mètrè, elle n'est pas exploitée comme combustible, mais seulement 
comme plaques gazonnées pour recouvrir les étables. La roche sous-jacente 
est un gneiss feuilleté se réduisant facilement en sable tin. Cetteargile de tour- 
bières est-elle due à la décomposition de ce sable que les cours d'eau entrai- 
nent constamment vers les parties les plus déclives, ou bien est-elle aussi 
d'origine glaciaire ? C'est ce que je ne saurais affirmer en ce moment. Je passe 
à l'étude de la végétation des tourbiéres jurassiques. 


Végétation des tourbiéres jurassiques. 


I. ARBRES. 


Betula pubescens Ehrh. — Pinus uliginosa Neum. (P. uncinala Ram.) — 
Abies excelsa. — Sorbus aucuparia (1). 


J'ai déjà dit que leur végétation était celle des marais tourbeux de la Nor- 
vége et de la Laponie, et son examen nous ménera aux mémes conclusions 
que celui de l'origine géologique des tourbiéres : cette végétation date, comme 
la tourbe elle-même, de l'époque glaciaire. Les arbres sont: d'abord la va- 
riété pubescente du Bouleau-blanc. Identique avec celui du Nord, il ne s’élève 
pas à plus de 6 mètres, et ses rameaux, dont les extrémités gèlent dans les 
hivers rigoureux, ne sont pas pendants comme dans les pays plus tempérés. 
Ges Bouleaux forinent des bouquets, quelquefois des taillis. Cet arbre, en le 
réunissant au Betula- alba, se trouve dans les régions septentrionales de Eu- 
rope et de toute l'Asie, et sur les montagnes des parties méridionales de ces 
deux continents, telles que les Alpes, les Pyrénées, l'Altai, l'Asie Mineure, la 
Perse ct l'Himalaya. En Amérique, le Bouleau manque au Greenland et aux 
États-Unis, il n'existe qu'à l'est des montagnes Rocheuses. 

L'arbre qui domine et donne à la tourbière l'aspect d'une forêt, c'est le Pin- 
des-tourbières (Pinus uliginosa Neum.). Adulte et bien portant, il a la forme 
d'une pyramide dont la base repose sur le sol, ses jeunes cônes dressés portent 


(1) La grande majorité des plantes citées dans ce mémoire ayant été nommées par Linné, 
je n’ajouterai le nom d'auteur qu'à celles qui ne l'ont pas été par lui. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1874. A114 


des écailles d'une belle couleur brune recourbées en forme de crochet ; ce Pin 
est une simple variété da Pinus montana Du Roy (1). Dans les parties plus 
étanches de la tourbière, il peut s'élever à 5 ou 6 mètres; alors ses branches 
inférieures se dessèchent et le sommet seul est verdoyant. Dans les parties hu- 
mides, spongieuses et découvertes, on n'apercoit que des individus trés-jeunes 
et dont la tête s'élève à peine au-dessus de la couche des Sphagnum. Quand 
on cherche à dégager ces arbres nains, on reconnait que la végétation des 
Mousses, plus rapide que celle du Pin, l'a gagnée de vitesse et que le tronc 
et les branches inférieures ont déjà été enfouis par elles. Ainsi j'arrachai le 
1^ août 1862 un Pin ayant 07,80 de hauteur totale; le tronc était enfoui de 
07,45 dans la mousse, dont il ne dépassait la surface que de 09,35. Si l'on 
veut déchausser des arbres de 2 ou 3 métres de haut, qui paraissent souffrants 
et dont les branches inférieures sont déjà mortes, on reconnait que le tronc 
plonge profondément dans la couche de Sphagnum et que les racines s'enfon- 
cent dans la tourbe humide. Les Sphaignes envahissent l'arbre, finissent par 
le tuer et par ensevelir son tronc. Telle est l'origine de ces souches appelées 
kerbes, qu'on observe ‘à tous les niveaux sur une section de tourbiére ex- 
ploitée : ce sont des troncs de Pins qui ont été ainsi successivement enfouis. 
Il y a donc une lutte permanente entre les arbres qui cherchent à se main- 
tenir vivants sur ce sol anormal, et la Mousse hygroscopique, qui les tue et 
travaille à ensevelir leur tronc dans sa masse humide et spongieuse. Ces troncs 
sont trés-nombreux. Quand la tourbière est mise en culture, la charrue les 
arrache du sol. Près de Combe-Varin je comptai 70 énormes souches ainsi 
extraites, sur une surface de 1200 mètres carrés. Ainsi la forét tourbeuse 
se renouvelle incessamment, des générations successives d'arbres sont tués 
par les Sphagnum vivants, et enfouis dans la couche combustible, où ils se 
conservent indéfiniment. 

Le Pinus montana mérite son nom; caril n'existe pas dans les plaines de 
l'Europe et de l'Asie septentrionale, mais seulement dans les chaines de mon- 
tagnes des parties tempérées de ces deux continents, telles que les Carpates, 
les Sudétes, les Alpes, les Vosges, les Pyrénées, les Apennins, le Taurus, la 
Roumélie et la Grèce. M. Boissier ne l'a pas observé sur la Sierra-Nevada: 
aucune espèce d'Amérique ne présente avec lui la moindre analogie. 

Les portions les plus humides de la forêt tourbeuse forment des clairières ; 
les arbres y manquent totalement ou sont rares et rabougris, car ils périssent 
avant que leur téte ait pu s'élever au-dessus de la Mousse. Des touffes denses, 
mais stériles, de Scirpus cæspitosus offrent seules un point d'appui résistant 
aux pieds du botaniste qui veut explorer ces terrains où végètent de vérita- 
bles plantes aquatiques, telles que le Trèfle-d’eau (Menianthes trifoliata), le 


(1) Voyez Heer, Ueber die Fohrenarten der Schweiz (Réunion des naturalistes 
suisses de 1862). 


A12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Comarum palustre et queiques Carez, qui ailleurs ne vivent que dans les fossés 
pleins d'eau et au bord des ruisseaux. l 

La Sapinette (Abies excelsa) est rare dans les tourbières; cependant on en 
observe, sur les bords et dans les portions étanches, quelques-unes dont les 
troncs atteignent de grandes dimensions, prés de Combe-Varin et à la tourbière 
de Noiraigues. 

On remarque aussi quelques pieds de Sorbier-des-oiseleurs (Sorbus aucu- 
paria) ; mais je n'en ai pas vu qui fussent de véritables arbres. 

Ces deux dernières espèces se trouvent, comme le Pin et le Bouleau, dans 
la presqu'ile scandinave tout entiére. Cependant le Sorbier-des-oiseleurs s'a- 
vance encore plus vers le Nord que le Sapin. En Laponie, il atteint le 71* degré 
de latitude ; en Sibérie, sur les bords du Jennissei, le 64* (1): il habite non- 
seulement le nord, mais les hautes montagnes des deux continents. 1l existe 
en Islande, au Greenland, au sud du cercle polaire ; mais dans l'Amérique sep- 
tentrionale il est remplacé, suivant Asa Gray, par une forme spéciale : le Pirus 
sambucifolia Cham. et Schlecht. (2). 


II. ARBRISSEAUX. 


Betula nana, — Salix ambigua Ehrh., S. aurita, S. repens, S. rubra Huds., 
S. cinerea. — Lonicera cœærulea. 


Quelques arhrisseaux accompagnent le Bouleau-pubescent et le Pin. Je 
citerai d'abord le plus caractéristique de tous, le Bouleau-nain (Zetula nana), 
reconnaissable à ses petites feuilles arrondies et crénelées; puis trois Saules : 
Salix ambigua Ehrh., S. aurita et S. repens. Les Salix rubra Huds. et 
S. cinerea sont plus rares, et enfin un Chèvrefeuille (Lonicera caerulea) qui 
est également peu commun. 

Tous les arbres, tous les arbrisseaux que nous venons d'énumérer, sauf le 
Saule-rouge, se retrouvent également dans le nord de l'Europe, jusqu'en La- 
ponie : ce sont donc des plantes boréales. Mais dans la presqu'ile scandinave 
le sol et l'air sont si humides, les pluies si fréquentes, les chaleurs estivales si 
courtes et si peu intenses, que ces arbres et ces arbrisseaux ne sont plus limi- 
tés aux tourbières ; ils croissent partout, même dans des localités qui seraient 
complétement étanches dans l'Europe moyenne. Au nord de l'Allemagne, le 
Pin-silvestre ombrage indifféremment les marais tourbeux et les dunes sèches 
des environs de la ville de Celle, en Hanovre (3). En Suisse, le Pinus silves- 
tris ne vient que dans les localités sèches, et ne monte pas trés-haut dans les 
montagnes; c'est le Pinus uliginosa qui forme les pinèdes des tourbières 
alpines. En Scandinavie, le Pin-silvestre, le Bouleau-pubescent et le Bouleau- 
nain se rencontrent partout. Ce dernier ne s'arrête qu'au cap Nord, là où, 


(1) Middendorff, Plantæ jenniseenses, p. 175. 
(2) Asa Gray, Botany of the Northern United States, p. 461. 
(3) Grisebach, loc. cit. p. 22. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 413 


pour ainsi dire, la terre vient à lui manquer. Il ne reparaît pas au Spitzberg. 
Au Labrador, il s'avance jusqu'à la baie de Baffin, et au Greenland jusqu'au 
73° degré de latitude. Dans le nord des États-Unis, il n'existe que dans les mon- 
tagnes Blanches du New-Hampshire. On trouve le Bouleau-nain en Écosse, 
non en Irlande, et c'est dans le Jura et sur les sommets de la Stvrie et de la 
Carinthie qu'il atteint sa limite méridionale en Europe. En Sibérie, ce Bouleau 
remonte le fleuve Taymir jusqu'au 74° degré et reparait au Sud dans l'Altai 
et l'Himalaya. 

Les Saules sont nombreux en Scandinavie, et parmi eux se trouvent ceux 
des tourbiéres du Jura, que nous avons énumérés. Les Saliz cinerea et S. au- 
rita seuls se rencontrent en Écosse, mais ce dernier ne dépasse pas vers le sud 
les comtés septentrionaux de l'Angleterre (1); il manque aux Shetland et 
dans les Færæer. Le Salix Lapponum, si commun autour des lacs marécageux 
du plateau lapon, n'existe pas dans le Jura neuchátelois, mais on le rencontre 
dans la haute Engadine, prés du lac de Saint-Maurice. 

Le Lonicera cerulea se trouve mêlé par accident à la végétation des tour- 
bières jurassiques. C'est un arbuste des montagnes qui s'étend dans toute 
la chaîne des Alpes, jusqu'en Styrie et en Carniole. 1l croit çà et là en Suède 
et en Laponie, maisil y est rare (2). 


ILI. SOUS-ARBRISSEAUX. 


Andromeda polifolia — Calluna Erica DC, — Vaccinium uliginosum, V. Myrtiltus, 
V. Vitis- idea, V. Oxycoccos.— Empetrum nigrum. 


La liste précédente renferme les sous-arbrisseaux habituels de la tourbière 
jurassique. Tous, un seul excepté, appartiennent au groupe des Éricacées, et 
tous font partie de la flore boréale. Quelques-uns méme sont caractéristiques 
pour les tourbières de tout l'hémisphère septentrional, du 71° au 42° degré. 
Je citerai en première ligne l'Andromeda polifolia : il croit dans les tour- 
bières, depuis le cap Nord jusqu'aux Alpes et aux Pyrénées (3), et se trouve 
également dans le sud de l'Écosse, en Angleterre et en Irlande (4), mais il 
manque aux Shetland, aux Færæer et en Islande. 

En Asie, Middendorff l'a rencontré sur les bords du fleuve Boganida, 
par 71* 15' : il est signalé dans toute l'Amérique septentrionale jusqu'en 
Pennsilvanie (5). 

La Bruyére- commune (Calluna Erica DC.) occupe une large place parmi 
es plantes sociales des tourbières jurassiques. Dans celles du Nord, elle est 
associée à l’£rica Tetralix ou remplacée par lui. Néanmoins les Bruyères ne 


(4) Watson, Cybele britannica, t. 11, p. 395. 

(2) Fries, Summa vegetabilium Scandinavie, p. 10. 

(3) Bentham, Catalogue des plantes indigénes des Pyrénées, p. 59. 
(4) David Moore, Cybele hibernica, p. 184. 

(5) Asa Gray, Botany of the Northern United States, p. 295. 


A14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sont nullement caractéristiques de la tourbe, car elles vivent également dans 
les sables et forment des pelouses séches qui s'élévent trés-haut sur les pentes 
des montagnes. La Bruyére-commune offre l'exemple remarquable d'une 
plante sociale, indifférente à la fois au climat et à la nature physique et chi- 
mique du sol. Ainsi on la trouve depuis le cap Nord jusqu'à l'extrémité de la 
péninsule hispanique, et en longitude depuis Constantinople, où je l'ai observée 
prés de Buiukdéré, jusque dans l'Amérique du Nord et au Groenland. On ne 
saurait donc, quoiqu'elle contribue à la formation de latourbe, la considérer 
comme une plante propre aux tourbiéres, mais seulement comme une de ces 
plantes sociales ubiquistes qui se plaisent également dans les stations les plus 
diverses. 

Parmi les Vaccinium, signalons d'abord le Vaccinium uliginosum. C'est 
une plante des forêts humides autant que des tourbières ; elle joue ce rôle en 
Laponie, au Greenland, dans les Alpes, le Jura, les Pyrénées, l Himalaya (1), la 
Sibérie, le Kamtchatka et daus le nouveau monde, oü elle se maintient en 
plaine jusqu'au lac Supérieur. M. Boissier (2) l'a trouvée dans les prés humides 
du pic de Velleta, prés de Grenade, à la hauteur de 3000 métres au-dessus de 
la mer. Son aire est donc aussi étendue que celle de la Bruyère-commune, car 
en longitude elle s'étend du Banat à l'Amérique du Nord, et reparait dans 
les stations intermédiaires, telles que l'Écosse, les Shetland, l'Islande et 
les Færæer. 

Les Vaccinium Myrtillus et V. Vitis-idæa sont communs dans les tour- 
bières, mais ils végètent principalement dans les parties relativement sèches, 
ou au pied des arbres, au milieu des Polytrichum. Leur station de prédilec- 
tion est dans les forêts et les bruyères. Tous deux atteignent le cap Nord et 
sont répandus dans la Scaudinavie, depuis la Suéde méridionale jusqu'en 
Laponie. En Amérique, le Vaccinium Myrtillus est remplacé par le V. myr- 
tilloides Hooker. Le V. Vitis-idæa ne dépasse pas le Massachusetts vers le 
Sud (3). Les tiges des Vaccinium, s'allongeant indéfiniment, entrent dans la 
composition de la tourbe, quoiqu'elles ne soient nullement inféodées à un sol 
spongieux. Je n'en dirai pas autant du Vaccinium Oxycoccos. Partout l'exis- 
tence de cette plante délicate est liée à celle d'un sol tourbeux, en Laponie, en 
Angleterre,en Allemagne et en France, oà elle s'étend jusqu'aux bords de la 
Loire. Mais je ne la rencontre pas daus les Catalogues des plantes pyrénéennes 
de Bentham et de Zetterstedt. En Laponie, elle s'arréte à l'Altenfjord (4) par 
10 degrés et ne s'élève pas dans les montagnes. Son aire est donc moins éten- 


(1) Hooker, On the distribution of Arctic planis, p. 2 i ions 
v uir PUN f p ; P. 296 (Linnean Transactions, 


(2) Voyage dans le midi de l'Espagne, t. Il, p. 404. 
(3) Asa Gray, Botany of the Northern United States, p. 290. 


p n ) Ch Martins, Voyage botanique le long des côtes septentrionales de la Norvege, 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. A15 
due que celle de ses trois congénères, qui toutes les trois atteignent ou dé- 
passent les Pyrénées et se maintiennent encore à Mageræ, la dernière des îles 
qui avoisinent le continent européen vers le Nord (1). De même, dans les 
lles Britanniques, le Vaccinium Oxycoccos, répandu dans toute l'Angleterre, ne 
franchit pas le canal calédonien (2) vers le Nord (lat. 57 degrés), et aux États- 
Unis les frontières de la Pennsilvanie vers le Midi. En Asie, elle n’atteint pas 
la presqu'ile de Taymir au nord de la Sibérie. 

L'Empetrum nigrum ne se trouve pas dans les tourbières du Jura neu- 
chátelois (3); il existe dans celles du Jura français, des Alpes et du nord de 
l'Allemagne. En Laponie, c'est dans des stations relativement séches qu'il est 
le plus commun ; méme observation pour les Alpes, les Vosges et les Pyrénées. 
Bien qu'on le rencontre dans les tourbiéres de ces chaines de montagnes, 
l Empetrum nigrum est une plante arctique. Il n'avait pas été signalé au Spitz- 
berg; je le trouvai le premier, en aoüt 1838, dans une petite ile, celle des 
Eiders, dela baie de Bellsound, par 77° 35' de latitude (4); depuis, Th. Fries 
l'a revu, en 1868, dans le Green harbour et les fjords du nord de l'ile (5), 
par 80 degrés de latitude. Comme toutes les plantes réellement arctiques, 
il fait le tour du póle : ainsi Middendorff le compte parmi le petit nombre des 
végétaux ligneux des tundra de la Sibérie septentrionale (6). Traversant les iles 
Aléoutiennes, il aborde dans l'Amérique septentrionale (7), longeles bords de 

Océan et redescend jusqu'à New-York (8). Sur l'ancien continent, sa limite 
méridionale parait étre à l'ouest dans les Asturies, à l'est dans le Caucase, entre 
2400 et 3000 mètres d'altitude, et dans l'Altai (9). C'est, sans contredit, une 
des plantes arctiques dont l'aire est la plus étendue, et l'étude de sa distribu- 
tion est d'autant plus importante qu'il ne saurait y avoir de doutes sur l'identité 
de l'espéce. 

Il est deux sous-arbrisseaux, caractéristiques des tourbiéres dans d'autres 
pays, quon s'étonne de ne pas trouver dans celles du Jura : l'un est le Myrica 
Gale, L. , l'autre le Ledum palustre L, Tous deux coexistent dans le nord de 
la Scandinavie et descendent dans le sud de la péninsule. En Danemark, le 
Ledum manque, selon Fries (10); mais dans le Holstein ils vivent ensemble 
dans les mêmes marais. A partir de ce point, les deux plantes suivent des 


(4) €h. Martins, Voyage botanique le long des cóles de Norvége, p. 132. 

(2) Watson, Cybele britannica, t. II, p. 158. 

(3) Godet, "E lore du Jura, p. 135. — Grenier, Flore de la chaîne jurassique, p. 150. 

(4) Observations sur les glaciers du Spitzberg (Bibliothèque universelle de Genève, 
juillet 1840). 

(5) Tudlegg til Spetzbergens Fanerogam Flora (Comptes rendus de l’Académie de 
Stockholm, 1869, n° 2). 

(6) Middendorff, Sibirische Reise, t. IV, p. 731. 

(7) Ernest Meyer, De plantis labradoricis, p. 96. 

(8) Asa Gray, Botany of the Northern United States, p. 440. 

(9) Ledebour, Flora altaica, t. IV, p. 292. 

(10) Summa vegetabilium Scandinaviæ, p. 49. 


A16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


méridiens différents. Le Myrica s'arréteà l'Est en Poméranie, puis descend, 
par le Hanovre, la Westfalie, la Hollande, dans la France occidentale, passe 
en Angleterre, en Irlande et en Écosse, sans atteindre les Orcades ni les Shet- 
land (4), traverse les Pyrénées et ne finit que dans le nord du Portugal (2). 

Le Ledum palustre s'étend moins en latitude, et de la Prusse-orientale (3) 
il descend par la Saxe à Ratisbonne, sans dépasser la Forét-Noire. Il mau- 
que en Suisse, en France et dans les Iles Britanniques, mais s'avance en 
Sibérie, le long du fleuve Taymir jusqu'à 70*30'. Les deux plantes font 
partie de la flore des États-Unis. 


IV. VÉGÉTAUX HERBACÉS. 


Pour mettre de l'ordre dans l'examen de ces plantes, je les diviserai en 
quatre groupes : 1° les plantes caractéristiques des tourbières jurassiques ; 2° les 
plantes aquatiques des marais, fossés et prairies marécageuses voisines; 3° les 
espèces qui croissent abondamment et habituellement dans les prairies créées 
aux dépens de la tourbiére; 4° les plantes qui vivent sur la tourbe sèche, et 


enfin les espèces adventives qui ne se trouvent qu'accidentellement dans les 
tourbiéres séches ou humides. 


1° Espèces caractéristiq des tourbières, 


Scirpus caspitosus. — Saxifraga Hirculus. — Eriophorum vaginatum, E. angus- 
tifolium Roth, E. latifolium Hoppe, E. alpinum. — Carex pauciflura Lightf., 
C. chordorrhiza Ehrh., C. heleonastes, C. teretiuscula Good., C. limosa, C. filiformis. 
— Drosera rotundifolia, D. longifolia. — Parnassia palustris. — Pinguicula vul- 
garis. — Galium uliginosum, G. palustre, G. boreale. — Stellaria uliginosa Murr. 
— Pedicularis palustris. -— Viola palustris. — Scheuchzeria palustris. — Sagina 
nodosa. -— Swertia perennis. — Aspidium spinulosum Sw. 


Parmi les plantes herbacées caractéristiques, je citerai en premier lieu celle 
qui me paraît l'être au plus haut degré : c'est le Scirpus cæspitosus; il 
couvre de ses touffes arrondies les parties les plus humides des tourbières, végé- 
tant sur les Sphagnum comme sur son terrain naturel. La plupart de ces 
touffes sont stériles, et les pointes des feuilles, noircies par les gelées de 
l'hiver, se détachent sur le fond jaunâtre des clairières, dont l'aspect étrange 
au milieu de la tourbiére boisée reporte l'imagination aux premieres époques 
de la végétation du globe. 


L'aire géographique du Scirpus cespitosus est considérable, car il s'étend 
depuis Mageræ, l'ile la plus septentrionale de la Norvége, jusqu'aux Py- 
rénées etaux montagnes de la Corse, où il ne se trouve plus qu'à des hau- 
teurs supérieures à 2000 mètres. Dans les Iles Britanniques, on le rencontre 


à partir des Hébrides jusqu'en Cornouailles. Il parait manquer au Labrador et 


(4) Watson, Cybele britannica, t. Il, p. 408. 
(2) Willkomm, Prodromus Floræ hispanicæ, t. 1, p. 234. 
(3) Klinggræff, Die Vegetations Verheltnisse der. Provinz Preussen, pp. 24 et 113. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1$71. A17 
dans le nord de la Sibérie; mais il existe au Groenland et aux États-Unis, où 
il se trouve en plaine et sur les montagnes, dans les terrains spongieux, depuis 
le Maine jusque daus la Caroline du Nord. Le fait que les extrémités de ses 
feuilles gèlent dans le Jura et dans les Vosges explique son absence au Labra- 
dor, au Spitzberg et dans le nord de la Sibérie. 

Quoique beaucoup moins commune que le Scirpus cϾspitosus, la plante 
qui aprés lui me paraît la plus caractéristique des marais tourbeux, c'est le 
Saxifraga  Hirculus. Son aire est moins étendue que celle du Scirpus. En 
effet, cette Saxifrage s'avance jusqu'au nord du Spitzberg et de la Sibérie (1), 
où elle atteint la latitude de 75° 36' ; du Spitzberg elle descend tout le long 
de la Suède et de la Norvége, traverse le Danemark, la Prusse orientale, 
et s'arrête à l'ouest dans les tourbières jurassiques de la Brévine, de Pontarlier 
et de Nantua, à l'est dans celles de la Haute-Bavière ; mais elle n'existe ni 
dans les Vosges, ni dans les Pyrénées. En Angleterre, son aire est limitée aux 
comtés septentrionaux ; elle est rare en Irlande (2), ne s'élève pas dans les 
montagnes de l'Écosse, et manque dans les Shetland et les Færæer, dont le 
sol et le climat seraient cependant si favorables à sa végétation ; mais elle 
reparait en Islande (3) et atteint sa limite occidentale dans le Canada, l'Amé- 
rique arctique et la Colombie. En Asie, C.-A. Meyer l'a trouvée dans le Cau- 
case, Ledebour dans l'Altai et M. J.-D. Hooker (4) dans la région alpine de 
l'Himalaya. 

On voit flotter sur les tourbières jurassiques les aigrettes de quatre espèces 
d'Eriophorum, savoir : E. vaginatum, E. angustifolium Roth, Æ. latifo- 
lium Hoppe, et Æ. alpinum. Toutes ces espèces, mais surtout les trois pré- 
miéres, sont caractéristiques des tourbières, quoiqu'elles se rencontrent éga- 
lement dans les marais, les fossés ou les prés trés-humides. Une seule de ces 
espèces, I'E£'. angustifolium Roth, habite le Spitzberg; les trois autres s'arré- 
tent au cap Nord ; vers le Sud, l' Z. alpinum est le seul qui dépasse les Pyrénées 
espagnoles et reparaisse sur les hautes sommités de la Sierra-Nevada (5). II 
paraît manquer en Angleterre, d'après M. Watson (6); mais les trois autrés 
espèces se rencontrent partout, des Shetland au comté de Devon. On retrouve 
également ces Æ riophorum en Sibérie. En Amérique, ils s'étendent du Græn- 
land, de l'Islande et du Labrador aux montagnes de la Pennsilvanie; et même 
lE. polystachyon L., qui comprend l'E. angustifolium Roth et E. lati- 
folium Hoppe, descend, au sud, jusqu'aux montagnes de la Géorgie (7). 


(4) Trautvetter, dans Grisebach, Bericht ueber die Leistungen in der Pflanzengeo- 
graphie. 1847, p. 38. 

(2) David Moore, Cybele hibernica, p. 117. 

(3) Lauder Lindsay, Flora of Iceland, p. 30. 

(4) Proceedings of the Linnean Society (Botany), 1857. 

(5) Willkomm et Lange, Prodromus Flore hispanicæ, t. 1, p. 135. 

(6) Cybele britannica, t. IlI, p. 81. 

(7) Chapman, Flora of the Southern United States, p. 521. 


T. XVIII. (séances) 27 


A18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Parmi les douze Carex que M. Grenier signale dans les tourbières du Jura, 
il en est trois qui sont caractéristiques et ne se trouvent guère ailleurs ; ce sont : 
C. pauciflora Lightf. , C. chordorrhiza Ehrh. et C. heleonastes Ehrh. Quatre 
autres sont plus souvent dans les tourbières que dans d'autres lieux humides; 
savoir : C. teretiuscula Good. , C. limosa, C. Davalliana Sm. et C. filiformis. 
Les cinq derniers enfin croissent plutót dans les fossés, les canaux et les eaux 
stagnantes des tourbiéres; ce sont des espèces qu'on retrouve dans les marais, 
les ruisseaux, les prés humides, etc., savoir : C. stellulata, C. panicea, 
C. Œderi Ehrh., C. ampullacea et C. Hornschuchiana Hoppe. Telles sontl es 
indications que je dois à MM. Godet et Duval-Jouve, botanistes des plus com- 
pétents en pareille matiére, le premier par ses études dans le Jura, le second 
par sa connaissance des Cypéracées et des tourbières de la chaine des Vosges 
et des Alpes frangaises. Je n'entrerai pas dans les détails de la distribution 
géographique de ces Carez. Par leur aspect uniforme, leur mélange entre 
elles et avec des formes analogues de Graminées et de Cypéracées, ces plantes 
échappent à l'eeil de l'observateur ; par la minutie de leurs caractères, elles sont 
d'un diagnostic difficile, et leur synonymie est une des plus embrouillées de 
la botanique. Je me contenterai de dire que les sept espèces de Carex qui 
sont plus ou moins caractéristiques des tourbiéres se retrouvent dans le nord 
de la péninsule, scandinave (1). Les cinq dernières, qui ne sont nullement 
inféodées aux terrains bourbeux, n'atteignent pas toutes la Laponien ; éanmoins 
les Carex confirment la loi, émise dans le commencement de ce mémoire, 
que la végétation des tourbières jurassiques est éminemment boréale. 

Certaines plantes exotiques, telles que les Sarracenia, ne peuvent, dans 
nos serres et nos jardins, étre cultivées que sur la tourbe. De méme ce ter- 
rain parait indispensable aux différentes espèces européennes du genre Dro- 
sera, qui dans nos tourbières jurassiques sont au nombre de deux : Drosera 
rotundifolia et D. longifolia. Aussi, partout où le climat et le sol sont assez 
humides pour qu'une légère couche de tourbe puisse se former, ces deux es- 
pèces apparaissent. On les trouve dans leur station spéciale, du cap Nord aux 
Pyrénées et aux Asturies dans l'Ouest, et dans l'Est jusque dans les montagnes 
de la Syrie. Les deux espèces se rencontrent aussi dans toutes les îles de l'ar- 
chipel britannique, depuis les Shetland jusqu'à l'ile de Wight. Méme phéno- 
mène aux États-Unis, où elles peuplent les marais tourbeux depuis l'Islande 
et le Canada jusqu'à la Floride. 

Je ne saurais séparer des Drosera une plante du méme groupe, le Par- 
nassia palustris, qui, sans étre essentiellement liée à la présence de la tourbe, 
exige seulement certaines conditions de fraîcheur et d'humidité qui lui per- 
mettent d'occuper une aire géographique encore plus étendue que celle des 


o Fries, Summa vegelabilium Scandinaviæ, p. 70; et Andersson, Cyperogřaphid; 
p. 10. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 419 


Drosera. Ainsi, en Europe, du cap Nord à la Sierra-Nevada, au-dessus de 
2500 métres, et en Afrique, dans les marais de la Calle (en Algérie), au ni- 
veau de la mer; en Asie, dunord de laSibérie aux sommets du Caucase et sur 
l'Himalaya, à 2300 mètres, on trouve cette jolie et singulière espèce. En 
Amérique, son extension vers le midi est beaucoup moindre, car on la signale 
seulement du détroit de Behring au lac Supérieur ; plus au sud, elle est rem- 
placée par ses congénères, les Parnassia asarifolia Vent. et P. caroliniana 
Mich. 

Il m'est impossible de ne pas nommer après ces plantes le Pinguicula vul- 
garis L., qui leur est si souvent associé dans la nature, et se plait comme elles 
dans les tourbières ; il existe dans toute la péninsule scandinave et ne finit que 
dans les montagnes de la Catalogne et des Asturies à l'Ouest, et vers l'Est dans 
l'Olympe de Bithynie. 

Comme l'indique son nom, le Galium uliginosum est plus caractéristique 
que les deux plantes précédentes. Il se trouve dans toutes les tourbières, depuis 
celles de Magero jusqu'au milieu de l'Espagne, oà MM. Cutanda et Del Amo 
l'ont cueilli sur les bords du Manzanares (1) avecle G. palustre, qui lui est 
le plus souvent associé ; il se hasarde jusque dans les montagnes des environs 
de Grenade. Le Galium boreale a la méme distribution géographique, mais 
s'arréte dans les montagnes de Guadarama, dans le nord de l'Espagne. De ces 
trois Galium, les deux premiers sont répandus dans toute l'étendue des Iles 
Britanniques, mais le dernier est limité à l'Écosse et à la partie septentrionale 
du pays de Galles. Les trois espèces se retrouvent en Islande. Le G. boreale 
seul se rencontre dans le nord des États-Unis. 

Le Stellaria uliginosa Murr., sans être limité aux tourbières, s’y trouve 
néanmoins habituellement, non-seulement dans le Jura, mais encore en 
France et en Allemagne ; il ne dépasse pas les Pyrénées, et ne remonte pas 
en Laponie. Il existe aux États-Unis : c'est une herbe dont l'aire géogra- 
phique est relativement restreinte. 

Quoique je n’aie jamais trouvé le Sagina nodosa, je dois, sur le témoignage 
de MM. Godet et Grenier, enregistrer cette plante scandinave comme carac- 
téristique des tourbières du Jura : elle se trouve aussi dans des localités sim- 
plement marécageuses. 

Le Pedicularis palustris occupe une aire trés-étendue, car de l'extrême 
Nord, en Europe comme en Asie, il reparaît dans toutes les prairies tour- 
beuses ou méme simplement humides, jusqu'aux Pyrénées d'un cóté, et au 
lac Baikal de l'autre. 

Le Viola palustris s'étend sur toute la péninsule scandinave, habite les 
tundra de la Sibérie (2) et les marais de la plaine et des montagnes de l'Europe 


(4) Willkomm et Lange, Prodromus floræ hispanicæ, t. ll, p. 321. 
(2) Middendorff, Sibirische Reise; t. IV; pl. 11, p. 735. 


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entière, car Tenore l'a cueilli sur les montagnes de la Calabre et M. Boissier 
sur la Sierra-Nevada, à la hauteur de 3000 mètres, 

Rare dans les tourbières du Jura neuchátelois, le Scheuchzeria palustris 
n'en est pas moins caractéristique de ce genre de marais, depuis le nord de 
la Scandinavie jusqu'aux Pyrénées, qui forment sa limite méridionale, car il 
n'existe pas dans le reste de a péninsule hispanique. Épars dans le nord de 
l'Angleterre et le sud de l'Écosse, il manque en Irlande, aux Shetland, aux 
Feerceer et en Islande, mais s'étend dans l'est jusqu'au fleuve Jennissei (1). 

Pour terminer l'énumération des plantes phanérogames plus ou moins 
caractéristiques des marais tourbeux du Jura, j'en dois signaler une qui man- 
que dans beaucoup de localités analogues en Europe et en Amérique: c'est 
le Swertia perennis, dont la distribution géographique est assez anormale. 
Inconnu dans la péninsule scandinave, il se trouve çà et là dans les tourbières 
des plaines et des montagnes, depuis le Holstein jusqu'aux Pyrénées, et de la 
Russie moyenne au Caucase. Il manque dans le nouveau continent (2). C'est 
la seule plante des tourbiéres jurassiques qui soit étrangère à la Suède et à 
la Norvége, et dont la limite septentrionale ne dépasse pas le 54° degré de la- 
titude. Son spparition n'est probablement pas contemporaine de celle du reste 
de la flore. 

Citons enfin une Fougère qui, sans être spéciale aux tourbières, s'y ren- 
contre communément dans les portions ombregées : c'est l’Aspidium spinu- 
losum Sm. , qui se trouve également dans toute la Scandinavie. 


2° végétaux herbacés aquatiques des fossés, canaux et prairies 
marécageuses voisins des tourbiéres. 


Ranunculus. Flammula. — Caltha palustris. — Naslurtium amphibium. — Bidens 
cernuus. — Cirsium palustre, — Epilobium palustre, E. angustifolium. — Comarum 
palustre. — Galium palustre. — Myosotis cæspitosa, M. palustris With. — Utricu- 
laria vulgaris, U. minor. — Mentha aquatica. — Veronica scutellata. — Me- 
nianthes trifoliata, — Polygonum Persicaria. 

Glyceria fluitans R. Br. — Catabrosa aquatica P. B. — Sparganium natans. —Jun- 
cus alpinus, J. conglomeratus. — Po'amogeton rufescens Schr., P. pusillus, P. na- 
tans. — Rhynchospora alba Vahl. — Carex steliuluta, C. panicea, C. OEderi Ehrh., 
C. ampullacea Good. 

Equisetum palustre. 


Aucun de ces végétaux n'est propre aux tourbières, tous se retrouvent 
également dans les marais et les eaux courantes du nord de l'Europe ; toute- 
fois le sol tourbeux n’est pas contraire à leur végétation, et ces plantes aqua- 
tiques sont le pendant des plantes aériennes qui vivent sur la tonrbe sèche. 
Je n'entrerai pas dans le détail circonstancié de la distribution géographique 


(4) Lecoq, Études sur la géographie botanique de l'Europe, t. VIII, p. 439. 
(2) Voyez pour plus de détails : Christ, Ueber die Verbreitung der Pflanzen der alpinen 
Region der europæischen Alpenkette, p. 71. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. A21 


de ces espéces, me bornant à constater qu'elles se trouvent dans toute l'éten- 
due de la péninsule scandinave, participant, par conséquent, au caractère 
boréal de la végétation tourbeuse proprement dite. 


3° Végétaux herbacés des portions périphériques de la tourbiére 
converties en prairies. 

Ranunculus repens. — Trollius europœæus. — Cardamine pratensis. — Lychnis Flos- 
cuculi. — Stellaria graminea. — Ægopodium Podagraria. — Scabiosa Succisa. — 
Solidago Virgaurea. — Cineraria spathulæfolia Gm. — Bidens cernuus, — San- 
guisorba officinalis. — Spiræa Ulmaria, S. Filipendula. — Scrofularia nodosa, 
— Polygonum Bistorta. 

Phleum pratense. — Alopecurus pratensis. — Calamagrostis lanceolata Roth, — Æra 
caspilosa. — Agrostis canina. — Festuca ovina. — Scirpus compressus Pers. — 
Carex Davalliana Sm., C. pulicaris, C. canescens. 


Toutes les espèces des prairies tourbeuses que je viens d'énumérer se 
retrouvent en Scandinavie, la plupart s'avancent méme jusqu'an nord de la 
péninsule. Quatre seulement : Cineraria spathulefolia, Sanguisorba offici- 
nalis, Polygonum Bistorta et Carex pulicaris, ne dépassent pas le milieu de 
la Suéde et de la Norvége. La végétation des prairies tourbeuses est donc, 
comme celle des tonrbières et des fossés qui les entourent ou des canaux qui 
les traversent, éminemment boréale. 


4? Plantes herbacées végétant sur la tourbe sèche. 


Viola tricolor. — Leucanthemum vulgare Lam. — Hieracium Auricula. — Alchimilla 
vulgaris. — Potentilla Tormentilla, P. Anserina, — Euphrasia officinalis.— Thymus 
Serpyllum. — Melampyrum arvense. — Linaria vulgaris. — Gentiana campestris. 
— Rumex Acelosella. — Agrostis rubra DC. — Molinia cærulea Meench. 


Dans les tourbiéres, les parties exploitées présentent des surfaces entiére- 
ment étanches, sur lesquelles on dispose les petits amas de morceaux de tourbe 
taillés ordinairement en parallélipipède, et qui doivent sécher avant d'être 
employés comme combustible, sous le nom de briquettes. Ces surfaces, et 
quelquefois les amas eux-mémes, sont envahis au bout de quelque temps par 
une végétation spéciale, différente de celle que nous avons examinée jusqu'ici. 
Les espéces qui la composent, énumérées ci-dessus, se retrouvent aux envi- 
rons sur le sol géologique de la contrée. Néanmoins toutes les plantes ne peu- 
vent pas végéter ainsi sur la tourbe sèche, et j'ai pensé qu'il serait intéressant 
de donner la liste de celles que j'ai observées autour des tourbières des Ponts 
et de la Brévine. 

Aucune de ces espèces n’est étrangère à la Scandinavie : toutes, à l'exception 
de l' Zuphrasia officinalis, s'avancent même jusqu'au. nord de la péninsule. 

On trouve quelquefois dans les tourbiéres, et surtout autour d'elles, des 
plantes qu'on peut considérer comme purement adventives. Je crois inutile de 
les mentionner ici, d'autant plus que leur existence est probablement transi- 
toire ; je citerai seulement comme exemples : Aconitum Napellus, Gentiana 


h22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


asclepiadea, Centauria Scabiosa, qui caractérisent, comme on sait, des sta- 
tions complétement différentes de celles des tourbiéres, et ne peuvent cepen- 
dant pas étre considérées comme faisant partie de ces plantes banales qui 
s’accommodent des terrains les plus divers et des expositions les plus variées. 
Dans son livre sur les tourbières, Léo Lesquereux, qui s'était particuliè- 
rement livré à l'étude des Mousses, a donné la liste de toutes celles qui habi - 
tent les tourbières jurassiques (1). J'ai prié mon ami M. W. Schimper, le 
premier incontestablement des bryologistes modernes, de vouloir bien revoir 
cette liste, et de me désigner celles qui se trouvent également en Scandinavie 
et dans les régions arctiques. Le résultat de ce travail, c'est que, sur cinquante 
espèces, vingt existent en Scandinavie seulement, et trente à la fois en Scan- 
dinavie et dans les régions arctiques. Il en est de méme des neuf Lichens qu'on 
trouve habituellement sur la tourbe : six sont communs à la péninsule et aux 
régions arctiques, trois ne vivent qu'en Scandinavie. La végétation cryptoga- 
mique témoigne donc, comme celle des Phanérogames, de l'unité d'origine 
de la population végétale du nord de l'Europe et des marais tourbeux du Jura. 
Pour compléter ce travail, je crois devoir donner ici la liste de toutes les 
plantes trouvées dans les tourbiéres du Jura neuchâtelois par Léo Lesquereux, : 
M. Godet et moi; elles sont rangées par ordre de familles. On a vu que toutes 
ces plantes, Swertia perennis excepté, se retrouvent en Scandinavie, et l'im- 
mense majorité s'avance jusqu'à l'extrémité septentrionale de cette péninsule. 
Quelques-unes dépassent méme cette limite et persistent encore dans les ré- 
gions arctiques. Sous ce nom, je comprends le Spitzberg, le Groenland, les. 
parties de l'Amérique boréale situées au nord du 60° parallèle qui passe par la 
pointe du Greenland, la presqu'ile de Taymir qui forme la pointe septentrio- 
nale de la Sibérie au delà du 70° degré, et enfin la Nouvelle-Zemble. Le travail 
du docteur E. de Martens (2), mes propres observations (3) et celles de Malm- 
grén et Th. Fries pour le Spitzberg, jointes à celles de Middendoríf pour la 
Sibérie et des voyageurs anglais et américains pour l'Amérique arctique, 
m'ont servi de termes de comparaison. Elles confirment ce grand fait de géo- 
graphie botanique : que la flore arctique n'a point de caractère spécial et n'est 
qu'une extension appauvrie des flores scandinave, sibérienne et américaine. 
Son uniformité sous tous les méridiens provient de ce qu'un petit nombre 
d'espéces communes aux trois continents ont pu vivre et se propager dans les 
conditions de climat les plus hostiles à toute végétation, conséquence né- 
cessaire de la persistance, autour du póle, de la période glaciaire qui s'étendait 
jadis sur une portion beaucoup plus vaste de l'hémisphère septentrional. 
Dans la liste suivante, les plantes scandinaves qui pénètrent dans les régions 


(4) Voyez cette liste, p. 26. 
(2) Ueberblick der Flora arctica, 1857. 
(3) Du Spitzberg au Sahara, p. 83. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 


A23 


arctiques sont distinguées des autres par un astérisque, et les plantes sans nom 


d'auteur sont des espéces linnéennes, 


Ranunculaceee, 
Ranunculus repens. 
*— Flammula. 
*Caltha palustris. 
Trollius europæus. 
Aconitum Napellus. 


Cruciferæ. 


Nasturtium amphibium. 
*Cardamine pratensis. 


Violarieæ. 
*Viola palustris, 
— tricolor. 
Droseraceæ. 


Drosera longifolia. 
— obovata Koch. 
— rotundifolia. 
Parnassia palustris. 


Caryophylleæ. 
Lychnis Flos-cuculi. 
*Sagina nodosa E. Meyer. 
*Alsine stricta Wahlnbg. 
Stellaria graminea. 
— uliginosa Murr. 

Rosacee. 

*Comarum palustre. 
*Potentilla Anserina. . 
— Tormentilla. 
Spiræa Ulmaria. 
— Filipendula. 
Alchimilla vulgaris. 
Sanguisorba officinalis, 


Onagrariece. 
Epilobium palustre. 
— angustifolium. 
Saxifrageæ. 
"Saxifraga Hirculus. 


Umbelliferæ. 
Ægopodium Podagraria. 
Caprifoliaceæ,. 
Lonicera cærulea. 


Rublaccæ. 
Galium uliginosum. 
-— boreale. 
— palustre. 


Dicotyledonee. 


Dipsacecæ. 
Scabiosa Succisa. 


Compositæ. 
Solidago Virgaurea. 
Bidens cernuus. 
Cineraria spathulæfolia Gm. 
Leucanthemum vulgare Lam. 
*Gnaphalium uliginosum. 
Cirsium palustre Scop. 
Hieracium Auricula. 


Vaccinieæ. 
Vaccinium Myrtillus. 
*— uliginosum. 
— Vitis-idea. 
— Oxycoccos. 
Ericinete. 
Andromeda polifolia. 
Calluna Erica DC. 
Gentianeæ. 
Gentiana campestris, 
— Pneumonanthe. 
— asclepiadea. 
Swertia perennis. 
*Menianthes trifoliata. 
Borragineæ. 
Myosotis palustris With. 
— cæspitosa Schultz. 
Labiatæ. 


Mentha aquatica. 
*Thymus Serpyllum. 
Galeopsis Tetrahit, 


Antirrhineæ. 
Linaria vulgaris. 
Scrofulariaceæ, 


Scrofularia nodosa. 
Veronica scutellata. 


Rhinanthaceæ. 


*Euphrasia officinalis. 
Melampyrum arvense. 
Pedicularis palustris. 

— silvatica. 


Lentibularieæ, 


Utricularia vulgaris. 


k4 — SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Utricularia minor, 
*Pinguicula vulgaris. 


Polygonese. 
*Rumex Acetosella. 
*Polygonum viviparum. 
— Persicaria. 
— Bistorta. 


Alismacere. 
Scheuchzeria palustris. 


Potameæ. 
Potamogeton natans. 
*— rufescens Schr. 
— pusillus. 

Typhacete. 
Sparganium natans. 


, Juncacere. 
Juncus conglomeratus. 
*— alpinus. . 
*Luzula multiflora Lej. 


Cyperaceæ. 
Rhynchospora alba Vahl. 
Scirpus compressus Pers. 


*— cæspitosus. 


*Eriophorum angustifolium Roth. 


*— latifolium Hoppe. 
*— vaginatum. 

— alpinum. 

*Carex ampullacea Good, 
— filiformis. 


Filices. 
*Aspidium spinulosum Sw. 


Equisetaceæ. 


*Equisetum silvaticum. 

— palustre. ; 
Musci. 

Sphagnum cuspidatum Ehrh. 

* — acutifolium. 

*— cymbifolium Ehrh, 

— tenellum Pers. 

— compactum Brid. 

*— subsecundum Nees. 

*Hypnum fluitans. 

*— trifarium W. et M. 

*— revolvens Sw. 

*— scorpioides, 


Amentacere. 
Betula pubescens Ehrh. 
*— nana. 
Salix cinerea. 
— aurita. 
— ambigua Ehrh. 
— repens. 
Pinus uliginosa Neum. 


Monocotyledoneæ. 


Carex limosa. 

— panicea. 

— Davalliana Smith. 
— pulicaris. 

— pauciflora Lightf. 
— chordorrhiza Ehrh. 
*— (ŒEderi Ehrh. 

— teretiuscula Good. 
*— canescens. 

— stellulata Good. 
— heleonastes Ehrh. 
— Hornschuchiana Hoppe. 


Graminere. 


*Festuca ovina . 

Glyceria fluitans R. Br. 
Moiinia cærulea Meench. 
*Catabrosa aquatica P. B. 

* Era cæspilosa. 
Calamagrostis lanceolata Roth, 
*Agrostis rubra DC. 

*— canina. 
Alopecurus pratensis. 
Phleum pratense. 
Nardus stricta, 


Acotyledoneæ. 


*Hypnum exannulatum Guemb. 
*— stramineum Dicks. 

— cordifolium Hedw. 

— stellatum Schr, 

*— nitens Schr. 

*— splendens. 

*— Schreberi Willd. 

— Crista-castrensis. 

— cuspidatum. 
*Aulacomnium palustre Schw. 
Meesia longiseta Hedw. 

— tristicha Br. 

*— uliginosa Hedw. 
*Polytrichum commune. 

— formosum Hedw. 

*— gracile Mentz. 

*— piliferum Schr. 

— urnigerum. 


SÉANCE DU 


*Dicranum Schraderi W. et M. 
— glaucum Sw. 


*— cerviculatsm W. et M. 


*— undulatum Turn. 

— scoparium Hedw. 

*— palustre B. et Sch. 
Campylopus torfaceus B. et Sch. 
Splachnum ampullaceum, 
*— sphæricum. 

*Paludella squarrosa. 
*Bartramia fontana Sw. 

— marchica Brid. 

*Bryum nutans Hedw. 

*— pseudotriquetrum Hedw. 
— argenteum. 


22 DÉCEMBRE 1871. 


Mnium punctatum. 
— affine. 


*Catharinea undulata W. et M. 


*Ceratodon purpureus Brid. 
Funaria hygrometrica Hedw. 


Lichenes. 


*Cladonia rangiferina DC. . 
— subulata DC. 

*— pyxidata. 

Lecidea icmadophylla Ach. 
— uliginosa Ach. 
*Cenomyce coccifera Ach. 
*— bacillaris Ach. 

*— deformis Ach. 


425 


*— bimum Schreb. 


— gracilis Ach. 
Climacium dendroides W. et M. 


Tourbiéres des Vosges et des Cévennes. 


Les géologues n'avaient pas reconnu l'origine glaciaire des bassins dans 
lesquels se sont formées les tourbières du Jura. On le conçoit aisément. 
Lorsque l'ancien glacier du Rhône remplissait le bassin du Léman, il n'avait 
pas la forme réguliére d'un glacier semblable à ceux que nous voyons aujour- 
d'hui; c'était une immense nappe de glace, comparable à celles du Greenland, 
qui s'étendait depuis le Rhin jusqu'à la Saône. Devant elle s'ouvraient les 
vallées du Jura : elle y pénétra, refoulant lesglaciers propres à la chaine juras- 
Sique et déposant partout des blocs isolés, de la boue glaciaire et des mo- 
raines souvent fort différentes par leur configuration de celles des glaciers ac- 
tuels. Dans les Vosges, il n'en était pas de méme : à l'époque quaternaire, des 
glaciers, semblables en tout à ceux des Alpes, descendaient des points culmi- 
nants, remplissaient les vallées et déposaient devant eux à leurs diverses stations 
des moraines terminales réguliéres, identiques à celles qui se forment sous nos 
yeux dans les Alpes. Aprés la disparition des glaciers vosgiens, ces moraines, 
barrant les vallées, arrétaient les cours d'eau : de là des tourbières, des marais, 
des lacs, qui la plupart n'ont pas d'autre origine. Ainsi les quatre moraines 
concentriques de Rein-Brice (1), barrant la vallée de Gérardmer, ont donné 
naissance à une vaste tourbière qui se continue en amont avec le lac, et celui- 
Ci, barré en aval, se déverse en amont dans la Gauche de Vologne. 

Les lacs de Longemer, de la vallée d'Urbès, des Corbeaux, de Fondromé 
ont la méme origine, et chaque fois que la configuration du terrain ne s'y 
Oppose pas, le lac est suivi ou précédé d'une tourbière. L'origine de ces lacs 
est évidente, au premier coup d'œil, pour quiconque reconnaît que le bar- 
rage est formé par une moraine; et tous les observateurs qui le voyaient, Le- 
blanc, Renoir, Hogard, Collomb, ont toujours rattaché la formation de la tour- 


(1) Voyez Hogard, Coup d'œil sur le terrain erralique des Vosges, pl. 20. 


A26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


bière au dépôt de la moraine et, par conséquent, à l'époque glaciaire. Ainsi, 
géologiquement, l'origine des tourbiéres est plus évidente dans les Vosges que 
dans le Jura. En parcourant le Tableau des plantes qui croissent spontanément 
dans le département des Vosges, de Mougeot, et la Flore d' Alsace de Kirschle- 
ger, je crois que la botanique confirmera ce que la géologie nous montre si 
clairement. Mais, d'un côté, je n'ai pas herborisé moi-même dans les tourbières 
des Vosges ; de l’autre, la proximité de cette chaine de celle du Jura n'apporte- 
rait pas un argument nouveau à ma thèse sur l'origine glaciaire des tourbières 
en général : je préfère donc m'adresser à une chaine de montagnes plus éloi- 
gnée du Jura et située sous une latitude plus méridionale. 

Nous avons déjà vu dans le cours de ce travail que la plupart des plantes 
tourbeuses du Jura et de la Scandinavie se retrouvent dans les tourbières 
des Alpes et des Pyrénées. Mais la grande élévation de ces montagnes cou- 
vertes de glaciers éternels d'oü s'écoulent sans cesse des eaux froides qui entre- 
tiennent l'hmidité des tourbières, favorisée d'ailleurs par des chutes fréquentes 
de neige et de pluie, établissait une si grande similitude entre le climat de ces 
montagnes et celui de la Scandinavie, que les naturalistes n'étaient pas surpris 
de l'analogie des végétations tourbeuses. Cependant cette analogie est la méme 
dans le Jura, dans les Vosges et les montagnes de l’Auvergne, où les neiges dis- 
paraissent complétement pendant le cours de l'été, et méme à l'extrémité méri- 
dionale des Cévennes, où elles ne persistent qu'en hiver. Une reconnaissance 
botanique, faite au mois de juin dans les fonds tourbeux du Sautmail, prés de 
la Salvetat, avec M. Duval-Jouve, m'avait déjà permis d'v constater la pré- 
sence de douze espèces tourbeuses à la fois jurassiques et scandinaves. Pour- 
tant les conditions physiques et météorologiques des Cévennes de l'Hérault 
sont bien différentes de celles du Jura et dela Scandinavie. Les plus hauts 
sommets de ce groupe granitique n'atteignent que 1100 mètres, et dans cer- 
taines années les pluies et les chutes de neige sont si peu abondantes, que ces 
tourbières se dessèchent au point de pouvoir être traversées à pied sec dans 
tous les sens. 

Les herborisations de M. Aubouy (de Lodéve) et de M. Vidal, instituteur 
communal à Fraisse, sur le plateau méme de l'Espinouse, m'ont permis de 
compléter la liste des plantes phanérogames tourbeuses des Cévennes gräni- 
tiques de l'Hérault. Ces plantes se divisent naturellement en trois catégories. 
D'abord les espèces qui sont à la fois arctiques, scandinaves et jurassiques, 
savoir : 

Ranunculus Flammula, Caltha palustris, Viola palustris, Epilobium pa- 
lustre, Galium palustre, Gnaphalium uliginosum, Menianthes trifoliata, 
Thymus Serpyllum, Euphrasia officinalis, Eriophorum latifolium, Carex 
ampullacea, C. OEderi, Æra cæspitosa, A grostis canina. Ces espèces émi- 
nemment boréales témoignent en faveur de l'origine glaciaire des tourbières 
cévenoles, Il en est de méme de celles de la seconde catégorie, qui ne s'avan- 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 427 


cent pas dans les régions arctiques, mais existent à la fois en Scandinavie et 
dans le Jura neuchátelois; tels sont : 

Lychnis Flos-cuculi, Stellaria graminea, S. uliginosa, Potentilla Tor- 
mentilla, P. Anserina, Spiræa Ulmaria, Scabiosa Succisa, Cirsium palustre, 
Vaccinium Myrtillus, Calluna Erica, Myosotis palustris, Scrofularia no- 
dosa, Pedicularis silvatica, Veronica scutellata, Polygonum Bistorta, Salix 
cinerea, Rhynchospora alba, Carex stellulata, C. panicea, Molinia cærulea, 
Nardus stricta. 

On trouve encore dans les tourbières cévenoles quelques espèces qui n'exis- 
tent pas dans le Jura, mais se trouvent en Scandinavie 5 ce sont des végétaux 
datant, comme les autres, de l'époque glaciaire, qui ont persisté dans les Cé- 
vennes et ont disparu du Jura : tel est le Genista anglica, qui remonte jusqu'en 
Danemark (1) et s'éléve dans les montagnes de l'Écosse jusqu'à 700 mè- 
tres (2). Le Narthecium ossifragum Huds. se trouve dans les tourbières de 
toute l'Europe, depuis les Pyrénées jusqu’au Finmark de la Laponie norvé- 
gienne et jusqu'aux Shetland et aux Færæer (3). Il n'a point persisté dans le 
Jura, mais n'en est pas moins caractéristique de la végétation tourbeuse. J'en 
dirai autant du Spiranthes æstivalis, que je n'ai pas trouvé dans les tourbières 
du Jura neuchâtelois, mais qui existe dans les prés humides de cette chaine 
et de toute l'Europe occidentale, depuis les Pyrénées jusqu'à l'ile Bornholm 
en Danemark. Le Juncus acutiflorus Ehrh. n'existe pas dans le canton 
de Neuchâtel, mais se trouve dans toute l'Europe, depuis les Pyrénées 
jusqu’au Finmark, où il ne pénètre pas. Restent trois Carez, C. echinata, 
C. levigata, C. ovalis, communs dans les tourbières de la France, mais sur la 
distribution géographique desquels je n'insisterai pas, à cause des difficultés 
que présente la recherche et la synonymie de ces plantes. 

En résumé, sur les quarante et une espèces récoltées dans les tourbières 
des Cévennes de l'Hérault, par MM. Duval-Jouve, Aubouy, Vidal et moi, il y 
en a quatorze qui existent également dans les régions arctiques, en Scandinavie 
et dans le Jura. D'autres, au nombre de vingt et une, ne pénétrent pas dans 
les régions arctiques, mais se retrouvent dans la Scandinavie et dans le Jura. 
Enfin, il y en a seulement six qui manquent dans le Jura, mais se trouvent en 
Scandinavie ou sont étrangères à cette péninsule. Je me crois donc en droit 
de considérer la végétation des tourbières cévenoles comme très-semblable à 
la végétation des tourbiéres du Jura. Cette ressemblance s'explique par l'iden- 
tité d'origine, puisque toutes deux sont un reste de la végétation scandinave 
qui, à l'époque glaciaire, avait envahi l'Europe tout entière, 


(1) Fries, Summa vegetabilium, p. 49. 
(2) Watson, A Compendium to the Cybele britannica, p. 138. 
(3) Ch. Martins, Végétation des Féroe, p. 374. 


^28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Conclusions. 


Nous l'avons déjà dit : les flores actuelles ne sont pas toutes également an- 
ciennes ; elles remontent à des époques géologiques plus ou moins éloignées et 
différentes pour chacune d'elles. Ainsi, la flore méditerranéenne date surtout 
de l'époque miocène ; elle possède, en effet, des plantes vivantes qui ont été 
trouvées à l'état fossile, dans les terrains tertiaires, par M. de Saporta et d'au- 
tres observateurs. Certaines espéces remarquables n'ont point encore été si- 
gnalées dans les couches éocénes ou miocènes ; mais leurs formes exotiques, 
leurs affinités taxonomiques qui les incorporent à des groupes dont toutes les 
autres espèces habitent les zones tropicales, nous révèlent une origine géolo- 
gique remontant à une époque où le bassin méditerranéen avait certainement 
un climat plus tropical que celui dont il jouit actuellement. Tels sont: le 
Palmier-nain, le Laurier-d'A pollon, le Figuier, l'Olivier, le Caroubier, le Gre- 
nadier, le Myrte, Anagyris fetida, Cneorum tricoccum, Nerium Oleander, 
Smilax aspera, Mercurialis tomentosa, etc. 

La flore des tourbières jurassiques est d'une date plus récente ; son caractère 
boréal et la nature du sol qui la porte nous montrent clairement qu'elle est 
pliocéne et contemporaine de l'époque glaciaire. 

L'opinion des géologues et des botanistes, qui supposent qu'à cette époque 
la végétation des régions du globe envahies par la glace devait être compléte- 
ment nulle, ne me parait pas fondée; en effet, l'époque glaciaire existe encore 
aux deux póles. Autour du póle arctique, le Greenland, le Spitzberg, la Nou- 
velle-Zemble sont couverts de calottes de glace dont les émissaires descendent 
jusque dans la mer. Des plantes végètent dans les intervalles que la glace ne 
couvre pas. Au Spitzberg on compte 93 Phanérogames ; au Greenland. 328, 
suivant M. E. de Martens (1). M. Brown, qui l'a visité à deux reprises (2), 
en 1861 et 1867, a recueilli 129 espèces dans la baie de Disco, parle 70° degré 
de latitade N. , pendant le cours d'un seul été. La flore de la Nouvelle-Zemble 
ressemble beaucoup à celle du Spitzberg. Ces plantes ne sont pas toutes spé- 
ciales à la région arctique, c'est-à-dire à la zone dont le centre est au póle ; 
presque toutes s'avancent vers le sad en Scandinavie, dans l'Amérique arc- 
tique et en Sibérie; c'est un fonds commun de végétation auquel vienhent 
s'ajouter quelques espèces américaines au Grænland, scandinaves au Spilz- 
berg, asiatiques à la Nouvelle-Zemble. 

Si nous jetons maintenant un coup d'œil sur le catalogue, par familles, des 
plantes des tourbières jurassiques, nous trouvons que, sur un nombre total de 
180 espèces, il v en a 73 qui sont arctiques, et appartiennent par conséquent 


(4) Ueberblick der Flora arctica, p. 23. 
(2) Robert Brown of Campster, On the physiks of Arctic ice (Proceedings of the geolo- 
gical Socie!y of London, n° 105, february 1871). 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. ^99 


encore actuellement à la période glaciaire. Quel motif pourrait-on alléguer 
pour soutenir qu'elles n'existaient pas dans le Jura, lorsque le glacier du 
Rhónel'avait partiellement envahi? Ces 75 plantes mises de côté comme incon - 
testablement glaciaires, il en reste 107 qui ne se trouvent pas dans les régions 
arctiques; mais nous avons vu que toutes, Swertia perennis excepté, vivent 
en Scandinavie, et que la plupart remontent jusqu'au nord de la péninsule, 
dans une région où les glaciers ne descendent pas jusqu'à la mer, mais s'ar- 
rétent à quelques centaines de mètres au-dessus. Or, quand on songe que 
le Jura neuchâtelois est situé à 23 degrés latitudinaux au sud de la Laponie 
norvégienne, est-il absurde de supposer qu'à l'époque glaciaire son climat 
n'était pas plus rigoureux que celui de la Laponie ne l'est actuellement, et que 
ces espèces scandinaves, dont le centre de création reste à déterminer, v exis- 
taient également à l'époque où les glaciers des Alpes dépassaient les crêtes du 
Jura? J'ai fait ailleurs (1) le calcul que, si la moyenne de Genève s'abaissait 
seulement de 4 degrés centigrades, les glaciers des Alpes, progressant sans 
cesse, envahiraient de nouveau le bassin du Léman, Or, dans cette hypothèse, 
la température moyenne de Genève n'étant plus que de + 55,16, celle de la 
vallée des Ponts serait approximativement de + 2 degrés, température supé- 
rieure encore à celle de l'Altenfjord (+ 05,5), sous le 70° parallèle, où végètent 
parfaitement la plupart des plantes qui composent les tourbières des Ponts et 
de la Brévine. Ces plantes ont persisté dans le Jura, malgré un réchauffement 
du climat de 4 degrés environ en moyenne, parce qu'elles trouvaient dans la 
constitution et l'humidité du sol des conditions d'existence aualogues à celles 
dont elles sont encore actuellement entourées en Laponie. 

Une autre preuve que le climat de l'époque glaciaire, pendant laquelle ont 
été déposés les gros blocs erratiques du Jura, n'était pas assez rigoureux pour 
exclure toute végétation, c'est que l'homme habitait le bassin du Léman et 
celui des lacs de Zurich et de Constance immédiatement. aprés l'époque gla- 
ciaire (2), à Veirier, à Meilen et à Schussenried, où l'on a trouvé des silex 
taillés et des ossements de renne dans l'alluvion des terrasses, immédiate- 
ment au-dessus du terrain glaciaire. Mais si, comme je l'ai toujours cru, l'al- 
luvion ancienne de la Suisse est contemporaine du méme dépót dans les 
plaines de la France (3) où l'on a signalé les preuves incontestables de l'exis- 
tence de l'homme, je ne désespère pas d'apprendre que les géologues suisses 
découvrent des ossements humains et des silex taillés, soit au milieu du 
terrain glaciaire, soit dans l'alluvion ancienne sur laquelle il repose. L'homme 
pouvait donc habiter la Suisse méme à l'époque glaciaire, comme les Esqui- 


(1) Du Spitzberg au Sahara, p. 257. D. 
(2) Voyez A. Favre, Station de l'homme de l'âge de pierre, à Veirier, près Genève 
(Archives de la Bibliothèque universelle de Genève, mars 1868). 
p " Ch. Martins et B. Gastaldi, Essai sur les terrains superficiels de la vallée du Pó, 


A30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


maux habitent le Greenland, qui en est la réalisation la plus complète, comme 
les hivernages au Spitzberg, à la Nouvelle-Zemble et dans l'Amérique arctique 
en démontrent la possibilité, méme pour les habitants des zones tempérées. 

Revenons à nos végétaux: par l'aire de leur distribution géographique ils 
nous fournissent un autre argument qui n'est pas sans valeur. Répandues 
dans l'Europe septentrionale, un grand nombre d’espèces tourbeuses s'arré- 
tent aux Pyrénées ou ne dépassent pas les Alpes vers le Sud ; dans l'Amérique 
septentrionale, elles ne dépassent pas en général le 40° degré de latitude : or ce 
sont là les limites extrêmes de la grande extension des glaciers dont le pôle arc- 
tique et les chaines de montagnes situées en Europe au nord du h2° degré 
étaient les centres principaux. Ces plantes ont donc. persisté précisément dans 
les régions qui ont été jadis envahies par les anciens glaciers, dont les traces 
sont partout si évidentes. 

Ces plantes ont-elles apparu sur place, ou se sont-elles avancées du nord 
vers le sud à mesure que les glaciers se développaient autour des chaines de 
montagnes des régions tempérées? La dernière opinion est celle dela plupart 
des botanistes qui ont médité sur ce sujet. Un grand nombre de faits cités 
par eux semblent favorables à cette explication ; mais les savants ne sont pas 
d'accord sur le point de départ de cette grande migration végétale. La plupart, 
avec M. J.-D. Hooker (1), la placent en Scandinavie. La flore de cette pé- 
ninsule contient en effet la plupart des plantes arctiques. Sa position, par rap- 
port à l'Europe continentale, dont elle forme l'extrémité septentrionale, par 
rapport à l'Islande, aux Iles Britanniques et au Groenland vers l'ouest, sa 
liaison vers l'est avec le nord du grand continent asiatique, expliquent la dif- 
fusion des espèces scandinaves suivant les méridiens et les parallèles. Notre 
travail en particulier est très-favorable à cette opinion. En effet, il est certain 
que la péninsule scandinave, comme le Jura, était couverte, à la fin de 
l'époque pliocène, de glaciers semblables à ceux dont nous voyons les restes 
en Scandinavie comme dans les Alpes; et le climat qui règne actuellement 
dans les hautes vallées du Jura a plus d'analogie avec celui de la Laponie 
qu'avec un climat asiatique. 

Cependant, un botaniste très-distingué, le docteur Christ, de Bâle (2), 

place le centre de diffusion des espèces à la fois arctiques et alpines dans les 
montagnes del'Asie tempérée, l'Oural et l'Altai. De la elles se seraient répan- 
dues en Scandinavie, dans les Carpates, les Alpes, le Jura, les Pyrénées, etc. 

Ce n'est pas ici le lieu de discuter ces deux opinions et de décider entre 
MM. Christ et Hooker : ces divergences sont indifférentes à la thèse particulière 
que nous soutenons; car si la Scandinavie n'a pas été le point de départ de la 
migration, elle en a été l'étape principale, et c'est par elle et le nord de 

(4) Outlines of the distribution of Arctic plants (Transactions of the Linnean Society 
of London, june 1860). 

(2) Ueber dieVerbreitung der Pflanzen der alpinen Region der europæischen Alpenkelle: 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1874. A34 


l'Allemagne, non par le Caucase et les Carpates, que les plantes tourbeuses 
se sont propagées jusqu'aux montagnes de l'Europe méridionale. D'ailleurs, 
en relevant dans le Flora altaica de Ledebour les espèces phanérogames qui 
sont communes à cette chaîne et aux tourbières jurassiques, j'en trouve qua- 
rante-cinq que Ledebour n'a point recueillies dans l'Altai. Il en est parmi 
elles qui ne lui auraient certainement pas échappé. Je me contente de citer : 
Trollius europæus, les trois espèces de Drosera, Scabiosa Succisa, Vac- 
cinium uliginosum; Andromeda polifolia, Calluna Erica, Gentiana 
asclepiadea, Pinguicula vulgaris, Salix cinerea, Pinus montana, Erio- 
phorum alpinum, Scheuchzeria palustris, deux Carex, Molinia cerulea, 
Nardus stricta, etc. En songeant que nos cent quatre-vingts espèces tour- 
beuses du Jura, une seule exceptée, sont toutes scandinaves, tandis que qua- 
rante-cinq, c'est-à-dire le quart, n'ont pas été recueillies dans l'Altai, il est 
difficile de ne pas placer le berceau primitif de notre flore tourbeuse dans le 
Nord plutót que dans l'Est. 

Mais, dira-t-on peut-étre, la végétation des tourbiéres jurassiques n'est point 
une végétation exceptionnelle dans cette chaine de montagues, et si elle est 
exclusivement scandinave, c'est que la flore du Jura, prise dans son ensem- 
ble, l'est également. Pour répondre à cette objection, que je me suis faite 
avant le lecteur, j'ai emprunté à l'excellente PAytostatique du Jura, de Thur- 
mann, page 138, la liste des plantes montagneuses de la chaîne, vivant par 
conséquent dans la zone altitudinale des tourbiéres, mais dans des stations non 
tourbeuses. J'en compte 142 ; sur ce nombre, 66 existent aussi en Scandi- 
navie, mais 76 sont étrangéres à cette péninsule. Cette flore n'a donc pas le 
caractère exclusivement scandinave de la végétation des tourbiéres; elle n'a 
pas non plus son caractère arctique ou glaciaire, car il n'y a que 8 espèces qui 
soient à la fois arctiques et scandinaves. 

Poussons le parallèle plus loin. Je prends également dans Thurmann, à la 
page 139, les plantes a/pestres du Jura, comprenant celles qui s'élévent sur 
les plus hauts sommets, telsque la Dóle (1681 mètres) et le Reculet (1670 mè- 
tres); elles sont au nombre de 97. Sur ce nombre, il n'y en a que 29 appar- 
tenant à la flore scandinave, La proportion est donc bien moindre que pour 
les plantes montagneuses, car pour celles-ci elle était de la moitié environ, 
pour les plantes alpestres elle n'est pas d'un tiers. Parmi ces 29 plantes alpes- 
tres scandinaves, il y ena 18 qui pénètrent dans les régions arctiques; ce 
sont donc des espèces glaciaires qui ne se sont maintenues qu'à une hauteur 
où elles retrouvaient les étés sans chaleur et le sol relativement sec qui con- 
viennent à leur existence. Il suffit de les nommer (4) pour que tout botaniste 


(1) Arenaria ciliata, Dryas octopetala, Sibbaldia procumbens, Alchimilla alpina, 
Epilobium alpinum, Saxifraga oppositifolia, S. aizoides, Erigeron alpinus, Vero- 
nica saxatilis, V. alpina, Bartsia alpina, Polygonum viviparum, Saliz reticulata, 
Juniperus nana, Gymnadenia albida, Luzula spicata, Phleum alpinum, Poa alpina. 


A32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


familier avec la végétation des hautes montagnes comprenne qu'elles ne pou- 
` vaient vivre ni dans les tourbiéres, ni méme autour d'elles; la plupart sont 
éminemment saxicoles ou propres aux pelouses sèches des pentes monta- 
gneuses des Alpes et du Jura. 

La présence de ces espèces arctiques dans la région supérieure aux tout- 
bières est encore une confirmation de l'opinion qu'elles existaient dans le 
Jura à l'époque glaciaire. Toutes, en effet, peuvent supporter un clim t plus 
rigoureux que celui qui régne actuellement sur les sommets culminants du 
Jura, car toutes s'élévent dans les Alpes à de plus grandes hauteurs et y fleu- 
rissent comme pendant l'été si court et si froid des régions arctiques : elles 
s'accommodent cependant d'un climat plus tempéré, tel que celui de la Nor- 
vége septentrionale, où je les ai observées presque toutes au niveau de la 
mer (1). De l'ensemble de tous les faits consignés dans ce mémoire, je crois 
pouvoir conclure, sans hésitation, à l'origine glaciaire des tourbières juras- 
siques et de leur végétation. 

Une autre conséquence de ces faits, c'est que la végétation de toutes les 
tourbiéres des plaines du nord de l'Europe, de celles des Vosges, de l'Auver- 
gne, des Alpes, depuis la France jusqu'en Autriche, et méme de celles des 
Pyrénées, a la méme origine (2). Depuis longtemps les botanistes avaient été 
frappés de l'uniformité de végétation de ces stations :et l'avaient attribuée à 
l'uniformité des conditions physiques et météorologiques des terrains tour- 
beux. Cette uniformité explique, en effet, pourquoi ces plantes y persistent, 
mais elle n'explique pas pourquoi ce sont toujours les mémes qui se rencon- 
trent sur une étendue représentée par une calotte égale à un quart de la sur- 
face terrestre. L'IDENTITÉ D'ORIGINE PEUT SEULE EXPLIQUER CETTE IDEN- 
TITÉ DE FORMES VÉGÉTALES. 

En consultant la liste très-complète, dressée par M. Sendiner (3), des plantes 
qui végètent dans les tourbières de la Haute-Bavière, je constate des anomalies 
du même genre. Le plus grand nombre leur est commun avec les localités 
analogues du Jura, mais il en est certaines qui, bien que répandues en Alle- 
magne et en Scandinavie, n'existent pas dans les tourbières du Jura ni des 
Cévennes; telles sont : Pedicularis Sceptrum-carolinum ; Trientalis eur9- 
pea, iris sibirica, Calla palustris et Malaxis paludosa. Ces deux dernières 
plantes habitent les tourbières des Vosges. Quand 6n étudie la distribution de 
ces espèces à la fois germaniques et scandinaves, on voit qu'au sud de l'Allemagne 
septentrionale elles ont dispara complétement ou persisté çà et là en vertu de 


(4) Voyez, sur ce sujet, H. Christ, Ueber die Pflanzendecke des Juragebirgs, 1868. 

(2) Un auteur qui a étudié récemment la végétation des grandes louibiéres du nord- 
ouest de l'Allemagne, M. Focke, fait remonter l’origine de cette végétation à l'époque 
pliocène, et désigne ces plantes sous le nom de plantes polaires pliocènes, sans rattacher 
leur présence à celle des glaciers. (Untersuchungen ueber die Vegetation. des N. W. 
deutschen Tieflandes, p. 455.) 

(3) Die Vegelations Verhæltnisse Sued-Baierns, p. 627. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 18741. A33 


circonstances particulières qu'il est impossible d'apprécier actuellement. Ce sont 
des épaves de la flore scandinave échouées sur quelques points disséminés à la 
surface de l'Europe. Le professeur Heer en a signalé de semblables dans la Suisse 
septentrionale et dans les Grisons (1). En cherchant à démontrer l'origine 
glaciaire des tourbières jurassiques et cévenoles, je n'ai fait que mettre en 
évidence un cas particulier de la thése générale soutenue par Ch. Darwin (2). 
Pourlui, la flore alpine tout entiére n'est, pour ainsi dire, qu'un prolongement 
de la flore scandinave, jadis continu avec elle, actuellement séparé, quoique 
rattaché encore par de nombreux anneaux qui permettent de relier ces deux 
flores entre elles. 


M. Pérard fait à la Société les communications suivantes : 


ÉTUDE ANATOMIQUE DE L'AGROPYRUM CÆSIUM Pres], sec, Boreau, 
par M. A. PÉRARD. 


Cette espèce a été signalée, pour lapremière fois, dans le centre de la France, 
par M. Boreau dans sa Revue des Agropyrum d' Europe. J'ai déjà (t. XVII, 
p. 388) reproduit la description qui nous en a été donnée par l'auteur de la 
Flore du centre. Aujourd'hui les caractères anatomiques semblent venir s'ajou- 
ter aux autres, non-seulement pour la détermination des genres, mais aussi 
pour celle des espéces, comme l'a fort bien démontré notre savant collégue 
M. Duval-Jouve, dans son Z'tude anatomique des Agropyrum de l'Hérault. 
Pensant que, pour les espéces en litige, l'anatomie est appelée à nous rendre 
quelques services, et que tous les moyens doivent étre tentés pour arriver à la 
vérité, j'ai soumis l'Agropyrum cæsium (Presl, sec. Bor.) à l'épreuve de 
l'étude anatomique. Cette espèce, dont on n'a mentionné jusqu'ici aucune 
figure, n'a pas été étudiée non plus par M. Duval-Jouve dans son récent tra- 
vail, probablement parce qu'il ne l'avait pas rencontrée dans le département de 
l'Hérault. L'A. cæsium Presl parait assez commun dans notre département, 
sur les bords de l'Allier, comme j'ai pu le voir, en 1870, durant la session 
du Congrés scientifique de Moulins. Les caractéres tirés de l'anatomie, que 
j'ai pu vérifier, viennent confirmer la validité de l'espèce, et c'est à ce point 
de vue que cette communication peut avoir quelque intérêt. Cependant je 
crois utile de donner également une description détaillée de cette plante. 


AGROPYRUM CÆSIUM Presl Delic, Prag. p. 213; Bor. Rev. des Agrop. d'Europe, 
p. 5. — Rhizome long, rampant plus ou moins profondément, produisant des chaumes 
fasciculés en touffes. — Chaumes gréles, fistuleux généralement dans toute leur étendue, 
droits, hauts de 07,70 à 4 mètre, à entre-nœud supérieur assez long. — Feuilles roides, 
glauques, dressées-étalées, à gaines appliquées, recouvrant les deux tiers des entre- 


(4) Die Urwelt der Schweiz, p. 539. 
(2) Darwin, Origin of species, p. 365. 


T. XVII. (SÉANCES) 28 


A94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nœuds, planes, enroulées à la pointe, à face inférieure lisse, à face supérieure à nervures 
un peu saillantes, inégales et contiguës, couvertes d’aspérités, et rudes ainsi que les 
bords ; oreillettes prononcées dans les feuilles inférieures, qui sont velues ainsi que leurs 
gaînes. — Épi distique, lâche, à axe pubescent, rude au bord, grêle et fragile. — Épillets 
appliqués contre l'axe ou un peu arqués, plus longs que les entre-nœuds.— Glumes à peu 
prés de méme grandeur, aigués, égalant les deux tiers de l'épillet, largement scarieuses 
au bord, à dos arrondi un peu rude au toucher, à cinq nervures dont la médiane est plus 
prononcée et forme un petit mucron au sommet. — Giumelles lancéolées, l'inférieure 
assez longuement aristée, la supérieure égale ou à peine plus courte, un peu obtuse au 
sommet, à bords finement ciliés dans la partie supérieure. Toute la plante est ordinaire- 
ment d’un glauque bleuâtre. 


CARACTÈRES ANATOMIQUES. 


Chaume. — Arrivé à son développement définitif, le chaume présente une cavité cen- 
trale qui le rend flstuleux. Examiné dans cet état, il offre d'abord l'épiderme, ensuite une 
couche de cellules à chlorophylle avec interposition de masses de tissu fibreux, une 
couche fibreuse sous-jacente, et enfin le parenchyme médullaire dans lequel sont distri- 
bués des faisceaux fibro-vasculaires. L'épiderme est formé de cellules dispusées en séries 
paralléles : ces cellules sont rectangulaires, canaliculées, à parois épaisses et souvent on- 
dulées. Chaque série parallèle se compose de cellules alternativement allongées et 
courtes. Ces derniéres, plus petites, sont quadrangulaires et généralement seules, cepen- 
dant nous en avons vu deux ou trois accolées l'une à l’autre, intercalées entre deux cellules 
allongées. Les cellules stomatiques sont disséminées dans les cellules allongées suivant 
leurs séries parallèles ; parfois on en trouve une située immédiatement au-dessous 
d’une des courtes cellules quadrangulaires à laquelle elle est adhérente. J'avais pensé 
que ces cellules courtes étaient peut-étre des cellules stomatiques arrivant plus ou moins 
à l'état de stomates, mais, d’après ce que je viens d'énuncer plus haut, il y a lieu d'en 
douter. Les cellules allongées qui renferment des cellules stomatiques correspondent 
toujours aux masses de cellules à chlorophylle de la couche herbacée située au-dessous ; 
d'autres séries, également paralléles, de cellules longues, beaucoup plus étroites, sem- 
blables aux précédentes et dépourvues de stomates, correspondent aux masses sous- 
jacentes du tissu fibreux qui constitue les nervures. Les stomates sont particuliers : vus 
de face et longitudinalement, ils présentent quatre cellules, séparées par leurs mem- 
branes. Les deux latérales, qui longent l'ouverture stomatique, figurent deux petites masses 
épaissies, fusiformes aux deux extrémités et convexes seulement dans leur partie médiane 
qui borde l'ostiole. Sur une coupe transversale, on voit au-dessus de la cavité aérifére du 
stomale quatre cellules, aux extrémités deux grandes cellules élargies à la base, au milieu 
deux plus petites qui sont anguleuses et épaissies à leur sommet et rétrécies à leur base, 
J'ai constaté ces stomates sur les tiges et sur les feuilles de plusieurs espèces d'4gro- 
pyrum, de Triticum et d' ZEgilops, et leur forme ne varie pas, Les couches herbacées et 
fibreuses de la tige se lient entre elles ; au-dessous dela couche herbacée, on remarque une 
ceinture ondulée (2 ou 3 rangs) de tissu fibreux qui s'introduit, à l'endroit où sont les ner- 
vures, dans la couche herbacée de façon à l’interrompre ; il en résulte ¿inside grands espaces 
à peu prés quadrangulaires de parenchyme vert occupés par les cellules à chlorophylle, et 
d'autres masses plus petites formées par le tissu fibreux. A la base de chaque partie 
fibreuse correspondant aux nervures, se trouve généralement un petit faisceau fibro- 
vasculaire, semblable à ceux dont j'indique plus bas la composition. Au-dessous s'étend le 
parenchyme médullaire avec ses cellules polyédriques embrassant deux rangs de gros fais- 
ceaux fibro -vasculaires qui alternent entre eux. Ces faisceaux sont formés vers l'extérieur 
par la partie libérienne (tissu libériforme de M. Duval-Jouve) avec ses fibres épaisses et 
canaliculées ; au milieu par de grandes cellules trés-allongées, à parois un peu épaisses et 
unies, à base horizontale, et enfin par des cellules assez longues, ponctuées, polyédri- 
ques, petites, à parois minces qui sont peut-étre des cellules grillagées ou tubes cri- 
breux. Ces dernières entourent deux gros vaisseaux ponctués disposés transversalement 
et plusieurs vaisseaux annulaires situés un peu en avant des vaisseaux ponctués. 


Feuilles. — La structure des feuilles est nécessairement la méme que celle de la tige; 
seul l'épiderme de la face supérieure n'en différe que par des cellules spéciales placées 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. A35 


au milieu de chaque dépression ou sinus qui sépare deux nervures, Ces cellules épider- 
miques, que M. Duval-Jouve a nommées cellules bulliformes, sont au nombre de 3 à 5, 
grandes, incolores, à parois minces, lisses, unies, un peu étroites ou cunéiformes au 
sommet, élargies à la base, et ressemblent à de petites vessies tendues. D'aprés une coupe 
transversale de la feuille, on voit que les nervures figurent des mamelons arrondis au 
sommet, de trois grosseurs, et surmontés d'un poil trés-court, unicellulé, à base élargie 
et à parois épaisses. Ces poils sont les aspérités, en forme d'aiguillon, qui couvrent la face 
supérieure des feuilles. La région médiane de ces mamelons ou nervures est occupée au 
sommet et àla base par du tissu fibreux, au milieu par un faisceau fibro-vasculaire, ana- 
logue à ceux de la tige, entouré vers l'extérieur de tissu libérien ou libériforme, Des 
bandes latérales du parenchyme vert de la couche herbacée passent d'une nervure à 
l'autre, Les sinus sont peu profonds et sont munis de 3 à 5 de ces cellules épidermiques 
dites bulliformes, dont j'ai parlé plus haut. Les lignes transparentes des nervures, sur 
lesquelles sont alignées les aspérités, correspondent aux espaces éclaircis occupés par le 
lissu fibreux et qui sont dépourvus de chlorophylle. 


Rhizome. — Il présente une organisation différente de celle de la tige. On peut y 
voir deux zones distinctes, l'une externe (zone cellulaire), l'autre interne (zone vascu- 
laire). L'épiderme est composé de cellules rectangulaires disposées en séries paralléles, 
alternativement allongées et courtes, à parois ondulées, épaisses et canaliculées. Je n'ai 
pas vu de stomates dans ces cellules de l'épiderme des rhizomes. La zone externe égale 
au moins la moitié du rayon ; elle est dépourvue de lacunes et formée de cellules allon- 
gées, à parois minces, larges, incolores, dont la coupe transversale est arrondie, tendant 
àla forme hexagonale. Elle se fait remarquer par la présence de trés-petits faisceaux 
colorés, espacés, et rangés assez réguliérement suivant un cercle qui passerait dans la 
partie rapprochée de l'épiderme. Ces faisceaux sont composés de fibres canaliculées et de 
cellules allongées, à parois un peu épaisses, canaliculées et à base horizontale, analogues 
à celles du tissu libérien de la zone vasculaire. La zone interne est reliée à la précé- 
dente par une ceinture large, colorée, parfois ondulée, de tissu libérien ou libériforme. 
On y remarque d'abord deux rangs de longues cellules à parois minces d'un côté et 
épaisses de l'autre, à base horizontale ou oblique parfois épaissie et dont la section trans- 
versale offre un croissant plus ou moins formé ; puis 5 ou 6 rangs de fibres épaisses et 
canaliculées qui descendent dans le parenchyme médullaire, pour envelopper en partie 
les faisceaux fibro-vasculaires alternant entre eux sur deux rangs, rarement un faisceau 
se dirigeant vers le centre dans le parenchyme médullaire qui offre une cavité centrale, 
Chaque faisceau fibro-vasculaire renferme généralement une partie libérienne ou libéri- 
forme, formant l'enveloppe extérieure et composée de fibres épaisses et canaliculées. Elle 
entoure des cellules ponctuées, à parois minces, qui sont peut-étre des cellules grillagées 
ou tubes cribreux et qui bordent deux gros vaisseaux ponctués, disposés transversale- 
ment. Enfin des cellules allongées à parois épaisses, ponctuées et canaliculées, à base 
horizontale ou oblique, sont rencontrées entre les vaisseaux et entourent un ou deux 
vaisseaux annulaires placés en avant. Elles nous ont paru terminer le faisceau du côté 
du parenchyme médullaire-central auquel elles se relient, 

Les stomates des Graminées ont été, dans ces derniéres années, mentionnés par quel- 
ques auteurs. M. Kareltschikoff, dans le Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou 
(1866), les considère comme formés de trois cellules dont la médiane fournit l'ouverture 
Stomatique. M. Strasburger (Pringsheim's Jahrbuecher, 1867), dans son étude plus ré- 
cente et plus compléte sur l'organogénie des stomates, se contente de comparer simple- 
ment les stomates des Graminées à ceux de plusieurs plantes (Claytonia perfoliata, Ma- 
ranta bicolor) dont les stomates sont composés de quatre cellules, mais il ne les a pas 
étudiés spécialement. Ceux que j'ai décrits et figurés me paraissent offrir des différences 
non observées par les deux botanistes que je viens de citer. , 

A priori, la coupe transversale d'une feuille (qui, par les nervurés, renferme des carac- 
téres importants) nous fait voir que l’ Agr. cæsium est intermédiaire entre les 4. repens L. 
et A. Pouzolzii Godr., et en cela nous sommes parfaitement d'accord avec M. Boreau, 
qui, se basant sur d'autres caractères, lui a assigné cette place dans sa Revue. La coupe 
transversale du rhizome l'éloigne des deux espéces précédentes et le rapproche de l'A. 
campestre Godr. La conformation des masses de cellules à chlorophylle de la couche her- 
bacée, dans la section transversale d'un chaume, est à peu près celle de l'4. acutum DC. 


436 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L'espéce qui nous occupe fait partie de la section des Agropyrum à rhizomes ram- 
pants et à nervures saillantes. 


Explication des figures de la planche IIl de ce volume. 


Fig. 1. — Agropyrum cæsium Presl, port de la plante. 

— 2. — a. Glume grossie. — b. Épillet. 

— 3, — Coupe transversale de la feuille, représentant les mamelons des nervures, les 
bandes de cellules à chlorophylle et les faisceaux fibro-vasculaires. 

— k. — Coupe transversale du rhizome. 

— 5. — Coupe transversale de la tige. 

— ‘6: — Stomate : a, vu de face; b, coupe transversale. 


ÉNUMÉRATION DES PLANTES DE L'ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON 
(NOTES COMPLÉMENTAIRES), par M. A. PÉRARD. 


Liste des espèces exclues. 


Parmi les espèces qui suivent, il est évident pour moi aujourd'hui que si 
quelques-unes d'entre elles ont sans doute disparu, il y en a d’autres qui ont 
été indiquées certainement par suite d'erreur de détermination. 


RaNUNCULUS LiNGUA L.— Pont de la Chambriére prés Montluçon (Servant sec. Bor. 
Fl. centr. éd. 4 et non 3). 


TBHLASPI ALPESTRE L, — Montluçon (Migout Fl. de l'Allier). 

STELLARIA NEMORUM L.— Le Cluzeau près Montluçon (Thévenon sec. Migout FI. de Allier). 
— GLAUCA With. — Le Cluzeau près Montluçon (Thévenon sec. Migout). 

HYPERICUM QUADRANGULUM L. — Nerde près Montluçon (Thévenon sec. Migout). 
GERANIUM SANGUINEUM L. — Néris (Boirot-Desserviers). 

OXALIS CORNICULATA L. — Montluçon (Bor. Fl. centr. éd. 4 et non 3). 


CORONILLA SCORPIOIDES Koch. — Montluçon, pont de la Chambriére (Servant sec. Bor. 
FI. centr.). 


SPIRÆA OBOVATA Willd.— Le Diéna prés Montluçon (L. de Lambertye sec. Bor. Fl. centr.). 
Cette espéce était probablement échappée des jardins du Diéna. 


SEDUM ANGLICUM Huds. — Bords du Cher (Thévenon sec. Migout Fl. de l'Allier). Indi- 
qué au Gourre-du-Puy prés Montluçon, où il n'a été rencontré qu'un pied d'un 
Sedum en mauvais état et douteux. 


OENANTHE PIMPINELLOIDES L. — Montluçon (Saul sec. Bor. Fl. centr, éd. 1 et non 3). 
ORLAYA GRANDIFLORA Hoffm. — Montluçon (Servant sec. Bor. Fl. centr.). 
GLOBULARIA VULGARIS L. — Néris (Boirot-Desserviers). 


DORONICUM AUSTRIACUM Jacq. — Bois de la Liaudon (Servant sec. Bor. FI. centr. éd. 
4 et non 3). 


CIRSIUM BULBOSUM DC, — Sceauve prés Chavenon (Causse sec. Bor. Fi. centr. éd. 4 et 
non 3). 


CAMPANULA LINIFOLIA Lamk. — Les Iles près Montluçon (Thévenon sec. Migout Fl. de 
l'Allier). 

ASARUM EUROPÆUM L. — Néris (Boirot-Desserviers). 

GLADIOLUS COMMUNIS L. — Néris (Boirot-Desserviers). 

OPHRYS ARANIFERA L. — Montluçon (Servant sec, Bor. Fl, centr. éd. 1). 

VERATRUM ALBUM L, — Néris (Boirot- Desserviers). 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. h37 


MELICA CILIATA DC. — Néris (Boirot- Desserviers). 


Poa SUDETICA Willd. — Montluçon, bois de la Brosse (Migout Fi, de l'Allier non Thé- 
venon). 


PoLYSTICHUM TANACETIFOLIUM DC. — Sceauve prés Chavenon (Causse sec. Bor. Fl. centr. 
éd. 4 et non 3). 


ASPLENIUM LANCEOLATUM L. — Rochers au-dessous de l'étang de Malva prés Rocles 
(Causse sec. Bor. FI. centr.). 


LYCOPODIUM INUNDATUM L. — Montluçon (Migout Fl. de l'Allier). 


En résumé, le chiffre des espèces connues aujourd'hui dans l'arrondisse- 
ment de Montlucon peut étre réparti ainsi: 


Plantes phanérogames et cryptogames vasculaires. . . 1170 


7 
—  cryptogames cellulaires. . . . . . . . .... 360 1530. 


Il y aura encore un certain nombre de raretés à ajouter à ce Catalogue, car 
je n'ai pas la prétention d'avoir tout vu. L'exploration du canton de Montma- 
rault laisse beaucoup à désirer, et la forêt de Troncais renferme bien certaine- 
ment encore des espèces qui ne sont pas signalées même dans le départe- 
ment. Pour l'énumération des plantes phanérogames de l'Allier, on pourra, à 
titre de complément, consulter la quinzième question du Congrès scientifique 
tenu à Moulins en juillet-août 1870, dans laquelle j'ai fait la comparaison des 
Végétaux de cette contrée avec ceux des départements limitrophes. La cryp- 
togamie n’est représentée que d’une façon très-imparfaite (les Algues et les 
Champignons parasites n'ont pas encore été étudiés jusqu'ici), néanmoins les 
premiers jalons que j'ai placés sur cette route difficile engageront, je l’espère, 
les rares botanistes du Bourbonnais à m'aider, par leurs envois ou par leurs 
renseignements, à compléter cette branche si intéressante de la botanique et 
qui est si peu connue dans notre département. 

Pour répondre aux questions posées par la Société botanique de France 
dans sa séance du 22 avril 1870 (t. XVII, p. 209), relativement aux botanistes 
et aux collections de chaque département, je commence par donner la liste 
suivante des personnes qui, à ma connaissance, ont herborisé dans l'arron- 
dissement de Montlucon. J'ai ajouté les quelques renseignements que j'ai pu 
me procurer sur les collections ou herbiers qui sont en leur possession. Je 
Suis heureux de profiter de cette occasion pour témoigner toute ma recon- 
naissance aux botanistes cités dans ce Catalogue et qui ont bien voulu me 
favoriser de leur précieux concours : 


MM, BornoT-DESSERVIERS, de Néris (1822). 
CAUSSE, de Chavenon (1840). 
LAMBERTYE (le comte Léonce de), à Chaltrait par Montmort (Marne) (1840). 
SERVANT, à Moulins (1840). 
SAUL, correspondant et ami de M. Boreau (1840). 
LA GUÉRENNE (de), au château du Mont prés Montluçon. 
LeTTRÉ (Eugène), conducteur principal des ponts et chaussées, à Montluçon. 
PAILLOUX, du département de la Creuse (1848). 


` 


A58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


MM. JAMET (l'abbé), curé de Chamblet (1860 et depuis). 
PÉRARD (Alexandre), à Paris (1860 et depuis). 
Kivi£nE (le père), de l'institution Saint-Joseph à Montluçon, Senlis (Oise) (1860). 
Mle FouLHOUzE (Joséphine), à Montluçon (1860 et depuis). 
* MM. LUCAND, capitaine au 59° de ligne (1865-67). 
D" THÉVENON, médecir-major au 59? de ligne (1865-67). 
DÉSÉGLISE, du département du Cher, temporairement à Néris. 
Besson (Isidore), étudiant en médecine (1868-69). 
DucnÉ (E.), docteur en médecine, à Montluçon (1868-70). 
Mme Ducné. 
Mme VAILLANT, à Marcillat (1870). 
MM. VANNAIRE, docteur en médecine, à Gannat (1870). 
THOLIN (le père), de l'institution des Maristes, à Senlis (Oise) (1870). 
CHABROL, professeur de physique au collége de Montluçon (1870). 
MicHARD (Adrien), élève en pharmacie, à Paris (1869-1870). 


' 


Les collections qui méritent d'étre signalées sont en petit nombre. Celle que 
j'ai formée, depuis 1860, des plantes de l'arrondissement de Montluçon et 
qui renferme les types de ce Catalogue, est la plus importante. L'herbier de 
M. Lucand, capitaine au 59* de ligne, comprend huit cents espéces environ 
recueillies en 1865-67. Celui de M. le docteur E. Duché, de Montlucon, dont 
j'ai revu et nommé toutes les espèces récoltées pour la plupart dans mes excur- 
sions, présente déjà un chiffre de cinq à six cents espèces bien échantillonnées. 
J'ignore le nombre des espèces de l'herbier de M. L. de Lambertye, qui doit 
être assez élevé. Une collection d'aquarelles, peintes d’après nature par M. de la 
Guérenne, propriétaire du cháteau du Mont prés Montlucon, et qui atteint un 
chiffre assez considérable d'espéces, mérite d'étre mentionnée; mais je regrette 
de n'avoir pu jusqu'ici en prendre connaissance. Enfin je possède les aquarelles 
d'aprés nature, figurant les Champignons de Montlucon que j'ai cités, et la 
méme collection se trouve en partie dans les mains de M. le capitaine Lucand. 


Je ne puis terminer ce travail sans rendre hommage à la mémoire d'un ami sincére 
qui m'a aidé de ses conseils, en 1860, lorsque j'ai commencé à m'occuper de botanique 
dans les environs de Montlucon. M. Eugéne Lettré, conducteur principal des ponts et 
chaussées dans cette ville et chargé de la direction et de la surveillance du canal du 
Berry, habitait Montlucon depuis de longues années, lorsqu'il fut enlevé (le 27 mars 
1866) malheureusement trop tôt, à sa famille et à ses amis. Connaissant parfaitement 
les localités de l'arrondissement, il m'a servi de guide dans mes premières excursions et 
sa bienveillanee amicale ne m'a jamais fait défaut. Dévoué à la science, il s'était occupé 
de botanique dans le département du Gard, lorsqu'il dirigeait les travaux duchemin de fer 
d’Alais. Son herbier, qu'il a bien voulu m'offrir, renferme un certain nombre de bonnes 
espèces, parmi lesquelles je pourrai citer les Leuzea conifera, Convolvulus Cantabrica, 
Inula squarroga, Paliurus aculeatus, Cistus salvifolius, etc. Néanmoins sa position 
d'ingénieur le plaçant dans des conditions trés-favorables pour étudier la géologie, il 
avait une prédilection marquée pour cette dernière science. Dans la collection de roches 
et de minéraux formée par lui et qui est actuellement dans les mains de sa famille, j'ai 
pu observer de trés-beaux échantillons et un assez grand nombre de fossiles. Pour moi, 
qui ai recu de sa part tant de preuves d'affection, je ne puis que joindre mes regrets à 
ceux de sa famille pour déplorer la perte d'un ami dévoué, homme d'esprit, naturaliste 
modeste et instruit. 

Je ne saurais trop remercier non plus notre obligeant collègue M. W. de Schœne- 
feld, secrétaire général de la Société botanique de France, qui a bien voulu me secon- 


» 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. h39 


der durant la publication de ce Catalogue raisonné dans le Bulletin de la Société bota- 
nique et dans le tirage à part de 225 exemplaires. Notre savant ami m'a prêté le plus 
utile concours en m'aidant, pendant l'impression, dans la tâche si difficile de la correc- 
lion des épreuves, et c'est à sa connaissance profonde de la linguistique que je dois les 
quelques corrections qui ont été faites dans l'orthographe de plusieurs noms de genres et 
d'espéces. — Je ferai remarquer à ce sujet que, pour les noms de genres dont l'ortho- 
graphe a été changée, j'ai entouré d'une parenthése le nom du créateur du genre, vou- 
Jant indiquer par là que l'orthographe du nom primitif a été modifiée. Je donnerai pour 
exemple les genres Helodes (Spach) et Heleocharis (R. Brown) où la lettre h ajoutée au 
commencement du mot remplace l'esprit rude qui se trouve dans le mot grec £o 
(marais) dont ces genres dérivent. — Enfin j'ai restitué, autant que possible, la priorité 
des genres à leur illustre créateur Pitton de Tournefort (Institutiones rei herbariæ), et 
j'ai placé, sous les noms Linnéens ou d'autres auteurs, ceux de ses genres qui ont été 
abandonnés par suite des progrès de la science. — Qu'il me soit permis, en finissant, de 
témoigner ma gratitude à nos honorables collégues M. Kralik et M. l'abbé Chaboisseau 
pour les précieux conseils qu'ils ont bien voulu me donner pendant le cours de ce travail 
qui a été présenté en avril 1869 à la Société botanique, mais dont l'impression a été 
retardée par suite des tristes événemenís de 1870-71. 


M. Roze présente à la Société, de la part de M. Tocquaine (de 
Remiremont), un fragment et le dessin d'un Polyporus Laricis 
gigantesque, trouvé dans les Vosges, et donne lecture de la lettre 
suivante : 


LETTRE DE M. Ad. TOCQUAINE A M. DE SCHŒNEFELD. 


Remiremont (Vosges), 8 décembre 1871. 


Monsieur le Secrétaire général, 


J'ai l'honneur de vous adresser un dessin. représentant, en grandeur natu- 
relle, une production cryptogamique qui m'a été envoyée de la montagne 
comme ayant été trouvée sur un pied de Houx. Il m'a été impossible d'avoir 
plus de renseignements sur son origine. 

Sa hauteur était de 07,90 ; une portion ayant été enlevée, elle est réduite 
à 07,80. Sa largeur est de 07,20, sur une hauteur de 07,30, c'est-à-dire 
jusqu'à sa division en trois prolongements dont le plus grand atteint 0,50 ; 
l'épaisseur moyenne est de 0",04. l 

Sa couleur générale est nankin pâle, l'intérieur est plus pâle, sa consis- 
tance subéreuse élastique. Je joins une tranche de la portion inférieure qui 
donnera peut-être le moyen de classer ce Champignon, dont le poids (malgré 
son développement) est de 400 grammes seulement. 

Il eût été fort intéressant d'avoir ou de connaître exactement sa souche, 
afin de savoir s’il était fixé sur du bois dépérissant ou dans quelque vieux 
tronc décomposé, 

Un trou à bords arrondis et cicatrisés, à un coin de la partie inférieure, 
provient sans doute d’un morceau de bois ou de pierre qui s'est trouvé en- 
gagé lors du développement. 


A40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les botanistes mycologues connaissent peut-être cette production ; je pense 
néanmoins que ma communication pourra offrir quelque intérét. 


` Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la 
Société :- 


NOTE SUR LE BEJUCO DE AGUA, par M. A. POSADA-ARANGO. 


Une des particularités qui frappentle plus l'observateur parcourant, pour 
la premiére fois, les foréts de l'Amérique intertropicale, ce sont ces lianes 
gigantesques, semblables à des câbles, qu'on voit s'élever partout, jusqu'au 
sommet des plus grands arbres, les enlacer les uns aux autres, et qui, pleines 
d'une séve potable, semblent ayoir été préparées exprés, par une nature pré- 
voyante, pour calmer la soif du voyageur dans ces régions brülantes. 

Ne sachant pas qu'elles aient été déjà décrites, nous allons les faire con- 
naitre trés-sommairement. 

Ce sont de gros sarments, de 3 à 5 centimètres de diamètre, cylindriques 
ou un peu tétragones, dépourvus de branches dans toute leur hauteur, pré- 
sentant de distance en distance de légers renflements, comme des nœuds peu 
apparents, dans lesquels on remarque les traces laissées par les anciennes 
feuilles opposées ; l'écorce est rugueuse et un peu rougeâtre. La structure des 
tiges montre bien que ce sont des Bignoniacées ; mais l'impossibilité de se pro- 
curer lenrs feuilles, qui manquent ordinairement, ou qui, cachées entre le 
feuillage d'arbres extrémement élevés, deviennent inaccessibles, ne permet pas 
de leur assigner une place précise dans la classification. On peut cependant, 
par la seule disposition des faisceaux ligneux, distinguer deux espèces de 
plantes. Dans l'une, celle qui a la tige subtétragone, la section transversale 
représente une croix de Malte: en effet, des couches corticales, émergent 
quatre prolongements qui vont converger tout prés du centre médullaire. 
Dans l'autre, les prolongements sont plus nombreux (nous en avons compté 
dix-sept), mais moins profonds, en sorte que la partie ligneuse a l'apparence 
d'une étoile ou plutót d'une roue d'engrenage. Mais ce qu'il y a de plus re- 
marquable dans ces plantes, c'est le diamétre des vaisseaux parcourant la 
partie ligneuse, qui sont tellement apparents, qu'on peut méme introduire un 
crin dans quelques-uns. Chaque vaisseau se continue sans interruption dans 
la tige, ne communiquant pas, par conséquent, avec les vaisseaux collatéraux. 

Ces arbrisseaux portent, en Colombie, le nom vulgaire de bejuco de agua, 
c'est-à-dire liane aqueuse, parce que leur séte sert aux forestiers, à défaut 
de sources, pour se désaltérer ; c'est un usage emprunté aux Indiens. 

Ce sont les vaisseaux du bois, et non pas le tissu cortical, qui donnent le 
suc qu'on boit. C'est donc la séve montante, ou de l'eau presque pure, que 
la plante, à l'instar de ces pompes instantanées récemment inventées par les 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. A^ 


Américains, va sucer jusque dans les profondeurs du sol, pour satisfaire un 
caprice humain au prix de sa vie ; car la plante, une fois coupée, périt. 

Mais il faut de l'habitude pour savoir en tirer profit. En effet, si l'on fait 
des incisions à la liane ou si on la tranche d'un seul coup, on n'obtient pas de 
liquide ; on entend seulement un sifflement produit par l'entrée de l'air qui 
y pénètre, refoulant la séve, d'un côté vers les racines, de l'autre vers les 
sommités de la plante. 1l est indispensable de couper la tige en deux endroits 
différents, en haut et en bas, par deux coups secs donnés avec un couteau de 
chasse bien tranchant, de maniére à avoir un troncon plus ou moins long, 
auquel on donne rapidement une position horizontale pour que le liquide ne 
s'écoule pas ; autrement il jaillit, et l'on ne peut le recevoir dans la bouche. 
Un fragment de liane de grosseur ordinaire et de 40 centimètres de longueur 
peut fournir un verreà peu prés de séve. Nous en avons bu plusieurs fois. 
Le goüt, qui varie pent-étre selon le terrain, n'est nullement désagréable, 
mais il accuse des sels et est légèrement astringent. 

Sa température, que nous regrettons de ne pas avoir mesurée, nous sem- 
ble étre celle de l'atmosphére, c'est-à-dire plus élevée que celle des ruisseaux 
et des rivières de ces contrées ; elle n'est donc guère fraîche. 

On voit, par ce que nous venons d’exposer, que le bejuco de agua est une 
plante plutôt curieuse que vraiment utile. C’est surtout au point de vue de 
l'étude des phénomènes physiologiques qu'elle peut être digne d'attention. Il 
est fâcheux qu'elle ne se trouve que dans des forêts trés-éloignées: il ne se- 
rait vraiment pas sans intérêt de répéter à son égard les expériences de Hales 
pour déterminer la force ascensionnelle de la séve, mesurer sa quantité et 
voir ses variations suivant les époques. Ces observations pourraient contribuer 
à éclaircir la question des influences lunaires. 

En effet, dans l'Amérique équinoxiale, où, grâce à l'absence de saisons, la 
végétation n'est jamais interrompue, on fait jouer à notre satellite un grand rôle 
sur ses phénomènes. On prétend que la séve des plantes ne monte en abon- 
dance que pendant le croissant, et qu’elle redescend au déclin de la lune. C'est 
ainsi qu'on explique la nécessité, selon les forestiers, d'abattre les bois à cette 
dernière époque, pour éviter qu'ils ne soient dévorés par les insectes (la ver- 
moulure). 

Mais à propos de cette question, que je ne fais que mentionner, je dois 
dire, en passant, que, si l’on en juge par quelques-unes de mes observations, 
ce ne serait pas sur la quantité de séve, mais plutôt sur sa composition, que la 
lune exercerait quelque influence, en contribuant par la lumière réfléchie à 
l'élaboration de ce liquide. C'est d'ailleurs un sujet encore à l'étude, et j'au- 
rai peut-étre plus tard l'honneur d'en entretenir la Société. 


À la suite de cette communication, M. Bureau présente les obser- 
vations suivantes : 


A42 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


En l'absence d'échantillons, il ne m'est pas possible de déterminer exacte- 
ment les Bignoniacées dont vient de parler M. Posada-Arango. Cependant je 
soupconne que l'espéce à tige carrée et à section transversale représentant une 
croix de Malte, pourrait bien appartenir au genre 7'ynant/us, qui offre exac- 
tement ces caractères. Le 7ynanthus fasciculata Miers est une des princi- 
pales lianes à eau du Brésil. M. J. Corréa de Méllo m'a envoyé sur cette 
plante une: note intéressante qui confirme les faits exposés par M. Posada- 
Arango. Je ne puis mieux faire que d'en donner ici la traduction : 


Les: grosses tiges du Tynanthus fasciculata Miers renferment une grande quantité 
d’une eau fraîche, limpide, insipide et inodore. 

Les sauvages et les chasseurs connaissent cette propriété et l'utilisent fréquemment 
pour apaiser leur soif dans les lieux où il n’y a pas d’eau, ou même simplement par 
plaisir : à cette fin, ils coupent une portion de grosse tige, d’une longueur de cirq à six 
palmes. Cette portion de tige séparée, étant placée verticalement, laisse couler une eau 
suffisante pour étancher la soif. 

Ce qu'il y a de remarquable, c'est que ni la base de la tige (la partie qui est fixée en 
terre), ni l'extrémité qui reste suspendue, ne laissent échapper de liquide, et qu'au con- 
traire la portion de tige séparée étant placée verticalement (soit que le bout correspon- 
dant à la base regarde en bas, soit qu'il regarde en haut), l'eau en découle toujours par 
gouttes rapides, et en produisant un petit bruit dû à l'air contenu dans les tubes du 
corps ligneux, qui s'échappe poussé par le poids du liquide et en formant de petites bulles 
à l'ouverture des tubes. On doit noter de plus que, pour obtenir la plus grande quantité 
d'eau possible, il faut couper la liane d'abord du côté de sa base, puis promptement du 
côté du sommet. Si l'on attend pour opérer la section supérieure, on n'obtient que peu 
ou point d'eau. Ce phénoméne est parfaitement connu des sauvages et des chasseurs, qui 
l'expliquent en disant que l'eau monte. La propriété de fournir ainsi un liquide n'appar- 
tient pas exclusivement à cette plante : elle a déjà été observée par M. Gaudichaud 
(Voyage de la Bonite, Botanique, vol. I, p. 224) dans une Ampélidée qu'il a nommée 
Cissus hydrophora. Les Bignoniacées suivantes : Bignonia triplinervia Martius, Lundia 
obliqua Sonder, Pilhecoctenium Vilalba DC. et Bignonia corymbifera Vahl, produisent 
aussi de l’eau en abondance; mais cette eau est, suivant les espèces, plus ou moins 
désagréable. Je crois bien que cette propriété est commune à toutes les espéces dont le 
corps ligneux est parcouru longitudinalement par des tubes d'un grand diamétre. 


Le travail suivant est présenté à la Société de la part de l'auteur : 


RÉVISION DU GENRE CRATÆGUS, POUR LES SECTIONS DES C. OXYACANTHA L. 
ET OXYACANTHOIDES Thuil., par MI. Michel GANDOGER. 


(Arnas prés Villefranche-sur-Saóne, janvier 1871.) 


Le genre Cratægus, généralement méconnu par les auteurs, renferme cepen- 
dant un bon nombre d'espèces parfaitement distinctes; je n'ai pu l'étudier 
encore que d'une manière fort superficielle, mais cependant je signale ici les 
espèces que j'ai observées, me réservant pour plus tard de faire connaître et de 
publier les matériaux que j'aurai amassés pour la plus grande connaissance de 
ce genre qui ne manque pas d'intérêt, 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1874. A^3 


TABLES ANALYTIQUES 


1.' Clef des fleurs. 


Calice velu, ou velu-tomenteux. . .. . eene so. 2 
Calice glabre, ou parsemé de rares poils.................. eee n sts. 7 


Calice fortement velu-tomenteux.................. eeotemestoss s sn 3 
Calice parsemé de poils plus ou moins abondants, non tomenteux........... 6 


34 Fleurs blanches, toujours "CDM 4 
Fleurs d'un beau rose, doubles.,,...,..,,......,.......... C. hortorum. 


p Calice à à tube oblong ; fleurs grandes, en corymbes composés....... ess D 
Calice à tube ovale-arrondi, ou obovale; fleurs relativement peu nombreuses.... 
e eee eerte rotes esse eo o oco nns. C. Bastardi. 

Rameaux jaunátres ; lobes des feuilles entiers........,.,,..... C. floribunda. 

5; Rameaux grisâtres ou blanchâtres; lobes des feuilles régulièrement dentés en scie. 
sosoopras eneee nos ciel vie + PART ETERE TETE se. C. rhipidophylla. 

6 Calice globuleux, peu velu; fleurs en corymbes très-fournis. .... C. subsphærica. 
Calice obovale-elliptique, velu ; fleurs en corymbes peu fournis, ..... C. silvicola. 
Feuilles simplement crénelées-incisées, à lobes peu marqués................ 8 

7 Feuilles toutes profondément penunatifides, à lobes atteignant presque la nervure 
médiane........ EP TIPP rss. + 11 


( Feuilles d'un vert clair non luisant en dessus, assez minces, à lobes bien marqués. 9 
Feuilles d'un vert foncé et luisant en dessus, trés-fermes et coriaces, à lobes à peine 
visibles. ...,....,..... 25» 39» 3 TE TRES eec coo vos. C. coriacea. 


Pétioles et feuilles velus ; feuilles longuement pétiolées ; stipules linéaires et cadu- 
QUES , see sehe hohen esocccscelicetsudeve ... 10 
Pétioles et feuilles à à peu près glabres ; feuilles courtement pétiolées ; ; stipules ovales, 
larges et persistantes. ....... TU PER T" essees. C. fleailis. 
Rameaux allongés, flexueux ; feuilles irréguliérement crénelées; fleurs moyennes. . 

10) tm Me eo fies elu tenons ene enm here cnn n C. Subinermis. 
Rameaux courts, non flexueux ; feuilles très-régulièrement crénelées ; fleurs grandes 

| TONER eee so one sect s s O. oxyacanthoides. 


Fleurs d'un rose plus ou moins foncé... ecce een. 12 
Fleurs blanches, ou trés-légérement lavées de rose............,.....,... 14 

12 | peurs d'un joli rose clair............ eem soon et en nn , 13 
Fleurs d'un rose foncé, comme vineux.e... «eec C. Œ@nochroa. 
Feuilles généralement à 3 lobes ; lobes entiers, présentant rarement 1-2 dents.... 
3i. leet eXNSgE ni. esisi p eeb ao e es essee... C. Sublucens, 
Feuilles généralement i à 5 lobes ; lobes tous plus ou moins crénelés. C. oligacantha. 
Feuilles discolores, blanchâtres en dessous..........................e. 15 
Feuilles d'un vert pâle en dessous, mais non blanchâtres............. .... 18 

5 Feuilles moyennes ou petites, peu longuement pétiolées ; aiguillons assez courts, 16 
Feuilles grandes, très-longuement pétiolées ; aiguillons très-courts. C. peliolulala. 


( Feuilles petites, à lobes atteignant presque la nervure médiane, recourbés en des- 


sous sur les bords ........:..:... eee ess n nn nn es C. pulchella. 
Feuilles moyennes, à lobes atteignant à peine la moitié du limbe, non recourbés en 
dessous sur les bords .......... eseseéesstosek PPP T ees 17 


uU Calice à tnbe ovale-oblong, allongé. eee eee esee C. chlorocarpa. 
Calice à tube arrondi-globuleux .....,......+..:.....°.... C. bracteolaris. 


/ Feuilles d'un vert jaunátre, à lobes trés-finement et régulièrement dentés en scie, . 
0... ose sen sééseséitesssen..ee C. .microphylla. 


Feuilles d'un beau vert foncé, à lobes entiers, ou présentant quelquefois 4-2 dents. 
C. ihyrsoidea, 


995800(502«2^0ocQ90^*99*00409€59c998€090«80*4«0c9«9*9e999 


AAA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


2. Clef des fruits. 


Fruits rouges à la maturité. ...... MEI "gp 
Fruits d'un vert jaunátre à la maturité. . esse PPS e C. chlorocarpa. 


Feuilles símplemént crénelées-incisées, à lobes peu marqués................ 3 
21 Feuilles toutes profondément: pennatifides, à à lobes atteignant au moins le tiers du 
limbe,:scsssssscéssssoss esse secto CCC] ee 6 


Feuilles d'un vert clair non luisant en dessus, assez minces, à lobes bien marqués. 4 
3 { Feuilles -d’un vert foncé. et. luisant en dessus, trés-fermes, trés-coriaces; à lobes peu 
ou point marqués .. .... TI besseren neoe oi ...... C. coriacea. 


Pétioles et feuilles légèrement velus ; feuilles longuement pétiolées ; stipules linéaires 

á et caduques......... estos PES TOPPED essosoossse 5 
- )Pétioles et feuilles glabres; feuilles courtement pétiolées; stipules ovales, larges, 
persistantes.. ...... DP ss. PPP C. flexilis. 


Rameaux allongés, flexueux ; feuilles irréguliérement crénelées... C. subinermis. 
5 { Rameaux courts, non flexueux ; feuilles très-régulièrement crénelées. PE 
TOPPED enn ss. essor. Ce oxyacanthoides. 


Lobes des feuilles régulièrement et finement dentés en scie..... Sonnerie 7 
Lobes des feuilles entiers, ou présentant 1-3 dents. ....... esr nnns. 10 


Fruit petit, globuleux ; feuilles glabres, ou parsemées de quelques poils dans leur 
74-. jeunesse. .,.,..,,.. soso eem esso nnne Š 
Fruit gros, oblong; feuilles pubescentes- -hérissées dans leur jeunesse. C. rhipidophylla. 


Arbrisseau nain ; feuilles petites, d'un vert jaunâtre, finement pubescentes ; lobes à 

dents de. scie tròs- fines et bien. marquées, «..... eee ess C. microphylla. 

Arbrisseau élevé ; feuilles grandes, d'un vert foncé, à peu prés glabres; lobes à dents 
BIBIT MMPM—————————— ccc 


of Feuilles à 3 lobes, luisantes en dessus ; jeunes fruits pubescents.... C. hortorum. 
| Feuilles à 5 lobes, non luisantes en dessus; jeunes fruits glabres .. C. cnochroa. 


40 | Feuilles discolores, blanchâtres en dessous. ......... crosses. cesse 141 
| Feuilles d’un vert pâle en dessous, mais non à blanchâtres. TP ees. 15 


Fruits moyens ou petits, globuleux-arrondis, en corymbes peu nombreux ; écorce 
14 verte, blanchâtre ou grisâtre ........ eee ve. 12 
Fruits très-gros, oblongs, trés-nombreux ; écorce d'un joli jaune... C. floribunda. 


(Feuilles à lobes atteignant à peine la moitié du limbe, à bords non recourbés en 
"| 


dessous ... .... ..…. e^t hec i ones nes DDR PED RIDENS . 13 
Feuilles à lobes teigoant presque la nervure médiane, recourbés sur les bords en 
dessous. .......... Stores à 070 ds ee died ee esie eese ees C. pulchella. 


43 | Feuilles généralement à 5-7 lobes ; fruit globuleux........ eere ee eee nn 14 
Feuilles généralement à 3 lobes ; fruit un peu ovale-oblong, ...... "€. sublucens. 


Feuilles grandes, rès-longuement pétiolées ; aiguillons atteignant 10-12 millimètres. 

"m essere ERU VV VV EIAS LIVE. ....... C. petiolulata. 
Feuilles moyennes, assez courtement pétiolées ; aiguillons atteignant à peine 4-7 mil- 
limétres ........e....soseoosssessesesssesesess..,.. C. bracleolaris. 
Jeunes fruits et pédoncules pubescents-hérissés ; feuilles ordinairement vertes, non 

15 luisantes, pubescentes-hérissées. . ...... e.: 16 
Jeunes fruits et pédoncules glabres; feuilles ordinairement luisantes, glabrescentei; 

. 1 


0.000... 


16 Fruit obovale-elliptique, en corymbes peu fournis., ...... eere 17 
Fruit arrondi-globuleux, en corymbes très-fournis. . Dese. C. subsphærica. 
Jeunes rameaux et fruits peu hérissés ; nervures très- fortement divergentes E . 

7), eee TEE ee TE VEN C, silvicola. 
Jeunes rameaux et fruits velus-tomenteux ; nervures un peu divergentes. s.e...» 

sonne ns sense ere eeseeeeseesessechcceses Cr Büslardi 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1874. 445 


48! Feuilles d'un beau vert foncé; fruits en thyrse composé et rameux. C. (hyrsoidea. 
| Feuilles d'un vert jaunâtre ; fruits en corymbe simple, peu nombreux, C. oligacantha. 


DIAGNOSES, 


A. Oxyacanthoideæ Gdgr, 


Feuilles simplement crenelées-incisées, à lobes obtus arrondis peu pro- 
fonds ; nervures convergentes ; fleurs grandes ; floraison plus précoce (1) d'au 
moins 10-15 jours que les espèces de la section B; 2-3 styles. 

1. C. CORIACEA N. — Aubépine à feuilles coriaces. — Arbrisseau robuste, 
rameux, à rameaux floraux flexueux ct de couleur blanchâtre ou grisâtre 
aiguillonnés ; feuilles ovales-rhomboidales, assez petites, d'un vert foncé et lui - 
sant en dessus, trés-fermes, trés-coriaces, plus pâles en dessous, à nervures 
saillantes jaunâtres et convergentes ; lobes des feuilles peu marqués, à peine 
visibles, régulièrement crénelés-dentés; jeunes rameaux glabres ; pédoncule et 
calice glabres ; 2-3 styles ; fruit osseux, coriace, ovale, renfermant 2-3 graines ; 
fleurs blanches, en petits corymbes simples longuement pédonculés. 

Entre Marsangue et Salles (Rhône). 

2. C. FLEXILIS N. — A. à rameaux flexueux, — Arbrisseau robuste, à ra- 
meaux inermes; les floraux allongés, flexueux et pendants, de couleur rou- 
geâtre ; feuilles triangulaires-ovales dans leur pourtour, divisées en 3-5 lobes 
assez bien marqués et régulièrement dentés en scie, d peu prés glabres, courte- 
ment pétiolées ; pétioles presque glabres, parsemés de poils rares et caducs ; 
stipules ovales, larges et persistantes ; pédoucule et calice glabres; sépales 
verdâtres, triangulaires, terminés en pointe mucronée ; 1-3 styles; fruit rouge, 
arrondi; fleurs petites, blanches, en corymbes assez fournis et longuement 
pédonculés. 

Arnas (Rhóne), à la Grange-Perret. 

3. C. SUBINERMIS N. — A. subinerme. — Arbrisseau de moyenne gran- 
deur, à rameaux inermes ou parsemés d'aiguillons très-rares gréles et 
fl'exueuz ; feuilles moyennés, ovales dans leur pourtour, pubescentes dans 
leur jeunesse, devenant plus glabres à l’âge adulte, ordinairement divisées au 
sommet en trois lobes assez marqués, irréguliérement crénelés ; pétioles pu- 
bescents, courts ; stipules étroites, linéaires, caduques ; pédoncule et ca- 
lice glabres ; sépales jauuátres largement triangulaires, brusquement terminés 
en une petite pointe mucronée ; 1-3 styles; fruit rouge, petit, arrondi ; 
fleurs de moyenne grandeur, blanches, en corymbes un peu ramifiés mais 
assez peu fournis ; pétales blancs, concaves, brusquement contractés en onglet 
linéaire, 

Chervinges (Rhóne), pres de la fabrique. 

,. (4) Dans les espèces de ce groupe, la floraison commence souvent dés les derniers 


Jours d'avril, pour se terminer vers le 15 mai; dans les Oxyacantheæ au contraire, les 
fleurs s’épanouissent vers Je 12 ou le 45 mai, pour finir à la fin du même mois. 


A46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l4. C. OXYACANTHOIDES Thuill., Gandoger. — A. Fausse-aubépine. — Ar- 
brisseau à rameaux courts, tortueux, non flexueux, à écorce d'un gris foncé 
et sombre ; feuilles larges, ovales-arrondies dans leur pourtour, pubescentes 
en dessus et en dessous sur les nervures principales, d'un beau vert en des- 
sus, plus pâles en dessous, divisées ordinairement vers leur sommet en trois 
lobes peu marqués et érès-réqulièrement crénelés comme dentés en scie; 
pétioles courts, pubescents, ainsi que les bords inférieurs de la feuille ; stipules 
de deux sortes : les unes un peu ovales-oblongues, les autres (et ce sont les 
plus nombreuses) linéaires-étroites, toutes caduques; pédoncule et calice 
glabres ; sépales jaunátres, marqués au milieu et jusqu'au sommet d'une tache 
verte, largement ovales-triangulaires, obtus; 1-3 styles; fruit rouge, petit, 
arrondi ; fleurs grandes, peu nombreuses ; pétales blancs, à peu prés plans. 

Arnas (Rhóne), à la Grange-Perret. 

— Quoique la description que donne Thuillier (Flore par. éd. 2, p. 245) 
de cette espèce soit fort obscure et puisse s'appliquer à quelques autres es- 
peces, je crois néanmoins qu'il faut garder le nom spécifique; seulement j'y 
ài joint une description spéciale qui permet de faire connaitre nettement ce 
que j'entends par C. oxgacanthoides, et de l'isoler par là de toutes les autres 
formes principales. Le C. Oxyacantha var. obtusata DC. Prodr. t. II, p. 628, 
me parait devoir se rapporter à cette forme. | 


B. Oxyacantheæ Gdgr. 


Feuilles 3-5-7-fides ou partites, toujours profondément découpées en 
lobes atteignant au moins la moitié du limbe et souvent presque la nervure 
médiane ; lobes entiers, crénelés ou dentés en scie; un seul style; calice 
et pédoncule g/abres ou velus; fruit rouge, quelquefois jaune, globuleux, 
ovale ou oblong ; fleurs blanches ou roses; nervures des feuilles érès-diver- 
gentes ; floraison ne commençant jamais avant le milieu de mai. 


a. Ériocalycidæ Gdgr. 


Calice velu ou velu-tomenteux, pédoncules glabres ou pubescents. 


5. C. HORTORUM N.— Aubépine des jardins. — Arbrisseau élevé, rameux, 
trés-feuillé, florifére, à rameaux rapprochés les uns des autres et à peu prés 
complétement inermes ; écorce d'un vert un peu rougeátre ; feuilles ovales-trian- 
gulaires dans leur pourtour, d'un vert luisant et parsemées en dessus dans leur 
jeunesse de petits poils apprimés, plus pâles et légèrement poilues en dessous 
sur la nervure médiane, divisées en trois lobes (rarement 5) irrégulièrement 
crénelés ; pétioles courts, poilus; stipules ovales, très-caduques ; pédoncules 
glabres ; calice fortement velu, globuleux; sépales largement ovales-obtus, 
marqués d'une tache verdâtre vers leur sommet; 4 style; fruit rouge, globu- 
leux, pubescent dans sa jeunesse, glabre à la maturité ; fleurs d'un beau rose, 
doubles, assez grandes, 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. A47 


Bois du Grand-Talencé, à Denicé (Rhône), sans doute échappé des jardins, 
mais depuis longtemps naturalisé. 

6. C. FLORIBUNDA N. — A. florifère. — Arbrisseau extrêmement élevé et 
robuste, rameux, à rameaux courts serrés nombreux frès-feuillés et très- 
floriféres ; écorce des vieux rameaux d'un joli jaune, devenant orangé par la 
dessiccation ; feuilles triangulaires dans leur contour, pubescentes-hérissées 
dans leur jeunesse, glabres ensuite, trés-fermes et très-coriaces, d'un vert 
pâle en dessus, blanchâtres-discolores en dessous, à nervures jaunátres, di- 
visées en 3-5 lobes entiers ou à peine dentés au sommet ; pétioles assez courts, 
poilus dans le commencement, glabres à la fin ; stipules oblongues-lancéolées, 
caduques ; pédoncules hérissés; calice oblong-allongé, un peu velu-tomen- 
teux (1); sépales courtement triangulaires, un peu aigus, appliqués et renversés 
sur le fruit à la maturité; 4 style ; fruit £rés-gros, oblong, un peu allongé; fleurs 
assez grandes, en très-grands corymbes composés et ramifiés ; pétales légère- 
ment crispés, arrondis, blancs au milieu et d'un joli rose tendre sur les bords. 

Liergues (Rhône), sur les bords de la grand'route, en face du bourg de Cher- 
vinges, du cóté des montagnes du Chalier. 

7. C. RHIPIDOPHYLLA N. — A. à feuilles en éventail. — Arbrisseau élaucé, 
touffu-buissonant, robuste, très-rameux, florifère; rameaux à peu prés com- 
plétement inermes, à écorce grisátre; feuilles triangulaires-aigués dans leur 
pourtour, fortement nervées, pubescentes-hérissées sur les deux faces, à poils 
caducs, d'un vert égal sur les deux côtés, divisées en 3-5 lobes disposés de 
telle manière qu'ils forment une sorte d'éventail ouvert, régulièrement den- 
tés en scie au sommet, à dentelures aiguës profondes et mucronées au sommet ; 
jeunes pousses vertes et glauques ; pétioles moyens, hérissés dans leur jeu- 
nesse, glabres ensuite ; stipules étroitement lancéolées-acuminées au sommet ; 
pédoncules hérissés ; calice ve/u-tomenteuz -hérissé, à duvet abondant, oblong- 
allongé ; sépales longuement et assez étroitement triangulaires, marqués d'une 
tache vert-foncé et terminés au sommet en pointe linéaire et glabrescente, 
étalés et méme semi-dressés à la maturité du fruit; 1 style ; fruit très-gros, 
oblong-allongé ; fleurs grandes, disposées en corymbes latéraux et fournis. 

Liergues (Rhóne), à la Combe. 

— Cette belle espèce est voisine du C. floribunda; elle en diffère surtout : 
1» par son aspect moins robuste, plus touffu, mais moins feuillé; 2° par l'é- 
corce d'un vert-grisâtre; 3° par ses feuilles moins fermes et coriaces, à lobes 
régulièrement dentés en scie au sommet et s'écartant de manière à présenter 
la forme d'un éventail ouvert ; 4? par ses fruits un peu plus petits, moins nom- 
breux; 5° par les dents du caliceplus aigués, étalées et mémesemi-dressées à la 
maturité du fruit, jamais renversées; 6° enfin par ses fleurs moins nom- 
breuses, en corymbes moins fournis et plus lâches. 


(1) Certaines années, il est presque entièrement glabre. 


A45 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


8. C. BASTARDI N. (C. villosa Cariot Et. des fl. t. IT, p. 196, éd. ^; 
C. oxyacanthoides calyce villosissimo Bast.). — A. de Bastard. — Arbris- 
seau rameux, touffu, peu élevé; feuilles obovales-cunéiformes, 3-5-fides ou 
partites, à lobes irréguliérement crénelés ; nervures un peu divergentes ; jeunes 
rameaux, pédoncules, calice et jeunes fruits velus-tomenteux ; stipules ovales, 
caduques ; 1-2 styles ; calice à tube obovale ; fruit arrondi; fleurs blanches, 
relativement peu nombreuses, blanches, en corymbes latéraux. 

Ain : forét de Valors à Ruffieu, dans le Valromey (abbé Bichet, in Cariot, 
loc. cit.). 

9. C. SUBSPHÆRICA N. — A. àfruitssous-globuleux. —Arbrisseau tortueux, 
rameux, à rameaux assez courts, un peu épineux, à écorce rougeâtre; feuilles 
moyennes, triangulaires dans leur pourtour, légèrement pubescentes et d'un 
vert gai et luisant en dessus, plus pâles et glabres en dessous, divisées en 3-5 
lobes entiers ou présentant au plus 1-3 dents irrégulières ; pétioles semi-longs, 
ciliés ainsi que les bords extrêmes de la feuille, devenant ensuite glabres ou 
à peu prés; stipules très-variables, souvent linéaires, caduques; pédoncules 
poilus; calice velu, sous-globuleux, petit; sépales assez longuement et 
largement triangulaires, verdátres au sommet ; 1 style; fleurs petites, blanches, 
en corymbes lâches mais trés-multiflores composés et ramifiés. 

Alix (Rhóne), prés du bourg. 

40. C. SILVICOLA N. — A. des bois. — Arbrisseau touffu, robuste, très- 
rameux, à rameaux fastigiés, à écorce d'un gris brunâtre ; jeunes pousses 
rougeátres et d'un glauque bleuátre ; feuilles ovales-obtuses dans leur pour- 
tour, larges, pubescentes-hérissées et d'un vert gai un peu luisant en dessus, 
plus páles etglabres en dessous, ciliées sur les bords, à poils caducs, en sorte 
que les feuilles deviennent glabres dans l’âge adulte, divisées en 3-5 lobes 
crénelés grossièrement et irréguliérement (quelquefois cependant entiers); 
pétioles longs, d'abord ciliés, puis glabres ; stipules larges, assez persistantes, 
oblongues-ovales, laciniées ; pédoncuies glabres inférieurement, et de plus en 
plus velus à mesure qu'on approche de la base du calice; tube du calice 
fortement velu, blanchátre, obovale; sépales verdâtres au sommet, large- 
ment et courtement triangulaires; 4 style; fleurs assez grandes, blanches, en 
corymbes peu fournis. 

Bois entre Alix et Pouilly-le-Monial, et à Ville-sur-Jarnioux (Rhóne). 


b. Leiocalycidæ Gdgr. 


Calice parfaitement glabre, présentant très-rarement, ainsi que les pédoncules, quel- 


ques poils caducs; jeunes pousses plus glabres que dans la section a ; fleurs roses ou 
blanches. 


1. Rubescentes Gdgr. 


Fleurs d'un rose plus ou moins vif. 


11. C. OENOCHROA N. — A. à fleurs vineuses, — Arbrisseau ou petit arbre 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1874. A49 


élevé, élancé, à rameaux nombreux et fastigiés ; écorce d'un brun cannelle ; 
feuilles triangulaires dans leur contour, un peu pubescentes sur les nervures 
et d'un vert gai mais non luisant en dessus, plus pâles et glabres en dessous, 
glabres dans l’âge adulte, divisées vers leur sommet en cinq lobes irrégulé- 
rement et obscurément crénelés, à pétioles courts d'abord poilus, glabres 
ensuite; stipules linéaires-étroites, presque entières; pédoncules glabres, 
ramifiés; calice à tube ovale, glabre ; sépales jaunátres au sommet, verdâtres 
à la base, largement ovales-obtus, courts; 4 style; fleurs simples, grandes, 
d'un beau rose vineux, à pétales jaunátres sur l'onglet de plus en plus roses 
à mesure qu'on approche du sommet; bouton d'un vert jaunâtre et livide. 

Jardin botanique de Lyon, où on le cultive en grand dans les bosquets et le 
long des promenades ; on peut le regarder comme spontané. 

12. C. SUBLUCENS N. — A. à feuilles luisantes. — Arbrisseau élevé et pre- 
nant la forme d'un petit arbre, à rameaux durs, raboteux, allongés-fastigiés, 
peu rameux, munis, au lieu de ramuscules, de touffes de feuilles serrées; 
écorce d'un gris rougeátre; feuilles petites, finement pubescentes sur les ner- 
vures principales et d'un joli vert gai et luisant en dessus, fermes, coriaces, 
pâles-blanchâtres et également velues en dessous sur les nervures, puis deve- 
nant glabres dans l’âge adulte, fortement nervées, ànervures jaunátres-oran- 
gées, divisées en trois lobes entiers courts présentant rarement 1-2 dents; 
pétioles courts, toujours glabres ; stipules en forme de croissant, oblongues, 
trés-entiéres, terminées en pointe acuminée; pédoncules courts, épais, ra- 
mifiés, devenant gréles et plus allongés apres la floraison, glabres ou présen- 
tant parfois quelques poils ; calice à tube arrondi, glabre ou peu pubérulent ; 
1 style; sépales oblongs, verdátres au sommet, un peu obtus; fleurs en petits 
corymbes courts pauciflores; pétales à peu près plans, d’un rose assez pâle; 
bouton verdátre. 

Arnas (Rhône), taillis et haies à Talencé et à Limas près Villefranche. 

13. C. OLIGACANTHA N. — A. à épines rares. — Arbrisseau peu élevé, à 
rameaux gréles, peu feuillés, à peu près inermes ; écorce d'un gris cannelle ; 
fleurs largement triangulaires dans leur pourtour, pubescentes sur les deux faces 
sur les nervures seulement, d’un vert clair et un peu jaunâtre en dessus, un 
peu plus pâles en dessous, divisées généralementen 5 lobes tous plus ou moins 
crénelés ; pétioles courts, d'abord finement pubescents ainsi que les bords de 
la feuille, devenant ensuite glabres; stipules linéaires-lancéolées, à peu près 
entières, caduques ; pédoncules assez courts, épais, ramifiés, à ramifications 
pourvues de bractéoles, s'allongeant ensuite, glabres; calice à tube ovale- 
arrondi, glabre, rarement un peu pubescent; 1 style; sépales verdâtres au 
sommet, largement triangulaires, un peu aigus, assez longs; fleurs roses, en 
petits corymbes latéraux peu fournis ; pétales moyens, plans ou peu concaves ; 
bouton jaunátre. 

Arnas (Rhône), à Talencé. 

T. XVIII. (SÉANCES) 29 


h50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


2. Albescentes Gdgr. 


Fleurs blanches, rarement un peu rosées. 


44. C. PETIOLULATA N. — A. à feuilles longuement pétiolées. — Arbris- 
seau élevé, prenant la forme d'un petit arbre, rameux, à rameaux allongés 
flexueux et gréles peu feuillés; écorce d'un vert grisátre; feuilles grandes, 
largement oblongues-triangulaires dans leur pourtour, trés-glabres, fortement 
nervées en dessous, à nervures jaunátres et couleur de feu, d'un vert gai et 
luisant en dessus, plus pâles et blanchâtres sur la page inférieure, érès-longue- 
ment pétiolées, divisées en 3-7 lobes plus ou moins profonds convergents irré- 
guliérement crénelés vers leur sommet quelquefois entiers ; pétioles a//ongés, 
verdâtres en dessus, jaunâtres en dessous ; stipules trés-larges, ovales-oblon- 
gues, irrégulièrement découpées; aiguillons érés-allongés, atteignant 10-12 et 
quelquefois 15 millimètres; fleurs trés-rares, blanches ; fruits ordinairement 
stériles. 

Denicé (Rhône). 

15. C. PULCHELLA N. — A. élégante. — Arbrisseau nain, d'un aspect très- 
élégant ; écorce d'un joli blanc ; aiguillons gros et courts ; rameaux courts, 
effilés, simples ou peu rameux, produisant au lieu de rameaux des touffes de 
feuilles; feuilles petites, d'un trés-joli vert en dessous, finement pubescentes, 
d'un blanc verdátre et finement nervées en dessous, érès-profondément dé- 
coupées en 3-5 lobes courts arrondis-obtus entiers ou présentant 1-2 dents, 
à bords recourbés en dessous ; pétioles trés-courts, un peu ciliés sur les bords; 
stipules trés-caduques et très-difficiles à observer, oblongues, presque entières. 

Bois des montagnes de Chalier en face de Chervinges (Rhóne). RR. 

Cette espèce est fort curieuse et frappe singulièrement par son aspect élé- 
gant ; je n'ai pu encore en observer ni les fleurs ni les fruits. 

16. C. BRACTEOLARIS N. — A. à bractéoles, — Arbrisseau touffu-buisson- 
nant, rameux, à rameaux roides. et écorce d'un gris blanchâtre; aiguillons 
courts, atteignant au plus l-7} millimètres ; feuilles moyennes, munies de 
quelques poils qui finissent par tomber, d'un vert foncé en dessus, páles- 
blanchâtres et comme incanes-cendrées en dessous, divisées en 3-5 lobes 
entiers ou irrégulièrement dentés en scie; pétioles assez courts, munis de 
poils caducs ; stipules petites, ovales-étroites, un peu découpées, caduques ; 
pédoncules grêles, ramifiés, portant de nombreuses petites bractéoles linéaires 
et caduques ; sépales d’un jaune-verdâtre au sommet, largement triangulaires, 
brusquement terminés par une pointe courte et mucronée ; calice à tube 
arrondi, glabre ; 4 style; fleurs blanches, assez petites, en corymbes latéraux 
assez fournis mais làches ramifiés; fruit rouge-brun, arrondi; pétales orbicu- 
laires, très-concaves, à onglet d'un blanc jaunâtre tirant sur l'orangé. 

Arnas (Rhône), sur la route des Rues aux Maisons-Neuves. 

Cette espèce est celle qui semble le plus se rapprocher du type conven: 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1874. 454 


tionnel et complexe appelé jusqu'ici C. Ozyacantha; mais elle en est évi- 
demment fort distincte ; elle diffère au premier coup d'œil surtout par ses 
feuilles blanchâtres-incanes en dessous et ses pédoncules pluri-bractéolés. Du 
reste, je rejette complétementle prétendu C. Oxyacantha ; il y a là, tout autour 
de ce groupe, un nombre considérable d'espèces méconnues qu'il est bon de 
publier et caractériser parfaitement ; mais c'est un travail long et difficile et qui 
demande des observations constantes et minutieuses. 

17. C. CHLOROCARPA N. — A. à fruits jaunes. — Semble aussi se rappro- 
cher assez du C. Ozyacantha L. et surtout de l'espéce précédente; en dif- 
fére : 1? par le tube du calice ovale-oblong, allongé; 2 par ses fleurs plus 
grandes, non marquées d'une tache safranée sur l'onglet; 3° surtout par ses 
fruits plus gros, oblongs, d'un vert jaunâtre à la maturité. 

Rhóne : Sainte-Cousorce (herbier P. Chabert, de Lyon). 

18. C. MICROPHYLLA N. — A. à petites feuilles. — Arbrisseau nain, rabou- 
gti, tortueux, atteignant ćouć au plus 4-8 décimètres de hauteur, à peu 
près complétement inerme, à rameaux courts, raboteux et formés uniquement 
et peu à peu par les touffes de feuilles qui y laissent en tombant la cicatrice de 
leur pétiole ; écorce d'un gris mélé de blanc et de noirátre ; feuilles petites, 
orbiculari-triangulaires dans leur pourtour, finement pubescentes, d'un vert 
jaunátre en dessus, un peu plus pâles en dessous, divisées en 3-7 lobes aigus 
très-finement et très-régulièrement dentés en scie, à dents aiguës conver- 
gentes et mucronées; pétioles gréles, assez longs, canaliculés en dessus, et de 
plus en plus poilus à mesure qu'on approche de l'extrémité inférieure de la 
feuille ; stipules nulles (je n'ai jamais pu les observer). 

Bois de Talencé, à Arnas (Rhône), où il est commun. 

Je n'en ai jamais observé ni les fleurs ni les fruits. 

19. C. THYRSOIDEA N. (Cratægus longistyla Nobis olim). — A. à fleurs 
en thyrse. — Arbrisseau peu élevé, mais touffu-buissonnant, trés-rameux, à 
rameaux bas et décombants gréles et flexueux, à écorce d'un gris mélangé 
de blanc et de jaunátre ; feuilles des rameaux stériles pubescentes-hérissées 
sur les deux faces, à lobes irrégulièrement incisés et si profondément découpés 
qu'ils atteignent la nervure médiane ; feuilles des rameaux floraux petites, d un 
trés-beau vert foncé et un peu luisant en dessus, d'un vert un peu páleet à peine 
nervées en dessous, divisées généralement en trois lobes assez peu profonds 
fortement divariqués fous entiers très-rarement pourvus de quelques dents; 
Pétioles assez longs, finement pubescents, puis devenant à peu prés glabres, ca- 
naliculés en dessus ; stipules très-entières, en forme de croissant, longuement 
atténuées en pointe aux deux extrémités ; pédoncules allongés, grêles, trés-ramt- 
fiés, inégaux, glabres, portant quelques bractées allongées et linéaires ; sépales 
entièrement verts, largement et courtement triangulaires, un peu en pointe 
au sommet ; calice à tube glabre, portant [quelquefois de rares poils, ovale ; 
un seul style #rès-a/longé, dépassant de beaucoup en longueur les étamines ; 


A52. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


étamines allongées, à anthères constamment brunátres ; fruit moyen, ovale, 
rouge, à sépales appliqués à la maturité ; fleurs petites, blanches, délicates, 
nombreuses, en faux thyrse, formant une sorte de panicule inégalement 
ramifiée et décomposée; pétales à peu prés plans, fort caducs, atténués en 
onglet trés-court. 

Haies à Alix (Rhóne). — Cette espéce est trés-remarquable. 


Lecture est donnée des lettres suivantes : 


LETTRE DE M. Casimir ROUMEGUERE. 


A Monsieur le Secrétaire général de la Société botanique de France. 
Toulouse, 42 décembre 1871. 


Ayant eu l'occasion de visiter la semaine dernière le g/te des Mérules, je 
peux ajouter quelques détails à la note que j'ai eu l'honneur d'adresser à la 
Société au mois de juin (1), sinon quant au développement de l'appareil re- 
producteur (cet appareil ne se montre hors de terre qu'à la fin de l'été et 
durant l'automne), du moins en ce qui concerne l'appareil végétaiif, c'est-à- 
dire le mycélium, qui n'a pas de repos normal et qui est pourvu de la faculté 
de croitre et de s'étendre en toute saison. 

vest bien réellement ce dernier appareil qui désorganise les bois morts 
(dés qu'il les a atteints, il rompt les fibres du bois, les écarte, et, portant ses 
ramules sur toutes les parties de la masse ligneuse, il semble se substituer 
complétement à elle-méme), et non point la couche hyméniale (avec ses gout- 
telettes de liquide), que l'on a longtemps soupcounée d'étre la cause unique 
du mal, J'ai vu, depuis ma première communication, des bouts nombreux de 
poteaux de sapin retirés du sol à un enfoncement de 1 mètre 30 centimètres 
environ, littéralement convertis en un bloc de mycélium, friables et com- 
pressibles sous les doigts, à l'état sec, incapables de brüler autrement que 
l'amadou. 

Sur le territoire de Grisolles, limitrophe du département de la Haute-Ga- 
ronne, on vient d'ouvrir, dans le sol voisin de la ligne ferrée, une tranchée 
destinée, je le suppose, à l'écoulement des eaux ; et c'est dans cette tranchée 
du terrain de transport très-caillouteux que j'ai suivi les traces du mycélium 
du Mérule, à une profondeur que j'étais éloigné de soupconner. J'ai détaché 
une sorte de fibre radiculaire principale, de la longueur de 2 mètres 90 cen- 
timètres, et je crois que, si la fouille eût été continuée, cette fibre se fût 
montrée encore plus étendue, car son extrémité présentait une rupture. Ce 
fragment continu du mycélium était à peu. prés cylindrique, d'une épaisseur 


(1) Note sur deux Hyménomycétes dévastateurs des bois ouvrés, etc. (Voyez plus 
haut, p. 107.) 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1874. A59 


variant entre 8 et 4 millimètres, à ramuscules fourchus, nombreux, se mou- 
lant sur les gros graviers du terrain, assez semblables à ceux que j'avais retirés 
cet été dernier d'une profondeur bien moins considérable. La partie voisine 
de la surface du sol était cà et là renflée par des bosselures irréguliéres, prui- 
neuses, légèrement colorées en jaune clair, et que je considère comme l'inztium 
du réceptacle plutót que comme un organe supplémentaire. (L'examen de ces 
bosselures — coupe horizontale, — à l'aide d'un fort grossissement, ne m'a 
pas montré une organisation différente de celle du mycélium proprement dit; 
toutefois le lacis des filaments paraissait rayonner d'un point central répon- 
dant au milieu de la bosselure.) 

J'ai entendu parler de l'emploi projeté de buses en ciment, jusqu'à une 
profondeur de 85 centimétres, pour isoler le pied du poteau du terrain en- 
vahi parle Mérule. Ma récente remarque, si elle ne porte pas sur un fait anor- 
mal, doit rendre cette expérience tout à fait insuffisante. 

Ce cas de géantisme du mycélium du Mérule, à l'état souterrain, et sans 
Support apparent du moins, complète ce que l'on sait d'une autre monstruosité 
et d'un habitat singulier du méme Champignon, lorsqu'il se montre aux parois 
des caves, à la surface des planchers, ou dans les galeries des mines à 130 mè- 
tres et plus de profondeur sous terre, comme l'a rapporté, en 1811, G.-F. Hoff- 
mann. Dans le premier cas, celui des parois ou des planchers que j'ai vus 
envahis, dans la même localité, sur une surface uniforme de plusieurs mètres 
Carrés, il y a, j'en ai acquis la certitude, agglomération ou soudure de plusieurs 
Champignons se développant en commun et formant avec le temps un tissu 
inséparable. Dans celui qu'a signalé l'auteur du Vegetabilia in Hercyniæ sub- 
terraneis collecta, il y à encore un support et toujours des conditions d'aéra- 
tion relative et de température qui ont dû manquer au mycélium sujet de ma 
communication, méme si on lui accorde un point d'attache que je n'ai pu 
découvrir au voisinage de la surface du terrain. 


LETTRE DE M. le pasteur SAHLER. 


A Monsieur le Président de la Société botanique de France. 


Montbéliard, 46 décembre 1871. 
Monsieur le Président, 


Un inconnu vient à vous, mais sous les auspices d’un nom célèbre ; c'est à 
ce titre, comme à celui de nombreuses années de travail persévérant, couronné 
par de belles découvertes, qu'il ose solliciter une place dans vos publications 
pour une flore complète des Champignons de France, soit catalogue des Hy- 
ménomycétes, Il comprendra plus de cent espèces qui jusqu'à présent n'ont 
été ni signalées en France, ni représentées par aucune figure; et en outre plus 
de trente espèces absolument nouvelles pour la science, toutes reconnues 


454 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pour telles par le professeur Fries. Les descriptions et les figures de ces es- 
péces nouvelles pourraient accompagner la publication. 

Je prends la liberté de vous transcrire ici une partie d'une lettre du pro- 
fesseur Élias Fries; datée du 28 octobre 1871, au docteur Quélet, son ami et 
le mien, en. faveur duquel j'ai l'honneur de vous écrire : 

« Tot novitias florz gallice ex Hymenomycetum classe legisti, ut harum 
» enumerationem cum Societate botanica gallica communicares, et inseratur 
» in illius actis. » 

Si je prends la plume pour le savant et pérsévérant mycologue Quélet, mon 
maître, c'est parce que j'ai le vif désir de signaler ses découvertes à votre 
excellente Société, et aussi parce que sa modestie l'empéche de faire des 
démarches qui pourraient le faire apprécier. 

Dans l'espérance que vous voudrez bien accueillir la demande que j'ai 
l'honneur de vous adresser, ou de la modifier selon vos vues, je vous prie, 
Monsieur le Président, de bien vouloir me donner quelques mots de réponse. 

Veuillez agréer, etc. 

À. SAHLER, 
Pasteur à Montbéliard. 


M. le Président fait remarquer que la Société a déjà exception- 
nellement publié des articles dont les auteurs ne figuraient point sur 
la liste de ses membres, mais que ces articles étaient tous d'une 
étendue restreinte. Dans le cas donc où M. le docteur Quélet jugerait 
à propos de nous envoyer son manuscrit, la Commission du Bulletin 
aurait à examiner si l'étendue de ce travail (sur laquelle M. le pas- 
teur Sahler ne donne aucune indication) en permettrait la publi- 
cation. 


Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, 


W. DE SCHŒNEFELD. 


PARIS, — IMPRIMERIE DE E, MARTINET, RUE. MIGNON, 2. 


Tome XVIII PI.1. 


Bullet.de la Soc. Bot.de France. 


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CHARA CONNIVENS. 


Tom. XVIL. p] II. 


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TISSUS DE JONCÉES ET DE GRAMINÉES. 


Bullet.de la Soc. Bot. de France. "Tome XVIII PL3. 


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Ls. 
A.PÉRARD, del. ad nat. EQ. lth 


 AGROPYRUM CÆSIUM Presl. 


Imp.Lemereier &C rue de Seme 5 z Paris 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 
(JANVIER-FÉVRIER 1871) (1). 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. F. Savy, libraire de la 
Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24, à Paris. 


Beiträge zur Kenntniss der Gattung Ectocarpus (Recher- 
ches sur le genre Ectocarpus); par M. E. Askenazy (Bot. Zeit., 1869, 
n? 47). 

M. Askenazy a observé, à Ostende, quatre espèces d'’E'ctocarpus, parmi les- 
quelles une espèce nouvelle, Æ. ostendensis. Il s'est occupé de plusieurs points 
relatifs à l'étude de ce genre et des Algues en général. Il a séparé en deux 
principes la matière colorante des Fucus. Elle abandonne à l'alcool faible une 
substance d'un jaune brunátre, et ensuite à l'alcool absolu la chlorophylle elle- 
méme. On peut opérer la séparation de ces deux substances en traitant d'a- 
bord les E'ctocarpus par l'alcool absolu, évaporant la solution, puis reprenant 
par l'alcool faible, qui n'enléve que la substance jaune. Celle-ci, par une addi- 
tion trés-faible d'acide, prend une couleur d'un vert bleuátre. L'auteur pense 
qu'elle n'est douce d'aucune fluorescence. Ses couleurs ne sont pas modifiées 
par les alcalis. A tous ces points de vue, la matière colorante des Fucus cor- 
respond tout à fait à celle que l’on a observée sur les Diatomées, ce qui prouve 
que celles-ci renferment aussi de la chlorophylle (cf. Millardet et Kraus, 
t. xvi [Revue], p. 104). La matière colorante des Fucus, des Ectocarpus et des 
Diatomées offre encore un caractère commun, c'est de passer au bleu verdátre 
par l’action dela chaleur, avant d'atteindre le point d'ébullition. L'auteur 
soupconne que la substance colorante jaune est rassemblée surtout à la surface 
des granules pigmentaires chez les Algues qu'il a étudiées. Aprés leur mort, 
tous ces êtres prennent également une coloration d'un beau vert. 

M. Askenazy s'est particulièrement attaché à décrire l’ Ectocarpus osten- 
densis. 

Les organes sexués se forment comme il suit : Il se développe de petites 
dilatations perpendiculairement à l'axe des filaments ; elles s'allongent, se 
séparent par une cloison de la cellule d’où elles émanent, puis s'accroissent 
davantage et se cloisonnent en quatre ou cinq loges; l'organe devient renflé 


(1) Nos lecteurs nous excuseront si, à cause de l'interruption des relations scienti- 
iques causée par la guerre, nous nous trouvons quelquefois obligés d'emprunter à d'autres 
recueils, tels que la Bibliothèque universelle de Genève, le Botanische Zeitung, elc., 
l'analyse d'ouvrages qui ne nous sont pas parvenus. 


T. XVIII. (REVUE) 4 


9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


et composé enfin de six à vingt cellules ; il figure un sporange. Il se forme par 
l'agglomération du plasma une spore dans chacune de ces cellules, et pour la 
sortie de ces spores (en nombre variable comme on pense), le sporauge se 
crève à son sommet. Les spores ainsi produites sont immobiles et germent 
bientôt en émettant un rostre qui s'allonge en-un long filament, se cloisonne, 
et constitue enfin une jeune plante complétement semblable à la plante-mère. 
Quelquefois ces spores germent dans l'intérieur du sporange. 

On trouve aussi des zoosporanges et des zoospores sur les Z’ctocarpus. 
L'existence d'organes aussi divers peut avoir causó une multiplication trop 
grande dans le nombre des espèces de ce genre. 

L'auteur pense quele Tilopteris Mertensit, regardé comme un Ectocarpus 
(cf. Thuret, Ann. sc. nat., 1855), s'éloigne tout à fait des Phéosporées, et 
devrait constituer le type d'un nouvel ordre, celui des Tiloptéridées. 


Ueber die Funetionen der Stomata (Sur les fonctions des sto- 
mates); par M. Karl Czech (Bot. Zeit., 1869, pp. 48-49). 


L'auteur commence par étudier l'ouverture et l'occlusion des stomates. On 
connaît l'opinion exprimée par M. de Mohl, sur les causes de ces deux actes 
physiologiques. L'auteur, examinant l'action de la lumière sur le Zea Mays, 
sur les Lilium Martagon et bulbiferum, et particulièrement sur l’ Amaryllis 
formosissima, a trouvé que cette action était complétement indépendante des 
conditions d'humidité dans lesquelles était maintenue la feuille soumise à 
l'expérience. La lumi?re détermine l'ouverture de la fente stomatique, d'au- 
tant plus fortement que son action dure depuis plus longtemps; c'est le con- 
traire qu'on observe dans l'obscurité. M. Czech admet en conséquence une 
sorte de périodicité dans les mouvements des stomates.. 

Un fragment d'épiderme placé avec les stomates ouverts sous le porte-objet 
du microscope, peut persister dans ce méme état pendant quinze et méme 
pendant quarante-cinq minutes. Mais si un fragment analogue d'épiderme est 
placé dans l'eau, les stomates se ferment promptement au bout de cinq mi- 
nutes chez l' Hyacinthus orientalis. La pression exercée sur la préparation par 
la plaque de verre qui la recouvre ne modifie en aucune facon l'état des 
stomates. On a beau étirer en divers sens le lambeau d'épiderme dont les sto- 
mates sont fermés, ceux-ci ne s'ouvrent point. D'ailleurs ces organes ne sont 
pas toujours ouverts au méme degré sur tous les points d'un même fragment 3 
la différence peut étre du simple ou double. 

Il y a des stomates qui recouvrent des parties privées de chlorophylle. L'aü- 
teur a constaté que ceux-là sont toujours fermés, par exemple sur le périantlie 
de certaines Liliacées, sur les parties blanches des feuilles d' Aspidisera, dont 
méme les parties vertes sont munies de stomates peu sensibles à la lumiére. 

Si la lumière produit l'ouverture des stomates, il faudrait savoir par quel 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 3 


moyen. L'auteur pense que le développement de la chlorophylle et de l'ami- 
don, déterminé par l'action de la lumière, cause dans les fluides qui remplis- 
sent les cellules marginales du stomate une augmentation de densité qui y 
appelle les liquides des cellules voisines, et détermine ainsi une turgescence 
locale qui, conformément aux observations de M. de Mohl, produit en dernière 
analyse l'ouverture du stomate. Ce phénoméne a lieu d'autant plus facilement 
que les cellules voisines des cellules marginales ne contiennent ni amidon, ni 
chlorophylle. L'occlusion des stomates placés dans l'obscurité s'explique par 
un phénomène inverse. 

L'auteur recherche ensuite quelle est l'importance de l'ouverture des stomates 
pour la vie de la plante. La lumière évidemment pénètre plus profondément 
par la fente ouverte et agit plus efficacement sur le parenchyme. Si les stomates 
se rencontrent, et méme assez fréquemment, sur certains organes souterrains, 
C'est parce que ces fentes ne sont pas destinées seulement au passage de la 
lumiére, mais aussi au passage des gaz. 

L'auteur rappelle aussi quelles relations ils ont avec le phénoméne de la 
transpiration végétale. Il s'occupe ensuite des anomalies qu'ils présentent 
quelquefois. E. F. 


Remarques sur la position des trachées dans les Fou- 
gères; par M. A. Trécul (Comptes rendus, t. LXXI, pp. 550-559). 


Ce mémoire continue la série des travaux déjà publiés par M. Trécul en 
1866 et en 1870 (1). Il a spécialement pour sujet le Didymochlæna sinuosa 
Desv., dont M. de Mohl s'est occupé avec d'autres plantes du méme groupe 
dans son travail : De structura caudicis Filicum arborearum, publié à la suite 
des /cones de M. de Martius. M. de Mohl était arrivé à admettre que les Fou- 
gères n'ont pas de vaisseaux spiraux ; cette opinion a été soutenue par M. Ad. 
Brongniart, et M. de Mirbel n'y reconnait que des fausses trachées. 

Il y ena cependant (2),dans le Didymochlæna sinuosa F esv. ,décrit par M. de 
Mohl comme une Fougère arborescente. Mais la description qu'il en donne s'ap- 
plique-t-elle bien à la plante existant sous ce nom dans les collections vivantes? 
On peut en douter, et il y a lieu d'étudier d'abord si la plante est arborescente 
ou seulement rhizomateuse, ensuite si les figures de tiges signalées comme 
dues au Didymochlæna sinuosa ont été tracées d’après ce végétal. M. Trécul 
énumère les auteurs qui en font une Fougère arborescente, ce sont : le 
comte de Sternberg dans son Flora der Vorwelt; M. Ad. Brongniart dans 
son Histoire des végétaux fossiles; M. de Martius dans ses Zcones selectæ 
plantarum eryptogamicarum braziliensium; M. de Mohl dans le méme 


(1) Bull. soc. bot., t. xvi (Revue), pp. 133, 201, et t. xvit (Revue), p.107. 

(2) Sur la bibliographie de cette question controversée, la présence des vaisseaux spi- 
raux dans les Fougères, consulter un travail de M. Duval-Jouve, inséré dans notre Bul- 
letin (t. xv, p. A0). 


h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ouvrage, p. 41 ; A.-C.-S. Corda dans ses Skizzen zur vergleichenden Phytoto 
mie vor- und jetzweltlicher Pflanzen-Stamme; J. Raddi dans ses F'il'ices brasi- 
lienses ; Endlicher dans son Genera plantarum; W. Hooker dans son Species 
Filicum. Malgré l'accord de tous ces auteurs à faire du Didymochlena si- 
nuosa une Fougère arborescente, et bien que l'on reconnaisse dans les coupes 
transversales et dans les troncons de tiges représentés par eux tous les carac- 
téres d'une tige de Cyathéacée, il est à craindre que plusieurs d'entre eux, 
dont les planches n'ont fait que se reproduire, n'aient décrit en réalité l'Al- 
sophila (Chnoophora) excelsá. 

On peut donc douter, par suite de cette confusion, que le Didymochlæna 
soit arborescent. M. Trécul trouve des arguments contraires à cette opinion, 
d'abord dans l'observation de la plante cultivée dans les serres, oü elle est 
toujours à basses tiges, et où les caractères anatomiques qu'elle présente diffè- 
rent essentiellement de ceux qu'a donnés M. de Mohl; puis dans les témoi- 
gnages de Plumier, Desvaux et Presl. Le premier de ces auteurs a figuré cette 
plante dans son Traité des Fougères d’ Amérique sous la désignation de Lon- 
chitis ramosa, cauliculis seu costis squamosis, et en décrit trés-clairement la 
tige rhizomateuse. 

M. Trécul donne une longue description de la tige du Didymochlena. 
Cette tige, assez gréle, présente sous l'épiderme cette couche fibroide de cel- 
lules à parois jaunes, épaisses et poreuses que l'on rencontre dans le plus 
grand nombre de Fougères. Le parenchyme entouré par cette couche présente 
des groupes de cellules noires plus visibles dans les coupes longitudinales. 

Les faisceaux vasculaires, généralement au nombre de cinq, forment cha- 
cun un réseau de mailles oblongues dont la dimension varie suivant le diamètre 
de la tige. De chaque maille partent sept ou huit faisceaux. Les trois, quel- 
quefois les quatre faisceaux placés à la partie inférieure de la maille sont oppo- 
sés chacun au faisceau d'une des racines adventives. 

Ces racines (type II de M. Clos) sont distiques et composées de deux fais- 
ceaux vasculaires opposés et fusionnés par leur partie formée des plus gros 
vaisseaux. Ce système vasculaire est entouré par le tissu cribreux, puis par 
des cellules plus grandes. Autour de ce système central se trouve une zone de 
cellules fibreuses, finement poreuses, régulièrement épaissies, puis un paren- 
chyme jaune ou noirâtre dont les cellules externes portent des poils radicaux 
longs, en apparence unicellulés et crépus. 

Les faisceaux pétiolaires forment un arc de cercle ou méme un cercle com- 
plet un peu au-dessus de la base apparente du pétiole, où les deux faisceaux 
supérieurs contractent ordinairement une anastomose. 

Ces deux faisceaux, dont la face antérieure est recouverte en grande partie 
par le crochet, présentent deux groupes de petits vaisseaux primordiaux spiro- 
annulés. 

Ges vaisseaux disparaissent avec l’âge; mais, à tous les âges du pétiole, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, b 


d'autres vaisseaux trachéens s'observent, et sur ces deux faisceaux principaux 
et à la face interne des autres faisceaux péuiolaires. Tous les faisceaux pétio- 
laires sont revétus d'une gaine noire formée par l'épaississement des cellules 
parenchymateuses contigués aux faisceaux. 

En un mot, la constitution du Didymochlæna sinuosa se rapproche beaucoup, 
sauf par l'insertion des racines et la répartition des cellules noires, de celle de 
plusieurs Aspid ium antérieurement décrits par l'auteur (1). 

La ramification du pétiole offre, dans l'insertion des rameaux, quelques 
particularités trés-caractéristiques. Chaque rameau du pétiole ne recoit de 
vaisseaux que du faisceau supérieur du méme côté. Là, le crochet vasculaire 
de ce vaisseau s'élargit d'une manière remarquable. Ce crochet se comporte 
suivant le quatriéme des modes décrits par l'auteur en 1869 (2); c'est-à-dire 
que le fond seul du crochet se dilate. Cette disposition est spéciale pour les 
faisceaux des pétioles secondaires inférieurs, car ceux des pétioles supérieurs 
sont produits suivant le deuxième mode. La formation des pétioles tertiaires a 
lieu aussi suivant ce dernier mode, et les nervures de la foliole lamellaire 
qu'ils portent contiennent toutes des vaisseaux trachéens déroulés et non dé- 
roulés. 


Sur la zone génératrice des appendices chez les végé- 
taux monocotylédons; par M. Ch. Cave (Comptes rendus, 1870, 
t. LXXI, pp. 374-376). 


Une première communication ‘relative aux plantes dicotylédones avait été 
faite précédemment par l'auteur à l'Académie des sciences. Il y avait résumé 
une étude qu'il avait fait paraître quelques semaines auparavant dans notre 
Bulletin (3). 

Dans le mémoire qui nous occupe, l'auteur cherche à établir que la zone 
génératrice, chez les plantes monocotylédones, correspoud à la face supérieure 
ou interne de l'organe. Il cite d'abord les observations de M. Trécul sur la 
structure de la feuille des Orchidées et celles de M. Duchartre sur la feuille 
du Colocasia antiquorum; puis il expose les résultats que lui a donnés l'exa- 
men attentif d'un certain nombre de familles appartenant à des plantes du 
deuxième embranchement, entre autres Chamarops humilis, Phœnix dacty- 
lifera, Agave americana, Yucca aloefolia, Hedychium Gartnerianum, 
Hæmanthus coccineus, Arundo Donax. 1l constate que le développement du 
parenchyme rappelle à s'y méprendre celui du mésocarpe et s'effectue dans le 
méme ordre ; on doit donc en conclure que le tissu inférieur est le plus âgé 
et que le plus jeune est à la région voisine de l'épiderme supérieur. C'est ce 


(4) Voy. le Bull., t. xvii (Revue), p. 108. 
(2) Bull. Soc. bot., t. xv1 (Revue), p. 202. 
(3) Compt. rend., t. LXXI, p. 83-85. — Bull. soc. bot., t. XYII (Séances), p. 271. 


6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


que confirme l'examen microscopique des faisceaux fibro-vasculaires. Ainsi, 
dans une feuille très-jeune d' Arundo Donax, on remarque une seule rangée 
de nervures qui, plus tard, correspondront à la face extérieure; mais la page 
supérieure ne s'étant pas encore développée, ces nervures sont encore assez 
rapprochées de l'épiderme supérieur ; elles en sont éloignées peu à peu par le 
développement des parties nouvelles. En méme temps, de nouveaux faisceaux 
bro-vasculaires apparaissent dans ces portions récemment formées. Aussi 
l'organe a-t-il deux couches de nervures, les plus âgées à la face inférieure, 
les plus jeunes à la face supérieure. Les mémes conclusions s'appliquent aux 
appendices modifiés. M. Cave cite l'étude faite par M. Trécul sur la struc- 
ture du grain de blé et ses propres observations sur les fruits des Monocotylé- 
dones. Dans leurs ovaires, il a constamment trouvé la zone formatrice occu- 
pant la méme place que dans les fruits des végétaux dicotylédons. 


Étude sur la production du Chêne et son emploi en 
France ; par MM. Bagneris et Broillard, inspecteurs des foréts, profes- 
seurs à l'École forestière (Extrait de la Revue des eaux et foréts); tirage à 
part en brochure in-8* de 48 pages. 1870. 


Bien que ce travail n'ait pas été fait au point de vue botanique, nous ne 
croyons pas pouvoir nous dispenser de mentionner quelques-uns des faits les 
plus importants de silviculture qui s'y trouvent rapportés, mais en évitant, 
quelque intéressants qu'ils soient, les détails purement techniques qu'il con- 
tient. 

Ces observations sont le résultat d'une excursion faite par les deux profes- 
seurs dans les régions forestières où le Chêne (Quercus pedunculata et sessi- 
liflora) est l'essence principale. Ils ont visité les forêts de Maladier, Bois-Plau, 
Bagrulets, Dreuille et Troncais, dans le département de l'Allier; la forét 
d'Orléans; les foréts de Blois, Russy, Boulogne et le domaine de la Motte- 
Beuvron (Loir-et-Cher); celles de Bourse, de Belléme et de Perseigne, dans 
les départements de l'Orne et de la Sarthe; enfin celles de Fumay, de -Revin 
et de Manise dans les Ardennes. 

Un procédé économique et bien entendu de reboisement est adopté 
pour le repeuplement des Brandes de Vieurs (Allier), L'État en concède 
des parcelles aux particuliers pour deux ou trois ans; ceux-ci défrichent, 
mettent en culture de Seigle pendant deux ans, puis sément des glands, 
et lorsque la Bruyère vient de nouveau envahir le sol, les semis se trouvent 
assez forts pour lui résister. Dans la forét d' Orléans, les semis de Pin 
silvestré donnent le meilleur résultat, non pas tant pour le reboisement 
direct des espaces envabis par la Bruyére, que pour la protection qu'ils 
donnent aux semis de Chénes abrités sous leur ombre. Ges semis se sont 
trouvés notablement augmentés par des semis naturels provenant de glands 
apportés par les oiseaux. La forêt de Boulogne, située au cœur de la Sologne, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 7 


dans un sol infertile, est d'une végétation trés-lente; le Charme, qui fait dé- 
faut dans ces taillis, cultivé en mélange avec les Chénes, aurait sans doute 
pour résultat de conserver la fraicheur du sol et de le couvrir de ses feuilles. 
Le Bouleau, abondant en Sologne, s'introduit avec avantage dans les planta- 
tions qu'il protége; mais, pour cet usage, il ne vaut pas le Pin silvestre. Ce 
dernier est préférable, en Sologne, au Pin maritime; il est moins sujet à étre 
attaqué, soit par les insectes, soit par les maladies. 

Aprés avoir visité les forêts des environs d'Alencon, les excursionnistes 
interrompent leurs investigations forestiéres pour étudier, à Cherbourg et au 
Havre, la mise en œuvre du bois de Chêne. Ils examinent l'emploi du bois dans 
la construction des navires, sa durée pour cet usage, les différents procédés 
préconisés pour en activer la parfaite dessiccation. Car le desséchement du bois 
influe plus sur sa conservation que sa qualité méme. Cependant les essences qui 
se conservent le mieux sont celles dont les fibres sont imprégnées d'une gomme, 
ou d'une résine, ou de quelque autre matière jouant le rôle d'antiseptique. 

Ce qui nuit à la conservation du Chéne mis en contact avec le fer, c'est 
l'abondance de tannin qu'il renferme, et que le fer carbonise en lui enlevant son 
oxygène. Aussi, dans les constructions maritimes, a-t-on soin de ne mettre le 
fer en contact qu'avec le bois de Teck. C'est en les enfouissant dans du sable 
vaseux inondé d'eau saumâtre que l'on conserve le mieux les pièces de hois ; 
mais il faut ensuite un temps très-long pour les dessécher. Mais on sait que les 
bois lavés ou flottés se conservent le mieux. 

Les plateaux des Ardennes, en partie déboisés, conservent encore des foréts 
importantes, soumises en général à un mode de traitement appelé sar{age. Il 
consiste à exploiter en taillis de dix-huit à vingt-quatre ans et à brûler sur le 
sol les déchets de l'exploitation, puis à cultiver entre les souches pour obtenir 
une récolte de seigle. Il y aurait de grandes améliorations à apporter à l'ex- 
ploitation et à l'aménagement des forêts des Ardennes; MM. Bagneris et 
Broillard les indiquent en quelques mots. Pour conclure, les auteurs de ce 
travail insistent sur la nécessité d'élever le Chéne avec d'autres essences et 
tracent la manière de procéder aux différentes opérations culturales à prati- 
quer pour maintenir le mélange et pour le ramener là où il n'existe plus. Ils 
recommandent les précautions à prendre pour l'élevage et l'encordage et 
proscrivent sévèrement l'emploi des crampons de fer pour monter sur les 
arbres. Ils terminent par quelques considérations sur l'aménagement des foréts 
de Chéne en vue des besoins de l'avenir, considérations dont l'un d'eux a fait 
l'objet d'une étude spéciale. 


Second Supplément au Prodrome de la flore de Tos- 
cane ; par M. T. Caruel (1). In-8° de 48 pages. Florence, mai 1870. 


Le Prodrome de la florede Toscane, publié de 1860 à 1864, avait été bientót 


(1) Notre Revue a signalé dans le cahier précédent la Statistique botanique de la Tos- 


8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


suivi d'un Supplément en 1865. Ce nouveau Supplément fait connaitre quel- 
ques espèces ajoutées à la flore et des localités nouvellement découvertes. De 
plus, l'auteur, dont le travail primitif ne comprenait pas les Cryptogames 
vasculaires, passe en revue celles de ces plantes que renferme la flore toscane ; 
il substitue à cette appellation de Cryptogames vasculaires celle de Prothallo- 
games, c'est-à-dire plantes chez lesquelles la fécondation se fait sur un orga- 
nisme particulier qui est le prothalle. 

Jl propose de méme d'appeler Notérogames (de sorts, humidité) une division 
qui comprendrait les Mousses, les Hépatiques et peut-étre les Characées, qui 
végètent et se fécondent dans un milieu humide, et les Misogames (de př- 
coe, haine), les Algues, Lichens et Champignons, chez lesquels la fécondation, 
dans l'état actuel de la science, ne peut être encore admise d'une manière 
générale, bien que chaque année augmente nos connaissances à cet égard , et 
tende toujours, comme le devra reconnaître notre confrère M. Caruel, à ré- 
trécir le champ des Misogames. 

Nous remarquons une espéce nouvelle, le Juncus variegatus Car., voisin 
du J. acutus et peut-être hybride. 


La disette du bois d’œnvre. — De la réserve des Chênes 


d'avenir ; par M. Broillard (Revue des Deux Mondes, t XCY, pp. 339- 
367). 


Bernard Palissy s'inquiétait déjà de son temps de l'épuisement possible de 
nos foréts. Le danger qu'il ne faisait que supposer est devenu une réalité, et 
la consommation imprévoyante a escompté les ressources de la production. 
Le déboisement et l'exploitation disproportionnée ont singulièrement appauvri 
la France, l'Augleterre, la Belgique, la Hollande. Les forêts de l'Autriche, 
rendues exploitables par l'ouverture des chemins de fer, sont soumises depuis 
ce temps à des coupes sans ménagement. L'Espagne, l'Italie, la Grèce, sont à 
peu prés déboisées, et M. Broillard rappelle à ce sujet que l'Etna avait autre- 
fois mérité le nom de nemorosa. Ses belles foréts ont disparu non pas sous la 
lave du volcan, mais sous la hache des bücherons et la dent des bestiaux. 
L'établissement des chemins de fer en Russie aura bientót pour résultat la 
disparition des vastes forêts de cette contrée. En Suède et en Norvége, pays 
qui exportent leurs bois résineux sur tous les points du globe, les exploitations 
ont atteint la limite du possible et l'ont méme probablement dépassée. Il ne faut 
guère songer à demander des bois au Nouveau-Monde; car, danssa partie 
septentrionale, ses nombreux centres de population suffiront avant peu à leur 
consommation, et, dans sa partie méridionale, l'incendie employé sans réserve 
comme mode de défrichement diminue rapidement l'étendue de ses riches 


cane, du méme auteur, au sujet de laquelle on trouvera dans les Archives des sciences 


physiques et naturelles de Genéve, numéro d'avril 1871, un article trés-intéressant de 
M. Alph. de Candolle, ' n 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9 


forêts. Voilà le triste et trop réel tableau de l’état amené par une sorte d'im- 
prévoyance universelle. Le bois de Chêne est un de ceux dont la privation 
sera le plus pénible. La France étant plus qu'aucun autre pays apte à sa pro- 
duction, il faut, par un prudent ménagement des ressources qui nous restent, 
retarder ou éviter le danger qui nous menace. L'auteur nous apprend qu'il ne 
restait à la France (avant la dernière guerre) que huit millions d'hectares 
boisés. Il donne la statistique des quantités de bois de Chêne que la France 
est obligée actuellement de demander à l'étranger, et fait remarquer que cette 
masse de bois pourrait nous étre fournie par les terrains pauvres de notre 
pays, qui, peu propres à d'autres cultures, sont aujourd'hui presque impro- 
ductifs. Mais, en attendant le reboisement, il v a une mesure urgente à prendre, 
C'est d'augmenter la réserve de nos forêts et de ne pas en épuiser prématuré- 
ment les produits. Il est bon d'y songer tandis que l'étranger peut encore 
nous fournir une partie des bois qui nous sont nécessaires. Et dans la consti- 
tution de cette réserve, il faut conserver d'abord les Chénes anciens (pourvu 
qu'ils puissent prospérer une trentaine d'années), puis ceux d'âge moyen, puis 
enfin les jeunes baliveaux. 

La plus-value acquise par les arbres suffisamment âgés est bien supérieure 
à l'intérét de la somme qu'on en retire en exploitant des sujets trop jeunes. 
Mais il faut pour cette prudente exploitation une patience que n'ont pas tou- 
joursles particuliers. Elle réussit fort bien aux communes qui l'ont appliquée 
à l'entretien. des forêts qu'elles possèdent. Notre intérêt bien entendu est donc 
parfaitement d'accord avec le devoir qui nous est rappelé par M. Broillard, de 
ne pas léguer la misère aux générations qui nous suivent. 


Remarques sur quelques partieularités du sol des landes 
de Gascogne; par M. Faye (Comptes rendus, t. Lxx1, 1870, pp. 245- 
251). 


Les landes de Gascogne ont été visitées par la Société à diverses reprises 
pendant sa session extraordinaire tenue en 1859 à Bordeaux. M. Faye, ren- 
dant compte à l'Académie d'une excursion qu'il y a faite, constate les trans - 
formations qu'elles ont subies dans un intervalle de trente ans. Une chose 
cependant n'a pas changé, c'est la couche imperméable d'a/ios que l'on ren- 
contre partoutà une profondeur moyenne d'environ un métre. 

Au sujet de la formation de cette couche, l'auteur rappelle à l'Académie 
des observations qu'il a faites en 1837. L'alios n'existe que dans les landes 
proprement dites ; il ne se trouve ni dans les marais, ni au bord des étangs, 
ni dans les dunes. Or, il est évident qu'il ne s'est pas formé sur une couche 
de sable plus ancienne pour être ensuite recouvert par une nouvelle alluvion 
de sable. Il a dà se former sur place, et la végétation superficielle de la lande 
à dà contribuer à sa formation. Voici ce qui a lieu : 

En hiver, le sol des landes est constamment baigné d'eau pluviale; mais, 


10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans la saison chaude, le niveau des eaux, par suite de l'évaporation, s'abaisse 
progressivement à une profondeur de 4 à 5 métres; et cet étiage des eaux 
souterraines correspond au niveau des étangs et des marais de la contrée. 

Les racines des végétaux de la lande soumis à une longue immersion se 
décomposent peu à peu et, lors de l'abaissement des eaux, les produits de cette 
décomposition, entrainés verticalement jusqu'à la profondeur constante d'un 
mètre, s’y déposent et finissent par cimenter les grains de sable de cette 
couche ; c'est pourquoi il n'y a d'alios ni dans les marais où l'eau ne tarit pas 
en été et ne descend pas dans le sous-sol, ni dans les dunes qui ne sont 
jemais inondées en hiver. M. Faye résume donc ainsi les trois conditions 
nécessaires à la formation de l'alios : 4° immersion du sol pendant l'hiver; 
2» desséchement progressif du sol à partir du printemps; 3* étiage permanent 
de la couche d'eau provenant des pluies annuelles et forcées, faute de pente, à 
baisser verticalement sur place. Quant aux traces de matiéres ferrugineuses 
que présente l'alios, elles s'expliquent par l'action que la pourriture végétale 
exerce sur les oxydes de fer et sur la formation du fer limoneux des marais, 
action démontrée, il y a une trentaine d'année, par Spindler. Ilse produit 
dans les landes un phénoméne analogue à la formation des fers limoneux des 
lacs de Suéde, telle que l'a décrite M. Daubrée. Seulement, dans les landes, 
l'absence de pente ne permet pas aux eaux d'entrainer et de réunir abondam- 
ment en un méme lieu les sels produits à la surface du sol, et ils suivent 
seulement le mouvement descendant des eaux jusqu'au niveau de l'alios. Il y a 
cependant quelques régions où une pente suffisante a amené une concentration 
des eaux ferrugineuses et par suite, des couches de fer limoneux exploitables. 

L'influence dangereuse de ce sous-sol imperméable sur la salubrité du pays 
a été diminuée. Les rigoles d'écoulement pratiquées à la surface du sol, la 
plantation des Pius, dont les racines se pourrissent moins facilement que celles 
des Bruyères et des herbes, ont eu pour résultat de faire disparaître les fièvres 
intermittentes qui désolaient cette région. 

De cette observation l'auteur tire cette règle dont il a pu contrôler l'exacti- 
tude : partout où il existe à 0",75 ou 4 mètre de profondeur un sous-sol 
imperméable, on rencontre la fièvre intermittente si le sol est contaminé par 
la pourriture végétale (1), et des fièvres de nature typhique, si le sol est conta- 
miné de pourriture animale. 

Ajoutons que des observations ultérieures faites par un professeur bavarois, 
Pellenhoffer, sur les épidémies de typhus qui, à intervalle à peu près régulier, 


(1) Notre précédent numéro renfermait déjà (t. xvit, p. 183) quelques données sur la 
cause de l'infection paludéenne. Ceux de nos lecteurs que cette question íntéresse feront 
bien de consulter L. Gigot, Recherches expérimentales sur la question des émanations 
marccageuses, Paris, 1859, et les observations de M. le professeur Salishury, qui a nommé 
Gemiasma une Algue de la tribu des Palmellées regardée par lui comme la cause de l'in- 
salubrité des marais, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 11 


désolent la ville de Munich, ne reconnaissent à l'invasion et à la disparition 
dela maladie d'autres causes que l'abaissement et l'élévation des eaux du 
sous-sol. 

M. Faye termine en disant quelques mots des incendies des foréts des 
Landes et du moyen d'y remédier. Il propose d'y ménager de place en place 
des bandes de terrain non planté et d’où l'on arracherait les Bruyères et les 
Ajoncs qui, en cas d'incendie, propagent le feu au ras du sol. 


Sur le développement des feuilles de: Sarracenia ; par 
M. Baillon (Comptes rendus, t. LXX, 1870, pp. 630-632). 


Dans ce mémoire, M. Baillon examine et critique les opinions émises no- 
tamment par A. de Saint-Hilaire et par M. Duchartre sur la signification physio- 
logique des différentes parties de la feuille des Sarracenia. Le long cornet qui 
forme la portion principale de la feuille serait, selon ces auteurs, produit par le 
pétiole, et l'opercule qui surmontent cette ascidie représenterait le limbe de la 
feuille. M. Baillon, d'aprés ses observations organogéniques, attribue au limbe 
seul la formation de tout cet appareil, et le développement de la feuille serait, 
dès l'abord, assez semblable. à celui d'une feuille peltée. En s'accroissant, elle 
forme un cornet obconique profond et étroit. Quant à l'opercule, de méme 
qu'une feuille peltée dont le limbe n'est pas entier peut avoir des lobes inégaux 
et présenter un lobe terminal médian plus développé que les autres, de méme 
dans la feuille des Sarracenia, un des bords grandit plus vite et s'étrangle 
ensuite un peu à sa base pour former le couvercle de l'urne. La créteou caréne 
verticale qui longe le bord interne de l'urne rappelle la nervure saillante qui se 
remarque souvent à la face inférieure des feuilles peltées, s'étendant de l'inser- 
tion du pétiole au fond du sinus que présente la base du limbe. 

M. T. 


Nota su di una nuova speeie del genere Sfenomeris ; 
par M. O. Beccari (Nuovo Giornale botanico italiano, 1870, n° 1). 


Le genre Stenomeris rappelle beaucoup le genre Roxburghia par la forme 
et la nervation des feuilles. Le port le rapproche de celui de quelques Smilax. 
Ils'accorde avec les Aristolochiées par la forme et la structure de la fleur, 
la complication des stigmates, la conformation des anthères, le port grimpant, 
la multiplicité et la placentation des ovules, et en diffère seulement par l'inser- 
tion des étamines, l'ovaire triloculaire, et un peu par la structure de la tige, 
qui semble comme intermédiaire entre celle des Aristoloches et celle des 
Dioscoréacées. Il se rapproche de cette derniere famille par le port, surtout par 
la forme et la nervation des feuilles et par l'ovaire triloculaire; mais il s'en 
éloigne par la forme du périgone, l'insertion des étamines, le nombre et la 
direction des ovules. La forme bizarre du périgone rappelle aussi beaucoup la 
fleur de quelques Burmanniacées, et spécialement des genres 7hysma et 


12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ophiomeris. Enfin la fleur a la plus étroite analogie avec celle des Taccacées, 
soit par l'insertion et la réflexion des étamines, soit par la dilatation du con- 
nectif, le grand développement du stigmate, les ovules horizontaux ou sub- 
ascendants et l'ovaire triloculaire ; mais le fruit du Stenomeris diffère par la 
placentation, qui est centrale et non pariétale. 
Il résulte de tout cela que le Stenomeris touche aux Burmanniacées, qu'il 
est intermédiaire entre les Dioscorées et les Aristolochiées, et devrait étre 
placé dans les Taccacées. 


Nota sul Trichopodium zeylanicum; par M. O. Beccari 
(Nuovo Giornale botanico italiano, 1870, n° 14, pp. 13-19, avec une 
planche). 


Le Trichopus, auquel Gártner reconnaissait de l'affinité avec les Commé- 
lynées, devenu le 7richopodium de Lindley et placé après les Aristoloches par 
ce naturaliste, mais exclu de cette famille et même des Dicotylédones par 
M. Duchartre, inspire à l’auteur les réflexions suivantes : 

Il croit pouvoir conclure de ses études que le 7richopodium, par sa fleur 
et spécialement par les anthères, le style et les stigmates, ressemble beaucoup 
à une Asarée. L'ovaire est triloculaire comme dans les Dioscoréacées ; les 
ovules, par leur structure et leur position, peuvent être aussi bien ceux d'un 
Thottea ou d'un Bragantia que ceux d'un Dioscorea. La graine diffère un 
peu tant de celle des Aristoloches que de celle des Dioscoréacées; mais son 
raphé épaissi et subéreux la rapproche plus des premiers. L'albumen n'offre 
aucune différence. L'embryon ressemble beaucoup à celui du Zamus commu- 
nis. La structure de la tige est plus analogue que celle du Dioscorea qu'à 
celle d'un Aristoloche, à cause des faisceaux de cambium qui sont entourés 
de vaisseaux ponctués. Quoique le Trichopodium présente deux cotylédons 


très-bien développés, il se trouve dans l'embranchement des Dicotylédones sans 
relations bien précises. 


Di alcune cose osservate nella Trapa natans; par 
M. T. Caruel (Zbid., pp. 19 et suiv.). 


Quoique beaucoup d'observations aient été faites sur le Trapa, l'auteur a 
cru pouvoir rectifier quelques erreurs. Il s'étend surtout sur la germination 
des racines adventives, sur l'organogénie des stipules, dont la nature a été 
contestée, et qu'il compare aux stipules du Nerium. 


Nota sul embrione delle Dioscoreacee; par M. O. Beccari 
(Nuovo Giornale botanico italiano, 4870, n° 2, pp. 149-154). 


M. Beccari a pu suivre la germination du Dioscorea bonariensis et de 
quelques autres espèces du méme genre, du Rajania cordifolia de Saint- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 13 


Domingue, du 7amus communis; il a étudié la petite plante herbacée si cu- 
rieuse que constitue le 7richopus zeylanicus. 

Adrien de Jussieu, dans son mémoire sur les embryons monocotylédonés, 
avait considéré l'embryon des Dioscoréacées comme constitué d'un corps 
cylindro-conique s'étalant supérieurement en un grand cotylédon foliacé et 
muni à la base, du cóté opposé, d'une fossette transversale recouverte d'une 
languette qu'il a cru formée de la soudure des deux oreillettes du cotylédon. 
Mais, sur l'embryon du D. bonariensis, les oreillettes sont distinctes de la 
languette et séparées d'elle par une fissure longitudinale. Dans le Zajania 
cordifolia, la languette est fendue ; mais comme on observe aussi les deux 
véritables oreillettes du cotylédon principal, on ne saurait regarder la languette 
que comme uu cotylédon fendu. 

L'auteur conclut que l'embrvon des Dioscoréacées est le plus souvent (et 
peut-étre toujours) formé de deux cotylédons, un développé et un rudimen- 
taire, entier dans les genres Dioscorea et Trichopus, bifide dans les genres 
Rajania et Tamus. 

La plumule du Dioscorea bonariensis porte dans sa concavité, tournée vers 
le grand cotylédon, deux fossettes : la supérieure sera plus tard la face supé- 
rieure ventrale de la feuille; l'inférieure est la place d'un bourgeon par oü sor- 
tira plus tard la feuille suivante; le tissu renflé qui sépare les deux fosses s’al- 
longera en pétiole. On voit par là que, pendant la germination, les nouvelles 
feuilles prennent chacune leur origine sur le pétiole de la feuille antérieure. 
Cette particularité demeure constante pendant toute l'existence du Zrichopus 
zeylanicus, où les pédoncules floraux naissent du pétiole de la feuille. Cette 
petite plante porte donc les traces d'un arrét de développement dans son 
organisation. Par ce fait d'ailleurs, elle se montre bien une Dioscoréacée, et 
nous pouvons ajouter, en nous référant au mémoire du méme auteur analysé à 
la page précédente, que le 7richopus ou Zrichopodium constitue à propre- 
ment parler un des chaînons qui relient les deux embranchements supérieurs 
du régne végétal. 


Nota sull Endocarpon Guepini Delis.; par M. F. Baglietto 
(Nuovo Giornale botanico italiano, 1870, n° 2, pp. 171-176). 


M. Baglietto pense que si celte plante a été placée par quelques lichéno- 
graphes dans le genre Zndocarpon, c'est parce qu'ils n'avaient pas pu en 
examiner des exemplaires parfaitement fructifiés. Ce Lichen, en effet, n'appar- 
tient point aux Pyrénocarpés, mais paraitle type d'un nouveau genre de 
Gymnocarpés à sérier dans le voisinage du genre Zeppia. Il le nomme Gue- 
pinella et le caractérise ainsi : 

Apothecia thallo primum inclusa sensim aperta urceolata-saccata, demum 
perfecte discoidea a thallo elevato marginata. Lamina proligera tenuis ceraceo- 
gelatinosa e strato gonimico enata, excipulo proprio destituta. Sporidia exigua 


44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


simplicia hyalina in ascis elongatis polysporis. — Thallus cartilagineo-coria- 
ceus umbilicatus monophyllus. 
L'Endocarpon Guepini Delis. devient le Guepinella myriocarpa Bagl. 


Eine allgemeine morphologische Siudie. (Une étude de mor- 
phologie générale); par M. N.-J.-C. Müller (Bot. Zeit., 1869, n° 35 et 
38-42, avec trois planches). 


Ce mémoire est consacré à la phyllotaxie et surtout à la partie mathémati- 
que et organogénique de cette étude. C'est le développement d'idées déjà 
exposées par l'auteur dans un travail étendu publié, il y a quelques années; 
dans les Jahrbücher de M. Pringsheim. M. Müller y fait surtout le procès à 
certaines définitions jadis données par MM. Schimper et Braun dans des écrits 
qui ont fait autorité, notamment celles de la spire génératrice et de la diver- 
gence latérale. Avec l'aide de M. J. Lurüth, professeur de mathématiques à 
Heidelberg, il se flatte d'avoir donné une démonstration courte et vainement 
attendue jusqu'à ce jour, des quantités exprimant les nombres de spires secon- 
daires, dextrorses ou sinistrorses, qui accompagnent ou méme dissimulent la 
spire génératrice. Il fait remarquer, dans cette démonstration, une propriété 
curieuse de la serie 2, 4, ? 3, etc., c'est que le numérateur p d'une de ces 


fractions P multiplié par lui-même ou par la différence g-p est égal à un mul- 
tiple de g moins ou plus l'unité, et que l'on E = aq-; p (g-p) — 6q + 4. 

La partie organogénique du mémoire est de beaucoup la plus développée. 
On regrette, en la lisant, que l'auteur, qui critique des passages de M. Hof- 
meister ou d'autres savants qu'il suppose connus du lecteur ou placés sous ses 
yeux, en citant méme les figures qui s'y rapportent, ne les reproduise pas, de 
telle facon qu'il est parfois difficile de suivre son raisonnement. 

La disposition phyllotaxique que prennent en dernière analyse les feuilles 
complétement développées sur la tige dépend d'abord de la forme de la cellule 
qui termine l'axe, et dont la segmentation donne origine à autant de feuilles 
qu'elle produit de segments successifs. Quand cette cellule est un ovale allongé 
à deux tranchants, les feuilles sont distiques ; quand elle a la forme d'un poly- 
gone, les feuilles sont verticillées. Dans les autres cas, elle a toujours la forme 
d'un triangle à bords plus ou moins courbes. Quand ce triangle est équilatéral, 
les feuilles sont disposées suivant le cycle $, et la segmentation a lieu par des 
lignes parallèles aux trois côtés du triangle. Dans tous ces cas, les segments 
ont toujours une forme symétrique. Mais quand la fraction de divergence 
est située entre $ et 1, c'est-à-dire s'élève dans la série, le triangle constitué 
par la cellule terminale prend des côtés irréguliers, et les segments ne sont 
plus symétriques. 

Aprés leur individualisation, c'est-à-dire après la formation de la cloison qui 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 45 


les constitue en les séparant dela cellule terminale de l'axe, les segments se 
divisent en partie axile et partie appendiculaire. C'est la partie axile qui seule 
donne naissance à des poils, et c'est sur elle que naissent plus tard les anthé- 
ridies et les archégones. La partie appendiculaire est divisible en deux par une 
ligue médiane qui part du sommet du segment pour aboutir au centre de 
formation du bourgeon. La position du sommet est invariable; mais, quand 
la fraction de divergence a un dénominateur élevé, il n'en est pas de méme du 
second point ; de sorte que, pendant le développement du segment, la ligne mé- 
diane décrit un certain mouvement. Pendant cela le segment glisse pour ainsi 
dire parallèlement à lui-même, en s'étendant davantage du côté opposé à celui 
du centre de formation, c'est-à-dire du cóté inférieur ou extérieur. Il résulte 
de cela que tant que les segments ne sont pas passés à l'état de feuilles 
développées, la divergence angulaire de deux segments voisins est variable. 
C'est un des points sur lesquels l'auteur insiste le plus. La divergence ne 


devient constante, c'est-à-dire égale à 5 que quand le développement est 


achevé. 


Amteekningaár om Skandinaviens Desmidiaceen (Recher- 
ches sur les Desmidiacées de la Scandinavie); par M. Veit Brecker 
Wittrock, professeur à l'Université d'Upsal. In-4°, avec une planche; 
1869. 


L'auteur trace, dans cette publication, l'énumération des espèces de Des- 
midiacées connues dans la péninsule scandinave. Pour celles qui ont déjà été 
décrites, il se borne à en citer le nom, en y ajoutant la synonymie et des 
remarques critiques. 1l s'est bornéà donner (en latin) la diagnose des variétés 
et des espèces moins connues ou nouvelles. Le nouveau genre Asferoselene 
est proposé par lui pour le Closterium calosporum, qui se distingue de 
toutes les autres espèces du genre par les caractères de ses zygospores. 


Der Rost der Runkelrübenblatter. (La rouille des feuilles de 
la Betterave); pav M. Julius Kühn (Zeitschrift der landwirthschaftlichen 
central- Vereins der Provinz Sachsen, 1869, n° 2). 


L'auteur s'était déjà occupé de ce parasite dans son livre sur les maladies 
des végétaux (Die Krankheit. der Kulturgewüchse, p. 230), en 1858; et 
plus tard M. Schacht. (Zeitschrift des Vereins für Rübenzucker- Industrie, 
t. IX, p. 390). Ce parasite est l’ Uredo Beta Pers., Uromyces Betæ Tul. Ses 
filaments de mycélium pénètrent non-seulement dans les cellules de la plante 
nourricière, mais encore courent dans les espaces intercellulaires ; ils 
envoient aussi souvent des sucoirs dans l'intérieur des cellules; ces sucoirs 
n'ont été connus pendant longtemps, chez les parasites inférieurs, que dans la 
famille des Péronosporées. 


16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les filaments de ce mycélium se réunissent au-dessous de l'épiderme des 
feuilles de la Betterave pour former une couche sporifère, dont les éléments 
percent le tissu épidermique et apparaissent sous forme de bâtonnets bru- 
nâtres. 

Dans l'intérieur de ceux-ci se forment des spores de deux sortes : les unes 
arrondies avec un contenu granuleux , qui germent très-facilement dans l'eau 
par l'un des espaces clairs que l'on remarque sur leur paroi externe. Ce sont 
celles-là qui émettent un utricule capable de percer l'épiderme des feuilles 
saines de la Betterave, et qui ont été décrites comme les spores de l'Uredo 
Beta. D'autres ont une forme ovale-arrondie; lorsqu'elles se séparent du 
mycélium, elles gardent attaché à elles un tronçon du filament qui les a pro- 
duites. La germination de cette spore a lieu par un point déterminé où se 
remarque une petite élévation, et seulement aprés un repos de plusieurs mois. 
Leur germination donne lieu à des sporidies ou spores de deuxième degré, 
capables de germer à leur tour dans des circonstances favorables. L'auteur à 
obtenu par cette germination une troisième forme de spores encore inconnue, 
c'est-à-dire l'UE'cidium Bete Kühn, dont les spores reproduisent l’ Uromyces 
et closent ainsi le cercle des phases de l'espèce. Les filaments issus de leur 
germination pénétrent par les stomates dans le tissu de la Betterave, ainsi que 
l'on pouvait s'y attendre. 


Ueber optische Erscheinungen an Diatomeen (Sur les phé- 
noménes optiques présentés par les Diatomées); par M. J.-H.-L. Flügel 
(Bot. Zeit., 1869, n^ 43 et 4h). 


L'auteur a construit un appareil formé essentiellement d'un cercle divisé 
d'au moins 350 millimètres de rayon, dans le milieu duquel on peut introduire 
un porte-objet ordinaire. Dans ce porte-objet sont placés des échantillons 
d'une Diatomée, principalement du Pleurosigma angulatum. La lumière 
arrive sur le porte-objet latéralement, tombant sur une de ses faces, soit 
perpendiculairement, soit obliquement. Dans ce but, le pourtour de l'appareil 
est mobile, et muni d'une fente qui laisse pénétrer la lumière, fente assez 
large pour éviter tout phénomène de diffraction. Quand le faisceau de lumière 
incidente a traversé la carapace du Pleurosigma, elle a subi des effets du méme 
genre qu'après avoir traversé un prisme. Le spectre obtenu varie selon l'obli- 
quité elle-même. Il a environ 30» de largeur. Son extrémité violette est 
tournée vers la source lumineuse, La grandeur relative des couleurs de ce 
spectre rappelle celui qui forme l'arc-en-ciel ; le rouge y est à lui seul aussi 
étendu que le bleu et le violet; le vert est bien plus beau que le vert obtenu 
par le prisme; le spectre n'est pas d'ailleurs parallèle à la fente par où pénètre 
la lumière, mais forme comme le segment d’un cercle ayant la source lumi- 
neuse pour centre. 

L'auteur a dressé des tableaux où l'on voit quelle est la couleur qui corres- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 17 


pond à tel ou tel degré du cercle diviseur pour une incidence donnée des 
rayons lumineux. Un autre tableau indique la valeur des distances de chacune 
des couleurs du spectre à la source lumineuse, pour des valeurs successive- 
ment croissantes des rayons incidents. Ces couleurs décrivant des arcs de cercle, 
ces distances sont en réalité des angles à évaluer en degrés sur la circonfé- 
rence du cercle divisé ; l'observation de ces faits conduit à pouvoir déterminer 
expérimentalement l'écartement des stries du Pleurosigma, qui sont la cause 
de ces phénomènes optiques. En effet, les lois de la physique nous permettent 
de tracer- l'équation à sin. £ = r, dans laquelle r représente la longueur 
d'onde lumineuse pour chacune des couleurs du spectre, longueur bien con- 
nue par les recherches de Frauenhofer, à la distance des deux lignes médianes 
de deux stries immédiatement voisines du P/eurosigma, et x la distance angu- 
laire de chacune des couleurs du spectre à la source lumineuse constituée par 
la fente. marginale de l'appareil; tout cela, bien entendu, en admettant que 
les rayons tombent perpendiculairement sur le porte-objet. Le spectre ainsi 
produit se trouve dans les conditions optiques des spectres produits par un 
morceau de quartz rayé de stries parallèles (Gitterspectrum). 

L'auteur ne peut dissimuler que cette méthode ne laisse à désirer. Il es 
obligé d'avouer que si, dans ces expériences, l'œil placé dans la direction des 
rayons émergents ne percoit à un degré donné du cercle qu'une seule cou- 
leur, cette sensation est le résultat du mélange de plusieurs teintes différentes 
du spectre. En effet, quand il substitue à l'œil nu uu microscope donnant 
seulement un grossissement de 60 fois, les Pleurosigma qui occupent le porte- 
objet se montrent diversement colorés selon qu'ils sont plus ou moins inclinés 
par rapport à la verticale. En substituant au microscope une lorgnette à lon- 
gue portée qui ne donne pas un grossissement beaucoup plus fort, mais qui 
embrasse un champ visuel plus restreint, on arrive à n'avoir que deux cou- 
leurs, données, l'une par les frustules situées obliquement, l'autre par les 
frustules situées transversalement à la verticale. Mais l'intensité de la lumiere 
émise par ces frustules varie selon leur direction; elle est toujours moindre 
quand ellea été affectée par les frustules transversaux. Il faut noter à ce 
propos que les stries transversales des Diatomées sont plus éloiguées les unes 
des autres que les stries obliques. 

L'auteur s'occupe longuement de rechercher quelle est la cause réelle qui 
fait paraitre certaines Diatomées si élégamment et si diversement striées à 
l'examen microscopique. On sait que des théories assez différentes ont été 
proposées à cet égard. M. Schultze attribue les dessins que l'on connait à des 
prismes siliceux; M. Dippel explique les hexagones du Pleurosigma angula- 
tum par l'existence de petites cupules creuses dans leur fond. M. Flôgel 
admet, quant à lui, comme M. Dippel l'avait cru d'abord, que les dessins sont 
dus à des canaux régulièrement disposés et très-courts, traversant la plus grande 
partie de la paroi de cellulose qui enveloppe la frustule. 1l pense que cette 

T. XVIII. (REVUE) 2 


18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


enveloppe est parfaitement unie à sa surface extérieure, mais pourvue à sa 
surface interne de saillies qui séparent les canaux et qui sont dues à un 
prolongement partant de la paroi. L'auteur compare l'aspect obtenu en faisant 
macérer les Diatomées qu'il a étudiées à ce point de vue avec celui que pré- 
sente la coupe transversale des cellules de l’ Zquisetum hyemale. 

Après le Pleurosigma, l'auteur a étudié encore tout particulièrement le 
Frustulia saxonica, V Achnanthes ventricosa et les espèces plus grossièrement 
striées de Grammatophora. Yl résulte de ses observations que, pour servir de 
test-épreuve, les stries longitudinales valent encore mieux que les stries trans- 
versales. | 


Zur Morphologie der Gattung Waias (Sur la morphologie du 
genre Naias); par M. P. Magnus (Bot. Zeit., 1869, n° 46). 


M. Kauffmann, dans un mémoire sur le Casuarina, déjà analysé dans cette 
Revue (1), a regardé les étamines de ce genre comme produites par la 
transformation du sommet de l'axe végétant, et soupconné qu'il en est de 
méme chez les Vaïas. M. Magnus se flatte d'avoir mis cette opinion hors de 
doute. La paroi anthérale à une seule couche du Načas, dit-il, se soude avec 
la tunique interne de la fleur comme les ovules et les placentas des Balano- 
phorées avec la paroi ovarienne. Avant la déhiscence de l'anthére, cet appareil 
est soulevé par une dilatation plus ou moins considérable de l'axe, qui a lieu 
entre l'insertion de la tunique interne et de l'externe. Au sommet de l'an- 
thère, la tunique interne se déchire, avecila paroi anthérale qui y reste adhé- 
rente, en quatre valves qui s'enroulent sur elles-mémes du sommet jusqu'au 
milieu environ de l'anthére. 

Dans le développement de la fleur femelle, il apparait sur une zone trans- 
versale située prés de l'extrémité supérieure de l'axe, et simultanément sur tous 
les points de son pourtour, une paroi annulaire qui se développe comme le . 
périgone de la fleur femelle, ce que les auteurs nomment le pistil. Le sommet 
de la papille florale s'organise en ovule. Quand celui-ci a eu commencé son 
développement, il apparait au-dessous de son sommet un tégument interne 
sous forme d'un revétement annulaire. Comme l'axe s'accroit unilatéralement 
au- dessous du tégument interne, le nucelle se plie avec celui-ci; le plan d'in- 
sertion du tégument externe, qui apparait alors, est aussi trés-incliné. Le 
iunicule se développe aussi sur le côté, et l'ovule est finalement anatrope. 
Ainsi le nucelle s'est réellement produit aux dépens du sommet de l'axe floral. 
L'auteur rappelle les exemples offerts par le Welwistchia, le Torreya, les 
Hélosidées, etc. , pour les joindre à celui qu'il vient de donner et pour montrer 
combien est fausse dans sa généralité la théorie de M. Cramer, d’après lequel 
ies organes de reproduction sexuelle des Phanérogames doivent tous, dans 
leur développement initial, étre assimilés à des feuilles. 

(4j Voy. lc Bulletin, t. xvii (Revue), p. 69. 


° | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 


Communications faites au congrès des naturalistes 
russes à Moscou, du 3 au 12 septembre 1869. 


Nous trouvons, dans le Botanische Zeitung, un résumé de ces communi- 
cations que nous croyons devoir intéresser nos lecteurs. 

1. M. le professeur Cienkowski (d'Odessa) a continué les observations 
qu'il avait faites sur les Algues (1). Il s'est occupé cette fois des Palmellées et 
des Flagellatées. IL trouve le caractère principal des Palmellées dans la vie 
longue et indépendante de leurs zoospores, qui se revétent d'une enveloppe 
gélatineuse et se multiplient sous cet abri ; elles conservent ou perdent leurs 
cils, mais demeurent toujours munies de vacuoles contractiles. Il a observé de 
telles vacuoles chez les genres Glæocystis, Pleurococcus, Tetraspora, Pal- 
mella et Hydrurus. Yl a, en outre, remarqué que, dans leur état de repos ou 
d'hibernation, ces genres sont entourés d'une enveloppe de cellulose extréme- 
ment forte et contiennent des granules colorés et assez gros. Dans le genre 
Glæocystis, cet état est identique avec le CAroococcus aureus. Les formes pé- 
donculées des Palmellées se distinguent peu dansleur mode de développement 
des genres cités plus haut. Par exemple, chez le Colacium stentorinum, les 
cellules vertes qui reposent sur des pédoncules simples ou ramifiés sont munies 
de vacuoles contractiles et développent, dans certaines circonstances, deux 
cils, puis se séparent de leurs pédoncules et flottent isolément. Ces cellules 
sont, par conséquent, analogues aux zoospores d'autres Palmellées. — Les 
zoospores des Flagellatées se prêtent aux mêmes remarques que celles des 
Palmellées, comme on l'apprend par l'examen du Cryptomonas Ehrb. et du 
nouveau Vacuolaria virescens Cienk. ; leur état d'hibernation correspond tout 
à fait à celui des Chroococcacées. L'auteur reconnait quelques-uns de ces 
phénomènes méme chez les Monades qui vivent réunies en grandes colonies de 
cellules et sont entourées d'une enveloppe gélatineuse, dans laquelle les 
Zoospores sont comme ensevelies, perpendiculairement à la surface, de laquelle 
sortent cà et là leurs cils. Ces zoospores sont incolores et admettent des cor- 
puscules carminés dans leur intérieur; elles se multiplient par partition, puis 
repassent à l'état d'hibernation. Chaque zoospore peut devenir le noyau 
d'une nouvelle colonie, en s'entourant d'une coque gélatineuse et en se cloi- 
sonnant. M. Cienkowski a créé pour ces Monades le genre Phalansterium, 
qui comprend deux espèces, le Monas consociata Ehrb. et le Phalansterium 
intestinum Cienk. Il désigne par le nom d'entocystes un groupe de Monades 
qui n’hiverne que partiellement ; il se forme alors des kystes dans leur inté- 
rieur, et cela aussi bien chez des Monades colorées que chez des Monades 
incolores. Là se placent le Spumelia vulgaris Cienk. et le Chromulina gela- 
tinosa Cienk.; le Mallomonas et l’ Uvella se comportent de méme. 

2. M. Rosanoff (de Saint-Pétersbourg) communique les résultats d'une 


(1) Voy. le Bulletin, t. xu (Revue), p. 195. 


20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


étude qu'il a faite du Calypso borealis. Il avait trouvé cette rare Orchidée à 
Lissino, dans le voisinage de Saint-Pétersbourg. Il a constaté sur le système 
souterrain du Calypso des productions coralliformes analogues aux rhizomes 
de l' Zpipogon et du Corallorrhiza, mais qui s'en distinguent par une ramifi- 
cation dichotomique régulière. On ne remarque sur ces organes de racine 
d'aucune sorte. Sur un point déterminé de leur étendue, ils donnent nais- 
sance à un bourgeon déjà muni de racines adventives, qui paraissent plus 
tard, longues et non ramifiées, à chaque entre-nœud de la tige souterraine. 
L'auteur regarde comme connue la constitution de la fleur du Calypso. 

3. M. le professeur Békétoff (de Moscou) décrit une monstruosité d'un 
bulbe de Tulipe qui, sur la partie tubuleuse d'une feuille bien développée, 
porte trois caieux, et au-dessous un faisceau de racines. 

L'auteur pense avoir affaire à un déplacement produit par l'allongement de 
l'axe principal. MM. Rosanoff et Kaufmann ont vu dans ce phénomène l'ana- 
logue de ce qui existe normalement chez les Orchidées et notamment chez 
P Herminium Monorchis. 

4. M. le docteur Tichonuroff, de Smolensk, a exposé les principaux résul- 
tats d'expériences faites par lui sur les Claviceps microcephala et purpurea. 

Pendant que les Claviceps sortent de leur sclerotium, il se dépose dans 
leur substance de l'oxalate de chaux et un pigment couleur de pourpre. Les 
spores contenues dans les théques conservent pendant trois semaines leur fa- 
culté germinative ; leur développement est le méme dans les deux espèces. 
L'auteur les a vues germer dans la thèque. 

5. M. Regel, de Saint-Pétersbourg, présente des considérations sur les 
plantes dont les organes de végétation varient selon qu'elles sont ou non au 
moment de fleurir. Les phanérogames, à ce point de vue, se prétent à cer- 
taines comparaisons avec les phases des végétaux inférieurs. Il cite le Sagittaria 
sagittifolia, des plantes bulbeuses, des Palmiers, des /Velumbium , le Betula 
glandulosa, le B. pubescens, le Populus tremula, le P. lancifolia, princi- 
palement le Rhynchospermum jasminoides. 

6. M. Woronin, de Saint-Pétersbourg, a étudié une maladie parasitaire 
des fleurs du grand Soleil, fréquente dans la Russie méridionale, et causée 
par un Champignon dela famille des Urédinées : c'est le Puccinia Helianthi, 
qui paraît avoir deux habitats différents coincidant avec des phases différentes 
(Hétérecie), et qui est peut-être identique avec le P. Compositarum. 

7. M. Sperk, de Karkow, s'est occupé des phénomènes qui précédent et 
préparent l'imprégnation des fleurs. Il a trouvé que, chez le Lavatera thu- 
ringiaca, l'Althea officinalis, le Malva rotundifolia, le Geranium silvati- 
cum et le G. Robertianum, il y a une diminution graduelle de la protéran- 
drie (4), et que cela concorde avec des changements dans la dimension de la 


14) Voyez plus haut, pour l'explication de ce terme, t, xvir (Revue), p. 171. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 21 


corolle. Le Silene gonocalyx, le S. integripetala et le S. otites montrent de 
méme une dégradation suivie dans la précocité des étamines, en rapport avec 
la variation de l'ouverture de la corolle. La relation est la méme entre le Ga- 
lium verum etle G. uliginosum. Les genres Anchusa, Mentha et Origanum 
présentent aussi des phénomènes dichogamiques dépendants de la forme de 
l'ouverture de la corolle, comme cela se voit chez les Symphytum, Cucuba - 
lus, Malachium, Delphinium, Aconitum, Epilobium, etc. Dans le genre 
Gypsophila, la forme et la grosseur de la corolle exercent une influence im- 
médiate sur le développement des étamines et médiate sur celui du stigmate. 
Chez les Dipsacées, les Composées et les Ombelliferes, la protérandrie résulte, 
suivant l'auteur, de ce que les fleurs sont plus ou moins pressées contre l'axe 
et de leur compression réciproque. Chez les Plantago media, lanceolata et 
arenaria, la dichogamie est reliée à la forme et aux dimensions de l'épillet et 
à la compression plus ou moins grande subie par chaque fleur. Chez l Eu- 
phorbia Esula, V E. virgata et d'autres Euphorbia, ainsi que chez le Cheno- 
podium urbicum etle Ch. polyspermum, on remarque une conséquence de 
la protérogynie, l'avortement des étamines. Dans les genres Scrofularia -et 
Reseda, la protérogynie est moins apparente que chez les plantes récemment 
citées. D'aprés une esquisse générale des phénoménes de la dichogamie, l'au- 
teur a soupconné des phénoménes analogues chez les Convolvulus arvensis, 
les Verbascum, le Dianthus deltoides et le Sagittaria sagittifolia. L'auto- 
fécondation doit avoir lieu dans le plus grand nombre des plantes qui appar- 
tiennent aux familles des Crucifères, des Papilionacées et des Labiées, ainsi 
que dans les genres Potentilla, Myosotis, Nicotiana,' Hyoscyamus, Vero- 
nica, Borrago, Ranunculus, etc. . 

8. M. Batalin, de Saint-Pétersbourg, traite de l'influence qu'exerce la lumière 
d'intensité moyenne sur le cloisonnement des cellules de l'épiderme et du pa- 
renchyme cortical du Lepidium sativum. Sur le nombre des partitions des 
cellules épidermiques, les variations de l'intensité lumineuse n'exercent aucune 
influence, tandis qu'il en est tont autrement du parenchyme cortical; ici c'est 
. la lumière d'intensité moyenne qui exerce l'influence la plus grande sur l'éner- 
gie du cloisonnement cellulaire. 

9. M. Tschistiakoff s'occupe du développement des fleurs des Papavéracées. 
Dans le bourgeon foliacé d'une seule et méme de ces plantes, la fraction de 
divergence passe successivement de $ à $, à 45, et enfin à $. La première 
feuille de chaque ve:ticille parait toujours située à cóté de la premiere feuille 
du verticille précédent. Les mêmes faits se répètent dans le périanthe. Les 
piéces du calice et de la corolle apparaissent successivement, et leur situation 
correspond à celle des feuilles. On sait que, dans les Papavéracées, il se ren- 
contre des fleurs diméres et des fleurs trimères, tout comme il existe des 
fractions de divergence 1 et $ sur la tige. Le développement des étamines est 
le méme dans toutes les Papavéracées; les carpelles se montrent sur un bour- 
relet annulaire commun et formant un verticille. 


22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Le bourrelet staminal ne se manifeste pas après l'apparition des carpelles, 
comme l'indique M. Hofmeister, mais avant lui ; cela est vrai méme des élé- 
ments isolés de l'androcée. L'organogénie relie intimement entre elles toutes 
les Papavéracées, malgré la variété de formes qu'elles présentent. 

10. M. Sorokin, de Kharkow, a donné quelques détails sur les chlamydo- 
spores du Radulum quercinum Fr., qui naissent sur le mycélium de cette 
espèce, et dont les analogues n'ont encore été trouvées jusqu'ici que sur le 
Nyctalis et sur l'Ascobolus pulcherrimus. 

41. M. Rosanoff a exposé ses recherches sur l'influence que la lumière exerce 
sur le mouvement du protoplasma et sur la répartition de la chlorophylle. Ses 
recherches, sur.le premier point, ont porté sur les plantes suivantes : 77a- 
descantia virginica, T. cressifolia, Nitella, plusieurs Cucurbitacées, Urtica 
dioica, U. urens, et principalement sur les poils radicaux de l'ZZydrocharis 
Morsus Ranæ. Fondé sur de nombreuses expériences établies, partie avec des 
liquides colorés que traversent soitla lumiére solaire, soit la lumiere artifi- 
cielle, partie avec les diverses parties d'un spectre solaire que fixait un héliostat, 
M. Rosanoff n'a pu obtenir de résultats généraux. Mais il se voit forcé à 
conclure des travaux de MM. Borééow et Lürssen que les rayons jaunes nui- 
sent autant que les rayons bleus au mouvement du protoplasma sur le 77a- 
descantia virginica et sur les Urtica. Les différences qu'on observe tiennent 
seulement à l'intensité de la lumière. 

12. M. Borodin a rattaché à la communication précédenteses recherches sur 
l'action que la lumière exerce sur les feuilles de l’ E odea canadensis, dans les 
cellules de laquelle, sous une grande insolation, les granules de chlorophylle 
s'attachent aux parois latérales ; alors s'éléve, le long de ces parois, le courant 
de protoplasma déjà observé par M. Caspary, courant qui fait défaut à la lu- 
mière diffuse. Le passage de ces granules des parois extérieures sur les parois 
latérales n'est déterminé que par les rayons les plus réfrangibles du spectre. 
Chez le Callitriche autumnalis, les grains de chlorophylle (à la lumiere so- 
laire) ne s'approchent que de celles des parois latérales qui sont situées trans- 
versalement à l'axe longitudinal de la feuille ; ce qui tient, d’après l'auteur, 
aux canaux intercellulaires qui courent parallèlement à cet axe. 

13. M. Maslow, de Moscou, a montré des échantillons vivants de Mûrier cueil- 
lis aux environs de Moscou, où l'on a pu acclimater cet arbre, qui n'y gèle pas 
complétement et qui peut y porter des fleurs et des fruits. 

14. M. Geleznoff a parlé des propriétés du bois de l Haloxylon Ammoden- 
dron. Chez cet arbuste, comme chez les 7amariz et le Calligonum (et partiel- 
lement aussi chez les Jun?perus), les couches annuelles, à un áge avancé, ne se 
déposent que d'un seul cóté du tronc. L'auteur a pu constater sur différents 
rayons de la méme coupe transversale de l'arbre 55, 66, 99, 153, 180 et 
220 couches annuelles. 

Telle est la cause de l'aspect irrégulier que présente la tige à sa sur- 
face, et de sa division en lobes sur la coupe transversale. Les couches annuelle 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 28 


finissent insensiblement en angle aigu vers les bords de ces lobes. Lorsque ces 
lobes sont très-rapprochés, il se forme entre eux une très-faible couche 
d'écorce ; quand ils le sont moins, il se détermine entre eux des crevasses dans 
la masse compacte du bois. 

L'épaisseur moyenne de chaque couche annuelle est de 5 millimètres; 
l'écorce est mince, Chaque coupe annuelle se compose, dans sa partie la plus 
ancienne, d'une série de vaisseaux poreux assez larges ; vient ensuite une cou- 
che de vaisseaux de méme sorte, mais plus étroits; le reste est formé de cel- 
lules ligneuses trés-étroites, dont les parois sont trés-épaissies et munies de 
ponctuations. On trouve des rayons médullaires de deux sortes, larges les uns 
d'une seule rangée, les autres de plusieurs rangées de cellules ; dans les plus 
larges se trouve un canal horizontal qui rappelle les canaux remplis de résine 
des Coniffres. Un centimètre cube de ce bois pèse 1 gr. 103; il tombe, par 
conséquent, au fond de l'eau. Il contient, d’après les déterminations de l'au- 
teur, 90 pour 100 de substances solides et 38 pour 100 de cendres, dont la 
quantité augmente de la moelle à la périphérie. 

15. M. le professeur Wagner a exposé les résultats d'un travail de M. Bojus- 
lawsky sur la répartition de la salicine dans l'écorce des Saules et a comparé 
ces résultats avec les recherches de M. Ratschinsky. 

En hiver, les cellules qui bornent les faisceaux libériens prennent une teinte 
de rouge carmin sous l'influence de l'acide sulfurique concentré, tandis que 
les faisceaux eux-mêmes deviennent alors d'un vert jaunâtre, ce qui porte à 
conclure que la salicine est accumulée dans le voisinage des faisceaux libé- 
riens. M. Rosanoffa fait remarquer l'analogie de ces observations avec celles 
que M. Müller a faites sur les écorces de Quinquina. 

M. Wagner parle ensuite de ses propres recherches sur l'influence 
qu'exerce l'électricité sur le dépót des matiéres colorantes végétales et sur 
l'existence chez les plantes d'un équilibre intérieur, en vertu duquel les forces 
de développement isolées de chaque organe se font un contrepoids réciproque ; 
théorie analogue à celle que Geoffroy Saint-Hilaire a nommée, en zoologie, 
théorie du balancement des organes. 

16. M. Woronin a découvert une nouvelle Ustilaginée sur le Trientalis europea 
et l'a nommée Sorisporium Trientalis. Le développement de ce Champignon 
est semblable à celui du S. Saponariæ dans ses points essentiels. Les filaments 
de mycélium qui s'étendent toujours entre les cellules de la plante nourri- 
cière produisent, en s’entrelaçant par places, des pelotons d'abord hyalins, où 
apparaissent successivement des corps faiblement circonscrits, qui se transfor- 
ment en gros groupes de spores, d'abord d'un brun foncé, ensuite noirs, Ces 
groupes se divisent en spores isolées et se font jour à travers l'épiderme, sous 
forme d'une fine poussiére noire. Les feuilles habitées par le Champiguon pré- 
sentent encore, sur la page inférieure, une couche blanchátre formée de coni- 
dies, nées par étranglement à l'extrémité de filaments (Hyphen) provenant 


25 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d'un mycélium qui se multiplie rapidement dans le parenchyme de la feuille: 
Il est vraisemblable, selon l'auteur, que les deux sortes de corps reproduc- 
teurs appartiennent au méme Champignon. 

47. M. Sperk s'est occupé de l'anatomie des feuilles et de la sécrétion aqueuse 
des Aroidées. Il conclut de ses recherches que l'eau ne se meut pas chez ces 
plantes dans les canaux que l'on connait, mais dans les éléments du paren- 
chyme.. Il a produit les énoncés suivants : 1° Ces canaux n'apparaissent que 
dans les feuilles adultes, tandis que l'excrétion des goutelettes a été observée 
sur des feuilles trés-jeunes. — 3° L'eau est excrétée autour de l'appendice 
cylindrique et non dans la cavité située à sa base. — 3° Cette cavité et la 
dimension du caual ne sont pas en rapport avec la masse de l'eau qui s'é- 
coule. -— 4? L'excrétion se fait lentement. — 5° Chez beaucoup de plantes 
qui sécrètent également de l'eau, on ne trouve point de canaux, et vice versa. 
— Enfin, d'après les recherches de M. Unger, les canaux des Aroidées sont 
remplis d'air (1). 

18. M. Borodin a fait une communication sur les stomates du Callitriche 
autumnalis, chez lequel on trouve toujours, bien:que cette plante vive sub- 
mergée, un groupe de ces organes au sommet de là jeune feuille, vers sa partie 
inférieure, à l'endroit où cesse la nervure médiane. 

Chez le €. verna, ce groupe est remplacé par un stomaie "hirgumeit ou- 
vert, beaucoup plus gros que chacun des autres stomates de la feuille. Dans les 
deux cas, cet appareil se détruit plus tard, et chez le C. autumnalis, il se forme 
à sa place une ouverture dans l'épiderme. Cet hé*4romorphisme des stomates 
est assez répandu dans le régne végétal ; l'auteur en cite des exemples dans le 
genre Fuchsia et chez le Veronica Anagallis, le Lysimachia thyrsiflora, etc. 
Comme l'a fait remarquer M. Rosanoff, à la suite de cette communication, en 
citant les Zropæolum, les Coleus, etc. , l'hétéromorphisme des stomates est 
lié à la sécrétion de gouttelettes aqueuses. 

19. M. Petunnikow, de Moscou, a étudié la structure des canaux résiniféres. 
Les Coniféres et les Pittosporées lui en ont présenté le type. Le Myrte ren- 
ferme des canaux qui rappellent davantage la structure des glandes; ici la 
membrane primaire des cellules offre les caractères de la cuticule, tandis que 
les couches d'accroissement ont ceux de la cellulose. Le Juniperus ‘japonica 
n'a que des cellules isolées qui revétent le canal, tandis que celui-ci, chez le 
Thuja occidentalis et chez le T. gigantea, est entouré de trois rangs de cel- 
lules à parois ondulées et indurées. Ainsi sont conformés les canaux résinifères 
qui se rencontrent dans le coussinet des feuilles de Juniperus communis et 
qui tombent avec elles. Dans les feuilles aciculaires des Sapins, les cellules qui 


bordent le canal sont munies, du côté qui le regarde, d’une couche de poils 
desséchés et modifiés, 


(4) L'auteur ne nous paraît pas avoir tenu compte des observations faites sur l'excré- 
tion des Aroidées par M, Duchartre et par d'autres auteurs, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 


Il en est de méme des bandelettes du fruit des Ombelliféres, notamment chez 
l’Heracleum persicum etle Ferula capsica. 

20. M. Timirjaseff a produit les résultats intéressants d'une analyse spectrale 
faite par lui dela chlorophylle ; il les exprime comme il suit : 

a. Les principes qui constituent la chlorophylle sont la phylloxanthine et la 
chlorophylline. Cette derniere est une combinaison ammoniacale d'un beau vert. 

b. Les raies d'absorption qui caractérisent la chlorophylle sont dues princi- 
palement à cette combinaison ammoniacale. Celle-ci possède aussi une raie 
caractéristique dans la partie bleuc du spectre, mais cette raie est voilée par la 
présence de la phylloxanthine dans le spectre dà à la chlorophylle, daus lequel 
les rayons bleus et les rayons violets sout absorbés. 

c. L'acide phyllocyanhydrique de M. Frémy est de la chlorophylline modifiée 
par les acides énergiques. Tous deux produisent, en présence des bases, une 
série parallèle de combinaisons qui different entre elles quant à leur influence 
sur le spectre, et qui; par là, différent aussi de la chlorophylle. 

d.: L’acide phyllocvanhydrique, sous l'influence de la solution alcaline 
d'oxyde de zinc, se change, ainsi que ses dérivés, en chlorophylline. Ce chan- 
gement, qui rappelle la métamorphose de la matiére colorante du sang en pré- 
sence des corps oxydants et des corps désoxydants, a lieu aussi spontané- 
ment dans un espace clos en plusieurs semaines ou en plusieurs mois. Ce 
changement tient vraisemblablement à une oxydation (ou à une absorption 
d'acide carbonique?). Les plantes étiolées sont bleuies par les acides; elles 
contiennent probablement de l'acide phyllocyanhydrique, qui les rend suscep- 
tibles de verdir à la lumière. 

e. La décoloration de la. chloropkylle. causée par la lumière solaire a lieu 
en dehors dela présence de l'oxygéne; il n'y a donc là aucun phénomène 
d'oxydation. En opposition” à üne “opinion généralement admisé depuis Sé- 
nebier (Mém. phys. et chim. sur P'inftuence de la lumière solaire, t. VII, 
p. 211), l'auteur pense qu'il y a là une réduction, et cela à cause de l'analogie 
complète qui existe entre l'action de la lumière solaire et celle de l'hydrogène 
à l'état naissant. 

f. Les deux phénomènes, verdissement .et décoloration, soit oxydation 
d'une part et réduction de l'autre, doivent conduire à la détermination du 
róle que joue la chlorophylle dans l'assimilation du carbone. 

21. M. Kaufmann a communiqué ses recherches sur le développement de la 
cyme scorpioide des Borraginées. Il s'est convaincu que ce mode d'inflores- 
cence est dû à la dichotomie répétée du sommet d'un bourgeon axillaire. L'une 
des deux branches de la bifurcation se termine par une fleur, l'autre se par- 
tage à nouveau. Les plans dans lesquels ces dichotomies se suivent ne restent 
pas parallèles l'un à l'autre, mais sont alternativement inclinés à gauche et à 
droite; il en résulte la disposition sur deux séries que l'on connait. En outre, 
ces plans s'écartent toujours de plus en plus del'axe du bourgeon axillaire 


26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


primitif, ce qui produit l'enroulement de l'axe commun de toutes les fleurs. 
Comme les deux plans de partition sont toujours disposés perpendiculairement 
à la surface de la feuille (axillaire par rapport au bourgeon d'oü ils émanent), 
on s'explique aisément pourquoi les bractées sont situées latéralement par 
rapport aux fleurs. | 

22. M. Borodin a traité des relations de l'amidon avec la chlorophylle. 
M. Caspary avait contesté que l'Z/odea canadensis renfermát des grains de 
chlorophylle portant de l'amidon avec eux, ce qui, suivant l'auteur, n'est 
pas exact. 

Ordinairement, dit-il, les grains amylacés sont situés à l'extérieur des cor- 
puscules verts; mais souvent ceux-ci se composent de deux parties, dont l'une 
est la chlorophylle et l'autre l'amidon. Ces deux moitiés sont parfois séparées 
par une ligne brillante. A la base des feuilles de l’ Z7odea se trouvent des grains 
d'amidon libres. M. Borodin a observé quelque chose d'analogue chez le 
Vaucheria sessilis, où les gouttelettes huileuses se conduisent à la lumière de 
méme que l'amidon chez d'autres plantes. Ces gouttelettes sont habituelle- 
ment situées entre les grains de chlorophylle; et, lorsque ceux-ci sont en 
petit nombre, à chacun d'entre eux est attachée une petite gouttelette huileuse. 
Il semble que la substance grasse se forme d'abord dans l'intérieur du grain 
de chlorophylle et glisse plus tard en dehors de lui. 

23. M. Kaufmann, qui a fait la dernière communication au congrès, a an- - 
noncé que, d'après M. Fedtchensko, qui a fait partie d'une expédition scienti- 
fique dans le Turkestan, le Sumbul, qu'il a rencontré dans le voisinage de 
Samarkand, est une Fougère. Le parfum caractéristique de cette plante appar- 
tient au rhizome tout aussi bien qu'aux feuilles (1). 


Ueber den Blüthenbau von Tropæolum (Structure de la 


fleur des ); par M. P. Rohrbach (Bot. Zeit., 1869, n° 50, avec 
une planche). 


Il résulte des recherches de l'auteur que l'appareil floral de la Capucine 
comprend une bractée-mère, puis deux préfeuilles non développées chez la 
plupart des espèces; un calice et une corolle, dont les cinq éléments sont dis- 
posés suivant la spire 2; un androcée diplostémone, réduit par avortement, 
parce que les deux derniers éléments du verticille d'étamines superposé aux 
pétales ne se développent pas dans les fleurs normales. Le gynécée présenterait 
deux verticilles de cinq carpelles, car on a trouvé des fleurs anomales à cinq 
carpelles superposés tantót au calice, tantót à la corolle ; mais ordinairement 


il ne se développerait qu'un élément du verticille extérieur et deux du verti- 
cille intérieur. 


(1) Ces observations doivent être rapprochées de celles qui ont été produites devant la 
Société (t. xvui, Séances, pp. 8 et 17). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 27 


Verzeichniss einiger neuen Fundorte von Steinkohlen- 
Pflanzen in Bóhmen (Caíalogue de quelques localités nouvelles 
observées én Bohème pour des plantes du calcaire carbonifére) ; par 
M. Carl Feistmantel (Zotos, 1869, pp. 50-55). 


M. d'Ettingshausen a déjà publié, en 1852, un mémoire sur la flore du cal- 
caire carbonifère de Stradonic en Bohême, dans les Abhandlungen der K.-R. 
geologischen Reichsanstalt pour 1852. Il a indiqué dix-huit espèces fossiles 
dans ce travail. Plus tard M. le D* R. Andreä, dans un travail sur le terrain 
de Stradonic, publié en 1864 dans le Leonhard's Jahrbuch, en a fait con- 
naître trente, comprenant celles qu'avait observées M. d'Ettingshausen. 
M. Feistmantel, venu le troisiéme, porte le nombre connu des fossiles végé- 
taux de cette partie du bassin houiller de la Bohéme jusqu'à quarante-neuf. 
Aucune espéce n'est décrite par lui comme nouvelle. 


Notiz über Corydalis pumila Rchb. und Cagea pusilla 


Schuit. der Prager-Gegend, par M. L. Celakovsky (ibid., pp. 82- 
86). 


M. Neilreich a regardé le Corydallis (1) pumila Rchb. (Fumaria pumila 
Host) comme une espéce à peine distincte du C. fabacea Pers. M. Cela- 
kovsky regarde ces deux types comme parfaitement distincts ; il en indique les 
différences. Il résulte de ses ohservations que les bractées doivent perdre un 
peu de la valeur qu'on y a attachée dans la classification des Corydallis ; et 
que la section Bulbocapnos en particulier de ce genre doit être divisée en 
deux groupes, que l'on pourrait nommer laterales et centrales. Au premier 
appartient le C. cava et probablement aussi le C. Marschalliana Pers. 
Dans cette première division, la tige est insérée latéralement sur le tubercule, 
et dépourvue inférieurement de toute feuille squammiforme ; le tubercule se 
creuse avec le temps, grossit considérablement et se recouvre de fibres radi- 
culaires sur divers points de sa surface. Dans les espèces de la seconde division, 
la tige est centrale, terminale et pourvue à quelque hauteur au-dessus du 
tubercule de une ou de deux feuilles, et le tubercule, qui reste petit et .se 
régénére toujours intérieurement, ne porte des racines, disposées en croix, 
qu'à son extrémité inférieure. Le C. fabacea et le C. pumila sont plus voisins 
entre eux qu'ils ne le sont du C. digitata. . l 

Quant au Gagea pusilla Schult. (Ornithogalum Clusii Tausch), il paraît 
que la plante indiquée sous ce nom par d'anciens botanistes en Bohême n'est 
qu'une forme uniflore du G. arvensis. 


(4) Nous croyons devoir continuer à suivre cette orthographe, déjà employée dans le 
Bulletin. 


98. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Neue Mittheilungen über einige Pflanzen der bóhmis- 
chen Flora (Nouvelles communications sur quelques plantes de la flore 
de Bohême); par M. Lad. Celakovsky (Lotos, 1869, pp. 186-173). 


Ces observations concernent Jes espèces suivantes : Carex pilosa Scop.; 
Allium vineale. L. var. capsuliferum Lange; Rumex maritimo-conglome- 
ratus, nouvel hybride trouvé par l’auteur dans les environs de Chrudin ; 
Galium polymorphum Knaf; Bidens radiata Thuill,; Adenophora suaveolens 
E. Mey.; Melampyrum subalpinum Kern. ; Prunella laciniata L.; Draco- 
cephalum austriacum L.; Myosotis cespitosa C.-F. Schultz; Limnanthemum 
nymphæoides Link; Rubus suberectus Anderson ; Spergularia marginata 
Kittel, etc. 


An clementary Course of Botany, structural, physiological and 
systematic ; 2* édition, 1870. 


La première édition de cet ouvrage, dû à M. le professeur Henfrey, dont 
la science regrette la perte prématurée, a paru en 1857. M. le docteur 
Masters, qui a publié la seconde, montrait une aptitude spéciale pour le côté 
morphologique du travail. Il n'a pas indiqué spécialement les corrections ni 
les additions qu'il a faites au texte primitif, mais celles que nous remarquons 
ont eu pour effet de maintenir le livre au courant de la science. M. Asa Gray, 
en signalant cette deuxième édition dans The american Journal, regrette 
qu'on n'ait pas profité de critiques de détail qu'il avait faites sur quelques 
passages de la premiere. 


Report of botanical Survey of southern and central Louisiana ; 
par M. A. Featherman (Annual Report of the Board of supervisors of 
Louisiana State University for the year, pp. 130). New-Orléans, 1871. 


M. lé professeur Featherman est chargé simultanément, dans l'Université 
de la Nouvelle-Orléans, de l'enseignement de la botanique et de celui des 
langues modernes. Nous devons signaler son livre à ceux qui s'occupent de la 
flore del'Amérique dà Nord, en les avertissant que sur les douze espèces énu- 
mérées et décrites par l'auteur comme nouvelles, aucune n'est admise comme 
telle, par M. Asa Gray, dans 7he american Journal, novembre 1871, p. 375. 
L Euphorbia Ludoviciana Feath. est le Phyllanthus carolinensis Walt., le 
Lilium Lockettii Feath. est le Crinum americanum L., etc. 


Sur un eas tératologique offert par PlHyssopus offi- 
cinalis L.; par M. Melchior Barthes (Annales de la Société d'horticul- 
ture et d'histoire naturelle de l'Hérault, 2° série, t. ut, n° 3, mai-juin 
1871, pp. 119-120). 


Dans ses deux premiers mérithalles inférienrs, la tige de ce pied d'Zys- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. | 29 


sopus est parfaitement ronde, unie ; l'anomalie consiste, dans le premier nœud, 
en trois feuilles exactement verticillées, munies chacune de son rameau axil- 
laire ; au second nœud se trouvent seulement deux feuilles, mais non opposées. 
Au troisième mérithalle se manifeste la tendance spirale, ainsi qu'une dévia- 
tion de la spirale; la tige se contourne, reste difforme, bosselée, munie, vers 
chacun des points qui devrait être un nœud, de trois feuilles rapprochées, 
équidistantes, à insertion unilatérale du cinquième au septième nœud, à inser- 
tion spirale aux nœuds les plus supérieurs. L'auteur pense que l'anomalie 
tient à la soudure des rameaux avec la tige-mère, qui devient alors ronde, et 
creusée de lignes spirales à sa surface. 


The fossil plants of the Devonian and upper Silurian 
of Canada (Les plantes fossiles du dévonien et du silurien supérieur 
du Canada); par M. J.-W. Dawson. Un volume de 100 pages, avec 20 
planches. Montréal, 1871, chez Dawson frères. 


Ce volume fait partie des publications faites dans l'Étude géologique du 
Canada, dont le directeur est M. Alfred R.-C. Selwyn. M. le docteur Dawson 
y a consigné les résultats de longues observations faites par lui sur les plantes 
fossiles des terrains anciens du Canada. A la fin de son important mémoire, il 
recherche comment la considération des plantes fossiles du Canada peut modi- 
fier les idées produites jusqu'ici sur l'origine et l'extinction de l'espèce. Si 
celle-ci est regardée par les botanistes comme ne variant pas actuellement 
dans les limites de l'observation humaine, M. Dawsou soutient qu'aucune 
variation ne peut être non plus admise, en pratique, dans le cours.d'une pé- 
riode géologique ancienne; il admet que daus les listes qui ont été dressées, 
bien des noms ne rcprésentent que de pures variétés oudes déterminations er- 
ronées, dans la flore actuelle et à plus forte raison dans celle des époques anté- 
rieures. On peut choisir, dit-il, dans la flore de chaque période géologique, cer- 
taines formes que l’on peut nommer des types spécifiques, et qu'ou peut 
regarder comme constants pour chacune de ces périodes, Quand on compare 
entre eux les types spécifiques de périodes immédiatement voisines, on remarque 
que les uns se continuent à travers de longs intervalles de temps, et que les 
autres sont représentés par des formes alliées regardées ou comme des variétés, 
ou comme des espéces, ou comme des dérivés, selon la vue que l'auteur a sur 
la permanence de l'espèce. D'un autre côté, on rencontre de nouveaux types 
qui ne peuvent dériver à l'aide d'aucune théorie de ceux qu'on connait dans 
la période précédente. Si celle-ci était pauvre, on pourrait supposer qu'on 
n’en connaît pas tous les éléments; mais si elle est riche, il est difficile de 
rendre compte par la théorie de la dérivation de l'existence de nouveaux types 
dans la période plus pauvre qui la suit immédiatement, comme, par exemple, 
dans l'érien inférieur et le carbonifère inférieur. 

Quand des types spécifiques disparaissent, saus anciens successeurs connus, 


30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans des circonstances où il semble impossible qu'on ait manqué d'observer leur 
continuation, on peut affirmer qu'ils se sont éteints, au moins localement; et si le 
champ est d'observation très-étendu, que cette extinction a été générale, au 
moins pour un grand pays tel que l’hémisphère septentrional américain. Si plu- 
sieurs types spécifiques se sont éteints en méme temps ou à peu de distance 
relative, on peut supposer que l'extinction résulte de changements physiques ; 
mais là oà les types disparus sont isolés daus l'ensemble de la série qui persiste, 
il n'est pas déraisonnable de conjecturer, comme l'a fait M. Pictet pour les ani- 
maux, que ces types ont été limités dans leur durée, et qu'ils ont cessé d'étre 
en dehors de toute influence extérieure. 

L'auteur fait remarquer d'ailleurs que si l'on admet que des formes spéci- 
fiques ordinaires, aussi bien que de simples variations, peuvent étre dans cer- 
tains cas formées par dérivation, ceci n'exclut aucunement l'idée que des types 
spécifiques primitifs peuvent prendre naissance d'une autre maniére. Il com- 
pareles types spécifiques irréductibles auxquels pourront parvenir les natu- 
ralistes aux corps élémentaires obteuus par les chimistes, et la position de 
certains théoriciens modernes à l'endroit de cette question à celle où étaient 
les anciens chimistes par rapport aux éléments chimiques. 

Il reconnait qu'il faut tenir un grand compte des considérations géogra- 
phiques. Il insiste sur les caractéres similaires que présentent, en Amérique 
et en Europe, la flore de l'étage érien et celle de l'étage carbonifère, qui prou- 
vent une contemporanéité et un point de contact entre les deux hémi- 
sphéres vers le nord de l'Atlantique. 

M. Dawson s'est principalement occupé des relations qu'on peut recon- 
naitre entre les deux flores paléozoiques les plus importantes de l'Amérique du 
Nord, la flore érienne et la flore carbonifére. La flore érienne est relativement 
pauvre, et ses types sont pour la plupart similaires à ceux du carbonifere. Les 
uns, en petit nombre, apparaissent de nouveau, sous des formes identiques, 
dans la formation houillére moyenne ; un grand nombre sous des formes voi- 
sines ; quelques-unes disparaissent simultanément. La flore érienne du New- 
Brunswick et du Maine se trouve côte à côte avec la flore carbonifére de la 
méme région ; mémes relations entre les deux flores du New-York et de la 
Pennsylvanie. Dans le Canada on trouve, se suivant exactement, les flores du 
silurien supérieur, de l'érien inférieur, moyen et supérieur, et des trois étages 
du terrain carbonifère. Toutes ces flores sont composées en grande partie de 
types similaires, bien qu’elles soient séparées par des affaissements ou des 
preuves d'actions souterraines trés-intenses, mais ne se retrouvant pas dans 
d'autres régions. 

L'auteur, qui ne parait pas admettre d'une maniere étendue la dérivation 
des types, indique cependant comment elle peut se produire dans certains cas, 
soit par la tendance naturelle des types synthétiques à se spécialiser dans la 
direction de l'un ou de l'autre de leurs éléments constituants ; soit par un 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 31 


retard ou une accélération dans le développement de l'embryon ; soit par des 
faits géologiques qui ont dû modifier sur certains points la constitution oro- 
graphique du sol dans ces périodes reculées, savoir dans l'érien moyen, un 
affaissement qui a obligé la flore à se concentrer sur des ílots oü la lutte vitale 
a dà étre plus vive, et, à la fin de cette période, au contraire, une élévation 
qui a dû fournir des sols fertiles et des aires étendues à l'expansion des 
especes (1). 

Une lecture a été faite sur le méme sujet, par M. Dawson : On fhe precar- 
boniferous floras of north-eastern America, with especial reference to that 
of the Erian period, — à la Société royale de Londres le 5 mai 1870 ; elle 
est publiée dans les Proceedings de cette Société, vol. xvin, n° 119, p. 333. 


On the arrangement and morphology of the leaves of 
Baptisia perfoliata ; par M. Ravenel (The american Journal, 
décembre 1871, pp. 462-463). 


M. Ravenel a lu sur ce sujet, à l'American Association for the advance- 
ment of science, un mémoire dont nous empruntons l’analyse à M. Asa Gray. 
M. Ravenel a expliqué la cause de la torsion de la tige du Baptisia, par 
laquelle ses feuilles, sur les ramuscules supérieurs, deviennent unilatérales. 
Ces feuilles sont disposées sur deux rangs et paraissent l'étre sur un seul, parce 
que les mérithalles se tordent alternativement en sens opposé, de manière que 
toutes les feuilles deviennent superposées. Les feuilles de cette plante sont 
disposées verticalement comme les phyllodes des Z'ucalyptus et des Acacia. 
M. Ravenel a reconnu que les stomates sont disposés en nombre égal sur 
chacune de leurs faces. Ils n'apparaissent que quand la feuille a déjà atteint 
un certain degré de développement. Au contraire les feuilles du Baptisia leu- 
cantha et celles du B. australis, qui demeurent horizontales, ne portent de 
stomates que sur une de leurs faces. Les feuilles de ces espèces, ainsi que 
celles du B. alba et du B. perfoliata, sont à la base de la tige principale dis- 
posées en ordre tristique, mais deviennent bientót distiques aprés le premier 
ou le deuxième tour de spire. . 

On sait que la forme des feuilles du B. perfoliata est toute particulière. 
Une anomalie trouvée par M. Ravenel lui a permis d'expliquer cette forme. La 
feuille en apparence simple, entière et perfoliée du B. perfoliata, résulterait 
d'une foliole soudée à une paire de stipules, ce qui la rapproche des feuilles 
des autres espèces du méme genre. 


(4) Nos lecteurs auront sans doute remarqué que le terme d'étage érien, employé pat 
les géologues américains parce que cet étage est trés-développé aux environs du lac 
Érié, équivaut à celle d'étage dévonien. 


52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE :DE FRANCE. 


Algæ japonicæ Musei botanici Iugdumo-hatavi; auctore 
W.-F.-R. Suringar. Un volume in-4° de 39 pages, avec 25 planches 
chromo-lithographiées. Harlem, 1870. 


Les espèces décrites dans ce mémoire ont été recueillies par MM. de Siebold, 
Bürger, Textor, Bisschop et par l’auteur lui-même. Ces espèces sont au 
nombre de soixante-dix-sept, dont vingt-deux établies par M. Suringar. 
Celles-ci font l’objet de descriptions détaillées. Lesfigures, qui sont fort belles, 
ont été dessinées par MM. Suringar et Kouwels. 


Description de quelques espèces nouvelles de Poten- 
tilles de la section Vernales, observées aux environs de Wis- 
sembourg ; par M. Ph.-J. Müller. 


Dans cette note autographiée, publiée en 1870, M. Ph.-J. Müller a décrit 
huit espèces nouvelles : Potentilla tomentulosa, P. stenoloba, P. obscurata, 
P. gracilescens, P. hirtella, P. incrassata, P. tenuifacta, P. minutiflora. 


. Prodromus Monographie Georwm ; auctore N.-Joh. Schentz. 
Un volume in-4? de 69 pages. Upsala, 1870. Extrait des Nova Acta Regiæ 
Societatis scientiarum. Upsaliensis, sér. ILI. 


Cette monographie débute par une histoire très-détaillée du genre Geum, 
que l'auteur subdivise en deux sections de la manière suivante : 


I. Calyx quinque-bracteolatus. 
A. Styli articulati. 
a. Carpellorum arista recta : 
I. Orthostylus : — G. heterocarpum Boiss. 
b. Carpellorum arista uncinata, 
* Calycis laciniæ in flore reflexæ. 
II. Calligeum (styli articuli æquilongi) : — G. chilense Balb., 
G. coccineum Sibth. et Sm. 
B Caryophyllastrum (styli articulus superior brevior) : — G. vir- 
ginianumL. , G. album Gmel., G. urbanum L., G. iberecium Bess. , 
G. molle Vis., G.. hispidum Fries, G. strictum Ait., G. aurantia- 
cum Fries, G. japonicum Thunb., G. agrimonoides C.-A. Mey., 
G. ircanum C.-A. Mey., G. magellanicum Commers., G. invo- 
lucratum Juss., G. parviflorum Commers. 
*** Calycis laciniæ in flore erecto-patulæ : 
a. Carpophorum longe stipitatum. 
IV. Caryophyllata. — G. nutans Lam., G. rivale L., G. pallidum 
C.-A. Mey., G. geniculatum Mx. 
b. Carpophorum sessile vel breviter stipitatum. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. $3 


V. Pseudocaryophyllata (styli articulus inferior longior) : — G. bra- 
chypetalum Ser., G. intermedium Ehrh., G. rubellum C.-A. Mey. 


VI. Pseudosieversia (styli articuli æquilongi) : — .G. silvaticum 
Pourr., G. pyrenaicum Willd., G. inclinatum Schleich., G. ca- 
pense Thunb. 


B. Stvli continui, non articulati. 

VII. Sieversia : — G. reptans L., G. montanum L., G. glaciale 
Adams, G. triflorum Pursh, G. micropetalum Gasparr., G. ane- 
monoides Willd., G. radiatum Mx, G. Pechii Pursh, G. rotun- 
difolium Langsd., G. calthifolium Menz., G. albiflorum Hook. 
fil, G. adnatum Wall., G. Rossi R. Br., G. elatum Wall. 

II. Calyx ebracteolatus, 

VIII. — Stylipus : — G. vernum Torr. et Gray. 

L'auteur a vu vivantes, à l'exception de deux espéces, toutes les plantes 
qu'il décrit. 


Natürliche Sehópfungs-Geschichte (Histoire naturelle de la 
création) ; par M. Haeckel. Un volume in-8°, 1870. 


C'est la théorie Darwinienne que M. le professeur Haeckel, d'Iéna, a exposée 
dans ce livre, en tenant compte des travaux récents de MM. Wallace, Huxley, 
Carpenter et J. Hooker. 

Pour M. Haeckel, à la base des deux régnes organisés se trouve l'embran- 
chement des protistes, créations ambigués, intermédiaires entre la plante 
et l'animal ; c'est le régne psychodiaire de Bory de Saint-Vincent. Cet embran- 
chement commence par le Monère, sorte d'amibe gélatineux qui vit dans les 
profondeurs de la mer, comprend les Diatomées, les Rhizopodes, beaucoup 
d'Infusoires, et se termine aux Éponges. 

L'auteur insiste davantage sur la partie zoologique de son sujet, repro- 
duisant des arguments qui sont connus de nos lecteurs, et sur lesquels 
nous n'avons pas à insister. Dans le régne végétal, la progression, dit-il, n'est 
pas aussi frappante que daus le régne animal, et cela parce que les plantes 
sont des organismes peu compliqués. Cependant les Algues marines ont paru 
les premiéres ; les Mousses et les Champignons à l'époque dévonienne, avec les 
Fougères et les Lycopodes. Pendant la période houillère, les Conifères et les 
Cycadées se sont réunies aux deux classes précédentes. L'apparition des Mono- 
cotylédones ne remonte qu'à la période jurassique ; celle des Dicotylédones 
est contemporaine de la craie; et dans cette division, les plantes dont la 
fleur n'est entourée que d'une seule enveloppe ont précédé celles qui offrent 
deux enveloppes florales. Les formes végétales ont donc suivi la méme évolu- 
tion que les formes animales. 

M. Haeckel termine son remarquable ouvrage sur l'histoire de la création 

T. XVIII. (REVUE) 3 


sh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


par la réfutation des principales objections qui ont été faites à l'ensemble des 
doctrines dont Lamarck, Goethe et Darwin ont été les promoteurs (1). 

On lirà avec intérét une étude de M. Ch. Martins inspirée par le livre de 
M. Haeckel et publiée dans la Revue des Deux Mondes, livraison du 15 dé- 
cembre 1874. M. Martins est, on le sait, le partisan convaincu des doctrines 
de l'école des métamorphoses ; pour lui, le Darwinisme, comme la méthode 
naturelle, sera un. jour la loi souveraine et universellement acceptée de la 
science des étres organisés. Nous relevons dans son article une comparaison 
intéressante. L'apparition d'un méme type morphologique, soit animal, soit 
végétal, à divers degrés de l'échelle, est encore un argument en faveur de la 
communauté d'origine, combinée avec des modifications subséquentes. Ainsi, 
dans le règne végétal, le type Renoncule reparait sous forme de Potentille 
dans les Rosacées, et d'A/isma dans les Monocotylédones aquatiques. 

M. Martins insiste de nouveau (2) dans cette publication, et nous sommes 
bien disposés à partager ses regrets, sur ce que les naturalistes francais ne 
tiennent plus la téte de la glorieuse phalange des explorateurs de la nature; 
si les Anglais et les Allemands nous ont devancés, c'est surtout par suite du 
manque de ressources matérielles sans lesquelles tout travail en physique, en 
chimie, en géologie, en botanique, en zoologie, est radicalement impossible. 
Que l'État et les municipalités se concertent donc pour améliorer nos établis- 
sements scientifiques, que le savant laborieux soit encouragé, et les choses 
changeront bien vite de face, à condition cependant que nous acquérions plus 
généralement la connaissance des langues étrangéres..... 


Ueber eine neue, von H. Prof. Kühn in Halle aufgestellte 
Uredineen-Gattung und Art Colyptrospore Goep- 
penrtíiane (Sur le Calyptrospora Goeppertiana, constituant un genre 
nouveau d' Urédinées, établi par M. le professeur Kühn de Halle); par 
M. Schneider (47° Jahresbericht der Schlesichen Gesellschaft für vater- 
lündische Cultur, 4810, p. 98). 


Ce Cryptogame nouveau a été découvert sur le Vaccinium Vitis idæa dans 
les montagnes des Géants. Il apparait comme une tache muqueuse sur la 
tige, plus rarement sur les pédoncules ou sur les feuilles. Les spores se trou- 


(1) Ceux de nos lecteurs qui désirent se tenir au courant des travaux de l'école Dar- 
winienne, liront avec intérét un mémoire publié par M. Moritz Wagner, l'explorateur de 
l'Amérique centrale, dans les Sitzungsberichte de l'Académie royale de Munich, 1870, 
t. 11, 2° livraison. Ce mémoire est intitulé : De l'influence qu'exercent l'isolement géo- 
graphique et la formation des colonies sur les modifications de forme des organismes. Ce 
procédé de modification est placé par l'auteur en regard de la théorie de la sélection 
naturelle. Pour M. Wagner, sans l'isolement géographique, c'est-à-dire si l'individu 
n'est pas séparé de la souche qui l'a produit, il est impossible, chez les animaux supé- 
rieurs à sexes séparés, qu'il se crée aucune variété constante ou espéce nouvelle. Les 
exemples de M. Wagner sont empruntés à la zoologie et aux régions qu'il a explorées. 

(2) Voy. le Bulletin, t. xv (Revue), p. 221. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 35 


vent pressées dans les cellules épidermiques et sont étroitement entourées par 
la membrane de la cellule ; elles sont irrégulièrement elliptico-prismatiques, 
obtuses supérieurement, d'un brun sombre, inférieurement arrondies et d'un 
brun brillant, généralement divisées en quatre parties par une partition cru- 
ciale, longues de 9-10 et larges de 8-9 mikromillim. D’après M. Kühn les 
spores germent au printemps, et il sort un germe de chaque division de la 
Spore. Les stérigmates sont courts, portent quatre sporidies; celles-ci sont 
sphériques et colorées en blanc. M. Fuckel a publié ce Champignon, sous le 
nom de Fusidium tumescens, dans ses Fungi rhenani, sous le n° 1653. 


Ueber die Familie der Compositen in Neuholland und 
Tasmanien; par M. Langner (ibid., pp. 127-133). 


Ce travail est simplement un extrait fait sur le Flora australiensis de 
MM. Bentham et.F. Müller, mais qui présente tout fait un travail fastidieux 
auquel on pourrait étre tenté de se livrer dans des recherches de géographie 
botanique, et important, puisque l'Australie ne renferme pas moins de quatre 
cent quatre-vingt-seize espèces de cette famille. L'auteur a longuement re- 
cherché combien de ces espèces étaient répandues dans une ou plusieurs des 
régions de la Nouvelle-Hollande; peut-étre ne posséde-t-on pas encore de 
documents assez étendus pour que ce travail puisse étre exécuté avec fruit. Il 
n'en est pas de méme de la comparaison de la végétation australienne avec 
celle des autres pays. Les Composées non exclusivement australo-tasmaniennes 
sont au nombre de cinquante-cinq. Parmi elles se rencontrent en premier 
lieu Bidens tripartita L., Cotula coronopifolia L., Gnaphalium luteo- 
album L., Hypochæris glabra L., Picris hieracioides L., Sonchus ole- 
raceus L. et S. asper All. 

La grande masse de ces cinquante-cinq espèces appartient à l'Asie méri- 
dionale, d’où elle s'étend, d'un côté jusqu'en Afrique, de l'autre à la Chine, 
atteignant la Nouvelle-Hollande, là Nouvelle-Zélande et méme le continent 
américain. Il n'y a que dix Composées communes entre l'Australie et la Nou- 
velle-Zélande, et trois entre l'Australie, la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle- 
Calédonie; enfin une seule avec l'Amérique tropicale, et méme extra-tropi- 
cale, avec l'Afrique méridionale et méme Formose, Timor et Bornéo. 

L'auteur n'a pas compris dans ces recherches trente-trois espèces de Com- 
posées qu'il regarde comme introduites à la Nouvelle-Hollande ; la plupart de 
celles-ci sont communes en Europe. Une vient du Cap, le Cryptostemma 
calendulacea R. Br. 


Ueber das Harz der Tampico-Jalape (Sur la résine du Jalap de 
Tampico); par M. H. Spirgatis (Sitzungsberichte der k. b. Akademie der 
Wissenschaften zu München, 1870, t. 11, 2° partie, pp. 125-133). 


Dans l'état actuel de la science, les Jalaps du Mexique sont considérés 


36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


comme produits par trois espèces mexicaines, l'/pomea Purga Wend., l'I. 
orizabensis Pelletan et 17. simulans Hanbury. C'est ce dernier, décrit par 
M. D. Hanbury dans le onziéme volume des Proceedings de la Société Lin- 
néenne de Londres, qui vient de Tampico et qui fournit le Jalap dit de 
Tampico. Ce Jalap se présente en tubercules d'un brun sombre trés-analogues 
à ceux du vrai Jalap, piriformes ou sphériques, lourds, ou en fragments 
coupés provenant de tubercules plus légers et plus clairs de couleur. Ordinai- 
rement ces tubercules sont moins ondulés que ceux du vrai Jalap et plus forte- 
ment colorés à l'intérieur. Ces tubercules sont toujours entremélés à des 
stolons longs d'un demi-pied environ, épais de quatre pouces, amincis aux 
deux extrémités, légers, quelquefois fendus dans leur longueur, extérieure- 
ment ridés et d'un brun noir, intérieurement d'un blanc de lait. 

L'auteur a nommé tampicine la résine qu'il a extraite de ces tubercules. 
Les propriétés de cette substance la rapprochent beaucoup de la convolvuline ; 
elle s'en distingue cependant parce qu'elle est soluble dans l'éther, du moins 
quand le Jalap de Tampico n'est point mêlé d'un autre Jalap. En absorbant 
de l'eau en présence des bases énergiques, la tampicine, comme la convolvu- 
line, se transforme en acide tampicique, soluble dans l'eau. Tandis que Mayer 
a donné pour la formule de la convolvuline C3'H590!6, M. Spirgatis a obtenu 
pour celle de la tampicine C?^H550!4. La tampicine appartient comme la 
convolvuline à la classe des glucosides, car elle peut se dédoubler en sucre et 
en un acide gras. 


Ueber die Veranderung einiger Blumem und Blüthen- 
farben durch Ammoniakgas (De la modification que produit 
le gaz ammoniac sur la couleur de quelques fleurs); par M. Vogel 
(Sitzungsberichte der k. bayer. Akademie der Wissenschaften zu 
München, 1870, t. 11, 1'* partie, pp. 14-26). 


Comme résultat général, l'auteur insiste sur la différence d'action que 
possède l'ammoniaque sur les matières colorantes des fleurs, selon que ces 
matières sont dissoutes dans le suc cellulaire ou retenues dans des corpuscules. 
Dans ce dernier cas l'action exercée est beaucoup plus faible. Ainsi les cor- 
puscules jaunes persistent presque sans altération aucune aprés le contact de 
l'ammoniaque, ou bien prennent une coloration plus intense, qui peut méme 
passer au rouge, ou au brun-rouge (Zinnia). Ce genre est fort singulier, 
parce que dans la couche supérieure des cellules de ses fleurs on trouve une 
séve d'un rouge bleuâtre et des corpuscules orangés; tandis que la couche 
inférieure ne renferme qn'une séve incolore avec quelques corpuscules d'un 
jaune clair. Quand les corpuscules qui renferment la matière colorante des 
fleurs ont une teinte bleue, ils restent non modifiés aprés l'action de l'ammo- 
niaque, ou bien ils deviennent d'un vert sale, ou ils blanchissent. Les solutions 
colorées, si elles sont bleues, passent toujours au vert. L'action de l'ammo- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 37 


niaque ressemble souvent à celle de la sécheresse ; cependant le Lotus corni- 
culatus, qui verdit spontanément et assez vite, résiste pendant douze heures 
à l'action de l'ammoniaque. 

L'auteur a fait sur les couleurs de quatre-vingt-six plantes différentes des 
expériences dont il rapporte les résultats sous forme de tableau. 


Note sur quelques produits de la Nouvelle-Calédonte ; 
h° série, par M. J.-Léon Soubeiran (Journal de pharmacie et de chimie, 
t. X, pp. 147-215). 


Les produits de la Nouvelle-Calédonie sur lesquels M. Soubeiran a appelé 
l'attention de la Société de pharmacie, ont été envoyés par M. Bavay, phar 
macien de la marine, qui a fait un séjour prolongé à la Nouvelle-Calédonie. 

Les indigènes de cette île désignent sous le nom d'Oudiépé une résine qu'ils 
obtiennent par la mastication des bourgeons de divers Gardenia. Tout fai 
penser à M. Soubeiran que l’Oudiépé pourrait être appliqué aux mêmes 
usages que le Dikkamali des Indiens, fourni par les Gardenia gummifera 
L. et G. lucida Roxb., usité comme antiseptique dans la thérapeutique chi- 
rurgicale aux Indes anglaises. 

Le Kaori des Néo-Calédoniens est une résine d'un blanc jaunátre, à cassure 
nette, brillante, aussi dure que la colophane, qui découle du tronc de plusieurs 
Dammara (Dieou dans le dialecte du pays). 

Le Morinda tinctoria Roxb. fournit l'écorce de ses racines, de laquelle 
M. Bavay a retiré de l’alizarine, et qui, réduite en fragments et bouillie avec 
les feuilles d'une Myrtacée voisine du Barringtonia, donne une couleur 
rouge, employée par les indigènes pour la teinture en rouge. 

Le Peziza Auricula Judae, assez commun à certaines époques sur les 
arbres en décomposition à la Nouvelle-Calédonie, est desséché par quelques 
industriels, qui l'exportent en Chine, pour y servir d'aliment, disent les 
uns, pour entrer dans la préparation de la laque, disent les autres. 

L'écorce aromatique de l'Ocotea aromatica fournit une essence d'une odeur 
agréable, mais qui diffère sensiblement de celle de l'écorce méme. 

Le Santalum austro-caledonicum Vieill. (Tibeau des Néo-Calédoniens), 
autrefois trés-abondant dans l'ile, y est aujourd'hui devenu trés-rare, en 
raison de l'exploitation exagérée qui a été faite de son bois citrin, très- 
odorant et de trés-bonne qualité. Il fournit une essence jaune trés-agréable 
Le Santal est souvent, à cause de sa rareté, remplacé par le bois du Myopo- 
rum tenuifolium Forst. , qui, très-agréablement odorant sur sa cassure fraiche, 
perd rapidement son odeur suave. - 

L'Andropogon Schænanthus L. est employé par les indigènes dans les 
dérangements d'entrailles auxquels ils sont sujets. 11 donne par distillation une 
eau aromatique employée avec avantage dans le traitement des ulcères et des 
rhumatismes. Cette espéce se rapproche beaucoup, par conséquent, de l'An- 


38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dropogon pachnodes Trin., dont l'essence est usitée aux Indes dans les affec- 
tions intestinales et les embarras gastriques , en embrocations dans les rhuma- 
tismes et névralgies. 

Mais le plus intéressant de ces produits est certainement le Melaleuca viri- 
diflora Gàrtn. (Niaouli). L'écorce de cette Myrtacée offre une partie subé- 
reuse divisée en nombreux feuillets trés-minces, employés par les indigènes 
pour garnir l'intérieur de leurs cases, calfater les coutures de leurs pirogues, 
faire des torches, etc. Les feuilles de Niaouli fournissent par distillation une 
essence incolore ou jaune, d'une odeur ácre, aromatique, d'une saveur chaude 
et piquante ; elle est peu volatile, soluble dans l'eau, mais plus encore dans 
l'alcool. Cette essence doit étre rapprochée de celle de Cajeput, fournie éga- 
lement par un Melaleuca, et peut-être aussi de celle d' Z'ucalyptus. 


Sur deux produits de l'Agarie blane; par M. G. Fleury 
(Journal de pharmacie et de chimie, 1870, t. x, pp. 202-204). 


L'un de ces produits est la résine d'agaric. C’est une matière d'un rouge 
brun quand elle est en masse, blonde à l'état pulvérulent, insoluble dans 
l'eau, mais trés-soluble dans l'éther et dans l'alcool. Elle donne des précipités 
avec la plupart des sels métalliques. Elle est un peu amére; elle purge à la dose 
de 057,15, mais faiblement. 

Le deuxième corps est l’acide agaricique, blanc, cristallisable en aiguilles 


microscopiques, qui se groupent en faisceaux, fusible à 145°, 7. Les solutions 
alcalines le dissolvent en devenant visqueuses. 


Note sur les Bassia de l'Inde; par M. J.-Léon Soubeiran (Jour- 
nal de pharmacie et de chimie, t. x, 4870, pp. 410-413). 


Ces arbres de la famille des Sapotacées croissent dans l'Inde depuis les 
bords de la mer, qui leur sont les plus propices, jusque sur les montagnes, 
où ils peuvent supporter un froid vif en hiver. Les fleurs fournissent par 
fermentation une assez forte proportion d'un alcool aromatique. Cette derniere 
liqueur est douée d'une odeur âcre et fétide qui disparaît avec le temps; elle 
est trés-employée par les indigènes, mais elle provoque sur les Européens 
fraichement débarqués des troubles de l'estomac, considérés comme une des 
causes les plus énergiques de la mortalité des troupes enyoyées en garnison 
dans l'Inde. 

L'huile qu'on retire des fruits avec l'ébullition et la pression est employée 
pour enduire le corps. Jaune, solide à la température ordinaire comme de 
l'huile de coco, elle offre une trés-grande ressemblance avec du beurre, mais 
en différe par une odeur forte, qui disparait en partie au feu. Cette huile, 
outre ses usages culinaires pour le bas peuple, est aussi employée comme 
combustible, bien qu'elle brüle avec une odeur et une fumée détestables et 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 39 


suffocantes, au point que tout animal, insecte, rat ou serpent, qui ne peut 
sortir des huttes, ordinairement closes avec le plus grand soin pendant la mau- 
vaise saison, périt infailliblement, tandis que les Indous peuvent résister à 
cette infection. — Trois espèces de Bassia, B. longifolia Roxb., B. lati- 
folia Roxb. et B. butyracea, sont employées aux Indes. 


Arrangement for cross-fertilization of the flowers of 
Scrofularia nodosa (De la disposition quoffrent les fleurs du 
Scrofularia nodosa à /a fécondation croisée); par M. le docteur Farlow 
(The american Journal, Aug. 1871, pp. 150-151). 


M. Farlow, qui est attaché à l’enseignement de M. le professeur Asa Gray, 
à remarqué que dans le bouton fraîchement ouvert du Scrofularia nodosa, la 
partie supérieure du style est pliée en avant de manière à présenter le stigmate 
à l'action du pollen, juste au-dessus de la lèvre inférieure étalée de la corolle; 
les anthères, non encore ouvertes, sont hors de vue à la base de la corolle, 
` leurs filaments étant fortement recourbés. Sur un bouton d'un ou de deux 
jours plus vieux, le style s'est flétri, et les filaments se sont étendus de manière 
à porter les quatre anthères jusqu'à la gorge de la corolle à la base de la 
corolle, juste derrière le stigmate, en s'ouvrant par une déhiscence transver- 
sale, mais trop tard pour que la fécondation leur soit due. Elle est d'ailleurs 
exécutée par le transport du pollent dont se chargent les abeilles, qui visitent 
fréquemment ces fleurs. i 


Ueber zwei neue in Schlesien gefundene Artem aus 
Familie der Uredineen (Sur deux espèces nouvelles de la fa- 
mille des Urédinées trouvées en Silésie) ; par M. W.-G. Schneider (48° 
Jahresbericht der Schlesischen Gesellschaft für vaterländische Cultur, 
pp. 170-171). 

L'Uromyces Prunellæ a été suivi dans ses trois phases sur le Prunella 
vulgaris. Les téleutospores sont brunes, largement ovales ou presque rondes, 
àvec un sommet large et plus clair ; la tige est trés-courte. L'OEcidium de 
cette espèce est muni de faux périthéciums blancs et dentés, l'Uredo de spores 
brunes arrondies. | 

Le Puccinia caulicola a des téleutospores allongées, comprimées à la base, 
étranglées dans leur milieu, brunátres, dépourvues de pédoncules; les compar- 
timents (fücher) sont presque arrondis, plus larges que hauts. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Notiz über die einheimischen Cinclidotus-Arten (Notice sur les n 
indigénes de —); par M. P.-G. Lorentz (Botanische Zeitung, 4869, n° 34). 


A0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Uebersicht der in südlichen Bóhmen, insbesondere in den weiteren Umge- 
bungen von Krumau vorkommenden Farrenkräuter (Revue des Fougères qui 
se rencontrent dans le sud de la Bohême, et particulièrement dans les envi- 
rous de Krumau) (Lotos, 1869, pp. 21-24). 

Illustrations de la flore de l'Archipel indien; par M. F.-A.-W. Miquel, in-4° 
avec 25 planches, en deux parties séparées; valant ensemble 21 fr. 25. 

On the Physiks of arctic ice (Sur les phénomènes des contrées glaciaires 
arctiques) ; par M. Robert Brown de Campster (Proceedings of the geologi - 
cal Society of London, n* 105, février 1871). 

Untersuchungen über die Vegetation des N.-W. deutschen Tieflandes 
(Recherches sur la végétation des pays bas du nord-ouest de l'Allemagne); 
par M. Focke(Giebel's Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften, 
février 1871). 

Ueber Pilz-Epidemien bei den Insekten (D'une épidémie de Champignons 
sur les insectes); par M. le prof. F. Cohn (Siebenundvierzigster Jahres- 
bericht der Schlesischen Gesellschaft für vaterländische Cultur, Breslau, 
1870, pp. 85-87). 

Verzeichniss der im Jahre 1869 bekannt gewordenen Fundorte neuer und 
weniger häufiger Phanerogamen und Gefässkryptogamen Schlesiens (Cata- 
logue de localités nouvelles, découvertes en 1869, pour des phanérogames 
et des cryptogames vasculaires de Silésie, nouvelles ou rares); par M. Engler 
(ibid., pp. 103-120). — On trouvera dans cette liste une étude spéciale de 
l Hieracium dovrense Fries et du Galium aristatum Fries. 

Verzeichniss neuer Standorte (Énumération de localités nouvelles); par 
M. J. Milde (ibid., pp. 120-114). Nous devons signaler dans ce travail la 
description de trois Mousses nouvelles, Brachythecium Geheebii Milde, Po- 
lytrichum anomalum Milde, et Barbula insidiosa Jur. et Milde. 


NOUVELLES. 


(Mars 1872.) 


— Aux pertes que la sciencea faites depuis deux ans, et que nous avons 
mentionnées dansle dernier cahier de Revue, nous devons ajouter celle de M. le 
baron Karl von Hügel, décédé à Bruxelles le 2 juin 1870 à l’âge de soixante- 
quinze ans, bien connu par ses voyages botaniques en Australie et en Asie. 1l 
a été le fondateur de la Société d'horticulture de Vienne. C'est sous sa direction 
que fut créé à San Donato (Florence) le jardin Demidoff, autrefois le plus 
riche de l'Italie. Il est l'auteur de plusieurs publications : Orchideensammlung 
in Fruhjahr (Vienne, 1845), où sont énumérées 1080 espèces; Zotanisches 
Archiv des Gartenbaugesellschaft des Œsterreichischen Kaïserstaat (Vienne, 
1847). Les espèces nouvelles qu'il avait découvertes en Australie en 1833 ont 
été décrites dans l'ouvrage intitulé Enumeratio Plantarum quas in Nova- 
Hollandia collegit C.-L. de Hügel, 1837. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. M 


— M. Pietro Savi, professeur de botanique à l'Université de Pise, et 
directeur du jardin botanique de cette ville, est décédé le 9 aoüt der- 
nier. M. Savi était depuis quelque temps éloigné de l'enseignement par 
l’altération de sa santé. Les premiers travaux botaniques que nous con- 
naissions de ce professeur distingué (sur l'/ris chameæiris, sur le Sarotea 
blentinensis) remontent à l'année 1839. On trouvera dans un opuscule 
consacré à sa mémoire, dû à la plume de M. le baron Philippe Narducci 
Boccaccio, et publié par les soins de sa veuve, tous les détails bibliographi- 
ques nécessaires pour retrouver ses écrits dans les bibliothàques. Cet opus- 
cule a paru à Macerata en 1871, typ. Mancini ; il est intitulé: A rendere 
più onorato il nome del cav. Pietro Savi, pr: f. di botanica nella R. Uni- 
versità di Pisa, mancato il 9 agosto 4871, Fausta Molinari, di lui con- 
sorte amantissima dolentissima con ogni cura e sollicitudine queste pa- 
role di elogio divolgavane, che il barone prof. Filippo Narducci Boccaccio 
da lei instantamente incaricato alla memoria offerendevole dell" amico vo- 
lonterosamente scriveva. 


— Le Times du 12 décembre dernier a annoncé la mort de M. B. See- 
mann, directeur des mines de Javali au Nicaragua. M. Seemann est mort, peu 
aprés son arrivée à la mine, d'une fiévre qu'il avait contractée à Colon, le 
10 octobre. Le Gardeners’ Chronicle du 30 décembre contient un portrait 
et une étude biographique du savant décédé, ainsi que le premier numéro de 
la 2* série du Journal of Botany, maintenant édité par MM. Henry Trimeu 
et J.-G. Baker. 

M. B. Seemann était né en 1825 à Hanovre. Son premier mémoire fut 
écrit par lui dans sa dix-septième année. D'abord attaché au jardin botanique 
de Kew, alors dirigé par M. J. Smith, curator, il fut, gráce à la recomman- 
dation de Sir W. Hooker, adjoint comme naturaliste au voyage de l’Æerald en 
1846. En traversant l'isthme de Panama pour rejoindre ce vaisseau, il y fit 
d'amples matériaux, et plus tard, pendant trois ans, partagea ses courses aven- 
tureuses (voyez le Narrative of the voyage of H. M. S. Herald). Durant 
ces voyages, il visita les déserts du Pérou et les Cordillères en compagnie de 
M. Bedford Pim, avec lequel il parcourut tout récemment le Nicaragua (princi- 
palement le district de Chontalés et la côte des Mosquitos); dans une autre 
exploration il traversa la Nouvelle-Ségovie, les provinces occidentales du 
Mexique, la Sierra Madre, de Mazatlan à Durango, dans des pays trou- 
blés par les incursions des Apaches, où il faillit laisser la vie. Trois fois l’Æe- 
rald alla croiser par le détroit de Behring dans les latitudes polaires; à son 
retour, il toucha à Hong-Kong, à Singapore, au cap de Bonne-Espérance, 
à Sainte-Hélène et à l'Ascension, et atteignit l'Angleterre le 6 juin 1851. En 
1853 parut le Narrative, et de 1852 à 1857, le Botany of H. M. S. 
Herald, renfermant les flores des Esquimaux, de l'isthme de Panama, du 


A2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Mexique occidental et de l'ile de Hong-Kong, ouvrage pour lequel M. J. 
Hooker a fourni les analyses des planches dessinées par M. Fitch. M. Seemann 
reçut alors de l'université de Gættingue le titre de docteur en philosophie, 
et fut honoré de celui de membre de l'Académie des curieux de la nature, 
sous le cognomen de Bonpland. 

C'est en 1853 que M. Seemann commenca la publication du Bonplandia, 
recueil allemand in-4° édité à Londres et publié à Hanovre, dont le dixième 
et dernier volume est de 1862. 

En 1859, M. Seemann, toujours infatigable, demanda et obtint d'étre 
adjoint à l'expédition dirigée aux iles Viti ou Fiji par le colonel Smythe ; 
d'où la publication du Flora vitiensis, ouvrage dont les neuf premières 
parties ont été successivement analysées dans ce Bulletin, et dont la der- 
nière, renfermant la cryptogamie et due à la ‘collaboration de divers bota- 
nistes, doit paraitre prochainement. 

Le Bonplandia, ne paraissant plus, fut remplacé par le Journal of Botany, 
British and foreign, pour lequel les fréquentes absences de M. Seemann le 
forcérent souvent de recourir à l'obligeante collaboration de MM. Trimen et 
Baker. En 4864 et 1866, il fit pour le compte de capitalistes français et hol- 
landais de nouveaux voyages dans l'Amérique centrale. Le résultat de ces 
explorations fut l'acquisition, par des capitalistes anglais, des mines d'or de 
Javali, situées dans les Chontalés, et où il est décédé dernièrement. 

La liste des publications de M. Seemann, tracée dans le Catalogue de la 
Société royale, comprend 58 numéros. C'est à lui que M. Regel a dédié une 
Gesnériacée qui est aujourd'huile Seemannia silvatica Haust. 


— Nous avons le regret d'annoncer à nos lecteurs la mort de M. le docteur 
Spring, décédé à Liége le 17 janvier dernier dans sa cinquante-neuvième 
année. Allemand de naissance, M. Spring, nommé professeur de physiologie 
à l'université de Liége, avait fait de la Belgique sa patrie d'adoption. Il a pu- 
blié des travaux de médecine, de physiologie et de géologie, mais il était 
surtout connu des botanistes par sa monographie des Lycopodium et des 
Selaginella. 


— M. le professeur Th. Caruel nous prie de modifier en partie la nou- 
velle qui le concerne, donnée dans le dernier cahier de Revue (t. xvii, 
Revue, p. 190), d’après des informations erronées. C'est M. Delponte qui est 
maintenant professeur de botanique à l'Université de Turin. M. Th. Caruel 
est attaché au méme titre à l'Université de Pise, et directeur du jardin bota- 
nique de cette ville. 


— D'après une communication faite à la Société des sciences de Geettingue, 
par M. Wicke, lavaleur nutritive de certains Champignons, calculée sur la sub- 
stance séche , par leur richesse en protéine, est dans la Truffe de 36,62 pour 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A3 


100, dans la Morelle de 33,90, dans le Clavaria flava de 25,53, dans l' Aga- 
ricus cantharellus de 23,53, et enfin dans le Boletus edulis de 22,82. Les 
autres plantes nutritives les plus estimées n'ont de protéine, à l'état sec, le 
Seigle que 12,82, puis, en montant, le Froment 15,18, les Pois 16,13, les 
Lentilles 27,83 pour 106. Par la quantité de sels, c'est-à-dire de cendres 
qu'ils renferment, les Champignons se font considérer encore comme un suc- 
cédané de la viande. 


— M. Wicke a encore fait connaitre à la méme Société des expériences 
fort intéressantes de M. P. Wagner, expériences qui, bien qu'exécutées sur 
une petite échelle, sont de nature à intéresser les agriculteurs. M. Wagner a 
fait germer et croitre du Mais dans de l'eau distillée, additionnée d'une solu- 
tion nourriciére composée de créatine, de phosphates de potasse et de fer, de 
chlorure de calcium et de sulfate de magnésie. Cette solution fut renouvelée 
tous les quinze jours et saturée d'acide carbonique tous les deux ou trois jours 
pour empécher les moisissures de s'y développer. La créatine fut retrouvée 
dans les plantes. — D'autres expériences du méme auteur ont prouvé, d'ac- 
cord avec MM. Birner et Lucanus, que l'on ne peut remplacer le fer par le 
manganèse dans la constitution des plantes. — M. Wagner s'est occupé en- 
core de l'influence qu'exerce le chlore sur la végétation. Ila remarqué que 
des plantes élevées dans des solutions complétement privées de chlore déve- 
loppent incomplétement leurs organes reproducteurs. 


— M. Bouchardat a observé la présence du sucre de lait dans le suc de 
l'Achras Sapota. Sur 100 parties de matiére sucrée extraite de ce suc, il a 
trouvé 55 de sucre fermentescible (sucre de canne) et 45 de sucre de lait. 


— L'herbier de Fougères de M. Fée a été acheté pour le Musée de Rio- 
Janeiro, par S. M. l'Empereur du Brésil. 


— M. Rivière a dernièrement entretenu la Société centrale d'horticulture 
d'observations faites au jardin du Hamma, prés d'Alger, sur la croissance du 
Bambusa mitis et sur celle de l'Agave mexicana. Le Bambusa mitis, qui 
entre en végétation au printemps, allonge sa tige avec une telle rapidité, qu'on 
l'a vue gagner 07,57 en vingt-quatre heures; des mesures prises avec soin de 
six en six heures ont montré que la croissance de cette tige est plus rapide 
pendant la nuit que pendant le jour: l'allongement nocturne est supérieur 
d'environ un tiers à l'allongement diurne. Au contraire, pour l’ Agave mexi- 
cana, M. Rivière fils a constaté que la hampe de cette Liliacée s'allonge plus 
fortement pendant le jour que pendant lanuit, comme celle de l'A. americana 
le fait d'aprés plusieurs observateurs (1). Les observations thermométriques 


(1) Voy. le Bulletin, t. xi (Revue), p. 246. 


hh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


faites au Hamma n'ont pas montré la moindre relation entre l'élévation de la 
température et l'allongement de la tige, Une fois seulement, au mois de sep- 
tembre 1869, un violent sirocco ayant amené un exhaussement de tempéra- 
ture tel que le thermomètre s'éleva jusqu'à 53 degrés centigr., on remarqua 
que la tige de cette grande espéce croissait en longueur plus rapidement en- 
core que de coutume. 


— Il résulte de renseignements envoyés par M. Baraquin et communiqués 
par M. Delondre à la Société d'Acclimatation, que les fruits du Bertholletia 
excelsa, que l'on vend dans nos rues sous le nom de Chátaignes du Brésil, et 
ceux de son congénère le Zecythis ollaria ou Sapucaria des indigènes brési- 
liens, ne sont pas seulement d'une grande utilité comme comestibles. On peut 
encore en extraire un suc laiteux qui est employé comme condiment, et une 
huile, utilisée en médecine, servant à la cuisine et à l'éclairage. Ajoutons que 
les indigènes font macérer l'écorce du Bertholletia pour en retirer une étoupe 
employée au calfeutrage des embarcations ; le bois lui-méme rend des services 
pour les constructions navales. 


—M. Ingram a mentionné dernièrement, dans une conférence faite au Musée 
de Leicester, un fait intéressant. L'observatoire de Washington, aux États-Unis, 
est situé dans un marais tellement meurtrier, que les aides-astronomes mou- 
raient réguliérement aussitót arrivés. Des Soleils furent semés tout autour; ces 
plantes parvinrent à l'apogée de leur développement au moment ou la fièvre 
sévissait avec le plus de fureur. Le résultat de la mesure fut que le principe 
fébrile, dit l'auteur, étant juste ce qu'il fallait à l’ Helianthus, la fièvre cessa, 
tandis que les plantes offraient l'aspect le plus luxuriant. 


— On trouve, dans la belle publication de M. Cotta intitulée l’ A/tai, des dé- 
tails intéressants sur la végétation d'un bassin houiller. La plupart des espéces 
que signale M. le docteur H.-B. Geinitz ont été déjà décrites par M. Eich- 
wald et d'autres auteurs. Il fait remarquer la présence, dans les lits car- 
bonifères des Bains de Schwarzwald, d'une Cycadée, le Pterophyllum 
blechnoides, qui se trouve également dans les couches de Sibérie. 


— M. Bonnieu a récemment présenté à la Société d'histoire naturelle de 
l'Hérault plusieurs espéces de Pins du Mexique qui ont bien supporté à Cette 
le terrible hiver 1870-71, et dont la santé s'est maintenue parfaite dans l'été 
suivant. Ce sont les Pinus agacahuite blanco, P. coarctata, P. Endliche- 
riana, P. gracilis, P. Monte Allegri, P. Northumbertiana et P. Thibau- 
tiana. Le Pinus elegans a péri. 


— M. Loreta trouvé aux portes de Montpellier le Campanula rapuncu- 
loides, qui n'avait jamais été signalé dans l'Hérault, et une localité très-abon- 
dante d'une espèce rare, le Plantago albicans. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A5 


— Notre Bulletin a déjà commencé d'enregistrer des faits anormaux de 
géographie botanique en relation avec les événements de la derniere guerre. 
L'inondation des environs de Cherbourg, faite pour défendre cette place, a 
eu pour résultat de faire produire au sol, aprés le retrait des eaux, une végé- 
tation tout à fait distincte de la végétation ordinaire. Le Cytisus Laburnum 
est apparu dans certains endroits, formant un tapis; on en comptait plu- 
sieurs centaines de pieds sur un mètre carré de terrain. Des remarques très- 
intéressantes ont été faites sur ce sujet par M. Lafosse, dans une propriété 
qu'il possédeaux environs de Carentan et oü sont cultivés, comme dans un 
jardin botanique, de nombreux végétaux exotiques et indigènes. Plusieurs de 
ces plantes exotiques, situées dans le jardin de M. Lafosse sur des pierres 
meulières, ont apparu bien loin de ce jardin en très-grand nombre et ont 
recouvert spontanément un espace considérable. 


— L'Zlodea canadensis, qui continue de se répandre, a été observé par 
M. Milde dans le voisinage de Rothkretscham prés Breslau. M. Milde signale 
aussi l’ Adiantum Capillus Veneris comme naturalisé dans le parc de Buch- 
wald en Silésie. 


— D'après M. Flückiger de Berne, les graines du Sterculia acuminata 
Beauv. (Cola acuminata Schott et Endl.), Gurn ou Kola des indigènes afri- 
cains, contient 2,13 pour 100 de caféine. Ces graines forment depuis plu- 
sieurs siécles un objet important de trafic pour l'agrément ou la santé des 
négres. 


— Le professeur Passerini a découvert dans les alluvions sablonneuses du 
Pô, prés de Torricello, le Cycloloma platyphyllum Moq., Salsolacée de 
l'Amérique du Nord. 


— La Société vogéso-rhénane, fondée en 1863 par M. A. Mæder et le pro- 
fesseur Kirschleger (l'auteur de la Flore d'A/sace) a dû interrompre ses tra- 
vaux dans les malheureuses années 1870 et 1871; elle vient deles reprendre. 
Nous avons déjà mentionné à diverses reprises l'existence de cette Société qui 
à pour but l'échange des plantes séches (exclusivement européennes) et qui 
fournit aux botanistes un moyen facile et peu dispendieux de développer leurs 
collections. L'association se compose de cinquante membres; chacun d'eux 
fournit six espéces, en cinquante parts chacune, choisies entre les plantes 
ubiquistes et possibles spéciales à la contrée qu'il habite ; vers la fin de l'année 
chaque membre adresse son envoi franco à Mulhouse, et le comité directeur 
retourne à chaque adhérent 50X6 soit 300 espèces. Une cotisation annuelle 
de 5 francs par membre est destinée à subvenir aux divers frais tels que: 
impression des catalogues, circulaires, ports de lettres, etc. Nous ajouterons 
que les membres de la Société sont répartis dans des stations qui représentent 
presque tous les pays de l'Europe: la France dans ses diverses régions, la 


h6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Suisse, l'Autriche, l'Italie, la Belgique et méme la Suède. Les espèces dis- 
tribuées de 1863 à 1870 sont au nombre de 2483. La Société a fait depuis 
l'année 1870 plusieurs pertes parmi ses membres, et elle recevrait volontiers 
encore quelques adhésions nouvelles dans le but d'atteindre à peu prés le 
chiffre normal de ses membres, lequel ne doit, du reste, en aucun cas dépasser 
50. Pour les détails des statuts de l'association, renseignements, envois de 
catalogues, etc., s'adresser au Président du comité de Mulhouse, M. Ph. 
Becker, professeur, rue des Fabriques, à Mulhouse, ou à M. Émile Burnat, 
villa Signora, à Cannes (Alpes-Maritimes). 


— M. Péronin vient de partir comme naturaliste-vovageur pour explorer la 
partie de l'Asie Mineure comprise entre le cap Anémour et le golfe d'Alexan- 
drette, ainsi que les hautes chaines du Taurus, qui sont dans le voisinage. 
Toutes les plantes, déterminées par M. Boissier, seront accompagnées d'éti- 
quettes imprimées portant un numéro d'ordre et le nom du botaniste à qui 
l'on doit la détermination. M. Péronin espère rapporter environ quatre cents 
especes. Le prix de chaque centurie, vu les frais assez élevés du voyage, est 
fixé à 30 francs. 

M. Péronin a entrepris ce voyage sous le patronage de M. Bourgeau, à qui 
l'on pourra s'adresser pour les demandes de renseignements. 


— M. M.-C. Cooke est dans l'intention de publier à Londres un journal 
mensuel consacré exclusivement à la botanique cryptogamique (les Fougères 
exceptées). Ce journal aura un petit format, dans le genre de celui de l Hed- 
tuigia. Il paraîtra dès que l'auteur sera assuré d'un nombre suffisant de 
souscripteurs. Le prix sera de 6 fr. 25 par an, payables d'avance, frais de 
poste compris. La collaboration de MM. W.-A. Leighton, Lauder-Lindsay, 
Braithwaite, F. Kitton et autres savants est déjà promise à M. Cooke. — 
Adresser toute communication relative au Journal of the cryptogamic Botany 
à M. Cooke, 2, Grosvenor Villas, Junction Road, London, N. 


= L'important recueil allemand nommé Palæontographica, et consacré 
à des travaux de paléontologie en rapport, soit avec la zoologie, soit avec la 
botanique, soit avec la géologie, vient d'étre modifié. La premiére série de 
ce recueil sera trés-prochainement terminée. Une table alphabétique par 
matières, par pays et par noms d'auteurs, est préparée par les soins de MM. W. 
Waagen et E. Becker, de Munich. Les travaux botaniques de cette première sé- 
rie ont été séparés des autres, reliés ensemble et sont mis en vente isolément 
à la librairie Th. Fischer, de Cassel. Les savants qui continuent la publication 
du Palæontographica sont MM. W. Dunker, de Marburg , et K.-A. Zittel, 
de Munich. C'est à M. Dunker qu'on devra s'adresser pour demander l'inser- 
tion des travaux de botanique fossile dans le Palæontographica. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A7 


—1l a paru, en 1870, à Berlin, une deuxième édition du Synopsis Flore 
classice de M. Fraas. 


— M. W. Carruthers, du British Museum, se prépare à publier un Supplé- 
ment à l'ouvrage classique mais un peu ancien, de Lindley et Hutton sur la 
flore fossile de la Grande-Bretagne. 


— Certains ouvrages de grande valeur se trouvent actuellement offerts 
dans le commerce de la librairie à des prix réduits. On peut trouver à Londres, 
chez Bernard Quaritch, 15, Piccadilly, le Rumphia de Blume pour225 francs; 
le Flora Javæ de Blume pour 156 fr. 25 c.; le Flora japonica de Siebold 
pour 105 francs ; Collection des Orchidées, etc., de Blume, pour 20 francs. 


— M. Leitgeb a réunien un volume les quatre mémoires d'histologie vé- 
gétale qu'il a publiés successivement dans les Comptes rendus de l'Académie 
dessciences de Vienne, et qui ont été analysés dans cette Revue, sous le titre 
de Beiträge zur Entwickelungsgeschichte der Pflanzenorgane. Le prix en est 
de 6 fr. 25 cent. | 


— L'exposition polytechnique de Moscou, dont la durée doit être de trois 
mois, s'ouvrira le 30 mat 1872, dans des constructions élevées dans le jardin 
du Kremlin. Cette exposition consistera essentiellement en une sorte de 
Musée temporaire, analogue à celui qui existe déjà depuis plusieurs années 
au jardin de Kew. Elle comprendra quatorze sections, dont l'une a rapport 
aux foréts; celle-ci se subdivise de la maniére suivante: géographie, topo- 
graphie, cultures réguliéres ou artificielles, importance. de l'arboriculture 
dans ses relations avec l'économie politique, étude des animaux utiles ou nui- 
sibles aux forêts, herbiers, publications, etc. Une autre section est affectée 
à la botanique et à l'horticulture, une troisième à l'économie domestique et 
rurale, etc. Il n’y aura pas de concours proprement dit, mais il sera cepen- 
dant accordé des récompenses aux meilleures et aux plus utiles applications 
dela scienceà l'industrie et aux plus remarquables perfectionnements des 
méthodes d'instruction. | 


— La fédération des Sociétés d'horticulture de Belgique a mis au con- 
cours, pour 1872, vingt et une questions dont un certain nombre doivent 
être mises sous les yeux de nos lecteurs. 

6* Écrire la monographie botanique et horticole d'un groupe naturel 
(genre ou famille) de plantes assez généralement cultivé en Belgique. Le 
choix du groupe est laissé aux concurrents, à l'exception de ceux qui ont déjà 
été traités dans les Zulletins de la Fédération. 

7° De l'influence réciproque du sujet sur la greffe. 

11* Écrire la monographie botanique et horticole des Fougères cultivées 
en Belgique. 


48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


12» Écrirela monographie botanique et horticole des Conifères susceptibles 
de constituer en Belgique des essences forestières. 

13» On demande un travail sur la circulation végétale ; la cause, la nature, 
la force, la vitesse de la circulation du liquide désigné sous le nom de séve. 

18? Exposer l'influence de la lumiére sur la végétation, spécialement dans 
ses rapports avec l'horticulture. — Influence de la latitude, de l'altitude, du 
verre et des couleurs. 

19° Exposer la structure, la végétation et les fonctions des racines. 

. 20° Traité de la transpiration des plantes. Rapports de la quantité d'eau 
évaporée avec les diverses circonstances de la végétation. 

24° Recherches sur :la reproduction des Lycopodiacées. 

Nous rappellerons à nos lecteurs les dispositions réglementaires suivantes : 

Art. 4°. Des prix d'une valeur de 100 à 500 francs, consistant en mé- 
dailles ou en une somme d'argent, Sont affectés à chacune des questions du 
concours. - 

Art. 3. Ne sont admis pour le concours que les ouvrages et les planches 
manuscrits. 

Les Mémoires en réponse aux questions proposées devront être adressés 
francs de port avant le 15 octobre 1872 à M. le professeur Éd. Morren, se- 
crétaire de la Fédération, à Liége. Les questions resteront au concours jusqu’à 
ce qu'il y ait été répondu, et les mémoires peuvent être adressés chaque 
année avant le 15 octobre, au secrétaire de Ja Fédération. 


— M. Cretaine, libraire, rue des Bons-Enfants, 28, nous prie d'annoncer 
qu'il procédera trés-prochainement, le 23 mars, à la vente de la bibliothè- 
que laissée par feu Ch. Lemaire, l'ancien rédacteur en chef de l'Z//ustration 
horticole. Le Catalogue de cette bibliothèque est actuellement distribué. 
Nous y avons remarqué des livres de prix ; les livres relatifs à la végétation 
exotique y sont particulièrement nombreux. 


Dr EUGÈNE FOURNIER, 


- 


Paris. — Imprimerie de E. Mariet, rue Mignon, 2 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 
(MARS-AOUT 1871.) 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. F. Savy, libraire de la 
Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24, à Paris. 


Rhamneæ orientali-asiaticæ ; scripsit C.-J. Maximowicz, socius 
Academia, cum tabula. —Lu le 12 avril 1866. — Extrait des Mémorres de 
l’Académie Impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, 1° série, t. x, 
n° 44 (1). | 


Depuis la publication du tome 11 du Prodromus, la famille des Rhamnées 
n'a été l'objet d'aucun travail général. Walpers l'a omise dans son Repertorium, 
et c'est dans le but de combler cette lacune, en ce qui touche du moins les 
espéces de l'Asie orientale, que M. Maximowicz a rédigé son mémoire. Les 
genres et espèces qui suivent y sont étudiés avec beaucoup de soin, et très- 
longuement pour la plupart. Plusieurs sont seulement mentionnés : Venti- 
lago leiocarpa Benth. Fl. Hongk.; Paliurus Aubletia R. et Sch. ; Ziziphus 
vulgaris Lam, (auquel il réunit le Ziziphus chinensis Lam., à titre de va- 
riété inermis); Ziziphus Jujuba Lam.; Microrhamnus franguloides, sp. nov. 
(Japon), qui, abstraction faite des caractéres génériques, ressemble beaucoup 
au Rhamnus crenata Sieb. et Zucc. ; Berchemia racemosa Sieb. et Zucc.; 
B. lineata DC.; B.? sessiliflora Benth. FL. Hongk.; Rhamnus arguta, sp. 
nov. (Eurhamnus Brong.\, de la Chine (voisin du Rh. cathartica, mais très- 
remarquable entre toutes les espéces connues par ses feuilles dont les serra- 
tures sont sétacées); Rh. erythroxylon Pall.; Rh. cathartica L., offrant plu- 
sieurs variétés : a typica, B intermedia, y daurica (Rh. daurica Pall.). 
En réduisant au rang de variétés certaines espèces de /?hamnus considérées 
avant lui comme distinctes, l’auteur fait remarquer qu'il a fréquemment 
observé dans l'Asie orientale des déviations notables chez certains types 
offrant ailleurs des caractères constants. Ainsi le Lonicera chrysantha passe 
au L. Xylosteum sur les côtes de la Mandchourie ; l'£vonymus Maaku, très- 
différent de I' Z. europæœus dans la partie occidentale de sa distribution géo- 
graphique, lui redevient très-semblable vers l'embouchure du fleuve Amur, etc. 


(4) Le dernier travail de M. Maximowicz qui soit parvenu à la connaissance de la 
Société a été analysé dans la Revue bibliographique, t. vi, p. 309. Nous sommes re- 
connaissants à notre confrére, M. Franchet, de nous faire connaitre les publications ulté- 
rieures du botaniste qui explore avec tant de succès l'Asie orientale et le Japon. 


T. XVIII, (REVUE) 4 


50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Poursuivant son énumération, M. Maximowicz cite : Rhamnus japonica 
Maxim. (R. globosa Sieb. et Zucc. non Bunge) avec deux variétés, a genuina, 
B decipiens; Rh. virgata Roxb. avec deux variétés, œ sylvestris, B aprico ; 
Rh. parviflora Bunge; Rh. costuta, sp. nov. (Japon), qui joint au port du 
Rh. alpina les graines du Rh. cathartica; Rh. crenata Sieb. et Zucc.; Hove- 
nia dulcis Thunb.; Sageretia theezans Ad. Br. 

Le mémoire est écrit tout entier en latin. La planche donne les figures d'ua 
rameau en fleur (femelle) du Rhamnus arguta, ainsi que l'anatomie des 
fleurs et des fruits des Microrhamnus franguloides, Rhamnus cathartica 
var. daurica, Rh. japonica, Rh. virgata, Rh. parvifolia, Rh. costata et 
Rh. crenata. . 


Revisio Hydrangenrum Asi: orientalis; scripsit C.-J. Maxi- 
mowicz, socius Academiæ, cum 3 tabulis. — Lu le 15 novembre 1866. 
— Extrait des Mémoires de l'Acad. Imp. des sciences de Saint-Péters- 
bourg, 1* série, t. X, n? 16 et dernier. 


L'auteur entend la tribu des Hydrangées dans son sens le plus large et telle 
qu'on la comprend aujourd'hui, c'est-à-dire en y réunissant les Philadelphées. 
Bien que la plupart des plantes appartenant à cette tribu aient été longuement 
décrites et habilement figurées par Siebold et Zuccarini dans le Flora japo- 
nica, chacun sait quelles difficultés on éprouve lorsqu'on veut saisir le carac- 
tère distinctif de la plupart d'entre elles, les Hydrangea, par exemple, les 
Deutzia, etc. Durant son séjour au Japon, M. Maximowiez a pu étudier ces 
plantes sur le vif, et c'est le résumé de ses observations qu'il vient aujourd'hui 
offrir aux botanistes. 

Son mémoire concerne les plantes suivantes : Dichroa febrifuga Lour. ; 
Deinanthe, genre nouveau différant du Cardiandra par la structure des 
anthéres, les styles soudés en colonne, l'ovaire pentamére, etc. ; du Platy- 
crater par son fruit à cinq loges, sa préfloraison quinconciale, etc. (D. bifida, 
espèce rare et qu'on n'aobservée jusqu'ici que dans les lieux les plus ombragés 
de Kiousiou et de Nippon); — Cardiandra alternifolia Sieb. et Zucc. — Pla- 
tycrater arguta Sieb. et Zucc. , dont la variété hortensis est plus grêle et plus 
petite que le type sauvage, contrairement à ce qui arrive ordineirement. 

Le genre Hydrangea a été profondément remanié par M. Maximowi^z, en 
ce qui concerne les espèces chinoises et japonaises. Il divise ce genre en deux 
sections : ZuAydrangea, dont les pétales sont libres, et Calyptranthe, pré- 
sentant des pétales réunis au sommet en forme de coiffe. Les Euhydrangea 
constituent eux-mêmes denx séries, selon que les pétales persistent et sont 
réfléchis après la déhiscence des anthères (Petalantheæ), ou que les pétales 
tombent avant la déhiscence (Piptopetaleæ); dans cette 2° série, les graines 
sont toujours ailées aux deux bouts. 

La 1'* série n’est composée en Chine et au Japon que des H. hirta Sieb. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 54 


et Zucc., H. virens Sieb., et H. chinensis, nov. sp., qui se distingue du 
précédent à ses sépales rayonnants plus petits, épais et persistants, à ses 
feuilles vertes des deux cótés, aux styles plus courts, dressés pendant l'anthése. 
La 2° série comprend six espèces : H. paniculata Sieb., avec les variétés 
B hortensis et y minor; — H. vestita Wall., et une variété pubescens (= H. 
pubescens Decaisne) ;— H. involucrata Sieb. et Zucc.;— H. hortensis DC., 
auquel M. Maximowicz réunit, à titre de variétés, les espèces suivantes : 
H. Azizai Sieb.; H. Otaksa Sieb. et Zucc.; H. japonica Sieb.; H. Belzonu 
Sieb. et Zucc.; Æ. acuminata Sieb. et Zucc., et sa variété Puergeri Sieb. et 
Zucc. ; H. Sitsisan Sieb. Pour opérer ces réductions, l'auteur s'appuie sur 
l'impossibilité où l'on est souvent d'appliquer les noms et les belles figures du 
Flora japonica. Siebold n'avait eu à sa disposition qu'un trés-petit nombre 
d'individus de la plupart de ses types. De là une grande tendance à multiplier 
les espèces. M. Maximowicz, au contraire, ayant été à méme de voir beau- 
coup de spécimens de ces prétendues espéces, a constaté leur extréme varia- 
bilité et le passage fréquent d'un type à un autre. Cette 1** section renferme 
encore les H. Thunbergii Sieb. ; H. Lobbii, nov. sp., de Java, trés-voisin 
de l'A. hortensis, mais suffisamment distinct par ses feuilles étroites et ses 
sépales onguiculés. La 2° section n'est constituée que par PH. scandens, 
auquel sont rapportés en variétés les Æ. cordifolia, petiolaris et bracteata. 

L'auteur poursuit l’énumération des genres: Schizophragma hydran- 
gcoides Sieb. et Zucc. — Pileostegia viburnoides Hook. var. parviflora. Il 
s'étend ensuite très-longuement sur l'histoire et la description des Deutzia 
qu'il divise en espèces à préfloraison indupliquée valvaire et en espèces à 
préfloraison quinconciale. | | 

La première série comprend : Deutzia scabra Thunb., espèce demeurée 
longtemps inconnue et retrouvée seulement dans ces derniers temps ; une note 
insérée en Addenda apprend qu'il faut réunir à cette espèce le D. crenata 
Sieb. et Zucc. ; — D. Sieboldiana Maxim. (= D. scabra Sieb. et Zucc. non 
Thunb.) — D. gracilis Sieb. et Zucc. ; — D. staminea R. Br., auquel 
l'auteur réunit en variété 8. Brunonianu, le D. Brunoniana R. Br. — D. ma- 
crantha Hook. et Thomps. — D. grandiflora Bunge. 

La deuxième série ne renferme que les D. corymbosa R. Br. et D. parvi- 
flora Bunge. 

Genre Philadelphus. M. Maximowicz est porté à réduire singulièrement 
les espèces de ce genre, puisqu'il n'en admet plus que deux croissant dans 
l'extrême Asie. Ce sont : Ph. coronarius L. (avec les Ph. tenuifolius Rup. et 
Maxim., Satzumi Sieb. et Paxton, tomentosus Wall., Pekinensis Rup., lati- 
folius Schr., floribundus Schrad. , rapportés en simples variétés) et PA. gran- 
diflorus Willd., bien distinct des précédents par ses fleurs inodores, ses grappes 
pauciflores, ses stigmates au moins deux fois plus épais et plus longs que les 
anthères. 


52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Rhododeudreæ Asiæ orientalis, scripsit tabulisque 4 lapidi inci- 
sis illustravit C.-J. Maximowicz, socius Academiæ. — Lu le 30 juin 1870. 
— Extrait des Mémoires de l'Acad. Imp. des sciences de Saint-Péters- 
bourg, 1° série, t. XVI, n° 9. 


Dans ce mémoire, écrit en latin, l'auteur admet les tribus de la famille des 
Éricacées telles qu'elles sont entendues dans le Prodromus; mais il croit 
devoir changer le nom de la quatrième, emprunté au genre Rhodora, parce 
que ce genre ne contient qu'une espèce constituant. seulement une anomalie 
dans le vaste genre Rhododendron. Conséquemment il nomme cette quatrième 
tribu Æhododendreæ, et propose une nouvelle disposition des genres qui la 
composent, Il la divise en Phyllodoceæ et en Eurhododendree, la première 
sous-tribu renfermant neuf genres, dont trois appartiennent à la flore de 
l'Asie orientale : 1° Bryanthus, qu'il considère comme réellement distinct 
du Phyllodoce, malgré l'opinion contraire de M. Asa Gray: B. Gmelini 
Don; 2° Phyllodoce : Ph. taxifolia Salisb. et P^. Pallasiana Don; 3° Loi- 
seleuria : L. procumbens Desv. 

La deuxième sous-tribu, £urhododendreæ, renferme cinq genres dont qua- 
tre sont représentés dans l'Asie orientale, savoir : G. 4. Menziezia avec six 
espèces : M. ferruginea Sm. ; M. pentandra Maxim.; M. ciliicalyr Maxim. 
(= Andromeda ciliicalyc Miq.) ; M. multiflora, n. sp., ressemblant beau- 
coup au précédent, mais offrant des feuilles plus pâles, plus velues en 
dessous; M. purpurea Maxim. — G. 2. Tsusiophyllum nov. gen., très- 
voisin des Rhododendron, mais en différant nettement par sa corolle régu- 
lière, ses anthères s'ouvrant longitudinalement et son ovaire triloculaire. Ces 
deux derniers caractères le séparent également du Menziezia. Il s'éloigne de 
tous deux par ses écailles libres jusqu'à la base. Ce genre n'est connu jusqu'ici 
que par une seule espèce, 7. 7anake, des montagnes de Hakone dans l'ile 
de Nippon. L'échantillon unique de cette plante a été communiqué à M. Maxi - 
mowicz par M. Cosson, qui l'avait recu des botanistes japonais Tanaka ct 
Ykutschima (1). — G. 3. Rhododendron. L'auteur établit dans ce genre deux 
grandes divisions sclon que l'inflorescence est terminale (Zhododendra apici- 
flora) ou bien latérale (Rhododendra lateriflora). La’ première comprend 
quatre sections. Dans les trois premières, Osmothamnus, Eurhododendron 
et Azalea, les jeunes pousses naissent de bourgeons propres ; dans la qua- 
trième, Tsusřa, les jeunes pousses procèdent du méme bourgeon que les 
fleurs. 

La deuxieme division, Phododendra lateriflora, se compose des sections 


(L) Notre confrère, M. le docteur Savatier, qui depuis cinq ans explore le Japon avec 
beaucoup de succès, a retrouvé, en août 1871, un nouveau spécimen de cette rare es- 
pèce, dans la mème chaine de Hakone. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 


5. Keysia, 6. Rhododastrum , 1. Azaleastrum , et enfin d'une 8°, Therorrho- 
dion, réservée pour quelques espèces anomales correspondant au Chame- 
cistus Don. Les Rhododendron sont fort répandus dans l'extrême Asie, où 
l'on en connait trente-une espèces, que l’auteur décrit avec soin. Ce sont : 
Rh. fragrans Maxim. (Azalea fragrans Adams); Rh. parvifolium Adams; 
Rh. macranthum Turcu; Rh. chrysanthum Pall.; Rh. Fortunei Lindl. ; 
Rh. Metternichii Sieb. et Zucc.; Rh. brachycarpum Don; Rh. Keiskei Miq. ; 
Rh. Farreræ Tate; Rh. Weyrichii, nov. sp., du Japon, caractérisé par des 
rameaux épais, des feuilles subopposées au sommet des rameaux et longue- 
ment pétiolées, des bourgeons très-gros, velus-tomenteux sur le dos; 
Rh. rhombicum Miq.; Rh. dilatatum Miq.; Rh. sinense Sweet; Bh. Schlip- 
penbachii Maxim.; Rh. Albrechtii Maxim.; Rh. macrosepalum Maxim. ; 
lih. Championæ Hook. ; Rh. Seniavini, nov. sp., de la Chine australe, 
distinct du précédent par sa pubescence épaisse, non glanduleuse, son calice 
trés-court, ses fleurs trois fois plus petites, ses cinq étamines exsertes ; 
Rh. Oldhami, nov. sp., de Formose, espéce comparable seulement au 
Rh. ledifolium Don, mais suffisamment distincte par sa pubescence formée 
de longues soies molles mélangées de poils courts, glanduleux, trés-épais, 
par ses rameaux gréles, allongés, feuillés, et enfin par ses feuilles largement 
ovales- elliptiques; Rh. linearifolium Sieb. et Zuce. , Hh. sublanceolatum 
Miq. ; Rh. ledifolium Don; Rh. indicum Sweet (M. Maximowicz réunit sous 
ce nom onze espèces proposées comme distinctes par divers auteurs, ses 
études sur de nombreux spécimens spontanés l'ayant amené à opérer cette 
réunion, la plupart des espèces proposées ne constituant à ses yeux que des 
formes horticoles ou des hybrides); RA. macrostemmon , nov. sp., du Japon, 
plante assez voisine de l’espèce suivante, mais très-feuillée et offrant des corolles 
du double plus grandes, fleurs pédonculées, étamines très-longuement exsertes; 
Rh. serpyllifolium A. Gray; Rh. Tschonoskii Maxim. ; Rh. dauricum L. ; 
Rh. Hedowskianum Maxim. 

L'auteur termine par la citation de deux espèces douteuses : Rh. scabrum 
Don et Rh. vittatum Planch., ainsi que d'une troisième qu'il faudra proba- 
blement exclure du genre, Rh. Loureiroanum Don. 

Le quatrième genre est le Ledum représenté par une seule espèce : Z. pa- 
lustre, offrant trois variétés : « decumbens, B vulgare Led., y dilatatum 
Vahl. 

Les espèces figurées sont les suivantes : Menziezia ciliicalyz, M. mul- 
tiflora, M. purpurea; Tsusiophyllum Tanakæ; Rhododendron Weyrichit, 
Schlippenbachii, Albrechti, Redowskianum, Tschonoskii, Macrostemmon, 
Seniavint, micranthum, Keisket, serpyllifolium. 


54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Diagnoses breves plantarum novarum Japoniæ et Mand- 
shurise; scripsit C.-J. Maximowicz. — Decas I-X. — Extrait du Bul- 
letin de l'Académie Impériale des sciences de Saint- Pétersbourg, mé- 
langes biologiques, 1866-1871. 


. L'herbier du Jardin des plantes de Saint-Pétersbourg renferme à peu près 
Ja totalité des plantes signalées dans l'Asie orientale et au Japon; les collec- 
tions du Musée de Leyde, si riches en plantes de ce dernier pays, ne sauraient 
méme lui être comparées à cet égard. M. Maximowicz, qui a exploré durant 
plusieurs années la région du fleuve Amur et le Japon, et qui prépare une 
flore de cette contrée, en publie depuis cinq ans les espéces nouvelles. C'est de 
cet important travail que nous essaierons de tracer ici l'esquisse. 

Decas I. — /desia nov. gen. (Flacourtianées), rapproché du g. Bennetia 
Miq. dans le Genera de MM. Bentham et Hooker, auquel nous reuvoyons 
pour la description. Une seule espèce, 7. polycarpa Maxim., du Japon. — 
Disanthus, gen. nov. (Hamamélidées), ainsi nommé à cause de ses fleurs dis- 
posées en capitules biflores : D. cercidifolia Maxim., du Japon. — Liqui- 
dambar acerifolia, sp. nov., du Japon, curieuse espéce, assez voisine des 
Altingia par ses graines, mais s'en éloignant par ses styles persistants.— A bies 
holophylla, nov. sp., de la Mandchourie. — A. brachyphylla, nov. sp., du 
Japon; ces deux plantes sont décrites dans le Prodromus. — A. Nephrolepis, 
nov. sp., de la Mandchourie, assez rapproché de PA. sibirica. — A. bicolor, 
du Japon, qui doit se placer dans le voisinage des A. polita et obovata. —C ha- 
mæcyparis breviramea, sp. nov., du Japon, qui se distingue du Ch. obtusa, 
par ses feuilles vertes, ses strobiles deux fois plus petits et la brièveté de ses 
rameaux. — Chamæcyparis pendula, sp. nov. , du Japon, assez semblable au 
précédent, mais remarquable par ses rameaux gréles, pendants. — Thuja 
japonica, nov. sp. ; diffère du Th. Menziezi? Dougl. por les écailles du stro- 
bile obovales, des feuilles toutes obtuses. Le Th. gigantea Nutt. a les strobiles 
dressés, deux fois plus gros. (Mélanges biologiques tirés du Bulletin de 
l’Académie Impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, t. X, p. 485-490, 
24 mai / 5 juin 1866.) 

Decas II. — Lychnis laciniata, nov. sp., assez voisin du Z. Bungeana, 
mais glabre sur les pédoncules, et avec le tube du calice trés-étroit. Cette 
plante offre deux variétés : a mandshurica et B japonica. — Stuartia Pseudo- 
camellia nov. sp., Japon, diffère du S. malacodendron par ses sépales très- 
velus. — Stuartia serrata, nov. sp., du Japon, sépales glabres comme dans 
S. malacodendron, mais très-inégaux entre eux. — Sabia japonica, nov. sp. , 
très rapproché du S. /eptandra Hook. et Thomps. — Parnassia Nummularia 
nov. sp., du Japon ; ses tiges à quatre ailes, ses feuilles coriaces, ses stigmates 
subsessiles ne permettent pas de le confondre avec le P. foliosa Hook. — Mi- 
tella Japonica, nov. sp. ; ses stigmates presque entiers ainsi que ses feuilles 


Ed 
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 55 


distinctement trilobées le séparent du M. pentandra Hook., auquel il res- 
semble beaucoup. -— Sanicula tuberculata, nov. sp., de la Corée, dont le tube 
calicinal est couvert de tubercules mutiques vers le bas et mucronés dans le 
voisinage du limbe. — Zpigea asiatica, nov. sp., du Japon, plus robuste 
que l’£. repens, mais à corolle à peine plus longue que le calice. — Men- 
ziezia purpurea, nov. sp., du Japon, belle espèce à grandes fleurs pourpres, 
longues d'un demi-pouce. — M. pentandra, nov. sp., du Japon, remar- 
quable par la répétition constante du nombre cinq dans toutes les parties con- 
stituant ses organes floraux; port du M. ferruginea Sm. (Loc. cit., t. XI, 
p. 429-442; — 17/29 janvier 1867.) 

Decas III. — Tripetaleca bracteata, sp. nov. (Japon), que ses grappes 
simples, ses sépales lancéolés, ne permettent pas de confondre avec le 7. panicu- 
lata Sieb. et Zucc.— Chimaphila astyla (Mandchourie et Japon), remarquable 
par son stigmate sessile et ses sépales érodés sur les bords. — Tricyrtis flava 
sp. nov. (Japon), à fleurs jaunes non ponctuées. — T. latifolia, sp. nov., 
style blanc non ponctué, divisions du périgone dressées ; ces deux caractères 
le séparent nettement du 7. macropoda. — Chionographis, nov. gen. (Mé- 
lanthacées); l'absence de bractées et l'irrégularité du périgone en font un 
genre trés-anomal dans la famille : une seule espèce, CA. japonica Maxim., 
auquel il faut probablement rapporter en synonyme le Melanthium luteum 
Thuub.— Zelionopsis breviscapa, sp. nov. (Japon), qui se distingue facile- 
ment de l'H. pauciflora A. Gray par ses graines oblongues, longuement ap- 
pendiculées à chaque extrémité. — Tofieldia japonica, sp. nov., dont les 
divisions externes du périgone sont trinerviées et non point uninerviées 
comme chez les 7. cernua Sm. et nutans Willd. — Metanarthecium, nov. 
gen. (Melanthacez); remarquable par sa capsule entourée par le périgone 
persistant; une seule espèce : M. luteo-viride, répandue dans tout le Japon.— 
Narthecium asiaticum, sp. nov., différant du N. ossifragum par ses feuilles 
9-11-nerviées, et du À. americanum Gawl. par sa grappe fructifère lâche. 
(Loc. cit., t. Xi, pp. 433-439; — 31 janvier /12 février 1867.) 

Decas IV et V. — Coptis quinquefolia, nov. sp. (Japon); le nombre des 
folioles ne permet pas de le confondre avec le C. trifolia. — Coptis orientalis, 
sp. nov. (Japon), facilement distinct du C. anemonefolia par ses fleurs ion 
guement pédonculées. — Achlys japonica, nov. sp., à foliole terminale seale- 
ment légèrement trilobée. — Oxalis obtriangulata (Mandchourie), voisin des 
O. acetosella et O. oregana, mais folioles longues de deux pouces. — Hype- 
ricum electrocarpum, nov. sp. (Japon); par ses feuilles perfoliées glabres, 
cette espèce n'a de rapports qu'avec les H. Naudinianum Coss. DR., et 
perfoliatum Ledeb. — Meliosma | tenuis Miquel (Japon), rAoifolia Miq. 
(Formose) et Oldhami Miq. (Corée). Ces trois espèces sont décrites dans le 
Prolusio. — Panax repens. Cette espèce remplace au Japon le fameux P. 
Ginseng de la Chine. A son sujet, M. Maximowicz donne d'intéressants détails 


56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


comparatifs sur les différentes racines attribuées au Ginseng. Il maintient 
qu'il est fort possible de rapporter, à la scule inspection de la racine, chaque 
échantillon à son vrai type. Ainsi le P. quinquefolium L. a la racine simple- 
ment fourchue ; le P. repens offre un rhizome horizontal, flexueux, articulé, 
fibrilleux; la racine du vrai P. Ginseng est allongée, fusiforme, palmée au 
sommet. Enfin le P. Pseudoginseng présente une grosse racine fasciculée, à 
nombreuses fibres napiformes. — Patrinia palmata (Japon); corolle épe- 
ronnée, feuilles palmées quinquéfides.— Patrinia gibbosa, nov. sp. (Japon), 
voisin du précédent, mais sa corolle est seulement un peu gibbeuse et ses 
feuilles suborbiculaires et non ovales dans leur pourtour. Ces deux espèces 
appartiennent à la section Centrotinia. — Campanumæa japonica, sp. nov. , 
du double plus grand dans toutes ses parties que le C. javanica et à pédon- 
cules beaucoup plus courts. — Primula macrocarpa, sp. nov. (Japon), dont 
la forme rappelle certaines espèces des Alpes de l'Europe centrale, telles que 
P. Floerkeana ou minima.— Lysimachia Fortunei, sp. nov. (Japon), à feuilles 
très-entières et non finement denticulées comme celles du Z. clethroides. — 
L. acroadenia, sp. nov. (Japon), dont les étamines égalent la corolle, ce qui 
ne permet pas de le confondre avec L. multiflora. —Schizocodon ilicifolius, 
sp. nov. (Japon), ressemblant assez au S. so/danelloides, mais dont le scape 
est plus court que les feuilles. — S. uniflorus, sp. nov. (Japon), différant du 
précédent par son scape uniflore et ses bractées ovales-acuminées. — Zinderu 
hypoglauca, sp. nov. (Japon), comparable seulement au Z. Benzoin et glauca 
Bl., mais distinct du premier par sa floraison plus précoce, ses ombelles sub- 
sessiles; le Z. glauca a les feuilles deux fois plus grandes, plus brièvement 
pétiolées, etc. — Zindera membranacea, sp. nov., du. Japon, qui n'offre de 
l'analogie qu'avec le Z. umbellata, dont les feuilles sont plus étroites, les 
ombelles plus longuement pédonculées, etc. — /Vajas serristipula, sp. nov., 
du Japon, assez semblable au NV. alaganensis Poll., dont il est du reste nette- 
ment séparé par ses grandes stipules serrulées. (Loc. cit., t. xit, pp. 60-73; — 
2/14 mai 1867.) — 

Decas VI. — Acer capillipes, sp. nov. (du Japon), appartient à la série des 
A. pennsylvanicum et rufinerve, tout en restant distinct par ses fleurs 
très - longuement pédonculées. — A. circumlobatum, sp. nov. (du Japon), 
comparable au seul A. glabrum Torr., mais velu et feuilles à 9-11 lobes. 
— A. argutum, sp. nov. (du Japon), également voisin de l'4. glabrum et 
offrant comme lui des feuilles souvent à cinq lobes, mais velu dans toutes 
ses parties, les ailes des fruits au moins doubles de la loge. — A. harbi- 
nervum, sp. nov. (Mandchourie); c'est encore de l'A. glabrum qu'il faut rap- 
procher cette espèce, bien distincte du reste par les grosses dentelures sou- 
vent surdentées des feuilles. — A. nikoense, sp. nov. (Japon), singulière 
espèce dioique, à feuilles ternées; les ombelles sont terminales et naissent en 
méme temps que les feuilles. Le Negundo nikoense Miq. a été établi sur un 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 97 


spécimen stérile de cette espèce. — A. mandshuricum, sp. nov., remarquable 
surtout par ses samares à loges biloculaires. Les feuilles sont ternées. — Vale- 
riana flaccidissima, sp. nov. (Japon), tolonifère, fleurs trés-petites à éta- 
mines incluses, caractères ne permettant pas de le confondre avec les V. Hard- 
wickit et tripteris, dont il est voisin. — Abies (Tsuga) diversifolia, sp. nov. 
(Japon), intermédiaire entre les A. Tsuga et A. canadensis. — Juniperus 
nipponica, sp. nov. (Japon), assez semblable au J. nana, mais les feuilles 
sont marquées d’un sillon profond en dessous et les galbules non tuberculeux 
au sommet, — Juniperus littoralis, sp. nov., trés-répandu au Japon; se 
distingue du J. rigida par son port, ses galbules plus gros irés-glauques, la 
forme des graines, etc. (Loc. cit., t. xii, p. 225-231; — 12/24 sept. 1867.) 

Decas VII. — Melandryum Olgæ (Mandchourie). Inflorescence pluriflore, 
ce qui le différencie du M. cuneifolium Royle; calice non renflé comme dans 
les M. nutans et fimbriatus, dont il est voisin. — Aster rugulosus, sp. nov. 
(Japon), se place à côté de l'A. ptarmicoides Torr. et Gray, dont il se 
sépare par ses feuilles uninerviées, munies de quelques dents. — Rhododen- 
dron Schlippenbachii, sp. nov. (Azalea) (Corée et Mandchourie), belle espèce 
voisine du Rh. sinense, mais offrant dix étamines et une corolle blanche 
teintée de lilas à tube trés-court. — Rh. Albrechti, sp. nov. (Azalea), Ja- 
pon; arbrisseau plus grêle et plus élevé que le précédent, dont il est voisin ; 
corolle plus petite rouge. — Rh. macrosepalum, sp. nov. (Japon), curieuse 
espèce, joignant au port des Azalea les caractères des 7swsia; sa corolle est 
bilabiée comme celle du Rhodora canadensis. — Rh. semibarbatum, sp. nov. 
(Japon), ressemblant au Rh. ovatum; mais s'en écartant par la pubescence 
qui recouvre toutes ses parties. — Zh. Tschonoskii, sp. nov. (Japon), compa- 
rable au Rh. serpyllifolium Miq., mais avec des feuilles elliptiques-aigués et 
non oblongues ou obovales. — Veratrum stamineum, sp. nov. (Japon), port 
du V. album, caractères du V. nigrum, s'éloigne de tous les deux par ses éta- 
mines exsertes. — Zycopodium cryptomerinum sp. nov. (Japon); le facies 
et les caractères rapprochent cette espèce du Z. setaceum Hamilt.; sa taille et 
ses anthéridies sont celles du Z. subulifolium. — Aspidium craspedosorum, 
Sp. nov. (Japon). Voisin de l'A. mucronatum Sw. par la nature de son indu- 
sium, da l'A. Lachenensis par ses dimensions, de l'A: auriculatum par la 
forme de sa fronde, remarquable entre tous par son grand indusium persis- 
tant. (Loc. cil., t. Xv, pp. 225-231;—5/17 mai 1870.) 

Decas VIII. — Triosteum sinuatum, sp. nov. (Japon et Mandchourie), 
wés-ressemblant au 7. perfoliatum; il s'en éloigne par ses feuilles inférieures 
sinuées et le tube du calice prolongé au-dessus de la drupe en cylindre étroit 
un peu plus court que le limbe. — Zigularia calthæfolia, sp. nov. (Mand- 
chourie), voisin du suivant, mais à feuilles obtusément dentées; les tiges 
ne sont point feuillées, comme celles du L. robusta. — L. clivorum, sp. 
nov. (Japon), robuste, à feuilles plus minces et bordées de dents plus aigués 


58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


que le Z. sibirica.—JMacroclinidium, nov. gen., intermédiaire entre l’ A ins- 
liæa et le Pertya, différant du premier par ses capitules pluriflores, son ai- 
gretteà poils scabres et non plumeux ; du second par son involucre cylindrique 
à écailles multisériées; de tous les deux par son réceptacle glabre. Ce genre 
ne renferme que le M. robustum, sp. nov. (du Japon). — Nabalus ochro- 
leucus, sp. nov. (Mandchourie), s'éloigne du N. Fraseri par sa tige angu- 
leuse, ses capitules presque dressés et son inflorescence en grappe paniculée. — 
Nabalus acerifolius, sp. nov., petite espèce glanduleuse, pubescente dans toutes 
ses parties, —4Z leagnus Oldhami, sp. nov. (Formose); fleurs solitaires, feuilles 
obovales-arrondies, fruit globuleux. L'auteur fait suivre la descripuon de cette 
espèce du tableau synoptique des douze espèces d’Æleagnus qui lui sont 
connues et signale un hybride probable de ce genre : Æ. glabro +- pungens 
Maxim., de Nagasaki.— Podocarpus cœæsia, sp. nov. (Japon), remarquable par 
la couleur glauque bleuâtre de ses feuilles. — P. appressa, sp. nov. (Japon), 
à feuilles dresstes, coriaces, linéaires presque concolores. — Jris tectorum 
Maxim. — /. cristata Miq. (Loc. cit., t. xv, pp. 373-381;—29 septembre/ 
11 octobre 1870.) 

Decas IX. — Phellodendron japonicum, sp. nov., facilement distinct du 
P. amurense Rup. par ses folioles ovales, opaques, tomenteuses en dessous. — 
Zanthozylon Bungeanum, sp. nov., cultivé dans tout le nord de la Chine à 
cause de ses feuilles et de ses fruits qui servent de condiment. Bunge l'a con- 
fondu avec le Z. nitidum, dont il n'a point les folioles luisantes. — Orixa 
japonica Thunb. M. Maximowicz pense qu'il faut maintenir ce genre, que 
M. A. Gray rapporte aux Evodia, et Miquel aux Celastrus.— Saxifraga tel- 
limoides, sp. nov., section Dactyloides? (du Japon), robuste, feuilles peltées 
à 7-9 lobes; la capsule est à moitié incluse et les graiues réticulées. — Aster 
spathulifolius, sp. nov., sect. À /pigeni (du Japon). Plante basse, toute velue, 
à grands capitules d'un beau bleu. — Pertya ovata, sp. nov. (du Japon), 
espéce à feuilles ovales alternes et dont les capitules terminent les rameaux. 
A propos de cette espèce, l'auteur insiste sur le peu de différence qui sépare les 
Pertya Schultz des Gochnatia, ct signale un cas assez singulier de dimor- 
phisme qui se manifeste chez les Pertya scandens et ovata. Dans la première 
espèce les feuilles sont fasciculées, chez la seconde elles sont alternes, mais 
ces caractères sont parfois intervertis, sans qu'on puisse encore donner une 
explication satisfaisante de ce fait. — Senecio stenocephalus, sp. nov., sect. 
Ligularia (du Japon). Belle espèce à fleurs nombreuses (jusqu'à cent) dis- 
posées en longue grappe étroite ; les feuilles sont dentées, réniformes, souvent 
subhastées. — Senecio Oldhamianus, sp. nov., sect. Ubæjacoidei (Chine); les 
feuilles ressemblent à celles du S. alpinus. — Senecio otophorus, sp. nov., 
sect. Saracenici (Japon), diffère du S. saracenicus par ses pétioles auriculés à 
la base et son aigrette rousse. L'auteur fait suivre la description de ces deux 
espéces du tableau synoptique des vingt-six espéces de Senecio de l'Asie 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. b9 


orientale. — Senecillis Schmidtii, sp. nov. (Mandchourie) ; semblable au 
S. glauca, mais les écailles de l'involucre sont soudées et l’aigretté allongée. 
— Ellisiophyllum, gen. nov., intermédiaire entre les Hydrophyllacées et les 
Polémoniacées ; distinct des premiéres par sa préfloraison quinconciale, son 
ovaire biloculaire, son style unique; séparé des secondes par sa placentation 
centrale, son stigmate entier. L' E /lisiophyllum reptans Maxim. estune petite 
plante couchée, à feuilles pinnatipartites, alternes, à petites fleurs blanches, 
solitaires, axillaires. Elle croit au Japon. (Loc. cit., t. XVI, pp. 212-226; — 
9/21 février 1871.) 

Decas X. — Cercidiphyllum. L'auteur décrit longuement ce genre et fait 
remarquer que ses graines sont ascendantes et non pendantes, comme Siebold 
et Zuccarini l'ont écrit*par erreur. Jl signale deux espèces : C. japonicum 
Sieb. et Zucc. ct C. ovale, sp. nov. (Japon), qui diffère du précédent par ses 
feuilles obtusément dentées et non pourvues de dents aiguës. — Schizandra 
nigra, sp. nov. (Japon), que ses baies d'un noir bleuâtre et ses graines toutes 
couvertes de petites verrues empêchent de confondre avec toute autre espèce. 
— Zanthoxylon Arnottianum, sp. nov. (Bonin-Sima), qui'joint au port du 
Z. Pterotæ la plupart des caractères des Z. piperitum et Z. Bungei. 

M. Maximowicz fait ensuite l'énumération des Rubus de l'Asie orientale ; 
il en compte trente espéces dont cinq sont proposées comme nouvelles. Ce 
sont: A. pectinellus (Japon), herbacé, velu et aiguillonné, remarquable par 
son calice pectiné, fimbrié, voisin du reste du X. calycinus Wall. — A. 
Grayanus, nov. sp. (Japon) : ses pédoncules uniflores etson fruit orangé, mul - 
ticarpellé ne permettent de le confondre ni avec le R. cratægifolius Bunge, 
ni avec le R. incisus Thunb. — R. peltatus, nov. sp. (Japon), curieuse espèce 
à feuilles peltées, arrondies, à 3-5 lobes. — R. sorbifolius, nov. sp., espèce à 
feuilles pinnées et dont la panicule terminale est composée de pédoncules axil- 
laires uni-triflorts, caractères qui l'éloignent des À. fraxinifolius et rostfolius. 
— R. phænicolasius, nov. Sp. (du Japon), tout couvert de longs poils glan- 
duleux rougeâtres, qui n'existent pas chez le R. idæus, dont il est voisin. 

L'auteur décrit ensuite les Asarum, Smilax et Heterosmilax de l'Asie orien- 
tale, en offrant ce travail comme un spécimen de la Flore du Japon qu'il se 
propose d'entreprendre. Aprés avoir exposé avec détail les caractères géné- 
riques, il donne l'analyse dichotomique des espèces, dont il fait suivre la des- 
cription rédigée avec beaucoup de netteté. Il cite, quand il y a lieu, le célébre 
recueil d'icones Japonais ayant pour titre : Ykuma-yu-ssat. Soo bokf dz’ sets 
dsen hen, c'est-à-dire : Essai d'illustration des arbres et des herbes (1). Il 


(4) M. Maximowicz a réuni quinze volumes de ce curieux ouvrage, dans lequel les 
plantes sont représentées, souvent avec une grande fidélité, non-seulement dans leur 
ensemble, mais encore avec leurs caractéres analytiques. Elles y sont classées d’après le 
système de Linné, et souvent accompagnées de leur nom linnéen, plus ou moins juste- 
ment appliqué du reste. Notre collègue, M. le docteur Ludovic Savatier, a réussi à se pro- 


60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


y propose une seule espèce comme nouvelle : Asarum caulescens, nov. sp. 
(Japon), vóisin de l'A. Aymalaicum, qui en est distinct par sa tige toute radi- 
cante, sa feuille unique, ses anthères à appendices subulés. L'auteur termine 
son mémoire par la description du Zo/ieldia nuda, sp. nov. (Japon), espèce 
anomale, à bractées nulles ou tout au moins trés-petites ; calycule monophylle, 
unilatéral. 

L'index concerne les espèces signalées dans les dix précédentes décades. On 
y trouve un certain nombre de rectifications synonymiques. (Loc. cit., t. XVII, 
pp. 142-180; — 16/28 novembre 1871.) 


Ophiopogonis species in herbariis Petropolitanis ser- 
vatas exposuit C.-J. Maximowicz (loc. cit.,.t. xv, pp. 83-90; — 
27 janvier / 8 février 1870). 


Ce genre est représenté dans les collections de Saint-Pétersbourg par les 
espéces suivantes que l'auteur décrit et qu'il partage en deux sections. Section 
première : Liriope, comprenant O. spicatus Gawl., qui offre trois variétés : 
a Kuntheanus ( = O. spicatus Kunth), B communis Maxim., y gracilis 
(= 0. gracilis Kunth). La deuxième section Fluggea se compose des 0. ja- 
buran Lodd., et O. japonicus Gawl., dans lequel on peut distinguer plusieurs 
variétés : æ genuinus, B umbrosus Miq., y intermedius ( — O. intermedius 
Don), et à Wallichianus (— O. indicus Rottle). 

M. Maximowicz a cru devoir séparer des Ophiopogon, l'O. pallidus Wall., 
dont il fait un genre nouveau sous le nom de 7/ieropogon, caractérisé surtout 
par des feuilles annuelles et une capsule en baie. Ce genre ne renferme 
qu'une seule espèce, 7. pallidus Maxim., croissant dans l'Inde. 


Ein Nachtrag zu meiner Abhaudiung « Rhododendreæ 
Asiæ Orientalis » (Supplément à mon mémoire € Rhododendreæ 
Asiæ Orientalis, par M. C.-J. Maximowicz) (loc. cit., t. Xvi, pp. 401- 
513; — 4/16 mai 1871). ' 


Dans cette note, l'auteur étudie d'abord le genre 7ripetaleia dont il expose 
l'histoire et les vicissitudes. Il le décrit avec beaucoup de soin et conclut en 
le considérant comme un genre normal qu'il faut placer près des Zhododen- 
dron, bien que, d'autre port, il soit intimement lié avec le genre Z'{liottia de 
l'Amérique boréale. Les 7'ripetaleia ne sont connus qu'au Japon, où l'on en 
signale deux espèces : 7. paniculata Sieb. ct Zucc. et T. bracteata Maxim. 

M. Maximowicz indique ensuite quelques modifications à introduire dans 
les divisions proposées par lui dans son mémoire sur les Zhododendreeæ ; il en 


curer les cinq derniers volumes de cette publication, qui se trouve ainsi complète en ce 
qui concerne les herbes, Le Muséum a recu quelques volumes dépareillées de cet ou- 
vrage, 


` 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 


résulte que le À. raacrosepalum doit définitivement être rangé dans le sous- 


genre Tsusia. 
A. FRANCHET. 


Ueber den Betrag der. Verdunstung cincr Eiche 
während der ganzen WVegetations-Periode (Sur le total 
de l'évaporation d'un Chéne pendant le cours entier de la végétation) ; par 
M. Fr. Pfaff (Sitzungsberichte der K. bayer. Akademie der Wissenschaften 
zu München, 1870, t. 1, premiére livraison, pp. 27-45). 


L'auteur se flatted'étre le premier auteur qui ait poursuivi pendant tout le 
cours de la végétation d'un arbre des expériences sur les phénomènes qu'il 
offre. IL a opéré sur un fort et jeune Chêne de son jardin. Un rameau muni de 
ses feuilles a été coupé, placé au pied de l'arbre dans un vase de verre fermé 
par un bouchon ; cet appareil pesé, les feuilles ont été coupées et appendues à 
un fil de fer sur le cóté nord dela maison, pour subir l'évaporation, puis aprés 
trois minutes replacées dans le vase de verre et l'appareil pesé de nouveau. La 
différence des deux pesées donne évidemment le poids de l'eau évaporée. 
Pour mesurer la surface de ces feuilles, l'auteur a eu recours à un procédé 
fort ingénieux. Il a posé chaque feuille sur une demi-feuille de papier à lettres 
d'une surface connue, dessiné les contours de la feuille en les suivant avec un 
crayon; et, cette opération accomplie, déterminé le poids de toutes les demi- 
feuilles de papier, puis enlevé avec des ciseaux tous les endroits du papier 
correspondant à un dessin, et pesé le reste. La différence de ces deux nou- 
velles pesées a fourni le poids, et par suite la surface du papier dessiné corres- 
pondant aux feuilles, ces deux quantités étant proportionuelles. 

L'auteur a observé, à moins que quelque circonstance ne l'en empéchát, à six 
heures et à huit heures du matin, à quatre heures et à neuf heures du svir, et 
il conclut que la moyenne déduite de ses expériences représente l'évaporation 
du rameau pendant quinze heures. Tout cst. ramené par lui à l'évaporation 
d'un millimètre carré de feuille. Il a cependant fait de temps à autre pendant 
la nuit quelques expériences qui lui ont montré que l'évaporation des feuilles, 
du jour àla nuit, varie moins que celle d'un vase plein d'eau exposé à l'air 
dans les mêmes circonstances. Si M. Pfaff n'a observé que pendant trois mi- 
nutes chaque fois, c'est parce qu'il a reconnu que l'évaporation des feuilles 
récemment coupées, méme fraiches, va toujours en diminuant. 

Il fallait déterminer ensuite le nombre total des feuilles de l'arbre. Pour 
cela M. Pfaff a reproduit sur le sol le contour de la mass» foliacée, déterminé 
sa hauteur, compté sur divers points de l'arbre, d'un feuillage plus ou moins 
dense, le nombre des feuilles contenues dans un petit espace, obtenu une 
moyenne, et enfin déduit de ces calculs trés-approximatifs l'existence de 
620,464 feuilles sur le Chêne objet de ses études. 

Les observations de M. Pfaff ont été commencées le 18 mai et. continuces 


P 


62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


jour par jour, de la manière que nous avons indiquée, jusqu'au 24 octobre. 
Les nombres qu'ils donnent, réduisant la transpiration observée à un milli- 
mètre carré de surface foliacée, varient d'un jour à l'autre dans des limites 
assez étendues ; il en est de même des nombres qui expriment les relations : 
différentes entre l'évaporation végétale et l'évaporation d'un vase plein d'eau 
placé à l'air libre. Aussi l’auteyr porte-t-il son attention surtout sur les to- 
taux mensuels : Évaporation totale de l'arbre calculée pour quatorze jours de 
mai, 883 kil. 812; pour juin, 26023,7 ; et pour octobre, 17023,1. L'auteur 
discute ces résultats et les compare à ceux que M. Unger a tirés de ses propres 
recherches. 


Einige Versuche ucher das Kcimen der Samen (Quelques 
recherches sur la germination des graines); par M. Vogel(Sitzungsberichte 
der K. bayer. Akademie der Wissenschoften, Munich, 1870, t. 11, 3* li- 
vraison, pp. 289-299). 


Il y aun certain nombre de substances qui empéchent ou génent la germi- 
nation des graines, et qui cependant sont insolubles dans l'eau : telles sont les 
préparations sulfurées d'antimoine, le kermés et le soufre doré, l'oxyde de 
cuivre, le carbonate de cuivre et le chromate de mercure. Il n'y a pour l'au- 
teur aucun doute que ces substances ne deviennent en partie solubles par 
suite du travail chimique qui accompagne la germination. Ce qui aide à le 
croire, c'est que ce travail produit une quantité notable d'acide. La germina- 
tion de 100 parties en poids de graines de Tréfle a formé 0,35 parties d'acide; 
celle de 100 parties de graines de Cresson à produit une quantité d'acide 
équivalente à 0,44 d'acide sulfurique hydraté. 

Le phosphore amorphe, dont l'absorption est sans danger pour les animaux, 
et l'aniline sont fort nuisibles à la germination. 

L'auteur a répété les expériences sur la germination faites par M. Lea 
(Chemische Centralblatt, 4867, p. 688). Il a reconnu que les graines lavées 
avec une solution faible d'hypermanganate de potasse décolorent cette solution 
violette et germent plus promptement que les graines arrosées de méme avec 
de l'eau purement distillée. 

La solution de sulfate de cuivre a été reconnue comme nuisible à la germi- 
nation et surtout à la végétation. L'auteur dit que cela dépend du degré de 
la solution de sulfate. Un gramme par litre de cette matière retarde beaucoup 
la germination du Cresson et du Tréfle. L'acide acétique étendu empêche 
complétement cet acte physiologique à la dose de 0,5 pour 100. Le méme 
résultat a été obtenu avec une solution semblablement étendue d'acide oxa- 
lique. 057,5 de chromate double de potasse ou 0,4 d'acide arsénieux par litre 
empéche aussi la germination. L'acide cyanhydrique la retarde, mais ne dé- 
truit pas la faculté germinative. 

À ces recherches s'en rattachent d'autres relatives à l'action que le gaz 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 


d'éclairage exerce sur la végétation. Ce sujet a été déjà traité par MM. Frey- 
tag de Bonn et Poselger de Berlin (voy. le Deutsche Industrie Zeitung, 1870, 
p. 85). D'aprés eux, ce gaz ne serait nuisible aux végétaux qu'avant sa puri- 
fication, à cause des molécules de goudron dont il est alors imprégné. 
M. Pfaff a confirmé ces résultats. Ce gaz empêche la germination. La naph- 
thaline ne parait pas s'y opposer dans le commencement de cetacte , mais plus 
tard la chlorophylle se développe mal. Quant à l'acide phénique, même en 
proportion très-faible, il empêche complétement la germination. 


Biographie d' Aimé Bonpland, compagnon de voyage et collabo- 
rateur d'Al. de Humboldt ; par M. Adolphe Brunel. 3* édition, un volume 
in-8° de 188 p. Orléans, imp. Jacob; Paris, L. Guérin et C°, 1871. 


Le docteur Brunel, ancien chirurgien de la marine francaise, ancien prési- 
dent de la junte de médecine de Montevideo, a connu Bonpland depuis 1852 
jusqu'en 1858, année de sa mort. Il y avait alors vingt ans environ que 
Bonpland avait quitté le Paraguay, où le docteur Francia l'avait retenu pri- 
sonuier ; il venait tous les ans à Montevideo toucher la pension que lui avait 
assurée Napoléon; il s'en retournait ensuite dans la province de Corrientes, oü 
il demeurait. 

Bonpland n'est que le surnom de Aimé-Jacques-Alexandre GouJaud. 
Son père, frappé du soin avec lequel il cultivait les plantes de son jardin, lui 
avait donné le surnom de Zon-plant, qui remplaça définitivement plus tard 
son nom de famille. La vie de Bonpland et les résultats des voyages qu'il 
exécute en compagnie de l'illustre Humboldt sont trop connus pour que nous 
suivions le biographe qui les raconte. Nous passerons également sur le séjour 
que fit Bonpland comme directeur des jardins de la Malmaison, heureux 
d'abord, et de plus en plus triste après le divorce de Napoléon. Avec José- 
phine la Malmaison perdit l'éclat et la vie; quelques démélés avec les exécuteurs 
testamentaires de l'impératrice engagèrent Bonpland à presser lé moment 
d'un nouveau départ pour l'Amérique méridionale, à l'instigation de M. Riva- 
davia, qui voulait y jouer un rôle politique. Arrivé à Buenos-Ayres, Donpland 
demanda au travail les moyens de vivre; il exerca la médecine, essaya de 
l'agriculture, mais sans capitaux et partant sans succès; il se fit même distil- 
lateur et horticulteur jusqu'au moment où il se rendit dans la province de 
Corrientes et dans celle des Missions, oü l'établissement qu'il fonda fut 
détruit par ordre du terrible Francia, le Louis XI américain. C'est dans l'iso- 
lement où le confinaient les soupçons du dictateur que Bonpland connut 
Alcide d'Orbigny. Grâce à l'intervention du libérateur de la Colombie, Boli- 
var, qui l'avait connu à Paris, Bonpland put enfin traverser le Parana. Louis- 
Philippe employa tous les moyens pour faciliter à Bonpland sa rentrée en 
France, mais la passion dominante du naturaliste était de vivre au milieu de 
la nature. M. Alfred Demersay (Histoire du Paraguay, t. I, p. XLV) a raconté 


65 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


la vie de Bonpland dans sa résidence de San Borja, et notre Bulletin a contenu 
quelques détails sur sa fin derniére. 

Le livre de M. Brunel se termine par quelques notes : 1" sur l'histoire du 
bassin du rio dela Plata; 2° sur les établissements des jésuites; 3° sur le 
Maté ; 4° sur la manière de le cultiver; 5° sur Francia; 6° Catalogue de 
ouvrages de Bonpland ; 7? catalogue des manuscrits laissés par lui (1). 

L'auteur de ce livre, le docteur Brunel, est décédé au mois d'aoüt dernier, 
alors qu'il mettait la derniére main à cette publication. 


A Catalogue of the plants of the Punjaub and Sindh,etc.; 
par M. James E. Tierney Aitchison. Un volume in-8° de 204 pages, Lon- 
dres, 1869, chez Taylor et Francis. 


La sécheresse et la chaleur forment le trait dominant du climat dans le pays 
étudié par l'auteur. Cependant le sol est extrêmement fertile le long des 
vallées et partout où l'irrigation peut être pratiquée. Du côté de l'Himalaya, 
le climat se fait plus humide et la végétation plus luxuriante. 

Le catalogue de M. Aitchison renferme 1458 espèces de plantes, y com- 
pris une douzaine de Fougères. La flore de la région sèche y montre une 
grande affinité avec celle des parties analogues de l’Afrique septentrionale, de 
l'isthme de Suez au cap Vert. Plusieurs espèces de Capparis, le Cocculus 
Lecha, le C. villosus, le Tamarix articulata, s'étendent en effet depuis 
l'Afrique occidentale jusqu'au Sind. 

L'une des espèces du Catalogue, V Hibiscus Gibsoni, est la même que 
YA. pentaphyllus F. Müll. non Roxb., et se trouve non-seulement dans le 
Sind et l'Afrique, mais encore en Australie. 

M. Aitchison n'a pas oublié les plantes cultivées. Nous trouvons dans son 
livre cent cinquante-huit Graminées, dont un grand nombre usitées comme 
plantes fourragères, notamment des Cenchrus et des Pennisetum. Les plantes 
cultivées sont comprises dans le catalogue sous un signe typographique qui les 
distingue. 

N'oublions pas, dans l'intérét de nos lecteurs, de leur indiquer que M. le 
docteur J.-L. Stewart a également publié en 1869 un travail du méme genre, 
intitulé Punjaub Plants, et imprimé à Lahore. 


Veber die Hewegungsersehcinungen des Zellkerns in 
ihren Bezichungen zum Protoplasma (Des phénomènes de 
mouvement du nucléus dans leur rapport avec le protoplasma); par 
M. Hanstein ( Verhandlungen des naturhistorischen Vereins der preussis- 
chen liheinlande und Westphalens, 1870, Sitzungsberichte, pp. 217-233). 
Ce mémoire offre un intérêt incontestable parce qu'il joint l'historique 

d'une question à l'ordre du jour, à partir des observations de B. Corti sur la 


(1) On trouvera dans l'ouvrage de M. Demersay, à la fin du second volume, une 
Notice sur la vie et les ouvrages de M. Bonpland. 


REVUE nIBLIOGRAPIIQUE. 65 


circulation (1774), aux résultats des recherches personnelles de l'auteur. 
M. Hanstein a observé les poils des Cucurbitacées, du Martynia, des Crocus, 
des Tradescantia, et le parenchyme de diverses plantes phanérogames (DaAlia, 
Aster, Cucurbita, Pistia); il s'est convaincu qu'aprés la formation de la cel- 
lule, quand celle-ci a atteint sa période de développement, le nucléus entre 
dans des alternatives de mouvement et de repos, sans que cela conduise 
à une partition ou à une autre modification remarquable de la cellule. 
Les grosses cellules des poils des Cucurbitacées et de beaucoup de Composées 
se prêtent particulièrement à l'observation de ces faits. On voit le nucléus sus- 
pendu entre des bandelettes de protoplasma comme l'araignée dans sa toile. 1l 
est entouré d'une enveloppe de protoplasma dans laquelle cette substance 
forme des bandelettes comme sur la paroi de la cellule; ces bandelettes de ma- 
tière vivante glissent et se modifient à tout instant, et les courants que l'on 
connait s'entrecroisent de l'enveloppe du nucléus à la couche qui revét in- 
térieurement la paroi. Dans tous ces mouvements, il est cependant facile de 
discerner ceux du nucléus. Celui-ci s'avance sous l'œil de l'observateur dans 
la cellule, tantôt vite, tantôt lentement, croisant sa route, enchevêtrant ses 
détours, atteignant la paroi, se collant à elle et décrivant ainsi quelques lacets, 
pour se porter de nouveau dans l'espace de la cellule pour y recommencer 
d'autres évolutions. Tantôt il parcourt en quelques minutes tout le diamètre 
en longueur de la cellule, tantót il s'écoule des heures pour qu'il se porte 
d'un cóté sur l'autre. 

Il n'y a aucune relation immédiate entre cemouvement et celui des cou- 
rants de protoplasma. Ceux-ci ne peuvent pas déplacer le nucléus. 

Ce dernier change de forme pendant son mouvement ; il s'allonge dans le 
sens où il se dirige ; l'enveloppe protoplasmique qui l'entoure se modifie éga- 
lement, tirée cn divers sens par ces bandelettes de protoplasma émanant des 
parois qui la tendent comme autant de cordages. La masse même du nucléus 
est modifiée intérieurement, parce queses granules changent de position re- 
lative. Ces faits augmentent encore la ressemblance déjà signalée du proto- 
plasma de la cellule avec le plasmodium des Myxomycétes. 

Le mouvement du nucléus commence quand le liquide cellulaire qui rem- 
plit les vacuoles a absorbé assez d'eau pour que sa densité diminuée ne fasse 
plus obstacle à ce mouvement. 

L'auteur a recherché les causes des courants de protoplasma. 1l ne les 
trouve ni dans les cordons oü ils se meuvent, ni dans le nucléus, ni dans une 
contraction de l'utricule primordial. C'est que le protoplasma n'est pas une 
substance, mais un organisme vivant, formant à lui seul l'amibe, et chez les 
végétaux élevés faisant. partie d'un étre plus considérable. Aussi M. Hanstein, 
exclut-il du protoplasma la matière nutritive assimilable, qu'il a caractériséc 
dans un travail antérieur (4) sous le nom de metaplasma. 

(4) Bot. Zeit. 4868 ; voy. le Bull., t. xv (Revue), pp. 208, 216. 


T. XVIII. (REVUE) 5 


66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


Die Entwickelung des Keîmes der Monocotylen und Di- 
kotylen (Ze développement de l'embryon des Monocotylés et Dicotylés); 
par M. J. Hanstein (Botanische Abhandlungen aus dem Gebiete der 
Morphologie und Physiologie, publiés par M. Hanstein, pars 1, in-8° de 
112 p. avec 18 planches). Bonn, 1871. —Prix : 18 fr. 60 cent. 


Dans le mémoire de M. Hanstein que nous venons de rappeler, et qui n'a 
été analysé qu'incomplétement dans cette Revue, cet auteur n'admettait point 
l'existence d'une cellule terminale unique au sommet du cône végétatif des 
Phanérogames. Il y était arrivé à cette conclusion que, chez les plantes de 
cette classe, le point végétatif se compose d'un groupe de cellules de méme 
importance concourant toutes au méme degré à l'accroissement de l'axe 
qu'elles terminent. M. Hanstein iusistait aussi sur le fait que les tissus pri- 
mordiaux (auxquels il donne des noms particuliers que nous avons rapportés) 
se distinguent déjà les uns des autres iminédiatement au-dessous du point de 
végétation, souvent méme avant la première apparition des protubérances la- 
térales destinées à former les feuilles. Le fait que l'épiderme cst déjà distinct 
dans le plus jeune áge avait surtout fixé son attention. 1l restait à savoir com- 
ment les choses se passent dans l'embryon, dont l'évolution n'avait guère en- 
core été étudiée sous ce rapport. C'est làle sujet du mémoire renfermé dans 
les Botanische Abhandlungen pour 1870 (1). 

Or, l'ensemble d'un grand nombre d'observations décrites avec un soin 
minutieux vient corroborer la manière de voir de M. Hanstein en établis- 
sant clairement que le point végétatif de l'embryon des Phanérogames est 
multicellulaire comme celui de leurs rameaux. 

L'embryon résulte de l'accroissement de deux ou trois cellules superposées 
du proembryon; mais, à partir du moment où la cellule terminale de cette 
rangée primitive s'est développée, elle se trouve remplacée par deux, puis par 
un plus grand nombre de cellules qui continuent à s'accroitre simultané- 
ment. 

Ici encore les tissus et surtout l’épiderime se distinguent les uns des autres 
de trés-bonne heure, méme antérieurement à l'apparition des cotylédons. 

L'épiderme est donc une véritable enveloppe générale de tout le végétal. 
Reconnaissable dés le plus jeune áge, il ne cesse de s'accroitre par segmen- 
tation de ses cellules, au fur et à mesure de l'expansion des tissus qu'il 
recouvre. 

Le mémoire de M. Hanstein est accompagné de plusieurs planches trés-dé- 
taillées se rapportant aux espèces suivantes: Capsella Bursa pastoris, Œno- 


(1) Ce mémoire a été publié par son auteur dans les Monaisberichten der Niederrhei- 
nischen Gesellschaft fur Natur- und Heilkunde, et analysé dans le Botanische Zeitung, 
1870, pp. 23 et suivantes. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 67 


thera nocturna, Nicotiana Tabacum, Viola altaica, Veronica latifolia, 
Cerastium, Rœmeria refracta, Geum urbanum, Alisma Plantago, Funkia 
Sieboldii, Allium rubrum, Allium Porrum, Asphodeline lutea, Altherurus 
ternatus, Ruscus racemosus, Tradescantia virginica, Brachypodium dista- 
chyum. 

On trouvera dans ce mémoire un examen détaillé du mode de développe- 
ment des cotylédons, des radicules, des coléorrhizes, des gaines des Mono- 
cotylédones, des appendices des Graminées, etc. M. Hanstein y a joint une 
série de considérations générales sur les questions les plus importantes de la 
morphologie. 

Ainsi, il se prononce ouvertement contre toute théorie ayant pour but 
d'expliquer la symétrie des ramifications par la forme ou le mode de cloison- 
nement des cellules terminales, même lorsque celles-ci sont réduites à une seule, 
comme chez les Cryptogames supérieurcs. Il n'est pas moins explicite à 
l'égard de l'hypothèse d'un rôle direct de la pesanteur dans la production des 
formes végétales, hypothése dont M. Hofmeister est, comme on sait, partisan 
assez déclaré. 

Les résultats principaux obtenus par M. Hanstein se trouvent déjà résumés 
dans la 2° édition du Traité de botanique de M. J. Sachs, publiée à Leipzig 


en 1870. 
E. F. 


Recherches analytiques sur les roches sous le point de 
vue de lcurs principes absorbables par les végétaux ; 
par M. Constant Kosmann (Archives des sciences physiques et naturelles, 
t. XL, pp. 153-180). Genéve, 1871. 


L'auteur, partant de cette idée que toutes les substances organiques néces- 
saires aux plantes sont disséminées dans les roches formant la charpente du 
globe, y a recherché par l'analyse les principes minéraux que le règne inor- 
ganique peut fournir au règne végétal. 11 donne l'analyse, trés-minutieusemen 
opérée par lui, de différentes roches porphyriques, de grauwakes métamor- 
phiques, de schistes argileux, de roches syénitiques et granitiques, de cal- 
caires jurassiques et triasiques, provenant du Palatinat, du pays de Bade, des 
Vosges et du Jura. 

Dans ces roches, il constate la présence de phosphate de chaux, de potasse, 
de soude, d'oxyde de fer, etc. 

Dans toutes, il rencontre l'acide phosphorique, et il remarque que des 
quantités immenses de cet acide si utile à l'agriculture se trouvent emmagasi- 
nées dans les calcaires qui constituent les montagnes du Jura et dans les ter- 
rains de transition d'une partie des Vosges, et que nul n'a encore songé à les 
employer comme àmendement. 

De là une série d'expériences dans lesquelles il a uppliqué le résultat de ses 


68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


analyses. Dans des terrains dépourvus de fuinure, M. Kosmaun seme du blé, 
puis, aprés cette premiere récolte, destinée à lui servir de terme de compa- 
raison, il fait un nouveau semis sur les mémes parcelles amendées au moyen 
des roches qu'il a analysées, tantót simplement pulvérisées, tantót en solu- 
tions. Nous regrettons de ne pouvoir pas rendre un compte détaillé de ces 
expériences, pas plus que nous n'avons pu reproduire les analyses des diffé- 
rentes roches; disons seulement que les résultats de ces expériences semblent 
démontrer l'action favorable des calcaires et des roches phosphorifères sur la 
végétation du blé. L'un des meilleurs résultats est donné par le calcaire pul- 
vérisé et mélé au salpétre, et l'effet de cet engrais minéral se fait encore sen- 
tir la deuxième année. 

L'auteur reconnaît lui-même qu'il faudrait d'abord répéter sur une grande 
échelle, et d'une maniere pratique, les expériences scientifiques qu'il a faites 
dans les proportions minimes que comportent des études de laboratoire, puis 
résoudre le probléme industriel de la pulvérisation des roches. Il se contente 
en ce moment de signaler aux agriculteurs de profession les immenses res - 
sources que doivent renfermer ces roches, formées des restes d'une aucienne 
vie organique. 


Quelques observations sur un Champignon qui attaque 
les parties souterraines de la Vigne; par M. le professeur Schnetzler (Ar- 
chives des sciences physiques et naturelles, t. XL, pp. 18-25). Genève, 
1871. 


Le vignoble vaudois est attaqué depuis longtemps par un Champignon qui 
se développe sur les racines et les parties souterraines de la Vigne. M. Schnetz- 
ler, qui l'a observé à Lavaux prés Cully (canton de Vaud), le décrit comme 
une moisissure blanche qui s'insinue sous l'écorce et pénètre jusqu'à la 
moelle. 

Ce Champignon est souvent réduit à un mycélium formé de filaments très- 
minces non cloisonnés ou à cloisons fort distantes; c'est ce qui semble avoir 
lieu surtout lorsque la moisissure recouvre des matieres en putréfaction et en 
fermentation, mais privées de vie végétative. Sur la Vigue malade, le mycé- 
lium prend un aspect tout différent : il s'y développe des filaments cloisonnés 
beaucoup plus larges ; les uns se composent de cellules cylindriques renflées en 
forme de massue au point de contact avec la cellule suivante, et se terminent 
par des cellules cylindriques effilées ; d'autres filaments sont cylindriques sans 
renflements. 

Les uns et ies autres se ramifient, et, entre deux filaments rappro- 
chés, on remarque parfois une soudure qui pourrait être une conjugaison. 
Cette moisissure attaque aussi les racines d'autres végétaux. Des fragments 
de racines de Poirier qui en étaient couverts ayant été exposés à la lumière 

dans un flacon légèrement bouché, les parois du flacon et le bouchou se cou- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 


vrirent de houppes soveuses passant du blanc au gris verdâtre. Les cellules 
cylindriques et claviformes étaient alors accompagnées de petites cellules glo- 
buleuses, probablement des gonidies. 

Ces faits, joints à cette observation que le Champignon développe d'abord 
son mycélium sur des matières en fermentation, font penser à l'auteur qu'il 
pourrait y avoir un lien entre la moisissure qu'il étudie et le Penicillium 
glaucum. 

Quel que soit le Champignon auquel se rattache le mycélium pourvu de 
gonidies observé par M. le professeur Schnetzler, on ne peut douter, après les 
importants travaux de MM. Bail, Schröter, Læw et d'autres savants, que cette 
moisissure ne soit une forme d'un Champignon plus parfait, limité peut-étre 
dans son développement par l'absence ou l'insuffisance d'air et de lumière. 
Comme M. Schröter, dans son Étude sur la production des gonidies dans 
les Champignons filamenteux (1), l'auteur trouve une analogie entre cette 
production de mycélium et la formation du sclérotium de certains Champi- 
gnons. Il rappelle à ce sujet, d'après M. De Bary, le développement du sclé- 
rotium du Peziza Fuckeliana, qui forme sur les feuilles de la Vigne des taches 
de couleur brune avant d'y présenter les corps reproducteurs du Peziza, et 
qui, sur la terre humide, donne naissance à un mycélium de gonidies que 


l'on décrivait autrefois sous le nom de Botrytis cinerea. 
M. T. 


Ueber den Samen von Sfrychnos polalorum (Sur les 
graines du—); par M. Flückiger (Mittheilungen des naturforschenden Ge- 
sellschaft in Bern, pour l'année 1869, nr. 684-711, pp. 11-11). Berne, 
1870. 


On sait que les graines du Strychnos potatorum ne renferment pas de 
strychnine, Elles sont fades au goüt. C'est un fait curieux à citer contre les 
partisans trop absolus de l'analogie des propriétés médicales et des caractères 
botaniques. Ces graines sont employées dans les Indes orientales pour clari- 
fier l'eau généralement trouble que l'on y boit. M. Pereira a cru que cette 
propriété tenait à l'albumine de ces graines; mais le principe azoté qu'elles 
contiennent est peu abondant, et, dans tous les cas, insoluble. Mais elles ren- 
ferment une grande quantité de matière gommeuse. D'autre part, les matières 
végétales contenues dans les eaux qu'elles purifient doivent renfermer du tan- 
nin. M. Flückiger pense que le précipité qu'elles déterminent doit étre dà à 
une combinaison du tannin avec cette matiere gommeuse, précipité qu'il a pu 
produire expérimentalement. 


(4) Ueter Gonidienbildung bei Fadenpilzen. Voyez le comple rendu dans la Revue 
bibliogr. in Bull. Soc. bot. t. XVII (Revue), p. 13. 


70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


La création d'après la géologie et la philosophie natu- 
relle; par M. J.-B. Rames. Un volume in-8? de 360 pages. Paris, chez 
F. Savy, 1869-1871. — Prix : 6 fr. 


Ce sont seulement les deux premiers fascicules de l'ouvrage de M. Rames 
qui viennent de paraitre, réunis en un volume. Il s'arréte aprés le terrain 
crétacé. Écrit dans un style élevé, poétique même, il ne dédaigne pas de 
descendre dans tous les détails de chaque phase géologique, nous allions dire 
de chaque création, mais nous ne rendrions pas la pensée de l’auteur. M. Ra- 
mes en effet est essentiellement Darwiniste, et même il nous paraît}avoir défini 
plus nettement que beaucoup d'auteurs les liens de descendance qui unissent 
entre eux des types différents, selon la théorie actuellement en vigueur. Les 
Équisétacées, dit-il, régnaient déjà au commencement des temps siluriens ; 
les variétés qui s'en détachèrent alors devinrent la souche de laquelle émanè - 
rent deux rameaux: celui des Fougères et celui des Sigillariées, dont le déve- 
loppement futparallèle. Les Lycopodiacées sont issues de quelques variétés qui 
se détachèrent des Fougères lorsque celles-ci étaient à peine ébauchées. Vers la 
fin de la période silurienne, les Lycopodiacées, par leurs feuilles petites, sim- 
ples, par leur suc résineux, laissaient déjà pressentir une tendance vers le 
type des Conifères. Elles s'engagérent plus avant dans cette voie lorsque leurs 
spores devinrent moins nombreuses, que leurs bractées se groupérent en vé- 
ritables cónes, et enfin par l'apparition de microsporanges. Chez quelques 
formes de passage, les microsporanges se transformérent graduellement en 
étamines, et parallélement les sporanges s'acheminérent vers la structure des 
ovules, et désormais dans ces variétés, aprés la fécondation des spores-ovules 
par les microsporanges-étamines, l'embryonse forma sur laplante-mére, aulieu 
de se former sur un prothallium. Ces nouvelles espèces furent le commence- 
ment des vraies Conifères, dont les ovules nous rappellent les sporanges par leur 
simplicité, tandis que leurs nombreuses vésicules embryonnaires rappellent 
les spores. 

Quant aux Sigillariées, à peine séparées du tronc progéniteur, elles mani- 
festerent un penchant bien décidé à s'échapper des Cryptogames; pendant l'é- 
poque dévonienne, les Cycadées se formèrent à leurs dépens. M. Rames rat- 
tache aux Cycadées le genre Næggerathia. Plus tard les Pandanées donnèrent 
naissance aux Palmiers. 

Les conclusions manquent encore au livre de M. Rames, qui n'est pas ter- 
miné, mais nous devions dès à présent le signaler à nos lecteurs. Nous leur 
recommandons la comparaison de la série des fractions de la phyllotaxie 
avec la formule qui exprime les révolutions des planètes autour du soleil. 


Das Inulin (//nul?ne); par M. Prantl. In-8° de 62 pages. Munich, 4870. 


Les résultats obtenus par l'auteur de ce mémoire, couronné parla Faculté 
de philosophie de l'université de Munich, se trouvent, dans tous les traits 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 7 


essentiels, d'accord avec ce que MM. Nägeli et Sachs avaient dit de 

l'inuline. M. Prantl regarde cette substance comme un hydrate de carbone 

qui se distingue de l'amidon, de la cellulose et de la lichénine, en ce qu'il 
ne revét jamais une forme organique. Sa fixité la différencie suffisamment de 
la dextrine. C'est du sucre de canne qu'elle parait se rapprocher le plus. ` 

L'inuline se rencontre dans les plantes constamment en solution : 4 d'inu- 
line pour 7 d'eau. Comme, dans les solutions artificielles, la capacité dissol- 
vante de l'eau pour l'inuline est bien plus faible, il est à croire que celle-ci, 
en se dissolvant dans le suc végétal, subit une transformation. Elle n'apparait 
jamais que dans les organes souterrains. Au moment de la croissance, elle se 
transforme en sucre de canne vers le collet de la racine, puis monte dans la 
tige sous forme d'amidon et se porte ainsi vers les bourgeons. Plus tard l'ami- 
don créé dans les feuilles descend le long de la tige sous forme d'amidon 
méme ou de sucre, et ce n'est qu'arrivé dans la racine qu'il revét la forme 
d'inuline. 

Uebersicht der jetzt bekanuten Arten von Theo- 
broms (Revue des espèces de Theobroma connues jusqu'à ce jour); par 
M. Gustave Bernouilli (Nouveaux Mémoires de la Société helvétique des 
sciences naturelles, t. XXIV, 1871, pp. 15, avec 7 planches). 


La rareté et l'état incomplet des échantillons du Theobroma dans les her- 
biers ont rendu pendant longtemps diffici'e l'étude de ce genre. Aussi saura- 
t-on gré à M. Bernouilli d'avoir mis à profitses voyages dans l'Amérique 
centrale et d’avoir compulsé les principaux herbiers d'Europe pour nous don- 
ner une monographie du genre qui produit le Cacao. M. Bernouilli admet 
quinze espèces (plus le Th. guyanensis Voigt, qu'il n'a pas vu), réparties en 
quatre sections et toutes américaines. Cinq de ces espéces sont cultivées: ce 
sont les quatre de la première section Cacao qui fournissent probablement 
leurs produits au commerce européen; mais l'auteur n'a pas insisté sur le 
côté industriel de cette importante question. Il fait remarquer cependant 
que ces quatre espèces sont impossibles à distinguer seulement par les ca- 
ractères de leurs rameaux feuillés. Le Th. pentagona Bern. a des graines plus 
grosses que le Th. Cacao L. Neuf espèces sur les quinze sont nouvelles pour 
la science et dues aux recherches de M. Bernouilli. Sa monographie, sauf 


quelques notes, est écrite en latin. 


Ucher die Entwick!ungsgeschichte der Blüthen cini- 
ger Pipcraceen (Organogénie des fleurs de quelques Pipéracées); 
par MM. J. Hanstein et Schmitz (Monatsberichte der Niederrheinischen 
Gesellschaft für Natur- und Heilkunde, séance du 2 août 1869, et Bota- 
nische Zeitung, 1870, pp. 37-40). 


Les auteurs admettent que le nucelle peut être de nature morphologique 


79 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


fort diverse, ainsi qu'on peut lé conclure déjà des observations faites par 
M. Hofmeister et d'autres savants, notamment sur les Loranthacées, les Ba- 
lanophorées, etc. Ils présentent cette opinion comme la conséquence de leurs 
travaux, et de ce principe général que dans l'organisme végétal la fonction 
n'est point du tout liée à la valeur morphologique de l'organe. 

Les résultats spéciaux obtenus par MM. Hanstein et Schmitz sont fondés 
principalement sur l'étude du Peperomia repens HBK. La structure du 
cóne végétal qui termine le chaton de cette espéce a été trouvée par 
M. Schmitz tout à fait conforme à la loi établie auparavant par M. Hanstein, 
mais non à l'opinion de M. Sanio. Les faisceaux vasculaires ne naissent pas 
dans une couche spéciale d'accroissement, mais chacun d'eux dérive d'un 
groupe isolé de cellules-méres allongées. Les deux couches sous-jacentes 
à l'épiderme ou couches allongées de periblema (voy. t. xv, Revue, p. 208), 
doivent former : l'extérieure des organes latéraux, l'intérieurc le tissu cortical ; 
et pour cela celle-ci se partage par des partitions tangentielles repétées, tan- 
dis que l'extérieure reste toujours composée d'une seule couche de cellules. 
L'origine de chaque feuille florale peut étre ramenée à quelques cellules 
faisant partie du periblema extérieur, qui subissent des partitions tangentielles 
répétées, et voient les cellules-filles ainsi produites s'étendre perpendiculaire - 
ment à l'épiderme qu'elles soulèvent; alors la feuille a commencé organogéni- 
quement. C'est encore dans les cellules de ce periblema externe qu'il faut 
chercher l'origine première des bourgeons floraux situés dans l'aisselle des 
mêmes feuilles florales. Comme dans les précédentes recherches de M. Hanstein, 
il n'est point question d'une cellule-mère isolée des productions latérales, soit 
raméales, soit foliacées. Lorsque le bourgeon axillaire est formé, il naît oblique- 
ment sur chacun deses deux côtés une étamine, et ensuite une feuille carpellaire 
unique et annulaire, dont le dos est tourné vers la feuille-mère, alternant, par 
conséquent, avec les deux étamines. Cette feuille carpellaire est rattachée par 
son origine à des cellules de periblema disposées en anneau, dans le milieu 
desquelles le sommet de l'axe floral s'élève et forme le nucelle. Dans ce der- 
nier, c'est une des cellules les plus supérieures du pleroma qui se transforme 
en sac embryonnaire, tandis que le tégument épais et formé de deux couches 
de cellules prend son origine de quelques cellules du dermatogène. Aucune 
trace de feuilles périgonales n’a été constatée par M. Schmitz sur les Pipéra- 
cécs qu'il a étudiées, 

D’après M. Cramer, le nucelle naitrait toujours à la surface d’une feuille ; 
MM. Hofmeister et Eichler ont prouvé au contraire que celui des Hélosidées 
et des Loranthacées, voire méme de la plupart des Polygonées et de beaucoup 
d'autres familles, se comporte comme celui des Pipéracées. Il faut en conclure 
que l'organe essentiel de l'ovule n'est pas constant dans sa nature morpholo- 
gique. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 73 


Uebersicht der Flechten des Grossherzogthums Baden 
(Revue des Lichens du Grand-Duché de Dade); par M. W. Bausch. 
In-8» de xri1 et 246 p. Carlsruhe, 1869. 


L'orographie, l'étude géologique, l'indication des altitudes, précèdent l'énu- 
mération des Lichens de la flore badoise, au nombre de 592, parmi lesquels il 
s'en trouve deux nouveaux : Secoliga carnea Arn. et Rhizocarpon lotum Stzh. 
La plus grande partie des matériaux mis en ceuvre par l'auteur a été recueillie 
dans ses propres excursions. 


Dic Alzentypen der Flechtengonidien (Les types algologiques 
des gonidies des Lichens); par M. S. Schwendener. In-4° de 42 pages, 
avec 3 planches. Bâle, 1869. 


Nos lecteurs se rappellent la théorie dont M. Schwendener est le représen- 
tant le plus militant, d’après laquelle les Lichens seraient des êtres dérivés des 
Algues et constitués par des milliers d'individus analogues de cette famille 
réunis en colonie et reliés par la substance qui forme le thalle du Lichen. 
Dans cette substance entreraient les filaments de Champignons parasites entés 
sur des Algues. On consultera sur ce sujet avec utilité l'analyse de travaux 
antérieurs, t. Xv (Revue), pp. 178, 282. MM. Famintzin et Baranetzky regar - 
dent au contraire les gonidies comme faisant partie intégrante du tissu des 
Lichens, mais pouvant prendre une existence indépendante et ressembler alors 
à ces Algues, mais devant être rayés de la liste des genres. 

M. Schwendener, pour soutenir son opinion, iusiste sur les types divers que 
présentent les gonidies des Lichens. Il en reconnait huit, distribués sur deux 
séries caractérisées, la premiere par la couleur vert bleuâtre, la seconde par la 
couleur vert franc de ces organes. 

A la première série appartienuentles cinq premiers typ2s. LesSirosiphonées 
ont des gonidies douées d'une liberté plus grande que les gonidies des Lichens; 
on le voit dans le thalle des genres Ephebe, Spilonema, Polychidium ; 
dans cette classe aussi se rangent les cephalodia des Stereocaulon, dans les- 
quels M. Nylander a découvert des gonidies de trois sortes correspondant 
aux genres d'Algues Syrosiphon, Scytonema, et à une Nostochacée. Les 
Rivulariées ne peuvent guère régler la conformation du thalle ; dans les cas 
les plus favorables, elles conservent seulement leur forme propre. Dans cette 
catégorie se placent le Lichina (auquel M. Schwendener identifie aprés une 
longue discussion le Thamnidium Wilkesii Tuck.) et le Racoblenna. — Les 
Scytonémées sont difficiles à distinguer des Rivulariécs dans le tissu des Li- 
chens, mais elles ont fort probablement part à la production des gonidies 
dans les genres Heppia et Porocyphus. — Les Nostochacées, à l'état de go- 
nidies, conservent tous leurs caractères de forme et de croissance ; bien en- 
tendu les Nostochacées terrestres seules passent à l'état anormal. Les Collema 


74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sont tenus par M. Schwendener pour des gonidies de Nostoc entremélées 
des filaments d'un Champignon parasite. Les gonidies du Lempholemma ap- 
partiennent vraisemblablement au genre d'Algues Zormosiphon; le Poly- 
coccus punctiformis (faussement attribué aux Chroococcacées et qui est une 
vraie Nostochacée) donne les gonidies des Zeptogium subtile, Pannaria brun- 
nea, Peltigera canina. Certains cephalodia des Stereocaulon sont aussi pro- 
duits par des Nostochacées. — Enfin, parmi les Chroococcacées, ce sont des 
Glæocapsa qui produisent les gonidies des Omphalaria et des Enchylium; 
celles du Phylliscum endocarpoides viennent des colonies non modifiées du 
Chrococcus turgidus Nag. 

La deuxiéme série fournit encore trois catégories. — Les Confervacées, qui 
sont en grande partie aquatiques, ne peuvent qu'exceptionnellement engen- 
drer des gonidies, par exemple chez le C'œnogonium et le Cystocoleus. — Les 
Chroolépidées ne se rencontrent que chez un petit nombre de Lichens, chez 
des Graphidées, des Verrucariées, des Roccella.—Enfin les Palmellacées sont 
rarement aptes à une transformation de ce genre: on peut citer cepen- 
dant le Cystococcus, le. Pleurococcus vulgaris et les types voisins, ainsi que 
les Protococcus (Rabenh. F1. eur. Alg.). 


Dic teenisch verwendeten Gummiarten, Hurze und 
Balsame (Les gommes, les résines et les baumes employés dans l'in- 
dustrie); par M. Julius Wiesner. Un volume in-8° de vi et 205 p., avec 
22 gravures sur bois et un tableau. Erlangen, 1669. 


Ce livre nous donne un compte rendu détaillé des faits acquis à la science 
sur l'origine, l'emploi, les propriétés physiques et chimiques, et méme sur 
le mode de développement des matières qui en font le sujet. Ce n'est pas seu- 
lement la forme et l'aspect des drogues qui ont fixé l'attention de l'auteur, mais 
aussi leur structure intime. On trouve daus la partie générale du livre une 
revue des plantes qui fournissent des gommes, des résines et des baumes. 
Tout en composant son livre avec le soin d'un compilateur, M. Wiesner a 
fait preuve de talent personnel en ajoutant quelques détails à la somme de 
nos connaissances, notamment sur la structure de la gomme du Chagual, de 
celle du Moringa pterygosperma, etc. M. Hlasiwetz, qui a aidé l'auteur dans 
l'étude de la partie chimique de son sujet, a écrit spécialement le chapitre sur 
la chimie de la résine. 


Prodromus of a study of thc north American fresh 
water Algae; par M. Horatio C. Wood. — Extrait des Transactions of the 
American Philadelphia Society, vol. x1); tirage à part en une brochure 
in-8° de 16 pages. 


L'auteur cominence par donner des renseignements sur la récolte et la con- 
servation des Algues, pour laquelle l'auteur recommande l'acétate d'alumine 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 75 


ou un mélange de glycérine, de créosote et d'eau. Dans l'énumération des es- 
pàces, en partie critiques ou nouvelles, qu'il présente, M. Wood s'est attaché 
à suivre le système du Flora europea Algorum de M. Rabenhorst. Dans les 
Conjugées, à l'exception du Pa/moylea clepsydra Wood et de deux espèces 
de Rhynchonema, on ne rencontre guère, ce qui est surprenant, que des 
espéces européennes. Il n'en est pas de méme chez les Zygnémées ct les OEdo- 
goniées. L'auteur n'a tenu compte que des plantes munies de fructifications ; 
les types stériles ont été laissés de cóté par lui. 


Étude sur le Drosophyllum lusitanicum ; par M. Aimé de 
Soland (Annales de la Société linnéenne de Maine-et-Loire); tirage à part 
en brochure in-8*, Angers, 1870. 


Les graines de cette plante on été fournies à M. de Soland par M. Gœze, 
inspecteur du jardin botanique de Coimbre. Le botaniste d'Angers en a étudié 
la germination, les glandes, l'inflorescence et les organes floraux; pour lui, 
les glandes seraient dues dans leur origine à des segments de la feuille. Les 
étamines, normalement au nombre de 10, formant deux verticilles superposés 
l'un au calice et l'autre à la corolle, sont sujettes à un phénomène de dédou- 
blement, selon l'auteur, bien qu'il n'en ait pas observé le développement, parce 
que les étamines surnuméraires sont situées dans les intervalles des étamines 
normales. 

M. de Soland s'étend encore sur l’histoire et la distribution géographique 
de la plante, dont la mention première se trouve dans le Viridarium lusita- 
nicum de Frisley, lequel l'a désignée sous le nom de Chameleontoides. Dro- 
sera lusitanica pour Linné, bien qu'avec un placenta central, Drosophyllum 
lusitanicum Link, cette plante fut pour Brotero le Spergula droseroides. 
Payer a établi pour cette espèce et pour le genre Dionæa la famille des Dro- 
sophyllées, que M. de Soland n'accepte pas. Le Drosophyllum habite le Por- 
tugal, l'Espague méridionale et les cótes du Maroc, dans les endroits sablon- 
neux. 


Die Formenentwickelungsgesctzt in Pflanzenreichs, 
oder das natürliche Pflanzensystem nach idealen Principe ausgeführt (La loi 
du développement des formes dans le règne végétal, ou le système naturel 
des plantes expliqué d'aprés un principe théorique); par M. F. Michelis. 
In-8° de xxii et 435 pages. Bonn, 1869. 


M. Michelis est professeur de philosophie à Braunsberg. Ce fait explique 
la direction théorique qu'il a donnée à ses travaux. Après avoir étudié le 
développement des Mousses, il se flatte d'y voir en petit et comme en germe 
le principe du développement de l’ensemble du règne végétal : les deux em- 
branchements des Phanérogames et des Cryptogames se développeraient d'a- 
prés la méme opposition fondamentale que les Mousses et: les Hépatiques. 


76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L'analogie des Phanérogames avec les Mousses est fort claire par la végétation 
dressée de celles-ci, leurs feuilles serrées presque en verticilles, leurs organes 
sexuels (dont les anthéridies sont extérieures aux archégones) insérés entre 
les feuilles. Nous croyons pouvoir nous contenter de donner à nos lecteurs 
cette idée très-succincte de la méthode de l'auteur, qui ne parait point avoir 
fait d'observations originales. 


Dispositio Œdogoniacenrum suecicarum; auclore Veit 
Brecker Wittrock (Comptes rendus de l'Académie des sciences de Stock- 
holm, 4870, n° 3); tirage à part en brochure in-8° de 26 pages. 


Le travail de M. Pringsheim forme la base sur laquelle l’auteur a construit 
un travail intéressant pour tous ceux qui s'occupent d’algologie. Il a classé les 
GEdogonium d'après la disposition de leurs appareils sexuels, qui les rend 
monoiques, gynandres ou dioiques. Les Œ'dogonium gynandres sont divisés 
en deux sections, selon que la membrane ces oospores est ou n'est pas soudée 
avec celle des oogonies. Les sous-divisions sont tirées : 1^ de la forme des 
oogonies ; 2? de leur mode d'ouverture, terminale ou latérale, de l'état de leur 
surface, inerme ou hérissée, etc. Les Zulbochæte sont aussi partagés en espèces 
monoiques et espèces gynandres. 


Dic natürliche wagcrechte Richtung von Pflanzen- 
theilen und ihre Abhangigkcit vom Lichte und von 
der Gravitation (Za direction horizontale naturelle aux parties des 
plantes et indépendante de la lumière et de (a pesanteur) ; par M. A.-B. 
Frank. In-8° de 95 pages, avec une planche lithographiée. Leipzig, 1870. 


L'auteur examine successivement diverses formes de tige horizontale (cour- 
bées et rampantes, rameaux des Conifères, rameaux horizontaux des autres 
arbres), puis les feuilles et les organes foliacés (feuilles terrestres, feuilles 
situées sur des tiges dressées, pendantes ou horizontales). Enfin il étudie les 
organes de végétation des Marchantiées et des Jungermanniées. 

C'est l'action du soleil qui détermine la direction horizontale des tiges cou- 
chées ou rampantes. C'est une sorte d'héliotropisme négatif. C'est ce qu'on 
voit chez le Polygonum aviculare, le Panicum Crus Galli, le Lysimachia 
Nummularia. Ici l'Aéliotropisme négatif l'emporte, d’après l'auteur alle- 
mand, sur le géotropisme négatif. Pour le Convallaria multiflora et le C. lati- 
folia, cette prédominance est plus faible ; l'héliotropisme négatif détermine 
l'inclinaison de la partie supérieure de leur tige, tandis que c'est le géotro- 
pisme négatif qui en maintient dressée la partie inférieure. 

Il en est autrement pour les stolons des Fragaria, sur lesquels la lumière 
ne parait exercer aucune influence. Sur eux, à la place du géotropisme négatif 
ordinaire, c'est une autre sorte de géotropisme qui agit, maintenant l'organe à 


REVUE BIBLIOGRAPIIIQUE. 77 


angle droit relativement à la force qui l'influence. Les rameaux horizontaux des 
végétaux ligneux reconnaissent la même cause à leur direction. 

Les rameaux horizontaux typiques des Coniféres (avec feuilles tournées de 
deux côtés), une fois écartés de l'horizontale, y reviennent d'eux-mêmes. La 
présence de la lumière n'a pas plus d'influence que son absence sur le phéno- 
méne. La différence établie morphologiquement entre le cóté supérieur et le 
côté inférieur d'un rameau de Conifère se maintient dans toutes les courbures 
qui ramènent à l'horizontale le rameau qu'on en a écarté. Si l'on retourne ce 
rameau, le côté supérieur en bas, ce rameau se contourne de lui-même de 
manière à reprendre sa position naturelle, à moins qu'on n'opére sur des 
rameaux trés-jeunes, daus lesquels la différence morphologique en question 
ne s'est pas encore prononcée, et encore enfermés dans le bourgeon, Ces phé- 
noménes de torsion spontanée sont sous la dépendance de la pesanteur, mais 
il est possible que la lumiére agisse dans le méme sens, et l'expérience ue 
permet pas de distinguer entre les deux. Cependant il y a cette différence entre 
les Conifères et les arbres dicotylédonés, que chez ces derniers les rameaux ont 
un côté supérieur et un côté inférieur distincts même dans le bourgeon. 

Les feuilles détournées de leur position normale táchent de la retrouver (1) ; 
c'est-à-dire de tourner toujours à angle droit avec la direction de la lumière le 
cóté de leur feuille qui est le mieux organisé pour la recevoir, soit en tordant 
leur pédicelle, soit en recourbant leur lame. La lumière est généralement la 
cause de ces phénomènes ; dans quelques cas (feuilles situées sur les rameaux 
horizontaux des Conifères et des autres arbres), la pesanteur paraît agir dans le 
même sens, car l'absence de la lumière n'empêche pas les feuilles de prendre 
des positions plus ou moins complétement analogues. 

Relativement aux phénomènes géotropiques et héliotropiques des Marchan- 
tiées et des Jungermanniées, l'auteur a répété avec les mèmes résultats l'expé- 
rience de M. Hofmeister (Pflanzenzelle, p. 294). 

Nous nous arrêterons un instant au dernier chapitre, daus lequel l'auteur 
récapitule et éclaire les faits qu'il a acquis à la science. Il distingue le géotro- 
pisme et l'héliotropisme longitudinal du géotropisme et de l'héliotropisme 
horizontal ; ce sont ces deraiers qni sont la cause de la plupart des phéno- 
mènes observés par lui dans la direction horizontale des parties des plantes. 
Ces forces déterminent dans l'organe qu'elles influencent une polarité des mem- 
branes cellulaires.—(Voy. t. xvI, Revue, pp. 73 et 133.) 


Symbolæ mycologicæ. Beitrige zur Kenntniss der rheinischen Pilze 
(Recherches sur les Champignons de lu région rhénane); par M. L. Fuckel 
(Jahrbücher des Nassauischen Vereins für Naturkunde, Jahrsb. xxi et 
XXIV) ; tirage à parten un volum? in-$° de 459 piges. Wiesbaden, 1869. 
Ce livre doit être considéré con nz ua comaneataire détaillé anaexe aux 


(1) Ceci a déjà été observé par. Bonnet. 


78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Fungi rhenani publiés par l'auteur. Il renferme cinq cent vingt- sept espéces ap- 
partenant à cent quarante et un genres, disposés en revue méthodique. M. Fuc- 
kel admet deux divisions : Fungi perfecti et Fungi imperfecti. Les premiers 
se partagent en Myceliophori et en Plasmodiopkori (Myxomycètes). Dans les 
Fungi imperfecti se trouvent des groupes dont la place est incertaine dans le 
systeme, le mycélium stérile, etc., et notamment les Tremellinés et un certain 
nombre d'Urédinés. Suit l'énumération des Champignons observés, des noms, 
synonymes, localités, la description des espéces remarquables ou nouvelles. La 
plus grande partie de ces derniéres se rencontre parmi les Ascomycétes et 


surtout parmi les Gymnomycétes. Le genre Peziza est divisé en trente genres 
de création récente. 


Beitrage zur Morphologie und Physiologie der Pilze 
(Recherches sur la morphologie et la physiologie des Champignons); par 
M. De Bay, 3° série : Sphœæria Lemaneæ, Sordaria fimiseda et S. co- 
prophila, Arthrobotrys oligospora, Eurotium, Erysiphe et Cicinno- 
bolus ; nebst Bemerkungen über die Geschlechtsorgane der Ascomyceten 
(avec des remarques sur les organes sexués des Ascomycètes); par MM. de 
Bary et Woronin (Extrait des Abhandlungen der Senkenbergischen Gesell- 


schaft, X. Vi); tirage à part en in-4° de 36 et 95 pages, avec 12 planches. 
Francfort-sur-le-Mein, 1870. 


Les quatre premiers chapitres de cette publication sont l’œuvre de M. Wo- 
ronin, les autres de M. De Bary. 

Le premier a pour sujet l'étude de la structure et du développement du 
Spheria Lemanec, parasite incomplétement décrit par M. Cohn en 1857 
comme parasite sur le thalle submergé du Zemanea fluviatilis. L'auteur n'a 
observé encore que des périthéces comme organes reproducteurs de cette es- 
péce; leur origine a lieu par le rapprochement de deux groupes de cellules 
formés séparément sur le méme mycélium, comme dans les Pézizes. L'au- 
teur décrit la formation du périthécium et des spores; celles-ci sont expulsées 
comme celles du Sphæria Scirpi. La partie intérieure de la thèque se dé- 
tache de la partie extérieure et s'échappe. 

Relativement au Sordaria fimiseda DNtrs, chez lequel M. De Bary a fait 
connaitre le développement des spores, M. Woronin trace une exposition ana- 
tomique et organogénique très-détaillée. Pour l'expulsion des spores, la partie 
supérieure de la thèque se détache, et elle est entraînée comme une coiffe quand 
les spores sortent de la thèque. Ces spores germent, quel que soit leur degré de 
maturité. Quand ellesnesont pas encore mûres, elles se partagent avant de ger- 
mer. Les spores müres conservent pendant deux ans leur faculté germinative. 
Les premières émettent des filaments de mycélium sur divers points; lessecondes 
laissent sortir par une ouverture ou ponctuation terminale de leur exospore 
une vésicule sphérique qui pousse bientôt deux à quatre cellules cloisonnées. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 


L'auteur a pu suivre sur le porte-objet le développement entier du Sordaria 
fimiseda depuis la germination de l'ascospore jusqu'à la maturité du péri- 
thécium, qui apparaît entre le sixième et le septième jour après le semis des 
spores. Le mycélium primaire né de la germination périt alors, tandis qu'il en 
sort un nouveau, secondaire, des filaments qui supportent le peloton enchevétré 
dans lequel se préparera le jeune périthécium. 

Le Sordaria coprophila présente dans son développement les mémes phé- 
nomenes essentiels que le précédent. On sait queson mycélium,outre les péri- 
théciums, porte aussi des pycnides et des conidies. Les pycnides apparaissent 
d'abord à l'état de corps sphériques d'un brun obscur ; leur parot est à une ou 
deux couches, traverséeà son sommet par une ouverture bordée de dix à douze 
soies piquantes. Les stérigmates qui revétent l'intérieur de la pycnide produi- 
sent par étranglement de petites stylospores capables de germination. Le jeune 
mycélium né ainsi, comme celui qui résulte de la germination de spores non 
mûres, porte sur des ramuscules coniques des conidies arrondies. Celles-ci sont 
d'abord de simples gouttelettes de protoplasma qui, au bout d'une heure et de- 
mie à deux heures, s'entourent d'une membrane et prennent un nucléus. 

Le travail de M. De Bary sur l'Zurotium comprend les recherches exté- 
rieures de l'auteur sur la segmentation des organes végétatifs et sur la forma- 
tion des conidies de ce genre, puis une revue systématique des formes con- 
nues d’£'urotium, et traite principalement sous un nouveau point de vue du 
développement du périthécium. L'auteur nomme carpogonium et pollino- 
dium les organes qui donnent naissance à cet appareil par une copulation 
sexuelle. 

Les annotations relatives aux Zrysiphe ont trait à plusieurs points de dé- 
tail. Les sucoirs de ces espèces appartiennent à trois types différents. Les plus 
simples sont les haustoria exappendiculata, qui naissent directement d'un 
point du mycélium en contact avec l'épiderme, transpercent aussitót celui-ci, 
et se développent dans l'intérieur d'une cellule épidermique en une vessie gé- 
néralement claviforme. Dans d'autres cas (haustoria appendiculata), il appa- 
rait d'abord sur le mycélium une petite dilatation latérale, de la largeur du 
filament qui repose sur la cellule épidermique ; de cette dilatation ou auprès 
d'elle sort le sucoir. Dans la troisième forme (haustoria lobata), les dilata- 
tions d'où ou prés desquelles sort le sucoir sont lobées ou échancrées. 

Les Erysiphe se divisent en deux types principaux, l'un renfermant une 
seule théque dans chaque périthécium, l'autre en renfermant quatre ou plus ; 
au premier appartiennent le Sphærotheca Castagnei Lév. et le Podosphera 
tridactyla Wallr. , particulièrement étudiés par l'auteur. 

M. De Bary s'étend sur le développement des périthéciums, résultant des 
rapports que contractent deux cellules nées à l’entrecroisement de deux 
filaments du mycélium, chacune sur un filament distinct. L'une est le poči- 
nodium, l'autre l'ascogonium (jadis cellule ovulaire ou £'izelle). La première, 


80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


après s'étre séparée par une cloison du filament qui lui a donné naissance, se 
recourbe au-dessus de l'ascogonium et se partage par une cloison transversale 
en deux cellules. Elle s'applique sur l'ascogonium, mais l'auteur soutient 
qu'il n'y a point de fusion entre la cellule terminale du pollinodium et celle 
de l'ascogonium, par rupture des membranes situées de chaque cóté du 
point de contact. Dans un état de développement plus avancé, le troncon qui 
se trouve áu-dessous de la base de l'ascogonium, et qui appartient à la dila- 
tation du filament, origine première de cet organe, grossit pour en consti- 
tuer le pédicule et porte quelques utricules réunis en involucre autour de cet 
ascogonium. On en trouve aussi dans beaucoup de cas à la base du pollino- 
dium. Ce sont ces utricules qui, en s'accolant et se ramifiant, constituent le 
tissu lacuneux qui se réunit au sommet de l'ascogonium ct rejette le pollino- 
dium en dehors. Plus tard elles se cloisonnent et forment l'enveloppe 
multicellulaire qui entoure l'ascogonium et plus tard la paroi externe du pé- 
rithécium. La forme générale du jeune périthécium s'approche ainsi de la 
forme sphérique. Puis du cóté interne des cellules d'enveloppe naissent de 
courts filameuts qui s'entrelacent et se cloisonnent pour former enfin la paroi 
interne à plusieurs couches du périthécium. Pendant ce temps la croissance 
de l'ascogonium amène son partage en deux cellules, dont la supérieure sera la 
thèque unique du périthécium, l'inférieure le pédicule de la thèque. 

Dans sa révision méthodique des £rysiphe, M. De Bary réunit tous les gen- 
res de M. Léveillé, à plusieurs thèques età ascogonium campylotrope, dans 
le seul genre Erysiphe; tandis que les types pourvus d'une thèque unique 
(Spherotheca et Podosphera) sont réunis en un genre unique qui con- 
serve le nom de ce dernier genre. 

Les Erysiphe portent des pycnides connues depuis longtemps et que l'on 
a rapportées à divers genres, notamment au genre Cicinnobolus Ehrenb. 
Plus tard on a constaté que ces pycnides étaient portées sur le méme mycé- 
lium que les périthéciums des £rysiphe, et méme ressemblaient souvent 
beaucoup à ces derniers par leur aspect extérieur, bien qu'elles émissent des 
stylospores au lieu de spores ; aussi on les a regardées comme constituant une 
forme particulière de fructification propre aux £'rysiphe. M. De Bary établit 
qu'on s'est trompé, que le mycélium sur lequel croissent les pycnides est plus 
fin que celui de l Erysiphe, qu'il en diffère, bien qu'il s'y entremêle et méme 
le perfore en meint endioit, et appartient à un parasite, pour lequel l'auteur 
adopte le nom de Cicinnobolus. Ces pycnides, on le sait, sont de deux sortes, 
les unes cffilées, les autres arrondies; les deux, sur quelques espèces d Erysiphe 
qu'elles croissent, appartiennent à une seule ct même espèce de Cicinnobolus, 
à une exception près. 

Le dernier chapitre, consacré à des considérations générales, a pour but 
d'établir la sexualité des deux organes dont le concours donne naissance aux 
périthéciums, de comparer le développement de ces derniers organes, d’après 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 84 


les cas observés sur les E'urotium et sur les Erysiphe, avec lès exemples 
analogues déjà enregistrés par la science, et dele comparer méme au déve- 
loppement des fruits capsulaires des Floridées. 


Domestic Botany; an Exposition of the structure and classification of 
Plants, and of their uses for food, clothing, medicine, and manufacturing 
purposes; par M. John Smith, ex-curator du jardin de Kew, 547 p. Lon- 
dres, chez Lovell Reeve et Cie. 


La « Botanique domestique » de M. Smith n'est pas restreinte à la botanique 
économique. La premiére partie est consacrée à l'explication des organes, à la 
structure, à la vie, à la classification des plantes. La deuxième partic présente 
les familles des.plantes distribuées daus un ordre régulier, avec la description 
de leurs caractères, de leurs propriétés, de leurs usages, en commençant par 
les Cryptogames, suivant le systéme de Lindley. Une énumération y est don- 
née. des plantes utiles ou cultivées fréquemment dans les jardins ou dans 
les serres. 

L'ouvrage est accompagné de seize planches coloriées dues au pinceau 
de M. Fitch. 


Saæifraga Marceana Baker (Gardeners’ Chronicle, 1871, n° h2, 
p. 1355). 


Cette espèce a été découverte au Maroc, dans les montagnes des Beni Hos- 
mar, prés de Tétuan, par M. Georges Maw, auquel l'a dédiée M. Baker, qui la 
caractérise dans les termes suivants : 

S. (Dactyloides) Maweana. — Caulibus dense cæspitosis copiose ramosis 
purpureis tenuiter glanduloso-pubescentibus, surculis floriferis e basi décum- 
bente erectis; foliis 6-8 laxe dispositis cordato-reniformibus ultra medium 
ternatim palmatipartitis, divisionibus 3-5 dentibus oblongis subobtusis in- 
stuctis; petiolis complanatis dimidio superiore anguste alatis, limbo sepe 
2-3-plo longioribus; gemmis axillaribus robustis copiosis ; floribus 4-9 in co- 
rymbum laxum dispositis, pedunculis dense puberulis, calycis dentibus ligu- 
lato-lanceolatis subobtusis tubo dense puberulo duplo longioribus; petalis 
albis obovato-cuneatis pro genere maguis (8-9 lin. longis). 

Cette espèce est voisine du S. oranensis décrit par M. Munby dans notre 
Bulletin (t. 11, p. 284). 


Am atíempted improvement in the arrangement of 
Ferns and in the nomenclature of their subdivisions 
(Essai d'un progrès dans l'arrangement des Fougères et dans la nomen- 
clature de leurs subdivisions); par M. Hincks. Brochure in-8°, 1870. 


Le révérend Hincks est professeur à l'université de Toronto, et président 
de l'Institut canadien. Il a tracé un exposé clair de la structure, de la fructi- 
T. XVIU. (REVUR) 6 


82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


fication et de la fécondation de ce groupe de plantes, qu'il regarde comme une 
classe (Filicales), contenant trois ordres, Osmundacées, Cyathéacées et Poly- 
podiacées ; les Ophioglossées sont exclues par leur vernation dressée, et rap- 
portées aux Lycopodiacées. Les tribus des ordres sont fondées sur les carac- 
téres des sores. Pour les genres l'auteur a accordé beaucoup à la nervation, et 
moins à l'articulation des stipes sur les rhizomes. Il regarde comme genres le 
Lastrea etle Polystichum. 


Éléments de botanique et de physiologie végétale; sui- 

.: vis d'une petite flore simple et facile pour aider à découvrir les noms des 
plantes les plus communes du Canada; par M. l'abbé Ovide Brunet, pro- 
fesseur de botanique à l'université. Un volume, Québec, 1870. 


Nous empruntons à The American Journal la citation de ce petit livre, qui 
parait répondre parfaitement à son titre, et qui prouve que notre langue con- 
serve toujours sa prépondérance dans une partie importante du Canada On y 
trouve les noms vulgaires que portent certaines plantes dans l'idiome local. Le 
Sarracenia y est appelé Petit-Cochon ; l'Oxalis Acetosella, Alleluia ; l'Zmpa- 
tiens fulva, Chou sauvage; l'Hamamelis, Café-du-Diable ; le Vaccinium 
Oxycoccos, Atoca ; etc. 


Internationale Worterbuch der Pflanzen-Namen, etc. 
(Dictionnaire international des noms de plantes, latin, allemand, anglais 
et français, destiné aux botanistes, et spécialement aux horticulteurs, 
aux agriculteurs, aux étudiants forestiers et pharmaciens); par M. W. 
Ulrich. Leipzig. in-8°, part. 1. 


Ce livre vient aprés le Dictionnaire polyglotte de Nemnich, dont le plan était 
plus étendu. Ne l'ayant pas sous les yeux, nous ne pouvons que le signaler à nos 
lecteurs; mais nous ajouterons que le critique qui en rend compte dans le 
Gardeners’ Chronicle, 4871, p. 1588, regarde l'auteur comme très-peu fa- 
milier avec la langue anglaise, et (d'après l'apparition du premier fascicule) 
juge d'une manière fort sévère cet ouvrage. Il engage méine M. Ulrich à re- 
manier cette première livraison avant de continuer, aprés avoir soumis son 
travail à des juges compétents pour la partie anglaise et pour la partie fran- 
çaise. . 


Catalogo poliglotto delle piante, compilate dalla contessa de San 
Georgio. Petit in-8° de 747 p.: Florence, chez G. Pellas, 1870. 


Dans ce catalogue, les plantes sont placées suivant l'ordre alphabétique de 
leurs noms latins, et numérotées à la suite. Puis des index séparés pour 
chaque langue, et rangés également en ordre alphabétique, renvoient pour 
chaque nom au numéro correspondant du premier catalogue latin. Il est: à 
regretter que cet ouvrage soit défiguré par de nombreuses fautes d'impression. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. id 


Deutsche Pflanzennamen (Noms des plantes en allemand) ; > par. 


M. Hermann Grassmann, professeur au gymnase Marienstifs à Stettin.. 
Stettin, 1870. 


Ce petit volume renferme les noms populaires des plantes, usités non-seule- 
ment en Allemagne, mais en Suéde et en Danemark, avec des notes sur les 
modes de dérivations et de nombreux renvois aux auteurs qui ont écrit sur le 
méme sujet. 


Sur l'Eucalyptus globulus et son emploi thérapeutique ; par M. le. 
professeur A. Gubler (Extrait du Bulletin de thérapeutique médicale et chi- 
rurgicale, numéro du 30 août 1871); tirage à part en brochure in-8° de. 
31 pages. Paris, 1874. 


M. Gubler s'occupe depuis cinq années, dans le service hospitalier « qu il 
dirige, d'expérimenter les propriétés médicales de l'Zucolyptus; ses expé- 
riences avaient été entreprises à l'occasion d'une note adressée par M. Ramel 
à l'Académie de médecine, qui a recu sur lé méme sujet, ultérieurement, des 
communications de M. Drouyn de Lhuys, de M. le D" Gimbert (de Cannes) et 
de M. de Gérando. 

M. Gubler rappelle d'abord les travaux de M. Cloëz, qui ont été communi- 
qués à l'Académie des sciences en 1868 et eu 1870 (Comptes rendus, t. LX, 
page 107). i 

Les dernières recherches de ce savant chimiste permettent de reconnaître à 
l'essence d'Z'ucalyptus ou eucalyptol la formule C#H*0*? pour 4 volumes 
de vapeur ; ce serait une sorte de campbre liquide. Sa densité à 8 degrés cen- 
tigr. est de 0,905; son point d'ébullition est entre 170 et 175 degrés centigr. 
Il est dextrogyre. Miscible simplement à l'eau, à laquelle il communique son 
árome, il est plusou moins soluble dans l'alcool, l'éther, etc. 

Les phénoménes physiologiques produits par l'ingestion de l'eucalyptol 
sont locaux et généraux, chaleur et méme brûlure (si la dose est forte) au 
pharynx et à l'estomac ; puis fièvre et excitation générale. Ces phénomènes, 
comme ceux que déterminent les substances excitantes, sont de peu de durée. 

Mais l'essence ne saurait expliquer tous les effets thérapeutiques de l’ £uca- 
lyptus. La présence du tannin, des substances améres et peut-étre d'un prin- 
cipe immédiat particulier, doit ajouter des particularités spéciales à l'action des 
feuilles, et expliquer les faits observés dans le traitement des affections pa- 
lustres. On a constaté d'une maniere irréfragable des succés obtenus contre des 
fièvres intermittentes avec la poudre des feuilles de l' Fuca/yptus. M. Gubler 
croit qu'il peut rendre contre cette affection de réels services. 

Les indications que peut remplir l Zucalyptus, employé extérieurement ou 
intérieurement, sont en général celles de toutes les substances excitantes ou 
astringentes, Mais c'est dans les affections Catafrhales purulentes que M. Gubler 


S^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


a eu le plus à s'en louer, et surtout dans les catarrhes pulmonaires. Le nouveau 
médicament devient synergique du goudron, du copahu, du cubébe, du 
matico, trouvant naturellement son emploi le plus rationnel dans les cas 
subaigus ou chroniques, et méme chez les tuberculeux, chez lesquels la 
poudre de feuilles a l'avantage d’être tonique et de modérer les sueurs qui 
souvent les épuisent. Cette poudre l'emporte sur toutes les autres formes phar- 
maceutiques, parce qu'elle renferme la totalité des principes actifs : tannin, 
résine, principe amer et essence. M. Gubler la prescrit à la dose de 4 à 16 
grammes par jour, eri quatre à huit prises. L'eau distillée de feuilles est trés- 
agréable et peut servir de véhicule pour les potions stimulantes. L'essence 
s'administre à la dose de quelques gouttes, ou de quelques grammes, enfermée 
alors dans des capsules. 


L’'Eucalgplus, rapport sur son introduction, sa culture, ses propriétés, 
usages, etc.; par M. Raveret-Wattel (Bulletin de la Société d'acclimatation, 
1871, n” 9-11, p. 472-487, 555-570, 623-641, etc.). 


Ceux de nos confrères qui s'intéressent aux applications de la science trou- 
veront réunis dans ce rapport beaucoup de documents relatifs à l'introduction, 
aux caractères et aux usages des Eucalyptus. 

L'Eucalyptus globulus, le plus important de tous, répand par son écorce, 
ses fleurs, ses feuilles et ses fruits, trés-aromatiques, une odeur assez analogue 
à celle de la Sauge officinale. Ces émanations, dues à une huile essentielle, sont 
regardées comme douées de propriétés bienfaisantes; elles favoriseraient la 
respiration et neutraliseraient les miasmes paludéens : car on a remarqué en 
Australie que les fièvres périodiques n'existent pas, partout où ces arbres, qui 
croissent dans les vallées, constituent une partie importante de leur végétation. 

Des plantations importantes d' Eucalyptus, faites par les soins de M. Sau- 
liére en Algérie, ont si heureusement modifié les conditions hygiéniques de 
certaines exploitations industrielles, que le personnel des ouvriers, naguére 
constamment éprouvé par les fiévres, n'en présente plus maintenant aucun 
cas. Cette propriété tient sans doute aux puissantes facultés d'absorption et de 
transpiration dont sont doués les Z'ucalyptus. 

L'eucalyptol découvert par M. Cloëz, qui possède au plus haut degré l'odeur 
agréable de la plante, parait exercer sur l'économie une action analogue à 
celle de la plupart des huiles essentielles ; mélangé à l'eau, il lui commu- 
nique une saveur fraiche, amère et camphrée et assez agréable. Ces pro- 
priétés rapprochent évidemment l'huile essentielle de l’£ucalyptus de celle 
du Cajeput, autre Myrtacée, et l'analogie s'étend probablement aux propriétés 
médicales. L'infusion théiforme des feuilles d’ Eucalyptus, légèrement colo- 
rée, amére et astringente, parait jouir de propriétés fébrifuges prononcées. 

Mais c'est surtout comme bois de construction, à cause de la rapidité de sa 
croissance, jointe à la solidité de son bois, et de la hauteur qu'il atteint, que 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85 


l'Eucalyplus nous rendra des services, Nous avons déjà analysé sur ce sujet 
ane brochure de M. Ramel, qui s'est dévoué à l'acclimatation de cet arbre, 
et qui a vu le succès couronner ses efforts. En effet, l' Z'ucalyptus ne perd 
aucune de ses qualités lorsqu'on le transporte loin de sa patrie ; il continue 
méme d'obéir aux lois du calendrier australien. En Algérie et en Provence, cet 
arbre parvient en quatre ou cinq ans à la hauteur de 13 mètres au moins, 
sur une circonférence de 0,80 à 1 mètre à la base du tronc. M. Trottier, qui 
cultive déjà Eucalyptus globulus en forêt dans les environs d'Alger, y fait 
des coupes sur des arbres àgés seulement de quelques années. 

L' Eucalyptus, que les Sauterelles respectent, est fort recherché des abeilles 
et peut favoriser la production du miel ; en Australie, où l'abeille commune, 
introduite exprès, s’est multipliée d'une facon incroyable, les ouvriers des 
mines vont fréquemment à la recherche du miel et de la cire des essaims 
sauvages. Les fleurs d' Zucalyptus seraient chez nous pour la nourriture des 
abeilles une ressource d'autant plus précieuse, qu'elles paraissent à une époque 
où les autres font défaut. 

L'auteur s'occupe encore d'autres espèces d'Ewcalyptus : E. Mahogany, 
Larra ou Djaryl des indigènes, qui rend de grands services à l'ébénisterie en 
Australie; E. rostrata Schlecht., recherché pour la jolie couleur rouge et 
l'aspect perlé de son bois dur, fournissant quand on le brûle une forte chaleur 
qui se conserve longtemps, et quand on broie son écorce fibreuse, une matière 
abondante pour la fabrication des papiers d'emballage; Æ. amygdalina 
Labill., qui atteint plus de 50 métres de hauteur, l'espéce dont le feuillage 
produit le plus d'huile odorante ; Æ. obliqua L'Hér., inférieur à l'E. globulus, 
mais dont l'écorce s'enlevant par de larges plaques susceptibles de former une 
couverture très-légère et trés-solide, fournit une excellente pâte à papier 
et pourrait probablement être exploitée sans dommage pour l'arbre ; Æ. leu- 
coxylon F. Müll., dont le bois s'emploie dans la carrosserie et convient surtout 
à la fabrication des roues d'engrenage pour les moulins; Æ. citriodora | 
Hook., qui doit son nom à l'odeur de son essence; Æ. coriacea et E. Gun- 
nit J. Hook., qui se rencontrent jusqu'à des hauteurs de 5000 pieds dans les 
montagnes de Victoria, où les neiges sont persistantes à 6000 pieds environ, 
et qui peuvent, comme l'acclimatation l'a prouvé, supporter le froid d'un 
hiver parisien ; l' E. oleosa, qui serait une précieuse conquête pour le Sahara 
Algérien, car il émet presque à la surface du sol des racines horizontales qui 
renferment une eau très-pure et trés-saine; et plusieurs autres espèces. 

M. Raveret- Wattel examine ensuite les résultats déjà obtenus dans le Midi 
et en Algérie par la culture de l Eucalyptus. 

ll traite minutieusement des précautions que réclame l'acclimatation de 
l’ Eucalyptus en général. Les graines de cette essence se conservent longtemps. 
M. Malingre en a eu qui, restées oubliées six ans au fond d'un tiroir, ont néan- 
moins germé à raison de 60 pour 100 et donné un plant trés-vigoureux, 


86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Raveret-Wattel retrace l'historique de la culture de l’ Eucalyptus, dans 
chacune des localités où elle a été tentée. Nous y remarquons que cet arbre 
a supporté sans grand dommage une température de — 15 degrés centigr. sur 
les bords de la Tamise. Il termine par l'étude des applications à la thérapeu- 
tique et à la parfumerie. Il: a été aidé dans ce travail par une correspon- 
dance établie depuis un grand nombre d'années avec toutes les personnes 
qui ont acclimaté l'Zucalyptus, ce qui donne une grande autorité à son 
travail. 


Observations cliniques sur Eucalyptus globulus (Tas- 
maniæ blue gum); par M. Adolphe Brunel. Broch. in-8° de 55 pages. Paris, 
chez J.-B. Baillière et fils, 1872. 


C'est un Francais, Labillardière, qui a le premier reconnu et décrit l'Z'u- 
calyptus en 1792. C'est un Français, M. Ramel, qui en a le premier doté 
l'Europe en 1856. Nous croyons être dans le vrai en ajoutant que c'est un 
Francais qui l'a le premier expérimenté en Amérique. M. Brunel a soumis 
l'emploi médical de l’£ucalyptus à des observations suivies, pendant trois ans, 
dans l'hópital qu'il dirigeait à Montevideo. i 

Il fait connaître les résultats d'une analyse chimique des feuilles de l’ Z'uca- 
lyptus faite à Montevideo, par M. Camille Weber, en septembre 1868 (1). 
M. Weber a obtenu des dérivés extrémement intéressants de l'essence; il 
mentionne un acide eucalyptique et un principe amer, neutre. M. Brunel a 
administré l’£’ucalyptus en infusion édulcorée avec du sirop de sucre. Chaque 
dose est de 8 grammes de feuilles dans une infusion de 120 grammes d'eau 
bouillante, matin et soir. 11 donne seize observations dans lesquelles les pro- 
duits de l’ Eucalyptus ont amené la guérison de la fièvre intermittente. 


Avant de quitter ce sujet, citons pour ceux de nos confréres qui se livre- 
raient à des travaux sur l’£ucalyptus, les documents publiés : — par M. Ra- 
mel : Z'Eucalyptus globulus (Revue maritime et coloniale, déc. 1861) ; 
— par M. Delisse (Bulletin de la Société d'acclimatation, 1862, p. 64); 
— par M. André (Revue horticole, février 1863) ; — par M. Tristany, dans 
el Compilador medico, 1865 ; — Lettres de M. Malingre à la Société d'ac- 
climatation, Séville, novembre 1867, et Bulletin de la Société d'acclimatation, 
1868, p. 138, et juillet-août 1871, p. 384 ; — par M. Monchalait (De l Eu- 
calyptus (Revue des eaux et forêts, 48677) ; — par M. le docteur Adrien Sicard, 
(Bulletin de la Société d'acclimatation, janvier 1868); — par M. le doc- 
teur Régulus Carlotti, d'Ajaccio : Mémoire sur l'action thérapeutique et 
la composition élémentaire de l'écorce et de la feuille de l' Eucalyptus 
globulus, présenté à la Société d'agriculture d'Alger en 1869; — par M. G. 


(4) L'analyse de l' Kucalyptus a été aussi faite en Corse par MM. les professeurs Vau- 
quelin et Luciani (voyez Carlotti, Mém. cité), el à Melbourue par M, C, Hoffmann. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 


Sacchero : Utilità dell’ Eucalyptus, in-8°,11 pages, Catania, typ. Carronda, 
1869 ; — par M. le docteur Miergues, de Bouffarik, dans le journal /a Science 
pour tous, 15 janvier 1870 ; — par M. le comte Maillard de Marafy (E gypte 
agricole, juin 1870);— par M. Gastinel-bey: Les Eucalyptus (Égypte agri- 
cole, juillet 1870) ; — par M. Trottier: Notes sur l Eucalyptus, Alger; 
Boisement dans le désert et colonisation, Alger, 1869 ; — De l'accroissement 
et de la valeur progressive de l' Eucalyptus, Alger, 1871 ; — Arbres de 
l'Australie, avec reproduction du mémoire de M. Müller, de Melbourne, Sur le 
boisement par Ü' Éucalyptus, Alger, 1872; -- par M. le docteur Gimbert de 
Cannes : /'Eucalyptus globulus; son importance en agriculture, en hygiène 
et en médecine (Mémoires de la Société des sciences naturelles, des lettres et 
des beaux-arts de Cannes et de l'arrondissement de Grasse, 1870, vol. 1, 
p. 90) ; et Paris, Delahaye, 1870 (voyez le Bulletin, t. xvii, Revue, p.72) ; — 
par M. Ramel : l’ Eucalyptus globulus de Tasmanie, Paris, 1861-1870 ; — par 
M. Clo&z (Bulletin de la Soc. d'acclim., sept. 1868; et Union pharmaceu- 
tique, juin 1870, p. 169) ; — par M. le capitaine de vaisseau de Salvy : Note 
sur l’ Eucalyptus (Bulletin du Comice agricole de Toulon, 1871). Ces obser- 
vations compléteront et rectifieront une note publiée précédemment (t. XVII, 
p. 191) sur des documents insuffisants. 


The Admiralty Manual of scientific inquiry. Londres, 1870 
2* édition. 


Le Manuel publié par l'amirauté anglaise, et renfermant sous une forme 
pratique et trés-scientifique à la fois tous les renseignements que peuvent 
désirer les explorateurs des contrées lointaines, est un ouvrage d'une grande 
importance, dont l'analogue manque jusqu'à présent en France sous une 
forme aussi complète. La partie botanique avait été traitée dans la première 
édition de ce livre par Sir William Hooker. M. J. Hooker l'a révisée pour cette 
deuxième édition. Elle contient des instructions excellentes sur la manière de 
recueillir les plantes, soit pour les jardins botaniques, soit pour les herbiers. 
M. Hooker signale tout particulièrement au zèle des collecteurs les contrées du 
globe qui sont encore insuffisamment connues; personne ne s'étonnera qu'il 
insiste davantage sur les flores insulaires. Il fait valoir la nécessité d'apporter 
non pas des collections de chaque groupe insulaire, mais de chacune des iles 
qui le constituent, car il arrive ordinairement que les flores de deux iles océani- 
ques contigués sont étonnamment différentes. Un appendice à la partie bota- 
nique, fort utile, a été écrit par MM. Hanbury et Oliver; il indique. une 
série de recherches à faire sur les sources et l'origine de substances employées 
dans l'industrie ou la pharmacie. Ainsi la gutta percha méme est mal connue. 
On dit qu'elle provient de diverses plantes : Zsonandra, Chrysophyllum, 
Sideroxylon et d'autres. Les auteurs insistent sur l'utilité de joindre des 
échantillons secs aux produits correspondants fournis par la méme espèce. 


88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


D'où vient, demandent-ils, le sagapenum, souvent apporté de Bombay, et 
que l'on suppose étre produit en Perse? Il se présente dans le commerce sous 
deux formes qui conduisent à lui attribuer avec probabilité une double ori- 
gine. Ainsi encore le galbanum passe pour être importé d'Astrakhan en Rus- 
sie, et cependant celui qu'on reçoit en Angleterre vient principalement de 
Bombay. 


The Lichen-flora of Great Britain, Ireland and the 
Channel islands (Flore des Lichens de la Grande-Bretagne, de 
l'Irlande et des îles de la Manche); par M. W.-A. Leighton. In-8° de 
470 pages. Londres, 1871. 


Un Manuel de la lichénographie anglaise a été publié en 1861 par 
M. Mudd; ce livre avait suffi pour augmenter de beaucoup le nombre des 
personnes adonnées à la lichénographie en Angleterre. Depuis sa publication, 
qui portait à cinq cents, en nombre rond, le nombre des Lichens connus dans ce 
pays, ce nombre s'est augmenté j usqu'à prés de huit cents. Dans la composi- 
tion des genres, M. Leighton, loin de procéder comme M. Mudd, suivant la 
méthode de Kærber et de Massalongo, se rattache à M. Nylander; il n'en 
admet qu'un petit nombre, et par exemple conserve intact le genre Zecidea 
avec deux cent trente-trois espèces. Il a mis largement la chimie à contri- 
bution, en se servant des caractères que fournissent les nuances du tholle in- 
fluencé par l'hydrate de potasse et l'hypochlorite de chaux. Mais il est rare 
que M. Leighton accepte des espèces fondées sur ces seuls caractères ; il s'en 
sert notamment pour déterminer les sous-divisions du genre Parmelia. 

La distribution géographique de l'espéce est étudiée avec soin par M. Leigh- 
ton. Il a recours, pour l'indiquer, aux dix-huit régions botaniques délimitées 
par M. Watson dans son Cybele britannica, et aux divisions indiquées pour 
l'Irlande par MM. Moore et More dans leur Cybele hibernica. Une ligne est 
consacrée à la géographie générale de chaque espèce. Il y a encore dans 


chacune des trois parties du Royaume-Uni des comtés dans lesquels on n'a 
point recherché les Lichens. 


Ueber die europäischen Arten der Gattung Typha (Sur 
les espéces européennes du genre Typha) ; par M. P. Rohrbach (Verhand- 
lungen des botanischen Vereins für die Provinz Brandenburg, onzième 


année, 1869, pp. 67-104); tirage à part en brochure in-8^ de 38 pages, 
avec une planche lithographiée. 


En s'abstenant dans cette publication de détails organogéniques, qui sont 
réservés pour une publication plus étendue, l'auteur se borne aux faits mor- 
phologiques essentiels à connaitre; il donne ensuite la diagnose du genre, et 
passe en revue les treize espèces du genre qui lui sont connues; puis il traite 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89 


spécialement des sept espèces européennes, et fait des remarques sur les 


espéces extra-européennes. Il termine par une table des synonymes, au 
nombre de cent quinze pour treize espèces. La planche donne à de forts gros- 
sissements la coupe des graines de plusieurs espéces. 

Les fruits des Typha sont généralement munis d'un sillon longitudinal à 
leur maturité, sillon le long duquel ils s'écartent quand ils ont séjourné dans 
l'eau, excepté chez le T. stenophylla, le T. Laxmanni, dont le fruit ne s'ouvre 
pas dans l'eau, parce que la graine y est complétement soudée avec le péricarpe, 
ce qui n'a pas lieu chez les autres espèces. 

L'auteur a d'abord recours à ce caractère pour sectionner le genre. Il a 
recours ensuite à celui qu'offrent les stigmates, la présence ou l'absence des 
bractées à la base des fleurs femelles, bractées dont la forme est très- variable; 


les rapports de longueur des stigmates, des poils périgoniaux et des bractées 


à l'époque de la maturité des fruits ; la présence ou l'absence des poils sur 
l'axe des fleurs máles, en partie aussi la forme de ces poils, le mode d'agglo- 
mération des grains polliniques, la texture anatomique des graines, la coupe 
transversale de la feuille au point où elle se détache des gaînes ; la forme et la 
coloration des poils périgoniaux de la fleur femelle. 

On trouvera dans le Botanische Zeitung de 1870, p. 479, une note addi- 
tionnelle de M. Rohrbach sur les graines des Typha. 


Bryogeographische Studien aus dem rhatischen Alpen 
(Études sur la distribution géographique des Mousses dans les Alpes 
rhétiques); par M. W. Pfeffer (Nouveaux Mémoires de la Société helvé- 
tique des sciences naturelles, 4871, t. XXIV, pp. 142). 


L'auteur de ce mémoire, daté de Marburg, mars 1869, estle neveu d'un bo- 
taniste distingué de la Suisse, feu le professeur Théobald, de Coire, qui connais- 
sait bien les Alpes rhétiques, déjà explorées comme les régions voisines par un 
assez grand nombre denaturalistes. Aprèsavoir donné un catalogue soigneusement 
annoté des Mousses observées par lui, où sont décrites un assez grand nombre 
d'espéces récemment acquises à la science, M. Pfeffer entre dans les considé- 
rations annoncées par le titre de son travail. Les régions botaniques qu'il déli- 
mite sont au nombre de quatre, région de la Vigne et des bois de Chátaigniers, 
région des Céréales ou région montagneuse, région subalpine ou région 
des Coniféres, et région alpine; pour chacune d'elles et de leurs subdivisions, 
il indique successivement les espéces qui y trouvent leur limite soit supérieure, 
soit inférieure. Un chapitre spécial est consacré aux Mousses, dont les limites 
ne sont pas les mêmes suivant l'exposition des pentes où elles croissent ; cer- 
taines d'entre elles ne se trouvent que dans les vallées qui s'ouvrent au nord, 
et d'autres seulement dans celles qui s'ouvrent au sud ; un grand nombre des- 
cendent plus bas dans ces dernières; seul le Barbula aciphylla parvient plus 
bas dans les vallées ouvertes au nord. D'ailleurs il faut tenir compte de ce fait 


90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


important que le calcaire ne se trouve guère que dans les vallées septentrio- 
nales, et que la constitution géologique du sol régit en partie la distribution 
des espèces. L'auteur a d'ailleurs indiqué la liste des espèces croissant sur 
chaque terrain. 

C'est la région subalpine qui renferme le plus de Mousses, 70 pour 100 du 
total des espèces observées dans la région; beaucoup d'espéces y montent des 
régions inférieures et y descendent de la région alpine. 


Éléments de botanique ; par M. Paul Espardeilla. Ouvrage destiné 
aux élèves des colléges, des écoles normales primaires et aux personnes qui 
commencent l'étude de l'histoire naturelle, accompagné de 20 planches, 
représentant les parties des végétaux, leurs organes et les caractères des 
principales familles. Un volume in-12, de 223 pages, Paris, chez J.-B. 
Baillière et fils, 1872 ; Nimes, imp. Roucole. 


Travaillant pour des élèves, l'auteur s’est appliqué, dit-il, à leur rendre 
l'étude de cette science aisée et facile, et à la réduire à ce qui leur est néces- 
saire en la débarrassant de ses vues trop abstraites et surtout d'une partie de 
ses nombreux détails. Il en a divisé l'étude en quatre parties principales : la 
premiere comprend la description des organes des plantes ; la deuxiéme passe 
en revue les fonctions de ces mêmes organes ; la troisième présente un exposé 
des systèmes et méthodes employés pour la classification des plantes; enfin la 
quatriéme est un autre exposé rapide des principales familles et des espéces 
les plus cornmunes. Il cite comme ayant été ses principaux guides: de Jus- 
sieu, De Candolle, Tournefort, Cousin Despréaux, Richard, Rodet, Milne 
Edwards, Achille Comte et Saucerotte. Le succès de l’Anatomie végétale de 
M. Saucerotte a été trop grand, dit-il, pour qu'il ait. tenté de s'écarter en 
rien de la marche qu'a suivie cet auteur. Nous croyons devoir, pour faire 
apprécier ce petit livre, citer în extenso le passage suivant (p. 68) : « Circu- 
lation des végétaux pendant la nuit. — La nuit le mouvement change : la 
surface inférieure des feuilles commence à s'acquitter de ses principales fonc- 
tions; les petites bouches dont elles sont garnies s'ouvrent et reçoivent avec 
avidité les vapeurs et les exhalaisons qui sont dans l'atmosphère : mouvement 
qui constitue la respiration. L'air des trachées se resserre ; elles diminuent de 
diamétre ; les fibres ligneuses pressées s'élargissent et admettent les sucs que 
les feuilles leur envoient. Ces derniers se joignent au résidu de ceux qui étaient 
montés pendant le jour, et toute la masse teud vers les racines. » 


Sur la fructification du genre Lemanea; par M. Sirodot 
(Comptes rendus, séance du 28 mars 1870, t. Lxx, pp. 691-694). 


M. Rabenhorst, résumant les opinions de ses devanciers et de ses contem- 
porains, a refusé la fécondation aux Algues d'eau douce du genre Lemanea, 
dont M. Sirodot décrit les organes sexuels. Les organes femelles prennent 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 


naissance dans l'intérieur de la cavité que constituent les filaments du Lema- 
nea, sur le cóté extérieur des tubes articulés en rapport avec les grandes cel- 
lules qui forment la couche interne de la paroi des filaments. Ces organes 
femelles ne sont d'abord qu'un simple renflement qui deviendra bientót la 
premiére cellule transparente d'un filament articulé à cellules ovoides, se 
dirigeant vers la paroi, dans laquelle il ne tarde pas à pénétrer en écartant les 
cellules de la couche la plus intérieure. Alors la cellule terminale transpa- 
rente s'allonge considérablement, traverse les deux autres couches de cellules 
et vient faire saillie à l'extérieur, en méme temps qu'elle émet deux ou trois 
prolongements, dont la parfaite transparence rappelle immédiatement le tri- 
chogyne d'un Batrachospermum. Tel est l'organe femelle. 

Quant aux anthéridies, ce sont des cellules oblongues, cylindriques, pâles 
et finement granulées, sessiles sur des cellules arrondies, groupées extérieu- 
rement sur la région moyenne des renflements dans le Zemanea catenata, 
sur les nœuds des verticilles dans le Z. fluviatilis. Ces anthéridies détachées 
se fixent sur les trichogynes et leur contenu pénétre dans l'organe femelle, qui 
prend alors une apparence granulée. La fécondation opérée, le trichogyne ne 
tarde pas à disparaître, et de sa base, située dans l'épaisseur méine de la paroi, 
naissent par bourgeonnement des filaments articulés, se dirigeant vers l'inté- 
rieur du tube pour y former plus tard des faisceaux de filaments sporifères. 


Sur une nouvelle espèce de Peronospora, parasite des 
Cactus; par MM. H. Lebert et Cohn (Comptes rendus, 1870, t. Lxx, 
pp. 1300-1314). 


Tantôt les Peronospora déterminent l'hypertrophie du tissu végétal qu'ils 
habitent, comme le P. parasitica ; tantôt ilsle désorganisent, comme le P. de- 
vastatrix. À ce dernier groupe appartient le P. Cacti observé par les auteurs 
sur les Cactées de la collection de M. le général de Jacobi, et qui vient proba- 
bleinent d'Amérique. Ce nouveau parasite se reproduit par des conidies, qui 
percent le tissu du Cactus, et par une véritable fécondation qui a lieu à l'in- 
térieur de ce tissu. Í 

Pour cette fécondation, il se forme sur les fils du mycélium, sous la forme 
de faisceaux en grappe, partant de quelques rameaux principaux, des ramus- 
cules courts et étroits qui portent les oogonies. A côté et au-dessus d'elles 
naissent des ramuscules fins du mycélium, qui serpentent d'une manière 
oudulée, et avant de se diviser en ramuscules courts, entourent étroitement 
l'oogonie. Ces organes sont les anthéridies, et l'on en trouve de tels accolés 
autour de toutes les oogonies pour les féconder. Il est peu commode de se 
rendre compte de l'acte de la copulation, car les nombreux tours des anthé- 
ridies filamenteuses rendent très-difficile la distinction de l'endroit exact de 
leur adhérence à l'oogonie. Le contenu de l'anthéridie se condense autour 
d'un corps séminal qui remplit son renflement terminal cunéiforme, tandis 


92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


que le reste du fil paraît vide de contenu. On voit partir du renflement ter- 
minal del'anthéridie des tuyaux fécondants en forme d'entonnoir qui appro- 
chent directement tout prés de l'oogonie, mais que nous n'avons pas pu recon- 
naitre dans son intérieur. 


Les Plantes de Virgile: par M. D. Clos (Extrait du Journal d'agri- 
culture pratique et d'économie rurale pour le midi de la France, no- 
vembre 1871) ; tirage à part en brochure in-8° de 24 pages, Toulouse, 
imp. Douladour, 1871. | 


M. Clos se borne à passer rapidement en revue, sur la trace des guides les 
plus autorisés en cette matière et en particulier du dernier d’entre eux, 
M. Bubani (1), la plupart des plantes inscrites par Virgile, soit dans ses trois 
principaux chefs-d'œuvre, soit dans le. Culex, le Ciris, le Moretum, et ces 
plantes sont divisées par lui en : 4° fourragères, légumineuses, maraîchères 
et céréales ; 2° aromatiques; 3° âcres ou vénéneuses ; 4° plantes enchante- 
resses ; 5° plantes à fleurs ou d'ornement: 6° mauvaises herbes; 7° petits 
arbres ou arbustes; 8° arbres fruitiers ; 9° arbres forestiers non résineux ; 
10° Conifères et autres arbres résineux ; 11° plantes encore indéterminées. 

M. Clos a principalement cité les opinions des auteurs, sans les discuter. 
Son travail se termine par un index. 

M. Clos nous prie d'ajouter à cette mention de son opuscule qu'il regrette 
de ne pas s'être souvenu qu'aux yeux de M. Eug. Fournier le Zigustrum de 
Virgile est le Zuwsonia alba ou Henné des Arabes (voyez le Bulletin, 
t. XII, p. 116); — et qu'au doute exprimé par lui relativement au vilem 
Faselum des Géorgiques (l. 11, v. 212), M. Naudin répond (in litt.) que 
ce ne peut être un Haricot. Ce dernier savant voit la Gourde (Lagenaria 
vulgaris) dans le Cucurbita du Moretum (v. 71) et la Pastèque (Citrullus vul- 
garis) dans le Cucumis des Géorgiques (l. iv, v. 122). 


On the composite structure of simple leaves; par M. John 


Gorham (The Monthly microscopical Journal, mars 1869, n° 111, pp. 155- 
169, avec une planche). 


M. Gorham a inventé une théorie morphologique spéciale de la composi- 
tion de la feuille. La division ultime qui se présente dans les feuilles com- 
posées est suivant lui le type de ia foliole, et c’est la soudure de semblables 
éléments qui doit être considérée comme constituant la feuille, Il distingue en 
conséquence la feuille composée, la feuille métamorphosée et la feuille lobée. 


(1) M. Bubani a publié récemment des Illustrazioni ulteriori alla Flora Virgiliana ; 
c'est une demi-feuille à ajouter à son travail antérieur en le faisant relier. ll y est 
question des plantes suivantes, mentionnées par Virgile : Acanthus, Arbor œæthiopica 
lanigera, Cucumis, Cucurbita, Ebulus, Fagus, Far, Hibiscus, Lolium, Phaseolus, 
rubea Virga, Viburnum. 


REVUE DIDLIOGRAPHIQUE. 98 


La feuille métamorphosée est celle dans laquelle la soudure des folioles est 
incompléte, comme dans certaines feuilles de Ronces. L'auteur donne des 
figures et cite un grand nombre d'exemples. 


On the simple structure of compound leaves ; par M. Mac 
Nab (čbid. , avril 1869, n° 1v, pp. 217-219). 


M. Mac Nab n'a pas de peine à démontrer que les données du mémoire 
précédent sont complétement en désaccord avec les résultats des recherches 
organogéniques. Il rappelle que la division dans les feuilles marche essentielle- 
ment du simple au composé; que les feuilles dites métamorphosées par 
M. Gorham sont des feuilles qui offrent l'exemple d'un arrêt de développe- 
ment. Il profite de l'occasion pour donner une classification des différents 
modes suivant lesquels se développent les feuilles des Dicotylédones. Ces 
modes sont au nombre de six : basifuge, basipéte, divergent, terné, cyclique 
et parallèle. Dans les quatre premiers types, les parties de la feuille se déve- 
loppent seulement sur les bords de l'épiphylle; le type divergent et le type 
terné sont des cas particuliers des deux premiers considérés dans les feuilles 
composées. Dans les deux derniers types les parties de la feuille naissent aussi 
bien du cóté intérieur de l'épiphylle que sur ses bords; au type cyclique 
appartiennent les feuilles peltées, dont les éléments sont le plus souvent basi- 
pétes; au type paralléle appartiennent beaucoup d'Ombelliféres, dont les 
éléments se développent de chaque cóté de la ligne médiane, parallélement 
aux rows marginaux. On trouvera des détails sur ce sujet daus un autre mé- 
moire du méme auteur (Transact. bot. Soc. Edinb., vol. vin, pp. 381 
et A00). 


Bryologie du dépar(ement de PAwude. Mémoire envoyé au 
concours de la médaille d'or de 200 francs, ouvert par la Société des arts 
et sciences de Carcassonne ; par M. G. Roumeguére. In-8° de 100 pages. 
Carcassonne, typ. L. Pomiés, 1870. 


Nous devons nous borner à la mention dela publication dece livre, qui a 
déjà été signalé avant son apparition, t. xvI (Revue), p. 153; d'autant plus que 
le Catalogue qui forme la partie essentielle du mémoire de M. Roumeguére 
a été inséré dans le Bulletin (avant son impression séparée), t. xvi (Séances), 
D. 435 et suiv. Nous ferons cependant observer que ce Catalogue renferme 
dans le mémoire de M. Roumeguére plus d'indications synonymiques et bi- 
bliographiques que dansle Bulletin. 


Anatomic des fleurs et du fruit du Gui; par M. Ph. Van 
Tieghem (Ann. sc. nat., 5° série, t. xir, pp. 101-124). 


Ces recherches anatomiques ont été poursuivies pendant plus d'une année, 
et elles ont porté sur les principaux états du développement de la fleur mêle, 


^" 


90A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de la fleur femelle et du fruit du Gui ; elles viennent combler une des lacunes 
que l'auteur avait dû laisser subsister dans ses premières recherches d'ana- 
tomie florale. 

La fleur mâle du-Gui est, dit-il, constituée par quatre feuilles, c'est-à-dire 
par deux paires successives de bractées décussées polliniféres sur leur face 
supérieure, et non, comme il est généralement admis, par huit feuilles, quatre 
sépales et quatre étamines distinctes superposéesà ces sépales et connées avec 
eux. Ces.bractées jouent à la fois par leur face externe étalée en feuille le róle 
protecteur dévolu d'ordinaire aux sépales dans le bouton, et par leur face 
interne le róle organisateur du pollen dévolu d'ordinaire à l'anthére. Les deux 
fonctions, séparées ailleurs sur deux feuilles distinctes, sont ici confondues 
sur le méme appendice, et cette confusion peut étre regardée comme une 
marque d'infériorité. Le mode de formation du pollen dans le Gui n'est donc 
pas sans analogie avec celui qu'on rencontre chez les Conifères, ou mieux 
encore, à cause de la multiplicité et de l'indétermination numérique des 
logettes, chez les Cycadées, avec cette différence que chez ces deux dernières 
familles, c'est dans l'épaisseur de la face inférieure de la bractée pollinifère que 
sont creusées les logettes. 

Les deux carpelles du Gui sont, dés la base de la fleur, libres de toute 
adhérence vasculaire qui puisse les relier aux quatre appendices extérieurs de 
cette fleur. Entrele systéme vasculaire de chacun de ces deux carpelles, super- 
posés aux divisions externes du périanthe, est un parenchyme central d'abord 
homogène. C'est dans la moitié inférieure de ce parenchyme central que les 
corps reproducteurs se développent ; pour cela une cellule de ce parenchyme 
homogene, restée incolore pendant que les autres s'emplissent de chlorophylle 
et de granules sombres, grandit heaucoup plus que les autres, et s'allongeant 
dans l'axe de la fleur, s'étend bientôt dans toute la moitié inférieure du car- 
pelle auquel elle appartient. Sa partie supérieure s'incline fortement au dehors 
et vient presque toucher la nervure médiane. Il y a souvent une de ces cel- 
lules pour chaque feuille carpellaire, quelquefois deux pour une feuille et une 
seule pour l'autre, plus rarement deux pour chacune, et alors elles sont toutes les 
quatre dans le plan des deux nervures médianes, ou dans le plan de symétrie. 
Ce sont là les sacs embryonnaires. Pour que la fécondation s'effectue, il faut 
que le tube pollinique, en l'absence de tout canal et de toute cavité intercar- 
pellaire, pénètre dans l'épaisseur méme du parenchyme du stigmate et du 
carpelle, y descende en s'insinuant entre les cellules, et vieune enfin, après avoir 
traversé la moitié environ de la longueur de l'organe, se mettre en contact 
avec le sommet du sac embryonnaire. Aprés cet acte physiologique, le sac est 
devenu, par suite de la résorption des cellules qui l'environnaient, libre dans 
une lacune pleine d'un liquide gommeux; les lacunes produites autour de 
chacun des sacs se rejoignent au centre en une lacune unique étranglée en 
son milieu et en forme de 8. Les sacs se soudent, l'embryon s'organise dans 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 


chacun d'eux; les deux albumens des deux sacs soudés forment une masse 
générale oü sont plongés les deux embryons. Plus tard encore, la pulpe vis- 
queuse s'organise ; c'est alors un tissu vert où certaines cellules formant deux 
bandes alternes avec les nervures médianes des carpelles deviennent incolores, 
se développent énormément dans le sens horizontal, et sécrétent la matière 
visqueuse. Cette pulpe appartient donc aux carpelles. 

Il y a un parallélisme évident entre l'organe femelle né dans une cellule 
de la bractée carpellaire et le pollen né dans un certain nombre de cellules 
du parenchyme de la face supérieure de la bractée florale mâle. Dans le cas du 
Gui, il n'y a pas d'ovule pour M. Van Tieghem ; le sac embryonnaire dépend, 
sans intermédiaire aucun, du carpelle. . 

L'auteur examine en terminant et apprécie les opinions émises sur la struc- 
ture de la fleur femelle du Gui. 


Microspectroscopy. — Results of Spectrum Analysis (Résultats de 
l'analyse spectrale) ; par M. Jabez Hogg (The Monthly microscopical 
Journal, n° 1x, pp. 121-131). 


Ce mémoire important a été lu à la Société microscopique de Londres, le 
9 juin 1869. Malgré cette date ancienne, et bien qu'il soit plutót du domaine 
de la physique (1), nous croyons devoir le signaler ici pour servir d'introduc- 
tion à la série de recherches dont l'exposition va suivre, et dont il contient 
comme le point de départ en théorie, bien qu'il soit resté assez peu connu des 
botanistes. 

C'est, dit l'auteur, une opinion généralement recue que la chromule des 
fleurs est due à l'action chimique de la lumière sur les liquides ou sur le pro- 
toplasma de la plante durant sa croissance. On sait cependant que l'action 
puissante de la lumière tend à décolorer les fleurs. Par conséquent, il est évi- 
dent que l'action chimique du soleil n'explique pas tout, et qu'il doit y avoir 
d'autres forces pour expliquer la formation des matiéres colorantes chez les 
végétaux. 

La modification de teintes est regardée dans une certaine mesure comme 
due à la nature de la cuticule à travers laquelle on aperçoit la matière colo- 
rante. Les couleurs des fleurs ont été partagées en deux séries, la série xan-: 
thique ou jaune, et la série cyanique ou bleue, le rouge étant commun aux 
deux, et le vert intermédiaire. On pense que la couleur rouge de certaines 


(1) C'est pour ne pas empiéter sur le domaine de la physique que nous n'avons pas 
rapporté ici les modifications importantes réalisées depuis trois ans dans la construction 
du spectroscope, pour diminuer le volume de l'instrument, le rendre applicable à tous 
les microscopes, etc. Nous devons citer cependant les perfectionnements oblenus par 
M. Browning et par M. Sorby, et sur lesquels M. Nachet pourra fournir des renseigne- 
ments ; ainsi que le livre publié à Tubingue chez Laupp, par M. K. Vierordt : De l'appli- 
cation de. l'analyse spectrale à la mensuration de l'intensité de la lumière colorée et à 
la comparaison des résultats obtenus, 


96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


feuilles est dueà un excés d'acide dans leur séve. Les feuilles rougies en automne 
recouvrent en partie leur couleur verte, quand on les soumet à des fumées 
d'ammoniaque. Les rayons calorifiques du spectre ont probablement plus à 
faire avec la formation de cet acide que les rayons chimiques ou actiniques. 
Les feuilles de la rhubarbe des jardins deviennent presque rouges quaud elles 
sont mieux exposées à la chaleur et à la lumière ; alors la réaction acide des 
feuilles parait augmentée ; la solution obtenue de ces feuilles est d'un rouge 
plus foncé, mais détermine la méme absorption du spectre que les solutions 
d'un rouge plus franc obtenues des fleurs. Beaucoup de bleus végétaux tour- 
nent au rouge par l'addition d'un acide. 

Le passage du vert au rouge, par le bleu et le violet, tient, d’après l'auteur, 
à un phénomène d'oxydation ; la transition du rouge au jaune peut au con- 
traire étre regardée comme un phénoméne de désoxydation. L'oxydation des 
sucs végétaux est grande sous l'influence de la lumiere solaire, qui peut étre 
emmagasinée dans certaines formations nouvelles et v passer à l'état latent. 

L'auteur croit pouvoir conclure de ses observations qu'aucune couleur des 
fleurs n'est homogène, car toutes permettent plus ou moins le passage des 
diverses couleurs du spectre. Quand les solutions colorées sont trop étendues 
.au delà d'une certaine limite, il n'y a plus d'effet produit sur le spectre. 
Cette limite peut étre établie expérimentalement, en soumeltant à l'examen 
spectroscopique des tubes divers renfermant des solutions colorées d'épaisseur 
différente. L'auteur insiste sur des difficultés assez nombreuses dans l'applica- 
tion du spectroscope aux recherches spéciales qu'ila faites. Ainsi les bandes qui 
doivent étre constatées dans l'extrémité rouge sont mieux mises en relief par 
la lumiere artificielle, et celles qui doivent l'étre dans l'extrémité bleue ou 
violette le sont mieux par la lumiere solaire. Le spectroscope préféré par l'auteur 
est celui de M. Sorby, avec les modifications introduites par M. Browning (1) ; 
ainsi établi, l'instrument est trés- portatif, pea coûteux, et peut s'adapter à vo- 
lonté à tout microscope. 

Si l'on ne s'en tient pas, pour diviser le spectre dans l'intérét de faciliter 
l'étude, à la division naturelle offerte par les raies de Frauenhofer, M. Hogg 
propose de se servir des cristaux de zircon qui, convenablement taillés et placés 
sur le passage des rayons, produisent dans le spectre un système de bandes 
invariables et également espacées. 

Pour préparer les matières colorantes des végétaux, M. Hogg pense qu'il 
est préférable de recourir à l'alcool comme agent dissolvant ; l'eau ou l'alcool 
ne produisent pas indistinctement le méme spectre. Il faut éviter de froisser 
les pétales ou les feuilles avant leur immersion dans ce liquide. 1l est bon 


(1) Voyez The Monthiy microscopical Journal, août 1869, p. 65. Dans l'application 
du spectroscope à ces sorles de recherches, il faut tenir compte encore de la méthode 
spéciale proposée par M. J. Browning pour mesurer la position des bandes d'absorption 
avec le microspectroscope (ibid., février 1870, p. 68.) 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 97 


encore d'ajouter à cette solution un peu de sirop simple avant que les tubes 
qui doivent la renfermer soient remplis et scellés hermétiquement. On peut 
aussi employer comme menstrues les huiles pures végétales ou animales, qui 
par elles-mêmes ne modifient pas le spectre, notamment l'huile de castor (1) 
ou l'huile de foie de morue purifiée. Celles-ci dissolvent parfaitement la matière 
colorante de l'Anchusa tinctoria. Cependant le spectre varie selon qu'on 
emploie comme menstrues l'une de ces deux huiles ou bien l'huile d'olive, 
L'huile de Macassar, que l'on dit préparée avec des roses, doit évidemment 
sa couleur à celle de l'Anchusa, dissoute dans l'huile d'olive, vu le système 
de raies qu'elle détermine. L'auteur entre dans de grands détails sur les modi- 
fications que certains agents chimiques apportent au spectre fourni par la 
matière colorante de l’Anchusa, ou plus brièvement au spectre de l'An- 
chusa. 

Son mémoire renferme des détails analogues sur le spectre de la Rose, du 
Fuchsia, du Nasturtium, du Cactus speciosa, de l’Opuntia cochenillifera, 
de la Cochenille, de la Pivoine, des Ranunculus, des Geranium, des Iris, etc. 
Un fait curieux est, que les fleurs d'une couleur fort différente, appartenant à 
des séries différentes (xanthique ou cyanique) et à des familles végétales fort 
éloignées l'une de l'autre, arrivent parfois, par suite d'un traitement chimique 
assez simple, à donner des spectres identiques. 

L'Orseille, le Tradescantia virginica, le bois de Brésil, l’Épine-vinette, 
qui donne un spectre à six bandes d'absorption, la Coca du Pérou (2), sont 
encore au nombre des substances étudiées par l'auteur. Il est à remarquer 
que les couleurs bleues des fleurs résistent aux dissolvants avec une grande 
ténacité, à moins qu'il n'entre un peu de rouge dans leur composition. 


Memorandum of spectroscopic researches on the chlo- 
rophyll of various plants ; par M. W. Bird Herapath (ibid. , 
pp. 131-133). 


Malheureusement pour la science, la mort de M. Herapath est venue in- 
terrompre les recherches qu'il avait entreprises sur les propriétés optiques de 
la chlorophylle, et dont un extrait seulement a été publié aprés sa mort, dans 
une lettre écrite par lui à un de ses amis. Nous y trouvons les renseignements 
suivants : L'auteur se servait de l'alcool comme dissolvant. En employant de 
l'éther ou en ajoutant de l'acide à la solution alcoolique, les résultats spectro- 
scopiques varient. Il a observé cinq classes diflérentes ou cinq systèmes de 
spectres ayant un caractére commun, c'est-à-dire une bande d'absorption 
large et nettement limitée dans le rouge. 


(4) C'est ainsi que les Anglais nomment l'huile de Ricin. | 
(2) L'auteur rapporte à une grande proportion de matière saccharine les effets bien 
connus de la Coca. Cette opinion nous paraît nouvelle. 


T. XVIII. (REVUE) 7 


98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


La première classe, dont le type est fourni par les feuilles du Lilas, n'offre 
que cette bande. 

Il y a deux classes qui présentent deux bandes d'absorption. Dans l'une, ces 
bandes sont sur le rouge et sur l'orangé, par exemple chez le Fuchsia, le 
Tanacetum, le Viburnum Opulus ; dans l'autre, dont le type est le Lierre, elles 
sont sur le vert. 

La quatrième consiste dans la superposition des deux spectres précédents. 
Elle présente trois lignes, une rouge, une orangée et une verte; c'est la classe 
de beaucoup la plus nombreuse. L'auteur en cite comme types l'Ænother a 
biennis et la solution éthérée des feuilles de Quinquina rouge. Il énumére cin- 
quante-quatre exemples. 

Dans la cinquième classe, on observe de plus une quatrième bande dans le 
bleu. Cette classe est peu nombreuse ; l'auteur n'en cite que huit exemples. 
Le type est ici la solution alcoolique des feuilles de Quinquina rouge. A cette 
classe appartiennent aussi le Thé, la Jusquiame, le Séné, la Digitale, etc. 


On the colouring matters derived from the decom- 
position of some minuted organismes (Des matières colo- 
rantes provenant de la décomposition de quelques petits organismes) ; 
par M. H.-C. Sorby (ibid. , n° XVII, mai 1870, pp. 229-251). 


Letitre de celte note suppose, comme on va le voir, précisément ce qui 
est en question, par une véritable pétition de principe. Il s'agit d'une matière 
colorante présentée, à une soirée de la Société microscopique de Londres, par 
le révérend J.-B. Reade, en 1867, et dont le spectre a été décrit par M. Brow- 
niug dans le Quarterly Journal of microscopical science, en juillet 1867. 
Ce spectre renfermait deux bandes d'absorption bien marquées, l'une dans 
l'orangé, l'autre dans l'extrémité jaune de la partie verte du spectre. Le li- 
quide qui le produisait était appelé liquide dichroique à cause dela double 
coloration qu'il donnait, l'une par réfraction, l'autre par réflexion, à cause de sa 
propriété de fluorescence. Il était fourni par des Conferves en décomposition. 

Ce qu'il y a d'intéressant dans la note de M. Sorby, c'est qu'ila bien établi 
que ce spectre à deux bandes est composé de deux spectres différents, à une 
bande chacun, appartenant chacun à une substance différente, qui se trouve 
mélangée avec l'autre dans le liquide dichroique. Le liquide bleu obtenu direc- 
tement des Conferves n'a qu'une raie d'absorption dans l'orangé ; si au méme 
liquide on ajoute un principe protéique, de l'albumine ou de la caséine, et 
qu'on laisse la réaction. s'opérer pendant plusieurs mois, le spectre change, 
et la raie d'absorption se produit dans le vert jusqu'à son extrémité jaune. Le 
liquide dichroique résulte donc d'un mélange, et d'ailleurs, en le traitant par 
l'action de l'alcool absolu, l'auteur ena séparé l'une des parties constituantes. 
C'est le même fait que nous allons voir, quelques pages plus loin, se repro- 
duire dans l'analyse de la chlorophylle. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99 


Sur le côté théorique de la question, M. Sorby parait disposé à croire, comme 
M. Sheppard, que la matiére dichroique doit en partie son origine àla réac- 
tion déterminée par des animalcules protéiques sur la matiére colorante des 
Algues : c'est cette opinion, sujette à caution, qui est attaquée dans le mé- 
moire suivant. 


The origin of the colouring matter in Mr. Sheppavd's 
dichroic fluid ; par M. E. Ray Lankester (čbid., n° xix, juillet 1870, 
pp. 14-17). 


Le mémoire de M. Sheppard a été publié dans le Quarterly Journal of 
microscopical science, 4867, p. 6h. L'origine de la couleur du liquide en 
question était rapportée à un changement de l'albumine causé par l'action 
des monades ou d'autres organismes microscopiques sur des substances orga- 
nisées. M. Lankester pense que cette couleur est due simplemeut à la phyco- 
cyane de M. Cohn (1). Cette couleur a en effet deux bandes d'absorption spec- 
trale exactement comme la phycocyane. 

M. Askenasy (2) a fait connaitre le spectre dela matiére colorante des Oscil- 
lariées, peut-étre identique à la phycocyane de M. Cohn et au liquide dichroi- 
que de M. Sheppard (3). Il est possible que les légeres différences constatées 
entre les spectres de chacune de ces substances tiennent seulement aux mé- 
thodes d'observation. 


Untersuchungen über die optischen Verhültnisse der 
grünen Substanz der Blatter (Recherches sur les propriétés op- 
tiques de la matière verte des feuilles; par M. Ed. Hagenbach (Annalen 
der Physik und Chemie, t. CXLI, p. 246). 


C’est aux propriétés optiques de la chlorophylle considérée uniquement 
comme matiére colorante extraite des feuilles que s'est adressé M. Hagen- 
bach. Ces propriétés se manifestent sous deux formes caractéristiques : 1? la 
fluorescence par laquelle les rayons incidents sont transformés en rayons d'une 
réfrangibilité moindre (4); 2° l'absorption par laquelle une partie des rayons 
transmis à travers la solution de chorophylle est absorbée et disparaît. 


(1) Voyez le Bulletin, t. xiv (Revue), p. 220. 

(2) Voyez le Bulletin, t. xv (Revue), pp. 107-109, et plus haut, p. 4. 

(3) La matière colorante des Phycochromacées et des Diatomées, étudiée par MM. G. 
Kraus et Millardet (voyez t. xv1, Revue, pp. 94 et 104), présente également une fluores- 
cence trés-caractéristique. 

(4) On nous permettra de faire remarquer, sans critiquer les opinions de M. Hagenbach, 
que ce savant, comme tous les autres physiologistes allemands dont nous reproduisons les 
opinions, pense, d'aprés Stokes (Philosophical Transactions, 1852, p. 463; Ann. chim. et 
phys. 3° série, t. XXXVI, p. 390), que la fluorescence est due à un changement dans 
la longueur d'onde des rayons qu'elle affecte. Mais M. Ed. Becquerel, qui a consacré une 
partie de sa vie à l'étude des phénoménes optiques, et notamment de la phosphorescence, 
pense que les phénomènes qualifiés de fluorescence par les savants allemands sont simple- 


100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


M. Hagenbach a étudié les phénoménes de fluorescence en projetant à la 
surface d'un vase rempli d'une solution alcoolique ou éthérée de chlorophylle 
un spectre solaire. Toutes les différentes parties de celui-ci étaient déviées de 
leur direction première, de manière à paraître rouges. La teinte n'était pas 
cependant uniforme sur toute la longueur du spectre; on y reconnaissait 
aisément des bandes d'une nuance plus vive. Ces bandes, au nombre de sept, 
de largeur et d'intensité différentes, représentent autant de maxima de l'ac- 
tion fluorescente. Leur position est parfaitement fixe et déterminée par leurs 
relations avec les lignes de Frauenhofer, 

D'un autre cóté, le spectre d'absorption obtenu en observant directement 
une lame de solution verte avec le spectroscope, offre une série de bandes 
sombres qui en coupent les parties visibles. Celles-ci se réduisent: à la partie 
située à gauche de la ligne de Frauenhofer B, à deux bandes brillantes entre 
les lignes Cet D, à une bande plus large entre les lignes D et E, et enfin à une 
bande également assez large entre les ligmes E et F. Le spectre ainsi divisé 
offre sept lignes d'absorption bien visibles et correspondant aux sept maxima 
de fluorescence. La relation entre ces deux phénomènes est, d'après M. Ha- 
genbach, très-évidente. Les bandes d'absorption sont dues à la fluorescence 
qui détourne les rayons de leur route normale et les revêt d'une nuance diffé- 
rente. ` 

La provenance de la chlorophylle ne parait pas avoir d'influence sur ses 
propriétés optiques : quelle que soit la plante qui l'ait fournie, les phénomenes 
sont les mêmes. Par contre, ses propriétés se modifient un peu dans une solu- 
tion préparée depuis un certain temps, méme lorsqu'ellea été soigneusement 
maintenue dans l'obscurité. 


Das Grün der Blatter (Le vert des feuilles); par M. J.-J. Müller 
(Annalen der Physik und Chemie, t. Cx, p. 615). 


Ayant comparé le spectre fourni par la lumiére verte transmise à travers 
une feuille fraiche de diverses plantes avec le spectre d'absorption bien connu 
des dissolutions de chlorophylle, M. Müller reconnut que ces deux spectres 
différent entièrement l'un de l'autre. Le spectre des feuilles est continu, seule- 
ment fort rétréci et ne s'étendant qu'entre les lignes B et F de Frauenhofer. 
Il ne présente pas la moindre trace des bandes d'absorption de la chloro- 
phylle. Cette substance doit donc se trouver dans les feuilles fraiches dans un 


ment des exemples de la propriété trés-générale dela phosphorescence, puisqu'ils peuvent 
être produits aprés cessation de l'impression lumiaeuse qui les détermine ; en un mot, 
qu'ils sont causés par le mouvement propre des molécules du corps, qui, impressionné 
au préalable par la lumière, devient ensuite lumineux par lui-même pendant un temps 
plus ou moins long, et quelquefois fort court. Cette émission spéciale au corps lumineux 
est elle-niéme constante quand il est impressionné d'une maniére constante aussi par la 
source de lumière. — M. de Mohl définit la fluorescence comme la propriété de. dimi- 
nuer la réfrangibilité des rayons et de les émettre dans tous les sens. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 104 


état d'agrégation ou de combinaison tout différent de celui oà elle est dans les 
dissolutions sur lesquelles on opère ordinairement. M. Müller a obtenu le même 
résultat de feuilles de plantes différentes. 


Ueber die Absorptionsstreifen der Chlorophylls (Sur 
les bandes d'absorption de la chlorophylle) ; par M. L. Schónn (Annalen 
der Physik und Chemie, t. CXLv, p. 106). 


M. Hagenbach a dit dans son mémoire sur les propriétés optiques de la 
chlorophylle qu'il y aurait un grand intérêt à rechercher comment ces pro- 
priétés varient avec les diverses conditions dans lesquelles se trouve cette 
substance. A ce propos, M. Schünn rappelle qu'il avait déjà établi dans une 
notice sur la chlorophylle et sur le bleu des fleurs, publiée dans le Zeitschrift 
für analytische Chemie, de Fresenius, dés le mois de mai 1870 (p. 327), les 
faits suivants concernant ces raies : 

1* La bande dans le rouge consiste en deux bords obscurs et une portion 
médiane qui transmet une partie de la lumiere. 2? La chlorophylle subit sous 
l'influence des acides une modification de ses propriétés optiques; entre les 
bandes placées l'une dans l'orangé et l'autre dansle vert, par conséquent, 
d'aprés M. Hagenbach, entre II et IV, et daus le milieu de cet intervalle, il se 
produit, sous l'action des acides, une bande appelée III par M. Hagenbach. 
3° Avec des feuilles fraîches, je ne vis que la bande située dans le rouge; mais 
lorsque celles-ci eurent été desséchées par la chaleur de la flamme qui les 
éclairait, et furent devenues d'un vert jaune, les autres raies apparurent 
aussi. 

De plus, dans le travail que M. Schónn a publié sur les bandes d'absorption 
de la chlorophylle dans le Pharmaceutische Centralblatt, 1871, n° 47, il a 
décrit en détail les modifications que ces bandes subissent sous l'action des 
acides minéraux, ct il est arrivé aux résultats suivants : 

4° Les bandes III, IV et V naissent sous l'action de ces acides; la chlo- 
rophylle livrée à elle-même subit avec le temps des modifications analo- 
gues. 

2° Sous l'action des acides, les bandes obscures s'éclaircissent, soit sur leur 
bord le plus réfrangible spécialement, soit sur toute leur étendue. 

3° Les bords les plus réfrangibles des bandes produites par les acides sont 
séparés deux à deux par un intervalle constant qui est égal à 10 quand on a 
D— 68, E— 87 et b— 96. 

D'après M. Schónn, la phylloxanthine ne serait pas autre chose que la chlo- 
rophylle proprement dite, et la phyllocyanine serait la méme matière un peu 
modifiée seulement par un acide. Cette modification aurait pour effet d'en- 
richir le spectre de la bande IH, que M. Schónn n'a jamais observée dans la 
solution alcoolique simple de chlorophylle. 


102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Influence de la lumière bleue sur la production de 
Vamidon dans la chlorophylle; par M. Éd. Prillieux (Comptes 
rendus, 1870, t, LXX, pp. 521-523). 


Après avoir rappelé des travaux analysés t. xvi (Revue), pp. 203 et 207, 
M. Prillieux insiste sur un des résultats que détermine l'influeuce de la lu- 
miére pendant la végétation, la formation de l'amidon. C'est M. Sachs qui a eu 
le mérite de reconnaitre et de démontrer que la présence de l'amidon dans la 
chlorophylle est due à l'action de la lumiere. M. Famintzin a mis depuis ce 
phénoméne en évidence, et, ayant étudié la formation de l'amidon sous l'in- 
fluence des lumiéres colorées parl es milieux liquides qu'il leur faisait traverser, 
il a cru reconnaitre qu'elle est déterminée seulement par la lumière jaune ; que 
dans la lumière bleue, au contraire, il ne se forme pas d'amidon (voy. Ann. 
$c. nat., 5* série, t. VII, p. 177). 

M. Prillieux a repris ces expériences, en employant comme M. Famintzin 
une Algue du genre Spirogyra pour sujet d'observation ; il la plaçait dans un 
flacon fermé et posé dans l'axe d'un bocal rempli d'une solution de sulfate 
de cuivre ammoniacal, laquelle, examinée au spectroscope, ne laissait pas- 
ser que les rayons violets, les rayons bleus et quelques rayons verts. Il a 
pu constater clairement la formation, dans la chlorophylle du Spirogyra, de 
petits grains d'amidon que l'iode colorait en violet foncé. Mais la lumière 
ainsi employée était la plus éclatante possible. M. Prillieux a donc confirmé ce 
qu'il avait écrit antérieurement sur l'action des lumiéres colorées d'intensité 
différente. 


Beobachtungen über den Einfluss des Lichtes und der 
Warme auf dic Starkecrzeugung im Chlorophyll 
(Recherches sur l'influence de la lumière et de la chaleur sur la produc- 
tion d'amidon dans la chlorophylle) ; par M. Gregor Kraus (Pringsheim's 
Jahrbücher, t. VII, pp. 511 et suivantes). 


Comme M. Prillieux (1), M. Kraus a repris les études de M. Famintzin 
sur la production d'amidon dans la lumière colorée; il s'élève aussi contre 
l'affirmation de ce dernier auteur qu'aucune trace d'amidon n’est produite 
sous l'influence des rayons bleus. 

M. Kraus a suivi les méthodes expérimentales indiquées par M. Sachs 
pour rechercher les moindres vestiges d'amidou dans les tissus, et a employé 
comme milieu coloré de grandes cloches doubles imaginées également par cet 
observateur. L'intervalle entre les deux cloches est rempli d’une solution de 
bichromate de potasse pour observer l'action de la partie la moins réfrangible 


(4) On trouvera, dans le Compte rendu des séances, en mars 1872, une note où 
M. Prillieux a établi ses droits de priorité sur M. Kraus dans cette question. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 103 


du spectre, et d'une solution d'oxyde de cuivre ammoniacal pour observer celle 
des rayons les plus réfraugibles. 

Différentes plantes aquatiques ou terrestres végétèrent successivement dans 
ces appareils (Spirogyra, Funaria hygrometrica, Elodea canadensis, Lepi- 
dium, etc.). Le résultat fut constamment le méme : dans les trois cloches 
employées (lumière blanche, lumière jaune ou lumière bleue), il y eut de l'ami- 
don créé. De l'une à l'autre, il n'y avait qu'une différence de proportion et de 
promptitude. C'est ainsi que dans la lumiére blanche et au soleil, les pre- 
miéres traces d'amidon étaient visibles au bout de cinq minutes; dans la 
lumière bleue, une insolation de quelques heures pouvait seule produire un 
effet appréciable. 

La température exercait aussi une certaine influence, mais seulement dans 
la proportion selon laquelle elle agit sur la végétation en général. Lorsque la 
chaleur est plus forte, la végétation est plus active; il est donc bien naturel 
qu'une plus grande quantité d'amidon soit produite. Mais cet effet n'est point 
dû à une intervention directe de l'élément calorique dans le phénomène, car 
la production d'amidon, bien que trés-faible, est encore appréciable à wne 
température où la plupart des autres fonctions sont suspendues. 

Une contre-épreuve faite au moyen de la balance sur des cotylédons de 
Lepidium et de Linum a montré, par une augmentation de poids notable, 
que l'amidon était bien créé là de toutes piéces et qu'il ne s'agissait pas d'un 
produit de transformation. 


Beiträge zur Kenntniss der Chlorophylls, etc. (Faits nou- 
veaux sur la chlorophylle et quelques-uns de ses dérivés); par MM. Gerland 
et Rauwenhoff (Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, 
t. Vi, 1871, pp. 97-115, et Annalen der Physik und Chemie, 1871, 


t. CXLIII, pp. 231-238). 


MM. Gerland et Rauwenhoff, dont le mémoire est daté de Leyde, février 
1871, ont tenu à rendre compte de leurs observations et de leurs expé- 
riences sans en tirer des conclusions absolues. Aprés avoir décrit (d’après 
M. J. Müller, de Fribourg) un mode spécial de représentation graphique, 
dans lequel l'image du spectre lui- méme est figurée par un systéme de coor- 
données rectangulaires, et avoir perfectionné cette méthode, ils comparent 
un certain nombre de spectres. Ceux qu'offre une solution de chlorophylle soit 
fraîche, soit conservée dans l'obscurité, ou bien la matière colorante pré- 
Cipitée par évaporation de l'alcool et recueillie sur une plaque de verre, celui 
enfin de la chlorophylle méme enfermée dans la feuille, présentent, d’après 
MM. Gerland et Rauwenhoff, les mêmes caractères généraux. Il n'v a de l'un 
à l’autre que de petites différences, concernant la bande n° III principalement, 
el tous présentent les bandes d'absorption caractéristiques décrites par 
M. Hagenbach. On remarquera combien ces affirmations contredisent celles 


104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


qu'a exprimées M. J.-J. Müller, dans le mémoire précédemment analysé. 

Les auteurs n'ont pas manqué d'examiner comment ils devaient concevoir 
la constitution de la chlorophylle, sujet déjà traité, comme nos lecteurs le 
savent, par un certain nombre de savants. 

M. Fremy, qui nous parait avoir débuté dans ce genre de recherches, a 
divisé la matiére colorante de la chlorophylle en deux principes constituants, 
un bleu, phyllocyanine, et un jaune, phylloxanthine (1). Plus tard il a pensé 
que cette substance était un savon végétal formé par l'union de la phylloxan- 
thine, matière neutre et sorte de glycérine, avec l'acide phyllocyanique, dont 
4a baryte pouvait le séparer (2). 

M. Filhol, en traitant la chlorophylle par l'acide chlorhydrique et en la fil- 
trant sur du noir animal, la décompose et en tire une substance analogue à la 
matière jaune des fleurs; un excès d'acide la fait de nouveau passer au vert (3). 
M. Micheli (4) a nié le dédoublement de la chlorophylle. M. N.-J.-C. Müller 
a trouvé que l'évaporation simple de la solution alcoolique de chlorophylle 
suffit pour prouver qu'elle est un mélange de divers pigments (5). 

Ces auteurs n'avaient pas employé encore l'analyse spectrale, mise à contri- 
bution par M. Askenasy (6). M. Timirjaseff l’a employée concurremment avec 
les méthedes chimiques, et est parvenu à des résultats importants que nous 
avons signalés plus haut, page 25. Il n'accepte pas la préexistence de l'acide 
phylloxanthique dans la chlorophylle. 

MM. Gerland et Rauwenhoff arrivent à conclure que la chlorophylle est 
composée de deux matières colorantes, une jaune et une verte, qui peuvent 
étre séparées par la filtration sur du noir animal. Ils ont constaté que le spectre 
de la matière jaune se rapproche considérablement de celui de la chlorophylle 
elle-méme (tout au moins de celle qui a été conservée dans l'obscurité). Mais 
il n'est point certain pour eux que ces deux matières soient celles que M. Fremv, 
d'une part, et M. Kromeyer, de l'autre, ont obtenues aux dépens de la chlo- 
rophylle. La phyllocyanine de M. Fremy parait aux auteurs étre un produit 
artificiel. Les recherches de M. Simmler (Annalen der Chemie und Physik, 
t. CXV, p. 593) seraient entachées d'inexactitude. Quant à l'expérience de 
M. Filhol, qu'ils ont reproduite avec succés, ils font remarquer que la super- 
position des corps des deux substances obtenues par le procédé de ce savant 
reproduit exactement le spectre de la chlorophylle. L'étude des caractères 
optiques les conduit donc à regarder, avec M. Filhol, les matiéres ainsi pré- 


(4) Voyez le Bulletin, t. vii, p. 940. 

(2) Voyez le Bulletin, t. xit (Revue), p. 145, les Ann. sc. nat., 1860, p. 45, et les 
Comptes rendus, t. LXI. 

(3) Voyez le Bulletin, t. xit (Revue), p. 259, etles Ann. de chimie et de physique, 
1868, p. 332. 

(4) Voyez le Bulletin, t. xv (Revue), p. 120. 

(5) Voyez le Bulletin, t. xvu (Revue), p. 102. 

(6) Voyez le Bulletin, t. xv (Revue), pp. 107-109, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 105 


parées comme les véritables principes constituants de la chlorophvlle cherchés 
par M. Fremy. 


Bemerkungen über die Wirkung des Lichtes auf Vege- 
fations-Processe und C€hlorophylizersetzung (Recher- 
ches relatives à l'action de la lumière sur la végétation et sur la destruc- 
tion de la chlorophylle); par M. Baranetzky (Botanische Zeitung, 31 mars 
1871, no 13, pp. 193-198). 


M. Baranetzky a repris le sujet déjà étudié par M. Prillieux (voy. le Bul- 
letin, t. xvi, Revue, p. 203). Trouvant que ce dernier observateur avait 
opéré sur des couches liquides fort minces qui laissaient passer trop de rayons, 
et que cela infirmait les résultats, M. Baranetzky employait en couches de 
25 millimètres d'épaisseur de l'oxyde de cuivre ammoniacal et du chlorure 
de fer qui divisaient assez exactement le spectre en deux moitiés plus ou moius 
réfrangibles, mais douées toutes deux d'un pouvoir éclairant à peu prés égal. 
Les résultats ont été tout à fait les mémes : à égalité d'intensité lumineuse, le 
nombre des bulles d'oxygène dégagées pendant l'acte de l'assimilation était 
pareil. De méme pour tout ce qui tient au verdissement de la chlorophylle 
étiolée et à la destruction du principe colorant dans une solution alcoolique 
de chlorophylle sous l'influence des rayons lumineux. Seules, les courbures 
qui expriment l'affinité héliotropique se réglent autrement que par l'inten- 
sité ; elles ont leur maximum dans la partie la plus réfrangible du spectre. 

Voici comment M. Baranetzky propose, dans l'état actuel de nos connais- 
sances, de décrire l'action de la lumière : 

a. La décomposition de l'acide carbonique ou assimilation, la formation de 
la chlorophylle, la destruction du principe colorant, sont autant de phéno- 
ménes uniquement liés au degré de l'intensité lumineuse. 

b. Les courbures dues à l'héliotropisme, les mouvements périodiques d'or- 
ganes, les courants de protoplasma, la locomotion des grains de chlorophylle, 
ne s'exécutent que sous l'influence des rayons les plus réfrangibles. 


Zur Frage über dic Wirkung farbigen Lichtes auf dic 
Kohlensaure-Zersetzung (De l'action de la lumière colorée sur 
la destruction de l'acide carbonique); par M. W. Pfeffer (Bot. Zeit. , mai 
1871, n° 20, col. 319-323). 


En reconnaissant que M. Prillieux a la priorité sur lui dans ce genre de 
recherches, M. Pfeffer la revendique pour Draper, qui en 1844 est arrivé à 
ce résultat que la force de décomposition des couleurs spectrales est en rap- 
port avec leur pouvoir éclairant (1). Il reconnait que M. Prillieux a cependant 


(4) Sur l'action relative des lumières d'intensité différente, nos lecteurs feront bien de 
se reporler encore à un mémoire de M. Timirjaseff (voyez, t. xvi, Revue, p. 185), et à 
un autre plus ancien de M. de Wolkoff (voyez t. xi, Revue, p. 229). 


106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


trouvé une nouvelle méthode d'observation, mais il lui reproche d'avoir commis 
une erreur fondamentale dans la position de la question. Il soutient qu'il n'est 
pas possible de déterminer le moment où des rayons de coloration différente 
ont la méme intensité pour nos yeux. C'est là une opinion qui, dit-il, sera 
discutée plus au long par M. Sachs dans un prochain cahier des Arbeiten des 
bot. Instituts in Würzburg. 


Ueber die Bestandtheile des Chlorophyllfarbstoffs und 
ihre Verwandten (Sur les parties composantes de la matière colo- 
rante de la chlorophylle et les corps analogues); par M. G. Kraus (Sit- 
zungsberichte der physikalisch-medicinischen Societät zu Erlangen, 
séance du 7 juin 1871). 


M. Kraus a emplové dans ses recherches le microspectroscope de M. Brow- 
ning, dont nous avons parlé plus haut. Ila voulu d'abord, pour se constituer 
une base solide, tracer un tableau exact du spectre d'absorption propre à la 
solution de chlorophylle, alcoolique ou éthérée ; il a pris de grands soins pour 
préparer des solutions et a opéré sur un grand nombre de plantes appartenant 
à des familles très-différentes. Il résulte de ses observations que la chlorophylle 
donne toujours le méme spectre, à quelque famille qu'elle appartienne ; ce 
spectre a été jusqu'ici plus ou moins exactement indiqué dans la partie la plus 
réfrangible. Dans les solutions assez concentrées on obtient, du rouge au vert, 
quatre bandes obscures, étroites et constantes, dont l'épaisseur va en diminuant; 
si l'on étend la solution jusqu'à ce qu'elle semble d'un jaune verdátre, alors 
on voit, da bleu au violet, trois larges bandes obscures trés-caractérisées. Ces 
résultats sont conformes à ceux qu'avait publiés auparavant M. Hagenbach 
(voyez plus haut, p. 100). 

M. Kraus a aussi examiné le spectre fourni par des feuilles fraiches, et il a 
constaté que les bandes obscures de ce spectre sont exactement, en nombre et 
en largeur, semblables à celles du spectre de la chlorophylle, mais que leur 
situation est changée ; elles se rapprochent de l'extrémité rouge du spectre. 
Les deux dernières n'apparaissent guère à cause du défaut de transparence 
des feuilles, Ce résultat est nouveau, et porte l'auteur à croire que la molécule 
de chlorophylle n'a subi aucun changement chimique en se dissolvant dans 
l'alcool, mais seulement une modification d'état physique. Il pourrait tenir à 
ce que la molécule de chlorophylle est entourée de protoplasma dans la feuille. 

Quant à la constitution de la chlorophylle, M. Kraus pense que c'est un 
mélange de matières colorantes. En traitant la solution alcoolique par le ben- 
zol, on en sépare la matière verte pour laisser une solution d'un jaune d'or pur; 
c'est un procédé de dialyse. M. Nic. Müller par la simple évaporation était 
arrivé à quelque chose d'analogue. Or le spectre de la chlorophylle se présente 
mathématiquement comme formé par la réunion des spectres de ces deux ma- 
tieres colorantes. Celle qui est d'un jaune d'or ne donne aucune fluorescence 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 107 


et n'offre que trois bandes d'absorption dans la partie la plus réfrangible du 
spectre; les quatre premiéres bandes du spectre total sont propres à la sub- 
stance d'un bleu verdátre. 

La substance jaune d'or a les mémes propriétés optiques quela matiére jaune 
des feuilles étiolées (leucophylle) et que celle des fleurs des Ranunculus, Ber- 
beris, Ficaria et de certains fruits (anthoxanthine). On peut aussi joindre 
à ce groupe de substances identiques la phylloxanthine de M. Fremy, dont les 
premiéres inductions, origine de nos progrés considérables sur ce sujet, se 
trouvent en fin de compte confirmées par d'autres procédés d'analyse. 

Dans des recherches communiquées un mois plus tard, le 10 juillet 1871, 
à la Société d'Erlangen, M. Kraus a fait remarquer que la densité du milieu 
où sont dissoutes les substances. colorantes végétales qu'il a étudiées, influe 
beaucoup sur la situation des raies d'absorption du spectre qui les a traversées. 
Plus cette densité est forte, plus ces raies reculent vers l'extrémité rouge du 
spectre, et vice versé. Il y a daïs cette découverte un moyen de déterminer 
la densité du protoplasma oü sont renfermés les grains de chlorophylle. 

Beaucoup de fleurs jaunes ont donné à M. Kraus le spectre de l'anthoxan- 
thine. Il en a été autrement de l’ Eschscholtzia californica. Il a aussi examiné 
les propriétés optiques de la matière colorante bleue ou violette d'un grand 
nombre de corolles (Delphinium, Campanula, Iris (4), Tradescantia, An- 
chusa, Gilia, Clematis, Echium). Ces fleurs ont toutes donné le méme spectre, 
caractérisé par une large bande d'absorption dans son milieu. 


Ueber das Verhalten des Chlorophylls zum Licht (Mo- 
niére dont se comporte la chlorophylle par rapport à la lumière) ; par 
M. Lommel (Annalen der Physik und Chemie, 1871, t. CxLIN, p. 518). 


M. Lommel, en comparant le spectre d'absorption -de la chlorophylle avec 
son spectre de fluorescence, s'est convaincu de leur parfaite similarité. Pour 
lui, les bandes brillantes du second correspondent exactement aux bandes 
d'absorption du premier. 1] fonde sur cette analogie une théorie optique des 
deux phénoménes de l'absorption et de la fluorescence, théorie qui est du 
domaine de la physique (2). 


(1) Les organes pétaloides réfléchis de la fleur des Iris, qui sont d'un si beau bleu 
indigo à la lumière réfléchie, paraissent d'un rouge violacé quand la lumière les traverse. 

(2) M. Lommel a établi, d'aprés des expériences faites sur une couleur d'aniline, le 
rose de Magdala, que le corps fluorescent peut émettre par fluorescence des radiations 
plus réfrangibles que celles qu'il a reçues, ce qui est contraire à la loi de Stokes. 1l com- 
pare les vibrations lumineuses à des vibrations sonores, et distingue trois classes de corps 
fluorescents. Dans la première classe, fluorescence par résonnance, les molécules du 
corps fluorescent vibrent de la méme manière que les radiations lumineuses qui les frap- 
pent, et résonnent avec elles. Telles sont les molécules de la chlorophylle. C'est le lieu 
de rappeler que M. Frank (t. xv, Revue, p. 115) a regardé les phénoménes de fluores- 
cence comme cause de la coloration des parties végétales. Dans la deuxiéme classe, 
fluorescence par difference, les rayons absorbés excitent, outre leurs propres vibrations, un 


4108 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


Passant ensuite à l'assimilation, M. Lommel pose d'abord, comme principe 
absolu, que pour pouvoir exercer une action chimique dans une substance 
quelconque, un rayon lumineux doit étre absorbé par elle. L'énergie de cette 
action ne dépendra pas seulement du degré de l'absorption, mais aussi de 
l'intensité mécanique du rayon. Un rayon complétement absorbé restera sans 
effet, si son intensité mécanique est minime, et vice versá, quelque grande 
que soit celle-ci, elle n'agira que si le ravon est absorbé. 

Cette intensité mécanique ne doit être confondue ni avec l'intensité lumi- 
neuse, ni avec l'intensité chimique. C'est ce que d'autres physiciens appellent 
plus communément l'intensité calorifique. 

Nous rappelons à nos lecteurs que pour bien apprécier le rôle des rayons 
calorifiques, il faut employer un corps qui absorbe tous les rayons également 
et transforme en chaleur leur force vive. Ce corps, c'est le noir de fumée ; 
en recouvrant de ce noir le fil d'une pile thermo-électrique, on obtient un 
instrument d'une grande sensibilité qui donne au physiologiste les indications 
les plus exactes. Le maximum d'intensité calorifique se rencontre dans les 
rayons rouges. M. Lommel conclut donc : 

Les rayons les plus actifs dans le phénomène de l'assimilation sont ceux 
qui, tout en étant absorbés par la chlorophylle, possèdent une intensité mé- 
canique considérable (1). Ce sont les ravons rouges compris entre les lignes 
B et € de Frauenhofer. 

Il serait nécessaire de rapprocher cette conclusion des résultats obtenus par 
l'étude des plautes vivantes et de l'action qu'exercent sur elles les rayons qui 
ont traversé préalablement des solutions ou des verres colorés, 


Wirkung farbigen Lieh(s auf die Zersetzung der Koh- 
lensaure in Pflauzen (Action de la lumière colorée sur la décom- 
position de l'acide carbonique dans les plantes); par M. Pfeffer (Arbeiten 
des botanischen Instituts in Würzburg, 1871, cahier n° 1). 


Ce travail de M. Pfeffer doit être recommandé à nos confrères par la per- 
fection des méthodes employées et le svin avec lequel les expériences ont été 
conduites. Pour arriver à une exactitude aussi complète que possible, 
M. Pfeffer a laissé de côté les différentes méthodes qui consistent, soit à com- 


groupe de vibrations ultra-rouges, et la fluorescence obtenue offre une teinte résultant de 
la combinaison de ces reyons plus réfrangibles avec ces vibrations obscures peu réfrangi- 
bles : Exemple: esculine, quinine, curcuma . La troisième classe, fluorescence composée, 
est multiple, comme l'ont prouvé les observations de M. Pierre. Elle détermine plusieurs 
teintes dans le spectre fluorescent. Ce phénoméne s'explique par le fait que les substances 
avec lesquelles on l'observe sont un mélange de plusieurs substances de premiére et de 
seconde classe, donnant une fluorescence simple. 

(4) Rappelons à nos lecteurs que M. J. Müller (Annalen dcr Physik und Chemie, 1858, 
t. cv, p. 337) a disposé les rayons dans leur action sur l'assimilation végétale en se fon- 
dant sur leur pouvoir calorifique. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 


pter les bulles gazeuses, soità mesurer les quantités de gaz qui se sont échap- 
pées d'une plante végétant dans l'eau. Ila repris la méthode de M. Boussin- 
gault, qui faisait végéler ses plantes dans un vase clos, dont l’atmosphère 
renfermait des quantités connues d'acide carbonique. Comme liquides colorés, 
il a employé du chromate de potasse, de l'oxyde de cuivre ammoniacal, du 
rouge d'auiline, de l'orselline, du violet d'aniline, de la chlorophylle, et aussi, 
pour observer l'effet des rayons de chaleur obscure, une solution très-con- 
centrée d'iode dans du sulfure de carbone. 

Dès le début de son travail, M. Pfeffer entrevit que les effets des deux moitiés 
du spectre qu'on en sépare, l'une par le chromate de potasse et l'autre par l'oxyde 
de cuivre ammoniacal, représentaient, prises ensemble, un total à peu prés égal à 
l'action de la lumière blanche. C'était déjà un grand pas de fait vers l'idée de l'ac- 
tion prédominante de l'inteusité lumineuse. C'est à la suite de cette observation 
que M. Pfeffer, en employant tantôt des liquides monochromatiques, tantôt des 
liquides qui n'excluent qu'une ou deux des couleurs spectrales, est arrivé à 
déterminer à peu prés le pouvoir assimilant de chaque rayon. Si à Ja lumiere 
blanche la chlorophylle décompose 100 parties d'acide carbonique, les rayons 
isolés donnent les chiffres suivants : 

Rouge et orangé,......... 3 
Jaune... eee ent 1 


Vert... osssesoressor.e 
Bleu, indigo, violet....... 


Total.......... 100,8 


Il est donc bien vrai de dire que l'action de la lumière combinée repré- 
sente la somme des actions partielles qu'exerceraient les rayons isolés. La 
connaissance de ces faits permet à l'auteur de construire la courbe de l'assimi- 
lation. Cette courbe, à peu prés paralléle à la courbe d'intensité lumineuse, 
atteint son point culminant entre les raies D et E de Frauenhofer. Elle n'a, 
par contre, rien de commun avec la courbe d'intensité calorifique, qui suit 
une loi toute différente. 

L'auteur a été mis en mesure de confirmer ses résultats par des données 
Sur l'augmentation en poids, acquise par les plantes sous l'influence des di- 
verses régions du spectre. Ces données sont tirées d'expériences inédites du 
professeur Sachs ; leur auteur a constaté, méme dans la lumière bleue, une 
augmentation de poids extrémement faible, il est vrai, mais plus grande qu'elle 
ne parait au premier abord, puisqu'il faut tenir compte de la déperdition de 
matière solide due à la respiration. Dans la lumière jaune, l'augmentation en 
poids représentait 35 pour 100 de ce qu'elle aurait été daus la lumiére 
blanche. 

Voici les conclusions de l'auteur. 

Les rayons du spectre perceptibles à notre œil sont les seuls qui puissent 
devenir la cause de la décomposition de l'acide carbonique. Les rayons doués 


110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


du pouvoir éclairant le plus considérable, les rayons jaunes, exercent à eux 
seuls une influence égale à celle de tous les autres pris ensemble. Les rayons 
les plus réfrangibles n'ont qu'une action beaucoup moins marquée. A chaque 
couleur spectrale revient un certain degré d'activité dans le phénoméne de 
l'assimilation, degré qui reste le méme, soit que les rayons agissent isolément 
sur les plantes, soit que leur action soit combinée (1). 


Ueber die Einwirkung des Lichtes auf den Chlorophyll 
(De l'action de la lumière sur la chlorophylle); par M. Gerland (Anna- 
len der Physik und Chemie, 1871, t. cxLui, p. 585). 


Dans ce second mémoire, M. Gerland, engagé dans de nouvelles recherches 
par suite de la publication des travaux de M. Pfeffer, s'attache d'abord à la dé- 
coloration de la chlorophylle que détermine l'action des rayons lumineux. La 
solution verte pálit, dit-il, plus ou moins promptement, suivant que la chloro- 
phylle dont elle est formée est fraîche, conservée dans l'obscurité, précipitée de 
l'alcoolet dissoute dans l'éther (chlorophylle modifiée de Stokes, etc. ). Mais dans 
tous les cas, les phénomènes qui se sûccèdent sont les mêmes : les bandes d'ab- 
sorption pálissent peu à peu, puis disparaissent. Il reste finalement une liqueur 
jaune, dont le spectre reproduit celui du principe jaune de M. Filhol. La 
durée seule de la décoloration variait ; tandis qu'elle était complète dans la 
chlorophylle fraiche au bout de huit jours, la solution de chlorophylle modifiée 
résistait plus de deux mois. 

M. Gerland s'est occupé aussi de l'action que l'oxygène peut exercer sur la 
chlorophylle. Voici ses conclusions à cet égard : La chlorophylle trouve, dans 
l'oxygène de l'air et dans les vibrations lumineuses de l'éther, deux agents qui 
travaillent constamment à la transformer. Mais l'intervention simultanée de 
tous deux est nécessaire pour lui faire subir une modification chimique. Sous 
l'influence de la lumière, l'oxygène entre en combinaison avec la chlorophylle 
et commence à la modifier (2). Mais si l'éclairage est assez intense, cette oxy- 
dation s'interrompt bientót, et alors la décoloration se manifeste rapidement. 
S'il est trop faible, l'oxygene continue son œuvre, et la chlorophylle, au lieu 
de se décolorer, se modifie. Elle arrive alors à un état intermédiaire: dans 
lequel tout en ayant perdu une certaine vivacité de nuances, elle résiste plus 
longtemps aux rayons lumineux. Son spectre se distingue de celui de la chlo- 
rophylle normale par la présence d'un espace bleu, qui sépare la cinquième 
bande d'absorption de la partie la plus réfrangible du spectre. Ce sont les 


(4) En comparant ces résultats avec ceux de M. Prillieux, M. De Bary (Bot. Zeil., 
1871, p. 198), reconnait au botaniste francais la priorité sur les points oü il y a concor- 
dance entre les deux observateurs, et le mérite d'une simplicité plus grande sur les points 
où il y a discordance, 


(2) On remarquera combien cette opinion est opposée à celle de M. Timirjaseff (voyez 
plus haut, p. 25). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 111 


rayons efficaces dans la décoloration qui sont absorbés par la chloro- 
phylle (1). 

M. Gerland, dans son second mémoire, insiste de nouveau sur ce fait, qu'il 
a reconnu dans le spectre de la feuille toutes les bandes d'absorption caracté- 
ristiques de la solution de chlorophylle; il a vu en outre, dans le rouge et 
dans le jaune, deux régions légèrement obscurcies. 


Observations on the color of fluorescent solutions; par 
M. Henry Morton (The American Journal, septembre 1871, pp. 198, 
199). 


M. Morton, directeur d'un établissement d'instruction professionnelle, le 
Stevens Institute of Technology, est arrivé après de nombreuses expériences 
à cette conclusion inattendue, que toutes les solutions fluorescentes ordinaires, 
telles que la teinture de turmeric (2), d'Agaric, de chlorophylle, la solution de 
nitrate d'urane, émettent (3) par fluorescence des rayons de méme couleur, 
c'est-à-dire d'un bleu identique avec celui que donnent les sels acides de 
quinine, et qui n'est pas une teinte monochromatique, mais un spectre 
complet dans lequel les rayons bleus ont une intensité prédominaute. L'auteur 
conclut de ses expériences que les molécules des corps fluorescents en solu- 
tion ne sont pas capables de restreindre leurs vibrations à des directions 
limitées, mais déterminent seulement par leurs mouvements un excès des 
rayons les plus réfrangibles, quoique la méme substance puisse agir tout dif- 
féremment à l'état solide. 

M. Morton a constaté que la fluorescence du turmeric est due à une sub- 
stance non encore observée, soluble dans l'eau, et dépourvue de toute colo- 
ratiou. 


(4) Les rayons absorbés étant précisément les rayons orangés, complémentaires de la 
couleur de la chlorophylle, ceci peut étre regardé comme un cas particulier d'une loi 
posée dés 1847 par M. Helmholtz ( Philosophical Transactions, 1847, 2* partie), en vertu 
de laquelle les rayons les plus efficaces pour la destruction d'une couleur végétale sont 
généralement les rayons dont la couleur est complémentaire de la couleur qu'ils dé- 
truisent. 

(2) Les Anglais donnent le nom de turmeric à la poudre jaune fournie par plusieurs 
espèces du genre Curcuma, et employée seit comme matière colorante, soit à la maniére 
de notre tournesol, comme réactif, soit encore comme condiment, Les tubercules jeunes 
de ce genre, qui ne sont pas encore colorés, donnent de la fécule. L'arrotw-root des Indes 
orientales est entièrement produit par des espèces de ce genre : Curcuma angustifolia 
Roxb., C. rubescens Roxb. A Bornéo, c’est le C. purpurascens Bl. qu'on emploie pour 
cet usage. On a aussi l'habitude d'y mêler à des parfums la poudre de cette espèce pour 
en oindre la figure, le col et les bras du marié et de la mariée avant la noce. (Gardeners 
Chronicle, 8 avril 1871.) . 

(3) Il n'est pas hors de propos de faire remarquer que M. Morton, tout en maintenant 
le terme de fluorescence, aujourd'hui généralement adopté, rapporte la cause des phéno- 
ménes observés, comme M. Becquerel, à une vibration propre des molécules du corps 
fluorescent. 


112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


On the influence of the blue color of the sky fn de- 
veloping animal and vegeiable life, as illustrated in the 
experiments of Gen. A.-J. Pleasonton between the years 1861 and 1871 
at Philadelphia (De l'influence de la couleur bleue du firmament sur 
le développement de la vie animale et végétale, etc.) ; par M. le général 
Pleasonton. In-8° de 24 pages. Philadelphie, 1871. 


Cet ouvrage a déjà eu trois éditions en Amérique; il se trouve dans les 
Comptes rendus de l' Académie des sciences, séance du 20 novembre 1871, 
p. 1236, un résumé succinct des expériences du général Pleasonton, extrait 
d'une lettre de M. H. Poéy, directeur de l'observatoire météorologique de la 
Havane, à M. Élie de Beaumont. 

M. Pleasonton a fait construire sur sa propriété (située dans la partie occi- 
dentale de l’État de Philadelphie) une serre froide pour Vignes. 11 fit placer 
sur les parois de la serre une ligne de carreaux violets aprés sept lignes de 
carreaux blancs, et ainsi de suite. Ces lignes de carreaux colorés alternaient 
entre elles sur les deux versants de la serre, de telle sorte que le soleil, dans 
sa marche diurne, jetât de la lumière violette successivement sur toutes les 
feuilles des plantes qu'elle devait contenir. Les Vignes dont les branches tapis- 
saient à l'intérieur le vitrage de cette serre crurent avec une grande rapidité, 
et le jardinier n'était occupé qu'à attacher chaque jour du bois nouveau qui 
n'existait pas la veille. 

Quelques-uns des pieds de ces Vignes avaient atteint jusqu'à quarante-cinq 
pieds anglais de longueur et un pouce de diamétre à la hauteur d'un pied au- 
dessus du sol, et cela dans l'espace de cinq mois seulement. La croissance des 
mémes Vignes, semblablement traitées, dans la deuxiéme année, fut encore 
plus remarquable. Les boutures enracinées portaient, dix-sept mois aprés, une 
récolte de raisins magnifiques. Ces raisins furent exempts des maladies 
auxquelles la Vigne est sujette. 

M. Poéy, pour expliquer ces résultats presque incroyables, s'appuie sur 
des données scientifiques anciennes et manifestement erronées, fournies par 
Senebier et par Robert Hunt. Il croit que c'est la lumière la plus réfrangible 
du spectre qui agit avec le plos d'intensité pour la formation de la chlorophylle. 

Nous regrettons de ne pouvoir faire connaitre à nos lecteurs autrement que 
par son titre un Rapport de M. Puëy sur l'influence des agents climatériques, 
atmosphériques et terrestres en agriculture, présenté au département de l'a- 
griculture de Washington et publié en 1869 ; M. Poëy y a analysé tous les tra- 
vaux qui ont été faits à l'égard de l'action de la lumière sur les végétaux (1). 


(1) On trouvera dans le journal anglais The Florist (numéro de décembre 1865) le résul- 
tat d'expériences curieuses faites par M. Tinkler, secrétaire de la Société d'horticulture 
de Southampton. M. Tinkler semait ses graines dans des pols à fleurs dont les uns res- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 113 


Influence des diverses couleurs sur la végétation ; par 
M. Paul Bert (Comptes rendus, séance du 18 décembre 1871, t. LXXII, 
n? 25, pp. 1444-1447). 


M. Berta placé, sous de grands châssis garnis de verres de différentes 
couleurs, vingt-cinq espèces de plantes appartenant à presque autant de fa- 
milles végétales : il y avait des plantes vivant au grand soleil (Verbascum, Hy- 
pericum), d'autres vivant à l'ombre( Viola); des Crassulacées, des Cactées, des 
Cryptogames vertes (Mousse, Selaginella, Adiantum) ; des plantes fortement 
colorées en rouge (Perilla); des Sapins. Les végétaux d'une méme espèce 
élaient de méme taille, provenant d'un méme semis. L'un des châssis était 
garni de verres ordinaires, un autre de vitres blanches dépolies, un troisième 

, de verres bien noircis; un quatrième était vitré de rouge, un cinquième de 
jaune, un sixième de vert, un septième de bleu. Examiné au spectroscope, 
avec un faible bec de gaz, le verre rouge était sensiblement monochroma- 
tique; le verre jaune laissait passer le spectre entier avec éclat relatif plus 
grand de la région jaune ; avec le verre vert, les régions non vertes étaient 
très-affaiblies, surtout la région bleue-violette; le verre bleu arrétait tout, 
sauf le bleu et le violet, laissant à peine voir le rouge. 

Les expériences furent commencées le 20 juin. Le 20 août, il ne restai 
plus vivants, sous les verres noirs et verts, que les Cryptogames; ceux-ci 
méme étaient malades sous le verre rouge, mais ils se comportaient assez bien 
sous le jaune et sous le bleu ; quant aux autres plantes, le rouge leur avait été 
évidemment plus funeste que les autres couleurs. 

L'auteur conclut ainsi : 

1* Que la couleur verte est presque aussi funeste pour les végétaux que 
l'obscurité : c'est ce que j'avais déjà vu dans mes expériences sur la Sensi- 
tive ; ce fait avait été comme prévu et expliqué d'avance par M. Cailletet. 

Il ne serait cependant pas exact de dire que la lumière verte n'a aucune 
influence sur les végétaux ; j'ai constaté, en effet, que des plantes fortement 
héliotropes se tournent et s'inclinent du cóté du vert plutót que du cóté du 
rouge, et vont à celui-ci pour fuic l'obscarité. 

2» Que la couleur rouge leur est encore fort nuisible, bien qu'à un moindre 
degré. Elle les fait s'allonger d'une manière singulière. 


taient exposés à la lumière du soleil, et les autres étaient recouverts par du papier bleu 
ou du papier jaune. Les graines recouvertes par du papier bleu se sont développées plus 
promptement que celles qui étaient exposées à la lumière, et celles qui étaient recou-. 
vertes de papier jaune n'ont pas germé du tout. L'auteur attribue ce fait à l'influence 
chimique prépondérante des rayons bleus. L'éditeur du Gardeners Chronicle (1872, 
9 mars, p. 289) nous apprend que l'expérience a été fréquemment répétée avec les 
mêmes résultats. Celte expérience, relativement à la germina!ion, n est pas, en effet, 
trop en désaccord avec les donr.ées générales de la science ; mais, bien qu'eile soit citée 
à propos des observalions du général Pleasonton, nous devons faire observer qu'elle ne se 


présente pas dans le méme cas. 


T. XVIIL (REVUE) 8 


114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


3° Que la couleur jaune, moins dangereuse que les précédentes, l'est plus 
encore que la couleur bleue. 

h° Qu'en définitive, toutes les couleurs, prises isolément, sont mauvaises 
pour les plantes ; que leur réunion suivant les proportions qui constituent la 
lumière blanche est nécessaire pour la santé des végétaux; et qu'enfin les 
jardiniers devront renoucer à l'emploi des verres ou abris colorés pour serres 
ou chássis. 

Or, si l'on examine au spectroscope la lumière qui a traversé une feuille, on 
voit qu'elle est surtout riche en rayons verts et rouges; ce qui signifie que 
ces rayons n'ont point été utilisés par la plante. Il n'est donc pas étonnant que 
les végétaux ne puissent vivre si on ne leur donne comme lumière que celles 
précisément desquelles ils ne tirent ordinairement aucun parti. 

Mais les chlorophylles contenues dans les feuilles des diverses espèces de 
végétaux ne laissent point passer exactement les mémes rayons colorés, De là 
vient sans doute que si à l'ombre d'un grand Chéne, par exemple, les taillis 
de Chêne ne poussent qu'à grand'peine, les Mousses et les Fougères y pros- 
pérent à merveille, et que dans les buissons les plus obscurs, les Violettes, 
certains Neottia, etc., poussent parfaitement (1). 

L'auteur croit que les associations de plantes vertes qui vivent à l'ombre 
les unes des autres ont pour raison principale la différence des rayons colorés 
que leurs feuilles utilisent. 

M. P. Bert a fait sur e mémesujet une communication à la Société philo- 
mathique, dans sa séance du 27 janvier 1872. Cette communication cst pu- 
bliée dans le journal /'/nstitut, n° 1955. On y trouve quelques détails supplé- 
mentaires. 

Il a fait pousser des Haricots partie à l'air libre, partie dans le châssis obscur, 
partie sous les châssis colorés. Il a reconnu que le Haricot, aprés avoir atteint 
50 à 60 centimètres, avait toujours perdu de son poids, méme planté dans 
de bonne terre, méme exposé à la lumière. M. Boussingault avait autrefois 
constaté un fait analogue. Cela est d'ailleurs en harmonie avec l'état de la 
science sur la germination des végétaux, avec les résultats obtenus par 
MM. Edwards et Colin, la plante se conduisant comme un animal, et brûlant 
son propre tissu pour vivre tant qu'elle n'a pas développé une quantité. de 
chlorophylle suffisante pour contre-balancer cette déperdition. Mais il est dans 
les expériences un fait nouveau acquis à la science : c'est que les Haricots, 
dans ces conditions, perdent de leur poids dans le chássis à verre ordinaire 


(4; Il est bon de rappeler à ce propos que M. Edm. Becquerel, qui a fait des expé- 
riences avec des écrans colorés par une solution de chlorophylle, a vu, sous cette 
influence, aprés deux jours d'action de huit heures chacun, verdir des folioles de 
jeunes tiges de Navet hâtif et d'Orge, germées au préalable dans l'obscurité. M. Bec- 
querel n'admet qu'avec de grandes réserves les résultats de M. Cailletet. Les rayons qu'il 
regarde comme les plus actifs dans l'assimilation végétale sont les rayons de la partie 
orangée; jaune et verte du spectre. (La Lumière, t. II, p. 279.) 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 115 


plus qu'à l'air libre, et dans le châssis obscur plus encore. M. Bert n'a pas 
encore parlé des résultats qu'il a obtenus sur ce sujet par l'emploi des verres 
colorés. 


Réflexions sur les expériences du général Pleasonton ; 
par M. Duchartre (Extrait du Journal de la Société centrale d'horticul- 
ture, décembre 1871, pp. 515-527); tirage à part en brochure in-8° de 
13 pages. 


M. Duchartre fait observer que les Vignes renfermées dans la serre du 
général Pleasonton recevaient 7/8 de lumière blanche, et que, soumises deux 
fois par jour, avant et aprés midi, à la lumière violette, elles étaient insolées 
le reste du temps de la maniére ordinaire. Il n'est pas impossible, dit notre 
savant confrère, que cette alternance et cette succession d'actions lumineuses 
différentes impriment à la végétation une série de secousses ayant pour résul- 
tat général d'en augmenter l'activité. 

M. Duchartre a encore recours à d'autres considérations que nous croyons 
devoir transcrire textuellement : 

La décomposition de l'acide carbonique par lesorganes verts sous l'influence 
de la lumière solaire est sans doute indispensable pour l'accroissement des 
végétaux, puisqu'elle doit donner lieu à la formation des substances végétales 
hydrocarbonées, particulièrement de la cellulose, matière essentiellement con- 
stitutive des tissus, de l'amidon, etc.; mais, tout important qu'il est, ce phéno- 
méne n'est pas le seul qui détermine l'accroissement des végétaux, comme on 
semble souvent le croire. Un autre fait le précède nécessairement; en effet, 
il y a pour les organes des végétaux deux périodes successives : 1? la nais- 
sance et la formation première; 2° le développement qui constitue la crois- 
sance nettement visible et qui s'accompagne de la consolidation générale, de 
l'affermissement des tissus. L'influence de la lumière n'est nullement indis- 
pensable pendant la première de ces deux périodes ; ce n'est méme pas aller 
trop loin que de dire, en régle générale, qu'elle serait nuisible pendant ce 
temps : aussi voyons-nous que la nature a généralement entouré les points oü 
elle s'accomplit de parties protectrices qui ont en méme temps pour effet 
d'abriter plus ou moins complétement ces points contre l'influence lumineuse ; 
C'est ce que nous montrent les bourgeons ainsi que la sommité extréme des 
tiges et de leurs ramifications où le point végétatif toujours abrité donne nais- 
sance à tous les tissus. Loin de nuire à cette production de tissus nouveaux, 
l'obscurité extérieure parait la favoriser ; aussi voit-on qu'une plante allonge 
démesurément les entre-nœuds de sa tige (ct finalement s'étiole) dans l'obscu- 
rité, qui, ne permettant pas la décomposition de l'acide carbonique, rend par 
cela méme impossible la formation des substances solides, ou, en d'autres 
termes, la consolidation. Comme, dans la serre du général américain, à l'ac- 
tion de la lumière violette fort peu éclairante succède celle sept fois plus pro- 


116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


longée de la lumiere blanche trés-intense qui traverse les vitres incolores, le 
commencement d'étiolement qui a dû se produire, et qui a eu pour effet une 
forte croissance en longueur, finit en méme temps que l'action de la lumiere 
violette, et la décomposition de l'acide carbonique, avec les phénoménes qui 
l'accompagnent et qui la suivent, met fin à cet étiolement passager en con- 
solidant les tissus produits antérieurement dans des conditions spéciales. 

On trouvera dans le Gardeners Chronicle du 40 février 1872 unc antre 
explication des résultats obtenus par M. Pleasonton. L'auteur les attribue aux 
effets des différences de tension dans les parties végétales. La moelle posséde 
une tension active, c'est-à-dire qu'elle tend perpétuellement à allonger le sar- 
ment qui la renferme ; l'écorce, au contraire, est passive dans ce phénoméne. 
Or, dans l'obscurité, et probablement sous la lumiére violette en proportion 
relative, les cellules de la moelle s'allongeraient comme d'habitude sans être 
retenues dans leur expansion par les cellules du bois et de l'écorce. Celles-ci 
ne pourraient l'empécher à cause du défaut d'insolation suffisante. 


Observations relatives aux expériences communiquées 


récemment par M. A. Poëy; par M. Baudrimont (Comptes 
rendus, 1872, n° 7, pp. 471-472). 


M. Baudrimont a fait, depuis l’année 1858, des expériences du même ordre 
sur des végétaux appartenant à diverses familles, et il a obtenu des résultats 
tout à fait inverses de ceux qui sont annoncés par M. Poëy. Les végétaux qu'il 
observait étaient placés dans de petites serres, où la lumière ne pouvait 
pénétrer qu'après avoir traversé des verres présentant une couleur spéciale 
pour chacune d'elles : ces couleurs étaient le rouge monochromatique, 
l'orangé, le jaune, le vert, le bleu, le violet. Une serre, servant de terme de 
comparaison, était éclairée par la lumière qui avait traversé du verre incolore 
ou légèrement coloré en vert. 

M. Baudrimont affirme que toutes les couleurs, sans exception, ont été défa- 
vorables à la végétation. Nulle ne l'a été plus que la violette : toutes les 
plantes éclairées par cette couleur sont mortes les premieres ; aprés le violet, 
la couleur la plus funeste a été le vert. Le bleu, situé entre les deux, n'a pas 
donné d'aussi mauvais résultats. 

Il semble en outre à M. Baudrimont que a seule conséquence logique qui 
découle des expériences du général Pleasonton, c'est que la lumière complé- 
mentaire du violet est nuisible à la végétation. 

Nous nous permettrons de faire remarquer que le général américain n'avait 
pas enfermé ses plantes sous l'influence exclusive de la lumiere violette, que 
celle-ci ne formait qu'une fraction de la lumière totale reçue par les Vignes 
qu'il avait mises en expérience. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 417 


Ueber lichtwarts sich bewegende Chlorophyllkórner 
(Du mouvement des grains de chlorophylle vers la lumière); par M. B. 
Frank (Botanische Zeitung, 1871, n°° 4^ et 15, col. 210-215, 225-232). 


Selon M. Frank, les grains de chlorophylle (dont les mouvements ont été 
étudiés par MM. Famintzin, Borodin, Prillieux et Roze) joindraient à ces 
mouvements déjà connus une propriété caractéristique, une tendance mar- 
quée à se diriger dans l'intérieur de la cellule du côté le plus éclairé, absolu- 
: ment comme le font les zoospores placées dans une assiette auprès d'une 
fenétre (1). Pour pouvoir constater ce phénoméne, il faut naturellement avoir 
affaire à des plantes dont les cellules soient un peu grandes, telles que les pré- 
sentent souvent les plantes aquatiques. Les premiéres observations ont été 
faites sur des feuilles de Sagittaria sagittifolia, dont un pied croissait près 
d'une fenétre. La répartition générale des grains de chlorophylle peudant le 
jour et pendant la nuit suivit d'abord rigoureusement les lois posées par 
MM. Famintzin et Borodin; mais à mesure que l'éclairage unilatéral se pro- 
longeait, les choses changeaient d'aspect, et les grains de chlorophylle mon- 
traient une tendance toujours plus marquée à s'accumuler du cóté de la 
cellule le plus fortement éclairé. 

Les mêmes faits se sont reproduits dans les cellules du prothallium de dif- 
férentes Fougères et dans les feuilles d'une Mousse, le Mnium rostratum 
Schwægr. La position, la direction, l'orientation des cellules n'ont aucune in- 
fluence sur le phénoméne qui se manifeste également bien dans tous les cas, 
à la lumière diffuse comme aux rayons solaires ; quant aux différentes régions 
du spectre, l'auteur n'a pas pu faire de distinction marquée. D'une manière 
générale, la diminution dans l'intensité lumineuse rend le phénoméne moins 
saillant, parfois irrégulier; il se manifeste cependant toujours, quelle que soit 
la couleur des rayons lumineux. 

M. Frank croit pouvoir associer ce déplacement des grains de chlorophylle 
à des courants protoplasmiques particuliers. Peut-être ce travail deviendra-t-il 
l'origine d'observations intéressantes sur les relations de la lumiére avec les 
courants intracellulaires, phénomènes encore bien imparfaitement connus. 


Ueber den Einfluss farbigen Lichtes auf Icbende Pflan- 
zenzellen (De l'influence de la lumière colorée sur les cellules vi- 
vantes); par M. J, Reinke (Bof, Zeit., 1871, n% 46 et 47, col. 790-793, 
197-802). 

MM. Bor$éow et Lürssenont étudié chacun déjà l'action des lumières 


(4) On sait que l'influence de la lumiére sur la direction des zoospores a été l'objet 
d'observations particulières de la part de M. Cohn (voyez le Bulietin, t. xiv, Revue, p. 40; 
t. Xv, Revue, p. 122; et t. xvi, Revue, p. 139). Les régulats de M. Frank ne cadrent 
qu'en partie avec ceux de M. Cohn, lequel refusait toute influence à la lumière rouge. 


418 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


eolorées sur le mouvement du protoplasma dans les poils des Orties. Ces deux 
observateurs ont été d'accord sur ce point que le protoplasma meurt promp- 
tement dans la lumière rouge ; que la lumière rouge seule est nuisible à ia 
vie cellulaire. Les observations de M. Reinke n'ont pas confirmé ces résultats. 
Il a exposé simultanément des poils d'Ortie à la lumière bleue, à la lumière de 
l'extrémité spectrale opposée, à la lumière solaire et dans l’obscurité. Aucune 
action constante du milieu n'a pu étre constatée par lui dans aucun de ces 
quatre cas. Il conclut que la lumière rouge n'exerce en aucune manière l'ac- 
tion meurtrière qui lui a été attribuée. 
M. Borśćow a publié encore dans les Mélanges biologiques des observa- 
tions sur l'influence pernicieuse que la lumière rouge exercesur le Spirogyra. 
M. Reinke a repris ces expériences, et a reconnu que sous le verre du porte- 
objet les filaments du Spirogyra meurent non-seulement dans la lumière 
bleue, mais encore dans la lumière mélangée de teintes différentes. Il installa 
l'expérience dans de meilleures conditions, en quadruple partie, comme il 
l'avait fait pour les poils d'Ortie, et reconnut que le troisième jour les Spiro- 
gyra placés dans l'obscurité mouraient après disparition complète de l'ami- 
don; que le septième jour, ceux dela lumière bleue, sans que leur protoplasma 
eüt visiblement diminué, offraient des traces de désorganisation. Au contraire 
ceux de la lumiére blanche conservérent une belle végétation et au huitiéme 


jour entrérent en copulation. Il en fut de méme des Spirogyra conservés dans 
la lumière rouge. 


Ueber die optischen Erscheinumgen, etc. (Sur les phénomènes 
optiques qui distinguent les Selaginella Iævigata WILLD. ef uncinata DESV. 
des espèces voisines); par M. L. Kny (Sutzungsbericht der Gesellschaft 
naturforschender Freunde zu Berlin am 20 December 1870, pp. 78-82). 


Les deux Selaginella cités ont des feuilles qui paraissent d'un bleu métal- 
lique à la lumiére réfléchie, et d'un vert d'herbe à la lumiére transmise. Ce 
sont les seules espéces, sur une trentaine qu'on cultive dans les serres, qui 
présentent ce phénoméne. L'auteur a étudié la structure de leurs feuilles. Il 
croit que la cause du phénomène doit être recherchée dans la cuticule. 

Des faits analogues ont été observés par M. Frank sur le Viburnum Tinus 
et sur plusieurs espèces de Pæonia (Botanische Zeitung, 1867, p. h05). 
M. Frank les a rapportés à la fluorescence; M. Kny ne peut partager la méme 
opinion pour les Selaginella, d’après l'examen spectroscopique. La couleur 
bleue métallique n'a été nettement apparente que dans le bleu du spectre; 
tandis que dans la lumière violette les feuilles paraissaient violettes et que dans 
les rayons ultra-violets, qui déterminent tout particulièrement les phénomènes 
de fluorescence, il ne se produisait plus du tout de lumière. Comme la couleur 
bleue des Selaginella n'est pas d'un bleu pur, mais tire par endroits sur le 
vr o su | violet, M. Kny pense qu'il s'agit là de phénomenes d'interfé- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 119 


rence, analogues à ceux des anneaux colorés de Newton, produits par la 
réflexion des rayons sur les deux faces parallèles opposées de la cuticule ; ils 
liendraient à des variations d'épaisseur de cette membrane. Ce qui semble le 
prouver, c'est que des tranches minces de la surface des feuilles, aprés dessic- 
cation, n'affectent plus la lumière de méme, et passent successivement du 
bleu au vert et du vert au rouge. 


Ueber die blaue Farbung der Früchte von Viburnum 
T'inus (Sur (a coloration bleue des fruits du V. Tinus); par M. Hugo 
de Mohl (Botanische Zeitung, 1870, pp. 425-430). 


M. Hugo de Mohl revient sur les observations de M. Frank que nous venons 
de citer (voyezle Bulletin, t. xv, Revue, p. 115). Il considère comme exacts 
en gros les faits observés par M. Frank, mais non pas les conclusions qu'on 
en a tirées. En effet, si l'on expose les fruits de Viburnum Tinus à la 
lumiére qui a traversé plusieurs plaques de verre violet, les fruits réfléchis- 
sent purement la lumière violette sans donner aucune trace de coloration 
bleue. La lumiére du spectre donne les mémes résultats. D'ailleurs la lu- 
mière bleue réfléchie par les baies du Viburnum est cn partie polarisée, 
tandis que la lumière émise par fluorescence ne l'est point. Il n'est pas exact 
d'ailleurs que les fruits en question aient perdu leur coloration bleue après 
avoir séjourné dans l'alcool. M. de Mohl croit que dans les faits observés par 
M. Frank, la cuticule prend part à la coloration ainsi que les membranes 
sous-jacentes. Il nie que ces faits puissent être attribués à la fluorescence, et 
les rapporte à une propriété des membranes du fruit, rendues opaques quand 
elles sont pénétrées par l'eau, de se laisser pénétrer par les rayons les moins 
réfrangibles et de réfléchir ceux de l'extrémité opposée du spectre. 


Pour tenir nos lecteurs à peu prés au courant des recherches faites sur la 
fluorescence et des applications diverses de l'optique à l'étude de la respiration 
végétale, il nous faudrait encore analyser un mémoire publié en 1870 par 
M. Schmidt, Ueber einige Wirkungen des Lichts auf Pflanzen, un autre 
de M. Kny sur les propriétés optiques du Chondriopsts, et les derniers nu- 
méros de the Monthly microscopical Journal, que la Société microscopique de 
Londres ne nous a pas encore adressés ; nous espérons pouvoir réparer ces 
omissions dans un prochain numéro. 

Ajoutons que l'étude de la fluorescence des couleurs végétales a maintenant 
une importance médico-légale. M. Sorby a lu l'année derniere (1871) à la 
Société philosophique de Sheffield, un mémoire où il montre que dans le cas 
d'empoisonnement par la Belladonne, les bandes d'absorption caractéristiques 
de la Belladonne peuvent être reconnues par le spectroscope. 


120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ueber den Einfluss der Wärme und Lichtes, etc. (De lin- 
fluence que la chaleur et la lumière exercent sur les modifications que 
les plantes aquatiques font subir à l'oxygène) ; par M. R. Heinrich (Ver- 
suchs-Stationen Organ, t. X111, pp. 156-154). 


L'auteur a soumis à l'expérience les feuilles de l' Zottonia, placées dans de 
l'eau ordinaire et exposées à la lumière du soleil par un ciel sans nuage dans 
le mois de mai. La température de l'eau a été variée selon la nature de l'expé- 
rience.' La plus faible température à laquelle on ait constaté la formation de 
bulles gazeuses a été de 2°,07 ; le dégagement des bulles n'est devenu régulier 
qu'à partir de 5 degrés environ. C'est à la température de 31 degrés que ce 
dégagement a été le plus actif ; quand la température a dépassé 56 degrés, il a 
cessé complétement, et il a repris aprés quela plante eut été mise dans de 
l'eau froide. Cependant si les feuilles restaient pendant dix minutes dans de 
l'eau à 69 degrés, leur faculté de décomposer l'acide carbonique de l'air était 
détruite (1). 

Sur le deuxième point de ses recherches, l'auteur prétend que les auteurs 
qui ont étudié l'influence de la lumière sur la respiration des plantes se sont 
tous trompés, et que l'influence reçue par la plante ou sa sensibilité durant 
l'expérience dépend des conditions dans lesquelles elle se trouvait avant l'expé- 
rience. Une plante qui donne des bulles de gaz à une lumiére d'une faible 
intensité parce qu'elle était auparavant soumise à une lumière réfléchie modé- 
rée, ne donnera point de gaz, dans les mêmes conditions expérimentales, si 
elle était soumise auparavant à une lumière solaire brillante ou plongée dans 
l'obscurité. 

M. Heinrich a employé dans ses expériences, comme source de lumière de 
plus en plus intense, trois fils de magnésium. Le deuxième ne fut allumé que 
3 minutes et demie après le premier, et le troisième 3 minutes et demie après 
le deuxieme. Les feuilles soumises à l'expérience avaient été gardées auparavant 
dans des conditions d'éclairage fort diverses. Cependant toutes demeurérent 
dans l'obscurité pendant deux heures avant le commencement de l'expé- 
rience, afin de faire cesser tout dégagement de gaz. Pendant la combustion du 
deuxième fil seulement, le dégagement commença : il se manifesta d'abord sur 
les feuilles accoutumées auparavant à la lumiere diffuse d'une chambre; les 
feuilles exposées auparavant à la lumière solaire ne donnèrent que quelques 
bulles, et cela vers la fin de l'expérience; celles qui avaient séjourné pendant 
deux jours dans l'obscurité n'en fournirent poin', 

L auteur apprécie les expériences faites par M. Prillieux sur l’ Æ lodea cana- 
densis, expériences dont les résultats ne concordent pas avec les siens ; il croit 
que cette différence tient à l'omission des précautions nécessaires pour assurer 
la sensibilité de la plante mise en expérience. 


/4) U faut rapprocher ces faits de ceux qui ont été observés par MM. Cloëz et Gratiolet. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 491 


On a ccrtain excretion of carbonic acid by living 
plants (D'une certaine excrétion d'acide carbonique par les plantes 
vivantes) ; par M. J. Broughton (Philosophical Transactions, vol. CLIX, 
part 11, 1870, pp. 615-626). 


Les expériences de M. Broughton ont été faites par lui dans l'Inde anglaise, 
où il est attaché comme chimiste aux plantations de Quinquina de la province 
de Madras. 

Les feuilles de Cinchona placées dans une capsule au-dessus d'une cuve à 
eau et recouvertes d'une cloche produisent un gaz qui fait baisser le niveau du 
liquide; ce gaz est de l'acide carbonique presque pur: 5 grammes d'écorce 
ont produit plus du double de leur volume de ce gaz. Cette excrétion est 
d'autant plus abondante que la feuille est plus fraiche; elle a lieu dans le vide 
eudiométrique, en déprimaut beaucoup le mercure de l'eudiométre. L'auteur 
a fait sur ce sujet des expériences en grand ; il les a ensuite étendues à des 
plantes variées et à des organes fort différents. Il n'y a aucune plante qui, dans 
les conditions où s'est placé M. Broughton, ne lui ait fourni une excrétion 
d'acide carbonique. La lumière du soleil stimule ce phénomène, que n'in- 
fluence pas la température. Il dépend de la vie des organes, et cesse sous 
l'action des causes qui arrêtent la vie. Il a été observé même sur des feuilles 
qui avaient séjourné vivantes pendant plusieurs jours dans une atmosphère 
d'hydrogéne. 

L'auteur a aussi observé l'exhalation d'azote, due probablement à ce que les 
plantes mises en expérience renfermaient de l'air dans l'intérieur de leur 
tissu. 

En cherchant l'explication de ces faits, M. Broughton rencontre la théorie 
généralement professée qui assimile l'excrétion de l'acide carbonique des végé- 
taux à la respiration des animaux. Il veut bien reconnaitre que la combustion 
organique puisse étre la cause d'une partie de l'acide carbonique excrété ; mais 
comme ce gaz continue à l'être quand l'accès de l'oxygène depuis longtemps 
n'est plus possible, il pense que cette combustion ne rend pas compte de 
l'ensemble du phénomène, et que celui-ci peut être dà à des changements 
chimiques d'une autre nature, en rapport avec la nutrition. Par exemple, la 
transformation d'amidon en graisse, dans le tissu végétal, doit étre acceptée 
comme un phénomène général et constant ; or cela ne se peut faire sans qu'il 
y ait soustraction et par conséquent exhalation d'acide carbonique. Il eu est 
de méme quand l'alcool, la glycérine, les acides gras, dérivent du sucre pen- 
dant la fermentation vineuse et quand le sucre se convertit en cire par l'action 
de l'abeille. Le tannin se forme de toutes pièces, d’après M. Sachs, chez des 
plantules d’où l'amidon disparaît simultanément. Là encore il doit y avoir 
soustraction et exhalation d'acide carbonique. 


122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


De Cinchonæ speciebus quibusdam, adjectis iis qua in Java 
coluntur ; auctore F.-A.-W. Miquel (Annales Musei botanici Lugdunao- 
batavi, 1869, t. 1v, fasc. Ix, pp. 263-275). 


M. Miquel décrit avec de grands détails le genre Cinchona. Ti en signale 
dans les possessions hollandaises de la Polynésie seize espéces, et insiste par- 
ticulièrement sur les suivantes : Cinchona Calisaya Wedd.(1) C. scrobiculata 
H. B., C. euneura Miq. nov. sp. (C. boliviana Hassk. herb., C. Calisaya 
var. fixa teste Howard in herb. Hassk.), C. Hasskarliana Miq. nov. sp. (2), 
C. carabayensis Wedd. (C. Pahudiana How.), C. officinulis L. (C. Conda- 
minea Humb.), C. lancifolia Mut., C. ovata R. et P., C. subsessilis Miq. 
nov. sp., C. caloptera Miq. (C. succirubra Jungh. non Pav., C. pallescens 
R. et P.). — En terminant, M. Miquel indique quelles sont les meilleures 
écorces cultivées à Java. | 


Notes sur les Quinquinas; par M. H.-A. Weddell (Ann. sc. nat., 
5° série, t. Xt, pp. 346-363 ; t. XII, pp. 24-79) ; tirage à part en bro- 
chure in-8» de 75 pages, avec une planche. Paris, V. Masson et fils, 1870. 


Ce mémoire se subdivise en remarques générales et en remarques spé- 
ciales. M. Weddell commence par rappeler les travaux publiés sur la quino- 
logie depuis l’époque où a paru son Histoire naturelle des Quinquinas (1849). 
Il insiste ensuitesur les caracteres particuliers du genre Quinquina. Il ne peut 
accepter les conclusions de M. Karsten (Floræ Columbiæ specimina selecta) ; 
d’après M. Weddell le genre Cinchona ne peut être représenté que par la pre- 
mière (Quinaquina) des trois sections de M. Karsten. Encore le C. muzo- 
nensis, qui fait partie de cette première section, devrait-il être élevé au rang de 
genre sous le nom de Muzonta. Les deux sections acceptées par M. Karsten, 
Heterasia et Ladenbergia, appartiennent au genre Buena Pohl (Casca- 
rilla Wedd.). 

M. Weddell a pensé que le temps était venu de mettre à profit les nom- 
breuses données réunies depuis quelques années sur les caractères botaniques 
et chimiques des Cinchona, afin d'établir un tableau de leurs affinités. 1l 
reconnait que, sauf dans un trés-petit nombre de cas, il est impossible de dis- 
tinguer nettement une espèce de Cinchona des espèces voisines au moyen 


(4) Sur le C. Calisaya d'Amérique, voy. J.-E. Howard (Journal of Botany, 1869, 
pp. 1-3). 

(2) Le Cinchona Hasskarliana Miq. a été l’objet d'une note spéciale publiée par 
M. de Vrij, en février 1870, dans le Nieuw Tijdschrift voor de Pharmacie in Nederland, 
et incluse sous le n? Ix des Kinologische Studien de cet auteur, Cette espéce est regar- 
dée par M. de Vrij comme un hybride du C. Calisaya (mère) et du C. Pahudiana (père) 
entre lesquels l'a placée M. Miquel. Les botanistes qui s'intéressent aux controverses pare 
fois passionnées qu'a fait naître dans ces derniers temps l'étude des Quinquinas, de- 
vront lire aussi la note (Open brief aan D" Miquel) publiée par M. de Vrij dans le 

455! au com em e 1871. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 123 


d'un seul caractère. I lui serait difficile de trouver un meilleur exemple que 
celui des Cinchona, pour montrer jusqu'à quel point ce que les botanistes 
appellent Espèce est chose peu définissable, et combien l'idée qu'on est porté 
à s'en faire peut varier, selon le point de vue auquel on se place, ou, bien 
souvent encore, selon ce qu'on pourrait appeler les exigences de la situation. 
Bien que le nom de M. Darwin ne soit pas prononcé par lui, il est facile de 
juger quelles sont pour la théorie Darwinienne les préférences de M. Weddell, 
d’après le tableau des espèces, sous -espèces, variétés et sous-variétés observées 
dans le genre C'inchona, groupées dans l'ordre de leur filiation présumée, 
par stirps et ramus, en espèces, sous-espèces, variétés et sous-variétés. 

Les remarques particulières de la seconde partie de ce mémoire sont desti- 
nées à éclairer des détails qui concernent les espèces décrites dans la mono- 
graphie qui précède. La planche représente le Cinchona Calisaya micro- 
carpa Wedd. 

Il faut tenir compte aussi des documents publiés au nom de M. Weddell 
dans le Journal of the Linnean Society, t. Xt, p. 185, que nous regrettons 
de n'avoir pu consulter en écrivant cette notice. 


Chemical and physiological Experiments on living 
Cinchoncee (Recherches chimiques et expérimentales sur les Cinchona 
vivants) ; par M. J. Broughton (Philosophical Transactions of the Royal 
Society, 1871, vol. 161, part 1, pp. 1-15). 


M. Broughton a pu étudier dans les plantations de la province de Madras la 
formation des alcaloides sur les Cinchona vivants. Il insiste sur l'analogie bien 
connue de la quinine et de la cinchonidine, qui ne différent l'une de l'autre 
que par un atome d'oxygène, et dont la proportion demeure constante dans les 
analyses, quand on les prend toutes deux en bloc, bien que leurs proportions 
spéciales soient respectivement variables. Il classe les alcaloïdes des Quinqui- 
nas en deux groupes : dans l'un, quinine, cinchonidine, quinidine ; dans l'autre, 
cinchonine, Le rouge cinchonique, signalé par tous ceux qui ont examiné 
les écorces sèches, n'existe pas dans la plante vivante ; il résulte de l'action de 
l'oxygène libre sur une sorte particulière de tannin, et se forme promptement 
sur les fragments d'écorce fraiche détachés. 

L'auteur a fait des analyses des différentes parties de la plante, pour déter- 
miner leur richesse relative en alcaloïdes selon leur espèce et selon leur âge. 
La plus grande quantité d'alcaloides, 11,40 pour 100, a été trouvée dans une 
espèce indéterminée (voy. ci-contre, p. 127). Le Cinchona peruviana et le 
C. micrantha sont presque dépourvus de quinine. C'est l'écorce mince des 
grosses racines qui est toujours la plus riche en alcaloides (12 pour 100 chez 
le C. succirubra), probablement parce qu’elle est à l'abri des rayons du soleil. 
Les feuilles des Quinquinas doivent leur amertume à la présence de la quino- 
vine, et leur acidité à celle de l'acide quinique libre. Les alcaloides y sont en 


12^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


proportion relativement plus forte quand les feuilles sont séches, mais tou- 
jours faible, et très-insuffisante pour l'industrie. Le fruit n'en contient pas ; 
les graines, des traces seulement. 

La plus grande quantité d'alcaloides contenue dans l'écorce y est à l'état 
solide, et non à l'état libre ; les six septiémes environ sous forme de tannates 
insolubles, dans les cellules de l'écorce ; le dernier à l'état de quinate soluble. 
La quinovine est libre et à l'état insoluble. 

En étudiant la reproduction de plaques d'écorce enlevées, M. Broughton a 
vu que le premier alcaloide apparu dans les jeunes tissus est la quinine, méme 
chez les arbres qui contiennent beaucoup plus de cinchonidine. Cette quinine 
première formée est incristallisable. 

Au bout de deux mois, letiers de la quinine est susceptible de cristalliser, et 
il s'est formé une petite portion de cinchonidine et de cinchonine; cette der- 
nière va toujours croissant, tandis que diminue la portion cristallisable de 
quinine, aux dépens de laquelle elle semble se former. L'auteur peuse que 
les alcaloides se forment sur place, dans la cellule méme oü on les trouve, 
puisqu'ils ne cristallisent pas d'abord, tandis qu'ils le font dans les feuilles 
tout de suite. Dix-sept mois aprés sa formation, l'écorce nouvelle contient 
beaucoup de quinine et peu de cinchonidine, l'inverse de ce que présente 
l'écorce de formation ancienne. 

Quant à la situation des alcaloides dans l'écorce, M. Broughton partage 
l'opinion de M. Howard, qui les regarde comme plus abondants daus la 
couche herbacée. 

L'exposition au soleil change la quinine en quinicine, et la cinchonine en 
cinchonicine, tout comme la chaleur, d’après les observations de M. Pasteur. 
Cela prouve combien est mauvaise la pratique suivie dans l'Amérique du Sud, 
où l'on dessèche ces écorces au soleil. L'auteur a confirmé les résultats obtenus 
par M. Pasteur. 


Observations sur la structure microscopique des écor- 
ces de Quinquina ; par M. C.-A.-J.-A. Oudemaus (Archives néer- 
landaises de botanique, t. v1, 1871) ; tirage à part en brochure in-8? de 
18 pages, 23 février 1871. 


Les écorces de Quinquina qui en 1870 ont été tirées de Java et mises en 
vente par la Société néerlandaise de commerce provenaient de trois espèces de 
Cinchona, savoir, C. Calisaya Wedd., C. Hasskarliana Miq. et C. Pahu- 
diana How. Elles ont été examinées sous le rapport chimique par M. le 
professeur J.-W. Gunning, d'Amsterdam, et par M. Julius Jobst, de Stutt- 
gart (voy. Zuchner's neues. Repertorium für Pharmacie, t. xix, p. 341). 
M. Oudemans résume de la maniére suivante les résultats de ses recherches : 

4° L'écorce du C. Calisaya n'éprouve à Java aucune modification dans sa 
structure microscopique. — 2° L'écorce du €. Pahudiana a bien réellement 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 125 


la composition anatomique qui a été décrite par MM. Howard, Phobus et 
Flückiger. — 3° L'écorce du C. Hasskarliana tient dans sa structure le mi- 
lieu entre celles du C. Calisaya et du C. scrobiculata. 

Eu dernier lieu, M. Oudemans s'est occupé de ce qu'il nomme les tuyaux 
succiféres des Cinchona. Ce sont les mêmes organes qui ont été étudiés sous 
le nom de vaisseaux laticifères, notamment par M. Schleiden (Botanische 
Pharmacognosie, p. 237), par M. Berg (Pharmaceutiche Waarenkunde, 
p. 162; Die Chinarinden, p. 6), par M. Howard (Nueva Quinologia), 
par M. Phoebus (Kleine cinchologische Notizen in Vierteljahrsschrift für 
praktische Pharmacie, 1867, livr. I), et par M. Vogl (1). M. Oudemans a 
reconnu que les tuyaux succifères se forment dans le voisinage immédiat du 
tissu cambial, aussi bien à sa face iuterne qu'à sa face externe, par consé- 
quent dans la moelle et daus l'écorce primaire. Il n'a pas observé d'allonge- 
ment des cellules succiféres, ou plutót de transformation de ces cellules en 
tubes, par résorption directe Ge cloisons séparant deux ou plusieurs de ces 
cellules contigués ; mais il n'est pas douteux pour lui que les cellules de paren- 
chyme situées dans le prolongement du plus grand axe des cellules succifères 
ne perdent peu à peu, aprés que leur contenu est devenu d'abord plus foncé, 
la paroi par laquelle elles touchent aux cellules succifères (ou aux tuyaux déjà 
plus ou moins développés en longueur), et qu'ainsi elles ne se confondent in- 
sensiblement avec ces dernières ; en se répétant, soit dans la méme direction 
verticale, comme dans la moelle, soit dans d'autres directions plus ou moins 
obliques, comme dans l'écorce, ce phénomène contribue très-notablement à 
l'accroissement en longueur des tuyaux. 

M. Oudemans discute les divers noms donnés à ces organes. A son avis, 
C'est le terme de conduits ou vaisseaux laticifères qui convient le mieux; il 
pense avec M. Sachs (Lehrbuch, 1870, p. 107) qu'il serait bon d'employer 
dorénavant le terme de tuyaux succifères (Saftschläuche) comme titre géné- 
ral comprenant les vaisseaux utriculariformes de M. Hanstein et les vaisseaux 
laticifères, avec les nombreuses formes intermédiaires. 

Il termine en faisant remarquer que ces cellules succiféres ne se forment 
qu'une seule fois ; que parfois, aprés s'étre changées en tuyaux, elles devien- 
nent de bonne heure méconnaissables par la compression, tandis que dans 
d'autres cas ellés sont rejetées avec le parenchyme cortical, sans qu'il en appa- 
raisse de nouvelles. Elles n'ont aucune communication entre elles. 


On an alkaloid from Cinchona-bark hitherto unde- 
seribed (Sur un alcaloide non encore décrit de l'écorce de Quinquina) ; 
par M. D. Howard (The Journal of the chemical Society, mars 1871 
pp. 61-64). 

M. David Howard est le neveu de notre confrére M. John Eliot Howard, 


(1) Voyez le Bulletin, t. xvn (Revue), p. 134. 


126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


si bien connu pour ses travaux sur la quinologie, En expérimentant sur des 
résidus salins provenant des liqueurs-méres qui avaient servi à la fabrication 
du sulfate de quinine, M. David Howard a découvert un nouvel alcaloide dont 
les sels sont extrémement solubles, ce qui le distingue des alcaloides du Quin- 
quina déjà connus, et ce qui rend trés-difficile de le séparer de la quinoïdine, 
qui est incristallisable. Obtenu en le précipitant de ses sels par la potasse ou 
la soude, cet alcaloïde se présente sous la forme d'une huile jaunátre, très- 
soluble dans l'alcool et aussi dans l'éther; il est décomposable par la chaleur. 
Ce serait une base assez forte, méme plus forte que la quinine. Son goût est 
particulièrement amer, mais beaucoup moins que celui des autres alcaloides 
du quinquina. Il paraitrait que M. J.-E. Howard avait déjà extrait cet alcaloide 
des feuilles du Cinchona succirubra. 


Étude sur les Quinquinas; par M. Pierrc-Paulin Carles. Brochure 
in-8° de 81 pages. Paris, typ. Maréchal, 1871. 


M. Carles a trouvé un nouveau moyen de titrer facilement à l'état de sulfate 
cristallisé et pur le principal alcaloïde de l'écorce fébrifuge. Une fois con- 
vaincu de l'exactitude de ce procédé, il l'a employé pour étudier en détail 
certains sujets qui intéressent également la science, la pratique médico-phar - 
maceutique et l'industrie. Il s'attache à déterminer la proportion de chacun 
des alcalis organiques que chaque médicament recélait. Il a trouvé ces alcalis 
accumulés dans les couches extérieures. On ne saurait donc trop appuyer les 
observations faites par MM. Soubeiran et Delondre contre le raclage que l'on 
fait généralement subir aux écorces. 

Le bois a paru à M. Carles, sinon dénué, du moins très-pauvre en alca- 
loides. Ses expériences démontrent que la valeur thérapeutique des feuilles est 
peu constante et a besoin d'étre confirmée, tant au point de vue chimique qu'au 
point de vue thérapeutique, par de nouvelles expériences. Les fruits des Cin- 
chona micrantha et angustifolia ont été trouvés par lui tout à fait exempts 
d'alcaloides. Quant à la répartition des alcaloides, il a reconnu que la quinine 
est en proportion beaucoup plus élevée dans les couches extérieures de l'écorce 
que dans les couches libériennes ; l'analyse des couches intermédiaires indique 
que celte proportion diminue presque régulièrement de l'extérieurà l'in- 
térieur, 

M. Carles s'est en outre attaché à étudier l'influence que les agents physi- 
ques et mécaniques exercent sur la constitution chimique des écorces de 
Quinquina, Nous regrettons de ne pouvoir le suivre sur le côté spécialement 
pharmaceutique de sa thèse. 

La thèse de M. Carles se termine par un index bibliographique, qui n'est 
pas complet, sans doute à cause de la difficulté qui s'opposait aux relations 
internationales en 1871, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 


Note on hybridism among Cinchonæ (De l'hybridité chez 
les Quinquinas); par M. J. Broughton (The Journal of the Linnean So- 
ciety, vol. XI, n° 56, pp. 475-477). 


Les Quinquinas doivent être mis au rang des plantes à fleurs dimorphes, 
dont les styles et les étamines varient de grandeur relative. L'hybridation pou- 
vait donc facilement se produire entre des arbres de ce genre et d’espèce dif- 
férente, cultivés côte à côte comme le font les agents du gouvernement anglais 
dans les Indes. M. Broughton a observé un arbre qui tenait à la fois du Cin- 
chona officinalis et du C. succirubra. Yl est disposé à croire que l'existence 
des nombreuses variétés du C. officinalis tient à une succession de croise- 
ments. Il appelle l'attention des botanistes sur ces faits, espérant qu'ils pour- 
ront conduire à simplifier la classification si confuse de ce genre. Cette espé- 
rance, malheureusement, n'est pas partagée par M. J. Hooker. Il fait observer, 
dans une note qui précède le mémoire de M. Broughton, que les Cinchona, 
en Amérique, ne vivent pas dans des conditions qui rendent leur hybridation 
aussi facile que dans les cultures qui réunissentà proximité l'une de l'autre des 
arbres d'espèce différente. 


Cinchona-trecs grown în India (Arbres à Quinquina crus 
dans l'Inde) ; par M. John Eliot Howard (Pharmaceutical Journal and 
Transactions, 3° série, 4 novembre 1871, pp. 361-363). 


M. Howard a recu de l'Inde deux arbres à Quinquina tout entiers, apparte- 
naut, l'un au C. succirubra, l'autre au C. officinalis L. (C. Uritusinga Pavon). 
M. Broughton avait écrit qu'on ne trouvait ni quinine, ni cinchonine chez les 
arbres morts depuis un certain temps. Mais M. Howard, ayant examiné bien 
des fois des écorces très-anciennes dans les drogueries anglaises, avait été con- 
duit à regarder cette opinion comme erronée. Il a en effet trouvé 3,54 pour 
100 d'alcaloides dans l'écorce du C. succirubra qui lui avait été envoyée. 

M. Howard a en méme temps mis sous les yeux de la Société pharmaceu- 
tique de Londres des échantillons de la variété lanceolata du C. officinalis, 
envoyés par M. Broughton, et qui renfermaient l'énorme quantité de 11,40 


pour 400 d'alcaloides, dont 9,75 de quinine. 


Nouvelles Études sur les Quinquinus, d'après les matériaux 
présentés en 1867 à l'Exposition universelle de Paris, et accompagnées du 
fac-simile des dessins de la Quinologie de Mutis, suivies de Remarques sur la 
culture des Quinquinas ; par M. J. Triana. Un volume in-folio de 80 pages; 
avec 3J planches. Paris, chez F. Savy, 1870; prix : 70 fr. 


En rendant compte, il y a quelques années, d'une publication faite par 
M. Markham, nous avons raconté l'histoire des manuscrits de Mutis, dont les 


198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dessins ont été découverts par M. Triana dans une grange faisant partie des 
dépendances du Jardin botanique de Madrid. u 

Telle a été l'origine de la publication actuelle, facilitée par une souscription 
importante du gouvernement anglais. M. Triana a profité de sa connaissance 
spéciale du sujet pour ajouter un texte original aux planches de Mutis. Son 
ouvrage comprend les chapitres suivants : Histoire de la découverte des Quin- 
quinas de la INouvelle- Grenade ; — Du Cinchona officinalis et du Quinquina 
rouge, ce dernier identifié aprés de longs tàtonnements sous le nom de C. suc- 
cirubra par M. Howard; — Des espèces et variétés de Cinchona de la Qui- 
nologie de Bogota; — Cinchona et Cascarilla : dans ce chapitre, M. Triana 
a tenté une nouvelle révision de la généralité des plantes qui ont reçu le 
nom de Cinchona. Il n'adopte pas la dénomination de Buena comme l’a fait 
M. Weddell pour les Cascarilla, parce que le genre Cosmibuena R. et P. 
(Buena Pohl) est distinct à la fois du Cinchona et du Cascarilla. Aussi, pour 
éviter des complications, conserve-t-il la nomenclature primitive de M. Wed- 
dell, Cascarilla et Ladenbergia. 

M. Triana traite ensuite de l'introduction des Quinquinas dans l'ancien 
monde. Enfin il termine par l'exposé de la culture des Quinquinas. Les con- 
naissances spéciales de notre confrére M. Aug. Delondre ont été utilement mises 
à profit par M. Triana dans la rédaction de ce chapitre. Le neuvième est inti- 
tulé Énumération des espèces de Cinchona : ces espèces sont au nombre de 
trente-six. Viennent ensuite vingt et un Cascarilla, trois Macrocnemum, etc. 

L'ouvrage de M. Triana était terminé et presque entièrement imprimé en 
septembre 1870. Les événements de la guerre ont particulièrement affecté 
l'auteur, dont la bibliothèque a été pillée par les Allemands à Bourg-la-Reine. 
Au moment de paraître en décembre 1871, son livre n'était plus au courant, 
à cause de la publication de M. Weddell. M. Triana mentionne dans un 


appendice les plantes qu'a signalées pour la première fois M. Weddell dans son 
dernier mémoire. 


Il faut ajouter ici, pour avoir un état plus complet de nos connaissances 
actuelles sur les Quinquinas, Jes comptes rendus trimestriels qui parviennent 
de l'administration hollandaise sur ses cultures de Java et qui sont régulière- 
ment traduits et publiés dans le Flora par M. Hasskarl, ainsi que ceux qui sont 
envoyés au gouvernement anglais par M. Anderson sur les cultures du Bengale. 

Il faut aussi lire l'intéressant mémoire publié sur la quinologie enjuillet 
1871, dans notre Bulletin, par notre confrére M. Aug. Delondre, qui avait 
déjà étudié les Quinquinas dans son travail publié en commun avec M. Sou- 
beiran, sur La matiére médicale à l' Exposition de 1867, art. 2 (1). 

Ajoutons, avant de quitter la quinologie, qu'il résulte de documents com- 
muniqués à l'Académie des sciences par M. le général Morin que, grâce aux 


(4) Voyez le Bulletin, t. xv1 (Revue), p. 56 et 164. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 129 


efforts de M. Ed. Morin, son fils, et de M. Vinson, l'acclimatation du Quin- 
quina à la Réunion doit être considérée comme une question résolue. Tl s'y 
trouvait, aux dernières nouvelles, 234 pieds, tant de Cinchona officinalis que 
de C. Calisaya. Les premiers essais avaient été faits avec des graines remises 
par M. Decaisne à M. le général Morin. 


Ueber Bau und Zellthcilung der Diatomaceen (Sur lastruc- 
© ture et la partition cellulaire des Diatomacées) ; par M. Pfizer ( Verhand- 
lungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Bheinlande und 
Westphalens, 3° série, 1869, 6° année, 1'* partie, Sitzungsberichte, 

pp. 86-89). 

M. Pfitzer à reconnu que la paroi siliceuse des Pinnulariées et des Surirel- 
Mes n'est pas une formation simple, comme, dit-il, on le croyait généralement 
avant lui. Il se flatte d'avoir démontré le premier (1) que cette paroi est double 
parce que la zone circulaire qui réunit les deux valves est formée de deux 
parties similaires qui s'emboitent l'une dans l'autre, et qui s'écartent peu à 
peu l'une de l'autre quand la frustale doit se reproduire ; que la partition de 
Ja frustule se produit par une scission circulaire qui se produit de dehors en 
dedans, divisaut le protoplasma, et par la partition longitudinale des deux pla- 
ques d'endochrome ; que chacune des deux moitiés de la frustule nouvelle se 
compose d'une valve ancienne et d'une valve nouvelle ; que dans cette parti- 
tion il n'est pas besoin que la zone circulaire siliceuse disparaisse pour laisser 
libres les deux frustules nouvelles, car cette libération se fait par l'écartement 
graduel, et enfin complet des deux parties, glissant l'une dans l'autre, de 
cette zone, etc, À cause de l'endurcissement des jeunes frustules nouvelles qui 
a lieu par le dépôt de silice dans leurs parois méme avant leur isolement, on a 
pu croire que les Diatomées diminueraient toujours graducllement de gros- 
seur en se reproduisant ainsi, Au contraire le mode de reproduction appelé 
improprement (2) conjugaison obvie à cette diminution de volume. C'est dans 
ce cas le contenu d'une seule cellule qui en sort, et bientôt produit une ou 
deux cellules immédiatement susceptibles de division, et d'un volume double, 
I y a là un phénomène de rajeunissement, une sorte de mue; la sortie du 
protoplasma est un moyen de rejeter l'enveloppe inexteusible qui étreint le 
développement de l'espèce. 


Ucher parasitischen Pilze; par M. Pltzer (tbid., 1870, Sitzungs- 
berichte, p. 62). 
M. Pützer avait déjà entretenu la Société d'histoire naturelle de la Prusse 


(1) H parait évident, vu les dates, que M. Pfilzer n'avait pu avoir connaissance des 
observations publiées presque simultanément par M. Mac Donald (voy. t. xvi, Revue, 
p. 37). 

(2) On voit combien l'idée de la copulation sexuelle est encore peu acceptée, dans sa 
généralité, par certains naturalistes allemands. M. Pfizer nomme awrospores les pro- 
duits de la copuiation des Diatomées, 


T, XVIL (Revue) 9 


130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rhénane et de la Westphalie, dans sa séance du 20 décembre 1869 (1), de re- 
cherches sur des Champignons parasites des Diatomées et appartenant à la famille 
des Chytridiées. Il a eu depuis l'occasion d'observer l'issue de nombreuses zoo- 
spores en dehors de la cellule supérieure du porte-fruits, et d'établir que cette 
cellule s'ouvre non par un couvercle, mais par la dilatation et la liquéfaction 
de son sommet. Le Champignon observé par M. Pfitzer forme un nouveau 
genre : Podochytrium, qui se distingue de toutes les Chytridiées connues, à 
l'exception du Ahizidium, par ses podocarpes bicellulés. D'ailleurs il se sé- 
pare de ce dernier parce que la cellule qui remplit le róle de zoosporange 
chez le Ahizidium naît comme une excroissance latérale au-dessous du sommet 
de la cellule pédonculaire, tandis que chez le Podochytrium la cellule primi- 
tivement unique qui forme le podocarpe se partage par une cloison trausver- 
sale perpendiculaire à son axe longitudinal en cellule pédonculaire et en cel- 
lule-mére des zoospores. La forme unique de Podochytrium observée jusqu'ici 
par l'auteur, et caractérisée par ses podocarpes en massue, est nommée par 
lui P. clavatum ; ellea été trouvée sur des Pinnulariées déjà mortes; il a 
compté jusqu'à vingt podocarpes sur une seule frustule de ces Diatomées. 


Ueber die Gruppe der Naviculeen (Sur le groupe des Navi- 
culées); par M. Phitzer (ibid. , 1870, Sitzungsberichte, pp. 214-215). 


L'auteur caractérise ainsi les divers genres de la grande tribu des Navi- 
culées, par la maniére dont s'y comportent les plaques d'endochrome et les 
valves : 

Dans le JVavicula Brongn., les écailles sont étroitement symétriques ; les 
plaques, avant la division de la frustule, se transportent du cóté opposé pour 
s’y diviser par une scissure oblique (Cuspidatæ, Radiatæ, Didymæ de 
M. Grunow). 

Dans le genre nouveau /Veidium, les valves sont étroitement symétriques ; 
les plaques d'endochrome ne changent pas de place, mais se divisent par une 
scissure qui commence dans leur milieu et à leurs extrémités (Limosæ de 
M. Grunow). 

Dans les Pinnularia d'Ehrenberg, les valves sont asymétriques, la cellule 
étant ordonnée sur une ligne diagonale. Les plaques d'endochrome s'y par- 
tagent comme dans le Veidium (Nobiles, Virides, Nodosæ de M. Grunow). 

Dans les Trustalia Ag.,les valves sont étroitement symétriques ; les en- 
dochromes ne se transportent pas, se partagent par scissure à partir de leurs 
extrémités, et laissent entre eux et la paroi cellulaire une masse épaisse de 
plasma (Crassinerves de M. Grunow). 

M. Pfizer fait remarquer que le Brebissonia Bechii (Ehrb.) Grun. n’appar- 


(4) Verhandlungen, 1869, Sitzungsberichte, p. 221. L'un de ces Champignons est le 
Cymbanche Fockei. Ses spores avaient été prises par M. Focke pour des cellules de vé- 
gétation propres aux Diatomées, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 131 


tient pas aux Naviculées, mais aux Cymbellées, car il ne renferme qu'une 
seule plaque d'endochrome. 

La formation des spores présente dans les Naviculées des différences selon 
les genres. Deux cellules produisent toujours deux spores, munies chacune 
d'une membrane particulière, et donnant successivement naissance aux valves 
de la premiere frustule, comme chez toutes les Bacillariées. 


A new process of preparing specimens of filamentous 
Algæ for the microscope; par M. A.-M. Edwards (The Monthly 
microscopical Journal, juin 1869, n° vi, pp. 361-364 ; The American 
Naturalist, mai 1870). 


Le botaniste américain qui s'occupe depuis plusieurs années de l'étude des 
Algues inférieures, et surtout des Diatomées, propose une méthode de prépa- 
ration qu'on aura intérêt à connaitre. Il place une petite quantité des Algues 
récoltées dans un tube d'épreuve, et verse par-dessus, de manière à remplir 
le tube environ au quart, la solution de chlorure de sodium de Labarraque, 
ou mieux une solution un peu plus forte ; fait bouillir ces Algues dans la 
solution pendant quelques minutes, sans briser les filaments, puis les lave avec 
de l'eau distillée. Il les conserve ensuite dans l'alcoo! affaibli, ou dans de l'eau 
additionnée de quelques gouttes de créosote. C'est dans ce dernier liquide, 
l'eau créosotée, que M. Edwards les place dans la cellule oà elles doivent étre 
observées, L'eau camphrée est aussi d'un emploi trés-favorable. 


Cenni storici e generali su le Diatomee ; par M. le comte Fr. 
Castracane degli Antelminelli (Atti del Accademia pontificia de’ nuovi 
© Lincei, anno XXI, 12 juin 1868, pp. 65-69). 


Su la moltiplicazione € reproduzione delle Diatomee; 
par le même (?bid., 10 octobre 1868, pp. 147-154). 


Osservazioni sopra una Diatomea del genere Podo- 
sphenia Ehrb.; par le méme (/6id., anno XXI, 4 juillet 1869, pp. 138- 


142). 

Le premier de ces deux travaux est seulement consacré à quelques notes 
sur l'origine de nos connaissances relatives aux Diatomées ; le deuxième au ré- 
sumé classique des faits admis sur leur reproduction par conjugaison. L'auteur 
y rapporte en outre quelques faits déjà observés par lesquels on peut recon- 
naître que les Diatomées se reproduisent aussi de germes échappés des frus- 
tules isolés et transformés en sporanges. Il a fait sur ce sujet des observations 
personnelles. Il a suivi au microscope le développement progressif de spores 
sphériques et vertes, qui, par la pression, ont enfin laissé échapper des Navi- 


cules. 
Un fait du méme genre a été observé par M. O'Meara sur le Pleurosigma 


132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Spencerii W. Sm. (1). Les frustules de cette espèce ont été saisis par le savant 
de Dublin au moment d'émettre leurs germes ou embryons. M. le comte 
Castracane a vérifié cette observation sur un Podosphenia. Mais tandis que les 
corpuscules sortis du Pleurosigma étaient mobiles comme des anthérozoides, 
la vésicule ovale sortie du Podosphenia était dans un état de repos absolu. 
L'auteur italien rapporte cette différence à celle des types spécifiques ; mais ne 
pourrait-on pas l’attribuer à une sexualité différente ? 


Die miocene Flora von Spitzbergen ; par M. O. Heer( Verhand- 
lungen der Schweizerischen naturforschenden Gesellschaft in Solothurn, 
Jahresbericht 4869, pp. 156-168, Soleure, 1869; traduit dans Ann. sc. 
nat., 5* série, 1869, t. XII, pp. 302-311). 


L'auteur a tracé l'étude de la végétation polaire d'aprés les matériaux qui 
lui avaient été envoyés par les naturalistes attachés à l'expédition suédoise 
dirigée vers le pôle, MM. Malmgren, Nauckhoff et Nordenskiöld. Ces maté- 
riaux jettent un nouveau jour sur deux périodes de la végétation ancienne, la 
période houillére et la période miocéne. M. Heer n'a traité que de cette 
dernière. 

Il y avait déjà, pour le savant paléontologiste de Zurich, quand il écrivit ce 
mémoire, vingt-trois espèces végétales communes au miocène du Spitzberg et 
au miocène du continent européen. La florule miocéne tout entière compre- 
nait pour lui au Spitzberg cent trente et une espéces, toutes décrites et figurées 
dans la Flore miocéne du Spitzberg, quia paru dans les Mémoires de l’ Aca- 
démie des sciences de Stockholm. Dans ce nombre se trouvent cent vingt-trois 
Phanérogames et huit Cryptogames, répartis entre les Champignons, les Al- 
gues, les Mousses, les Fougères et les Équisétacées. Sur les cent vingt-trois 
Phanérogames, on compte seize Conifères et trente et une Monocotylédones. La 
prédominance des Coniféres est trés-remarquable, puisqu'il ne s'en trouve 
que quinze dans le miocène de la Suisse. Les Cupressinées présentent deux 
espèces remarquables par leur abondance dans les couches : le Taxodium 
distichum et le Libocedrus Sabiniana Heer. Les Abiétinées sont encore bien 
plus nombreuses que les Cupressinées. On trouve au Spitzberg le genre Pinus 
et le genre Sequoia. Le S. Langsdorffii, qui est commun dans le miocène 
du Groenland septentrional, manque au Spitzberg ; il s'y trouve à sa place une 
espèce nouvelle, L. Nordenskiældi. Le genre Pinus était aussi très-abondant ; 
on en rencontre, à l'exception des Cèdres et du Mélèze, tous les types princi- 
paux au Spitzberg, parmi eux le Pinus montana Miller, le Pinus Abies. Il se 
trouve avec ces formes connues un type tout à fait spécial, voisin d'une part du 
Gingko du Japon, et d'autre part du Podocarpus, le Torellia, qui comprend 
deux espèces. 


(4) Voyez le Bulletin, t. xv1 (Revue), p. 7. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 


Parmi les Monocotylédones, M. Heer signale un Cyperus, un /ris, le Pota- 
mogeton Nordenskiældi, un Naïas, un Sparganium, les fruits de six espèces 
de Carez. 

Parmi les arbres à feuilles caduques, il mentionne deux Populus comme 
extrêmement répandus, deux Betula, un Alnus, un Fagus, trois Quercus, et 
les genres Platanus, Tilia, Sórbus, Juglans (espèce très-voisine du J. regia 
de l'Amérique du Nord); parmi les arbrisseaux, les genres Corylus, Vibur- 
nuu, Cornus, Nyssa, Rhamnus, Paliurus, Prunus, Cratægus, Andro- 
meda et l Hedera Mac Clurii. Il y a queiques Dicotylédones herbacées, telles 
que le Polygonum Ottersianum Heer, un Salsola, une couple de Synanthé- 
rées, etc. D'autres types sont complétement différents des types actuellement 
vivants, comme le genre Nordenskiældia, qui renferme dix carpelles sur un 
méme rang. 

De tous ces végétaux, les uns ont dû croître dans un marais, les autres sur 
la terre séche. Il y avait à cette époque au Spitzberg des lacs d'eau douce et 
des collines ou des montagnes qui portaient de grands arbres. La flore miocène 
d'Eisfiord a le méme caractére général que la flore actuelle des terres basses 
de la Suisse du nord. 

Il n'y a pas besoin d'insister sur les preuves nouvelles que cette conscien- 
cieuse étude apporte à une idée qui s'exprime aujourd'hui comme un fait 
entiérement acquis à la science moderne : c'est que, daus l'ensemble de 
la création, chaque espèce a son histoire particulière, et que chacune est 
apparue à son époque spéciale, comme chacun de nous dans ce monde, 
aprés des types qu'elle a connus seulement dans sa jeunesse et qu'elle a vus 
s'éteindre pendant sa vie, suivis par d'autres plus récents qui ont persisté 
aprés sa mort. 


Contributions to the fossil flora of north Greenland, 
being a Description of the plants collected by M. Edward Whymper during 
the summer of 1867 ; par M. O. Heer (Philosophical Transactions, vol. 
CLX, part 2, 1870, pp. 445-488, avec 18 planches). 


"Les matériaux rassemblés par MM. Mac Clintock, Inglefield, Colomb et 
Olrik avaient offert à M. Heer cent cinq espèces de végétaux fossiles du Groen- 
land septentrional. Il avait pu observer les íleurs, les fruits et les graines de 
quelques-uns d'entre eux ; d'autres n'avaient présenté que des feuilles, méme 
que des fragments. Aussi doit-on savoir gré à MM. Whymper et R. Brown 
d'avoir entrepris au Groenland un nouveau voyage d'exploration, gráce à la sub- 
vention votée par le meeting de Nottingham et augmentée par la Société Royale 
de Londres. Les végétaux rapportés par M. Whymper proviennent de deux 
localités, Disco et Atanekerdluk, savoir : de Disco quatorze espèces, dont 
huit sont connues aussi du miocène inférieur de l'Europe; et d'Atanekerdluk 
soixante-treize, dont quarante-huit ont été décrites dans le Flora fossilis 


134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


arctica de M. Heer, et dont vingt-cinq ne l'avaient pas été. Cinq des espéces 
de cette seconde localité ont aussi été trouvées dans le miocéne de l'Europe, 
Poacites Mengeanus, Smilax grandifolia, Quercus Laharpu, Corylus in- 
signis et Sassafras Ferretianum. Le Smilax grandifolia, qui à l'époque 
miocène inférieure était répandu dans toute l'Europe, est représenté aujour- 
d'hui par le Smilax mauritanica de la flore méditerranéenne, Le genre Sas- 
safras, alors largement étendu en Europe (mais à une période un peu plus 
ancienne), n'a plus de représentants qu'en Amérique. 

Parmi les espèces nouvelles se trouvent un Viburnum Whymperi, qui res- 
semble au V. Lantana d'Europe et au V. dentatum d'Amérique; un Aralia 
à feuilles épaisses, un Cornus, un lex à feuilles trés-larges, deux Rhus, un 
Sorbus, un Nyssu et deux Pterospermites. 

D'après les matériaux d'Atanekerdluk, il est probable que le genre Mac 
Clintockia, encore mal connu, appartient aux Ménispermées. Le Sequoia 
Langsdorffi s'y présente en beaux exemplaires. Les feuilles du Salisburia 
de cette époque le rapprochent beaucoup du S. adiantifolia de l'époque 
actuelle. | 

Les plantes rapportées par M. Whymper sont au nombre de quatre-vingts 
dont vingt complétement nouvelles pour la science. Elles portent le nombre 
des espèces miocènes du Groenland septentrional à cent trente-sept, et celui 
des espèces de la flore arctique miocène à cent quatre-vingt-quatorze. Sur 
ces cent trente-sept végétaux du Groenland, quarante-six concordent avec des 
types analogues de la flore miocène de l’Europe. 


Beitrage zur Kreide-Flora (Recherches sur la flore crétacée); par 
M. O. Heer (Nouveaux Mémoires de la Société helvétique des sciences 
naturelles, t. XXVI, 15 pages, 3 planches). Zurich, 1871. 


Ce mémoire est consacré à l'étude de la flore crétacée du Quedlinburg qui 
appartient au méme étage que la flore depuis longtemps connue de Blanken- 
burg. Sur les 20 espéces fossiles de Quedlinburg, 5 seulement sont connues 
d'autres localités. Ensevelies dans une marne terreuse qui se laisse couper au 
couteau, les feuilles de ces espéces se sont en parties conservées. Ces marnes 
appartiennent vraisemblablement à l'étage sénonien, au voisinage immédiat 
du Quadersandstein à Belemnitella quadrata. D'autres échantillons, formés 
d'un grés rougeàtre à gros grains, viennent de Langenberg prés de Qued- 
linburg, localité décrite par M. Stiehler dans ses recherches sur la flore 
crétacée du Harz. Les fossiles les plus importants et les plus largement repré- 
sentés que décrive M. Heer nous paraissent être le Cunninghamites speciosus 
(dont l'affinité générique reste douteuse à cause du manque de fruits), et le 
Geinitzia formosa, qui ne s'est rencontré jusqu'ici que dans les couches de 
Quedlinburg, et qui est voisin du G. cretacea Unger non Endl. 

Plusieurs de ces publications de M. Heer ont été réunies dans le second 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 


volume du Flora fossilis arctica du méme auteur (in-h», 59 planches, Zurich, 
chez Winterthur, Würrter et Cie, 1871), qui comprend les mémoires suivants: 

1° Contributions to the fossil flora of north Greenland. 

2° Flora fossilis Alaskana, avec 10 planches. Ce mémoire a été publié 
dans les Mémoires de l’Académie royale des sciences de Stockholm, en 1869. Il 
est en latin, avec une préface en allemand. 

3° Die miocene Flora und Fauna Spitzbergens, avec 16 planches. Ce mé- 
moire appartient aussi à ceux de l'Académie dé Stockholm. C'est le résumé 
qui en a été inséré dans les Verhandlungen de la Société des naturalistes 
suisses, réunie à Soleure en 1869. 

he Fossile Flora der Bären Inseln, avec 15 planches, aussi des Mémoires 
de l'Académie dc Stockholm, 1870. Les plantes décrites appartiennent à la 
formation houillére. 


Ueber T'ylodendron speciosum s par M. Weiss (Verhandlun- 
gen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande und 


Westphalens, 1870, Sitzungsberichte, pp. 41-48). 


Le Z'ylodendron est un nouveau genre de Conifères fossiles appartenant au 
grés rouge inférieur et au calcaire carbonifére supérieur des montagnes du 
Rhin et de la Sarre. Yes rameaux de cette espèce sont arrondis, et présentent 
des nodosités espacées par des intervalles de 12 à 46 pouces; il s'en trouve 
une aussi au sommet de l'axe terminal. 

La surface entière de ce rameau est garnie de coussinets pressés et disposés 
en lignes spirales qui se rapprochent beaucoup de ceux des Zepidodendron, 
mais s’en distinguent parce qu'ils sont fendus à leur partie supérieure et ne 
portent aucune cicatrice de feuille. Ces coussinets paraissent toujours rac- 
courcis à la partie inférieure des nodosités, allongés à la partie supérieure, 
souvent d'une manière importante, jusqu'à ce qu'ils atteignent un maximum 
au delà duquel ils diminuent successivement. Sur un exemplaire, la longueur 
minimum de ces coussinets est de 10 à 11 millimétres, la longueur maximum 
de 82. On trouve chez le Sequoia sempervirens les mêmes alternatives de 
grandeur dans le coussinet et méme dans les feuilles, correspondant à la 
croissance annuelle, La fente supérieure qui s'observe sur les coussinets pour- 
rait s'expliquer par la présence d'un canal résineux à l'état frais. Les recher- 
ches microscopiques faites par M. Dippel sur des coupes du tissu silicifié 
du Zylodendron y ont démontré l'existence de vaisseaux poreux avec des 
ponctuations disposées sur un, deux ou trois rangs. M. Dippel regarde ce 
genre comme très-allié aux Cycadées, et cependant correspondant par ses 
caractères aux Araucaria. 

M. Brongniart a décrit sous le nom de Lepidodendron elongatum, dans 
l'ouvrage de MM. Murchison, de Verneuil et Keyserling sur la géologie de 
la Russie d'Europe, p. 10, tab. C, fig. 6, un tronçon d'une espèce trés-voi- 


136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sine provenant du Zechstein, c'est-à-dire d'une couche de même âge. L'espèce 
de M. Brongniart se distingue parce qu'elle a les coussinets tous de méme 
longueur. Dans des couches plus anciennes, le Zepidodendron Velthemia- 
num décrit par M. Geeppert présente les mêmes nodosités, ainsi qu'un fos- 
sile du calcaire carbonifère de Kunzendorf en Silésie, décrit par le méme 
savant sous le nom de Zycopodites acicularis. Dans des couches plus récentes, 
dans le trias, des fragments appartenant encore au méme genre 7'ylodendron 
ont été trouvés d'abord par Schleiden ; puis de nouveau par M. Schenk (dans le 
muschelkalk moyen d'Iéna), et décrits sous le nom d’Ændolepis vulgaris et 
elegans, nom générique que ce dernier savant a remplacé par celui de Vo/tzia. 
Ces deux espéces, qui se rencontrent aussi à Saarbrück, ont le méme dessin 
formé par les coussinets, mais ne présentent aucune dilatation ou nodosité sur 
les rameaux. 


Sur la famille des Nœggérathiées ; par MM. Weiss et Golden- 
berg (Verhandlungen des naturhistorischen Vereins der preussischen 
Rheinlande und Westphalens, 1870, Sitzungsberichte, pp. 63-66; et Core 
respondenzblatt, pp. 79-80). 


Les fossiles dont il est question dans ce travail ont été recueillis dans le 
calcaire carbonifère de Saarbrück. Les auteurs rappellent d'abord l’histoire du 
genre Nœggerathia, ballotté entre les Palmiers, les Fougères, les Lycopodia- 
cées et les Cycadées. Le dernier travail publié sur ces végétaux fossiles paraît 
être celui de M. Goppert, qui dans son Permische Flora (1864) a donné des 
dessins de leur inflorescence, de leurs feuilles à nervation parallèle, ainsi que de 
leurs bourgeons, attribués auparavant à l'Aroides crassispatha Kutorga (Pa- 
læospatha aroidea Unger), qui n'est que le Næggerathia Gæpperti Eichwadl. 
M. Góppert ne regarde pas les /Veggerathia comme des Palmiers, mais il les 
place parmi les Monocotylédones, ainsi que les Cordaites, qui en avaient jadis 
été distingués. 

Voici les conclusions que MM. Weiss et Goldenberg ont tirées de leurs pro- 
pres recherches : 

L'insertion spirale des feuilles chez le Cordaites et leur disposition sur 
deux rangs chez le Næggerathia autorisent peut-être à les séparer en deux 
genres, mais non en deux familles. 

Les rameaux minces, les feuilles simples, au moins chez le Cordaites, leurs 
cicatrices et surtout leur infloresceuce, séparent les Nœggérathiées des Cyca- 
dées vivantes, et les rapprochent bien plutót de plusieurs familles monocoty- 
lédones comme de quelques espèces de Conifères. 

La structure de leur tige, d'après Corda, ne permet pas de réunir les Næg- 
gérathiées aux Coniféres, puisqu'elles manquent de rayons médullaires et de 
vaisseaux ponctués. Leur inflorescence, formée de petits rameaux pédonculés 
rassemblés dans les aisselles des feuilles, est également étrangère aux Conifèrcs. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 


Considérées comme Monocotylédones, les Neeggérathiées ne peuvent être 
rangées parmi les Palmiers, mais doivent former une famille distincte, éteinte 
depuis les temps les plus reculés. Ceci est une confirmation des opinions de 
M. Góppert. 


Ueber einige Pflanzen der Steinkohlengebirge (Sur 
quelques plantes du calcaire carbonifère) par M. Andrä (ébid., 1870, Cor- 
respondenzblatt, pp. 60-61). 


M. Andrä est loin de regarder comme acquise à la science l'assimilation 
faite de certaines espèces d' Asterophyllites à la famille des Calamariées ; il n'a 
pas observé de localités où les Asterophyllites cocxistent avec les Calamites. 
Il regarde l'Annularia radiata Ad. Br. comme identique au Bechera dubia 
Sternb., à l’Asterophyllites foliosus Geinitz, à l'A. galioides Lindl. ct Hutt., 
et probablement à l'A. foliosus des mêmes auteurs. Il a présenté des dessins 
qui justifient ces réunions. 


Ucber die l'arngattung Veuroplerés und einige Arten derselben 
aus der Steinkohlenformation (Sur le genre de Fougères Neuropteris et sur 
quelques-unes de ses espèces appartenant à la formation du calcaire car- 
bonifère); par M. Andrä (/bid., 1870, Sitzungsberichte, pp. 151-142). 


M. Andrä a découvert une nouvelle espèce de Veuropteris, le N. dispar ; 
il donne aussi quelques détails sur le W. hirsuta Lesq. C'est à cette dernière 
espèce qu'appartient le N. flexuosa de la collection de Poppelsdorf et le 
N. acutifolia v. Röhl. Il en est de méme du N. cordata du cap Breton, et 
trés-probablement du Dictyopteris cordata F.-A. Rómer. 


Fossile Flora der Steinkohlenformntion Westphalens, 
einschliesslich Piesberg bei Osnabruck (Flore fossile du terrain carboni- 
fère de la Westphalie, y compris la localité de Piesberg prés Osna- 
bruck); par M. le major von Roehl. Un volume avec 32 planches renfer- 
mant 203 figures. 


Cet ouvrage renferme la description de 250 espèces de plantes fossiles. 

Nous y trouvons, comme ordre séparés, les Calamitées avec le genre Cala- 
mites (11 espèces) ; les Équisétacées avec le genre Equisetites (2 esp.) ; les 
Astéroph yllitées avec les genres Volkmannia (3 esp.), Huttonia (1 esp.), As- 
terophyllites (9 esp.), Pennularia (4 esp.), Annularia (3 esp.) et Spheno- 
phyllum (6 esp.) ; les Neuroptéridées avec les genres Neuropteris (15 esp.), 
Odontopteris (6 esp.), Cyclopteris (10 esp.), Schizopteris (2 esp.), Dictyo- 
pteris (5 esp.) ; les Sphénoptéridées avec les genres Sphenopteris (25 esp.), 
Hymenophyllites (3 esp.), Trichomanites (1 esp.); les Pécoptéridées avec 
les genres Lonchopteris (3 esp.), Alethopteris (18 esp.), Cyatheites (1 esp.), 
Pecopteris (5 esp.) ; les Protoptéridées avec le genre Caulopteris (1 esp.) : les 


138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Sigillariées avec le genre Sigillaria (L6 esp.); les Stigmariées avec le genre 
Stigmaria (2 espèces), les Lépidodendrées avec les genres ZLepidodendron 
(20 esp.), Ulodendron (h esp.), Halonia (2 esp.), Lepidophyllum (3 esp.), 
Lepidostrobus (1 esp.) ; les Lycopodiacées avec les genres Se/aginites (1 esp. ), 
Lycopodites (h esp.), Lomatophloios (2 esp.), Cordaites (1 esp.) et Lepi- 
dophloios (1 espèce). 

L'auteur rapporte à la classe des Zamiées les ordres des Neeggérathiées avec 
neuf Nœggerathia et quatre Fhabdocar pos, les Cycadées avec un Pterophyl- 
lum, et mentionne comme Cycadées douteuses deux 7rigonocarpon et cinq 
Carpolithes. Viennent ensuite quelques Palmiers et quelques Conifères. 

L'auteur a décrit une quinzaine d’espèces nouvelles, et a profité de maté- 
riaux plus complets pour faire mieux connaître des espèces déjà signalées. 


Zur Steinkohlentheorie (Sur la théorie de la houille); par M. le 
docteur Mohr (//id., pp. 138-147). 


M. Mohr ne croit pas, selon l'opinion générale, que ce soient les grands 
végétaux, appartenant aux classes supérieures de la cryptogamie antédilu- 
vienne, qui aient par accumulation produit en se décomposant les cou- 
ches de houille si répandues sur le globe. Ce sont, d'aprés lui, exclusive- 
ment des Algues. Les Algues sont les seuls végétaux de notre globe qui aient 
pu s'accumuler en assez grande quantité pour expliquer les lits de houille; 
les seuls qui aient pu les constituer sans laisser trace de leur structure. 
Comme ils flottaient en se décomposant, ils ont naturellement formé des lits 
paralléles en se déposant. Le sol sous-jacent à la houille est le plus souvent du 
calcaire, ce qui prouve qu'elle s'est déposée dans la mer. La faible quantité 
de cendres que fournit la houille prouve aussi qu'elle s'est formée dans la 
mer. D'ailleurs la houille n'est pas soluble daus les solutions alcalines, comme 
le lignite et la tourbe, qui proviennent évidemment de la décomposition de 
végétaux plus élevés en organisation. Sa pesanteur spécifique est trois ou 
quatre fois celle des lignites et de la tourbe. L'importance des dépôts de houille 
s'expliquerait, dans cette hypothèse, par ce fait que dans la mer la proportion 
d'acide carbonique augmente avec la profondeur. Enfin la houille renferme 
de l'iode et du brome, substances abondantes dans les eaux de la mer. 


On the structure and affinities of some exogenous 
stems from the coal-mensures (De la structure et des affinités 
de quelques tiges exogénes appartenant au terrain houiller) ; par M. V.-C. 
Williamson (The Monthly microscopical Journal, aug. 4869, pp. 66-72) 
avec une planche. 


M. Williamson émet une théorie particuliére de la ponctuation aréolée des 
Coniferes. Il regarde l'aréole proprement dite comme externe à la fibre, et 
résultant d'une dépression de ses parois, et la ponctuation centrale comme 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 


résultant du défaut d'incrustation ligneuse intérieure, comme toutes les ponc- 
tuations en général. Il a observé sur le Cycas revoluta des fibres ponctuées, 
dont les ponctuations tantót sont entourées d'une aréole ct tantót ne le sont 
pas. IL a vu sur la méme espèce des vaisseaux scalariformes à une extrémité 
et pourvues d'aréoles ou discigères à l'autre extrémité, Les Dadorylon de 
l'époque houillére présentent les aréoles des Coniferes sans les ponctuations. 
Dans des végétaux confondus jusqu'ici avec les Dadozylon, et que M. Wil- 
líamson propose de distinguer sous le nom de Dictyoxylon, la lignine forme 
intérieurement non des ponctuations mais des dépóts réticulés ; il n'y a pas 
d'aréoles. En réunissant ces deux caractères, on obtient ceux de la fibre des 
Coniféres modernes. 

M. Williamson regarde, dans ce mémoire, comme un Zomatophloios la 
plante décrite par M. Binney sous le nom de Sigillaria vascularis dans son 
mémoire Sur quelques plantes fossiles montrant une structure déterminée, 
du terrain houiller inférieur du Lancashire, qui a paru dans le Quarterly 
Journat of the geological Society, vol. xvi. 


On the structure of the stems of the arborescent Ly- 
copodiaceæ of the coal-measures ; par M. W. Carruthers 
(ibid. , octobre et novembre 1869, pp. 177-181, 224-227; mars 1870, 
pp. 144-154). 


Ce dernier fossile est regardé par M. Carruthers comme appartenant au 
Lepidodendron selaginoides Sternb. Il en figure des coupes qui en montrent 
passablement la structure assez simple; on n'y voit dans l'intérieur du tronc 
pas d'autres éléments que des vaisseaux scalariformes. Méme le centre de l'axe 
en est rempli; il n'y a pas de moelle proprement dite. M. Carruthers ne peut 
pas admettre non plus dans ce type l'existence de rayons médullaires compa- 
rables à ceux des Dicotylédones. : 

Dans la seconde partie de son mémoire, M. Carruthers a figuré la structure 
de l’Ulodendron minus Lindl. et Hutton. 1] n'en sépare pas le genre Mega- 
phyton fondé seulement sur l'observation de moules internes de la tige; et 
en distingue à peine le Bothrodendron, qui n'en diffère que par la forme des 
cicatrices indiquant la place des feuilles. L’ Ulodendron minus, de méme que 
le Lepidodendron selaginoides, offre des vaisseaux, de grandeur différente, 
dans le tissu axile qu'on serait disposé à regarder comme médullaire, et 
l'on ne trouve pas dans leur tige d'autre élément que des vaisseaux scalari- 
formes. Ces deux végétaux du terrain houiller sont regardés par M. Carruthers 
comme très-voisins l'un de l'autre. 

Dans son troisième mémoire, M. Carruthers étudie la nature des cicatrices 
présentées par les tiges de divers Ulodendron, et trace le synopsis des espèces 
de ce genre de Lycopodiacées fossiles que l'on a trouvées dans la Grande-Bre- 
tagne. Ce synopsis nécessite une excursion historique intéressante, qui montre 


1^0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


par quels tátonnements prolongés passe fréquemment l'étude des plantes fos- 
siles. Les Ulodendron acceptés par l'auteur sont au nombre de neuf. 


Osservazioni sul gencre di Cicadacec fossili Fauimeria, 
e descrizione di una specie nuova; par M. F. Caruel (Bulletino del R. Co- 
mitato geologico d'Italia, juillet-août 1870, pp. 181-186); tirage à part. 


Le genre Z'aumeria a été établi par M. Góppert en 184^, dans le 2° volume 
du Flora von Schlesien de Wimmer. M. Caruel ajoute aux deux espèces 
connues de ce genre le R. Cocchiana, trouvé dans le pliocène de la Toscane, 
et dédié au professeur Igino Cocchi, conservateur du musée de Florence. 
Une gravure représente cette espéce. 


On fossil Cycadean stein from the secondary rocks of 
Britain; par M. W. Carruthers ( Transactions of the Linnean Society, 
t. XXVI, 1870, pp. 675-708, tab. 54-63). 


Après avoir examiné la nature des fossiles rapportés aux Cycadées, l'auteur 
en décrit vingt-cinq espèces appartenant à huit genres. Quatre de ces genres 
sont placés dans les tribus déjà existantes de la famille des Cycadées, et deux 
tribus nouvelles sont établies pour le reste des genres (1). 


On the pcetrificd forcst near Cairo; par M. W. Carruthers 
(The geological Magazine, vol vit, 1870, pp. 306-310, tab. 14). 
Aprés avoir décrit ce qu'on nomme la forêt pétrifiée des environs du Caire, 
l'auteur rapporte au genre /Vicolia deux espèces différentes de bois silicifiés qui 
en proviennent. 


On the structure of a Fern stein fromthelower eocene of Herne 
Bay, and on its allies, recent and fossil; par M. W. Carruthers (Quarterly 
Journal of the geological Society, vol. xxvi, 1870, pp. 349-353). 


L'auteur décrit minutieusement la tige de l'Osmundites Dowkeri, et la 
compare à celle de l'Osmunda regalis. Il propose un arrangement nouveau 
de quelques-unes des tiges de Fougeres connues et provenant du terrain pri- 
maire ainsi que du terrain secondaire. 


Observations on some vegctable fossils from Vicioria ; 
par MM. F. de Müller et R. Brough Smyth (The geological Magazine, 
vol. vit, 1870, p. 390). 


Les échantillons observés par les auteurs étaient des fruits provenant de 
dépôts superficiels. L'un est un fruit de Conifères voisin du Solenostrobus, de 
Bowerbook, auquel est donné le nom de Spondylostrobus Smythii. Les autres 

(1) Nous rappelons que M. Carruthers a publié il y a quelques années un mémoire 


important sur les Cycadées des terraius secondaires dans le Journal of Botany, 1867, 
p. 4 et suiv. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 141 


fossiles ne sont pas déterminés, mais les auteurs en ont recherché les affinités, 
et celles-ci indiquent, d'aprés M. de Müller, une flore analogue à celle du 
détroit forestier (forest-belt) de l'Australie orientale. 


Contributions towards the history of Zamia gigas 
Lindi. et Hutt. ; par M. W.-C. Williamson (Transactions of the Linn. 
Soc., t. XXVI, 1870, pp. 663-674, tab. 52 et 53). 


L'auteur donne Ie compte rendu de la structure de différents organes qu'il 
croit avoir appartenu à cette plante; il en décrit en détail la tize, les feuilles, 
Les fleursmáles et les fleurs femelles. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Neue Standorte Schlesischer Moose und Farne (Nouvelles localités de 
Mousses et de Fougères silésiennes) ; par M. J. Milde (48° Jahresbericht 
der Schlesischen Gesellschaft für vaterlándische Cultur, pp. 121-130). 

Verzeichniss der im Jahre 1870 bekannt gewordenen Fundorte neuer und 
weniger häufiger Phanerogamen Schlesiens (Catalogue des localités décou- 
vertes pour des Phanérogames nouvelles ou rares de la Silésie) ; par 
M. Engler (ibid., pp. 131-141). Dans ce catalogue se rencontre la descrip- 
tion d'une Violette nouvelle, Viola porphyrea von Uechtritz. 

Catalogo delle piante vascolari spontanee della zona olearia nelle due valli 
di Diano Marina e di Cervo ; par M. Luigi Ricca (Atli della Società italiana 
di scienze naturali, vol. xui, fasc. 2, pp. 60-143). — Ce Catalogue, réduit à la 
mention des espèces et des localités, renferme quelques détails spéciaux sur les 
espèces suivantes : Dianthus prolifer L. var., Erodium Ciconium Willd.?, 
Trifolium angustifolium L., Leucanthemum atratum DC., Lappa inter- 
media Rchb., Polygonum Roberti Lois., Xiphion vulgare Parl., Orchis 
coriophoro-laxiflora, nouvel hybride observé par l'auteur, etc. 

Sulla Cladophora viadrina del Kützing ; par M"* la comtesse Elisabetta 
Fiorini Mazzanti (Atti dell' Accademia pontificia de’ nuovi Lincei, anno xxu, 
cahier publié le 23 avril 1869, pp. 1-2). 

Cenno sulla vegetazione della caduta delle Marmore in una rapida excur- 
sione di Luglio ; par la méme (25;d. , anno xxu, ^ juillet 1869, pp. 143-144). 

Nota critica sull' anormalità di un organismo crittogamico; par la méme 
(ibid., anno xxiv, 1871, pp. 190-192).— Il s'agit dans cette note d'une pro- 
duction cryptogamique dépourvue de fructifications, qui a été successivement 
le Sporotrichum latebrarum Link, le Conferva pulveria Ag.,le Lepraria 
lanuginosa Fries B. sterilis, et que l'auteur nomme Lichen atypicum late- 
brarum. Peut-être est-ce un état monstrueux favorisé par l'obscurité et com- 
mun à plusieurs espèces. Voici la phrase de M"* Fiorini Mazzanti : « Thallo 
plus minus expanso, leproso-flosculoso; granulis coacervalis sphæricis viri- 


142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dibus, brevia filamenta apice bifurcata emittentibus. » Nous pensons que 
M. Schwendener tirerait de l'observation de cette production, intermédiaire 
entre les Algues, les Champignons et les Lichens, de nouveaux arguments en 
faveur de sa théorie. 


NOUVELLES. 


(Mai 1872.) 


A la suite du dernier congrès des délégués des Sociétés savantes des dépar- 
tements, tenu à la Sorbonne pendant la semaine de Pâques, des distinctions 
ont été conférées à un certain nombre de naturalistes francais, parmi lesquelles 
nous devons signaler les suivantes : 


4* Médailles d'or. 


MM. Grenier (Charles), professeur à la Faculté des sciences de Besancon : 
Travaux de botanique. 
Grandidier (Alfred). Voyages scientifiques à Madagascar. 
2° Médailles d'argent. 
MM. Faivre, doyen de la Faculté des sciences de Lyon : Travaux de phy- 
siologie végétale. 
Cailletet, à Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) : Travaux de chimie agri- 
cole et industrielle. 
En outre un arrêté de S. Exc, M. le ministre de l'instruction publique 
3 accordé les titres suivants : 
4° Officier de l'instruction publique. 
M. Lejolis (Auguste), président de la Société des sciences naturelles de 
Cherbourg. 
2° Officiers d'Académie. 
MM. Drouet (Henri), sous-préfet de Vouziers (Ardennes) : Travaux de 
malacologie, Flore des Acores. 
Pupuy (l'abbé), professeur d'histoire naturelle au séminaire d'Auch : 
Travaux d'histoire naturelle. 


Pomel, membre de la Société de climatologie d'Alger : Travaux 
d'histoire naturelle. 


— Nos confréres apprendront avec un vif regret la perte considérable que 
vient de faire la science dans la personne de M. Hugo de Mohl, professeur à 
l'université de Tubingue et membre correspondant de l'Académie des sciences 
de Paris, et celle de M. de Brébisson, l'auteur dela Flore de Normandie, si 
connu par ses recherches sur les Diatomées. 


— L'administration française vient de faire publier à Pondichéry un Cata- 
logue des plantes du parc colonial et du Jardin botanique et d'acclimatation 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 143 


du gouvernement à Pondichéry. Ce Catalogue, qui porte le millésime de 
1872 (in-8° de 80 pages, Pondichéry), est signé de M. Contest-Lacour, qui 
a remplacé notre confrére M. Perrottet. De nombreux desiderata sont. indi- 
qués daus ce Catalogue. L'administration du jardin serait heureuse de se 
procurer ces plantes par voie d'échange. Nous trouvons en outre dans le 
Catalogue un arrété de M. le Gouverueur des établissements francais dans 
l'Inde, établissant des primes d'encouragement pour les introducteurs, tant 
francais qu'étrangers, des végétaux destinés à enrichir les collections du parc 
colonial et du jardin d’acciimatation, savoir : 

1° Une médaille d'or de la valeur de 500 fr. pour 350 espèces, dont 200 
vivantes et les autres en graines. 

2° Une médaille d'or de 400 fr. pour 250 espèces, dont 150 vivantes et les 
autres en graines. 

3° Une médaille d'or de 300 fr. pour 150 espèces, dont 100 vivantes et les 
autres en graines. 

Les bulbes, tubercules et rhizomes seront admis comme. plantes vivantes. 

Les envois devront étre adressés à M. le Gouverneur des établissements 
francais dans l'Inde. 

Ajoutons que les noms tamouls ont été placés dans le Catalogue en regard 
des noms scientifiques de la plupart des végétaux, et signalons avec M. Contest- 
Lacour un fait qui caractérise bien le climat éminemment aride du territoire 
de Pondichéry : c'est qu'on n'y rencontre, à l'état spontané, bien entendu, 
aucune espèce de Fougère, ni d'Orchidée; on n'y rencontre pas non plus de 
Conifère. Un Podocarpus australien, venant du jardin botanique de Ceylan, 
n'a pu résister pendant trois jours au vent du sud, dans le jardin d'acclima- 
tation de Pondichéry. 


. — La question du Sumbul nous parait embrouillée par des renseignements 
fort contradictoires. On lit dans le Pharmaceutical Centralblatt, 1870, 
n** 39, 66, pp. 367,368, d’après le témoignage de l'inspecteur Lungershausen, 
que la plante a fleuri à Moscou. C'est une Ombellifère que M. C. Koch a 
reconnue pour être le type d'un genre nouveau et a nommée Sumbulus mos- 
chatus. Il paraîtrait d'ailleurs qu'il existe deux sortes de racines musquées, 
originaires de l'Asie centrale et exportées, l'une par la Russie, l'autre des Indes 
orientales. 


— Parmi les questions mises au concours en 1872 par la Société des 
sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, nous remarquons la suivante : 

Faire connaitre la distribution des végétaux fossiles dans le bassin houiller 
du nord de la France, et indiquer les conclusions que l'on peut tirer de cette 
distribution par rapport à la constitution géologique du bassin et à son mode 
de formation. 

Le travail doit être adressé franc de port et dans les formes académiques 


14^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


au secrétariat général de la Société, à l'Hôtel de ville, à Lille, avant le 
45 octobre 1872. 


— M. le docteur Henri Van Henrck, 8, rue de la Santé, à Anvers, désire 
acquérir, soit par achat, soit par échange, des produits exotiques rares ou nou- 
veaux et intéressants au point de vue médical, commercial ou industriel. 


— M. le professeur Adamowicz, conseiller d'État et président de la Société 
impériale des médecins de Vilna, qui a pris part à la session extraordinaire 
tenue par la Société à Nantes en 1861, a eu l'honneur de voir le jubilé de 
son professorat célébré par la Société des médecins de Vilna, le 1/18 avril 
dernier. 


— Nous lisons un peu tardivement dans l'Adansonia, t. 1x, p. 378, que 
M. E. Rameva constaté aux buttes Chaumont, dans le courant de l'été de 
1869, la présence dé l'Anthoxanthum Puelti, espèce annuelle, et celle de 
l'Aira brigantiaca, espèce vivace, laquelle courait en abondance les pierres 
qui supportent le temple de la Sibylle. 


— L'herbier des Mousses de France publié par notre confrére M. F. Husnot 
(à Cahan, par Athis, Orne), avec le concours de MM. l'abbé Boulay, de Bré- 
bisson, Gravet, Hardy, Husnot, Lamy, Marchal, le colonel Paris et l'abbé 
Puget, est parvenu maintenant à son sixième fascicule. Chaque fascicule ren- 
fermant cinquante espèces, 300 espèces ont été déjà publiées. Chaque espèce 
est collée sur une feuille de papier et munie d’une étiquette imprimée ; parfois 
plusieurs échantillons, formant un seul numéro, proviennent de plusieurs 
localités différentes. Cet exszccata formera certainement une base importante 
à un travail sur la bryologie française ; on ne peut que faire des vœux pour sa 
continuation. 


— M. Buchinger, à Strasbourg, s'occupe en ce moment de la répartition 
des Hépatiques de la Guadeloupe de feu M. le docteur Lherminier. Ces plantes 
ont été nommées par M. Gottsche, et sont en vente à 25 francs la centurie, 
ainsi que les Mousses de méme origine nommées par M. Schimper. 


— On nous annoi.ce au moment de tirer cette feuille la mort bien regret- 
table de M. Reuter, directeur du jardin botanique de Genève, décédé dans les 
derniers jours du mois de mai. | 


Dr EUGÈNE FOURNIER, 


Paris, — Imprimerie de E. Marrixer, rue Mignon, 2, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(SEPTEMBRE-OCTOBRE 1871.) 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. F. Savy, libraire de 
Société botanique de France, rue Hautefeuille, 94, à Paris. 


On the organization of the Cafamites of the coal- 
measures; par M. Williamson (Proceedings of the Royal Society, 
vol. xix, n° 125). 


Ce mémoire a été lu à la Société royale de Londres le 26 janvier 18741, un 
second sur d'autres végétaux du terrain houiller àla méme Société, le 45 juin 
suivant ; nous rendons compte de ces deux travaux. 

Depuis que M. Brongniart a établi son genre Calamodendron, on a été 
conduit à penser que sous l'ancien type des Calamites on confondait deux 
types fort différents : le Calamites proprement dit, à paroi extérieure mince 
et du groupe des Equisetum, et le Calamodendron, sorte de Gymnosperme 
à bois épais. L'auteur révoque en doute cetle opinion et cette distinction ; il 
pense prouver que ces deux types sont tous deux composés d'une moelle 
centrale, entourée par une zone ligneuse, renfermant elle-méme un cercle de 
coins ligneux et enfermée dans une écorce à parenchyme cellulaire. 

Ces coins sont formés à leur partie interne de canaux longitudinaux rayés 
ou réticulés s'étendant d'un nœud à l'autre, et en dehors de ceux-là, de vais- 
seaux rayés ou réticulés disposés en séries rayonnantes. Les coins ou faisceaux 
sont donc séparés par des rayous médullaires primaires et leurs éléments par 
des rayons secondaires. A.ce point de vue, les C'alamites offrent d'une ma- 
niére permanente la structure qui se présente trausitoirement chez un végétal 
exogène à la fin de sa première année. 

L'écorce, non encore décrite, ne présente ni sillons ni crétes longitudinales. 
Elle parait s'épaissir au niveau de chaque nœud, mais la saillie qu'elle fait à 
Ces points est due à une expansion de la couche ligneuse. Cette expansion est 
causée par l'intercalation de nombreux petits vaisseaux arqués à concavité inté- 
ricure qui traversent chaque nœud, et qui constituent une portion de la zone 
ligneusement étant sur la moelle à ce niveau. 

Une modification trés-curieuse de ce type est présentée par la plante que 
M. Williamson a antérieurement décrite sous le nom de Ca/amopitus, dans 


laquelle des canaux arrondis ou oblongs partent de la cavité médullaire et se 
T. XVIII. (REVUE) 10 


146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dirigent horizontalement à travers chaque rayon médullaire primaire, de la 
zone ligneuse vers l'écorce. Ces canaux, arrangés en verticilles réguliers au- 
dessous de chaque nœud, sont nommés infra-nodaux. Les cicatrices verticil - 
lées, arrondies ou oblongues, que l'on voit à une extrémité des entre-nœuds 
de quelques Calamites, sont les résultats de cette organisation particulière. 
Dans une espéce de Calamopitus, au lieu de canaux longitudinaux terminés 
aux nœuds, ces canaux se bifurquent comme les faisceaux avec lesquels ils 
sont associés, et se prolongent en continuité d'un entre-nœud à l'autre. 

Dans ce cas, chaque bande de tissu vasculaire appartenant à un, entre-nœud 
se divise, chacune de ses moitiós va retrouver sa congénère, et, en se réunis- 
sant à elle, forme la bande vasculaire du nœud voisin. 

Les Calamites produisent deux sortes de rameaux, les uns souterrains, les 
autres aériens, verticillés autour des nœuds, naissant de l'intérieur d'un des 
faisceaux. L'auteur croit qu'il n'y a pas de motif pour douter que quelques- 
unes des Annulariées ou des Asterophyllites ne représentent ces rameaux 
aériens. Les racines partent de la partie inférieure de l’entre-nœud, et étaient 
probablement de nature épidermique. 

La fructification des Calamites est douteuse. Quelques Volkmanniées ap- 
partiennent à ce groupe. Un seul exemple cependant a présenté la structure 
des axes comparable à celle des C'alamites. Les fruits figurés par M. Binney 
sous le nom de Calamodendron commune (Volkmannia Binneyi Carcuthers) 
n'ont pas cette structure, et il est plus que douteux qu'ils se rapportent aux 
Calamites. 

L'auteur propose de former pour ces végétaux fossiles un groupe voisin des 
Équisétacées, et caractérisé par un feuillage verticillé, une fructification crypto- 
gamique et une tige exogène. Il divise ce groupe en deux genres, Calamites 
et Calamopitus. 

Dans son second mémoire, M. Williamson s'est occupé des Lepidodendron 
et des Sigillariées. Il décrit le Zepidodendron selaginoides, déjà étudié par 
MM. Binney et Carruthers, et le regarde comme étant d'une structure exogène 
imparfaite. La manière dont il en comprend la structure diffère notablement de 
celle de M. Carruthers. Il y signale un axe médullaire central, entouré d'un sys- 
téme de vaisseaux disposés en lames rayonnantes, que séparent despiles verticales 
de cellules regardées par l'auteur comme des rayons médullaires. On remarque 
encore dans le cylindre de la tige des faisceaux vasculaires qui se rendent aux 
feuilles. Il passe de cette plante, par le Z. Harcourtü, aux formes plus élevées 
que M. Binney a décrites sous le nom de Sigillaria vascularis, et qui présen- 
tent un cylindre ligneux trés-développé. Dans un exemple qu'il cite, la face 
externe du cylindre médullaire et vasculaire, détachée des tissus environ- 
nants, prend l'apparence d'un Calamites, bien qu'elle manque des constric- 
tions transversales indiquant les nœuds. C'est à quelques-uns de ces cas que 
Corda a appliqué le nom de Diploxylon et Witham celui d'Anabathrum, qui 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. - 4147 


correspondent parfaitement au Sigillaria elegans de M. Brongniart. Les 
Ulodendron et les Halonia, très-voisins, s'ils ne son pas identiques comme 
genres, ont une structure très-analogue à celle du Lepidodendron Harcourt. 
Aucun auteur n'a malheureusement vu encore d'exemplaire de Sigillaria 
bien authentique dont l'axe interne eût été conservé. 

Les Stigmaria ont été parfaitement décrits par M. Brongniart, quoique 
sur des échantillons imparfaits. L'auteur les caractérise comme ayant une 
moelle cellulaire sans aucune trace d'une zone extérieure de vaisseaux, 
comme cela est général dans le groupe des Lépidodendrées. La moelle v est 
environnée immédiatement par un cylindre ligneux épais et bien développé, 
qui contient deux groupes distincts de rayons médullaires, les uns primaires, 
les autres secondaires. 

Il est évident que tous ces végétaux sont étroitement alliés, qu'ils const 
tuent une méme famille, et qu'on ne peut en séparer les Sigillaria pour les 
placer parmi les Gymnospermes, comme cela a été proposé. 

C'est pourquoi M. Williamson conclut à renfermer les Zepidodendron et les 
Sigillaria dans une méme famille. Il résulte de ses travaux qu'on pourrait 
constituer avec cette famille et les Ca/am:ites une division exogène des Crypto- 
games vasculaires, tandis que les Fougères appartiennent à la division endo- 
gène. Les premiers relient les Cryptogames aux végétaux exogénes, par les 
Cycadées et les autres Gymnospermes ; les secondes au contraire les ratta- 
chent aux végétaux endogènes par l'intermédiaire des Palmiers. 


On new tree Ferns und other fossils from the Devonian 
(Sur de nouvelles Fougéres arborescentes el. autres fossiles du terrain 
Dévonien) ; par M. J.-W. Dawson (Quarterly Journal of the Geological 
Society, août 1871). 


Ce sont principalement des fossiles de l'État de New-York que M. Dawson 
a étudiés dans ce mémoire. Ils appartiennent au genre Psaronius, au genre 
Rhachiopteris et au genre Caulopteris. Il est bon d'ajouter que la seule 
Fougère connue dans le terrain dévonien d'Europe appartient précisément 
à ce méme genre Caulopteris. 


Die fossile Flora der nordwestdentschen Wealden- 
formation. (La flore fossile de la formation wealdienne dans le 
nord-ouest de l'Allemagne; par M. Schenk. In-4° de 66 pages, avec 
22 planches. Cassel, chez Th. Fischer, 1871. 


Nous annonçons ici une œuvre importante qu'il importe de distinguer des 
mémoires consacrés uniquement à l'étude de quelques fossiles et de leurs 
affinités. Cet ouvrage forme la quatrième partie des Beiträge zur Flora der 
Vorwelt du méme auteur. M. Schenk a voulu soumettre les fossiles du weald 
allemand à un nouvel examen aprés les recherches de Dunker, et a fouillé tous 


148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les musées qui pouvaient lui fournir quelques documents. Voici ce que nous 
remarquons à première vue de plus frappant dans son œuvre. 

C'est d'abord l'identification de corps désignés d'abord par Dunker sous la 
dénomination vague de Carpolithes, caractérisés plus nettement par M. Schim- 
per, bien qu'avec un peu de doute, sous le nom de Cycadinocarpus, et qui 
sont des tubercules (ou entre-nœuds épaissis du rhizome) d'un £'quisetum. Des 
tiges et des gaines d’ £quisetum ont été aussi rencontrées dans le méme terrain. 

Le Sphenopteris Mantelli Ad. Br., Fougère trés-répandue à l'époque du 
weald, puisqu'on la possède d'Angleterre et de France aussi bien que du 
Hanovre, est comparée par l'auteur à l’Asplenium nodulosum Kaulf. Cette 
Fougère, appelée Hymenopteris par Mantell, rappelle aussi beaucoupcertaines 
Hyménophyllées de la Polynésie, notamment le Trichomanes Milnei. 

Le Baiera pluripartita, bien que la forme de ses cellules épidermiques se 
rapproche plus des Cycadées que des Fougéres, est comparé par l'auteur au 
Schizæa dichotoma et au Sch. elegans. Le Pecopteris Dunkeri Schimp. 
lui rappelle l'Aspidium uliginosum Kze, le P. Geinitzii lui paraît ressem- 
bler à l' Alsophila Loddigesii Kze, et le P. Browniana Dunk. au Phegopteris 
rudis Mett. L’Æausmannia dichotoma Dunk. a été déjà rapproché par le 
créateur de l'espèce du Platycerium alcicorne (1). On peut différer sur la 
justesse de ces assimilations, mais on doit reconnaître qu'elles suffisent pour 
caractériser une voie dans laquelle marche aujourd'hui d'une manière évidente 
l'étude des Fougères fossiles, que l'on tend peu à peu à ramener dans le cadre 
taxonomique des Fougères vivantes. 

M. Schenk a classé parmi les Rhizocarpées un genre nouveau jusqu'ici 
propre au weald, dont malheureusement les folioles sont stériles. 

Les Cycadées, assez nombreuses, et les Conifères complètent cette florule. 
L'auteur a réuni sous le nom de Sphenolepis des formes élancées, gréles, à 
petit galbule terminal et multiple, que d'autres auteurs avaient nommées Arau- 
carites, Juniperites, ou méme Lycopodites et Muscites. 

Le nombre des espéces connues dans le wcald ne dépasse pas cinquante- 
sept ; il s'en trouve cinquante-deux en Allemagne. Les Dicotylédones y font 
complétement défaut ; on n'y trouve qu'une Monocotylédone d'affinité dou- 
teuse, le Spirangtum Jugleri Schimp. 


Paléontologie française, ou Description des fossiles de la France, 
continuée par une réunion de paléontologistes sous la direction d'un comité 
spécial. 2* série, Végétaux. Terrain jurassique. Livraison 1-5 : Algues ; par 
M. le comte de Saporta. In-12; Paris, V. Masson, 1872. 


M. de Saporta commence son travail par l'examen des Algues. Il note la 


(4) Il nous paraît difficile de ne pas songer à rapprocher aussi du genre de la flore ac- 
tuelle Antrophyum le Sagenopteris Mantelli Schenk et peut-étre le Marsilidium, genres 
dont M. Schenk reconnaît l’affinité. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 149 


persistance opiniâtre (ce sont ses propres expressions) de plusieurs types d'Al- 
gues, Chondrites, Siphonites, Cancellophycus ; certaines formes du milieu du 
terrain secondaire ont eu une grande ressemblance avec des espèces du silurien 
etavec des espèces tertiaires. Cette persistance des végétaux inférieurs nesaurait 
étonner un savant comme M. de Saporta, qui a des connaissances étendues 
daus diverses branches de la paléontologie, car il n'ignore pas que l'étude des 
fossiles a souvent fourni l'occasion d'observer que les animaux peu élevés en 
organisation ont une longévité bien supérieure à celle des Quadrupédes les 
plus perfectionnés. On dirait que les êtres les plus simples ont été moins déli- 
cats, moins susceptibles d'étre impressionnés par les changements géologiques. 

Aprés l'examen des Algues, M. de Saporta aborde celui des plantes ter- 
restres : Équisétacées, Fougéres, Coniféres, Cycadées, rares Monocotylédones. 
Il ne cite pas de Dicotylédones angiospermes. Les plantes qu'il a observées lui 
indiquent que la France avait à l'époque jurassique une moyenne annuelle de 
25° C., c'est-à-dire à peu près la méme température qui existe aujourd'hui 
dans les contrées tropicales. A en juger par les données actuelles, on devrait 
croire que la végétation a été pauvre, monotone, composée presque partout 
d'essences coriaces au feuillage dur et maigre; les Cycadées jurassiques étaient 
encore plus petites que les Cycadées actuelles. La végétation semblerait à cet 
égard avoir formé un étrange contraste avec le monde animal. En effet, à l'é- 
poque de la houille, quand elle était luxuriante, les étres terrestres étaient 
chétifs ; des Insectes, des Scorpions, des Mille-pattes, des Reptiles, en général 
de petite taille, troublaient seuls le silence des vastes foréts houilléres. Au con- 
traire, à l'époque jurassique, le monde animal avait conquis sur la terre ferme 
une grande importance ; à la vérité, on ne voyait pas encore des Mammifères 
aussi nombreux et aussi perfectionnés que ceux de l'époque tertiaire, mais les 
Reptiles s'étaient beaucoup développés : tandis que des Ichthyosaures, des 
Plésiosaures, des Téléosaures peuplaient les mers, les Hélicosaures, les Mégalo- 
saures régnaient sur les continents. Faut-il penser que ces puissants quadru- 
pèdes avaient pour domaines les campagnes, dont la végétation était rare et 
débile ? 

Ces observations, dont la reproduction nous paraît devoir intéresser les 
lecteurs du Bulletin, ont été communiquées par M. Albert Gaudry à la Société 
philomathique, dans une Note sur l'ouvrage de M. de Saporta. 

M. de Saporta a lui-méme présenté à l'Académie des sciences (Comptes 
rendus, 1872, t. LXXIV, n? 4) une note où il résume les principaux résultats 
de ses recherches si étendues. Il fait remarquer que pendant la période juras- 
sique la végétation est demeurée à peu près stationnaire, au lieu de progresser 
d'une maniere sensible d'un bout de la période à l'autre. Un second pliéno- 
mène consiste dans la récurrence de formes similaires, mais non pas absolu- 
ment identiques, qui viennent se montrer à plusieurs reprises, aprés des 
intervalles plus ou moins longs. On ne peut guère, dit-il, assigüer à ces rép.z, 


150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


titions une autre cause que la reproduction des mémes conditions physiques, 
entrainant la réalisation des mémes combinaisons organiques. 

Les Algues ont été trés-abondantes en France pendant la période jurassique. 
Il ne pouvait en être autrement à l'époque où l'Europe centrale formait un 
archipel. Les Equisetum de cette époque se font remarquer par leur taille élevée. 

Les Fougères y présentent une association singulière de types éteints et de 
types dont l'affinité avec ceux de nos jours ne saurait être méconnue. Les 
Clathropteris, Thaumatopteris et quelques autres genres à nervures réticu- 
lées, dont les fructifications ont été observées, diffèrent à peine des Drynaria 
actuels. Plusieurs Ténioptéridées se rangent sans trop d'efforts parmi les 
Marattiées ; mais beaucoup de types se trouvent dénués de point de contact 
sérieux avec les genres vivants. l 

Pour les Cycadées, il est à croire que celles de l'époque secondaire ne 
se rattachent directement à aucune de celles que l'on observe aujourd'hui 
dans l'Amérique centrale, dans l'Afrique australe, dans les iles de l'Inde et du 
Japon, dans la Nouvelle-Hollande. D'ailleurs chacune de ces régions possede 
des genres spéciaux de Cycadées ; il n'y a donc rien de surprenant à ce que 
notre continent ait eu jadis les siennes, qui lui étaient aussi exclusivement 
propres. 

M. Brongniart a fait observer que les résultats exposés par M. de Saporta 
sont complétement d'accord avec ceux auxquels il était arrivé lui-méme rela- 
tivement à la succession des diverses formes de la végétation pendant les temps 
géologiques. 


Ucher die Einwirkung saurer Dämpfe und Metallver- 
bindungen auf die Vegetation (De l’action des vapeurs acides et 
des combinaisons métalliques sur la végétation); par M. Freytag ( Verhand- 
lungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande und 
Westphalens, 1870, Sitzungsberichte, pp. 50-59). 


L'auteur conclut de ses expériences que les végétaux absorbent sans pré- 
judice les oxydes métalliques contenus dans des solutions salines très-étendues ; 
que cependant déjà -t pour 100 de sulfate de cuivre, z pour 100 de sulfate 
de cobalt et + pour 100 de sulfate de nickel en solution aqueuse font périr 
les végétaux habituellement cultivés en grand. Dans. un sol qui contient des 
combinaisons de cuivre, de nickel et de cobalt, toutes les plantes absorbent ces 
métaux en faible quantité et les déposent de préférence dans les feuilles et 
dans certaines parties de la tige. Les plantes qui croissent dans la vallée de la 
Wipper, entre Mansfeld et Hettstedt, vallée où le cuivre ct le zinc sont répan- 
dus dans le sol, contiennent ces deux métaux dans toutes leurs parties, et 
leurs cendres contiennent jusqu'à 1 pour 100 de leurs oxydes. L'auteur est 
convaincu que les plantes sont forcées d'absorber tout ce qui se trouve à leur 
portée, et ne possèdent pas la faculté de choisir les matériaux qu’elles absor- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 


bent. Il rappelle que certaines d’entre elles ont même une prédilection pour 
les sols imprégnés de certains métaux : Viola lutea calaminaris, Thlaspi 
alpestre, Armeria vulgaris, Festuca duriuscula, Silene inflata, qui con- 
tiennent souvent dans leurs cendres plusieurs unités d'oxyde de zinc pour 100. 
L'A {sine verna se trouve tantôt sur les sols à calamine, tantôt sur les sols à 
minerais de cuivre, et l’un de ces métaux remplace l'autre dans sa constitution 
et dans ses cendres. On comprend l'importance que ces données ont pour 
l'hygiéne, pour l'agriculture, pour l'alimentation des vaches laitières, etc. 


On the source of radix Galange minoris of pharma- 
cologists; par M. Henry F. Hance (The Pharmaceutical Journal and 
Transactions, 3° série, n° 65, septembre 1871, pp. 246-248, et The Jour- 
nal of the Linnean Society, vol. xiir, n° 65, pp. 1-7). 


Ce mémoire doit étre consulté aprés celui que M. Hanbury a publié dans 
le même recueil (2* série, t. xiv, p. 418) sur quelques sortes rares de Carda- 
mome. L'auteur désirait déterminer sur les lieux, en Chine, (on sait qu'il est 
vice-consul d'Angleterre à Whampoa), quelle est l'espèce qui fournit le véri- 
table Galanga, drogue exportée en grande quantité de la Chine méridionale. 
Il a eu sous les yeux des échantillons apportés du pays de production par 
M. Taintor, avec des notes prises sur le vif. Jl a reconnu cette plante, qu'il 
décrit sous le nom d' Alpinia officinarum, comme distincte de l' A. calcarata 
Roscoe, bien qu'il n’en ait pas vu les fruits. L'A. officinarum forme le n° 16866 


de ses exsiccata. 


Historical Notes on the radix Galangæ of pharmacy ; 
par M. D. Hanbury (Zhe Pharmaceutical Journal and Transactions, 
3° série, n° 65, septembre 1871, pp. 248-249, et The Journal of the 


Linnean Society, vol. xii, n? 65, pp. 20-25). 


A l'occasion des observations de M. Hance, M. Hanbury a écrit un article 
fort intéressant sur l’histoire pharmaceutique du Galanga ; il se résume de la 
maniére suivante. 

1? Le Galanga a été indiqué par le géographe arabe Ibn Khurdàádbah, dans 
le 1x* siècle, comme produit par une région d’où l'on exportait du musc, du 
camphre et du bois d’aloès. 2° Il était employé par les Arabes et les médecins 
de la Grèce au moyen âge, et fut connu dans l'Europe septentrionale au 
xir siècle. 3° Il fut importé pendant le xin" siècle avec d'autres épices de 
l'Orient par la voie d'Aden en Syrie, d'où il était porté dans d'autres ports de 
la Méditerranée. 4° Deux espèces de Galanga ont été signalées par Garcia 
d'Orta en 1563 ; on les trouve encore dans le commerce : elles sont. fournies 
respectivement par l' A/pin?a Galanga Willd. et par l'A. officinarum Hance. 
5° Le Galanga est encore employé en Europe, mais plus considérablement en 


152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Russie qu'ailleurs. Il est employé aussi dans l'Inde ; on l'embarque pour des 
ports du golfe Persique et de la mer Rouge. 


Beiträge zur Kenntniss der Gattung Waéias L. (Recherches 
sur le genre —); par M. P. Magnus. In-4° de viir et 64 pages, avec huit 
planches lithographiées. Berlin, 1870. 


Ce mémoire est divisé en huit chapitres : le premier est relatif à l'his- 
toire du genre; le deuxième traite de la germination et de la structure 
morphologique; le troisième de la constitution de la fleur; le quatrième 
du développement de célle-ci, ainsi que du bourgeon initial de la tige; 
le cinquiéme de la signification morphologique des parties florales; le 
sixiéme de la structure et du développement des enveloppes de la graine ; 
le septiéme de la forme des feuilles; le huitieme de l'anatomie de la tige et 
des feuilles. Enfin, un neuvième article renferme quelques remarques de 
taxonomie. 

Sur la partie morphologique de ce travail, nous renverrons à une note de 
M. Magnus que nous avons signalée dans un numéro précédent (voy. plus 
haut, page 18). D'après ce botaniste, la structure florale du Nazas s'éloigne 
assez de celle des Potamogeton, Zannichellia, Ruppia et Zostera, pour que 
ce genre doive constituer à lui seul la famille des Naiadées, les autres étant 
réservés pour celle des Potamées. On voit qu'il est d'accord avec MM. Gre- 
nier et Godron. 

M. Magnus adopte les deux sections Æ'unaias Asch. et Caulinia Willd. 


Nañadacearum italicarum conspeetus; auctore P. Magnus 
(Nuovo Giornale botanico italiano, vol. 11, n° 3, juillet 1870, pp. 1 86-189). 


Trois espèces seulement composent cette note que nous rapprochons à des- 
sein du mémoire précédent. C’est la marque heureuse de notre époque de voir 
la science se faire internationale et le même savant tracer simultanément l'étude 
de la méme famille daus des flores diverses. Cette division du travail général 
l'abrége et le rend meilleur. 

L'auteur rapporte au Vaias graminea Del. non-seulement le Caulinia 
alaganensis Poll., mais encore le N. tenuifolia Ascherson non R. Br. et 
le N. serratistipula de M. Maximowicz. 


Note sur le Siparte et sur quelques autres végétaux algériens, suscep- 
tibles d'étre utilisés dans la fabrication du papier; par M. Turrel-Wattel 
(Bulletin de la Société d'acclimatation, septembre-octobre 1871, pp. 488- 
495). 


L'Alfa (1) des Arabes (Stipa tenacissima) est depuis longtemps connu dans 
le commerce de l'Espagne, par le nom qu'on donne à sa feuille, Æsparto, d'où 


(1) Il paraîtrait que les Arabes confondent sous le nom d'Alfa plusieurs Graminées 
d'apparence et de propriétés analogues. 


REVUE B)BLIOGRAPHIQUE. 153 


les termes francais sparte et sparterie. La grande qualité de ce textile est sa 
grande ténacité, qui le rend propre au tissage de cordes grossiéres, et sa résis- 
tance à la fermentation. Aux environs de Marseille, on en tresse des paniers et 
des nattes. En Espagne, on en tapisse les murailles des chaumières, parce que 
la punaise ne se loge jamais dans les nattes faites avec ce végétal. C'est surtout 
pour l'industrie de la papeterie que les fibres de ce Stipa sont utiles. Le Times 
est imprimé sur du papier de Sparte. En 1870, l'importation du Sparte 
d'Oran en Angleterre a été de 370 000 quintaux métriques, soit de 6 à 7 
millions de francs. M. Anicet Digard a pensé que l'activité et le bien-étre 
procurés aux Arabes dela province d'Oran par cette nouvelle branche de 
travail agricole sont probablement pour beaucoup dans le calme qui a régné, 
lors de la derniére insurrection, dans cette partie de l'Algérie. 

L'auteur insiste sur la possibilité d'acclimater le Sparte dans le midi de la 
France. Il l'a cultivé sans interruption de 1844 à 1871. 


Note sur le Sparte et sur plusieurs autres végétaux algériens susceptibles 
d’être utilisés dans la fabrication du papier ; par M. Raveret-Wattel (ib:d., 
novembre 1871, pp. 571-576). 


Ce petit mémoire contient quelques renseignements à ajouter aux précé- 
dents. L'Alfa peut revenir en France à 15 ou 30 francs le quintal, prix bien 
inférieur à celui du chiffon de choix, qui dépasse souvent 50 francs. Les iudi- 
genes de la province d'Oran tirent de l'exploitation de l'Alfa un bénéfice assez 
sérieux pour qu'en 1870, plutôt que d'abandonner cette récolte, ils aient 
renoncé à couper leurs grains. 

A côté de l'Alfa il faut citer le Diss ou Drin des Arabes (Arundo festu- 
coides), qui laisse 80 pour 100 de matières utiles, particulièrement de fila- 
ments textiles ; le Chamærops humilis, qui fournit du papier à lettres glacé, 
très-élégant. Les fils qu'on retire des racines du Cham«erops sont susceptibles 
de là plus grande division, tout en étaut d’une solidité remarquable. Le Cha- 
marops se vend sur place de 4 à 5 fr. le quintal, et la pâte se vend, à l'usine 
de M. Foucault, à Alger, au prix de 20 à 22 fr. les 100 kilos. 


Mycological Illustrations, being figures and descriptions of new and 
rare Hymenomycetous Fungi ; édité par MM. W. Wilson Saunders, Wor- 
thington G. Smith et A.-W. Bennett. Part I, in-8°, Londres, chez John 
van Voorst, 1871. — Prix : 43 fr. 45. 


Les auteurs se proposent de décrire sous ce titre une série d'Hyménomy- 
cètes dessinés d’après des échantillons frais et bien développés et appartenant 
à des espèces nouvelles ou rares non encore figurées en Angleterre. Les 
planches sont lithographiées par M. W.-G. Sinith lui-même. Celles de la pre- 
mière livraison représentent les espèces suivantes : Cuntharellus radicosus 
Berk. et Br., Agaricus (Hebeloma) sinapizans Fr., Cortinarius (Myxacium) 


154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


stillatitius Fr. , Cortinarius (Trioloma) callisteus Fr., Agaricus (Pleurotus) 
corticatus Fr., Agaricus (Armillaria) mucidus Fr., Agaricus (Pleurotus) 
atro-cgruleus Fr., Agaricus (Pleurotus) lignatilis Pers. , Agaricus (Pleu- 
rotus) craspedius Fr. , Gomphidius glutinosus Fr., Agaricus (Pholiota) auri- 
vellus Batsch, Cortinarius (Phlegmacium)dibaphus Fr., Agaricus (Hebeloma) 
sinuosus Fr., Cortinarius (Phlegmacium) fulgens Fr., Agaricus (Clitocybe) 
fumosus P., Boletus: calopus Fr., Cortinarius. (Dermocybe) caninus Fr., 
Lactarius pallidus Pers., Boletus pachypus Fr. , Agaricus (Pholiota) squar- 
rosus Müll., Agaricus (Pholiota) Junonius Fr., Coprinus lagopus Fr., Aga- 
ricus (Amanita) adnatus, sp. nov., Agaricus (Hebeloma). obscurus P., 
Cortinarius (Phlegmacium) cærulescens Fr. , Agaricus (Lepiota) holosericeus 
Fr., Agaricus (Lepiota) polystictus Berk., Agaricus (Hypholoma) dispersus 
Fr., Agaricus (Hypholoma) hydrophilus Bull. 


Einige Bemerkungen zu den Folgerungen aus seinen Beo- 
bachtungen über Schwármsporen-Paarung (Quelques remarques explica- 
tives sur les conclusions tirées de ses observations sur la copulation des 
zoospores); par M. N. Pringsheim (Botanische Zeitung, 1870, n° 17, 
col. 265-272 ; traduit dans Ann. sc. nat. 5° série, t. XII, pp. 211-218). 


Nous avons fait connaitre (t. xviz, Revue, p. 36) l'important mémoire de 
M. Pringsheim sur la copulation des zoospores, mémoire qui a ouvert un 
point de vue nouveau dans la science. M. De Bary a accompagné l'analyse qu'il 
en a donnée dans le Botanische Zeitung (1870, w 6, col. 90-93) de ré- 
flexions critiques. M. De Bary ne peut accepter dans toute son étendue la 
comparaison que M. Pringsheim a admise entre les cellules sexuées femelles, . 
considérées en général dans le règne végétal, et la zoospore (Schwärmspore) du 
Pandorina et d'autres Algues analogues. Il demande en quoi consiste la res- 
semblance de ces formations différentes ; si elle est due à la présence de la 
tache germinative qui correspond à l'extrémité incolore de la zoospore. Mais 
cette tache manque aux Fucacées, aux Saprolegniées, aux Péronosporées et 
peut-étre à certaines Phanérogames. Abstraction faite de ces derniers Cham- 
pignons, ce qu'il y a de commun à toutes les cellules sexuées femelles signalées 
jusqu'ici, aussi bien qu'aux produits fertiles de la copulation de la plupart 
des Conjuguées, c'est que ce sont, au moment de la fécondation, des cellules 
primordiales dépourvues de membrane propre et libres d'adhérence à la paroi 
dela cellule-mére, ou autrement des masses plastiques isolées du système 
végétatif. En cela, toutes les cellules femelles, sans exception, imitent les 
zoospores ; mais pour la forme et la structure, elles leur ressemblent souvent 
trés-peu (Ann. sc. nat., |. c., p. 210). 

M. Pringsheim, dans son second mémoire, insiste sur les caractères que 
présente le Pandorina, et qui sont intermédiaires entre le groupe des Con- 
juguées et celui des Zoosporées. L'acte fécondateur du Pandorina montre, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 155 


dit-il, un acte copulatif dans la classe des Zoosporées. Répondant à M. De 
Bary, il fait observer que des recherches ultérieures rendront sans doute 
raison de l'absence apparente de la tache germinative dans les Saprolegnia, 
les Fucus et les Peronospora ; il suffit de songer que personne jusqu'ici ne 
s'est appliqué à la découvrir, et qu'elle n'a été observée dans les Ptéridées et 
les Muscinées que lorsqu'on s'est pris à l'y chercher. 

Quand on compare la fécondation du Pandorina avec celle de l'GEdogo- 
nium, puis les gonosphéres immobiles de ce dernier genre avec ses zoospores, 
androspores et spermatospores, il est impossible, dés qu'on sait que les gono- 
sphéres peuvent revétir la forme de zoospores, de ne pas étre trés-frappé de ce. 
qu'ici, sans nul doute, la cellule sexuée femelle est une zoospore qui a perdu 
ses cils, et que les diverses fonctions physiologiques de la génération sexuelle 
et de la multiplication asexuelle sont remplies par des formes diverses de 
zoospores. 

Ce fait acquiert plus de valeur quand on réfléchit aux modifications gradael- 
lement croissantes que subit la forme de la zoospore dans les genres voisins, 
comme celui des Vauchériées, par exemple; ces modifications sont surtout 
frappantes, si l’on compare aux zoospores ordinaires des Vaucheria celles de 
l'ancien Vaucheria marina (Derbesia des auteurs modernes). 

M. Pringsheim, allant plus loin, compare la tache germinative de la cel- 
lule femelle au rostre de la zoospore, et considère cette tache comme l'extré- 
mité radiculaire du rudiment embryonnaire, que celui-ci soit vésicule em- 
bryonnaire ou gonosphére. | 

En terminant, il déclare que le débat né entre lui et M. De Bary ne lui 
parait plus maintenant devoir porter que sur la question desavoir dans quelles 
limites il faut reconnaitre que les cellules sexuées femelles des végétaux sont 
des zoospores modifiées. 


Flora brasiliensis. 


L'œuvre gigantesque commencée sous les auspices du gouvernement brési- 
lien par M. de Martius se continue sous l'intelligente direction de M. le pro- 
fesseur Eichler. Sa Majesté l'Empereur du Brésil, à son passage en Allemagne, 
a été heureuse de constater ces progrés. 

Le fascicule 49, consacré aux Cyathéacées et Polypodiacées, était paru en 
mai 1870 (1). 1l fait suite aux Hyménophyllées et aux Fougères anomales qui 
avaient été décrites, il y a longues années, dans le méme ouvrage par Sturm. 
Il est dû à M. Baker. Au milieu de la confusion qui règne encore dans la pté- 
ridographie, on accueillera avec un vif intérét une publication qui aura une 
importance incontestable pour l'étude des Foug?res d'Amérique en général, 

(4) Par suite des événements, ce n'est qu'au mois de mai 1872 que le rédacteur de 


cette Revue a pu prendre connaissance de cet ouvrage et des suivants, que leur prix 
élevé éloigne de la plupart des bibliothèques. ' 


156 ' SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


quelque idée qu'on se forme sur l'étendue de l'espèce. Si cette dernière notion 
est assez contestée en général, elle l'est surtout peut-être par les ptérido- 
graphes, parmi lesquels M. Fée a étendu jusqu'à des limites extrêmes la dis- 
tinction des formes, tandis que les naturalistes anglais, et ce qu'on peut 
nommer à bon droit l'école de Kew, inclinent à réunir des types séparés par 
d'autres botanistes et méme par des voyageurs qui les avaient vus vivants, 
souvent sans les distinguer méme à titre de variétés. Il està regretter assu- 
rément que M. Baker n'ait pas eu sous les yeux les matériaux trés-nom- 
breux renfermés dans l'herbier de M. Fée, dont il n'a pu citer l’ Histoire 
des Fougères du Brésil, parue quelques semaines seulement avant son livre. 
Mais il est un mérite qu'on devra reconnaitre à M. Baker, c'est la recherche 
soigneuse du nom princeps, qu'on doit surtout demander aux monographes, 
et qu'on est cependant heureux de trouver chez les floristes. On lui devra 
aussi la connaissance de quelques types nouveaux, provenant principalement 
des récoltes de M. Glaziou; il est à espérer pour la science qu'ils ne font pas 
double emploi avec ceux qu'a décrits M. Fée sous d'autres noms. 

Trois sortes de planches, atteignant au total le nombre de 50, accompa- 
gnent ce livre, Les unes ont été obtenues par la méthode d'impression sur 
nature, et représentent des fragments de frondes d'un grand nombre d'especes. 
Les autres représentent fort grossis les organes de la fructification des types de 
genres ou des sections de genres ; les dernieres représentent certaines espéces 
non pour leur nouveauté, mais pour l'intérét qu'elles présentent, ou parce 
qu'elles n'avaient pas encore été figurées. — Voy. t. XVIII (Revue), p. 20. 

Le 50* fascicule, 254 pages et 66 planches, est consacré aux Swartziées et 
Césalpiniées ; il est l’œuvre de M. Bentham. Il débute par quelques additions 
aux Sophorées traitées antérieurement dans le Flora brasiliensis par le méme - 
savant. Les genres 7'ounatea et Possira d'Aublet sont réunis par M. Bentham 
dans le Swartzia Schreb., qui comprend quarante-huit espéces. Le genre 
Cassia (4), aprés de nombreuses suppressions, en retient encore cent quatre- 
vingt-neuf; le Bauhinia soixante-quatre. 

Depuis le commencement de l'année 1871, il n'a pas paru moius de six 
fascicules du Flora brasiliensis, portant les n° 51, 52, 53, 54, 55 et 56. 

Le fascicule 51, œuvre de M. Doell de Baden, commence la famille des Gra- 
minées, mais ne renferme que les petites tribus des Oryzées et des Phalaridées. 
L'auteur regarde les glumellules comme étant tantôt de nature périgoniale, 
tantôt de nature stipulaire. Le genre Oryza rentre comme section dans le 
genre Leersia. L'auteur a figuré l'O. sativa et l'O. monandra, le Coix La- 
cryma, le Zea Mays et un petit nombre d'autres Graminées plus rares. 

Le fascicule 52, outre un supplément de M. Meissner à ses Convolvulacées, 


(4) Ce genre difficile et nombreux a été l'objet d'une étude spéciale et faite à un 
point de vue général par M. Bentham, qui en a publié une monographie dans les Trans- 
actions de la Société Linnéenne de Londres pour 1869, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 157 


relatif à la géographie et aux usages, contient les Cuscutacées, par M. Progel, 
ainsi que les H vdroléacées et les Pédalinées, par M. A.-W. Bennett de Londres. 
M. Progel réclame le rang de famille pour les Cuscutacées, en se fondant sur 
la structure de leur embryon, la quantité de leur albumen et l'estivation sim- 
plement imbriquée de la corolle. Il rapporte toutes les plantes de la famille 
au seul genre Cuscuta, et donne un tableau de toutes les espèces de Cuscuta- 
cées tropicales et subtropicales. Il fait connaitre dix-huit Cuscutacées du 
Brésil, en suivant les travaux de M. Engelmann dans l'arrangement des espéces, 
comme dans la description des organes. 

Les Hydroléacées sont également maintenues par M. Bennett comme un 
ordre à part. Cinq Hydrolea et un Wigandia constituent en tout cet ordre 
dans la flore brésilienne. Les Pédalinées comptent deux genres d'une espèce 
chacun et un de trois espèces. 

Le 53° fascicule renferme les Iridées ; il est l’œuvre du docteur Klatt, de 
Hambourg, ct renferme huit planches. Il établit que les espèces connues du 
groupe montent à quatre cent soixante-dix, dont deux cent cinquante et une 
en Afrique, une centaine en Amérique, cinquante cn Asie, quarante-deux 
en Europe et douze en Australie. Il y en a cinquante-sept au Brésil, dont 
vingt et une espèces de Sisyrinchium, genre également trés-commun au 
Mexique. Le Tigridia Pavonia se rencontre dans les deux pays. 

Le fascicule 54 comprend les Escalloniées et les Cunoniacées, par M. Engler 
de Breslau, ainsi que les Connaracées et les Ampélidées, par M. Baker de Kew. 
On compte quarante-trois espèces d' Escallonia au Brésil, et presque autant 
de Weinmannia. Les trente-cinq espéces de Connaracées brésiliennes sont 
réparties en quatre genres ; les détails iconographiques qui leur sont consacrés 
remplissent sept planches. Les Ampélidées présentent trente-ciuq espèces de 
Vitis (en prenant ce genre dans le sens le plus large). 

Le 55* fascicule est tout entier dà à M. le professeur Eichler. Il contient 
les Violariées, Sauvagésiées, Bixacées, Cistacées, Canellacées. Les Bixacées 
renferment les Samydées et les Homalinées. Le genre Leonia est rangé parmi 
les Genera Violaceis affinia. Les Canellacées sont réduites au seul genre Cin- 
namodendron. Ce fascicule est accompagné de 36 planches. 

M. Rohrbach a traité dans le 56* fascicule des Tropéolées, Molluginées, 
Alsinées, Silénées, Portulacées, Ficoidées et Élatinées. Nous y trouvons des 
détails trés-importants sur la manière dont le monographe autorisé des Silene 
comprend la classe des Caryophyllinées. Il y réunit sans aucun doute les 
Nyctaginées, Amarantacées, Basellacées, Chénopodiacées, Phytolaccées; il en 
exclut les Polygonées dont l'embryon reste droit; il doute que les Cactées 
doivent y être légitimement comprises. Il étudie les discussions qui se sont 
élevées sur l'admission de diverses familles dans ce groupe. Les Mesembrian- 
themum, dont la placentation varie dans certaines espèces, l'ont toujours cen- 
trale dans l'origine, ainsi que l'avait vu Payer. La famille des Portulacées est 


158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


restreinte aux genres à calice disépale. Dans les Ficoidées, l'aufeur place le 
Mesembrianthemum, les tribus des Tétragoniées et des Aizoidées de M. Fenzl, 
ainsi que celle des Sésuviées, dont il exclut le C'ypselea (Alsinées) et le genre 
Portulaca. Les Molluginées ne renferment que les genres Orygia, Macar- 
thuria, Glinus, Mollugo, Pharnaceum, Hyperteles et Cœlanthus. Ce fasci- 
cule contient 20 planches. 


Note sur PEuphorbia resinifera Berg, suivie de quelques 
considérations sur la géographie botanique du Maroc; par M. E. Cosson (Bul- 
letin de la Société royale de botanique de Belgique, séance du 7 mai 
1871, t. x, pp. 5-12) ; tirage à part en brochure in-8° de 10 pages. 


M. Cosson trace dans cette note une description complete d'une espéce ma- 
rocaine encore peu connue, l’ Euphorbia resinifera, décrite par Berg et 
Schmidt dans les Offizinalischen Gewüchse, tab. 34 d, f, m — x, et signalée 
sous le nom d' E. officinarum? par Jackson dans An account of the empire 
of Marocco. Il a pu en examiner un échantillon vivant dans les serres de Kew 
et en trouver des fragments à Bruxelles dans la riche collection de produits 
végétaux qui forme le complément pratique de l'herbier de Martius, et à 
Anvers dans l'herbier de M. Van Heurck. 

L'E. resinifera, par ses rameaux charnus à quatre angles, par les coussi- 
nets confluents avec les angles des rameaux, par l'absence des feuilles cauli- 
naires, par ses épines stipulaires-géminées, par les graines dépourvues de 
caroncule, etc. , appartientà la section Diacanthium Boiss. in DC. Prodr. XV, 
sect. II, 78, groupe des braculatæ, où il doit être placé à côté de P'E. cana- 
riensis L. Cette plante indique une affinité évidente entre la flore du Maroc 
méridional et celle des Canaries, affinité en outre démontrée par la coexistence 
dans les deux pays d'un groupe notable d'espèces, et de plantes voisines qui 
paraissent se représenter mutuellement dans chacun d'eux. Quelques-unes 
des plantes du premier groupe n'ont encore été observées qu'au Maroc et aux 
Canaries. On pourrait tirer de ces faits la conclusion que la végétation des 
Canaries ne constitue pas un type aussi à part que l'on pouvait le croire avant 
ces dernières explorations. 

Il est probable que le dernier voyage exécuté au Maroc par MM. J. Hooker 


et J. Ball, fournirait dé nouveaux arguments à l'opinion exposée par 
M. Cosson. " 


Die Bewegung des Blüthenstieles von Alisma (Le mouve- 
ment de la tige florale de l'Alisma); par M. Fr. Müller (Jenaische Zeit- 
schrift, t. v, 2° partie, pp. 153-157); tirage à part en brochure de cinq 
pages. 

L'auteur a fait quelques recherches sur la nutation de la hampe de l’ A lisma 
macrophyllum, cas particulier non décrit encore des phénomènes de nuta- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 159 


tion présentés assez communément par les axes qui s'allongent par leurs 
extrémités. | 

Le genre Alisma a encore offert à M. Clos le sujet d'observations résumées 
dans les Comptes rendus, 1870, 4° semestre, p. 1416. Cette note n'est guère 
que le sommaire de celle qui a paru dans le Bulletin de la Société, t. xvii, 
p. 279. 


Ueber die « Gemination » im Blüthenstande der Alis- 
maceen (Sur la « gémination. » dans l'inflorescence des Alismacées); 
par M. F. Bucbenau (Botanische Zeitung, 1871, n° 2, col. 17-22). 


Dans cette note, M. Buchenau critique vivement le terme de gémination 
employé par M. Clos dans le travail que nous venons de citer, et dont M. Clos 
ne s'est peut-étre servi que pour désigner l'aspect extérieur du phénoméne, 
qu'il rapporte lui-même à un excès de contraction des entre-nœuds de sépa- 
ration de ces verticilles. 

M. Buchenau regarde comme établi par la morphologie comparée et par 
l'organogénie, que les rameaux rapprochés et inégalement développés que 
l'on observe dans l'inflorescence des Alismacées appartiennent à des axes de 
degrés différents. 


Nachtrüge zu den im ersten und zweiten Bande dieser Abhandlungen 
veróffentlichten kritischen Zusammenstellungen der bis jetzt beschriebenen 
Butomaceen, Alismaceen und Juncagineen (Additions aux comparaisons 
critiques publiées dans le premier et le deuxième volume de ces Abhand- 
lungen pour les Butomées, Alismacées et Juncaginées connues jusqu'à 
ce jour); par M. Fr. Buchenau (Abhandlungen hersgg. vom naturwis- 
senschaftlichen Vereine zu Bremen, t. 11, 3° partie, pp. 481-503). 
Bréme, 1871. 


Nous renvoyons à un article publié dans la Revue, t. xvi, p. 148, pour les 
travaux antérieurs de M. Buchenau. Dans le mémoire que nous analysons main- 
tenant, ce savant passe en revue successivement les trois familles dont il a fait 
l'objet spécial de ses études, et renvoie, page par page, à son mémoire anté- 
rieur qu'il annote au sujet de chaque espéce. Les récoltes nouvellement faites 
par M. Schweinfurth eu Abyssinie sont pour beaucoup dans les additions faites 
par M. Buchenau. Il trace un conspectus nouveau des espèces du genre Tri- 
glochin. Enfin il donne le catalogue complet de toutes les Butomées, Alis- 
macées et Juncaginées admises par lui. 

Aprés ce travail vient une deuxième addition, datée du 4% avril 1871, 
nécessitée par la publication de la deuxième partie (1870) des //ustrations de 
la flore de l Archipel indien de M. Miquel. 


160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Chlorodictyon, elt nyit slagte of Caulerpeernes grupp 
(Le Chlorodictyon, nouveau genre du groupe des Caulerpées) ; par M. J. 
Agardh (ibid., n° 5, pp. h27-h3h, avec une planche). 


Cette Algue a été observée dans l'herbier de M. J.-E. Gray, sans aucune 
indication d'origine. En voici les caractères principaux : « Frons caule teretius- 
culo prostrato hic illic verrucis prominentibus radicante, foliisque ambitu 
definitis stipitatis, lamina tota fenestratis, a caule provenientibus, aut prolifi- 
cationum ad instar a folii parte læta excrescentibus constans, tota unicellu- 
laris, intra membranam crassam, fibris dense intertextis constitutam, massam 
granulosam fibris adhærentem fovens. Substantia Caulerpæ cujusdam tenax ; 
color totius ex viridi lutescens. — Ch. foliosum J. Ag. » 


Ueber Lieschkolben der Vorwelt (Sur les Typha du temps 
passé) ; par M. Unger (Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissen- 


schaften, Math.-natur. Classe, janvier 1870, pp. 94-116, avec trois 
planches). 


Daus son historique, le professeur que l'on a perdu dans de si tristes cir- 
constances (et dont la carrière a été depuis racontée avec éloges par M. Leitgeb 
dans le Botanische Zeitung, 1870, n° 16), a commencé par réunir au genre 
Typha un certain nombre d'échantillons fossiles qui avaient été attribués à 
des Graminées. Pour prouver qu'il est dans le vrai, et pour justifier ses com- 
paraisons, il trace la structure anatomique d'espèces vivantes de Typha ; c'est 
seulement aprés cette exposition, faite sur le 7. angustifolia et le T. latifolia, 
qu'il trace le synopsis des Typhacées fossiles, qui sont au nombre de quatre 


Typha et de sept Sparganium. Ces fossiles proviennent pour la plupart du 
terrain miocéne, 


Bidrag til Kundskab om Valdnódplauterne (Recherches sur 
les Juglandées) ; par M. A.-S. OErsted ( Videnskabelige Meddlelser fra den 


naturhistoriske Forening i Kjobenhavn, 1810, pp. 159-174, avec deux 
planches). 


Tandis que le Juglans et le Carya ont les cotylédons épais, charnus, 
sinués, restant pendant la germination inclus dans le péricarpe, et étant par 
conséquent hypogés, le Pterocarya, au contraire, en a de foliacés et irrégu- 
lièrement plissés dans la graine, qui, pendant la germination, deviennent 
épigés, verts et divisés en quatre lobes. Les épis femelles apparaissent chez le 
Pterocarya dans l'été qui précéde leur épanouissement, de méme que les 
épis mâles. 

La seconde partie du mémoire de M. OErsted contient des renseignements 
sur une Juglandée qu'il a découverte dans l'Amérique centrale, et qui offre 
de l'intérêt en ce que les espèces avec lesquelles elle a la plus grande affinité 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 161 


appartiennent à l'Engelhardtia, genre indien. Telle est en effet l'affinité 
reconnue par M. Casimir De Candolle. Mais M. OErsted soutient, en se fondant 
sur les détails d'une analyse délicate, que l'arbre américain doit constituer un 
genre particulier, qu'il nomme Oreamunoa. Il divise les Juglandées en En- 
gelhardtiées (Pterocarya, Engelhardtia, Oreamunoa); Juglandées propre- 
ment dites (Juglans, Carya), et Platycaryées (Platycarya). 

L'apparition de l’Oreamunoa, type asiatique, dans l'Amérique centrale, 
parait à l'auteur devoir étre expliquée par ce fait que les Juglandées étaient 
trés-répandues à l'époque miocéne, principalement en Europe, d'oü elles ont 
maintenant complétement disparu ; l'Amérique et l'Asie ont reçu de la même 
source commune, c'est-à-dire de l'Europe, qui a formé un seul continent avec 
l'Amérique, les espèces mères des formes de Juglandées qu'elles renferment 
encore aujourd'hui. 


Der centralamerikanske Ambatræ (Copalme de l'Amérique 
centrale); par M. A.-S. Okrsted ( Videnskabelige Meddelelser fra den na- 
turistoriske Forening i Kjobenhavn, 1870, pp. 150-158). 


Le Liquidambar macrophylla OErst. a été déjà signalé par M. OErsted, 
dans sa belle publication intitulée l' Amérique centrale. L'auteur donne ici la 
diagnose de cette espèce, que nous reproduisons : « L. foliis 10 pollices longis, 
lobis e basi ovata longe acuminatis, nervis mediis loborum infimorum liberis, 
stipulis oblongis, ala seminis dimidiam totius seminis partem æquante, cotyle- 
donibus lineari-ovalibus. » 

Le Liquidambar styraciflua L. présente les caractères suivants : « foliis 5-6 
pollices longis, lobis breviter acuminatis, nervis mediis loborum infimorum 
cum nervis mediis loborum vicinorum inferne connatis, stipulis ovatis, ala 
seminis tertiam v. quartam totius seminis partem æquante, cotyledonibus 
ovalibus. » 

M. OErsted donne en outre quelques détails sur l'orographie et la végétation 
de la province de Ségovie (Nicaragua), d’où provient cette espèce. 


Grundlage eines Systemes der Pyrenomyceten (Principes 
fondamentaux d'un Systema des Pyrénomycètes) ; par M. Th. Nitschke 
(Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rhein- 
lande und Westphalens, 1869, 26° année, 2° partie, Correspondenzblatt, 
n° 2, pp. 70-77). 


Dans la communication que nous signalons, et qui a été faite à la vingt- 
sixième réunion générale de la Société d’histoire naturelle pour la Prusse 
rhénane et la Westphalie, M. Nitschke établit un Systema complet quant 
aux divisions supérieures de la classe. Il s’en réfère d'abord au Selecta Fun- 
gorum Carpologia ; il n'y a maintenant pour les mycologues qu'à mettre en 
œuvre, pour l'élaboration ultérieure d’une classification, les résultats obtenus 

T. XVIII. | (REVUE) 11 


162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sur le développement et sur la structure du fruit des Pyrénomycétes, par 
MM. Tulasne et par les naturalistes travaillant dans la méme voie. Cependant 
M. Nitschke s'éloigne, par quelques différences dans le détail, du plan suivi par 
les savants mycologues francais. La connaissance d'un nombre de types beau- 
coup plus considérable l'a engagé à multiplier les genres. Les données organo- 
géniques étant encore incomplètes, et même le polymorphisme des fruits étant 
encore à constater pour up grand nombre de tvpes, on ne peut établir, dans 
l'état actuel de la science, qu'un systéme qui, bien fondé sur la morphologie, 
ne répugne pas aux faits connus d'organogénie. 

Les familles reconnues par M. Nitschke dans les Pyrénomycétes sont au 
nombre de douze, qu'il caractérise par une courte diagnose. Nous croyons 
suffisant de les mentionner avec leur numéro d'ordre, certains que les myco- 
logues les reconnaitront toujours; ce sont les suivantes: 1. Hypocreaceæ. 
2. Nectriaceæ. 3. Xylarieæ. 4. Dothideacez. 5. Diatrypeæ. 6. Valsaceæ. 
1. Cœlosporeæ. 8. Massarieæ. 9. Sphæriaceæ. 10. Pleosporcæ, 11. Sphærel- 
laceæ. 12. Perisporiaceæ. 

Les Sphæriaceæ sont divisées par M. Nitschke en Sphærieæ, Hemisphærieæ, 
Ceratostomeæ, Gnomonieæ et Lophiostomeæ. 

Dans un essai de classification parallèle, il dispose ces types en trois séries 
de la manière suivante : | 


Hypocreaceæ. .,.,.,, Nectriaceæ, 
Sphærieæ ...., Hemisp hærieæ. 
erret nomonieæ. 
Ceratostomeæ. . Lophi 
ophiostomeæ. 
Dothideaceæ .,....., Perisporiaceæ...... ..  Sphærellaceæ. 
Diatrypeæ ... ( : 
Cœlosporeæ . ?...... | Passariacen 
Valsaceæ ... porem. 


Pyrenomycetes germanici; par M. Th. Nitschke, t. 1 Breslau, 
1869-70. 


Les deux premières livraisons publiées de cet ouvrage ne renferment que le 
commencement de la sous-famille des Valsées, subdivisée comme il suit par 
l’auteur : i 

4. Anthostoma Nitschke : Sporæ octonæ, monostichæ, unicellulares, ni- 
gricantes. Paraphyses filiformes. —2. Valsa Fries emend. — 3. Diaporthe 
Nitschke : Sporæ octonæ, distiche v. monostichæ, 2-4-6-cellulares, fusi- 
formes v. ovatæ, hyalinæ v. nigricantes. Paraphyses nullæ. — 4. Tyridium 
Nitschke : Sporæ octonæ, monostichæ, muriformi-multicellulares nigricantes, 
paraphyses filiformes. — Le genre Valsa comprend 102 espèces partagées en 
cinq sous-genres, Le genre Diaporthe n'est pas terminé. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 163 


Les Mélastomacées ; par M. J. Triana (Transactions of the Linnean 
Society of London, vol. xxvii). 1 vol. in-4° de 188 pages, avec 7 planches 
lithographiées. Londres, 1871. 


Nos confréres ont déjà trouvé dans les publications de la Société (Actes du 
congrés international de botanique, 1867), un tableau indiquant les prin- 
cipes adoptés par M. Triana dans ses travaux sur les Mélastomacées, et suivis 
depuis par MM. Bentham et Hooker dans leur Genera plantarum. M. Triana 
les a appliqués à une monographie complète de la famille qui a recu de la 
Société de physique et d'histoire naturelle de Genève le prix quiuquennal 
fondé par A.-P. De Candolle pour la meilleure monographie d'un genre ou 
d'une famille de plantes. Son ouvrage a été présenté à la Société Linnéenne de 
Londres le 21 mars 1867. | 

M. Triana a fait une étude aussi complète que possible des Mélastomacées, 
d’après les matériaux renfermés dans presque tous les herbiers européens, 
publics ou particuliers. 

Cette famille, considérée dans sa plus large acception, doit, suivant lui, 
comprendre les Mémécylées et les Mouririées ; ces deux derniers groupes, 
par leurs graines définies à cotylédons charnus, leurs feuilles uninerviées, 
inclinent, il est vrai, vers lès Myrtacées. Cependant par leurs étamines définies, 
leurs anthéres s'ouvrant primitivement par des pores, leur connectif épais 
et légèrement prolongé en arrière, leur ovaire libre et leurs feuilles non ponc- 
tuées, ces mêmes plantes se relient étroitement à l'ensemble des Mélasto- 
macées. Les Mouririées, particuliérement, avec leur ovaire le plus souvent 
pluriloculaire, leur calice et leurs pétales, touchent de plus près aux Mélasto- 
macées par l'intermédiaire des Pyxidanthées, tandis que les Mémécylées se 
rapprochent davantage des M yrtacées.. 

Les Mélastomacées ont été divisées par M. Triana en trois groupes, d'apres 
leur placentation : 

4 Les Mélastomacées proprement dites, dont le placenta, après avoir gagné 
l'axe des ovaires, se replie dans chacune des loges en s'y élargissant, et porte 
de nombreux ovules. Elles peuvent se ranger, d’après l'organisation du fruit, 
indéhiscent ou capsulaire, en deux grandes catégories. 

2» Les Astroniées, munies d'un placenta limité aux parois des loges, vers 
la base de l'ovaire, plus ou moins éloigné de l'axe, et chargé aussi de nom- 
breux ovules. 

3° Les Mouririées et Mémécylées, dont le placenta, situé au centre d'une 
loge unique (Mémécylées) ou partagé souvent par des cloisons (Mouririées), 
porte des ovules définis, qui deviennent des graines à cotylédons charnus, 
comme chez les Myrtacées. 

Les considérations générales dans lesquelles M. Triana expose ces détails 
ét d'autres sont suivies dé remarques sur la nomenclature des genres. Vient 


46h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ensuite la monographie proprement dite, dans laquelle l’auteur ne décrit que 
les espèces nouvelles, provenant pour la plupart de la Nouvelle-Grenade, des 
exsiccata de M. Spruce, de Madagascar, du Mexique, etc. L'explication des 
planches est accompagnée de notes intéressantes sur les genres de chaque 
tribu, qui permettent de suivre l'enchainement de leurs caractéres. 


Asplenium schizodon Moore, n. sp. (Gardeners' Chronicle, 1874, 
p. 1004). 


Cette Fougère provient des récoltes faites par M. J.-G. Veitch dans la Nou- 
velle-Calédonie. Elle est figurée dans le Gardeners’ Chronicle. Nous en repro- 
duisons la description : 

« Frondes pinnatæ, coriaceæ, glabræ, late oblongæ ; pinnae (circiter 3-jusæ, 
imparijugæ), alterne, 3" longæ, 3" latae, obtuse, inæqualiter cuneata, saepe 
basi auriculatæ, in pedicellum distinctum angustata, secus marginem duplo- 
denticulatæ, præsertim juxta late rotundum et sape truncatum ac dilatatum 
apicem, qui profunde et inæqualiter incisus, dentibus vulgo bifidis; sori 
numerosi angusti, lineares, a costa marginem fere attingentes, leviter curvati 
secus nervos uni-furcatos, pressi, ideoque passim diplazioidei vel. scolopen- 
drioidei ; - caudex decumbens, squamis atris acuminatis instructus, stipite 
semitereti, antice sulcatus. » 


Pandorea austro-caledonica Seem. (Gardeners’ Chronicle, 1870, 
n° 33, p. 1085). 


Cette Bignoniacée grimpante a été recueillie par M. Vieillard (n° 1002) à 
la Nouvelle-Calédonie, et par MM. Milne et Mac Gillivray dans l'ile Howe; 
elle a été introduite en Angleterre par M. W. Bull. Cette. plante. est le. 7e- 
coma austro-caledonica Bur. Bull. Soc. bot., 1862. 


Observations sur le genre Lis (Lilium Tourn.), à propos du 
Catalogue de la collection de ces plantes qui a été formée par M. . Max 
Leichtlin, de Carlsruhe ; par M. P. Duchartre (extrait du Journal de la 
Société centrale d'horticulture de France, 2° série, t. Iv et v, 1870-1874, 
passim); tirage à part en brochure in-8* de 142 pages. Paris, impr. 
E. Donnaud. 


M. Duchartre produit d'abord le catalogue que lui a communiqué M. Leich- 
tlin. 1l l'accompagne de détails surtout historiques ayant pour but de montrer 
l'accroissement graduel des connaissances botaniques sur le genre Lilium. 1l 
en déduit comme conséquence un apercu de la distribution géographique des 
espèces de ce genre à la surface du globe; dans cet aperçu chaque espèce est 
décrite ou signalée dans l'ordre des régions où elle se trouve, et d’après 

l'époque à laquelle elle a été trouvée. Parmi elles se trouvent le Lilium punc- 
tatum Jacquem. spec. ined. in Herb. Mus. paris. et le L. Humboldtii Rel 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 105 


et Leichtl. in litt., de la Sierra Nevada de Californie. Quelques-unes de ces 
espèces possèdent une organisation fort remarquable, entre autres les Lilium 
Humboldtii et Washingtonianum, dont les bulbes s'enfoncent de plus en plus 
dans le sol en s'accroissant. Le L. Washingtonianum possède un rhizome- 
bulbe, dans lequel le développement s'opère par une extrémité, et qui est 
recouvert d'écailles de bulbe (1). 

Chacun des articles consacrés à chaque espèce de Lis par M. Duchartre 
offre sur l'origine, les caractéres et la synonymie de cette espéce les rensei- 
gnements, les détails les plus importants pour les botanistes autant que pour 
l'horticulteur, et que l'on ne trouverait réunis nulle part. 

M. Duchartre consigne ensuite dans son mémoire quelques renseignements 
précieux sur la culture des Lis. M. Leichtlin a remarqué que les Lis ne peu- 
vent pas souffrir que le sol où ils se trouvent soit réchauffé par les rayon 
directs du soleil; les Lis en effet croissent généralement dans des endroits 
couverts d'herbe où le soleil ne peut atteindre la terre méme. 

M. Duchartre a eu l'occasion d'apprécier, dans les considérations qui ter- 
minent ce travail, la manière dont l'espèce est diversement conçue par les 
botanistes descripteurs. La tradition Linnéenne, suivie comme règle, à quel- 
ques modifications prés, par la généralité des botanistes, a vu toujours une 
espèce végétale dans l'ensemble des individus entre lesquels la similitude des 
caractères est assez nette et assez prononcée pour pouvoir être exprimée, sans 
confusion facile avec d'autres, par une phrase courte appelée diagnose. L'école 
nouvelle qui, dans le cours des cinquante derniéres années, a pris naissance 
en Allemagne, et qui est arrivée en France au développement complet de ses 
doctrines, a proclamé comme autant d'espéces une multitude de formes dont 
rien jusqu'ici n'a démontré la fixité, qui d'ailleurs ne diffèrent entre elles que 
par des nuances à peine saisissables. L'école de la subdivision presque illimitée 
des espèces a fait naître celle de la jonction des types, qui en est le contraire, 
école qui fleurit surtout en Angleterre, et dont M. J.-G. Baker est un des 
représentants les plus distingués. Cette école ne tient aucun compte des diffé- 
rences de distribution géographique dans l'appréciation de la valeur spécifique 
des types. Quelque arbitraire que soit aujourd'hui la délimitation de l'espéce, 
M. Duchartre regrette que M. Baker n'ait pas toujours conservé une sorte de 
commune mesure pour la valeur des espèces qu'il admet. 

M. Duchartre a communiqué à l'Académie des sciences de Paris, dans sa 
séance du 8 mai 1874, une Note sur l'état actuel de nos connaissances rela- 
tivement au genre Lis, et sur la distribution géographique des espèces qui 
le composent. Cette note peut étre considérée comme un résumé de la publi- 
cation précédente. Nous en tirons celte remarque importante, c'est que Spae, 
dont le travail date de 1847, admettait seulement quarante-quatre espéces 


(4) La méme disposition s'observe, comme on sait, chez certaines Tulipes. 


166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


(qui devraient étre réduites à trente-neuf ou au plus à quarante), tandis que 
M. Duchartre a pu en relever soixante-huit, malgré la suppression d'un certain 
nombre d'entre elles qui avaient été proposées comme des types spécifiques 
distincts et qui lui ont semblé devoir étre abaissées au rang de simples va- 
riétés. M. Baker ne reconnait que trente-deux espéces de Lilium. 

Il résulte de cette étude que le genre Lis a une disposition géographique 
trés-remarquable. Il appartient exclusivement à l'hémisphère boréal, ou méme 
n'atteint pas le tropique du cancer, si ce n'est sur de grandes chaînes de 
montagnes ; les Lis ne sont donc jamais des plantes de serre chaude ; ceux 
d'entre eux qui sont le plus sensibles au froid n'ont besoin, pendant nos 
hivers, que d'étre abrités contre la gelée. 


Das Gesehlecht der Lilien (Le genre des Lis); par M. Karl Koch 
(Wochenschrift für Gärtnerei und Pflanzenkunde, 30 juillet-27 août 
1870). 


M. K. Koch isole d'abord, à l'exemple d'Endlicher, sous le nom de Car- 
diocrinon, le petit sous-genre constitué par le Lilium cordifolium Thunb. 
et le Z. giganteum Wall. Pour le reste, sa classification diffère de celle d'End- 
licher principalement en ce qu'il supprime le sous-genre Amblirion ou No- 
tholirion, et n'admet que trois groupes dont deux mémes ne sont pas désigués 
par un nom particulier. Le nombre d'espéces dont s'occupe M. Koch dans ce 
travail est de quarante-quatre ; en note, il signale un certain nombre d'autres 
espèces incomplétement connues, dont la plupart lui ont été indiquées par le 
catalogue de la collection de M. Leichtlin, qui a servi de point de départ aux 
Observations de M. Duchartre. Il discute un grand nombre de points de syno- 
nymie sur lesquels il est loin d'étre d'accord avec M. Baker. 


A. new Synopsis of all the known Lilies (Synopsis nouveau de 
tous les Lis connus); par M. J.-G. Baker (Gardeners' Chronicle, 1871). 


Ce travail a paru divisé en dix parties dans autant de numéros du Garde- 
ners’ Chronicle en 1871. La première est du 28 janvier 1871. Comme il 
l'avait fait auparavant pour le genre Narcissus, M. Baker a tracé la descrip- 
tion de trente-deux espèces de Lilium, en faisant connaître les synonymes 
qu'il reconnait et tous les détails que l'on donne ordinairement dans les 
travaux monographiques. Ces trente-deux espéces sont réparties par lui dans 
deux sous-genres, Nofholirion et Lilium proprement dit. Au sous-genre 
Notholirion appartiennent les espèces suivantes : 

Lilium roseum Wall. (tige forte, 20-30 feuilles, serrées à la base de la 
tige); Z. Hookeri Baker (tige mince, 6-8 feuilles, éparses sur la tige). 

Le sous-genre Lilium est partagé en quatre groupes : 

EULIRION : Filaments subparallèles ; segments de la fleur élargis au-dessus 
du milieu, réfléchis seulement vers le sommet; fleur en entonnoir : — L. cor- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ` 167 


difolium Thunb., L. longifolium Thunb., L. japonicum Thunb., L, nepa- 
lense Don, L. candidum L., L. Washingtonianum Kellogg. 

ARCHELIRION : Filaments trés-divergents ; segments non dressés, ovales- 
lancéolés, réfléchis à une trés-faible hauteur; fleur ouverte : — Z. tigrinum 
Gawl., Z. speciosum Thunb., L. auratum Lindl. 

ISOLIRION : Filaments modérément divergents; segments dressés, élargis 
au milieu, étalés seulement dans la moitié supérieure; fleur dressée : — 
L. philadelphicum L., L. medeoloides Asa Gray, L. Catesbei Walt., L. bul- 
biferum L., L. pulchellum Fisch. et Mey., L. concolor Salisb., L. lanci- 
folium Thunb. l ` 

MARTAGON : Filaments très-divergents ; segments lancéolés, réfléchis 
une très-faible hauteur : — Z. Martagon L. (4), L. maculatum Thunb., 
L. canadense L., L. monadelphum Bieb., L. carniolicum Bernh., L. ponti- 
cum C. Koch, L. polyphyllum Don, L. chalcedonicum L., L. pyrenaicum 
Gouan, L. callosum S. et Z., L. testaceum Lindl, , L. Leichtlinii Hook. f., 
L. pomponium L. et L. tenuifolium Fisch. 

Le mémoire est terminé par un index. M. Baker désirerait avoir des dessins 
ou mieux des échantillons des espèces suivantes, qu’il ne connaît pas, savoir : 
Lilium abchasicum, alternans, californicum, Jeffersoni, lilacinum, pini- 
folium, puniceum, pygmæum et Sieboldii. 


Su di un ramo mostruoso della Opuntia fulvispina ; 
par M. G.-A. Pasquale (extrait des Atti della R. Accademia delle 
scienze fisiche e matematiche, vol. v) ; tirage à part en brochure in-4° de 
7 pages, avec une planche. Naples, 1871. 


Ce mémoire a été lu le 12 août 1871. La monstruosité qui y est décrite 
consiste en ce que les fascicules d'épines dorées qui naissent sur les rameaux 
dilatés en phyllodes de l'Opuntia fulvispina étaient remplacés par des ra- 
meaux semblables par leur nature, mais beaucoup plus petits, formant une 
infinité d'articles obovales appendus de tous cótés à la surface du rameau nor- 
mal de l'Üpuntia. Quelques-uns de ces rameaux secondaires anomaux don- 
naient eux-mêmes naissance à des rameaux tertiaires (acini), portant ceux-ci 
des fascicules d'épines. L'auteur a fait un examen histologique de la constitu- 
tion anatomique de cet échantillon monstrueux. 


Notice sur le Cytfisus purpureo-Laburnum ou Cy- 
tisus Adami Poit., suivie de quelques considérations sur l'hybridité et 
la disjonction végétale ; par M. Éd. Morren. Brochure in-8° de 16 pages, 
avec deux planches, impr. C. Annoot Braeckman, 1871. 


Le Cytisus Adami est apparu en 1825 chez M. Jean-Louis Adam, pépi- 


(1) Une monstruosité remarquable du Lilium Martagon a été décrite par M. Adelbert 
Geheeb, dans le Botanische Zeitung, 1871, col. 686. La tige était fasciée, et portait 
environ 65 fleurs, les 10 à 12 supérieures unisexuées et mâles. 


è 


108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


niériste à Vitry, prés Paris, de greffes du Cytisus purpureus 'sur le Cytisus 
Laburnum (voyez Ann. Soc. hort. Paris, Vil, p. 93 ; x, p. 11 ; xui, p. 196; 
XXII, p. 5 ; XXVII, p. 15 et 139; xxxvii, p. 382; Bulletin de la Société 
d'hort. de Rouen, 1831, n° 5; Bot. Reg. xxut, pl. 1965). M. Morren le 
considère cependant comme un véritable hybride avec beaucoup d'auteurs ; il 
combat la théorie des hybrides obtenus par la greffe soutenue par M. Caspary, 
à propos du Cytisus Adami, et généralisée par M. Hildebrand. Il cite d'ail- 
leurs des exemples de disjonction assez nombreux (Citrus, Pommes, Poires, 
Lilas Varin donnant des fleurs de Lilas de Perse et de Lilas d'Orient, Mona- 
chanthus etautres Orchidées). 

M. Morren demande en terminant s'il ya dans le phénoméne de disjonction 
quelque argument à invoquer pour ou contre la théorie Darwinienne. 


Contributions to Botany, vol. 111; par M. John Miers. In-4° de 


402 pages, avec 66 planches lithographiées. Londres, chez William et Nor- 
gate, 1871. 


Ce volume est consacré à une monographie compléte de la famille des 
Ménispermacées, sur laquelle M. Miers avait publié antérieurement, dans les 
Annals and Magazine of natural History, des travaux qui ont été analysés 
dans cette Revue il y a plusieurs années. 

Nous ne reviendrons pas en conséquence sur la méthode de l'auteur. 
M. Miers limite le genre autrement qu'on ne l'a fait dans d'autres travaux ; 
nous ne pouvons qu'inviter le lecteur désireux de s'instruire à comparer sa 
méthode avec celle qu'ont suivie MM. Bentham et Hooker dans leur Genera 
plantarum. M. Miers a eu pour but principal de rapprocher les types qui se 
ressemblent, abstraction faite de tout système préconçu ; il n'est que trop 
vrai que, dans bien des cas, le système doit céder le pas au fait. 

L'auteur présente dans son livre des remarques importantes sur la struc- 
ture spéciale du bois, sur la simplicité de la structure florale, l'arrangement 
des diverses parties de la fleur, les curieuses combinaisons de l'androcée, la 
nature complexe de la graine, qui chez les Ménispermacées offrent un grand 
intérét. Comme exemples de la simplicité de structure florale de cette famille, 
nous pouvons en effet citer la fleur de l'An/izoma, avec les deux pétales placés 
immédiatement au-dessus des deux sépales, et celle encore plus simple du 
Cyclea, dans laquelle il n’y a qu'un sépale, un pétale au devant du sépale, et 
dans le centre un seul carpelle. L'unisexualité des fleurs est, comme on le pense 
bien, une difficulté de plus, et une grande, dans l'étude de cette famille. 


Flora of tropical Africa; par M. D. Oliver. Vol. 11, in-8° de 
613 pages. Londres, chez Lovell Reeve et Ci, 


On sait que le plan de cet ouvrage est le méme que celui qui a été adopté 
en Angleterre pour la Flore d'Australie et pour celle de Hong-Kong. Le 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 169 


deuxième volume renferme la description (en anglais) des Légumineuses, 
Rosacées, Myrtacées, Cucurbitacées et autres familles moins importantes. 
M. Oliver a monographié lui-méme les Césalpiniées, les Mimosées, les Rosa- 
cées, les Saxifragées et quelques autres petits groupes; M. Baker, les Papi- 
lionacées; M. Brettin, les Crassulacées ; M. Lawson, les Myrtacées et les 
Combrétacées; M. J. Hooker, les Mélastomacées, les Cucurbitacées et les 
Bégoniacées ; M. Masters, les Samydées, les Passiflorées et les familles voi- 
sines ; M. Hiera, les Lythrariées, etc. , 

Le nombre total des espèces décrites dans ce volume peut être estimé à 
plus de 1300, dont une grande quantité sont particuliéres à l'Afrique, notam- 
ment la plus grande partie des Combretum, des Melastoma, des Begonia et des 
Cucurbitacées, et presque toutes les espéces des Samydées, Turnéracées et 
Passiflorées. Au contraire les Onagrariées et le genre Desmodium offrent des 
exemples d'une dispersion très-générale. Les espèces à zone étendue se retrou- 
vent dans l'Inde, dans la péninsule de Malacca et dans l'Australie septen- 
trionale. Il est encore un petit groupe d'espéces commun à l'Afrique tropicale 
et au cap de Bonne-Espérance ; rares sont celles qu'on retrouve dans les An- 
tilles ou dans le continent de l'Amérique tropicale. On retrouve encore dans 
la Flore quelques types de la région méditerranéenne, et les montagnes de 
l'Abyssinie fournissent quelques-uns de ceux de l'Europe tempérée. Il est à 
remarquer que dans les Passiflorées, par exemple, les types spéciaux à la flore 
africaine présentent une structure d'un grand intérét, fort différente de la 
structure propre aux Passiflorées des autres régions du globe. 

Les collections rassemblées par M. Welwitsch ont formé la base de cette 
flore comme pour le précédent volume ; d'autant qu'elles étaient accompagnées 
de notes de la plus grande importance. Il convient de citer aussi les collections 
de MM. Barter, Mann, Kirk, Speke et Grant, etc. 

Il paraît que les récoltes de ces deux derniers collecteurs doivent former 
prochainement le sujet d'une publication illustrée. 


Ferns of Lord Howe's Island (Fougères de l'ile de Lord Howe) ; 
par M. J.-G. Baker (Gardeners' Chronicle, 1872, pp. 252-253). 


Ces plantes ont été recueillies par M. W. Carron. M. Buker a reconnu 
parmi les Fougères deux espèces nouvelles, qui sont les suivantes : 

Hemitelia (Amphicosmia) Moorei Bak. -— Frondibus amplis oblongo- 
lanceolatis decompositis (quadripinnatifidis), supra viridibus glabris, subtus 
ad costas segmentorum paleis parvis bullatis albidis membranaceis instructis ; 
rhachibus dorso angulatis dense adpresse ferrugineo- pubescentibus, facie 
complanatis minute furfuraceo-paleaceis ; pinnis oblongo-lanceolatis distincte 
petiolatis ; pinnulis lanceolatis sessilibus ; segmentis tertiariis ligulato-lanceo- 
latis profunde pinnatifidis lobis lanceolatis revolutis, venis liberis in segmentis 
tertiariis pinnatis, venulis inferioribus furcatis superioribus solitariis ; soris ad 


170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


segmenta tertiaria 5-juga prope costas uniseriatis ; involucro parvo unilatera- 
liter cupuliformi, receptaculo doleolato crinito. — Cette espèce est dédiée à 
M. Ch. Moore, directeur du Jardin botanique de Sydney. 

Deparia nephrodioides Bak. — Frondibus deltoideis decompositis viridi- 
bus membranaceis utrinque glabris nullo modo paleaceis; rhachibus pubes- 
centibus haud paleaceis; pinnis deltoideis inferioribus longe petiolatis ; pin- 
nulis deltoideis confertis, margine superiore cum rhachi parallelo inferiore 
cuneato-truncato ; segmentis ultimis obtusis pinnatifidis; venis liberis, soris 
sessilibus. 

Les quatre autres espéces de ce genre sont de l'Amérique tropicale, excepté 
le Deparia (Cionidium) Moorei, de la Nouvelle-Calédonie. Mais quoiqu'il 
ait adopté ce genre dans le Synopsis Filicum, M. Baker pense qu'il serait 
mieux de le considérer comme une simple section du genre Dicksonia. 


Documenti biografici di Giovanni Gussone, botanico na- 
politano, tratti dalle sue opere e specialmente dal suo erbario ; par M. G.-A. 
Pasquale (extrait des Atti dell’ Accademia Pontaniana, vol. X) ; tirage à 
part en brochure in-4° de 56 pages. 


G. Gussone naquit le 8 février 1787, à Villamaina, dans la Principauté ulté- 
rieure, et prit à Naples ses grades dans l'étude de la médecine. Il est mort le 
14 janvier 1866, à l’âge de 79 ans. Son herbier, acquis au prix de. trois mille 
ducats (12 750 fr.), pour le jardin botanique de Naples (1), renferme un 
herbier général et un herbier spécial de la Sicile, M. Pasquale s’est surtout 
proposé dans cette notice de raconter les voyages botaniques du successeur 
de Tenore, et de publier le catalogue raisonné de ses travaux. Nous y rele- 
vons un détail bibliographique curieux: c'est que le Flora sicula de l'auteur 
(vol. 1, in-folio, 1829), publié par ordre de François I°“ de Bourbon, et inter- 
rompu pour raison d'économie par ordre de Ferdinand II, fait presque défaut 
à Naples méme, où l'on n'en connaît que deux exemplaires, un dans la 
bibliothéque de Gussone et un dans celle de Tenore. 


Études chimiques sur la végétation ; par M. J. Raulin (Ann. 

sc. nat., 5° série, 1869, t. xi, pp. 90-299). 

Ce mémoire, que l'auteur a présenté à la Faculté des sciences pour obtenir le 
diplóme de docteur és sciences physiques, se divise en deux parties : dans la 
premiére, l'auteur examine les progrés de la chimie des végétaux considérée 
sous le rapport des méthodes ; dans la deuxième, il suit le développement 
d'une Mucédinée dans un milieu artificiel. 

Au point de vue chimique, M. Raulin divise les végétaux en deux grandes 
catégories : les grands végétaux et les végétaux microscopiques. Les méthodes 


(4) La bibliothéque du méme savant a été achetée également pour la bibliothàque du 
Jardin de Naples, au prix de 700 ducats (2975 fr.) 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 171 


chimiques mises en œuvre pour les étudier sont réduites par lui à trois : la 
méthode analytique, la méthode mixte et la méthode synthétique. 

La méthode analytique étudie les végétaux dans les conditions même 
où la nature les a placés ; elle demande à la composition chimique du sol, 
de l’atmosphère et des plantes le secret des phénomènes de la végétation : en 
un mot, elle a pour point de départ l'analyse chimique. 

Dans la méthode synthétique, on remplace le terrain naturel par un sol 
artificiel formé de composés chimiques définis, appropriés aux besoins du 
végétal qui doit s'y développer. 

La méthode mixte, intermédiaire entre les deux méthodes précédentes, fait 
végéter la plante qu'on veut soumettre à l'étude dans un sol chimiquement 
identique avec les terrains naturels, mais on dispose arbitrairement des cir- 
constances secondaires de la végétation, telles que l'atmosphére, l'étendue du 
terrain, les substances chimiques qu'on peut y ajouter, les circonstances 
physiques, etc. Ici l'observation et l'expérimentation se prétent un mutuel 
appui. 

L'auteur passe successivement en revue les travaux de chimie physiologique 
qui ont pour objet les grands végétaux et les végétaux microscopiques, et 
il les classe d'aprés les méthodes scientifiques auxquelles ils appartiennent. 
Il se livre ainsi à un long exposé à la fois historique et critique, et traite de la 
composition élémentaire des végétaux, de leurs principes immédiats, des corps 
simples essentiels à leur formation, de l'origine de ces corps simples ; de la 
possibilité du développement des végétaux dans un milieu artificiel formé des 
éléments de l'air et de l'eau; des éléments essentiels à la végétation, de la 
respiration ou transformation des éléments de l'air par les végétaux; de la sta- 
tique chimique des étres vivants; de l'influence des composés azotés et des 
composés minéraux sur la végétation, des sels qui lui sont nuisibles, etc. 
Les deux premières méthodes ont tracé, dit M. Raulin, quelques traits de la 
théorie chimique de la végétation, et pourtant on sent combien cette esquisse 
est encore vague et incompléte, précisément dans les parties les plus essen- 
tielles. La méthode synthétique, au contraire, a conduit à de nombreuses 
découvertes que l'auteur résume dans un certain nombre de propositions. 

La deuxiéme partie de la thése a été résumée dans une note, insérée dans 
les Comptes rendus, 1870, t. Lxx, p. 634, et reproduite avec corrections 
dans les Annales de chimie et de physique, 1871, 2° semestre, t. XXIV ; nous 
en extrayons ce qui suit : 

Le point le plus saillant de ces études sur le développement de l’Aspergil- 
lus consiste dans la découverte d'un milieu artificiel de nature acide, exclusi- 
vement formé de sucre et de huit corps minéraux des plus simples, merveil- 
leusement appropriés à la vie de cette petite plante, à tel point que la végé- 
tation de l' Aspergillus s'y montre bien plus régulière, plus abondante à égalité 
de poids de matières nutritives, plus vigoureuse enfin que dans les liquides 


172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


organiques les plus convenables. On voit ainsi des poids considérables de ma- 
tière s'organiser ; c'est-à-dire de la cellulose, des matières grasses, des matières 
albuminoïdes s'élaborer aux dépens du sucre et d'oxydes minéraux d'une 
pureté parfaite, à l'abri de la lumière : chacun de ces corps intervient pour 
son compte dans le phénomène de la vie, comme un organe nécessaire dans une 
grande machine, à tel point que la suppression de l'un d'eux, en proportion 
minime, entraine la suppression presque absolue dela végétation. 

Les corps chimiques mis en présence dans le procédé de M. Raulin sont 
l'oxygene de l'air, l'eau, le sucre, l'acide tartrique, l'ammoniaque, l'acide 
phosphorique, l'acide sulfurique, la silice, la potasse, la magnésie, l'oxyde de 
zinc et l'oxyde de fer, tous dans des proportions très-faibles. Il faut joindre à 
ces conditions une température de 35 degrés, un air humide et convenable - 
ment renouvelé ; des vases peu profonds. 

Le mode de développement de l’ Aspergillus, principalement le poids de la 
récolte fourni dans un temps donné par un méme milieu, varie suivant des 
lois dont M. Raulin a précisé le sens, lorsqu'on fait varier une à une ces cir- 
constances purement pbysiques. 

M. Raulin a prouvé que les effets des oxydes sont indépendants des sels 
dont ils font partie. Les oxydes minéraux du milieu artificiel ne peuvent se 
remplacer physiologiquement les uns les autres : à chacun d'eux est dévolu un 
rôle spécial. L'acide nitrique peut remplacer l'ammoniaque comme élément 
azoté ; l'acide nitreux et l'acide cyanhydrique paraissent impropres à l'assimi- 
lation. Le fer parait avoir pour rôle spécial d'empêcher, pendant la vie de 
l'Aspergillus, la formation de certaines substances nuisibles pour le végétal. 

Dans ses conclusions dernières, M. Raulin se montre trés-nettement disposé 
à assimiler le développement d'un végétal à la formation d'un composé chi- 
mique. ll va jusqu'à proposer le développement artificiel des Mucédinées 
comme un moyen d'analyse chimique d'une sensibilité extrémement délicate 
et supérieur aux méthodes de laboratoire généralement usitées pour déceler la 
présence de quantités trés-petites de certains corps. 

M. Raulin ne présente ses résultats que comme l'extension en un sens des 
résultats obtenus par M. Pasteur sur la végétation des organismes inférieurs 
dans des milieux artificiels ; ils confirment donc pleinement, quoique indirecte- 
ment, la découverte par laquelle ce savant porta des coups décisifs aux théories 
de Berzelius sur les fermentations. 

L'auteur conclut encore de ses recherches qu'on pourra un jour en toute 
süreté substituer des engrais chimiques, convenablement choisis, aux engrais 
naturels, puisque les milieux artificiels ne sont pas moins aptes que les milieux 
naturels à donner à la végétation toute sa vigueur; — que le milieu le plus 
propre au développement d'un végétal est moins approprié aux besoins d'un 
autre végétal, et que si l'on sème les germes de ces deux espèces dans ce 
milieu, la première s'y développera seule, ou du moins finira par envahir le 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 


milieu tout entier aux dépens de la seconde, ainsi que l'expérience l'a prouvé 
à l'égard des moisissures, etc. 


Sur une matière suerée apparue sur les feuilles d'un 
Tilleul; par M. Boussingault (Annales de ‘chimie et de physique, 
Le série, t. xxv, janvier 1872, pp. 1-21). 


Le Tilleul qui a fourni la matière sucrée, la manne étudiée par M. Boussin- 
gault, était situé au Liebfrauenberg, dans les Vosges. Cette matiére, exsudée 
par les feuilles, renfermait de la dextrine, qui n'existait pas dans les feuilles 
saines. 

Dans les conditions normales de la végétation, les sucres élaborés par les 
feuilles, sous l'influence de la lumiere et de la chaleur, pénètrent dans l'or- 
ganisme de la plante avec la séve descendante. Dans l'état anomal qui déter- 
mine la formation de la miellée, les matières sucrées sont accumulées à la 
surface supérieure des feuilles, soit parce qu'elles sont produites en fortes 
quantités, soit parce que le mouvement de la séve est interrompu ou ralenti 
par la viscosité résultant de la présence de la dextrine. La miellée ne saurait 
être attribuée uniquement aux influences météorologiques. Lors de son appari- 
tion sur le Tilleul, on ne remarqua pas d'insectes ; ce n'est que plus tard que 
l'on vit quelques pucerons englués sur un certain nombre de feuilles. 


Die anorganischen Salze als ausgezeichnetes Hülfs- 
mittel zum Studium der Entwickelung niederer 
chlorophylihaltiger Organismen (Les sels inorganiques con- 
sidérés comme un moyen perfectionné d'étudier le développement des 
organismes inférieurs munis de chlorophylle) ; par M. A. Famintzin (Mé- 

langes biologiques tirés du Bulletin de l'Académie impériale des sciences 
de Saint-Pétersbourg, t. VIL, pp. 226-281; et Bulletin, t. xvii, pp. 31- 
70, avec 3 planches). 


L'auteur a étudié l'influence des solutions salines sur le développement de 
végétaux aquatiques placés dans ces solutions, principalement des Algues telles 
que le Chlorococcus infusionum, le Limnodictyon Ræmerianum, le Proto- 
coccus viridis, le Stygeoclonium stellare, le Pleurococcus vulgaris, et des 
Conferves indéterminées. Il a commencé ses expériences au 15 avril. Au com- 
mencement de mai, l'action des solutions salines était déjà aperçue par l'expé- 
rimentateur. Il plaçait ses Algues sous un filet d'eau. Les CAlorococcus et les 
Protococcus placés sous un filet d'eau pure au 15 avril cessèrent de se déve- 
lopper dans les premiers jours de mai et perdirent leur coloration. Alors ils 
furent séparés en deux parties, dont l'une fut laissée dans les mêmes conditions 
et les subit pendant quinze jours sans modification nouvelle. L'autre moitié 
fut placée, le 40 mai; sous l'influence d'une solution minérale à 1/2 pour 100: 
le 12 mai, les Algues étaient devenues du plus beau vert, et elles reprirent 


47h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


leur développement interrompu. Quand l'influence de la solution saline s'est 
exercée d'une manière continue du 15 avril au 10 juillet, terme des expé- 
riences, l'auteur a observé d'une manière également continue la production 
des zoospores. 

La solution était préparée suivant l'indication donnée par Knop (Kreislauf 
des Stoffes, p. 836) et contenait 1/2 pour 100 d'un mélange salin, formé 
de quatre parties de nitrate de chaux, une partie de nitrate de potasse, une 
de phosphate de chaux, une de sulfate de magnésie cristallisé. 

En terminant son mémoire, M. Famintzin passe en revue toutes les modi- 
fications qu'il a eu l'occasion d'observer sur des Algues. Il a cherché à les 
produire expérimentalement dans le but d'apporter quelques matériaux à 
l'édifice dont le plan a été tracé par M. Darwin. Il a employé pour cela des 
solutions minérales de concentration diverse. Il a obtenu des résultats impor- 
tants. Il a reconnu que les Algues peuvent vivre dans des solutions plus con- 
centrées que les Phanérogames ; quela faculté d'adaptation à tel ou tel degré 
de concentration varie suivant le mode de développement, et que chez certains 
Cryptogames, elle s'étend à des solutions plus concentrées daus la période de 
développement, quand ils renferment de la chlorophylle dans leur tissu. 

Parmi les modifications observées par M. Famintzin, nous devons noter la 
transformation des cellules de Ch/orococcus et de Protococcus en zoospores 
et en zoosporanges, modifications dont M. Al. Braun ( Verjungung der Natur) 
avait déjà reconnu la probabilité. Le botaniste a constaté le passage des zoo- 
spores à l'état immobile, leur transformation en zoosporanges, enfin le cycle 
complet de la reproduction de l'espéce. Il a apprécié avec de grands détails : 
l'influence que les solutions minérales diversement concentrées exercent sur 
chacune de ces phases. Dans les solutions très-diluées, dont la concentration 
ne dépasse pas 4 pour 100 de sel, la multiplication de ces deux Algues n'a 
lieu que par zoospores ; si la concentration atteint ou dépasse 2 pour 100, les 
zoosporanges se résolvent en sphérules immobiles; si l'on étend davantage la 
solution, la formation des zoospores recommence; on peut ainsi l'arréter ou la 
reproduire à volonté. Des variations analogues peuvent faire varier du vert au 
rouge, et vice versa, la couleur du pigment. L'auteur s'est encore assuré ainsi 
que le Zimnodictyon Remerianum Ktz n'est qu'un état anomal du Chloro- 
coccus infusionum, produit par la culture. 

Ces faits peuvent entrer dans une premiére catégorie de modifications 
placées sous l'influence des causes extérieures. Ils cadrent bien avec la théorie 
Darwinienne, d’après l'auteur, quant à l'accommodation des êtres aux milieux, 
dans les circonstances compliquées de la lutte vitale (1). 

D'autres faits révèlent plutôt l'influence de causes internes et indéterminées. 


(4) Voyez un mémoire important de M. Nägeli : Ueber die Einflüsse üusserer Verhült- 
nisse auf die Varietütenbildung im Pflansenreiche, dans les Comptes rendus de i' Acad. 
des sciences de Munich, 1864. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 475 


Ce sont des faits de cette nature qu'avait en vue M. Kützing dans son 
mémoire Sur la transformation des formes inférieures en formes plus 
élevées. Les exemples de M. Kützing étaient extraordinaires. M. Famintzin 
cite des germinations anomales de CAlorococcus infusionum, des Protococcus 
à forme de Botrydium, des cloisonnements singuliers de cette espéce, et enfin 
un développement du méme Protococcus en filaments allongés. Ces dernières 
modifications n'affectent que quelques individus, tandis que celles de la pre- 
mière catégorie affectent l'espece tout entière. 


Neue Untersuchungen über die Gattungen Marsilia 
und Pilularia (Nouvelles recherches sur les genres Marsilia et Pilu- 
laria) ; par M. Al. Braun (Monatsberichte der K. Akad. der Wissenschaf- 
ten zu Berlin, août 1870, pp. 653-753) ; tirage à part en brochure, in-8° 


de 100 pages. 


Ce mémoire rectifie et complète celui que M. Al. Braun avait publié sept 
années auparavant en 1863, dans le même recueil académique, sur les mêmes 
genres. Aujourd'hui M. Braun peut énumérer 54 espèces de Marsilia et 
5 de Pilularia, et l'on sait qu'il est fort prudent dans l'admission des types 
nouveaux. Les Marsilia hirsuta et angustifólia R. Br., le M. mutica Mett., 
espèces douteuses pour lui dans son premier mémoire, ont pu être étudiées 
sur de meilleurs matériaux ; d'autres espéces nouvelles ont pu étre découvertes : 
Pilularia Mandoni (Mand. n° 1534), par M. Maudon ; Marsilia rotundata, 
M. cornuta, par M. Welwitsch, dans le royaume d'Angola ; M. gibba, dans 
la haute Abyssinie, par M. Schweinfurth; M. quadrata, à Bornéo, par 
M. Lowe; M. subangulata et M. Ernesti, dans la province de Caracas, par 
M. A. Ernst (naturaliste américain qui a publié dans le Vargasia, organe de 
la Société d'histoire naturelle de Caracas, des notes sur les Marsilia) ; M. ma- 
cra, M. elata, M. hirsutissima, M. sericea et autres nouvelles formes du 
groupe du M. Drummondii, par M. F. de Müller et plusieurs explorateurs 
australiens ; enfin quelques nouvelles espèces ont été rencontrées par M. Al. 
Braun dans les anciens herbiers, le M. Berteroi, de Saint-Domingue; le 
M. mexicanaet le M. exarata, d'Australie, daus l'herbier Hooker. 

M. Al. Braun a étudié avec soin la germination des espèces dont il traite, 
ainsi que leurs caractères anatomiques et les rapports de ces caractères avec 
la classification. Un grand nombre de remarques morphologiques, dans le 
détail desquelles nous ne pouvons entrer, ont été faites par lui sur chaque 
espèce ; nous noterons cependant, tout particulièrement, ce qui concerne la 
nervation des feuilles, le nombre et la forme des sporocarpes. 

Les espéces de chaque genre peuvent étre déterminées à l'aide de tableaux 
synoptiques classés par l'auteur. Chacune d'elles est ensuite le sujet de lougues 
remarques relatives à sa synonymie, à ses caractères et à sa distribution géo- 


graphique. 


176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Sur ce dernier point, nous ferons remarquer que la répartition de chaque 
espèce de Marsilia est trés-accusée, et toujours en rapport avec les lois géné- 
rales de la dispersion des plantes ou la constitution bien connue des princi- 
pales régions botaniques (1). 


Beiträge zur rheinischen Flora (Recherches sur la flore 
rhénane); par M. Ph. Wirtgen (Verhandlungen des naturhistorischen 
Vereins der preussischen Rheinlande und Westphalens) ; 1869, 26° année, 
ou 3° série, 6° année, 17* partie, pp. 1-67). 


Ces recherches comprennent une série de notes, relatives : 1° au groupe 
du Rosa canina, avec description d'une espèce nouvelle, Rosa exilis Crépin 
et Wirtgen ; 2° à l'Asplenium Heufleri Reich., nouveau pour la flore du 
pays; 3° à un nouveau P/antago, le P. Winteri Wirtg. , que l'auteur distingue 
du P. major et méme du P. intermedia Gilib. comme ayant les bractées 
aussi longues et non beaucoup plus courtes que le calice, et les lobes de la 
corolle non lancéolés-aigus ; 4° à des remarques de géographie botanique, 
concernant la végétation de sols différents dans la région rhénane ; 5° au 
Rubus tomentosus Borkh. et à ses formes ; 6° aux anomalies du genre Rubus. 

: Ce mémoire est suivi d'une addition faite par M. Wirtgen au Manuel (7as- 
chenbuch) de la flore de la Prusse rhénane, publié par lui en 1857. 

Le Rosa canina L. comprend dans le mémoire de M. Wirtgen dix-huit 


variétés; cinq autres espèces lui sont réunies pour former la section des 
Canine dans le genre Rosa. 


Les anomalies dans le règne végétal; par M. A. Bellynck 
(extrait des Bulletins de l' Académie royale de Belgique, 2° série, t. XXXII, 
n° 12, décembre 1871) ; tirage à part en brochure in-8° de 22 pages. 


Ce mémoire a été lu sous forme de discours dans une réunion solennelle de 
‘la classe des sciences de l’Académie royale de Belgique. M. Bellynck y passe 
saccessivement en revue les principales têtes de chapitres de la morphologie 
végétale, les caractères de certaines variétés anomales : couleur, consistance, 
taille, etc. ; les cas d'atrophie, de balancement organique, de pélorie, de 
fasciation, de panachure, de disposition insolite des organes, etc. A propos de 
la soudure, il rapporte que cette adhérence anomale peut étre observée entre 
végétaux d'espéce différente; que des chaumes de Graminées ont porté en 
méme temps du Froment et du Seigle; on a rencontré des plantes moitié 

Carotte et moitié Betterave. M. Bellynck hésite entre la soudure congénitale 


et l'hybridité pour expliquer le dimorphisme des Aurantiacées et d'autres 
végétaux. 


(4) On trouvera encore quelques délails sur le genre Marsilia, et comme un résumé 
de ce mémoire, dans une communication faite par M. Al, Braun à la Société des natu- 
ralistes de Berlin (Silzungsbericht der Gesellschaft nalurf. Frunde, 1870, p. 44). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 177 


M. Bellynck fait observer en terminant que l'étude des déviations jette un 
jour particulier sur l'organisation normale, et qu'on a eu tort, en conséquence, 
d'exclure jusqu'ici la tératologie de nos traités élémentaires. 


Revisio specierum Cratægorum, Dracænarum, Hor- 
keliarum, Laricum et Azalearum; auctore E. Regel 
(extrait du Laboratoire du jardin botanique impériul de Saint-Péters- 
bourg); tirage à part en brochure in-8 de 64 pages. 


Ce sont des monographies, précédées d'une clef dichotomique pour chacune 
d'elles,que vient de publier M. Regel. La synonymie a été de sa part l'objet 
d'indications trés-étendues. Les Crategus, augmentés de plusieurs types 
que les botanistes avaient d'abord adjoints au genre Mespilus, sont au 
nombre de dix-huit; aucun d'eux n'est nouveau pour la science. Les Dra- 
cæna sont au nombre de vingt-huit; nous remarquons parmi eux quelques 
nouveautés : D. latifolia Rgl, de l'Afrique australe, D. Thwaitesii Rgl 
(D. elliptica Thw. var.), D. Griffithii Rgl (Griffith, n° 5869).. M. Regel dé- 
crit neuf Æorkelia, parmi lesquels H. Tilingi Rgl, de la Californie (Tiling) ; 
il donne les deux diagnoses des genres voisins Æorkelia Cham. et Schl., 
et /vesia Torr. — L'auteur énumère enfin quelques Larix et huit Azalea. 

L'esprit de réunion des formes en nombreuses variétés de types primordiaux 
parait avoir présidé à l'élaboration de ces monographies. La flore japonaise a 
fourni plusieurs des espèces qui y sont étudiées. < 


Du protoplasma. Thèse pour le doctorat en médecine ; par M. D. 
Cauvet. In-4° de 74 pages, Toulouse, impr. A. Chauvin et fils, 1871. 


M. Cauvet s'est proposé, dans cette thése, de résumer les documents que 
possède la science sur le protoplasma considéré dans les deux régnes de la 
nature vivante. Il montre la ressemblance absolue qui existe entre celui des 
animaux et celui des végétaux. Dans l'un et dans l'autre régne, les mouve- 
ments sont dus àla contraction de cette substance azotée, contraction indé- 
pendante de l'influence des nerfs. M. Cauvet insiste sur le défaut de limites 
qui puissent séparer l'un de l'autre les deux régnes organisés. Il ne croit pas 
utile d'établir pour les êtres placés sur leurs confins réciproques, et remar- 
quables par un tissu presque réduit au protoplasma, une troisième division 
primaire à l'exemple de M. Hæckel, qui lesa réunis sous le nom de Protistes. 
Il étaye son opinion sur l'unité du régne organique, opinion d'ailleurs généra- 
lement conçue aujourd'hui, en comparant les effets que l'asphyxie détermine 
d'une part sur les animaux, d'autre part sur les végétaux. La respiration, que 
l'on a trop longtemps considérée chez les végétaux comme un phénomène de 
réduction, est la même dans les deux règnes; c'est une combustion qui se 
montre avec une grande énergie chez les Aroïdées. 

Le protoplasma est désorganisé par l’action vive et continue des rayons 

T. XVIII. (REVUE) 12 


478 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


solaires. Les feuilles pâlissent au soleil parce que le protoplasma se transporte 
sur les parois latérales de leurs cellules, entrainant avec lui la chlorophylle. 

La production de vacuoles contractiles chez certains organites mobiles des 
Algues et des Champignons inférieurs, a été rapportée par M. Hofmeister au 
pouvoir d'imbibition du protoplasma; ces vacuoles se retrouvent avec les mémes 
caractères chez les Infusoires; leur présence chez les représentants infimes de 
chacun des deux régnes tend à les faire regarder comme dues à une propriété 
spéciale des matières protoplasmiques libres et vivantes. 

Enfin la diffusion des organites protoplasmiques dans l'atmosphére les pré- 
pare au róle immense qu'ils exercent dans les fermentations el dans les épi- 
démies. | | 


Notes om Diatomaceæ ; par M. Arthur Mead Edwards (Proceedings 
of the Boston Society of nalural History, 1870, pp. 219-220; the 
Monthly microscopical Journal, mai 1870, pp. 249-250, juillet 1870, 
pp. 33-40). 


Ce mémoire a été lu devant la Société d'histoire naturelle de Boston, le 
9 février 1870. L'auteur y a publié des faits de détail observés sur diverses 
Diatomées : Bacillaria paradoxa, Schizonema Grevillei, Homæocladia Agar- 
dhii, Gomphonema constrictum, G. capitatum, Colletonema vulgare, etc. Il 
s'agit principalement, dans ces observations, de la motilité des Diatomées. 
M. Edwards a rencontré dans le méme tube d'enveloppe tantôt des Diatomées 
qu'on regatde comme appartenant à des genres différents, tantôt des espèces 
différentes du méme genre. 


Characters of some new Hepatieæ (mostly north-American), 
together with notes on a few imperfectly described species; par M. F. 
Austin (Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 
décembre 1869, pp. 218-234). 


Les espèces décrites ou étudiées à nouveau par M. Austin sontles suivantes : 
Scapania Peckii Aust. (États-Unis) ; Scapania Bolanderi Aust. (Californie); 
Jungermannia, rigida Aust. (iles Sandwich); J. robusta Aust. (Sandwich); 
J. coriacea Aust. (Sandwich); J. biformis Aust. (États-Unis); J. fossom- 
bronioides Aust. (États-Unis); J. porphyroleuca Nees; J. polita Nees; 
J. Wallrothiana Nees; J. Sullivantii Aust. (monts Alleghanys) ; J. Ma- 
counii Aust. (Canada); J. pleniceps Aust. (États-Unis) ; Lophocolea Hallii 
Aust. (Illinois), Z. Macounit Aust. (Canada), Gymnanthe? Bolanderi Aust. 
(Sandwich) ; Calypogeia bifurca Aust. (Sandwich) ; Physiotium subinflatum 
Aust. (Sandwich); Polyotus Peckianus Aust. (ile Maurice); Sendtnera tri- 
sticha Aust. (Sandwich); Phragmicoma elongata Aust. (Sandwich); Phr. 
subsquarrosa Aust. (Sandwich); Lejeunia? biseriata Aust. (Géorgie); Frul: 
lania saxicola Aust. (États-Unis, Texas); Fr. Sullivantii Aust. (États-Unis); 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 


Fr. Oakesiana Aust. (États-Unis); Fr. Bolanderi Aust. (Californie) ; Fr. 
Leana Aust. (États-Unis); Fr. Mauritiana Aust. (ile Maurice); Fr. orbicu- 
laris Aust. (Népaul) ; Fossombronia cristata Aust. (États-Unis) ; Androcry- 
phaa longiseta Aust. (Californie, Texas); Plagiochasma erythrosperma Sulliv. 
(Montagnes Rocheuses); Fimbriaria Bolanderi Aust. (Californie); F. vesi- 
culosa Aust. (Japon); Anthoceros scariosus Aust. (États-Unis); Riccia albida 
Sulliv. (Texas); À. arvensis Aust. (États-Unis) ; R. Lescuriana Aust. (États- 
Unis) ; R. Sullivantii Aust. (États-Unis); R. tenuis Aust. (États-Unis) ; et 
autres espéces dont les attributions génériques sont souvent douteuses. 

Nous distinguerons tout particuliérement, dans cette suite d'espéces, le 
Cryptocarpus Curtisii Aust. (pour lequel M. Austin a établi un nouveau genre), 
parce que cette plante des États-Unis existe aussi, d'aprés l'auteur, à Montaud 
prés Marseille. Le genre Cryptocarpus, qui tient le milieu entre les genres 
Riccia et Sphærocarpus, présente les caractères suivants : 

« Frons laxe spongioso-reticulata, irregulariter subpalmatim lobata, tenuis, 
epidermide haud distincta. Costa nulla. Radices intus non papillosi (ut in 
Sphærocarpo), longissimi, intertexti. Fructus in frondis substantia immersus 
(ut in Riccia). Sporangia depresso-globosa, singulatim nata, non libera. Ca- 
lyptra stylo nigro persistente coronata. Spore 4-juge (ut iu. Sphærocarpo), 
vix solutze, in aspectu singulæ et profunde quadrilobæ. » 


. Découvertes botaniques dans l'Yonne en 1869; par MM. Ra- 
vin et Moreau (Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles 
de l' Yonne, 4870, t. xxiv, 2° partie, pp. 36-40). 


Cet article est une énumération de localités nouvelles. Quelques plantes 
aussi ont été constatées pour la première fois dans l'Yonne: Dianthus del- 
toides, Trifolium subterraneum, par M. Prot ; Cuscuta Trifolii, par M. Las- 
nier ; Lolium arvense Schrad. Le Vallisneria spiralis, apparu dans l'Yonne 
depuis quelques années seulement, tapisse déjà le canal de Bourgogne et a 
gagné l'Yonne jusqu'à Joigny, où il abonde. 


Beiträge zur Biologie der Planzen (Recherches de biologie 
végétale) ; par M. le docteur F. Cohn. 1"° partie : in-8° de 1v et 132 pages, 
avec 6 planches en partie coloriées. Breslau, 1870, chez Kern. 


Ce livre renferme l'exposé de recherches accomplies au laboratoire de phy- 
sique végétale de l'université de Breslau. | 

Il contient cinq mémoires intéressants. Le premier, signé de M. Schrüter, 
est relatif au genre Synchytrium ; l'auteur a insisté sur la formation des spores 
qui restent dans la plante mére, sur celle des zoospores munies d'un appendice 
filiforme unique, et sur l'étroite analogie qui relie le Synchytrium, en consé- 
quence, au genre Peronospora. Le Synchytrium du Gagea pratensis, que 
l'auteur avait auparavant réuni, dans les Comptes rendus de la Société silésienne 


180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


pour la culture nationale, au S. letum, du Gagea lutea, est mainte- 
nant reconnu par lui pour une espéce spéciale, S. punctatum, n. sp. Le 
second mémoire, de MM. Lebert et Cohn, est relatif au Peronospora, parasite 
des Cactées, au sujet duquel nous renvoyons à ce que nous avons dit plus 
haut (p. 91). Le troisieme mémoire, dà à M. Cohn, traite d'un parasite qui 
se rencontre sur la larve de l’ Agrotis segetum. Cette maladie est regardée par 
l'auteur comme une sorte de Muscardine noire. Le parasite qui la cause est 
le Tarachium megaspermum. Dans une communication insérée aux Comptes 
vendus de la Société silésienne pour la culture nationale, 20 nov. 1869, 
l'auteur l'avait antérieurement décrit comme T. spherospermum ( Ento- 
mophthora sphærosperma Fres.). Le quatrième mémoire est de M. Schröter. 
Il traite d'une maladie parasitaire qui affecte les Pandanus cultivés, et qui est 
causée par le Melanconium Pandani Lév. et le Nectria Pandani Tul. 
L'auteur attribue aux parasites l'origine de la maladie, que d'autres observateurs 
ont attribuée au froid. Enfin le cinquième mémoire, de M. Cohn, a pour 
sujet une production aquatique que l'auteur nomme Crenothrix polyspora, 
et qui formerait un nouveau trait d'union entre les Oscillarinées et les Flori- 
dées par l'intermédiaire du genre Zangia. 


The natural History of the Azores or Western Islands ; 
par M. Frederic Du Cane Godman, Londres, chez Van Voorst, 1870. 


Ce livre présente un catalogue complet de la fauue et de la flore des Acores ; 
plusieurs auteurs y ont travaillé. La botanique y est l’œuvre presque complète 
de M. Watson, l'auteur du Cybele Britannica, qui, en 1842, a consacré plu- 
sieurs mois à l'exploration botanique des Acores, et dont les recherches ont 
paru en partie dans le London Journal of Botany en 1850, 1851 et 1856. 
M. Watson, dans son introduction, se plaint que M. Henri Drouet, dans son 
Catalogue de la flore des Agores, ait répété quelques espéces sous des noms 
spécifiques et méme génériques différents à des places différentes du livre. Le 
nombre des espèces énumérées dans la flore est de quatre cent soixante-dix- 
huit, dont quarante, daus l'état actuel de nos connaissances, sont absolument 
spéciales à ces iles. Sur les quatre cent soixante-dix-huit, il s'en trouve plu- 
sieurs qui ont été importées daus les Acores d'Europe ou d'autres pays. Une 
plante intéressante de ce nouveau livre est le Campanula Vidalii Wats., que 
le capitaine Vidal a trouvée uniquement sar un îlot rocheux escarpé sur la cóte 
de Florés, au nord de la ville de Santa-Cruz. M. Hunt l'a ensuite observée 
sur les cótes de Santa Maria et de San Miguel ; c'est une acquisition intéres- 
sante pour l'horticulture que cette Campanule. Elle a un aspect si singulier, 
que Sir William Hooker, avant de la voir fleurir, l'avait rapportée aux Protéa- 
cées. Il est à remarquer que chaque groupe d'îles de l'Atlantique. (Açores, 
Madère, Canaries, îles du cap Verd) a ses Campanulacées spéciales. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. . 181 


The natural History of commerce; par M. John Yeats, vec 
l'assistance de plusieurs savants. Cassell, chez Peter et Galpin, 1870. 


Une partie de ce livre intéressera le public qui tient à se renseigner sur la 
nature et l'origine des produits végétaux qui passent dans le commerce. L'au- 
teur s’y occupe successivement des plantes alimentaires, et des plantes em- 
ployées par l'industrie et par la médecine. Il décrit succinctement les arac- 
téres des végétaux, leur nom botanique et leur place dans la classification, 
puis les usages qu'on en tire et les caractéres de leurs produits. 


Flora Caucasi; auctore F.-J. Ruprecht; pars I (Mémoires de l'Aca- 
démie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, 7° série, t. xv, n° 2); 
tirage à parten un volume de 302 pages, avec 6 planches gravées. Saint- 
Pétersbourg, 1869. 


Ce livre a été présenté à l'Académie le 12 décembre 1867, date réelle par 
conséquent de sa publication. Dans une introduction, l'auteur rappelle que 
c'est par ordre de l'Académie de Saint-Pétersbourg qu'il a exploré les régions 
du Caucase, et notamment des provinces oà aucun botaniste n'avait pénétré 
avant lui. Il énumére ensuite les travaux faits avant lui sur celles qui avaient 
été explorées. 

La première partie du Flora Caucasi s'étend jusqu'aux Ampélidées. S'é- 
cartant un peu du plan généralement adopté par les floristes, M. Ruprecht s'est 
borné à publier une série d'articles sur chacune des espéces de sa flore, dis- 
posés bien entendu dans l'ordre taxonomique. Les descriptions ne sont données 
que dans le cas où elles sont nécessaires, et un astérisque indique les espèces 
nouvelles. 

Dans le fond, M. Ruprecht s'est encore écarté davantage des habitudes de 
nos monographes. Pour l'admission du nom des espèces, il recherche les noms 
antélinnéens (1) autant qu'il peut étre sür de leur authenticité, et pour la 
constitution des genres il divise généralement les grands genres linnéens, éle- 
vant au rang de genre les anciennes sections toutes les fois qu'elles présentent 
des caractères tranchés. Ainsi l' Anemone alpina B. sulphurea devient le Pul- 
satilla lutea Camer. , le Ficaria calthefolia Rchb. non Jord. devient le Fica- 
ria vulgaris Ruppius, le Sisymbrium Sophia L. devient le Sophia Lobelii 
Rupr. , l Helianthemum vulgare Pers. devient l'A. Cordi Lobel, etc. 

M. Ruprecht s'est préoccupé avec raison des travaux morphologiques faits 
sur le systéme souterrain de certaines plantes par M. Irmisch et par d'autres 
observateurs ; il en tient grand compte dans la constitution des genres, notam - 
ment dans les Fumariacées. Jl admet comme un caractère générique, dans 


(4) On se rappellera qu'une discussion intéressante s'est jadis élevée au sein de la 
Société au sujet de l Hesperis si/vestris Clus. (Voyez le Builet., t. XIII, p. 220, séances). 


182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


les Cruciféres, la nervation de la cloison et la forme des poils; méme pour 
lui legenre Sisymbrium devrait être restreint aux espèces à poils simples et 
à feuilles généralement roncinées (excl. Descurainia, Sophia, Hugueninia, 
Arabidopsis et Malcolmiastrum),et d'un autre côté perdre son nom pour être 
confondu avec les Erysimum , que la forme du fruit ne permet pas d'en dis- 
tinguer, etc. Quelque sentiment qu'on adopte sur les idées de M. Ruprecht à 
cet égard, on n'en devra pas moins reconnaitre que son livre a une place néces- 
saire dans la bibliothéque de tout phytographe qui s'occupera des plantes de 
l'ancien monde, puisque la végétation du Caucase se relie à celles de l'Europe, 
de l'Algérie et de l'Asie. 

Des additions à cette premiére partie précédent les planchés, qui représen- 
tent les espèces suivantes : Thalictrum triternatum, Ranunculus subtilis, 
R. suaveticus, R. Baidareæ, R. acutidentatus, Capnites pallidiflora, 
C. Bayerniana, Helianthemum dagestanicum, Alsine imbricata, Dentaria 
bipinnata, Stellaria Meyeriana, Thlaspi pumilum, Viola minuta et Ere- 
mogone Holostea. | 


A Monograph of the British Roses (Monographie des Roses 
d Angleterre); par M. J.-G. Baker (the Journal of the Linnean Society, 
vol. x1); tirage à part en brochure in-8° de 243 pages. 


Il y a environ un demi-siècle que Woods a publié, dans les Transactions 
de la Société Linnéenne de Londres, la monographie des Roses d'Angleterre 
que vient aujourd'hui remplacer celle de M. Baker. Les travaux poursuivis 
concurremment dans les pays voisins par MM. Deséglise, Rapin, Du Mortier, 
Crépin, Ripart et d'autres botanistes, permettent d'espérer qu'on arrivera 
enfin à une entente sur la valeur relative des caractères dans ce genre si diffi- 
cile. Cependant il n'est pas probable que les idées théoriques de M. Baker 
soient acceptées de la plupart des botanistes européens qui, travaillant en géné- 
ral sur des matériaux restreints et locaux, sont portés à accorder une grande 
importance aux variations de forme. En effet, les cinq groupes classiques 
reconnus par M. Baker: Spinosissimæ, Villosæ, Rubiginose, Canine et 
Systylæ, ne comprennent, d'après lui, que treize espèces; le groupe des 
Canine est réduit au seul Rosa canina. Cela n'offre pas dans la pratique une 
trés-grande différence, parce que M. Baker n'a pas dédaigné de descendre 
dans l'étude des variétés et des sous-variétés, ni de donner la synonymie trés- 
détaillée de chaque forme, signalant méme celles qui n'existent pas en Angle- 
terre. Sa monographie offre donc un caractère général qui devra la faire 
prendre en sérieuse considération par tous les botanistes qui s'occuperont de la 
flore de l'Europe. Il a décrit en latin chacun des treize types spécifiques qu'il 
admet et dont il donne la géographie générale. Les caractéres des variétés et 
les observations sont présentés en anglais. 

Ajoutons, puisqu'il est question du genre Rosa, que M. le D" Julius Lerch 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 183 


vient de décrire, sous le nom de Rosa dichroa, une espèce nouvelle recueillie 
dans le Jura neuchátelois. Cette plante est probablement un hybride dont 
l'un des parents serait le Rosa pimpinellifolia (4). 


Beiträge zur Entwickelunsgeschichte der Farn- 
Lkrüuter (Recherches sur le développement des Fougères) ; par M. L. 
Kny (Pringsheim's Jahrbücher, t. viti, 1'* partie, pp. 1-15, avec trois 
planches). 


M. Kny a étudié le développement du proembryon de l'Osmunda regalis. 
Il a vu que ce développement s'écarte en quelques points essentiels de celui 
du proembryon des Polypodiacées. Chez Osmunda, comme chez les Zqui- 
setum, la racine primaire est séparée par la première cloison qui apparaisse 
pendant la germination de la spore, et la direction de sa croissance est oppo- 
sée à celle du développement du jeune prothallium, tandis que chez les Poly- 
podiacées la racine primaire, comme toutes celles qui la suivront, nait latéra- 
lement. 

Chez les Polypodiacées et les Schizéacées, le développement du proembryon 
commence par la formation d'une série de cellules simple qui tót ou tard, 
selon les espéces, se transforme graduellement, vers l'extrémité antérieure, 
en une lame de cellules simple. Chez l'Osmunda, au contraire, les cloisons 
conduisent tout d'abord à la formation d'une lame. — L'une des deux cel- 
lules supérieures du jeune proembryon de l'Osmunda devient de bonne 
heure la cellule apicale de l'organe, se renouvelant par des cloisons qui alter- 
nent successivement dans deux directions. Chez les Polypodiacées, cette dispo- 
sition ne se régularise qu'à une période plus tardive du développement. — L'Os- 
munda est caractérisé par la cóte médiane à plusieurs couches qui traverse le 
proembrvon de sa base à son sommet, et qui est munie des deux côtés de 
nombreux archégones. Le développement de l'antbéridie y est tout particulier. 
Les celloles annulaires qui caractérisent celle des Polypodiacées et des Schi- 
zéacées, et que M. Kny a décrites dans un travail antérieur (2), manquent ici 
complétement.— Le mode de formation des archégones se rapproche dans ses 
points essentiels de celui que M. Pringsheim a constaté pour le Salvinia. Le 
canal du col est au commencement occupé par deux (rarement trois) 
cellules, qui ont la méme origine que la cellule centrale, et dont les cloisons 
transversales se liquéfient à la maturité de l'archégone. Il n'y a point de vési- 
cule embryonnaire spéciale à l'intérieur de la cellule centrale. 

A ces derniers points de vue, l'Osmunda correspond aux Polypodiacées ; 
cependant ce genre a en propre des formations amylacées abondantes dans la 
cellule centrale et dans celles qui l'avoisinent au-dessus et au-dessous. 


(4) Œsterreichische botanische Zeitschrift, mai 1872. 
(2) Voy. le Bulletin, t. xvi, Revue, p. 198. 


4854 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Die Anatomie und die Mechanik der Spaltóffnung (is- 
positions anatomiques et mécaniques de l'ouverture stomatique) ; par 
M. N.-J.-C. Müller (Pringsheim's Jahrbücher, t. viii, pp. 75-116, avec 
deux planches, 1871). 


Ce mémoire fait suite à deux autres que le méme auteur a publiés anté- 
rieurement dans le méme recueil, et au sujet desquels on peut consulter une 
analyse publiée dans cette Revue (t. xvi, p. 6). Dans celui-ci, M. Müller 
s'est occupé principalement de l'action de la chaleur sur les fonctions des 
stomates, notamment de celle des variations artificielles et subites de tempéra- 
ture, ainsi que de l'action des décharges électriques, et d'expériences manomé- 
triques. Il a fait un trés-grand nombre d'observations. Il ne nous semble pas 
cependant que M. Müller ait ajouté beaucoup, dans cette nouvelle expression 
de ses idées, aux résultats que nous avons exposés dans l'analyse à laquelle 
nous renvoyons, d'aprés un résumé publié par lui dans les Comptes rendus de 
la Société d'histoire naturelle et de médecine de Heidelberg. Cependant il 
importe à nos lecteurs de savoir qu'ils trouveront dans les Annales de M. Prings- 
heim une exposition plus compléte des idées professées par M. Müller sur ce 
sujet important. 


Beiträge zur Kenntniss des Hautgewebes der Pflanzen 
(Recherches sur le tissu épidermique des végétaux); par M. Pfitzer (Prings- 
heim's Jahrbücher, t. vii et viri). 


. Cemémoire, qui commence dansle tome vit des Annales de M. Pringsheim 
et finit dans le tome vtit, se divise en trois parties. La premiere est intitulée 
Recherches sur les stomates des Graminées, avec quelques remarques sur les 
stomates en général ; — la deuxième, Sur l'épiderme de quelques Restiacées ; 
— la troisième, Sur l'épiderme à plusieurs couches et sur l'hypoderme. 

Les cellules marginales des stomates des Graminées, pendant leur dévelop- 
pement, s'amincissent dans leur milieu, comme si elles étaient à leur première 
apparition, Ce fait, comme le développement de cellules accessoires, trouve 
son explication dans la dilatation du parenchyme de la feuille, agissant sur la 
conformation de sa surface. On remarque en outre sur beaucoup de Grami- 
nées, particuliérement sur celles qui habitent des localités séches, que les 
stomates sont cachés dans des sillons étroits de la surface supérieure de la 
feuille, sillons qui se ferment d'une manière plus étroite encore quand la séche- 
resse commence. Il se trouve une organisation analogue chez les Restiacées 
qui habitent principalement les pays privés d'eau. Chez toutes les espèces de 
Restiacées du Cap examinées par l'auteur, les chambres respiratoires sont 
revétues intérieurement de cellules libériformes qui ne permettent que par 
d'étroites lacunes l'échange des gaz entre la chambre elle-même et le système 
des espaces intercellulaires. Dans les formes de la Nouvelle-Hollande, les sto- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 


mates sont situés au fond de sillons profonds de la tige, qui le deviennent 
d'autant plus, que la sécheresse est plus grande. L'auteur pense que ces 
défenses contre la sécheresse ont été progressivement acquises par les Restiacées 
dans la concurrence vitale qu'elles ont eu à soutenir dans le courant des 
siècles. On voit que la théorie Darwinienne est applicable et appliquée aujour- 
d'hui dans une grande quantité de cas. Jadis on aurait rapporté cette struc- 
ture à des précautions prises par la nature pour assurer l'existence de la plante 
dans le climat où elle était appelée à vivre. 

M. Pfitzer, fondé sur des études qu'il a faitessur trois familles, les Figuiers, 
les Pipéracées et les Bégoniacées, admet que l'épiderme, chez certains genres, 
se multiplie par des cloisons parallèles à la surface de l'organe qu'il revêt. Le 
tissu nouveau qui en résulte se trouve tantôt intérieur (Peperomia, Bego- 
nia), tantôt dans les couches les plus extérieures (Ficus). Certains anatomistes 
ont appliqué au tissu compliqué qui résulte de ces modifications le nom d'épi- 
derme à plusieurs couches; d'autres le nom d'hypoderme. M. Pfitzer a reconnu 
que le tissu ainsi considéré et privé de chlorophylle dérive, tantót de l'épi- 
derme, tantôt du tissu fondamental de l'écorce. Il est par conséquent fort 
raisonnable de conserver dans le premier cas le nom d'épiderme à plusieurs 
couches, dans le second celui d'hypoderme. En tous cas il existe toujours une 
couche superficielle de nature épidermique ; et par conséquent les lames 
d'apparence épidermique peuvent être homogènes ou hétérogènes, selon leur 
origine. 

Les observations de M. Pfitzer, dont nous ne pouvons donner ici qu'un 
faible apercu, ont été étendues à un grand nombre de familles différentes ; il 
énumére, en terminant son mémoire, les diverses sortes d'épiderme qu'il a 
rencontrées chez les plantes examinées par lui. 


Sopra alcune relazioni degli stomi con le glandule 
calcifere di aleune piante ; par M. G. Licopoli (Bulletino dell 
Associazione dei naturalisti e medici per la mutua istruzione, février 


1870, pp. 24-26). 


Ce mémoire constate chez les Crassulacées la présence de glandes calcifères 
déjà observées chez plusieurs plantes de diverses familles. Quelques-unes de 
ces plantes ont ces glandes disposées sur deux séries marginales le long des 
feuilles, comme le Crassula pellucida, le C. lactea ; d'autres les ont répan- 
dues sur toute la surface des feuilles (C. arborescens, C. punctata). Autour de 
ces glandes, les stomates sont beaucoup plus petits que sur le reste de la 
plante. L'auteur insiste sur leur structure ; ils auraient dans leur intérieur un 
petit canal équivalent au cisfoma découvert par Gasparrini sur le Cereus 
peruvianus, qui, plongé dans le corps de la glandule sous-jacente, sert proba- 
blement à l'expulsion de la matière qu'elle a sécrétée. M. Licopoli croit que 


186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ces faits conduiront à modifier l'idée qu'on se fait de la structure et des fonc- 
tions des stomates. i 


Sulla structura degli stomi e ‘di alcune glandule der- 
moidali (Sur la structure des stomates et de quelques glandes épider- 
miques); par M. Licopoli (ibid. , juillet 1870, pp. 93-94). 


Ce mémoire, continuant le thème indiqué dans le précédent, est destiné à 
mettre en pleine lumière le cistoma de Gasparrini, qui pourrait s'observer 
chez plusieurs Phanérogames et Cryptogames; à démontrer l'épaississement 
des cellules semi-lunaires qui forment l'ouverture du stomate, à exposer com- 
ment les stomates des Marchantiacées sont plutôt des glandules excrétoires, et 
finalement à traiter des rapports immédiats qui existent entre les stomates et 
les cistomi, entre les glandules calciféres et les glandules nectarifères. 


Sugli stomi di alcune Passiflore (Sur les stomates de quelques 
Passiflores) ; par M. Licopoli (ibid. , août 1870, pp. 122-124). 


Cette note est consacrée à la description des organes verruqueux qui se ren- 
contrent à la surface du fruit non encore mûr de quelques Passiflores; ce 
seraient des glandes épidermiques dans le milieu desquelles s'ouvrirait un 
stomate plus grand du double que les autres stomates de la méme plante, 
ayant une ouverture arrondie et des cellules marginales demi-circulaires. 
L'auteur nomme ces organes glandules stomatifères. 


Sopra aleune glandule della Tecosne radicans Juss. ed 
altre specie ; par M. G. Licopoli (extrait des Att? della Accademia Pon- 
taniana, vol. x) ; tirage à part en brochure in-4° de 12 pages, avec une 
planche lithographiée. Naples, 1870. 


Dans ce travail, l'auteur a constaté sur le limbe du calice du 7ecoma radi- 
cans et d'autres espéces du méme genre la présence, à l'état normal, de glan- 
dules qui laissent transsuder un liquide neutre sirupeux, dans certains cas où 
il est trés-abondant. Il se trouve dans le fond dela glandule une substance 
solide qui fait effervescence au contact des acides ordinaires; dans les glandes 
des Saxifragées et des Plumbaginées, il n'y a de sécrété que des matériaux 
inorganiques. Les glandes du Tecoma sont disposées sans aucun ordre, et sont 
en relation réciproque par l'intermédiaire d'un systéme spécial de cellules 
vasculaires, que l'on peut isoler en faisant macérer le parenchyme du calice 
et en le faisant bouillir dans de l'acide nitrique dilué. A l'intérieur du calice 
du Tecoma, et spécialement à sa base, existent d'autres glandules invisibles à 
l'œil nu, globuleuses, pédicellées et sécrétant un nectar. On trouve quelque- 
fois un mycélium dans la cavité des glandules extérieures. 

L'auteur s'est occupé de prouver que ce mycélium n'a rien de commun avec 
les vaisseaux anastomosés et très-fins qui réunissent les glandules entre elles. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 487 


Un ricordo botanico del professore Filippo de Filippi; 
ossia cenno intorno alle piante nate dai semi da esso raccolti in Persia e 
nella China; par M. J.-B. Delponte (extrait des Memorie della Reale 
Accademia delle scienze di Torino, 2* série, t. xxVI) ; tirage à part en 
brochure in-4° de 43 pages, avec 6 planches lithographiées. 


Feu le professeur de Filippi avait récolté dans ses voyages en Perse et en 
Chine des graines qui ont été semées au jardin botanique du Valentin. C'est 
la détermination des espèces nées de ces semences qui forme le sujet de ce 
mémoire. L'auteur les sépare en trois groupes: plantes nouvelles, plantes 
rares, et plantes économiques. Les plantes nouvelles sont les suivantes : Cy- 
nanchum De Filippii Delp., de Hong-Kong, et Cuscuta Grasii Delp., para- 
site à Hong-Kong sur une espèce d' Atriplex. Le deuxième groupe est formé 
des espèces suivantes : satis glauca Auch., des régions montagneuses de la 
Perse; Silene peduncularis Boiss. , des lieux incultes et rocailleux du méme 
pays; Althea sulfurea Boiss. var. B. sublanata Delp., des environs de 
Téhéran ; Cucurbita perennis Asa Gray, du ‘Texas et de la Californie ; 
Luffa echinata Roxb. fs. obtusangula Delp., des environs de Hong-Kong ; 
Pheopappus Aucheri Boiss., de Perse; Pharbitis Nil Choisy, de Bong- 
Kong; Caccinia strigosa Boiss., de Perse; Amarantus Blitum L., de 
Hong-Kong; Rumex olympicus Boiss., de Perse ; Pardanthus sinensis Ker., 
de Hong-Kong, et un certain nombre de Graminées de la Chine. 

Dans une note, l'auteur propose d'élever au rang de genre l'Amari/lea 
insignis sous le nom de Defilippia.. Quant aux plantes économiques étudiées 
par lui, ce sont des Brassica, le Phaseolus citrinus Savi, le Solanum Me- 
longena et des Cucurbitacées. 


Spigolature mel campo della flora italiana ; par M. G. 
Passerini (Nuovo Giornale butanico italiano, avril 1871, p. 167). 


Tordylium. intermedium Pass. — Foliorum lobis abbreviatis, omnium 
supremo ovato-cuneato subtrilobo; petalis radiantibus inæqualiter bilobis ; 
fructibus suborbicularibus margine incrassato-subtuberculoso. 

Puccinia Torquati Pass. — P. sporis ellipticis medio constrictis, brevis- 
sime pedicellatis, castaneo-fuscis, episporio crasso verrucoso-tuberculato ; 
acervulis sparsis atris punctiformibus, epidermide lacerata circumdatis. In 
eodem acervulo adsunt Üredo-spore forma varie, subrotundæ, ovatæ vel 
irregulariter obovato-spathulate, parum numerosa, pallidæ, plasmate flaves- 
cente granuloso repletæ. — Ce Puccinia a été rencontré sur les feuilles du 
Smyrnium Olusatrum en méme temps qu'un Œcidium qui est caractérisé 


par l'auteur. Eu 
M. Passerini s'occupe encore dans ce travail du Capitularia. Linkii et 


188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


du Tulipa Didieri Jord. , auquel il réunit comme variété le 7. Fransoniana 
Parl. 


Illustrazione di alcune piante raccolte dal sig. Prof. Strobel, 
parmense, nel suo viaggio del passo del Panchon sul versante orientale delle 
Andes Chilene ed attraverso la Pampa del Sud, fino a Mendoza nel territorio 
Argentino ; par M. V. Cesati (extrait du Rendiconto della R. Accademia 
delle scienze fisiche e matematiche di Napoli, février 1871) ; tirage à part 
en brochure in-4° de 22 pages, avec 3 planches. 


M. le baron de Cesati a étudié environ cent vingt espéces rapportées de 
l'Amérique du Sud par M. Strobel ; dans ce nombre il faut citer le Clematis 
Strobeliana Ges., voisin du C. ispahanica Boiss., le Stipa vulpiæformis, 
un Zscallonia, le Hyalis argentea, le Proustia ilicifolia (figuré), le Chu- 
quiraga unguis Cati, l'Oxalis minutula, le Malachochete assimilis,- voisin 
du Scirpus Pseudotriqueter Steudel, etc. 


Iconographia phycologica mediterranco-adriatica, elc.; 
par M. G. Zanardini. Vol. 3, fasc. 1; in-4° de 36 pages. 


Les espèces d'Algues décrites dans ce fascicule sont les suivantes : Cysto- 
seira corniculata (Wulf.) Zanard., Callithamnion hirtellum Zanard., C. 
tripinnatum (Gratel.) C. Ag., Halymenia Corinaldii Menegh., Delesseria 
crispa Zanard., Grateloupia Proteus (Kunth) Kütz., Cruoria cruciata (Du- 
four) Zanard., Rhizophyllis dentata (Mont.) Kütz., Chætomorpha torulosa 
(Zanard.) Kütz., et Ch. urbica (Zanard.) Kütz. 


La Normandina Jungermannieæ, Lichene della tribu degli 
Endocarpi, nuovamente descritta e figurata ; par MM. Garovaglio et Gibelli 
(Nuovo Giornale botanico italiano, octobre 1870, pp 305-308, avec une 
planche); tirage à part en brochure in-8°. 


La synonymie de cette espèce est établie par les auteurs de la manière sui- 
vante : Normandina Jungermanniæ Nyl. — Lenormandia Jungermanniæ 
Delise. — L. pulchella Massal. — Endocarpon pulchellum Borr. — Ver- 
rucaria pülchella Borr. — Sphæria Borreri Tulasne. 

Une note résumant ce mémoire a été publiée par M. Garovaglio dans les 
Comptes rendus de l'Institut lombard, séance du 19 mai 1870. 


Generis 4stragali species gerontogeæ : pars prior : claves 
diagnosticze, présenté le3 octobre 1867 ; pars altera : Specierum enume- 
ratio ; auctore Al. Bunge (Mémoires de l'Académie impériale des sciences 
de Saint-Pétersbourg, vn° série, t. X1, n° 16, 1868, et t. xv, n° 1, 1869). 


La première partie renferme la description du genre Astragalus, de ses 
sous-genres et de ses sections. Une série de tableaux dichotomiques conduit 
ensuite à la détermination des espèces qui sont au nombre de neuf cent 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 


soixante et onze. Or d'aprés l'auteur, il se trouve encore environ deux cents 
espèces du genre en Amérique. Une table alphabétique des espèces renvoie 
à la page et au numéro oü est énumérée ou décrite chacune d'entre elles. 
On regrettera peut-étre que l'auteur ne les ait pas toutes décrites pour faciliter 
les déterminations. En tout cas nos confrères seront heureux de trouver chez 
M. Cosson, qui a acquis l'herbier Bunge, les types de l'auteur. russe, qui 
a signé bon nombre des espèces de sa monographie. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Des limites naturelles des flores et en particulier de la florule locale de 
Montpellier; par M. J.-E. Planchon (extrait des Actes du congrès scienti- 
fique, xxxv" session); tirage à part en brochure in-8° de 7 pages. Montpellier, 
typ. Jean Martel ainé, 1871. 

Die Fructification von Ah?zomorpha Pers. ; par M. L. Fuckel (?bid., 1870, 
n° 7). 

Ueber Meizleria alpina Schimp. ; par M. J. Milde (ibid. , 1870, n° 8). 

Die erratischen Moose (Zes Mousses erratiques) ; par M. J. Milde (ibid., 
1870, n* 9 et 10). 

Analecta pteridographica ; par M. Kuhn (ibid., 1870, n° 9). Cette note 
concerne le Lomaria pedunculata Goldm. 

Entwickelungsgeschichte der Æmpusa Muscæ und Empusa radicans; par 
M. Oscar Brefeld (ibid., 1870, n% 14 et 12). 

Ueber Anomodon apiculatus Brüch et Sch. im Rhóugebirge ; par M. Adel- 
bert Geheeb (ibid. , 1870, n° 11). 

Specie e varietà da aggiungere alla flora sarda; par M. Gennari. Ca- 
gliari, 1870. 

Verzeichniss der botanischen autoren für Botaniker, Freunde der Pflanzen- 
kunde und für Gärtner (Énumération des auteurs de publications botaniques 
pour les botanistes, les amateurs et les jardiniers) ; par M. Car. Salomon 
(extrait du Gartenflora de 1870) ; tirage à part en brochure in-8» de 72 pages. 

Plantæ phanerogamæ marine, quas Cl. Odoardus Beccari in archipelago 
Indico annis 1866 et 1867, et in mari Rubro anno 1870 collegit, enumeratæ ; 
auctore P. Ascherson (Nuovo Giornale botanico italiano, novembre 1871, 
p. 299). — Une seule espèce est nouvelle dans ce travail, l'Zalophila Bec- 
carii Asch., de Bornéo. 

Studi sulle Alghe italiche, ordine delle Gigartinee, auctore F. Ardissone 
(ibid., p. 303). 

Dioscorea retusa Mast., n. sp. (Gardeners! Chronicle, 1874, p. 1149). 
Cette espèce est de l'Afrique australe, Burke n° 266. 

Sexual law in the Coniferæ ; par M. Thomas Meehan (Proceedings of the 
Academy of natural sciences of Philadelphia, 1869, pp. 121-122). 


190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Des effets de l'hiver 1870-71 au Jardin des plantes de Toulouse, et de l'ac - 
climatation; par M. D. Clos (Annales de la Société d'horticulture de la 
Haute-Garonne, juillet-aoüt 1871). 

Vegetations-Skizzen vom Bahr-el-Ghazal (Esquissee de la végétation de 
Bahr-el-Ghazal); par M. G. Schweinfurth (Botanische Zeitung, 1871, n° 6). 
Ce travail est suivi de la description de deux espèces nouvelles, Lagarosiphon 
Schweinfurthii Casp. et Adiantum Schweinfurthii Kuhn. 

Neuere Nachrichten ueber Bidens radiatus Thuill. (Nouvelles recherches 
sur le — ); par M. P. Ascherson (Botanische Zeitung, 1870, n% 7 et 8). 

Ueber eine merkwurdige Form von Godetia Cavanillesii Spach (Sur une 
forme remarquable du —); par M. R.-A. Philippi (/bid., 1870, n° 7). 

Hieracium albinum Fries, auctore Jos. Knaf ( Verhandlungen des botani- 
schen. Vereins für die Provinz Brandenburg, 1870, pp. 87-88.) 

Nacbschrift (Addition au mémoire précédent) ; par M. Lad. Celakovsky 
(ibid., pp. 88-92). . 

Ueber £'lodea canadensis Rich. im unteren Oderlauf und ihr Zusammen - 
treffen mit Hydrilla dentala Casp. (L'Elodea dans le cours inférieur de l'Oder 
et sa rencontre avec l'Hydrilla); par M. C. Seehaus (ibid. , pp. 92-10)). 

Beitráge zur márkischen Laubmoos Flora (Recherches sur les Mousses de la 
Marche de Silésie) ; par M. C. Warnstorf (ibid. , pp. 147-125). 

Botanische Wahrnehmungen in Paris im april und mai 1870 ; par M. P. 
Ascherson (ibid. , pp. 116-150) (1). 

Ueber die Saamentráger bei Passiflora quadrangularis (Des placentas 
du P. quadrangularis) ; par M. Schultz-Schultzenstein (ibid. , 115-117, avec 
une plauche. 

Filices javanice ; auctore M. Kuhn (Annales Musei lugduno-batavi, t. 1v, 
fasc. 1x et X). Ce travail trés-soigné comprend le genre Zindsaya, classé 
d'aprés les caractéres des spores, et les suivants, dans l'ordre aussi qu'adop- 
tait Mettenius : Adiantum, Cheilanthes, Gymnogramme, Woodwardia, 
Doodya, Blechnum, Didymochlæna, Peranema, Nephrolepis, Davallia, 
Dennstædtia, Microlepia, Saccoloma, Cystodium, Plagiogyria, Cibotium, 
Dicksonia, Acrostichum, Chrysodium, Lomariopsis, Polybotrya, Leptochi- 
lus, Dryostachyum, Teratophyllum Mett. nov. gen. (Lomaria aculeata Bl.), 
Lygodium, Schizæa, Osmunda, Marattia, Koulfussia, Angiopteris. 

Observationes de Urticeis quibusdam et de F'atoua, auctore F. -A.-G. Miquel 
(ibid. , fasc. x, pp. 301-308). 

Die Farbenwandlung der Blüthen (La modification de couleur des fleurs) ; 
par M. S. Reissek (QEsterreichische botanische Zeitschrift, septembre 1870; 
pp. 257-266). 


(4) Ceux qui pourront lire ces notes de voyage écrites au courant de la plume paf 
í. Ascherson y trouveront avec intérêt l'appréciation, faite par un Allemand, de la ma- 
hiére dont la botanique est représentée et enseignée à Paris. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 194 


Ueber einige Arten der Gattung Melampyrum (Sur quelques espéces du 
genre Melampyrum) ; par M. A. Kerner (ibid., pp. 266-273). 

Albuca abyssinica Welw. (Gardeners’ Chronicle, 1872, n° 12). 

On the production of bractea in Lariz ; par M. Th. Meehan (Proceedings 
of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1869, pp. 176-178). 

The law of development in the flowers of Ambrosia artemisiæfolia 
(Loi du développement des fleurs de l'A. artemisiæfolia) ; par M. Thomas 
Meehan (ibid., pp. 189-190). 

Bidrag till kännedom af Finska vikens óvegetation (Recherches sur la végé- 
tation de la Finlande); par M. M. Brenner (Notiser ur Sällskapets pro 
fauna et flora fennica Förhandlingar, 4871, pp. 1-38). — Florule énumé- 
rant cinq cent quatre-vingt-treize Phanérogames et dix-neuf Cryptogames, 
plus un appendice; une addition à ce travail se trouve pp. 445-449 du 
volume. 

Bidrag till Sydöstra Tavastlands flora (Recherches sur la flore sud-orien- 
tale du district de Tavast) ; par M. J.-P. Norrlin (ibid. , pp. 73-196). 

Monographia Ascobolorum Fenniæ ; auctore P.-A. Karsten (i5id., pp. 197- 
210). — Vingt-deux espèces sont décrites dans cette monographie, dont l'au- 
teur ne nous parait pas avoir eu connaissance de celle de M. Boudier. 

Symbole ad mycologiam fennicam; auctore P.-A Karsten (ibid., pages 
211-268). 

Lichenes rariores circa Mustiala lecti; par M. H. A. Kullhem (ibid, 
pp. 269-276) — Plusieurs espèces nouvelles : Lecanora Tilasii, Bacidia 
tenella, B. sparsa, Bilimbia pallens, Biatora humida, B. betulicola. 


NOUVELLES. 
(Juin 4872.) 


M. G.-A. Barbaglia s'est occupé depuis quelque temps de l'extraction 
des alcaloides renfermés dans les feuilles du Buis. La buxine se retire, par 
diverses manipulations chimiques appropriées, du précipité complexe qu'on 
obtient en traitant le décocté sulfurique des feuilles et des ramuscules verts de 
Buis par le carbonate de soude. 


— Parmi les questions mises au concours par la classe des sciences de 
l'Académie royale de Belgique pour 1873, se trouve la question suivante : 

Faire un exposé des connaissances acquises sur les relations de la cbaleur 
avec le développement des végétaux phanérogames, particulièrement au point 
de vue des phénomenes périodiques de la végétation, et, à ce propos, discu- 
ter la valeur de l'influence dynamique de la chaleur solaire sur l'évolution des 
plantes. 


192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


— M. Schweinfurth est de retour de ses voyages dans le pays des Niam- 
Niam et dans les contrées voisines en Éthiopie. Il parait qu'un incendie a bien 
malheureusement consumé une grande partie de ses dernières récoltes d'his- 
toire naturelle. 


— On a annoncé il y a quelques mois la mort du colonel Chesney, décédé 
dans un âge très-avancé. C'est ce voyageur qui avait fait sur les bords de l'Eu- 


phrateun voyage botanique dont les récoltes ont été déterminées par Bertoloni 
dans ses Miscellanea botanica. 


— L'Académie des sciences et belles-lettres de Caen a inis au concours 
l'étude Du róle des feuilles dans la végétation. Elle demande non pas un 
simple exposé de l'état actuel de la science, mais des expériences précises et 
des faits nouveaux propres à éclairer, infirmer, confirmer, modifier les points 
douteux dans les théories actuellement admises. Le prix est de quatre mille 


francs. Les mémoires devront parvenir à M. Travers, secrétaire de l'Aca- 
démie avant le 1°" janvier 1876. 


— M. P. Lévy a adressé il y a quelques mois à M. Eug. Fournier un 
nouvel envoi de plantes du Nicaragua. Il s'y trouve un grand nombre de Fou- 
gères, dont plusieurs nouvelles. Ces plantes sont actuellement en distribution 
au méme prix que les précédentes. 


— Il vient de se former à Barcelone une Société de botanique destinée 


principalement à l'échange des plantes, et dont le secrétaire est D. Juan Mont- 
serrat y Archs. 


— M. le docteur Herrich Schäfer a quitté, pour raison de santé, la direction 
du journal de Ratisbonne Flora ; il a été remplacé par M. le docteur Singer. 


— Le livre de M. Prior sur les noms populaires des plantes d'Angleterre a eu 
avant la guerre les honneurs d'une secoude édition : On the popular names 
of British plants, Williams et Norgate, 1870. Nous recommandons ce livre, 
dont la première édition a été signalée il y a plusieurs années dans cette Revue, 


à ceux de nos confrères qui aiment à étudier les questions de linguistique que 
soulève la nomenclature botanique. 


— M. E. Bommer a été nommé récemment professeur de botanique à 
l'université de Bruxelles. 


— L'enseignement de la botanique à l'université allemande de Strasbourg 
est confié à M. le comte de Solms-Laubach ; M. le D' Schmitz, de Saarbrück, 
est attaché au laboratoire de botanique. On assure que M. De Bary doit étre 
appelé à fa direction du Jardin botanique de Strasbourg. | 


Dr EUGÈNE FOURNIER, 


Paris. — Imprimerie de E. Martiner, rue Mignon, 9, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1871.) 


N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M.F, Savy, libraire de ia 
Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24, à Paris. 


Le Jardin fruitier du Muséum, ou Iconographie de toutes les 
espèces et variétés d'arbres fruitiers cultivées dans cet établissement, avec 
leur description, leur histoire, leur synonymie, etc.; par M. J. Decaisne. 
Paris, chez Firmin Didot frères, fils et Ci<. 


M. Decaisne a terminé la monographie des espèces et des variétés de Poirier 
qu'il avait commencée il y a vingt aus, et en retournant l'épigraphe empruntée 
à Phèdre qu'il a mise en tête de son livre, il est juste de dire « Labori faber 
non defuit », vérité que l'importance du travail accompli met au dessus de 
tout éloge. 

Les dernières livraisons du Jardin fruitier parues depuis que nous n'avons 
parlé de cet ouvrage doivent étre mises au commencement du livre. Elles ren- 
ferment : une introduction; l'étude organographique, analyse sur laquelle doit 
s'appuver la connaissance précise du genre Pirus, auquel certains botanistes 
continuent d'assimiler d'autres types ; l'étude des maladies du Poirier ; l'énu- 
mération des Poiriers à cidre cultivés dans les différentes provinces de France, 
classés par ordre alphabétique; la table des poires publiées; la description des 
espèces admises par les botanistes, et la description horticole des variétés du 
groupe Sauger. 

Dans son introduction, M. Decaisne a étudié la question de l'espèce à 
propos des Poiriers. C'est un sujet qu'il a déjà 'traité il y a plusieurs années 
devant l'Académie des sciences (1), et ses opinions à cet égard sont déjà con- 
nues de la plupart de nos lecteurs : l'espèce se présente à lui sous des aspects 
trés-divers, tantót resserrée entre d'étroites limites, tantót polymorphe et pour 
ainsi dire divisible à l'infini. La nature a divisé une espèce principale en 
espèces secondaires qui, soumises elles-mêmes à l'action modificatrice de la 
culture, et conservant encore un reste de la plasticité primordiale, seraient 
devenues les souches de nos races ou variétés actuelles, toujours plus multi- 
pliées dans la succession des siécles, mais toujours aussi incapables de se 
changer les unes dans les autres qu'une espèce proprement dite (Pirus Malus, 


(4) Comptes rendus, 1863, t. Lvu, p. 6, et Bulletin, t. x, p. 440. 
T. XVIII. (REVUE) 43 


194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Persica Amygdalus Decne, Cerasus Prunus Decne), un genre (Cydonta 
Pirus Decne), une famille même sont incapables de se transformer en d'autres 
espèces, d'autres genres, d'autres familles. Plusieurs siècles d'observation ont 
déjà démontré que les Pomacées de nos vergers se divisent en groupes natu- 
rels que le vulgaire désigne par les noms de Poiriers, Pommiers, Cognassiers, 
Néfliers, Sorbiers, etc. Il devient chaque jour plus évident pour l'auteur que 
ces genres sont radicalement distincts, et que leur diversité de structure se 
confirmera de plus en plus par de nouveaux caractères, indiquant leur sépa- 
ration naturelle en groupes de mieux en mieux définis, en méme temps qu'on 
verra se multiplier leurs types spécifiques. Réunir aujourd'hui en un seul type 
générique le Pommier, le Poirier, le Cognassier et le Sorbier, ainsi que le 
faisait Linué, ce serait méconnaitre les lois sur lesquelles s'appuie la méthode 
naturelle. On ne conçoit pas, en effet, comment aprés avoir réuni générique- 
ment des plantes qui différent par la nature de leur tissu ligneux, par la ver- 
nation des feuilles, par l'inflorescence, par l'estivation de la corolle, et enfin 
par la structure du fruit, on n'a pas été logiquement conduit à faire un seul 
genre de toutes les Pomacées. 

Voici comment M. Decaisue divise l'unique espèce qui embrasse à ses veux 
tous les Poiriers connus : 

4° Race celtique : foliis floralibus glabris, circinatis v. ovatis v. ovato-cor- 
datis, integris v. crenulatis; fructibus sepius fasciculatis, parvis, globosis 
v. subturbinatis, longe pedunculatis, calyce deciduo umbilicatis, fuscis : Pirus 
cordata Desv. (P. communis var. azarolifera DR. , P. Boissieriana Boiss. et 
Bubse), P. longipes Coss. DR. 

. 2° Race germanique : foliis floralibus subtus plus minusve arachnoideo- 
villosis, ovatis v. cordatis v. circinatis, crenatis, fructibus sepius solitariis 
geminis ternisve, globosis v. turbinatis, viridibus, fuscis, maculatis, calyce 
sepius coronatis : Pirus communis L. (Achras et Piraster). 

3° Race hellénique : foliis floralibus glabris v. subtus tomentosis, ovatis 

v. oblongis v. linearibus, integris v. dentatis ; fructibus globosis v. turbinatis, 
solitariis geminisve, pedunculo crassiusculo, viridibus fusco-maculatis : Pirus 
parviflora: Desf. (P. amygdaliformis Vill.), oblongifolia Spach, Bourgæana 
Decne, syriaca Boiss., glabra Boiss., Boveana Decne (P. angustifolia 
Decne non Aiton), s?riaica Thouin (persica Pers. ). 

. i? Race pontique : foliis floralibus adultisque tomentosis v. sericeis, ovato- 
oblongis v. linearibus; fructibus solitariis geminisve, pedunculo crassiusculo, 
rotundis v. turbinatis, viridibus fusco-maculatis, calyce coronatis: Pirus elæa- 
` gnifolia Pall., Kotschyana Boiss., Michauxit Bosc, nivalis Jacq. (salvifolia 
DC.), canescens Spach, salicifolia Pall. 

5* Race indique : foliis floralibus glabris v. pubescentibus, adultis ovatis 
v. ovato-lanceolatis, acuminatis, crenatis ; fructibus solitariis geminisve, rotun- 
dis v. turbinatis, viridibus, lævibus v. verrucoso-punctulatis, calyce deciduo 


` 


: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 


umbilicatis, 3-5-locularibus : P. Pasche Dou, Kumaoni Decne, Balansæ 
Decne, Jacquemontiana Decne, Calleyana Decne, betulæfolia Bunge. 

6° Race mongolique : foliis floralibus glabris v. puberulis, circinatis v. ova- 
tis, margine acutissime serratis, longe petiolatis ; fructibus sepius solitariis, 
globosis v. turbinatis, calyce deciduo umbilicatis, junioribus sepius longe 
pedunculatis : Pirus sinensis Lindl. (P. ussuriensis Maxim.), et varietates 
Japonicæ hortenses. 

Ajoutons que le Pirus indica Wall. doit, d’après M. Decaisne, devenir le 
type d'un genre nouveau. 

M. Decaisne a présenté à l'Académie des sciences (Comptes rendus, 1871, 

t. LXXII, pp. 1139-1144) le résumé de ses Observations sur les Pomacées. 
Il insiste fortement sur la nécessité de séparer en genres distincts les Pommiers, 
les Cognassiers, les Sorbiers, les Poiriers, les Aubépines, etc. I Ine suffit pas, 
dit-il à propos de cette classification, d'imaginer des affinités en combinant 
théoriquement certains caractères auxquels on attribue à priori plus ou moins 
de valeur ; l’observateur superficiel n’aperçoit pas les différences et les excep- 
tions ; mais cette uniformité apparente se convertit presque toujours, au con- 
traire, en une prodigieuse variété, aux yeux de celui qui observe les objets 
avec une attention scrupuleuse. 
.. Sa première observation porte sur le caractère tiré de l'estivation qui per- 
met de séparer nettement les Cydonia des Chœnomeles ( Cognassier du 
Japon). Cette estivation est tordue dans le premier avec des fleurs icosandres, 
tandis qu'elle est imbriquée dans le second, dontles fleurs sont polyandres ; si 
l'on ajoute à ces caractères d'estivatjon, considérés jusqu'ici comme de pre+ 
miere valeur, ceux tirés de la forme du calyce, de la nature du fruit, du port 
trés-différent des deux arbustes, on reconnaitra la nécessité de maintenir 
séparés génériquement ces deux types. 

Le Mespilus et les Cratægus ont présenté à M. Decaisne un caractère par- 
ticulier qu'il n'a point encore vu signalé. Ce caractère consiste dans la défor- 
mation constante de l’an des ovules, qui prend la forme d'un véritable pédicelle: 
coiffant l'ovule normal et s'appliquant exactement sur la chalaze. — Le Buisson- 
ardent, tour à tour ballotté entre les Cotoneaster, les Mespilus et les Cratægus, 
se distinguera de ces genres par la position des cotylédons relatiyement au raphé 
(voy. le Bull. t. xvi, p. 177). — Le caractère tiré de la vernation des 
feuilles permet de distinguer avec la plus grande facilité les Sorbiers des Poi- 
riers. — Les anthères des Pommiers sont toujours de couleur purpurine, et 
celles des Poiriers toujours blanches ou jaunâtres. — La pulpe des fruits de 
chacun des genres de Pomacées présente des différences tellement constantes, 
que l'examen des éléments anatomiques de cette partie charnue suffit seul pour 
les caractériser.—La forme des pétales pourra étre prise en considération pour 
séparer les Photinia des Eriobotrya. 

«Dans un autre mémoire qu’il prépare sur l'ensemble des Rosacées, M. De_ 


196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


caisne se propose de démontrer que plusieurs genres qu'on a récemment 
associés à cette famille doivent en être absolument éloignés, et que les Stylo- 
basium et Lecostemon sont voisins des Phytolaccées et des Nyctaginées et non 
des Rosacées- Chrysobalanées. 


Manucl de l'amateur des jardins, traité général d'horticul- 
ture; par MM. J. Decaisne et Ch. Naudin. Ouvrage accompagné de figures 
dessinées par A. Riocreux, gravées par F. Leblanc. Tome iv, in-8* de 
657 pages. Paris, chez Firinin Didot, 1872. 


` Ce volume termine l'ouvrage de MM. Decaisne et Naudin. Il renferme la 
culture des légumes et des arbres fruitiers de pleine terre, ainsi que celle des 
plantes alimentaires de serre chaude. La première partie est divisée en quatre 
chapitres, qui traitent : 1^ de l'établissement et des principes de culture du 
jardin potager ; 2° des légumes-racines; 3° des légumes herbacés ; des légu- 
mes-fruits (cucurbitacés, solanés, siliqueux et Champignons). La deuxiéme 
partie est consacrée aux fruits, classés aiusi : petits fruits bacciformes, fruits 
drupacés, et fruits à pepins. 

Parmi les articles les plus intéressants, dont le choix, on le comprendra sans 
peine, est difficile à faire, nous devonsciter : celui des Ignames, dont l'emploi 
agricole parait devoir être restreint à la production de fourrage dans les terres 
sablonneuses infertiles, méme pour le Dioscorea Decaisneana, bien que ses 
tubercules soient arrondis et demeurent à fleur de terre; — celui des légumes 
cucurbitacés, qui doit une valeur spéciale aux observations de M. Naudin, et 
qu'il importe d'autant plus de citer que, malgré la date un peu ancienne déjà 
de ces observations, la plupart des traités de jardinage continuent à confondre 
les espèces et les variétés de Courges ; — l'étude du Poirier et de ses différentes 
espèces, qui retire une vaieur considérable des longs travaux de M. De- 
caisne ; — celle des Figuiers ; — celle des Hespéridées, etc., etc. 

M. Decaisne fait observer, à propos du Poirier, que l'expression de variétés 
appliquée aux arbres fruitiers cultivés est tout à fait impropre. Il n'y a en effet 
parmi eux que des formes individuelles, des variations sans consistance, que 
la greffe seule peut conserver, et non pas des races fixées. C'est par abus de 
langage qu'on en fait des variétés, et c'est sur cet abus de langage que roule, 
en partie du moins, la discussion qui s'est élevée entre nos pomologistes mo- 
dernes sur la question de savoir si les variétés de Poirier dégénérent ou ne 
dégénérent pas en vieillissant. 

M. Decaisne donne la description de quatre-vingt-six poires choisies parmi 
les plus recommandables, La taille et la culture du Poirier sont l'objet des 
détails nécessaires, ainsi que la récolte et la conservation des fruits; vient 
ensuite l'étude des maladies du Poirier et des insectes qui en causent quel- 
ques-unes, du Ziestelia cancellata et du Podisoma, etc. 

Nous devons signaler aux amateurs l'Oranger du Japon, Citrus japonica, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 


qui supporte 12 à 45 degrés au-dessous de zéro à Shang-hai, et qui doit réus- 
sir parfaitement dans nos régions méridionales, probablement méme en dehors 
de la région restreinte de l'Oranger. Le fruit est une trés-petite orange máris- 
sant en décembre et janvier, et dont la pulpe est alors douce et sucrée, et la 
peau si fine, qu'on ne se donne pas la peine de l'enlever. On trouvera avec 
intérêt, dans le chapitre consacré aux Hespéridées, des détails sur la culture 
artificielle des Orangers, entreprise sur une échelle remarquable par MM. Bec- 
quere] à Châtillon-sur-Loing. 

Nous engageons vivement les personnes qui liront ces lignes à parcourir le 
livre que nous venons d'analyser. Les matières dont il traite sont choses qu'on 
croit connaître et que l'on connaît parfois fort imparfaitement ; et il arrive trop 
souvent à un botaniste honoré de ce nom, dans ses relations journalières, de 
rester court quand on le questionne sur un sujet d’horticulture ou sur le 
nom d'un fruit de table. 


Mémoire sur la moelle des plantes ligneuses ; par M. A. 
Gris (Nouvelles Archives du Museum, t. vi, pp. 201-302, avec 9 planches 
gravées renfermant quatre-vingt-seize figures dessinées à la chambre claire 
par l'auteur). 


Ce mémoire est divisé en cinq chapitres. Le premier concerne les Réser- 
voirs de substances nutritives dans les axes végétaux. Le deuxième contient le 
Résumé historique des connaissances successivement acquises sur le sujet. Le 
troisiéme est consacré à l'exposé de la Structure générale de (a moelle dans 
les diverses régions de l'axe végétal. Le quatrième traite de l'Anatomie com- 
parée de ce tissu dans diverses familles végétales et de ses applications à la. 
botanique phytographique. Enfin le cinquième a rapport. à la vitalité du sys- 
téme médullaire et aux mouvements des matières nutritives qu'il contient. 

Le premier chapitre contient le résumé de communications faites à l'Aca- 
démie des sciences dans les séances des 26 février, 12 mai et 6 octobre 1866 
(voyez le Bulletin, t. xtti, p. 531, et Revue, p. 98). M. Gris poursuit l'étude 
des réservoirs de matière nutritive dans le parenchyme ligneux, dans le paren- 
chyme intravasculaire, pourvu de cellules amylifères dans les deux zones exté- 
rieures du bois, dépourvu de ce principe dans les couches plus intérieures; tous 
ces éléments, les fibres ligneuses elles-mêmes, sont appelés à jouer un rôle 
important dans les phénomènes de la nutrition. La moelle, loin d'être inerte 
dans cet acte, y prend part dans une large proportion. 

M. Gris étudie successivement la moelle dans les entre-nœuds, dans les 
nœuds, à la base des bourgeons, aux points où une pousse d'une. année 
succède à une pousse d'une autre année; il appelle plus brièvement ces 
diverses régions moelle internodale, moelle nodale, moelle subgemmaire et 
moelle interraméale. 

La moelle internodale ne comprend que trois sortes d'éléments : 1° ceux 


198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


qui, généralement munis de parois épaisses et canaliculées, produisent des 
matières de réserve granuleuses, ce sont les cellules actives ; 2° ceux qui, 
munis de parois minces et ponctuées, ne produisent pas de semblables matiéres, 
mais enserrent fréquemment des gaz: ce sont les cellules ?nertes; 3° ceux 
qui, dans une enveloppe ténue, spéciale, produisent des formations cristallines : 
cellules cristalligènes. Ces modes divers d'organisation peuvent se répartir 
en trois groupes principaux. Ou bien la moelle est essentiellement formée de 
cellules actives, présentant aussi des cellules actives et des cellules cristalli- 
gènes.: c'est la moelle homogène ; ou bien elle renferme des cellules actives 
et des cellules inertes : c'est la moelle hétérogène; ou. bien elle ne présente 
que. des cellules inertes : c'est la moelle inerte. Ce dernier cas est tout à fait 
exceptionnel. M. Gris expose un grand nombre de cas dérivés de ces 
types. 

Dans le chapitre consacré à l'anatomie comparée de la moelle, à ses applica- 
tions à la botanique phytographique, et dont plusieurs études détachées ont 
paru dans les Comptes rendus de nos séances, M. Gris a examiné la moelle 
dans les familles suivantes : Caprifoliacées, Éricinées, Oléinées, Ilicinées, Célas- 
trinées, Berbéridées, Magnoliacées, Celtidées, Hamamélidées, Platanées, Mé- 
lastomacées, Rhamnées, Rosées, Pomacées, Juglandées, Quercinées, Bétulinées 
et Myficées. Il faudrait lire le mémoire de M.Gris pour savoir dans quelle 
mesure les faits anatomiques, nouvellement observés: par lui, confirment où 
contrarient certains traits de la classification. 

Dans le sixième chapitre, qui forme comme la conclusion des études de 
l'auteur, il s'est occupé surtout du tannin et de l'amidon renfermés dans la 
moelle et du mouvement auquel sont soumises ces matières dans le tissu. 
médullaire. Les cellules actives renferment des matiéres nutritives, dit-il, à 
diverses époques de l'année, pendant un temps dont la durée varie avec les 
essences et qui peut étre considérable. Ces matiéres se résorbent et se repro- 
duisent périodiquement. Enfin la moelle, loin d'étre inerte et passive, comme 
en l'avait cru avec De Candolle, concourt pour une large part à la nutrition 
du végétal. 

Ce mémoire servira, dans une large part, pour ceux qui feront ùn jour lhis- 
toire de la science, à établir combien en France l'anatomie végétale a fait de 
progrés en vingt ans; depuis l'époque qui nous sépare des éléments longtemps 
classiques de Richard et de Jussieu. On sentira davantage l'exactitude de cette 
appréciation en lisant le. rapport élogieux que M. Ad. Brongniart a lu à l'Aca- 
démie sur le travail de M. Gris, dans sa séance du 13 juillet 1871, et dans 
lequel l'insertion de ce mémoire avait été demandée parmi les Mémoires des 
savants étrangers. 

Un extrait de ce mémoire, qui traite particulièrement de la structure 
générale de la moelle, des applications de l'anatomie comparée de ce tissu à la 
botanique phytographique, de son rôle physiologique, a été publié dans les 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 499 


Annales des sciences naturelles (5° série, t. xiv, pp. 9-55), à la suite du 
Rapport de M. Brongniart. E. F. 


Les plantes naturatisées ou introdaites en Belgique; 
par M. André Devos (Bulletin de la Société royale de botanique de Bels 
gique, t. Ix, 9° année, pp. 5-122. 


Ce travail assez étendu se compose : 4° d'une introduction qui renferme 
des considérations générales sur la naturalisation et l'indigénat des plantes; 
2° d'une énumération systématique des plantes naturalisées ou introduites en 
Belgique. Dans la premiére partie, l'auteur s'occupe successivement des plantes 
cultivées, des plantes adventices, des plantes récemment | naturalisées, des 
plantes anciennement naturalisées et des indigènes. Les observations que rap- 
porte M. Devos et les faits déjà connus qu'il rappelle ont d'autant. plus d'in- 
térêt, que l'année qui vient. de s'écouler a vu se développer en France un 
nombre considérable d'espéces introduites et qu'il sera bon d'examiner, en 
contrôlant les faits antérieurement admis, la manière dont se comporteront 
chez nous ces espèces nouvelles. Recherchant l'origine de:plusieurs naturali- 
sations anciennes, l'auteur classe en trois groupes principaux les plantes intro- 
duites en Belgique avant l'époque moderne : époque romaine, époque. du 
moyen âge, époque de la renaissance. Il se rencontre en cela avec M. Chatin, 
qui, dans notre Bulletin, a publié plusieurs articles sur la flore des vieux 
cháteaux. . ' 

M. Devos divise les plantes indigènes ou introduites en quatre classes, et, 
pour les désigner, il emprunte à M. Watson les expressions suivantes :' 

Native plants, espèces qui paraissent indigènes en Belgique. 

Denizen plants, espèces qu'on peut supposer introduites, mais qui sont 
complétement établies dans le pays et qui s'y perpétuent sans le secours de 


l’homme. 
Les alien plants, moins bien établies, sont manifestement introduites et sont 


connües comme étant de provenance exotique. 
Les colonist plants sont les mauvaises herbes des lieux cultivés et du voi- 


sinage des habitations. 

Le nombre des plantes introduites en Belgique est de 512 : sur ce nombre; 
91 proviennent du midi de l'Europe ; 137, de l'est de l'Europe ou de l'Orient ; 
44, de l'Europe centrale; 5, de l'Europe boréale; 16, des régions alpines; 
34, de l'Amérique; 5, d'Afrique; 210 ont, suivant l'auteur, une patrie in- 
connue. 

Parmi les plantes dont M. Devos conteste l'indigénat en Belgique, nous 
mentionneróns le Trollius europœus L., l Epimedium alpinum, indiqués par 
les flores ; et un certain nombre de plantes alpestres ou boréales dont la pré: 
sence ne parait pas inexplicable sur les collines dela Belgique. Au nombre des 
especes récemment naturalisées les plus intéressantes et de celles qui parais- 


200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sent le plus disposées à se répandre et à se maintenir, sont le Claytonia per fo- 
liata Don, l'Elodea canadensis Rich. , et le Rudbeckia digitata DC., plantes 
originaires de l'Amérique du Nord. 


Catalogue de plantes plus ou moins rares observées 
en Belgique ; par M. Apollon Hardy (Bulletin de la Société bota- 
nique de Belgique, t. 1x, 9° année, p. 122-133). 


Dans cette énumération: d'espéces observées en Belgique depuis dix ans, 
nous signalerons le Viscum album couvrant entièrement un Chêne rabougri 
dans un bois sur les bords de la Lomme, aux confins des provinces de Namur 
et de Luxembourg ; une variété du Viola lutea Huds., présentant les deux 
pétales supérieurs bleus ; l'Omphalodes verna, recueilli dans une localité tel- 
lement abondante que l'auteur croit à l'indigénat de cette espèce ; le Knautia 
silvatica Duby, abondant aux environs de Malmédy ; enfin un assez grand 
nombre de Mousses et d'Hépatiques. 


Nouvelles notes sur la flore de Lodève ; par M. A. Aubouy 


(Annales de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault, 
2* série, t. III). 


. Une premiére note de M. Aubouy a été analysée dans cette Revue (t. XVII, 
p. 129). 

Parmi les espéces citées par l'auteur comme résultats de ses herborisations 
aux environs de Lodéve, et principalement aux bords de la Vis, nous men- 
tionnerons : l'Arabis auriculata Lam., l’Alsine hybrida Jord.; le Potentilla 
recta, dont M. Loret avait déjà signalé une autre localité dans le départe- 
ment (1); le Sanguisorba officinalis L., dont MM. Grenier et Godron contes- 
taient la présence dans la région méditerranéenne ; le Paronychia cymosa 
Link, l'/ris olbiensis Hénon, ou Lec. et Lam. ? (car, pour l'auteur, il y aurait 
sous ce nom deux espèces distinctes); l'Orchis ambigua De Martrin-Donos; le 
Cyperus badius Desf., commun autour de Lodève, où il n'avait pas été signalé ; 
le Cladium Mariscus, que M. Aubouy croit importé par les oiseaux voyageurs ; 
le Carex Mairii Coss. et Germ., qui avait été trouvé pour la première fois 
dans le département par M. Duval-Jouve; l'Agrostis olivetorum G. G., le 
Piptatherum multiflorum Beauv., le Festuca consobrina Timb., les Asple- 
nium lanceolatum Huds. et Breynii Retz. 

M. Aubouy annonce qu'il a recueilli en outre autour de Lodève un grand 
nombre d'autres plantes d'origine étrangère, aujourd'hui naturalisées ou en 
voie de naturalisation, apportées avec leslaines d'Afrique ou d'Amérique; il se 
propose d'en faire l'objet d'un travail spécial. 


(1) Bullet. Soc. bot., t. xv (Séances), p. 108. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 201 


Catalogue des plantes vasculaires qui croissent natu. 
rellement dans les environs d'Aix; par MM. Amédée de 
Fonvert et J. Achintre. In-8°, 170 pages, Aix, 1871. Impr. Marius Illv. 


Ce catalogue ne comprend que les plantes croissant dans un rayon peu 
étendu autour de la ville d'Aix (Bouches-du-Rhône). Les auteurs ont cependant 
reculé quelque peu la limite de leurs excursions dans la direction de quelques 
localités inéressantes. Le terrain exploré est exclusivement calcaire; la configu- 
ration du sol et ses différentes conditions physiques influent bien plus que sa 
composition sur la végétation. Le point culminant de la régior est le sommet 
de Sainte-Victoire élevé de 1000 mètres. La première partie du catalogue, 
jusqu'aux Cinarocéphales inclusivement, a été rédigée par M. de Fonvert; la 
seconde partie, depuis les Chicoracées, par M. Achintre. 

L'Anemone Coronaria, commune dans les champs cultivés, ne parait. pas 
à l'auteur d’ane spontanéité complète. 

M. Achintre signale une nouvelle variété de Capparis spinosa qu'il appelle 
sterilis, et qui répond au Capparis folio acuto de Garidel; elle a les feuilles 
plus allongées, non mucronées, lestiges et les rameaux verts, jamais ascen- 
dants, et ne donne pas de fruits. 

L'Anagyris fœtida L. a été observé par M. le comte de Saporta sur le 
versant ouest de la colline des Pauvres, vaste plateau de molasse coquilliére. 

L'Arceuthobium Oxycedri Bieberst., Loranthacée parasite sur le Genévrier, 
est indiqué à la localité de Nimet avec la mention : trés-rare. 

M. T. 


Osservazioni sul erbario di Linneo; par M. R. de Visiani 
(Nuovo Giornale botanico italiano, juillet 1870, pp. 208-229). 


Les observations de M. de Visiani concernent les plantes suivantes : Atropa 
Mandragora, Ferula communis, F'. nodiflora, Seseli globiferum, Statice 
reticulata, St. cordata, St. minuta, Thymus Zygis, Alyssum creticum, 
Anthemis peregrina, A. Cota, A. altissima, Senecio nebrodensis. 


Descrizione di due specie d'Ziyds ora d'Abyssinea ; par 
M. O. Beccari (Nuovo Giornale botanico italiano, janvier 1871, p. 5). 


Ces deux espèces ont été recueillies avec beaucoup d'autres dans un voyage 
que M. Beccari a fait pendant l'été de 1870, dans le pays de Bogos, en com- 
pagnie de M. le inarquis Antinori, déjà bien connu par ses voyages dans les 
hautes régions de l'Abyssinie. Partis le 15 février de Gênes, les voyageursarri- 
vèrent le 9 mars à la baie d'Assab, sur la côte africaine de la mer Rouge, dans 
le pays de Danakil, prés du détroit de Bab-el-Mandeb. Aprés avoir exploré su- 
perficiellement la baie d'Assab, ils partirent le 20 mars pour Aden, d'où ils 


202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


revinrent le 30 à Assab, et de là à Massouah, où ils passèrent tout le mois 
d'avril. Les mois suivants furent consacrés aux environs de Bogos, jusqu'au 
25 août. | 

Les deux Æ/ydnora nouveaux décrits par M. Beccari portent les noms d' 7. 
Johannis et H. bogosensis, Peut-être un de ces noms fait-il double emploi 
avec l’Æydnora abyssinica Al. Br. in Schweinf. Beitr. z. Flora Aethiop. 
1,217, lequel est aussi parasite sur les racines d'un Acacia. | 


Petrosavia, nuovo genere di piante parasite della famiglia delle Melan- 
thaceæ ; par M. O. Beccari (ibid., p. 7). 


Ce nouveau genre, dédié au professeur de Pise que la science a récemment 
perdu, est de Bornéo (Beccari n° 2399, 3000 ped.). Il présente les caractères 
suivants : . En 

Perigonium trigonum 6-partitum, persistens, coloratum, inferum, phyllis 
inæqualibus, 3 exter. minoribus angustioribus, basi omnibus connatis. Stamina 
6, phyllis opposita et eorum basi inserta; filamenta subulata; antherz bilocu- 
lares apice acutiusculæ, basi bilobæ, basifixæ, introrsæ. Ovaria tria, peri- 
gonii phyllis: angustioribus opposita, ex ima basi libera, sessilia, follicularia, 
erecta ; stigmata sessilia vix incrassata, papillosa; ovula horizontalia, anatropa, 
placentis 2, latis," marginalibus et. ventralibus  bi-triseriatim affixa. Fructus 
tri-follicularis, folliculis siccis, horizontalibus, sutura ventrali hiantibus, 
Semina numerosa, ovali-elliptica, 7-9-costata, integumento membranaceo 
hyalino, raphe chalazaque incrassatis cincta. Testa chartacea, brunnea, embryo 
cartilagineo-oleosus. — Præfloratio valvaris. 


Note sopita aleune Palme bornensi ; par M. O. Béccari (ibid. 

p.;14).. 

Les Palmiers dont il est question dans cette note sont les suivants : Caryofa 
Nô, sp. n. (Beccari n° 3643); Caryota Griffithii Becc. (C. sobolifera 
Griffith non Wall. nec Mart. , Becc. n” 955, 1281) ; C. propinqua Bl. (Becc: 
n° 2219) ; Æugeissona minor, sp. n. (Bece. n° 2555) ; E. insignis, n. sp. 
(Becc. n° 2010); Æ. utilis, sp. n. (Becc. n° 3812); Æ. tristis Griff. (Becc. 
n° 3453); Teysmannia altifrons Rchb. et Zoll. (Becc. n** 1942, 3645) ; 
Metroxylon Sagus Rottb. et M. Rumphii Mart. (Becc. n° 3122). 


Illustrazione di nuove o rare specie di piante bor- 
» nensi ; par M. O. Beccari (ibid., avril 1871, p. 121). 


Ce mémoire est consacré à la famille des Anonacées, très-richement repré- 
sentées dans les collections que M. Beccari a. rapportées de Bornéo. Elle y 
renferme en effet cent cinq espéces, En réunissant toutes les. Anonacées qui 
étaient connues à Bornéo avant son exploration, on obtenait le chiffre de 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. - 203 


soixante-dix-sept. Dans ce nombre plusieurs constituent méme des genres nou» 
veaux : E buropetalum, Marcuccia, Enicosanthum, Mezzettia, 6 planches sont 
employées à l'illustration de cette importante étude. 


Nova species italica ex genere Ophrydum ; par M. P. A. 
Saccardo (ibid., avril 1871, p. 165). 


Ophrys integra Sace. (O. apifera Huds. var. 8. Trollii Sacc. antea, non 
Rchb. — Labello ovato v. subrotundo in apicem breviter acuminato, indiviso, 
exappendiculato, disco et margine plano, linea verticali media glabro, lateribus 
velutino ; laciniis perianthii internis a basi rotundata anguste lanceolatis, pu- 
bescentibus, m 


- 


Compendio della flora italiana, fasc. 6-9 ; publié par les soins 
de MM. les professeurs de Cesati, G. Passerini et G. Gibelli ; avec un atlas 
`- d'environ 80 planches, exécutées sur des dessins faits d’après nature par 
M. Gibelli. Milan, 1870-71. Don 


La suite des livraisons de cette importante publication continue. Les auteurs 
ont abordé maintenant les Monocotylédones. Nous devonsciter parmi les espéces 
les plus intéressantes signalées depuis les montagnes du Tirol jusqu'en Sicile, 
dans les livraisons que nous avons sous les yeux, les plantes suivantes : Juncus 
bottnicus Wahlbg., Tulipa Beccariana Bicchi, plusieurs espèces de Tulipa 
établies par M. Reboul ; Ornithogalum comosum Parl. an. L ? (O. garganicum 
Ten., O. saxatile Vis.), espèce qui se retrouve dans les lieux herbeux des 
montagnes d'un bout à l'autre de la Péninsule; Allium pulchellum Don (A. 
valdensium Boiss. Reut.), A. violaceum, Willd. (A. carinatum All. non L.), 
A. margaritaceum Sibth. et Sm. (Calabre et ile de Lampédouze), Myrsi- 
phyllum asparagoides Willd., originaire du Cap, et naturalisé dans les envi- 
rons de Palerme; Asparagus stipularis Forsk. (Sicile, île de Lampédouze). 

Les fascicules 8-9 de cette publication contiennent le complément de 
la famille des Iridées, Cannacées, celles des Orchidées, des Hydrocharidées, 
des Butomées, des Alismacées, des Juncaginées, des Potamées, des Naïadées, 
des Zostéracées et des Lemnacées. Ils terminent la description des Mono- 
cotylédones. 

Nous remarquons que les auteurs ont admis le genre Xyphium Parlatore, 
séparé par ce botaniste du genre /ris L. Le Canna indica L., naturalisé en 
Sicile, aux bords des eaux tranquilles, entre Syracuse et Agosta, représente seul 
la famille des Cannacées. L'Aceras longibracteata Rchb. figure sous le nom 
générique de Barlia Parl., dédié au botaniste de Nice, M. Barla. is 

Nous signalerons l'Ürchis Gennarii Rchb., hybride des 0. papilionacea 
et Morio ; l'O. Bornemanni Asch., hybride des 0. papilionacea et longi- 
cornis; l'O. Nicodemi Ten., hybride des O papilionacea et laxiflora. L Or- 


204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


chis mascula L. n'est indiqué qu'avec un point de doute; une note nou 
apprend que la plante italienne, soigneusement comparée par M. de Cesati avec 
des échantillons d'Angleterre, de Belgique et d'une partie de l'Allemagne, se 
rapporte, de méme que ces derniers, à l'O. stabiana Ten., qui lui-même est 
identique à l'O. speciosa Host. M. de Cesati n'a pu examiner la plante publiée 
par Fries dans l Herbarium normale suecicum et qui est peut-être, de l'avis 
de M. Parlatore, un type particulier. Le Gymnadenia albida L.-C. Rich. 
forme le genre Bicchia Parl., dédié au prof. Ces. Bicchi de Lucques. 

L'Ophrys Inzengæ des auteurs du Compendio est l'O. arachnites Todaro 
signalé en Sicile. Le Vallisneria spiralis et sa variété pusilla Barbieri sont 
indiqués dans les eaux dormantes de l'Italie supérieure et centrale, et méme 
dans les eaux thermales du Padouau et des environs de Pise. Le Stratiotes 
aloides habite les lacs et les marais du nord de l'Italie. Une forme vivipare 
de l Hydrocharis Morsus-ranæ, remplaçant les bourgeons floraux par les 
bulbilles, se trouve dans les fossés et les marécages du Piémont et du Par- 
mesan (var. B. vivipara C. P. et G.). L'A/thenia. filiformis F. Petit est 
indiqué au lac de Salpi et dans les eaux jaunátres prés de Messine et de Boni- 
facio. Ces deux fascicules sont accompagnés de six planches reproduisant des 
détails des organes des plantes décrites et parfois donnant le port des végétaux 
entiers. -- 


Floræ Valturis synopsis, exhibens plantas vasculares in Vulture monte 
ac finitimis locis sponte vegetantes, auctore Nicolao Terracciano. In-8° de 
206 pages. Naples, 1869. 


Les espèces énumérées dans ce Synopsis sont au nombre de 977. Une 
d'entre elles est nouvelle ; c'est la suivante : 

Helminthia mucronata Terracc.. — H. caule erecto piloso-scabro; foliis 
strigoso-hispidis integris, radicalibus petiolatis oblongis, caulinis amplexicau- 
libus oblongo- lanceolatis, floribus corymbosis ; anthodii foliolis omnibus mar- 
gine et ad nervos strigoso-aculeatis, exterioribus cordato-ovatis acuminato- 
mucronalis interiora superantibus ; seminibus glabris tenuissime scabris ; 
pappo brevissime pedunculato. — H. echioidi Willd. affinis, sed anthodii 
foliolis exterioribus et pappi charactere ab illa satis distincta. 

Les caractéres géographiques du pays qui fait l'objet de ce mémoire ont été 
appréciés par Tenore et Gussone (voy. Pringsheim, Thes., éd. 4, n° 3994). 


Prospetto Jichenologico della Toscana ; par M. F. Baglietto 
(ibid., cahiers d'avril, août et novembre 1871). 


Ce mémoire présente une énumération importante des Lichens de l'Italie 
centrale ; la flore des Apennins s'y trouvant jointe ainsi que celle des iles voi- 
sines de la Toscane, le nombre des espéces et surtout des formes y est. con- 
sidérable. Quelques nouveautés y sont indiquées : Zecanora zonata, Rino- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205 


dina Beccariana, Callopisma conglomeratum, Urceolaria bispora, Ruellia 
Ayperbolica, Placidiopsis pisana, Thelidium mamillatum, Leptogium 
cornicularioides, etc. La plupart de ces découvertes sont dues aux herborisa- 
tions de M. Beccari, aussi zélé à enrichir la flore italienne qu'à explorer les 
contrées lointaines. Le Prospetto peut former un guide fort utile, en attendant 
des descriptions plus complétes, pour les botanistes qui s'adonnent à la liché- 
nographie dans le midi de l'Europe. 


Storia naturale delle piante erittogame che nascono sulle 
lave vesuviane; par M. Gaetano Licopoli (extrait des Atti della Reale 
Accademia delle scienze fisiche e matematiche di Napoli); tirage à part 
en une brochure grand in-8° de 58 pages, avec 3 planches. Naples, typ. 
del Fibreno, 1871. 


Ce mémoire a été composé pour répondre à une question mise au concours 
par l'Académie de Naples, et couronné par elle. 1l est divisé en quatre parties. 
Dans la première, qui présente au moment où nous écrivons ces lignes une 
triste opportunité, l'auteur étudie les laves du Vésuve, leur date relative, et 
les conditions qui sont nécessaires pour qu'elles donnent naissance à une végé- 
tation cryptogamique. La seconde partie est une liste de Cry ptogames recueillis 
sur le Vésuve. Elle est limitée aux espéces qui s'implantent directement sur 
la lave. Dans la troisième partie sont enregistrées des études anatomo-phy- 
siologiques faites sur les espèces les plus caractéristiques : Stereocaulon vesu- 
vianum, Acarospora vesuviana, n. sp., Lecanora coarctata-elacista, Lecidea 
platycarpa, Nostoc lichenoides. Enfin, dans la quatrième partie sont réunies 
quelques considérations générales, relatives à l'adhérence de ces Cryptogames 
à la lave sur laquelle ils naissent. La partie principale de ce mémoire est 
l'étude organogénique du Stereocaulon. Les espèces énumérées y sont au 
nombre de cent trente-trois. Ce sont les Lichens et spécialement le Stereo- 
caulon qui s'implantent d'abord sur la lave. 

Il faut environ six ans d'ancienneté à la lave avant qu'il se développe aucune 
végétation à sa surface. L'abondance de la végétation est sur les flancs de la 
montagne en raison directe de l'ancienneté de la lave et en raison inverse de 
la hauteur du point observé. Nous devrions dire était, car après l'éruption 
dont le volcan vient d'étre le théátre, le mémoire de M. Licopoli n'est plus 


guère qu'un travail archéologique (1). 


Note algologiche; par M. N. Pedicino (Zulletino dell Associazione 
dei naturalisti e medici per la mutua istruzione, juillet 1870, pp. 109- 


412 ; août 1870, n° 8, pp. 120-122). 
Ces notes ont rapport à la prolifération des Valonia, à l'expansion basilaire 


(1) On trouvera un résumé de ce travail fait par M. Licopoli lui-méme dans ra 
dell Associazione dei naturalisti e medici per la mutua istruzione, février 1870, n° 2, 
pp. 20-24. — Voyez, sur le Stereocaulon, le Bulletin, t. XIII, p. 289. 


206 SOCIÉTÉ: BOTANIQUE: DE (FRANCE. 


des Corallines; aux ramifications et aux bifurcations des Callithamnion et à 
la soudure des laciniures des Algues en général, et en particulier de l’ Haly- 
menia Monardiana et du Ginannia furcellata. 

- La prolifération des Valoniées n'est pas la même que celle qu'on observe chez 
les Bryopsis et d'autres Algues et qui s'effectue par gemmation. Les parois des 
grosses vésicules des Valoniées sont constituées par une seule cellule ou mem- 
brane formée de plusieurs couches. Une couche verte ést adossée à une couche 
verte ; le contenu de la vésicule semble être de l'eau de mer. Les nouvelles, 
vésicules qui se forment dans l'intérieur de la vésicule-mére sont longtemps 
adhérentes aux parois de celle-ci; tantôt elles restent enfermées dans son 
épaisseur par le dépôt des couches d'accroissement successives ; tantôt elles 
s'en dégagent pour se développer librement dans la cavité de la vésicule- 
mère. 

: La croûte au moyen de laquelle les Corallines adhèrent aux roches situées 
au-dessous du niveau des eaux a pu, par sa ressemblance avec les Mélobésiées, 
suggérer que les Mélobésiées ne sont que des Corallines en voie de développe- 
ment ; la difficulté de faire de bonnes observations sur les expansions basi- 
laires des Corallines, qui naissent rarement ‘isolées, a contribué à maintenir 
beaucoup d'incertitude dans le sujet. M. Pedicino a rencontré dans cet état, 
sur les coquilles de petits Mytilus, dans le golfe de Naples, un Amphiroa qui 
ne ressemblait aux Mélobésiées que par son port. 

: Dans la soudure fréquente entre les ramifications des Algues, qu'elles 
soient cylindriques ou laminaires, les parties intéressées par cette fusion orga- 
nique sont uniquement les couches corticales des ramuscules soudés; le tissu 
médullaire demeure sans altération, du moins dans l’ Halymenia; les élé- 
ments qui lui ressemblent dans les parties soudées du Ginannia sont des cel- 


lules corticales transformées, n'ayant aucun contact avec le tissu médullaire 
véritable. . 


De la signification morphologique de la vrille de la 
Vigne-vicrge; par M. Dutailly (Adansonia, t. x, pp. 10-17). 


M. Dutailly attaque la théorie exposée dans notre Bulletin, il y a déjà plu- 
sieurs années, par M. Prillieux (1) qui regarde la vrille comme résultant d'une 
partition de l'axe. Pour M. Dutailly, les vrilles rentrent dans la classe des 
bourgeons axillaires. Ce sont des bourgeons qui, au lieu d'émerger comme 
d'habitude à l’aisselle d'une feuille, sont restés accolés à la tige, se sont allongés 
avec elle, et ne s'en sont séparés que plus haut, à des hauteurs inégales, 
comme les inflorescences de certaines Solanées (2). 


, (4) Voyez le Bulletin, t. n1, p. 645 et suiv. 
(2) Voyez la thèse de doctorat de M. Naudin. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 207 


Et par Ord om Cucurbitaceernes Slyngtraad (Quelques 

- mots sur la vrille des Cucurbitacées) ; par M. Eug. Warming (extrait des 
Videnskabelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening i Kjo- 
benhavn, décembre 1870); tirage à part en brochure in-8° de 9 pages, 
avec une planche. 


Chez les Cucurbitacées, il n'y a dans l'aisselle des feuilles qu'une seule 
gemme axillaire, d'où devraient toujours sortir : 4° une fleur terminale, mâle 
ou femelle; 2° un bourgeon feuillé A, et 3° une inflorescence B, homodrome 
avec l'axe principal, et antidrome au bourgeon A. Quant à la vrille, c'est 
vraisemblablement un rameau extra-axillaire ; elle naît sous forme d'un mame- 
Jon cellulaire plat en dehors de l'aisselle. 


Sur un geurc nouveau de Composées de la flore indigène de 
l’île de la Réunion; par M. E. Jacob de Cordemoy (Adansonia, t. x, 


pp. 21-28). 

Ce genre est le genre Frappieria, dédié à M. Ch. Frappier, qui en a le 
premier étudié sur place les caractères. Ce genre est voisin du genre Psiadia. 
Il comprend trois espèces à la Réunion. 


Om de vigtigste af de i det 47% Hefte af Flora danica 
optagene planter (Des plantes les plus importantes contenues dans 
: da 47° livraison du Flora danica); par M. J. Lange (Overgsigt over det 
Kongelige danske Videnskabernes Selskabs Forhandlinger, 1869, pp. 
... 108-121). | 
' Le Festuca elongata Ehrh. (Brachypodium Fries, Glyceria GG., Lolium 
festucaceum Link, Festuca loliacea Gurt., F. Phænix Thuill.) est consi- 
déré généralement comme un hybride du F. pratensis et du L. perenne: 
il a en effet des caractères communs avec ces deux espèces ; d'ailleurs il 
h'apparaît que rarement et en petit nombre d'exemplaires, et on ne l'a jamais 
rencontré avec des graines bien mûres et susceptibles de germer. — Le Ga- 
lium palustre L. et le G. elongatum Presl doivent étre regardés comme deux 
formes de Ja méme espèce, de méme que le Galium debile Desv. et le G. con- 
strictum Chaub. — Le Primula Tommasinit G.G. est probablement un 
hybride issu du croisement du P. elatior et du P. officinalis. -= L’ Armeria 
labradorica Wallr. ne diffère probablement pas de 1' A. sibirica, et n'est peut- 
être qu'une forme arctique del’ A. maritima. — Le Juncus atricapillus Drej., 
commun en Jutland, croit aussi dans les sables de la Hollande, et sa forme 
sparsiflora se rapporte au Juncus anceps Laharpe de l'ouest de la France. 
C'est cette espèce qui est représentée dans les /cones de Reichenbach, sous le 
nom erroné de J. nigricans Drej. — Le Filago germanica L. comprend deux 
espèces : F. apiculata G.-E. Smith (F. lutescèns Jord.), et F. germanica 


208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


(L.y Smith (F. canescens Jord.). — Le Sparganium hyperboreum Læstad. 
est une espèce si voisine du S. minimum Fr. de l'Europe centrale, qu'il pour- 
rait bien être une forme arctique de ce dernier, qui, d’après Blytt, ne dépasse 
pas en Norvége la limite des Coniféres. — Le Carex paniculata var. pallida 
Lge peut résulter du croisement du C. paniculata et du C. remota, en com- 
pagnie desquels on l'a trouvé, et avec lesquels il présente un assez grand 
nombre de caractéres communs. 


Conspectus Algarum Brasiliæ hactenus detectarum ; 
par M. G. de Marteus (Videnskabelige Meddelelser fra den naturhisto- 
riske Forening i Kjobenhavn, 1870, pp. 297-314). 


On ne connaissait pas encore d'Algues d'eau douce du Brésil, M. de Martens 
en signale neuf. Les Algues marines sont bien plus nombreuses dans les col- 
lections. M. Martens en énumére environ cent soixante-dix. A la suite de cette 
énumération vient une série d'espéces exclues et attribuées par erreur à 
l'Océan américain. 

M. de Martens a décrit dans le même recueil, en 1871, les Algues recueil- 
lies en 1869 et 1870 autour de Rio de Janeiro, par M. Glazioa, directeur du 
jardin public de Rio. Cette collection enrichit le Conspectus précédent de 
vingt-cinq espèces, dont deux tout à fait nouvelles : Cladophora elongata et 
Laurencia Brasiliana, trés-voisine du Z. Mexicana Liebm. 


Le Darwinisme; par M. Émile Ferrière. In-12 de 448 pages. Paris, 
Germer-Baillière, 1872. 


Ce livre est divisé en quatre parties, La première comprend l'exposé métho- 
dique de la théorie de Darwin, avec faits à l'appui. Chacune des sections se 
termine par un résumé où les notions acquises sont disposées en tableau synop- 
tique. La deuxième partie est consacrée au rôle de la sélection dans les langues, 
sorte d'opération inconsciente bien propre, dit l'auteur, à faire comprendre le 
rôle de la sélection dans la nature. La troisième partie comprend un résumé 
des faits et des théories qui concernent la période glaciaire. Dans la quatrième 
partie, enfin, sont discutés les fondements mêmes de la classification naturelle, 
fondements ébranlés par les partisans du darwinisme, c'est-à-dire l'espèce et 
méme le genre. Ce livre peut étre regardé comme un abrégé des faits qui, 
dans la doctrine aujourd'hui généralement controversée du transformisme, se 
rattachent à l'origine des étres. 


Synonymia botanica loeupletissima generum, sectionum vel 
subgenerum ad finem anni 1858 promulgatorum ; par M. Ludwig Pfeiffer, 
de Cassel. In-8° de 672 pages. Cassel, chez Th. Fischer, 1872. 


L'introduction latine de ce livre est datée de septembre 1870. Vient ensuite 
une préface en allemand, indiquant le plan du livre. Le livre lui-même com- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 209 


prend deux parties. La première est une énumération des genres disposés sui- 
vant la méthode d'Endlicher, par classes, ordres, familles et tribus, à partir 
des Algues jusqu'aux Légumineuses. Dans cette énumération, disposée sur 
déux colonnes, chaque genre adopté par l'auteur est pourvu d'un numéro 
d'ordre ; le numéro le plus élevé est 12608. Les genres fossiles sont compris 
dans cette énumération. Un appendice comprend des Genera non satis nota 
et va jusqu’au n° 12908. Des Addenda et emendanda vont jusqu'au 
n? 12442. 

La deuxième partie est un /nder nominum dressé par ordre alphabétique, 
qui renvoie aux numéros établis dans la première partie, — 

Malgré la date un peu ancienne (1858) à laquelle se terminent les recher- 
ches bibliographiques dont ce livre présente la mise en ordre, il. pourra 
rendre de grands services pour la classification des herbiers. 


Nomenclator botanicus. Nominum ad finem anni 1858 publici 
juris factorum, classes, ordines, tribus, familias, divisiones, genera, sub- 
genera vel sectiones designantium enumeratio alphabetica, adjectis aucto- 
ribus, temporibus, locis systematicis apud varios, notis literariis atque ety- 
mologicis et synonymis ; conscripsit L. Pfeiffer. Vol. 1, fasc. 1-2; in-4*. 
Cassel, 1871. 


Ce Nomenclator est un Index également disposé sur deux colonnes, comme 
le précédent, mais il est plus étendu que celui qui forme la deuxième partie 
du livre précédent. L'auteur v indique pour chaque nom générique oü il a été 
décrit, à quelle famille il appartient, à quel genre il convient dans certains 
cas de le rapporter comme synonyme, quelle en est l'étymologie grecque. Les 
familles y sont placées aussi avec l'indication des genres qu'elles renferment. 


Recherches sur l'organisation et les affinités des Sal- 
vadorées ; par M. H. Baillon (Adansonia, t. 1x, pp. 277-290). 


M. Baillon retrace d'abord les travaux publiés sur ces plantes, qui sont 
loin de concorder entre eux. Il pense que M. Planchon, en écrivant son 
mémoire de 1848 sur la famille des Salvadorées (Ann. sc. nat., 3° série, t. X), 
n'a eu sous les yeux qu'une Térébinthacée à fleurs tétraméres et hermaphro- 
dites dans toutes leurs parties. M. Dickson vient de comparer de nouveau les 
Salvadorées aux Lentibulariées dont Payer les faisait voisines (1), et se demande 
si elles ne sont pas à ces dernieres dans les mémes rapports que sont les 
Plombaginées avec les Primulacées. M. Baillon fait remarquer que le caractère 
tiré de la monopétalie de la corolle passant, dans la classification de Jussieu, 
avant ceux qui révélent l'organisation fondamentale de l'androcée, du gynécée 
et du fruit, on a comparé successivement le Salvadora avec le plus grand nombre 


(4) Transactions de la Sociélé royale d' Édimbourg, vol. xxv, p. 547. 
T. XVI. (REVUE) 14 


210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


possible de familles à corolles monopétales. Pour lui la véritable affinité des 
Salvadora les rattache, avec l’Actegiton et le Monetia, types franchement 
polypétales, aux Célastrinées. Il soupçonne même que la prétendue corolle 
gamopétale campanulée des Sa/vadora est une véritable corolle polypétale, 
dont les divisions seraient maintenues collées (seulement à un certain âge de 
développement) par les filets staminaux aplatis et loriformes (1). 11 n'admet 
d'ailleurs que deux genres dans les Salvadorées, Monetia Lhér. (Azima Lam. 
et Actegiton Bl.), et Salvadora L. (Tomex Forsk. non auct., Dobera Juss., 
Schizocalyx Hochst.). L'Actegiton sarmentosus Bl. devient le Monetia sar- 
mentosa H. Bn (M. laxa Planchon, Salvadora madurensis Decne). 

Ultérieurement (Adansonia, t. X, pp. 31-35), M. Baillon rétablit le genre 
Dobera. C'est un Salvadora à étamines monadelphes, ce qui explique que 
Hochstetter en ait fait une Méliacée (ScAizocalyz). 


Recherches anatomo-physiologiques sur le Chanvre: 
par M. Dutailly (Adansonia, t. Ix, pp. 263-276). 


L'auteur s'attache d'abord à l'étude anatomique de l'embryon, notamment 
des trachées qui y existent avant la germination. Ila vu ces trachées passer 
dans leur marche ascendante de la partie externe à la partie interne de la 
couche génératrice. Les nervures de la feuille cotylédonaire sont reliées entre 
elles, à travers l'épaisseur du cotylédon, par une chaine cellulaire à éléments 
polygonaux de taille médiocre, uni- ou plus généralement bisériés. Cette chaine 
établit entre les parenchymes qu'elle sépare une ligne de démarcation des mieux 
tranchées. Les cellules qui se détachent de cette chaine et se portent, les unes 
vers la face supérieure, les autres vers la face inférieure du cotylédon, s'allon- 
gent et se modifient par degrés, pour prendre d'un côté les caractères du pa- 
renchyme en palissade, de l'autre ceux du parenchyme inférieur. 

M. Dutailly oppose à la théorie fondée par M. Cave (2) sur le développe- 
ment d'une feuille unique, celle du Rosier, les faits qu'il a observés sur le 
éotylédon du Chanvre. L'explication de M. Cave une fois reconnue fautive, 
toute son argumentation sur la structure du fruit s'écroule en méme temps. 
. L'auteur insiste sur l'abseuce de liber, coexistant dans l'embryon du 
Chanvre avec la présence de trachées souvent bien développées, fait qui est en 
désaccord avec les données classiques sur les premiers développements observés . 
ordinairement daus la germination, 


(4) S'il en est ainsi, la valeur de la méthode des Jussieu et l'importance de la subot- 
dination des groupes de plantes recevraient une confirmation nouvelle. 

(2) Voyez t. xvu (Revue), p. 67. Les botanistes qui s'occupent de la zone génératrice 
considérée dans les feuiiles feront bien aussi de consulter un mémoire de M. Areschoug, 
qui parait étre resté inconnu non-seulement à M, Cave, mais encore à M. Dutailly. 
(Voyez tome xvi; Revue; p. 232:) 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 911 


Histoire botanique et thérapeutique des Salsepareilles ; 
par M. Ed. Vandercolme. Thèse pour le doctorat en médecine. In-8° de 
138 pages, avec quatre planches gravées. Paris, chez J.-B. Bailliére et fils, 
1871. 


Cette thèse se divise en plusieurs parties: la première traite du genre 
Smilax Tourn. et des cinq principales espèces employées en médecine ; la 
seconde est intitulée : Histoire médicale des Smilax. Dans la première 
partie, on trouvera des documents nouveaux dus aux recherches de l’auteur 
sur l'anatomie et l'organographie des Smilax ; nous signalerons particulière- 
ment le chapitre relatif à la germination. La tige des Smilax, d’après l'auteur, 
constitue un axe complexe formé par une série d'axes définis nés successive- 
ment l'un de l'autre, et dont la génération se fait alternativement en divers 
sens, ensemble d'axes que les Allemands, dit-il, désignent par le mot sympode. 
Il a étudié avec soin la tige et la racine du Smilax aspera, et deux autres 
espèces, le S. mauritanica Poir. et le S. excelsa. Il a suivi le développement 
des vrilles, qu'il assimile, comme M. Trécul, à des stipules pétiolaires, et celui 
de l'inflorescence, qui est pour lui une ombelle de cymes unipares scorpioides 
contractées, ou un épi, une grappe de cymes unipares scorpioides contractées, 
disposées en ombelle. 

Relativement à l'étude botanique des espèces de Smilax, qui est trés-diffi- 
cile, M. Vandercolme s'est borné à reproduire la division de Kunth. La dif- 
ficulté de la question tient au défaut de concordance des produits pharmaceu- 
tiques et des échantillons, trop rares d'ailleurs, des herbiers. L'auteur, n'ayant 
pas sur ce sujet de matériaux nouveaux, n'a pu que reproduire la description 
des espèces que l'on croit officinales, et faire des coupes des rhizomes que le 
commerce envoie en Europe. Il est à espérer que les matériaux récemment 
adressés à l’École de pharmacie par M. Lévy etles exsiccata du méme voyageur 
feront avancer un peu la détermination des Salsepareilles officinales. 

M. Vandercolme a publié dans l’Adansonia (t. X, pp. 74-98) un extrait de 
ce travail, qui en renferme la partie spécialement botanique. 


Stirpes cxotieæ novæ ; par M. H. Baillon (Adansonia, t. x, pp. 103, 
117). 


Cæsalpinia Courboniana (Courbon n° 362, bords de la mer Rouge); Sin- 
dora cochinchinensis; (Lefèvre n° 259,287); Erythrophleum Couminga 
(Ambongo, Pervillé n° 654) ; Aopalocarpus triplinervius (Zambou à Mada- 
gascar, Bernier n° 2, Boiv. n° 2596 sub Buettneria triplinervia); Oxymitra 
Gabriaciana (Cochinchine, Lefèvre n° 240) ; Melodorum punctulatum (Nou- 
velle-Calédonie) ; M. Lefevrii (Cochinchine, Lefèvre n°° 118, 384, 532); 
Trochetia Richardi (Nossi-bé, Richard n° 343); T. Boivin (Pervillé 
n° 642); T. Thouarsii (Madagascar, Dupetit-Th:); Guarea apiodora (Pérou). 


913 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


..2* article : — Sarcolæna Bojeriana (Madagascar, Bojer); Buettneria viti- 
folia (Nossi-bé, Pervillé, Boivin n° 2137); B. biloba (Madagascar, Bernier 
n° 361) ; Sterculia Tavia (ibid., Chapelier) ; Quararibea Martini (Guyane 
française, Martin) ; Carpodiptera Boivini (Mayotte, Boivin n° 3391) ; C. ? 
Schomburgkii (Guyane anglaise, Schomb. n» 800) ; Belotia insignis (Mexi- 
que, Ghiesbreght n° 356); Honckenya minor (Guinée, D" Joly); Marlea 
Bussyana (Nouvellé-Calédonie, Pancher); Salacia Pancheri (Nouvelle-Ca- 
lédonie, Vieill; n% 189, 2298, et Pancher n? 237); Pisonia major (Rawak, 
Gaudichaüd). l l E. F, 


Hedwigia. Ein Notizblatt für kryptogamische Studien, nebst Repertorium, 
. für kryptogamische Literatur. Neuvième et dixième volumes. Dresde, 1870 


et 1871. 


‘ La neuvième et la dixième année de ce recueil publié par M. Rabenhorst: 
sont formées, comme les précédentes, de douze feuilles paraissant mensuel- 
lement. Dans le Repertorium, qui en constitue la majeure partie, le rédacteur 
reproduit les diagnoses des diverses espéces décrites dans les nombreux mé- 
moires dont il fait l'analyse. Pour le volume de 1870, les travaux analysés 
sont au nombre de quarante-huit, et de quarante-quatre pour 1871. Enfin il 
y à des notices nécrologiques sur deux anciens collaborateurs, Bernard Auers- 
wald, mort le 30 juin 1870, et Ch.-Aug. -Jules Milde, décédé le 3 juillet 1871 
à Méran (Tirol méridional), où il était retourné pour y rétablir sa santé, 

Les travaux originaux, peu nombreux cette fois, sont, pour 1870, les sui- 
vants : M. Juratzka, de Vienne, s'occupe du Zrachythecium Geheebii Milde, 
publié dans le numéro de 1869. Par la structure de ses feuilles, cette Mousse 
rappelle quelque peu les Camptothecium, en particulier le C. aureum, dont 
cependant il est très-facile de la distinguer. A l'état stérile, elle peut aisément 
se confondre avec l'Zomalothecium sericeum. L'auteur fait remarquer que 
sur la Mousse en question les fleurs mâles viennent sur des pieds distincts, 
tàndis qu'on les trouve comme simplement parasitaires sur les Camptothecium. 
Enfin M. Juratzka signale des localités de la Bohême et du Salzbourg où 
l'espéce de feu Milde a été retrouvée. | 

Dans un autre numéro du même journal, M. Juratzka décrit le Webera 
Kreidleri découvert dans quatre localités des Alpes de la Styrie. Cette espèce 
est affineau Bryum Ludwigii, mais par son port et ses dimensions elle rappelle 
plutôt le W. albicans, tout en se distinguant de prime abord par le bord de 
ses feuilles révoluté, par le tissu foliaire plus dense et par l'époque plus tardive 
de la maturation de ses fruits. 

Sous le nom ‘de Jungermannia Reichardti Gottsche in litt., M. Juratzka 
publie une Hépatique nouvelle du Salzbourg, de la Styrie et des Grisons. Le: 
premier inventeur de cette plante, M. Sauter de Salzbourg, l'avait considérée. 


comme une variété du J. alpestris. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.  - 213 


`- Un autre mémoire du méme auteur concerne le Voitia mutica, publié par 
M. Venturi dans le Bryotheca europea de M. Rabenhorst, sous le n° 1052, 
'M. De Notaris a admis cette Mousse comme espèce distincte dans sa myo- 
logie italienne ; il la dit voisine du V. minutula et dépourvue de l'anneau, 
caractére que M. Venturi avait déjà signalé ; cependant M. De Notaris constate 
la présence d'un péristome rudimentaire. 

L'examen de nouveaux échantillons a permis à M. Juratzka de reconnaître 
que la prétendue espèce nouvelle n'est autre chose que l'Anacalypta Star- 
keana. Le « calyptra scabra », spécial d’après M. Venturi à sa Mousse 
nouvelle, se retrouve aussi accidentellement sur l'Anacalypta. 

M. de Brébisson publie, en francais, une note sur le Nostoc fragiforme 
(Roth), qu'autrefois il considérait comme une espèce distincte par la consistance 
coriace de son périderme. Cette structure péridermique et l'absence de tri- 
chomates déterminérent M. Meneghini à placer cette Algue dans le genre 
Oncobyrsa sous le nom d'O. Brebissont ; plus tard, M. Kützing la fit entrer 
dans son genre Hydrococcus et la figura dans ses Tabulæ phycologice, vol. 1, 
pl. 32, avec deux autres espéces qui semblent différer fort peu de celle-ci. 
Dans son Species Algarum, M. Kützing rappelle que cette Alguea été décrite 
par Roth (Catalecta botanica), sous le nom de Linkia fragiformis. La syno- 
nymie complète eu est donnée par M. Rabenhorst, dans son Flora Algarum 
Europe, sous le nom d'Oncobyrsa. M. de Brébisson, ayant eu en mai 1870 
la bonne chance de retrouver des échantillons parfaitement entiers de cette 
plante, a été à méme d'apprécier la justesse de l'appréciation faite par Roth, et 
reconnait qu'elle devra conserver le nom de Nostoc fragiforme. 

Le dernier mémoire dont il nous reste à donner une courte analyse est de 
M. R. Ruthe et concerne quelques espèces de Fissidens. Le F. intralim- 
batus Ruthe, voisin du F. Bloxami Wils. , a été cueilli prés de Tavira en Por- 
tugal par M. le comte Hermann de Solms-Laubach. C'est le seul représentant 
en Europe d'un groupe de ce genre qui a tous ses autres représentants en Amé- 
rique et qui est distingué par l'organisation de ses cellules prosenchymateuses. 
Quelques brins de cette espèce se sont trouvés entremélés au F. incurvus, 
rapporté par le comte de Solms de son voyage aux Algarves. Une seconde 
nouveauté du même genre est le F. Arnold? Ruthe, découvert par le lichéno- 
graphe M. Fred. Arnold, prés de Kelheim sur le Danube, entremélé au 
F. crassipes. Cette espéce se distingue par ses feuilles parfaitement immargi- 
nées, et se rapproche quelque peu par ce caractère du F. obtusifolius Wils., 
qui cependant offre encore des traces d'une marge. L'examen du F gym- 
nandrus Ruthe a fait reconnaître à l'auteur que ce n'est en effet qu'une 
variété du F. bryoides. A cette occasion, M. Ruthe entre dans de nombreux 
détails sur la sexualité de cette espèce où il a fréquemment trouvé avec les 
fleurs mâles des fleurs gynandres, dues à l'absence d'une petite feuille qui 
constitue habituellement la ligne de séparation entre les deux sexes de cette 


915 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


Mousse. L'auteur énumère les nombreuses localités où il a pu constater la 
présence de cette forme anomale. 

Parmi les nombreuses petites notices publiées dans le neuviéme volume du 
journal de M. Rabenhorst , nous signalerons les suivantes. Le Bryum Ma- 
ratii a été cueilli à l'ile de Borkum de la Frise orientale. M. Milde constate 
que le Campylopus alpinus Schimp. n'est qu'une forme du Dicranodontium 
aristatum. Il en est de méme du Campylopus pachyneurus Molendo. Le méme 
auteur est d'avis que le Barbula ruraliformis Bescherelle n'est qu'une forme 
du B. ruralis. En Allemagne aussi les feuilles de cette Mousse sont ou émar- 
ginées à la pointe ou entières, et c'est sur cette circonstance que le poil terminal 
de la feuille nait au sommet non émarginé de cette derniere que M. Besche- 
relle avait principalement fondé son espéce. C'est à tort, selon M. Milde, que 
le genre Leptopteris Presl a été généralement réuni aux Todea. Il se dis- 
tingue de ces derniers, non-seulement par un port rappelant les Zrichomanes, 
mais encore par l'absence des stomates. La forme des cellules est également 
fort différente dans les deux genres en question (1). Le méme auteur réunit 
comme de simples synonymes les quatre Mousses suivantes de M. de Notaris : 
le Weisia truncicola est un Dicranum montanum stérile; le Bryum Geheebit 
ne diffère pas du B. Funckii, le Scouleria aquatica est identique au Cincli- 
dotus fontinaloides ; enfin l' Hypnum duriusculum est la méme espèce que 
VH. molle, Depuis vingt-cinq à vingt-huit ans, l Hymenophyllum tunbrid- 
gense, signalé dans la Suisse saxonne, n'a pu y étre retrouvé. En 1868 l'un 
des fils de M. Rabenhorst l'y a revu et un autre collecteur l'a retrouvé en 
1869. C'est là un curieux pendant de la découverte récente de cette Fougère 
dans la forêt de Fontainebleau. 

Nous passons au volume de 1871. Dans ses notices bryologiques, M. Juratzka 
rappelle qu’un examen réitéré du péristome lui a fait voir que le Grimmia 
Ungeri n'a pas le « capsula exannulata », comme il l'avait dit antérieurement, 
mais bien un « annulus angustus persistens ». A cette occasion, il rappelle que 
la Mousse en question a été trouvée en 1870 par M. J. Fergusson en Écosse. 
Une découverte également curieuse est celle du Zrachythecium olympicum 
Jur., rapporté de l'ile de Chypre par Unger et retrouvé dans les Alpes de la 
Haute-Styrie. De la sorte le Funaria anomala Jur. est la seule des Mousses 
nouvelles, découvertes à l'ile de Chypre par Unger et Kotschy, qui ne se soit 
pas retrouvée jusqu'à présent en Europe. Nous passons sous silence les nou- 
velles localités signalées par l'auteur pour quelques variétés bryologiques, 
nous bornant à relever que l’ Hypnum rigidulum Fergusson ined. est à rap- 
porter comme synonyme au Thuidium decipiens DNus. Dans une notice ulté- 
rieure, M. Juratzka constate la découverte de cette Mousse dans les Alpes de 
la Basse-Autriche ; elle est décidément dioique et non monoique, comme le dit 


(4) Voyez tome xvn, Revue, p. 167. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 215 


l'inventeur, M. De Notaris. Une seule question reste à résoudre, c'est de 
savóir l'affinité que cette Mousse offre avec l Hypnum commutatum, dans le 
voisinage duquel elle devra peut-étre trouver sa place définitive. 

M. Rabenhorst publie l'énumération des Cryptogames rapportées par 
M. Haussknecht de son voyage en Orient. Parmi les quatre-vingt-seize Cham- 
pignons, l'auteur décrit diverses espéces nouvelles. Les Lichens sont au nombre 
de trente-trois; parmi eux, nous remarquons le CAlorangium Jussuffi Link 
du désert de Tebbes en Perse. 

- M. Venturi, de son côté, nous donne des notices bryologiques. Il rappelle 
que l'Orthotrichum Venturii DNtrs demande encore un examen ultérieur, en 
particulier une comparaison avec l'O. Schubartzianum Lorentz. Deux nou- 
velles formes, de l'O: Sturmit próbablement, sont examinées avec soin par 
l'auteur, qui donne un aperçu des caractères qu'il a trouvés sur les échantil- 
lons de cette espèce provenant des localités les plus diverses. Dans un second 
article, l'auteur s'appesautitsur les deux Orthotrichum figurés dansles supplé: 
ments du Z/ryologia europea sous le nom de O. saxatile Wood et Rogeri 
Brid. Le premier pourrait fort bien n'être qu'une des formes assez nombreuses 
de l'O. Sturmii. Ceux qui ne partagent pas cette manière de voir devront 
séparer comme espèce distincte la plante du Nord d'avec celle des Alpes. Nous 
ne pouvons que mentionner la longue dissertation de l'auteur sur l'O. Rogeri 
et les espèces affines, où l'àbsence d'un échantillon authentique de Bridel 
joue un grand rôle, divers auteurs ayant confondu sous ce nom des plantes 
fort différentes. MEME DOT ya 

Un dernier mémoire qui reste à mentionner, ce sont les diagnoses de Cham- 
pignons nouveaux par M. George Winter, accompagné de six figures et offrant 
trois espèces de Sordaria, deux Otthia, un Ohleria, un Sphærella, un Pesta- 


lozzia, enfin un Leptosphæria. i BUCHINGER. 


Précis des herborisations faites par la Société d'histoire natu 
relle de Toulouse pendant l'année 1870 ; par M. Éd. Timbal-Lagrave 
(extrait du Bulletin de la Société d'histoire naturelle de 1 oulouse, vol. 1V, 
pp. 156-185); tirage à part en brochure in-8° de 30 pages. Toulouse, typ. 
Bonnal et Gibrac, 1871. 

M. Timbal-Lagrave a étudié dans ce travail les formes suivantes : 

4° Groupe de l'Aquilegia vulgaris L. et auct. : A. nemoralis Jord., A. 
collina Jord. (A. alpicola Timb. in litt.), qui abonde dans la région alpine 
inférieure des Pyrénées, et de là descend dans le bas des vallées ; A. prætoz 

Jord. (bassin du Tarn, Montagne-Noire) ; A. speciosa Timb. (prairies d Ar- 

bas, vallée d'Aran). | 
2 Groupe du Papaver Rhæas L. — M. Timbal- Lagrave pense que l'étude 

géographique du Papaver Rhæas tracée par M. Alph. de Candolle (qui regarde 
cette plante comme originaire de Sicile), manque de base, parce que plusieurs 


216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE. FRANCE. 


espèces distinctes ont été confondues sous ce nom, malgré les indications de 
Fuchs et de Dodoéns. M. Timbal-Lagrave regarde comme un bon caractére, 
dans le genre Papaver, la forme des anthéres, la coloration du pollen et la 
forme du bouton avant l'épanouissement de la fleur. La présence ou l'absence 
de taches à la base des pétales n'est pas au contraire un caractére constant. 
M. Timbal-Lagrave n'a pas adopté toutes les espéces de M. Jordan. Il dis- 
tingue les Papaver Dodonei (P. erraticum Dod., P. cereale Jord, et P. ar- 
vaticum Jord.); P. erraticum (P. erraticum primum Fuchs Hist. stirp. 
p. 545); P. Fuchsii (P. erraticum alterum Fuchs ibid., p. 256); P. cau- 
datifolium ; P. syriacum Boiss. et Blanche, qui croit avec les précédentes 
espèces dans le bassin sous-pyrénéen. 

3* Anacampseros J. Bauh. — M. Timbal-Lagrave ajoute à la monographie 
de MM. Jordan et Fourreau cinq espéces nouvelles. 

he Groupe du Potentilla verna auct. — M. Timbal-Lagrave décrit deux 
espèces nouvelles : Dynamidium montivagum, très-répandu dans la région 
alpine inférieure des Pyrénées, et D. stipulaceum (Potentilla filiformis Lap. ? 
non Vill., P. salisburgensis auct. pyr. ?). 

5° Genre Rosa. — M: Timbal-Lagrave espère donner un jour un Catalogue 
raisonné de ce genre; en attendant, il croit devoir appeler l'attention sur les 
espèces nouvelles suivantes : Rosa Clotildea (R. suavis Arrondeau non 
Willd.), A. tolosana (R. Junlzilliana auct. tol. non Besser nec Deséglise), 
R. ladanifera. M. Timbal-Lagrave a constaté encore dans les environs 
de Toulouse, le R. Boreythiana Bess. et des espèces décrites par MM. Puget, 
Deséglise et Ripart. 

6° Genre Heracleum. — L'auteur n'adopte pas toutes les espèces de 
M. Jordan. 

L'auteur donne encore quelques détails sur les Galium voisins du G. papil- 
losum, sur l'Inula dubia Pourr., sur les formes du Bellis perennis, sur les 
Salvia, sur l'Orchis fallaci-laxiflora Timb.; il trace ensuite une étude impor- 
tante des Festuca de la Haute-Garonne, dont il s'était déjà occupé auparavant. 
Une espèce nouvelle importante est le Festuca Barthereï, n. sp., remarqué au 
sommet de Cagire par M. Barthère, horticulteur toulousain. 


M. Timbal termine par une énumération des plantes rares ou nouvelles pour 
la flore de la Haute-Garonne. 


- : 


Les Populations végétales; leur origine, leur composition et 
leurs migrations; par M. Ch. Martins (Revue des Deux Mondes, livraison 


du 15 février 1872) ; tirage à part en brochure in-8° de 25 pages, Paris, 
1872. 


Les populations végétales peuvent étre assimilées aux populations humaines; 
l'origine de chacune d'elles remonte bien au delà des époques historiques. Ce 
que l'on sait de la composition et de la formation successive des populations 


. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 247 


du midi de la France pourrait s'appliquer également au règne végétal. 
M. Alph. de Candolle a le premier établi, à la fin de sa Géographie botanique, 
que les végétaux actuels se rattachent intimement à ceux qui les ont précédés 
dans les différentes phases géologiques que la terrea traversées depuis son 
origine, Tous les végétaux fossiles existant encore actuellement appartiennent 
aux terrains tertiaires ou quaternaires. . . 

Aprés avoir rappelé ces faits qui dominent le sujet, M. Martins s'appuie sur 
les faits paléontologiques qui résultent des recherches de M. Heer et de M. de 
Saporta, pour expliquer les phénomènes qui se sont produits dans la végé- 
tation du sud-est de la France, depuis la fin de la période tertiaire : la per- 
sistance de quelques-uns des types miocènes, comme l’Anagyris, le Laurus 
nobilis, le Pistacia, le Nerium, le Cercis, le Ramondia, le Dioscorea pyre- 
naica (1) ; l'invasion des plantes du Nord (2), venues avec la première époque 
glaciaire, depuis émigrées progressivement du pays lorsqu'il se réchauffait, et 
restées sur les montagnes de la Suisse, des Pyrénées, dans les tourbiéres du 
Jura, etc. Aprés l'époque glaciaire, la flore méditerranéenne, continuation 
de la flore miocéne, a régné seule dans l'Europe méridionale sur une vaste 
surface dont la Méditerranée nous cache aujourd'hui la plus grande partie. 
Mais comment s'est repeuplée l'Europe moyenne, assiégée pendant des siècles 
par d'immenses glaciers ? De plantes venues de l'Asie, dont le berceau fut le 
nôtre ; la géographie botanique, en s'aidant des lumières de la philologie (3), dit 
M. Martins, retrouvera peu à peu la trace de cette grande migration, analogue 
à celle des peuples aryens. 1l admet encore que certaines espéces de la végé- 


(4) Nos lecteurs ont trouvé des détails intéressants sur ce sujet dans une communication 
faite à la Société par M. Martins en 1869 (t. xvi, p. 100), et ils en trouveront dans une 
autre où le savant professeur de Montpellier a étudié la flore des garrigues, en mars 
1872. M. Martius a fait remarquer qu'il serait bon de chercher dans la flore du centre 
de la France des exemples de la persistance de types géologiques anciens, analogue à 
ceux qu'offre la flore du Sud-Est. Quelques-uns des faits qu'il cite comme une extension 
des types méditerranéens par migration pourraient étre rapportés à cette catégorie. On 
pourrait alléguer encore, à l'appui de ses idées, que le Lierre, qui appartient seul en Europe 
à une famille exotique, a beaucoup souffert du froid, sous le climat de Paris, dans le der- 
nier hiver si rigoureux que nous avons traversé, et que le Houx méme a gelé dans quel- 
ques localités du nord de la France. . WT | LL | 

(2) Il est un fait considérable dont la théorie Darwinienne n'a fourni jusqu à ce jour 
aucune explication qui nous soit connue. A l'époque miocéne, les régions boréales de 
notre hémisphére étaient couvertes de vastes foréts composées. de Cyprés chauve, de 
Taæodium, de Pinus Laricio, de Salisburia, de Planera, de Diospyros. Or la flore bo- 
réale qui a occupé le midi de l’Europe avec la première époque glaciaire offrait des carac- 
tères tout différents, qu’elle offre encore dans les lieux où elle s est conservée. On n’a 
pas observé de transition. Cette seconde végétation boréale ne pouvait vivre dans le même 
climat que la précédente, puisqu'elle s'est réfugiée sur les montagnes lors du réchauffe- 
ment de l'Europe moyenne qu'elle avait envahie, Offrirait-elle donc les caractéres d'une 
création ? . . . 

(3) Le rédacteur de cette Revue, qui s'est occupé d'études philologiques de ce genre, 
a été amené à reconnaître que si les noms vulgaires de certains arbres de notre 
pays proviennent des idiomes de l'Orient ou peuvent leur être rattachés, cela prouve 
principalement que les ancêtres de la race indo-européenne ont d'abord connu ces arbre: 


948 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tátion méridionale, regagnant une partie du terrain perdu depuis l'époque 
miocéne, ont remonté le cours des fleuves et se sont aventurées jusque sur les 
bassins du Rhin et de la Seine, sur les coteaux de l'Alsace et dans la forét de 
Fontainebleau. Certaines vallées, certaines chaines de montagnes, les cótes 
des grands continents, ont encore offert un chemin facile aux migrations 
végétales. 

Aprés avoir développé ces considérations, M. Martins expose, aprés M. J. 
Hooker, les caractères des flores insulaires, et discute les causes qui ont pré- 
sidé à leur formation. 11 prouve la réalité de l'hypothèse d'Edw. Forbes, sur 
les anciennes connexions continentales, regarde comme très-limité le transport 
des graines par les courants marins ou par les oiseaux voyageurs, et invoque 
les idées transformistes pour expliquer la présence d’espèces semblables, sans 
être identiques, sur des terres fort éloignées l'une de l'autre. 


Note sur une monstruosité de la fleur du Violier ; par 
M. P. Duchartre (Comptes rendus, 12 juin 1871, t. LXXII, n° 23, pp. 714- 
722, et Ann. sc. nat., 5* série, t. XII, pp. 315-339, avec une planche). 


+ La monstruosité étudiée par M. Duchartre est celle que De Candolle avait 
désignée sous le nom de Cheiranthus Cheiri var. gynantherus. M. Duchartre 
a analysé plus de cinq cents fleurs affectées à divers degrés de cette mons- 
truosité. 

Notre savant confrère n'accorde aux déductions tirées de l'examen des 
monstruosités qu'une valeur restreinte purement analogique. Il croit que, sauf 
dans des cas rares, il est peu sür de conclure de l'examen d'une monstruosité 
à autre chose qu'à une probabilité, et d'en vouloir tirer les éléments d'une 
démonstration rigoureuse. Cependant il a montré lui-méme dans ce travail 
que l'observation d'une anomalie, quand elle est fondée sur un grand nombre 
de faits et sur des phases successives de l'état monstrueux, peut être in- 
voquée avec beaucoup de poids pour éclairer certaines structures difficiles à 
expliquer et devenues l'objet de longues controverses, comme celle du gyné- 
cée des Crucifères. 

M. Duchartre rappelle d'abord l'opinion de R. Brown sur la nature du stig- 
mate. D'aprés ce botaniste, les bords du carpelle, qui sont généralement ovu- 
lifères dans leur partie inférieure, remplissent dans leur portion supérieure 
la fonction de stigmate. En conséquence, chaque carpelle a nécessaire- 
ment deux stigmates qui doivent être regardés non comme terminaux, mais 
comme latéraux. Lorsque les étamines du Cheiranthus se transforment en 
carpelles, les étamines courtes et latérales sont parfois transformées isolément, 


en Orient, et non pas toujours que ces arbres aient eu l'Orient pour patrie primitive. 
ll croit pouvoir d'ailleurs rappeler à ce propos ce qu'il a écrit dans le Bulietin sur l'ori- 
gine du Sisymbrium Sophia, qui parait étre venu d' Orient, cultivé autour des habitations 
comme plante médicinale. (Voy. le Bull., t. X1, p. 358.) 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 219 


chacune en une sorte de follicule ouvert échancré à son sommet, portant un 
stigmate sur chacun de ses hords dans sa partie supérieure, La carpellisation 
de l'androcée faisant de nouveaux progrés, on arrive graduellement à des fleurs 
dont l'androcée est remplacé par six carpelles entièrement semblables au précé- 
dent, libres et distinctsles uns des autres. Par une action plus marquée encore 
de la tendance spéciale au développement des Crucifères, ces six carpelles se 
soudent les uns aux autres, et alors la côte qui indique la jonction de deux 
carpelles voisins, et qui porte en dedans un placenta chargé de deux rangées 
d'ovules, est surmontée d'un organe papilleux dû à la coalescence de deux 
demi-stigmates appartenant chacun à l'un des deux carpelles voisins, et la 
dépression assez prononcée qui sépare cette cóte de la cóte voisine correspond 
au sommet organique du carpelle. On a alors sous les yeux un verlicille car- 
pellaire anomal à six éléments et régulier entourant le gynécée normal, 
Quand la tendance spéciale aux Crucifères s'accentue davantage encore, les 
carpelles, qui remplacent les deux paires d'étamines longues, se soudent d'abord 
entre eux, puis disparaissent plus ou moins complétement, tandis que le gy- 
nécée normal s'atrophie, de sorte qu'on n'a plus guère sous les yeux qu'un 
gynécée bi-carpellaire formé par les deux carpelles latéraux qui ont remplacé 
les étamines courtes. Ce gynécée anomal est semblable par sa structure et sa 
position au gynécée normal. Il est logique de conclure qu'un enchainement 
analogue d'altérations successives d'un type primordial tétramére a pu donner 
naissance également dans la nature à un organe définitif purement dimére, 
mais conservant, dans les rapports de position des stigmates et des placentas, 
dans la duplicité de la cloison, etc. , des traces reconnaissables de sa structure 
typique. Aussi M. Duchartre pense-t-il, au total, que les plus fortes présomp- 
tions militent en faveur de la théorie d'après laquelle le pistil des Grucifères est 
composé de quatre carpelles dont l'antérieur et le postérieur (qui existent quel- 
quefois) ont d'habitude disparu par l'effet d'un rétrécissement progressif, ou 
se sont fondus dans la masse des placentas et de la cloison, théorie qui a été 
exposée d'abord par Kunth. | 
Un autre point a été touché par M. Duchartre. Il a constaté queles étamines 
courtes se spécialisent dans ces monstruosités. Elles se convertissent plutôt 
que les autres en carpelles, et leurs carpelles restent situés sur un plan infé- 
rieur. Ce fait conduit M. Duchartre à se ranger parmi les botanistes qui regar- 
dent l'androcée des Cruciféres comme comprenant deux verticilles staminaux. 
Il révoque en doute l'authenticité des observations de Payer, et oppose à celles 
de-M. Eichler (1) celles de M. Wrestchko (2), en se fondant sur celles de 
M. Krause dont il avait confirmé l'exactitude par ses propres recher ches (3). 
Quant au dédoublement invoqué par Moquin-Tandon et Webb, M. Duchartre 
(4) Voyez le Bull., t. xm, Revue, p. 149. 


(2) Voyez le Bull., t. xvi, Revue, p. 194. " 
(3) Voyez Revue botanique, t. 1, 1856-1847, p. 27. 


220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


regarde la bifurcation des étamines des Vella et de quelques autres genres 
comme un fait de soudure et non de dédoublement. 


Ueber Bildungsabweichungen bei Cruciferen (Anomalies 
des Cruciféres) ; par M. J. Peyritsch (Pringsheim's Jahrbücher, t. vm, 
pp. 117-130, avec 3 planches). 


Un certain nombre de faits curieux sont figurés par M. Peyritsch dans ce tra- 
vail, et éclairés par la citation et la discussion des faits analogues qui se trouvent 
dans les auteurs. C'est l'Arabis alpina qui lui a fourni le plus grand nombre 
d'exemples. Nous signalerons les principales de ces monstruosités : 

Une fleur à quatre sépales et à trois carpelles, produisant une fleur à l'aisselle 
de chaque carpelle. — Un ovaire à quatre valves renfermant un autre fruit à 
deux valves, — De nombreux cas de prolification, de chloranthie, de disjonc- 
tion du fruit. L'auteur est disposé à conclure de ses observations que les pla- 
centas des Cruciféres sont les nervures marginales des feuilles carpellaires qui 
se réunissent au sommet du carpelle ou de la valve. 

M. Peyritsch a fait une étude plus générale de la virescence des ovules ; il 
à étendu cette étude aux genres Trifolium, Ruümex, Salix, etc. Il étudie la 
nature du nucelle d’après les anomalies qu'il a observées. Il ne peut admettre 
d'aucune facon que cet organe soit de nature folidcée. Mais de quelle nature 
est-il ? Est-ce une production nouvelle naissant sur la feuille ou sur l'enveloppe 
ovulaire, ou un rameau axillaire contracté, naissant sur le placenta et portant 
cette feuille ? Ce qui tendrait à faire adopter la premiére opinion, c'est que 
les feuilles anomales qui se trouvent sur le placenta portent en assez grand 
nombre des mamelons comparables au nucelle. Il est vrai que le nucelle, 
comme le montrent certaines anomalies, peut naître aussi directement, dans 
l'aisselle de l'une de ces feuilles, du placenta ou de ses ramifications. Ordinai- 
rement ce nucelle est nu; plus rarement il est muni d'un tégument qui est 
analogue au tégument intérieur de l'ovule. Quant à ces folioles naissant sur le 
placenta, M. Peyritsch ne croit pas qu'on puisse les assimiler à des feuilles, et 
notamment à la feuille carpellaire, d'ou elles émanent, pas plus qu'on ne regarde 
comme des feuilles les excroissances diversement conformées qui s'élévent 
sur les feuilles de certaines variétés de Chou. 


Le Diss (Festuca altissima) ; par M. L. Turrel (Bulletin de la Société 
zoologique d'acclimatation, décembre 1871, pp. 616-622). 


M. Turrel vante l'emploi du Festuca altissima dans le gazonnement des 
montagnes. Les touffes compactes et plantureuses de cette Graminée servi- 
raient, dit-il, de barrière suffisante contre le ravinement, favoriseraient l'in- 
filtration des eaux dans le sol, et prépareraient, par l'accumulation des débris 
des vieilles feuilles de la plante, de nouveaux éléments de fécondité. A cause 
de leurs dentelures aigües, les feuilles du Festuca altissima braveraient les 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. . 221 


ravages des animaux, auxquels elles assureraient d’ailleurs une litière hygié- 
nique, dans le Midi, où la litière atteint jusqu’à 3 francs les 100 kilogrammes. 
Les longues tiges pleines et rigides de cette plante peuvent servir à faire 
d'excellents paillassons pour les serres, les bâches et les cultures de primeurs. 
De plus elle se passe absolument d'eau et se reproduit aisément de graines. 
Reste à savoir comment le Diss se trouvera du climat du midi de la France. 


Om de under Korvetten Josephines expedition, sistlt- 
den sommar, insumlade Algerne (Sur les Algues récoltées 
pendant l'expédition de la corvette Joséphine, etc.) ; par M. J.-G. Agardh 
(Ofversigt af Kongl. Vetenskaps-Akademiens Fórhandlingar, A810, n° 4, 
pp. 359-360, avec une planche). 


Les Algues recueillies pendant cette expédition l'ont été : 1° sur les côtes 
de Portugal, dans le voisinage de Lisbonne ; 2° sur la mer des Sargasses ; 3° à 
Sainte-Marie des Açores ; 4° à Boston. Celles de la côte de Portugal ne don- 
nent lieu qu'à quelques observations. Celles de la mer des Sargasses doivent 
étre rapprochées de celles que M. de Martens a décrites, rapportées du voyage 
de la Novara. Celles des Açores sont au nombre de trente-six : M. Agardh les 
énumère; il s'y trouve une espèce nouvelle, Callithamnion baccatum 
J. Ag., figuré par l'auteur. — Quelques-unes d'entre elles ont une distribu- 
tion géographique très-étendue, ou bien se relient à la flore méditerranéenne. 
Enfin les Algues de Boston ont fourni à l'auteur l'occasion d'étudier la syno- 


nymie du Laminaria longicruris de la Pyl. 


Le Sahara. Observations de géologie et de géographie physique et bio- 
logique, avec des apercus sur l'Atlas et le Soudan, et discussion de l'hypo- 
thèse de la mer Saharienne à l’époque préhistorique ; par M. A. Pomel. 
Broch. in-8° de 139 pages; Alger, 1872, typ. Aillaud et Cie. 


. Quelques pages de ce mémoire sont consacrées à la botanique. L'auteur y 
donne les caractères principaux de la flore saharienne. Cette flore, dit-il, n'est 
point comparable à celle du Soudan. Cette derniére se sépare de la flore saha- 
rienne par son caractère essentiellement tropical, et sur ses frontières elle ne 
lui préte qu'un petit nombre de types et probablement de ceux qui sont spé- 
ciaux aux enclaves de sa limite : Marca rigida, Balanites ægyptiaca, Calo- 
tropis procera, Salvadora persica, et probablement quelques autres végétaux 
des régions sahariennes centrales que les voyageurs n'ont point signalés. La 
flore atlantique vient également associer un certain nombre de ses espèces à 
celles de la flore saharienne, mais sur une zone très-étroite de son domaine 
propre au delà duquel elle n'envoie qu'exceptionnellement quelques-uns de 
ses végétaux spéciaux, comme le Pistacia atlantica. Elle recoit plus fréquem- 
ment des colonies sahariennes dans ses stations subdésertiques et salines du 
plateau de l'Atlas et même du Tell, telles que Lactuca spinosd, Erodium 


299 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


glaucophyllum et de nombreuses Salsolacées. Malgré cela ces stations encla- 
vées sont nettement définies, et il est bien rare que deux régions botaniques 
voisines soient aussi brusquement et aussi nettement délimitées. 

M. Pomel présente aussi des considérations intéressantes sur la flore algé- 
rienne en général, et fait ressortir le trait oriental de Ja végétation des steppes 
des hauts plateaux, qui se poursuit en Espagne dans lesstations analogues du 
plateau des- Castilles.. Il insiste sur les colonies que les familles halophiles 
du Sahara (Chénopodées, Plombaginées, etc.) viennent former dans le Tell de 
la province d'Orau jusqu'au voisinage de la mer, sans se méler à la végétation 
maritime des bords de la Méditerranée. 

L'abondance de genres monotypes et d'espéces spéciales qui est propre à la 
flore d'Algérie a empéché M. Pomel de conclure à une ancienne connexion de 
territoire plutót par l'ouest que par l'est ou par tout autre point intermé- 
diaire : citons encore la rareté des Bruyères dans l'Atlas et leur abondance en 
types spécifiques en Espagne. Il ne paraît pas davantage qu'il ait existé de 
connexion entre la Tunésie et la Sicile. Le Sahara ne peut avoir été occupé 
au commencement de l'époque actuelle par une mer spacieuse, car dans ce 
cas 8a flore et sa faune devraient avoir été constitaées par l'émigration d'espéces 
venues des deux régions continentales qui bordaient la surface émergée. Or, 
il n'en est pointainsi. Le Sahara a sa fauné et sa flore spéciales et n'a emprunté 
que peu de chose à ses voisins. II doit sa constitution désertique non à l'émer- 
sion d'une immense mer, mais à un état climatérique singulier, propre à la 
zone qui sépare les régions équinoxiales des régions tempérées depuis l'Océan 
atlantique jusqu'au centre de l'Asie. Cette constitution date de la fin des temps 
quaternaires, depuis lesquels tous les renseignements concordent à indiquer 
qu'il ne s'est produit que des modifications insignifiantes dans la répartition 
de la chaleur et des eaux à la surface du globe. 


Notice sur les Lycopodium du Mexique, introduits par 
M. Omer de Malzinne et cultivés chez MM. Jacob-Makoy et Cie, à Liége ; 
par M. Éd. Morren (/'/ilustration horticole, 4871, pp. 65-71, avec deux 
plánches). 


M. Omer de Malzinne a recueilli plusieurs espèces de Lycopodium (ainsi: 
qu'un grand nombre de plantes rares et curieuses) à Cordova au Mexique, en 
1869 et 1870. Ces Lycopodium croissent en épiphytes sur de vieux et grands 
arbres, le plus souvent des Sapotées, et pendent gracieusement à l'époque de 
la fructification. Ces plantes, cultivées dans les serres de MM. Jacob-Makoy, 
sous l'habile direction de M. Fr. Wiot, ont été fort distinguées aux expositions 
horticoles. M. Morren y a distingué quatre espèces : le Lycopodium lini- 
folium L., qui malheureusement n’a pas trouvé dans les serres les conditions 
nécessaires à sa végétation; le Z; Mandioccanum Raddi, le L. taxifolium 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 223 


Sw. ; et une autre espèce qu'il rapporte avec doute au L.: dichotomum Jacq. 
Ces trois espèces sont décrites et figurées. 


Note sur le Tillandsia staticeflore ; par M. Éd. Morren 
(ibid. , pp. 177-180). 


Gette espèce nouvelle est établie pour une plante mexicaine qui se trouvait 
déjà dans les herbiers et qui a été rapportée de Cordova par M. Omer de Mal- 
zinne. . | . 

. Le Tillandsia staticeflora: Éd. Morr. a été trouvé au Mexique : prov. 
Vera-Cruz (Linden n? 3); in valle Cordobensi (Bourg. n* 2402, O. de Mal- 
zinne). b this 

‘Cette plante diffère complétement du 7. paniculata: Cham. et Schl. in 
Linn. 4831, t. vi, p. 54, n° 1008, et 1865, t. XVIII, p. A24. 


Bomarea chontalensis Seem., n. sp. (Gardeners' Chronicle, 
4871, p. 479). 


Caule volubili tereti ; foliis sparsis summis verticillatis lanceolatis v. ovato- 
oblongis acuminatis, subtus glaucescentibus, utrinque glabris ; umbellis laxis ; 
pedunculis racemosis, 4-8-floris ; floribus nutantibus ; ovariis puberulis ; peri- 
gonii subæqualis foliolis 3 exterioribus obovato-oblongis obtusis extus pulchre 
roseis brunneo-maculatis, intus albidis; perigonii foliolis 3 interioribus spatu- 
latis breviter apiculatis integerrimis pallide flavidis intus brunneo-maculatis : 
avariis triangularibus pubescentibus ; capsulis suglobosis. — In silvis, inter 
Chontales montes, Nicaragua, 2000-2500 ped.” (Seemann). 


Recherches physiologiques sur la végétation libre du 
. pollen et de Fovule et sur la fécondation directe des plantes ; par 


M. Ph. Van Tieghem (Ann. sc. nat. 5* sér., t. XII, pp. 312-328). 


- L'auteur a recueilli les grains de pollen encore gonflés au moment méme de 
la déhiscence de l'anthére. Placés alors dans une atmosphère limitée à une 
température d'environ 10 degrés, ils absorbent rapidement l'oxygène de l'air, 
et le remplacent par un volume sensiblement égal d'acide carbonique. Sous 
l'eau privée d'air, et malgré une température favorable, le pollen de ces 
plantes se gonfle d'abord, puis il se conserve indéfiniment inaltéré. Même 
résultat négatif si l'on soumet le pollen dans l'eau aérée à une température 
voisine de zéro. Mais si l'on place le pollen dans de l'eau aérée, à une tempé- 
rature de 15 à 25 degrés, on voit le grain former sous l’eau, au bout de quel- 
ques heures, un magnifique tube non cloisonné, où la circulation di proto- 
plasma s'opère avec une admirable netteté, et qui atteint dans certains cas 
jusqu'à deux et trois cents fois le diamétre de la cellule avant de cesser de 
s'allonger ; puis l'extrémité du tube se renfle, et il n'est pas rare de voir la 
membrane se percer au sommet de ce renflement terminal, tantôt en ur seul 


224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


point, par où s'échappe la plus grande partie du plasma, tantôt en plusieurs 
points par chacun desquels est exsudée une petite gouttelette. Pendant ce 
temps, l'oxygène disparaît rapidement dans le tube, et il y est remplacé par un 
volume sensiblement égal d'acide carbonique. Cette combustion porte. princi- 
palement sur l'huile et sur l'amidon que la cellule tenait en réserve. 

“Ainsi la production du tube pollinique peut être comparée physiologique- 
ment à la germination d'une graine ou d'une spore. Le tube pollinique est une 
plantule qui respire, se nourrit et se développe, et que l'on peut comparer 
à un protballe mâle dépourvu de chlorophylle comme l'ést le prothalle des 
Isoëtes et des Ophioglossum. 

De méme que les grains de pollen, les ovules se conservent vivants et res- 
pirent dans de l’eau aérée et à une température convenable ; il est certain que 
la plus grande part de ce phénoméne respiratoire revient au suc embryon- 
naire, en qui se concentre en ce moment toute l'activité de l'ovule. 

- Seuls et respectivement isolés, l'élément mâle et l'élément femelle périssent 
plus ou moins promptement. Mais si on les met en contact dans un milieu 
artificiel qui permette leur existence, et qu’on suive au microscope les déve- 
loppements ultérieurs, on voit la fécondation s'opérer en quelque sorte sous 
l'œil de l'observateur. M. Van Tieghem croit qu’il n’est pas téméraire d'ad- 
mettre, en attendant une vérification directe, que dans cet acte physiologique 
l'extrémité du tube pollinique se comporte, pendant qu'elle adhère au sac, 
comme elle le fait quand elle est libre ; c'est-à-dire qu'aprés s'étre gonflée, 
et avoir accumulé son protoplasma dans ce renflement terminal, elle perce sa 
membrane en un point pour expulser par cette ouverture une goutte de ce 
protoplasma. S'il en est ainsi, la paroi du sac embryonnaire doit se résorber au 
point correspondant. 

Le róle du pistil est à la fois de nourrir l'ovuleet le pollen, de diriger celui-ci 
sur l'ovule, et de protéger la fécondation contre les infusoires, les spores des 
moisissures et la plupart des pollens étrangers. Si la fécondation s'opere natu- 
rellement chez les Gymnospermes dépourvus de pistil, c'est probablement 
parce que ces végétaux sécrétent, notamment au sommet du nucelle où le pol- 
len est semé, des matiéres résineuses et gommeuses absolument impropres à 
l'alimentation des infusoires, des Mucédinées, et méme des pollens des autres 
végétaux. 


Observations sur les caractères ct la formation du 
liége dans les Dicotylédomes ; par M. N.-W.-P. Rauwenhoff 
(Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, 1871; Ann. sc. 
nat. 5* sér. t. XII, pp. 347-364 ; Adansonia, t. x, pp. 52-59). 


M. Rauwenhoff rappelle d'abord, avec une clarté dont on doit lui savoir 
gré dans l'étude d'un sujet souvent obscurci par la manière dont il a été traité; 
les travaux faits sur le développement du liége. Il cite M. de Mohl (1836), 


REVUE . BIBLIOGRAPHIQUE, 225 


M. Hanstein (1853), M. Sanio (Pringsheim's Jahrbücher, t. 11). Lui-même a 
déjà donné une idée du développement successif de l'écorce chez le Robinia 
Pseudacacia en 1859. Aujourd'hui il présente quelques remarques sur les 
formes des cellules du liége, sur leur mode de multiplication, sur la place où 
le liége prend naissance normalement, et sur les changements qui interviennent, 
sous ce rapport, à un áge plus avancé de la plante. 

Sur la formation du liége, l'auteur a confirmé les observations de M. Sanio, 
selon lequel les cellules du liége prennent toujours naissance par division de 
cellules- meres. Il diffère donc complétement d'avis avec M. Casimir de Can- 
dolle, qui a soutenu que le premier liége de bonne qualité nait par forma- 
tion cellulaire libre. Cependant il regarde comme trop subtile la division en 
divers modes de formation admise par M. Sanio. Le Viburnum Opulus seul 
présente trois modes différents, suivant l'époque de l'été à laquelle on 
l'examine. 

M. Wigand, dans un mémoire d'ailleurs fort intéressant (Pringsheim's 
Jahrbücher, t. 111, p. 115), a décrit sous le nom de prosenchyme corné un 
tissu soi-disant nouveau. M. Oudemans (Bot. Zeit. 1862, p. 43) a réclamé 
la priorité de cette découverte. Mais d'aprés M. Rauwenhoff, ce n'est point là 
un tissu nouveau, mais une modification des cellules grillagées de l'écorce 
secondaire. L'auteur l'avait déjà fait connaitre en 1859. 


Bie Trauer- oder Thranenweiden (es Saules-pleureurs) ; par 
M. C. Koch (Wochenschrift für Gärtnerei und Pflanzenkunde, 2 dé- 
cembre 1871). 


On croit généralement que le Saule auquel le psalmiste disait aux jeunes 
Hébreux en captivité de suspendre leurs harpes, et que Linné a pour cette 
raison nommé S. babylonica, est originaire de la Mésopotamie. M. Koch croit 
pouvoir établir que notre Saule pleureur est venu de la Chine et du Japon en 
Europe, et qu'il n'a rien de commun avec l'arbre cité dans le 137* psaume, 
en hébreu Garab. Ce dernier nom, connu d'Avicenne au XI* siècle, s'est 
conservé en Syrie. D'aprés M. Wetzstein, consul d'Allemagne à Damas, l'arbre 
appelé Garab ne peut croître dansle nord de la Syrie, où il fait trop froid pour 
lui. Cet arbre n'est donc pas notre Saule pleureur. Rauwolf nous a laissé des 
documents d’où il résulte que le Garab n'est méme pas un Saule. Richard 
Kiepert, qui a accompagné en Syrie son pére le géographe H. Kiepert, a 
rapporté à l'herbier de Berlin un échantillon de Garab qui est un échantillon 
de Peuplier. Linné et ceux qui l'ont suivi ont donc été mis dans l'erreur par 
l'ancien traducteur des Psaumes. 

Ce point établi, M. Koch s'occupe de l'introduction du Saule pleureur en 
Europe. Un jardinier hollandais, Nieuhoff, accompagna en 1665 l'ambassade 


envoyée en Chine, y vitle Saule pleureur d'aprés le rapport de Loudon, qui 
T. XVIII. (REVUE) 15 


226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


cite Sylv. Flor. 2, p. 267, ouvrage que M. Koch n'a pu consulter. Divers 
documents établissent d'ailleurs l'existence de cet arbre en Chine (1). 

Il existe au Japon deux Saules, le Saliz japonica Thunb., qui n'a pas les 
rameaux pendants, et le S. japonica Bl., qui les a tels. Les deux ont été intro- 
duits dans les cultures sous le nom de Salix Sieboldii. C'est au second que 
M. Koch donne le nom de S. elegantissima. Il en trace la diagnose et le dis- 
tingue du Salix babylonica L., qu'il propose d'appeler dorénavant S. pen- 
dula Mænch. 


Sur quelques fruits de Bignoniacées; par M. Éd. Bureau 
(Adansonia, t. IX, p. 375). 


M. Bureau a décrit dans cette note des Bignoniacées envoyées du Nicaragua 
par M. P. Lévy. Il a recu de M. Lévy le fruit et le bois du Callichlamys 
riparia. Ce bois, qui n'était pas connu, présente des particularités fort cu- 
rieuses. On y voit, sur de jeunes rameaux, quatre saillies intérieures de l'écorce, 
qui n'augmentent ni de nombre, ni de volume en vieillissant ; sur une tige de 
14 centimètres de diamètre, elles sont méme tout à fait oblitérées, et l'on 
remarque que l'excés d'accroissement de l'écorce, qui les produit, a fait place 
à unexces d'accroissement du bois ; car autour de la masse centrale sont dis- 
posés irrégulièrement des faisceaux ligneux périphériques trés-analogues à 
ceux qu'on rencontre dans la famille des Sapindacées. — Un autre fruit de 
M. Lévy appartient à un genre nouveau, particulier à l'Amérique centrale. Il 
est en forme de fuseau et à valves épaisses et convexes, comme celles des 
Adenocalymma, mais les graines en sont aplaties ct minces comme celles des 
Bignonia. 


Früjahrsperiode des Ahorns (De la période printanière chez 
l'Erable) ; par M. Schröder (Pringsheim’s Jahrbücher, t. vn). 


L'auteur s’est attaché à toutes les phases successives qu'offre le développe- 
ment de la végétation, depuis l’ascension de la séve jusqu'au moment où les 
feuilles épanouies commencent à décomposer l'acide carbonique. La première 
partie de son mémoire est entièrement consacrée à l'étude de la séve, de son 
ascension, de sa composition. L'Érable, sous la latitude de Breslau, pleure 
pendant un mois environ; la séve s'éléve graduellement jusqu'à un certain 
niveau, d'où elle redescend peu à peu à mesure que le développement avance. 
Des trous percés dans le tronc à différentes hauteurs permettaient de recueillir 
cette séve journellement, et des analyses trés-nombreuses en ont été faites. 
Cette séve renferme toujours du sucre, produit passager dela transformation de 
l'amidon accumulé dans les tissus l'été précédent, et destiné à se retransformer 


(4) Le Saule pleureur posséde un nom chinois d'aprés M. l'abbé Perny. Un passagé 
curieux de Chateaubriand, dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem, prouve qu'il regar- 
dait aussi le Saule pleureur comme originaire de l'exiréme Orient; 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 227 


dés qu'il aura atteint les bourgeons. La proportion de ce principe, fidèlement 
représentée par un grand nombre de courbes, est assez faible dans les bour- 
geons au premier réveil de la végétation ; elle augmente graduellement jusqu'à 
un certain maximum à mesure que les phénomènes vitaux acquièrent plus 
d'intensité; elle diminue enfin lorsque les jeunes organes, approchant du terme 
de leur développement, sont à la veille de se suffire à eux-mêmes. 

L'albumine et les sels minéraux ont été successivement étudiés au méme 
point de vue, et leur répartition dans la séve, soit à différentes hauteurs au 
méme moment, soit à différentes périodes, se trouve exactement réglée par les 
différentes phases du développement. 

La seconde partie est consacrée à l'examen microscopique du bourgeon ; les 
différentes substances appelées à concourir au développement de la jeune 
feuille sont poursuivies par l'auteur, au moyen des réactifs, de cellule en cel- 
lule. Deux surtout ont donné lieu à des observations prolongées; ce sont 
l'amidon et le tannin. L'auteur a suivi la répartition du premier dans les diffé - 
rents tissus, son transport à travers certaines couches des faisceaux fibro-vascu- 
laires, sa disparition vers le point de végétation, à la surface duquel il ne tarde 
pas à reparaître sous forme de cellulose. Quant au taunin, il se développe dans 
toutes les cellules du bourgeon, et une fois qu'il y est apparu, il s'y maintient 
sans changement appréciable. M. Schróder n'a pu y reconnaitre de caractere 
excrémentitiel proprement dit. Le fait qu'il se rencontre constamment dans 
les tissus les plus jeunes où la vie est le plus intense semble le désigner 
comme une sorte de produit final, chargé d'un róle encore inconnu dans 
la vie de la cellule. 


Ueber abnorme Bildung von Adventivknospen am 
krautar(igem Stengel von Calliopsis tinctoria (Sur 
le développement anomal de bourgeons adventifs sur la tige herbacée du 
Calliopsis tinctoria); par M. Al. Braun (Verhandlungen des botanischen 
Vereins für die Provinz Brandenburg, 12* année, pp. 151-159). 


Ces bourgeons adventifs ont été observés non-seulement sur la tige du 
Calliopsis tinctoria, mais encore sur ses feuilles, du côté dorsal de leur partie 
médiane, sur les côtés de leur nervure médiane. M. Braun en décrit soigueu- 
sement le développement, que M. P. Magnus a poursuivi dans ses détails his- 
tologiques. Dans le plus grand nombre des cas, ces bourgeons se sont bornés à 
produire des capitules pédonculés précédés de quelques bractées écailleuses. 

M. Braun rapproche ces faits de la production de bourgeons anomaux qu'on 
a observés sur le Chelidonium majus var. laciniatum, sur les Begonia. Yl 
en a vu aussi un exemple curieux sur un Zonicera. M. Magnus cite encore 
les Cardamine (voy. Münter, Bot. Zeit., 1845, p. 561), le Calanchoé, le 
Malaxis. On a observé aussi des bourgeons nés sur le côté externe des 
écailles du bulbe de l'Ornithogalum scilloides, mais M. Braun, dans son mé- 


228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


moire sur le Cœlebogyne, a prouvé que ces bourgeons appartiennent à lais- 
selle située au-dessous et à l'écaille immédiatement inférieure. Les bourgeons 
adventifs des Fougères ont été le sujet d'un mémoire spécial de Mettenius 
(Ueber Seitenknospen bei Farnen, Leipzig, 1861). 


Observationes im plantas à D" &. Radde anno 1870 in 
Turcomania et Transcaucasia lectas, nec non in alias quasdam, auctore 
E.-R. a Trautvetter (Travaux du Jardin botanique impér. de Saint-Péters- 
bourg) ; tirage à part en brochure in-8° de 22 pages. 


Ces observations concernent les espèces suivantes : Alyssum campestre L., 
A. montanum L., Ammodendron Eichwaldi Ledeb., Anthemis candidis- 
sima W., Aristida pungens Desf., Arum elongatum Stev. , Astragalus Ste- 
venianus DC., Atriplex bracteosum Trautv., Bromus confertus Bieb., 
Callitriche pedunculata DC., Carduus cinereus Bieb., Caucalis tenella 
Delile, Ceratocephalus orthoceras DC., Cleome Raddeana Trautv., Coro- 
nopus procumbens Gilib., Cotoneaster integerrima Medik., Delphinium 
hybridum W., Elyna humilis C.-A. Mey., Erodium cicutarium L'Hér., 
E. strigosum Karel., Erophila vulgaris DC., Eryngium caucasicum 
Trautv. (E. cæruleum Boiss. non Bieb., Aucher-Éloy, n° 4547), Helichry - 
sum arenarium DC., Iris acutiloba C.-A. Mey., Lactuca . undulata Led., 
Lolium perenne L., Medicago dicarpa Trautv.. (Trigonella C.-A. Mey.), 
Nitraria Schoberi L., Orchis satyrioides Stev., Ornithogalum umbellatum 
L., Orobanche glaucantha Trautv., n. sp., Papaver hybridum L., Pappo- 
phorum turcomanicum Trautv., n. sp., Pterotheca bifida Fisch. et Mey., 
Salsola ulicina Trautv. , Rapistrum rugosum All., Salvia straminea Montbr. 
et Auch., Sameraria cardiocarpa Trautv. , n. sp., Scleropoa rigida Griseb., 
Seseli coloratum Led., Stellaria media Vill., Torilis helvetica Gmel., 
Tulipa biflora Pall., Vincetoxicum medium Decaisne et Zygophyllum tur- 
comanicum Fisch. 


Ueber die Schwimmblátter von Marsilia und einiger 
anderen amphibischen Pflanzen (Sur les feuilles nageantes 
des Marsilia ef de quelques autres plantes amphibies) ; par M. F. Hilde- 
brand (Botanische Zeitung, 1870, n° 4 et 2, avec une planche). 


L'auteur à surtout étudié la structure de l'épiderme et des stomates des 
feuilles aériennes et des feuilles nageantes de deux Marsilia, qu'il a compa- 
rées. Il a reconnu deux faits intéressants : l’un qu'on pouvait prévoir, c'est 
que la face inférieure des feuilles nageantes ne porte aucun stomate chez les 
Marsilia quadrifolia et pubescens ; le second moins attendu, c'est que la face 
supérieure diffère beaucoup, chez chacune de ces deux espèces, qu'on la con- 
sidère dans la forme de ses cellules épidermiques ou dans celle de ses stomates, 
selon qu'on observe les feuilles aériennes ou les feuilles nageantes. Les cellules 


REYUE BIBLIOGRAPHIQUE. 229 


marginales du stomate sont enfoncées au-dessous du niveau de l'épiderme chez 
le M. quadrifolia, dans les feuilles aériennes, et restent au contraire au 
méme niveau, chez la méme espéce, à la page supérieure des feuilles sub- 
mergées. 


Masci frondosi in Africa australi, prov. Natal, prope Umpumulo 
missionis norvegicæ a Rev. Borgen lecti ; species novas descripsit E. Hampe 
(Botanische Zeitung, 1810, n° 3). 


Angstræmia (Dicranella) Borgeniana Hpe, Bartramia (Philonotis) andro- 
gyna Hpe, Polytrichum (Catharinella) Borgenii Hpe, Chryso-hypnum 
patens Hpe, Fissidens Borgenii Hpe, F. lanceolatus Hpe an Bruch. 

On remarquerait avec intérét en lisant ces notes, si on ne le savait déja, 
combien peu différent les genres de Mousses lorsqu'on change de latitude et 
méme d'hémisphére. E. F. 


Manipulus Muscorum primus, quem scripsit S. -O. Lindberg 
(extrait du Notiser ur Sällskapets pro fauna et flora fennica fürhand- 
linger, 1870, t. xi). 


Dans cette notice l’auteur remanie les genres de Mousses Anomobryum, 
Physcomitrium et Funaria. Les espèces du genre Anomobryum sont repor- 
tées au genre Bryum. Les échantillons de l'A. julaceum provenant des bords 
de la Méditerranée et des iles Canaries constituent le Bryum campestre Lindb. , 
les autres échantillons provenant de la région alpine et de la région monta- 
gneuse de l'Europe constituent le Bryum filiforme Dicks. (non Mitten). L'A. 
concinnatum Lindb. redevient comme précédemment le Bryum concinnatum 
Spruce. 

L'Œdipodium Griffithit Schwgr. doit former une sous-famille ou une tribu 
dans la famille des Splachnacées, quoiqu'il differe des vraies Splachnées par 
la structure de la tige, du pédicelle et des feuilles ainsi que par la papillosité des 
spores, caractères qui le rapprochent beaucoup des Funariacées et des 
Pottiacées. 

L'auteur passe ensuite en revue les espèces septentrionales du genre Phys- 
comitrium et donne, avec une nouvelle diagnose, la synonymie des P. piri- 
forme Brid., P. acuminatum Br. et Sch., P. hians Lindb. (n. sp.), P. eu- 
rystomum Sendn. (P. sphericum Br. Eur.), P. sphericum Brid. (non Sch.), 
P. immersum Sull. 

Il examine les caractères sur lesquels doivent reposer les genres Æ'nthostodon, 
Funaria, Pyramidula, Goniomitrium, et délimite les espèces suivantes du 
genre Funaria : F. hygrometrica Sibth., F. flavicans Michx, F. serrata 
Brid., F. Drummondi Lindb., F. attenuata Lindb. (Entosthodon Temple- 
toni Schgr.), F. curviseta Mild. (Entosth. curvisetus Sch. ), F. obtusa Lindb. 


(Entosth. ericetorum Sch.). 


230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L'auteur termine sa notice en supprimant le genre Zhedenta Sch., dont il 
reporte l'espèce unique au genre Pylaisia, et en élevant au rang d'espèce la 
variété B. saxicola du Lescuræa striata qu'il nomme, d’après MM. Lorentz 
et Molendo, Z. saxicola. 

Il convient de remarquer que l'auteur, se conformant au code botanique 
adopté par le Congrès botanique tenu à Paris en 1867, écrit Lesquereuxia 
(de Lesquereux) au lieu de Lescuræa, Pylaiea (de la Pylaie) au lieu de Py- 
laisia et qu'il emploie le génitif Griffith, etc., au lieu de l'adjectif Grif- 
thionum admis jusqu'ici par les auteurs. Est-il bon cependant de donner un 
effet rétroactif à une disposition qui n’avait été admise que pour l’avenir ? 

Ém. BESCHERELLE. 


The Madagascar Cardamom, or Longouze; par M. Daniel 
Hanbury (PAarmaceutical Journal, 10 février 1872). 


Longouze est le nom indigéne à Maurice d'un Amomum décrit pour la 
première fois par Sonnerat (Voyage aux iles Orientales et à la Chine, t. 11, 
p. 242, pl. 137), et dontla synonymie, d'aprés M. Hanbury, est la suivante : 

Amomum angustifolium Sonn. — A. nemorosum Bojer Hort. Maur. 
p- 327. — A. Danielli Hook. f. — A. Afzelii Hook. Journ. of Bot. iv, 
tab. 5. Bot. Mag. tab. 4705, 5250. 


Botanique agricole et médicale, ou Étude des plantes qui in- 
téressent principalement les médecins, les vétérinaires et les agriculteurs, 
accompagnée de 160 planches représentant plus de 900 figures intercalées 
dans le texte ; par M. H.-J.-A. Rodet, directeur de l'école vétérinaire de 
Lyon. Deuxième édition, revue et considérablement augmentée avec la col- 
laboration de M. C. Baillet, professeur d'hygiène, de zoologie et de bota- 
nique à l'École vétérinaire d’Alfort. Un volume in-8° de 1078 pages. Paris, 
chez P. Asselin, 1872. 


Sans rien changer au plan général de l'ouvrage, qui se présente comme une 
flore générale des plantes vulgaires de l'Europe occidentale, avec des détails 
spéciaux pour l'agriculteur et pour le médecin, et aussi pourle vétérinaire, 
on a adopté dans les principales familles, au lieu des simples coupes qu'avait 
établies antérieurement M. Rodet, les tribus généralement admises par les 
auteurs. On a en outre décrit dans cette édition un assez grand nombre de 
plantes qui ne figuraient pas dans la premiere ; aux figures introduites dans le 
texte pour faciliter l'intelligence des descriptions, les auteurs en ont ajouté 
un grand nombre d'autres prises pour la plupart dans les Eléments d'histoire 
naturelle d' A. Richard. 

Les tableaux dichotomiques de la première édition ont été supprimés comme 
impropres à remplacer complétement soit une flore de France, soit la flore de 
la localité oà l'on herborise. 


. REYUE PIBLIOGRAPHIQUE. 231 


Nous recommandons à nos lecteurs la partie,cryptogamique de cet ouvrage. 
Elle a été entièrement refondue. Sans pouvoir servir aucunement à la déter- 
mination des espèces ni même des genres, cette étude, qui est au courant de 
la science, renseignera bien l'étudiant sur les caractères des familles et des 
principaux groupes des végétaux inférieurs, ainsi que sur les phases de cer- 
tains types polymorphes. 


Musei mexicani novi ex herbario W., Sonder ; auctore 
E. Hampe (Botanische Zeitung, 1870, n. 4). 


Ces espèces sont les suivantes : Zrichostomum obtusifolium Hpe (Vera- 
Cruz, Strebel); Seligeria globifera Hpe (Vera-Cruz, Strebel) ; Macromi- 
trium (Macrocoma) Leiboldtii Hpe (Vera-Cruz, Strebel; Leiboldt n° 5); 
Brachymenium minutulum Hpe (Vera-Cruz, Strebel) ; Polytrichum (Catha- 
rinella) albo-vaginatum Hpe (Vera-Cruz, Strebel) ; P. (Cathorinella) süb- 
gracile Hpe (Vera-Cruz, Strebel); Chryso-hypnum pendulinum Hpe (Vera- 
Cruz, Strebel). 


Tetraptera; novum Malvacearum genus; par M. R.-A. 
Philippi (Botanische Zeitung, 1870, n° 11, col. 169-170). 


Calyx simplex, quinquefidus; corolla....; stamina....; styli....; fructus e 
carpidiis circa decem verticillatis, indehiscentibus, monospermis, quadrialatis 
compositus ; alae interiores infra et supra productæ, supra dorsum carpidii 
reflexæ, integerrimæ ; alae dorsales minores, pectinato-dentatæ, — Zetraptera 
parviflora, de la province de Mendoza, au Chili. 


Die Entstehung der Farbstoffkorper in den Beeren 
von Solanum Pseudocapsicum (Origine des matières colo- 
rantes des baies du Solanum Pseudocapsicum); par M. Gregor Kraus 
(Pringsheim's Jahrbücher, t. vtt, pp. 131-147, avec une planche), 


Il s'agit de la matiére rouge-orangée qui remplit plus ou moins compléte- 
ment certains corpuscules munis ou non de vacuoles et situés dans les cellules 
qui forment, sur une épaisseur de vingt à trente rangées, la paroi de la baie du 
Solanum Pseudocapsicum. Ces corpuscules renferment des granules amy- 
lacés, et leur matiere colorante rappelle par sa disposition la chlorophylle des 
feuilles, Quand le fruit de ce Solanum n'est pas mûr encore, on ne trouve 
dans ses cellules que de la chlorophylle verte, différant, il est vrai, dans ses 
couches externes et dans ses couches internes. Dans celles-ci, qui paraissent 
blanchátres, les corpuscules de matière colorante sont-bien plus rares et plus 
petits ; on y trouve aussi des granules presque incolores, qui doivent subir des 
modifications et qu'il faut attribuer au méme groupe. L'auteur décrit les 
changements graduels de forme et de coloration que subissent les corpuscules 
de matiére colorante pour passer de leur état dans le fruit jeune à leur état 


232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans le fruit mûr. Ils passent de la couleur verte à la couleur orangée et de la 
forme lenticulaire à la forme d’aiguilles plus ou moins renflées dans leur milieu. 
On trouve tous les états intermédiaires. Quand la substance colorante s’est 
modifiée, elle s’accumule d'un seul côté du corpuscule, dans lequel il se forme 
une grosse vacuole ; puis le corpuscule se rompt d’un côté, là où son épaisseur 
est le plus faible; le cercle qu'il formait autour de la vacuole se détend, et il 
en résulte un corpuscule allongé fusiforme. 

Il faut rapprocher ce travail d'un mémoire publié par M. Trécul dans les 
Annales des sciences naturelles, h, x, p. 150 (1858); et d'un autre de 
M. Weiss, Recherches sur le développement de la substance colorante dans 
les cellules végétales. Voyez aussi Hofmeister, Die Zelle, p. 377. Ces faits 
ont un intérét général, parce qu'ils sont les mémes dans la maturation du tissu 
d'un grand nombre de fruits. 


On the naturalized plants of New-Zealand (Sur les plantes 
naturalisées de la Nouvelle-Zélande) ; par M. T. Kirk (Transactions of 
the New-Zealand Institute, vol. x1). | 


L'auteur donne une longue liste des plantes naturalisées dans la Nouvelle- 
Zélande, en spécifiant le mode probable de leur introduction et le degré de 
naturalisation qu’elles ont obtenu dans le pays. Le nombre de plantes natu ~ 
ralisées sans la volonté. de l'homme, ou méme en dépit de cette volonté, 
s'éléve à 30 pour 100 dans la seule province d'Auckland, proportion égale à 
celle qui existe dans les iles Britanniques, c'est-à-dire dans un pays ouvert au 
commerce depuis une longue suite de siècles. Quelques-unes des plantes in- 
troduites ont grandement modifié l'aspect dela végétation dans certaines loca- 
lités. Cependant M. Kirk fait remarquer qu'il y aurait quelque danger d'erreur 
à conclure de la rapide extension d'une plante à son origine étrangère. Le Mi- 
crolæna stipoides et le Danthonia semiannularis, qui sont indigènes à la Nou- 
velle-Zélande, se sont en effet développés, depuis quatre ou cinq ans, d'une 
manière trés-remarquable dans le nord de cette ile. Le nombre des espèces 
dont M. Kirk discute les conditions de naturalisation est de deux cent quatre- 
vingt-douze. 


Clavis Agaricinorum ; or analytical key to the British Agaricini, 
with characters of the genera and subgenera; par M. Worthington G. 
Smith. Londres, chez Reeve et Gie, 1870. In-8° de 40 pages, avec six 
planches. 


M. Smith a adopté la couleur des spores pour distinguer les sous-genres 
d'Agarics. Il a joint à sa clef analytique une liste des espéces d'Agarics obser- 
vés en Angleterre, liste qui comprend sept cents espéces, et qui s'augmentera 
probablement. | 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 233 


The known forms of Fucca (Les formes connues de Yucca); par 
M. J.-G. Baker (Gardeners' Chronicle, 1870). 


M. Baker, qui termine ce mémoire dans le n° 37 du Gardeners’ Chronicle 
de 1870, a énuméré quarante espéces ou formes de Yucca, et les a décrites. 
Cette publication encore imparfaite à cause des observations horticoles long- 
temps prolongées qu'elle exige, n'a été faite par M. Baker que pour prendre 
date, en attendant la publication qu'il se propose de faire dans le Refugium 
botanicum. 


Recherches sur le Charbon du Maïs; par M. D. Clos (extrait 
du Journal d'agriculture et d'économie rurale pour le midi de la France, 
janvier 1871) ; tirage à part en brochure in-8° de 16 pages. 


M. Clos examine d’abord les causes extérieures assignées à la maladie que 
développe l’ Ustilago Maydis dans le parenchyme qu'il a envahi. I regarde 
comme très-probable que l'absorption du germe du Charbon du Mais a lieu 
par les parties souterraines de cette Graminée. En 1870, il a tenté à cet égard, 
au jardin des Plantes de Toulouse, quelques expériences dont le résultat est 
pleinement démonstratif. Depuis dix-huit ans qu'il y faisait semer chaque 
année des grains de Maïs, il n'y avait jamais observé de pied charbonné. En 
1870, il a pour la première fois aspergé de la poussière noire de l’ Ustilago, 
c'est-à-dire de ses spores, les graines de la céréale au moment où l'on venait 
de les déposer dans le sillon, avant de les recouvrir de terre ; et plusieurs des 
pieds provenant de ces grains ont porté des tumeurs charbonneuses, nonob- 
stant la sécheresse extraordinaire de la saison. D'un autre cóté, l'inoculation 
directe, tentée par plusieurs expérimentateurs, n'a jamais donné de résultat. 
Il-est probable que le Cryptogame introduit par les racines faufile son mycé- 
lium à travers le tissu de la tige jusqu'aux endroits où il se développe à 
l'extérieur, comme l'a écrit il y a longtemps M. Fée. 


Remarques sur les causes de l'apparition des plantes 
parasites sur les céréales; par M. A. Fischer de Waldheim. 


In-8° de 5 pages, sans date. 


Cette note a été lue au congrés des naturalistes à Moscou. Ce sont de préfé- 
rence, dit l'auteur, les plantes nourricières douées d'une végétation luxuriante 
qui sont attaquées par les parasites. Durant ses excursions aux environs de 
Fribourg en Brisgau avec M. De Bary, il a remarqué que c'étaient les pieds 
les plus développés d'Avoine et d'Orge qui fournissaient les échantillons les 
plus nombreux d'Ustilago Carbo. C'est l'exubérance du carbone dans la 
plante nourriciére qui, de préférence, favorise le développement et l'expansion 
épidémique des Champignons parasites. Il est donc malheureusement vrai que 
par la culture méme, en forcant les céréalesà une végétation exubérante, à 


23h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


une absorption d'acide carbonique, à une assimilation de carbone plus abon- 
dantes, souvent on prépare dans la plante nourriciére un sol propice à un 
luxurieux parasitisme. 


Sulla genesi degli apoteci delle Verrucariaceæ (Sur la 
genèse des apothécies des Verrucariacées); par M. G. Gibelli (Nuovo 
Giornale botanico italiano, juillet 1870, pp. 195-206, avec deux planches); 
tirage à part en brochure in-8°. 


Ce travail est daté d'aoüt 1869, et une note additionnelle de mai 1870. 
L'auteur, qui a étudié pendant plusieurs années les Lichens au point de vue 
simplement descriptif, en commun avec M. le professeur Garovaglio, est entré 
dans la voie ouverte par plusieurs naturalistes russes et allemands et notam- 
ment par M. Schwendener. Si les Lichens ne sont que des Champignons para- 
sites entés sur des Algues inférieures, il doit y avoir dans le développement de 
leurs organes reproducteurs principaux des faits qui concordent à le prouver. 
C'est ce qu'a vérifié M. Gibelli. Il a constaté la présence d'Algues des genres 
Chroolepus, Glæocapsa, Scytonema, dans le thalle de beaucoup d’espèces de 
Verrucariées ; ce thalle, dit-il, en paraît entièrement formé ; et le premier 
rudiment de l'apothécie consiste toujours en un glomérule d'éléments goni- 
miques, revêtu én grande partie par un pseudo-parenchyme d'éléments fila- 
menteux (hyphoidei). Il n'en est pas moins vrai que ce développement con- 
duit à une formation spéciale aux Lichens, de quelque maniére que l'on 
concoive leur entité naturelle. 


Contributions à la flore du Japon; par M. Miquel (Archives 
néerlandaises des sciences exactes et naturelles, t. v, 1870, pp. 89-96). 


Ces notes concernent la famille des Mélanthacées; l'auteur publie le con- 
spectus des espéces de cette famille qui appartiennent à la flore du Japon; il 
n'adopte pas toujours les opinions de M. Maximowicz. Ces deux savants ayant 
travaillé séparément et simultanément sur des matériaux quelque peu diffé- 
rents, quoique provenant du méme pays, il arrive souvent que leurs observa- 
tions se complétent et en tout cas se contrólent réciproquement. L'étude des 
Mélanthacées donne des preuves nouvelles, dans le détail, d'un grand fait qui 
a été étudié par MM. Asa Gray et Oliver : nous voulons parler des relations 
qui existent entre la flore du Japon et celle de l'Amérique du Nord; le Chio- 
nographis japonica Maxim. a pour synonymes Chamcelirium luteum Thunb., 
Ch. Carolinianum Willd. 

M. Miquel s'occupe ensuite des Valérianées; plusieurs espéces qu'il avait, 
dans son Prolusio florc japonicæ, rangées dans le genre Valeriana, appar- 
tiennent décidément, d'aprés de nouveaux matériaux envoyés par M. Maxi- 
mowicz, au genre Patrinia. Le Valeriana sambucifolia Mik. n'est qu'une 
forme du V. officinalis, très-répandu au Japon ainsi que le V. dioica. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 235 


Une nouvelle espèce d'Argostemma ; contribution à la flore de 
l'Inde néerlandaise; par M. W.-F.-R. Suringar (ibid. , 4810, t. v, pp. 116- 
119, avec une planche). 


Cette espèce d' Argostemma présente pour inflorescence une ombelle défi- 
nie composée; elle est voisine de l'A. montanum Bl., ainsi que de l'A; 
pauciflorum Bl., et provient de Java. 


Sur la perméabilité du protoplasma des Betteraves 
rouges; par M. Hugo de Vries (Archives néerlandaises des sciences 
exactes et naturelles, t. VI, 1871, pp. 117-146). 


La conclusion à tirer de ces expériences, c’est que le protoplasma des Bet- 
tcraves rouges, mis en contact avec des dissolutions ammoniacales faibles, mais 
contenant toutefois assez d'ammoniaque pour décolorer le liquide de la 
vacuole, peut se laisser traverser osmotiquement par ces dissolutions, sans 
en éprouver d'effets nuisibles pour ses propriétés vitales. 

Il est fort probable que la perméabilité du protoplasma des plantes est 
généralement trésimitée; c'est ainsi que partout où l'on trouve dans le 
régne végétal des cellules immédiatement voisines, dont le contenu liquide, 
de nature chimique différente, ne se méle pas de l'une à l'autre, la raison doit 
en étre cherchée uniquement dans ce fait que le protoplasma est imperméable 
aux matières contenues dans ces cellules. 

Si, d'aprés cela, le protoplasma forme une couche mucilagineuse entourant 
la vacuole de l'intérieur de la cellule et peu ou point perméable aux matières 
qui s'y trouvent à l'état dissous, il s'ensuit que ce contenu liquide de la va- 
cuole, à cause de son degré plus élevé de concentration, doit chercher inces- 
samment à absorber de l'eau du milieu ambiant, et doit tendre par consé- 
quent à augmenter de volume. Il résulte de là, lorsque le tissu renferme de 
l'eau en quantité suffisante, une pression sur le protoplasma et sur la paroi de 
la cellule, pression à laquelle la tension de cette paroi fait équilibre dans les cas 
ordinaires, 

En plaçant des fragments du parenchyme d'une Betterave rouge dans des 
dissolutions de sucre de Canne à divers degrés de concentration, l'auteur a 
trouvé qu'une solution de 27 pour 100 n'occasionnait aucun changement, 
tandis que dans une dissolution de 28 pour 100, le protoplasma de la plupart 
des cellules rouges s'était un peu éloigné de la paroi. Le degré de concentra- 
tion de la dissolution de sucre, dans ces cellules, se trouvait donc entre 27 et 
28 pour 400. Ce degré diffère très-peu dans la plupart des cellules rouges 
d'une méme Betterave, mais il y en a toujours quelques-unes dont la concen- 
tration est notablement plus faible que celle des autres. 


236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ueber Synanthrose; par M. O. Popp (Annalen der Chemie und 
Pharmacie, t. 156, p. 181 et suiv.). 


La synanthrose est une variété de sucre qui accompagne toujours l'inuline 
dans les Composées tubériféres ; elle se rencontre à toutes les périodes du déve- 
loppement, mais plus abondamment dans l'état de maturité des organes. C'est 
le Dahlia qui donne la plus abondante et la plus pure, mais on peut l'extraire 
avantageusement des tubercules du Topinambour. La synanthrose est déli- 
quescente, isomère avec le sucre de canne. 


Observations sur la croissance de l'Orge; par M. Fittbogen 
(Chemische Centralblatt, 4871, p. 193). 


L'auteur a semé de l'Orge dans du sable parfaitement pur, dix-huit graines 
dans chaque pot, en ajoutant des quantités connues d'un engrais soigneusement 
analysé à l'avance. Trente pots furent employés pour les expériences. Les 
résultats furent examinés à cinq périodes différentes de la végétation. Parmi 
les conclusions de l'auteur, nous trouvons que la potasse est transportée de la 
racine dans la partie supérieure du végétal pendant la troisième période ; que, 
pour l'azote, ce trausport se fait dans la cinquième. Plusieurs tableaux d'ana- 
lyse chimique ont été dressés par l'auteur. 


Om Chatham-óarnes. Alger (Sur les Algues des iles Chatham); 
par M. J.-G. Agardh (Ofversigt af Kongl. Vetenskaps -Akademiens 
Förhandlingar, 1870, n° 5, pp. 435-456). 


Cette collection a été recueillie par M. Travers et envoyée par M. F. de 
Müller. Elle comprend vingt-deux espéces dont cinq nouvelles, les suivantes : 
Hymenccladia lanceolata, Cystophora scalaris, C. distenta, Landsburgia 
myricæfolia, Polysiphonia Mülleriana. L'auteur a profité de cette occasion 
pour décrire monographiquement le genre Cystophora J. Ag. Ce genre a 
maintenant des limites nouvelles et plus naturelles, l'auteur en ayant séparé 
des espèces réunies par lui dans le genre Caulocystis. Il comprend cependant 
encore dix-neuf espèces réparties en huit groupes. M. Agardh a entrepris un 
travail analogue pour le genre 77ymenocladia, auquel il attribue sept espèces. 


NOUVELLES. 


(Août 1872.) 


— L'Académie des sciences, dans sa séance du 5 août 1872, a nommé 
membres correspondants, en remplacement de M. H. Lecoq, M. J.-E. Plan- 
chon, professeur à Montpellier; et, en remplacement de M. H. de Mohl, 
M. H. A.-Weddell. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 237 


— Par arrêtés de M. le Ministre de l'instruction publique, en date de 
juillet 1872, M. Édouard Bureau, docteur en médecine et ès Sciences, et 
M. P.-P. Dehérain, docteur és sciences, ont été nommés aides-uaturalistes 
au Muséum d'histoire naturelle, en remplacement de MM. L.-R. Tulasne et 
Ch. Naudin, admis, sur leur demande, à faire valoir leurs droits à la retraite. 
M. Bureau est spécialement attaché à la chaire de botanique, et M. De- 
hérain à la chaire de culture. 


—- Nos lecteurs ont certainement eu déjà connaissance de la formation de 
l Association francaise pour l'avancement des sciences (fondée sur le modèle 
de l'Association britannique qui a produit de si heureux résultats en Angle- 
terre), et dont le président actuel est M. Claude Bernard. L'Association con- 
sidere comme un des besoins intellectuels les plus grands du pays un vigoureux 
effort vers la décentralisation scientifique; elle a donc à cœur de favoriser, par 
tous les moyens qui sont en son pouvoir, la création et le développement dans 
les villes de province de centres scientifiques, d'institutions de haut enseigne- 
ment et de laboratoires de recherches. Elle pense qu'à cet effet, l'un des moyens 
les plus puissants est d'intéresser les grandes villes d'abord, puis celles d'im- 
portance secondaire au progrés scientifique, en réunissant chaque année dans 
l'une d'elles un congrés de science générale, auquel seront conviés tous ceux 
qui veulent s'associer à son œuvre, L'Association compte à ce jour, outre un 
grand nombre de membres annuels, cent cinquante-huit fondateurs, ayant 
souscrit ensemble deux cent trente parts de 500 francs, soit un capital de 
cent quinze mille francs. 

La première session de l'Association aura lieu à Bordeaux. Elle s'ouvrira à 
Bordeaux le 5 septembre 1872. L'Association a obtenu des grandes Compa- 
gnies de chemins de fer de France des facilités analogues à celles que la 
Société botanique de France obtient depuis longtemps pour ses sessions 
extraordinaires. On peut dés à présent recevoir des renseignements sur la 
prochaine session de l'Association, soit chez le Secrétaire du conseil, M. Ga- 
riel, 17, place de l’École-de-Médecine, soit chez le Secrétaire du comité local 
de Bordeaux, M. le docteur Azam, 14, rue Vital Carle. 

La session prochaine de l'Association francaise coincidera avec une exposi- 
tion horticole qui se tiendra à Bordeaux du 5 au 8 septembre, sous les auspices 
de la Société d’horticulture de la Gironde. 


— M. le docteur J.-F.-Ch. Ratzeburg, professeur à l'Académie forestière 
de Neustadt-Eberswalde, est décédé à Berlin, le 24 octobre dernier, à l’âge 
de soixante et onze ans. 


— Nous apprenons avec regret la perte que vient de faire la botanique 
dans la personne de M. le docteur Robert Wight, l'auteur des Icones planta- 
rum Indic orientalis, et de nombreux travaux sur la botanique de l'Inde 


238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


anglaise. M. Wight était né à Milton le 6 juillet 1796, et mourut à Grazeley 
Lodge, près Reading, le 26 mai dernier, âgé de soixante-seize ans. Il avait 
débuté dans la carrière botanique, en collaboration avec Walker Arnott, par 
un livre qui malheureusement en est toujours resté avec son premier volume, 
le Prodromus flore Peninsulæ orientalis, mais qui avait recueilli des suf- 
frages unanimes. Les //lustrations of Indian Botany, le Spicilegium neilgher- 
riense, et d'autres mémoires du méme auteur, sont entre les mains de tous les 
botanistes qui étudient la flore de l'Asie tropicale. M. Wight s'est occupé 
aussi avec beaucoup d'intérét de l'introduction des végétaux utiles dans l'Inde. 
Il avait été placé longtemps à la téte des plantations de Coton de Coimbator, 
et il a publié plusieurs mémoires sur cette culture. 


— On aunonce encore la mort du Rév. W. Ellis, décédé le 9 juin 1872, à 
Rose Hill, Hoddeston, Herts. Ellis était né à Londres en 1795 ; ses voyages 
dans la Polynésie, et en dernier lieu à Madagascar, lui avaient permis d'aug- 
menter beaucoup la richesse des herbiers et des serres d'Angleterre. On lui 
doit l'introduction de l'Ouvirandra fenestralis, du Grammangis (Grammato- 
phyllum) Ellisii, de l'Acranthus sesquipedalis, de l'Angrecum Ellisii et 
de l'A. articulatum. 


— Nous apprenons encore avec regret la mort de M. Carl Sartorius, décédé 
au Mexique, le 16 janvier dernier, dans son hacienda de Mirador, près de 
Huatusco. M. Sartorius a rendu de grands services à la botanique par les col- 
lections de plantes qu'il avait à diverses reprises envoyées du Mexique en 
Europe. Il hébergeait les voyageurs naturalistes : Liebmann est resté pendant 
un an chez lui; Hartweg y avait trouvé de précieux secours. C'est lui qui 
avait été l'orateur dela députation allemande qui accueillit l'infortuné Maxi- 
milien à son arrivée au Mexique. Son herbier a été envoyé, d’après ses désirs, 
à l'institution Smithsonienne. Plusieurs espèces de Composées mexicaines ont 
été dédiées à M. Sartorius par le monographe de Deux-Ponts, M. Schultz. 


= C'est M. le professeur W. Hofmeister qui va occuper à l'université de 
Tubingue la chaire laissée vacante par la mort de M. H. de Mohl. 


— M. le docteur G. Kraus vient d'échanger la chaire de botanique de 
l'université d'Erlangen contre celle de Halle, en remplacement de M. De Bary, 
dont nous avons fait prévoir la nomination à Strasbourg. M. le docteur 
M. Reess a été nommé professeur ordinaire de botanique et de pharmaco- 
gnosie et directeur du Jardin botanique à l'université d'Erlangen. 


— M. le docteur E, van Risseghem a été nommé professeur de botanique 
à l'université de Bruxelles, 


_— Le Journal officiel de la République française, dans son numéro du 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 239 


lundi 8 juillet 1872, renferme des extraits d'un rapport récemment publié 
sur l'École pratique des hautes études, où nous lisons ce qui suit : 

Les laboratoires affectés à l'enseignement pratique de la botanique sont 
ceux : 

4° De M. Duchartre, membre de l'Institut, professeur à la Faculté des 
sciences, situé à la Sorbonne (quinze éléves), et ayant produit les publications 
suivantes : de MM. Cornu (Monographie des Saprolégniées), Bertrand 
(Études sur le genre Abies ef Pseudotsuga); etc. 

2° Laboratoire de MM. Brongniart et Decaisne, membres de l'Institut, situé 
au Muséum, et qui a donné lieu aux publications suivantes, savoir : MM. Mar- 
tinet (Organes des sécrétions des végétaux), Pérard (Flore des environs de 
Montluçon); etc. Outre ces savants occupés à des recherches scientifiques, 
quarante-huit élèves suivent les conférences et exécutent des travaux de natu- 
ralistes. 

3° Laboratoire de M. Baillon, professeur à la Faculté de médecine, situé 
au jardin botanique. On doit citer les travaux qui y ont été exécutés par 
MM. Vandercolme (Recherches sur l'organisation des Smilax), Tison (/lecher- 
ches sur les plantes dicotylédones), Soubeiran (Recherches sur les Monocoty - 
lédones), Mounat (Recherches sur l'organisation des corolles et l'histologie 
des pétales), Dutailly (Études sur le développement et la structure des 
couches libériennes, etc.), Bocquillon (Recherches sur l'organisation des 
Thés et le siége des principes actifs dans les feuilles); etc. Plus de cent cin- 
quante élèves ont pris part aux travaux pratiques. 


— L'Académie des sciences de Suède a discuté, dans sa séance du 14 fé- 
vrier dernier, comment elle célébrerait l'anniversaire séculaire de la mort de 
Linné (4- 10 janvier 1778). Ila été décidé qu'une statue lui serait élevée 
sur l'une des places de Stockholm. Il a été publié une série de quinze photo- 
graphies dont les objets sont tous relatifs à Linné : son portrait, son cabinet 
de travail, etc.; la dernière représente le Linnea borealis. 


= Un nouvel organe vient de paraître dans le midi de la France, consacré 
à l'histoire naturelle. Nous avons recu le premier numéro, daté du 1** juin 
1872, de la Revue des sciences naturelles, publiée à Montpellier sous la direc- 
tion de MM. Dubrueil et E. Heckel. Cette nouvelle Revue paraîtra tous les 
trois mois, à dater du 1° juin 1872, par livraisons de 80 à 100 pages ; sa 
publication deviendra plus fréquente si l'abondance des matériaux le réclame. 
Les trois branches de l'histoire naturelle seront traitées dans chacun des 
numéros de cette Revue, qui sera composé de Mémoires originaux et d'une 
Revue scientifique. La botanique est représentée dans le numéro qui vient de 
paraître par la première leçon du cours de botanique professé à la Faculté des 
sciences de Nancy par M. Millardet, notre ancien confrère, 


250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


— MM. Fr. Schultz et F. Winter, à Wissembourg, ont commencé récem- 
ment la publication d'une nouvelle série de l'Zerbarium normale, en six 
fascicules de cent espèces. 


— Le professeur Ad. Schnitzlein a laissé des collections cryptogamiques 
qui sont mises en vente. Nous manquons de renseignements sur le contenu 
de ces collections, mais on pourra en obtenir eu les demandant à sa veuve, 
M7* Johanna Schnitzlein, à Erlangen. 


— Nous devous annoncer la mise en vente d'une collection spéciale de 
Champignons, renfermant 227 Hyménomycétes, 18 Ustilaginés, 130 Urédinés, 
31 Phycomycétes, 268 Pyrénomycétes, 135 Discomycétes et Tubéracés, 21 
Myxomycétes, et 170 Champignons imparfaits, au total 1000 espéces. Cette 
collection est donnée comme déterminée avec beaucoup d'exactitude. Le 
nombre d’espèces indiquées paraît faible parce que les formes différentes d'un 
méme Champignon n'ont pas été énumérées séparément, toutes les fois qu'on 
a été certain qu'elles appartiennent à la méme espèce. S'adresser pour cette 
acquisition au Secrétaire de la Société d'histoire naturelle de Brunn, M. le 
professeur G. von Niessl. 


— L'herbier de M. le docteur Ph. Wirtgen, décédé dernièrement, est à 
vendre par les soins de la Société d'histoire naturelle de Bonn. 


— On peut se procurer des plantes de l'Istrie, au prix de 6 florins d'Au- 
triche la centurie, au comptoir de minéralogie et d'histoire naturelle de M. le 
docteur L. Eger, Lothringerstrasse, 3, à Vienne (Autriche). 


— M. le docteur A. Rehmann, Wesola, 21, à Cracovie, met en vente, au 
prix de 10 florins d'Autriche la centurie, des collections de cent à deux cents 
espèces rares ou caractéristiques des steppes de la Russie méridionale. 


- Aumoment de mettre sous presse, nous apprenons avec un profond regret 
la mort prématurée de notre honorable et savant confrére M. Arthur Gris, 
docteur és sciences, aide-naturaliste au Muséum, chevalier de la Légion 
d'honneur et ancien vice-président de notre Société, décédé à Paris le 
18 août 1872, à l’âge de quarante-deux ans. 


Le rédacteur de la Revue, 
Dr EUGÈNE FOURNIER, 
Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, 
W. DE SCHŒNEFELD, 


Paris.— Imprimerie de E. Martixer, rue Mignon, 2, 


TABLE ALPHABÉTIQUE 
DES 
MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME DIX-HUITIÈME, 
4871., 


N. B. — Tous les noms de genre ou d'espéce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins 
des plantes. Ainsi, pour trouver Carotte, cherchez Daucus, etc. 

Les chiffres sans crochets se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société. — Les chiffres 
entre crochets [ ] désignent la pagination de la Revue bibliographique. 


A 


Abies (Sur le genre), 376. — bicolor, bra- 
chyphylla [34]. — diversifolia [51]. — 
excelsa, 410. — holophylla [54]. — 
Nephrolepis [54]. 

Acclimatation des Cinchona dans les Indes 
britanniques, 102, 157. 

Acer [226]. — argutum, barbinervum, 
capillipes ,  circumlobatum ,  nikoense, 
Max. nov. sp. [56]. — mandshuricum 
Max. nov. sp. [57]. 

Achlys japonica Maximow. n. sp. [55]. 

Achras Sapota [43]. 

Acinéte, 38. 

Actinophrys, 38. 

4Egilops, voy. Triticum, 

4Esculus, 175. 

Agaricinées, 38 [232]. 

Agaricus pheocephalus B. etc., 272. 

Agave mexicana [43]. 

Agropyrum, 146, 241. — cæsium, 433. 
— Savignonii DN., 241. 

Aira brigantiaca trouvé aux buttes Chau- 
mont [144]. — caryophyllea, 170. — 
Cupaniana, 170. 

Algérie (Flore de l’) : Plantes récoltées en 
1870 auprès de Bougie, 77. — Végé- 
tation des environs de Constantine, 292. 
— Additions à la flore algérienne et 
observations, 354. 

Algues, 58, 101, 272 [1] [19] [32] [74] 
[131] [148] [154] [160] [173] [179] 
[188] [205j [208] [221] [234] [236]. 

Alpinia Galanga et officinarum [151]. 

Aithenia filiformis, 174 [204]. 

Amanita Cesarea P., 275. 

Amomum [230]. 


T. XVIII. 


Ampelopsis [206]. 

Amphicosmia [169]. 

Anabasis arelioides, 358. 

Anacampseros [216]. 

Anacharis Alsinastrum, 64, 200. 

Andripetalum Yolombo, 374. 

Andromeda polifolia, 145, 413. 

Andropogon Schonanthus [31]. 

Androsace maxima, 358 en note. 

Angelica moschata (Soumboul), 7, 17. 

Anomalie, 99. — Voy. Monstruosité et 
(daus la table dela Revue bibl.) : Bel- 
lynck, Braun. 

Anthoxanthum Puelii trouvé aux buttes 
Chaumont [144]. 

Apargia dubia Hoppe, 51. 

Aquilegia [215]. 

Araucaria Balansæ Brongn. et Gris nov. 
Sp., 130. — Cookii, 131. — montana 
Br. et Gris nov, sp., 136. — Mueileri 
nov. sp., 139. — Rulei, 137. 

Arbolayre, 205. 

Arenaria triflora, 196. 

Argostemma [235]. 

Arracacha esculenta, 373. 

Arlemisia racemosa Miég. nov. sp. 367. 
— oligantha Miég. n. sp. 368. 

Ascophora elegans et Mucedo, 37. 

Asie orientale, voy. (dans la table de la 
Revue bibl.) Maximowicz, 

Aspergillus [172]. 

Asperula galiotdes, 64. 

Asphodelus tenuifolius, 363. 

Aspidium craspedosorum Maximow. noy. 


sp. [51]. 
Asplenium schisodon Moore nov. sp. 
[164]. 
Aster rugulosus Maximow, nov. sp. [57]. 
i 16 


242 


Aster spathulifolius [58]. 

Asteroselene Wittr. gen, nov. [15]. 

Astragalus [188]. — nummularioides, 
351. 

Avena australis, 356. — bromoides, 356. 
— sterilis B. minor, 192. — eriantha, 
tr. à Saint-Guilhem-le-Désert, 174. 

Azalea [177]. 


B 


Bactéries, 38. 

Bambusa mitis [48]. 

Baptisia perfoliata [31]. 

Barbarea rivularis, 384. 

Barbula insidiosa Jur. et Milde n. sp. 
[40]. 

Darometre. Son usage dans les voyages, 
71. 

BarRANDON (A.). Compte rendu de quelques 
promenades aux environs de Montpel- 
lier, 170. — Note sur quelques plantes 

des environs de Montpellier, 228. 

- Bartholomeus anglicus de Glanvilla, 202. 

. Bassia [38]. 

Bauouin (A.). Lettre relative à la fixation 
du lieu d'une session extraordinaire, 
48. 

Beauprea Brongn. et Gris nov. gen., 241. 
— Balanse, diversifolia, gracilis, Pan- 
cherii, spathulæfolia, 243 à 246. 

Bellis dentata, 362. 

Bertholletia excelsa [44]. 

Bertrano (Ch.-E.). Sur le genre Abies, 376. 
— Obs., 382. 

Beta [15] [235]. 

Betula pubescens, 410. — nana, 412. 

Bibliographie, 2, 18, 60, 121, 153, 201, 
331, [39] [141] [189]. — de l'Euca- 
lyptus [86]. 

Bignoniacées, 442 [164] [226]. 

Billancourt (Nitella mucronata, tr. à), 46. 

Boletus edulis, 216. 

Bomarea chontalensis Seem. n. sp. [222]. 

Boreau. Sur les Ranunculus silvaticus, 
nemorosus et tuberosus, 383. 

Borraginées [25]. 

Botrytis, 38. 

Bougie (Plantes récoltées aux environs 
de), 77. 

Boris (A. de). Notice nécrologique sur 
M"'* Ricard, 285. 

Boulay (l'abbé). Distribution géographi- 
que des Mousses dans les Vosges et le 
Jura, 178, 213. — Découverte de 
l Hyocomium flagellare dans les Vosges, 
331. — Lettre, 99, 

Brachythecium Gehecbii Milde n. sp. [40] 
[212]. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Brassica humilis, sa localité exacte aux 
environs de Saint-Martin de Londres, 
172. 

BRrONGNIART (Ad.). Obs., 228. — et Gris. 
Supplément aux Conifères de la Nou- 
velle-Calédonie, 130, 188. — Sur la 
constitution du cône des Conifères, 141. 
— Sur le nouveau genre de Protéacées 
Garnieria B. et G., 188. — Sur le 
nouveau genre de Protéacées Beauprea 
B. et G., 241. 

Bryum cyclophyllum, 92. 

Buffonia, 231. 

Bureau de la Société : ajournement de 
son élection, 1, 35, 59, 63, 80. 

Burrau (Ed.). Obs., 442. 

Butomées [159]. 


C 


Calamites [145]. 

Calamodendron, 92. 

Calamopitus [146]. 

Calédonie (Nouvelle-), 130, 188, 241. — 
Voy. (dans la table de la Revue bibl.) 
Soubeiran. 

Calla palustris, 193. 

Calliopsis tinctoria [227]. 

Callitriche autumnalis [24]. 

Calluna Erica, 413. 

Caltha palustris forma aurata, 384. 

Calypso borealis [20]. 

M por Gœæpperliana Kühn n. gen. 

34]. 

Campanula Kremeri, 363. — rapuncu- 
loides, 174 [44]. — Vidalii [180]. 

e] mea japonica Maximow. n. sp. 

56]. 

Campine (Herborisatious dans la), 190. 

Canaux oléiféres des Composées, 286, 
394. 

Canna indica, 314. 

Cannabis sativa [210]. 

Capsella rubella R., 319. 

Carduncellus rhaponticoides, 355. 

Carex glauca B. erythrostachys, 172. — 
Halleriana déformé, 171. — lœvigata, 
145. — nulans, 145. — «ædipostyla, 
170. — olbiensis, 171. — pauciflora, 
145. — sicyocarpa, 171. — des tour- 
bières du Jura, 418. 

Caryophyllinées [157]. 

Caulopteris [147]. 

Cauver. Sur le Sumbul, 17. — Sur quel- 
ques travaux de M. Germain de Saint- 
Pierre, 18, 23. — De la structure du 
Cytinet et de l'action que produit ce 
parasite sur les racines des Cistes, 29. 
— Rem. à propos de certaines questions 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 


de physiologie soulevées par ia thèse de 
M. J.-E. Duval (Des ferments organi- 
sés, etc.), 36. — Structure du Ricin 
d'Afrique, 73. — Liste des plantes récol- 
tées aux environs de Bougieen 1870,77. 

Cave (Charles), tué au champ d'honneur, 
à Dij n,60. 

Cellules [21]. 

Cenarrhenes spathulæfolia, 188. 

Centaurea parviflora, 362. 

Cerastium pumilum, 385. — obscurum 
forma pallens, 385. 

Cercidiphyilum ovale Maximow, sp. nov. 
[59]. 

Ceroxylon andicola, 313. 

Césalpiniées, 60. 

Cévennes (Tourbières des), 425. 

CHaserr (Alf.). Sur quelques plantes des 
environs de Fontainebleau, 195. 

CnabBoissEAU (l'abbé). Sur quelques ouvra- 
ges rares ou curieux relatifs à la bota- 
nique, 2, 201. — Sur les Orlus sani- 
tatis, 153, 204. — Sur les noms arabes 
de quelques végétaux, 18. — Sur quel- 
ques Characées des bassius de Versailles 
et des élangs circonvoisins, 65. — Sur 
le Nitella syncarpa et le Chara conni- 
vens, 147. — Découverte du Nitella 
mucronala à Billancourt, 46. 

Chenomeles [195]. 

Chamæcyparis treviramea et Ch. pendula 
Maximow. sp. nov. [51]. 

Champignons, 26, 37, 107, 156, 272, 
452, 453 [20) [22] [23] [38] MIT 
68] [77] [78] [91] [129] [153] [161 

162] [179] [232]. 

Chara, 174. — aspera, 65, 150. — con- 
nivens, 149. — coronata, 193. 
Duriæi, 150. — fragifera, 150. — 
galioides, 130. — mucronata, 46. 

Characées, 46, 65, 66, 147, 148, 149, 
150, 174, 193. 

CuariN. (Ad.) a trouvé à Meudon l'£u- 
phorbia dulcis et le Poa sudetica, ct 
près des Essarts-le-Roi, l'Orchis viridis 
et l’Asperula galioides, 64. 

Cheiranthus Cheiri [218]. 

Chenopodium Vulcaria, 193. 

Chesney. Sa mort [192]. 

CugvnEUL. Déclarations concernant le bom- 
bardement du Muséum ct la conserva - 
tion de ses collections, 10, 63. 

Chimaphila astyla Maximow. n. sp. [55]. 

Chionographis Maximow. n. gen. [55]. 

Chlorodictyon [160]. 

Cinchona [122 à 129]. — mirabilis, 107. 
— Pilayo, 107. — Culture dans Jes 
Indes britanniques, 102, 157. — (Suc- 
cédanées des), 159. 


243 


Cissus quinquefolia [206]. 

Cistus, 29, 170.— aibido-crispus et crispo- 
albidus, 170. 

Classification morphologique des organes 
souterrains de la végétation, 23. 

Claviceps [20]. 

Cr&uENT-MuLLET. Sur les noms arabes de 
quelques végétaux, 8, 18. 

Cros (D.). Discussion de quelques points 
de glossologie botanique (suite), 96. — 
Des genres Pavia et Timbalia, 175. 

Clypeola cyclodontea, 355. 

Collections botaniques (Expédition des), 
119. 

Colocasia esculenta, 373. 

Corvin (le Rév,^, membre à vie, 330. 

Commissions (Ajournement de l'élection 
des), 1. — Commission poür constater 
les dégàts causés au Muséum par le 
bombardement, 2. — Commission pour 
organiser la séance extraordinaire en 
l'honneur de S. M. l'Empereur du Bré- 
sil, 390. 

Composées, 327, 331 [35] [207]. — Ca- 
naux oléifères (des), 286, 394, 

Cône des Conifères, 141. 

Conifères, 130, 141, 171, 188, 410 [44]. 

Constantine (Végétation des environs de), 
252. 

Coptis orientalis et quinquefolia Maximow. 
n. sp. [55]. 

Cordiceps myrmccophila, 156. — Dugesii, 
157. 

ConpiEn (F.-S.).Sur le genre Cordiceps,155, 

Corispermum hyssopifolium, 174. 

Corsu (Max.). Sur les Synchytrium Stel- 
lariæ medie et Alismatis, 96. — pré- 
sente des échantillons de Nitella batra- 
chosperma, 46. — Sur deux genres 
nouveaux de Saprolégniées, 58. — an- 
nonce la mort de M. Cave, 60. — au- 
nonce la découverte, auprés de Romo- 
rantin, des Rhynchonema rostratum, 
Sphæroplea annulina. et Hydrodictyon 
atriculatum, 101. — Sur le Pilobolus 
crystallinus, 298. — Obs. , 152. 

Coronil.a glauca, A11. 

Coryda!lis pumila [27]. 

Cosson (E.). Signale le Trifolium resupi- 
natum à Neuilly-sur-3cine, et l'4Ana- 
charis Alsinastrum auprès d'Ostende, 
6i. — entretient la Société du voyage 
au Maroc de MM. J.-D. Hooker ct 
J. Ball, 101. — Instructions sur les 
Observations ct les collections botaniques 
à faire daus les voyages, 66, 81, 111. 
— Obs., 201, 367, 382. 

Costæus. De universali surpium natura, 
exemplaire de dédicace, 3. 


24h 


Cotoneaster denticulata, 177. 

Crassulacées, 325 [185]. 

Crategus [177] [195]. — (Révision du 
genre), 442. — Pyracantha, 177. 

Crepis altissima, 55. — aurea, 50. — 
blatllarioides, 55. — bulbosa, 52. — 
lampsanoides, 55. — succisæfolia, 55. 

Crucifères, 318 [182] [220]. 

Cryptocarpus Austin gen. nov. [179]. 

Cryptogames de l’arrondissement de Mont- 
luçon, 272. 

Cucurbitacées [207]. 

Culture du Cacaotier, 3. — du Manioc, 
341. — duQuinquina, 102, 157. 

Cuscuta [157]. 

Cycloloma platyphyllum [45]. 

Cydonia [195]. 

Cypéracées (Tissus des), 231. 

Cyperus serotinus, 229. 

Cystophora [236]. 

Cytlinus Hypocistis, 29. . 

Cytisus Laburnum à Cherbourg [45]. — 
purpureo-Laburnum ou Adami [167]. 


D 


Daucus, 373. 

DELoNDRE (Aug.). Lettre sur le bombarde- 
ment du Muséum par l'armée alle- 
mande, 1. — Rapport sur les dégáts du 
Muséum, 9. — Notes de botanique et 
d’acclimatation végétale, 102, 157. 

Deparia nephrodioides Bak. n. sp. [170]. 

Desmidiacées [15]. 

Deutzia scabra [51]. 

Diatomées [16] [129] [131] [178]. 

Didymochlena sinuosa [3]. 

Dioscorea, 305 [12]. 

Dioscoride, De medicinali maleria, exem- 
plaire de Colbert, 3. 

Diplotaxis pendula, 351. 

Disanthus Maximow. n. gen. [54]. 

Discours de M. Germain de Saint-Pierre, 
283. 

Dons faits à la Société, 92, 439. 

Draba verna, 419. 

Dracæna [177]. 

Drosophyllum lusitanicum [15]. 

DucuanrRE (P.), annonce la publication du 
Nomenclator botanicus de Pfeiffer, 331. 
— Obs., 201. 

Duval (Jules), voy. Cauvet. 

Duvar-Jouvg (J.). Sur quelques tissus de 
Joncées, de Cypéracées et de Graminées, 
231. 


E 
Échantillons d'herbier (Préparation des), 


111, 
Ectocarpus ostendensis Ask, nov. gen, [1]. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Elæwagnus Oldhami et glabro-pungens Maxi- 
mow. n. sp. [58]. 

Elatine macropoda, 145. — Fabri, 145. 

Elections (Ajournement des), 1, 35, 59, 
63, 80. 

Ellis. Sa mort [238]. 

Ellisiophyllum Maximow. n. gen. [59] 

Elodea canadensis [45]. 

Embryon, 339. 

Empetrum nigrum, 415. 

Endocarpon Guepini [13]. 

Epigæa asiatica Maximow. n. sp. [55]. 

Epipogon aphyllus, 145, 314. 

Erica cinerea, 145, 193. 

Eriophorum, 417. 

Erodium, 321. 

Erophila, 319. 

Erysiphe, 38 [19]. 

Essarts-le-Roi (Orchis viridis et Asperula 
galioides trouvés prés des), 64. 

Eucalyptus Globulus, 255 (83] [84] [86]. 

Euphorbia dulcis, 64. —  Gerardiana, 
198. — resinifera [158]. 

Euphrasia, 329. 

Eurotium [79]. 

Expédition des collections, 119. 


F 


Fécule, 372. 

Fermentation, 36, 41. 

Festuca altissima [220]. 
[207]. — loliacea [207]. 

Feuille du Tagetes patula, 337, des Abies, 
376, de div. Composées, 400. 

Fissidens Arnoldi et intralimbatus Ruthe 
nov. sp. [213]. 

Flagellatées [19]. 

Fleur, 339. 

Flore des Acores, voy. Godman.— de Bel- 
gique, voy. Devos, Hardy. — de Bohème, 
voy. (dans la table de la Revue bibl.) Ce- 
lakowski, Feistmantel.— de Bornéo, voy. 
(dans la méme table) Beccari. — du 
Brésil, voy. (dans la méme table) Flora 
brasiliensis, de Martens. — du Cau- 
case, voy. (dans la méme table) Ru- 
precht. .— du Chili, voy. (dans la méme 
table) Cesati.— de France, voy. France. 
— de la Grande-Bretagne, voy. (dans 
la table de la Revue bibl.) Baker, 
Leighton. — de l'Inde, voy. Inde. — 
d'Italie, voy. (dans la méme table) Ba- 
glietto, Caruel, Cesati, Gibelli, Licopoli, 
Passerini, Terracciano, Zanardini. — 
du Japon, voy. (daus la méme table) 
Maximowiez, Miquel. — de Scandi- 
navie, voy. (dans la méme table) Wit- 
trock. 


— elongata 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES, 


Fontainebleau (Plantes de), 195. 

Forez (Obs. sur les plantes du), 145. ' 

Fossiles (Plantes), 92. — Voy. (daus la 
table de la Revue bibl.) Andrä, Carru- 
thers, Caruel, Dawson, Feistmantel, 
Heer, Mohr, F. de Müller et Smyth, 
Roehl, Saporta, Schenk, Unger, Weiss, 
Weiss et Goldenberg, Williamson. 

Fougères [3] [57] [81] [140] [147] [164] 
[169] [483] [214]. 

Fournier (Henri). Sa mort, 330. 

Fragaria roseiflora Boulay n. sp., 92. 

France (Flore de) : Distribution géogra- 
phique des Mousses dans les Vosges et 
le Jura, 178, 213. — Florula obsidio- 
nalis, 246. — Plantes du département 
du Nord, 294. — Plantes de l'arron- 
dissement de Montlucon : Phanérogames, 
318, 382, 436 ; Cryptogames, 272. 
— Obs. sur quelques plantes du Forez, 
145. — Plantes des environs de Mont- 
pellier et du département de l'Hérault, 
170, 228 [44]. — Obs. sur la syno- 
nymie des Hieracium de Lapeyrouse, 
48, 311. — Révision des Armoises 
alpines des Pyrénées, 367. — Végéta- 
tion des tourbiéres du Jura, 406. — 
Tourbiéres des Vosges et des Cévennes. 
425. — Révision des Crategus du 
groupe Oxyacantha et Oxyacanthoides, 
442. — Etude sur l Agropyrum cæsium, 
433. 


Espéces décrites ou signalées : 


Agropyrum, 146. — A.casium, 433. — 
A. Savignonii, 241.— Aira Cupaniana, 
170. — Althenia filiformis, 174. — 
Arrhenatherum elatius, forme, 172, — 
Artemisia oligantha M. u. sp., 368. — 
A. racemosa M. nov. sp. 367. — Aspe- 
rula galioides, 64. — Avena eriantha, 
174. — A. sterilis B. minor, 172. 

Brassica humilis, 472. — Bryum cyclo- 
phyllum, 92. 

Campanula rapunculoides, 174 [44]. — 
Capsella rubella R., 319, — Carex lœvi- 
gata, 145. — C. nutans, 145. — C. 
œdipostyla, 410. — C. olbiensis, 171.— 
C, pauciflora, 145. — C. sicyocarpa, 
171. — Chara aspera, 65. — Ch. con- 
nivens, 149. — Ch. syncarpa, 147. — 
Ch. innommés, 174. — Cistus aibido- 
crispus et crispo-albidus, 170. — Cori- 
spermum hyssopifolium, 174. — Co- 
ronilla glauca, 171. — Cralægus, 445 
[177]. — Cyperus serolinus, 229. 

Elatine macropoda B. Fabri, 145.— Epi- 
pogon aphyllus, 145, 374. — Erica 
cinerea, 145, — Erophila, 319. — 


245 


Euphorbia dulcis, 64. — E. Gerar- 
diana, 198. — Euphrasia, 329. 

Fragaria roseiflora n. sp., 92. 

Galium viridulum et supinum, 326. — 
Goodyera repens, 200. 

Hedwigidium imberbe, 93. — Helianthe- 
mum umbellatum B. rubriflorum, 196. 
— Hieracium, espèces diverses, 48, 311. 
— Bydrodictyon utriculatum, 101. — 
Hyocomium flagellare, 331. 

Juncus striatus, 172. 

Lemna arrhiza, 295. — Leucanthemum 
palmatum,145.— Lychnis Viscaria,196. 

Meum athamanticum, 146. 

Nardurus Poa B., 146. — Nitella mucro- 
nala, 46. — N., syncarpa, 147. 

Orchis viridis, 64. 

Pinus Salzmanni, 171. — Plantago albi- 
cans, 174 [44]. — Poa sudetica, 64. 
— Potentilla splendens var. filipendula 
Ch., 198.— Pulmonaria, formes diver- 
ses, 146. 

Ranunculus confusus, 196. — R. hololeu- 
cos, 196, — R. silvaticus et nemorosus, 
383. — R. tripartitus, 196. — Rubus, 
espéces diverses, 323. — Rhynchonema 
rostratum, 101. 

Sedum cæsium, 325. — Sphæroplea an- 
nulina, 101. — Stratioles aloides, 295. 
— Synchytrium Slellariæ medie et 
Alismatis, 26. 

Trifolium resupinatum, 64. — Triticum 
monococcum et autres, 173. 

Viola arenicola Ch. nov. sp., 195.—Vul- 
pia Michelii. 173. 

Voy. (dans la table de la Revue bibliog.) : 
Aubouy, Bagaeris et Broillard, Faye, 
de Fonvert et. Achintre, Ravin et Mo- 
reau, Roumeguére, de Saporta, Timbal- 
Lagrave. 

Fumariacées [181]. 

Fumaria Bastardi? 359. — longipes, 359, 
367. — numidica, 359. 

Funaria, 229. 


G 


Gagea pusilla [27]. 

Galanthus nivalis, 195. 

Galium aristatum [40]. — supinum, 326. 
viridulum, 326. 

GanDocer (Mich.). Révision du genre Cra- 
tægus pour les sections Oxyacantha 
et Oxyacanthoides, 442. 

Gardenia [37]. 

Garnieria spathulæfvlia Brongn. et Gris 
n. gen., 189. 

GarrouTe (l'abbé). Lettre sur l'Epipogon 
aphyllus, 374. 


256 


GaubEFROY (E.) et Edm. MOUILLEFARINE. 
Sur des plantes méridionales observées 
aux environs de Paris (Florula obsidio- 
nalis), 246. 

Gaudinia fragilis bisannuel ou vivace, 172. 

Gelée (Action physiologique de la), 164, 
208, 299. 

GENEVIER (Gaston). Obs., 299. 

Géographie botanique, voy. Flore. 

Gérardmer (Hyocomium flagellare trouvé 
à), 331. 

GERMAIN DE SAINT-Pierre. Lettre, 46. — 
Discours, 283. — Réponse aux obser- 
vations de M. Cauvet, sur quelques-uns 
de ses travaux, 122. — Obs., 62 (note), 
297, 454.— Voy. Cauvet. 

Geum [32]. 

Glandes, 143, 239. — Voy. (dans la table 
de la Revue bibl.) Licopoli. 

Glossologie botanique (suite), 96. 

Gonidies [73]. 

Gouville. Sa mort, 390. 

Graminées (Tissus des), 231. 

Gratiola officinalis, 112. 

Gris (A.). Obs., 488. — Sa mort [240].— 
Voy. Brongniart et Gris. 

Guepinella Bagl. n. gen. [13]. 

Guillard (Léon), tué au champ d'honneur, 

' à Buzenval, 9. 


H 


Haloxylon Ammodendron [22]. 

Hedwigidium imberbe, 92. 

Helianthemum umbellatum var. rubriflo- 
rum, 196. 

Helianthus [44]. 

Helionopsis breviscapa Maxim. nov. gen. 

55]. 

PL mucronata Terrac. nov, sp. 
[204]. 

Hemitelia Moorei Bak. n. sp. [169]. 

Hépatiques, 278 [17S]. 

Hérault (Plantes rares ou nouvelles de l’), 
170, 228 [44]. — Voy. (dans la table 
de la Revue bibl.) Loret. 

Herbarius, 205. 

Herbier, 111. 

Herborisations, 66, 81, 111, 190. — Voy. 
(daus la table de la Revue bibl.) Timbal- 
Lagrave. 

Hieracium, 328. — Études sur les H. de 
Lapeyrouse, 48, 311. — alatum, 317. 
— alpinum, 51. — altissimum, 55. — 
aurantiacum, 52. — aureum, 50. — 
Auricula et var., 52, — auriculæ- 
forme, 52. — boreale, 55. — brevi- 
scapum, 51. — bulbosum, 52.— cerin- 
thoides, 311. — compositum, 314. — 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Gontroversum, 57. — cordifolium, 56. 


croalicum, 314. — denudatum, 55. 
— dovrense [40]. — dubium, 52. — 
elongatum, 315. — eriophorum, 57. 


— flexuosum, 312. — fragile, 55. — 


glaucum, 54. — humile, 55. — hybri- 
dum, 52. — intermedium, 55. — 
Jacquinii, 55. — juranum, 54. — 


lampsanoides, 55. — lanceolatum, 51. 
— Lawsoni, 53. — Lezatianum Timb. 
n. Sp., 52. — montanum, 54. — mu- 
rorum, 55. — obovatum, 317. — pa- 
ludosum, 55. — panduriforme Timb. 
n. sp. 315.—Perusianum Timb. n. sp., 
313. — piliferum, 51. — Pilosella, 52. 
— prenanthoides, 5T. — pseuderiopho- 
rum Timb. et Loret n. sp., 57. — 
pumilum, 51, 55. — pyrenaicum, 56. 


— rhomboidale, 316. —  sabaudum, 
57. — scopulorum, 54. — scorzone- 
ræfolium, 54. — sericeum, 316. — 


silvaticum, 55. — umbellatum, 57. — 
villosum, 314. — vogesiacum, 54. 

Hordeum [236]. 

Horkelia [177]. 

Horticulture [194] [196]. 

Houille (Théorie de la) [138]. 

Hügel (K. von). Sa mort [40]. 

Hybrides : Cistus albido-crispus Del. et 
crispo-albidus Req., 170. — Elæagnus 
glabro-pungens Max. [58]. — Orchis 
coriophoro-laæiflora Ricca [141]. — O. 
Nicodemi Ten. [203]. — Primula Tom- 
masinii G. G. [207]. — Rumex maritimo- 
conglomeratus Cel. [28]. — Triticum 
vulgari-ovatum et vulgari - triunciale, 
173. — Voy. dans la table de la Revue 
bibl.) Broughton, Morren. 

Hydnora [201]. 

Hydrangea [50]. — chinensis Max. n. sp. 
[51]. — Lobbii Max. [51]. 

Hydrodictyon utriculatum, 101. 

Hygrocrccis, 38. 

Hymenocladia [236]. 

Hymenodictyon excelsum, succédané des 
Cinchona, 159. 

Hymenophyllum tunbridgense [214]. 

Hyocomium flagellare, 331. 

Hypericum  electrocarpum Max. n. 
[55]. 

Hyphomycètes, 107. 


sp. 


I 


Idesia Maximow. nov. gen. [254]. 

Inde (Flore de 1). Voy. Cinchona, Hy- 
menodichjon et (dans la table de la 
Revue bibl.) Aitchison, Soubeiran. 

Involucre, 338. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 


Ipomea Purga W., orizabensis P. et si- 
mulans Hanb. [36]. 
Isoëtes echinospora, 191. 


J 


JacoueL (l'abbé). Sa mort, 208. 

Jatropha Manihot, 341. 

JaunERT (le comte). Lettre à M. le Prési- 
dent, 36. — Sa démission de membre 
des académies allemandes, 36, — Dis- 

. Cours, 389. —- Obs., 393. ` 

Jaubert (Hippolyte), mort victime de son 
dévouement, à Coulonges, 29. 

Joncaginées [159]. 

Joncées (Tissus des), 231. 

Juglandées [160]. 

Juncus atricapillus [207]. — equiselosus, 


232. — siriatus, 172. — variegalus 
Car. n. sp. [8]. 
Juniperus littoralis Maximow, sp. nov. 


[57]. — nipponica [51]. 

Jura (Distribution géographique des Mous- 
ses dans le), 178, 213. — (Tourbiéres 
du), 407. 


Labiées (Organes glanduleux des), 239. 

LawpEnER. Manuel de botanique, en grec 
moderne, 60. 

Lapeyrouse (les Hieracium de), 48, 311, 

Larix [111]. 

Lecoq (Henri). Sa mort, 208, 284. 

Lecostemon [196]. 

Ledum palustre, 415. 

LE Grand (Ant.). Sur quelques plantes du 
Forez, 145.— Lettre relative à diverses 
espéces d'Agropyrum, 241. 

emanea [90]. 

Lenormand (René). Sa mort: discours de 
M. Moriére, 390. 

Leontodon aureum, 50. 

Lepicaune Lap., 50. 

Lepidium sativum [21]. 

Lepidodendron [146]. 

Leptomitus, 58. 

Lepiothrix, 38. 

Lettres de MM. Baudoin, l'abbé Boulay, 
Delondre, l'abbé Garroute, Germain de 
Saint-Pierre, comte Jaubert, Le Grand, 
Roumeguère, Ch. Hoyer, Sagot, le 
pasteur Sahler, Tocquaine, Voy. ces 
noms, 

Leucanthemum palmalum, 145. 

Levüre de bière, 37. 

Lévy (P.). Note sur la culture du Cacao- 
tier, 3, — Sur la coupe de l'Acajou, 
125. — Envoi de plantes du Nicara- 


gua [192]. 


247 


Libocedrus austro-caledonica Brongn. et 
Gris n. sp., 140. 

Lichens, 269, 276 [13] [73] [88] [204 
hens, 269, 276 [13] [73] [ss] [204 

Ligularia calthæfolia Maximow. n. 
[97]. — clivorum id. [57]. 

Lilium [164] [166]. — punctatum [164]. 
— Humboldtii [164]. 

Lindera hypoglauca Max. n. sp. [56]. 
— membranacea Max. [56]. 

Liguidambar macrophylla [161]. — sty- 
raciflua [161]. — acerifolia Maximow. 
n. sp. [54]. 

Livre de Nature (le), 204. 

Lobelía Dortmanna, 192. 

Lonicera cærulea, 412, 

Loxode, 39. 

Lychnis Viscaria, 196. — laciniata Mari- 
mow. n. sp. [5]. 

Lycopodiacées fossiles [139], — du Mexi- 
que [222]. 

ium cryptomerinum Max. n. sp. 
51]. 

Lysimachia acroadenia Max. n. sp. [56]. 
— Fortunei Max. [56]. 


M 


sp. 


Macroclinidium Max. nov. gen. [58]. 

Manioc, 341. 

Marsilia [175] [228]. 

Martinet (J.-B.). Sur les organes glandu- 
leux des Rutacées, 143. — des Labiées, 
239. 

Martins (Ch.). Sur l'origine glaciaire des 
tourbiéres du Jura neucbátelois et de 
la végétation qui les caractérise, 406. 

Maui (G.). Sur des feuilles anomales de 
Trifolium repens et pratense, 222. 

Melaleuca viridiflora [38]. 

Melandrium Olgæ Max. n. sp. [57]. 

Mélanges. Voy. Nouvelles. 

Mélanthacées [234]. 

Mélastomacées [163]. 

Melilutus sulcata, 249 (note). 

Mentzel. Index nominum plantarum uni- 
versalis, annoté de la main deJ. Ges- 
ner, 2. . 

Mensiezia multiflora Max. n. sp. [52]. — 
purpurea et pentandra Max. [55]. 

Mer (Em.). De l'action physiologique de 
la gelée sur les végétaux, 164, 208, 
299 

Merismopædia, 38. 

Merulius lacrimans Fr., 107, 452. 

Mespilus [195]. 

Metanarthecium Max, nov. gen. [55], 

Meudon (Euphorbia dulcis et Poa sudelica 
trouvés à), 64. 


248 


Meum athamanticum (Noms vulgaires du), 
146, 147. 

Mi£cEviLLE (l'abbé), Essai de révision des 
Armoises alpines des Pyrénées françai- 
ses, 367. 

Mirabilis Jalapa, 374. 

Mitella japonica Maximow. n. sp. [54]. 

Mohl (Hugo de). Sa mort [142]. 

Monade, 38. 

Monoblepharis Max. Cornu nov. gen., 59. 
— polymorpha n. sp., 59. — prolifera 
n. sp., 59. — spherica n. sp,, 59. 

Monstruosités et Anomalies : Déformation 
des utric. des Carex præcox et Halle- 
riana, 171. — Feuilles anomales de 
Trifolium, 222. — Avortement des om- 
belles secondaires des Seseli tortuosum 
et montanum, 228. — Voy. (dans la 
table de la Revue bibl.) : Barthès, Bel- 
lynck, Duchartre, Pasquale, Peyritsch. 

Montluçon (Cryptogames des environs de), 
212, 382. —  Phanérogames, 318, 
382. — Notes supplémentaires, 436. 

Montpellier (Promenades aux envir. de), 
170, — (Plantes des environs de), 228. 
Voy. Hérault. 

Monière. Discours prononcé aux funérailles 
de M. Lenormaud, 391. 

Morinda tinctoria [37]. 

Morus acclimaté à Moscou [22]. 

MOUILLEFARINE (E.) a trouvé le Trifolium 
resupinatum à Neuill y-sur-Seine, 64.— 
Voy. Gaudefroy et Mouillefarine. 

Mousses, 92, 178, 213, 279, 331, 422 
[89] [93] [144] [212] [229] [231]. 

Mucor. 38. 

Muséum (Bombardement du), 4, 9. — 
Déclaration de M. Chevreul à l'Acadé- 
mie des sciences, le 9 janvier 1871, 10. 
— Déclaration de M. Chevreul, le 29 mai 
1871, 63. 

Mycologie. Voy. Champignons. 

Myoporum tenuifolium [37]. 

Myrica Gale, 415. 

Myxomycétes, 38, 42, 43. 


N 


Nabalus acerifolius et ochroleucus Maxi- 
mow. n. sp. [58]. 

Naias [18] [152]. — serristipula Ma- 
ximow. n. sp. [56]. 

Nardurus, 146. 

Narthecium asialicum Max. n. sp. [55]. 

Nasturtium officinale, forma parviflorum, 
384. 

Naviculées [130]. 

Nécrologie, 9, 29, 60, 208, 284, 285, 330, 
390. Voy. Nouvelles. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Neuilly-sur-Seine (Trifolium resupinalum, 
trouvé à), 64. 

Neuropleris [137]. 

Nicaragua (Culture du Cacaotier au), 3. — 
(Coupe de l'Acajou au), 125. 

Nitella batrachosperma, 46. — capitata, 
148. — mucronala, 46. — opaca, 66, 
148. — syncarpa, 147. 

Nœggérathiées [136]. 

Noms arabes de quelques végétaux, 18.— 
Voy. (dans la table de la Revue bibl.) 
Prior. -> 

Normandina Jungermanniæ [188]. 

Nostoc fragiforme [213]. 

Nouvelle-Calédonie. Voy. Calédonie. 

Nouvelles [40] [142] [191] [236]. 

Nucelle [11-72 


* 


0 


Ocotea aromatica [31]. 

Œcidium Beta [16]. 

Œdipodium Griffithii [229]. 

Œdogonium [76]. 

Onygena equina, 299. 

Ootacamund (Jardin gouvernemental d"), 
162. 

Opaline, 39. 

Ophiopogon [60]. 

Ophrys, 201. — integra [203]. 

Opuntia fulvispina [167]. 

Orchidées, 64, 201 [203]. 

Orchis, 201. — viridis, 64. 

Oreomunoa OErsted nov. gen. [161]. 

Orthotrichum [215]. 

Ortus sanitatis, 153, 204. 

Oryza [156]. 

Oscillaria, 38. 

Osmunda regalis [183]. 

Ostende (Anacharis Alsinastrum aux env. 
d), 64. 

Oxalis obtriangulata Max. n. sp., 55. 

Oxytrique, 39. 


P 


PϾonia peregrina, 173. 

Palmella, 38, 39. 

Palmellées [19], 38. 

Palmiers de Bornéo [202]. 

Pancratium maritimum, 174. 

Pandorea austro-caledonica [164]. 

Papavéracées (Développement de la fleur 
dans les) [21]. 

Papaver Rhoas [215]. 

Paris (Bombardement de), 1,9 — (Antho- 
canthum Puelii et Aira brigantiaca, 
trouvés à) [144]. — Florula obsidiona- 
lis, 246, — (Flore des environs de), 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 


Voy. Billancourt, Meudon, les Essarts- 
le-Roi, Neuilly-sur-Seine, Versailles, 
Fontainebleau, et (dans la table de la 
Revue bibl.) Ramey. 

Panis (E.-G.). Proposition d'exclure de la 
Société les nationaux de l'Allemagne du 
Nord, 80. — Sur la végétation des en- 
virons de Constantine, 252. — Addi- 
lions à la flore algérienne, et obser- 
vations sur quelques plantes de cette 
flore, 354. 

Parnassia Nummularia Max. n. sp. [54]. 

Patrinia gibbosa Maximow. n. sp. [56]. 

Pavia, 175, 176. 

Pédicelle, 339. 

Pédoncule, 338. 

Penicillium, 38, 43. — glaucum et bre- 
vipes, 31. 

Pennisetum sp. nova? 363. 

PéRanD (Al). Énumération des Crypto- 
games de l'arrondissement de Montlu- 
con (Addenda), 272. — Énumération 
des Phanérogames de l'arrondissement 
de Montlucon (Addenda), 318. — Sup- 
plément de localités, 382. — Notes 
complémentaires, 436. — Etude anato- 
mique de l'Agropyrum cæsium, 433, 

Peronospora Cacti Leb. et Cohn n. sp. 
[91] [180]. 

Pertya ovata Maximow. n. sp. [58]. 

Petrocapnos, 360 (note). 

Petrosavia Becc. gen. nov. [202]. 

Petrus de Crescentiis, 203. 

Peyre (Arm.). Sa mort, 208. 

Peziza Auricula Judæ [37]. 

Phelipæa arenaria, 174. 

Phellodendron japonicum Max. n. sp. [58]. 

Philadelphus grandiflorus [51]. 

Physcomitrium [229]. 

Physiologie végétale, 36, 164, 208, 299 
[223]. 

Pilobolus crystallinus, 298. 

Pilularia [175]. 

Pimpinella dicholoma, 356. 

Pinus uliginosa, 410. — montana, 411. — 
Salzmanni, 171. 

Pipéracées [71]. 

Pirus [193]. 

Placentation, 96. . 

Plantago albicans [44]. — Winteri Wirtg., 
n. sp. [176]. 


Plateau, 98. 
Pleurosigma angulatum [16]. 
Poa sudetica, 64. — compressa p. Lan- 


geana, 172. 

Podisoma Sabine, 38. 

Podocarpus cesia Maximow. n. sp. [58]. 
— appressa id. [58]. 

Podochytrium Pfitzer n. gen. [130]. 


249 


Podocyslis pustulata, 26. 

Polycnemum pumilum, 388. 

Polyporus Laricis, 439. — obducens Pers., 
107. 

Polytrichum anomalum Milde n. sp. [40]. 

Pomacées [195]. 

Portulaca, 96. 

Posapa-AranGo. Membre à vie, 330. — 
Sur quelques plantes féculentes, 372. 
— Sur le Bejuco de Agua, 440. 

Potentilla [32]. — splendens var. füipen- 
dula, 198. — verna [216]. 

Prasium majus, 355. 

Préfloraison, 194. 

Préparation des échantillons d'herbier, 
111. 

Primula macrocarpa Max. n. sp. [56]. 

Protéacées, 188, 241. 

Pseudembryon, 98. 

Pseudovules, 98. 

Psilophyton, 94. 

Psychine stylosa, 361. 


Puccinia, 38. — caulicola [39]. — He- 
lianthi [20]. — Torquati Pass. n. sp. 
[187]. 


Pulmonaría, 146. 
Pyrénées, 48, 367. 
Pyrénomycètes [161] [162]. 
Pythium, 58. 


Q 


Quadrifoliolation des Trifolium, 222. 
Quélet. Voy. Sahler. 
Quercus [6] [8] [61]. 


R 


Racines, 296-298, 394. — Leur classifi- 
cation morphologique, 23. 

Radulum quercinum [22]. 

Rambur. Sa mort, 208. 

Ramey a trouvé aux buttes Chaumont 
V Anthoxanthum Puelii et l' Aira brigan- 
tiaca [144]. 

Ranunculus Amansii, 383. — confusus, 
196. — hololeucos, 196. — nemorosus, 
383. — radians, 383. — silvaticus, 
383. — tripartitus, 496. — tuberosus, 
383. 

Ratzeburg. Sa mort [237]. 

Raumeria [140]. 

RexavLT (B.). Note extraite d'un mémoire 
sur les fructifications du Calamoden- 
dron, 92. 

Renonculacées, 318. 

Reseda atriplicifolia et Alphonsi, 361. 

Reuter. Sa mort [144]. 

Rhamnées de l'Asie orientale [49]. 


250 


Rhamnus arguta Max., n. sp. [49]. — co- 
stata Max. n. sp. [50]. 

Rhipidium Max. Cornu, gen. nov. 58. — 
continuum n. sp., 58. — elongatum n. 
Sp, 59. — inlerruptum n. sp., 58. — 
spinosum n. sp., 59. 

Rhizome, 296. 

Rhododendron [52]. — Weyrichii, Senia- 
vini, Oldhami, macrostemmon Max. 
sp. nov. [53]. — Albrechtii, Schlippen- 
bachii, macrosepalum ,  semibarbatum, 
Tschonoskii Max. sp. nov. [57]. 

` Rhynchonema rostratum, 101. 

Ricard (Mme), Sa mort, 285. 

Ricinus, 73. 

Rivière (A.). Expériences sur la germina- 
tion des Cinchona, 104. — Obs. sur la 
croissance du Bambusa mitis et de 
l'Agave mexicana [43]. 

Rochelle (Société des sciences naturelles 
de la), 48. 

Rœstelia cancellata, 38. 

Romorantin (Algues trouvées à), 401. 

Rosa [182] [216]. — exilis [176]. — 
Lemuanii, 386. — tomentella, 386. 

Rosoy-en-Biie (Nitella syncarpa trouvé 
prés de), 147. 

RouwgGuEnE (C.). Sur deux Hyphomycètes 
destructeurs des bois ouvrés, 107,452, 

Royer (Ch.). Lettres, 194, 295. | 

Roze (E.). Sur les Myxomycétes, 42. — 
Sur le polymorphisme des Penicillium, 
42, — Sur le Pilobolus crystallinus et 
l'Onygena equina, 298-299. — ODs., 
208. 

Rubiacées, 326. 

Rubus, 322 [176]. — Grayanus, pecti- 
nellus, peliatus, phœnicolasius, sorbi- 
folius Max. n. sp. [59]. 

Rumex roseus, 363. 

Rutacées (Sur les organes glanduleux des), 
143. | 


S 


Sabia japonica Masimow. n. sp. [54]. 

SAGOT (P.). Sur les Ignames, 304. — Sur 
l'éléve du bétail à la Guyaue, 270. — 
Sur le Manioc, 341. 

SauLER (le pasteur). Lettre sur un ouvrage 
de M. Quélet, 453. 

Salix, espèces diverses, 412 [225]. — ba- 
bylonica [225]. 

Salvadorées [209]. 

Sanicula tuberculcta Max. n. sp. [55]. 

Santalum austro-caledonicum [37]. 

Sapotacées [38]. 

Saprolégniées, 58. 

Sarracenia [11]. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE: 


Sartorius. Sa mort [238]. 
Savi (P.). Sa mort, 208 [41]. 


Saxifraga Hirculus, 417. — Maweana 
Bak., n. sp. [81]. — tellimoides Max. 
n. sp. [58]. 


Scheuchzeria palustris, 420. 

Schizandra nigra Maximow. n. sp. [59]. 

Schisocodon ilicifolius Maximow. n. sp. 
[56]. — uniflorus, id. [56]. 

ScuogNEFELD (W. de) présente un bois 
exotique, 60. — présente un traité de 
botanique non mentionné dans Pritzel, 
60. — Note sur l'étymologie des mots 
Meum et Cestre ou Citre, 147. — Note 
rectificative, 195. — Obs., 8, 61. 

Scirpus cespitosus, 416. 

Scrofularia nodosa [39]. 

Sedum cæsium, 395. — collinum, 395, — 
graniticum, 386. — recurvalum, 386. 

Seemann (B.). Sa mort [41]. 

Selaginella [118]. 

Senecillis Schmidtii Max. nov. sp. [59]. 

Senecio otophorus et slenocephalus Max. 
n. sp. [58]. 

Seseli tortuosum, 228. — elatum, 228. — 
montanum, 928. 

Session extraordinaire (Ajournement de 
la), 48. 

Séve, 19, 122. 

Siderilis montana, 363. 

Sigillaria [146]. 

Sisymbrium torulosum, 355. 

Smilax [211]. 

SOCIÉTÉ BUTANIQUE DE France. Ajourne- 
ment des élections, 1, 35, 59, 63, 80. — 
Interruption forcée dés séances régu- 
lières en avril et mai 4871, et réunions 
intimes qui en ont tenu lieu, 59, 60, 61, 
62. — Commission de la séance extra- 
ordinaire en l'honneur de S. M, l'Em- 
pereur du Brésil, 390. 

Société des sciences naturelles de la Ro- 
chelle, 48. 

Sorbus aucuparia, 410. 

Sordaria flmiseda [13]. — coprophila [19]. 

Sorisporium Trientalis Woron. nov. sp. 
[23]. 

Souche, 296. 

Soumboul, 7, 17 [26] [143]. 

Soyeria montana, 54. 

Sphæria Lemanew [78]. 

Sphæroplea annulina, 101. 

Spirillum, 38. 

Spring. Sa mort [42]. 

Statice, 173. 

Stenomeris [11]. 

Slerculia acuminata [45]. 

Stipa tenacissima [152] (153]. 

Strychnos potatorum [69]. 


TABLE ALPHABÉTIQUE .DES MATIÈRES. 


Stuartia Pseudocaméllia et serrata Max. 
n. sp. [54]. - 

Stylobasium [196]. 

Subularia aquatica var. terrestris, 192 
(note). 

Sumbul, 7, 17 [26] [143]. 

Sumbulus moschatus C. Koch gen. nov, 
[143]. 

Swertia perennis, 420. 

Swietenia Mahagoni, 195. 

Synchytrium, 26 [119]. — Stellariæ me- 
die, 26. — Taraxaci, Anemones, Mer- 
curialis perennis, 91. — Alismalis Max. 
Cornu nov. sp., 28. 


T 


Tagetes patula (Appareil oléifére du), 
287, 331. 

Tecoma radicans [186]. 

Tératologie (28]. Voy. Monstruosités. 

Tetraptera Phil. n. gen. [231]. 

Thea sinensis Sims, 161. 

Theobroma Cacao : sa culture au Nicara- 
gua, 3 [71]. 

Theropogon Maximow. n. gen. [60]. 

Thuia japonica Maximow. n. sp. [54]. 

Thymus Serpyllum var. citriodorus, 173. 

Tige. Classifie, morphologique des tiges 
souterraines, 23, — Tiges des Compo- 
sées, 398. 

Tilia [173]. 

Tillandsia staticeflora E. Morren n. sp. 

223]. 

Tilopteris Mertensi [2]. 

TiuBAL-LacnavE. Étude sur les Hieracium 
de Lapeyrouse et sur leur synonymie, 
48, 311. 

Timbalia Pyracantha Clos n. gen., 177- 
118. 

Tissus, 19, 122, 231, 302. 

Tocquaine. Lettre, et envoi du Polypo- 
rus Laricis, 439. 

Tofieldia japonica Max. n. sp. [55]. — 
nuda Max. n. sp. [60].. 

Tordylium | intermedium Pass. nov. sp. 
[187]. * 

Torula, 38. 

Tourbières : leur origine glaciaire, 406. 
— Végétation des tourbières jurassi- 
ques, 410. — Tourbières des Vosges ct 
des Cévennes, 425. - 

TounLEr. Membre à vie, 330. 

Trapa natans [12]. 

Trichopodium zeylanicum [12]. 

Tricyrtis flava ct latifolia Max. nov. sp. 
[55]. 

Trifolium resupinatum, 64. — repens, 
222. — pratense, 222. 


251 


Triosteum sinuatum Max. nov. sp. [57]. 

Tripetaleia [60]. — bracteata Max. n. sp. 
[55]. 

Triticum monococcum, 173. — vulgari- 
ovatum, 173. — vulgari-triunciale, 173. 

Tropæolum [26]. 

Tsusiophyllum Maximow., nov. gen. [52]. 

Tulipa (Monstruosité d'uu bulbe de) bo. 

Tylodendron speciosum [135]. 

Tynanthus fasciculata, 442. 

Typha [88] [160]. 


U 


Urédinées [39] [233]. 

Uredo pustulata, 26. — Betæ [15]. 
Uromyces Prunelle [39]. 

Ustilago [233]. 


y 


Vaccinium, espèces diverses, 414. 

Valeriana flaccidissima Max. nov. sp. 
[51]. 

Vallisneria spiralis [204]. 

Valoniées [206]. 

Van TieGuem (Ph.). Sur les canaux oléi- 
fères des Composées, 286, 331, 395. 

Variétés, 99. 

Végétation, 23. 

Végétaux (Action de la gelée sur les), 
164. 

Veratrum stamineum Max. n. sp. [57]. 

Verrucariées [234]. 

Versailles : Chara aspera trouvé dans les 
bassins du château, 65. — Ch. con- 
nivens trouvé dans l'étang de Trappes, 
66, 149. 

Vibrions, 41. 

Vicia cuneata, 357. 

Viola arenicola A. Chabert n. sp. 196. 
— porphyrea Uechtr. n. sp. [141]. 

Viscum album [93]. 

Vitis vinifera. Obs. sur un Champignon 
qui attaque les parties souterraines de 
la Vigne [68]. 

VoecxeL (P.). Quelques mots sur le Soum- 
boul, 7. 

Voitia mutica [213]. 

Vorticelle, 39. | 

Vosges (Plantes rares on nouvelles des), 
92, — (Distrib. géogr. des Mousses dans 
les), 138, 213. — (Tourbières des), 


425. 

Voyage de MM. Hooker et Ball au Maroc, 
101. 

Voyages (Instructions pour les), 66, 81, 
111. 

Vrilles, 206. 


252 
Vulpia Michelii Rchb., 173. 
W 


Warion (A.). Une herborisation dans la 
Campine limbourgeoise, 190. — Quel- 
ques plantes du département du Nord, 
294. 

Webera Kreidleri [212]. 

Wight. Sa mort [237]. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Y 
Yucca [253]. 
Z 
Zamia gigas [141]. 
Zanthozylon Bungeanum Max. nov. sp. 


[58]. — Arnottianum Max. n. sp. [59]. 
Zoospores [19] [154]. 


TABLE 


PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS 
DES PUBLICATIONS 


ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


(TOME DIX-HUITIÈME .) 


N. B. — Cette table ne contient que les titres des ouvrages analysés et les noms de leurs | auteurs. 
Tous les noms de plantes dont les descriptions ou les diagnoses se trouvent reproduites dans la Revue 
bibliographique, ainsi que les articles nécrologiques, etc., doivent être cherchés dans la table générale 


qui précède celle-ci. 


AcuiNTRE (J.). Voy. Fontvert et Achintre. 

AcanpH (J. Ga). Chlorodictyon, nouveau 
genre du groupe des Caulerpées [160]. 
— Sur les Algues récoltées pendant l'ex- 
pédition de la corvette Joséphine [221]. 
— Sur les Algues des îles Chatham 
[236]. 

AiTcmison (J.-E. Tierney). Catalogue des 
plantes du Punjaub et du Sindh [64]. 
ANnDRæ. Sur quelques plantes du calcaire 
carbonifère [137]. — Sur le genre de 
Fougères Neuropteris et quelques-unes 
de ses espèces appartenant à la forma- 

tion du calcaire carbonifère [1 37]. 

ASKENAZY (E.). Recherches sur le genre 
Ectocarpus [1]. 

Ausouy (A). Nouvelles notes sur la flore 
de Lodéve [200]. 

Austin (F.). Caractères de quelques nou- 
velles Hépatiques, principalement de 
l'Amérique du Nord [178] 

BaGuerro (F.) Note sur l'Endocarpon 
Guepini [13]. — Aperçu lichénologique 
de la Toscane [204]. 

BagNEnis et BnoinLARp. Étude sur la pro- 
duction du Chéne et son emploi en 
France [6]. 

Baiter (C.). Voy. Rodet. 

BarLow (H.). Sur le développement des 
feuilles des Sarracenia [11]. — Re- 
cherches sur l'organisation et les afti- 
nités des Salvadorées [209]. — Slirpes 
exoticæ nove [211]. 

Barer (J.-G.). Saxifraga Maweana [81]. 
— Synopsis nouveau de tous les Lis 
connus [166]. — Fougères de l'Île de 
Lord Howe [169]. — Monographie des 


Roses de l'Angleterre [182] — Les for- 
mes connues de Yucca [233]. — Voy. 
Flora brasiliensis. 

BananeTZkt. Recherches relatives à l'action 
de la lumiére sur la végétation et sur 
la destruction de la chlorophylle [103]. 

BanTaës (Melchior). Sur un cas tératologi- 
que offert par l’ Hyssopus officinalis|28]. 

Bary (A. de) et Woronin. Recherches sur ia 
morphologie et la physiologie des Cham- 
pignons, 3* série, avec des remarques sur 
les organes sexués des Ascomycètes [78] 

Batarin. Influence de la lumière sur les 
cellules du Lepidium sativum [21]. 

Bauprimonr. Observations relatives aux 
expériences communiquées récemment 
par M. A. Poëy [116]. 

Bauscu (W.). Revue des Licheus du grand- 
duché de Bade [73]. 

Beccanı (0.). Note sur une nouvelle espèce 
du genre Stenomeris [11]. — Note sur 
le Trichopodium' zeylanicum [12]. — 
Note sur l'embryon des Dioscorées [12]. 
— Description de deux espéces d'Hyd- 
nora d'Abyssinie [204]. — Petrosavia, 
nouveau genre de plautes parasites de 
la famille des Mélanthacées [202]. — 
Notes sur quelques Palmiers de Bornéo 
[202]. — Illustration de quelques es- 
péces nouvelles ou rares de plantes de 
Bornéo [202]. 

Békérorr. Sur une monstruosité d’un bulbe 
de Tulipe [20]. 

Beccvncx (A.). Les anomalies dans le règne 
végétal [176]. 

Bennert (A -W.) Voy. Flora brasiliensis, 
Saunders, G. Smith et Bennett. : 


254 


BenTHA. Voy. Flora brasiliensis. 

BerxoviLLI (Gust.). Revue des espèces de 
Theobroma connues jusqu'à ce jour 
[71]. 

BERT b, Influence des diverses couleurs 
sur la végétation [113]. 

Bibliographie [39] [141] liso]. 

BosusLawski. Sur la salicine [22]. 

Boronin. Action de la lumière sur l'Elodea 
canadensis [22]. — Sur les stomates du 
Callitriche autumnalis [24]. — Rela- 
tions de l'amidon avec la chiorophylle 

26]. 

no auer., Sur une matière sucrée ap- 
parue sur les feuilles d'un Tilleul [173]. 

Braun (Al.). Nouvelles recherches sur les 
peores Marsilia et Pilularia [175]. — 
Sur le développement anomal des bour- 
geons adventifs sur la tige herbacée du 
Calliopsis tincloria [221]. 

Brégisson (A. de). Surle Nostoc fragiformo 
Roth [215]. 

BnoiLLAnD. La disette du bois d'œuvre. — 
De la réserve des Chènes d'avenir [8]. 
— Voy. Bagneris et Broillard. 

Bro:çuron (J.). D'une certaine exerétion 
d'acide carbonique par les plantes vi- 
ventes [121]. — Recherches chimiques 
et expérimentales sur les Cinchona 
vivants [123]. — De l'hybridité chez 
les Quinquinas [127]. 

Baunez (Ad.). Biographie d'Aimé Bon- 
pland [63]. — Observations cliniques 
sur l'Æucalyplus Globulus [86]. 

Brunet (l'abbé O.). Eléments de botani- 
que et de physiologie végétale [82]. 

Bucuenau. Sur la gémination dans l'inflo- 
rescence des Alismacées [159]. — Addi- 
tions aux comparaisons critiques publiées 
dans le premier et le deuxième volume 
des Athandi. nat. Ver. zu Bremen, 
pour les Butomées, Alismarées et Jon- 
caginées connues jusqu'à ce jour [159]. 

Buser (Al.). Generis Astragali species ge- 
rontogeæ [188]. 

BurEau (Ed.). Sur quelques fruits de Bi- 

. gnoniacées [226]. 

UanLES (P.-P.). Etude sur les Quiuquinas 
[126]. . 

CannuTHers (W.) De la structure des 
Lycopodiacées arborescentes du terrain 
houiller [139]. — Sur les Cycadées 
fossiles des roches secondaires de la Bre- 
tagne [140]. — Sur la forêt pétrifiée 
des environs du Caire [140]. — Sur la 
structure d'une Fougère pétrifiée de 
l'éocène inférieur de Herne Bay [140]. 

CanuEL (T.). Observations sur le genre de 
Cycadées fossiles Raumeria, et descrip- 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tion d'une espéce nouvelle [140]. — 
Second supplément au Prodrome de la 
flore de Toscane [7]. — Observations 
sur le Trapa natans [12]. 

CASTRACANE (F.). Coup d'œil historique et 
général sur les Diatomées [131]. — 
Sur la multiplication et la reproduction 
des Diatomées [131]. — Observations 
sur une Diatomée du genre Podo:phenia 
[131]. 

Cauver (D.). Du protoplasma [177]. 

Cave (Ch.). Sur la zone génératrice des 
appendices chez les végétaux monoco- 
tylédones [5]. 

CELAKowskY (Lad.). Notice sur le Cory- 
dallis pumila et le Gagea pusilla des 
environs de Prague [27]. — Nouvelles 
communications sur quelques plantes 
de Bohéme [28]. 

Cesati (V.). Illustrations de quelques 
plantes de l'Amérique du Sud [188]. 
CESATI, PassERINI et GIBELLI. Compendium 

de la flore italienne [203]. 
OO] n Observations sur les Algues 
19]. 

Cuos (D.). Les plantes de Virgile [92]. — 
Recherches sur le Charbon du Mais 
[233]. 

Coux. Recherches de biologie végétale 
[179]. — Voy. Lebert et Cohn. 

Congrès des Naturalistes russes à Moscou 
(Communications faites au) [19]. 

Convemoy (J. de). Sur un genre nouveau 
des Composées de la flore indigène 
de l'Île de la Réunion (Frappieria) 
[207]. 

Cossox (E.). Note sur l'Euphorbia resini- 
fera Berg, suivie de quelques considé- 
rations sur la géographie botanique du 
Maroc [15$]. 

Czecu (K.). Sur les fonctions des stomates 


2]. 

Dawson (J.-W.). Les plantes fossiles du 
Devonien et du Silurien du Canada [29]. 
— Sur de nouvelles Fougères arbores- 
centes et autres fossiles du lerrain de- 
vonien [147]. 

Decaisne (J.). Le Jardin fruitier du Mu- 
séum [193]. 

Decaisne et. Naubix. Manuel de l'amateur 
des jardins, tome 1V [196]. 

DsLroxrE (J.-B.). Souvenir botanique du 
professeur Filippo de Filippi [187]. 

Devos (A.). Les plantes naturalisées ou 
introduites en Belgique [199]. 

Do&LL. Voy. Flora brasiliensis. 

Ducnanrug (P.). Réflexions sur les expé- 
riences du général Pleasonton [115|.— 
Observations sur le genre Lis [164]. — 


TADLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 


Note sur une monstruositéde la fleur du 
Violier [218]. 

DuranLy. De la signification morpholo- 
gique de la vrille de la Vigne-vierge 
[206]. — Recherches anatomo- physio- 
logiques sur le Chanvre [210]. 

Epwanps (A.-M.). Nouveau procédé de 
préparation des Algues filamenteuses 
pour le microscope [131]. — Notes sur 
les Diatomées [178]. 

EicHLER. Voy. Flora brasiliensis. 

ENcLER. Voy. Flora brasiliensis. 

EsPAnpEiLLA (P.). Eléments de botanique 
90 


FauiNTzIN (A.). Les sels inorganiques con - 
Sidérés comme un moyen perfectionné 
d'étudier le développement des orga- 
Ft inférieurs munis de chlorophylle 

173]. 

FanLow. De la disposition qu'offrent les 
fleurs du Scrofularia nodosa à la fé- 
condation croisée [39]. 

Faye. Remarques sur quelques particula- 
rités du sol des landes de Gascogne [9]. 

FgaTRERMAN (A.). Compte rendu d'une ex- 
ploration botanique dela Louisiane méri- 
dionale et centrale [28]. 

FEisTMANTEL (C.). Catalogue de quelques 
localités nouvelles observées en Bohéme 
[o7] des plantes du calcaire carbonifère 

21]. 

FERniEnE (Em.). Le Darwinisme [208]. 

Fiscuer De Warne (A.). Remarques sur 
les causes de l'apparition des plantes 
parasites sur les céréales [233]. 

Firrsogen. Observations sur la croissance 
de l'Orge [236]. 

FLeury (G.). Sur deux produits de l'Agaric 
blanc [38]. 

Flora brasiliensis, enumeratio plantarum 
in Brasilia hactenus detectarum, con- 
tinuée sous la direction de M. Eichler, 
fasc- xtix-Lvi, Cyathéacées, Polypodia- 
cées, Swartziées, Césalpiniéóes, Grami- 
nées, Convolvulacées, Cuscutacées, Hy- 
droléacées, Pédalinées, Iridées, Escal- 
loniées, Cunoniacées, Violariées, Saù- 
vagésiées, Bixacées, Cistacées, Cauella- 
cées, Tropéolées, Molluginées, Alsinées, 
Silénées, Portulacées, Ficoidées, Élati- 
nées, par MM. Baker, Bentham, Doell, 
Meissner, Progel, Bennett, Klatt, En- 
gler, Eichler, Rohrbach [155]. 

FuvECkicER. Sur les graines du Strychnos 
potatorum [69]. 

FLuEGEL (J.-H.-L.). Sur les phénomènes op- 
tiques présentés par les Diatomées [16]. 

Fonvert (A. de) et J. AC&INTRE. Catalogue 
des plantes vasculaires qui croissent 


255 


naturellement dans les environs d'Aix 
[201]. 

Frank (A.-B.). La direction horizontale 
naturelle aux parties des plantes, et 
indépendante de la lumiére et de la pe- 
santeur (76]. — Du mouvement des 
grains de chlorophylle vers la lumière 
[117]. —— 

Frevrac. De l'action des vapeurs acides ct 
des combinaisons métalliques sur la vé-- 
gétation [150]. 

Fecken (L.). Symbole mycologicæ. Re- 
cherches sur les Champignons de la 
région rhénane [77]. 

GarovaGuio et GisetLI. La Normandina 
Jungermanniæ [188]. 

GEeceznorr. Sur le bois de l'Zalorylon 
Ammodendron [22]. 

GERLAND. De l'action de la lumière sut la 
chlorophylle [110]. 

GrRLawD et RAUWENHOFF Faits nouveaux 
sur la chlorophylle et quelques-uns de 
ses dérivés [103]. 

Gisecct (G.). Sur la genèse des apothécies 
des Verrucariées (234]. — Voy. Cesati, 
Passerini et Gibelli. — Garovaglio et 
Gibelli. 

Gopmax (Fréd. Du Cane). Histoire naturelle 
des Açores ou Îles occidentales [180]. 

GoupenserG. Voy. Weiss ct Goldenberg. 

GonHaM (J.). Sur la structure composée 
des feuilles simples [92]. 

Grasswan (Herm.). Noms des plantes en 
allemand (83]. 

Gris (A.). Mémoire sur la moelle des 
plantes ligneuses [197]. 

Guster (A.). Sur l’ &ucatyptus Globulus ct 
son emploi thérapeutique [83]. 

Ha&ckEL. Histoire naturelle de la Création 
33]. 

"ea (Ed.). Recherches sur les pro- 
priétés optiques de la matière verte des 
feuilles [99]. 

Haweg (E.). Musci frondosi in Africa au- 
strali prov. Natal, etc. lecti [229]. — 
Musci mexicani novi ex herbario W. 
Sonder [231]. 

HawBuny (D.). Notes historiques sur les 
racines de Galaaga de la pharmacie 
[151]. — Le Cardamome de Madagascar 
ou Longouze [230]. 

Hance (Henry F.). Sur la provenance de 
la racine de Galanga minor des phar- 
macologistes [151]. 

HawsTEIN (J.). Des phénomènes de mouve- 
ment du nucléus dans leur rapport avec 
le protoplasma [64]. — Le développe- 
ment de l'embryon des Monocotylées et 
des Dicotylées [66]. 


256 


HawsrEiN. (J.) et Scumirz. Organogénie des 
fleurs de quelques Pipéracées [71]. 

Harpy (A.). Catalogue des plantes plus 
ou moins rares observées en Belgique 
[200]. 

Hedwigia, recueil d'études cryptogamiques, 
publié par M. Rabenhorst, vol. ix et x 
[212]. , 

Heer (0.]. La flore miocéne du Spitzberg 
[132]. — Matériaux pour servir à la 
flore fossile du Groenland septentrional 
[133]. — Recherches sur la flore cré- 
tacée [134]. 

Hemnica (R.). Influence de la chaleur et 
de la lumière sur les modifications que 
les plantes aquatiques font subir à 
l'oxygène [120]. 

HeNrnEYy. Cours élémentaire de botanique 
de Henfrey : 2* édition par Masters 
[28]. 

HerapaTH (W. Bird). Recherches spectro- 
scopiques sur la chlorophylle de diverses 
plantes [97]. 

HizpesranD (F.). Sur les feuilles nagean- 
tes des Marsilia et de quelques autres 
plantes amphibies [228]. 

Hicks. Essai d'un progrès dans l'arran- 
gement des Fougères et dans la nomen- 
clature de leurs subdivisions [81]. 

Hoce (Jabez). Microspectroscopie : résul- 
tats de l'analyse spectrale [25]. 

Howanp (D.). Sur un alcaloïde non encorc 
décrit de l'écorce de Quinquina [125]. 

Howanp (J.-Eliot). Arbres à quinquina 
ayant crü dans l'Inde [127]. 

Junarzka. Brachythecium Geheebii Milde, 
Webera  Kreidleri ct Jungermannia 
Reichardti G. [212]. — Voitia mutica 
[213]. — Notices bryologiques [214]. 

Kaurwann. Sur le développement de la 
cyme scorpioide des Borraginées [25]. 
— Sur le Sumbul [26]. 

Kırk (T.). Sur les plantes naturalisées de 
la Nouvelle-Zélande [232]. 

Klatt. Voy. Flora brasiliensis. 

Kny (L.). Sur les phénomènes optiques 
qui distinguent les Selaginella lævigata 
Willd. et uncinata Desv., des espèces 
voisines [118]. — Recherches sur le dé - 
veloppement des Fougères [183]. 

Kocu (K.). Le genre des Lis [166]. — Le: 
Saules- pleureurs [225]. 

Kosmanx (Const.). Recherches analytiques 
sur les roches au point de vue de leurs 
principes absorbables par les végétaux 

67]. 

"mil (Gr.). Recherches sur l'influence de 
la lumiere et de la chaleur sur la pro- 
duction d'amidon dans la chlorophylle 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


[102]. — Sur les parties composantes 
de la matiére colorante de la chloro- 
phylle et les corps analogues [106]. — 
Origine des matiéres colorantes des bois 
du Solanum Pseudocapsicum [231]. 

Künw (Jul.). La rouille des feuilles de la 
Betterave [15]. 

Lance (J.). Des plantes les plus impor- 
tantes contenues dans la 47° livraison 
du Flora danica [207]. 

LANGNER Sur la famille des Composées en 
Nouvelle-Hollande et en Tasmanie [35]. 

LANKESTER (Ray). L'origine de la matière 
cplorante dans le fluide dichroique de 
M. Sheppard [99]. 

LreBERT (H.) et Cox. Sur une nouvelle 
espéce de Peronospora, parasite des 
Cactus [91] [180]. 

Leicuros (W.-A.). Flore des Lichens de 
la Grande-Bretagne, de l'Irlande et des 
Îles de la Manche [88]. 

LicoPori (G.). Sur certaines relations des 
stomates avec les glandes calciféres de 
quelques plantes [185]. — Sur la struc- 
ture des stomates et de quelques glan- 
des épidermiques [186]. — Sur les sto- 
mates de quelques Passiflores [186]. — 
Sur quelques glandes du T'ecoma radi- 
cans Juss. et d'autres espéces [186]. 
— Histoire naturelle des plantes crypto- 
games qui naissent sur les laves du Vé- 
suve [205]. 

LiNpserG (S.-O.). Manipulus Muscorum 
primus [229]. 

LowwEL. Manière dont se comporte la 
chlorophylle par rapport à la lumiere 
[107]. 

Mac Nas, Sur la structure simple des 

` feuilles composées [93]. 

MacNus (P.). Recherches sur le genre 
Naias [152]. — Naiadacearum italica- 
rum Conspectus 0152]. — Sur la mor- 
phologie du genre Naias [18]. 

Manuel de recherches scientifiques, publié 
par l'Amirauté anglaise [87]. 

ManrENs (G. de). Conspectus Algarum Bra- 
siliæ haclenus detectarum [208]. 

Manriss (Ch.). Les populations végétales : 
leur origine, leur composition ct leurs 
migrations [216]. 

Maslow, Sur l’acclimation du Mûrier à 
Moscou [22]. 

Masters. Voy. Henfrey. 

Maximowicz (C.-J.). Rhamreæ orientali- 
asiatice [49]. — Revisio Hydrangearum 
Asiæ orientalis [30]. — Rhododendrew 
Asiæ orientalis [52]. — Diagnoses breves 
plantar. novar. Japonic et Mandshuriæ. 
Decades 1-x [54]. — Supplément à mon 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 


mémoire Rhododendreæ Asie orientalis 
[60]. — Ophiopogonis species in herba- 
riis Petropolitanis servate (60]. 

Meissner. Voy. Flora brasiliensis. 

Micseuis (F.). La loi du développement des 
formes dans le règne végétal [75]. 

Miers (J.). Contributions à la Botanique 
[168]. 

Miquez (F.-A.-W.). De Cinchonæ specie- 
bus quibusdam [122]. — Contributions 
à la flore du Japon [234]. 

Mour (Hugo de). Sur la coloration bleue 
des fruits du Viburnum Tinus [119]. 
Moar. Sur la théorie de la houille [138]. 
Moore. Asplenium schizodon, n. sp. (164]. 

Moreau. Voy. Ravin et Moreau. 

MonnEN (E.). Notice sur le Cytisus pur- 
pureo - Laburnum ou Cytisus Adami 
[167]. — Notice sur les Lycopodium 
du Mexique, etc. cultivés à Liége [222]. 
— Note sur le Tillandsia staticeflora 
223]. 

Morton (H.). Observations sur la couleur 
des solutions fluofescentes [111]. 

MokLLEn (Fr.). Le mouvement de la tige 
florale de l’Alisma [158]. 

MuELLER (F. de) et Brough Suyrm (R.). 
Observations sur quelques végétaux fos- 
siles de Victoria [140]. 

MukLLER (J.-J.). Le vert des feuilles [100]. 

Mueccen (N.-J.-C.). Une étude de morpho- 
logie générale [14].— Dispositions ana- 
tomiques et mécaniques de l'ouverture 
stomatique [184]. 

MUELLEAR (Ph.-J.). Description de quelques 
espéces nouvelles de Potentilles de la 
section Vernales [32]. ‘ 

Naupix (Ch.). Voy. Decaisne et Naudin. 

NiTSCHKE (Th.). Principes fondamentaux 
d'un Systema des Pyrénomycètes [161]. 
— Pyrenomyceles germanici [162]. 

Œasren (A.-S.). Recherches sur les Ju- 
glandées [160]. — Copalme de l'Amé- 
rique centrale [161]. 

Ouiven (D.). Flore de l'Afrique tropicale 
[168]. 

Ouvewans (C.-A.-J.-A.). Observations sur 
la structure microscopique des écorces 
de Quinquina [124]. 

PasquaLE (G.-A.). Sur un rameau mons- 
trueux de l’Opunlia fulvispina [167]. 
— Documents biographiques sur G. 
Gussone, ses ouvrages et spécialement 
son herbier [170]. 

Passerini (G.). Glanes dans le champ de 
la flore italienne [187]. — Voy. Cesati, 
Passerini et Gibelli. 

PaoiciNo (N.). Notes algologiques [205] . 


T. XVIII. 


257 


PrEuNNIKOW. Sur la structure des canaux 
résinifères [24]. 

Paso]. (J.). Anomalies des Crucifères 

220]. 

Prarr (Fr.). Sur le total de l'évaporation 
d'un Chéne pendant le cours entier de 
la végétation [61]. 

Prerrer (W.). Études sur la distribution 
géographique des Mousses dans les Alpes 
rhétiques [89]. — De l'action de la 
lumiére colorée sur la destruction de 
l'acide carbonique [105]. — Action de 
la lumière colorée sur la décomposition 
de l'acide carbonique par les plantes 
[108]. 

Prerrer (L.). Synonymia botanica locu- 
plelissima generum, seclionum et sub- 
generum ad finem anni 1858 promul- 
gatorum [208]. — Nomenclator bota- 
nicus, vol. 4 [209]. 

Prirzer. Sur la structure et la partition 
cellulaire des Diatomacées [129]. — Sur 
les Champignons parasites (129]. — 
Sur le groupe des Naviculées [130]. — 
Recherches sur le tissu épidermique 
des végétaux [184]. 

Paiupi (R.-A.). Tetraptera, novum Mal- 
vacearum genus [231]. 

PLEasonTON (le général). De l'influence de 
la couleur bleue du firmament sur le 
développement de la vie animale et vé- 
gétale [112]. 

Pow, (A.). Le Sahara [221]. 

Popp (O.). Sur la synanthrose (236]. 

PnaxrL, L'inuline [70]. 

PRiLLIEUX. (Ed.). Influence de la lumière 
bleue sur la production de l'amidon 
dans la chlorophylle [102]. 

Princsnemm (N.). Quelques remarques expli- 
catives sur les conclusions tirées de ses 
observations sur la copulation des 
zoospores [154]. 

Prior. Sur les noms populaires des plantes 
de la Grande-Bretagne, 2° éd., 192. 

ProceL. Voy. Flora brasiliensis. 

RasenHorsT (L.). Voy. Hedwigia. 

Raues (J.-B.). La Création d'après la géo- 
logie et la philosophie naturelle [70]. 
Raulin (J.) Études chimiques sur la vé- 

gétation [170]. 

RAuwENROFF (N.-W.-P.). Observations sur 
les caractéres et la formation du liége 
dans les Dicotylédones [224]. — Voy. 
Gerland et Rauwenhoff. 

RAvENEL. Sur la disposition et la morpho- 
logie des feuilles du Baplisia perfoliata 
31]. 

i War Note sur le Sparte et 
autres végétaux algériens susceptibles 


17 


258 


d'étre utilisés dans la fabrication du 
papier [153]. — L'Eucalyptus [84]. 

Ravin et Moreau. Découvertes botaniques 
dans l'Yonne en 1869 [179]. 

REogL (E.). Influence de la floraison sur 
les organes de végétation [20]. — Re- 
visio specierum Crategorum, Dracæ- 
narum, Horkeliarum, Laricum et Aza- 
learum [177]. 

Rewxe (J.). De l'influence de la lumière 


colorée sur les cellules vivantes [117]. 


Rover (H.-J.-A.). Botanique agricole et 


médicale, 2° édition, revue par Baillet 


[230]. 

Ræ (le major von). Flore fossile du 
terrain carbonifére de la Westphalie 
[137]. 


RonmnsACH (P.). Structure de la fleur des, 


Tropæolum [26]. — Sur les espèces 
européennes du genre Typha [88]. 


Rosanorr. Sur Je Calypso borealis [19]. 
— Influence de la lumière sur le proto- 


plasma et la chlorophylle [22]. 


RouwEGUERE (C.). Bryologie du départe- 


ment de l'Aude [93]. 
Rupnzcar (F.-J.). Flora Caucasi [181]. 


Fissidens [213]. 

Saccampo (P.-A.). Nouvelle espèce. ita- 
lienne du genre Ophrys [203]. 

San Georgio (la comtesse de). Catalogue 
polyglotte des plantes [82]. 

SaPonTA (le comte de), Paléontologie fran- 
caise ou Description des fossiles de la 
France, 2* série, Végétaux, terrain ju- 
rassique, fasc. 1-5. Algues [148]. 

SaAuwpERs (Wilson), W G. Surrg et BENNETT. 
Illustrations mycologiques [153]. 

Scans. La Flore fossile de la formation 
wealdienne dans le nord-ouest de lAl- 
lemagne [147]. 

Scuenrz (N.-J.). Prodromus monographiæ 
Georum [32]. 

Scamwirz. Voy. Hanstein et Schmitz. 

SCaNEIDER (W.-G.), Sur le Calyptrospora 
Gopperliana, genre nouveau d'Urédi- 
nées, etc, [34]. — Sur deux espèces nou- 
velles de la famille des Urédinées trou- 
vées en Silésie [39]. 

ScuwETZLER. Quelques observations sur un 
Champignon qui attaque les parties 
souterraines de la Vigne[68]. 

Scmósw (L.). Sur les bandes d'absorption 
de la chlorophylle [101]. 

Scenüner. De la période printanière chez 
l'Érable [226]. 

Scaaôren. Sur le genre Synchytrium [179]. 
— Sur une maladie des Pandanus 
[180]. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ScuwENpENER (S.). Les types algologiques 
des gonidies des Lichens [73]. 

Seemann. Pandorea austro-caledonica [164]. 
— Bomarea chontalensis n. sp. [223]. 

Sopor., Sur la fructification du genre 
Lemanea [90]. 
Switu (J.). Botanique domestique [81]. - 
SwmiTB. (Worthington G.). Clavis Agarici- 
norum [231].— Voy. Saunders, etc. 
Suyru (R. Brough), Voy. F. de Müller et 
Brough Smyth. 

Sorano (A. de). Étude sur le Drosophyllum 
lusitanicum [15]. 

Sorsy (H.-C.). Des matières colorantes 
provenant de la décomposition de quel- 
ques petits organismes [98]. 


| Sorokin. Sur les chlamydospores du. Ra- 


dulum quercinum Fr. [22]. 

SougeiraAn (J.-L.). Note sur quelques pro- 
duits de la Nouvelle-Calédonie [37].— 
Note sur les Bassia de l'Inde [38]. 

Seenx. Sur les phénomènes qui précèdent 
l'imprégnation des fleurs [20]. — Ana- 
tomie des feuilles et sécrétion aqueuse 
des Aroïdées [24]. 


| SPiRGATIS (H.). Sur la résine du Jalap de 
Roue (R.). Sur quelques espèces de 


Tampico [35]. 

Surincar (W.-F.-R.). Alga japonicæ Mu- 
sei botanici Lugduno-batavi [32]. — 
Une espèce nouvelle d'Argostemma de 
l'Inde néerlandaise [235]. 

Terracciano (N.). Flore Vulturis montis 
Synopsis [204]. 

Ticaonurorr (D'). Expériences sur les 
Claviceps [20]. 

Tiusau-LAGRAvE (Éd.). Précis des herbori- 
sations faites par la Société d'histoire 
naturelle de Toulouse pendant l'année 
1870 [215]. | 

Timimyaserr. Analyse spectrale de la chlo- 
rophylle [25]. 

Trautvetter (E.-R. de). Observaliones in 
plantas a D'* G. Radde anno 1870 in 
Turcomania et Transcaucasia lectas, etc. 
[228]. 

Trécuc (A ). Remarques sur la position des 
trachées dans les Fougéres [3]. 

Triana (J.). Nouvelles études sur les Quin- 
quinas [127].—Les Mélastomacées[163] 

TscuisriakorF. Sur le développement des 
fleurs des Papavéracées [21]. 

TunnEL-W ArTEL. (L.). Note sur le Sparte 
et autres végétaux algériens suscepti- 
bles d'étre utilisés pour la fabrication 
du papier [152]. — Le Diss (Festuca 
altissima) [220]. 

Urrıicu (W.). Dictionnaire international 
des noms de plantes, latin, allemand, 

. anglais et francais [82]. | 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTFURS. 


. Sur les Typha du temps passé 


VANDERCOLME (Ed.). Histoire botanique et 
thérapeutique des Salsepareilles [211]. 

Van TikcHEw (Ph.). Anatomie des fleurs 
et du fruit du Gui [93]. — Recherches 
physiologiques sur la végétation libre 
du pollen et de l'ovule, et sur la fécon- 
dation directe des plantes [223]. 

VENTURI. Notices bryologiques [215]. 

Visiani (R. de). Observations sur l'herbier 
de Linné [201]. 

Vocec. De la modification que produit le 
gaz ammoniac sur la couleur de quel- 
ques fleurs (36]. — Quelques recher- 
ches sur la germination des graines [62]. 

Vies (Hugo de). Sur la perméabilité du 
protoplasma des Betteraves rouges [235]. 

Wacxer. Sur la salicine [23]. — Influence 
de l'électricité sur le dépót des ma- 
tiéres colorantes [23]. 

Warming (E.). Quelques mots sur la vrille 
des Cucurbitacées [207]. 

WeppELL (H.-A.). Notes sur les Quin- 
quinas [122]. 

Weiss Sur le Tylodendron speciosum [135]. 


FIN DU TOME 


259 


Weiss e$ GoLpENbERG. Sur la famille des 
Neggérathiées [136]. 

Wiesner (J.). Les gommes, les résines et 
les baumes employés dans l'industrie 
[14]. 

WA ow (V.-C.). De la structure et 
des affinités de quelques tiges exogénes 
appartenant au terrain houiller (138]. 
— Organisation des Calamites du ter- 
rain houiller [145]. 

WinrGEN (Ph.). Recherches sur la flore 
rhénane [176]. 

WirrRock (Veit Brecker). Recherches sur 
les Desmidiacées de la Scaudinavie [15]. 
— Dispositio OEdogoniacearum suecica- 
rum [16]. 

Woon (H.-C.). Prodrome d'une étude sur 
les Algues d'ead douce de l'Amérique 
du Nord [74]. 

Woronin. Sur le Puccinia Helianthi [20]. 
— Sur le Sorisporium Trientalis para- 
site du Trientalis europea [23]. 

Years (J.). Histoire naturelle du Commerce 

181]. 

tias (G.). Iconographia phycologica 

mediterraneo-adriatica (188]. 


DIX-HUITIÈME. 


AVIS AU RELIEUR. 


Planches : La planche I de ce volume doit prendre place en regard de la page 152 
des séances; la planche II, en regard de la page 238; la planche III, en regard de la 


page 436. 


Classement du texte : Comptes rendus des séances, 454 pages. — Revue bibliogra- 
phique et tables, 259 pages. — En raison des circonstances politiques, la Société n'a 


pas pu tenir de session extraordinaire en 1871. 


PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2