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RECUEIL
D E
SERMONS
amlfvo ?c. $, , POUR LA
CONSOLATION
D E
EGLISE,
Prononcez en diverfes occadons
PAR
FRIDERIC SPANHEIM.
A L E I D E,
Chez PIERRE vander A a, Marchand
Libraire.
" M. DC. LXXXYII.
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145 G 34
I
LA REINE
D E
DANEMARK
ADAME,
Les Trônes ' ne font
1^ guère accefsibles qu'aux
* 3 per-
r
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E P I T R E.
perfonnes revêtues d'un
Caradére public. Mais
le Trône de VOTRE
MAJESTETeft indif-
féremment à tous. Je
parle de ceux qui en apro-
chent avec la fbiimifsion
qui eftduëà Vôtre Augu-
fie Perfbnne, avec la
confiance qu'Elle veut
bien que l'on ait en fa bon-
té Royale. Je dois particu-
lié-
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145 G 34
E p I T R E.
liérement avoir cette con-
fiance là, MADAME.
Car pour être aujourdhiiy
Reine, VOTRE MA-
JESTE'ne s'efl pas dé-
pouillée des fentimcns de
clcmcnce qu'elle a eiis
étant Princcflfe. Vous
voulûtes bien , M A D A-
ME, les étendre jufqu à
moy ,à l'exemple de Vôtre
Serenissime Mere,
* 4 lors
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lors que je paflày à la Cour
de Caflel. Et j'ay fçû de-
puis que VOTRE MA-
JESTE' s'en eft fbuvenuë
avec cet air obligeant, qui
ne la quite jamais , dans ce
haut faîte où elle fe voit
élevée. Mais cela feul,
MADAME, ne peut pas
autorifer ce que j entre-
prens, qui eft d'offrir ces
Sermons à VOTRE
MAr
E P I T R E.
MAJESTE. Cette au-
dace auroit même quelque
chofè de criminel, fi je
Vous préfèntois un autre
fujet que celuyqui tend à
confoler l'E^Iife. Entre
les confolations qui {èlon
le Monde rcftent à cette
pauvre perfécutée , l'une
des plus fortes c'eft l'ex-
emple & l'apui de VO-
TRE MAJESTE'.
* 5 II
E P I T R E,
Il femble, M A D A M E,
que la Providence s'eft re-
fèrvéeplus d'une fois des
FLACCILLES & des
PULCHERIES,pour
être les Avocates de fa
caufê. Les Deux E L I-
SABETHS, dAngle-
terreÔc de Hefle, en ont
été le foutien en ces der-
niers tems. Et il importe
peu à ceux qui foufFrent ,
de
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145 G 34
E P I T R E.
de quel Sexe Dieu fe fervc
pour leur foulagement ou
pour leur délivrance. Mais
grâces à Dieu de ce que
nous voyons la Piété de
ces PRINCESSES,
qui tiennent le prémier
rang dans l'Eglifc, comme
fians le Monde,être fécon-
dée du zélé de ces PRIN-
CES , qui ont le pouvoir
en main. Le R O Y Vô-
* 6 tic
E P I T R E.
tre Augufte Epoux, M A-
D A M E, a déjà ouvert
le fein de fes Royaumes,ôc
les portes de fa Capitale,
à ces malheureux qui cher-
chent un A (y le contre les
pourfuites de ces ailes abo-
minables, qui fondent fur le de-
folé. Ce fera là un bel en-
droit dans l'Hiftoire de
VOS MAJESTEZ,
& apre's cela Elles doivent
tout
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145 G 34
E P 1 T R E.
tout efpérer de la béné-
diétion du Ciel. C'a cté
e Symbole du Grand
HRISTIAN,AyeuI
du Roy Vôtre Epoux,
que LA Pie.te' affer-
mit LES Royaumes.
ous nous en promet-
ons l'effet en nos jours ,
& les vœux de tant de Re'--
fugiez , qui repofènt fous
lombre de V O S M A-
* 7 JE-
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145 G 34
i
E P I T R E. f
lESTEZ, feront aufsi ef-
ficaces , que font ardentes
les prières de celui qui efl
avec un très -profond re-
fped,
MADAME,
DE VOTRE MAJESTE'
Lttres-htimble , tres-obétjfant ,
(jr très -fidèle Servit enr,
F: SPANHEIM.
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AVERTISSEMENT.
e Le B eut ejl averti de deux chûfes.
jL'uneeJî^ que ces Sermons ne font
^ t>as faits pour ceux qui rafinent plus
^ur les expreJJionS'y que fur les chofes s
nais pour ceux qui ont moins de délie a-
^effe dans le goût , & plus de dévotion
ians l'Ame. Ils trouveront ^ue le lan-
gage de Dieu y eft préféré a celuy des
Sommes & que le dejfein n^efl pas de
claire ^ mai s d'inftruire & de confoler,
Vautre article eji^ que ce Recueil a
mffé par diverfes mains ^ foit d'écri-
Jains 5 foit de correôîeurs d'Imprimé-
t ie : &delà vient quelque diverfité qui
'eut fe remarquer dans l'Ortographe ^
n y verra des é accentuez qui ne le
doivent pas être , & au contraire les
ccens manquent affez fouvent. §luel-
me foi s aujfi l'on y trouvera des lettres
fuper"
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145 G 34
AVERTISSEMENT.
fuperfluës en de certains mots ^comir
temps , mefmc > vcuë,décheiië,
autres femblables. Von eji prié
n'imputer à V Auteur que les faut es qi
font de luy^ & qui peuvent affez ètr
diftinguées. La correBion de divei
Sermons s*efl encore faite en fon ab
fence.
Il y a aujfi de certaines fautes qt
fautent aux yeux : Tar exemple em
page 4. entrefois ypour autrefois > Pag
14. afluront-ils pour aflurent-ib
Pag. 22. point autre moyen,
point d'autre > Pag. 264. Tutilitité de
fiécles5/'^?//r) dcslicles; Pag. 471.
'veilles , en fciences , pour en veilles^
jeunes i Pag. 483. La Paix de la w\^ypo\
Iç Pain j Pag 490. qui s'embrafoi
pour qui Tembrafoit ; Pag. 503.fi noi
nous prêchions , pour fi nous vous &c
Les mots de , en fomme , & piâfer , qu*
font unpeuvieuXj fe trouvent dans h
prémier Sermon^^^^^^i i .X3 >qui a été im- 9^
prime il y a xxviii . ans^tÙT que l'Auteui
n'a pas eu leloijîr de retoucher par tout.
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TABLE
DES
SERMONS
LA MEDITATION DUseb^
SAGE. Ou SERMON fur^^f!^
le Pfcaume xxx i x. v. 5.
Eternel i donne moy à connoîtremât
e fuis.
Prononcé à Heidelberg, le premier
jourdel^an. P^gr^
E MYSTERE DE LA PIE- sek
TE'. Ou SERMON fur la pré./fi!
miére à Tim. Ch. 1 1 1 . v, i5.
Et fans contredit le Myjlére de la
Tièté eji grand.
'fin y & quelle eft la me fur e de me s jour s i
que je j fâche de combien petite durée
Pro-
TABLE des SERMONS.
Prononcé un jour de Céne, peuapr
Noël. pag.
JEj^ijJESUS A NOS PORTE
m. Ou SERMON fur les Paro
de l'Apoc. Ch. 1 1 1 . v. 20.
Voici je me tiens à la forte ^ &
frappe.
Prononcé en la fatale année 167
pag.i
mo^nLe souvenir sal
TAIRE. Ou SERMON fui
ces Paroles de TApoc. Chap. 11
v.f.
Ceji pourquoy fouvien-toy d'oîi t
es déchu , <^ te refensy & fai tes pré
miéres œuvres.
Prononcé à la Haye, le 14. de Mars,
1674. jour d'aftionsde grâces pour
la Paix avec le Roy de la Grand
Bre
TABLE des SERMONS.
Brétagne. p. 249
'EGLISE CONSERVE E sEU"
AU MILIEU DES FLAM-^v""
ES. Ou SERMON fur les
amentat. deJerem.Ch. iii.v.22.
Ce font les gratuit ez de P Eternel y
ne nous avons point été confimez.
Prononcé à la Haye, en l'année \6%6.
pag. 328
LE ROSEAU CASSE' SOU-^^^-
TENU. Ou SERMON fur
EfaieCh xlii.v. 3.
// ne brifera foint le Rofeau cajfé.
rononcélà même, unjourdeCéne.
pag. 385
LE GAIN DU FIDELE AU«^ov
MILIEU DE SES PER-vnf
TES. OuSERMONfurlesPa-
roles
TABLE des SERMONS.
rôles de S. Paul, PhiLCh.i.v.21:
Car Chrijl tn'ejlgainàvivre ^ &
mourir.
Prononcé encore en Tannée i<$8(5
H^'^hA MAISON DE DIE
VIII. TROUVE'E DANS L*E
IL. Ou SERMON furcesPa
rôles ,Gen. Ch. xxvi 1 1. ver. f. 17
O que ce lieu eft vénérable l Ce fie
icy que la Maifon de "Dieu , & la Tor
te de s deux.
Prononcé en Avril 168^. Un jour de
Céne, huit jours après Pâque,avant
le Synode auquel parurent prés d
zoo. Pafteurs rcfugiéz. p. p
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Fag.t
t A
IlEDITATION
DU SAGE,
O»
SERMON
SUR
Les paroles du Pfêaume
XXXIX, j .
Eternel^ donne woy à connoitre ma Jîj)j
6? quelle eft la me fur e de mes jours;
que je Jçae'he de comhien,petite
durée je fuis.
Y, J Hers Frère Voxis
A'^-^ fçavez fans doùte, que ce
E Roy qui ftit le conquérant
Il ~ — ' de la Grèce ^ étant enflé d'à-
Prd de fes vicboircs , par une reflexion
ubitc fur r inconftancc des cbofes hu-
^ A
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La Médit ATI
o
rnaincs , voulût quêtons les matins cet
rc voix le révçilUft, Thi lippe j Jotivicft^
toy que tU'es homtnv 1 :R(âiexiçn qui el
d'autant plus digne de njOtre étonn(
ment &:"de nôtre admiràficn, qr' '
cft faite par un Eayen, fur le 1 roue
dans le plus haut éclat de la vie , ai
jTiilieu'desIconqu ' ' s triomphe^
,6c faite tous les jours. Veritablemedj
comme il n'y a pômt de penfée au moi
de plus falu taire, auflî n'y en a t' il poin
de pins négligée. 11 peut être qu« p
dans la violence de ix)s maux , dans le
joiirs d'angoilTe & cVamertume, cett^
penfée fe prefente à nos cfpris. Ca
xilors nous voyons à l'œil ce que c'cf
que de F homme. Ivlais hors de (
point 5 avouons qùè nous nous arrétoi
peu à cette fainte méditation , &; beai
x:oup moins quand la fortune nous rit
i£c que nous nous voyons fur letrône^
ou fur le pinacle. C'cft là que bien
fouvcnt au lieu de fonger que nous fon
.jiies des hommes j avec Philippe , noi
.croyons eftre quelque chofe de'Hus,
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DU Sage, suk le Ps. xxxix. 5
un Alexandre, où avec un Hcro^
\ous prenons un vol trop élève,
four tomber aufli de plus haut, pour
ni Jre nôtre chute plus illuftre &: plus
Lcelattante. Mais ô que falutaire eft
:tte voix qui nous réveille l ô que font
îaiiK fur les montagnes les pieds de
;ux qui noiis crient ! Homme foîu
virus to)' qui tu es. Au moins , Peuple
Chrétien, ce qu'on reprefentoit à ce
"^ayenavec le renouvellement du joiir,
vous me permettrez bien de vous le
reprefcnter dans ce renouvellement de
l^nnée : Et de vous donner pour étrén*
à chacun l'on portrait , 6c le tableaU
le fi condition. Ou plûtoft, comme
une coutume ancienne 5 que des
. mandent des étrennes à leu rS
îres, 6c des Serviteurs a leurs Maîtrc^'j.
rfonc_-n aujourduy de mefnie envers
l: j. CiC cclefte , ce charitable ' Sei*
ncur. Faifons luy une demande ^ qui
Tout enfemble Iny foit agréable, nous
)it avanta2;eufe. Prions le pour u^c
ftrcnne utile également à tous > .v ^
A 2 Priii*
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|i LaMeditatiôn
Princes & aux fujcrs 5 aux pauvres S 1
aux riches , aux jeunes &c aux vieux , ; ^
ceux qui habitent dans les cabanes , & '
à ceux qui demeurent dans les palais i I
C eft à dire , pour ce que deniandoii > '
autre-fois le Prophète, Et-crnei ^ don \
ne moy à cmnoitre ma fin ^ ^ quelle ef\ \
la mefnredemes jours ^ que je fçacht \
de combien petite durée je fuis, I
uomi,. Chers FrerkSj Dieu vcuUitdutre- î
»J- fois j qu'on luy fandifîall les prémices J
de chaque moi-s. Sandiiions au moins î
les prémices de cette année , par cette i
belle & excellente méditation. Et toy.
Fera des lumières , comme tu renou- {
velles auj ourd'huy la face de la terre^re- \
nouvelle fur nous la clarté de ta propre ; \
face. Fay nous fi bien coimcitre nôtre \
fin j que nous puiflîcns afpirer à toa i
éternités Et que nous fortions de cette j
méditation j avec nos lampes prêtes^ -,
nos têtes levées , nos reins troufléz , & ^
rr^i^y Cou te nôtre attente à ta feule grâce. ,
La demande du Prophète fe partage -
d'elle mefme , .6v nous la coniidéreroiis -j
en I
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nu Sage, sur lê Ps.xxxrx. 5. ^
tuu> .^.^ membres, êc rentes fes par-
ies. La première eft y que Dieu luy
donne à csmwitre fa fin: La féconde,
qu'il luy donne à connoître la mefnre
de [es jours : La troifiéme , qu' il fça»
che de combien il eft de petite durée.
A confiderer le tiflu de ces paroles , il
fcmblc que cette demande eft accom-
pagnée de quelque impatience : Et que
c'eft plùtoft une cfpéce de murmure
ou de plainte. Car c*eft ainfi qu'il par-
le dans les verfets precedens. Ma dou-
leur s'^efl renforcée j mon cœur s^efi
échauffé au dedans de moy j, (S le feu
s^eji embrafé dans ma méditation j dont
fay parlé de ma langue. Ce bon David
étoit alors perlbcuté par un Abfalom.
Ce tendre Pere voyoit un Fils , ou plù-
toft un monftre, le pourfuivre à outran-
- ce 5 &: celuy qui étoit ifTu de fes entrait^
les 5 luy porter le couteau dans ces mef-
mes entrailles. Dans cet état il fe voie
alVailli de mouvemens difterens. Tan-
toft il le taift , tantoft il éclatte : tantoft
il met le doigt fur la bouche , Je gar^
A3 de-».
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Ç L A M E D I T A T I O N
deray j 4it il, bouche avecime mu
filière ; tantoft au lli fon cœur s'échaui
Fe, Ibn mal s'augmente, fes peni(
remportent , ^^^2)/ /^^^r/é^ de rm langu\
difant , Eternel adonne mqy à connotti
ma frhtè lerefte.
Qu'il eft difficile , Chrétiens , dai
J'impetuofité de nos maux , &c dans v3
mertume de nos efprits, de ne point
palTer aux plaintes &c aux murmura
Qii'il eft difficile de prendre tdùjoui^
la balance , Se de mettre en contrepoids
ce que Ton fouffre, avec ce que Toa
mérite î Qu'il eft difficile, difoit le fage
Elihu , qu' un valfeau neuf^ qui n' a
I
pmt d'efor , ne fi crève / J'ajoute ,
qu'un bleiré qui fent l'opération du
Chirurgien , ne crie ! ou qu' un enfant
qui fent la verge fur fon dos , ne regin '
.te , & ne fe dcméne. Eternel ! dit Di
vid , mais dans la force de fon mal , foi^
cfprit étant aigri , & fon cœur échaufte.
7.^.5. Eternel ! crie Job , mais pour entrer
9. lo^yec luy dans une efpéce de plaidoié.
^*-^yEterttçl / dit Jonas , mais pour luy dc-
man-
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DU Sage, sur le Ps. xxktk. ^ . 7
mander qu'il luy ofte fon ame , car U
mort luy eft meilkurc quela vie. D'au^
trcs melmes en viennent jufqu'à ceseK-
prellîons cruelles , Comment j le Dieu ^ç,^
fort aur oit -il comwijfance ^ y auroit-ir-
intelligence au SoHverain?Et Dieu fup-
porte ces premiers bouillons , &: ce§
premiers tranfports : Comme un Perc
qui fouffre d'abord les cris , ôc rmipa-
tience de V enfant qu' il châtie. Mais
pourveu que ce foyent des nuages qui
paiîent i des éclairs qui difparoiffent >
un feu qui s'éteigne aufli promptement
qu'il s'allume. Pourveu qu'on n'enufe
pas, c )mme ces patiens, qui pour fe re-
muer par trop , rendent l'opération in-
utile , ëc mcfme funellc. Enfin pour-
veu que ce.^ premiers mouvemens, cè-
dent à des penfées plus juftes & plu$
raifonnables : Et que nous luivions
^' xemple de nôtre Prophète, qui in-
ntinent revient à foy , &; comme le
montre la fuite de ce Pfeaume , entre
en des réflexions toutes divines 6c tou-
; *<cs ravilTantes.
^1
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8 La MlDITATlON
Eternel ^ dit il , donne moy à connoi
tréma fin. Qiioy i eft-ce que la ciirio
/lté le poufle à cette demande ? Veut-il
peut-être que Dieu luy drefle fon ho-
jofcope ? Qu' il luy fafle coimoître le
moment de la fin , ou le genre de ia
mort ? A Dieu ne plaife î Curiofité di-
gne d'un Saiil delëfperé, mais non pas
d'un David afflligc. Cunofiré digne
des Payens , qui confukoycnt le Diable
fur ravcnir, auxquels il déclaroit
les évenemens , tantcfl; par fes Mages j
tantoil par les Pythons j tantoR* par Ica
Oracles > tantoil par le vol des oifeaux^
tantoft par F infpe^lion des entraDla
des viftimes > tantoft par des prodiges ;
tantcft par des fonges > tantoft par dei
fpeftres & des illufions , &: en faifant]
apparoître des morts. Curiofité cnfini
digne des profanes, qui encore aujour-
d'huy ont recours bien fouvent^non pas
à l'Eternel,, mais aux Aftrologues, aux
Planétaires, aux Chiromantes, aux
Metopcfcopes; que dis je ? aux Devins,
au Piabje pieiinc ; comme entre au-
tre3
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DU Sage, surlePs.xxxiX.^. ^
y eût Icn recours le fameux 'Jé fuite
Jotron, au ccmmencement de celie-/.iv.
:1e. Mais qu eft-ce^P^icléles^finon vou-'**-
,oir fonder des abîmes? Qif eft-ce, fi non
prétendre de connoître les temps que
Dieu a mis en fa propre put (fane e 7.*'
Qii'eft-ce, fmcn par un attentât témé-
raire , s' ingérer dans le Sanâuaire du
Dieu Fort, & dans les fecrets de fa Pro-
vidence ? Mais aufli ils trouvent dans
leur curiofité leur fupplice. Us éprou-
it que cette connoijfanee ^ n*eft
ritablement que chagrin ronge^zcçiy,
ment dh\fprit. Et bien fouvent avec un \
Saùl j ils n'en rapportent qu'un melTa-^^ ^
e;e funcfte , ôc que matière de dcfcfpoir.
Quant au fidèle, quant à un David, il
luy fuffitdefçavoir que fa fn^Çt alTu-
rée, ôc que fon heure ne tarde pas. Il fe
doute mefme que tous les jours , Se que
toutes les heures font les dernières. Et
pour le refte il dit avec Moyfe, LesDtue,
chojes cachées j font pour ^ EterneP^''^'-
vôtre T)teu ^ mais les révélées ^ font
poumons \â pour nos enfans à jamais.
A 5 ,Que
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îd t A M E 1> I T A T I O N
Qiievciit donqucslePfalmifte, pai
cette demande ? donne moy à connoitri .
;;;^///? N'eft-cepas, qu'il demande
d'abord de connoître qu^il a une fn j
que fa durée cft finie, la vie bornée,
fon corps mortel , fon régne temporel ,
fa condition paflagére. Et d'entrée pa-
roît la fagefié y & la pieté de ce faint
Prophète i &: ce que c'eft que d'être
mené par l'efprit de David , ou bien, de
fétre par celuy du monde, O qu' icy
les demandes 6c les penfees font bien
différentes ! Un Afa malade, ne deman-
de qu' à prol(jnger fes jours : Un enr
vieux Efau , qu' à être avantagé par
defllis fon frère: Un ambitieux^ Ado-
nias, qu'à mc^nter fur le trône: Un avare
Hacan, qu'à s'enrichir: Un orgucilleu.^
Haman, qu'à s' aggrandir : Un impu-
dique Amnon, qu'à accomplir fes in-
fâmes déflrs: Une vindicative Héi'Qr
dias, qu'à fe vangcr: Un malheureux
F picuricn,- qu'à /é'rr/'^yVr^ à faire
grand' chère. Il n'appartient , iln'ap-
paçticnt qu'à un David , de den;ander
à
DU SaGE^SUR LEPI.KXXïX.-J. -ii-î
^ conmitre fa fin; qu'à unEliféc , de
e demander que P e (prit d' Elle ; ^^^'^l);
ui\ Jacob , de ne demander à T Ange
que la bénédiction ; qu'à un Salomon, ^
de ne demander à Dieu qu'un cœu7^9, îu
d'intelligence ; qu'à un Pierre , de ne ^^^^^
demander autre tabernacle ^ que là oii \^[\^
eft Chrill, où eft >loyfe, & oii eft Elie. -i-
Et remarquez , Chers Frères , que
prefque toutes les requêtes du Fiai--
mille , font de cette nature. Vous le
voyez toujours femblable àluy mefmc:,.
en quelque état &: en quelqu<^ pofture
qu'il l'aulne être. S' il demaiide icy de
conmitre fa fin j il f upire ailleurs •
p^ ur le même fujet, en cjuelqu un de
fes Pfeaumes. A 1lleurS5.il prie que Dieu
détourne fes y.e:!ux j à ce qu'ils ne re^
gardent point . à. h V^uité, Ailleurs 5 4. &i\
que Dieu lîiy enfiigne fes ftatuts ^ fes T/p.
myes. Ailleurs, qu'il puiïle habiter en'^-'^j'-
fa maifon ^ ^ le louer inc cff animent. '^ f-i^'*
Ce faint homme fe voitril en profperi- "
té ? ^te te rendray jc Eternel? tous
tes H en -fait s font fur n^o^, Kll:-ilv.a.
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145 G 34
îî L A M E D T T A I O N
fA-ti. plongé dans l'adverllté ? Eternel mo; '
*'** **2)/>// jtifques à quand ^ jnfques i
ff quand, Elt-il fliiii de maladie ? Eterne, \
*• ne me reprens point en ta colère ® m .
chatte point en ta fureur. Eil-il -
'"A 41. dans Texil? O quand entreray-je ^ Çg]
me frefenteray-je devant la face '
2)/>» / Eft-il dans les foiiftranccs?
Vq. Eternel aje fitié de moy ^ car je fuis '
en détrejfe. Eft-il en quelque danger?
ff-7x»0 ^ieu ne t^ éloigne point de moy mon
^' ' ** 2)/V« hâte toy de venir à mon aide ?
■PA7U £fl--il dans un âge d'infirmité ? Ne me
^ij^' rejette point au temps de ?na v ici lie f
** J^i m^ abandonne point ^ maintenant
que ma force efl dé faillie, Eft-il tom-
bé dans quelque grand péché ? O 2)/V«
aye pitié de moy folon ta gratuité-, fe-
Ion la grandeur de tes compaj^ions ef-
face mes forfaits. Enfin comme les
mouvemcns font toujours conformes à
la nature de chaque corps 5 aufli les
mouvemens des fidèles ne peuvent
qu'être conformes à cet Efprit qui les
aiùme. Et coiume ces JBtoilçs errantes,
ne
13
duSage,surleFs.xxxix.5.
iies'eloic;nent guère de la voyc du So-
leil, ilcneilquafi demelme du hdclc.
Il sYnoic;ne bien peu , dans fes mouve-
lens & Ves detlrs , de cette /////^r//r cbo/e
f/ùeflnéccffaire, .
1 ors que le Prophète parle icy de
fa fin, lans doùte qu il ne dit rien de
nouveau. Car que ce foit là Le cbemm
de toute chaïr : qu'il Iblt ordomé a tous
boynmes de mourir une fois ; que la
mort foit une mai fou affignée à tous les
vivans : que nôtre pèlerinage ait ion
terme : que nôtre carrière ait fon but :
que nôtre lumignon peu à peu fe con-
l ume : que nôtre vie ne foit qu un che-
min à la mort : que ce foit un tribut que
tous payent à la nature : qu'une gênera^
tïon pajfe, ^qu'une autre génération
vienne : En fin qu'il n'y ait pas plus de
privilège pour un Pharao , ou pour un
Hèrode , que pour les enfans qu' ils
mettent à mort ^ pour un puiffant Go-
liath y que pour un foible David > pour
un vieux Metufçala , que pour un jeu-
ne Abel; pour un riche Epicurien , que
pour
4i.
Hchr.
13, Vt
EccK
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145 G 34
1-4 L A M E D I T A T I O N
pour un pauvre Lazare > pour uik
cruelle Jëzabel , que pour un innocent
Naboth -, Se que la nature ait prononce
contre des j^/zç^'j- nuques, leniefmeaD |
reft qu'ils prononcèrent autre fois con-
tre cet K^tJmiien ; c'eft. Fidèles , c'eft
ce que la nature, ce que Texpérience ,
ce que les Oracles de Dieu , ce que nô-
tre fentimcnt propre , ne vérifient que
trop.
Et non feulement nous afTvir«nt-ils
de la fin de P homme ^ mais aullî de tout
ce qui eft à l'homme , de font ce quï eft
fous le SolciL II n cft plus mémoire au-
5cf/.r.jourd'huy, des chofesquiont précédé,
' 11 ne fera plus mémoire des chofes pre-
fentes, envers ceux qui feront cy-apres.
Si David a eu fa fin ^ ^ e Ta eu,
fes trefors l'cnit eu, & avec eux toute
'niîdtitude de fnjets,/ toutes fes
5. vi^oires , ^tik i > ir ^ , routes fes
■j. j. ^foit u.c:, iminelles.
'Chers. Freiv^ , u n'eft plus i icn ni de la
'fplehdcurdé Babylone, ni de la gran-
deur de uve, ni des richc/^
Tyr,
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^DU Sage, sur le P$:xxxix. 5. 15
r 5 ni de TEmpire de cette ancienne
.orne.
n
O
& piiifl
toutes ces gran-
'antes Monarchies. Rien.au-^
de cette Tour
jourd'hiiy ne paroit , ni
menaçante y nv de ces prodigieufes Mu-
railles j ni de ces Jardins fiifpenduS i ni
de ces épouvantables Colofles > ni de
ces magnifiques Temples ; ni de ces
fuperbes Maulblées> ni de tout ce qui
a fait la gloire, rétonnement , &les dé-
lices des premiers fiécles. Encore aur
jourd'huy tout ce quia être , & toutes
ces créatures qui fubfiftent dés le com-
mencement 5 vieiUiflent & s'ufent corn" rj.
me tin vêtement. Le^ cteux f a (fer ont \^';^^
avec un hruït fifflant de tempête , ^ ^^[^
toutes ces cho/ès fe doivent dijfoudre.
. Et c'eft cela mefme , qui rend la de-
ande du Erophéce furpreriante , &:
qui d'abord la fait trou- frtpertlue.
Il prie 5 que Dieu luy doiinc à connoî-'
fr^fafin. Et ne la connoi ffoit-'A pas af-
fez ? Pouvoit-il ignorer tour ce que je
\ de V ns direi" N<" \ oyoir-i] pa<i
i)ien quc ... \ -, iCgnc ,
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145 G 34
1 6 La a I F ni t a T f o n
infcnfiblcmeni a ixfinl Aulli ne park
t*ilpasicy d'une fimple connoiirance.
mais comme (;n parle dans l'Ecole, d*ui
ne connoijfance de pratique. Il deman-
de 5 non pas iimplement de connottre
fa fm, \\\zxsà.Q,\2iC0îifiderer Se lacon-
fiderer fouvent , avec attention. Il
veut, qu'elle puiflccftre l'objet de fes
plus ordinaires penfé-s , la vue de
toutes fes adions. De fait , V homme
connott fouvent ce à quoy ïl penfe le
moms. Il fçait & ne pratique pas, il
ne manque pas de lumière, mais il
manque de chaleur. Je ne parle pas
des Payens , qui ont connu Dieu , fans
ai. ' le glorifier comme tel. Je ne parle pas
de ces Scribes & Phariziens , qui d'un
z. côté étoyent ajjis en la chaire de Moy^
de Tautre étoyent affis au banc de
mocqueurs. Je ne parle pas d'un Judas
Apôtre , ou d'un Julien Apoftat, ou de
fr*;. n^^w^'^is ferviteur , qui connoiffoit la
^7. 'volonté de fin CHaitre, Je parle, je
parle d'un Taul , qui connoiffoit le
»5. bien , fie ne le faifoit pa$ toujours 3 &
qui
DU Sage, sur t.e Ps.xxxix. 5 . 17
lui au contraire faifoit foiiveiit le mal
iif il connoiptt écretel. Un Lorh con^
Ho'iIJott lans doùte.quclk cft la force du
Il riniun David.ce que c'eft que de Fadul-
Lérc i un Salomon , ce que c'eft que de
^idolâtrie ; un Pier re , ce que c'eft que
\ de renier fou Sauveur ^ fin "Dieu : Et
toutefois il eft un temps , auquel ils n'y
ùenfent pas , fie auquel ils s'oublient
malheurcufcment.
Mais fi jamais cette vérité fe décou-
vre, c eft lors qu'il cft queftion de nô-
tre f racTilité, de nôtre néant, 6c de notre
fin, Fcrfonne ne l'ignore, &: cependant
pcrfonne n'y pcnfe ^ow n'y penfe de ioy
mcfme. H faut qu'un David reconnoif-
fe , que c'eft un don du Pcre des lumiè-
res. La chair &: le fang fuit cette forte
de penfée. C'eft une cfpéce de phantô-
Ime qui luy fait peur. L' hcmme quitte
) volontiers fa rnanteline avec Jofeph ,
pour fe défaire de ce fâcheux objet.
I" C:' cft un entretien qu il renvoyé le plus
fouvent, comme un Félix qui renvoyé
ce Saint Apôtre. Ceux qui nous parlent
de
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145 G 34
Job.
lé. V.
2»
r8 La Méditation
l^'l' ^^^^^ ' '-^^^^ prophétiz^cnt rif
""'de bo7t ^ comme il fut dit autrefois d'i^L
Prophète de Dieu,&: ils nous paroiflenl
des médecins ^ des confolateurs fâ \
cheux ^ comme furent les amis de e
fouffrant. Et mefme bien loin de con .
nôitrc fa fin ,owk la figure ordinaire!
ment éloignée. Les uns fe repofent funl
leur âge, avec cq jeune homme M fa^^
lom ; les autres fur leur fanté , avec E- ^
£iMias; d'autres fur la force des remé- >
des avec 4fa ; d'autres fur leur éj^ée ^ ^
& fur la bonté de leurs armes , avec ce .
Thilift'm; d'autres fur leurs forces, avec -
: ^' Sam fin ^ Jefirtiray comme autre fois^ \
^mefecourrayde leurs mains. Ceux '
là mefme qui femblent être fur le bord
de leur folfc, font les plus ingénieux à
fe tromper: Et fe fient tantolV fur leur
vigueur, tantoll fur leur régime, tan-
toil fur le grand âge de leurs ancêtres,
&tantofl- fur les exemples de ceux qui
atteignent le fiécle. Etf uventàpeine •
leur refte t' il autant d'heures ^ autant
de jours , qu'Us fe promettenx d'années.
X 6
1
DU Sage, sur le Ps.xxxix.5.
^ Jugez donqiies , Fidèles , fi la de-
mande du Prophète étoitfuperfluë : Et
|c'eft fans beaucoup de fujet , qu'il s'a-
refie à Dieu , (iomie 77ioy à connottre
fin. Certes , ce n'ell pas dans les A-
^Jémies & les Ecoles, que naît cette
connoigrance. Ce n'eft pas /^r argent
qu'elle' s'acquiert. Ce n' etl pas des J;,;-
hommes qu'elle procède , & les doftes
font icy bien fouvent les plus ignoransj
les fages, font en cecy les moins avifez ;
les amis> font les moins fidèles j les Mé-
decins 3 font les moins véritables > les
Prédicateurs , font les moins crus , &:
les moins fuivis. Les uns 6c les autres
^nt beau difcourir de la fin y ont beau en
fan-e le tableau , &: en tirer des précep-
tes filutaires. L'homme ni ne connoît
fa fin , ni ne la veut connoitre , ni ne la
peut connoitre 5 que par les lumières de
ccluy qui eft l'auteur de toute bonne\,
donation ^ de tout don parfait: De
celuy qui feul peut manier nos cœurs ,
delfiUer nos yeux , Se crier à nos oreilles, ^urt,
^Hepbphatah j ouirez-vous : De cchx-^ "
enco
1mm
r.
»7»
ir 7- 'A
I
mm
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20 L A Mê n I T A t I O N
ÎL 9"^ l'Eter^iel^ ^ qui ne coi
,,.;'8.noîr point de fin ; qui c(l toujours t
zfv.'^^f^^j ^ dont les ans ne feront ja
mais achevez ; qui a les clefs de l
J7. v.vïe de la mort ^ & en qui nous avon
la vie la rej^iration ^ ^ toutes cho
fes,
Qiielques uns ont décrit la Pliilofc
phie 5 par la méditation de la mort.
Mais c'ell bien là la Philofophie du
Chrétien , comme c' étoit la Pliilofb-
phie de David : Sçavoir de connoître
fa fin ^ &r d'aprcndre à comter fes jours™.
Puis que tous les autres devoirs en dé-
pendent , comme de leur premier mo-
bile. Puis que c'eft là le feul refîbrt qui
nous fait agir , la feule bride qui nous
retient , le fcul antidote contre le vi-
ce. Au moins eft-ce bien le moyen le
plus puiiTant , pour nous humilier
dans notre profperité , pour nous
confoler en nos difgraces , pour nous
ramener en nos devoyemcns , pour
nous conduire en nos démarches,
pour nous réveiller en nos alToupilTe-
mens :
ÏuSAcr^suR ï.ePs.xxxix.5. 21
: G?cft le vray moyen de domter
lotre orgueil , de modérer nos pallions,
|i le (anaifier nos deflems , de régler nos
' iftions, d'échauffer nôtre zélé, ôcdar-
rêtcr le cours de nos vices : C'eft enco-
Ire le moyen de nous obliger à fournir
d*huile nos vaifeaux ^ avec les f\ges
Vierges^ xveil/erj avec le prudent Pcre ^ ^
de famille > à mettre à profit ks ^/^^z/a;
M talnis „ &: les cinq talens j avec ces fi-
délcs fcrviteurs i à ^/^^y^r non feule-
ment de nos mai fins ^ a\-ec Ezechias ,
mais fur tout de nos amcs 6c de nos
)nfciences ^ à être prêts lors que Dieu
vous appelle, &: à pouvoir repondre zi.'v.
avec Abraham, Me %H)icy; à nous éveil- [v,vr,
^ 'r les uns 6c les autres par averttffe^^^^^^^^
ment:, avec Pierre , fçachant qu'il ayoit
à déloger de ce fien tabernacle > en fonv
me a nous attendre uniquement à l'E-
ternel , comme le fait David en ce mef-
mePfeaume, Mainteriant qu' ay je at-q>f^^
tendu j Seigneur? mon attente eji à toy. ^'
Véritablement ccluy quife figure tou-
jours Tcnnemi prcfent, s' exempte de
fur-
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m
I i
22 La Méditation
furprife. AiM r". . f,] pojntJ^uti
moyen , pour 5 LALiaptcr d.. ' plu
grande , de la plus dan^creufe , ^ de]
plus funcfte de toutes les furpriles
que d'avoir toujours /a /;/ prefcntt
Comme encore une perfcnne qui tcu
ks jours voit un objet hideux, en 4
moins de peur : Aull'i le erand fecret'.i
pour faire perdr- ^ ^^ mort ce qu'el*|
le a de plusaffrci : de plus éton^i
nant , c cft dele fanuiiarilèr avec elle,
de s'accoutumer à i lc, &c d'en
faire le fujet de iès méditations ordi»
naircs.
Difonsau contraire, que lè défaut
de cette connoijjance ^ cH la fource de
tous nos maux 5 que l'éloiçnement de
cette penfée ^ eft la cauie d'une infini-
té de crimes , & la perte d\ine iw'^mx.^
xi'ames. D'ouvient ous prie , que
cet Epcurien anticipe fur l'avenir , 6c
ne promène fes penlcvs que dans fes
colfresôcdansfes greniers? D'ouvient
-qu'un Hacan j, s'émancipe jufqu'à un
facrilége ? D' envient qu' un Hamm
«'ou*
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DU SagEj sur le Ps.xxxix.5. 25
•oublie dans la faveur? D'ouvient
^i\\\n Belfçatjar j ne parle que de fé-
lins &: de réjoùilTances? D'ouvient
:ju'un i^hfaloTn j ( U qu'un KyidG7îia^
portent leurs penfécs ambitieufes à la
Couronne: D'ouvient quun Simehl
5 tourmente pourfes ferviteurs^ & ne
îTouvient plus defon ferment? D'oif-
vient qu'un /iVr(9^^' piafe fur fon fiége
judicial? D'ouvient qu'un Ananias ^
Aine Sapfhira ^ ont rempli leur cœur
""te fraude 5 de tromperie 5 6c d'avarice?
Sl*eft-cepas5 qu'il ne leur avoir point
^^fté donné de connoître leur fin ? Que
ni ce riche mondain, ne fongcpas que
fa fin approche ; ni cet Hacan, que
fon fupplice s'aprétC) m ce Belfçat-
far, que fon Royaume va être tranf-
porté ; ni tous ces autres , que leur
ruine éc leur mort s'achemine , 8c que
dans ces mefmes entrefaites , leur ame
leur fera redemandée. Un Alexandre
auroit-il ambitionné denouveauxMon-
^ d' - , un Créfus , auroit-il logé toute
. clicîté dans fes tréfors , fi l'un eût
mieux
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I
24 La Méditation
mieux omjnula fin de fa vie, l'autre y
fin de fon bonheur ? l a pauvre fcuni
n'amafllToit pas pour des années,
l'ans doute qu'elle fe travaillera
jiîoins, fi co7t7ia 't(fo 'tt ouk pié qi
va récrafer, eu l'eau qui va la noye^
ou le feu qui cft fur le point de la cor
fumer. Et plût à Dieu^ qu'on connt:
mieux ce que c'cfl: que de nôtre fin
^ qu'on la ccnfiderat pour ce qu''en
cft ! Je veux dire pour un précipice, t
line dangercufe foflé , ou l' on tomb
l'on n'y prend garde > pour un en
jieniy,1qui ert en embufcade, &: qu
furprend fionne le prévient; & pou i
i.um.un traître , qui comme ce Joab cher
\l\ che de prendre par derrière , prend
véritablement ceux qui y fongcnt le
moins.
Ce ncft pas donc. Chers Frères,
fans un juftefujet , que le Prophète de-
mande que Dieu luy donne à connoître
p/ço.y^ fin. Telle cil: la prière d'un Moyfe^
■ • "'fi c'cft bien Moyfc qui parle en ce
Pfcaume , Enfeîgne ?noy à camter mes
jours.
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duSagh, suriePs.xxxix.^.' 2Ç
mrs. Telle eft la leçon de l'EccIefia-
te, qui commence & finit par cette mé- xit'v;
litadon. Telle eft cette exhortation ^* ^'
le Jofaphat , (Jlîaintenant donc
.\éfouvantement de L'Eternel fott fur Y,'
us. Telle eft la pratique d*un Paul ,
jui a fans cefTc devant les yeux fa fin Se
on départ. Telle eft celle d'un J. Hié^
orne ^ qui foit qu' il mange foit qu* il
)oive , foit qu'il dorme foit qu'il veille,
)enfe toujours au fon de cette dernière ^
rompctte. Et telle étoit encore la
)enfée de celuy , qui dans fes voya^^es
faifoit porter fon cercueil j fans que
yous parle icy des Payens , ni de leurs
xccllens préceptes , ni de leurs ravif-
antes remarques, ni de diverfes de leurs
:outûmes; que d'autres ont remarqué
levant moy, &:qui toutes tendoyentà
e rendre cette penfée familière.
David en ce texte ne demeure pas
ns la généralité , il ne parle pas de
onfi Jerer la fin de l'homme ^ mais en
:)articulier de confiderer fa propre fin.
Et de fait , tel penfe à la fin de fon voi-
B fin,
1 s v
Sé- L A M È D I T A T I O N
fin 5 qui ne fe fou vient pas de la fienne.
Comme notre œil voit ce qui eft bon-
de lu y, fansfe voir, ou fans refléchiîi
furfoy nlcfme. Nous forames d*ordi'i
naire fore clairvoyans dans les affairei
d'autrui , & ne voyons goûte en celles
qui nous touchent le plus. Et Getaveu^
t^emen't nous trompe le plus fouvent.
Chacun croit d'ordinaire qu'il fera de-
vancé de fon compagnon. Et tandis
qu'il s"^ endort dans cette penfée , ie
fort tombe fur luy , comme il tomba fur
un Jonas> Un tel dit avec ce Pharizien,
ôt^ieUjje te rens grâces ^ que je ne
fuis f ^ls comme cet homme -là ^ que je
nlay ni goûte 4 oi ^gravellej ni incommo-
dité de cette nature. Et voici qu'une
fiçvre le confirme, une apoplexie l'em-
porte, ou un mauvais pas le renverfe.
Il leur en prend comme à un Haman ,
qui croyoit bien que ce feroit le tour
de Mardochée, êc c'étoit le fien pro-
pre: Ou comme à ceux qui font voile
dans yn vaiffeau, car il leur femble
qu'ils rçpofent , & que la terre avance>
tout
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t>u Sage, SUR LE Ps.xxxix."^.
t\ Ôc tout au contraire, la terre tient fer*
î me, tandis qu'eux avancent vers leport»
Et comme tous fe flattent le plus Ibu-
vent dans cette penfée , fi perfonne ne
f e trompoit , perfonne ne feroit furpris
parlam ;rt.
Mais ne paflbns pas fous filence ce
qui pouflè le Prophète à faire cette de-
mande : Au moins ce qui réveille en luy
plus que jamais cette forte de penfée.
Ce font fes douleurs ^ fes adverfitez &:
es flayes ^ dont il fe plaint en ce Pfeau- ^f-
me. Fruit excellent des vifitations de
Dieu ! doux fruit de toutes nos amer-
tumes i Sçavoir qu'elles tournent tou
te6 nos penfées vers fin^ Se toutes nos
méditations vers le port. Jamais cette
connotffance ne nous eft plus ennemie ,
^ac dans la p'rofperité & dans la paix,
ous n'aimons pas qu'elle trouble nô-
tre repos 5 & nos joyes, comme ces Mo-
narques des Perfes , qui ne vouloyent
pas qu'aucun objet trifte & funefte fe
atât dedans leur Cour. Maisdéi
que ce calme , Recette tranqûilité paf-
B 2 re j
V. 7.
28 LaMeditation
fej dés que les vents grondent 5 que le
orages s'clévent> que les advcrfitez nou
acablent ; que les forces nous abandon
nent j qu'on fe voit couche dans un li
de langueur, de maladie, &: de fouffran .
ce, c'eft alors que la fin fe fait voir :
nous. C*eft alors qu' Ezechias recon
T/^!. noît , que fa durée s'en efi allée ^ 6
: " qu'elle va être tranjportée d'avec luy
comme une cabane. C'eft alors que Jol
avoue, Q^^r homme né de femme efi d^
3^'*- cotirte vtCj, plein d' ennuy ; èc nôtn
î!* Prophète , que ce n' eft que vanité d
Fr.iP'tout homme j qtioy qu'il foit debout
^omme autrefois ce fier & préfom
ptueux Conquérant , qui fe fentan
blcffé d'une flèche , reconnut alors qu'i
étoit mortel. Mais il y a cette diffe
rence entre les mondains , &■ les fidèles
que ceux-cy n' aprennent rien de nou
veau, ce font des coups que dès Ion
temps ils prèvoyoyent. Et leur fin r
fe prefente jamais, que comme une bon-
ne meflagére. Mais pour ce qui eftdeî.
înondams,<? fini ni aujourd'hui j n
DU SagEj sur le Ps.xxxix. 5 . 29
é/ans un autre jour j jamais tu ne leur
sortes de bonnes nouvelles. Ils fe trou-
ant toujours furpris , comme le poijfon
qui fe fent pris au mauvais filé j &c
comme l^oifeau qui eft fris au lacet,
La crainte & la frayeur les faifit , com-
me elle faifit ces profanes , lors qu'ils
virent le rompre les fontaines du grand
abyme ; ou ces Sodomites, lors qu'ils
virent pleuvoir feu 8c foulfrcj ou ce
Corc 5 lors qu'il vît la terre ouvrir fa
bouche & fe fendre 3 ou ce Babylonien,
lors qu'il vît des doigts de main d'hom-
me écrire fur la muraille de fon Palais,
Mène, Mène, Thèkel, Vpharfin.
Fidèles , c'cft quelque chofe de con-
noître fa fin , mais encore n'eft-ce pas
alTez. Plufieurs la connoiffent , plu-
fleurs y penfent , qui la rejettent dans
l'avenir bien avant. Ils confidérent
leur fin , fans fe croire fi proche de
cette heure fatale. Sur tout lors que
cette penfée leur vient dans le jeune
âge, &: dans la vigueur. David pour-
montrer qu'il n'eft pas de ce nombre,
B 3 s'cx-
2 S.iîiK
II. V.
20.
Ecl!.
9. V.
12.
a/.
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^'O L A M E D l T A T I O N
s'explique v & parle non feulement d-
fa fin:, maus auili de la proximité d
cette fin , delà me fur e de fes jours , &
de fon feu de durée : Doime moy , E
ternel , à connoître ma fin , ^ quelle ej,
la mejure de mes jours.
Remarquez d' entrée cette expref
fion , la mcftire de w^-j- jours-, ^ Une dii
rien de fes fiécles , de fes années , de fe:
mois, ou de fesfemaines. llfecontea '
r te de parler de fes jours. Moyfe en faii
^';^' de;méme ^cnfeigiie moy à comterw/^j
'^• ^ jours : ]oby nos jours {oï\x.àét^TmmQZ\
ce- Jacob, les jours de mes pèlerinages
V.' font courts .Et généralement lesOracle^
facrez ne parlent que des jours de
rhomme, ou mefme de fes heures.
Sans doute pour nous aprendre et
.que c'eft que de nôtre vie : Non pas
une fuite de fiécles ; non pas unnombre
; de jubilez -, non pas toujours une chai-
Qe d'années. C'eft plùtoft une fuite
jùurs ^ &: de jours qui s'envolent : plû^
.toft une femaïne ^ puis que toute nôtre
Yje ne roule que furfept jours: plutoft
DU SagEj SUR LEps.xxxix.5'. -Jr-
Jour j Se r Ecriture Sainte en parle
en fingulier bien Ibuvent^ apellant 7*^?
Journée de l'homme , tout k tems qu'il
pafle en cette vallée d'ombre de mort.
^ Et véritablement elle en parle de la
|-forte avec beaucoup de raifon. Car ft
^•le /W pafle avee tme merveilleufe vi-
•teflei fi le? heures &: lés momens s'y
•preffent $ le même le voit dans le flux
de la vie, elle p^dïcSc f^e s^ar^éte point.
Si le Soleil à peine paroît dans fon
Orient , qu'il s'approche de fon midy ^
fi du midy il paffe aulîî-4:aft au décima
puis fe hdte à fon coucher 5 n'eftce
pas encore un emblème de la vie ? S'il
eftvray que l'enfance eft aullî-toft fui-
vie de la jeunefle j q^e fa jeunefîe Teft
de l'âge viril 5 cétuy-cy de la'^ vieillefTei
f jufqu'à ce que la mort ^ c'eft â dire k
nuit nous furprend fubitement. Per-
fonne aurti n'ignore cette grande in-
égalité de jours. 11 y en a de longs , il y
en a de fort courts 5 & il eft aujourd'huy
de ces Climats Septentrionnaux , ou â
•peme fe ^montre la lymiér^ du joui».
B 4, Me^
r
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145 G 34
^2 LaMediTa'îion
Mes Frères 5 cette inégalité de nos vie '
ne fe remarque que trop. Les plus Ion
gues font comme ces grands jours , &
les plus courtes , comme ceux qui daiiî ^
cette même faifon éclairent certain: :
peuples du Nord. Vous fçavcz enco
re qu'il y a de beaux jours > & qu'il ^
en a de fort trifteS} qu'il y en a d'heui
reux, & d'autres que les Anciens apel
loyent des jours noirs, L' expérien^
ce nous montre alTez la même chofe.
à l'égard de nos vies. Elle nous fait
voir les unes riantes , les autres triftesj
les unes heureufes & triomphantes 5 les
autres malheureufes & funeftes > Enco-
re les unes font elles infortunées fui
le fnatin , les autres fur le foir > 6c d'au-
tres prefque fans relâche. Et fijevou*
lois prelTer davantage tous ces admira-
bles rapports , entre les jours j. ôc le
tems de notre vie, je vous ferois ref-
fouvenir que le jour naturel a pareille-
ment fa nuit y que les Juifs 6c les pre-
miers Romains y partageoyent le jour
en quatre principales parties > que pen-
dant.
duSage^surlePs.xxxix.^. 3
nt le jour le Soleil fouffre fes écU
pfes , 6c tantoft fe cache, tantoft paroîtj
que les uns font oijlfs au marché j tan-
dis que d' autres travaillent dans lauu
vigne ; que les uns fe traitent bien
magnifiquement j Se que d'autres font
couchez à la forte du riche , affamez
pleins d'ulcères ; que les uns com-19!
tcnt foigneufement les heures, &: que
d'autres les négligent-, qu'enfin dans
la Parabole , les uns font apellez dés
la f ointe du jour j d'autres à trois heu- Mm.
res^ d'autres i fix j S>( dUmtxts àonze:]^^^"^'^
t vous trouveriez aflurément , quel-
que chofe de fort conforme , & de fort
aprochant à tout cela dans le cours de
nôtre vie.
Mais cette autre expreflîon n'eft pas
moins confiderable , lors que le Pro-
héte parle de la mefure de fes jours,
n effet nos jours ont leur mefure,
c'eft à dire leur nombre , leurs heures,
f &: leurs liniites. N^y a-t^il p/ps comme joh.-?:
n train de guerre ^ ordonné aux mor- *'
' tels fur la terre ? leurs Jours ne
B 5 font^
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.^^ L A M E D ï T A T I O
•font-ils pas comme les- jours dhm o
vrier à louage 1 =Ce même Job en par «
le ainfi au quatorzième de fon Liv« ^
Les jours de V homme font déterm
-nez j de même qu'il eft parlé des fi
maines déterminées j au neuvième à
Daniel j lu as le nom^bre de fes mou >
far devers toy j tu luy.as préfcrit fe^
limites j ^ U ne les fajfera pas outre
<Le i<.oy Ezechias avoit encore quxnz( :
années de vie, c'étoit là fa me fur e
Moyfe âge de fix vingts ans, témoic
gne que cjbft encore là fa mefure ; Ji\
uv.z. fig pourray plus aller m venir j ® -
ternel mla dtt^tu ne pajferas point ce\
'^ordainr Cet Hananias , donc parle!
jerem. Jercmic le Prophète , devoit mourir eu
''Xxv^ette anné€4à au feptiémemois j c'é-
toit auflTi là la mefure de fes jours. Et>
quand vous life^ , que P heure du Fils
8, de Dieu n'étoit pas encore venue, &
• que fin temps n' étoit pas encore ac-
compli j entendez que la mefure de
fes jours n'étoit pas encore remplie..
Nôtre vie , tout de mcfme qu'un fable,
ou
7. 1
s
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145 G 34
DU Sage, sur le P$. xitxi^,^:
TLi que ces clepfydres de l'Antiquiréi*
i Ibn tems y Se fes momens. Elle abou-i
it en un certain endroit , tout de rriè^
tue que fait un chemin & une carriè-
re. Elle a fes bornes &c fes limites , tout
h même que les Ifraélites au défert
surent les leurs • Se comme çelles^cy
touchoyent à /à montagne de Sinai j f v.i.
celles-là touchent à la mmtagne de\\J*
Sion, Au ^ moins pour ce qui eft des
bornes du fidèle i car les bornes du
méchant, font comme celles que Dieu
avoit mifes à Tharao ^ qui termi-
tient malheureufement fa vie , fa gloi-*^*
-re, & fes avantages.
En fin c'eft une mejiire ], qui ne peut
être ni alongéc ni racourcie. Elle eft
•comme cet écrit eau de Pilate , ou
<omme ces ordonnances des Perfes 6t
•deç Médes , qui ne pouvoyent être
révoquées. Ce qui efi écrit j Commç^ j ^^
le difoit ce Juge Romain, ç/? écrit),'^^'''
^ans le Livre de la Providence. Et"^''
lors que la mefure n'eft pas achevée ,
affurcment que ni la mtàadie ne pré-
B 6 vau--
^9.
L A M E D I T A T I O N
vaudra point fur uiiEzéchiasj nilara i
ge d'un injufte Saul , fiir un David per
fecuté i ni les machinations fanglante
(des Fils de Jacob y fur un innocent Je ï
fephj ni tous ces coups de pierres ,
\, tous ces attentats y fur /e Saint j, & l
**' y^fi^ ^ 1^ force de l'orage , le fraca:
des ondes , & Timpetuoiitè des vents ;
fur ce navire qui périclite. Qiiand toc
îilcére j 6 malade ! feroit mille fois in-
ly: 3». curable, en ce cas , un léger emflâtrt
te guériroit : quand toutes les eaux de
a Tarfar ^ ^ d^i^bana ^ ne t'auroyent
34- * pû nettoyer de ta lèpre , les eaux du
^.%\Jordain te nettoyeroyent : quand tu
âurois dépenfé tout ton avoir en mé-
decins j fans avoir pu être guéri , le
feul atouchement de ce grand Méde*
cin te feroit falutaire. 1 out au con^
traire > Chers Frères , lors que la mefu»
re eft pleine , que le fable eft écoulé ,
que la carrière eft fournie , &: qu'on
touche l'extrémité des limites , Dieu
crie auflî-toft de fon Sanftuaire, Fils
n- 50. de P homme retourne. Alors il coupe
DU Sage, so r le Ps.xxxix. ^. 3 y
retranche le fil de nos jours , commer
.Tï parloyent même les Payens. Alors
\ eft neceflaire de marcher , &: le fer-
^eant qui nous fomtne eft inexorable;
Alors toiTte l'expérience des Méde-
cins, toute Tadrelle des Operateurs , ^
tous les fecrets des Chymiftes > toutes
leurs poudres , tous leurs élixirs, tout
leur antimoine , & tout leur or pota-
ble V j'ajoùteray toute la puiflfance d'un
Empereur , tous les tréfors d'un avare,
tous le foins de nos amis , tous les fer-
vices de nos domeftiques , Se toutes les
larmes foit d' un ij4braham pour fa
emme , foit d'un Jofeph pour fon Pe-
, foit d'un David pour fon enfant ,
ont foibles ou pour retenir, ou bien
pour rapeller 5 ou pour empêcher le
départ , ou bien pour le retarder d'une
nu te.
" Que fi nos jours ont leur mefure
Chrétiens , tout ce qui fubfifte , éc tout
ce qui fe fait km le Soleil, a fembla-
blcment fa mefiire. Il y avoit quatre
cents ans ordonnez , pour l'cfclavage
^ J
- I
38 L A M E D I T A T I O N
de la pofterité d'Abraham. Niniv^
avoit quarante jours pour fe repentir,
pu pour f:: voir renverfée fans miferir
corde. Le peuple de Dieu devoir fout
frir une captivité de foïxante dix
années. Il y avoit fitxante & dix fe^
marnes dcterminces fur les Juifs , 6c fui
'^^^•^^ la fainte Ville. Il y a eu un tems défi-
ii.)6.nij pour la fureur, la licence 5 &:ks ra-
vages d'un Antioohe. Le Diable a dû !
eftre lié y fans pouvoir arrêter le coiurs
^ri/^^ l'Lvangile, Tefpace de mille ans. \
yi' "'Et les Gentils j c'eftà dire, les Idola^ I
très fous le régne de rAntechrift , doi- 1
vent fouler aux pieds la faiat€ Cité , \
n^r.*i.par quarante-deux mois. Ce font au-
tant de mefures réglées dans le con»
feil de cette éterijelle & infaillible Pro-
7)4«. ^vidence. C'eft ginfi que les faifons
il* ont leur certain terme > que \ts Rojau*
^^^'J; mes ont leur période > que les cour on-
33. nés ont leur chute aflurée 5 que les
l!6.viMJitations de Dieu ont leur tems de*
y;„ terminé, quoy que^^^ ; que les moin-
Y^' àxQS f ajjereàux. cnt leurs momen
pou
1
11
1
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145 G 34
DU Sage, SUR le Ps.xxxix.5: 59
ur tomber j enfin que ce gratad & mmi\
Tedcutablc jour x ion heure, C-eft dc ^'^; ''^
la forte que cette fouvçrauie. Intelli- 1*-
gence, compafle non feulement no$'
jours , mais tous les accidens de nô-
tre vie : Qii'elle règle la conception
de r homme dans le ventre qu'elle
marque le tems de T enfaavcment j
qu'elle comte le nombre de m>s cher
A£uxi qu'elle arrête tous nos pas , 5c
loutes nos virevoutes ; qu'elle m us
afligne nos compagnes & nos Rehec^
£as ; qu'elle ordonne une certaine me-»
fure à nos iniquitczj qu'elle attend
pour punir ç^t lamefare fok comble;^^-^
qu'elle frappe Jérufalem , lors que les7.\^
jours font ucomplis ^ ^. que la fin eft
venues que pareillement elle délivre
un Nebucadnezar , lors, que les feftDév i;^
innées font écoulées, ou qu'elle re-ji/^'
haulTe un Jofeph , au tems que la fa- ^'^^
roie de P Eternel eft ve^më. Et tou--»'-
tes ces mejidr es j tons atstox^s 6c tous
ces réglemens , font couchez dans Iç
livre de fa Providence. Et ce livre eft
p feellé
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145 G 34
40 La Meditatioî?
feellé de fept fçeaux ^ il n'y a perron
ne ni au Ciel , ni en la Terre , qui fmjji
ïTi. ouvrir ce livre j ni le lire ^ ni le regar
a- der.
Il y a cependant une chofe que per
fonne n'ignore. C'eft que cette mefun
de nos jours eft courte , &: de fort pev
d'étendue. Et c'eft ce qu'cnfeigne k
Prophète , par cette même exprellîon
Dieu a fes jours , mais fans mefure.
Se r homme a les fiens far mefure
De même qu'il joiiit de tous fes bienSj
& de tous fes avantages par mefure.
De même qu'il pofiedela tby par me^
fure, 6c que la grâce eft donnée à un
i^k 4. chacun de nous, félon la mefure d
'''''' dondeChriJt. Dieu dif it au Prophè-
te Ezéchiel, marquant une extrême
famine. Tu boiras les eaux par mefu-
Aufli lors que les iniquitez de
r homme font parvenues jufques aux
cieux , Dieu luy a dit , Tu auras des
jours far mefure. Et le Pfalmifte ne
fe contente pas de ce terme , mais il
demande comme avec admiration de
con-
Al. re
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145 G 34
I
DU Sage, SUR LE Ps. XXXIX. 5- 41
:onnoître , quel/e ejt la mdure de fes
ours? A favoir combien elle eft pe-
ite, &: combien elle eft racourcie.
It pour en achever la defcription,
l ajoute au verfet fuivant > que c'eft
ane mefure de quatre doigts.
O ehetîve & pitoyable mefure î 6
comble de pauvreté &: de mifére î En-
core fi ce divin Prophète , eût parlé
d'une mefure un peu plus raifonna-
ble! s'il eut comparé l'étendue de
nos jours > à la longueur de ces ftades
anciennes ! s' il eut parlé d'un nom-
bre de verges , ou de coudées , ou de
pieds de mefure 1 Mais qn'eft-ce , Fi-
dèles , qu'une mefure de quatre doigts j
ou bien d'une faime? Et jugeons de
là, ce que c'eft que de Thomme , ce
qiie c'eft que de nos jours. Ge qui a
fait dire au Pliilofopte Seneque , que
tout nôtre âge n'eft même qu'un
(jftfi/^f . AulTi r Ecriture Sainte a tou-
jours pris à râche , de nous reprefcnter
cette brièveté de la vie, par des com-
paraifons aprochant , 6c camnie fil
foa
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145 G 34
4»f La Méditation
fon intention eût été , de fe rire de
-txe vie , 6c de fe moquer de toute nt
tre durée. Ce neluy efl: pas affez d';
pellcr quelque fois T homme un ver
de dire que tout homme eft foin j o
que tout homme ejl chair. Ce ne k
«ftpasalTez de mefurer fa durée, pi
ré tendue de quatre doigts. Par toi
«ncgre elle parle de nôtre vie , comm
d'un fonge> comme d'une vapeur qi
V évanouit; comme d'une ombre qu
Tie s'arrête point j comme de la fiimé
qui difparoit ; comme d'une figure qu
palfe -, comme du vol de l'aigle j com
me d'un trait de flèche 5 comme de k
courfe d'un meflager ; comme de 1
fleur qui fort , & puis eft coupée; en
:un mot elle fait lè tableau de nôtre
-vie , en faifant celuy de tout ce qu'il y
•a de plus trompeux , de plus incon«
Jftànt, & de plus pacager.
Mais , Chers Frères , il n'eft pas ]\U
fte , d'anticiper fur ce qu'explique en
fuite le Prophète, qui reprefente avec
mcryeiileufe emphife cette éten-
duô
DuSAGE,SURLEPs.XXXIX.f.
due de nos jours : ^ieje fçache , dit
\, de combien petite durée je fuis.
Helasi AXtfçavoit déjà fans doùtece
àint perfonnage , & ne le fçavoit que
Top. Aulli entend-iU comme aupa-
ravant, une fcience qui paffeen prati-
que^ ^ qui ait fcn fiége non feule-
ment dans l' entendement mais fur
tout dans le cœur Une fcience qui
fafle fes meilleures penfées , 6c la
principale étude : Une fcience aufli
en laquelle il puiffe toujours croître.5
êc toûjours avancer. Puis que le fidèle
marche par degrez , Se s^defoy ep
fo^ ydc connoilfance. en connoiflancei.
Car il eft dans-VEglife, quafi comme
dans ce Tm//^ myfterieux de Salo-
mon > ou, il y avoit divers degrez^
pour aprocher du lieu Saint,
l' Echelle de Jacob , il y trouve toû-
^urs à monter , jufques à ce qu'il
touche le bout , c'eft à dire , le
'iel
Le Prophète parlant de fa petite
durée , n'avancç rien qui luy foit p4tr
ticu*
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145 G 34
4+ La Méditation
ticuîier. Il fe confidére non pas coi^ •
me T>avidj mais comme du nomb;
des fils des hommes. Et tout homn!
né de femme efl de courte vie ; les jou<
cîr''de fes années font courts ^mauvah
♦7. V. les jours de fa jeuneffe font fort racouv
PO. ^^J* y àxxréQ revient pour le plus à fi
» 0 • zante & dix ans ^ ou s^il y en a de
vigoureux à quatre-vingts. En un me
c'eft une plainte fi commune 6c fi gen<
raie , qu'il n'eft pas befoin de T appuyé
de beaucoup de témoins : Et que ce
anciens Sages ont faite avec exagère
tion 5 mais aufïï avec beaucoup de gra
ce , &: beaucoup d'élégance. Car pou
ne pas repeter tout ce qu'en difoyent ui
peu auparavant les Oracles facrez , qiT<
n' ont point dit icy les Paycns ? Corn
ment les Anciens ne fe font ils point é
gaycz , dans la defcription de noftrc
durée ? Sur tout lors qu'ils Tont repre-
fcntée , par un Comédien paroiffant
pour peu de momens fur un théâtre^ par
un Marchand , qui fe prcfente au mar-
ché pour y faire fa vente ou fon achat;
par
duSage, surlePs. xxxix. 'Ç. 45
un homme , qui fe montre pour peu
temps à la fenêtre , Se puis difparoi t;
ar un autre , qui foufFre une journée
e prifon ; Se même par un de ces bouil-
Dns qui s'elévent fur les eauXjSc qui s'é-
anoiifent incontinent. Et cette réponfe
j [uefit Ariftote eft autant remarquable
I' ju' elle eft connue , favoir que l' homme
1^ :ft un exemple de foibleffe ^ qu^il eft U
)roye du tems j le jouet de la fortune j,
le tableau de Pmconftance j la balance
de l^ envie ^ de la médifance ^ Se quant
iu refte , que ce n'eft qu^un jpeu de bile
^ de flegme,
ÉÊjj^. Fidèles , l'expérience ne fe joint que
î 'trop à tous ces irréprochables témoins :
A prendre notre durée dans fa plus
grande étendue , que font , hélas î que
^ fontfoixante ôcdix, ou quatre-vingts
1. ans? 2)//r^*V longue en apparence, /é'^i*
te en effet ; longue fi nous regardons
r avenir , petite fi nous envifageons le
EafTé. Encore tout ce tems , n'eft-il
as un tems de vie , & à peine en jouïf-
)ns-nous de la moindre partie. Sur nô*
tre
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145 G 34
^6 La Méditation
tre viedéduifez en le fommcil > que lô
Poètes apellent le frère de la raort
fur nos jours 5 dédutfez en les nuits j fu
nos années, déduifez en celles de l'en
fîmce, &c de Tigncrante jeunelTe 5 fu
tout nôtre tems 5 déduifez en celuy d'
angoifle& d'amertume, de fâcherie &
de travail y&c après cela, que nous refte
t'il? Peu de jours, 6r fouvent peu d' heu-
res &: peu de minutes. Et ne m'allegue2
pas, je vous prie,rexemple des premier*
PatriarcheSjque nous pourrions prefque
âpeller mllenaires, iNe me parlez pas
des cent & quarante années d'un Job,
des fix vingts années d'un Moyfe, des
trois cents années d' un Phinéas , du
grand âge d'un Booz , d'un Obed , ou
d'un JefTéjComme il fe recueille de l'Hi-
ftoire faintc.Ne me mettez pas en avant
\m Neftor, ou un Hippocrate , ou un
Galien , ni tous ces autres dont les Pay-
ens ont admiré la durée . N e me repre-
fentez pas ce Jean des tems ^ ni tous
ces vieillards de plus fréche mémoire ,
m ces peuples Septentrionnaux qui le
T>TT Saoe, sur le Ps. XXX rx ^.
,iLs icAiNciir paflcnr le liccic. Avouons
i qu'ils nV)nr pas moins été , ou ne font
Y>i^9\womsdej>etite durt^e. Dix ou vingt
•années , n'alongcnt de guère cetemclli-
're. \JnyàÇ(jh i^à Accent^ trente ans
•fouve les jours extrêmement courts, l^'
^HsnVnfouffrentpasmoins, pour lan-
_guir un peu davantage. La vie de eettc
■Ifortede vieillards n'eft plus vie. I eurs
corps ne font plus que des ombres ou
des cadavres > leurs couches &: leurs ca-
binets , ne font plus que des tombes 6c
des fcpulchres. Et je veux, qu'un Mc-
tliufçala aift- atteint les neufs -cent s -foi ^
Kante-neuf ans , en-fin il mourut ^ &c
n' étoit dcja plus il y a paflc quatre mil-
le ans. Et ce raffafietncnt de jours ^
n dont parlent les Ecritures , fe doit en-
tendre d'un raffafiement de douleurs ^
& d* un defir ardent de T immortalité
bien-^heureufe.
■Il Mais ô douleur! fi un David fcfre-
i co\\\\(M.t\ix^AQpctîte durée ^ àTagede
l( ibixantc&dix ansj & que dirons-nous
1^ de ceux, dont la carrière efl: fans corn-
■i paraifon
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48 LaMeditation
paraifon plus courte ? Q/// d* entre le'
milliers d' ïfraël , eflcouroniié de cett
couronne de vieille (fe? Combien qui a
vec ces fleurs ou avec ces animaux ^'•
fheméres , naiflent &: meurent en ui
mefme jour ? Combien qui fe voyen
enlevez d€S la pranicre enfance? Corn-
bienauflî qui le font dans leur fleur 6^
dans leur bouillante jeuneife , dans leui
force , Se dans leur vigueur ? Rangeons
comme en bataille tous les ennemis de
la vie 5 &■ qui la retranchent au plus
beau defacourfe. Mettons en téte un
nombre prefque infini de maladies 5c de
fouffrances : Faifons fuivre les foins ,
les travaux , &: les chagrins : Ajou-
tons les débauches , les paillardifes y Se
le5 excez : Rangeons en fuite le feu , le
fer, & l'eau: Puis les pefl:es , les guer-
res Se les famines -, Finalement les chû-
tes 5 les écrafemens , Se mille femblables.
accidcns -, Et nous rcconnoî trons , que
pour un qui fournit toute fa carrière ,
mille fuccombent ou à l'entrée , ou au
rnilieu. De mefme que pour un fruit ,
qui
DU Sage, sur le Ps.xxxix. ^. ^9
qui tombe de Tarbredans fa plus gran-
; de maturité, mille font abbatus&font
■cueillis devant ce tems.
Qiicfi nôtre durée eft petite ^ étant
iconfideréeenelle même, elle Tell bien
lus , étant confiderée à l'égard d'une
finité d'autres durées. Et d'abord,
:;fi nous la mettons en parallèle avecl'é-
t :tcrnitédel)ieu, c'eftlà que toute nô-
tre vie, n'eft: pas comme un jour, ou
mme une heure , mais comme un rien, pf.i,:
Sitnille devant fes yeux font com-"-^' *
urne le Jour d'hier^ ou plûtoft comme ^^-^"^
c une veille en la nuit ^ 6c que feront les
urs de nos années? Si toute la Terre
j n'eft qu'un point , au prix de l'étendue
^s Cieux i 6c que fera toute nôtre du-
e au prix de l'éternité ? Moins , fans
r comparaifon moins , qu'un point àl'é-
B gard de toute la Terre 3 ou qu'une me-
(uredc quatre doigts, à l'égard de ce
grand 6c vafte firmament. Et comme
Dieu a les tems éternels prefents , le
alie même & l'avenir, nous n'avons
prcfcnt que ce paflager moment,
C Com-
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145 G 34
jjo La Méditation
Comme il s'apelle 7^ fuis ^ Je fi
ray j ainfi qu'il le déclaroit à Moyft
iy 1 l'homme s'apelle Jay été. Et comm
^' il a un aujourd^fmy perpétuel , nov
avons nôtre hier &: notre demain -, u
hier qui n'eft plus , &: un demain qui n
fera peut-être jamais.
Si des abymes de réternité, nous pal
fons aux ficelés de ces Efprits immoi
tels 5 c' eft encore là que Thomme ci
de fetite durée. CcSiJérmées célejfes '
auffi bien que les Cieux &: la Terre , on
vu leur commencement j je l'avoue, mai
ils ne connoijfent point leur fin ^ ave
nôtre Prophète. Ils ne font point di
V^- parentage de Job , qui crioit à la folTe
\ ^' Tu es mon Tere; & aux vers^ vous été '
ma Mere ^ 6) mes Sœurs. Ils vivent ê
ne meurent jamais , ils font jeunes &: n*
vieilliffent jamais. Et de là vient qu
quand ils aparoiflent dans les Ecntu
tes 5 c' eft ordinairement en forme d)
jeunes hommes.
Si auffi des fiédes , nous pafTons ai^
tems & de la durée de ces Efprits ^
cellé
DU Sage, sur le Ps.xxxix. 5.
elle de tant de Corps , ô que l'homme
ft encore icy de petite durée ! Ces
grands luminaires , 6c ces Aftres éclat-
tans fe couchent à la vérité , mais auflî
ils fe relèvent. Et ils fe couchent , en-
tant que l'horizon borne nôtre veuë,
mais en effet ils courent dés le commen-
cement la même carrière, ils agiflenc
toûjours avec la même force , &: ils bril-
lent toujours avec le même éclat. Et ce
fera toûjours le même Soleil, la même
me , les mêmes Etoiles , jufques à
que Dieu foit pour jamais nôtre *y^.
R?/7, & Chrift nôtre lumière. Mais que
parle-je icy de ces corps celeftes ? Que
ne demeure-jc dans la Terre , pour y
contempler Tage même de ces Créatu-
res qui font les moins nobles ? Et fans
mettre en avant la durée des monta-
gnes , des rochers, &: des coteaux 5 laif-
faat à part celle des cèdres du Liban ,
||c des chênes des forets ; fans repre-
fcnter les fiécles qu'ont fubfifté tant de
bàtimens & tant de fabriques > jufque
^ qu^encore aujourd'huy fe voyent ces
C 2 an-
*: m
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145 G 34
^2 La Méditation
anciennes &: merveilkufes Tyramides.
qu'il n(3usluffife, de regarder laduré< •
d' un grand nombre d' animaux & de
bêtes brutes. Faut-il que des Baleines, i
je diray même des Brochets , vivent j
râge de plufieurs centaines d'années î
Faut-il que TElcphant, comme les Na-^
turaliftes le remarquent , achève hier
fouvent les deux fiécles ? Faut-il que k
Lion, & que le Cerf, ou entre les vo-
latils , les Aigles &: les Corbeaux : '
paflent fort ordinairement la centième
tinnée ? Et que l'homme , quafi le feu)
homme , fubllfte à- peine un petit nom-
bre de jours > qu'il vieilUlîe au bout de
cinquante , ou de foixante années > &
vieilliffe même plûtoft , comme on k
remarque de quelques Indiens , 6c de
certains peuples de l'Afrique.
Et faudra-t' il s'étonner après cekj
fi le Pfalmifte parle de fon peu de dr
rée 5 ^ s'il en parle avec cette exagéra- .
cion ? que je fçache de combien fetîti\
durée je fuis i Mais helas ! encore n'eft-
ce pas tout. L'étonnement de Davi '
I
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145 G 34
uSagEjSurlePs.xxxix.^. 55
rocéde encore d'une autre fource. Il
ient à cette expreflion par un nouveau
motif. Non feulement lors qu'il con-
fidére le nombre de fes jours èc de fes
années , mais auffi lors qu'il en confidé-
e la rapidité la vîtelTe. Savoir que
es jours font comme emportez par une pf, po.
ravine d^eaîix ; qu'ils font comme ^-
fonge quand on s^efl réveillé -, que nous ¥)'7i-
c(^n fumons nos années comme une /<?;/- ^*
ée ; qu'elles s'écoulent infenfiblement,
paflént fans que l'homme s'en aper-
çoive. Il en eft , Chers Frères, de nôtre
urée j comme de la courfe du Soleil ,
rtant comme un Epoux joyeux de
fon cabmet : il va admirablement vite,
félon l'hypothéfe de l'Ecriture , &: vous
diriez prefque qu'il ne bouge pas. Il
n eft comme de l'aiguille d'une horlo-
e : elle femble immobile , ôc cependant
lie avance à chaque minute. Celuy qui
i vogue en pleine mer , avance infenlible-
' ment, 8c à peine s'en aperçoit-il , ôc lors
qu'il fe réveille après un long fommeil,
il eft tout étonné d' avoir fait tant de
C 3 che-
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145 G 34
^4 La Méditation
chemin , &: de fe voir fi proche de foi
port. Difons le même de l'homme , ai
regard du flux de fes années, 6c du cour
de fa vie. En vivant il s'éloigne infea
fiblement de la vie , & aproche toui
doucement de la fin. Et après s'êtn :
endormi dans les délices du fiécle , dan:
les foins de ce monde , 8c dans les occu
pations de la Terre, il fe voit avec éton-
nement dans V âge , &: fur fon déclin
Nous mourons en naiiTant , difoit cé(
autre, 6c la fin tient au commencement
Ceux dont la courfe eft plus longue , &
dont Dieu multipUe les années , ne vo-
lent pas moins , ôc ne vont pas avec
moins deviteffe^ quoy qu'ils faffent un
peu plus de chemin , 6c qu'ils pouffent
un peu plus loin leur carrière.
Toutes ces confiderations jointes en* i
femble , ne vérifient que trop , à mon
avis, ce dire du Prophète. Mais en vo;
ci encore une autre , Se qui ne doit pa?
être des dernières. C'eft qu'il ne fau
rien pour terminer notre durée ^ 6c po
abréger nôtre vie. Ce n'eft pas affez .
qu'ime>
DU Sage, sur le Ps.xxxix. 5. 55
j'ime chandéle n'éclaire que peu
rheures , Se fe confume vifiblement.
[ Encore ne faut-il rien pour l'éteindre,
1 Scunfoufle en fait la raifon. Et voilà
( l'image de la vie j elle confifte dans la
[ refpiration , 6c cette refpiration eft efp
l nos narines j &: pour l'éteindre , ô hom-
f me ! que faut-il ? Une horloge eft une
, admirable fabrique , mais un grain de
ifeblelamet en defordre , ou en arrête
. le mouvement. Il eft des ftruâures fi
j^rtificielks , mais fi fragiles &: fi délica-
^^s , que le feul atouchement les ruine
E & lesdiftbût. Il en eft de même de nos
|r corps 5 de cette merveillcufc 8c incom-
I parable machine. Pour la détruire il ne
faut véritablement qu'un grain de fa-
^ ble 5 &: qu'un peu de gravier. Il ne faut
1. q u'une haleine vcnimeufe , qui nous
1 perde. Il ne faut que l'atouchement
I d'un lambeau qui nous infefte. Il ne
l faut qu'un flegme qui nous fufoque,
I 6c la moindre intempérie qui nous tue.
I II ne faut que le fer qui échape par cas
t fortuit d'une coignée: qu^une pierre qui
wm C 4« toiu-
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56 La Méditation
tombe fur la têre d'un Abimélech , r.
arbre qui arrête un Abfalom par les che
veux 5 un peu de fommeil qui emport
un Eutyche ajjis fur la fenêtre^ un-
boufée de vent , qui frappe un vaiffeai
& qui donne dans les voiles , une étin
celle qui tombe dans les poudres , ui
boulet &: un peu de plomb, qui pa
fortune rencontre 5 pour voir la duré.
de riiomme retranchée, pour voir foi
corps fe caflcr comme un vaijfeau d<
Terre j ou fc fondre comme la cire , 01
fe confumcr comme des étoùpes fe con
fument à la flamme. Et les corps le;
plus robuftes , les temperamens les plu;
forts, n'ont icy aucune prérogative
Leur vie ne pend pas moins à ce mem
filet „ 6c peu d'heures , ou peu de mo
mens les confument 6c les renvcrfcni
tout de même.
Nous fommes donc de petite durée ^
vaifleaux fragiles, hommes mortels ! El
de combien petite durée? Surtout lor;
que nous confiderons T excellence d<
rhomme, 6c tous les avantages qu'il
pof-
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145 G 34
DU Sage, surlePs.xxxix.^j. 57
ofTcde d'ailleurs. Dieu Pa fait un peu
noindre que les t^nges ^ l^a couron^
lé de gloire ^ d'honneur. Il Ta con-^r.^^-
liruc dominateur fur les œuvres de fes
nains ^ luy amis toutes chofes fous
les pieds. Son corps eft le chef-d'œu-
vre le plus parfait & le plus achevé de
:e grand Architefte. Son ame en eft la
plus vive , &: la pUis belle image. Tout
le compofé de Thonime , eft un Micro-
cofme , &: un abrégé de toutes les mer-
veilles de ce grand Univers > ou plû-
»ft une petite médaille , qui reprefcnte
admirablement bien fon Créateur. Les
ieux quoy quils racontent la gloire
de Dieu j, n'ont point de voix> ou
s'ils ont une voix j ils n'ont point de
langue ; ou s' ils ont une langue , ils
n'ont point d'ame qui l'anime , ni de
aifon qui la gouverne. L'Eléphant fe
epaît de l' herbe des champs , &: re-
connoît l'homme pour fon maître. Le
Lion 8c le Cerf, avec toute leur viva-
cité, font au rang des bêtes à quatre
pieds. L'Aigle,, eft entre les oifeaux
G 5 des
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145 G 34
V. I».
7ditt.
58 La Méditation
des deux , 6cle Brochet entre les poil
fons de la mer. Les uns & les autre
n'ont que le fens pour guide , la bruta
lité pour ornement, ôc la fervitud
pour héritage. Et chofe étrange , qu<
l'homme avec toutes ces prérogatives
ait moins de vie 8c moins de durée , &
même que le plus beau de fes jours
ne fiit que fâcherie, ^ que tourment,
Et tandis que ces autres créatures fub
fiftent dans le calme, la tranquillité , &
rinnocence -, l'homme ne vit que dan:
les troubles, les inquiétudes , Se les paf
fions. . 1 c •
Avouons aunfi ce que difoit le Sei.
gneur , que du commencement il n^et
étoit pas ainji. Si l'homme eût confer
vé fon innocence , il feroit encore danJ
ce délicieux Paradis -, il fe nourriroit
encore aujourd'huy de l'arbre de vie ;
6c jamais il n'auroit porté le nom d'R
nofch^c'dklàxKt^d'homme mortel. Un
jour il auroit changé de demeure , mais
fans changer d'être , ni de durée. "Dieu
; avoit créé Phomme pur être incor-
rupti'
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145 G 34
duSagf, surle Ps.xxxix.f . 59
^uftïble j Payant fait être une repre-
Qntation de fa nature. Et fi l^on a vû
des lampes artificielles , conferver leur
lumière pluficurs centaines d'annces;
fi l'art y a fçû obferver admirablement,
toutes les proportions de la chaleur
avec fon aliment 5 jufque-là que le fié-
cle paflTé , a vû la lampe d'une TuUiole^
qui avoit brûlé dans fa tombe environ
quinze cents ans : A plus forte raifon.
Dieu auroit-il pû entretenir en l'hom-
me cet efprit de vie , le conferver com-
me une lampe toûj ours ardente, 6c k
rendre immortel avec les Angçs : Mais
ô trifte & fatale chùte! ô def jbeilTan-
cc funefte ! Par un homme k péché efi
entré au monde j, par le péché la mort^
(S ainfi la mort eft parvenue fur tous
les hommes. La femme ayant tranf-
greffé 5 P homme né de femme s'en eft
reflenti même dans fa durée. Pour s'ê-
tre trop aproché de cét arbre mortel ,
il a fallu qu'il s'éloignât de l'arbre de
vie. Pour avoir goûté du fruit de ce
premier , il luy a été défendu de G;oûter
C 6 ^ du
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145 G 34
6o La Méditation
du fruit de ce dernier. Pour s'être de
poiiillé de cette robe d'innocence , il
dû être revêtu de peaux m.. r tes, &:en
'";'fin dchmorr même. L'homme a aval»
' le péché, comme un poifoii mortel. O
fubtil venin peu à peu a confumé fa vie
& terminé fa durée. Et comme le poi-
fon tue plus tort ou plus tard^felon quT
eft pris en grande ou petite quantité;
De même plus les hommes ont permis
l'entrée au péché, Se plus ils fe font ren-
dus criminels, plus aufli leur vie a été
racourcic, 8^- leur fin avancée. De neuf
cents ans qu'ils vivoyent avant le dé-
luge , aulli-toft après ils n'en ont vécu
que fix cents -, de fix cents , on eft de-
fcendu jufques à quatre cents > pti is à
deux cents > delà prefque à la moitié j
& finalement à foixante & dixouqua^
tre-vmgts ans , ce qui a été du depuis
6r l'eft encore aujourd'huy , le terme le
plus long de nôtre vie , au moins le plus
commun &: le plus ordinaire. C'eft en
vain que les fçavants ont recherché
d'autres caufes de ce racourciffement de
la
DU Sage, sur le Ps.xxxix.5. 6 1
^vie, ôc qu'ils ont attribué ce change-
nent, ou bien au genre de nourriture;
aiaurcguTie de vivrez ouautempera-
nent des corps > eu aux influences des
iftrcs. Rt l'on pourroit raporter à cet
ibrégement de nos jours , l'arrêt de ce
[u2,e de toute la Terre , ^on efprit ne r„,,
Haidera point à toujours avec les hom- ^-^
mes ; leurs jours ne feront J^lus que
':ent^ vingt ans.
k Je finirois, fans cette remarque que
fous fournit encore nôtre Prophète.
Jî'eft que fi riiomme eft de petite du-
rée, auililefontfcs plaifirs, aufli Tefl:
toute la gloire. Un fameux Poète fut
I repris autrefois , pour avoir dit que la
S gloire du monde duroit un jour ^ com-
me luy ayant afTigné une durée trop
longue 5 trop étendue. Le bon Jonas
s'cioiiit d'une grande joye , à la vue de
^ cet agréable Kikajon : mais courte joye! -pn.^
L vaine efperance ! vive image de nos
Ici joyes, qui s'étoufent dans leur naiffan-
cc ! Il ne fut peut être jamais de plus
longue fcte, que celle d'un AfTuerus :
mais
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145 G 34
62 La Méditât ION
mais fête de petite durée! combk
toft s'écoulèrent les cent & qtiatr
^vingts jours ! combien toft fuivirei
CCS mauvaifcs nuits ^ o\x ce même A
fuérus ne trouvoit point de repos i
ne fut jamais de gloire &: de félicii
pareille à celle du grand Augufte: ma
gloire & félicité de petite durée!
«•^•ivqui luy fit dire quelques moment
avant la mort, que la Comédie éto
finie, & que fon perfonnage étoit joû<
Iln'eft point aujourd'huy d'éclat &:d
dignité au defTus de la grande paillai
ifis! ^^:>^^^^^ pourpre^ d^écarlatej,pé>
rée d^or S? de pierres précieufes ; f
qui a fon règne fur les Roix de la Ter
re: mais éclat encore de petite durée
ce n'eft pas aflez qu'il dure moins qu
ces années prétendues de S. Pierre ;
a encore beaucoup defujet , de luy e
faire voir la vanité entre les Cérémonie
de fon couronnement , par des étoûpc
allumées , & par cette voix qui frap
fcs oreilles , Cdinfi pajfe la gloire d,
monde !
Mai
DU Sage, SUR LE Ps. XXXIX. 5- 63
Mais il n'eft pas befoin d'aller lî loin,
Sommes Chrétiens! Ces veritez ne
ont que trop claires Se trop évidentes
n nous mêmes. Et la brièveté de
lôtre vie, 6c la vanité de cette même
*e, fe font voir à l'œil tous les jours,
chaque jour dégorge propos à P autre 3;
our ^ & àiiquc nuit montre fcienceà
"autre nuit, A plus forte raifon châ-
ijuc année dégorge frofos à l'autre an-
lée , &: nous enfeigne ce que c'eft que
de nôtre vie, & de nôtre durée.
Chers Frères, Tannée que nous com-
mençâmes il y a douze mois, s'eft écou-
lée félon l'ordre de cette celefte Provi-
dence. Nous la commençâmes alors,
6c nous la fmiiTons aujourd'huy. Mais
ne vous femble-t'il pas , que c'eft la
ommencer 6c la finir en même tems ?
Et combien de perfonnes en virent avec
nous la naiflance , qui n'en ont pas vù
la fin ? Combien qui alors fe trouvèrent
avec nous dans ce Temple, 6c qui au-
jourd'huy ne font plus > qui alors étoi-
ent fains, 6c qui aujourd'huy font
mortSi
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145 G 34
6^ La Méditation
morts y alors debout , aujourd'huy m
bas -, alors dans nos maifons , aujou
d'hiiy dans un trifte fepulcre > aU rs
tre joye , &: peut être aujourd'huy ne
tre oubli? Combien encore qui con
mencerent avec nous le mois paflc
combien qui ont commencé la fema
ne ; combien qui ont commencé le jou
d'hier, Se peut-être ce jour, ce jou
même ? &: qui maintenant ou ont ache
vé leur courfe , ou l'achèvent > ou fon
fous Terre, ou bien toft le feront.
Jediray davantage. Fidèles. Nou
entrons enfemble dans une nouvelle an
née, fuivant le cours des grâces di
Ciel. Et plufieurs font cette entrée
pleins de fanté & pleins de vigueur
Mais , helas ! qui d'entre nous fçait s'i
y aura pour luy encore une autre année
Nous commençons ce mois, & qui fçaii
fi nous attemdrons jufques au bout i
Nous commençons demain la femaine.
& qui fçait fi nous la finirons ? Qiie dis-
je, fçavons nous même que nous ver-
rons le jour de demam ? Et qui pourra
ré-
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145 G 34
DU Sage^surlePs.xxxix.^. 65
pondre ou de fa vie , ou de fa fan té
u de fes adions ? Certes comme je ne
éponds pas de mon particulier 3 au ffi
erfonne n' entreprendra de répondre
u ficn.
Autrefois un Xerxes , jettant les
eux fur fa nombreufe &- puiflante ar-
aée 5 6c la plus formidable qui fut ja-
naisj voyant prés de deux millions
l'hommcs couvrir les plaines , les co-
eaux, &z les rivages, fe print fubitement
i pleurer. Et étant interrogé du fujet,
^ Imevenoit, dit-il 5 dans la penfée, que
ietout ce monde que je vois, d'icy à
cent ans pas un fcul n'en reftera. Mes
Frères, cette pcnfécme vient de nous
pus, qui fommcs icy prcfents. Quand
bien nous conferv croit encore quel-
que nombre d'années, alTurément qu'au
uit de vingt , de trente, ou de quaran-
ans , à pcme y aura-t'il quelqu'un de
•elle. Nous nous quiterons les uns après
les autres , comme ces feuilles qu'on
voit dans l'automne tomber l'une après
'autre. Et tout ce tems palTera comme
ua
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145 G 34
66 La Méditation
un fongc , ou comme une veille en i
nuit: toutes ces années s'entrefuivror
comme les goûtes d eau d'une Clepfj
dre 5 ou comme les grains d'un fable
les mmutes d'une horloge.
O que bien heureux font ceux , qi:
font aujourd' huy la même demande
que faifoit autrefois nôtre Prophète
Mais ô que peu ont falùé l'année , pa
cette forte de penfées i PafTons icy con
damnation^ Fidèles. Combien qui l'on
faliiée par des penfées toutes difFeren
tes ? ou qui l'ont commencée par dt
nouveaux deffems 6c de nouveaux pro
jets ? ou qui en cette même heure n\
font qu'une réflexion légère? ou quiu
flatent en ces mêmes momens , & s'i-
inaginent que le fort ne tombera pas
juftement fur eux? ou qui peut-être
me trouvent un confolateur fâcheux j
& pour qui j 'au rois mieux fait de par-
ler des avantages de la vie , ou des
moyens de la prolonger ? Helas ! ce
Saint homme ne demande à Dieu , que
de pouvoir connoître fa fin: Et fi
nous
1
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145 G 34
dttSagFjSur lePs.xixxx.5. 6/
fjus luivions aujourd'huy nos inclina-
rions & nos moiivemens > fi Dieu le laif-
foit à nôtre choix , ou s'il acceptoit
routes fortes de demandes, queluy de-
Manderions nous pour et renne? N'eftr
ce pas que les uns prieroyent pour le
privilège qu'eût Ezcchias , & pour
quinze années de furcroît ? D' autres,
pour être avancez à telle ou telle digni-
téi d autres , pour pouvoir être un peu
plus au large, &un peu plus à leur ai-
fe i d'autres , pour voir profiter leurs
âquêts ) d'autres , pour avoir cette an-
née une récolte abondante > d'autres
pour y bien débiter leurs denrées >
d'autres pour y voir avancer leur né-
goce , d' autres , pour Ibrtir d'un pro-
cez , ou d'un mauvais pas ^ d' autres ,
pour fe relever d' une telle maladie j
d'autres , pour triompher ou pour le
vanger de leurs ennemis > d'autres enfin
avec cette çJ^fé'r^ j dont parle rEvan-^<«^^
gile, pour voir leurs enfans avancez, *o' *
6c placez avantageufemcnt dans le
monde.
Ce
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145 G 34
68 La Méditation
Ce font là 5 Chrétiens , ce font là oi
dinairement nos projets , &c nos pre
mieres pcnfécs. Mais après tout, Fû
nité des vanitez^ dit le Trêcheur^ ton
cfl vanité! Tout cela faute de con
noître fa fin , &:la mefure de fes jours
faute d'avoir un cœur de fapiencej or
de faire ces faintes réflexions : Et qii
fuis-je ? & que demande-je ? &: qu<
fçay-je combien de tems il me refte
IS'cll-il pasvray que ce n'eft que va
nité de tout homme ^ quoy qtt^il fait de
bout ? Certaiiiemejît il fe fromém À
jparmi ce qui u'a qu'aparence ; il /< 1
tempête four néant ; on amafe dei'À
biens ^ & on ne fçait qui les recueilli^ j
ra: Infenfé que je fuis î j'amafle, je 1
me travaille , peut-être pour un Ab- \
falom dénature j ou pour un enfant
prodigue -, ou pour un ingrat étran-
ger -, ou pour un injufte raviffeur : Je ;
bâtis_ dans Tavenir , & peut être qu'a-
lors il n'y aura plus en moy ni de chair J
ni d'os, ni de refpiration ni dévie: Je {J
prépare à ma partie des laqs &: des J
pic-
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145 G 34
EduSage, surlePs.xxxix.^. 69
)iéges 5 &: peut être qu'aujoiird'huy je
jrray environne moy même des cor-
[ leaiix de la mort , des détreffes du
' epulcre : Je fonge à une plus grande
f nefurede richefl'es ou d'honneurs,
. )eut-être que la me fur c de mes jours
. :ft comble, ou lamefure de mes ini-
î; fuirez : Je fais fondement fur ma dti^
[ "ée peut-être que dans peu d'heu-
f 'es ou dans peu de jours , elle va être
^ .ranl'portëe d'avec moy j au moins eft-
y il airuré, qu'elle eft plus fragile que le
; verre, plus trompeufe qu'un fonge,
. plus inconftante qu'une ombre , ôcplus
pafl'agcrc qu'une vapeur.
C) la plus utile de toutes les penfées,
, 8c la plus falutaire de toutes les réfle-
xions ! Arriére ces profanes qui pren-
; nent d'icy occafion de s^écrier î Man-
. geons beuvons j car demain nom^J',ru
, mourro7is. Loin ces monftres qui fe di-
, fcnt ?un à Paurre ! Nôtre vie pajfera
Il comme la trace dUme nuée fe difl
fondra comme un broïnllard: Notre
tems eji comme une ombre qui paffc ; ^- L *
Ha."'-
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145 G 34
yo La. Méditation
r haleine de nos narines n^ eft quUi?
fumée : Venez donc & faifons gran
chère des biens que nom avons ; ei.
floyons à bon ejcient nôtre jeuneffe
emplijfons nom du meilleur vin & i
farfumsy que la fleur du tems nenot
fafje point y laijfons far tout des ma\
quesdenos flaîfirs^ car c' eft là nôtr
fartj & le lot de nôtre héritage. M
ferablcs : &: que nous ne pouvons mieu
comparer qu^à de la fiente , ou qu^
des cadavres , qui recevans les rayor
ou les influences du Soleil , n^exhalen
que des vapeurs puantes & venimeufei
Mais que ces mêmes rayons vienneil
a donner fur des rofeaux aromatique?
fur de Paloé ou de Pafpic , iln^en foi
tira que des parfums de bonne odeur i
Il en eft de même de ce fouvenir del ,
fin: s^il y a quelque mouvement d |
confcience, s^il y a quelque étincelW|
de pieté , s^il y a quelque amour de fc>^|
falut 5 s^il y a même quelque lumiér» ^
deraifonjiln'eftpas polîible quMlenc
produife une bonne ôc une falutairc
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145 G 34
dttSage, surlePs.xxxix. 5. 71
c V uLis prens à rémoms , vous tous
>firétiens ! Si chacun de nous fe per-
iadoit , que cette année fera fa demie-
z , finous nous figurions que c^eft icy
ôure dernier mois , ou nôtre dernier
i Dur j fi nous nous reprefentions toutes
ï os heures , toutes nos afticns , & rou-
es nos démarches , comme les dernié-
es : ne fongerions nous pas à nous
f nêmcs ? ne voudrions nous pas bien
ionner ce peu de tems à nos confcien
: :es? &: ne tremblerions nous pas au
buvenir de ce redoutable jamais , dont
îous nous croirions être fi proches?
Et penfe , Chrétien , penfe que verita-
i. élément cette année doit terminer ta
' courfe, Se même ce mois , ou peut-être
: ce jour. Daniel voyant aprocher la fin
des Lxx. années, qui devoyent terminer
la captivité , drejfe fa face vers le Sci-
neur^ avec jeunes & avec fuplications.
N^eft-ce pas là un bel emblème du fi-
dèle, qui voyant aprocher la fin de fa
vie , qui eft de fixante dix ans ^ Se
par confequent la fin de fa captivité
dans
Lttc
19
72 La Méditation
dans le corps de cette mort j fe doni
tout entier à la prière , aux larmes , &'
la dévotion? Confefîe toy à PEternel,^
te repensj au moins une heure devant t
mort j difoit cet Ancien. C^eft à dir
que tu dois te repentir à toute heur£
puis qu^à le bien prendre toute ta vi
n^eft qu\me heure j puis auflî que tou
tes les heures te doivent ttrefufpecbej
de même qu^elles le font à un crimine.
qui dans un fombre cachot ignor
Pheure de fon ajournement, ^tant
ce jour j & quant à cette heure per
fo une ne la fçait. Tune fais f as quel
le cJoofe le jour ou V heure enfantera
Uhomme ne connoit point fon tems
non plus que le poiffbn qui eft pris
filé,
Jerufalcni! difoit autrefois le Sei
• gneur , ô fi tu eujfes connu ^ au moins
^' cette journée les chofes qui apartie
7ient à ta paix! Homme pécheur ! di
je moy , fi au moins en ce jour tu poi
vois connoit re ta fin la me f ire
tes jours ! Car les jours viennent q
cet
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145 G 34
: )
DU Sage, sur le Ps. xxxix. ^. 7^5
ette connoiflance ne fera plus de fai«
on. Il n^eft plus tems à un malfaiteur
le fc rcccnnoître , lors que le Geôlier
c que les Sergeans aprochent. Il n'eft
)las tems de chercher de l'huile , lors
[ue l'Epoux frape à la porte. Il n'eft
lus tems, difoyent les Payens , de con-
! iilter aux pieds des autels. Il faut pré^
enir le mauvais jour. La deftruAion
ient en un moment. La mort fur-
)rend dans fes pièges , & auflî-tofl:
ipres la mort fuit le jugement. Eter-
id ! donne nous à connoitre nôtre fin :
?ay nous connoître le tems de nôtre
dfitaticn ; Fay nous comprendre l'an-
ifle 6c l'horreur de ces jours-là : Et
:ombicn nous regretterons alors ces
nomcns , que nous reftifons aujour-
Thuy à CCS penfées : Combien nous
v oudrions alors avoir acheté de meil-
cure heure, & de P huile ^ pour en four-
nos lampes, &: des vétemens pour^^,,^
couvrir nôtre honte: C'eft à dire , 3 .tai,
oir des à prefcnt purifié nos con-
iences 5 fcrvi nôtre Dieu 5 chéri îtos
D pro-
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7^ La Méditation
prochains^ éteint ncs ardeurs ^ furmo»
té nos partions > &: travaillé à fauver ni*
tre ame.
Mes Frères , je devrois dire que h
tenis où nous fommes , nous obliger
particulièrement à ces devoirs. 11 e
vray qu'aujourd'huy toutes chof.
nous avertiflent de nétre fin. On vc:
aujourd'huy partout l'ire de Dieu dv
ployce, fa main apcfantic, fes fléau
débordez , 6c les phioles de fa colé;
répandues. Toute la Terre n'eft pli;
à la vérité qu'un Théâtre , mais ii
Théâtre de défolation 6c de fan;.
Toute l'Europe n'eft plus qu'ur
Babel j, ou qu'un i^kel-dama. 11 \t
a plus que des menaces d'une cataftr
phe univerfelle. Manaifé s'eft élev
contre Ephraim , ôc Ifrael contre Jud;
De tous les cotez nous ne voyons qi
des tragiques ôc des funeftes embrat
mens, ôcles voyons de bien prés. I
o/. s.^des pièges cachez en Mitzpa j &
' ^' filés étendus fur Tabor. Et qu'es-ti
d la plus petite d'entre les milliers
duSage, surlePs. XXXIX.5- 75
-uda ! qu'cs-tu fi non un aflemblagc
rMaifons d'argile, une Porte ouver-
& une Ville ïansdéfenfc? ^li font
ix ûnquels tu regar^des ^ ne Ibnt-ils
Fas comme Moab <fiti ne fourra rie7t^J''\
1 %ire j comme les Egyptiens qui font i\.
V >j hommes ^ (S non fas leDieu Fortj
ommc le Roy de Jareb qui nevousv.\
\i ourra ynedeciner ? Et tes ennemis ne
t .)nt ils pas comme forcené z contre
k oy j & leur bravade n'eft elle pas déjà
ouvent montée jufques à tes oreilles?
lis auflî il n'ell que trop vray , que
lus fommcs encore fourds à cette
oix. 11 faut des aprochcs plus vifi-.
îs , pour nous faire peur. H faut des
oups plus réels pour nous faire ployer^
t ïC des raifons plus puiflantes pour nous
'\i imouvoir.
Aulli 5 Fidèles 5 je veux que fne^
)â ure de nos jours ait encore quelque
1] itendué. Je veux qu'il nous refte en-
>re quinze ou même trente années de
Qiioy : fi un Jacob fert fept an^
^s pour une Rachel, avec toute la
D z fide-
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La Méditation
fidélité &c toute la diligence pofliblf
Et ne lervirons-nous pas bien ce pe.
d'années, pour T éternité &: pour The
ritage du Ciel ? pour procurer à ne
confciences un agréable repos , & à no -
anies une véritable joye &: dans la v
dans la mort ? Quoy i faut-il qu
nous donnions à Dieu , par manière d
dire , les reftes du monde? Au mon"
nos plus beaux jours , à Dieu nôtre p
fantc vieilleffe ? Au monde toute nôt
vie 5 à Dieu peut-être nôtre dernié
heure ? Ou plûtoft à Dieu , ce que no
ne pouvons plus donner au monde ,
ce que le monde ne veut plus ? Faut
enfin que nous remettions la tâche
plus pénible &: la plus importante ,
îâ partie de nôtre vie la plus foible &: V
plus endurcie ? Ne nous abufons p
pécheurs î Sans contredit la tâche
longue y Se la vie eft courte. Il faut
tems pour faire profiter nos talens. 1
en faut pour ajufter ce grand comte
que nous avons à rendre. Dans de fem-
blables occurrences 5 les hommes font
fo"
DU Sage, sur le Ps. xxxrx.5. 77
foigneiix èc font prcvoyans. Et celiiy
qui a beaucoup à expédier en peu de
tems y afîurément il fe dépêche , & ob-
fcn'^e les heures & les- minutes; Il n'y a.
Fidèles , que le feul exemple du bri-
nd dans les Ecritures , à qui les der-
niers momens ayent été falutaires. En-
core avoit-il en quelque façon péché
far ignorance y &: nous manquons 7;^?^.
kntatrement, Aufli qui abandonne
Dieu dans fa vigueur. Dieu l'abandon-
ne dans fa langueur > qui n'afouvenan-
ce de fon Créateur aux jours de fa jeu-
nefTe , Dieu n en a point de luy au tems
de fa vieilleffe ; qui oublie Dieu dans la
vie , Dieu l'oublie auflî finalement dans
kniort.
Enfans , donnez à Dieu les prémices
de vos jours : Sçachez que vôtre O-
rient eft bien proche de fon Occident;
& que la mort eft atachée à la naiffan-
ccaufTibienquelamifére l'eft à la vie.
Jeunes gens, fou venez-vous , que fans
comparaifon plus de jeunes fe voyent
fauchez que de vieux > que les plu3
D 3 beaux
^8 La Méditation
beaux jours de vôtre fleuriffante jci
nèfle, s'envolent comme raigle> quej ;
douceur du printems , eft bien-tolt fu:
vie des ardeurs de Tête ,^ & des change
mens de l'automne j enfin que l'un di
deux eft infailliblement à la porte , o r.
la mort , ou bien les jours de chagrin 5 t
de travail. Vous qui êtes dans un àg
plus avancé , fouvenez vous que 1
moitié du chemin eft faite -, que ce q
refte n'eft que fâcherie Se que doule
qu'on defcend beaucoup plus vite q
Ton ne monte j que plus les corps ap
chent de leur centre , plus leur mouv
ment eft rapide > qu'il n'y a que de
pas de vôtre âge à la vieillefle s &: q
toutes vos forces ne font rien au pri:
des forces d'un Samfon, qui ne t
noyent qu'à un peu de chevelure -, ou
prix de celles des Cèdres , que le yen
déracine , & que la foudre brife. Vieil
lards 5 fi tout le pafle ne vous eft qu'ui
fonge y & que fera-ce de l'avenir ? QijÉj
feront deux , ou quatre , ou fix année;!
de plus longue vie ? Mais des anné^
aconll
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145 G 34
nT' SagE>SUR le Ps. XXXIX. ^. 7^
icoiiipagnées de chagrin , de crainte ,
le deffiance , d'avarice , de langueur &
ie fouffrance. Qiie deviennent peu à
peu vos corps , li ce n'eft des maifons
pourries , de triftes prifons , de lourdes
k de pefantes machines? Et que vous
refte-t'il, li ce n'eft de tenir vos ames
comme fur la paume de vos mains >
d'être perpétuellement aux écoutes;
d'avoir fans cefle la dernière voix à vos
oreilles > d'être affamez de la pâture de
vie 5 dans ce raffajïement de jours > &:
d'en ufer comme fit le peuple de Dieu,
qui fe voyant à la veille du repos , re- eroé.
cueiUoït au double de la manne: Aufli * ^
vous voyans à la veille de ce grand &:
bienheureux repos , faites double pro-
vifion de cette celefte manne, &: de ce
pain vivifiant.
Tres-chers Frères , j'aurois encore
icy divers avertiflemens à vous faire
qui découlent de ce Xexte , comme
d'une riche & d'une falutaire fource.
Certes fi nôtre vie d'elle même eft de
f et ite durée ^ chofe déplorable! que
D ^ nouS'
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145 G 34
8o La Méditation
nous prenions encore à tâche de Tabre
ger> que nous en racourciiîions vc
lontairement la me fur e ; que Thomm
fe tue ordinairement foy mêmCi 6c qu>
néglige le plus naturel de tous les d^
voirs , qui eft fa propre confervatioî
Pécheurs î à mefure que vous multi
pliez vos iniquité/. , vous diminuez 1
nombre de vos jours j à mefure qu
vous tombez dans le crime , vous rei
femblez à ce miferable lunatique , qn
M^^- tomboit tantoft dans Peau j 6c tantol
\]. dans le feu^ Car le« ans des méchan
feront retranchez»: Ils feront tranjpor
l^^'^'^tez far la grandeur de leur folle : Le
hommes fanguinaires trompeiirs
^^^.zl' ne farvienaront point à la moitié d
leurs jours. Voluptueux , qu'elle
vous fuion vos propres bourreaux
Que font vos vies , fi ce n'eft des lam
pes , dont vous mêmes épuifez l'hui
le, 6c éteignez le feu? Quali comme ce:
pourceaux ), dans rHiftoirefainte, quj
fe précipitent eux mêmes dans l'aby-
me. Gourmands, n'eft-ilpas vray, que
DU Sage, sur le Ps.xixxx.5^. 8^
vos dents vous travaillez à faire vô^
tre foiFe ? &c que pour trop furcharger
vos vaiflcaux , vous les faites couler à
fond ? Yvrognes , n'eft-il pas vray ,
que vous allumez vous mêmes ce bra-
der qui vous confumc ? que vous ava^
lez de gayeté ces mêmes goûtes , qui
finalement vous gênent ? 6c que vous
afiemblez ces mêmes eaux y qui finale-
ment vous noyent &: vous étoufent?
Hommes palîionnez , n'eft-il pas vray
que vos partions 5 que l'envie , la ja-
loufie , ou la colère y font d^s corrofifs
qui vous rongent , Se des flammes qui
vous dévorent , &: des vautours qui
vous déchirent le foye plein de rie ?
Gens avares , n'eft-ce pas que pour
mourir riches , vous avancez bien fou^
vent votre mort ? N'y a t'il pas en vous
comme une foif perpétuelle qui vous
efféche ? Et vôtre or & vôtre argent ,
ne font ils pas fouvent les inftrumens
de vôtre perte 5 & comme un poignard
en la main de l'homme ravifTeur ? Gens
de négoce , tandis que vous courez
D 5 par
g2 La Médit ATI oiî
la mer &: la terre , n'y-a-il pas foi
vent un meurtrier qui vous atend
un naufrage qui vous furvient', o
ime mauvatfe bête qui vous déchire
Semblables à ce Simehi qui fe lève i
court après fes ferviteurs > mais non pi
fans qu'il luy en coûte la vie. Homme
entreprenans , vôtre ambition ne voi
cft elle pas bien fouvent fatale ? & n
vous engagez vous pas fouvent ave
un injufte i^chab ^ ou avec un bo
mais téméraire Jojias ^ dans des piég(
dont la fortievous eft défendue? Ma
nous tous , Fidèles , nous tous ne d<
vons nous pas avouer 5 que nous pr(
cipitons nos jours ôc que nous avar
çons nôtre fin ? Soit que les travau
nous afFoiblilfent , foit que les foir
nous acablent , foit que les veilles noi]
blanchiflent , foit que le chagrin nou
mine &" nous confume.
Et d'où viennent tous ces excez er
nemis de la vie? Le plus fouvent d
ces pafllons meurtrières , que je vien •
de nommer -, le plus fouvent d'ambi
IL.
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DU Sage, SUR LE Ps.xxxix. 5". 8^
ion ou d'avarice -, d'un defir d'amaf-
er , ou d'un delîr de paroître. Et nous
le confiderons pas , que c'eft prodiguer
ine vie donc nous ne fommes que les
iépofitaires : Qiic c'eft détruire le
Temple de Dieu, &: ruiner fon ouvra-
];e : Qiie c'eft fe plonger le couteau
dans lefeiujou avaler du poifon : Que
c'eft tenter cette celefte Providence , 6c
fcs irrévocables arrêts: Qiie c'eft faire
1 un tort fignalé à ceux qui ont intérêt
en nôtre confervation : Que c'eft fou-
vent plonger des Veuves &: des Orphe-
lins dans la mifcre : Qiic c'eft fe ren-
dre refponfablcs de leurs cris ôc de
leurs gémiflemens : Enfin que c'eft
être les architedles de nos malheurs , ôc
lacâufedece feu de durée ^ dont nous
faifons des injuftes plaintes.
Au nom de Dieu 5 Chrétiens , ne
foyons pas aujourd'huy des écouteurs
oublieux j ou comme i*ajpïc fourd qui
bouche fin oreille. Que ma voix 5 ncT^^^,
foit pas comme la voix de celuy qui^ <^*
' crie au défert > mais comme celle de
D 6 l'En^
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Sif, La Méditation
P Enchanteur j, qui charme ce venin qi
nous tue. Et comme le ferpent fe d(
poûille au bout de l'année de fa vieil
peau> dépouillons aujourd'huy levie
homme , quant à la converfation pn
cedente. Comme l'année fe renouve
le, renouvelions nôtre zélé &: nôtre a;
deur. Comme la nuit eft pafTée , & !
jour eft venu > cheminons déforma
comme enfans de lumière , &: enfans d
jour. Comme Dieu fait luire fur noi
de nouveau la clarté de fon Soleil; qu'o
voye auflî briller en nous une nouve
k lumière , & une nouvelle vie. Coi
mençons avec Dieu , pour continu!
avec luy , & finir en luy : Commençor
en fa crainte, pour continuer en fa gn
ce^ finir en fa paix.
D'ailleurs , Ames fidèles, que ce fo}
cjiticynos grandes & nos fouveraint
confolations. C'eft à favoir que con:
rae nôtre vie eft de petite durée ^ auf:
le font nos adverfitez ôc nos douleun
S'il y a une mefure a nos jours , il y
^fli une mefure à nos maux &: à no
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145 G 34
DU Sage, sur le Ps.xxxix.5 . 8f
(preuves. Si nôtre vie n'eft qu'un j^;/-
y ^ nos afli£tions ne font que comme
in mauvais fonge. Si tout nôtre tems
l'eft que comme un jour ^ nos foufran-
:es ne font que comme une mauvaife
mit. L'Ange confolateur noîis touche^
^a ^ avant que le jour finifle ^ environ dm.^
'etems de l'oblation du foir j àTiffue^;'''
ie nos fupplications , comme il toucha
!n ce tems-là Daniel , il mettra fin à
la déloyauté de nos Ennemis , ^ il a-
mènera lajufiice d&s fiécles. Va mon ^r.^^:
fjeufle ^ entre en tes cabinets ^ & fi^-""'
e ton huis y cache toy four un bien
Petit moment ^ jupju^à ce que l^ indi-
gnation foit pajfée. Encore un f eu de f'f'*;^
tems ^ celuy qui doit venir viendra'^'!*
ne tardera point, Quoy que nous
trouvions le tems long ^ il eft fort
court Se quoy que Dieu femble tar-
der, il vient à grand pas. Ce font des
^ets de nôtre impatience 5 &: de nôtre
incrédulité. C'eft qu'on ne contrepéfe
point cette afiiBion qui ne fait que
fajferj avec ce foids éternel gloire.
Car
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145 G 34
86 La Méditation
Car en ce cas ce grand f^uguftitij éto
prêt d'endurer même la gêne pour u
tenis. Sçachantbien que tout cetem
n'étoit qu'un moment , & n'étoit qu'a
rien 3 au regard des tems Se des fiéck
qui le fuivent.
Courage , Chrétiens^, la petite dure
de rhomme > eft une preuve infaïUibl
de fon éternité. La fragilité de fo "
corps , montre l'immortalité de fo
ame. L'avantage qu'ont icy tant d
chétîves créatures , vérifie cét autr
avantage de l'homme. Qiielle aparer
ce que la plus excellente de toutes le
créatures , foit prefque la moins durî
ble ? s'il eft vray que le diamant , k pin
noble & la plus précieufe de toutes k
pierres 5 ou que l'or , le plus pur 6c l
plus excellent de tous les métaux
îbyent aufîî les plus durables & k
plus permanens ? Qiielle aparence qu
ce chef d'œuvre expire fi tôt 5 fans ]z
mais revivre , &: tombe fans jamais 1
relever ? Que celuy qui n'eft guér
moindre que les Anges 3 foit moindr
ej.
DU Sage^surlePs. XXXIX.5. 87
;n fa durée que des bêtes ? Que cet
fprit fi fublimc , fi ferme > 8c fi pené-
rant , foit de même condition que ce
orps fi terreftre, fi infirme , & fi pefant?
Son non 5 mortels 1 ne vous imaginez
^las que cette fin ^ dont parle le Pro-
phète , foit la fin de homme, A la
/erité c'eft la fin de fes jours ^ comme z)4«.
1 cft dit à Daniel , c'ell encore la fin
le fes miféres 5 c'eft la fin de fes cri-
fnes : Mais c'eft le commencement de
fa félicité , c'eft le commencement de
Ton innocence. C'eft la porte duCieU
&: l'entrée du Paradis , ôc le paflage de
ce trifte défert à cette délicieufe Ca-
naan. La mort mène à la vie 5 & la
mène à l'éternité. Ces jours ^^^^^r-
mineZj, mènent à des jours infinis j cet-
te petite durée j à une longue 6c une
^ erpetuelle durée ^ cette mefure de
^quatre doigts à des abymes fans fend
ôc fans mefure > 8c ces momens pafia-
gers , au grand 8c au permanent jamais.
L'homme fidèle pafle du ventre au
Monde, du monde à l'Eglife , del'E-
glife
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88 La Médit. DU Sage, sur Sec.
glife au Ciel , du cid à Dieu ^ c
étant uni comme à fon centre , il
repofe fe raffafie à jamais de toi
tes les délices de fa glou'e.
Aluy foit gloire ^rc£^ K magnu
ficence^ aux Jiécle%^s fié^
des 'y Amen.
F I N.
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145 G 34
L E
Y S TER
DELA, PIETE.
89
E
* Ou
SERMON
lur ces Paroles de S. Paul , i Tir^.
Chdp. ui.yers. 16.
t fans contredit le Myjlére de U
pété cfl grand.
;^ 'ancienne Athènes , où prê-^/?.
.ha S.Paul au miUeu de l'A- \l '
? reopage , comme elle fut la
plus grande & la plus florif-
antevihc détoure la Grèce, aulli fut-
elle par deflus toutes celles-de TAnti-
quité, le fiége des belles lettres , la mé-
cç de la poUtefle , l'école des fciences,
le féjour des Philolbphes , 6c Tabord de
tout
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C^O Le My STERE DE LA Pl ETE,
tout ce qu'il y avoit d'éclairé Se de fç.
vant. D'où vint que Platon rendit gr-
ecs à la Providence de ce qu'elle Tavc
fait naître dans Athènes , & du tems < .
Socrate , qui avoit été déclare par TC
racle le plus Sage de tous les hômmt
En effet , fi la R.eyne de Saba vint d
Matth. extrémitez de l'Arabie Heureufe poi
oiiir la Sapience de Salomon , l'on v»-
noit auffi des extrémitez de l'Orient»
de l'Occident pour entendre ou la be
k morale de ce même Socrate , ou 1(
nombres myftérieux des difciples c
Pythagore , ou les prétendus Atome
d'un Démocrite y ou la doftrine licei
tieufe d'un Epicure ou les difputc
fubtiles d'un Zénon , ou les veritez d
vines d'un Platon , ou les dodles leçor
d'un Ariftote. Et ce fut de cette fça
vante Ecole que fortirent , entre k
dofteurs de l'Eglife, des Juftins, de
Athénagores , des Clemens d'Alexan >
drie, desOrigénes> desBafiles, Scdc
Gregoires de Nazianze, qui ftiren
des plus éclairez entre les Pérès Grecî
Al .
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^UR I TiM. m. i6. ^ 91
ontràire la Ville de Sparte, qui
la rivale d'Athènes, méprila ces
)rtes de Iciences , &: affefta d'être
dclVus toutes celles de fon tems
écôle des belles aftions , la mére des
ons exemples , le fiége d\ine rigou-
:ufe difcipline , la confervatrice des
nciennes Loix , rcnnemie du luxe &:
e la pompe. Et comme dans Athé-
es l'on y aprenoit les myftéres de la
^hilofophie , dans Sparte l'on y apre-
loit le l'ecret de la Vertu. De l'une
'on s'en retiroit plus inftruit &: plus
çavant , &: de l'autre l'on en Ibrtoit
)lus fagc 6c plus homme de bien. Ce
jui fit dire à un ancien Grec , que les
Athéniens , connoillbyent fort bien la
rtu , mais que les Lacédemoniens
ulslapratiquoyent.
Cheks Frères > nous avons bien
plus de fi-ijet de rendre grâces à Dieu
De ce qu'il nous a fait naître , non pas
dans une ville d'Athènes ou de Spar-
te , mais dans fon EgUfe qui eft /a
Cité du grand Roy, & la maifin du^ri^j
T>ieu '
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^4^.0^^ Mystère de la Pieté,
mt^.jd Dieu vivant. Auffi le fçavarxt C:
g/éV. ment d'Alexandrie a dit avant moy
cette même Eglife, qu'elle étoitde\.
nue une autre Athènes j Se une auti
Grèce ^ mais d'autant plus éclairée
plus heureufe quelle a eu de
grands & de plus faciès Maîtres, fç-
voir Jéfus Chrift & fbs Apôtres. Das
Tune de ces fameufes Villes, que
viens de nommer , nous y aurions ap
des fciences qui enflent , des Myftéro
d'orgueil & de vanité, une fapienc
que S. Paul traite de folie, tandis qu
^a. le vray Dieu y étoit un "Dieu Inconm
ÎJ;*- Et dans l'autre nous y aurions apn
une vertu plâtrée, unehinnêreté civj
le, &: des devoirs que l'homme rend
l'homme, tandis que la piété cnver
Dieu, qui eft le premier ôc le plus el
fencici de tous les devoirs , étoit i
connue dans Lacedémone. Mais dari
l'Eglife du Seigneur Jéfus , l'on y en
feigne d'un côté la fcience des fcien
ces , & le Myfiére àts Myftéres, une
Philofophie qu'ont ignorée les Socra-
te*
SUR I TiM. III. i6. 95
k les Pktons i de l'autre l'on y
iprend la mcre de toutes les vertus ,
"çavoir la Tieté j qui eft le vray fruit
le ce grand Myftére de la Grâce , qui
îous porte à craindre également 8c
limer ce grand & ce charitable Sau-
veur, à reconnôître fes bien-faits, à
miter fes vertus , à pratiquer faCha-
lté, à refpeftcr fes commandcmens 5
Se à nous régler fur cet incomparable
iîK)délede toute perfeflrion.
Et c'eft par là que le S . Apôtre, écri-
ant à fon difciple Timothée , recom-
mandoit l'excellence &: la dignité de
l'Eglife en quelque endroit du monde
quelle fût , ôc par confcqucnt l'impor-
tance du Miniftére Sacré , en ce quelle
eft la colotnne^ ^ l'apf ui ^ ou bien l'é-
cole &: la depofitaire h Vérité,
Il réxalte cette vérité en ce quelle
eft fans aucunf doute un CMjfiére
trcs^grand ^ nommément 'Dieu mani^
fejîé en la chair Jtfjlifié far P EJprit
vu des Anges ^ frêché aux Nations
rû dans le Monde ^ S? enlevé dans la
Gloire:
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i I.
ifi
ihu-t.
r* rv-
94, Le Mystère DELA PiETFj 4^
Claire: Et ce Myftérc il le lait a ak
par defl II s tous les autres, en ce qii;
ell, non pas un Myftéredc fubtilit*,
ç)U d'une pure contemplation y mais w
Myftére de Tïété y jans contredît ^ \
Myfiére de Tïété eji grand! Fidck i
après le Myftere du Fils de Dieu m* i
nifefté en la chair ^ dont vous avez d* \
puis peu folemnife la mémoire 5 le ph I
grand de tous les Myftéres, au jug.
ment de l'Antiquité , a été celuy c
cette même Chair manifeftée fous 1<;
Symboles du Pain du Vin ^ qu'Or
gene a apellée le corps typique ^ fyn-
%oliqne du Seigneur. C'ell aufîi (
qu'elle apelloitV^ Myftére par exce
lence , ou bien les terribles ^ les ai
mirables & les divins Myft ères ; {ci
chant que rien n'imprime tant la vene
ration ni la Piété dans les cœurs, qu
d'être perfuadé de la grandeur & d
la majefté de ces adorables fecrets. F
comme Dieu ié manifeftant à Moy
en un Buiflbn myftericux , ne voulu \
point qu'il aprochât d'un lieu fi fain
qu'au
vf^
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145 G 34
SUR I TiM. III. i6. 9^
u'auparavant il n'eut déchauffé fese^coi.
luliers ^ où s'atache rimpurcté, ce'*^*^
uc pratiquent cnccre aujourd'huy
1 Turcs & les Perfans à Tentrée de
:urs Mofquées : Comme les Chré-
ens du premier âge ne foufrcient pas
^ue ce Sacrement augufte fut profané
•ar des mains fouillées , par des
touches impures : Comme encc.re IT-
lolatrie Payerfne éloignoit de la vue
fes prétendus My itères , par un
-léraut exprés , les fcélérats les
m pics 5 fans que même un Néron,
eut Empereur qu'il étoit , eût en cela
j^uelque privilège : Aulîi ne doùte-je
^as. Chers Frères , qu'à l'aprochede
:é grrmd Myjlére de ^tétévom n'ayez
:iuittc vv matin, & ne quittiez encore
^ prefent toutes vos penfées de la ter-
A. -, & moy même qui vous dois en-
tretenir 5 puiflé-je à l'entrée de ce dif-
cours être la copie de ces grands
odtciirsde l'EgUfe, qui ayans à par-
r d'^ Myftére à leurs Auditeurs^
/ la Tarole de T)ieti, "vous étonne ^
leur
r
96
Le Mystère de laPiete,
leur difoy eut ils, elU m* étonne atijjx
tfcry? ^ en vous prêchant ce qui vous fa-
^Jah.^' trembler j / h'n tremble moy mé^ne,
\oici donc S. Paul qui nous par jj
de la vérité qui eft enfcignéc C ;
l'Eglifc, par les Miniftres de TEva. J
gile , 1. Comme d'un Myftén 1
II. Comme d'un Myftére granc \
I I I. Et qui cft grand fans contredii j
IV. Enfin comme d'un Myftére de fu 1
té. Pour bâtir le Tabernacle , 6c pov |j
former les Vaifleaux facrez , Dieu voi
lut bien qu'on fc fervît de l'or & de
matériaux d'Egypte. De même poi
exprimer les chofes Saintes , Dieu s'e
fervi fc'Uvent de termes empruntez d
Paganifme. Et tel eft celuy qu'en
ployé le Saint Apôtre j après les Ii
i^'f.i.terprétes Grecs du Vieux Tc^ameni
»7*!8.1ors qu'il parle duil/y/tWde laPién
Caries Payens apelloyent leurs Cerc
monies Sacrées des Myftéres , c'eft
dire des fecrets ou des choies cachées
q4.ie le peuple dcvoit rcfpefter fans le
connoîtrc. Et comme elles étoyentoi
fan
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145 G 34
_ 5UR I TiM. iri. i6. ^7
anglantes par leur cruauté , ou horb-
Tufes par leur vilenies, ou exécrables
)ar leur ldv>latrie , jufques à faire hom-
[lage à des reptiles , à des plantes , &r
Diable même, aufïï fe faifoyent-
:s de nuit y ou en cachette , hors de
^ue du Peuple , & ne pouvoyent être
celées par les Epptes ou les Spefta^
irs fans encourir fentencc de mort,
ift de la forte que les Egyptiens, qui
Tirent les plus Idolâtres de tous les
^ îuples , faifoyent un My ftére de tout,
cachoyent leurs fuperftitions fous
s Hiéroglifes e>: des Enigmes. Ce
île Pithagore fit à leur exemple , ce
;rand Dodeur des Mylléres , & ce
Maître d'un religieux filence. De
[j ncmc que le Diable s'eft fait fervir
)armides Indiens & des Barbares dans
Temples obfcurs , fouillez de fang,
dont l'entrée étoit permife à peu
perfonnes. Et fous ce nom deMy-
cs faux Chrétiens , que l'Anti-
luite a apellez Gn. ftiques, dés le tems r.,^,
te 1 crtullicn , s'obligeoyent à garder^"'""»
E le fi,'' "
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Le Mystère de la Pieté,
le fileiice, ôc à ne point révéler leiii
abominations.
Ce n'eft pas en ce fens queladcÊtr
ne de TEvangile eft apellee un Mjp
, îM re j ailleurs le Myftére ou le fecret ù
Chriji ^ le fecret du Royaume de T>m
le fecret de fa volonté le fecret de i
îi/' j%y. Il eft bien vray que les premia
3. J,;^. Chrétiens faifoyent leur fervice de nu
& en cachette ; en des Cryptes &: d(
Ueux foùterrains ^ à la faveur des lan
pes &: des Cierges , que la fuperftitio
a continué du depuis à aUumer c
jour 5 à mefure que fes ténèbres 01
afoibU la lumière des premiers fiécle.
11 eft encore vray qu'ils ne perme
toyent la vue ou l'Epopfie des Sain
Myftéres , fçavoir de TEuchariftie , 1
aux Etrangers , ni aux Catéchumènes
ni aux Lafs pendant l'état de lei
Pénitence. Et de la vint que les Paï-
ens les traitoyent de Lucifuges c
d'enfans de ténèbres ^ qu'ils L
foupçonnèrent tantôt de confpiratic
Iccrete contre la Republique , c(
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145 G 34
SUR. I TiM. ïïi. i6. 99
^Hétéries &:de fociécez pernicieufes,
tatôt de ces fortes de crimes qui font
ïritablemcnt des œu vres de ténèbres:
ufques-la que même des Trajans , des
intonins , des Marc-Aureles , Prin-
s d'ailleurs fages , juftes & débon-
lires , publièrent contre les pauvres
vhrei icns des Edits fanglans , &: leur
ifcitérent des Perlccutions cruelles,
vlais grâces à Dieu la lumière n'eft
j)îiK iTufe fous un boifleau ; la crainte^
\l6 perfécutions n'oblige plus tous les
iens à des aflemblées fecretesj
'Kvaneile des le tems de Conftan*
le Grand a été pr de jour, &:
jublinnement 5 & / ^ des
Wtjoii^ , toute-fois il cil demeuré 27," *
X demeure encore aujourd'huy un
iyfiére un fecret , &: un grand fe-
Il eft donc tel en premier lieu quand
l'fon origine. La chair & k fàng j^^'^^^
Moit Jéfus Chrift, c'eft à dire la rai- 17^
ibn & la nature, ne Va pas révélé.
En ce fcns mil ne vit jamais ^ieuj^''"^\^
E a ce
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loo Le Mystère DE laPietf,
, c.œfont chofes qti^œiln^a point vues ^
qii oreille a point ouïes ^ ilatklii qu
M m th.
le Tere les révélât ^ ou celuy qui ej
Ij, "aufem du Tere. Il en eft de cett
cioarine falutaire comme du feu de
Holocauftes qui étoit immédiatemen
defcendu du Ciel ; ou comme de cett
^^'^ lumière célefte qui fit voir à Saul ce
'^'^ luy qui étoit invifible à luy ôc à fe
compagnons. Les rayons de cet Aftr
qui nous éclaire peuvent bien allume
du feu , mais tous les feux enfembl
ne fçauroyent produire un feul rayoi
de lumière comme eft celle du Solei
Aufli la lumière de la Grâce peut biei
éclairer la raifon de Thomme , mai
tous les raifv:)nnemens du Monde joint
cnfcmble n'auroyent jamais pu inven
ter un ieul point de ce Myftére. J
vous avoue qu'il y a des raifonne
mens bien forts , & des vues bien pe
netrantes. L'Efprit de l'homme cft^ o
femble auffi vafte que ce grand
vers. Toute la nature eft comme ran
eéc fous fcs LoiX ôc fous fou empire
^ il corn
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145 G 34
SîTR I TiM. ÏÏI. l6. t&x
compafle les Cieux, il calcule les
Tems , il mcfure la Terre, il franchit
es Mers y &c fe fait un chemin au tra-
ms des Gouffres &c dés Abymes.
C'eft aux lumières de cet efprit que
k doivent tant de prévoyances falu-
•aircs , tant de connoifTances fublimes ,
ant d'arts ingenieus , tant d'inven-
:ions furprcnances , tant d'ouvrages 6c
:ant de machines , qui paffent pour
des Prodiges Se pour des Miracles.
'eft la force de cet Efprit qui a fou-
' i^cnt égalé les forces de la Nature, Se
i fait voir tantôt le Cours mers^eilleux
c? Aftrcs Se des Planètes , dans une
Sphère ou dans une boule de verre,
comme fit autre-fois Archimede ; tan-
or leur mouvement ré2;lé dans des
Horologes ou des Mobiles perpétuels-,
tantôt rimpétuofité des foudres 8c
c ronnerres dans le fracas des Ca*
nons Se des Bombes -, tantôt la force
du Soleil ou du feu en des Miroiri
ardens, qui ont cmbrafé des flottek
nncmics ^ tantôt la dernière perfcf
E 3 ftioa
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145 G 34
Ï02 Le Mystère DE LA PiETE,
aioii& la dernière vertudes métaé
dans les opérations de la Chimie. En v
ttiotla Nature n'aquafi plus de fecret
inconnus à l'homme, lia falu que 1
Terre luy ait par manière de dire oi
vert fon lem ôc fes tréfors > la Mer f(
abîmes & fes richefles 3 le Ciel fa liai
teur 3 & fes merveilles s & tous les EU
mens leurs forces leurs puiflance
Mais pour vafte & pour pénétrant qu
foit l'efpritde T homme quand auxfe .
crets de laNature & del'Art , jui ^
à pouvoir dire; de cet efprit ce que j
femme Thekoite difok de David,
n'eft ni flus ni moins en connoiff^nc
I um. qj^^fi^ Jnge de T>ieu ; néanmoins il fau
It "avouer qu'il n'y arien de fi ftupide f
de fi groffier , quand il cft qucftion de..
Myfteres de la grâce.
Car je vous pricMesPréres^combio
de Chimères l'homme animal ne s'et/
il point forgé en matière de R.eUgion :
ious quelle forme ne s'eft il point n\
tprefenté la fouveraineDivinitc?combic <
>i;f a-t'il point inventé de fables ôc d
fau>
SUR I TiM. III. i6. 103
faux Myftercs ? combien n'a-t'il point
-echerché de n^oyens pour apaifer un
Dieu irrité , Se pour trouver la frof i-
tiatïon ; Et ne s'eft-il point crû à cou-
vert contre fes foudres 6c fes anathé-
mes 3 par des dévotions aparentes , par
des lacrifices (anglans , par des auftc-
ritez rigoureufes , par des purifications
charnelles ^ & par des Cérémonies
pompeuies Ôc ridicules ? Mais qui ont
té 5 comme cette Tour menaçante
qu'imagina le premier Monde , ou
comme ces Echelles des Geans de la
, Fable , pourfc frayer ridiculement un
chemin jufques au Ciel.
J'avoue bj 11 que la Loy n'eft pas
tout à fait un Myftére a Thomme cor-
--ompu. Elle eft en quelque façon gra-
"lée dans les cœurs & dans les con-
iciences , de même que l'image de la
Divinité l'eft dans fes produftions &: '^'f
fes ouvrages. Mais quand au Myftére i v.ii
de Chrift, ou quand au véritable
moyen de reconcilier l'homme avec
fon Dieu , avant l'Evangile de la grâce,
E 4 où
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ib^ Le Mystère de la Piete^
où eft l'œil qui Ta jamais vû? où cl
Toreille qui Ta jamais ouï ? où eft Te
fprit dans rimagination duquel il ei
ip\,ef jamais entré ? Et lors même que Diei
^ Ta découvert , Se r a donné à connottr
£f^i f^r la révélation qui efi-ce^ difoitl
5 S ' Prophète , qui a crû à nôtre prédicà
Mais aufîi , Chers Frères, nous apel
ions un fecrct , ou un Myflére j ce qù
à été inconnu jufques icy 5 ou au moirt
ce qui n'a été connu que de bien pet
de perfonnes. C'eft encore en ce feit
que S. Paul parle de la vérité de l'E^
vangile comme d'un Myftére. C'eH
un fecret qui a été caché de tout te
^' en Dieu j qui a été tû dans les fiée
Col. ^.^ajfez,. Dutems des Patriarches il n*îs
été connu que dans peu de famille^.
Celle d'Abraham eh a même été feufe
la dépofitaire. De cette école il vi
au ni à la connoiffance d'un Job, ou
d'un Eliphaz , ou d'un Elihu comme
étant ifTus de Kéthura , ou de Nachor
frère d'Abraham, ou bien d'Efau,
De-
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SUR I TiM. lïT. l6. lOf
Depuis ce Myftére n'a été connu qucz/ w
dans un petit coin de la Syrie 3 fçavoir J;^*^.^
Jans la Judcc. On l'ignoroit hors de
coin dans les quatre parties du
Monde , qui ne comiurent point les or-'^r.^
ionnances deT>ieu, Il ne fut révélé niv^iÔ.
1 une Egypte Idolâtre , ni à une fiére
Babylone^ ni à une grande Ninive 5 ni
à une riche Perfepolis, ni à une Iça-
vante Achéne > ni à une belliqueufe
Sparte , ni à une puiffante Rome. Et
même dans Ifraël ce Myftére étoit
prefque caché dans le Santtuaire mon- ucy:
dain. Il étoit comme renfermé dans*'^'*'
une Arche matérielle , derrière un
voile épais. Ou bien il étoit enveloppé
d'ombres &■ de nuages y couvert fous
des emblèmes &: des énigmes , repré-
fenté en des peintures & en des ima-
ges , figuré par des types 6c des évé^
ncmens furprenans , comme aufli .par
le fang des taureaux &: des bouts , 6c
connu feulement par les lumières d'un
efprit Prophétique , ou aperçu comme
de nuit à la faveur des lampes du Ta-
E 5 ber-
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îo6 LeMysterbde laPjete,
bcrnacle. Enfin ce T>ieu ^ manïfeftt .
U Chair ^ & depuis manifefte en la gk.
re, tut aux Pères de Tancienne AU - 1
ce ce que les merveilles de T Ameriqu
ont été aux plus éclaires de T Anriqu
té. Ceux-cy foupçonnérent quelqi:
chofe de ce Nouveau Monde, ils t,.
ch< rent fouvent de le découvrir , ils t
prédirent même la découverte , qi
étoit refervée à ces derniers tems,
i'induilrie des Colombes , des Amér
ques , des Cortes , &: des Mage,
lans.
]e dirav uicn davantage "^îdéles
encore aujôurd'huy ce Myilv<i»^ de Pi<
té eft un fecret pour la plus granc
partie du Monde. Il n eft connu fali
tairement que de peu. d'hommes. L
raifon &: les lumières naturelles for
•je^n. ^omme la lumière du Soleil qui êcla.
^'""'^^re tout homme venmtt au Monde, Ma]
la lumière de la Grâce eft comme ceî
te Etoile qui n'aparùt qu'a peu de Sa
j.»".* çres en Orient. Elle eft comme la ilo ^
fée qui ne tombe que fur la toilbn d
pei
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SUR I TiM. III. 10. 107
eu de Gédcons, tandis que le fcc fe/^^s.
oit fur toute la lerre. C'eft cette lu-"
liëre qui ne refplendit qu'en une pe-
te GoiFcn y tandis que les ténèbres
ouvrent toute TEgipte. C'eft cette
elicieuCe Manne qui ne fe cueille que
Ans des Terres defertes , tandis que
plus abondantes ne connoifl'ent
>int ce pain des Anges. Ce font par
■ oanierc de dire ces" chariots de feu
ILuu ne font vus qued'Elifee de fon ;
^^rviteur, tandis que les autres liom- 17 » »•
ics^ four frapcz d'éblouiflement , coni-
ïc le l urent ces troupes du R.oy de
)yr ccil là cette clarté Di-
nnc quj n'environne que quelques
)nuvrcs Bergers , tandis que tout le ^-'^ î'
de la (udce le trouve dans une" ^*
rc & profonde nuit. Encore voyez-
)us icy tout le contraire de ce qui fe
)it dans les fecrcts de la ferre. Ceux-
ne font que pour les Sages 6c les
éclairez de ce fiécle, ou pour les Po-
litiques Scies hommes d'Etat , ou pour
ics Cabinets des Rois ôc des- Prmces.
E 6 Mais
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io8 LeMystere de laPiete,
Mais Dieu a voulu par une difp
tion admirable que ce fecret de i"^t
fut moins connu ou moins crû des .
ges 5 6c des nobles^, &: des riches , & c .
puiflans de ce Monde , & qu'il le i:
\. T. davantage des fols y & des foibles ^ v
MaJii méprifez &: qui ne font rien. *Pi
»x. v.Je te rens grâces que tu as caché <
chofes aux fages aux entendu
Comme autre-rois ce ne fut pas ax
2)4». j. fages de Babylone que fut révélé le'
^y,*' cret de l'écriture que vit Belfatfar J
la paroy de fon Palais. Ce ne fut \
aux Courtifans de Pharaon , ou de
^•J^ bucatnézar 5 que fut découvert le
K .io*. cret des fonges qu'eurent cesfupert"
Monarques : Mais ce fut à un étra
ger comme l'étoit Daniel , &: à un p
fonnier comme l'étoit Jofeph , q»
Dieu fit connoître fes importans ]
crets. Pour montrer qu'il fe rit de^
fageffe ôc qu'il fe joué de la grande:
du Monde > qu'il n'eft pas bcfoin i
ces matières de raifonner5 niais fu
plcmcnt de croire ; qu'il faut y ap(
SUR 1 TiM. Tll. 16. IÔ9
er non pas un efprit fort, mais un efpric
lumblc 5 non pas une recherche cu-
-ieufe , mais une rehgieufe foûmiC
ion.
Et c'eft ce que le fujet de ce Myflére
ae Piété ne vérifie que trop. La chofe
même parle , U fait alTcz voir combien
il mérite ce nom de feçret. Les Egy-
ptiens pour donner créance à leurs fu-
perlhtions feignoyent en vain des apa-
ritions de leurs Divinitez. Un Numa
Pompilius pour authorifer fes Loix
dans une Rome naiflante ^ un Maho-
mcd pour faire recevoir fes impoftu-
res , un Simon le Magicien pour per-
fuader fes impiétez , un Montanus ou
un Manichce, un François ou unDo-
miniciue , pour établir leurs feftes &
*pour fonder leur reUgion , fef mt van-
tez fauflement d'avoir des révélations
fecretes , 8c des communications avec
Dieu. Toute rhiftoire de l'Eglife eft
pleine de ces fauffesvifions. Les fuites
ont aÛez découvert leurs impoftures>
es myftéres n'ont eu en effet rien de
myfté-
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145 G 34
ijo Le Mystère DE LA PiETE,
myftérieux , ç'ont été ou des fuperft
tions vaines , ou des menfonges év. ->
dens, ( u des blafphémes impies , o
des fables ridicules. Et tout ce qu?
y a jamais eu de bon dans ces Religior
étrangères , 6c cfaprochant des Myftt l
res de la Grâce , a été puifé fans dout
dans /e puits de Jacob j dans lafourc
de Moyfe & des Prophètes. Par exem
pie les lumières que peuvent avoir t\
les Phéniciens , ou les Perfes , ou le
Grecs, ou les Romains 5 & celles qu'oi
attribue encore aujourd'huy à des Br*
mânes & à des Indiens , touchant L
Création du Monde , l'entrée du Pé.
chè, Tenvoy du Déluge , la Rèfur-
reftion des morts , ou la confomma-
tion des Siècles 5 ou bien touchant une
Trinité de Principes , un Verbe pro-
cédant de Dieu, une Divinité s'unif-
fante avec des créatures mortelles 5 ou
enfin touchant la pureté du Culte qu'il
faut rendre à Diai , avec des mains net-
tes & des entendemens èclaii'ez, fans
même perinett;re que la Divinité fut
repré-
SUR I TiM. III. l6. III
éfentée par aucune image ni par
mcune reiTemblance , comme le delèn-
lit Numa FompiUus > toutes ces lu-
picres , dis -je , ne furent allumées dans
îçs ténèbres du Paganifme qu'aux
^a^ions qui fortirent de la face dcF
Mo>fej du milieu delà Palefti-^
le fe répandirent parmi -des Nations
olatrts. Je vous avoué. Chers Frè-
res, que le Monde eft plein defecrets.
On parle des fecrets d'Etat , 6c du Ca-
binet , des.intrigues des Cours & des
Ruelles , .V des maximes qui font con-
nues de peu de perfonnes. Même cha-
que Science ^ ' que Art a fes pro-
pres fecrets, C(;mmc les Médecins, les
Chimilles , les Empiriques , les Arclii-
cdes, les Ouvriers, les Marchands , ont
[fTurément les leurs, Ah î pauvres fe-
^.rets , chétifs Myiiéres , au prix de ce-
Tuy dont parle icy le grand Apôtre ,
lors que tirant le rideau, qu'entrant au
.dedans du V oile , qu'ouvrant cette
^Belle forte du Sanàuaire myftique , il
découvre ces fix merveilles en la Per-
' fonne
ÎI2 Le Mystère de la Pieté,
fonne & dans les Offices du Fils
Dieu , en fon Abbaiffement 6c en le
Exaltation , en fa venue au Monde :
en ce qui la fuivit quelque tems aprc
Sçavoir ©/>// manifefié en la Chain
juftîfiê par l^EJprit ; vu des Kyînget ;
prêché aux Nations ; crû au CHond;
(S enlevé dans la Gloire,
O myftére véritablement tel par e>
cellenceî T>ieUj dit T Apôtre, maw
fefté en la Chair ^ car ce terme 6
T>ieu fe trouve dans tous les anciei
jc^n.^ Originaux! Ou bien cette Tarde qt
i jcin.étoit T>teu j ce vrayT^ieu ^ celuy qi
io."* c^T>ieu bénit éternellement ^ legran
-^m.^ c^)/^// Sauveur Je fus Chrijt ^ qui n^
rtt. t. point réputé rapine d^être égal a T>ieti
\'mL c'eft celuy4à même qui enfin a et
manifefté d'une manière inconnue jui
ques alors ; &: manifefté en une Chai
infirme mais innocente , contemptibl
^tàn, niais fainte : Chair qu'il prit à foy 6
»• qu'il s^apropria j non pas comme ui
vêtement , ou comme une robe de re
L/.: change, ou comme une maifon, o\
20. V. çQj^
MTR r TiM. iir. i6. iij
comme un corps dont enfin on dclo-
jc , n'en déplaife à quelques Pères an-
friens 5 mais en l'uniffant à fa Perfonne
Sacrée d'une union qui a été fins for- huir.
te que la mort : Et cependant c'eft à
travers de cette Chair j, qu'il n'a pas?'^'*^-
laifle de manifejîer fa 'Divinité . com- 1^. *
le la lumière paroît au travers d'un
voile, car S. Paul parle du voile faïuw^
Chair; ou comme ces flambeaux de*°;*'
Gcdéon purent être aperçus non-
obftant les Cruches qui les couvroy- ^''^J-
ent i ou bien comme l'air grand & la
naiflance illuftre d'un Cyrus paroif- |^;f -^^
foycnt fous un habit de Berger , & ' '
fous une foible aparence. Et c'cft ce
Dieu & Sauveur qui ayant paru en for-
^ te de Chair de péché ^ &z ayant été'"'*'
condamné en cette Chair comme un
:riminel , &c mis au rang des malfai-
teurs, fut yV^/i/f^ hautement, parl'ef-
ficacc de cet E^/^rit qui fut jî^r lîty^ £r,u
en luy , 6c qm fe montra 11 puiffant &:
fi admirable en la conception immacu-
de Jefus Chrift, en la Sainteté de îi^."'
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145 G 34
114 Le Mystère de la Pieté,
fa Vie 5 en la Solemnitë de fon Bapt: 1
me , en l'autorité de fa Doftrine y eu
j.v^ir grandeur de fes Miracles , dans les p)
3. r diges-de fa Mort 3 dans la vertu dei;.
Kefurredion d'entre les morts , & da'
toutes les merveilles qui accompagE-
rent fon Afcenlion, aulli bien qu'en T:
complilîement de t utes fes Propk
; ; . 'v. ties. C'eft ce même Dieu Incarne cu>
I. &c. n'étant pas affcz vû m a/lez connu a
Hommes, ftit vu des Anges il en i
vû fur la ferre , 6c peu après dai
Ciel 5 &: il en fut vû aveque ji
a\ ce ctonnement , aveque refpei
avec étude, avec empreflement pcrj
. le fervir , avec une entière perfuafirj
de fa Divinité, & aveque ces homiT
ges qu'jjs luy rendirent fouvent coî-
me les Mini lires & fes MefTa^e
^'^•^•11 en fut encore vu & cbntemp
longtems devant fa NailTance , tant:]
^^'^ des Séraphins qui couvroyent le
j(^^n. face en fa prelénce , tantôt d-
iî."' Chérubins qui fe tenoyent panchf
fj't. le Propitiatoire, en. le regardad
«ko.
CO-
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145 G 34
SUR I ÏIM. III. l6. I
rontinuellcment, 8c défirans de péné-
:rer jufques au fond. C'cft encore k ^^^^
yiémeDieu, quinonobftant fa croix 6: n. '
Ton oprobre eût fes témoins & fes Hé-
rauts 5 fiit prêché comme étant le vray
Dieu & le vray Aicflie , Se prêché hau-
tement par toute la Terre 5 dés le tems
des Apôtres. Qui plus eft , il fut pré-
' aux Gentils & aux Idolâtres , qui
nt fans Dieu fans lumière, fans
i Se fans efpérance ; il fut prêché à
de , :.s qui etoyent aux Juifs ce
lie furent à Pierre , en une viiîon my-
-1 ,v Ci 3 > < > bêtes immondes ^ dont il ^ci.
^' manger -, & même il fut piê-;°'^;;
/^J- Gentils^ tels qu éfoyeut
' urconverfionun Deoys d^' rA-3r.
un J uftin Martyi: , un Théo-
phile d'Anrioche > un Athenagpre, un
Clément Tertullien , un Cyprien , un
Qrégoire , & une grande Nuée defem-
blables témoins. Âuffi-fut il m/^ tout-
incroyable que fa doftrine paroiffoit,
out-foibles qu'en fuffent les prédica-
:curs 5 8c tout-dan s;ereufe qu'en fût la
pro-^
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145 G 34
ii6 Le Mystère DE LA PfÊTE, î
profenion: 11 fut rr/^ nonobftanr
oppofitions de la Chair &: du Sang j?»' ;
dépit des Ccflirs , des Gouverneurs e '
des Philofophes qui le pcrfecutéret
Il fut crû en fort peu de tems >
Myftére fut quafi comme cette vetv
i^Ts.^ -^^^^^ ""i^ pouifa des ba
tons, jetta des fleurs & produifit t :
amandes : Et même il fut crû par U
cd. ^.leCMonde ^ quoy que non pas crtVu
J;^^; Monde qui ne l'a point connu. Enfin: ^
x-^ V. fut le même Dieu-Homme qui ap:î;
avoir pafTé par tous les opprobres ,u
prés avoir été retranché cruellemef:
de la Terre des vivans , fut enlevé da:
la gloire ^ fut exalté fouvcraineme:
par fa rcfurre^ion miraculeufe , pi
îbn Afcenfion triomphante, & par i
Séance à la main droite de Dieu fo
Pere.
Après cela , Fidcles , ne vous éto
nez pas fi S. Paul, lavi en la conten.
plation de tant de merveilles , dit irG
feulement que c'eft un Myftére, ma;
aufli que c'eft un Myftére grande ;
gran.
I
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145 G 34
I Tl^. ÏII. 177
j^j'nnrï fans contredit. l es Grecs avoy-
Lix fortes de Myftércs: L^s uns
''•ui Lioyenr apellez ks grands CMyJlé-
j^F^ qiun'cti ycnt qiu' pour les Epo-"^''"^'
CCS ck ks Parfaits, &: dont la pompe
: la cérémonie étoit renfermée dans
aiclos de leurs Temples -, Et les au-
t% qu'ils apelloient des petits My fi
is j qui étoyent pour les catéchumé-
>i !& les moins inftruits , & qui fe paf-
lyent avec moins de précaution &: a-
cc moins de pompe. Icy le Saint A-
ôtre faifant allufion à ces faux Myfté-
convie fon difciple Timothée, com-
[e trcs-inftruit dans les Saintes Lettres,
comme parfait la contemplation
lu Myftére de Bethkhcm ou de Gol-
;orh:i , qu'il juge fans comparaifon plus
-i que tous ceux d'Eléufis ou de
imothracc. Et tandis que les Idola-r^^f.
'écrioyent dans Ephéfe, Grande^f'^i
La T>iane des Ephéfiens ; S. Paul^'^'^-
variant du Myllére de Jefus Chrift qui '
ré hé dans TEglik- d'Ephefe, où
^imothée, Grand s'écrie-
t'Uà
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145 G 34
11 8 Le My STERE DE LA PiETE,
fil à fon tour, ejl le CMyftére de la
té ! F t ailleurs parlant a lamême £^
? Cefecret eft grandi
Myltcrc grand quant à fon orii:;
& à Ibn auteur , qui eft le Dieu viva
Il fut formé dans le confcil de Die
avant la fondation des fiecles . le P(t!
le Fils y travaillèrent dés les teu
ry. 6-^. éternels ; ils firent des-lors ces ci: .
"^i^,^^ terribles que nms îv* attendions fcn.
»-'3 lans prendre confcil Se fans être i
Jlrnits de perfonne. Tout eft grai;.
qui vient de Dieu , &: àle bien prend:^
il n'y a rien de grand que ce qui viei
de Dieu. Lors même que des lag^L
Payens , comme un Thaïes , ou un P
thagore , ou un Eratôfthenes , avoyer
trouvé quelque fecret de Geometr:
ou de la Science des Nombres , qu'i
jugcoient être grand , ils en faifoyer
Dieu Tautcur , &- luy facrifioyent de
vidimes. Voici leT)ieu fort eft granc
a<s.' " dif )it Elihu, Ôt // n^y a pas moyen
\%\ ajoutoit David , de fonder fa grai
5- deur,
Myfté
/SUR I TiM. III. i6. 119
Myftére^r^«<:/qiiant àla manière en
quelle il a êtc manifeflé aux homn\es.
arpour ne rit n dire de plttjieîtrsma-^^^^f'
'ires étonnantes dans Icfquelles il fut
montré aux Pères , mais de loin , que
pr(xliges avant &: après la naiffance
JéfusChrift! Un Ange du Ciel en^«f.i^
ntionça la conception à la Vierge j Un
LUgiiile comme le fourrier de Dieu
ourvût aux couches de Marie -, dcs^f'"^'*
ées celclles ai publièrent la naif-
mce j une Etoile extraordinaire en
.larqua le lieu ; des Sages en furent a-
crtis daus les défcrts de l'Arabie- &
lémc Hcrode furm mmé \q grand en
rembla de frayeur fur fon Trône. Lors
uill que le Fils de Dieu fut manifcftc
n la Croix , &: qu'il paracheva le My-
~re de nôtre Rédemption , ne vit-on
as les Anges le confoler comme (es fi-
éks miniftresj le Soleil s'obfcurcir^^,,;^;
:omme de honte & de douleur , &: tou-
c la nature fouffriravec l'Auteur delà
tiature ? Ne vit-on pas le Voile àwLuc.
emple, qui cachoit ce Sanduaire/^'
«jui
J20 Le Mystère ot la Piet»,
qui fut la figure du Ciel , fe déchire
la Terre trembler à tant de marques c
Tire de Dieu • les Pierres , fymbole d
cœurs endurcis , fe fendre -, les Sepu
cxes s'ouvrir , à la mort de la mort mi
me , 6c plu fleurs corps des Saints fort
de leurs tombeaux ? Enfin n'oùït-o
pas les propres Bourreaux de Jéfv
Chrift s'écrier , Véritablement cétu)
a 5. V. ^fQif: le Plis de T>ieu!
Myftére grand quant à fes deflein
%t à les avantages. Ceux-cy ne fon
pas moindres que la grâce &: la gloire
qu'il procure à des miferables crimi
nels 'y qu'une lumière agréable qu'il ré
pand dans nos efpris , 8c un change
ment falutaire qu'il produit en nos vo
''^^ i-lontez i fuivi de la deJlruCfion de U
l'T\m'mGrt j Se du don de la vie £0 de rim
mortalité bien- heu rcufe. Sans doute
qu'il n'y a point d.^ J plus gran^
que la mort^ ni point de bien pluî
grand que la vie , ou plus fouhaitablç
qucrmimortalitéi Et fi les Payens ont
dit que celle-cy fut la fin 6c le fruit des
tra-
SUR I TiM. in. i6.
121
Tàvaux d\m Hercule nous pouvons /)/,#,
tire avec plus de vérité , que c'eft là le ,
hiitdes travaux du Fils de Dieu , qui
i combatu le Serpent à fept têtes , ôc a
cûtenu tout le poids du Ciel 6c des
fers.
yftére gra^^d quant à toute foa
ftenduë : Car je vous prie, dans ce My-
à*e de T>f eu mamjefté en la Chair ^
fin de pouvoir expier le peclié en la
Dhair , combien d'autres Myftéres y jfu-
•entrenfermez? N'a-t'ilpas falu pour
noter enfantât-, 6c que la fervante
cvint la mere de fon Seigneur , ou la
illc celle de fon Pere, oula péchercfTe
relie de fon Sauveur ? Et à quoy ten-
oit un événement fi étrange ? N'étoit-
:e pas afin de reconcilier la créatia-e
Ycc fon Cr. ateur , Thomme avec fon
ieu , le pécheur avec fon Juge, la Ter-
avec le Ciel? N'étoit-ce pas encore
à le moyen unique de condamner 6c
'abfoudre un même crime, de punir
k de pardonner une même desobéiflan-
:ct effet
Vi
fans fe des-
F
ce,
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145 G 34
î2a Le Mystère dexaPiete, I
ce y d'accorder une Souveraine Juftk I
avec une Souveraine Miféricorde , l I
fans blefler cette Jurtice , d€ relàclu I
des Barrabas & des tètes coupables ^ . J
-mettant à mort k Saint iê k Jufte 1
Et n'a t'on pas vu par ce moyen refu I
ter de la mort d'un feul homme la v; 1
de plufieurs 3 leur gloire naître de fo 1
iernominie, &: leur félicité de fes fou 1
frances, & en la trille défaite de Jefi 1
Chrift n'a-t'on pas vu la plus fignak 1
de toutes les victoires , de même qu'e I
fa honteufe Croix , s'cft vu le pli i
grand le plus gloneux Trophée qi ^
tut jamais ? Myftére encoie d'autar
plus grand! quec'étoit là l'unique r<
méde qui reftoit pour tant de funeftc ^
maux, le dernier afyle qui fwt ouveil
i.u pauvre pécheur, la feule planch
qui luy demeurât pour fe i'auver de fq
naufrage , &: l'unique voye qu'il y eu
pour rentrer dans la grâce de fonSon
verain Seigneur , comme l'Echanfo
quin'attendoitquela mort rentra dan ,
celle de Pharaon. J
'Mail
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' Mais encore Myftére grand quant à
ft vertu & fon efficace l Le fecret de la
petite pierre taillée de là roche , fans
main d'homme^ &: qui f rapa la llatuë de
Ncbucatnezar , qui la brifa, & la rendit -d^'-,
comme la paille de PairedŒJté j futli^.?/.
grand que les Caldéens n*y comprirent
rien . V oici quelque clicfe de bien plus
rand &: de plus étonnant. C*eft ce fe-
cret de rEvangilcj fi (oibleôcfi chétif
ircnce, mais taille de la roche des
c.^ .5 que Ton a viï avec tfne force
toute divine vaincre la malice des Juifs>
confondre l'éloquence des Oraretirs ^
t zr la fubtilitc des I hiîofoplies',
rmer la bou< itix princ :t Ora-
5 coinb^rre TkU latrie , renverfcr
cien F^^.v iifme , furiBonter les Per-
cutions y brifer les portes des F nfers^j
5f triompher par tout des cœurs des ,
Y]nrc!énces. AuiTi eft-il apellé la vertu \
il j une put [fane e à fa lut ^ â la is.*
deJtruBion des fort ère ff es ^ & des eoft-
i ^ de toute hautejfe qui s^él '^' ^ .^^
trc la connoifafice de Dieu.
•F 2 -^W".
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145 G 34
%Zj^ Le Mystère de laPiete,
Myftére en un mot très-grand e
toutes fes parties , 6c quant i toutes f<
merveilles , qui furpaffent même les li
miéres de ces bienheureufcs Intelliger
ces, qui confondent nos fens , qui cfa:
qucnt nôtre vue, qui ébloitilTent ne
efprits, qui étourdiffeut nôtre raifon, t
qui font bégayer nos langues y fans poi
voir ni les comprendre ni les exprime
Plus le Philofophe Simonides confidt
roit la Divinité , plus il s'enfonçoit daç
Tobfcurité 6c dans les ténèbres. Il nov
arrive le même çn la confidération d
ce grand Myftére de la Piété. JSfôti
efprit fe perd dans cét abime , 8c fe noy
par manière de dire dans cet Océàî
Où font vos raifonnemens^Efprits fortî ^
Oii eft parmi vous quelque homme a
Fr^i.confeilj qui entende ces chofes 8c qi
les déclare ? Ce font les hautejfes
deux ^ difoit Tfophar au livre de 1
Patience, qu^y feras-tu? Ce fo7ît cht
,1 XI fi^ f^^^ profondes que les Enfers qu\
^s.i'' connoîtras-tul Leur étendue eft ^ lu
longue que la Terre j ^ J^lus large qu
SUR I TiM. III. i6. i^lf
0 çJHer j, avec quoy les mefirrcras-
'?
■.m
Vous avouerez , Chers Frères , que
ahsTHomme l'union de refprit avec
a matière eft un Myftére fi grand,
u'cncore aujourd'huy la nouvelle Phi-
fophie fe trouve bien embaraflee fur
:e fujet. Mais n'eft-ce pas encore quel-
que chofe de plus grand & de plus ra- ^'^'^J;
allant , que Tunion de la créature avect
bn Dieu ^ ou de l'ame fidèle avec fori
Jauvcur , par les liens invifibles de TE-
prit , de la foy , & de l'amour ? Liens
lui font plus forts que n'efl: /a mort j
m le fepulchre ^ amour qui eft biep
plus merveiÏÏeuJc que ne fut celle qui
ia l'ame de David à l'ame de Jonathan,
t fi vous voulez des mélanges bieiï
myftérieux , figurez-vous dans l'Arche
ieMoyfecet aliagederOr le plus pur f^*t.>
vcc du bois^ d^ Sittim, qui fut tout^°;,y;
couvert de ce précieux métal j imagi-î-
ncz-yous le Buiflbn d'Horeb tout pé- LVt;
nétré d'une flamme de feu, fans en être
onfumé j ou bien admirez en la Statué*
F 3 que
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145 G 34
riè Le My stère de laPiete,
que Nebucadnezar vit eh fonge , c
mélange bizarre , qui faifoit voir ur
Tête d'or tres^fin , une Poitrine & àt
Bras d'argent , un Ventre & des Har
ches d'airain , des Jambes de fer , d(
Pieds en partie de fer, & en partie d
Terre, cç qui fut un Myftére fi granc
que ni les Aftrologues ni les Devins rf
virent goûte. Mais ô que cette unioi
6 que raliage dont nous parle S. Paul
C.ft bien plus furprenant î Sçavoir,Die
qui eft un Efprit > alié avec la Chair qi
n'eft que matière j Celuy qui eft un Fe
confumant, joint à une Chair toute fn
gile , fans qu'elle foit conCumée de l'aj
deur } rinfini , perfonnellement ui
avec ce qui eft conçu dans le ventre
l'Ëternité enfin unie avec le tenas ,.1
Lumiérç avec les ténèbres , la Majeft
avec la baffefle , la Gloire avec Vigne
ininie, &: la ToutepuiflTance avec l'infii
mité même. Et admirez encore la fei
meté de cette union, puis qu'aucun
pierre ^ ni grande ni ■petite j & qu'au
çiine puiflaace , pas même celle de 1
• moi
SUR I TiM. ni. lé. itY
Srdes enfers , n'ont pû 8c ne pour-
jamais la rompre 5 ou la diflbudre.
a Chair habite tx\corc en ajfurance y pj.i^,
In^a point abandonné fan ame dans''' '°'
t'fepiUcre; Fr H faut {pie ks cieux^if.i,
^contiennent ^ ja/qu^au tems du réta^""' "^*
ijfemânt de toutes chofes.
' Ftdele^, il seft vu ôcfevoit encore
DUS les jours, entre les ouvrages de
lain d'homme , des chefs-d'œuvres
grands. Et fans parler des fepr*
iracles du VIonde fi renommez dans
nriquité, fans rien dire du Temple
Ephcfe qui fut Touvrage de plus
Pun ficck , l'c iïime que le Temple de
ialomon \\\t plus merveilleux encoi^
e tous ces prérendus Miracles. Ja-
ais ouvrage de main d'homme n'a-
ïrocha de la grandeur 6c de TexceU
e de celuy-là. Sa fituation élevée^
a fymmetrie raviflante , fes proportions
idmirables , fon étendue prodigieufe
îvcc fcs Porches 6c fes Parvis, fes Tl- I \aii»
:he(res ineftimables , fa ffrudure par- ^ ^
Faite en fèp ans ôc Jix mois , fans qu'on
F 4 ouit
*
Ïi8 Li Mystère dî la Piste^
ouït aucun coup ni de hache ni de niaf
tcau, font afllirémcnt quelque chol
d'étonnant. Mais la Majcfté de fo
Sanftuaire Tétoit bien davantage , pu
que c'eft là où Dieu fe tenoit corn
lèant entre les Chérubins , d'où il rer
doit fcs Oracles , 6c où étoit placé
l'Arche myftérieufe. O quevoicy bie
plus que le Temple de Salomon ôc qu
uan i. toute fa gloire • Le glorieux Temple d
ix.'^^'Fils de Dieu bâti en l'efpace de neu
mois ; fans aide &: fans eooperatio
d'homme j dans lequel Dieu habit
non pas en figure ou en reprcfentatior
i!',.' mais en vérité & corporellement ; k qn
après avoir été détruit par la mort , fu
uan^ relevé en moins de trois jours ^ feloi
qu'il l'avoit prédit à fes Difciples.
Je veux encore vous avoCier qu'il
lit dans l'Hiftoire des révolutions gra„.
des; &: qu'on a vu des Rois deveni
Efclaves , un Tyran de Sicile deve "
maître d'Ecole à Corinthe, des Priri
ces fervir à leurs vainqueurs de marche
pied ôc d'attelage , un Bajazeth le plu
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SUR I TiM. III. i6. 129'
perbe des Ottomans être enferme
dans une Cage de fer , & des Têtes cou-
ronnéts , même en nos jours y expirer
,Cjuëllement fur un échaftiut , aux por-
% de leurs Palais. Et que dirons-nous
e CCS Anges, Efprits céleftes , heureu-
. ' Intelligences , qu'on a vu apaToître
n figures d'Hommes , être manifeftez
pour quelque momens en forme de
han*:, & faire les fondions de nos
orps , comme il fe voit en THiftoire
de l'Ancien &: du Nouveau Teftament?
Mais que flirent y Chrétiens , toutes ces
évolutions ik tous ces abaiflemens,
povr rrands qu'ils nous paroifTent , au
pri.. ce Myft '' ' que S. Paul juge
ratiJ fans contredit e Car icy vous
oyez le Fils unique de Dieu être ab^
iifTé jufques à ce point qu'il devient le
"ils d'une Mére mortelle : l'Eternel
devient un Enfant -, l'Invifible eft vu &
iiché j Celuy qui eft Efprit eft fait n
le Roy de gloire prend la for-"*
nie ' Serviteur 5 le Prince de la Vie
cyicnt un Homme de Mort^ le Sou-
F 5 vc-
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130 LeMySTERE DE LA PlETE,
verain Juge eft fait Crimiael 5 Se celu
qui a les Cieux pour, fon Trône , a ra:
toc une Crèche pour Ton berceau , l
tantôt une Croix pv Air fon giber.
Mais aufli fouycncz-vous de c(
changemens grands & furprenans , dor
nous parle rtliftoire Sainte : D'un Je
feph par exemple , qui d'efclave Se 4
prifonnier devmt le premier de tout, a
Royaume ; d'un Enfant expofé , coi|!
me rétoit Moyfe , qui fut fait le Fil
adoptif de la Fille de Pharaon , d'u
Saûl qui chcrchoit les âneffes de fo
P^rC:, Se qui alprs même flit déclar.
Roy fur Ifrael ^ d'un David , le plu
petit d'entre les bergers d'ifai, quifu
honoré de l'Alliance Royale , & fait 1
gendre de fon Prince. Fidèles, S. Pai
vous fait voir icy quelque chofe d
plus grand & de plus myftérieux. Ga
voicy ce divin Jéfus 3 qui dans les jour
de fa Chair fut traité comme un mal
faiteur 5 & crucifie comme un fçéleral
\c voici jîifiijié maintenant à la fac
du Ciel 6c de la Terre Jupjïé par
ve-
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145 G 34
SUR I T™. iir. 16. tjf
u même de fes bourreaux , ; fur tout
ipres que l' EJprit çx\x. été répandu fur -^-^ i.
es Apôtres 1 Le' voicy, après que les 3^7 &c.
;Iommes eurent caché leurs faces ar-
*iére de Itiy , d'horreur &: de honte , l'-'
ju:il eft enviiagé maintenant , qu'il eft
ervi , & qu'il eft adoré des i^nges du
Jiel ! Le voicy qui, après avoir été re-
édes Juifs &: été méconnu des ficns^
''annoncé maintenant à 'ceux de de-"^ ''*
ors V 6c eft prêché aux Gentils / Et ne
mbîe-t'il pas que c'étoit là comme
^rendre le pain des enfans , &: lejetter
mx petits chiens ; que c'étoit là com..^^.'
ne répudier la ' ime & époufer la
êrvantei ci^ mmc chalfcr Sem de fes Ta-
• . s , 6c y introduire Japhet > 6c
:omme tranfporter la lumière deGof-
n dans tous les endroits de l'Egypte?
Le voicy encore ce meprifé d'entre les
hommes qui jouit du labeur de fon Ef.i,
6c qui partage le butin avec les^^'
Vuifans! Car fido^rme fifurprenan*
te en fes dogmes , fi févére en fes prél
cptes j fi contraire aux, maximes du
F 6 Mon-
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V. 19
2. V. 8
Slo.
*. I.
V. I.
131 Le Mystère DE iaPiete,
Monde , cependant ejf crue dans r
tJMonde j fon Royaume eft reconnu
fon Nom y eft invoqué, ôc Tetenda
de fa Croix eft arboré par tcut-l'Un
vers : Et tout cela fe fait fans d'aiitn
inftrumens que de foibles Apôtreî
dont la voix eft comme le fon de co
Cors qui firent trébucher les muraiUi
de la profane Jérico^ Et c'eft de o
Vai féaux de Terre ^ après même qu'i
font caffez par la mort, qu'il en fa;
une lumière qui eft fatale au Madia
infernal, O Myftére veritablemicri
grandi fur tout quand Ton voit (|
mémejéfus, peu après fon abailTemer
• & fon opprobre , être enlevé dans Ji
Gloire ^ c'eft à dire avoir la Gloire pot
fa recompenfe, le Ciel pour fon Trc
ne 5 les Principautez & les Puiflances
pour les omemens de fon Triomphe
les Nations pour fon héritage , les Roi
peur fes vafTaux , & fes Ennemis fou
le marcheped de fes pieds. Et voil
les degrez de cette Echelle myftique
par laquelle Jacob vit les Anges di
Oie
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145 G 34
ï
SUR I TiM. un l6. l^^
Ac\ monter defcendre ! Tantôt dit
[us bas degré de fon abaifTement qui
l'a manifejfation en la Chair j &
^lisdefa cm damnât ion ^ après laqueU
2^1 fur d'abord jnjltjié j, en fiute pré-
^;,*puis cmbrafTc par foy ^ ils montent:
omnie par des échellons jufqu'au plus
aut degré de fon exaltation &: de fa
lott^e : Et tantôt de ce fommet de gran».
leur 6c de magnilicenee ils defcendent
Kir les mêmes degrez jufqii'au plus bas
îchellon , pour bien aprofondir un My-
' ^re fi grand,
A prefent y Peuple Chrétien, qui vit
^connoit avec nôtre Apôtre non feu-
cment que cemyftére eft grand , mais
^iffi qu'il eft grand fans contredit j Se
i\c c eft là une venté qu'il faut tenir
loitr aruoiiée J car c'eft là remphafe du
i :erme Grec ? De fait ce myftére a été >»y»-
pour un tems tm Jigne de contradiction, J^^'*^^
mais il a eu beau dés fa manifcftation'^-34-
fervir d'achopement aux Juifs , de mo-
querie aux Grecs , de contradiction aux
rhUofophcs,dejouëtaux Apoftat?, de
mé-
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145 G 34
X3+ Le Mystère de la Piete^
mépris aux Profanes, & de bute au.
calomnies &: aux perfécutians du mon
de: Encore aujourd'huy il a beau êtr
contredit des Juifs &c des Payens , de
Turcs des mahometans , des Libei
tins & des Déiftesj &: il a beau pafle
pour un fouge & pour une illufion ei
Tefprit de tous ceux qui établiifent au
jourd'huy Iç jugement de Thomm"
pour la régie de la vérité, 6c la Philo
fophie pour le juge de la R.evelation.
il nelaifTe pas de demeurer un myftér<
grand /ans contredit. Car comme t
jugement dès idiots qui jugent le So
leil fort petit, de même que le faifoi
le fameux Epicure, ne diminue riend
la grandeur de cet Aftre-, oii comme ui
Aveugle qui croit qu'il fait nuit , n'ct(
rien pour cela à la lumière refpltndif
fente du jour : Auflî ni les illuûons d<
Satan , ni les raifonnemens du monde
ni les maximes de la Chair , ni les opofi-
tions des perfécuteurs , n'ont en rien di
rninùé la grandeur Ou affoibli Teclat d<
cemyftére de la Piété.
Il efl
i
À
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145 G 34
SUR I TiM. III. i6. 155
H eft don que grand fans contre^
dît , 6c c'eft ce que révencmcnt,
ç'cfl: ce que les etFets y ont aflcz
ërifié. Car qui n'avoue que de
petit qu'il ctoit en fes conimencc-
mens ^ aufli bien que cette petite f ier*
dont je vous parlois tantôt, il eft
venu infenfiblcment Cvomme une
jrande montagne qui a rempli toute la
terre j &s'eftépandu par tout T Uni^îj-
vers ? Qiii ne reconnoit qu'il y a eu fans
doute une trçs-forte perfuafion de fa
grandeur , avec une entière plénitude
defoy j foit en fes A pôtres qui le prê-
chèrent aux dépens de leur repos, de
'eur liberté , &c de leurs vies j foit en ces
. idcles qui l'ont côfeflc fur les bûchers
&: fur les échaflEaus , voyans.de ces lieux
mêmes les deux . ouverts avec Etien- ^sf. 7,
p^y &le Fils de l'homme étant debout " • ^ ^'
à la dextre deT>ieu ? Et c'eft à ceux-
cy , c'eft aux vrays croyans que ceMy*
ftéreeft gand fans contredit. Si nôtre
^Evangile eft couvert , il ejl couvert à
çeux quipéripnt j à ceux qui ont /'en^
I \
I". . J
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145 G 34
a Car.
4-. V.
X. V. 1
». V.
»7-
t.
6. V.
»7-
136 Le Mystère DE LA FiETE,
tendement aveuglé ^ afçavoir aux incrè-
dules.Ct rt'eft qu'entre les feptChande.
hers d'or que fe promène le Perfonnag<
femblableàun Homme > auflî n'eft-cc
que dans fonEglife que ce Myftéredc
h Pièce cft vu, & qu'il eft adoré. U
Monde combat ces belles &: ces. admira;,
blcs veritez , mais l'E^lîfe en eft la co-
lomne qui les rient élevées comme fui
une haute montagne, &: en eft Fa^U)
qui les foutient" & qui les défend, |d
L'homme animal ne connoît point ce ^
nouveau nom parce qu'il ne la point re-
çu 5 il ne le voit pomt parce qu'il efl^
frapé d'ébloùifTement comme le futEli- H
mas: Mais le fidèle le connoît, par-«jJ
qu'il tient en fa main h caillou blanc
il le difceme , parce qu'il a le goût bien ^
différent de celuy du monde 5 il le voit;
parce que Dieu luy ouvre les yeux com-
me autre fois à Elifée & à fon ferviteur jj
pour découvrir ce que les Syriens n'a-
perçoivent point. Jacob voulut con-»
tredireï cette vérité, que Jofeph étoit
vivant , car Une le crojoiij>omt s mais
SUR I TïM.'m. i6
37
[es fils qui avoyent vu leur Frère ^ qui a
Woyent embrafle , répondirent qucî-
a choie étoit fans contredit. Et par une
néme furprife Thomas contredit à cet-
c parole des Apôtres , Nous avons vu ['^
'e Seigneur y mais fa contradiftion-x-
'empêcha pas que cette même parole
le fût certaine , qu'elle ne fût avérée , êc
connue pour telle de fes Collègues ^
5ui avoyent vû de leurs yeux ce grand
k furprenant Miracle^ Jefus reffufcité
ii'enrre les morts.
Auflî ^om grand &: pour étonnant
que foit ce Myftére delà Piété , difons
f idcks , qir^il n'a rien qui choque la
raifon ni le bon fcns. Les my Itères des
Paycns choquoycnt aflurcment le fens
commun , en faifant croire entre autres
chofes que leurs Dieux fe manifeftoyent
fous des figures de vils Se de ché ifs A-
nimaux* Pour ne rien dire de tant de
ridicules Metamorphofes , Sr d'une inu
finité de fables des Grecs. Le myfté- 2 '
re de la nouvelle Rome n'ofFenfe pas îi.
Sioins 6c les fens > &: la raifon , pour ne
rien
i
2 Tierl
V,
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145 G 34
138 LeMySTER£DELaPiETE:>
rien dire de l'Ecriture & de TAntiquit
Lors qu'elle reprcfente Dieu manifefi
fur une infinité d'Autels, en une cha^
invifible , inpalpablc , & qui n'cft poit >
chair 5 Ou lors qu'elle reprefènte uc
Oublie qui eft faite d'eau 6c de farine;
changée en la fubftance duvray Corp
dejefus Chrift, qui eft en la gloire a
Pére 5 ou lors qu'elle multiplieà l'infti
ce Corps unique & indivifible du Sei{.
neur j ou lorsqu'elle fait dépendrez
changement monftrueux , cette étranj:
multiplicarion , & ce terrible anéanti
fement du Fils de Dieu, de TintentiGi
au fïï bien que de quelques paroles d'u
Prêtre ; ou lors qu'elle mange de \
biouche du Cc;rps ce qu'elle adore , 6c ;
dore ce qu'elle mange , Se ce qu'elle
formé de fes mains» Mais quant au M)
Itère de S.Paul, il étonne fansdcvitel
raïf n , il l'éblouït , d eft beaucoup tlx
deflus de fa portée , fans toutefois avoi
rien qui la combatte & q\ii la détruif<
Dieu demeure ce qu'il étoit , mais il ei
fait Homme j ce qu'il n'étoit pas aupa
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145 G 34
SUR I TiM. III. i6. 139
traat -, cet Homme eft jufie même par
âveudefoii Juge , mais il veut mourir 19*13.
ur les injufies > le xMonde le condam- , ^^^^
ë 5 mais l'Èfrit lejuftifie > les Hem- 3.^ v.
les le mépriient , mais les K^Inges Ta-
lorent -, les Juifs le rejettent , mais les
tentils Tembraflent par la foy j & en-
In de la dernière ignominie il paflfe â la
3uveraine^/i?/r^ , mais fans que la Di-
•inité foit altérée , ni fon Humanité dé-
ruite , ni fa Gloire déformais troublée ,
lifon Corps rapellé dans la terre, bien
noins rapellé d'une manière qui fe con-
redit , U encore pour y être facrifié de
louveau. Et combien y a t'il de my fté-
es dans la Nature , qui s'y pafTcnt fans
lucun doûtç j &c dont la raifon com-
sraid prelqueaufli peu les merveilles
^ue celles de ce grand Myftére de U
2;race ? Figurez vous par exemple les a^
paritions & les fuites étonnantes des
Comètes -, les changemens furprenans
que Ton admire en Saturne^ lorigine in-
crnnuëdesVents, qu'on ne fçait ^i'où
viennent j ni où ils vont i le flux 6c
Icrc-
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145 G 34
140 Lb Mystère de la Pieté,
le reflux de l'Océan ; ou la fituativ
confiante &: les proprietez admirabV
de TAiman 3 choies que les plus éclairai
Philofophes ont mis entre lesprodi'g:'
du Ciel, (k les miracles de la Natur!
Ou bien repréfentéz-votis le Fruit q>
eft formé dans le ventre, PAme qui à
unie étroitement à la matière 3 un p
tit Grain de femence qui enfin eft ce-
verti en un épy grenu ^ le Pafle qui c:
rendu prefent par le mouvement c
quelques cfprits en nos Cerveaux > 1
objets les plus éloignez , qui fe porte;
en un inftant , à nos yeux, aufîi bien qr
les fons y qui en un moment , pénétre-
nos oreilles. Et j'eftime que la vue'
& que Pouie font fans contredit u
grand myftére, fur tout à un Aveu^r
& à un Sourd , qui font tels dés Icî
naiflance, & qu'ils ne difent pas moii
du voir&de l'oûir, ce quela bienhei
reufe Vierge difoit de fa Conception
x«<.' • comment celafe peut-il faîre >
Et je vous prie , où eft l'homme ra
fonnable qui doute ou des conquête
d'u
SUR I Txu. jiu i^. I^l
'un Alexandre , ou de la défaite d'un
bmpée , ou de la gloire d'un Céfar 6c
'un Augufte ? S'il eft vray que ce font
es faits inconteftables , écrits par des
liftoriens dignes de foy, confirmez
'âge en âge,&: qui fe font palTez fur un
"héatre trop public , 6c trop expof ^
vue du monde. Pourquoy donc ,
fprits contredïfans douter des mer- 1'^- ^'
eillcs de cette apariticn du Fils de
)ku en la Chair , 6c de tout ce qui Ta
l/vie, devant 6c après fa réception dans
gloire? Puis que cette vérité dés fa
laiflance a brillé de tant de lumières;
[ue CCS faits fe font paflcz à la vue de
Qute une Judée > qu'ils vinrent à la
lonno'ïlance de toute une R.omc> qu'ils %u'
\ni confirmez parles plus grands
•^iftoriens, foit Juifs foitPayens, quicCC''
, , t parlé ou de la majefté de fa PcTkn^t/r
lé, ou de la c;randeur de fes miracles , ^'j';:;;
\ des circonîlances de fa mort , ou du ciTd^
todigc de fa Réfurreftion > 6c qu'cn4".; •
fin ni un Lucien railleur, ni un Celfc'^t'^
Vfiçaiimt , ni un Porphyre infidèle , ni
m
.142 Le Mystère DE LA PrËTE,
iin Julien Apoftar , ni un Mahomet i
pofteur, n'ont pas ofc contredire i
faits reconnus par toute' k Terre,
joutez les prédiftions fi exaftes de tfet
de Prophètes y la dépofition fi conflx-
te de tant de témoins irréprochables , a
perfiiafion qu'en ont eu tant de Sages:
de Saints pcifônnagcs, ôcla confirtr.
tion qui en a été faite par révidence ?
tant de miracles , par refFufion de ta:
de fang , &: par le confentement de tai
déficelés.
Mais aulll qui d'entre vous ne tq^
que dans chaque Science il eft de œ
taines Véritez qu'eïlès préfuppofèf
comme inconteftablcs V qui en font!
fbndcmens 6c les principes, qu'il fr
avouer avant que fon puiffe pafilx o
tre y 3c qu'il n'eft pas permis de rév^
qucr en doute., ni de mettre en cor
promis. La Géométrie fuppofeque
Tour cfl- plus grand que fa partie, c!
mcmc .^a uii Point eft indiyifible, I
qu'une Ligne à fa longueur fans la^in
de ! TArt de -raifonner fuppof .
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SUR I TiM. III. i6. X45
X Propofitions qui fe contredifcnt
2 peuvent pas être toutes deux vêri-
iblcs : L a faence des Corps fuppofe
ue toute lïi^^icre eft étendue en lon-
ur, en .ljw:geiir&; en profondeur ^ &:
dans le monde Corporel il ne peut
oir de Vuide, ou d'efpace fans ma-
re. Quoy qu'il fe foit trouvé dcs^^^
fprirs ou allez fubtilsou aficz bizar-cr^.T,'
:8 , pour contefter ces fortes de princi- r!!w7i.
es. Difons le même de la Keligion^ff'*'»
chrétienne. Lue a fes principes oû&c»
is premières véricez , qui en font com-
le le foûtien & comme le fondement,
)n ne peut les contcfier, ni les rcvo-^'*-"'
[lier en doute fans detrmre tout Tcdi-
ice qui cil allis dcfîiis. 1l;> aïKiens
kres défcndoyent même d'entrer en
MEC. ou en difpure avec cette forte de
ontrcdïfans j comme l'étoyent lesdi-^^^^^^
iaples de Valencin ou de Marcion.rf' ?r!e^
le mettre au rang des fréjugez ^l[,^'
'aparition du Fils de Dieu en la Chair,
)u fa Réfurreftion d'entre les morts,
ftfu ivre la méthode que tint le Dia-
ble
7V.
Pvinf.
LeMysteredelaPiete,
ble pour féduire la Mcre des vivi
Car pour la porter à rincrédulité /
de rincrédulité à la désobeïffance
commença à luy infpiro^ doûte &:?
G*"-?, méfiance 5 ^toyl T^ît^/f^froit-ïl d\\
Vous ne mangerez point de tout arbk
du jardin ?
Avouons doncque, Mes tres-chc
Frères, que ce myftére de la foy 6
grand fans contredit. Mais aufli loi
venons-nous que c'eft un myftére t.
Ticté. Joféphe Thiftorien Juifen dvj
crivant la vied'Antipater , Tun des Fi ,
du cruel Hérode , la repreiente comi
Unù. un myftére d^impiété Se de ma/ici
2^';^.Dans Eleufisville dcTAttique^ou mtf^
me dans Ephéfe la Métropole de T/
iîe 5 fe célébroyent de certains myftére
fort contraires à la Piété 8c à rhonnt.
teté. Ces prétendus Chrétiens qi
s'apelloyent Gnoftiqucs , avoycnt de
myftéres , qui font horreur par leur
foiiillurcs &c par leurs abominationi
Rome la Payenne fut un myftére cFa
graudiffement 6c de puif^ince , S
Rom
c. I.
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Sun I TiM. m. iS. i^,^'
orne le fiége des Pontifes n'eft toute ir/.f/,
[u'un mydére ^i^ iniquité yàyant en écrit
lir Ton front ie nom de Myjtére, En eftet
^ray Myilére, & Myftére d'iniquité i
:Jui fous le nom du myjtére de V unité ^
ntre le Pape & fes fupôts , fait voir
r tout un myftére de la domination
plus injufte, de la conduite la plus
itcreilee, & de la Tolitique la pluSp^'^^^*
inc. Myftére l qui a fçû marier enfem-
Je les chofes les plus incompatibles , Jiuf.
ommc font Tintéreft de la chair ôc ^^15;
intéreft de Jéfus Chrift; les artifices^-
lu monde & la fimplicité de l'Evangi-acc,*'
t\ le titre de Serviteur des Serviteurs .
>c ceux d^ gneur du <JHonde ^ dc^ii^
'ioy des Rois j devant qui fc J^ro/ler-cofc}
lent toutes les Puiflances de la terre.
vlyftcre ! qui acorde le plus haut fafte+.^.fV,
lui fut jamais , avec une aparence^c!'
té d^efprit ; les aifes avec l'au- f^'^-
ritcj la bonne chère avec le jeûne j '*'^'
abondance aveque la pauvreté j les
br^ninations de Sodome aveque la
^UiCtc delà continence, Myftére! qui
G cachç
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146 Le Mystère DE LA P1ETE5 |
cache l'image de la .grande Babylon |
fous le mafque d^Eglife Catholique ^
le régne de l'Antichnft fous le titre d
Vicariat de Chrift i le contre pie de 1|(
^^''^ doftrine de S.Pierre, fous Fautorit
' de la Chaire de Pierre i des inncvatioi
étranges foit dans la Doftrine foit dai
le Culte 5 fous le nom d^ Antiquité , U
de Tradition Apoftoliquej une coi
ruption effroyable , fous la figure d'un
Eglife toujours Vierge -, des ventres o
fife fous rhabit de Religieux > des pe:
fécuteurs dejéfus &: de fes fidèles , foi
le nom de Compagnons de JéfuSi&: d<
fuperftitions qui font horreur ious l'i
carence & fous le mérite de devotioi
Myftére! qui fous ombre de forvir Diei
aprend à fervir ceux qui de naturel
font {oint dieux; qui met la CréatuI
en la place du Créateur ^ qui rend a
bois de la Croix Thomage qu'on dQ|
au Crucifié ^ ou bien à la Servante C(
t'îl.luy qu'on doit à fon Seigneur > qui fa
paffer l'anéantiffement du Sacrifice d
Chr ift 5 pour le vray Sacrifice propiti|
toiJ
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SUR I TiM. III. i6. 147
oinc; Se qui donne à des Perfecutions
ruelles 3 à une Inquifition tyrannique,
i des confpirations fanglantes , & à des
nfraftions parjures , ces beaux noms de
5éle , de Piété, & de Juftice. Myftére
:nfinî qui pour ajufter des déciilons
l out oppofées , comme font celles de
'Infallibilité ou de la Fallibilité des
apes, &: une infinité-d'autres qui ont
partagé Rome , Se qui partagent enco*
« fes Dofteurs , les fauve par le my fté-
I e de la Probabilité; & qui pour em-
pêcher la recherche des Ecritures ^ ou loh. r,
xamen de tant d'illufions , met un " ^«
)andeau devant les yeux , 6c aprend à fe
enir dans une rel irirufc obfcurité, dans
î me ignorance ai iccLce,& dans unefoû-
ninîon aveugle aux ordonnances de
!<.ome.
Auflî y a-t'il au jugement de S. Paul
ux gra7îds myfteres : Le fecret de
tmfiétc , qui eft l'Homme de péché
f Tiamfefté en forme de Dieu, ou fe por-^^rhr
■ant comme s'il étoit T>ieîi ; & le fe- *
:retde \^pété, qui eft le Fils de Dieu
G 2 maûi-
148 Le Mystère DE LA PiETE,
manifefté en forme de Chair de pécb.
&: pour le péchc. Et véritablement t
dernier n'eft pas un fecret d*Etat ou e
Xor>*. Politique.Ni ChriH ni lesApôtres n'o:
point cherché par l'invention de nouy.
aux myftéres d'établir une dominatia
temporelle comme ont fait des Jérob-
ams Se des Pompiliusjou bien un Mah»
met dans l'Orient , &: des Papes da^>
rOccident. Ce n'eft pas un fecret de S-
nat ou de Cabinet 5 comme étoyent 1"
r^folutions de l'Aréopage , dont la pr-
miére loy étoit celle de garder le filenct
ou comme furent les fccrets au ten
L?«a/ d'un Tibère ou d'un Gallus Erapere
^^•^ de Rome 5 lors qu'on craignoit mên
: que les parois n'eufient des oreilles 6cdi
S." langues. Ce n'eft pas un fecret de curi-
iU^ fitc 5 ou pour cguifer fimplemcnt V
fprit de rhommc", Se fi Dieu défendit!
j Moyfe d'aprocher du Buiffon arden.
f '-j. combien plus eft-il défendu d'aproch
de trop prés de ce Myftére adorabk
C'eft encore bien moins un fecret de .
cenceou de libertinage ^ comme Vot
VOUi
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145 G 34
SUR I TiM. iiï. i6. 149
lu faire pafler des Nicoîaitcs Se des
■aux Chrétiens, fous prétexte que le^/"'-
oug de Chriftcft aifé 6c fon fardeau le- l'.'iT.
;er. Mais auHî ce n'cft pas un fecret de f^^'t'!
:ontemplation ou d'étude , qu'il fuffife 5*-
le comiGÎtre &z de médi ter^ou bien qu'il
'aille éplucher Se aprofondir, comme
'on fait les recherches de la Nature.Car
.'on peut apliquer icy fort juftement
que la Samaritaine difoit à Jéfus
^'hriil , n'as pas de fem four pii. l'^]^'.
r j, ^ le puits ejl profond; &c ce que
rfophar difoit au patient Job, Trou-^^^^^^
raS'tu le fond en T>ieH ^ enle fin-
ant? Et même li nos efprits pou-
pyent fonder ces abymes , 6c aprofon-
"r ce AJyftére, ce ne feroit plus le
\rand fecret ^ ce ne feroit plus l'ou-
vrage du Ciel 6c le chef-d'œuvre delà
Sapience de Dieu.
Ajoutons, Fidèles, que cen'eft pas
1 fecret pour nous poulTer & nous
•ùre valoir dans le monde ou dans les
ours. 11 n'eft rien au contraire que
monde méprife tant, 6c que les Cours
G 3 ou
'150 Le Mystère i>E LA PiETE,
ou brocardent ou rejettent avec tan^
dédain. Ce My ftére y eft profané bit
fouvent , comme le fxirent par Bclfça
j,^„,j. far les vailTcaux facrés du Temple <
lilU Jérufalem. Hérode fe moque de Jéfi:
Chrift ; la femme de Pilate confeiUei
ce Gouverneur de n^avoir que fah
\X ' avec ce jufte-îà ; des Félix 6c des F
]l: jftus renvoyent S. Paul avec fon myft
re 5 couvert d'oprobre 6c chargé <
liens. Et par la même raifon ce Myft
re eft bien différent de celuy de Diav:
lAa. la grande , qui apfortoit beaucoup .
^9; '' frofit à fes dévots j ou dumyftére <
• Satan , qui promet la gloire ôc la por
î;"* pedu Monde, 6c dont s'eft fi bien pr
value la grande Taillarde ^ qui por
^7- fur fon front ce nom de Myft ère ^ éta.
véfuë de pourpre ^ d'écarUtte ^ /
rêe d'or ® de fterres précieufes, I
S. Paul ni S. Pierre n'ont point conii
ce fecret de s'enrichir ou de s'agrand
r^ifft.par le don de "Dieu, 11 étoit refer:
v.' >o! pour les Succelfeurs non pas de Simc
Pierre , mais de Simon le Magicie:,
Ron
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145 G 34
SUR I TiM. III. i6. 15 1
Lomé feule a trouvé le fecret de faire ^.^
£S nchefles du monde fon patrimoine ^ pài
ies Rois &: des Empereurs , fes fujets & i;;-
zs tributaires , de convertir le myfté- c^«-
e de Chnft en un fecret de Monarchie^
laiisle temporel aufli bien que dans Iç
pirituel. Mais voicy S. Paul , qui
;loi2:nant de ce Myftére , tout ce qu'il
a de mondain &: de charnel , nous dit
juc c^eft un Myftére y /e'^/^^.
Comme un Myftére il demande la
♦oy & la foùmiflion , &: comme un my-
lércdeTiété^ il demande la dévotion
k robéiffance. Ce font là les deux de-
t^oirs qui font le véritable Chrétien 5
:roire & faire. De fait envifagez ce
Dieu-Homme qui fut manifefté en la
chair , ce Chrift crucifié qui fait tout le ' ccr-^^
fujetde ce grand Myftére. Il ne porta*'" '"
pas moins ftir fon front , que faifoit le
Souverain Sacrificateur , ce magnifique
écriteau la Sainteté à P Eternel, Sarvci*.
doftrine ne fut que de chofes Saintes,
& toutes fes véritez, eurent la piété Ttt. ti
ur but.Ses prédications nefiarent pas,
G 4. Bien-
:ï52 Le Mystère de la PrETE,
jfan/.. Bienheureux font les fçavans & 1
• éclairez , mais Bienheureux font 1
humbles d*cfprit & les débonnaires , l
miféricordieux &c les nets de cœii
Il enfeigna à renoncer à foy mêmi
" " à fa propre volonté , &: à fes propr
^ '.^i- intérêts 5 à fefoûmettrc aveuglément
la volonté defon Pére , toujours lag(
toujours équitable > à donner à Dieu <
qui ett à Dieu, & à Célar ce qui cft
Cè,{'xX',àvpvre /dùremeuf qmntànou
juftement mwzrs nos prochains , 6-"^
xTim. Ugieujèment envers Dieu. La fin c
'•'''^•commandement à été de pratiquer.
Msuh. charité j 6c de garder la bonne co\
%^iz.fcience. Il vint pour accomplir la U
'''^^^'de T>ieu j &: non pas pour l'anéanti
Il condamna même un mouvement c
colère, rhomicide de la langue , l'adu
téiC du cœur, &: la convoitife des yeu3
11 fe donna foy même pour fes eliii
, ^ afin qu'il les rachetât de toute intqîi
''^-'^té ^ & qu'il fe les rendit une Egli^
glorieiife , une EgUfe fainte ^ im
^i-ùréhenfible. Son œuvre fut de dét^-'
re lu
SUR I TiM, III. i6. 15}
es œuvres du 'Diable ; la livrée fur
elle de rEpoule, Charûé jt^mour
DTï Sceptre fut toujours Sceptre d^é-'Vf 4s .
uité^ de jufiïce ; &; fa Morale a fur-' '
s^&c infinuTient en pureté S: en fain-
etc celle des Soerates ^ des Séné-
[ues. De même que fût toute la vie
leJcfusChrift, fi ce n'cfl* une parfaite
mage 8c un modèle admirable de de-
action aivers fon Pere , de charité en-
vers les hommes , d'amitié envers fes
mnemis, de bénéficence envers les pau-
/réside juftice envers les opprefTez ,
:1e com paillon enver: miierables?
Et ne vit-on pas ce bienheureux Sau-
veur toujours ardent en fes prières, tou-
jours humble en fa conduite, toujours
breen fa nouriture, toujours lincére
en fes intentions , toujours véritable en
fes paroles , toû jours patient en fes
auxôc en fes fouffrances?
Ouy,, Fidèles i ceux-là croyent vé-
itablcnient ce Myftêre de Chnft , qui
font non pas les plus fçavans ôc lcs>pluiJ
fubtils , mais les plus dévots 6c les plus
G 5 fan-
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145 G 34
%MC.7
ÏÇ4 Le Mystère DE LA PiETE,
fanftifiez : Ceux-là font les vrais difc
pies de ce grand Maître ^ qui ont apr
avec la Femme , non pas à beaucou
fçavoir, mais à beaucoup aimer, Ceuî
là font les vrays rachettez dejuda^qi
vivent à celuy qui non feulement a pr
pour eux la forme de Serviteur jcomrr
Jacob la prit pour l'amour de Rache
mais aujjî qui ejt mort ǧ qui eji re^
fufcité pour eux. Ceux-là connoifl'ei
véritablement ce Myftére , qui le r;
portent à fon vray but , car la ftê\
eft le but de toute la connoiflance , el
eft le centre du Chriftianifme , lefoir
maire de TEv^gile , la produftion n<
ceffaire de la foy , dont elle eft au flî ii
féparable que la refpiration l'eft de i
vie 5 ou que la chaleur Teft du feu ^ o
que l'Vrim V étoit du Tummim dai
le Peftoral de Moyfe. Et féparer 1
jfcience d'avec la bonne confcience, 1
vérité d'avec la piété ^ la foy d'ave
les œuvres, c'eft féparer le cœur d'ave
les mains ou bien le cœur Ôc les mait
des vrays Jacobs d'ayec kur voix , t
leui
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145 G 34
SUR I TiM. irr. xé. iff
2urs expreflions 5 c'eft féparer le mou-
ement des animaux d'avec celiiy des
ouès j contre ce qui eft reprefenté en f.^^"''*
vifion d'Ezéchiel) & ainfi. c'eft fé-'9-
)arer ce que Dieu a conjoint , êc c'eft
)rendre un Dieu clairvoyant , ǧ qui a
'gard au cœur j pour un Ifaac aveu-
;letOU pour un Samuel qui tout Voyant
lu'il eft, fe contente de P extérieur, .
in un mot , la fïété eft la marque la i s .
>lus eflentielle de la vraye Religion,'*
pi raporte tout à Dieu , éc à fa grâce ,
jui ôte tout à l'Homme Se à fon méri-
e, &■ qui eft auiTi incompatible avec
'impiété , que Chrift Teft avec Bélial,
juç le Ciel Teft âvcc l'Enfer, que la
umiérc Teft avec les ténèbres , ou que
'œuvre du Sanftuaire l'étoit avec l'im-
urcté&: lafoùillure, rien de fouillé ^-l^ v.
^apro cher a des cho fes Saintes ! ^ ^ ^
Auffii reprefentez-vous tout ce qu^il
'û jamais eu de vrais convertis au
Seigneur Jéfus , dés le moment qu'ils
nt embraffé la vérité de Chrift, qu'ils
nt compris la grande mifericorde du
G 6 Pere,
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145 G 34
156 LeMvSTERE DELAPiETE,
Pere , reconnu la charité incomparabl
du Fils 5 fenti les divines flammes c
TEfprit 5 goûté les délices de k Me.-,
cachée ^ les douceurs de l'Evangile , v
l'excellence de fes promeffes. N'a-t'c ^
pas vu auflî-tôt après cét effet de,i '
prédication , tantôt une Femme pécb
reffe , tantôt un Zachée ufurier , ou «
Prodigue débauché , ou un Brigan
fangumaire, ou un Saul perfccuteui
ou bien tant de Peuples , qui étoyei
auparavant affervis à une infinité ^
paffionsScdevoluptez , renoncer poi
jamais , avec toute l'ardeur imaginaU
Vun à fa paillardife ^ l'autre à fes ufi
res 5 ou à fes débauches 3 ou à fes cruai
tez , ou à fes violences Se tous à lei
première converfation ? Et ils ont coi
çu autant d'averfion pour cette Tj
mar tant aimée , mais aimée crimine
îf;,, lement , qu'ils avoyent tu pour elle c
paflion & d'atachement. Reprefentc
^T^' vous les premiers Chrétiens , tels qu'i
L , furent au tems d'un Juftin Martyi
i Vun Irenée, d'un Athénagore, d'i^
SUR I TiM. Tir. i6. 115.7
.iwincnt d'Alexandrie , on d\iii Tec- cum,
xWicn Ceux-la ieuls , nous difent cesr;^;';:'*
'crcsy/oja repaezr Chrétiens /^f^f^^ J
M^s j qui fc diftinguent par la piété r.r.w."
par Tinnocence de leurs adions. c"45.
.es autres , ajoutent-ils , portent le nom
^eChrijî comme unmafque, ou com-
iie un voile, car le Chrétien ne
> as être méchant. En elFet dans cette ^'^^i,
nfance de TEglife , les Catéchumènes
itoyent fur tout inftruits des devoirs ^7«*.
lu Chriftîanifme. Ceux qui deman-p«f »^^
yent le facré Baptême , devoyent
urcr folemncUement , qu'ils renon-
:oyent au Monde ôc à la pompe, au
Diable ôc à fes Anges. Les Prêche^, y
étoycnt apellez des Exhortations j pu
des AvertilTemeno. Les Paftcurs avoy-
ent fur tout à cœur le Icrvice de Dieu,
omme c'ctoit là le foin des Sacrifica-
teurs dans le Tabernacle. Les Matières
u'ilstraitoyentle plus fouvent , étoy-
ent comme celle que traita S. Paul de-
vant Félix & Drufille , lors qu'il parîoit •
de la jufiice j de la chajieté ^ $9 du -^l',^
juge^^^y
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158 LeMystere de laPiete,
jugement à venir. Les principaux exei
cices dans TEglife &: dans les affemblâ
Saintes, étoyent la pratique de lapri<
re , des Oraifons fréquentes , la leclur
de la Parole , le chant de Pfeaumes i
de Cantiques , la coUefte des aumône
la correftion des fcandales, 1 exercice d
la difcipline , la célébration de la i
Céne 5 Se ce baifer de paix qui étoit u:
fymbole d'union 5 de reconciliation , ?
d'amitié fraternelle. Et même , au ra
'^^Jj * port de Pline , ces anciens fidèles avan
Srr-i que de fe féparer , s'obligeoyent pa^
ferment ^ à s'abftenir de tout crime , 4
toute impiété , & de toute œuvre mau
Vaife. Et hors de leurs aflemblées , ils n>
s'occupoyent , qu'àvifiter les malades
qu'à nourir les pauvres , qu'à affifter leî
prifonniers , qu'à confoler les mifera-
bles, qu'à fortifier les foibles , qu'àinf.
ftruire les ignorans , qu'à ramener ceu3i
qui étoyent dans l'égarement , ou qu's
redreffer ceux qui étoyent dans l'er-
reur.D'où il avînt que l'Empereur Marc
Auréle qui avoit été leur perfécuteuf,
étant
4- C
SUR I TiM. III. i6. 159
Tnt informé de leur conduite 6c de
ur innocence 5 aulTi bien que de leur
anftance admirable , & de leur parfaite
.fignation , leur rendit un témoignage
>rt authentique, même a la honte du
feganifme 5 félon le raport qui s'en lit
ms Juftin Martyr , & dans Eufébe £.,y,t.
Hiftorien.
. Hé bien. Mes tres-chers Frères y que
irons-nous de nos jours , on ce My-
ére eft devenu un myftére de fubtili-
5, Ôc de vanité, par des fpéculations
riminellesjcomme il le fut au tems d'un
kfius , d'un Neftorius , ou d'un Euty-
hés ? Un myftére de Gnofiiques ^ qui
,e parlent que de nouvelles connoiflan-
es , 6c de nouvelles lumières, mais con-
oiflTances fans charité , 6c lumières fans
haleur! Un myftére de difputes6cdc
[«erelles , qui change ces Chaires bien
buvent en un Amphithéâtre , ou nos
î,côles en une place de Gladiateurs !
Jn myftére dont la raifon , cette pe*
:ite 6c orgueilleufe Agar , veut s'ériger
maîtreffe 6c en juge} comme qui
vou-
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i6o Le Mystère DE laPiete,
voudroic mefurer la hauteur du Ci
avec une ainie^ Ce font les hautejfes di
deux j qu^y feras-tu ! Un myftéi
qui ne trouva jamais tant d\3politic
que dans ce dernier âge, où il eft d
venu le jouet des profanes > la contr.
diction des Efpris forts , 6c la railler,
des Luciens & des Cclfes de nos jour:
Un myftëre qui au lieu de porter les h(
mes à la piété ^ les porte à la licence
fous ombre que Dieu a expié le péché c
la chair, fans fonger que ce fut pour fai
[iifier cette mémechairiUn myftére ei
fin qui n'eft plus envifagè dans fa^r^;
dear ^ dans fon excellence , & dans £
fruits falutaires , à bien confidérer Tii
différence & le mépris qu'on témoigr
généralement pour ce fecret des f<
crets i Et tandis que les Confidens d<
Rois des Princes , &: que les Jvlin
ftres qui font les dépofitaires de leui
fecrets , font regardez avec un profon
refpeft , & avec une merveilleufe défi
rence , n'eft-il pas vray que les Miniftrt
de TEvangile , je parle des veritabk
limc
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145 G 34
SUR 1 TïM. lîi. i6. i6r
imothees , qui font comme les coiiflr
cns du Seigneur , & les dépofitaires
i ce grand fecrerdelaGrace, fontau-
>urd'huy regardez comme la raclure
^ la baliure du Monde?
Le fècret de la piété eft grand j.
[foit S. Paul , mais je puis bien dire
e nos jours , 6c fans aucun contredit^
ue le fecret de V impiété efi grand !
^'épargnons pas, je vous prie, les
:glifcs les plus pures , & les plus Pve-
^rniées en aparence , car P impureté
"Ifraël témoigne contre fa face ; Se
près cela ne nous étonnons pas, li
)ar la pcrmiilîon du Ciel , des my fteres
ànglans fe trament contre elles , &: li le
!Vi>y/'' • '''' PhiivRice Triomphe pliis
iuejaiua.5 uu ^^rlyftére de laTiété!
tx faut-il encore que celuy-là falTe tou^t
"ntcréc& tous les foins des plus for-
ables Puiffances , ciiii remuent le
Ciel & la Terre pour rétablir l'Idolp
dans le Temple de Dieu, tandis que des
Ufances Reformées s'intereflcnt h
U peur leMyftére deJ.Chnft, qm
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162 LeMySTEREDÏ. LA PlETE,
eft combatu de tous les cotez , ma»
aulTi qui eft manifefié fi fenfiblement <
la chair j c'eft à dire , en la conftai.
ce des plus foibles , qui ne font qv.
chair , que la fragilité &: l'infirmit
même!
A\^ouôns-lc 5 Mes Frères , que <
grand myftére a été confidcré tout ai
trement en la naiflancc de cette Repi
hlique 5 &: du tems de nos Pères , qu'
ne Teft en ces miferables tems. Ce fl
alors que des pauvres Bergers , à la pi
blication qu'en firent les Anges de 1
Grâce 1 louèrent Se glorifièrent Dieu d
tout leur cœur -, que des fages vinrer
d'Orient &: d'Occident pour adorer c
divinJefuS} que de bons Siméons Teni
braflerent avec joye &: avec ardeur
que des Nicodémes vinrent de nuit fi
en cachette pour voir ôcpour ouirle
chofes magnifiques du Seigneur 5 qu
des Pierres 8c des Matrhieus , des Jean
& des Jaques, quitérent leurs maifons
& leur patrie , pour fuivre celuy qu
feul a les paroles de la vie ^ & que de
Mar
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145 G 34
SUR I TiM. in. lé,
Marchans affeftionnez vendirent tout
ce qu'ils avoyent au monde , pour
acheter cette ferle de grand frix,
* lais hélas ! dés ce que ces Myftéres
de nôtre falut n*ont plus coûté tant de
peine ni tant de fang , 6c que FEtendart
deJ.Chrift a été arboré par tout> dés
que ce fecret de la foy ell devenu com-
mun 5 & qu'il a été connu depuis le fhu
fetit jufqu^au plus grand ^ par Té^
tabliffement des Eglifes , la fondation
des Ecoles , la liberté des Aflemblées ,
6c la fréquence des Prédications ^ dés
aufll que ces Hérauts qui ont fait ouïr
leur voix comme celle d'un Cornet , je
Ifparle des Paiteurs Se des Doftcurs, dont
le bel exemple fer voit à renforcer les
mains qui font taches ^ à retenir ceux
qui chancélent , 6c à affermir les ge^
^oux qui défaillent^ dés qu'ils ont
commencé à fedivifer fur ce Myftére,
6c à multiplier les queftions 6c les con-
troverfes , c'eft alors que le zélé s'eft
vu réfroidi , que la foy s'eft retirée de
plufieurs , que le dégoût de cette falu-
tairc
lob. 4>.
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16^ Le Mystère de la Pieté,
taire Manne s'eft engendré , 6c que To
a VII quelque chofe d'aprochant au
tcms de Salomon , auquels Tor &: Tai
gent, a caufc de leur abondance y ne fi
loTi refît non plus efiimez en Jérufaler
lliron.^^^ des perres. Et peut-être ne m
tromperay-je pas fi je vous dis , quec
mépris criminel ne paroît en aucun ce
droit de TEurope auili grand, qu'il 1
paroît en ces belles Provinces , où le
Difpenfateurs de ce dépôt facré , don
S. Paul recommandoit tant la dignit
jTim. Chapitre , font communément 1
peu honorez , la Parole de Dieu fi pei
refpedlce, les Aflcmblées fi peufandi
fiées , ce Myftére fi peu écouté , & :
l'ouïe duquel l'on ne préfère que troj
fouvcnt ce que préférèrent ces convies
Af4f/;;.aux noces Koyales, en la P ^ -^Sole à
"J.Chrift.
Chrétiens , je veux que plufieur:
d'entre vous foycnt fuffifamment in-
flruits de ces Myftéres que nous voui
préch.oiis , & qu'en aparence Ton ne
vous aprcnne rien de nouveau ! Mais
corn-
3.4,
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145 G 34
SUR I TiM. III. i6. 165
ombicii y a-t'il de ces ftupides , ne
jachans fmnt les Ecritures ^ à qui
lôrre Evangile eil iiii véritable fecret,
qui ont bien plus de befoiii que
i*en avoit cét Eunuque fur le chemin
Gaza 5 de guides & d'interprètes?*'^*'
Combien y a-t'il de ces incrédules,
. qui nôtre Evangile eft encore con^
)ert j $c qui ne croyent point par-
qii'ik n^'ont point vû de leurs
^eux 5 ou touché de leurs mains?
I^ombien qui fçavent afTez ce grand
Vlyftcre ^ mais comme Ton fcait une
■liftoire , ou comme l'on regarde un
Tableau , fans qu'il leur foit un My-
tére tfe piété j fans être touchez
le la charité incomparable du Fils de
3ieu? Mais avouëz-moy cependant,
lue c'eft icy un fecret où il y a toû-
ours à profiter 3 un abyme où il y a
:oi]jours à fonder, une carrière 011 il y
toujours à avancer , Se une Echelle
3Ù il y a toujours à monter. Nos
prédications ne font jamais fi ftérilcs,
t^u'il n'y ait au moins quelquesw/V/t^i-
à re-
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i66 Le Mystère de la Pieté,
à recueillir , qui tombent de ces Chai
res , qu'il n'y ait quelque grapïllage
faire , quelques devoirs à aprcndre , 5
quelques confolations à rvcev oir , com
me autant de goûtes d^eau c^ui ferven
à rafraichir nos confciences. L'on y en
tend toujours quelque parole de con
viction, qui nous dit fecrétement , com
me la confcience le difoit aux Frères d
Jofeph 5 tandis qu'il leur parloit , Ve
cen. ritablement nom fomme s coupables en
Xi\ ^crs nôtre Frère j envers nôtre Sau
veur, nôtre Dieu.
Ogens dépourvus de yt'/fj-^quand au
rez-vous aflez de lumières, pour difcer
ner l'importance de cet incomparabl
fecret de J. Chrift î Car je m'aflïlre qu<
fi nous vous prêchions quelque autP
'inyftére que ccluy de la piété , fi nou
vous aprenions le fecret d'aproche.
heureufement des Trônes , de parveni
aux charges 6c aux dignitez , ou bien l<
fecret de tranfmuter les métaux en or
ou quelques fecrets pour guérir noi
maux 5 6c prolonger nosjours , je m'af
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145 G 34
SUR I TiM. III. i6.
^7
\tc que ces Temples feroyent trop pe-
its , &: que nous ferions écoutez avec
ne toute autre avidité ôc une toute au-
re ardeur. Ha î que ce Myftére de
Oieu manifeflé en la chair j û qui s'eft
lanifefté encore à vous ce matin , avec
3Ut le mérite de fa Mort , eft d*u-
e importance bien plus grande que
ous ces autres fecrets ! Que c*eft-bien
i le grand fecret y & le remède univerfel
ar le moyen duquel les malades peu-
ent obtenir leur guérifon , les pauvres
ouver leur fubfiftcnce , les aveugles
couvrer leur vue, les infirmes reparer
^urs forces , les affligez recevoir de la
onfolation , & les mourans mêmes ren-
rer dans la vie ! Ce 'Dieu encore manu
(lé en la Chair j & dans cette même
haïr expofé aux plus douloureufes
oufrances , mais depuis juflifié haute-
nent , 6c enlevé dans la gloire ^ n'eft-il
>as le gage le plus précieux de l'amour
de la mifericorde du Pere , Tabrégé
le la Sapience éternelle , l'admiration
'es Anges , l'étude continuelle de ces
Intel-
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168 I.EMvsTFTvr nr t.aPiete,
Intelligences 5 rcioiiiicmciit des hot
mes de Dieu, répouvantcment des h
taons 5 ^ la vicloiredes Enfers ? Et s
renferme tant de confolations 8c tan:
grâces , quel objet plus digne d'une f(,
foûmifc, &: d'une étude continuelle ?
En effet fi ce Myftére eft graiîd^ ad-
rons-lc fans l'éplucher , Se le reccvo:,
avec la même foy , que firent ces Bt
jrers de Bethléhem : Tenons -nous r
îpcaueufement à l'entrée de l' Etâble <i
enfanta Marie , fans en rechercher to:i
les coins & tous les endroits, par une eu
riofité téméraire: Aprochons-en avec c
fao;es d'Orient^mais pour adorer aupr.
dcTla Crèche : Aportons-y l'Or de n<
tre dévotion, l'Encens de nos pncrc
& la Myrre de'notrc repentance : Plei-
rons avec ces femmes de l'Evangi*
au pic de la Croix , ces péchez q:
condamnèrent le Saint 8c le Jufte : Tdi
Ions fouvent comme Moyfe &: Elit
lors qu'ils aparoiflent fur la montagne
de [on iffii'é qu'il acomplït en Jérîfji
3 ' • Icm : Et avec les Saints AY^otïQS:,Jichûi
fol
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5;uR I TiM. Tir. i6. 169
mvcnt nos yeux vers le Ciel ^ pour le
)ir élevé à la gloire de fon Pere. Fi-
^' ;s , fi ce Myrtére eft grand /r;/^ c^»-
W/V, dites à la chair, dites au mon-
ce qu'Abraham dit à fes fervi-
îurs au pié deMorija, Jemenrez-icjy
mJis que moy l'enfant irons pour ado*
Ou bien dites à tous cesraifon-
'emcn<; qui s'elévent contre ce Myf-.
ire adorable, ce que dit J. Ghriftau
entnteiir, Arriére de moy Satan ! Car
efl: cet Ennemi de nôtre fiilut, qui
)us le<î jours fait nattre mille fcru-
^ avance mille difficultez»
ns en refoûdi fans en déveloiv
>r une feule fin fi c eftun Myf-
:q de pie; que bienheureux font
qui pénétrent moins dans les
iCrveiP'^^ de ce fecret , & en fen-
piu;5 la force '<5<: l'efficace ! Heu-
IX celuy qui a moins de fcience^
^ lis qui a plus de confcience^ moins
? lumières & plus d'amour ^ moins
t fubtilité & plus de pieté , fans la-
aelic perfonne n'a part aux grâces
.'iâ. t.
y. 9'
H
que
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145 G 34
lyo Le Mystère de la Piftf,
que ce Myflére renferme î î- 1 qi
vaut mieux aflurément ne touciii
que le bord des langes de ce celei
Enfant , avec une main tremblant,
^ en fentir la vertu divine ^falutu
Mati\K9. re . comme la fentit cette maladç\
Luc. g.. l'Evangile , que de vouloir le fern
4e trop près, & n'en fentir aucw
vertu , comme il s'eft vu en des tro
{)es incTédules , & en des Pharifu
r 'pocrites !
Pifleurs , que \fvflAre paroi
eu vos Predicatiw;
Myftére d'ambition c< cicvariiL^.
fa'fant de ces chaires ur
vaine gloire, mais unMylteredcp
té & d'édification. Qiî'il foitefiîcîi
non feulement par vos bouche ^
^uHi par vos mains , comiiie iv ...e
parole des Prophètes , étant coûjoiiii
prêts d'agir , comme l'ctoient * "îj
mains d'hommes , quljèrtoyent de / '
1 ^z^8^* ''^^ ^^'^^^ animaux , en la vifion d.
zéchîd. Magiftrats , fouvcnez - v<r
que ce grand fecret de piété, efl*
t
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145 G 34
I
SUR r TiM. III. 16. l'-t
us grand fecret pour la confer va-
on de vôtre Etat, & qu'il 11 efl: pas
:oins confié à des Moyfes, qu a des
.aroHi; u ceux-là pour le maintenir,
: à ceux-cy pour Tanoncer. Pères
3 famille, aprenez de bonne heure
vos Eiifans ce fecret de la pieté, qui
ur vaudra fans comparaifon plus que
JUS lesfecrets des Arts des fcien-
afin qu etan«: ?nn:ruics dans les
aintes lettres dés l..., enfance, ilsac-
uiérent un efprit defageflè, avec le
.'une Salomon , ils deviennent des
mimes de Dieu avec Timorhce, &
dans
X- pas
. ous ayez
ciii brada Je-
'lent de bonne Ik
tua , commr Tiri m
^a/T^Jî^
re de Siiucoa k)i':> qu 1.
fChrifl: , puis que vous n'en avez pas
nv'^nie promefîè : El vous fouve-
qu'un ifxe décrépite , lors quew^?-
f'^^c . étirée de ywus , lors que P'g^^^*
" OU les excès , commue autant ^'
hiliftins, ontmatté nos corps &
H % nos
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145 G 34
171 ht Mystère de t a Pietf,
nos efprits , lors que la mémoire ma
que, que lefprit efl: hébété, leca
endurci, & le péché enraciné, qi
ce neft pas4à un âge propre pour
prendre un fi grand & fi merveilh
fecret. Vous tous enfin qui ce m
vous eftes aprochez de ces graïuL
terribles Uyfléres , qui ont efté d-
ployez fur cette Table facrée, mo
trez par vôtre exemple que fi nôt*
Religion a retranché dece>M-flcr
h funerftition & l'Idolâtrie , eli-
prend à y aporter la pieté &ladc
tion, & que parmi nous le Pain
enfans neft pas donné aux chiens
ces Perles jettées devant les p^
ceaux, ni cette Manne myftique 1
gée dans des vafes puants.
Après tout, Peuple Chreii . il , le
chons qu'icy bas nous tous ne voyo-^
ces divins objets qnobfcurément,&' cov
tnc par un miroir. Nous ne connoilTo^
encore qu'en partie, & à peine foi
mes-nous initiez dans les petits M
tins d€ la grâce. Mais l'heure vie
SUR I TiM. III. t6. ijy
dra que nous ferons faits les Spe-
ftateurs des grands Myftéres de Ja.
jloire. Un ancien Dofteur de l'Egli-
e ne fc pouvoir lafîèr d'admirer ce*
trois unions myflérieufes , en Jefus
Chrifl: celle de la Divinité avec l'Hu-
manité , en Marie la qualité de Mérô
ointe il la qualité de Vierge , & dans
e Fidèle l'union de la Grâce, où de
. Chrift crucifié , avec le cœur où il
abite parla foy. Mais il refle encore
une quatrième union bienplus raviflan-
'Cqui fera celle de l'Ame avec Chrifl:
lorifié , & enfin la réunion de cette
(îiêmeAme avec le Corfs la grande &
redoutable journée.Et daii^ cette bien-
eureufe cfpérance , en ateuJant l'apa- Tii,iil
ition Je la gloire Ju grand Dieu , qui eft
^ôtre Sauveur Jefiis Chrifl, fouvenons-
noiisque s'il s'eft abaifle pour nous,
1 el> juftc que nous foyons prêts d'être
ibaifiez pour luy , Scà'QÙrQmamfeflez
ommefes véritables membres, & fea
fidèles difciples , même dans les ex-
ils & les cachots, dans les perfecutioas
^ H 3
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145 G 34
174 Mystfre df ^ \ PïttP ■
& les fouffrances.Car voicy les tet
fcandales & d'épreuves, auxquels il fav
^^^ç fhyent manifefiez, Voicy k
tems auxquels leSerpent ancien rapeb
toutes les rufes , ^ rAntechriil ra
femble toutes fes forces, pour ruïm
toutes ces Eglifes , qui ont été depu
la Reformation la colomues (Sr l'afuf t
la vérité. Mais ils ne triomphent, aprt
tous leurs eftbrts , que de ces Am<
qui étant vuides de piété tombent aifi
ment dans de funeftes pièges , les um
à la vue du Calvaire ^ des Tribunaux
^^ff^' les autres à l'ouïe d'un je te donnen
toutes ces chofes , fi en te proflernant i
adores mon Idole. Les bons mêmes foi
i^ots abufezpar les déguifemens de la grat
A2 Paillarde , quife couvre aujourd
hiiydunmafque, comme le firautr^
fois la femme de Jéroboam , & qui foi
l'aparenced'un bailer couvre une tn
^sam. hifon noire , comme fit Joab envei
Amaft. Ce fonc des myfteres qi
prendront fin , que Dieu regarde afli
rémaitde fon Ciel, 6c qu'il perm<
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145 G 34
SUR I T(M. IT I. l6-
ariinccofîdnite qui cft encore toute
lyfterieufc. Le cemps aproche , &c
|en doutons pa^. Fidèles , que Dieu
frerale rideau, qu'il changera la fcé-
1 développera tous ces myflé- •'^^^^f^-
es, qu'il fera dit aux exilez de Juda,,
jvez-vou> , car ceux qui Jcmandoyent vâ- ^^^^
Âmejhitrwrts, Ils font morts ^ &îiexxvi.ii.
hroHtp^^^^ font irépajjèz^ Ils ncit
élèveront plus ! Mais fur tout afpirons
vec toute Tardeur imaginable au teins
[ui nous découvrira pleinement ce
\eH-bomme -, qui ne fe montre encore
«-> -. ■ ■!
leia midy , face ^iface , non pius en
ormede Serviteur , mais en la forme
le Maître, étans comme \uy juftif.ez
.la vue de toute la terre, T^vdes An-
|s bien-heureux , & e^;/. . . en la gloi"
éternelle, AixNSi soit-il.
H 4
JESUS
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7.
Cen,
jtivi. II.
176
JESUS A NOS PORTES
ou
SERMON
SUR CES PAROLES DE L'Apoca
Chap. m. verf. 20.
Voici ^ je me tiens à la porte , *
je frappe.
E jeune Iliiac deftiné fansl
fçavoir à un facrifice fat
glatit , voyant le feu & I
bois , mais ne voyant poir.
de victime, crût qu'Abraham s éto.
oublié, MonPére, dit-il, ouefidonci
hête pour rholocaujle ? Le Patriarcli
Jofeph voyant que Jacob tranfporto
le droit d'aîneffe furlepuifné, lavoi
Ephraïm , reprend fon Pére & le coi
rige, Ce nejl pas ainfi mon Pére , luy dit i
il La chair lors qu'elle envifage 1 i
conduite de Dieu envers les fils de j
hommes , & qu'elle contemple le j
changemens & iej defordres qui arn
ven
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145 G 34
Sur Apocal. III. verf! zo. y^^l^
f^ent fur la flice de la terre, railonuc
i peu prés de la même forte. Elles'i-
iiagine ou que la Providence fe trom-
)e, ou quelle efl: trompée: VEter- Ez^ah,
lel^ dit elle, ne voit plus goûte ; Ow- i*- i'-
nenty aiiroit-il comioijfance au Souverain^ [f^^^^
§t non feulement elle doute de fa n.
ronduite, mais auffi de fon pouvoir,
lors que fes Profères anoncenc^
les chofes grandes & furprenantes ,
îlle dit avec ce Capitaine incrédule,
IfianJ même r Eternel feroit des ouvert
tes au ciel , cela fe pourvoit -il ? Chers
réres ! fi jamais nous fûmes capa-
;s d'entrer dans ces penféescrimi-
•lies , c'ell: fins doute lorsque nous
învifigeons les difgraces &leschan-
îmens de cet Etat. Et je m'afîèure
' l'y a perfonne encelieu-cy qui
rcuc dit fur ce fujet il y a peu de
nois, Quand même r Eternel feroit des Rois;,
tn^erturçs au ciel , cela ne fe pourvoit
Les biens non prévus portent
homme jufques à l'extafe & au ravif-
icnc, témoin le bon Jacob^lors qu'à
H 5 lai
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145 G 34
î^8 Jhsus à SOS Portes.
cen, xlv. ia nouvelle que Joi'eph étoit vivant
cœur II faîUii il ne le crût poin
Auffi les maux qui nous furviennet
fubicement , & contre toutes les aj
parences humaines , ne touchent pi
''■am, feulement mais ils terrafl'ent,& un Hé
en tombe à la renverfe de deffusfon fîe^
Pontifical, Je doûte ncantmoins fi ne
difgraces , quelque grandes & prod
gieufes qu'elles paroilTent , doiseï
ertre mifes dans ce dernier rang. J'.-
voue qu'elles n'ont peut-eftre aucii
exemple dans les hiftoir^s de tousU
fiécles. Jeconfeile quej'amais Répi
blique, égale à celle -npuirùnc
en richelTcs, ne fouflnt une fifv
bite & fi épouvantable cataftroph
Au moins ne vo\ ' ^ .V ^-^-r,
chant dans celle d< .ijj.ai^, c
de Rome , ou de Can ou de Spa-
te, ou d'Athènes, toutes %péesi
la longue, & toutes , û vous excepM
celle de Rome, inférieures à la V
Cependant il eft vray queceschang-
îliças ont eu leurs prélages 6c leurs •
vaa
SUR Apocal. îll. vcrf, 20. Ï79
jlant- coureurs. Non pas à h vérité
les )ns ou deslpedVres, non pas
Jes fî^ncs ou des prodiges, non pa5
les ^ .ediârions ou des proféties trou-
vées depuis l'évériement^ Non pas
néme des dllpoiltions qu on eût veûcs
lu dedans ^ au dehors de l*£ftar, com-
jie autant d'acheminemens à fes maux;
[ais des prefages tirez de la conduite
rdinairc de Dieu, les coups frappés
devant à vos portes , fes avertifie-
^ens & fes chicimensprécédens, la
^outume de proportionner fes juge-»
uidenrdcfesbenedidlions,
i , 'urd'hnv d'un fiécle >
nt la li.i '^<}rt .....u ;.ii.aculeu-
que 'V .un,PcupleFic)éle,ce
[lîrt pas u aujourd'huy qua retenti à
oreilles cote voix cdcile^Foici.feme
k la porte.Cs^ je frappe. Mais ce qu'il
^de pins confolatoire pour nous ,
nni même Jefus s'y tient & y
iicoreàprefent: Et au lieu que
"afortpeude tems quun
uicaa^^int,il y mefle encore auj our-
H 6 d'huy
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l86 Jésus à nos PoRtES,
d'huy une voix gracieufe , & ce qu
dit autrefois à l'une des fept Eglifi
d'Afie,pour la preferver de fa demi
riiïne, il vous le dit encore com-r
Tune de cesy^/>^ Provinces, Voi
me tiens à la porte , je frappe.
Paroles belles ^ mémorables , pr(
noncées de la bouche facrée du T<
moin fidèle, écrites pour nôtre coi
îblation & pour nôtre endoûrim
ment , & qui fe rapportent admirabb
ment à ce tems de vifitation, au-]U
Dieu fe tient à nôtre porte frap|
&parfesjugemens Se par les averti
fèniens falutaires , y cric encore
comme un Juge fevére, & comm
Pére bénin , & d'un côté nous mena<
deladerniére deftrud>' , de l aut
nous promet fa délivrance ^' paiK.
nefçay pas même fi nôtre cunJitid
prefeiite n'eft point d'ailleurs enco
fort femblable à celle de l'Eglife dcU
clicéë.EgWk qui n'écoit ny froide nj hou
liante y ni ouvertement profane, ni vei
tablcment dévote , ni ennemie deci
SUR Apocal. m. verCio. iBi
Ée de Jefus-Chrifl , ni aurti fort dans
intérêts: Eglifc qui avoir quelque
effemblance avec ces animaux amphi-
ies , ceofés immondes Ibus la Loy ,
vecce HQfhihokth clochant Jes deux
kés , avec ces enfans difraël fervans li. '
. Dieu ^ à Bahal , ou avec ce Naaman ^ ^^^.^
|uivouloit bien adorer au Temple de v.i^,
Xicu , mais aufli fe profterner au Tem-
)ledeRinimon: Eglife pleine de pré-
emption & d'orgueil , dïf^Lntje fuis
uirkhie & nay faute de rien , je fuis
puilHinte & bien établie ^ en effet mal- ^poe.m,
§enrcHfc , Cs^' miferahle , aveugle:, pré ^'•16.17.
te aulli d'eftre vomie hors de la bouche
de Ion Seigneur , comme un breuvage
tiède qui provoque le vomillement,
ou comme on vomit quieff à contre
cœur, & on rejette ce qui efl: en abo-
mination; Eglife enfin qui ne devoir
plus attendre que fa dernière défola-
tion, lorsque ce mifericordicux Sei-
tnenrluy donne encore du rems pour
. V : . onnoître & fe repentir ^ Foicy ,
;^ ^^^^s encore a laporte , &je
H 7 /'■^//^
I
■1
■Â
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14-
ï8^ Jésus à nos Portfs ,
frappe 5 Si quelcnn ott ma voix , moi
vre la porte , entrer ay vers Itiy , (ff fou
peray avec luy y ^ luy avec moy, Chei
Frères , ouvrés luy donc en cette prel
fante occafion , 8c fur tout pendan
cette heure , vos cœurs & vos oreille
&conriderésavec l'attention requil
I. Quelle eft la perfonne qui parle t
qui agit en cet endroit, décrite am
plement à l'entrée de cette vifion a
verfet quatorzième : II. Quelle el
l'entrée de fon difcours , &c de foi
2L€t\ox\,Votcy\ 111. Et enfin quelle eft fo:
aftion mefme, que S. Jean nous repre
fente eftre double, la première, ^ft'w
tiens à la porte ; la féconde , Etie frappi
lleftde la dernière importance d-
fçavoir le rang & la qualité de cekr
qui nous parle, ou qui nousvifite. Ui
Prince un Grand eft tout aur remen
reçu & écouté , que ne Teft ua nioin
dre & un inférieur. Et coiime le
Princes & les Souverains à l'enirée d(
leurs lettres ou de leurs édits étaleiï
leur Dignités leurs Titres: Conuw
pai
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145 G 34
SUR Apoc Au III. verf 10. 183*
ar exemple les Monarques, des Per-
fe qualifioyent les Rois des Rois,-
Prolomées & les Antiochus fe
ommoyent des Dieux Sauveurs 5 les
"él'ars prenoyent le même titre , aufli
ien que ceux d' Auguftes & d'Invinci-
s ^ Alexandre alTe^toit celuy de
•ils de Jupiter 5 & depuis Chol'roës
eluy de Dieu entre les Hommes &
l Hommeentre les Dieux 5 les Sultans
l'Egypte, à l'imitation d'un Séfo- zjW.
lris,celuy de Seigneurs des Seigneurs, ^'^^ ^•
k d'Images de Dieu en la terre ^ les q
empereurs Turcs celuy de Redouta-
)les ^ de Tout-puilianSf ^ pour abré-
ler, ceux de la Chine celuy de Fils
>ien-aimez deDieu^^ du Ciel: Auffi
le Sauveur du monde fe qualifie à l'en-
trée de cette épîcre , mais avec bien
plus de vérité , rÀmen, le Témoin fide^
le y véritable y le Commencement Je la
éature de Dieu. Il s'appelle l'Amen^
eft a dire , en qui toutes les promeffes rie
Dieufont ouy (s> Amen y qui eft l'Amen
ou h vérité même , qui dit Amen
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145 G 34
184 j£sus à NOS Portes
à la volonté de fon Pere , aux paroh
duquel toute l'Eglife dit Amen, 6c
qui chaque fidèle en particulier cri
Amen! Il fe nomme le Témoin, afli
voir de la volonté du Pére , de fon a
liance , de fon Teftament , de fa grao
de la vérité de l'Euangile ^ Témoi
encore de nôtre devoir , de nôtre cor
duite, de nos démarches, &c de ne
plus intimes penfées , ayant comm
Ezj^ch.i. ^^..^^ Profère Ezechieldes yeu
toutàl'entour, ^ comme le Poète
dit du Princie, qu'il doit avoir des yeu
devant & derrière. Il fe dit le Ficicle, t
comme Epoux, 6c comme Amy , t
comme Pleige, 6c comme Roy , ^
f^'^' ' ' • comme Sacrificateur 5 Fidèle en fon a
^' mour , en fon alliance , en fes promei
fes , en fes foins , en fon afliftance , ei
fes bienfaits 5 6c il a pu dire de foy mê
meàplusjuftetitre ce dont un gran(
Monarque fe glorifioit, que quand l
foy fer oit bannie de toute la terre ,fi efi-c^
quelle fe trouveroit en fa bouche, 11 f
yo4«.i4. qualifie encore le Véritable:, ailleurs L
Veriti , comme eftant Véritable en fî
Di
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145 G 34
SUR Apocal. III. verf. 10. i8^
viiîicé, en fon Humanité , &enfes
lices ; Véritable en fes prédirions,
fes promefles , en les menaces , en
intentions, & en toutes fes voyes^
eritable encore en ce qu'il a efté la
?ritéde routes les figures, l'original ^
toutes les images, le corps del\'^'
Hites les ombres , & l'accomplifle- /^tbr. <?.
lent de tous les oracles anciens. Ec ^-
nfin il s'apelle le Commencement de la
rature Je Dieu , ou bien qui efl avant ^
me créature , le Premier ^u(ï\ bien que X..15.17.
dernier, l Alpha bien que VO- ^?''^
léga; quiauflia donné le commenr.'^^*'*
ment à toute créature , qui 'X fondé la
erre des le commencement ^ qui nous ^ Htb.\,
réez par la parole , nous foûtient par ^-
\ puiitance , nous protège par fa pro-
idence, nous nourrit par fes foins,
lous illumine par fon Efprit , nous re-
rme par fa vertu , nous fauve par fon
- rite , nous délivre par fa bonté , &
ommence en nous l'œuvre de la foy , de
wd'mQqu'Ahconfomme^ Et fi je l'ofe //^^^.li.
iirc , il fe reprefente icy à peu prés tel %>, %,
que
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i86 Jésus à nos Portes
que les Anciens ont reprefcnté l'Eté
nité dans leurs Médailles : favoir foi
l'emblème d'une Vierge, fymboL c
vérité & de candeur Je t^eritahle-^ s*^
puyant fur une lance , fymbolc de fei
meté , le Fidèle 5 ayant le chef couven
fynibole de celuy qui n'a point d
commencement , le Commencement a
tûute créature 5 ayant Encore un pi
fur une boule, comme ayant au deflbu >
defoyle monde corruptible, qui ei
la Créature Je Dieu ^ §c d'une main t€
nant la Corne d'abondance , c'efl: ;i di
jdf.urçy étant la fource Je toute bonne
nation Je tout Jon parfait.
Jugez donques , Chers Frères , i
celuy qui parle en ce texte , qui fe tieo
à la porte, & qui frappe, étant d'un<
dignité fifublime, ^ d'une conditioi
fi relevée & fi fort au dellus de toutes
les plus hautes &les plus éclattantes
de la Terre , mérite qu'on l'écoute , &
qu'on luy ouvre. Voicj , à^vlAl , je m€
tiens à la porte , ou félon le terme
Grec, RegarJe! Terme que les Ecri-
tures
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SUR Apocal. ïll. vecf 20. 187
es eniployciit lors qu'il eft queftion
Je choies grandes, oudechofes nou-
velles, ou de chofes prelentes mais
divines 6c liilutaires : Alors Dieu nous
réveille , & crie roky , Regarde. THom-
lie n a pas belbin de ce réveil quand il
Y va des intérêts de la terre , ou de fa-
:is£iirc à fon ambition, àfon avarice.
Se à de femblables partions. Icy il a
les yeux toûjours ouverts , les oreilles
toûjours attentives, & l'Efprit toû-
jours agiflant. De nuit même fes pen-
lées le réveillent , & en dormant il
veille comme le lièvre, ou comme b
gru(\ Mais lorsqu'il eft queftion des
chofes divines , des grâces du Ciel, du
devoir de l'homme pécheur , & des
^biens du fiécJ'- ' venir, c'eft là qu'il
faut que Dieu nous réveille , & nous
crie Regarde , ou bien Ecoute. Je dis da-
vantage Fidèles : Lors même que Dieu
nous crie de la forte , & nous réveille,
nos yeux font ou fermés comme en ces Matfhy.
aveugles de l'Evangile , ou ^PP^fi^^^'^j^l^/fj
tis comme en ces difciples, pendant
que
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i88 Jésus à nos Portîs.
qiiejefus étoic dans l'agonie^ Et m
oreilles font comme celles d'un S;
3.x;. 7. miiel, pendant que Dieu 1 appelle
Tabernacle , ou comme celles de <
fourd , avant que d'avoir efté touchét
*'-33-54. /^^^ -"M^^ tout'puiuant.Enhn il a bea
faire retentir un Voicy ! fi luy mefm
2,.iî«*. n'ouvre nos yeux , comme il fit autn
^ 17. foisaun Guéhazi, à la requête d'El
zéë: s'il n'en fait tomber comme dt
écailles, de mefme qu'il fit à un Sai
repentant 5 ou s'il ne les oint du co
lyre de fa grâce , comme il fit ceux d
^' cet aveugle de Bethfaïda. l^oicy , dit-
donquesà cet Ange de Laodicéë, j
me tiens à la porte.
C'eftquafi comme s'il luy eût par
lé en cette forte : Quoy que tes pe
chez , ô Evefque , ô Eglife , foyen
extrêmement grands , ta tiédeur cri
minelle , ton hypocrifie déteftable , t
nudité honteufe , ta pauvreté pitoya
ble , ton aveuglement inexcufible , 8
tamifére tresjufte^ Quoy que tu aye
abufédemesdons, mêprifé mes gra
ces
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SUR Apocal. m. verf 20. iS^
ces, profané ton caradlére, oublié ta
vocation ^ ton devoir, indigne par
:onféc]uent de mon fouvenir & de mes
foins , cependant voicy je m'abaifle
rncorcjufqu'à venir vers toy, Je me
tiens à la porte , & je frappe. Chofe à la
vérité extraordinaire furprenante,
8c qui méritoit bien cette entrée Foicyl
L'iîiftoire nous récite comme quelque
hofedefort remarquable, qu'unA-
exandre a rendu la vifiteà un Diogé-
ne, qu'un Pompée triomfant s'efl:
trouvé ;\ la porte d'un Pofidonius, qu -
unDenys le Tyran a recherché l'en-
'retien d'tin iMaton , qu'un Ptolomée
s'efl pli. . . < . ..ble de fes amis , que des
^yrus , des Artaxerxes , des Au-
ufte Vdes Conflantins, & beau-
coup ac lemblables Princes ont quit-
é leur grandeur pour quelque téms,
ontcouvert leur Majefté d'un voile
d'humilité , de familiarité & de clé-
mence. Exemples véritablement ra-
res, & très dignes d'avoir eu leurpla-
dans i'Hiftoire. Car ou fçait côm-
bien
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145 G 34
^«1
190 Jésus à nos Portes,
j,,n. bien ont efté refervés en ce point k
Hff.L.u Monarques de l'Orient, particiJiér
^^f 7' ment ceux des Perfes , des Ethiopien.
fI!tA des 1 ndiens, & des Chinois,ne fe cor
^•41: muniquans préfque jamais, & ne :
^riv«. montrans qu'au travers des rideau:,
L, I. XV ou que dans des folennitez extraord
naires, ou bien couverts d'un voile,,
cwi. faifans bailler la viie de leurs fujecs p:
c. 47. la Majefle de Ip'^'* Tronc, le brillant c
^' ^' leurs pierrerit -le leurs yeuî.
AWr/.. &touirc ' • ... uignité Roy^
jtw.f, Maisavoiie acles,quec'ert: que
que choie de plus , de voir icy le Fi
Hibr. 5. j^eOieu, non plus clvis les joiirs de ^
m' II. chair , fous la fonne Jeferviteur, ma
7. dans l'état de fa gloire , k après s'eftj
affis ' ' lextrede fon Pcre, fe ten
àlapurudes Fils des hommes: Ac
- mirez icy le Saint & le Jufle à la por4
d'un pécheur, le Roy de gloire à 1
porte d'un miferablc , le Véritable
la porte d'un hypocrite , le Créateur
la porte d'une créature: Regardez ave
T'p''' étomi€mentc^gr^«^/>/Vî< mettant bs
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145 G 34
SUR Afocal. III. verf lo. 191
3 couronne rayonnante, non feule-
nent pour foufinr l'aproche d'un
lomme , comme fit dans la fable un
Apollon à l'approche de Phaëton,
•'sauflj pour en aprocher iuy même,
icfcendre jufques à la porte des cri-
ninels. Et fi la venue des Princes &
les Monarques efl précédée par des
ierauts & des avant-coureurs , celle
iont nous parle S. Jean ne pouvoit
oins que d eftre précédée par un
Mcy !
Jemeti: la porte, ajoute ce cha-
abJe Jcli e qui préluppofe fa ve-
I ite. 11 le rc préfente
ommeunbon^c lidcle nmv, qui de
on propre mouvemeiic . .^ i. donner
avis lalutaircf Jeté conjèille qiie tw^^^^^^'
ichéîcs de rr.oy ri ' ■ - (Jr des vctemens -,
ucomme un caantable Medecin,qut
appeàlaporte d'un malade, & qui
ic nt un colyre pour oindre fes yeux : O u
nme un fuperieur ofîenfé , qui n at-
end pas les foûmiffions ni la fatisfa-
'on , mais qui prévient l'offenfant de
la
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145 G 34
1 X. V. 7.
Luc. 19-
184 Jésus à nos Portes ,
la faHon du monde la plus obligeai
le recherche , le va voir > & le folict;
à la paix -Se à la reconciliation. Hela,
mifericordieux Seigneur l fi tu eufl
attendu, ou fi tu attendois encor.
préfent la recherche de l'homme p
clîcur, encore aujourd'huy unAdai
feroit caché arriére de ta hice, un 1
braham croûpiroit dans l'Idolâtrie , i.
David dans Ibn impureté & fa fécuri:
charnelie,unZachéedans fes exto
fions & fes ufures , un Pierre dans fci
crime ^ fon reniement , un Saul das
la rag;e 3^ fes blafphémes , un Ange c
LaoSicéë dans fa tiédeur & fon hyp--
crifie. Mais grâces au Pére des mifer
cordes, grâces à nôtre adorable Jef
q'- lors que le pécheur y fonge
mouis, \i'jiu A la porte d'un Adanc
AJamoàeS'tu? frappe à la porte d'u
Abraham , Abrarn , Ahram i envoyé
David un Profère Nathan , Tu es c.
homme-là:, regarde favorablement u
Zachée , Aujourd'huy je demeurer ay t
ta maifon; jQttQ une gracieufe œillade
u
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145 G 34
uR ArocAi.. m. vcr£ to. 193
n Pierre , lors qu'en vain le Coq chan-
3 crie aux oreilles d'un Saul, Saut ^â.ix.
anl . foiirquoy me perfecittes^tii ? ré-
cille une Eglife mourante ^ languiA
inte, Sois doue rempli Je zélé, te
epcn 5 ^ prévient des Péagers & des
'ccheurs , pour en faire des Difci-
les & des Apôtres. De même nous
ovir.nr-TÎt--n lesjours, c'efl à dire
Lit ce cjUii y a en nous de pouvoir
d'exécution , de commcncemenc
ç de progrés , de vouloir & depar«
B Je foy ^ de bonnes œuvres,
edcfirs dejournancc, de difpo-
is V "'Mtesfalutaires, par les
^"'ntc Grâce, ap-
e ^•iujctgracc/'r6'i;^;M;/i^<f,
préparante , grâce méclechiale ,
race première & grâce f?^cjc^. Gra-
^ en vain combatuè' par les difciples
un Pelage , ou partagée entre Dieu
: l'Homme, ou reftreinte diverfe-
nt par des Caffians & des Faufies,
convertie en une gx^^ttfuffifante ,
craie y ^inefficace, ou bien en une
1 grâce
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145 G 34
194 J'^^'^^ ^ Portes,
erace congrue^ &c accomodéeàk
fonté ^ aux difpofitions de l'horc
nie: Mais foûtenuë vigoureufcmet
par des Auguftins & des Hierôme.
par des Prbfpers 8c des Fulgence.
& par un grand nombre deConciU
vénérables ^ avouée encore aujou-
d'huy dans la communion de Kow
par les diiciples de S. Auguftin ,
de ces anciens Evêques tels qu'oc
efté les Innocens, les Zofimes, :
les Céleflins 5 prêchée fur tout pf
l'exemple , & par toute la doâ:rir
d'un Paul, héraut de la Grâce 5 t
i, prefentée en la parabole du Roy co
viant aux noces de fon Fils , en ceb:
du Berger cherchant la brebis égaré
êc en tant de beaux exemples , do^
je viens de toucher quelques-un^ ^
un mot vérifiée toutes les fois que»
pécheur eft comparé à un Mon
ou à un Aveugle , ou à un Souru
ou à un pauvre Malade , ou à un P*
raly tique , comme ccluy qu'il fallci
prendre & jetcer dans le lavoir ;>ppeb
Betlu'
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145 G 34
$VK Al'ocAi.. HI. vcrf lo. ipy
BetliCAUd: Aiulciaut dcquoyce mi-
fcrable languit i rente (Sr huit ans d2ins
la maladie , & y auroit croupi par ma-
nière de dire trente &.huic fiécles,
gJans cette grâce prévenante de Jcfus.
T Et remarquez icv. FideJes, trois
rdegrez ou trois démarclix^s diffèren-
■tes de cette grâce. La première dé-
marche eft c^lle dont je viens de par-
ler, lors que le Fils de DJeu vicMt à la
ixirtedu pécheur,- la dernière fera,
qu'il y frappe, & y frappe avec
Micacé^ & la féconde' eft celle-cy,
qu'il/^ tieMt à cette même porte, y
^jcend &c y demeure quelque tems.
feroit fms doute à l'homme d'aÛ
k au devant, ou du moins de pré-
parer l'entrée à ce divin Hôte. On
fait guère attendre à une porte un
|f ince ou uu Grand , ils la trouvent
luverte, font recûs.avec céré-
nonie. L'Empereur du T^ippan avér-
ât fes vaffaux de fa viiite trois ans
luparavant, pendant lefquelsfefont
.es préparatifs pour l^e recevoir. Et
1 i qui
Cartff,
De fer.
vil.
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145 G 34
1.^6 Jésus à nos Portes»
qui feroit même ou le fils cjui vouK
àire attendre à la porte fon Pére , o
le ferviteur fon Maître , ou lepauvr
quelque Riche qui viendroit pour Ter
i:ichir ? Ou bien qui feroit le Princi
le Grand, le Pére, le Maître, & 1
Bienfaiteur , qui auroit la patienc
d^attendre long tems à «ne porte
Confiderez je vous prie le proced
de Naaman , le chef de larmée à
Roy de Syrie; 11 vient à la porte d
Profère Elizéë, & s'y tient en qua-
lité de demandant & de fuppliant
j^^^ mais aulTi il fe met en ^wiJe colère d
l,^!"!!, ce que l'homme de Dieu fort pû
incontinent. O bonté admirable dec^
grand & de ce patient Sauveur 1 )
le tient à la porte d'un pécheur pré
fomptueux, quafi comme un Lazar
méprifé à celle du Riche, & un fup
pliant à celle d'un Favory, ou d'ui
Maître des Requêtes: il y IbuiTri
tîiille rebuts : 11 y languit des moi
des années : Il y frappe refrap
»c en vain ; Jj y employé toute fa pa
tiena
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145 G 34
«lu Apocal. III. ver/! 20. t^y
tience ^ fa longue attente: Et il en
Life comme le maître chi Figuier , qui ^«'^•xir#
ittend la première, la féconde, la
Toifiémc, & jufques à la quatrième
mnée , ou comme ce Maître de la
ngne, qui après une longue ^ une
rompeufe attente, s écrie, Qny a- £f^iv,A^
it-il plus à faire à ma vigne que je ne
aye fait > Et c cfl: ainfi qu'avant
épouvantable déluge il patiente
cote pendant Tefpace de ceut & ccff.yiS,
mtaas' ; avant que de confondre ces
âtifFcurs de Babel , il attend que
ouvrage foit avancé, & la Tour haut
tevèë5 Vivant que d'abîmer uneSo-
omc, il attend que le cry de leurs
dominations parvienne ju/ques aux
eux; avant que de perdre unPha- '
^on, il attend que ny prières, ny
lenaces, ny playes, n'ayent pu a-
ollir ce cœur roide 5 avant que de
îmiire une Ninive corrompue , il
donne encore quarante jours , qu'il
tant d'années de patience^
eiicralement c'eft \^^x les richeffes uJ
I 3 'de
.te
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145 G 34
-198 JèSWS à NOS POKT
x.r/W. Je fa hémgmté , Jeja patience , ^
x^x- iS'fa lon(iue attente » qu'il a convié <i
tout tems , & qu'il convie encoi
les hommes pécheurs au repentir c
leurs crimes.
Je me tiens , dit-il donc à la poit
QU félon le mot qui eft dans l'orig
nal, Je fub Mont à la porte. Soi
vent le Fils de Dieu eft repréfeni
comme fiant , marque de fa Roy»
té, de fon Empire, & de fa Judic
ture : Qiiclque-fois il eft repréfeni;
comme cheminant , & ainfi chemin-
jpoc.ii. eu entre lesfept chandeliers d'or , ma
que de fon aftivité, de fa provide
ce, &de fes foins envers fon Egljl
faifont la fonftion d'un General , d i
Prince , & d'un Maître actif ^ vif
lant: Qiielque-fois il eft décrit cor
me defcendant , marque tantoft de fc
humilité & de fon ubaiirement , ta
toft de fa colère ^ de l'exécution <r
Aâ.vn. fes jugemens : Et en d'autres endroi
î5- il eft reprefenté fe tenant debout , le
à la dextre du Pcre , foit au milieu d.
Chai
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145 G 34
w
SUR Apocal. m. verf zo. I99;
Chandeliers d'or, marque oudefon
> ncerceffion 3c de la Sacrilicature , ou
l le f:\ gracieufe prefence , & de fa
f >ronipticude à nous fecourir & à nous
\ léfendre. Et aînfi fe tient-il Mont à
Ba porte des pécheurs: Pour mar^
f luer d'un cofté fa patience, fa dé-
I )oniiaireté, 8z fon attente 5 de Tau-
ï re fi continuelle prefence, & favi-
II 'îlnnce, ayant l'œil toujours ou verc^
1 oreille toûj ours attentive, les pieds
i -oûjours prét;^, & la volonté toû-
t <Hirs difpofée pour mr^r chez celuy
|pfui kiy ouvre la porte. AulTinedit-
^ t pas , f'e me fuis tenu , ou Je me tien*
kay , mais /> me tiens à la porte, fc-
j on l'ufige ordinaire du terme Grec:
\ ^our montrer qu'en effet il y efl:
f oûjours préfent, fuft-ce la porte la
[ )lus dérobée^ préfent, quoy que nous
|, le Tapercwions pas , non plus que
'apercevoir Jacob avant la vifiotide
I^Echelle , l Eternel efl icj (ff je nen
^^voh rien; préfent, quoy qu'on ne
connoiife pas , non plus que le
1 4 con-
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145 G 34
îi<x>- Jésus' à nos PoRTf^,
connurent les cleuxDil'ciples,avaiuqij
XXIV.51. leurs yeux fnijenf ouverts; préfent, quo
qucTlion-îme n'en comprenne pas l
joh. IX. manière, roicy il paffera auprès Je mo^
II.
^ je ne le verray point ; préfent enl
quoy que l'infenfé fe flatte de fon é
fx"y^* lo gnement , l'Eternel a ahanJonné l
rf xciy. pays line verra points & le Dieud
Jjicob n entendra point. Et non feule
ment cette exprefllon marque qu'ei
tout tems il eft préfent , mais aull
qu'il eft toûjours apellant, toùjour
conviant , toujours promettant £
grâce & fa paix , & qu'ilyatoûjour.
du tems pour fe repentir, 'Je luy a
donné du temps afin quelle fe repentît
'^poc.ii. Fût-ce à onze heures du jour, c'efti
\l'u X en la dernière , comme vous 1(
voyez en la parabole 5 ou au bout
C€^.6^. ^^'^^ ^ "^^"^ ^>/«f^^i- , comme er
^ l'exemple du premier monde 5 oua*
prés une très longue rébellion , corn-
X chrcn. me fût celle du Roy Manafle , ^ d(
34.11- la perfide Jézabel^ ou dans les der-
nier s momens de la vie, comme ii
^ s cf
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145 G 34
SUR ArocAL. lir. verf lo. loî
'eft vû encore en la converfion d'une ^ff'
nfinire de ces heureux Criminels.
Wais je vous vois, Chers Frères,
jans l'impatience d'aprendre quelle
^ft cetce Porte à laquelle Jéllis fe tient*
te me tiens à la porte^ die- il : Et à quel--
e Porte? me direz-vous. Etoir-ce
i la Porte d'un Domitian » alors féant
urleThrone desCélars? Ouyils'y
;enoit mais en qualité déjuge, puis
ue ce monftre le perfécutoit en fa
ualité de Sauveur , jufques à repan^
re le fang d'un Flavius & d'une Do-
itille, fes proches parens, poura-
oir ouvert la porte à ce divin Jefus.
itoit-ce à la Porte des Cours des
^alais? 11 s'y efl aulli prèfenté de-
uis ce tems-là , & fou vent avec fruit,
ez les tems d'un Lucius Roy des
irites , d'un Prince des Arabes du
ms d'Origéne , d'une Mammée-
nere de l'Empereur Alexandre Se-
ére, d'une Hélène & du Grand Con-
îlantin fon Fils; Et fi nous en vou-
ons croire Eufebel'Hiftorien, ccai-
1 5 me
lOi Jésus à nos Portf^>,
rtifjftp. nie ont fait les lii^-iouiv
Lth. >i. fias , les Chrylbrtomes , »^c
^ii/li autres, il s'y leroic prefeiitc J.
c.xin. tems a un Philippe, qui auroit eti
Empereur Chrétien, & même d w
Roy d'EdelTe , qui auroit adrelle Tir
Lettre à ce divin Rédempteur .01
verfant encore avec diicipK
la terre : Mais auf' faut avou*
qu'il s eft: preienté à ces Portes
plus fouvent avec rcSut , malcrait!
des Huiffiers, raiiie des Courufafli.
bafoué des Mignons . tnôquc à
Herodes , & periecui^ par- de. 1
grippas & des Nerons. Etoit-ceà^
Porte des Riches & des Favoris <^
fiécle? Nous pouvons dire qu'ils'
. eft tenu, &: s'y tient tous les jour
au moins en la perfonne des Pauvre!
M,ifrh. desOrfelins, ^esLazares, c^^.^
Vviii s- le traictement que ceux Touflreî,
il le fouftrefemblahlemei)4: Etoit-
à la Porte de tous les Hommes gei
ralement , & de tous les Pécheur
Et d'où vient donc qu'il a laifle ui
iiv
4S
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<;uR ArocAL. ni. verf io. loj
nlUHLe de Peuples cheminer en leurs Acî.yny,
)oyes , fans la prédication de fa Pa-
Sole, fans vocation , fans grâce, fans
îromelfes , ayans vécu fans la con-
loiiÏÏince de Chrifl: , fans l'efperance ^p^^fn*
les biens promis , & fans Dieu en ce
nonde? Etoit ce peut-eftreà la Por-
e des Sages , des éclairez , Se des
)rudens ? C'eftjuftement là qu'ils efl
e moins tenu, fçachant qua cette
brte de gensfa/>jr(?/^feroit/^^//>, fes ^-^^^-^^
nyftéres ridicules , fa fimplicité fa-
le , & fon humilité odieufe, aufîi bien
jue fes maximes ^ Je te rens grâces ,
> Pere , de ce que tu as caché ces chofes
nix fages (ff aux entenJus : Et nous
^^oyons qu'il a paffé la porte des Py-
:hagores & des Socrates , des Pla-
:ons Si des Ariftoces , des Cicerons
k des Senéques , & des plus habiles
î^hilofophes , quoy que quelques au-
Leurs de l'Antiquité , & quelques
^crivains Modernes , ayant fupofé
contraire , & leur ayent attribué
one çonnoiflc^nce falutaire. Etoit-ce
1 6 donc
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145 G 34
Jésus à nos Portas,
donc a la Porte des juftes & des v..
boiinaires , en vertu de quelques mé
rites, ou difpofitioiis, ou congruï
tez antécédentes? Hé, j^yo"^ prie
quelle difpofition y eut-il à le rece
voir, lors qu'il vint frapper à la por
te d'un Manaiïe l'outrageant , J'm
David loubliant', d'une Madcleiiiw
proftituant , d'un Prodigue fe pec
dant p.ir fes débauches, d'un Mac
thieu faifant le métier de Publicain
d'un Brigand expiant les brigandas;e
Hxr une croix , de pluficurs Juiî
ccuciùans cruellement , ou d'un Sau
le blafphemant , ^ le pertecutant
Mais il ne faut pour tout éclaircilTe
nmn que l'exemple qui felitennô
tre Texte ^ 11 fe tient à la Porte parti
culierement auffi de cette EgUfe d
laodicèe , a qui s'adreffe fon Epître
Et que penfez vous que fût cette E
glife dans ce tems-là ? Elle étoit , fe
Wla defcription quien.eft faite , tou
'ompuc, &déchuiQdefafoy6
deioa zele, remplie deprefomptu
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145 G 34
SUR Apocal. III. verf. lo.
101
'ux & d'hypocrites, fiere en faprofi.
mérité , orgueilleule en fes richefles ,
icdc en fa dévotion, charnelle en fes
ifîedtions, & vaine dans fes folles inia-
jinations. Cependant c'cft à elle que
/adrefle cet avertiffement , & cette:
/oix de Jefus Chdft, Je m& tiens à la:
wrte , ou bien , à ta porte.
Ne croyez pas que ce fût à la Por-
e de fes ï emples 6c de fes Oratoires,
welle-cy n'a été que trop fouvent ou-
. erte , tandis qu'on a vû & qu'on voit
encore la porte d'attention fermée à
:« bénin Seigneur. Et ces Portes ne
ont prefquc plus les portes de Bethel,
le la Maifon de Dieu, mais des por-
:es de Bethaven , de Maifons de vani-
:é. Ce n'efl: plus , Portes élevez vos Un pfxxir.
'eaux , (£f le Roy Je Gloire entrera, mais ^*
:*eft , Portes baiflez vos linteaux , car
ia Gloire du Monde veut entrer au
lieu Saint. Jefus encore ne fc tenoit.
>as à la Porte des maifons & des bâ-
timens qui logeoyent les membres de
^ette même Eglife. Peu de niaifons,
I 7 QAt
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zo6
28. I 7
Te SUS à NOS Portes ,
ont eu ce glorieiiK avantage de rece-
voir vifiblemcnt le Rédempteur di
MoikIc. Celle d'Abraham l'eût au-
tre-fois, ^ depuis celle des Matthieux.
des Pierres, desZachées, des Mat-
thes <^ des Maries. Et dez là ils pû-
rent bien dire, 0 que cette mai/on efl
vénérable , de vray cejl icy la porte des
lhc.xix. deux! Véritablement le falut y efi entré.
^' Ce n*a été encore que dan> la naif-
fance des ombres des figures , qu'il
EKùâ. sert tenu ^^^jcairement à des Porter
^3. matérielle:^, quiétoieiit teintes d'un
fang myftcrieiix Et il nous luffit qu'il
je tient en quelque tafTon à celles
de nos mailbns & de nos cabinets :
comme Garde & comme Sentinelle,
quand ce font àtsmaifons de paix y ^
des cabinets de prières; ou logent des
z^fxix. vrais fils d* Abraham oxxï^frng deje-
9, ' fus eft appliqué , & où les deuxpote-
aux de Tame & du corps font purifiez
£xod. p3j< l^hyffgpe de la grâce; où l'on voit
"* liéaux feneflres 8< ^yen}dts le cordon
Jof H. ^yjyfti^ue de Rah^b, Tenfeigne de fa
- foy
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145 G 34
SUR Apocal. III. vQrC zo. 207
ce de la charicé ; .^c où la figna- .^/'w.
:mt de Vl-Sprlt y qui ell yiarqiie"^^''^'
ks fervitciirs de nôtre Dieu , le voit eni-
,)reiiîte///r les Fronts, tnlin ce n'cft pas
lion plus à la Porte des oreilles que fe
tient icy le Témoin fidèle. Celle-cy
>'ouvre fans peine , & peu refufent au
moins loreilleà JefusChrift. C tftla
première porte que luy ouvrent mê-
me des Scribes ^ des Phariziens, des m.
Herodes & des Pilâtes, des Agrip- '^^^\^\
pas & des Felipe. Et c'eft bien à la vé-
rité la première qui luy doit eftre ou-
verte, puis que lafoy efl par L'oiiir corn- ».
me le pec . dont lafoy eft l'antido-
te, ell entré par l'ouïr. Mais ce n'eft i.'t.
là qu'une Porte de devant , la Porte
du Parvis de dehors , la Porte large y ou- Mat. vu
verte aufîî bien au Diable , au Monde, ^3-
ôc aux Sedudeurs 5 qu'à Jefus Chrift.
Kt ce n efl: pas de celle-là qu'entend
arler le Seigneur, quand il dit un
ptuaprez en cette même Epître, Qiii^poc.
a des oreilles , qutloye: Car là il parle
des oreilles du Cœur, s'il eft yray
que
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145 G 34
2o8 Jésus à nos Portes,
que même ce Vilcére matériel a corn
me deux oreilles y qui luy font jointe
aux deux cotez, félon que le remar
quent les Anatomiftes. Autremen
i^icxv 6 & l^s lourds , les morts , & les Ido
les, ont aufli des oreilles, & quant;
cet extérieur vous ne fçauriez difcer
ner entre un fourd , 6c entre un hom
me qui entend.
11 eft donc très aHeuré, Fidèles, qu<
Jefus parle de la Porte du Cœur , qui el
comme la Porte fecrette , la Porte di
cabinet, la Porte de la chambre d
€4»t,i.i l'Epoufe oà heurte le bien-aimé.Et com
ment fe contenteroit le Seigneu
qu'on luy ouvrit toutes ces autre
Portes , Ibit des Temples , foit de
Oreilles , foit des Bouches , foit de
Yeux, puis que même le Tentateu
ne fe contente pas de cette ouverture
Car celuy-cy cherche particulie
rement l'entrée du Cœur. 11 s';
fourre tantôt par une paflion , o
tentation , & tantôt par une autre
Lespaffions deJ'hommefont fesFouj:
lier
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145 G 34
SUR ApocAl. m. verf 20 lOf
:ers qui luy préparent un logement,
s yeux & les oreilles font les ouver-
jres par où il entre, & pour muni!
e foit ce cœur, il trouve toujours
uelque fente pour s'y glidèr. S'il ne
eut entrer dans le cœur d'un David
endaat l'advcrfité , il s'y fourre pen-
mt la profpérité^ S'il n'entre dans
duy d'un Moyfe par ridolatrie, il y
atre par la défiance 5 S'il ne peut ga-
ler un Lot pardes Sodomites, il le
ne par fes propres filles : Et ainfi
ne-t'il un Heli par l'indulgence en^
?rs fes enfans , un Ezechias par Tor-
jeil , un Pierre par la crainte , cha»
par fon propre foible, qu'il épie
j'il découvre avec plusd'adrcfîe
je Dalila ne fît le foible de Samfon;
t de là vient que tantôt une Lé([ion de ^-^
émons , tantôt une troupe de Phi- Jf^g ^^^i,
'ins fe faififlent de cette Porte ; je
1 wUx dire un grand nombre de paf-
ons violentes , de convoitifes im-
f ures, de défirs charnels , &depen-.
f îes criminelles , fufijons - nous des
Sani.^
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Tf.hxvi
2I1V. 1.
pfxxvtiï
ip. 10.
t,
Cant. I.
M-
Neh. III.
xlvi I.
I. X.
I. Cor.
XII. I(?.
aïo Jésus à nos Portes,
vSamfons en la grâce , & àes rahuftes d
eœur! Ne vous étonnez donc pasl
le Fils de Dieu prétend fur tout l'en
trée de ce mefmeCœur, &s'ilveu
que cette Porte luy foit préférable
ment ouverte. Cette Porte-cy fera fer-
mée, difoit myftiquement leProféte
(è* ne fera point ouverte, & Perfomw n'en
trera par eîle, fi ce n'eft l Eternel l
Dieu J'Ifraél. C'efl: là par naaniére d(
dire, cette Porte Je l'Eternel, quidoi
être une Porte de Jufiice : C'eft vraye
ment la Porte nomr^ée la Belle , entan
que Jéfus la trouve telle , Te voilà hell
ma grand'- Amie , te voila belle: C'eflL
véritable Porte des eaux, dont parh
Néhémie, par où entrent les eaux fail*
lantes à l'Eternité, ces eaux qui dé-
coulent de la maifon de Dieu , 8z dk
San^uaire des Cieux: C'eft la Porte
du VY^y Parvis de dedans , de fonvray
Temple, 8c de fon San^ualre , du lieu
qu'il s'eft véritablement choifi pout
y efl-TC adoré, pour y déployer fa
préfence gracieufe : C'eft la Porte
d(
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fivK Apocal. m. N'erf. lo. m
de ÏHéJen de Dieu , du jardin de plai-
fance de ce doux Jéfus , qui devroit
être concinuellemçnc gardée comme
par des Chénihins : C'efl: la Porte de la
Chambre nuptiale qui ne doit s'ou-
vrir qu'à la venue de ce célefte Epoux,
& qui doit fe' fer mer dez qu'il efl. en-
tré : C'efl: la Porte de la Chambre du
trélor , dont l'accès ne doit être
permis qu'au Maître , & qu'à celuy
qui efl: luy mefme notre Tréfor-. C'efl:
la Porte d'un cœur qu'il à logé com-
me dans le centre de l'homme, &oCi
fe concentrent fes aft'eâ:ions & fes
défirs , dont aufll luy feul veut être
le centre : Et comme vous voyez
qu'il a environné ce noble Vifcére
d'iîaux, d'un péricarde ou d'une en-
veloppe , d'un diaphragme ou d'une
hay e, & de diverfes côtes, ainfi qu'une
Citadelle l'eft de folTèz , de bafl:ions ,
& de palilTades, aufli confidére-t'il
le vray cœur de l'homme comme fa
Citadelle & Ton Palais, dont l'accès
doit eflre défendu , & la porte fermée
à touc
Cen.
III. 11.
Matt.
XXV. 4!
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III. 8,
Jisus à NOS Portes,
à tout autre qu'à celuy qu'il fout aime i
Je tout nôtre cœur , ^ Je toute nôtre amé
Cependant voicy que le Fils d<
Dieu frappe à laPorteduCœiir , cef
icy fa troificme démarche , & entani
qu'il y frappe , il n'eft pas dedans maii
dehors , & il trouve la Porte non pa<
ouvertemais fermée. De fait cettePor
te n'eft pas la Porte ouverte dont il par-
ioit un peu auparavant à TAnge de
Philadelphie. Car là il repréfentoit à
cet Evefque k belle occafion qu'il luy
donnoit defortir de fon détroit , d'é-
pandre la doârine de l'Evangile, de
fonder ailleurs des Eglifes , de con-
vertir des pécheurs , & d'ouvrir à plu-
fieurs la porte de la grâce , par l'effi-
cace de fon Miniftere. Mais icy il par-
le à l'Ange de Laodicée, d'une Por-
te qu'il dèfire qu'on luy ouvre, $C
par conféquent qui étoit alors fer-'
mce. Chers Frères , Dieu s'étoit ou-
vert cette Porte dans le Paradis ter-,
reftre, par la grâce donnée au pre-'
mier Homme. Mais déz queleDia-i
ble
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SUR AîocAL. III. verf 20.
bit sert fourré dans cduyAk par la
même porte, Dieu s'en eft retiré. 11
n'a pu fouffi-ir ce compagnon , & déz
lors il s eft féparé de l'homme crimi,
nel. Pendant quoy cet ennemy s'eft
retranché , & «eft fortifié au dedans
de 1 homme 5 il a obfcurci l'entende-
ment de ténèbres, il a rempli la vo-
k>nte d 'averfion pour Dieu & pour le
tiei, il a tourné toutes fesaffèdtions
vers la Créature & vers la Terre, Se
1 s eft rendu le maître de fesmouve-
mens de fes paftions rebelles. Ain,
ne trouvez pas étrange fi Dieure-
i^enant à l'homme, & y revenant en
;race, avec l'offre de fon alliance &
fa paix , il trouve laf ' orte à la ve-
nte ouverte au Diable , au Monde
^ auK convoitifesdelaChairquiont
>entot audience , mais fermée à fa
'^^ok, afo;, Efpnt, &auxfolici-
ations de ù Grâce. Il s'y préfente
^ fouverain Seigneur, mais il trou-
•^rncœurdei^ierre, des oreilles four-
des yeux aveuglez, & un juge-
ment
r
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145 G 34
XV
^û.Il I.
Il
^I4 Jésus à NOS Portes,
ment perverti : 11 trouve des nuio
£«. ikns comparaifon plus fefantei qu
celles de Moyfe lors qu'il prioit, ^
des pieds autti impotcns que ceux d
ce hoiteiis am^ioïiK\dezleventred
fa mére , ce qui eft la caufe que 1 hom
me ne peut ouvrir à Dieu. Et de 1
forte un Pharao s'oppofe à les ordoc
nances . une Sodome rejette les a
vertiflemens , des Juifs refiftent
l'ElpritdefaGrace, des conviez
lémient tantôt un obftacle , & tante
un autre: Et comme le bon Picrr
Wclxu. palîa par plufieurs portes avant qu
• - de forcir des prifons d'Herode , au!
faut-il que Jefus , devant que d et
trer dans le cœur de l'homme , pall
en quelque faffon par plufieurs poi
tes, au il frappe à la première, pu
à la féconde , & non pas une toi
mais par des coups réi térés ; parc
qu'il ne veut ny violenter ce cœur
n'y y entrer par force , ny le prer
dre par furprife, & lans fe fervird
moyens coflveuables. . . ;
10.
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145 G 34
SUR Apocal. III. verf 20. xij
Aujourd'huy dans une fuperftici-
We Rome , en l'année du Jubilé , à
la veille de Noël, le Pape fe fait por-
ter Pontificalemenc à une des Portes
de St. Pierre, qui ne s ouvre qu'en
cette pompeufe cérémonie , il y frap-
pe légèrement avec un marteau d'ar-
gent, &auflî-tofl: cette Porte murée
en apparence , mais difpofée de la
forte qu'elle ne tient à rien , s'ou-
vre au troifiérae coup , tombe , & efi:
life en pièces que le Peuple recueil-,
î avec beaucoup de foin. Par cette
lùion ce prétendu Vicaire de Jéfus
Chrifl; veut donner à connoître , qu'il
3uvre & ferme la Porte de la grâce,
comme bon luy Ibmhic. O qu'il fe-
^roir hicn plus aifc .1 .v. grand & à
. ..j Pontife de l'Eglife nouvelle ,
l'ouvrir & de renverfer la Porte de,
los cœurs ! S'il s'efl: ouvert des Por-
tes matérielles quoy que barrées , s'il
a ouvert autre-fois les portes du né-
ant , les cataradles des Cieux , les en-
tailles de la Terr^ , les oreilles des
Sourds»
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145 G 34
m. 7
ii6 jFSiis'à NOS Portes,
Sourds, les yeux des Aveugles,
les fépulchres des Morts ^ Siiuyfei
a la clef Je David qui ouvre md à
ferme , qui ferme ^^"^ n ouvre 5 S?
Maifh V^^^ ^^^^ ^^^^^^ ^ ^^^^^^
yiii. 8. faite, comme le reconnoiiloit ce Cei
tenier^ S'il ouvrit en un moment U
yeux de deux difciples, & r entend,
XXII. ment de fes Apôtres , pour entei
dre les Saintes Ecritures 5 avoue
auffi qu'il peut ouvrir quand il lu
f)laifl: cette Porte myflique à laquel:
il frappe en cet endroit. Et je mefu
étonné quelque-fois que les Hébr
eux n'ayent conçu que ces quatt
clefs , qu'ils ont dit être en la mai
feule de Dieu , favoir la clef de iapli
ye, celle de la pâture, celle dnfpu
chre y & enfin celle de la matrice, 1
qu'ils ayent oublié la principale qi
eft la clé du Cœur. Et il ne fiiutqu
l'exemple d'un Pauh ou de quelque
uns d'entre les Difciples , pour taii
voir que ce divin Jéfus fçait frappi
& ouvrir en mefme tems. Cependaii
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145 G 34
SVK Apoc ni. 20. 117
lui plaît fclon làiage difpcnfation ,
de procéder par degrez en l'ouvrage
Je (a Grâce. 11 frappe en divers rems
Se en diverfes manières , félon la diver-
fitcdes fujers , faifanc diftinaion entre
:eux qui (ont marquez, de l'on feau , &
:eux qui ne le font nas , entre une E-
;yptc 6c uneGoll.. , entre un Efau & "
Jn Jacob 5 entre un Ifmaêl &un lûac,
:omme il dilHngue encre les brebis de^^'"-
.aban & celles d'ifraëi. Il frappe en-
•ore diverfemcnt ^èlon qu'il veut ou
:onvaincre,ou convertir les uns à la
remicre , les autres à la troifiéme , Sc M^nh,
autres feulement à la dernière heure
lu jour.
^ Après , il vous me demandez,
♦ideles , quels font ces coups dont il
?appe y je vous diray qu a mon avis ce
ont loy les principaux. Il frappe, ou
•len à Pexemple des Lacédémoniens
[ui crioy^nc dans les rues qu'on vînt
wrir, ilcriey & dune voix forte, en
emier lieu , par le fon retentifTant de
^oy : Lors qu il tonne & qu*il foxi^
K drovc
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145 G 34
7it Jfsvs a nos Portes.
droye fur un Sinaï, qu*il menace e
^malcdidion fur un Hebal , ôc qu'il ù
/entend» e aux hommes pécheurs la v
lonté fouvcraine, la lainteté de 1
Loix , la majcilé du Lcgiflateur , Tév
dencc de leurs crimes , le nombre c
leurs defebeiHances , lafévérité de.
juftice 5 rhorrcur de fa colcre , la -
gueur de fes jugemens ,& l'éterni:
-des fupplic^s . Coup , voix , fon effn
^w. at)le! au bruit duquel Adam fecacl
zo.i^- Caïn fuit , tout le Peuple étant au 1
fert tremble , & étant ,en Bokim pieu
«i.*4- comme Belfçatfar ^ fcs Gentils-hoi
^""^ ^' me$ en font tous encore éperdus , L
JD'»" niel en perd toute fa vigueur,
«° ^' Compagnons en font en une gran
9 frayeur, ôcSaul en tombe par terre d
pouvantcment. bautejje^ difoitjc
ne vous èpouvantera-felle pas , &^
frayeur ne tombera-f elle pas fur vot^
f;''^- Et quiconque , difoit le grand Auguf
* fur ce fujet , quiconque ne fe réveiUi
tJX cet effroiable tonnerre^ il ne dort /
nms ileji mort.
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145 G 34
TOR ApOCAL. III. 2C 219
En fécond lieu , Jefus frappe par les
troubles 6c par les remors qui s'élèvent
Bans les confcicnces criminelles. Coup
qui fe donne à la vérité fans bruit &
"ùnsvoix, cependant qui eft accompa-
Jnéd*un bruit fourd, 6c dune voix fe-
crette. L'Ecriture Sainte rappelle un
cry de frayeur^ uncry comme de celle
^^\eft entravail d'enfant , un cry porté %i
de la t erre ^ & du cœur, jufques aux ^- «•
Cieux, & jufques à Dieu. C'efl bien
plus que le fon bruiant d'une mer or a-
Xcufe , que le rugiflement d'un Lion é-
/eillc , que le chant réitéré d*un Coq
jui nous avertit, que le fifflement d'un
i[entqui<"^rW<f /^rû?«r ,que le retcntif- F""^'
ement de Talarme qui fait fuir lemé-
'hantj & que le bruit dcfeuiUes imeu 'es
fans une fombre & affreufe folitu-
le. Ce font les reproches fecrets d'un
^ccufateur ennemi, les interrogatoi-
►s d'un Juge tenant la confcience fur
i fcllette, les dépofitions d'un Té-
^om irréprochable & in féparable, &
a fcntcnce d'une Cour qui dccréte con-
K 2 trc
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145 G 34
Jésus a nos Portes.
f m
'S.h. xx^\c^zà\^\^x des amertumes-. Et c'
'5^^- là cette trille & cette fiinelle voix q
frappe fans celle non Içs oreilles rn*J
le cœur dïin impitoiable Caïn, d'u
infidèle SauUd'un perfide Achitophj,
d'un traître Judas , d'un profane Tib
re, d'un parricide Néron, d'un m-
'>rew>« chint Caracalla, d'un Ariftobule :
'''"•d^m Confiant fratricides , 6c de c
•Spiras portails la peine de leur apolt-
lie. Voix fameufes dans les hîtloirej
&qui auffi quelque-fois ont crié fal
tairement.
Difons en fuite, Fidèles , quejeb
irapp^ par le cry de fes chatimens
par les aproches de fes vangeantesc
defesiugemens: Et qui d'entre va
ne fait que Dieu humilia les frères -
Tofeph par l'emprifonnement & pan^
crainte , les Enfans d'IfraB , parla ft
yitude 8c par les châtimens, le K'
Manafle par les chaines & par Fange
fe, Ninive par les menaces qui fure
prononcées contre elle, Nebucadi
• zar par un abaiffement ôc une dilgn
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145 G 34
SUR ApOCAL. III. 20. ^-^r
ans exemple ? De même que l'Entant
)rodigue fut ramené à la connoiflàncc
le Iby-mémc par les foufirances 6c la
liretrc,&:queplufieurs dans l'Évangile
urcnt conduits àjelus Chrift par leurs
nfirmitez 6c leurs maladi'^ Mais auiîi
mifericordieux S^uvcuïj, a/>pe aflez
uvent par les exemples qu'il nous
oer dctemsen tems devant les yeux:
ù: ce font ou des exemples de vertu
urles imiter,ou de rccompenfe pour
al pircr , comme vous en avez en To-
illancc aveugle d*un Abraham , eu
patience d-un Job, en la chafletc
unjofcph, en ladébonnaiietc d*uii
-ioylë, au zèle d'un David, en la
•icté d'un Jolîas, ou en la conllance
rveilleulc detant de Djfciplesôcdc
iartyrs, enrichis de fes grâces 8c cou-
nnez de fa gloire: Ou bien ce font
s exemples de crimes 5 pour les fuir,,
de jugemens pour les prévenir 5Com-
il fc voit en Tabomination d'une
dome, en l'attentat d'un Coré, au
icniége d'un Achan, en Tavarice d'un
K 3 NabaL
g.
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145 G 34
212 Jésus a nos Pointes.
Nabal , en Vimpietc d'un Abfalom, c
la perfidie d'une Jézabel , au menfonf
d'un Ananias, & en une infinité ^
femblablcs criminels, dont la pun
tion a talonné le crime de bien prçi
&fouvent d'une façon furprenante l
miraculeufe, avec un rapport adm
rable &au délî6t, & au tems , & a
lieux, Ôcaux perfonnes, comme h
Hiftoires faintcs 6c profanes vous le r«
citent. Et fi vous voulez que j'abrégc
comme l'heure m'y oblige, fçack..
que ce charitable Sauveurj?'/^/»/^' eno
re par fcs bénédiftions & par fos gr
ces , par fà patience &c par fâ longue a
tente, p2iT ks témoignages de ùprov
^. dencc, parles tendreffcs de fes con
paflions , par les richefles de (à bon
1?% gnité , & par les preuves de fa clémei'
Jailli ce : Sçachez qu'il frappe fur- tout, lo
(luWJonne du cornet en S'ion^ qu'il fa
retentir la trompette de fon Evangik
la prédication de fa parole , la voix d
fes oracles, les avertiffemens de f<
ferviteurs, & les offres de fon allian(
& c
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145 G 34
SUR Apocal. m. 20. 22y
k de fi paix , Aujourd'huy fi vous oye^
^avotx n endiirdjfiez> point vos cœurs :
Et 5 ^ ore///e cju il écoute ce Gfiie PE-
frit dit aux Egltfes, Et c'eft ce dernier
ivanragcqLrïlacordeca cet endroit à
Deu ^'%///^j-dansl'Afie, qui étoit fi
^aftc d'ailleurs & fi floriffiintc ; comme
l*a refulc à une infinité de p iuvrcs
ortcls 5 à tant de Nations & de Feu-
es 5 & même aux Nations les plus
ueillcufes, 6c aux Peuples les plus
doutables 5 ou les mieux policez. Et
încoreaujourd^iuy ne le refufe-t*ilpas
r la plus grande partie de la terre habi-
' • à qui la voix de fa Parole ou
Va point du toutadreflee , ou nVft
s plus intelligible que le fut aux E-
ptiens le langage de Canaan , ou
:>ieneft dégujfée par des forgeurs ^e
nenfonge, par des faux ProFé tes > &
par des facrificateurs de Bahal, qui
' %nent Cbrifi avec Bélial^ la limie-
avec les ténèbres , & le fervice des L
/^Javecceluy dnDieu vivant ?
Mais après tout il faut avouer , Peu-
K 4 pie
W JÊÊÊ
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Ml./.
»3 4/.
6. 14.
■M
m
2 24 JllSVS A NO?J PORTF^
pie Fidèle , que tous ces coups le uor
nent en vain, &c que Jcllis frappe c
toutes ces façons inutilement , fan
queriiommeVentendc, bien loin d
luy ouvrir 5 ou même fcdifpoferà lu
ouvrir, fice mêmejeius ne frappe aué
fi intérieurement par le marteau d
fon Efprit , èc par la vertu de Ik Grs
ce 5 s'il ne touche luy même nos cœu^
ctnef. çQjy;^ nie il toucha la hanche de Jacob , l
le transforma en un Ifraeh s'il ne k
tire, oune.lcspoufle, ounelesamd
lit, ou ne les convertit à foy , comm
ca»M. en parlent les Saintes Ecritures , Ttri
j*r ry. nioy & je courray , Converti-moy &j
It 7. fer ay converti , Guéri-moy & je Jera
'C*'^' ^ueriy 'Ptirge'moy& je feray netj <
* ' Eternel tu m' as attrait & j'ay été al
tratt! Il a beau frapper , dis-jeencc
re une fois, fi luy-même w'^ww , s'i.
iph.u no déployé l'excellente grandeur de ^
puiffance envers ceux qm croyent,
thu z. s'il ne produit eneux avec efficace
vouloir & le parfaire félon fon bon-plf
fir. Et comme dans la première créa
tionj
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SUR ApOCAL. III. 20. 22 f
:ion il fbuiHa un e [prit de 'v te dans le
xemier homme 5 dont il fût fait une^^'^-^^-
ime vivante i Comme en la vivifica-^'
ion de ces morts en riiiftoire de PE-
^angile, la voix fût une voix operan-
e, uncryejfficace , un cordage puif-
-^nt, & un bras fort qui les tira de
urs couches ou dekurs tombeaux,
k pénétra jufquesdans ce vifcereo^i
le premier vivant j Difons qu'il
auticyàpeu prés une même operati-
>u , quand Dieu frappe chez nous en
à grâce. Jl faut qu'il verfeau dedans
l'homme pécheur une célefle iumic-
) qui failc connoitre qui ell: celuy
jui happe ' tuSeiirnenr? Etil;^'^>
épond , Je Jms jcfus / tes pe-
zont perfecute'. Il faut qu'en un
cems il y verfe l'huile de fa gra-
3 t^clt à direledéfir defapaix, les
iouceurs de fon amour, ôclaconfian-
:e en fa milericorde & enfes mérites ;
'^'igneur , me voila prêt , que veux-tu "^^'^^
^^j^faJJe? Etil faut enfin que tirant
c pccheur avec une force divine, &
K f ou-
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145 G 34
' it6 Jésus a nos Portes*.
vrant le cœur avec une douce violence
7<r.i©. ce
même pécheur s'écrie. Tu as et i
' ' plm fort que moy. & tu m as vaincu. E
alors vous voyez une Lydie recevoi
avec joycles Saints A poftres, des au
ditcurs de S.Pierre avoir eompon
aion de cœur , des Difciplesaveugle
le reconnoître ôc le défirer, unSat
changer fa haine en amour 6c fa fiert
en foûmiflion, un Matthieu quitte
aufli toft fa banque & fon péage pou
fuivre JefusChrift, & unZacheeb<
nir l'entrée de cet aimable Sauveur , (
reftituër avec plaifir fes exaftions & f<
ufures.
Ghp.r s Frbres, Ala miei
ne volonté que le Seigneur voulût ai
tourd'huy frapper de la même forte
la Porte de chacun de nous ! Helas
il n'a que trop frappé jufques-icy
nôtre voix & par nos prédications,
n'a que trop frappé aux Portes de o
Etat par une profpérité de prés a
fiécle , & fi grande qu'elle a été con
me un figne ôc un miracle aux Peupl*
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SUR ApocAL. III. 2
227
[le la terre. Il iVa que trop frappé par
es adorables elFecs de fa longue atteli-
ez vous ayant épargné comine des
^ots^ & comme des bien-aimez, au
Dur de ià colère & de fà vifitation. A u-
ant de grâces qu'il a répandues fur vos
Ailles &c fur vos Provinces 3 fur vos
^erfbnnes Se fur vos Familles , fur vos
harges & fur vos travaux , fu r vos en-
reprifcs &c fur vos négoces ; autant de
m qu'il a préfèrvé vos flottes, béni
os armées , agrandi vos Villes > en-
chi vos habitans, 6c qu*il a fait en-
^er en vos Ports tout ce que laTerre &:
'S Mcrsjtout ce que les Indes & l'Ara-
ki tout ce que l'Orient &: fOccidcnr,
:>ut ce que le Midy 6c le Septentrion y
>ut ce que TArt enfin 6c la Nature
roduifcnt de plus beau , de plus ri-
' Cj 8c de plus merveilleux -, n'a-cc
as été autant de coups favorables qu'-
a donné à vos Portes, à la vue de
XI te l'Europe ? Je diray bien davan-
igc, Peuple Chrétien: N'a-t'il pas
pé & refrappé à diverfes fois par
K 6 des
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145 G 34
2 28 Jf.SUS a nos PdRl
des pcftes qiu oncfoit de terribles r:
vaches , par des langueurs inouïes , •
pa? des maladies inconnuès » conw
mr un feu immédiatement dcfcenc
desCieux? N'a-t'il pas frappe afl<
forcpardes Alliances rompues,pard
Guerres fanglantes, &par des cou
qui ont ébranlé vos colmnesôc vos,/»
fH/s ? N'a-t'il pas frappé , peu cl
vant ces derniers coups de fajureu
par des bruits ménaçans , par des pi
paratifs formidables , par des divifu)
comme autant de dangcreules br
ches, par des jaloufies prêtes a dec
rer un jeune 8c un important Jolepi
par toutes les apparences de ce qi
nous voions maintenant , & par a
manaucmens trop èvidens ou dans l
confcils, ou bien dans les exécution
oudanslaPoUcc, ou dans laDi cip
ne Militaire.? Et quant a un chaci
dé nous en particulier, combien^
fois a-fil frappé à nos Portes , par d
avertiflcmens falutaires , par des cb
timens paternels, par des eprcuv
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145 G 34
S\ \ L. 111. 20. 219
loulcureuib.s , & paf des perrc<î nn de
hué, ou de biens , ou d'enfaiu^ , uu Je
iiaris, ou de femmes^ ces chères 6c fi-
ic! omy "S de. notre vie ^ de
los delHnccs ?
() prodige! 6 aveuglement / Faut-
l qu'iij\ ambitieux ouvre prompte-»
aent la Porte aux Grands & î^ux Fn-
fpns, un Marchand à ceux qui vic-
ient luy procurer quelque gain , un
uxurieux aux mellàgcrs de la paillar-
icy un curieux à ceux qui apportent
:holl\s nouvelles? Et faut-il que des
nifcrablcs pécheurs,^ lors quejérus fe
A,icnte.avec toutes K '^n fTr*^ de
n amov' 5c tout( là
grâce, qu'il deniaïK. ^sluuu-
ncls leur rcpcn tance &c leurs larmes,
leurs prières ôcleurs aumônes , leurs
afl'cdions &: leurs défirs , bien loin de
iuv oTivrir, le renvoyent ignominieu- /^,;
fti.v.iit, comme fit Hérode, luy fer- *5
xncnt toutes les avenues comme nrcnt 37.
ces-Gadarénicns » roidiflent leur cœur 37.40.
avec ce peuple Juif, ne veulent point
K 7 de
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145 G 34
H- 37
'230 Jésus a nos Portes.
de là grâce avec une ingrate Jcrufa
lem, 6c luy bouchent leurs oreille
quafi comme le ferpent bouche les fi
ennes contre la voix de l'Enchanteur
Si Ton ouvre à ce divin Jéfus , avoue:
que ce n'eft le plus fouvent que la por
te des oreilles , ou que celles des Tem
pies , 8c que ce n'eft encore que pou
peu de moraens , pour une heure d'au
diance, & pour le congédier en fuiti
jufques à une autrefois-, à Texempl»
de ce Gouverneur Romain O qu<
peu luy ouvrent la vraye porte d'un<
fainte contrition , d'une foy non fein
te 5 d'une obeïflance filiale , difans a
tuc.i. vec Jairus, Seigneurvien , entre en m:
Vs4m. mailbn i ou avec Samuel , Seigneu
^' far le car ton ferviteur écoute ^ ou ave
tud. CCS deux Dilciplcs , detneure avec notis
car le foir commence à venir !
Pauvres mortels / ô gens dépour
vêus de fens & tardifs de cœur à coiifi
dérer , qui eft celuy qui fe tient à I:
Porte , &: qui s'y tient depuis un 1
long tems î Quelles fontles-richcfifc
de 1;
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145 G 34
SUR ApoCAL. Iir. 20.
(à bénignité & de fa patience
nfin il fc rebute & change la patience
n fureur , & frappe non plus en Amy
nais en Juge :r non plus avec des ver-
;es , mais avec des barres 6c des maf-
ués: Qu'il eft un tems auquel il ne
rappe plus,niais fc retire pour jamais ,
k retire fon Efprit , fon Arche , fon
Fabcrnaele 5 fes Prophètes : Voicy di-
Toit ce mêmejéfus ; Forfs ne me verrez, 1^3^
& votre mai fon s'en va être laif-
^ee déferte : Qu,' à ion tour il permet
jue nous frappions en vain à la porte
de fa Grâce , comme fait un Saùl lors
que Dieu ne luy repond plus > comme
nt ces Vierges lors qu'elles crient en
vain , Seigiieur , Seigneur ouvre nous ;
8c comme TE poufc même s*en plaint.
Je le cherchay-i mais je ne le îrouvay^C^'^
point } jeïapellay mais il ne me répon--
dit point : Et qu'après avoir envoyé
lans aucun fruit quelques Serviteurs
Tun après Tautre , ôc en fuite le Fils 6c
l'Héritier , finalement il vient Luy
mcmc , il enfonce nos portes j il rompt
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145 G 34
^2^2 Jésus a nos Portes.
nos barrières, il ruine nos rctranchi
mens, il renvcrfe nos murailles,
franchit nos rivières, & entre av(
main forte dans nos Provinces , dai
nosForterelfes, dans nos Villes, <
dans nos Maifons.
Avouez > Pécheurs , que peu ;
figurent comme ils le devroient que (
divin Jéfu5 foità tïosTortesy & qu'
foit fi proche d'un chacun de nous. L*;
proche de quelque Grand retient l<
hommes dans la bienféance , celle d*u
I uge retient dans la crainte , celle d*u
Pére retient dans le refpect, & cel
d'un Maitre retient fon tërviteur dar
le devoir. Les Paycns mêmes refpt
ftoient les Statues des Ccfars 5 & U
Images de leursPrinceSjdevant lefque
les toutes paroles & toutes a£tior
deshonnêtes êtoyent févérement in
terdites. Combien douce, encore i
raviffante eft à un malade Paproche d
fon Médecin , à un criminelpaprochi
d'un meffager de Grâce , à une Epou
fe celle de Ibn cher Epoux , à un pau
SUR Apocal. m. 20,
l celle de fon charitable bienfaiteur ,
( avec quels agréables mouvcmcns
• fc figurent-ils pointque ces perfon-
font à leurs Portes ! O Sauveur a-
orablc : cette nouvelle que tu es ànos
ortcs , foit à la porte des retraittes^
s plus cachées, & des cabinets lés-
ons fecrets, foit à la porte des mai->y.^;.
>ns les plus affligées , des cœurs les h
ius de foie z 5 combien ne devroit-eîle-
oint caufer de crainte &: de retenue^
un côté, au fou venir de ta Sainteté*
de ta Grandeur-, & de Pautre côté'
>mbien de confolation ^ d'aflurancc
dc\'roit-cllc point nous donner^au-
uvenir de ta Mifcricorde &: de ta
• race ! Et quoy qu'il y ait des hom-
es aflcz malheureux pour te croire
éloigné, comme faifoit Juda au
:mps d'Ezéchiel, ou étant par pays^t^tcbi
me Baal, ou dormant encore com-
autrefois dans la nalîelle,ou immo- iJ^^^j^,;
fe corne le font ces faullês Divinitez ,
attaché aux cieux comme leDieu de 7.*
îs profanes > fi ne laiflTes- tu pas d'étro \i
lUl
2ji^ Jésus a nos Portes.
un Dieu de prés , au (îî bien qu'un 2)/V
^^^7'de loin-, 6c d'être Ci proche de noi
aj.^'' tous,qu*on te peut toucher à la main^ C
te trou ver comme à tâtons.
Hélas î mes tres-chers Frères 5 il
a trois ans qu*une Ville voifinc fongc
oit peu que ce juge irrité fût àfes l^oi
tesj & qu'elle ailoit voir fes eaux tou
tesinfeftées, fon air tout corrompu
fes habitans tout languiflTans , & tou
tes fes maifons défolces, ôc prefqu
tous iQsdéJlrables retranchez. Il y a pe
de mois que ce puiflant Etat fongeoi'
peu que fon déclin , ou fa ruine fî
kùiTortei & qu'il étoitàla veille d
voir fa parure jcttcQ en bas , {kcouro?
ne rcn verfée , fes forterelTes prifes Tt
ne après l'autre , fes Provinces afferv
€s, fes fept flèches déhces , fes trefoi
épuifez, fa liberté chancelante, ]
puilTance confondue, fa reputatio
flétrie, & l'Arche de Dieu captive
les Eglifes diflîpées , les Tempk
profanez , & changez en des Maifof.
deDagouy ou bien en dc^ Prifons l
e
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145 G 34
SUR. ApOCAL. IîI. 20. TJf
kn des Nï;igafins. Combieny a-t'il eu
derniépancnt de nos Villes &c de nos
Bour/ades , qui ne fongeoyent guère
'que / Ange delltrufteur fût à leurs ffor-
tes/ & qu'il s'y tenoir déjà avec
inftrumens de diJSipation , lors que tout 9?' '
d*un coup' elles ont été expofécs à la
riolcnce des flammes , aux ravages des
armées , à Pinfolence des pillards , à
la cruauté des barbares, &:àlamercy
d'un foldat impitoyable. Mais ce lieu
même auquel je me trouve prefente-
mcnt , n'a-t^il pas été depuis peu un
ïthéatre fanglant , où on a vû de ces
Tamans , ou plutôt de ces Infortuner,
qui fe croyoyent dans le crédit & dans
rautoritc , &: (\\\\ difoyent en leur cœur ^ ^^^^
je fuis en un lieu leur , qui eft-ce qui me 3*
jettera bas ? & il efl: arrivé que la mort,
une cruelle mort étoità leur/^^r^^, &:
qu'eux fans l'avoir prévû étoyent à la
/^^^rr^pdufèpulchrc, deftinez à la der-
nière & à la plus effroyable de toutes
les ignominies. Otriftes exemples, e-
Xcmples funeftes / mais qui nous fe*
ront
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145 G 34
2^6 Jésus a nos Portes.
ront falutaircs 5 s'ils portent nos e
prits à des réflexions làintes 5 à fe r
prélcnter contniuellcment que lesji-
gemciis de Dieu font à la porte,- qi
le mauvais jour eft àla porte , favoir :
tenis de dilètte , d'angôilFe, Se de défi-
lation-, que la peine du péché eft ci-
core à /a portai pour éloignée qu'elt
paroiflc, comme Dieu en avertit ai
trefois Caïn ^ de mcme que la haine G
péché eft à la porte , c'eftà dire un tr
fte &un Inmentablelbnvenir, Hà^>
péché! f a) .hi le Jang innocent l I
qu'il en prend de nos iniquitez comn:
de ce livret my ftérieux , qui étoit dou
en la bouche comme miel-, mais qui cai
jip,c. fa en Inite dans le ventre &c dans ]
cœur des amertumes.
Fidèles 5 ce doux «îk ce patient Jéft
qui avertit autrefois une fameufe Egl
le 5 lors qu elle étoit fur le bord d
précipice, eft le même qui vous cri
encore aujourd'huy, dans le dange
extrême auquel il vous voit ; Tetipi
Uollandois l voicy^ je me tiens à vo
poi
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145 G 34
sur Apocal. III. 20. 237
.wrtes > &jefi-appe. Ouy, il fc tient
|rncore à vos Portes., quoy qu'avec un
nfagc irrité 5 pour tant de coups frap-
3CZ en vain : 11 y frappe encore , quoy
jue dans les mouvemens de fa colère ^
Hly crie quoy qu'avec une voix éton-
lantej &c*efl: làcefemble le demies
le fes avert iffemens , &: coni me le foii
de la jîx 'ûme trompette. Mais après
:out il déployé encor-e la baniére blan- ^'
:he5 il fait encore une offre de Ta gra-
:e, il e(t encore tems de luy ouvrir j
mcore y a-t'il lieu de repentance , & ce
l'eft pas encore icyla dernière f?hiolè
iefoujre , ni cette grande voix qui vi- ;^^'/v
^nt comme de fon Trône 5 dilànt, '
^'en efl fait. Vous avez commencé
ieureufement d*ouvrïr à ce Seigneur
irrité, par vos prières , par vos dévo-
rions, &c par vos aumônes j aufli a-t'il
Commencé de fon côté Centrer vers
vom^ par des effets vifibîes & mi-
raculeux & tout recens de fa Pro-
vidence. En effet elle vient de pa-
roitre glorieufement en la condui-
te
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145 G 34
238 Jésus a vos Portes.
te de vos Navires , en la confcrv;.
tion de vos Flottes , en la favev
extraordinaire des Vents , en la r<
traite llibite de vos Ennemis , c
leur clûignement de vos Côtes , c
Tarmement d'une puiflante Ligue, ç.
la levée d'un Siège formidable ,Xi
Texaltation d'un jeune David , ou d't
jeune Maccabée,& en des changemei.
furprenans , qui ont mis la terrer
dans les Ennemis , & ont remis le cov
rage dans les Peuples, le calme da^î
les Efprits , rcfpérance dans ces P^
vinces, l'union dans les Confeils»
difcipline dans la Milice , Ôclajufti:
<lans les Cours & dans les Tribunau.
On a vu de ces éfrayez dans le cœr
de cet Etat, qui ont cherché leur feui-
té , leur falut, & leur délivrance, en o
vrant lâchement les "Portes à un t<'
rible Conquérant, ôcàun fuperbcD-
minateur : Mais , chers Frères , à q
ouvrir nos Portes, & à qui nous re
dre avec plus de feureté , avec pl
de confolation , & avec plus '
gloir
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145 G 34
SUR. Apocal. III. 20. 239
;loire , qu*à ce charitable Sauveur ,
lu'à ce Témoin Fidèle , &: qu'à ce
)uiflànt Libérateur, en luy ouvrant
par nos foupirs , pas nos larmes,
k: par nos regrets? Ouy / Seigneur,
u es encore prêt d'entrer en nos
Provinces, en nos Villes, & en nos
Vlailbns , comme leur ancien Protc-
ieur, comme un Meflager de paix,
^ comme un Héraut de grâce, avec
es Anges de ta puiflince, avec les
:onlolations de ton E fp rit ,& avec les
Ipges de ton Alliance : Et non feule-
nent tu es prêt d'entrer vers nous y
nais aurti dcfouperavec nous y comme
u y convies cette Affemblée pour Du
nanche prochain , & comme tu le
)romis autre-fois à une Eglife repen-
antc, ce qui eft làns doute la mar-
jue la plus éclatante de ton amitié,
le ta familiarité , & de ta communion:
'atlaoùtudifparûs anciennement aux
reux de tes Difciples , après que tu
^11 r eus rompît le pain , voicy que ru es
Ulpole , fclon tes inviolables promef-
les
ï
1
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145 G 34
'240 ]esvs a nos Porti-v
fes, à demeurer avec nous 5 &àyd-
meurer conftamment , pendant toutJ
foirxlçsaffliaions, pendant nos coî
tats , pendant nos dangers, &.pend..
nos calamitez les plus grandes.
Seigneur , difoit le bon Pierre, da^.
la connoiflancc de là foiblefle , retif^
toydemoy^ car je fuis un homme p
cheur / Et le Centenier convaincu ai^
fi fortement de fon indignité, S(
M4M;;.gneur, dit-il, ]e ne fats pas digne q
tu entres dayis ma mai fon l Ador^^t.
Sauveur / nous n'aurions pas moii
de fujct que ces pecheurs-là , de pri.
que tu n'entres point chez des pauvr;
criminels , qui n'ont pour te recev(.
qu'une Etable puante , qu'une retn-
te de Bêtes immondes, qu'une derae-
re d'une Lépon infernale, qu'u;;
Uétth, Jviiifon qui n'cfl: ni vuide ni nettoyée u
** ** ce n'efl pour les ennemis detagrac
Mais cela même que nous fommes d
hommes pécheurs ^ fait que nous te c
fons tout au contraire , Seigneur a
proche toy de nous & entre ch
nou
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145 G 34
SUR ApOC AL. II I, 20 241
nous, car tu es aulîî entré chez des
Péagers 6c chez des gens de mau vaifc
vie, chez des Matthieus & chez des
Zachées, chez desperfonnesfoibles
& chez des malades fpirituelsj Etc'eft
là proprement ton ouvrage défaire
fur abonder ta grâce , là ou le péché
abonde , de fandhfier les cœurs les plus
fouillez, d'amollir les plus endurcis,
de domter les plus rebelles, & de
faire ces demeures impures des
Temples de ton Kfprit. Mais pour-
quoy, aimable Jéfus 5 te tenir à la
')orte pendant un fi long efpacede
ems ? Pourquoy frapper des mois
entiers , le plus fouvcnt des an-
nées , & même fans aucun fruit ? Non,
ion, ne frappe plus, nous t'en fup-
liions, ne te tien plus à ces Portes
•ermées, n'atten plus que nous te les
)uvrions, ne crie plus de ton Sanc-
uaire, Voky ! Regarde ! Car hélas !
lous fommes aveugles, comment te
^oir&te connoître? Nous fommes
burds, comment ouïr ta voix? nous
L fom-
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145 G 34
i±t Jésus a nos Portes.
fommes paralytiques, comment ail
vers toy pour te faire entrer? M;
plutôt ouvre toy -même, ouvre Se.
cneur , & entre dans ces cœur:,
puis que tu en as la vraye clef, / -1
defde'Davidy puis que tu en manu
tous les reflbrts , puis que rien ne pei:
refifteràta Grâce opérante, & quî
lors feulement tes fidèles fe retoU'
nent vers toy, quand tM^i^retoun
vers eux. Et au lieu de frapper im-
plement à ces Portes, qui fontcon.
me murées ?c comme barrées, tie
Seigneur! romps ces mêmes Porte;,
brife les , démoli les , renverfc U
par la force de ton bras, &cha«c cj
ce tien Temple ces vendeurs & cj
'^-^y» acheteurs, chartes en ces efprsts it.-
mondes qui y habitent , ces paflioi;
rebelles & ces affeftions dominants
n^ i qui t'en défendent l'entrée i comir
le grand Chryfoftome a dit de 1 av:-
- ■ rice qu'elle étoit un Tyran , qui elo
ene du cœur fon Prince légitime,
favoir la juftice & la vertu. JH
9. m
5-
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SUR Apocal. III. 20.
Et voulez-vous connoître, Ames
Fidèles, fijéfus n'a pas frappé en vain,
iTiais s'il a ouvert, s'il eft entré, &s'il
■^ft entré avec fa grâce, & s'il cft entré
Dour y demeurer, fouvenez-vousje
.^ous prie de ces enfeignes & de ces
narques que je vay vous en don-
1er. C'eft qu'en quelque Etat , en
quelque maifon , & en quelque
œur quejéfus entre de la forte , 5^!'^'^*
1 y dit incontinent, la paix foit avec
mis-, il appaife auffi-tofticsefprits,
diflîpe les troubles, il chafîe les
rayeurs, il éloigne les difcordes, il
>te les divifions, & il rétablit par touc
e calme, la tranquillité & la joyc. Là
'ù s'ell faite cette hcureufe ouverture
les cœurs, incontinent on en voit
□rtir une Légion cnnérc de convoi-
ilcs& de partions, on y voit la porte
e fermer dés lors aux folicitations
lu Diable & du Monde, & nes'ou-
rir qu'à celles de TEfprit & de la
irace, comme les Mères perles ne
ouvrent ^ ne fe dilatent que pour
ccevûir la rofée du matin , & les
L 2 rayons
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244* Jésus a nos Portes.
rayons du Soleil levant. Là où ce di
vm Rédempteur eft reçu falutaire
F.-^ech. Yticnt^ on luy garde une porte fepa
^ rée y par où perfonne entre que luy
& un apartement diftingué quin'ei
^/ll'j^^,^ que pour fa fainte préfencej à pe
prés comme certains peuples de l'O
c.T rient en ufent encore aujourdiiuy
qui dans toutes les grandes maifor
refervcntfemblablement une porte
& un quartier Royal , qui n'eft qu
pour rentrée & pour la réception d
leur Prince. Là oiife trouve ce divi
Hote 5 on s'entretient avec luy c
tems en tems, & même avec pi aifii
"y par des méditations laintes, par d(
ow/* prières ardentes , & par des aciio'i
5- de grâces en toutes les chofes qui noi
arrivent: L'on y parle encore volo;-
■},uith. tiers de Jéfus, clc la Parole, &def
%1X. Grâces, car auflî nôtre langage no\
54- donne à connoitrc-i & c'elt de l'abo
dance du cœur que la bouche parle y
il femble même que Dieu dans cet
vûë a placé le Poumon autour l
Cœur, afin que la voix fût Tinte
pré
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145 G 34
SUR A p oc AL. m. 20. 245'
prête des plus intimes penfécs de ce-
luy-cy. Là où ce mifericordieux f é-
fus eft reçu avec joye , là aullî 'les
amis de Jefus font les biens venus,
ceux qui font ordinairement à fa
.fuite , & qui portent fa livrée , af-
Ifavoir les pauvres & les Lazares : Et
; toutes les fois qu'ils font à nos por-
tes , l'on doit s'imaginer que le Sei-
gneuryeft, qu'il y frappe, & qu'il
y demande nos charitez & nos of-
frandes , car auflî des Saints hom-
mes ayans pratiqué Thofpitalité ,
ont loge des Anges fans le fçavohy
& même ont logé le Fils de Dieu
fe prélentant fous une forme vi-
fible. Enfin c'eft là que ce Sau-
veur des ames eft entré avec les
marques de fa faveur, au moins eft-
ce bien là qu'il a frappé avec effi-
cace , où Ton fe figure , toutes les
fois que nous fonimes conviez à fa
Table facrée , qu'il vient pour fou-
fer avec nous , & pour nous faire
^Jouper avec Iny-, & où l'on s'y pré-
L 3 paie
Heh.
15, l.
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2^6 Jésus a nos Portes.
pare avec autant de foin pour l
moins, que fit fans doute un Méphi
bofeth étant convié à la table de Da
vid , ou que firent les fils de Jacol
avant que de s'approcher de latabl(
de Jofeph. ,
C'eft à quoy , Peuple Chrétien
Vay charge de vous exhorter , pui:
que dans peu de jours vous deve2
vous préfenter, Ibuslebonplaifirà
la divine Providence, à la table d(
nôtre vray Jofisph, Se au repas my
ftérieux de Jéfiis Chrift. Heureux
fi lors qu'il vous rompra le painpaf
le miniftére de fes Serviteurs , v6-
'z'**^* tre cœur eft tout brûlant au dedans dt
vous , comme fut celuy des difci-
,sam pies en Emmaùs, fi alors vos yeux
H- ^7. font éclaircis comme le furent ceuN
de lonathan, & fi vôtre ame en ell
toute confolée, comme fut celle de
c.«.46. Jacob , §ue je meure, difoit-il , acet-
te fois , puis que fay vu ta face ! bt
que fera-ce donc, Fidèles, que fera-
ce quand nous la contemplerons non
^ plus
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145 G 34
SUR Apocal. III. zo. 147
)lus en CCS fymboles 6c en cespein-
rures > mais à face découverte j non
jlusàune table terrienne, mais à la
able de fon aiigufte Palais non plus
m un banquet mémoratif de fa mort ,
nais nu banquet éternel & triom-
ant de T Agneau ? Et qu heureufe,
iis-je encore , eft: cette ame dévo-
e qui fans ceflc fe rcpréfente que
'Epoux vient, & qu'il eft déjà à la
wrîes ou que du moins le Meftàger
le fa venue en approche, ce dernier
■îeraut, ce Sergeant inexorable, &:
etcms arrêté auquel nôtre ame nous
èra redemandée, auquel nos forces
eront abbatuës , nos confciences
ijournées , & nos livres de contes
léployez. C'eft alors que ce fouve-
ain Arbitre de nos vi^s frappera iur
>;e miferable corps , fur cette mai-
on d'argille , & fur ce vaifleau de
erre , afin que venant à fe diflbu-
Irc&à fe cafter, nos efprits qui font
l'une origine célefte, puiftènt pren-
^Ire leur vol vers lesCieux, appro-
L 4 cher
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145 G 34
^48 Jes. a nos Port, sur Ap.&c.
cher du Sanftuaire de fa gloire, S
entrer par la Torte myftique en la fa
ledu fejlhiy où ils feront raflafiezd<
toutes les délices de fon Paradis
Ainsi soit-il.
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145 G 34
L E
249
SOUVENIR
SALUTAIRE.
Ou
SERMON
Sur ces Paroles de V ^[mciL Chap.
II. Vers. 5.
Cejl potirquoy fouvien-toy d'où tu es
dcchà 5 & te repens , Q^fay tes
premières œuvres.
rj^^^ orv-:^ j7 j^j^^ icyejlunjourde
^wH'irt^. ^onnesnouvelles^i &ne
0W dirions nous mot ? Ve-
fiejz^ allons y & le fat-
Jons entendre h lamai-
mU/fon du Roy difraël \ Ce
fut le langage de ces quatre Lépreux
du fécond Livre des Rois, lorsqu'ils O'-^'^-
L j vi-
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145 G 34
250 Le Souv eni r
virent la délivrance miraculeufe d
Samaric. Quelques momens aupara [
vant ils avoyent veu cette fameuft
Ville ferrée de prés par une armé<
viftorieufe , & réduite à une cxtré
mité lamentable Et tout d'un couf
ils trouvent le Camp des Syriensa
bandonné, lesTentes vuides, Iclié
gelévé, & toutes les marques d'uiK
retraitte qui étoit fi falutaire àleu
Ville 6: à leur Patrie : Sur cela il
croyent qu'il eftde leur devoir dal
1er publier une nouvelle fi grande &
firaviflante, & d'aller remplir Sama
rie de joye & de tranfports. Cher;
Frères , fi Samarie fut autrefois 1<
partage d'Ephraim qui étoit la Tri
bu la plus avantagée de toutes celle:
d'Ifraël : Si elle commandoit au de
çà du Jordain à fept Tribus & à fepi
Provinces, également riches &éga
lement peuplées : Si en celle de Z^-
Mon fe trouvoit la commodi-
té des Mers & des Ports , er
celle de T>an un peuple plein d'in-
duftric
Salutaire. xyi
duftrie & d*invention, en celle ^'i/^
fachar un pays d'aife&de repos, en
celle de IStephtati des habitans aima-
bles & de paroles graîieufes , en celle
d!Affer\xïi pain gras, &des délices
Royales , en celle de MmaJJé & en
celle d*Ephram la portion double
de Jofeph , & toutes les bénédiftions
imaginables de la Terre & des Cieux:
Si Samarie avoit à fon Occident le
voifinage de Tyr, Ifle fituée au cœur ^f/*
de la Mer, la plus expérimentée de
toutes les Ifles dans la marine , la plus ^
Euiffante en trafic , &la plusredouta-
le en forces: Si en Samarie é toit
puis ou bien la fontaine de Jacob ^
d'où le puifoyent des eaux pures &
falutaircs : Si elle fut non feule-
ment le réceptacle de plufieurs Sec*
tes , & de plufieurs faux I>od:eurs,
mais aullî leféjour de plufieurs Pro-
phètes , & depuis celui des Apô-
tres de Jéfus : Si au tems de Jo-
ram elle vit fondre fur elle unepuif-
fancc formidable, &unRoy fuperbe
par qui fes Villes furent prifes, fes
L 6 ave-
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145 G 34
Le Souvent
avenues occupées , & fes habitanj
réduits à de très grandes cxtrémitez
Si ces mêmes habitans, deftituezde
fecours humain , n'attendoyent plus
que de voir leur Ville faccagée , leui
liberté ravie, leurs biens enlevez;
leurs confciences tyrannifées , leurî
enfans égorgez, leurs perfonnes &
celles de leurs femmes & de leurs fil-
les expofées à la difcrétion d'un En-
nemy barbare, Se d'un Soldat impi-
toyable ; Enfin , fi Samarie vît pai
un eftet non attendu de la bonté du
Ciel une délivrance inopinée , Scia
crainte de feshabitans changée en af-
furance, leur angoifl^e en alégreflc:
leurs troubles en paix , leurs gémiflTe-
mens & leurs foupirs en des cris de
réjoiiiflance & en des chants de triom-
fe j Qui ne voit en tout cela un Ta-
bleau naïf de vôtre Etat, de fa condi-
tion, de fa fituation, de fes Provinces,
& une defcription jufte desextrémi-
tez où nous venons de le voir , & de la
délivrance miraculeufe qu'il a plu à
Dieu de luy accorder fur, tout en ce
jour?
Salittaite, sur Apoc. 1 1 . f. 25-3
jour f Et fi les quatre Lépreux eu-
ent fijjet de crier aux portes de Sa-
narie, & d'animer le peuple à une
ainte reconnoilîanceiavouëz que les
Serviteurs de Dieu ont ungrandfu-
jct de crier aujourd'huy , fi ce n*efl:
dans vos rues & dans vos carrefours,
au moins dans vos Chaires & dans vos
TcmpleSjCV jour icy ejt un jour de bon-
nes nouvelles , ne dirions nous mot ?
Autrefois Dieu voulut que les Sacrifi-
cateurs fulient pourveus de Trom-
pettes d'argent, & que lefonenfufl:
diverfifié Iblon les fujets, quelquefois
du retentiffement bruyant^ quelque-
fois d'un ton moins éclatant. Certes
fi jamais ce Ton bruyant a dû retentir
dans la bouche de vos Sacrificateurs, rs^^i,,
fur tout dans cette Province, &dans
ce heu qui en eil le Centre , c'efl: à
mon avis en ce jour folennel de ùcri-
fices de profperité. Maisaufiîcefon
y doit élire diverfifié, s'il faut qu'il
Ibit éclattant il faut encore qu'il foit
inllruthf , & s'il doit infpirer de la
L 7 joye
10. 10.
II.
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145 G 34
254 Le Souvenir.
joye il doit aufli , félon Tordre de no
Souverains , infpirer de Thumilia
tion. Nous ne fommes pas aujour
dhui dans ces Chaires pour fonner le
viftoires & les triomfes. Ce n'eft pa
encore icy le temps de Jubilation pa
tout Ifraël. Une partie d'Ephraïn
foùpire encore fous lejoug&fous U
verge de l'ExaBeur, la playe faign(
encore en Judai Egypte armeenco
rc contre Jerufalem , & l'interdit n'e(
pas encore tout à fait ofté duSmilici
de Jacob. Enfin, Peuple fidèle, nou;
fommes montez en cette Chaire poui
vous faire reffouvenir du pafle & di
préfent, & pour vous fandifierpoui
l'avenir. Car j*eftime que dans no!
délivrances il n'cft point de A?/^^;^»//
plus important que celui de nôrrt
chute précédente, & des caufes de
cette chùtci ^qu'aufli il n'eft point
de réconnoiffance plus agréable à
Dieu que le r^/^é-wr/r de nos fautes, &
que le changement de nôtre condui-
te.Et maintenant que Dieu relève cet
Etatj
r
jjp SALUTAIRE5SUR ApOC. II. J. 2f f
Etat, qu'il commence à lui parler de
Paix,& qu'il vient d'incliner le cœur
d'un redoutable Monarque » & vous
le rendre aurti affeftionnéqu'il aefté
irrité contre vous, il mefembleque
j'entens cette mcfme voix, qui cria
pi autrefois à la première des feptEgli-
fes d Afie, vous crier encore de fon
ISanûuaire comme à la première de
CCS fept Piovinces, Qeft pourqmy
fouvwn- toy d'où tu es décheu , ér te re-
pens , &fay tes premières œu vres, E x-
hortation comme vous le voyez qui
^ cft double : L'une , à ce que cet An-
1 ge d'Ephcfc fe fouvienne de fa chùre-,
IEtTautre, à ce qu'on voye le fruit &
Icftct de cefouvenir. Dans la pré-
miérc vous voyez encore, i, L'oc-
cafion de cét avcrtiflement , Ceft
pourquoy, 11. Le devoir merme,/<9i-
vteri'toy. m. L'objet de ce fouve-
nir , d*ou tu es décheu.
Ceux qui recherchent les fecrets
i la Nature remarquent très bien
^ue les animaux les plus généreux &
les
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145 G 34
2j6 Le Souvenir
les plus forts ont tous quelque foibl
fans excepter mefme le Lion> qi
perd toute fa force fi Ton luycouvi
les yeux. Cequife voit dans laN;
turefe remarque auflî dans la Grac<
Les plus régénérez ont tous quelqu
foible, & le plus fouvent quelqu
Ûf?.' écharde en la chair ^ depeur qu'ils r
élèvent outre me fur e. Job a bea
îf*"' eftre apcllé un perfonnage^'w//>r e
x%am ^jrfj^f Davîdun homm^fe Ion le cœu
Luc, deT)ieu, Zacharieunhomme/«/?^'<
vivant fans reproche y TEcriture faii
te ajoute par tout un maùs , & par toi
elle remarque un foible, comme fii
rentlesemportcmensdejob, Tadu
téredeDavid, êcTincrédulité deZ;
charie, dont la bouche «///<?V/^' parle
& publie la faute. L'Epoiife cil dit
c^nt. eftre belle & de bonne grâce j cepen
dantelle étoit brune ^hAét du jolet
Et fans aller plus loin, cet Ange d
l'Eglife d'Ephéfe fe voit d'abor
comblé de louanges, il voi tyJ'J' œuvn
i:**^' étalées , fon tra vail récommandé , 1
patien
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145 G 34
Salutaire, SUR Apoc. ii. 5*. 25-7
)atience approuvée , & tout aufîl-toll
1 fuit un mais , ou bien un reproche ,
lais fay quelque chofe contre toy,
l^ousfçavez, Chers Frères, que les
oùangesque redonnent les hommes
!bnt ordinairement flateufes, &ten-
lent non pas à corriger, mais à pro-
duire un effet tout contraire. Elles
endorment rcfprit comme leChirur-f
ien endort la partie qu'il veut per-
er. D'où vient que TEmpereur Si-
jifmond , au raport d'iEneas Sylvius,
-laitraitta un nomme qui le loùoit
fans rinftruire, &que Dionl'Hifto- p^rj.
rien remarque que ce qui perdit Né-
ron, c*cft qu'on le loua toujours & f^"-
qu'onne lerepritijamais. Icyverita-
blemcnt le Fils de Dieu loue , Je con-
noi tes œuvres dit il à cet Ange, &
ton travail^ & ta patience ^ & que tu
ne peus porter les mauvais Sec, mais
c'étoitpour en venir au blâme, &du
blâme à la correftion. La louange
netoit qu'une entrée favorable, pour
faire glillcr plus doucement dans l'ef^
prit
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145 G 34
258 Le Souvenir
prit de ce bon Evefque un reproch
vif & pénétrant , Tuasdélaiffétapr,
mière charité, Ceft de la forte qu'u
I c#r. p^yj commence la plus-part de fes E
pitres par des éloges, rendantgracc
à Dieu de la/iy & des vertus de ceu
dont il fait voir en fuite les foibleffe
& les défauts. Etlaconclufionen ef
Ceji pourquoy ayez fou venance.
Les reproches quefé fontencor
les hommes font le plusfouvent ai
gres, & ne tendent qu'à diffamer i
qu*à confondre. Témoin ces rcprc
Çtntp ches peu charitables que font àunjo
TsL. feph ou à unDavid des frères envieux
^lan' ouquefaitTinfidéleJudas à une Ma
rie prodigue à l'égard de Jéfus. Quel
quefois aulTi ce font des reproche
d*un Maitre ou d'un Juge, qui met
tcnt le crime dans fon vray jour, pou
faire voir combien la punition en el
jufte. Et j'avoue que ces reproche
fanglans qae Dieu adreffe à de
Caïns, àdesSaùls, àdcsAchabs, ;
desSimons, & à des Ananias, fon;
Salutaire, sur Apoc. i i. f. 159
[e cette dernière iortc. 11 confond
lors fansconfolerjil blâme fanscor-
iger, il abbat fansreléver, il perce
aplayeôcen fait voir la profondeur
ans ajouter l'huile ni le baumejôc ces
)layes en ces fortes de fcélérats font
nortcUes. Mais en cet endroit, Celuy
lui tient les fept Etoiles en fa main
Woite reproche en Pércôc en Amy, il
eprendj maisaufliil inftruit, il met la
6ndc,mais il met auiTi Tappareil , il fe
èrt de vinaigre , mais ilfe fert auffi
rhuilc,pour adoucir &pour cicatrifer
out cnfemblc, ôc il tend non pas à
onfondre fimplemcnt ce bon Ange,
noins encore à le jetter dans le déiet
)oir,non plus que fit ailleurs le repro-
he de TAnge en Bokim, la parole de j^^,
>Jathanadreflee à David, ou i'aver.,%'i^
incment de Jéfus adreflc à Pierre
nais bien à le porter à une confufion 12.61.
aintc,6càun répentirfalu taire, Cejl
xmrquoi [ouvicn-toy d'où tu es dé-
:heu.
Dieu fans doute n'cft capable ni
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145 G 34
26o Lé Souvenir
d'oubli mdtfouvenir , quoy que 1*E
criture bégaye avec rhommc par ce
fortes d'exprefîions. Les Anges mi
me n'oublient point, puis que leu
fouvenir àèçtnà pas deladifpof
tion d'un cerveau , ni d'un mouve
ment d'efprits qui tantofts'arrefte i
tantoft fe renouvelle , ni de ces idée
ou de ces imprefllons que d'autres ot
jets, d'autres idées , le tems & 1
grand âge obfcurciflent, & finalemen
effacent. Aufîî voyez-vous que le
Anges font réprefentez comme étan
jeunes, & dans un âge qui a la me
moire heureufe. Iln'y aquel homm
qui oublie ai fé ment fur tout les chc
fes du Ciel. Car le péché a blefl
nôtre mémoire de même quenôtr
entendement & nôtre volonté. Il e
a été de la prémiere défobeïffanc
comme de ces maladies qui ont fai
perdre le fouvenir même d'un Per
ou d'une Mere. Auflî l'homme d
venu d'abord à oublier fon Pere Ôc foi
Créateur > & de là naiflbns-nous tou
de
ÎALUTAIREjSUR ApOC. II. y. 26I
XtsAIanaJJez^ c'eftàdirc en la Lan-
gue fainre , des otiblieurs. Car en cf-
;t qu'eft-ce que le Péché fi ce n'cft
jnoubli? Et que fait autre chofe le
pcchcu r fi ce n'ell: qu'il oublie la maje-
flédeDieu, Téquité de fi^s Loix , la
févéritédefa juftice, la multitude de
Tes Playes , les éclats de fes Foudres ,
& la pélanteur de fon Bras ? Que fait-
il fi ce n'efl: qu'il s'oublie foy même,
quafi comme un Mefîala Corvinus p/,-^.
qui vint à oublier fon propre nom,^^-^
en ce que le pécheur oublie fa raifon,
fon jugement, fon devoir, fon bien
& fon utilité propre, lorsqu'il préfè-
re un plaifir palTager, une paflîon
brutale, une douceur rrompeuic , un
petit gain, ou une fumée d'honneur
& de réputation, à ce qui t:i\.letout ^''^'f^'
de l'hcmfnei comme eftfans doute la
paix de Dieu, lagracedejéfus, &la
t félicité du Ciel ? Ifraël prévarique-
r'il ? c'eft qu'il oublie celuy qui l'a fait :
Muyfedoûte-t-il, en frappant le ro- h*/: s.
cher ? c'eft qu'il oublie tous les mi- î,t,»i.
racles
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145 G 34
i6i Le Souvenir
racle$ dont ilavoît déjacfté l'inftru
ment: Aaron fond-il un veau d'or
c'eft qu'il oublie la voix de Sinaï : Da
vid commet- il adultère Pc'eft qu'il ou
blicccluyquira placé fur le Tronc
Jonas fuit-il enTarfis? c'eft qu'il ou
blie qui eft Dieu , & quelle cft fa vo
* cation : Pierre enfin renie t'il fon boi
Maître? c'eft qu'il oublie qu'il ci
'Pierre, & nefefouvientplusdecct
Manth. promelTe , Je ne te r enter ay point .
' ' Jugez donc, Fidèles , combien cet
te exhortation eftnéceflâireàrhora-
me pécheur, Houvien-toy ! Véritable
ment il n'en eft pas befoin quanc
il eft queftion des injures, des offen
fes, des pertes, desplaifirs, oudei
avantages du monde, ni quand il s'a-
git de pourvoir les fiens , d'accroitrc
fçs revenus, de procurer fon avan^
çement , de chercher fes aifes , ou de
foûtenir fes propres intérêts. L'hom-
me a encore une merveiUeufe mé-
moire pour le mal , mais pour le bien
ila'enapoint, ce qui eft une preuve
con-
Salutaire, sua Apoc.ii. j6j
convainquante de fa corruption. Les
Difciples en TEvangne s'éveillent
bien à la voix de jéfus , mais auffi toft W4W*;
ils fe rendorment i de mefmelepé-
cheur s'éveille alFez fouvent à la voix
des Minirtres de Jél'us, mais auffi- toft
il fe rendort 5 tant fon cerveau eft ap-
pefanci par les vapeurs de la chair. A
peine a t'ii oui la Parole, qu'il l'ou-
blie, comme celuy qui s'efîantcon-
fidcrc en un miroir onhlie aujjl tojl
quel ti etoitt comme l'hchanfon ou- oin^p^
blie fofcph dés le moment de fa dé -
livr.ince> ou bien comme TAutruche uh. 39:
fes œufs dés qu'elle les a pon- M^rm,
dus. Peu confcrvcnt cette précieufe
Manne comme ézmum cruche d* or ^ '
peu gardent en leurs cœurs avec Ma«
rie les paroles dcjefus, peu les rumi» ^l^^"
ncnt comme firent les deux Difciples
prés le départ du Seigneur. Si le Fils
de Dieu crie , jouvien-toy , le Tcn*
tateur tâche de détourner ce fouve-
nir. Il intervient & avance d'autres
objets, il fait voir du danger à un
Pier*
I
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Le Souvenir
Pierre , il découvre des charmes à u
David, il répréfente l'utilité des lii
des &: des lingots à un Achan, ilprc
inetlcpréfentfiécleàunDémas. O
bien il empefche d'oiiir ccfouvm
toyy il divertit Tattention, ilaflbi
pit Icsfens, il bouche les oreillei
carcen'eftpas l'intérêt de fonrégn
-que par cette voix falutairenoscor
fcicncesfoyent réveillées, nosyeu
ouverts, nos efprisémûs, & nôti
mémoire rafraichie des choks qui,
par tiennent a notre paix. En un mo.
pour imprimer ces idées bienavan
il faut que Dieu les grave luy-mên
au dedans de nous, comme il grava .
Loy fur les deux T ables s il faut qu
iR"^ touche rhomme plus d'une foi
comme il toucha un Elie qui do
moit y il faut qu'il le blcflc à '
ctn^r. hanche à un endroit fenfible , af
qu'il s'en fouvicnnCi & que d'ui
•voix étonnante il perce l'oreille H
cœur d'une conlcience crimmell
?r Adam , Homme qu'as tu fait ? c
zsarH. k\q^ Tués cet homme- là? 1
12. 7. *
Saliitatrt, <?nR Apoc, i i.y. 265
Et le mot qui ic crouv^c danslcTcx-
original elt d'une finguliére empha-
. 11 lignifie/^' ramentevoir une chofe
ou fe la rapeller fouvent^ & avec appli-
cation De fait ces idées faluraires doi-
nt fans celle cftrerenouvellées 5 ce
eu Hicré doit <^tre entretenu tous les
foirs & tous les matins , &: ces Lampes
ont toujours belbiiide nouvelle hui-
le. Et c'efl: à quoy contribuent fans
doute les chdtimens de Dieu , nos
maladies, nos difgraces, & nos dé-
ivranccs les plus merveilleufes. C'eft
cela qu'efl: deftiné le Livre des Ecri-
tures , qui eft ce vray Livre de
moires qui rappelle jour & nuit aux
amcs dévotes un fou venir très- im-
portant. C'cll encore à cela que de-
voycntlervir tant de Mémoriaux in-
ftitucz de Dieu Ibus l'Ancienne Al-
liance, tant de Fêtes, ôctantdaver-
tinèmens folennels , aullî bien que
ces enfeignes & ces monumens pu-
lics qu'éngeoyent les Saints Hom-
es , après des délivrances ou des '4-
races lignalces. Et c'ell à cela me- 9/^ ^'c,
M me
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i66 I t: Souvenir.
me que fcr\ciiL encore aujoiird'huy 1<
Mémoriaux àicUGx2iCÇ, &bvoixd(
Fadeurs , qui cft comme ce chant lali
raire du C^?^,ou qui eft corne la voix d
CCS Mer jutsqui crioyent tous ks joun
«SWu/Vw-?^yclecequetues,cle ce qu
tuas été, de ce que tu feras un jou
Et ne croyez pas, Fidèles, que nou
ayons moins beloin que vousd*un 4)
Souvenance ! îcy lcS?igneur adreHe
averciirement à un Ange . à un Lvequ*
à un Héraut de la grâce C'écoitun^?
^^'Jelon que le qualifie l'fcfprit de Diei
non pas du Ciel . mais de la 1 erre, u
Antre non pas tout Llprit, ma
& Chair C éroit l'une de ct^Jept Lîo.
les , mais pourtant du nombre de cdl(
qui font errantes en un certain iens,.
9 îni parfois Wnhcnt du Ciel en la îerr
i . mémoire des plus éclairez n'e(t p;
toujours îa plus heureule. Ces Ani;^
oublient iouvent ce qu'ils font , • (
. qu'ils doivent - ce qu'ils prechen
Un Paul même après avoir elle ^ ^
, autroifiéme Ciel a be foin d'une ^r/M
^^■^ ' de Un Céphas éclairé de tant de h
mieri
î Cor.
Il
Salutatrt:, SUR Apoc. ii. ^, 26/
nicfcîi a bcioind'un Paul qui ieredref-
e. Les picz des Dilciples ont beau eftre i,an
avez par Jéfus Chrift, ils rerouchenc
ufîi-tofl: la terre, & fe fouillent de
Kîuveau Et cet Ange de laprémiére
le de la plus floriflTante des Eglifes de
'Afie eft repris non feulement defon
mbii, mais au/Ti de fa chute* Souvien-
oycPoîi tu es decheu.
Les hommes nous font rejfouvenir
^ as fouventdecholes légères. Mai-
re , difent les Pharifiens , tes Dilciples
'e lavent point leurs mains. Souvent
S nous rappellent le fouvenirdecho-
îS inutiles, comme Ifaac fait inutile-
lent loi: r ionVùïQdelabeJiepour^"-^^*
^holocaujie. Parfois ils nous portent à ^*
n fouvenir criminel & pernicieus,
I omme le ferpent fait fouvenir Evede
^ Arbre defirahle^ comme ces Frères'*^*
ui fc font reffouvenir Tun l'aucre du
taitre fongeur , ou comme laServan- é?'«.j7.
e qui fuie relfouvenir que î^/Vrr^ doit 1?;,,^.
lire faifi comme l etoit Jéfus. Mais '^•7'-
)ieu, fa Parole, &fes Serviteurs nous
M 2 fcnt
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268 Le Souvenir
font fouvenir uniquement de chofc
d'où dépend nôtre félicité & nôtre fî
- lut. ^yefouvenance, cd'ildiiMQuxi:
Exi ^^'/^?» tr^'^/^«r pourle fervir, dujou
du repos pour le fandifier, de toits It
pfe. bienfaits de Dieu pour les reconnoître
t]yrn. de f es merveilles ^om les adorer, dei
9.17-^ femme de Lot pour en éviter la déf<
beïlTance , de tes Conducteurs poi
fjlj. imiter leurfoy, de l'hofpitalité poi
^* la pratiquer, des prifonmers ^des affl.
gez> pourfe figurer leurs maux ôcleu
i outrances, tt dans nôtre Texte <
îidéle Témoin f<iic fouvenir fon A m
d'une trifte chute , afin qu'il s'en relév
Il étoit decheu le bon Ange, ma
non pas de fa connoiflance nidefes l
niiéres, non pas de fon caradéreni c
fon rang, non pas de ladile6tion ni t
la grâce de fon maitre, dont rien !'
petit feparer le fidèle. Il étoit déchet
mais non pas de tout mouvement (
^ * piété ou de charité , car il avoit enco
cela de bon qu'il hatifoit ^ la doEîrt.
iX' &: les a^es des Ntcolaïtes > fefte q
Salutaire, SUR Apoc. i i. f. 2^9
rtoic au libertinage, &: qui renvcr-
ioiclafoy de la pièce tout enlemble. De
quoy donqucs, direz- vous , étoic dè-
r^^^«cét Evéque, oubicn fonEglifcà
qui l'Efpric vient de rendre un témoi-
gnage fi magnifique? Le verfec précé-
dent le dit 5 Tu tis délaijp ta première
charité. Ce premier feu éroit non pas
éteintmais amorti, Tardeur de cet A nge
étoit ralentie, fonzéie étoit refroidi ,
& fes mains étoyent devenues pefantes.
Cette belle Egiife étoit devenue moins
exemplaire, moins charitable, moins
hofpitaliére, & moins prompte foità
ivancer ' ■ vérité, foitcà recueillir les
îxilez, ioit à foulager les pauvres & à
confoler les affligez. C éc arbre planté
|?3r la main de Jéius , & cultivé par Ibn
Apotre, avoir jetté des racines trop
Ivant dans la terre, & tenoit un peu
rropauxbiensdu monde, dontll étoic
devenu moins communicatif. Et c'efl:
f^\z même dont fon charitable Maitre
luy rappelle le fouvenir, fouvien-toy
d oit tu és decheu, Car c'eft là la pré^
M 5 miçre
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145 G 34
270 Le Souvenir
miére démarche d'un repentir faluta
re , de comparer le préfent avec le pa
fé, de le fouvenir des gracesqu*c
avoir cydevanr rtceucs, desdouceu
qu'on avoir goûtées, des œuvres lou:
bies qu'on avoir faites, & d'une félic
rédonron eftdécheu par fa propre fai
te. C'eft alors qu'un David pieu
quand il penfe aux jours de jadis & a
temps du fiecle pajje , ou qu'un prod
pue pleure quand iifefouvienr de fo
état en la maïfon de fon Tcre , ou qu'u
Pierre pleure quand après le regarde
Jéfusil fait reflexion fur Ion prémi(
courage ÔC fur fa première innocence
& qu'une bonneameeft touchée vive
ment quand au fouvenir du pafle ell
joint la confideration de fon change
ment & de fa mifere préfente.
Je ne trouve pas étrange qu avo
délaifTé fa première vertu foiticy af
pelléunerÂ///^. C'eft fous ce nom qu
le Péché nous eft répréfenté dans k
faintes Ecritures. Elles parlent fou
vent de l'homme, d'Ilracl, ôc du hdc
Salutaire, SUR Apoc. ii.f. 271
comme c.ant tombé ^ trébuche^ dé-
:heu , ^ cette expreiiiou efl auffi fami-
lière à S. P.iul. 1- t de fait le premier
iiomme avoiceflc cxéèdroit. Il écoit iV '""
I cor»
Turfes pieds dans le Paradis, il regar- 1^0. 12.
Joitle Ciel, il levoitlatête,il marchoit
fans home & fans crainte, ilétoiten ^"ifl
jne pofture de Maître & deDomina*
:eur, & véritablement il étort debout.
On pouvoir dire de luy ceque l'Epoufe
die de Ton t.pous myftique , R^S^^^^^ cant.^.
le Roy Salomon avec la Cour orme doyit
fa Mère l'a couronne au jottr de fes
Epoii faille s , ô- au joii-r de la lieffe de
fon cœur. li fut vcri'tablement le Roy
des hommes & des animaus . fajuflice
fut fa Couronne, Créateur fut la Mè-
re , le jour de la cication fut celuy de
es Epoufail les avec Lve, le Paradis fut
fa Maifon Royale , 8c l'Alliance de
Dieu fut comme ce///' magnifique ou
comme cefuperbe Trône fur lequel il
repofoit feurement. Mais envifa^ez
je vous prie ce môme homme après fa
ticlobtïirancc , car le voilà tomie / Re-
M 4 gardez
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145 G 34
27^ Lt"^ Souvenir
gardez ce Prince des hommes avecl
Couronne renverfée, fa parure déch
rée, fa gloire ternie, & fon innocen
ce perdue pour jamais! Voyez, Fidé
les, comme il baifTe les yeux, comm
il regarde la terre, comme il rougit d
fafoibleffe couvert de honte décor
fufion , comme // fe cache de devan
l'Eternel, & comme il tremble à 1
voix divine. Il eft étendu , il eft coi
ché parterre, ilfe vautre dans la pouf
fiére , il eft navré de pUifutirs coup
comme l'homme de la Parabole. Et i
chute non feulement eft lourde, dan
ce beau jour qui Téclairoit, non feule
ment elle eft: honteufeàun homme d
fa force, non feulement elle eft dange
reufe par une bleflure ,mais elle eft mor
telle, &: en tombant il fe tue ,comm
fait le pauvre Eutyche, car il tomb
de trop haut, puisqu^il tombeduCie
àzxisl'abime. . , s , -r. •
Il eft bien vray qu*il plut a la mileri
corde de Dieu de le relever bien-tofta
prés. Ce charitable Samaritain de
^ lor
lue, 10
'jin.
Salutaire, sur Apoc. i i. 273
lors le voyant en ce trifte état fut
émcu de compadîon. Cet Ange de
grâce luy die comme à Pierre, leve^^/^.
toy légèrement^ ou comme Jéfus dit
au Paralytique levé toy & marche y &
ce bras puiiîànt le prit par la main , le
foûtint par fa vertu , & le redrefla par
fa milcncorde. Cependant depuis
cette fatale chute Thomme n'a fait
que ramper fur là terre , il ne marche
que pcfammcnt , il ne regarde le Ciel
qu*a vec peine , il le traine par maniè-
re de dire là oii Dieu&fon devoir
rappellent, il cloche tout le relie de
fcs jours avec Jacob, & il trébuche
prcfquc à chaque démarche. Car en-
fin autant de fois que l homme pèche,
autant de fois il tombe, en tom-
bant il fc bléfFe. I *avouc que les chû-
tes du vray fidèle fous 1 alliance de la
grâce ne font plus mortelles, mais
elles font cependant criminelles , el-
les font dommageables, elles ofFen-
fentDieu, elles bleiïent famé, elles
troublent la confcience , elles obfcur-
M f cifîènc
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145 G 34
xQ.i-j
174, Lk Souvï^nik
ciflent la grâce, cWcscontnJient l*Ej
prit deT>ieu , & elles irritent leSair
d'ifraël, car Dieu, difoitjob , ^-^w;
uh. 14. tous nos pas , // n'accepte rien de m
péchez, , & il cachette tous nos forfait
comme en une bouge tte. Je tombe aul
d'accord que toutes les chûtes ne fou
pas égales. 11 y en a de trés-lourd<
en ceux qui ont reçu plusdelumiert
& plus de grâces, & tellesonteftéU
chûtes, par exemple, des Anges dar
le Ciel, d'Adam dans le Paradii
d'Aaron dansle^Déllrt , dcSalomo
dans fa Glotre, & de Pierre dans )
Gourde CaïpheàlavLîë dejéfus. :
y en a de plus honteules que beav
coup d'autres ne font, comme il e
honteus un homme grave de le lai
ferchoirpir imprudence, à un Cap
tainedefuir,àun^ ' illnit de prévi
riqucr, àu re de donner maur
exemple, ou n ! ur qui en
crr.e autruv ^ s\n(etgner
rnhn: ' .urunrp
blamaJiCc^qu ci.vi,Ao..ii'.uS Volonra
^ res
a. 2ï
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Salutatrf, sitR Apoc. II. 2Tf
res, tcinoin c^conjtil fccret de Si- 69.^6.
meon & de Lévi , ces péchez, de fierté ^'^ll,
dont parloïc Moy fe , & cette légère-
té <i répandre Le fang que déplorent les «
I Saints hommes de Dieu & qui fe voit
fifort en nos jours, fans excepter le
r fait malicieus de Djvid au regard
i'Urie. Il y en a de tout à fait crimi-
nelles en une infinité d'iionimcs qui ^ .
f J ' 1 / Ail.'
k vendent peclie avec A(.hab , qui ix-^s.
pèchent la mam élevée , &: qu i le pré-
cipitent de gayeté de cœur dans le vi-
ce & d ms les dilîblutions. Jlyena
de tout à fait mortelles & dont Thom •
mencfcrelévr ^^mais, comme font
celles dont pai i^ Paul , & celles des hm^,
fudas,des luliens, de ' s,
Dcaucoup d*Apolhits , devenus de
:rucîs perfécutcurs après avoir eu des
«/w/rr^^xconvaincantes. &: après avoir
^oule la bonne parole y auiïï bien que
its puijfances ^ les vertus de l'Evan-
çile, & même une partie deTAnti^-
quitéamis en ce rang b chute du
jrand Saiomun. Enfin il y en a auiïï
M 6 de
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Cal. 6.
I.
276 Le Sou V eni r
de plus innocentes , comme celle
qui viennent defurprife^ oud'ignc
rance , ou de foibleflc , & pour le
y,.mbr qucllcs Dicu avoit ordonné en la Lo
M 30.' des offrandes & des facrifices , au lie
que toute chùte volontaire & toi
péché de rébellion devoit eftre put
de mort.
II ne faut pas douter , Chers rc
res, que la chiae de ce bon Ang
n'ait efté de la dernière forte, &ph
toftun effet de Tinfirmité humain
que d'un deffein malicieus. Et qi
cft-ce d'entre les hommes niorteh
quinefoit fujet à tomber de la forte
Lejuftetombera/^jOr^/^-parjour, .
mkm^Jeptanteéjeptfoù, Celui ^.
s'ejlme eftre debout doit hicnprc,
p-arde qu'il ne tombe. LenaturcU
rhomme y contribue fur tout, lequ
eftdefoy même changeant &incoi
ftant , comme une girouette à toi
vent, comme ces nuées que levei
emporte aifément, ou comme o
naffelles que le courant des eaux er
I Cor.
1. 12.
Salutaire, SUR Apoc. ii
5. 277
aiac lans difficulté. Tout ce qui
au-dedans de Thomnie y contribué
encore, la chair, la convoitiie, les pal--
fions , le pèche qui y habite , & la loy
qui ejf en fes membres. Tout ce qui
cft au devant de l'homme y contribué 17.25!'
femblablement, les mauvais exem-
ples, les follicitations du monde, les ^^^^^^^
charmes de la terre, &:la montre des ^-'^^
Royaumes du monde & de leur gloire-
Tout ce qui eft à Tentour de l'homme
ou tout cequi luy arrive, contribué
de même à le faire choir, foitlapau ^^'g
vretéfoit lesricheflcs, foit ladilette 9-
foit l'abondance, foit les biens foit
les maus , foit une grande profpérité
foit une extrême dif^racc.Tout ce qui
cft derriéie 1 homme & toutce qu'il
ne voit pas produit encore le même
effet, favoir les embûches que luy
drcflc ce Lion rugilfantqui fansccjje
rode à l'entourde nous ^ ou les piège
que dreflent des ennemis des'féduc-
tcurs &desfaus frères, que la haine,
fcnvie ôclamédifancepoflcdcnt. En
M 7 un
ges ^' ^*
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145 G 34
278 Le Souvenir
un mot tous les licus où 1 homme f<
trouve font ou des lieusde tenratioi
&des lieus gliflans, ou des chemin
pleins de mauvais pas & pleins di
pierres d'achoppement j foit qu'il f<
Qen.<). trouve au milieu de [on tabernacl
avecNoë, foit qu'il fe trouve dan
une Egypte avec Abraham & avec fb
deicendâns , ou dans une folirud(
avec Lot, ou dans un défertavecle^
frères de Jofeph, oudansun Pa'.aij
Royal avec David, ou dansunliet
de débauche avec le Prodigue, 01
dans une compjgnie ccrangcre avec
Pierre, ou même dans un lieu de dé
votion avec Eutyche cependant qiu
Taul trait te de la Parole.
Particulièrement l'homme déchoit
fort aifément de ià Première ch iriré &
de Tes premières vertus. Dans le che-
min de la grâce l'on y dcfcend plus
ailémcnt que Ton n'y monte, carie
chemin eft Fort roide j de même que
Ton y -<=^cu!e plus aifénv nr quelon
n'vavaucw, curie courunc du monde
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SALUTAIR.F,5tTR ApoC. I I, f. IT*)
8c des affeftions iiou:^ emporte. hA \c
n'exceprc pas en cccy même les plus
égénérez, fulîcnc-ils des Anges dans
le t ici de TEglile, comme l'étoit ce-
luy qui cft répréicnté dans nôtre Tex-
te , qcre quelques uns ont crû avoir
elle Timothee , ou bien fu(ïent-ils des
Sanii ons en force , des Da vids en gira-
ccs , des Pierres en zclc , & des Paub
en luni ércs. Il en prend tour au con-
traire de la chanté & de la vertu , que
des con voitiles 6c des partions. Com-
me cellcs-cy naillcnt ^vec nous , au(îî
vont-elles toujours en croaliant , ôc
l'on ne s'en dépouille qu'avec la vie.
Ce mouvement nous étant naturel il
clt auHi permanent, & il cft plus ra-
pide dans la lu. te qu'eau commence-
ment Au contraire Tliomme 1ère-
rtàchc ailemcnt à bien faire , parce
que ce dernier mouvement ne luy eft
pas naturel, aulîi ell-il d'abord rapi-
de & véhément, mais en iuite tardif
& pelant. Il en ell: quaii comme
de la lunté ^ dco maladies 5 celle-
là
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145 G 34
28o Le Souvenir.
là s'altère aifément , mais cclles-cy r
fechaflent pas avec la même facilite
Ou bien ileneft comme des bonne
herbes, & comme de Tyvroye&dt
plantes nuilibles -, celles-là s'arn
chent fans peine & reviennent difl
cilement , mais celles-cy ont bea
eftre arrachées, la femence en de
meure, & trouvant un terroir favc
rable elles repouflent inceffammcn
Surtout /i^ r/y/^r/re^ eft comme un fe
au dedans de Thomme, qui fe râler
titou qui s'éteint plus ailëmentqu'
ne s'augmente ou qu'il nepcrféven
Le diable & le monde luyôrent 1
plus fouvent fa nourriture, puis qu
les occafions qui nous portent au bie
font rares, & que celles qui nous poi
tcnt au mal font fréquentes. Ils jet
tent encore fans cefle de l'eau , pa
manière de dire, dans ce feu divin
comme eft l'amour de foy même, l'a
mour du monde, Tamour des richei
fes & des honneurs , tandis qu'ils ver
fent de l'huile dans le feu de nos pal
fions
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Salutaire, sur Apoc. t t . s*. 281
ions 5 & qu'ils fourniflent continuel-
ement à celles-cy la nourriture qui
es entrerient. Car comme laflam-
iie naît d'une fort petite étincelle , &c
ue tout kiyTert d'aliment, difons le
ême des vices qui fontoppofezà la
arité. Dés que la haine par exem-
t )le&:quelajaloufie fe font emparées
le l'efprit des frères de Jofeph , tous
es jours //s le haïjjent encore plmfort , ,g
>cnon feulement fon hoqucton , fes 5-8.îi.*
idions, & fes paroles fervent de
lournture à cette mauvaife bejte ,
: nais même des desimagina-
ions 5 & des fantômes. Et au lieu
jue mille bienfaits portent à peine
jn Saùl à quelques mouvemcns de
:harité envers David , il ne faut
ju'un petit ombrage, & que le langa-
ge de quelques /^w/;/?^?.f, pour chan- i at^.
2;er cette amitié en une haine irrécon- ^^'^ ^*
f:iliable.
^ Remarquez auflî, Mes tres-chers
Frères , que ii l homme déchoit Se
tombe aifémcnt , il a au contraire bien
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145 G 34
282 Le Souvenir.
de la peine à fe relever. De roym<
me il n'a aucune force pour cela, L
y^^'*^ Sacrificateur même & le Leviie
c'eftàdireles Miniftres de la Parole
ne peuvent pas non plus le relever.,
faut pour cet effet lafliftance du bo
&dumiféricordieus<y^«?^r/Y/3!/«5 qi
cft defcendu de la jérufalem d*enhai
vers cette Jérico terreftre. Les Ay^
gesà^ la grâce ont beau mouvoir^
préparer Teau du Lavoir, un miféra
ble demeure gffant à terre , jufques
ce que la vertu de Jéfus fafle qu'il/
levé & qu'il marche. Autant de foi
que riiomnie tombe, autant de fo
faut- il que Dieu étende lamainàei
Grace&qu'il Tempoigne, comme,
fit à Pierre qui (ans cela périflbi
f Le jufte, difoi t le Sage, cherra ftptfo.
"^f-ii- &ïerarelevé , mais c*elt d'au: antqu
l Eternel luy foutient la main. Et fan
cét effet de la Grâce, fans cette ver
tu divine accompagnée d*une lumi^
re célefle, que feroit-ce, hélas, d
Fhomme pécheurlPuis que même tou
te
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145 G 34
SalutairejSUR Apoc. II. 5:. 283
tes les chofes qui devroyent fervir
àlcredreflers comme font au dedans
de luy fes lumières naturelles, farat-
fon, fa prudence, ôcfonfçavoir, &
hors de luy les bénédidions, ou la pa-
tience , ou les châtimens , ou bien les
délivrances du Ciel, iont converties
par la corruption de THomme, par
lesCourretiers d'iniquité, &par les
émiflàires de Satan, en des piégcs &
en des occafions qui le font tomber.
Car tout cela , fans l'aide de la Grâ-
ce , luy eft ce que furent les playes à
Pharao , ce que fut l'autorité Royale
à Saùl, ce que furent les merveilles
deDicuàunPeuplcdecouroide, ce
que furent les vertus de jcfus Chrift
à l'endurcie Corazin , ce que fut la
prédication de l'Evangile, cette odeur
de vie & cette putjjance àfaluî > à des
Phariftens&àdesPhilofophes, &ce
que devoit eftre enfin aux incrédules
le Sauveur du monde, Ï^LVOwunro-
cherdetrebiichement^ comme ilacfté
is pour le relèvement de plufieurs en
Ifrael, Mais
284
Le Souvenir
MaiSjôJuftice adorable, qui vei
que rhomme tombe parla peine aul
aifémenc qu'il tombe par le crime
Unechûte ne manque jamais d'en ai
tirer une autre, & celle qui efl: hor
teufe & criminelle en caufe une qi
eft trifle & douloureufe Les Ang(
dam déchoit-il de Ton innocence
Saùl déchoit-il de les commence
mens louables, Salomon déchoit-
de fa fapience , tout Ifraël déchoit-
de la crainte & du fervice de Ton Diei
des Egli{es& des Républiques vien
nent-elles à déchoir de leur prémié
re fimplicité & de leur prémierzék
qu'arrive- t'il enfin ? Ceft qu'on k
voit auflî déchoir de leur félicité, d
leur dignité» de leur tranquillité, i
de leur gloire ? Autant d'exemple
que nous voyons d;ins l'Ecriture d
la première de ces chûtes , autant e
voyons nous de la dernière, fanseî
cepternilesMoyfes, ni lesAarons
ni les Helis , ni les Davids, m le
déch
ils de leur intégrité, h
Ezc
Salutaire, sur Apoc. ii. f. 2 8f
Ezéchias, ni les Jonas. Et la défo-
beilîànce de ce dernier fut bien la
:harge la plus pefante quifit enfon-
cer le Navire dans lequel il étoit, &
qui précipita ce pauvre homme dans
les gouffres & dans les abimes de la
mer. La chiite lamentable d'un froid
& d'un indulgent Héli efl: différée juf-
ques à la grande vieillefle , mais enfin
tout d*un coup // tombe à la renverfe ^sam,
& en meurt. Et fans chercher ailleurs '^'^ '
des preuves de cette vérité > que
Pexcmple de l'Eglife A'Ephefe nous
fuffifeence lieu. Elle fut autrefois la
première & la Métropolitaine de
toute l'Afic, fon Chandelier répan-
dit fa lumière par toute la terre, les
noms d'un Paul , d'un Jean , d'un Ti-
mothéc, ^d'unOnélime, la rendi-
rent vénérable; & quant au tempo-
rel elle féjournoit dans une Ville qui
-toitlefiégedesProconfuls , l'abord
esNations, & la prémiére entre les
Villes de TAfie, pour fa grandeur ,
pour fon trafic, & pour fon opulen-
ce.
Lf. Souvenir
ce. Et acpendanc après cihct^édfem
cntiéreirent de touces les prémicre;
œuvre6 , -lie eft auffi decbeuë(\ç, cou
te fa (plendeur , 8: elt devenue un re
paire de ferpens.
Enfin j'eftime que Thommeque
qu'il (oit ne déchoiç jamais dans 1<
fpirituel, qu'il n'ait à attendre quel
que chute dans le temporel. Mais oi
les Pharaons, IcsSaùls, 5clesHéro
des tombent fans refource, & Ibni
précipitez en un momciiî , là les bien
aimez de Dieu en tombant font/^ri'
r^-w/^jdelamain , qui les tient ferme
les pan fc, lesconiole, ^fmalemeni
les relève. Et le moyen d'eftre bien-
toft relevez 9 c'eft celuy qui eft pré-
fer it en notre Texte, Etterepens,^^
fat tes premières œuvres»
Ccll icy, Peuple fidèle, le vraj
fouvenir que demande le Fils de
Dieu, lavoir ccluy qui mène aur^-
pentn, 11 eft un iouvenir de certai-
nes chutes qui ne faup.is ordinaire-
ment cet cftct. C'eft lors qu'on fe
fou-
Salutaire, SUR Apoc. ii. f. 287
ouvient d'eftre décheu ou de /a gran-
deur , ou de ion aurhorité , ou de les
-icheik^ , ou de fa liberté , ou de fa
éputation. Cefouvenir cft cuifant
k caufe des larmes àun Efaù, des
T^yeurs à un Saùl , du deuil à un A-
ab, des cris & des plaintes à une
achel pleurant fesenfans^ & des la- J'^'-'i^*
1^ iiencations a un reuple ailervi aux
Aliy riens s Je convertiray 'vos f cft es
foknuclles tndt îùl^ & tous vos canti-
m pus en lamentation. Mais il n'y a que
i le fouvenir denos fautes & de nos
foibleiies, celuy d'eltre décheude/^
r/7^r ' de la crainte de Dieu , du
fcntiincnt de fa paix & dcs^lfeuran*
s de fa grâce , qui eau Ce le repentir ^
qui perce le cœur a un David, qui hu-
milie un ManaOë , qui arrache des
hrmesde repentance àun Pierre, &
-^.M raineinerEnfant Prodigue defes
remens & de fés débauches. Le
iouvenir feul encore de nos dcsobeïf.
fance^nc^'uffi^: pas. Carie Diable ne
fc louvicnc que trop d'où il cft dé-
cheu 9
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288 Le Souvenir
cheu , Caïn &: Judas ne fe fouvie-
lient que trop du fang innocent , \
Doëg ne fe fouvient que trop de
r^'^** outrages, car il s' en vante ^^^n^^
li"''"' rifie, & il n'y en a que trop qm/>r
hlient leurs péchez comme Sodome. li
eftdonc queltion en cér endroit d*u
fouvenir qui ioit accompagné de d
plaifirs & de regrets, aufli bien qi:
d'un changement & d*ua amand-
ment faint , louvien-toy & te r
pens,
Parlepcciic i nomme s'cftéloigi:
de Ton Dieu, par//? repentir il &'<
rapproche. La prémiére vertu q:
fut l'innocence étant éteinte , Dieu
voulu qu'il y eull une féconde verii
qui full accêflîbie à l'homme crim
nel , favoir la Repentance. Celle-là
ellé prefcrite dans la Loy , & celle-c
l'eft dans l'Evangile. Et ce rej?ent
eû l'unique afte par lequel l'homn
fe relève de ks chutes y comme c'e
l'unique porte par laquelle il renn
dans la maiion de fon Pére célefl:e,ri
niqii
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£hc. iC.
Salutaire, sur Apoc.t i. y. 289
nique degré par lequel il monte vers
le Trône de la Grâce, & l'unique pa-
rure que Dieu requiert en un pécheur
depuis que THomme a efté dépouillé 7."* ^
delà robbe d^innoccnce. Mais afin jo'
que ni un Ange ni des fidèles d'Ephé-
fcnc s'imaginafïènt pas que ce rtp/^^;?-
//rconfiftedans un fimple regret, ou
dans un mouvement de contrition,
ou dans un défaveu de bouche, ou
dans une bonne réfolution qui fou-
vent n'eft qu'un éclair & qu'un feu de
paille, ou dans ce que TEglife primi-
tive appelloit Ténîtence, comme elle
appclloit des témoignages publics de
contrition, & comme un habit noir
i\ appelle deuils nôtre Texte ajoute
incontinent , Et fay tes prémiéres
jBiivres.
C'clUà, Fidèles, le propre &l'ef.
fentiel du repentir, l'avoir un retour
à fes prémiéres œuvres. Et ce n'eft
as tant contre Luther que contre le
r ils de Dieu que Rome a foudroyé
un anathéme, qui Te voit en la Bulle
N de
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apo Le Souvenir
de Léon X. à la fin du Concile de L.
tran, parce que Luther avoitditqu
la meilleure pénitence c'efl nouve .
le vie Fay des œuvres, dit icy 1 1
fprit à l'Eglife d'Ephéfe. Car il n'i
voit garde de luy direcequiétoitir
connu alors , confine toy dans u
Défert, renferme toy dansunCon
vent, affubletoyd'unFroc, confe
fe toy à mes Prêtres, va t'en en 1 eh
rinage , ou rachète tes péchez par A;
cent ! Fay des œuvres \ O que Ce
une belle harmonie quand le repenti
eft au dedans, & quand /^-^ œuvre
paroiffent au dehors! Ce font lait
aeux effets du Glaive a deus trof.
" chans, c'eft là ce double E pm qu-
doivent demander avec Elifee toi
les fidéies, c'cftlàavoir/fjww/wau
frbien que le cr:ir & que la voix d
lacob, favoir;. - pentir dumal ècfa
re le bien. Fay des œtr rrs Car le 1< i
de Dieu ne feconceiù^ pas ou de m
nés ou de paroles. H cherche dans 1(
arbres de fon Jardin non pas des fue.
2.9.
Cjffi 2'
LfaL I
16.
Sataitatrf,, SUR Apoc. II. 5". 291
les m des lieurs, m^is des ra/fins Se
dtsjigues. Ec ce ne liiy eftpasafièz
qu'un Efaù pleure, qu'un Saùlfe la-
mente, qu'un Achab fe couvre d'un
ûc, que Juda courbe latefte comme le ^i"'-
jonc , ou que ce Traître confefled'a-
voir t r ah t le fang innocent. Fay des'^'''*^''
œuvres l Car c'eit à quoy abouti trou-
te la dodrine de Jéfus Chrift , &Ie
plus favant dans le Royaume des
Cicus n'eft pas celuy qui connoitle
plus, mais celui qui/^/> le plus. Le
vray portrait d'un homme , difoit
Agefilaus, cefontfesadions, auflîle
vray portrait d'un Chrétien c'cft la
pratique des œuvres , & quiconque
ne les Fait pas, difoit Tertullien, qui-
conque s'éloigne de cette régie , il
n'ejl plus repute Chrétien parmi nous, -^^'^l^'
Tous les Grecs , difoit un Pâyen, con- ^
noiflcnt fort bien la vertu , mais il uL
i*y a que les Lacédémoniens qui la
Pratiquent, aulïï pouvons nous bien
lire le premier de tous les Chrétiens ,
ïiais le dernier , qui eft de fa^re
N 2 des
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145 G 34
rr
292 Le Souvenir.
des œuvres^ efl: le caractère des vrai
Chrétiens.
Sur tout faut-il remarquer à moi
avis que cet avertiflement s'adreflc
un Ange^ ou bien à un Pafteur, &
un Evéque. Et Jéfus ne luy dit pas
Ange prophétîfe , enquiers toy de
I. temps à venir que le Tcre a muenf
propre ftiijfancel II ne luy dit pas noi
plus, parois en Chaire avec des pan
les aîr ayant es , obferve toutes les rc
gles de l'éloquence & de la fapience ht
maine^ ayesfoin fur toutes chofesd
ta réputation, maintien ton auihc
rite, fomente ton party, avance t<
créatures, pratique la prudence d
fiécle , ou fois toujours avec l'épée 3
poing & avec les armes à la main ! ^
ne s'avife pas encore de dire à fon I
vcque, vieillis dans la contempl itio
étudie de nouvelles fubtilitcz , n
cherche de nouveaus myfl:éres> d(
couvre de nouvelles lumières , d'
truis ce que d'autres ont bâti , muli
plie \es queftïons & les débats ^ ou bu
rev
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Salutaire, SUR Apoc. î i. 5-.
révoque en doute les véritez les plus
établies , & accorde ma doftrine avec
ton railbnncmcnt ! Fay , luy dit il , 6c
enfeigne^i/^î/r^f par ta voix & par ton
exemple, appUqite toy principalement J*''-?'
abonnes œuvres^ car tout le relie font '
des viandes creufes , ce font des nuées
fans eaus, ce font des lampes fans
huile, ce font des feuilles fans fruit,
c'ed un airain qui réforme^ fans in- jcor.
jhu6iion & fans édification, en un ^',,4'.
motcefont d^schaks inutiles &vai' ^./^
7ies.^ Et il exhorte d'autant plus cét 9''*^'
véque ^ faire des œuvres^ qu'il l'a-
oit établi d.msfon Kglifepour efrre
fon ^w^^» Ton minilire, poureftrc
un Chef &: un Condudieur, unefen^
tineilc guette en Ifraèl Aufli Ef.ù.
veut-il que comme un Angeil foitre- "
vécu de vetemens blancs^ que comme '
une Etoile il répande de vives lumiè-
res, que comme un Chef il ne dife
pas Allez, , mais avec un Céfar Fenez^
mes amis y que comme un Condu^eur
il marche à la tefte & montre le che-
N 3 min,
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294
Le Souvenir.
20.28
min, & que comme une guette & un
fentinelle ilprenne garde afoymèm
& à tout le troupeau. Et au lieu d
s'adrefler à toute l'Eglife le Fils d
Dieu ne s'adrefle qu'à r Ange , con:
me s'il luyeuftdit, Tu feras refpon
fable de la conduite detonEglile, t
je redemanderay de tes mains le fan'
6c les iniquitez du Peuple.
Et quelles œuvres eit-ce que le Sei
gneur demande de cet Evéquc.=» Fa^
tesprémiéresçznvr^s^ luydit il. Je
fus auroit dit à beaucoup d'autres
fuy tes premières œuvres, tonpr
mier train , ou ta converfation précé
dente , en quoy confifte la converfioi
des pécheurs. Et nôtre y^rm/Vr^œu
vre c'eft le péché , c'eft la convoitjfe
c'eft l'affeaion de la chair,c'eft tout ce
qui porte J'image du premier Hom
me. Il n'y a rien de bon en nousquc
7,.» nos fécondes œuvres , que tout ce qu
vient d'une féconde natjfanc e ^ cequ.
part du nouvel homme . & ce qui por-
te Timage du dernier Adam. Et corn-
3- nient
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■■m. *
Salutaire, SUR Apoc. ii. 5-. 251^
menteft-ce donc que rEfprit recom-
mande icy à l'Ange défaire les pr^..
mieres œuvres l Je diray d'entrée.
Fidèles , que quantité de chofes
font d'autant plus recommand ibles
qu'elles font anciennes , ou qu'el-
les font les premières. Vous fa-
vezl'ertime qu'on fait d'un vjn vieux,
d'un vieux baume, de vieil or, de
vieilles médailles , de vicus autheurs ,
de vicus amis, ou de vieilles connoif-
fanccs. Auffî pouvons nous bien dire
que la vieille 6c la première foydans
TEglile , la vieille & la première doc-
trine dans la Religion , la vieille & la
. première fimplicité dans les Meurs,
les vieilles &: les premières maximes
dans l'Etat, les vieilles & les premiè-
res œuvres dans la Régénération, font
celles qu'on doit elUmer eftre les
meilleures. L'efprit de l'homme le
porte ordinairement à des cho:es
nouvelles j mais c'efl: un effet ou de
fon ambition, oudefoninconftance.
Etquec'auroit eftéune belle chofe fi
' N 4 l'Hom-
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25)6
Le Souvenir
THomme eût continué dans fa pré i
miere innocence , ou fi l'Eglife eii
confervé fa prémiére pureté, oufifc
Dofteurs fuffent demeurez dans 1
prémicretraditive!
Cétoycnt bien encore Xcspremu
res œuvres qui dcvoyent témoigne
du repentir de cet Evéque : S'il e
vray que ce font celles qui ont préce
dé la défobeïflance le péchc d
l'Homme, comme auHî elles font k
premiers fruits de la régénération i
de la grâce. Mais particuliéremer
la première charité prémier zél
de cét Ange avoyent efté très loua
bles. Le commencement avoit eft
trés-beau , comme il arrive le pK
fouvent, & comme l'Hiftoire faint
loué les prémiéres œuvres d'un Saul
ou d'un Salomon, oud'unRoboam
oud'unjoas, ou d'un Amazia. Ma
enfin, comme vous l'avez vu , ce
Ancre en étoitdécheu, la chair avoi
prévalu pardefllisl'efprit, ^l'amou
propre par dcfliis celle de Jéfus. Ktc
Salutaire, SUR Apoc. I1.5'. 297
qui devoir luy eftre &àfon Eglife.la
première & la plus importante tâche,
comme le doit eftre tout ce qui cil
ordonné de Dieu, tout ce qui mène à
Dieu, & tout ce qui intéreflè fa gloi-
re , n'étoit plus ce femble mis dans ce
premier rang. Enfin difons que les
œuvresde la charité, de rhumilitc,
de la patience, & d'un zélé ardent,
font véritablement /c'j- premières œu-
vres, puis que c'eft par elles que TR-
glilé Chrétienne a commencé à ié
rendre recommandable. La prémié-
reEglife a le plus excellé en ces pre-
miers fruits d'un^ ^ '^ritable foy. Ils
en ont efti' ' plu. .<ol ornement, & ,
Jc\s œuvre > uiic elle cette gloire au de- 14- m-'
danS'i &: ces vetem. ns de broderie avec
lelquels cette Epoufe myftique aefté
prcicntée à fon Epous. Car qnefut
l'Eglife Apoftolique, qu'aeftélaPri-
mitivc, fi ce n'efl: une Lcole de toutes
les vertus, une maifon de Paix, un
lieu de Prières, un Hôtel Dieu, un
Pillais de la Charité, & un Hôpital
N 5 pour
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145 G 34
Le Souvenir
pour toutes fortes de miiérables
Tout n'y étoit qu'un cœur & qu'un 1
ame, T Amour y étoit comme fur fo «
Trône, les Tables y étoyent pour le j
Pauvres aufli bien que pour les Ri^
ches, les biens y étoyent communs
lesvifites allldues, les colledes joui
naliéres, les offices mutuels , les al
femblées fréquentes,la fincérité gran
de 5 & la confiance admirable. Etlor
que les perfécutions ont efté veuës
lors que les priions ont efté ouvertes
les glaives aiguifez , les feus allume2
leséchafFauxdrelIez, &lcsmaflacre
commencez, c'a efté alors untemp
d'œuvres. Mais infenfiblement Taifi
& le repos , le luxe & les richeflès , le
Mitres & les Digtiitez, l'ambition &
la mauvaife conduire de CCS ^^^^J d<
rEglifc, ont faitdifparoitreccs/^r^.^
^en^umieres œuvres. Les Vaches maigre:
^''•H. ont dévoré les graflcs . & les Epyj
pleins & beaus lont devenus vuidcî
& flétris. Et il femble que l'Eglift
Chrétienne ait efté reprefentée pai
cette
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145 G 34
Salutaire, sur Apoc. 11.5. 299
cette Statué myfterieufe dont la Te z^7;.
teétoit d'or, mais la Poitrine & Ics^'-
Bras d'argent, le Ventre & les Han-
ches de fer , & enfin les Piez & de fer
& de terre. ^
Et pour achever mes remarques
fur nôtre Texte , vous m'avouerez
4cy que le Seigneur étoitendroitde
demander quelque chofe de plusque
^les prémiéres œuvres. Il pouvoit exi-
ger de cet Ange une charité plus ar-
dente que la première, une fainteté
plus grande, un travail plusaflidu, ^
une juftice plus accomplie. Il avoit
fujet de commander que ce mefme
, Ange payait les arrérages, & qu'il re-
compeniaf^ ' perte du temps pafTé,
& rinterniiiiion de tant de bonnes
œuvres. Mais ce dous & charitable
Sauveur fe contente d'un retour aux
premières œuvres , & il quitte l'Ange
avec Ion Eglife de tout lepafië. Ce
bon P cre le contente du retour de fes
enfansàleur premier devoir, auflî
bxenquefitle Tere du fils débauché, f^kc
N 6 il
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145 G 34
500 Le Souvenir
11 n'agit pas avec lesfiens en Maitrc
Se en Juge , & il ne les traître pas com-
me des efclaves & des criminels, cai
ileftluymefmeleurPlége & leur A-
vocat. Et ne prenez qâe l'exemple
de Pierre fon difcipie de qui il ne de-
mande que la première difpoficion <S<
les premiers mouvemens , en-fuite
d'une chute fi lourde & d^une abjura-
tion fi horrible , & fon bon Maître fe
contente de cette confeffion ingé-
nue , Seigneur tu fais que je faïme.
O quec'clUine belle chofe quand
Dieu parle 6c que THomme écoute,
quand le Seigneur crie, Aye Jouve A
nance & que le pécheur revient à foy-
mefme avec le Prodigue, quand il re-
prend un cœur d'homme avec Nebu-
cadnezar , & que d'un Manaje ^ d'un
oublieur qu'il éroit il devient un Sî^
meon & un enfant d'obeïflance î 11
s'eft vu des chutes & des bleifeures fi
prodigieufes , qu'elles ont fait perdre
tout le fouvenir du paflé , & que des
nerfonaecs favans ont oublié àhrc,»
^ ^ com-
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145 G 34
Sat.utaire, sur Apoc. 1 1. f. 301
coiiuncaufli Ton die que cela cil arri-
vé dans ces derniers temps au f.imeus
Janfenius byéque de Gand. A Dieu
ncplaife. Mes rres chers Frères ,que
la dernière ^ l'épouvantible chiite
de cét Etat luy ait fait perdre le/(i?//-
Avenir & de fa condition Se de fes œu-
|vres précédentes ! Et puiflc-t'il au
contraire luy arriver après cette der-
nière blcflcure comme il arriva , félon
le récit de Pétrarque, au P^p^Clc- J/lu-
ment VI. dont la mémoire fe reveilla
il fort par une blcflcure à la ré'^e, qu'il
n'oublia jamais plus rien.
Vous avez fans doute ou autant ou
plus de motifs à qc fouvenir falutai-
re, que n'en eut autrefois 1 Eglife
d'Ephefe. Car li j'excepte la fonda-
tion & la prefence Apoftolique 5 &:
les prérogatives de ce premier âge
dontcUea efté honorée , on m'avoue-
ra que vôtre République a fait voir
en nos jours une omixo, Ephefe ^ mais
bien plus avantagée en benedidtions
& en faveurs, Qiiant auxfpirituel-
N 7 les,
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302 LeSouvenîr
les , vous n'étiez pas autrefois moinj
Idolâtres que le fut ce fiége de lagran
«^^g deTyiane^ & Dieu n'a pas moins al
lumé le Chandelier de fa connoiflanct
au milieu de vous, & n'yapasrepan
du moins de grâces, foit pour le nom-
bre de ceux à qui porte de fon Evan-
gile a efte ouverte , foit pour la pa-
tience de vos Pères, foit pourlafin-
cerité de leur zcle , & l'excellence de
leur charité. Et quant aux avantages
de la terre, fi Ephefe fut la première
entre toutes les Republiques de l'A-
fie,fi fes Gouverneurs furent des Pro-
confuls > fi fa fituation fut maritime fi
fes Ports furent abordez de tous co-
tez, fi toutes les Nations y trafiquè-
rent, & fi les Arts& les Sciences y
fleurirent, avouez que cette Répu-
blique de HoU mde IVmporte de
beaucoup par d-tfius l'ancienne Ephé-
fe, en toutes ces prérogitivcs. Mais
aufii là où il fut dit à cette prémierc
Eglife , Souvien toy , autrement p
<i)tmcirajàîojbun'toJi y helas! quant
àvô-
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145 G 34
Salutair.e,sur Apoc. 11.5-. 303
tre République . & quant à un grand
nombre d*Eglifes quiyéroienc flo-
rinàntes, ce n'cft plus Je vietidray ^
car Seigneur tu es "venu , & tu és venu
bien tojl^ c*cilàdire fubitement, &
comme un éclair, ou comme le lar-
ron vient en la nuit, tes ailes ont efté
comme des ailes d^Aigles , & tes
Chariots ont efté comme des cha-
riots de feu, & comme un tourbil-
lon. Ce Peuple icy n'a pas voulu fe
rellbu venir de toyàla voix de tes
Profères , aullî luy as-tu parlé finale-
ment avec une barre à la main. Et tu
en as prefques ulë envers nouscom-
^meen ufa autrefois Ab(alom envers w
Joabj car après qu'il l'eut conviéàjt'^'
venir vcrsluy, aprc.. qu'il luy eut en-
voyé divers meftagers, & qu'il luy
eut réitéré les exhor rations & fes priè-
res, enfin il commanda à les lervi-
tcursde mettre le feu à^xi^ le champ
& dans les ^^r^^'jdejo îb. Et veuiLes,
adorable Jéfus, qu'il fe trouve que
les mftrumens de ta coiére, qui ont
bru-
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145 G 34
304 Le Souvenir
brûlé nôtre moiflbn , de qui ont ra
vagé nos orges , nos Campagnes
nos Villes, &nos Provinces ayeni
produit en nous le même effet, qu<
produifirent ces lerviteurs d*Abfa-
lom en la perfonne de Joab 1
Je m'aireure , Peuple Chrétien
qu'une infinité de perfonnes dans cei
Provinces n'ont pas befoin d'eftrc
exhortées à iefouvenir de leurs per-
tes & de leurs difgraces , pendant cer
tefuneftc guerre. Et jenecon^
nepascelbuvenir, car ilcft juilc, 1
eft raifonnable, & mèmeil eft necef
faire , s'il eft vray que Dieu frappe a
fin qu'on !e fente , &: qu'il cil trés-b
qu'un patient foit fenfible. De faij
les difgraces decér Etat, foit les pu-
bliques foit les particulières , ont elle
fi grandes .^fi extraordinaires, qu'il
faut que le /^»//i;^';;/> en palîejiifquesà
la dernière génération. Ouy ! louve-
nez-vous &^Souverains& Sujets, &
Magiftrats & Citoyens, quelétoitce
dégréde gloire &: de pull^ànceauque'
vous
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145 G 34
Salutaire, sur. Apoc. i i . f. joy
Vous avez vil cette République devant
fa chute, &: quelle a efté bien-tofl: a-
prcs certe extrémité d^ignominie &
d'impuiflance, dans laquelle vous l'a-
vez viië tomber tout d'un coup. Elle
étoit comme une Fille munie , fes co-
lonnes étoicnt comme des colonnes de
fer^ 6c fes murailles comme des mu-
railles d*airain, elle a voit étendu fes
limites jufqucs auxextrémitezde TO-
rient, elle écoit comme hDame des
Royaumes^ l'arbitre desd fferens, le
frein des ufurpateurs, la terreur de
fes ennemis, l'af) !c des oppreflcz,
la curiofité des Etrangers , le magafin
ôc prefque l'abrégé de tout l'Univers.
Elle étoit fermée de tous cotez par
tant de Mers & de Rivières & d'H clu-
fes, environnée de tantdeForteref-
fes, enceinte de tant de Tréfors,
pourvue de tant de Munitions, peu-
plée de tant d'Habitans, ^k:elleavoit
à fa difpofition des Flottes fi redouta-
bles & une Milice fi nombreufe, qu'el-
le en paroiffoit eftre inacceilîble à
tou-
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145 G 34
^o6 Le Souvenir
toutes les forces de la terre: Et ce
pendant vous avez vu cette même Ré
publique en peu de femaines, &qi]
plus eft en peu de jours, defloriffan
te rendue délolée, de libre devenm
efclave , de fouveraine devenue lu
jette , de riche devenue épuifée , d'à
bondanteen tout devenue deftitué(
de tout, & de Tétonnemcnt qu ell<
étoitdes Peuples & des Nations de-
venue prefque le jouer & Topprobre
non feulemeut des Sceptres &c da
Couronnes, mais auflî des Cro(îes&
des Mitres qui dans u a ;iutre tcmpj
fe profternoyent devant Vous,^ com-
^* me des petites ^^t^^J" devant la ^er^^
impérieufe dejofeph, & comme des
Roitelets devant le redoutable Sa-
lomon. Mais particulièrement que
cette admirable Province icyfelou-
vienne, qu'elle a vu fcs Places fron-
tières fubjuguées , fes Bourgades mi-
fesau fac, fes Campagnes défolées,
fes Villes émeuës , les Peuples foule-
vez, fesTréforsépuifez, fes Riches
re-
Salutaire, SUR Apog. ii.f. 307
réduits à la pauvreté , ^ un Roy-
étranger prell d'^ eftre reçeù en Mai-
:re&en Conquérant» & d'y établir
e culte de Tldole, &:Ie fervice de G4/.4.
:eus qui de nature 7ie font pohU T>ieus ! ^*
:^e ce même Lieu où je vous parle fe y,utth,
fou vienne, ç^o, fa fuite aejle en hy-
ver >^ qu'il a vu dans la faifon la plus
•igourcufe une multitude prclque in-
nombrable de femmes, de filles,.
J'enfans, &:de vieillards, chercher
jn foiblc afyle dans l'enceinte de foi-
3lcs Murailles , & que de cruels de-
lru£teurs, des hommes de fan g, des
Mérons Ôcdcs Barbares onteftéprécs?
iy porter le fer & de feu , & d'cxé-
:uterce bel ordre de leur impitoya-
ble Chef, Allez, ♦ pillez,^ tuez , vio- ^dv.
■ezy ùrulezy & s' il Je peut faire quel- ^^'^^l'
uechofede phis exécrable-, faites-le [
t enfin que chacun en fon particu-
lier le fouviennc, G^\^celuy quiefide- \^^^\,
ont doit prendre garde qu^ilne tombe !
&quc les plus aflèurez fe mirent fur
les exemples de ceus qui, dans le
cœur
5o8 Le Souvenik
cœur de céc Etat, fefontvûscnpe
d'heures précipitez du plus haut faîi
deprofpérité dans les derniers ma-
heurs! O combien y a-t'il eu dec(
Beltfazarsqui avoient le cœur joyeu
combien de cesNabalsqui étoyer
trés-accommodez , combien de et
Hérodesqui piafFoyent furdesfiég(
Judiciaus , combien de ces Riche
qui ne fongeoyent qu'à bâtir des ma
fons& des greniers, & combien d
bons ou Gentilshommes ou Hab;
tans, qui repofoyentà leur aife /f?/
leur vigne & Jons leur figuier , 6c vo
là ils font cheus , & font tombez d ir
un moment! Onavûleursperfonnt
maltraittées , leurs Châteaux bru
lez, leurs maifons de plaifance ru
nées, leurs cloifons dépecées, leui
forets coupées, leurs prairies inon
dées, leur bétail enlevé, leur épai
gne & leur abondance , leurs parure
& leurs chofes défirables, leurs fem
mes & leurs vierges, expofées oi
à la proye , ou à Tinfolence , o\
à la cruauté des Barbares. C*
Salutaire, sur Apoc. i i. f. 309
Ce fou'venir^ Chers Frères , même
aprcs une heureiife délivrance eft
très- utile 5 & ce miroir eft crés-inftruc-
cif. Mais ce n'eft pas là le principal
fouvenir que demande Jéfus Chrift,
ce n'eft encore làqu*un fouvenir delà
chair, & puiflcnt ces belles Provin-
ces fe refîouvenir d'une autre chute ^
qui eft de leurs premières œuvres ^ 8c
de ce qui fut autrefois leur ornement
le plus beau, &: leur parure la plus
éclattante! Hollande! dit encore au-
jourd*huy ce me lèmble ce mifericor-
dieus Seigneur , Je cormoi tes premiè-
res œuvres^ & j'ay ville temps, que
tu as endure , que tu as tu patience^
que tu as travaille pour monrmn &
ç\uetu as haï les atits & la dothme
des Nicolaïtes : J'ay vû le temps au-
quel tu ne connoidois ni l'impieté de
Sodome , ni les abominations d'E-
Ijgypte, nilefaftedc Babylone, nile
■ luxedeTyr, ni les péchez des Na-
I tions: Je me fou viens de ce temps
I auquel on voyoit le zélé dans tes Egli-
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145 G 34
gio Le Souvenir
fcs , la dévotion dans tes Aflemblce
lajuftice dans tes Tnbunaus, Tint»
grité dans tcsConfcils, laconcord
dans tes Gouverneurs, la piété dan
tes Familles, 8c la fi mpl ici té dan s ce
Habitans: J'ay vû les jours auxquei
ma parole étoit refpedée, mes Set
viteurs honorez , mes Sabbats fanâ:]
fiez, les blafphémes punis, lesfcan
dales réparez, & auxquels fur tout 1
Jeunefle, qui toft ou tard donne de
Pafteurs aux EgUres , des Douleur
aux Ecôles, des Régens aux Villes
&des Miniftresàl'Ltat., étoit faine
mentinftruitc, foigneufcmentdifci
plinée, 8c fagement conduite à un mè
me but, ^portée à une douce harmo-
nie dans laPolice 8c dans l'Eglife rj'aj
vù ces heureus temps auxquels le rel
peft de mes Ecritures tenoit la Raifor
cette fiere & cette prefomptutufe Ser-
<vante , qui s eft toujours élevée contn
Sara la Maitrejfe, dans le devoir &
danslafoumiflîoni L'intérêt de mon
Règne prcvaloit en mes Profères par
SaLUTATRF, 5ÎUR ApOC. II. j^. 3 II
Icfliis les iiuci CCS de la Chair i Et Ton
remarquoic dans tes Chaires ^ dans
tes Ecoles moins de kibniité &plus
defainteté, moins d'oftentation &
Diusdezéle, moins de recherche de
louvcaux myrtéres &c plus de prati-
que d'anciennes & de premières œu*
vrcs : Enfin ô Ephéfe d'aujourdhuy !
*ay vu le temps auquel tu étois avec
dIus de charîte & avec moins de pom-
36, un Afyle aux pauvres réfugiez,
m Hôpital aux pauvres languiilans,
jne Nourrice aux aiïamez , une Me-
tfe aux Orfelins , & une Protedricc
tux veuves ^ aux opprcficz. Voilà
]ucllcs furent tes premières œuvres y ^<"^^*
ouvres de bonne odeur, & œuvres
enommees par tout le monde \ M ain te-
)anc ô Hollande! confidére tes der-
rières œuvres, examine ta dernière
Conduite , repaffe fur la dernière con-
li tution de tes Villes , de tes f' glifes,
ie tes Aircmblées, de tes Confcils,
ie tes Tribunaux, de tes Ecoles ,
Je ta jcuncfle, juges enfansdégui-
fe-
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145 G 34
512 Le Souvenir.
lement & fans flatterie, & fouvm
tojy fouvien toy d'où tues dechettë \
Aprésccla, Peuple Fidèle, faut-
trouvcr étrange fi uner^///^aprec
dé l'autre , fi Dieu a mis enfin la co
gnée à la racine , & s'il a coupé
j^4«.4. ébranché ce grand Arbre qui fe fat fb
-voir par toute la terre ? Cette Jurti(
adorable a fait voir en vôtre Répi
blique , ce dont elle mcnaçoit fc
^^çi. peuple par dt^s Moyies & par desjc
^'■.^^ fuëz 5 &c ce qui s'eft vu en dive
I^ exemples tres-mcmorablcs. La pc
25!t8. fteritéde Jacob vint-elle ïpaillardi
à la façon des Egyptiens .5^ à en im
ter les abominations? Dieu Taflerv
bien toft après à cette même Egvpt
Les Juifs peu après la mort de SaU
mon vinrent-ils à faire félonies abi
\^'L mînations des Hâtions , voilà qu aufl;
^î- ' toftSefacouSefoftriS,lefuperbeD(
minateur de ces mêmes Nations
monta contre Jerufalem , & la dt
H.yry. pouilladefestréfors. Ephraïmvini
^' il àfe mêler avec les 'Peuples , & à imi
te
Salutaire, SUR Apoc. II. 5'. 313
ter le faux culte des Afliriens P Dieu
luy dénonce auffi qu'Affur feroic la
^ergc deja colère , & le bâton de fan
indignation. Le bon Ezechias élé-
ve-t'il Ion cœur à la façon de Baby-
Jon , & dit-il aux AmbalTadeurs de
/ celle-cy, Cefoncicy mes Tréfors, c'ell:
' icy ma gloire & ma magnificence ? Foi-
cy venir les jours ^ luy ditauni-toft le
kPf ophéte , que tout ce que tes Pères ont
amajfeen leurs tréforsfera emporté en
Babylon \ Les Perfes au temps de leur
dernier Monarque vinrent-ils à imi-
ter di verfes coutumes des G recs , donc
quelques-unes paflerent mêmes juf-
ques à la Cour de Darius? Voicyque
que bien-toft après ils paflerent fous
le joug & fous la domination de ces
mêmes Grecs. Avouez , Chrétiens ,
^ue vous venez de voir quelque cho-
^e de femblable dans vos Provinces J
Car il a plu à la Souveraine Providen-
ce que cette même Nation , dont la
vôtre navoit que trop pris les modes
^ les coucûmes, ^ n ayoic que trop
O imi-
ïo. 5.
59- 1.;.
6.
50.
Sabtl-
lie. L.
4. En-
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145 G 34
jt^ LeSouvenir
iniicé le luKe & la licence i foit devenue
en peu de tems la vt rge de fa colère , &
• vous aie été un fléau à vos cotez, , &
co m ine des pointes a vas yeux.
Mais gloire foie à ce Pere des mi
fericordes , de ce que vous apellam
aujourd*huy à un fouvenir trifle S
douloureux , il vous apelle aufTi \
un fouvenir agréable , & raviflant
Car il vous apelle , 6 Nation troj
heureufe ! en vous fouvenanc devô
tre chute , à vous fouvenir auffi de
miracles que Dieu a faits pour vou!
relever. Et d'abord , que de mira*
des en la naiflance fi peu attendu^,
en la confervation , en Texaltation
& en route la conduice , aulTî bier
qu'en toutes les qualitez perfonnel
les de l'Ange Tutélaire de cécEtat:
O que Rome l'ancienne ne vante
plus les merveilles de la naifTance;
ou de la confervation , ou de l'é-
tabliflemint de fes Scipions , de fè
Fabius , & de fes Augulles ! Que THi-
ftoire plus récente ne nous parle pluî
de ces DteuJonnez , 6c de cespré-
ftns
Salutaire, SUR Apoc. II. ^i^
fcns extraordinaires du Ciel , pour
le laluc des Peuples ! 11 faut que Ten-
vie même reconnoifîè qu'après les
merveilles qui felbnt vuësen lanaif-
fancedesllaacs&desSamfons, en la
confcrvation des Jofephs Se des Da-
vids, en Texaltacion aulîî bien que
dans les exploits des Gédéons, ou des
Judcs ce fang Illuftre des Haf-
monécns, & finalement en la condui-
te & aux qualitez admirables d'un
jeune Salomon ou d'un jeune Jofias,
il ne s'eft rien vu de li miraculeus
qu'en tout ce qui paroit & qui brille
en ce jeune Héros, dontl ExcIufion
aefté vôtre cMUy ôcdontrEtablifTe-
tacvt h cAé votre de//vrance. O que de
miracles depuis ce prémier miracle
que Dieu a fait en vôtre faveur ! Auilî
tne fait-il reflbuvenir de cette pré-
tniere merveille que Dieu fit en Egy-
pte pour la délivrance du peuple d'if-
raëij lors que ce qui paroilibit un Ser-
>era nuifiblcâ mais nuifibleades Egip- ^^^^
aens, &ades ingrats, devint en la ? '4.
O 2 main
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145 G 34
Le Souvenir
main de Moyfe une J^erge miraculeu
fe, laquelle fut le falutaire Inftrumen
FxoH.j^. de tant d'zutrcsjignesy & de tant d'au
^* très merveilles. Ouy ! encore un
io\iy\fouvien'toy , Peuple Belgique
de toutes celles que Dieu a faite
pour ta confervation & pour ta défer
fc, dés le moment que cet Etat, cort
me un autre Moyfe, 2iprisenfamai
cette Verge véritablement divine
Que de prodiges & au dedans & a
dehors, & lur les Eaus&furlaTei
re ! 1^ t que de chofes merveilleufes di
nanties yeux de touces les Nations 1
font vuësenlfraël ! Auflin'en attei
^ dez pas de moy le .détail, puisqii
nous l'avons donné ailleurs , & qui c
vous ne fçait pas de quelle façon Die
par cette Verge a calmé au dcdai;
les orages, boule verfé des confei
infidèles , rangé une populace émeu,
&: au dehors a arrêté un torrent imp(
tueusj borné un fier Conquérant,
marqué par manière de dire des lign^
qu'il ne pafléroit point ? Quj de voj
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145 G 34
Salutaire, sur Apoc. 11.5-. 317
ne fçiit pas de quelle façon Dieu a en-
core humilié des Flottes orgueilleu-
ies, & foudroyé des vaiffeaux Fou-
droyansi de même qu'il a garenti vos
Côtes, confervé vos Chefs, ramené
vos Navires , & montré qu'il com-
mande auflî aux Vents & aux Mers?
Qui ignore dans ce Lieu-cy de quelle
façon Dieu Ta préfervé contre la der-
nière défolation , & comment il a
fait fondre miraculeufement des gla-
ces qui alloyent eftre pernicieufes à
Vous, à vos Familles, & à tout vôtre
Etat? En un mot quinefçiiit pas les
dernières merveilles , que Dieu a fai-
tes par ce divin Inftrument , foit pour
reprendre des Fortcreflcs munies,
foit pour châtier un Archevêché qui
a dû eftre le commencement de vôtre
délivrance , comme il avoir efté celui
devosmaus, foitpour mettre de l'é-
pouvante dans refpritde ceux qui
vous en donnèrent, & pour leur fai-
re rendre vos Villes & vos Provinces
aulii fubitement qu'ils les avoyejit
P^^^^s? o 3 ivlais
ï
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145 G 34
3i8 Souvenir
Mais vous attendez fans doute
Vous tous qui m'écoutez, quejere-
commande particulièrement le fou-
'Venir de cette hcureufe & de cett<
admirable journée qui fait aujour-
d'huy le fujet de nosjoyesôc denoj
triomfes. Et il ny a point dedou-
te, Peuple Hollandois ! que tu n^
doives imprimer ce même jourdanj ,
tonfouvenir, & le marquer dans tej
Régîtres , comme Tun des plus figna--
lez & des plus falutaires de tous. Jo-
faphat Roy bon & fidèle s étoit eng^a-
géavecAchab, & luyavoitditjF^j
'"^ ton conte de moy comme de toy^ &dc
mes forces comme de tes forces. Nos
Frères nous en vouloyent , comme
autrefois Ifraël en voulut par une er-
>/ n. reur aux enfans de Ruben & de Gad
"* leurs Frères & leurs Confédérez/
Une Nation liée avec celle-cy par
tant d'interê ts , comme fontccuxde
Sang, de Religion, d'Amitié, de
Commerce, &: d'une Caufe commu-
ne contre des deffeins ambitieux, é-
toic
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145 G 34
Salutaire, sur Apoc. 11.5-. j ip
toit devenue lelon les apparences nô-
tre irréconciliable Ennemie. Une
chère Sagunte , ancienne amie & an-
cienne alliée . paflbit pour une fuper-
beCartagc. Vous étiez l'objet de la
colère & de Tindignation d'un Mo-
narque , qui a toujours eflé Tobjet de
vos rcfpeéts de vos vœus. Vos priè-
res & vos déférences fembloyent
déformais eflre inutiles , les cœurs pa-
roifibyent endurcis & les oreilles
ouchées à toutes vos offres, les com-
bats & les ravages , les brandons & les
feus , les foudres & les éclats fe pré-
aroyentde nouveau, auffi bien que
s charges au cœur de l'Etat, que
sPéres n'ont pii porter. Et voicy
ut d'un coup que Dieu fe montre en
Sion , qu'il précipite /e confeil des ^
Pervers , qu'il furprend les fages en
leurs rufes , qu'il diffipe les dtfcoîirs
des cauteleuse qu'il confond lesarti-
Ices & qu'ils renvcrfe les projets de
uxquifouffloyentun Efprit de di-
Jlion! Voicy qu'il fléchit le cœur de
0 4 La-
3^0
Le Souvenir
Laban envers Jacob , qu'il incline I<
*r^'" cœur de fon Oint envers le refpec
X Sam. tueux David, qu'il ce Frère ir
rité & pLiiflTanr lequel court au devara
4-^- dcfonpuiné & l'embrafle, & qu'il é
acw claire l'efprit & change les penfées di
^9 ^- bon Jofaphat ! Voicy qu il /f
yeux de ceux qui prenoyent des amii
pour des ennemis , tout au contraîn
de ce que firent ces Syriens qu' Eli fé^
\^iUmenaen Samarie, & qu'il vient d<
- faire en forte , qu'Ifraël ne parle plu.
démonter en bataille à l encontre de
Tribus innocentes ! Des homme
trop interenez tâchoyent de mettn
o imefpritmauvais^nttQ kbimtXç^ch^
^3' * Sichem, je veus dire entre le Roy 6
fon Parlement -, mais le Souverain ar
bitre de toute la Terre a fait, comm<
il fit autrefois en Hebron , que le cœu
du Roy & les cœurs du Peuple on
V' ' confpiré à une même paix & à un.
même alliance, laquelle de defefpe
rée qu'elle paroiffoit, eftfubitemen
devenue conforme à vos demande
Jcf 12
33-
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145 G 34
ÏALUTAIRf:, SUR APOC. ll.f. 3 2 1
& à VOS fouhaits. Et pour tous ces
miracles Dieu s'efl: encore fcrvi de
cette Verge merveilleufe qu'il vous
a mile en main, & decét Hommede
fa dextre qu'il vous a donné en fes
mifericordes, & de qui vous pouvez
bien dire ce que dirent de leur Autel
les deux Tribus reconciliées à Ifraël,
i/ témoin entrerions que l Eternel j^f^^
eji le 'Dieu. 34.
Après quoy 5 Chers Frères, je n'ay
plus rien à vous dire, fi cen'eft^'^'^
jouvenance \ mais aufîî, Faites vos
premières œuvres ! Certes quand cet
heureux changement nefeleroitpas
encore vii jufqucs icy , qu'au moins ce
jour de grâce Tafie ce que n'ont pu les
jours.de calamité. Car comment en-
vifager ce bon Pere mettant bas la
plus redoutable de fes Verges, nous
tendant^ comme fit Afiuerus à Ef- ^Aj-
thcr, la Verge de fa grâce, nous baifant ' ;
d'Un baifer de paix ^ nous attirant/>^r
des liens d' amitié O' par des cordeaux
ihumariite , 6c nous faifant oublier'^*
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145 G 34
31Z Le Souvenir.
\f tout nôtre tourment , de même que l'o,
nefefouvient plus des eaux qui Jon
paffées \ Comment voir au milieu d
nous des changemens fiheureus, de
délivrances fi grandes , des mervulles i
furprenantes , & ces mêmes prodig
qu'on a vu conftamment dans toutes le
difgraces de vôtre Etat, avec d'autf.
encore qui font aujourdiiuy plus éton
nans ? Comment voir reparoître le:
délivrances des Judées , des Samaries
& des Jérufalems , ou voir renaître le: :
temps des Jolaphats, desExéchias, &
des Maccabées , puis que 1 impieté mê
me reconnoit que c'ert icy le don di
T>ieu , que ce font des machines def
cenduës du Ciel , & des refforts manie?
& oouvernez de fa Main toute-puiflan-
te? Comment, dis je, faire la mom-
dre réflexion fur tant de merveilles, &
voir aujourdUiuy fe îéver en une iombrc
ôcenun noire nuit ce même Soleil qu
s'étoit couché en plein Mtdy , fans eûrc
^ ou convaincus en nôtre incrédulité , ot
touchez en nos cœurs, ou réveillez en
nos
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145 G 34
Salutaire, sur Apoc. ii. y. 32J
nos confciences, ou ravis dans nos
Erprits, Ranimez à donner gloire au
Saint d'Ifraél? Car quant ànioyjefuis
fortement perfuadé que parmi tant de
milliers drames qui habitent dans ces
Provinces , il y en aura un nombre fans
comparaifon plus grand qu'il n'y eut en
Ilraëiau ccmpsd'ElieleProphéce, qui/^fj
feront revivre dans vos Villes & dans ' '
vos Bourgades, dans les Col é^cs Se
dans les Familles, dans cette Cour(î^
dans ce Lieu-cy , ces premières œu vres,
qui en furent cy devant la gloire & la
couronne.
Et c'cd p r Li, Peuple Fidèle, que
l'on verra aulîi renaître toutes les pre-
mières bénédiftions CVft par ce
moyen que Dieu achcvcra ce qu'il a
commencé , qu'il couronnera vôtre
Paix, qu'il rangera un Monarque in-^^„
flexible, qu'il brifera ce grand Colofle ''"i-i.
parla petite "Pierre <\wç: luy même a
taillée de fa Roche, & qu'il vous ren-
dra femblables à Gad , car fi une Trou-
fe ennemie a couru fur vous , vom
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145 G 34
324 Le Souvenir
courrez fur Elle à la fin. C'eft de 1
forte qu'on verra retourner lesProvin
cesàl'Êtat, les Villes aux Provinces
lafplendeur aux Villes, la graiffe au>
Campagnes, la profpériré au Com
merce , la feureté à la Navigation , lai
fe & le repos aux Habitans de cette Tei
re. C'eft ainfi que Dieu vous confei
vera ce cher Déport que vous voyez d(
fon Amour, ce Gage de fon Alliance
cette Lampe de fon IfraëM'Ame de vô
tre Etat, la Force de vôtre Lionje Lier
de vos Flèches, leDéfenfeur devôtn
Foy, le Reftaurateur de vôtre Liberté
le Confervateur de vôtre Paix , le Fleai
de vos Ennemis, &lavraye Epêedi
Jn^.y. L'ETERNEL, d^^^NASS AU. Maiî
particulièrement c'eft cet hcureus a-
mandement & ce faint repentir , qu
réjouira ks Anges du Ciel , qui édifier;
les hommes, qui convertira les pe-
cheurs, qui contentera la Majerté di-
vine, qui appaifera vos confcienceS;
qui calmera vos troubles, & qui réle-
vera vos efprits & vos cœurs dani
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145 G 34
Salutaire, SUR. Apoc. ii.f. ^îf
toutes vos chûtes 3z dans toutes vos
vifications.
O que font heureufes ces ames Chré-
tiennes, qui étant decheuës quanti la
chair ferélevent quant à refprit, &qui
quittent fans regret la/)é?r//(?« du mau-
vais Riche pour celle de la bonne Marie !
O que font heureus ces Fidèles qui pour
fejouvenir falutairement deDieu&de
Jékis, demandent à ce même Jéfus,
non pas de pouvoir ^'//^//Vr toutes leurs
autres connoifliUîces& toutes leurs lu-
' miércs, comme l'on dit que fit un fa- T/f^*
meus Moine , mais bien de pouvoir
bannir hors de leur mémoire & le Mon-
de & la Chair ! O que btenheureus fera g"».
eluyqui empoignera cesenfansdQ 13a- r''"'
uel, qui lesfrotjjera contre la pierre ^ Y, ii
& qui tâchera de les étouffer dés leur * '
nailfance^/^^z^j le fleuve à'xxnç, vraye Pé-
nitence ! Qiie ceux-là auffi font heureus
qui ayant efté relevez paria grâce de
Dieu de quelque chute dangereufe, ou
d'un péril évident , ou d'une maladie
ortelle , ou d une écharde cuifante,
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145 G 34
plut.
Ii6 Le Sour enir
ou bien de la pacte d'un Ennemy , de la
griffe d'un Lion , & delà main d un
Philiftin, /<? fouviement que Dieu a
ufé de gratuité envers eux ; & c eft bien
là le moinsqu'ils doivent à Dieu que ce
Souvenir! Heureus encore ceux qui
étans^^'f/^^'/^ d'un état relevé, &dans
lequel ils s'ejtimoyent eftre debout , font
une reflexio.i lemblableà celle que fie
Philippe de Macédoine , car après eflre
cheu, voyant Tétendué de Ton corps
fur lapou.Tiére, Grand'Dicu, dit-il,
que nom tenons peu de place , ér le mon-
de ne nom fauroit contenir \ Heureus
de même tous ceux qui dans des jours
de réjouïfîance , comme eft celuy-cy.
fe fou viennent de ce que font toutes nos
joyes&cous nos plaifirsî Et qui dans
l'état le plus ^^tt^\fefotiviennent\\\x\\
n'y a rien de ftable fous le foleil . & que
nous fommes tous icy bas comme avec
un pié fur une boule, & dans un état
chancelant ! Enfin que vous ferez heu-
reufcs , Ames Fidèles . vous qui ne
voyez en ce monde que des œuvres d i-
ni-
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145 G 34
Salutaire, SUR Apoc. ii. f 327
niquitc , & qui ne faites vous mêmes
que des œuvres qui tiennent toutes du
péché 5 & qui font toutes tachetées
comme Tétoyent les Brebis de Jacob, 22'.*'^'
ou toutes enfanglantécs comme letoit
le Hoqueton de Jofeph , que vous fe-
rez heureufes, h X ce fujet vous afpi-
rez à l'Eglife des prémiers-nez , en la-
quelle nous ferons tous nos premières
œu vres , œuvres de Tétat d'hmocence,
œuvres des Anges & des Séraphins, &
œuvres qui ne le voyent que dans le
Royaume de la véritable Paix !
4.1
Ainsi S o ï t-î l1
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11.15.
3Z8 L'EGLISE CoNSERVE*E
L' E G L I S E
CONSERVEE
AU MILIEU
DES FLAMMES.
Ou
SERMON
Sur les Lament.de J ère wieChap. m,
Vers 22.
Ce font les gratuit ez de l'Eternel
que nous n'avons point été
c on fumez,.
Oyez enjoye avec ceux
qui font en joye , &
foyez en pleur avec
ceux qui font en pleur.
Un llluftre Politique
^ fit valoir adroitement
ces paroles de St. Paul , lors qu'en
^ même
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch. II 1. 2î. 32^
même cems il félicitoic un Roy de fa
victoire, & qu'il plaignoic l'autre de
fa difgrace. Chers Frères, je les ap-
plique à ce tems-cy avec bien plus de
juftice & de vérité. C'eft un tems de
deuil ?c de lamentation pour la pauvre
Sion, Scuntemsaufli de bonnes nou-
velles pour les réchappez de Juda , ôc
pour les habitans de nôtre Jerufalem.
La fournaife de Babylone fait voir en ^'*>*'i'
même temps un fpedlacleconfolant , &c "*
un fpedlacle terrible. Ceux qui fe trou-
vent à l'embouchure font cpnfumez , &
ceux qu*on y jette font coniervez mira-
culeulement. Nous voyons aujour-
d'huy , mais d'une manière toute oppo-
fèe, runôc l'autre de ces évenemens.
Ceux que la colère des Rois jette dans
la fournaife d'nn feu ardent , y font con-
fumez ou en leurs corps, ou en leurs
biens, ou enleurs maifons, ou en leurs
enfans , ou même en Igurs confciences.
Nous fommes comme à l'embouchure ,
6c bien prés de ce four ardent, mais
Dieu jufqu'icy nous épargne en fes mile*
ricor-
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145 G 34
330 l'Eglise Conserve'e
ricordes , & il n'y a que les tilons de c(
terrible embrafemenr , & la fumée d(
ce four brûlant qui volent jufqu'à nous
Peut-être vous fouviendra t'il> àpro
pos de four & de fumée, de cette pein
ture myfterieufeque Moïfe nous repre
fenteauXV.delaGénefe Dieuycom
9."i*o. mande au Patriarche Abrahamdepren
"* dre trois animaux jeunes & vigoureux
une génice» une chévre , & un mouton
enfuitede/^'^ partager par le milieu, &
de pofer chaque moxùéàl'oppofae l'u-
ne deVautre. Cefaint hommea ordre
en même temps de prendre une tourte-
relle & un pigeon &de iesconfervei
entiers, lansles partager de la forte.
Une volée d'oifeaux i m mondes defcend
furcesviftimes, Abraham leséfarou.
^'"•'5- che, puis comme le foletlfe couchoït W
tomhQ 6?in%un profond fommeil: Dans
ce fommeil il eft faifi de frayeur trou-
vant dans une obfcurité toute noire , &
enfin tout d'un coupilvoid un four fu-
mant , & un brandon de feu palîer entr€
ces bêtes ainfi miparties. Je fcai bien
SUR Lamentât. Ch. II 1.21. 331
que ces figures regardoient particu-
lièrement la poftenté d'Abraham , fa
vigueur, comme celle de ces jeunes
bétes , fous la régence de Jofeph, fon
opprcfllon & Icfacrifice de fa liberté
fous un Pharaon qui ne connut plus
fofeph , fon angoiflè & fa frayeur
pendant cette triffc nuit, fes gemif-
femens & fcscris à Dieu reprelentez
par le pigeon & par la tourterelle, &
:nfin le feu & la lumière de fa déli-
v^rance au tems de Moifc. Mais auflî
i'eftimc que ce fut-là un Tableau très
naïf de la condition différente de i'E-
y\ifc de Dieu , tantôt trifte & lamen-
rablc , & tantôt pleine de confolation
Se d'efperancc. Sans doute que la ge-
tîice faite au travail &c au joug , le
mouton doux &: patient, ficlachévre
^aic & fautante, furent Tembléme de
:ette même Eglife. Auffi fe voit-elle
divers endroits percée par le glai-
ve des affliftions, divifée enfespau-
vres membres, attaquée par des vo-
lées d'oifeaux immondes qui vien-
nent
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145 G 34
332 l*Eglise Conserve'e
nent fondre fur elle , tandis que la fo
& la bonne confcience, au milieu d<
la perfecution , comme la colombe &
la tourterelle , demeurent entière
& inviolables. Pendant que TEglifi
fouffredela forte, Dieu permet biei
fouvent que des Abrahams s'endor
ment dans la fécurité & dans Tin fen
fibilité j mais dans une fécurité qu
eft fuivic de frayeur & d'angoiiïe: E
tout d'un coup le foleil de la veritt
aufli bien que celui de la profpérité f
couche , les ténèbres &z l'obfcurit
furviennent , une fumée épaiffe com
me celle qui fort d'un four palTe fu
cette malheurcufe Eglife, & la cou
yre de tous cotez. Mais-au milieu d
cette éfroyable nuit, ne voyez-vou
pas que dans cette admirable peintu
re. Dieu voulut aulTi faire voir à foj
Eglife desfujetsdeconfolationêcd
joyc? Quelle fut cette main quiéfa
roucha & qui enfin écarta ces Oifeau:
deproye, fi ce n'eft celle de la divin»
Providence ? Que furent ces moitié:
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SUR Lamentât. Ch. m. ix. 333
de viftimes , pofées vis-à-vis Tune de
Tautre, fi ce n'eflunfignequeccqui
étoi t di vifë feroit un jour réuni Se raf-
femblé.^ Il y a aufliune colombe &
une tourterelle qui ne Tentent point
le trenchantdufer, ^ qui félon l'ar-
rêt du Ciel demeurent entières. Et ce
brandon de feu qui fembloit devoir
con fumer tout, n'efl: qu*un feu qui
pafle, qui fe change en un feu de lu-
mière & de délivrance, & qui fort du
milieu de la fumée & de l*angoifle.
Mes urcs-chers Fréres,tandis que des
Eglifes voifines nous reprefentent
aujourd'hui tout ce que le Tableau
4' Abraham a eu de trifte & d éfrayant,
-oq tout ce que les Lamentations de
Jérémie ont de touchant ou de lugu-
bre: nous que Dieu épargne en ces
floridan ces Provinces , comme il fit le
Pjgcon& la Tourterelle, nousdi-jeà
lavùédetantde pauvres vidimes, à
la vue de cette fumée épaiflè qui cou-
vre h Fille de Sion , & de ce Four qui
fume encore à prefentprefqueànos
Por^
L'Eglise Conserve'e
Portes, nous avons aflurémenc u
très-grand fujet, non pas de nous ei
dormir avec Abraham, maisdenoi
réveiller à tant d'alarmes, &denot
écrier lainrement , Ce font lesgratu.
tezde l'Eternel que nous n a vons poi%
ijté confumezl J^ajoûte, que ce fc
ront encore là s il luy plaïc, cesmt
mes gratuitez, que nous ne feror
point à Tavenir confumez. Et ce fe
ralà, Fidèles, le fujet de mon di(
cours, avec l'alllftance de la Grac<
Auni fans perdre tcms à vous d<
mander une f.worable attention , qu
vous m'avez toujours acordée , j
m'aflUreray que vous aurez encor
toutes les dilpofitionsrequifesàouï
premièrement l'explication de moi
Texte, & enfuite l'application qu
j'en ferai La première de ces partie;
de mon difcours confiderera d'abord
la conduite de D^cu envers fon an
cien Peuple, nous n'avons point eti
confumez , puis la reconno)ffimc<
qu'il en témoigne, &le feul Auceui
^ au
SUR Lamentât. Ch. II 1.22. gjf
auquel il attribue le tout, ce font les
gratuit ez de l'Eternel.
Les Eclipfes de ce bel Aftre qui di-
ftinguë les jours & les nuif s , ont pref-
que toujours été des préfages fune-
ftes. Aufli le fut aux deux Tribus, que
D/cu a voit prcfervées del'invafion
des Afîy riens, la mort de leur grand
& vertueux Rovjofias , quifut com-
me une efpecc d Eclipfc enfuite de
laquelle il n'y eut que matière de La-
mentations.
Le Païsdejuda fot rendu tributai- \
reauRovd'Egvpte, Joachaz futdé-2cl
pofé deïa Royauté, fchojakim Ton
iucceflèur Fut aflcrvi quatre ans a-
prés aux Caldécns, & facnjfiéà leur
CTuauré, Jechonias qui ne régna que
trois mois fut tranlporté de même,
avec les vaiflTeaux du Temple les plus
Dxquis, avec les trefors de la Cou-
ronne, &avec tous les Grands du
Royaume: & enfin Zedecias ou Mat-
ranja, le dernier des Rois , futa.ffi
ablé du dernier de tous les mal-
heurs»
•556 L'Eglise Conserve'e
heurs. Et c'eft principalement cett
dernière défolation qui fait le fujf
des Lamentations de Jeremie, <
qu'il appelle ici une efpece de cor-
fomption. En effet on vit alors tôt
le pays inondé de troupes barbares
Jerufalem affiegée pour la troifiém
fois par Nebucadnezar , entourée c
terraffes & de Forts, ferrée de tout
parts, ouverte enfin par une bréch
^ emportée d'affaut. Ses portes fv
rent dcfolées , fcs murailles démolie»
fes maifons réduites en cendre, f-
vierges violées, fes femmes desho
norées , fes habitans maffacrez , 1
enfans trainez captifs devant l'A».
rRcg. verfaire, & leRoyZedeciasluy-m»
me fut pris fuyant aux campagnes c
Jerico, fon procès luy fut fait, f
Fils furent égorgez en fa prefence, c
luy creva les yeux parunfuppliceo
dinaire aux Orientaux, fes pieds:
fes mams furent chargées de chain*
d'airain, &:fa Perfonne menée dcJ
forte en triomfe en Babylone. J
poj
SUR Lamrntat. Ch. m. 22. 3 37
pour comble de tant de malheurs la
Mailbn de Dieu , le Palais du Roy
des Rois 5 le Temple du Dieu vivant ,
après avoir fubfillé environ ce ce.
ans, (car le calcul de Jofephe qui va
au delà trompe ) devint la proye des z jr-.^*
flammes , il étoit poudre, comme tout ^'
ce qui cil fur la Terre , &: il retour-
na en poudre. Avec le Temple périt
aulli l'Arche del AUiance, cet augu-
re iymbole de la Divinité, il en fut
de même de la Maifon Royale, &:du
fuperbe Trône de tant de Rois. Ceft
cela même que le Prophète Efaye ap-
>elloit une confompîïon : l' Eternel LjVt,
iesarw r s'en va faire une confomp- \l\
îio7i , an. i, ,' minée au milieu de toute la
terre. J\iy entendu par le Seigneur^
l'Eternel des armées , une conJo7np-
tion^ une confompt ion déterminée^ fur
tout le 'Pays.
Mais , qu'ajoute ailleurs ce S lint
Prophète. Malheur ^ im-û , fur leur
mie^ car ils ont attiré II mal fur eux?
^es jugemens de Deu font lei) fsmais
P enfin
254
22.
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145 G 34
338 L'Eglise Conservb'e
enfin ils font tcrribles.il paroit pou
quelque temps immobile, fans pou
voir agir, comme ces Idoles chez le
peuples deTyr, qui étoient liées d<
chaînes. Il a des yeux^ & il femble
J'J^. qu'il ne voit point. Les forfais de loi
i/i '/j. peuple demeurent long - tems ca
chettez comme en une boiigette , & fer
rez comme les pièces du jugemcn
d'un criminel. Quatre cens anss*4
coulent depuis la J[l)ndation du Tcm
pie, julques à fa ruine, & piC d
neuf cens ans, depuis ladéiivranc
d'Egypte. Pendant tout ce temps-1
ce même Peuple oublie & mepiif
iRvi/ fouvent le Rocher de fonfaluc. Ilf
' fouille fouvent ou avec des Idoles d
pierre & de bois, ou avec des Idole
de chair & de lang. AulTi Dieu me
nace-t'ilaflèz fouv ent de le confume
comme il avoit fait dans le Defcrt , j
le reprend, il le châtie, il ie fmpp
rudement de (es verges, maiscefon
toujours des verges d'homme. Le
Philiftins font Ibuvcnc fur Ifraél
com
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5?UR Lamentât. Ch. T 1 1. 22. 339
comme ils furent lur Samfon, mais
toujours il rompt fes liens & fes chai^
nés Enfin la colère de l'Eternel fc
tourne en fureur ♦ fes verges fc chan-
gent en écourgées , fon bâton de-
vient une mifluë8cune barre de fer,
ou bien, comme celui deMovfe, //
devient tm dragon. Dieu prefente9.
d\tbord, comme Thiftoire le dit du
grand Tamerlan , la couleur blanche , moi r.
marque de douceur&de grâce i en-^ij;
fuice il arbore Tétendart rouge , mar-
que d*eftufionde fangj & enfin il fait
paroître Tenfeigne noire, pour mon-
trer qu'il n'y a plus de mifericorde.
Et comme dans la nature les foudres,
ces épouvantables Météores , ne fc
forment pas tout d'un coup, la ma-
tière s'en élève peu à peu de la terre,
fe condenfe dans l'air, fe renferme
dans la nuée, y gronde & y menace
quelque tems, jufqu'à ce qu'elle en
forte avec un bruit terrible : Auflî ces
épouvantables foudres que la juftice
divine lance, & qu'elle tient cache^^l'^ i^-
P 2 dans^ '
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145 G 34
340 L'Eglise Conserve'e
dans les paumes de fes mains , ne fe
forment pas tout d'un coupjles caufes
s'en élèvent peu à peu de la terre, el-
lës montent vers le Ciel , elles y font
furpenduëspour un tems, grondant
& roulant fur nos tètes , jufqu à ce
qu'elles retombent avec de funeftes
éclats, qui frappent, qui brifent &
qui portent par tout le dégât, &la
frayeur. ,
Mais comme le liboureur, ceftla
comparaifon de l'Efprit de Dieu.
écrafe bien le froment avec la roue de
fon chariot, mais Une le foule pas du
tout:, & ne le réduit pas en poudre
Ou comme d'un embrafement il et3
réchappe des tifons recous du feu y &
quelque partie qui-n'eft pas confuméc
aveclereftc: Ou comme encore dam
la vendange , il y a toujours quelqucî
grapes qui demeurent , & dans la
mollFon quelques épis: Auflidanscc
jour, quejeremie appelle un jour de
confomption & de deftruftipn , il
donne à connoitre qu'elle ne fut pas fi
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch. i i i. 22. 5^1
entière ni fi lamentable qu'il n'y de-
meurât rien de refte , Nous n'avons
pas , dit- il , tous été confnmez. Car en
effet Dieu fe conferva alors quelque
réfidu 5 il réchappa de cet embraie-
ment une poignée de peuple , des Da-
niels , des Ezechicls , des Jere-
mies , des Mardochées & des Zo-
robabels furent confcrvc/ comme
unefaintc femence, &: comme la pe-
Einiérede THraël de Dieu. Uneca-
ane par manière de dire refta dans la
vigne , & une loge dans un champ de
concombres ) comme parle TEcritu-
rc. Et c'efl: de la forte que Dieu met
bien quelquefois la coïgnêe à Tarbre
de fon Rglife, non pas pour le déra-
ciner, mais feulement pour Tébran-
chcr & pour en couper le fuperflu. Il
la met quelquefois toute enflamme de
feu y commeleparutàMoyfeleBuil-
fon d'Horeb , mais fans qu'elle eii foit
confumée. Il permet qu'elle s'écrie
quelquefois avec les difciples 5 Sei-
gneur nous périmons ^ la nacelle péri-
jçlitc, elle eil battue des vens&des
P 3 flots,
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145 G 34
342 L'Eglise Conserve'e
flots , mais elle n'enfonce pas. Je m€
trompe, Fidèles, elle vient même juf
qaà enfoncer, & à faire naufrage
fuccombant fous la violence desva-
j!a». gues , comme fit le vaifleau de S. Paul
2^.24. jvlais s'il eft dit, que tous ceux-là fi
Sauvèrent^ que Dieu avoit donnezi
cet Apôtre, auflî pas un ne périt d<
tous ceux que T>ieu a donnez, à J E
SUS CHRISTy félon ce propo:
arrêté que Ton vous expliquoit ce ma^
tin, &^1 leur fait trouver à tous une
Malte, qui dans le langage des Hcbri-
eux fignifie un lieu de refuge Se de d
livrance, au moins dans le Paradis
Lejufte Noé trouve, dans un délu-
ge univerfel, une Arche pourfefau-
ver , expofée à la vérité à tous les ora-
ges, mais élevée vers les Cieuxj Lot
eft conduit par TAnge de Dieu dans
une Tfohar, petite, mais feure, d'où il
voit la confomption deSodomc -, &
lors que Pharaon veut perdre tous les
en/ans mâles des Ifraëlites, le petit
Moîfe & d'autres avec lui font confer-
vez divinement. Mais
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145 G 34
sitrLamkntat. Ch. i i î. 22. ^54.3
Mais il y a dans cc5 paroles de Jere-
mie quelque cho(cde furprenant. Il
ne voit que des lujets de Lamenta-
tion & de regrets Son ame eftan-
goiffée 5 Ton eiprit eft navré . Ton cœur
gémit, fes entrailles bruyent, (à tétc
cft couverte de poudre, fa bouche
poufîè des fanglots , fa langue publie
Ion deuil, & ies yeux font comme
une vive fontaine de pleurs, pour la
froidure de la fille de fon Peuple, ce
font à peu prés (es expreffion^ dansce
Livre. Cependant parmi tant de tri •
fterié& d'amertume, le voici qui fe
relève, qui fe rafTcure , ôcquifecon-
folc par 11 confideration que le mal
pou voit encore avoir été plus grand ,
1( ' riment plus terrible, Se hcon-
fomption plus univerfelle. Encore,
dit- il, n'avons nous pas été confu-
fnez , cncorty-a-f-ildu baume en Ga-
iaad. L'impie comme Caïn trouve
fa peine plus grande que fon crime,
mais le fidèle ayant pris la balance
trouve que fes crimes font plus pefans
P 4 que
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145 G 34
544 L'Eglise Conserve'e
que fa peine. Qiiand il rentre en fo
même avec Afaph , dans fes malheui
il trouve toujours quelque maticr
d'adions de grâces, dans fes amertu
mes il y trouve quelque douccui
dans fes détrefîcs quelque confola
tion , ôc parmi toutes les marques d
la févéri té de Dieu il juge que fa mi Ce
rie or de fe glorifie au de (Jus dujugeh. . - . .
Si Dieu luy ôte ou maifon , ou biens
ou enfans, ou fanté, il fe fouvicn
qu'il y a des Jobs à qui il ôte cela tout
enlemblc, & qu'encore n'en font-il;
pas confumez,^ tandis que Dieu leui
laifle un cfprit pour le reconnoître
unfouffle pour porter leurs foùpin
jufqu'à lui , une langue pour le bénir
une volonté pour acquielceràccquc
Dieu veut , & cette réfignation de
David, fi l'Eternel me dit, jepren*
plaifir àt'humilier, à te perdre félon
le monde, tne voici ^ qiCtlface deinoi
15. 3 6. ce qui lui femblera bon !
Non , s'écrie le Prophète comme
en triomfe , ?wus n'avons jpasétécon-
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch. i ii. 22. 545*^
fumez,. Il brave en quelque façon fes
Adverfaires j vous avés bien penfé,
leur dit- il, de nousconfumer^de nous
éfacer de delîùs la terre , de nous en-
gloutir tous 5 de dévorer le demeurant,
& de découvrir jufqu*au fondement
de Sion , comme c'étoit le delîcin
d'Edom, découvrez^ 'i découvrez, jtif -
qu\iu fondement qui eft en elle l Mais
vos penfces n'ont pas été celles de
Dieu , il a regardé de fon Ciel , il a
confondu ^ confondra encore ces
batiiîèurs de Babel , &: il rendra la pa»
reille quelque jour à ces deftrufteurs
de Sion. Lors que Diocletien croyoit
avoir aboli entièrement le nom Chré-
tien , Nomiîie Chrijiianorum T)eletOy >^
rjlitione Chrijli ubique Deletâ^ n
Dieu tout d'un coup fit naître un
Chlorus &: un Conftantin , qui reflu-
citèrent glorieufement fa Religion.
Lors que des Maries ou des Philip -
pe ^ lufiéclepaflé, tuchoient d'ex-
terminer les prétendus Hérétiques,
Dxeu fufcita miracuieufement une
P 5- Eliza-
34<> L'Eglise Conserve'e
Elizabet, & un Guillaume de Naf
fau, qui fondèrent les deux Puiflln-
ces Reformées les plus fatales à la Pa
pauté. Quand le Diable penfe à^r/-
fer la tète à la femence de la Femme, i
ne peut atteindre qu'au talon , il h
fait tomber, à la vérité, mais la tête
rame,l*efpriteftconfervé pourlejoui
du Seigneur. Qiiand le Dragon jette
de Peau comme un fleuve après h
% Femme, la Terre aide à la Femme
elle ouvre fa bouche, & engloutit 1<
fleuve que le Dragon avoir jetté de f;
gueule. Qiiand ils penfent avoir dé
raciné l'Arbre, il fe trouve que c'ef
cét Arbre de Nebucadnezar, qui vé-
ritablement eft coupé , qui eft mil
bas, mais le tronc de fes racines à^^
•"^j- meure en terre, & enfin il repouflc
8c rejette tôt ou tard, contre toutes
les apparences humaines.
AulÏÏ, difons, Peuple Fidèle, que
FEglife n'eft jamais ni confiimee^ n;
confumable } ce que les Naturaliflci
nousdifent de la pierre nommée
h/le :
SUR Lamentât. Ch. i 11.22. 347
befte^ qu'aucun feu ne confume point.
Les Puiflanccs les plus formidables,
reprefentées par ces grandes Bêtes y
dans la vifion de Daniel, fe font vues
con fumées Tune après l'autre. Rien ^
ne paroît aujourd'huy ni de cette 3/^//
prodigieufe Thébe, dans la haute
Egypte, qui fourniffoit un million ^'^''^"'*
d'hommes portant les armes, ni de
TorguciUeufc BabylonCjnide la gran-
de & valle Ninivc , ni de Topulente
Mcmphis, ni delafuperbePerfepo-
lis, ni de la puiflante Cartilage. Ces
fameufeii villes , Jerufalcm, Alexan-
pdrie, Antiochc, Sparte, Corinthe,
Athènes , Ephéfe , ne réprcfentenc
Aus que de miferables relies de leur
'con fomption. L'Eglile de Jefiis-Chnfl:,
grâces à Dieu, îubfilte encore au-
jourd'hui, mais non pas à la Romai-
ne , nidanslalplendeurdela^r^;^^^
uibylone. Elle s'eft élevée d'une ma-
liére invifible à la chair & au lang,
mais vifible à l'efprit & à la foi, fur
tant dépouvantables ruines. On peut
P 6 en-
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145 G 34
548 L^Eglise Consbrv
enfoncer fes Portes , brifer Ces Barrer
abattre fes Murailles , démolir ft
.'î^: AvanUmuTSy m2.\s(onFo7îdement di
meure ferme y qui cil non pas un Pap
de Rome, qui s'avoue au moins uî
.5!'^' Homme Tccheur, fi non pas l'Hom
medeTèchc^ mais ce Fondement cl
en Jefus-Chrift, contre qui fe trou
vent foibles les Tortes de l'Enfer
c'eft à dire la puiflàncc de la mort , 8
du fepulchre , & du Prince des ténè-
bres. Sion cft 1 a ville ajjifefur la Mon
tagne^ elle eft bâtie fur /^'iît^^'/^^rdeî
fiécles, elle eft fondée {mdesEfcar
boucles Se fur des Saphirs , fa bafe n'efi
ni d*argille ni d'un fable mouvant
comme eft celle du Monde i & avec
cela elle eft engendrée d'une /^^«?/?;^^^
incorruptible, loutenùëparunc vertu
toute puiftante, &: fecouruëau beloiii
par un bras invincible.
Vous voyez bien , Mes Frères , qi^e
îeremie né parle pas ici de lui-même
en particulier. Ilnefe réjouir pas de
ce qu'au moins lui pour faperionne
^ n'a*
surLamentat. Ch. i i i.iz. 7^t^,(^
n'avoit pas été confumé, comme le di-
ibicnt ces ferviteurs de Job, je fuis
réchappé tout feul. Le fidèle ne fc
contente pas qu*il lui Ibit bien. Ce ne
luieft pas aOèz d être à Tabri, d'être
réchappé du danger , d'avoir fauvé
ou fa perlbnne , ou Tes moyens. Vous
fçavez qui fut celui qui diloit, que me
foucic-je de monFrére^ Le Chrétien
s'interefîè comme fit Rahab pour la
mai/on de fon Tere, qui cft l'Eglife
duSeigneur Jéfus, la mai Ton du i3ieu
vivant. 11 s'intereflè comme le Sau-
veur du monde pour Jerufalem, for
laquelle il pleure , ou comme l'Epoux
s'interefle pour fa bien-aimée , qui lui
cft comme un cachet fur fon cœur ^ ô'
ce un cachet fur f on bras , ou com-
me un membre compatit néceiîai-
rcment avec les autres membres. Mê-
me un Abraham s'interefle pour les
habitans de Sodome> MoiTe pour le
peuple criminel , ne voulant pas être i^xod.
confcrvé feul David pour la paix de V/.iiû
Jerufàlem , 6c pour la profperité de
P 7 fes J^ ":
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550 L*Eglise Conserve'e
ies palais s Urie pour 1* Arche, .
pour ceux qui campoyent an
champs : & TApôtre des Gentils poi
f^'^' ks Frères félon la chair, jufque-1
que plutôt que de les voir périr ma
heureufemcnt , il auroic préfért
d*ètre réputé comme un homme fi
paré de Chrift. Et fi les Philofoph<;
ont dit qu'un même Efprit anim
tout le Monde enfemble , & tout(.
fes parties, nou> le devons dire c
l'Efprit de Jéfusqui anime toute TE
glife, & tous fes membres, &:quil<
étreint entre eux mème^ 6cavec lev
Chef. Elleea ce Pavillon & ce T;
bernacle myftrque compofe de divé
fes parties, mais qui toutes font joii
tes & liées enfemble par des crochet
&des agrafes.
Mais fi Jercmie , & fi beaucoup d
fidèles, n*avoient pas étécotiftimez
d'autres Tavoient été. Etc'eftceqi
porte d'autant plus le Prophète arc
connoitre lesgratuttesi de l'E terne
Et en effet le Roijehojakim fouffr;
un
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SUR. Lamentât. Ch. i i i. 22. 35'!
iç mort ignominieufe , Zédécias
mourut peu après dans les fers , quan-
tité de Seigneurs 6c de Grands du Ro-
yaume , d'hommes, de femmes, &
d'enfans, fervirent en ce four du Sa- f^'''''
crifice ^ comme en parloir vSophonie,
d'un fpeftacle afreux, ils ientirent
tout ce que l'on peut attendre de la
cruauté & de la violence, & furent
confumez de l'ardeur. O profondeur
des richcfles de la fapience, &dela
Providence de Dieu! Vun fera r^»-
ceuilh y difoit Jéfus Chrift , ou fera '
fauvé, ^l'autre fera laijfe^ ou fera
abandonné à la violence. L*Echan-
fon de Pharaon fut confcrvé dans fa
charge, &lePancticr, qui peut erre
n'étoit pas plus criminel que Ion com-
pagnon, fut pendu à une potence.
Dansunembralement, dans un nau-
frage, dans une pefte, danslefac
d'une ville, lesunspériflent , les au-
tres réchappent La juftice & la mife-
ricorde de Dieu ie tiennent comme
parla main, & maH:hent toujours
en-
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5f2 L'Eglise Conserve*e
enfembic. Dieu donne en mèm
temps des marques de Tune ^ de Tai
tre, félon fa difpenfation adorable
Et il permet aflez fouvent, queceu
là foient r(7w////î^^^) quifecroyentl
plus à couvert , il fouffre que les haut
Cèdres foient déracinez, que les tau
reaux de Bafan foient écrafez , que le
cornes qui s'élèvent contre luilbicn
abatuës , tandis qu'il épargne ceu:
qui n'o foient lever la tête i tandis qu(
zacck les petits T^^^r^^^J font confervez, &
^ que de foibîes brebis font retirées d(
la boucherie. Et quand des Jcre-
mies, & des réchappez voyent qm
d'autres font navrés à mort , & perdui
fans reflburce,c'cft alors qu'ils ont un
double fujet de plier le genou, com-
me le fit Ifraél fur le bord de la mer
roure , de dreflcr leur face vers Dieu,
comniclefit Daniel en Babylone, &
de s'écrier comme fait ici le SaintPro-
^h^tt^cefont lesgrattùtezde l'Etcrneli
que nous n'avons point ete conftmiez.
Il rcconnoit que c'eft wncgratuite
1. 8.
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SUR. Lamentât. Ch. 11 1. x-î. 553
particulière, que ce font des gratuit
îez de l'Eternel j &c de l'Eternel fcuL
Jeremie ne dit pxs , ce font les Cal-
déens qui n*ont ofé toucher à nous :
Caldécns , qui étoient fur tout trans-
portez de fureur contre ce faint hom-
me, comme les ennemis de TEglife
en veulent fur tout aux Prophètes de
Dieu , & la Bête aux deux témoins qui
font vêtus de fac. Il ne dit pas, ce ^/>«f.
font mes compatriotes, c'eft la fille
de mon peuple qui a empêché nôtre
totale ruine: Au contraire ce furent
les h-diù'xiTin^àzHanatoth ^ patrie de ^^-^
Jeremie, qui cherchèrent fa vie, ce fu-
rent les Sacrificateurs & les Prophètes
uiètoieut les plus animez àleper-
re, 6c ce fut fon propre Roy Zede-
cias , fon Prince naturel , très- mal in-
formé fans doute, comme c'eft le mal-
heur ordinaire des Rois , qui le ^t)<:^t-
ter dans un fombre cachot. Il ne dit 7^ »t.
pas, c*eft nôtre bonheur, ç'a été le ^r.z,
hazard qui nous a fauvez, fâchant
bien que cette Idole que le monde fe
for-
M
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53^4 Eglise Conserve'e
forge, ce Phancôme du hazard , <
faux Dieu qui ne voir goûte , n'étorl
pas la caufe d*nn événement don t j
prédiftion étoit fi claire, les circon
ftancesfimervcilleules , la direftio
Il fage, la vue fi importante pour'i
confervation de TEglife. Il ne ditpa
ce font nos forces , ou ç*a été nôtri
adrefle: c^t l'homme put(fantt ditDJ
vid , n'échappe pas par fa grande foi
ce ^ ^ la plus fine Politique, eftcell
qui trompe le plus, & fouventc'eftu
piège où tombe celui qui Ta dreflfe. ]l
ne dit pas , c'a été une heureufè fuit<
ou une heureufe retraite: fi le Cie
ne la favorife , un Zédécias eft pri
dans fa fuite , au milieu de fes Garae:^
& les propres cheveux d'un Abfaloi
lui fervent de cordon pour l'attachei
Dans une même fuite , Tun eft fauv
comme par le feu , & fe fait un paflag
mêmes au travers des flammes , corn
me le firent les foldats de Hannon 1<
Cartaginois enfermez par leurs En
nemis, & l'autre eftfaifi malheureu
femen
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch. III. 22. 355-
fement par des Coureurs. Il c(i vr.ii
que dans toutes les Perfécutions,
Dieu qui a voulu fe referver un rc fidu
a fécondé quelques fuites. Comme
vers le temps de la deftruftion de Je- ^p'pJ^
rufaleni , Dieu aida la retraite des
Chrétiens , qui félon la prédiction de
féfus Chrifl: s'enfuirent aux monta-
gnes, & trouvèrent unAfile au delà
à\x Jordain , dans une petite Pclla,,
ville bâcie par Seleucus 6c une Colo-
nie des Grecs, ce qui futunpréfage
que TEglife pafleroit dujuif au Grec.
Enfin Jeremie ne dit pas , ce font nos
, mérites , c'eft nôtre piété > ç eft nôtre
innocence , qui nous a préfcrvéz de
la dernière ruine. FLi ' dit le même
Prophète, nous avons j or fait , nom
avons été rebelles , 6c à cé t éga r d 1 e S a- .
crificateur cil tel que le Peuple , 6c le
Maitre tel que le Serviteur. Ce font ^
ces ouvriers qui difent, nous avons mi,
porte le faix du jour & le haie , que le 24.
Perc de famille renvoyé, pr en ce qui
ejl tien y prcn toutes tes juftices 6c
tous
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145 G 34
5^6 L'Eglise Conserve'e
tous tes mérites, à* f en va. Et
é/' quiconque dit , qu'onme pêfe en
balances juftes , & Dieu connoîtra me
intégrité oii lui répond, tu as éi
pefe en la balance y mats tu as été trot
*vé léger.
Non , dit le Prophète , ce n'ell: rie
de tout cela, ce ne font ni les Cal
déens, ni les Juifs, ni les hommei
cen'eft nilehazard, ni le bonheur
ni la force, ce n'eft ni nôtre adreflc, r
nôtre fuite , ni quelque ftratagéme
ce ne font pas encore nos juftices, o
des œuvres que nous ayons faites , c
font les feules ^r^////>^^ de l' Eternel
que nous n'avons point efté confu
mez. Chofe étrange ! En matière d
faute & de crime parfois Thomm
n'en attribue pas feulement la caufe à
la femrne , comme fit Adam , ou a\
peuple , comme fit Saùl, le peuple i
pris de la depoUiUet mais il la rejetD
fur Dieu même, fur fa Providence
oufurfes Arrêts* jeffavoisquetue.
un Maitre rude ; & qui eji-ce qui peu.
refi
15.11-
25.24.
Rom. 9
19%
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at.Ch.iii
357
SUR J-^AMEN
Jîfîer à fa volonté^ Mais en matière
i'adions louables , ou de délivrance*
:'cfl: là où Thomme d'ordinaire eft fa-
:riiége. 11 ravit à Dieu la gloire qui
lui eft due, x\faà encenjemcnt à fes
rets^ & facrifieà fes filets. S'il gagne
des batailles , il dira c'eft rêpée de
ieon^ fans faire précéder? c'z^L'épée
de l Eternell S'il fait des conquêtes,
il n'eft enflé que de fa propre Gloire,
je fuis le Verfonnage qui fais trembler
la Terre , qui ébranle les Royaumes.
S'il alïïége une Jerufaiem , c^efly crie- ^f.i^i
t'on 5 le grand Roy des Ajfyrie^is s S'il
fe trouve en un fuperbe Palais, c'efl
pour la gloire de fa magnificence i S'il
cft élevé avec Antiochus, fon cœur
s^eleve avec lui ^ De même s'il eft ri-
che , c'eft par fes amas Se fes épargnes,
s'il eft fçavant , c'eft par fon travail &
fon gcnie , s'il eft avancé , c'eft par fon
induftrie , ou par fa naiflànce , je fuis ^f-^^*
de la race des Sages , de la race des Rois ^ ' *
d'ancienneté. L'ombre n'eft pas moins
infeparable du corps, que cette vani-
té
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y 6.
3j8 l'Eglise Conserve'e
té Teft des belles aftions, elle noi
luit
ir tout, & même jufques dar
ces Chaires. AuHî reflremblonsnoc
en quelque façon à ce mauvais Oecc
nome, qui ufoit du bien de fon Mai
tre comme du ficn, en propriécair
& non pas en difpenfatcur.
Mais ni un Jeremie, ni Icsfaint
hommes n'en ufent pas de la fc
ih fçavent trop ce que c*eft que a
l'homme mortel, qui ciïconfumé à 1
rencontre d*un vcrmifîeau , qui n
peut ajouter ni un pouce à faftarurc
ni un cheveu à fa té te, niuneminut
à (es jours. Si Abraham rencontre Ui
bélier fur la montagne, il dit l'E ter
nely a pourvu ^ fi Eliézer reùfTit en loi
voyage, c'eft, béni [oit l' Eternel^ i
*I>ieu de mon Seigneur ; fi Jacob a de
quoi prefenter à Ibn Pere> Eternel
dit-il, me l'a fait rencontrera^ ailleurs
V Eternel a tife de gratuité envcrsfo)
ferviteur ; fi Jofeph eft furhaufle ei
Egypte , l'Eternel^ dit-il à fes Frères
m'a mené ici i fi David le voit réchap
•1
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch. 111.22. jfp
de toutes les embûches & de tous
es attentats de la Maifon de Saùl ,
:efl la journée^ s'écrie-il, que lEter^
tel a faite. Et dans IHiftoire des A-
pôtres, fi Paul &Barnabas font quel-
que oeuvre miraculeufe , non point
1 nous , difent-ils, qui fommesauffi aroù
hommes^ (ujets aux mêmes conditions ''^
jue vous^ mais donnez en la gloire au
T)ieu vivant , qui a fait le i^tel & la
Terre. Ainfi quand le fidèle voit que
fon adrefle, ou Ton courage , ou fa
confiance, ou fon travail ont réùflî,
que fait-il?ll lotie celui qui lui a don-
né cette adrefle, qui lui a infpiréce
courage, qui Ta revêtu de cette for*
ce , ^ qui a béni l'œuvre de fes mains.
En un mot , foit qu'Aflijr confumey
ouqu il ne conlume point, c'eft tou-
jours/ii^m/^/, dcù. le très-haut ^ de
qui procèdent les maux ér les biens. ^J^ ï*
Car fi TEnnemi brife , s*il détruit,
rhomme de Dieu ne le confidere que '^^L^*
comme un bâton en cette main tou-
te-puiflànte , que comme une coignéc
dont Dieu coupe , que comme une
Scie
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145 G 34
3^0 L*Eglise Conser.ve'e j
Scie qu'il remue , que comme un j
Verge qu'il levé en haut, ou que con i
me une Pierre en la fronde de fa Jl i
ftice, qu'il fiche à l'endroit où il veui J
&tous ces inftrumens dont Dieu 1
fert, ont d'eux mêmes auHi peud i
vertu, qu'en avoit la wr^^d'Aaro i
ou de Moïfe , qui changea des rivic i
resenfiing, qui fendit des mers, qi
ouvrit des rochers, 6c qui fit tant d'av 1
très merveilles. S'il arrive aufliqu'A j
fur ou que Nebucadnezarneconfu i
me point , & que l'un ou l'autre mar I
que dans fes brifées , un Jeremie pall j
de ces Ko\s-àf Eternel y dcsHommt j
à Dieu , des caufes fécondes a la prc i
miére, & de ces petits Maitres a
fouverain Monarque desCieux, c
font les gratuitez, de V Eternel,
Mais pourquoi le Saint Prophète
ne difoit-il pas , c'eft la toute puiffanc
de rEternel,qui a empêché quecefei
ardent ne nous confumât, ou que ce
Lions ne nous devoralTent, comm
^Uefit autrefois en Babylone ? Oi
sVK Lamentât. Ch. 111.22. ^6î
bien que n'admire- t'il cette fou verai-
ne^;^^/^,qui venoitde conduire, en
forte ces eaux ravageantes , & ce ter-
rible fléau, que ni un Jeremie, ni
quantité d'autres n'en turent point
bimez.^
Pourquoi ne parle t'il en nôtre
Texte que des Gratuitez de l'Eter-
nel.^ Vous en comprenez aflèz, Fi-
dèles les importantes raifons. C'efl
'\UQ fes compaffions font par dejfus tou- ^A4r«
tesfes œuvresy qu'elles font le pre- ^*
niier reflbrt qui fait agir fapuiffance
5c fa fagelTe , 8c la fource inépuifable
i'oii procèdent les effets de l'une &
de l'autre.
C'cll encore pour nous aprendre le
;rand motif qui fait agir Dieu dans
toutes fes œuvres, hYOÏv le b on plai-
sir de fa volonté ^ fans aucun in tereft,
:ommeeneut Rahab en confervant
tes deux Efpions , ou fans obligation, ,
:omme en eut David en faifant du
jienauFils de Jonathan. Et comme 2 s^»;.
:a gratuité de l'Eternel préferve de la
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145 G 34
362 L'Eglise Conserve'e
confomption , aufli la confideration d
cette gratuité doit préferver les hon-
mes de préfomption , ^d'orguei.
Seigneur je fuutrop petit auprix i
toutes tes gratuites, de toute ta v*
rite.
Le Prophète auffi ne parle pas d'i
ne feule gratuité > ce font , dit il, L
gratuites de TEternel , qu'il a déplc
yées fur nous en grand nombre. Av
tant de momens que nous refpironv
autant de biens dont nous jouïflbni».!
autant d'années que nous achevon;^^
autant d'occafions qu'il nous fourn:
pour nous reconnoitre» & autant ci
péchez , & de defobeïffances qu .1
nous pardonne , fans nous confimeu
ce font autant àc gratuites, Etceij
d'autant plus quelajuftice de Did
ne demande que nôtre confomptia
& nôtre perte.
Aufli le Saint homme n'avoit-i
garde dédire, c'eft un effet de/^J.
Jiice de l* Eternel que nous n'avoi
point été confumcz. Ce n'eft jama;
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch. II 1.22. z6:
iuftj
tice quand Dieu épargne
perfeftion de Dieu ne demande que
mortScquG ladeftruftion du pé-
:heur. Au regard de fajufticenousne
femmes que du foufre , que de la pou-
ire, que des étoupes , que du bois
fec, qu'une matière combuftible, &
^ui prend feu d'abord. Témoin la
dellrudion du premier Monde , les
^:endres de Sodome&de Gomorre,
feu quiconfume unNadab&Abi-
lu pour un faux zélé , ou celui qui de-
iTore toute la bande rebelled un Co-
'é. Car auHi nôtre Dieu eft-il//«/^'«
ynfUmant , il a des narines fumantes ,
es chariots font des chariots de feu ^
e jour de fa venue eft ardent comme un
Ky même fa langue y quandilpar-
eji un feu dévorant ^ (^fonEfprity
îuand il foufle, eji comme un torrent
iebordé. Et nous pouvons bien dire
juc fa chambre de Juftice eft la véri-
table Chambre Ardente, oij il tient
;s Grands jours, punir le mon»
îe habitable à caufe de fa malice ^ ^
Q_2 les
Cette
Ktm. T.
18.52.
6. 23.
II. I.
ï.
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145 G 34
Of.ll
L'Eglise Conserve'e
les méchûns à caufe de leur îniquit
O que de gratnitez, lors que Die
ne confunie point! &:quinepeuver
eftre que de celuy-là feulquieft/'A
teriîel^ qui cft immuable en Ion efîèi
ce, fidèle en fes promefTcs 5 invaris ^
ble en fa volonté, confiant en fon A-
iiance, Je Jeray celuY quejefuîs^ t
je fuis celuy que fay eftè , toujours 1
même, c'eft Va mon Nom. Les juge
mens de Dieu font appellés par lePrc
phéte une œuvre non acoutumée , & qi
iiiit feulement nos rebellions; ma.
les gratuit ez de l'Eternel font une œi
vre qui luy eft propre, ^ qui préviec
toutes nos adions, & même qui pré
>. vient naijfance d'un Efaù &d'u
jacob: Et s'il eft appellé en quelqu,
endroit, V Eternel y leT>ieudejuge^
ment i il eft reprefcnté bien plus fou
vent, commt l'Eternel y leDieupi
toyable , miféric or dieux , tardif a colé
re , abondant en gratuité ^& en vêritt '
J en'executeray point ^ dit A^par/m
'Prophète^ V ardeur de ma colère ^jefni
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145 G 34
surLamentat. Ch. iir.22i 36^
|r le Dieu fort, & non point unllom-
I me,
pp En eflet que feroic-ce , je vous prie,
des pauvres fidèles, ôcde la pauvre
Eglife du S.Jéfu' , fans lesgrattitîez
del'Eternel? Si Dieu n'avoitétéauf-
fi mifericordieuK envers Juda, que
fes Ennemis furent cruels, car c'eft
làroppofitionque faiijercmie, que
feroit devenu ce pauvre peuple? Sans
les entrailles des compaflîons dcQieu
& fans la vigilance de fon œil , que fe-
roit-ce , helas ! de Tinnocent dans
fon oppreffion , du jufte dans fon an-
^oiflc, du pauvre dansfadilette, de
î'Eglife dans fes perfécutions ? Sans
le bras de la tourc-puillance de TEter-
ncl , quieft-ce qui oppofcroit des di-
gues aux grofles Eaux , qui éteindroit
Jes embrafemens terribles, quiren-
verferoit des defleins orgueillewx , 6c
qui domteroit des forces invincibles ?
Qui eft-ce encore qui mettroit des
bornes, & une fin à des Guerres fan-
■jMlantes, à des Perfécutions cruelles,
■| CL3 àdes
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145 G 34
366 L'Eglise Conserve'e
à des Peftes qui ravagent , & à d(
maux qui paroifTent fans fin Se fans r<
méde ? Car s'il y 2iàcs gratuit ez, p:
devers Dieu, difons que pardevei
les Hommes il n'y en a point. Le
jer.ù. Hommes font cmels^ dit ailleurs nô
tre Prophète, & ils n'ont point- d
compaffion. En effet des Fils de Jacp
traitent d'une manière barbare leu ]
propre frère, favoir 1 innocent Jo
feph y le cruel Abimélech fait tuer fu
^''^*^- une même pierre foixante & dix à,
' fes frères ; les miniftres impitoyable
deMenahem, en viennent jufqucs
a n.is. fendre toutes les femmes groffcs qu
'5 '^- étoient en la contrée de Tiphfahi é
Afliir, verge delà colère de Dieu
écrafe la Mere fur fesenfans i car j«
«/^ 10. tire le rideau fur les cruautez inouïe
qu'ont fouffertes les Témoins de Je
fusChrift. Et il y a long- temps qu'oj
a remarqué, que les Hommes fon
aux hommes ou des Loups raviffans
ou des Lions cruels , ou des Tigre;
fancuinaires, ou des Chiens achar-
^ nez
"4-
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch. 111.12. 367
nez, ou des Serpens venimeux, ou
des Renards malicieux, mais on n'a-
voir pas ajouté , des Dragons furieux,
qu'autrefois TAfrique leulefembloit
pouvoir produire.
Etc'eftbicn, mes trcs-chers Fré*
res, pouren venir à nos jours, &à
nous mêmes, c'efl: bien ce que nous
voyons en ce tems lamentable, <5c ce
aue nos Pères n*ont point vu. Je veux
aire qu'il n'y a point de gratuité par-
mi les Hommes, ni même parmi des
Frères , parmi des Compatriotes ,
parmi ceux qui fereclament du nom
Je fus , lequel n'eut que des larmes
pour une Nation perfide, & que des
prières pour fes propres Bourreaux.
Qui auroit cru que aans un fiécle é-
clairé comme eft le nôtre, dans le fein
d'un florifîant Royaume, au milieu
d'une douce paix , pendant la feureté
des Edits Royaux, & fous les yeux
d'un fi grand , fi aimé , & prefque ado-
Sré Monarque, qui auroit crû , Peuple
Chrétien , que le Frère fe feroit élevé
^ con-
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145 G 34
1*
^4 S.
27.25
368 L^Eglise Conserve'e i
contre le Frère, le Pére contre les En- \
fans , le Tuteur contre les Pupilles, & .
ceux qui fedifent les PafteursdeTE.
glife contre ces brebis^dont parloit k
Prophète Ezcchiel , /es Tapeurs fe
font repus eux mêmes de mes brebis , ils
les ont expo fée s pour être dévorées de
toutes les bètes des champs. Et pour- j
quoy? c^cXmalafait cejujle-là^ de-j
mandoitPilate ? Les Satrapes de Ba- '
bylone vous le diront 5 au fixiémede
Daniel: Nous ne trouvons point d'oc^\
cajion contre ces hommes cy , car ils
font fidèle s au Roy y il n\y aeneux au^\
cunefaute^ fi nous ne la trou vons tou-
chant la Loy de leur "Dieu. - ^
Mais que cette parole efl: confolan-
te que vous chantiez à rentrée de cet-.j
te Action , Maintenant l'Eternel ré-
rf"^^* g'^^' D Eternel efi vivant y nousdit-il,
luimême, ^ fes' gratuit e 2^ ^ comme
ajoutoit Jeremie, ne font point défait^
//>j,& ne défaudront jamais. Souve-
nez-vous pour quelques moniensde
ce Tableau , dont je vous parloisau
com-
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143 G 34
SUR. Lamentât. Ch. m. 22. 369
de ce Difcoi
&
commencement
que Dieu fit voir au Pérc des croyans.
Véritablement TEglile Reformée de^'" '^'
France rétaleaujourd*huy dans tout
fon jour, 6c dans toutes fes parties.
Les pauvres fidèles y font eneifct^//-
vifez & coupez en deux, comme le
Furent ces viftimesd'Abraham. Les
Pafteurs fe voyent feparés de leurs
Troupeaux , éz les Troupeaux de
leurs Pafteurs j les Maris fontféparés
de leurs chères Compagnes , & celles-
cy le font des Couronnes de leur rête^
les Pérès font féparez de leurs Enfans,
Se les Enfans le font de ces Pérès qui c^.?-
leurétoyent comme un foleil, &com- > ' •
me un bouclier-, les tendres Mercs
fontfeparées du Fruit de leur ventre,
8c ce Fruit eft arraché cruellement
d'entre leurs bras ou d'entre leurs ma-
melles. Les uns & les autres font fé-
parez de toutes les chofes défirables ^
pour ne pouvoir foûmettre leurs
iGonfciences&leur falutàdes barba-
res qui crient , voix de "Dieu^ & non
point
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145 G 34
370 L*Eglise Conserve'e
point d'Homme , tandis que leur puif-
fant Monarque s'éerie lui même, Jt
fuis Homme & non poini 'Dieu ! Là
voit-on des 'vo/ees d'Oifeaux de
proyc, car les Dragons ont des aî'
qui viennent fe jeccer fur ces Victi-
mes patientes, & les déchirer inhu-
mainement, & il n'y a point là ^Z'^-
braham , ou allez puiflant ou afTez
charitable qui les e farouche , le Bélier
eft encore caché fur la montagne de
Moria , montagne d'amer: Là
vient-on de voir Jl cher ie foleil
de la Vérité , & la lumière pure &
fimple de la Reformation éclipfée fur
le peuple de Dieu , & en apparence
pour jamais, la frayeur ôc l'obfcurite
Tout faifi de toutes parts. Là fe dé-
couvre une fumée épaifîè, for tant
comme d*un Four , qui pafle par le
milieu de ces viftimes innocentes,
qui remplit d'obfcurité leurs maifons
& leurs familles , & qui va étouffer
prefentement tout ce qui avoit enco-
re quelque refpiration de vie & de
grâce.
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143 G 34
SUR Lamentât. Ch. i i r. 22. 371
grâce. A peine quelques colombes Se
quelques tourterelles demeurent en-
tières , & celles-là feules qui volent à
Dieu , par ailes de pigeon qui font
les prières & les fanglots, ou bien qui
s'envolent par de triftes & de dange-
reufes fuites, tandis qu'on chajfe.a-
prés eux comme on cha ffe après Poifeau,
ou comme on court un pauvre Cerf
haletant , lorfque les toiles (ont ten-
dues, & que toutes les avenues font
fermées.
Courage cependant, ô Sion , qui
ne vois que l'effroi &lafofle, que le
dégât ôc la froidure î Du milieu de cet-
te obfcuritc&de cette fumée Dieu
fera naître, comme il fit au temps d'A-
braham, un brandon de feu o^icon-
fumera infailliblement, tôt ou tard,
ces impitoyables Miniftres de la fu-
perftition , & d'un Clergé fi vifible-
ment & fi cruellement intércfle, car
l* Eternel ne manc[ue jamais à rendre la
pareille* De cette noire & épouvanta-
tic fumée fortira un Feu > qui dans ces
0^6 tené-
^-ji UEglise Conserve'e
ténèbres rendra plus éclattantelak
miére de la Reformât ion, qui embr2
fera les bonnes Ames d'un faintzél
pour la vérité , & d'une charité arden
te envers ceux qui foufrent pour ju
ftice , qui enfin le changera en un fci
de lumière & de délivrance, & qu
tout d'un coup, dans la plus éfroiabl<
nuit, fera éclorre la lumière comme l au
be du jour. Dieu épargnera encore, me
me au milieu de la fournaile , fes Sça
dracs 6c fes Daniels , il fera encore ré>
c happer quelque refte , & comme le dl
. foitEfdras, illeur dormeraunclouer
fon fainî lieu , ou bien une demeun
ferme en faMaifon,aprés tant d'agita-
tions, cequ'Êfaieauroitdit , je les fi-
cherai comme un croc en un lieu ferme
, Car PEternel fe plaie à fe jouer des
hommes monoXs ^ ildijffipe les dîjcoun
des trompeur Sy tellement qu ils ne vien-
nent point à bout de leurs projets ^ il
change (\\b'\itm(tntlaniutenjoury &
,^fait refplendir la lumière des plusé-
'paiflès ténèbres. En ce jour là
on
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch. II 1.22. 373
onfonnera du grand cornet , & ceux qui
s etoieiu perclus au pays d'Allùr revien-
dronc , ceux qui étoienc épars fc raffcm-
bleronc , & ceux qui étoyenc morts re-
vivront.
. C'efl: cela même , Peuple Hollan-
dois, que vous & moi avons vu de nos
yeux en ces belles Provinces, lorsque
tout alloitàune entière confomption ^
en cette fatale année de foixance & dou-
ze. C'en étoit fait ce femble de nos
Fortereffes , de nos Villes, & de nos
Provinces, aufii bien que de nos Tem-
ples, de nos Autels, 6c de nos Ecoles.
Le cri des navrez, a mort étoit déjà par-
venu jufqu a nos oreilles , & un feu dé-
vorant fevoyoit de nos tours & de nos
éminences. ttalorsmême nousavons
expérimenté ce que valent ksgratm-
tez de l'Eternel, fa proteftion , &fa
déienfe^ & bien loin d'avoir étèconfu^
mez,, il en a été de cet Etat, juftemtnc
comme de ces trois jeunes hommes en
l'Hiftoire de Daniel, le feu n'a eu fur
vous aucune puiflance, & vous êtes
0^7 for-
7
2. II.
374 L*Eglise Conserve'e
forcis de la fournaife fans que ni voi
corps, nivosvécemens , nimémevoi
cheveux ayent paru en rien changez
Les Briques tombèrent alors, ôcvouî
avez rebâti de Pierres de taille, vos
Figuiers fauvages furent coupez, mais
vous les avez changez en des Cèdres ,
Bf^u^' l'Eternel a fait ces chofes\ Et lors
^ qu'avec Samfon vous fûtes furpris corn-
lug.xd. me en dormant, 6c \\tT.de courroyes
neuves i à* de cordes fraîches , ce ne
furent pas vos forces, ce furent les gra-
tuitez 6c les merveilles du Dieu Souve-
rain , qui les rompirent comme un filet
d'étoupe fe rompt des qu'il fent le feu.
Mais que dirons-nous des temps où
nous fommes , auxquels cette petite
Tfohareft prefque feule garentie mira-
culeufement du feu, tandis que tant de
nombreufes Eglifes font quafi faites
comme Sodome , 6c femblables en
quelque façon à Gomorrel Les flam-
mes environnent de tous cotez cet heu-
reux BuifTon , mais elles n y touchent
point , 6c la vue d'une fi grande mer-
veille
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145 G 34
SUR Lamentât Ch. h i. 2î. 37^
veille fait Tadmiration desMoiTes, Se
des Ames fainces. Vôtre GolFen e(l
éclairée falutairement , Se ce qui doit
rendre cette lumière plus précieufe &
plus agréable, ce font les tenébrçsaf-
-Jireules qui couvrent prefque tout le
^refte de l'Eglife Reformée. Les Egli- ^/^
fes de France ne font plus , Rachel pleu-
re fesenf ans ^ de ce qu'ils ne font plu^j
elle s'en peutà peineconlbler.Cellesde
quelquesRoyaumes voifittsjufqu'ici les
plus afiûrées , gémifTent , ou tremblenc,
au fujet de la voix tres-améreqm fe fait:*
ouïr de Rama. Celles de Hongriefont
un théâtre de dcfolation, & celles de
Traniyivanie font comme uneVille fer-
rée de près. Les tglifes d'Allemagne
font comme les tribus divi fées, Autel
deçà, &aiitel delà, quoy qu'elles fer-
vent toutes un même Dieu. Celles du
Palatinat font comme une Cabane en
une vigne, qui n'yeft pas pour long-
temps. Celles de Deux-Poncs, &des
lieux voifins , font comme l'Arche
captive. Celles de la Suiflè font com-
me
1»:
37^ L*Eglise Conserve'e*
me un Fortereffe , dont on a coup(
toutes les avenues. Celle de HefTe, oi
deNalTau, font comme une petite Ar
che fur les montagnes d'Ararat. Leî
Eglifes fi charitablement receuillies au
Septentrion , à qui de grands- Princes
dilènt, *vôtre Teuple eji mon peuple ^
vôtre T)ieu eji mon T^ieu , Ion t ce-
Bjith, pendant comme la pauvre Nahomi dans
une terre tout- à-fait étrangère. Enfin
les Eglifes d*Orange, font comme une
Brebis encore palpitante entre les dents
du Dragon , & celle de Genève entend
déjà Taccufation qui fe forme contre-
elle. Ces gens la , b Roy , ne tiennent
uTis.' conte de nos Dieux, voilà perfonnene
* peut les délivrer de ta main\ De quel-
que côté que nousjetcions les yeux , il
nefe prefente rien que de trifte &de
funefte , par tout fe voycnt des confomp-
tions terribles , des (pedacles lamenta-
bles , des Villes changées en des Ca-
vernes, des Campagnes en des Akel-
damas, des Collines en desGolgotas,
des Eglifes en des Cimetières î &des
Tem-
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch. i i i . 2 2 . 377
Temples en des Mafures, ou en des
Champs , ou en des Temples de l*Idole.
Et après cela qui d'encre nous I Peu- '
pie fidèle , à la vûë de ces fept Provin-
ces, qui font comme les fept Chande-
liers cC or y ou plutôt comme un même 'f/îi*
Chandelier a fept Lampes , dont le feu 37.
épand une agréable lumière , ou fi vous
le voulez , qui font comme les fept
Etoiles qui brillent en la main droite du
Fils de Dieuj qui d'entre nous ne s'é-
criera, fur tout aufouvenir de cette
Année que nous finîmes dernièrement ,
fi fatale à tant de Peuples , à tant d*£-
glilès, ôcàtantde Familles, Ce font
les feule s gratuit ez, de l'Eternel que
nous n'avons point cte confumez, ? C^e
perfonne ne difc , c'a été nôtre dévo-
tion & nôtre zélé 5 ce n'efi pas toujours
celui de David qui nous ronge \ Qu'on
ne dife point, c'efi: nôtre prudence 8c
nôtre conduite; la plus exafte pruden-
ce vient à manquer , & les grands ne ub. jt.
font pas toujours fages\ Bien moins ^*
pouvez-vous dire, ce font nosrichef-
fes
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145 G 34
378 L'Eglise Conserve'ê
fes & nôtre opulence, tous les jour
elle fe confume ; ce font nos Forterel
fes & nos Armées , élites font en peti
Homhr. nombre, & il y a des Géans qui fon,
plus forts que nous s ce font nos Bâti
mens & nos Vaifleaux, mais d'eux mê
mes ils fe ruinent j ce fontnosPalaii
ou nos Maifons de plaifance, mais a
font le jouet des bombes & des orages
c'efl: le pouvoir de nôtre force ^ h
gloire de nôtre République , en toui
celafe trouvent plutôt des fujets d<
crainte Scdapréhenfion , que des fujetî
de fureté, lleftvrai que nôtre fplen-
deurejl excellente y comme fut celle de
la Staru^ que vit Nebucadnezar en fon-
ge: Z#^Zl?/?^eft^'<?r, nos Chefs & nos
Souverains font profeflîon de cette vé-
rité qui efl: plus précieufe que l'or ^ mais
en cette Statue quel prodigieux mélan-
ge d*or, d*argent, d'airain, de fer, de
terre & d'argille ? Auffi quel dangereux
mélange parmi nous de Religions, de
maximes , de fentimens , d'intérêts,
de Peuples, & d'Etrangers? Et que
nous
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143 G 34
SUR Lamentât. Ch. i i i. 2î. 379
nous pouvons bien dire avec vérité que
nôtre bafe fera foible, tandis qu'elle
fera en partie àe fer ^ & en partie de
terre , c'eft-à-dire , qu^elle fera divifée ,
forte d'un côté ♦ mais frêle de l'autre ,
au lieu que dans une parfaite union elle
fera toute ^/if/ir, qui brife toutes cho-
fes & en vient à bout. En un mot il en
faïut revenir aux gratuites de rEternel ,
(jui j ufqu'ici à été pitoyable , & propice 7««
anos iniquitez. ^ *
Etendifantcelamême, que ce font
ksgratuitejz de l'Eternel , ne fommes
npus pas advertis de ce que nous devons
à cét Eternel y qui a fait pour nous des
c ho fes fi grandes? N'cft-ce pas au moins
de nous reconnoîtrc trop petis au prix
de tant de mifericordes , denousabir
mer, par manière de dire , devant ce-
luiquieft aflis furie Trône, & dene
point abufer de fa clémence & de fa lon-
gue attente? N'eft-ce pas à nous enco^
re , d'ufer de gratuité envers le chétif,
envers rétranger, & fur tout enverç
çesj acobs & ces Davids qui font échap-
pez
L
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145 G 34
380 L'Eglise Conserve'e
pezà la pourfuite des Efaùs & d(
Saùls? N'eft-ce pas encore une obi
gatiôn indifpenfable , de craindr
cet Eternely en la préfence duqiu
les Séraphins couvrent leur faccé
leurs pieds , les Chérubins baifTen
leur vue fur le Propitiatoire , les Roi
font éfrayez & laifis d'épouvante
mens, lesTrônesfontrcnverfez, le
Cèdres font brifez, &lesColomnc
même des Cieux font ébranlées. N<
devons-nous pas encore nous étudie
à ne concevoir rien de cet Eterne
que de grand, &: que d'adorablcspui;
que comme Eternel fon être eftlim:
commencement, fapuiffinceeftfanî
bornes, fa durée eft fans fin, fafain-
teté eft fans tâche, &Sa Majeftén's
rien de bas ni de terreftre? Et parti-
culièrement , ne devons-nous pas
nousfouvenir, que c'eftcemême E-
ternel , qui après avoir épargné ou
délivré fi fouventfon Ifraél, fit en-
fin fortir fa fureur comme un feu , fans
qtCil y eût ferfonne pour P éteindre , //
per-
I
I
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch ITT. 22. 381
permit enfin qu'une ingrate & qu'u-
ne perfide Jérufalem fût détruite par
les armes Romaines , Se confumée
fans refource , & fans qu'il y reftât ni
pierre ni trace, ni branche, ni ra-
meau ?
Vousattendez, mes Frères, que je
finifle cette aftion. Je le ferai, après
quelque peu de réflexions très im-
portantes. Si les gratuités de Dieu
nous ont empêché d'être confumez^
empêchons que ces grâces ne fe con-
fument &: ne s'ancantiflent point au
milieu de nous , & que nul n^enfouijje
le talent. Ne confumons pas toute
nôtre vie à ofFencer celui qui eftun
feu confumayit. Prenons garde que
nous ne nous confumions point nous
mêmes par des pafiîons violentes , par
es divifions fatales, parunluxeex-
ccflif, & par une méconnoiflànce cri-
minelle. Souvenons nous que de tous
les jugemens du Ciel c'en elt là le plus
vifible, c'cHlk /e doigt de^ieu, lors
que les hommes font les inftruniens
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145 G 34
382 L^Eglise Conserve'e
de leur propre conlomption. E
Dieua permis plus d'une tois , que d<
redoutables Monarques , qui n*on
rien à craindre au dehors, ayenttra
vaillé à fe confumer au dedans 5 à con
fumer leur propre repos, &leurpro
pre gloire , ou bien à confumer fujets
Villes, Pro vinces, Finances, Négo
ce, & ce qui eft bien plus , latendn
afFeftion de leurs Peuples, fôuveri
par l'induftion de ceux qui font er
des aupuftes Palais , ce que fut ce Dif
^^f' ciple a la table du Fils de Dieu, le-
* quel (h diÇoit de h comj>agn/e dejé-
fus. Siaufli les Perfécuceurs, ceux
<^ui fontfervir leur/'«/^wrf & leài
<^////:/<?r/V^à la Femme, qui cf\.affije/ur
fiptf^ontagnes y ne peuvent pas nous
'7 confumer félon les apparences, fça-
chons que Dieu a mille inftrumcnsen
fa main toute puiflante pour nous
perdre. Il donne charge à fes déléguez^
&c fait agir les inonaations & les in-
cendies, les ouragans & les tremble-
mens de terre, les peftes 6c les lan-
gueurs,
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145 G 34
SUR Lamentât. Ch. III. 22. 385
gueurs , les divifions & les guerres
Jomeftiques , les infidélitez & les fur-
prifes. Ou bien il envoyé unEfprit
Je fécurité 8c d'aflbupiflement, & tan-
dis que le peuple de Lais habite en i^i-i^*
iflTûrance & eft en repos, T>an ejf mGe„.4^i
Serpent fur le chemin, qui le guéte,;j. ,g
lui le furprcnd , & le frappe; tandis
que Samion eji endormi fur le giron de
res plaifirs ou de fes richefles , les
Philiftins furviennent, & c'eft là le
grand ftratagéme de nos jours , d'en-
dormir ceux qu'on veut mener dans
le Temple de l'Idole, & l'on n'igno-
re pas aujourd'hui en quoi conjîfie no- .
trephts grande force. Qui a oreille 5'^* *
pour ouïr , qu'il oye ! Vous direz,
qu'ondrejffe laîable, qu'on mange, &
qu'on boive, & tout d'un coup ce fe- ^y:„-
ra, leves^'Vous Capitaines y oignez"^^
le Bouclier !
Jcvcuxauflî, Ames Fidèles, qu'il
plaile à la Providence de nous vifiter
en nos perfonnes, ou en nos famil-
les, ou en nos biens, ha! puillîons
nous
584 L'Eglise Conser.ve'e
nous en ce cas dire avec TEglife, C
font les gratuit ez de Œternely qu'u
plus grand mal ne nous eft point arri
vé. Ou nos douleurs pourroientêtr
plus violentes ) ou nos maladies plu
dangcreuies 5 ou nos pertes plus grau
des , ou nôtre état plus déplorabh
Pren garde , difoit Jefus Chrift à celu
<^i2NOit\:iSi^\xitr ente-huit ans , prci
jun. ^jixàt^quepisnefavienne. Etcenou
5- 5-14. allez n nous remportons notr
Ame pour butin, car c'cdlk/e tout d
r homme , & dans ces occafions )a gra
cedoit conlolcr le Fidèle, de mem<
qu'Elkana confoloit fa Femme ftéri
\^^^' le, Ne te vaux je pas mieux que àiy
jîls? Voyons-nous aullî qu'une anné<
fe confume ou s'achève Tune apréî
l'autre, tandis que les ansdeŒter-
nel ne font jamais achevés? Souve-
nons nous en même temps qu'il n'y a
riendeftablefousleloleil. Le temS;
les années , & les travaux, confument
de même nos jours , nos forces, &
nos plaiûrs, confument nôtre fan té,
nôtre
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145 G 34
sl/rLamentat. Ch. th. 22. 385:
nôtre beau té, & nôtre vie , & les corps
les mieux embaumez , les Mumies les
plusconfervécs, ne font pas exemp-
tes de confomption. Je dirai quel-
que chofe de plus, c*eft qu'enfin Ton
dira des Trônes les mieux établis , des
Têtes les plus affermies, ôcdescon-
querans les plus fuperbes. Comment pj.^^^
ont ils été détruits de la forte en unmo- ^n-
ment y comment font-ils défaillis 1^ llsil'i^,
étoyent élevez & cela nejtplus , ér ils
ont ete emportez, comme tous les autres.
Et je trouve forte cette autre expref-
fion du patient Job , Epouvantemens ui. 27.
les attraperont comme des eaux , un
tourbillon les enlèvera de nuit. Té-
moin au fiéclepaHc ces impitoyables
pcrfccuteurs des fidèles de J. Chrift,
un Henry li. un Charles IX. un Hen-
ry 111. une Marie d'Angleterre, un
Philippe d'Aiitriche. Le premier eft
enlevé par les tournois & les triom-
phes , & c^frapé au même œil don t il
îc plaifoità voir allumer les feux, &
drclîcr les échaftaus 5 // vouUdmème ,
R dit
20.
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145 G 34
386 L'EGiriSE Conserve'e
J'b"; ditun HiftorienPapifte» repaître ft
T. II. yeux de ce tragique jpeEîacle. Et l'o
^' dit que les cris horribles de ces malheu
reux luy fraperent fi vivement l'imagi
nation^ que toute (a vie il en eut de trei
importuns & fâcheux reffouvenin
Charles quivenoic denoyer laFran
ce, mais une France innocente, dan
^je. fon fang, ne voulant pas qu'il relia
^^^Z^' un feul Huguenot > voit peu après ave
ic8:!* des treflaillemcns funeftes, le fan^
lui rejaillir par les pores ^ & part ou
les conduits de fon corps ^ jufquesàl
mort Henry i II. eft tuéàSt. Clom
Abr T P^^ ^^^^ parricide d'un Moine y a
iiLp.* même endroit i ce difoit on^& aumêm
\V&\ jour auquel il avoit prefidé , comm-
Duc d'Anjou, àceconfcil déteilabl
qui s'exécuta bien- tôt après à la Sain
jjift Bartelemy , & que Romeappella/
Bue" Triomphe de l'Èglife militante. L
t! n. Reine Marie après quclquesannce
d'un régne tres-odieux , fe voit pion
gée dans la dernière mélancolie, t
noyée dans des eaux qui Tétoufent
fui-
surLamentat. Ch. III. it. 387
fuivie de bien prés des Miniftres de
fes cruautez, & de leur principal Au-
teur, qui fut Paul IV. dont la mémoi-
re fut déteftée jufques dans Rome)
pour fa cruelle Inquifition. Et Philip*
pell. le plus fuperbe& leplusfigna-
lé de tous les Perfécuteurs, fe voit
enfin confîimé par des fourmilières de
poux, qui fortent de fon corps Royal,
& rongé de 'vermine^ comme le fut le
premier Perfécuteur de TEglife. Mais
nous laiflbns à Dieu fès jugemensj
nous adorons fes confeils , nous
f rions même four ceux qui nouscoU"
rentfus, nous fq9.vons que le cœur du
Roi eft en la mam de Eternel^ &le
fiéclcdontje viens de parler a vu mê-
me un Empereur, ç'a été Charles-
Quint, quiaété foupçonné avantfa
mort d'avoir embraifé cette Religion
Proteftante, qu'il avoitperfécutée à
toute outrance.
Aulîi je conclus par cét addouciflè-
mcntà nos maux: C'eft qu'ilyaune
feule chofe qui ne fe confume point i
R 2 ce
Du
Thou
»55>
MC2.
du
ThOll
ôcc. A.
1598
21.
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145 G 34
388 L*Eglise Conserve'e
ce font les gratuit ez de l'Eternel Si
gratuité demeure a toujours. Ceu3
qu'il a aimez, il les aime jufqua h
fin, fes dons & fa vocation font faiiî
uh. 8. repentance. Aucun détruira f il fa
^'s- bien aimez, tellement que T>ieule^
renie? Et il n'y a point afliirément
d'image de rérernitc , ni du Paradis 3
plus belle & plusraviflante, que de
publier ces gratuitez de Dieu , que de
s'entretenir de fes grâces, & de fes
merveilles. En cettejerufalem d'en-
haut où toute iniquité eft confumée,
& d'où toute confomption eft bannie,
les Harpes decesefpritstriomphans
n'ont point d'autre mélodie, leurs
bouches n'ont point d'autre canti-.
que, ni leurs efprits d'autre contem-
plation, ni leur volonté d'autre defir,
ni leur joye d'autre objet que celui-ci,
Célébrez l'Eternel , d'autant que fa
%. gratuité demeure à toujours ! La dilec-r
tion de Dieu le Pére , la grâce du Sei-
gneur JéfusChrift, & la communica-
tion du Saint Efprit foit avec vous
tous , aux fiécles des fiécles, AMEN,
F I N. LE
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145 G 34
385>
LE ROSEAU
CASSE-
SOUTENU.
Ou
SERMON
Sur Efaie Chap. xlii. Vers 3.
line brifera point le rofeau cajfé.
14 ^e mon Ame n'entre
^^^^ point en leur confeil fe-
^ K ^^^^ • ^ gloire
B ne [oit point jointe à
M leur ajjemblée ! Ce fut
^î^^^bSlI i'cxpreflîon d'un Pére
mourant, qui ne pût diflimuler fon
rcflentiment contre deux de Tes Fils,
facob fe fouvenoit d'une aftion vio-
lente, 8c d'un ftratagéme cruel de
Simcon&deLevi: lors que ces deux
R 3 Fré-
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145 G 34
390 Le Roseau Casse'
Frères pour fe vanger duraviflemen
deDina, demandèrent que tout mal
d'entre les Sichéaiites fût circoncU
ïj' y! Et puisfe prévalans dclafoiblefTeé
de rimpuiflànce où cette operatioi
douloureufe avoit mis ces Profély tes
les cruels entrèrent en Sichem, fe jet
terent fur ces pauvres habitans^firen
main baffe fur tous les mâles de la Vil
le, & pafFerent tout au fil de rèpé<
fans mifericorde. Ce fou venir faiiani
frémir le bon Jacob, que ma gloire^
dit-il , c'eft-à-dire ce qui fait toute m*
gloire, la fimplicité de mon cœur &
de ma langue, nefoit point fouillée
en leur ajf emblée. Chers Frè-
res, Je fçai bien que Levi, au regard
de fa iacrificature , fut en fa porter) té
l'image de Jéfus Chrift. Mais auffi
vous m'avouerez qu^cn cette aftion
de perfidie & de violence il fut l'ima-
ge de Satan. C'eftàpeu prés le mê-
me ftratagême dont le Diable fefert
pour perdre l'homme. Il s'adrçfleà
lui lors qu'il le voit foible & endou-
leur.
Soutenu. SUR Es AI. Ch.^ 2. 3- 391
leur. Il fc prévaut de la folblcHe 3c
de rimpuifl^m :e où fe trouve une pau-
vre Ame. Il attend, comme firent les
Fhiliftins, que la force fefoit rétirée [
des Samfons, pour les furprendre.
Il prend fon temps , comme fit ce Na-
has Ammonite, & cherche à crever \
l'œil droit y Tocildc la foi & de la grâ-
ce , à ceux qu'il voit réduis à de
grandes ex trémitez. Il tente le bon
homme Job, &luiinrulte, lorsqu'il
voit fes biens ravis, fes enfansenle-
yez, fon corps ulcéré, & fonefprit;
navré de douleurs. Il tache comme
le fit Hérode, de mettre à mort les
cnfans de Dieu, lors qu'ils font dans
unûge, ou dans un état à ne pouvoir
fe défendre. 11 attaque le Sauveur du
Monde, lors qu'il fe trouve en un
affreux défert , affoibli après quaran-
te jour s de j eûne , fans fou tien Ôc fans
nourriture. Et quand eft-ce qu'il ti-
re fon coup, & qu'il furprend une
infinité d'hommes N'eft-ce pas lors
que la pauvreté les préfixe , ou que les
R. 4 per-
35>i Le Roseau Casse*
pertes les affligent, oiiquele cliagrir
îesabbat, ou que les douleurs les vio
ientent, ou bien lors que la crainte
Jes faifit 5 & que les dangers les épou-
vantent? Fidèles, c^eftbienlàlerô-
lequecét Ennemi de nôtre falutjout
aujourd'huy dans un Royaume voi-
fin, par des inftrumens de violence.
Mais aullîDieu confole & rafTiire Ton
Eglife par un procédé très différent.
Ceux-là prennent occafion de nôtre
impuifîance pour nous perdre, &
Dieu prend occafion de celle-là mê-
me pour nous làuver. Ceux-là font
tomber le foiblc, mais Dieu au con-
traire le foûtient &: le relève. Ceux-là
brifenî le rofeau caffé^ mais Dieueft
£M celui qui le ménage, &:l*appuye. A
qui regardera^ je ? A celu y qui eft af-
fligé , qui a rEfprit brifé , (Sr qui trem-
ble àma parole. Et ce de voit être là le
grand & Taimable caraftére du vrai
Meflîe , que Dieu devoir envoyer pour
^ItuiJ'vangélizer aux débonnaires y pour
médeciner ceux qui ont le cœur f roi ffé ,
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145 G 34
Soutenu. surEsai.Ch 42.3. 393
caraftéreqiic le Prophète reprefentc
divinement , entre pluficurs autres
qui ne s'approprient qu au Fils de
Dieu, dansée peu de paroles que je
viens de vous lire , // ne bri fera point
le rofeau cajje.
Certainement fi cette promefie ra-
vidante a été accomplie dans toute la
conduite de Dieu envers fon Eglife
en gênerai, & envers chaque Fidèle
en particulier, elle s'accomplit en-
core tous les jours , en une inhnité de ^^^^^
ceux qui font devenus comme les Fré-
res des T)ragonsy ou qui comme de
foibles ro féaux fe voient expofez à de
terribles violences, & qui font déjà
caffez. , mais non pas brife;:^. Aulli
plufieurs d'entre vous , dans le fenti-
ment ou de leurs péchez , ou de leurs
miléres , ont ils goûté ce matin les
confolations dè fa grâce, ^Icsaffiir
rances de fon fuport. Et s'il y en a-
voit de ceux qui difent encore ma j^^ ^^
caffure eft pefante , Dieu voudr oit-il ^ s-
niecrafer , lâcher fa main pour m'a-
R 5
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145 G 34
594 Le Roseau Casse*
chever! je m'aflîirc qu'ils diront d(
mon fujet, Ce fera ici pour moi ui
meffage de bonnes nouvelles , ou qu*ilî
diront de ce Temple, ce que Pierre
dit autrefois de la Montagne,// eft boi
quenom foyonsjcy. Prêtez moi donc.
Peuple Chrétien, une religieufeat-
tention, &ne vous lafiez point en
m'écoutant , tandis que je confidere-
rai, en premier lieu, qui font ceux
quidevoyent faire les foins & l 'occu-
pation du Meflîe, & pour un fécond
article , quelle devoit être envers eux
la conduite de ce Serviteur elû de
Dieu, Ceux - là font rcprefentez
fous la figure d'un rofeau , & d'un
rofeau cajfe i & celle-cy Teft , par cet-
te négative, Il ne hrifera point \qïQ'
feau cafle.
L'Efprit de Dieu pour faire ici la
peinture de TEglifc, ou des Enfans
du Souverain,ne reprefente ni la hau-
teur des Cèdres , ni la durée des Chê-
£/"«.6. nCs, ni la fermeté des Rouvres ni
retendue des Planes, ni lagrolîeur
pro-
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145 G 34
Soutenu, sur Esai. Ch. 42. 3.
prodigicuic de ces Arbres, dont la
concavité a fervi de Spélonquc, ou
de Sale de feftin , Se dont Tombre a pu
fervir de couvert à quelques miliers
d'hommes , comme il s'en trouve
danslaPerfc, dans les Indes, & dans
la Chine. 11 nous donne une idée de
tout ce qu'il y a de plus bas, déplus
fragile , de de plus foibic , comme Tefl:
fans doute un Rofeau. C'cft de la for-
te que Dieu compare fon Eglifc , en-
tre les Arbres, à des Myrtes. qui font
bas 5 & en des lieux profonds 5 encre les
Plantes, à une Vigne qui eft tendre
& qui rampe à terre i entre les Bêtes,
à des Brebis qui font foibles & patien-
tes ; encre les Oifcaux , à une Colom-
be qui eft fimplc & fans fiel ; entre
les Batimens à une Cabane ou à un
Hameau qui eft fans fermeté & fans
refiftancc ; entre les vaifleaux, non
pas à ceux du premier rang, mais à une
petite Nacelle battue des vens& des
orages j & entre les Créatures rai-
fonnables àdes petits Enfans,ou bien
R. 6 àla
Strt*
boa.
Man-
de! il p.
bafl
la e t.
ne.
8.
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145 G 34
396 Le Roseau Casse'
àlaFemme, &àla Vierge, quifon
des Vaifleaux fragiles.
Etdefaitileft expédient que châ
que Fidèle ait une femblableidéed
foi-méme. C'eft la prémiére & 1
plus néceflaire de toutes les connoif
ianccs, de feconnoitre plein de fragi
litc&defoiblcfle, & c'efl: par ce fen
tinient que l'homme monte à celu
qui eft fa force &c fon appui. Plus h
Myrte eft petit, plus Ton odeur cl
forte, & f a verdure vive: Plus lei
Epis fe courbent & fe baiflent , plus ïh
font pleins de bonne fcmence. Ce
n'eft pas fur de hauts Rochers, qui
fon ftérilesSc infructueux 5 c'cft dans
les Valons , c'eft au pié des Monta-
gnes, que le Muguet, les Lys, &Ies
Violettes parfument Tair & réjouïf-
fent Tocil. Auflî Dieu a-t'il choilî pour
être la bonne odeur en fon Eglifc , les
chofes baffes , les chofes foibles, & les
chofes viles de ce Monde. Le Fils de
Dieu lui même s'écrie en la perfonne
de David, fais îinver & 7ionpas un
hom-
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145 G 34
Soutenu. SUR EsAi.CH.42. 3. 397
homme. Abraham s'écrie, Seigneur
je ne fuis que poudre & que cendre j Ja-
cob , je fuis trop petit au prix de s gra-
tuité s de T>ieu s David , qui fuis- je ^
fir quelle efl la mai f on de mon Tére ^ Sa-
lomon, ce n^ejl que vanité de tout bom-
me i Jofaphac, // n'yapoint de force
n nom , pour ftibfiftcr devant cette
ultitude 'y &c Saine Paul, nous ne fom-
mes que comme la raclure ^ &laba,'
Hure du monde. Dés que l' homme en
s'élevant affcûa d'être femblableà
T^ieu , il devint femblable au Démon.
Et cét Edom qui crioit , qui efl-ce qui
me jettera bas ^ayant élevé fon nid com- t/ai.
me l^ Ai?-Je , fc voit précipité tout d'un '
coup, dévale aufepulchre^ au fin
fond de fafoffe. Ceux qui font les plus tf»i-
haut élevés, front coupés^ & les plus
haut montés feront abaffj^es.
J'ajoute, Mes Frères, que cette
idée de l'Eglife comme de ce qu'il y a
de plus frêle & de plus impuifîant,
nous donne une idée d'autant plus
grande & plus réleveedeceluiquila
R 7 con-
398 Le Roseau Casse'
confcrve & quilafoutient. Carqu
n'admirera la fageflè, qui ne recon»
noîtra lapuiflance, qui n 'adorera les
bontés de celui qui confervc une ten-
dre Vigne, parmi tant de grêles, Se de
faifons dangereufes, qui défend une
Colombe parmi tant de vautours, &
des pauvres Brebis parmi tant de
loups, & des petits Paflèrcaux parmi
tant de chaffeurs , & des vaiffeaux de
terre parmi tantdehcurtemens ^de
chocs, & pour m'arréter à mon Texte
des Rofeaiix parmi tant d'agitations
8c tant d'oraees.
Jedisdesrd?/>/^//;c, & la comparai-
fon deTEglifc avec cette plante cft
jufte, & d'un grand fens. Carlero-
feau efl: une des choies du monde la
plus fragile, & il faut bien peu d'ef-
fort pour le faire obeïr, ^ pour le
cafler: j'excepterai peut-être cesro-
dlu f^^wx dans la Chine oudanslenou*
chincî veau Monde , qui font d'une grof-
ch feur à en fcier des Aix,& à en bâtir des
îiiaifons» Et n^eft-ce pas là cette fra-
gilité
Soutenu, sur Esai. Ch 42. 5. 399
gilitequi fevoit mcmc en un Saint
Pierre, lequel â la voix d*une fer van-
te renie fon bon Maître, qui fevoit
même en un Tomas > lequel après
tant de témoins & de preuves, doute
encore de la Relurreftion deJ Chrift,
& en un Paul jnémc qui reconnoît,
tout Apôtre qu*iî eft , qu'il fait le mal
qu'il ne veut pas? Le jufle tombera
fept fois par jour, il tombera même
feptantefeptfois i & la vûë feule d'un
Barbare, lamenacefeuled'un Tyran, Pomû
la crainte feule d'un Bucher,fans coup ïoxus.
férir, feratomber desOrigenes, des
Marccllins , & des Crammers , les
plus excellensferviteurs de Dieu.
Le Rofcau croit dans les eaux, &
s'y conferve , ce qui fe peut en quel-
que façon dire de TEglife dejéfus-
Chrift. Elle fe trouve engagée au mi-
lieu des eaux y comme le fut l'Arche
de Noé dans le déluge, c*eft-à-dire
félon le ftile de l'Ecriture, au milieu
des peuples & des puifîànces de la ter-
re. Les goufres 6c les abimes la mena-
cent
Extd.
14.12
400 -Le Roseau Casse'
cent à droite & à gauche i comme fi
* rent les eaux delà Mer rouge pen
danc le palTage d'Ifraël. Les eaux lu
viennent, comme au Prophète Ezc-
4- y- chiel, tantôt j ufqu*à la ceinture ôc tan-
tôt jufqu'à la gorge , Scelles fedébor-
dentfur elle tout d'un coup comme
un torrent. Les élus de Dieu fe trou-
vent en ce monde fur cette il/^'r qui
eft comme deverre> reprefentce en
jifte, la Vifion myftérieufc de St Jean , Mer
M »- pleine d'écumes, de profondeurs, &
demonftres, & dont les eaux n'exha*
lent que matière de corruption & de
puanteur. Mais quelque marée,
fes que foyent ces eaux, cesadmira^
bles rofeaux ne lailfent pas d'être
pleins d'un fucdoux & falutaire, l ue
3ui les preferve de la corruption &
e la mort.
Auiïl voit-on que les rofeaux font
continuellement démenés du 've7it^U
agités fans celTe, comme il eft dit de
JeanBaptifte, ôcc'eft encore là un vé-
ritable Emblème du Fidèle. Il eft ra-
11.7.
rc-
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Soutenu. SUR. EsAi. Ch. 42. 5. 401
rement (ans quelque agitation , il y a
toûjours quelque vent quilepoqiïe
d*un côté ou d'autre: c'eft-à-dire ,
qu'il y a toûjours quelque crainte qui
le poflcde, quelque violence qui le
heurte , quelque inquiétude qui le
travaille , quelque paffion qui le tour-
mente, ou quelque orage qui le me-
nace. Toute fa vie n'eft qu'une fuite
de troubles & d'agitations , ou le pre-
fent l'inquiète ou bien l'avenir , ou
fonefpritne fe donne point de repos,
ou fon corps fe fatigue, ou fespaf-
fions l'agitent , ou fes maux 1 acca-
blent , ou bien des tentations le trou-
blent j comme ce pauvre démonia-
que dans l'Evangile, il fe voit jetté
tantôt dans le feu d'une ardeur cuifan-
te , tantôt dans l'ean d'une froideur
criminelle. Il voit bien avec Iflacar
que le repos eft bon , & plaifant , mais
il fçait qu'il ne le trouvera que dans
fa mort. En effet le rofeaunciQXQ-
pofe , qu'après avoir été coupé &
couché lur la terre, & il en eft de mê-
me
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145 G 34
402 Le Roseau Casse*
me du Fidèle. Heureux quand 1;
mort avec fa faucille tranchante 1<
couche dans le tombeau, puis qu^-
\oTS il fe repofe de fes travaux ^ &qm
fes œuvres y fafoy, fa charité, fapa-
tience , & fa confiance le fuivent.
Vous fçavez tous. Chers Frères,
que le rofeauafes parties foibles, &
qu'il en a d'autres qui font vigoureu-
fes, comme le font ces nœuds que la
nature y forme, & qui le foutien-
nent. Le Fidèle eft compofé de ces
deux fortes de parties: la Chair cft fa
partie foible, ^ qui ployé aifément ,
ou à la vue de quelques Jicles^ de
uelques lingots à!oT^ ou aux attraits
'une Bathféba , ou aux apparences
d'un. Je te donnerai les Royaumes
du monde, ou aux approches de ces
Inquifiteurs qui luy difcnt, u'es tu
pas auflî un difciple de Jéfus? Mais
ï'Efprit&la Grâce forment comme
un nœud qui le renforce,qui le fait rc •
fifter à la tentation ; ou bien qui le re-
dreflè , après qu'il a été fecoùé , agité,
6c
Soutenu. SUR. EsAi. Ch. 41. 3- 403
& prefque mis bas. Magra.ce tefuf-
fit y & ma puijfance s'accomplira en
ton infirmité. Car ce que le roleau cft
de fa nature , droit & portant fà tige
en haut, le Fidèle Teft par la feule
grâce, mais avec cette différence,
que fi la racine d'un rofcau tient à la
terre, celle du Fidèle ne tient que
dans le Ciel.
Les rofeaux , comme vous le fça»
vez encore, ne font jamais feuls, ils
fe trouvent plufieurs enfemble , &
dans leur foiblefTe ils fe foutiennent
mutuellement. N'eft ce pas encore
là Tirnage des Fidèles, & des mem-
bres de Jéfus Chrift.^ L'Eglife a com-
mencé par douze fpiblcs Apôtres, &
depuis elle n*a ètè qu'une fociccé fain-
tc, qu'un troupeau de brebisa qu'un
aifemblage d'élus de Dieu , qu'une fa-
mille compoféc de plufieurs domefti-
qucs , ou qu'une Ecole formée de plu-
fieurs difciples, La violence, il eft
vrai, les dtvife fouvent en Jacob ^^"ç,
les rend épars en Ifraél , témoin la
pre-
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Matth.
27.29.
II. 5y.
404 Le Roseau Casse*
première difpofition des Apôtres pe
de temps après l'afccnfiondu Filsd
Dieu. Mais cependant le lien de 1;
charité , même dans cette difperfion
lesétreint, un même efprit les lie,ui
même intérêt les joint, un même
Maître les gouverne, & après avoii
été difperfez fur laTerre , ils font en
fin réunis dans le Ciel. Et fi vous li-
fez, peuple Chrétien, dans THi-
fl:oire de la paflîon dejéfus crucifié ,
qu'un rofeau fut misen fa main droi-
te, que fignifioit, je vous prie ce ro-
feau ^ N'eft-ce pas fon Eglife qu'il
tient en effet en fa main droite , qu'il
fauve par le mérite de fa croix, qu'il
gouverne par fi fagefie, qu'il fou tient
par fa vertu, qu'il confole par fon
Efprit , & finalement qu'il change en
un rofeau à'or , comme il eft repre-
fenté dans l'Apocalypfe : Celui qui
parloit à moi dans la cité triomphan-
te , avoit un rofeau d'or en fa main tou-
te puijfante.
Il eft vrai qu'aie bien confiderer ,
les
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145 G 34
Soutenu. surEsai. CH.42.5. 4of
lies impies & les profanes, même les
plus puiflkns Monarques, & les plus
redoutables Tyrans 5 ne font aufli que
des rofeaux j Foibles rofeaux,rofeaux
fragiles, rofeaux qui fous une belle
apparence trompent, q\i'i percent la
main de ceux qui s'y appuyent, qui
font dans une agitation continuelle,
qui n'ont rien de ferme ni de ftable,
que le moindre vent ébranle comme
la feuille, & que la moindre traverfe
abbat & renverfe. Mais ils ne font
>as néanmoins d^ccsrofeaux y dont
fparle ici le Prophète , à fçavoirde
ces rofeaux caffez, > ou froifle/ , & par-
fois brifezen quelque façon. De fait au
lieu que le prophanc s'endurcit à la
voix de Dieu , qu'il demeure rebelle
à fes ordonnances , inflexible à fes ju-
gemens , infenfible à fes bienfaits,
ingrat à l'es délivrances, le Fidèle eft
d'une toute autre condition , il eft
tendre comme un roieau , il eft
flexible, & de la forte il kcajf/e zifé-
ment. Ge pauvre rofeau eft tendre ,
à la
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145 G 34
4o6 L e Roseau Casse'
#y:ii9. ^ ^?^^ menaces & des jugemen
120. du Ciel, ma chaïr a friffomé à eau
fe de ta frayeur^ fay redouté te
jugemens : il eft tendre au fou venir d
fes promcfles & de fes gratuitez ; /,
m'as attiré avec des cordeaux d' huma
nité^ à* par des liens d'amitié : il ci
tendre, 6c cède aifémentaux ordon
nances de Dieu , Seigneur que veu^
%f,%<i. Pf^ff^' f écouterai ce que
9. * dira l'Eternel: il eft rendre aux châ
^ timens dont Dieu le vilîte, je porte
19? ^ tai P indignation de P Eternel, j e f rap
perai fur ma cuiflè , j ai été honteux &
confus : il eft tendre auflîàla pitié &
àlacompaflîon, cgmme le fut lécha-
iHCAo, ritable Szmzvitzin y ému de tendrejffei
la vûè d'un trifte Se d'un déplorable
objet, oucommc lefutJéfusChriftà
la vue d'une ingrate Jerufalem, lors
que defcendant de la Montagne des
oliviers 5 cette malheureufe ville pa-
j^yj. toute à fes yeux.
Ha! que le Prophète avoit grande
raifondenous reprefenterie Fidèle,
corn-
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145 G 34
Soutenu, sur Esai. CH42. 3. 407
comme un rofeau cajfe. En effet, plus
la Grâce le diftingue, plus aufli il
plaît à la Providence de le cajfer , 3c
c'cft ce que font en premier lieu
les affligions , qui navrent Tefprit,
qui attcndrificnt le cœur, & qui en
arrachent des plaintes 6c des (anglots.
La fouvcrainc fagefle a mille mar-
teaux pour ca(fer l'homme, & mille
indrumens pour abbatre le cœur hau-
tain, pour brifer le cœur endurci,
pour humilier TorgueiUeus , pour
réveiller le ftupide , pour ranger le
rebelle, ôc pour attendrir le plus in-
fcnfiblc. Il n ell pas même toujours
néceflaire que le Ciel s'arme de fou-
dres & de tonnerres, que la Mer
IiaufTc fes vagues, & ouvre fes abîmes,
que l'Air ne Ibit que feu & que venin ,
que laTerrene réponde ni au fro-
ment , ni au vin , ni à l'huile , que les
Montagnes tombent , ou que les Co-
teaux fe renverfent fur des hommes
criminels , ou bien que de grandes
Balaines engloutiflènt desJonas,c'eft-
à-di^
---f ■fi^'^■:^^rx■■
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145 G 34
■ 4^8 Le Roseau Casse'
I à-dire que les Puiflans de la terret
faififlent de nos perfonnes» de nos ei-
fans, denosmaifons, &denoshér
tagcs. Dieu comme s'Ufejoùoitd
riiomme employé fouvent les chofe
les plus foibles&les plus abjeftc
pour le calTèr : On a vu l'aiguillon d*i
ne mouche , la produftion d'une ver
mine , la morfure d'un vil animal,dc
armées de hanetons&defaucerelies
par fois même un cheveu, un grain d
lable, un égratignure cafîer lespiu
fuperbesRois, ouïes corps les plu
robuftes. Et combien fouvent helas
l'homme eft-il ingénieux , à fe metrn
foi-même en état d'homme cafle, oi
en un état de compalîîon 6c de doléari
ce 5 l'un par quelque envie recrét<
qui le ronge, l'autre par une ambi-
tion exceflive qui le poflede, oupai
une avarice infatiable qui le maitrife .
ou par un mifcrable chagrin qui k
confume, ou par une colère violente
qui le cdSïhcovamQXxnvailJeaudepo-
tieti Et c'eftainfi que chacun a chez
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145 G 34
Soutenu. SUR Es AI. Ch. 42. 3' 4^9
foi bien fouvent quelque inftrument
domcllîque prppreàlecaflèr : Car il
ne faut pas douter que Noé n'aie
cftc bien plus touché de la conduite
criminelle d'un de les Enfans , ou
Job dcbinfultcs de fa propre fem-
me , ou Abigail de la folie de fon
propre mari Nabal, ou David de la
rébellion de fon bien-aimé Abfalom,
ou le Fils de Dieu même, dclatra-
hifon de fon propre Difciplejudas,
qu'ils ne Tauroient été de toute autre
atteinte.
Mais en ce fens il n'y a point
d'homme, il n'y a point même de
profane qui ne puiflc ctïcunrofeau
cn(l^^' il ne fullît pas que Dieu nous
caM„ '>u nous brife par lesafHiftions.
Cette froiiïïire en doit produire une
autre. Ce n'eft encore là qu'une con-
trition de la chair & de l'homme fen-
fuél. Pharaon auflî s'afflige pour la
perte de fon premier né , l'il'raël char-
nel foupire àcaufc de fa fervitude,
Achab déchire fes vétemensàlamc-
S nace
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145 G 34
4IO Le Roseau Casse'
nace du Prophète Elie, &Nabale
épouvanté à la nouvelle delacolér
de David. Mais avec tout celaleu
cœur n'en eft point cajfé , au lieu d*hu
miliation il n'y a que dépit, au lie
de contrition il n'y aque chagrin, a
lieu de prières il n*y a que murmure:
La chair crie bien , comme le fait Phs
raon pendant les playes i fay pe
' ché ace coup l'Eternel eft jujle , mai
peu après le cœur fe roidit, qui
P Eternel quefobeïffe à fa voix , & l'oi
dit à fes meflagers, donnez, njomga)
de de voir plm ma face ! Il faut don
que la lancette du Chirurgien entre ^
que la fonde aille bien avant pou
produire un effet falutaire , il faut qu
que les mottes endurcies dececœu
fbyent tout-à- fait caflées , afin que 1
femence de la régénération y entre t
y gQrme. Il faut des ouvertures dan
nôtreame, comme celles quifefon
dans nôtre corps , pour donner Teflo
à un mauvais fang& à de mauvaife
halenées: Aufli par les ouvertures qu(
fon
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145 G 34
Soutenu. surEsai. CH.42.;^. 411
tbntdcschàcimens & des épreuves ,
Dieu fait-il exhaler &:tranrpirer dans
lesElûsce quis'oppofoità la parole
de fa grâce. Et l'Enfant prodigue
n'eil point capable de reconnoîtrc
qu*ilfait bon dans la maifon defon
Pére, & combien lepainy eftfavou-
reux, qu'après avoir mangé dans un
pays étranger les gouflcs dont fe re-
paiflent les pourceaux, & avoir é-
prouvé ce que c'ell que la pauvreté &
la difettc.
Aufîî pour eftre véritablement 7m
rofeaiicajje ^ il fautquelque chofede
pius que le marteau des afflictions.
Ces coups de dehors doivent péné-
rer bien avant dans TEfprit , & dans
le cœur, avec Taide de la grâce. Je
dis premièrement dansTEfprit, qui
eft cette partie de nôtre Ame qui ima-
gine, qui aperçoit, & qui juge, &
alors refprit eft cafte, quand il con-
noîtdiftinftement Tes crimes &: fa mi-
ërc. C'eft ce que l'Ecriture Sainte
pelle être pauvre en efprit , & hum-
S 2 ble
■jprc.
Am-
biii: de
1.1 Chi-
ne.
41 X Le Roseau Casse'
ùle d'efprit. Car tandis que l'Ange fc
dit à loi-même , />////> riche &je n'a)
faute de rien -, tandis que ce Pharifien
fc juftifie 5 je ne Juis pas comme ce 'Pea-
ger-y tandis que le cœur nousditj
comme le le difoit St. Paul , mais dans
un autre fcns, je ne me fens en rien
coupable -, Sz tandis que Thomme fe
diilingue par foi-mèmc , par ion mé-
rite, ^ par fa naiffance, comme ces
Indiens au ficcle paflë, qui ne vou-
loienc point être baptizés de la même
eau que le refte des Chrétiens , aflliré-
ment ce n'cil pas là le caraftére d'un
rofeau caflé. Mais bien en eft-ce un ,
lors que le péché fe prefente à un Péa-
ger ou à un David , avec tout ce qu'il
a de diftorme&: de criminel; ou lors
que rhomme détefte avec Amnon,
mais par un principe différent , même
l'inllrument de Ion crime j ou lors
que le Prodigue fe rcconnoît très in-ti
digne même d'être appeité Icnfant
d'un fi bon Perc ; ou lors qu'avec un
Paul le fidèle avoue qu'en fa chair il
ny
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145 G 34
Soutenu. surEsai. CH.42.3. 41J
y habite aucun bien^ &z qu'il cû/e ^.
premier des pécheurs. Celalçai-je, ' m-
difoit un faux fage de l'Antiquité, que
je ne fçai rien , ce qu'il avoit apris d'A-
gur, îln'y am moy aucune fctencei prov.
Mais en ce cas-cy le fidèle s'écnc^cela ^•
fçay ■ ce que je ne fuis rien , ou que je
ne fuis qu'un miférable , chargé de
crimes , ôc accablé de remors.
Mais ce n'eu pas encorda tout ce
qui fait un rofeau cajfe. Jl faut en-fui-
te que le cœur, le liège de nos affec-
tions & de nos mouvemens , foit tou-
ché d'un fentimenc vif defamiféreôc
de fon néant, & d'une trijlejje félon
Dieu. Et qu'appcllons-nous trillef-
fe félon Dieu ? Ell-cc le déplaifir que
caufent les intérêts du monde, des
biens enlevez, une maifon renver-
fée, un vaifléau perdu , une fan té af-
foiblie , une réputation bleflee, ou
des enfans fauchez ? Ils crieront de la ^'1'^
douleur qu'ils auront au cœur , difoit
le Prophète d'un Peuple reprouvé,
(s; heur 1er ont pour la froijfeurede leur
S 3 efprit.
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145 G 34
7
414 Le Roseau Casse'
efprit. Eft-ce une douleur qui va juf.
qu*au defefpoir & jufqu'à la fureur
Ma peine ejt plus grande que je ne puù
porter ^ dit le malheureux Gain : dé-
gaine ton épee & me tranf perce , di c le
defefperé Saùl j je tuerai un homme ^
moy étant navré dit un emporté La-
mechi & rinfortuné Judas ne fe con-
tente ipzsdejetter là fon argent , ou de
rejetter fon péchc» & feserpéranccs
trompeufes, en quoi il auroit fait fa-
gement , mais le traître précipite fon
corps & fon ame dans le dernier de
tous les malheurs. Eft-ce être caffé
comme il le faut, que de crier d un
cri amer comme fit Efaù , ou que de
poufler des plaintes 8c des reproches ,
même contre la Providence, comme
le fit un Pompée après la bataille de
Pharfale ; ^leu fer oit il avec nous ? T
auroit'il intelligence au Souverain?
Eft-ce afles encore d'être atrifté pour
une heure, par un mouvement con-
traire à celui des auditeurs de Jean
Baptifte , vom aves voulu vous égayer
pour
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145 G 34
Soutenu. SUR Esai.Ch.42. 3- 41 f
four une heure-^ pour un peu de temps?
C*ett delà forte que Saùl fut touché
de tendrelTe pour quelques momens ,
fCeft'Ce p^s là ta voix mon fils ^David, J^^*'7;
^ Saiil élevant fa voix pleura.
Vous comprenez aflez 5 Peuple Fi-
dèle, que rien de tout cela ne diftin-
guc une véritable froifîure. Ce n'en
cft pas auflî route la marque que de dé-
chirer les vétemens, lans déchirer le
cœur, de vérir le fac , fans vêtir la ro-
be de i u ftice , d'élargir les phyla^feresy
fansélargir le cœur en repentance&
aumônes, ou bien de courber la the^"^'
comme le jonc ^ ou comme lerofeau,
fans dénouer les liens de méchanceté.
Un rofeau cajje c'eft un cœur affligé,
un cœur dolent, mais d'une douleur
des plus cuifantes &dcs plus vives ,
non pas pour le mal que Dieu lui fait ,
mais pour celui qu'il a fait contre
Dieu , non pas pour les fouffrances du
corps, mais pour le trifte état de fon a-
me,non pas de ce que les Caldéens ont
Igivi fcsbeftiaux ou fon argent, mais
S 4, ' de
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145 G 34
"Mat th.
15.19.
4i<> Le Roseau Casse'
de ce que le Mauvais a ravi de foi
cœurla femence de lagrace. Unpé
nitentde cette forte ne tient aucui
conte ni de l'argent qu'il a dans fe
côfres, ni du rang qui le diftingut
dans le monde, ni des honneurs qu
l'y élèvent, ni des amis qui l'y caref-
fent, ni des délices dont i!v abonde
Il voit que tout cela ne peut ni con-
tenter fon elprit, ni apaifer façon-
fcience, ni calmer fes inquiétudes;
ni retarder fa mort, nidéfarmerla
jufticeduCiel. Ilnefc fouvientquc
des bienfaits de fon Dieu qu'il a fi peu
reconnus, que des devoirs envers ce
bon Pere qu'il a fi peu obfervez , que
delà CroiK de fon Sauveur qu'il a fi
peu méditée, que de l'Efprit de la
Grâce qu'il a contrifié fi fouvent , que
des promefTes de l'Evangiledont il a
fait fi peu de conte, que des jugc-
mens de Dieu qu'il s'eft attiré fi juge-
ment , & que de ces ténèbres atVreu fes
où il mérite d'être jette pour jamais.
Et c'eft à ces reflexions falutaires,
qu'un
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145 G 34
SouTFNU. surEsai.Ch. 42» 3- 417
qu'un pauvre rofeau fe ca(fe, que Ion
amc eft percée de douleur, quefon
efprit devient amer, quefon cœur fc
fond, que fcsosfe brifenr, que fes
entrailles bouillent ^ mon ventre y mon 7'''':.
Vuentre ! fa maigreur s' eleve contre '
lui y & que (es yeux deviennent com-
me unelburce ou comme un ruifleau
d'eux: Alors un Manaflë (^^angoiffé e7i
fonamey un David^/:?^z?;?^enfongé-
miflèmcnt, un VyLéc\\\2is gro?nrnelle
comme la grue gémit comme le pi-
geon , un Pierre fanglottc & pleure
ameremcnjty^ la Fille de Sion crie dans
fon amertume , Regarde 6 Eternel car \T' ^'
je fuis en dctrelfe^ regardez tom s'il y
a douleur comme ma douleur s Ma caf- /,.^.
fure eft plus pefante que le gravier de
la mer j Malheur fur moi parce que je
7f ai fait qu'être rebelle.
C'eft , Mes tres-chcrs Frères, à cet-
te forte de rofeaux que s'adreflela
promelfe, îlne brifera point le ro-
feaucaffé. LeProphéte parleafTuré-
.ment du Meflie dés l'entrée de ce
S 5 Clia.-
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145 G 34
418 Le Roseau Casse'
Chapitre, & il en découvre les mer
veilles par une faillie admirable, 6
avec un élancement célefte. Ilcom-
, mence par un Voici ^ que l'Ecriture
n'employé jamais que pourmoncrej
les biens de la grâce j & par là il réveil
le la foi 5 il enflamme les défirs du peu
plejuif, &il leur représente Chrid
déjà comme aux portes de Jerufilcm
11 rappelle le Serviteur de Dieu , pai
excellence , qui revétiroit la forme dt
ferviteur^ tout Maître qu'il eil, & un
Serviteur r/f/, quiferoit nonpai
de fa nature , mais par eh cuon élu en-
core non pas des hommes , ni des An-
ges 5 mais élû de Dieu. Efaie le repre-
fente comme celui que Dieu main-
tiendrait 5 par fa puifîàncc & par fa
grâce > tant en la perfonne de ce Ser-
viteur 5 qu'en celles de fes Frères 3
tant enfà mort, quapres la mort.
C'étoit encore celui en la Jullice du-
quel Vame de l'Eternel prenait fon bon
plai/ir^ non point dans lefangdes
viftimcs, ni dans la chair des facrifi-
ces,
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145 G 34
Soutenu, SUR Esai.Ch.42. 3- 4ip
ces, ni dans les obfervances de la
Loi. C'étoit celui en qui Dieu w/^'^-
troit fon Efprit^ un Efpritdefapien-
ce&delumiére, comme devant être
Prophète , un Efprit d'humilité & de
patience, comme devant être Sacri-
ficateur, un Elpritdepuiflance &de
force, comme devant ctre Roi. C'é-
toit celui qui mettro'tt en avant le ju-
gement le jugement de Dieu contre
le péché , mais auflî contre les incré-
dules, & les rebelles, & il devoir le
mettre en avant aux Juifs , mais fur
lowt aux Nations. C'étoit cçlmqui
ne crier oit points & ne fer oit point
ouïr fa voix dans les rues ; C*cfl:-à-di-
re qui ne fcroit point ouïr une voix
qui crie vengeance, une voix qui ef-
fraye & qui porte à lafédition &au
trouble, une voixd'oftentation&dc
vanité, beaucoup de bruit & peu d'ef-
fet, ou enfin une voix d'impatience
ou de defefpoir ? comme a été celle
des Caïns & des Efaùs , car // n^ a point
ouvert fa bouche^ & il a été comme une
S 6 brebis
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145 G 34
vie de
Sixte
Y.
420 Le Roseau Casse'
brebis muette. C'écoic celui qui ne j
haufferoit point par orgueil , par fierré
ou par ambition , devant s'anéantir j ,
mêmes bien différent delbn prérendi
Vicaire, & nommément de Sixte V
auficclepafle, qui avant la dignité Pa
pale ne marcha ç\ut\^tètebai([ée , re
gardant toujours vers la terre , mai
aufïî qui dés le moment de fon exalta
ùonfe hauffant orgueilleufement , ne
marcha plus que la tête levée, difanc
qu'il n*avoit plus que faire de febaiflèr,
ayant trouve les C/^/> qu'il cherchoit
depuis tant d'années. Enfin c'ccoit
ce charitable MefTie , qui après fa ve-
nue , comme Tajoute le Prophète dans
les paroles de mon texte, nebri/eroit
point le rofeaucajfe, & par une autre
comparaifon qui dit la mêmechofe,
TÛéteindroit point le lumignon fumant ,
Je difois tantôt que c'eft la malice
propre du Diable, le vice propre des
Pharaons & des Tyrans , de fouler ceux
qui font brifez , d'accabler ceux qui
font chargez , de terraffêr ceux qui font
ha^
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145 G 34
Soutenu. SUR. EsAi.CH.42. 3. ^21
liaraffez, de précipiter ceux qui chan-
celknt , de porter au delefpoir ceux qui
font en douleur. Ces impitoyables
prennent plaifir, comme cela s'cftvû
dans Thgypte, dédoubler la tâche de
ceux qui n'en peuvent plus, ou comme
fit cet homme riche dans la Parabole de
Nathan, d oter ^« pauvre homme la
feule brebis qui lui relie, oucommefi-
rent les meurtriers de JéfusChrift, de
charger un dos foible, un corps épui-
féparlcs veilles&par les foufFrances,
d'une pefanre croix. Mais que la con-
duite de ce bon&dececharitable J>r-
a^/Vr//r dcvoit étredinemblableà celle-
là 1 II ne brtfcra point le rofeau caffé.
AuHi, Peuple Fidèle, devoit il ve-
nir comme unMeflàger depaix, pour
publier la délivrance aux captifs, com-
me un Médecin pourguérir ceux qui fe-
roient malades , comme un Chirurgien
pour bander ceux qui auroicnt la jambe
rompue, comme un pitoyable Sama-
ritain, pour verfer de l'huile du vin
ans nos playes. Il avoir paru fous la
S 7 Loi
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145 G 34
Exod.
«0.19.
Heb.
Ce». 34
<?e».i4
16.
4. ç.
Huth.
42X Le Roseau Casse'
Loien forme de Legiflateur , pourin-
fpirer de la crainte, que "Dieu ne parle
point avec nom y diloic le Peuple tout
effrayé. Il avoir paru en forme de Maî-
tre pour commander, & en forme de
Juge pour condamner, &pour brifei
fans aucune mifericorde. Mais fous
l'Alliance de la grâce il dévoie fe mani-
fefter en forme dePére, qui choie fes
enfans , comme il efb die de Jacob
choiant les fiens, à la rencontre d'Efaii ,
Monfeigneur ffait que ces enfans fout
tendres. Il devoir venir en qualité de
G(?^/oude Rédempteur pour racheter
fes proches parens de lafervitude» &
. les retirer, comme Abraham fit Lot
fonfrére^ de la captivité, lldevoitap-
paroître comme un bon Frère, pour
. criera des confciences effrayées » Ke
craignez point je fuis Jofeph vôtre
Frère, Se \os\)échés m'ont vendu y ils
m'ont fait venir ici pour vôtre bien : il
devoit fe préfenter fous la ligure d'un
Epoux , pour prendre à femme une pau-
vre délaiffée , & pour étendre Z^*/?^»*/-?
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145 G 34
Soutenu. SUR EsAi. Ch. 42. 3- 4^3
fa robbe fur une chécive Veuve ; Il dé-
voie en qualité de bon Pafteur cher^
cher la brebis égarée, & la charger fur
fon épaule , emblème que les Chré-
tiens, au temps deTertuilien, &clu Jj'^^
depuis fous l'Empereur Conftantin, pei- <ii<^.
gnoient même Tur leurs Calices , & Hift.^'
reprelcnroient en belle en des Lieux
publics, en mémoire delà charité in-
comparable du Fils de Dieu, lit de là
vient que dans les Oracles l'acrez il n'efl:
point comparé à un Lion qui déchire,
ou à un Scorpion qui tue par Ion aiguil-
lon , mais auflj qui fe tue loi- même , ce
qui eft Tembléme la Mort, lorsi^^*"*-
quelle a fiché fon aiguillon dans le fa- JV.^^'
cré corps de Jefus Chrift. Mais bien
le voyez-vous reprcfente comme une
Brebis qui eft débonnaire, comme un
Agneau qui eft doux , commeuneCo-
lombequieft fans ongles , comme une
Poule qui étend lés ailes , & qui couve
fespouftins.
llnebriferapoint\txo{Q2iWz^^é, Le
fiilede Dieueft très différent decelui
des
424 Le Roseau Casse'
des hommes. Ceux-ci promettent pli
Anti- qu'ils n'ont envie d'efTeduer , témoi
!)T' ces Princes appelles les "Donneurs
Pe"tL. c'eft-à-dire qui letoienc deboucheoi
chtc de parchemin, ou bien les donneurs ^i*.
ftoio- bonnes paroles. Mais Dieu tout au con
traire promet moins dans la Parole
qu'il nedonne , ou quMl n'accomplit. L(
Prophète venoic dédire, ilnecrierà
foint, c'eft-à-dire, il fera muet , il fe-
ra patient 5 Une fe hauffera point, c^d-
à-dire, il fera humble, il fera fournis
envers Dieu & envers les hommes-, &
peu après // n'éteindra point le limi-
gnon fumatity ceft-à-dire, il augmen-
tera même ce peu de lumière ôc de foi ,
qui fe trouve en fes élûs, quoi que mê-
lé de fumée , de puanteur , 6c de foiblef-
fe, comme ce mélange fe voiten un/«-
mig7ion qui fume. Par une même fa-
çon déparier, il dit de cet adorable
Aleiïie, qiCilnebriferafomt lerofeau
cafTé, pour dire qu'il en aura compaf-
fion, qu'il le fuportera, qu'il le fou-
tiendra, qu'il l'affermira mèoîe par fa
vertu divine,
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145 G 34
Soutenu, SUR Esai.Ch.42. 3-
En effet céc oracleaété vérifie ma-
gnifiquement en la perfonnc de Jéfus
ChrilL Leconfiderez-vous comme un
Prophète? ilnyaeu que grâce enfes
lèvres, &que bénédidtions en fes pa-
roles : aux confciences travaillées il
crie venez h moi y aux ames altérées il
crie , venez aux eaux y à ceux qui fe ju-
i^ent pauvres, qui ne font point de ces
riches en imagination , ni de cespré-j/Zj.
fomptucux àqui Dieu même doive du
retour , il crie , bien-heureux font les
pauvres en effrit. S'il voit des h om- n.
mes languifians , il les reftaure , s^^il voie
des afiligez , il les confole , s'il voitdes
malades, illesguérit^ s'il voit des af-
famés, il les repaît; s'il voit des igno-
rans, il les infiruir5 s'il voit des éga-
rez , il les adrefle 5 s'il voit des Brebis 9. '
éparfes^ il eft émeu de comp a ff ion en-
vers elles. Et ce qui a été dit de l'un
des meilleurs Empereurs qu'on aitvû
fur le Trône des Célars , cela fe peut di-
re avec bien plus de vérité du Fils de
">ieu , qu'il ne renvoyé jamais perjonne
fans
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145 G 34
Jean.
14. 27.
416 Le Roseau Casse*
fans confolation. Le confiderez-vot
auffi comme le Sacrificateur defonE
glife ? Il intercède pour ceux qui le cru
cifient, il verfe des larmes pour ceu
qui répandent fon fang , il pleure poi
une perfide Jerufalem , il raflûre un Bri
gand cloué fiir une croix , il fe met en
tre rhomme criminel & le Juge de tout
la terre 9 il fouffre la mort pour fes pro
près ennemis, il paye la rançon pou
des miferables qui n'avoientpasun fei
quadrain^ &pour donation il laiflTe
les Difciples, en mourant, la charir
& la paix , je vous laïffe la paix , /
vous donne ma paix. Le confiderez
vous enfin commele Roi de fon Peuple
N'eft-il pas véritablement le Prince d
la paix, le proteâreurdefon Eglife, 1
refuge des oppreflez , le mari des veu
ves, le pere des orphelins , ScTappii
de ceux qui n'en ont point ? N'eft-il pa
bien plus que ne le devoit être le Fils d^
ce Monarque , lors qu'on le fit Cheva
lier d'un Ordre qui a fait tant de bruit
mais auflî tant de defordres > fçavoi
L
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145 G 34
Soutenu. SUR £sAi. Ch. ?• 4^7
le T^éfenfeuT de ceux qui ne (e peuvent
défendre eux-mêmes ? J'avoue qu'il
eftfans aucune paillon dans l'état de
fa Gloire , mais il n'eft pas pour cela
fans compaflîon &fansmifericorde,
comme il n'eftpas fans reflentir le
traitement qui cfl: fait à fes membres,
Saul , Saul , fourqtioi me perfécutes-
tu ? Et il prononce encore aujour-
d'hui, contre ceux qui ne veulent pas
qu'il régne fur eux , cét arrêt de mort ,
qui fe lit en la Parabole, & qui s'exé-
cute quand l'heure en eft venue , ame-
nez'les , ér les tuïz> devant moi !
J'avoue aiiflî, Mes Frères, & peut-
être me le dites-vous fecrétement,
qu'il femble affcz fouvent brifer ce
ç^u 'ic{\. cajjé. Car de fait il ajoûte fou-
vent coup fur coup, & playe fur playe.
A la perte que Job fait de tousfes
biens qui eft une perte des plus fenfi-
blcs, il ajoûte encore celle de fes en-
fans , & de fa fanté. Au gémiflemcnt
d'Ifraél en Egypte, il fait fuivredes
cris qui montent jufques au Ciel. A
l'exil
Mac-
tnol.
P. II.
p. 121/
19. 27.
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145 G 34
428 Le Roseau Casse'
l'exil & à la fervitude de l'innocer
Jofeph, il ajoute uneprifonefFroya
ble & longue. A la fuite de Jonas :
fait fuivre des goûfres , & un Monftr
marin, qui l'englouti ITbn t. Etcorr
bien fou vent plaît- il à la divine Pro
vidence de joindre la difettc à un exi
la pauvreté aux maladies, l'ignomi
nieàl'oppreflîon , de même quejo
fepli voulut augmenter l'angoiffe d
fes Frères 5 & leur prefenter un vifa
ge ennemi , contrefaifant l'étrange
pour quelque temps. Mais vous m*a
vouerez auflî que l'intention de ce dé
bonnaire Jéfus n'eft pas dcùriferui
rofeau déjà cafTé, mais deriiumilie;
davantage, ce n'eft pas pour le per-
dre, mais c'eftpourie fauvcr en h
journée du Seigneur. Un Père me
me, & un Pere afFe£tionné , à quel-
ques coups de fouet en ajoutera de
plus rudes ; un Médecin ajoute aux
fouffrances d'un malade des potions
améres qu'il lui fait avaler i & un Chi-
rurgien aplique à des playes aflés dou-
lou-
Soutenu, sur Esai. Ch. 42. 5. 42^
oureufes le fer Se lefeu, mais pour
es guérir.
Cependant je dois auflî faire cette
-emarque: que celui qui ne brife point
iesfoibles rofeaux, eft le même qui
3rife au contraire les plus hauts Cé-
ircs du Liban, qui renverfe les Ar-
bres des forets, qui fait trembler les
Monts les plus hauts, & quidomte
les Taureaux les plus féroces. II pré-
cipite enfin des Pharaons endurcis,
&desEdoms rebelles, ôcdesNébu-
cadnézars idolâtres, & des Antio-
chus perfécuteurs, &c les plus formi-
dables Colofles (onti^r/fejZy quandil ^ ,
lui plaît, par de petites pierres y dont 34- 35-
il les frappe & les met en pièces. Ouï ,
Mes Frères, Dieu ^r//<? enfin celui
que fes châtimens n'ont point cafle
fuffifammenti tôt ou tard il humilie
tout cœur hautain, ilfroilîè toutef-
prit endurci , il dompte toute affec-
tion rebelle : // abaiiïeiîtfofu'aMx En^
fers ces Lapernatims , & ces Babylones n. 23.
quis'élevoient jufqu'au C'iqV. Il rompt Y'
le
430 Le Roseau Casse'
le bâton des méchans , la verge des jD.
minateurs j il brife les Forts fans quUi
en trouve le fond ^ ni même les traceî;
il marche fur ces ronces & ces épim
qu'on luy oppofe j il'froijfe les Rois &
J'h^' jour de fa colère , & les brife comme a
£/ 57. vaiffeau de potier s & enfin rendai
Vf. 2.9. la pareille aux Miniftres de la Grand
Paillarde , il empoignera leurs Enfan,.
les froiffera contre la Tierre.
Chers Frères en nôtre Se
gneur, que les profanes ferlent o
de ces menaces, ou de nos efpcran
■Matth. ces, ôcnous crient, Pafteur yr^?^^^
^7-68. tifenousl Qifils hochent la tête, l
qu'ils difent de nous ce qui fut dit d
Matth . ] éfus- Chrift , Us fe confient en Dieu
qu'il les délivre mai7itenant ! Qu'il
s'écrient avec ce Capitaine incrédul
Km deSamarie, quandmêmel'Eternelfe
roit de: ouvertures au Ciel-, ce que ce
Gens-ci difent pourroit-il avenir? C
confolez, confolez mon Peuple, di
rEternel,parlcz àjerulalem lelon foi
coeur, criez-lui, que fon ternes préfixfe
n
2
7. 19
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Soutenu.sur.Esai.Ch.42. g. 431
accomplît & qu^ enfin les Coteaux fe-
ront abaifféS'tque les V zlons feront com-
blez, y que les lieux tort us feront redref-
(ezy & que les raboteux feront a^p-
vlanis.
Admirable oppofition entre le
Chrift, & celui qui fe dit le Vicaire
de Jéfus-Chrifl: ! Que fait celui- cy
fur tout en nos jours 5 fi ce n'eft d'em-
ployer tous Tes artifices & tous Tes ef-
forts , pour achever de brifer des
rojeaux cajfez , & d^ éteindre des lu^
mignons fumans ? C étoit peu ce fem-
ble qu'on eût démoli des Temples,
fermé des Ecoles , ruiné des Maifons ,
envahi des Héritages, & oté à des
pauvres Fidèles la liberté de fervir ^^,4^
l'Eternel leur "Dieu^ & de monter '°-7»
aux Fêtes folemnelles. Il falloir en-
core tyrannifer les ames , tourmen-
ter les confcicnces, bourreler les
corps, enlever les enfans , & envoyer
de ces cruels qui fifient le mémo trai-
tement à des témoins de Iéfijs-Chrifl:f
que ce Démon fit à ce mifcrable, qu'il
tour-
II
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145 G 34
43^ L E R o s^É A u Casse'
toiirmentoit de nuit & de jour, E
ce jour là ^ de perfccutioii &detoui
^^6? niens , les hommes chercheront la wor
ne la trouveront point j ils deju c
ront de mourir , & la mort s'enfuir
d'eux. Si Rome prcfenre quciqu
conlblation à des pauvres rofeaux
quelque foutien à dcsconfcicnces bn
fées, que font-cc li ce n'eftdes co7ifû
lationsfacheufes , .Se des énnnencesd
imm'i des planches pourries de fau:
niérires , &: de fauflTes pénitences, de
Médecins de néant comme le fonde
Confclleurs & les Miflioniires , gi
bien Tor & Fargent d'un Simon le xMa
giciendont on éblouît desApolbts
comme feroient des jettons qu oi
montre à des enfans au lieu d^argcnt
ou de la faufle monnoy e qu'on donn<
fous une apparence d'aumône, ou de;
viandes creufes.o^'on prefcnteau liei
de nourriture? Et avec tout ccfatrai
de Cérémonies, & d'Obfcrvations
avec toutes cesabfolutions de Prêtrci
&d'Evêques, avec tous ces méritei
d'ur
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145 G 34
Soutenu. surEçai.Ch 42 3. 433
d'un François ou d'un Ignace, avec
tous ces renvois à une Marie , ou à un
Pierre, avec tous ces appuis de Ca-
puchons, deScapulaires , de Chape-
lets, deMefles, deConfeffions, de
Reliques, de Pélérinages, d'Agnus
Dei , ou d'Eau bénite, que trouve
Dnfin unrofeaucajfe ^ uneconlcience
travaillée , une anie criminelle ? L'ex^
périence fait voir encore aujourd'hui
à tous ces prétendus convertis^ que
par là leur joug en eft agravé, que
leurs frayeurs en font augmentées ,
que leur peine en eft plus grande , 6c:
qu'ayant voulu fuir des T>ragons^c^\xi
ne font en effet comme autrefois en
Eg\ pte qu'une ^ifrg-d? en la main de ^^.^^
Dieu, ils font enfin châtiez avec des 9-
Scorpions : Le piège étoit caché en ub x
terre : la trappe étoit fur la paffée-y 6c
lors que fe prefentera le ^Premier-né
ielamorty il leur paroîtra bien plus
redoutable que ne font les Premiers-
ne2i de cette Eglife fuperbe qui fe ma-
gnifie contre la fille de Sion.
T Mais,
434 Roseau Casse*
Mais, Peuple Chrétien, nenou
flatons pas nous mêmes, Se ne pre
nons pas pour des rofeaux cajfez ceu:
qui ne le font point. Sans doute qu(
quelques-uns de ceux qui m'écoucen
prennent peu d'intereft en ce qui tou
che ces rofeaux , dont nous vous par
îons. S'il eft vrai qu'il y ait ici quel
que fier & quelque orgueilleux Ha
man, qui perfécute un pauvre Mar
dochée, quelque préfomptueuxPha
rifien qui regarde un humble Péage
du haut en bas, quelque cœur dur ^
inflexible qui demeure fur la li
de fon iniquité, quelque cœur ^w<?r/
isr».. ô^ftupide comme fut celui d'un Na
bal, quelque efprit fort, ouefpri
railleur, à qui nôtre prédication foi
^}"\ comme une c h an fon d'amourette s o\
^'*^'* bien quelque cfprit de fiel 6c d'amer
tume , qui ne refpire que la venjrean
ce, œtl pour œil y dent pour dent ! J«
fçai très-bien qu'aucun de ceuxqu
font difpofés de la forte ne prétendr.
point de part àcette promcfle du Pro
Soutenu. SUR EsAi. Ch. 42. 3' 43 f
phére, // ne brifera point le rofeau cajfé.
Mais vous quiafpirez à être du nom-
bre de ces rofeaux caJJ'ez^ auxquels
6'adreflent les confolations de la Grâ-
ce, n c vous trompés pas , j c vous prie.
Ce n'eft pas aflèz que vous ayez fenti
de rudes coups, & que Dieuaît^^'- m
creté contre vous des amertumes. Dieu ' '
a beaucoup appefanti fa main fur des
Caïns ou fur des Pharaons, fur des
Saùls ou fur desAchabs: Ilsployent
fous le coup, ils fe profternent, ils
demandent grâce ,ils appellent à leurs
fecours des Moïfes & aes AaronSjF/d'-
chiffez l'Eternel y leurdifent-ils, par
leurs priéres\ Mais après tout, il en
eft comme du fer qui fe duit & qui
plie t^Lnd'is que le feu agit 6cle mar-
teau , pour retourner auflî-tôt à fa
prémiére dureté. Le marteau aulli de
la Loi & de la. Parole de Dieu ne fuffit
pas. Il eft vrai que fa majefté éton-
ne , que fa rigueur épouvante , que fes
commandemens confondent, que fes
menaces terraflènt le pécheur. Mais
43^ Le Roseau Casse*
ilenefl: encore comme d'un coup d<
marteau qui étourdit , ou comme d*ur
éclat de tonnerre qui effraye pour un
Mmh. moment. Il en eft comme de cesgar-
^es du fepulchre de Jéfus-Chrift , qui
devinrent comme morts à 1 1 préfence
de r Ange , ou comme du malheureux
Saille qui eut grand peur & tomba
tout de (on loiig aux paroles de Tef-
prit de Py thon : la confcience à la vé-
rité en eft effrayée, Pefprit en efl
éperdu, le cœur en eft glacé, l'ame
en eft palpitante , mais il n*y à la pour-
tant ni la tendrefle, nilafroiflure, ni
rhumilité d'un rofeaucajfe.
En un mot, Mes Bien-aimez,quand
tous les tonnerres de la colère divine
gronderoient à nos oreilles, qu md
Dieu nous vifucroit de toutes les
playes d'Egypte , quand la Loi retcn-
riroitenco'reaujourd'hiii du haut d'u-
ne Sinaï , & toutes fes maledidtions
du iommet d*uneHébal, quand des
Elles & des Pauls nousprécheroient,
comme ils firent autrefois à des A-
chabs
Soutenu. surEsai.Ch 42.]5. 437
chabs & à des Félix, quand une lu-
mière reipiendiroit des Cieux', &c
nous fraperoit comme elle fit Saùl fur
le chemin de Damas , quand même
des morts rtjJufcHiroicnt pour toucher
nosconlciencc , oyés-moi tout ce-
la feroit foiblc, pour changer des
cœurs endurcis en des rofeatiçc cajjez \
Que faut-il donc pour produire un fi
falu taire effet? llfmtque TEfpritdc
Dieu agifl'e au dedans de nous félon f^'^
V efficace de lapuiffatice de fa f or ce ^ &
que nôtre Prédication ne foit pas y^//- '
lemeîit en paroles^ qui tft la voix de
l'Evangile , mai4 auffl en vertu par le
Saint Efprit , qui eft la voix de la Grâ-
ce. Il faut que nous le lupplionsque
lui-même caJJeï\o*> cœurs , & que nous
faifant fentir nôtre mal, connoî:re
nôtre foiie, pleurer nôtre milére, dé-
fircr la grâce & fa paix , & tomber aux
pieds de ce niifencordieux Seigneur jr
il nous arrache ces paroles du Péager,
ô Dieu fois appaife envers moi qui fui s
pécheur !
T 3 Chers
438 Le Roseau Cassl
Dan.
il. il
Chers Frères, quoi que jenefoiô
ni un Ange, ni un Apôtre, à la mien-
ne volonté que dans le fouvenir de
tant de grâces que Dieu nous a faites ,
par deflùs tant d'autres hommes, &
encore ce matin, en renouvcllant
avec nous l'Alliance de fa paix , com-
me auffi à la vue de lafroifuredejo -
feph^ ^des€hemin$defolesde Siori^ à
la mienne volonté , dis-je , que cha-
cun de nous élevât fa voix ^ comme
fitlfraëlenBochin, ^pleurâtl Pau-
vre Eglife de Jcfus-Chnft, recueillie
en divers enàroits de TEurope, que
tu es bien un rofeau caffe ! Et verrions-
nous tes cloifons abbatuès , tes por-
tes enfondrées, ta parure arrachée,
ta couronne chute, ta gloire terme,
& ta lumière comme éteinte, fans en
être attendris? Verrions-nous fans
une véritable compondion tes Sacri-
ficateurs fanglottans , tes Pucclles do-
lentes, tes Femmes devenues veu-
ves , tes Mères qui pleurent les enf/ins ,
ou ces mêmes Enfans facrifie?:
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145 G 34
"^ Soutenu. surEsai. CH.42.3. 439
2)/V« que nos Téres n'ont point connu?
Et entendrions- nous ces effroyables
cris , A fac , à fac qiCelle foït embra-
fée^ & qu'il n'y ait plus de mémoire
de Sien-, entendrions-nous /^j* fan-
glots de la Ville defolée^ & lecri^-fj*
navrés a mort^ fans pleurer pour l'a-^'^^-/^'^'
mour de ceux qui 07tt mauvais temps ,
fans courir à leur aide par nos prières ,
par nos loûpirs, &:par nos aumônes
en foutenant la main de l'affligée fanSf^r.
lier au devant de celui qui a foif^ Se de f^]
celui qui a faim , & fans vouloir fervir h-
d*yeux à P aveugle , & de pieds aux boi-
teux 5 & de pere aux fou ffreteux , &
de confolateur à la veuve? Sue plu- t/:
tôt ma dextre s'oublie elle-même y ou
que ma langue foit attachée a mon pa -
lais , fi je n'ay jbuvenance de toi * 0 J^-
rufalem , ô'fije ne te mets pour le prin-
cipal chef de mes douleurs.
Aprenons aufli, Peuple Chrétien ,
à ne juger jamais témérairement de
ceux que Dieu ^r/yi» ou qu'il par
les affliftionS) par les combats, par
T 4 les
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145 G 34
44'0 Le Roseau C a ss-b* ,
Jes perfécucions, & par les épreuves
Ces difciples là furent repris du F
de Dieu, qui jugèrent mal de ceux
xi/Mj. dont Pilate avoit mêlé lefangavec
celui de leurs Hicrifices. Ce furent
des Ji'ifs reprouvez qui à la vue des
opprobres de Jéfus, crioient contre
lui comme contre un malfaiteur, cru-
ctfie , crucifie ! Ce furent des mal-avi-
fés qui parce qu'un pauvre homme
étoit né aveugle , jugèrent que lui ou
ica».^. que fes parens avoyent commis queU
que grand péché. Hà ce font plutôt
de ces rofeaux qui font chers à l'Eter-
nel, // ne meprïfe point le cœur froijfé^
il ejl prochain de ceux qui ont le cœur
rompu ^ & vous lifez même de Jofeph,
que des Frères projternez en terre , des
Frères faifis de crainte & de remors,
lui furent plus agréables que ne fu-
rent tous leurs r 'ichGS> prefens.
Aprenons à lupporter patiemment
les infirmitez & les foibleffes , loit dô
corps foitd'efprit, que nous voyons
en nos prochains. Le Monde ôcTE-
glifc
15.26.
Soutenu. SUR Esai.Ch 42- 3' 44^
glifefonc en quelque fcns comme ces
porches de Bechefda, où fe trouvent f.
diverfes fortes de perfonnes, dliu-
meurs , & de temperamens. Mais
tous y font malades» tous y ont quel-
que infirmité, tousyont leurs foi-
blefles , de façon ou d'autre : Plufieurs
même y font délaifles , fans aucun ap-
puy, & fans que perfonne les jette
dans le lavoir à la venttë de T Ange , 8c
lesaflîftecn temps opportun. Mais
difons que les plus foibles , & les plus
cajfezy ont la première part à cette
promefle, que Chrift neOriferapoint
le roflau caffe-, il s*adre(Ie ce charita-
ble Méaécin au plu^ inhrme de tous ,
à un paralytique v]ui Tetoit depuis
trente hiut ans^ & il n'y a perf onne
d'entre nous qui ne doive fe recon-
noitre le plu i malade , & le plus grand
pécheur, s'il eft vrai qu'il cft venu
pouriàuver non pas les "jufies^ mais
'ies pécheurs.
Aprenons encore à être les imita-
j^curs de ce débonnaire Sauveur. N'a-
T f joù-
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145 G 34
44^ Le Roseau Casse'
joutons jamais affliftion à Taffligé , i
contriftons jamais celui qui ellinfl
me, n'infultons jamais le miferablej
ne méprifons jamais le pauvre ? Sov
tenons au contraire les genous qi.
font foibles , accueillons amiabk
ment ces Jacobs qui fe retirent a
Païs de leurs Frères , confolonsceu
qui mènent deuil , foulagcons ceu
qui font malades, fortifions ceux qu
font languiffans , nourrifîons ceux qu
font affamez, ficréjouiïTons les en
traillesdela Veuve, le coeur de lOr
phelin, ôcTame de celui qui eftan .
goifle.
Je dirai davantage , Fidèles , fouve
nous nous que c*eftun bonfignequc
d*être un rofeau caffé, qu'il nousef
expédient que Dieu nous brife par k
marteau des afflictions, & qu'il nouj
cft falutaire depaifer par le feu deî
épreuves. C'eft en caj/ant h icmcn-
ce qu'elle germe, & qu'elle prend ra-
cine, c'eft en foulant la camamille
qu'elle exhale fon odeur, c'ell en
broyant
Soutenu, sur Es ai. Ch. 42. 5. 443
, broyant Tcnccns Se les aromates
! qu'ils rendent leurs parfums. Plus
i'Eglife ert humiliée, & plus elle en
eft fanftifiée, plus ellefe voit battue
des vcnsôcdc l'orage, Se plus elle
crie Jéfm fauve plus ellefe trouve
1 enpaïs ennemi & plus elle eft fur fes
gardes. Plus auflî le monde eftàTlf-
raël de Dieu comme une Egypte , &
comme une maifon defcrvitude, &
plus cet Ifraël afpire à la bienhcurcufe
Canaan & au dernier pallage , pour
difficile qu'il lui paroiiîe, étant ailu-
ré que Dieu facilitera ccmêmepafla-
; ge, fut-ce à travers les flammes, ou
à travers les abîmes. Plus le Dragon
pourfuit U Femme , avec fon Enfant ,
.la voyant foible & fans défenfe , plus
elle fe ient fou tenue , & deux ailes lui ^/«r.
.font baillées pour fuir de devant le j^; ^
ferpent, au moins pour fuir vers le
Trône de Dieu y à ce qu'il fortifie ce
qui eft chancelant, qu'il rélévçcequi
eft abbatu, & q\i'il confole ce qui eft
ccabléde douleur
T 6 Cou-
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145 G 34
444 Le Roseau Casse*
Courage, Ame fidèle , Ame pé- (
cherefle, ton Clirift ne bri fer a point '
le rofeau caflé ! Et par conféquent te
trouves-ru fouvent trop foiblc ^dau^
les tentations & les combats , vois-tu
fouvent un Dieu irrité , le Ciel fermé,
TEnfer ouvert , ce Lion rugiiïant à
tes côtez qui tâche de te porter au
defefpoir, &: qui te dit comme autre-
fois ille difoitau Fils de Dieu, jette
toi en bas? Tâche-t'il comme il fit
dans le Paradis terreftre de refaire
douter de Famour ou de la fidélité de
ton Dieu? Sens-tu ta confcienee gê-
née, ton ame altérée, ton cœur af-
iéché , fan> avoir non plus que ce
malheureux en avoir dans le lieu de
tourmcns, une goûte d'eau decon-
folation &; de grâce, pour terafrai-
chir dans res ardeurs? Ah ! que ja-
mais il ne t'arri ved'étre plus cruel en-
vers toi-même, que ne Teft ce bon
Pére & ce mifericordicux Seigneur !
l^cbrife point ce qu'il ne veut point
brifer, ne perds point ce qu il veut
fau-
r Soutenu. SUR EsAi. Ch. 42. 3. 44^f
I fauver, nedefefpére point de la ren-
I drcflc de celui qui s'eft vû lui-même
I abandomié de fon 'Dieu , & faifi de tri-
JieJJe pifqtCa la mort. Il ne parole un
Maître rude & inexorable qu'au fer vi-
deur lûche& mauvais,' qui n'en goû-
ta jamais la bonté ni les douceurs. Au
lomcnt du danger, lors que le fe-
'cours des hommes te manquera, &
que les eaux feront parvenues jufqu'à
Tame , & que tu diras , le Confolateur
qui me f ai f oit re venir le cœur eft loin de
moi , c'eft alors que Dieu fe montrera
fubitement. Qiiand les coraeaux de
lamort ont rencontré David, quand
les habitans de Ninive n'attendent
■J^lus que d'être détruits, quand Sa-
marie eillur le point dêtre mifeau
iac, & la nation Juive de reflentir
toute la violence de Hjman, alors la
délivrance eft à la porte. Le pauvre
Pierre enfonce déjà, lorsquejélus-
Chrift lui tend la main, leraflure, &
lui dit, 6 homme de petite foi ^ pour- Mattb,
^uoi aS'tudoutéy ne crain point! ^"^-i^'
T 7 Ve.
Lam.
i. 16.
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145 G 34
»7»
44,6 Le Roseau Casse*
Venez encore ici pauvres r^^/zAr Ju
qui vous voyez fans force, fans ap^
puy, & fans confolation félon h
monde, & envifagez celui donc 1;
grâce , le foùtien , Se les promefles:
valent plus que tout le Monde en-
femble. Pouflez vers lui vos plain-
tes, & lui montrez vos playes , non
pas en grondant ou en murraurant,J
mais bien en priant & en gémiflànt,i
non pas en vous foûlevant contre lui,
ou en contrôlant fes arrêts, mais en
adorant avec une entière foûmiflîon
fes voyes & fcs jugemens. Seigneur,
il eft vrai, je fuis tout brifé , mais/«
réjouiras les os qui font brifez, j j e f u i s
fans force, il eft vrai, mais tu es ma
force & mon appui i je fuis pauvre, il
eft vrai, mais tu feras mon /r^^/2?r , tu
me feras une perle degrandprix je
fuis deftitué de tout, il eft vrai, mais
ta-grace me [uffira^ & pourvu qu'elle
ne me manque point, f oublierai ma
complainte , ^ je quitterai làmonvi-
fage de courroux,
Chré-
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145 G 34
SoUTEKU.suR EsAi.Cfi 4-. 3- 447
Chrétien de petite foi , icns-tu cet-
,e mcme foi combattue par la chair &
^"^ïefang, parles doutes & par les ten-
ir* ftations que le Prince des ténèbres
I Lt'infpire. N aperçois tu quHine re-
^«pentance tres-imparfaite , tandis que,
" '^■l contre tes vœux & tes promcliès , tu
' ^ ne regardes que tïoi^ derrière toi yVtxs ^^«-^î-
' la Sodome des plaifirs , & vers un
monde de vanité? Souviens-toi que
tous les fidèles ne font en cette vie que
àcsroftaux toujours agitez & déme-
nez du vent, tantôt droits & tan-
^tôt courbez tantôt entiers & tantôt
f caflez, tantôt tournez d'un côté &
î tantôt d*un autre. Jéfus accepte au flî
bien la foi tres-imparfaite deces pau-
vres gens dans l'F.vangile , que Xzplm
grande foi qui fût en Ifrael , il accepte
auflî bien une confcience gémiiîante,
qu'une confcience fans reproche, auf-
ii bien le denier de la veuve que le ra-
ient du riche , aufli bien la tourterelle
ou le pigeonneau du pauvre, que/^'j 5^
taureaux ou les génie es des plus opu- '
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145 G 34
448 Le Roseau Casse'
As-tu même été caffé jufqut^ à c(
point, que de plier fous lefaixd'u-
ne perfécution inouïe, que de flé-
chir enfin devant l'Idole, qued'cn-
cenfer à ce qui n'eft point Dieu, &
que de renier non du cœur mais de
la bouche ton bon Maître ? ha! ne
defefpére ni de ta guérifon, ni de fa
grâce. La figure barbare , le fiffle-
ment effroyable, le gofier ouvert,
& le traitement infernal d*un Dra-
goUy font quelque choie de p'us ter-
rible, que ne fut à Pierre la fimple
voix de quelques Chambrières, La
vûë de Golgotha fit anfli tourner le
dos à des foibles Difciple^ Mille
Z//î/j,mais du depuis pénitent,! urent
contrains de foufcrirCy^M temps de S.
Cyprien, ^dcs Libelles ^ {cmblab'cs
à ceux que prefcnte en France Ufu-
perftition. Sous des Décicns & des
Diocléri ins on mettoit par force de
l'en ens dans la main d'un pauvre
Chrê tien,& on la portoit avec violen-
ce fur un Encenfoir & fur un Autel , &
après
Soutenu, SUR E5ai.Ch.42. 3- 4+P
après cela il pafîbit pour C^^wx'^V// 5 &
pour bon Tayen. De là vint que TE-
glife d'alors fe récria contre des juge- cy-
mensfevéres, & fit des arrêts favora- p-'/^"*
bles à ceux qu'elle jugeoit dignesde
la dernière compaHion, plutôt que Bafiic.
d'une. extrême rigueur. Les larmes
d'un Origéne, le martyre d'un Mar-
cellin, le retour d'unjerôme de Pra-
gue, & d'un Tomas de Cantorbery, a-
prés avoir renié de leur bouche, ou re-
nié de leurs mains, font aiîcz voir que
Jéfus ne hrîfe ni ne rejette point ces
rofeaux , que la violence ou que la foi-
bledè a ainfi^^^.s- Il n'abandonnne
pas tous ceux qui l'ont abandonnéde
la Torte , ou que ^leu a abandonnés
pour un peu de temps, ^fvnde tes raf-
Jtmbler par de grandes compajjions.
Après tout, cette promeiié confo-
lante, qu'il ne brïfera point lerofeau
^^^^',s acomplit lurtout lors que nos
forces (ont caffées , lors que nos corps
font abbatus, lors que nôtre chair eft
comme brifce , & que nôtre lumignon
ne
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145 G 34
45*0 Le Roseau Casse'
ne donne prefque plus de lueur, oi
qu'il n'en fort plus ce femblc qu'ur
peu de fumée , & que de la puanteur
Ce fera, Mes tres-chers Frères, Ion
sS?''^* que homme-cy s'en ira par pièce,
comme duboisvermolu^ &co?nme mu
robe que la teigne a rongêe^\ovs que no:
yeux feront ternis, que nôtre langu(
fera immobile, que nos oreilles feroni
pefantes, &que nôtre cœur fera pal-
pitant & haletant j que nous expéri-
menterons cette vérité plus que ja-
mais. Et bien loin de brifer ces rofea. \
qu*il voit prêts d'être couchez par ter
re, c'eft alors fur tout qu'il les foutieni
parunevertufecrette,8cpar unegra-
ce intérieure. Et la mort venant à caf-
aof ^' yi-r cette cruche déterre, nôtre Ame
en fortira comme «;?//^«^^^'//« lumi-
neux, pour être reçue en ralfemblét
des Premiers-nez, où toute brifure fe-
ra guérie , toute caffure confolidée , &
toute foiblefle retranchée pour ja-
mais. AINSI SOITdL
F I N.
LE GAIN
ISt'Û FIDELE
AU MILIEU DE SES
PERTES.
Ou
E R M O N
Sur ces Paroles de St. Paul 5
ir Chrift tn'eji gain à 'vivre & à
mourir.
Ntrc les Loix cjui rc- f^'"^'^
glérent la Police de^-
rancien Ifraël , vous li-
fez celle-cy au xxi 1 1.
du Deuteronome : qu'il
feroit permis d'entrer
en la Vigne de Ton prochain, & de s'y
ralTafier de raifins , mais non pas d'en
met-
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145 G 34
4^2 Le Gain du Fidèle,
mettre dans fon vaiflcau, 6cd*en em
porter avec foi ; Et de même qu'il ie-
roit permis d'entrer dan:^ les Blezdt
fon prochain , & d'en arracher dei
épis avec la main, mais non pas d'y
mettre la faucille pour en porter en fa
grange. Chers Frères , permettez
que je vous dife, qu'il en prend de ce
Monde & de Ces avantages, comme
des Vignes & des Campagnes delà
Judée. Dieu nous en permet la jouïf-
fancc tandis que nous y fommcsj
jouis du bien de tout ton tra vail ^ cefi
le do7i de^ieu. Mais au fortirdece
é.^;"* Monde il nous cft défendu ^'^»r/^;i
emporter. La mort dépouille l'hom-
me tout nud, &:ilpart de ce monde
comme il y eft entré. Auffj lesPavens
l'ont appcliée à cefujet unHuiflîer,
ou un Archer, qui vifire d'autorité
Royale tous ceux qui fortent , & qui
nefouftre pas que l'on emporte rien.
Elle redemande aux pauvres mortels
tout ce qu'ils tenoyent ou de leur
nailTance, & de leur fortune, ou de
leur
SUR Philipp. I.XI.
ur travail , ou de leur induftrie»
Juf qucs-là qu'elle fait rendre aux pius
grnnds Monarques leurs Sceptres &:
leurs Couronnes, ou bien s'ils les em-
portent dans un cercueil , ce n'efl que
pour y feî vir de riches dépouilles , ou
d'un liiperbe trofée à la mart. Voilà ,
difoitceluy qui fut furnommé laTer- **'<yf^
reurde rOricnr, fur la fin du douziè-
me fiécle, f.iiiant attacher fondrap
mortuaire au bout d'une lance , en
forme d'ctendart , Voila tout ce que le
grand Safadin emportera de fescon^
quêtes. I.c fidèle feul qui a stagné Jé-
lus-Chrift a un avantage tout particu-
lier. C'eft qu'en mourant il emporte
tout, & ne perd rien dccc qu'ilà
poAede vivant. II part avec tpus (es
aqucts & Tes tréfors, 6c en va même
joui r plus heureufcmen t dans fa véri-
table patrie. CétHuiflîer fansmife-
ricorde a beau attaquer le Fidéic , ce-
lui-cme lui rend quefes dépouilles
mortelles, line lui quitte, parma-
nicre de dire , que fa manteline , corn*
me
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145 G 34
4^4 Le Gain du Fidetf,
me fit Elie, ou que fon vetthuni
comme Jofeph laifîà le fien , en fuyan
un lieu de tentation ^ de combat
Car fon véritable tréfor &fes acquêt
font cachez, en Je/m-ChriJl ^ dontl.
pofTeffion n'eft pas feulement profita
ble en cette vie , mais l'eft fur tout ei
la mort , & après la mort.
Auffi étoit-ce là toute la confola
tion de S. Paul, qui fc tenoit dans un<
grande indifférence foit pour la vie
foit pour la mort, ipïcfï de magnifie.
fon Sauveur dans Tune & dans l'autre
difpofé également & à une plus Ion
gue demeure pour avancer le régne d<
J.Chrift, acàunpromptdélogemen
pour tragique & pour fanglant qu'i
pût eftre , Jelon fa ferme attente &fot
efperance , 5'»'// ne ferait confus en
rien 'y Car , dit-il , Chriji meji gah
^^ii. également k vivre , & à mourir. Com-
me font des pommes d'or damafquinées
d'argent:^ ainfi eft la parole dite er
fon tems. Vous parlez de Chrift& de
fes avantages, c'eft toujours vous pre-
fentei
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145 G 34
SUR Philipp. I. 21. 45*5
fentcr une pomme d'or, ce difcours
eft toujours de faifon, on nes'cnlaf-
fe jamais. Mais vous en entretenir ,
lors que fon Eglife fe voit comme en-
tre la vie & la mort, lors qu'il y va de
tout perdre félon le monde , & la vie
même, en s'attachantàj, Chrift, ou
bien de tout gagner félon le monde,
en quittant J Chrift & en changeant
de Maître, alors ce difcours eft com-
me ces figures d'argent qui relèvent
le brillant de Tor. Fidèles , peut-eftre
que depuis la nailîànce de la Refor-
mation, il ne s'eft point vû de tems
où ces paroles de S Paul ayentété
plus de faifon , qu'elles le font aujour-
d'huy, ni où Ton doive vous repré-
fentcr avec plus de force les fruits &
les avantages qui fe trouvent en la
grâce de J Chrift, combien il y aà
gagner en fa communion, & à profi-
ter en fe confervant un fi précieux dé-
port , foit que Ton vive , foit que Ton
meure. Quelques Hiftoriens rapor-
tenc , que du tems de Charlema-
gne,
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456 Le Gain du Fidèle,
^'yf gne, certains prérendus Marchand
gaL crioyent en plcui marché , qu*il ]
^Z'. avoit à gagner avec eux des tréfors d(
^^/^■^^ lapience , & de belles connoiflances .
Jean'. ^cTonajoute, mais avec peudeve-
y^ficr. rite ; que Charlemagne l'ayant a
pris, fe fervitd*eux pour fonder cet
te fameufe Ecole dans fa Capitale, qu;
fubfifte encore aujoiird'huy. A la
mienne volonté que vousmeconfi-
dériez en cette heure comme un Mar-
chand , qui vient vous offrir un excel-
lent G iin5&: vous parler d'une fcience
qui ieule peut rendre la vie heurcufe ,
&la mort triomfante! De quelques
honneurs qu*aîtécé diftinguée h vie
des plus favants hommes , ^ quelques
monumens qn'on ait drefle à leur mé-
moire après leur mort y tout celan*a
été que comme un fonge devifionde
^* nuit i ils ont femê du vent , à- ont re-
cueilli ce qui s'eneft aile au tourbillon.
Mais venez ^ achetez fans argentce
qui feul pendant la vie peut foutenir
vos efpérances, &en mourant des-
armer
SUR Philipp. Ch.I.2I. 4^7
armer la mort, & la changer en un
é^e/ogement h\ut2iirc. Jamais heure ne
vous fut plus lucrative, que celle où
vous aprendrez ces deux chofes. i.
Que Chrifi eft un gain , & avec aplica-
rion qu*il eft gain à chaque fidèle , Il
mejigain, z. Que Tutilité de ce gain
s*ctend également ôc à/a vie , & à //^
mort , car je fuivray nôtre verfion ,
Chrijl m'eit gain à vivre & à mourir.
Chacun fçait ce que veut dire le
gain y &de tous les termes de l'Ecri-
ture S. il n^en eft point de plus connu.
Toutes fortes de profeflîons ont quafi
pour but ce qu'on appelle gain , c'eft-
a-dire le profit qui revient à chacun
de fon argent , ou de fon négoce , ou
de fon travail , ou de fon induftrie ,
ou de fes injuftices, & de fes violen-
ces, àquoy aulîî tendent d'ordinaire
le jeu, les gageures les monopo-
les. Tout cela, Chers Frères , n*a
rien de commun avec Jéfus-Chrift,
& même tout yparoît directement
oppofé au gain. Chrift naiflànt eft
V ren-
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V 4 •
Matth
(j. 19.
as-
ihc 6
458 Le Gain du Fidèle,
renfermé dans une Etable, ileftcou
ché dans une Crèche, &eftemmail
lotté de chetivcs langes, biendifFc
rentes de cesfuperbes langes que foi
Lieutenant prétendu envoyé aux hé
ritiers des Couronnes. Chriftn'
pour demeure qu'une Cabane, pou
mere qu'une pauvre Vierge , pou
pere en apparence qu'un Menuifier
pour Difciples quafi que des Pê
cheurs , & pour partage que la Croi:
& l'ignominie. 11 n'a ni lit pour y re
pofcr , ni argent pour payer le tribut
ni trélors pour diftribuër à les Apc
très. Toutes fes maximes font encor
fort contraires au gain , comme fon
celles de quiter le manîetiu à celuy qu
nous ote le faye , de ne point plaide
fon prochain, de n'avoir point
lendemain de ^o'mtatnùffer de
îrefors en la terre , de préter/^;^^ ne'*
' attendre^àc donner à celu y qui deman
de, fe faire des atms desrichejje
iniques , de vendre (es biens. & les don
ner aux pauvres , de charger fur Joy Ji
croix
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145 G 34
SUR Philipp. Ch I.2I. 45'9
croix ^ & de tout zb^Lndonncx pour le
fuivre. Et même » comme J.Chrift
prononça bien-heureux ceux qui per-
dent, ceux qui font pauvres pour fa
caufe,ceux qui mènent deuil,ceux qui
fouffrent perfecution , ceux qui mari'
gent dupainde detreffe , & boivent des
eaux d'angotffe , delà vint cette rail-
lerie fanglante de Julien TApoftat,
que les Chrétiens n'avoyent que faire
ni d'ornemens dans leurs Temples,
ni d'abondance dans leurs maifons,
puis que bien-heureux font les pau-
vres. Enfin l'expérience a montré
dés la naiflance du Chriftianifme , que
la foy de Jcfus-Chrift&la profeffion
de fon Evangile cft accompagnée le
plus fou vent non pas dcgain , mais de
perte. Témoin un Paul, 6c des A-
pôtrcs, & des fidèles Hébrieux , qu'el- lo. ji.
dépouille de tous leurs avantages fé-
lon la chair, à qui elle procure lera-
vîjfement de tous leurs biens , 6c qu'el-
le fait refoûdre à la pauvreté , 6c à
Texil. En gênerai il y en a peu à qui
V 2 la
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145 G 34
4,6o Le Gain du Fidèle,
la piété foit lucrative . & qui par là
s'enrichiflent. Il y a peu de ces A-
brahams, & de ces Jobs, 5c de ces Ja-
cobs , & de ces Jofephs , & de ces
Davids, qu'elle comble ou de biens,
ou de gloire. Leplusfouvent ce qui
aporte le gain c'eft le crime , c'eft Tin-
jurtice. Cefont desRavifleurs, des
Ufuriers , des Péagers , & des gens
de mauvaife foy, ç\m acquièrent de
plus en phis des riche (] es. Tandis qu'il
en prend des juftes & des fidèles, com-
me autrefois de Balaam, qui pour a-
voir obeï à Dieu,pcrdit tout le gam &
tout l'honneur que Balakluy olFroir,
Et l'on peut dire d'une infinité de
bonnes ames , ce qui eft dit de Levi ,
que l'Eternel eft leur héritage y mais
qu'elles n'ont point de portion nid hé-
ritage entre leurs Frères.
Apres cela il Icmble que notre A-
pôtre fejouë , cndilantqueCV///eft
un gain. Et j'avoue que tousnereçoi--
*vent pas cette parole ^ comme s'expri-
moitié Fils de Dieu en une autre o-c-
calion
II,
Xonibr.
:4. ir
Deut.
10. g.
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145 G 34
SUR. Philipp. Ch. T.2T. 461
cafion. Ce iair^age cd étranger aux
enf uis de ce liécie. Le Monde ne con-
noîraurre j^^^/;^ que l'argent , 6c que le
temporel. A peu prés comme Nico-
déme ne comnreiioit point d'autre
regénération 5 qu'en rentrant dans le
ventre de fa merc. AinfilesCaper-
naïtes ne connoiflbyent autre pain
que le corporel , ni les juifs autre
Régne du Melîie, qu'un régne de ce
Monde , ni les Epicuriens autre vie ,
que la vie préfente, ou autre ^/>«
que leur ventre. Mais le jugement
de lachair n'efl lamefure nidescho-
fes, ni des exprelîîons. Le premier
homme dans Tétnt de fon innocence ,
a fçû aproprier les noms aux chofes,
car il avoir le jugement fain, & le goût
excellent. Mais Thomme corrompu
a Tun & Tautre perverti , & n'efl:
plus capable de difcerner le vray
bien, d'avec un bien apparent. Il ju-
ge ce qui eft gain être perte , & ce qui
eft une véritable perte, il le juge un
grand gain. Il prend les ténèbres
V 3 pour
462 Le Gain du Fidèle,
pour la lumière, Tombre pour U
corps, le menfonge pour la vérité. Ei
au contraire avec Achab il prendra h
voix d'unMichee.ou d'un Prophète de
Dieu, pour celle d'un efprit menteur ^
I Us avec Naaman le Syrien, il prendra leî
12. 18. ^^|^Ar^/^y(?r^^/«5c'cft-à-dire,un rcmé-
%Kois de falutaire, pour un remède foiblc
5 ".' & ridicule j & avec le Gouvcrneui
Feftus , il prendra des expreffionj
toutes divines , pour celles d'un hom-
mtc^meft hors du fens. Unœilquiefl
»6.i4. infedédebile voit mal, Ôcunmiroii
dont la glace eft faulFc repréfentc
mal.
Auffi eft-ce au jugement de Dieu ^
&de l'Efpritqui animoit le St. Apô-
tre, queChriftcftapelIé«»^^/«. De
iTm. même qu'ailleurs la piété ellapelléc
%^'' ^' grandgain,\t% œuvresde la chanté.
6.«.i7. yj^Yitréfor de bon fondement y Dieumê-
me, un héritage , un grand loyer , la
fapience , une Couronne d ornement ,
tuuh. le Royaume des Cieux un treforca-
'V ché , ou une perle de grand prix , qu'un
SUR Philipp. Ch. 1.21. ^.6^
Marclund achète de toute fa fubftan-
cc Etfi Jéfus-Chrill: encore eftapcl-
Jé nôtre vie , notre fa/ut , nôtre fantè-i
nôtre fapience^ nbtvQ jujiice , nôtre
redtmption', nôtre nourriture nôtre
trefor-i ne vous étonnez point s'il eft
apellé notrcgain. Ou, par Cbrifi^yous
devez entendre non pas tant faper-
fonne, que fa croix, fon mérite, fes
grâces, aufll bien que la foy, l'amour
& la communion de Jéfus-Chrift : Et
par être gain y vous devez entendre
être par deiîiis toutes les chofes du
Monde, la plus profitable, la plus
avantageufe , 8c la plus falutaire.
A Dieu ne plaife que ce foit dans le
ens du Pape Léon X. qui dit à fes mi-
gnons, que la fable de Jefus-Chrijl
avoit été d'un grand raport atEglife !
Loin d'ici le fens impie de tant de ÎPa-
pes,&: de tant de Neveux, à qui le pré-
tendu Vicariat de Jéfus-Chrift a fait
^^^w^T les Royaumes du Monde, &
leur gloire ! Leurs Elévations furpre-
nantes , leurs Familles tout d'un coud
V 4. ti-
^6^ Le Gain du Fidèle,
tirées de la boue 5 leurs Alliances Ro-
yales , leurs Tréfors immenfcs , &
leurs Palais fuperbes , parlent depuis
plufieurs fiécles. Et c'eft en ce faux
fens que Chrifteft un grand gain^
toute une fuperftitieufe Rome , par
la fable d'un Purgatoire, par le trafic
des chofes faintes, par la vente des
Indulgences, par la Simonie des Bé-
néfices , par la taxe des Difpenfations
Papales , & par la diftributîon des
prémiéres Dignitcz. Aufii le nom de
Pierre n'a-t'il jamais fervi que de pré-
texte à ces vrais Simons j l'intérêt de
la Religion ne fervit jamais que de
couverture aux intérêts du Vatican ;
l'honneur delà bien-heureufe Vier-
ge, & des Saints glorifiez, n'y fut
jamais à cœur , que comme le fut à ce
^a. Démétrius l'honneur de ta grande
Ï9-H. q^i^^ç Ephefiens , dont le culte
Idolâtre luy procuroit un gain fi
abondant. Et l'on peut dire du Cler-
gé de Rome, ce que difoit le Pro-
^l'"^' phéte Ofée, ils mangent les péchez,
de
SUR. Philipp. Ch. I.2I. 46^
de mon peuple , & ne demandent rien
qu'iniquité^ car de là viennent les ri-
ches ofrandes, les bonnes MefTes, les
donations pieu Tes, les fondations
bien établies, & les profufions mê-
me des Princes & des Monarques,
qui ont crû de racheter leurs péchez,
par cette forte de jujtice & demiferi-
corde.
St. Paul avoit bien une autre vue, il
apcllc Chrift ungainàx'iwn fens bien
plus noble & bien plus véritable. Car
comme le gaineftla chofedu monde
pou r laquelle Thommc s'interelTe , &
fe paillon ne le plus, ou bien qu*il dé-
fireôc qu'il pourfuit avec le plus d'ar-
deur, aufli pour nous repréfenterlc
Jnx, & l'excellence des biens que
. Clirift nous aporte , pour nous ani-
mer à une recherche fi importante,
&nous infpirer pour cette aquifition
^ la même ardeur, que nous avons pour
celle du gain , Chrifl: dit-il. nVell:^^/»,
E & un grand gain! Et de fait nous efti-
I mons «;^^^/W5 Taquifition d'une cho-
I
w
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145 G 34
466 Le Gain du Fidèle,
fe qui eft précieufe en elle- même, 6
qui eft à nôtre égard d'une grand*
utilité. Qui doute maintenant. Peu
pie Fidèle , que Clirift ne foitcett<
chofe également précieufe Se utile , &
«f. même la feule chofe qui eft neceJJ'aire .
>-4î. Qu^inefçait qu'en ce Chrirt crucifi»
font cachez tous les tréfors de fagcffl
rur. & de félicité, tréfors qtû ne fe peu
utth 'vent m contam/nerni fletrir y là où A
îo.* tigne^ & la roilillure^ & lelarrotim
pénétrent point ? Qui fçait Chrii
îçait tout, aufliqui poflède Chrif
poflede tout j fait le monde ^ foit h
mort , joit les chofe s pré fente s , foi.
les chofe s a venir , toutes chofe s font i
çot. voHS^ & VOUS à Chrifty (2r Chrift 4
Et delà vient que l'Ange d<
• 9- TEglife de Smy rne eft apellé r;c/je er
fa pauvreté, &c que les Fidèles foni
fouvent qualifiez riches , mais ri-
ches en Dieu , riches en foy , riches
en bonnes œuvres, riches en patien-
ce, riches en zélé , riches en confo-
lation , riches jufqu'à pouvoir enri-
chir
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145 G 34
SUR Philipp. Ch. i.ii. 467
chir plufieurs autres, & ']wÇ^VLdipoJfe-
der toutes chofes , quoi que ne polfe-
dans rien en apparence. Et non feu-
lement ils deviennent riches en Jéfus-
Chrift, mais aufli élevez en dignité,
& comme les Grands de fon Royau-
me, puis qu'ils deviennent les En-
fans du Souverain, les Favoris de ce
grand Monarque, les Frères du Fils
de Dieu , & les Héritiers préfomptifs
de la Couronne incorruptible.
Mais le vrai gain ne confiftc pas
uniquement à faire quelque profit,
ou à aquerir quelque bien. Souvent
c'eft un gain funelle, & un bien qui
n*eft bien qu'en apparence. Les Grecs
apcUent proprement un^^/w, ce qui
contente TEfprit, & réjouît le cœur.
Et cci\ ià le terme dont fefertleSt. x,>.
Apotre dans les paroles de mon Tex-
te. En effet celui-là. proprement cft
riche, qui a non pas les coffres rem-
plis comme cet Epicurien dans la Pa-
rabole , ou qui a fa table remplie, com-
me un Belfçatfar , ou bien fa bourfe ,
V 6
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145 G 34
le. !»•
46S Lé Gain du Fidèle,
comme un Judas, maisquiafonr^r/i
rempli des biens qu'il pofTéde. Et te
eft le vrai Fidèle. Pour pleins qu
foycnt ou les coffres ou les grenier
d'un Avare , (on cœur n'eft jamai
plein, ni jamais content. Cemauvai
riche fembloit d'abord fe contente
d'une goûte d'eati , mais après celle-I
il en auroit demandé d'autres jufqu'
Tinfini. Ils mangeront^ dit leProphé
te, & ne feront point rajfaffiez^; &c
qu'ils ont hù , leur devient tout aigre
Au contraire pourvuides quefoyen
les cofFres & les magafins d'un Paul
fon cœur eft toujours plein. Il peu
toujours dire avec David, macoupi
eft pleine i pleine de Dieu , pleine d<
cette paix qui furpafle tout entende-
ment. Les uns n'ai?nent que aportez
& manquent fouvent de rafratchi(fe'
ment mW'xQW de leur abondance; &
lesautrcsdifent dupeu de bienqu'ili
ont reçu > avec plus de vérité que ne
faifoit Efaù, fen ay ajfez^'moïiYéit
&z mon Dieu!
Cer-
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145 G 34
SUR Philipp. Ch.1.21. 4,69
Certes fi le plus grand avantage qui
peut revenir du ^^/w, c'eftlajoye&
lafatisfadion deTefprit, n'eft-ce pas
ce que le Fidèle trouve principale-
ment en Chrill, ^ en Chriftfeul?
S'il eft vrai qu'il y trouve un Dieu pro-
pice-, unjugemilericordieux, &unc
confcience purifiée par lefangdela
Croix. Les biens de la terre apor-
tent le trouble, mais Chrift aporte
la paix par tout où il entre. Ceux-là
allument la convoirife , Chrift Té-
teint. Ceux-là éloignent de Dieu,
Chrift nous en faitaprocher : Ceux-
là font regarder la mort comme une
meflagére funefte , Chrift la change
en une mcftàgére agréable : Ceux-là
nous atriftent en mille occafions, &c
Chrift convertit toutes nos trifteffes
en j oy e , nous fommes contrijlez , dit *
S. Paul 5 mais toujours joyeux , jojeux nom'
e7i efperance & patiens en tribulation ! "*
Combien de pauvres Chrétiens , qui
ne vivans que d\'au Se de légumes , i^^»- iJ
comme Daniel en Babylone, ont ce-
V 7 pen-
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145 G 34
470 Le Gain du Fidèle,
pendant le vifage en meilleur point
que ne l'ont ceux qui mangent de h
viande Royale ! Combien qui ayec
Barzillaï font plus à leur aife danj
isdm, leurs Maifonsy & même dans leun
Cabanes, que des Courtifans neTé-
toyent au palais & à la table de David:
Si le Fidèle eftnud, lagracedejéfus-
Chriftrend fa nudité femblable à cel-
le d'Adam dans l'état d'innocence , il
étoit nud , & ne s'en apercevoit
point. S'il n'aplus de part aux biens
ni aux dignitez de la terre , il Te voit
en un état de n'être plus rongé d'en-
vie , ni tourmenté d'ambition , ni
pofledé d'avarice. Et s'il n'a plus rien
aefpérer dans le monde, il n'y a plus
rien à craindre, après cequ'ilaper-
du.
Mais pour être de ce nombre, il ne
fuffit pas de comprendre queChrift
eft ungîin, & même qu'il eftlcfeul
gain d'une ame fidèle. C eft- là le tout
de pouvoir dire avec l'Apôtre, Chrift
m' eft gain i ou eft un gain four moy,
Chb*
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145 G 34
SUR. Philipp. Ch. i.ii. 471
Chofe étonnante , Chers Frères,
ChrMgam à un Taul ! La converfion
de ce iaint homme avoit été la ruine
de fa fortune, & le commencement
de fcb dili^races. D'aimé qu'il étoit de
la nation Juive, il en devint la haine
& l'exécration. Auparavant il en fut
honoré , mais depuis il fe vît couvert
d'oprobre ; bien venu ci-devant en la
Cour du Souverain Sacrificateur,mais
depuis fui comme une perte, & gar-
rotté comme un criminel i autrefois
en la réputation d'un homme fage,
mais depuis dans celle d'un extrava-
gant; autrefois à fon aife , mais enfin
réduit à l'aumône, ou à travailler de
fes mains. En un mot Chrift lui avoit
fait perdre biens , amis, honneurs,
commoditcz , repos, réputation. Et
pour l'amour dejéfus, il avoit fur-
paflëtous les autres Difciples entra- ^^cc^-
*vaux , en teilles , enjf^âneêfen fam , o-'c. ^
^ en fotfy en froidure & en nudité i &
il s'é toit trouvé en périls de voyage Syen
erïls de brigans^ enperilsdé jku ves,
en
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145 G 34
472 Le Gain du Fidèle,
en périls de villes ^ en périls de dé fer t.,
&s'ileut vecûen nosjours, ilauro
ajouté, en périls de T>ragons. Cepei.
danc 5 ô merveille ! Chrift , dit- il, «/V
gain^ & m*a été gain, ôcmeferagair
lloppofe la grâce de Jéfus-Chnft
toutes fes difgraces, lapaixdeDiei
à toutes les faufles paix, Thonneur d
r Apoftolat à la gloire des Caïphes oi
desNérons, la converfion de tant d(
Ftdéles par fon Miniftére , aux triom
plies des Pompées & des Céfjrs, le:
confolations de rEfprit, à toutes le^
joyes de la terre , & la gloire qui dc-
lîow. ^^^^ encore être révélée en luj ton
tes les foujfrancesdu temps préfent.
Et d'où vientce changement admi-
rable , & cette étrange nietamorphô-
fe, divin Apôtre! Toy ! qui avois
déclaré la guerre à Chrift. Toy :\ qui
il étoitunfaux Chrifl: ^ un faux Pro-
phète, un Sédufteur du peuple, au
lieu d'un Dofteur de la Loy , & un
prévaricateur infigne, plutôt qu'un
Yf/iuf^rviPeurjuJle-, Toy! qui vomis tant
■ de
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145 G 34
SUR. Philipp. Ch.i.2I. 473
de blafphemes contre fa perfonnc , fa
dodrine , & fa croix j qui proferas
tant de ménaces contre fesDifciples,
fes membres, & fcs fidèles j & qui
fus le premier à les lapider, &àles
trainer dans les prifons, & iUr les
échaffauts: Toy! enfin, qui fus le
plus grand zélateur des Traditions,
des Cérémonies , &:duPharizaïfme,
comme tu t'en expliques en cette mê-
eEpitre, Tharizten de Religion^ mi.^:
quant au zélé perfecutanî VEglije, & ^'
quant à la juflice qui ejt en la Loy pétant
/^«jreprociie ! Comment cft-ccque
ce même Chrift fait aujourd'huy tout
ton gain ^ jufqu^à reputer toutes cho- ^^.^^^
{qs comme dommages ^ comme fiente ^n''i>
^fin de gagner Chrtft, & jufqu'à w^/^ ^^^ ^
glorifier finon en la croix de ton Sei^ 14.
gneur Jefus-Chrift ? Fidèles , fi ce di-
vin Apôtre avoit une voix pour nous
répondre, il nous diroit en deux
mots: Je fus aveugle, je fus infenfé,
ce fut pour moy un temps d'erreur &
d*ignorance, desf^^/7/^'^ couvroyent
mes 18. '
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145 G 34
474 Le Gain du Fidèle,
mes yeux 5 & des Furies rongeoyer
mes entrailles: Mdiis Dieu qui ettri
che en mifericorde a fait tomber a
mes yeux ces écailles j & a délivré mo
cœur de ces Furies j un rayon de 1
lumière diflîpa mes ténèbres , un
étincelle de fon feu divin fit naîtr
en moy àcs.emhrafemens de feu , & un
fiamme très -véhémente , une céleft
voix me fit reconnoître en cejéfu
cruellement perfécuté , un Jéfus infi
niment aimable, &feul digne d'êtn
recherché , fie d'être rcputé^^/î/w.
Ouy, Ames fidèles, voilà ce qu<
peuvent quelques heureux momens
voilà ce que peut l'Efprit de Dieu ,
plus fçavant de tous les Maîtres, &1<
plus admirable de tous les Opera-
teurs ! En un inftant il reforme k
cœur, il calme les paillons , il diflipc
les craintes , il domte les oppofirions;
il change les penfées, & les maximesj
& le goût ,& les inclinations de Thom-
me pécheur, & de ces objets de fan-
ge ôc de bouë il Teléve à Dieu fon
Créa-
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145 G 34
SUR Philipp. Ch.mi, 47J
.éateur, & à Je fus fon Sauveur.
*Hiftoire nous parle de quelques
changcmens furprenants , qui fe font
vus (ubitement dans les cœurs & dans
la conduite de quelques grands hom-
mes. Alexandre le Grand, après le jofè-
fiégede Tyr, & de Gaza, étant ex-^^^-^g.
trémcnient animé contre les Juifs, &
contre Jérufalem, & dans le deffein
de mettre la dernière à fac , ce Con-
quérant à la vue feule de Jaddua le
Souverain Sacrificateur, revêtu de fes
habits Pontificaux, félon le récit de
Joféphe,paflad'un mouvement de fu-
reur à ccluy d'une profonde vénéra-
tion. Le grand Theodofekllantchâ.;^;^;'^;
tier iévéremcnt le peuple féditieux ij.
d'Antioche, fcntit tout d'un coup fa
colère delarmée , & fes yeux fe fon-
dre en pleurs , à des airs tendres 5c lu-
gubres chantés par une jeunefle inno-
cente, pendant que l'Empereur étoit
à table, airs qui repréfentoyent d'u-
ne manière touchante lamiféricorde
de Dieu envers les pécheurs repen-
tans.
àfjG Le Gain du Fidèle,
tans. Et l'Hiftoirc de Louïs Xfï. p-^r
le d'une émotion & d'un changenu .i
femblable en ce Prince irrité contn
Gènes, après fa révolte , lors qu'en
trant dans cette fuperbc ville pour h
faccaser,il fut touché vivement à k
vue des plus graves Citadins, profter-
nezavec lachemife blanche, la tête
rafe, & la corde au col, criansavec
une infinité de femmes, d'enfans, &
de vieillards, Miféricordc, Miféri-
corde! Mais fans m'éloigncr de THi-
ftoire Sainte , qui eft pleine de ces
changemens admirables , en des Ma-
naffez, e^desZachées, endesMat-
thieux, en des Pierres, en des Fem-
mes péché re (Tes , & même en un bri-
gand, qui de fcélerat devint Confef-
feur fur la croix, il s'eft vu quelque
chofe de plus furprenant que tout ce-
la en nôtre grand Apôtre. Si cette
bande de foldats-^ qu i vi n t po u r fe faifir
de Jefus Chrift , fut foudaiuement
effrayée de fa préfence, & frapéede
fon regard comme d'un coup de fou-
dre 5
^t^suR Ph I lipp.Ch.i.2i. 477
5 confidérez je vous prie Saul^
' tout enflammé de menaces contre les
T^ifciples du Seigneur 3 le voilà en un
moment de menaçant devenu luy
même tout effrayé ^ d'cnnemy deve-
nu difciple , de perfécuteur devenu
fcrviteur de Jefus-Chrift, de Phari-
zicn devenu Apôtre, & comme de
I Lion rugiffant changé foudainement
^ en un Agneau, faifant déformais de
I ces mêmes liens, & de ces mêmes flé-
I triflùrcs qu'il préparoit aux autres,
■ toute fa gloire , & tout tongam.
V Chrift m'ejigain , dit donc ce Saint
1 Apôtre ? Eft-cc que ce fut un gain
I qu'il eût aquis par fon mérite, ou par
I fcs travaux , comme nous apellons
■ï^ôtregain, la recompenfe de nôtre
^Travail , ou le fruit de nôtre induftrie,
I ou le profit de nôtre argent? Rome
P levoudroitainfi, qui parle de méri-
ter la grâce par des préparations ex-
I térieures , & des difpofitions d'un
I fra lie arbitre. Mais Saint Paul s'y op-
I poie, ne fefouvenant que trop de fes
^ blaf-
1.6.
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145 G 34
1, 29.
478 Le Gain du Fidèle,
blafphémes 8c de fes violences i
V0m a été donné gratuitement , dit-i
un peu après, de croire en Chrijt
de jouffrir four Chrijl. Eft-ce que t.
divin Jefus eft un gain à tous , fai
exception, & que de là S. Pml inf
re, qu'il eftaulîi fongain^ Mais il
en a de ceux-là à qui Chrift cil ode%
de mort à mort , à qui il vaudro
mieux de n'avoir point connu la ver-
té , 8>c z qui il fera dit quelque joui
/V ne vous connus jamais , retirez-voi
demoyl Eft-ce que le nom de ce!
Apôtre étoit écrit dans les Evangile
ou que par une révélation particulic
rc , en vifion ou en extafe , il ci
apris que Chrift demeureroit fo
gain^ L'Ecriture S demeure dans 1
gênerai, elle dit bien queChriftei
gain , qu'il eft falut à tout croyant
mais non pas qu'il Teft à un Pier
re , ou à un Paul , laiflànt cett
aplication à la foy , & à l'Eiprit
Rom, 8. qui rend ce témoignage à nos e [prit s
tnfin, eft-ce que Chrift étoit gain .
Pau
7. 23.
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145 G 34
SUR Philipp. Ch. i. 21. 47P
aul d'une façon fpéciale,comme fi ce
gain luy eût été propre>& qu'il n'y eût
que lui qui y eût part ? Car nous apel-
Ions nôtre gain^ce qui eft proprement
à nous.L'argent gagné^les biens aquis,
& les droits poffedés fe partagent
avec peine. La bonne Mérevouloit J
l'enfant tout entier, & pour elle feu-
le , fans partage. Efaù vouloit toute
la bénédiction pour luy. Ni les Rois,
ni les Favoris, ni les Epoux, ni les
ambitieux , ni les avares , ne fouffrent
point de compagnon dans les biens
qu'ils pofTédent. Et même bien fou-
vent \cgam de l'un eft la perte de l'au-
tre , comme le Laboureur trouve fon
gain dans la cherté des grains , le fol-
dat dans la déiblation des Provinces ,
le Médecin dans les fouftVances d'un
malade, le Chirurgien dans les playes
d'un patient, l'Avocat dans lesinju-
ftices les plus criante:> faites à fa par-
tic. Vous jugez bien. Chers Frè-
res, quecen'eftpas encore la penfee
deceluy qui tâchoit jour ôc nuit d'en
48o Le Gain du Fidèle,
gagner plufteurs à Jéfm-Chrijl , & qn
Ibuhaitcoit même d'être réputé con,
me un anatbéme , s'il eût pu par ..
procurer ce gainàfes Frères félon i.
chair. Chriftellce Soleil dejuftio
dont la lumière falutaire ne fouffr
aucune diminution, pour êtrecom
mune à tous fes Fidèles. Etiln'e
pas borné, comme le fut //i^r, à un
feule bénédiftion.
Vous ne doutez donc pas que Si
Paul n'apelle Chrift fon gain en ce
trois égards. C'cften premier lieu
que tout le profit & tout l'avantage di
la Grâce revient au Fidèle feul, noi
pas à Chrift, ni à Dieu fon Pére. J'a-
voue que Jacob voulant s'aquerir Ra
chcl par. fa fervitude, & par fon tra-
vail, de même que Pharaon élevant
Jofeph au gouvernement de l'Egyp-
te , ou que Moyfe délivrant le peuple
d'une fervitudeéfroyable j ou que les
Rois & les Princes fe faifans des créa-
tures , & diftribuans des grâces , n'ont
pas été ou ne font pas fans intérêt,
fans
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145 G 34
sua Philip p. Ch.i.ii. 4.81
fans c^ard à eux-mêmes , fans partici-
per à ces effets , &: fans tirer quelque
avantage de leurs adions. L amour
propre ert mêlé par tout. Mais figurez-
vous Jefus-Chriff revêtant la forme
de ferviteur , pour s'acquérir une
^ ^poufe-, élevant des miférables pé-
cheurs à la qualité d'Enfans de Dieu;
lélivr.mt IbnEglife de TEgyptelpi-
rituelle; &fe communiquant en grâ-
ce & en gloire à des Pauls, & à des
croyans, qu'il fait être de nouvelles
créatures. En tout cela , il n'y a pour
Jéfus-Chrift ni avantage ni profit , nô-
tre bien ne parvient point jufqu'à
lui, & nôtre falut ne le rend ni plus
grand ni plus heureux ; l'Enfant
eltnc» le Fils nous aété donné , &
Ihrifi: nous a été faitde par Dieufa-
pience , j uftice 5 fanftification , & re-
jdemption.
Maisaufiî S.Paul pouvoir-bien di-
re, Q\\v\S}im'ejlgain'i puia»que véri-
tablement il jouïllbit de ce gain, il
poflcdoiten effet la t^racc deJ.Chriff.
X II
Lue. 2.
ir.
I Car.
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;j. 8.
482 Le Gain du Fidèle,
Il Tavoit vii réellement fur le chemi
entre Jérufalcm 8c Dàm^s^aprés tous^
a aulji été 'vn de moyycommea'unavorto
qui naît fubitement& contre toute
les apparences. Il le voyoit encore e
efprir tous les jours, &prefquetou
les momens : 11 en favouroit incel
famment les ineffables douceurs: 11 e;
fentoit , comme TEpoufe , leî haie
nées & les aproches: 11 le tenoitcom
me Siméon entre les bras de (a foy : I
luy étoit comme un cachet fur foé
cœur , & comme un cachet fur fon bras
L'Efprit de Chrift avoir ^r^^'é' cett<
aflurance, nonpas^'w«»L/ï;r^, mai
en fon Ame, non pas en des plaque,
de pierre , mais dans les plaques char
nelles du cœur. Je fçay^ difoit-il
en qui fay crû } & je ^vis 7ion poini
çjl 2. niaintenant moy , mais Chrïji vit e%
moy ! Et fi un Marchand fe tient fcui
du gain -qu'il a déjà dans fcs coftrcs;
ou entre* fes mains , S. Paul ne fe te-
noit pas moins fcur de ces biens inefti-
mablcs , dont il fentoit en fon ame le?
doux 6c les faîutaires effets. En-
2 Cor.
î. 12.
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SUR. Philipp. Ch. I.2I. 4^3
■ Enfin c'eft là le tout du Chrétien,
de pouvoir dire, Chrill m'efi gain.
Qu'il foit un gain à une infinité dra-
mes 5 qu'il foit la Perle de grand
prix, le Sauveur du monde, laPaitL^^
de la vie, le Ibuverain Médecin, k iz.'
fetil Nom donné aux hommes par lequel
il nom faille être fauvez, , c eft ce que
ni les Diables , ni plufieurs d'entre
les Phariziens , ni quantité d'Apo-
Itats n'ont pas ignoré , ou n'ignorent
pas encore à préfent. Mais toute la
confolation d'un Paul , c'efl: de fça-
voir que Chrift eft gain , qu'il eft Sau-
veur, qu'il eft Médecin, qu'il eft une
fource de vie & de grâce pour luy en-
tre autres, & pour fon propre falut.
Comme fans doute toute la confo-
lation d'un pauvre , ou d'un exilé,
c'eftdefçavoir qu'il y a des fubfides
pour fon foulagementi celle d'un ma-
lade, qu'il y a des remèdes pour fon
mal -, celle d'un criminel , qu'il y au-
ra grâce pour fa perfonne-, & celle
d'un Marchand, quil aura auffi fà
X 2 parc
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145 G 34
ï Tint'
Tr. ij
:6. 8.
/ol>. 2.
4,84 Le Gain du Fidèle,
. part du Gain qui fc préfente. CeU>
parole eft certaine ^ difoitS Paul, qu^
JefuS'Chrtft efi venu au monde , pom
Jauver les pécheurs ^ mais il n'en de-
meure pas là, ajoutant aufîi-tôt, des$.
quels moyje fuis le premier.
Maisjufquesoii s'étend le gain &
l'avantage que ce grand Apotre trou-
ve en Jélus-Chrift? Il m'eft gain , dit-
il, à vivre i &: ce luycft là le premier
fruit de cette communion bîen-heu-
reufe. Tous les gains de la terre ont
pour but l'entretien, lesaifcs, &Ies
commoditez de la vie. On ne parle
d'ordinaire que de gagner fa vie. Elle
n'a beau être que la journée laboneu-
fed'un ouvrier à louage, qu'unecar-
riére pénible, qu'un combat perpé-
tuel qui nous bat & nous agite. Elle a
beau pnfîer comme le trait d'une flè-
che , lans que ce paflé retourriepour la
féconde fois. L'homme avec tout ce-
la 5 difoitjob , donnera peau pour
peau , toute autre peau pour la fienne ,
ou bien il donnera peau par deflîis
peau.
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145 G 34
SUR. Ph 1 L I PP. Ch. 1.2 1.
pèau, ce qui faifoic la richcflc des
Orientaux, 6^: même tout ce qu'il a de
biens au monde en échange de fa vie.
Auffi S. Paul confideranc Jcfus-Chrift
par raporcàla vie, quieftcommele
centre denosdefirs, jugequeChrift
luy c&:gam même â vivre ^ ou félon
que d'autres Verfions ont rendu le
texte Grec , que Chriileil fa vie,
comme il dit ailleurs 5 Chrijl eji vôtre ^
vie.
D'abord vous remarquez que ce
Saint Homme ne connoit point d'au-
tre vie , que celle qui eft en J. Chrijl .
Hors de la communion de Jéfus , tout
plein déviai de feu qu'ifétoit, ilfe
juge véritablement mort. P^ous étiés ^>i. i-
morts, dit il, en vos offe7iJès\ Et à
ce propos Saint Auguftin repréfente ^
fon aveuglement dans le Livre de Tes
Confeflîons , lors qu'il pleuroit la
mortdeDidon, pour avoir été ^to- ;
donnée de celuy qu'elle aimait , &jene^^'
fleurais point, dit-il , la mort de mon
Ame abandonnée de T>ieu , qui eft ma
X 3
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145 G 34
486 Le Gain du Fidèle,
vie. La vie animale, fi elle mérite
le nom dévie, reflemble à celle de
Nébucadnézarqui luy fut commune
i)rf».4. ayec Bétes, après avoir été dé^
chajfe d'entre les hommes. Vivre au
monde, c'eft vivre comme Jacob en la
^tn,^\. niaifon de Laban , où ni jour ni nuit
il n'avoit point de repos , & c'eftfer-
virleplus ingrat de tous les Maîtres.
Vivre fans Chrift, ceneft qu'une ap-
parence de vie, comme eft celle d'un
phantôme>ou bien d'un paralytique,
A foc. tu as le bruit de vivre , mats tu es mort.
^ ' Le corps n'eft à ces Ames mortes
qu'un fépulchre ôc qu'un tombeau
puant. Et toute Ame eft morte où le
péché eft plein dévie & de force, ces
Ames qui n'ont ni intelligence pour
comprendre les chofcs de J'Kfpntde
Dieu , ni volonté pour vouloir ce que
Dieu veut, ni oreilles pour ouïr fa
voix, ni yeux pour le contempler,
ni goût aucun pour lefavourer, ni
mouvement pour fe porter oii fiî
Parole nous apelle , ni mémoire,
pour
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145 G 34
SUR Philipp. Ch.1.21. 487
pour fe reflbuvenir de fcs grâces,
de fcs promefîes, de fes ménaccs,
Se du jugement à 'venir. Au 111 ce
ce grand Apôtre commença-t-ilii;/-
vre dés qu'il commença à vivre en
Chrift & pour Chrift. Ce qui arriva
en approchant de Damas 5 lors que ce
jeune L/<?;^ fut rencontré en chemin
par le véritable Samfon-, qu'il en fut j^^.
domté , & converti en une ruche d*un
doux & excellent mieh c*eft-à-dire,
en un vaiffeau d'élite. Ou bien lors
que ce Balaam^ qui étoit envoyé
pour maudireXc peuple de Dieu, fut^i 6.
rencontré par/'^w^<? de TAUiance,"'
qui s'arrêta en chemin pour s'oppêfera
luy^ &lechangca en un inllrument
debcnédidion. Et de là vint qu'auf-
fi tôt après qu'il eût été frappé d'une
lumière refplendiflante, en ouvrant '^^i
fes yeux il ne vit plus ceux qui étoyent
avecluy. Ce qui fut un emblème de
ce qu'il n'avoit plus d'yeux pour le
monde , de ce qu'il fermoit les yeux
pour jamais à fes raifonnemens, àfes^
X 4 char-
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145 G 34
488 Le Gain du Fidèle,
charmes, fespromefTes, pourn
Toir en efprit que fon Jéfus lequel
venoit de perfécuter.
Davantage Chriftluy eftgain ^ i/V
'vre , parce qu'en quelque érat qu'i
fe confidérc, fût-ce entre les main
des Bourreaux , ou dans les prilbn
UB. de Philippes ou de Céfarée , ou dan
^6.25. un Navire abandonnée la merci de;
rrh». vents, ou dans les liens & les fers de
Néron , ou entre les griffes & la gueu-
le duLion, ily trouve par tout de
l'avantage & du profit. Quelque mi-
ferable que foit fa vie félon le monde,
il trouve fes épreuves utiles, fes amer-
tumes douces, fes flétrifTureshono.
rables, & fes fouffrances lucratives.
2 Cor S^S'^^ I^i^" delà de cent pour un,
\, xi en gaignant pour une ajflitîion qui ne
fait que /'/^/^r une gloire qui ne palfe
jamais. Et au milieu des plus cxcellî-
ves ardeurs, la Grâce de J.Chrift
i j>4«.3J"y ^ft ceque furcntàccs trois Per-
25. fonnes dans la Fournaife de feu ar-
dent^ la compagnie de quatrième
dont
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145 G 34
SUR Philipp. Ch. 1.21. 48^
dont la forme écoic femblablcauFils
de Dieu.
Ajoutons que Chrift cAgamàvi-
vre^ au fensde ce fidèle Serviteur,
parce qu'il trouve tout fon gain &
tout fon intérêt dans celuy de fon
Maître. C'cft là le plus grand de fes
avantages de vivre pour Tavance-
mentdurégnede Jéfus-Chrift, pour
le maintien de fa caufe, pour la pré-
dication de fon Evangile, en êpan-
dant p7ix tout l'odeur de fa connoiffan-
ce. Rome trouve {on gain , dans Tex-
tirpatiôn des pauvres membres de Jé-
fus-Chrift, c'eft la cruelle Tropagan--
da de Tlnquifition, mais S. Paul le
trouve dans leur accroiffcment , qui
ell: la vraye Tropaganda de l'Eglife,
Cétoit là le bon ferviteur en la Para-
bole , qui reputoit comme fon propre
gain, \ç:scinqtalens(\\y'i\ portoitaux
Finances de fon NL.itrc. Ce font là
les vraisjofei^hs à qui Tinterét de leur
Prince ou de leur Seigneur eft uni-
quement à cœur , comme le fut en
X 5 Egyp-
I
Le Gain du Fidèle,
Egypte à ce fidcle Miniftre l'intérêt
de Potifar & de Pharaon. C'eft là la
bonne & la fidèle Epoiife, qui faii
tout fon gain & toute fa gloire, du
gain & de la gloire de fon Epoux , &
qui croit ne devoir v/ vrequc pourlui.
Auffi ce divin Apôtre trouvoit-il
en Jéfus-Chrifl: un principe deviezà-
mirable, un Efprit vivifiant quiTa-
nimoit , & une chaleur qui jCem-
brafoit d*un faint zélé, 6c d'une cha-
rité ardente pour Tes frères. Il y trou-
voitune nourriture excellente pour
le foùtien de fa vie , fa véritable
manne i mais cachée aux yeux delà
chair, le vray paindefcendudu Ciel^ &
par la force de cet a/ment il ic fcmoic
difpofé, comme autrefois le Prophè-
te jblie, à faire encore bien du chemin,
&àfuporter bien des travaux. Et
même à peine eut-il goûcé les premiè-
res douceurs de ce pain des Anges ^
comme vous le lifez au neuvième du
Livre des Aftes, qu'il fepafla de tout
autre boire &de tout autre manger
par
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145 G 34
SUR Philipp. CH.i.ir. 45>T
^ir refpace de troU jours. Mais fur ^a;.
tout c'êft là vivre que de vivre gay e- 9- 9*
ment, &de vivre en repos, comme
au contraire le tourment de refprit eft
une continuelle mort. Etainfil'Em-
péreur Tibère étant bourrelé en fa
confcience, dit un jour au Sénat de r4a>,
Rome, qu'tl mouroït tous les jours
comme on Ta dit de ce Titius de la Fa-
ble, ayant à fes cotez un cruel Oifeau
qui ne lelaifloit ni vivre ni mourir.
Ha que S. Paul pouvoit bien dire en
cefens, Q\\n^mell vivre ^ oum'efl:
gain à vivre\ Puis que dans les dou-
ces influences de fa grâce il fentoit
une joye inénarrable & glorieufe^ il
polfédoit un cfprit tranquille , il étoit
animé d'une efperance vive, ilfe
trouvoit comme en un banquet per-
pétuel, mort à la s txité^ crucifie au
monde , mais vivant à Dieu & en Dieu.
Mais comme tous les gains de la
terre font fort peudechofe, étans
bornez àcettevie, S.Paulaune vue
plus étendue, & confidérant Chrift
^ X 6 par
" W.fPl
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49^ Le Gain du Fidèle,
par raporc à 1 éternité, Chrijl , dit-îl
m'eft gain aufTi amour ir. Paradoxe fur
prenant ! la chair envifage la mortcom
me une ;>^'r/<? univerfelle de tout, dt
biens, deplaifirs, dejoye, de réputa-
tion, Scenfincomme lapertedenôtr(
être. Elle la confidére comme un Ra-
vifleur quiJuy enlève tous f^samas^^'
lors même que le Riche de la Parabole ,
ou que l'imprudent Nabal y penfent le
jsan$. moins. La mort fepréfenteàla natu-
comme unAhiddon ouunT>eJ}ruC'
5 teur , qui vient détruire nôtre machine,
&ia convertir en un fpedlacle hideux.
Cependant voici un Paul qui dans cette
perte univerfe]le,quelamortfemblecau-
fer trouve fon plus grand gain , dans
cette deftru6i:ionterribIe,ron plus grand
avantage^ Chrift m'eftgain /iw^?//r/r !
Au(îî ce paradoxe celle de lurpren-
dre, dés qu'on entre dans refprit de
\A pôtre.En prémier lieu il étoit afïïiré,
que quelque fin qu'il pût avoir , & quel-
que mort qui l'atrendît , il ne pouvoir
que mourir en la communion dejéfus-
Chrifl:.
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SUR Philip P. Ch.i.21. 495
Jhrift. Et cela même c'eft vaincre^ ^^oc.
comme vaincre cc(\gagner,^celMÎ qui
vaincra^ jeluy donneray ftùjfance fut
les nations. J'avoue qu'il a été glorieux
àdegrandsCapitainsde mourir dans un
champ de bataille. Et par une fembla-
ble mort lisent gagné Obféques
pompeufes, des Tombes magnifiques 1
des Inlcriptions permanentes, & une
réputation qui ne meurt point. Mais
après tout , ces mêmes vainqueurs peu-
vent avoir fait \\n^ perte de leur
& peut-être que rien de tout cela ne
manqua/àceluy qui auroitdonnéle tout
de très -grand cœur pour unç goûte d'eau
de grâce. J'avoue quedesConqucrans
peuvent vaincre, gagner des batailles ,
airujcttir des Provinces, domfer des
Nations,fubjuguer des Royaumes.Tan-
dis que ces mémesConquérans fuccom-
bent fous des Ennemis cruels comme
font ou des remors de la confcience , ou
des partions violentes , ou des foiblef-
fes criminelles , ou une apréhcnfioa
terrible de la mort. Mais repréfentez
X 7 vous
.^1
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145 G 34
lue,
19. 17.
45>4 Le Gain du Fidèle,
vous un Paul, & en fa perfonne chaque
Fidèle, mourancenlafoy &enlagrac€
de Jéfus-Chrift Ne le voilà- c-il pas pour
jamais, après de terribles combats , &
plus d'une fanglante bataille, audeflùs
desinlultesdu Monde, des tentations
du Diable , des partions de la Chair, des
calamitez de la Vie , & des foulTrances
du Corps? Mais encore en mourant ne
triompbe-t-il pas de la mort même, qui
eft le plus redoûcable Ennemy > Puis
que mounr en Œr/^n'cRpas mourir,
ôcdelà vient que le jour de la mort ou
du martyre étoit apellé des Chrétiens
Natalitia, lejour delà Naiflànce, ôc
même lejour du Couronnement, Vien-
ça^ bon fer vit eur , aye pu i (Tance fur
dix viUes,
En-fuite, Peuple Chrétien , qui d en-
tre vous nejuge que c eft ^/sf^;/^r, ^ga-
gner beaucoup, que de gagner le Port ,
après des tempêtes furieules dont le fi-
dèle eft toujours ou battu , ou menacé?
Quel avantage , je vous prie , ài- gagner
le bout de la Carrière, après une cour-
te
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145 G 34
SUR Phi Lipp. Ch. i.ii. 495*
fe longue & fatigante 5 ou après une ru-
de & pénible montée, de gagner le fom-
metdela Montagne où Dieu habite ,
& où retrouvent avec Chrift les Moy-
fes Se les Elles ^ ou bien après avoir été
harafle par une marche pénible, &har-
celé par desennemis , degagner un lieu
de repos & de feureté i ou bien après le
hâle & les ardeurs , qui brûlent un pau-
vre Jonas 5 de gagner Tombre & le cou-
vert 5 ou enfin après avoir langui dans
une trifte prifon , ôc croupi dans un ca-
chot oblcur, de gagner la clef des
champs, &c un païs de liberté ? Tout
cela s'aplique admirablement à tous
QtuY. meurent au Seigneur , & quii^w/. i,
forcent de cette habitation terrejlre,
Se. Paul fe fert encore delà comparai-
fon d'un delogement avantageux , par
lequel on palFe d'un lieu incommode ,
ou d'une chétive cabane , à un domicile
fplendide, a une mai f on éternelle aux ^ch^^
deux. Et qui doute que lancien Ifraël
n'ait confideré comme un merveilleux
gainkjl>aJfaged\}yordain9 qui fut un-
4P^ Le Gain du Fidèle,
emblème du paflage de la mort, Jor
qu'après tant de fatigues , il gagna enfii
la Terre de promefTe, la Canaan dcfi
réeavec tant d'impatience.
Mais S. Paul confidére encore en/i
mort quelque chofe de plus particulier
Il la regarde comme wvïgain par raport
à J. Chrift. Car il fe doutoit bien qu'elle
nepourroiteftrequefanglante, & que
publique, comme elle le fut bientôt
après, en la xiii. année de Néron,
dans cette même Rome d'où il écrivit
cette Epître. Et c'eftparunefemblable
mort, qu'il devoit «^^^«//f^r fon Sau-
veur , & le magnifier en fon corps,
Oefl: cette mort qui devoit fervird un
témoignage authentique à ladodlrine
de l'Evangile, de fçeau k fes prédica-
tions , & à ies Epîcres , d'affermiflemenr
auxfoibles, de confolation auxfouf-
frans, d'encouragement aux Confel
feurs, & d'exemple à toute l'Eglifede
J. Chrift. Belle & raviflante harmonie !
La mort de ce charitable Sauveur a été
le gain de fonEgUfe, aufli la mort de
fes
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145 G 34
SUR Philip P. Ch. i. 21. 497
fes vrays Difcipleseft en quelque forte
fon gain. En eâk leur confiance en
gagne toujours quelques-uns à J.
Xhriji: leur fang eft une femence fé-
conde dans le champ de fon Eglife:
leurs cendresen font comme la graille,
^ comme ce fable fur les terres de TE-
gypte, qui en rend le fonds fertile &
abondant : Et leur cbûte , pour trifte &:
funefte qu'elle paroifTe, eft comme cel-
le de i5^^;<t?w , qui fut fatale à fes Enne-
mis, &falutaire au Peuple de Dieu.
Finalement vous remarquerez, que St.
Paul ne connoit point de wàygain , qui
ne io\iit\tt\lamort. Tout eft perte, à
fon avis, hormis ce qui peut nous armer
conUQ dernier Ennemy, ce Roy des
êpouvantemens ! Tout eft perte, en ce
quiYe termine enfin à la perte de nôtre
Ame , & qui ne fervira qu'à charger nos
confciences^àaccufernôtrelacheté.àre-
procher nôtre ingratitude , «n augmenter
nos regrets 5 & à nous faire dejcendre au
fepulcre avec douleur ! Mais au con-
traire tout eft^^/;?, en ce dont le pro-
fit
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145 G 34
^1
6.
498 Le Gain du Fidèle,
fie s'étend jufqu'à l*ame & jufqu'à le
rernitédesfiécles! Tout ctigamçno
qui peut nous foûtenir, & nous rafTu
rer en un lit de mort! Comme, d'avoi
gardé la bonne confcience, d'avoii
comme Enoch cheminé avec Dieu
d'avoir racheté le tems, retenu la foy !
exercé la bénéficence, refifté jufqueé
aufang, & offert gayement nos Ifaacs,
& nos biens, & nos vies, en facrifice
àDieu&àChrift.
Aufli eft-ce là le caradlére du vray
Chriftianifme de procurer fur tout ces
biens & ces avantages qui confolent en
la mort , & qui fubfiftent après la mort.
Rome vousa traitez cy-devant dans la
naifTance de vôtre République de
Gueux ou de Meodians , & le nom
vous en demeure encore aujourd'liuy
parmi des Idolâtres , même des Médail-
les le confervent. Heureufe gueuferie »
qui fert de gain à bien «fe?/^r/> , &qul
fait voir en ces Gueux la refTemblance
deJ.Chrift, & de S.Pierre, qui n'a-
yoknz ni argent , ni or, Maismalheu-
reufe
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145 G 34
SUR Philipp. Ch.1.21. 499
?eufe Superftition ! qui ne fert de
gain qu'a vivre , & à vivre graflèment
& fplendidement , qui s'enrichit du
fang des pauvres membres dejéfus,
qui en partage to\xs>\cs]o\\xs^ les vêt e-
& les dépouilles , fous prétexte
de rébellion & d'Héréfie. Superfti-
tion , où il y a à^^^w^r des Bénéfices
riches, des Cures bien rentées, des
Prélatures fuperbes , des Abbaïes
opulentes, des Evéchezfplendides,
des Pourpres éclattantes, des Tiares
mêmes 6c un Souverain Pontificat.
Mais qu'elle fe fouvienne de ce qui
fut dit à ce Riche , Tu as reçu tes
biens en ta vie, tandis que Lazare a
eu fes maux ! Maintenant H efl^ confo- ^«^-^^^
le , & tu es tourmente dans l'abîme.
Ah ! que ces TioBeurs de menfonge
impriment une fauflc idée de ce qui
eft gain en la mort ! Selon eux Chrift
n*eft gain à mourir^ qu'à ceux qui
meurent en la communion du Pape,
&c qui reconnoiffcnt non pas un Dieu
fait Homme, mais un Homme fait
Dieu»
I
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145 G 34
foo Le Gain du Fidèle,
Dieu , non pas un Chrift anéanti
mais un néant érigé en Chrift, par qu
lé Miniftére de TEvangile a été chan-
gé en une fouveraine domination, le
bâton Paftoral en Sceptre, les clefs
delaParoleen une Triple Couronne
appellée les Royaumes , & toute la
Religion en luxe & en fafte mondain.
Et faut-il encore, ô prodige! que fé-
lon les fentimens & la pratique d'une
cruelle Rome, mourir en la foy de
Jcfus, en feconfeflàntà ce Souverain
Pontife de nos ames, en invoquant
fon S. Nom , en embraflant le mérite
de la Croix, en implorant fa grâce,
& en s'attendant à fes promeflès , l'ans
vouloir écouter un Prêtre qui s érige
en juge des confciences, faut-il que
cela feul cxpofe aujourd'hui TAme
à une damnation infaillible, & le
Corps ou au feu ou à la voirie? Et
comment Chrift , y eft il cenfé gain à
un pauvre ;^^//r^w/?Frémiftbns en, Fi-
dèles, c'eft en feconfeirmtà un mi-
férable Prêtre, en embraflant un mor-
ceau
!
»
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145 G 34
SUR. Philip P. Ch. i.ii. foi
ceau de Bois ou un Crucifix , en ado-
rant un Dieu de Pâte, en baifant quel-
ques Oiicmens ou quelques Reli-
ques, en s'apliquant le mérite d'un
François de Sales ou d'un Charles de
Borromée, & enfin en recevant ce
qu'ils apellent le Viatique , & l'cx-
trémc Ondlion , accompagnée de
quelques mots marmottez, en un lan-
gage inconnu.
Maishelas! faut-il icy que la pu-
reté &la faintctéde nôtre Religion,
qui nous prêche Chrijt commt Paul
Ta prêché, fafle le fujet de nos plus
juftcs plaintes, &de nos pluslenfi-
bles regrets ^ Pardonnez moy, Chers
Frères , fi en cét endroit mon difi:ours
eft prcî'quc entrecoupé,quand je com-
pare le langage ôc le fentimcnt d'un
Paul, avec le langage &: la pratique de
nos jours! Ha! que dirois-tu , divin
Apôtre, fi du lejour de ta gloire tu en-
vifageoisde ces Chrétiens, qui trou-
vent Chrift être cét Homme rude ,
avec lequel il n'y ^ÙQWÏ gagner , ou
rien
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145 G 34
502 Le Gain du Fidèle,
rien que chagrin , qu'oprobre ,& qi
disgrâces? Chrétiens prêts de tôt.
ner le dos à ce bon Maître, plutt
que de le tourner à leur patrie, (
leurs maifons, ou à leurs héritage,
prêts de le vendre même à des crue.
Sacrificateurs , & de le livrer à Vi
proche des Sergeans s en cela mau
vais marchands , en changeant le Ci(
pour la Terre, TEternité pour que
ques momcns qui leur reftent, Tel
pérance ^u/ ne confond point ^ pou
des efpérances trompeufes, & la li
vréc de ce Fidèle Seigneur pour celli
d^hgrande Taillarde. Ha! qu'il n'j
en a que trop, qui n'embrafTent 1:
Religion que parce qu'elle leur fem-
ble lucrative , & qui ne fe font circon-
cira comme Sichem, que pour la pof-
feflion d'une T>ina\ Et n'eft-il pas
vrai, qu'un Intéreflë trouve toutfon
gain en Tes ufures, en fes monopoles,
& en fes piperies , l odeur du gain lui
étant toiîjours bonne, pour faie qu'en
foit la caufe ? Et de même , qu'un
Am-
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■^sUR Philipp. Ch.1.21. 505
^Imbitieux n'afpire à autre gain , qu'à
I aprocher du Trône , qu'à gagner le
haut du Pinacle , & le devant d'un
Compétiteur j qu'un Profane , ne de-
mande que ce qui eft gain en cette
w, fansfefoucierdecequifera gain
après W(?r? 5 que bien àcsBalaarns
font fort contens dQ mourir delà mort
desjuftes , pourvû qu'ils puiflent me-
ner une vie d'Enfans prodigues 3 &
que tandis qu'ils fouhaittent d'avoir
Chrift pour gain en la mort , ils ne
fongent qu'à gagner le Monde pen-
dant leur vie?
Avoùons-le Chrétiens ! lî nous
•J^ous prêchions de ces Chaires ou
vous préfentions tout autre^<î/wque
Jcfus-Chrift i fi dans ces Temples l'on
voyoit dreiïées des Tables de Chan-
geurs où il y eût bien à gagner i &fi
au lieu de vous parler de l*excellence
(de la connoifjance de Chrift , nous vous
parlions de quelque nouvelle décou-
verte, qui piic vous procurer le mê-
me profit que procuroitàDémétrius
I
Nomb»
13. 10«
■'if
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145 G 34
ÉÊài
504 Le Gain DU Fii5ede,>
le métier de faire des petits Tcmplo
de la Diane des Eplicficns> ne ferio^.»-
nous pas fuivis avec un tout autr
empreffement? Mais avouons quel
que chofe de plus trifte&deplusdé
plorable ! c'eft que fi ce Saint Apôtr
rentroit dans ce bas Monde , il cher
cheroitChriftau milieu de la Chrê
ticnté. 11 ne trouveroit plus au de
hors qu'un mafque & qu'une appa
rence de Chrétiens. Ce n'eft plu:
Chrift qui eft nôtre gain , c'eft
qui eft notre Chrtji & notre Dieu
loh M ff^y^^^^^ ^^^^^ efpcrance en l' or fa)
24- ' * îdit au fin or y tu es ma confiance ? , je
5^ fn en iray après ceux qui me dormevt
mon pain & mes eaux , ma laine <^
mon lin ^ mon huile mes bruvages.
C'eft ce malheureux gain , cet intérêt
propre, cjui eft le plus fouvcnt le
prémicr mobile dans les Etats & dans
les Familles , & la vûë des entrepriles
les plus difficiles & les plus dangereu*
fcs. Rois, Princes, Républiques,
Magiftrats, Officiers , Miniftres, Mar<
chands
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145 G 34
SUR Philipp. Ch.i.ii. foy
landî
cats \ M
Ouvriers, Ufuriers i Advo-
édecins , Operateurs-, que
dis-je ceux là même qui fervent à
l'Autel'i n'ont que trop fou vent cet-
vue pour la principale. C'eft là la
grande Idole que l'homme adore, &
fi un Payen a dit de l'ancienne Rome,
qu'elle pojipoloït tout ala Religion des
T)ieux , nous devons dire au con-
traire de nôtre Chrétienté, mais par-
ticulièrement delà nouvelle Rome,
qu'elle poflpole toute Religion, ou
toute confcience , à l'intérêt & au
temporel. En effet c'eft cela même
qu'un Clergé trop intêrefle,& qu'une
fociété qui n'agit jamais par d'autre
principe couvrent aujourd'huy fous
le manteau de dévotion & de zélé.
C'eft là ce qui fait naître en nos jours
tant de pcrfecutions cruelles, ce qui
fait concevoir tant de formidables
deHeins , ce qui porte à nouer & rom-
pre des Alliances, à lever des Armées,
équiper des Flotes , allumer des
"^rucrrc^, fcmer desdivillons, épui-
Y fer
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145 G 34
^o6 Le Gain du Fidelk,
fer des peuples , porter le feu , le fer
& la défolation dans les Villes ^"k dan
les Provinces. Et qui ne fçait qii(
Von va chercher le ^^/>/ jufquesdan
les extrémitez de TOrient, dans le
glaces du Septentrion , dans les terre
inconnues du Midy , dans les conca
vitez affreufes du Potozi , dans les en
trailles cachées de la Terre 5 & mêni<
fous les Eaux & dans le fond de TO
céan? N'eft ce pas pourle^<î/«, qu(
l'on franchit les Mers, que l'on pafTi
les déferts, qu'on court les Royau
mes, qu*on el^iiye les orages, qu'or
brave les dangers , qu'on affronte mil
le èc mille morts , &c qu'on n'épargm
ni veilles, ni peines, niincornmodi
tez, ni travaux ? N'eft-cc pas encore
pour le mémefujet, qu'un frère/
-plante fon frère , qu'un Tziba ca
iomnie unMéphibofcth, qu'un fer
viteur d'Elifée trompe fon Maître
Achan ferre r interdit, qu'une Jczabc
violente un Naboth , qu'un J udas me
me trahit fon Seisncur ^ ion Dieu
5 u Philipp. Ch. J ' ^oy^
Et combien tous les jours de Chrc-
kicn^, qui pour ce temporel proiU-
tuënc leur honneur, ou ruinent leur
lancé , ou blciïent leur confcience,
ou hazardcnt leur Ame, 6c pour peu
de chofe vendent leur part en Théri;^
Jes Saints?
i^auvres hommes , qui confidércnt
)\\ que ce qu'ils z^cWcnt gain le plus
Jbuvcnt ne Tell pas! Le vray gain,
:ommc je vous le difois tantôt, ell
toujours utile au gagnant, le vray
"jAÏn ell: celui-là qui réjouît, & enfin
î'eft celui d*un bien afliiré & perma-
nent. Mais rien de tout cela dans les
jains de la terre ! Car qui ne fçait que
tous les gains enfemblc ne font d'au-
cune utilité ni pour le repos dcTef-»
prit , ni pour la paix de la confcience,
ni pour la prolongation de la vie , ni
pour le foulagement mêmed*un goii*
:eux ou d'un graveleux, ou d'unul*
:éré , poflédât-il plus d'un Royaume !
Qui ne fçait encore que toute Tabon-
danced'uniV^^^/, faifi d'une profon- \S4m
Y z
de
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145 G 34
Jo8 Le Gain du Fidelk,
àe mélancolie , n'cft point capable
de réjouir un cœur , amorti comme uUi
pierre ! Qui ne voit tous les jours d<
M. 27. gagnans , qui entajfent l'argen,
comme fouffîére , fans toutefois qu'il:
en jouïflent, plutôt pofledés de leui
gain , qu'ils ne le polfédent, du
quel on peut dire ce que difoit le Pro
phéte Elifée , à ce Capitaine incrédu
ble, parlant de l'abondance qui s'al-
ioit voir en Samarie , Tu la verras dt^
tes yeux , mais tu n'en mangeras point}
Enfin oiieft l'homme qui cftaflûré de
jouir long-temps du gain de fon tra-
vail? Helas ! bien fouvent aujour-
d'iiuy riches, demain pauvres, au-
jourd'huydesjobsopulcns, demain
des Lazares nécefiîreux, aujourd*huy
pourvus de tout, demain deiliruez
de tout! Il ne faut pour cela qu'une
nuit , qu'un vent , qu'un orage , qu'u-
ne irruption lubite & violente des
eaux, de cét impitoyable Elément,
comme il vient d'arriver à une de \o<>
Provinces , qui perce vos digues, qui
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145 G 34
SUR Ph l L I PP.Ch. I.2I. fO^
force voséclufes, qui pafle toucei
voséminences, & mette tout dans la
dernière défoîation.
Ha que nous n'avons que trop de
ces triflies exemples devant nos yeux !
Nous les voyons ces Confefl^èurs de
Jefus-Chrifl: quife trouvoycntàleut
aife, il n'y a pas fort long- temps, Se
qui aujourd'huy content pour un
^ràndgaiu , d'avoir pû remporter leur
ame pour butin. Chers Frères , il nous
efl: facile de dire, Chrijl m'ejigainà
vivre i tandis qu'Epbraïm eft devenu
riche , tandis que dans ces Provinces
nos coffres font remplis, nosmaga-
fins pourvus , nos bâtimcns fplendi-
des, nos tables fomptueufcs, nos fa-
milles opulentes , nos perfonnes re^-
pcftécs, 6c nôtre autorité bien éta-
blie. Et combien de milliers d'ames
fcfont trouvées dans un état apro^
chant 5 il n'y a que bien peu d'annops;
dans la France, dans la Hongrie , dans
d'autres Etats, qui maintenant ont
^prisàjugcr que Chrifl: efl: Tunique
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510 Le Gain du Fidèle,
^ain a vivre ^ en fe facrifiant pour lu^
\ la violence & à la fureur avec tout a
qu'ils avoycnt au Monde? Combiei
qui dan^î le moment que je vousparle
parmi l'horreur des cachots , la puan
teur desprifons, les difciplinesde
Convents, les chaines des forçats, ^
lestourmens d'un Dragonifmeinfer
nal, eftimeroycnt un ^xznàgain d<
pouvoir mourir y en expofant leun
corpsà toutes les cruautcz, pour re-
mettre leurs efprits eiitre lesmaini
dejefus ? Fidèles, mirons nous fur cC'
exemples. Nous n'avons ni promel
fes, ni garand, quer^/^'/^7;^de perfé-
cutions que XéDragon jette de fagtieu
.^f^. le après la femme ne rompra ni nos
digues ni nos fortcrefTes, ôcnepafle-
ra point jufqu'à nous? EtquandceJii
arriveroit, ne devons-nous pas le re-
garder dés à préfcnt comme une cho-
fequi nous tourneroit en gain? Fe-
rions-nous difficulté d'abandonner ou
patrie, ou biens , ou charges , ou coin-
moditez de la vie,pour celui qui à no-
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145 G 34
^suR Phîlipp. Ch. i.iî. 511
tre occafion s'efl: yù dépouillé de tour,
jufqu a fesvétemens^ &c enfin aùan-
donné de fou Dieu y de Tes Anges, 6c
de fes plus chers Amis ? Même ne fut-
ce pas là en efïcttout fon^<3/», de^'i-
.'vre pour nous d'une vie mifcrable , &
de mourir pour nous d'une mort igno-
minieufe ?
t Mais , Chrétiens, pour être per-
'••fuadédece quejedis^ ilfautlegoùt
..^ l'expérience. Ce ne fut qu'après
avoir mangé du fruit de l'Arbre de
, feience , que les yeux du premier
f. Homme furent ouverts. Ce ne fut
qu'après avoir goûté le rayon de miel ,
que les yeux de Jonathan furent
^éclaircps. Ce ne fut qu'après avoir
Whuy & touché , que Tômas s'écria Mo7i
I Seigneur y & mon Dieu ! Aufli pour
E comprendre le prix & l'excellence du
ig^i^^ qui eft en Jéfus-Chrift , il fciut
L avoir vu de nos yeux, ôcfavouréde
I nos bouches , & touché de nos mains.
I II faut avoir pris la balance du Ssnc-
I tuaire, & pelé gain contre gain, ce
I quiefteain^ wvr^', félon le Monde ,
{ Y 4 ^
I
1 ,1. :
ÎC.
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145 G 34
512 LEGAlNDUFlDEI,r£>
ôccc qui cû^zin à mourir^ félon Paul
£n effet j 'au rois beau prêcher tour ui
jour, que les biens de ce Monde fon
fort peu de chofe , & au contraire qu<
Chrift efl un incomparable gain,
deux fortes d'Auditeurs ne me croy-
ront point: Le pauvre, qui n'ayant
jamais expérimenté ce que c'eft qu€
richefles, en conçoit une faufTc idée j
& le profane, qui n'a jamais favouré
ceque vaut Jéfus-Chrift. Mais il me
fuffit d'avoir aujourd'huy deux té-
moins bien authentiques de mon éi-
re: D'un côté tant de Laps qui ont
quité Jéfus-Chrift pour gagner le
Monde, & de l'autre tant de Confcf-
feurs qui ont quité le Monde pour ga-
gnerChrift.
Ha! que ces lâches dciLi Lcui , qui
fcfont /jatez daller après le comman-
dement 5 je dis le commandement d'un
Homme mortel, n'expérimentent que
trop, qu'ils ont ^o'endu Xcmt droit d\ii -
nejfe , pour u n potage de lent illes^qu' ils
ont vendu leurs chères confcienccs,
pour
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145 G 34
L SUR Philipp. Ch. r ii. -^i?
powr \xn prix de fang! Ils aprcnncnt,
mais trop tard , que ni leurs Maifoits,
ni leurs héritages, ni leur patrie, m
leur Monarque, pour grand & pour
puiflant qu'il leur paroille, ne peu-
vent les garantir contre les reproches
•de leur infidélité, ni contre les hor-
reurs de la mort. Et ils trouvent au-
jourd'huy qu'ils ontété de tres-mau-
vais Marchands, puisqu'il n'y a plus
de milieu entre ces deux extrémitez ,
ou bien de prévoir que leurs Corps
rtSt expolez à toutes les ignominies ,
- s'ils fe repentent , ou bien d'attendre
que leurs Ames Çoy^nt jet tée s dans l'é-
tang de feu ardent y qui eftpréparéi
la Belle, & qui ne s'éteint jamais.
Mais parlez, vous, parlez, heureu-
fes Ames , Fidèles témoins dejéfug-
Chrift, qui plutôt que de renoncera
[ cet ineftimable gain , avez préféré
[ l'oprobre des échaffauts, le feu des
[ bûchers, la gêne des rouës, ou le
glaive des Nérons à l'exemple d'un
i Paul! Puflions-nous avoir étéauflîks
y 5 té-
19.
20.
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145 G 34
i
5-14 Le Gain du Fibele,
témoins, comme le furent vos Bour
reaux, de ces élancemens divins, d<
ces foûpirs inénarrables , de
confolations ineffables , 6c de ce
embrafemens d^unfeu célefte ,
Refont terminez à unemorctriom
fanre , & à une éternité bienhçu-
reufe ! Vous qui portez ces mêmei
chaines, que tant d'il luftresConfef
feurs 5 6c fouvent de laprémiére Naif
lance ont portées. O que ces chaî-
nes font légères au prix des chaiaes
' du Diable , des liens éternels fous l'ob-
Tfiic* Ççnf 'it^ j ^ des cordeaux de la mort fé-
condeEcqueleft votre avantage,
d'avoir vos efprits 6c vos confcienc€S
libres 6c dégagées, tandis que vos
Bourreaux font à la cadéne de Saxan,'5c
chargez de ces liens d'iniquité, qu'au-
'>cun Prêtre ne pourra //(fZ/Vr J ul'que-
là que vous pouvez les braver f
ment, 6c leur dire plus que St. Paul
ne dit au Roy Agrippa, Jefouhaite-
rois envers TJieu , que vous tous fuf-
£ez faits tel o[ne j£ fuis ^ fansexcep-
ier
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145 G 34
SUR Philip P. Ch. i ii. fiy
ter même ces liens l Vous qui avez
perdu ou femme , ou enfans , ou dig-
nitez, ou repos, pourn*avoir point
voulu perdre Jéfus-Chrift , ni la dou-
ceur de fa communion, ô le beau gain,
' rincomparablc gain , d'avoir confer-
vé celui qui 'vous vaut bien f lus que
dix femmes , que dix enfans , que dix
héritages, & que tout un Royaume !
Car quelle comparaifon de tous ces
biens paiTàgers, avec le repos de vos
ames, les douceurs de la grâce, la
fcrmetéde vôtre efperance , & cette
couronne qui ne peut vous être ravie ?
Mais nidne connoît ce caillou blanc,
ti\ ce nouveau nom, que ce luy qui l'a
reçu. 11 faut fur tout avoir éprouvé
ce qCie c*e(l que la privation de ce
gain. Il faut s'être trouvé /^^//vr^-, &
miferable & ?md, 8c diftitué de la grâ-
ce. Il faut avoir gemi, & tremblé, &
fuc par manière de dire des grumeaux
defang, &:^woir été commejeUé en /a
gueule de l'angoijfe, Ilfautfçavoir ce
que c'eft que d'être délivré des tenta-
Y 6 tioas
Apec.
1 1>
2. ï-'.
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145 G 34
Le Gain du Fidiîlb,
tions du Diable, des accufations di
péché, des troubles de la confcien
ce, des frayeurs delà mort, & d(
Faprehenfion des enfers. C'eftalor;
que ce gain eft eftimé par defTus toû;
les gains de la terre, ôcque ceux-CJ
font reputez comme /a poujjjére, &
comme la boue. Et ne me dites pas
Homme Frère ! que ferons-nous poui
Taquerir? Il n*eft pas néceflaire de
l'aller chercher dans les Indes, n;
dans le Pérou, ni dans les mines d*0î
deTAfrique. 11 nV a pour vous,dans
CCS heureufcs Provinces, ni naufra-
ges à craindre , ni mer à paflcr , ni for-
tuneàcourir, ni Dragons à fni'r. Il
n*efl: pas même befoin de vendre tous
vos biens ^ comme ont fait tant de
pauvres Réfugiez , afin d*aquerif Ctt-
tQ perle de grand prix. Voicy , dit il,
je me tiens ala porte ^ à la porte de
vos Temples, & de vosMaifons, te
de vos Cabinets, & de vos Cœurs. Si
quelqu'un /^^ voix^ non pas de
ces oreilles de curiofité , qu'on n-a-
por-
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SUR Philipp. Ch.i.2i. jiy
porte que trop dans ces Temples,
mais des oreilles d'une véritable dé-
votion , & m'ouvre laporte avecjoyc
8c avecempreflemcnt, f entrer ay vers
4uy , & je hiy feray gain foit en layiçj
foitenlamort.
Prenez courage , pauvres Chré-
tiens, defiituez, en apparence de cet-
te confolation ! 11 n'en eft pas de Chrifl:
comme des gains de ce Monde, que
plufieurs défirent, mais en vain> qu'ils
recherchent, mais inutilement. Ils
fe tuent dans le fouhait deleurame^
fans que Dieu béaiflê ni travail , ni en-
treprife, ninécoce, Maisperfonnc
\ ne défire véritablement Jefus-Chrift ,
qu'il ne le trouve. A peine même un
' Brigand a-t-il dit, Seigneur aye fou-
venance de moy , qu'aulU-tôt le Sei-
• gneur luy répond^aujourd'huy tu feras l
: avec moy en Paradis, A peine Zachée
eft - il monté fur un fycomore à
defleindevoircejéfus, que non feu-
lement il le voit'i mais auffi il l'en-
tend , il le reçoit , & le répit avec
Y 7 joyct
fi8. Le Gain du Fidèle,
Jojey Se devient un y ray F//sd'^ira
ham. J'ajoute que pour amaflerui
grand gain, & pour faire uncépar
gnc confiderable, il faut bien dt
temps & des années. Un liomnK
qui eft trop t6t riche , fe rend fufpci^
Ici, Ames Fidèles, pour gagner Jé-
fus, il ne faut fouvent que peu de
<»y:6.î. momens. Il nous a remi'S envie dedans
Àeux jours , & au troifiéme jour il nous
aura remis fus. Vous l'avez vu tantôt
en Texempie d'un Paul, fur le che-
min de Damas. Ilnefautqu^unravon
de lumière, qu'un fimple Hepi ^
iJ.îi. qu'un regard pénétrant du Sei-
61.62. gneur , comme lors que regardant
Pierre il le fitfondrc Qndcs pleurs a-
mérs. Jofeph étant retiré d'un ca-
chot entra pauvre en la Maifon de
Pharaon, mais il enfortit le fécond
après Pharaon. Tels fouvent entrent
pauvres en la Maifon de Dieu, defti-
tuëz de toute Grâce, qui en fortent
enrichis de fa Communion & de fa
paix. Tels crient un peu auparavant!
//
I
I
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145 G 34
Frtv,
le. i4«
SUR PhIMPP Clî T 5-19
i/ f/i' mauvais , ;7^y/ manôais I comme
Salomon le dit de celuy qui veut
acheter , lesquels peu après s'écrient ,
;0 q_u'il cil bon, 'fay Javouré combien
fhternel eji hon l Et combien de
Pcagcrs9 6c de Pécheurs j oudçPç-
chérefîçs dans rEvangile, auflîbien
que ces Juifs raill^surs en la première
^entecôcc^ le iont vus enuninftant ^'"^
•transformez en des Pénitens, ôcdçs
Confefleurs , pour ne point entrer en
miftoiredel'Eglife?
Orheureule aquifition encore une
fois que celle de J éfus ! Gagnez» tout
le Monde , fi vous le voulez , par vo-
tre trafic 5 & par vos vaifleaux , enfin il
fsLUtmouriry&c vous direz alors ce que
l'on ouït dire à l'Empereur Sévère peu
avant fa mort , y^ay ete tout ce que l'on
peut être , mais tout cela ne me fert plus 'j'*"-
■de rien ?na intenant ! Heureux r ideles,
heureux Pauls, quiconfidérentlesa-
prochcs de la mort , & la dijjolutionde
^çe Tabernacle charnel , comme un
Marchand regarde fonVaifleau,aprés
S4
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145 G 34
J20 Le Gain du FidelEj^cc.
un voyage de long cours, prêt de fu
gir heureufement au port! Ce ne
pas mourir, dit nôtre Apôtre , ce n'e
phd. que déloger pour être avec Chrifl , fa
\lltr- a déloger bientôt de ce mienTabertid
r/1.14. ^/^»,difoit S. Pierre. C'eft comme qu
changeroit un logement trille ^^mi
ferable pour un Palais Royal où Toi
doitêtre en faveur auprès du Sou ve
Tain. Et tandis que la mort eft à de
Pharaons ^des Saùls, & à des Judas
la fin de toutes leurs joyes & le corn
mencement de leurs maux, ellecfl
au contraire à des Pauls , & à des A-
mes pénitentes, elle fera à vous &à
moy,la fin de toutes les foufFranccs, &
le commencement du bonheur éter-
nel, en la vifion triomphante de |.
Chrift;
Ainsi soit-i t.
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145 G 34
L A
MAISON DE DIEU
T R O U V £• E
DANS L'EXIL.
Ou
E R M O N
Sur ces Paroles , Gw.:i8. 17.
Oquecelîeuejl 'vénérable! Cen'efticy
' quetaMaifondeT>ieu, &c'efi
la Torîe des deux.
H E R s Frères.
L'Antiquité Chrêtien-
neparlc (buvcnt de TE-
% piphanie , ou de la
Théophaniejqui veut
— — dire le temps des Ap-
paritions , ou bien l'Appnrition de
>ieu. Expreilion qu^elle a empruntée
leTufagedes Payens, qui Içachans
que
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145 G 34
^21 La Maison dt: Dieu
querhomme ne voit goûte danslc
fecrets de la Divinité s feignoyent de
Théophanies, ou des apparitions d
leurs Dieux , tantôt fécrettcs & d
nuit , tantôt publiques & en plcii
jour , mais fous des illufions & de
phantômes , ou fous des figures for
indignes de la Divinité , comme é
toyent celles d'un Taureau, d'unBé
lier, d'un Chien, & de femblablc
Animaux. J'avoue que l'apparitior
de Dieu dansle Buiflbn, autroiliém(
de l'Exode, mérita bien le nom d(
Théophanie. Et ce ne fut pas une pe-
tite merveille^ devoir un Buiflon,
quieft d'une matière fi combuftible,
être tout pénétré de feu , fans en être
confumé. J avoué encore que Dieu
apparoidoit d'une façon majeftueufe
dans le Tabernacle ancien , quiétoit
comme fon Palais vifible, où il don-
noitdes marques de fa gratieufc &
augufte préfence. Mais en l'appa-
rition de Jéfus-Chrift , qui a été la
grande 6c la véritable Théophanie,
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145 G 34
DANS l'Exil. surGen. x8. 17. fij
ç'a été fans doute quelque chofe de
^lus furprenant'de voir une Chair qui
^ft comme Iherbefeche, être tout pc- ^A--
nétrée de celuy qui eft un feu cotifu- ''
Wiant^ fans altération aucune; &dc
voir un Tabernacle mobile, ctvc ha-
bite de Dieu , non pas en figure & en ^ ^
repréfentation , mais en vérité^ cor- 9.*
forellement. Vrai temps des appari-
tions, que ccluy de la Naiflance du
Fils de Dieu, en laquelle apparut/^
^deniîiide des temps , la vérité dçs Ora-
cles, raccomplilTement des Prophé-
ties, Tattente des Fidèles, & l'Ori-
ginal de tant d'ombres ôc de tant de
figures ! Mais auffi la Refurreftion du
Seigneur Jéfus , dont vous avez fo-
lennifc la mémoire Dimanche der-
nier, ne doit pas moins êtreapellée
le temps des Apparitions. Car le Fils
de l'Homme y eft apparu comme Z^» .
:.I<ils de T>teu eii puiffance par la Re-
furredion triomphante. Lepremiei*
tné de Marie y eft apparu comme r*/.t.
premierné d'entre ks mort s, le mort y
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145 G 34
La Maison DE Dieu ~
eft apparu vivant, le vaincuy eftap-
paru viftorieux, le criminel y eftap-
paru juftifié hautement , Thommc
ï ur. d'opprobre y eft apparu comme le Sei-
gneur de gloire i celuy avec quifem-
bloit être éteinte refpérance de fes
pauvres Difciples, leur y eft apparu
en confolation & en joye, & celuy
qu'ils avoient vu déchiré, & tranfper-
cé d'une lance, s'y eft fait voir à eux
avec bien plus d'étonnemenc , que
,^ Dieu ne fe fit voir au Patriarche Jacob
'g!^!!. enlavifion miraculeufe derEchelle.
^* Ouï Peuple Chrétien, c'cftbienau
jour de la Réfurredtion de Chrift,qu'a
été vérifié cette apparition raviftantc
de l'Echelle myftique, quecegrand
Patriarche vit en fonge dans une tri-
fte nuit. Echelle , qui du plus bas
échellon de fon anéantiftement éle-
va alors les efprits de fes Difciples juf-
qu'au plus haut degré de fa gloire:
Echelle pofee à la vérité fur la terre ^
mais qui touchoit déjà jufqu'aux
Cieux , par une prochaine Afcenfion :
Echei-
DANS l'Exil. SUR Gen. 28 17. fîj
chcllc non plus couchée ni pen-
chante , mais drel[ée , fans que rien dé-
formais pût ni larcnverfer,nimêmc
rébranler : Echelle qui de fon bout
touchoit jufqu'auxCieuxy par toutes
les marques de fa Divinité toute-puif-
fante: Echelle fur laquelle les Apô-
tres furent aflïirez de monter un]om
à Dieu 5 en un corps femblablemenç
glorifié j & fur laquelle les Anges de
T>ieii apparurent en ce même jour
mont ans & defcendans ,mont:xtis pour
porter la nouvelle de fa venue aux
Ames triomphantes , &: defcendans
pour luy rendre leurs adorations &
leurs hommages. Certes fi le Patriar-
che jacob après la vifionde TEchelle
fiitfaifi d*un faintraviffementjfi con-
templant le lieu où il venoit devoir
tant de merveilles, il s'écria, O que
ce lieu eft vénérable , ce n'eft icy que la
laifon de 'Dieu, & la Tarte desCieux-,
ermettez, Fidèles , qu'après avoir
vû tout nouvellement en ce même
lieu nôtre Jéfus vivant, non pas en
fon-
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145 G 34
•PI
526 La Maison de Dieu
fonge , mais eu vcme, après Tavoii v
defcendfe vifiblèment fur cette Ta
ble myftiquedans les fymbolcs de f.
Grâce, & le voyans même encôf(
tout prêt défe communiquera nous
en fa Parole 3c en fa Sainte Céne 5 per
mettez quejein*écfie aufîi bien qm
Jacob, enun lièlj auquel j'ay Thon
neurde vous parler pout laprémiér<
fois , O que ce lieu efl vénérable , vrai-
ment c'efl icy la Maijôn de 'Dieu , & h
VortedesCieii
C'efl: bien Kl, jc ui caarttir^ ' '
gage de ceux qui font line conijjarai*
fonde ce lieu avec les lieux défôlôz
de Sion, où l'on ne dit plus. A:
àlaMaiJondel'Eternel^ & où l'on ne
voit plus les Anges dès Eglife s moti'
ter & dcfccndre. Et dans peu de jours,
devans v-t raflemblcr en cette Vil-
le, &encc Temple, tantdejacobs
réfugiez , échappez à la fureur de
leurs impitoyables Frères, &perfé-
cutcz pour avoir reçu ou prêché la bé-
nédiction & le droit kaineffe , vous au-
rez
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145 G 34
^DANSL*EX1L. SUIlGeN.28. 17. fl/
p ez encore un nouveau fujet de vous
icricr , O que ce lieu eji vénérable^
I''ejltcyIaMatfendeTûieUt &laTor^
des deux ! Paroles qui d'elles mè-
nes vous invitent à la vénération de
:e lieu , & à une refpeûueufe atten-
tion. Et veuille la fouverainePro-
lividencC) que nous y reflentions les
mêmes émotions que Jacob renentit
en Bcthet'i que nous y drejjions & em-
braflions la même ^Pierre qui eft
Chrift, que no\^s^ verfîons l'huile
nôtre dévotion & de nôtre reconnoif-
fance , que nous y faflions le même
xœu 5 d*avoir l'Eternel pour ^ieu^ &
que nous fortions de cette Maifon ,
avecla même confolation & la même
. aOTirancc qui parut en ce faint Hom-
l^e, Ainfi foit-il.
Le Saint Patriarche dit donc de ce
^^nagnifiquc lieu, où ilvenoit de voir
' l'Echelle: Que c'^eftun //V« vénéra'
}le 5 ou bien , épouvantable s que c'eft
U Maifon de T)ieu s 8c enfin que c'eft
fa Torte des deux, Dieu venoit d'ap-
' pa-
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145 G 34
y28 La Maison de Dieu
paroître au bon Jacob, auiïi-tôc I
premier effet de cette apparition ei
unefainte frayeur. D'où vient cett
expreflïon, que ce lieu ejl vénérable
ou bien épouvantable \ Car le mo
Hébrieu fignific également ce qui im
prime de la vénération, & de ia fra-
yeur. Et Moyfe ajoute expreflemeni
que f acob eut peur. De fait l'homme
qui fe fent criminel 5 ne peut voir
Dieu 5 ni en contempler la majejie
' terrible y fans crainte & fans frayeur.
Lapréfence même des Rois étonne
ordinairement , & leur grand éclat
nous éblouît. Aullî les Monarques
des Perfes ne fe faifoycnt-ils voir que
rarement , & toutes les Relations
nous apprennent que le Négus des
AbifTins n*avoit coutume de donner
audience que derrière un rideau , que
l'Empereur de la Chine ne fe montre
que dans un éloignementconfidera-
blcjque divers Rois de l'Orient ne
fouffrent pas qu'on les regarde en fa-
ce, que ceux ce Siam n etoyentvûs
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145 G 34
cy- devant qu'une^, fois Tannée ,
qu'encore aujourd'huy avoir vû la fa-
ce du Grand Mogol, eil apel lé par les
fujets, 2lSO\X'^\x la face deTDieti. A
plus forte raifon la vue ou l'apparition
immédiate du Roy des Rois doit*-
elle étonner le pécheur. L'éclat de fa
Majefté eft fifurprenant, fapréfence
fi redoutable, fa voix fi forte &finia-
' gnifique, fa gloire fi grande & fi éclat-
tante, que les Séraphins même en ^^""^
couvrent leuis faces de leurs ailes, que
-les Chérubins baiflçnt la vue fans
regarder celui qui eft au-deflus du
Propitiatoire , que les Montagnes en
fument , que les colonnes des deux
. s'en étonnent-, que les Deferts en trem-
blent, que les Démons en frémiflcnt,
. que les poteaux des fur feils en font é- Heb.
branle;^. Et même des Moyfes&des
Prophètes en font épouvant^ss^gran- bm,^
de frayeur tombe fur un Daniel, & ^
-fur ceux qui font avecluy; J'ay eu ul^i
frayeur de l'orage du 'Dieu Fort , a eau-
fe jc fa hauteffe^ dit lepatientjobi
Z He-^
530 La Maison de Di ru
jf' ^' Helas \ c'ejifaitdemoy^ ajoute Lfaïe""
car mes yeux ont vu le Roy , le l^ie
Zebaoth ! Et non feulement l'ancie
Ifraël s'écrioit, nom mourrons c^r non
avons vu T>ieu^ mais encore un Dil
ciple de la Grâce, furpris d'unévé
nement miraculeux , prie le Seigneii
1"'^" qu'il s'éloigne, dépars toy de moy ^ ca
je fuis un homme pécheur.
Il y a toutefois une grande diffé
rence entre la peur d'un Jacob, ^1
frayeur d'un méchant homme. C'el
que Tune eft une peur de refpeft, Tau
tre d'épouvantement j l'une eft \
crainte d'un Perc & d'un Maître, l'au
tre rappréhenfion d'un Juge&d'ui
Maître irrité j Tune profterne Je fi
déle devant fon Trône, l'autre ei
chafle & en fait fuir un Caïn i ccUe-l.
fe termine enjoye&en confolation
comme on le voit icy en la frayeur d(
yacob , tandis que celle- cy fe termine
en lamentation & en deîéfpoir, té-
moin un Saiil lors qu'il tombe en tern
tout de fon lorig^ ou un Belzatzar
lorj
I %am.
28. 20.
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145 G 34
dansl'Exil.surGen. 28. 17- f?!
lors qu'ayant vu des doigts de main
d'homme écrivans fur la paroy , fon
'^vifage fe change y fes penfées Tef-
frayent, fes mains tremblent, fes ge-
noux fc heurtent, 6c ics jointures de
fes reins fe de (Terrent.
Chofe à la véritéfiirprenante , mes
tres-chcrs Frères ! Dieu honore Ja-
cob d'une vifionraviflante : Iiraflii-
re qu'il luy fera Pere , que fa poftérité
fera comme la poudre de la terre ^ que
les Nations feront fon héritage, les
Cieux fon domicile , les Anges fes
•gardiens, l'Echelle fon apui : 11 le
ralTûre par cette apparition contre les
horreurs delà folitude, contre lef-
froy de la nuit , ou les embûches d'E-
faù, ouïes attaques des Ours & des
Lions , ou la violence des hom mes &
des fcéîerats Mais auflî Dieu fait que
parmi ces mouvemens dejoyefe mê-
lent des mou vemens de frayeur, &
que ce lieu deconfoîation luy donne
de l'épouvante j que ce lieu ^ dit-il y efl
épouvantable ! une frayeur un trePi-
Z 2 ble-
I f. ic
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145 G 34
532» La Maison de Dieu
hlcment étonne tous fes os^les poils de fl
chair en font herïfjezl II plaît d'ordi- '
naire à la Providence de détrempei
fes grâces & fes faveurs. Elle accom-
pagne le plus fouvent fes révélations
-^C'^' falutaires de quelque ^^Af^r^âf^ 5 com-
me vous le lifez d'un Paul 5 fesconfo-
lations de quelque travcrfe , fes béné-
diftions de quelque fâcheux appen-
dice, fes douceurs de quelque amer-
tume, & toutes nos efperances de
quelque crainte , afin que l'homme
ne s'eleve point outre mefure^ &que *
venant à oublier fa condition & les
infirmitez, la préfomption ou iafe-
curité ne le perde. Jemecontente-
ray de l'exemple de ce mêmejacob.
S'il luite avec l'Ange, jufqu'à en a-
voir la viftoire , & une viftoire infi-
niment plus glorieufe que toutes cel- .
lesdesLuiteursdelaGrccc, auflî-tôt *.
Dieu le blcflè à la hanche , 6c il en
^'J*^'^' cloche tout lerefte de fes jours. Si
Dieu luy donne une chère & une ai-
mable Rachel , elle fc trouve fterile.
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145 G 34
DANS l'Exil, sur Gen. 28. 17. 5-35
fi elle luy enfante un Benjamin, la
naillance de l'un eft la more de l'autre »
fii profpéreenla maifondeLaban,
ce n'eft pas fans fâcherie & fans tra-
vail , s'il eftPeredeplufieursenfans,
il y a parmi eux unjofeph enlevé , un
Ruben inceftueux5un Simeon fangui-
naire, & une Dina trop volage pour
fon fexe. C*eft ce mélange des biens &:
des maux, desjoyes&dcstraverfes,
fque non feulement un Jacob, mais
auflî que châque Fidèle expérimente
en fon particulier , & qu'il nous eft
bon même d'expérimenter. Tous re-
çoivent du Ciel diverfes faveurs, 6c
diverfes grâces: Mais elles fe trou-
vent toutes comme les brebis & les
agneaux qui furent le fa/aire de Jacob,
elles font picotées & tachetées ^ il y a
du blanc & du noir, matière de joye
& matière de trifteflè. Toutes nos Ro-
fes lont mêlées d'épines , & tout nôtre
miel a fon fiel. Les richefTes font fui-
vies de foins & d'inquiétudes, les hon-
neurs le font d'envie ôc d'inimitiez ,
Z 3 le
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145 G 34
32.
534 La Maison de Dieu
le fçavoir l'eft de chagrin & de ronge-
ment d'efprit > leseiifans le font de
foucis 6c d'amertumes, lareputatioa
l'eft de médifance & de brèche, les
Trônes même & les Palais fe reflen-
tentdecemélange, &leplusfQuventî
j les vaches grajfes précédent les^^^^i-
gres , & les beaux j:our3 devancent le&
jours triftes & fâcheux.
Mais que c'eftàjufte titre que Ja-
cob apelle ce lieu où Dieu venoitde
luy apparoître , un lieu vénérable y
c'eft-à-dire Iteufaint, lieu digne d'u-
ne dévotion finguliére ! Et de fait les
Palais même des Rois font des lieu
facrez, & d'un profond refpeft, fur
tout les Sales d'audience. Encore au-
jourd'huy dans la Chine, à la feule
vue du Trône Impérial on fe profter-
ne trois fois en terre, &: des figures
de Dragons qui Ten vironnent , & qui
font l'emblème des Barbares n'im-
priment que la crainte. Combien
plus ces lieux-là où Dieu fe tient &fe
manifefte , doivent-ils infpirer le
refpeft 6c la vénération? De là vin t que
les
•
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145 G 34
DANS l'Exil. suflGen. 28. 17. 555'
les Payens entouroyent leurs Tem-
ples de murailles , & leurs Bocages
facrez d'un enclos, pour en empê-
cher une aproclie irreligieufe. Ce
qu'ils avoyent apris cclemble de
Moyfe, & delà ftrudûm du Taber-
nacle ancien, comme auffi entre l' Ar-
che de l'Alliance & le Peuple il y de-
voir avoir unediftance de deux mille
wudées. Aullî lors que Dieu appa-
rut à Moyfe dans le Buiflbn , il luy
:ommanaa d'oter fes Souliers, comme ^'"'^ J'
étant d'ordinaire chargez de bouëôc '
d'ordure, car dit-il le lieu ou tu esefl \f%'
terre fainte ; & autant en fut-il dit à
Jofué , lors que le Chef de l'armée de
l'Eternel fe prelenta devant luy Ain*
.fi voulut-il que le Peuple ic lavât ^{q
purifiât , devant qu il defcendît fur
la montagne de Sinaï , de même qu'il
défendit aux Sacrificateurs d'apro-
cher du T ibernacle , qu'auparavant
ils ne/? fantîifiajjent. Et vous fçavez
tous le châtiment de ces téméraires i sam.
^wiregardérent dans l'Arche de l' Et er- ^'
Z 4 nely
M-
Ex«A<
19.
La Maison de Dieu
nel^ fans aucune révérence , emblè-
me de ceux qui par une curiofité té-
méraire veulent pénétrer dans les fé-
crets de Dieu qu*il ne nous a point
révélez. Enfin tous ces lieux- là que
Dieu apclle fon Temple & fa Maifon
où il le manifcfte en fa Parole & en
fes Sacremcns , où fa Majcfté eft ado-
rée, fes louanges chantées 5 fes mer-
veilles déployées , fes myftéres prê-
chez, êclestréfors de fes grâces éta-
lez, tous ces lieux-là font dignes de
la même vénération.
Remarquez-le bien , Fidèles ,
qu'eft-cequi rend (iÇ,\\Q\xÇ\vénèrable
à Jacob Eneft-ce réclat&lapompe,
en font-ce les richeflès &la magnifi-
cence? Ou bien eneft-ce unepom-
peufe dédicace, comme font celles
des lieux confacrezàia fuperilition ?
Eft- ce peut-être Tlmage de quelque
Saint que Jacob eût devant fes yeux ,
ou bien que ce lieu renfermât quelque
Chiffe, & quelques Reliques J 'a-
voué que c'eftlàce qui fait toute la
véné-
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145 G 34
DANS l'Exil. surGhn. 28. 17. 5*37
vénération, dans une Rome Idolâ-
tre, pour ces lieux où eft peinte TI-
mage d'une Marie , d'un François, ou
d'un Dominique, Se qui renferment
un crâne, un bras, unemaindequel-
■ que Saint prétendu , ou fi vous le vou-
lez, un clou de la Croix, le peigne
d'une Marie, la lanterne d'un Judas.
Ainfi tous les lieux que Rome croit
avoir été fandifiés par quelque attou-
f chement corporel, foit deJ.Chrift,
foit de quelqu'un des Apôtres , ou des
Martyrs , font dés là même ces //eux
^vénérables , dont l'on n'aproche qu'a-
véque dévotion Et parconféquent
la bouche traîtrcflc de Judas, les mains
facrilegcs des foldats Romains, &
plufieurs profanes quifouvent, ont
touché & prefTé ce divin Sauveur, ont
mérité la même vénération^ Jacob
ignore alfûrément tous ces fujets d'u-
ne dévotion religicufc. Il luy fufht
pour trouver Lien vénérable que
Dieu s'y eft manifefté en grâce , & que
là il luy a fait voir fon Echelle^ c'cil-
Z 5" à-di'
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145 G 34
538 La Maison de Dieu
à-dire le Symbole de là proteftion &
de fon alliance.
En la multitude des fonges il y a de la
vanité^ difoitle Sage. Mais icy Ja-
cob s'étant réveillé , eft fort perfuadé
que ni l'Echelle qu'il vient de voir en
fonge , ni la Voix qu'il vient d'enten-
dre 5 ne font pas un effet de fon ima-
gination, ni des vapeurs defcmefto-
mac. Il fe lent frappé tout à la fois
de plus d'un objet raviflant. Il voit
une Echelle qui s'élève d'auprès de
luy qui fort par manière de dire de lès
reins, ôcquien même temps touche
le Ciel 5 & tient à Dieu par fa partie la
plus haute. Il voit l'emprelTement
avec lequel les Angesmonteyit & def-
vendent fur cette Echelle, qu'ils en-
vironnent, qu'ils contemplent, qu'ils
admirent, & qu'ils rri!,ardentjufqu'en
bas. Il remarque qu'eile remplit ce
grand abime qui nousfèparco. t eu,
qu'elle rend le Ciel acceflîbic, Cou-
vre le chemin au Trône de la Grâce.
11 ne voit qu'une leuk Echelle, &
dont
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DANSL*EXIL^ SUR GeK. 28. I/. f^f
dont mille Tours de Babel , mille
Sinaïs, mille Sions, ou mille Mori-
jas , ne fçauroient égaler ni la ferme-
té ni la hauteur, pour élever Thom-
me jufqu'au Ciel. Il la voit encore
drefjee^ en forte que ceux qui mon-
tent & qui defcendent , qui s'apuyent
fur elle, qui la tiennent ferme, ne
craignent point d'être renverfez. Il
aperçoit qu'elle ne s'élève que par dé-
grez & par échellons, comme il y a
eu dés la naiflance de rEglifedesdé-
grez de lumière, de révélation, de
grâces, &d'acheminement aux efFets
des promefïes falutaires. Il admire
comment cette Echelle tantôt s'abaif-
fe , enfe pofant fur la terre , tan tôt fc
rehauflè, en s'élévant /«/^«'^« Trô-
ne de la Gloire. Il voit (\ucl' Eternel
fe tient au deffus d'elle-^ qu'il préfide
à tous ces Myftéres , que c'd^l' œuvre p/ins.
deT>ieu & une œuvre tout à fait «^é'r-
'vetlleufe. Lors aufli que Jacob fe
croyoït être feul , il voit que l'Echel-
le, que les Anges , ^ que l'Eternel
Z 6 mê^
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145 G 34
^4o La Maison de Dieu
même ne font pa^s loinde luy ^ l' Eter-
nel ejl en ce lieU'Ci i &je n'en ff avais
rien ! Il eft encore tout furpris , de
voir que Dieu a foin de luy, & qu'il
veille pour luy, lors même que ce
pauvre Jacob s'écant endormi nefon-
geoitniàDicu, niàfoy-même. En-
fin lapromede que Dieu renouvelle,
& qui avoir déjà été faite à Abraham
&à Ifaac luy eft une preuve infailli-
ble quec'eft hitnYkP Eternel ^ dont
FA/, les confeils décrétez, fe trouvent la fer^
' ' mete même , & qu i fait point retour-
ner fa parole en arrière. Apres quoy
il ne faut plus s'étonner du ravifle-
ment de Jacob, ni chercher ailleurs
Jacaufe de cette expreflîon, Oqnece
lieu efl vénérable !
Mais je vous prie , mes Bien-nimez,
quel étoit ce lieu fi vénérable Où eft-
ce que Dieu fe communique de la for-
te au bon Jacob? Ce ne futpascom-
;nie vous le voyez dans un fuperbe
Temple, ni dans un magnifique Pa-
lais, ni dans une fomptueufç Bafili-
que.
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145 G 34
dansl*Exil.surGen. 28. 17. jf+ï
que. Ce fut en un trifte défert, af-
freux par les obfcuritez de la nuit, &
épouvantable par la folitude. CePa-
ftriarche n'y avoit pour compagnie
i:que des bêtes fauvages s car le Lion
\xie cherche la proyc que de nuit, il
n'avoit pour proviiion qu'un peu
d'huile 5 pour défcnfe qu'un b iton ,
pour lit que du gazon ou du fable ,
pour chevet qu'une p/erre , pour flam-
beaux que les Etoiles du firmament,
pour couvert que le Ciel, pour hô-
tellerie qu'une ralè campagne , étant
logé véritablement à l'cnfeignedela
Divine Providence. Voilà ce lieu fi
'uénérablé où Dieu fe manifefl:e à l'exi-
lé Jacob ! Preuve authentique, que
Dieu n'attache point fes grâces à la
fomptuofité des Temples, auxorne-
mens des Autels , à la pompe des Pro-
cédions, à la magnificence des Pré-
lats, à la pourpre des Cardinaux, ni
à la gloire des Pontifes, qui fit dire à
un illultre Payen du temps de Damafe,
Faites moy Evequede Rome ^ o'jeme ^ur-
Z 7 ferajHUror
i
I
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145 G 34
I Sam.
l6. 7.
542 La Maison de Dieu
feray Chrétien, Belle leçon , que Dieu
n'a point égard à Textérieur, nïàce
qui ejl devant les yeux , ^ qu'une ché-
tive grange, une miferable hutce,
une foreft épaifle, luy eft fouvent
plus agréable que ne le font les bati-
mens les p:us fuperbes , témoin les
cimétiéres affreux des prémicrs Chré-
tiens, bien y>^\xs vénérables c^uç. ne fu-
rent jamais lesBafiliques des Con-
ftantins , des Théodofes , & desj ufti-
niens. Exemple fortconfolanten nos
jours, par où l'on voit que le fervice
de Dieu peut être fait en tout temps &
en tout lieu, qu'il n'eft point attaché
à un Tabernacle matériel, ni à une
Jérufalem tcrreftre, qu'en voyageant
comme Jacob, ou qu'en fuyant des
injirumens de violence Se des cruels
Efaùs , une Campagne , un Bois , un
Défert, une Caverne » un Bateau , un
Coche, peuvent être fon Temple, &
le lieu de nos dévotions & de fes com-
munications gratieufes.
Nous pouvons mêmedire, Chré-
tiens
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145 G 34
dansl'Exil.sur.Gen.28. 17. 5'45
cns, que Dieu le communique plu-
ôtcnunlieudérert, en une trifte fo-
litude, en un cabinet fermé, en une
place de retraite , qu'il ne fe commu-
nique dans les carrefours , dans les
lieux de tracas 5 & dans les places pu-
bliques. Et ces lieux fi 'vénérables fe
^trouvent fans comparaifon plutôt
Bdans l'exil & dans la fuite, loin de
^peerfébah ^ loin d'une Mai fon pater- t s^r»,
^^elle, j'ajoute en un lieu de louffran-
:es, en un fombre cachot, zu fond
^'unecaverne y fur un banc de forçat,
.oubien fur unlitdem.iladie, ^dans
line Mailon de deuil, qu'ils ne fe
[trouvent dans des Villes flonlïantes,
en des Cours pompeufes, en des Pa-
rais fplendides, en des Maifons de
Iprofpénré, & fur des couches parfu- Prov.j.
mées de Myrrhe , d'Aloé , & de Cina- '7-
mone.
Le Prophète Royal parlant de bâ-
tir une maifon àTEternel 5 Dieuluy
répond par la bouche de Nathan , Me ^
bâtiroM'îu une maifon afinquefyha-i^ 5-
bïte ?
544» La Maison de Dieu
Ï^fi4. bite? Comme s'il eût dit, jen'habi"
B.66 P^^^^ Mat fons faites de mains -,
' les deux font monTrône^ & la terre
eji le marchepïé de mes pieds , quelle fe-
roit la maifon que tu me bat trois , é*
quel fer oit le Iteu de mon repos? Ce-
pendant rEcriture Sainte parle Sou-
vent de lamaifon deT>ieu<, & Jacob
dit en cé t endroi t > Ce n\fl icy que la
maifon de Dieu ! La chofc eft éviden-
te, Dieu n'a point de «//î//2?;/:\ parler
proprement, point de demeare qui
Je renferme, comme fut la maifon
Royale de David ou de Salomon. Et
de là vint que Xerxes étant entré dans
la Grèce, démolit tous les Temples,
&les reduilit en cendres, difantque
les Grecs renfermoyent leurs Dieux
entre quatre murailles , & que tout le
Monde étoit fon Temple & fon do-
micile. Il ell vray que Salomon
r$*m, voit bât ir une maifon àfo7i Nom y dans
7- '3- l'enceinte de Jérufalcm, mais qui fût
jy,„t, la figure de fon Eglife ({n'Aachoifie
"•5- pour y mettre fon Nom. Etc'ctoitdans
une
DANS l'Exil. surGen. 28. 17. 54^
me vue bien différente de celle des
xhgieuxdch Mecque y avant la Sec-
de Mahomet , qui croyoyent la Di-
inité renfermée dans leur J^HUy &
jans leur Temple, & n'en fortoyent
jamais. Auflî eft-ce par une raifon
particulière que Jacob apelle icy /a
^ mai(on de T>îeUj ce lieu tant vénéra-
^ble 5 qui luy avoit paru en fonge com-
leunvafte Palais du Dieu de fes Pè-
res. Palais dont la Providence étoit
:omme Tenclos & la muraille, donc
Iles Cieux étoy ent comme le couvert ,
les Anges comme les Domeftiques 6c
I les Officiers , TEchelle comme un
Efcalier qui menoit jufqucs au haut>
& la vifion qu'il avoit eue comme une
lumière rcrplcndillante , s'y voyant
de plus traittéde Dieu en fils & en
enfant de la Maifon, Voicyje fuis avec
îoy^ luy dit le Dieu d'Abraham 8c
d'Kaac, & je te garder ay far toutou
fuiras.
Chers Frères, tous ces lieux où
Pieu apparoît en grâce , où il fe com-
mun!-
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145 G 34
546 La Maison de Dieu
munique, où il parle, où il agit en
Pere, où il difpenfe fes biens & fes
faveurs, où il reçoit nos adorations
& nos hommages, félon le ftyledes
Ecritures , font la maifon de T)teu.
Auflî Jacob en fuite de cette appari-
tion gratieufe pou voit bien dire , c'ejl
icy la maifon de T>ieîL Et de là vient
que le Tabernacle de Moyfe ^ du de-
puis le Temple de Salomon furent
apellez la maifon de Dieu. En effet
Dieu s'y manifeftoit à fon Peuple, fa
gloire fe découvroit fur le Pavillon ,
îa majeftueufc préfence s'aperce-^
voit au Sanftuaire, il y étoitcomme
féantfurle Trône de grâce, il s'y te-
noit entre les deux Chérubins, il y
montroit le vray propitiatoire , il ren-
doit de là fes Oracles, il y recevoit
les hommages de fonlfmël» ilyflai-*
roit Todeur des facrifices ^ des par-
^- fums,. ^defespansihtmpliffotttoM'
te cette augufte Maifon. Même les
trois parties dont elle futcompofée,
favoir les Parvis, le Lieu Saint, &
le
DANS l'Exil. surGen.28. 17.
le Lieu Tres-faint , reprefentoyent
admirablement le Monde, TEgiife,
& Iç Ciel, qui font les parties dont
p eft compofé ce grand Univers , de
mémo que la Nature, la Grâce, & la
Gloire, font comme les trois lieux
où il exerce fon régne , & où il dé-
gjplpye fes tréiors.
H Et par la même raifon tout lieu qui
Rft dédié à fon fervice, tonte Cham-
m hre haute ^Cimçtiérc , Temple , Cha-
' pelle , tous lieux d'Aflemblées fain-
tes, font wéritzhlcmcnt la Mai fon de
T>teu. Carilfe trouve là au milieu
1 defesEnfans, c'eft là qu'il leur parle
W parfosferviteurs, qu'il écoute leurs
^ voix, qu'il exauce leurs prières, qu'il
j^reflè (a Table, quil diftribuë Ion
j^ain , qu'i? prefente fon vinmixtion-
néi & qu'il nourrit les Sions de la pâ-
ture de vie , de de ia manne cachée.
Aullî les Chrétiens apellcrent-ils
leurs Temples des Bajlliques , c'eft-à-
lire des Maifons Royales , des Palais
le ce grand Roy , ou bien d'un autre
mot
PfâVm
ij. 5.
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145 G 34
548 %jA Maison de Dieu
j^^f-- mot Grec qui fîgnifie Mai fondu Sei^
gneuT , mot qui a paflë aux langues
Saxonne, Alcmande, Belgique,
fignifie Temple , ou Eglife. Etdelà
vient auffi que TEglife deDieuefta-
pellée fi fou vent fa Maifon. Maifon
où ce grand Pere de femille comman-
de, où fcs chers Enfans fe trouvent,
où il gouverne par fes Oeconomes,
où il inftruit par fcsMmiftres, où il
conduit par fonEfprit, où il éclaire
par fa parole j mais auflî où il châtie
de fes verges, où il fe fait également
aimer 6c craindre, où il fait fentir
tantôt fes faveurs ,& tantôt fa colère,
où il déployé tantôt fes châtimens &
Tantôt fes grâces, tantôt un vifage de
Pere, &tantôtun vifage de Maître.
Maifon qui eftbien diiierentcdccel-
^.*gf** le de David , où ni les aveujrles ni les
boiteux n*avoyent point d'entrée ;
bien différente du Palais d' Affuérus ,
ff ^' où il n*étoit pas permis d'entrer à
ceux qui étoyent vétm d'un fac ^ ^
fort oppofée à toutes les Maifons Ro-
yales,
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145 G 34
DANS l'Exil, sur Gen. i8. 17.
aies, où Ton ne voit que pompe &
quefafte, puisque Dieu bannit l'un
& l'autre de fon Eglife, 6c demande
lafimplicité & l'humilité.
Ajoutons , Peuple Fidèle , que tou-
te maifon religieufe , toute famille de-
vote 5 peut être dite la Maifon de
T^ïeu , où il habite en fa grâce. Je
parle de ces Maifons où le Seigneur
|fl: reçu comme il le fut dans la maifon
3'un Z^achée , & d'une Marie j où fon
Arche cfl: logée , comme elle le fut en 6
la maifon de Hobed-Edom i où fon "
Alliance eft entretenue, où fes bien-
faits font reconnus, où la charité cft
exercée, où les enfans font inftruits
difciplinez, où retentilîènt la leftu-
re de la Parole, les Pfeaumes , les Can-
tiques, & les Orailons. il y a plus i
tout cœur fandifié , toute amepieufe,
eftcomme le Temp'e, ieSanftuaire,
la Maifon o\xV>'\c\x fe plaît, où il loge
• fonEfprit, où il place fa grâce, où il
tablit fa paix, où il faitfentirfapro-
cftion , fa joye > & fes confolations
ravif-
5^0 La Maison de Dieu
ravifîantes, fî quelqtCun oit ma voL
f entrer ay vers luy^ & fouperay ave
luy , à* luy avec moy. Ce qui paroi
évidemment , lors que fEteriiel ej
nôtre crainte j lorsque les fouillure
de la chair font bannies, les entrail
les de la charité émues, lés blafphé
mes abhorrez, les Icandales déplo
rez, riiypocrifie déteftée , & celan
M.îî gage ouï de tems en tems, jepren.
ty&c, pijiijiy. Tout'puijfant , V élever ay m ^
face vers T^ieu^ & je le flèchiray pa) \
mes prières , mon pié a tenu [on chemin, j
fay fetré les paroles de fa bouche ^ ^ "1
je ne me fuis point retiré du comman -
dément de fes lèvres. \
Après cela Texpreflion de Jacob i
-n'a plus fien de furprenant. Et ce i
nom de Mai fonde Dieu -y ou de Be-
thel^ qu'il donne à ce lieu de vifion,
a été fameux dans la fuite en la Répu-
blique d'Ifraèl. Maisauflî nom trifte
par un changement lurpreric nt qui
arriva depuis , & par un ibu venir fu-
nefte! nom qui nous aprend que des
Be^
I
i
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145 G 34
^ dansl'Exil.surGen. 28. 17. 551
WBethels peuvent eflrc changées en
Hes Bethavens , & des mailons de
^)ieii en des maifons d'iniqui-
rj^. Car ce même lieu que Jacob
a pelle icy la mai f on de 'Dieu , s*eft vu
^u teras de Jéroboam le fiége deTI-
lole, ôcla maifon du Démon. D'où
iennent ces inventives fréquentes
[es Saints Prophèt es de Dieu , qui au
[ieu de Tapeller i^^/^ -^'Z la qualifient
H th-aven , comme vous le voyf z au
juatriémc au cinquième des Révé-
lations d'Olée. Et de fait Ton a vii de
jout tems les lieux les plus faints &
les plus vénérables , élire changez en
fuite en des lieux d'impiété & de pro-
Fanation. Il n'y a rien de ilable (bus le
FoleiK rien que le tems n'altère, & que
le fiécle ne corrompe , non feulement
lans le Mondejmais auffidans l'Eglife
de Dieu. Lt c'eft pourquoi les Anciens
joignoyent dans leurs Médailles une
Roué au pié d'une Colonne, pour
narquer les révolutions des chofes
[les plus ftabics en apparence. N'a-
t-on
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f ^$1 La Maison de Dieu
t-on pas vu une Jérufalem lafainte
changée en uue 'ville meurtrière , &
en une féconde Sodome : le Tempk
de Dieu changé en une caverne de bri-
gands , Je heu du Sanftuaire en ur
^ heu d'abominations ? Comment la
»i!ziî* Cité loyale eft-elle devenue V ai llar de ^
^ celle qui étoit pleine de droiture , efi»
elle maintenant pleine de meurtriers.
Ces mêmes lieux où le Sauveur du
Mohde a pris fa naiflance , où il a fouf-
fert fa croix , où il eft forti glorieufe-
ment du tombeau, que font-ils au*
jourd'huy (i ce n'eft aes monumens
déplorables de la vangeance du C iel ,
ou de ladécadancedu Chriftianifme,
dégénéré en fuperftition & en Idolâ-
trie? Que font devenues des Byzan-
ces, des Alexandries, des Antioches,
desCéfarées, & toutes ces Eglifes de
TAfie, Ephéfe , Smyrne, Pergame,
Thyatire, Sarde, Philadelphie, Lao-
dicée, ou bien les Eglifes de Corin-
the, d'Athènes, de ThefTalonique , de
Philippcs, & une infinité de fembla-
bles ?
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145 G 34
DANS l'Exil, sur Gen. 28. 17. f fj
bles? Elles furent autrefois des Bc-
îhels^^ elles font aujourd'huy des Be-
thavens, autrefois des Eglifesliorif-
fantes, aujourd'huy de miferables Sy-
agogues, autrefois des Maifons de
leu, aujourd'huy desMofquéesdc
Mahomet , & ce qu'il y refte de
Chrétiens eft plongé dans le vice ou
dans Tignorance. Ainfi a-t on vu une
Rome Apollolique, changée en une
ome apoftate , & le fiége des Servi-
eurs de Chrill, enceluy deTAnte-
hrift , comme il ne fe vérifie que
rop. Maisheîas! combien d'Egli-
fes Réformées quiparoiHent aujour-
d'huy difformes , combien de ces
aïfons de T^ieu^ qui ne font plus
aintenant que de triftes Deferts , ou
es Temples de l'Idole , ou des Con-
ents de Moines, ou des rapaires de
ragons , ou des lieux que des bandes yfi^f,*
e Brigands ont environné , par qui
es Sacrificateurs exploitent leurs mè^
hans dtjjeins , &c qui même réjouïf-
I nt les Rois par leur malice,
A a Auflî
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ÊÊlk
554 La Maison de Dieu
Auffi eùr-il mieux valu , que I
Bétbel àc Jéroboam, oùfutdrefleh
veau d'or, n'eût jamais été VàBêthe
de Jacob. Les plus beaux noms, &
les plus illuftres origines, neferveni
fouventqu'à condamner & qu'à con
fondre. Jérufalem auroit moins ér<
criminelle, fielle avoir moins éré ur
Mcudevijîon^ 8c été moins avantagée
de Dieu. La chute de Pierre auroii
été moins furprenante, fi le Fils de
Dieu ne luy eût pas dit, Tu es "Pierre:
il faut que ta fermeté réponde au nom
que tu portes. Ce Moniire qui fût
le premier de tous les Papes qui chan-
geafon nom de Baptême, fçavoirlc
nom d'06iavian , en celuy de Jean .
^à^^n, ^ |ç Cardinal Baroniusa-
voué avoir été l'' exécration de Dieu
ér des Hommes , n'cut-il pas bonne
grâce , comme le même Cardinal le
remarque, de vouloir être proclamé^
en vertu de ce nom, Voici un homme
envoyé de "Dieu quia nom JEAN!
Et pour ne rien dire de tant d'impi-
toya-
Jean l .
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145 G 34
DAN sl'Exil. sur-Gen. 28. 17. SSS
:oyables Clemens-^ ou de cruels Bo-
ùfaces^ ou de maudits Benoits , ou
le luperftitieux 'Pîes^ ou de lâches
Uexandres ^ ou de v^dncz Innocens j
leferoit-il pas bien mieux féancàla
louvelle Rome de fe glorifier moins
lu nrvm & des titres de l'ancienne , &
le faire moins valoir Z^» Siège de Vier-
tandis qu'onyvoitle contrepié
le la doibrine, de riiumilité, ôcde
la Sainteté de Pierre? Aulîî trouvé-je jj^'^^-^
[ueces Barbares dans l'Afrique, n'ont ni. le
las eu tant mauvaife raifon , de pren-
Ire des Noms qui lesfiflent reffouve-
^■îirde leurs imperfeftions&de leurs
Wléfauts, comme on Ta remarqué des
' habitans de la vaftc Province de
Borno.
W Mais Jacob n'en demeure pas à la
W^Maifon de 'T>ieUi il dit encore de ce
K lieu fi vénérable, que c'eft la Porte
P des deux. Cette Forte, comme il
Tapclle, n'étoit remarquable 5 ni par
fes furfeuils & fes poteaux , ni par fes
>iliers ôc fes colonnes , ni par fes por-
Aa 2 ches
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145 G 34
i^jô La Maison de Dieu
ches & fes voûtes, ni par Tes niches
ou fes entailhires de Chérubins ^ ni par
6.^1' fes pont-levis&: fes gardes, ni partout
ce qui rend les Portes des Temples &
des Parais auguftcs & magnifiques.
Cependant c'elt là à fon avis la 'Forte
des Cienx^ ou du grand Palais dek
Divinité ! EnefFer, mes tres-Cbcrs
Frères, ilvenoit de yoirlà JesC eux
ouverts? & Dieu le tenir à cette ou-
verture 5 comme à la Porte de Ion Pa-
lais. Car Dieu s'éto't montré. &s'é-
toit fait ouïr à ce Patriarche s du / afit
de l'Echelle d'où il conduit tout p ir fa
Higeffe&: exécute tout parfapuiflan-
ce, tandis que les plus grands Mo-
narques ne fe trouvent qu'aux plus
baséehellons. C'étoit encore par cet
endroit, comme par une "^Forte qu'il
venoit de voir les Anges entrer & Ibr-
tir, 'tant ceux qui montoyent, que
ceux qui defc.endoient. Et même par
tout où fe trouvent ces bien-heureux
Elprits, quifont la figure des efprits
purilic^, des cœurs iandificz , &dé-
tachw^
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145 G 34
L DN ASL*ÊxIL.Si;rGéN.28. 17. ff7
rachez delà terre, ou dégagez de hi
laciére, là eft Véritablement A'/;^>(?r-
'des deux : Au contraire où fe trou-
ve une légion de ^Démons , ou bien une
lésion de convoitifes infâmes & de
pallions criminelles, là efl: la porte
les Enfers.
Porte des deux encore^ parunau-
^reégard, puisque rtxheile myllé-
»ieule, qu'il vcnoit de contempler,
aboutilloit au C ici. Cette Echelle
l'étoitqiic remblemedu Mefiie , ou
lu F/ls de l' homme ^comm^i Ta exp 1 iqué
depuis non pas le MaHre^ jonge^r , ^
mais le Maître des fongcs, tels que ^9-
Fut celuy dejacob. Par tout où Dieu
drellé cette Echelle, en traitant une
illiance de Grâce, en publiant ics
^racles &: les promcflcs , là s*elî: trou-
"Vée la Ma if 071 de 'Dieu , l'Eglifcdc
Jciùs-Chriii Maisaufli làfe trouve
' la vraye "Forte des Cieux-^Nuhie vient j,f.,
m F ère , nuhi entre , finon par celuy 6.
qui feul eft Z^' chemin , & la porte^ mais
me porte étroite par où peu de perlon- 7- h-
Aa ^ ncs^
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5f8 La Maison de Dieu
lies carrent. Celle du Paradis fut fer-
mée par lepcchc. Ilfe fit un grand
abîme entre le Ciel & laTerre. La
f-ifi. 9- Loy a cac he encore /e chemin des lieux
fainîs. Un double ea a défendu
l'entrée, qui n'a été permife qu'au feul
Souverain Sanftificateur. Ce n*efl;
donc quepar rEchcUe, Reparla Por-
te niyftique , que le pécheur peut
avoir accès à ces auguftcs lieux où
Dieu habite. Et à bien confidérer la
diftance qu'il y a entre le Dieu de la
gloire, & l'homme criminel, il y eut
delà folie en ceux qui élevèrent une
Tour pour fe frayer un chemin jui-
qu'aux Cieuxi & ce fut un aveugle-
ment étrange en ce Peuple, qui crut
de pouvoir y monter d'un Sindï ou
d'un Morijah. La Tour de B ibcl ne
fut qu'une rtpréfcntacion des fauf
Religions, forgées par Tefprit de
rhomme i Le Mont Sinaï ne fut qu'u-
ni-^* ne figure de la Loy, qui engendre la
terreur & la fervitude, & lesfacrifi-
ces de Morijah ne furent que les
té-
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145 G 34
dansl'Exil. surGen. 28. 17- 5- 5-9
témoins du péché & de la mort.
Aulîî cette Torte des Cieux^ que
acob regarde avec admin.cion , Fut-
elle figurée depuis par la porte duTa-
ernacle , où s'immoioyeut toutes les
victimes , & où Icfailbyenr toutes
les propiciations. La porte du Temple ^^^fl\
encore qui écoit de bou d' olivier^ rym-» '
bolede reconciliation & de paix, en
fut un autre emblème Nousdevons
dire le même de ce Voile qui cachoit ^^^^^
le lieu Tres-faint , mais qui s'etant
fe7idti en deux^ à la mort de Jéfus-
Chrill, ouvrit le chemin au Trône
delà Grâce, lime fouvient encore
de cet Oracle de Michée , ils fort iront
par la 'Porte leur Roy paffera devant '
eux^& V Eternel fera a leur tète^ ce qui
s'aplique très- bien à cette porte falu-
taire. Èt s'il fut dit au Prophète
Ezechiel, de la porte du San£luaire,
Cette porte-ci fera fermée^ ^ ne fera ^'^^.f ch.
point ouverte ^ & perfo7ine n entrer a
far elle , nous devons dire le contrai-
re de cette Porte des Cieuxj qu'elle
Aa 4 cft
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145 G 34
5<5o La Maison deDieu
cûûuveruhtous les vrais Jacobs, &:
Ti' cil jsLmais fermée anx ames pénicen- \
tes. 1
Heureux Patriarche ! Il elT: exilé ^
delamaifon defonPere, &Diei]luy i
^,ir. montre le Ciel, comme une '
donc luy même eji l'archite&e & le \
hàtijfeur. Les portes de Luz & de 3
Beerfebaîi font fermées pourja.ob, \
il fe trouve comme au Faubourg de \
la Cité celefte. Une hôtellerie luy |
manque, &il eft logéfans y penfcr en i
la maifon de l'on Dieu. Il e(l abandon- \
né des hommes , & il fe voit accom- j
pagné des Anges. 11 ietrouvefans \
eonfolation & fans apui, félon le \
monde, &Dieu vient être faconfo- j
lation &fa défenfe. Il fe voit dans \
une nuit obfcure & affrtufe, le Ciel i
fait l uire furl uy fa / pleiidear , q u i d i f- "
fipe toutes fes tranfes, comme cette
' ' ' lumière qui refplendtt fubitement dans
la noire prifon oii étoit St. Pierre.
Vraye Porte du Ciel là où Dieu fe |
communique en h grâce , foit par les ,
bien.»
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145 G 34
èienfairs & Tes faveurs, foie par fes
châtimens & fes épreuves! S'il cft
vray que de l'une & de Tautre maniè-
re Dieu nous ouvre fa porte , pour qui-
ter le monde , & pour nous aprocher"
du Ciel.
Rem.arquez-le bien Fidèles , Jacob'
fe t ro u V e dans u n e m i fé rab 1 e fo ] i t u de,
parmi des Serpens, & desScorpions^
& d'autres bêtes dangcrcufes , cepen-
dant celuy efl: l'a la porte des Cteux.
Nous pouvons dire le même de TE-
côle des afflictions. Dieu ne nous
^ fait voir fouvcnt qlle des Scorpions^
ou des verges qui ont l'apparence de ^^od.
dragons, comme fut celle qui fit"^'^*
prendre la fuite à Moyfc. Nous n'a-
percevons fouvent tpic des objets
d'horreur & qui donnent de Tépou-
tante, que des fléaux & des jugemens
terribles, quedesperfécutions &:des
croix, que les menaces de ia dernière
[uïne & de la dernière mifcr Sou-
vent il n'y a pour le fldcle que pau-
vreté 5' qu'opprobre, que maladies v
Aa 5 quo
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145 G 34
5^2 La Maison de Dieu
quefoiiftrances. Ilfemble véritable-
ment que ce foit là la porte des En*
fers, mais iHe trouve enfin que c'eft
la porte des deux -y & comme une E-
chelle pour monter à nôtre grand
Dieu &: Sauveur. Il fembloit bien au
Peuple d'Ifraël que la Mer rouge fut
un goufre qui les alloit abîmer, ce-
pendant elle luy fut comme une Por-
te, comme un lieu de paiïage pour
fortirdc TEgypte, 6cpourtirer vers
la Canaan. C'elt ainfique cefunefie
lieu où on lapide Etienne, Icsécha-
fauts où Jaques & où Paul font déca-
pitez, les bûchers où font liez des
Polycarpes& tant d'autres Martyrs,
les cachots & les galères où fouffrent
tant de généreux Confefleurs , les
barrières par où ils entrent pour com-
batrc des Lions &: des Tigres, que
nôtre fiécle a changé en des Couleu-
vres & des Dragons, vraye image de
la Bèîe^ &: ûu Strpcnt ancien^ tout
cela n'eftà ces ames intrépides que la
Tortedi's Cieux , & l'entrée du Para-
dis.
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145 G 34
DANS l'Exil, sur Gen. 28. 17. 5-63
is. jufqueS' là que Ton peut apeller
a porte des deux la Croix d'un bri-
gand , réchelle d'un malfaiteur , <Sc
réchaf iut d'un criminel 5 s'ils prient
'aulTi bon cœur que fit ce brigand de
l'Evangile, s'ils pleurent aulîi amè-
rement que fit S Pierre, & s'ils re-
connoiflenc leurs crimes avec lamé-
.me fincérité, que fit ce Péagerqui
ianglotant ^frapant fa poitrine n"o-
foit pa^s élever [es yeux vers le Ciel. Ce
n'efl: pas auffi lans myftére , que ces
deux chofes font icy jointes , la Mai-
fon de 'Dieu ^ la ^Porte des Cieux; En
etfet, perfonne n'entre dans le Ciel
que par h Maifon de Dieu , ni dans
le Paradis que par l'Eglife, l.tc'eft
l'Echelle myftérieufe, ïçavoir Jefus-
Chrifl: qui joint Tune avec l'autre. Les
Juifs n'entroyent dans leLieuTres-
\ faint, que par le lieu Saint, ni dans
[ celuy ci que par U Porte quiétoitau
[ devant du Tabernacle. L'Fpouleau
I Livre du Cantique n'entre dans la la-
I ledufeiUn, dedans le cabinet de l'E-
[ Aa 6 poux,
)"04 La Maison de
D
lElî
poux , qu'après avoir traverfé les
rues dejérufalem, avec bien delà
peine & du combar. Cen'eft que
dans l'Eglife de Jéfus-Chrift que fe
-trousc le chemin qui mène au Ciel:
Comme ce ne fut que dans l'Arche ;
que Noé trouva fonfalut contre les
eaux du Déluge , 6c comme ce n'étoit
que dans Jérufaleni qu'étoit l'entrée
au Tabernacle. Au contraire pour
trouver la porte duCiel^ il fautfortir-
néceflàirement du Monde, &: de la
fauïïc Eglifci C'eft là cette impudi^
qucSodome d'où il faut que Lot for-
re , mais non pas fans -que Dieu ///y
7npoigne la maïn^ 6c l'en retire lu/
mêrne par fa grâce efficace : C'eft là
cette Caldée Idolatre^qu'il faut qu'A-
braham quite avec une réfignatiçn
parfaite: C'eft cette malheureuie E-
gypte dont il faut qulfraël fecouële
jojg, pour a\ oir part aux promefles
de l'Alliance; C'eft enfin cette exé-
Gr:^-ble Babylon , de laquelle s'il eft dit
[ûMx^deBabjUn morh Teuj>le^^Rn que
VOUS-
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145 G 34
DANS l'Exil, sur OrK 2 8. i"r. ftTf
''tous ne participiez m àfcspéchezj
nia fesplaycs. Et file bon Pierre ne
fut forti bien vite du Prétoire de Pilan-
te, ^Ycc des pleurs amers i ilcouroit
grand rifque de s*endurcir dans Tapo-
Itafie, & de périr avec les Juifs im-
pénitens.
Mais comment difcerner la vraye
^glîfe d'avec la fauile , ^la Maijbth
dc'Dieu d'avec celles c^ui en portent^
le nom à faux titre ? JSJôtre Texte
Ivous l'aprend, & celle là feule eft la-
Maifon de Dieu , i^Eglifedu IDieu vi- \.
^ant-i où fe voit drelîëe la véritable
l'unique Echelle , par laquelle nous
fllonsàDieu ; C'cft là où fc trouve
ta forte ctrohe-, par laquelle peu do
)erfonncs entrent, & point du tout
cette multitude de Peuples, &de
Nations ///r lefqttelles la grande Pail- ^p,c.
larde eliaffife : C'eft encore là l'Egli- ^^-^^^
^fe de Jéfus-Chriil:, où le Ciel n'c^cou-
jers qu'aux ames repentantes &: blan-
'chies au fang de l'Agneau j où l'on ne
irceperfQnned'enrrerj qu^avecune
A a 7 fam-
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145 G 34
^66 La Maison de Dieu
faince 5c une douce violence ; où l'or
n'entend que h voix de Dieu, qu.
non > parle en fcs Oracles, oùh por-
te eft ouverte, non pasàTéclat dei
Dignitez , à l'oifiveté des Cou vens r
lagraifle des Bénéfices, aux avanta-
ges de la Terre, mais plutôt à h mi-
fére des exils, à l'horreur des cachotSj
aux chaînes des galères, à la rigueur
de. periécutions, & à la cruauté des
fupplices.
Peuple Fidèle, qu'une Rome Ido-
lâtre apelle tant qu'il luy plaira la
Bicnheureufe Vierge , la Torte dts
deux ! Qu'elle lacroye avoir été fi-
gurée par Echelle de [acob , ou bien,
qu'elle fe forge deux Echelles y l'une
Blanche, falutairç, figure de Marie,
qui ne renverfe jamais , au contraire
de l'Echelle Rouge, qui leur cil la fi-
gure de J.Chrill! Que la Chaire pré-
tendue de Pierre, le fiége des Papes,
la Porte du Vatican , foit encore crue
être la Torte du Ciel , la Torte des
Nationsy le Lieu vénérable ^ & le Lieu
Samty
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145 G 34
DANS l'EkIL. sur Ge^T. 18.17. 567
Saint donc la vifite vaille bien des
Indulgences, 5c bien des Mérites!
Qiie Rome ouvre ^ ferme le Ciel
comme bon iuy femble, qu'elle l'ou-
vre à 1a fupcrftirion & à Tidolatrie , &
le ferme à la vérité & à la fimplicité de
rEvangi'e ! Qu^elle ruine encore à
préfent les portes de ces Temples ,
par où une infinité d'amesentroy en t
tnlaMaîfonde'DieUy 8c qu'elle con-
tinue à fermer toutes les avenues aux
^^/^^ .f de la Grâce ! Ce n'eftpaslà cc
qui nous rendra le Ciel plus ou moins
acccflible. Nous fçavons , grâces à
Dieu, qui eft celui qui ^//^r/^/^^^^- ^^^t
vidy qui ouvre & per forme ne ferme ^
qui ferme & perfonne fi' ouvre. Et tant
de pauvres exilez n'en trouveront
pas moins ouverte la porte des Ciettx%
ôcla porte de la Grâce.
Il eft vray , Mes Frères , que je vois
dans cette belle Aflemblce un grand
nombre de ccsjacobsy qui pour fuir
une perfécution inouïe , & des Frères >
qu'ils ont vus tout d'un coup clian-
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145 G 34
m
m
fé'S La Maison de 'Ùjv.u
gezendes Dragons, ôrttquiieicur^
lïiaifons, ou celles de leurs Pères, fé-
parez les uns de leurs chers Ifaacs, di.
les autres de leurs tendres Rébeccas,;
ou de ce qu'ils avoyent déplus cheir
au monde» Plufieurs d'entre vous,
comme autrefoisjacob , vivoyent eiî
paix, quoy que parmi des Idolâtres,
dans une agréable Beerfcèbah , où vo3
Përes avoyent demeuré , où Dieu
fr^. ^ous avoit placez , où étoyent vo5
chénayes Se vos héritages , où étoyenc
aufll é^es puits d'eaux falutaires en
abondance y car c'eft là ce que veut di-
re Beer-fcèbah , mais puits que dc^
cruels ^hilijiins -ont bouchez: Enfin
ces aimables lieux étant devenus pour'
Vous l'image de l'Enfer, où l'on meurt"
fous les jours fans mourir, il vous a
fallu chercher d'autres terres , & vou^
expofer à'mille périls , périls de villesy
périls de brigans <i périls de coureurs i
/'m/i' d'orages , périls même entre des
faux frères. Et pour vous conferveï*
Is-droit daîncflè , plùtofir que de
(Stn:
ïi
26.
I
I
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145 G 34
dansl*Fxil.surGek.28. 17. 5^9
•vendre lâchemenr , vous avez mieu5C
aimé de (orrir avec un bâton , comme
fie Jacob, que de demeurer dans l'a-
L bondance parmi des Efiiis, & vous
f n'avez point héfitc dans le choix qu'il
falloit faire, ou de fortir avec la bé-
nédidion , ou de demeurer avec la
malédiaion , Heureux ! qui avc2;
préféré une cjnfcience tranquille
dans une terre étrangère, à une con-
fcience gênée dans le pays de vos Pé-
^ es, &quipiûtoitque de vousaliier
avec des idolâtres , & d'adorer un
Dieu qui ne vous connoit point , vous
cftes acheminez vers une Caran, où
[vous fcaviez que demeurent des Bé-
tueis ^^desLabans, des Léas & des
[Rachels, des enfans d'une même Mè-
re qui eftl'Eglife Reformée.
C'eft là finis doute beaucoup. Fi-
dèles, mais pardonnez moy fi je vous
disquecen'eftpas aflez. Il faut que
vous ayez encore la même réfigna-
tion, la même confiance, & les mê-
me difpofitions que vous voyez ert
Jacob. Je ne diray pas qu'il loufVric
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145 G 34
jjo La Maison de Dieu
dans la fuite bien ^esdifgraces enl;
lamaifon de R'-H-njcl, &lc.sfoufFri
forrp itienîmeii. . ^\ Te vit fans chav
grin d'héritier dev^enu ferviteur, &
enfin le rebutdc Laban , luy quiavoir
fait les dél ices d' Ifaac. Car Tamour &
la pofleiTion de Rachel adoucirent
toutes fes amertumes j & Jéfus ne
vous vaut-il pas infiniment plus
qu'une Rachel ? Mais ce qui eft pro-
prement de mon fujct, fi lapréfence
de Dieu , fi le lieu quejacob crût efl:re
laMaifonde Dieu inlpira également
à ce Patriarche la frayeur & le refpeclr,
comme je vous le difois tantoft , a-
vouez que cet effet n'efl: pasfiordi-
nairc en nos jours. Iln'y a point fans
doute de lieu ni de maifon, il n'y a
point même de cabinet ni de cachet
te, où ne foit, j'ajoute où Die
n'apparoiffey où ne lé voyent des ima^
ges defaToutepuiffance , ou bien des
effets de fa Bonté , ou des marques
de fa juftice , ou des fignes de ù
Providence. Auflî n'y a-t'ii point de
lieu dont nous ne puiflîons dire, Ce
lien-;
DANSL'ExTL.SrîLGEN.28. 17. 571
lieU'Cy efl epou-\%rJabl. . .:ar Dieu y
«ft, Dieiiy i.abite> Dieu m'y voit 6c
m'y entend > & iv'v obfcrve. Mais
nous le devons dire a 'ine Façon plus
particulière de ces beiles Provinces,
au milieu defquellcs Dieu s'ell: mani-
feité fi fouveiit par les grâces & par
fes délivrances. Il vous y traite enco-
re tous les jours comme les enfans de
fil Maifon^ il vous y ouvre tous les
jours par manière de dire la porte des
deux 5 & vos envieux même font
obligez de s'écrier, O que ces lieux-
là font vénérables . ce y^V/? ce femble
qiu ta Mai fonde Jacob étant
revenu de Ion fommcil, t Eternel^
dit-il, ejl icy 's je ne le fçavoispas }
mais en que que lieu que nous nous
trouvions , lors fur tout que nous
fommesen fa Maifon, nous fçavons
fort bien que Dieu y eft, mais nous
n'y fongeonspas, & nous l'oublions
volontairement. De là vient que fa
préfence ne nous donne aucune épou-
vante, ni fa Majefté aucune frayeur :
De
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145 G 34
J7i La Maison de Dieu
Delàvientquefonfuport eft mécon-
nu, fes grâces rejertées, Ta Parole
méprifée, Se fcs Ô.donr^ances vio-
lées: De !à vient encore que nos prié*
resfont fi interrompues, nos dévo-
tions fi froides, notre zélé fi ralenti,
& nôtre falut, auquel pourtant nous
devons nous employer avec crainte
&trembleme7it_^ fi peu avancé Et de
là vient enfin que cette A'/^^'/efr au
jugement de nos Adverfairesune Be^
thaven^ que nôtre liberté paficpou?
licence , & que toute nôtre Reforma-
tion leur paroit difforme.
Jerougis, Mes trc^- chers Frères ,
ou p I û tort j e t r ç m b 1 e , q u a n d j e Ton ge
au prémier âge d^ la Chrétienté. Le5
fidéies n'aprochoyent alors de leurs
Myftéres, qu'ils apclloyent/^'m^^jV
qu'avec la dernière vcneration. Les
Tories qui menoyent à ces lieux fa-
crez étoyent nommées , Tune \z Belle
Torte ^ par où entroyent les fidéies
&les comniunians, l'autre la 'Porte
Sainte y où étoit dreflee laTable de
l'Eu-
!
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145 G 34
DANS l'Exil. surGen. 28. 17. ^75
l'Euchariftie 5 féparéede la Nef par
LinTreillis, & cachée par un Voile ;
Se ce fur fur l'un de cc^^ f^oi /es que S.
t Epiph nie ne pût fouffrir que Ton eût ^^^ro».
l ;peint/*/^/?^3f^^.de quelque Saint. S.Jé^ '*
Eonie recite encore de foy-mémc, en ^
Pbn Ecrit contre Vip^ilantius, que fe rm.i.
fentant travaillé de quelque palîion, hu.',^
pu qu'ayant eu pendant la nui t quel- ^^^^J
quepcnfée criminelle, il n'ofoit ja-
(mais entrer dans l'un de ce"» Temples
[u'on nommoit les Bajïliques des
Martyrs , ou qu'il n'y encroi t que tout
trembla'dt de corps & d'tfprit. Et nous
devons tous rcconnoitrc, que Dieu
manifelte bien plus clairement en
teti e Table facrée que vous voyez de-
vant vos yeux , & dans les promeflès
de fon Evangile, qu'il nefe manifefta
à Jacob en Bethel Mais helas ! ^ju'il y
;n a peu qui difcnt en leurs cœurs en
entrant dans un Temple, ou en apro-
^çhant de cette Table , O que ce lieu eji
lénèrable , vraiment l'Eternel efticy^
I c'ell: icv faMaifçny & la Table, icy
-^1
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145 G 34
^74 Mai.<îon de Dieu
cft dreffée fon Echelle-^ icy eft ouver
la TortedesCitax!
Je veux croire qu'il y a encore d
ces vrays Ifraë'ites, de ces bons Ja
cobs, deces religieux Jerônies,&d(
- ces refpe£tueux Chrétiens, qui fon
ces réflexions falutaires. Ouy , il y ei
a fans aucun doute, qui fefouvien
ncnt de cet épouvantable arrêt , celu^
sî!e^l.' q^ii fouillera mon T av î lion mourra di
mort. Il y en a qui avant que d'apro
cher de Dieu fe lavent & Je purifient
qui ôtent leurs /i/////>rj- avec les Moy-
fes& les Jofués, non pas à la lettre
comme font les Mahométans,mais er
fe dépouillant de leurs immondices
6c de leurs afFeftions terreftres. 1 1 y en
a qui à l'exemple du Pere des croyans
of». effarouchent ces volées d'oi féaux , ou
n de penfées importunes, qui viennent
troubler leur facrifice, & qui difcnt
jy: J.8. à l'imitation'de T>3ivïàfentreray en ta
Maifon , ér je me projlerneray au Va-*
lûis de ta Sainteté ^ avec la révérence
qui te doit ejire rendue. Mais fi j'ofois
dire
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DANS l'Exil. SUR Gen. 2 8.17. 575'
'dire ma penfét, peut-ctre ferois-je
auoiié de quelques uns, c'eftquede
ces Mai fous de T>ieu Von n'en fait que
trop louvent des Bethavcns & des
maifons de vanité \ ou bien des mai-
fons de repos où Ton dort comme Ja-
cob, mais fans avoir les mêmes vi-
fions qu'eut ce Patriarche, ou enfin
des lieux d'affaires, de négoce, de
conr. , puisquec'efllà oùnos pen-
fe romenent, tandis que Ton
«oui. lare les Ecritures. Etainfi
comme l'on entre dans ceslieuK-cy
fans dévotion, il ne faut pas s'éton-
ner fi Ton en fort fans édification , 6c
fi ceux de dehors font aliénez de nô-
tre communion , voyans que nos
Temples ne (ont vénérables ni par les
ornemens & la magnificence, ni par
la révérence & le zélé. Etj'ofedire
que beaucoup de Superftitieux le lè-
veront un jour en jugement contre
*nous , je parle de ceux que non feule-
ment par la préfencc deDieu^mais mê-
me par la préience d'un Saint,ou d'une
Ima-
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T. î.
Oper.
Greg.
de Con
tinent.
La Maison de Dieu
Image, font retenus dans le demie
refpeft, témoin ces Chrétiens dans l
Mofcovie 5 mais qui n'en ont prefqu
que le nom , & qui n'oferoyent ni cra
cher 5 ni commettre la moindre impu
reté^ là où ils voyentunefemblabh
Image,lans la couvrir auparavant d'ui
voile. L'exemple eru:ore que Grégoi
rede Nazianzea tiré du Paganifme cf
tres-remarquabie , fçavoir d'une pcr
fonne qui étant fur le point de fc pro-
ftituër , ^ qui ayant aperçu l'image dt
grave Polemon , à cette vue feule qui
ne repréàcnroit qu'un Sage en peintu-
re, fat faifie d'une fi profonde vénéra-
tion qu'elle quita incontinent ce lie
de débauche & s'enfuît.
Chrétiens, une feule fois notre
divin Sauveur a voulu logcrdinsune
Etable , & choifir un lieu immonde
pour fon logement, mais il n'y ha-
bite plus dans l'état de (a gloire. Il
dételle de femblïbles mai Ions, &c
qui eft confacré au Diable & au Mon-
4ç> ne peut être coii,fucréàJ.Chrift,
Si
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145 G 34
DAN*- T*EX1L. SUR. GeN. 28. 1 7. fT?
Si le Seigneur même en Ta more ne
voulut erre enveloppé que de linges
nets 5 ni couché que dans un fépul-
cre neuf, auflî ne veuc-il loger vi-
vant que dans des maifons purifiées,
& en des cœurs fandlifiés. Toutes les
autres maifons , pour parées , pour
fuperbes, & pour fplendides qu'el-
les foyent, luy font des maifons d*a-
natéme, &'des portes de TEnfer. Ce
font des Lieux que Dieu rend enfin,
non pas vénérables par (a gracie ufe
préfcnce, mais épouvantables par fa
juftice vengereflc. Et mieux vaut
une pauvre hutte où Dieu apparoit
en grâce , que les plus magnifiques
Palais où il n*apparoit point. Que
nous ferions heureux , Fidèles , fi nos
maifons r au lieu d'être aflez fouvent
des maifons de divifions & de dé-
bats, de calomnies & de médifance,
de luxe& de débauches, d'ufuresôc
de monopoles, étoyent de ces mai-
fons dont l'on pût dire, ce n'eft icy
que la maifon T>ieu, c'eft-à-dire,
Bb une
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578 La Maison de Dieu
une maifon de concorde & de paix
de charité & de juftice, depiéré&d<
prières, de libéralitez & d'aumônes
Qiie nos cœurs feroyent heureux , i
au lieu d'être, comme ils ne le ion
que trop , la demeure d'efprits im^
purs, d'affeûions charnelles, de con-
voi tifcsfal es, de pallions injuftes &
violentes , ils étoyent comme le Tem
pîe&le Sanduaire de Dieu, où for
Nom fût craint, où fa Majefté fui
adorée, fa Parole méditée, fespro-
mefTes gourées, & fcs menaces apré-
hendées î Et quoi que des cœurs char-
w.. nels foycnc une mat/on parée & âa-
' l/éây au regard de L'Ef prit immonde.
comme en parloitJéfus-Chnit, fine
font-ils au regard de Dieu qu'une éra-
ble de pourceaux, qu'un égoût puan
& qu'un réceptable d'immondices.
Mais il ell temps que jefinifle,
vous n'attendez plus que quelques
paroles de confolation. Ames Fi-
dèles, que le Monde n'apellc véné-
rables que les Maisons des Grands,
6c
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145 G 34
r
dansl'Exil. suhGen. 28. 17. 5-75?
& les Cabinets des Rois, quanta
vous, que non feulement ces Tem-
ples , ou ces adorables Myftéres ,
mais encore que tous les lieux où
vous vous trouverez vous foycntx'^''-
nérahles, & que par tout la frayeur
de-> Kixcs des Jacobsfoit fur vous!
Que le Monde juge être éj>onvanta'
bL's, comme le jugeoit Félix , tous ^,7.
ces lieux où l'on parle de larcpentan-
ce, & du jugement à venir j quanta
vous, jugez que ceux- là font dignes
d'horreur , où le Monde , où h chair,
où le Démon vous félicite à fouiller
& à blefl er vos confciences! Qiiitcz
plutôt votre manteline zvcc]oi'cp]\i
en fuyant cette forte de lieux*,&: ditey
comme St. Jean ledit autrefois à fcs
Difciples , d'une maifon où Ton blaf-
phémoit Jéfus-Chrift, félon le récit
qu'Eufébe a tiré de St. Jrenée, for-
tons d'icy , de peur que le toit de cette hT
Maifon ne nous êerafe !
Que les hommes encore apellent
Tort es des deux y les portes aux dig-
Bb a nitèz
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580 La Maison de Dieu
nirez & aux honneurs, les ouvertu-
res au gain ^ aux richcfTcs, les lieux
de grand chère &: de débauche! Sou-
frez que je vous dife , que ce font fou-
jean. y txiX.\zsporte S dd V EufeT ^ portes par
où le Diable entre comme il entra en
Judas, par oi\ entrent la tentation,
"les inquiétudes , & les palfions , &
par où les hommes vont au précipice,
^^^jg & entrent enfin dans le lieu des tour-
^t'^ ' mens éternels. A Dieu ne plaife que
nous aprochions de femblables por-
tes, nous qui fommes prêts d*appro
cher de cette Table facrée ! Che
chons-icy la vraye porte duCiely Se
nous ne la chercherons pas en vain,
comme ces habitans de Sodome chet-
chérent la porte de la maifon de Lot,
»• Apellons encore porte des Lteux ^
lors que Dieu touche vivement nos
confciences , où lors qu'il nous vi-
fite par fes châtimens , qu'il nous ré-
veille parfes épreuves, qu'il nous
inftruitparfes ferviteurs. Apellons
porte des Cieux^ lors que Dieu nous
^ don-
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145 G 34
DANS L*EXÎL. SUR GeN. î8. 17- f 8l
donne occafion défaire du bien,
d'exercer la charité , de foulager le
foûfrcteux , d'aflifter le pauvre, de
loger l'exilé, 8c de réjouir le cœur
de^la veuve & de Torfelin. Apellons
porte des deux , lors que Dieu fe pré-
fente à nous, comme il va faire en
ce Sacrement, fous les fymboles de
fa grâce, qui font les gages de fon
Alliance , les arres de nôtre rédemp-
tion 5 Tentretien de notre foy , le
foûtien de nos ames, afin qu'avec la
force de ce repas-^ nous cheminions juf- ^^.^
qu'à la Montagne de Sion. Îq/s.
Juge encore , homme pécheur,
que Dieu {owvï^laporte du Ciel^ lors
qu'il te fait la grâce de tereconnoî-
tre , de revenir à toy même , comme y ^"'^^J'
revint l'Enfant débauché, d'cnvifa-
gcrtamifére, de détefter tes crimes,
d'apréhender fes jugcmens, de défi-
rer fa grâce , & de rechercher la paix.
Juge de même , pauvre afligé , que tu
es comme à la porte du Ciel , lors qu'é-
tant couché fur la dure avec Jacob , te
Bb 3 voyant
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582 La Maison de Dieu
voyant dans la pauvreté , dzm l'exil ,
&dans la dernière mifére , n'ayant
pour défenfc qu'un bâton dç: patien-
ce 5 Se pour chevet ow pour oreiller
que le bois &la pierre, tu nelaifles
pas de jouir d'une confcience apai-
fée , d'un efprit tranquile, d'une
efpérancc ferme , & d'une jove iné-
narrable , qui ell la vrayc huile de
Ikjffe.
Et nous tous envifageons corn
me la porte ^^es Cieux^ un lit de mala-'
die , une grande vieillefîè, cSc tout ce
qui nous avertit de notre mort. A la
vérité par tout où la mort fe pré-
fente , le lieu nous paroit épou--
vantable. Epouvantemens r éton-
nent , difoit Job , à la vné du premier
ne de la mort. II femblc que ce ^o\t
là la gueule du puitsde l'abîme, &la
porte des Enfers. Aufïï l'eft elle à
un Riche impitoyable, à un Epicu-
rien profane, àun Brigand impéni-^
tent. Mais c'efi: la porte des deux àun
Lazare pauvre &: humilié, àunBri-J
gand
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145 G 34
DANS L*ExTr SUFlGfN. l8. 17. fSj
gand repentant 6c priant, à un Etien-
ne fouffrant Se poulïànt cette dernière
voix. Seigneur^ reçoy mon ef prit en-
tre tes mains ! Porte des Cieux à ceux
qui étans confurnez, far le hâle du jour^
& par la gelée de la nuit y par les tra* 4'!^'*
vaux 3 & par les maladies , afpircnt
avec Jacob à retourner en la rnaifon de
leur Tere , halètent après l'ombre corn- i'!'
mêle Strviteur^ cr attendent leur fa-
laire cot/ane l' ouvrier j alîurez que
Dieu retirera leur ame de la mort,
leurs yeux des plcursjôc leurs pieds de
rabime , qu'ils ne périront point dans
ce goùfre, non plus que Pierre dans v.//^.
les eaux où il eut commandement d'en-
trer avec une parfaite confiance.
mesdepetitefoy y ne doute point ! Si
'VOS forces uom delaijfent , la vertu de ^ - ,g
Dieu vous foû tiendra 5 fl la clarté de 2. ' '
■'vosyeux s'enva^ TEternel fera vôtre
lumière , fi Iç lecours des hommes
vous manque, vous fentircz infail-
liblement le fccoursdu Ciel , avec le
bon Jacob. Tenez-Yousà7'£cv5'^'//^5 8c
ne
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145 G 34
584- La Maison de Dieu dans&c. I
ne la quitez point , c'eft-à-dire tenez!
vous au pié delà Croix du Seigneur
Jéfus , Se dans vos miférables couches,
dans vôtre triftefolitude, il vousapa-
roîtraenfonge, il vous fera voir l'E-
chelle pofée comme à vos pieds, les
i\nges au bas pour vous conduire, J.
* Chriftau haut pour vous recevoir,
fon mérite pour vous foûtenir, &
des a/ /es de Séraphins qui feront don-
nées à vos Ames pour aller joindre /^'J
lieb. miliers d'Anges , &: l'ajfemblée des
11.25. Crémiers ne:<i , & "Dieu quiefilejU"
ge de tous , & les Efprits des jujles
glorifiez, , & Jèftis le Médiateur de la
nouvelle Alliance j Auquel , avec le
Pere& leSt. Efprit, foit gloire, for-
ce , & empire aux Siècles des Siè-
cles, AMEN.
F I N.
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