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Full text of "Recueil de sermons pour la consolation de l'Eglise, prononcez en diverses occasions par Frideric Spanheim"

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RECUEIL 


D  E 

SERMONS 

amlfvo  ?c.  $, ,    POUR  LA 

CONSOLATION 

D  E 

EGLISE, 

Prononcez  en  diverfes  occadons 
PAR 

FRIDERIC  SPANHEIM. 


A  L  E  I  D  E, 
Chez  PIERRE  vander  A  a,  Marchand 

Libraire. 
"         M.  DC.  LXXXYII. 


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I 


LA  REINE 


D  E 


DANEMARK 


ADAME, 


Les   Trônes  '  ne  font 
1^  guère  accefsibles  qu'aux 

*  3  per- 


r 


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E  P  I  T  R  E. 

perfonnes  revêtues  d'un 
Caradére  public.  Mais 
le  Trône  de  VOTRE 
MAJESTETeft  indif- 
féremment à  tous.  Je 
parle  de  ceux  qui  en  apro- 
chent  avec  la  fbiimifsion 
qui  eftduëà  Vôtre  Augu- 
fie  Perfbnne,      avec  la 
confiance   qu'Elle  veut 
bien  que  l'on  ait  en  fa  bon- 
té Royale.  Je  dois  particu- 

lié- 


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E  p  I  T  R  E. 

liérement  avoir  cette  con- 
fiance là,  MADAME. 
Car  pour  être  aujourdhiiy 
Reine, VOTRE  MA- 
JESTE'ne  s'efl  pas  dé- 
pouillée des  fentimcns  de 
clcmcnce  qu'elle  a  eiis 
étant  Princcflfe.  Vous 
voulûtes  bien ,  M  A  D  A- 
ME,  les  étendre  jufqu  à 
moy  ,à  l'exemple  de  Vôtre 
Serenissime  Mere, 

*  4  lors 


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lors  que  je  paflày  à  la  Cour 
de  Caflel.  Et  j'ay  fçû  de- 
puis que  VOTRE  MA- 
JESTE' s'en  eft  fbuvenuë 
avec  cet  air  obligeant,  qui 
ne  la  quite  jamais ,  dans  ce 
haut  faîte  où  elle  fe  voit 
élevée.  Mais  cela  feul, 
MADAME,  ne  peut  pas 
autorifer  ce  que  j  entre- 
prens,  qui  eft  d'offrir  ces 
Sermons  à  VOTRE 

MAr 


E  P  I  T  R  E. 

MAJESTE.  Cette  au- 
dace auroit  même  quelque 
chofè  de  criminel,  fi  je 
Vous  préfèntois  un  autre 
fujet  que  celuyqui  tend  à 
confoler  l'E^Iife.  Entre 
les  confolations  qui  {èlon 
le  Monde  rcftent  à  cette 
pauvre  perfécutée ,  l'une 
des  plus  fortes  c'eft  l'ex- 
emple &  l'apui  de  VO- 
TRE MAJESTE'. 

*  5  II 


E  P  I  T  R  E, 

Il  femble,  M  A  D  A  M  E, 
que  la  Providence  s'eft  re- 
fèrvéeplus  d'une  fois  des 
FLACCILLES  &  des 
PULCHERIES,pour 
être  les  Avocates  de  fa 
caufê.  Les  Deux  E  L I- 
SABETHS,  dAngle- 
terreÔc  de  Hefle,  en  ont 
été  le  foutien  en  ces  der- 
niers tems.  Et  il  importe 
peu  à  ceux  qui  foufFrent , 

de 


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E  P  I  T  R  E. 

de  quel  Sexe  Dieu  fe  fervc 
pour  leur  foulagement  ou 
pour  leur  délivrance.  Mais 
grâces  à  Dieu  de  ce  que 
nous  voyons  la  Piété  de 
ces  PRINCESSES, 
qui  tiennent  le  prémier 
rang  dans  l'Eglifc,  comme 
fians  le  Monde,être  fécon- 
dée du  zélé  de  ces  PRIN- 
CES ,  qui  ont  le  pouvoir 
en  main.  Le  R  O  Y  Vô- 

*  6  tic 


E  P  I  T  R  E. 

tre  Augufte  Epoux,  M  A- 
D  A  M  E,  a  déjà  ouvert 
le  fein  de  fes  Royaumes,ôc 
les  portes  de  fa  Capitale, 
à  ces  malheureux  qui  cher- 
chent un  A  (y  le  contre  les 
pourfuites  de  ces  ailes  abo- 
minables,  qui  fondent  fur  le  de- 
folé.  Ce  fera  là  un  bel  en- 
droit dans  l'Hiftoire  de 

VOS  MAJESTEZ, 
&  apre's  cela  Elles  doivent 


tout 


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E  P  1  T  R  E. 

tout  efpérer  de  la  béné- 
diétion  du  Ciel.  C'a  cté 
e  Symbole  du  Grand 
HRISTIAN,AyeuI 
du  Roy  Vôtre  Epoux, 
que  LA  Pie.te'  affer- 
mit LES  Royaumes. 

ous  nous  en  promet- 
ons  l'effet  en  nos  jours , 
&  les  vœux  de  tant  de  Re'-- 
fugiez ,  qui  repofènt  fous 

lombre  de  V  O  S  M  A- 

*  7  JE- 


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i 


E  P  I  T  R  E.  f 

lESTEZ,  feront  aufsi  ef- 
ficaces ,  que  font  ardentes 
les  prières  de  celui  qui  efl 
avec  un  très -profond  re- 
fped, 


MADAME, 


DE  VOTRE  MAJESTE' 


Lttres-htimble ,  tres-obétjfant , 
(jr  très -fidèle  Servit  enr, 

F:  SPANHEIM. 


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AVERTISSEMENT. 

e  Le B eut  ejl  averti  de  deux  chûfes. 
jL'uneeJî^  que  ces  Sermons  ne  font 
^  t>as  faits  pour  ceux  qui  rafinent  plus 
^ur  les  expreJJionS'y  que  fur  les  chofes  s 
nais  pour  ceux  qui  ont  moins  de  délie  a- 
^effe  dans  le  goût ,  &  plus  de  dévotion 
ians  l'Ame.  Ils  trouveront  ^ue  le  lan- 
gage de  Dieu  y  eft préféré  a  celuy  des 
Sommes &  que  le  dejfein  n^efl  pas  de 
claire  ^  mai  s  d'inftruire  &  de  confoler, 
Vautre  article  eji^  que  ce  Recueil  a 
mffé  par  diverfes  mains  ^  foit  d'écri- 
Jains  5  foit  de  correôîeurs  d'Imprimé- 

t ie  :  &delà  vient  quelque  diverfité  qui 
'eut  fe  remarquer  dans  l'Ortographe  ^ 
n y  verra  des  é  accentuez  qui  ne  le 
doivent  pas  être ,  &  au  contraire  les 
ccens  manquent  affez fouvent.  §luel- 
me  foi  s  aujfi  l'on  y  trouvera  des  lettres 

fuper" 


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AVERTISSEMENT. 

fuperfluës  en  de  certains  mots  ^comir 

temps , mefmc >  vcuë,décheiië, 
autres  femblables.  Von  eji  prié 
n'imputer  à  V  Auteur  que  les  faut  es  qi 
font  de  luy^  &  qui  peuvent  affez  ètr 
diftinguées.  La  correBion  de  divei 
Sermons  s*efl  encore  faite  en  fon  ab 
fence. 

Il  y  a  aujfi  de  certaines  fautes  qt 
fautent  aux  yeux  :  Tar  exemple  em 
page  4.  entrefois  ypour  autrefois  >  Pag 
14.   afluront-ils  pour  aflurent-ib 
Pag.  22.  point  autre  moyen, 
point  d'autre  >  Pag.  264.  Tutilitité  de 
fiécles5/'^?//r)  dcslicles;  Pag.  471. 
'veilles ,  en  fciences ,  pour  en  veilles^ 
jeunes i  Pag.  483.  La  Paix  de  la  w\^ypo\ 
Iç  Pain  j  Pag  490.  qui  s'embrafoi 
pour  qui  Tembrafoit  ;  Pag.  503.fi  noi 
nous  prêchions ,  pour  fi  nous  vous  &c 
Les  mots  de ,  en  fomme ,  &  piâfer ,  qu* 
font  unpeuvieuXj  fe trouvent  dans  h 
prémier  Sermon^^^^^^i  i  .X3 >qui a  été  im-  9^ 
prime  il  y  a  xxviii .  ans^tÙT  que  l'Auteui 
n'a  pas  eu  leloijîr  de  retoucher  par  tout. 


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TABLE 


DES 


SERMONS 


LA    MEDITATION  DUseb^ 
SAGE.  Ou  SERMON  fur^^f!^ 
le  Pfcaume  xxx  i  x.  v.  5. 

Eternel  i  donne  moy  à  connoîtremât 


e  fuis. 

Prononcé  à  Heidelberg,  le  premier 
jourdel^an.  P^gr^ 

E  MYSTERE  DE  LA  PIE-  sek 
TE'.  Ou  SERMON  fur  la  pré./fi! 
miére  à  Tim.  Ch.  1 1 1 .  v,  i5. 

Et  fans  contredit  le  Myjlére  de  la 
Tièté  eji  grand. 


'fin  y  &  quelle  eft  la  me  fur  e  de  me  s  jour  s i 
que  je  j fâche  de  combien  petite  durée 


Pro- 


TABLE  des  SERMONS. 

Prononcé  un  jour  de  Céne,  peuapr 
Noël.  pag. 

JEj^ijJESUS   A   NOS  PORTE 
m.     Ou  SERMON  fur  les  Paro 
de  l'Apoc.  Ch.  1 1 1 .  v.  20. 

Voici  je  me  tiens  à  la  forte  ^  & 
frappe. 

Prononcé  en  la  fatale  année  167 

pag.i 

mo^nLe   souvenir  sal 

TAIRE.  Ou  SERMON  fui 
ces  Paroles  de  TApoc.  Chap.  11 
v.f. 

Ceji  pourquoy  fouvien-toy  d'oîi  t 
es  déchu ,  <^  te  refensy  &  fai  tes  pré 
miéres  œuvres. 

Prononcé  à  la  Haye,  le  14.  de  Mars, 
1674.  jour  d'aftionsde  grâces  pour 
la  Paix  avec  le  Roy  de  la  Grand 

Bre 


TABLE  des  SERMONS. 
Brétagne.  p.  249 


'EGLISE     CONSERVE  E  sEU" 
AU  MILIEU  DES  FLAM-^v"" 
ES.  Ou  SERMON  fur  les 
amentat.  deJerem.Ch.  iii.v.22. 

Ce font  les  gratuit  ez  de  P  Eternel  y 
ne  nous  avons point  été  confimez. 

Prononcé  à  la  Haye,  en  l'année  \6%6. 

pag.  328 

LE  ROSEAU  CASSE'  SOU-^^^- 
TENU.  Ou  SERMON  fur 
EfaieCh  xlii.v. 3. 

//  ne  brifera  foint  le  Rofeau  cajfé. 

rononcélà  même,  unjourdeCéne. 

pag.  385 

LE  GAIN  DU  FIDELE  AU«^ov 
MILIEU  DE  SES  PER-vnf 
TES.  OuSERMONfurlesPa- 

roles 


TABLE  des  SERMONS. 
rôles  de  S.  Paul,  PhiLCh.i.v.21: 

Car  Chrijl  tn'ejlgainàvivre  ^  & 
mourir. 

Prononcé  encore  en  Tannée  i<$8(5 

H^'^hA    MAISON    DE  DIE 
VIII.    TROUVE'E  DANS  L*E 
IL.  Ou  SERMON  furcesPa 
rôles  ,Gen.  Ch.  xxvi  1 1.  ver.  f.  17 

O  que  ce  lieu  eft  vénérable  l  Ce  fie 
icy  que  la  Maifon  de  "Dieu ,  &  la  Tor 
te  de  s  deux. 

Prononcé  en  Avril  168^.  Un  jour  de 
Céne,  huit  jours  après  Pâque,avant 
le  Synode  auquel  parurent  prés  d 
zoo.  Pafteurs  rcfugiéz.       p.  p 


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Fag.t 


t  A 


IlEDITATION 

DU  SAGE, 
O» 

SERMON 

SUR 

Les  paroles  du  Pfêaume 

XXXIX,  j . 

Eternel^  donne  woy  à  connoitre  ma  Jîj)j 
6?  quelle  eft  la  me  fur  e  de  mes  jours; 
que  je  Jçae'he  de  comhien,petite 
durée  je  fuis. 


Y,  J  Hers  Frère Voxis 
A'^-^  fçavez  fans  doùte,  que  ce 

E Roy  qui  ftit  le  conquérant 
Il  ~ — '  de  la  Grèce  ^  étant  enflé  d'à- 
Prd  de  fes  vicboircs ,  par  une  reflexion 
ubitc  fur  r  inconftancc  des  cbofes  hu- 
^  A 


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La  Médit  ATI 


o 


rnaincs ,  voulût  quêtons  les  matins  cet 
rc  voix  le  révçilUft,  Thi lippe j  Jotivicft^ 
toy  que  tU'es  homtnv  1  :R(âiexiçn  qui  el 
d'autant  plus  digne  de  njOtre  étonn( 
ment  &:"de  nôtre  admiràficn,  qr'  ' 
cft  faite  par  un  Eayen,  fur  le  1  roue 
dans  le  plus  haut  éclat  de  la  vie ,  ai 
jTiilieu'desIconqu  '         '  s  triomphe^ 
,6c  faite  tous  les  jours.  Veritablemedj 
comme  il  n'y  a  pômt  de  penfée  au  moi 
de  plus  falu  taire,  auflî  n'y  en  a  t' il  poin 
de  pins  négligée.    11  peut  être  qu«  p 
dans  la  violence  de  ix)s  maux  ,  dans  le 
joiirs  d'angoilTe  &  cVamertume,  cett^ 
penfée  fe  prefente  à  nos  cfpris.  Ca 
xilors  nous  voyons  à  l'œil  ce  que  c'cf 
que  de  F  homme.    Ivlais  hors  de  ( 
point  5  avouons  qùè  nous  nous  arrétoi 
peu  à  cette  fainte  méditation ,  &;  beai 
x:oup  moins  quand  la  fortune  nous  rit 
i£c  que  nous  nous  voyons  fur  letrône^ 
ou  fur  le  pinacle.   C'cft  là  que  bien 
fouvcnt  au  lieu  de  fonger  que  nous  fon 
.jiies  des  hommes  j  avec  Philippe ,  noi 
.croyons  eftre  quelque  chofe  de'Hus, 


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DU  Sage,  suk  le  Ps.  xxxix.  5 

un  Alexandre,  où  avec  un  Hcro^ 
\ous  prenons  un  vol  trop  élève, 
four  tomber  aufli  de  plus  haut,  pour 
ni  Jre  nôtre  chute  plus  illuftre  &:  plus 
Lcelattante.   Mais  ô  que  falutaire  eft 
:tte  voix  qui  nous  réveille  l  ô  que  font 
îaiiK  fur  les  montagnes  les  pieds  de 
;ux  qui  noiis  crient  !  Homme  foîu 
virus  to)'  qui  tu  es.  Au  moins ,  Peuple 
Chrétien,  ce  qu'on  reprefentoit  à  ce 
"^ayenavec  le  renouvellement  du  joiir, 
vous  me  permettrez  bien  de  vous  le 
reprefcnter  dans  ce  renouvellement  de 
l^nnée  :  Et  de  vous  donner  pour  étrén* 
à  chacun  l'on  portrait ,  6c  le  tableaU 
le  fi  condition.  Ou  plûtoft,  comme 
une  coutume  ancienne  5  que  des 
.  mandent  des  étrennes  à  leu rS 
îres,  6c  des  Serviteurs  a  leurs  Maîtrc^'j. 
rfonc_-n  aujourduy  de  mefnie  envers 
l:  j.  CiC  cclefte ,      ce  charitable  '  Sei* 
ncur.  Faifons  luy  une  demande  ^  qui 
Tout  enfemble  Iny  foit  agréable,  nous 
)it  avanta2;eufe.  Prions  le  pour  u^c 
ftrcnne  utile  également  à  tous  >  .v  ^ 

A  2  Priii* 


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|i  LaMeditatiôn 

Princes  &  aux  fujcrs  5  aux  pauvres  S  1 

aux  riches ,  aux  jeunes  &c  aux  vieux ,  ;  ^ 

ceux  qui  habitent  dans  les  cabanes ,  &  ' 

à  ceux  qui  demeurent  dans  les  palais  i  I 

C  eft  à  dire ,  pour  ce  que  deniandoii  >  ' 

autre-fois  le  Prophète,  Et-crnei ^  don  \ 

ne  moy  à  cmnoitre  ma  fin  ^  ^  quelle  ef\  \ 

la  mefnredemes  jours  ^  que  je  fçacht  \ 

de  combien  petite  durée  je  fuis,  I 

uomi,.     Chers  FrerkSj  Dieu  vcuUitdutre-  î 

»J-    fois  j  qu'on  luy  fandifîall  les  prémices  J 

de  chaque  moi-s.  Sandiiions  au  moins  î 

les  prémices  de  cette  année ,  par  cette  i 
belle  &  excellente  méditation.  Et  toy. 

Fera  des  lumières ,  comme  tu  renou-  { 

velles  auj ourd'huy  la  face  de  la  terre^re-  \ 

nouvelle  fur  nous  la  clarté  de  ta  propre  ;  \ 

face.  Fay  nous  fi  bien  coimcitre  nôtre  \ 

fin  j  que  nous  puiflîcns  afpirer  à  toa  i 

éternités  Et  que  nous  fortions  de  cette  j 

méditation j  avec  nos  lampes  prêtes^  -, 

nos  têtes  levées ,  nos  reins  troufléz ,  &  ^ 

rr^i^y  Cou  te  nôtre  attente  à  ta  feule  grâce.  , 

La  demande  du  Prophète  fe  partage  - 

d'elle  mefme ,  .6v  nous  la  coniidéreroiis  -j 

en  I 


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nu  Sage,  sur  lê  Ps.xxxrx.  5.  ^ 

tuu>  .^.^  membres,  êc rentes fes par- 
ies. La  première  eft  y  que  Dieu  luy 
donne  à  csmwitre  fa  fin:  La  féconde, 
qu'il  luy  donne  à  connoître  la  mefnre 
de  [es  jours  :  La  troifiéme ,  qu'  il  fça» 
che  de  combien  il  eft  de  petite  durée. 
A  confiderer  le  tiflu  de  ces  paroles ,  il 
fcmblc  que  cette  demande  eft  accom- 
pagnée de  quelque  impatience  :  Et  que 
c'eft  plùtoft  une  cfpéce  de  murmure 
ou  de  plainte.  Car  c*eft  ainfi  qu'il  par- 
le dans  les  verfets  precedens.  Ma  dou- 
leur s'^efl  renforcée  j  mon  cœur  s^efi 
échauffé  au  dedans  de  moy  j,  (S  le  feu 
s^eji  embrafé  dans  ma  méditation j  dont 
fay  parlé  de  ma  langue.  Ce  bon  David 
étoit  alors  perlbcuté  par  un  Abfalom. 
Ce  tendre  Pere  voyoit  un  Fils ,  ou  plù- 
toft un  monftre,  le  pourfuivre  à  outran- 
-  ce  5  &:  celuy  qui  étoit  ifTu  de  fes  entrait^ 
les  5  luy  porter  le  couteau  dans  ces  mef- 
mes  entrailles.  Dans  cet  état  il  fe  voie 
alVailli  de  mouvemens  difterens.  Tan- 
toft  il  le  taift ,  tantoft  il  éclatte  :  tantoft 
il  met  le  doigt  fur  la  bouche ,  Je  gar^ 

A3  de-». 


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Ç  L  A   M  E  D  I  T  A  T  I  O  N 

deray j  4it  il,  bouche avecime mu 
filière  ;  tantoft  au  lli  fon  cœur  s'échaui 
Fe,  Ibn  mal  s'augmente,  fes  peni( 
remportent ,  ^^^2)/  /^^^r/é^  de  rm  langu\ 
difant ,  Eternel  adonne  mqy  à  connotti 
ma frhtè  lerefte. 

Qu'il  eft  difficile ,  Chrétiens ,  dai 
J'impetuofité  de  nos  maux ,  &c  dans  v3 
mertume  de  nos  efprits,  de  ne  point 
palTer  aux  plaintes  &c  aux  murmura 
Qii'il  eft  difficile  de  prendre  tdùjoui^ 
la  balance ,  Se  de  mettre  en  contrepoids 


ce  que  Ton  fouffre,  avec  ce  que  Toa 
mérite  î  Qu'il  eft  difficile,  difoit  le  fage 
Elihu ,  qu'  un  valfeau  neuf^  qui  n'  a 


I 


pmt  d'efor  ,  ne  fi  crève  /  J'ajoute , 
qu'un  bleiré  qui  fent  l'opération  du 
Chirurgien ,  ne  crie  !  ou  qu'  un  enfant 
qui  fent  la  verge  fur  fon  dos ,  ne  regin  ' 
.te ,  &  ne  fe  dcméne.  Eternel  !  dit  Di 
vid ,  mais  dans  la  force  de  fon  mal ,  foi^ 
cfprit  étant  aigri ,  &  fon  cœur  échaufte. 
7.^.5.  Eternel  !  crie  Job ,  mais  pour  entrer 
9.  lo^yec  luy  dans  une  efpéce  de  plaidoié. 
^*-^yEterttçl /  dit  Jonas ,  mais  pour  luy  dc- 


man- 


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DU  Sage,  sur  le  Ps.  xxktk.  ^ .  7 
mander  qu'il  luy  ofte  fon  ame ,  car  U 
mort luy  eft  meilkurc  quela  vie.  D'au^ 
trcs  melmes  en  viennent  jufqu'à  ceseK- 
prellîons  cruelles ,  Comment  j  le  Dieu  ^ç,^ 
fort  aur oit -il  comwijfance  ^  y  auroit-ir- 
intelligence  au  SoHverain?Et  Dieu  fup- 
porte  ces  premiers  bouillons ,  &:  ce§ 
premiers  tranfports  :  Comme  un  Perc 
qui  fouffre  d'abord  les  cris ,  ôc  rmipa- 
tience  de  V  enfant  qu'  il  châtie.  Mais 
pourveu  que  ce  foyent  des  nuages  qui 
paiîent  i  des  éclairs  qui  difparoiffent  > 
un  feu  qui  s'éteigne  aufli  promptement 
qu'il  s'allume.  Pourveu  qu'on  n'enufe 
pas,  c  )mme  ces  patiens,  qui  pour  fe  re- 
muer par  trop ,  rendent  l'opération  in- 
utile ,  ëc  mcfme  funellc.  Enfin  pour- 
veu que  ce.^  premiers  mouvemens,  cè- 
dent à  des  penfées  plus  juftes  &  plu$ 
raifonnables  :  Et  que  nous  luivions 
^'  xemple  de  nôtre  Prophète,  qui  in- 
ntinent  revient  à  foy ,  &;  comme  le 
montre  la  fuite  de  ce  Pfeaume ,  entre 
en  des  réflexions  toutes  divines  6c  tou- 
;  *<cs  ravilTantes. 


^1 


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8  La  MlDITATlON 

Eternel  ^  dit  il ,  donne  moy  à  connoi 
tréma  fin.  Qiioy  i  eft-ce  que  la  ciirio 
/lté  le  poufle  à  cette  demande  ?  Veut-il 
peut-être  que  Dieu  luy  drefle  fon  ho- 
jofcope  ?  Qu'  il  luy  fafle  coimoître  le 
moment  de  la  fin ,  ou  le  genre  de  ia 
mort  ?  A  Dieu  ne  plaife  î  Curiofité  di- 
gne d'un  Saiil  delëfperé,  mais  non  pas 
d'un  David  afflligc.  Cunofiré  digne 
des  Payens ,  qui  confukoycnt  le  Diable 
fur  ravcnir,       auxquels  il  déclaroit 
les  évenemens ,  tantcfl;  par  fes  Mages  j 
tantoil  par  les  Pythons  j  tantoR*  par  Ica 
Oracles  >  tantoil  par  le  vol  des  oifeaux^ 
tantoft  par  F  infpe^lion  des  entraDla 
des  viftimes  >  tantoft  par  des  prodiges  ; 
tantcft  par  des  fonges  >  tantoft  par  dei 
fpeftres  &  des  illufions ,  &:  en  faifant] 
apparoître  des  morts.  Curiofité  cnfini 
digne  des  profanes,  qui  encore  aujour- 
d'huy  ont  recours  bien  fouvent^non  pas 
à  l'Eternel,,  mais  aux  Aftrologues,  aux 
Planétaires,  aux  Chiromantes,  aux 
Metopcfcopes;  que  dis  je  ?  aux  Devins, 
au  Piabje  pieiinc  ;  comme  entre  au- 

tre3 


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DU  Sage,  surlePs.xxxiX.^.  ^ 

y  eût  Icn  recours  le  fameux  'Jé fuite 
Jotron,  au  ccmmencement  de  celie-/.iv. 
:1e.  Mais  qu  eft-ce^P^icléles^finon  vou-'**- 
,oir  fonder  des  abîmes?  Qif  eft-ce,  fi  non 
prétendre  de  connoître  les  temps  que 
Dieu  a  mis  en  fa  propre  put  (fane  e  7.*' 
Qii'eft-ce,  fmcn  par  un  attentât  témé- 
raire ,  s' ingérer  dans  le  Sanâuaire  du 
Dieu  Fort,  &  dans  les  fecrets  de  fa  Pro- 
vidence ?  Mais  aufli  ils  trouvent  dans 
leur  curiofité  leur  fupplice.  Us  éprou- 
it  que  cette  connoijfanee  ^  n*eft 
ritablement  que  chagrin  ronge^zcçiy, 
ment  dh\fprit.  Et  bien  fouvent  avec  un  \ 
Saùl  j  ils  n'en  rapportent  qu'un  melTa-^^  ^ 
e;e  funcfte ,  ôc  que  matière  de  dcfcfpoir. 
Quant  au  fidèle,  quant  à  un  David,  il 
luy  fuffitdefçavoir  que  fa  fn^Çt  alTu- 
rée,  ôc  que  fon  heure  ne  tarde  pas.  Il  fe 
doute  mefme  que  tous  les  jours ,  Se  que 
toutes  les  heures  font  les  dernières.  Et 
pour  le  refte  il  dit  avec  Moyfe,  LesDtue, 
chojes  cachées  j  font  pour  ^  EterneP^''^'- 
vôtre  T)teu  ^  mais  les  révélées  ^  font 
poumons  \â  pour  nos  enfans  à  jamais. 

A  5  ,Que 


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îd        t  A  M  E  1>  I  T  A  T  I  O  N 

Qiievciit  donqucslePfalmifte,  pai 
cette  demande  ?  donne  moy  à  connoitri . 
;;;^///?  N'eft-cepas,  qu'il  demande 
d'abord  de  connoître  qu^il  a  une  fn  j 
que  fa  durée  cft  finie,  la  vie  bornée, 
fon  corps  mortel ,  fon  régne  temporel , 
fa  condition  paflagére.  Et  d'entrée  pa- 
roît  la  fagefié  y  &  la  pieté  de  ce  faint 
Prophète i  &:  ce  que  c'eft  que  d'être 
mené  par  l'efprit  de  David ,  ou  bien,  de 
fétre  par  celuy  du  monde,  O  qu'  icy 
les  demandes  6c  les  penfees  font  bien 
différentes  !  Un  Afa  malade,  ne  deman- 
de qu'  à  prol(jnger  fes  jours  :  Un  enr 
vieux  Efau  ,  qu'  à  être  avantagé  par 
defllis  fon  frère:  Un  ambitieux^  Ado- 
nias,  qu'à  mc^nter  fur  le  trône:  Un  avare 
Hacan,  qu'à  s'enrichir:  Un  orgucilleu.^ 
Haman,  qu'à  s' aggrandir  :  Un  impu- 
dique Amnon,  qu'à  accomplir  fes  in- 
fâmes déflrs:  Une  vindicative  Héi'Qr 
dias,  qu'à  fe  vangcr:  Un  malheureux 
F  picuricn,- qu'à /é'rr/'^yVr^  à  faire 
grand'  chère.  Il  n'appartient ,  iln'ap- 
paçticnt qu'à  un  David ,  de  den;ander 

à 


DU  SaGE^SUR  LEPI.KXXïX.-J.  -ii-î 

^  conmitre  fa  fin;  qu'à  unEliféc  ,  de 
e  demander  que  P e (prit  d' Elle  ;  ^^^'^l); 
ui\  Jacob ,  de  ne  demander  à  T  Ange 
que  la  bénédiction  ;  qu'à  un  Salomon,  ^ 
de  ne  demander  à  Dieu  qu'un  cœu7^9,  îu 
d'intelligence  ;  qu'à  un  Pierre ,  de  ne  ^^^^^ 
demander  autre  tabernacle  ^  que  là  oii  \^[\^ 
eft  Chrill,  où  eft  >loyfe,  &  oii  eft  Elie.  -i- 

Et  remarquez ,  Chers  Frères ,  que 
prefque  toutes  les  requêtes  du  Fiai-- 
mille ,  font  de  cette  nature.   Vous  le 
voyez  toujours  femblable  àluy  mefmc:,. 
en  quelque  état  &:  en  quelqu<^  pofture 
qu'il  l'aulne  être.  S' il  demaiide  icy  de 
conmitre  fa  fin  j  il  f  upire  ailleurs  • 
p^  ur  le  même  fujet,  en  cjuelqu  un  de 
fes  Pfeaumes.  A  1lleurS5.il  prie  que  Dieu 
détourne  fes  y.e:!ux  j  à  ce  qu'ils  ne  re^ 
gardent  point . à.  h  V^uité,  Ailleurs  5  4.  &i\ 
que  Dieu  lîiy  enfiigne  fes  ftatuts  ^  fes  T/p. 
myes.  Ailleurs, qu'il  puiïle habiter en'^-'^j'- 
fa  maifon  ^  ^  le  louer  inc cff animent. '^  f-i^'* 
Ce  faint  homme  fe  voitril  en  profperi- " 
té  ?  ^te  te  rendray  jc  Eternel?  tous 
tes  H  en -fait  s  font  fur  n^o^,  Kll:-ilv.a. 


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îî         L  A  M  E  D  T  T  A      I  O  N 

fA-ti.  plongé  dans  l'adverllté  ?  Eternel  mo;  ' 
*'**  **2)/>//  jtifques  à  quand  ^  jnfques  i 
ff    quand,  Elt-il  fliiii  de  maladie  ?  Eterne,  \ 
*•     ne  me  reprens  point  en  ta  colère   ®  m . 

chatte  point  en  ta  fureur.  Eil-il  - 
'"A  41.  dans  Texil?  O  quand  entreray-je  ^  Çg] 
me  frefenteray-je  devant  la  face  ' 
2)/>»  /  Eft-il  dans  les  foiiftranccs? 
Vq.  Eternel  aje  fitié  de  moy  ^  car  je  fuis  ' 
en  détrejfe.  Eft-il  en  quelque  danger? 
ff-7x»0  ^ieu  ne  t^ éloigne  point  de  moy  mon 
^'  '  **  2)/V«  hâte  toy  de  venir  à  mon  aide  ? 
■PA7U  £fl--il  dans  un  âge  d'infirmité  ?  Ne  me 
^ij^' rejette  point  au  temps  de  ?na  v  ici  lie f 
**    J^i     m^ abandonne  point  ^  maintenant 
que  ma  force  efl  dé  faillie,  Eft-il  tom- 
bé dans  quelque  grand  péché  ?  O  2)/V« 
aye pitié  de  moy  folon  ta  gratuité-,  fe- 
Ion  la  grandeur  de  tes  compaj^ions  ef- 
face mes  forfaits.    Enfin  comme  les 
mouvemcns  font  toujours  conformes  à 
la  nature  de  chaque  corps  5  aufli  les 
mouvemens  des  fidèles  ne  peuvent 
qu'être  conformes  à  cet  Efprit  qui  les 
aiùme.  Et  coiume  ces  JBtoilçs  errantes, 

ne 


13 


duSage,surleFs.xxxix.5. 
iies'eloic;nent  guère  de  la  voyc  du  So- 
leil, ilcneilquafi  demelme  du  hdclc. 
Il  sYnoic;ne  bien  peu  ,  dans  fes  mouve- 
lens  &  Ves  detlrs ,  de  cette  /////^r//r  cbo/e 
f/ùeflnéccffaire,  . 

1  ors  que  le  Prophète  parle  icy  de 
fa  fin,  lans  doùte  qu  il  ne  dit  rien  de 
nouveau.  Car  que  ce  foit  là  Le  cbemm 
de  toute  chaïr  :  qu'il  Iblt  ordomé  a  tous 
boynmes  de  mourir  une  fois  ;  que  la 
mort  foit  une  mai  fou  affignée  à  tous  les 
vivans  :  que  nôtre  pèlerinage  ait  ion 
terme  :  que  nôtre  carrière  ait  fon  but  : 
que  nôtre  lumignon  peu  à  peu  fe  con- 
l  ume  :  que  nôtre  vie  ne  foit  qu  un  che- 
min à  la  mort  :  que  ce  foit  un  tribut  que 
tous  payent  à  la  nature  :  qu'une  gênera^ 
tïon  pajfe,  ^qu'une autre  génération 
vienne  :  En  fin  qu'il  n'y  ait  pas  plus  de 
privilège  pour  un  Pharao ,  ou  pour  un 
Hèrode  ,  que  pour  les  enfans  qu'  ils 
mettent  à  mort  ^  pour  un  puiffant  Go- 
liath y  que  pour  un  foible  David  >  pour 
un  vieux  Metufçala  ,  que  pour  un  jeu- 
ne Abel;  pour  un  riche  Epicurien ,  que 

pour 


4i. 

Hchr. 

13,  Vt 


EccK 


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1-4         L  A  M  E  D  I  T  A  T  I  O  N 

pour  un  pauvre  Lazare  >  pour  uik 
cruelle  Jëzabel ,  que  pour  un  innocent 
Naboth  -,  Se  que  la  nature  ait  prononce 
contre  des  j^/zç^'j- nuques,  leniefmeaD  | 
reft  qu'ils  prononcèrent  autre  fois  con- 
tre cet  K^tJmiien  ;  c'eft.  Fidèles ,  c'eft 
ce  que  la  nature,  ce  que  Texpérience , 
ce  que  les  Oracles  de  Dieu  ,  ce  que  nô- 
tre fentimcnt  propre ,  ne  vérifient  que 
trop. 

Et  non  feulement  nous  afTvir«nt-ils 
de  la  fin  de  P  homme  ^  mais  aullî  de  tout 
ce  qui  eft  à  l'homme  ,  de  font  ce  quï  eft 
fous  le  SolciL  II  n  cft  plus  mémoire  au- 

5cf/.r.jourd'huy,  des  chofesquiont précédé, 
'  11  ne  fera  plus  mémoire  des  chofes  pre- 
fentes,  envers  ceux  qui  feront  cy-apres. 
Si  David  a  eu  fa  fin  ^  ^  e  Ta  eu, 

fes  trefors  l'cnit eu,  &  avec  eux  toute 
'niîdtitude  de  fnjets,/ toutes  fes 

5.    vi^oires  ,  ^tik  i       >  ir  ^  ,  routes  fes 
■j.  j.  ^foit  u.c:,  iminelles. 

'Chers. Freiv^  ,  u  n'eft  plus  i  icn  ni  de  la 
'fplehdcurdé  Babylone,  ni  de  la  gran- 
deur de      uve,  ni  des  richc/^ 

Tyr, 


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^DU  Sage,  sur  le  P$:xxxix.  5.  15 
r  5  ni  de  TEmpire  de  cette  ancienne 


.orne. 


n 


O 

&  piiifl 


toutes  ces  gran- 
'antes  Monarchies.  Rien.au-^ 

de  cette  Tour 


jourd'hiiy  ne  paroit ,  ni 
menaçante  y  nv  de  ces  prodigieufes  Mu- 
railles j  ni  de  ces  Jardins  fiifpenduS  i  ni 
de  ces  épouvantables  Colofles  >  ni  de 
ces  magnifiques  Temples  ;  ni  de  ces 
fuperbes  Maulblées>  ni  de  tout  ce  qui 
a  fait  la  gloire,  rétonnement ,  &les  dé- 
lices des  premiers  fiécles.  Encore  aur 
jourd'huy  tout  ce  quia  être  ,  &  toutes 
ces  créatures  qui  fubfiftent  dés  le  com- 
mencement 5  vieiUiflent  &  s'ufent  corn"  rj. 
me  tin  vêtement.  Le^  cteux  f  a  (fer  ont  \^';^^ 
avec  un  hruït  fifflant  de  tempête  ,  ^  ^^[^ 
toutes  ces  cho/ès  fe  doivent  dijfoudre. 
.  Et  c'eft  cela  mefme ,  qui  rend  la  de- 
ande  du  Erophéce  furpreriante ,  &: 
qui  d'abord  la  fait  trou-  frtpertlue. 
Il  prie  5  que  Dieu  luy  doiinc  à  connoî-' 
fr^fafin.  Et  ne  la  connoi  ffoit-'A  pas  af- 
fez  ?  Pouvoit-il  ignorer  tour  ce  que  je 
\        de  V  ns  direi"  N<"  \  oyoir-i]  pa<i 
i)ien  quc  ...  \    -,  iCgnc  , 


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1 6  La  a  I  F  ni  t  a  T  f  o  n 
infcnfiblcmeni  a  ixfinl  Aulli  ne  park 
t*ilpasicy  d'une  fimple  connoiirance. 
mais  comme  (;n  parle  dans  l'Ecole,  d*ui 
ne  connoijfance  de  pratique.  Il  deman- 
de 5  non  pas  iimplement  de  connottre 
fa  fm,  \\\zxsà.Q,\2iC0îifiderer Se  lacon- 
fiderer  fouvent ,  avec  attention.  Il 
veut,  qu'elle  puiflccftre  l'objet  de  fes 
plus  ordinaires  penfé-s  ,  la  vue  de 
toutes  fes  adions.  De  fait ,  V  homme 
connott  fouvent  ce  à  quoy  ïl  penfe  le 
moms.  Il  fçait  &  ne  pratique  pas,  il 
ne  manque  pas  de  lumière,  mais  il 
manque  de  chaleur.  Je  ne  parle  pas 
des  Payens ,  qui  ont  connu  Dieu  ,  fans 

ai.  '  le  glorifier  comme  tel.  Je  ne  parle  pas 
de  ces  Scribes  &  Phariziens ,  qui  d'un 

z.    côté  étoyent  ajjis  en  la  chaire  de  Moy^ 
de  Tautre  étoyent  affis  au  banc  de 
mocqueurs.  Je  ne  parle  pas  d'un  Judas 
Apôtre ,  ou  d'un  Julien  Apoftat,  ou  de 

fr*;.     n^^w^'^is  ferviteur ,  qui  connoiffoit  la 

^7.  'volonté  de  fin  CHaitre,  Je  parle,  je 
parle  d'un  Taul ,  qui  connoiffoit  le 

»5.  bien ,  fie  ne  le  faifoit  pa$  toujours  3  & 

qui 


DU  Sage,  sur  t.e  Ps.xxxix.  5 .  17 
lui  au  contraire  faifoit  foiiveiit  le  mal 
iif  il  connoiptt  écretel.  Un  Lorh  con^ 
Ho'iIJott  lans  doùte.quclk  cft  la  force  du 
Il  riniun  David.ce  que  c'eft  que  de  Fadul- 
Lérc  i  un  Salomon  ,  ce  que  c'eft  que  de 
^idolâtrie  ;  un  Pier  re ,  ce  que  c'eft  que 
\  de  renier  fou  Sauveur  ^  fin  "Dieu  :  Et 
toutefois  il  eft  un  temps ,  auquel  ils  n'y 
ùenfent  pas ,  fie  auquel  ils  s'oublient 
malheurcufcment. 

Mais  fi  jamais  cette  vérité  fe  décou- 
vre, c  eft  lors  qu'il  cft  queftion  de  nô- 
tre f  racTilité,  de  nôtre  néant,  6c  de  notre 
fin,  Fcrfonne  ne  l'ignore,  &:  cependant 
pcrfonne  n'y  pcnfe  ^ow  n'y  penfe  de  ioy 
mcfme.  H  faut  qu'un  David  reconnoif- 
fe ,  que  c'eft  un  don  du  Pcre  des  lumiè- 
res. La  chair  &:  le  fang  fuit  cette  forte 
de  penfée.  C'eft  une  cfpéce  de  phantô- 

Ime  qui  luy  fait  peur.  L' hcmme  quitte 
)  volontiers  fa  rnanteline  avec  Jofeph , 
pour  fe  défaire  de  ce  fâcheux  objet. 

I"  C:'  cft  un  entretien  qu  il  renvoyé  le  plus 
fouvent,  comme  un  Félix  qui  renvoyé 
ce  Saint  Apôtre.  Ceux  qui  nous  parlent 

de 


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145  G  34 


Job. 
lé.  V. 
2» 


r8      La  Méditation 

l^'l'     ^^^^^     '     '-^^^^ prophétiz^cnt  rif 
""'de  bo7t  ^  comme  il  fut  dit  autrefois  d'i^L 
Prophète  de  Dieu,&:  ils  nous  paroiflenl 
des  médecins  ^  des  confolateurs  fâ  \ 
cheux  ^  comme  furent  les  amis  de  e 
fouffrant.  Et  mefme  bien  loin  de  con  . 
nôitrc  fa  fin  ,owk  la  figure  ordinaire! 
ment  éloignée.  Les  uns  fe  repofent  funl 
leur  âge,  avec  cq jeune  homme  M fa^^ 
lom  ;  les  autres  fur  leur  fanté ,  avec  E-  ^ 
£iMias;  d'autres  fur  la  force  des  remé-  > 
des  avec  4fa  ;  d'autres  fur  leur  éj^ée  ^  ^ 
&  fur  la  bonté  de  leurs  armes  ,  avec  ce  . 
Thilift'm; d'autres  fur  leurs  forces,  avec  - 
:  ^'  Sam  fin  ^  Jefirtiray  comme  autre  fois^  \ 
^mefecourrayde  leurs  mains.  Ceux  ' 
là  mefme  qui  femblent  être  fur  le  bord 
de  leur  folfc,  font  les  plus  ingénieux  à 
fe  tromper:  Et  fe  fient  tantolV  fur  leur 
vigueur,  tantoll  fur  leur  régime,  tan- 
toil  fur  le  grand  âge  de  leurs  ancêtres, 
&tantofl-  fur  les  exemples  de  ceux  qui 
atteignent  le  fiécle.  Etf  uventàpeine  • 
leur  refte  t' il  autant  d'heures  ^  autant 
de  jours ,  qu'Us  fe  promettenx  d'années. 


X  6 


1 


DU  Sage,  sur  le  Ps.xxxix.5. 
^  Jugez  donqiies ,  Fidèles ,  fi  la  de- 
mande du  Prophète  étoitfuperfluë  :  Et 
|c'eft  fans  beaucoup  de  fujet ,  qu'il  s'a- 
refie  à  Dieu ,  (iomie  77ioy  à  connottre 
fin.  Certes ,  ce  n'ell  pas  dans  les  A- 
^Jémies  &  les  Ecoles,  que  naît  cette 
connoigrance.  Ce  n'eft  pas  /^r  argent 
qu'elle'  s'acquiert.  Ce  n'  etl  pas  des  J;,;- 
hommes  qu'elle  procède ,  &  les  doftes 
font  icy  bien  fouvent  les  plus  ignoransj 
les  fages,  font  en  cecy  les  moins  avifez  ; 
les  amis>  font  les  moins  fidèles  j  les  Mé- 
decins 3  font  les  moins  véritables  >  les 
Prédicateurs ,  font  les  moins  crus  ,  &: 
les  moins  fuivis.  Les  uns  6c  les  autres 
^nt  beau  difcourir  de  la  fin  y  ont  beau  en 
fan-e  le  tableau ,  &:  en  tirer  des  précep- 
tes filutaires.  L'homme  ni  ne  connoît 
fa  fin ,  ni  ne  la  veut  connoitre ,  ni  ne  la 
peut  connoitre  5  que  par  les  lumières  de 
ccluy  qui  eft  l'auteur  de  toute  bonne\, 
donation    ^  de  tout  don  parfait:  De 
celuy  qui  feul  peut  manier  nos  cœurs , 
delfiUer  nos  yeux ,  Se  crier  à  nos  oreilles,  ^urt, 
^Hepbphatah  j  ouirez-vous  :  De  cchx-^  " 

enco 

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»7» 


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I 


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20         L  A   Mê  n  I  T  A  t  I  O  N 

ÎL  9"^     l'Eter^iel^  ^  qui  ne  coi 

,,.;'8.noîr  point  de  fin  ;  qui  c(l  toujours  t 
zfv.'^^f^^j  ^  dont  les  ans  ne  feront  ja 

mais  achevez  ;  qui  a  les  clefs  de  l 
J7.  v.vïe    de  la  mort  ^  &  en  qui  nous  avon 

la  vie      la  rej^iration  ^  ^  toutes  cho 

fes, 

Qiielques  uns  ont  décrit  la  Pliilofc 
phie  5  par  la  méditation  de  la  mort. 
Mais  c'ell  bien  là  la  Philofophie  du 
Chrétien ,  comme  c'  étoit  la  Pliilofb- 
phie  de  David  :  Sçavoir  de  connoître 
fa  fin  ^  &r  d'aprcndre  à  comter  fes  jours™. 
Puis  que  tous  les  autres  devoirs  en  dé- 
pendent ,  comme  de  leur  premier  mo- 
bile. Puis  que  c'eft  là  le  feul  refîbrt  qui 
nous  fait  agir ,  la  feule  bride  qui  nous 
retient ,     le  fcul  antidote  contre  le  vi- 
ce. Au  moins  eft-ce  bien  le  moyen  le 
plus  puiiTant  ,  pour  nous  humilier 
dans  notre  profperité  ,   pour  nous 
confoler  en  nos  difgraces ,  pour  nous 
ramener  en  nos  devoyemcns  ,  pour 
nous  conduire  en  nos  démarches, 
pour  nous  réveiller  en  nos  alToupilTe- 

mens  : 


ÏuSAcr^suR  ï.ePs.xxxix.5.  21 
:  G?cft  le  vray  moyen  de  domter 
lotre  orgueil ,  de  modérer  nos  pallions, 
|i  le  (anaifier  nos  deflems ,  de  régler  nos 
'  iftions, d'échauffer  nôtre  zélé,  ôcdar- 
rêtcr  le  cours  de  nos  vices  :  C'eft  enco- 

Ire  le  moyen  de  nous  obliger  à  fournir 
d*huile  nos  vaifeaux  ^  avec  les  f\ges 
Vierges^  xveil/erj  avec  le  prudent  Pcre  ^  ^ 
de  famille  >  à  mettre  à  profit  ks  ^/^^z/a; 
M  talnis  „  &:  les  cinq  talens  j  avec  ces  fi- 
délcs  fcrviteurs  i  à  ^/^^y^r  non  feule- 
ment  de  nos  mai  fins  ^  a\-ec  Ezechias , 
mais  fur  tout  de  nos  amcs  6c  de  nos 
)nfciences  ^  à  être  prêts  lors  que  Dieu 
vous  appelle,  &:  à  pouvoir  repondre zi.'v. 
avec  Abraham,  Me  %H)icy;  à  nous  éveil-  [v,vr, 
^  'r  les  uns  6c  les  autres  par  averttffe^^^^^^^^ 
ment:,  avec  Pierre  ,  fçachant  qu'il  ayoit 
à  déloger  de  ce  fien  tabernacle  >  en  fonv 
me  a  nous  attendre  uniquement  à  l'E- 
ternel ,  comme  le  fait  David  en  ce  mef- 
mePfeaume,  Mainteriant  qu' ay  je  at-q>f^^ 
tendu  j  Seigneur?  mon  attente  eji  à  toy.  ^' 
Véritablement  ccluy  quife  figure  tou- 
jours Tcnnemi  prcfent,  s'  exempte  de 

fur- 


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m 

I  i 


22       La  Méditation 
furprife.    AiM  r".   .  f,]  pojntJ^uti 
moyen  ,  pour  5  LALiaptcr  d..  '  plu 
grande ,  de  la  plus  dan^creufe  ,  ^  de] 
plus  funcfte  de  toutes  les  furpriles 
que  d'avoir  toujours  /a  /;/  prefcntt 
Comme  encore  une  perfcnne  qui  tcu 
ks  jours  voit  un  objet  hideux,  en 4 
moins  de  peur  :  Aull'i  le  erand  fecret'.i 
pour  faire  perdr-  ^  ^^  mort  ce  qu'el*| 
le  a  de  plusaffrci       :  de  plus  éton^i 
nant  ,  c  cft  dele  fanuiiarilèr  avec  elle, 
de  s'accoutumer  à  i       lc,  &c  d'en 
faire  le  fujet  de  iès  méditations  ordi» 
naircs. 

Difonsau  contraire,  que  lè  défaut 
de  cette  connoijjance  ^  cH  la  fource  de 
tous  nos  maux  5  que  l'éloiçnement  de 
cette  penfée  ^  eft  la  cauie  d'une  infini- 
té de  crimes ,  &  la  perte  d\ine  iw'^mx.^ 
xi'ames.  D'ouvient       ous  prie ,  que 
cet  Epcurien  anticipe  fur  l'avenir ,  6c 
ne  promène  fes  penlcvs  que  dans  fes 
colfresôcdansfes  greniers?  D'ouvient 
-qu'un  Hacan  j,  s'émancipe  jufqu'à  un 
facrilége  ?  D' envient  qu'  un  Hamm 

«'ou* 


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DU  SagEj  sur  le  Ps.xxxix.5.  25 
•oublie  dans  la  faveur?  D'ouvient 
^i\\\n  Belfçatjar  j  ne  parle  que  de  fé- 
lins &:  de  réjoùilTances?  D'ouvient 
:ju'un  i^hfaloTn  j  (  U  qu'un  KyidG7îia^ 
portent  leurs  penfécs  ambitieufes  à  la 
Couronne:  D'ouvient  quun  Simehl 
5  tourmente  pourfes  ferviteurs^  &  ne 
îTouvient plus  defon  ferment?  D'oif- 
vient  qu'un /iVr(9^^'  piafe  fur  fon  fiége 
judicial?  D'ouvient  qu'un  Ananias  ^ 
Aine  Sapfhira  ^  ont  rempli  leur  cœur 
""te  fraude  5  de  tromperie  5  6c  d'avarice? 
Sl*eft-cepas5  qu'il  ne  leur  avoir  point 
^^fté  donné  de  connoître  leur  fin  ?  Que 
ni  ce  riche  mondain,  ne  fongcpas  que 
fa  fin  approche  ;  ni  cet  Hacan,  que 
fon  fupplice  s'aprétC)  m  ce  Belfçat- 
far,  que  fon  Royaume  va  être  tranf- 
porté  ;  ni  tous  ces  autres ,  que  leur 
ruine  éc  leur  mort  s'achemine ,  8c  que 
dans  ces  mefmes  entrefaites ,  leur  ame 
leur  fera  redemandée.  Un  Alexandre 
auroit-il  ambitionné  denouveauxMon- 
^  d' - ,  un  Créfus ,  auroit-il  logé  toute 
.  clicîté  dans  fes  tréfors ,  fi  l'un  eût 

mieux 


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I 


24      La  Méditation 

mieux  omjnula  fin  de  fa  vie,  l'autre  y 
fin  de  fon  bonheur  ?  l  a  pauvre  fcuni 
n'amafllToit  pas  pour  des  années, 
l'ans  doute  qu'elle  fe  travaillera 
jiîoins,  fi  co7t7ia  't(fo  'tt  ouk  pié  qi 
va  récrafer,  eu  l'eau  qui  va  la  noye^ 
ou  le  feu  qui  cft  fur  le  point  de  la  cor 
fumer.  Et  plût  à  Dieu^  qu'on  connt: 
mieux  ce  que  c'cfl:  que  de  nôtre  fin 
^  qu'on  la  ccnfiderat  pour  ce  qu''en 
cft  !  Je  veux  dire  pour  un  précipice,  t 
line  dangercufe  foflé ,  ou  l' on  tomb 
l'on  n'y  prend  garde  >  pour  un  en 
jieniy,1qui  ert  en  embufcade,  &:  qu 
furprend  fionne  le  prévient;  &  pou  i 
i.um.un  traître  ,  qui  comme  ce  Joab  cher 
\l\  che  de  prendre  par  derrière ,  prend 
véritablement  ceux  qui  y  fongcnt  le 
moins. 

Ce  ncft  pas  donc.  Chers  Frères, 
fans  un  juftefujet ,  que  le  Prophète  de- 
mande que  Dieu  luy  donne  à  connoître 
p/ço.y^  fin.  Telle  cil:  la  prière  d'un  Moyfe^ 
■  •  "'fi  c'cft  bien  Moyfc  qui  parle  en  ce 
Pfcaume ,  Enfeîgne  ?noy  à  camter  mes 

jours. 


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duSagh,  suriePs.xxxix.^.'  2Ç 
mrs.  Telle  eft  la  leçon  de  l'EccIefia- 
te,  qui  commence  &  finit  par  cette  mé-  xit'v; 
litadon.  Telle  eft  cette  exhortation  ^*  ^' 
le  Jofaphat  ,  (Jlîaintenant  donc 
.\éfouvantement  de  L'Eternel  fott  fur  Y,' 

us.  Telle  eft  la  pratique  d*un  Paul , 
jui  a  fans  cefTc  devant  les  yeux  fa  fin  Se 
on  départ.  Telle  eft  celle  d'un  J.  Hié^ 
orne  ^  qui  foit  qu'  il  mange  foit  qu*  il 
)oive ,  foit  qu'il  dorme  foit  qu'il  veille, 
)enfe  toujours  au  fon  de  cette  dernière  ^ 
rompctte.    Et  telle  étoit  encore  la 
)enfée  de  celuy ,  qui  dans  fes  voya^^es 
faifoit  porter  fon  cercueil  j  fans  que 
yous  parle  icy  des  Payens ,  ni  de  leurs 
xccllens  préceptes ,  ni  de  leurs  ravif- 
antes  remarques,  ni  de  diverfes  de  leurs 
:outûmes;  que  d'autres  ont  remarqué 
levant  moy,  &:qui  toutes  tendoyentà 
e  rendre  cette  penfée  familière. 
David  en  ce  texte  ne  demeure  pas 
ns  la  généralité ,  il  ne  parle  pas  de 
onfi  Jerer  la  fin  de  l'homme  ^  mais  en 
:)articulier  de  confiderer  fa  propre  fin. 
Et  de  fait ,  tel  penfe  à  la  fin  de  fon  voi- 

B  fin, 


1  s  v 


Sé-         L  A   M  È  D  I  T  A  T  I  O  N 

fin  5  qui  ne  fe  fou  vient  pas  de  la  fienne. 
Comme  notre  œil  voit  ce  qui  eft  bon- 
de lu  y,  fansfe  voir,  ou  fans  refléchiîi 
furfoy  nlcfme.  Nous  forames  d*ordi'i 
naire  fore  clairvoyans  dans  les  affairei 
d'autrui ,  &  ne  voyons  goûte  en  celles 
qui  nous  touchent  le  plus.  Et  Getaveu^ 
t^emen't  nous  trompe  le  plus  fouvent. 
Chacun  croit  d'ordinaire  qu'il  fera  de- 
vancé de  fon  compagnon.  Et  tandis 
qu'il  s"^ endort  dans  cette  penfée  ,  ie 
fort  tombe  fur  luy ,  comme  il  tomba  fur 
un  Jonas>  Un  tel  dit  avec  ce  Pharizien, 
ôt^ieUjje  te  rens  grâces  ^  que  je  ne 
fuis  f  ^ls  comme  cet  homme -là  ^  que  je 
nlay  ni  goûte  4  oi  ^gravellej  ni  incommo- 
dité de  cette  nature.  Et  voici  qu'une 
fiçvre  le  confirme,  une  apoplexie  l'em- 
porte, ou  un  mauvais  pas  le  renverfe. 
Il  leur  en  prend  comme  à  un  Haman , 
qui  croyoit  bien  que  ce  feroit  le  tour 
de  Mardochée,  êc  c'étoit  le  fien  pro- 
pre: Ou  comme  à  ceux  qui  font  voile 
dans  yn  vaiffeau,  car  il  leur  femble 
qu'ils  rçpofent ,  &  que  la  terre  avance> 

tout 


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t>u Sage,  SUR  LE  Ps.xxxix."^. 

t\  Ôc  tout  au  contraire,  la  terre  tient  fer* 
î  me,  tandis  qu'eux  avancent  vers  leport» 
Et  comme  tous  fe  flattent  le  plus  Ibu- 
vent  dans  cette  penfée  ,  fi  perfonne  ne 
f  e  trompoit ,  perfonne  ne  feroit  furpris 
parlam  ;rt. 

Mais  ne  paflbns  pas  fous  filence  ce 
qui  pouflè  le  Prophète  à  faire  cette  de- 
mande :  Au  moins  ce  qui  réveille  en  luy 
plus  que  jamais  cette  forte  de  penfée. 
Ce  font  fes  douleurs  ^  fes  adverfitez  &: 
es  flayes  ^  dont  il  fe  plaint  en  ce  Pfeau-  ^f- 
me.  Fruit  excellent  des  vifitations  de 
Dieu  !  doux  fruit  de  toutes  nos  amer- 
tumes i  Sçavoir  qu'elles  tournent  tou 
te6  nos  penfées  vers    fin^  Se  toutes  nos 
méditations  vers  le  port.  Jamais  cette 
connotffance  ne  nous  eft  plus  ennemie  , 
^ac  dans  la  p'rofperité  &  dans  la  paix, 
ous  n'aimons  pas  qu'elle  trouble  nô- 
tre repos  5  &  nos  joyes,  comme  ces  Mo- 
narques  des  Perfes ,  qui  ne  vouloyent 
pas  qu'aucun  objet  trifte  &  funefte  fe 
atât  dedans  leur  Cour.  Maisdéi 
que  ce  calme  ,  Recette  tranqûilité  paf- 

B  2  re  j 


V.  7. 


28  LaMeditation 
fej  dés  que  les  vents  grondent  5  que  le 
orages  s'clévent>  que  les  advcrfitez  nou 
acablent  ;  que  les  forces  nous  abandon 
nent  j  qu'on  fe  voit  couche  dans  un  li 
de  langueur,  de  maladie,  &:  de  fouffran  . 
ce,  c'eft  alors  que  la  fin  fe  fait  voir  : 
nous.  C*eft  alors  qu'  Ezechias  recon 
T/^!.  noît ,  que  fa  durée  s'en  efi  allée  ^  6 
:  "  qu'elle  va  être  tranjportée  d'avec  luy 
comme  une  cabane.  C'eft  alors  que  Jol 
avoue,  Q^^r  homme  né  de  femme  efi  d^ 
3^'*-  cotirte  vtCj,     plein  d' ennuy  ;  èc  nôtn 
î!*    Prophète ,  que  ce  n'  eft  que  vanité  d 
Fr.iP'tout  homme  j  qtioy  qu'il  foit  debout 
^omme  autrefois  ce  fier  &  préfom 
ptueux  Conquérant  ,  qui  fe  fentan 
blcffé  d'une  flèche ,  reconnut  alors  qu'i 
étoit  mortel.  Mais  il  y  a  cette  diffe 
rence  entre  les  mondains ,  &■  les  fidèles 
que  ceux-cy  n'  aprennent  rien  de  nou 
veau,  ce  font  des  coups  que  dès  Ion 
temps  ils  prèvoyoyent.  Et  leur  fin  r 
fe  prefente jamais,  que  comme  une  bon- 
ne meflagére.  Mais  pour  ce  qui  eftdeî. 
înondams,<?  fini  ni  aujourd'hui j  n 


DU  SagEj  sur  le  Ps.xxxix.  5 .  29 

é/ans  un  autre  jour  j  jamais  tu  ne  leur 
sortes  de  bonnes  nouvelles.  Ils  fe  trou- 
ant toujours  furpris ,  comme  le  poijfon 
qui  fe  fent  pris  au  mauvais  filé  j  &c 
comme  l^oifeau  qui  eft  fris  au  lacet, 
La  crainte  &  la  frayeur  les  faifit ,  com- 
me elle  faifit  ces  profanes ,  lors  qu'ils 
virent  le  rompre  les  fontaines  du  grand 
abyme  ;  ou  ces  Sodomites,  lors  qu'ils 
virent  pleuvoir  feu  8c  foulfrcj  ou  ce 
Corc  5  lors  qu'il  vît  la  terre  ouvrir  fa 
bouche  &  fe  fendre  3  ou  ce  Babylonien, 
lors  qu'il  vît  des  doigts  de  main  d'hom- 
me écrire  fur  la  muraille  de  fon  Palais, 
Mène,  Mène,  Thèkel,  Vpharfin. 

Fidèles ,  c'cft  quelque  chofe  de  con- 
noître  fa  fin ,  mais  encore  n'eft-ce  pas 
alTez.  Plufieurs  la  connoiffent ,  plu- 
fleurs  y  penfent ,  qui  la  rejettent  dans 
l'avenir  bien  avant.  Ils  confidérent 
leur  fin  ,  fans  fe  croire  fi  proche  de 
cette  heure  fatale.  Sur  tout  lors  que 
cette  penfée  leur  vient  dans  le  jeune 
âge,  &:  dans  la  vigueur.  David  pour- 
montrer  qu'il  n'eft  pas  de  ce  nombre, 

B  3  s'cx- 


2  S.iîiK 
II.  V. 

20. 

Ecl!. 

9.  V. 
12. 


a/. 


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^'O        L  A  M  E  D  l  T  A  T  I  O  N 

s'explique  v  &  parle  non  feulement  d- 
fa  fin:,  maus  auili  de  la  proximité  d 
cette  fin ,  delà  me  fur  e  de  fes  jours  ,  & 
de  fon  feu  de  durée  :  Doime  moy ,  E 
ternel ,  à  connoître  ma  fin ,  ^  quelle  ej, 
la  mejure  de  mes  jours. 

Remarquez  d' entrée  cette  expref 
fion ,  la mcftire de w^-j-  jours-, ^  Une  dii 
rien  de  fes  fiécles ,  de  fes  années ,  de  fe: 
mois,  ou  de  fesfemaines.  llfecontea  ' 
r     te  de  parler  de  fes  jours.  Moyfe  en  faii 
^';^'  de;méme  ^cnfeigiie  moy  à  comterw/^j 
'^•  ^  jours  :  ]oby  nos  jours  {oï\x.àét^TmmQZ\ 
ce-  Jacob,  les  jours  de  mes  pèlerinages 
V.'   font  courts  .Et  généralement  lesOracle^ 
facrez  ne  parlent  que  des  jours  de 
rhomme,  ou  mefme  de  fes  heures. 
Sans  doute  pour  nous  aprendre  et 
.que  c'eft  que  de  nôtre  vie  :  Non  pas 
une  fuite  de  fiécles  ;  non  pas  unnombre 
;  de  jubilez  -,  non  pas  toujours  une  chai- 
Qe  d'années.  C'eft  plùtoft  une  fuite 
jùurs  ^  &:  de  jours  qui  s'envolent  :  plû^ 
.toft  une  femaïne  ^  puis  que  toute  nôtre 
Yje  ne  roule  que  furfept  jours:  plutoft 


DU  SagEj  SUR  LEps.xxxix.5'.  -Jr- 
Jour  j  Se  r Ecriture  Sainte  en  parle 
en  fingulier  bien  Ibuvent^  apellant  7*^? 
Journée  de  l'homme ,  tout  k  tems  qu'il 
pafle  en  cette  vallée  d'ombre  de  mort. 
^  Et  véritablement  elle  en  parle  de  la 
|-forte  avec  beaucoup  de  raifon.  Car  ft 
^•le  /W  pafle  avee  tme  merveilleufe  vi- 
•teflei  fi  le?  heures  &:  lés  momens  s'y 
•preffent  $  le  même  le  voit  dans  le  flux 
de  la  vie,  elle  p^dïcSc  f^e  s^ar^éte point. 
Si  le  Soleil  à  peine  paroît  dans  fon 
Orient ,  qu'il  s'approche  de  fon  midy  ^ 
fi  du  midy  il  paffe  aulîî-4:aft  au  décima 
puis  fe  hdte  à  fon  coucher  5  n'eftce 
pas  encore  un  emblème  de  la  vie  ?  S'il 
eftvray  que  l'enfance  eft  aullî-toft  fui- 
vie  de  la  jeunefle  j  q^e  fa  jeunefîe  Teft 
de  l'âge  viril  5  cétuy-cy  de  la'^  vieillefTei 
f  jufqu'à  ce  que  la  mort  ^  c'eft  â  dire  k 
nuit  nous  furprend  fubitement.  Per- 
fonne  aurti  n'ignore  cette  grande  in- 
égalité de  jours.  11  y  en  a  de  longs ,  il  y 
en  a  de  fort  courts  5  &  il  eft  aujourd'huy 
de  ces  Climats  Septentrionnaux ,  ou  â 
•peme  fe  ^montre  la  lymiér^  du  joui». 

B  4,  Me^ 


r 


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^2  LaMediTa'îion 
Mes  Frères  5  cette  inégalité  de  nos  vie  ' 
ne  fe  remarque  que  trop.  Les  plus  Ion 
gues  font  comme  ces  grands  jours  ,  & 
les  plus  courtes ,  comme  ceux  qui  daiiî  ^ 
cette  même  faifon  éclairent  certain:  : 
peuples  du  Nord.  Vous  fçavcz  enco 
re  qu'il  y  a  de  beaux  jours >  &  qu'il  ^ 
en  a  de  fort  trifteS}  qu'il  y  en  a  d'heui 
reux,  &  d'autres  que  les  Anciens  apel 
loyent  des  jours  noirs,    L' expérien^ 
ce  nous  montre  alTez  la  même  chofe. 
à  l'égard  de  nos  vies.  Elle  nous  fait 
voir  les  unes  riantes ,  les  autres  triftesj 
les  unes  heureufes  &  triomphantes  5  les 
autres  malheureufes  &  funeftes  >  Enco- 
re  les  unes  font  elles  infortunées  fui 
le  fnatin ,  les  autres  fur  le  foir  >  6c  d'au- 
tres prefque  fans  relâche.  Et  fijevou* 
lois  prelTer  davantage  tous  ces  admira- 
bles rapports ,  entre  les  jours  j.  ôc  le 
tems  de  notre  vie,  je  vous  ferois  ref- 
fouvenir  que  le  jour  naturel  a  pareille- 
ment fa  nuit  y  que  les  Juifs  6c  les  pre- 
miers Romains  y  partageoyent  le  jour 
en  quatre  principales  parties  >  que  pen- 
dant. 


duSage^surlePs.xxxix.^.  3 

nt  le  jour  le  Soleil  fouffre  fes  écU 
pfes ,  6c  tantoft  fe  cache,  tantoft  paroîtj 
que  les  uns  font  oijlfs  au  marché  j  tan- 
dis  que  d' autres  travaillent  dans  lauu 
vigne  ;  que  les  uns  fe  traitent  bien 
magnifiquement j  Se  que  d'autres  font 
couchez  à  la  forte  du  riche ,  affamez 

pleins  d'ulcères  ;  que  les  uns  com-19! 
tcnt  foigneufement  les  heures,  &:  que 
d'autres  les  négligent-,  qu'enfin  dans 
la  Parabole ,  les  uns  font  apellez  dés 
la  f  ointe  du  jour  j  d'autres  à  trois  heu-  Mm. 
res^  d'autres i fix j  S>( dUmtxts àonze:]^^^"^'^ 

t  vous  trouveriez  aflurément ,  quel- 
que chofe  de  fort  conforme ,  &  de  fort 
aprochant  à  tout  cela  dans  le  cours  de 
nôtre  vie. 

Mais  cette  autre  expreflîon  n'eft  pas 
moins  confiderable ,  lors  que  le  Pro- 
héte  parle  de  la  mefure  de  fes  jours, 
n  effet  nos  jours  ont  leur  mefure, 
c'eft  à  dire  leur  nombre ,  leurs  heures, 
f  &:  leurs  liniites.  N^y  a-t^il  p/ps  comme  joh.-?: 
n  train  de  guerre  ^  ordonné  aux  mor-  *' 
'  tels  fur  la  terre  ?      leurs  Jours  ne 

B  5  font^ 


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.^^        L  A  M  E  D  ï  T  A  T  I  O 

•font-ils  pas  comme  les-  jours  dhm  o 
vrier  à  louage  1  =Ce  même  Job  en  par  « 
le  ainfi  au  quatorzième  de  fon  Liv«  ^ 
Les  jours  de  V  homme  font  déterm 
-nez  j  de  même  qu'il  eft  parlé  des  fi 
maines  déterminées  j  au  neuvième  à 
Daniel  j  lu  as  le  nom^bre  de  fes  mou  > 
far  devers  toy  j  tu  luy.as  préfcrit  fe^ 
limites  j  ^  U  ne  les  fajfera  pas  outre 
<Le  i<.oy  Ezechias  avoit  encore  quxnz(  : 
années  de  vie,  c'étoit  là  fa  me  fur  e 
Moyfe  âge  de  fix  vingts  ans,  témoic 
gne  que  cjbft  encore  là  fa  mefure  ;  Ji\ 
uv.z.  fig  pourray  plus  aller  m  venir  j  ®  - 
ternel  mla  dtt^tu  ne pajferas point  ce\ 
'^ordainr  Cet  Hananias  ,  donc  parle! 
jerem.  Jercmic  le  Prophète ,  devoit  mourir  eu 
''Xxv^ette  anné€4à   au  feptiémemois  j  c'é- 
toit  auflTi  là  la  mefure  de  fes  jours.  Et> 
quand  vous  life^ ,  que  P heure  du  Fils 
8, de  Dieu  n'étoit  pas  encore  venue,  & 
•  que  fin  temps  n'  étoit  pas  encore  ac- 
compli j  entendez  que  la  mefure  de 
fes  jours  n'étoit  pas  encore  remplie.. 
Nôtre  vie ,  tout  de  mcfme  qu'un  fable, 

ou 


7. 1 

s 


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DU  Sage,  sur  le  P$.  xitxi^,^: 

TLi  que  ces  clepfydres  de  l'Antiquiréi* 
i  Ibn  tems  y  Se  fes  momens.  Elle  abou-i 
it  en  un  certain  endroit ,  tout  de  rriè^ 
tue  que  fait  un  chemin  &  une  carriè- 
re. Elle  a  fes  bornes  &c  fes  limites ,  tout 
h  même  que  les  Ifraélites  au  défert 
surent  les  leurs  •  Se  comme  çelles^cy 
touchoyent  à  /à  montagne  de  Sinai  j  f  v.i. 
celles-là  touchent  à  la  mmtagne  de\\J* 
Sion,  Au  ^  moins  pour  ce  qui  eft  des 
bornes  du  fidèle  i  car  les  bornes  du 
méchant,  font  comme  celles  que  Dieu 
avoit  mifes  à  Tharao  ^  qui  termi- 
tient  malheureufement  fa  vie ,  fa  gloi-*^* 
-re,  &  fes  avantages. 

En  fin  c'eft  une  mejiire  ],  qui  ne  peut 
être  ni  alongéc  ni  racourcie.  Elle  eft 
•comme  cet  écrit  eau  de  Pilate  ,  ou 
<omme  ces  ordonnances  des  Perfes  6t 
•deç  Médes ,  qui  ne  pouvoyent  être 
révoquées.    Ce  qui  efi  écrit  j  Commç^  j  ^^ 
le  difoit  ce  Juge  Romain,  ç/?  écrit),'^^''' 
^ans  le  Livre  de  la  Providence.  Et"^'' 
lors  que  la  mefure  n'eft  pas  achevée , 
affurcment  que  ni  la  mtàadie  ne  pré- 

B  6  vau-- 


^9. 


L  A  M  E  D  I  T  A  T  I  O  N 

vaudra  point  fur  uiiEzéchiasj  nilara  i 
ge  d'un  injufte  Saul ,  fiir  un  David  per 
fecuté  i  ni  les  machinations  fanglante 
(des  Fils  de  Jacob  y  fur  un  innocent  Je  ï 
fephj  ni  tous  ces  coups  de  pierres  , 
\,  tous  ces  attentats  y  fur  /e  Saint  j,  &  l 
**'    y^fi^  ^     1^  force  de  l'orage ,  le  fraca: 
des  ondes ,  &  Timpetuoiitè  des  vents  ; 
fur  ce  navire  qui  périclite.  Qiiand  toc 
îilcére  j  6  malade  !  feroit  mille  fois  in- 
ly: 3». curable,  en  ce  cas  ,  un  léger  emflâtrt 
te  guériroit  :  quand  toutes  les  eaux  de 
a     Tarfar  ^  ^  d^i^bana  ^  ne  t'auroyent 
34-  *  pû  nettoyer  de  ta  lèpre ,  les  eaux  du 
^.%\Jordain  te  nettoyeroyent :  quand  tu 
âurois  dépenfé  tout  ton  avoir  en  mé- 
decins j  fans  avoir  pu  être  guéri ,  le 
feul  atouchement  de  ce  grand  Méde* 
cin  te  feroit  falutaire.    1  out  au  con^ 
traire  >  Chers  Frères ,  lors  que  la  mefu» 
re  eft  pleine ,  que  le  fable  eft  écoulé , 
que  la  carrière  eft  fournie ,  &:  qu'on 
touche  l'extrémité  des  limites ,  Dieu 
crie  auflî-toft  de  fon  Sanftuaire,  Fils 
n-  50.  de  P  homme  retourne.  Alors  il  coupe 


DU  Sage,  so  r  le  Ps.xxxix.  ^.  3 y 
retranche  le  fil  de  nos  jours ,  commer 
.Tï  parloyent  même  les  Payens.  Alors 
\  eft  neceflaire  de  marcher ,  &:  le  fer- 
^eant  qui  nous  fomtne  eft  inexorable; 
Alors  toiTte  l'expérience  des  Méde- 
cins, toute  Tadrelle  des  Operateurs ,  ^ 
tous  les  fecrets  des  Chymiftes  >  toutes 
leurs  poudres  ,  tous  leurs  élixirs,  tout 
leur  antimoine ,  &  tout  leur  or  pota- 
ble V  j'ajoùteray  toute  la  puiflfance  d'un 
Empereur ,  tous  les  tréfors  d'un  avare, 
tous  le  foins  de  nos  amis ,  tous  les  fer- 
vices  de  nos  domeftiques ,  Se  toutes  les 
larmes  foit  d' un  ij4braham  pour  fa 
emme ,  foit  d'un  Jofeph  pour  fon  Pe- 
,  foit  d'un  David  pour  fon  enfant , 
ont  foibles  ou  pour  retenir,  ou  bien 
pour  rapeller  5  ou  pour  empêcher  le 
départ ,  ou  bien  pour  le  retarder  d'une 
nu  te. 

"   Que  fi  nos  jours  ont  leur  mefure 
Chrétiens ,  tout  ce  qui  fubfifte ,  éc  tout 
ce  qui  fe  fait  km  le  Soleil,  a  fembla- 
blcment  fa  mefiire.  Il  y  avoit  quatre 
cents  ans  ordonnez ,  pour  l'cfclavage 


^  J 


-  I 


38        L  A  M  E  D  I  T  A  T  I  O  N 

de  la  pofterité  d'Abraham.  Niniv^ 
avoit  quarante  jours  pour  fe  repentir, 
pu  pour  f::  voir  renverfée  fans  miferir 
corde.  Le  peuple  de  Dieu  devoir  fout 
frir  une  captivité  de  foïxante  dix 
années.  Il  y  avoit  fitxante  &  dix  fe^ 
marnes  dcterminces  fur  les  Juifs ,  6c  fui 
'^^^•^^  la  fainte  Ville.  Il  y  a  eu  un  tems  défi- 
ii.)6.nij  pour  la  fureur,  la  licence  5  &:ks  ra- 
vages d'un  Antioohe.  Le  Diable  a  dû  ! 
eftre  lié  y  fans  pouvoir  arrêter  le  coiurs 
^ri/^^  l'Lvangile,  Tefpace  de  mille  ans.  \ 
yi'  "'Et  les  Gentils j  c'eftà  dire,  les  Idola^  I 
très  fous  le  régne  de  rAntechrift ,  doi-  1 
vent  fouler  aux  pieds  la  faiat€  Cité  ,  \ 
n^r.*i.par  quarante-deux  mois.  Ce  font  au- 
tant de  mefures    réglées  dans  le  con» 
feil  de  cette  éterijelle  &  infaillible  Pro- 
7)4«.  ^vidence.  C'eft  ginfi  que  les  faifons 
il*    ont  leur  certain  terme  >  que  \ts  Rojau* 
^^^'J;  mes  ont  leur  période  >  que  les  cour  on- 
33.    nés  ont  leur  chute  aflurée  5  que  les 
l!6.viMJitations  de  Dieu  ont  leur  tems  de* 
y;„  terminé,  quoy  que^^^  ;  que  les  moin- 
Y^'  àxQS  f  ajjereàux.  cnt  leurs  momen 

pou 


1 

11 
1 


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DU  Sage,  SUR  le  Ps.xxxix.5:  59 

ur  tomber  j  enfin  que  ce  gratad  &  mmi\ 
Tedcutablc  jour  x  ion  heure,  C-eft  dc  ^'^;  ''^ 
la  forte  que  cette  fouvçrauie.  Intelli- 1*- 
gence,  compafle  non  feulement  no$' 
jours  ,  mais  tous  les  accidens  de  nô- 
tre vie  :  Qii'elle  règle  la  conception 
de  r  homme  dans  le  ventre  qu'elle 
marque  le  tems  de  T  enfaavcment  j 
qu'elle  comte  le  nombre  de  m>s  cher 
A£uxi  qu'elle  arrête  tous  nos  pas ,  5c 
loutes  nos  virevoutes ;  qu'elle  m  us 
afligne  nos  compagnes  &  nos  Rehec^ 
£as  ;  qu'elle  ordonne  une  certaine  me-» 
fure  à  nos  iniquitczj  qu'elle  attend 
pour  punir  ç^t  lamefare  fok  comble;^^-^ 
qu'elle  frappe  Jérufalem  ,  lors  que  les7.\^ 
jours  font  ucomplis  ^  ^.  que  la  fin  eft 
venues  que  pareillement  elle  délivre 
un  Nebucadnezar  ,  lors,  que  les  feftDév  i;^ 
innées  font  écoulées,  ou  qu'elle  re-ji/^' 
haulTe  un  Jofeph ,  au  tems  que  la  fa-  ^'^^ 
roie  de  P Eternel  eft  ve^më.  Et  tou--»'- 
tes  ces  mejidr es  j  tons  atstox^s  6c  tous 
ces  réglemens ,  font  couchez  dans  Iç 
livre  de  fa  Providence.  Et  ce  livre  eft 
p  feellé 


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40      La  Meditatioî? 
feellé  de  fept  fçeaux  ^  il  n'y  a  perron 
ne  ni  au  Ciel ,  ni  en  la  Terre ,  qui  fmjji 

ïTi.  ouvrir  ce  livre  j  ni  le  lire  ^  ni  le  regar 

a-  der. 

Il  y  a  cependant  une  chofe  que  per 
fonne  n'ignore.  C'eft  que  cette  mefun 
de  nos  jours  eft  courte ,  &:  de  fort  pev 
d'étendue.  Et  c'eft  ce  qu'cnfeigne  k 
Prophète ,  par  cette  même  exprellîon 
Dieu  a  fes  jours ,  mais  fans  mefure. 
Se  r  homme  a  les  fiens  far  mefure 
De  même  qu'il  joiiit  de  tous  fes  bienSj 
&  de  tous  fes  avantages  par  mefure. 
De  même  qu'il  pofiedela  tby  par  me^ 
fure,  6c  que  la  grâce  eft  donnée  à  un 
i^k 4. chacun  de  nous,  félon  la  mefure  d 
''''''  dondeChriJt.  Dieu  dif  it  au  Prophè- 
te Ezéchiel,  marquant  une  extrême 
famine.  Tu  boiras  les  eaux  par  mefu- 
Aufli  lors  que  les  iniquitez  de 
r  homme  font  parvenues  jufques  aux 
cieux ,  Dieu  luy  a  dit ,  Tu  auras  des 
jours  far  mefure.  Et  le  Pfalmifte  ne 
fe  contente  pas  de  ce  terme ,  mais  il 
demande  comme  avec  admiration  de 

con- 


Al.  re 


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145  G  34 


I 


DU  Sage,  SUR  LE Ps.  XXXIX.  5-  41 

:onnoître ,  quel/e  ejt  la  mdure  de  fes 
ours?  A  favoir  combien  elle  eft  pe- 
ite,  &:  combien  elle  eft  racourcie. 
It  pour  en  achever  la  defcription, 
l  ajoute  au  verfet  fuivant  >  que  c'eft 
ane  mefure  de  quatre  doigts. 

O  ehetîve  &  pitoyable  mefure  î  6 
comble  de  pauvreté  &:  de  mifére  î  En- 
core fi  ce  divin  Prophète ,  eût  parlé 
d'une  mefure  un  peu  plus  raifonna- 
ble!  s'il  eut  comparé  l'étendue  de 
nos  jours  >  à  la  longueur  de  ces  ftades 
anciennes  !  s' il  eut  parlé  d'un  nom- 
bre de  verges ,  ou  de  coudées ,  ou  de 
pieds  de  mefure  1  Mais  qn'eft-ce ,  Fi- 
dèles ,  qu'une  mefure  de  quatre  doigts j 
ou  bien  d'une  faime?  Et  jugeons  de 
là,  ce  que  c'eft  que  de  Thomme ,  ce 
qiie  c'eft  que  de  nos  jours.  Ge  qui  a 
fait  dire  au  Pliilofopte  Seneque ,  que 
tout  nôtre  âge  n'eft  même  qu'un 
(jftfi/^f .   AulTi  r  Ecriture  Sainte  a  tou- 
jours pris  à  râche  ,  de  nous  reprefcnter 
cette  brièveté  de  la  vie,  par  des  com- 
paraifons  aprochant    ,  6c  camnie  fil 

foa 


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4»f       La  Méditation 
fon  intention  eût  été ,  de  fe  rire  de 
-txe  vie  ,  6c  de  fe  moquer  de  toute  nt 
tre  durée.  Ce  neluy  efl:  pas  affez  d'; 
pellcr  quelque  fois  T  homme  un  ver 
de  dire  que  tout  homme  eft  foin  j  o 
que  tout  homme  ejl  chair.  Ce  ne  k 
«ftpasalTez  de  mefurer  fa  durée,  pi 
ré  tendue  de  quatre  doigts.   Par  toi 
«ncgre  elle  parle  de  nôtre  vie ,  comm 
d'un  fonge>  comme  d'une  vapeur  qi 
V évanouit;  comme  d'une  ombre  qu 
Tie  s'arrête  point  j  comme  de  la  fiimé 
qui  difparoit  ;  comme  d'une  figure  qu 
palfe  -,  comme  du  vol  de  l'aigle  j  com 
me  d'un  trait  de  flèche  5  comme  de  k 
courfe  d'un  meflager  ;  comme  de  1 
fleur  qui  fort  ,  &  puis  eft  coupée;  en 
:un  mot  elle  fait  lè  tableau  de  nôtre 
-vie  ,  en  faifant  celuy  de  tout  ce  qu'il  y 
•a  de  plus  trompeux  ,  de  plus  incon« 
Jftànt,  &  de  plus  pacager. 

Mais ,  Chers  Frères ,  il  n'eft  pas  ]\U 
fte  ,  d'anticiper  fur  ce  qu'explique  en 
fuite  le  Prophète,  qui  reprefente  avec 
mcryeiileufe  emphife  cette  éten- 

duô 


DuSAGE,SURLEPs.XXXIX.f. 

due  de  nos  jours  :  ^ieje  fçache  ,  dit 
\,  de  combien  petite  durée  je  fuis. 
Helasi  AXtfçavoit  déjà  fans  doùtece 
àint  perfonnage ,  &  ne  le  fçavoit  que 
Top.  Aulli  entend-iU  comme  aupa- 
ravant, une  fcience  qui  paffeen  prati- 
que^  ^  qui  ait  fcn  fiége  non  feule- 
ment  dans  l' entendement  mais  fur 
tout  dans  le  cœur   Une  fcience  qui 
fafle  fes  meilleures  penfées  ,  6c  la 
principale  étude  :  Une  fcience  aufli 
en  laquelle  il  puiffe  toujours  croître.5 
êc  toûjours  avancer.  Puis  que  le  fidèle 
marche  par  degrez  ,  Se  s^defoy  ep 
fo^  ydc  connoilfance.  en  connoiflancei. 
Car  il  eft  dans-VEglife,  quafi  comme 
dans  ce  Tm//^  myfterieux  de  Salo- 
mon  >  ou,  il  y  avoit  divers  degrez^ 
pour  aprocher  du  lieu  Saint, 
l' Echelle  de  Jacob ,  il  y  trouve  toû- 
^urs  à  monter ,  jufques  à  ce  qu'il 
touche  le  bout  ,  c'eft  à  dire  ,  le 
'iel 

Le  Prophète  parlant  de  fa  petite 

durée  ,  n'avancç  rien  qui  luy  foit  p4tr 

ticu* 


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4+      La  Méditation 
ticuîier.  Il  fe  confidére  non  pas  coi^  • 
me  T>avidj  mais  comme  du  nomb; 
des  fils  des  hommes.  Et  tout  homn! 
né  de  femme  efl  de  courte  vie  ;  les  jou< 
cîr''de  fes  années  font  courts  ^mauvah 
♦7.  V.  les  jours  de  fa  jeuneffe  font  fort  racouv 
PO.  ^^J*  y     àxxréQ  revient  pour  le  plus  à  fi 
»  0  •  zante  &  dix  ans  ^  ou  s^il y  en  a  de 
vigoureux  à  quatre-vingts.  En  un  me 
c'eft  une  plainte  fi  commune  6c  fi  gen< 
raie ,  qu'il  n'eft  pas  befoin  de  T  appuyé 
de  beaucoup  de  témoins  :  Et  que  ce 
anciens  Sages  ont  faite  avec  exagère 
tion  5  mais  aufïï  avec  beaucoup  de  gra 
ce ,  &:  beaucoup  d'élégance.  Car  pou 
ne  pas  repeter  tout  ce  qu'en  difoyent  ui 
peu  auparavant  les  Oracles  facrez  ,  qiT< 
n'  ont  point  dit  icy  les  Paycns  ?  Corn 
ment  les  Anciens  ne  fe  font  ils  point  é 
gaycz  ,  dans  la  defcription  de  noftrc 
durée  ?  Sur  tout  lors  qu'ils  Tont  repre- 
fcntée  ,  par  un  Comédien  paroiffant 
pour  peu  de  momens  fur  un  théâtre^  par 
un  Marchand ,  qui  fe  prcfente  au  mar- 
ché pour  y  faire  fa  vente  ou  fon  achat; 

par 


duSage, surlePs. xxxix. 'Ç.  45 

un  homme ,  qui  fe  montre  pour  peu 
temps  à  la  fenêtre ,  Se  puis  difparoi t; 
ar  un  autre ,  qui  foufFre  une  journée 
e  prifon  ;  Se  même  par  un  de  ces  bouil- 
Dns  qui  s'elévent  fur  les  eauXjSc  qui  s'é- 
anoiifent  incontinent.  Et  cette  réponfe 
j  [uefit  Ariftote  eft  autant  remarquable 
I'  ju'  elle  eft  connue ,  favoir  que  l' homme 
1^  :ft  un  exemple  de  foibleffe  ^  qu^il  eft  U 
)roye  du  tems  j  le  jouet  de  la  fortune  j, 
le  tableau  de  Pmconftance  j  la  balance 
de  l^ envie  ^  de  la  médifance  ^  Se  quant 
iu  refte ,  que  ce  n'eft  qu^un  jpeu  de  bile 
^  de  flegme, 
ÉÊjj^.  Fidèles  ,  l'expérience  ne  fe  joint  que 
î  'trop  à  tous  ces  irréprochables  témoins  : 
A  prendre  notre  durée  dans  fa  plus 
grande  étendue ,  que  font ,  hélas  î  que 
^  fontfoixante  ôcdix,  ou  quatre-vingts 
1.  ans?  2)//r^*V  longue  en  apparence, /é'^i* 
te  en  effet  ;  longue  fi  nous  regardons 
r  avenir ,  petite  fi  nous  envifageons  le 

EafTé.  Encore  tout  ce  tems  ,  n'eft-il 
as  un  tems  de  vie ,  &  à  peine  en  jouïf- 
)ns-nous  de  la  moindre  partie.  Sur  nô* 
tre 


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^6       La  Méditation 

tre  viedéduifez  en  le  fommcil  >  que  lô 
Poètes  apellent  le  frère  de  la  raort 
fur  nos  jours  5  dédutfez  en  les  nuits  j  fu 
nos  années,  déduifez  en  celles  de  l'en 
fîmce,  &c  de  Tigncrante  jeunelTe  5  fu 
tout  nôtre  tems  5  déduifez  en  celuy  d' 
angoifle&  d'amertume,  de  fâcherie  & 
de  travail  y&c  après  cela,  que  nous  refte 
t'il?  Peu  de  jours,  6r  fouvent  peu  d' heu- 
res &:  peu  de  minutes.  Et  ne  m'allegue2 
pas,  je  vous  prie,rexemple  des  premier* 
PatriarcheSjque  nous  pourrions  prefque 
âpeller  mllenaires,  iNe  me  parlez  pas 
des  cent  &  quarante  années  d'un  Job, 
des  fix  vingts  années  d'un  Moyfe,  des 
trois  cents  années  d' un  Phinéas  ,  du 
grand  âge  d'un  Booz  ,  d'un  Obed ,  ou 
d'un  JefTéjComme  il  fe  recueille  de  l'Hi- 
ftoire  faintc.Ne  me  mettez  pas  en  avant 
\m  Neftor,  ou  un  Hippocrate  ,  ou  un 
Galien ,  ni  tous  ces  autres  dont  les  Pay- 
ens  ont  admiré  la  durée .  N  e  me  repre- 
fentez  pas  ce  Jean  des  tems  ^  ni  tous 
ces  vieillards  de  plus  fréche  mémoire , 
m  ces  peuples  Septentrionnaux  qui  le 


T>TT  Saoe,  sur  le  Ps.  XXX  rx  ^. 

,iLs  icAiNciir  paflcnr  le  liccic.  Avouons 
i  qu'ils  nV)nr  pas  moins  été ,  ou  ne  font 
Y>i^9\womsdej>etite  durt^e.  Dix  ou  vingt 
•années ,  n'alongcnt  de  guère  cetemclli- 
're.  \JnyàÇ(jh  i^à  Accent^  trente  ans 
•fouve  les  jours  extrêmement  courts,  l^' 
^HsnVnfouffrentpasmoins,  pour  lan- 
_guir  un  peu  davantage.  La  vie  de  eettc 
■Ifortede  vieillards  n'eft  plus  vie.  I  eurs 
corps  ne  font  plus  que  des  ombres  ou 
des  cadavres  >  leurs  couches  &:  leurs  ca- 
binets ,  ne  font  plus  que  des  tombes  6c 
des  fcpulchres.  Et  je  veux,  qu'un  Mc- 
tliufçala  aift- atteint  les  neufs -cent s -foi ^ 
Kante-neuf  ans  ,  en-fin  il  mourut  ^  &c 
n'  étoit  dcja  plus  il  y  a  paflc  quatre  mil- 
le ans.  Et  ce  raffafietncnt  de  jours  ^ 
n  dont  parlent  les  Ecritures ,  fe  doit  en- 
tendre d'un  raffafiement  de  douleurs ^ 
&  d*  un  defir  ardent  de  T  immortalité 
bien-^heureufe. 
■Il  Mais  ô  douleur!  fi  un  David  fcfre- 
i  co\\\\(M.t\ix^AQpctîte durée ^  àTagede 
l(  ibixantc&dix  ansj  &  que  dirons-nous 
1^ de  ceux,  dont  la  carrière  efl: fans  corn- 
■i  paraifon 


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48  LaMeditation 

paraifon  plus  courte  ?  Q///  d*  entre  le' 
milliers  d' ïfraël ,  eflcouroniié  de  cett 
couronne  de  vieille (fe?  Combien  qui  a 
vec  ces  fleurs  ou  avec  ces  animaux  ^'• 
fheméres  ,  naiflent  &:  meurent  en  ui 
mefme  jour  ?  Combien  qui  fe  voyen 
enlevez  d€S  la  pranicre  enfance?  Corn- 
bienauflî  qui  le  font  dans  leur  fleur  6^ 
dans  leur  bouillante  jeuneife  ,  dans  leui 
force ,  Se  dans  leur  vigueur  ?  Rangeons 
comme  en  bataille  tous  les  ennemis  de 
la  vie  5  &■  qui  la  retranchent  au  plus 
beau  defacourfe.  Mettons  en  téte  un 
nombre  prefque  infini  de  maladies  5c  de 
fouffrances  :  Faifons  fuivre  les  foins  , 
les  travaux  ,  &:  les  chagrins  :  Ajou- 
tons les  débauches ,  les  paillardifes  y  Se 
le5  excez  :  Rangeons  en  fuite  le  feu  ,  le 
fer,  &  l'eau:  Puis  les  pefl:es ,  les  guer- 
res Se  les  famines  -,  Finalement  les  chû- 
tes 5  les  écrafemens ,  Se  mille  femblables. 
accidcns  -,  Et  nous  rcconnoî trons ,  que 
pour  un  qui  fournit  toute  fa  carrière , 
mille  fuccombent  ou  à  l'entrée ,  ou  au 
rnilieu.  De  mefme  que  pour  un  fruit , 

qui 


DU  Sage,  sur  le  Ps.xxxix.  ^.  ^9 
qui  tombe  de  Tarbredans  fa  plus  gran- 
;  de  maturité,  mille  font  abbatus&font 
■cueillis  devant  ce  tems. 

Qiicfi  nôtre  durée  eft  petite  ^  étant 
iconfideréeenelle  même,  elle  Tell  bien 
lus ,  étant  confiderée  à  l'égard  d'une 
finité  d'autres  durées.    Et  d'abord, 
:;fi  nous  la  mettons  en  parallèle  avecl'é- 
t  :tcrnitédel)ieu,  c'eftlà  que  toute  nô- 
tre vie,  n'eft:  pas  comme  un  jour,  ou 

mme  une  heure ,  mais  comme  un  rien,  pf.i,: 
Sitnille      devant  fes  yeux  font  com-"-^'  * 
urne  le  Jour  d'hier^  ou  plûtoft  comme  ^^-^"^ 
c  une  veille  en  la  nuit  ^  6c  que  feront  les 
urs  de  nos  années?  Si  toute  la  Terre 
j  n'eft  qu'un  point ,  au  prix  de  l'étendue 
^s  Cieux  i  6c  que  fera  toute  nôtre  du- 
e  au  prix  de  l'éternité  ?  Moins ,  fans 
r  comparaifon  moins ,  qu'un  point  àl'é- 
B  gard  de  toute  la  Terre  3  ou  qu'une  me- 
(uredc  quatre  doigts,  à  l'égard  de  ce 
grand  6c  vafte  firmament.  Et  comme 
Dieu  a  les  tems  éternels  prefents ,  le 
alie  même  &  l'avenir,  nous  n'avons 
prcfcnt  que  ce  paflager  moment, 

C  Com- 


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jjo  La  Méditation 
Comme  il  s'apelle  7^  fuis  ^  Je  fi 
ray  j  ainfi  qu'il  le  déclaroit  à  Moyft 
iy  1  l'homme  s'apelle  Jay  été.  Et  comm 
^'  il  a  un  aujourd^fmy  perpétuel ,  nov 
avons  nôtre  hier  &:  notre  demain -,  u 
hier  qui  n'eft  plus ,  &:  un  demain  qui  n 
fera  peut-être  jamais. 

Si  des  abymes  de  réternité,  nous  pal 
fons  aux  ficelés  de  ces  Efprits  immoi 
tels  5  c'  eft  encore  là  que  Thomme  ci 
de  fetite  durée.  CcSiJérmées  célejfes  ' 
auffi  bien  que  les  Cieux  &:  la  Terre ,  on 
vu  leur  commencement j  je  l'avoue,  mai 
ils  ne  connoijfent  point  leur  fin  ^  ave 
nôtre  Prophète.  Ils  ne  font  point  di 
V^-  parentage  de  Job ,  qui  crioit  à  la  folTe 
\  ^'   Tu  es  mon  Tere;  &  aux  vers^  vous  été  ' 
ma  Mere  ^  6)  mes  Sœurs.  Ils  vivent  ê 
ne  meurent  jamais ,  ils  font  jeunes  &:  n* 
vieilliffent  jamais.  Et  de  là  vient  qu 
quand  ils  aparoiflent  dans  les  Ecntu 
tes  5  c' eft  ordinairement  en  forme  d) 
jeunes  hommes. 

Si  auffi  des  fiédes  ,  nous  pafTons  ai^ 
tems  &  de  la  durée  de  ces  Efprits  ^ 

cellé 


DU  Sage,  sur  le  Ps.xxxix.  5. 

elle  de  tant  de  Corps ,  ô  que  l'homme 
ft  encore  icy  de  petite  durée  !  Ces 
grands  luminaires ,  6c  ces  Aftres  éclat- 
tans  fe  couchent  à  la  vérité ,  mais  auflî 
ils  fe  relèvent.  Et  ils  fe  couchent ,  en- 
tant que  l'horizon  borne  nôtre  veuë, 
mais  en  effet  ils  courent  dés  le  commen- 
cement la  même  carrière,  ils  agiflenc 
toûjours  avec  la  même  force ,  &:  ils  bril- 
lent toujours  avec  le  même  éclat.  Et  ce 
fera  toûjours  le  même  Soleil,  la  même 
me ,  les  mêmes  Etoiles ,  jufques  à 
que  Dieu  foit  pour  jamais  nôtre  *y^. 
R?/7,  &  Chrift  nôtre  lumière.  Mais  que 
parle-je  icy  de  ces  corps  celeftes  ?  Que 
ne  demeure-jc  dans  la  Terre ,  pour  y 
contempler  Tage  même  de  ces  Créatu- 
res qui  font  les  moins  nobles  ?  Et  fans 
mettre  en  avant  la  durée  des  monta- 
gnes ,  des  rochers,  &:  des  coteaux  5  laif- 
faat  à  part  celle  des  cèdres  du  Liban , 
||c  des  chênes  des  forets  ;  fans  repre- 
fcnter  les  fiécles  qu'ont  fubfifté  tant  de 
bàtimens  &  tant  de  fabriques  >  jufque 
^  qu^encore  aujourd'huy  fe  voyent  ces 

C  2  an- 


*:  m 


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^2      La  Méditation 
anciennes  &:  merveilkufes  Tyramides. 
qu'il n(3usluffife,  de  regarder  laduré<  • 
d' un  grand  nombre  d' animaux  &  de 
bêtes  brutes.  Faut-il  que  des  Baleines,  i 
je  diray  même  des  Brochets ,  vivent  j 
râge  de  plufieurs  centaines  d'années  î 
Faut-il  que  TElcphant,  comme  les  Na-^ 
turaliftes  le  remarquent ,  achève  hier 
fouvent  les  deux  fiécles  ?  Faut-il  que  k 
Lion,  &  que  le  Cerf,  ou  entre  les  vo- 
latils  ,  les  Aigles  &:  les  Corbeaux  :  ' 
paflent  fort  ordinairement  la  centième 
tinnée  ?  Et  que  l'homme ,  quafi  le  feu) 
homme ,  fubllfte  à- peine  un  petit  nom- 
bre  de  jours  >  qu'il  vieilUlîe  au  bout  de 
cinquante ,  ou  de  foixante  années  >  & 
vieilliffe  même  plûtoft ,  comme  on  k 
remarque  de  quelques  Indiens ,  6c  de 
certains  peuples  de  l'Afrique. 

Et  faudra-t' il  s'étonner  après  cekj 
fi  le  Pfalmifte  parle  de  fon  peu  de  dr 
rée  5  ^  s'il  en  parle  avec  cette  exagéra- . 
cion  ?  que  je  fçache  de  combien  fetîti\ 
durée  je  fuis  i  Mais  helas  !  encore  n'eft- 
ce  pas  tout.  L'étonnement  de  Davi  ' 


I 


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uSagEjSurlePs.xxxix.^.  55 
rocéde  encore  d'une  autre  fource.  Il 
ient  à  cette  expreflion  par  un  nouveau 
motif.  Non  feulement  lors  qu'il  con- 
fidére  le  nombre  de  fes  jours  èc  de  fes 
années ,  mais  auffi  lors  qu'il  en  confidé- 
e  la  rapidité     la  vîtelTe.  Savoir  que 
es  jours  font  comme  emportez  par  une  pf,  po. 
ravine  d^eaîix  ;  qu'ils  font  comme  ^- 
fonge  quand  on  s^efl  réveillé  -,  que  nous  ¥)'7i- 
c(^n fumons  nos  années  comme  une  /<?;/-  ^* 
ée  ;  qu'elles  s'écoulent  infenfiblement, 
paflént  fans  que  l'homme  s'en  aper- 
çoive. Il  en  eft ,  Chers  Frères,  de  nôtre 
urée  j  comme  de  la  courfe  du  Soleil , 
rtant  comme  un  Epoux  joyeux  de 
fon  cabmet  :  il  va  admirablement  vite, 
félon  l'hypothéfe  de  l'Ecriture ,  &:  vous 
diriez  prefque  qu'il  ne  bouge  pas.  Il 
n  eft  comme  de  l'aiguille  d'une  horlo- 
e  :  elle  femble  immobile ,  ôc  cependant 
lie  avance  à  chaque  minute.  Celuy  qui 
i  vogue  en  pleine  mer ,  avance  infenlible- 
'  ment,  8c  à  peine  s'en  aperçoit-il ,  ôc  lors 
qu'il  fe  réveille  après  un  long  fommeil, 
il  eft  tout  étonné  d' avoir  fait  tant  de 

C  3  che- 


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^4      La  Méditation 
chemin ,  &:  de  fe  voir  fi  proche  de  foi 
port.  Difons  le  même  de  l'homme ,  ai 
regard  du  flux  de  fes  années,  6c  du  cour 
de  fa  vie.  En  vivant  il  s'éloigne  infea 
fiblement  de  la  vie ,  &  aproche  toui 
doucement  de  la  fin.   Et  après  s'êtn  : 
endormi  dans  les  délices  du  fiécle ,  dan: 
les  foins  de  ce  monde ,  8c  dans  les  occu 
pations  de  la  Terre,  il  fe  voit  avec  éton- 
nement  dans  V  âge ,  &:  fur  fon  déclin 
Nous  mourons  en  naiiTant ,  difoit  cé( 
autre,  6c  la  fin  tient  au  commencement 
Ceux  dont  la  courfe  eft  plus  longue ,  & 
dont  Dieu  multipUe  les  années ,  ne  vo- 
lent pas  moins ,  ôc  ne  vont  pas  avec 
moins  deviteffe^  quoy  qu'ils  faffent  un 
peu  plus  de  chemin ,  6c  qu'ils  pouffent 
un  peu  plus  loin  leur  carrière. 

Toutes  ces  confiderations  jointes  en*  i 
femble ,  ne  vérifient  que  trop ,  à  mon 
avis,  ce  dire  du  Prophète.  Mais  en  vo; 
ci  encore  une  autre ,  Se  qui  ne  doit  pa? 
être  des  dernières.  C'eft  qu'il  ne  fau 
rien  pour  terminer  notre  durée ^  6c  po 
abréger  nôtre  vie.  Ce  n'eft  pas  affez . 

qu'ime> 


DU  Sage,  sur  le  Ps.xxxix.  5.  55 
j'ime  chandéle  n'éclaire  que  peu 
rheures ,  Se  fe  confume  vifiblement. 
[  Encore  ne  faut-il  rien  pour  l'éteindre, 
1  Scunfoufle  en  fait  la  raifon.  Et  voilà 
(  l'image  de  la  vie  j  elle  confifte  dans  la 
[  refpiration ,  6c  cette  refpiration  eft  efp 
l  nos  narines j  &:  pour  l'éteindre ,  ô  hom- 
f  me  !  que  faut-il  ?  Une  horloge  eft  une 
,  admirable  fabrique ,  mais  un  grain  de 
ifeblelamet  en  defordre ,  ou  en  arrête 
.  le  mouvement.  Il  eft  des  ftruâures  fi 
j^rtificielks ,  mais  fi  fragiles  &:  fi  délica- 
^^s ,  que  le  feul  atouchement  les  ruine 
E  &  lesdiftbût.  Il  en  eft  de  même  de  nos 
|r  corps  5  de  cette  merveillcufc  8c  incom- 
I  parable  machine.  Pour  la  détruire  il  ne 
faut  véritablement  qu'un  grain  de  fa- 
^  ble  5  &:  qu'un  peu  de  gravier.  Il  ne  faut 
1.  q  u'une  haleine  vcnimeufe ,  qui  nous 
1  perde.  Il  ne  faut  que  l'atouchement 
I  d'un  lambeau  qui  nous  infefte.   Il  ne 
l  faut  qu'un  flegme  qui  nous  fufoque, 
I  6c  la  moindre  intempérie  qui  nous  tue. 
I  II  ne  faut  que  le  fer  qui  échape  par  cas 
t  fortuit  d'une  coignée:  qu^une  pierre  qui 
wm  C  4«  toiu- 


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56      La  Méditation 
tombe  fur  la  têre  d'un  Abimélech ,  r. 
arbre  qui  arrête  un  Abfalom  par  les  che 
veux  5  un  peu  de  fommeil  qui  emport 
un  Eutyche  ajjis  fur  la  fenêtre^  un- 
boufée  de  vent ,  qui  frappe  un  vaiffeai 
&  qui  donne  dans  les  voiles ,  une  étin 
celle  qui  tombe  dans  les  poudres ,  ui 
boulet  &:  un  peu  de  plomb,  qui  pa 
fortune  rencontre  5  pour  voir  la  duré. 
de  riiomme  retranchée,  pour  voir  foi 
corps  fe  caflcr  comme  un  vaijfeau  d< 
Terre  j  ou  fc  fondre  comme  la  cire ,  01 
fe  confumcr  comme  des  étoùpes  fe  con 
fument  à  la  flamme.  Et  les  corps  le; 
plus  robuftes ,  les  temperamens  les  plu; 
forts,  n'ont  icy  aucune  prérogative 
Leur  vie  ne  pend  pas  moins  à  ce  mem 
filet  „  6c  peu  d'heures ,  ou  peu  de  mo 
mens  les  confument  6c  les  renvcrfcni 
tout  de  même. 

Nous  fommes  donc  de  petite  durée ^ 
vaifleaux  fragiles,  hommes  mortels  !  El 
de  combien  petite  durée?  Surtout  lor; 
que  nous  confiderons  T  excellence  d< 
rhomme,  6c  tous  les  avantages  qu'il 

pof- 


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DU  Sage,  surlePs.xxxix.^j.  57 

ofTcde  d'ailleurs.  Dieu  Pa  fait  un  peu 
noindre  que  les  t^nges  ^  l^a  couron^ 
lé  de  gloire  ^  d'honneur.  Il  Ta  con-^r.^^- 
liruc  dominateur  fur  les  œuvres  de  fes 
nains ^  luy amis  toutes  chofes  fous 
les  pieds.  Son  corps  eft  le  chef-d'œu- 
vre le  plus  parfait  &  le  plus  achevé  de 
:e  grand  Architefte.  Son  ame  en  eft  la 
plus  vive ,  &:  la  pUis  belle  image.  Tout 
le  compofé  de  Thonime ,  eft  un  Micro- 
cofme ,  &:  un  abrégé  de  toutes  les  mer- 
veilles de  ce  grand  Univers  >  ou  plû- 
»ft  une  petite  médaille ,  qui  reprefcnte 
admirablement  bien  fon  Créateur.  Les 
ieux  quoy  quils  racontent  la  gloire 
de  Dieu  j,  n'ont  point  de  voix>  ou 
s'ils  ont  une  voix  j  ils  n'ont  point  de 
langue  ;  ou  s' ils  ont  une  langue ,  ils 
n'ont  point  d'ame  qui  l'anime ,  ni  de 
aifon  qui  la  gouverne.  L'Eléphant  fe 
epaît  de  l' herbe  des  champs ,  &:  re- 
connoît  l'homme  pour  fon  maître.  Le 
Lion  8c  le  Cerf,  avec  toute  leur  viva- 
cité, font  au  rang  des  bêtes  à  quatre 
pieds.   L'Aigle,,  eft  entre  les  oifeaux 

G  5  des 


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145  G  34 


V.  I». 


7ditt. 


58      La  Méditation 
des  deux  ,  6cle  Brochet  entre  les  poil 
fons  de  la  mer.  Les  uns  &  les  autre 
n'ont  que  le  fens  pour  guide ,  la  bruta 
lité  pour  ornement,  ôc  la  fervitud 
pour  héritage.  Et  chofe  étrange ,  qu< 
l'homme  avec  toutes  ces  prérogatives 
ait  moins  de  vie  8c  moins  de  durée  ,  & 
même  que  le  plus  beau  de  fes  jours 
ne  fiit  que  fâcherie,  ^  que  tourment, 
Et  tandis  que  ces  autres  créatures  fub 
fiftent  dans  le  calme,  la  tranquillité ,  & 
rinnocence  -,  l'homme  ne  vit  que  dan: 
les  troubles,  les  inquiétudes ,  Se  les  paf 

fions.  .  1  c  • 

Avouons  aunfi  ce  que  difoit  le  Sei. 
gneur ,  que  du  commencement  il  n^et 
étoit  pas  ainji.  Si  l'homme  eût  confer 
vé  fon  innocence ,  il  feroit  encore  danJ 
ce  délicieux  Paradis  -,  il  fe  nourriroit 
encore  aujourd'huy  de  l'arbre  de  vie  ; 
6c  jamais  il  n'auroit  porté  le  nom  d'R 
nofch^c'dklàxKt^d'homme mortel.  Un 
jour  il  auroit  changé  de  demeure ,  mais 
fans  changer  d'être ,  ni  de  durée.  "Dieu 
;  avoit  créé  Phomme  pur  être  incor- 

rupti' 


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duSagf, surle Ps.xxxix.f .  59 

^uftïble  j  Payant  fait  être  une  repre- 
Qntation  de  fa  nature.  Et  fi  l^on  a  vû 
des  lampes  artificielles ,  conferver  leur 
lumière  pluficurs  centaines  d'annces; 
fi  l'art  y  a  fçû  obferver  admirablement, 
toutes  les  proportions  de  la  chaleur 
avec  fon  aliment  5  jufque-là  que  le  fié- 
cle  paflTé ,  a  vû  la  lampe  d'une  TuUiole^ 
qui  avoit  brûlé  dans  fa  tombe  environ 
quinze  cents  ans  :  A  plus  forte  raifon. 
Dieu  auroit-il  pû  entretenir  en  l'hom- 
me cet  efprit  de  vie ,  le  conferver  com- 
me une  lampe  toûj ours  ardente,  6c  k 
rendre  immortel  avec  les  Angçs  :  Mais 
ô  trifte  &  fatale  chùte!  ô  def  jbeilTan- 
cc  funefte  !  Par  un  homme  k  péché  efi 
entré  au  monde  j,    par  le  péché  la  mort^ 
(S  ainfi  la  mort  eft  parvenue  fur  tous 
les  hommes.    La  femme  ayant  tranf- 
greffé  5  P homme  né  de  femme  s'en  eft 
reflenti  même  dans  fa  durée.  Pour  s'ê- 
tre trop  aproché  de  cét  arbre  mortel , 
il  a  fallu  qu'il  s'éloignât  de  l'arbre  de 
vie.  Pour  avoir  goûté  du  fruit  de  ce 
premier ,  il  luy  a  été  défendu  de  G;oûter 

C  6        ^  du 


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6o      La  Méditation 

du  fruit  de  ce  dernier.  Pour  s'être  de 
poiiillé  de  cette  robe  d'innocence ,  il 
dû  être  revêtu  de  peaux  m.. r  tes,  &:en 
'";'fin  dchmorr  même.  L'homme  a  aval» 
'  le  péché,  comme  un  poifoii  mortel.  O 
fubtil  venin  peu  à  peu  a  confumé  fa  vie 
&  terminé  fa  durée.  Et  comme  le  poi- 
fon  tue  plus  tort  ou  plus  tard^felon  quT 
eft  pris  en  grande  ou  petite  quantité; 
De  même  plus  les  hommes  ont  permis 
l'entrée  au  péché,  Se  plus  ils  fe  font  ren- 
dus  criminels,  plus  aufli  leur  vie  a  été 
racourcic,  8^- leur  fin  avancée.  De  neuf 
cents  ans  qu'ils  vivoyent  avant  le  dé- 
luge ,  aulli-toft  après  ils  n'en  ont  vécu 
que  fix  cents  -,  de  fix  cents ,  on  eft  de- 
fcendu  jufques  à  quatre  cents  >  pti is  à 
deux  cents  >  delà  prefque  à  la  moitié  j 
&  finalement  à  foixante  &  dixouqua^ 
tre-vmgts  ans ,  ce  qui  a  été  du  depuis 
6r  l'eft  encore  aujourd'huy ,  le  terme  le 
plus  long  de  nôtre  vie ,  au  moins  le  plus 
commun  &:  le  plus  ordinaire.  C'eft  en 
vain  que  les  fçavants  ont  recherché 
d'autres  caufes  de  ce  racourciffement  de 

la 


DU  Sage,  sur  le  Ps.xxxix.5.  6 1 
^vie,  ôc  qu'ils  ont  attribué  ce  change- 
nent,  ou  bien  au  genre  de  nourriture; 
aiaurcguTie  de  vivrez  ouautempera- 
nent  des  corps  >  eu  aux  influences  des 
iftrcs.  Rt  l'on  pourroit  raporter  à  cet 
ibrégement  de  nos  jours  ,  l'arrêt  de  ce 
[u2,e  de  toute  la  Terre ,  ^on  efprit  ne  r„,, 
Haidera  point  à  toujours  avec  les  hom-  ^-^ 
mes  ;  leurs  jours  ne  feront  J^lus  que 
':ent^  vingt  ans. 

k  Je  finirois,  fans  cette  remarque  que 
fous  fournit  encore  nôtre  Prophète. 
Jî'eft  que  fi  riiomme  eft  de  petite  du- 
rée, auililefontfcs  plaifirs,  aufli  Tefl: 
toute  la  gloire.  Un  fameux  Poète  fut 
I  repris  autrefois ,  pour  avoir  dit  que  la 
S  gloire  du  monde  duroit  un  jour  ^  com- 
me luy  ayant  afTigné  une  durée  trop 
longue  5    trop  étendue.  Le  bon  Jonas 
s'cioiiit  d'une  grande  joye ,  à  la  vue  de 
^  cet  agréable  Kikajon  :  mais  courte  joye!  -pn.^ 
L  vaine  efperance  !  vive  image  de  nos 
Ici  joyes,  qui  s'étoufent  dans  leur  naiffan- 
cc  !  Il  ne  fut  peut  être  jamais  de  plus 
longue  fcte,  que  celle  d'un  AfTuerus  : 

mais 


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62  La  Méditât  ION 
mais  fête  de  petite  durée!  combk 
toft  s'écoulèrent  les  cent  &  qtiatr 
^vingts  jours  !  combien  toft  fuivirei 
CCS  mauvaifcs  nuits  ^  o\x  ce  même  A 
fuérus  ne  trouvoit  point  de  repos  i 
ne  fut  jamais  de  gloire  &:  de  félicii 
pareille  à  celle  du  grand  Augufte:  ma 
gloire  &  félicité  de  petite  durée! 

«•^•ivqui  luy  fit  dire  quelques  moment 
avant  la  mort,  que  la  Comédie  éto 
finie,  &  que  fon  perfonnage  étoit  joû< 
Iln'eft  point  aujourd'huy  d'éclat  &:d 
dignité  au  defTus  de  la  grande  paillai 

ifis!  ^^:>^^^^^  pourpre^  d^écarlatej,pé> 
rée  d^or  S?  de  pierres  précieufes  ;  f 
qui  a  fon  règne  fur  les  Roix  de  la  Ter 
re:  mais  éclat  encore  de  petite  durée 
ce  n'eft  pas  aflez  qu'il  dure  moins  qu 
ces  années  prétendues  de  S.  Pierre  ; 
a  encore  beaucoup  defujet ,  de  luy  e 
faire  voir  la  vanité  entre  les  Cérémonie 
de  fon  couronnement ,  par  des  étoûpc 
allumées ,  &  par  cette  voix  qui  frap 
fcs  oreilles ,  Cdinfi  pajfe  la  gloire  d, 
monde  ! 

Mai 


DU  Sage,  SUR  LE  Ps.  XXXIX.  5-  63 
Mais  il  n'eft  pas  befoin  d'aller  lî  loin, 
Sommes  Chrétiens!  Ces  veritez  ne 
ont  que  trop  claires  Se  trop  évidentes 
n  nous  mêmes.  Et  la  brièveté  de 
lôtre  vie,  6c  la  vanité  de  cette  même 
*e,  fe  font  voir  à  l'œil  tous  les  jours, 
chaque  jour  dégorge  propos  à  P autre  3; 
our  ^  &  àiiquc  nuit  montre  fcienceà 
"autre  nuit,  A  plus  forte  raifon  châ- 
ijuc  année  dégorge  frofos  à  l'autre  an- 
lée ,  &:  nous  enfeigne  ce  que  c'eft  que 
de  nôtre  vie,  &  de  nôtre  durée. 

Chers  Frères,  Tannée  que  nous  com- 
mençâmes il  y  a  douze  mois,  s'eft  écou- 
lée félon  l'ordre  de  cette  celefte  Provi- 
dence. Nous  la  commençâmes  alors, 
6c  nous  la  fmiiTons  aujourd'huy.  Mais 
ne  vous  femble-t'il  pas ,  que  c'eft  la 
ommencer  6c  la  finir  en  même  tems  ? 
Et  combien  de  perfonnes  en  virent  avec 
nous  la  naiflance ,  qui  n'en  ont  pas  vù 
la  fin  ?  Combien  qui  alors  fe  trouvèrent 
avec  nous  dans  ce  Temple,  6c  qui  au- 
jourd'huy ne  font  plus  >  qui  alors  étoi- 
ent  fains,  6c  qui  aujourd'huy  font 

mortSi 


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6^  La  Méditation 
morts  y  alors  debout ,  aujourd'huy  m 
bas  -,  alors  dans  nos  maifons ,  aujou 
d'hiiy  dans  un  trifte  fepulcre  >  aU  rs 
tre  joye ,  &:  peut  être  aujourd'huy  ne 
tre  oubli?  Combien  encore  qui  con 
mencerent  avec  nous  le  mois  paflc 
combien  qui  ont  commencé  la  fema 
ne  ;  combien  qui  ont  commencé  le  jou 
d'hier,  Se  peut-être  ce  jour,  ce  jou 
même  ?  &:  qui  maintenant  ou  ont  ache 
vé  leur  courfe ,  ou  l'achèvent  >  ou  fon 
fous  Terre,  ou  bien  toft  le  feront. 

Jediray  davantage.  Fidèles.  Nou 
entrons  enfemble  dans  une  nouvelle  an 
née,  fuivant  le  cours  des  grâces  di 
Ciel.  Et  plufieurs  font  cette  entrée 
pleins  de  fanté  &  pleins  de  vigueur 
Mais ,  helas  !  qui  d'entre  nous  fçait  s'i 
y  aura  pour  luy  encore  une  autre  année 
Nous  commençons  ce  mois,  &  qui  fçaii 
fi  nous  attemdrons  jufques  au  bout  i 
Nous  commençons  demain  la  femaine. 
&  qui  fçait  fi  nous  la  finirons  ?  Qiie  dis- 
je,  fçavons  nous  même  que  nous  ver- 
rons le  jour  de  demam  ?  Et  qui  pourra 

ré- 


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DU  Sage^surlePs.xxxix.^.  65 
pondre  ou  de  fa  vie ,  ou  de  fa  fan  té 
u  de  fes  adions  ?  Certes  comme  je  ne 
éponds  pas  de  mon  particulier  3  au  ffi 
erfonne  n'  entreprendra  de  répondre 
u  ficn. 

Autrefois  un  Xerxes  ,  jettant  les 
eux  fur  fa  nombreufe  &-  puiflante  ar- 
aée  5  6c  la  plus  formidable  qui  fut  ja- 
naisj  voyant  prés  de  deux  millions 
l'hommcs  couvrir  les  plaines  ,  les  co- 
eaux,  &z  les  rivages,  fe  print  fubitement 
i  pleurer.  Et  étant  interrogé  du  fujet, 
^  Imevenoit,  dit-il  5  dans  la  penfée,  que 
ietout  ce  monde  que  je  vois,  d'icy  à 
cent  ans  pas  un  fcul  n'en  reftera.  Mes 
Frères,  cette  pcnfécme  vient  de  nous 
pus,  qui fommcs  icy  prcfents.  Quand 
bien  nous  conferv croit  encore  quel- 
que nombre  d'années,  alTurément  qu'au 
uit  de  vingt ,  de  trente, ou  de  quaran- 
ans  ,  à  pcme  y  aura-t'il  quelqu'un  de 
•elle. Nous  nous  quiterons  les  uns  après 
les  autres ,  comme  ces  feuilles  qu'on 
voit  dans  l'automne  tomber  l'une  après 
'autre.  Et  tout  ce  tems  palTera  comme 

ua 


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66       La  Méditation 

un  fongc ,  ou  comme  une  veille  en  i 
nuit:  toutes  ces  années  s'entrefuivror 
comme  les  goûtes  d  eau  d'une  Clepfj 
dre  5  ou  comme  les  grains  d'un  fable 

les  mmutes  d'une  horloge. 

O  que  bien  heureux  font  ceux ,  qi: 
font  aujourd'  huy  la  même  demande 
que  faifoit  autrefois  nôtre  Prophète 
Mais  ô  que  peu  ont  falùé  l'année ,  pa 
cette  forte  de  penfées  i  PafTons  icy  con 
damnation^  Fidèles.  Combien  qui  l'on 
faliiée  par  des  penfées  toutes  difFeren 
tes  ?  ou  qui  l'ont  commencée  par  dt 
nouveaux  deffems  6c  de  nouveaux  pro 
jets  ?  ou  qui  en  cette  même  heure  n\ 
font  qu'une  réflexion  légère?  ou  quiu 
flatent  en  ces  mêmes  momens ,  &  s'i- 
inaginent  que  le  fort  ne  tombera  pas 
juftement  fur  eux?  ou  qui  peut-être 
me  trouvent  un  confolateur  fâcheux  j 
&  pour  qui  j 'au rois  mieux  fait  de  par- 
ler des  avantages  de  la  vie ,  ou  des 
moyens  de  la  prolonger  ?  Helas  !  ce 
Saint  homme  ne  demande  à  Dieu  ,  que 
de  pouvoir  connoître  fa  fin:  Et  fi 

nous 


1 


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dttSagFjSur  lePs.xixxx.5.  6/ 
fjus  luivions  aujourd'huy  nos  inclina- 
rions  &  nos  moiivemens  >  fi  Dieu  le  laif- 
foit  à  nôtre  choix ,  ou  s'il  acceptoit 
routes  fortes  de  demandes,  queluy  de- 
Manderions  nous  pour  et  renne?  N'eftr 
ce  pas  que  les  uns  prieroyent  pour  le 
privilège  qu'eût  Ezcchias  ,  &  pour 
quinze  années  de  furcroît  ?  D' autres, 
pour  être  avancez  à  telle  ou  telle  digni- 
téi  d  autres ,  pour  pouvoir  être  un  peu 
plus  au  large,  &un  peu  plus  à  leur  ai- 
fe  i  d'autres ,  pour  voir  profiter  leurs 
âquêts  )  d'autres  ,  pour  avoir  cette  an- 
née une  récolte  abondante >  d'autres 
pour  y  bien  débiter  leurs  denrées  > 
d'autres  pour  y  voir  avancer  leur  né- 
goce ,  d' autres ,  pour  Ibrtir  d'un  pro- 
cez ,  ou  d'un  mauvais  pas  ^  d' autres , 
pour  fe  relever  d' une  telle  maladie  j 
d'autres ,  pour  triompher  ou  pour  le 
vanger  de  leurs  ennemis  >  d'autres  enfin 
avec  cette  çJ^fé'r^  j  dont  parle  rEvan-^<«^^ 
gile,  pour  voir  leurs  enfans  avancez, *o'  * 
6c  placez  avantageufemcnt  dans  le 
monde. 

Ce 


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68      La  Méditation 

Ce  font  là  5  Chrétiens ,  ce  font  là  oi 
dinairement  nos  projets ,  &c  nos  pre 
mieres  pcnfécs.  Mais  après  tout,  Fû 
nité  des  vanitez^  dit  le  Trêcheur^  ton 
cfl  vanité!  Tout  cela  faute  de  con 
noître  fa  fin  ,  &:la  mefure  de  fes  jours 
faute  d'avoir  un  cœur  de  fapiencej  or 
de  faire  ces  faintes  réflexions  :  Et  qii 
fuis-je  ?  &  que  demande-je  ?  &:  qu< 
fçay-je  combien  de  tems  il  me  refte 
IS'cll-il  pasvray  que  ce  n'eft  que  va 
nité  de  tout  homme  ^  quoy  qtt^il  fait  de 
bout  ?  Certaiiiemejît  il  fe  fromém  À 
jparmi  ce  qui  u'a  qu'aparence  ;  il  /<  1 
tempête  four  néant  ;  on  amafe  dei'À 
biens  ^  &  on  ne  fçait  qui  les  recueilli^  j 
ra:  Infenfé  que  je  fuis  î  j'amafle,  je  1 
me  travaille ,  peut-être  pour  un  Ab-  \ 
falom  dénature  j  ou  pour  un  enfant 
prodigue  -,  ou  pour  un  ingrat  étran- 
ger -,  ou  pour  un  injufte  raviffeur  :  Je  ; 
bâtis_  dans  Tavenir ,  &  peut  être  qu'a- 
lors  il  n'y  aura  plus  en  moy  ni  de  chair  J 
ni  d'os,  ni  de  refpiration  ni  dévie:  Je  {J 
prépare  à  ma  partie  des  laqs  &:  des  J 

pic- 


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EduSage,  surlePs.xxxix.^.  69 
)iéges  5  &:  peut  être  qu'aujoiird'huy  je 
jrray  environne  moy  même  des  cor- 
[  leaiix  de  la  mort ,  des  détreffes  du 
'  epulcre  :  Je  fonge  à  une  plus  grande 
f  nefurede  richefl'es  ou  d'honneurs, 
.  )eut-être  que  la  me  fur  c  de  mes  jours 
.  :ft  comble,  ou  lamefure  de  mes  ini- 
î;  fuirez  :  Je  fais  fondement  fur  ma  dti^ 
[  "ée  peut-être  que  dans  peu  d'heu- 
f  'es  ou  dans  peu  de  jours ,  elle  va  être 
^  .ranl'portëe  d'avec  moy  j  au  moins  eft- 
y  il  airuré,  qu'elle  eft  plus  fragile  que  le 
;  verre,  plus  trompeufe  qu'un  fonge, 
.  plus  inconftante  qu'une  ombre ,  ôcplus 
pafl'agcrc  qu'une  vapeur. 

C)  la  plus  utile  de  toutes  les  penfées, 
,  8c  la  plus  falutaire  de  toutes  les  réfle- 
xions !  Arriére  ces  profanes  qui  pren- 
;  nent  d'icy  occafion  de  s^écrier  î  Man- 
.  geons      beuvons j  car  demain  nom^J',ru 
,  mourro7is.  Loin  ces  monftres  qui  fe  di- 
,  fcnt  ?un  à  Paurre  !  Nôtre  vie  pajfera 
Il  comme  la  trace  dUme  nuée      fe  difl 
fondra  comme  un  broïnllard:  Notre 
tems  eji  comme  une  ombre  qui  paffc  ;  ^-  L  * 

Ha."'- 


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yo  La.  Méditation 
r haleine  de  nos  narines  n^  eft  quUi? 
fumée  :  Venez  donc  &  faifons  gran 
chère  des  biens  que  nom  avons  ;  ei. 
floyons  à  bon  ejcient  nôtre  jeuneffe 
emplijfons  nom  du  meilleur  vin  &  i 
farfumsy  que  la  fleur  du  tems  nenot 
fafje  point  y  laijfons  far  tout  des  ma\ 
quesdenos  flaîfirs^  car  c' eft  là  nôtr 
fartj  &  le  lot  de  nôtre  héritage.  M 
ferablcs  :  &:  que  nous  ne  pouvons  mieu 
comparer  qu^à  de  la  fiente ,  ou  qu^ 
des  cadavres ,  qui  recevans  les  rayor 
ou  les  influences  du  Soleil ,  n^exhalen 
que  des  vapeurs  puantes  &  venimeufei 
Mais  que  ces  mêmes  rayons  vienneil 
a  donner  fur  des  rofeaux  aromatique? 
fur  de  Paloé  ou  de  Pafpic  ,  iln^en  foi 
tira  que  des  parfums  de  bonne  odeur  i 
Il  en  eft  de  même  de  ce  fouvenir  del  , 
fin:  s^il  y  a  quelque  mouvement  d  | 
confcience,  s^il  y  a  quelque  étincelW| 
de  pieté ,  s^il  y  a  quelque  amour  de  fc>^| 
falut  5  s^il  y  a  même  quelque  lumiér»  ^ 
deraifonjiln'eftpas  polîible  quMlenc 
produife  une  bonne  ôc  une  falutairc 


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dttSage,  surlePs.xxxix.  5.  71 
c  V  uLis  prens  à  rémoms  ,  vous  tous 
>firétiens  !  Si  chacun  de  nous  fe  per- 
iadoit ,  que  cette  année  fera  fa  demie- 
z  ,  finous  nous  figurions  que  c^eft  icy 
ôure  dernier  mois  ,  ou  nôtre  dernier 
i  Dur  j  fi  nous  nous  reprefentions  toutes 
ï  os  heures ,  toutes  nos  afticns  ,  &  rou- 
es nos  démarches  ,  comme  les  dernié- 
es  :  ne  fongerions  nous  pas  à  nous 
f  nêmcs  ?  ne  voudrions  nous  pas  bien 
ionner  ce  peu  de  tems  à  nos  confcien 
:  :es?  &:  ne  tremblerions  nous  pas  au 
buvenir  de  ce  redoutable  jamais ,  dont 
îous  nous  croirions  être  fi  proches? 
Et  penfe ,  Chrétien  ,  penfe  que  verita- 
i.  élément  cette  année  doit  terminer  ta 
'  courfe,  Se  même  ce  mois ,  ou  peut-être 
:  ce  jour.  Daniel  voyant  aprocher  la  fin 
des  Lxx.  années,  qui  devoyent  terminer 
la  captivité ,  drejfe  fa  face  vers  le  Sci- 
neur^  avec  jeunes  &  avec  fuplications. 
N^eft-ce  pas  là  un  bel  emblème  du  fi- 
dèle, qui  voyant  aprocher  la  fin  de  fa 
vie  ,  qui  eft  de  fixante     dix  ans  ^  Se 
par  confequent  la  fin  de  fa  captivité 

dans 


Lttc 
19 


72      La  Méditation 

dans  le  corps  de  cette  mort  j  fe  doni 
tout  entier  à  la  prière ,  aux  larmes ,  &' 
la  dévotion?  Confefîe  toy  à  PEternel,^ 
te  repensj  au  moins  une  heure  devant  t 
mort  j  difoit  cet  Ancien.  C^eft  à  dir 
que  tu  dois  te  repentir  à  toute  heur£ 
puis  qu^à  le  bien  prendre  toute  ta  vi 
n^eft  qu\me  heure  j  puis  auflî  que  tou 
tes  les  heures  te  doivent  ttrefufpecbej 
de  même  qu^elles  le  font  à  un  crimine. 
qui  dans  un  fombre  cachot  ignor 
Pheure  de  fon  ajournement,  ^tant 
ce  jour  j  &  quant  à  cette  heure  per 
fo  une  ne  la  fçait.  Tune  fais  f  as  quel 
le  cJoofe  le  jour  ou  V heure  enfantera 
Uhomme  ne  connoit  point  fon  tems 
non  plus  que  le  poiffbn  qui  eft  pris 
filé, 

Jerufalcni!  difoit  autrefois  le  Sei 
•  gneur ,  ô  fi  tu  eujfes  connu  ^  au  moins 
^' cette  journée les  chofes  qui  apartie 
7ient  à  ta  paix!  Homme  pécheur  !  di 
je  moy ,  fi  au  moins  en  ce  jour  tu  poi 
vois  connoit  re  ta  fin       la  me  f  ire 
tes  jours  !  Car  les  jours  viennent  q 

cet 


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:  ) 


DU  Sage,  sur  le  Ps.  xxxix.  ^.  7^5 

ette  connoiflance  ne  fera  plus  de  fai« 
on.  Il  n^eft  plus  tems  à  un  malfaiteur 
le  fc  rcccnnoître ,  lors  que  le  Geôlier 
c  que  les  Sergeans  aprochent.  Il  n'eft 
)las  tems  de  chercher  de  l'huile ,  lors 
[ue  l'Epoux  frape  à  la  porte.  Il  n'eft 
lus  tems,  difoyent  les  Payens ,  de  con- 
!  iilter  aux  pieds  des  autels.  Il  faut  pré^ 
enir  le  mauvais  jour.  La  deftruAion 
ient  en  un  moment.    La  mort  fur- 
)rend  dans  fes  pièges ,  &  auflî-tofl: 
ipres  la  mort  fuit  le  jugement.  Eter- 
id  !  donne  nous  à  connoitre  nôtre  fin  : 
?ay  nous  connoître  le  tems  de  nôtre 
dfitaticn  ;  Fay  nous  comprendre  l'an- 
ifle  6c  l'horreur  de  ces  jours-là  :  Et 
:ombicn  nous  regretterons  alors  ces 
nomcns ,  que  nous  reftifons  aujour- 
Thuy  à  CCS  penfées  :  Combien  nous 
v  oudrions  alors  avoir  acheté  de  meil- 
cure  heure,  &  de  P huile ^  pour  en  four- 
nos  lampes,  &:  des  vétemens  pour^^,,^ 
couvrir  nôtre  honte:  C'eft  à  dire , 3 .tai, 
oir  des  à  prefcnt  purifié  nos  con- 
iences  5  fcrvi  nôtre  Dieu  5  chéri  îtos 

D  pro- 


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7^      La  Méditation 

prochains^  éteint  ncs  ardeurs  ^  furmo» 
té  nos  partions  >  &:  travaillé  à  fauver  ni* 
tre  ame. 

Mes  Frères  ,  je  devrois  dire  que  h 
tenis  où  nous  fommes  ,  nous  obliger 
particulièrement  à  ces  devoirs.   11  e 
vray  qu'aujourd'huy   toutes  chof. 
nous  avertiflent  de  nétre  fin.  On  vc: 
aujourd'huy  partout  l'ire  de  Dieu  dv 
ployce,  fa  main  apcfantic,  fes  fléau 
débordez  ,  6c  les  phioles  de  fa  colé; 
répandues.  Toute  la  Terre  n'eft  pli; 
à  la  vérité  qu'un  Théâtre ,  mais  ii 
Théâtre  de  défolation  6c  de  fan;. 
Toute  l'Europe  n'eft  plus  qu'ur 
Babel  j,  ou  qu'un  i^kel-dama.  11  \t 
a  plus  que  des  menaces  d'une  cataftr 
phe  univerfelle.    Manaifé  s'eft  élev 
contre  Ephraim ,  ôc  Ifrael  contre  Jud; 
De  tous  les  cotez  nous  ne  voyons  qi 
des  tragiques  ôc  des  funeftes  embrat 
mens,  ôcles  voyons  de  bien  prés.  I 
o/.  s.^des pièges  cachez  en  Mitzpa  j  & 
'  ^'  filés  étendus  fur  Tabor.  Et  qu'es-ti 
d  la  plus  petite  d'entre  les  milliers 


duSage,  surlePs.  XXXIX.5-  75 
-uda  !  qu'cs-tu  fi  non  un  aflemblagc 
rMaifons  d'argile,  une  Porte  ouver- 
&  une  Ville ïansdéfenfc?  ^li  font 
ix  ûnquels  tu  regar^des  ^  ne  Ibnt-ils 
Fas  comme  Moab  <fiti  ne  fourra  rie7t^J''\ 
1  %ire  j  comme  les  Egyptiens  qui  font  i\. 
V  >j hommes  ^  (S  non  fas  leDieu  Fortj 

ommc  le  Roy  de  Jareb  qui  nevousv.\ 
\i  ourra  ynedeciner  ?  Et  tes  ennemis  ne 
t  .)nt  ils  pas  comme  forcené z  contre 
k  oy  j  &  leur  bravade  n'eft  elle  pas  déjà 
ouvent  montée  jufques  à  tes  oreilles? 
lis  auflî  il  n'ell  que  trop  vray ,  que 
lus  fommcs  encore  fourds  à  cette 
oix.   11  faut  des  aprochcs  plus  vifi-. 

îs  ,  pour  nous  faire  peur.  H  faut  des 
oups  plus  réels  pour  nous  faire  ployer^ 
t  ïC  des  raifons  plus  puiflantes  pour  nous 
'\i  imouvoir. 

Aulli  5  Fidèles  5  je  veux  que fne^ 
)â  ure  de  nos  jours  ait  encore  quelque 
1]  itendué.  Je  veux  qu'il  nous  refte  en- 
>re  quinze  ou  même  trente  années  de 
Qiioy  :  fi  un  Jacob  fert  fept  an^ 
^s  pour  une  Rachel,  avec  toute  la 

D  z  fide- 


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La  Méditation 

fidélité  &c  toute  la  diligence  pofliblf 
Et  ne  lervirons-nous  pas  bien  ce  pe. 
d'années,  pour  T  éternité  &:  pour  The 
ritage  du  Ciel  ?  pour  procurer  à  ne 
confciences  un  agréable  repos ,  &  à  no  - 
anies  une  véritable  joye  &:  dans  la  v 
dans  la  mort  ?  Quoy  i  faut-il  qu 
nous  donnions  à  Dieu ,  par  manière  d 
dire ,  les  reftes  du  monde?  Au  mon" 
nos  plus  beaux  jours ,  à  Dieu  nôtre  p 
fantc  vieilleffe  ?  Au  monde  toute  nôt 
vie  5  à  Dieu  peut-être  nôtre  dernié 
heure  ?  Ou  plûtoft  à  Dieu ,  ce  que  no 
ne  pouvons  plus  donner  au  monde , 
ce  que  le  monde  ne  veut  plus  ?  Faut 
enfin  que  nous  remettions  la  tâche 
plus  pénible  &:  la  plus  importante , 
îâ  partie  de  nôtre  vie  la  plus  foible  &:  V 
plus  endurcie  ?  Ne  nous  abufons  p 
pécheurs  î  Sans  contredit  la  tâche 
longue  y  Se  la  vie  eft  courte.  Il  faut 
tems  pour  faire  profiter  nos  talens.  1 
en  faut  pour  ajufter  ce  grand  comte 
que  nous  avons  à  rendre.  Dans  de  fem- 
blables  occurrences  5  les  hommes  font 

fo" 


DU  Sage,  sur  le  Ps.  xxxrx.5.  77 

foigneiix  èc  font  prcvoyans.  Et  celiiy 
qui  a  beaucoup  à  expédier  en  peu  de 
tems  y  afîurément  il  fe  dépêche ,  &  ob- 
fcn'^e  les  heures  &  les-  minutes;  Il  n'y  a. 
Fidèles ,  que  le  feul  exemple  du  bri- 
nd  dans  les  Ecritures ,  à  qui  les  der- 
niers momens  ayent  été  falutaires.  En- 
core avoit-il  en  quelque  façon  péché 
far  ignorance  y  &:  nous  manquons  7;^?^. 
kntatrement,  Aufli  qui  abandonne 
Dieu  dans  fa  vigueur.  Dieu  l'abandon- 
ne dans  fa  langueur  >  qui  n'afouvenan- 
ce  de  fon  Créateur  aux  jours  de  fa  jeu- 
nefTe  ,  Dieu  n  en  a  point  de  luy  au  tems 
de  fa  vieilleffe  ;  qui  oublie  Dieu  dans  la 
vie ,  Dieu  l'oublie  auflî  finalement  dans 
kniort. 

Enfans ,  donnez  à  Dieu  les  prémices 
de  vos  jours  :  Sçachez  que  vôtre  O- 
rient  eft  bien  proche  de  fon  Occident; 
&  que  la  mort  eft  atachée  à  la  naiffan- 
ccaufTibienquelamifére  l'eft  à  la  vie. 
Jeunes  gens,  fou  venez-vous ,  que  fans 
comparaifon  plus  de  jeunes  fe  voyent 
fauchez  que  de  vieux  >  que  les  plu3 

D  3  beaux 


^8       La  Méditation 

beaux  jours  de  vôtre  fleuriffante  jci 
nèfle,  s'envolent  comme  raigle>  quej  ; 
douceur  du  printems ,  eft  bien-tolt  fu: 
vie  des  ardeurs  de  Tête  ,^  &  des  change 
mens  de  l'automne  j  enfin  que  l'un  di 
deux  eft  infailliblement  à  la  porte ,  o  r. 
la  mort ,  ou  bien  les  jours  de  chagrin  5  t 
de  travail.  Vous  qui  êtes  dans  un  àg 
plus  avancé  ,  fouvenez  vous  que  1 
moitié  du  chemin  eft  faite  -,  que  ce  q 
refte  n'eft  que  fâcherie  Se  que  doule 
qu'on  defcend  beaucoup  plus  vite  q 
Ton  ne  monte  j  que  plus  les  corps  ap 
chent  de  leur  centre ,  plus  leur  mouv 
ment  eft  rapide  >  qu'il  n'y  a  que  de 
pas  de  vôtre  âge  à  la  vieillefle  s  &:  q 
toutes  vos  forces  ne  font  rien  au  pri: 
des  forces  d'un  Samfon,  qui  ne  t 
noyent  qu'à  un  peu  de  chevelure  -,  ou 
prix  de  celles  des  Cèdres ,  que  le  yen 
déracine ,  &  que  la  foudre  brife.  Vieil 
lards  5  fi  tout  le  pafle  ne  vous  eft  qu'ui 
fonge  y  &  que  fera-ce  de  l'avenir  ?  QijÉj 
feront  deux  ,  ou  quatre ,  ou  fix  année;! 
de  plus  longue  vie  ?  Mais  des  anné^ 

aconll 


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nT'  SagE>SUR  le  Ps. XXXIX.  ^.  7^ 

icoiiipagnées  de  chagrin ,  de  crainte , 
le  deffiance ,  d'avarice ,  de  langueur  & 
ie  fouffrance.  Qiie  deviennent  peu  à 
peu  vos  corps ,  li  ce  n'eft  des  maifons 
pourries ,  de  triftes  prifons ,  de  lourdes 
k  de  pefantes  machines?  Et  que  vous 
refte-t'il,  li  ce  n'eft  de  tenir  vos  ames 
comme  fur  la  paume  de  vos  mains  > 
d'être  perpétuellement  aux  écoutes; 
d'avoir  fans  cefle  la  dernière  voix  à  vos 
oreilles  >  d'être  affamez  de  la  pâture  de 
vie  5  dans  ce  raffajïement  de  jours  >  &: 
d'en  ufer  comme  fit  le  peuple  de  Dieu, 
qui  fe  voyant  à  la  veille  du  repos  ,  re-  eroé. 
cueiUoït  au  double  de  la  manne:  Aufli *  ^ 
vous  voyans  à  la  veille  de  ce  grand  &: 
bienheureux  repos ,  faites  double  pro- 
vifion  de  cette  celefte  manne,  &:  de  ce 
pain  vivifiant. 

Tres-chers  Frères  ,  j'aurois  encore 
icy  divers  avertiflemens  à  vous  faire 

qui  découlent  de  ce  Xexte ,  comme 
d'une  riche  &  d'une  falutaire  fource. 
Certes  fi  nôtre  vie  d'elle  même  eft  de 
f et ite  durée ^  chofe  déplorable!  que 

D  ^  nouS' 


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8o  La  Méditation 
nous  prenions  encore  à  tâche  de  Tabre 
ger>  que  nous  en  racourciiîions  vc 
lontairement  la  me  fur  e  ;  que  Thomm 
fe  tue  ordinairement  foy  mêmCi  6c  qu> 
néglige  le  plus  naturel  de  tous  les  d^ 
voirs ,  qui  eft  fa  propre  confervatioî 
Pécheurs  î  à  mefure  que  vous  multi 
pliez  vos  iniquité/. ,  vous  diminuez  1 
nombre  de  vos  jours  j  à  mefure  qu 
vous  tombez  dans  le  crime ,  vous  rei 
femblez  à  ce  miferable  lunatique ,  qn 

M^^-  tomboit  tantoft  dans  Peau  j  6c  tantol 

\].    dans  le  feu^  Car  le«  ans  des  méchan 
feront  retranchez»:  Ils  feront  tranjpor 

l^^'^'^tez  far  la  grandeur  de  leur  folle  :  Le 
hommes  fanguinaires  trompeiirs 

^^^.zl' ne  farvienaront point  à  la  moitié  d 
leurs  jours.  Voluptueux  ,  qu'elle 
vous  fuion  vos  propres  bourreaux 
Que  font  vos  vies ,  fi  ce  n'eft  des  lam 
pes ,  dont  vous  mêmes  épuifez  l'hui 
le,  6c  éteignez  le  feu?  Quali  comme  ce: 
pourceaux  ),  dans  rHiftoirefainte,  quj 
fe  précipitent  eux  mêmes  dans  l'aby- 
me.  Gourmands,  n'eft-ilpas  vray, que 


DU  Sage,  sur  le  Ps.xixxx.5^.  8^ 

vos  dents  vous  travaillez  à  faire  vô^ 
tre  foiFe  ?  &c  que  pour  trop  furcharger 
vos  vaiflcaux ,  vous  les  faites  couler  à 
fond  ?  Yvrognes  ,  n'eft-il  pas  vray , 
que  vous  allumez  vous  mêmes  ce  bra- 
der qui  vous  confumc  ?  que  vous  ava^ 
lez  de  gayeté  ces  mêmes  goûtes ,  qui 
finalement  vous  gênent  ?  6c  que  vous 
afiemblez  ces  mêmes  eaux  y  qui  finale- 
ment vous  noyent  &:  vous  étoufent? 
Hommes  palîionnez ,  n'eft-il  pas  vray 
que  vos  partions  5  que  l'envie ,  la  ja- 
loufie ,  ou  la  colère  y  font  d^s  corrofifs 
qui  vous  rongent ,  Se  des  flammes  qui 
vous  dévorent  ,  &:  des  vautours  qui 
vous  déchirent  le  foye  plein  de  rie  ? 
Gens  avares  ,  n'eft-ce  pas  que  pour 
mourir  riches ,  vous  avancez  bien  fou^ 
vent  votre  mort  ?  N'y  a  t'il  pas  en  vous 
comme  une  foif  perpétuelle  qui  vous 
efféche  ?  Et  vôtre  or  &  vôtre  argent , 
ne  font  ils  pas  fouvent  les  inftrumens 
de  vôtre  perte  5  &  comme  un  poignard 
en  la  main  de  l'homme  ravifTeur  ?  Gens 
de  négoce  ,  tandis  que  vous  courez 

D  5  par 


g2      La  Médit  ATI  oiî 
la  mer  &:  la  terre ,  n'y-a-il  pas  foi 
vent  un  meurtrier  qui  vous  atend 
un  naufrage  qui  vous  furvient',  o 
ime  mauvatfe  bête  qui  vous  déchire 
Semblables  à  ce  Simehi  qui  fe  lève  i 
court  après  fes  ferviteurs  >  mais  non  pi 
fans  qu'il  luy  en  coûte  la  vie.  Homme 
entreprenans ,  vôtre  ambition  ne  voi 
cft  elle  pas  bien  fouvent  fatale  ?  &  n 
vous  engagez  vous  pas  fouvent  ave 
un  injufte  i^chab  ^  ou  avec  un  bo 
mais  téméraire  Jojias  ^  dans  des  piég( 
dont  la  fortievous  eft  défendue?  Ma 
nous  tous ,  Fidèles ,  nous  tous   ne  d< 
vons  nous  pas  avouer  5  que  nous  pr( 
cipitons  nos  jours  ôc  que  nous  avar 
çons  nôtre  fin  ?  Soit  que  les  travau 
nous  afFoiblilfent ,  foit  que  les  foir 
nous  acablent ,  foit  que  les  veilles  noi] 
blanchiflent ,  foit  que  le  chagrin  nou 
mine  &"  nous  confume. 

Et  d'où  viennent  tous  ces  excez  er 
nemis  de  la  vie?  Le  plus  fouvent  d 
ces  pafllons  meurtrières ,  que  je  vien  • 
de  nommer  -,  le  plus  fouvent  d'ambi 


IL. 


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DU  Sage,  SUR  LE  Ps.xxxix.  5".  8^ 

ion  ou  d'avarice  -,  d'un  defir  d'amaf- 
er ,  ou  d'un  delîr  de  paroître.  Et  nous 
le  confiderons  pas ,  que  c'eft  prodiguer 
ine  vie  donc  nous  ne  fommes  que  les 
iépofitaires  :  Qiic  c'eft  détruire  le 
Temple  de  Dieu,  &: ruiner fon  ouvra- 
];e  :  Qiie  c'eft  fe  plonger  le  couteau 
dans  lefeiujou  avaler  du  poifon  :  Que 
c'eft  tenter  cette  celefte  Providence ,  6c 
fcs  irrévocables  arrêts:  Qiie  c'eft  faire 
1   un  tort  fignalé  à  ceux  qui  ont  intérêt 
en  nôtre  confervation  :  Que  c'eft  fou- 
vent  plonger  des  Veuves  &:  des  Orphe- 
lins dans  la  mifcre  :  Qiic  c'eft  fe  ren- 
dre refponfablcs  de  leurs  cris  ôc  de 
leurs  gémiflemens  :  Enfin  que  c'eft 
être  les  architedles  de  nos  malheurs ,  ôc 
lacâufedece  feu  de  durée  ^  dont  nous 
faifons  des  injuftes  plaintes. 

Au  nom  de  Dieu  5  Chrétiens  ,  ne 
foyons  pas  aujourd'huy  des  écouteurs 
oublieux  j  ou  comme  i*ajpïc  fourd  qui 
bouche  fin  oreille.   Que  ma  voix  5  ncT^^^, 
foit  pas  comme  la  voix  de  celuy  qui^  <^* 
'  crie  au  défert  >  mais  comme  celle  de 

D  6  l'En^ 


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145  G  34 


Sif,       La  Méditation 

P Enchanteur j,  qui  charme  ce  venin  qi 
nous  tue.  Et  comme  le  ferpent  fe  d( 
poûille  au  bout  de  l'année  de  fa  vieil 
peau>  dépouillons  aujourd'huy  levie 
homme ,  quant  à  la  converfation  pn 
cedente.  Comme  l'année  fe  renouve 
le,  renouvelions  nôtre  zélé  &:  nôtre  a; 
deur.  Comme  la  nuit  eft  pafTée ,  &  ! 
jour  eft  venu  >  cheminons  déforma 
comme  enfans  de  lumière ,  &:  enfans  d 
jour.  Comme  Dieu  fait  luire  fur  noi 
de  nouveau  la  clarté  de  fon  Soleil;  qu'o 
voye  auflî  briller  en  nous  une  nouve 
k  lumière ,  &  une  nouvelle  vie.  Coi 
mençons  avec  Dieu ,  pour  continu! 
avec  luy ,  &  finir  en  luy  :  Commençor 
en  fa  crainte,  pour  continuer  en  fa  gn 
ce^    finir  en  fa  paix. 

D'ailleurs ,  Ames  fidèles,  que  ce  fo} 
cjiticynos  grandes  &  nos  fouveraint 
confolations.  C'eft  à  favoir  que  con: 
rae  nôtre  vie  eft  de  petite  durée  ^  auf: 
le  font  nos  adverfitez  ôc  nos  douleun 
S'il  y  a  une  mefure  a  nos  jours ,  il  y 
^fli  une  mefure  à  nos  maux  &:  à  no 


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DU  Sage,  sur  le  Ps.xxxix.5 .  8f 
(preuves.  Si  nôtre  vie  n'eft  qu'un  j^;/- 
y  ^  nos  afli£tions  ne  font  que  comme 
in  mauvais  fonge.  Si  tout  nôtre  tems 
l'eft  que  comme  un  jour  ^  nos  foufran- 
:es  ne  font  que  comme  une  mauvaife 
mit.  L'Ange  confolateur  noîis  touche^ 
^a  ^  avant  que  le  jour  finifle  ^  environ  dm.^ 
'etems  de  l'oblation  du  foir  j  àTiffue^;''' 
ie  nos  fupplications ,  comme  il  toucha 
!n  ce  tems-là  Daniel ,  il  mettra  fin  à 
la  déloyauté  de  nos  Ennemis ,  ^  il  a- 
mènera  lajufiice  d&s  fiécles.  Va  mon  ^r.^^: 
fjeufle ^  entre  en  tes  cabinets ^  &  fi^-""' 

e  ton  huis  y  cache  toy  four  un  bien 
Petit  moment  ^  jupju^à  ce  que  l^ indi- 
gnation foit  pajfée.  Encore  un  f  eu  de  f'f'*;^ 
tems  ^     celuy  qui  doit  venir  viendra'^'!* 

ne  tardera  point,  Quoy  que  nous 
trouvions  le  tems  long  ^  il  eft  fort 
court  Se  quoy  que  Dieu  femble  tar- 
der, il  vient  à  grand  pas.  Ce  font  des 
^ets  de  nôtre  impatience  5  &:  de  nôtre 
incrédulité.  C'eft  qu'on  ne  contrepéfe 
point  cette  afiiBion  qui  ne  fait  que 
fajferj  avec  ce  foids  éternel gloire. 

Car 


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86      La  Méditation 

Car  en  ce  cas  ce  grand  f^uguftitij  éto 
prêt  d'endurer  même  la  gêne  pour  u 
tenis.  Sçachantbien  que  tout  cetem 
n'étoit  qu'un  moment ,  &  n'étoit  qu'a 
rien  3  au  regard  des  tems  Se  des  fiéck 
qui  le  fuivent. 

Courage ,  Chrétiens^,  la  petite  dure 
de  rhomme  >  eft  une  preuve  infaïUibl 
de  fon  éternité.    La  fragilité  de  fo  " 
corps  ,  montre  l'immortalité  de  fo 
ame.    L'avantage  qu'ont  icy  tant  d 
chétîves  créatures  ,  vérifie  cét  autr 
avantage  de  l'homme.  Qiielle  aparer 
ce  que  la  plus  excellente  de  toutes  le 
créatures  ,  foit  prefque  la  moins  durî 
ble  ?  s'il  eft  vray  que  le  diamant ,  k  pin 
noble  &  la  plus  précieufe  de  toutes  k 
pierres  5  ou  que  l'or  ,  le  plus  pur  6c  l 
plus  excellent  de  tous  les  métaux 
îbyent  aufîî  les  plus  durables  &  k 
plus  permanens  ?  Qiielle  aparence  qu 
ce  chef  d'œuvre  expire  fi  tôt  5  fans  ]z 
mais  revivre ,  &:  tombe  fans  jamais  1 
relever  ?  Que  celuy  qui  n'eft  guér 
moindre  que  les  Anges  3  foit  moindr 

ej. 


DU  Sage^surlePs.  XXXIX.5.  87 

;n  fa  durée  que  des  bêtes  ?  Que  cet 
fprit  fi  fublimc ,  fi  ferme  >  8c  fi  pené- 
rant ,  foit  de  même  condition  que  ce 
orps  fi  terreftre,  fi  infirme ,  &  fi  pefant? 
Son  non  5  mortels  1  ne  vous  imaginez 
^las  que  cette  fin  ^  dont  parle  le  Pro- 
phète ,  foit  la  fin  de  homme,  A  la 
/erité  c'eft  la  fin  de  fes  jours  ^  comme  z)4«. 
1  cft  dit  à  Daniel ,  c'ell  encore  la  fin 
le  fes  miféres  5  c'eft  la  fin  de  fes  cri- 
fnes  :  Mais  c'eft  le  commencement  de 
fa  félicité ,  c'eft  le  commencement  de 
Ton  innocence.  C'eft  la  porte  duCieU 
&:  l'entrée  du  Paradis  ,  ôc  le  paflage  de 
ce  trifte  défert  à  cette  délicieufe  Ca- 
naan. La  mort  mène  à  la  vie  5  &  la 
mène  à  l'éternité.  Ces  jours  ^^^^^r- 
mineZj,  mènent  à  des  jours  infinis  j  cet- 
te  petite  durée  j  à  une  longue  6c  une 
^  erpetuelle  durée  ^  cette  mefure  de 
^quatre  doigts  à  des  abymes  fans  fend 
ôc  fans  mefure  >  8c  ces  momens  pafia- 
gers ,  au  grand  8c  au  permanent  jamais. 
L'homme  fidèle  pafle  du  ventre  au 
Monde,  du  monde  à  l'Eglife ,  del'E- 

glife 


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88  La  Médit.  DU  Sage,  sur  Sec. 

glife  au  Ciel ,      du  cid  à  Dieu  ^  c 
étant  uni  comme  à  fon  centre ,  il 
repofe      fe  raffafie  à  jamais  de  toi 
tes  les  délices  de  fa  glou'e. 

Aluy  foit  gloire  ^rc£^  K  magnu 
ficence^  aux  Jiécle%^s  fié^ 
des  'y  Amen. 

F    I  N. 


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L  E 

Y  S  TER 

DELA,  PIETE. 


89 


E 


*  Ou 

SERMON 

lur  ces  Paroles  de  S.  Paul ,  i  Tir^. 
Chdp.  ui.yers.  16. 

t  fans  contredit  le  Myjlére  de  U 
pété  cfl  grand. 

;^  'ancienne  Athènes ,  où  prê-^/?. 

.ha  S.Paul  au  miUeu  de  l'A-  \l  ' 
?  reopage ,  comme  elle  fut  la 
plus  grande  &  la  plus  florif- 


antevihc  détoure  la  Grèce,  aulli  fut- 
elle  par  deflus  toutes  celles-de  TAnti- 
quité,  le  fiége  des  belles  lettres ,  la  mé- 
cç  de  la  poUtefle ,  l'école  des  fciences, 
le  féjour  des  Philolbphes ,  6c  Tabord  de 

tout 


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C^O     Le  My  STERE  DE  LA  Pl ETE, 

tout  ce  qu'il  y  avoit  d'éclairé  Se  de  fç. 
vant.  D'où  vint  que  Platon  rendit  gr- 
ecs à  la  Providence  de  ce  qu'elle  Tavc 
fait  naître  dans  Athènes ,  &  du  tems  <  . 
Socrate  ,  qui  avoit  été  déclare  par  TC 
racle  le  plus  Sage  de  tous  les  hômmt 
En  effet ,  fi  la  R.eyne  de  Saba  vint  d 
Matth.  extrémitez  de  l'Arabie  Heureufe  poi 
oiiir  la  Sapience  de  Salomon ,  l'on  v»- 
noit  auffi  des  extrémitez  de  l'Orient» 
de  l'Occident  pour  entendre  ou  la  be 
k  morale  de  ce  même  Socrate ,  ou  1( 
nombres  myftérieux  des  difciples  c 
Pythagore ,  ou  les  prétendus  Atome 
d'un  Démocrite  y  ou  la  doftrine  licei 
tieufe  d'un  Epicure    ou  les  difputc 
fubtiles  d'un  Zénon ,  ou  les  veritez  d 
vines  d'un  Platon ,  ou  les  dodles  leçor 
d'un  Ariftote.  Et  ce  fut  de  cette  fça 
vante  Ecole  que  fortirent  ,  entre  k 
dofteurs  de  l'Eglife,  des  Juftins,  de 
Athénagores ,  des  Clemens  d'Alexan  > 
drie,  desOrigénes>  desBafiles,  Scdc 
Gregoires  de  Nazianze,  qui  ftiren 
des  plus  éclairez  entre  les  Pérès  Grecî 

Al . 


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^UR  I  TiM.  m.  i6.   ^  91 
ontràire  la  Ville  de  Sparte,  qui 
la  rivale  d'Athènes,  méprila  ces 
)rtes  de  Iciences  ,  &:  affefta  d'être 
dclVus  toutes  celles  de  fon  tems 
écôle  des  belles  aftions ,  la  mére  des 
ons  exemples  ,  le  fiége  d\ine  rigou- 
:ufe  difcipline  ,  la  confervatrice  des 
nciennes  Loix ,  rcnnemie  du  luxe  &: 
e  la  pompe.   Et  comme  dans  Athé- 
es l'on  y  aprenoit  les  myftéres  de  la 
^hilofophie ,  dans  Sparte  l'on  y  apre- 
loit  le  l'ecret  de  la  Vertu.   De  l'une 
'on  s'en  retiroit  plus  inftruit  &:  plus 
çavant ,  &:  de  l'autre  l'on  en  Ibrtoit 
)lus  fagc  6c  plus  homme  de  bien.  Ce 
jui  fit  dire  à  un  ancien  Grec  ,  que  les 
Athéniens ,  connoillbyent  fort  bien  la 
rtu ,  mais  que  les  Lacédemoniens 
ulslapratiquoyent. 
Cheks  Frères  >  nous  avons  bien 
plus  de  fi-ijet  de  rendre  grâces  à  Dieu 
De  ce  qu'il  nous  a  fait  naître ,  non  pas 
dans  une  ville  d'Athènes  ou  de  Spar- 
te ,  mais  dans  fon  EgUfe  qui  eft  /a 
Cité  du  grand  Roy,  &  la  maifin  du^ri^j 

T>ieu  ' 


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^4^.0^^        Mystère  de  la  Pieté, 
mt^.jd  Dieu  vivant.    Auffi  le  fçavarxt  C: 
g/éV.  ment  d'Alexandrie  a  dit  avant  moy 
cette  même  Eglife,  qu'elle  étoitde\. 
nue  une  autre  Athènes  j  Se  une  auti 
Grèce  ^  mais  d'autant  plus  éclairée 
plus  heureufe  quelle  a  eu  de 
grands  &  de  plus  faciès  Maîtres,  fç- 
voir  Jéfus  Chrift  &  fbs  Apôtres.  Das 
Tune  de  ces  fameufes  Villes,  que 
viens  de  nommer ,  nous  y  aurions  ap 
des  fciences  qui  enflent ,  des  Myftéro 
d'orgueil  &  de  vanité,  une  fapienc 
que  S.  Paul  traite  de  folie,  tandis  qu 
^a.  le  vray  Dieu  y  étoit  un  "Dieu  Inconm 
ÎJ;*-  Et  dans  l'autre  nous  y  aurions  apn 
une  vertu  plâtrée,  unehinnêreté  civj 
le,  &:  des  devoirs  que  l'homme  rend 
l'homme,  tandis  que  la  piété  cnver 
Dieu,  qui  eft  le  premier ôc  le  plus  el 
fencici  de  tous  les  devoirs ,  étoit  i 
connue  dans  Lacedémone.  Mais  dari 
l'Eglife  du  Seigneur  Jéfus ,  l'on  y  en 
feigne  d'un  côté  la  fcience  des  fcien 
ces  ,  &  le  Myfiére  àts  Myftéres,  une 
Philofophie  qu'ont  ignorée  les  Socra- 

te* 


SUR  I  TiM.  III.  i6.  95 

k  les  Pktons  i  de  l'autre  l'on  y 
iprend  la  mcre  de  toutes  les  vertus  , 
"çavoir  la  Tieté j  qui  eft  le  vray  fruit 
le  ce  grand  Myftére  de  la  Grâce ,  qui 
îous  porte  à  craindre  également  8c 
limer  ce  grand  &  ce  charitable  Sau- 
veur, à  reconnôître  fes  bien-faits,  à 
miter  fes  vertus  ,  à  pratiquer  faCha- 
lté,  à  refpeftcr  fes  commandcmens 5 
Se  à  nous  régler  fur  cet  incomparable 
iîK)délede  toute  perfeflrion. 

Et  c'eft  par  là  que  le  S .  Apôtre,  écri- 
ant à  fon  difciple  Timothée ,  recom- 
mandoit  l'excellence  &:  la  dignité  de 
l'Eglife  en  quelque  endroit  du  monde 
quelle  fût ,  ôc  par  confcqucnt  l'impor- 
tance du  Miniftére  Sacré ,  en  ce  quelle 
eft  la  colotnne^  ^  l'apf  ui  ^  ou  bien  l'é- 
cole &:  la  depofitaire  h  Vérité, 
Il  réxalte  cette  vérité  en  ce  quelle 
eft  fans  aucunf  doute  un  CMjfiére 
trcs^grand ^  nommément  'Dieu  mani^ 
fejîé  en  la  chair  Jtfjlifié  far  P  EJprit 
vu  des  Anges  ^  frêché  aux  Nations 

rû  dans  le  Monde  ^  S?  enlevé  dans  la 
Gloire: 


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i  I. 

ifi 

ihu-t. 

r*  rv- 


94,    Le  Mystère  DELA  PiETFj  4^ 

Claire:  Et  ce  Myftérc  il  le  lait  a  ak 
par  defl  II  s  tous  les  autres,  en  ce  qii; 
ell,  non  pas  un  Myftéredc  fubtilit*, 
ç)U  d'une  pure  contemplation  y  mais  w 
Myftére  de  Tïété  y  jans  contredît  ^  \ 
Myfiére  de  Tïété  eji  grand!  Fidck  i 
après  le  Myftere  du  Fils  de  Dieu  m*  i 
nifefté  en  la  chair  ^  dont  vous  avez  d*  \ 
puis  peu  folemnife  la  mémoire  5  le  ph  I 
grand  de  tous  les  Myftéres,  au  jug. 
ment  de  l'Antiquité ,  a  été  celuy  c 
cette  même  Chair  manifeftée  fous  1<; 
Symboles  du  Pain  du  Vin  ^  qu'Or 
gene  a  apellée  le  corps  typique  ^ fyn- 
%oliqne  du  Seigneur.  C'ell  aufîi  ( 
qu'elle  apelloitV^  Myftére  par  exce 
lence ,  ou  bien  les  terribles  ^  les  ai 
mirables  &  les  divins  Myft ères  ;  {ci 
chant  que  rien  n'imprime  tant  la  vene 
ration  ni  la  Piété  dans  les  cœurs,  qu 
d'être  perfuadé  de  la  grandeur  &  d 
la  majefté  de  ces  adorables  fecrets.  F 
comme  Dieu  ié  manifeftant  à  Moy 
en  un  Buiflbn  myftericux ,  ne  voulu  \ 
point  qu'il  aprochât  d'un  lieu  fi  fain 

qu'au 


vf^ 


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SUR  I  TiM.  III.  i6.  9^ 
u'auparavant  il  n'eut  déchauffé  fese^coi. 
luliers  ^  où  s'atache  rimpurcté,  ce'*^*^ 
uc  pratiquent  cnccre  aujourd'huy 
1  Turcs  &  les  Perfans  à  Tentrée  de 
:urs  Mofquées  :  Comme  les  Chré- 
ens  du  premier  âge  ne  foufrcient  pas 
^ue  ce  Sacrement  augufte  fut  profané 
•ar  des  mains  fouillées  ,  par  des 
touches  impures  :  Comme  encc.re  IT- 
lolatrie  Payerfne  éloignoit  de  la  vue 
fes  prétendus  My  itères  ,  par  un 
-léraut  exprés  ,  les  fcélérats  les 
m  pics  5  fans  que  même  un  Néron, 
eut  Empereur  qu'il  étoit ,  eût  en  cela 
j^uelque  privilège  :  Aulîi  ne  doùte-je 
^as.  Chers  Frères  ,  qu'à  l'aprochede 
:é  grrmd  Myjlére  de  ^tétévom  n'ayez 
:iuittc  vv  matin,  &  ne  quittiez  encore 
^  prefent  toutes  vos  penfées  de  la  ter- 
A.  -,  &  moy  même  qui  vous  dois  en- 
tretenir 5  puiflé-je  à  l'entrée  de  ce  dif- 
cours  être  la  copie  de  ces  grands 
odtciirsde  l'EgUfe,  qui  ayans  à  par- 
r  d'^  Myftére  à  leurs  Auditeurs^ 
/  la  Tarole  de  T)ieti,  "vous  étonne  ^ 

leur 


r 


96 


Le  Mystère  de  laPiete, 

leur  difoy eut  ils,  elU  m* étonne  atijjx 
tfcry?  ^  en  vous  prêchant  ce  qui  vous  fa- 
^Jah.^'  trembler  j  / h'n  tremble moy  mé^ne, 

\oici  donc  S.  Paul  qui  nous  par  jj 
de  la  vérité  qui  eft  enfcignéc  C  ; 
l'Eglifc,  par  les  Miniftres  de  TEva.  J 
gile  ,    1.  Comme    d'un   Myftén  1 

II.  Comme  d'un   Myftére  granc  \ 

I I I.  Et  qui  cft  grand  fans  contredii  j 

IV.  Enfin  comme  d'un  Myftére  de  fu  1 
té.  Pour  bâtir  le  Tabernacle ,  6c  pov  |j 
former  les  Vaifleaux  facrez ,  Dieu  voi 
lut  bien  qu'on  fc  fervît  de  l'or  &  de 
matériaux  d'Egypte.  De  même  poi 
exprimer  les  chofes  Saintes ,  Dieu  s'e 
fervi  fc'Uvent  de  termes  empruntez  d 
Paganifme.  Et  tel  eft  celuy  qu'en 
ployé  le  Saint  Apôtre  j  après  les  Ii 

i^'f.i.terprétes  Grecs  du  Vieux  Tc^ameni 
»7*!8.1ors  qu'il  parle  duil/y/tWde  laPién 
Caries  Payens  apelloyent  leurs  Cerc 
monies  Sacrées  des  Myftéres  ,  c'eft 
dire  des  fecrets  ou  des  choies  cachées 
q4.ie  le  peuple  dcvoit  rcfpefter  fans  le 
connoîtrc.  Et  comme  elles  étoyentoi 

fan 


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_     5UR  I  TiM.  iri.  i6.  ^7 

anglantes  par  leur  cruauté ,  ou  horb- 
Tufes  par  leur  vilenies,  ou  exécrables 
)ar  leur  ldv>latrie ,  jufques  à  faire  hom- 
[lage  à  des  reptiles ,  à  des  plantes ,  &r 
Diable  même,  aufïï  fe  faifoyent- 
:s  de  nuit  y  ou  en  cachette ,  hors  de 
^ue  du  Peuple ,  &  ne  pouvoyent  être 
celées  par  les  Epptes  ou  les  Spefta^ 
irs  fans  encourir  fentencc  de  mort, 
ift  de  la  forte  que  les  Egyptiens,  qui 
Tirent  les  plus  Idolâtres  de  tous  les 
^  îuples ,  faifoyent  un  My ftére  de  tout, 
cachoyent  leurs  fuperftitions  fous 
s  Hiéroglifes  e>:  des  Enigmes.  Ce 
île  Pithagore  fit  à  leur  exemple  ,  ce 
;rand  Dodeur  des  Mylléres  ,  &  ce 
Maître  d'un  religieux  filence.  De 
[j  ncmc  que  le  Diable  s'eft  fait  fervir 
)armides  Indiens  &  des  Barbares  dans 
Temples  obfcurs ,  fouillez  de  fang, 
dont  l'entrée  étoit  permife  à  peu 
perfonnes.  Et  fous  ce  nom  deMy- 
cs  faux  Chrétiens ,  que  l'Anti- 
luite  a  apellez  Gn.  ftiques,  dés  le  tems  r.,^, 
te  1  crtullicn ,  s'obligeoyent  à  garder^"'""» 

E  le  fi,''  " 


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Le  Mystère  de  la  Pieté, 

le  fileiice,  ôc  à  ne  point  révéler  leiii 

abominations. 

Ce  n'eft  pas  en  ce  fens  queladcÊtr 

ne  de  TEvangile  eft  apellee  un  Mjp 
,  îM  re  j  ailleurs  le  Myftére  ou  le  fecret  ù 

Chriji  ^  le  fecret  du  Royaume  de  T>m 
le  fecret  de  fa  volonté  le  fecret  de  i 
îi/'  j%y.  Il  eft  bien  vray  que  les  premia 
3.  J,;^.  Chrétiens  faifoyent  leur  fervice  de  nu 
&  en  cachette  ;  en  des  Cryptes  &:  d( 
Ueux  foùterrains  ^  à  la  faveur  des  lan 
pes  &:  des  Cierges ,  que  la  fuperftitio 
a  continué  du  depuis  à  aUumer  c 
jour  5  à  mefure  que  fes  ténèbres  01 
afoibU  la  lumière  des  premiers  fiécle. 
11  eft  encore  vray  qu'ils  ne  perme 
toyent  la  vue  ou  l'Epopfie  des  Sain 
Myftéres ,  fçavoir  de  TEuchariftie ,  1 
aux  Etrangers ,  ni  aux  Catéchumènes 
ni  aux  Lafs  pendant  l'état  de  lei 
Pénitence.  Et  de  la  vint  que  les  Paï- 
ens les  traitoyent  de  Lucifuges  c 
d'enfans  de  ténèbres  ^       qu'ils  L 
foupçonnèrent  tantôt  de  confpiratic 
Iccrete  contre  la  Republique  ,  c( 


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SUR.  I  TiM.  ïïi.  i6.  99 

^Hétéries  &:de  fociécez  pernicieufes, 
tatôt  de  ces  fortes  de  crimes  qui  font 
ïritablemcnt  des  œu  vres  de  ténèbres: 
ufques-la  que  même  des  Trajans ,  des 
intonins ,  des  Marc-Aureles  ,  Prin- 
s  d'ailleurs  fages  ,  juftes  &  débon- 
lires ,  publièrent  contre  les  pauvres 
vhrei  icns  des  Edits  fanglans  ,  &:  leur 
ifcitérent  des  Perlccutions  cruelles, 
vlais  grâces  à  Dieu  la  lumière  n'eft 
j)îiK  iTufe  fous  un  boifleau  ;  la  crainte^ 
\l6  perfécutions  n'oblige  plus  tous  les 
iens  à  des  aflemblées  fecretesj 
'Kvaneile  des  le  tems  de  Conftan* 
le  Grand  a  été  pr  de  jour,  &: 
jublinnement  5  &  /  ^  des 
Wtjoii^  ,  toute-fois  il  cil  demeuré  27,"  * 
X  demeure  encore  aujourd'huy  un 
iyfiére    un  fecret ,  &:  un  grand  fe- 

Il  eft  donc  tel  en  premier  lieu  quand 
l'fon  origine.    La  chair  &  k  fàng  j^^'^^^ 
Moit  Jéfus  Chrift,  c'eft  à  dire  la  rai- 17^ 
ibn  &  la  nature,  ne  Va  pas  révélé. 
En  ce  fcns  mil  ne  vit  jamais  ^ieuj^''"^\^ 

E  a  ce 


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loo  Le  Mystère  DE  laPietf, 

,  c.œfont  chofes  qti^œiln^a  point  vues  ^ 
qii  oreille   a  point  ouïes  ^  ilatklii  qu 

M  m  th. 

le  Tere  les  révélât  ^  ou  celuy  qui  ej 
Ij,  "aufem  du  Tere.   Il  en  eft  de  cett 
cioarine  falutaire  comme  du  feu  de 
Holocauftes  qui  étoit  immédiatemen 
defcendu  du  Ciel  ;  ou  comme  de  cett 
^^'^  lumière  célefte  qui  fit  voir  à  Saul  ce 
'^'^  luy  qui  étoit  invifible  à  luy  ôc  à  fe 
compagnons.  Les  rayons  de  cet  Aftr 
qui  nous  éclaire  peuvent  bien  allume 
du  feu ,  mais  tous  les  feux  enfembl 
ne  fçauroyent  produire  un  feul  rayoi 
de  lumière  comme  eft  celle  du  Solei 
Aufli  la  lumière  de  la  Grâce  peut  biei 
éclairer  la  raifon  de  Thomme  ,  mai 
tous  les  raifv:)nnemens  du  Monde  joint 
cnfcmble  n'auroyent  jamais  pu  inven 
ter  un  ieul  point  de  ce  Myftére.  J 
vous  avoue  qu'il  y  a  des  raifonne 
mens  bien  forts ,  &  des  vues  bien  pe 
netrantes.  L'Efprit  de  l'homme  cft^  o 
femble  auffi  vafte  que  ce  grand 
vers.  Toute  la  nature  eft  comme  ran 
eéc  fous  fcs  LoiX  ôc  fous  fou  empire 
^  il  corn 


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SîTR  I  TiM.  ÏÏI.  l6.  t&x 

compafle  les  Cieux,  il  calcule  les 
Tems ,  il  mcfure  la  Terre,  il  franchit 
es  Mers  y  &c  fe  fait  un  chemin  au  tra- 
ms  des  Gouffres  &c  dés  Abymes. 
C'eft  aux  lumières  de  cet  efprit  que 
k  doivent  tant  de  prévoyances  falu- 
•aircs ,  tant  de  connoifTances  fublimes , 
ant  d'arts  ingenieus  ,  tant  d'inven- 
:ions  furprcnances ,  tant  d'ouvrages  6c 
:ant  de  machines  ,  qui  paffent  pour 
des  Prodiges  Se  pour  des  Miracles. 

'eft  la  force  de  cet  Efprit  qui  a  fou- 
'  i^cnt égalé  les  forces  de  la  Nature,  Se 
i  fait  voir  tantôt  le  Cours  mers^eilleux 
c?  Aftrcs  Se  des  Planètes ,  dans  une 
Sphère  ou  dans  une  boule  de  verre, 
comme  fit  autre-fois  Archimede  ;  tan- 
or  leur  mouvement  ré2;lé  dans  des 
Horologes  ou  des  Mobiles  perpétuels-, 
tantôt  rimpétuofité  des  foudres  8c 
c  ronnerres  dans  le  fracas  des  Ca* 
nons  Se  des  Bombes  -,  tantôt  la  force 
du  Soleil  ou  du  feu  en  des  Miroiri 
ardens,  qui  ont  cmbrafé  des  flottek 
nncmics  ^  tantôt  la  dernière  perfcf 

E  3  ftioa 


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Ï02  Le  Mystère  DE  LA  PiETE, 
aioii&  la  dernière  vertudes  métaé 
dans  les  opérations  de  la  Chimie.  En  v 
ttiotla  Nature  n'aquafi  plus  de  fecret 
inconnus  à  l'homme,  lia  falu  que  1 
Terre  luy  ait  par  manière  de  dire  oi 
vert  fon  lem  ôc  fes  tréfors  >  la  Mer  f( 
abîmes  &  fes  richefles  3  le  Ciel  fa  liai 
teur  3  &  fes  merveilles  s  &  tous  les  EU 
mens  leurs  forces     leurs  puiflance 
Mais  pour  vafte  &  pour  pénétrant  qu 
foit  l'efpritde  T  homme  quand  auxfe  . 
crets  de  laNature  &  del'Art ,  jui  ^ 
à  pouvoir  dire;  de  cet  efprit  ce  que  j 
femme  Thekoite  difok  de  David, 
n'eft  ni  flus  ni  moins  en  connoiff^nc 
I  um.  qj^^fi^  Jnge  de  T>ieu  ;  néanmoins  il  fau 
It  "avouer  qu'il  n'y  arien  de  fi  ftupide  f 
de  fi  groffier ,  quand  il  cft  qucftion  de.. 
Myfteres  de  la  grâce. 

Car  je  vous  pricMesPréres^combio 
de  Chimères  l'homme  animal  ne  s'et/ 
il  point  forgé  en  matière  de  R.eUgion  : 
ious  quelle  forme  ne  s'eft  il  point  n\ 
tprefenté  la  fouveraineDivinitc?combic  < 

>i;f a-t'il  point  inventé  de  fables  ôc  d 

fau> 


SUR  I  TiM.  III.  i6.  103 

faux  Myftercs  ?  combien  n'a-t'il  point 
-echerché  de  n^oyens  pour  apaifer  un 
Dieu  irrité ,  Se  pour  trouver  la  frof  i- 
tiatïon  ;  Et  ne  s'eft-il  point  crû  à  cou- 
vert contre  fes  foudres  6c  fes  anathé- 
mes  3  par  des  dévotions  aparentes ,  par 
des  lacrifices  (anglans ,  par  des  auftc- 
ritez  rigoureufes ,  par  des  purifications 
charnelles  ^  &  par  des  Cérémonies 
pompeuies  Ôc  ridicules  ?  Mais  qui  ont 
té  5  comme  cette  Tour  menaçante 
qu'imagina  le  premier  Monde  ,  ou 
comme  ces  Echelles  des  Geans  de  la 
,  Fable  ,  pourfc  frayer  ridiculement  un 
chemin  jufques  au  Ciel. 

J'avoue  bj  11  que  la  Loy  n'eft  pas 
tout  à  fait  un  Myftére  a  Thomme  cor- 
--ompu.  Elle  eft  en  quelque  façon  gra- 
"lée  dans  les  cœurs  &  dans  les  con- 
iciences  ,  de  même  que  l'image  de  la 
Divinité  l'eft  dans  fes  produftions  &:  '^'f 
fes  ouvrages.  Mais  quand  au  Myftére  i  v.ii 
de  Chrift,  ou  quand  au  véritable 
moyen  de  reconcilier  l'homme  avec 
fon  Dieu ,  avant  l'Evangile  de  la  grâce, 

E  4  où 


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ib^  Le  Mystère  de  la  Piete^ 

où  eft  l'œil  qui  Ta  jamais  vû?  où  cl 
Toreille  qui  Ta  jamais  ouï  ?  où  eft  Te 
fprit  dans  rimagination  duquel  il  ei 
ip\,ef  jamais  entré  ?  Et  lors  même  que  Diei 
^  Ta  découvert ,  Se  r a  donné  à  connottr 
£f^i  f^r  la  révélation  qui  efi-ce^  difoitl 
5  S  '  Prophète ,  qui  a  crû  à  nôtre  prédicà 

Mais  aufîi ,  Chers  Frères,  nous  apel 
ions  un  fecrct ,  ou  un  Myflére  j  ce  qù 
à  été  inconnu  jufques  icy  5  ou  au  moirt 
ce  qui  n'a  été  connu  que  de  bien  pet 
de  perfonnes.  C'eft  encore  en  ce  feit 
que  S.  Paul  parle  de  la  vérité  de  l'E^ 
vangile  comme  d'un  Myftére.  C'eH 
un  fecret  qui  a  été  caché  de  tout  te 
^'  en  Dieu  j  qui  a  été  tû  dans  les  fiée 
Col.  ^.^ajfez,.  Dutems  des  Patriarches  il  n*îs 
été  connu  que  dans  peu  de  famille^. 
Celle  d'Abraham  eh  a  même  été  feufe 
la  dépofitaire.    De  cette  école  il  vi 
au  ni  à  la  connoiffance  d'un  Job,  ou 
d'un  Eliphaz  ,  ou  d'un  Elihu  comme 
étant  ifTus  de  Kéthura ,  ou  de  Nachor 
frère  d'Abraham,  ou  bien  d'Efau, 

De- 


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SUR  I  TiM.  lïT.  l6.  lOf 

Depuis  ce  Myftére  n'a  été  connu  qucz/  w 
dans  un  petit  coin  de  la  Syrie  3  fçavoir  J;^*^.^ 
Jans  la  Judcc.  On  l'ignoroit  hors  de 
coin  dans  les  quatre  parties  du 
Monde ,  qui  ne  comiurent point  les  or-'^r.^ 
ionnances deT>ieu,  Il  ne  fut  révélé  niv^iÔ. 
1  une  Egypte  Idolâtre ,  ni  à  une  fiére 
Babylone^  ni  à  une  grande  Ninive  5  ni 
à  une  riche  Perfepolis,  ni  à  une  Iça- 
vante  Achéne  >  ni  à  une  belliqueufe 
Sparte ,  ni  à  une  puiffante  Rome.  Et 
même  dans  Ifraël  ce  Myftére  étoit 
prefque  caché  dans  le  Santtuaire  mon-  ucy: 
dain.  Il  étoit  comme  renfermé  dans*'^'*' 
une  Arche  matérielle  ,      derrière  un 
voile  épais.  Ou  bien  il  étoit  enveloppé 
d'ombres  &■  de  nuages  y  couvert  fous 
des  emblèmes  &:  des  énigmes ,  repré- 
fenté  en  des  peintures  &  en  des  ima- 
ges ,  figuré  par  des  types  6c  des  évé^ 
ncmens  furprenans ,  comme  aufli  .par 
le  fang  des  taureaux  &:  des  bouts ,  6c 
connu  feulement  par  les  lumières  d'un 
efprit  Prophétique ,  ou  aperçu  comme 
de  nuit  à  la  faveur  des  lampes  du  Ta- 

E  5  ber- 


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îo6  LeMysterbde  laPjete, 
bcrnacle.  Enfin  ce  T>ieu  ^  manïfeftt  . 
U  Chair ^  &  depuis  manifefte  en  la  gk. 
re,  tut  aux  Pères  de  Tancienne  AU  - 1 
ce  ce  que  les  merveilles  de  T  Ameriqu 
ont  été  aux  plus  éclaires  de  T  Anriqu 
té.   Ceux-cy  foupçonnérent  quelqi: 
chofe  de  ce  Nouveau  Monde,  ils  t,. 
ch<  rent  fouvent  de  le  découvrir ,  ils  t 
prédirent  même  la  découverte  ,  qi 
étoit  refervée  à  ces  derniers  tems, 
i'induilrie  des  Colombes  ,  des  Amér 
ques  ,  des  Cortes  ,  &:  des  Mage, 
lans. 

]e  dirav  uicn  davantage  "^îdéles 
encore  aujôurd'huy  ce  Myilv<i»^  de  Pi< 
té  eft  un  fecret  pour  la  plus  granc 
partie  du  Monde.  Il  n  eft  connu  fali 
tairement  que  de  peu.  d'hommes.  L 
raifon  &:  les  lumières  naturelles  for 

•je^n.  ^omme  la  lumière  du  Soleil  qui  êcla. 

^'""'^^re  tout  homme  venmtt  au  Monde,  Ma] 
la  lumière  de  la  Grâce  eft  comme  ceî 
te  Etoile  qui  n'aparùt  qu'a  peu  de  Sa 

j.»".*  çres  en  Orient.  Elle  eft  comme  la  ilo  ^ 
fée  qui  ne  tombe  que  fur  la  toilbn  d 

pei 


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SUR  I  TiM.  III.  10.  107 

eu  de  Gédcons,  tandis  que  le  fcc  fe/^^s. 
oit  fur  toute  la  lerre.  C'eft  cette  lu-" 
liëre  qui  ne  refplendit  qu'en  une  pe- 
te  GoiFcn  y  tandis  que  les  ténèbres 
ouvrent  toute  TEgipte.   C'eft  cette 
elicieuCe  Manne  qui  ne  fe  cueille  que 
Ans  des  Terres  defertes  ,  tandis  que 
plus  abondantes    ne  connoifl'ent 
>int  ce  pain  des  Anges.  Ce  font  par 
■  oanierc  de  dire  ces"  chariots  de  feu 
ILuu  ne  font  vus  qued'Elifee     de  fon  ; 
^^rviteur,  tandis  que  les  autres  liom- 17  »  »• 
ics^  four  frapcz  d'éblouiflement ,  coni- 
ïc  le  l  urent  ces  troupes  du  R.oy  de 
)yr  ccil  là  cette  clarté  Di- 

nnc  quj   n'environne  que  quelques 
)nuvrcs  Bergers  ,  tandis  que  tout  le  ^-'^  î' 
de  la  (udce  le  trouve  dans  une"  ^* 
rc  &  profonde  nuit.  Encore  voyez- 
)us  icy  tout  le  contraire  de  ce  qui  fe 
)it  dans  les  fecrcts  de  la  ferre.  Ceux- 
ne  font  que  pour  les  Sages  6c  les 
éclairez  de  ce  fiécle,  ou  pour  les  Po- 
litiques Scies  hommes  d'Etat ,  ou  pour 
ics  Cabinets  des  Rois  ôc  des-  Prmces. 

E  6  Mais 


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io8  LeMystere  de  laPiete, 

Mais  Dieu  a  voulu  par  une  difp 
tion  admirable  que  ce  fecret  de  i"^t 
fut  moins  connu  ou  moins  crû  des  . 
ges  5  6c  des  nobles^,  &:  des  riches  ,  &  c . 
puiflans  de  ce  Monde ,  &  qu'il  le  i: 
\.  T.  davantage  des  fols  y  &  des  foibles  ^  v 
MaJii      méprifez  &:  qui  ne  font  rien.  *Pi 
»x.  v.Je  te  rens  grâces  que  tu  as  caché  < 
chofes  aux  fages      aux  entendu 
Comme  autre-rois  ce  ne  fut  pas  ax 
2)4». j.  fages  de  Babylone  que  fut  révélé  le' 
^y,*'  cret  de  l'écriture  que  vit  Belfatfar  J 
la  paroy  de  fon  Palais.  Ce  ne  fut  \ 
aux  Courtifans  de  Pharaon ,  ou  de 
^•J^  bucatnézar  5  que  fut  découvert  le 
K  .io*.  cret  des  fonges  qu'eurent  cesfupert" 
Monarques  :  Mais  ce  fut  à  un  étra 
ger  comme  l'étoit  Daniel ,  &:  à  un  p 
fonnier  comme  l'étoit  Jofeph  ,  q» 
Dieu  fit  connoître  fes  importans  ] 
crets.  Pour  montrer  qu'il  fe  rit  de^ 
fageffe  ôc  qu'il  fe  joué  de  la  grande: 
du  Monde  >  qu'il  n'eft  pas  bcfoin  i 
ces  matières  de  raifonner5  niais  fu 
plcmcnt  de  croire  ;  qu'il  faut  y  ap( 


SUR  1  TiM.  Tll.  16.  IÔ9 

er  non  pas  un  efprit  fort,  mais  un  efpric 
lumblc  5  non  pas  une  recherche  cu- 
-ieufe  ,  mais  une  rehgieufe  foûmiC 


ion. 


Et  c'eft  ce  que  le  fujet  de  ce  Myflére 
ae  Piété  ne  vérifie  que  trop.  La  chofe 
même  parle ,  U  fait  alTcz  voir  combien 
il  mérite  ce  nom  de  feçret.  Les  Egy- 
ptiens pour  donner  créance  à  leurs  fu- 
perlhtions  feignoyent  en  vain  des  apa- 
ritions  de  leurs  Divinitez.  Un  Numa 
Pompilius  pour  authorifer  fes  Loix 
dans  une  Rome  naiflante  ^  un  Maho- 
mcd  pour  faire  recevoir  fes  impoftu- 
res  ,  un  Simon  le  Magicien  pour  per- 
fuader  fes  impiétez  ,  un  Montanus  ou 
un  Manichce,  un  François  ou  unDo- 
miniciue  ,  pour  établir  leurs  feftes  & 
*pour  fonder  leur  reUgion  ,  fef  mt  van- 
tez fauflement  d'avoir  des  révélations 
fecretes ,  8c  des  communications  avec 
Dieu.  Toute  rhiftoire  de  l'Eglife  eft 
pleine  de  ces  fauffesvifions.  Les  fuites 
ont  aÛez  découvert  leurs  impoftures> 
es  myftéres  n'ont  eu  en  effet  rien  de 

myfté- 


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145  G  34 


ijo  Le  Mystère  DE  LA  PiETE, 
myftérieux ,  ç'ont  été  ou  des  fuperft 
tions  vaines  ,  ou  des  menfonges  év.  -> 
dens,  (  u  des  blafphémes  impies  ,  o 
des  fables  ridicules.   Et  tout  ce  qu? 
y  a  jamais  eu  de  bon  dans  ces  Religior 
étrangères ,  6c  cfaprochant  des  Myftt  l 
res  de  la  Grâce ,  a  été  puifé  fans  dout 
dans  /e puits  de  Jacob  j  dans  lafourc 
de  Moyfe  &  des  Prophètes.  Par  exem 
pie  les  lumières  que  peuvent  avoir  t\ 
les  Phéniciens  ,  ou  les  Perfes ,  ou  le 
Grecs,  ou  les  Romains  5  &  celles  qu'oi 
attribue  encore  aujourd'huy  à  des  Br* 
mânes  &  à  des  Indiens ,  touchant  L 
Création  du  Monde ,  l'entrée  du  Pé. 
chè,  Tenvoy  du  Déluge  ,  la  Rèfur- 
reftion  des  morts  ,  ou  la  confomma- 
tion  des  Siècles  5  ou  bien  touchant  une 
Trinité  de  Principes ,  un  Verbe  pro- 
cédant de  Dieu,  une  Divinité  s'unif- 
fante  avec  des  créatures  mortelles  5  ou 
enfin  touchant  la  pureté  du  Culte  qu'il 
faut  rendre  à  Diai ,  avec  des  mains  net- 
tes &  des  entendemens  èclaii'ez,  fans 
même  perinett;re  que  la  Divinité  fut 

repré- 


SUR  I  TiM.  III.  l6.  III 

éfentée  par  aucune  image  ni  par 
mcune  reiTemblance ,  comme  le  delèn- 
lit  Numa  FompiUus  >  toutes  ces  lu- 
picres ,  dis -je ,  ne  furent  allumées  dans 
îçs  ténèbres  du  Paganifme  qu'aux 
^a^ions  qui  fortirent  de  la  face  dcF 
Mo>fej  du  milieu  delà  Palefti-^ 

le  fe  répandirent  parmi -des  Nations 
olatrts.  Je  vous  avoué.  Chers  Frè- 
res,  que  le  Monde  eft  plein  defecrets. 
On  parle  des  fecrets  d'Etat ,  6c  du  Ca- 
binet ,  des.intrigues  des  Cours  &  des 
Ruelles ,  .V  des  maximes  qui  font  con- 
nues de  peu  de  perfonnes.  Même  cha- 
que Science  ^  '  que  Art  a  fes  pro- 
pres fecrets,  C(;mmc  les  Médecins,  les 
Chimilles ,  les  Empiriques ,  les  Arclii- 
cdes,  les  Ouvriers,  les  Marchands ,  ont 
[fTurément  les  leurs,  Ah  î  pauvres  fe- 
^.rets ,  chétifs  Myiiéres ,  au  prix  de  ce- 
Tuy  dont  parle  icy  le  grand  Apôtre  , 
lors  que  tirant  le  rideau,  qu'entrant  au 
.dedans  du  V  oile ,  qu'ouvrant  cette 
^Belle  forte  du  Sanàuaire  myftique ,  il 
découvre  ces  fix  merveilles  en  la  Per- 

'  fonne 


ÎI2  Le  Mystère  de  la  Pieté, 

fonne  &  dans  les  Offices  du  Fils 
Dieu  ,  en  fon  Abbaiffement  6c  en  le 
Exaltation ,  en  fa  venue  au  Monde  : 
en  ce  qui  la  fuivit  quelque  tems  aprc 
Sçavoir  ©/>//  manifefié  en  la  Chain 
juftîfiê  par  l^EJprit  ;  vu  des  Kyînget  ; 
prêché  aux  Nations  ;  crû  au  CHond; 
(S  enlevé  dans  la  Gloire, 

O  myftére  véritablement  tel  par  e> 
cellenceî  T>ieUj  dit  T Apôtre,  maw 
fefté  en  la  Chair  ^  car  ce  terme  6 
T>ieu  fe  trouve  dans  tous  les  anciei 
jc^n.^  Originaux!  Ou  bien  cette  Tarde qt 
i  jcin.étoit  T>teu  j  ce  vrayT^ieu  ^  celuy  qi 
io."*  c^T>ieu  bénit  éternellement  ^  legran 
-^m.^  c^)/^//    Sauveur  Je  fus  Chrijt  ^  qui  n^ 
rtt.  t. point  réputé  rapine  d^être  égal  a  T>ieti 
\'mL  c'eft  celuy4à  même  qui  enfin  a  et 
manifefté  d'une  manière  inconnue  jui 
ques  alors  ;  &:  manifefté  en  une  Chai 
infirme  mais  innocente ,  contemptibl 
^tàn,  niais  fainte  :  Chair  qu'il  prit  à  foy  6 
»•     qu'il  s^apropria  j  non  pas  comme  ui 
vêtement ,  ou  comme  une  robe  de  re 
L/.:  change,  ou  comme  une  maifon,  o\ 

20.  V.  çQj^ 


MTR  r  TiM.  iir.  i6.  iij 

comme  un  corps  dont  enfin  on  dclo- 
jc ,  n'en  déplaife  à  quelques  Pères  an- 
friens  5  mais  en  l'uniffant  à  fa  Perfonne 
Sacrée  d'une  union  qui  a  été  fins  for-  huir. 
te  que  la  mort  :  Et  cependant  c'eft  à 
travers  de  cette  Chair  j,  qu'il  n'a  pas?'^'*^- 
laifle  de  manifejîer  fa  'Divinité .  com- 1^.  * 

le  la  lumière  paroît  au  travers  d'un 
voile,  car  S.  Paul  parle  du  voile faïuw^ 
Chair;  ou  comme  ces  flambeaux  de*°;*' 
Gcdéon  purent  être  aperçus  non- 
obftant  les  Cruches  qui  les  couvroy- ^''^J- 
ent  i  ou  bien  comme  l'air  grand  &  la 
naiflance  illuftre  d'un  Cyrus  paroif- |^;f -^^ 
foycnt  fous  un  habit  de  Berger ,  &  '  ' 
fous  une  foible  aparence.   Et  c'cft  ce 
Dieu  &  Sauveur  qui  ayant  paru  en  for- 
^  te  de  Chair  de  péché ^  &z  ayant  été'"'*' 
condamné  en  cette  Chair  comme  un 
:riminel ,  &c  mis  au  rang  des  malfai- 
teurs, fut yV^/i/f^  hautement,  parl'ef- 
ficacc  de  cet  E^/^rit  qui  fut  jî^r  lîty^  £r,u 
en  luy ,  6c  qm  fe  montra  11  puiffant  &: 
fi  admirable  en  la  conception  immacu- 
de  Jefus  Chrift,  en  la  Sainteté  de  îi^."' 


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145  G  34 


114  Le  Mystère  de  la  Pieté, 
fa  Vie  5  en  la  Solemnitë  de  fon  Bapt:  1 
me ,  en  l'autorité  de  fa  Doftrine  y  eu 
j.v^ir  grandeur  de  fes  Miracles ,  dans  les  p) 
3.  r  diges-de  fa  Mort  3  dans  la  vertu  dei;. 
Kefurredion  d'entre  les  morts ,  &  da' 
toutes  les  merveilles  qui  accompagE- 
rent  fon  Afcenlion,  aulli  bien  qu'en  T: 
complilîement  de  t  utes  fes  Propk 
;  ; .  'v.  ties.  C'eft  ce  même  Dieu  Incarne  cu> 
I.  &c.  n'étant  pas  affcz  vû  m  a/lez  connu  a 
Hommes,  ftit  vu  des  Anges   il  en  i 
vû  fur  la  ferre ,  6c  peu  après  dai 
Ciel  5  &:  il  en  fut  vû  aveque  ji 
a\  ce  ctonnement  ,    aveque  refpei 
avec  étude,  avec  empreflement  pcrj 
.  le  fervir ,  avec  une  entière  perfuafirj 
de  fa  Divinité,  &  aveque  ces  homiT 
ges  qu'jjs  luy  rendirent  fouvent  coî- 
me  les  Mini  lires  &  fes  MefTa^e 
^'^•^•11  en  fut  encore  vu  &  cbntemp 
longtems  devant  fa  NailTance ,  tant:] 
^^'^  des  Séraphins  qui  couvroyent  le 
j(^^n.  face  en  fa  prelénce  ,    tantôt  d- 
iî."'  Chérubins  qui  fe  tenoyent  panchf 
fj't.       le  Propitiatoire,  en. le  regardad 


«ko. 


CO- 


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SUR  I  ÏIM.  III.  l6.  I 

rontinuellcment,  8c  défirans  de  péné- 
:rer  jufques  au  fond.   C'cft  encore  k  ^^^^ 
yiémeDieu,  quinonobftant  fa  croix  6:  n.  ' 
Ton  oprobre  eût  fes  témoins  &  fes  Hé- 
rauts 5  fiit  prêché  comme  étant  le  vray 
Dieu  &  le  vray  Aicflie ,  Se  prêché  hau- 
tement par  toute  la  Terre  5  dés  le  tems 
des  Apôtres.  Qui  plus  eft ,  il  fut  pré- 
'  aux  Gentils  &  aux  Idolâtres ,  qui 
nt  fans  Dieu fans  lumière,  fans 
i      Se  fans  efpérance  ;  il  fut  prêché  à 
de ,         :.s  qui  etoyent  aux  Juifs  ce 
lie  furent  à  Pierre ,  en  une  viiîon  my- 
-1  ,v  Ci    3  >  <  >  bêtes  immondes  ^  dont  il  ^ci. 
^'        manger  -,  &  même  il  fut  piê-;°'^;; 
/^J-  Gentils^  tels  qu  éfoyeut 
'  urconverfionun  Deoys  d^' rA-3r. 
un  J  uftin  Martyi: ,  un  Théo- 
phile d'Anrioche  >  un  Athenagpre,  un 
Clément  Tertullien ,  un  Cyprien ,  un 
Qrégoire ,  &  une  grande  Nuée  defem- 
blables  témoins.  Âuffi-fut  il  m/^  tout- 
incroyable  que  fa  doftrine  paroiffoit, 
out-foibles  qu'en  fuffent  les  prédica- 
:curs  5  8c  tout-dan s;ereufe  qu'en  fût  la 

pro-^ 


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ii6  Le  Mystère  DE  LA  PfÊTE,  î 
profenion:  11  fut  rr/^  nonobftanr 
oppofitions  de  la  Chair  &:  du  Sang  j?»'  ; 
dépit  des  Ccflirs ,  des  Gouverneurs  e  ' 
des  Philofophes  qui  le  pcrfecutéret 
Il  fut  crû  en  fort  peu  de  tems  > 
Myftére  fut  quafi  comme  cette  vetv 

i^Ts.^ -^^^^^  ""i^  pouifa  des  ba 

tons,  jetta  des  fleurs  &  produifit  t  : 
amandes  :  Et  même  il  fut  crû  par  U 
cd.  ^.leCMonde  ^  quoy  que  non  pas  crtVu 
J;^^;  Monde  qui  ne  l'a  point  connu.  Enfin:  ^ 
x-^  V.  fut  le  même  Dieu-Homme  qui  ap:î; 
avoir  pafTé  par  tous  les  opprobres  ,u 
prés  avoir  été  retranché  cruellemef: 
de  la  Terre  des  vivans  ,  fut  enlevé  da: 
la  gloire  ^  fut  exalté  fouvcraineme: 
par  fa  rcfurre^ion  miraculeufe  ,  pi 
îbn  Afcenfion  triomphante,  &  par  i 
Séance  à  la  main  droite  de  Dieu  fo 
Pere. 

Après  cela ,  Fidcles ,  ne  vous  éto 
nez  pas  fi  S.  Paul,  lavi  en  la  conten. 
plation  de  tant  de  merveilles ,  dit  irG 
feulement  que  c'eft  un  Myftére,  ma; 
aufli  que  c'eft  un  Myftére  grande  ; 

gran. 


I 


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I  Tl^.  ÏII.  177 

j^j'nnrï  fans  contredit.  l  es  Grecs  avoy- 
Lix  fortes  de  Myftércs:  L^s  uns 
''•ui  Lioyenr  apellez  ks  grands  CMyJlé- 
j^F^  qiun'cti  ycnt  qiu'  pour  les  Epo-"^''"^' 
CCS  ck  ks  Parfaits,  &:  dont  la  pompe 
:  la  cérémonie  étoit  renfermée  dans 
aiclos  de  leurs  Temples  -,  Et  les  au- 
t%  qu'ils  apelloient  des  petits  My fi 
is  j  qui  étoyent  pour  les  catéchumé- 
>i  !&  les  moins  inftruits ,  &  qui  fe  paf- 
lyent  avec  moins  de  précaution  &:  a- 
cc  moins  de  pompe.  Icy  le  Saint  A- 
ôtre  faifant  allufion  à  ces  faux  Myfté- 
convie  fon  difciple  Timothée,  com- 
[e  trcs-inftruit  dans  les  Saintes  Lettres, 
comme  parfait      la  contemplation 
lu  Myftére  de  Bethkhcm  ou  de  Gol- 
;orh:i  ,  qu'il  juge  fans  comparaifon  plus 
-i  que  tous  ceux  d'Eléufis  ou  de 
imothracc.  Et  tandis  que  les  Idola-r^^f. 
'écrioyent  dans  Ephéfe,  Grande^f'^i 
La  T>iane  des  Ephéfiens  ;  S.  Paul^'^'^- 
variant  du  Myllére  de  Jefus  Chrift  qui  ' 
ré  hé  dans  TEglik-  d'Ephefe,  où 
^imothée,  Grand  s'écrie- 

t'Uà 


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11 8    Le  My  STERE  DE  LA  PiETE, 

fil  à  fon  tour,  ejl  le  CMyftére  de  la 
té  !  F  t  ailleurs  parlant  a  lamême  £^ 

? Cefecret  eft  grandi 

Myltcrc  grand  quant  à  fon  orii:; 
&  à  Ibn  auteur  ,  qui  eft  le  Dieu  viva 
Il  fut  formé  dans  le  confcil  de  Die 
avant  la  fondation  des  fiecles  .  le  P(t! 
le  Fils  y  travaillèrent  dés  les  teu 

ry.  6-^.  éternels  ;  ils  firent  des-lors  ces  ci:  . 

"^i^,^^  terribles  que  nms  îv* attendions  fcn. 

»-'3  lans  prendre  confcil  Se  fans  être  i 
Jlrnits  de  perfonne.  Tout  eft  grai;. 
qui  vient  de  Dieu ,  &:  àle  bien  prend:^ 
il  n'y  a  rien  de  grand  que  ce  qui  viei 
de  Dieu.  Lors  même  que  des  lag^L 
Payens ,  comme  un  Thaïes ,  ou  un  P 
thagore ,  ou  un  Eratôfthenes  ,  avoyer 
trouvé  quelque  fecret  de  Geometr: 
ou  de  la  Science  des  Nombres ,  qu'i 
jugcoient  être  grand ,  ils  en  faifoyer 
Dieu  Tautcur ,  &-  luy  facrifioyent  de 
vidimes.  Voici  leT)ieu  fort  eft  granc 

a<s.' "  dif  )it  Elihu,  Ôt  //  n^y  a  pas  moyen 

\%\  ajoutoit  David  ,  de  fonder  fa  grai 
5-  deur, 

Myfté 


/SUR  I  TiM.  III.  i6.  119 

Myftére^r^«<:/qiiant  àla  manière  en 
quelle il  a  êtc  manifeflé  aux  homn\es. 
arpour  ne  rit  n  dire  de  plttjieîtrsma-^^^^f' 
'ires  étonnantes  dans  Icfquelles  il  fut 
montré  aux  Pères ,  mais  de  loin ,  que 
pr(xliges  avant  &:  après  la  naiffance 
JéfusChrift!  Un  Ange  du  Ciel  en^«f.i^ 
ntionça  la  conception  à  la  Vierge  j  Un 
LUgiiile  comme  le  fourrier  de  Dieu 
ourvût  aux  couches  de  Marie  -,  dcs^f'"^'* 

ées  celclles  ai  publièrent  la  naif- 
mce  j  une  Etoile  extraordinaire  en 
.larqua  le  lieu  ;  des  Sages  en  furent  a- 
crtis  daus  les  défcrts  de  l'Arabie-  & 
lémc  Hcrode  furm  mmé  \q  grand  en 
rembla  de  frayeur  fur  fon  Trône.  Lors 
uill  que  le  Fils  de  Dieu  fut  manifcftc 
n  la  Croix ,  &:  qu'il  paracheva  le  My- 
~re  de  nôtre  Rédemption  ,  ne  vit-on 
as  les  Anges  le  confoler  comme  (es  fi- 
éks  miniftresj  le  Soleil  s'obfcurcir^^,,;^; 
:omme  de  honte  &  de  douleur ,  &:  tou- 
c  la  nature  fouffriravec  l'Auteur  delà 
tiature  ?  Ne  vit-on  pas  le  Voile  àwLuc. 
emple,  qui  cachoit  ce  Sanduaire/^' 

«jui 


J20   Le  Mystère  ot  la  Piet», 

qui  fut  la  figure  du  Ciel ,  fe  déchire 
la  Terre  trembler  à  tant  de  marques  c 
Tire  de  Dieu  •  les  Pierres ,  fymbole  d 
cœurs  endurcis ,  fe  fendre  -,  les  Sepu 
cxes  s'ouvrir ,  à  la  mort  de  la  mort  mi 
me ,  6c  plu  fleurs  corps  des  Saints  fort 
de  leurs  tombeaux  ?  Enfin  n'oùït-o 
pas  les  propres  Bourreaux  de  Jéfv 
Chrift  s'écrier ,  Véritablement  cétu) 
a  5.  V.    ^fQif:  le  Plis  de  T>ieu! 

Myftére  grand  quant  à  fes  deflein 
%t  à  les  avantages.   Ceux-cy  ne  fon 
pas  moindres  que  la  grâce  &:  la  gloire 
qu'il  procure  à  des  miferables  crimi 
nels  'y  qu'une  lumière  agréable  qu'il  ré 
pand  dans  nos  efpris  ,  8c  un  change 
ment  falutaire  qu'il  produit  en  nos  vo 
''^^  i-lontez  i  fuivi  de  la  deJlruCfion  de  U 
l'T\m'mGrt  j  Se  du  don  de  la  vie  £0  de  rim 
mortalité  bien- heu rcufe.    Sans  doute 
qu'il  n'y  a  point  d.^     J  plus  gran^ 
que  la  mort^  ni  point  de  bien  pluî 
grand  que  la  vie ,  ou  plus  fouhaitablç 
qucrmimortalitéi  Et  fi  les  Payens  ont 
dit  que  celle-cy  fut  la  fin  6c  le  fruit  des 

tra- 


SUR  I  TiM.  in.  i6. 


121 


Tàvaux  d\m  Hercule   nous  pouvons  /)/,#, 
tire  avec  plus  de  vérité ,  que  c'eft  là  le  , 
hiitdes  travaux  du  Fils  de  Dieu ,  qui 
i  combatu  le  Serpent  à  fept  têtes ,  ôc  a 
cûtenu  tout  le  poids  du  Ciel  6c  des 
fers. 

yftére  gra^^d  quant  à  toute  foa 
ftenduë  :  Car  je  vous  prie,  dans  ce  My- 
à*e  de  T>f  eu  mamjefté  en  la  Chair  ^ 
fin  de  pouvoir  expier  le  peclié  en  la 
Dhair ,  combien  d'autres  Myftéres  y  jfu- 
•entrenfermez?  N'a-t'ilpas  falu  pour 


noter  enfantât-,  6c  que  la  fervante 
cvint  la  mere  de  fon  Seigneur ,  ou  la 
illc  celle  de  fon  Pere,  oula  péchercfTe 
relie  de  fon  Sauveur  ?  Et  à  quoy  ten- 
oit  un  événement  fi  étrange  ?  N'étoit- 
:e  pas  afin  de  reconcilier  la  créatia-e 
Ycc  fon  Cr.  ateur ,  Thomme  avec  fon 
ieu ,  le  pécheur  avec  fon  Juge,  la  Ter- 
avec  le  Ciel?  N'étoit-ce  pas  encore 
à  le  moyen  unique  de  condamner  6c 
'abfoudre  un  même  crime,  de  punir 
k  de  pardonner  une  même  desobéiflan- 


:ct  effet 


Vi 


fans  fe  des- 


F 


ce, 


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î2a  Le  Mystère  dexaPiete,  I 

ce  y  d'accorder  une  Souveraine  Juftk  I 
avec  une  Souveraine  Miféricorde ,  l  I 
fans  blefler  cette  Jurtice  ,  d€  relàclu  I 
des  Barrabas  &  des  tètes  coupables  ^  .  J 
-mettant  à  mort  k  Saint  iê  k  Jufte  1 
Et  n'a  t'on  pas  vu  par  ce  moyen  refu  I 
ter  de  la  mort  d'un  feul  homme  la  v;  1 
de  plufieurs  3  leur  gloire  naître  de  fo  1 
iernominie,  &:  leur  félicité  de  fes  fou  1 
frances,  &  en  la  trille  défaite  de  Jefi  1 
Chrift  n'a-t'on  pas  vu  la  plus  fignak  1 
de  toutes  les  victoires ,  de  même  qu'e  I 
fa  honteufe  Croix ,  s'cft  vu  le  pli  i 
grand     le  plus  gloneux  Trophée  qi  ^ 
tut  jamais  ?  Myftére  encoie  d'autar 
plus  grand!  quec'étoit  là  l'unique  r< 
méde  qui  reftoit  pour  tant  de  funeftc  ^ 
maux,  le  dernier  afyle  qui  fwt  ouveil 
i.u  pauvre  pécheur,  la  feule  planch 
qui  luy  demeurât  pour  fe  i'auver  de  fq 
naufrage ,  &:  l'unique  voye  qu'il  y  eu 
pour  rentrer  dans  la  grâce  de  fonSon 
verain  Seigneur  ,  comme  l'Echanfo 
quin'attendoitquela  mort  rentra  dan  , 

celle  de  Pharaon.  J 

'Mail 


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'   Mais  encore  Myftére  grand  quant  à 
ft  vertu  &  fon  efficace  l  Le  fecret  de  la 
petite  pierre  taillée  de  là  roche ,  fans 
main  d'homme^  &:  qui  f  rapa  la  llatuë  de 
Ncbucatnezar ,  qui  la  brifa,  &  la  rendit  -d^'-, 
comme  la  paille  de  PairedŒJté  j  futli^.?/. 
grand  que  les  Caldéens  n*y  comprirent 
rien .  V  oici  quelque  clicfe  de  bien  plus 
rand  &:  de  plus  étonnant.  C*eft  ce  fe- 
cret de  rEvangilcj  fi  (oibleôcfi  chétif 
ircnce,  mais  taille  de  la  roche  des 
c.^  .5  que  Ton  a  viï  avec  tfne  force 
toute  divine  vaincre  la  malice  des  Juifs> 
confondre  l'éloquence  des  Oraretirs  ^ 
t         zr  la  fubtilitc  des  I  hiîofoplies', 
rmer  la  bou<      itix  princ       :t  Ora- 
5  coinb^rre  TkU  latrie  ,  renverfcr 
cien  F^^.v  iifme ,  furiBonter  les  Per- 
cutions y  brifer  les  portes  des  F  nfers^j 
5f  triompher  par  tout  des  cœurs     des  , 
Y]nrc!énces.  AuiTi  eft-il  apellé  la  vertu  \ 

il  j  une  put  [fane  e  à  fa  lut  ^  â  la  is.* 
deJtruBion  des  fort  ère  ff es  ^  &  des  eoft- 

i  ^  de  toute  hautejfe  qui  s^él  '^'  ^  .^^ 
trc  la  connoifafice  de  Dieu. 

•F  2  -^W". 


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%Zj^  Le  Mystère  de  laPiete, 

Myftére  en  un  mot  très-grand  e 
toutes  fes  parties ,  6c  quant  i  toutes  f< 
merveilles ,  qui  furpaffent  même  les  li 
miéres  de  ces  bienheureufcs  Intelliger 
ces,  qui  confondent  nos  fens ,  qui  cfa: 
qucnt  nôtre  vue,  qui  ébloitilTent  ne 
efprits,  qui  étourdiffeut  nôtre  raifon,  t 
qui  font  bégayer  nos  langues  y  fans  poi 
voir  ni  les  comprendre  ni  les  exprime 
Plus  le  Philofophe  Simonides  confidt 
roit  la  Divinité ,  plus  il  s'enfonçoit  daç 
Tobfcurité  6c  dans  les  ténèbres.  Il  nov 
arrive  le  même  çn  la  confidération  d 
ce  grand  Myftére  de  la  Piété.  JSfôti 
efprit  fe  perd  dans  cét  abime ,  8c  fe  noy 
par  manière  de  dire  dans  cet  Océàî 
Où  font  vos  raifonnemens^Efprits  fortî  ^ 
Oii  eft  parmi  vous  quelque  homme  a 
Fr^i.confeilj  qui  entende  ces  chofes  8c  qi 
les  déclare  ?  Ce  font  les  hautejfes 
deux  ^  difoit  Tfophar  au  livre  de  1 
Patience,  qu^y  feras-tu?  Ce  fo7ît  cht 
,1 XI  fi^  f^^^ profondes  que  les  Enfers  qu\ 
^s.i''  connoîtras-tul  Leur  étendue  eft  ^  lu 
longue  que  la  Terre  j  ^  J^lus  large  qu 


SUR  I  TiM.  III.  i6.  i^lf 

0  çJHer  j,  avec  quoy  les  mefirrcras- 

'? 

■.m 

Vous  avouerez ,  Chers  Frères ,  que 
ahsTHomme  l'union  de  refprit  avec 
a  matière  eft  un  Myftére  fi  grand, 
u'cncore  aujourd'huy  la  nouvelle  Phi- 
fophie  fe  trouve  bien  embaraflee  fur 
:e  fujet.  Mais  n'eft-ce  pas  encore  quel- 
que chofe  de  plus  grand  &  de  plus  ra-  ^'^'^J; 
allant ,  que  Tunion  de  la  créature  avect 
bn  Dieu  ^  ou  de  l'ame  fidèle  avec  fori 
Jauvcur ,  par  les  liens  invifibles  de  TE- 
prit ,  de  la  foy ,  &  de  l'amour  ?  Liens 
lui  font  plus  forts  que  n'efl:  /a  mort  j 
m  le  fepulchre  ^      amour  qui  eft  biep 
plus  merveiÏÏeuJc  que  ne  fut  celle  qui 
ia  l'ame  de  David  à  l'ame  de  Jonathan, 
t  fi  vous  voulez  des  mélanges  bieiï 
myftérieux ,  figurez-vous  dans  l'Arche 
ieMoyfecet  aliagederOr  le  plus  pur  f^*t.> 
vcc  du  bois^  d^  Sittim,  qui  fut  tout^°;,y; 
couvert  de  ce  précieux  métal  j  imagi-î- 
ncz-yous  le  Buiflbn  d'Horeb  tout  pé-  LVt; 
nétré  d'une  flamme  de  feu,  fans  en  être 
onfumé  j  ou  bien  admirez  en  la  Statué* 

F  3  que 


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riè  Le  My  stère  de  laPiete, 
que  Nebucadnezar  vit  eh  fonge ,  c 
mélange  bizarre ,  qui  faifoit  voir  ur 
Tête  d'or  tres^fin  ,  une  Poitrine  &  àt 
Bras  d'argent ,  un  Ventre  &  des  Har 
ches  d'airain ,  des  Jambes  de  fer ,  d( 
Pieds  en  partie  de  fer,  &  en  partie  d 
Terre,  cç  qui  fut  un  Myftére  fi  granc 
que  ni  les  Aftrologues  ni  les  Devins  rf 
virent  goûte.  Mais  ô  que  cette  unioi 
6  que raliage  dont  nous  parle  S.  Paul 
C.ft  bien  plus  furprenant  î  Sçavoir,Die 
qui  eft  un  Efprit  >  alié  avec  la  Chair  qi 
n'eft  que  matière  j  Celuy  qui  eft  un  Fe 
confumant,  joint  à  une  Chair  toute  fn 
gile ,  fans  qu'elle  foit  conCumée  de  l'aj 
deur  }  rinfini ,  perfonnellement  ui 
avec  ce  qui  eft  conçu  dans  le  ventre 
l'Ëternité  enfin  unie  avec  le  tenas  ,.1 
Lumiérç  avec  les  ténèbres  ,  la  Majeft 
avec  la  baffefle ,  la  Gloire  avec  Vigne 
ininie,  &:  la  ToutepuiflTance  avec  l'infii 
mité  même.  Et  admirez  encore  la  fei 
meté  de  cette  union,  puis  qu'aucun 
pierre  ^  ni  grande  ni  ■petite  j  &  qu'au 
çiine  puiflaace ,  pas  même  celle  de  1 
•  moi 


SUR  I  TiM.  ni.  lé.  itY 

Srdes  enfers ,  n'ont  pû  8c  ne  pour- 
jamais  la  rompre  5  ou  la  diflbudre. 
a  Chair  habite  tx\corc  en  ajfurance y  pj.i^, 
In^a  point  abandonné  fan  ame  dans'''  '°' 
t'fepiUcre;  Fr  H  faut  {pie  ks  cieux^if.i, 
^contiennent  ^  ja/qu^au  tems  du  réta^""'  "^* 
ijfemânt  de  toutes  chofes. 
'  Ftdele^,  il  seft  vu  ôcfevoit  encore 
DUS  les  jours,  entre  les  ouvrages  de 
lain  d'homme  ,  des  chefs-d'œuvres 
grands.    Et  fans  parler  des  fepr* 
iracles  du  VIonde  fi  renommez  dans 
nriquité,  fans  rien  dire  du  Temple 
Ephcfe  qui  fut  Touvrage  de  plus 
Pun  ficck  ,  l'c  iïime  que  le  Temple  de 
ialomon  \\\t  plus  merveilleux  encoi^ 
e  tous  ces  prérendus  Miracles.  Ja- 
ais  ouvrage  de  main  d'homme  n'a- 
ïrocha  de  la  grandeur  6c  de  TexceU 
e  de  celuy-là.  Sa  fituation  élevée^ 
a  fymmetrie  raviflante ,  fes  proportions 
idmirables  ,  fon  étendue  prodigieufe 
îvcc  fcs  Porches  6c  fes  Parvis,  fes  Tl-  I  \aii» 
:he(res  ineftimables  ,  fa  ffrudure  par- ^  ^ 
Faite  en  fèp  ans  ôc  Jix  mois ,  fans  qu'on 

F  4  ouit 


* 


Ïi8   Li  Mystère  dî  la Piste^ 

ouït  aucun  coup  ni  de  hache  ni  de  niaf 
tcau,  font  afllirémcnt  quelque  chol 
d'étonnant.  Mais  la  Majcfté  de  fo 
Sanftuaire  Tétoit  bien  davantage ,  pu 
que  c'eft  là  où  Dieu  fe  tenoit  corn 
lèant  entre  les  Chérubins ,  d'où  il  rer 
doit  fcs  Oracles  ,  6c  où  étoit  placé 
l'Arche  myftérieufe.  O  quevoicy  bie 
plus  que  le  Temple  de  Salomon  ôc  qu 

uan  i.  toute  fa  gloire  •  Le  glorieux  Temple  d 

ix.'^^'Fils  de  Dieu  bâti  en  l'efpace  de  neu 
mois  ;  fans  aide  &:  fans  eooperatio 
d'homme  j  dans  lequel  Dieu  habit 
non  pas  en  figure  ou  en  reprcfentatior 

i!',.'  mais  en  vérité  &  corporellement ;  k  qn 
après  avoir  été  détruit  par  la  mort ,  fu 

uan^  relevé  en  moins  de  trois  jours  ^  feloi 
qu'il  l'avoit  prédit  à  fes  Difciples. 

Je  veux  encore  vous  avoCier  qu'il 
lit  dans  l'Hiftoire  des  révolutions  gra„. 
des;  &:  qu'on  a  vu  des  Rois  deveni 
Efclaves  ,  un  Tyran  de  Sicile  deve  " 
maître  d'Ecole  à  Corinthe,  des  Priri 
ces  fervir  à  leurs  vainqueurs  de  marche 
pied  ôc  d'attelage ,  un  Bajazeth  le  plu 


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SUR  I  TiM.  III.  i6.  129' 
perbe  des  Ottomans  être  enferme 
dans  une  Cage  de  fer ,  &  des  Têtes  cou- 
ronnéts ,  même  en  nos  jours  y  expirer 
,Cjuëllement  fur  un  échaftiut ,  aux  por- 
%  de  leurs  Palais.  Et  que  dirons-nous 
e  CCS  Anges,  Efprits  céleftes  ,  heureu- 
.  '  Intelligences ,  qu'on  a  vu  apaToître 
n  figures  d'Hommes ,  être  manifeftez 
pour  quelque  momens  en  forme  de 
han*:,  &  faire  les  fondions  de  nos 
orps ,  comme  il  fe  voit  en  THiftoire 
de  l'Ancien  &:  du  Nouveau  Teftament? 
Mais  que  flirent  y  Chrétiens ,  toutes  ces 
évolutions  ik  tous  ces  abaiflemens, 
povr  rrands  qu'ils  nous  paroifTent ,  au 
pri..  ce  Myft  ''  '  que  S.  Paul  juge 
ratiJ  fans  contredit  e  Car  icy  vous 
oyez  le  Fils  unique  de  Dieu  être  ab^ 
iifTé  jufques  à  ce  point  qu'il  devient  le 
"ils  d'une  Mére  mortelle  :  l'Eternel 
devient  un  Enfant  -,  l'Invifible  eft  vu  & 

iiché  j  Celuy  qui  eft  Efprit  eft  fait  n 
le  Roy  de  gloire  prend  la  for-"* 
nie  '   Serviteur  5  le  Prince  de  la  Vie 
cyicnt  un  Homme  de  Mort^  le  Sou- 

F  5  vc- 


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130    LeMySTERE  DE  LA  PlETE, 

verain  Juge  eft  fait  Crimiael  5  Se  celu 
qui  a  les  Cieux  pour,  fon  Trône  ,  a  ra: 
toc  une  Crèche  pour  Ton  berceau ,  l 
tantôt  une  Croix  pv  Air  fon  giber. 

Mais  aufli  fouycncz-vous  de  c( 
changemens  grands  &  furprenans ,  dor 
nous  parle  rtliftoire  Sainte  :  D'un  Je 
feph  par  exemple ,  qui  d'efclave  Se  4 
prifonnier  devmt  le  premier  de  tout,  a 
Royaume  ;  d'un  Enfant  expofé ,  coi|! 
me  rétoit  Moyfe ,  qui  fut  fait  le  Fil 
adoptif  de  la  Fille  de  Pharaon ,  d'u 
Saûl  qui  chcrchoit  les  âneffes  de  fo 
P^rC:,  Se  qui  alprs  même  flit  déclar. 
Roy  fur  Ifrael  ^  d'un  David ,  le  plu 
petit  d'entre  les  bergers  d'ifai,  quifu 
honoré  de  l'Alliance  Royale ,  &  fait  1 
gendre  de  fon  Prince.  Fidèles,  S.  Pai 
vous  fait  voir  icy  quelque  chofe  d 
plus  grand  &  de  plus  myftérieux.  Ga 
voicy  ce  divin  Jéfus  3  qui  dans  les  jour 
de  fa  Chair  fut  traité  comme  un  mal 
faiteur  5  &  crucifie  comme  un  fçéleral 
\c  voici  jîifiijié  maintenant  à  la  fac 
du  Ciel  6c  de  la  Terre  Jupjïé  par 

ve- 


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SUR  I  T™.  iir.  16.  tjf 
u  même  de  fes  bourreaux ,  ; fur  tout 
ipres  que  l' EJprit  çx\x.  été  répandu  fur -^-^  i. 
es  Apôtres  1  Le' voicy,  après  que  les 3^7 &c. 
;Iommes  eurent  caché  leurs  faces  ar- 
*iére  de  Itiy  ,  d'horreur  &:  de  honte ,  l'-' 
ju:il  eft  enviiagé  maintenant ,  qu'il  eft 
ervi ,  &  qu'il  eft  adoré  des  i^nges  du 
Jiel  !  Le  voicy  qui,  après  avoir  été  re- 
édes  Juifs  &:  été  méconnu  des  ficns^ 
''annoncé  maintenant  à  'ceux  de  de-"^  ''* 
ors  V  6c  eft  prêché  aux  Gentils  /  Et  ne 
mbîe-t'il  pas  que  c'étoit  là  comme 
^rendre  le  pain  des  enfans ,  &:  lejetter 
mx  petits  chiens  ;  que  c'étoit  là  com..^^.' 
ne  répudier  la  '      ime  &  époufer  la 
êrvantei  ci^  mmc  chalfcr  Sem  de  fes  Ta- 
•         .  s ,  6c  y  introduire  Japhet  >  6c 
:omme  tranfporter  la  lumière  deGof- 
n  dans  tous  les  endroits  de  l'Egypte? 
Le  voicy  encore  ce  meprifé  d'entre  les 
hommes  qui  jouit  du  labeur  de  fon  Ef.i, 
6c  qui  partage  le  butin  avec  les^^' 
Vuifans!  Car  fido^rme  fifurprenan* 
te  en  fes  dogmes ,  fi  févére  en  fes  prél 
cptes  j  fi  contraire  aux,  maximes  du 

F  6  Mon- 


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V.  19 
2.  V.  8 
Slo. 
*.  I. 


V.  I. 


131  Le  Mystère  DE  iaPiete, 
Monde  ,  cependant  ejf  crue  dans  r 
tJMonde  j  fon  Royaume  eft  reconnu 
fon  Nom  y  eft  invoqué,  ôc  Tetenda 
de  fa  Croix  eft  arboré  par  tcut-l'Un 
vers  :  Et  tout  cela  fe  fait  fans  d'aiitn 
inftrumens  que  de  foibles  Apôtreî 
dont  la  voix  eft  comme  le  fon  de  co 
Cors  qui  firent  trébucher  les  muraiUi 
de  la  profane  Jérico^  Et  c'eft  de  o 
Vai féaux  de  Terre  ^  après  même  qu'i 
font  caffez  par  la  mort,  qu'il  en  fa; 
une  lumière  qui  eft  fatale  au  Madia 
infernal,    O  Myftére  veritablemicri 
grandi  fur  tout  quand  Ton  voit  (| 
mémejéfus,  peu  après  fon  abailTemer 
•  &  fon  opprobre ,  être  enlevé  dans  Ji 
Gloire  ^  c'eft  à  dire  avoir  la  Gloire  pot 
fa  recompenfe,  le  Ciel  pour  fon  Trc 
ne  5  les  Principautez  &  les  Puiflances 
pour  les  omemens  de  fon  Triomphe 
les  Nations  pour  fon  héritage ,  les  Roi 
peur  fes  vafTaux ,  &  fes  Ennemis  fou 
le  marcheped  de  fes  pieds.   Et  voil 
les  degrez  de  cette  Echelle  myftique 

par  laquelle  Jacob  vit  les  Anges  di 

Oie 


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ï 


SUR  I  TiM.  un  l6.  l^^ 

Ac\  monter     defcendre  !  Tantôt  dit 
[us  bas  degré  de  fon  abaifTement  qui 
l'a  manifejfation  en  la  Chair  j  & 
^lisdefa  cm  damnât  ion  ^  après  laqueU 
2^1  fur  d'abord  jnjltjié  j,  en  fiute  pré- 
^;,*puis  cmbrafTc  par  foy  ^  ils  montent: 
omnie  par  des  échellons  jufqu'au  plus 
aut  degré  de  fon  exaltation  &:  de  fa 
lott^e  :  Et  tantôt  de  ce  fommet  de  gran». 
leur  6c  de  magnilicenee  ils  defcendent 
Kir  les  mêmes  degrez  jufqii'au  plus  bas 
îchellon ,  pour  bien  aprofondir  un  My- 
'  ^re  fi  grand, 

A  prefent  y  Peuple  Chrétien,  qui  vit 
^connoit  avec  nôtre  Apôtre  non  feu- 
cment  que  cemyftére  eft  grand ,  mais 
^iffi  qu'il  eft  grand  fans  contredit  j  Se 
i\c  c  eft  là  une  venté  qu'il  faut  tenir 
loitr  aruoiiée  J  car  c'eft  là  remphafe  du 
i  :erme  Grec  ?  De  fait  ce  myftére  a  été  >»y»- 
pour  un  tems  tm  Jigne  de  contradiction,  J^^'*^^ 
mais  il  a  eu  beau  dés  fa  manifcftation'^-34- 
fervir  d'achopement  aux  Juifs ,  de  mo- 
querie aux  Grecs ,  de  contradiction  aux 
rhUofophcs,dejouëtaux  Apoftat?,  de 

mé- 


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X3+  Le  Mystère  de  la  Piete^ 

mépris  aux  Profanes,  &  de  bute  au. 
calomnies  &:  aux  perfécutians  du  mon 
de:  Encore  aujourd'huy  il  a  beau  êtr 
contredit  des  Juifs  &c  des  Payens ,  de 
Turcs     des  mahometans  ,  des  Libei 
tins  &  des  Déiftesj  &:  il  a  beau  pafle 
pour  un  fouge  &  pour  une  illufion  ei 
Tefprit  de  tous  ceux  qui  établiifent  au 
jourd'huy  Iç  jugement  de  Thomm" 
pour  la  régie  de  la  vérité,  6c  la  Philo 
fophie  pour  le  juge  de  la  R.evelation. 
il  nelaifTe  pas  de  demeurer  un  myftér< 
grand  /ans  contredit.  Car  comme  t 
jugement  dès  idiots  qui  jugent  le  So 
leil  fort  petit,  de  même  que  le  faifoi 
le  fameux  Epicure,  ne  diminue  riend 
la  grandeur  de  cet  Aftre-,  oii  comme  ui 
Aveugle  qui  croit  qu'il  fait  nuit ,  n'ct( 
rien  pour  cela  à  la  lumière  refpltndif 
fente  du  jour  :  Auflî  ni  les  illuûons  d< 
Satan  ,  ni  les  raifonnemens  du  monde 
ni  les  maximes  de  la  Chair ,  ni  les  opofi- 
tions  des  perfécuteurs ,  n'ont  en  rien  di 
rninùé  la  grandeur  Ou  affoibli  Teclat  d< 
cemyftére  de  la  Piété. 

Il  efl 


i 

À 


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SUR  I  TiM.  III.  i6.  155 

H  eft  don  que  grand  fans  contre^ 
dît  ,  6c  c'eft  ce  que  révencmcnt, 
ç'cfl:  ce  que  les  etFets  y  ont  aflcz 
ërifié.  Car  qui  n'avoue  que  de 
petit  qu'il  ctoit  en  fes  conimencc- 
mens  ^  aufli  bien  que  cette  petite  f  ier* 
dont  je  vous  parlois  tantôt,  il  eft 
venu  infenfiblcment  Cvomme  une 
jrande  montagne  qui  a  rempli  toute  la 
terre  j  &s'eftépandu  par  tout  T  Uni^îj- 
vers  ?  Qiii  ne  reconnoit  qu'il  y  a  eu  fans 
doute  une  trçs-forte  perfuafion  de  fa 
grandeur  ,  avec  une  entière  plénitude 
defoy  j  foit  en  fes  A  pôtres  qui  le  prê- 
chèrent aux  dépens  de  leur  repos,  de 
'eur  liberté ,  &c  de  leurs  vies  j  foit  en  ces 
.  idcles  qui  l'ont  côfeflc  fur  les  bûchers 
&:  fur  les  échaflEaus ,  voyans.de  ces  lieux 
mêmes  les  deux  .  ouverts  avec  Etien-  ^sf. 7, 
p^y  &le  Fils  de  l'homme  étant  debout  "  •  ^  ^' 
à  la  dextre  deT>ieu  ?  Et  c'eft  à  ceux- 
cy ,  c'eft  aux  vrays  croyans  que  ceMy* 
ftéreeft  gand  fans  contredit.  Si  nôtre 
^Evangile  eft  couvert  ,  il  ejl  couvert  à 
çeux  quipéripnt  j  à  ceux  qui  ont  /'en^ 


I  \ 

I".      .  J 


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a  Car. 
4-.  V. 

X.  V.  1 


».  V. 

»7- 


t. 


6.  V. 
»7- 


136  Le  Mystère  DE  LA FiETE, 
tendement  aveuglé ^  afçavoir  aux  incrè- 
dules.Ct  rt'eft  qu'entre  les  feptChande. 
hers  d'or  que  fe  promène  le  Perfonnag< 
femblableàun  Homme  >  auflî  n'eft-cc 
que  dans  fonEglife  que  ce  Myftéredc 
h  Pièce  cft  vu,  &  qu'il  eft  adoré.  U 
Monde  combat  ces  belles  &:  ces.  admira;, 
blcs  veritez ,  mais  l'E^lîfe  en  eft  la  co- 
lomne  qui  les  rient  élevées  comme  fui 
une  haute  montagne,  &:  en  eft  Fa^U) 
qui  les  foutient"  &  qui  les  défend,  |d 
L'homme  animal  ne  connoît  point  ce  ^ 
nouveau  nom  parce  qu'il  ne  la  point  re- 
çu 5  il  ne  le  voit  pomt  parce  qu'il  efl^ 
frapé  d'ébloùifTement  comme  le  futEli-  H 
mas:  Mais  le  fidèle  le  connoît,  par-«jJ 
qu'il  tient  en  fa  main  h  caillou  blanc 
il  le  difceme ,  parce  qu'il  a  le  goût  bien  ^ 
différent  de  celuy  du  monde  5  il  le  voit; 
parce  que  Dieu  luy  ouvre  les  yeux  com- 
me autre  fois  à  Elifée  &  à  fon  ferviteur  jj 
pour  découvrir  ce  que  les  Syriens  n'a- 
perçoivent point.  Jacob  voulut  con-» 
tredireï  cette  vérité,  que  Jofeph  étoit 
vivant ,  car  Une  le  crojoiij>omt s  mais 


SUR  I  TïM.'m.  i6 


37 


[es  fils  qui  avoyent  vu  leur  Frère  ^  qui  a 
Woyent  embrafle  ,  répondirent  qucî- 
a  choie  étoit  fans  contredit.  Et  par  une 
néme  furprife  Thomas  contredit  à  cet- 
c  parole  des  Apôtres  ,  Nous  avons  vu  ['^ 


'e  Seigneur  y  mais  fa  contradiftion-x- 
'empêcha  pas  que  cette  même  parole 
le  fût  certaine ,  qu'elle  ne  fût  avérée ,  êc 
connue  pour  telle  de  fes  Collègues  ^ 
5ui  avoyent  vû  de  leurs  yeux  ce  grand 
k  furprenant  Miracle^  Jefus  reffufcité 
ii'enrre  les  morts. 

Auflî  ^om  grand  &:  pour  étonnant 
que  foit  ce  Myftére  delà  Piété ,  difons 
f  idcks ,  qir^il  n'a  rien  qui  choque  la 
raifon  ni  le  bon  fcns.  Les  my Itères  des 
Paycns  choquoycnt  aflurcment  le  fens 
commun ,  en  faifant  croire  entre  autres 
chofes  que  leurs  Dieux  fe  manifeftoyent 
fous  des  figures  de  vils  Se  de  ché  ifs  A- 
nimaux*  Pour  ne  rien  dire  de  tant  de 
ridicules  Metamorphofes ,  Sr  d'une  inu 
finité  de  fables  des  Grecs.  Le  myfté-  2  ' 
re  de  la  nouvelle  Rome  n'ofFenfe  pas  îi. 

Sioins  6c  les  fens  >  &:  la  raifon ,  pour  ne 
rien 
i 


2  Tierl 

V, 


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138  LeMySTER£DELaPiETE:> 

rien  dire  de  l'Ecriture  &  de  TAntiquit 
Lors  qu'elle  reprcfente  Dieu  manifefi 
fur  une  infinité  d'Autels,  en  une  cha^ 
invifible ,  inpalpablc ,  &  qui  n'cft  poit  > 
chair  5  Ou  lors  qu'elle  reprefènte  uc 
Oublie  qui  eft  faite  d'eau  6c  de  farine; 
changée  en  la  fubftance  duvray  Corp 
dejefus  Chrift,  qui  eft  en  la  gloire  a 
Pére  5  ou  lors  qu'elle  multiplieà  l'infti 
ce  Corps  unique  &  indivifible  du  Sei{. 
neur  j  ou  lorsqu'elle  fait  dépendrez 
changement  monftrueux ,  cette  étranj: 
multiplicarion  ,  &  ce  terrible  anéanti 
fement  du  Fils  de  Dieu,  de  TintentiGi 
au fïï  bien  que  de  quelques  paroles  d'u 
Prêtre  ;  ou  lors  qu'elle  mange  de  \ 
biouche  du  Cc;rps  ce  qu'elle  adore ,  6c  ; 
dore  ce  qu'elle  mange ,  Se  ce  qu'elle 
formé  de  fes  mains»  Mais  quant  au  M) 
Itère  de  S.Paul,  il  étonne  fansdcvitel 
raïf  n ,  il  l'éblouït ,  d  eft  beaucoup  tlx 
deflus  de  fa  portée ,  fans  toutefois  avoi 
rien  qui  la  combatte  &  q\ii  la  détruif< 
Dieu  demeure  ce  qu'il  étoit ,  mais  il  ei 
fait  Homme  j  ce  qu'il  n'étoit  pas  aupa 


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SUR  I  TiM.  III.  i6.  139 
traat  -,  cet  Homme  eft jufie  même  par 
âveudefoii  Juge ,  mais  il  veut  mourir  19*13. 
ur  les  injufies  >  le  xMonde  le  condam- ,  ^^^^ 
ë  5  mais  l'Èfrit  lejuftifie  >  les  Hem-  3.^ v. 
les  le  mépriient ,  mais  les  K^Inges  Ta- 
lorent  -,  les  Juifs  le  rejettent ,  mais  les 
tentils  Tembraflent  par  la  foy  j  &  en- 
In  de  la  dernière  ignominie  il  paflfe  â  la 
3uveraine^/i?/r^ ,  mais  fans  que  la  Di- 
•inité  foit  altérée ,  ni  fon  Humanité  dé- 
ruite ,  ni  fa  Gloire  déformais  troublée , 
lifon  Corps  rapellé dans  la  terre,  bien 
noins  rapellé  d'une  manière  qui  fe  con- 
redit ,  U  encore  pour  y  être  facrifié  de 
louveau.  Et  combien  y  a  t'il  de  my  fté- 
es  dans  la  Nature ,  qui  s'y  pafTcnt  fans 
lucun  doûtç  j  &c  dont  la  raifon  com- 
sraid  prelqueaufli  peu  les  merveilles 
^ue  celles  de  ce  grand  Myftére  de  U 
2;race  ?  Figurez  vous  par  exemple  les  a^ 
paritions  &  les  fuites  étonnantes  des 
Comètes  -,  les  changemens  furprenans 
que  Ton  admire  en  Saturne^  lorigine  in- 
crnnuëdesVents,  qu'on  ne  fçait  ^i'où 
viennent  j  ni  où  ils  vont  i  le  flux  6c 

Icrc- 


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140  Lb  Mystère  de  la  Pieté, 
le  reflux  de  l'Océan  ;  ou  la  fituativ 
confiante  &:  les  proprietez  admirabV 
de  TAiman  3  choies  que  les  plus  éclairai 
Philofophes  ont  mis  entre  lesprodi'g:' 
du  Ciel,  (k  les  miracles  de  la  Natur! 
Ou  bien  repréfentéz-votis  le  Fruit  q> 
eft  formé  dans  le  ventre,  PAme  qui  à 
unie  étroitement  à  la  matière  3  un  p 
tit  Grain  de  femence  qui  enfin  eft  ce- 
verti  en  un  épy  grenu  ^  le  Pafle  qui  c: 
rendu  prefent  par  le  mouvement  c 
quelques  cfprits  en  nos  Cerveaux  >  1 
objets  les  plus  éloignez ,  qui  fe  porte; 
en  un  inftant ,  à  nos  yeux,  aufîi  bien  qr 
les  fons  y  qui  en  un  moment ,  pénétre- 
nos  oreilles.  Et  j'eftime  que  la  vue' 
&  que  Pouie  font  fans  contredit  u 
grand  myftére,  fur  tout  à  un  Aveu^r 
&  à  un  Sourd  ,  qui  font  tels  dés  Icî 
naiflance,  &  qu'ils  ne  difent  pas  moii 
du  voir&de  l'oûir,  ce  quela  bienhei 
reufe  Vierge  difoit  de  fa  Conception 
x«<.'  •  comment  celafe peut-il faîre  > 

Et  je  vous  prie ,  où  eft  l'homme  ra 
fonnable  qui  doute  ou  des  conquête 

d'u 


SUR  I  Txu.  jiu  i^.  I^l 

'un  Alexandre ,  ou  de  la  défaite  d'un 
bmpée ,  ou  de  la  gloire  d'un  Céfar  6c 
'un  Augufte  ?  S'il  eft  vray  que  ce  font 
es  faits  inconteftables ,  écrits  par  des 
liftoriens  dignes  de  foy,  confirmez 
'âge en  âge,&:  qui  fe  font  palTez  fur  un 
"héatre  trop  public ,  6c  trop  expof  ^ 

vue  du  monde.   Pourquoy  donc , 
fprits  contredïfans    douter  des  mer- 1'^-  ^' 
eillcs  de  cette  apariticn  du  Fils  de 
)ku  en  la  Chair ,  6c  de  tout  ce  qui  Ta 
l/vie,  devant  6c  après  fa  réception  dans 
gloire?  Puis  que  cette  vérité  dés  fa 
laiflance  a  brillé  de  tant  de  lumières; 
[ue  CCS  faits  fe  font  paflcz  à  la  vue  de 
Qute  une  Judée  >  qu'ils  vinrent  à  la 
lonno'ïlance  de  toute  une  R.omc>  qu'ils  %u' 
\ni       confirmez  parles  plus  grands 
•^iftoriens,  foit  Juifs  foitPayens,  quicCC'' 
, ,  t  parlé  ou  de  la  majefté  de  fa  PcTkn^t/r 
lé,  ou  de  la  c;randeur  de  fes  miracles ,  ^'j';:;; 
\  des  circonîlances  de  fa  mort ,  ou  du  ciTd^ 
todigc  de  fa  Réfurreftion  >  6c  qu'cn4".;  • 
fin  ni  un  Lucien  railleur,  ni  un  Celfc'^t'^ 
Vfiçaiimt ,  ni  un  Porphyre  infidèle ,  ni 

m 


.142  Le  Mystère  DE  LA PrËTE, 
iin  Julien  Apoftar ,  ni  un  Mahomet  i 
pofteur,  n'ont  pas  ofc  contredire  i 
faits  reconnus  par  toute'  k  Terre, 
joutez  les  prédiftions  fi  exaftes  de  tfet 
de  Prophètes  y  la  dépofition  fi  conflx- 
te  de  tant  de  témoins  irréprochables , a 
perfiiafion  qu'en  ont  eu  tant  de  Sages: 
de  Saints  pcifônnagcs,  ôcla  confirtr. 
tion  qui  en  a  été  faite  par  révidence  ? 
tant  de  miracles ,  par  refFufion  de  ta: 
de  fang ,  &:  par  le  confentement  de  tai 

déficelés. 

Mais  aulll  qui  d'entre  vous  ne  tq^ 
que  dans  chaque  Science  il  eft  de  œ 
taines  Véritez  qu'eïlès  préfuppofèf 
comme  inconteftablcs V  qui  en  font! 
fbndcmens  6c  les  principes,  qu'il  fr 
avouer  avant  que  fon  puiffe  pafilx  o 
tre  y  3c  qu'il  n'eft  pas  permis  de  rév^ 
qucr  en  doute.,  ni  de  mettre  en  cor 
promis.  La  Géométrie  fuppofeque 
Tour  cfl-  plus  grand  que  fa  partie,  c! 
mcmc  .^a  uii  Point  eft  indiyifible,  I 
qu'une  Ligne  à  fa  longueur  fans  la^in 
de  !  TArt  de  -raifonner  fuppof . 


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145  G  34 


SUR  I  TiM.  III.  i6.  X45 

X  Propofitions  qui  fe  contredifcnt 
2  peuvent  pas  être  toutes  deux  vêri- 
iblcs  :  L  a  faence  des  Corps  fuppofe 
ue  toute  lïi^^icre  eft  étendue  en  lon- 
ur,  en  .ljw:geiir&;  en  profondeur  ^  &: 
dans  le  monde  Corporel  il  ne  peut 
oir  de  Vuide,  ou  d'efpace  fans  ma- 
re.  Quoy  qu'il  fe  foit  trouvé  dcs^^^ 
fprirs  ou  allez  fubtilsou  aficz  bizar-cr^.T,' 
:8 ,  pour  contefter  ces  fortes  de  princi-  r!!w7i. 
es.  Difons  le  même  de  la  Keligion^ff'*'» 
chrétienne.   Lue  a  fes  principes  oû&c» 
is  premières  véricez  ,  qui  en  font  com- 
le  le  foûtien  &  comme  le  fondement, 
)n  ne  peut  les  contcfier,  ni  les  rcvo-^'*-"' 
[lier  en  doute  fans  detrmre  tout  Tcdi- 
ice  qui  cil  allis  dcfîiis.  1l;>  aïKiens 
kres  défcndoyent  même  d'entrer  en 
MEC.  ou  en  difpure  avec  cette  forte  de 
ontrcdïfans  j  comme  l'étoyent  lesdi-^^^^^^ 
iaples  de  Valencin  ou  de  Marcion.rf' ?r!e^ 
le  mettre  au  rang  des  fréjugez  ^l[,^' 
'aparition  du  Fils  de  Dieu  en  la  Chair, 
)u  fa  Réfurreftion  d'entre  les  morts, 
ftfu  ivre  la  méthode  que  tint  le  Dia- 
ble 


7V. 
Pvinf. 


LeMysteredelaPiete, 

ble  pour  féduire  la  Mcre  des  vivi 
Car  pour  la  porter  à  rincrédulité  / 
de  rincrédulité  à  la  désobeïffance 
commença  à  luy  infpiro^  doûte  &:? 
G*"-?,  méfiance  5  ^toyl  T^ît^/f^froit-ïl  d\\ 
Vous  ne  mangerez  point  de  tout  arbk 
du  jardin  ? 

Avouons  doncque,  Mes  tres-chc 
Frères,  que  ce  myftére  de  la  foy  6 
grand  fans  contredit.  Mais  aufli  loi 
venons-nous  que  c'eft  un  myftére  t. 
Ticté.  Joféphe  Thiftorien  Juifen  dvj 
crivant  la  vied'Antipater ,  Tun  des  Fi  , 
du  cruel  Hérode ,  la  repreiente  comi 
Unù.  un  myftére  d^impiété  Se  de  ma/ici 
2^';^.Dans  Eleufisville  dcTAttique^ou  mtf^ 
me  dans  Ephéfe  la  Métropole  de  T/ 
iîe  5  fe  célébroyent  de  certains  myftére 
fort  contraires  à  la  Piété  8c  à  rhonnt. 
teté.  Ces  prétendus  Chrétiens  qi 
s'apelloyent  Gnoftiqucs ,  avoycnt  de 
myftéres ,  qui  font  horreur  par  leur 
foiiillurcs  &c  par  leurs  abominationi 
Rome  la  Payenne  fut  un  myftére  cFa 
graudiffement  6c  de  puif^ince  ,  S 

Rom 


c.  I. 


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145  G  34 


Sun  I  TiM. m.  iS.  i^,^' 

orne  le  fiége  des  Pontifes  n'eft  toute  ir/.f/, 
[u'un  mydére  ^i^ iniquité yàyant  en  écrit 
lir  Ton  front  ie  nom  de  Myjtére,  En  eftet 
^ray  Myilére,  &  Myftére  d'iniquité i 
:Jui  fous  le  nom  du  myjtére  de  V unité ^ 
ntre  le  Pape  &  fes  fupôts ,  fait  voir 
r  tout  un  myftére  de  la  domination 
plus  injufte,  de  la  conduite  la  plus 
itcreilee,  &  de  la  Tolitique  la  pluSp^'^^^* 
inc.  Myftére  l  qui  a  fçû  marier  enfem- 
Je  les  chofes  les  plus  incompatibles ,  Jiuf. 
ommc  font  Tintéreft  de  la  chair  ôc  ^^15; 
intéreft  de  Jéfus  Chrift;  les  artifices^- 
lu  monde  &  la  fimplicité  de  l'Evangi-acc,*' 
t\  le  titre  de  Serviteur  des  Serviteurs . 
>c  ceux  d^      gneur  du  <JHonde ^  dc^ii^ 
'ioy  des  Rois  j  devant  qui  fc  J^ro/ler-cofc} 
lent  toutes  les  Puiflances  de  la  terre. 
vlyftcre  !  qui  acorde  le  plus  haut  fafte+.^.fV, 
lui  fut  jamais  ,  avec  une  aparence^c!' 
té  d^efprit  ;  les  aifes  avec  l'au-  f^'^- 
ritcj  la  bonne  chère  avec  le  jeûne  j  '*'^' 
abondance  aveque  la  pauvreté  j  les 
br^ninations  de  Sodome  aveque  la 
^UiCtc  delà  continence,  Myftére!  qui 

G  cachç 


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145  G  34 


146  Le  Mystère  DE  LA  P1ETE5  | 
cache  l'image  de  la  .grande  Babylon  | 
fous  le  mafque  d^Eglife  Catholique  ^ 
le  régne  de  l'Antichnft  fous  le  titre  d 
Vicariat  de  Chrift  i  le  contre  pie  de  1|( 
^^''^  doftrine  de  S.Pierre,  fous  Fautorit 
'  de  la  Chaire  de  Pierre  i  des  inncvatioi 
étranges  foit  dans  la  Doftrine  foit  dai 
le  Culte  5  fous  le  nom  d^  Antiquité ,  U 
de  Tradition  Apoftoliquej  une  coi 
ruption  effroyable ,  fous  la  figure  d'un 
Eglife  toujours  Vierge  -,  des  ventres  o 
fife  fous  rhabit  de  Religieux  >  des  pe: 
fécuteurs  dejéfus  &:  de  fes  fidèles ,  foi 
le  nom  de  Compagnons  de  JéfuSi&:  d< 
fuperftitions  qui  font  horreur  ious  l'i 
carence  &  fous  le  mérite  de  devotioi 
Myftére!  qui  fous  ombre  de  forvir  Diei 
aprend  à  fervir  ceux  qui  de  naturel 
font  {oint dieux;  qui  met  la  CréatuI 
en  la  place  du  Créateur  ^  qui  rend  a 
bois  de  la  Croix  Thomage  qu'on  dQ| 
au  Crucifié  ^  ou  bien  à  la  Servante  C( 
t'îl.luy  qu'on  doit  à  fon  Seigneur  >  qui  fa 
paffer  l'anéantiffement  du  Sacrifice  d 
Chr ift  5  pour  le  vray  Sacrifice  propiti| 

toiJ 


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145  G  34 


SUR  I  TiM.  III.  i6.  147 

oinc;  Se  qui  donne  à  des  Perfecutions 
ruelles  3  à  une  Inquifition  tyrannique, 
i  des  confpirations  fanglantes ,  &  à  des 
nfraftions  parjures ,  ces  beaux  noms  de 
5éle ,  de  Piété,  &  de  Juftice.  Myftére 
:nfinî  qui  pour  ajufter  des  déciilons 
l  out  oppofées ,  comme  font  celles  de 
'Infallibilité  ou  de  la  Fallibilité  des 
apes,  &:  une  infinité-d'autres  qui  ont 
partagé  Rome ,  Se  qui  partagent  enco* 
«  fes  Dofteurs ,  les  fauve  par  le  my  fté- 
I  e  de  la  Probabilité;  &  qui  pour  em- 
pêcher la  recherche  des  Ecritures  ^  ou  loh.  r, 
xamen  de  tant  d'illufions ,  met  un  "  ^« 
)andeau  devant  les  yeux ,  6c  aprend  à  fe 
enir  dans  une  rel  irirufc  obfcurité,  dans 
î  me  ignorance  ai  iccLce,&  dans  unefoû- 
ninîon  aveugle  aux  ordonnances  de 
!<.ome. 

Auflî  y  a-t'il  au  jugement  de  S.  Paul 
ux  gra7îds  myfteres  :  Le  fecret  de 
tmfiétc  ,  qui  eft  l'Homme  de  péché 
f  Tiamfefté  en  forme  de  Dieu,  ou  fe  por-^^rhr 
■ant  comme  s'il  étoit  T>ieîi  ;  &  le  fe-  * 
:retde  \^pété,  qui  eft  le  Fils  de  Dieu 

G  2  maûi- 


148  Le  Mystère  DE  LA  PiETE, 
manifefté  en  forme  de  Chair  de  pécb. 
&:  pour  le  péchc.  Et  véritablement  t 
dernier  n'eft  pas  un  fecret  d*Etat  ou  e 
Xor>*.  Politique.Ni  ChriH  ni  lesApôtres  n'o: 
point  cherché  par  l'invention  de  nouy. 
aux  myftéres  d'établir  une  dominatia 
temporelle  comme  ont  fait  des  Jérob- 
ams  Se  des  Pompiliusjou  bien  un  Mah» 
met  dans  l'Orient ,  &:  des  Papes  da^> 
rOccident.  Ce  n'eft  pas  un  fecret  de  S- 
nat  ou  de  Cabinet  5  comme  étoyent  1" 
r^folutions  de  l'Aréopage ,  dont  la  pr- 
miére  loy  étoit  celle  de  garder  le  filenct 
ou  comme  furent  les  fccrets  au  ten 
L?«a/  d'un  Tibère  ou  d'un  Gallus  Erapere 
^^•^  de  Rome  5  lors  qu'on  craignoit  mên 
:      que  les  parois  n'eufient  des  oreilles  6cdi 
S."  langues.  Ce  n'eft  pas  un  fecret  de  curi- 
iU^  fitc  5  ou  pour  cguifer  fimplemcnt  V 
fprit  de  rhommc",  Se  fi  Dieu  défendit! 
j  Moyfe  d'aprocher  du  Buiffon  arden. 
f  '-j.  combien  plus  eft-il  défendu  d'aproch 
de  trop  prés  de  ce  Myftére  adorabk 
C'eft  encore  bien  moins  un  fecret  de  . 
cenceou  de  libertinage  ^  comme  Vot 

VOUi 


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145  G  34 


SUR  I  TiM.  iiï.  i6.  149 

lu  faire  pafler  des  Nicoîaitcs  Se  des 
■aux  Chrétiens,  fous  prétexte  que  le^/"'- 
oug  de  Chriftcft  aifé  6c  fon  fardeau  le-  l'.'iT. 
;er.  Mais  auHî  ce  n'cft  pas  un  fecret  de  f^^'t'! 
:ontemplation  ou  d'étude ,  qu'il  fuffife  5*- 
le  comiGÎtre  &z  de  médi  ter^ou  bien  qu'il 
'aille  éplucher  Se  aprofondir,  comme 
'on  fait  les  recherches  de  la  Nature.Car 
.'on  peut  apliquer  icy  fort  juftement 
que  la  Samaritaine  difoit  à  Jéfus 
^'hriil ,     n'as  pas  de  fem  four  pii.  l'^]^'. 

r  j,  ^  le  puits  ejl profond;  &c  ce  que 
rfophar  difoit  au  patient  Job,  Trou-^^^^^^ 
raS'tu  le  fond  en  T>ieH  ^  enle  fin- 
ant?  Et  même  li  nos  efprits  pou- 
pyent  fonder  ces  abymes ,  6c  aprofon- 
"r  ce  AJyftére,  ce  ne  feroit  plus  le 
\rand  fecret  ^  ce  ne  feroit  plus  l'ou- 
vrage du  Ciel  6c  le  chef-d'œuvre  delà 
Sapience  de  Dieu. 
Ajoutons,  Fidèles,  que  cen'eft  pas 
1  fecret  pour  nous  poulTer  &  nous 
•ùre  valoir  dans  le  monde  ou  dans  les 
ours.  11  n'eft  rien  au  contraire  que 
monde  méprife  tant,  6c  que  les  Cours 

G  3  ou 


'150  Le  Mystère  i>E  LA  PiETE, 
ou  brocardent  ou  rejettent  avec  tan^ 
dédain.  Ce  My  ftére  y  eft  profané  bit 
fouvent ,  comme  le  fxirent  par  Bclfça 

j,^„,j.  far  les  vailTcaux  facrés  du  Temple  < 

lilU  Jérufalem.  Hérode  fe  moque  de  Jéfi: 
Chrift  ;  la  femme  de  Pilate  confeiUei 
ce  Gouverneur  de  n^avoir  que  fah 

\X  '  avec  ce  jufte-îà  ;  des  Félix  6c  des  F 

]l:  jftus  renvoyent  S.  Paul  avec  fon  myft 
re  5  couvert  d'oprobre  6c  chargé  < 
liens.  Et  par  la  même  raifon  ce  Myft 
re  eft  bien  différent  de  celuy  de  Diav: 

lAa.  la  grande ,  qui  apfortoit  beaucoup  . 

^9;  ''  frofit  à  fes  dévots  j  ou  dumyftére  < 
•  Satan ,  qui  promet  la  gloire  ôc  la  por 

î;"*  pedu  Monde,  6c dont s'eft  fi bien  pr 
value  la  grande  Taillarde  ^  qui  por 

^7-  fur  fon  front  ce  nom  de  Myft  ère  ^  éta. 
véfuë  de  pourpre  ^  d'écarUtte  ^  / 
rêe  d'or  ®  de  fterres  précieufes,  I 
S.  Paul  ni  S.  Pierre  n'ont  point  conii 
ce  fecret  de  s'enrichir  ou  de  s'agrand 

r^ifft.par  le  don  de  "Dieu,  11  étoit  refer: 

v.'  >o!  pour  les  Succelfeurs  non  pas  de  Simc 
Pierre ,  mais  de  Simon  le  Magicie:, 

Ron 


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145  G  34 


SUR  I  TiM.  III.  i6.      15 1 
Lomé  feule  a  trouvé  le  fecret  de  faire  ^.^ 
£S  nchefles  du  monde  fon  patrimoine ^  pài 
ies  Rois  &:  des  Empereurs ,  fes  fujets  &  i;;- 
zs  tributaires ,    de  convertir  le  myfté-  c^«- 
e  de  Chnft  en  un  fecret  de  Monarchie^ 
laiisle  temporel  aufli  bien  que  dans  Iç 
pirituel.    Mais  voicy  S.  Paul ,  qui 
;loi2:nant  de  ce  Myftére ,  tout  ce  qu'il 
a  de  mondain  &:  de  charnel ,  nous  dit 
juc  c^eft  un  Myftére    y /e'^/^^. 

Comme  un  Myftére  il  demande  la 
♦oy  &  la  foùmiflion ,  &:  comme  un  my- 
lércdeTiété^  il  demande  la  dévotion 
k  robéiffance.  Ce  font  là  les  deux  de- 
t^oirs  qui  font  le  véritable  Chrétien  5 
:roire  &  faire.  De  fait  envifagez  ce 
Dieu-Homme  qui  fut  manifefté  en  la 
chair ,  ce  Chrift  crucifié  qui  fait  tout  le  '  ccr-^^ 
fujetde  ce  grand  Myftére.  Il  ne  porta*'"  '" 
pas  moins  ftir  fon  front ,  que  faifoit  le 
Souverain  Sacrificateur ,  ce  magnifique 
écriteau  la  Sainteté  à  P Eternel,  Sarvci*. 
doftrine  ne  fut  que  de  chofes  Saintes, 
&  toutes  fes  véritez,  eurent  la  piété  Ttt.  ti 
ur  but.Ses  prédications  nefiarent  pas, 

G  4.  Bien- 


:ï52  Le  Mystère  de  la  PrETE, 
jfan/..  Bienheureux  font  les  fçavans  &  1 
•  éclairez  ,  mais  Bienheureux  font  1 
humbles  d*cfprit  &  les  débonnaires ,  l 
miféricordieux  &c  les  nets  de  cœii 
Il  enfeigna  à  renoncer  à  foy  mêmi 
"  "  à  fa  propre  volonté ,  &:  à  fes  propr 
^  '.^i- intérêts  5  à  fefoûmettrc  aveuglément 
la  volonté  defon  Pére  ,  toujours  lag( 
toujours  équitable  >  à  donner  à  Dieu  < 
qui  ett  à  Dieu,  &  à  Célar ce  qui  cft 
Cè,{'xX',àvpvre  /dùremeuf  qmntànou 
juftement  mwzrs  nos  prochains ,  6-"^ 
xTim.  Ugieujèment  envers  Dieu.  La  fin  c 
'•'''^•commandement  à  été  de  pratiquer. 
Msuh.  charité  j  6c  de  garder  la  bonne  co\ 
%^iz.fcience.  Il  vint  pour  accomplir  la  U 
'''^^^'de  T>ieu  j  &:  non  pas  pour  l'anéanti 
Il  condamna  même  un  mouvement  c 
colère,  rhomicide  de  la  langue ,  l'adu 
téiC  du  cœur,  &:  la  convoitife  des  yeu3 
11  fe  donna  foy  même  pour  fes  eliii 
, ^  afin  qu'il  les  rachetât  de  toute  intqîi 
''^-'^té  ^  &  qu'il  fe  les  rendit  une  Egli^ 
glorieiife  ,  une  EgUfe  fainte  ^  im 
^i-ùréhenfible.  Son  œuvre  fut  de  dét^-' 

re  lu 


SUR  I  TiM,  III.  i6.  15} 

es  œuvres  du  'Diable  ;  la  livrée  fur 
elle  de  rEpoule,  Charûé  jt^mour 
DTï  Sceptre  fut  toujours     Sceptre  d^é-'Vf  4s . 
uité^  de  jufiïce  ;  &;  fa  Morale  a  fur-'  ' 
s^&c  infinuTient  en  pureté  S:  en  fain- 
etc  celle  des  Soerates  ^  des  Séné- 
[ues.  De  même  que  fût  toute  la  vie 
leJcfusChrift,  fi  ce  n'cfl*  une  parfaite 
mage  8c  un  modèle  admirable  de  de- 
action  aivers  fon  Pere ,  de  charité  en- 
vers les  hommes ,  d'amitié  envers  fes 
mnemis,  de  bénéficence  envers  les  pau- 
/réside  juftice  envers  les  opprefTez  , 
:1e  com paillon  enver:  miierables? 
Et  ne  vit-on  pas  ce  bienheureux  Sau- 
veur toujours  ardent  en  fes  prières,  tou- 
jours humble  en  fa  conduite,  toujours 
breen  fa  nouriture,  toujours  lincére 
en  fes  intentions ,  toujours  véritable  en 
fes  paroles  ,  toû jours  patient  en  fes 
auxôc  en  fes  fouffrances? 
Ouy,,  Fidèles  i  ceux-là  croyent  vé- 
itablcnient  ce  Myftêre  de  Chnft ,  qui 
font  non  pas  les  plus  fçavans  ôc  lcs>pluiJ 
fubtils ,  mais  les  plus  dévots  6c  les  plus 

G  5  fan- 


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145  G  34 


%MC.7 


ÏÇ4  Le  Mystère  DE  LA  PiETE, 

fanftifiez  :  Ceux-là  font  les  vrais  difc 
pies  de  ce  grand  Maître  ^  qui  ont  apr 
avec  la  Femme ,  non  pas  à  beaucou 
fçavoir,  mais  à  beaucoup  aimer,  Ceuî 
là  font  les  vrays  rachettez  dejuda^qi 
vivent  à  celuy  qui  non  feulement  a  pr 
pour  eux  la  forme  de  Serviteur  jcomrr 
Jacob  la  prit  pour  l'amour  de  Rache 
mais  aujjî  qui  ejt  mort  ǧ  qui  eji  re^ 
fufcité  pour  eux.  Ceux-là  connoifl'ei 
véritablement  ce  Myftére  ,  qui  le  r; 
portent  à  fon  vray  but ,  car  la  ftê\ 
eft  le  but  de  toute  la  connoiflance ,  el 
eft  le  centre  du  Chriftianifme ,  lefoir 
maire  de  TEv^gile ,  la  produftion  n< 
ceffaire  de  la  foy ,  dont  elle  eft  au  flî  ii 
féparable  que  la  refpiration  l'eft  de  i 
vie  5  ou  que  la  chaleur  Teft  du  feu  ^  o 
que  l'Vrim  V  étoit  du  Tummim  dai 
le  Peftoral  de  Moyfe.    Et  féparer  1 
jfcience  d'avec  la  bonne  confcience,  1 
vérité  d'avec  la  piété  ^  la  foy  d'ave 
les  œuvres,  c'eft  féparer  le  cœur  d'ave 
les  mains  ou  bien  le  cœur  Ôc  les  mait 
des  vrays  Jacobs  d'ayec  kur  voix ,  t 

leui 


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145  G  34 


SUR  I  TiM.  irr.  xé.  iff 

2urs  expreflions  5  c'eft  féparer  le  mou- 
ement  des  animaux  d'avec  celiiy  des 
ouès  j  contre  ce  qui  eft  reprefenté  en  f.^^"''* 

vifion  d'Ezéchiel)  &  ainfi.  c'eft  fé-'9- 
)arer  ce  que  Dieu  a  conjoint ,  êc  c'eft 
)rendre  un  Dieu  clairvoyant ,  ǧ  qui  a 
'gard  au  cœur  j  pour  un  Ifaac  aveu- 
;letOU  pour  un  Samuel  qui  tout  Voyant 
lu'il  eft,  fe  contente  de  P extérieur,  . 
in  un  mot ,  la  fïété  eft  la  marque  la  i  s . 
>lus  eflentielle  de  la  vraye  Religion,'* 
pi  raporte  tout  à  Dieu ,  éc  à  fa  grâce , 
jui  ôte  tout  à  l'Homme  Se  à  fon  méri- 
e,  &■  qui  eft  auiTi  incompatible  avec 
'impiété ,  que  Chrift  Teft  avec  Bélial, 
juç  le  Ciel  Teft  âvcc  l'Enfer,  que  la 
umiérc  Teft  avec  les  ténèbres ,  ou  que 
'œuvre  du  Sanftuaire  l'étoit  avec  l'im- 
urcté&:  lafoùillure,  rien  de  fouillé ^-l^ v. 
^apro  cher  a  des  cho fes  Saintes  !  ^  ^  ^ 

Auffii  reprefentez-vous  tout  ce  qu^il 
'û  jamais  eu  de  vrais  convertis  au 
Seigneur  Jéfus ,  dés  le  moment  qu'ils 
nt  embraffé  la  vérité  de  Chrift,  qu'ils 
nt  compris  la  grande  mifericorde  du 

G  6  Pere, 


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156    LeMvSTERE  DELAPiETE, 

Pere ,  reconnu  la  charité  incomparabl 
du  Fils  5  fenti  les  divines  flammes  c 
TEfprit  5  goûté  les  délices  de  k  Me.-, 
cachée  ^  les  douceurs  de  l'Evangile ,  v 
l'excellence  de  fes  promeffes.  N'a-t'c  ^ 
pas  vu  auflî-tôt  après  cét  effet  de,i  ' 
prédication ,  tantôt  une  Femme  pécb 
reffe ,  tantôt  un  Zachée  ufurier ,  ou  « 
Prodigue  débauché  ,  ou  un  Brigan 
fangumaire,  ou  un  Saul  perfccuteui 
ou  bien  tant  de  Peuples ,  qui  étoyei 
auparavant  affervis  à  une  infinité  ^ 
paffionsScdevoluptez  ,  renoncer  poi 
jamais ,  avec  toute  l'ardeur  imaginaU 
Vun  à  fa  paillardife  ^  l'autre  à  fes  ufi 
res  5  ou  à  fes  débauches  3  ou  à  fes  cruai 
tez ,  ou  à  fes  violences  Se  tous  à  lei 
première  converfation  ?  Et  ils  ont  coi 
çu  autant  d'averfion  pour  cette  Tj 
mar  tant  aimée ,  mais  aimée  crimine 
îf;,,  lement ,  qu'ils  avoyent  tu  pour  elle  c 
paflion  &  d'atachement.  Reprefentc 
^T^'  vous  les  premiers  Chrétiens ,  tels  qu'i 
L  ,   furent  au  tems  d'un  Juftin  Martyi 
i     Vun  Irenée,  d'un  Athénagore,  d'i^ 


SUR  I  TiM.  Tir.  i6.  115.7 
.iwincnt  d'Alexandrie ,  on  d\iii  Tec-  cum, 
xWicn   Ceux-la  ieuls ,  nous  difent  cesr;^;';:'* 
'crcsy/oja  repaezr  Chrétiens  /^f^f^^  J 
M^s  j  qui  fc  diftinguent  par  la  piété  r.r.w." 

par  Tinnocence  de  leurs  adions.  c"45. 
.es  autres ,  ajoutent-ils  ,  portent  le  nom 
^eChrijî  comme  unmafque,  ou  com- 
iie  un  voile,  car  le  Chrétien  ne 
> as  être  méchant.  En  elFet  dans  cette  ^'^^i, 
nfance  de  TEglife ,  les  Catéchumènes 
itoyent  fur  tout  inftruits  des  devoirs  ^7«*. 
lu  Chriftîanifme.    Ceux  qui  deman-p«f  »^^ 

yent  le  facré  Baptême  ,  devoyent 
urcr  folemncUement  ,  qu'ils  renon- 
:oyent  au  Monde  ôc  à  la  pompe,  au 
Diable  ôc  à  fes  Anges.  Les  Prêche^, y 
étoycnt  apellez  des  Exhortations  j  pu 
des  AvertilTemeno.  Les  Paftcurs  avoy- 
ent  fur  tout  à  cœur  le  Icrvice  de  Dieu, 
omme  c'ctoit  là  le  foin  des  Sacrifica- 
teurs dans  le  Tabernacle.  Les  Matières 
u'ilstraitoyentle  plus  fouvent ,  étoy- 
ent  comme  celle  que  traita  S.  Paul  de- 
vant Félix  &  Drufille ,  lors  qu'il  parîoit  • 

de  la  jufiice  j  de  la  chajieté  ^  $9  du  -^l',^ 

juge^^^y 


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158  LeMystere  de  laPiete, 
jugement  à  venir.  Les  principaux  exei 
cices  dans  TEglife  &:  dans  les  affemblâ 
Saintes,  étoyent  la  pratique  de  lapri< 
re ,  des  Oraifons  fréquentes ,  la  leclur 
de  la  Parole  ,  le  chant  de  Pfeaumes  i 
de  Cantiques ,  la  coUefte  des  aumône 
la  correftion  des  fcandales,  1  exercice  d 
la  difcipline ,  la  célébration  de  la  i 
Céne  5  Se  ce  baifer  de  paix  qui  étoit  u: 
fymbole  d'union  5  de  reconciliation ,  ? 
d'amitié  fraternelle.  Et  même  ,  au  ra 
'^^Jj  *  port  de  Pline ,  ces  anciens  fidèles  avan 
Srr-i  que  de  fe  féparer ,  s'obligeoyent  pa^ 
ferment  ^  à  s'abftenir  de  tout  crime ,  4 
toute  impiété ,  &  de  toute  œuvre  mau 
Vaife.  Et  hors  de  leurs  aflemblées ,  ils  n> 
s'occupoyent ,  qu'àvifiter  les  malades 
qu'à  nourir  les  pauvres ,  qu'à  affifter  leî 
prifonniers ,  qu'à  confoler  les  mifera- 
bles,  qu'à  fortifier  les  foibles ,  qu'àinf. 
ftruire  les  ignorans  ,  qu'à  ramener  ceu3i 
qui  étoyent  dans  l'égarement ,  ou  qu's 
redreffer  ceux  qui  étoyent  dans  l'er- 
reur.D'où  il  avînt  que  l'Empereur  Marc 
Auréle  qui  avoit  été  leur  perfécuteuf, 

étant 


4-  C 


SUR  I  TiM.  III.  i6.  159 
Tnt  informé  de  leur  conduite  6c  de 
ur  innocence  5  aulTi  bien  que  de  leur 
anftance  admirable ,  &  de  leur  parfaite 
.fignation ,  leur  rendit  un  témoignage 
>rt  authentique,  même  a  la  honte  du 
feganifme  5  félon  le  raport  qui  s'en  lit 
ms  Juftin  Martyr ,  &  dans  Eufébe  £.,y,t. 
Hiftorien. 

.  Hé  bien.  Mes  tres-chers  Frères  y  que 
irons-nous  de  nos  jours  ,  on  ce  My- 
ére  eft  devenu  un  myftére  de  fubtili- 
5,  Ôc  de  vanité,  par  des  fpéculations 
riminellesjcomme  il  le  fut  au  tems  d'un 
kfius ,  d'un  Neftorius ,  ou  d'un  Euty- 
hés  ?  Un  myftére  de  Gnofiiques  ^  qui 
,e  parlent  que  de  nouvelles  connoiflan- 
es ,  6c  de  nouvelles  lumières,  mais  con- 
oiflTances  fans  charité ,  6c  lumières  fans 
haleur!  Un  myftére  de  difputes6cdc 
[«erelles ,  qui  change  ces  Chaires  bien 
buvent  en  un  Amphithéâtre ,  ou  nos 
î,côles  en  une  place  de  Gladiateurs  ! 
Jn  myftére  dont  la  raifon ,  cette  pe* 
:ite  6c  orgueilleufe  Agar ,  veut  s'ériger 
maîtreffe  6c  en  juge}  comme  qui 

vou- 


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i6o  Le  Mystère  DE  laPiete, 

voudroic  mefurer  la  hauteur  du  Ci 
avec  une  ainie^  Ce  font  les  hautejfes  di 
deux  j  qu^y  feras-tu  !  Un  myftéi 
qui  ne  trouva  jamais  tant  d\3politic 
que  dans  ce  dernier  âge,  où  il  eft  d 
venu  le  jouet  des  profanes  >  la  contr. 
diction  des  Efpris  forts ,  6c  la  railler, 
des  Luciens  &  des  Cclfes  de  nos  jour: 
Un  myftëre  qui  au  lieu  de  porter  les  h( 
mes  à  la  piété  ^  les  porte  à  la  licence 
fous  ombre  que  Dieu  a  expié  le  péché  c 
la  chair,  fans  fonger  que  ce  fut  pour  fai 
[iifier  cette  mémechairiUn  myftére  ei 
fin  qui  n'eft  plus  envifagè  dans  fa^r^; 
dear  ^  dans  fon  excellence ,  &  dans  £ 
fruits  falutaires ,  à  bien  confidérer  Tii 
différence  &  le  mépris  qu'on  témoigr 
généralement  pour  ce  fecret  des  f< 
crets  i  Et  tandis  que  les  Confidens  d< 
Rois     des  Princes ,  &:  que  les  Jvlin 
ftres  qui  font  les  dépofitaires  de  leui 
fecrets ,  font  regardez  avec  un  profon 
refpeft ,  &  avec  une  merveilleufe  défi 
rence ,  n'eft-il  pas  vray  que  les  Miniftrt 
de  TEvangile  ,  je  parle  des  veritabk 

limc 


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SUR  1  TïM.  lîi.  i6.  i6r 
imothees ,  qui  font  comme  les  coiiflr 
cns  du  Seigneur ,  &  les  dépofitaires 
i  ce  grand  fecrerdelaGrace,  fontau- 
>urd'huy  regardez  comme  la  raclure 
^  la  baliure  du  Monde? 

Le  fècret  de  la  piété  eft  grand j. 
[foit  S.  Paul ,  mais  je  puis  bien  dire 
e  nos  jours ,  6c  fans  aucun  contredit^ 
ue  le  fecret  de  V impiété  efi  grand  ! 
^'épargnons  pas,  je  vous  prie,  les 
:glifcs  les  plus  pures ,  &  les  plus  Pve- 
^rniées  en  aparence ,  car  P impureté 
"Ifraël  témoigne  contre  fa  face  ;  Se 
près  cela  ne  nous  étonnons  pas,  li 
)ar  la  pcrmiilîon  du  Ciel ,  des  my fteres 
ànglans  fe  trament  contre  elles ,  &:  li  le 
!Vi>y/''  •  ''''  PhiivRice  Triomphe  pliis 
iuejaiua.5  uu  ^^rlyftére  de  laTiété! 
tx  faut-il  encore  que  celuy-là  falTe  tou^t 
"ntcréc&  tous  les  foins  des  plus  for- 
ables  Puiffances  ,  ciiii  remuent  le 
Ciel  &  la  Terre  pour  rétablir  l'Idolp 
dans  le  Temple  de  Dieu,  tandis  que  des 
Ufances  Reformées  s'intereflcnt  h 
U  peur  leMyftére  deJ.Chnft,  qm 


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162    LeMySTEREDÏ.  LA  PlETE, 

eft  combatu  de  tous  les  cotez  ,  ma» 
aulTi  qui  eft  manifefié  fi  fenfiblement  < 
la  chair  j  c'eft  à  dire  ,  en  la  conftai. 
ce  des  plus  foibles  ,  qui  ne  font  qv. 
chair  ,  que  la  fragilité  &:  l'infirmit 
même! 

A\^ouôns-lc  5  Mes  Frères ,  que  < 
grand  myftére  a  été  confidcré  tout  ai 
trement  en  la  naiflancc  de  cette  Repi 
hlique  5  &:  du  tems  de  nos  Pères ,  qu' 
ne  Teft  en  ces  miferables  tems.  Ce  fl 
alors  que  des  pauvres  Bergers ,  à  la  pi 
blication  qu'en  firent  les  Anges  de  1 
Grâce  1  louèrent  Se  glorifièrent  Dieu  d 
tout  leur  cœur  -,  que  des  fages  vinrer 
d'Orient  &:  d'Occident  pour  adorer  c 
divinJefuS}  que  de  bons  Siméons  Teni 
braflerent  avec  joye  &:  avec  ardeur 
que  des  Nicodémes  vinrent  de  nuit  fi 
en  cachette  pour  voir  ôcpour  ouirle 
chofes  magnifiques  du  Seigneur  5  qu 
des  Pierres  8c  des  Matrhieus ,  des  Jean 
&  des  Jaques,  quitérent  leurs  maifons 
&  leur  patrie ,  pour  fuivre  celuy  qu 
feul  a  les  paroles  de  la  vie  ^  &  que  de 

Mar 


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SUR  I  TiM.  in.  lé, 

Marchans  affeftionnez  vendirent  tout 
ce  qu'ils  avoyent  au  monde  ,  pour 
acheter  cette  ferle  de  grand  frix, 
*  lais  hélas  !  dés  ce  que  ces  Myftéres 
de  nôtre  falut  n*ont  plus  coûté  tant  de 
peine  ni  tant  de  fang ,  6c  que  FEtendart 
deJ.Chrift  a  été  arboré  par  tout>  dés 
que  ce  fecret  de  la  foy  ell  devenu  com- 
mun 5  &  qu'il  a  été  connu  depuis  le  fhu 
fetit  jufqu^au  plus  grand  ^  par  Té^ 
tabliffement  des  Eglifes  ,  la  fondation 
des  Ecoles ,  la  liberté  des  Aflemblées , 
6c  la  fréquence  des  Prédications  ^  dés 
aufll  que  ces  Hérauts  qui  ont  fait  ouïr 
leur  voix  comme  celle  d'un  Cornet ,  je 
Ifparle  des  Paiteurs  Se  des  Doftcurs,  dont 
le  bel  exemple  fer  voit  à  renforcer  les 
mains  qui  font  taches  ^  à  retenir  ceux 
qui  chancélent ,  6c  à  affermir  les  ge^ 
^oux  qui  défaillent^  dés  qu'ils  ont 
commencé  à  fedivifer  fur  ce  Myftére, 
6c  à  multiplier  les  queftions  6c  les  con- 
troverfes ,  c'eft  alors  que  le  zélé  s'eft 
vu  réfroidi ,  que  la  foy  s'eft  retirée  de 
plufieurs ,  que  le  dégoût  de  cette  falu- 

tairc 


lob.  4>. 


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16^  Le  Mystère  de  la  Pieté, 

taire  Manne  s'eft  engendré ,  6c  que  To 
a  VII  quelque  chofe  d'aprochant  au 
tcms  de  Salomon ,  auquels  Tor  &:  Tai 
gent,  a  caufc  de  leur  abondance  y  ne  fi 
loTi  refît  non  plus  efiimez  en  Jérufaler 
lliron.^^^  des  perres.   Et  peut-être  ne  m 
tromperay-je  pas  fi  je  vous  dis  ,  quec 
mépris  criminel  ne  paroît  en  aucun  ce 
droit  de  TEurope auili  grand,  qu'il  1 
paroît  en  ces  belles  Provinces ,  où  le 
Difpenfateurs  de  ce  dépôt  facré  ,  don 
S.  Paul  recommandoit  tant  la  dignit 
jTim.        Chapitre ,  font  communément  1 
peu  honorez ,  la  Parole  de  Dieu  fi  pei 
refpedlce,  les  Aflcmblées  fi  peufandi 
fiées  ,  ce  Myftére  fi  peu  écouté ,  &  : 
l'ouïe  duquel  l'on  ne  préfère  que  troj 
fouvcnt  ce  que  préférèrent  ces  convies 
Af4f/;;.aux  noces  Koyales,  en  la  P  ^  -^Sole  à 
"J.Chrift. 

Chrétiens  ,  je  veux  que  plufieur: 
d'entre  vous  foycnt  fuffifamment  in- 
flruits  de  ces  Myftéres  que  nous  voui 
préch.oiis ,  &  qu'en  aparence  Ton  ne 
vous  aprcnne  rien  de  nouveau  !  Mais 

corn- 


3.4, 


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145  G  34 


SUR  I  TiM.  III.  i6.  165 

ombicii  y  a-t'il  de  ces  ftupides ,  ne 
jachans  fmnt  les  Ecritures  ^  à  qui 
lôrre  Evangile  eil  iiii  véritable  fecret, 
qui  ont  bien  plus  de  befoiii  que 
i*en  avoit  cét  Eunuque  fur  le  chemin 

Gaza 5  de  guides  &  d'interprètes?*'^*' 
Combien  y  a-t'il  de  ces  incrédules, 
.  qui  nôtre  Evangile  eft  encore  con^ 
)ert  j  $c  qui  ne  croyent  point  par- 
qii'ik  n^'ont  point  vû  de  leurs 
^eux  5  ou  touché  de  leurs  mains? 
I^ombien  qui  fçavent  afTez  ce  grand 
Vlyftcre  ^  mais  comme  Ton  fcait  une 
■liftoire  ,  ou  comme  l'on  regarde  un 
Tableau  ,  fans  qu'il  leur  foit  un  My- 
tére  tfe  piété  j  fans  être  touchez 
le  la  charité  incomparable  du  Fils  de 
3ieu?  Mais  avouëz-moy  cependant, 
lue  c'eft  icy  un  fecret  où  il  y  a  toû- 
ours  à  profiter  3  un  abyme  où  il  y  a 
:oi]jours  à  fonder,  une  carrière  011  il  y 
toujours  à  avancer  ,  Se  une  Echelle 
3Ù  il  y  a  toujours  à  monter.  Nos 
prédications  ne  font  jamais  fi  ftérilcs, 
t^u'il  n'y  ait  au  moins  quelquesw/V/t^i- 

à  re- 


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i66  Le  Mystère  de  la  Pieté, 
à  recueillir ,  qui  tombent  de  ces  Chai 
res ,  qu'il  n'y  ait  quelque  grapïllage 
faire ,  quelques  devoirs  à  aprcndre  ,  5 
quelques  confolations  à  rvcev  oir ,  com 
me  autant  de  goûtes  d^eau  c^ui  ferven 
à  rafraichir  nos  confciences.  L'on  y  en 
tend  toujours  quelque  parole  de  con 
viction,  qui  nous  dit  fecrétement ,  com 
me  la  confcience  le  difoit  aux  Frères  d 
Jofeph  5  tandis  qu'il  leur  parloit ,  Ve 
cen.  ritablement  nom  fomme s  coupables  en 
Xi\    ^crs  nôtre  Frère  j  envers  nôtre  Sau 
veur,     nôtre  Dieu. 

Ogens  dépourvus  de  yt'/fj-^quand  au 
rez-vous  aflez  de  lumières,  pour  difcer 
ner  l'importance  de  cet  incomparabl 
fecret  de  J.  Chrift  î  Car  je  m'aflïlre  qu< 
fi  nous  vous  prêchions  quelque  autP 
'inyftére  que  ccluy  de  la  piété ,  fi  nou 
vous  aprenions  le  fecret  d'aproche. 
heureufement  des  Trônes ,  de  parveni 
aux  charges  6c  aux  dignitez  ,  ou  bien  l< 
fecret  de  tranfmuter  les  métaux  en  or 
ou  quelques  fecrets  pour  guérir  noi 
maux  5  6c  prolonger  nosjours ,  je  m'af 


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SUR  I  TiM.  III.  i6. 


^7 


\tc  que  ces  Temples  feroyent  trop  pe- 
its ,  &:  que  nous  ferions  écoutez  avec 
ne  toute  autre  avidité  ôc  une  toute  au- 
re  ardeur.  Ha  î  que  ce  Myftére  de 
Oieu  manifeflé  en  la  chair  j  û  qui  s'eft 
lanifefté  encore  à  vous  ce  matin ,  avec 
3Ut  le  mérite  de  fa  Mort ,  eft  d*u- 
e  importance  bien  plus  grande  que 
ous  ces  autres  fecrets  !  Que  c*eft-bien 
i  le  grand  fecret  y  &  le  remède  univerfel 
ar  le  moyen  duquel  les  malades  peu- 
ent  obtenir  leur  guérifon ,  les  pauvres 
ouver  leur  fubfiftcnce  ,  les  aveugles 
couvrer  leur  vue,  les  infirmes  reparer 
^urs  forces ,  les  affligez  recevoir  de  la 
onfolation ,  &  les  mourans  mêmes  ren- 
rer  dans  la  vie  !  Ce  'Dieu  encore  manu 
(lé  en  la  Chair  j  &  dans  cette  même 
haïr  expofé  aux  plus  douloureufes 
oufrances ,  mais  depuis  juflifié  haute- 
nent ,  6c  enlevé  dans  la  gloire  ^  n'eft-il 
>as  le  gage  le  plus  précieux  de  l'amour 
de  la  mifericorde  du  Pere ,  Tabrégé 
le  la  Sapience  éternelle ,  l'admiration 
'es  Anges ,  l'étude  continuelle  de  ces 

Intel- 


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168  I.EMvsTFTvr  nr  t.aPiete, 
Intelligences  5  rcioiiiicmciit  des  hot 
mes  de  Dieu,  répouvantcment  des  h 
taons  5  ^  la  vicloiredes  Enfers  ?  Et  s 
renferme  tant  de  confolations  8c  tan: 
grâces ,  quel  objet  plus  digne  d'une  f(, 
foûmifc,  &:  d'une  étude  continuelle  ? 

En  effet  fi  ce  Myftére  eft  graiîd^  ad- 
rons-lc  fans  l'éplucher ,  Se  le  reccvo:, 
avec  la  même  foy ,  que  firent  ces  Bt 
jrers  de  Bethléhem  :  Tenons  -nous  r 
îpcaueufement  à  l'entrée  de  l' Etâble  <i 
enfanta  Marie ,  fans  en  rechercher  to:i 
les  coins  &  tous  les  endroits, par  une  eu 
riofité  téméraire:  Aprochons-en  avec  c 
fao;es  d'Orient^mais  pour  adorer  aupr. 
dcTla  Crèche  :  Aportons-y  l'Or  de  n< 
tre dévotion,  l'Encens  de  nos  pncrc 
&  la  Myrre  de'notrc  repentance  :  Plei- 
rons  avec  ces  femmes  de  l'Evangi* 
au  pic  de  la  Croix  ,  ces  péchez  q: 
condamnèrent  le  Saint  8c  le  Jufte  :  Tdi 
Ions  fouvent  comme  Moyfe  &:  Elit 
lors  qu'ils  aparoiflent  fur  la  montagne 
de  [on  iffii'é  qu'il  acomplït  en  Jérîfji 
3  '  •  Icm  :  Et  avec  les  Saints  AY^otïQS:,Jichûi 

fol 


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5;uR  I  TiM.  Tir.  i6.  169 

mvcnt  nos  yeux  vers  le  Ciel ^  pour  le 
)ir  élevé  à  la  gloire  de  fon  Pere.  Fi- 
^'  ;s  ,  fi  ce  Myrtére  eft  grand /r;/^  c^»- 
W/V,  dites  à  la  chair,  dites  au  mon- 
ce  qu'Abraham  dit  à  fes  fervi- 
îurs  au  pié  deMorija,  Jemenrez-icjy 
mJis  que  moy     l'enfant  irons  pour  ado* 
Ou  bien  dites  à  tous  cesraifon- 
'emcn<;  qui  s'elévent  contre  ce  Myf-. 
ire  adorable,  ce  que  dit  J.  Ghriftau 
entnteiir,  Arriére  de  moy  Satan  !  Car 
efl:  cet  Ennemi  de  nôtre  fiilut,  qui 
)us  le<î  jours  fait  nattre  mille  fcru- 
^  avance  mille  difficultez» 
ns  en  refoûdi       fans  en  déveloiv 
>r  une  feule       fin  fi  c  eftun  Myf- 
:q  de  pie;       que  bienheureux  font 
qui  pénétrent  moins  dans  les 
iCrveiP'^^  de  ce  fecret  ,  &  en  fen- 
piu;5  la  force  '<5<:  l'efficace  !  Heu- 
IX  celuy  qui  a  moins  de  fcience^ 
^  lis  qui  a  plus  de  confcience^  moins 
?  lumières  &  plus  d'amour  ^  moins 
t  fubtilité  &  plus  de  pieté ,  fans  la- 
aelic  perfonne  n'a  part  aux  grâces 


.'iâ.  t. 
y.  9' 


H 


que 


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lyo  Le  Mystère  de  la  Piftf, 

que  ce  Myflére  renferme  î  î- 1  qi 
vaut  mieux  aflurément  ne  touciii 
que  le  bord  des  langes  de  ce  celei 
Enfant  ,  avec  une  main  tremblant, 
^  en  fentir  la  vertu  divine  ^falutu 
Mati\K9.  re  .  comme  la  fentit  cette  maladç\ 
Luc.  g..  l'Evangile  ,  que  de  vouloir  le  fern 
4e  trop  près,  &  n'en  fentir  aucw 
vertu ,  comme  il  s'eft  vu  en  des  tro 

{)es  incTédules ,  &  en  des  Pharifu 
r 'pocrites  ! 

Pifleurs  ,  que      \fvflAre  paroi 
eu  vos  Predicatiw; 
Myftére  d'ambition  c<  cicvariiL^. 
fa'fant  de  ces  chaires  ur 
vaine  gloire,  mais  unMylteredcp 
té  &  d'édification.  Qiî'il  foitefiîcîi 
non  feulement  par  vos  bouche  ^ 
^uHi  par  vos  mains ,  comiiie  iv  ...e 
parole  des  Prophètes ,  étant coûjoiiii 
prêts  d'agir  ,  comme  l'ctoient  *  "îj 
mains  d'hommes ,  quljèrtoyent  de  /  ' 

1  ^z^8^*  ''^^  ^^'^^^  animaux  ,  en  la  vifion  d. 
zéchîd.  Magiftrats ,  fouvcnez  -  v<r 
que  ce  grand  fecret  de  piété,  efl* 

t 


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I 


SUR  r  TiM.  III.  16.  l'-t 

us  grand  fecret  pour  la  confer va- 
on  de  vôtre  Etat,  &  qu'il  11  efl:  pas 
:oins  confié  à  des  Moyfes,  qu  a  des 
.aroHi;  u  ceux-là  pour  le  maintenir, 
:  à  ceux-cy  pour  Tanoncer.  Pères 
3  famille,  aprenez  de  bonne  heure 
vos  Eiifans  ce  fecret  de  la  pieté,  qui 
ur  vaudra  fans  comparaifon  plus  que 
JUS  lesfecrets  des  Arts  des  fcien- 
afin  qu  etan«:  ?nn:ruics  dans  les 
aintes  lettres  dés  l...,  enfance,  ilsac- 
uiérent  un  efprit  defageflè,  avec  le 
.'une  Salomon  ,  ils  deviennent  des 
mimes  de  Dieu  avec  Timorhce,  & 


dans 

X-  pas 
. ous  ayez 
ciii  brada  Je- 


'lent  de  bonne  Ik 
tua ,  commr  Tiri  m 
^a/T^Jî^ 

re  de  Siiucoa  k)i':>  qu  1. 
fChrifl: ,  puis  que  vous  n'en  avez  pas 
nv'^nie  promefîè  :  El  vous  fouve- 
qu'un  ifxe  décrépite  ,  lors  quew^?- 
f'^^c      .    étirée  de  ywus ,  lors  que  P'g^^^* 
"  OU  les  excès ,  commue  autant  ^' 
hiliftins,  ontmatté  nos  corps  & 

H  %  nos 


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171  ht  Mystère  de  t  a  Pietf, 
nos  efprits ,  lors  que  la  mémoire  ma 
que,  que  lefprit  efl:  hébété,  leca 
endurci,  &  le  péché  enraciné,  qi 
ce  neft  pas4à  un  âge  propre  pour 
prendre  un  fi  grand  &  fi  merveilh 
fecret.  Vous  tous  enfin  qui  ce  m 
vous  eftes  aprochez  de  ces  graïuL 
terribles  Uyfléres ,  qui  ont  efté  d- 
ployez  fur  cette  Table  facrée,  mo 
trez  par  vôtre  exemple  que  fi  nôt* 
Religion  a  retranché  dece>M-flcr 
h  funerftition  &  l'Idolâtrie  ,  eli- 
prend  à  y  aporter  la  pieté  &ladc 
tion,  &  que  parmi  nous  le  Pain 
enfans  neft  pas  donné  aux  chiens 
ces  Perles  jettées  devant  les  p^ 
ceaux,  ni  cette  Manne  myftique  1 
gée  dans  des  vafes  puants. 

Après  tout,  Peuple  Chreii  . il ,  le 
chons  qu'icy  bas  nous  tous  ne  voyo-^ 
ces  divins  objets  qnobfcurément,&'  cov 
tnc par  un  miroir.  Nous  ne  connoilTo^ 
encore  qu'en  partie,  &  à  peine  foi 
mes-nous  initiez  dans  les  petits  M 
tins  d€  la  grâce.  Mais  l'heure  vie 


SUR  I  TiM.  III.  t6.  ijy 

dra  que  nous  ferons  faits  les  Spe- 
ftateurs  des  grands  Myftéres  de  Ja. 
jloire.  Un  ancien  Dofteur  de  l'Egli- 
e  ne  fc  pouvoir  lafîèr  d'admirer  ce* 
trois  unions  myflérieufes  ,  en  Jefus 
Chrifl:  celle  de  la  Divinité  avec  l'Hu- 
manité ,  en  Marie  la  qualité  de  Mérô 
ointe  il  la  qualité  de  Vierge ,  &  dans 
e  Fidèle  l'union  de  la  Grâce,  où  de 
.  Chrift  crucifié ,  avec  le  cœur  où  il 
abite  parla  foy.  Mais  il  refle  encore 
une  quatrième  union  bienplus  raviflan- 
'Cqui  fera  celle  de  l'Ame  avec  Chrifl: 
lorifié ,  &  enfin  la  réunion  de  cette 
(îiêmeAme  avec  le  Corfs     la  grande  & 
redoutable  journée.Et  daii^  cette  bien- 
eureufe  cfpérance ,  en  ateuJant  l'apa-  Tii,iil 
ition  Je  la  gloire  Ju  grand  Dieu  ,  qui  eft 
^ôtre  Sauveur Jefiis  Chrifl,  fouvenons- 
noiisque  s'il  s'eft  abaifle  pour  nous, 
1  el>  juftc  que  nous  foyons  prêts  d'être 
ibaifiez  pour  luy ,  Scà'QÙrQmamfeflez 
ommefes  véritables  membres,  &  fea 
fidèles  difciples  ,  même  dans  les  ex- 
ils &  les  cachots,  dans  les  perfecutioas 
^  H  3 


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174      Mystfre  df  ^  \  PïttP  ■ 

&  les  fouffrances.Car  voicy  les  tet 
fcandales  &  d'épreuves,  auxquels  il  fav 
^^^ç  fhyent  manifefiez,  Voicy  k 

tems  auxquels  leSerpent  ancien  rapeb 
toutes  les  rufes  ,  ^  rAntechriil  ra 
femble toutes fes  forces,  pour  ruïm 
toutes  ces  Eglifes ,  qui  ont  été  depu 
la  Reformation  la  colomues  (Sr  l'afuf  t 
la  vérité.  Mais  ils  ne  triomphent,  aprt 
tous  leurs  eftbrts ,  que  de  ces  Am< 
qui  étant  vuides  de  piété  tombent  aifi 
ment  dans  de  funeftes  pièges ,  les  um 
à  la  vue  du  Calvaire  ^  des  Tribunaux 

^^ff^'  les  autres  à  l'ouïe  d'un  je  te  donnen 
toutes  ces  chofes ,  fi  en  te  proflernant  i 
adores  mon  Idole.  Les  bons  mêmes  foi 

i^ots  abufezpar  les  déguifemens  de  la  grat 
A2  Paillarde  ,  quife  couvre aujourd 
hiiydunmafque,  comme  le  firautr^ 
fois  la  femme  de  Jéroboam ,  &  qui  foi 
l'aparenced'un  bailer  couvre  une  tn 

^sam.  hifon  noire  ,  comme  fit  Joab  envei 
Amaft.  Ce  fonc  des  myfteres  qi 
prendront  fin ,  que  Dieu  regarde  afli 
rémaitde  fon  Ciel,  6c  qu'il  perm< 


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SUR  I  T(M.   IT  I.  l6- 

ariinccofîdnite  qui  cft  encore  toute 
lyfterieufc.  Le  cemps  aproche  ,  &c 
|en  doutons  pa^.  Fidèles ,  que  Dieu 
frerale  rideau,  qu'il  changera  la  fcé- 

1  développera  tous  ces  myflé-  •'^^^^f^- 
es,  qu'il  fera  dit  aux  exilez  de  Juda,, 
jvez-vou> ,  car  ceux  qui  Jcmandoyent  vâ-  ^^^^ 

Âmejhitrwrts,  Ils  font  morts  ^  &îiexxvi.ii. 
hroHtp^^^^  font  irépajjèz^  Ils  ncit 
élèveront  plus  !  Mais  fur  tout  afpirons 
vec  toute  Tardeur  imaginable  au  teins 
[ui  nous  découvrira  pleinement  ce 
\eH-bomme  -,  qui  ne  fe  montre  encore 


«->  -.  ■  ■! 


leia  midy ,  face  ^iface ,  non  pius  en 
ormede  Serviteur ,  mais  en  la  forme 
le  Maître,  étans  comme  \uy  juftif.ez 
.la  vue  de  toute  la  terre,  T^vdes  An- 
|s  bien-heureux  ,  &  e^;/. .  .  en  la  gloi" 
éternelle,  AixNSi  soit-il. 


H  4 


JESUS 


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7. 


Cen, 
jtivi.  II. 


176 

JESUS  A  NOS  PORTES 

ou 

SERMON 

SUR  CES  PAROLES  DE  L'Apoca 
Chap.  m.  verf.  20. 

Voici  ^  je  me  tiens  à  la  porte  ,  * 
je  frappe. 

E  jeune  Iliiac  deftiné  fansl 
fçavoir  à  un  facrifice  fat 
glatit ,  voyant  le  feu  &  I 
bois ,  mais  ne  voyant  poir. 
de  victime,  crût  qu'Abraham  s  éto. 
oublié,  MonPére,  dit-il,  ouefidonci 
hête  pour  rholocaujle  ?  Le  Patriarcli 
Jofeph  voyant  que  Jacob  tranfporto 
le  droit  d'aîneffe  furlepuifné,  lavoi 
Ephraïm  ,  reprend  fon  Pére  &  le  coi 
rige,  Ce  nejl pas  ainfi  mon  Pére  ,  luy  dit  i 
il  La  chair  lors  qu'elle  envifage  1  i 
conduite  de  Dieu  envers  les  fils  de  j 
hommes  ,  &  qu'elle  contemple  le  j 
changemens  &  iej  defordres  qui  arn 

ven 


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Sur  Apocal.  III.  verf!  zo.  y^^l^ 

f^ent  fur  la  flice  de  la  terre,  railonuc 
i  peu  prés  de  la  même  forte.  Elles'i- 
iiagine  ou  que  la  Providence  fe  trom- 
)e,  ou  quelle  efl:  trompée:  VEter-  Ez^ah, 
lel^  dit  elle,  ne  voit  plus  goûte  ;  Ow-  i*- i'- 
nenty  aiiroit-il comioijfance  au  Souverain^  [f^^^^ 
§t  non  feulement  elle  doute  de  fa  n. 
ronduite,  mais  auffi  de  fon pouvoir, 
lors  que  fes  Profères  anoncenc^ 
les  chofes  grandes  &  furprenantes , 
îlle  dit  avec  ce  Capitaine  incrédule, 
IfianJ  même  r Eternel  feroit  des  ouvert 
tes  au  ciel ,  cela  fe  pourvoit -il  ?  Chers 
réres  !  fi  jamais  nous  fûmes  capa- 
;s  d'entrer  dans  ces  penféescrimi- 
•lies ,  c'ell:  fins  doute  lorsque  nous 
învifigeons  les  difgraces  &leschan- 
îmens  de  cet  Etat.  Et  je  m'afîèure 
'  l'y  a  perfonne  encelieu-cy  qui 
rcuc  dit  fur  ce  fujet  il  y  a  peu  de 
nois,  Quand  même  r  Eternel  feroit  des  Rois;, 
tn^erturçs  au  ciel ,  cela  ne  fe  pourvoit 
Les  biens  non  prévus  portent 
homme  jufques  à  l'extafe  &  au  ravif- 
icnc,  témoin  le  bon  Jacob^lors  qu'à 

H  5  lai 


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î^8     Jhsus  à  SOS  Portes. 

cen,  xlv.  ia  nouvelle  que  Joi'eph  étoit  vivant 
cœur  II      faîUii        il  ne  le  crût  poin 
Auffi  les  maux  qui  nous  furviennet 
fubicement ,  &  contre  toutes  les  aj 
parences  humaines ,  ne  touchent  pi 
''■am,  feulement  mais  ils  terrafl'ent,&  un  Hé 
en  tombe  à  la  renverfe  de  deffusfon  fîe^ 
Pontifical,  Je  doûte  ncantmoins  fi  ne 
difgraces ,  quelque  grandes  &  prod 
gieufes  qu'elles  paroilTent  ,  doiseï 
ertre  mifes  dans  ce  dernier  rang.  J'.- 
voue  qu'elles  n'ont  peut-eftre  aucii 
exemple  dans  les  hiftoir^s  de  tousU 
fiécles.  Jeconfeile  quej'amais Répi 
blique,  égale  à  celle  -npuirùnc 
en  richelTcs,  ne  fouflnt  une  fifv 
bite  &  fi  épouvantable  cataftroph 
Au  moins  ne  vo\       '  ^  .V  ^-^-r, 
chant  dans  celle d<         .ijj.ai^,  c 
de  Rome ,  ou  de  Can       ou  de  Spa- 
te,  ou  d'Athènes,  toutes  %péesi 
la  longue,  &  toutes ,  û  vous  excepM 
celle  de  Rome,  inférieures  à  la  V 
Cependant  il  eft  vray  queceschang- 
îliças  ont  eu  leurs  prélages  6c  leurs  • 

vaa 


SUR  Apocal.  îll.  vcrf,  20.  Ï79 

jlant- coureurs.  Non  pas  à  h  vérité 
les  )ns  ou  deslpedVres,  non  pas 
Jes  fî^ncs  ou  des  prodiges,  non  pa5 
les  ^  .ediârions  ou  des  proféties  trou- 
vées depuis  l'évériement^  Non  pas 
néme  des  dllpoiltions  qu  on  eût  veûcs 
lu  dedans  ^  au  dehors  de  l*£ftar,  com- 
jie  autant  d'acheminemens  à  fes  maux; 
[ais  des  prefages  tirez  de  la  conduite 
rdinairc  de  Dieu,  les  coups  frappés 
devant  à  vos  portes ,  fes  avertifie- 
^ens  &  fes  chicimensprécédens,  la 
^outume  de  proportionner  fes  juge-» 
uidenrdcfesbenedidlions, 
i    ,  'urd'hnv  d'un  fiécle  > 

nt  la  li.i  '^<}rt  .....u  ;.ii.aculeu- 

que  'V  .un,PcupleFic)éle,ce 
[lîrt  pas  u  aujourd'huy  qua  retenti  à 
oreilles  cote  voix  cdcile^Foici.feme 
k  la  porte.Cs^  je  frappe.  Mais  ce  qu'il 
^de  pins  confolatoire  pour  nous , 
nni      même  Jefus  s'y  tient  &  y 
iicoreàprefent:  Et  au  lieu  que 
"afortpeude  tems  quun 
uicaa^^int,il  y  mefle  encore  auj  our- 

H  6  d'huy 


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l86    Jésus  à  nos  PoRtES, 

d'huy  une  voix  gracieufe ,  &  ce  qu 
dit  autrefois  à  l'une  des  fept  Eglifi 
d'Afie,pour  la  preferver  de  fa  demi 
riiïne,  il  vous  le  dit  encore  com-r 
Tune  de cesy^/>^ Provinces,  Voi 
me  tiens  à  la  porte ,      je  frappe. 

Paroles  belles  ^  mémorables ,  pr( 
noncées  de  la  bouche  facrée  du  T< 
moin  fidèle,  écrites  pour  nôtre  coi 
îblation  &  pour  nôtre  endoûrim 
ment ,  &  qui  fe  rapportent  admirabb 
ment  à  ce  tems  de  vifitation,  au-]U 
Dieu  fe  tient  à  nôtre  porte  frap| 
&parfesjugemens  Se  par  les  averti 
fèniens  falutaires  ,  y  cric  encore 
comme  un  Juge  fevére,  &  comm 
Pére  bénin  ,  &  d'un  côté  nous  mena< 
deladerniére  deftrud>'     ,  de  l  aut 
nous  promet  fa  délivrance  ^'  paiK. 
nefçay  pas  même  fi  nôtre  cunJitid 
prefeiite  n'eft  point  d'ailleurs  enco 
fort  femblable  à  celle  de  l'Eglife  dcU 
clicéë.EgWk  qui  n'écoit  ny  froide  nj  hou 
liante  y  ni  ouvertement  profane,  ni  vei 
tablcment  dévote ,  ni  ennemie  deci 


SUR  Apocal.  m.  verCio.  iBi 

Ée  de  Jefus-Chrifl ,  ni  aurti  fort  dans 
intérêts:  Eglifc  qui  avoir  quelque 
effemblance  avec  ces  animaux  amphi- 
ies ,  ceofés  immondes  Ibus  la  Loy , 
vecce  HQfhihokth  clochant  Jes  deux 
kés ,  avec  ces  enfans  difraël  fervans    li.  ' 
.  Dieu  ^  à  Bahal ,  ou  avec  ce  Naaman  ^  ^^^.^ 
|uivouloit  bien  adorer  au  Temple  de  v.i^, 
Xicu ,  mais  aufli  fe  profterner  au  Tem- 
)ledeRinimon:  Eglife  pleine  de  pré- 
emption &  d'orgueil  ,  dïf^Lntje  fuis 
uirkhie  &  nay  faute  de  rien ,  je  fuis 
puilHinte  &  bien  établie  ^  en  effet  mal-  ^poe.m, 
§enrcHfc ,  Cs^'  miferahle ,     aveugle:,  pré  ^'•16.17. 
te  aulli  d'eftre  vomie  hors  de  la  bouche 
de  Ion  Seigneur ,  comme  un  breuvage 
tiède  qui  provoque  le  vomillement, 
ou  comme  on  vomit    quieff  à  contre 
cœur,  &  on  rejette  ce  qui  efl:  en  abo- 
mination; Eglife  enfin  qui  ne  devoir 
plus  attendre  que  fa  dernière  défola- 
tion,  lorsque  ce  mifericordicux  Sei- 

tnenrluy  donne  encore  du  rems  pour 
.  V  :  .  onnoître  &  fe  repentir  ^  Foicy , 
;^     ^^^^s  encore  a  laporte ,  &je 
H  7  /'■^//^ 


I 
■1 

■Â 


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14- 


ï8^     Jésus  à  nos  Portfs  , 

frappe  5  Si  quelcnn  ott  ma  voix ,  moi 
vre  la  porte ,   entrer ay  vers  Itiy ,  (ff  fou 
peray  avec  luy  y  ^  luy  avec  moy,  Chei 
Frères ,  ouvrés  luy  donc  en  cette  prel 
fante  occafion ,  8c  fur  tout  pendan 
cette  heure ,  vos  cœurs  &  vos  oreille 
&conriderésavec  l'attention  requil 
I.  Quelle  eft  la  perfonne  qui  parle  t 
qui  agit  en  cet  endroit,  décrite  am 
plement  à  l'entrée  de  cette  vifion  a 
verfet  quatorzième  :  II.  Quelle  el 
l'entrée  de  fon  difcours  ,  &c  de  foi 
2L€t\ox\,Votcy\  111.  Et  enfin  quelle  eft  fo: 
aftion  mefme,  que  S.  Jean  nous  repre 
fente  eftre  double,  la  première,  ^ft'w 
tiens  à  la  porte  ;  la  féconde  ,  Etie  frappi 
lleftde  la  dernière  importance  d- 
fçavoir  le  rang  &  la  qualité  de  cekr 
qui  nous  parle,  ou  qui  nousvifite.  Ui 
Prince    un  Grand  eft  tout  aur  remen 
reçu  &  écouté  ,  que  ne  Teft  ua  nioin 
dre  &  un  inférieur.  Et  coiime  le 
Princes  &  les  Souverains  à  l'enirée  d( 
leurs  lettres  ou  de  leurs  édits  étaleiï 
leur  Dignités  leurs  Titres:  Conuw 

pai 


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SUR  Apoc  Au  III.  verf  10.  183* 

ar  exemple  les  Monarques,  des  Per- 
fe qualifioyent  les  Rois  des  Rois,- 
Prolomées  &  les  Antiochus  fe 
ommoyent  des  Dieux  Sauveurs  5  les 
"él'ars  prenoyent  le  même  titre ,  aufli 
ien  que  ceux  d' Auguftes  &  d'Invinci- 
s  ^  Alexandre  alTe^toit  celuy  de 
•ils  de  Jupiter 5  &  depuis  Chol'roës 
eluy  de  Dieu  entre  les  Hommes  & 
l  Hommeentre  les  Dieux  5  les  Sultans 
l'Egypte,  à  l'imitation  d'un  Séfo- zjW. 
lris,celuy  de  Seigneurs  des  Seigneurs,  ^'^^  ^• 
k  d'Images  de  Dieu  en  la  terre  ^  les  q 
empereurs  Turcs  celuy  de  Redouta- 
)les  ^  de  Tout-puilianSf ^  pour  abré- 
ler,  ceux  de  la  Chine  celuy  de  Fils 
>ien-aimez  deDieu^^  du  Ciel:  Auffi 
le  Sauveur  du  monde  fe  qualifie  à  l'en- 
trée de  cette  épîcre ,  mais  avec  bien 
plus  de  vérité ,  rÀmen,  le  Témoin fide^ 
le  y  véritable  y  le  Commencement  Je  la 
éature  de  Dieu.  Il  s'appelle  l'Amen^ 
eft  a  dire ,  en  qui  toutes  les promeffes  rie 
Dieufont  ouy  (s>  Amen  y  qui  eft  l'Amen 
ou  h  vérité  même  ,  qui  dit  Amen 


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184      j£sus  à  NOS  Portes 

à  la  volonté  de  fon  Pere ,  aux  paroh 
duquel  toute  l'Eglife  dit  Amen,  6c 
qui  chaque  fidèle  en  particulier  cri 
Amen!  Il  fe nomme  le  Témoin,  afli 
voir  de  la  volonté  du  Pére ,  de  fon  a 
liance ,  de  fon  Teftament ,  de  fa  grao 
de  la  vérité  de  l'Euangile  ^  Témoi 
encore  de  nôtre  devoir ,  de  nôtre  cor 
duite,  de  nos  démarches,  &c  de  ne 
plus  intimes  penfées  ,  ayant  comm 

Ezj^ch.i.  ^^..^^  Profère  Ezechieldes yeu 
toutàl'entour,  ^  comme  le  Poète 
dit  du  Princie,  qu'il  doit  avoir  des  yeu 
devant  &  derrière.  Il  fe  dit  le  Ficicle,  t 
comme  Epoux,  6c  comme  Amy  ,  t 
comme  Pleige,  6c  comme  Roy  ,  ^ 

f^'^'  '  '  •  comme  Sacrificateur  5  Fidèle  en  fon  a 

^'  mour ,  en  fon  alliance ,  en  fes  promei 
fes ,  en  fes  foins ,  en  fon  afliftance ,  ei 
fes  bienfaits  5  6c  il  a  pu  dire  de  foy  mê 
meàplusjuftetitre  ce  dont  un  gran( 
Monarque  fe  glorifioit,  que  quand  l 
foy  fer  oit  bannie  de  toute  la  terre  ,fi  efi-c^ 
quelle  fe  trouveroit  en  fa  bouche,  11  f 

yo4«.i4.  qualifie  encore  le  Véritable:,  ailleurs  L 
Veriti ,  comme  eftant  Véritable  en  fî 

Di 


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SUR  Apocal.  III.  verf.  10.  i8^ 

viiîicé,  en  fon  Humanité ,  &enfes 
lices  ;  Véritable  en  fes  prédirions, 
fes  promefles ,  en  les  menaces ,  en 
intentions,  &  en  toutes  fes  voyes^ 
eritable  encore  en  ce  qu'il  a  efté  la 
?ritéde  routes  les  figures,  l'original  ^ 
toutes  les  images,  le  corps  del\'^' 
Hites  les  ombres  ,  &  l'accomplifle-  /^tbr.  <?. 
lent  de  tous  les  oracles  anciens.  Ec  ^- 
nfin  il  s'apelle  le  Commencement  de  la 
rature  Je  Dieu ,  ou  bien  qui  efl  avant  ^ 
me  créature ,  le  Premier  ^u(ï\  bien  que  X..15.17. 
dernier,  l  Alpha        bien  que  VO- ^?''^ 
léga;  quiauflia  donné  le  commenr.'^^*'* 
ment  à  toute  créature ,  qui  'X fondé  la 
erre  des  le  commencement  ^  qui  nous  ^  Htb.\, 
réez  par  la  parole ,  nous  foûtient  par  ^- 
\  puiitance ,  nous  protège  par  fa  pro- 
idence,  nous  nourrit  par  fes  foins, 
lous  illumine  par  fon  Efprit ,  nous  re- 
rme  par  fa  vertu ,  nous  fauve  par  fon 
-  rite  ,  nous  délivre  par  fa  bonté  ,  & 
ommence  en  nous  l'œuvre  de  la  foy ,  de 
wd'mQqu'Ahconfomme^  Et  fi  je  l'ofe //^^^.li. 
iirc ,  il  fe  reprefente  icy  à  peu  prés  tel  %>,  %, 

que 


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i86      Jésus  à  nos  Portes 


que  les  Anciens  ont  reprefcnté  l'Eté 
nité  dans  leurs  Médailles  :  favoir  foi 
l'emblème  d'une  Vierge,  fymboL  c 
vérité  &  de  candeur  Je  t^eritahle-^  s*^ 
puyant  fur  une  lance ,  fymbolc  de  fei 
meté ,  le  Fidèle  5  ayant  le  chef  couven 
fynibole  de  celuy  qui  n'a  point  d 
commencement ,  le  Commencement  a 
tûute  créature  5  ayant  Encore  un  pi 
fur  une  boule,  comme  ayant  au  deflbu  > 
defoyle  monde  corruptible,  qui  ei 
la  Créature  Je  Dieu  ^  §c  d'une  main  t€ 
nant  la  Corne  d'abondance ,  c'efl:  ;i  di 
jdf.urçy  étant  la  fource  Je  toute  bonne 
nation     Je  tout  Jon parfait. 

Jugez  donques  ,  Chers  Frères ,  i 
celuy  qui  parle  en  ce  texte ,  qui  fe  tieo 
à  la  porte,  &  qui  frappe,  étant  d'un< 
dignité  fifublime,  ^  d'une  conditioi 
fi  relevée  &  fi  fort  au  dellus  de  toutes 
les  plus  hautes  &les  plus  éclattantes 
de  la  Terre ,  mérite  qu'on  l'écoute ,  & 
qu'on  luy  ouvre.  Voicj  ,  à^vlAl ,  je  m€ 
tiens  à  la  porte  ,  ou  félon  le  terme 
Grec,  RegarJe!  Terme  que  les  Ecri- 

tures 


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SUR  Apocal.  ïll.  vecf  20.  187 

es  eniployciit  lors  qu'il  eft  queftion 
Je  choies  grandes,  oudechofes  nou- 
velles, ou  de  chofes  prelentes  mais 
divines  6c  liilutaires  :  Alors  Dieu  nous 
réveille ,  &  crie  roky ,  Regarde.  THom- 
lie  n  a  pas  belbin  de  ce  réveil  quand  il 
Y  va  des  intérêts  de  la  terre  ,  ou  de  fa- 
:is£iirc à fon ambition,  àfon  avarice. 
Se  à  de  femblables  partions.  Icy  il  a 
les  yeux  toûjours  ouverts ,  les  oreilles 
toûjours  attentives,  &  l'Efprit  toû- 
jours agiflant.  De  nuit  même  fes  pen- 
lées  le  réveillent  ,  &  en  dormant  il 
veille  comme  le  lièvre,  ou  comme  b 
gru(\  Mais  lorsqu'il  eft  queftion  des 
chofes  divines ,  des  grâces  du  Ciel,  du 
devoir  de  l'homme  pécheur ,  &  des 
^biens  du  fiécJ'-  '  venir,  c'eft  là  qu'il 
faut  que  Dieu  nous  réveille  ,  &  nous 
crie  Regarde ,  ou  bien  Ecoute.  Je  dis  da- 
vantage Fidèles  :  Lors  même  que  Dieu 
nous  crie  de  la  forte ,  &  nous  réveille, 
nos  yeux  font  ou  fermés  comme  en  ces  Matfhy. 
aveugles  de  l'Evangile  ,  ou  ^PP^fi^^^'^j^l^/fj 
tis  comme  en  ces  difciples,  pendant 

que 


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i88    Jésus  à  nos  Portîs. 

qiiejefus  étoic  dans  l'agonie^  Et  m 
oreilles  font  comme  celles  d'un  S; 

3.x;.  7.  miiel,  pendant  que  Dieu  1  appelle 
Tabernacle ,  ou  comme  celles  de  < 
fourd ,  avant  que  d'avoir  efté  touchét 

*'-33-54.  /^^^  -"M^^  tout'puiuant.Enhn  il  a  bea 
faire  retentir  un  Voicy  !  fi  luy  mefm 

2,.iî«*.  n'ouvre  nos  yeux ,  comme  il  fit  autn 

^  17.  foisaun  Guéhazi,  à  la  requête  d'El 
zéë:  s'il  n'en  fait  tomber  comme  dt 
écailles,  de  mefme qu'il  fit  à  un  Sai 


repentant  5  ou  s'il  ne  les  oint  du  co 
lyre  de  fa  grâce ,  comme  il  fit  ceux  d 
^'  cet  aveugle  de  Bethfaïda.  l^oicy ,  dit- 
donquesà  cet  Ange  de  Laodicéë,  j 
me  tiens  à  la  porte. 

C'eftquafi  comme  s'il  luy  eût  par 
lé  en  cette  forte  :  Quoy  que  tes  pe 
chez ,  ô  Evefque  ,  ô  Eglife  ,  foyen 
extrêmement  grands ,  ta  tiédeur  cri 
minelle ,  ton  hypocrifie  déteftable  ,  t 
nudité  honteufe ,  ta  pauvreté  pitoya 
ble ,  ton  aveuglement  inexcufible ,  8 
tamifére  tresjufte^  Quoy  que  tu  aye 
abufédemesdons,  mêprifé  mes  gra 

ces 


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SUR  Apocal.  m.  verf  20.  iS^ 

ces,  profané  ton  caradlére,  oublié  ta 
vocation  ^  ton  devoir,  indigne  par 
:onféc]uent  de  mon  fouvenir  &  de  mes 
foins  ,  cependant  voicy  je  m'abaifle 
rncorcjufqu'à  venir  vers  toy,  Je  me 
tiens  à  la  porte ,  &  je  frappe.  Chofe  à  la 
vérité  extraordinaire  furprenante, 
8c  qui  méritoit  bien  cette  entrée  Foicyl 
L'iîiftoire  nous  récite  comme  quelque 
hofedefort  remarquable,  qu'unA- 
exandre  a  rendu  la  vifiteà  un  Diogé- 
ne,  qu'un  Pompée  triomfant  s'efl: 
trouvé  ;\  la  porte  d'un  Pofidonius,  qu - 
unDenys  le  Tyran  a  recherché  l'en- 
'retien d'tin  iMaton ,  qu'un  Ptolomée 
s'efl  pli.  .  .  < .  ..ble  de  fes  amis ,  que  des 
^yrus  ,  des  Artaxerxes  ,  des  Au- 
ufte  Vdes  Conflantins,  &  beau- 
coup ac  lemblables  Princes  ont  quit- 
é  leur  grandeur  pour  quelque  téms, 
ontcouvert  leur  Majefté  d'un  voile 
d'humilité ,  de  familiarité  &  de  clé- 
mence. Exemples  véritablement  ra- 
res, &  très  dignes  d'avoir  eu  leurpla- 
dans  i'Hiftoire.  Car  ou  fçait  côm- 

bien 


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^«1 


190     Jésus  à  nos  Portes, 

j,,n.  bien  ont  efté  refervés  en  ce  point  k 
Hff.L.u  Monarques  de  l'Orient,  particiJiér 
^^f  7'  ment  ceux  des  Perfes ,  des  Ethiopien. 
fI!tA  des  1  ndiens,  &  des  Chinois,ne  fe  cor 
^•41:  muniquans  préfque  jamais,  &  ne  : 
^riv«.  montrans  qu'au  travers  des  rideau:, 
L,  I.  XV  ou  que  dans  des  folennitez  extraord 
naires,  ou  bien  couverts  d'un  voile,, 
cwi.  faifans  bailler  la  viie  de  leurs  fujecs  p: 
c.  47.  la  Majefle  de  Ip'^'*  Tronc,  le  brillant  c 
^'    ^'  leurs  pierrerit  -le  leurs  yeuî. 

AWr/..  &touirc  '  •        ...  uignité  Roy^ 
jtw.f,   Maisavoiie       acles,quec'ert:  que 
que  choie  de  plus ,  de  voir  icy  le  Fi 
Hibr.  5.  j^eOieu,  non  plus  clvis  les  joiirs  de ^ 
m' II.  chair ,     fous  la fonne  Jeferviteur,  ma 
7.     dans  l'état  de  fa  gloire ,  k  après  s'eftj 
affis  '  '   lextrede  fon  Pcre,  fe  ten 
àlapurudes  Fils  des  hommes:  Ac 
-  mirez  icy  le  Saint  &  le  Jufle  à  la  por4 
d'un  pécheur,  le  Roy  de  gloire  à  1 
porte  d'un  miferablc ,  le  Véritable 
la  porte  d'un  hypocrite ,  le  Créateur 
la  porte  d'une  créature:  Regardez  ave 
T'p'''  étomi€mentc^gr^«^/>/Vî< mettant  bs 


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SUR  Afocal.  III.  verf  lo.  191 

3 couronne  rayonnante,  non  feule- 
nent  pour  foufinr  l'aproche  d'un 
lomme ,  comme  fit  dans  la  fable  un 
Apollon  à  l'approche  de  Phaëton, 
•'sauflj  pour  en  aprocher  iuy  même, 
icfcendre  jufques  à  la  porte  des  cri- 
ninels.  Et  fi  la  venue  des  Princes  & 
les  Monarques  efl  précédée  par  des 
ierauts  &  des  avant-coureurs  ,  celle 
iont  nous  parle  S.  Jean  ne  pouvoit 
oins  que  d  eftre  précédée  par  un 
Mcy  ! 

Jemeti:      la  porte,  ajoute  ce  cha- 
abJe  Jcli       e  qui  préluppofe  fa  ve- 
I  ite.  11  le  rc  préfente 

ommeunbon^c  lidcle  nmv,  qui  de 
on  propre  mouvemeiic  .  .^  i.  donner 

avis lalutaircf  Jeté  conjèille  qiie  tw^^^^^^' 
ichéîcs  de  rr.oy  ri  '  ■  -  (Jr  des  vctemens -, 
ucomme  un  caantable  Medecin,qut 
appeàlaporte  d'un  malade,  &  qui 
ic nt  un  colyre pour  oindre  fes  yeux  :  O  u 
nme  un  fuperieur  ofîenfé ,  qui  n  at- 
end  pas  les  foûmiffions  ni  la  fatisfa- 
'on ,  mais  qui  prévient  l'offenfant  de 

la 


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1 X.  V.  7. 
Luc.  19- 


184    Jésus  à  nos  Portes  , 

la  faHon  du  monde  la  plus  obligeai 
le  recherche ,  le  va  voir  >  &  le  folict; 
à  la  paix  -Se  à  la  reconciliation.  Hela, 
mifericordieux  Seigneur  l  fi  tu  eufl 
attendu,  ou  fi  tu  attendois  encor. 
préfent  la  recherche  de  l'homme  p 
clîcur,  encore  aujourd'huy  unAdai 
feroit  caché  arriére  de  ta  hice,  un  1 
braham  croûpiroit  dans  l'Idolâtrie ,  i. 
David  dans  Ibn  impureté  &  fa  fécuri: 
charnelie,unZachéedans  fes  exto 
fions  &  fes  ufures ,  un  Pierre  dans  fci 
crime  ^  fon  reniement ,  un  Saul  das 
la  rag;e  3^  fes  blafphémes ,  un  Ange  c 
LaoSicéë  dans  fa  tiédeur  &  fon  hyp-- 
crifie.  Mais  grâces  au  Pére  des  mifer 
cordes,  grâces  à  nôtre  adorable  Jef 
q'-    lors  que  le  pécheur  y  fonge 
mouis,  \i'jiu  A  la  porte  d'un  Adanc 
AJamoàeS'tu?  frappe  à  la  porte  d'u 
Abraham ,  Abrarn ,  Ahram  i  envoyé 
David  un  Profère  Nathan ,  Tu  es  c. 
homme-là:,  regarde  favorablement  u 
Zachée ,  Aujourd'huy  je  demeurer ay  t 
ta  maifon;  jQttQ  une  gracieufe  œillade 

u 


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uR  ArocAi..  m.  vcr£  to.  193 

n  Pierre ,  lors  qu'en  vain  le  Coq  chan- 
3  crie  aux  oreilles  d'un  Saul,  Saut  ^â.ix. 
anl  .  foiirquoy  me  perfecittes^tii  ?  ré- 
cille  une  Eglife  mourante  ^  languiA 
inte,  Sois  doue  rempli  Je  zélé,  te 
epcn  5  ^  prévient  des  Péagers  &  des 
'ccheurs  ,  pour  en  faire  des  Difci- 
les  &  des  Apôtres.  De  même  nous 
ovir.nr-TÎt--n  lesjours,  c'efl  à  dire 
Lit  ce  cjUii  y  a  en  nous  de  pouvoir 
d'exécution ,  de  commcncemenc 
ç  de  progrés  ,  de  vouloir  &  depar« 
B  Je  foy  ^  de  bonnes  œuvres, 
edcfirs  dejournancc,  de  difpo- 
is  V       "'Mtesfalutaires,  par  les 

^"'ntc  Grâce,  ap- 
e  ^•iujctgracc/'r6'i;^;M;/i^<f, 
préparante  ,  grâce  méclechiale , 
race  première  &  grâce  f?^cjc^.  Gra- 
^  en  vain  combatuè'  par  les  difciples 
un  Pelage  ,  ou  partagée  entre  Dieu 
:  l'Homme,  ou  reftreinte  diverfe- 
nt  par  des  Caffians  &  des  Faufies, 
convertie  en  une  gx^^ttfuffifante , 
craie  y  ^inefficace,  ou  bien  en  une 

1  grâce 


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194      J'^^'^^  ^  Portes, 
erace  congrue^  &c  accomodéeàk 
fonté  ^  aux  difpofitions  de  l'horc 
nie:  Mais  foûtenuë  vigoureufcmet 
par  des  Auguftins  &  des  Hierôme. 
par  des  Prbfpers  8c  des  Fulgence. 
&  par  un  grand  nombre  deConciU 
vénérables  ^  avouée  encore  aujou- 
d'huy  dans  la  communion  de  Kow 
par  les  diiciples  de  S.  Auguftin  , 
de  ces  anciens  Evêques  tels  qu'oc 
efté  les  Innocens,  les  Zofimes,  : 
les  Céleflins  5  prêchée  fur  tout  pf 
l'exemple ,  &  par  toute  la  doâ:rir 
d'un  Paul,  héraut  de  la  Grâce 5  t 
i,  prefentée  en  la  parabole  du  Roy  co 
viant  aux  noces  de  fon  Fils ,  en  ceb: 
du  Berger  cherchant  la  brebis  égaré 
êc  en  tant  de  beaux  exemples ,  do^ 
je  viens  de  toucher  quelques-un^  ^ 
un  mot  vérifiée  toutes  les  fois  que» 
pécheur  eft  comparé  à  un  Mon 
ou  à  un  Aveugle  ,  ou  à  un  Souru 
ou  à  un  pauvre  Malade ,  ou  à  un  P* 
raly tique ,  comme  ccluy  qu'il  fallci 
prendre  &  jetcer  dans  le  lavoir  ;>ppeb 

Betlu' 


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$VK  Al'ocAi..  HI.  vcrf  lo.  ipy 
BetliCAUd:  Aiulciaut  dcquoyce  mi- 
fcrable  languit  i rente  (Sr  huit  ans  d2ins 
la  maladie ,  &  y  auroit  croupi  par  ma- 
nière de  dire  trente  &.huic  fiécles, 
gJans  cette  grâce  prévenante  de  Jcfus. 
T   Et  remarquez  icv.  FideJes,  trois 
rdegrez  ou  trois  démarclix^s  diffèren- 
■tes  de  cette  grâce.  La  première  dé- 
marche eft  c^lle  dont  je  viens  de  par- 
ler, lors  que  le  Fils  de  DJeu  vicMt  à  la 
ixirtedu  pécheur,-  la  dernière  fera, 
qu'il  y  frappe,  &  y  frappe  avec 
Micacé^  &  la  féconde'  eft  celle-cy, 
qu'il/^  tieMt  à  cette  même  porte,  y 
^jcend  &c  y  demeure  quelque  tems. 
feroit  fms  doute  à  l'homme  d'aÛ 
k  au  devant,  ou  du  moins  de  pré- 
parer l'entrée  à  ce  divin  Hôte.  On 
fait  guère  attendre  à  une  porte  un 
|f  ince  ou  uu  Grand ,  ils  la  trouvent 
luverte,       font  recûs.avec  céré- 
nonie.  L'Empereur  du  T^ippan  avér- 
ât fes  vaffaux  de  fa  viiite  trois  ans 
luparavant,  pendant  lefquelsfefont 
.es  préparatifs  pour  l^e  recevoir.  Et 

1  i  qui 


Cartff, 

De  fer. 

vil. 


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1.^6      Jésus  à  nos  Portes» 
qui  feroit  même  ou  le  fils  cjui  vouK 
àire  attendre  à  la  porte  fon  Pére ,  o 
le  ferviteur  fon  Maître ,  ou  lepauvr 
quelque  Riche  qui  viendroit  pour  Ter 
i:ichir  ?  Ou  bien  qui  feroit  le  Princi 
le  Grand,  le  Pére,  le  Maître,  &  1 
Bienfaiteur  ,  qui  auroit  la  patienc 
d^attendre  long  tems  à  «ne  porte 
Confiderez  je  vous  prie  le  proced 
de  Naaman  ,  le  chef  de  larmée  à 
Roy  de  Syrie;  11  vient  à  la  porte  d 
Profère  Elizéë,  &  s'y  tient  en  qua- 
lité de  demandant  &  de  fuppliant 
j^^^    mais  aulTi  il  fe  met  en  ^wiJe  colère  d 
l,^!"!!,  ce  que  l'homme  de  Dieu     fort  pû 
incontinent.  O  bonté  admirable  dec^ 
grand  &  de  ce  patient  Sauveur  1  ) 
le  tient  à  la  porte  d'un  pécheur  pré 
fomptueux,  quafi  comme  un  Lazar 
méprifé  à  celle  du  Riche,  &  un  fup 
pliant  à  celle  d'un  Favory,  ou  d'ui 
Maître  des  Requêtes:  il  y  IbuiTri 
tîiille  rebuts  :  11  y  languit  des  moi 
des  années  :  Il  y  frappe  refrap 
»c  en  vain  ;  Jj  y  employé  toute  fa  pa 

tiena 


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«lu  Apocal.  III.  ver/!  20.  t^y 

tience  ^  fa  longue  attente:  Et  il  en 
Life  comme  le  maître  chi  Figuier ,  qui  ^«'^•xir# 
ittend  la  première,  la  féconde,  la 
Toifiémc,  &  jufques  à  la  quatrième 
mnée  ,  ou  comme  ce  Maître  de  la 
ngne,  qui  après  une  longue  ^  une 
rompeufe  attente,  s  écrie,  Qny  a- £f^iv,A^ 
it-il  plus  à  faire  à  ma  vigne  que  je  ne 
aye  fait  >  Et  c  cfl:  ainfi  qu'avant 
épouvantable  déluge  il  patiente 
cote  pendant  Tefpace  de  ceut  &  ccff.yiS, 
mtaas'  ;  avant  que  de  confondre  ces 
âtifFcurs  de  Babel  ,  il  attend  que 
ouvrage  foit  avancé,  &  la  Tour  haut 
tevèë5  Vivant  que  d'abîmer  uneSo- 
omc,  il  attend  que  le  cry  de  leurs 
dominations  parvienne  ju/ques  aux 
eux;  avant  que  de  perdre  unPha-  ' 
^on,  il  attend  que  ny  prières,  ny 
lenaces,  ny  playes,  n'ayent  pu  a- 
ollir  ce  cœur  roide  5  avant  que  de 
îmiire  une  Ninive  corrompue  ,  il 
donne  encore  quarante  jours ,  qu'il 
tant  d'années  de  patience^ 
eiicralement  c'eft  \^^x  les  richeffes  uJ 

I  3  'de 


.te 


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-198         JèSWS  à  NOS  POKT 

x.r/W.  Je  fa  hémgmté ,      Jeja  patience ,  ^ 
x^x-  iS'fa  lon(iue  attente  »  qu'il  a  convié  <i 
tout  tems  ,  &  qu'il  convie  encoi 
les  hommes  pécheurs  au  repentir  c 
leurs  crimes. 

Je  me  tiens ,  dit-il  donc  à  la  poit 
QU  félon  le  mot  qui  eft  dans  l'orig 
nal,  Je  fub  Mont  à  la  porte.  Soi 
vent  le  Fils  de  Dieu  eft  repréfeni 
comme  fiant ,  marque  de  fa  Roy» 
té,  de  fon  Empire,  &  de  fa  Judic 
ture  :  Qiiclque-fois  il  eft  repréfeni; 
comme  cheminant ,  &  ainfi  chemin- 
jpoc.ii.  eu  entre  lesfept  chandeliers  d'or ,  ma 
que  de  fon  aftivité,  de  fa  provide 
ce,  &de  fes  foins  envers  fon  Egljl 
faifont  la  fonftion  d'un  General ,  d  i 
Prince ,  &  d'un  Maître  actif  ^  vif 
lant:  Qiielque-fois  il  eft  décrit  cor 
me  defcendant ,  marque  tantoft  de  fc 
humilité  &  de  fon  ubaiirement ,  ta 
toft  de  fa  colère  ^  de  l'exécution  <r 
Aâ.vn.  fes  jugemens  :  Et  en  d'autres  endroi 
î5-      il  eft  reprefenté  fe  tenant  debout ,  le 
à  la  dextre  du  Pcre  ,  foit  au  milieu  d. 

Chai 


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w 


SUR  Apocal.  m.  verf  zo.  I99; 


Chandeliers  d'or,  marque  oudefon 
>  ncerceffion  3c  de  la  Sacrilicature ,  ou 
l  le  f:\  gracieufe  prefence  ,  &  de  fa 
f  >ronipticude  à  nous  fecourir  &  à  nous 
\  léfendre.  Et  aînfi  fe  tient-il  Mont  à 
Ba  porte  des  pécheurs:  Pour  mar^ 
f  luer  d'un  cofté  fa  patience,  fa  dé- 

I  )oniiaireté,  8z  fon  attente  5  de  Tau- 
ï  re  fi  continuelle  prefence,  &  favi- 

II  'îlnnce,  ayant  l'œil  toujours  ou verc^ 
1  oreille  toûj  ours  attentive,  les  pieds 
i  -oûjours  prét;^,  &  la  volonté  toû- 
t  <Hirs  difpofée  pour  mr^r  chez  celuy 
|pfui  kiy  ouvre  la  porte.  AulTinedit- 
^  t  pas  ,  f'e  me  fuis  tenu ,  ou  Je  me  tien* 

kay ,  mais  />  me  tiens  à  la  porte,  fc- 
j  on  l'ufige  ordinaire  du  terme  Grec: 
\  ^our  montrer  qu'en  effet  il  y  efl: 
f  oûjours  préfent,  fuft-ce  la  porte  la 
[  )lus  dérobée^  préfent,  quoy  que  nous 
|,  le  Tapercwions  pas ,  non  plus  que 
'apercevoir  Jacob  avant  la  vifiotide 
I^Echelle  ,  l Eternel  efl  icj  (ff  je  nen 
^^voh  rien;  préfent,  quoy  qu'on  ne 
connoiife  pas  ,  non  plus  que  le 

1  4  con- 


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îi<x>-      Jésus' à  nos  PoRTf^, 

connurent  les  cleuxDil'ciples,avaiuqij 
XXIV.51.  leurs  yeux  fnijenf  ouverts;  préfent,  quo 
qucTlion-îme  n'en  comprenne  pas  l 
joh.  IX.  manière,  roicy  il  paffera  auprès  Je  mo^ 


II. 


^  je  ne  le  verray  point  ;  préfent  enl 


quoy  que  l'infenfé  fe  flatte  de  fon  é 
fx"y^*    lo  gnement ,  l'Eternel  a  ahanJonné  l 
rf  xciy. pays line  verra  points  &  le  Dieud 
Jjicob  n  entendra  point.  Et  non  feule 
ment  cette  exprefllon  marque  qu'ei 
tout  tems  il  eft  préfent  ,  mais  aull 
qu'il  eft  toûjours  apellant,  toùjour 
conviant  ,  toujours  promettant  £ 
grâce  &  fa  paix ,  &  qu'ilyatoûjour. 
du  tems  pour  fe  repentir,  'Je  luy  a 
donné  du  temps  afin  quelle  fe  repentît 
'^poc.ii.  Fût-ce  à  onze  heures  du  jour,  c'efti 
\l'u  X         en  la  dernière ,  comme  vous  1( 
voyez  en  la  parabole  5  ou  au  bout 

C€^.6^.     ^^'^^  ^  "^^"^  ^>/«f^^i-  ,  comme  er 
^  l'exemple  du  premier  monde  5  oua* 
prés  une  très  longue  rébellion  ,  corn- 
X  chrcn.  me  fût  celle  du  Roy  Manafle ,  ^  d( 
34.11-  la  perfide  Jézabel^  ou  dans  les  der- 
nier  s  momens  de  la  vie,  comme  ii 
^  s  cf 


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SUR  ArocAL.  lir.  verf  lo.  loî 

'eft  vû  encore  en  la  converfion  d'une  ^ff' 
nfinire  de  ces  heureux  Criminels. 

Wais  je  vous  vois,  Chers  Frères, 
jans  l'impatience  d'aprendre  quelle 
^ft  cetce  Porte  à  laquelle  Jéllis  fe  tient* 
te  me  tiens  à  la  porte^  die- il  :  Et  à  quel-- 
e  Porte?  me  direz-vous.  Etoir-ce 
i  la  Porte  d'un  Domitian  »  alors  féant 
urleThrone  desCélars?  Ouyils'y 
;enoit  mais  en  qualité  déjuge,  puis 
ue  ce  monftre  le  perfécutoit  en  fa 
ualité  de  Sauveur ,  jufques  à  repan^ 
re  le  fang  d'un  Flavius  &  d'une  Do- 
itille,  fes  proches  parens,  poura- 
oir  ouvert  la  porte  à  ce  divin  Jefus. 
itoit-ce  à  la  Porte  des  Cours  des 
^alais?  11  s'y  efl  aulli  prèfenté  de- 
uis  ce  tems-là ,  &  fou  vent  avec  fruit, 
ez  les  tems  d'un  Lucius  Roy  des 
irites  ,  d'un  Prince  des  Arabes  du 
ms  d'Origéne  ,   d'une  Mammée- 
nere  de  l'Empereur  Alexandre  Se- 
ére,  d'une  Hélène  &  du  Grand  Con- 
îlantin  fon  Fils;  Et  fi  nous  en  vou- 
ons croire  Eufebel'Hiftorien,  ccai- 

1  5  me 


lOi      Jésus  à  nos  Portf^>, 

rtifjftp.  nie  ont  fait  les  lii^-iouiv 
Lth.  >i.  fias  ,  les  Chrylbrtomes  ,  »^c 
^ii/li  autres,  il  s'y  leroic  prefeiitc  J. 
c.xin.  tems  a  un  Philippe,  qui  auroit  eti 
Empereur  Chrétien,  &  même  d w 
Roy  d'EdelTe ,  qui  auroit  adrelle  Tir 
Lettre  à  ce  divin  Rédempteur  .01 
verfant  encore  avec  diicipK 
la  terre  :  Mais  auf'       faut  avou* 
qu'il  s  eft:  preienté  à  ces  Portes 
plus  fouvent  avec  rcSut ,  malcrait! 
des  Huiffiers,  raiiie  des  Courufafli. 
bafoué  des  Mignons  .  tnôquc  à 
Herodes  ,  &  periecui^  par- de.  1 
grippas  &  des  Nerons.  Etoit-ceà^ 
Porte  des  Riches  &  des  Favoris  <^ 
fiécle?  Nous  pouvons  dire  qu'ils' 
.  eft  tenu,  &:  s'y  tient  tous  les  jour 
au  moins  en  la  perfonne  des  Pauvre! 
M,ifrh.  desOrfelins,      ^esLazares,  c^^.^ 
Vviii  s-  le  traictement  que  ceux  Touflreî, 
il  le  fouftrefemblahlemei)4:  Etoit- 
à  la  Porte  de  tous  les  Hommes  gei 
ralement ,  &  de  tous  les  Pécheur 
Et  d'où  vient  donc  qu'il  a  laifle  ui 

iiv 


4S 


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<;uR  ArocAL.  ni.  verf  io.  loj 

nlUHLe  de  Peuples  cheminer  en  leurs  Acî.yny, 
)oyes ,  fans  la  prédication  de  fa  Pa- 
Sole,  fans  vocation ,  fans  grâce,  fans 
îromelfes  ,  ayans  vécu  fans  la  con- 
loiiÏÏince  de  Chrifl: ,  fans  l'efperance  ^p^^fn* 
les  biens  promis ,  &  fans  Dieu  en  ce 
nonde?  Etoit  ce  peut-eftreà  la  Por- 
e  des  Sages  ,  des  éclairez ,  Se  des 
)rudens ?  C'eftjuftement  là  qu'ils  efl 
e  moins  tenu,  fçachant  qua  cette 
brte  de  gensfa/>jr(?/^feroit/^^//>,  fes  ^-^^^-^^ 
nyftéres  ridicules  ,  fa  fimplicité  fa- 
le ,  &  fon  humilité  odieufe,  aufîi  bien 
jue  fes  maximes  ^  Je  te  rens  grâces , 
>  Pere ,  de  ce  que  tu  as  caché  ces  chofes 
nix  fages  (ff  aux  entenJus  :  Et  nous 
^^oyons  qu'il  a  paffé  la  porte  des  Py- 
:hagores  &  des  Socrates ,  des  Pla- 
:ons  Si  des  Ariftoces ,  des  Cicerons 
k  des  Senéques ,  &  des  plus  habiles 
î^hilofophes ,  quoy  que  quelques  au- 
Leurs  de  l'Antiquité  ,  &  quelques 
^crivains  Modernes  ,  ayant  fupofé 
contraire  ,  &  leur  ayent  attribué 
one  çonnoiflc^nce  falutaire.  Etoit-ce 

1  6  donc 


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Jésus  à  nos  Portas, 

donc  a  la  Porte  des  juftes  &  des  v.. 
boiinaires ,  en  vertu  de  quelques  mé 
rites,  ou  difpofitioiis,  ou  congruï 
tez  antécédentes?  Hé,  j^yo"^  prie 
quelle  difpofition  y  eut-il  à  le  rece 
voir,  lors  qu'il  vint  frapper  à  la  por 
te  d'un  Manaiïe  l'outrageant  ,  J'm 
David  loubliant',  d'une  Madcleiiiw 
proftituant  ,  d'un  Prodigue  fe  pec 
dant  p.ir  fes  débauches,  d'un  Mac 
thieu  faifant  le  métier  de  Publicain 
d'un  Brigand  expiant  les  brigandas;e 
Hxr  une  croix ,  de  pluficurs  Juiî 
ccuciùans  cruellement ,  ou  d'un  Sau 
le  blafphemant  ,  ^  le  pertecutant 
Mais  il  ne  faut  pour  tout  éclaircilTe 
nmn  que  l'exemple  qui  felitennô 
tre  Texte  ^  11  fe  tient  à  la  Porte  parti 
culierement  auffi  de  cette  EgUfe  d 
laodicèe  ,  a  qui  s'adreffe  fon  Epître 
Et  que  penfez  vous  que  fût  cette  E 
glife  dans  ce  tems-là  ?  Elle  étoit ,  fe 
Wla  defcription  quien.eft  faite ,  tou 
'ompuc,  &déchuiQdefafoy6 
deioa  zele,  remplie  deprefomptu 


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SUR  Apocal.  III.  verf.  lo. 


101 


'ux  &  d'hypocrites,  fiere  en faprofi. 
mérité ,  orgueilleule  en  fes  richefles , 
icdc  en  fa  dévotion,  charnelle  en  fes 
ifîedtions,  &  vaine  dans  fes  folles  inia- 
jinations.  Cependant  c'cft  à  elle  que 
/adrefle  cet  avertiffement ,  &  cette: 
/oix  de  Jefus  Chdft,  Je  m&  tiens  à  la: 
wrte ,  ou  bien ,  à  ta  porte. 

Ne  croyez  pas  que  ce  fût  à  la  Por- 
e  de  fes  ï emples  6c  de  fes  Oratoires, 
welle-cy  n'a  été  que  trop  fouvent  ou- 
.  erte ,  tandis  qu'on  a  vû  &  qu'on  voit 
encore  la  porte  d'attention  fermée  à 
:«  bénin  Seigneur.  Et  ces  Portes  ne 
ont  prefquc  plus  les  portes  de  Bethel, 
le  la  Maifon  de  Dieu,  mais  des  por- 
:es  de  Bethaven ,  de  Maifons  de  vani- 
:é.  Ce  n'efl:  plus ,  Portes  élevez  vos  Un  pfxxir. 
'eaux ,  (£f  le  Roy  Je  Gloire  entrera,  mais  ^* 
:*eft ,  Portes  baiflez  vos  linteaux ,  car 
ia  Gloire  du  Monde  veut  entrer  au 
lieu  Saint.  Jefus  encore  ne  fc  tenoit. 
>as  à  la  Porte  des  maifons  &  des  bâ- 
timens  qui  logeoyent  les  membres  de 
^ette  même  Eglife.  Peu  de  niaifons, 

I  7  QAt 


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zo6 


28.  I  7 


Te  SUS  à  NOS  Portes  , 

ont  eu  ce  glorieiiK  avantage  de  rece- 
voir vifiblemcnt  le  Rédempteur  di 
MoikIc.  Celle  d'Abraham  l'eût  au- 
tre-fois, ^  depuis  celle  des  Matthieux. 
des  Pierres,  desZachées,  des  Mat- 
thes  <^  des  Maries.  Et  dez  là  ils  pû- 
rent  bien  dire,  0  que  cette  mai/on  efl 
vénérable ,  de  vray  cejl  icy  la  porte  des 
lhc.xix.  deux!  Véritablement  le  falut  y  efi  entré. 
^'        Ce  n*a  été  encore  que  dan>  la  naif- 
fance  des  ombres    des  figures ,  qu'il 
EKùâ.     sert  tenu  ^^^jcairement  à  des  Porter 
^3.  matérielle:^,  quiétoieiit  teintes  d'un 
fang  myftcrieiix   Et  il  nous  luffit  qu'il 
je  tient  en  quelque  tafTon  à  celles 
de  nos  mailbns  &  de  nos  cabinets  : 
comme  Garde  &  comme  Sentinelle, 
quand  ce  font  àtsmaifons  de paix  y  ^ 
des  cabinets  de  prières;  ou  logent  des 
z^fxix.  vrais  fils  d* Abraham oxxï^frng  deje- 
9,  '     fus  eft  appliqué  ,  &  où  les  deuxpote- 
aux  de  Tame  &  du  corps  font  purifiez 
£xod.     p3j<  l^hyffgpe  de  la  grâce;  où  l'on  voit 
"*  liéaux  feneflres  8<      ^yen}dts  le  cordon 
Jof  H.  ^yjyfti^ue  de  Rah^b,  Tenfeigne  de  fa 

-  foy 


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SUR  Apocal.  III.  vQrC  zo.  207 

ce  de  la  charicé  ;  .^c  où  la  figna-  .^/'w. 
:mt  de  Vl-Sprlt  y  qui  ell  yiarqiie"^^''^' 
ks  fervitciirs  de  nôtre  Dieu ,  le  voit  eni- 
,)reiiîte///r  les  Fronts,  tnlin  ce  n'cft  pas 
lion  plus  à  la  Porte  des  oreilles  que  fe 
tient  icy  le  Témoin  fidèle.  Celle-cy 
>'ouvre  fans  peine ,  &  peu  refufent  au 
moins  loreilleà  JefusChrift.  C  tftla 
première  porte  que  luy  ouvrent  mê- 
me des  Scribes  ^  des  Phariziens,  des  m. 
Herodes  &  des  Pilâtes,  des  Agrip-  '^^^\^\ 
pas  &  des  Felipe.  Et  c'eft  bien  à  la  vé- 
rité la  première  qui  luy  doit  eftre  ou- 
verte, puis  que  lafoy  efl par  L'oiiir  corn-  ». 
me  le  pec  .      dont  lafoy  eft  l'antido- 
te,  ell  entré  par  l'ouïr.  Mais  ce  n'eft  i.'t. 
là  qu'une  Porte  de  devant ,  la  Porte 
du  Parvis  de  dehors ,  la  Porte  large  y  ou-  Mat.  vu 
verte  aufîî  bien  au  Diable ,  au  Monde,  ^3- 
ôc  aux  Sedudeurs  5  qu'à  Jefus  Chrift. 
Kt  ce  n  efl:  pas  de  celle-là  qu'entend 
arler  le  Seigneur,  quand  il  dit  un 
ptuaprez  en  cette  même  Epître,  Qiii^poc. 
a  des  oreilles ,  qutloye:  Car  là  il  parle 
des  oreilles  du  Cœur,  s'il  eft  yray 

que 


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2o8      Jésus  à  nos  Portes, 

que  même  ce  Vilcére  matériel  a  corn 
me  deux  oreilles  y  qui  luy  font  jointe 
aux  deux  cotez,  félon  que  le remar 
quent  les  Anatomiftes.  Autremen 

i^icxv  6  &  l^s  lourds ,  les  morts ,  &  les  Ido 
les,  ont  aufli  des  oreilles,  &  quant; 
cet  extérieur  vous  ne  fçauriez  difcer 
ner  entre  un  fourd ,  6c  entre  un  hom 
me  qui  entend. 

11  eft  donc  très  aHeuré,  Fidèles,  qu< 
Jefus  parle  de  la  Porte  du  Cœur ,  qui  el 
comme  la  Porte  fecrette ,  la  Porte  di 
cabinet,  la  Porte  de  la  chambre  d 

€4»t,i.i  l'Epoufe  oà  heurte  le  bien-aimé.Et  com 
ment  fe  contenteroit  le  Seigneu 
qu'on  luy  ouvrit  toutes  ces  autre 
Portes ,  Ibit  des  Temples ,  foit  de 
Oreilles ,  foit  des  Bouches  ,  foit  de 
Yeux,  puis  que  même  le  Tentateu 
ne  fe  contente  pas  de  cette  ouverture 
Car  celuy-cy  cherche  particulie 
rement  l'entrée  du  Cœur.  11  s'; 
fourre  tantôt  par  une  paflion  ,  o 
tentation  ,  &  tantôt  par  une  autre 
Lespaffions  deJ'hommefont  fesFouj: 

lier 


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SUR  ApocAl.  m.  verf  20  lOf 

:ers  qui  luy  préparent  un  logement, 
s  yeux  &  les  oreilles  font  les  ouver- 
jres  par  où  il  entre,  &  pour  muni! 
e  foit  ce  cœur,  il  trouve  toujours 
uelque  fente  pour  s'y  glidèr.  S'il  ne 
eut  entrer  dans  le  cœur  d'un  David 
endaat  l'advcrfité ,  il  s'y  fourre  pen- 
mt  la  profpérité^  S'il  n'entre  dans 
duy  d'un  Moyfe  par  ridolatrie,  il  y 
atre  par  la  défiance  5  S'il  ne  peut  ga- 
ler  un  Lot  pardes  Sodomites,  il  le 
ne  par  fes  propres  filles  :  Et  ainfi 
ne-t'il  un  Heli  par  l'indulgence  en^ 
?rs  fes  enfans ,  un  Ezechias  par  Tor- 
jeil ,  un  Pierre  par  la  crainte ,  cha» 
par  fon  propre  foible,  qu'il  épie 
j'il  découvre  avec  plusd'adrcfîe 
je  Dalila  ne  fît  le  foible  de  Samfon; 
t  de  là  vient  que  tantôt  une  Lé([ion  de  ^-^ 
émons  ,  tantôt  une  troupe  de  Phi-  Jf^g  ^^^i, 
'ins  fe  faififlent  de  cette  Porte  ;  je 
1  wUx  dire  un  grand  nombre  de  paf- 
ons  violentes ,  de  convoitifes  im- 
f  ures,  de  défirs  charnels ,  &depen-. 
f  îes  criminelles  ,  fufijons  -  nous  des 

Sani.^ 


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Tf.hxvi 


2I1V.  1. 


pfxxvtiï 
ip.  10. 

t, 

Cant.  I. 
M- 

Neh.  III. 
xlvi  I. 

I.  X. 

I.  Cor. 
XII.  I(?. 


aïo      Jésus  à  nos  Portes, 

vSamfons  en  la  grâce ,  &  àes  rahuftes  d 
eœur!  Ne  vous  étonnez  donc  pasl 
le  Fils  de  Dieu  prétend  fur  tout  l'en 
trée  de  ce  mefmeCœur,  &s'ilveu 
que  cette  Porte  luy  foit  préférable 
ment  ouverte.  Cette  Porte-cy  fera  fer- 
mée, difoit  myftiquement  leProféte 
(è*  ne fera  point  ouverte,  & Perfomw  n'en 
trera  par  eîle,  fi  ce  n'eft  l Eternel  l 
Dieu  J'Ifraél.  C'efl:  là  par  naaniére  d( 
dire,  cette  Porte  Je  l'Eternel,  quidoi 
être  une  Porte  de  Jufiice  :  C'eft  vraye 
ment  la  Porte  nomr^ée  la  Belle ,  entan 
que  Jéfus  la  trouve  telle ,  Te  voilà  hell 
ma  grand'- Amie ,  te  voila  belle:  C'eflL 
véritable  Porte  des  eaux,  dont  parh 
Néhémie,  par  où  entrent  les  eaux fail* 
lantes  à  l'Eternité,  ces  eaux  qui  dé- 
coulent de  la  maifon  de  Dieu  ,  8z  dk 
San^uaire  des  Cieux:  C'eft  la  Porte 
du  VY^y  Parvis  de  dedans ,  de  fonvray 
Temple,  8c  de  fon  San^ualre ,  du  lieu 
qu'il  s'eft  véritablement  choifi  pout 
y  efl-TC  adoré,     pour  y  déployer  fa 
préfence  gracieufe  :  C'eft  la  Porte 

d( 


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fivK  Apocal.  m.  N'erf.  lo.  m 

de  ÏHéJen  de  Dieu ,  du  jardin  de  plai- 
fance  de  ce  doux  Jéfus ,  qui  devroit 
être  concinuellemçnc  gardée  comme 
par  des  Chénihins  :  C'efl:  la  Porte  de  la 
Chambre  nuptiale  qui  ne  doit  s'ou- 
vrir qu'à  la  venue  de  ce  célefte  Epoux, 
&  qui  doit  fe' fer  mer  dez  qu'il  efl.  en- 
tré :  C'efl:  la  Porte  de  la  Chambre  du 
trélor  ,  dont  l'accès  ne  doit  être 
permis  qu'au  Maître ,  &  qu'à  celuy 
qui  efl:  luy  mefme  notre  Tréfor-.  C'efl: 
la  Porte  d'un  cœur  qu'il  à  logé  com- 
me dans  le  centre  de  l'homme,  &oCi 
fe  concentrent  fes  aft'eâ:ions  &  fes 
défirs ,  dont  aufll  luy  feul  veut  être 
le  centre  :  Et  comme  vous  voyez 
qu'il  a  environné  ce  noble  Vifcére 
d'iîaux,  d'un  péricarde  ou  d'une  en- 
veloppe ,  d'un  diaphragme  ou  d'une 
hay e,  &  de  diverfes  côtes,  ainfi  qu'une 
Citadelle  l'eft  de  folTèz  ,  de  bafl:ions  , 
&  de  palilTades,  aufli  confidére-t'il 
le  vray  cœur  de  l'homme  comme  fa 
Citadelle  &  Ton  Palais,  dont  l'accès 
doit  eflre  défendu ,  &  la  porte  fermée 

à  touc 


Cen. 
III.  11. 

Matt. 
XXV.  4! 


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III.  8, 


Jisus  à  NOS  Portes, 

à  tout  autre  qu'à  celuy  qu'il  fout  aime  i 
Je  tout  nôtre  cœur ,  ^  Je  toute  nôtre  amé 
Cependant  voicy  que  le  Fils  d< 
Dieu  frappe  à  laPorteduCœiir ,  cef 
icy  fa  troificme  démarche ,  &  entani 
qu'il  y  frappe ,  il  n'eft  pas  dedans  maii 
dehors ,  &  il  trouve  la  Porte  non  pa< 
ouvertemais  fermée.  De  fait  cettePor 
te  n'eft  pas  la  Porte  ouverte  dont  il  par- 
ioit  un  peu  auparavant  à  TAnge  de 
Philadelphie.  Car  là  il  repréfentoit  à 
cet  Evefque  k  belle  occafion  qu'il  luy 
donnoit  defortir  de  fon  détroit ,  d'é- 
pandre  la  doârine  de  l'Evangile,  de 
fonder  ailleurs  des  Eglifes ,  de  con- 
vertir des  pécheurs ,  &  d'ouvrir  à  plu- 
fieurs  la  porte  de  la  grâce ,  par  l'effi- 
cace de  fon  Miniftere.  Mais  icy  il  par- 
le à  l'Ange  de  Laodicée,  d'une  Por- 
te qu'il  dèfire  qu'on  luy  ouvre,  $C 
par  conféquent  qui  étoit  alors  fer-' 
mce.  Chers  Frères ,  Dieu  s'étoit  ou- 
vert cette  Porte  dans  le  Paradis  ter-, 
reftre,  par  la  grâce  donnée  au  pre-' 
mier  Homme.  Mais  déz  queleDia-i 

ble 


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SUR  AîocAL.  III.  verf  20. 
bit  sert  fourré  dans  cduyAk  par  la 
même  porte,  Dieu  s'en  eft retiré.  11 
n'a  pu  fouffi-ir  ce  compagnon ,  &  déz 
lors  il  s  eft  féparé  de  l'homme  crimi, 
nel.  Pendant  quoy  cet  ennemy  s'eft 
retranché ,  &  «eft  fortifié  au  dedans 
de  1  homme  5  il  a  obfcurci  l'entende- 
ment de  ténèbres,  il  a  rempli  la  vo- 
k>nte  d  'averfion  pour  Dieu  &  pour  le 
tiei,  il  a  tourné  toutes  fesaffèdtions 
vers  la  Créature  &  vers  la  Terre,  Se 
1  s  eft  rendu  le  maître  de  fesmouve- 
mens    de  fes  paftions  rebelles.  Ain, 
ne  trouvez  pas  étrange  fi  Dieure- 
i^enant  à  l'homme,  &  y  revenant  en 
;race,  avec  l'offre  de  fon  alliance  & 
fa  paix ,  il  trouve  laf  '  orte  à  la  ve- 
nte ouverte  au  Diable ,  au  Monde 
^  auK  convoitifesdelaChairquiont 
>entot  audience  ,  mais  fermée  à  fa 
'^^ok,  afo;,  Efpnt,  &auxfolici- 
ations  de  ù  Grâce.  Il  s'y  préfente 
^  fouverain  Seigneur,  mais  il  trou- 
•^rncœurdei^ierre,  des  oreilles  four- 
des  yeux  aveuglez,  &  un  juge- 

ment 

r 


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XV 


^û.Il  I. 
Il 


^I4      Jésus  à  NOS  Portes, 

ment  perverti  :  11  trouve  des  nuio 
£«.     ikns  comparaifon  plus  fefantei  qu 
celles  de  Moyfe  lors  qu'il  prioit,  ^ 
des  pieds  autti  impotcns  que  ceux  d 
ce  hoiteiis  am^ioïiK\dezleventred 
fa  mére ,  ce  qui  eft  la  caufe  que  1  hom 
me  ne  peut  ouvrir  à  Dieu.  Et  de  1 
forte  un  Pharao  s'oppofe  à  les  ordoc 
nances .  une  Sodome  rejette  les  a 
vertiflemens  ,  des  Juifs  refiftent 
l'ElpritdefaGrace,  des  conviez 
lémient  tantôt  un  obftacle ,  &  tante 
un  autre:  Et  comme  le  bon  Picrr 
Wclxu.  palîa  par  plufieurs  portes  avant  qu 
•  -       de  forcir  des  prifons  d'Herode ,  au! 
faut-il  que  Jefus  ,  devant  que  d  et 
trer  dans  le  cœur  de  l'homme ,  pall 
en  quelque  faffon  par  plufieurs  poi 
tes,  au  il  frappe  à  la  première,  pu 
à  la  féconde  ,  &  non  pas  une  toi 
mais  par  des  coups  réi  térés  ;  parc 
qu'il  ne  veut  ny  violenter  ce  cœur 
n'y  y  entrer  par  force ,  ny  le  prer 
dre  par  furprife,  &  lans  fe  fervird 
moyens  coflveuables.  .  .  ; 


10. 


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SUR  Apocal.  III.  verf  20.  xij 

Aujourd'huy  dans  une  fuperftici- 
We  Rome ,  en  l'année  du  Jubilé ,  à 
la  veille  de  Noël,  le  Pape  fe  fait  por- 
ter Pontificalemenc  à  une  des  Portes 
de  St.  Pierre,  qui  ne  s  ouvre  qu'en 
cette  pompeufe  cérémonie ,  il  y  frap- 
pe légèrement  avec  un  marteau  d'ar- 
gent, &auflî-tofl:  cette  Porte  murée 
en  apparence  ,  mais  difpofée  de  la 
forte  qu'elle  ne  tient  à  rien  ,  s'ou- 
vre au  troifiérae  coup ,  tombe ,  &  efi: 
life  en  pièces  que  le  Peuple  recueil-, 
î  avec  beaucoup  de  foin.  Par  cette 
lùion  ce  prétendu  Vicaire  de  Jéfus 
Chrifl;  veut  donner  à  connoître ,  qu'il 
3uvre  &  ferme  la  Porte  de  la  grâce, 
comme  bon  luy  Ibmhic.  O  qu'il  fe- 
^roir  hicn  plus  aifc  .1  .v.  grand  &  à 
.  ..j  Pontife  de  l'Eglife  nouvelle  , 
l'ouvrir  &  de  renverfer  la  Porte  de, 
los  cœurs  !  S'il  s'efl:  ouvert  des  Por- 
tes matérielles  quoy  que  barrées ,  s'il 
a  ouvert  autre-fois  les  portes  du  né- 
ant ,  les  cataradles  des  Cieux ,  les  en- 
tailles de  la  Terr^ ,  les  oreilles  des 

Sourds» 


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m.  7 


ii6      jFSiis'à  NOS  Portes, 

Sourds,  les  yeux  des  Aveugles, 
les  fépulchres  des  Morts  ^  Siiuyfei 
a  la  clef  Je  David  qui  ouvre      md  à 
ferme ,  qui  ferme      ^^"^  n  ouvre  5  S? 

Maifh  V^^^  ^^^^      ^^^^^^  ^  ^^^^^^ 

yiii.  8.  faite,  comme  le  reconnoiiloit  ce  Cei 
tenier^  S'il  ouvrit  en  un  moment  U 
yeux  de  deux  difciples,  &  r entend, 
XXII.    ment  de  fes   Apôtres  ,  pour  entei 
dre  les  Saintes  Ecritures  5  avoue 
auffi  qu'il  peut  ouvrir  quand  il  lu 
f)laifl:  cette  Porte  myflique  à  laquel: 
il  frappe  en  cet  endroit.  Et  je  mefu 
étonné  quelque-fois  que  les  Hébr 
eux  n'ayent  conçu  que  ces  quatt 
clefs ,  qu'ils  ont  dit  être  en  la  mai 
feule  de  Dieu ,  favoir  la  clef  de  iapli 
ye,  celle  de  la  pâture,  celle  dnfpu 
chre  y  &  enfin  celle  de  la  matrice,  1 
qu'ils  ayent  oublié  la  principale  qi 
eft  la  clé  du  Cœur.  Et  il  ne  fiiutqu 
l'exemple  d'un  Pauh  ou  de  quelque 
uns  d'entre  les  Difciples ,  pour  taii 
voir  que  ce  divin  Jéfus  fçait  frappi 
&  ouvrir  en  mefme  tems.  Cependaii 


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SVK  Apoc       ni.  20.  117 
lui  plaît  fclon  làiage  difpcnfation , 
de  procéder  par  degrez  en  l'ouvrage 
Je  (a  Grâce.  11  frappe  en  divers  rems 
Se  en  diverfes  manières ,  félon  la  diver- 
fitcdes  fujers ,  faifanc  diftinaion  entre 
:eux  qui  (ont  marquez,  de  l'on  feau ,  & 
:eux  qui  ne  le  font  nas ,  entre  une  E- 
;yptc  6c  uneGoll..  ,  entre  un  Efau  &  " 
Jn Jacob  5  entre  un  Ifmaêl  &un  lûac, 
:omme  il  dilHngue  encre  les  brebis  de^^'"- 
.aban  &  celles  d'ifraëi.  Il  frappe  en- 
•ore  diverfemcnt  ^èlon  qu'il  veut  ou 
:onvaincre,ou  convertir  les  uns  à  la 
remicre ,  les  autres  à  la  troifiéme ,  Sc  M^nh, 

autres  feulement  à  la  dernière  heure 
lu  jour. 

^  Après  ,  il  vous  me  demandez, 
♦ideles ,  quels  font  ces  coups  dont  il 
?appe  y  je  vous  diray  qu  a  mon  avis  ce 
ont loy  les  principaux.  Il  frappe,  ou 
•len  à  Pexemple  des  Lacédémoniens 
[ui  crioy^nc  dans  les  rues  qu'on  vînt 
wrir,  ilcriey  &  dune  voix  forte,  en 
emier  lieu ,  par  le  fon  retentifTant  de 
^oy  :  Lors  qu  il  tonne  &  qu*il  foxi^ 

K  drovc 


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7it      Jfsvs  a  nos  Portes. 
droye  fur  un  Sinaï,  qu*il  menace  e 
^malcdidion  fur  un  Hebal ,  ôc  qu'il  ù 
/entend»  e  aux  hommes  pécheurs  la  v 
lonté  fouvcraine,  la  lainteté  de  1 
Loix ,  la  majcilé  du  Lcgiflateur ,  Tév 
dencc  de  leurs  crimes ,  le  nombre  c 
leurs  defebeiHances ,  lafévérité  de. 
juftice  5  rhorrcur  de  fa  colcre ,  la  - 
gueur  de  fes  jugemens  ,&  l'éterni: 
-des  fupplic^s .  Coup ,  voix ,  fon  effn 
^w.  at)le!  au  bruit  duquel  Adam  fecacl 
zo.i^-  Caïn  fuit ,  tout  le  Peuple  étant  au  1 
fert  tremble ,  &  étant ,en  Bokim  pieu 
«i.*4-  comme  Belfçatfar  ^  fcs  Gentils-hoi 
^""^  ^'  me$  en  font  tous  encore  éperdus ,  L 
JD'»"  niel  en  perd  toute  fa  vigueur, 
«°  ^'  Compagnons  en  font  en  une  gran 
9  frayeur,  ôcSaul  en  tombe  par  terre  d 
pouvantcment.     bautejje^  difoitjc 
ne  vous  èpouvantera-felle  pas ,  &^ 
frayeur  ne  tombera-f  elle  pas  fur  vot^ 
f;''^-  Et  quiconque ,  difoit  le  grand  Auguf 
*      fur  ce  fujet ,  quiconque  ne  fe  réveiUi 
tJX  cet  effroiable  tonnerre^  il  ne  dort  / 
nms  ileji  mort. 


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TOR   ApOCAL.   III.    2C  219 

En  fécond  lieu ,  Jefus  frappe  par  les 
troubles  6c  par  les  remors  qui  s'élèvent 
Bans  les  confcicnces  criminelles.  Coup 
qui  fe  donne  à  la  vérité  fans  bruit  & 
"ùnsvoix,  cependant  qui  eft  accompa- 
Jnéd*un  bruit  fourd,  6c  dune  voix  fe- 
crette.  L'Ecriture  Sainte  rappelle  un 
cry  de  frayeur^  uncry  comme  de  celle 
^^\eft  entravail  d'enfant ,  un  cry  porté  %i 
de  la  t  erre  ^  &  du  cœur,  jufques  aux  ^- «• 
Cieux,  &  jufques  à  Dieu.  C'efl  bien 
plus  que  le  fon  bruiant  d'une  mer  or  a- 
Xcufe ,  que  le  rugiflement  d'un  Lion  é- 
/eillc ,  que  le  chant  réitéré  d*un  Coq 
jui  nous  avertit,  que  le  fifflement  d'un 
i[entqui<"^rW<f /^rû?«r  ,que  le  retcntif-  F""^' 
ement  de  Talarme  qui  fait  fuir  lemé- 
'hantj  &  que  le  bruit  dcfeuiUes  imeu  'es 
fans  une  fombre  &  affreufe  folitu- 
le.  Ce  font  les  reproches  fecrets  d'un 
^ccufateur ennemi,  les  interrogatoi- 
►s  d'un  Juge  tenant  la  confcience  fur 
i  fcllette,  les  dépofitions  d'un  Té- 
^om  irréprochable  &  in féparable,  & 
a  fcntcnce  d'une  Cour  qui  dccréte  con- 

K  2  trc 


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Jésus  a  nos  Portes. 


f  m   

'S.h.   xx^\c^zà\^\^x  des  amertumes-.  Et  c' 
'5^^-  là  cette  trille  &  cette  fiinelle  voix  q 
frappe  fans  celle  non  Içs  oreilles  rn*J 
le  cœur  dïin  impitoiable  Caïn,  d'u 
infidèle  SauUd'un  perfide  Achitophj, 
d'un  traître  Judas ,  d'un  profane  Tib 
re,  d'un  parricide  Néron,  d'un  m- 
'>rew>«  chint  Caracalla,  d'un  Ariftobule  : 
'''"•d^m  Confiant  fratricides  ,  6c  de  c 
•Spiras  portails  la  peine  de  leur  apolt- 
lie.  Voix  fameufes  dans  les  hîtloirej 
&qui  auffi  quelque-fois  ont  crié  fal 

tairement. 

Difons  en  fuite,  Fidèles  ,  quejeb 
irapp^  par  le  cry  de  fes  chatimens 
par  les  aproches  de  fes  vangeantesc 
defesiugemens:  Et  qui  d'entre  va 
ne  fait  que  Dieu  humilia  les  frères  - 
Tofeph  par  l'emprifonnement  &  pan^ 
crainte , les  Enfans  d'IfraB ,  parla ft 
yitude  8c  par  les  châtimens,  le  K' 
Manafle  par  les  chaines  &  par  Fange 
fe,  Ninive  par  les  menaces  qui  fure 
prononcées  contre  elle,  Nebucadi 
•  zar  par  un  abaiffement  ôc  une  dilgn 


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SUR    ApOCAL.  III.   20.  ^-^r 

ans  exemple  ?  De  même  que  l'Entant 
)rodigue  fut  ramené  à  la  connoiflàncc 
le  Iby-mémc  par  les  foufirances  6c  la 
liretrc,&:queplufieurs  dans  l'Évangile 
urcnt  conduits  àjelus  Chrift  par  leurs 
nfirmitez  6c  leurs  maladi'^   Mais  auiîi 
mifericordieux  S^uvcuïj,  a/>pe  aflez 
uvent  par  les  exemples  qu'il  nous 
oer  dctemsen  tems  devant  les  yeux: 
ù:  ce  font  ou  des  exemples  de  vertu 
urles  imiter,ou  de  rccompenfe  pour 
al  pircr ,  comme  vous  en  avez  en  To- 
illancc  aveugle  d*un  Abraham  ,  eu 
patience  d-un  Job,  en  la  chafletc 
unjofcph,  en  ladébonnaiietc  d*uii 
-ioylë,  au  zèle  d'un  David,  en  la 
•icté  d'un  Jolîas,  ou  en  la  conllance 
rveilleulc  detant  de  Djfciplesôcdc 
iartyrs,  enrichis  de  fes  grâces  8c  cou- 
nnez  de  fa  gloire:  Ou  bien  ce  font 
s  exemples  de  crimes  5  pour  les  fuir,, 
de  jugemens  pour  les  prévenir  5Com- 
il  fc  voit  en  Tabomination  d'une 
dome,  en  l'attentat  d'un  Coré,  au 
icniége  d'un  Achan,  en  Tavarice  d'un 

K  3  NabaL 


g. 


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212     Jésus  a  nos  Pointes. 
Nabal ,  en  Vimpietc  d'un  Abfalom, c 
la  perfidie  d'une  Jézabel ,  au  menfonf 
d'un  Ananias,  &  en  une  infinité  ^ 
femblablcs  criminels,  dont  la  pun 
tion  a  talonné  le  crime  de  bien  prçi 
&fouvent  d'une  façon  furprenante  l 
miraculeufe,  avec  un  rapport  adm 
rable  &au  délî6t,  &  au  tems  ,  &  a 
lieux,  Ôcaux  perfonnes,  comme  h 
Hiftoires  faintcs  6c  profanes  vous  le  r« 
citent.  Et  fi  vous  voulez  que  j'abrégc 
comme  l'heure  m'y  oblige,  fçack.. 
que  ce  charitable  Sauveurj?'/^/»/^'  eno 
re  par  fcs  bénédiftions  &  par  fos  gr 
ces ,  par  fà  patience  &c  par  fâ  longue  a 
tente,  p2iT  ks  témoignages  de  ùprov 
^.  dencc,  parles  tendreffcs  de  fes  con 
paflions ,  par  les  richefles  de  (à  bon 
1?%  gnité ,  &  par  les  preuves  de  fa  clémei' 
Jailli  ce  :  Sçachez  qu'il  frappe  fur- tout,  lo 
(luWJonne  du  cornet  en  S'ion^  qu'il  fa 
retentir  la  trompette  de  fon  Evangik 
la  prédication  de  fa  parole ,  la  voix  d 
fes  oracles,  les  avertiffemens  de  f< 
ferviteurs,  &  les  offres  de  fon  allian( 

&  c 


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SUR  Apocal.  m.  20.  22y 
k  de  fi  paix ,  Aujourd'huy  fi  vous  oye^ 
^avotx  n  endiirdjfiez>  point  vos  cœurs  : 
Et  5       ^  ore///e  cju  il  écoute  ce  Gfiie  PE- 
frit  dit  aux  Egltfes,  Et  c'eft  ce  dernier 
ivanragcqLrïlacordeca  cet  endroit  à 
Deu  ^'%///^j-dansl'Afie,  qui  étoit  fi 
^aftc  d'ailleurs  &  fi  floriffiintc  ;  comme 
l*a  refulc  à  une  infinité  de  p  iuvrcs 
ortcls  5  à  tant  de  Nations  &  de  Feu- 
es 5  &  même  aux  Nations  les  plus 
ueillcufes,  6c  aux  Peuples  les  plus 
doutables  5  ou  les  mieux  policez.  Et 
încoreaujourd^iuy  ne  le  refufe-t*ilpas 
r  la  plus  grande  partie  de  la  terre  habi- 
'  •     à  qui  la  voix  de  fa  Parole  ou 
Va  point  du  toutadreflee  ,  ou  nVft 
s  plus  intelligible  que  le  fut  aux  E- 
ptiens  le  langage  de  Canaan ,  ou 
:>ieneft  dégujfée  par  des  forgeurs  ^e 
nenfonge,  par  des  faux  ProFé tes  >  & 
par  des  facrificateurs  de  Bahal,  qui 
'  %nent  Cbrifi  avec  Bélial^  la  limie- 
avec  les  ténèbres ,  &  le  fervice  des  L 
/^Javecceluy  dnDieu  vivant  ? 
Mais  après  tout  il  faut  avouer ,  Peu- 

K  4  pie 

W  JÊÊÊ 


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Ml./. 


»3  4/. 


6.  14. 


■M 

m 


2  24       JllSVS  A    NO?J  PORTF^ 

pie  Fidèle ,  que  tous  ces  coups  le  uor 
nent  en  vain,  &c  que  Jcllis  frappe  c 
toutes  ces  façons  inutilement  ,  fan 
queriiommeVentendc,  bien  loin  d 
luy  ouvrir  5  ou  même  fcdifpoferà  lu 
ouvrir,  fice  mêmejeius  ne  frappe  aué 
fi  intérieurement  par  le  marteau  d 
fon  Efprit ,  èc  par  la  vertu  de  Ik  Grs 
ce  5  s'il  ne  touche  luy  même  nos  cœu^ 
ctnef.  çQjy;^  nie  il  toucha  la  hanche  de  Jacob ,  l 
le  transforma  en  un  Ifraeh  s'il  ne  k 
tire,  oune.lcspoufle,  ounelesamd 
lit,  ou  ne  les  convertit  à  foy ,  comm 
ca»M.  en  parlent  les  Saintes  Ecritures ,  Ttri 
j*r  ry.  nioy  & je  courray  ,  Converti-moy  &j 
It  7.  fer ay  converti ,  Guéri-moy  &  je  Jera 
'C*'^'  ^ueriy  'Ptirge'moy&  je  feray  netj  < 
*  ' Eternel  tu  m' as  attrait  &  j'ay  été  al 
tratt!  Il  a  beau  frapper ,  dis-jeencc 
re  une  fois,  fi  luy-même  w'^ww ,  s'i. 
iph.u  no  déployé  l'excellente  grandeur  de  ^ 

puiffance  envers  ceux  qm  croyent, 
thu  z.  s'il  ne  produit  eneux  avec  efficace 

vouloir  &  le  parfaire  félon  fon  bon-plf 
fir.  Et  comme  dans  la  première  créa 

tionj 


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SUR  ApOCAL.   III.   20.        22  f 

:ion  il  fbuiHa  un  e [prit  de 'v te  dans  le 
xemier  homme  5  dont  il  fût  fait  une^^'^-^^- 
ime  vivante  i  Comme  en  la  vivifica-^' 
ion  de  ces  morts  en  riiiftoire  de  PE- 
^angile,  la  voix  fût  une  voix  operan- 
e,  uncryejfficace  ,  un  cordage  puif- 
-^nt,  &  un  bras  fort  qui  les  tira  de 
urs  couches  ou  dekurs  tombeaux, 
k  pénétra  jufquesdans  ce  vifcereo^i 
le  premier  vivant  j  Difons  qu'il 
auticyàpeu  prés  une  même  operati- 
>u ,  quand  Dieu  frappe  chez  nous  en 
à  grâce.  Jl  faut  qu'il  verfeau  dedans 
l'homme  pécheur  une  célefle  iumic- 
)  qui  failc  connoitre  qui  ell:  celuy 
jui  happe     '         tuSeiirnenr?  Etil;^'^> 
épond ,  Je  Jms  jcfus        /  tes  pe- 
zont  perfecute'.  Il  faut  qu'en  un 
cems  il  y  verfe  l'huile  de  fa  gra- 
3  t^clt  à  direledéfir  defapaix,  les 
iouceurs de fon amour,  ôclaconfian- 
:e  en  fa  milericorde  &  enfes  mérites  ; 
'^'igneur ,  me  voila  prêt ,  que  veux-tu  "^^'^^ 
^^j^faJJe?  Etil  faut  enfin  que  tirant 
c  pccheur  avec  une  force  divine,  & 

K  f  ou- 


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'  it6     Jésus  a  nos  Portes*. 
vrant  le  cœur  avec  une  douce  violence 
7<r.i©.  ce 

même  pécheur  s'écrie.  Tu  as  et  i 
'  '    plm  fort  que  moy.  &  tu  m  as  vaincu.  E 
alors  vous  voyez  une  Lydie  recevoi 
avec  joycles  Saints  A poftres,  des  au 
ditcurs  de  S.Pierre  avoir  eompon 
aion  de  cœur ,  des  Difciplesaveugle 
le  reconnoître  ôc  le  défirer,  unSat 
changer  fa  haine  en  amour  6c  fa  fiert 
en  foûmiflion,  un  Matthieu  quitte 
aufli  toft  fa  banque  &  fon  péage  pou 
fuivre  JefusChrift,  &  unZacheeb< 
nir  l'entrée  de  cet  aimable  Sauveur ,  ( 
reftituër  avec  plaifir  fes  exaftions  &  f< 
ufures. 

Ghp.r  s  Frbres,  Ala  miei 
ne  volonté  que  le  Seigneur  voulût  ai 
tourd'huy  frapper  de  la  même  forte 
la  Porte  de  chacun  de  nous  !  Helas 
il  n'a  que  trop  frappé  jufques-icy 
nôtre  voix  &  par  nos  prédications, 
n'a  que  trop  frappé  aux  Portes  de  o 
Etat  par  une  profpérité  de  prés  a 
fiécle ,  &  fi  grande  qu'elle  a  été  con 
me  un  figne  ôc  un  miracle  aux  Peupl* 


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SUR    ApocAL.  III.  2 


227 


[le  la  terre.  Il  iVa  que  trop  frappé  par 
es  adorables  elFecs  de  fa  longue  atteli- 
ez vous  ayant  épargné  comine  des 
^ots^  &  comme  des  bien-aimez,  au 
Dur  de  ià  colère  &  de  fà  vifitation.  A  u- 
ant  de  grâces  qu'il  a  répandues  fur  vos 
Ailles  &c  fur  vos  Provinces  3  fur  vos 
^erfbnnes  Se  fur  vos  Familles ,  fur  vos 
harges  &  fur  vos  travaux ,  fu r  vos  en- 
reprifcs  &c  fur  vos  négoces  ;  autant  de 
m  qu'il  a préfèrvé  vos  flottes,  béni 
os  armées ,  agrandi  vos  Villes  >  en- 
chi  vos  habitans,  6c  qu*il  a  fait  en- 
^er  en  vos  Ports  tout  ce  que  laTerre  &: 
'S  Mcrsjtout  ce  que  les  Indes  &  l'Ara- 
ki  tout  ce  que  l'Orient  &:  fOccidcnr, 
:>ut  ce  que  le  Midy  6c  le  Septentrion  y 
>ut  ce  que  TArt  enfin  6c  la  Nature 
roduifcnt  de  plus  beau ,  de  plus  ri- 
'  Cj  8c  de  plus  merveilleux  -,  n'a-cc 
as  été  autant  de  coups  favorables  qu'- 
a  donné  à  vos  Portes,  à  la  vue  de 
XI te  l'Europe  ?  Je  diray  bien  davan- 
igc,  Peuple  Chrétien:  N'a-t'il  pas 
pé  &  refrappé  à  diverfes  fois  par 
K  6  des 


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2  28       Jf.SUS   a  nos  PdRl 

des  pcftes  qiu  oncfoit  de  terribles  r: 
vaches ,  par  des  langueurs  inouïes ,  • 
pa?  des  maladies  inconnuès  »  conw 
mr  un  feu  immédiatement  dcfcenc 
desCieux?  N'a-t'il  pas  frappe  afl< 
forcpardes  Alliances  rompues,pard 
Guerres  fanglantes,  &par  des  cou 
qui  ont  ébranlé  vos  colmnesôc  vos,/» 
fH/s  ?  N'a-t'il  pas  frappé  ,  peu  cl 
vant  ces  derniers  coups  de  fajureu 
par  des  bruits  ménaçans ,  par  des  pi 
paratifs  formidables ,  par  des  divifu) 
comme  autant  de  dangcreules  br 
ches,  par  des  jaloufies  prêtes  a  dec 
rer  un  jeune  8c  un  important  Jolepi 
par  toutes  les  apparences  de  ce  qi 
nous  voions  maintenant ,  &  par  a 
manaucmens  trop  èvidens  ou  dans  l 
confcils,  ou  bien  dans  les  exécution 
oudanslaPoUcc,  ou  dans  laDi  cip 
ne  Militaire.?  Et  quant  a  un  chaci 
dé  nous  en  particulier,  combien^ 
fois  a-fil  frappé  à  nos  Portes ,  par  d 
avertiflcmens  falutaires ,  par  des  cb 
timens  paternels,  par  des  eprcuv 


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S\         \  L.   111.    20.  219 

loulcureuib.s ,  &  paf  des  perrc<î  nn  de 
hué,  ou  de  biens ,  ou  d'enfaiu^ ,  uu  Je 
iiaris,  ou  de  femmes^  ces  chères  6c  fi- 
ic!  omy  "S  de.  notre  vie  ^  de 
los  delHnccs  ? 

() prodige!  6 aveuglement /  Faut- 
l  qu'iij\  ambitieux  ouvre  prompte-» 
aent  la  Porte  aux  Grands  &  î^ux  Fn- 
fpns,  un  Marchand  à  ceux  qui  vic- 
ient luy  procurer  quelque  gain ,  un 
uxurieux  aux  mellàgcrs  de  la  paillar- 
icy  un  curieux  à  ceux  qui  apportent 
:holl\s  nouvelles?  Et  faut-il  que  des 
nifcrablcs  pécheurs,^  lors  quejérus  fe 
A,icnte.avec  toutes  K       '^n  fTr*^  de 
n  amov'    5c  tout(  là 
grâce,        qu'il  deniaïK.  ^sluuu- 
ncls  leur  rcpcn tance  &c  leurs  larmes, 
leurs  prières  ôcleurs  aumônes ,  leurs 
afl'cdions  &:  leurs  défirs ,  bien  loin  de 
iuv  oTivrir,  le  renvoyent  ignominieu-  /^,; 
fti.v.iit,  comme  fit  Hérode,  luy  fer- *5 
xncnt  toutes  les  avenues  comme  nrcnt  37. 
ces-Gadarénicns  »  roidiflent  leur  cœur  37.40. 
avec  ce  peuple  Juif,  ne  veulent  point 

K  7  de 


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H-  37 


'230     Jésus  a  nos  Portes. 

de  là  grâce  avec  une  ingrate  Jcrufa 
lem,  6c  luy  bouchent  leurs  oreille 
quafi  comme  le  ferpent  bouche  les  fi 
ennes  contre  la  voix  de  l'Enchanteur 
Si  Ton  ouvre  à  ce  divin  Jéfus ,  avoue: 
que  ce  n'eft  le  plus  fouvent  que  la  por 
te  des  oreilles ,  ou  que  celles  des  Tem 
pies ,  8c  que  ce  n'eft  encore  que  pou 
peu  de  moraens ,  pour  une  heure  d'au 
diance,  &  pour  le  congédier  en  fuiti 
jufques  à  une  autrefois-,  à  Texempl» 
de  ce  Gouverneur  Romain  O  qu< 
peu  luy  ouvrent  la  vraye  porte  d'un< 
fainte  contrition ,  d'une  foy  non  fein 
te  5  d'une  obeïflance  filiale ,  difans  a 
tuc.i.  vec  Jairus,  Seigneurvien ,  entre  en  m: 
Vs4m.  mailbn  i  ou  avec  Samuel  ,  Seigneu 
^'    far  le  car  ton  ferviteur  écoute  ^  ou  ave 
tud.  CCS  deux  Dilciplcs ,  detneure  avec  notis 
car  le  foir  commence  à  venir  ! 

Pauvres  mortels  /  ô  gens  dépour 
vêus  de  fens  &  tardifs  de  cœur  à  coiifi 
dérer ,  qui  eft  celuy  qui  fe  tient  à  I: 
Porte ,  &:  qui  s'y  tient  depuis  un  1 
long  tems  î  Quelles  fontles-richcfifc 

de  1; 


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SUR   ApoCAL.   Iir.  20. 


(à  bénignité  &  de  fa  patience 
nfin  il  fc  rebute  &  change  la  patience 
n  fureur ,  &  frappe  non  plus  en  Amy 
nais  en  Juge  :r  non  plus  avec  des  ver- 
;es ,  mais  avec  des  barres  6c  des  maf- 
ués:  Qu'il  eft  un  tems  auquel  il  ne 
rappe  plus,niais  fc  retire  pour  jamais , 
k  retire  fon  Efprit ,  fon  Arche ,  fon 
Fabcrnaele  5  fes  Prophètes  :  Voicy  di- 
Toit  ce  mêmejéfus  ;  Forfs  ne  me  verrez,  1^3^ 

&  votre  mai  fon  s'en  va  être  laif- 
^ee  déferte  :  Qu,' à  ion  tour  il  permet 
jue  nous  frappions  en  vain  à  la  porte 
de  fa  Grâce ,  comme  fait  un  Saùl  lors 
que  Dieu  ne  luy  repond  plus  >  comme 
nt  ces  Vierges  lors  qu'elles  crient  en 
vain ,  Seigiieur ,  Seigneur  ouvre  nous  ; 
8c  comme  TE poufc  même  s*en  plaint. 
Je  le  cherchay-i  mais  je  ne  le  îrouvay^C^'^ 
point }  jeïapellay  mais  il  ne  me  répon-- 
dit  point  :  Et  qu'après  avoir  envoyé 
lans  aucun  fruit  quelques  Serviteurs 
Tun  après  Tautre ,  ôc  en  fuite  le  Fils  6c 
l'Héritier  ,  finalement  il  vient  Luy 
mcmc ,  il  enfonce  nos  portes  j  il  rompt 


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^2^2  Jésus  a  nos  Portes. 
nos  barrières,  il  ruine  nos  rctranchi 
mens,  il  renvcrfe  nos  murailles, 
franchit  nos  rivières,  &  entre  av( 
main  forte  dans  nos  Provinces  ,  dai 
nosForterelfes,  dans  nos  Villes,  < 
dans  nos  Maifons. 

Avouez  >  Pécheurs  ,  que  peu  ; 
figurent  comme  ils  le  devroient  que  ( 
divin Jéfu5  foità  tïosTortesy  &  qu' 
foit  fi  proche  d'un  chacun  de  nous.  L*; 
proche  de  quelque  Grand  retient  l< 
hommes  dans  la  bienféance ,  celle  d*u 
I  uge  retient  dans  la  crainte ,  celle  d*u 
Pére  retient  dans  le  refpect,  &  cel 
d'un  Maitre  retient  fon  tërviteur  dar 
le  devoir.  Les  Paycns  mêmes  refpt 
ftoient  les  Statues  des  Ccfars  5  &  U 
Images  de  leursPrinceSjdevant  lefque 
les  toutes  paroles  &  toutes  a£tior 
deshonnêtes  êtoyent  févérement  in 
terdites.  Combien  douce,  encore  i 
raviffante  eft  à  un  malade  Paproche  d 
fon  Médecin ,  à  un  criminelpaprochi 
d'un  meffager  de  Grâce ,  à  une  Epou 
fe  celle  de  Ibn  cher  Epoux ,  à  un  pau 


SUR  Apocal.  m.  20, 

l  celle  de  fon  charitable  bienfaiteur , 
(  avec  quels  agréables  mouvcmcns 

•  fc  figurent-ils  pointque  ces  perfon- 
font  à  leurs  Portes  !  O  Sauveur  a- 

orablc  :  cette  nouvelle  que  tu  es  ànos 
ortcs ,  foit  à  la  porte  des  retraittes^ 
s  plus  cachées,  &  des  cabinets  lés- 
ons fecrets,  foit  à  la  porte  des  mai->y.^;. 
>ns  les  plus  affligées ,  des  cœurs  les  h 
ius  de  foie  z  5  combien  ne  devroit-eîle- 
oint  caufer  de  crainte  &:  de  retenue^ 
un  côté,  au  fou  venir  de  ta  Sainteté* 
de  ta  Grandeur-,  &  de  Pautre  côté' 
>mbien  de  confolation  ^  d'aflurancc 
dc\'roit-cllc  point  nous  donner^au- 
uvenir  de  ta  Mifcricorde  &:  de  ta 

•  race  !  Et  quoy  qu'il  y  ait  des  hom- 
es aflcz  malheureux  pour  te  croire 

éloigné,  comme  faifoit  Juda  au 
:mps  d'Ezéchiel,  ou  étant  par  pays^t^tcbi 
me  Baal,  ou  dormant  encore  com- 
autrefois  dans  la  nalîelle,ou  immo-  iJ^^^j^,; 
fe  corne  le  font  ces  faullês  Divinitez , 
attaché  aux  cieux  comme  leDieu  de  7.* 
îs  profanes  >  fi  ne  laiflTes- tu  pas  d'étro  \i 

lUl 


2ji^    Jésus  a  nos  Portes. 

un  Dieu  de  prés ,  au  (îî  bien  qu'un  2)/V 
^^^7'de  loin-,  6c  d'être  Ci  proche  de  noi 
aj.^''  tous,qu*on  te  peut  toucher  à  la  main^  C 
te  trou  ver  comme  à  tâtons. 

Hélas  î  mes  tres-chers  Frères  5  il 
a  trois  ans  qu*une  Ville  voifinc  fongc 
oit  peu  que  ce  juge  irrité  fût  àfes  l^oi 
tesj  &  qu'elle  ailoit  voir  fes  eaux  tou 
tesinfeftées,  fon  air  tout  corrompu 
fes  habitans  tout  languiflTans ,  &  tou 
tes  fes  maifons  défolces,  ôc  prefqu 
tous  iQsdéJlrables  retranchez.  Il  y  a  pe 
de  mois  que  ce  puiflant  Etat  fongeoi' 
peu  que  fon  déclin  ,  ou  fa  ruine  fî 
kùiTortei  &  qu'il  étoitàla  veille  d 
voir  fa  parure  jcttcQ  en  bas  ,  {kcouro? 
ne  rcn verfée ,  fes  forterelTes  prifes  Tt 
ne  après  l'autre  ,  fes  Provinces  afferv 
€s,  fes  fept  flèches  déhces  ,  fes  trefoi 
épuifez,  fa  liberté  chancelante,  ] 
puilTance  confondue,  fa  reputatio 
flétrie,  &  l'Arche  de  Dieu  captive 
les  Eglifes  diflîpées  ,  les  Tempk 
profanez ,  &  changez  en  des  Maifof. 
deDagouy  ou  bien  en  dc^  Prifons  l 

e 


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SUR.  ApOCAL.  IîI.  20.  TJf 

kn  des  Nï;igafins.  Combieny  a-t'il  eu 
derniépancnt  de  nos  Villes  &c  de  nos 
Bour/ades ,  qui  ne  fongeoyent  guère 
'que  /  Ange  delltrufteur  fût  à  leurs ffor- 
tes/  &  qu'il  s'y  tenoir  déjà  avec 
inftrumens  de diJSipation ,  lors  que  tout  9?'  ' 
d*un  coup'  elles  ont  été  expofécs  à  la 
riolcnce  des  flammes ,  aux  ravages  des 
armées ,  à  Pinfolence  des  pillards ,  à 
la  cruauté  des  barbares,  &:àlamercy 
d'un  foldat  impitoyable.  Mais  ce  lieu 
même  auquel  je  me  trouve  prefente- 
mcnt ,  n'a-t^il  pas  été  depuis  peu  un 
ïthéatre  fanglant ,  où  on  a  vû  de  ces 
Tamans ,  ou  plutôt  de  ces  Infortuner, 
qui  fe  croyoyent  dans  le  crédit  &  dans 
rautoritc  ,  &:  (\\\\  difoyent  en  leur  cœur ^  ^^^^ 
je  fuis  en  un  lieu  leur ,  qui  eft-ce  qui  me  3* 
jettera  bas  ?  &  il  efl:  arrivé  que  la  mort, 
une  cruelle  mort  étoità  leur/^^r^^,  &: 
qu'eux  fans  l'avoir  prévû  étoyent  à  la 
/^^^rr^pdufèpulchrc,  deftinez  à  la  der- 
nière &  à  la  plus  effroyable  de  toutes 
les  ignominies.  Otriftes  exemples,  e- 
Xcmples  funeftes  /  mais  qui  nous  fe* 

ront 


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2^6     Jésus  a  nos  Portes. 
ront  falutaircs  5  s'ils  portent  nos  e 
prits  à  des  réflexions  làintes  5  à  fe  r 
prélcnter  contniuellcment  que  lesji- 
gemciis  de  Dieu  font  à  la  porte,-  qi 
le  mauvais  jour  eft  àla  porte ,  favoir  : 
tenis  de  dilètte ,  d'angôilFe,  Se  de  défi- 
lation-,  que  la  peine  du  péché  eft  ci- 
core  à /a  portai  pour  éloignée  qu'elt 
paroiflc,  comme  Dieu  en  avertit  ai 
trefois  Caïn  ^  de  mcme  que  la  haine  G 
péché  eft  à  la  porte ,  c'eftà  dire  un  tr 
fte  &un  Inmentablelbnvenir,  Hà^> 
péché!  f  a)     .hi  le  Jang  innocent  l  I 
qu'il  en  prend  de  nos  iniquitez  comn: 
de  ce  livret  my  ftérieux ,  qui  étoit  dou 
en  la  bouche  comme  miel-,  mais  qui  cai 
jip,c.  fa  en  Inite  dans  le  ventre  &c  dans  ] 
cœur  des  amertumes. 

Fidèles  5  ce  doux  «îk  ce  patient  Jéft 
qui  avertit  autrefois  une  fameufe  Egl 
le  5  lors  qu  elle  étoit  fur  le  bord  d 
précipice,  eft  le  même  qui  vous  cri 
encore  aujourd'huy,  dans  le  dange 
extrême  auquel  il  vous  voit  ;  Tetipi 
Uollandois  l  voicy^  je  me  tiens  à  vo 

poi 


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sur  Apocal.  III.  20.  237 

.wrtes  >  &jefi-appe.  Ouy,  il  fc  tient 
|rncore  à  vos  Portes.,  quoy  qu'avec  un 
nfagc  irrité  5  pour  tant  de  coups  frap- 
3CZ  en  vain  :  11  y  frappe  encore ,  quoy 
jue  dans  les  mouvemens  de  fa  colère  ^ 
Hly  crie  quoy  qu'avec  une  voix  éton- 
lantej  &c*efl:  làcefemble  le  demies 
le  fes  avert iffemens ,  &:  coni  me  le  foii 
de  la  jîx  'ûme  trompette.  Mais  après 
:out  il  déployé  encor-e  la  baniére  blan-  ^' 
:he5  il  fait  encore  une  offre  de  Ta  gra- 
:e,  il  e(t  encore  tems  de  luy  ouvrir  j 
mcore  y  a-t'il  lieu  de  repentance ,  &  ce 
l'eft  pas  encore  icyla  dernière  f?hiolè 
iefoujre ,  ni  cette  grande  voix  qui  vi-  ;^^'/v 
^nt  comme  de  fon  Trône  5  dilànt,  ' 
^'en  efl  fait.  Vous  avez  commencé 
ieureufement  d*ouvrïr  à  ce  Seigneur 
irrité,  par  vos  prières ,  par  vos  dévo- 
rions, &c  par  vos  aumônes  j  aufli  a-t'il 
Commencé  de  fon  côté  Centrer  vers 
vom^  par  des  effets  vifibîes  &  mi- 
raculeux &  tout  recens  de  fa  Pro- 
vidence. En  effet  elle  vient  de  pa- 
roitre  glorieufement  en  la  condui- 
te 


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238     Jésus  a  vos  Portes. 
te  de  vos  Navires ,  en  la  confcrv;. 
tion  de  vos  Flottes  ,  en  la  favev 
extraordinaire  des  Vents ,  en  la  r< 
traite  llibite  de  vos  Ennemis  ,  c 
leur  clûignement  de  vos  Côtes ,  c 
Tarmement  d'une  puiflante  Ligue,  ç. 
la  levée  d'un  Siège  formidable ,Xi 
Texaltation  d'un  jeune  David ,  ou  d't 
jeune  Maccabée,&  en  des  changemei. 
furprenans  ,  qui  ont  mis  la  terrer 
dans  les  Ennemis ,  &  ont  remis  le  cov 
rage  dans  les  Peuples,  le  calme da^î 
les  Efprits ,  rcfpérance  dans  ces  P^ 
vinces,  l'union  dans  les  Confeils» 
difcipline  dans  la  Milice ,  Ôclajufti: 
<lans  les  Cours  &  dans  les  Tribunau. 
On  a  vu  de  ces  éfrayez  dans  le  cœr 
de  cet  Etat,  qui  ont  cherché  leur  feui- 
té ,  leur  falut,  &  leur  délivrance,  en  o 
vrant  lâchement  les  "Portes  à  un  t<' 
rible  Conquérant,  ôcàun  fuperbcD- 
minateur  :  Mais ,  chers  Frères ,  à  q 
ouvrir  nos  Portes,  &  à  qui  nous  re 
dre  avec  plus  de  feureté ,  avec  pl 
de  confolation  ,  &  avec  plus  ' 

gloir 


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SUR.  Apocal.  III.  20.  239 
;loire  ,  qu*à  ce  charitable  Sauveur , 
lu'à  ce  Témoin  Fidèle  ,  &:  qu'à  ce 
)uiflànt  Libérateur,  en  luy  ouvrant 
par  nos  foupirs  ,  pas  nos  larmes, 
k:  par  nos  regrets?  Ouy  /  Seigneur, 
u  es  encore  prêt  d'entrer  en  nos 
Provinces,  en  nos  Villes,  &  en  nos 
Vlailbns  ,  comme  leur  ancien  Protc- 
ieur,  comme  un  Meflager  de  paix, 
^  comme  un  Héraut  de  grâce,  avec 
es  Anges  de  ta  puiflince,  avec  les 
:onlolations  de  ton  E fp rit  ,&  avec  les 
Ipges  de  ton  Alliance  :  Et  non  feule- 
nent  tu  es  prêt  d'entrer  vers  nous  y 
nais  aurti  dcfouperavec  nous  y  comme 
u  y  convies  cette  Affemblée  pour  Du 
nanche  prochain  ,  &  comme  tu  le 
)romis  autre-fois  à  une  Eglife  repen- 
antc,  ce  qui  eft  làns  doute  la  mar- 
jue  la  plus  éclatante  de  ton  amitié, 
le  ta  familiarité ,  &  de  ta  communion: 
'atlaoùtudifparûs  anciennement  aux 
reux  de  tes  Difciples ,  après  que  tu 
^11  r  eus  rompît  le  pain ,  voicy  que  ru  es 
Ulpole ,  fclon  tes  inviolables  promef- 

les 


ï 


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'240     ]esvs  a  nos  Porti-v 

fes,  à  demeurer  avec  nous  5  &àyd- 
meurer  conftamment ,  pendant  toutJ 
foirxlçsaffliaions,  pendant  nos  coî 
tats ,  pendant  nos  dangers,  &.pend.. 
nos  calamitez  les  plus  grandes. 

Seigneur ,  difoit  le  bon  Pierre,  da^. 
la  connoiflancc  de  là  foiblefle ,  retif^ 
toydemoy^  car  je  fuis  un  homme  p 
cheur  /  Et  le  Centenier  convaincu  ai^ 
fi  fortement  de  fon  indignité,  S( 
M4M;;.gneur,  dit-il,  ]e  ne  fats  pas  digne  q 
tu  entres  dayis  ma  mai  fon  l  Ador^^t. 
Sauveur  /  nous  n'aurions  pas  moii 
de  fujct  que  ces  pecheurs-là ,  de  pri. 
que  tu  n'entres  point  chez  des  pauvr; 
criminels  ,  qui  n'ont  pour  te  recev(. 
qu'une  Etable  puante ,  qu'une  retn- 
te  de  Bêtes  immondes,  qu'une  derae- 
re  d'une  Lépon  infernale,  qu'u;; 
Uétth,  Jviiifon  qui  n'cfl:  ni  vuide  ni  nettoyée  u 
**  **  ce  n'efl  pour  les  ennemis  detagrac 
Mais  cela  même  que  nous  fommes  d 
hommes  pécheurs  ^  fait  que  nous  te  c 
fons  tout  au  contraire ,  Seigneur  a 
proche  toy  de  nous  &  entre  ch 

nou 


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SUR    ApOC  AL.  II  I,  20  241 

nous,  car  tu  es  aulîî  entré  chez  des 
Péagers  6c  chez  des  gens  de  mau  vaifc 
vie,  chez  des  Matthieus  &  chez  des 
Zachées,  chez  desperfonnesfoibles 
&  chez  des  malades  fpirituelsj  Etc'eft 
là  proprement  ton  ouvrage  défaire 
fur  abonder  ta  grâce  ,  là  ou  le  péché 
abonde ,  de  fandhfier  les  cœurs  les  plus 
fouillez,  d'amollir  les  plus  endurcis, 
de  domter  les  plus  rebelles,  &  de 
faire  ces   demeures   impures  des 
Temples  de  ton  Kfprit.    Mais  pour- 
quoy,  aimable  Jéfus  5  te  tenir  à  la 
')orte  pendant  un  fi  long  efpacede 
ems  ?  Pourquoy  frapper  des  mois 
entiers  ,  le  plus  fouvcnt  des  an- 
nées ,  &  même  fans  aucun  fruit  ?  Non, 
ion,  ne  frappe  plus,  nous  t'en  fup- 
liions,  ne  te  tien  plus  à  ces  Portes 
•ermées,  n'atten  plus  que  nous  te  les 
)uvrions,  ne  crie  plus  de  ton  Sanc- 
uaire,  Voky  !  Regarde  !  Car  hélas  ! 
lous  fommes  aveugles,  comment  te 
^oir&te  connoître?  Nous  fommes 
burds,  comment  ouïr  ta  voix?  nous 

L  fom- 


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i±t  Jésus  a  nos  Portes. 
fommes  paralytiques,  comment  ail 
vers  toy  pour  te  faire  entrer?  M; 
plutôt  ouvre  toy -même,  ouvre  Se. 
cneur  ,  &  entre  dans  ces  cœur:, 
puis  que  tu  en  as  la  vraye  clef,  /  -1 
defde'Davidy  puis  que  tu  en  manu 
tous  les  reflbrts ,  puis  que  rien  ne  pei: 
refifteràta  Grâce  opérante,  &  quî 
lors  feulement  tes  fidèles  fe  retoU' 
nent  vers  toy,  quand  tM^i^retoun 
vers  eux.    Et  au  lieu  de  frapper  im- 
plement  à  ces  Portes,  qui  fontcon. 
me  murées  ?c  comme  barrées,  tie 
Seigneur!  romps  ces  mêmes  Porte;, 
brife  les ,  démoli  les ,  renverfc  U 
par  la  force  de  ton  bras,  &cha«c  cj 
ce  tien  Temple  ces  vendeurs  &  cj 
'^-^y»  acheteurs,  chartes  en  ces  efprsts  it.- 
mondes  qui  y  habitent ,  ces  paflioi; 
rebelles  &  ces  affeftions dominants 
n^  i  qui  t'en  défendent  l'entrée  i  comir 
le  grand  Chryfoftome  a  dit  de  1  av:- 
-   ■  rice  qu'elle  étoit  un  Tyran ,  qui  elo 
ene  du  cœur  fon  Prince  légitime, 
favoir  la  juftice  &  la  vertu.  JH 


9.  m 
5- 


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SUR  Apocal.  III.  20. 

Et  voulez-vous  connoître,  Ames 
Fidèles,  fijéfus  n'a  pas frappé  en  vain, 
iTiais  s'il  a  ouvert,  s'il  eft entré,  &s'il 
■^ft  entré  avec  fa  grâce,  &  s'il  cft  entré 
Dour  y  demeurer,  fouvenez-vousje 
.^ous  prie  de  ces  enfeignes  &  de  ces 
narques  que  je  vay  vous  en  don- 
1er.    C'eft  qu'en  quelque  Etat ,  en 
quelque  maifon  ,  &  en  quelque 
œur  quejéfus  entre  de  la  forte ,  5^!'^'^* 
1  y  dit  incontinent,  la  paix  foit  avec 
mis-,  il  appaife  auffi-tofticsefprits, 
diflîpe  les  troubles,  il  chafîe  les 
rayeurs,  il  éloigne  les  difcordes,  il 
>te  les  divifions,  &  il  rétablit  par  touc 
e  calme,  la  tranquillité  &  la  joyc.  Là 
'ù  s'ell  faite  cette  hcureufe  ouverture 
les  cœurs,  incontinent  on  en  voit 
□rtir  une  Légion  cnnérc  de  convoi- 
ilcs&  de  partions,  on  y  voit  la  porte 
e  fermer  dés  lors  aux  folicitations 
lu  Diable  &  du  Monde,  &  nes'ou- 
rir  qu'à  celles  de  TEfprit  &  de  la 
irace,  comme  les  Mères  perles  ne 
ouvrent  ^  ne  fe  dilatent  que  pour 
ccevûir  la  rofée  du  matin  ,  &  les 

L  2  rayons 


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244*  Jésus  a  nos  Portes. 

rayons  du  Soleil  levant.  Là  où  ce  di 
vm  Rédempteur  eft  reçu  falutaire 
F.-^ech.  Yticnt^  on  luy  garde  une  porte  fepa 
^    rée  y  par  où  perfonne    entre  que  luy 
&  un  apartement  diftingué  quin'ei 
^/ll'j^^,^  que  pour  fa  fainte  préfencej  à  pe 
prés  comme  certains  peuples  de  l'O 
c.T  rient  en  ufent  encore  aujourdiiuy 
qui  dans  toutes  les  grandes  maifor 
refervcntfemblablement  une  porte 
&  un  quartier  Royal ,  qui  n'eft  qu 
pour  rentrée  &  pour  la  réception  d 
leur  Prince.  Là  oiife  trouve  ce  divi 
Hote  5  on  s'entretient  avec  luy  c 
tems  en  tems,  &  même  avec  pi aifii 
"y  par  des  méditations  laintes,  par  d( 
ow/*  prières  ardentes ,  &  par  des  aciio'i 
5-      de  grâces  en  toutes  les  chofes  qui  noi 
arrivent:  L'on  y  parle  encore  volo;- 
■},uith.  tiers  de Jéfus,  clc  la  Parole,  &def 
%1X.  Grâces,  car  auflî  nôtre  langage  no\ 
54-  donne  à  connoitrc-i  &  c'elt  de  l'abo 
dance  du  cœur  que  la  bouche  parle  y 
il  femble  même  que  Dieu  dans  cet 
vûë  a  placé  le  Poumon  autour  l 
Cœur,  afin  que  la  voix  fût  Tinte 

pré 


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SUR  A p oc  AL.  m.  20.  245' 
prête  des  plus  intimes  penfécs  de  ce- 
luy-cy.  Là  où  ce  mifericordieux  f  é- 
fus  eft  reçu  avec  joye  ,  là  aullî  'les 
amis  de  Jefus  font  les  biens  venus, 
ceux  qui  font  ordinairement  à  fa 
.fuite  ,  &  qui  portent  fa  livrée  ,  af- 
Ifavoir  les  pauvres  &  les  Lazares  :  Et 
;  toutes  les  fois  qu'ils  font  à  nos  por- 
tes ,  l'on  doit  s'imaginer  que  le  Sei- 
gneuryeft,  qu'il  y  frappe,  &  qu'il 
y  demande  nos  charitez  &  nos  of- 
frandes ,  car  auflî  des  Saints  hom- 
mes ayans  pratiqué  Thofpitalité  , 
ont  loge  des  Anges  fans  le  fçavohy 
&  même  ont  logé  le  Fils  de  Dieu 
fe  prélentant  fous  une  forme  vi- 
fible.  Enfin  c'eft  là  que  ce  Sau- 
veur  des  ames  eft  entré  avec  les 
marques  de  fa  faveur,  au  moins  eft- 
ce  bien  là  qu'il  a  frappé  avec  effi- 
cace ,  où  Ton  fe  figure  ,  toutes  les 
fois  que  nous  fonimes  conviez  à  fa 
Table  facrée  ,  qu'il  vient  pour  fou- 
fer  avec  nous  ,  &  pour  nous  faire 
^Jouper  avec  Iny-,  &  où  l'on  s'y  pré- 

L  3  paie 


Heh. 
15,  l. 


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2^6  Jésus  a  nos  Portes. 

pare  avec  autant  de  foin  pour  l 
moins,  que  fit  fans  doute  un  Méphi 
bofeth  étant  convié  à  la  table  de  Da 
vid  ,  ou  que  firent  les  fils  de  Jacol 
avant  que  de  s'approcher  de  latabl( 

de  Jofeph.  , 

C'eft  à  quoy  ,  Peuple  Chrétien 
Vay  charge  de  vous  exhorter  ,  pui: 
que  dans  peu  de  jours  vous  deve2 
vous  préfenter,  Ibuslebonplaifirà 
la  divine  Providence,  à  la  table  d( 
nôtre  vray  Jofisph,  Se  au  repas  my 
ftérieux  de  Jéfiis  Chrift.  Heureux 
fi  lors  qu'il  vous  rompra  le  painpaf 
le  miniftére  de  fes  Serviteurs  ,  v6- 

'z'**^*  tre  cœur  eft  tout  brûlant  au  dedans  dt 
vous  ,  comme  fut  celuy  des  difci- 

,sam  pies  en  Emmaùs,  fi  alors  vos  yeux 

H- ^7.  font  éclaircis  comme  le  furent  ceuN 
de  lonathan,  &  fi  vôtre  ame  en  ell 
toute  confolée,  comme  fut  celle  de 

c.«.46.  Jacob  ,  §ue  je  meure,  difoit-il ,  acet- 
te  fois ,  puis  que  fay  vu  ta  face  !  bt 
que fera-ce donc,  Fidèles,  que  fera- 
ce  quand  nous  la  contemplerons  non 
^  plus 


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SUR  Apocal.  III.  zo.  147 

)lus  en  CCS  fymboles  6c  en  cespein- 
rures  >  mais  à  face  découverte  j  non 
jlusàune table  terrienne,  mais  à  la 
able  de  fon  aiigufte  Palais  non  plus 
m  un  banquet  mémoratif  de  fa  mort , 
nais  nu  banquet  éternel  &  triom- 
ant  de  T Agneau  ?  Et  qu  heureufe, 
iis-je  encore  ,  eft:  cette  ame  dévo- 
e  qui  fans  ceflc  fe  rcpréfente  que 
'Epoux  vient,  &  qu'il  eft  déjà  à  la 
wrîes  ou  que  du  moins  le  Meftàger 
le  fa  venue  en  approche,  ce  dernier 
■îeraut,  ce  Sergeant  inexorable,  &: 
etcms  arrêté  auquel  nôtre  ame  nous 
èra redemandée,  auquel  nos  forces 
eront  abbatuës  ,  nos  confciences 
ijournées  ,  &  nos  livres  de  contes 
léployez.  C'eft  alors  que  ce  fouve- 
ain  Arbitre  de  nos  vi^s frappera  iur 
>;e  miferable  corps  ,  fur  cette  mai- 
on  d'argille  ,  &  fur  ce  vaifleau  de 
erre  ,  afin  que  venant  à  fe  diflbu- 
Irc&à  fe  cafter,  nos  efprits  qui  font 
l'une  origine  célefte,  puiftènt  pren- 
^Ire  leur  vol  vers  lesCieux,  appro- 

L  4  cher 


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^48  Jes.  a  nos  Port,  sur  Ap.&c. 
cher  du  Sanftuaire  de  fa  gloire,  S 
entrer  par  la  Torte  myftique  en  la  fa 
ledu  fejlhiy  où  ils  feront  raflafiezd< 
toutes  les  délices  de  fon  Paradis 
Ainsi  soit-il. 


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L  E 


249 


SOUVENIR 

SALUTAIRE. 

Ou 

SERMON 

Sur  ces  Paroles  de  V ^[mciL  Chap. 
II.  Vers.  5. 

Cejl potirquoy  fouvien-toy  d'où  tu  es 
dcchà  5  &  te  repens ,  Q^fay  tes 
premières  œuvres. 

rj^^^  orv-:^  j7  j^j^^  icyejlunjourde 
^wH'irt^.  ^onnesnouvelles^i  &ne 
0W  dirions  nous  mot  ?  Ve- 
fiejz^  allons  y  &  le  fat- 
Jons  entendre  h  lamai- 
mU/fon  du  Roy  difraël  \  Ce 
fut  le  langage  de  ces  quatre  Lépreux 
du  fécond  Livre  des  Rois,  lorsqu'ils  O'-^'^- 

L  j  vi- 


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250        Le  Souv  eni  r 
virent  la  délivrance  miraculeufe  d 
Samaric.  Quelques  momens  aupara  [ 
vant  ils  avoyent  veu  cette  fameuft 
Ville  ferrée  de  prés  par  une  armé< 
viftorieufe  ,  &  réduite  à  une  cxtré 
mité  lamentable  Et  tout  d'un  couf 
ils  trouvent  le  Camp  des  Syriensa 
bandonné,  lesTentes  vuides,  Iclié 
gelévé,  &  toutes  les  marques  d'uiK 
retraitte  qui  étoit  fi  falutaire  àleu 
Ville  6:  à  leur  Patrie  :  Sur  cela  il 
croyent  qu'il  eftde  leur  devoir  dal 
1er  publier  une  nouvelle  fi  grande  & 
firaviflante,  &  d'aller  remplir  Sama 
rie  de  joye  &  de  tranfports.  Cher; 
Frères ,  fi  Samarie  fut  autrefois  1< 
partage  d'Ephraim  qui  étoit  la  Tri 
bu  la  plus  avantagée  de  toutes  celle: 
d'Ifraël  :  Si  elle  commandoit  au  de 
çà  du  Jordain  à  fept  Tribus  &  à  fepi 
Provinces,  également  riches  &éga 
lement  peuplées  :  Si  en  celle  de  Z^- 
Mon  fe    trouvoit  la  commodi- 
té des  Mers  &  des  Ports  ,  er 
celle  de  T>an  un  peuple  plein  d'in- 

duftric 


Salutaire.  xyi 

duftrie  &  d*invention,  en  celle  ^'i/^ 
fachar  un  pays  d'aife&de  repos,  en 
celle  de  IStephtati  des  habitans  aima- 
bles &  de  paroles  graîieufes ,  en  celle 
d!Affer\xïi  pain  gras,  &des  délices 
Royales ,  en  celle  de  MmaJJé  &  en 
celle  d*Ephram  la  portion  double 
de  Jofeph  ,  &  toutes  les  bénédiftions 
imaginables  de  la  Terre  &  des  Cieux: 
Si  Samarie  avoit  à  fon  Occident  le 
voifinage  de  Tyr,  Ifle  fituée  au  cœur  ^f/* 
de  la  Mer,  la  plus  expérimentée  de 
toutes  les  Ifles  dans  la  marine  ,  la  plus  ^ 

Euiffante  en  trafic ,  &la  plusredouta- 
le  en  forces:  Si  en  Samarie  é toit 
puis  ou  bien  la  fontaine  de  Jacob  ^ 
d'où  le  puifoyent  des  eaux  pures  & 
falutaircs  :  Si  elle  fut  non  feule- 
ment le  réceptacle  de  plufieurs  Sec* 
tes  ,  &  de  plufieurs  faux  I>od:eurs, 
mais  aullî  leféjour  de  plufieurs  Pro- 
phètes ,  &  depuis  celui  des  Apô- 
tres de  Jéfus  :  Si  au  tems  de  Jo- 
ram  elle  vit  fondre  fur  elle  unepuif- 
fancc formidable,  &unRoy fuperbe 
par  qui  fes  Villes  furent  prifes,  fes 

L  6  ave- 


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Le  Souvent 

avenues  occupées  ,  &  fes  habitanj 
réduits  à  de  très  grandes  cxtrémitez 
Si  ces  mêmes  habitans,  deftituezde 
fecours  humain ,  n'attendoyent  plus 
que  de  voir  leur  Ville  faccagée ,  leui 
liberté  ravie,  leurs  biens  enlevez; 
leurs  confciences  tyrannifées  ,  leurî 
enfans  égorgez,  leurs  perfonnes  & 
celles  de  leurs  femmes  &  de  leurs  fil- 
les expofées  à  la  difcrétion  d'un  En- 
nemy  barbare,  Se  d'un  Soldat  impi- 
toyable ;  Enfin  ,  fi  Samarie  vît  pai 
un  eftet  non  attendu  de  la  bonté  du 
Ciel  une  délivrance  inopinée  ,  Scia 
crainte  de  feshabitans  changée  en  af- 
furance,  leur  angoifl^e  en  alégreflc: 
leurs  troubles  en  paix ,  leurs  gémiflTe- 
mens  &  leurs  foupirs  en  des  cris  de 
réjoiiiflance  &  en  des  chants  de  triom- 
fe  j  Qui  ne  voit  en  tout  cela  un  Ta- 
bleau naïf  de  vôtre  Etat,  de  fa  condi- 
tion, de  fa  fituation,  de  fes  Provinces, 
&  une  defcription  jufte  desextrémi- 
tez  où  nous  venons  de  le  voir ,  &  de  la 
délivrance  miraculeufe  qu'il  a  plu  à 
Dieu  de  luy  accorder  fur,  tout  en  ce 

jour? 


Salittaite,  sur  Apoc.  1 1 .  f.  25-3 
jour  f  Et  fi  les  quatre  Lépreux  eu- 
ent  fijjet  de  crier  aux  portes  de  Sa- 
narie,  &  d'animer  le  peuple  à  une 
ainte  reconnoilîanceiavouëz  que  les 
Serviteurs  de  Dieu  ont  ungrandfu- 
jct  de  crier  aujourd'huy  ,  fi  ce  n*efl: 
dans  vos  rues  &  dans  vos  carrefours, 
au  moins  dans  vos  Chaires  &  dans  vos 
TcmpleSjCV  jour  icy  ejt  un  jour  de  bon- 
nes nouvelles ,  ne  dirions  nous  mot  ? 
Autrefois  Dieu  voulut  que  les  Sacrifi- 
cateurs fulient  pourveus  de  Trom- 
pettes d'argent,  &  que  lefonenfufl: 
diverfifié  Iblon  les  fujets,  quelquefois 
du  retentiffement  bruyant^  quelque- 
fois d'un  ton  moins  éclatant.  Certes 
fi  jamais  ce  Ton  bruyant  a  dû  retentir 
dans  la  bouche  de  vos  Sacrificateurs,  rs^^i,, 
fur  tout  dans  cette  Province,  &dans 
ce  heu  qui  en  eil  le  Centre ,  c'efl:  à 
mon  avis  en  ce  jour  folennel  de  ùcri- 
fices  de  profperité.  Maisaufiîcefon 
y  doit  élire  diverfifié,  s'il  faut  qu'il 
Ibit  éclattant  il  faut  encore  qu'il  foit 
inllruthf ,  &  s'il  doit  infpirer  de  la 

L  7  joye 


10.  10. 
II. 


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254         Le  Souvenir. 

joye  il  doit  aufli ,  félon  Tordre  de  no 
Souverains  ,  infpirer  de  Thumilia 
tion.   Nous  ne  fommes  pas  aujour 
dhui  dans  ces  Chaires  pour  fonner  le 
viftoires  &  les  triomfes.  Ce  n'eft  pa 
encore  icy  le  temps  de  Jubilation  pa 
tout  Ifraël.    Une  partie  d'Ephraïn 
foùpire  encore  fous  lejoug&fous  U 
verge  de  l'ExaBeur,  la  playe  faign( 
encore  en Judai  Egypte  armeenco 
rc  contre Jerufalem ,  &  l'interdit  n'e( 
pas  encore  tout  à  fait  ofté  duSmilici 
de  Jacob.  Enfin,  Peuple  fidèle,  nou; 
fommes  montez  en  cette  Chaire  poui 
vous  faire  reffouvenir  du  pafle  &  di 
préfent,  &  pour  vous  fandifierpoui 
l'avenir.    Car  j*eftime  que  dans  no! 
délivrances  il  n'cft  point  de  A?/^^;^»// 
plus  important  que  celui  de  nôrrt 
chute  précédente,  &  des  caufes  de 
cette  chùtci  ^qu'aufli  il  n'eft  point 
de  réconnoiffance  plus  agréable  à 
Dieu  que  le  r^/^é-wr/r  de  nos  fautes,  & 
que  le  changement  de  nôtre  condui- 
te.Et  maintenant  que  Dieu  relève  cet 

Etatj 


r 

jjp    SALUTAIRE5SUR  ApOC.  II.  J.      2f  f 

Etat,  qu'il  commence  à  lui  parler  de 
Paix,&  qu'il  vient  d'incliner  le  cœur 
d'un  redoutable  Monarque  »  &  vous 
le  rendre  aurti  affeftionnéqu'il  aefté 
irrité  contre  vous,  il  mefembleque 
j'entens  cette  mcfme  voix,  qui  cria 
pi  autrefois  à  la  première  des  feptEgli- 
fes  d  Afie,  vous  crier  encore  de  fon 

ISanûuaire  comme  à  la  première  de 
CCS  fept  Piovinces,  Qeft  pourqmy 
fouvwn-  toy  d'où  tu  es  décheu ,  ér  te  re- 
pens ,  &fay  tes  premières  œu  vres,  E  x- 
hortation  comme  vous  le  voyez  qui 
^  cft  double  :  L'une  ,  à  ce  que  cet  An- 
1  ge  d'Ephcfc  fe  fouvienne  de  fa  chùre-, 

IEtTautre,  à  ce  qu'on  voye  le  fruit  & 
Icftct  de  cefouvenir.  Dans  la  pré- 
miérc  vous  voyez  encore,  i,  L'oc- 
cafion  de  cét  avcrtiflement  ,  Ceft 
pourquoy,  11.  Le  devoir  merme,/<9i- 
vteri'toy.  m.  L'objet  de  ce  fouve- 
nir ,  d*ou  tu  es  décheu. 

Ceux  qui  recherchent  les  fecrets 
i  la  Nature  remarquent  très  bien 
^ue  les  animaux  les  plus  généreux  & 

les 


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2j6        Le  Souvenir 

les  plus  forts  ont  tous  quelque  foibl 
fans  excepter  mefme  le  Lion>  qi 
perd  toute  fa  force  fi  Ton  luycouvi 
les  yeux.  Cequife  voit  dans  laN; 
turefe  remarque  auflî  dans  la  Grac< 
Les  plus  régénérez  ont  tous  quelqu 
foible,  &  le  plus  fouvent  quelqu 
Ûf?.'  écharde  en  la  chair  ^  depeur  qu'ils  r 
élèvent  outre  me  fur  e.   Job  a  bea 
îf*"'  eftre  apcllé  un  perfonnage^'w//>r  e 
x%am  ^jrfj^f   Davîdun  homm^fe  Ion  le  cœu 
Luc,    deT)ieu,  Zacharieunhomme/«/?^'< 
vivant  fans  reproche  y  TEcriture  faii 
te  ajoute  par  tout  un  maùs ,  &  par  toi 
elle  remarque  un  foible,  comme fii 
rentlesemportcmensdejob,  Tadu 
téredeDavid,  êcTincrédulité  deZ; 
charie,  dont  la  bouche  «///<?V/^' parle 
&  publie  la  faute.    L'Epoiife  cil  dit 
c^nt.  eftre  belle  &  de  bonne  grâce  j  cepen 
dantelle  étoit  brune ^hAét du jolet 
Et  fans  aller  plus  loin,  cet  Ange  d 
l'Eglife  d'Ephéfe  fe  voit  d'abor 
comblé  de  louanges,  il  voi tyJ'J'  œuvn 
i:**^'  étalées ,  fon  tra  vail  récommandé ,  1 

patien 


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Salutaire,  SUR  Apoc.  ii.  5*.  25-7 

)atience  approuvée ,  &  tout  aufîl-toll 
1  fuit  un  mais ,  ou  bien  un  reproche , 
lais  fay  quelque  chofe  contre  toy, 
l^ousfçavez,  Chers  Frères,  que  les 
oùangesque  redonnent  les  hommes 
!bnt  ordinairement  flateufes,  &ten- 
lent  non  pas  à  corriger,  mais  à  pro- 
duire un  effet  tout  contraire.  Elles 
endorment rcfprit  comme  leChirur-f 
ien  endort  la  partie  qu'il  veut  per- 
er.  D'où  vient  que  TEmpereur  Si- 
jifmond ,  au  raport  d'iEneas  Sylvius, 
-laitraitta  un  nomme  qui  le  loùoit 
fans  rinftruire,  &que  Dionl'Hifto-  p^rj. 
rien  remarque  que  ce  qui  perdit  Né- 
ron,  c*cft  qu'on  le  loua  toujours  &  f^"- 
qu'onne  lerepritijamais.  Icyverita- 
blemcnt  le  Fils  de  Dieu  loue ,  Je  con- 
noi  tes  œuvres dit  il  à  cet  Ange,  & 
ton  travail^  &  ta  patience  ^  &  que  tu 
ne  peus  porter  les  mauvais  Sec,  mais 
c'étoitpour  en  venir  au  blâme,  &du 
blâme  à  la  correftion.  La  louange 
netoit  qu'une  entrée  favorable,  pour 
faire  glillcr  plus  doucement  dans  l'ef^ 

prit 


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258        Le  Souvenir 

prit  de  ce  bon  Evefque  un  reproch 
vif  &  pénétrant ,  Tuasdélaiffétapr, 
mière  charité,  Ceft  de  la  forte  qu'u 
I  c#r.  p^yj  commence  la  plus-part  de  fes  E 
pitres  par  des  éloges,  rendantgracc 
à  Dieu  de  la/iy  &  des  vertus  de  ceu 
dont  il  fait  voir  en  fuite  les  foibleffe 
&  les  défauts.  Etlaconclufionen  ef 
Ceji pourquoy  ayez  fou  venance. 

Les  reproches  quefé  fontencor 
les  hommes  font  le  plusfouvent  ai 
gres,  &  ne  tendent  qu'à  diffamer  i 
qu*à  confondre.  Témoin  ces  rcprc 
Çtntp  ches  peu  charitables  que  font  àunjo 
TsL.  feph  ou  à  unDavid  des  frères  envieux 
^lan'  ouquefaitTinfidéleJudas  à  une  Ma 
rie  prodigue  à  l'égard  de  Jéfus.  Quel 
quefois  aulTi  ce  font  des  reproche 
d*un  Maitre  ou  d'un  Juge,  qui  met 
tcnt  le  crime  dans  fon  vray  jour,  pou 
faire  voir  combien  la  punition  en  el 
jufte.  Et  j'avoue  que  ces  reproche 
fanglans  qae  Dieu  adreffe  à  de 
Caïns,  àdesSaùls,  àdcsAchabs,  ; 
desSimons,  &  à  des  Ananias,  fon; 


Salutaire,  sur  Apoc.  i i.  f.  159 

[e  cette  dernière  iortc.  11  confond 
lors  fansconfolerjil  blâme  fanscor- 
iger,  il  abbat  fansreléver,  il  perce 
aplayeôcen  fait  voir  la  profondeur 
ans  ajouter  l'huile  ni  le  baumejôc  ces 
)layes  en  ces  fortes  de  fcélérats  font 
nortcUes.  Mais  en  cet  endroit,  Celuy 
lui  tient  les  fept  Etoiles  en  fa  main 
Woite  reproche  en  Pércôc  en  Amy,  il 
eprendj  maisaufliil  inftruit,  il  met  la 
6ndc,mais  il  met  auiTi  Tappareil ,  il  fe 
èrt  de  vinaigre ,  mais  ilfe  fert  auffi 
rhuilc,pour  adoucir  &pour  cicatrifer 
out  cnfemblc,  ôc  il  tend  non  pas  à 
onfondre  fimplemcnt  ce  bon  Ange, 
noins  encore  à  le  jetter  dans  le  déiet 
)oir,non  plus  que  fit  ailleurs  le  repro- 
he  de  TAnge  en  Bokim,  la  parole  de  j^^, 
>Jathanadreflee  à  David,  ou  i'aver.,%'i^ 
incment  de  Jéfus  adreflc  à  Pierre 
nais  bien  à  le  porter  à  une  confufion  12.61. 
aintc,6càun  répentirfalu taire,  Cejl 
xmrquoi  [ouvicn-toy  d'où  tu  es  dé- 
:heu. 

Dieu  fans  doute  n'cft  capable  ni 


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26o        Lé  Souvenir 

d'oubli mdtfouvenir ,  quoy  que  1*E 
criture  bégaye  avec  rhommc  par  ce 
fortes  d'exprefîions.    Les  Anges  mi 
me  n'oublient  point,  puis  que  leu 
fouvenir     àèçtnà  pas  deladifpof 
tion  d'un  cerveau ,  ni  d'un  mouve 
ment  d'efprits  qui  tantofts'arrefte  i 
tantoft  fe  renouvelle ,  ni  de  ces  idée 
ou  de  ces  imprefllons  que  d'autres  ot 
jets,  d'autres  idées  ,  le  tems  &  1 
grand  âge  obfcurciflent,  &  finalemen 
effacent.    Aufîî  voyez-vous  que  le 
Anges  font  réprefentez  comme  étan 
jeunes,  &  dans  un  âge  qui  a  la  me 
moire  heureufe.  Iln'y  aquel  homm 
qui  oublie  ai fé ment  fur  tout  les  chc 
fes  du  Ciel.    Car  le  péché  a  blefl 
nôtre  mémoire  de  même  quenôtr 
entendement  &  nôtre  volonté.  Il  e 
a  été  de  la  prémiere  défobeïffanc 
comme  de  ces  maladies  qui  ont  fai 
perdre  le  fouvenir  même  d'un  Per 
ou  d'une  Mere.    Auflî  l'homme  d 
venu  d'abord  à  oublier  fon  Pere  Ôc  foi 
Créateur  >  &  de  là  naiflbns-nous  tou 

de 


ÎALUTAIREjSUR  ApOC.  II.  y.  26I 

XtsAIanaJJez^  c'eftàdirc  en  la  Lan- 
gue fainre ,  des  otiblieurs.    Car  en  cf- 
;t  qu'eft-ce  que  le  Péché  fi  ce  n'cft 
jnoubli?  Et  que  fait  autre  chofe  le 
pcchcu  r  fi  ce  n'ell:  qu'il  oublie  la  maje- 
flédeDieu,  Téquité  de  fi^s  Loix ,  la 
févéritédefa  juftice,  la  multitude  de 
Tes  Playes ,  les  éclats  de  fes  Foudres , 
&  la  pélanteur  de  fon  Bras  ?  Que  fait- 
il  fi  ce  n'efl:  qu'il  s'oublie  foy  même, 
quafi  comme  un  Mefîala  Corvinus  p/,-^. 
qui  vint  à  oublier  fon  propre  nom,^^-^ 
en  ce  que  le  pécheur  oublie  fa  raifon, 
fon  jugement,  fon  devoir,  fon  bien 
&  fon  utilité  propre,  lorsqu'il  préfè- 
re un  plaifir  palTager,  une  paflîon 
brutale,  une  douceur  rrompeuic  , un 
petit  gain,  ou  une  fumée  d'honneur 
&  de  réputation,  à  ce  qui  t:i\.letout  ^''^'f^' 
de  l'hcmfnei  comme  eftfans  doute  la 
paix  de  Dieu,  lagracedejéfus,  &la 

t félicité  du  Ciel  ?  Ifraël  prévarique- 
r'il  ?  c'eft  qu'il  oublie  celuy  qui  l'a  fait  : 
Muyfedoûte-t-il,  en  frappant  le  ro-  h*/:  s. 
cher  ?  c'eft  qu'il  oublie  tous  les  mi-  î,t,»i. 


racles 


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i6i  Le  Souvenir 
racle$  dont  ilavoît  déjacfté  l'inftru 
ment:  Aaron  fond-il  un  veau  d'or 
c'eft  qu'il  oublie  la  voix  de  Sinaï  :  Da 
vid  commet- il  adultère  Pc'eft  qu'il  ou 
blicccluyquira  placé  fur  le  Tronc 
Jonas  fuit-il  enTarfis?  c'eft  qu'il  ou 
blie  qui  eft  Dieu  ,  &  quelle  cft  fa  vo 
*  cation  :  Pierre  enfin  renie  t'il  fon  boi 
Maître?  c'eft  qu'il  oublie  qu'il  ci 
'Pierre,  & nefefouvientplusdecct 

Manth.     promelTe ,  Je  ne  te  r enter ay  point . 

'  '       Jugez  donc,  Fidèles ,  combien  cet 
te  exhortation  eftnéceflâireàrhora- 
me  pécheur,  Houvien-toy  !  Véritable 
ment  il  n'en  eft  pas  befoin  quanc 
il  eft  queftion  des  injures,  des  offen 
fes,  des  pertes,  desplaifirs,  oudei 
avantages  du  monde,  ni  quand  il  s'a- 
git de  pourvoir  les  fiens ,  d'accroitrc 
fçs  revenus,  de  procurer  fon  avan^ 
çement ,  de  chercher  fes  aifes ,  ou  de 
foûtenir  fes  propres  intérêts.  L'hom- 
me a  encore  une  merveiUeufe  mé- 
moire pour  le  mal ,  mais  pour  le  bien 
ila'enapoint,  ce  qui  eft  une  preuve 

con- 


Salutaire,  sua  Apoc.ii.  j6j 

convainquante  de  fa  corruption.  Les 
Difciples  en  TEvangne  s'éveillent 
bien  à  la  voix  de  jéfus ,  mais  auffi  toft  W4W*; 
ils  fe  rendorment  i  de  mefmelepé- 
cheur  s'éveille  alFez  fouvent  à  la  voix 
des  Minirtres  de  Jél'us,  mais  auffi- toft 
il  fe  rendort  5  tant  fon  cerveau  eft  ap- 
pefanci  par  les  vapeurs  de  la  chair.  A 
peine  a  t'ii  oui  la  Parole,  qu'il  l'ou- 
blie, comme  celuy  qui  s'efîantcon- 
fidcrc  en  un  miroir  onhlie  aujjl  tojl 
quel  ti  etoitt  comme  l'hchanfon  ou-  oin^p^ 
blie  fofcph  dés  le  moment  de  fa  dé  - 
livr.ince>  ou  bien  comme  TAutruche  uh.  39: 
fes  œufs  dés  qu'elle  les  a  pon-  M^rm, 
dus.  Peu  confcrvcnt  cette  précieufe 
Manne  comme  ézmum  cruche d* or ^  ' 
peu  gardent  en  leurs  cœurs  avec  Ma« 
rie  les  paroles  dcjefus,  peu  les rumi»  ^l^^" 
ncnt  comme  firent  les  deux  Difciples 
prés  le  départ  du  Seigneur.  Si  le  Fils 
de  Dieu  crie ,  jouvien-toy ,  le  Tcn* 
tateur  tâche  de  détourner  ce  fouve- 
nir.    Il  intervient  &  avance  d'autres 
objets,  il  fait  voir  du  danger  à  un 

Pier* 

I 


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145  G  34 


Le  Souvenir 

Pierre ,  il  découvre  des  charmes  à  u 
David,  il  répréfente  l'utilité  des lii 
des  &:  des  lingots  à  un  Achan,  ilprc 
inetlcpréfentfiécleàunDémas.  O 
bien  il  empefche  d'oiiir  ccfouvm 
toyy  il  divertit  Tattention,  ilaflbi 
pit  Icsfens,  il  bouche  les  oreillei 
carcen'eftpas  l'intérêt  de  fonrégn 
-que  par  cette  voix  falutairenoscor 
fcicncesfoyent  réveillées,  nosyeu 
ouverts,  nos  efprisémûs,  &  nôti 
mémoire  rafraichie  des  choks qui, 
par  tiennent  a  notre  paix.  En  un  mo. 
pour  imprimer  ces  idées  bienavan 
il  faut  que  Dieu  les  grave  luy-mên 
au  dedans  de  nous,  comme  il  grava  . 
Loy  fur  les  deux  T ables  s  il  faut  qu 
iR"^  touche  rhomme  plus  d'une  foi 
comme  il  toucha  un  Elie  qui  do 
moit  y  il  faut  qu'il  le  blcflc  à  ' 
ctn^r.  hanche  à  un  endroit  fenfible  ,  af 
qu'il  s'en  fouvicnnCi  &  que  d'ui 
•voix  étonnante  il  perce  l'oreille  H 
cœur  d'une  conlcience  crimmell 
?r    Adam ,  Homme  qu'as  tu  fait  ?  c 
zsarH.  k\q^   Tués  cet  homme- là?  1 

12.  7.  * 


Saliitatrt,  <?nR  Apoc,  i  i.y.  265 

Et  le  mot  qui  ic  crouv^c  danslcTcx- 
original  elt  d'une  finguliére  empha- 
.  11  lignifie/^'  ramentevoir  une  chofe 
ou  fe  la  rapeller fouvent^  &  avec  appli- 
cation De  fait  ces  idées  faluraires  doi- 
nt  fans  celle  cftrerenouvellées  5  ce 
eu  Hicré  doit  <^tre  entretenu  tous  les 
foirs  &  tous  les  matins ,  &:  ces  Lampes 
ont  toujours  belbiiide  nouvelle  hui- 
le.  Et  c'efl:  à  quoy  contribuent  fans 
doute  les  chdtimens  de  Dieu  ,  nos 
maladies,  nos  difgraces,  &  nos  dé- 
ivranccs  les  plus  merveilleufes.  C'eft 
cela  qu'efl:  deftiné  le  Livre  des  Ecri- 
tures ,  qui  eft  ce  vray  Livre  de 
moires  qui  rappelle  jour  &  nuit  aux 
amcs  dévotes  un  fou  venir  très- im- 
portant. C'cll  encore  à  cela  que  de- 
voycntlervir  tant  de  Mémoriaux  in- 
ftitucz  de  Dieu  Ibus  l'Ancienne  Al- 
liance, tant  de  Fêtes,  ôctantdaver- 
tinèmens  folennels  ,  aullî  bien  que 
ces  enfeignes  &  ces  monumens  pu- 
lics  qu'éngeoyent  les  Saints  Hom- 
es  ,  après  des  délivrances  ou  des  '4- 
races  lignalces.  Et  c'ell  à  cela  me-  9/^ ^'c, 

M  me 


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i66        I  t:  Souvenir. 
me  que  fcr\ciiL  encore  aujoiird'huy  1< 
Mémoriaux  àicUGx2iCÇ,  &bvoixd( 
Fadeurs ,  qui  cft  comme  ce  chant  lali 
raire  du  C^?^,ou  qui  eft  corne  la  voix  d 
CCS  Mer jutsqui  crioyent  tous  ks joun 
«SWu/Vw-?^yclecequetues,cle  ce  qu 
tuas  été,     de  ce  que  tu  feras  un  jou 
Et  ne  croyez  pas,  Fidèles,  que  nou 
ayons  moins  beloin  que  vousd*un  4) 
Souvenance  !  îcy  lcS?igneur  adreHe 
averciirement  à  un  Ange .  à  un  Lvequ* 
à  un  Héraut  de  la  grâce  C'écoitun^? 
^^'Jelon  que  le  qualifie  l'fcfprit  de  Diei 
non  pas  du  Ciel .  mais  de  la  1  erre,  u 
Antre  non  pas  tout  Llprit,  ma 
&  Chair  C  éroit  l'une  de  ct^Jept  Lîo. 
les  ,  mais  pourtant  du  nombre  de  cdl( 
qui  font  errantes  en  un  certain  iens,. 
9       îni  parfois  Wnhcnt  du  Ciel  en  la  îerr 
i  .  mémoire  des  plus  éclairez  n'e(t  p; 
toujours  îa  plus  heureule.  Ces  Ani;^ 
oublient  iouvent  ce  qu'ils  font  ,  •  ( 
.   qu'ils  doivent    -  ce  qu'ils  prechen 

Un  Paul  même  après  avoir  elle  ^  ^ 
,  autroifiéme  Ciel  a  be foin  d'une  ^r/M 

^^■^  '  de  Un  Céphas  éclairé  de  tant  de  h 

mieri 


î  Cor. 

Il 


Salutatrt:,  SUR  Apoc.  ii.  ^,  26/ 

nicfcîi  a  bcioind'un  Paul  qui  ieredref- 
e.  Les  picz  des  Dilciples  ont  beau  eftre  i,an 
avez  par  Jéfus  Chrift,  ils  rerouchenc 
ufîi-tofl:  la  terre,  &  fe  fouillent  de 
Kîuveau  Et  cet  Ange  de  laprémiére 
le  de  la  plus  floriflTante  des  Eglifes  de 
'Afie  eft  repris  non  feulement  defon 
mbii,  mais  au/Ti  de  fa  chute*  Souvien- 
oycPoîi  tu  es  decheu. 
Les  hommes  nous  font  rejfouvenir 
^  as  fouventdecholes  légères.  Mai- 
re ,  difent  les  Pharifiens  ,  tes  Dilciples 
'e  lavent  point  leurs  mains.  Souvent 
S  nous  rappellent  le  fouvenirdecho- 
îS inutiles,  comme  Ifaac  fait  inutile- 
lent  loi:      r  ionVùïQdelabeJiepour^"-^^* 
^holocaujie.  Parfois  ils  nous  portent  à  ^* 
n  fouvenir  criminel  &  pernicieus, 

I omme  le  ferpent  fait  fouvenir  Evede 
^ Arbre  defirahle^  comme  ces  Frères'*^* 
ui  fc  font  reffouvenir  Tun  l'aucre  du 
taitre  fongeur ,  ou  comme  laServan-  é?'«.j7. 
e  qui  fuie  relfouvenir  que  î^/Vrr^  doit  1?;,,^. 
lire  faifi  comme  l  etoit  Jéfus.  Mais '^•7'- 
)ieu,  fa  Parole,  &fes  Serviteurs  nous 

M  2  fcnt 


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268         Le  Souvenir 
font  fouvenir  uniquement  de  chofc 
d'où  dépend  nôtre  félicité  &  nôtre  fî 
-    lut.  ^yefouvenance,  cd'ildiiMQuxi: 
Exi  ^^'/^?»  tr^'^/^«r  pourle  fervir,  dujou 
du  repos  pour  le  fandifier,  de  toits  It 
pfe.   bienfaits  de  Dieu  pour  les  reconnoître 
t]yrn.  de f es  merveilles  ^om  les  adorer,  dei 
9.17-^  femme  de  Lot  pour  en  éviter  la  déf< 
beïlTance  ,  de  tes  Conducteurs  poi 
fjlj.  imiter  leurfoy,  de  l'hofpitalité  poi 
^*      la  pratiquer,  des prifonmers  ^des affl. 
gez>  pourfe  figurer  leurs  maux  ôcleu 
i outrances,    tt  dans  nôtre  Texte  < 
îidéle  Témoin  f<iic  fouvenir  fon  A  m 
d'une  trifte  chute ,  afin  qu'il  s'en  relév 
Il  étoit  decheu  le  bon  Ange,  ma 
non  pas  de  fa  connoiflance  nidefes  l 
niiéres,  non  pas  de  fon  caradéreni  c 
fon  rang,  non  pas  de  ladile6tion  ni  t 
la  grâce  de  fon  maitre,  dont  rien  !' 
petit  feparer  le  fidèle.    Il  étoit  déchet 
mais  non  pas  de  tout  mouvement ( 
^  *     piété  ou  de  charité ,  car  il  avoit  enco 
cela  de  bon  qu'il  hatifoit  ^  la  doEîrt. 
iX'  &:  les  a^es  des  Ntcolaïtes  >  fefte  q 


Salutaire, SUR  Apoc.  i  i.  f.  2^9 

rtoic  au  libertinage,  &:  qui  renvcr- 
ioiclafoy  de  la  pièce  tout  enlemble.  De 
quoy  donqucs,  direz- vous  ,  étoic  dè- 
r^^^«cét Evéque,  oubicn  fonEglifcà 
qui  l'Efpric  vient  de  rendre  un  témoi- 
gnage fi  magnifique?  Le  verfec précé- 
dent le  dit  5  Tu  tis  délaijp  ta  première 
charité.  Ce  premier  feu  éroit  non  pas 
éteintmais  amorti, Tardeur  de  cet  A  nge 
étoit  ralentie,  fonzéie  étoit refroidi , 
&  fes  mains  étoyent  devenues  pefantes. 
Cette  belle  Egiife  étoit  devenue  moins 
exemplaire,  moins  charitable,  moins 
hofpitaliére,  &  moins  prompte  foità 
ivancer  '  ■  vérité,  foitcà recueillir  les 
îxilez,  ioit  à  foulager  les  pauvres  &  à 
confoler  les  affligez.  C  éc  arbre  planté 
|?3r  la  main  de  Jéius ,  &  cultivé  par  Ibn 
Apotre,  avoir  jetté  des  racines  trop 
Ivant  dans  la  terre,  &  tenoit  un  peu 
rropauxbiensdu  monde,  dontll étoic 
devenu  moins  communicatif.  Et  c'efl: 
f^\z  même  dont  fon  charitable  Maitre 
luy  rappelle  le  fouvenir,  fouvien-toy 
d  oit  tu  és  decheu,  Car  c'eft  là  la  pré^ 

M  5  miçre 


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270         Le  Souvenir 
miére  démarche  d'un  repentir  faluta 
re ,  de  comparer  le  préfent  avec  le  pa 
fé,      de  le  fouvenir  des  gracesqu*c 
avoir  cydevanr  rtceucs,  desdouceu 
qu'on  avoir  goûtées,  des  œuvres  lou: 
bies qu'on  avoir  faites,  &  d'une  félic 
rédonron  eftdécheu  par  fa  propre  fai 
te.    C'eft  alors  qu'un  David  pieu 
quand  il  penfe  aux  jours  de  jadis  &  a 
temps  du  fiecle  pajje ,  ou  qu'un  prod 
pue  pleure  quand  iifefouvienr  de  fo 
état  en  la  maïfon  de fon  Tcre ,  ou  qu'u 
Pierre  pleure  quand  après  le  regarde 
Jéfusil  fait  reflexion  fur  Ion  prémi( 
courage  ÔC  fur  fa  première  innocence 
&  qu'une  bonneameeft  touchée  vive 
ment  quand  au  fouvenir  du  pafle  ell 
joint  la  confideration  de  fon  change 
ment  &  de  fa  mifere  préfente. 

Je  ne  trouve  pas  étrange  qu  avo 
délaifTé  fa  première  vertu foiticy  af 
pelléunerÂ///^.  C'eft  fous  ce  nom  qu 
le  Péché  nous  eft  répréfenté  dans  k 
faintes  Ecritures.  Elles  parlent  fou 
vent  de  l'homme,  d'Ilracl,  ôc  du  hdc 


Salutaire,  SUR  Apoc.  ii.f.  271 

comme  c.ant  tombé ^  trébuche^  dé- 
:heu ,  ^  cette  expreiiiou  efl  auffi  fami- 
lière à  S.  P.iul.  1-  t  de  fait  le  premier 
iiomme  avoiceflc  cxéèdroit.    Il  écoit  iV  '"" 

I  cor» 

Turfes  pieds  dans  le  Paradis,  il  regar-  1^0.  12. 
Joitle  Ciel,  il  levoitlatête,il  marchoit 
fans  home  &  fans  crainte,  ilétoiten  ^"ifl 
jne  pofture  de  Maître  &  deDomina* 
:eur,  &  véritablement  il  étort  debout. 
On  pouvoir  dire  de  luy  ceque  l'Epoufe 
die  de  Ton  t.pous  myftique  ,  R^S^^^^^  cant.^. 
le  Roy  Salomon  avec  la  Cour  orme  doyit 
fa  Mère  l'a  couronne  au  jottr  de  fes 
Epoii  faille  s ,  ô-  au  joii-r  de  la  lieffe  de 
fon  cœur.  li  fut  vcri'tablement  le  Roy 
des  hommes  &  des  animaus .  fajuflice 
fut  fa  Couronne,  Créateur  fut  la  Mè- 
re ,  le  jour  de  la  cication  fut  celuy  de 
es  Epoufail les  avec  Lve,  le  Paradis  fut 
fa  Maifon  Royale  ,  8c  l'Alliance  de 
Dieu  fut  comme  ce///'  magnifique  ou 
comme  cefuperbe  Trône  fur  lequel  il 
repofoit  feurement.  Mais  envifa^ez 
je  vous  prie  ce  môme  homme  après  fa 
ticlobtïirancc  ,  car  le  voilà  tomie  /  Re- 

M  4  gardez 


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145  G  34 


27^  Lt"^  Souvenir 
gardez  ce  Prince  des  hommes  avecl 
Couronne  renverfée,  fa  parure  déch 
rée,  fa  gloire  ternie,  &  fon  innocen 
ce  perdue  pour  jamais!  Voyez,  Fidé 
les,  comme  il  baifTe  les  yeux,  comm 
il  regarde  la  terre,  comme  il  rougit  d 
fafoibleffe  couvert  de  honte  décor 
fufion  ,  comme  //  fe  cache  de  devan 
l'Eternel,  &  comme  il  tremble  à  1 
voix  divine.  Il  eft  étendu ,  il  eft  coi 
ché  parterre,  ilfe  vautre  dans  la  pouf 

 fiére ,  il  eft  navré  de  pUifutirs  coup 

comme  l'homme  de  la  Parabole.  Et  i 
chute  non  feulement  eft  lourde,  dan 
ce  beau  jour  qui  Téclairoit,  non  feule 
ment  elle  eft:  honteufeàun  homme  d 
fa  force,  non  feulement  elle  eft  dange 
reufe  par  une  bleflure  ,mais  elle  eft  mor 
telle,  &: en  tombant  il  fe  tue  ,comm 
fait  le  pauvre  Eutyche,  car  il  tomb 
de  trop  haut,  puisqu^il  tombeduCie 

àzxisl'abime.  .    ,    s  ,     -r.  • 

Il  eft  bien  vray  qu*il  plut  a  la  mileri 
corde  de  Dieu  de  le  relever  bien-tofta 
prés.  Ce  charitable  Samaritain  de 
^  lor 


lue,  10 


'jin. 


Salutaire,  sur  Apoc.  i i.  273 

lors  le  voyant  en  ce  trifte  état  fut 
émcu  de  compadîon.  Cet  Ange  de 
grâce  luy  die  comme  à  Pierre,  leve^^/^. 
toy  légèrement^  ou  comme  Jéfus  dit 
au  Paralytique  levé  toy  &  marche  y  & 
ce  bras  puiiîànt  le  prit  par  la  main ,  le 
foûtint  par  fa  vertu ,  &  le  redrefla  par 
fa  milcncorde.    Cependant  depuis 
cette  fatale  chute  Thomme  n'a  fait 
que  ramper  fur  là  terre ,  il  ne  marche 
que  pcfammcnt ,  il  ne  regarde  le  Ciel 
qu*a vec  peine ,  il  le  traine  par  maniè- 
re de  dire  là  oii  Dieu&fon  devoir 
rappellent,  il  cloche  tout  le  relie  de 
fcs  jours  avec  Jacob,  &  il  trébuche 
prcfquc  à  chaque  démarche.  Car  en- 
fin autant  de  fois  que  l  homme  pèche, 
autant  de  fois  il  tombe,     en  tom- 
bant il  fc  bléfFe.   I  *avouc  que  les  chû- 
tes du  vray  fidèle  fous  1  alliance  de  la 
grâce  ne  font  plus  mortelles,  mais 
elles  font  cependant  criminelles ,  el- 
les font  dommageables,  elles ofFen- 
fentDieu,  elles bleiïent famé,  elles 
troublent  la  confcience ,  elles  obfcur- 

M  f  cifîènc 


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xQ.i-j 


174,        Lk  Souvï^nik 
ciflent  la  grâce,  cWcscontnJient  l*Ej 
prit  deT>ieu ,  &  elles  irritent  leSair 
d'ifraël,  car  Dieu,  difoitjob ,  ^-^w; 
uh.  14.  tous  nos  pas ,  //  n'accepte  rien  de  m 
péchez, ,  &  il  cachette  tous  nos  forfait 
comme  en  une  bouge tte.  Je  tombe  aul 
d'accord  que  toutes  les  chûtes  ne  fou 
pas  égales.    11  y  en  a  de  trés-lourd< 
en  ceux  qui  ont  reçu  plusdelumiert 
&  plus  de  grâces,  &  tellesonteftéU 
chûtes,  par  exemple,  des  Anges  dar 
le  Ciel,  d'Adam  dans  le  Paradii 
d'Aaron  dansle^Déllrt ,  dcSalomo 
dans  fa  Glotre,  &  de  Pierre  dans  ) 
Gourde  CaïpheàlavLîë  dejéfus.  : 
y  en  a  de  plus  honteules  que  beav 
coup  d'autres  ne  font,  comme  il  e 
honteus  un  homme  grave  de  le  lai 
ferchoirpir  imprudence,  à  un  Cap 
tainedefuir,àun^  '    illnit de  prévi 
riqucr,  àu      re  de  donner  maur 
exemple,  ou  n       !       ur  qui  en 
crr.e  autruv  ^  s\n(etgner 
rnhn:       '  .urunrp 
blamaJiCc^qu  ci.vi,Ao..ii'.uS  Volonra 
^  res 


a.  2ï 


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Salutatrf,  sitR  Apoc.  II.  2Tf 

res,  tcinoin  c^conjtil  fccret  de  Si- 69.^6. 
meon  &  de  Lévi ,  ces  péchez,  de  fierté  ^'^ll, 
dont  parloïc  Moy  fe ,  &  cette  légère- 
té  <i  répandre  Le  fang  que  déplorent  les  « 
I  Saints  hommes  de  Dieu  &  qui  fe  voit 
fifort  en  nos  jours,  fans  excepter  le 
r  fait  malicieus  de  Djvid  au  regard 
i'Urie.    Il  y  en  a  de  tout  à  fait  crimi- 
nelles en  une  infinité  d'iionimcs  qui   ^  . 

f  J  '      1     /  Ail.' 

k vendent     peclie  avec  A(.hab ,  qui  ix-^s. 
pèchent  la  mam  élevée ,  &:  qu  i  le  pré- 
cipitent de  gayeté  de  cœur  dans  le  vi- 
ce &  d  ms  les  dilîblutions.  Jlyena 
de  tout  à  fait  mortelles  &  dont  Thom  • 
mencfcrelévr  ^^mais,  comme  font 
celles  dont  pai  i^    Paul ,  &  celles  des  hm^, 
fudas,des  luliens,  de  '  s, 
Dcaucoup  d*Apolhits  ,  devenus  de 
:rucîs  perfécutcurs  après  avoir  eu  des 
«/w/rr^^xconvaincantes.  &:  après  avoir 
^oule  la  bonne  parole  y  auiïï  bien  que 
its  puijfances  ^  les  vertus  de  l'Evan- 
çile,  &  même  une  partie  deTAnti^- 
quitéamis  en  ce  rang  b  chute  du 
jrand  Saiomun.    Enfin  il  y  en  a  auiïï 

M  6  de 


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Cal.  6. 
I. 


276         Le  Sou V  eni  r 
de  plus  innocentes  ,  comme  celle 
qui  viennent  defurprife^  oud'ignc 
rance  ,  ou  de  foibleflc  ,  &  pour  le 
y,.mbr  qucllcs  Dicu  avoit  ordonné  en  la  Lo 
M  30.'  des  offrandes  &  des  facrifices ,  au  lie 
que  toute  chùte  volontaire  &  toi 
péché  de  rébellion  devoit  eftre  put 

de  mort. 

II  ne  faut  pas  douter ,  Chers  rc 
res,  que  la  chiae  de  ce  bon  Ang 
n'ait  efté  de  la  dernière  forte,  &ph 
toftun  effet  de  Tinfirmité  humain 
que  d'un  deffein  malicieus.  Et  qi 
cft-ce  d'entre  les  hommes  niorteh 
quinefoit  fujet  à  tomber  de  la  forte 
Lejuftetombera/^jOr^/^-parjour,  . 
mkm^Jeptanteéjeptfoù,  Celui  ^. 
s'ejlme  eftre  debout  doit  hicnprc, 
p-arde  qu'il  ne  tombe.  LenaturcU 
rhomme  y  contribue  fur  tout,  lequ 
eftdefoy  même  changeant  &incoi 
ftant  ,  comme  une  girouette  à  toi 
vent,  comme  ces  nuées  que  levei 
emporte  aifément,  ou  comme  o 
naffelles  que  le  courant  des  eaux  er 


I  Cor. 
1.  12. 


Salutaire, SUR  Apoc.  ii 


5.  277 


aiac  lans  difficulté.    Tout  ce  qui 
au-dedans  de  Thomnie  y  contribué 
encore,  la  chair,  la  convoitiie,  les  pal-- 
fions ,  le  pèche  qui  y  habite  ,  &  la  loy 
qui  ejf  en  fes  membres.    Tout  ce  qui 
cft  au  devant  de  l'homme  y  contribué  17.25!' 
femblablement,  les  mauvais  exem- 
ples, les  follicitations du  monde,  les  ^^^^^^^ 
charmes  de  la  terre,  &:la  montre  des  ^-'^^ 
Royaumes  du  monde  &  de  leur  gloire- 
Tout  ce  qui  eft  à  Tentour  de  l'homme 
ou  tout  cequi  luy  arrive,  contribué 
de  même  à  le  faire  choir,  foitlapau  ^^'g 
vretéfoit  lesricheflcs,  foit  ladilette  9- 
foit  l'abondance,  foit  les  biens  foit 
les  maus ,  foit  une  grande  profpérité 
foit  une  extrême  dif^racc.Tout  ce  qui 
cft  derriéie  1  homme  &  toutce  qu'il 
ne  voit  pas  produit  encore  le  même 
effet,  favoir  les  embûches  que  luy 
drcflc  ce  Lion  rugilfantqui  fansccjje 
rode  à  l'entourde  nous  ^  ou  les  piège 
que  dreflent  des  ennemis  des'féduc- 
tcurs  &desfaus  frères,  que  la  haine, 
fcnvie  ôclamédifancepoflcdcnt.  En 

M  7  un 


ges  ^'  ^* 


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278         Le  Souvenir 
un  mot  tous  les  licus  où  1  homme  f< 
trouve  font  ou  des  lieusde  tenratioi 
&des  lieus  gliflans,  ou  des  chemin 
pleins  de  mauvais  pas  &  pleins  di 
pierres  d'achoppement  j  foit  qu'il  f< 
Qen.<).  trouve  au  milieu  de  [on  tabernacl 
avecNoë,  foit  qu'il  fe  trouve  dan 
une  Egypte  avec  Abraham  &  avec  fb 
deicendâns  ,  ou  dans  une  folirud( 
avec  Lot,  ou  dans  un  défertavecle^ 
frères  de  Jofeph,  oudansun  Pa'.aij 
Royal  avec  David,  ou  dansunliet 
de  débauche  avec  le  Prodigue,  01 
dans  une  compjgnie  ccrangcre  avec 
Pierre,  ou  même  dans  un  lieu  de  dé 
votion  avec  Eutyche  cependant  qiu 
Taul  trait  te  de  la  Parole. 

Particulièrement  l'homme  déchoit 
fort aifément de  ià Première ch  iriré  & 
de  Tes  premières  vertus.  Dans  le  che- 
min de  la  grâce  l'on  y  dcfcend  plus 
ailémcnt  que  Ton  n'y  monte,  carie 
chemin  eft  Fort  roide  j  de  même  que 
Ton  y  -<=^cu!e  plus  aifénv  nr  quelon 
n'vavaucw,  curie  courunc  du  monde 


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SALUTAIR.F,5tTR  ApoC.  I  I,  f.  IT*) 

8c  des  affeftions  iiou:^  emporte.  hA  \c 
n'exceprc  pas  en  cccy  même  les  plus 
égénérez,  fulîcnc-ils  des  Anges  dans 
le  t  ici  de  TEglile,  comme  l'étoit  ce- 
luy  qui  cft  répréicnté  dans  nôtre  Tex- 
te ,  qcre  quelques  uns  ont  crû  avoir 
elle  Timothee ,  ou  bien  fu(ïent-ils  des 
Sanii ons  en  force ,  des  Da vids  en  gira- 
ccs ,  des  Pierres  en  zclc ,  &  des  Paub 
en  luni  ércs.  Il  en  prend  tour  au  con- 
traire de  la  chanté  &  de  la  vertu ,  que 
des  con voitiles  6c  des  partions.  Com- 
me cellcs-cy  naillcnt  ^vec  nous ,  au(îî 
vont-elles  toujours  en  croaliant  ,  ôc 
l'on  ne  s'en  dépouille  qu'avec  la  vie. 
Ce  mouvement  nous  étant  naturel  il 
clt  auHi  permanent,  &  il  cft  plus  ra- 
pide dans  la  lu.  te  qu'eau  commence- 
ment Au  contraire  Tliomme  1ère- 
rtàchc  ailemcnt  à  bien  faire  ,  parce 
que  ce  dernier  mouvement  ne  luy  eft 
pas  naturel,  aulîi  ell-il  d'abord  rapi- 
de &  véhément,  mais  en iuite tardif 
&  pelant.  Il  en  ell:  quaii  comme 
de  la  lunté  ^  dco  maladies  5  celle- 
là 


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28o         Le  Souvenir. 

là  s'altère  aifément ,  mais  cclles-cy  r 
fechaflent  pas  avec  la  même  facilite 
Ou  bien  ileneft  comme  des  bonne 
herbes,  &  comme  de  Tyvroye&dt 
plantes  nuilibles  -,  celles-là  s'arn 
chent  fans  peine  &  reviennent difl 
cilement ,  mais  celles-cy  ont  bea 
eftre  arrachées,  la  femence  en  de 
meure,  &  trouvant  un  terroir  favc 
rable  elles  repouflent  inceffammcn 
Surtout  /i^  r/y/^r/re^  eft  comme  un  fe 
au  dedans  de  Thomme,  qui  fe  râler 
titou  qui  s'éteint  plus  ailëmentqu' 
ne  s'augmente  ou  qu'il  nepcrféven 
Le  diable  &  le  monde  luyôrent  1 
plus  fouvent  fa  nourriture,  puis  qu 
les  occafions  qui  nous  portent  au  bie 
font  rares,  &  que  celles  qui  nous  poi 
tcnt  au  mal  font  fréquentes.    Ils  jet 
tent  encore  fans  cefle  de  l'eau  ,  pa 
manière  de  dire,  dans  ce  feu  divin 
comme  eft  l'amour  de foy  même, l'a 
mour  du  monde,  Tamour  des  richei 
fes  &  des  honneurs ,  tandis  qu'ils  ver 
fent  de  l'huile  dans  le  feu  de  nos  pal 

fions 


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Salutaire,  sur  Apoc.  t  t  .  s*.  281 

ions  5  &  qu'ils  fourniflent  continuel- 
ement  à  celles-cy  la  nourriture  qui 
es  entrerient.    Car  comme  laflam- 
iie  naît  d'une  fort  petite  étincelle ,  &c 
ue tout kiyTert d'aliment,  difons le 
ême  des  vices  qui  fontoppofezà  la 
arité.    Dés  que  la  haine  par  exem- 
t  )le&:quelajaloufie  fe  font  emparées 
le  l'efprit  des  frères  de  Jofeph ,  tous 
es  jours  //s  le  haïjjent  encore plmfort ,  ,g 
>cnon  feulement  fon  hoqucton ,  fes  5-8.îi.* 
idions,  &  fes  paroles  fervent  de 
lournture  à  cette  mauvaife  bejte  , 
:  nais  même  des desimagina- 
ions  5  &  des  fantômes.    Et  au  lieu 
jue  mille  bienfaits  portent  à  peine 
jn  Saùl  à  quelques  mouvemcns  de 
:harité  envers  David  ,  il  ne  faut 
ju'un  petit  ombrage,  &  que  le  langa- 
ge de  quelques /^w/;/?^?.f,  pour  chan-  i  at^. 
2;er  cette  amitié  en  une  haine  irrécon-  ^^'^  ^* 

f:iliable. 
^  Remarquez  auflî,  Mes  tres-chers 
Frères  ,  que  ii  l  homme  déchoit  Se 
tombe  aifémcnt ,  il  a  au  contraire  bien 


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282        Le  Souvenir. 

de  la  peine  à  fe  relever.  De  roym< 
me  il  n'a  aucune  force  pour  cela,  L 

y^^'*^  Sacrificateur  même  &  le  Leviie 
c'eftàdireles  Miniftres  de  la  Parole 
ne  peuvent  pas  non  plus  le  relever., 
faut  pour  cet  effet  lafliftance du bo 
&dumiféricordieus<y^«?^r/Y/3!/«5  qi 
cft  defcendu  de  la  jérufalem  d*enhai 
vers  cette  Jérico  terreftre.  Les  Ay^ 
gesà^  la  grâce  ont  beau  mouvoir^ 
préparer  Teau  du  Lavoir,  un  miféra 
ble  demeure gffant  à  terre ,  jufques 
ce  que  la  vertu  de  Jéfus  fafle  qu'il/ 
levé  &  qu'il  marche.  Autant  de  foi 
que  riiomnie  tombe,  autant  de  fo 
faut- il  que  Dieu  étende  lamainàei 
Grace&qu'il  Tempoigne,  comme, 
fit  à  Pierre  qui  (ans  cela  périflbi 

f       Le  jufte,  difoi  t  le  Sage,  cherra  ftptfo. 

"^f-ii-  &ïerarelevé ,  mais  c*elt  d'au:  antqu 
l Eternel luy  foutient  la  main.  Et  fan 
cét effet  de  la  Grâce,  fans  cette  ver 
tu  divine  accompagnée  d*une  lumi^ 
re  célefle,  que  feroit-ce,  hélas,  d 
Fhomme  pécheurlPuis  que  même  tou 

te 


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SalutairejSUR  Apoc.  II.  5:.  283 

tes  les  chofes  qui  devroyent  fervir 
àlcredreflers  comme  font  au  dedans 
de  luy  fes  lumières  naturelles,  farat- 
fon,  fa  prudence,  ôcfonfçavoir,  & 
hors  de  luy  les  bénédidions,  ou  la  pa- 
tience ,  ou  les  châtimens ,  ou  bien  les 
délivrances  du  Ciel,  iont  converties 
par  la  corruption  de  THomme,  par 
lesCourretiers  d'iniquité,  &par  les 
émiflàires  de  Satan,  en  des  piégcs  & 
en  des  occafions  qui  le  font  tomber. 
Car  tout  cela ,  fans  l'aide  de  la  Grâ- 
ce ,  luy  eft  ce  que  furent  les  playes  à 
Pharao ,  ce  que  fut  l'autorité  Royale 
à  Saùl,  ce  que  furent  les  merveilles 
deDicuàunPeuplcdecouroide,  ce 
que  furent  les  vertus  de  jcfus  Chrift 
à  l'endurcie  Corazin  ,  ce  que  fut  la 
prédication  de  l'Evangile,  cette  odeur 
de  vie  &  cette  putjjance  àfaluî  >  à  des 
Phariftens&àdesPhilofophes,  &ce 
que  devoit  eftre  enfin  aux  incrédules 
le  Sauveur  du  monde,  Ï^LVOwunro- 
cherdetrebiichement^  comme ilacfté 
is  pour  le  relèvement  de  plufieurs  en 
Ifrael,  Mais 


284 


Le  Souvenir 


MaiSjôJuftice  adorable,  qui  vei 
que  rhomme  tombe  parla  peine  aul 
aifémenc  qu'il  tombe  par  le  crime 
Unechûte  ne  manque  jamais  d'en  ai 
tirer  une  autre,  &  celle  qui  efl:  hor 
teufe  &  criminelle  en  caufe  une  qi 
eft  trifle  &  douloureufe  Les  Ang( 


dam  déchoit-il  de  Ton  innocence 
Saùl  déchoit-il  de  les  commence 
mens  louables,  Salomon  déchoit- 
de  fa  fapience ,  tout  Ifraël  déchoit- 
de  la  crainte  &  du  fervice  de  Ton  Diei 
des  Egli{es&  des  Républiques  vien 
nent-elles  à  déchoir  de  leur  prémié 
re  fimplicité  &  de  leur  prémierzék 
qu'arrive- t'il  enfin  ?  Ceft  qu'on  k 
voit  auflî  déchoir  de  leur  félicité,  d 
leur  dignité»  de  leur  tranquillité,  i 
de  leur  gloire  ?  Autant  d'exemple 
que  nous  voyons  d;ins  l'Ecriture  d 
la  première  de  ces  chûtes ,  autant  e 
voyons  nous  de  la  dernière,  fanseî 
cepternilesMoyfes,  ni  lesAarons 
ni  les  Helis  ,  ni  les  Davids,  m  le 


déch 


ils  de  leur  intégrité,  h 


Ezc 


Salutaire,  sur  Apoc.  ii.  f.    2  8f 

Ezéchias,  ni  les  Jonas.  Et  la  défo- 
beilîànce  de  ce  dernier  fut  bien  la 
:harge  la  plus  pefante  quifit  enfon- 
cer le  Navire  dans  lequel  il  étoit,  & 
qui  précipita  ce  pauvre  homme  dans 
les  gouffres  &  dans  les  abimes  de  la 
mer.  La  chiite  lamentable  d'un  froid 
&  d'un  indulgent  Héli  efl:  différée  juf- 
ques  à  la  grande  vieillefle ,  mais  enfin 
tout  d*un  coup  //  tombe  à  la  renverfe  ^sam, 
&  en  meurt.  Et  fans  chercher  ailleurs '^'^  ' 
des  preuves  de  cette  vérité  >  que 
Pexcmple  de  l'Eglife  A'Ephefe  nous 
fuffifeence  lieu.  Elle  fut  autrefois  la 
première  &   la  Métropolitaine  de 
toute  l'Afic,  fon  Chandelier  répan- 
dit fa  lumière  par  toute  la  terre,  les 
noms  d'un  Paul ,  d'un  Jean  ,  d'un  Ti- 
mothéc,  ^d'unOnélime,  la  rendi- 
rent vénérable;  &  quant  au  tempo- 
rel elle  féjournoit  dans  une  Ville  qui 
-toitlefiégedesProconfuls ,  l'abord 
esNations,  &  la  prémiére  entre  les 
Villes  de  TAfie,  pour  fa  grandeur , 
pour  fon  trafic,  &  pour  fon  opulen- 
ce. 


Lf.  Souvenir 

ce.  Et  acpendanc  après  cihct^édfem 
cntiéreirent  de  touces  les  prémicre; 
œuvre6  ,  -lie  eft  auffi  decbeuë(\ç,  cou 
te  fa  (plendeur ,  8:  elt  devenue  un  re 
paire  de  ferpens. 

Enfin  j'eftime  que  Thommeque 
qu'il  (oit  ne  déchoiç  jamais  dans  1< 
fpirituel,  qu'il  n'ait  à  attendre  quel 
que  chute  dans  le  temporel.  Mais  oi 
les  Pharaons,  IcsSaùls,  5clesHéro 
des  tombent  fans  refource,  &  Ibni 
précipitez  en  un  momciiî ,  là  les  bien 
aimez  de  Dieu  en  tombant  font/^ri' 
r^-w/^jdelamain  ,  qui  les  tient  ferme 
les  pan fc,  lesconiole,  ^fmalemeni 
les  relève.  Et  le  moyen  d'eftre  bien- 
toft  relevez  9  c'eft  celuy  qui  eft  pré- 
fer  it  en  notre  Texte,  Etterepens,^^ 
fat  tes  premières  œuvres» 

Ccll  icy,  Peuple  fidèle,  le  vraj 
fouvenir  que  demande  le  Fils  de 
Dieu,  lavoir  ccluy  qui  mène  aur^- 
pentn,  11  eft  un  iouvenir  de  certai- 
nes chutes  qui  ne  faup.is  ordinaire- 
ment cet  cftct.  C'eft  lors  qu'on  fe 

fou- 


Salutaire,  SUR  Apoc.  ii.  f.  287 

ouvient  d'eftre  décheu  ou  de  /a  gran- 
deur ,  ou  de  ion  aurhorité ,  ou  de  les 
-icheik^ ,  ou  de  fa  liberté ,  ou  de  fa 
éputation.    Cefouvenir  cft  cuifant 
k  caufe  des  larmes  àun  Efaù,  des 
T^yeurs  à  un  Saùl ,  du  deuil  à  un  A- 
ab,  des  cris  &  des  plaintes  à  une 
achel  pleurant  fesenfans^  &  des  la-  J'^'-'i^* 
1^  iiencations  a  un  reuple  ailervi  aux 
Aliy  riens  s  Je  convertiray  'vos  f cft  es 
foknuclles  tndt  îùl^  &  tous  vos  canti- 
m  pus  en  lamentation.  Mais  il  n'y  a  que 
i  le  fouvenir  denos  fautes  &  de  nos 
foibleiies,  celuy  d'eltre  décheude/^ 
r/7^r  '     de  la  crainte  de  Dieu  ,  du 
fcntiincnt  de  fa  paix  &  dcs^lfeuran* 
s  de  fa  grâce ,  qui  eau  Ce  le  repentir  ^ 
qui  perce  le  cœur  a  un  David,  qui  hu- 
milie un  ManaOë  ,  qui  arrache  des 
hrmesde repentance àun  Pierre,  & 
-^.M  raineinerEnfant  Prodigue  defes 
remens  &  de  fés  débauches.  Le 
iouvenir  feul  encore  de  nos  dcsobeïf. 
fance^nc^'uffi^:  pas.  Carie  Diable  ne 
fc  louvicnc  que  trop  d'où  il  cft  dé- 

cheu  9 


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288  Le  Souvenir 

cheu  ,  Caïn  &:  Judas  ne  fe  fouvie- 
lient  que  trop  du  fang  innocent  ,  \ 
Doëg  ne  fe  fouvient  que  trop  de 
r^'^**  outrages,  car  il  s' en  vante  ^^^n^^ 
li"''"'  rifie,  &  il  n'y  en  a  que  trop  qm/>r 
hlient  leurs  péchez  comme  Sodome.  li 
eftdonc  queltion  en  cér  endroit  d*u 
fouvenir  qui  ioit  accompagné  de d 
plaifirs  &  de  regrets,  aufli  bien  qi: 
d'un  changement  &  d*ua  amand- 
ment  faint ,  louvien-toy  &  te  r 
pens, 

Parlepcciic  i  nomme  s'cftéloigi: 
de  Ton  Dieu,  par//?  repentir  il  &'< 
rapproche.  La  prémiére  vertu  q: 
fut  l'innocence  étant  éteinte ,  Dieu 
voulu  qu'il  y  eull  une  féconde  verii 
qui  full  accêflîbie  à  l'homme  crim 
nel ,  favoir  la  Repentance.  Celle-là 
ellé  prefcrite  dans  la  Loy  ,  &  celle-c 
l'eft  dans  l'Evangile.  Et  ce  rej?ent 
eû  l'unique  afte  par  lequel  l'homn 
fe  relève  de  ks  chutes  y  comme  c'e 
l'unique  porte  par  laquelle  il  renn 
dans  la  maiion  de  fon  Pére  célefl:e,ri 

niqii 


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£hc.  iC. 


Salutaire,  sur  Apoc.t  i.  y.  289 

nique  degré  par  lequel  il  monte  vers 
le  Trône  de  la  Grâce,  &  l'unique  pa- 
rure que  Dieu  requiert  en  un  pécheur 
depuis  que  THomme  a  efté  dépouillé  7."*  ^ 
delà  robbe  d^innoccnce.  Mais  afin  jo' 
que  ni  un  Ange  ni  des  fidèles  d'Ephé- 
fcnc  s'imaginafïènt  pas  que  ce  rtp/^^;?- 
//rconfiftedans  un fimple regret,  ou 
dans  un  mouvement  de  contrition, 
ou  dans  un  défaveu  de  bouche,  ou 
dans  une  bonne  réfolution  qui  fou- 
vent  n'eft  qu'un  éclair  &  qu'un  feu  de 
paille,  ou  dans  ce  que  TEglife  primi- 
tive appelloit  Ténîtence,  comme  elle 
appclloit  des  témoignages  publics  de 
contrition,  &  comme  un  habit  noir 
i\  appelle  deuils  nôtre  Texte  ajoute 
incontinent  ,  Et  fay  tes  prémiéres 
jBiivres. 

C'clUà,  Fidèles,  le  propre &l'ef. 
fentiel  du  repentir,  l'avoir  un  retour 
à  fes  prémiéres  œuvres.  Et  ce  n'eft 
as  tant  contre  Luther  que  contre  le 
r  ils  de  Dieu  que  Rome  a  foudroyé 
un  anathéme,  qui  Te  voit  en  la  Bulle 

N  de 


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apo        Le  Souvenir 
de  Léon  X.  à  la  fin  du  Concile  de  L. 
tran,  parce  que  Luther  avoitditqu 
la  meilleure  pénitence  c'efl    nouve  . 
le  vie    Fay  des  œuvres,  dit  icy  1 1 
fprit  à  l'Eglife  d'Ephéfe.  Car  il  n'i 
voit  garde  de  luy  direcequiétoitir 
connu  alors  ,  confine  toy  dans  u 
Défert,  renferme  toy  dansunCon 
vent,  affubletoyd'unFroc,  confe 
fe  toy  à  mes  Prêtres,  va  t'en  en  1  eh 
rinage ,  ou  rachète  tes  péchez  par  A; 
cent  !  Fay  des  œuvres  \  O  que  Ce 
une  belle  harmonie  quand  le  repenti 
eft  au  dedans,  &  quand /^-^  œuvre 
paroiffent  au  dehors!  Ce  font  lait 
aeux  effets  du  Glaive  a  deus  trof. 
"  chans,  c'eft  là  ce  double  E  pm  qu- 
doivent  demander  avec  Elifee  toi 
les  fidéies,  c'cftlàavoir/fjww/wau 
frbien  que  le  cr:ir  &  que  la  voix  d 
lacob,  favoir;.  -  pentir dumal ècfa 
re  le  bien.  Fay  des  œtr  rrs Car  le  1<  i 
de  Dieu  ne  feconceiù^  pas  ou  de  m 
nés  ou  de  paroles.  H  cherche  dans  1( 
arbres  de  fon  Jardin  non  pas  des  fue. 


2.9. 

Cjffi  2' 


LfaL  I 
16. 


Sataitatrf,,  SUR  Apoc.  II.  5".  291 

les  m  des  lieurs,  m^is  des  ra/fins  Se 
dtsjigues.    Ec  ce  ne  liiy  eftpasafièz 
qu'un  Efaù  pleure,  qu'un Saùlfe la- 
mente,  qu'un  Achab  fe  couvre  d'un 
ûc,  que  Juda  courbe  latefte  comme  le  ^i"'- 
jonc ,  ou  que  ce  Traître  confefled'a- 
voir  t r ah t  le fang  innocent.    Fay  des'^'''*^'' 
œuvres  l  Car  c'eit  à  quoy  abouti  trou- 
te  la  dodrine  de  Jéfus  Chrift ,  &Ie 
plus  favant  dans  le  Royaume  des 
Cicus  n'eft  pas  celuy  qui  connoitle 
plus,  mais  celui  qui/^/> le  plus.  Le 
vray  portrait  d'un  homme  ,  difoit 
Agefilaus,  cefontfesadions,  auflîle 
vray  portrait  d'un  Chrétien  c'cft la 
pratique  des  œuvres  ,  &  quiconque 
ne  les  Fait  pas,  difoit  Tertullien,  qui- 
conque s'éloigne  de  cette  régie ,  il 
n'ejl  plus  repute  Chrétien  parmi  nous,  -^^'^l^' 
Tous  les  Grecs ,  difoit  un  Pâyen,  con-  ^ 
noiflcnt  fort  bien  la  vertu ,  mais  il  uL 
i*y  a  que  les  Lacédémoniens  qui  la 
Pratiquent,  aulïï  pouvons  nous  bien 
lire  le  premier  de  tous  les  Chrétiens , 
ïiais  le  dernier  ,  qui  eft  de  fa^re 

N  2  des 


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145  G  34 


rr 


292         Le  Souvenir. 

des  œuvres^  efl:  le  caractère  des  vrai 
Chrétiens. 

Sur  tout  faut-il  remarquer  à  moi 
avis  que  cet  avertiflement  s'adreflc 
un  Ange^  ou  bien  à  un  Pafteur,  & 
un  Evéque.    Et  Jéfus  ne  luy  dit  pas 
Ange  prophétîfe  ,  enquiers  toy  de 
I.  temps  à  venir  que  le  Tcre  a  muenf 
propre ftiijfancel  II  ne  luy  dit  pas  noi 
plus,  parois  en  Chaire  avec  des  pan 
les  aîr  ayant  es ,  obferve  toutes  les  rc 
gles  de  l'éloquence  &  de  la  fapience  ht 
maine^  ayesfoin  fur  toutes  chofesd 
ta  réputation,  maintien  ton  auihc 
rite,  fomente  ton party,  avance t< 
créatures,  pratique  la  prudence  d 
fiécle ,  ou  fois  toujours  avec  l'épée  3 
poing  &  avec  les  armes  à  la  main  !  ^ 
ne  s'avife  pas  encore  de  dire  à  fon  I 
vcque,  vieillis  dans  la  contempl  itio 
étudie  de  nouvelles  fubtilitcz  ,  n 
cherche  de  nouveaus  myfl:éres>  d( 
couvre  de  nouvelles  lumières  ,  d' 
truis  ce  que  d'autres  ont  bâti ,  muli 
plie  \es  queftïons  &  les  débats  ^  ou  bu 

rev 


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Salutaire,  SUR  Apoc.  î  i.  5-. 

révoque  en  doute  les  véritez  les  plus 
établies  ,  &  accorde  ma  doftrine  avec 
ton  railbnncmcnt  !  Fay ,  luy  dit  il ,  6c 
enfeigne^i/^î/r^f  par  ta  voix  &  par  ton 
exemple,  appUqite toy principalement  J*''-?' 
abonnes  œuvres^  car  tout  le  relie  font  ' 
des  viandes  creufes ,  ce  font  des  nuées 
fans  eaus,  ce  font  des  lampes  fans 
huile,  ce  font  des  feuilles  fans  fruit, 
c'ed  un  airain  qui  réforme^  fans  in-  jcor. 
jhu6iion  &  fans  édification,  en  un  ^',,4'. 
motcefont  d^schaks inutiles &vai'  ^./^ 
7ies.^   Et  il  exhorte  d'autant  plus  cét  9''*^' 
véque  ^  faire  des  œuvres^  qu'il  l'a- 
oit  établi  d.msfon  Kglifepour  efrre 
fon  ^w^^»     Ton  minilire,  poureftrc 
un  Chef  &:  un  Condudieur,  unefen^ 
tineilc         guette  en  Ifraèl    Aufli  Ef.ù. 
veut-il  que  comme  un  Angeil  foitre-  " 
vécu  de  vetemens blancs^  que  comme  ' 
une  Etoile  il  répande  de  vives  lumiè- 
res, que  comme  un  Chef  il  ne  dife 
pas  Allez, ,  mais  avec  un  Céfar  Fenez^ 
mes  amis  y  que  comme  un  Condu^eur 
il  marche  à  la  tefte  &  montre  le  che- 

N  3  min, 


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294 


Le  Souvenir. 


20.28 


min,  &  que  comme  une  guette  &  un 
fentinelle  ilprenne  garde  afoymèm 
&  à  tout  le  troupeau.  Et  au  lieu  d 
s'adrefler  à  toute  l'Eglife  le  Fils  d 
Dieu  ne  s'adrefle  qu'à  r Ange  ,  con: 
me  s'il  luyeuftdit,  Tu  feras  refpon 
fable  de  la  conduite  detonEglile,  t 
je  redemanderay  de  tes  mains  le  fan' 
6c  les  iniquitez  du  Peuple. 

Et  quelles  œuvres  eit-ce  que  le  Sei 
gneur  demande  de  cet  Evéquc.=»  Fa^ 
tesprémiéresçznvr^s^  luydit  il.  Je 
fus  auroit  dit  à  beaucoup  d'autres 
fuy  tes  premières  œuvres,  tonpr 
mier  train ,  ou  ta  converfation  précé 
dente ,  en  quoy  confifte  la  converfioi 
des  pécheurs.    Et  nôtre y^rm/Vr^œu 
vre  c'eft  le  péché ,  c'eft  la  convoitjfe 
c'eft  l'affeaion  de  la  chair,c'eft  tout  ce 
qui  porte  J'image  du  premier  Hom 
me.  Il  n'y  a  rien  de  bon  en  nousquc 
7,.»  nos  fécondes  œuvres ,  que  tout  ce  qu 
vient  d'une  féconde  natjfanc e  ^  cequ. 
part  du  nouvel  homme .  &  ce  qui  por- 
te Timage  du  dernier  Adam.  Et  corn- 
3-  nient 


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■■m.  * 


Salutaire,  SUR  Apoc.  ii.  5-.  251^ 

menteft-ce  donc  que  rEfprit  recom- 
mande icy  à  l'Ange  défaire  les  pr^.. 
mieres  œuvres l  Je  diray  d'entrée. 
Fidèles  ,  que  quantité  de  chofes 
font  d'autant  plus  recommand  ibles 
qu'elles  font  anciennes  ,  ou  qu'el- 
les font  les  premières.  Vous  fa- 
vezl'ertime  qu'on  fait  d'un  vjn  vieux, 
d'un  vieux  baume,  de  vieil  or,  de 
vieilles  médailles ,  de  vicus  autheurs , 
de  vicus  amis,  ou  de  vieilles  connoif- 
fanccs.  Auffî  pouvons  nous  bien  dire 
que  la  vieille  6c  la  première  foydans 
TEglile ,  la  vieille  &  la  première  doc- 
trine dans  la  Religion ,  la  vieille  &  la 
.  première  fimplicité  dans  les  Meurs, 
les  vieilles  &:  les  premières  maximes 
dans  l'Etat,  les  vieilles  &  les  premiè- 
res œuvres  dans  la  Régénération,  font 
celles  qu'on  doit  elUmer  eftre  les 
meilleures.  L'efprit  de  l'homme  le 
porte  ordinairement  à  des  cho:es 
nouvelles  j  mais  c'efl:  un  effet  ou  de 
fon ambition,  oudefoninconftance. 
Etquec'auroit  eftéune  belle  chofe  fi 

'    N  4  l'Hom- 


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25)6 


Le  Souvenir 


THomme  eût  continué  dans  fa  pré  i 
miere  innocence  ,  ou  fi  l'Eglife  eii 
confervé fa prémiére pureté,  oufifc 
Dofteurs  fuffent  demeurez  dans  1 
prémicretraditive! 

Cétoycnt  bien  encore  Xcspremu 
res  œuvres  qui  dcvoyent  témoigne 
du  repentir  de  cet  Evéque  :  S'il  e 
vray  que  ce  font  celles  qui  ont  préce 
dé  la  défobeïflance      le  péchc  d 
l'Homme,  comme  auHî  elles  font  k 
premiers  fruits  de  la  régénération  i 
de  la  grâce.  Mais  particuliéremer 
la  première  charité        prémier  zél 
de  cét  Ange  avoyent  efté  très  loua 
bles.  Le  commencement  avoit  eft 
trés-beau  ,  comme  il  arrive  le  pK 
fouvent,  &  comme  l'Hiftoire  faint 
loué  les  prémiéres  œuvres  d'un  Saul 
ou  d'un  Salomon,  oud'unRoboam 
oud'unjoas,  ou  d'un  Amazia.  Ma 
enfin,  comme  vous  l'avez  vu  ,  ce 
Ancre  en  étoitdécheu,  la  chair  avoi 
prévalu  pardefllisl'efprit,  ^l'amou 
propre  par  dcfliis  celle  de Jéfus.  Ktc 


Salutaire, SUR  Apoc.  I1.5'.  297 

qui  devoir  luy  eftre  &àfon  Eglife.la 
première  &  la  plus  importante  tâche, 
comme  le  doit  eftre  tout  ce  qui  cil 
ordonné  de  Dieu,  tout  ce  qui  mène  à 
Dieu,  &  tout  ce  qui  intéreflè  fa  gloi- 
re ,  n'étoit  plus  ce  femble  mis  dans  ce 
premier  rang.   Enfin  difons  que  les 
œuvresde la  charité,  de  rhumilitc, 
de  la  patience,  &  d'un  zélé  ardent, 
font  véritablement /c'j- premières  œu- 
vres, puis  que  c'eft  par  elles  que  TR- 
glilé  Chrétienne  a  commencé  à  ié 
rendre  recommandable.  La  prémié- 
reEglife  a  le  plus  excellé  en  ces  pre- 
miers fruits  d'un^  ^  '^ritable  foy.  Ils 
en  ont  efti'  '    plu.  .<ol  ornement,  &  , 
Jc\s  œuvre  >  uiic  elle  cette  gloire  au  de-  14- m-' 
danS'i  &:  ces  vetem.  ns de  broderie  avec 
lelquels  cette  Epoufe  myftique  aefté 
prcicntée  à  fon  Epous.  Car  qnefut 
l'Eglife  Apoftolique,  qu'aeftélaPri- 
mitivc,  fi  ce  n'efl:  une  Lcole  de  toutes 
les  vertus,  une  maifon  de  Paix,  un 
lieu  de  Prières,  un  Hôtel  Dieu,  un 
Pillais  de  la  Charité,  &  un  Hôpital 

N  5  pour 


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Le  Souvenir 

pour  toutes  fortes  de  miiérables 
Tout  n'y  étoit  qu'un  cœur  &  qu'un  1 
ame,  T Amour  y  étoit  comme  fur  fo  « 
Trône,  les  Tables  y  étoyent  pour  le  j 
Pauvres  aufli  bien  que  pour  les  Ri^ 
ches,  les  biens  y  étoyent  communs 
lesvifites  allldues,  les  colledes  joui 
naliéres,  les  offices  mutuels  ,  les  al 
femblées  fréquentes,la  fincérité  gran 
de  5  &  la  confiance  admirable.  Etlor 
que  les  perfécutions  ont  efté  veuës 
lors  que  les  priions  ont  efté  ouvertes 
les  glaives  aiguifez ,  les  feus  allume2 
leséchafFauxdrelIez,  &lcsmaflacre 
commencez,  c'a  efté  alors  untemp 
d'œuvres.  Mais  infenfiblement  Taifi 
&  le  repos ,  le  luxe  &  les  richeflès ,  le 
Mitres  &  les  Digtiitez,  l'ambition  & 
la  mauvaife  conduire  de  CCS  ^^^^J  d< 
rEglifc,  ont  faitdifparoitreccs/^r^.^ 
^en^umieres  œuvres.  Les  Vaches  maigre: 
^''•H.  ont  dévoré  les  graflcs  .  &  les  Epyj 
pleins  &  beaus  lont  devenus  vuidcî 
&  flétris.  Et  il  femble  que  l'Eglift 
Chrétienne  ait  efté  reprefentée  pai 

cette 


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Salutaire,  sur  Apoc.  11.5.  299 

cette  Statué  myfterieufe  dont  la  Te  z^7;. 
teétoit  d'or,  mais  la  Poitrine  &  Ics^'- 
Bras  d'argent,  le  Ventre  &  les  Han- 
ches de  fer ,  &  enfin  les  Piez  &  de  fer 
&  de  terre.  ^ 

Et  pour  achever  mes  remarques 
fur  nôtre  Texte  ,  vous  m'avouerez 
4cy  que  le  Seigneur  étoitendroitde 
demander  quelque  chofe  de  plusque 
^les prémiéres  œuvres.  Il  pouvoit  exi- 
ger de  cet  Ange  une  charité  plus  ar- 
dente que  la  première,  une  fainteté 
plus  grande,  un  travail  plusaflidu,  ^ 
une  juftice  plus  accomplie.  Il  avoit 
fujet  de  commander  que  ce  mefme 
,  Ange  payait  les  arrérages,  &  qu'il  re- 
compeniaf^  '  perte  du  temps  pafTé, 
&  rinterniiiiion  de  tant  de  bonnes 
œuvres.  Mais  ce  dous  &  charitable 
Sauveur  fe  contente  d'un  retour  aux 
premières  œuvres ,  &  il  quitte  l'Ange 
avec  Ion  Eglife  de  tout  lepafië.  Ce 
bon  P cre  le  contente  du  retour  de  fes 
enfansàleur  premier  devoir,  auflî 
bxenquefitle  Tere  du  fils  débauché,  f^kc 

N  6  il 


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145  G  34 


500  Le  Souvenir 
11  n'agit  pas  avec  lesfiens  en  Maitrc 
Se  en  Juge ,  &  il  ne  les  traître  pas  com- 
me des  efclaves  &  des  criminels,  cai 
ileftluymefmeleurPlége  &  leur  A- 
vocat.  Et  ne  prenez  qâe  l'exemple 
de  Pierre  fon  difcipie  de  qui  il  ne  de- 
mande  que  la  première  difpoficion  <S< 
les  premiers  mouvemens  ,  en-fuite 
d'une  chute  fi  lourde  &  d^une  abjura- 
tion fi  horrible ,  &  fon  bon  Maître  fe 
contente  de  cette  confeffion  ingé- 
nue ,  Seigneur  tu  fais  que  je  faïme. 

O  quec'clUine  belle  chofe  quand 
Dieu  parle  6c  que  THomme  écoute, 
quand  le  Seigneur  crie,  Aye  Jouve  A 
nance  &  que  le  pécheur  revient  à  foy- 
mefme  avec  le  Prodigue,  quand  il  re- 
prend un  cœur  d'homme  avec  Nebu- 
cadnezar ,  &  que  d'un  Manaje  ^  d'un 
oublieur  qu'il  éroit  il  devient  un  Sî^ 
meon  &  un  enfant  d'obeïflance  î  11 
s'eft  vu  des  chutes  &  des  bleifeures  fi 
prodigieufes ,  qu'elles  ont  fait  perdre 
tout  le  fouvenir  du  paflé ,  &  que  des 
nerfonaecs  favans  ont  oublié  àhrc,» 
^        ^  com- 


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Sat.utaire,  sur  Apoc.  1 1.  f.  301 

coiiuncaufli  Ton  die  que  cela  cil  arri- 
vé dans  ces  derniers  temps  au  f.imeus 
Janfenius  byéque  de  Gand.  A  Dieu 
ncplaife.  Mes  rres  chers  Frères  ,que 
la  dernière  ^  l'épouvantible  chiite 
de  cét  Etat  luy  ait  fait  perdre  le/(i?//- 
Avenir  &  de  fa  condition  Se  de  fes  œu- 
|vres  précédentes  !  Et  puiflc-t'il  au 
contraire  luy  arriver  après  cette  der- 
nière blcflcure  comme  il  arriva ,  félon 
le  récit  de  Pétrarque,  au  P^p^Clc-  J/lu- 
ment  VI.  dont  la  mémoire fe  reveilla 
il  fort  par  une  blcflcure  à  la  ré'^e,  qu'il 
n'oublia  jamais  plus  rien. 

Vous  avez  fans  doute  ou  autant  ou 
plus  de  motifs  à  qc  fouvenir  falutai- 
re,  que  n'en  eut  autrefois  1  Eglife 
d'Ephefe.  Car  li  j'excepte  la  fonda- 
tion &  la  prefence  Apoftolique  5  &: 
les  prérogatives  de  ce  premier  âge 
dontcUea  efté  honorée ,  on  m'avoue- 
ra que  vôtre  République  a  fait  voir 
en  nos  jours  une  omixo,  Ephefe  ^  mais 
bien  plus  avantagée  en  benedidtions 
&  en  faveurs,  Qiiant  auxfpirituel- 

N  7  les, 


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302  LeSouvenîr 

les ,  vous  n'étiez  pas  autrefois  moinj 
Idolâtres  que  le  fut  ce  fiége  de  lagran 
«^^g  deTyiane^  &  Dieu  n'a  pas  moins  al 
lumé  le  Chandelier  de  fa  connoiflanct 
au  milieu  de  vous,  &  n'yapasrepan 
du  moins  de  grâces,  foit  pour  le  nom- 
bre de  ceux  à  qui   porte  de  fon  Evan- 
gile a  efte  ouverte ,  foit  pour  la  pa- 
tience de  vos  Pères,  foit  pourlafin- 
cerité  de  leur  zcle ,  &  l'excellence  de 
leur  charité.  Et  quant  aux  avantages 
de  la  terre,  fi  Ephefe  fut  la  première 
entre  toutes  les  Republiques  de  l'A- 
fie,fi  fes  Gouverneurs  furent  des  Pro- 
confuls  >  fi  fa  fituation  fut  maritime  fi 
fes  Ports  furent  abordez  de  tous  co- 
tez, fi  toutes  les  Nations  y  trafiquè- 
rent, &  fi  les  Arts&  les  Sciences  y 
fleurirent,  avouez  que  cette  Répu- 
blique de  HoU  mde  IVmporte  de 
beaucoup  par  d-tfius  l'ancienne  Ephé- 
fe,  en  toutes  ces  prérogitivcs.  Mais 
aufii  là  où  il  fut  dit  à  cette  prémierc 
Eglife  ,  Souvien  toy  ,  autrement  p 
<i)tmcirajàîojbun'toJi  y  helas!  quant 

àvô- 


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Salutair.e,sur  Apoc.  11.5-.  303 

tre  République  .  &  quant  à  un  grand 
nombre  d*Eglifes  quiyéroienc  flo- 
rinàntes,  ce  n'cft  plus  Je  vietidray  ^ 
car  Seigneur  tu  es  "venu ,  &  tu  és  venu 
bien  tojl^  c*cilàdire  fubitement,  & 
comme  un  éclair,  ou  comme  le  lar- 
ron vient  en  la  nuit,  tes  ailes  ont  efté 
comme  des  ailes  d^Aigles  ,  &  tes 
Chariots  ont  efté  comme  des  cha- 
riots de  feu,  &  comme  un  tourbil- 
lon. Ce  Peuple  icy  n'a  pas  voulu  fe 
rellbu venir  de  toyàla  voix  de  tes 
Profères ,  aullî  luy  as-tu  parlé  finale- 
ment avec  une  barre  à  la  main.  Et  tu 
en  as  prefques  ulë  envers  nouscom- 
^meen  ufa  autrefois  Ab(alom  envers  w 
Joabj  car  après  qu'il  l'eut  conviéàjt'^' 
venir  vcrsluy,  aprc..  qu'il  luy  eut  en- 
voyé divers  meftagers,  &  qu'il  luy 
eut  réitéré  les  exhor  rations  &  fes  priè- 
res, enfin  il  commanda  à  les  lervi- 
tcursde  mettre  le  feu  à^xi^  le  champ 
&  dans  les  ^^r^^'jdejo  îb.  Et  veuiLes, 
adorable  Jéfus,  qu'il  fe  trouve  que 
les  mftrumens  de  ta  coiére,  qui  ont 

bru- 


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145  G  34 


304        Le  Souvenir 

brûlé  nôtre  moiflbn ,  de  qui  ont  ra 
vagé  nos  orges  ,  nos  Campagnes 
nos  Villes,  &nos  Provinces  ayeni 
produit  en  nous  le  même  effet,  qu< 
produifirent  ces  lerviteurs  d*Abfa- 
lom  en  la  perfonne  de  Joab  1 

Je  m'aireure  ,  Peuple  Chrétien 
qu'une  infinité  de  perfonnes  dans  cei 
Provinces  n'ont  pas  befoin  d'eftrc 
exhortées  à  iefouvenir  de  leurs  per- 
tes &  de  leurs  difgraces ,  pendant  cer 
tefuneftc  guerre.    Et  jenecon^ 
nepascelbuvenir,  car  ilcft  juilc,  1 
eft  raifonnable,  &  mèmeil  eft  necef 
faire ,  s'il  eft  vray  que  Dieu  frappe  a 
fin  qu'on  !e  fente ,  &:  qu'il  cil  trés-b 
qu'un  patient  foit  fenfible.    De  faij 
les  difgraces  decér  Etat,  foit  les  pu- 
bliques  foit  les  particulières ,  ont  elle 
fi  grandes  .^fi extraordinaires,  qu'il 
faut  que  le  /^»//i;^';;/>  en  palîejiifquesà 
la  dernière  génération.  Ouy  !  louve- 
nez-vous  &^Souverains& Sujets,  & 
Magiftrats  &  Citoyens,  quelétoitce 
dégréde  gloire  &:  de  pull^ànceauque' 

vous 


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Salutaire,  sur.  Apoc.  i  i .  f.  joy 

Vous  avez  vil  cette  République  devant 
fa  chute,  &: quelle  a  efté  bien-tofl:  a- 
prcs  certe  extrémité  d^ignominie  & 
d'impuiflance,  dans  laquelle  vous  l'a- 
vez viië  tomber  tout  d'un  coup.  Elle 
étoit  comme  une  Fille  munie ,  fes  co- 
lonnes étoicnt  comme  des  colonnes  de 
fer^  6c  fes  murailles  comme  des  mu- 
railles d*airain,  elle  a  voit  étendu  fes 
limites  jufqucs  auxextrémitezde  TO- 
rient,  elle  écoit  comme  hDame  des 
Royaumes^  l'arbitre  desd  fferens,  le 
frein  des  ufurpateurs,  la  terreur  de 
fes  ennemis,  l'af)  !c  des  oppreflcz, 
la  curiofité  des  Etrangers ,  le  magafin 
ôc  prefque  l'abrégé  de  tout  l'Univers. 
Elle  étoit  fermée  de  tous  cotez  par 
tant  de  Mers  &  de  Rivières  &  d'H  clu- 
fes,  environnée  de  tantdeForteref- 
fes,  enceinte  de  tant  de  Tréfors, 
pourvue  de  tant  de  Munitions,  peu- 
plée de  tant  d'Habitans,  ^k:elleavoit 
à  fa  difpofition  des  Flottes  fi  redouta- 
bles &  une  Milice  fi  nombreufe,  qu'el- 
le en  paroiffoit  eftre  inacceilîble  à 

tou- 


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145  G  34 


^o6         Le  Souvenir 

toutes  les  forces  de  la  terre:  Et  ce 
pendant  vous  avez  vu  cette  même  Ré 
publique  en  peu  de  femaines,  &qi] 
plus  eft  en  peu  de  jours,  defloriffan 
te  rendue  délolée,  de  libre  devenm 
efclave  ,  de  fouveraine  devenue  lu 
jette ,  de  riche  devenue  épuifée ,  d'à 
bondanteen  tout  devenue  deftitué( 
de  tout,  &  de  Tétonnemcnt  qu  ell< 
étoitdes  Peuples  &  des  Nations  de- 
venue prefque  le  jouer  &  Topprobre 
non  feulemeut  des  Sceptres  &c  da 
Couronnes,  mais auflî  des  Cro(îes& 
des  Mitres  qui  dans  u  a  ;iutre  tcmpj 
fe  profternoyent  devant  Vous,^  com- 
^*  me  des  petites  ^^t^^J"  devant  la  ^er^^ 
impérieufe  dejofeph,  &  comme  des 
Roitelets  devant  le  redoutable  Sa- 
lomon.   Mais  particulièrement  que 
cette  admirable  Province  icyfelou- 
vienne,  qu'elle  a  vu  fcs  Places  fron- 
tières fubjuguées ,  fes  Bourgades  mi- 
fesau  fac,  fes  Campagnes  défolées, 
fes  Villes  émeuës ,  les  Peuples  foule- 
vez,  fesTréforsépuifez,  fes  Riches 

re- 


Salutaire, SUR  Apog.  ii.f.  307 

réduits  à  la  pauvreté ,  ^  un  Roy- 
étranger  prell  d'^  eftre  reçeù  en  Mai- 
:re&en  Conquérant»  &  d'y  établir 
e culte  de  Tldole,  &:Ie  fervice  de  G4/.4. 
:eus  qui  de  nature  7ie  font pohU  T>ieus  !  ^* 
:^e  ce  même  Lieu  où  je  vous  parle  fe  y,utth, 
fou  vienne,  ç^o,  fa  fuite  aejle  en  hy- 
ver  >^  qu'il  a  vu  dans  la  faifon  la  plus 
•igourcufe  une  multitude  prclque  in- 
nombrable de  femmes,  de  filles,. 
J'enfans,  &:de  vieillards,  chercher 
jn  foiblc  afyle  dans  l'enceinte  de  foi- 
3lcs  Murailles ,  &  que  de  cruels  de- 
lru£teurs,  des  hommes  de  fan  g,  des 
Mérons  Ôcdcs  Barbares  onteftéprécs? 
iy  porter  le  fer  &  de  feu ,  &  d'cxé- 
:uterce  bel  ordre  de  leur  impitoya- 
ble Chef,  Allez,  ♦  pillez,^  tuez  ,  vio-  ^dv. 
■ezy  ùrulezy  &  s' il  Je  peut  faire  quel- ^^'^^l' 
uechofede phis  exécrable-,  faites-le [ 
t  enfin  que  chacun  en  fon  particu- 
lier le  fouviennc,  G^\^celuy  quiefide-  \^^^\, 
ont  doit  prendre  garde  qu^ilne  tombe  ! 
&quc  les  plus  aflèurez  fe  mirent  fur 
les  exemples  de  ceus  qui,  dans  le 

cœur 


5o8        Le  Souvenik 

cœur  de  céc  Etat,  fefontvûscnpe 
d'heures  précipitez  du  plus  haut  faîi 
deprofpérité  dans  les  derniers  ma- 
heurs!  O  combien  y  a-t'il  eu  dec( 
Beltfazarsqui  avoient  le  cœur  joyeu 
combien  de  cesNabalsqui  étoyer 
trés-accommodez  ,  combien  de  et 
Hérodesqui  piafFoyent  furdesfiég( 
Judiciaus  ,  combien  de  ces  Riche 
qui  ne  fongeoyent  qu'à  bâtir  des  ma 
fons&  des  greniers,  &  combien  d 
bons  ou  Gentilshommes  ou  Hab; 
tans,  qui  repofoyentà leur  aife /f?/ 
leur  vigne  &  Jons  leur  figuier ,  6c  vo 
là  ils  font  cheus ,  &  font  tombez  d  ir 
un  moment!  Onavûleursperfonnt 
maltraittées  ,  leurs  Châteaux  bru 
lez,  leurs maifons  de  plaifance  ru 
nées,  leurs cloifons  dépecées,  leui 
forets  coupées,  leurs  prairies  inon 
dées,  leur  bétail  enlevé,  leur  épai 
gne  &  leur  abondance ,  leurs  parure 
&  leurs  chofes  défirables,  leurs  fem 
mes  &  leurs  vierges,  expofées  oi 
à  la  proye  ,  ou  à  Tinfolence  ,  o\ 
à  la  cruauté  des  Barbares.  C* 


Salutaire, sur  Apoc.  i  i.  f.  309 

Ce  fou'venir^  Chers  Frères ,  même 
aprcs  une  heureiife  délivrance  eft 
très-  utile  5  &  ce  miroir  eft  crés-inftruc- 
cif.  Mais  ce  n'eft  pas  là  le  principal 
fouvenir  que  demande  Jéfus  Chrift, 
ce  n'eft encore  làqu*un  fouvenir  delà 
chair,  &  puiflcnt  ces  belles  Provin- 
ces fe  refîouvenir  d'une  autre  chute  ^ 
qui  eft  de  leurs  premières  œuvres  ^  8c 
de  ce  qui  fut  autrefois  leur  ornement 
le  plus  beau,  &:  leur  parure  la  plus 
éclattante!  Hollande!  dit  encore  au- 
jourd*huy  ce  me  lèmble  ce  mifericor- 
dieus  Seigneur ,  Je  cormoi  tes  premiè- 
res œuvres^  &  j'ay  ville  temps,  que 
tu  as  endure  ,  que  tu  as  tu  patience^ 
que  tu  as  travaille  pour  monrmn  & 
ç\uetu  as  haï  les  atits  &  la  dothme 
des  Nicolaïtes  :  J'ay  vû  le  temps  au- 
quel tu  ne  connoidois  ni  l'impieté  de 
Sodome  ,  ni  les  abominations  d'E- 
Ijgypte,  nilefaftedc  Babylone,  nile 
■  luxedeTyr,  ni  les  péchez  des  Na- 
I  tions:  Je  me  fou  viens  de  ce  temps 
I   auquel  on  voyoit  le  zélé  dans  tes  Egli- 


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gio        Le  Souvenir 

fcs ,  la  dévotion  dans  tes  Aflemblce 
lajuftice  dans  tes  Tnbunaus,  Tint» 
grité  dans  tcsConfcils,  laconcord 
dans  tes  Gouverneurs,  la  piété  dan 
tes  Familles,  8c  la  fi  mpl  ici  té  dan  s  ce 
Habitans:  J'ay  vû  les  jours  auxquei 
ma  parole  étoit  refpedée,  mes  Set 
viteurs  honorez ,  mes  Sabbats  fanâ:] 
fiez,  les blafphémes punis,  lesfcan 
dales  réparez,  &  auxquels  fur  tout  1 
Jeunefle,  qui  toft  ou  tard  donne  de 
Pafteurs  aux  EgUres  ,  des  Douleur 
aux  Ecôles,  des  Régens  aux  Villes 
&des  Miniftresàl'Ltat.,  étoit faine 
mentinftruitc,  foigneufcmentdifci 
plinée,  8c  fagement  conduite  à  un  mè 
me  but,  ^portée  à  une  douce  harmo- 
nie  dans  laPolice  8c  dans  l'Eglife  rj'aj 
vù  ces  heureus  temps  auxquels  le  rel 
peft  de  mes  Ecritures  tenoit  la  Raifor 
cette  fiere  &  cette  prefomptutufe  Ser- 
<vante ,  qui  s  eft  toujours  élevée  contn 
Sara  la  Maitrejfe,  dans  le  devoir  & 
danslafoumiflîoni  L'intérêt  de  mon 
Règne  prcvaloit  en  mes  Profères  par 


SaLUTATRF,  5ÎUR  ApOC.  II.  j^.     3  II 

Icfliis  les  iiuci  CCS  de  la  Chair  i  Et  Ton 
remarquoic  dans  tes  Chaires  ^  dans 
tes  Ecoles  moins  de  kibniité  &plus 
defainteté,  moins  d'oftentation  & 
Diusdezéle,  moins  de  recherche  de 
louvcaux  myrtéres  &c  plus  de  prati- 
que d'anciennes  &  de  premières  œu* 
vrcs  :  Enfin  ô  Ephéfe  d'aujourdhuy  ! 
*ay  vu  le  temps  auquel  tu  étois  avec 
dIus  de  charîte  &  avec  moins  de  pom- 
36,  un  Afyle  aux  pauvres  réfugiez, 
m  Hôpital  aux  pauvres  languiilans, 
jne  Nourrice  aux  aiïamez ,  une  Me- 
tfe  aux  Orfelins  ,  &  une  Protedricc 
tux  veuves  ^  aux  opprcficz.  Voilà 
]ucllcs  furent  tes  premières  œuvres  y  ^<"^^* 
ouvres  de  bonne  odeur,  &  œuvres 
enommees  par  tout  le  monde  \  M  ain  te- 
)anc  ô  Hollande!  confidére tes  der- 
rières œuvres,  examine  ta  dernière 
Conduite ,  repaffe  fur  la  dernière con- 
li tution  de  tes  Villes ,  de  tes  f'  glifes, 
ie  tes  Aircmblées,  de  tes  Confcils, 
ie  tes  Tribunaux,  de  tes  Ecoles  , 
Je  ta  jcuncfle,  juges  enfansdégui- 

fe- 


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145  G  34 


512  Le  Souvenir. 

lement  &  fans  flatterie,  &  fouvm 
tojy  fouvien  toy  d'où  tues dechettë  \ 
Aprésccla,  Peuple  Fidèle,  faut- 
trouvcr  étrange  fi  uner^///^aprec 
dé  l'autre ,  fi  Dieu  a  mis  enfin  la  co 
gnée  à  la  racine  ,  &  s'il  a  coupé 
j^4«.4.  ébranché  ce  grand  Arbre  qui  fe fat  fb 
-voir par  toute  la  terre  ?  Cette  Jurti( 
adorable  a  fait  voir  en  vôtre  Répi 
blique  ,   ce  dont  elle  mcnaçoit  fc 
^^çi.  peuple  par  dt^s  Moyies  &  par  desjc 
^'■.^^  fuëz  5  &c  ce  qui  s'eft  vu  en  dive 
I^     exemples  tres-mcmorablcs.  La  pc 
25!t8.  fteritéde  Jacob  vint-elle  ïpaillardi 
à  la  façon  des  Egyptiens  .5^  à  en  im 
ter  les  abominations?  Dieu  Taflerv 
bien  toft  après  à  cette  même  Egvpt 
Les  Juifs  peu  après  la  mort  de  SaU 
mon  vinrent-ils  à  faire  félonies abi 
\^'L  mînations  des  Hâtions ,  voilà  qu  aufl; 
^î-  '  toftSefacouSefoftriS,lefuperbeD( 
minateur  de  ces  mêmes  Nations 
monta  contre  Jerufalem  ,  &  la  dt 
H.yry.  pouilladefestréfors.  Ephraïmvini 
^'     il  àfe  mêler  avec  les  'Peuples ,  &  à  imi 

te 


Salutaire,  SUR  Apoc.  II.  5'.  313 
ter  le  faux  culte  des  Afliriens  P  Dieu 
luy  dénonce  auffi  qu'Affur  feroic  la 
^ergc  deja  colère ,  &  le  bâton  de  fan 
indignation.    Le  bon  Ezechias  élé- 
ve-t'il  Ion  cœur  à  la  façon  de  Baby- 
Jon  ,  &  dit-il  aux  AmbalTadeurs  de 
/  celle-cy,  Cefoncicy  mes  Tréfors,  c'ell: 
'  icy  ma  gloire  &  ma  magnificence  ?  Foi- 
cy  venir  les  jours ^  luy  ditauni-toft  le 
kPf  ophéte ,  que  tout  ce  que  tes  Pères  ont 
amajfeen  leurs  tréforsfera  emporté  en 
Babylon  \    Les  Perfes  au  temps  de  leur 
dernier  Monarque  vinrent-ils  à  imi- 
ter di verfes  coutumes  des  G  recs ,  donc 
quelques-unes   paflerent  mêmes  juf- 
ques  à  la  Cour  de  Darius?  Voicyque 
que  bien-toft  après  ils  paflerent  fous 
le  joug  &  fous  la  domination  de  ces 
mêmes  Grecs.    Avouez ,  Chrétiens , 
^ue  vous  venez  de  voir  quelque  cho- 
^e  de  femblable  dans  vos  Provinces  J 
Car  il  a  plu  à  la  Souveraine  Providen- 
ce que  cette  même  Nation  ,  dont  la 
vôtre  navoit  que  trop  pris  les  modes 
^  les  coucûmes,  ^  n  ayoic  que  trop 

O  imi- 


ïo.  5. 


59- 1.;. 
6. 

50. 


Sabtl- 
lie.  L. 
4.  En- 


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145  G  34 


jt^  LeSouvenir 

iniicé  le  luKe  &  la  licence  i  foit  devenue 
en  peu  de  tems  la  vt  rge  de  fa  colère ,  & 
•  vous  aie  été  un  fléau  à  vos  cotez, ,  & 
co  m  ine  des  pointes  a  vas  yeux. 

Mais  gloire  foie  à  ce  Pere  des  mi 
fericordes  ,  de  ce  que  vous  apellam 
aujourd*huy  à  un  fouvenir  trifle  S 
douloureux  ,  il  vous  apelle  aufTi  \ 
un  fouvenir  agréable  ,  &  raviflant 
Car  il  vous  apelle  ,  6  Nation  troj 
heureufe  !  en  vous  fouvenanc  devô 
tre  chute  ,  à  vous  fouvenir  auffi  de 
miracles  que  Dieu  a  faits  pour  vou! 
relever.    Et  d'abord  ,  que  de  mira* 
des  en  la  naiflance  fi  peu  attendu^, 
en  la  confervation  ,  en  Texaltation 
&  en  route  la  conduice  ,  aulTî  bier 
qu'en  toutes  les  qualitez  perfonnel 
les  de  l'Ange  Tutélaire  de  cécEtat: 
O  que   Rome   l'ancienne  ne  vante 
plus  les   merveilles  de  la  naifTance; 
ou  de  la  confervation  ,  ou  de  l'é- 
tabliflemint  de  fes  Scipions  ,  de  fè 
Fabius ,  &  de  fes  Augulles  !  Que  THi- 
ftoire  plus  récente  ne  nous  parle  pluî 
de  ces  DteuJonnez  ,  6c  de  cespré- 

ftns 


Salutaire, SUR  Apoc.  II.  ^i^ 

fcns  extraordinaires  du  Ciel  ,  pour 
le  laluc  des  Peuples  !  11  faut  que  Ten- 
vie  même  reconnoifîè  qu'après  les 
merveilles  qui  felbnt  vuësen  lanaif- 
fancedesllaacs&desSamfons,  en  la 
confcrvation  des  Jofephs  Se  des  Da- 
vids,  en  Texaltacion  aulîî  bien  que 
dans  les  exploits  des  Gédéons,  ou  des 
Judcs  ce   fang   Illuftre  des  Haf- 
monécns,  &  finalement  en  la  condui- 
te &  aux  qualitez  admirables  d'un 
jeune  Salomon  ou  d'un  jeune  Jofias, 
il  ne  s'eft  rien  vu  de  li  miraculeus 
qu'en  tout  ce  qui  paroit  &  qui  brille 
en  ce  jeune  Héros,  dontl  ExcIufion 
aefté  vôtre  cMUy  ôcdontrEtablifTe- 
tacvt h  cAé  votre  de//vrance.  O que  de 
miracles  depuis  ce  prémier  miracle 
que  Dieu  a  fait  en  vôtre  faveur  !  Auilî 
tne fait-il  reflbuvenir  de  cette  pré- 
tniere  merveille  que  Dieu  fit  en  Egy- 
pte pour  la  délivrance  du  peuple  d'if- 
raëij  lors  que  ce  qui  paroilibit  un  Ser- 
>era  nuifiblcâ  mais  nuifibleades  Egip-  ^^^^ 
aens,  &ades  ingrats,  devint  en  la  ? '4. 

O  2  main 


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145  G  34 


Le  Souvenir 

main  de  Moyfe  une  J^erge  miraculeu 
fe,  laquelle  fut  le  falutaire  Inftrumen 
FxoH.j^.  de  tant  d'zutrcsjignesy  &  de  tant  d'au 
^*      très  merveilles.    Ouy  !  encore  un 
io\iy\fouvien'toy ,  Peuple  Belgique 
de  toutes  celles  que  Dieu  a  faite 
pour  ta  confervation  &  pour  ta  défer 
fc,  dés  le  moment  que  cet  Etat,  cort 
me  un  autre  Moyfe,  2iprisenfamai 
cette  Verge  véritablement  divine 
Que  de  prodiges  &  au  dedans  &  a 
dehors,  &  lur  les  Eaus&furlaTei 
re  !  1^  t  que  de  chofes  merveilleufes  di 
nanties  yeux  de  touces  les  Nations  1 
font  vuësenlfraël  !  Auflin'en attei 
^     dez  pas  de  moy  le  .détail,  puisqii 
nous  l'avons  donné  ailleurs ,  &  qui  c 
vous  ne  fçait  pas  de  quelle  façon  Die 
par  cette  Verge  a  calmé  au  dcdai; 
les  orages,  boule verfé  des  confei 
infidèles ,  rangé  une  populace  émeu, 
&:  au  dehors  a  arrêté  un  torrent  imp( 
tueusj  borné  un  fier  Conquérant, 
marqué  par  manière  de  dire  des  lign^ 
qu'il  ne  pafléroit  point  ?  Quj  de  voj 


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145  G  34 


Salutaire,  sur  Apoc.  11.5-.  317 
ne  fçiit  pas  de  quelle  façon  Dieu  a  en- 
core humilié  des  Flottes orgueilleu- 
ies,  &  foudroyé  des  vaiffeaux  Fou- 
droyansi  de  même  qu'il  a  garenti  vos 
Côtes,  confervé  vos  Chefs,  ramené 
vos  Navires  ,  &  montré  qu'il  com- 
mande auflî  aux  Vents  &  aux  Mers? 
Qui  ignore  dans  ce  Lieu-cy  de  quelle 
façon  Dieu  Ta  préfervé  contre  la  der- 
nière défolation  ,  &  comment  il  a 
fait  fondre  miraculeufement  des  gla- 
ces qui  alloyent  eftre  pernicieufes  à 
Vous,  à  vos  Familles,  &  à  tout  vôtre 
Etat?  En  un  mot  quinefçiiit  pas  les 
dernières  merveilles ,  que  Dieu  a  fai- 
tes par  ce  divin  Inftrument ,  foit  pour 
reprendre  des  Fortcreflcs  munies, 
foit  pour  châtier  un  Archevêché  qui 
a  dû  eftre  le  commencement  de  vôtre 
délivrance ,  comme  il  avoir  efté  celui 
devosmaus,  foitpour  mettre  de  l'é- 
pouvante dans  refpritde  ceux  qui 
vous  en  donnèrent,  &  pour  leur  fai- 
re rendre  vos  Villes  &  vos  Provinces 
aulii  fubitement  qu'ils  les  avoyejit 
P^^^^s?  o  3  ivlais 

ï 


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3i8  Souvenir 

Mais  vous  attendez  fans  doute 
Vous  tous  qui m'écoutez,  quejere- 
commande  particulièrement  le  fou- 
'Venir  de  cette  hcureufe  &  de  cett< 
admirable  journée  qui  fait  aujour- 
d'huy  le  fujet  de  nosjoyesôc  denoj 
triomfes.    Et  il  ny  a  point  dedou- 
te,  Peuple  Hollandois  !  que  tu  n^ 
doives  imprimer  ce  même  jourdanj  , 
tonfouvenir,  &  le  marquer  dans  tej 
Régîtres ,  comme  Tun  des  plus  figna-- 
lez  &  des  plus  falutaires  de  tous.  Jo- 
faphat  Roy  bon  &  fidèle  s  étoit  eng^a- 
géavecAchab,  &  luyavoitditjF^j 
'"^   ton  conte  de  moy  comme  de  toy^  &dc 
mes  forces  comme  de  tes  forces.  Nos 
Frères  nous  en  vouloyent ,  comme 
autrefois  Ifraël  en  voulut  par  une  er- 
>/ n.  reur  aux  enfans  de  Ruben  &  de  Gad 
"*     leurs  Frères  &  leurs  Confédérez/ 
Une  Nation  liée  avec  celle-cy  par 
tant d'interê ts ,  comme  fontccuxde 
Sang,  de  Religion,  d'Amitié,  de 
Commerce,  &: d'une Caufe  commu- 
ne contre  des  deffeins  ambitieux,  é- 

toic 


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145  G  34 


Salutaire,  sur  Apoc.  11.5-.    j  ip 

toit  devenue  lelon  les  apparences  nô- 
tre irréconciliable  Ennemie.  Une 
chère  Sagunte ,  ancienne  amie  &  an- 
cienne alliée .  paflbit  pour  une  fuper- 
beCartagc.  Vous  étiez  l'objet  de  la 
colère  &  de  Tindignation  d'un  Mo- 
narque ,  qui  a  toujours  eflé  Tobjet  de 
vos  rcfpeéts    de  vos  vœus.  Vos  priè- 
res &  vos  déférences  fembloyent 
déformais  eflre  inutiles ,  les  cœurs  pa- 
roifibyent  endurcis  &  les  oreilles 
ouchées  à  toutes  vos  offres,  les  com- 
bats &  les  ravages ,  les  brandons  &  les 
feus ,  les  foudres  &  les  éclats  fe  pré- 
aroyentde  nouveau,  auffi  bien  que 
s  charges  au  cœur  de  l'Etat,  que 
sPéres  n'ont  pii  porter.  Et  voicy 
ut  d'un  coup  que  Dieu  fe  montre  en 
Sion  ,  qu'il  précipite  /e  confeil  des  ^ 
Pervers  ,  qu'il  furprend  les  fages  en 
leurs  rufes  ,  qu'il  diffipe  les  dtfcoîirs 
des  cauteleuse  qu'il  confond  lesarti- 
Ices  &  qu'ils  renvcrfe  les  projets  de 
uxquifouffloyentun  Efprit  de  di- 
Jlion!  Voicy  qu'il  fléchit  le  cœur  de 

0  4  La- 


3^0 


Le  Souvenir 


Laban  envers  Jacob ,  qu'il  incline  I< 
*r^'"  cœur  de  fon  Oint  envers  le  refpec 
X  Sam.  tueux  David,  qu'il  ce  Frère  ir 

rité  &  pLiiflTanr  lequel  court  au  devara 
4-^-  dcfonpuiné  &  l'embrafle,  &  qu'il  é 
acw  claire  l'efprit  &  change  les  penfées  di 
^9  ^-  bon  Jofaphat  !  Voicy  qu  il  /f 
yeux  de  ceux  qui  prenoyent  des  amii 
pour  des  ennemis ,  tout  au  contraîn 
de  ce  que  firent  ces  Syriens  qu' Eli fé^ 
\^iUmenaen  Samarie,  &  qu'il  vient  d< 
-     faire  en  forte  ,  qu'Ifraël  ne  parle  plu. 
démonter  en  bataille  à  l encontre  de 
Tribus  innocentes  !  Des  homme 
trop  interenez  tâchoyent  de  mettn 
o  imefpritmauvais^nttQ  kbimtXç^ch^ 
^3'  *  Sichem,  je  veus  dire  entre  le  Roy  6 
fon  Parlement  -,  mais  le  Souverain  ar 
bitre  de  toute  la  Terre  a  fait,  comm< 
il  fit  autrefois  en  Hebron ,  que  le  cœu 
du  Roy  &  les  cœurs  du  Peuple  on 
V'  '  confpiré  à  une  même  paix  &  à  un. 
même  alliance,  laquelle  de  defefpe 
rée  qu'elle  paroiffoit,  eftfubitemen 
devenue  conforme  à  vos  demande 


Jcf  12 

33- 


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ÏALUTAIRf:,  SUR  APOC.  ll.f.     3  2  1 

&  à  VOS  fouhaits.  Et  pour  tous  ces 
miracles  Dieu  s'efl:  encore  fcrvi  de 
cette  Verge  merveilleufe  qu'il  vous 
a  mile  en  main,  &  decét  Hommede 
fa  dextre  qu'il  vous  a  donné  en  fes 
mifericordes,  &  de  qui  vous  pouvez 
bien  dire  ce  que  dirent  de  leur  Autel 
les  deux  Tribus  reconciliées  à  Ifraël, 
i/  témoin  entrerions  que l Eternel  j^f^^ 
eji  le  'Dieu.  34. 

Après  quoy  5  Chers  Frères,  je  n'ay 
plus  rien  à  vous  dire,  fi  cen'eft^'^'^ 
jouvenance  \  mais  aufîî,  Faites  vos 
premières  œuvres  !  Certes  quand  cet 
heureux  changement  nefeleroitpas 
encore  vii  jufqucs  icy ,  qu'au  moins  ce 
jour  de  grâce  Tafie  ce  que  n'ont  pu  les 
jours.de  calamité.  Car  comment  en- 
vifager  ce  bon  Pere  mettant  bas  la 
plus  redoutable  de  fes  Verges,  nous 
tendant^  comme  fit  Afiuerus  à  Ef- ^Aj- 
thcr,  la  Verge  de  fa  grâce,  nous  baifant   '  ; 
d'Un  baifer  de  paix  ^  nous  attirant/>^r 
des  liens  d' amitié  O'  par  des  cordeaux 
ihumariite  ,  6c  nous  faifant  oublier'^* 


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31Z         Le  Souvenir. 

\f    tout  nôtre  tourment ,  de  même  que  l'o, 
nefefouvient  plus  des  eaux  qui  Jon 
paffées  \  Comment  voir  au  milieu  d 
nous  des  changemens  fiheureus,  de 
délivrances  fi  grandes ,  des  mervulles  i 
furprenantes  ,  &  ces  mêmes  prodig 
qu'on  a  vu  conftamment  dans  toutes  le 
difgraces  de  vôtre  Etat,  avec  d'autf. 
encore  qui  font  aujourdiiuy  plus  éton 
nans  ?  Comment  voir  reparoître  le: 
délivrances  des  Judées ,  des  Samaries 
&  des  Jérufalems ,  ou  voir  renaître  le:  : 
temps  des  Jolaphats,  desExéchias,  & 
des  Maccabées ,  puis  que  1  impieté  mê 
me  reconnoit  que  c'ert  icy  le  don  di 
T>ieu  ,  que  ce  font  des  machines  def 
cenduës  du  Ciel ,  &  des  refforts  manie? 
&  oouvernez  de  fa  Main  toute-puiflan- 
te?  Comment,  dis  je,  faire  la  mom- 
dre réflexion  fur  tant  de  merveilles,  & 
voir  aujourdUiuy  fe  îéver  en  une  iombrc 
ôcenun  noire  nuit  ce  même  Soleil  qu 
s'étoit  couché  en  plein  Mtdy ,  fans  eûrc 
^      ou  convaincus  en  nôtre  incrédulité ,  ot 
touchez  en  nos  cœurs,  ou  réveillez  en 

nos 


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Salutaire,  sur  Apoc.  ii.  y.  32J 

nos  confciences,  ou  ravis  dans  nos 
Erprits,  Ranimez  à  donner  gloire  au 
Saint d'Ifraél?  Car  quant  ànioyjefuis 
fortement  perfuadé  que  parmi  tant  de 
milliers  drames  qui  habitent  dans  ces 
Provinces  ,  il  y  en  aura  un  nombre  fans 
comparaifon  plus  grand  qu'il  n'y  eut  en 
Ilraëiau  ccmpsd'ElieleProphéce,  qui/^fj 
feront  revivre  dans  vos  Villes  &  dans  '  ' 
vos  Bourgades,  dans  les  Col  é^cs  Se 
dans  les  Familles,  dans  cette  Cour(î^ 
dans  ce  Lieu-cy  ,  ces  premières  œu  vres, 
qui  en  furent  cy  devant  la  gloire  &  la 
couronne. 

Et  c'cd  p  r  Li,  Peuple  Fidèle,  que 
l'on  verra  aulîi  renaître  toutes  les  pre- 
mières bénédiftions     CVft  par  ce 
moyen  que  Dieu  achcvcra  ce  qu'il  a 
commencé  ,  qu'il  couronnera  vôtre 
Paix,  qu'il  rangera  un  Monarque  in-^^„ 
flexible,  qu'il brifera  ce  grand Colofle  ''"i-i. 
parla  petite  "Pierre  <\wç:  luy  même  a 
taillée  de  fa  Roche,  &  qu'il  vous  ren- 
dra femblables  à  Gad ,  car  fi  une  Trou- 
fe  ennemie  a  couru  fur  vous  ,  vom 


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324        Le  Souvenir 
courrez  fur  Elle  à  la  fin.    C'eft  de  1 
forte  qu'on  verra  retourner  lesProvin 
cesàl'Êtat,  les  Villes  aux  Provinces 
lafplendeur  aux  Villes,  la  graiffe  au> 
Campagnes,  la  profpériré  au  Com 
merce ,  la  feureté  à  la  Navigation  ,  lai 
fe  &  le  repos  aux  Habitans  de  cette  Tei 
re.    C'eft  ainfi  que  Dieu  vous  confei 
vera  ce  cher  Déport  que  vous  voyez  d( 
fon  Amour,  ce  Gage  de  fon  Alliance 
cette  Lampe  de  fon  IfraëM'Ame  de  vô 
tre  Etat,  la  Force  de  vôtre  Lionje  Lier 
de  vos  Flèches,  leDéfenfeur devôtn 
Foy,  le  Reftaurateur  de  vôtre  Liberté 
le  Confervateur  de  vôtre  Paix ,  le  Fleai 
de  vos  Ennemis,  &lavraye  Epêedi 

Jn^.y.  L'ETERNEL,  d^^^NASS  AU.  Maiî 

particulièrement  c'eft  cet  hcureus  a- 
mandement  &  ce  faint  repentir  ,  qu 
réjouira  ks  Anges  du  Ciel ,  qui  édifier; 
les  hommes,  qui  convertira  les  pe- 
cheurs,  qui  contentera  la  Majerté  di- 
vine, qui  appaifera  vos  confcienceS; 
qui  calmera  vos  troubles,  &  qui  réle- 
vera  vos  efprits  &  vos  cœurs  dani 


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Salutaire, SUR.  Apoc.  ii.f.  ^îf 

toutes  vos  chûtes  3z  dans  toutes  vos 
vifications. 

O  que  font  heureufes  ces  ames  Chré- 
tiennes, qui  étant  decheuës  quanti  la 
chair  ferélevent  quant  à  refprit,  &qui 
quittent  fans  regret  la/)é?r//(?«  du  mau- 
vais Riche  pour  celle  de  la  bonne  Marie  ! 
O  que  font  heureus  ces  Fidèles  qui  pour 
fejouvenir  falutairement  deDieu&de 
Jékis,  demandent  à  ce  même  Jéfus, 
non  pas  de  pouvoir  ^'//^//Vr  toutes  leurs 
autres  connoifliUîces&  toutes  leurs  lu- 
'  miércs,  comme  l'on  dit  que  fit  un  fa-  T/f^* 
meus  Moine  ,  mais  bien  de  pouvoir 
bannir  hors  de  leur  mémoire  &  le  Mon- 
de  &  la  Chair  !  O  que  btenheureus  fera  g"». 
eluyqui  empoignera  cesenfansdQ  13a-  r''"' 
uel,  qui  lesfrotjjera  contre  la  pierre  ^  Y,  ii 
&  qui  tâchera  de  les  étouffer  dés  leur  *  ' 
nailfance^/^^z^j  le  fleuve  à'xxnç,  vraye  Pé- 
nitence !  Qiie  ceux-là  auffi  font  heureus 
qui  ayant  efté  relevez  paria  grâce  de 
Dieu  de  quelque  chute  dangereufe,  ou 
d'un  péril  évident ,  ou  d'une  maladie 
ortelle  ,  ou  d  une  écharde  cuifante, 


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plut. 


Ii6        Le  Sour  enir 

ou  bien  de  la  pacte  d'un  Ennemy ,  de  la 
griffe  d'un  Lion  ,  &  delà  main  d  un 
Philiftin, /<?  fouviement  que  Dieu  a 
ufé  de  gratuité  envers  eux  ;  &  c  eft  bien 
là  le  moinsqu'ils  doivent  à  Dieu  que  ce 
Souvenir!  Heureus  encore  ceux  qui 
étans^^'f/^^'/^  d'un  état  relevé,  &dans 
lequel  ils  s'ejtimoyent  eftre  debout ,  font 
une  reflexio.i  lemblableà  celle  que  fie 
Philippe  de  Macédoine ,  car  après  eflre 
cheu,  voyant  Tétendué  de  Ton  corps 
fur  lapou.Tiére,  Grand'Dicu,  dit-il, 
que  nom  tenons  peu  de  place ,  ér  le  mon- 
de ne  nom  fauroit  contenir  \  Heureus 
de  même  tous  ceux  qui  dans  des  jours 
de  réjouïfîance ,  comme  eft  celuy-cy. 
fe  fou  viennent  de  ce  que  font  toutes  nos 
joyes&cous  nos  plaifirsî  Et  qui  dans 
l'état  le  plus  ^^tt^\fefotiviennent\\\x\\ 
n'y  a  rien  de  ftable  fous  le  foleil .  &  que 
nous  fommes  tous  icy  bas  comme  avec 
un  pié  fur  une  boule,  &  dans  un  état 
chancelant  !  Enfin  que  vous  ferez  heu- 
reufcs  ,  Ames  Fidèles  .  vous  qui  ne 
voyez  en  ce  monde  que  des  œuvres  d  i- 

ni- 


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Salutaire, SUR  Apoc.  ii.  f  327 

niquitc  ,  &  qui  ne  faites  vous  mêmes 
que  des  œuvres  qui  tiennent  toutes  du 
péché  5  &  qui  font  toutes  tachetées 
comme  Tétoyent  les  Brebis  de  Jacob,  22'.*'^' 
ou  toutes  enfanglantécs  comme  letoit 
le  Hoqueton  de  Jofeph  ,  que  vous  fe- 
rez heureufes,  h  X  ce  fujet  vous  afpi- 
rez  à  l'Eglife  des  prémiers-nez ,  en  la- 
quelle nous  ferons  tous  nos  premières 
œu  vres ,  œuvres  de  Tétat  d'hmocence, 
œuvres  des  Anges  &  des  Séraphins,  & 
œuvres  qui  ne  le  voyent  que  dans  le 
Royaume  de  la  véritable  Paix  ! 


4.1 


Ainsi  S  o  ï  t-î  l1 


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11.15. 


3Z8     L'EGLISE  CoNSERVE*E 

L'  E  G  L  I  S  E 
CONSERVEE 

AU  MILIEU 

DES  FLAMMES. 

Ou 

SERMON 

Sur  les  Lament.de  J ère wieChap.  m, 

Vers  22. 

Ce  font  les  gratuit  ez  de  l'Eternel 
que  nous  n'avons  point  été 
c  on  fumez,. 

Oyez  enjoye  avec  ceux 
qui  font  en  joye ,  & 
foyez  en  pleur  avec 
ceux  qui  font  en  pleur. 
Un  llluftre  Politique 
^  fit  valoir  adroitement 

ces  paroles  de  St.  Paul  ,  lors  qu'en 
^  même 


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SUR  Lamentât.  Ch.  II 1. 2î.  32^ 

même  cems  il  félicitoic  un  Roy  de  fa 
victoire,  &  qu'il  plaignoic  l'autre  de 
fa  difgrace.  Chers  Frères,  je  les  ap- 
plique à  ce  tems-cy  avec  bien  plus  de 
juftice  &  de  vérité.  C'eft  un  tems  de 
deuil  ?c de  lamentation  pour  la  pauvre 
Sion,  Scuntemsaufli  de  bonnes  nou- 
velles pour  les  réchappez  de  Juda  ,  ôc 
pour  les  habitans  de  nôtre Jerufalem. 

La  fournaife  de  Babylone  fait  voir  en  ^'*>*'i' 
même  temps  un  fpedlacleconfolant ,  &c  "* 
un  fpedlacle  terrible.  Ceux  qui  fe  trou- 
vent à  l'embouchure  font  cpnfumez ,  & 
ceux  qu*on  y  jette  font  coniervez  mira- 
culeulement.  Nous  voyons  aujour- 
d'huy ,  mais  d'une  manière  toute  oppo- 
fèe,  runôc  l'autre  de  ces  évenemens. 
Ceux  que  la  colère  des  Rois  jette  dans 
la  fournaife  d'nn  feu  ardent ,  y  font  con- 
fumez  ou  en  leurs  corps,  ou  en  leurs 
biens,  ou  enleurs  maifons,  ou  en  leurs 
enfans ,  ou  même  en  Igurs  confciences. 
Nous  fommes  comme  à  l'embouchure , 
6c bien  prés  de  ce  four  ardent,  mais 
Dieu  jufqu'icy  nous  épargne  en  fes  mile* 

ricor- 


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330   l'Eglise  Conserve'e 

ricordes ,  &  il  n'y  a  que  les  tilons  de  c( 
terrible  embrafemenr ,  &  la  fumée  d( 
ce  four  brûlant  qui  volent  jufqu'à  nous 
Peut-être  vous  fouviendra  t'il>  àpro 
pos  de  four  &  de  fumée,  de  cette  pein 
ture  myfterieufeque  Moïfe  nous  repre 
fenteauXV.delaGénefe  Dieuycom 
9."i*o.  mande  au  Patriarche  Abrahamdepren 
"*     dre  trois  animaux  jeunes  &  vigoureux 
une  génice»  une  chévre ,  &  un  mouton 
enfuitede/^'^  partager  par  le  milieu,  & 
de  pofer  chaque  moxùéàl'oppofae  l'u- 
ne deVautre.    Cefaint  hommea  ordre 
en  même  temps  de  prendre  une  tourte- 
relle &  un  pigeon    &de  iesconfervei 
entiers,  lansles  partager  de  la  forte. 
Une  volée  d'oifeaux  i  m  mondes  defcend 
furcesviftimes,  Abraham  leséfarou. 
^'"•'5-  che,  puis  comme  le  foletlfe  couchoït  W 
tomhQ  6?in%un profond fommeil:  Dans 
ce  fommeil  il  eft  faifi  de frayeur trou- 
vant  dans  une  obfcurité  toute  noire ,  & 
enfin  tout  d'un  coupilvoid  un  four  fu- 
mant ,  &  un  brandon  de  feu  palîer  entr€ 
ces  bêtes  ainfi  miparties.    Je  fcai  bien 


SUR  Lamentât. Ch.  II  1.21.  331 

que  ces  figures  regardoient  particu- 
lièrement la  poftenté  d'Abraham ,  fa 
vigueur,  comme  celle  de  ces  jeunes 
bétes ,  fous  la  régence  de  Jofeph,  fon 
opprcfllon  &  Icfacrifice  de  fa  liberté 
fous  un  Pharaon  qui  ne  connut  plus 
fofeph  ,  fon  angoiflè  &  fa  frayeur 
pendant  cette  triffc  nuit,  fes  gemif- 
femens  &  fcscris  à  Dieu  reprelentez 
par  le  pigeon  &  par  la  tourterelle,  & 
:nfin  le  feu  &  la  lumière  de  fa  déli- 
v^rance  au  tems  de  Moifc.  Mais  auflî 
i'eftimc  que  ce  fut-là  un  Tableau  très 
naïf  de  la  condition  différente  de  i'E- 
y\ifc  de  Dieu ,  tantôt  trifte  &  lamen- 
rablc ,  &  tantôt  pleine  de  confolation 
Se  d'efperancc.  Sans  doute  que  la  ge- 
tîice  faite  au  travail  &c  au  joug  ,  le 
mouton  doux &: patient,  ficlachévre 
^aic  &  fautante,  furent Tembléme de 
:ette  même  Eglife.  Auffi  fe  voit-elle 
divers  endroits  percée  par  le  glai- 
ve des  affliftions,  divifée  enfespau- 
vres  membres,  attaquée  par  des  vo- 
lées d'oifeaux  immondes  qui  vien- 
nent 


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332    l*Eglise  Conserve'e 

nent  fondre  fur  elle ,  tandis  que  la  fo 
&  la  bonne  confcience,  au  milieu  d< 
la  perfecution ,  comme  la  colombe  & 
la  tourterelle  ,  demeurent  entière 
&  inviolables.  Pendant  que  TEglifi 
fouffredela  forte,  Dieu  permet  biei 
fouvent  que  des  Abrahams  s'endor 
ment  dans  la  fécurité  &  dans  Tin  fen 
fibilité  j  mais  dans  une  fécurité  qu 
eft  fuivic  de  frayeur  &  d'angoiiïe:  E 
tout  d'un  coup  le  foleil  de  la  veritt 
aufli  bien  que  celui  de  la  profpérité  f 
couche  ,  les  ténèbres  &z  l'obfcurit 
furviennent ,  une  fumée  épaiffe  com 
me  celle  qui  fort  d'un  four  palTe  fu 
cette  malheurcufe  Eglife,  &  la  cou 
yre  de  tous  cotez.  Mais-au  milieu  d 
cette éfroyable nuit,  ne  voyez-vou 
pas  que  dans  cette  admirable  peintu 
re.  Dieu  voulut  aulTi  faire  voir  à  foj 
Eglife  desfujetsdeconfolationêcd 
joyc?  Quelle  fut  cette  main  quiéfa 
roucha  &  qui  enfin  écarta  ces  Oifeau: 
deproye,  fi  ce  n'eft  celle  de  la  divin» 
Providence  ?  Que  furent  ces  moitié: 


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SUR  Lamentât.  Ch.  m.  ix.  333 

de  viftimes ,  pofées  vis-à-vis  Tune  de 
Tautre,  fi  ce  n'eflunfignequeccqui 
étoi  t  di vifë  feroit  un  jour  réuni  Se  raf- 
femblé.^  Il  y  a  aufliune  colombe  & 
une  tourterelle  qui  ne  Tentent  point 
le  trenchantdufer,  ^  qui  félon  l'ar- 
rêt du  Ciel  demeurent  entières.  Et  ce 
brandon  de  feu  qui  fembloit  devoir 
con fumer  tout,  n'efl:  qu*un  feu  qui 
pafle,  qui  fe  change  en  un  feu  de  lu- 
mière &  de  délivrance,  &  qui  fort  du 
milieu  de  la  fumée  &  de  l*angoifle. 
Mes  urcs-chers  Fréres,tandis  que  des 
Eglifes  voifines  nous  reprefentent 
aujourd'hui  tout  ce  que  le  Tableau 
4' Abraham  a  eu  de  trifte  &  d  éfrayant, 
-oq  tout  ce  que  les  Lamentations  de 
Jérémie  ont  de  touchant  ou  de  lugu- 
bre: nous  que  Dieu  épargne  en  ces 
floridan  ces  Provinces ,  comme  il  fit  le 
Pjgcon&  la  Tourterelle,  nousdi-jeà 
lavùédetantde  pauvres  vidimes,  à 
la  vue  de  cette  fumée  épaiflè  qui  cou- 
vre h  Fille  de  Sion ,  &  de  ce  Four  qui 
fume  encore  à  prefentprefqueànos 

Por^ 


L'Eglise  Conserve'e 

Portes,  nous  avons  aflurémenc  u 
très-grand  fujet,  non  pas  de  nous  ei 
dormir  avec  Abraham,  maisdenoi 
réveiller  à  tant  d'alarmes,  &denot 
écrier  lainrement ,  Ce  font  lesgratu. 
tezde  l'Eternel  que  nous  n  a  vons poi% 
ijté  confumezl  J^ajoûte,  que  ce  fc 
ront  encore  là  s  il  luy  plaïc,  cesmt 
mes  gratuitez,  que  nous  ne  feror 
point  à  Tavenir  confumez.    Et  ce  fe 
ralà,  Fidèles,  le  fujet  de  mon  di( 
cours,  avec  l'alllftance  de  la  Grac< 
Auni  fans  perdre  tcms  à  vous  d< 
mander  une  f.worable  attention ,  qu 
vous  m'avez  toujours  acordée  ,  j 
m'aflUreray  que  vous  aurez  encor 
toutes  les  dilpofitionsrequifesàouï 
premièrement  l'explication  de  moi 
Texte,  &  enfuite  l'application  qu 
j'en  ferai  La  première  de  ces  partie; 
de  mon  difcours  confiderera  d'abord 
la  conduite  de  D^cu  envers  fon  an 
cien  Peuple,  nous  n'avons  point  eti 
confumez  ,  puis  la  reconno)ffimc< 
qu'il  en  témoigne,  &le  feul  Auceui 
^  au 


SUR  Lamentât.  Ch.  II  1.22.  gjf 

auquel  il  attribue  le  tout,  ce  font  les 
gratuit ez  de  l'Eternel. 

Les  Eclipfes  de  ce  bel  Aftre  qui  di- 
ftinguë  les  jours  &  les  nuif  s ,  ont  pref- 
que  toujours  été  des  préfages  fune- 
ftes.  Aufli  le  fut  aux  deux  Tribus,  que 
D/cu  a  voit  prcfervées  del'invafion 
des  Afîy  riens,  la  mort  de  leur  grand 
&  vertueux  Rovjofias  ,  quifut  com- 
me une  efpecc  d  Eclipfc  enfuite  de 
laquelle  il  n'y  eut  que  matière  de  La- 
mentations. 

Le  Païsdejuda  fot  rendu  tributai-  \ 
reauRovd'Egvpte,  Joachaz  futdé-2cl 
pofé  deïa Royauté,  fchojakim  Ton 
iucceflèur  Fut  aflcrvi  quatre  ans  a- 
prés  aux  Caldécns,  &  facnjfiéà  leur 
CTuauré,  Jechonias  qui  ne  régna  que 
trois  mois  fut  tranlporté  de  même, 
avec  les  vaiflTeaux  du  Temple  les  plus 
Dxquis,  avec  les  trefors  de  la  Cou- 
ronne, &avec  tous  les  Grands  du 
Royaume:  &  enfin  Zedecias  ou  Mat- 
ranja,  le  dernier  des  Rois ,  futa.ffi 
ablé  du  dernier  de  tous  les  mal- 
heurs» 


•556    L'Eglise  Conserve'e 
heurs.  Et  c'eft  principalement  cett 
dernière  défolation  qui  fait  le  fujf 
des  Lamentations  de  Jeremie,  < 
qu'il  appelle  ici  une  efpece  de  cor- 
fomption.    En  effet  on  vit  alors  tôt 
le  pays  inondé  de  troupes  barbares 
Jerufalem  affiegée  pour  la  troifiém 
fois  par  Nebucadnezar ,  entourée  c 
terraffes  &  de  Forts,  ferrée  de  tout 
parts,  ouverte  enfin  par  une  bréch 
^  emportée  d'affaut.  Ses  portes  fv 
rent  dcfolées ,  fcs  murailles  démolie» 
fes  maifons  réduites  en  cendre,  f- 
vierges  violées,  fes  femmes  desho 
norées  ,  fes  habitans  maffacrez  ,  1 
enfans  trainez  captifs  devant  l'A». 
rRcg.  verfaire,  &  leRoyZedeciasluy-m» 
me  fut  pris  fuyant  aux  campagnes  c 
Jerico,  fon  procès  luy  fut  fait,  f 
Fils  furent  égorgez  en  fa  prefence,  c 
luy  creva  les  yeux  parunfuppliceo 
dinaire  aux  Orientaux,  fes  pieds: 
fes  mams  furent  chargées  de  chain* 
d'airain,  &:fa  Perfonne  menée  dcJ 
forte  en  triomfe  en  Babylone.  J 

poj 


SUR Lamrntat.  Ch.  m.  22.    3  37 

pour  comble  de  tant  de  malheurs  la 
Mailbn  de  Dieu ,  le  Palais  du  Roy 
des  Rois  5  le  Temple  du  Dieu  vivant , 
après  avoir  fubfillé  environ  ce  ce. 
ans,  (car  le  calcul  de  Jofephe  qui  va 
au  delà  trompe  )  devint  la  proye  des  z  jr-.^* 
flammes ,  il  étoit  poudre,  comme  tout  ^' 
ce  qui  cil  fur  la  Terre  ,  &:  il  retour- 
na en  poudre.  Avec  le  Temple  périt 
aulli  l'Arche  del  AUiance,  cet  augu- 
re iymbole  de  la  Divinité,  il  en  fut 
de  même  de  la  Maifon  Royale,  &:du 
fuperbe  Trône  de  tant  de  Rois.  Ceft 
cela  même  que  le  Prophète  Efaye  ap- 
>elloit  une  confompîïon  :  l' Eternel LjVt, 
iesarw  r  s'en  va  faire  une  confomp-  \l\ 
îio7i ,  an.  i,  ,' minée  au  milieu  de  toute  la 
terre.  J\iy  entendu  par  le  Seigneur^ 
l'Eternel  des  armées  ,  une  conJo7np- 
tion^  une  confompt  ion  déterminée^  fur 
tout  le  'Pays. 

Mais  ,  qu'ajoute  ailleurs  ce  S  lint 
Prophète.  Malheur  ^  im-û ,  fur  leur 
mie^  car  ils  ont  attiré  II  mal  fur  eux? 
^es  jugemens  de  Deu  font  lei)  fsmais 

P  enfin 


254 

22. 


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145  G  34 


338    L'Eglise  Conservb'e 

enfin  ils  font  tcrribles.il  paroit  pou 
quelque  temps  immobile,  fans  pou 
voir  agir,  comme  ces  Idoles  chez  le 
peuples  deTyr,  qui  étoient  liées  d< 
chaînes.    Il  a  des yeux^  &  il  femble 
J'J^.    qu'il  ne  voit  point.  Les  forfais  de  loi 
i/i  '/j.  peuple  demeurent  long  -  tems  ca 
chettez  comme  en  une  boiigette ,  &  fer 
rez  comme  les  pièces  du  jugemcn 
d'un  criminel.    Quatre  cens  anss*4 
coulent  depuis  la  J[l)ndation  du  Tcm 
pie,  julques  à  fa  ruine,  &  piC  d 
neuf  cens  ans,  depuis  ladéiivranc 
d'Egypte.    Pendant  tout  ce  temps-1 
ce  même  Peuple  oublie  &  mepiif 
iRvi/  fouvent  le  Rocher  de  fonfaluc.  Ilf 
'     fouille  fouvent  ou  avec  des  Idoles  d 
pierre  &  de  bois,  ou  avec  des  Idole 
de  chair  &  de  lang.    AulTi  Dieu  me 
nace-t'ilaflèz  fouv  ent  de  le  confume 
comme  il  avoit  fait  dans  le  Defcrt ,  j 
le  reprend,  il  le  châtie,  il  ie  fmpp 
rudement  de  (es  verges,  maiscefon 
toujours  des  verges  d'homme.  Le 
Philiftins  font  Ibuvcnc  fur  Ifraél 

com 


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5?UR  Lamentât.  Ch.  T 1 1.  22.  339 

comme  ils  furent  lur  Samfon,  mais 
toujours  il  rompt  fes  liens  &  fes  chai^ 
nés  Enfin  la  colère  de  l'Eternel  fc 
tourne  en  fureur  ♦  fes  verges  fc  chan- 
gent en  écourgées  ,  fon  bâton  de- 
vient une  mifluë8cune  barre  de  fer, 
ou  bien,  comme  celui  deMovfe,  // 
devient  tm  dragon.  Dieu  prefente9. 
d\tbord,  comme  Thiftoire  le  dit  du 
grand  Tamerlan ,  la  couleur  blanche ,  moi  r. 
marque  de  douceur&de  grâce i  en-^ij; 
fuice  il  arbore  Tétendart  rouge ,  mar- 
que d*eftufionde  fangj  &  enfin  il  fait 
paroître  Tenfeigne  noire,  pour  mon- 
trer qu'il  n'y  a  plus  de  mifericorde. 
Et  comme  dans  la  nature  les  foudres, 
ces  épouvantables  Météores ,  ne  fc 
forment  pas  tout  d'un  coup,  la  ma- 
tière s'en  élève  peu  à  peu  de  la  terre, 
fe  condenfe  dans  l'air,  fe  renferme 
dans  la  nuée,  y  gronde  &  y  menace 
quelque  tems,  jufqu'à  ce  qu'elle  en 
forte  avec  un  bruit  terrible  :  Auflî  ces 
épouvantables  foudres  que  la  juftice 
divine  lance,  &  qu'elle  tient  cache^^l'^  i^- 

P  2  dans^  ' 


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340   L'Eglise  Conserve'e 

dans  les  paumes  de  fes  mains ,  ne  fe 
forment  pas  tout  d'un  coupjles  caufes 
s'en  élèvent  peu  à  peu  de  la  terre,  el- 
lës  montent  vers  le  Ciel ,  elles  y  font 
furpenduëspour  un  tems,  grondant 
&  roulant  fur  nos  tètes  ,  jufqu  à  ce 
qu'elles  retombent  avec  de  funeftes 
éclats,  qui  frappent,  qui  brifent  & 
qui  portent  par  tout  le  dégât,  &la 

frayeur.  , 

Mais  comme  le  liboureur,  ceftla 
comparaifon  de  l'Efprit  de  Dieu. 
écrafe  bien  le  froment  avec  la  roue  de 
fon  chariot,  mais  Une  le  foule  pas  du 
tout:,  &  ne  le  réduit  pas  en  poudre 
Ou  comme  d'un  embrafement  il  et3 
réchappe  des  tifons  recous  du  feu  y  & 
quelque  partie  qui-n'eft  pas  confuméc 
aveclereftc:  Ou  comme  encore  dam 
la  vendange ,  il  y  a  toujours  quelqucî 
grapes  qui  demeurent ,  &  dans  la 
mollFon  quelques  épis:  Auflidanscc 
jour,  quejeremie  appelle  un  jour  de 
confomption  &  de  deftruftipn  ,  il 
donne  à  connoitre  qu'elle  ne  fut  pas  fi 


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SUR  Lamentât.  Ch.  i  i  i.  22.  5^1 

entière  ni  fi  lamentable  qu'il  n'y  de- 
meurât rien  de  refte ,  Nous  n'avons 
pas ,  dit- il ,  tous  été  confnmez.  Car  en 
effet  Dieu  fe  conferva  alors  quelque 
réfidu  5  il  réchappa  de  cet  embraie- 
ment  une  poignée  de  peuple ,  des  Da- 
niels ,  des  Ezechicls  ,  des  Jere- 
mies  ,  des  Mardochées  &  des  Zo- 
robabels  furent  confcrvc/  comme 
unefaintc  femence,  &:  comme  la  pe- 

Einiérede  THraël  de  Dieu.  Uneca- 
ane  par  manière  de  dire  refta  dans  la 
vigne ,  &  une  loge  dans  un  champ  de 
concombres  )  comme  parle  TEcritu- 
rc.  Et  c'efl:  de  la  forte  que  Dieu  met 
bien  quelquefois  la  coïgnêe  à  Tarbre 
de  fon  Rglife,  non  pas  pour  le  déra- 
ciner, mais  feulement  pour  Tébran- 
chcr  &  pour  en  couper  le  fuperflu.  Il 
la  met  quelquefois  toute  enflamme  de 
feu  y  commeleparutàMoyfeleBuil- 
fon  d'Horeb  ,  mais  fans  qu'elle  eii  foit 
confumée.  Il  permet  qu'elle  s'écrie 
quelquefois  avec  les  difciples  5  Sei- 
gneur nous  périmons  ^  la  nacelle  péri- 
jçlitc,  elle  eil  battue  des  vens&des 

P  3  flots, 


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342    L'Eglise  Conserve'e 

flots ,  mais  elle  n'enfonce  pas.    Je  m€ 
trompe,  Fidèles,  elle  vient  même  juf 
qaà  enfoncer,  &  à  faire  naufrage 
fuccombant  fous  la  violence  desva- 
j!a».  gues ,  comme  fit  le  vaifleau  de  S.  Paul 
2^.24.  jvlais  s'il  eft  dit,  que  tous  ceux-là  fi 
Sauvèrent^  que  Dieu  avoit  donnezi 
cet  Apôtre,  auflî pas  un  ne  périt  d< 
tous  ceux  que  T>ieu  a  donnez,  à  J  E 
SUS  CHRISTy  félon  ce  propo: 
arrêté  que  Ton  vous  expliquoit  ce  ma^ 
tin,  &^1  leur  fait  trouver  à  tous  une 
Malte,  qui  dans  le  langage  des  Hcbri- 
eux  fignifie  un  lieu  de  refuge  Se  de  d 
livrance,  au  moins  dans  le  Paradis 
Lejufte  Noé  trouve,  dans  un  délu- 
ge univerfel,  une  Arche  pourfefau- 
ver ,  expofée  à  la  vérité  à  tous  les  ora- 
ges, mais  élevée  vers  les  Cieuxj  Lot 
eft  conduit  par  TAnge  de  Dieu  dans 
une  Tfohar,  petite,  mais  feure,  d'où  il 
voit  la  confomption  deSodomc  -,  & 
lors  que  Pharaon  veut  perdre  tous  les 
en/ans  mâles  des  Ifraëlites,  le  petit 
Moîfe  &  d'autres  avec  lui  font  confer- 
vez  divinement.  Mais 


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sitrLamkntat.  Ch.  i  i  î.  22.  ^54.3 

Mais  il  y  a  dans  cc5  paroles  de  Jere- 
mie  quelque  cho(cde  furprenant.  Il 
ne  voit  que  des  lujets  de  Lamenta- 
tion &  de  regrets  Son  ame  eftan- 
goiffée  5  Ton  eiprit eft  navré  .  Ton  cœur 
gémit,  fes  entrailles  bruyent,  (à  tétc 
cft  couverte  de  poudre,  fa  bouche 
poufîè  des  fanglots ,  fa  langue  publie 
Ion  deuil,  &  ies  yeux  font  comme 
une  vive  fontaine  de  pleurs,  pour  la 
froidure  de  la  fille  de  fon  Peuple,  ce 
font  à  peu  prés  (es  expreffion^  dansce 
Livre.  Cependant  parmi  tant  de  tri  • 
fterié& d'amertume,  le  voici  qui  fe 
relève,  qui  fe  rafTcure ,  ôcquifecon- 
folc  par  11  confideration  que  le  mal 
pou  voit  encore  avoir  été  plus  grand , 
1(  '  riment  plus  terrible,  Se  hcon- 
fomption  plus  univerfelle.  Encore, 
dit- il,  n'avons  nous  pas  été  confu- 
fnez ,  cncorty-a-f-ildu  baume  en  Ga- 
iaad.  L'impie  comme  Caïn  trouve 
fa  peine  plus  grande  que  fon  crime, 
mais  le  fidèle  ayant  pris  la  balance 
trouve  que  fes  crimes  font  plus  pefans 

P  4  que 


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544   L'Eglise  Conserve'e 

que  fa  peine.  Qiiand  il  rentre  en  fo 
même  avec  Afaph ,  dans  fes  malheui 
il  trouve  toujours  quelque  maticr 
d'adions  de  grâces,  dans  fes  amertu 
mes  il  y  trouve  quelque  douccui 
dans  fes  détrefîcs  quelque  confola 
tion ,  ôc  parmi  toutes  les  marques  d 
la  févéri  té  de  Dieu  il  juge  que  fa  mi  Ce 
rie  or  de fe  glorifie  au  de  (Jus  dujugeh. .  - . . 
Si  Dieu  luy  ôte  ou  maifon ,  ou  biens 
ou  enfans,  ou  fanté,  il  fe  fouvicn 
qu'il  y  a  des  Jobs  à  qui  il  ôte  cela  tout 
enlemblc,  &  qu'encore  n'en  font-il; 
pas  confumez,^  tandis  que  Dieu  leui 
laifle  un  cfprit  pour  le  reconnoître 
unfouffle  pour  porter  leurs  foùpin 
jufqu'à  lui ,  une  langue  pour  le  bénir 
une  volonté  pour  acquielceràccquc 
Dieu  veut ,  &  cette  réfignation  de 
David,  fi  l'Eternel  me  dit,  jepren* 
plaifir  àt'humilier,  à  te  perdre  félon 
le  monde,  tne  voici  ^  qiCtlface  deinoi 
15.  3 6.  ce  qui  lui  femblera  bon  ! 

Non ,  s'écrie  le  Prophète  comme 
en  triomfe ,  ?wus  n'avons  jpasétécon- 


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145  G  34 


SUR  Lamentât.  Ch.  i  ii.  22.  545*^ 

fumez,.  Il  brave  en  quelque  façon  fes 
Adverfaires  j  vous  avés  bien  penfé, 
leur  dit- il,  de  nousconfumer^de  nous 
éfacer  de  delîùs  la  terre ,  de  nous  en- 
gloutir tous  5  de  dévorer  le  demeurant, 
&  de  découvrir  jufqu*au  fondement 
de  Sion  ,  comme  c'étoit  le  delîcin 
d'Edom,  découvrez^ 'i  découvrez,  jtif - 
qu\iu fondement  qui  eft  en  elle  l  Mais 
vos  penfces  n'ont  pas  été  celles  de 
Dieu ,  il  a  regardé  de  fon  Ciel ,  il  a 
confondu  ^  confondra  encore  ces 
batiiîèurs  de  Babel ,  &:  il  rendra  la  pa» 
reille  quelque  jour  à  ces  deftrufteurs 
de  Sion.  Lors  que  Diocletien  croyoit 
avoir  aboli  entièrement  le  nom  Chré- 
tien ,  Nomiîie  Chrijiianorum  T)eletOy  >^ 
rjlitione  Chrijli  ubique  Deletâ^  n 
Dieu  tout  d'un  coup  fit  naître  un 
Chlorus  &:  un  Conftantin ,  qui  reflu- 
citèrent  glorieufement  fa  Religion. 
Lors  que  des  Maries  ou  des  Philip  - 
pe ^  lufiéclepaflé,  tuchoient  d'ex- 
terminer les  prétendus  Hérétiques, 
Dxeu  fufcita  miracuieufement  une 

P  5-  Eliza- 


34<>   L'Eglise  Conserve'e 

Elizabet,  &  un  Guillaume  de  Naf 
fau,  qui  fondèrent  les  deux  Puiflln- 
ces  Reformées  les  plus  fatales  à  la  Pa 
pauté.  Quand  le  Diable  penfe  à^r/- 
fer  la  tète  à  la  femence  de  la  Femme,  i 
ne  peut  atteindre  qu'au  talon  ,  il  h 
fait  tomber,  à  la  vérité,  mais  la  tête 
rame,l*efpriteftconfervé  pourlejoui 
du  Seigneur.  Qiiand  le  Dragon  jette 
de  Peau  comme  un  fleuve  après  h 
%  Femme,  la  Terre  aide  à  la  Femme 
elle  ouvre  fa  bouche,  &  engloutit  1< 
fleuve  que  le  Dragon  avoir  jetté  de  f; 
gueule.  Qiiand  ils  penfent  avoir  dé 
raciné  l'Arbre,  il  fe  trouve  que  c'ef 
cét  Arbre  de  Nebucadnezar,  qui  vé- 
ritablement eft  coupé  ,  qui  eft  mil 
bas,  mais  le  tronc  de  fes  racines à^^ 
•"^j-  meure  en  terre,  &  enfin  il  repouflc 
8c  rejette  tôt  ou  tard,  contre  toutes 
les  apparences  humaines. 

AulÏÏ,  difons,  Peuple  Fidèle,  que 
FEglife  n'eft  jamais  ni  confiimee^  n; 
confumable  }  ce  que  les  Naturaliflci 
nousdifent  de  la  pierre  nommée 

h/le  : 


SUR  Lamentât.  Ch.  i  11.22.  347 

befte^  qu'aucun  feu  ne  confume  point. 
Les  Puiflanccs  les  plus  formidables, 
reprefentées  par  ces  grandes  Bêtes  y 
dans  la  vifion  de  Daniel,  fe  font  vues 
con fumées  Tune  après  l'autre.  Rien  ^ 
ne  paroît  aujourd'huy  ni  de  cette  3/^// 
prodigieufe  Thébe,  dans  la  haute 
Egypte,  qui  fourniffoit  un  million  ^'^''^"'* 
d'hommes  portant  les  armes,  ni  de 
TorguciUeufc  BabylonCjnide  la  gran- 
de &  valle  Ninivc ,  ni  de  Topulente 
Mcmphis,  ni  delafuperbePerfepo- 
lis,  ni  de  la  puiflante  Cartilage.  Ces 
fameufeii  villes ,  Jerufalcm,  Alexan- 
pdrie,  Antiochc,  Sparte,  Corinthe, 
Athènes  ,  Ephéfe  ,  ne  réprcfentenc 
Aus  que  de  miferables  relies  de  leur 
'con  fomption.  L'Eglile  de  Jefiis-Chnfl:, 
grâces  à  Dieu,  îubfilte  encore  au- 
jourd'hui, mais  non  pas  à  la  Romai- 
ne ,  nidanslalplendeurdela^r^;^^^ 
uibylone.  Elle  s'eft  élevée  d'une  ma- 
liére  invifible  à  la  chair  &  au  lang, 
mais  vifible  à  l'efprit  &  à  la  foi,  fur 
tant  dépouvantables  ruines.  On  peut 

P  6  en- 


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145  G  34 


548    L^Eglise  Consbrv 

enfoncer  fes  Portes , brifer  Ces  Barrer 
abattre  fes  Murailles  ,  démolir  ft 

.'î^:  AvanUmuTSy  m2.\s(onFo7îdement  di 
meure  ferme  y  qui  cil  non  pas  un  Pap 
de  Rome,  qui  s'avoue  au  moins  uî 

.5!'^'  Homme  Tccheur,  fi  non  pas  l'Hom 
medeTèchc^  mais  ce  Fondement  cl 
en  Jefus-Chrift,  contre  qui  fe  trou 
vent  foibles  les  Tortes  de  l'Enfer 
c'eft  à  dire  la  puiflàncc  de  la  mort ,  8 
du  fepulchre ,  &  du  Prince  des  ténè- 
bres. Sion  cft  1  a  ville  ajjifefur  la  Mon 
tagne^  elle  eft  bâtie  fur /^'iît^^'/^^rdeî 
fiécles,  elle  eft  fondée  {mdesEfcar 
boucles  Se  fur  des  Saphirs ,  fa  bafe  n'efi 
ni  d*argille  ni  d'un  fable  mouvant 
comme  eft  celle  du  Monde  i  &  avec 
cela  elle  eft  engendrée  d'une  /^^«?/?;^^^ 
incorruptible,  loutenùëparunc  vertu 
toute  puiftante,  &:  fecouruëau  beloiii 
par  un  bras  invincible. 

Vous  voyez  bien ,  Mes  Frères ,  qi^e 
îeremie  né  parle  pas  ici  de  lui-même 
en  particulier.  Ilnefe  réjouir  pas  de 
ce  qu'au  moins  lui  pour  faperionne 
^  n'a* 


surLamentat. Ch.  i  i  i.iz.  7^t^,(^ 

n'avoit  pas  été  confumé,  comme  le  di- 
ibicnt  ces  ferviteurs  de  Job,  je  fuis 
réchappé  tout  feul.  Le  fidèle  ne  fc 
contente  pas  qu*il  lui  Ibit  bien.  Ce  ne 
luieft  pas  aOèz  d  être  à  Tabri,  d'être 
réchappé  du  danger  ,  d'avoir  fauvé 
ou  fa  perlbnne ,  ou  Tes  moyens.  Vous 
fçavez  qui  fut  celui  qui  diloit,  que  me 
foucic-je  de  monFrére^  Le  Chrétien 
s'interefîè  comme  fit  Rahab  pour  la 
mai/on  de  fon  Tere,  qui  cft  l'Eglife 
duSeigneur  Jéfus,  la  mai  Ton  du  i3ieu 
vivant.  11  s'intereflè  comme  le  Sau- 
veur du  monde  pour  Jerufalem,  for 
laquelle  il  pleure ,  ou  comme  l'Epoux 
s'interefle  pour  fa  bien-aimée ,  qui  lui 
cft  comme  un  cachet  fur  fon  cœur  ^  ô' 
ce  un  cachet  fur  f  on  bras ,  ou  com- 
me un  membre  compatit  néceiîai- 
rcment  avec  les  autres  membres.  Mê- 
me un  Abraham  s'interefle  pour  les 
habitans  de  Sodome>  MoiTe  pour  le 
peuple  criminel ,  ne  voulant  pas  être  i^xod. 
confcrvé  feul  David  pour  la  paix  de  V/.iiû 
Jerufàlem  ,  6c  pour  la  profperité  de 

P  7  fes  J^  ": 


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145  G  34 


550   L*Eglise  Conserve'e 

ies  palais  s  Urie  pour  1* Arche,  . 
pour    ceux   qui    campoyent  an 
champs  :  &  TApôtre  des  Gentils  poi 
f^'^' ks  Frères  félon  la  chair,  jufque-1 
que  plutôt  que  de  les  voir  périr  ma 
heureufemcnt  ,  il  auroic  préfért 
d*ètre  réputé  comme  un  homme  fi 
paré  de  Chrift.  Et  fi  les  Philofoph<; 
ont  dit  qu'un  même  Efprit  anim 
tout  le  Monde  enfemble  ,  &  tout(. 
fes  parties,  nou>  le  devons  dire  c 
l'Efprit  de  Jéfusqui  anime  toute  TE 
glife,  &  tous  fes  membres,  &:quil< 
étreint  entre  eux  mème^  6cavec  lev 
Chef.    Elleea  ce  Pavillon  &  ce T; 
bernacle  myftrque  compofe  de  divé 
fes  parties,  mais  qui  toutes  font  joii 
tes  &  liées  enfemble  par  des  crochet 
&des  agrafes. 

Mais  fi  Jercmie ,  &  fi  beaucoup  d 
fidèles,  n*avoient  pas  étécotiftimez 
d'autres  Tavoient  été.  Etc'eftceqi 
porte  d'autant  plus  le  Prophète  arc 
connoitre  lesgratuttesi  de  l'E terne 
Et  en  effet  le  Roijehojakim  fouffr; 

un 


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SUR.  Lamentât.  Ch.  i  i  i.  22.  35'! 

iç  mort  ignominieufe  ,  Zédécias 
mourut  peu  après  dans  les  fers ,  quan- 
tité de  Seigneurs  6c  de  Grands  du  Ro- 
yaume ,  d'hommes,  de  femmes,  & 
d'enfans,  fervirent  en  ce  four  du  Sa-  f^''''' 
crifice  ^  comme  en  parloir  vSophonie, 
d'un  fpeftacle  afreux,  ils  ientirent 
tout  ce  que  l'on  peut  attendre  de  la 
cruauté  &  de  la  violence,  &  furent 
confumez  de  l'ardeur.  O  profondeur 
des  richcfles  de  la  fapience,  &dela 
Providence  de  Dieu!  Vun  fera  r^»- 
ceuilh  y  difoit  Jéfus  Chrift  ,  ou  fera  ' 
fauvé,  ^l'autre  fera  laijfe^  ou  fera 
abandonné  à  la  violence.  L*Echan- 
fon  de  Pharaon  fut  confcrvé  dans  fa 
charge,  &lePancticr,  qui  peut  erre 
n'étoit  pas  plus  criminel  que  Ion  com- 
pagnon, fut  pendu  à  une  potence. 
Dansunembralement,  dans  un  nau- 
frage, dans  une  pefte,  danslefac 
d'une  ville,  lesunspériflent ,  les  au- 
tres réchappent  La  juftice  &  la  mife- 
ricorde  de  Dieu  ie  tiennent  comme 
parla  main,  &  maH:hent  toujours 

en- 


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5f2    L'Eglise  Conserve*e 

enfembic.    Dieu  donne  en  mèm 
temps  des  marques  de  Tune  ^  de  Tai 
tre,  félon  fa  difpenfation  adorable 
Et  il  permet  aflez  fouvent,  queceu 
là  foient  r(7w////î^^^)  quifecroyentl 
plus  à  couvert ,  il  fouffre  que  les  haut 
Cèdres  foient  déracinez,  que  les  tau 
reaux  de  Bafan  foient  écrafez ,  que  le 
cornes  qui  s'élèvent  contre  luilbicn 
abatuës  ,  tandis  qu'il  épargne  ceu: 
qui  n'o foient  lever  la  tête  i  tandis  qu( 
zacck  les  petits  T^^^r^^^J  font  confervez,  & 
^    que  de  foibîes  brebis  font  retirées  d( 
la  boucherie.    Et  quand  des  Jcre- 
mies,  &  des  réchappez  voyent  qm 
d'autres  font  navrés  à  mort ,  &  perdui 
fans  reflburce,c'cft  alors  qu'ils  ont  un 
double  fujet  de  plier  le  genou,  com- 
me le  fit  Ifraél  fur  le  bord  de  la  mer 
roure ,  de  dreflcr  leur  face  vers  Dieu, 
comniclefit  Daniel  en  Babylone,  & 
de  s'écrier  comme  fait  ici  le  SaintPro- 
^h^tt^cefont  lesgrattùtezde  l'Etcrneli 
que  nous  n'avons  point  ete  conftmiez. 
Il  rcconnoit  que  c'eft  wncgratuite 


1.  8. 


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SUR.  Lamentât. Ch.  11 1.  x-î.  553 

particulière,  que  ce  font  des  gratuit 
îez de  l'Eternel j  &c  de  l'Eternel  fcuL 
Jeremie  ne  dit  pxs ,  ce  font  les  Cal- 
déens  qui  n*ont  ofé  toucher  à  nous  : 
Caldécns ,  qui  étoient  fur  tout  trans- 
portez de  fureur  contre  ce  faint  hom- 
me, comme  les  ennemis  de  TEglife 
en  veulent  fur  tout  aux  Prophètes  de 
Dieu ,  &  la  Bête  aux  deux  témoins  qui 
font  vêtus  de  fac.  Il  ne  dit  pas,  ce  ^/>«f. 
font  mes  compatriotes,  c'eft  la  fille 
de  mon  peuple  qui  a  empêché  nôtre 
totale  ruine:  Au  contraire  ce  furent 
les  h-diù'xiTin^àzHanatoth  ^  patrie  de  ^^-^ 
Jeremie,  qui  cherchèrent  fa  vie,  ce  fu- 
rent les  Sacrificateurs  &  les  Prophètes 
uiètoieut  les  plus  animez  àleper- 
re,  6c  ce  fut  fon  propre  Roy  Zede- 
cias ,  fon  Prince  naturel ,  très- mal  in- 
formé fans  doute,  comme  c'eft  le  mal- 
heur ordinaire  des  Rois ,  qui  le  ^t)<:^t- 
ter  dans  un  fombre  cachot.  Il  ne  dit  7^  »t. 
pas,  c*eft  nôtre  bonheur,  ç'a  été  le  ^r.z, 
hazard  qui  nous  a  fauvez,  fâchant 
bien  que  cette  Idole  que  le  monde  fe 

for- 


M 

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53^4      Eglise  Conserve'e 

forge,  ce  Phancôme  du  hazard  ,  < 
faux  Dieu  qui  ne  voir  goûte ,  n'étorl 
pas  la  caufe  d*nn  événement  don t  j 
prédiftion  étoit  fi  claire,  les  circon 
ftancesfimervcilleules ,  la  direftio 
Il  fage,  la  vue  fi  importante  pour'i 
confervation  de  TEglife.  Il  ne  ditpa 
ce  font  nos  forces  ,  ou  ç*a  été  nôtri 
adrefle:  c^t l'homme put(fantt  ditDJ 
vid ,  n'échappe  pas  par  fa  grande  foi 
ce ^  ^  la  plus  fine  Politique,  eftcell 
qui  trompe  le  plus,  &  fouventc'eftu 
piège  où  tombe  celui  qui  Ta  dreflfe.  ]l 
ne  dit  pas ,  c'a  été  une  heureufè  fuit< 
ou  une  heureufe  retraite:  fi  le  Cie 
ne  la  favorife  ,  un  Zédécias  eft  pri 
dans  fa  fuite ,  au  milieu  de  fes  Garae:^ 
&  les  propres  cheveux  d'un  Abfaloi 
lui  fervent  de  cordon  pour  l'attachei 
Dans  une  même  fuite ,  Tun  eft  fauv 
comme  par  le  feu ,  &  fe  fait  un  paflag 
mêmes  au  travers  des  flammes ,  corn 
me  le  firent  les  foldats  de  Hannon  1< 
Cartaginois  enfermez  par  leurs  En 
nemis,  &  l'autre  eftfaifi  malheureu 

femen 


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SUR  Lamentât. Ch.  III.  22.  355- 

fement  par  des  Coureurs.    Il  c(i  vr.ii 
que  dans  toutes  les  Perfécutions, 
Dieu  qui  a  voulu  fe  referver  un  rc  fidu 
a  fécondé  quelques  fuites.  Comme 
vers  le  temps  de  la  deftruftion  de  Je-  ^p'pJ^ 
rufaleni ,  Dieu  aida  la  retraite  des 
Chrétiens ,  qui  félon  la  prédiction  de 
féfus  Chrifl:  s'enfuirent  aux  monta- 
gnes, &  trouvèrent  unAfile  au  delà 
à\x  Jordain  ,  dans  une  petite  Pclla,, 
ville  bâcie  par  Seleucus  6c  une  Colo- 
nie des  Grecs,  ce  qui  futunpréfage 
que  TEglife  pafleroit  dujuif  au  Grec. 
Enfin  Jeremie  ne  dit  pas ,  ce  font  nos 
,  mérites ,  c'eft  nôtre  piété  >  ç  eft  nôtre 
innocence ,  qui  nous  a  préfcrvéz  de 
la  dernière  ruine.    FLi  '  dit  le  même 
Prophète,  nous  avons  j  or  fait ,  nom 
avons  été  rebelles ,  6c  à  cé  t  éga  r d  1  e  S  a-  . 
crificateur  cil  tel  que  le  Peuple ,  6c  le 
Maitre  tel  que  le  Serviteur.   Ce  font  ^ 
ces  ouvriers  qui  difent,  nous  avons mi, 
porte  le  faix  du  jour  &  le  haie ,  que  le  24. 
Perc  de  famille  renvoyé,  pr  en  ce  qui 
ejl  tien  y  prcn  toutes  tes  juftices  6c 

tous 


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5^6  L'Eglise  Conserve'e 

tous  tes  mérites,  à*  f  en  va.  Et 
é/' quiconque  dit ,  qu'onme  pêfe  en 
balances  juftes ,  &  Dieu  connoîtra  me 
intégrité oii  lui  répond,  tu  as  éi 
pefe  en  la  balance  y  mats  tu  as  été  trot 
*vé  léger. 

Non ,  dit  le  Prophète ,  ce  n'ell:  rie 
de  tout  cela,  ce  ne  font  ni  les  Cal 
déens,  ni  les  Juifs,  ni  les  hommei 
cen'eft  nilehazard,  ni  le  bonheur 
ni  la  force,  ce  n'eft  ni  nôtre  adreflc,  r 
nôtre  fuite ,  ni  quelque  ftratagéme 
ce  ne  font  pas  encore  nos  juftices,  o 
des  œuvres  que  nous  ayons  faites ,  c 
font  les  feules  ^r^////>^^  de  l' Eternel 
que  nous  n'avons  point  efté  confu 
mez.  Chofe  étrange  !  En  matière  d 
faute  &  de  crime  parfois  Thomm 
n'en  attribue  pas  feulement  la  caufe  à 
la  femrne ,  comme  fit  Adam  ,  ou  a\ 
peuple  ,  comme  fit  Saùl,  le  peuple i 
pris  de  la  depoUiUet  mais  il  la  rejetD 
fur  Dieu  même,  fur  fa  Providence 
oufurfes  Arrêts*  jeffavoisquetue. 
un  Maitre  rude  ;  &  qui  eji-ce  qui  peu. 

refi 


15.11- 


25.24. 
Rom.  9 

19% 


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at.Ch.iii 


357 


SUR  J-^AMEN 

Jîfîer  à  fa  volonté^  Mais  en  matière 
i'adions  louables ,  ou  de  délivrance* 
:'cfl:  là  où  Thomme  d'ordinaire  eft  fa- 
:riiége.  11  ravit  à  Dieu  la  gloire  qui 
lui  eft  due,  x\faà  encenjemcnt  à  fes 
rets^  &  facrifieà  fes  filets.  S'il  gagne 
des  batailles ,  il  dira  c'eft  rêpée de 
ieon^  fans  faire  précéder?  c'z^L'épée 
de  l  Eternell  S'il  fait  des  conquêtes, 
il  n'eft  enflé  que  de  fa  propre  Gloire, 
je fuis  le  Verfonnage  qui  fais  trembler 
la  Terre ,  qui  ébranle  les  Royaumes. 
S'il  alïïége  une  Jerufaiem  ,  c^efly  crie-  ^f.i^i 
t'on  5  le  grand  Roy  des  Ajfyrie^is  s  S'il 
fe trouve  en  un  fuperbe Palais,  c'efl 
pour  la  gloire  de  fa  magnificence  i  S'il 
cft  élevé  avec  Antiochus,  fon  cœur 
s^eleve  avec  lui  ^  De  même  s'il  eft  ri- 
che ,  c'eft  par  fes  amas  Se  fes  épargnes, 
s'il  eft  fçavant ,  c'eft  par  fon  travail  & 
fon  gcnie ,  s'il  eft  avancé ,  c'eft  par  fon 
induftrie ,  ou  par  fa  naiflànce ,  je fuis  ^f-^^* 
de  la  race  des  Sages ,  de  la  race  des  Rois  ^  '  * 
d'ancienneté.  L'ombre  n'eft  pas  moins 
infeparable  du  corps,  que  cette  vani- 
té 


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y  6. 


3j8    l'Eglise  Conserve'e 
té  Teft  des  belles  aftions,  elle  noi 


luit 


ir  tout,  &  même  jufques  dar 
ces  Chaires.  AuHî  reflremblonsnoc 
en  quelque  façon  à  ce  mauvais  Oecc 
nome,  qui  ufoit  du  bien  de  fon  Mai 
tre  comme  du  ficn,  en  propriécair 
&  non  pas  en  difpenfatcur. 

Mais  ni  un  Jeremie,  ni  Icsfaint 
hommes  n'en  ufent  pas  de  la  fc 
ih  fçavent  trop  ce  que  c*eft  que  a 
l'homme  mortel,  qui  ciïconfumé  à  1 
rencontre  d*un  vcrmifîeau  ,  qui  n 
peut  ajouter  ni  un  pouce  à  faftarurc 
ni  un  cheveu  à  fa  té  te,  niuneminut 
à  (es  jours.  Si  Abraham  rencontre  Ui 
bélier  fur  la  montagne,  il  dit  l'E  ter 
nely  a  pourvu  ^  fi  Eliézer  reùfTit  en  loi 
voyage,  c'eft,  béni  [oit  l' Eternel^  i 
*I>ieu  de  mon  Seigneur  ;  fi  Jacob  a  de 
quoi  prefenter  à  Ibn  Pere>  Eternel 
dit-il,  me  l'a  fait  rencontrera^  ailleurs 
V Eternel  a  tife  de  gratuité  envcrsfo) 
ferviteur  ;  fi  Jofeph  eft  furhaufle  ei 
Egypte ,  l'Eternel^  dit-il  à  fes  Frères 
m'a  mené  ici  i  fi  David  le  voit  réchap 


•1 


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SUR  Lamentât.  Ch.  111.22.  jfp 

de  toutes  les  embûches  &  de  tous 
es  attentats  de  la  Maifon  de  Saùl , 
:efl  la  journée^  s'écrie-il,  que  lEter^ 
tel  a  faite.  Et  dans  IHiftoire  des  A- 
pôtres,  fi  Paul  &Barnabas  font  quel- 
que oeuvre  miraculeufe  ,  non  point 
1  nous  ,  difent-ils,  qui  fommesauffi aroù 
hommes^  (ujets  aux  mêmes  conditions  ''^ 
jue  vous^  mais  donnez  en  la  gloire  au 
T)ieu  vivant ,  qui  a  fait  le  i^tel  &  la 
Terre.  Ainfi  quand  le  fidèle  voit  que 
fon  adrefle,  ou  Ton  courage  ,  ou  fa 
confiance,  ou  fon  travail  ont  réùflî, 
que  fait-il?ll  lotie  celui  qui  lui  a  don- 
né cette  adrefle,  qui  lui  a  infpiréce 
courage,  qui  Ta  revêtu  de  cette  for* 
ce ,  ^  qui  a  béni  l'œuvre  de  fes  mains. 
En  un  mot ,  foit  qu'Aflijr  confumey 
ouqu  il  ne conlume  point,  c'eft  tou- 
jours/ii^m/^/,  dcù.  le  très-haut  ^  de 
qui  procèdent  les  maux  ér  les  biens.  ^J^  ï* 
Car  fi  TEnnemi  brife  ,  s*il  détruit, 
rhomme  de  Dieu  ne  le  confidere  que  '^^L^* 
comme  un  bâton  en  cette  main  tou- 
te-puiflànte ,  que  comme  une  coignéc 
dont  Dieu  coupe  ,  que  comme  une 

Scie 


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3^0    L*Eglise  Conser.ve'e  j 

Scie  qu'il  remue  ,  que  comme  un  j 
Verge  qu'il  levé  en  haut,  ou  que  con  i 
me  une  Pierre  en  la  fronde  de  fa  Jl  i 
ftice,  qu'il  fiche  à  l'endroit  où  il  veui  J 
&tous  ces  inftrumens  dont  Dieu  1 
fert,  ont  d'eux  mêmes  auHi  peud  i 
vertu,  qu'en  avoit  la  wr^^d'Aaro  i 
ou  de  Moïfe ,  qui  changea  des  rivic  i 
resenfiing,  qui  fendit  des  mers,  qi 
ouvrit  des  rochers,  6c  qui  fit  tant  d'av  1 
très  merveilles. S'il  arrive  aufliqu'A  j 
fur  ou  que  Nebucadnezarneconfu  i 
me  point ,  &  que  l'un  ou  l'autre  mar  I 
que  dans  fes  brifées ,  un  Jeremie  pall  j 
de  ces  Ko\s-àf  Eternel  y  dcsHommt  j 
à  Dieu ,  des  caufes  fécondes  a  la  prc  i 
miére,  &  de  ces  petits  Maitres  a 
fouverain  Monarque  desCieux,  c 
font  les  gratuitez,  de  V Eternel, 

Mais  pourquoi  le  Saint  Prophète 
ne  difoit-il  pas ,  c'eft  la  toute puiffanc 
de  rEternel,qui  a  empêché  quecefei 
ardent  ne  nous  confumât,  ou  que  ce 
Lions  ne  nous  devoralTent,  comm 
^Uefit  autrefois  en  Babylone  ?  Oi 


sVK  Lamentât.  Ch.  111.22.  ^6î 

bien  que  n'admire- t'il  cette  fou  verai- 
ne^;^^/^,qui  venoitde  conduire,  en 
forte  ces  eaux  ravageantes ,  &  ce  ter- 
rible  fléau,  que  ni  un  Jeremie,  ni 
quantité  d'autres  n'en  turent  point 
bimez.^ 

Pourquoi  ne  parle  t'il  en  nôtre 
Texte  que  des  Gratuitez  de  l'Eter- 
nel.^ Vous  en  comprenez  aflèz,  Fi- 
dèles les  importantes  raifons.  C'efl 
'\UQ  fes  compaffions  font  par  dejfus  tou-  ^A4r« 
tesfes  œuvresy  qu'elles  font  le  pre-  ^* 
niier  reflbrt  qui  fait  agir  fapuiffance 
5c  fa  fagelTe ,  8c  la  fource  inépuifable 
i'oii  procèdent  les  effets  de  l'une  & 
de  l'autre. 

C'cll  encore  pour  nous  aprendre  le 
;rand  motif  qui  fait  agir  Dieu  dans 
toutes  fes  œuvres,  hYOÏv  le  b  on  plai- 
sir de  fa  volonté  ^  fans  aucun  in tereft, 
:ommeeneut  Rahab  en  confervant 
tes  deux  Efpions ,  ou  fans  obligation,  , 
:omme  en  eut  David  en  faifant  du 
jienauFils  de  Jonathan.  Et  comme  2  s^»;. 
:a  gratuité  de  l'Eternel  préferve  de  la 


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145  G  34 


362  L'Eglise  Conserve'e 
confomption ,  aufli  la  confideration  d 
cette  gratuité  doit  préferver  les  hon- 
mes  de  préfomption  ,  ^d'orguei. 
Seigneur  je  fuutrop  petit  auprix  i 
toutes  tes  gratuites,  de  toute  ta  v* 
rite. 

Le  Prophète  auffi  ne  parle  pas  d'i 
ne  feule  gratuité  >  ce  font ,  dit  il,  L 
gratuites  de  TEternel ,  qu'il  a  déplc 
yées  fur  nous  en  grand  nombre.  Av 
tant  de  momens  que  nous  refpironv 
autant  de  biens  dont  nous  jouïflbni».! 
autant  d'années  que  nous  achevon;^^ 
autant  d'occafions  qu'il  nous  fourn: 
pour  nous  reconnoitre»  &  autant  ci 
péchez ,  &  de  defobeïffances  qu  .1 
nous  pardonne ,  fans  nous  confimeu 
ce  font  autant  àc gratuites,  Etceij 
d'autant  plus  quelajuftice  de  Did 
ne  demande  que  nôtre  confomptia 
&  nôtre  perte. 

Aufli  le  Saint  homme  n'avoit-i 
garde  dédire,  c'eft un  effet  de/^J. 
Jiice  de  l* Eternel  que  nous  n'avoi 
point  été  confumcz.  Ce  n'eft  jama; 


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145  G  34 


SUR  Lamentât. Ch.  II  1.22.  z6: 


iuftj 


tice  quand  Dieu  épargne 
perfeftion  de  Dieu  ne  demande  que 
mortScquG  ladeftruftion  du  pé- 
:heur.  Au  regard  de  fajufticenousne 
femmes  que  du  foufre ,  que  de  la  pou- 
ire,  que  des  étoupes  ,  que  du  bois 
fec,  qu'une  matière  combuftible,  & 
^ui  prend  feu  d'abord.  Témoin  la 
dellrudion  du  premier  Monde ,  les 
^:endres  de  Sodome&de  Gomorre, 
feu  quiconfume  unNadab&Abi- 
lu  pour  un  faux  zélé ,  ou  celui  qui  de- 
iTore  toute  la  bande  rebelled  un  Co- 
'é.  Car  auHi  nôtre  Dieu  eft-il//«/^'« 
ynfUmant ,  il  a  des  narines  fumantes , 
es  chariots  font  des  chariots  de  feu  ^ 
e  jour  de  fa  venue  eft  ardent  comme  un 
Ky  même  fa  langue  y  quandilpar- 
eji  un  feu  dévorant  ^  (^fonEfprity 
îuand  il  foufle,  eji  comme  un  torrent 
iebordé.  Et  nous  pouvons  bien  dire 
juc  fa  chambre  de  Juftice  eft  la  véri- 
table Chambre  Ardente,  oij  il  tient 
;s  Grands  jours,  punir  le  mon» 
îe  habitable  à  caufe  de  fa  malice  ^  ^ 

Q_2  les 


Cette 


Ktm.  T. 
18.52. 
6.  23. 


II.  I. 


ï. 


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145  G  34 


Of.ll 


L'Eglise  Conserve'e 

les  méchûns  à  caufe  de  leur  îniquit 
O  que  de  gratnitez,  lors  que  Die 
ne confunie point!  &:quinepeuver 
eftre  que  de  celuy-là  feulquieft/'A 
teriîel^  qui  cft  immuable  en  Ion  efîèi 
ce,  fidèle  en fes promefTcs 5  invaris  ^ 
ble  en  fa  volonté,  confiant  en  fon  A- 
iiance,  Je  Jeray  celuY quejefuîs^  t 
je  fuis  celuy  que  fay  eftè ,  toujours  1 
même,  c'eft  Va  mon  Nom.  Les  juge 
mens  de  Dieu  font  appellés  par  lePrc 
phéte  une  œuvre  non  acoutumée ,  &  qi 
iiiit  feulement  nos  rebellions;  ma. 
les  gratuit  ez  de  l'Eternel  font  une  œi 
vre  qui  luy  eft  propre,  ^  qui  préviec 
toutes  nos  adions,  &  même  qui  pré 
>.  vient naijfance  d'un  Efaù  &d'u 
jacob:  Et  s'il  eft  appellé  en  quelqu, 
endroit,  V  Eternel  y  leT>ieudejuge^ 
ment  i  il  eft  reprefcnté  bien  plus  fou 
vent,  commt  l'Eternel  y  leDieupi 
toyable ,  miféric  or  dieux ,  tardif  a  colé 
re ,  abondant  en  gratuité  ^&  en  vêritt  ' 
J en'executeray point  ^  dit  A^par/m 
'Prophète^  V ardeur  de  ma  colère  ^jefni 


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surLamentat.  Ch.  iir.22i  36^ 

|r  le  Dieu  fort,  &  non  point  unllom- 
I  me, 

pp  En  eflet  que  feroic-ce ,  je  vous  prie, 
des  pauvres  fidèles,  ôcde  la  pauvre 
Eglife  du  S.Jéfu' ,  fans  lesgrattitîez 
del'Eternel?  Si  Dieu  n'avoitétéauf- 
fi  mifericordieuK  envers  Juda,  que 
fes  Ennemis  furent  cruels,  car  c'eft 
làroppofitionque  faiijercmie,  que 
feroit  devenu  ce  pauvre  peuple?  Sans 
les  entrailles  des  compaflîons  dcQieu 
&  fans  la  vigilance  de  fon  œil ,  que  fe- 
roit-ce  ,  helas  !  de  Tinnocent  dans 
fon  oppreffion ,  du  jufte  dans  fon  an- 
^oiflc,  du  pauvre  dansfadilette,  de 
î'Eglife  dans  fes  perfécutions  ?  Sans 
le  bras  de  la  tourc-puillance  de  TEter- 
ncl ,  quieft-ce  qui  oppofcroit  des  di- 
gues aux  grofles  Eaux ,  qui  éteindroit 
Jes  embrafemens  terribles,  quiren- 
verferoit  des  defleins  orgueillewx ,  6c 
qui  domteroit  des  forces  invincibles  ? 
Qui  eft-ce  encore  qui  mettroit  des 
bornes,  &  une  fin  à  des  Guerres  fan- 
■jMlantes,  à  des  Perfécutions  cruelles, 
■|  CL3  àdes 


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366   L'Eglise  Conserve'e 

à  des  Peftes  qui  ravagent ,  &  à  d( 
maux  qui  paroifTent  fans  fin  Se  fans  r< 
méde  ?  Car  s'il  y  2iàcs gratuit ez,  p: 
devers  Dieu,  difons  que  pardevei 
les  Hommes  il  n'y  en  a  point.  Le 
jer.ù.  Hommes  font  cmels^  dit  ailleurs nô 
tre  Prophète,  &  ils  n'ont  point- d 
compaffion.  En  effet  des  Fils  de  Jacp 
traitent  d'une  manière  barbare  leu  ] 
propre  frère,  favoir  1  innocent  Jo 
feph  y  le  cruel  Abimélech  fait  tuer  fu 
^''^*^-  une  même  pierre  foixante  &  dix  à, 
'      fes  frères  ;  les  miniftres  impitoyable 
deMenahem,  en  viennent  jufqucs 
a  n.is.  fendre  toutes  les  femmes  groffcs  qu 
'5  '^-  étoient  en  la  contrée  de  Tiphfahi  é 
Afliir,  verge  delà  colère  de  Dieu 
écrafe  la  Mere  fur  fesenfans  i  car  j« 
«/^  10.  tire  le  rideau  fur  les  cruautez  inouïe 
qu'ont  fouffertes  les  Témoins  de  Je 
fusChrift.  Et  il  y  a  long- temps  qu'oj 
a  remarqué,  que  les  Hommes  fon 
aux  hommes  ou  des  Loups  raviffans 
ou  des  Lions  cruels  ,  ou  des  Tigre; 
fancuinaires,  ou  des  Chiens  achar- 
^  nez 


"4- 


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SUR  Lamentât.  Ch.  111.12.  367 

nez,  ou  des  Serpens  venimeux,  ou 
des  Renards  malicieux,  mais  on  n'a- 
voir pas  ajouté ,  des  Dragons  furieux, 
qu'autrefois  TAfrique  leulefembloit 
pouvoir  produire. 

Etc'eftbicn,  mes  trcs-chers  Fré* 
res,  pouren  venir  à  nos  jours,  &à 
nous  mêmes,  c'efl:  bien  ce  que  nous 
voyons  en  ce  tems  lamentable,  <5c  ce 
aue  nos  Pères  n*ont  point  vu.  Je  veux 
aire  qu'il  n'y  a  point  de  gratuité  par- 
mi les  Hommes,  ni  même  parmi  des 
Frères  ,  parmi  des  Compatriotes  , 
parmi  ceux  qui  fereclament  du  nom 
Je  fus ,  lequel  n'eut  que  des  larmes 
pour  une  Nation  perfide,  &  que  des 
prières  pour  fes  propres  Bourreaux. 
Qui  auroit  cru  que  aans  un  fiécle  é- 
clairé  comme  eft  le  nôtre,  dans  le  fein 
d'un  florifîant  Royaume,  au  milieu 
d'une  douce  paix ,  pendant  la  feureté 
des  Edits  Royaux,  &  fous  les  yeux 
d'un  fi  grand ,  fi  aimé ,  &  prefque  ado- 

Sré  Monarque,  qui  auroit  crû ,  Peuple 
Chrétien ,  que  le  Frère  fe  feroit  élevé 
^  con- 


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1* 


^4  S. 


27.25 


368   L^Eglise  Conserve'e  i 

contre  le  Frère,  le  Pére  contre  les  En-  \ 
fans ,  le  Tuteur  contre  les  Pupilles,  &  . 
ceux  qui  fedifent  les  PafteursdeTE. 
glife  contre  ces  brebis^dont  parloit  k 
Prophète  Ezcchiel ,  /es  Tapeurs  fe 
font  repus  eux  mêmes  de  mes  brebis ,  ils 
les  ont  expo  fée  s  pour  être  dévorées  de 
toutes  les  bètes  des  champs.  Et  pour-  j 
quoy?  c^cXmalafait cejujle-là^  de-j 
mandoitPilate  ?  Les  Satrapes  de  Ba-  ' 
bylone  vous  le  diront  5  au  fixiémede 
Daniel:  Nous  ne  trouvons  point  d'oc^\ 
cajion  contre  ces  hommes  cy ,  car  ils 
font  fidèle  s  au  Roy  y  il  n\y  aeneux  au^\ 
cunefaute^  fi  nous  ne  la  trou  vons  tou- 
chant la  Loy  de  leur  "Dieu.  -  ^ 
Mais  que  cette  parole  efl:  confolan- 
te  que  vous  chantiez  à  rentrée  de  cet-.j 
te  Action  ,  Maintenant  l'Eternel  ré- 
rf"^^*  g'^^'  D  Eternel  efi  vivant  y  nousdit-il, 
luimême,  ^  fes' gratuit e 2^ ^  comme 
ajoutoit Jeremie,  ne  font  point  défait^ 
//>j,&  ne défaudront jamais.  Souve- 
nez-vous pour  quelques  moniensde 
ce  Tableau ,  dont  je  vous  parloisau 

com- 


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SUR.  Lamentât. Ch.  m.  22.  369 


de  ce  Difcoi 


& 


commencement 
que  Dieu  fit  voir  au  Pérc  des  croyans. 
Véritablement  TEglile  Reformée  de^'"  '^' 
France  rétaleaujourd*huy  dans  tout 
fon  jour,  6c  dans  toutes  fes  parties. 
Les  pauvres  fidèles  y  font  eneifct^//- 
vifez  &  coupez  en  deux,  comme  le 
Furent  ces  viftimesd'Abraham.  Les 
Pafteurs  fe  voyent  feparés  de  leurs 
Troupeaux  ,  éz  les  Troupeaux  de 
leurs  Pafteurs  j  les  Maris  fontféparés 
de  leurs  chères  Compagnes ,  &  celles- 
cy  le  font  des  Couronnes  de  leur  rête^ 
les  Pérès  font  féparez  de  leurs  Enfans, 
Se  les  Enfans  le  font  de  ces  Pérès  qui  c^.?- 
leurétoyent  comme  un  foleil,  &com-  >  '  • 
me  un  bouclier-,  les  tendres  Mercs 
fontfeparées  du  Fruit  de  leur  ventre, 
8c ce  Fruit  eft  arraché  cruellement 
d'entre  leurs  bras  ou  d'entre  leurs  ma- 
melles. Les  uns  &  les  autres  font  fé- 
parez de  toutes  les  chofes  défirables  ^ 
pour  ne  pouvoir  foûmettre  leurs 
iGonfciences&leur  falutàdes  barba- 
res qui  crient ,  voix  de  "Dieu^  &  non 

point 


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370  L*Eglise  Conserve'e 

point  d'Homme ,  tandis  que  leur  puif- 
fant  Monarque  s'éerie lui  même,  Jt 
fuis  Homme  &  non  poini  'Dieu  !  Là 
voit-on  des  'vo/ees  d'Oifeaux  de 
proyc,  car  les  Dragons  ont  des  aî' 
qui  viennent  fe  jeccer  fur  ces  Victi- 
mes patientes,  &  les  déchirer  inhu- 
mainement, &  il  n'y  a  point  là  ^Z'^- 
braham  ,  ou  allez  puiflant  ou  afTez 
charitable  qui  les  e farouche ,  le  Bélier 
eft  encore  caché  fur  la  montagne  de 
Moria  ,  montagne  d'amer:  Là 
vient-on  de  voir  Jl  cher  ie  foleil 
de  la  Vérité  ,  &  la  lumière  pure  & 
fimple  de  la  Reformation  éclipfée  fur 
le  peuple  de  Dieu ,  &  en  apparence 
pour  jamais,  la  frayeur  ôc  l'obfcurite 
Tout  faifi  de  toutes  parts.  Là  fe  dé- 
couvre une  fumée  épaifîè,  for  tant 
comme  d*un  Four  ,  qui  pafle  par  le 
milieu  de  ces  viftimes  innocentes, 
qui  remplit  d'obfcurité  leurs  maifons 
&  leurs  familles ,  &  qui  va  étouffer 
prefentement  tout  ce  qui  avoit  enco- 
re quelque  refpiration  de  vie  &  de 

grâce. 


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SUR  Lamentât.  Ch.  i  i  r.  22.  371 

grâce.  A  peine  quelques  colombes  Se 
quelques  tourterelles  demeurent  en- 
tières ,  &  celles-là  feules  qui  volent  à 
Dieu ,  par  ailes  de  pigeon  qui  font 
les  prières  &  les  fanglots,  ou  bien  qui 
s'envolent  par  de  triftes  &  de  dange- 
reufes  fuites,  tandis  qu'on  chajfe.a- 
prés  eux  comme  on  cha  ffe  après  Poifeau, 
ou  comme  on  court  un  pauvre  Cerf 
haletant ,  lorfque  les  toiles  (ont  ten- 
dues, &  que  toutes  les  avenues  font 
fermées. 

Courage  cependant,  ô  Sion  ,  qui 
ne  vois  que  l'effroi  &lafofle,  que  le 
dégât  ôc  la  froidure  î  Du  milieu  de  cet- 
te obfcuritc&de  cette  fumée  Dieu 
fera  naître,  comme  il  fit  au  temps  d'A- 
braham, un  brandon  de  feu o^icon- 
fumera  infailliblement,  tôt  ou  tard, 
ces  impitoyables  Miniftres  de  la  fu- 
perftition ,  &  d'un  Clergé  fi  vifible- 
ment  &  fi  cruellement intércfle,  car 
l* Eternel  ne  manc[ue  jamais  à  rendre  la 
pareille*  De  cette  noire  &  épouvanta- 
tic  fumée  fortira  un  Feu  >  qui  dans  ces 

0^6  tené- 


^-ji   UEglise  Conserve'e 

ténèbres  rendra  plus  éclattantelak 
miére  de  la  Reformât  ion,  qui  embr2 
fera  les  bonnes  Ames  d'un  faintzél 
pour  la  vérité ,  &  d'une  charité  arden 
te  envers  ceux  qui  foufrent  pour  ju 
ftice ,  qui  enfin  le  changera  en  un  fci 
de  lumière  &  de  délivrance,  &  qu 
tout  d'un  coup,  dans  la  plus  éfroiabl< 
nuit,  fera  éclorre  la  lumière  comme  l  au 
be  du  jour.  Dieu  épargnera  encore,  me 
me  au  milieu  de  la  fournaile ,  fes  Sça 
dracs  6c  fes  Daniels ,  il  fera  encore  ré> 
c happer  quelque  refte ,  &  comme  le  dl 

.  foitEfdras,  illeur  dormeraunclouer 
fon  fainî lieu ,  ou  bien  une  demeun 
ferme  en  faMaifon,aprés  tant  d'agita- 
tions, cequ'Êfaieauroitdit ,  je  les  fi- 
cherai comme  un  croc  en  un  lieu  ferme 

,  Car  PEternel  fe  plaie  à  fe  jouer  des 
hommes  monoXs  ^  ildijffipe  les  dîjcoun 
des  trompeur Sy  tellement  qu  ils  ne  vien- 
nent point  à  bout  de  leurs  projets  ^  il 
change  (\\b'\itm(tntlaniutenjoury  & 

,^fait  refplendir  la  lumière  des  plusé- 

'paiflès  ténèbres.    En  ce  jour  là 

on 


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145  G  34 


SUR  Lamentât. Ch. II  1.22.  373 

onfonnera  du  grand  cornet ,  &  ceux  qui 
s  etoieiu  perclus  au  pays  d'Allùr  revien- 
dronc ,  ceux  qui  étoienc  épars  fc  raffcm- 
bleronc ,  &  ceux  qui  étoyenc  morts  re- 
vivront. 

.  C'efl:  cela  même  ,  Peuple  Hollan- 
dois,  que  vous  &  moi  avons  vu  de  nos 
yeux  en  ces  belles  Provinces,  lorsque 
tout  alloitàune  entière  confomption  ^ 
en  cette  fatale  année  de  foixance  &  dou- 
ze. C'en  étoit  fait  ce  femble  de  nos 
Fortereffes  ,  de  nos  Villes,  &  de  nos 
Provinces,  aufii  bien  que  de  nos  Tem- 
ples, de  nos  Autels,  6c  de  nos  Ecoles. 
Le  cri  des  navrez,  a  mort  étoit  déjà  par- 
venu jufqu  a  nos  oreilles ,  &  un  feu  dé- 
vorant fevoyoit  de  nos  tours  &  de  nos 
éminences.  ttalorsmême  nousavons 
expérimenté  ce  que  valent  ksgratm- 
tez  de  l'Eternel,  fa  proteftion ,  &fa 
déienfe^  &  bien  loin  d'avoir  étèconfu^ 
mez,,  il  en  a  été  de  cet  Etat,  juftemtnc 
comme  de  ces  trois  jeunes  hommes  en 
l'Hiftoire  de  Daniel,  le  feu  n'a  eu  fur 
vous  aucune  puiflance,  &  vous  êtes 

0^7  for- 


7 

2.  II. 


374   L*Eglise  Conserve'e 

forcis  de  la  fournaife  fans  que  ni  voi 
corps,  nivosvécemens ,  nimémevoi 
cheveux  ayent  paru  en  rien  changez 
Les  Briques  tombèrent  alors,  ôcvouî 
avez  rebâti  de  Pierres  de  taille,  vos 
Figuiers  fauvages  furent  coupez,  mais 
vous  les  avez  changez  en  des  Cèdres , 
Bf^u^'  l'Eternel  a  fait  ces  chofes\  Et  lors 
^  qu'avec  Samfon  vous  fûtes  furpris  corn- 
lug.xd.  me  en  dormant,  6c  \\tT.de  courroyes 
neuves  i  à*  de  cordes  fraîches ,  ce  ne 
furent  pas  vos  forces,  ce  furent  les  gra- 
tuitez  6c  les  merveilles  du  Dieu  Souve- 
rain ,  qui  les  rompirent  comme  un  filet 
d'étoupe  fe  rompt  des  qu'il fent  le  feu. 

Mais  que  dirons-nous  des  temps  où 
nous  fommes  ,  auxquels  cette  petite 
Tfohareft  prefque  feule  garentie  mira- 
culeufement  du  feu,  tandis  que  tant  de 
nombreufes  Eglifes  font  quafi  faites 
comme  Sodome  ,  6c  femblables  en 
quelque  façon  à  Gomorrel  Les  flam- 
mes environnent  de  tous  cotez  cet  heu- 
reux BuifTon ,  mais  elles  n  y  touchent 
point ,  6c  la  vue  d'une  fi  grande  mer- 
veille 


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145  G  34 


SUR  Lamentât  Ch.  h  i.  2î.  37^ 

veille  fait  Tadmiration  desMoiTes,  Se 
des  Ames  fainces.  Vôtre  GolFen  e(l 
éclairée  falutairement ,  Se  ce  qui  doit 
rendre  cette  lumière  plus  précieufe  & 
plus  agréable,  ce  font  les tenébrçsaf- 
-Jireules  qui  couvrent  prefque  tout  le 
^refte  de  l'Eglife  Reformée.  Les  Egli-  ^/^ 
fes  de  France  ne  font  plus ,  Rachel pleu- 
re fesenf  ans  ^  de  ce  qu'ils  ne  font  plu^j 
elle  s'en  peutà  peineconlbler.Cellesde 
quelquesRoyaumes  voifittsjufqu'ici  les 
plus  afiûrées ,  gémifTent ,  ou  tremblenc, 
au  fujet  de  la  voix  tres-améreqm  fe  fait:* 
ouïr  de  Rama.  Celles  de  Hongriefont 
un  théâtre  de  dcfolation,  &  celles  de 
Traniyivanie  font  comme  uneVille  fer- 
rée de  près.  Les  tglifes  d'Allemagne 
font  comme  les  tribus  divi  fées,  Autel 
deçà,  &aiitel  delà,  quoy  qu'elles  fer- 
vent toutes  un  même  Dieu.  Celles  du 
Palatinat  font  comme  une  Cabane  en 
une  vigne,  qui  n'yeft  pas  pour  long- 
temps. Celles  de  Deux-Poncs,  &des 
lieux  voifins ,  font  comme  l'Arche 
captive.  Celles  de  la  Suiflè  font  com- 
me 


1»: 


37^   L*Eglise  Conserve'e* 

me  un  Fortereffe  ,  dont  on  a  coup( 
toutes  les  avenues.  Celle  de  HefTe,  oi 
deNalTau,  font  comme  une  petite  Ar 
che  fur  les  montagnes  d'Ararat.  Leî 
Eglifes  fi  charitablement  receuillies  au 
Septentrion  ,  à  qui  de  grands- Princes 
dilènt,  *vôtre  Teuple  eji  mon  peuple  ^ 
vôtre  T)ieu  eji  mon  T^ieu ,  Ion t  ce- 

Bjith,  pendant  comme  la  pauvre  Nahomi  dans 
une  terre  tout- à-fait  étrangère.  Enfin 
les  Eglifes  d*Orange,  font  comme  une 
Brebis  encore  palpitante  entre  les  dents 
du  Dragon ,  &  celle  de  Genève  entend 
déjà  Taccufation  qui  fe  forme  contre- 
elle.  Ces  gens  la ,  b  Roy ,  ne  tiennent 

uTis.'  conte  de  nos  Dieux,  voilà  perfonnene 
*  peut  les  délivrer  de  ta  main\  De  quel- 
que côté  que  nousjetcions  les  yeux  ,  il 
nefe  prefente  rien  que  de  trifte &de 
funefte ,  par  tout  fe  voycnt  des  confomp- 
tions terribles ,  des  (pedacles lamenta- 
bles ,  des  Villes  changées  en  des  Ca- 
vernes, des  Campagnes  en  des  Akel- 
damas,  des  Collines  en  desGolgotas, 
des  Eglifes  en  des  Cimetières  î  &des 

Tem- 


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145  G  34 


SUR  Lamentât.  Ch.  i  i  i  .  2  2 .  377 

Temples  en  des  Mafures,  ou  en  des 
Champs ,  ou  en  des  Temples  de  l*Idole. 

Et  après  cela  qui  d'encre  nous  I  Peu-  ' 
pie  fidèle ,  à  la  vûë  de  ces  fept  Provin- 
ces, qui  font  comme  les  fept  Chande- 
liers cC  or  y  ou  plutôt  comme  un  même  'f/îi* 
Chandelier  a fept  Lampes ,  dont  le  feu  37. 
épand  une  agréable  lumière ,  ou  fi  vous 
le  voulez  ,  qui  font  comme  les  fept 
Etoiles  qui  brillent  en  la  main  droite  du 
Fils  de  Dieuj  qui  d'entre  nous  ne  s'é- 
criera, fur  tout  aufouvenir  de  cette 
Année  que  nous  finîmes  dernièrement , 
fi  fatale  à  tant  de  Peuples ,  à  tant  d*£- 
glilès,  ôcàtantde  Familles,  Ce  font 
les  feule  s  gratuit  ez,  de  l'Eternel que 
nous  n'avons  point  cte  confumez,  ?  C^e 
perfonne  ne  difc  ,  c'a  été  nôtre  dévo- 
tion &  nôtre  zélé 5  ce  n'efi  pas  toujours 
celui  de  David  qui  nous  ronge  \  Qu'on 
ne  dife  point,  c'efi:  nôtre  prudence 8c 
nôtre  conduite;  la  plus  exafte  pruden- 
ce vient  à  manquer ,  &  les  grands  ne  ub.  jt. 
font  pas  toujours  fages\  Bien  moins  ^* 
pouvez-vous  dire,  ce  font  nosrichef- 

fes 


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145  G  34 


378   L'Eglise  Conserve'ê 

fes  &  nôtre  opulence,  tous  les  jour 
elle  fe  confume  ;  ce  font  nos  Forterel 
fes  &  nos  Armées  ,  élites  font  en  peti 
Homhr.  nombre,  &  il  y  a  des  Géans  qui  fon, 
plus  forts  que  nous  s  ce  font  nos  Bâti 
mens  &  nos  Vaifleaux,  mais  d'eux  mê 
mes  ils  fe  ruinent  j  ce  fontnosPalaii 
ou  nos  Maifons  de  plaifance,  mais  a 
font  le  jouet  des  bombes  &  des  orages 
c'efl:  le  pouvoir  de  nôtre  force  ^  h 
gloire  de  nôtre  République ,  en  toui 
celafe  trouvent  plutôt  des  fujets  d< 
crainte  Scdapréhenfion ,  que  des  fujetî 
de  fureté,    lleftvrai  que  nôtre  fplen- 
deurejl  excellente  y  comme  fut  celle  de 
la  Staru^ que  vit  Nebucadnezar  en  fon- 
ge:  Z#^Zl?/?^eft^'<?r,  nos  Chefs  &  nos 
Souverains  font  profeflîon  de  cette  vé- 
rité qui  efl:  plus  précieufe  que  l'or  ^  mais 
en  cette  Statue  quel  prodigieux  mélan- 
ge d*or,  d*argent,  d'airain,  de  fer,  de 
terre  &  d'argille  ?  Auffi  quel  dangereux 
mélange  parmi  nous  de  Religions,  de 
maximes  ,  de  fentimens  ,  d'intérêts, 
de  Peuples,  &  d'Etrangers?  Et  que 

nous 


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143  G  34 


SUR  Lamentât.  Ch.  i  i  i.  2î.  379 

nous  pouvons  bien  dire  avec  vérité  que 
nôtre  bafe  fera  foible,  tandis  qu'elle 
fera  en  partie  àe  fer  ^  &  en  partie  de 
terre ,  c'eft-à-dire ,  qu^elle  fera  divifée , 
forte  d'un  côté  ♦  mais  frêle  de  l'autre , 
au  lieu  que  dans  une  parfaite  union  elle 
fera  toute  ^/if/ir,  qui  brife  toutes  cho- 
fes  &  en  vient  à  bout.  En  un  mot  il  en 
faïut  revenir  aux  gratuites  de  rEternel , 
(jui  j  ufqu'ici  à  été  pitoyable ,  &  propice  7«« 
anos iniquitez.  ^  * 

Etendifantcelamême,  que  ce  font 
ksgratuitejz  de  l'Eternel ,  ne  fommes 
npus  pas  advertis  de  ce  que  nous  devons 
à  cét  Eternel  y  qui  a  fait  pour  nous  des 
c  ho  fes  fi  grandes?  N'cft-ce  pas  au  moins 
de  nous  reconnoîtrc  trop  petis  au  prix 
de  tant  de  mifericordes  ,  denousabir 
mer,  par  manière  de  dire  ,  devant  ce- 
luiquieft  aflis  furie  Trône,  &  dene 
point  abufer  de  fa  clémence  &  de  fa  lon- 
gue attente?  N'eft-ce  pas  à  nous  enco^ 
re ,  d'ufer  de  gratuité  envers  le  chétif, 
envers  rétranger,  &  fur  tout  enverç 
çesj acobs  &  ces  Davids  qui  font  échap- 
pez 


L 

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380   L'Eglise  Conserve'e 

pezà  la  pourfuite  des  Efaùs  &  d( 
Saùls?  N'eft-ce  pas  encore  une  obi 
gatiôn  indifpenfable  ,  de  craindr 
cet  Eternely  en  la  préfence  duqiu 
les  Séraphins  couvrent  leur  faccé 
leurs  pieds  ,  les  Chérubins  baifTen 
leur  vue  fur  le  Propitiatoire ,  les  Roi 
font  éfrayez  &  laifis  d'épouvante 
mens,  lesTrônesfontrcnverfez,  le 
Cèdres  font  brifez,  &lesColomnc 
même  des  Cieux  font  ébranlées.  N< 
devons-nous  pas  encore  nous  étudie 
à  ne  concevoir  rien  de  cet  Eterne 
que  de  grand,  &:  que  d'adorablcspui; 
que  comme  Eternel  fon  être  eftlim: 
commencement,  fapuiffinceeftfanî 
bornes,  fa  durée  eft  fans  fin,  fafain- 
teté  eft  fans  tâche,  &Sa  Majeftén's 
rien  de  bas  ni  de  terreftre?  Et  parti- 
culièrement ,  ne  devons-nous  pas 
nousfouvenir,  que  c'eftcemême  E- 
ternel ,  qui  après  avoir  épargné  ou 
délivré  fi  fouventfon  Ifraél,  fit  en- 
fin fortir  fa fureur  comme  un  feu ,  fans 
qtCil  y  eût ferfonne  pour  P éteindre  ,  // 

per- 


I 


I 


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SUR  Lamentât. Ch  ITT.  22.  381 

permit  enfin  qu'une  ingrate  &  qu'u- 
ne perfide  Jérufalem  fût  détruite  par 
les  armes  Romaines  ,  Se  confumée 
fans  refource ,  &  fans  qu'il  y  reftât  ni 
pierre  ni  trace,  ni  branche,  ni  ra- 
meau ? 

Vousattendez,  mes  Frères,  que  je 
finifle  cette  aftion.  Je  le  ferai,  après 
quelque  peu  de  réflexions  très  im- 
portantes. Si  les  gratuités  de  Dieu 
nous  ont  empêché  d'être  confumez^ 
empêchons  que  ces  grâces  ne  fe  con- 
fument  &:  ne  s'ancantiflent  point  au 
milieu  de  nous ,  &  que  nul  n^enfouijje 
le  talent.  Ne  confumons  pas  toute 
nôtre  vie  à  ofFencer  celui  qui  eftun 
feu  confumayit.  Prenons  garde  que 
nous  ne  nous  confumions  point  nous 
mêmes  par  des  pafiîons  violentes ,  par 
es  divifions  fatales,  parunluxeex- 
ccflif,  &  par  une  méconnoiflànce  cri- 
minelle. Souvenons  nous  que  de  tous 
les  jugemens  du  Ciel  c'en  elt  là  le  plus 
vifible,  c'cHlk /e doigt de^ieu,  lors 
que  les  hommes  font  les  inftruniens 


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382   L^Eglise  Conserve'e 

de  leur  propre  conlomption.  E 
Dieua  permis  plus  d'une  tois ,  que  d< 
redoutables  Monarques  ,  qui  n*on 
rien  à  craindre  au  dehors,  ayenttra 
vaillé  à  fe  confumer  au  dedans  5  à  con 
fumer  leur  propre  repos,  &leurpro 
pre  gloire ,  ou  bien  à  confumer  fujets 
Villes,  Pro vinces, Finances,  Négo 
ce,  &  ce  qui  eft  bien  plus ,  latendn 
afFeftion  de  leurs  Peuples,  fôuveri 
par  l'induftion  de  ceux  qui  font  er 
des  aupuftes  Palais ,  ce  que  fut  ce  Dif 
^^f'  ciple  a  la  table  du  Fils  de  Dieu,  le- 
*      quel  (h  diÇoit  de  h  comj>agn/e  dejé- 
fus.    Siaufli  les  Perfécuceurs,  ceux 
<^ui  fontfervir  leur/'«/^wrf  &  leài 
<^////:/<?r/V^à  la  Femme,  qui  cf\.affije/ur 
fiptf^ontagnes  y  ne  peuvent  pas  nous 
'7     confumer  félon  les  apparences,  fça- 
chons  que  Dieu  a  mille  inftrumcnsen 
fa  main  toute  puiflante  pour  nous 
perdre.  Il  donne  charge  à  fes  déléguez^ 
&c  fait  agir  les  inonaations  &  les  in- 
cendies, les  ouragans  &  les  tremble- 
mens  de  terre,  les  peftes  6c  les  lan- 
gueurs, 


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SUR  Lamentât. Ch.  III.  22.  385 

gueurs  ,  les  divifions  &  les  guerres 
Jomeftiques ,  les  infidélitez  &  les  fur- 
prifes.  Ou  bien  il  envoyé  unEfprit 
Je  fécurité  8c  d'aflbupiflement,  &  tan- 
dis que  le  peuple  de  Lais  habite  en  i^i-i^* 
iflTûrance  &  eft  en  repos,  T>an ejf  mGe„.4^i 
Serpent  fur  le  chemin,  qui  le  guéte,;j.  ,g 
lui  le  furprcnd ,  &  le  frappe;  tandis 
que  Samion  eji  endormi  fur  le  giron  de 
res  plaifirs  ou  de  fes  richefles  ,  les 
Philiftins  furviennent,  &  c'eft  là  le 
grand  ftratagéme  de  nos  jours ,  d'en- 
dormir ceux  qu'on  veut  mener  dans 
le  Temple  de  l'Idole,  &  l'on  n'igno- 
re  pas  aujourd'hui  en  quoi  conjîfie  no-  . 
trephts  grande  force.  Qui  a  oreille  5'^*  * 
pour  ouïr  ,  qu'il  oye  !  Vous  direz, 
qu'ondrejffe  laîable,  qu'on  mange,  & 
qu'on  boive,  &  tout  d'un  coup  ce  fe- ^y:„- 
ra,  leves^'Vous  Capitaines  y  oignez"^^ 
le  Bouclier  ! 

Jcvcuxauflî,  Ames  Fidèles,  qu'il 
plaile  à  la  Providence  de  nous  vifiter 
en  nos  perfonnes,  ou  en  nos  famil- 
les, ou  en  nos  biens,  ha!  puillîons 

nous 


584   L'Eglise  Conser.ve'e 

nous  en  ce  cas  dire  avec  TEglife,  C 
font  les  gratuit  ez  de  Œternely  qu'u 
plus  grand  mal  ne  nous  eft  point  arri 
vé.  Ou  nos  douleurs  pourroientêtr 
plus  violentes  )  ou  nos  maladies  plu 
dangcreuies  5  ou  nos  pertes  plus  grau 
des  ,  ou  nôtre  état  plus  déplorabh 
Pren  garde ,  difoit  Jefus  Chrift  à  celu 
<^i2NOit\:iSi^\xitr  ente-huit  ans  ,  prci 
jun.  ^jixàt^quepisnefavienne.  Etcenou 
5- 5-14.      allez  n  nous  remportons  notr 
Ame  pour  butin,  car  c'cdlk/e  tout  d 
r homme ,  &  dans  ces  occafions  )a  gra 
cedoit conlolcr  le  Fidèle,  de  mem< 
qu'Elkana  confoloit  fa  Femme  ftéri 
\^^^'  le,  Ne  te  vaux  je  pas  mieux  que  àiy 
jîls?  Voyons-nous  aullî  qu'une anné< 
fe  confume  ou  s'achève  Tune  apréî 
l'autre,  tandis  que  les  ansdeŒter- 
nel  ne  font  jamais  achevés?  Souve- 
nons nous  en  même  temps  qu'il  n'y  a 
riendeftablefousleloleil.  Le  temS; 
les  années ,  &  les  travaux,  confument 
de  même  nos  jours  ,  nos  forces,  & 
nos  plaiûrs,  confument  nôtre  fan  té, 

nôtre 


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sl/rLamentat. Ch.  th. 22.  385: 

nôtre  beau  té,  &  nôtre  vie ,  &  les  corps 
les  mieux  embaumez ,  les  Mumies  les 
plusconfervécs,  ne  font  pas  exemp- 
tes de  confomption.    Je  dirai  quel- 
que chofe  de  plus,  c*eft  qu'enfin  Ton 
dira  des  Trônes  les  mieux  établis ,  des 
Têtes  les  plus  affermies,  ôcdescon- 
querans  les  plus  fuperbes.  Comment  pj.^^^ 
ont  ils  été  détruits  de  la  forte  en  unmo-  ^n- 
ment  y  comment  font-ils  défaillis  1^  llsil'i^, 
étoyent  élevez  &  cela  nejtplus ,  ér  ils 
ont  ete  emportez,  comme  tous  les  autres. 
Et  je  trouve  forte  cette  autre  expref- 
fion  du  patient  Job ,  Epouvantemens  ui.  27. 
les  attraperont  comme  des  eaux ,  un 
tourbillon  les  enlèvera  de  nuit.  Té- 
moin au  fiéclepaHc  ces  impitoyables 
pcrfccuteurs  des  fidèles  de  J.  Chrift, 
un  Henry  li.  un  Charles  IX.  un  Hen- 
ry 111.  une  Marie  d'Angleterre,  un 
Philippe  d'Aiitriche.  Le  premier  eft 
enlevé  par  les  tournois  &  les  triom- 
phes ,  &  c^frapé  au  même  œil  don  t  il 
îc  plaifoità  voir  allumer  les  feux,  & 
drclîcr  les  échaftaus  5  // vouUdmème , 

R  dit 


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386   L'EGiriSE  Conserve'e 

J'b";  ditun  HiftorienPapifte»  repaître ft 
T.  II.  yeux  de  ce  tragique jpeEîacle.    Et  l'o 
^'      dit  que  les  cris  horribles  de  ces  malheu 
reux  luy  fraperent fi  vivement  l'imagi 
nation^  que  toute  (a  vie  il  en  eut  de  trei 
importuns  &  fâcheux  reffouvenin 
Charles  quivenoic  denoyer  laFran 
ce,  mais  une  France  innocente, dan 
^je.    fon  fang,  ne  voulant  pas  qu'il  relia 
^^^Z^'  un  feul  Huguenot  >  voit  peu  après  ave 
ic8:!*  des  treflaillemcns  funeftes,  le  fan^ 
lui  rejaillir  par  les  pores  ^  &  part  ou 
les  conduits  de  fon  corps  ^  jufquesàl 
mort   Henry  i  II.  eft  tuéàSt.  Clom 
Abr  T  P^^    ^^^^  parricide  d'un  Moine  y  a 
iiLp.*  même  endroit  i  ce  difoit  on^&  aumêm 
\V&\  jour  auquel  il  avoit  prefidé ,  comm- 
Duc  d'Anjou,  àceconfcil  déteilabl 
qui  s'exécuta  bien-  tôt  après  à  la  Sain 
jjift    Bartelemy ,  &  que  Romeappella/ 
Bue"    Triomphe  de  l'Èglife  militante.  L 
t!  n.  Reine  Marie  après  quclquesannce 
d'un  régne  tres-odieux ,  fe  voit  pion 
gée  dans  la  dernière  mélancolie,  t 
noyée  dans  des  eaux  qui  Tétoufent 

fui- 


surLamentat.  Ch.  III.  it.  387 

fuivie  de  bien  prés  des  Miniftres  de 
fes  cruautez,  &  de  leur  principal  Au- 
teur, qui  fut  Paul  IV.  dont  la  mémoi- 
re fut  déteftée  jufques  dans  Rome) 
pour  fa  cruelle  Inquifition.  Et  Philip* 
pell.  le  plus  fuperbe&  leplusfigna- 
lé  de  tous  les  Perfécuteurs,  fe  voit 
enfin  confîimé  par  des  fourmilières  de 
poux,  qui  fortent  de  fon  corps  Royal, 
&  rongé  de  'vermine^  comme  le  fut  le 
premier  Perfécuteur  de  TEglife.  Mais 
nous  laiflbns  à  Dieu  fès  jugemensj 
nous  adorons  fes  confeils  ,  nous 
f  rions  même  four  ceux  qui  nouscoU" 
rentfus,  nous  fq9.vons  que  le  cœur  du 
Roi  eft  en  la  mam de Eternel^  &le 
fiéclcdontje  viens  de  parler  a  vu  mê- 
me un  Empereur,  ç'a  été  Charles- 
Quint,  quiaété  foupçonné  avantfa 
mort  d'avoir  embraifé  cette  Religion 
Proteftante,  qu'il  avoitperfécutée  à 
toute  outrance. 

Aulîi  je  conclus  par  cét  addouciflè- 
mcntà  nos  maux:  C'eft  qu'ilyaune 
feule  chofe  qui  ne  fe  confume  point  i 

R  2  ce 


Du 
Thou 

»55> 


MC2. 

du 

ThOll 
ôcc.  A. 
1598 


21. 


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388    L*Eglise  Conserve'e 

ce  font  les  gratuit  ez  de  l'Eternel  Si 
gratuité  demeure  a  toujours.  Ceu3 
qu'il  a  aimez,  il  les  aime  jufqua  h 
fin,  fes  dons  &  fa  vocation  font  faiiî 
uh.  8.  repentance.    Aucun  détruira  f  il  fa 
^'s-     bien  aimez,  tellement  que  T>ieule^ 
renie?  Et  il  n'y  a  point  afliirément 
d'image  de  rérernitc ,  ni  du  Paradis  3 
plus  belle  &  plusraviflante,  que  de 
publier  ces  gratuitez  de  Dieu ,  que  de 
s'entretenir  de  fes  grâces,  &  de  fes 
merveilles.  En  cettejerufalem  d'en- 
haut  où  toute  iniquité  eft  confumée, 
&  d'où  toute  confomption  eft  bannie, 
les  Harpes  decesefpritstriomphans 
n'ont  point  d'autre  mélodie,  leurs 
bouches  n'ont  point  d'autre  canti-. 
que,  ni  leurs  efprits  d'autre  contem- 
plation, ni  leur  volonté  d'autre  defir, 
ni  leur  joye  d'autre  objet  que  celui-ci, 
Célébrez  l'Eternel ,  d'autant  que  fa 
%.   gratuité  demeure  à  toujours  !  La  dilec-r 
tion  de  Dieu  le  Pére ,  la  grâce  du  Sei- 
gneur JéfusChrift,  &  la  communica- 
tion du  Saint  Efprit  foit  avec  vous 
tous ,  aux  fiécles  des  fiécles,  AMEN, 

F    I   N.  LE 


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385> 


LE  ROSEAU 


CASSE- 


SOUTENU. 

Ou 

SERMON 

Sur  Efaie  Chap.  xlii.  Vers  3. 

line  brifera point  le  rofeau  cajfé. 

14  ^e  mon  Ame  n'entre 
^^^^  point  en  leur  confeil  fe- 

^  K  ^^^^  •  ^  gloire 
B  ne  [oit  point  jointe  à 
M  leur  ajjemblée  !  Ce  fut 
^î^^^bSlI  i'cxpreflîon  d'un  Pére 
mourant,  qui  ne  pût  diflimuler  fon 
rcflentiment  contre  deux  de  Tes  Fils, 
facob  fe  fouvenoit  d'une aftion  vio- 
lente, 8c  d'un  ftratagéme  cruel  de 
Simcon&deLevi:  lors  que  ces  deux 

R  3  Fré- 


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390   Le  Roseau  Casse' 

Frères  pour  fe  vanger  duraviflemen 
deDina,  demandèrent  que  tout  mal 
d'entre  les  Sichéaiites  fût  circoncU 
ïj'  y!  Et  puisfe  prévalans  dclafoiblefTeé 
de  rimpuiflànce  où  cette  operatioi 
douloureufe  avoit  mis  ces  Profély  tes 
les  cruels  entrèrent  en  Sichem,  fe  jet 
terent  fur  ces  pauvres  habitans^firen 
main  baffe  fur  tous  les  mâles  de  la  Vil 
le,  &  pafFerent  tout  au  fil  de  rèpé< 
fans  mifericorde.  Ce  fou  venir  faiiani 
frémir  le  bon  Jacob,  que  ma  gloire^ 
dit-il ,  c'eft-à-dire  ce  qui  fait  toute  m* 
gloire,  la  fimplicité  de  mon  cœur  & 
de  ma  langue,  nefoit  point  fouillée 
en  leur  ajf emblée.  Chers  Frè- 
res, Je  fçai  bien  que  Levi,  au  regard 
de  fa  iacrificature ,  fut  en  fa  porter) té 
l'image  de  Jéfus  Chrift.    Mais  auffi 
vous  m'avouerez  qu^cn  cette  aftion 
de  perfidie  &  de  violence  il  fut  l'ima- 
ge de  Satan.   C'eftàpeu  prés  le  mê- 
me ftratagême  dont  le  Diable  fefert 
pour  perdre  l'homme.    Il  s'adrçfleà 
lui  lors  qu'il  le  voit  foible  &  endou- 

leur. 


Soutenu.  SUR  Es  AI.  Ch.^  2.  3-  391 

leur.    Il  fc  prévaut  de  la  folblcHe  3c 
de  rimpuifl^m  :e  où  fe  trouve  une  pau- 
vre Ame.  Il  attend,  comme  firent  les 
Fhiliftins,  que  la  force  fefoit  rétirée  [ 
des  Samfons,  pour  les  furprendre. 
Il  prend  fon  temps ,  comme  fit  ce  Na- 
has  Ammonite,  &  cherche  à  crever  \ 
l'œil  droit  y  Tocildc  la  foi  &  de  la  grâ- 
ce ,  à  ceux  qu'il  voit  réduis  à  de 
grandes  ex trémitez.  Il  tente  le  bon 
homme  Job,  &luiinrulte,  lorsqu'il 
voit  fes  biens  ravis,  fes  enfansenle- 
yez,  fon  corps  ulcéré,  &  fonefprit; 
navré  de  douleurs.    Il  tache  comme 
le  fit  Hérode,  de  mettre  à  mort  les 
cnfans  de  Dieu,  lors  qu'ils  font  dans 
unûge,  ou  dans  un  état  à  ne  pouvoir 
fe  défendre.  11  attaque  le  Sauveur  du 
Monde,  lors  qu'il  fe  trouve  en  un 
affreux  défert ,  affoibli  après  quaran- 
te jour  s  de  j  eûne ,  fans  fou  tien  Ôc  fans 
nourriture.    Et  quand  eft-ce  qu'il  ti- 
re fon  coup,  &  qu'il  furprend  une 
infinité  d'hommes    N'eft-ce  pas  lors 
que  la  pauvreté  les  préfixe ,  ou  que  les 

R.  4  per- 


35>i    Le  Roseau  Casse* 

pertes  les  affligent,  oiiquele  cliagrir 
îesabbat,  ou  que  les  douleurs  les  vio 
ientent,  ou  bien  lors  que  la  crainte 
Jes  faifit  5  &  que  les  dangers  les  épou- 
vantent? Fidèles,  c^eftbienlàlerô- 
lequecét  Ennemi  de  nôtre  falutjout 
aujourd'huy  dans  un  Royaume  voi- 
fin,  par  des  inftrumens  de  violence. 
Mais  aullîDieu  confole  &  rafTiire  Ton 
Eglife  par  un  procédé  très  différent. 
Ceux-là  prennent  occafion  de  nôtre 
impuifîance  pour  nous  perdre,  & 
Dieu  prend  occafion  de  celle-là  mê- 
me pour  nous  làuver.  Ceux-là  font 
tomber  le  foiblc,  mais  Dieu  au  con- 
traire le  foûtient  &:  le  relève.  Ceux-là 
brifenî  le  rofeau  caffé^  mais  Dieueft 

£M  celui  qui  le  ménage,  &:l*appuye.  A 
qui  regardera^  je  ?  A  celu y  qui  eft  af- 
fligé ,  qui  a  rEfprit  brifé ,  (Sr  qui  trem- 
ble àma  parole.  Et  ce  de  voit  être  là  le 
grand  &  Taimable  caraftére  du  vrai 
Meflîe ,  que  Dieu  devoir  envoyer  pour 

^ItuiJ'vangélizer  aux  débonnaires  y  pour 
médeciner  ceux  qui  ont  le  cœur  f roi  ffé , 


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Soutenu. surEsai.Ch  42.3.  393 

caraftéreqiic  le  Prophète  reprefentc 
divinement ,  entre  pluficurs  autres 
qui  ne  s'approprient  qu  au  Fils  de 
Dieu,  dansée  peu  de  paroles  que  je 
viens  de  vous  lire ,  //  ne  bri fera  point 
le  rofeau  cajje. 

Certainement  fi  cette  promefie  ra- 
vidante  a  été  accomplie  dans  toute  la 
conduite  de  Dieu  envers  fon  Eglife 
en  gênerai,  &  envers  chaque  Fidèle 
en  particulier,  elle  s'accomplit  en- 
core tous  les  jours  ,  en  une  inhnité  de  ^^^^^ 
ceux  qui  font  devenus  comme  les  Fré- 
res  des  T)ragonsy  ou  qui  comme  de 
foibles  ro féaux  fe  voient  expofez  à  de 
terribles  violences,  &  qui  font  déjà 
caffez. ,  mais  non  pas  brife;:^.  Aulli 
plufieurs  d'entre  vous ,  dans  le  fenti- 
ment  ou  de  leurs  péchez ,  ou  de  leurs 
miléres  ,  ont  ils  goûté  ce  matin  les 
confolations  dè  fa  grâce,  ^Icsaffiir 
rances  de  fon  fuport.  Et  s'il  y  en  a- 
voit  de  ceux  qui  difent  encore  ma  j^^  ^^ 
caffure  eft  pefante  ,  Dieu  voudr oit-il  ^  s- 
niecrafer ,  lâcher fa  main  pour  m'a- 

R  5 


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594   Le  Roseau  Casse* 

chever!  je  m'aflîirc  qu'ils  diront  d( 
mon  fujet,  Ce  fera  ici  pour  moi  ui 
meffage  de  bonnes  nouvelles ,  ou  qu*ilî 
diront  de  ce  Temple,  ce  que  Pierre 
dit  autrefois  de  la  Montagne,// eft  boi 
quenom  foyonsjcy.  Prêtez  moi  donc. 
Peuple  Chrétien,  une  religieufeat- 
tention,  &ne  vous  lafiez  point  en 
m'écoutant ,  tandis  que  je  confidere- 
rai,  en  premier  lieu,  qui  font  ceux 
quidevoyent  faire  les  foins  &  l  'occu- 
pation du  Meflîe,  &  pour  un  fécond 
article ,  quelle  devoit  être  envers  eux 
la  conduite  de  ce  Serviteur  elû  de 
Dieu,  Ceux  -  là  font  rcprefentez 
fous  la  figure  d'un  rofeau  ,  &  d'un 
rofeau  cajfe  i  &  celle-cy  Teft ,  par  cet- 
te négative,  Il  ne  hrifera  point  \qïQ' 
feau  cafle. 

L'Efprit  de  Dieu  pour  faire  ici  la 
peinture  de  TEglifc,  ou  des  Enfans 
du  Souverain,ne  reprefente  ni  la  hau- 
teur des  Cèdres ,  ni  la  durée  des  Chê- 
£/"«.6.  nCs,  ni  la  fermeté  des  Rouvres ni 
retendue  des  Planes,  ni  lagrolîeur 

pro- 


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Soutenu,  sur  Esai.  Ch.  42. 3. 

prodigicuic  de  ces  Arbres,  dont  la 
concavité  a  fervi  de  Spélonquc,  ou 
de  Sale  de  feftin ,  Se  dont  Tombre  a  pu 
fervir  de  couvert  à  quelques  miliers 
d'hommes  ,  comme  il  s'en  trouve 
danslaPerfc,  dans  les  Indes,  &  dans 
la  Chine.  11  nous  donne  une  idée  de 
tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  bas,  déplus 
fragile ,  de  de  plus  foibic ,  comme  Tefl: 
fans  doute  un  Rofeau.  C'cft  de  la  for- 
te que  Dieu  compare  fon  Eglifc ,  en- 
tre les  Arbres,  à  des  Myrtes. qui  font 
bas  5  &  en  des  lieux  profonds  5  encre  les 
Plantes,  à  une  Vigne  qui  eft  tendre 
&  qui  rampe  à  terre  i  entre  les  Bêtes, 
à  des  Brebis  qui  font  foibles  &  patien- 
tes ;  encre  les  Oifcaux ,  à  une  Colom- 
be qui  eft  fimplc  &  fans  fiel  ;  entre 
les  Batimens  à  une  Cabane  ou  à  un 
Hameau  qui  eft  fans  fermeté  &  fans 
refiftancc  ;  entre  les  vaifleaux,  non 
pas  à  ceux  du  premier  rang,  mais  à  une 
petite  Nacelle  battue  des  vens&  des 
orages  j  &  entre  les  Créatures  rai- 
fonnables  àdes  petits  Enfans,ou  bien 

R.  6  àla 


Strt* 

boa. 
Man- 
de! il  p. 

bafl 
la  e  t. 
ne. 


8. 


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396   Le  Roseau  Casse' 

àlaFemme,  &àla  Vierge,  quifon 
des  Vaifleaux  fragiles. 

Etdefaitileft  expédient  que  châ 
que  Fidèle  ait  une  femblableidéed 
foi-méme.  C'eft  la  prémiére  &  1 
plus  néceflaire  de  toutes  les  connoif 
ianccs,  de  feconnoitre  plein  de  fragi 
litc&defoiblcfle,  &  c'efl:  par  ce  fen 
tinient  que  l'homme  monte  à  celu 
qui  eft  fa  force  &c  fon  appui.  Plus  h 
Myrte  eft  petit,  plus  Ton  odeur  cl 
forte,  &  f a  verdure  vive:  Plus  lei 
Epis  fe  courbent  &  fe  baiflent ,  plus  ïh 
font  pleins  de  bonne  fcmence.  Ce 
n'eft  pas  fur  de  hauts  Rochers,  qui 
fon  ftérilesSc  infructueux  5  c'cft  dans 
les  Valons ,  c'eft  au  pié  des  Monta- 
gnes, que  le  Muguet,  les  Lys,  &Ies 
Violettes  parfument  Tair  &  réjouïf- 
fent  Tocil.  Auflî  Dieu  a-t'il  choilî  pour 
être  la  bonne  odeur  en  fon  Eglifc ,  les 
chofes  baffes ,  les  chofes  foibles,  &  les 
chofes  viles  de  ce  Monde.  Le  Fils  de 
Dieu  lui  même  s'écrie  en  la  perfonne 
de  David, fais  îinver  &  7ionpas  un 

hom- 


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Soutenu. SUR  EsAi.CH.42. 3.  397 

homme.  Abraham  s'écrie,  Seigneur 
je  ne fuis  que  poudre  &  que  cendre  j  Ja- 
cob ,  je  fuis  trop  petit  au  prix  de  s  gra- 
tuité s  de  T>ieu  s  David  ,  qui  fuis- je  ^ 
fir  quelle  efl  la  mai f on  de  mon  Tére  ^  Sa- 
lomon, ce  n^ejl  que  vanité  de  tout  bom- 
me  i  Jofaphac,  //  n'yapoint  de  force 
n  nom  ,  pour  ftibfiftcr  devant  cette 
ultitude  'y  &c  Saine  Paul,  nous  ne  fom- 
mes  que  comme  la  raclure  ^  &laba,' 
Hure  du  monde.  Dés  que  l' homme  en 
s'élevant  affcûa  d'être  femblableà 
T^ieu ,  il  devint  femblable  au  Démon. 
Et  cét  Edom  qui  crioit ,  qui  efl-ce qui 
me  jettera  bas  ^ayant  élevé  fon  nid  com-  t/ai. 
me  l^  Ai?-Je ,  fc  voit  précipité  tout  d'un  ' 
coup,  dévale  aufepulchre^  au  fin 
fond  de fafoffe.  Ceux  qui  font  les  plus  tf»i- 
haut  élevés,  front  coupés^  &  les  plus 
haut  montés feront  abaffj^es. 

J'ajoute,  Mes  Frères,  que  cette 
idée  de  l'Eglife  comme  de  ce  qu'il  y  a 
de  plus  frêle  &  de  plus  impuifîant, 
nous  donne  une  idée  d'autant  plus 
grande  &  plus  réleveedeceluiquila 

R  7  con- 


398    Le  Roseau  Casse' 

confcrve  &  quilafoutient.  Carqu 
n'admirera  la  fageflè,  qui  ne  recon» 
noîtra  lapuiflance,  qui  n 'adorera  les 
bontés  de  celui  qui  confervc  une  ten- 
dre Vigne,  parmi  tant  de  grêles,  Se  de 
faifons  dangereufes,  qui  défend  une 
Colombe  parmi  tant  de  vautours,  & 
des  pauvres  Brebis  parmi  tant  de 
loups,  &  des  petits Paflèrcaux  parmi 
tant  de  chaffeurs ,  &  des  vaiffeaux  de 
terre  parmi  tantdehcurtemens  ^de 
chocs,  &  pour  m'arréter  à  mon  Texte 
des  Rofeaiix  parmi  tant  d'agitations 
8c  tant  d'oraees. 

Jedisdesrd?/>/^//;c,  &  la  comparai- 
fon  deTEglifc  avec  cette  plante  cft 
jufte,  &  d'un  grand  fens.  Carlero- 
feau  efl:  une  des  choies  du  monde  la 
plus  fragile,  &  il  faut  bien  peu  d'ef- 
fort pour  le  faire  obeïr,  ^  pour  le 
cafler:  j'excepterai  peut-être  cesro- 
dlu   f^^wx  dans  la  Chine  oudanslenou* 
chincî  veau  Monde  ,  qui  font  d'une  grof- 
ch     feur  à  en  fcier  des  Aix,&  à  en  bâtir  des 
îiiaifons»  Et  n^eft-ce  pas  là  cette  fra- 
gilité 


Soutenu,  sur  Esai.  Ch  42.  5.  399 

gilitequi  fevoit  mcmc  en  un  Saint 
Pierre,  lequel  â  la  voix  d*une  fer  van- 
te renie  fon  bon  Maître,  qui  fevoit 
même  en  un  Tomas  >  lequel  après 
tant  de  témoins  &  de  preuves,  doute 
encore  de  la  Relurreftion  deJ  Chrift, 
&  en  un  Paul  jnémc  qui  reconnoît, 
tout  Apôtre  qu*iî  eft ,  qu'il  fait  le  mal 
qu'il  ne  veut  pas?  Le  jufle  tombera 
fept  fois  par  jour,  il  tombera  même 
feptantefeptfois  i  &  la  vûë  feule  d'un 
Barbare,  lamenacefeuled'un Tyran,  Pomû 
la  crainte  feule  d'un  Bucher,fans  coup  ïoxus. 
férir,  feratomber desOrigenes,  des 
Marccllins  ,  &  des  Crammers  ,  les 
plus  excellensferviteurs  de  Dieu. 

Le  Rofcau  croit  dans  les  eaux,  & 
s'y  conferve ,  ce  qui  fe  peut  en  quel- 
que façon  dire  de  TEglife  dejéfus- 
Chrift.  Elle  fe  trouve  engagée  au  mi- 
lieu des  eaux  y  comme  le  fut  l'Arche 
de  Noé  dans  le  déluge,  c*eft-à-dire 
félon  le  ftile  de  l'Ecriture,  au  milieu 
des  peuples  &  des  puifîànces  de  la  ter- 
re. Les  goufres  6c  les  abimes  la  mena- 
cent 


Extd. 
14.12 


400  -Le  Roseau  Casse' 

cent  à  droite  &  à  gauche  i  comme  fi 
*  rent  les  eaux  delà  Mer  rouge pen 
danc  le  palTage  d'Ifraël.  Les  eaux  lu 
viennent,  comme  au  Prophète Ezc- 
4-  y-  chiel,  tantôt  j  ufqu*à  la  ceinture  ôc  tan- 
tôt jufqu'à  la  gorge ,  Scelles  fedébor- 
dentfur  elle  tout  d'un  coup  comme 
un  torrent.  Les  élus  de  Dieu  fe  trou- 
vent en  ce  monde  fur  cette  il/^'r  qui 
eft  comme  deverre>  reprefentce  en 
jifte,  la  Vifion  myftérieufc  de  St Jean ,  Mer 
M  »-  pleine  d'écumes,  de  profondeurs,  & 
demonftres,  &  dont  les  eaux  n'exha* 
lent  que  matière  de  corruption  &  de 
puanteur.  Mais  quelque  marée, 
fes que  foyent  ces  eaux,  cesadmira^ 
bles  rofeaux  ne  lailfent  pas  d'être 
pleins  d'un  fucdoux  &  falutaire,  l  ue 

3ui  les  preferve  de  la  corruption  & 
e  la  mort. 

Auiïl  voit-on  que  les  rofeaux  font 
continuellement  démenés  du  've7it^U 
agités  fans  celTe,  comme  il  eft  dit  de 
JeanBaptifte,  ôcc'eft  encore  là  un  vé- 
ritable Emblème  du  Fidèle.   Il  eft  ra- 


11.7. 


rc- 


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Soutenu.  SUR. EsAi. Ch.  42.  5.  401 

rement  (ans  quelque  agitation ,  il  y  a 
toûjours  quelque  vent  quilepoqiïe 
d*un  côté  ou  d'autre:  c'eft-à-dire , 
qu'il  y  a  toûjours  quelque  crainte  qui 
le  poflcde,  quelque  violence  qui  le 
heurte  ,  quelque  inquiétude  qui  le 
travaille ,  quelque  paffion  qui  le  tour- 
mente, ou  quelque  orage  qui  le  me- 
nace.   Toute  fa  vie  n'eft  qu'une  fuite 
de  troubles  &  d'agitations ,  ou  le  pre- 
fent  l'inquiète  ou  bien  l'avenir  ,  ou 
fonefpritne  fe  donne  point  de  repos, 
ou  fon  corps  fe  fatigue,  ou  fespaf- 
fions  l'agitent ,  ou  fes  maux  1  acca- 
blent ,  ou  bien  des  tentations  le  trou- 
blent j  comme  ce  pauvre  démonia- 
que dans  l'Evangile,  il  fe  voit  jetté 
tantôt  dans  le  feu  d'une  ardeur  cuifan- 
te ,  tantôt  dans  l'ean  d'une  froideur 
criminelle.    Il  voit  bien  avec  Iflacar 
que  le  repos  eft  bon ,  &  plaifant ,  mais 
il  fçait  qu'il  ne  le  trouvera  que  dans 
fa  mort.    En  effet  le  rofeaunciQXQ- 
pofe ,  qu'après  avoir  été  coupé  & 
couché  lur  la  terre,  &  il  en  eft  de  mê- 
me 


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145  G  34 


402   Le  Roseau  Casse* 

me  du  Fidèle.  Heureux  quand  1; 
mort  avec  fa  faucille  tranchante  1< 
couche  dans  le  tombeau,  puis  qu^- 
\oTS  il fe  repofe  de fes  travaux  ^  &qm 
fes  œuvres  y  fafoy,  fa  charité,  fapa- 
tience ,  &  fa  confiance  le  fuivent. 

Vous  fçavez  tous.  Chers  Frères, 
que  le  rofeauafes  parties  foibles,  & 
qu'il  en  a  d'autres  qui  font  vigoureu- 
fes,  comme  le  font  ces  nœuds  que  la 
nature  y  forme,  &  qui  le  foutien- 
nent.  Le  Fidèle  eft  compofé  de  ces 
deux  fortes  de  parties:  la  Chair  cft  fa 
partie  foible,  ^  qui  ployé  aifément , 
ou  à  la  vue  de  quelques  Jicles^  de 
uelques  lingots  à!oT^  ou  aux  attraits 
'une  Bathféba ,  ou  aux  apparences 
d'un.  Je  te  donnerai  les  Royaumes 
du  monde,  ou  aux  approches  de  ces 
Inquifiteurs  qui  luy  difcnt,  u'es  tu 
pas  auflî  un  difciple  de  Jéfus?  Mais 
ï'Efprit&la  Grâce  forment  comme 
un  nœud  qui  le  renforce,qui  le  fait  rc  • 
fifter  à  la  tentation  ;  ou  bien  qui  le  re- 
dreflè ,  après  qu'il  a  été  fecoùé ,  agité, 

6c 


Soutenu.  SUR.  EsAi.  Ch.  41. 3-  403 

&  prefque  mis  bas.  Magra.ce  tefuf- 
fit  y  &  ma  puijfance  s'accomplira  en 
ton  infirmité.  Car  ce  que  le  roleau  cft 
de  fa  nature ,  droit  &  portant  fà  tige 
en  haut,  le  Fidèle  Teft  par  la  feule 
grâce,  mais  avec  cette  différence, 
que  fi  la  racine  d'un  rofcau  tient  à  la 
terre,  celle  du  Fidèle  ne  tient  que 
dans  le  Ciel. 

Les  rofeaux ,  comme  vous  le  fça» 
vez  encore,  ne  font  jamais  feuls,  ils 
fe  trouvent  plufieurs  enfemble  ,  & 
dans  leur  foiblefTe  ils  fe  foutiennent 
mutuellement.  N'eft  ce  pas  encore 
là  Tirnage  des  Fidèles,  &  des  mem- 
bres de  Jéfus  Chrift.^  L'Eglife  a  com- 
mencé par  douze  fpiblcs  Apôtres,  & 
depuis  elle  n*a  ètè  qu'une  fociccé  fain- 
tc,  qu'un  troupeau  de  brebisa  qu'un 
aifemblage  d'élus  de  Dieu ,  qu'une  fa- 
mille compoféc  de  plufieurs domefti- 
qucs ,  ou  qu'une  Ecole  formée  de  plu- 
fieurs difciples,  La  violence,  il  eft 
vrai,  les  dtvife  fouvent  en  Jacob  ^^"ç, 
les  rend  épars  en  Ifraél ,  témoin  la 

pre- 


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Matth. 
27.29. 


II.  5y. 


404   Le  Roseau  Casse* 

première  difpofition  des  Apôtres  pe 
de  temps  après  l'afccnfiondu  Filsd 
Dieu.    Mais  cependant  le  lien  de  1; 
charité ,  même  dans  cette  difperfion 
lesétreint,  un  même  efprit  les  lie,ui 
même  intérêt  les  joint,  un  même 
Maître  les  gouverne,  &  après avoii 
été  difperfez  fur  laTerre ,  ils  font  en 
fin  réunis  dans  le  Ciel.    Et  fi  vous  li- 
fez,  peuple  Chrétien,  dans  THi- 
fl:oire  de  la  paflîon  dejéfus  crucifié , 
qu'un  rofeau  fut  misen  fa  main  droi- 
te, que  fignifioit,  je  vous  prie  ce  ro- 
feau ^  N'eft-ce  pas  fon  Eglife  qu'il 
tient  en  effet  en  fa  main  droite ,  qu'il 
fauve  par  le  mérite  de  fa  croix,  qu'il 
gouverne  par  fi  fagefie,  qu'il  fou  tient 
par  fa  vertu,  qu'il  confole  par  fon 
Efprit ,  &  finalement  qu'il  change  en 
un  rofeau  à'or  ,  comme  il  eft  repre- 
fenté  dans  l'Apocalypfe  :  Celui  qui 
parloit  à  moi  dans  la  cité  triomphan- 
te ,  avoit  un  rofeau  d'or  en  fa  main  tou- 
te puijfante. 
Il  eft  vrai  qu'aie  bien  confiderer , 

les 


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Soutenu.  surEsai.  CH.42.5.  4of 

lies  impies  &  les  profanes,  même  les 
plus  puiflkns  Monarques,  &  les  plus 
redoutables  Tyrans  5  ne  font  aufli  que 
des  rofeaux  j  Foibles  rofeaux,rofeaux 
fragiles,  rofeaux  qui  fous  une  belle 
apparence  trompent,  q\i'i  percent  la 
main  de  ceux  qui  s'y  appuyent,  qui 
font  dans  une  agitation  continuelle, 
qui  n'ont  rien  de  ferme  ni  de  ftable, 
que  le  moindre  vent  ébranle  comme 
la  feuille,  &  que  la  moindre  traverfe 
abbat  &  renverfe.  Mais  ils  ne  font 
>as  néanmoins  d^ccsrofeaux y  dont 
fparle  ici  le  Prophète  ,  à  fçavoirde 
ces  rofeaux  caffez,  >  ou  froifle/ ,  &  par- 
fois brifezen  quelque  façon.  De  fait  au 
lieu  que  le  prophanc  s'endurcit  à  la 
voix  de  Dieu ,  qu'il  demeure  rebelle 
à  fes  ordonnances ,  inflexible  à  fes  ju- 
gemens  ,  infenfible  à  fes  bienfaits, 
ingrat  à  l'es  délivrances,  le  Fidèle  eft 
d'une  toute  autre  condition ,  il  eft 
tendre  comme  un  roieau  ,  il  eft 
flexible,  &  de  la  forte  il  kcajf/e  zifé- 
ment.    Ge  pauvre  rofeau  eft  tendre , 

à  la 


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4o6    L  e  Roseau  Casse' 

#y:ii9.  ^    ^?^^     menaces  &  des  jugemen 
120.    du  Ciel,  ma  chaïr  a  friffomé  à  eau 
fe  de  ta  frayeur^      fay  redouté  te 
jugemens  :  il  eft  tendre  au  fou  venir  d 
fes  promcfles  &  de  fes  gratuitez  ;  /, 
m'as  attiré  avec  des  cordeaux  d' huma 
nité^  à*  par  des  liens  d'amitié  :  il  ci 
tendre,  6c  cède  aifémentaux ordon 
nances  de  Dieu  ,  Seigneur  que  veu^ 
%f,%<i.  Pf^ff^'  f écouterai  ce  que 

9.  *    dira  l'Eternel:  il  eft  rendre  aux  châ 
^  timens  dont  Dieu  le  vilîte,  je  porte 
19?  ^  tai  P indignation  de  P Eternel,  j e  f rap 
perai  fur  ma  cuiflè ,  j  ai  été  honteux  & 
confus  :  il  eft  tendre  auflîàla  pitié  & 
àlacompaflîon,  cgmme  le  fut  lécha- 
iHCAo,  ritable  Szmzvitzin  y  ému  de  tendrejffei 
la  vûè  d'un  trifte  Se  d'un  déplorable 
objet,  oucommc  lefutJéfusChriftà 
la  vue  d'une  ingrate  Jerufalem,  lors 
que  defcendant  de  la  Montagne  des 
oliviers 5  cette  malheureufe  ville pa- 
j^yj.  toute  à  fes  yeux. 

Ha!  que  le  Prophète  avoit  grande 
raifondenous  reprefenterie  Fidèle, 

corn- 


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Soutenu,  sur Esai.  CH42. 3.  407 

comme  un  rofeau  cajfe.  En  effet,  plus 
la  Grâce  le  diftingue,  plus  aufli  il 
plaît  à  la  Providence  de  le  cajfer ,  3c 
c'cft  ce  que  font  en  premier  lieu 
les  affligions  ,  qui  navrent  Tefprit, 
qui  attcndrificnt  le  cœur,  &  qui  en 
arrachent  des  plaintes  6c  des  (anglots. 
La  fouvcrainc  fagefle  a  mille  mar- 
teaux pour  ca(fer  l'homme,  &  mille 
indrumens  pour  abbatre  le  cœur  hau- 
tain, pour  brifer  le  cœur  endurci, 
pour  humilier  TorgueiUeus  ,  pour 
réveiller  le  ftupide  ,  pour  ranger  le 
rebelle,  ôc  pour  attendrir  le  plus  in- 
fcnfiblc.  Il  n  ell  pas  même  toujours 
néceflaire  que  le  Ciel  s'arme  de  fou- 
dres &  de  tonnerres,  que  la  Mer 
IiaufTc  fes  vagues,  &  ouvre  fes  abîmes, 
que  l'Air  ne  Ibit  que  feu  &  que  venin  , 
que  laTerrene  réponde  ni  au  fro- 
ment ,  ni  au  vin ,  ni  à  l'huile ,  que  les 
Montagnes  tombent ,  ou  que  les  Co- 
teaux fe  renverfent  fur  des  hommes 
criminels ,  ou  bien  que  de  grandes 
Balaines  engloutiflènt  desJonas,c'eft- 

à-di^ 


---f  ■fi^'^■:^^rx■■ 


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■  4^8   Le  Roseau  Casse' 

I  à-dire  que  les  Puiflans  de  la  terret 

faififlent  de  nos  perfonnes»  de  nos  ei- 
fans,  denosmaifons,  &denoshér 
tagcs.    Dieu  comme  s'Ufejoùoitd 
riiomme  employé  fouvent  les  chofe 
les  plus  foibles&les  plus  abjeftc 
pour  le  calTèr  :  On  a  vu  l'aiguillon  d*i 
ne  mouche ,  la  produftion  d'une  ver 
mine ,  la  morfure  d'un  vil  animal,dc 
armées  de  hanetons&defaucerelies 
par  fois  même  un  cheveu,  un  grain  d 
lable,  un  égratignure  cafîer  lespiu 
fuperbesRois,  ouïes  corps  les  plu 
robuftes.  Et  combien  fouvent  helas 
l'homme  eft-il  ingénieux ,  à  fe  metrn 
foi-même  en  état  d'homme  cafle,  oi 
en  un  état  de  compalîîon  6c  de  doléari 
ce  5  l'un  par  quelque  envie  recrét< 
qui  le  ronge,  l'autre  par  une  ambi- 
tion exceflive  qui  le  poflede,  oupai 
une  avarice  infatiable  qui  le  maitrife . 
ou  par  un  mifcrable  chagrin  qui  k 
confume,  ou  par  une  colère  violente 
qui  le  cdSïhcovamQXxnvailJeaudepo- 
tieti  Et  c'eftainfi  que  chacun  a  chez 


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Soutenu.  SUR  Es  AI.  Ch.  42. 3'  4^9 

foi  bien  fouvent quelque  inftrument 
domcllîque  prppreàlecaflèr  :  Car  il 
ne  faut  pas  douter  que  Noé  n'aie 
cftc  bien  plus  touché  de  la  conduite 
criminelle  d'un  de  les  Enfans  ,  ou 
Job  dcbinfultcs  de  fa  propre  fem- 
me ,  ou  Abigail  de  la  folie  de  fon 
propre  mari  Nabal,  ou  David  de  la 
rébellion  de  fon  bien-aimé  Abfalom, 
ou  le  Fils  de  Dieu  même,  dclatra- 
hifon  de  fon  propre  Difciplejudas, 
qu'ils  ne  Tauroient  été  de  toute  autre 
atteinte. 

Mais  en  ce  fens  il  n'y  a  point 
d'homme,  il  n'y  a  point  même  de 
profane  qui  ne  puiflc  ctïcunrofeau 
cn(l^^'  il  ne  fullît  pas  que  Dieu  nous 
caM„  '>u  nous  brife  par lesafHiftions. 
Cette  froiiïïire  en  doit  produire  une 
autre.  Ce  n'eft  encore  là  qu'une  con- 
trition de  la  chair  &  de  l'homme  fen- 
fuél.  Pharaon  auflî  s'afflige  pour  la 
perte  de  fon  premier  né ,  l'il'raël  char- 
nel foupire  àcaufc  de  fa  fervitude, 
Achab  déchire  fes  vétemensàlamc- 

S  nace 


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4IO   Le  Roseau  Casse' 

nace  du  Prophète  Elie,  &Nabale 
épouvanté  à  la  nouvelle  delacolér 
de  David.    Mais  avec  tout  celaleu 
cœur  n'en  eft  point  cajfé ,  au  lieu  d*hu 
miliation  il  n'y  a  que  dépit,  au  lie 
de  contrition  il  n'y  aque  chagrin,  a 
lieu  de  prières  il  n*y  a  que  murmure: 
La  chair  crie  bien ,  comme  le  fait  Phs 
raon  pendant  les  playes  i  fay  pe 
'  ché  ace  coup l'Eternel  eft  jujle ,  mai 
peu  après  le  cœur  fe  roidit,  qui 
P Eternel  quefobeïffe  à  fa  voix ,  &  l'oi 
dit  à  fes  meflagers,  donnez,  njomga) 
de  de  voir  plm  ma  face  !  Il  faut  don 
que  la  lancette  du  Chirurgien  entre  ^ 
que  la  fonde  aille  bien  avant  pou 
produire  un  effet  falutaire ,  il  faut  qu 
que  les  mottes  endurcies  dececœu 
fbyent  tout-à-  fait  caflées ,  afin  que  1 
femence  de  la  régénération  y  entre  t 
y  gQrme.  Il  faut  des  ouvertures  dan 
nôtreame,  comme  celles  quifefon 
dans  nôtre  corps ,  pour  donner  Teflo 
à  un  mauvais  fang&  à  de  mauvaife 
halenées:  Aufli  par  les  ouvertures  qu( 

fon 


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Soutenu.  surEsai.  CH.42.;^.  411 

tbntdcschàcimens  &  des  épreuves  , 
Dieu  fait-il  exhaler  &:tranrpirer  dans 
lesElûsce  quis'oppofoità  la  parole 
de  fa  grâce.  Et  l'Enfant  prodigue 
n'eil  point  capable  de  reconnoîtrc 
qu*ilfait  bon  dans  la  maifon  defon 
Pére,  &  combien  lepainy  eftfavou- 
reux,  qu'après  avoir  mangé  dans  un 
pays  étranger  les  gouflcs  dont  fe  re- 
paiflent  les  pourceaux,  &  avoir é- 
prouvé  ce  que  c'ell  que  la  pauvreté  & 
la  difettc. 

Aufîî  pour  eftre  véritablement  7m 
rofeaiicajje ^  il  fautquelque  chofede 
pius  que  le  marteau  des  afflictions. 
Ces  coups  de  dehors  doivent  péné- 
rer  bien  avant  dans  TEfprit ,  &  dans 
le  cœur,  avec  Taide  de  la  grâce.  Je 
dis  premièrement  dansTEfprit,  qui 
eft  cette  partie  de  nôtre  Ame  qui  ima- 
gine, qui  aperçoit,  &  qui  juge,  & 
alors  refprit  eft  cafte,  quand  il  con- 
noîtdiftinftement  Tes  crimes  &:  fa  mi- 
ërc.  C'eft  ce  que  l'Ecriture  Sainte 
pelle  être  pauvre  en  efprit ,  &  hum- 

S  2  ble 


■jprc. 


Am- 
biii:  de 
1.1  Chi- 
ne. 


41 X    Le  Roseau  Casse' 

ùle  d'efprit.    Car  tandis  que  l'Ange  fc 
dit  à  loi-même  ,  />////>  riche &je  n'a) 
faute  de  rien  -,  tandis  que  ce  Pharifien 
fc  juftifie  5  je  ne Juis pas  comme  ce  'Pea- 
ger-y  tandis  que  le  cœur  nousditj 
comme  le  le  difoit  St.  Paul ,  mais  dans 
un  autre  fcns,  je  ne  me  fens  en  rien 
coupable  -,  Sz  tandis  que  Thomme  fe 
diilingue  par  foi-mèmc ,  par  ion  mé- 
rite, ^  par  fa  naiffance,  comme  ces 
Indiens  au  ficcle  paflë,  qui  ne  vou- 
loienc  point  être  baptizés  de  la  même 
eau  que  le  refte  des  Chrétiens ,  aflliré- 
ment  ce  n'cil  pas  là  le  caraftére  d'un 
rofeau  caflé.    Mais  bien  en  eft-ce  un  , 
lors  que  le  péché  fe  prefente  à  un  Péa- 
ger  ou  à  un  David ,  avec  tout  ce  qu'il 
a  de diftorme&:  de  criminel;  ou  lors 
que  rhomme  détefte  avec  Amnon, 
mais  par  un  principe  différent ,  même 
l'inllrument  de  Ion  crime  j  ou  lors 
que  le  Prodigue  fe  rcconnoît  très  in-ti 
digne  même  d'être  appeité  Icnfant 
d'un  fi  bon  Perc  ;  ou  lors  qu'avec  un 
Paul  le  fidèle  avoue  qu'en  fa  chair  il 

ny 


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Soutenu.  surEsai.  CH.42.3.  41J 

y  habite  aucun  bien^  &z  qu'il  cû/e  ^. 
premier  des  pécheurs.    Celalçai-je,  '  m- 
difoit  un  faux  fage  de  l'Antiquité,  que 
je  ne  fçai  rien ,  ce  qu'il  avoit  apris  d'A- 
gur,  îln'y  am  moy  aucune  fctencei  prov. 
Mais  en  ce  cas-cy  le  fidèle  s'écnc^cela  ^• 
fçay  ■  ce  que  je  ne  fuis  rien ,  ou  que  je 
ne  fuis  qu'un  miférable  ,  chargé  de 
crimes ,  ôc  accablé  de  remors. 

Mais  ce  n'eu  pas  encorda  tout  ce 
qui  fait  un  rofeau  cajfe.  Jl  faut  en-fui- 
te que  le  cœur,  le  liège  de  nos  affec- 
tions &  de  nos  mouvemens ,  foit  tou- 
ché d'un  fentimenc  vif  defamiféreôc 
de  fon  néant,  &  d'une  trijlejje félon 
Dieu.  Et  qu'appcllons-nous  trillef- 
fe  félon  Dieu  ?  Ell-cc  le  déplaifir  que 
caufent  les  intérêts  du  monde,  des 
biens  enlevez,  une  maifon  renver- 
fée,  un  vaifléau  perdu ,  une  fan  té  af- 
foiblie  ,  une  réputation  bleflee,  ou 
des  enfans  fauchez  ?  Ils  crieront  de  la  ^'1'^ 
douleur  qu'ils  auront  au  cœur  ,  difoit 
le  Prophète  d'un  Peuple  reprouvé, 
(s;  heur  1er  ont  pour  la  froijfeurede  leur 

S  3  efprit. 


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7 


414    Le  Roseau  Casse' 

efprit.  Eft-ce  une  douleur  qui  va  juf. 
qu*au  defefpoir  &  jufqu'à  la  fureur 
Ma  peine  ejt  plus  grande  que  je  ne  puù 
porter  ^  dit  le  malheureux  Gain  :  dé- 
gaine ton  épee  &  me  tranf perce ,  di  c  le 
defefperé  Saùl  j  je  tuerai  un  homme  ^ 
moy  étant  navré  dit  un  emporté  La- 
mechi  &  rinfortuné  Judas  ne  fe  con- 
tente ipzsdejetter  là  fon  argent ,  ou  de 
rejetter  fon  péchc»  &  feserpéranccs 
trompeufes,  en  quoi  il  auroit  fait  fa- 
gement ,  mais  le  traître  précipite  fon 
corps  &  fon  ame  dans  le  dernier  de 
tous  les  malheurs.  Eft-ce  être  caffé 
comme  il  le  faut,  que  de  crier d  un 
cri  amer  comme  fit  Efaù ,  ou  que  de 
poufler  des  plaintes  8c  des  reproches , 
même  contre  la  Providence,  comme 
le  fit  un  Pompée  après  la  bataille  de 
Pharfale  ;  ^leu fer  oit  il  avec  nous  ?  T 
auroit'il  intelligence  au  Souverain? 
Eft-ce  afles  encore  d'être  atrifté  pour 
une  heure,  par  un  mouvement  con- 
traire à  celui  des  auditeurs  de  Jean 
Baptifte ,  vom  aves  voulu  vous  égayer 

pour 


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Soutenu. SUR  Esai.Ch.42.  3-  41  f 
four  une  heure-^  pour  un  peu  de  temps? 
C*ett  delà  forte  que  Saùl  fut  touché 
de  tendrelTe  pour  quelques  momens , 
fCeft'Ce  p^s  là  ta  voix  mon  fils  ^David,  J^^*'7; 
^  Saiil  élevant  fa  voix  pleura. 

Vous  comprenez  aflez  5  Peuple  Fi- 
dèle, que  rien  de  tout  cela  ne  diftin- 
guc  une  véritable  froifîure.  Ce  n'en 
cft  pas  auflî  route  la  marque  que  de  dé- 
chirer les  vétemens,  lans  déchirer  le 
cœur,  de  vérir  le  fac ,  fans  vêtir  la  ro- 
be de  i u  ftice ,  d'élargir  les phyla^feresy 
fansélargir  le  cœur  en  repentance& 
aumônes,  ou  bien  de  courber  la  the^"^' 
comme  le  jonc  ^  ou  comme  lerofeau, 
fans  dénouer  les  liens  de  méchanceté. 
Un  rofeau  cajje  c'eft  un  cœur  affligé, 
un  cœur  dolent,  mais  d'une  douleur 
des  plus  cuifantes  &dcs  plus  vives  , 
non  pas  pour  le  mal  que  Dieu  lui  fait , 
mais  pour  celui  qu'il  a  fait  contre 
Dieu ,  non  pas  pour  les  fouffrances  du 
corps,  mais  pour  le  trifte  état  de  fon  a- 
me,non  pas  de  ce  que  les  Caldéens  ont 
Igivi  fcsbeftiaux  ou  fon  argent,  mais 

S  4,    '  de 


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"Mat  th. 
15.19. 


4i<>    Le  Roseau  Casse' 

de  ce  que  le  Mauvais  a  ravi  de  foi 
cœurla  femence  de  lagrace.  Unpé 
nitentde  cette  forte  ne  tient  aucui 
conte  ni  de  l'argent  qu'il  a  dans  fe 
côfres,  ni  du  rang  qui  le  diftingut 
dans  le  monde,  ni  des  honneurs  qu 
l'y  élèvent,  ni  des  amis  qui  l'y  caref- 
fent,  ni  des  délices  dont  i!v  abonde 
Il  voit  que  tout  cela  ne  peut  ni  con- 
tenter fon  elprit,  ni  apaifer façon- 
fcience,  ni  calmer  fes  inquiétudes; 
ni  retarder  fa  mort,  nidéfarmerla 
jufticeduCiel.  Ilnefc  fouvientquc 
des  bienfaits  de  fon  Dieu  qu'il  a  fi  peu 
reconnus,  que  des  devoirs  envers  ce 
bon  Pere  qu'il  a  fi  peu  obfervez  ,  que 
delà  CroiK  de  fon  Sauveur  qu'il  a  fi 
peu  méditée,  que  de  l'Efprit  de  la 
Grâce  qu'il  a  contrifié  fi  fouvent ,  que 
des  promefTes  de  l'Evangiledont  il  a 
fait  fi  peu  de  conte,  que  des  jugc- 
mens  de  Dieu  qu'il  s'eft  attiré  fi  juge- 
ment ,  &  que  de  ces  ténèbres  atVreu  fes 
où  il  mérite  d'être  jette  pour  jamais. 
Et  c'eft  à  ces  reflexions  falutaires, 

qu'un 


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SouTFNU.  surEsai.Ch.  42»  3-  417 
qu'un  pauvre  rofeau  fe  ca(fe,  que  Ion 
amc  eft  percée  de  douleur,  quefon 
efprit  devient  amer,  quefon  cœur  fc 
fond,  que  fcsosfe  brifenr,  que fes 
entrailles  bouillent  ^  mon  ventre  y  mon  7'''':. 
Vuentre  !       fa  maigreur  s' eleve  contre  ' 
lui  y  &  que  (es  yeux  deviennent  com- 
me unelburce  ou  comme  un  ruifleau 
d'eux:  Alors  un  Manaflë  (^^angoiffé e7i 
fonamey  un  David^/:?^z?;?^enfongé- 
miflèmcnt,  un  VyLéc\\\2is  gro?nrnelle 
comme  la  grue    gémit  comme  le  pi- 
geon ,  un  Pierre  fanglottc  &  pleure 
ameremcnjty^  la  Fille  de  Sion  crie  dans 
fon  amertume ,  Regarde  6  Eternel  car  \T'  ^' 
je fuis  en  dctrelfe^  regardez  tom  s'il  y 
a  douleur  comme  ma  douleur  s  Ma  caf-  /,.^. 
fure  eft  plus  pefante  que  le  gravier  de 
la  mer  j  Malheur  fur  moi  parce  que  je 
7f  ai  fait  qu'être  rebelle. 

C'eft ,  Mes  tres-chcrs  Frères,  à  cet- 
te forte  de  rofeaux  que  s'adreflela 
promelfe,  îlne  brifera  point  le  ro- 
feaucaffé.  LeProphéte  parleafTuré- 
.ment  du  Meflie  dés  l'entrée  de  ce 

S  5  Clia.- 


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418    Le  Roseau  Casse' 

Chapitre,  &  il  en  découvre  les  mer 
veilles  par  une  faillie  admirable,  6 
avec  un  élancement  célefte.  Ilcom- 
,  mence  par  un  Voici  ^  que  l'Ecriture 
n'employé  jamais  que  pourmoncrej 
les  biens  de  la  grâce  j  &  par  là  il  réveil 
le  la  foi  5  il  enflamme  les  défirs  du  peu 
plejuif,  &il  leur  représente  Chrid 
déjà  comme  aux  portes  de  Jerufilcm 
11  rappelle  le  Serviteur  de  Dieu ,  pai 
excellence ,  qui  revétiroit  la  forme  dt 
ferviteur^  tout  Maître  qu'il  eil,  &  un 
Serviteur  r/f/,  quiferoit  nonpai 
de  fa  nature ,  mais  par  eh  cuon  élu  en- 
core non  pas  des  hommes ,  ni  des  An- 
ges 5  mais  élû  de  Dieu.  Efaie  le  repre- 
fente  comme  celui  que  Dieu  main- 
tiendrait 5  par  fa  puifîàncc  &  par  fa 
grâce  >  tant  en  la  perfonne  de  ce  Ser- 
viteur 5  qu'en  celles  de  fes  Frères 3 
tant  enfà  mort,  quapres  la  mort. 
C'étoit  encore  celui  en  la  Jullice  du- 
quel Vame  de  l'Eternel  prenait  fon  bon 
plai/ir^  non  point  dans  lefangdes 
viftimcs,  ni  dans  la  chair  des  facrifi- 

ces, 


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Soutenu,  SUR  Esai.Ch.42.  3-  4ip 

ces,  ni  dans  les  obfervances  de  la 
Loi.  C'étoit  celui  en  qui  Dieu  w/^'^- 
troit  fon  Efprit^  un  Efpritdefapien- 
ce&delumiére,  comme  devant  être 
Prophète ,  un  Efprit  d'humilité  &  de 
patience,  comme  devant  être  Sacri- 
ficateur, un  Elpritdepuiflance  &de 
force,  comme  devant  ctre  Roi.  C'é- 
toit  celui  qui  mettro'tt  en  avant  le  ju- 
gement le  jugement  de  Dieu  contre 
le  péché ,  mais  auflî  contre  les  incré- 
dules, &  les  rebelles,  &  il  devoir  le 
mettre  en  avant  aux  Juifs  ,  mais  fur 
lowt aux  Nations.  C'étoit  cçlmqui 
ne  crier  oit  points  &  ne  fer  oit  point 
ouïr  fa  voix  dans  les  rues  ;  C*cfl:-à-di- 
re  qui  ne  fcroit  point  ouïr  une  voix 
qui  crie  vengeance,  une  voix  qui  ef- 
fraye &  qui  porte  à  lafédition  &au 
trouble,  une voixd'oftentation&dc 
vanité,  beaucoup  de  bruit  &  peu  d'ef- 
fet, ou  enfin  une  voix  d'impatience 
ou  de  defefpoir  ?  comme  a  été  celle 
des  Caïns  &  des  Efaùs ,  car  // n^  a  point 
ouvert  fa  bouche^  &  il  a  été  comme  une 

S  6  brebis 


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vie  de 

Sixte 

Y. 


420   Le  Roseau  Casse' 

brebis  muette.    C'écoic  celui  qui  ne  j 
haufferoit point  par  orgueil ,  par  fierré 
ou  par  ambition  ,  devant  s'anéantir j  , 
mêmes  bien  différent  delbn  prérendi 
Vicaire,  &  nommément  de  Sixte  V 
auficclepafle,  qui  avant  la  dignité  Pa 
pale  ne  marcha  ç\ut\^tètebai([ée ,  re 
gardant  toujours  vers  la  terre  ,  mai 
aufïî  qui  dés  le  moment  de  fon  exalta 
ùonfe  hauffant  orgueilleufement ,  ne 
marcha  plus  que  la  tête  levée,  difanc 
qu'il  n*avoit  plus  que  faire  de  febaiflèr, 
ayant  trouve  les  C/^/>  qu'il  cherchoit 
depuis  tant  d'années.    Enfin  c'ccoit 
ce  charitable  MefTie ,  qui  après  fa  ve- 
nue ,  comme  Tajoute  le  Prophète  dans 
les  paroles  de  mon  texte,  nebri/eroit 
point  le  rofeaucajfe,  &  par  une  autre 
comparaifon  qui  dit  la  mêmechofe, 
TÛéteindroit point  le  lumignon  fumant , 
Je  difois  tantôt  que  c'eft  la  malice 
propre  du  Diable,  le  vice  propre  des 
Pharaons  &  des  Tyrans ,  de  fouler  ceux 
qui  font  brifez ,  d'accabler  ceux  qui 
font  chargez ,  de  terraffêr  ceux  qui  font 

ha^ 


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Soutenu. SUR.  EsAi.CH.42.  3.  ^21 

liaraffez,  de  précipiter  ceux  qui  chan- 
celknt ,  de  porter  au  delefpoir  ceux  qui 
font  en  douleur.  Ces  impitoyables 
prennent  plaifir,  comme  cela  s'cftvû 
dans  Thgypte,  dédoubler  la  tâche  de 
ceux  qui  n'en  peuvent  plus,  ou  comme 
fit  cet  homme  riche  dans  la  Parabole  de 
Nathan,  d  oter ^«  pauvre  homme  la 
feule  brebis  qui  lui  relie,  oucommefi- 
rent  les  meurtriers  de  JéfusChrift,  de 
charger  un  dos  foible,  un  corps  épui- 
féparlcs  veilles&par  les  foufFrances, 
d'une  pefanre  croix.  Mais  que  la  con- 
duite de  ce  bon&dececharitable  J>r- 
a^/Vr//r  dcvoit  étredinemblableà  celle- 
là  1  II  ne  brtfcra point  le  rofeau  caffé. 

AuHi,  Peuple  Fidèle,  devoit  il  ve- 
nir comme  unMeflàger  depaix,  pour 
publier  la  délivrance  aux  captifs,  com- 
me un  Médecin  pourguérir  ceux  qui  fe- 
roient  malades ,  comme  un  Chirurgien 
pour  bander  ceux  qui  auroicnt  la  jambe 
rompue,  comme  un  pitoyable  Sama- 
ritain, pour  verfer  de  l'huile  du  vin 
ans  nos  playes.    Il  avoir  paru  fous  la 

S  7  Loi 


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Exod. 
«0.19. 


Heb. 


Ce».  34 


<?e».i4 
16. 


4.  ç. 


Huth. 


42X    Le  Roseau  Casse' 

Loien  forme  de  Legiflateur ,  pourin- 
fpirer  de  la  crainte,  que  "Dieu  ne  parle 
point  avec  nom  y  diloic  le  Peuple  tout 
effrayé.  Il  avoir  paru  en  forme  de  Maî- 
tre pour  commander,  &  en  forme  de 
Juge  pour  condamner,  &pour  brifei 
fans  aucune  mifericorde.    Mais  fous 
l'Alliance  de  la  grâce  il  dévoie  fe  mani- 
fefter  en  forme  dePére,  qui  choie  fes 
enfans  ,  comme  il  efb  die  de  Jacob 
choiant  les  fiens,  à  la  rencontre  d'Efaii , 
Monfeigneur  ffait  que  ces  enfans fout 
tendres.    Il  devoir  venir  en  qualité  de 
G(?^/oude  Rédempteur  pour  racheter 
fes  proches  parens  de  lafervitude»  & 
.  les  retirer,  comme  Abraham  fit  Lot 
fonfrére^  de  la  captivité,  lldevoitap- 
paroître  comme  un  bon  Frère,  pour 
.  criera  des  confciences  effrayées  »  Ke 
craignez  point  je  fuis  Jofeph  vôtre 
Frère,  Se  \os\)échés  m'ont  vendu  y  ils 
m'ont  fait  venir  ici  pour  vôtre  bien  :  il 
devoit  fe  préfenter  fous  la  ligure  d'un 
Epoux ,  pour  prendre  à  femme  une  pau- 
vre délaiffée ,  &  pour  étendre  Z^*/?^»*/-? 


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Soutenu. SUR EsAi. Ch.  42.  3-  4^3 
fa  robbe  fur  une  chécive  Veuve  ;  Il  dé- 
voie en  qualité  de  bon  Pafteur  cher^ 
cher  la  brebis  égarée,  &  la  charger  fur 
fon  épaule  ,  emblème  que  les  Chré- 
tiens, au  temps  deTertuilien,  &clu  Jj'^^ 
depuis  fous  l'Empereur  Conftantin,  pei-  <ii<^. 
gnoient  même  Tur  leurs  Calices  ,  &  Hift.^' 
reprelcnroient  en  belle  en  des  Lieux 
publics,  en  mémoire  delà  charité  in- 
comparable du  Fils  de  Dieu,    lit  de  là 
vient  que  dans  les  Oracles  l'acrez  il  n'efl: 
point  comparé  à  un  Lion  qui  déchire, 
ou  à  un  Scorpion  qui  tue  par  Ion  aiguil- 
lon ,  mais  auflj  qui  fe  tue  loi- même ,  ce 
qui  eft  Tembléme      la  Mort,  lorsi^^*"*- 
quelle  a  fiché  fon  aiguillon  dans  le  fa-  JV.^^' 
cré  corps  de  Jefus  Chrift.    Mais  bien 
le  voyez-vous  reprcfente  comme  une 
Brebis  qui  eft  débonnaire,  comme  un 
Agneau  qui  eft  doux  ,  commeuneCo- 
lombequieft  fans  ongles  ,  comme  une 
Poule  qui  étend  lés  ailes ,  &  qui  couve 
fespouftins. 

llnebriferapoint\txo{Q2iWz^^é,  Le 
fiilede  Dieueft  très  différent  decelui 

des 


424   Le  Roseau  Casse' 

des  hommes.  Ceux-ci  promettent  pli 
Anti-  qu'ils  n'ont  envie  d'efTeduer ,  témoi 
!)T'  ces  Princes  appelles  les  "Donneurs 
Pe"tL.  c'eft-à-dire  qui  letoienc  deboucheoi 
chtc  de  parchemin,  ou  bien  les  donneurs  ^i*. 
ftoio-  bonnes  paroles.  Mais  Dieu  tout  au  con 
traire  promet  moins  dans  la  Parole 
qu'il  nedonne ,  ou quMl  n'accomplit.  L( 
Prophète  venoic  dédire,  ilnecrierà 
foint,  c'eft-à-dire,  il  fera  muet ,  il  fe- 
ra patient  5  Une fe  hauffera point, c^d- 
à-dire,  il  fera  humble,  il  fera  fournis 
envers  Dieu  &  envers  les  hommes-,  & 
peu  après  //  n'éteindra  point  le  limi- 
gnon  fumatity  ceft-à-dire,  il  augmen- 
tera même  ce  peu  de  lumière  ôc  de  foi  , 
qui  fe  trouve  en  fes  élûs,  quoi  que  mê- 
lé de  fumée ,  de  puanteur ,  6c  de  foiblef- 
fe,  comme  ce  mélange  fe  voiten  un/«- 
mig7ion  qui  fume.    Par  une  même  fa- 
çon déparier,  il  dit  de  cet  adorable 
Aleiïie,  qiCilnebriferafomt  lerofeau 
cafTé,  pour  dire  qu'il  en  aura  compaf- 
fion,  qu'il  le  fuportera,  qu'il  le  fou- 
tiendra,  qu'il  l'affermira  mèoîe  par  fa 
vertu  divine, 


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Soutenu,  SUR Esai.Ch.42. 3- 

En  effet  céc  oracleaété  vérifie  ma- 
gnifiquement en  la  perfonnc  de  Jéfus 
ChrilL  Leconfiderez-vous  comme  un 
Prophète?  ilnyaeu  que  grâce  enfes 
lèvres,  &que  bénédidtions  en  fes  pa- 
roles :  aux  confciences  travaillées  il 
crie  venez  h  moi  y  aux  ames  altérées  il 
crie ,  venez  aux  eaux  y  à  ceux  qui  fe  ju- 
i^ent  pauvres,  qui  ne  font  point  de  ces 
riches  en  imagination ,  ni  de  cespré-j/Zj. 
fomptucux  àqui  Dieu  même  doive  du 
retour  ,  il  crie ,  bien-heureux  font  les 
pauvres  en  effrit.    S'il  voit  des  h om-  n. 
mes  languifians ,  il  les  reftaure ,  s^^il  voie 
des  afiligez  ,  il  les  confole ,  s'il  voitdes 
malades,  illesguérit^  s'il  voit  des  af- 
famés, il  les  repaît;  s'il  voit  des  igno- 
rans,  il  les  infiruir5  s'il  voit  des  éga- 
rez ,  il  les  adrefle  5  s'il  voit  des  Brebis  9.  ' 
éparfes^  il  eft  émeu  de  comp a ff ion  en- 
vers elles.    Et  ce  qui  a  été  dit  de  l'un 
des  meilleurs  Empereurs  qu'on  aitvû 
fur  le  Trône  des  Célars ,  cela  fe  peut  di- 
re avec  bien  plus  de  vérité  du  Fils  de 
">ieu ,  qu'il  ne  renvoyé  jamais perjonne 

fans 


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Jean. 
14.  27. 


416   Le  Roseau  Casse* 

fans  confolation.  Le  confiderez-vot 
auffi  comme  le  Sacrificateur  defonE 
glife  ?  Il  intercède  pour  ceux  qui  le  cru 
cifient,  il  verfe  des  larmes  pour  ceu 
qui  répandent  fon  fang ,  il  pleure  poi 
une  perfide  Jerufalem ,  il  raflûre  un  Bri 
gand  cloué  fiir  une  croix ,  il  fe  met  en 
tre  rhomme  criminel  &  le  Juge  de  tout 
la  terre  9  il  fouffre  la  mort  pour  fes  pro 
près  ennemis,  il  paye  la  rançon  pou 
des  miferables  qui  n'avoientpasun  fei 
quadrain^  &pour  donation  il  laiflTe 
les  Difciples,  en  mourant,  la  charir 
&  la  paix ,  je  vous  laïffe  la  paix ,  / 
vous  donne  ma  paix.    Le  confiderez 
vous  enfin  commele  Roi  de  fon  Peuple 
N'eft-il  pas  véritablement  le  Prince  d 
la  paix,  le  proteâreurdefon  Eglife,  1 
refuge  des  oppreflez  ,  le  mari  des  veu 
ves,  le  pere  des  orphelins ,  ScTappii 
de  ceux  qui  n'en  ont  point  ?  N'eft-il  pa 
bien  plus  que  ne  le  devoit  être  le  Fils  d^ 
ce  Monarque ,  lors  qu'on  le  fit  Cheva 
lier  d'un  Ordre  qui  a  fait  tant  de  bruit 
mais  auflî  tant  de  defordres  >  fçavoi 

L 


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Soutenu.  SUR £sAi. Ch.      ?•  4^7 

le  T^éfenfeuT  de  ceux  qui  ne  (e peuvent 
défendre  eux-mêmes  ?  J'avoue  qu'il 
eftfans  aucune  paillon  dans  l'état  de 
fa  Gloire ,  mais  il  n'eft  pas  pour  cela 
fans  compaflîon  &fansmifericorde, 
comme  il  n'eftpas  fans  reflentir  le 
traitement  qui  cfl:  fait  à  fes  membres, 
Saul ,  Saul ,  fourqtioi  me  perfécutes- 
tu  ?  Et  il  prononce  encore  aujour- 
d'hui, contre  ceux  qui  ne  veulent  pas 
qu'il  régne  fur  eux ,  cét  arrêt  de  mort , 
qui  fe  lit  en  la  Parabole,  &  qui  s'exé- 
cute quand  l'heure  en  eft  venue ,  ame- 
nez'les ,  ér  les  tuïz>  devant  moi  ! 

J'avoue aiiflî,  Mes  Frères,  &  peut- 
être  me  le  dites-vous  fecrétement, 
qu'il  femble  affcz  fouvent  brifer  ce 
ç^u  'ic{\.  cajjé.  Car  de  fait  il  ajoûte  fou- 
vent  coup  fur  coup,  &  playe  fur  playe. 
A  la  perte  que  Job  fait  de  tousfes 
biens  qui  eft  une  perte  des  plus  fenfi- 
blcs,  il  ajoûte  encore  celle  de  fes  en- 
fans  ,  &  de  fa  fanté.  Au  gémiflemcnt 
d'Ifraél  en  Egypte,  il  fait  fuivredes 
cris  qui  montent  jufques  au  Ciel.  A 

l'exil 


Mac- 
tnol. 
P.  II. 

p.  121/ 


19.  27. 


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428    Le  Roseau  Casse' 

l'exil  &  à  la  fervitude  de  l'innocer 
Jofeph,  il  ajoute  uneprifonefFroya 
ble  &  longue.    A  la  fuite  de  Jonas  : 
fait  fuivre  des  goûfres ,  &  un  Monftr 
marin,  qui  l'englouti  ITbn  t.  Etcorr 
bien  fou  vent  plaît- il  à  la  divine  Pro 
vidence  de  joindre  la  difettc  à  un  exi 
la  pauvreté  aux  maladies,  l'ignomi 
nieàl'oppreflîon ,  de  même  quejo 
fepli  voulut  augmenter  l'angoiffe  d 
fes  Frères  5  &  leur  prefenter  un  vifa 
ge  ennemi ,  contrefaifant  l'étrange 
pour  quelque  temps.  Mais  vous  m*a 
vouerez  auflî  que  l'intention  de  ce  dé 
bonnaire  Jéfus  n'eft  pas  dcùriferui 
rofeau  déjà  cafTé,  mais  deriiumilie; 
davantage,  ce  n'eft  pas  pour  le  per- 
dre, mais  c'eftpourie  fauvcr  en  h 
journée  du  Seigneur.    Un  Père  me 
me,  &  un  Pere  afFe£tionné ,  à  quel- 
ques coups  de  fouet  en  ajoutera  de 
plus  rudes  ;  un  Médecin  ajoute  aux 
fouffrances  d'un  malade  des  potions 
améres  qu'il  lui  fait  avaler  i  &  un  Chi- 
rurgien aplique  à  des  playes  aflés  dou- 

lou- 


Soutenu,  sur  Esai.  Ch.  42. 5.  42^ 

oureufes  le  fer  Se  lefeu,  mais  pour 
es  guérir. 

Cependant  je  dois  auflî  faire  cette 
-emarque:  que  celui  qui  ne  brife  point 
iesfoibles  rofeaux,  eft  le  même  qui 
3rife  au  contraire  les  plus  hauts  Cé- 
ircs  du  Liban,  qui  renverfe  les  Ar- 
bres des  forets,  qui  fait  trembler  les 
Monts  les  plus  hauts,  &  quidomte 
les  Taureaux  les  plus  féroces.  II  pré- 
cipite  enfin  des  Pharaons  endurcis, 
&desEdoms  rebelles,  ôcdesNébu- 
cadnézars  idolâtres,  &  des  Antio- 
chus  perfécuteurs,  &c  les  plus  formi- 
dables Colofles  (onti^r/fejZy  quandil  ^  , 
lui  plaît,  par  de  petites  pierres  y  dont  34-  35- 
il  les  frappe  &  les  met  en  pièces.  Ouï , 
Mes  Frères,  Dieu  ^r//<?  enfin  celui 
que  fes  châtimens  n'ont  point  cafle 
fuffifammenti  tôt  ou  tard  il  humilie 
tout  cœur  hautain,  ilfroilîè  toutef- 
prit  endurci ,  il  dompte  toute  affec- 
tion rebelle  :  // abaiiïeiîtfofu'aMx  En^ 
fers  ces  Lapernatims ,  &  ces  Babylones  n.  23. 
quis'élevoient  jufqu'au  C'iqV.  Il  rompt  Y' 

le 


430   Le  Roseau  Casse' 

le  bâton  des  méchans ,  la  verge  des  jD. 
minateurs  j  il brife  les  Forts  fans  quUi 
en  trouve  le  fond ^  ni  même  les  traceî; 
il  marche  fur  ces  ronces  &  ces  épim 
qu'on  luy  oppofe  j  il'froijfe  les  Rois  & 
J'h^'  jour  de  fa  colère ,  &  les  brife  comme  a 
£/ 57.  vaiffeau  de  potier  s  &  enfin  rendai 
Vf.  2.9.  la  pareille  aux  Miniftres  de  la  Grand 
Paillarde ,  il  empoignera  leurs  Enfan,. 
les froiffera  contre  la  Tierre. 
Chers  Frères  en  nôtre  Se 
gneur,  que  les  profanes  ferlent  o 
de  ces  menaces,  ou  de  nos  efpcran 
■Matth.  ces,  ôcnous crient,  Pafteur yr^?^^^ 
^7-68.  tifenousl  Qifils  hochent  la  tête,  l 
qu'ils  difent  de  nous  ce  qui  fut  dit  d 
Matth .  ]  éfus-  Chrift ,  Us  fe  confient  en  Dieu 
qu'il  les  délivre  mai7itenant  !  Qu'il 
s'écrient  avec  ce  Capitaine  incrédul 
Km  deSamarie,  quandmêmel'Eternelfe 
roit  de:  ouvertures  au  Ciel-,  ce  que  ce 
Gens-ci  difent  pourroit-il  avenir?  C 
confolez,  confolez  mon  Peuple,  di 
rEternel,parlcz  àjerulalem  lelon  foi 
coeur,  criez-lui,  que fon  ternes  préfixfe 

n 


2 

7. 19 


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Soutenu.sur.Esai.Ch.42. g.  431 

accomplît  &  qu^ enfin  les  Coteaux  fe- 
ront abaifféS'tque  les  V zlons  feront  com- 
blez, y  que  les  lieux  tort  us  feront  redref- 
(ezy  &  que  les  raboteux  feront  a^p- 
vlanis. 

Admirable  oppofition  entre  le 
Chrift,  &  celui  qui  fe  dit  le  Vicaire 
de  Jéfus-Chrifl:  !  Que  fait  celui- cy 
fur  tout  en  nos  jours  5  fi  ce  n'eft  d'em- 
ployer tous  Tes  artifices  &  tous  Tes  ef- 
forts ,  pour  achever  de  brifer  des 
rojeaux  cajfez ,  &  d^ éteindre  des  lu^ 
mignons fumans  ?  C  étoit  peu  ce  fem- 
ble  qu'on  eût  démoli  des  Temples, 
fermé  des  Ecoles ,  ruiné  des  Maifons , 
envahi  des  Héritages,  &  oté  à  des 
pauvres  Fidèles  la  liberté  de  fervir  ^^,4^ 
l'Eternel  leur  "Dieu^  &  de  monter  '°-7» 
aux  Fêtes  folemnelles.  Il  falloir  en- 
core tyrannifer  les  ames  ,  tourmen- 
ter les  confcicnces,  bourreler  les 
corps,  enlever  les  enfans ,  &  envoyer 
de  ces  cruels  qui  fifient  le  mémo  trai- 
tement à  des  témoins  de  Iéfijs-Chrifl:f 
que  ce  Démon  fit  à  ce  mifcrable,  qu'il 

tour- 


II 


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43^    L E  R  o  s^É  A  u  Casse' 

toiirmentoit  de  nuit  &  de  jour,  E 
ce  jour  là  ^  de  perfccutioii  &detoui 
^^6?  niens ,  les  hommes  chercheront  la  wor 
ne  la  trouveront  point  j  ils  deju  c 
ront  de  mourir ,  &  la  mort  s'enfuir 
d'eux.    Si  Rome  prcfenre  quciqu 
conlblation  à  des  pauvres  rofeaux 
quelque  foutien  à  dcsconfcicnces  bn 
fées,  que font-cc li ce  n'eftdes  co7ifû 
lationsfacheufes ,  .Se  des  énnnencesd 
imm'i  des  planches  pourries  de  fau: 
niérires ,  &:  de  fauflTes  pénitences,  de 
Médecins  de  néant  comme  le  fonde 
Confclleurs  &  les  Miflioniires  ,  gi 
bien  Tor  &  Fargent  d'un  Simon  le  xMa 
giciendont  on  éblouît  desApolbts 
comme  feroient  des  jettons  qu  oi 
montre  à  des  enfans  au  lieu  d^argcnt 
ou  de  la  faufle  monnoy  e  qu'on  donn< 
fous  une  apparence  d'aumône,  ou  de; 
viandes  creufes.o^'on  prefcnteau  liei 
de  nourriture?  Et  avec  tout  ccfatrai 
de  Cérémonies,  &  d'Obfcrvations 
avec  toutes  cesabfolutions  de  Prêtrci 
&d'Evêques,  avec  tous  ces  méritei 

d'ur 


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145  G  34 


Soutenu.  surEçai.Ch  42  3.  433 

d'un  François  ou  d'un  Ignace,  avec 
tous  ces  renvois  à  une  Marie ,  ou  à  un 
Pierre,  avec  tous  ces  appuis  de  Ca- 
puchons, deScapulaires ,  de  Chape- 
lets, deMefles,  deConfeffions,  de 
Reliques,  de  Pélérinages,  d'Agnus 
Dei ,  ou  d'Eau  bénite,  que  trouve 
Dnfin  unrofeaucajfe  ^  uneconlcience 
travaillée ,  une  anie  criminelle  ?  L'ex^ 
périence  fait  voir  encore  aujourd'hui 
à  tous  ces  prétendus  convertis^  que 
par  là  leur  joug  en  eft  agravé,  que 
leurs  frayeurs  en  font  augmentées  , 
que  leur  peine  en  eft  plus  grande ,  6c: 
qu'ayant  voulu  fuir  des  T>ragons^c^\xi 
ne  font  en  effet  comme  autrefois  en 
Eg\  pte  qu'une  ^ifrg-d?  en  la  main  de  ^^.^^ 
Dieu,  ils  font  enfin  châtiez  avec  des  9- 
Scorpions  :  Le  piège  étoit  caché  en  ub  x 
terre  :  la  trappe  étoit  fur  la  paffée-y  6c 
lors  que  fe  prefentera  le  ^Premier-né 
ielamorty  il  leur  paroîtra  bien  plus 
redoutable  que  ne  font  les  Premiers- 
ne2i  de  cette  Eglife  fuperbe  qui  fe  ma- 
gnifie contre  la  fille  de  Sion. 

T  Mais, 


434  Roseau  Casse* 

Mais,  Peuple  Chrétien,  nenou 
flatons  pas  nous  mêmes,  Se  ne  pre 
nons  pas  pour  des  rofeaux  cajfez  ceu: 
qui  ne  le  font  point.    Sans  doute  qu( 
quelques-uns  de  ceux  qui  m'écoucen 
prennent  peu  d'intereft  en  ce  qui  tou 
che  ces  rofeaux ,  dont  nous  vous  par 
îons.    S'il  eft  vrai  qu'il  y  ait  ici  quel 
que  fier  &  quelque  orgueilleux  Ha 
man,  qui  perfécute  un  pauvre  Mar 
dochée,  quelque  préfomptueuxPha 
rifien  qui  regarde  un  humble  Péage 
du  haut  en  bas,  quelque  cœur  dur  ^ 
inflexible  qui  demeure       fur  la  li 
de  fon iniquité,  quelque  cœur  ^w<?r/ 
isr»..  ô^ftupide  comme  fut  celui  d'un  Na 
bal,  quelque  efprit  fort,  ouefpri 
railleur,  à  qui  nôtre  prédication  foi 
^}"\  comme  une  c  h  an  fon  d'amourette  s  o\ 
^'*^'*  bien  quelque  cfprit  de  fiel  6c  d'amer 
tume ,  qui  ne  refpire  que  la  venjrean 
ce,  œtl  pour  œil  y  dent  pour  dent  !  J« 
fçai  très-bien  qu'aucun  de  ceuxqu 
font  difpofés  de  la  forte  ne  prétendr. 
point  de  part  àcette  promcfle  du  Pro 


Soutenu. SUR EsAi. Ch. 42. 3'  43 f 
phére,  // ne  brifera point  le  rofeau  cajfé. 
Mais  vous  quiafpirez  à  être  du  nom- 
bre de  ces  rofeaux  caJJ'ez^  auxquels 
6'adreflent  les  confolations  de  la  Grâ- 
ce,  n  c  vous  trompés  pas ,  j  c  vous  prie. 
Ce  n'eft  pas  aflèz  que  vous  ayez  fenti 
de  rudes  coups,  &  que  Dieuaît^^'-  m 
creté  contre  vous  des  amertumes.  Dieu  '  ' 
a  beaucoup  appefanti  fa  main  fur  des 
Caïns  ou  fur  des  Pharaons,  fur  des 
Saùls  ou  fur  desAchabs:  Ilsployent 
fous  le  coup,  ils  fe  profternent,  ils 
demandent  grâce  ,ils  appellent  à  leurs 
fecours  des  Moïfes  &  aes  AaronSjF/d'- 
chiffez  l'Eternel  y  leurdifent-ils,  par 
leurs  priéres\  Mais  après  tout,  il  en 
eft  comme  du  fer  qui  fe  duit  &  qui 
plie  t^Lnd'is  que  le  feu  agit 6cle mar- 
teau ,  pour  retourner  auflî-tôt  à  fa 
prémiére  dureté.  Le  marteau  aulli  de 
la  Loi  &  de  la.  Parole  de  Dieu  ne  fuffit 
pas.  Il  eft  vrai  que  fa  majefté  éton- 
ne ,  que  fa  rigueur  épouvante ,  que  fes 
commandemens  confondent,  que  fes 
menaces  terraflènt  le  pécheur.  Mais 


43^    Le  Roseau  Casse* 

ilenefl:  encore  comme  d'un  coup  d< 
marteau  qui  étourdit ,  ou  comme  d*ur 
éclat  de  tonnerre  qui  effraye  pour  un 
Mmh.  moment.  Il  en  eft  comme  de  cesgar- 
^es  du  fepulchre  de Jéfus-Chrift ,  qui 
devinrent  comme  morts  à  1 1  préfence 
de  r  Ange ,  ou  comme  du  malheureux 
Saille  qui  eut  grand  peur  &  tomba 
tout  de  (on  loiig  aux  paroles  de  Tef- 
prit  de  Py  thon  :  la  confcience  à  la  vé- 
rité en  eft  effrayée,  Pefprit  en  efl 
éperdu,  le  cœur  en  eft  glacé,  l'ame 
en  eft  palpitante ,  mais  il  n*y  à  la  pour- 
tant ni  la  tendrefle,  nilafroiflure,  ni 

rhumilité  d'un  rofeaucajfe. 

En  un  mot,  Mes  Bien-aimez,quand 

tous  les  tonnerres  de  la  colère  divine 
gronderoient  à  nos  oreilles,  qu  md 
Dieu  nous  vifucroit  de  toutes  les 
playes  d'Egypte  ,  quand  la  Loi  retcn- 
riroitenco'reaujourd'hiii  du  haut  d'u- 
ne Sinaï ,  &  toutes  fes  maledidtions 
du  iommet  d*uneHébal,  quand  des 
Elles  &  des  Pauls  nousprécheroient, 
comme  ils  firent  autrefois  à  des  A- 

chabs 


Soutenu.  surEsai.Ch  42.]5.  437 

chabs  &  à  des  Félix,  quand  une  lu- 
mière reipiendiroit  des  Cieux',  &c 
nous  fraperoit  comme  elle  fit  Saùl  fur 
le  chemin  de  Damas  ,  quand  même 
des  morts  rtjJufcHiroicnt  pour  toucher 
nosconlciencc  ,  oyés-moi  tout  ce- 
la feroit  foiblc,  pour  changer  des 
cœurs  endurcis  en  des  rofeatiçc  cajjez  \ 
Que  faut-il  donc  pour  produire  un  fi 
falu  taire  effet?  llfmtque  TEfpritdc 
Dieu  agifl'e  au  dedans  de  nous  félon  f^'^ 
V  efficace  de  lapuiffatice  de  fa f or  ce  ^  & 
que  nôtre  Prédication  ne  foit  pas y^//-  ' 
lemeîit  en  paroles^  qui  tft  la  voix  de 
l'Evangile ,  mai4  auffl  en  vertu  par  le 
Saint  Efprit ,  qui  eft  la  voix  de  la  Grâ- 
ce. Il  faut  que  nous  le  lupplionsque 
lui-même  caJJeï\o*>  cœurs ,  &  que  nous 
faifant  fentir  nôtre  mal,  connoî:re 
nôtre  foiie,  pleurer  nôtre  milére,  dé- 
fircr  la  grâce  &  fa  paix ,  &  tomber  aux 
pieds  de  ce  niifencordieux  Seigneur  jr 
il  nous  arrache  ces  paroles  du  Péager, 
ô  Dieu  fois  appaife  envers  moi  qui  fui  s 
pécheur  ! 

T  3  Chers 


438    Le  Roseau  Cassl 


Dan. 

il.  il 


Chers  Frères,  quoi  que  jenefoiô 
ni  un  Ange,  ni  un  Apôtre,  à  la  mien- 
ne  volonté  que  dans  le  fouvenir  de 
tant  de  grâces  que  Dieu  nous  a  faites , 
par  deflùs  tant  d'autres  hommes,  & 
encore  ce  matin,  en  renouvcllant 
avec  nous  l'Alliance  de  fa  paix ,  com- 
me auffi  à  la  vue  de  lafroifuredejo  - 
feph^  ^des€hemin$defolesde Siori^  à 
la  mienne  volonté ,  dis-je ,  que  cha- 
cun de  nous  élevât  fa  voix  ^  comme 
fitlfraëlenBochin,  ^pleurâtl  Pau- 
vre Eglife  de Jcfus-Chnft,  recueillie 
en  divers  enàroits  de  TEurope,  que 
tu  es  bien  un  rofeau  caffe  !  Et  verrions- 
nous  tes  cloifons  abbatuès ,  tes  por- 
tes enfondrées,  ta  parure  arrachée, 
ta  couronne  chute,  ta  gloire  terme, 
&  ta  lumière  comme  éteinte,  fans  en 
être  attendris?  Verrions-nous  fans 
une  véritable  compondion  tes  Sacri- 
ficateurs fanglottans ,  tes Pucclles  do- 
lentes, tes  Femmes  devenues  veu- 
ves ,  tes  Mères  qui  pleurent  les  enf/ins , 
ou  ces  mêmes  Enfans  facrifie?: 


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"^  Soutenu.  surEsai.  CH.42.3.  439 

2)/V«  que  nos  Téres  n'ont  point  connu? 
Et  entendrions- nous  ces  effroyables 
cris ,  A  fac  ,  à  fac  qiCelle  foït  embra- 
fée^  &  qu'il  n'y  ait  plus  de  mémoire 
de  Sien-,  entendrions-nous /^j*  fan- 
glots  de  la  Ville  defolée^  &  lecri^-fj* 
navrés  a  mort^  fans  pleurer  pour  l'a-^'^^-/^'^' 
mour  de  ceux  qui  07tt  mauvais  temps , 
fans  courir  à  leur  aide  par  nos  prières , 
par  nos  loûpirs,  &:par  nos  aumônes 
en  foutenant  la  main  de  l'affligée  fanSf^r. 
lier  au  devant  de  celui  qui  a  foif^  Se  de  f^] 
celui  qui  a  faim ,  &  fans  vouloir fervir  h- 
d*yeux  à  P  aveugle ,  &  de  pieds  aux  boi- 
teux 5  &  de  pere  aux  fou  ffreteux ,  & 
de  confolateur  à  la  veuve?  Sue  plu-  t/: 
tôt  ma  dextre  s'oublie  elle-même  y  ou 
que  ma  langue  foit  attachée  a  mon pa  - 
lais ,  fi  je  n'ay  jbuvenance  de  toi  *  0  J^- 
rufalem ,  ô'fije  ne  te  mets  pour  le  prin- 
cipal chef  de  mes  douleurs. 

Aprenons  aufli,  Peuple  Chrétien , 
à  ne  juger  jamais  témérairement  de 
ceux  que  Dieu  ^r/yi»  ou  qu'il  par 
les  affliftionS)  par  les  combats,  par 

T  4  les 


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145  G  34 


44'0   Le  Roseau  C  a  ss-b*  , 

Jes  perfécucions,  &  par  les  épreuves 
Ces  difciples  là  furent  repris  du  F 
de  Dieu,  qui  jugèrent  mal  de  ceux 
xi/Mj.  dont  Pilate  avoit  mêlé  lefangavec 
celui  de  leurs  Hicrifices.  Ce  furent 
des  Ji'ifs  reprouvez  qui  à  la  vue  des 
opprobres  de  Jéfus,  crioient  contre 
lui  comme  contre  un  malfaiteur,  cru- 
ctfie ,  crucifie  !  Ce  furent  des  mal-avi- 
fés  qui  parce  qu'un  pauvre  homme 
étoit  né  aveugle ,  jugèrent  que  lui  ou 
ica».^.  que  fes  parens avoyent commis queU 
que  grand  péché.  Hà  ce  font  plutôt 
de  ces  rofeaux  qui  font  chers  à  l'Eter- 
nel,  //  ne  meprïfe point  le  cœur  froijfé^ 
il  ejl  prochain  de  ceux  qui  ont  le  cœur 
rompu  ^  &  vous  lifez  même  de  Jofeph, 
que  des  Frères projternez  en  terre ,  des 
Frères  faifis  de  crainte  &  de  remors, 
lui  furent  plus  agréables  que  ne  fu- 
rent tous  leurs  r  'ichGS> prefens. 

Aprenons  à  lupporter  patiemment 
les  infirmitez  &  les foibleffes ,  loit  dô 
corps  foitd'efprit,  que  nous  voyons 
en  nos  prochains.  Le  Monde  ôcTE- 

glifc 


15.26. 


Soutenu. SUR Esai.Ch  42- 3'  44^ 
glifefonc  en  quelque  fcns  comme  ces 
porches  de  Bechefda,  où  fe  trouvent  f. 
diverfes  fortes  de  perfonnes,  dliu- 
meurs  ,  &  de  temperamens.  Mais 
tous  y  font  malades»  tous  y  ont  quel- 
que infirmité,  tousyont  leurs  foi- 
blefles ,  de  façon  ou  d'autre  :  Plufieurs 
même  y  font  délaifles ,  fans  aucun  ap- 
puy,  &  fans  que  perfonne  les  jette 
dans  le  lavoir  à  la  venttë  de  T  Ange ,  8c 
lesaflîftecn  temps  opportun.  Mais 
difons  que  les  plus  foibles ,  &  les  plus 
cajfezy  ont  la  première  part  à  cette 
promefle,  que  Chrift  neOriferapoint 
le  roflau  caffe-,  il  s*adre(Ie  ce  charita- 
ble Méaécin  au  plu^  inhrme  de  tous , 
à  un  paralytique  v]ui  Tetoit  depuis 
trente  hiut  ans^  &  il  n'y  a  perf  onne 
d'entre  nous  qui  ne  doive  fe  recon- 
noitre  le  plu  i  malade ,  &  le  plus  grand 
pécheur,  s'il eft  vrai  qu'il  cft  venu 
pouriàuver  non  pas  les  "jufies^  mais 
'ies pécheurs. 

Aprenons  encore  à  être  les  imita- 
j^curs  de  ce  débonnaire  Sauveur.  N'a- 

T  f  joù- 


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44^    Le  Roseau  Casse' 

joutons  jamais  affliftion  à  Taffligé ,  i 
contriftons  jamais  celui  qui  ellinfl 
me,  n'infultons  jamais  le  miferablej 
ne  méprifons  jamais  le  pauvre  ?  Sov 
tenons  au  contraire  les  genous  qi. 
font  foibles ,  accueillons  amiabk 
ment  ces  Jacobs  qui  fe  retirent  a 
Païs  de  leurs  Frères ,  confolonsceu 
qui  mènent  deuil  ,  foulagcons  ceu 
qui  font  malades,  fortifions  ceux  qu 
font  languiffans ,  nourrifîons  ceux  qu 
font  affamez,  ficréjouiïTons  les  en 
traillesdela  Veuve,  le  coeur  de  lOr 
phelin,  ôcTame  de  celui  qui  eftan  . 
goifle. 

Je  dirai  davantage ,  Fidèles ,  fouve 
nous  nous  que  c*eftun  bonfignequc 
d*être  un  rofeau  caffé,  qu'il  nousef 
expédient  que  Dieu  nous  brife  par  k 
marteau  des  afflictions,  &  qu'il  nouj 
cft  falutaire  depaifer  par  le  feu  deî 
épreuves.  C'eft  en  caj/ant  h  icmcn- 
ce  qu'elle  germe,  &  qu'elle  prend  ra- 
cine, c'eft  en  foulant  la  camamille 
qu'elle  exhale  fon  odeur,  c'ell  en 

broyant 


Soutenu,  sur  Es  ai.  Ch.  42.  5.  443 

,  broyant  Tcnccns  Se  les  aromates 
!  qu'ils  rendent  leurs  parfums.  Plus 
i'Eglife  ert  humiliée,  &  plus  elle  en 
eft  fanftifiée,  plus  ellefe  voit  battue 
des  vcnsôcdc  l'orage,  Se  plus  elle 
crie  Jéfm  fauve plus  ellefe  trouve 
1  enpaïs  ennemi  &  plus  elle  eft  fur  fes 
gardes.  Plus  auflî  le  monde  eftàTlf- 
raël  de  Dieu  comme  une  Egypte ,  & 
comme  une  maifon  defcrvitude,  & 
plus  cet  Ifraël  afpire  à  la  bienhcurcufe 
Canaan  &  au  dernier  pallage ,  pour 
difficile  qu'il  lui  paroiiîe,  étant  ailu- 
ré  que  Dieu  facilitera  ccmêmepafla- 
;  ge,  fut-ce  à  travers  les  flammes,  ou 
à  travers  les  abîmes.  Plus  le  Dragon 
pourfuit  U  Femme ,  avec  fon  Enfant , 
.la  voyant  foible  &  fans  défenfe ,  plus 
elle  fe  ient  fou  tenue ,  &  deux  ailes  lui  ^/«r. 
.font  baillées pour  fuir  de  devant  le  j^;  ^ 
ferpent,  au  moins  pour  fuir  vers  le 
Trône  de  Dieu  y  à  ce  qu'il  fortifie  ce 
qui  eft  chancelant,  qu'il  rélévçcequi 
eft  abbatu,  &  q\i'il  confole  ce  qui  eft 
ccabléde  douleur 

T  6  Cou- 


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145  G  34 


444   Le  Roseau  Casse* 

Courage,  Ame  fidèle  ,  Ame  pé-  ( 
cherefle,  ton  Clirift  ne  bri fer  a  point  ' 
le  rofeau  caflé  !  Et  par  conféquent  te 
trouves-ru  fouvent  trop  foiblc  ^dau^ 
les  tentations  &  les  combats ,  vois-tu 
fouvent  un  Dieu  irrité  ,  le  Ciel  fermé, 
TEnfer  ouvert  ,  ce  Lion  rugiiïant  à 
tes  côtez  qui  tâche  de  te  porter  au 
defefpoir,  &:  qui  te  dit  comme  autre- 
fois ille  difoitau  Fils  de  Dieu,  jette 
toi  en  bas?  Tâche-t'il  comme  il  fit 
dans  le  Paradis  terreftre  de  refaire 
douter  de  Famour  ou  de  la  fidélité  de 
ton  Dieu?  Sens-tu  ta  confcienee gê- 
née, ton  ame  altérée,  ton  cœur  af- 
iéché  ,  fan>  avoir  non  plus  que  ce 
malheureux  en  avoir  dans  le  lieu  de 
tourmcns,  une  goûte  d'eau  decon- 
folation  &;  de  grâce,  pour  terafrai- 
chir  dans  res  ardeurs?  Ah  !  que  ja- 
mais il  ne  t'arri  ved'étre  plus  cruel  en- 
vers toi-même,  que  ne  Teft  ce  bon 
Pére  &  ce  mifericordicux  Seigneur  ! 
l^cbrife  point  ce  qu'il  ne  veut  point 
brifer,  ne  perds  point  ce  qu  il  veut 

fau- 


r  Soutenu. SUR  EsAi.  Ch.  42. 3.  44^f 

I  fauver,  nedefefpére  point  de  la  ren- 
I  drcflc  de  celui  qui  s'eft  vû  lui-même 
I  abandomié  de  fon  'Dieu ,  &  faifi  de  tri- 
JieJJe  pifqtCa  la  mort.  Il  ne  parole  un 
Maître  rude  &  inexorable  qu'au  fer  vi- 
deur lûche&  mauvais,'  qui  n'en  goû- 
ta jamais  la  bonté  ni  les  douceurs.  Au 
lomcnt  du  danger,  lors  que  le  fe- 
'cours  des  hommes  te  manquera,  & 
que  les  eaux  feront  parvenues  jufqu'à 
Tame ,  &  que  tu  diras ,  le  Confolateur 
qui  me  f ai f oit  re  venir  le  cœur  eft  loin  de 
moi ,  c'eft  alors  que  Dieu  fe  montrera 
fubitement.  Qiiand  les  coraeaux  de 
lamort  ont  rencontré  David,  quand 
les  habitans  de  Ninive  n'attendent 
■J^lus  que  d'être  détruits,  quand  Sa- 
marie  eillur  le  point  dêtre  mifeau 
iac,  &  la  nation  Juive  de  reflentir 
toute  la  violence  de  Hjman,  alors  la 
délivrance  eft  à  la  porte.  Le  pauvre 
Pierre  enfonce  déjà,  lorsquejélus- 
Chrift  lui  tend  la  main,  leraflure,  & 
lui  dit,  6  homme  de  petite  foi  ^  pour-  Mattb, 
^uoi aS'tudoutéy  ne crain point!  ^"^-i^' 

T  7  Ve. 


Lam. 
i.  16. 


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145  G  34 


»7» 


44,6   Le  Roseau  Casse* 

Venez  encore  ici  pauvres  r^^/zAr  Ju 
qui  vous  voyez  fans  force,  fans  ap^ 
puy,  &  fans  confolation  félon  h 
monde,  &  envifagez  celui  donc  1; 
grâce ,  le  foùtien  ,  Se  les  promefles: 
valent  plus  que  tout  le  Monde  en- 
femble.    Pouflez  vers  lui  vos  plain- 
tes, &  lui  montrez  vos  playes ,  non 
pas  en  grondant  ou  en  murraurant,J 
mais  bien  en  priant  &  en  gémiflànt,i 
non  pas  en  vous  foûlevant  contre  lui, 
ou  en  contrôlant  fes arrêts,  mais  en 
adorant  avec  une  entière  foûmiflîon 
fes  voyes  &  fcs  jugemens.  Seigneur, 
il  eft  vrai,  je  fuis  tout  brifé ,  mais/« 
réjouiras  les  os  qui  font  brifez,  j  j  e  f u  i  s 
fans  force,  il  eft  vrai,  mais  tu  es  ma 
force  &  mon  appui  i  je  fuis  pauvre,  il 
eft  vrai,  mais  tu  feras  mon /r^^/2?r ,  tu 
me  feras  une  perle  degrandprix  je 
fuis  deftitué  de  tout,  il  eft  vrai,  mais 
ta-grace  me [uffira^  &  pourvu  qu'elle 
ne  me  manque  point,  f  oublierai  ma 
complainte  ,  ^  je  quitterai  làmonvi- 
fage  de  courroux, 

Chré- 


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145  G  34 


SoUTEKU.suR  EsAi.Cfi  4-.  3-  447 
Chrétien  de  petite  foi ,  icns-tu  cet- 
,e  mcme  foi  combattue  par  la  chair  & 
^"^ïefang,  parles  doutes  &  par  les  ten- 
ir* ftations  que  le  Prince  des  ténèbres 
I  Lt'infpire.    N  aperçois  tu  quHine  re- 
^«pentance  tres-imparfaite ,  tandis  que, 
"  '^■l contre  tes  vœux  &  tes  promcliès ,  tu 
'  ^  ne  regardes  que  tïoi^  derrière  toi  yVtxs  ^^«-^î- 
'  la  Sodome  des  plaifirs  ,  &  vers  un 
monde  de  vanité?  Souviens-toi  que 
tous  les  fidèles  ne  font  en  cette  vie  que 
àcsroftaux  toujours  agitez  &  déme- 
nez du  vent,  tantôt  droits  &  tan- 
^tôt  courbez  tantôt  entiers  &  tantôt 
f  caflez,  tantôt  tournez  d'un  côté  & 
î  tantôt  d*un  autre.   Jéfus  accepte  au flî 
bien  la  foi  tres-imparfaite  deces  pau- 
vres gens  dans  l'F.vangile ,  que  Xzplm 
grande  foi  qui  fût  en  Ifrael ,  il  accepte 
auflî  bien  une  confcience  gémiiîante, 
qu'une  confcience  fans  reproche,  auf- 
ii  bien  le  denier  de  la  veuve  que  le  ra- 
ient du  riche ,  aufli  bien  la  tourterelle 
ou  le  pigeonneau  du  pauvre,  que/^'j  5^ 
taureaux  ou  les  génie  es  des  plus  opu-  ' 


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448    Le  Roseau  Casse' 

As-tu  même  été  caffé  jufqut^  à  c( 
point,  que  de  plier  fous  lefaixd'u- 
ne  perfécution  inouïe,  que  de  flé- 
chir enfin  devant  l'Idole,  qued'cn- 
cenfer  à  ce  qui  n'eft  point  Dieu,  & 
que  de  renier  non  du  cœur  mais  de 
la  bouche  ton  bon  Maître  ?  ha!  ne 
defefpére  ni  de  ta  guérifon,  ni  de  fa 
grâce.  La  figure  barbare  ,  le  fiffle- 
ment  effroyable,  le  gofier  ouvert, 
&  le  traitement  infernal  d*un  Dra- 
goUy  font  quelque  choie  de  p'us  ter- 
rible, que  ne  fut  à  Pierre  la  fimple 
voix  de  quelques  Chambrières,  La 
vûë  de  Golgotha  fit  anfli  tourner  le 
dos  à  des  foibles  Difciple^  Mille 
Z//î/j,mais  du  depuis  pénitent,!  urent 
contrains  de  foufcrirCy^M  temps  de  S. 
Cyprien,  ^dcs  Libelles ^  {cmblab'cs 
à  ceux  que  prefcnte  en  France  Ufu- 
perftition.  Sous  des  Décicns  &  des 
Diocléri  ins  on  mettoit  par  force  de 
l'en  ens  dans  la  main  d'un  pauvre 
Chrê tien,&  on  la  portoit  avec  violen- 
ce fur  un  Encenfoir  &  fur  un  Autel ,  & 

après 


Soutenu,  SUR E5ai.Ch.42.  3-  4+P 
après  cela  il  pafîbit  pour  C^^wx'^V// 5  & 
pour  bon  Tayen.  De  là  vint  que  TE- 
glife  d'alors  fe  récria  contre  des  juge-  cy- 
mensfevéres,  &  fit  des  arrêts  favora-  p-'/^"* 
bles  à  ceux  qu'elle  jugeoit  dignesde 
la  dernière  compaHion,  plutôt  que  Bafiic. 
d'une. extrême  rigueur.  Les  larmes 
d'un  Origéne,  le  martyre  d'un  Mar- 
cellin,  le  retour  d'unjerôme  de  Pra- 
gue, &  d'un  Tomas  de  Cantorbery,  a- 
prés  avoir  renié  de  leur  bouche,  ou  re- 
nié de  leurs  mains,  font  aiîcz  voir  que 
Jéfus  ne  hrîfe  ni  ne  rejette  point  ces 
rofeaux ,  que  la  violence  ou  que  la  foi- 
bledè  a  ainfi^^^.s-  Il  n'abandonnne 
pas  tous  ceux  qui  l'ont  abandonnéde 
la  Torte ,  ou  que  ^leu  a  abandonnés 
pour  un  peu  de  temps,  ^fvnde  tes raf- 
Jtmbler  par  de  grandes  compajjions. 

Après  tout,  cette  promeiié  confo- 
lante,  qu'il  ne  brïfera  point  lerofeau 
^^^^',s  acomplit  lurtout  lors  que  nos 
forces  (ont  caffées ,  lors  que  nos  corps 
font  abbatus,  lors  que  nôtre  chair  eft 
comme  brifce ,  &  que  nôtre  lumignon 

ne 


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45*0    Le  Roseau  Casse' 

ne  donne  prefque  plus  de  lueur,  oi 
qu'il  n'en  fort  plus  ce  femblc  qu'ur 
peu  de  fumée ,  &  que  de  la  puanteur 
Ce  fera,  Mes  tres-chers  Frères,  Ion 

sS?''^*  que  homme-cy  s'en  ira  par  pièce, 
comme  duboisvermolu^  &co?nme  mu 
robe  que  la  teigne  a  rongêe^\ovs  que  no: 
yeux  feront  ternis,  que  nôtre  langu( 
fera  immobile,  que  nos  oreilles  feroni 
pefantes,  &que  nôtre  cœur  fera  pal- 
pitant &  haletant  j  que  nous  expéri- 
menterons cette  vérité  plus  que  ja- 
mais. Et  bien  loin  de  brifer  ces  rofea.  \ 
qu*il  voit  prêts  d'être  couchez  par  ter 
re,  c'eft  alors  fur  tout  qu'il  les  foutieni 
parunevertufecrette,8cpar  unegra- 
ce  intérieure.  Et  la  mort  venant  à  caf- 

aof  ^'  yi-r cette  cruche  déterre,  nôtre  Ame 
en  fortira  comme  «;?//^«^^^'//« lumi- 
neux, pour  être  reçue  en  ralfemblét 
des  Premiers-nez,  où  toute  brifure  fe- 
ra guérie ,  toute  caffure  confolidée ,  & 
toute  foiblefle  retranchée  pour  ja- 
mais. AINSI  SOITdL 


F   I  N. 


LE  GAIN 

ISt'Û  FIDELE 

AU   MILIEU  DE  SES 

PERTES. 

Ou 

E  R  M  O  N 

Sur  ces  Paroles  de  St.  Paul  5 

ir  Chrift  tn'eji  gain  à  'vivre  &  à 
mourir. 

Ntrc  les  Loix  cjui  rc-  f^'"^'^ 
glérent  la  Police  de^- 
rancien  Ifraël ,  vous  li- 
fez  celle-cy  au  xxi  1 1. 
du  Deuteronome  :  qu'il 
feroit  permis  d'entrer 
en  la  Vigne  de  Ton  prochain,  &  de  s'y 
ralTafier  de  raifins ,  mais  non  pas  d'en 

met- 


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4^2    Le  Gain  du  Fidèle, 

mettre  dans  fon  vaiflcau,  6cd*en  em 
porter  avec  foi  ;  Et  de  même  qu'il  ie- 
roit  permis  d'entrer  dan:^  les  Blezdt 
fon  prochain  ,  &  d'en  arracher  dei 
épis  avec  la  main,  mais  non  pas  d'y 
mettre  la  faucille  pour  en  porter  en  fa 
grange.  Chers  Frères  ,  permettez 
que  je  vous  dife,  qu'il  en  prend  de  ce 
Monde  &  de  Ces  avantages,  comme 
des  Vignes  &  des  Campagnes  delà 
Judée.  Dieu  nous  en  permet  la  jouïf- 
fancc  tandis  que  nous  y  fommcsj 
jouis  du  bien  de  tout  ton  tra  vail  ^  cefi 
le  do7i  de^ieu.  Mais  au  fortirdece 
é.^;"*  Monde  il  nous  cft  défendu  ^'^»r/^;i 
emporter.  La  mort  dépouille  l'hom- 
me tout  nud,  &:ilpart  de  ce  monde 
comme  il  y  eft  entré.  Auffj  lesPavens 
l'ont  appcliée  à  cefujet  unHuiflîer, 
ou  un  Archer,  qui  vifire  d'autorité 
Royale  tous  ceux  qui  fortent ,  &  qui 
nefouftre  pas  que  l'on  emporte  rien. 
Elle  redemande  aux  pauvres  mortels 
tout  ce  qu'ils  tenoyent  ou  de  leur 
nailTance,  &  de  leur  fortune,  ou  de 

leur 


SUR  Philipp.  I.XI. 

ur  travail  ,  ou  de  leur  induftrie» 
Juf  qucs-là  qu'elle  fait  rendre  aux  pius 
grnnds  Monarques  leurs  Sceptres  &: 
leurs  Couronnes,  ou  bien  s'ils  les  em- 
portent dans  un  cercueil ,  ce  n'efl  que 
pour  y  feî  vir  de  riches  dépouilles ,  ou 
d'un  liiperbe  trofée  à  la  mart.  Voilà , 
difoitceluy  qui  fut  furnommé  laTer-  **'<yf^ 
reurde  rOricnr,  fur  la  fin  du  douziè- 
me fiécle,  f.iiiant  attacher  fondrap 
mortuaire  au  bout  d'une  lance  ,  en 
forme  d'ctendart ,  Voila  tout  ce  que  le 
grand  Safadin  emportera  de  fescon^ 
quêtes.  I.c  fidèle  feul  qui  a  stagné Jé- 
lus-Chrift  a  un  avantage  tout  particu- 
lier. C'eft qu'en  mourant  il  emporte 
tout,  &  ne  perd  rien  dccc  qu'ilà 
poAede  vivant.  II  part  avec  tpus  (es 
aqucts  &  Tes  tréfors,  6c  en  va  même 
joui  r  plus  heureufcmen  t  dans  fa  véri- 
table patrie.  CétHuiflîer  fansmife- 
ricorde  a  beau  attaquer  le  Fidéic ,  ce- 
lui-cme  lui  rend  quefes  dépouilles 
mortelles,  line  lui  quitte,  parma- 
nicre  de  dire ,  que  fa  manteline ,  corn* 

me 


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4^4   Le  Gain  du  Fidetf, 

me  fit  Elie,  ou  que  fon  vetthuni 
comme Jofeph  laifîà  le  fien  ,  en  fuyan 
un  lieu  de  tentation  ^  de  combat 
Car  fon  véritable  tréfor  &fes  acquêt 
font  cachez,  en  Je/m-ChriJl  ^  dontl. 
pofTeffion  n'eft  pas  feulement  profita 
ble  en  cette  vie ,  mais  l'eft  fur  tout  ei 
la  mort ,  &  après  la  mort. 

Auffi  étoit-ce  là  toute  la  confola 
tion  de  S.  Paul,  qui  fc  tenoit  dans  un< 
grande  indifférence  foit  pour  la  vie 
foit  pour  la  mort,  ipïcfï  de  magnifie. 
fon  Sauveur  dans  Tune  &  dans  l'autre 
difpofé  également  &  à  une  plus  Ion 
gue  demeure  pour  avancer  le  régne  d< 
J.Chrift,  acàunpromptdélogemen 
pour  tragique  &  pour  fanglant  qu'i 
pût  eftre ,  Jelon  fa  ferme  attente  &fot 
efperance  ,  5'»'//  ne  ferait  confus  en 
rien 'y  Car  ,  dit-il  ,  Chriji  meji  gah 
^^ii.  également  k  vivre ,  &  à  mourir.  Com- 
me  font  des  pommes  d'or  damafquinées 
d'argent:^  ainfi  eft  la  parole  dite  er 
fon  tems.  Vous  parlez  de  Chrift&  de 
fes  avantages,  c'eft  toujours  vous  pre- 

fentei 


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SUR  Philipp.  I.  21.  45*5 

fentcr une  pomme  d'or,  ce  difcours 
eft  toujours  de  faifon,  on  nes'cnlaf- 
fe  jamais.  Mais  vous  en  entretenir , 
lors  que  fon  Eglife  fe  voit  comme  en- 
tre la  vie  &  la  mort,  lors  qu'il  y  va  de 
tout  perdre  félon  le  monde ,  &  la  vie 
même,  en s'attachantàj, Chrift,  ou 
bien  de  tout  gagner  félon  le  monde, 
en  quittant  J  Chrift  &  en  changeant 
de  Maître,  alors  ce  difcours  eft  com- 
me ces  figures  d'argent  qui  relèvent 
le  brillant  de  Tor.  Fidèles ,  peut-eftre 
que  depuis  la  nailîànce  de  la  Refor- 
mation, il  ne  s'eft  point  vû  de  tems 
où  ces  paroles  de  S  Paul  ayentété 
plus  de  faifon ,  qu'elles  le  font  aujour- 
d'huy,  ni  où  Ton  doive  vous  repré- 
fentcr  avec  plus  de  force  les  fruits  & 
les  avantages  qui  fe  trouvent  en  la 
grâce  de  J  Chrift,  combien  il  y  aà 
gagner  en  fa  communion,  &  à  profi- 
ter en  fe  confervant  un  fi  précieux  dé- 
port ,  foit  que  Ton  vive ,  foit  que  Ton 
meure.  Quelques  Hiftoriens  rapor- 
tenc  ,  que  du  tems  de  Charlema- 

gne, 


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456    Le  Gain  du  Fidèle, 

^'yf  gne,  certains  prérendus  Marchand 
gaL    crioyent  en  plcui  marché  ,  qu*il  ] 
^Z'.    avoit  à  gagner  avec  eux  des  tréfors  d( 
^^/^■^^  lapience  ,  &  de  belles  connoiflances . 
Jean'.  ^cTonajoute,  mais  avec  peudeve- 
y^ficr.  rite  ;  que  Charlemagne  l'ayant  a 
pris,  fe  fervitd*eux  pour  fonder  cet 
te  fameufe  Ecole  dans  fa  Capitale,  qu; 
fubfifte  encore  aujoiird'huy.  A  la 
mienne  volonté  que  vousmeconfi- 
dériez  en  cette  heure  comme  un  Mar- 
chand ,  qui  vient  vous  offrir  un  excel- 
lent G  iin5&:  vous  parler  d'une  fcience 
qui  ieule  peut  rendre  la  vie  heurcufe , 
&la  mort  triomfante!  De  quelques 
honneurs  qu*aîtécé  diftinguée  h  vie 
des  plus  favants  hommes ,  ^  quelques 
monumens  qn'on  ait  drefle  à  leur  mé- 
moire après  leur  mort  y  tout  celan*a 
été  que  comme  un  fonge  devifionde 
^*  nuit  i  ils  ont  femê  du  vent ,  à-  ont  re- 
cueilli ce  qui  s'eneft  aile  au  tourbillon. 
Mais  venez  ^  achetez  fans  argentce 
qui  feul  pendant  la  vie  peut  foutenir 
vos  efpérances,  &en  mourant  des- 
armer 


SUR  Philipp.  Ch.I.2I.  4^7 

armer  la  mort,  &  la  changer  en  un 
é^e/ogement  h\ut2iirc.  Jamais  heure  ne 
vous  fut  plus  lucrative,  que  celle  où 
vous  aprendrez  ces  deux  chofes.  i. 
Que  Chrifi  eft  un  gain ,  &  avec  aplica- 
rion  qu*il  eft  gain  à  chaque  fidèle ,  Il 
mejigain,  z.  Que  Tutilité  de  ce  gain 
s*ctend  également  ôc  à/a  vie ,  &  à  //^ 
mort ,  car  je  fuivray  nôtre  verfion , 
Chrijl  m'eit  gain  à  vivre  &  à  mourir. 

Chacun  fçait  ce  que  veut  dire  le 
gain  y  &de  tous  les  termes  de  l'Ecri- 
ture S.  il  n^en  eft  point  de  plus  connu. 
Toutes  fortes  de  profeflîons  ont  quafi 
pour  but  ce  qu'on  appelle  gain ,  c'eft- 
a-dire  le  profit  qui  revient  à  chacun 
de  fon  argent ,  ou  de  fon  négoce ,  ou 
de  fon  travail ,  ou  de  fon  induftrie , 
ou  de  fes  injuftices,  &  de  fes  violen- 
ces, àquoy  aulîî  tendent  d'ordinaire 
le  jeu,  les  gageures les  monopo- 
les. Tout  cela,  Chers  Frères  ,  n*a 
rien  de  commun  avec  Jéfus-Chrift, 
&  même  tout  yparoît  directement 
oppofé  au  gain.  Chrift  naiflànt  eft 

V  ren- 


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V  4  • 

Matth 
(j.  19. 

as- 

ihc  6 


458   Le  Gain  du  Fidèle, 

renfermé  dans  une  Etable,  ileftcou 
ché  dans  une  Crèche,  &eftemmail 
lotté  de  chetivcs  langes,  biendifFc 
rentes  de  cesfuperbes  langes  que  foi 
Lieutenant  prétendu  envoyé  aux  hé 
ritiers  des  Couronnes.  Chriftn' 
pour  demeure  qu'une  Cabane,  pou 
mere  qu'une  pauvre  Vierge  ,  pou 
pere  en  apparence  qu'un  Menuifier 
pour  Difciples  quafi  que  des  Pê 
cheurs ,  &  pour  partage  que  la  Croi: 
&  l'ignominie.  11  n'a  ni  lit  pour  y  re 
pofcr ,  ni  argent  pour  payer  le  tribut 
ni  trélors  pour  diftribuër  à  les  Apc 
très.  Toutes  fes  maximes  font  encor 
fort  contraires  au  gain ,  comme  fon 
celles  de  quiter  le  manîetiu  à  celuy  qu 
nous  ote  le  faye ,  de  ne  point  plaide 
fon  prochain,  de  n'avoir  point 

lendemain de  ^o'mtatnùffer de 
îrefors  en  la  terre ,  de  préter/^;^^  ne'* 
'  attendre^àc  donner  à  celu  y  qui  deman 
de,  fe  faire  des  atms  desrichejje 
iniques ,  de  vendre  (es  biens.  &  les  don 
ner  aux  pauvres ,  de  charger fur  Joy Ji 

croix 


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SUR  Philipp.  Ch  I.2I.  45'9 

croix  ^  &  de  tout  zb^Lndonncx pour  le 
fuivre.    Et  même  »  comme  J.Chrift 
prononça  bien-heureux  ceux  qui  per- 
dent, ceux  qui  font  pauvres  pour  fa 
caufe,ceux  qui  mènent  deuil,ceux  qui 
fouffrent  perfecution ,  ceux  qui  mari' 
gent  dupainde  detreffe ,  &  boivent  des 
eaux  d'angotffe ,  delà  vint  cette  rail- 
lerie fanglante  de  Julien  TApoftat, 
que  les  Chrétiens  n'avoyent  que  faire 
ni  d'ornemens  dans  leurs  Temples, 
ni  d'abondance  dans  leurs  maifons, 
puis  que  bien-heureux  font  les  pau- 
vres.   Enfin  l'expérience  a  montré 
dés  la  naiflance  du  Chriftianifme ,  que 
la  foy  de  Jcfus-Chrift&la  profeffion 
de  fon  Evangile  cft  accompagnée  le 
plus  fou  vent  non  pas  dcgain ,  mais  de 
perte.    Témoin  un  Paul,  6c  des  A- 
pôtrcs,  &  des  fidèles  Hébrieux ,  qu'el-  lo.  ji. 
dépouille  de  tous  leurs  avantages  fé- 
lon la  chair,  à  qui  elle  procure  lera- 
vîjfement  de  tous  leurs  biens ,  6c  qu'el- 
le fait  refoûdre  à  la  pauvreté  ,  6c  à 
Texil.   En  gênerai  il  y  en  a  peu  à  qui 

V  2  la 


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4,6o   Le  Gain  du  Fidèle, 

la  piété  foit  lucrative .  &  qui  par  là 
s'enrichiflent.  Il  y  a  peu  de  ces  A- 
brahams,  &  de  ces  Jobs,  5c  de  ces  Ja- 
cobs  ,  &  de  ces  Jofephs  ,  &  de  ces 
Davids,  qu'elle  comble  ou  de  biens, 
ou  de  gloire.  Leplusfouvent  ce  qui 
aporte  le  gain  c'eft  le  crime ,  c'eft  Tin- 
jurtice.  Cefont  desRavifleurs,  des 
Ufuriers  ,  des  Péagers  ,  &  des  gens 
de  mauvaife  foy,  ç\m  acquièrent  de 
plus  en phis  des  riche (] es.  Tandis  qu'il 
en  prend  des  juftes  &  des  fidèles,  com- 
me autrefois  de  Balaam,  qui  pour  a- 
voir  obeï  à  Dieu,pcrdit  tout  le  gam  & 
tout  l'honneur  que  Balakluy  olFroir, 
Et  l'on  peut  dire  d'une  infinité  de 
bonnes  ames ,  ce  qui  eft  dit  de  Levi , 
que  l'Eternel  eft  leur  héritage  y  mais 
qu'elles  n'ont  point  de  portion  nid  hé- 
ritage entre  leurs  Frères. 

Apres  cela  il  Icmble  que  notre  A- 
pôtre  fejouë  ,  cndilantqueCV///eft 
un  gain.  Et  j'avoue  que  tousnereçoi-- 
*vent  pas  cette  parole  ^  comme  s'expri- 
moitié  Fils  de  Dieu  en  une  autre  o-c- 

calion 


II, 


Xonibr. 
:4.  ir 


Deut. 
10.  g. 


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SUR.  Philipp.  Ch.  T.2T.  461 

cafion.  Ce  iair^age  cd étranger  aux 
enf  uis  de  ce  liécie.  Le  Monde  ne  con- 
noîraurre  j^^^/;^  que  l'argent ,  6c  que  le 
temporel.  A  peu  prés  comme  Nico- 
déme  ne  comnreiioit  point  d'autre 
regénération  5  qu'en  rentrant  dans  le 
ventre  de  fa  merc.  AinfilesCaper- 
naïtes  ne  connoiflbyent  autre  pain 
que  le  corporel  ,  ni  les  juifs  autre 
Régne  du  Melîie,  qu'un  régne  de  ce 
Monde ,  ni  les  Epicuriens  autre  vie , 
que  la  vie  préfente,  ou  autre  ^/>« 
que  leur  ventre.  Mais  le  jugement 
de  lachair  n'efl  lamefure  nidescho- 
fes,  ni  des  exprelîîons.  Le  premier 
homme  dans  Tétnt  de  fon  innocence , 
a  fçû  aproprier  les  noms  aux  chofes, 
car  il  avoir  le  jugement  fain,  &  le  goût 
excellent.  Mais  Thomme  corrompu 
a  Tun  &  Tautre  perverti ,  &  n'efl: 
plus  capable  de  difcerner  le  vray 
bien,  d'avec  un  bien  apparent.  Il  ju- 
ge ce  qui  eft  gain  être  perte ,  &  ce  qui 
eft  une  véritable  perte,  il  le  juge  un 
grand  gain.    Il  prend  les  ténèbres 

V  3  pour 


462    Le  Gain  du  Fidèle, 

pour  la  lumière,  Tombre  pour  U 
corps,  le  menfonge  pour  la  vérité.  Ei 
au  contraire  avec  Achab  il  prendra  h 
voix  d'unMichee.ou  d'un  Prophète  de 
Dieu,  pour  celle  d'un  efprit  menteur  ^ 
I  Us  avec  Naaman  le  Syrien,  il  prendra  leî 
12. 18.  ^^|^Ar^/^y(?r^^/«5c'cft-à-dire,un  rcmé- 
%Kois  de  falutaire,  pour  un  remède  foiblc 
5  ".'  &  ridicule  j  &  avec  le  Gouvcrneui 
Feftus  ,  il  prendra  des  expreffionj 
toutes  divines ,  pour  celles  d'un  hom- 
mtc^meft  hors  du  fens.  Unœilquiefl 
»6.i4.  infedédebile  voit  mal,  Ôcunmiroii 
dont  la  glace  eft  faulFc  repréfentc 
mal. 

Auffi  eft-ce  au  jugement  de  Dieu  ^ 
&de  l'Efpritqui  animoit  le  St.  Apô- 
tre, queChriftcftapelIé«»^^/«.  De 
iTm.  même  qu'ailleurs  la  piété  ellapelléc 
%^''  ^'     grandgain,\t%  œuvresde  la  chanté. 
6.«.i7.  yj^Yitréfor  de  bon  fondement  y  Dieumê- 
me,  un  héritage  ,  un  grand  loyer  ,  la 
fapience  ,  une  Couronne  d ornement , 
tuuh.  le  Royaume  des  Cieux  un  treforca- 
'V     ché ,  ou  une  perle  de  grand  prix ,  qu'un 


SUR  Philipp.  Ch.  1.21.  ^.6^ 

Marclund  achète  de  toute  fa  fubftan- 
cc  Etfi  Jéfus-Chrill: encore  eftapcl- 
Jé  nôtre  vie ,  notre  fa/ut ,  nôtre  fantè-i 
nôtre  fapience^  nbtvQ  jujiice  ,  nôtre 
redtmption',  nôtre  nourriture nôtre 
trefor-i  ne  vous  étonnez  point  s'il  eft 
apellé  notrcgain.  Ou,  par  Cbrifi^yous 
devez  entendre  non  pas  tant  faper- 
fonne,  que  fa  croix,  fon mérite,  fes 
grâces,  aufll  bien  que  la  foy,  l'amour 
&  la  communion  de  Jéfus-Chrift  :  Et 
par  être  gain  y  vous  devez  entendre 
être  par  deiîiis  toutes  les  chofes  du 
Monde,  la  plus  profitable,  la  plus 
avantageufe ,  8c  la  plus  falutaire. 

A  Dieu  ne  plaife  que  ce  foit  dans  le 
ens  du  Pape  Léon  X.  qui  dit  à  fes  mi- 
gnons, que  la  fable  de  Jefus-Chrijl 
avoit  été  d'un  grand  raport  atEglife  ! 
Loin  d'ici  le  fens  impie  de  tant  de  ÎPa- 
pes,&:  de  tant  de  Neveux,  à  qui  le  pré- 
tendu Vicariat  de  Jéfus-Chrift  a  fait 
^^^w^T les  Royaumes  du  Monde,  & 
leur  gloire  !  Leurs  Elévations  furpre- 
nantes ,  leurs  Familles  tout  d'un  coud 

V  4.  ti- 


^6^   Le  Gain  du  Fidèle, 

tirées  de  la  boue  5  leurs  Alliances  Ro- 
yales ,  leurs  Tréfors  immenfcs  ,  & 
leurs  Palais  fuperbes ,  parlent  depuis 
plufieurs  fiécles.  Et  c'eft  en  ce  faux 
fens  que  Chrifteft  un  grand  gain^ 
toute  une  fuperftitieufe  Rome  ,  par 
la  fable  d'un  Purgatoire,  par  le  trafic 
des  chofes  faintes,  par  la  vente  des 
Indulgences,  par  la  Simonie  des  Bé- 
néfices ,  par  la  taxe  des  Difpenfations 
Papales  ,  &  par  la  diftributîon  des 
prémiéres  Dignitcz.  Aufii  le  nom  de 
Pierre  n'a-t'il  jamais  fervi  que  de  pré- 
texte à  ces  vrais  Simons  j  l'intérêt  de 
la  Religion  ne  fervit  jamais  que  de 
couverture  aux  intérêts  du  Vatican  ; 
l'honneur  delà  bien-heureufe  Vier- 
ge, &  des  Saints  glorifiez,  n'y  fut 
jamais  à  cœur ,  que  comme  le  fut  à  ce 
^a.  Démétrius  l'honneur  de  ta  grande 
Ï9-H.  q^i^^ç  Ephefiens  ,  dont  le  culte 
Idolâtre  luy  procuroit  un  gain  fi 
abondant.  Et  l'on  peut  dire  du  Cler- 
gé de  Rome,  ce  que  difoit  le  Pro- 
^l'"^'  phéte  Ofée,  ils  mangent  les  péchez, 

de 


SUR.  Philipp.  Ch.  I.2I.  46^ 

de  mon  peuple ,  &  ne  demandent  rien 
qu'iniquité^  car  de  là  viennent  les  ri- 
ches ofrandes,  les  bonnes  MefTes, les 
donations  pieu  Tes,  les  fondations 
bien  établies,  &  les  profufions  mê- 
me des  Princes  &  des  Monarques, 
qui  ont  crû  de  racheter  leurs  péchez, 
par  cette  forte  de  jujtice  &  demiferi- 
corde. 

St.  Paul  avoit  bien  une  autre  vue,  il 
apcllc  Chrift  ungainàx'iwn  fens  bien 
plus  noble  &  bien  plus  véritable.  Car 
comme  le  gaineftla  chofedu  monde 
pou r laquelle Thommc s'interelTe ,  & 
fe  paillon  ne  le  plus,  ou  bien  qu*il  dé- 
fireôc  qu'il  pourfuit  avec  le  plus  d'ar- 
deur, aufli  pour  nous  repréfenterlc 

Jnx,  &  l'excellence  des  biens  que 
.  Clirift  nous  aporte ,  pour  nous  ani- 
mer à  une  recherche  fi  importante, 
&nous  infpirer  pour  cette  aquifition 
^  la  même  ardeur,  que  nous  avons  pour 
celle  du  gain ,  Chrifl:  dit-il.  nVell:^^/», 
E    &  un  grand  gain!  Et  de  fait  nous  efti- 
I    mons  «;^^^/W5  Taquifition  d'une  cho- 

I 


w   

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466   Le  Gain  du  Fidèle, 

fe qui eft  précieufe  en  elle- même,  6 
qui  eft  à  nôtre  égard  d'une  grand* 
utilité.  Qui  doute  maintenant.  Peu 
pie  Fidèle ,  que  Clirift  ne  foitcett< 
chofe  également  précieufe  Se  utile ,  & 

«f.    même  la  feule  chofe  qui  eft  neceJJ'aire . 

>-4î.  Qu^inefçait  qu'en  ce  Chrirt  crucifi» 
font  cachez  tous  les  tréfors  de  fagcffl 

rur.  &  de  félicité,  tréfors qtû  ne  fe  peu 

utth  'vent  m  contam/nerni  fletrir  y  là  où  A 

îo.*  tigne^  &  la  roilillure^  &  lelarrotim 
pénétrent  point  ?  Qui  fçait  Chrii 
îçait  tout,  aufliqui  poflède  Chrif 
poflede  tout  j  fait  le  monde  ^  foit  h 
mort ,  joit  les  chofe  s  pré  fente  s  ,  foi. 
les  chofe  s  a  venir ,  toutes  chofe  s  font  i 

çot.  voHS^  &  VOUS  à  Chrifty  (2r  Chrift  4 
Et  delà  vient  que  l'Ange  d< 

•  9-  TEglife  de  Smy rne  eft  apellé  r;c/je  er 
fa  pauvreté,  &c  que  les  Fidèles  foni 
fouvent  qualifiez  riches  ,  mais  ri- 
ches en  Dieu ,  riches  en  foy ,  riches 
en  bonnes  œuvres,  riches  en  patien- 
ce, riches  en  zélé  ,  riches  en  confo- 
lation  ,  riches  jufqu'à  pouvoir  enri- 
chir 


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SUR  Philipp.  Ch.  i.ii.  467 

chir plufieurs  autres,  &  ']wÇ^VLdipoJfe- 
der  toutes chofes ,  quoi  que  ne  polfe- 
dans  rien  en  apparence.  Et  non  feu- 
lement ils  deviennent  riches  en  Jéfus- 
Chrift,  mais  aufli  élevez  en  dignité, 
&  comme  les  Grands  de  fon  Royau- 
me, puis  qu'ils  deviennent  les  En- 
fans  du  Souverain,  les  Favoris  de  ce 
grand  Monarque,  les  Frères  du  Fils 
de  Dieu ,  &  les  Héritiers  préfomptifs 
de  la  Couronne  incorruptible. 

Mais  le  vrai  gain  ne  confiftc  pas 
uniquement  à  faire  quelque  profit, 
ou  à  aquerir  quelque  bien.  Souvent 
c'eft  un  gain  funelle,  &  un  bien  qui 
n*eft  bien  qu'en  apparence.  Les  Grecs 
apcUent  proprement  un^^/w,  ce  qui 
contente  TEfprit,  &  réjouît  le  cœur. 
Et  cci\  ià  le  terme  dont  fefertleSt.  x,>. 
Apotre  dans  les  paroles  de  mon  Tex- 
te.  En  effet  celui-là. proprement  cft 
riche,  qui  a  non  pas  les  coffres  rem- 
plis comme  cet  Epicurien  dans  la  Pa- 
rabole ,  ou  qui  a  fa  table  remplie,  com- 
me un  Belfçatfar ,  ou  bien  fa  bourfe , 

V  6 


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le.  !»• 


46S   Lé  Gain  du  Fidèle, 

comme  un  Judas,  maisquiafonr^r/i 
rempli  des  biens  qu'il  pofTéde.  Et  te 
eft  le  vrai  Fidèle.    Pour  pleins  qu 
foycnt  ou  les  coffres  ou  les  grenier 
d'un  Avare  ,  (on  cœur  n'eft  jamai 
plein,  ni  jamais  content.  Cemauvai 
riche  fembloit  d'abord  fe  contente 
d'une  goûte  d'eati ,  mais  après  celle-I 
il  en  auroit  demandé  d'autres  jufqu' 
Tinfini.  Ils  mangeront^  dit  leProphé 
te,  &  ne  feront  point  rajfaffiez^;  &c 
qu'ils  ont  hù ,  leur  devient  tout  aigre 
Au  contraire  pourvuides  quefoyen 
les  cofFres  &  les  magafins  d'un  Paul 
fon  cœur  eft  toujours  plein.    Il  peu 
toujours  dire  avec  David,  macoupi 
eft  pleine  i  pleine  de  Dieu ,  pleine  d< 
cette  paix  qui  furpafle  tout  entende- 
ment. Les  uns  n'ai?nent  que  aportez 
&  manquent  fouvent  de  rafratchi(fe' 
ment     mW'xQW  de  leur  abondance;  & 
lesautrcsdifent  dupeu  de  bienqu'ili 
ont  reçu  >  avec  plus  de  vérité  que  ne 
faifoit  Efaù,  fen  ay  ajfez^'moïiYéit 
&z  mon  Dieu! 

Cer- 


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SUR  Philipp.  Ch.1.21.  4,69 

Certes  fi  le  plus  grand  avantage  qui 
peut  revenir  du  ^^/w,  c'eftlajoye& 
lafatisfadion  deTefprit,  n'eft-ce  pas 
ce  que  le  Fidèle  trouve  principale- 
ment en  Chrill,  ^  en  Chriftfeul? 
S'il  eft  vrai  qu'il  y  trouve  un  Dieu  pro- 
pice-, unjugemilericordieux,  &unc 
confcience  purifiée  par  lefangdela 
Croix.    Les  biens  de  la  terre  apor- 
tent  le  trouble,  mais  Chrift  aporte 
la  paix  par  tout  où  il  entre.  Ceux-là 
allument  la  convoirife  ,  Chrift  Té- 
teint.    Ceux-là  éloignent  de  Dieu, 
Chrift  nous  en  faitaprocher  :  Ceux- 
là  font  regarder  la  mort  comme  une 
meflagére  funefte  ,  Chrift  la  change 
en  une  mcftàgére  agréable  :  Ceux-là 
nous  atriftent  en  mille  occafions,  &c 
Chrift  convertit  toutes  nos  trifteffes 
en  j oy e ,  nous  fommes  contrijlez ,  dit  * 
S.  Paul  5  mais  toujours  joyeux ,  jojeux  nom' 
e7i  efperance  & patiens  en  tribulation  !  "* 
Combien  de  pauvres  Chrétiens ,  qui 
ne  vivans  que  d\'au  Se  de  légumes ,  i^^»-  iJ 
comme  Daniel  en  Babylone,  ont  ce- 

V  7  pen- 


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470    Le  Gain  du  Fidèle, 

pendant  le  vifage  en  meilleur  point 
que  ne  l'ont  ceux  qui  mangent  de  h 
viande  Royale  !  Combien  qui  ayec 
Barzillaï  font  plus  à  leur  aife  danj 
isdm,  leurs  Maifonsy  &  même  dans  leun 
Cabanes,  que  des  Courtifans  neTé- 
toyent  au  palais  &  à  la  table  de  David: 
Si  le  Fidèle  eftnud,  lagracedejéfus- 
Chriftrend  fa  nudité  femblable  à  cel- 
le d'Adam  dans  l'état  d'innocence ,  il 
étoit  nud  ,  &  ne  s'en  apercevoit 
point.  S'il  n'aplus  de  part  aux  biens 
ni  aux  dignitez  de  la  terre ,  il  Te  voit 
en  un  état  de  n'être  plus  rongé  d'en- 
vie ,  ni  tourmenté  d'ambition  ,  ni 
pofledé  d'avarice.  Et  s'il  n'a  plus  rien 
aefpérer  dans  le  monde,  il  n'y  a  plus 
rien  à  craindre,  après  cequ'ilaper- 
du. 

Mais  pour  être  de  ce  nombre,  il  ne 
fuffit  pas  de  comprendre  queChrift 
eft  ungîin,  &  même  qu'il  eftlcfeul 
gain  d'une  ame  fidèle.  C  eft-  là  le  tout 
de  pouvoir  dire  avec  l'Apôtre,  Chrift 
m' eft  gain  i  ou  eft  un  gain  four  moy, 

Chb* 


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SUR.  Philipp.  Ch.  i.ii.  471 

Chofe  étonnante  ,  Chers  Frères, 
ChrMgam  à  un  Taul  !  La  converfion 
de  ce  iaint  homme  avoit  été  la  ruine 
de  fa  fortune,  &  le  commencement 
de  fcb  dili^races.  D'aimé  qu'il  étoit  de 
la  nation  Juive,  il  en  devint  la  haine 
&  l'exécration.  Auparavant  il  en  fut 
honoré ,  mais  depuis  il  fe  vît  couvert 
d'oprobre  ;  bien  venu  ci-devant  en  la 
Cour  du  Souverain  Sacrificateur,mais 
depuis  fui  comme  une  perte,  &  gar- 
rotté comme  un  criminel  i  autrefois 
en  la  réputation  d'un  homme  fage, 
mais  depuis  dans  celle  d'un  extrava- 
gant; autrefois  à  fon  aife ,  mais  enfin 
réduit  à  l'aumône,  ou  à  travailler  de 
fes  mains.  En  un  mot  Chrift  lui  avoit 
fait  perdre  biens  ,  amis,  honneurs, 
commoditcz  ,  repos,  réputation.  Et 
pour  l'amour  dejéfus,  il  avoit  fur- 
paflëtous  les  autres  Difciples  entra-  ^^cc^- 
*vaux ,  en  teilles ,  enjf^âneêfen  fam ,  o-'c.  ^ 
^  en  fotfy  en  froidure  &  en  nudité  i  & 
il  s'é  toit  trouvé  en  périls  de  voyage  Syen 
erïls  de  brigans^  enperilsdé  jku  ves, 

en 


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472    Le  Gain  du  Fidèle, 

en  périls  de  villes  ^  en  périls  de  dé  fer  t., 
&s'ileut  vecûen  nosjours,  ilauro 
ajouté,  en  périls  de  T>ragons.  Cepei. 
danc 5  ô  merveille  !  Chrift ,  dit-  il, «/V 
gain^  &  m*a  été  gain,  ôcmeferagair 
lloppofe  la  grâce  de Jéfus-Chnft 
toutes  fes  difgraces,  lapaixdeDiei 
à  toutes  les  faufles  paix,  Thonneur  d 
r  Apoftolat  à  la  gloire  des  Caïphes  oi 
desNérons,  la  converfion  de  tant  d( 
Ftdéles  par  fon  Miniftére , aux  triom 
plies  des  Pompées  &  des  Céfjrs,  le: 
confolations  de  rEfprit,  à  toutes  le^ 
joyes  de  la  terre ,  &  la  gloire  qui  dc- 

lîow.   ^^^^  encore  être  révélée  en  luj  ton 
tes  les foujfrancesdu  temps préfent. 

Et  d'où  vientce  changement  admi- 
rable ,  &  cette  étrange  nietamorphô- 
fe,  divin  Apôtre!  Toy  !  qui  avois 
déclaré  la  guerre  à  Chrift.  Toy  :\  qui 
il  étoitunfaux  Chrifl:  ^  un  faux  Pro- 
phète, un  Sédufteur  du  peuple,  au 
lieu  d'un  Dofteur  de  la  Loy ,  &  un 
prévaricateur  infigne,  plutôt  qu'un 

Yf/iuf^rviPeurjuJle-,  Toy!  qui  vomis  tant 
■  de 


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SUR.  Philipp.  Ch.i.2I.  473 

de  blafphemes  contre  fa  perfonnc ,  fa 
dodrine  ,  &  fa  croix  j  qui  proferas 
tant  de  ménaces  contre  fesDifciples, 
fes  membres,  &  fcs  fidèles j  &  qui 
fus  le  premier  à  les  lapider,  &àles 
trainer  dans  les  prifons,  &  iUr  les 
échaffauts:  Toy!  enfin,  qui  fus  le 
plus  grand  zélateur  des  Traditions, 
des  Cérémonies ,  &:duPharizaïfme, 
comme  tu  t'en  expliques  en  cette  mê- 

eEpitre,  Tharizten  de  Religion^  mi.^: 
quant  au  zélé perfecutanî  VEglije,  &  ^' 
quant  à  la  juflice  qui  ejt  en  la  Loy pétant 
/^«jreprociie  !  Comment  cft-ccque 
ce  même  Chrift  fait  aujourd'huy  tout 
ton  gain  ^  jufqu^à  reputer  toutes  cho-  ^^.^^^ 
{qs  comme  dommages  ^  comme  fiente  ^n''i> 
^fin  de  gagner  Chrtft,  &  jufqu'à  w^/^  ^^^  ^ 
glorifier  finon  en  la  croix  de  ton  Sei^  14. 
gneur  Jefus-Chrift  ?  Fidèles ,  fi  ce  di- 
vin Apôtre  avoit  une  voix  pour  nous 
répondre,  il  nous  diroit  en  deux 
mots:  Je  fus  aveugle,  je  fus  infenfé, 
ce  fut  pour  moy  un  temps  d'erreur  & 
d*ignorance,  desf^^/7/^'^  couvroyent 

mes  18.  ' 


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474  Le  Gain  du  Fidèle, 
mes  yeux  5  &  des  Furies  rongeoyer 
mes  entrailles:  Mdiis  Dieu  qui ettri 
che  en  mifericorde  a  fait  tomber  a 
mes yeux  ces  écailles  j  &  a  délivré  mo 
cœur  de  ces  Furies  j  un  rayon  de  1 
lumière  diflîpa  mes  ténèbres  ,  un 
étincelle  de  fon  feu  divin  fit  naîtr 
en  moy  àcs.emhrafemens  de  feu ,  &  un 
fiamme  très -véhémente  ,  une  céleft 
voix  me  fit  reconnoître  en  cejéfu 
cruellement  perfécuté ,  un Jéfus  infi 
niment  aimable,  &feul  digne d'êtn 
recherché ,  fie  d'être  rcputé^^/î/w. 

Ouy,  Ames  fidèles,  voilà  ce  qu< 
peuvent  quelques  heureux  momens 
voilà  ce  que  peut  l'Efprit  de  Dieu , 
plus  fçavant  de  tous  les  Maîtres,  &1< 
plus  admirable  de  tous  les  Opera- 
teurs !  En  un  inftant  il  reforme  k 
cœur,  il  calme  les  paillons ,  il  diflipc 
les  craintes ,  il  domte  les  oppofirions; 
il  change  les  penfées,  &  les  maximesj 
&  le  goût  ,&  les  inclinations  de  Thom- 
me  pécheur,  &  de  ces  objets  de  fan- 
ge ôc  de  bouë  il  Teléve  à  Dieu  fon 

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SUR  Philipp.  Ch.mi,  47J 

.éateur,  &  à  Je  fus  fon  Sauveur. 
*Hiftoire  nous  parle  de  quelques 
changcmens  furprenants ,  qui  fe  font 
vus  (ubitement  dans  les  cœurs  &  dans 
la  conduite  de  quelques  grands  hom- 
mes. Alexandre  le  Grand,  après  le  jofè- 
fiégede  Tyr,  &  de  Gaza,  étant  ex-^^^-^g. 
trémcnient  animé  contre  les  Juifs,  & 
contre  Jérufalem,  &  dans  le  deffein 
de  mettre  la  dernière  à  fac ,  ce  Con- 
quérant à  la  vue  feule  de  Jaddua  le 
Souverain  Sacrificateur,  revêtu  de  fes 
habits  Pontificaux,  félon  le  récit  de 
Joféphe,paflad'un  mouvement  de  fu- 
reur à  ccluy  d'une  profonde  vénéra- 
tion. Le  grand  Theodofekllantchâ.;^;^;'^; 
tier  iévéremcnt  le  peuple  féditieux  ij. 
d'Antioche,  fcntit  tout  d'un  coup  fa 
colère  delarmée ,  &  fes  yeux  fe  fon- 
dre en  pleurs ,  à  des  airs  tendres  5c  lu- 
gubres chantés  par  une  jeunefle  inno- 
cente, pendant  que  l'Empereur  étoit 
à  table,  airs  qui  repréfentoyent  d'u- 
ne manière  touchante  lamiféricorde 
de  Dieu  envers  les  pécheurs  repen- 

tans. 


àfjG   Le  Gain  du  Fidèle, 

tans.  Et  l'Hiftoirc  de  Louïs Xfï.  p-^r 
le  d'une  émotion  &  d'un  changenu  .i 
femblable  en  ce  Prince  irrité  contn 
Gènes,  après  fa  révolte ,  lors  qu'en 
trant  dans  cette  fuperbc  ville  pour  h 
faccaser,il  fut  touché  vivement  à  k 
vue  des  plus  graves  Citadins,  profter- 
nezavec  lachemife  blanche,  la  tête 
rafe,  &  la  corde  au  col,  criansavec 
une  infinité  de  femmes,  d'enfans,  & 
de  vieillards,  Miféricordc,  Miféri- 
corde!  Mais  fans  m'éloigncr de  THi- 
ftoire  Sainte  ,  qui  eft  pleine  de  ces 
changemens  admirables ,  en  des  Ma- 
naffez,  e^desZachées,  endesMat- 
thieux,  en  des  Pierres,  en  des  Fem- 
mes péché  re  (Tes ,  &  même  en  un  bri- 
gand, qui  de  fcélerat  devint  Confef- 
feur  fur  la  croix,  il  s'eft  vu  quelque 
chofe  de  plus  furprenant  que  tout  ce- 
la en  nôtre  grand  Apôtre.  Si  cette 
bande  de  foldats-^  qu  i  vi  n  t  po  u  r  fe  faifir 
de  Jefus  Chrift  ,  fut  foudaiuement 
effrayée  de  fa  préfence,  &  frapéede 
fon  regard  comme  d'un  coup  de  fou- 
dre 5 


^t^suR  Ph  I  lipp.Ch.i.2i.  477 

5  confidérez  je  vous  prie  Saul^ 
'  tout  enflammé  de  menaces  contre  les 
T^ifciples  du  Seigneur  3  le  voilà  en  un 
moment  de  menaçant  devenu  luy 
même  tout  effrayé  ^  d'cnnemy  deve- 
nu difciple  ,  de  perfécuteur  devenu 
fcrviteur  de  Jefus-Chrift,  de  Phari- 
zicn  devenu  Apôtre,  &  comme  de 
I  Lion  rugiffant  changé  foudainement 
^  en  un  Agneau,  faifant  déformais  de 
I  ces  mêmes  liens,  &  de  ces  mêmes  flé- 
I  triflùrcs  qu'il  préparoit  aux  autres, 
■  toute  fa  gloire ,  &  tout  tongam. 
V  Chrift  m'ejigain ,  dit  donc  ce  Saint 
1  Apôtre  ?  Eft-cc  que  ce  fut  un  gain 
I  qu'il  eût  aquis  par  fon  mérite,  ou  par 
I  fcs  travaux  ,  comme  nous  apellons 
■ï^ôtregain,  la  recompenfe  de  nôtre 
^Travail ,  ou  le  fruit  de  nôtre  induftrie, 
I  ou  le  profit  de  nôtre  argent?  Rome 
P  levoudroitainfi,  qui  parle  de  méri- 
ter la  grâce  par  des  préparations  ex- 
I  térieures  ,  &  des  difpofitions  d'un 
I  fra lie  arbitre.  Mais  Saint  Paul  s'y  op- 
I  poie,  ne  fefouvenant  que  trop  de  fes 
^  blaf- 


1.6. 


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1,  29. 


478    Le  Gain  du  Fidèle, 

blafphémes  8c  de  fes  violences  i 
V0m  a  été  donné  gratuitement ,  dit-i 
un  peu  après,  de  croire  en  Chrijt 
de  jouffrir  four  Chrijl.  Eft-ce  que  t. 
divin  Jefus  eft  un  gain  à  tous ,  fai 
exception,  &  que  de  là  S.  Pml  inf 
re,  qu'il  eftaulîi  fongain^  Mais  il 
en  a  de  ceux-là  à  qui  Chrift  cil  ode% 
de  mort  à  mort  ,  à  qui  il  vaudro 
mieux  de  n'avoir  point  connu  la  ver- 
té ,  8>c  z  qui  il  fera  dit  quelque  joui 
/V  ne  vous  connus  jamais ,  retirez-voi 
demoyl  Eft-ce  que  le  nom  de  ce! 
Apôtre  étoit  écrit  dans  les  Evangile 
ou  que  par  une  révélation  particulic 
rc  ,  en  vifion  ou  en  extafe  ,  il  ci 
apris  que  Chrift  demeureroit  fo 
gain^  L'Ecriture  S  demeure  dans  1 
gênerai,  elle  dit  bien  queChriftei 
gain  ,  qu'il  eft  falut  à  tout  croyant 
mais  non  pas  qu'il  Teft  à  un  Pier 
re  ,  ou  à  un  Paul  ,  laiflànt  cett 
aplication  à  la  foy  ,  &  à  l'Eiprit 
Rom,  8.  qui  rend  ce  témoignage  à  nos  e [prit s 
tnfin,  eft-ce  que  Chrift  étoit  gain  . 

Pau 


7.  23. 


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SUR  Philipp.  Ch.  i.  21.  47P 

aul  d'une  façon  fpéciale,comme  fi  ce 
gain  luy  eût  été  propre>&  qu'il  n'y  eût 
que  lui  qui  y  eût  part  ?  Car  nous  apel- 
Ions  nôtre  gain^ce  qui  eft  proprement 
à  nous.L'argent  gagné^les  biens  aquis, 
&  les  droits  poffedés  fe  partagent 
avec  peine.  La  bonne  Mérevouloit  J 
l'enfant  tout  entier,  &  pour  elle  feu- 
le ,  fans  partage.    Efaù  vouloit  toute 
la  bénédiction  pour  luy.  Ni  les  Rois, 
ni  les  Favoris,  ni  les  Epoux,  ni  les 
ambitieux ,  ni  les  avares ,  ne  fouffrent 
point  de  compagnon  dans  les  biens 
qu'ils  pofTédent.  Et  même  bien  fou- 
vent  \cgam  de  l'un  eft  la  perte  de  l'au- 
tre ,  comme  le  Laboureur  trouve  fon 
gain  dans  la  cherté  des  grains ,  le  fol- 
dat  dans  la  déiblation  des  Provinces , 
le  Médecin  dans  les  fouftVances  d'un 
malade,  le  Chirurgien  dans  les  playes 
d'un  patient,  l'Avocat  dans  lesinju- 
ftices  les  plus  criante:>  faites  à  fa  par- 
tic.    Vous  jugez  bien.  Chers  Frè- 
res, quecen'eftpas  encore  la  penfee 
deceluy  qui  tâchoit  jour  ôc  nuit  d'en 


48o   Le  Gain  du  Fidèle, 

gagner plufteurs  à  Jéfm-Chrijl ,  &  qn 
Ibuhaitcoit  même  d'être  réputé  con, 
me  un  anatbéme  ,  s'il  eût  pu  par  .. 
procurer  ce  gainàfes  Frères  félon  i. 
chair.  Chriftellce  Soleil  dejuftio 
dont  la  lumière  falutaire  ne  fouffr 
aucune  diminution,  pour  êtrecom 
mune  à  tous  fes  Fidèles.  Etiln'e 
pas  borné,  comme  le  fut //i^r,  à  un 
feule  bénédiftion. 

Vous  ne  doutez  donc  pas  que  Si 
Paul  n'apelle  Chrift  fon  gain  en  ce 
trois  égards.  C'cften  premier  lieu 
que  tout  le  profit  &  tout  l'avantage  di 
la  Grâce  revient  au  Fidèle  feul,  noi 
pas  à  Chrift,  ni  à  Dieu  fon  Pére.  J'a- 
voue que  Jacob  voulant  s'aquerir  Ra 
chcl  par.  fa  fervitude,  &  par  fon  tra- 
vail, de  même  que  Pharaon  élevant 
Jofeph  au  gouvernement  de  l'Egyp- 
te ,  ou  que  Moyfe  délivrant  le  peuple 
d'une  fervitudeéfroyable  j  ou  que  les 
Rois  &  les  Princes  fe  faifans  des  créa- 
tures ,  &  diftribuans  des  grâces ,  n'ont 
pas  été  ou  ne  font  pas  fans  intérêt, 

fans 


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sua  Philip  p.  Ch.i.ii.  4.81 

fans  c^ard  à  eux-mêmes ,  fans  partici- 
per à  ces  effets  ,  &:  fans  tirer  quelque 
avantage  de  leurs  adions.  L  amour 
propre  ert  mêlé  par  tout. Mais  figurez- 
vous  Jefus-Chriff  revêtant  la  forme 
de  ferviteur  ,  pour  s'acquérir  une 
^  ^poufe-,  élevant  des  miférables  pé- 
cheurs à  la  qualité  d'Enfans  de  Dieu; 
lélivr.mt  IbnEglife  de  TEgyptelpi- 
rituelle;  &fe  communiquant  en  grâ- 
ce &  en  gloire  à  des  Pauls,  &  à  des 
croyans,  qu'il  fait  être  de  nouvelles 
créatures.  En  tout  cela ,  il  n'y  a  pour 
Jéfus-Chrift  ni  avantage  ni  profit ,  nô- 
tre bien  ne  parvient  point  jufqu'à 
lui,  &  nôtre  falut  ne  le  rend  ni  plus 
grand  ni  plus  heureux  ;  l'Enfant 
eltnc»  le  Fils  nous  aété  donné  ,  & 
Ihrifi:  nous  a  été  faitde  par  Dieufa- 
pience ,  j uftice  5  fanftification ,  &  re- 
jdemption. 

Maisaufiî  S.Paul  pouvoir-bien  di- 
re, Q\\v\S}im'ejlgain'i  puia»que  véri- 
tablement il  jouïllbit  de  ce  gain,  il 
poflcdoiten  effet  la  t^racc  deJ.Chriff. 

X  II 


Lue.  2. 
ir. 
I  Car. 


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;j.  8. 


482    Le  Gain  du  Fidèle, 

Il  Tavoit  vii  réellement  fur  le  chemi 
entre  Jérufalcm  8c  Dàm^s^aprés  tous^ 
a  aulji  été  'vn  de  moyycommea'unavorto 
qui  naît  fubitement&  contre  toute 
les  apparences.  Il  le  voyoit  encore  e 
efprir  tous  les  jours,  &prefquetou 
les  momens  :  11  en  favouroit  incel 
famment  les  ineffables  douceurs:  11  e; 
fentoit ,  comme  TEpoufe  ,  leî  haie 
nées  &  les  aproches:  11  le  tenoitcom 
me  Siméon  entre  les  bras  de  (a  foy  :  I 
luy  étoit  comme  un  cachet  fur  foé 
cœur ,  &  comme  un  cachet  fur  fon  bras 
L'Efprit  de  Chrift  avoir  ^r^^'é' cett< 
aflurance,  nonpas^'w«»L/ï;r^,  mai 
en  fon  Ame,  non  pas  en  des  plaque, 
de  pierre ,  mais  dans  les  plaques  char 
nelles  du  cœur.    Je  fçay^  difoit-il 
en  qui  fay  crû }  &  je  ^vis  7ion  poini 
çjl  2.  niaintenant  moy ,  mais  Chrïji  vit  e% 
moy  !  Et  fi  un  Marchand  fe  tient  fcui 
du  gain -qu'il  a  déjà  dans  fcs  coftrcs; 
ou  entre*  fes  mains ,  S.  Paul  ne  fe  te- 
noit  pas  moins  fcur  de  ces  biens  inefti- 
mablcs ,  dont  il  fentoit  en  fon  ame  le? 
doux  6c  les  faîutaires  effets.  En- 


2  Cor. 
î.  12. 


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SUR.  Philipp.  Ch.  I.2I.  4^3 

■  Enfin  c'eft  là  le  tout  du  Chrétien, 
de  pouvoir  dire,  Chrill  m'efi  gain. 
Qu'il  foit  un  gain  à  une  infinité  dra- 
mes 5  qu'il  foit  la  Perle  de  grand 
prix,  le  Sauveur  du  monde,  laPaitL^^ 
de  la  vie,  le  Ibuverain  Médecin,  k  iz.' 
fetil  Nom  donné  aux  hommes  par  lequel 
il  nom  faille  être  fauvez, ,  c  eft  ce  que 
ni  les  Diables  ,  ni  plufieurs  d'entre 
les  Phariziens  ,  ni  quantité  d'Apo- 
Itats  n'ont  pas  ignoré ,  ou  n'ignorent 
pas  encore  à  préfent.    Mais  toute  la 
confolation  d'un  Paul ,  c'efl:  de  fça- 
voir  que  Chrift  eft  gain  ,  qu'il  eft  Sau- 
veur, qu'il  eft  Médecin,  qu'il  eft  une 
fource  de  vie  &  de  grâce  pour  luy  en- 
tre autres,  &  pour  fon  propre  falut. 
Comme  fans  doute  toute  la  confo- 
lation d'un  pauvre  ,  ou  d'un  exilé, 
c'eftdefçavoir  qu'il  y  a  des  fubfides 
pour  fon  foulagementi  celle  d'un  ma- 
lade, qu'il  y  a  des  remèdes  pour  fon 
mal  -,  celle  d'un  criminel ,  qu'il  y  au- 
ra grâce  pour  fa  perfonne-,  &  celle 
d'un  Marchand,  quil  aura  auffi  fà 

X  2  parc 


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ï  Tint' 
Tr.  ij 


:6.  8. 

/ol>.  2. 


4,84   Le  Gain  du  Fidèle, 

.  part  du  Gain  qui  fc  préfente.  CeU> 
parole eft certaine ^  difoitS  Paul,  qu^ 
JefuS'Chrtft  efi  venu  au  monde ,  pom 
Jauver  les  pécheurs  ^  mais  il  n'en  de- 
meure pas  là,  ajoutant  aufîi-tôt,  des$. 
quels  moyje fuis  le  premier. 

Maisjufquesoii  s'étend  le  gain  & 
l'avantage  que  ce  grand  Apotre  trou- 
ve en Jélus-Chrift?  Il  m'eft gain ,  dit- 
il,  à  vivre  i  &:  ce  luycft  là  le  premier 
fruit  de  cette  communion  bîen-heu- 
reufe.  Tous  les  gains  de  la  terre  ont 
pour  but  l'entretien,  lesaifcs,  &Ies 
commoditez  de  la  vie.  On  ne  parle 
d'ordinaire  que  de  gagner  fa  vie.  Elle 
n'a  beau  être  que  la  journée  laboneu- 
fed'un  ouvrier  à  louage,  qu'unecar- 
riére  pénible,  qu'un  combat  perpé- 
tuel qui  nous  bat  &  nous  agite.  Elle  a 
beau  pnfîer  comme  le  trait  d'une  flè- 
che ,  lans  que  ce  paflé  retourriepour  la 
féconde  fois.    L'homme  avec  tout  ce- 
la 5   difoitjob  ,  donnera  peau  pour 
peau ,  toute  autre  peau  pour  la  fienne , 
ou  bien  il  donnera  peau  par  deflîis 

peau. 


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SUR.  Ph  1  L  I PP. Ch.  1.2 1. 

pèau,  ce  qui  faifoic  la  richcflc  des 
Orientaux,  6^:  même  tout  ce  qu'il  a  de 
biens  au  monde  en  échange  de  fa  vie. 
Auffi S. Paul  confideranc  Jcfus-Chrift 
par  raporcàla  vie,  quieftcommele 
centre  denosdefirs,  jugequeChrift 
luy  c&:gam  même  â  vivre  ^  ou  félon 
que  d'autres  Verfions  ont  rendu  le 
texte  Grec  ,  que  Chriileil  fa  vie, 
comme  il  dit  ailleurs  5  Chrijl  eji  vôtre  ^ 

vie. 

D'abord  vous  remarquez  que  ce 
Saint  Homme  ne  connoit  point  d'au- 
tre vie ,  que  celle  qui  eft  en  J.  Chrijl . 
Hors  de  la  communion  de  Jéfus ,  tout 
plein  déviai  de  feu  qu'ifétoit,  ilfe 
juge  véritablement  mort.    P^ous  étiés  ^>i.  i- 
morts,  dit  il,  en  vos  offe7iJès\  Et  à 
ce  propos  Saint  Auguftin  repréfente  ^ 
fon  aveuglement  dans  le  Livre  de  Tes 
Confeflîons  ,  lors  qu'il  pleuroit  la 
mortdeDidon,  pour  avoir  été  ^to-  ; 
donnée  de  celuy  qu'elle  aimait ,  &jene^^' 
fleurais  point,  dit-il ,  la  mort  de  mon 
Ame  abandonnée  de  T>ieu ,  qui  eft  ma 

X  3 


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486    Le  Gain  du  Fidèle, 

vie.  La  vie  animale,  fi  elle  mérite 
le  nom  dévie,  reflemble  à  celle  de 
Nébucadnézarqui  luy  fut  commune 

i)rf».4.  ayec  Bétes,  après  avoir  été  dé^ 
chajfe  d'entre  les  hommes.  Vivre  au 
monde,  c'eft  vivre  comme  Jacob  en  la 

^tn,^\.  niaifon  de  Laban ,  où  ni  jour  ni  nuit 
il  n'avoit  point  de  repos  ,  &  c'eftfer- 
virleplus  ingrat  de  tous  les  Maîtres. 
Vivre  fans  Chrift,  ceneft  qu'une  ap- 
parence de  vie,  comme  eft  celle  d'un 
phantôme>ou  bien  d'un  paralytique, 

A  foc.  tu  as  le  bruit  de  vivre ,  mats  tu  es  mort. 

^  '  Le  corps  n'eft  à  ces  Ames  mortes 
qu'un  fépulchre  ôc  qu'un  tombeau 
puant.  Et  toute  Ame  eft  morte  où  le 
péché  eft  plein  dévie  &  de  force,  ces 
Ames  qui  n'ont  ni  intelligence  pour 
comprendre  les  chofcs  de  J'Kfpntde 
Dieu ,  ni  volonté  pour  vouloir  ce  que 
Dieu  veut,  ni  oreilles  pour  ouïr  fa 
voix,  ni  yeux  pour  le  contempler, 
ni  goût  aucun  pour  lefavourer,  ni 
mouvement  pour  fe  porter  oii  fiî 
Parole  nous  apelle  ,  ni  mémoire, 

pour 


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145  G  34 


SUR  Philipp.  Ch.1.21.  487 

pour  fe  reflbuvenir  de  fcs  grâces, 
de  fcs  promefîes,  de  fes  ménaccs, 
Se  du  jugement  à  'venir.    Au  111  ce 
ce  grand  Apôtre  commença-t-ilii;/- 
vre  dés  qu'il  commença  à  vivre  en 
Chrift  &  pour  Chrift.    Ce  qui  arriva 
en  approchant  de  Damas  5  lors  que  ce 
jeune  L/<?;^  fut  rencontré  en  chemin 
par  le  véritable  Samfon-,  qu'il  en  fut  j^^. 
domté ,  &  converti  en  une  ruche  d*un 
doux  &  excellent  mieh  c*eft-à-dire, 
en  un  vaiffeau  d'élite.  Ou  bien  lors 
que  ce  Balaam^  qui  étoit  envoyé 
pour  maudireXc  peuple  de  Dieu,  fut^i  6. 
rencontré  par/'^w^<?  de  TAUiance,"' 
qui  s'arrêta  en  chemin  pour  s'oppêfera 
luy^  &lechangca  en  un  inllrument 
debcnédidion.  Et  de  là  vint  qu'auf- 
fi  tôt  après  qu'il  eût  été  frappé  d'une 
lumière  refplendiflante,  en  ouvrant '^^i 
fes  yeux  il  ne  vit  plus  ceux  qui  étoyent 
avecluy.  Ce  qui  fut  un  emblème  de 
ce  qu'il  n'avoit  plus  d'yeux  pour  le 
monde ,  de  ce  qu'il  fermoit  les  yeux 
pour  jamais  à  fes  raifonnemens,  àfes^ 

X  4  char- 


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145  G  34 


488   Le  Gain  du  Fidèle, 

charmes,       fespromefTes,  pourn 
Toir  en  efprit  que  fon  Jéfus  lequel 
venoit  de  perfécuter. 

Davantage  Chriftluy  eftgain  ^  i/V 
'vre  ,  parce  qu'en  quelque  érat  qu'i 
fe  confidérc,  fût-ce  entre  les  main 
des  Bourreaux ,  ou  dans  les  prilbn 
UB.   de  Philippes  ou  de  Céfarée ,  ou  dan 
^6.25.  un  Navire  abandonnée  la  merci  de; 
rrh».  vents,  ou  dans  les  liens  &  les  fers  de 
Néron  ,  ou  entre  les  griffes  &  la  gueu- 
le  duLion,  ily  trouve  par  tout  de 
l'avantage  &  du  profit.  Quelque  mi- 
ferable  que  foit  fa  vie  félon  le  monde, 
il  trouve  fes  épreuves  utiles,  fes  amer- 
tumes douces,  fes  flétrifTureshono. 
rables,  &  fes  fouffrances  lucratives. 
2  Cor       S^S'^^  I^i^"     delà  de  cent  pour  un, 
\,  xi  en  gaignant  pour  une  ajflitîion  qui  ne 
fait  que  /'/^/^r  une  gloire  qui  ne  palfe 
jamais.   Et  au  milieu  des  plus  cxcellî- 
ves  ardeurs,  la  Grâce  de  J.Chrift 
i     j>4«.3J"y  ^ft  ceque  furcntàccs  trois  Per- 
25.    fonnes  dans  la  Fournaife  de  feu  ar- 
dent^ la  compagnie  de  quatrième 

dont 


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145  G  34 


SUR  Philipp.  Ch.  1.21.  48^ 
dont  la  forme  écoic  femblablcauFils 
de  Dieu. 

Ajoutons  que  Chrift  cAgamàvi- 
vre^  au  fensde  ce  fidèle  Serviteur, 
parce  qu'il  trouve  tout  fon  gain  & 
tout  fon  intérêt  dans  celuy  de  fon 
Maître.  C'cft  là  le  plus  grand  de  fes 
avantages  de  vivre  pour  Tavance- 
mentdurégnede  Jéfus-Chrift,  pour 
le  maintien  de  fa  caufe,  pour  la  pré- 
dication de  fon  Evangile,  en  êpan- 
dant  p7ix  tout  l'odeur  de  fa  connoiffan- 
ce.  Rome  trouve  {on gain ,  dans  Tex- 
tirpatiôn  des  pauvres  membres  de  Jé- 
fus-Chrift,  c'eft  la  cruelle  Tropagan-- 
da  de  Tlnquifition,  mais  S.  Paul  le 
trouve  dans  leur  accroiffcment ,  qui 
ell:  la  vraye  Tropaganda  de  l'Eglife, 
Cétoit  là  le  bon  ferviteur  en  la  Para- 
bole ,  qui  reputoit  comme  fon  propre 
gain,  \ç:scinqtalens(\\y'i\  portoitaux 
Finances  de  fon  NL.itrc.  Ce  font  là 
les  vraisjofei^hs  à  qui  Tinterét  de  leur 
Prince  ou  de  leur  Seigneur  eft  uni- 
quement à  cœur  ,  comme  le  fut  en 

X  5  Egyp- 


I 


Le  Gain  du  Fidèle, 

Egypte  à  ce  fidcle  Miniftre  l'intérêt 
de  Potifar  &  de  Pharaon.  C'eft  là  la 
bonne  &  la  fidèle  Epoiife,  qui  faii 
tout  fon  gain  &  toute  fa  gloire,  du 
gain  &  de  la  gloire  de  fon  Epoux ,  & 
qui  croit  ne  devoir  v/  vrequc  pourlui. 

Auffi  ce  divin  Apôtre  trouvoit-il 
en  Jéfus-Chrifl:  un  principe  deviezà- 
mirable,  un  Efprit  vivifiant  quiTa- 
nimoit ,  &  une  chaleur  qui  jCem- 
brafoit  d*un  faint  zélé,  6c  d'une  cha- 
rité ardente  pour  Tes  frères.  Il  y  trou- 
voitune  nourriture  excellente  pour 
le  foùtien  de  fa  vie  ,  fa  véritable 
manne i  mais  cachée  aux  yeux  delà 
chair,  le  vray  paindefcendudu  Ciel^  & 
par  la  force  de  cet  a/ment  il  ic  fcmoic 
difpofé,  comme  autrefois  le  Prophè- 
te jblie,  à  faire  encore  bien  du  chemin, 
&àfuporter  bien  des  travaux.  Et 
même  à  peine  eut-il  goûcé  les  premiè- 
res douceurs  de  ce  pain  des  Anges  ^ 
comme  vous  le  lifez  au  neuvième  du 
Livre  des  Aftes,  qu'il  fepafla  de  tout 
autre  boire &de  tout  autre  manger 

par 


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SUR  Philipp.  CH.i.ir.  45>T 
^ir  refpace  de  troU jours.    Mais  fur  ^a;. 
tout  c'êft  là  vivre  que  de  vivre  gay e-  9-  9* 
ment,  &de  vivre  en  repos,  comme 
au  contraire  le  tourment  de  refprit  eft 
une  continuelle  mort.  Etainfil'Em- 
péreur  Tibère  étant  bourrelé  en  fa 
confcience,  dit  un  jour  au  Sénat  de  r4a>, 
Rome,  qu'tl  mouroït  tous  les  jours 
comme  on  Ta  dit  de  ce  Titius  de  la  Fa- 
ble, ayant  à  fes  cotez  un  cruel  Oifeau 
qui  ne  lelaifloit  ni  vivre  ni  mourir. 
Ha  que  S.  Paul  pouvoit  bien  dire  en 
cefens,  Q\\n^mell  vivre ^  oum'efl: 
gain  à  vivre\  Puis  que  dans  les  dou- 
ces influences  de  fa  grâce  il  fentoit 
une  joye  inénarrable  &  glorieufe^  il 
polfédoit  un  cfprit  tranquille ,  il étoit 
animé  d'une  efperance  vive,  ilfe 
trouvoit  comme  en  un  banquet  per- 
pétuel, mort  à  la  s txité^  crucifie  au 
monde ,  mais  vivant  à  Dieu  &  en  Dieu. 

Mais  comme  tous  les  gains  de  la 
terre  font  fort  peudechofe,  étans 
bornez  àcettevie,  S.Paulaune  vue 
plus  étendue,  &  confidérant  Chrift 
^  X  6  par 


"  W.fPl 


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49^   Le  Gain  du  Fidèle, 

par  raporc à  1  éternité,  Chrijl ,  dit-îl 
m'eft  gain  aufTi  amour ir.  Paradoxe  fur 
prenant  !  la  chair  envifage  la  mortcom 
me  une  ;>^'r/<?  univerfelle  de  tout,  dt 
biens,  deplaifirs,  dejoye,  de  réputa- 
tion, Scenfincomme  lapertedenôtr( 
être.    Elle  la  confidére  comme  un  Ra- 
vifleur  quiJuy  enlève  tous  f^samas^^' 
lors  même  que  le  Riche  de  la  Parabole , 
ou  que  l'imprudent  Nabal  y  penfent  le 
jsan$.  moins.    La  mort  fepréfenteàla  natu- 
comme  unAhiddon  ouunT>eJ}ruC' 
5      teur  ,  qui  vient  détruire  nôtre  machine, 
&ia  convertir  en  un  fpedlacle  hideux. 
Cependant  voici  un  Paul  qui  dans  cette 
perte  univerfe]le,quelamortfemblecau- 
fer  trouve  fon  plus  grand  gain ,  dans 
cette  deftru6i:ionterribIe,ron  plus  grand 
avantage^  Chrift  m'eftgain /iw^?//r/r  ! 

Au(îî  ce  paradoxe  celle  de  lurpren- 
dre,  dés  qu'on  entre  dans  refprit  de 
\A  pôtre.En  prémier  lieu  il  étoit  afïïiré, 
que  quelque  fin  qu'il  pût  avoir ,  &  quel- 
que mort  qui  l'atrendît ,  il  ne  pouvoir 
que  mourir  en  la  communion  dejéfus- 

Chrifl:. 


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SUR  Philip  P.  Ch.i.21.  495 

Jhrift.    Et  cela  même  c'eft  vaincre^  ^^oc. 
comme  vaincre  cc(\gagner,^celMÎ  qui 
vaincra^  jeluy  donneray ftùjfance fut 
les  nations.  J'avoue  qu'il  a  été  glorieux 
àdegrandsCapitainsde  mourir  dans  un 
champ  de  bataille.    Et  par  une  fembla- 
ble  mort  lisent  gagné  Obféques 
pompeufes,  des  Tombes  magnifiques  1 
des  Inlcriptions  permanentes,  &  une 
réputation  qui  ne  meurt  point.  Mais 
après  tout ,  ces  mêmes  vainqueurs  peu- 
vent avoir  fait  \\n^ perte  de  leur 
&  peut-être  que  rien  de  tout  cela  ne 
manqua/àceluy  qui  auroitdonnéle  tout 
de  très -grand  cœur  pour  unç  goûte  d'eau 
de  grâce.  J'avoue  quedesConqucrans 
peuvent  vaincre,  gagner  des  batailles  , 
airujcttir  des  Provinces,  domfer  des 
Nations,fubjuguer  des  Royaumes.Tan- 
dis  que  ces  mémesConquérans  fuccom- 
bent  fous  des  Ennemis  cruels  comme 
font  ou  des  remors  de  la  confcience ,  ou 
des  partions  violentes ,  ou  des  foiblef- 
fes  criminelles  ,  ou  une  apréhcnfioa 
terrible  de  la  mort.  Mais  repréfentez 

X  7  vous 


.^1 


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lue, 

19. 17. 


45>4  Le  Gain  du  Fidèle, 
vous  un  Paul,  &  en  fa  perfonne  chaque 
Fidèle,  mourancenlafoy  &enlagrac€ 
de Jéfus-Chrift  Ne  le  voilà-  c-il  pas  pour 
jamais,  après  de  terribles  combats ,  & 
plus  d'une  fanglante  bataille,  audeflùs 
desinlultesdu  Monde,  des  tentations 
du  Diable ,  des  partions  de  la  Chair,  des 
calamitez  de  la  Vie ,  &  des  foulTrances 
du  Corps?  Mais  encore  en  mourant  ne 
triompbe-t-il  pas  de  la  mort  même,  qui 
eft  le  plus  redoûcable  Ennemy  >  Puis 
que  mounr  en  Œr/^n'cRpas  mourir, 
ôcdelà  vient  que  le  jour  de  la  mort  ou 
du  martyre  étoit  apellé  des  Chrétiens 
Natalitia,  lejour  delà  Naiflànce,  ôc 
même  lejour  du  Couronnement,  Vien- 
ça^  bon  fer  vit eur  ,  aye  pu i (Tance  fur 
dix  viUes, 

En-fuite,  Peuple  Chrétien ,  qui  d  en- 
tre  vous nejuge que c  eft ^/sf^;/^r,  ^ga- 
gner beaucoup,  que  de  gagner  le  Port , 
après  des  tempêtes  furieules  dont  le  fi- 
dèle eft  toujours  ou  battu  ,  ou  menacé? 
Quel  avantage ,  je  vous  prie ,  ài- gagner 
le  bout  de  la  Carrière,  après  une  cour- 
te 


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SUR  Phi  Lipp.  Ch.  i.ii.  495* 

fe  longue  &  fatigante  5  ou  après  une  ru- 
de &  pénible  montée,  de  gagner  le  fom- 
metdela  Montagne  où  Dieu  habite  , 
&  où  retrouvent  avec  Chrift  les  Moy- 
fes  Se  les  Elles  ^  ou  bien  après  avoir  été 
harafle  par  une  marche  pénible,  &har- 
celé  par  desennemis ,  degagner  un  lieu 
de  repos  &  de  feureté  i  ou  bien  après  le 
hâle  &  les  ardeurs ,  qui  brûlent  un  pau- 
vre Jonas  5  de  gagner  Tombre  &  le  cou- 
vert 5  ou  enfin  après  avoir  langui  dans 
une  trifte  prifon  ,  ôc  croupi  dans  un  ca- 
chot oblcur,  de  gagner  la  clef  des 
champs,  &c  un  païs  de  liberté  ?  Tout 
cela  s'aplique  admirablement  à  tous 
QtuY.      meurent  au  Seigneur ,  &  quii^w/.  i, 
forcent  de  cette  habitation  terrejlre, 
Se. Paul  fe  fert  encore  delà comparai- 
fon  d'un  delogement  avantageux  ,  par 
lequel  on  palFe  d'un  lieu  incommode , 
ou  d'une  chétive  cabane ,  à  un  domicile 
fplendide,  a  une  mai f on  éternelle  aux  ^ch^^ 
deux.  Et  qui  doute  que  lancien  Ifraël 
n'ait  confideré  comme  un  merveilleux 
gainkjl>aJfaged\}yordain9  qui  fut  un- 


4P^   Le  Gain  du  Fidèle, 

emblème  du  paflage  de  la  mort,  Jor 
qu'après  tant  de  fatigues ,  il  gagna  enfii 
la  Terre  de  promefTe,  la  Canaan  dcfi 
réeavec  tant  d'impatience. 

Mais  S.  Paul  confidére  encore  en/i 
mort  quelque  chofe  de  plus  particulier 
Il  la  regarde  comme  wvïgain  par  raport 
à  J.  Chrift.  Car  il  fe  doutoit  bien  qu'elle 
nepourroiteftrequefanglante,  &  que 
publique,  comme  elle  le  fut  bientôt 
après,  en  la  xiii.  année  de  Néron, 
dans  cette  même  Rome  d'où  il  écrivit 
cette  Epître.  Et  c'eftparunefemblable 
mort,  qu'il  devoit  «^^^«//f^r fon Sau- 
veur ,  &  le  magnifier  en  fon  corps, 
Oefl:  cette  mort  qui  devoit  fervird  un 
témoignage  authentique  à  ladodlrine 
de  l'Evangile,  de  fçeau  k  fes  prédica- 
tions ,  &  à  ies  Epîcres ,  d'affermiflemenr 
auxfoibles,  de  confolation  auxfouf- 
frans,  d'encouragement  aux  Confel 
feurs,  &  d'exemple  à  toute  l'Eglifede 
J.  Chrift.  Belle  &  raviflante  harmonie  ! 
La  mort  de  ce  charitable  Sauveur  a  été 
le  gain  de  fonEgUfe,  aufli  la  mort  de 

fes 


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SUR  Philip  P.  Ch.  i.  21.  497 
fes  vrays  Difcipleseft  en  quelque  forte 
fon  gain.  En  eâk  leur  confiance  en 
gagne  toujours  quelques-uns  à  J. 
Xhriji:  leur  fang  eft  une  femence fé- 
conde dans  le  champ  de  fon  Eglife: 
leurs  cendresen  font  comme  la  graille, 
^  comme  ce  fable  fur  les  terres  de  TE- 
gypte,  qui  en  rend  le  fonds  fertile  & 
abondant  :  Et  leur  cbûte ,  pour  trifte  &: 
funefte  qu'elle  paroifTe,  eft  comme  cel- 
le de  i5^^;<t?w ,  qui  fut  fatale  à  fes  Enne- 
mis,  &falutaire  au  Peuple  de  Dieu. 
Finalement  vous  remarquerez,  que  St. 
Paul  ne  connoit  point  de  wàygain ,  qui 
ne  io\iit\tt\lamort.  Tout  eft  perte,  à 
fon  avis,  hormis  ce  qui  peut  nous  armer 
conUQ    dernier  Ennemy,  ce  Roy  des 
êpouvantemens  !  Tout  eft  perte,  en  ce 
quiYe  termine  enfin  à  la  perte  de  nôtre 
Ame ,  &  qui  ne  fervira  qu'à  charger  nos 
confciences^àaccufernôtrelacheté.àre- 

procher  nôtre  ingratitude ,  «n  augmenter 
nos  regrets  5  &  à  nous  faire  dejcendre  au 
fepulcre  avec  douleur  !  Mais  au  con- 
traire tout  eft^^/;?,  en  ce  dont  le  pro- 
fit 


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^1 


6. 


498  Le  Gain  du  Fidèle, 
fie  s'étend  jufqu'à  l*ame  &  jufqu'à  le 
rernitédesfiécles!  Tout  ctigamçno 
qui  peut  nous  foûtenir,  &  nous  rafTu 
rer  en  un  lit  de  mort!  Comme,  d'avoi 
gardé  la  bonne  confcience,  d'avoii 
comme  Enoch  cheminé  avec  Dieu 
d'avoir  racheté  le  tems,  retenu  la  foy  ! 
exercé  la  bénéficence,  refifté  jufqueé 
aufang,  &  offert  gayement  nos  Ifaacs, 
&  nos  biens,  &  nos  vies,  en  facrifice 
àDieu&àChrift. 

Aufli  eft-ce  là  le  caradlére  du  vray 
Chriftianifme  de  procurer  fur  tout  ces 
biens  &  ces  avantages  qui  confolent  en 
la  mort ,  &  qui  fubfiftent  après  la  mort. 
Rome  vousa  traitez  cy-devant  dans  la 
naifTance  de  vôtre  République  de 
Gueux  ou  de  Meodians  ,  &  le  nom 
vous  en  demeure  encore  aujourd'liuy 
parmi  des  Idolâtres ,  même  des  Médail- 
les le  confervent.  Heureufe  gueuferie  » 
qui  fert  de  gain  à  bien  «fe?/^r/> ,  &qul 
fait  voir  en  ces  Gueux  la  refTemblance 
deJ.Chrift,  &  de  S.Pierre,  qui  n'a- 
yoknz  ni  argent ,  ni  or,  Maismalheu- 

reufe 


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SUR  Philipp.  Ch.1.21.  499 
?eufe  Superftition  !  qui  ne  fert  de 
gain  qu'a  vivre ,  &  à  vivre  graflèment 
&  fplendidement ,  qui  s'enrichit  du 
fang  des  pauvres  membres  dejéfus, 
qui  en  partage  to\xs>\cs]o\\xs^  les  vêt  e- 
&  les  dépouilles ,  fous  prétexte 
de  rébellion  &  d'Héréfie.  Superfti- 
tion ,  où  il  y  a  à^^^w^r  des  Bénéfices 
riches,  des  Cures  bien  rentées,  des 
Prélatures  fuperbes  ,  des  Abbaïes 
opulentes,  des  Evéchezfplendides, 
des  Pourpres  éclattantes,  des  Tiares 
mêmes  6c  un  Souverain  Pontificat. 
Mais  qu'elle  fe  fouvienne  de  ce  qui 
fut  dit  à  ce  Riche  ,  Tu  as  reçu  tes 
biens  en  ta  vie,  tandis  que  Lazare  a 
eu  fes  maux  !  Maintenant  H  efl^  confo-  ^«^-^^^ 
le ,  &  tu  es  tourmente  dans  l'abîme. 

Ah  !  que  ces  TioBeurs  de  menfonge 
impriment  une  fauflc  idée  de  ce  qui 
eft  gain  en  la  mort  !  Selon  eux  Chrift 
n*eft  gain  à  mourir^  qu'à  ceux  qui 
meurent  en  la  communion  du  Pape, 
&c  qui  reconnoiffcnt  non  pas  un  Dieu 
fait  Homme,  mais  un  Homme  fait 

Dieu» 


I 


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foo   Le  Gain  du  Fidèle, 
Dieu  ,  non  pas  un  Chrift  anéanti 
mais  un  néant  érigé  en  Chrift,  par  qu 
lé  Miniftére  de  TEvangile  a  été  chan- 
gé en  une  fouveraine  domination,  le 
bâton  Paftoral  en  Sceptre,  les  clefs 
delaParoleen  une  Triple  Couronne 
appellée  les  Royaumes ,  &  toute  la 
Religion  en  luxe  &  en  fafte  mondain. 
Et  faut-il  encore,  ô  prodige!  que  fé- 
lon les  fentimens  &  la  pratique  d'une 
cruelle  Rome,  mourir  en  la  foy  de 
Jcfus,  en  feconfeflàntà  ce  Souverain 
Pontife  de  nos  ames,  en  invoquant 
fon  S.  Nom ,  en  embraflant  le  mérite 
de  la  Croix,  en  implorant  fa  grâce, 
&  en  s'attendant  à  fes  promeflès ,  l'ans 
vouloir  écouter  un  Prêtre  qui  s  érige 
en  juge  des  confciences,  faut-il  que 
cela  feul  cxpofe  aujourd'hui  TAme 
à  une  damnation  infaillible,  &  le 
Corps  ou  au  feu  ou  à  la  voirie?  Et 
comment  Chrift ,  y  eft  il  cenfé  gain  à 
un  pauvre ;^^//r^w/?Frémiftbns  en, Fi- 
dèles, c'eft  en  feconfeirmtà  un  mi- 
férable  Prêtre,  en  embraflant  un  mor- 
ceau 

! 

» 


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SUR.  Philip  P.  Ch.  i.ii.  foi 

ceau  de  Bois  ou  un  Crucifix ,  en  ado- 
rant un  Dieu  de  Pâte,  en  baifant  quel- 
ques Oiicmens  ou  quelques  Reli- 
ques, en  s'apliquant  le  mérite  d'un 
François  de  Sales  ou  d'un  Charles  de 
Borromée,  &  enfin  en  recevant  ce 
qu'ils  apellent  le  Viatique  ,  &  l'cx- 
trémc  Ondlion  ,  accompagnée  de 
quelques  mots  marmottez,  en  un  lan- 
gage inconnu. 

Maishelas!  faut-il  icy  que  la  pu- 
reté &la  faintctéde  nôtre  Religion, 
qui  nous  prêche  Chrijt  commt  Paul 
Ta  prêché,  fafle  le  fujet  de  nos  plus 
juftcs  plaintes,  &de  nos  pluslenfi- 
bles  regrets  ^  Pardonnez  moy,  Chers 
Frères ,  fi  en  cét  endroit  mon  difi:ours 
eft  prcî'quc  entrecoupé,quand  je  com- 
pare le  langage  ôc  le  fentimcnt  d'un 
Paul,  avec  le  langage  &:  la  pratique  de 
nos  jours!  Ha!  que  dirois-tu  ,  divin 
Apôtre,  fi  du  lejour  de  ta  gloire  tu  en- 
vifageoisde  ces  Chrétiens,  qui  trou- 
vent Chrift  être  cét  Homme  rude , 
avec  lequel  il  n'y  ^ÙQWÏ gagner ,  ou 

rien 


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502    Le  Gain  du  Fidèle, 

rien  que  chagrin ,  qu'oprobre  ,&  qi 
disgrâces?  Chrétiens  prêts  de  tôt. 
ner  le  dos  à  ce  bon  Maître,  plutt 
que  de  le  tourner  à  leur  patrie,  ( 
leurs  maifons,  ou  à  leurs  héritage, 
prêts  de  le  vendre  même  à  des  crue. 
Sacrificateurs ,  &  de  le  livrer  à  Vi 
proche  des  Sergeans  s  en  cela  mau 
vais  marchands ,  en  changeant  le  Ci( 
pour  la  Terre,  TEternité  pour  que 
ques  momcns  qui  leur  reftent,  Tel 
pérance  ^u/ ne  confond  point  ^  pou 
des  efpérances  trompeufes,  &  la  li 
vréc  de  ce  Fidèle  Seigneur  pour  celli 
d^hgrande  Taillarde.  Ha!  qu'il n'j 
en  a  que  trop,  qui  n'embrafTent  1: 
Religion  que  parce  qu'elle  leur  fem- 
ble  lucrative ,  &  qui  ne  fe  font  circon- 
cira comme  Sichem,  que  pour  la  pof- 
feflion  d'une  T>ina\  Et  n'eft-il  pas 
vrai,  qu'un  Intéreflë trouve  toutfon 
gain  en  Tes  ufures,  en  fes  monopoles, 
&  en  fes  piperies ,  l odeur  du  gain  lui 
étant  toiîjours  bonne,  pour  faie  qu'en 
foit  la  caufe  ?  Et  de  même  ,  qu'un 

Am- 


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■^sUR  Philipp.  Ch.1.21.  505 

^Imbitieux  n'afpire  à  autre  gain ,  qu'à 
I  aprocher  du  Trône  ,  qu'à  gagner  le 
haut  du  Pinacle  ,  &  le  devant  d'un 
Compétiteur  j  qu'un  Profane ,  ne  de- 
mande que  ce  qui  eft  gain  en  cette 
w,  fansfefoucierdecequifera  gain 
après W(?r?  5  que  bien  àcsBalaarns 
font  fort  contens  dQ mourir  delà  mort 
desjuftes ,  pourvû  qu'ils  puiflent  me- 
ner une  vie  d'Enfans  prodigues  3  & 
que  tandis  qu'ils  fouhaittent  d'avoir 
Chrift  pour  gain  en  la  mort ,  ils  ne 
fongent  qu'à  gagner  le  Monde  pen- 
dant leur  vie? 

Avoùons-le  Chrétiens  !  lî  nous 
•J^ous  prêchions  de  ces  Chaires  ou 
vous  préfentions  tout  autre^<î/wque 
Jcfus-Chrift  i  fi  dans  ces  Temples  l'on 
voyoit  dreiïées  des  Tables  de  Chan- 
geurs où  il  y  eût  bien  à  gagner  i  &fi 
au  lieu  de  vous  parler  de  l*excellence 

(de  la  connoifjance  de  Chrift ,  nous  vous 
parlions  de  quelque  nouvelle  décou- 
verte, qui  piic  vous  procurer  le  mê- 
me profit  que  procuroitàDémétrius 
I 


Nomb» 
13. 10« 


■'if 


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ÉÊài 


504   Le  Gain  DU  Fii5ede,> 

le  métier  de  faire  des  petits  Tcmplo 
de  la  Diane  des  Eplicficns>  ne  ferio^.»- 
nous  pas  fuivis  avec  un  tout  autr 
empreffement?  Mais  avouons  quel 
que  chofe  de  plus  trifte&deplusdé 
plorable  !  c'eft  que  fi  ce  Saint  Apôtr 
rentroit  dans  ce  bas  Monde ,  il  cher 
cheroitChriftau  milieu  de  la  Chrê 
ticnté.    11  ne  trouveroit  plus  au  de 
hors  qu'un  mafque  &  qu'une  appa 
rence  de  Chrétiens.    Ce  n'eft  plu: 
Chrift  qui  eft  nôtre  gain ,  c'eft 
qui  eft  notre  Chrtji  &  notre  Dieu 
loh  M  ff^y^^^^^  ^^^^^  efpcrance  en  l' or  fa) 
24-  '  *  îdit  au  fin  or  y  tu  es  ma  confiance  ? ,  je 
5^ fn  en  iray après  ceux  qui  me  dormevt 
mon  pain  &  mes  eaux  ,  ma  laine  <^ 
mon  lin  ^  mon  huile      mes  bruvages. 
C'eft  ce  malheureux  gain ,  cet  intérêt 
propre,  cjui  eft  le  plus  fouvcnt  le 
prémicr  mobile  dans  les  Etats  &  dans 
les  Familles ,  &  la  vûë  des  entrepriles 
les  plus  difficiles  &  les  plus  dangereu* 
fcs.    Rois,  Princes,  Républiques, 
Magiftrats,  Officiers ,  Miniftres,  Mar< 

chands 


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SUR  Philipp.  Ch.i.ii.  foy 

landî 


cats  \  M 


Ouvriers,  Ufuriers i  Advo- 
édecins  ,  Operateurs-,  que 


dis-je  ceux  là  même  qui  fervent  à 
l'Autel'i  n'ont  que  trop  fou  vent  cet- 
vue  pour  la  principale.  C'eft  là  la 
grande  Idole  que  l'homme  adore,  & 
fi  un  Payen  a  dit  de  l'ancienne  Rome, 
qu'elle  pojipoloït  tout  ala  Religion  des 
T)ieux  ,  nous  devons  dire  au  con- 
traire de  nôtre  Chrétienté,  mais  par- 
ticulièrement delà  nouvelle  Rome, 
qu'elle  poflpole  toute  Religion,  ou 
toute  confcience  ,  à  l'intérêt  &  au 
temporel.  En  effet  c'eft  cela  même 
qu'un  Clergé  trop  intêrefle,&  qu'une 
fociété  qui  n'agit  jamais  par  d'autre 
principe  couvrent  aujourd'huy  fous 
le  manteau  de  dévotion  &  de  zélé. 
C'eft  là  ce  qui  fait  naître  en  nos  jours 
tant  de  pcrfecutions  cruelles,  ce  qui 
fait  concevoir  tant  de  formidables 
deHeins ,  ce  qui  porte  à  nouer  &  rom- 
pre des  Alliances,  à  lever  des  Armées, 
équiper  des  Flotes ,  allumer  des 
"^rucrrc^,  fcmer  desdivillons,  épui- 

Y  fer 


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^o6   Le  Gain  du  Fidelk, 

fer  des  peuples ,  porter  le  feu ,  le  fer 
&  la  défolation  dans  les  Villes  ^"k  dan 
les  Provinces.    Et  qui  ne  fçait  qii( 
Von  va  chercher  le  ^^/>/  jufquesdan 
les  extrémitez  de  TOrient,  dans  le 
glaces  du  Septentrion ,  dans  les  terre 
inconnues  du  Midy ,  dans  les  conca 
vitez  affreufes  du  Potozi ,  dans  les  en 
trailles  cachées  de  la  Terre  5  &  mêni< 
fous  les  Eaux  &  dans  le  fond  de  TO 
céan?  N'eft  ce  pas  pourle^<î/«,  qu( 
l'on  franchit  les  Mers,  que  l'on  pafTi 
les  déferts,  qu'on  court  les  Royau 
mes,  qu*on  el^iiye  les  orages,  qu'or 
brave  les  dangers ,  qu'on  affronte  mil 
le  èc  mille  morts  ,  &c  qu'on  n'épargm 
ni  veilles,  ni  peines,  niincornmodi 
tez,  ni  travaux  ?  N'eft-cc  pas  encore 
pour  le  mémefujet,  qu'un  frère/ 
-plante  fon  frère  ,  qu'un  Tziba  ca 
iomnie  unMéphibofcth,  qu'un  fer 
viteur  d'Elifée  trompe  fon  Maître 
Achan  ferre  r  interdit,  qu'une  Jczabc 
violente  un  Naboth ,  qu'un  J  udas  me 
me  trahit  fon  Seisncur  ^  ion  Dieu 


5  u    Philipp.  Ch.  J    '  ^oy^ 

Et  combien  tous  les  jours  de  Chrc- 
kicn^,  qui  pour  ce  temporel  proiU- 
tuënc  leur  honneur,  ou  ruinent  leur 
lancé  ,  ou  blciïent  leur  confcience, 
ou  hazardcnt  leur  Ame,  6c pour  peu 
de  chofe  vendent  leur  part  en  Théri;^ 
Jes  Saints? 
i^auvres  hommes ,  qui  confidércnt 
)\\  que  ce  qu'ils  z^cWcnt gain  le  plus 
Jbuvcnt  ne  Tell  pas!  Le  vray  gain, 
:ommc  je  vous  le  difois tantôt,  ell 
toujours  utile  au  gagnant,  le  vray 
"jAÏn  ell: celui-là  qui  réjouît,  &  enfin 
î'eft  celui  d*un  bien  afliiré  &  perma- 
nent. Mais  rien  de  tout  cela  dans  les 
jains  de  la  terre  !  Car  qui  ne  fçait  que 
tous  les  gains  enfemblc  ne  font  d'au- 
cune utilité  ni  pour  le  repos  dcTef-» 
prit ,  ni  pour  la  paix  de  la  confcience, 
ni  pour  la  prolongation  de  la  vie  ,  ni 
pour  le  foulagement  mêmed*un  goii* 
:eux  ou  d'un  graveleux,  ou  d'unul* 
:éré ,  poflédât-il  plus  d'un  Royaume  ! 
Qui  ne  fçait  encore  que  toute  Tabon- 
danced'uniV^^^/,  faifi  d'une  profon-  \S4m 


Y  z 


de 


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Jo8   Le  Gain  du  Fidelk, 

àe  mélancolie ,  n'cft  point  capable 
de  réjouir  un  cœur ,  amorti  comme  uUi 
pierre  !  Qui  ne  voit  tous  les  jours  d< 
M. 27.      gagnans  ,  qui  entajfent  l'argen, 
comme  fouffîére ,  fans  toutefois  qu'il: 
en  jouïflent,  plutôt  pofledés  de  leui 
gain  ,  qu'ils  ne  le  polfédent,  du 
quel  on  peut  dire  ce  que  difoit  le  Pro 
phéte  Elifée ,  à  ce  Capitaine  incrédu 
ble,  parlant  de  l'abondance  qui  s'al- 
ioit  voir  en  Samarie ,  Tu  la  verras  dt^ 
tes  yeux ,  mais  tu  n'en  mangeras  point} 
Enfin  oiieft  l'homme  qui  cftaflûré  de 
jouir  long-temps  du  gain  de  fon  tra- 
vail? Helas  !  bien  fouvent  aujour- 
d'iiuy  riches,  demain  pauvres,  au- 
jourd'huydesjobsopulcns,  demain 
des  Lazares  nécefiîreux,  aujourd*huy 
pourvus  de  tout,  demain  deiliruez 
de  tout!  Il  ne  faut  pour  cela  qu'une 
nuit ,  qu'un  vent ,  qu'un  orage ,  qu'u- 
ne irruption  lubite  &  violente  des 
eaux,  de  cét  impitoyable  Elément, 
comme  il  vient  d'arriver  à  une  de \o<> 
Provinces ,  qui  perce  vos  digues,  qui 


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SUR  Ph  l  L  I  PP.Ch.  I.2I.  fO^ 

force  voséclufes,  qui  pafle  toucei 
voséminences,  &  mette  tout  dans  la 
dernière  défoîation. 

Ha  que  nous  n'avons  que  trop  de 
ces  triflies  exemples  devant  nos  yeux  ! 
Nous  les  voyons  ces  Confefl^èurs  de 
Jefus-Chrifl:  quife  trouvoycntàleut 
aife,  il  n'y  a  pas  fort  long- temps,  Se 
qui  aujourd'huy  content  pour  un 
^ràndgaiu ,  d'avoir  pû  remporter  leur 
ame pour  butin.  Chers  Frères ,  il  nous 
efl:  facile  de  dire,  Chrijl  m'ejigainà 
vivre  i  tandis  qu'Epbraïm  eft  devenu 
riche ,  tandis  que  dans  ces  Provinces 
nos  coffres  font  remplis,  nosmaga- 
fins  pourvus ,  nos  bâtimcns  fplendi- 
des,  nos  tables  fomptueufcs,  nos  fa- 
milles opulentes ,  nos  perfonnes  re^- 
pcftécs,  6c  nôtre  autorité  bien  éta- 
blie. Et  combien  de  milliers  d'ames 
fcfont  trouvées  dans  un  état  apro^ 
chant  5  il  n'y  a  que  bien  peu  d'annops; 
dans  la  France,  dans  la  Hongrie ,  dans 
d'autres  Etats,  qui  maintenant  ont 
^prisàjugcr  que  Chrifl:  efl:  Tunique 


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510   Le  Gain  du  Fidèle, 

^ain  a  vivre ^  en  fe  facrifiant  pour  lu^ 
\  la  violence  &  à  la  fureur  avec  tout  a 
qu'ils  avoycnt  au  Monde?  Combiei 
qui  dan^î  le  moment  que  je  vousparle 
parmi  l'horreur  des  cachots ,  la  puan 
teur  desprifons,  les  difciplinesde 
Convents,  les  chaines  des  forçats,  ^ 
lestourmens  d'un  Dragonifmeinfer 
nal,  eftimeroycnt  un  ^xznàgain  d< 
pouvoir  mourir  y  en  expofant  leun 
corpsà  toutes  les  cruautcz,  pour  re- 
mettre leurs  efprits  eiitre  lesmaini 
dejefus  ?  Fidèles,  mirons  nous  fur  cC' 
exemples.  Nous  n'avons  ni  promel 
fes,  ni  garand,  quer^/^'/^7;^de  perfé- 
cutions  que  XéDragon  jette  de  fagtieu 
.^f^.  le  après  la  femme   ne  rompra  ni  nos 
digues  ni  nos  fortcrefTes,  ôcnepafle- 
ra point  jufqu'à  nous?  EtquandceJii 
arriveroit,  ne  devons-nous  pas  le  re- 
garder dés  à  préfcnt  comme  une  cho- 
fequi  nous  tourneroit  en  gain?  Fe- 
rions-nous difficulté  d'abandonner  ou 
patrie,  ou  biens ,  ou  charges ,  ou  coin- 
moditez  de  la  vie,pour  celui  qui  à  no- 


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^suR  Phîlipp.  Ch.  i.iî.  511 

tre  occafion  s'efl:  yù  dépouillé  de  tour, 
jufqu  a  fesvétemens^  &c  enfin  aùan- 
donné  de  fou  Dieu  y  de  Tes  Anges,  6c 
de  fes  plus  chers  Amis  ?  Même  ne  fut- 
ce  pas  là  en  efïcttout  fon^<3/»,  de^'i- 
.'vre  pour  nous  d'une  vie  mifcrable ,  & 
de  mourir  pour  nous  d'une  mort  igno- 
minieufe  ? 
t    Mais  ,  Chrétiens,  pour  être  per- 
'••fuadédece  quejedis^  ilfautlegoùt 
..^  l'expérience.  Ce  ne  fut  qu'après 
avoir  mangé  du  fruit  de  l'Arbre  de 
,  feience  ,  que  les  yeux  du  premier 
f.  Homme  furent  ouverts.    Ce  ne  fut 
qu'après  avoir  goûté  le  rayon  de  miel , 
que  les  yeux  de  Jonathan  furent 
^éclaircps.    Ce  ne  fut  qu'après  avoir 
Whuy  &  touché ,  que  Tômas  s'écria  Mo7i 
I  Seigneur  y  &  mon  Dieu  !  Aufli  pour 
E  comprendre  le  prix  &  l'excellence  du 
ig^i^^  qui  eft  en  Jéfus-Chrift  ,  il  fciut 
L  avoir  vu  de  nos  yeux,  ôcfavouréde 
I  nos  bouches ,  &  touché  de  nos  mains. 
I  II  faut  avoir  pris  la  balance  du  Ssnc- 
I  tuaire,  &  pelé  gain  contre  gain,  ce 
I  quiefteain^  wvr^',  félon  le  Monde , 

{  Y  4  ^ 


I 

1 ,1.  : 


ÎC. 


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512  LEGAlNDUFlDEI,r£> 

ôccc  qui  cû^zin  à  mourir^  félon  Paul 
£n  effet  j 'au rois  beau  prêcher  tour  ui 
jour,  que  les  biens  de  ce  Monde  fon 
fort  peu  de  chofe ,  &  au  contraire  qu< 
Chrift  efl  un  incomparable  gain, 
deux  fortes  d'Auditeurs  ne  me  croy- 
ront  point:  Le  pauvre,  qui  n'ayant 
jamais  expérimenté  ce  que  c'eft  qu€ 
richefles,  en  conçoit  une  faufTc  idée  j 
&  le  profane,  qui  n'a  jamais  favouré 
ceque  vaut  Jéfus-Chrift.  Mais  il  me 
fuffit  d'avoir  aujourd'huy  deux  té- 
moins bien  authentiques  de  mon  éi- 
re:  D'un  côté  tant  de  Laps  qui  ont 
quité  Jéfus-Chrift  pour  gagner  le 
Monde,  &  de  l'autre  tant  de  Confcf- 
feurs  qui  ont  quité  le  Monde  pour  ga- 
gnerChrift. 

Ha!  que  ces  lâches  dciLi  Lcui  ,  qui 
fcfont  /jatez  daller  après  le  comman- 
dement 5  je  dis  le  commandement  d'un 
Homme  mortel, n'expérimentent  que 
trop,  qu'ils  ont  ^o'endu  Xcmt droit d\ii - 
nejfe ,  pour  u  n potage  de  lent illes^qu' ils 
ont  vendu  leurs  chères  confcienccs, 

pour 


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L  SUR  Philipp.  Ch.  r  ii.  -^i? 

powr  \xn  prix  de fang!  Ils  aprcnncnt, 
mais  trop  tard ,  que  ni  leurs  Maifoits, 
ni  leurs  héritages,  ni  leur  patrie,  m 
leur  Monarque,  pour  grand  &  pour 
puiflant  qu'il  leur  paroille,  ne  peu- 
vent les  garantir  contre  les  reproches 
•de  leur  infidélité,  ni  contre  les  hor- 
reurs de  la  mort.  Et  ils  trouvent  au- 
jourd'huy  qu'ils  ontété  de  tres-mau- 
vais  Marchands,  puisqu'il  n'y  a  plus 
de  milieu  entre  ces  deux  extrémitez , 
ou  bien  de  prévoir  que  leurs  Corps 
rtSt  expolez  à  toutes  les  ignominies , 
-  s'ils  fe  repentent ,  ou  bien  d'attendre 
que  leurs  Ames  Çoy^nt jet  tée  s  dans  l'é- 
tang de  feu  ardent  y  qui  eftpréparéi 
la  Belle,  &  qui  ne  s'éteint  jamais. 

Mais  parlez,  vous,  parlez,  heureu- 
fes  Ames ,  Fidèles  témoins  dejéfug- 
Chrift,  qui  plutôt  que  de  renoncera 
[  cet  ineftimable  gain  ,  avez  préféré 
[  l'oprobre  des  échaffauts,  le  feu  des 
[  bûchers,  la  gêne  des  rouës,  ou  le 
glaive  des  Nérons  à  l'exemple  d'un 
i  Paul!  Puflions-nous avoir étéauflîks 

y  5  té- 


19. 
20. 


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i 


5-14   Le  Gain  du  Fibele, 

témoins,  comme  le  furent  vos  Bour 
reaux,  de  ces  élancemens  divins,  d< 
ces  foûpirs  inénarrables  ,  de 
confolations  ineffables  ,  6c  de  ce 
embrafemens  d^unfeu  célefte  , 
Refont  terminez  à  unemorctriom 
fanre  ,  &  à  une  éternité  bienhçu- 
reufe  !  Vous  qui  portez  ces  mêmei 
chaines,  que  tant  d'il luftresConfef 
feurs  5  6c  fouvent  de  laprémiére  Naif 
lance  ont  portées.  O  que  ces  chaî- 
nes font  légères  au  prix  des  chaiaes 
'  du  Diable ,  des  liens  éternels  fous  l'ob- 
Tfiic*  Ççnf  'it^  j  ^  des  cordeaux  de  la  mort  fé- 
condeEcqueleft  votre  avantage, 
d'avoir  vos  efprits  6c  vos  confcienc€S 
libres  6c  dégagées,  tandis  que  vos 
Bourreaux  font  à  la  cadéne  de  Saxan,'5c 
chargez  de  ces  liens  d'iniquité,  qu'au- 
'>cun  Prêtre  ne  pourra //(fZ/Vr    J ul'que- 
là  que  vous  pouvez  les  braver  f 
ment,  6c  leur  dire  plus  que  St.  Paul 
ne  dit  au  Roy  Agrippa,  Jefouhaite- 
rois  envers  TJieu ,  que  vous  tous  fuf- 
£ez  faits  tel  o[ne  j£  fuis  ^  fansexcep- 

ier 


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SUR  Philip  P.  Ch.  i  ii.  fiy 

ter  même  ces  liens  l  Vous  qui  avez 
perdu  ou  femme ,  ou  enfans ,  ou  dig- 
nitez,  ou  repos,  pourn*avoir  point 
voulu  perdre  Jéfus-Chrift ,  ni  la  dou- 
ceur de  fa  communion,  ô  le  beau  gain, 
'  rincomparablc  gain ,  d'avoir  confer- 
vé  celui  qui  'vous  vaut  bien  f  lus  que 
dix  femmes  ,  que  dix  enfans ,  que  dix 
héritages,  &  que  tout  un  Royaume  ! 
Car  quelle  comparaifon  de  tous  ces 
biens  paiTàgers,  avec  le  repos  de  vos 
ames,  les  douceurs  de  la  grâce,  la 
fcrmetéde  vôtre  efperance ,  &  cette 
couronne  qui  ne  peut  vous  être  ravie  ? 

Mais  nidne  connoît  ce  caillou  blanc, 
ti\  ce  nouveau  nom,  que  ce  luy  qui  l'a 
reçu.  11  faut  fur  tout  avoir  éprouvé 
ce  qCie  c*e(l  que  la  privation  de  ce 
gain.  Il  faut  s'être  trouvé /^^//vr^-,  & 
miferable  &  ?md,  8c  diftitué  de  la  grâ- 
ce. Il  faut  avoir  gemi,  &  tremblé,  & 
fuc  par  manière  de  dire  des  grumeaux 
defang,  &:^woir  été  commejeUé  en /a 
gueule  de  l'angoijfe,  Ilfautfçavoir  ce 
que  c'eft  que  d'être  délivré  des  tenta- 

Y  6  tioas 


Apec. 


1 1> 


2.  ï-'. 


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Le  Gain  du  Fidiîlb, 

tions  du  Diable,  des  accufations  di 
péché,  des  troubles  de  la  confcien 
ce,  des  frayeurs  delà  mort,  &  d( 
Faprehenfion  des  enfers.  C'eftalor; 
que  ce  gain  eft  eftimé  par  defTus  toû; 
les  gains  de  la  terre,  ôcque ceux-CJ 
font  reputez  comme  /a  poujjjére,  & 
comme  la  boue.    Et  ne  me  dites  pas 
Homme  Frère  !  que  ferons-nous  poui 
Taquerir?  Il  n*eft  pas  néceflaire  de 
l'aller  chercher  dans  les  Indes,  n; 
dans  le  Pérou,  ni  dans  les  mines  d*0î 
deTAfrique.  11  nV  a  pour  vous,dans 
CCS  heureufcs  Provinces,  ni  naufra- 
ges à  craindre ,  ni  mer  à  paflcr ,  ni  for- 
tuneàcourir,  ni  Dragons  à  fni'r.  Il 
n*efl:  pas  même  befoin  de  vendre  tous 
vos  biens  ^  comme  ont  fait  tant  de 
pauvres  Réfugiez ,  afin  d*aquerif  Ctt- 
tQ  perle  de  grand  prix.    Voicy ,  dit  il, 
je  me  tiens  ala  porte  ^  à  la  porte  de 
vos  Temples,  &  de  vosMaifons,  te 
de  vos  Cabinets,  &  de  vos  Cœurs.  Si 
quelqu'un       /^^  voix^  non  pas  de 
ces  oreilles  de  curiofité ,  qu'on  n-a- 

por- 


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SUR  Philipp.  Ch.i.2i.  jiy 

porte  que  trop  dans  ces  Temples, 
mais  des  oreilles  d'une  véritable  dé- 
votion ,  &  m'ouvre  laporte  avecjoyc 
8c  avecempreflemcnt,  f  entrer ay  vers 
4uy ,  &  je  hiy  feray  gain  foit  en  layiçj 
foitenlamort. 

Prenez  courage  ,  pauvres  Chré- 
tiens, defiituez,  en  apparence  de  cet- 
te confolation  !  11  n'en  eft  pas  de  Chrifl: 
comme  des  gains  de  ce  Monde,  que 
plufieurs  défirent,  mais  en  vain>  qu'ils 
recherchent,  mais  inutilement.  Ils 
fe  tuent  dans  le  fouhait  deleurame^ 
fans  que  Dieu  béaiflê  ni  travail ,  ni  en- 
treprife,  ninécoce,  Maisperfonnc 
\  ne  défire  véritablement  Jefus-Chrift , 
qu'il  ne  le  trouve.    A  peine  même  un 
'  Brigand  a-t-il  dit,  Seigneur  aye  fou- 
venance  de  moy  ,  qu'aulU-tôt  le  Sei- 
•  gneur  luy  répond^aujourd'huy  tu  feras  l 
:  avec  moy  en  Paradis,  A  peine  Zachée 
eft  -  il  monté  fur  un  fycomore  à 
defleindevoircejéfus,  que  non  feu- 
lement il  le  voit'i  mais  auffi  il  l'en- 
tend ,  il  le  reçoit ,  &  le  répit  avec 

Y  7  joyct 


fi8.   Le  Gain  du  Fidèle, 

Jojey  Se  devient  un  y ray  F//sd'^ira 
ham.   J'ajoute  que  pour  amaflerui 
grand  gain,  &  pour  faire  uncépar 
gnc  confiderable,  il  faut  bien  dt 
temps  &  des  années.    Un  liomnK 
qui  eft  trop  t6t  riche ,  fe  rend  fufpci^ 
Ici,  Ames  Fidèles,  pour  gagner Jé- 
fus,  il  ne  faut  fouvent  que  peu  de 
<»y:6.î.  momens.  Il  nous  a  remi'S  envie  dedans 
Àeux jours ,  &  au  troifiéme  jour  il  nous 
aura  remis fus.  Vous  l'avez  vu  tantôt 
en  Texempie  d'un  Paul,  fur  le  che- 
min de  Damas.  Ilnefautqu^unravon 
de  lumière,  qu'un  fimple  Hepi  ^ 
iJ.îi.         qu'un  regard  pénétrant  du  Sei- 
61.62.  gneur  ,  comme  lors  que  regardant 
Pierre  il  le  fitfondrc  Qndcs  pleurs  a- 
mérs.    Jofeph  étant  retiré  d'un  ca- 
chot entra  pauvre  en  la  Maifon  de 
Pharaon,  mais  il  enfortit  le  fécond 
après  Pharaon.  Tels  fouvent  entrent 
pauvres  en  la  Maifon  de  Dieu,  defti- 
tuëz de  toute  Grâce,  qui  en  fortent 
enrichis  de  fa  Communion  &  de  fa 
paix.  Tels  crient  un  peu  auparavant! 

// 

I 


I 


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Frtv, 
le.  i4« 


SUR  PhIMPP    Clî  T  5-19 

i/ f/i'  mauvais ,  ;7^y/  manôais  I  comme 
Salomon  le  dit  de  celuy  qui  veut 
acheter ,  lesquels  peu  après  s'écrient , 
;0  q_u'il  cil  bon,  'fay  Javouré  combien 
fhternel  eji  hon  l  Et  combien  de 
Pcagcrs9  6c  de  Pécheurs  j  oudçPç- 
chérefîçs  dans  rEvangile,  auflîbien 
que  ces  Juifs  raill^surs  en  la  première 
^entecôcc^  le  iont  vus  enuninftant  ^'"^ 
•transformez  en  des Pénitens,  ôcdçs 
Confefleurs ,  pour  ne  point  entrer  en 
miftoiredel'Eglife? 

Orheureule  aquifition  encore  une 
fois  que  celle  de J  éfus  !  Gagnez»  tout 
le  Monde ,  fi  vous  le  voulez ,  par  vo- 
tre trafic  5  &  par  vos  vaifleaux ,  enfin  il 
fsLUtmouriry&c  vous  direz  alors  ce  que 
l'on  ouït  dire  à  l'Empereur  Sévère  peu 
avant  fa  mort ,  y^ay  ete  tout  ce  que  l'on 
peut  être ,  mais  tout  cela  ne  me  fert  plus  'j'*"- 
■de  rien  ?na intenant  !  Heureux  r  ideles, 
heureux  Pauls,  quiconfidérentlesa- 
prochcs  de  la  mort ,  &  la  dijjolutionde 
^çe  Tabernacle  charnel  ,  comme  un 
Marchand  regarde  fonVaifleau,aprés 


S4 


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J20  Le  Gain  du  FidelEj^cc. 

un  voyage  de  long  cours,  prêt  de  fu 
gir  heureufement  au  port!  Ce  ne 
pas  mourir,  dit  nôtre  Apôtre ,  ce  n'e 
phd.    que  déloger  pour  être  avec  Chrifl ,  fa 
\lltr-  a  déloger  bientôt  de  ce  mienTabertid 
r/1.14.  ^/^»,difoit S. Pierre.  C'eft comme qu 
changeroit  un  logement  trille  ^^mi 
ferable  pour  un  Palais  Royal  où  Toi 
doitêtre  en  faveur  auprès  du  Sou ve 
Tain.    Et  tandis  que  la  mort  eft  à  de 
Pharaons  ^des  Saùls,  &  à  des  Judas 
la  fin  de  toutes  leurs  joyes  &  le  corn 
mencement  de  leurs  maux,  ellecfl 
au  contraire  à  des  Pauls ,  &  à  des  A- 
mes  pénitentes,  elle  fera  à  vous  &à 
moy,la  fin  de  toutes  les  foufFranccs,  & 
le  commencement  du  bonheur  éter- 
nel,  en  la  vifion  triomphante  de  |. 
Chrift; 

Ainsi  soit-i  t. 


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L  A 

MAISON  DE  DIEU 

T  R  O  U  V  £•  E 

DANS  L'EXIL. 

Ou 

E  R  M  O  N 

Sur  ces  Paroles ,  Gw.:i8. 17. 

Oquecelîeuejl  'vénérable!  Cen'efticy 
'  quetaMaifondeT>ieu,  &c'efi 
la  Torîe  des  deux. 

H  E  R  s  Frères. 
L'Antiquité  Chrêtien- 
neparlc  (buvcnt  de  TE- 
%  piphanie  ,  ou  de  la 
Théophaniejqui  veut 
—         —  dire  le  temps  des  Ap- 
paritions ,  ou  bien  l'Appnrition  de 
>ieu.  Expreilion  qu^elle  a  empruntée 
leTufagedes  Payens,  qui  Içachans 

que 


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^21    La  Maison  dt:  Dieu 

querhomme  ne  voit  goûte  danslc 
fecrets  de  la  Divinité  s  feignoyent  de 
Théophanies,  ou  des  apparitions  d 
leurs  Dieux  ,  tantôt  fécrettcs  &  d 
nuit ,  tantôt  publiques  &  en  plcii 
jour  ,  mais  fous  des  illufions  &  de 
phantômes ,  ou  fous  des  figures  for 
indignes  de  la  Divinité  ,  comme  é 
toyent  celles  d'un  Taureau,  d'unBé 
lier,  d'un  Chien,  &  de  femblablc 
Animaux.  J'avoue  que  l'apparitior 
de  Dieu  dansle  Buiflbn,  autroiliém( 
de  l'Exode,  mérita  bien  le  nom  d( 
Théophanie.  Et  ce  ne  fut  pas  une  pe- 
tite merveille^  devoir  un  Buiflon, 
quieft  d'une  matière  fi  combuftible, 
être  tout  pénétré  de  feu ,  fans  en  être 
confumé.   J  avoué  encore  que  Dieu 
apparoidoit  d'une  façon  majeftueufe 
dans  le  Tabernacle  ancien ,  quiétoit 
comme  fon  Palais  vifible,  où  il  don- 
noitdes  marques  de  fa  gratieufc  & 
augufte  préfence.    Mais  en  l'appa- 
rition de  Jéfus-Chrift  ,  qui  a  été  la 
grande  6c  la  véritable  Théophanie, 


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DANS  l'Exil.  surGen.  x8.  17.  fij 

ç'a  été  fans  doute  quelque  chofe  de 
^lus  furprenant'de  voir  une  Chair  qui 
^ft  comme  Iherbefeche,  être  tout  pc-  ^A-- 
nétrée  de  celuy  qui  eft  un  feu  cotifu-  '' 
Wiant^  fans  altération  aucune;  &dc 
voir  un  Tabernacle  mobile,  ctvc  ha- 
bite de  Dieu ,  non  pas  en  figure  &  en   ^  ^ 
repréfentation ,  mais  en  vérité^ cor-  9.* 
forellement.  Vrai  temps  des  appari- 
tions, que  ccluy  de  la  Naiflance  du 
Fils  de  Dieu,  en  laquelle  apparut/^ 
^deniîiide  des  temps ,  la  vérité  dçs  Ora- 
cles, raccomplilTement  des  Prophé- 
ties, Tattente  des  Fidèles,  &  l'Ori- 
ginal de  tant  d'ombres  ôc  de  tant  de 
figures  !  Mais  auffi  la  Refurreftion  du 
Seigneur  Jéfus  ,  dont  vous  avez  fo- 
lennifc  la  mémoire  Dimanche  der- 
nier, ne  doit  pas  moins  êtreapellée 
le  temps  des  Apparitions.  Car  le  Fils 
de  l'Homme  y  eft  apparu  comme  Z^»  . 
:.I<ils  de  T>teu  eii  puiffance  par  la  Re- 
furredion  triomphante.  Lepremiei* 
tné  de  Marie  y  eft  apparu  comme r*/.t. 
premierné  d'entre  ks  mort  s,  le  mort  y 


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La  Maison  DE  Dieu  ~ 

eft  apparu  vivant,  le  vaincuy  eftap- 
paru  viftorieux,  le  criminel  y  eftap- 
paru  juftifié  hautement  ,  Thommc 

ï  ur.  d'opprobre  y  eft  apparu  comme  le  Sei- 
gneur  de  gloire i  celuy  avec  quifem- 
bloit  être  éteinte  refpérance  de  fes 
pauvres  Difciples,  leur  y  eft  apparu 
en  confolation  &  en  joye,  &  celuy 
qu'ils  avoient  vu  déchiré,  &  tranfper- 
cé  d'une  lance,  s'y  eft  fait  voir  à  eux 
avec  bien  plus  d'étonnemenc  ,  que 

,^    Dieu  ne  fe  fit  voir  au  Patriarche  Jacob 

'g!^!!.  enlavifion  miraculeufe  derEchelle. 

^*  Ouï  Peuple  Chrétien,  c'cftbienau 
jour  de  la  Réfurredtion  de  Chrift,qu'a 
été  vérifié  cette  apparition  raviftantc 
de  l'Echelle  myftique,  quecegrand 
Patriarche  vit  en  fonge  dans  une  tri- 
fte  nuit.  Echelle  ,  qui  du  plus  bas 
échellon  de  fon  anéantiftement  éle- 
va alors  les  efprits  de  fes  Difciples  juf- 
qu'au  plus  haut  degré  de  fa  gloire: 
Echelle  pofee  à  la  vérité  fur  la  terre ^ 
mais  qui  touchoit  déjà  jufqu'aux 
Cieux ,  par  une  prochaine  Afcenfion  : 

Echei- 


DANS  l'Exil.  SUR  Gen.  28  17.  fîj 

chcllc  non  plus  couchée  ni  pen- 
chante ,  mais  drel[ée ,  fans  que  rien  dé- 
formais pût  ni  larcnverfer,nimêmc 
rébranler  :  Echelle  qui  de  fon  bout 
touchoit  jufqu'auxCieuxy  par  toutes 
les  marques  de  fa  Divinité  toute-puif- 
fante:  Echelle  fur  laquelle  les  Apô- 
tres furent  aflïirez  de  monter  un]om 
à  Dieu  5  en  un  corps  femblablemenç 
glorifié  j  &  fur  laquelle  les  Anges  de 
T>ieii  apparurent  en  ce  même  jour 
mont  ans  &  defcendans  ,mont:xtis  pour 
porter  la  nouvelle  de  fa  venue  aux 
Ames  triomphantes  ,  &:  defcendans 
pour  luy  rendre  leurs  adorations  & 
leurs  hommages.  Certes  fi  le  Patriar- 
che jacob  après  la  vifionde  TEchelle 
fiitfaifi  d*un  faintraviffementjfi  con- 
templant le  lieu  où  il  venoit  devoir 
tant  de  merveilles,  il  s'écria,  O que 
ce  lieu  eft  vénérable ,  ce  n'eft  icy  que  la 
laifon  de  'Dieu,  &  la  Tarte  desCieux-, 
ermettez,  Fidèles  ,  qu'après  avoir 
vû  tout  nouvellement  en  ce  même 
lieu  nôtre  Jéfus vivant,  non  pas  en 

fon- 


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•PI 


526    La  Maison  de  Dieu 

fonge ,  mais  eu  vcme,  après  Tavoii  v 
defcendfe  vifiblèment  fur  cette  Ta 
ble  myftiquedans  les  fymbolcs  de  f. 
Grâce,  &  le  voyans  même  encôf( 
tout  prêt  défe  communiquera  nous 
en  fa  Parole  3c  en  fa  Sainte  Céne  5  per 
mettez  quejein*écfie  aufîi  bien  qm 
Jacob,  enun  lièlj  auquel  j'ay  Thon 
neurde  vous  parler  pout  laprémiér< 
fois ,  O  que  ce  lieu  efl  vénérable ,  vrai- 
ment c'efl  icy  la  Maijôn  de  'Dieu ,  &  h 
VortedesCieii 

C'efl:  bien  Kl,  jc  ui  caarttir^  '  ' 
gage  de  ceux  qui  font  line  conijjarai* 
fonde  ce  lieu  avec  les  lieux  défôlôz 
de  Sion,  où  l'on  ne  dit  plus.  A: 
àlaMaiJondel'Eternel^  &  où  l'on  ne 
voit  plus  les  Anges  dès  Eglife s  moti' 
ter  &  dcfccndre.  Et  dans  peu  de  jours, 
devans  v-t  raflemblcr  en  cette  Vil- 
le, &encc  Temple,  tantdejacobs 
réfugiez  ,  échappez  à  la  fureur  de 
leurs  impitoyables  Frères,  &perfé- 
cutcz  pour  avoir  reçu  ou  prêché  la  bé- 
nédiction  &  le  droit  kaineffe ,  vous  au- 
rez 


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^DANSL*EX1L.  SUIlGeN.28.  17.  fl/ 

p  ez  encore  un  nouveau  fujet  de  vous 
icricr ,  O  que  ce  lieu  eji  vénérable^ 

I''ejltcyIaMatfendeTûieUt  &laTor^ 
des  deux  !  Paroles  qui  d'elles  mè- 
nes vous  invitent  à  la  vénération  de 
:e  lieu ,  &  à  une  refpeûueufe  atten- 
tion.    Et  veuille  la  fouverainePro- 
lividencC)  que  nous  y  reflentions  les 
mêmes  émotions  que  Jacob  renentit 
en  Bcthet'i  que  nous  y  drejjions  &  em- 
braflions  la  même  ^Pierre  qui  eft 
Chrift,  que  no\^s^  verfîons l'huile 
nôtre  dévotion  &  de  nôtre  reconnoif- 
fance  ,  que  nous  y  faflions  le  même 
xœu  5  d*avoir  l'Eternel  pour  ^ieu^  & 
que  nous  fortions  de  cette  Maifon  , 
avecla  même  confolation  &  la  même 
.  aOTirancc  qui  parut  en  ce  faint  Hom- 
l^e,  Ainfi  foit-il. 

Le  Saint  Patriarche  dit  donc  de  ce 
^^nagnifiquc  lieu,  où  ilvenoit  de  voir 
'  l'Echelle:  Que  c'^eftun //V«  vénéra' 
}le  5  ou  bien ,  épouvantable  s  que  c'eft 
U  Maifon  de  T)ieu  s  8c  enfin  que  c'eft 
fa  Torte  des  deux,  Dieu  venoit  d'ap- 
'  pa- 


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y28   La  Maison  de  Dieu 

paroître  au  bon  Jacob,  auiïi-tôc  I 
premier  effet  de  cette  apparition  ei 
unefainte  frayeur.    D'où  vient  cett 
expreflïon,  que  ce  lieu  ejl  vénérable 
ou  bien  épouvantable  \  Car  le  mo 
Hébrieu  fignific  également  ce  qui  im 
prime  de  la  vénération,  &  de  ia  fra- 
yeur. Et  Moyfe  ajoute  expreflemeni 
que  f  acob  eut  peur.  De  fait  l'homme 
qui  fe  fent  criminel  5  ne  peut  voir 
Dieu  5  ni  en  contempler  la  majejie 
'  terrible  y  fans  crainte  &  fans  frayeur. 
Lapréfence  même  des  Rois  étonne 
ordinairement  ,  &  leur  grand  éclat 
nous  éblouît.    Aullî  les  Monarques 
des  Perfes  ne  fe  faifoycnt-ils  voir  que 
rarement ,  &  toutes  les  Relations 
nous  apprennent  que  le  Négus  des 
AbifTins  n*avoit  coutume  de  donner 
audience  que  derrière  un  rideau ,  que 
l'Empereur  de  la  Chine  ne  fe  montre 
que  dans  un  éloignementconfidera- 
blcjque  divers  Rois  de  l'Orient  ne 
fouffrent  pas  qu'on  les  regarde  en  fa- 
ce, que  ceux  ce  Siam  n  etoyentvûs 


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cy- devant  qu'une^,  fois  Tannée  , 
qu'encore  aujourd'huy  avoir  vû  la  fa- 
ce du  Grand  Mogol,  eil  apel lé  par  les 
fujets,  2lSO\X'^\x  la  face  deTDieti.  A 
plus  forte  raifon  la  vue  ou  l'apparition 
immédiate  du  Roy  des  Rois  doit*- 
elle  étonner  le  pécheur.  L'éclat  de  fa 
Majefté  eft  fifurprenant,  fapréfence 
fi  redoutable,  fa  voix  fi  forte  &finia- 
'  gnifique,  fa  gloire  fi  grande  &  fi  éclat- 
tante,  que  les  Séraphins  même  en  ^^""^ 
couvrent  leuis  faces  de  leurs  ailes,  que 
-les  Chérubins      baiflçnt  la  vue  fans 
regarder  celui  qui  eft  au-deflus  du 
Propitiatoire ,  que  les  Montagnes  en 
fument ,  que  les  colonnes  des  deux 
.  s'en  étonnent-,  que  les  Deferts  en  trem- 
blent, que  les  Démons  en  frémiflcnt, 
.  que  les  poteaux  des  fur feils  en  font  é-  Heb. 
branle;^.  Et  même  des  Moyfes&des 
Prophètes  en  font  épouvant^ss^gran-  bm,^ 
de  frayeur  tombe  fur  un  Daniel,  &  ^ 
-fur  ceux  qui  font  avecluy;  J'ay  eu  ul^i 
frayeur  de  l'orage  du  'Dieu  Fort ,  a  eau- 
fe  jc  fa  hauteffe^  dit  lepatientjobi 

Z  He-^ 


530   La  Maison  de  Di ru 

jf'  ^'  Helas  \  c'ejifaitdemoy^  ajoute  Lfaïe"" 
car  mes  yeux  ont  vu  le  Roy ,  le  l^ie 
Zebaoth  !  Et  non  feulement  l'ancie 
Ifraël  s'écrioit,  nom  mourrons  c^r  non 
avons  vu  T>ieu^  mais  encore  un  Dil 
ciple  de  la  Grâce,  furpris  d'unévé 
nement  miraculeux ,  prie  le  Seigneii 
1"'^"  qu'il  s'éloigne,  dépars toy  de moy  ^  ca 
je fuis  un  homme  pécheur. 

Il  y  a  toutefois  une  grande  diffé 
rence  entre  la  peur  d'un  Jacob,  ^1 
frayeur  d'un  méchant  homme.  C'el 
que  Tune  eft  une  peur  de  refpeft,  Tau 
tre  d'épouvantement  j  l'une  eft  \ 
crainte  d'un  Perc  &  d'un  Maître,  l'au 
tre  rappréhenfion  d'un  Juge&d'ui 
Maître  irrité  j  Tune  profterne  Je  fi 
déle  devant  fon  Trône,  l'autre  ei 
chafle  &  en  fait  fuir  un  Caïn  i  ccUe-l. 
fe  termine  enjoye&en  confolation 
comme  on  le  voit  icy  en  la  frayeur  d( 
yacob ,  tandis  que  celle- cy  fe  termine 
en  lamentation  &  en  deîéfpoir,  té- 
moin un  Saiil  lors  qu'il  tombe  en  tern 
tout  de  fon  lorig^  ou  un  Belzatzar 

lorj 


I  %am. 
28.  20. 


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dansl'Exil.surGen.  28.  17-  f?! 

lors  qu'ayant  vu  des  doigts  de  main 
d'homme  écrivans  fur  la  paroy  ,  fon 
'^vifage  fe  change  y  fes  penfées  Tef- 
frayent,  fes  mains  tremblent,  fes  ge- 
noux fc  heurtent,  6c  ics  jointures  de 
fes  reins  fe  de  (Terrent. 

Chofe  à  la  véritéfiirprenante ,  mes 
tres-chcrs  Frères  !  Dieu  honore  Ja- 
cob d'une  vifionraviflante  :  Iiraflii- 
re  qu'il  luy  fera  Pere ,  que  fa  poftérité 
fera  comme  la  poudre  de  la  terre  ^  que 
les  Nations  feront  fon  héritage,  les 
Cieux  fon  domicile ,  les  Anges  fes 
•gardiens,  l'Echelle  fon  apui  :  11  le 
ralTûre  par  cette  apparition  contre  les 
horreurs  delà  folitude,  contre  lef- 
froy  de  la  nuit ,  ou  les  embûches  d'E- 
faù,  ouïes  attaques  des  Ours  &  des 
Lions ,  ou  la  violence  des  hom mes  & 
des  fcéîerats  Mais  auflî  Dieu  fait  que 
parmi  ces  mouvemens  dejoyefe  mê- 
lent des  mou vemens  de  frayeur,  & 
que  ce  lieu  deconfoîation  luy  donne 
de  l'épouvante  j  que  ce  lieu  ^  dit-il  y  efl 
épouvantable  !  une frayeur    un  trePi- 

Z  2  ble- 


I  f.  ic 


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532»   La  Maison  de  Dieu 

hlcment  étonne  tous  fes  os^les poils  de  fl 
chair  en  font  herïfjezl  II  plaît  d'ordi-  ' 
naire  à  la  Providence  de  détrempei 
fes  grâces  &  fes  faveurs.  Elle  accom- 
pagne le  plus  fouvent  fes  révélations 

-^C'^'  falutaires  de  quelque  ^^Af^r^âf^  5  com- 
me  vous  le  lifez  d'un  Paul  5  fesconfo- 
lations  de  quelque  travcrfe ,  fes  béné- 
diftions  de  quelque  fâcheux  appen- 
dice, fes  douceurs  de  quelque  amer- 
tume, &  toutes  nos  efperances  de 
quelque  crainte ,  afin  que  l'homme 
ne  s'eleve  point  outre  mefure^  &que  * 
venant  à  oublier  fa  condition  &  les 
infirmitez,  la  préfomption  ou  iafe- 
curité  ne  le  perde.  Jemecontente- 
ray  de  l'exemple  de  ce  mêmejacob. 
S'il  luite  avec  l'Ange,  jufqu'à  en  a- 
voir  la  viftoire ,  &  une  viftoire  infi- 
niment plus  glorieufe  que  toutes  cel-  . 
lesdesLuiteursdelaGrccc,  auflî-tôt  *. 
Dieu  le  blcflè  à  la  hanche ,  6c  il  en 

^'J*^'^' cloche  tout  lerefte  de  fes  jours.  Si 
Dieu  luy  donne  une  chère  &  une  ai- 
mable Rachel ,  elle  fc  trouve  fterile. 


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145  G  34 


DANS  l'Exil,  sur  Gen.  28. 17.  5-35 

fi  elle  luy  enfante  un  Benjamin,  la 
naillance  de  l'un  eft  la  more  de  l'autre  » 
fii  profpéreenla  maifondeLaban, 
ce  n'eft  pas  fans  fâcherie  &  fans  tra- 
vail ,  s'il  eftPeredeplufieursenfans, 
il  y  a  parmi  eux  unjofeph  enlevé ,  un 
Ruben  inceftueux5un  Simeon  fangui- 
naire,  &  une  Dina  trop  volage  pour 
fon  fexe.  C*eft  ce  mélange  des  biens  &: 
des  maux,  desjoyes&dcstraverfes, 
fque  non  feulement  un  Jacob,  mais 
auflî  que  châque  Fidèle  expérimente 
en  fon  particulier  ,  &  qu'il  nous  eft 
bon  même  d'expérimenter.  Tous  re- 
çoivent du  Ciel  diverfes  faveurs,  6c 
diverfes  grâces:  Mais  elles  fe  trou- 
vent toutes  comme  les  brebis  &  les 
agneaux  qui  furent  le fa/aire  de  Jacob, 
elles  font  picotées  &  tachetées ^  il  y  a 
du  blanc  &  du  noir,  matière  de  joye 
&  matière  de  trifteflè.  Toutes  nos  Ro- 
fes  lont  mêlées  d'épines ,  &  tout  nôtre 
miel  a  fon  fiel.  Les  richefTes  font  fui- 
vies  de  foins  &  d'inquiétudes,  les  hon- 
neurs le  font  d'envie  ôc  d'inimitiez , 

Z  3  le 


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32. 


534   La  Maison  de  Dieu 

le  fçavoir  l'eft  de  chagrin  &  de  ronge- 
ment  d'efprit  >  leseiifans  le  font  de 
foucis  6c d'amertumes,  lareputatioa 
l'eft  de  médifance  &  de  brèche,  les 
Trônes  même  &  les  Palais  fe  reflen- 
tentdecemélange,  &leplusfQuventî 
j  les  vaches  grajfes  précédent  les^^^^i- 
gres ,  &  les  beaux  j:our3  devancent  le& 
jours  triftes  &  fâcheux. 

Mais  que  c'eftàjufte  titre  que  Ja- 
cob apelle  ce  lieu  où  Dieu  venoitde 
luy  apparoître  ,  un  lieu  vénérable  y 
c'eft-à-dire  Iteufaint,  lieu  digne  d'u- 
ne dévotion  finguliére  !  Et  de  fait  les 
Palais  même  des  Rois  font  des  lieu 
facrez,  &  d'un  profond  refpeft,  fur 
tout  les  Sales  d'audience.  Encore  au- 
jourd'huy  dans  la  Chine,  à  la  feule 
vue  du  Trône  Impérial  on  fe  profter- 
ne  trois  fois  en  terre,  &:  des  figures 
de  Dragons  qui  Ten  vironnent ,  &  qui 
font  l'emblème  des  Barbares  n'im- 
priment que  la  crainte.  Combien 
plus  ces  lieux-là  où  Dieu  fe  tient  &fe 
manifefte  ,  doivent-ils  infpirer  le 
refpeft  6c  la  vénération?  De  là  vin t  que 

les 


• 

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DANS  l'Exil.  suflGen. 28. 17.  555' 

les  Payens  entouroyent  leurs  Tem- 
ples de  murailles ,  &  leurs  Bocages 
facrez  d'un  enclos,  pour  en  empê- 
cher  une  aproclie  irreligieufe.  Ce 
qu'ils  avoyent  apris  cclemble  de 
Moyfe,  &  delà  ftrudûm  du  Taber- 
nacle ancien,  comme  auffi  entre  l' Ar- 
che de  l'Alliance  &  le  Peuple  il  y  de- 
voir avoir  unediftance  de  deux  mille 
wudées.    Aullî  lors  que  Dieu  appa- 
rut à  Moyfe  dans  le  Buiflbn  ,  il  luy 
:ommanaa  d'oter  fes  Souliers,  comme  ^'"'^  J' 
étant  d'ordinaire  chargez  de  bouëôc  ' 
d'ordure,  car  dit-il  le  lieu  ou  tu  esefl  \f%' 
terre  fainte  ;  &  autant  en  fut-il  dit  à 
Jofué ,  lors  que  le  Chef  de  l'armée  de 
l'Eternel  fe  prelenta  devant  luy  Ain* 
.fi  voulut-il  que  le  Peuple  ic  lavât  ^{q 
purifiât ,  devant  qu  il  defcendît  fur 
la  montagne  de  Sinaï ,  de  même  qu'il 
défendit  aux  Sacrificateurs  d'apro- 
cher  du  T  ibernacle  ,  qu'auparavant 
ils  ne/?  fantîifiajjent.  Et  vous  fçavez 
tous  le  châtiment  de  ces  téméraires  i  sam. 
^wiregardérent  dans  l'Arche  de  l' Et  er-  ^' 

Z  4  nely 


M- 


Ex«A< 
19. 


La  Maison  de  Dieu 

nel^  fans  aucune  révérence  ,  emblè- 
me de  ceux  qui  par  une  curiofité  té- 
méraire veulent  pénétrer  dans  les  fé- 
crets  de  Dieu  qu*il  ne  nous  a  point 
révélez.  Enfin  tous  ces  lieux- là  que 
Dieu  apclle  fon  Temple  &  fa  Maifon 
où  il  le  manifcfte  en  fa  Parole  &  en 
fes  Sacremcns ,  où  fa  Majcfté  eft  ado- 
rée, fes  louanges  chantées  5  fes  mer- 
veilles déployées ,  fes  myftéres  prê- 
chez, êclestréfors  de  fes  grâces  éta- 
lez, tous  ces  lieux-là  font  dignes  de 
la  même  vénération. 

Remarquez-le  bien  ,  Fidèles  , 
qu'eft-cequi  rend  (iÇ,\\Q\xÇ\vénèrable 
à  Jacob  Eneft-ce  réclat&lapompe, 
en  font-ce  les  richeflès  &la  magnifi- 
cence? Ou  bien  eneft-ce  unepom- 
peufe  dédicace,  comme  font  celles 
des  lieux  confacrezàia  fuperilition  ? 
Eft- ce  peut-être  Tlmage  de  quelque 
Saint  que  Jacob  eût  devant  fes  yeux , 
ou  bien  que  ce  lieu  renfermât  quelque 
Chiffe,  &  quelques  Reliques J 'a- 
voué  que  c'eftlàce  qui  fait  toute  la 

véné- 


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DANS  l'Exil.  surGhn.  28. 17.  5*37 

vénération,  dans  une  Rome  Idolâ- 
tre, pour  ces  lieux  où  eft  peinte  TI- 
mage  d'une  Marie ,  d'un  François,  ou 
d'un  Dominique,  Se  qui  renferment 
un  crâne,  un  bras,  unemaindequel- 
■  que  Saint  prétendu ,  ou  fi  vous  le  vou- 
lez, un  clou  de  la  Croix,  le  peigne 
d'une  Marie,  la  lanterne  d'un  Judas. 
Ainfi  tous  les  lieux  que  Rome  croit 
avoir  été  fandifiés  par  quelque  attou- 
f  chement  corporel,  foit  deJ.Chrift, 
foit  de  quelqu'un  des  Apôtres ,  ou  des 
Martyrs ,  font  dés  là  même  ces  //eux 
^vénérables ,  dont  l'on  n'aproche  qu'a- 
véque  dévotion    Et  parconféquent 
la  bouche  traîtrcflc  de  Judas,  les  mains 
facrilegcs  des  foldats  Romains,  & 
plufieurs  profanes  quifouvent,  ont 
touché  &  prefTé  ce  divin  Sauveur,  ont 
mérité  la  même  vénération^  Jacob 
ignore  alfûrément  tous  ces  fujets  d'u- 
ne dévotion  religicufc.  Il  luy  fufht 
pour  trouver      Lien  vénérable que 
Dieu  s'y  eft  manifefté  en  grâce ,  &  que 
là  il  luy  a  fait  voir  fon  Echelle^  c'cil- 

Z  5"  à-di' 


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538   La  Maison  de  Dieu 

à-dire  le  Symbole  de  là  proteftion  & 
de  fon  alliance. 

En  la  multitude  des  fonges  il y  a  de  la 
vanité^  difoitle  Sage.  Mais icy Ja- 
cob s'étant  réveillé ,  eft  fort  perfuadé 
que  ni  l'Echelle  qu'il  vient  de  voir  en 
fonge ,  ni  la  Voix  qu'il  vient  d'enten- 
dre 5  ne  font  pas  un  effet  de  fon  ima- 
gination, ni  des  vapeurs  defcmefto- 
mac.  Il  fe  lent  frappé  tout  à  la  fois 
de  plus  d'un  objet  raviflant.  Il  voit 
une  Echelle  qui  s'élève  d'auprès  de 
luy  qui  fort  par  manière  de  dire  de  lès 
reins,  ôcquien  même  temps  touche 
le  Ciel  5  &  tient  à  Dieu  par  fa  partie  la 
plus  haute.  Il  voit  l'emprelTement 
avec  lequel  les  Angesmonteyit  &  def- 
vendent  fur  cette  Echelle,  qu'ils  en- 
vironnent, qu'ils  contemplent,  qu'ils 
admirent,  &  qu'ils  rri!,ardentjufqu'en 
bas.  Il  remarque  qu'eile  remplit  ce 
grand abime  qui nousfèparco.  t  eu, 
qu'elle  rend  le  Ciel  acceflîbic,  Cou- 
vre le  chemin  au  Trône  de  la  Grâce. 
11  ne  voit  qu'une  leuk  Echelle,  & 

dont 


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DANSL*EXIL^  SUR  GeK.  28.  I/.  f^f 

dont  mille  Tours  de  Babel  ,  mille 
Sinaïs,  mille  Sions,  ou  mille  Mori- 
jas ,  ne  fçauroient  égaler  ni  la  ferme- 
té ni  la  hauteur,  pour  élever  Thom- 
me  jufqu'au  Ciel.    Il  la  voit  encore 
drefjee^  en  forte  que  ceux  qui  mon- 
tent &  qui  defcendent ,  qui  s'apuyent 
fur  elle,  qui  la  tiennent  ferme,  ne 
craignent  point  d'être  renverfez.  Il 
aperçoit  qu'elle  ne  s'élève  que  par  dé- 
grez  &  par  échellons,  comme  il  y  a 
eu  dés  la  naiflance  de  rEglifedesdé- 
grez  de  lumière,  de  révélation,  de 
grâces,  &d'acheminement aux  efFets 
des  promefïes  falutaires.    Il  admire 
comment  cette  Echelle  tantôt  s'abaif- 
fe ,  enfe  pofant  fur  la  terre ,  tan  tôt  fc 
rehauflè,  en  s'élévant  /«/^«'^«  Trô- 
ne de  la  Gloire.  Il  voit  (\ucl' Eternel 
fe  tient  au  deffus  d'elle-^  qu'il préfide 
à  tous  ces  Myftéres ,  que  c'd^l' œuvre  p/ins. 
deT>ieu  &  une  œuvre  tout  à  fait  «^é'r- 
'vetlleufe.    Lors  aufli  que  Jacob  fe 
croyoït  être  feul ,  il  voit  que  l'Echel- 
le, que  les  Anges  ,  ^  que  l'Eternel 

Z  6  mê^ 


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^4o    La  Maison  de  Dieu 

même  ne  font  pa^s  loinde  luy  ^  l' Eter- 
nel ejl  en  ce  lieU'Ci  i  &je  n'en  ff  avais 
rien  !  Il  eft  encore  tout  furpris ,  de 
voir  que  Dieu  a  foin  de  luy,  &  qu'il 
veille  pour  luy,  lors  même  que  ce 
pauvre  Jacob  s'écant  endormi  nefon- 
geoitniàDicu,  niàfoy-même.  En- 
fin lapromede  que  Dieu  renouvelle, 
&  qui  avoir  déjà  été  faite  à  Abraham 
&à  Ifaac  luy  eft  une  preuve  infailli- 
ble quec'eft  hitnYkP Eternel ^  dont 
FA/,  les  confeils  décrétez,  fe  trouvent  la  fer^ 
'  '  mete  même ,  &  qu  i  fait  point  retour- 
ner  fa  parole  en  arrière.  Apres  quoy 
il  ne  faut  plus  s'étonner  du  ravifle- 
ment  de  Jacob,  ni  chercher  ailleurs 
Jacaufe  de  cette  expreflîon,  Oqnece 
lieu  efl  vénérable  ! 

Mais  je  vous  prie ,  mes  Bien-nimez, 
quel  étoit  ce  lieu  fi  vénérable  Où  eft- 
ce  que  Dieu  fe  communique  de  la  for- 
te au  bon  Jacob?  Ce  ne  futpascom- 
;nie  vous  le  voyez  dans  un  fuperbe 
Temple,  ni  dans  un  magnifique  Pa- 
lais, ni  dans  une  fomptueufç  Bafili- 

que. 


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dansl*Exil.surGen.  28. 17.  jf+ï 

que.  Ce  fut  en  un  trifte  défert,  af- 
freux par  les  obfcuritez  de  la  nuit,  & 
épouvantable  par  la  folitude.  CePa- 
ftriarche  n'y  avoit  pour  compagnie 
i:que  des  bêtes  fauvages  s  car  le  Lion 
\xie  cherche  la  proyc  que  de  nuit,  il 
n'avoit  pour  proviiion  qu'un  peu 
d'huile  5  pour  défcnfe  qu'un  b  iton , 
pour  lit  que  du  gazon  ou  du  fable , 
pour  chevet  qu'une p/erre ,  pour  flam- 
beaux que  les  Etoiles  du  firmament, 
pour  couvert  que  le  Ciel,  pour  hô- 
tellerie qu'une  ralè  campagne  ,  étant 
logé  véritablement  à  l'cnfeignedela 
Divine  Providence.    Voilà  ce  lieu  fi 
'uénérablé  où  Dieu  fe  manifefl:e  à  l'exi- 
lé Jacob  !  Preuve  authentique,  que 
Dieu  n'attache  point  fes  grâces  à  la 
fomptuofité  des  Temples,  auxorne- 
mens  des  Autels ,  à  la  pompe  des  Pro- 
cédions, à  la  magnificence  des  Pré- 
lats, à  la  pourpre  des  Cardinaux,  ni 
à  la  gloire  des  Pontifes,  qui  fit  dire  à 
un  illultre  Payen  du  temps  de  Damafe, 
Faites  moy  Evequede  Rome  ^  o'jeme  ^ur- 

Z  7  ferajHUror 


i 


I 


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I  Sam. 
l6.  7. 


542    La  Maison  de  Dieu 

feray  Chrétien,  Belle  leçon ,  que  Dieu 
n'a  point  égard  à  Textérieur,  nïàce 
qui  ejl  devant  les  yeux ,  ^  qu'une  ché- 
tive  grange,  une  miferable  hutce, 
une  foreft  épaifle,  luy  eft  fouvent 
plus  agréable  que  ne  le  font  les  bati- 
mens  les  p:us  fuperbes  ,  témoin  les 
cimétiéres  affreux  des  prémicrs  Chré- 
tiens, bien  y>^\xs  vénérables  c^uç.  ne  fu- 
rent jamais  lesBafiliques  des  Con- 
ftantins ,  des  Théodofes ,  &  desj ufti- 
niens.  Exemple  fortconfolanten  nos 
jours,  par  où  l'on  voit  que  le  fervice 
de  Dieu  peut  être  fait  en  tout  temps  & 
en  tout  lieu,  qu'il  n'eft  point  attaché 
à  un  Tabernacle  matériel,  ni  à  une 
Jérufalem  tcrreftre,  qu'en  voyageant 
comme  Jacob,  ou  qu'en  fuyant  des 
injirumens  de  violence  Se  des  cruels 
Efaùs  ,  une  Campagne ,  un  Bois ,  un 
Défert,  une  Caverne  »  un  Bateau  ,  un 
Coche,  peuvent  être  fon  Temple,  & 
le  lieu  de  nos  dévotions  &  de  fes  com- 
munications gratieufes. 
Nous  pouvons mêmedire,  Chré- 
tiens 


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dansl'Exil.sur.Gen.28.  17.  5'45 

cns,  que  Dieu  le  communique  plu- 
ôtcnunlieudérert,  en  une  trifte  fo- 
litude,  en  un  cabinet  fermé,  en  une 
place  de  retraite  ,  qu'il  ne  fe  commu- 
nique dans  les  carrefours  ,  dans  les 
lieux  de  tracas  5  &  dans  les  places  pu- 
bliques.   Et  ces  lieux  fi  'vénérables  fe 
^trouvent  fans  comparaifon  plutôt 
Bdans  l'exil  &  dans  la  fuite,  loin  de 
^peerfébah  ^  loin  d'une  Mai fon  pater-  t  s^r», 
^^elle,  j'ajoute  en  un  lieu  de  louffran- 
:es,  en  un  fombre  cachot,  zu  fond 
^'unecaverne  y  fur  un  banc  de  forçat, 
.oubien  fur  unlitdem.iladie,  ^dans 
line  Mailon  de  deuil,  qu'ils  ne  fe 
[trouvent  dans  des  Villes  flonlïantes, 
en  des  Cours  pompeufes,  en  des  Pa- 
rais fplendides,  en  des  Maifons  de 
Iprofpénré,  &  fur  des  couches parfu-  Prov.j. 
mées  de  Myrrhe ,  d'Aloé ,  &  de  Cina-  '7- 
mone. 

Le  Prophète  Royal  parlant  de  bâ- 
tir une  maifon  àTEternel  5  Dieuluy 
répond  par  la  bouche  de  Nathan ,  Me  ^ 
bâtiroM'îu  une  maifon  afinquefyha-i^  5- 

bïte  ? 


544»   La  Maison  de  Dieu 
Ï^fi4.  bite?  Comme  s'il  eût  dit,  jen'habi" 
B.66     P^^^^         Mat  fons faites  de  mains -, 
'  les  deux  font  monTrône^  &  la  terre 
eji  le  marchepïé  de  mes  pieds ,  quelle  fe- 
roit  la  maifon  que  tu  me  bat  trois ,  é* 
quel  fer  oit  le  Iteu  de  mon  repos?  Ce- 
pendant rEcriture  Sainte  parle  Sou- 
vent de  lamaifon  deT>ieu<,  &  Jacob 
dit  en  cé t  endroi  t  >  Ce  n\fl  icy  que  la 
maifon  de  Dieu  !  La  chofc  eft  éviden- 
te, Dieu  n'a  point  de  «//î//2?;/:\  parler 
proprement,  point  de  demeare  qui 
Je  renferme,  comme  fut  la  maifon 
Royale  de  David  ou  de  Salomon.  Et 
de  là  vint  que  Xerxes  étant  entré  dans 
la  Grèce,  démolit  tous  les  Temples, 
&les  reduilit  en  cendres,  difantque 
les  Grecs  renfermoyent  leurs  Dieux 
entre  quatre  murailles ,  &  que  tout  le 
Monde  étoit  fon  Temple  &  fon  do- 
micile.   Il  ell  vray  que  Salomon 
r$*m,  voit  bât ir  une  maifon  àfo7i  Nom  y  dans 
7- '3-  l'enceinte  de  Jérufalcm,  mais  qui  fût 
jy,„t,  la  figure  de  fon  Eglife  ({n'Aachoifie 
"•5-  pour  y  mettre  fon  Nom.  Etc'ctoitdans 

une 


DANS  l'Exil.  surGen.  28. 17.  54^ 

me  vue  bien  différente  de  celle  des 
xhgieuxdch  Mecque  y  avant  la  Sec- 
de  Mahomet ,  qui  croyoyent  la  Di- 
inité  renfermée  dans  leur  J^HUy  & 
jans  leur  Temple,  &  n'en  fortoyent 
jamais.    Auflî  eft-ce  par  une  raifon 
particulière  que  Jacob  apelle  icy  /a 
^  mai(on  de  T>îeUj  ce  lieu  tant  vénéra- 
^ble  5  qui  luy  avoit  paru  en  fonge  com- 
leunvafte  Palais  du  Dieu  de  fes  Pè- 
res. Palais  dont  la  Providence  étoit 
:omme  Tenclos  &  la  muraille,  donc 
Iles  Cieux  étoy ent  comme  le  couvert , 
les  Anges  comme  les  Domeftiques  6c 
I  les  Officiers  ,  TEchelle  comme  un 
Efcalier  qui  menoit  jufqucs  au  haut> 
&  la  vifion  qu'il  avoit  eue  comme  une 
lumière  rcrplcndillante  ,  s'y  voyant 
de  plus  traittéde  Dieu  en  fils  &  en 
enfant  de  la  Maifon,  Voicyje  fuis  avec 
îoy^  luy  dit  le  Dieu  d'Abraham  8c 
d'Kaac,  &  je  te  garder  ay  far  toutou 
fuiras. 

Chers  Frères,  tous  ces  lieux  où 
Pieu  apparoît  en  grâce ,  où  il  fe  com- 
mun!- 


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145  G  34 


546  La  Maison  de  Dieu 
munique,  où  il  parle,  où  il  agit  en 
Pere,  où  il  difpenfe  fes  biens  &  fes 
faveurs,  où  il  reçoit  nos  adorations 
&  nos  hommages,  félon  le  ftyledes 
Ecritures ,  font  la  maifon  de  T)teu. 
Auflî  Jacob  en  fuite  de  cette  appari- 
tion gratieufe  pou  voit  bien  dire ,  c'ejl 
icy  la  maifon  de  T>ieîL  Et  de  là  vient 
que  le  Tabernacle  de  Moyfe  ^  du  de- 
puis le  Temple  de  Salomon  furent 
apellez  la  maifon  de  Dieu.  En  effet 
Dieu  s'y  manifeftoit  à  fon  Peuple,  fa 
gloire  fe  découvroit  fur  le  Pavillon  , 
îa  majeftueufc  préfence  s'aperce-^ 
voit  au  Sanftuaire,  il  y  étoitcomme 
féantfurle  Trône  de  grâce,  il  s'y  te- 
noit  entre  les  deux  Chérubins,  il  y 
montroit  le  vray  propitiatoire ,  il  ren- 
doit  de  là  fes  Oracles,  il  y  recevoit 
les  hommages  de  fonlfmël»  ilyflai-* 
roit  Todeur  des  facrifices  ^  des  par- 
^-  fums,.  ^defespansihtmpliffotttoM' 
te  cette  augufte  Maifon.  Même  les 
trois  parties  dont  elle  futcompofée, 
favoir  les  Parvis,  le  Lieu  Saint,  & 

le 


DANS  l'Exil.  surGen.28.  17. 

le  Lieu  Tres-faint ,  reprefentoyent 
admirablement  le  Monde,  TEgiife, 
&  Iç  Ciel,  qui  font  les  parties  dont 

p  eft  compofé  ce  grand  Univers  ,  de 
mémo  que  la  Nature,  la  Grâce,  &  la 
Gloire,  font  comme  les  trois  lieux 
où  il  exerce  fon  régne ,  &  où  il  dé- 

gjplpye  fes  tréiors. 

H  Et  par  la  même  raifon  tout  lieu  qui 
Rft  dédié  à  fon  fervice,  tonte  Cham- 
m  hre  haute ^Cimçtiérc , Temple ,  Cha- 
'  pelle  ,  tous  lieux  d'Aflemblées  fain- 
tes,  font  wéritzhlcmcnt  la  Mai  fon  de 
T>teu.    Carilfe  trouve  là  au  milieu 
1  defesEnfans,  c'eft  là  qu'il  leur  parle 
W  parfosferviteurs,  qu'il  écoute  leurs 
^  voix,  qu'il  exauce  leurs  prières,  qu'il 
j^reflè  (a  Table,  quil  diftribuë  Ion 
j^ain ,  qu'i?  prefente  fon  vinmixtion- 
néi  &  qu'il  nourrit  les  Sions de  la  pâ- 
ture de  vie ,  de  de  ia  manne  cachée. 
Aullî   les  Chrétiens  apellcrent-ils 
leurs  Temples  des  Bajlliques ,  c'eft-à- 
lire  des  Maifons  Royales ,  des  Palais 
le  ce  grand  Roy ,  ou  bien  d'un  autre 

mot 


PfâVm 
ij.  5. 


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145  G  34 


548    %jA  Maison  de  Dieu 

j^^f-- mot  Grec  qui  fîgnifie  Mai  fondu  Sei^ 
gneuT  ,  mot  qui  a  paflë  aux  langues 
Saxonne,  Alcmande,  Belgique, 
fignifie  Temple ,  ou  Eglife.  Etdelà 
vient  auffi  que  TEglife  deDieuefta- 
pellée  fi  fou  vent  fa  Maifon.  Maifon 
où  ce  grand  Pere  de  femille  comman- 
de, où  fcs  chers  Enfans  fe  trouvent, 
où  il  gouverne  par  fes  Oeconomes, 
où  il  inftruit  par  fcsMmiftres,  où  il 
conduit  par  fonEfprit,  où  il  éclaire 
par  fa  parole  j  mais  auflî  où  il  châtie 
de  fes  verges,  où  il  fe  fait  également 
aimer  6c  craindre,  où  il  fait  fentir 
tantôt  fes  faveurs  ,&  tantôt  fa  colère, 
où  il  déployé  tantôt  fes  châtimens  & 
Tantôt  fes  grâces,  tantôt  un  vifage  de 
Pere,  &tantôtun  vifage  de  Maître. 
Maifon  qui  eftbien  diiierentcdccel- 

^.*gf**  le  de  David ,  où  ni  les  aveujrles  ni  les 
boiteux  n*avoyent  point  d'entrée  ; 
bien  différente  du  Palais  d' Affuérus , 

ff  ^'  où  il  n*étoit  pas  permis  d'entrer  à 
ceux  qui  étoyent  vétm  d'un  fac  ^  ^ 
fort  oppofée  à  toutes  les  Maifons  Ro- 
yales, 


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145  G  34 


DANS  l'Exil,  sur  Gen.  i8.  17. 

aies,  où  Ton  ne  voit  que  pompe  & 
quefafte,  puisque  Dieu  bannit  l'un 
&  l'autre  de  fon  Eglife,  6c  demande 
lafimplicité  &  l'humilité. 

Ajoutons ,  Peuple  Fidèle ,  que  tou- 
te maifon  religieufe ,  toute  famille  de- 
vote  5  peut  être  dite  la  Maifon  de 
T^ïeu ,  où  il  habite  en  fa  grâce.  Je 
parle  de  ces  Maifons  où  le  Seigneur 
|fl:  reçu  comme  il  le  fut  dans  la  maifon 
3'un  Z^achée ,  &  d'une  Marie  j  où  fon 
Arche  cfl:  logée ,  comme  elle  le  fut  en  6 
la  maifon  de  Hobed-Edom  i  où  fon  " 
Alliance  eft entretenue,  où fes bien- 
faits font  reconnus,  où  la  charité  cft 
exercée,  où  les  enfans  font inftruits 
difciplinez,  où  retentilîènt  la  leftu- 
re  de  la  Parole,  les  Pfeaumes ,  les  Can- 
tiques,  &  les  Orailons.  il  y  a  plus i 
tout  cœur  fandifié ,  toute  amepieufe, 
eftcomme  le  Temp'e,  ieSanftuaire, 
la  Maifon  o\xV>'\c\x  fe  plaît,  où  il  loge 
•  fonEfprit,  où  il  place  fa  grâce,  où  il 
tablit  fa  paix,  où  il  faitfentirfapro- 
cftion  ,  fa  joye  >  &  fes  confolations 

ravif- 


5^0   La  Maison  de  Dieu 

ravifîantes,  fî  quelqtCun  oit  ma  voL 
f  entrer ay  vers  luy^  &  fouperay  ave 
luy ,  à*  luy  avec  moy.  Ce  qui  paroi 
évidemment ,  lors  que  fEteriiel  ej 
nôtre  crainte  j  lorsque  les  fouillure 
de  la  chair  font  bannies,  les  entrail 
les  de  la  charité  émues,  lés  blafphé 
mes  abhorrez,  les  Icandales  déplo 
rez,  riiypocrifie  déteftée ,  &  celan 
M.îî  gage  ouï  de  tems  en  tems,  jepren. 
ty&c,  pijiijiy.     Tout'puijfant ,  V  élever  ay  m  ^ 
face  vers  T^ieu^  &  je  le  flèchiray pa)  \ 
mes  prières ,  mon  pié  a  tenu  [on  chemin,  j 
fay  fetré  les  paroles  de  fa  bouche  ^  ^  "1 
je  ne  me  fuis  point  retiré  du  comman  - 
dément  de  fes  lèvres.  \ 
Après  cela  Texpreflion  de  Jacob  i 
-n'a  plus  fien  de  furprenant.   Et  ce  i 
nom  de  Mai  fonde  Dieu  -y  ou  de  Be- 
thel^  qu'il  donne  à  ce  lieu  de  vifion, 
a  été  fameux  dans  la  fuite  en  la  Répu- 
blique d'Ifraèl.  Maisauflî  nom  trifte 
par  un  changement  lurpreric  nt  qui 
arriva  depuis  ,  &  par  un  ibu venir  fu- 
nefte!  nom  qui  nous  aprend  que  des 

Be^ 

I 
i 


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^  dansl'Exil.surGen. 28. 17.  551 

WBethels  peuvent  eflrc  changées  en 
Hes  Bethavens ,  &  des  mailons  de 
^)ieii   en   des    maifons  d'iniqui- 

rj^.    Car  ce  même  lieu  que  Jacob 
a  pelle  icy  la  mai f on  de  'Dieu ,  s*eft  vu 
^u  teras  de  Jéroboam  le  fiége  deTI- 
lole,  ôcla  maifon  du  Démon.  D'où 
iennent  ces  inventives  fréquentes 
[es  Saints  Prophèt  es  de  Dieu ,  qui  au 
[ieu  de  Tapeller  i^^/^ -^'Z  la  qualifient 
H  th-aven ,  comme  vous  le  voyf  z  au 
juatriémc    au  cinquième  des  Révé- 
lations d'Olée.  Et  de  fait  Ton  a  vii  de 
jout  tems  les  lieux  les  plus  faints  & 
les  plus  vénérables ,  élire  changez  en 
fuite  en  des  lieux  d'impiété  &  de  pro- 
Fanation.  Il  n'y  a  rien  de  ilable  (bus  le 
FoleiK  rien  que  le  tems  n'altère,  &  que 
le  fiécle  ne  corrompe ,  non  feulement 
lans  le  Mondejmais  auffidans  l'Eglife 
de  Dieu.  Lt  c'eft  pourquoi  les  Anciens 
joignoyent  dans  leurs  Médailles  une 
Roué  au  pié  d'une  Colonne,  pour 
narquer  les  révolutions  des  chofes 
[les  plus  ftabics  en  apparence.  N'a- 

t-on 


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f  ^$1    La  Maison  de  Dieu 

t-on  pas  vu  une  Jérufalem  lafainte 
changée  en  uue  'ville  meurtrière  ,  & 
en  une  féconde  Sodome  :  le  Tempk 
de  Dieu  changé  en  une  caverne  de  bri- 
gands ,  Je  heu  du  Sanftuaire  en  ur 
^  heu  d'abominations  ?  Comment  la 
»i!ziî*  Cité  loyale  eft-elle  devenue  V ai llar de  ^ 
^  celle  qui  étoit pleine  de  droiture ,  efi» 
elle  maintenant  pleine  de  meurtriers. 
Ces  mêmes  lieux  où  le  Sauveur  du 
Mohde  a  pris  fa  naiflance ,  où  il  a  fouf- 
fert  fa  croix ,  où  il  eft  forti  glorieufe- 
ment  du  tombeau,  que  font-ils  au* 
jourd'huy  (i  ce  n'eft  aes  monumens 
déplorables  de  la  vangeance  du  C iel , 
ou  de  ladécadancedu  Chriftianifme, 
dégénéré  en  fuperftition  &  en  Idolâ- 
trie? Que  font  devenues  des  Byzan- 
ces,  des  Alexandries,  des  Antioches, 
desCéfarées,  &  toutes  ces  Eglifes  de 
TAfie,  Ephéfe  ,  Smyrne,  Pergame, 
Thyatire,  Sarde,  Philadelphie, Lao- 
dicée,  ou  bien  les  Eglifes  de  Corin- 
the,  d'Athènes,  de  ThefTalonique ,  de 
Philippcs,  &  une  infinité  de  fembla- 

bles  ? 


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DANS  l'Exil,  sur  Gen.  28. 17.  f  fj 

bles?  Elles  furent  autrefois  des  Bc- 
îhels^^  elles  font  aujourd'huy  des  Be- 
thavens,  autrefois  des  Eglifesliorif- 
fantes,  aujourd'huy  de  miferables  Sy- 
agogues,  autrefois  des  Maifons  de 
leu,  aujourd'huy  desMofquéesdc 
Mahomet  ,  &  ce  qu'il  y  refte  de 
Chrétiens  eft  plongé  dans  le  vice  ou 
dans  Tignorance.  Ainfi  a-t  on  vu  une 
Rome  Apollolique,  changée  en  une 
ome  apoftate  ,  &  le  fiége  des  Servi- 
eurs  de  Chrill,  enceluy  deTAnte- 
hrift  ,  comme  il  ne  fe  vérifie  que 
rop.  Maisheîas!  combien  d'Egli- 
fes  Réformées  quiparoiHent  aujour- 
d'huy  difformes  ,  combien  de  ces 
aïfons  de  T^ieu^  qui  ne  font  plus 
aintenant  que  de  triftes  Deferts ,  ou 
es  Temples  de  l'Idole ,  ou  des  Con- 
ents de  Moines,  ou  des  rapaires  de 
ragons ,  ou  des  lieux  que  des  bandes  yfi^f,* 
e  Brigands  ont  environné  ,  par  qui 
es  Sacrificateurs  exploitent  leurs  mè^ 
hans  dtjjeins ,  &c  qui  même  réjouïf- 
I  nt  les  Rois par  leur  malice, 

A  a  Auflî 


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ÊÊlk 


554   La  Maison  de  Dieu 

Auffi  eùr-il  mieux  valu ,  que  I 
Bétbel  àc  Jéroboam,  oùfutdrefleh 
veau  d'or,  n'eût  jamais  été  VàBêthe 
de  Jacob.    Les  plus  beaux  noms,  & 
les  plus  illuftres  origines,  neferveni 
fouventqu'à  condamner  &  qu'à  con 
fondre.   Jérufalem  auroit  moins  ér< 
criminelle,  fielle  avoir  moins éré ur 
Mcudevijîon^  8c  été  moins  avantagée 
de  Dieu.    La  chute  de  Pierre  auroii 
été  moins  furprenante,  fi  le  Fils  de 
Dieu  ne  luy  eût  pas  dit,  Tu  es  "Pierre: 
il  faut  que  ta  fermeté  réponde  au  nom 
que  tu  portes.    Ce  Moniire  qui  fût 
le  premier  de  tous  les  Papes  qui  chan- 
geafon  nom  de  Baptême,  fçavoirlc 
nom  d'06iavian  ,  en  celuy  de  Jean  . 
^à^^n,  ^        |ç  Cardinal  Baroniusa- 

voué  avoir  été  l'' exécration  de  Dieu 
ér  des  Hommes  ,  n'cut-il  pas  bonne 
grâce ,  comme  le  même  Cardinal  le 
remarque,  de  vouloir  être  proclamé^ 
en  vertu  de  ce  nom,  Voici  un  homme 
envoyé  de  "Dieu  quia  nom  JEAN! 
Et  pour  ne  rien  dire  de  tant  d'impi- 

toya- 


Jean  l . 


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DAN  sl'Exil.  sur-Gen.  28.  17.  SSS 

:oyables  Clemens-^  ou  de  cruels  Bo- 
ùfaces^  ou  de  maudits  Benoits ,  ou 
le  luperftitieux  'Pîes^  ou  de  lâches 
Uexandres  ^  ou  de  v^dncz  Innocens  j 
leferoit-il  pas  bien  mieux  féancàla 
louvelle  Rome  de  fe  glorifier  moins 
lu  nrvm  &  des  titres  de  l'ancienne ,  & 
le  faire  moins  valoir  Z^»  Siège  de  Vier- 
tandis  qu'onyvoitle  contrepié 
le  la  doibrine,  de  riiumilité,  ôcde 
la  Sainteté  de  Pierre?  Aulîî  trouvé-je  jj^'^^-^ 
[ueces  Barbares  dans  l'Afrique,  n'ont  ni.  le 
las  eu  tant  mauvaife  raifon ,  de  pren- 
Ire  des  Noms  qui  lesfiflent  reffouve- 
^■îirde  leurs  imperfeftions&de  leurs 
Wléfauts,  comme  on  Ta  remarqué  des 
'  habitans  de  la  vaftc  Province  de 
Borno. 

W  Mais  Jacob  n'en  demeure  pas  à  la 
W^Maifon  de  'T>ieUi  il  dit  encore  de  ce 
K  lieu fi  vénérable,  que  c'eft  la  Porte 
P  des  deux.  Cette  Forte,  comme  il 
Tapclle,  n'étoit  remarquable  5  ni  par 
fes  furfeuils  &  fes  poteaux  ,  ni  par  fes 
>iliers  ôc  fes  colonnes ,  ni  par  fes  por- 

Aa  2  ches 


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i^jô   La  Maison  de  Dieu 

ches  &  fes  voûtes,  ni  par  Tes  niches 
ou  fes  entailhires  de  Chérubins  ^  ni  par 
6.^1'  fes  pont-levis&:  fes  gardes, ni  partout 
ce  qui  rend  les  Portes  des  Temples  & 
des  Parais  auguftcs  &  magnifiques. 
Cependant  c'elt  là  à  fon  avis  la  'Forte 
des  Cienx^  ou  du  grand  Palais  dek 
Divinité  !  EnefFer,  mes  tres-Cbcrs 
Frères,  ilvenoit  de yoirlà  JesC  eux 
ouverts?  &  Dieu  le  tenir  à  cette  ou- 
verture 5  comme  à  la  Porte  de  Ion  Pa- 
lais. Car  Dieu  s'éto't  montré.  &s'é- 
toit  fait  ouïr  à  ce  Patriarche  s  du  /  afit 
de  l'Echelle  d'où  il  conduit  tout  p  ir  fa 
Higeffe&:  exécute  tout  parfapuiflan- 
ce,  tandis  que  les  plus  grands  Mo- 
narques ne  fe  trouvent  qu'aux  plus 
baséehellons.  C'étoit  encore  par  cet 
endroit,  comme  par  une  "^Forte  qu'il 
venoit  de  voir  les  Anges  entrer  &  Ibr- 
tir, 'tant  ceux  qui  montoyent,  que 
ceux  qui  defc.endoient.  Et  même  par 
tout  où  fe  trouvent  ces  bien-heureux 
Elprits,  quifont  la  figure  des  efprits 
purilic^,  des  cœurs  iandificz ,  &dé- 

tachw^ 


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L  DN  ASL*ÊxIL.Si;rGéN.28.  17.  ff7 

rachez  delà  terre,  ou  dégagez  de  hi 
laciére,  là  eft  Véritablement  A'/;^>(?r- 
'des  deux  :  Au  contraire  où  fe  trou- 
ve une  légion  de  ^Démons ,  ou  bien  une 
lésion  de  convoitifes  infâmes  &  de 
pallions  criminelles,  là  efl:  la  porte 
les  Enfers. 

Porte  des  deux  encore^  parunau- 
^reégard,  puisque  rtxheile  myllé- 
»ieule,  qu'il  vcnoit  de  contempler, 
aboutilloit  au  C  ici.    Cette  Echelle 
l'étoitqiic  remblemedu  Mefiie ,  ou 
lu  F/ls  de  l' homme  ^comm^i  Ta  exp  1  iqué 
depuis  non  pas  le  MaHre^  jonge^r  ,  ^ 
mais  le  Maître  des  fongcs,  tels  que  ^9- 
Fut  celuy  dejacob.    Par  tout  où  Dieu 
drellé  cette  Echelle,  en  traitant  une 
illiance  de  Grâce,  en  publiant  ics 
^racles  &:  les  promcflcs ,  là  s*elî:  trou- 
"Vée  la  Ma  if 071  de  'Dieu  ,  l'Eglifcdc 
Jciùs-Chriii    Maisaufli  làfe  trouve 
'  la  vraye  "Forte des  Cieux-^Nuhie  vient  j,f., 
m  F  ère ,  nuhi  entre ,  finon  par  celuy  6. 
qui  feul  eft  Z^'  chemin ,  &  la porte^  mais 
me  porte  étroite  par  où  peu  de  perlon-  7-  h- 

Aa  ^  ncs^ 


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5f8    La  Maison  de  Dieu 

lies  carrent.  Celle  du  Paradis  fut  fer- 
mée par  lepcchc.  Ilfe  fit  un  grand 
abîme  entre  le  Ciel  &  laTerre.  La 
f-ifi.  9-  Loy  a  cac  he  encore  /e  chemin  des  lieux 
fainîs.  Un  double        ea  a  défendu 
l'entrée,  qui  n'a  été  permife  qu'au  feul 
Souverain  Sanftificateur.    Ce  n*efl; 
donc  quepar  rEchcUe,  Reparla  Por- 
te niyftique  ,  que  le  pécheur  peut 
avoir  accès  à  ces  auguftcs  lieux  où 
Dieu  habite.   Et  à  bien  confidérer  la 
diftance  qu'il  y  a  entre  le  Dieu  de  la 
gloire,  &  l'homme  criminel,  il  y  eut 
delà  folie  en  ceux  qui  élevèrent  une 
Tour  pour  fe  frayer  un  chemin  jui- 
qu'aux  Cieuxi  &  ce  fut  un  aveugle- 
ment étrange  en  ce  Peuple, qui  crut 
de  pouvoir  y  monter  d'un  Sindï  ou 
d'un  Morijah.  La  Tour  de  B  ibcl  ne 
fut  qu'une  rtpréfcntacion  des  fauf 
Religions,  forgées  par  Tefprit  de 
rhomme  i  Le  Mont  Sinaï  ne  fut  qu'u- 
ni-^*  ne  figure  de  la  Loy,  qui  engendre  la 
terreur  &  la  fervitude,  &  lesfacrifi- 
ces  de  Morijah  ne  furent  que  les 

té- 


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dansl'Exil.  surGen.  28.  17-  5- 5-9 

témoins  du  péché  &  de  la  mort. 
Aulîî  cette  Torte  des  Cieux^  que 
acob  regarde  avec  admin.cion  ,  Fut- 
elle  figurée  depuis  par  la  porte duTa- 
ernacle ,  où  s'immoioyeut  toutes  les 
victimes  ,  &  où  Icfailbyenr  toutes 
les  propiciations.  La  porte  du  Temple  ^^^fl\ 
encore  qui  écoit  de  bou d' olivier^  rym-»  ' 
bolede  reconciliation  &  de  paix,  en 
fut  un  autre  emblème  Nousdevons 
dire  le  même  de  ce  Voile  qui  cachoit  ^^^^^ 
le  lieu  Tres-faint  ,  mais  qui  s'etant 
fe7idti  en  deux^  à  la  mort  de  Jéfus- 
Chrill,  ouvrit  le  chemin  au  Trône 
delà  Grâce,  lime  fouvient  encore 
de  cet  Oracle  de  Michée ,  ils  fort  iront 
par  la 'Porte  leur  Roy paffera  devant  ' 
eux^&  V  Eternel  fera  a  leur  tète^  ce  qui 
s'aplique  très-  bien  à  cette  porte  falu- 
taire.    Èt  s'il  fut  dit  au  Prophète 
Ezechiel,  de  la  porte  du  San£luaire, 
Cette  porte-ci  fera  fermée^  ^  ne  fera  ^'^^.f  ch. 
point  ouverte  ^  &  perfo7ine  n  entrer  a 
far  elle ,  nous  devons  dire  le  contrai- 
re de  cette  Porte  des  Cieuxj  qu'elle 

Aa  4  cft 


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145  G  34 


5<5o    La  Maison  deDieu 

cûûuveruhtous  les  vrais  Jacobs,  &: 

Ti' cil  jsLmais  fermée  anx  ames  pénicen-  \ 

tes.  1 

Heureux  Patriarche  !  Il  elT:  exilé  ^ 

delamaifon  defonPere,  &Diei]luy  i 

^,ir.  montre  le  Ciel,  comme  une  ' 

donc  luy  même  eji  l'archite&e  &  le  \ 

hàtijfeur.    Les  portes  de  Luz  &  de  3 

Beerfebaîi  font  fermées  pourja.ob,  \ 

il  fe  trouve  comme  au  Faubourg  de  \ 

la  Cité  celefte.  Une  hôtellerie  luy  | 

manque,  &il  eft  logéfans  y  penfcr  en  i 

la  maifon  de  l'on  Dieu. Il  e(l  abandon-  \ 

né  des  hommes ,  &  il  fe  voit  accom-  j 

pagné  des  Anges.    11  ietrouvefans  \ 

eonfolation  &  fans  apui,  félon  le  \ 

monde,  &Dieu  vient  être  faconfo-  j 

lation  &fa  défenfe.    Il  fe  voit  dans  \ 

une  nuit obfcure  &  affrtufe,    le  Ciel  i 

fait  l uire  furl uy  fa  / pleiidear ,  q u  i  d  i  f-  " 
fipe  toutes  fes  tranfes,  comme  cette 

'  '  '  lumière  qui  refplendtt  fubitement  dans 
la  noire  prifon  oii  étoit St.  Pierre. 

Vraye  Porte  du  Ciel là  où  Dieu  fe  | 

communique  en  h  grâce ,  foit  par  les  , 

bien.» 


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èienfairs  &  Tes  faveurs,  foie  par  fes 
châtimens  &  fes  épreuves!  S'il  cft 
vray  que  de  l'une  &  de  Tautre  maniè- 
re Dieu  nous  ouvre  fa  porte ,  pour  qui- 
ter  le  monde  ,  &  pour  nous  aprocher" 
du  Ciel. 

Rem.arquez-le  bien  Fidèles ,  Jacob' 
fe  t  ro  u  V  e  dans  u  n  e  m  i  fé  rab  1  e  fo  ]  i  t  u  de, 
parmi  des  Serpens,  &  desScorpions^ 
&  d'autres  bêtes  dangcrcufes ,  cepen- 
dant celuy  efl:  l'a  la  porte  des  Cteux. 
Nous  pouvons  dire  le  même  de  TE- 
côle  des  afflictions.    Dieu  ne  nous 
^ fait  voir  fouvcnt  qlle  des  Scorpions^ 
ou  des  verges  qui  ont  l'apparence  de  ^^od. 
dragons,  comme  fut  celle  qui  fit"^'^* 
prendre  la  fuite  à  Moyfc.  Nous  n'a- 
percevons fouvent  tpic  des  objets 
d'horreur  &  qui  donnent  de  Tépou- 
tante,  que  des  fléaux  &  des  jugemens 
terribles,  quedesperfécutions &:des 
croix,  que  les  menaces  de  ia  dernière 
[uïne  &  de  la  dernière  mifcr Sou- 
vent il  n'y  a  pour  le  fldcle  que  pau- 
vreté 5'  qu'opprobre,  que  maladies v 

Aa  5  quo 


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5^2    La  Maison  de  Dieu 

quefoiiftrances.  Ilfemble  véritable- 
ment que  ce  foit  là  la  porte  des  En* 
fers,  mais  iHe  trouve  enfin  que  c'eft 
la  porte  des  deux  -y  &  comme  une  E- 
chelle  pour  monter  à  nôtre  grand 
Dieu  &:  Sauveur.  Il  fembloit  bien  au 
Peuple  d'Ifraël  que  la  Mer  rouge  fut 
un  goufre  qui  les  alloit abîmer,  ce- 
pendant elle  luy  fut  comme  une  Por- 
te, comme  un  lieu  de  paiïage  pour 
fortirdc  TEgypte,  6cpourtirer  vers 
la  Canaan.  C'elt  ainfique  cefunefie 
lieu  où  on  lapide  Etienne,  Icsécha- 
fauts  où  Jaques  &  où  Paul  font  déca- 
pitez, les  bûchers  où  font  liez  des 
Polycarpes&  tant  d'autres  Martyrs, 
les  cachots  &  les  galères  où  fouffrent 
tant  de  généreux  Confefleurs  ,  les 
barrières  par  où  ils  entrent  pour  com- 
batrc  des  Lions &: des  Tigres,  que 
nôtre  fiécle  a  changé  en  des  Couleu- 
vres &  des  Dragons,  vraye  image  de 
la  Bèîe^  &:  ûu  Strpcnt  ancien^  tout 
cela  n'eftà  ces  ames  intrépides  que  la 
Tortedi's  Cieux ,  &  l'entrée  du  Para- 
dis. 


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DANS  l'Exil,  sur  Gen.  28. 17.  5-63 

is.    jufqueS'  là  que  Ton  peut  apeller 
a  porte  des  deux  la  Croix  d'un  bri- 
gand ,  réchelle  d'un  malfaiteur ,  <Sc 
réchaf  iut  d'un  criminel  5  s'ils  prient 
'aulTi  bon  cœur  que  fit  ce  brigand  de 
l'Evangile,  s'ils  pleurent  aulîi  amè- 
rement que  fit  S  Pierre,  &  s'ils re- 
connoiflenc  leurs  crimes  avec  lamé- 
.me  fincérité,  que  fit  ce  Péagerqui 
ianglotant  ^frapant  fa  poitrine  n"o- 
foit  pa^s  élever  [es  yeux  vers  le  Ciel.  Ce 
n'efl:  pas  auffi  lans  myftére  ,  que  ces 
deux  chofes  font  icy  jointes ,  la  Mai- 
fon  de  'Dieu  ^  la  ^Porte  des  Cieux;  En 
etfet,  perfonne  n'entre  dans  le  Ciel 
que  par  h  Maifon  de  Dieu  ,  ni  dans 
le  Paradis  que  par  l'Eglife,  l.tc'eft 
l'Echelle myftérieufe,  ïçavoir  Jefus- 
Chrifl:  qui  joint  Tune  avec  l'autre.  Les 
Juifs  n'entroyent  dans  leLieuTres- 
\  faint,  que  par  le  lieu  Saint,  ni  dans 
[  celuy  ci  que  par  U  Porte  quiétoitau 
[  devant  du  Tabernacle.  L'Fpouleau 
I  Livre  du  Cantique  n'entre  dans  la  la- 
I  ledufeiUn,  dedans  le  cabinet  de  l'E- 
[  Aa  6  poux, 


)"04    La  Maison  de 


D 


lElî 


poux  ,  qu'après  avoir  traverfé  les 
rues  dejérufalem,  avec  bien  delà 
peine  &  du  combar.    Cen'eft  que 
dans  l'Eglife  de  Jéfus-Chrift  que  fe 
-trousc  le  chemin  qui  mène  au  Ciel: 
Comme  ce  ne  fut  que  dans  l'Arche  ; 
que  Noé  trouva  fonfalut  contre  les 
eaux  du  Déluge ,  6c  comme  ce  n'étoit 
que  dans  Jérufaleni  qu'étoit  l'entrée 
au  Tabernacle.    Au  contraire  pour 
trouver  la  porte duCiel^  il fautfortir- 
néceflàirement  du  Monde,  &:  de  la 
fauïïc  Eglifci  C'eft  là  cette  impudi^ 
qucSodome  d'où  il  faut  que  Lot  for- 
re  ,  mais  non  pas  fans -que  Dieu ///y 
7npoigne  la  maïn^  6c  l'en  retire  lu/ 
mêrne  par  fa  grâce  efficace  :  C'eft  là 
cette  Caldée  Idolatre^qu'il  faut  qu'A- 
braham quite  avec  une  réfignatiçn 
parfaite:  C'eft  cette  malheureuie  E- 
gypte  dont  il  faut  qulfraël  fecouële 
jojg,  pour  a\  oir  part  aux  promefles 
de  l'Alliance;  C'eft  enfin  cette  exé- 
Gr:^-ble  Babylon ,  de  laquelle  s'il  eft  dit 
[ûMx^deBabjUn  morh  Teuj>le^^Rn  que 

VOUS- 


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DANS  l'Exil,  sur  OrK  2  8.  i"r.  ftTf 

''tous  ne  participiez  m  àfcspéchezj 
nia  fesplaycs.  Et  file  bon  Pierre  ne 
fut  forti  bien  vite  du  Prétoire  de  Pilan- 
te, ^Ycc  des  pleurs  amers  i  ilcouroit 
grand  rifque  de  s*endurcir  dans  Tapo- 
Itafie,  &  de  périr  avec  les  Juifs  im- 
pénitens. 

Mais  comment  difcerner  la  vraye 
^glîfe  d'avec  la  fauile ,  ^la  Maijbth 
dc'Dieu  d'avec  celles  c^ui  en  portent^ 
le  nom  à  faux  titre  ?  JSJôtre  Texte 
Ivous  l'aprend,  &  celle  là  feule  eft  la- 
Maifon  de  Dieu ,  i^Eglifedu  IDieu  vi-  \. 
^ant-i  où  fe  voit  drelîëe  la  véritable 
l'unique  Echelle ,  par  laquelle  nous 
fllonsàDieu  ;  C'cft  là  où  fc  trouve 
ta  forte  ctrohe-,  par  laquelle  peu  do 
)erfonncs  entrent,  &  point  du  tout 
cette  multitude  de  Peuples,  &de 
Nations ///r  lefqttelles  la  grande  Pail-  ^p,c. 
larde  eliaffife  :  C'eft  encore  là  l'Egli-  ^^-^^^ 
^fe  de  Jéfus-Chriil:,  où  le  Ciel  n'c^cou- 
jers  qu'aux  ames  repentantes  &:  blan- 
'chies  au  fang  de  l'Agneau  j  où  l'on  ne 
irceperfQnned'enrrerj  qu^avecune 

A  a  7  fam- 


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^66    La  Maison  de  Dieu 

faince  5c  une  douce  violence  ;  où  l'or 
n'entend  que  h  voix  de  Dieu,  qu. 
non > parle  en  fcs  Oracles,  oùh por- 
te eft  ouverte,  non  pasàTéclat  dei 
Dignitez ,  à  l'oifiveté  des  Cou  vens  r 
lagraifle  des  Bénéfices,  aux  avanta- 
ges de  la  Terre,  mais  plutôt  à  h  mi- 
fére  des  exils,  à  l'horreur  des  cachotSj 
aux  chaînes  des  galères,  à  la  rigueur 
de.  periécutions,  &  à  la  cruauté  des 
fupplices. 

Peuple  Fidèle,  qu'une  Rome  Ido- 
lâtre apelle  tant  qu'il  luy  plaira  la 
Bicnheureufe  Vierge  ,  la  Torte  dts 
deux  !  Qu'elle  lacroye  avoir  été  fi- 
gurée par  Echelle  de  [acob ,  ou  bien, 
qu'elle  fe  forge  deux  Echelles  y  l'une 
Blanche,  falutairç,  figure  de  Marie, 
qui  ne  renverfe  jamais ,  au  contraire 
de  l'Echelle  Rouge,  qui  leur  cil  la  fi- 
gure de  J.Chrill!  Que  la  Chaire  pré- 
tendue de  Pierre,  le  fiége  des  Papes, 
la  Porte  du  Vatican ,  foit  encore  crue 
être  la  Torte  du  Ciel ,  la  Torte  des 
Nationsy  le  Lieu  vénérable  ^  &  le  Lieu 

Samty 


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DANS  l'EkIL.  sur  Ge^T.  18.17.  567 

Saint donc  la  vifite  vaille  bien  des 
Indulgences,  5c  bien  des  Mérites! 
Qiie  Rome  ouvre  ^  ferme  le  Ciel 
comme  bon  iuy  femble,  qu'elle  l'ou- 
vre à  1a  fupcrftirion  &  à  Tidolatrie ,  & 
le  ferme  à  la  vérité  &  à  la  fimplicité  de 
rEvangi'e  !  Qu^elle  ruine  encore  à 
préfent  les  portes  de  ces  Temples  , 
par  où  une  infinité d'amesentroy en t 
tnlaMaîfonde'DieUy  8c  qu'elle  con- 
tinue à  fermer  toutes  les  avenues  aux 
^^/^^  .f  de  la  Grâce  !  Ce  n'eftpaslà  cc 
qui  nous  rendra  le  Ciel  plus  ou  moins 
acccflible.  Nous  fçavons  ,  grâces  à 
Dieu,  qui  eft  celui  qui  ^//^r/^/^^^^-  ^^^t 
vidy  qui  ouvre  &  per forme  ne  ferme  ^ 
qui  ferme  &  perfonne  fi' ouvre.  Et  tant 
de  pauvres  exilez  n'en  trouveront 
pas  moins  ouverte  la  porte  des  Ciettx% 
ôcla  porte  de  la  Grâce. 

Il  eft  vray ,  Mes  Frères ,  que  je  vois 
dans  cette  belle  Aflemblce  un  grand 
nombre  de  ccsjacobsy  qui  pour  fuir 
une  perfécution  inouïe ,  &  des  Frères  > 
qu'ils  ont  vus  tout  d'un  coup  clian- 


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m 
m 


fé'S   La  Maison  de  'Ùjv.u 

gezendes  Dragons,  ôrttquiieicur^ 
lïiaifons,  ou  celles  de  leurs  Pères,  fé- 
parez  les  uns  de  leurs  chers  Ifaacs,  di. 
les  autres  de  leurs  tendres  Rébeccas,; 
ou  de  ce  qu'ils  avoyent  déplus cheir 
au  monde»  Plufieurs  d'entre  vous, 
comme  autrefoisjacob ,  vivoyent  eiî 
paix,  quoy  que  parmi  des  Idolâtres, 
dans  une  agréable  Beerfcèbah ,  où  vo3 
Përes  avoyent  demeuré ,  où  Dieu 
fr^.  ^ous  avoit  placez ,  où  étoyent  vo5 
chénayes  Se  vos  héritages ,  où  étoyenc 
aufll  é^es  puits  d'eaux  falutaires  en 
abondance  y  car  c'eft  là  ce  que  veut  di- 
re Beer-fcèbah  ,  mais  puits  que  dc^ 
cruels  ^hilijiins  -ont  bouchez:  Enfin 
ces  aimables  lieux  étant  devenus  pour' 
Vous  l'image  de  l'Enfer,  où  l'on  meurt" 
fous  les  jours  fans  mourir,  il  vous  a 
fallu  chercher  d'autres  terres ,  &  vou^ 
expofer  à'mille  périls ,  périls  de  villesy 
périls  de  brigans  <i  périls  de  coureurs  i 
/'m/i' d'orages ,  périls  même  entre  des 
faux  frères.  Et  pour  vous  conferveï* 
Is-droit  daîncflè  ,  plùtofir  que  de 


(Stn: 


ïi 


26. 


I 


I 


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dansl*Fxil.surGek.28.  17.  5^9 
•vendre  lâchemenr ,  vous  avez  mieu5C 
aimé  de  (orrir  avec  un  bâton ,  comme 
fie  Jacob,  que  de  demeurer  dans  l'a- 
L  bondance  parmi  des  Efiiis,  &  vous 
f  n'avez  point  héfitc  dans  le  choix  qu'il 
falloit  faire,  ou  de  fortir  avec  la  bé- 
nédidion  ,  ou  de  demeurer  avec  la 
malédiaion  ,  Heureux  !   qui  avc2; 
préféré  une   cjnfcience  tranquille 
dans  une  terre  étrangère,  à  une  con- 
fcience  gênée  dans  le  pays  de  vos  Pé- 
^  es,  &quipiûtoitque  de  vousaliier 
avec  des  idolâtres  ,  &  d'adorer  un 
Dieu  qui  ne  vous  connoit  point ,  vous 
cftes  acheminez  vers  une  Caran,  où 
[vous  fcaviez  que  demeurent  des  Bé- 
tueis  ^^desLabans,  des  Léas  &  des 
[Rachels,  des  enfans  d'une  même  Mè- 
re qui  eftl'Eglife  Reformée. 

C'eft  là  finis  doute  beaucoup.  Fi- 
dèles, mais  pardonnez  moy  fi  je  vous 
disquecen'eftpas  aflez.  Il  faut  que 
vous  ayez  encore  la  même  réfigna- 
tion,  la  même  confiance,  &  les  mê- 
me difpofitions  que  vous  voyez  ert 
Jacob.  Je  ne  diray  pas  qu'il  loufVric 


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jjo    La  Maison  de  Dieu 

dans  la  fuite  bien  ^esdifgraces  enl; 
lamaifon  de  R'-H-njcl,  &lc.sfoufFri 
forrp  itienîmeii. .  ^\  Te  vit  fans  chav 
grin  d'héritier  dev^enu  ferviteur,  & 
enfin  le  rebutdc  Laban ,  luy  quiavoir 
fait  les  dél  ices  d' Ifaac.  Car  Tamour  & 
la  pofleiTion  de  Rachel  adoucirent 
toutes  fes  amertumes  j  &  Jéfus  ne 
vous  vaut-il  pas  infiniment  plus 
qu'une  Rachel  ?  Mais  ce  qui  eft  pro- 
prement de  mon  fujct,  fi  lapréfence 
de  Dieu ,  fi  le  lieu  quejacob  crût  efl:re 
laMaifonde  Dieu  inlpira  également 
à  ce  Patriarche  la  frayeur  &  le  refpeclr, 
comme  je  vous  le  difois  tantoft  ,  a- 
vouez  que  cet  effet  n'efl:  pasfiordi- 
nairc  en  nos  jours.  Iln'y  a  point  fans 
doute  de  lieu  ni  de  maifon,  il  n'y  a 
point  même  de  cabinet  ni  de  cachet 
te,  où  ne  foit,  j'ajoute  où  Die 
n'apparoiffey  où  ne  lé  voyent  des  ima^ 
ges  defaToutepuiffance  ,  ou  bien  des 
effets  de  fa  Bonté  ,  ou  des  marques 
de  fa  juftice  ,  ou  des  fignes  de  ù 
Providence.  Auflî  n'y  a-t'ii  point  de 
lieu  dont  nous  ne  puiflîons  dire,  Ce 

lien-; 


DANSL'ExTL.SrîLGEN.28.  17.  571 

lieU'Cy  efl  epou-\%rJabl.  .   .:ar  Dieu  y 
«ft,  Dieiiy  i.abite>  Dieu  m'y  voit 6c 
m'y  entend  >  &  iv'v  obfcrve.  Mais 
nous  le  devons  dire  a 'ine  Façon  plus 
particulière  de  ces  beiles  Provinces, 
au  milieu  defquellcs  Dieu  s'ell:  mani- 
feité  fi  fouveiit  par  les  grâces  &  par 
fes  délivrances.  Il  vous  y  traite  enco- 
re tous  les  jours  comme  les  enfans  de 
fil  Maifon^  il  vous  y  ouvre  tous  les 
jours  par  manière  de  dire  la  porte  des 
deux  5  &  vos  envieux  même  font 
obligez  de  s'écrier,  O  que  ces  lieux- 
là  font  vénérables  .  ce  y^V/?  ce  femble 
qiu  ta  Mai  fonde  Jacob  étant 

revenu  de  Ion  fommcil,  t Eternel^ 
dit-il,  ejl  icy  's  je  ne  le  fçavoispas  } 
mais  en  que  que  lieu  que  nous  nous 
trouvions  ,  lors  fur  tout  que  nous 
fommesen  fa  Maifon,  nous  fçavons 
fort  bien  que  Dieu  y  eft,  mais  nous 
n'y  fongeonspas,  &  nous  l'oublions 
volontairement.  De  là  vient  que  fa 
préfence  ne  nous  donne  aucune  épou- 
vante, ni  fa  Majefté  aucune  frayeur  : 

De 


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J7i    La  Maison  de  Dieu 

Delàvientquefonfuport  eft  mécon- 
nu, fes  grâces  rejertées,  Ta  Parole 
méprifée,  Se  fcs  Ô.donr^ances  vio- 
lées: De  !à  vient  encore  que  nos  prié* 
resfont  fi  interrompues,  nos  dévo- 
tions fi  froides,  notre  zélé  fi  ralenti, 
&  nôtre  falut,  auquel  pourtant  nous 
devons  nous  employer  avec  crainte 
&trembleme7it_^  fi  peu  avancé  Et  de 
là  vient  enfin  que  cette  A'/^^'/efr au 
jugement  de  nos  Adverfairesune  Be^ 
thaven^  que  nôtre  liberté  paficpou? 
licence ,  &  que  toute  nôtre  Reforma- 
tion leur  paroit  difforme. 

Jerougis,  Mes trc^- chers  Frères , 
ou  p  I  û  tort  j  e  t  r  ç  m  b  1  e ,  q  u  a  n  d  j  e  Ton  ge 
au  prémier  âge  d^  la  Chrétienté.  Le5 
fidéies  n'aprochoyent  alors  de  leurs 
Myftéres,  qu'ils apclloyent/^'m^^jV 
qu'avec  la  dernière  vcneration.  Les 
Tories  qui  menoyent  à  ces  lieux  fa- 
crez étoyent  nommées ,  Tune \z Belle 
Torte  ^  par  où  entroyent  les  fidéies 
&les  comniunians,  l'autre  la  'Porte 
Sainte  y  où  étoit  dreflee  laTable  de 

l'Eu- 

! 


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DANS  l'Exil.  surGen.  28. 17.  ^75 

l'Euchariftie  5  féparéede  la  Nef  par 
LinTreillis,  &  cachée  par  un  Voile  ; 
Se  ce  fur  fur  l'un  de  cc^^  f^oi /es  que  S. 
t  Epiph  nie  ne  pût  fouffrir  que  Ton  eût  ^^^ro». 
l  ;peint/*/^/?^3f^^.de  quelque  Saint.  S.Jé^  '* 
Eonie  recite  encore  de  foy-mémc,  en  ^ 
Pbn  Ecrit  contre  Vip^ilantius,  que  fe  rm.i. 
fentant  travaillé  de  quelque  palîion,  hu.',^ 
pu  qu'ayant  eu  pendant  la  nui  t  quel- ^^^^J 
quepcnfée  criminelle,  il  n'ofoit ja- 
(mais  entrer  dans  l'un  de  ce"»  Temples 
[u'on  nommoit  les  Bajïliques  des 
Martyrs ,  ou  qu'il  n'y  encroi  t  que  tout 
trembla'dt  de  corps  &  d'tfprit.  Et  nous 
devons  tous  rcconnoitrc,  que  Dieu 
manifelte  bien  plus  clairement  en 
teti  e  Table  facrée  que  vous  voyez  de- 
vant vos  yeux ,  &  dans  les  promeflès 
de  fon  Evangile,  qu'il  nefe  manifefta 
à  Jacob  en  Bethel  Mais  helas  !  ^ju'il  y 
;n  a  peu  qui  difcnt  en  leurs  cœurs  en 
entrant  dans  un  Temple,  ou  en  apro- 
^çhant  de  cette  Table ,  O  que  ce  lieu  eji 
lénèrable ,  vraiment  l'Eternel efticy^ 
I  c'ell:  icv  faMaifçny  &  la  Table,  icy 


-^1 


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^74         Mai.<îon  de  Dieu 

cft  dreffée  fon  Echelle-^  icy  eft  ouver 
la  TortedesCitax! 

Je  veux  croire  qu'il  y  a  encore  d 
ces  vrays  Ifraë'ites,  de  ces  bons  Ja 
cobs,  deces religieux Jerônies,&d( 
-  ces refpe£tueux Chrétiens,  qui  fon 
ces  réflexions  falutaires.  Ouy ,  il  y  ei 
a  fans  aucun  doute,  qui  fefouvien 
ncnt  de  cet  épouvantable  arrêt ,  celu^ 

sî!e^l.'  q^ii  fouillera  mon  T av î lion  mourra  di 
mort.  Il  y  en  a  qui  avant  que  d'apro 
cher  de  Dieu  fe  lavent  &  Je  purifient 
qui  ôtent  leurs /i/////>rj- avec  les  Moy- 
fes&  les  Jofués,  non  pas  à  la  lettre 
comme  font  les  Mahométans,mais  er 
fe  dépouillant  de  leurs  immondices 
6c  de  leurs  afFeftions  terreftres.  1 1  y  en 
a  qui  à  l'exemple  du  Pere  des  croyans 

of».    effarouchent  ces  volées  d'oi féaux ,  ou 

n  de  penfées importunes,  qui  viennent 
troubler  leur  facrifice,  &  qui  difcnt 

jy:  J.8.  à  l'imitation'de  T>3ivïàfentreray  en  ta 
Maifon ,  ér  je  me projlerneray  au  Va-* 
lûis  de  ta  Sainteté  ^  avec  la  révérence 
qui  te  doit  ejire  rendue.  Mais  fi  j'ofois 

dire 


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DANS  l'Exil.  SUR  Gen.  2  8.17.  575' 
'dire  ma  penfét,  peut-ctre  ferois-je 
auoiié  de  quelques  uns,  c'eftquede 
ces  Mai  fous  de  T>ieu  Von  n'en  fait  que 
trop  louvent  des  Bethavcns  &  des 
maifons  de  vanité  \  ou  bien  des  mai- 
fons  de  repos  où  Ton  dort  comme  Ja- 
cob, mais  fans  avoir  les  mêmes  vi- 
fions  qu'eut  ce  Patriarche,  ou  enfin 
des  lieux  d'affaires,  de  négoce,  de 
conr.  ,  puisquec'efllà  oùnos  pen- 
fe  romenent,  tandis  que  Ton 

«oui.  lare  les  Ecritures.  Etainfi 
comme  l'on  entre  dans  ceslieuK-cy 
fans  dévotion,  il  ne  faut  pas  s'éton- 
ner fi  Ton  en  fort  fans  édification ,  6c 
fi  ceux  de  dehors  font  aliénez  de  nô- 
tre communion  ,  voyans  que  nos 
Temples  ne  (ont  vénérables  ni  par  les 
ornemens  &  la  magnificence,  ni  par 
la  révérence  &  le  zélé.  Etj'ofedire 
que  beaucoup  de  Superftitieux  le  lè- 
veront un  jour  en  jugement  contre 
*nous ,  je  parle  de  ceux  que  non  feule- 
ment par  la  préfencc  deDieu^mais  mê- 
me par  la  préience  d'un  Saint,ou  d'une 

Ima- 


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T.  î. 

Oper. 
Greg. 
de  Con 
tinent. 


La  Maison  de  Dieu 

Image,  font  retenus  dans  le  demie 
refpeft,  témoin  ces  Chrétiens  dans  l 
Mofcovie  5  mais  qui  n'en  ont  prefqu 
que  le  nom ,  &  qui  n'oferoyent  ni  cra 
cher  5  ni  commettre  la  moindre  impu 
reté^  là  où  ils  voyentunefemblabh 
Image,lans  la  couvrir  auparavant  d'ui 
voile.  L'exemple  eru:ore  que  Grégoi 
rede  Nazianzea  tiré  du  Paganifme  cf 
tres-remarquabie ,  fçavoir  d'une  pcr 
fonne  qui  étant  fur  le  point  de  fc  pro- 
ftituër ,  ^  qui  ayant  aperçu  l'image  dt 
grave  Polemon ,  à  cette  vue  feule  qui 
ne  repréàcnroit  qu'un  Sage  en  peintu- 
re, fat  faifie  d'une  fi  profonde  vénéra- 
tion qu'elle  quita  incontinent  ce  lie 
de  débauche  &  s'enfuît. 

Chrétiens,  une  feule  fois  notre 
divin  Sauveur  a  voulu  logcrdinsune 
Etable  ,  &  choifir  un  lieu  immonde 
pour  fon  logement,  mais  il  n'y  ha- 
bite plus  dans  l'état  de  (a  gloire.  Il 
dételle  de  femblïbles  mai  Ions,  &c 
qui  eft  confacré  au  Diable  &  au  Mon- 
4ç>  ne  peut  être  coii,fucréàJ.Chrift, 

Si 


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DAN*-  T*EX1L.  SUR.  GeN.  28.  1 7.  fT? 

Si  le  Seigneur  même  en  Ta  more  ne 
voulut  erre  enveloppé  que  de  linges 
nets  5  ni  couché  que  dans  un  fépul- 
cre  neuf,  auflî  ne  veuc-il  loger  vi- 
vant que  dans  des  maifons  purifiées, 
&  en  des  cœurs  fandlifiés.  Toutes  les 
autres  maifons  ,  pour  parées  ,  pour 
fuperbes,  &  pour  fplendides  qu'el- 
les foyent,  luy  font  des  maifons  d*a- 
natéme,  &'des  portes  de  TEnfer.  Ce 
font  des  Lieux  que  Dieu  rend  enfin, 
non  pas  vénérables  par  (a  gracie ufe 
préfcnce,  mais  épouvantables  par  fa 
juftice  vengereflc.  Et  mieux  vaut 
une  pauvre  hutte  où  Dieu  apparoit 
en  grâce  ,  que  les  plus  magnifiques 
Palais  où  il  n*apparoit  point.  Que 
nous  ferions  heureux ,  Fidèles ,  fi  nos 
maifons  r  au  lieu  d'être  aflez  fouvent 
des  maifons  de  divifions  &  de  dé- 
bats, de  calomnies  &  de  médifance, 
de  luxe&  de  débauches,  d'ufuresôc 
de  monopoles,  étoyent  de  ces  mai- 
fons dont  l'on  pût  dire,  ce  n'eft  icy 
que  la  maifon     T>ieu,  c'eft-à-dire, 

Bb  une 


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578    La  Maison  de  Dieu 

une  maifon  de  concorde  &  de  paix 
de  charité  &  de  juftice,  depiéré&d< 
prières,  de  libéralitez  &  d'aumônes 
Qiie  nos  cœurs  feroyent  heureux ,  i 
au  lieu  d'être,  comme  ils  ne  le  ion 
que  trop  ,  la  demeure  d'efprits  im^ 
purs,  d'affeûions  charnelles,  de  con- 
voi tifcsfal  es,  de  pallions  injuftes  & 
violentes ,  ils étoyent  comme  le Tem 
pîe&le  Sanduaire  de  Dieu,  où  for 
Nom  fût  craint,  où  fa  Majefté  fui 
adorée,  fa  Parole  méditée,  fespro- 
mefTes  gourées,  &  fcs menaces apré- 
hendées  î  Et  quoi  que  des  cœurs  char- 
w..  nels  foycnc  une  mat/on  parée  &  âa- 
'       l/éây  au  regard  de  L'Ef prit  immonde. 
comme  en  parloitJéfus-Chnit,  fine 
font-ils  au  regard  de  Dieu  qu'une  éra- 
ble de  pourceaux,  qu'un  égoût  puan 
&  qu'un  réceptable  d'immondices. 

Mais  il  ell  temps  que  jefinifle, 
vous  n'attendez  plus  que  quelques 
paroles  de  confolation.  Ames  Fi- 
dèles, que  le  Monde  n'apellc  véné- 
rables que  les  Maisons  des  Grands, 

6c 


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r 


dansl'Exil.  suhGen.  28. 17.  5-75? 
&  les  Cabinets  des  Rois,  quanta 
vous,  que  non  feulement  ces  Tem- 
ples ,  ou  ces  adorables  Myftéres , 
mais  encore  que  tous  les  lieux  où 
vous  vous  trouverez  vous  foycntx'^''- 
nérahles,  &  que  par  tout  la  frayeur 
de->  Kixcs  des  Jacobsfoit  fur  vous! 
Que  le  Monde  juge  être  éj>onvanta' 
bL's,  comme  le  jugeoit  Félix ,  tous  ^,7. 
ces  lieux  où  l'on  parle  de  larcpentan- 
ce,  &  du  jugement  à  venir  j  quanta 
vous,  jugez  que  ceux- là  font  dignes 
d'horreur ,  où  le  Monde ,  où  h  chair, 
où  le  Démon  vous  félicite  à  fouiller 
&  à  blefl  er  vos  confciences!  Qiiitcz 
plutôt  votre  manteline  zvcc]oi'cp]\i 
en  fuyant  cette  forte  de  lieux*,&:  ditey 
comme  St.  Jean  ledit  autrefois  à  fcs 
Difciples ,  d'une  maifon  où  Ton  blaf- 
phémoit  Jéfus-Chrift,  félon  le  récit 
qu'Eufébe  a  tiré  de  St.  Jrenée,  for- 
tons  d'icy ,  de  peur  que  le  toit  de  cette  hT 
Maifon  ne  nous  êerafe  ! 

Que  les  hommes  encore  apellent 
Tort  es  des  deux  y  les  portes  aux  dig- 

Bb  a  nitèz 


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580    La  Maison  de  Dieu 

nirez  &  aux  honneurs,  les  ouvertu- 
res au  gain  ^  aux  richcfTcs,  les  lieux 
de  grand  chère  &:  de  débauche!  Sou- 
frez que  je  vous  dife ,  que  ce  font  fou- 
jean.  y txiX.\zsporte S dd  V EufeT ^  portes  par 
où  le  Diable  entre  comme  il  entra  en 
Judas,  par  oi\  entrent  la  tentation, 
"les  inquiétudes  ,  &  les  palfions  ,  & 
par  où  les  hommes  vont  au  précipice, 
^^^jg  &  entrent  enfin  dans  le  lieu  des  tour- 
^t'^  '  mens  éternels.    A  Dieu  ne  plaife  que 
nous  aprochions  de  femblables  por- 
tes, nous  qui  fommes  prêts  d*appro 
cher  de  cette  Table  facrée  !  Che 
chons-icy  la  vraye  porte  duCiely  Se 
nous  ne  la  chercherons  pas  en  vain, 
comme  ces  habitans  de  Sodome  chet- 
chérent  la  porte  de  la  maifon  de  Lot, 
»•      Apellons  encore  porte  des  Lteux  ^ 
lors  que  Dieu  touche  vivement  nos 
confciences  ,  où  lors  qu'il  nous  vi- 
fite  par  fes  châtimens ,  qu'il  nous  ré- 
veille parfes  épreuves,  qu'il  nous 
inftruitparfes  ferviteurs.  Apellons 
porte  des  Cieux^  lors  que  Dieu  nous 
^  don- 


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DANS  L*EXÎL.  SUR  GeN.  î8.  17-    f  8l 

donne  occafion  défaire  du  bien, 
d'exercer  la  charité  ,  de  foulager  le 
foûfrcteux  ,  d'aflifter  le  pauvre,  de 
loger  l'exilé,  8c  de  réjouir  le  cœur 
de^la  veuve  &  de  Torfelin.  Apellons 
porte  des  deux ,  lors  que  Dieu  fe  pré- 
fente à  nous,  comme  il  va  faire  en 
ce  Sacrement,  fous  les  fymboles  de 
fa  grâce,  qui  font  les  gages  de  fon 
Alliance ,  les  arres  de  nôtre  rédemp- 
tion 5  Tentretien  de  notre  foy ,  le 
foûtien  de  nos  ames,  afin  qu'avec  la 
force  de  ce  repas-^  nous  cheminions  juf-  ^^.^ 
qu'à  la  Montagne  de  Sion.  Îq/s. 

Juge  encore  ,  homme  pécheur, 
que  Dieu  {owvï^laporte  du  Ciel^  lors 
qu'il  te  fait  la  grâce  de  tereconnoî- 
tre ,  de  revenir  à  toy  même ,  comme  y  ^"'^^J' 
revint  l'Enfant  débauché,  d'cnvifa- 
gcrtamifére,  de  détefter  tes  crimes, 
d'apréhender  fes  jugcmens,  de  défi- 
rer  fa  grâce ,  &  de  rechercher  la  paix. 
Juge  de  même ,  pauvre  afligé ,  que  tu 
es  comme  à  la  porte  du  Ciel ,  lors  qu'é- 
tant couché  fur  la  dure  avec  Jacob ,  te 

Bb  3  voyant 


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582    La  Maison  de  Dieu 

voyant  dans  la  pauvreté ,  dzm  l'exil , 
&dans  la  dernière  mifére  ,  n'ayant 
pour  défenfc  qu'un  bâton  dç:  patien- 
ce 5  Se  pour  chevet  ow  pour  oreiller 
que  le  bois  &la  pierre,  tu  nelaifles 
pas  de  jouir  d'une  confcience  apai- 
fée  ,  d'un  efprit  tranquile,  d'une 
efpérancc  ferme  ,  &  d'une  jove  iné- 
narrable ,  qui  ell  la  vrayc  huile  de 
Ikjffe. 

Et  nous  tous  envifageons  corn 
me  la  porte ^^es  Cieux^  un  lit  de  mala-' 
die  ,  une  grande  vieillefîè,  cSc  tout  ce 
qui  nous  avertit  de  notre  mort.  A  la 
vérité  par  tout  où  la  mort  fe  pré- 
fente ,  le  lieu  nous  paroit  épou-- 
vantable.  Epouvantemens  r  éton- 
nent ,  difoit  Job ,  à  la  vné  du  premier 
ne  de  la  mort.  II  femblc  que  ce  ^o\t 
là  la  gueule  du  puitsde  l'abîme,  &la 
porte  des  Enfers.  Aufïï  l'eft  elle  à 
un  Riche  impitoyable,  à  un  Epicu- 
rien profane,  àun  Brigand  impéni-^ 
tent.  Mais  c'efi:  la  porte  des  deux  àun 
Lazare  pauvre  &:  humilié,  àunBri-J 

gand 


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DANS  L*ExTr    SUFlGfN.  l8.  17.  fSj 

gand  repentant  6c  priant,  à  un  Etien- 
ne fouffrant  Se  poulïànt  cette  dernière 
voix.  Seigneur^  reçoy  mon  ef prit  en- 
tre tes  mains  !  Porte  des  Cieux  à  ceux 
qui  étans  confurnez,  far  le  hâle  du jour^ 
&  par  la  gelée  de  la  nuit  y  par  les  tra*  4'!^'* 
vaux  3  &  par  les  maladies  ,  afpircnt 
avec  Jacob  à  retourner  en  la  rnaifon  de 
leur  Tere ,  halètent  après  l'ombre  corn-  i'!' 
mêle  Strviteur^  cr  attendent  leur  fa- 
laire  cot/ane  l' ouvrier  j  alîurez  que 
Dieu  retirera  leur  ame  de  la  mort, 
leurs  yeux  des  plcursjôc  leurs  pieds  de 
rabime  ,  qu'ils  ne  périront  point  dans 
ce  goùfre,  non  plus  que  Pierre  dans  v.//^. 
les  eaux  où  il  eut  commandement  d'en- 
trer avec  une  parfaite  confiance. 
mesdepetitefoy  y  ne  doute point  !  Si 
'VOS forces  uom  delaijfent ,  la  vertu  de  ^ -  ,g 
Dieu  vous  foû  tiendra  5  fl  la  clarté  de  2.  '  ' 
■'vosyeux s'enva^  TEternel  fera  vôtre 
lumière ,  fi  Iç  lecours  des  hommes 
vous  manque,  vous  fentircz  infail- 
liblement le  fccoursdu  Ciel ,  avec  le 
bon  Jacob.  Tenez-Yousà7'£cv5'^'//^5  8c 

ne 


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584-  La  Maison  de  Dieu  dans&c.  I 

ne  la  quitez  point ,  c'eft-à-dire  tenez! 
vous  au  pié  delà  Croix  du  Seigneur 
Jéfus ,  Se  dans  vos  miférables  couches, 
dans  vôtre  triftefolitude,  il  vousapa- 
roîtraenfonge,  il  vous  fera  voir  l'E- 
chelle pofée  comme  à  vos  pieds,  les 
i\nges  au  bas  pour  vous  conduire,  J. 
*  Chriftau  haut  pour  vous  recevoir, 
fon  mérite  pour  vous  foûtenir,  & 
des  a/ /es  de  Séraphins  qui  feront  don- 
nées à  vos  Ames  pour  aller  joindre /^'J 
lieb.  miliers  d'Anges  ,  &:  l'ajfemblée  des 
11.25.  Crémiers  ne:<i ,  &  "Dieu  quiefilejU" 
ge  de  tous  ,  &  les  Efprits  des  jujles 
glorifiez, ,  &  Jèftis  le  Médiateur  de  la 
nouvelle  Alliance  j  Auquel ,  avec  le 
Pere&  leSt.  Efprit,  foit gloire,  for- 
ce ,  &  empire  aux  Siècles  des  Siè- 
cles, AMEN. 


F  I  N. 


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