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NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE
APPLIQUÉE AUX ARTS,
A l'Agriculture, à l'Econoinie rurale et domestique,
à la Médecine , etc.
PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES
ET D'AGRICULTEURS.
Nouvelle Edition presqu'entièrement refondue et considé-
rablement augmentée ;
AVEC DES FIGURES TIREES DES TROIS RÈGNES DE LA MATURE.
TOME XXVIIL
DE L'IMPBIMERIE D'ABEL LANOE , RUE DE LA HARPE , n." jS,
A PARIS,
Chez DETERVILLE, libraire, rue hautefeuille, n» 8.
M DCCC XIX,
Indication des Planches du Tome XXVIII.
M 20. Oiseaux , pag, 24.
Petit Phénicoplère. — Pic noir à huppe jaune. — Porphyiion.
M 21. Minéraux , pag. 87.
Pierre de Florence. — Poudingue d'Angleterre.
G 25. ZooPHYTES ET Infusoires , pag. 154.
Oursin railiaire. — Oursin vulgaire. — Oursin ovale. — Oursin spa anguc.
— Oursin dfs caraïbes. — Oursin rosacé. — Oursin pcnlapore. - Paramécie
aurélie. — Pediceliaire trident. — Pennalule phosphorique. Physophore
hydrostatique. — Planaire notulée. — Planaire travers. — Polydore cornue.
— Proboscidc cornue. — Protce variable.
M 32. Oiseaux, pag. 166.
Gros-bec padda. — Pique-bœuf. — Proinerops à paremcns frisés.
G 39. Oiseaux, /?ag. 167.
Cffidicnéme à gros bec , de la Nouvelle-Hollande. — Colin ho-oui mâle. —
Irroracrops promcfil.
G 45. Animaux fossiles, pag. 226.
Ptérodactyle antique. — Le petit Palœotherium.
M 29. Insectes , pag. 240.
Panorpe commune, — Passale interrompu. — Pédine-dermesto'idc. — Penla-
lome siamoise. — Phasme bâton. — Philanlhe apivore. — Phrygane poilue.
— Pimelie muriquée, — Podalirie hérissée. — Podure velue. — Pœdère
des rivages. — Pou de l'homme. — Ptilin pectinicorne. — Pyrochre ccarlate.
M 17. Insectes , pag. 287.
Noctuelle glyphique. —Noctuelle lunaire. — NoctueUe trapezine. -Phalène
do la larine. — Phalène de l'orme. — Phalène du syringa. — Ptérophore pen-
tadactyle. — Pyrale des pommes. — Pyrale verte à bandes.
M 22. Oiseaux , pag. 2q3.
Yacou parraka. — Hocco pauxi. — Pyranga rouge et noir.
P I. Plantes, pag. 334.
Quadrie noisetfier. — Quassie amère. — Quassie simarouba. — Quamoclite
tubéreuse.
P 2. Plantes , pag. 484.
Quatelé à grandes fleurs. — Quinquina du Pérou. — Quinquina caraïbe.
— Quisquale de Tlnde.
P 4. Reptiles , pag. 542.
Plature fasciée. — Raine palte d'oie. — Raine bicolore. —Raine commune
— Raine rouge. — Raine marbrée. — Raine à bandeau. — Raine lapier. —
JRauie beuglanle.
NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE.
PORCELAIjNE. On donne ce nom à toute poterie fine,
blanche , et tant soit peu translucide. Mais ce qui constitué
les propriétés essentielles d'une véritable porr^'/mW, c'est de
supporter sans se rompre les alternatives du chaud cl du froid
et d'être infusible au plus grand feu de nos fourneaux ; et
certes , il y a bien peu de ces poteries décorées du nom de
porcelaine, qui remplissent ces deux conditions. Celles qui
sont reconnues pour être les plus parfaites, sont les anciennes
porcelaines de la Chine (celles d'aujourd'hui sont fort infé-
rieures), Us porcelaines du Japon , celles de Saxe , de Berlin,
et lie Sèvres, près Paris. Celle-ci l'emporte de beaucoup sur
toutes les autres par l'élégance des formes et la beauté des
peintures.
On sait que la porcelaine de la Chine est composée de deux
substancesnommées, dansle pays , kaolin QXpeiunt- se. Celui-
ci paroît être une variété de Jeldspath hlanc qu'on trouve en
grandes masses confusément cristallisées en petites lames ; il
se fond assez aisément sans addition. Le kaolin est regardé
comme nn feldspath décomposé et converti en argile , qui
par cette nouvelle modification , est devenue réfractaire.
C'est d'après ces notions qu'on a pensé que toute porcelaine
devoit être essentiellement composée de deux subslances ,
V une réfractaire , et V autre fusible -, et l'on suppose que dans
la cuisson de la porcelaine , c'est la ipavtie réfractaire qui , par
sa résistance à la fusion et au ramollissement , soutient ies
vases et conserve leurs formes , et que l'autre substance , eu
xxvin. I
P O R
se vitrifiant à demi , sert à lier entre elles les mole'cules ré-;
fraclaires.
Et ce qui a pu confirmer dans celte opinion , c'est qu'on
voit des porcelaines dont l'intérieur présente une contexture
en parue vitreuse et en partie grenue ; ces petits grains ont
été regardés comme les molécules réfraclaires de la pâte.
Mais on est forcé d'abandonner celte idée , quand on consi-
dère que les porcelaines sont d'autant plus parfaites à tous
égards, que leur intérieur présente une contexture plus ho-
mogène et plus semblable à celle d'un émail.
Il paroît donc évident que dans ces véritables porcelaines ,
toute la matière a été instantanément dans un élat de fusion
complète , et que c'est pendant cet instant presque indivi-
sible , que s'est faite , non pas l'opéralion purement méca-
nique d'une matière pâteuse qui enveloppe des molécules
solides, mais une véritable combinaison chimique de deux
terres vitrifiées , qui , par leur pénétration mutuelle , ont
formé subitement un troisième corps plus ou moins infusible.
Les belles expériences de M. Kennedy , sur le verre de ba-
salte , ont fait voir que dans l'instant môme de sa fusion , ce
verre prend subitement un caractère nouveau qui le rend
infusible au degré de feu qui l'avoit d'abord mis en fusion ;
et ces faits, qui parolssent avoir la plus grande analogie avec
la confection de la porcelaine , sont très - propres à jeter du
jour sur les pbcnomènes qu'elle présente.
Peut-être l'expérience prouvera-t-elle que, poyr composer
la pâte d'une bonne porcelaine , il n'est pas toujours néces-
saire , comme on l'a cru , d'employer une icvxc: fusible et une
terre réfractaire : il seroit possible , en effet , que deux teijj'es
fusibles formassent un tout qui cesseroit de l être , et que deux
terres réfraclaires , après s'être servies mutuellement de fon-
dant, reprissent, après leur combinaison, leur premier carac-
tère d'Infusibilité. F. Kaolin et Feldspath, (pat.)
PORCELANITE. F. Jaspe porcelaine, (ln.)
PORCELANITES. Ce nom a été donné aux Porce-
laines fossiles, (desm.)
PORCELLANE, Porcellana , Lam. , Bosc , Latr. ,
Léacb. , Riss. ; Cancer , Linn, , Eab. Genre de crustacés , de
l'ordre des décapodes, famille des macroures, tribu des ano-
maux , ayant pour caractères : corps presque orbiculaire , un
peu rétréci en pointe à son extrémité antérieure , aplati ;
queue plus courle que le test , entièrement repliée sous la
poitrine , comme celle des bracbyures , divisée, à son extré-
mité postérieure , en manière de compartimens , par des li-
P O R 3
gnes enfoncées ; deux petites lames foliacées , ou nageoires
portées sur un article commun, situées, de chaque côté, près de
l'extrémité postérieure de cette queue, et cachées, en partie
sous son dernier segment; ce segment arrondi, cchancré ; les
deux pattes antérieures en forme de serres , terminées par
une pince didactyle ; les six suivantes onguiculées ; les deux
dernières petites, filiformes, mutiques, repliées de chaque
côté du test, cachées ou peu apparentes ; antennes latérales
insérées au côté extérieur des yeux , sétacées , longues ; les
intermédiaires très-peliles, semblables à celles des crustacés
brachyures et logées entre les yeux , dans deux cavités lon-
gitudinales et sous-frontales.
Les porcellanes paroissent être , à la première inspection,
de la famille des brachyures , et c'est, en effet , avec les
crabes que Fabricius et d'autres naturalistes les ont placées.
Mais une étude comparative etdétaillée de leurs parties nous
montre que ces crustacés sont très-voisins des galaihées ,
genre de macroures ; l'on peut même dire que les porcel-
lanes sont, en quelque sorte, des galatkées à forme de crabe.
Elles leur ressemblent par les antennes , les pattes , et sur-
tout par la manière dont se termine la queue. Mais le corps
des porcellanes est proportionnellement plus court ; les an-
tennes intermédiaires sont plus petites et cacliées dans des
cavités situées sous le front ; les pieds-mâchoires extérieurs
ont plus de rapports avec ceux des brachyures qu'avec ceux
des galaihées ; les articles inférieurs sont larges , et conjoin-
tement avec les supérieurs , dont les trois derniers sont cour-
bés , couvrent les autres parties de la bouche ; le second ar-
ticle surtout est fort grand et dilaté intérieurement ; les rap-
ports de ces organes avec les parties analogues des brachyu-
res s'étendent jusqu'aux palpes flagellifonnes ; leur grandeur
relative est la même ; enfin les extrémités supérieures de ces
pieds-mâchoires et même celles de la paire suivante , sont
garnies de cils nombreux et fort longs. Les yeux des porcel-
lanes sont portés sur un pédicule fort court et logés dans des
fossettes arrondies, de chaque côté du bord antérieur du test ;
l'espace du test compris entre eux, s'avance un peu en pointe,
le plus souvent bifide outridenlée. Les deuxpattes antérieures
ou les serres sont fort grandes comparativement aux autres ,
déprimées, terminées par une grande pince , dont le pouce
ou le doigt mobile est intérieur , et ont cela de particulier ,
que l'article portant la main ou le corps est beaucoup plus
grand que l'article qui précède celui-ci , et que Fabricius
nomme souvent le bras. Le dessous de la queue des porcel-
lanes mâles n'offre d'autres appendices que ceux qui dépen-
4 P 0 R
dent des organes sexuels. Quatre paires de filets ovîfères gar-
nissent le dessous de cette queue dans les femelles. Ces carac-
tères sont communs aux crustacés brachyures, et à tous les
macroures de notre tribu des anomaux.
M. Risso dit que les porcellanes se tiennent cachées sous
les pierres des bords de la mer, et qu'elles fuient la lu-
mière. » Foiblt's et timides , elles restent , pendant le jour,
dans une immobilité parfaite, et si on les poursuit, elles se
traînent plutôt qu'elles ne marchent sur les cailloux, d'où
elles ne sortent que pendant la nuit pour chercher leur nour-
riture. Les femelles déposent leurs œufs dans le sable grave-
leux , baigné par les flots » (//«/. nai. des Criist. de Nice , pag.
66). Ce naturaliste s'est trompé en prenant les deux cancres
velus, figurés par Rondelet, pour deux espèces de porcellanes.
Il est aisé de voir , non-seulement par l'ensemble des carac-
tères , mais surtout par le nombre des pattes qui sont repré-
sentées dans son ouvrage que ces crustacés diffèrent beaucoup
des derniers , et que l'un doit cire rapporté au cancer spinif ions
de Fabricius,et que l'autre est son cancer hirlellus ou quelque
autre espèce. M. Risso a mentionné trois espèces de porcel-
lanes , dont deux , savoir : celle de Blutel et celle qu'il nomme
longue-pattes , lui ont paru nouvelles.
Les porcellanes sont répandues dans toutes les mers, et
forment un genre assez nombreux, mais dont on n'a décrit que
peu d'espèces. Ces descriptions sont très-imparfaites et man-
quent souvent d'un appui nécessaire , celui des figures. Ces
crustacés étant très-petits, ne peuvent être bien connus qu'au
moyen d'une étude très-détaillée. On trouve sur nos côtes les
espèces suivantes, dans lesquelles la partie du bord anté-
rieur du test , comprise entre les yeux , est toujours divisée
en trois dents courtes , et dont l'intermédiaire un peu plus
large , avec un sillon au milieu.
PoRCELLANE LARGE-PINCE , Porcellana platycheles , Lam. ,
Latr. , Léach. ; Penn. Bril. Zool ^ tom. 4-, pi- 6, fig. 12;
Herbst. C/M5^.,tab. 47) f'g- 2- Serres larges, égales-, prolonge-
ment lobiforme de l'.angle interne et supérieur du bras, et côté
interne du earpe ou de l'article suivant, dentelés; pinces pres-
que triangulaires, chagrinées en dessus, avec une frange de poils
serrés au côté extérieur; doigts connivens ; le pouce crochu
au bout , granulé au bord interne , avec un sillon longitudinal
en dessus, l'autre doigt sans dents sensibles.
PORCELLATSE PINCES - INEGALES , Porcellana anisocheles ,
Latr. Serres assez larges , inégales ; côté interne du bras et
du earpe sans dents ; pinces ovales ; la gauche plus grande ,
P O R 5
glabre , avec une dent au bord interne des doigîs ou de l'un
d'eux; pince gauche cannelée, avec les doigis un peu contour-
nés , très-crochus au bout , et très-ciliés en dessous , au bord
interne.
PoRCELLANE LONGICORNE , Poi'cellana longicornh , Latr, ;
Cancer longicornis ^ Linn. ; Herbst. , ihid. ^ lab. ead. , fig. 3,
Serres étroites, presque égales ; côté interne du carpe un peu
sinué ou bidenté; pinces allongées, semblables , très- finement
dentelées au côté extérieur; milieu du dessus des mains élevé
longiludinalement ; doigts sans dentelures au bord interne,
contigus le long de ce bord ; une petite ligne élevée à la base
supérieure du pouce.
PoRCELLANE A SIX PIEDS , PorceUana hexapus , Latr. ; Cancer
hexapus , Linn. , Fab. ; Herbst. , ibid. , tab. ead. , fig. 4- Elle
est voisine des deux premières; ses serres sont grandes,
presque égales , glabres , d'un rouge de sang foncé , avec les
doigts sans dentelures au côté interne , et laissant entre eux
un vide sensible.
L'espèce suivante, décrite par M. Bosc, dans son Histoire
naturelle des crustacés , faisant suile au Buffon de Castel ,
dont M, Delerville est éditeur, se trouve en Amérique.
PoRCELLANE GAt.ATHINE, Porctllana galathina ; pi. M,i6
lis, /^, de cet ouvrage. Son test est strié , avec l'extrémité an-
térieure obtuse et sans divisions ; les serres sont grandes ,
égales , Irès-chagrinées en dessus , avec trois dents très-
aiguës , en forme d'épine , au côté interne du carpe ; les
pinces sont presque triangulaires , avec les doigts courts et
sans dentelures au bord interne.
Le cancer sexpes de Fabricius est de ce genre. Peut-être
austi faut- il y rapporter sa leucosie planata. (l.)
PORCELET. V. Cloporte, (s.)
PORCELET DINDE. V. Cobaye cochon - d'Inde.
(desm.)
PORCELET BRUN. Espèce de Bolet qui croit en
Italie , où elle est fort recherchée sous le nom de twvo ou
carbonajo. Elle est brune en dessus et blanche en dessous.
Son pédicule est fusiforme. V. sa figure , pi. 164. du Traité
des champignons de Paulet. (b.)
PORCELET DE SAINT-ANTOINE. Dénomination
vulgaire du Cloporte, (s.)
PORCELIA. Nom donné anciennement à Vhypochœrls
nidicata. Quelques botanistes français nomment y9o/re//«î le
genre hypochœris lui-même. V. HypochéRIDE. (ln.)
POR.CELIE, PoFcelia. Arbre du Pérou , qui forme àmt
6 P O R
la polyandrie polygynie et dans la famille des anones, un
genre dont les caractères consistent : en un calice caduc com-
posé de trois folioles ovales , en cœur; six pétales ovales ,
dont trois extérieurs plus petits ; un grand nombre d'étamines
à anthères sessiles sur le réceptacle ; plusieurs ovaires li-
néaires, à sligmaie sessilc et obtus; des baies grandes, cylin-
driques, séparées, avec une suture dorsale , uniloculaires ,
contenant plusieurs semences oblongues,réniformes, compri-
mées, séparées deux à deux parune membrane intermédiaire.
Ces caraclères ont quelques rapports avec ceux des Ga-
NAKGS, et beaucoup avec ceux des Orchidocarpf.s ( Ast*
MINIERS de Dccandolle) ; aussi Jussieu a-t-il réuni le PoR-
CELiE à ce dernier genre, (b.)
PORCELLE. Nom vulgaire de rH\POCHÉRiDE radi-
cale, (b.)
PORCELLINO D INDIA. En Italie , c'est le nom du
Cobaye cociiok-b'Inde. (desm.)
P O RC ELLI O N, Porre/Z/o. (ienrede crustacés , de Tordre
des isopodes , famille des pîérygibranches.
Plusieurs auteurs anciens ont désigné les cloportes sous le
nom Ait porcellio Ç petit cochon'). Nous avons cru pouvoir ap-
pliquer celle dénomination à un démembrement de ce genre.
M. Cuvier a remarqué , le premier, la différence numérique
des articles des antennes des cloportes. Dans les uns , les
cloportes proprement dits et les philoscies, ces antennes sont
de huit pièces , et dans les autres, ou les porccllions , elles
en ont une de moins. Tout ce que nous avons dit d'ailleurs
des cloportes, doit s'appliquer à ces derniers , et nous y ren-
voyons pour les généralités historiques. Nous ajouterons ici ,
par forme de supplément , les trois observations suivantes
que nous avons eu occasion de recueillir , depuis la rédaction
de cet article : i.° les appendices de la queue , ou du moins
deux d'entre elles, laissent chacune échapper une liqueur
visqueuse, que l'on peut tirer à plusieurs lignes de distance ,
et paroissent être ainsi des espèces de filières ; 2.° les petites
pièces ou valvules qui recouvrent sur deux rangs le dessous de
la queue , nous donnent un moyen de distinguer les sexes.
Dans les mâles , les valvules inférieures sont beaucoup plus
longues que dans les femelles, et terminéesen pointe allongée ;
3.^ les appendices latérales du bout de la queue sont pro-
portionnellement plus longues dans les mâles que dans les
femelles. Dans la détermination des espèces , on ne fera donc
tomber les caractères que sur les proportions réciproques
des quatre appendices.
P O R 7
On trouve très-communément en France les deux espèces
suivantes :
PoRCELLiON RUDE, PorcelUo <scaber ; Oniscus asellus , Cuv. ;
var. C. du cloporte ordinaire de Geoffroy. Cette espèce est
constamment chargée en dessus de petites aspérités ou de
petits grains ; la pointe que forme le dernier anneau est
presque de la longueur des appendices inférieures et inter-
médiaires ; mais la couleur du fond de dessus varie beaucoup.
On en voit d'un cendré noirâtre, sans taches ou avec des
,taches jaunes ; de jaunâtres avec le dos mêlé de taches d'un
cendré noirâtre et de jaunâtres ; le dessous du corps est tou-
jours d'un blanc jaunâtre.
Cette espèce fréquente particulièrement les murailles.
PoRCELLiON LISSE , Porcdlio lœ^is ; var. B. du cloporte ordi-
naire de (Geoffroy. Le corps est lisse en dessus , d'un cendré
noirâtre, avec quelques nuances d'un gris jaunâtre. Les ap-
pendices latérales de la queue sont sensiblement plus longues
que dans l'espèce précédente ; les intermédiaires dépassent
la pointe du dernier anneau. On le trouve sous les pierres , à
la campagne, (l.)
POKCELLUS INDICUS ou CUNICULUS INDI-
CUS. Plusieurs anciens naturalistes désignent , par ces noms,
le Cobaye cochon d'Inde, (desm.)
PORCHAISON {^Vénerie'). Saison dans laquelle les san-
gliers deviennent plus gr^s et meilleurs àmanger. F. l'histoire
du Sanglier, à l'article Cochon, (s.)
PORCHVITON {Vénerie). L'on appelle quelquefois
ainsi le sanglier quand il est gras, (s.)
PORCINS, Porcîni. Vicq-d'Azyr donne ce nom à une
classe de sa division des mammifères, laquelle comprend
tous les pachydermes de nos genres Cochon, Pécari ciPhas-
sans canon. V. ces mots. Il les caractérise ainsi : pieds fourchus ^
COCHŒRE. (DESM.)
PORCKANA. C'est le nom de la Carotte, en Finlande.
Tlî^.)
PORCUPINE. Nom anglais du Porc épic. (desm.)
PORC US. Nom latin du Porc ou du Cochon. ( V. ce
mot. ) Il a été appliqué par les anciens naturalistes à des
animaux très-différens. Ainsi le porcus pumilio , taxus porclnus
de Jonston, est IcBlaireau ; le porcus aculeatus.,seu histrixma-
laccensis de Séba , est le HÉRISSON a oreilles pendantes; le
porcus moschiferus de Klein , est le PÉCARI ; le porcus indicus
de Rai , est le Babyroussa ; le porcus aculealus sybestris , seu
hystrix' orientalis singularis de Séba, est une espèce de Rat épi-
neux ; le porcus marlnus de Sibald et autres, est le Dauphin; le
porcus fluiHaiilis , est le Cariai, (desm.)
« P O R
PORDALIS. V. Pardalis. (desm.)
PORE. Nom du Poireau , en Languedoc. (i.N.)
POREAU.r. Poireau, (s.)
PORÉE. Synonyme de Poireau, (b.)
PORELLE, Porella. Genre de plantes cryptogames , de
la famille des algues, établi par Linnœus , d'après Dillen ,
mais que Dickson a prouvé , dans le troisième vohime
des Transactions delà Société Linnécnne de Londres, être formé
sur de faux caractères. La plante de Dillen n'est autre chose
qu'une Jokgermakne dePensylvanie, ainsi que la description
et la figurede Dickson peuvent le faire voir. Cependant Beau-
vois, qui a observé cette plante en x\mérique, doute encore
qu'elle ne fasse pas un genre. V. au mot JongermaîsISE et au
mot Lycopode. (b.)
PORES. On donnoit autrefois ce nom aux polypiers pier-
reux. \oy. aux mots Madrépore et Millépore. (b.)
PORES. Quelques naturalistesnommaient ainsi autrefois
toutes sortes àe pierres poreuses ^icWcs que lesTuFS,lèsPlERRES-
PONCES,lesLAVES CELLUi.EUSES et scoRiFORMES, et notamment
les (tRÈs qui servent de pierre à filtrer. V. ces mots, (pat.)
PORES. F. Feuilles. (TOLL.)
PORGY. Poisson du genre des Spares. (b.)
PORIE , Poria Genre de champignons , établi par Per-
soon aux dépens des Bolets.
Dans ce genre , le chapeau est irfégulier , les tubes sont
adhérens entre eux, placés à la surface inférieure, (b.)
PORILLON. Nom vulgaire du Narcisse faux nar-
cisse , aux environs d'Angers, (b.)
PORINE , Purina. Genre de plantes de la famille des
Lichens , établi par Acharius , dans sa Lichenographie
universelle ,et composé de sept espèces, dont quatre avoient
été comprises précédemment dans le genre thelutrènie.
Ses caractères différentiels sont : une base ( thallus ) car-
tilagineuse, membraneuse, uniforme; des écussons en appa-
rence diaphanes , marqués de points enfoncés dans l'inté-
rieur. On voit , avec le microscope , de petites poches ovales
contenant des grains presque globuleux.
Aucune des sept espèces de ce genre n'est remarquable ,
ni par les formes , ni par une utilité connue. (P. B.)
PORION. C'est le Narcisse des bois, (p.)
PORITE, Porita. Genre établi par Lamarck, aux dé-
pens des Madrépores de Linnœus. Ses caractères sont :
. polypier pierreux, fixé , rameux ou lobé et obtus, à surface
libre partout stellifère ; les étoiles régulières , presque
contiguës , superficielles ou excavées , à bords imparfaits ou
nuls , à lames filamenteuses , acérées ou cuspidées.
PO R 9
Ce genre se rapproche des véritables madrépores par son
aspect, et des Astrées par son organisation ; mais il diffère
de tous les polypiers par les pointes de ses étoiles qui rem-
placent les lames. Lamarck en compte seize espèces , toute»
appartenant aux mers des pays chauds, (b.)
PORITES. On donne ce nom aux madrépores pétrifiés
en agate , dont les pores remplis d'une substance silicée trans-
parente , paroissent être vides, de sorte que les plaques qu'on
en fait en les sciant transversalement , semblent être criblées
de trous quand on les regarde en les plaçant entre l'œil et la
lumière. On trouve aux environs de Valdaï, sur la route de
Pétersbourg à Moscou, à la surface même du sol, une grande
quantité de millépores qui présentent ce joli accident, (pat.)
PORLIÈRE, Por//Vra. Arbre du Pérou , qui forme un
genre dans Toctandrie tétragynie , et dans la famille des
rutacée?. Ce genre offre pour caractères : un calice de quatre
folioles oblongues , concaves et caduques ; une corolle de
quatre pétales, ovales, onguiculés, concaves et caducs; huit
écailles cunéiformes, recourbées, émarginées et caduques ,
situées à la base interne des pétales ; huit étamines insérées
sur les écailles; quatre ovaires supérieurs, oblongs, réunis, du
centre desquels s'élève un style droit, astigmate aigu; quatre
drupes oblongs , renfermant chacun une noix uniloculaire.
Ce genre , qui se rapproche des Galvèses , est figuré pi. 9
du Gênera de la Flore du Pérou. (B.)
POR'MARI. Cochon d'Inde , en languedocien, (desm.)
PORO CARPE. Fruit de Ceylan , figuré dans Gœrtner.
On ignore à quelle plante il appartient, (b.)
POROCEPHALE , Porocephalus. Genre de vers intes-
tins , établi par Humboldl. Ses caractères sont: corps cylin-
drique , plus gros vers la tête , demi-transparent , transver-
salement rugueux, légèrement crénelé surses bords; tête ré-
tractile dans une fente semblable à la bouche des lapins ,
armée de cinq crochets rétractiles, placés inférieurement.
Cever a été trouvé dans lesintestinsd'un serpenlàsonnette de
Cumana. Son canal alimentaire excède douze fois la longueur
du corps. On en voit une figure avec les détails convenables ^
dans le Recueil d'observations de Zoologie de ce célèbre
voyageur , qui le compare aux IIéruques etauxEcniNORHYN-
QUEs. Je dois ajouter qu'il a beaucoup plus de rapports avec
mon genre Dipodion. (b.)
PORODRAGUE , Forodragus. Genre de Coquilles ,
établi par Denys-de-Montfort. Ses caractères sont : coquille
libre, univalve , cloisonnée, droite , renflée en fer de lance
arrondi ; ouverture ronde , horizontale ; siphon central ;
10 P O R
cloisons coniques , unies ; une goulllère sur le lest qui est
criblé de pores allongés et disposés régulièrenrient,
La seule espèce qui constitue ce genre , se trouve fossile
dans les montagnes des environs de Gap. Elle atteint à plus
de trois pouces de long, (b.)
PORON, G*est la iellina Adansonii de Gmelin. V. au mot
Telline. (b.)
PORONIE. Gleditsch propose , sous ce nom , un genre
à faire aux dépens des Pézizes de Linnaeus. (b.)
POROPHYLLUM. Vaillant décrivit , sous ce nom, une
plante annuelle d'Amérique , remarquable par ses feuilles
marquées de petits points brillans , que Linnœus plaça
dans le genre cacaîia ^ en lui conservant le nom àe porophyl-
lum.yS'iWAenow en a fait une espèce du genre A/^7/2«'«, lequel
comprend les cacalies à calice simple. Le cacalia atiipUcifolia^
considéré aussi comme une seconde espèce àe porophyllum ,
ayant le calice caliculé à la base , demeure dans le genre
cacalia. (ln.)
^ POROPTÉRIDES,Po/-o;>/mWe5. Famille de plantes,
établie par Willdenow aux dépens de celle des Fougères.
Elle ne renferme que les genres Marattie ciDanaé. (b.)
POROROCAouPROROROCA.Maréesubileeld'une
violence extraordinaire qui se fait sentir à l'embouchure du
fleuve des Amazones , aux approches de la nouvelle et de la
pleine lune. Ce phénomène ressemble , à beaucoup d'égards ,
au mascaret de la Gironde , aux environs de Bordeaux. Voyez
l'article Mer. (pat.)
POROS JA. Nom russe , appliqué à l'espèce du Cochon
toute entière, (desm.)
POROSENOK. Nom russe du Cochon de lait.^(desm.)
POROSOPIE, Porosopia. Genre établi aux dépens des
Grenadilles. Il ne paroît pas avoir été adopté, (b.)
POROSTEMA. Scherber a ainsi nommé le genre
ocoiea d'Aublet , fondé sur un arbre de la Guyane el de
Surinam , qui est le nectandra hijus,a de RottboUe , et le lau~
riis surinamensis de Swartz et de Willdenow. (ln.)
PORPESS. Nom anglais du marsouin , cétacé du genre
Dauphin. F. ce mot. Dans la même langue , cet animal
reçoit aussi ceux de PoRPUs, Porpes, Porpoisse, (desm.)
PORPEISSE. V. Porpess. (desm.)
PORPHYRANTHES. V. Hémerocallis. (ln.)
PORPHYR SGHIEFFER. C'est le nom que les miné-
ralogistes allemands donnent au Klingstein ou Phonolithe
FEUILLETÉ , et qui contient des cristaux de feldspath. V. au
mot Phonolithe. (ln.)
PORPHYRE , Porphyra. Arbrisseau de la Chine , de
P O R
trois pieds , à feuilles opposées, lancéolées, dentées , ponc-
tuées, presque sessiles , à fleurs rougeâtres , portées sur des
grappes dicholomes, axillaires , qui forme un genre dans la
télrandrie monogynie.
Ce genre diffère fort peu des Callicarpes, et a même été
réuni avec eux ; mais il a le calice entier , et poW fruit une
baie uniloculaire et trisperme. (b.)
PORPHYRE. En prenant ce nom dans son acception
vulgaire , il désigne une matière minérale en masse , très-
dure , suscpplihie d'un beau poli , et qui est composée d'une
pâte, dans laquelle sont disséminées une multitude de petites
parties anguleuses et granuliformes , d'une couleur diffé-
rente de celle du fond. Cette définition est celle qui convient
parfaitement au porphyre ronge antique , le plus connu de tous
les porphyres employés dans les arts, et qui a même reçu, le
premier, le nom de porphyre, à cause de sa couleurpourprée
( de Porphyra , la pourpre en grec , d'où Porphyreos , pourpré ,
elPorphyriks, le Porphyre). Les artistes l'ont appliqué à d'au-
tres pierres différentes par les couleurs ella nature, mais qui
avoienl une structure analogue. Lorsque laminéralogie prit
naissance, on' vit les naturalistes généraliser et appliquer
ce nom à des pierres de toutes formations et de toutes
natures : par exemple , à toutes les espèces de porphyres
actuels , à des laves , à des brèches, à des poudingucs, et
même à des grès, dont le seul caractère éloit d'offrir des petites
parties éparses dans une pâte. Celte confusion dura long-temps»
et l'on doit spécialement à Werner , à Saussure et à Dolo-
mieu, d'avoir débrouillé ce chaos.
Ils ont fixé ce nom à toute pierre composée d'une pâte ,
dans laquelle sont épars des crisiaux d'autres substances;
par conséquent les porphyres sont des matières produites
par la cristallisation, et ne sont point, comme les grès et les
poudingues , des dépôts ; ils appartiennent donc aux an-
ciennes formations, ou du moins à celles qui en font le pas-
sage. , .^ ■ ,
C'étoit déjà beaucoup que d'avoir établi cette division ;
mais bientôt un nouvel embarras s'éleva : on crut que l'on
pouvoit rapporter les porphyres à une seule espèce, et l'obser-
vation s'y refusa. On a voulu encorene fixer ce nom qu'à une
seule espèce, et en la divisant, établir d'autres distinctions qui
ont rendu extrêmement pénible l'étude des porphyres. Parmi
ces cl^ngemens , il en est un qui n'est pas à rejeter , c'est ce-
lui qui veut que le mot porphyre devienne un adjectif ainsi
que ses dérivés porphyrique et porphyritiçiie , et qu'il désigne
seulement la structure d'une roche quelconque compacte,
contenant des crisiaux épars.
12 P O 1^
En effet , lorsqu'on considère combien il y a de roches
primitives , de transition et volcaniques, qui ont la struc-
ture porphyritique, on conviendra qu'on ne peut pas en
former une seule espèce. Néanmoins , on entend générale-
ment à présent par porphyre une roche à base feldspathlque
compacte , quelque peu amphibolique , et contenant dissé-
minés , des cristaux 'de feldspath ou d'autre nature.
Voici la séri;,' alphabétique des diverses espèces de por-
phyres considérés d'après leur nature. Lorsque la pâte est
granulaire et qu'elle laisse distinguer ses élémens , plus ou
moins fondus ensemble , on donne à ces roches Tépilhèle
de p^rphyroïdes.
Porphyres amphikoliques { griln porphyr , AV.; griln-
stein porp/iyr). Communéme ni verts, persillés et tachés de
blanc ; pâte, composée de feldspath compacte , cireux , et
d'amphibole , dans laquelle sont disséminés des cristaux
presque compactes de feldspath, quelquefois assez gros , et
rarement du mica. Ils sont primitifs, et on en distingue plu-
sieurs variétés : i.» , micacé ; il accompagne le micaschiste
{glimmcrsclneffer') et le gneiss ; 2.» , granulaire (Diorite, Haiiy ;
Diabuse poiphyruide, Br. ; grilnsiein et griinstein porphyr des Al-
lemands) ; sa pâle est granulaire , à grains fins ; 3.° orbi-
culaire (^Diabuse orbiciilairr, Brong. ; vu\q^. granité orbîculaire , de
Corse. ); pâte granulaire , verte , pointillée de blanc , enve-
loppant de gros cristaux globuleux , sphéroïdes , formés de
couches et de lignes concentriques , alternativement vertes
et blanches , formées par des grains de feldspath blanc, et
d'amphibole vert. Ce porphyre est un des plus curieux que
l'on connoicse , et n'a encore été trouvé qu'en Corse. Les
minéralogistes allemands rapportent au griinstein, les di-
verses roches comprises par M. iiauy dans Vaphaniie, telles
que le porphyre vert antique et les varioliies vertes; mais ces
roches ont une pâte parfaitement compacte à élémens in-
discernables à l'œil. On rapporte encore au griinstein, des
roches qui accompagnent les basaltes, ou qui se trouvent dans
les terrains de transition; mais il est plus que douteux que
l'amphibole soit leurbase , plutôt que le pyroxène. V. Apha-
wiTE , Diorite et Grunstein.
Porphyres amygdai,oïdes. Presque toutes les roches
amygdaloïdes, soit pétrosiliceuses , soit trappéennes , outre
les noyaux qu'elles contiennent , offrent dans leur pâte
des cristaux épars de feldspath ou d'amphibole, ou d^toute
autre nature. Les mandclstcins àes Allemands, sont principa-
lement dans ce cas. Le plus extraordinaire de tous les por-
phyres amygdaloïdes , est celui qu'on nomme porphyre-glo-
bulaire de Corse et PYRoaiÉuiDE, V. ce dernier mot.
P O R ,3
Porphyres argileux ( Thon porphyr des Allemands ;
"Argi/uphyre y Urong, ). Nous traiterons de ces porphyres à
rarticle TJion porphyr.
Leur pâte terreuse ou argileuse, et les cristaux qu'elle en-
veloppe, ont un aspect moins brillant que dans les autres por-
phyres. 11 y en a de primitifs et de secondaires. Les porphyres
pétroslliceux et les laves pélrosillceuses anciennes , lorsqu'ils
ont été altérés par Taction de l'air, prennent le même aspect
que les porphyres argileux.
Porphyres calcaires ( Calciphyre^ Brong. ). Ce sont des
roches calcaires primitives qui contiennent des cristaux et
d'autres substances. Par exemple : au col du Bonhomme,
dans les Alpes , on trouve un calcaire compacte , blanc-
jaunâtre , avec cristaux de feldspath limpide. Au Pic du
Midi, et dans les environs de Barège , il y a des calcaires
saccharoïdes qui contiennent des grenats, de l'idocrase, etc. ;
dans l'île de Tyrée , l'une des Hébrides , Il y a un calcaire
compacte , rose, contenant des cristaux d'amphibole, et quel-
quefois de chaux phosphatée bleue , etc.
Porphyres cornéens. Ils ont pour pâte un pétrosllex
compacte, verdâtre, et contiennent, disséminés, des cristaux
de feldspath , et aussi de très-petits cristaux d'amphibole et
de pyroxène. Il ne faut pas les confondre avec les porphyres
amplilbollques qui , pour le plus souvent , laissent discerner
les éléinens de la pâte. L'on doit regarder comme type de
cette espèce , le porphyre appelé communément serpentin o\x
ophite antique. V. ces mots, et ci-après Porphyres antiques.
Porphyres feldspathiques ( Feldspath porphyr. ) Ce
sont les porphyres pétroslliceux , dont la pâte est de feld-
spath compacte pur.
PoRPHYREi JADiETSis. Ils ont pour base le jade tenace ,
et contiennent des cristaux de feldspath et de diallage. V.
EuPHOTiDE. Ils sont primitifs.
Porphyres obsidiens ( obsidian porphyr ). Voyez à Fart.
Obsidienne.
Porphyres a base de perlstein. V. Obsidienne perlée ,
à l'article Obsidienne.
Porphyres pétrosiliceux ou à base de feldspath com-
pacte. Ce sont les plus nombreux de tous ; Us se présentent
avec les couleurs rouge , rougeâtre , blanchâtre , gris foncé ,
grls-nolrâtre , brunâtre , même verte , et toutes les nuances
entre ces couleurs. Leur pâle est tantôt parfaitement com-
pacte et slllcée , tantôt un peu terreuse et terne ; elle est
fusible en verre grisâtre , blanchâtre ou brunâtre , selon sa
pureté. Les cristaux qu'elle enveloppe sont : de feldspath ,
d'amphibole, de quarz, de mica, et quelquefois de pyroxène_
,4 P O R
Tous ces cristaux sont généralement très-petits et répandus
par myiiades dans la pâte, communément distincts et épars
ou se fondant avec'la pâle et quelquefois agglomérés entre eux
et formant ainsi dans le porphyre des noyaux, des bandes et
des filons granitiques, qui donnent à la roche, considérée en
grand, l'aspect d'une brèche. Ceci est très-remarquable dans
le porphyre rouge antique. 11 arrive aussi que la pâte est
quelquefois homogène dans diverses parties de la masse. Tous
ces porphyres n'appartiennent point à la même formation ; il
y en a de primitifs, de transition et de volcaniques.
Les porphyres pétrosiliccux primitifs constituent une for-
mation particulière ; ils passent par des nuances \nsensibles
aux roches granitiques amygdaloïdes , au trapp , qui n'est
autre chose qu'une roche compacte , presque entièrement
composée d'amphibole , à la cornéenne , qui est une roche
amphibolique, compacte et feldspathique.
Les porphyres pétrosiliccux sont très-fréquemment amyg-
daloïdes ou brèches à la fois, c'est-à-dire, qu'on voit encore
dans leur pâte des globules , des noyaux , et des parties
fragmentiformes de même nature , qui s'y sont formés par
voie de cristallisation confuse, en même temps que les cristaux.
Les Vosges fournissent de très-beaux porphyres en ce genre,
ainsi que la Corse. Les premiers ont été le sujet d'observations
très-intéressantes, faites par Dolomieu, sur la formation des
porphyres. V. Petrosilex et Pyroméride.
C'est aux porphyres pétrosiliccux primitifs que l'on doit
rapporter presque toutes les roches nommées par les Al-
lemands homstein porphyr ^ que quelques naturalistes consi-
dèrent comme devant seuls constituer l'espèce porphyre. Il
faut aussi y rapporter en partie leur Jeldspafh porphyr ou feld
porphyr. L'on a nommé long-temps porphyre à base de jaspe,
les porphyres pétrosiliccux rouges.
Les porphyres pétrosiliccux qui sont dans les terrains de
transition et même quelques uns de ceux des terrains primitifs,
selon les Allemands, sont en général considérés par beaucoup
de minéralogistes, comme des laves anciennes. Ils accompa-
gnent les basaltes , les obsidiennes résinoïdes , les pechsteins,
etc. Ils contiennent des cristaux de pyroxène,et en général ils
sont subordonnés à des roches dont l'origine paroît récente. On
doit rapporter ici une bonne partie des kh'ngsiein des Alle-
mands ou phonoliiîth , et quelques-uns des porphyres de la
Hongrie , des monis Euganéens , de la Catalogne , etc.
Ces porphyres pétrosiliccux doivent être complètement
distingués des précédens , car leur pâte est un mélange de
pyroxène et de feldspath qui y domine. Les cristaux qu'ils
€On*iennentsont surtout de feldspath et de pyroxène , et plus
P O R ,5
rarement d'amphigène , de mica , d'haiiyne , de lilane
silicéo-calcaire , etc. ; leur conlexture est quelquefois très-
serrée etsilicée, mais le plus souvent elle est subgranulaire.
V. à l'article Lave.
Porphyres résinoïdes ( Pechsteln porphyr ). Foyez Ré-
TINITE.
Porphyres quarzeux ( Çuarz porphyr). Ils ont pour
base le quarz granulaire à grain très-fin à peine discernable ,
et contiennent des cristaux de feldspath ou de mica. Ils sont
primitifs. F. Pyroméride.
Porphyres schisteux. Ce sont ceux qui sont fissiles
ou feuilletés ; les uns sont des gneiss, des roches micacées
porphyritiqucs , des ardoises ou schistes, contenant ou du
feldspath , ou du quarz, ou du mica , ou des macles : ces por-
phyres sont primitifs ; les autres sont pétrosiliceux primitifs,
ou de transition et volcaniques, tels que les Phonolithes ,
roches que les Allemands nomment spécialement porphyr-
schicffer et klingsteîn porphyr.
Porphyres secondaires. Ils appartiennent aux ter-
rains de transition ; les uns sont pétrosiliceux et les autres à
base de trapp. Les Allemands y comprennent une grande
partie des laves pélrosiliceuses anciennes , et quelques por-
phyres argileux. En exceptant les laves porphyritiqucs , on
peut dire que tous les porphyres secondaires appartiennent
aux formations secondaires anciennes.
Porphyres serpentineux ( Serpentin porphyr). Ce sont
les serpentines qui contiennent des cristaux de diallage , du
fer oxydulé, etc. ; ils sont primitifs. F. Ophiolite.
Porphyres syénitiques {Syenit porphyr , W. ; Syenite
porphyrdîde, Brong). De gros cristaux , ordinairement rougeâ-
tres, de feldspath, épars dans une pâte, à grains fins , composée
de feldspath , de quarz et d'amphibole. Ils appartiennent au
terrain primitif , accompagnent le granité de seconde forma-
tion , le gneiss , le weisstem ou leptinite , la syénite grani-
tique , et toutes les roches qui se trouvent dans ces forma-
tions Ils accompagnent encore les porphyres anciens pétro-
siliceux , c'est-à-dire , à base de feldspath compacte.
Porphyres talqueux et stéatiteux ( Talk porphyr et
topfslein porphyr). Ce sont les stéatites et les talcs qui sont en
masse , et qui enveloppent des cristaux de feldspath lamel-
leux du mica , etc. ; ils sont primitifs , et souvent fissiles. F.
Stéaschiste.
Porphyres trappéens ( Trapp porphyr ). L'on a don-
né ce nom à diverses roches primitives ou de transition ,
dont la pâte étoit regardée comme formée essentiellement
d'amphibole en masse , compacte , et unie à du feldspath ,
i6 P 0 R
quoique le plus souvent formant un tout homogène à l'œil.
Dans celte pâte , se trouvoient dissérakiés des cristaux
de feldspath. Ce nom étoit trop étenrL: , puisqu'on sait
maintenant que beaucoup de ces porph-, rcs ont pour base
une pâle d'une autre composition. Par exemple , il en faut
éliminer ceux qui paroissent avoir pour base une pâte de
pyroxéne et de feldspath en masse ; tels que les trapps
d'Oberstein , ceux de Fassa en Tyrol , remarquables par
lesnombreuses espèces minérales qu'ils offrent , et qui sont
regardés comme d'origine volcanique. Ces trapps, le basalle
et les vackesqui les accompagnent , ainsi que toutes les laves
lithoïdes, que Dolomieu croyoit avoir le trapp pour base, ne
sont que des mélanges intimes de pyroxéne et de feldspath.
Il y a toutefois dans les terrains primitifs de vrais porphyres
trappéens;ils sont vert-foncés, vert-noirs, et quelquefois noirs;
ce sont là les vrais trapp porphyr des Allemands ; ils sont
fusibles en émail , brun , grisâtre , verdâlre ou noir. Voyez
Trapp , Trappite , Mélaphyre.
Porphyres a base de vacke ( Vacke porphyr). Les Alle-
mands désignent ainsi la vacke , lorsqu'elle contient des cris-
taux de mica, de pyroxéne , etc. Quelques minéralogistes
considèrent les vackes comme des basaltes décomposés. V.
Vacke et Vakite.
Porphyres volcaniques ou Porphyres laves. Ce sont
les laves lithoïdes porphyritiques. Il est bien rare que les
laves lithoïdes soient homogènes dans toute l'étendue de leur
masse ; elles offrent, on peut dire, toujours des cristaux, soit
de feldspath, soit de pyroxéne, soit de pérldot. Les autres
substau'^es cristallines qu'on y remarque sont beaucoup plus
rares. Quelquefois les cristaux sont tellement nombreux et
pressés, que la lave prend l'aspect granitoïde , tels, par
exemple , que la lave rouge de Santa- Fiora, en Toscane.
Les porphyres volcaniques sont quelquefois très-durs , et ne
prennent pas souvent un poli vif ; on les distingue par leurs
cristaux qui portent encore l'empreinte de l'action du feu :
ils sont frites, fendillés, plus vitreux et plus fragiles, quoique
moins fusibles que les cristaux de même nature qui sont dans
les autres roches non volcaniques. *I1 y a des porphyres vol-
caniques pétrosiliceux , mais il n'y en a plus de trappéens ;
et ceux nommés ainsi , doivent porter le nom de porphyres
pyruxéniqiies , à cause de la nature de leur pâte. Les basaltes
ou laves compactes basaltiques , sont aussi des porphyres py-
roxénlques , et rentrent dans les porphyres volcaniques. Les
minéralogistes de Técole de Werner ne nomment lave
porphyrique {porphyr lava ) que celles vomies sous nos yeux
par les volcans. F. Laves, Trachyte et Phonolithe.
P O R ,^
Nousn'avons fait que Iracer rapidement le tableau des di-
verses espèces de porphyres, que les iijinéralogistes établis-
sent. Celte esquisse est suffisante pour faire voir que rien
li'est plus vague que la classification de ces roches , et que
l'on ne sauroit avoir de bons caractères pour les distinguer
entre elles d'une manière franche.
C'est aux articles Roches et Terrains , qu'on trouvera
l'exposition de lasubordination queles porphyres conservent
par rapport aux autres roches qui composent la terre.
Usages lies Porphyres.
Les porphyres qui ont une pâte bien compacte, une grande
dureté et des couleurs vives agréablement tachées, sont ceux
qu'on peut employer avec le plus d'avantage à la décora-
lion des monumens publics. Leur emploi est loin d'être
aussi fréquent que celui des marbres : la difficulté que l'on
éprouve aies travailler , les frais considérables qu'exige leur
exploitation et le prix excessif de la main-d'œuvre pour les
façonner, joint à ce qu'ils sont peu communs et dans des lieux
éloignésdes grandes villes, en sont les causes et celles qui
feront dédaigner toujours les porphyres , dans l'usage jour-
nalier, hes porphyres sonl des marques de luxe, que des par-
ticuliers se donnent rarement; il est même rare que l'on pro-
digue ces belles matières dans les monumens publics, et alors
presque jamais pour les décorations extérieures. Les porphy-
res sont beaucoup moins communs que les granités. C'est en-
core une raison de ce qu'on en voit si peu. Les anciens Ro-
mains, dans le temps où le luxe étcit au plus haut degré à
Rome, n'auraient rien négligé pour se procurer les porphyres,
si la nature en eût été moins avare : or, ils n'ont connu qu'un
très-petit nombre de porphyres, ainsi que nous en pouvons
juger par les débris de ceux que nous trouvons dans les
ruines antiques. Les plus beaux se tiroient de l'Egypte.
Chez les modernes, ce goût est très-peu de chose. Quel-
ques compagnies ont voulu établir des manufactures desti-
nées à façonner les porphyres dans plusieurs pays où ces ro-
ches abondent ; mais le succès n'a pas répondu à leur at-
tente. Ainsi, l'exploitation des porphyres dans les Vosges a
été abandonnée, ou du moins peu s'en faut. L'on voit à Paris
des tables , des cheminées , quelques vases en un beau por-
phyre gris verdâtre, avec des cristaux de feldspath blanc
verdâlre,qui rappelle le 5e/;;e«//« vert des Italiens. On leliroit
desVosges, ainsi qu'un porphyre bréché, vert grisâtre pointillé
de blanc par du feldspath, et qu'on avoit employé aux mêmes
XxVfii, o
,S ' P O R
usages. Le haut prix auquel reviennenl ces objets , esl la cause
de la perte de cet établissement. Cependant , il en est de
mente de la fabrique d'Elfredalen en Suède, où réconomie
la plus stricte permet de donner les objets au plus bas prix
possible. Cette fabrique , qui emploie des porphyres pétro
siliceux bruns , et des porphyres verls qu'elle tire de la
montagne de Bleyberg, produit desmanchesde couteaux, des
chandeliers, des salières, des vases,des mortiers, des coupes»
des tables qui peuvent être utiles à tout le monde , et dans
les arts. H en sort également de belles urnes , des lombes et
d'autres objets de luxe. Mais cet établissement se soutient
avec peine. On ne sauroit nier que les porphyres s'emploie-
roient bien plus avantageusement dans certains cas que les
marbres.lls sont beaucoup plus durs, inattaquables aux acides
et ne se laissent tacher par aucun liquide. Ces propriétés
jointes au poli vif et durable qu ils sont susceptibles de pren-
dre, les rendroient précieux, en les employant comme tables
^t chambranles de cheminées, mortiers, pierres pour
broyer , etc.
Lcsmonumcns anciens de Rome étolent ornés de colonnes
et de figures en porphyre; des urnes, des tombes s'exécutoient
avec cette matière, qu'on tlroit à grands frais d'Egypte et
d'Arabie. C'élolt surtout les colonnes qui furent le plus
mullipliéei ; elles donnent en effet aux monumens qu elles
décorent, un air de magnificence et de grandeur que les
plus beaux marbres n'offrent pas toujours ; mais l'on doit
romarquer que les colonnes de porphyre ont rarement de
grandes dimensions.
La liste des porphyres antiques n'est pas considérable en
espèces , et les plus employées , ou celles qu'on trouve en-
core en abondance dans les ruines de Rome , sont le por-
phyre rouge et le serpentin ; après, il y eu a quelques autres
plus rares. Voici leurs caractères :
Porphyre rouge aî^tique Q Marmor porphyri/es ) ku-
rosiicos , kpiopsephos , thebaïcus tapis ? PI in. Porfido rosso an-
iico des llalleBs. Leucostine, Delamélhérie. Porphyre antique
Rrong. ).
C'est un porphyre à pâte pélrosihceuse, rouge , brune ou
violacée , remplie d'une Immense quantité de très-petites ta-
ches polygones dues à des cristaux de feldspath blanc, ou rosé ;
et de ircs-pelllespointillures d'amphibole noir, ou vert noir.
Les marbriers distinguent les variétés suivantes:
1.» Brune. La pâle esl d'un brun d'acajou foncé.
3.0 Rouge. La pâle est rouge foncé , avec une teinte Irès-
Icgère de violet, répandue également sur les cristau-v.
POU ,g
3.» Violette. La pâle est d'un rouge violet tirant sur la lie
de vin. Cette variété est la plus belle.
4° Brèche. Les cristaux de feldspath se sont groupés çà
et là entre eux, et forment ainsi des parties granitiques blan-
ches, au milieu du reste du porphyre qui présente également
diverses nuances dans la pâte. L'amphibole se réunit de même
que le feldspath en parties séparées, mais très-rarement les
taches amphiboliquessont d'un noirverdâire.
Ces beaux porphyres s'exploitent aux environs du mont
Sinaï , et dans les déserts qui sont entre le Nil et la mer
Rouge. Ils s'y trouvoient en blocs énormes , comme le
prouvent les colonnes qui décorent encore les édifices de
Home.
Le savant architecte Rondelet , dans le premier volume
de son bel ouvrage sur VAii de hâlir , a donné le détail des
principaux monumens antiques de porphyre^ d'où est tiré
la notice suivante.
Colonnes de porphyre rouge. — Les plus grandes colonnes de
porphyre qui existent, sontcelles de Sainte-Sophie à C0NSTA.N-
TINOPLE : elles ont quarante pieds de hauteur.
Il y en a beaucoup à Rome ; mais elles sont moins hautes.
Dans la seule église de Saint-Paul hors desmurs ^ on compte
trente colonnes de porphyre .^ dont quatre ont vingt pieds sept
pouces et demi de hauteur , sur deux pieds sept pouces de
diamètre.
Dans le Baptistaire de Saint-Jean de Latran , on remarque
huit belles colonnes de porphyre ; les deux plus grandes ont
quatorze pieds de haut, sur vingt-un pouces de diamètre.
Tombeaux de porphyre rouge. — Un des plus beaux est celui
d' Agrippa. II a été employé dans le mausolée de Clé-
ment Xil à Saint-Jean de Latran. Sa longueur est de sept
pieds quatre pouces, sur quatre pieds un pouce de largeur et
autant de hauteur.
Dans l'église de Sainte- Constance hors des murs , est un su-
perbetombeaude porphyre , orné de bas-reliefs en forme de
frise. La partie qui forme le coffre a sept pieds cinq pouces et
demi de long , sur trois pieds dix pouces de haut. La pièce
qui forme le dessus , a sept pieds sept pouces et demi de
long, sur cinq pieds deux pouces de large, et un pied d'épais-
seur.
A Saint-Jean de Latran , le tombeau de Sainte -Hélène est
de même forme ; il est aussi orné de sculptures.
Au Muséum du Vatican , Ton voit un des plus grands lom^
ao P 0 R
beaux àe porphyre qm soient à Rome ; il est orné de bâs-re-
liefs.
Dans l'église de Saint-Jean et Saint-Paul, l'autel de saint-
Saturnin est formé d'un beau tombeau à e porphyre.
A Sainte-Marie Majeure , l'aulel pontifical est formé d'un
tombeau àe porphyre , dont la longueur est de sept pieds , sur
trois pieds dix pouces de large et deux pieds de haut.
Dans l'église de Sainte-Marie-des-Anf;es , est une grande
urne antique formant le monument funéraire de Carie Ma-
ralte.
A Saint Nicolas in carcerc , sous le grand autel , est un
ancien tombeau de porphyre noir , avec deux têtes égyp-
tiennes en relief. 11 est le seul de cette espèce.
A Ravenne, dans le couvent de Sainte-Apollinaire, est
le tombeau du roi Théodoric. C'est une cuve de porphyre de
huit pieds de long , sur quatre de hauteur et autant de lar-
geur, provenant de quelques bains antiques.
A Paris, on voit dans l'église de Saint-Germain-l'Auxer-
rois , le tombeau du comte de Caylus qui vient du palais Vo-
rospi à Rome , acheté par Bouret, et cédé au comte de Cay-
lus. C'est le seul tombeau de porphyre qu'il y ait à Paris.
A Saint- Denis , la cuve du roi Dagobert avoit cinq
pieds trois pouces de long , sur deux pieds deux pouces de
large. Dagobert la fit venir de Poitiers , où elle servoil de
fonts baptismaux.
Figures. — Beaucoup de bustes des empereurs sont de por-
phyre ; il y en a plusieurs statues , notamment la Rome an-
tique du Capilole.
C'est des débris et des tronçons de colonnes de porphyre
rouge , que les modernes tirent les tables qui servent à
porphyriser , c'est-à-dire à broyer finement les couleurs et
d'autres matières , et qu'ils font les meilleurs mortiers.
Porphyre vert antique ou Serpentin antique (^verde an-
tico et serpentino-anticoyàes Italiens; griin porphyr,\V .; Ophites,
Brong. ; Ophite? Var., Plin. ) C'est sans contredit un des plus
beaux porphyres connus. Les anciens le tiroient de la Haute-
iLgypte. J'ai eu occasion de voir des fragmensde vases égyp-
tiens des plus anciens, faits en ce porphyre et couverts d'hiéro-
glyphes. Le serpentin antique doit son nom à sa couleur verle,
relevée par des taches blanches;ce qui l'a fait comparer à une
peau de serpent d'où son nom (ï Ophile.Sa pâte a clé nommée
tantôt irapp,t3nlol cornéenne; c'est un feldspath compacte uni
à de l'amphibole ; {peut-être pyroxme ) ; quand celui-ci do-
mine, cette pâte^est d'un vert-noir, très-foncée ou rougeâtre;
dans le cas contraire , c'est-à-dire lorsque le feldspath est
abondant , elle est verte, plus ou moins jaune. Les cristaux de
P O R 21
feldspath sont Lianes, ou voilés par une teinte générale ver-
dâtre ou jaunâtre. Ils ont près de trois lignes de longueur.
Ils sont communément groupés plusieurs'ensemble , et for-
ment à la dislance de quelques lignes les unes des autres, des
taches angulaires bien limitées de lapâle,dontils offrent quel-
quefois des parcelles dans leur intérieur. Cette pâte est fusi-
ble en verre noir ou brun. Elle présente encore une multitude
depointillures d'un vert noirâtre qui sont ou de l'amphibole
ou de pyroxène. Quelquefois on voit dans celte pâte de pe-
tits globules ou des veinules de calcédoine, et plus rarement
de calcaire spalhique , ou d'une matière verte amphiboli-
que. Elle paroît avoir beaucoup d'analogie avec la pâle
des varioliles de la Durance. L'on distingue plusieurs varié-
lés de serpentin antique ; les plus remarquables sont
celles-ci :
i." Verte (Porfido perde, des Italiens). La pâte est d'un beau
vert pur , ayant quelquefois un peu de ressemblance avec
le vert d'émeraude; ses cristaux sont d'un beau blanc. C'est
la variété la plus prisée.
2.» Vert jaunâtre. (^ Porfido hnino , des Italiens). Sa pâte est
d'un vert jaunâtre, et la même teinte voile le blanc des cris-
taux. Cette variété est moins séduisante que la précédente y
et prend un poli moins vif.
3.° Rougeâire ou brune. Sa pâte est d'un brun rougeâtre ,
ep et là verdâlre ; les cristaux sont blanc-verdâtres. Cette
variété est rarement en grandes pièces; elle a uu coup d'œil
obscur, qui lui nuit.
4." Notre { Serpenttno nero antico , des Italiens). La pâle est
d'un noir parfait à l'œil ; sa raclure est verte ; ses cristaux
sont d'un beau blanc opaque , et de la même grandeur que
ceux des variélés ci-dessus.
5°. Panachée ( Porfido verde fiorito des Italiens ). Pâte
d'un vert foncé , taches blanches , nombreuses., oblongues
étroites, enlacées les unes dans les autres.
Je dois faire remarquer ici que les Vosges , la Corse , les
Pyrénées, la Suède, offrent des porphyres semblables au por-
phyre vert-antique , et qui présentent les mêmes nuances de
couleurs. Leur pâte est néanmoins d'un aspect terreux , et
laisse souvent distinguer les élémens d'amphibole et de
feldspath qui la composent. 11 n'est pas probable que le
serpentin antique soit un produit volcanique , comme le
soupçonnoit Palrin. D'ailleurs, la Haute-Egypte fournit une
grande quantité de roches où le feldspath et l'amphibole
abondent, et dont l'origine primitive n'est pas mise en doute.
On elle très-peu de figures en serpentin antique ; mais il y
P O îl
en a un grand nombre de colonnes , de vases , de tom-
beaux , etc.
Les deux plus belles colonnes de ce rare porphyre sont
à Rome , au Palais des ronsercateurs , au Capitole. Elles ont
onze pieds de haut , sur dix-sept pouces de diamètre.
A Saint-Jean de Latran , les niches qui décorent la nef
sont ornées de vingt quatre colonnes de porphyre vert an-
tique; les quatre plus grandes ont neuf pieds de haut.
Au Vatican^ deux belles colonnes qui étoient à Saint-Paul
èes trois Fontaines.
A Sainte-Marie in Campitelli , Tau tel de sainte Anne est
décoré de deux colonnes de porphyre vert antique.
La Villa Borghèse * la Villa Médias et le palais Justiniani
en offrent plusieurs.
A Venise, l'église de Saint-Marc , et la cathédrale de
PiSE sont décorées d'une infinité de colonnes tirées de Cons-
tantinople , dont plusieurs sont de porphyre rouge et de
porphyre vert.
On voit à Paris , dans la grande galerie du Musde des
Arts, de grands etmagnifiques vases de porphyre vert antique,
DÙ Ton remarque les globules de matière verte, ainsi que les
globules et les veines de calcédoine dont nous avons parlé
ci-dessus.
PORPUYRE NOIR ANTIQUE ( Porfido nero antico ). Sa pâle
est noire à l'œil , mais sa raclure est verd«^tre ; elle est évi-
demment, composée presqu'en totalité , par de ramphiboîe.
Elle contient, comme le porphyre rouge antique, une mul-
titude de petits cristaux de feldspath, qui y forment des
taches blanches ou blanc-verdâtres, qui ont au plus une li-
gne de diamètre. Ce porphyre est quelquefois traversé par
des veines ou flaques d'un blanc-verdàtre et feldspaihiqucs.
Il y a encore le serpentin gris, le serpentin cendré antique
qu'on apportoit également d'Egypte; ils sont de la même
nature que le précédent.
Tous les porphyres antiques prccédens sont les plus con-
nus. On doit remarquer encore les suivans :
Porphyre erbetto ( Erhetio et porfido erhetto , des Ita-
liens}. Ce porphyre seroit plutôt un (^ranitelle , car il est
composé d'amphibole vert et de feldspath blanc opaque et
compacte, l'un et l'autre en égale partie, également mélangés,
et sous la forme de grains ou de petites lignes embrouillées.
Il est plus rare que lesprécédens. On en trouve d'analogues
dans les Pyrénées , vers Saint-13éat.
Porphyre dit vcrdedi prato antico. Les Italiens l'ont nom-
mé ainsi, parce qu'il a l'aspect de la serpentine «[u'on tire de
Prato en Toscane; mais il en diffère beaucoup par sa nature.
P O R 23
C'est encore une espèce de roche plutôt grsnîiiqne que por-
phyritique, quoiqu'elle ait l'apparence des porphyres.
Sa pâte est d'amphibole compacle, d'un vert jaunâtre obs-
cur ; ses cristaux de feldspath sont mal conformés , d'un
blanc verdâtre ou jaunâtre , formant de petites taclies ob-
iongues , d'une à deux lignes de diamètre, éloignées de quel-
ques lignes les unes des autres. Le verde di prato antico tient
le milieu entre le porphyre noir antique et Yerbetlo.
Porphyre pouilleux ( Porfido plddor.hiello ou piddochiosso):
Pâte pétrosiliceuse , d'un gris sale , contenant beaucoup de
cristaux moyens et réguliers de feldspath blanchâtre opaque ,
des petits grains de quarz gris, et des cristaux granuliformes
d'amphibole noir : sa localité est inconnue. On trouve un
porphyre analogue à Colmano , dans le Tyrol italien.
Porphyre amande antique {Po^Jîdo nmendolafo antiro).
C'est un beau porphyre gris, dont la localité est également
inconnue. Sa pâte est pétrosiliceuse , d'un gris-clair , et
contient des cristaux réguliers de feldspath blanc, les uns
très-nombreux, granuliformes; les autres moins nombreux,
mais beaucoup plus gros ou moyens ; des cristaux assez nom-
breux de quarz gris vitreut et d'amphibole noir , granuli-
formes. On trouve, dans les ruines de Rome, des tronçons de
colonnes de ce porphyre : c'est un des plus rares. Certaines
laves du Drachenfels, près des bords du Rhin, et certains por-
phyres gris de Transylvanie , lui ressemblent beaucoup.
Porphyre œil de perdrix ( Porfido orrhio d! perdlce , des
Italiens). Pâte grenue d'un gris-brun, pointilléede parties gri-
sâtres feldspalhiques, et contenant de nombreuses lames de
mica qui y forment des lignes brunes , de manière à imiter
les couleurs du plumage de la perdrix: ce porphyre n'est pas
commun. On fait avec les morceaux qu'on retire des ruines
des anciens monumens , de petits vases, de petites colonnes.
11 n'est jamais volumineux. 11 a beaucoup d'analogie avec
des laves micacées qu'on trouve aux environs de Rome , et
notamment à Frascati.
Ce sont là les divers porphyres antiques. Il est a.^sez re-
marquable que Pline n'ait presque rien dit sur ces porphyres.
A peine peut-on reconnoître chez lui le plus commun de
tous , le porphyre rouge antique , le seul que les Jiistoriens,
après lui , ont bien décrit. On suppose qu'il les a confondu9-
avec ses marmor et ses nphites. (ln.)
PORPHYRE. Coquille du genre des Volutes, Vohit'a
hhpidula , Linn. (b.)
PORPHYRE. L'Oli-e de Panama , Voluia vorvhyrÙ! ,
H P () K
Linn. , est ainsi appelée , par les marchands de co-
quilles. (DESM.)
PORPHYRE GLOBTILAIRE , et Porphyre Napo-
léon. V. Pyrgmékide. (ln.)
PORPHYRIO. Ce mot lalin , formé du grec, a élé ap-
pliqué par des orniiîiologistes à la Poule sultane. T. ci-
après PoRPHYRïo^^ (s.)
PORPHYRIOiN ou POULE SULTANE, Porphyrio ,
Sclioeff. , Briss. ; Fiilica , Linn. ; Galliniila , Lalh. Genre de
Tordre des Olseauxéchassiers et de la famille des 3L\CRO-
JiACTYLES. ^. ces mols. Qiraclcrcs : bec médiocre , robuste,
droit , conico-convexe , comprimé vers les côtés , un peu
renflé vers le bout , polnlu ; mandibule supérieure , voûtée
sur l'inférieure, un peu inclinée à sa poinle; narines oblon-
gues , situées dans une rainure , couvertes d'une membrane
gonflée , ouvertes en dessous , vers le milieu du bec ; langue
comprimée latéralement , entière; front, ou seulement le ca-
pistrum, dénué déplumes; quatre doigts , trois devant , un
derrière , totalement libres, longs et à bords lisses; le pos-
térieur portant à terre , dans une partie de sa longueur; ailes
concaves, arrondies.
Celte division seroit susceptible de deux sections, d'après
le plus ou le moins d'étendue de la plaque frontale. La pre-
mière contîendroit les espèces dont le front est couvert d'une
peau glabre et colorée , jusqu'au sinciput , comme les gal/i-
nules et les foulques.
La deuxième se composeroit des porphyrîons gris., à tête
grise, favorite., karuka^ ou a cjueuc rouge , qui ont le front em-
plumé, mais dont la base de la partie supérieure du bec se pro-
longe en s'élarglssaut et en s'arroudissant sur le capislrum,et
ne dépasse pas les bords du front. Ces ^o7^//jno«5 se rapprochent
plus des relies que les autres , auxquels tous tiennent par leurs
doigts lisses , ce qui les éloigneroit àç.s gallinules et des foui-
tfues , qui les ont bordés d'une membrane entière ou décou-
pée. Il résulte de ces faits , que les porphyrîons remplissent
l'intervalle qui sépare les râles et les gallinules.
La famille des poules sultanes n'habite en Europe que les
parties méridionales , et est répandue en y\tVique , en Asie,
eu Amérique; on la retrouve encore à la Nouvelle-Hollande
et dans les îles de la mer Pacifique. Partout, ces oiseaux habi-
tent le bord de l'eau.
Le PoRPHYRiON proprement dit, Porphyrio chloiynothos ^
Vieill. ; Gallinula porphyrio , Lalh. Cet oiseau est figuré dans
ce Dictionnrire , pi. M 20 , fig. 3 , el sur les pi. enium. de
ïllist. nat. de Buffon , n.° 810, sous le nom de taîè^'e de Mada-
gascar , qui est celui qu'il porte dans celle île. On l'appelle
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1 . Prlil Phmiropf^ère . 2 . B'r notr à lutj^'pe Jaune. 3 . Po/y/u/rio/i .
PO R 25
pi'ndaramcoU dans les Indes , chtnka , à la Chine , et porphy-
rion est la dénomination que lui ont imposée les (irecs, d'a-
près la belle couleur rouge ou pourpre qui teint le bec et les
pieds ; mais Ton paroit ignorer pourquoi les modernes lui
ont donné celui de poule siillanc ^ à moins , comme dit Buffou,
qu'on n'ait trouvé quelque ressemblance avec la poule «et cet
oiseau de rivage, et qu'on ne lui ait trouvé un degré de supé-
riorité sur la poule vulgaire , par sa beauté ou par son port.
Le porphyrion est à peu près de la grosseur d'une poule
commune; deux pieds environ font sa longueur. La mem-
brane du front, qui s'étend jusqu'au milieu de la tête, est
épaisse et d'un rouge foncé ; un violet brillant régne sur le
reste de la lêle el le dessus du cou ; un vert foncé éclatant
colore le dos , le croupion, les scapulalres et Ic^ couverlures
du dessus de la queue ; un bleu violet couvre les joues , la
gorge , le devant du cou, et devient lustré sur le ventre , le
haut des jambes et les flancs. Les couverlures inférieures de
la queue sont blanches ; un violet très-vif est la couleur des
couvertures supérieures des ailes , et des pennes sur leur
côté extérieur; elles sont d'un brun noirâtre du côté interne;
les secondaires et la queue ont pour teinte un vert sombre ;
celle du bec est un rouge foncé ; liris est fauve; les pieds et
les ongles sont pareils au bec.
La femelle ne diffère qu'en ce qu'elle est plus petite.
Ces oiseaux , d'un naturel très-doux et îrès-limlde , ne se
plaisent que dans la solitude, recherchent les lieux écartés ,
el jettent, lorsqu'on les approche, un tri d'effroi dont les sons
sont gradués , 4'abord foibles , ensuite aigus , el finissant par
deux ou trois coups de gosier sourds et intérieurs. Les fruits
et les racines , surtout celles de la chicorée, sont les alluiens
pour lesquels ils ntarquent de la préférence. Ils se nourris-
sent aussi de graines ; mais leur nourriture favorite paroît être
le poisson. Sonnlul , qui a eu occasion de faire des observa-
tions exactes sur ces poules sultanes , puisqu'il en a nourri
plusieurs en Egypte , s'explique ainsi sur le naturel de ces
beaux oiseaux. « Mes vieux , dit-il , avoient de la peine à s'ac-
coutumer à la privation de la liberté; inquiets et agités, ils
se lourmentoient sans cesse pour sortir de la volière dans
laquelle ils éloicnl renfermés. Au commencement de leur
captivité, ils étoient farouches et méchans ; ils mordoient
cruellement les doigts , lorsqu'on vouloil les toucher. Le cri
qu'ils faisolenl entendre de temps en temps imiloit assez
bien le rire d'une personne qui change sa voix sous le masque-
Ce cri devenoit quelquefois plaintif, et alors il étoit plus
court, et n'étoit point entrecoupé comme le premier. Ils
iiiangeoient du riz en paille ; ils déiachoicnt le grain de son
26 P O R
enveloppe , el s'aidoient souvent de leurs pieds pour le por-
ter à leur bec et le briser. Dès qu'ils avoient manp;é un grain
de riz , ils couroient à chaque fois à leur provision d'eau,
et en buvant , ils paroissoient la mordre ou la mâcher. »
Un couple de ces oiseaux , disposés à la domeslicilé , par
leur douceur el leur innocence , a été nourri dans les voliè-
res du marquis de Nesle , el y a niche. Le mâle et la fe-
melle travaillèrent de concert à la construction du nid. Le
lieu qu ils choisirent étoit à une certaine hauteur , sur l'a-
vance d'un mur ; ils y firent un amas assez considérable de
hùcheltes et de paille ; la ponte fut de six œufs blancs , d'une
coque rude , exactement ronds et de la grosseur d'une demi-
bille de billard. On n'eut pas d'autres résultats de celle pon-
te ; la femelle n'elant pas assidue à couver ses œufs ; il est
vrai qu'on les donna à une poule , mais ce fut sans succès.
Avec des soins et une élude plus approfondie du naturel de
ces oiseaux, il y a tout lieu de croire quon pourrolt les
faire mulliplier , et par-là, augmenter nos jouissances, en
nous enrichissant d'une espèce que les Grecs et les Ro-
mains savoient apprivoiser. Ils les nourrissoient el les pla-
çoient dans les palais et dans les temples, où on les laissoit
en liberté comme des hôles dignes de ces lieux, par la no-
blesse de leur port, par la douceur de leur naturel et par \st
beauté de leur plumage.
Celle espèce , qui se trouve en Sicile , y est nommée gal-
lo fagioni , en habile les lacs , surtout celui de Lentini , au-
dessus de Catane. Elle est naturelle aux climats les plus
chauds de l'ancien et du nouveau conlinenf. Sonnini a va
beaucoup de ces oiseaux dans la Basse -Egypte , où ils se
plaisent dans les rizici-es , ce qui les a fait appeler pou/es de
riz. Ils couvent dans le désert, et arrivent dans les champs
de riz au mois de mai et dans les mois suivans.
Lalham fait mention d'une variété qui paroît à la Nouvelle-
Galles du Sud, dans le mois d'août ; mais elle y est rare:
les naturels la désignent par le nom dcgooh œarrin.
Son plumage est généralement d'un noir foncé , excepté
la gorge, le devant du cou, la poitrine , le bord extérieur
des couvertures ot des pennes des ailes , qui sont d'un bleu
foncé ; le bec , le front , les pieds sont rouges; les couvertu-
res inférieures de la queue blanches; l'iris est orangé.
*Lc PoRPHYRlON ACINTLI, GalUnuUi purpiirea^ Lath. ; FtiUca
piirpuica, Gmel. Toutson plumage est d'un pourpre noirâtre,
entremêlé de quelques plumes blanches ; les doigts et les
pieds sont jaunes et verdâlres. Fernandez donne , à cet oi-
seau du Mexique, les noms de Quacuilton et d'YACAciiSTH.
Le dernier a été adopté par BulTon, qui l'a abrégé.
P O R 27
* Le PORPHYRION BLANC, PorphyHd alhus, Vieill. ; GalUnula
alla , Lalh. , est de la taille d'une poule commune : il a dix-
huit pouces de longueur; le bec de la forme et de la couleur
de celui du porphyrion proprement dit ; la membrane du
front , l'iris , le tour des yeux et les pieds rouges ; tout le
plumage , d'un blanc pur , et les ongles bruns : mais ce qui
doit caractériser celle race , c'est d'avoir au bord de Taiie
un éperon aigu. Latham.
Des individus que l'on soupçonne des mâles, ont les épau-
les d'un bleu brillant , et des taches de même couleur , sur
le dos.
Peut-être, dit Latham, pourroil-on croire que celle poule
puitane , toute blanche , est une variété accidentelle de la
commune , qui se trouve en quantité à Tonga-ïaboo , à
ïanna et dans les autres îles de la mer Pacifique. Mais il
me semble que si elle a réellement un éperon aux ailes, dont
est privée la poule sultane commune , il ne peut y avoir de
doute. Quoi qu'il en soit, elle habite l'île de Norfolk, et est
d'un naturel si doux , si peu craintif, que dans l'état sauvage
on peut aisément la toucher avec une baguette. L'ornitholo-
giste anglais dit avoir observé plusieurs individus qui lui pa-
roissent de la môme race , mais qui différoient en ce que
leur plumage étoit totalement brun , avec des reflets très-
marqués , verts et bleus , selon l'incidence de la lumière ; il
soupçonne que ce sont de jeunes oiseaux qui ne sont pas en-
core parvenus à leur état parfait.
* Le PoRPllYRlON BLANC ET BLEU , Porpliyrio ryanoleucos ,
Vieill. , se trouve au Paraguay. Il a dix pouces sept lignes
de longueur totale ; la gorge , le devant du cou, la poitrine ,
le ventre et les couvertures inférieures des ailes, d'une cou-
leur blanche, avec une teinte foible dindigo sur la poitrine
et les couvertures. Les côtés de la tête, du cou et du corps,
de celte dernière teinte ; le dessus de la têle et du cou , les
scapulaires et les pennes secondaires de l'aile , et leurs cou-
vertures supérieures , d'un brun verdatre ; les autres couver-
tures et le bord extérieur des autres pennes , d'un bleu de
ciel ; les pennes présentent en dessous une nuance d'argent ;
le dos et le croupion sont noirs ; les pennes caudales de la
même couleur, mais les quatre plus extérieures ont, ainsi
que les couvertures supérieures de la queue , une tache
blanche , à leur extrémité , et les autres , une bordure
bleu de ciel ; les pieds et l'iris sont oratîgés; le bec et la
partie nue du front verts. C'est Vyahana blanco y céleste de
M. de Azara, qui décrit sous le nom àyakana blanco y paiîo
acanelado^uu autre individusoupçonné d'être une variété d'âge
ou de sexe du précédent. Cet habile ornithologiste lui trouve
28 P O R
encore des traits nombreux de conformité avec le porphyrion
acinlti. Cet oiseau a dix pouces un quart de longueur totale ;
la gorge et le dessous du corps, blancs ; les tôles de la tête
el le devant du cou, d'un brun roussâtre très-clair; les flancs
et le côté inférieur de la jambe , d'une teinte plus foncée ;
le dessous de l'œil , d'une couleur d'argent noirâtre , avec un
peu de blanc au bout des couvertures ; la tête et la moitié
du cou , en dessus , d'un brun foncé et mélangé de roussâtre ;
le reste du dessus du cou et les couvertures supérieures des
ailes , d'un brun noirâtre changeant en vert ; les pennes des
ailes , noirâtres, à reflets d'un vert bleuâtre; le dos et la
queue , d'un brun noirâtre ; le tarse couleur de paille , lé-
gèrement teinté de vert ; le bec noirâtre jusqu'à sa moitié ,
et vert sur le reste.
Le PoRPHYRiON BLEU ET ^RVti , Porphyrio ryanopjialus ^
Vieill. , est de la taille du porphyrion proprement dit , avec
lequel il présente de certains rapports ; mais il en diffère es-
seniiellement , en ce qu'il a la tête en entier, la nuque et
le haut du cou , les scapulaires , le dos , le croupion , les
ailes et la queue , les plumes des cuisses et des jambes , le
bas-ventre et les flancs, d'un brun noirâtre ; les pieds verts,
le bec et la plaque frontale , d'un jaune orangé ; du reste ,
il ressemble à ce dernier. M. Dufresne possède cet individu,
dans sa riche collection. Est ce une espèce distincte?
Le Porphyrion CHAUVE , l'orphyn'o cabus , Vieill. Le nom
que j'ai imposé à cet oiseau, vient de ce que la plaque fron-
tale se prolonge sur tout le dessus de la têle et la couvre en
entier. 11 a dans ses couleurs la plus grande analogie avec
le purphyiion bleu et hriin. En effet , il a , comme celui-ci , le
reste de la tête , la nuque , le manteau , les ailes et la queue ,
d'un brun noirâtre; les couvertures inférieures de celle-ci,
blanches , et le reste du plumage , d'un bleu violet ; le bec
et la partie nue de la tête , rouges ; les pieds , d'un rouge
orangé, et une taille moitié moindre que celle du porphy-
rion proprement dit , et plus forte que celle du Porphyrion
iai'ouci.
Le Porphyrion de la Chine est, selon Latham , une
variété d âge ou de sexe du porpliyrion karuka. Bufton en a
publié la figure sur la pi. enl. n.*^ 886, sous la dénomina-
tion de Poule sultane brune.
Le Porphyrion a cou bleu , Porphyrio cynnelcollls , Vieill.
M. de Azara, qui a appelé cet oiseau yahana garganla cé-
leste , l'a pris à quarante - cinq lieues au midi de l'Ascension
La gorge , le bas du cou, en devant, et le dessous du corps ^
sont blancs ; la partie inférieure du cou , et un peu de ses
côtés, d'un très-beau bleu de ciel brillant et marbre de brun
P O R 29
fort clair ; la poitrine est du même bleu, avec quelques plu-
mes brunes qui descendent sur les flancs. Les plumes des
cuisses sont noirâtres , ainsi que celles des jambes , qui ont
quelques marbrures blanchâtres, se faisant aussi remarquer
sur les côtés du croupion. Les couvertures inférieures, les
plus proches du bord de l'aile , sont d'une couleur d'aiguë-
marine; les autres et les pennes en dessous , d'un noirâtre
lustré , avec du blanc à l'extrémilé des dernières; ces pen-
nes et les couvertures supérieures de la partie externe ,
présentent une couleur d'aigue-marine plus vive. Les autres
couvertures, le dessous du cou et la queue sont d'un vert jau-
nâtre; les côtés de la tête , d'un brun clair et roussâire ; le
dessus de la tête et l'occiput, d'un brun foncé le dos est d'un
brun verdâlre ; le tarse, d'un jaune sombre , et le bec vert
noirâtre , avec un peu de pourpre foncé , dans son milieu :
longueur totale , onze pouces et demi. Ce porphyrion ne
seroit-il pas en mue ?
Le Porphyrion dit la Favorite , Porphyrio fiaviroslris ,
Vicill. ; Galliniila flanrostris ^ Lalh; FuUcaflainrostris^ Gmel.;
pi. enl. de Buffon, n." 897. On le trouve à Cayenne. Il est
à peu près de la taille du râle de genêt ^ et il a les côtés de
la tête , de la gorge , et le devant du cou , les flancs , le des-
sus des ailes et le manteau , d'un joli bleu clair ; le milieu
de la gorge , la poitrine et les parties postérieures , d'un
beau blanc ; la tête noirâtre ; la queue noire ; le bec rougeâ-
tre , avec un peu de jaunâtre en dessous et vers le bout ; les
pieds rouges. Buffon soupçonne que c'est la femelle de la
petite poule sultane de Cayenne. Il se fonde sur la foiblesse de
ses couleurs. V. Petit Porphyrion.
Le Porphyrion gris, Porphyrio cinercus ^ Vieill,,ales
côtés du front , une bandelette transversale au-dessus de 1 œil
la gorge , le devant du cou , le milieu de la poitrine et des
parties postérieures, blancs; les flancs et le reste du plumage,
d'un joli gris ; le bec , d'un jaune orangé , et le tarse roupeâ-
tre. Taille inférieure à celle du râle marouelte. Le pays de cet
oiseau m est inconnu. Il est au Muséum d'Histoire naturelle.
Le Porphyrion KARUKA,PoryD/?j7îo;?//temcj/n/ , Vieil.; Rallus
phœnicurus^ Gmel.; zoologie de l'Inde, page tc), i b. 9, sous le
nom de Rallus phœnicurus. Cette poule sultane a V<)cc'\piit , le
cou, le dos et les ailes, noirs, avec des taches bleues sur les
pennes; la tête et le dessous du corps jusqu'aubas-ventre,d un
blanc de neige; celui-ci et la queue, d'un rouxnué de rouge;
le bec verdâtre , et les pieds d'un vert un peu rougeâlre : lon-
gueur totale , huit pouces environ.
Celte espèce se trouve dans lîle de Ceyian, où elle porte
le nom de kalu-kercnaka; on la voit encore fréquemment dans
3o P O R
la presqu'île de l'Inde , et il est à présumer qu'elle se trouve
aussi chez les Chinois, puisque sa figure est souvent sur
leurs papiers peints.
Latham donne comme variété de celte espèce , la Poule
SULTANE BRUINE. Une seconde variété, selon cet ornithologiste,
estune autre poule snliane, àontl^olbe parle succinctement dans
son Voyage; il la dit fort commune au Cap de Bonne-Espé-
rance. Elle a la plaque du front, blanche; le dessus du corps
d'un noir brillant , le dessous blanc; le bas ventre rouge , et
les pieds jaunes.
Le PoRPHYRiON DU MEXIQUE, Fulicamexirana^ Lalh., est à
peu-près de la grandeur et de la grosseur de noire fou/que ;
la lêle, le cou et les parties inférieures du corps sont pour-
pres ; le dos, le croupion, les couvertures supérieures des
ailes et de la queue , d'un vert pâle, varié de bleu et de fau-
ve ; les pennes alaires et caudales, vertes; le bec terminé de
jaune , et rouge dans le reste de sa longueur , ainsi que la
membrane du front. N'est-ce pas une variété duPoRPHYRiON
Tavoua .''
Le PoRPHYRiON TAYOUA, PorphyriotavouP., Vieill.; GalUnula
maiiinica, Lath. ; Fulica mariinica^ Linn., édit. i3. ; a un peu
plus de grosseur que le râle d'eau; douze pouces de longueur;
le bec jaune, et rouge à la base; la plaque du front et
l'iris rouge s ; le plumage en général d'un vert brillant, chan-
geant en bleu sur la tête, le cou et le dessous du corps; les
couvertures inférieures de la queue blanches ; les pennes et
celles des ailes noirâtres et bordées de vert ; les pieds
jaunes.
La femelle ou l'oiseau jeune, diffère en ce que le plumage
est en dessus nuancé de brun; le dessus de la tête entière-
ment de cette couleur; le dessous du corps blanc , un peu
mêlé de noir sur le milieu du ventre , et beaucoup plus sur
le devant du cou jusqu'à la poitrine ; les pieds sont bruns.
Cette espèce , que les naturels de la Guyane française
nomment taiyoua-iai>oua à Cayenne , se trouve à la Martini-
que et dans l'Amérique septentrionale.
UYahana céleste y verde ^ du Paraguay, rapporté par Son-
nini à cette espèce ; il n'en diffère qu'en ce qu'il a la tête
noire.
* Le PoRPHYRiON A TETE GRISE , Porphyrîo poliocephalus ,
Vieill. ; GalUnula poUocephala , Lalh. Bec rouge ; tête et cou
d'un gris bleu , changeant en couleur d'azur sur le haut de la
gorge ; dos pourpre; ailes et queue d'un bleu d'indigo foncé;
poitrine et ventre vert-bleus; bas-ventre blanc ; pieds rouges.
Cclic pcidc sultane se trouve dans l'iude.
P O R 3i
L'individu décrit par Latham sous la dénomination la-
line de GalUnula madagascariensis , me paroît être une va-
riété de sexe ou d'âge du précédent. 11 a le bec pareil ; la
tcte et le cou d'un gris pâle ; le dos d'un vert foncé mé-
langé de noir; le bas - ventre de couleur d'outremer; la
gorge, la poitrine et le dessus des ailes, verts ; le ventre et les
lianes , bleus ; les pieds rouges.
* Le PoRPHYRioN A TETE NOIRE, GalUnula melanocepliolay
Lalh. ; Fulica melanocephala , Linn. , édil. i3. Le plumage diî
cet oiseau est tout bleu , excepté sur la tête et le cou qui sont
enveloppés d'un capuchon noir.
La femelle a le dessus de la tête et du corps , fauve; les
plumes scapulaires rayées de blanc ; les couvertures des ailes
verdâtres et mêlées d'un peu de fauve; les pennes d'un bleu
céleste, mêlé d'un peu de vert.
C'est d'après Feuillée que l'on a décrit cette poule sultane;
lîutïon la rapporte à I'Acintli {Voyezc^llQ espèce); Brisson
la donne comme une variété de ia. poule sultane commune;
Latham et Gmelin en font une espèce particulière. On la
trouve en Amérique.
Le PORPHYRION VERT, Porphyrio viridis , Vieill.; GalUnula
•piridis^ Lath. ; Fulica viridis, Linn., édit. i3. Longueur, onze
pouces 'et demi. Bec d'un jaune verdâtre, ainsi que la plaque
frontale; dessus du corps d'un vert sombre; dessous blanc;
pieds pareils au bec ; ongles gris.
Si c'est par erreur , comme le dit Sonninî , que Brisson a
indiqué cette poule sultane pour se trouver aux Indes
orientales, on peut la rapporter au Porphy/ian blanc et bleu, (v.)
POBPHYRIS. Ce nom s'appliquoit , chez les Grecs, à
Vanchusa et à Vocymasirum ( f^oy. OcYMoiDEs ). (ln.)
PORPHYRITE. Quelques naturalistes appliquent cette
dénomination très-impropre, à des poudingues dont les gra-
viers fort menus donnent à la pierre une certaine apparence
de porphyre. Mais, du reste, ces deux sortes de pierres n'ont
rien de commun , surtout dans le mode de leur formation.
Dans le porphyre , le fond de la pierre et les cristaux bien ou
mal terminés qu'elle contient, ont été formés en même
temps. Dans le poudingue, au contraire, les graviers que ren-
ferme sa pâle , existoient avant qu'elle les eût enveloppés.
Voyez Poudingue, (pat.)
PORPHYROÏDE. Epilhète qu'on donne à une roche
qui, passant d'une modification à une autre, commence à
prendre l'apparence d'un porphyre, et tient le milieu, par
exemple, entre le porphyre et le granité. F. Porphyre. (pat.)
PORPITE, Purpila. Genre de vers radiaires , qui offre
pour caractères : un corps libre, orbiculaire, cartilagineux à
3i P O R
rinlérlcnr, subgélatineux à l'extérieur, presque plat, avec
une cavité centrale et des tentacules irès-courls eu dessous ;
des stries en rayons ou sautoirs , avec des stries conceatri-
ques , tant en dessus qu'en dessous.
Ce genre faisoit partie des Méduses de Linnreus, et il a
en effet beaucoup de rapports avec elles ; mais il en diffère
suffisamment pour en former un particulier.
Lamarck , à qui est dû ce nouveau genre , l'avoit plutôt
deviné que connu; mais j'ai eu l'avantage de comparer en
vie une des espèces qui le composent avec une méduse^ et de
fixer ses caractères d'une manière précise dans mon Histoire
naïuyelle des Vers ^ faisant suite au Buffon , édition de Deler-
vllie.
Les porpltcs ont le corps circulaire et très-plat; il est,
tant en dessus qu'en dessous , strié par des cercles concen-
triques et par des rayons très-peu saillan?, quoique bien pro-
noncés ; 11 est d'une consistance plus solide que celui de la
plupart des méduses^ mais toujours cependant gélatino-mem-
braneux ; en dessous , au centre , est la boucbe , composée
d'une membrane susceptible d'une grande dilatation , mais
très peu saillante , qui s'ouvre et se ferme contin ellement
comme dans les méduses; en avant et encore plus en arrière
de cette bouche , dans un espace parallélogrammiquê très-
élendu , sont parsemés irrégulièrement un grand nombre de
tentacules à peine visibles lorsqu'ils sont contractés , longs
de trois millimètres dans leur plus grand développement, et
qui ne convergent pas vers la boucbe , excepté trois , lesquels
sont deux fols plus gros que les autres, et placés immédia-
tement sur ses bords.
Les organes de la nutrition se voient à travers le corps ,
qui est deral-lransparent ; mais ils sont si petits, qu'il est dif-
ficile de les distinguer.
Les porpites ont une manière d'être différente des mé-
duses. Ces dernières, lorsqu'elles viennent à la surface de la
mer, sont toujours entièrement dans l'eau ; les premières ,
dans le même cas, sont absolument sur l'eau. Celles que j'ai
rencontrées avolent l'apparence d'une pièce de vingt-quatre
sous emportée par les flots. Elles nagent à la manière des
oiseaux.
■La PoRpiTE DE l'Inde , qui est aplatie en dessus , con-
vexe en dessous , sillonnée et velue , se trouve dans la mer
des Indes.
Llnnœus l'avoit décrite sur un individu conservé dans l'os-
prit-de-vin et considérablement altéré ; mais Bory-Saint-
Vincent, qui l'a observée vivante, dans son voyage à l'ile-
de-ifrauce , Ta décrite et dessinée de nouveau avec la supé-
P O R 33
norilé de talent qu'on lai connoît. Elle est figurée dans la
Relation de son voyage aux çuulre îles des mers "d'Afrique Ses
bords sont munis d'une grande quantité de filets injgaux
membraneux, et d'un bleu brillant, dont quelques-uns sont
fort longs.
La PoupiTE APPENDicuLÉE , qui est glabre , blanche, avec
trois appendices bleus sur ses bords, un en avant et deux en
arrière plus petits. F. pi. E, n." 23, où elle est figurée. Je
I ai rencontrée abondamment vers le 4.o.« degré de latitude
et le 5a.« de longitude. Peut-être possède-t^-elle des tenta-
cules comme les autres ; mais je n'ai pas pu les voir déve-
loppées.
La PoRPiiE CHEVELUE, figurée par Péron et Lesueur , pi
3i , n." 6 de leur voyage , est la plus grande de ce genre.
iLlle est entourée de tentacules très-minces, très-longues et
bleues , et a des suçoirs sans nombre en dessous.
On ne doit pas confondre ce genre , comme on l'a fait dans
ces deruiers temps , aveclemadrêporeporpiie, ni arec les ca-
merines, qui ont quelque ressemblance de forme avec les es-
pèces qu'on vient de mentionner. Le madrépore porpite et les
caménnes sont toujours calcaires, et la porpite toujours car-
tdagmeuse. Voyez aux mots Madrépore , et Camérine.
PORPITE, NUMISMALE, NUMMULITE^,NU]V1-
MULAIRE, PIERRE LENTICULAIRE PIERRE
FRUMENTAIRE. Voyez Lenticulaire. fp.T)
PORPOISSE. Voyez Porpess. (desm.)
PORPUS. Voyez Porpess. (desm.)
PORQUINHO. L'un des noms portugais du Cochon-de -
lait, (desm.)
PORRA. Nom espagnol d'une espèce de Varec qui se
trouve dans la mer du Sud, et qui est figurée lom. 2, ni. 3,
du Voyage dans les mers de Vlnde , par le Gentil
Ce varec a une tige extrêmement longue ( !,o brasses
au moms ). Il est terminé par un renflement fusiforme ,
supportant une grosse vésicule sphéroïde , d'où sortent des
rameaux qui portent des feuilles lancéolées , très-allongées ,
et fortement dentées. V. Varec. (b.)
PORRUM, et Porn/s des Latins, et Prason des Grecs. Ce
sont les noms de diverses espèces du genre allium des bota-
nistes modernes, parmi lesquelles se trouve compris le poi-
reau
Dioscoride distingue deux prason , savoir : i.o le cephalo-
^ru5o« ou poireau capité, qu'on rapporte à notre poireau cul-
tive; 2 .1 ampeloprasum ou le poireau des vignes, rapporté tan-
xxYiir. ^ 3
U P O R
tôt k Valliumvineale, et tantôt à d'autres espèces dumême genre.
Théophraste et Pline indiquent trois espèces; i," le prason
onporrum cephaloton, appelé gethyllis par Athénée , et gethion
par d'autres auteurs : c'est encore le poireau cultivé; 2.° le
prason cheiromenon , également appelé carton et seciwum , qui
étoit le poireau cultivé qu'on empôchoil de monter en cou-
pant ses feuilles; 3.° ï ampeluprason , le même que celui de
Dioscoride.
Le poireau étoit fort cultivé chez les anciens; on le man-
geoit cuit; autrement, il passoit pour nuisible ; on l'appeloit
porrum , parce qu'il pousse et croît vite : (fuàd porrà eat et
longe latèque grassetur. C. BaUH,
Tournefort fait du poireau un genre purrum , distingué de
celui des aulx ou allium , par ses bulbes cylindriques ; mais
cette distinction n'est plus admise, et l'on rapporte au genre
allium toutes les espèces qui ont été placées dans celui ap-
pelé porrum par Tournefort. (LN.)
PORS. Nom danois du Gale, (b.)
PORT. On donne ce nom, dans les Pyrénées, aux ou-
vertures ou passages formés par la nature entre les sommets
des plus hautes montagnes de cette chaîne, et par lesquels
on la traverse d'un côté à Tautre. Dans les Alpes , on donne
à ces sortes de passages le nom de col.
En terme de marine, le nom de port désigne un havre où
les vaisseaux sont à l'abri des tempêtes , et qui , pour l'ordi-
naire,est perfectionné par les travaux de l'an. Le plus grand
et le plus beau port de l'Europe , esl celui de Constaniino-
ple. Le plus vaste et le plus sûr qu'il y ait au monde , est celui
d'Avalcha au Kamtschatka. (pat.)
PORT. Synonyme de Porc-de-mer, f^. Marsouin. (B.)
PORTE-AIGUILLON , Acukata. Insectes composant
notre seconde section de l'ordre des hyménoptères, et qui
ont pour caractères : point de tarière ; un aiguillon inté-
rieur, mais exsertile , ou des glandes renfermant un acide,
à l'extrémité de l'abdomen des femelles et des individus neutres.
Les hyménoptères de cette section nous offrent, dans leurs
antennes et leur abdomen , des caractères constans , et au
moyen desquels on pourra souvent distinguer ces insectes,
de ceux de la première section du même ordre, les porle-
larière. Les antennes sont toujours simples, et composées
de treize articles dans les mâles , et de douze dans les fe-
melles. L'abdomen, toujours uni au corselet par un pédi-
cule plus ou moins allongé , est formé de sept anneaux dans
les individus de la première sorte , et de six dans ceux delà
seconde. L'aiguillon dont les premiers, ainsi que les indi-
vidus neutres ou mulets, seul armés , n'est qu'une tarière
P O R 35
modifiée, et qui par ces changemens a reçu une destination
différente. Les quatre ailes sont toujours veinées. Les larve*
n'ont jamais de pieds , et se nourrissent des alimens que les
femelles ou les neutres, ou ces deux sortes d individus simul-
tanément, leur fournissent, et qui consistent lantôl en cada-
vres d'insectes , tantôt en sucs de fruits, et pour d'autres , en
un mélange de pollen , d'étamines et de miel.
Je partage cette section en quatre familles , et de la ma-
nière suivante :
I. Femelles ou Mulets privés d'ailes.
Famille \. Les Hétérogynes.
I L Tous les indmdus ailés.
A. Point de pattes poUinifères.
* Les quatres ailes toujours étendues.
Famille IL Les Fouisseurs.
** Ailes supérieures doublées Ion gituâinalement dans le repos.
Famille IIL Les Diploptères.
B. Pattes postérieures poUinifères, soit dans les femelles elles
neutres, soit dans les derniers individus seulement.
Famille IV, Les Mellifères.
Voyez ces mots, (l.)
PORTE-BANDEAU. C'est I'Éthulie nodiflore. (b.)
PORTE-BEC ou Rhinchophores. Famille d'insectes
coléoptères, ayant pour caractères : quatre articles à tous les
tarses ; tête prolongée antérieurement en forme de museau
ou de trompe, avec la bouche terminale ; larves à pattes très-
courtes ou nulles.
Je divise cette famille en deux tribus, celle des B&UCHÈLES
et celle des Charansomtes. V. ces mois, (l.)
PORTE-CHAPEAU.On nomme ainsi le PALiURE.Foyez
ce mot. (b.)
PORTE -COLLIER. C'est I'Ostéosperme monili-
FOKME. (b.)
PORTE-CORNE. Klein donne ce nom au Rhinocéros.
V. ce mot. (s.)
PORTE-CORNES, Cerophorus. M. de Blainyille pro-
pose ce nom pour un grand genre de ruminans , renfermant
tous ceux de ces animaux qui ont la télé ornée ( au moins
les mâles ) , de cornes persistantes , supportées par un axe
osseux. F. Ruminans. (desm.)
PORTE-CRÈTE. Nom spécifique de I'Iguane d'Am-
boitse. (b.)
PORTE-CROIX. V. Criocère. (s.)
PORTE-ÉCHELLE. C'est la Saperda scalaris. Vorci
SaPERDE. (nESM.)
36 PO R
PORTE-ËCUELLE. Genre de poisson. F. Lépado-
GASTÈRE. (B.)
PORTE-EPINE. F. Porc-Épic. (s.)
PORTE-FEUILLE. C'est la Rapette vulgaire, (b.)
PORTE-IRIS. Nom sous lequel Dicquemare a fait ton-
nohre deux espèces de méduses,'^, qui sont entourées d'un
cercle portant les couleurs de l'arc- en - ciel. V. au mot
Méduse, (s.)
PORTE-LAMBEAUX. Quoique j'aie fait de cet oiseau
un genre particulier , sous le nom de dilophe , il me semble ,
comme je l'ai déjà dit à l'article des martins , qu'on ne peut
guère l'éloigner de ceux-ci , avec lesquels M. Cuvier l'a
classé : en effet , il en a les caractères du bec , et il n'en
diffère que par ses caroncules ; encore ces caroncules ne
sont que l'attribut de l'oiseau adulte, (v.)
PORTE - LANCETTE. C'est rAcA^THURE chirur^
GlEN. (B.)
PORTE-LANTERNE (/ns^cto. ) V. Fui.gore. (l.)
PORTE-LENTILLE. C'est la Nidulaire. (desm.)
PORTE-LYRES, L/r/Jm, VleiU. Famille de l'ordre
des oiseaux Sylvains, et de la tribu des Tétradactyles.
V. ces mots. Caractères : pieds allongés , un peu forts : tarses
annelcs; quatre doigls,trois devant, un derrière; les extérieurs
joints le long de la première phalange ; l'interne libre ;
ongles allongés, convexes en dessus, presque droits, obtus ;
bec médiocre, droit, conico-convexe, garni à sa base de
plumes sétacées, dirigées en avant, pointu; rectrices du
mâle adulte , au nombre de seize , de trois formes diffé-
rentes et très-longues ; douze seulement et uniformes , chez
les femelles, (v.)
PORTE -MASSUE, Cojynephorus. Genre de plantes
établi dans la famille des graminées, pour placer quelques
espèces de Canches.
Ses caractères sont : balle calicinale de deux valves mem-
braneuses , fort longues , renfermant deux (leurs , chacune
composée de deux valves, dont l'inférieure est entière, et
pourvue, à sa base, d'une arête articulée et lanugineuse
dans son milieu, coriace et tordue à sa base, claviforme et
glabre à son extrémité ; la supérieure bifide à sa pointe.
Ce sont les Canches articulée et blanchâtre qui
servent de type à ce genre, (b.)
PORTE-MIROIR {Insectes.) Nom donné par des ama-
teurs à un bombix de l'Amérique , qui a sur les ailes une
tache transparente , comme du talc , ou vitrée , produite
par un défaut d'écaillés sur cette partie , environnée de
P O R 37
lignes en forme de cercle, et ressemblant ainsi, en quelque
sorte, à un miroir avec son cadre. Le bomhix hesperus àe Fa-
bricius, son bombix allas , sont des porte -miroirs, (l.)
PORTE-MITRE D'OR, Chrysomeins. Dénomination
du chardonneret j d'après la plaque jaune dont ses ailes sont
décorées, (v.)
PORTE- MORTS ou NÉCROPHORES (^Insectes.)
Voyez NÉCROPHORE. (l.)
PORTE-MUSC. Quadrupède ruminant, du genre des
Chevrotains. V. ce mot. (desm.)
PORTE-NOIX. Nom vulgaire d'un arbre de la Guyane,
dont le fruit est un drupe gros comme la tête , contenant
quatre noyaux ou noix bonnes à manger. C'est le caryucar
nuciferum de Linnseus. V. Caryocar. (b.)
PORTE-OR. C'est le nom d'un marbre à fond noirâtre,
parsemé de veines d'une belle couleur jaune. Sa carrière
est aux environs de Porto-Venere , sur la côte de Gènes.
V. Marbre, (pat.)
PORTE-PLUME. Nom donné, par Adanson , à la
ptérone camphrée , qui constituoit le genre pterophorus de
Vaillant , remarquable par ses aigrettes velues, en forme de
plume. V. Ptérophore. (ln.)
PORTE - PLUMET. Coquille du genre Cyclostome.
(B.)
PORTE-QUEUE. Nom qu'on a donné a des papillons
à queue f de la division des Chevaliers et de celle des Plé-
BÉÏENS ruraux. Les premiers appartiennent à notre genre
Papillon , et les seconds à celui de Polyommate. (l.)
PORTE-SCIE, Securifera, Latr. Famille d'insectes,
de l'ordre des hyménoptères , section des lérébrans, ayant
pour caractères : abdomen parfaitement sessile , ou intime-
ment uni au tronc par toute sa largeur.
Les femelles ont une tarière, le plus souvent en forme
de scie, et qui leur sert, non-seulement à déposer leurs
œufs, mais encore à préparer la place qui doit les recevoir.
Leurs larves ont toujours six pattes écailleuscs, et, dans la
plupart, douze à seize pattes membraneuses. Ces insectes
sont herbivores , et forment deux tribus , les TenthR£-
DiNEs et les Urocérâtes. F. ces mots, (l.)
PORTE SOIE. Nom que l'on donne au Coq a duvet,
à cause de son plumage soyeux, (v.)
PORTE-SOIE. On a donné ce nom à la Pinne marine,
ou Jambonneau, (desm.)
PORTE - TARIERE. Insectes de l'ordre des hymé-
noptères. V. Térébraî^. (l.)
38 P O R
PORTE- TUBE. C'est une coquille fossile , du genre
murex, de lÂnn^us {M. iuhifer') , dont Denys-de-Montfort
a formé un genre particulier, sous le nom de Typhis. V. ce
mot. (desm.)
PORrE - TUYAUX , Tubulifen. Nom donné à une
section d'insectes, de Tordre des hyménoptères, dont les
derniers anneaux de l'abdomen forment, dans les femelles,
un tuyau rëtractile , avec un aiguillon au bout. Tels sont les
insectes du genre chrysis de Fabricius. V. ChRYSIDES. (l.)
PORTEE. C'est le temps de la gestation des quadru-
pèdes et le nombre de leurs petits. F- (Gestation, (s.)
PORTEES, {^vénerie. ) Branches de jeune bois que le cerf
fait plier ou rompre avec sa tête. Les portées A nn cerf sont
à six pieds de hauleur Un cerf dix cors commence à faire
des portées vers la mi-mai. V. au mot Cerf, (s.)
PORThSIE, Portesia. Genre de plantes, de Toctandrie
monogynie, et de la famille des rubiacées, qui a été établi par
Cavanilles, et qui présente pour caractères: un calice petit,
inonophylle, à quatre dents persistantes; une corolle de
quatre pétales ovales ; un tube plus court que la corolle ,
octodenlé à son sommet ; huit élamines sessiles et insérées
sur les dents du tube; un ovaire supérieur à style simple et à
stigmate en tête ; une capsule bivalve , biloculaire , disper-
me , à valves ovales , carinées , s'ouvrant par la pointe , et
contenant une semence dans chaque loge.
Ce genre renferme deux arbustes à feuilles alternes, pin-
nées avec impaire, et à (leurs disposées en petits bouquets
dans les aisselles des feuilles.
L'un, la Portésie OVALE, a les folioles presque ovales
elles fleurs rapprochées. Elle croît aux Antilles.
L'autre , la Portésie mucrotnée , a les'folioles glabres ,
rancronées. Elle croît à Madagascar.
Ce genre a été réuni aux TKiCBiLiERSpar "Wildenow. (b.)
PORTLANDE , Portîandia. Genre de plantes de la pen-
tandrie monogynie , et de la famille des rubiacées, dont les
caractères consistent : en un calice grand et à cinq divisions;
en une corolle infundibuliforme , à tube insensiblement
dilaté , et à limbe à cinq divisions ; en cinq étamines insé-
ras à la base du tube , à anthères droites, presque saillan-
tes; en un ovaire inférieur, surmonté d'un style à stigmate
simple ; en une capsule ovale , globuleuse , munie de cinq
côtes saillantes, émoussée au sommet, couronnée par le
limbe calicinal , et formée par deux loges à plusieurs se-
mences.
Ce genre renferme cinq arbres à lige grêle qui ont besoin
du support des arbres voisins pouH ne pas ramper; il a le
P O R 35
feuilles enlièrcs el opposées , et les fleurs grandes de
plus d'un pied.L'un de ces arbres porte le nom de PortlaNDE
A GRANDES FLEURS, et est représenté dans une superbe gravure
publiée par Smith, tab. 6 de ses Icônes pictœ. Il croît naturel-
lement à la Jamaïque , et se cultive dans quelques serres
d'Angleterre et de France, où 'il fait l'admiration de tous
ceux qui le voient, par la beauté de ses fleurs blanches.
Un autre , le Portlande a fleurs rouges , a les feuilles
ovales , coriaces, et les fleurs rouges. Il croît aussi à la Ja-
maïque y où il a été observé par Swartz.
Quant aux Portlandes tétrawdre et hexa^tore , ils
doivent être retirés de ce genre. Le second forme déjà celui
qu'Aublet a appelé Coutarée.
L'écorce de la plupart des espèces de ce genre peut être
substituée au quinquina, dans le traitement des fièvres. Celles
des Portlandes mexicaine «t bexandre portent même son
nom dans le continent, (b.)
PORÏS-FU. Nom hongrois de la Renouée ( Polygonum
persicaria , Linn. ). (ln.)
PORTSCHEDNAJA-TRAWA. Nom russe des Per-
SICAIRES. (ln.)
PORTULA. Nom donné , par Dillen, à une plante con-
fondue avec le genre GLAUxpar Tournefort, et dont Linnseus
a fait son peplis^ nom appliqué par les anciens , à une plante
très-différente , et que, pour cette raison, Adanson a changé
en celui de chahrœa. Voyez Peplis (ln.)
PORTULACA. Notre pourpier commun recevoitce nom
chez les Latins, et celui à'andrachne chez les Grecs ; les bota-
nistes lui ont conservé le premier, et le second a été donné à
un autre genre. Il y a, du reste , beaucoup d'obscurité sur les
plantes que les ancieos ont voulu décrire sous ces deux noms.
Chez les modernes , on a nommé portulaca , et l'on a
rapproché sous le même nom quelques plantes qui, par
leurs feuilles grasses ou leur nature succulente, offrent quel-
ques rapports avec les pourpiers; par exemple, la MoNïiE des
fontaines, quelques petits orpins {sedum)^ une sabline et des
arroches; celles-ci sont plus particulièrement appelées y3or/«-
hca marina.
Linnœus a divisé le genre portulaca de Tournefort, pour
en faire deux, savoir: le sessmium et le portulaca^ où rentre
le pourpier cultivé. Depuis, on a fait aux dépens de ce dernier
les genres ia/inum, riilingia ou anacampseros (sinis) , meridiana,
lemia et orygia. ;
Le Glinus lotoîdes, L., et le irianthema monogyna^ Lion. , ont
été figurés sous la dénomination de portulaca , le premier pat"
Rarrelier , et le second par J. Hermann, (ln)
^^ P O R
PORÏULACAIRE, Poriuïacaria. Arbrisseau à feuilles
opposées , cunéiformes , presque ovales , qui a successive-
ment fait partie des Claytonês et des Crassules , et que
Jacquin vient d'établir en litre de genre.
Ce genre a pour caractères : un calice de deux folioles ; cinq
pétales; cinq étamines ; un ovaire supérieur, surmonté de
trois styles à stigmate simple ; une semence garnie de trois
ailes.
La portulacaire est originaire d'Afrique , et se cultive dans
les jardins de botanique. (B.)
PORTULACASTRUM.Nom sous lequel on a cultivé
autrefois au jardin des plantes de Paris, le scsrmum porlu-
lacastnim^ Linn. (ln.)
PORTULACÉES, Portulaceœ. Famille de plantes, qui
offre pour caractères : un calice divisé à son sommet ; une
corolle monopétale ou nulle , plus souvent formée de pétales
dont le nombre est déterminé, insérée à la base ou au milieu
du calice , souvent alterne avec ses divisions ; des étamines
ayant la même insertion que la corolle , ordinairement en
nombre déterminé; un ovaire supérieur, ou rarement infé-
rieur et semi-inférieur, à style unique , ou double , ou triple,
ou rarement nul, à stigmate souvent multiple ; un fruit cap-
sulaire , uni ou multiloculaire , à loges à une ou plusieurs
semences, dont le périsperme est farineux et central, et l'em-
bryon courbé ou annulaire.
Les plantes de celte famille sont ordinairement herbacées,
vivaces ou annuelles, quelquefois grasses ou charnues; leurs
liges, dont la forme est cylindrique, ainsi que celle des ra-
meaux, portent des feuilles opposées ou alternes, souvent
succulentes, presque toujours dépourvues de stipules, quel-
quefois munies, dans leurs aisselles, d'un petit faisceau de poils;
leurs fleurs affectent différentes dispositions.
Ventenat , de qui on a emprunté ces expressions , rapporte
à cette famille, qui est la première de la quatorzième classe
de son Tableau du Règne végétal^ et dont les caractères sont
figurés pi. 19, n.» 2 du même ouvrage, dix genres sous deux
divisions , savoir :
i.° Les porhdacées dont le fruit est uniloculaire : Pourpier ,
Portulacaire, Turnère , Rokeje, Talin, Claytone,
MOTSTIE , ÏÉLÈPHE , CoRRIGIOLE , BaCOPE , TaMARIX et
Gnavelle.
2.0 Les portulacèes dont le fruit est multiloculaire: ÏRtAN-
THÈME , L1MÉ0LE , Crypte et Gisekie. Voyez ces mots, (b.)
PORÏUMNE. Portumnus , Leach. V. Portune.
PORTUNE, Portimus, Fabr. , Lam. , Rose, Latr. ,
Léach. ; Cancer, Lion., Deg. , Oliv.; Lupa , Léach. Genre
P O R 4»
de crustacés, de l'ordre des décapodes, famille des bra-
chyures , tribu des nageurs, ayant pour caractères : test en
segment de cercle , plus large que long , dilaté en devant ,
rétréci en arrière ; queue de cinq anneaux distincts dans les
mâles , et de sept dans les femelles ; cavité buccale carrée ;
second article des pieds-mâchoires extérieurs presque carré,
avec les angles arrondis , échancré près de l'extrémité de
son bord interne ; les pédicules oculaires et les antennes m-
sérés de file , sur une même ligne transversc; les antennes
latérales terminées par un filet sétacé , beaucoup plus long
que leur tige : les deux pieds postérieurs propres à la nata-
tion, finissant par deux articles aplatis , en forme de lames
ciliées ; le dernier plus ou moins ovale ; pédicules oculaires
courts , insérés de chaque côté du front , dans des cavités
ovales et formées par des échancrures du test ; deux fissures
au bord supérieur de chaque orbite.
Les portunes , que M. Cuvier désigne aussi sous le nom
à'élrilles , ne diffèrent bien rigoureusement de certains crabes,
et particulièrement des carcins de M. Léach , que par la ma-
nière dont se terminent leurs deux pattes postérieures.
Quelques portunes , dont le test est proportionnellement
plus large , avec chaque bord latéral divisé en neuf dents,
et dont la postérieure plus forte , en forme d'épine ; qui ont
les serres de la même grandeur ; dont les mâles ont l'avant-
dernier article de leur queue fort allongé (i) et beaucoup
plus étroit que le précédent , composent , dans la méthode
de ce dernier naturaliste , un genre particulier , celui de
Lupa. Ses portunes proprement dits ont le test moins évasé,
à dentelures moins nombreuses (cinq communément,
d'autres fois six ) , et dont aucune ne surpasse considéra-
blement les autres en grandeur; Tune de leurs deux serres est
plus forte que l'autre ; et le pénultième article de la queue
des mâles est transversal ; mais , outre que ces caractères
s'effacent insensiblement sur leurs limites , que la forme de
l'avant dernier article de la queue des mâles est très-variée ,
selon les espèces , dans la même coupe naturelle , et qu'on
n'a pas toujours des individus des deux sexes, on peut ar-
river à la connoissance des espèces par des moyens moins
équivoques et plus simples.
L'espèce queFabricius a nommée v/^//,offre dans la longueur
extraordinaire de ses pédicules oculaires, et dans la manière
dont ils se logent , un caractère trop remarquable , pour
qu'on la laisse avec les portunes. C'est donc avec raison que
(i) Degéer avait remarqué, le premier, ce caractère sexuel.
^1 P O R
M. le chevalier de Lamarck a fait de cette espèce un genre
propre , celui de podophthalme. Le cancer latipes de Plancus ,
qui senïble, au premier coup d'œil , devoir être réuni aux
porlunes , en est cependant bien distingué , ainsi que M.
Léach Ta remarqué. Mais nous rejetterons sa dénomina-
tion générique , poHumnus , qui littéralement est presque
semblable à celle de portunus , et nous lui substituerons celle
de platyonique (^Flatyoïiichus. )
Au rapport de M. Bosc , le porlune , qu'il regarde comme
l'espèce appelée pelagicus par Fabricius , nage presque
conlinnellement avec aisance , et même avec une sorte de
grâce. Il peut se soutenir sur l'eau, pendant un espace de
temps assez long et sans se donner de mouvemens apparens.
Il n'a d'autres points de repos que les varecs et autres plantes
de l'Océan-Allantique , où on le trouve en grande quantité.
Il vit des autres animaux marins qui s'y rencontrent avec lui.
Un autre portune , Yhaslala de M. Bosc , et qu'il a observé
sur les côtes de la Caroline, nage aussi très- bien ; mais il
marche autant qu'il nage. D'ordinaire , il se promène lente-
ment sur le bord de la mer ou à l'embouchure des rivières , à
la marée montante , pour chercher de côté et d'autre sa
nourriture. Mais lorsque la marée se retire , il s'en retourne
avec elle , en nageant , parce qu'il craint alors de rester sur
le sable , et qu'il n'a plus à espérer de curée. Le plus sou-
vent il nage et marche en avant ; mais si la frayeur le saisit,
lise sauve en nageant de côté et même en arrière. Pendant
l'hiver , il disparoît de la côte , et se retire dans les profon-
deurs dela'mer. Il revient au printemps, et la femelle, à rai-
son des œufs qu'elle porte, est alors très-estimée. On ditque
ce crustacé sort quelquefois de l'eau , pour aller chercher sa
vie sur la grève.'' On en prend journellement un grand nom-
bre à Charlestown, pendant l'été , à la marée montante ,
avec un moyen semblable à celui dont on se sert en Eu-
rope pour la pêche des écrevisses. C'est un cercle de fer ,
garni d'un filet, et suspendu par trois cordes à un long bâton,
au milieu duquel est attaché , pour appât , un morceau de
viande. M. Bosc , en a pris ainsi des centaines par heure.
« Tous les portunes qui habitent notre mer (côte de Nice),
dit M. Risso , vivent réunis en société ; et chaque espèce
choisit une demeure conforme à ses besoins et à ses habitudes.
Le Âfmfl/:///^ fait son séjour dans la région des polypiers corti-
ciféres. Le pubère et le plissé préfèrent les rochers de quatre
a cinq cents mètres de profondeur. Le dépuraieur ne se plaît
que dans les plaines des galets , se mêlant toujours avec
les colonnes de petites dupées , telles que les anchois et les
sardines, Un autre, imparfaitement décrit par Piondelet ,
P O R /;3
dont il porte le nqm , se cache sous la vase de nos bords. Le
moucheté ^ habile au milieu des algues qui croissent à quelques
mètres de profondeur ; et l'espèce à laquelle j'ai imposé le
nom de longues- polies^ fréquente les trous du calcaire com-
pacte qui borde nos rivages. Les portunes se nourrissent de
mollusques et de petits crustacés qu'ils brisent par morceaux,
et broient au moyen des osselets de leur estomac. Leur
chair n'a pas le même goût dans toutes les espèces, et ce
n'est que celles qui vivcntdansles rochers quisont employées
comme comestibles. Les autres servent d'appât pour la pêche.
Plusieurs de ces crustacés sont tourmenlés par de petites
aselotles, parasites qui se glissent sous leur corselet et s'atta-
chent sur leurs branchies. Les femelles des portunes font
plusieurs portées dans l'année , et déposent chaque fols de
quatre cenis à six cents mille petits œufs globuleux et trans-
parens , qui éclosenl en plus ou moins de temps , suivant le
degré plus ou moins considérable de la température ».
M. Kisso a été plus à portée que moi d'étudier les mœurs
de ces animaux. J'avouerai , cependant, que j'aide la peine
à croire que les femelles de la même espèce fassent plusieurs
portées dans 1^ cours d'une année , du printemps à la fin de
l'automne. L'analogie et les observations des autres natura-
listes semblent contredire cette assertion.
Pison a représenté, dans son Histoire naturelle du Brésil
(p. 76), un portune voisin à^MiasIatus Aa Fabricius , et qu'il
nomme en langue du pays ciré apuà. Le mol de ciré paroxt
être une dénomination commune des crustacés semblables
aux précédens , qui vivent habituellement au fond de la mer,
et qui ne gagnent le rivage que pour y chercher l'ambre gris,
que les flolsy ont jeté. On ne les prend qu'au moment des
fortes marées. Leur chair, suivant Plson, est d'un goût excel-
lent. Il paroîl qu'on les met dans du vinaigre , et quoiqu'on
puisse en manger beaucoup de préparés de celte manière ,
ils sont rarement indigestes. Quelques autres espèces sont
encore un aliment pour les habilans dcs'côles maritimes de
la Chine, des Indes-Orientales, etc. Ces crustacés abondent
dans les mers qui avoisinent les tropiques; mais V Océan-Sep-
tentrional n'en fournit que peu d'espèces et qui sont petites
ou de taille moyenne. Leur synonymie est en général très-
embrouillée.
/. Test presque en /arme de carré transversal et rétréci vers son
extrémité postérieure ; le côté antérieur guère plus étroit çuc le plus
grand diamètre transversal ; yeux situés à ses extrémités latérales ;
antennes extérieures éloignées , par un intervalle notable , de V origine
des pédicules oculaires ( r avant-dernier article de la çueue des mâles
presque carre , et à diamètres presque égaux ).
Je place dans celle division , le camer admette d'Herbst ,
4^ P O R
Crust. , lab. 57 , fig. 4, et celui qu'il nomme prymna ^ même pi ,
fig. 2. Le premier a le fronl, ou le bord antérieur, droit, di-
visé par trois petites incisions en quatre lobes tronqués , ou
presque carrés ; chaque bord latéral du lest a cinq dents ai-
guës , dont l'avant-dernière , en comptant de devant en ar-
rière , est plus petite ; le dessus du test offre des rides transver-
sales et interrompues ; les serres sont épineuses. Cette es-
pèce a été recueillie par Péron et Lesueur dans les mers
australasienncs.
Dans le cancer prymna , les côtés du test n'ont chacun que
quatre dents , les deux lobes frontaux, situés près des yeux ,
ont une petite échancrure. •
On trouve dans les mers de la Nouvelle-Hollande deux
ou trois autres espèces analogues , et qui paroissent devoir
former, avec les précédentes , un genre propre ; peut-être
faut-il y placer le portune tronqué de Fabricius. ( Herbst ,
Crust. , lab. 54 , fig. 7. )
//. Bord antérieur da icsi et partie adjacente de ses côtés formant
une courbe ; largeur du test, comprise entre les deux extrémités posté-
rieures de cette courbe , beaucoup plus grande que sa portion anté-
rieure et mitoyenne qui sépare les yeux ; antennes extérieures situées
immédiatement à Vorigine des pédicules oculaires.
A. La plus grande largeur du test presque le double de sa lon-
gueur; chaque coté du test ayant toujours huit à neuf dents , dont la
postérieure plus forte ^ en formed épine ; V aQant-dernier segment de
la queue des mâles , souvent fort allongé, et très-étroit, du moins au-
delà de sa base.
Nota. Celle division se compose d'espèces du genre lupa
de M. Léach.
* Dent postérieure de chaque coté du test beaucoup plus grande
que les précédentes.
PoRTV^EvtL\GlQ\JE,PoTiunuspelagicus;Cancerpelagicus,hm.;
Cancer cedo-nuUi, Herbst, Crust., lab. Sg; ejusd.; C. reticulatus,
ibid., tab. 5o, var. Linneeus a donné , dans son Muséum Lu-
dovicœ, une bonne description de cette espèce; mais il l'a
ensuite { Système nat. , édit. 12.""=) confondue avec d'autres,
très-différentes : c'est ce qui lui a fait dire qu'elle se trouvoit
dans toutes les mers Degéer s'est trompé en citant celle
espèce comme synonyme de son crabe de V Océan; et celte
faute, copiée par Fabricius, et ceux qui ont écrit après lui ,
a augmenté la confusion. Je crois que cet auteur n'a pas bien
connu le cancer pelagicus de Linnseus, ou qu'il l'a décrit sous
le nom de Defensor.
Le portune pélagique est propre aux mers des Indes-orien-
tales, et des plus grands du genre. Son test est légèrement
P O R ^ 45
chagriné, d'un vert clair, quelquefois brun, plus ou moins
tacheté ou marbré de jaunâtre. Le front a six dents en
scie , en y comprenant les oculaires , toutes entières , et dont
les deux du milieu plus petites ; celles-ci forment , avec une
pointe avancée, située au-dessous du milieu du front, un trian-
gle. Les serres sont tachetées de même que le test , et pres-
que trois fois plus longues que lui; leur troisième articulation,
que Fabricius nomme souvent le bras, a trois fortes dents , eu
forme d'épines, au côté interne; le carpe , ou l'article suivant ,
en offre deux, dont une dorsale et l'autre interne; les mains
sont allongées, chargées extérieurement de côtes longitudi-
nales , dont deux des supérieures se terminent chacune par
mie dent ; près de la base supérieure de ces mains est aussi
une forte dent; leur face interne présente une arête pointue
à son extrémité ; les doigts sont rouges, allongés, fortement
striés, pointus, avec des dents molaires, lobées, très-inéga-
les,tout le long de leur côté interne. Les deux derniers articles,
en forme de lames, des deux pattes postérieures, sont unis.
Le portune pélagique de M. Bosc, et auquel il rapporte
la fig. 55 de la planche huitième de l'ouvrage d'Herbst sur les
crustacés, est une autre espèce , et qui me paroit peu diffé-
rente de celle que je regarde comme le cancer hastaius de Lin-
naeus.
Celle que j'ai désignée , dans mon Gênera Crust. et TnsecL ,
sous le même nom spécifique , est plutôt iliastalus de Fabri-
cius , mais non le cancer hastaius de Linnaeus. Elle est très-
commune aux Antilles. F.plus bas, Porlune spinimane.
Le Crabe de l Océan {cancer pelagicus) de Degéer, quoique de
cette division, se distingue des autres espèces qui la compo-
sent, en ce que les carpes et les mains n'ont point d'épines.
Le Portune sanguinolent , Portunus sanguinolentus de
Fabricius, représenté par Herbst , ibid. ^ tab. 8 , fig. 56
et 57, est remarquable par les trois taches d'un rouge de sang,
arrondies, et formant une ligne transverse, que l'on observe à
l'extrémité postérieure de son test. Le front a quatre dents,
les deux oculaires internes non comprises , et dont les deux
mitoyennes plus courtes; l'arête interne de la tranche supé-
rieure des mains a une frange de poils; les deux derniers seg-
mens de la queue du mâle forment, par leur rétrécissement
brusque et leur allongement, une sorte de queue.
Portune en hache, Portunus hasfatus; Cancer hastatiis, Linn.;
Portunus pelagicus, Bosc.''; Herbst, i/^/t/., tab. 8, fig. 55. Le can-
cer hastaius Aq Linnseus, et qui est évidemment un portune de
cette division, se trouve dans la mer Adriatique, tandis que
le porlune hastaius de Fabricius habite la merdes Antilles;
dans cettedernière espèce, la dent postérieure des côtés du test
^6 ^ P O R
est seulement un peu plus allongée que les précédentes; elle
est beaucoup plus iorle {poslico maximo) dans Tespèce de Lin-
nœus. Or ce caractère, ainsi que les autres qu'il lui assigne y
on l'observe dans un portune trouvé par M. Léon Dufour,
sur les côtes d'Espagne , et le seul de cette division , ou
des lupes de M. Léach, qui habile les mers d'Europe. Le
dessus (le son corps est d'un rouge de brique pâle; son des-
sous est blanc et luisant. Le test a environ un pouce de lar-
geur , mesuré dans son pins grand diamètre ; sa surface est
un peu raboteuse, avec un duvet très-fin dans les enfonce-
mens ; chaque côté a neuf dents, dont la postérieure très-
forte, et longue d'environ trois lignes; les autres sont petites,
très-acérées , et tournées en avant ; celle qui forme le can-
thus postérieur de Torbile oculaire, ou la première, est un
peu plus grande ; la quatrième est un peu plus courte que
les adjacentes ; on en voit quatre au milieu du front , et dont
les deux intermédiaires plus petites ; je ne comprends pas
dans ce nombre les dents supérieures et internes des orbites
oculaires; elles sont entières, ainsi que les autres. Les serres
sont presque trois fois plus longues que le test et pareillement
soyeuses; leur troisième articulation a, au côté interne, qua-
tre dents Irès-aiguës, en forme d'épines, dont les deux infé-
rieures plus petites ; l'exlrémilé de la tranche extérieure en
offre une autre ; le carpe et la main ont extérieurement des
côtes longitudinales; l'extrémité supérieure du carpe est ar-
mée de deux dents , dont une en dehors et l'autre interne;
la main est allongée, et divisée, dans sa longueur, par cinq
arêtes arrondies ; celle qui forme la tranche supérieure est
terminée par deux dents très-pointues ; on en observe une
autre près de l'articulation de la main avec le carpe; les doigts
sont un peu plus longs que la main, striés longiludinale-
ment, entrecoupés de blanc, terminés en pointe un peu cro-
chue,et garnis, le long du côté interne, d'une série nombreuse
de petites dents , dont quelques-unes un peu plus grandes, et
formant toutes ensemble, les doigts étant rapprochés , une
suite d'angles rentrans et saillans. Les derniers articles des
autres pattes, et même les deux derniers de la queue du mâle,
ont des sillons longitudinaux; on en voit encore d'autres sur
les côtés de la poitrine, mais dons une direction opposée ;
l'avant-dernier article de la queue du mâle est en forme de
triangle tronqué à son extrémité.
Les portunes : armige}\ gludiator, hasiatcîides^ forceps e\ ponii-
cus, deFabricius, sonlencorc de cette division, mais peu con-
nus, à l'exception du quatrième ou du Fortune tenaille,
poHunus forceps. Celui-ci est remarquable par la forme grêle
cl allongée de ses serres; leurs doigts sont très-longs et fili-
P O R <,
formes. Herbst Ta représenté pi. 55, fig, 4.. Le docteur Léach
en a donné une autre figure, pi. 54-, vol. i de ses Mélanges de
Zoologie : on le trouve aux Antilles. Le cancer menesOio
d'Herbst , pi, 55, fig. 3 , est la seule espèce de cette division
dont le test n'ait que huit dents de chaque côté.
** Dent postérieure de chaque côté du test à peine une fois plus
grande que les précédentes.
Fortune spinimane, Portunus spinimamis ; Portunus pelagi-
eus, Latr., Gen. crust. et insect.^ tom. i, pag. 26. ; Portunus has-
tatus^Fah., Bosc. Il est très-voisin du cancer ponticusd' Herhst y
pi. 55 , fig. 5 ; mais la dent postérieure des côtés du test est
plus grande dans celui-ci, et les pinces paroissent avoir quel-
ques épines de plus. Le test de notre portune spinimane est
couvert d'un petit duvet jaunâtre, coupé par des rides rous-
sâtres et interrompues; chaque côté a neuf dents, rougeâlres
à leur base, blanches à leur extrémité, et dont la postérieure
est un peu plus forte : on en voit quatre autres, mais moins
acérées, au milieu du front; elles sont égales; l'interne et
supérieure des orbites oculaires est échancrée.Les serres sont
garnies de duvet , chargées de petits grains qui font paroître
les côtes des pinces comme dentelées :1e côté interne du troi-
sième article a quatre épines presque égales ; on en voit deux
autres sur l'article suivant , et deux autres sur la main , dont
une à la base, et la seconde près de l'extrémité de l'arête su-
périeure; un peu avant cette dent, le fond rougeâtre de cette
arête est coupé par une tache blanche; les doigts sont striés,
blanchâtres, avec l'extrémité rouge ; les tarses dos trois paires
de pattes suivantes sont aussi de cettecouleur,avec l'extrémité
blanche; la lame qui termine les deux dernières pattes est
presque unie. L'avant-dernier segment de la queue du mâle a
la figure d'un triangle tronqué à son sommet,et dont les côtés
sont un peu arqués en dehors.
Celte espèce se trouve dans les mers de l'Amérique ; elle
est commune sur les côtes du Brésil.
B. La plus grande largeur du test ne surpassant guère que d'un
tiers ou d'un quart sa longueur ( ce test ayant ordinairement pres-
que la/orme d'un cœur tronqué postérieurement) ;six ou neuf dents de
chaque côté., dans quelques-uns ; cinq ou moins , dans le plus grand-
nombre; la dernière très-rarement plus grande; avant-segment de la
queue du mâle transversal dans le plus grand nombre.
* Six ou neuf dents de chaque côté du test.
Nota. Les espèces de cette subdivision ont le lest un peu plus
large que celles des subdivisions suivantes; le pénuilièine
segment de la queue du mâle est ordinairement aussi long
ou presque au3si long que large , et en forme de triangle
il onqué.
48 P 0 R
-j- Neiif dents de chaque câié du test.
Fortune de Tranquebar , Portunus tranquebarkus , Fab. ;
Herbst , CrusL, lab. 38, fig. 3, Son test est long d'environ trois
pouces sur un peu plus de quatre pouces de large; il est uni, avec
neuf dents égales de chaque côté , et quatre au front , les ocu-
laires internes non comprises. Les serres sont généralement
unies , armées de plusieurs dents , dont trois sur le carpe, et
trois autres sur la pince; les doigts sont forts, coniques, avec
des dents molaires inégales ; les lames natatoires sont unies.
Cette espèce est, pour les habitans de la côte de Coromandel,
où elle se trouve, un de leurs comestibles.
^-j- Six dents de chaque coté du test.
PoRTUlSE PORTE-CROIX, Portunus cruciger^ Fab. ; Herbst,
ibid.y tab. 38, fig. i. Il est grand, d'un rouge sanguin, avec
une croix au milieu du test, des bandes sur les côtés, et des
taches sur ses bords, d'un jaune pâle; chaque bord latéral a
six dents égales, dont les deux extrêmes échancrées ; le front
en a huit, en comptant les oculaires internes; celles du milieu
sont un peu plus petites. Les serres sont fort grandes ; le côté
interne de leur troisième article offre intérieurement de pe-
tites dents inégales , et trois fortes au-dessus ; le carpe en a
quatre , dont une interne, et les trois autres sur le dos, dis-
posées en triangle sur deux espèces d'arêtes ; les mains sont
presque cylindriques , avec des côtes , et quatre dents ou
épines, dont une à la base, et les autres près de leur extrémité
supérieure; les doigts sont forts, cannelés, avec des dents lo-
bées. Les pattes sont foiblement striées ; les nageoires des
postérieures n'ont qu'une seule arête , qui les coupe dans
le milieu de la longueur. Il habile les mers àes Indes-orien-
tales.
Dans le Fortune Lucifer, Portunus lucifer, de Fabricius,
le lest est fauve , avec quatre grandes taches blanches phos-
phorescentes, lorsque l'animal est vivant ; les dents du front
sont plus aiguës que dans l'espèce précédente , dont elle est
très-voisine ; celles des bords latéraux sont plus étroites , et
moins brusquement acuminées ; la postérieure n'est pas
échancrée ; les doigts sont plus courts, mais profondément
striés, avec les dents plus égales ; ils sont rouges, avec l'extré-
mité noire.
La môme division renferme les portunes annulatus^ varie-
gatuset holosericeus de Fabricius. Herbst a figuré la première,
tab. 4^9? %• 5. Celles qu'il représente pi. j, fig. 62, et pi. 4o,
lig. I, appartiennent à la môme coupe.
** Cinq dents au plus de chaque côté du test.
jS!ota.\uC pénultième segment de la queue des mâles transver-
P O R 4g
sal, ou plus large que long. La plupart des espèces habitent
les mers d'Europe.
Le PoRTUNE de RoNDELE'if Portiums Rondelelî. Riss., Hitl.
mi. des Crust. de Nice , pi. i , fig. 3. Son corps est long de
près d'un pouce , sur environ quinze lignes de large. Le
dessus du test est d'un brun rougeâtre , un peu inégal ,
coupé par de petites hachures en forme de lignes iransverses,
avec un duvet très-court. Le front est droit, entier, cilié,
avec un foiblc sinus au-dessus des antennes extérieures;
son bord est cilié. Chaque côté du test a cinq dents aiguè's,
dirigées en avant, dont les deux dernières, et surtout la pénul-
tième , plus petites; le dessous du corps, à l'exception des
côtés antérieurs du test, dont la couleur est celle du dessus^
est d'un jaunâtre clair, un peu lavé de brun. Les serres sont
grosses, d'un brun rougeâtre foncé , finement graveleuses en
dessus , plus claires et plus unies en dessous; le carpe ou le
quatrième article est un peu inégal en dessus , et se termine
à l'angle Interne , à la suite d'une petite crête granulée , par
une dent très-aiguë', en forme d'épine , dentelée elle-même,
et bleuâtre à son extrémité; les mains sont unies au côté exté-
rieur, avec deux arêtes longitudinales à leur partie supérieure,
dont l'interne ou la plus haute se terminant en pointe. Les
doigts sont striés, pointus, un peu comprimés, rougeâtres,
avec l'extrémité brune; leur côté interne offre , dans toute sa
longueur, une suite de dents fortes, surtout vers la base,
d'inégale grandeur , obtuses pour la plupart , et s'engrènant
réciproquement; une de ces mains, tantôt la gauche, tantôt la
droite, est plus forte; ses doigts sont plus écartés entre eux,
ou laissent un vide; le pouce a, à sa base, une grosse dent,
allongée, obtuse, qui correspond à une autre dent , grosse,
large, écartée de l'autre doigt. Les autres pattes sont d'un
brun plus clair, et striées longitudinalement; les deux posté-
rieures sont ciliées sur leurs bords, et finissent en une lame
ovoïdo-elliptique , très-pointue au bout , et ayant , au milieu
de sa longueur , une ligne foiblement élevée. Le dessous des
cuisses des quatre dernières pattes est lavé de rougeâtre clair;
les tarses sont fortement striés, et sans dentelures.
Il se trouve dans les couches vaseuses et peu profondes de
la Méditerranée. Sa couleur varie ; l'on trouve des indi-
vidus qui sont tachetés de blanc ou de gris.
Aldrovande , de Crusi. , lib. 2, pag. 175, a figuré un por-
tune vu en dessous, et qui pourroit bien être Icspèce que je
viens de décrire. J'y rapporterai encore le poriune arqué de
M. Léach, Malac. podoph. Biil. , tab. 7, fig. 5, 6; celui qu'il
représente sur la même planche , fig. 3 , 4? ne diffère essen-,
xxviii. 4
5o P O R
tiellemenl du précédent , qu'en ce que le milieu de son chape-
ron est largement échancré.
Le PoRTUKE MOUCHETÉ, Por^mus guttatus de M. Risso. a de
grands rapports avec celui auquel il a donné le nom de Ron^
delet; il en est distingué, selon lui, par son test lisse, noirâtre,
et ponctué de blanc vers les angles postérieurs. Les serres
sont égales.
Fortune longipède , Poriunus longipes, Riss. , Hist. naL
des Crust. des eni>. de Nice , pag. 3o, n.» 6, pi. i , fig. 5.
Il ressemble beaucoup, tant pour les couleurs et la gran-
deur, que pour la forme , au portune de Rondelet ; mais son
test est moins sensiblement chagriné, sans duvet apparent; les
lignes ou plis transverses sont plus aigus, plus prononcés; son
front est divisé en quatre lobes très-courts , dont les deux du
milieu plus étroits, et en forme de dents très-obtuses. Chaque
bord latéral a cinq dents inégales, dont les trois postérieures
plus aiguës, semblables à des épines; l'avant-dernière est un
peu plus petite que les deux entre lesquelles elle est com-
prise. La forme des serres est la même que dans l'autre es-
pèce ; la face latérale et extérieure est également unie , ca-
ractère qui, parmi les espèces indigènes qui me sont connues,
n'est propre qu'à elles deux. On remarque seulement, sur le
doigt inférieur, une ligne élevée, qui se prolonge un peu sur
cette même face de la main. Les autres pattes, conformées
de la même manière que dans le portune de Rondelet , sont
proportionnellement -plus grêles et plus longues. La lame
natatoire qui termine les dernières, est plus étroite, bordée de
cils jaunâtres, et a, dans son milieu, une arêle longitudina-
le, mais peu] élevée. Le corps est d'un rouge de sang foncé,
avec quelques taches ou points jaunâtres, particulièrement
sur les pattes ; le dessous est de cette dernière couleur.
M. Risso dit que la femelle a, dans le temps des amours,
deux grandes taches, d'un rouge foncé, sur la partie anté-
rieure du test ; que ses œufs sont d'un rouge aurore, et éclo-
sent en juin et septembre.
On trouve cette espèce dans les trous profonds des rochers
de la Méditerranée.
Portune ridé, Portunus corrugatus ; Purtunus conugatus ,
Léach., Malac. podoph. Bril. , tab. 7 » fig- » ; Poriunus puher ,
L itr. {Gêner, crust. et insect.) ; Risso ; Porlune pubère., pi. M 10,
bis , fig. 5 de ce Dictionnaire ; Portunus puber., Fab. ; Cancer
puher ï Linn.
'Linnseus n'afait connoître son crahepubère que par une phrase
spécifique et convcnantàplusieursespècesde portunes. 11 ledit
de la mer Adriatique. M. Léach rapporte ce crabe de Linnseus
à celui que Pennanl et Olivier ont nommé veluiinus ; mais ii
P 0 I 5,
paroîl que ce dernier portune ne se trouve pas dans la Mé-
diterranée, tandis que le portune ridé y estlrès-commun. Il
est donc plus probable que c'est de cette espèce, ou du portune
de Rondelet, que Linnceus a parlé.
Son corps, dans les plus grands individus, est presque d'un
tiers plus fort que celui du portune de Rondelet; il est en ma-
îeure partie lavé d'un rouge clair , tout couvert d'un duvet
jaunâtre et très-fineinent ciselé , de même que sur les pattes
antérieures et les cuisses des autres pattes. Ces incisions for-
ment de petites rides transverses, très nombreuses, fort ser-
rées, irès-finément dentelées. Le front présente trois dents
courtes, larges , obtuses, presque égales et finement granu-
lées. Chaque côté du lest est armé de cinq dents , presque
égales , terminées en pointe très-aiguë ettournéesen avant,
l'extrémité intérieure et supérieure du carpe et le bout de la
tranche de la main offrent aussi une partie forte, très-
acérée , avancée en forme d'épine ; les arêtes ou lignes
élevées des mains sont comme entièrement grenues ; les
doigts sont très-slllonnés, pointus, très-dentelés intérieure-
ment et noirâtres à leur extrémité; les autres pattes sont for-
têttient striées dans le sens de la longueur; les côtes sont
rouges avec les sillons, ou enfonceraens jaunâtres , couleur
produite par le duvet qui les remplit ; la pièce en nageoire ,
qui termine les dernières, est ovoïde , elliptique itrès-pointue
au bout, et a, dans son milieu, une arête bien prononcée.
Les mains m'ontparu proportionnellement moins épaisses,
et les doigts plus effilés que dans les portunesprécédens.
Sur les rochers couverts de plantes marines de la Mé-
diterranée , suivant M. Risso.
Portune étrille , Porlunus veïutinus ; Portunus puher^
Léach, , Malac. podoph. Brit.^ tab. 6 ; Cancer veïutinus^ Penn. ,
Oliv.
Ce portune est le plus grand de ceux qui se trouvent dans
nos mers. Il est long d'environ deux pouces , un peu moins
bombé que les précédens , recouvert , dans quelques parties,
d'un duvet très-fin , peu abondant, jaunâtre , avec les arêtes
des pattes , et les petites aspérités graveleuses semées sur
le test et sur le bras , d'un rouge pâle ; le front a , de
chaque côté , près des yeux, un lobe court , large , finement
dentelé, et dans l'inters^alle , d'autres dents allongées, dont
les deux du milieuplus fortes et obtuses ; lebord inférieur des
orbites oculaires est dentelé; le dessus du test est assez uni ,
Ou n'a que quelques impressions et deux ou trois lignes
transverses , coupées et formées par des réunions de petits
grains ; chaque bord seul offre cinq dents, presque égale-
ment longues , et dont les deux postérieures un peu moins
Sa P O R
larges et plus aiguës ; elles sont toutes dirigées en avant. Les
serres sont graveleuses ; le carpe est terminé exlérieurement
en une pointe aiguë, et se dilate au côté intérieur en une
saillie forte, en forme de dent et dentelée ; les mains sont sil-
lonnées; la côte de la tranche supérieure finit en une pointe ou
épine , assez forte , noirâtre à son extrémité ; les doigts sont
cannelés longitudinalement , très-dentés au côté intérieur ,
pointus et noirâtres à leur extrémité. Les autres pattes ont
aussi des arêtes ; les postérieures sont très-ciliées sur leurs
bords, avec leur lame natatoire ovale, pointue, couverte
d'un duvet serré , d'un jaunâtre obscur , comme celui du
corps; cette lame est divisée longitudinalement, dans son
milieu , par une ligne élevée et rougeàtre ; ses rebords exté-
rieurs sont de cette couleur.
Cette espèce se trouve sur les côtes océaniques de la
France et de l'Angleterre.
PoRTUNE HOLSATIEN, Poriunus holsatus, Fab. ; Poriunus de-
purator^ Latr. , Riss. ; Por/unus lioidus, Léach. , Malac. pudoph.
Bril., tah. g, fig. 3-4; Cancer depuralor, Oliv., Herbst. Cette es-
pèce esttrès-communesur nos côtes, et a été confondue avec le
C, depurator de Linnœus, qui s'éloigne même génériquement
des porlunes. Elle est à peu près de la taille du poriune ridé ;
mais elle est proportioneilement plus large , plus courte, un
peu moins bombée et d'un jaunâtre très-pâle , mêlé de brun;
.son test est glabre, marqué de quelques impressions, dont
une quelquefois plus sensible, en forme de ligne transverse,
courbe de chaque côté , et marquée de quelques petites ta-
ches blanchâtres, Berbst a représenté cette variété. Le front
a cinq dents , dont trois au milieu égales , et les deux autres
latérales, plus petites, formées par l'angle interne de Torbite
oculaire. Chaque bord latéral du test a cinq dents fortes,
aiguës, presque égales, tournées en avant et séparées les unes
des autres par des angles assez profonds. Les serres sont
presque égales ; le carpe a quelques inégalités en dessus et
se prolonge à l'angle interne de son extrémité supérieure en
une dent aiguë , très-forte ; à sa jonction dorsale , avec la
main , le bord de cet article est un peu sinué et offre même
un pli en forme de dent; les mains sont comprimées, mar-
quées de plusieurs arêtes , dont celle du bord supérieur se
termine par un petit prolongement pointu ; les doigts sont
striés , pointus et un peu crochus au bout, armes intérieure-
ment de dents nombreuses qui s'engrènent réciproquement;
l'extrémité de ces doigts est de la couleur des pinces, ou plus
pâle et blanchâtre. Les jambes et les tarses des trois paires
de pattes suivantes ont des arêtes; mais la dernière paire est
unie , comprimée , et sa lame natatoire et terminale est pro-
P O R 53
portîonnellement plus grande , plus large et moins pointue au
bout, que dans les espèces précé'lentes ; l'arlicle qui la pré-
cède est aussi très-comprimé et foliacé.
M. Risso dit que la femelle fait sa ponte en mai et en juil-
let , et que ses œufs sont couleur d'aurore pâle.
Fortune vlissÉ ,Portunus pHratus , Riss.; Portunus depurator^
Léach., Malach. podoph.Brit. , lab. 9 , fig- i, 2; Barrel., Ir.on. ,
tab. 1287 , fig. 2. Quoique celte espèce ait une grande af-
finité aveclaprécédente , elle en est néanmoins très-distincte,
et c'est à elle , plutôt qu'à cette dernière, que me paroîl de-
voir se rapporter la figure de Barrelier, citée plus haut , à en
juger surtout d après les inégalités des pinces.
Son test a la forme du porlurte holsatien ; mais il est un peu
plus grand, très-inégal , raboteux ou chargé d'aspérités nom-
breuses, en forme de grains ou de très-petits tubercules apla-
tis. Il en diffère encore en ce que ses côtés, plusieurs de ses
enfoncemens et les sillons des pinces et des pattes ont un
duvet obscur; le corps est jaunâtre, mêlé ou tacheté d'un
rouge de chair; le front est armé de trois dents très-petites et
de deux autres encore moindres, une de chaque côté, à l'angle
interne de l'orbite oculaire. Chaque bord latéral a cinq dents
fortes, presque égales, dirigées en avant et très-acérées;
les pattes ressemblent à celles du portune holsatien ; mais les
parties en reh'ef sont plus fortes, les enfoncemens ou sillons
sont plus prononcés , et on y remarque un duvet qui forme
des lignes d'un cendré obscur ; le carpe a au côté extérieur et
supérieur, deux petites saillies dentiformes; les arêtes des
mains sont dentées ou crénelées ; la lame en nageoire de la
dernière paire de patte a la forme de celle du porlunc holsa-
tien; mais elle est en tout ou en partie violette.
Les articles qui la précèdent ont des enfoncemens ou des
sillons longitudinaux , garnis de duvet. Au témoignage de
M. Risso , la femelle est moins colorée que le mâle. Elle
porte des œufs d'un jaune pâle , en mars et septembre. Quel-
ques individus sont d'une couleur de chair uniforme.
Sur les côtes de la Méditerranée , en France et en Es-
pagne.
Je n'ai point vu le portune que M. Risso nomme à deux
taches , bigiittatus ( Hist. nat. des criist. des env. de Nice, pag. 3i ,
pi. I , fig. 2 ), Son test est presque en forme de cœur , lisse ,
bombé , garni d'un petit rebord, d'un blanc jaunâtre , avec
deux grandes taches d'un rouge de corail. Le front s'avance
en pointe ondulée sur les côtés ; les deux pattes antérieures
sontpubescentes, avec la troisième et quatrième articulations
unidentées ; la main est sillonnée en dessus ; les pattes sont
courtes , larges et aplaties; les postérieuFes &oat terminées.
54 P 0 R
par un article ovale , lancéolé ou aigu. Les deux taches sont
plus grandes dans la femelle que dans le mâle ; elle pond
des œufs d'un jaune doré , en mal et août.
J'ai reçu du docteur Léach , naturaliste , qui s'occupe
avec beaucoup de zèle des crustacés des côtes d'Angle-
terçe , un porlune sous le nom de pusillus ( Muîac. poduph.
Biil. , tab. «) , fig. 5-8 ) , qui paroîl avoir beaucoup d'analo-
gie avec le précédent; sa forme est moins élargie que celle
de ses congénères, et plus deltoïde; le test, d'un gris jaunâtre
etunpeulavé de rougcâtre, est assez bombé, inégal, parsemé
de petites graines ou de petites aspérités rougeàlres ; le front
est divisé en trois lobes arrondis, dont celui du milieu un
peu plus avancé ; chaque bord latéral a cinq dents, mais
inégales ; 1?. postérieure est plus étroite , plus aiguë et spini-
forme; celle qui produit l'angle externe de l'orbite oculaire,
semble être divisée inégalement en deux, et forme la
quatrième et la cinquième ; les pinces sont blanchâtres ; le
carpe est fortement unidenlé au côté interne ; la main est
presque en cœur, avec quelques arêtes à la face extérieure,
et une dent à l'extrémité du bout de sa tranche supérieure;
la base du doigt inférieur est rouge ; on voit deux taches de la
même couleur sur le pouce , une près du milieu et l'autre au
bout ; le bord interne de ces doigts est tout garni d'une suite
de denlelurcstriangulaires et inégales ; les jambes et les tarses
des trois paires de pattes suivantes ont quelques arêtes lon-
gitudinales ; les deux derniers articles des deux pattes posté-
rieures sont très-comprimés ; l'arête de leur milieu est peu
élevée, surtout à la pièce terminale qui est ovale et pointue
à son extrémiié.
Le cancer feriuliis de Linnœus est un porlune qui semble
avoir beaucoup d'affinité avec celui que nous croyons être
Yhohatiis de Fabricius. Les figures, citées par Linnœus, ne
peuvent convenir à celte espèce , d'après la description qu'il
en donne, et Olivier a eu raison de les supprimer {Encycl.
C. sauteur,/m«/M5, n.''4^)-
. M. d'Orbigny, docteur en médecine , a trouvé, sur les
cotes du déparlement de la Vendée, une jolie espèce de por-
lune , le Marrré , murmoreus ^ du docteur Léach {Malac.
podoph. Brit. , tab. 8) , el que ce naturaliste caractérise ainsi :
test convexe, foiblement et peu distinctement graveleux,
avec cinq dents , presque égales , de chaque côté , et trois
égales , obtuses au front ; mains glabres , avec quelques li-
gnes peu sensibles , et une dent en dessus ; tarses postérieurs
pointus à leur extrémité ; le dessus du test offre souvent
différentes taches blanchâtres , dont les plus grandes occu-
pent le milieu el les côlés.
vos 55
Le cancer oceîîatus d'Herbst , lab. 49» %• 4> est de celte
division, (l.)
FORTUNES FOSSILES. V. Crustacés fossiles. (d.>
PORZANE, Purzana. Nom que l'on a appliqué à des^
râles et à des ga/linules. Voy. ces mois, (v.)
PORZELLANERDE des Allemands. V. Kaolin, (ln.)
PORZELLAN-JASPIS. F. Jaspe porcelaine, vol. 16,
p. 541. (LN.)
POSCH. V. POST. (DESM.)
POSED.Nom de la bryone , en Bohème, (ln.)
POSIDONIE, Posidonia. Genre de plante autrement
appelé Kernère. (b.)
POSOPOSA. Espèce de papayer qui croît en Améri-
que ; c'est le carica posoposa , Linn. ; les Caraïbes lui donnent
le nom de aïeule ou alelé. (ln.)
POSOQUERI, So/ena. Arbrisseau à rameaux et àfeuilles
opposées, lancéolées, aiguës, très-entières et glabres, à sti-
pules ovales-aiguës, et à fleurs en tête terminale, qui forme
«n genre dans la pentandrie monogynie et dans la famille
des rubiacées.
Ce genre a pour caractères : un calice turbiné à cinq dents
aiguës; une corolle monopélale, à tube très-long , pendant,
à gorge velue, ventrue, et à limbe divisé en cinq lobes aigus
et recourbés ; cinq étamines à larges filamens et à anthères
biloculalres et adnées; un ovaire inférieur à style filiforme
et astigmate Irifide ;une baie charnue, jaune, grosse comme
un œuf, couronnée par le calice , et contenant une douzaine
de semences renfermées dans une pulpe rouge.
Le posoqueri se trouve à la Guyane , où il a été observé par
Aublel. Son fruit est succulent et agréable à manger. Il a été
appelée Cyrtanthe par Schreber. (b.)
POSSIRE , Sivartzia. Arbre de moyenne grandeur, à
feuilles alternes , composées de trois folioles ovales , aiguës ,
dont l'intermédiaire est beaucoup plus grande , et à Heurs
disposées en bouquets axillaires, accompagnées de bractées
squamiformes.
Cet arbre forme dans la polyandrie monogynie, et dans
la famille des légumineuses, un genre qui a pour caractères:
an calice de quatre folioles ovales et caduques ; une corolle
d'un seul pétale Irès-large, presque rond, onguiculé , fran-
gé , inséré au calice; vingt-cinq étamines allongées, insérées
au réceptacle , dont six ou sept plus courtes , stériles , oppo-
sées aux pétales; un ovaire supérieur , oblong , recourbé,
comprimé , pédicellé , à style court et à stigmate obtus ;
un légume oblong , ventru, comprimé, bivalve et unilo-
culaire, qui conlieiit trois ou quatre semences anguleuses eS
aplaties.
56 P O T
Le possîreâété d<?couverl à la (iuyane parAublet, qui
rapporte, avoir eu les lèvres enflammées pour avoir goûté
une de ses semences.
On l'appelle boisdard ou bols flèche à Cayenne, parce que
les sauvages se servent de son bois, qui est très-dur, pour
armer leurs flèches.
Vahl , dans ses Eglogues , a réuni cinq autres espèces
à cet arbre, dont une est le Tounate du même Aublet , et.
une autre , le Rittère (b.)
POSSUM. V. DiDELPHE QUATRE-ŒIL. (DESM.)
POST. Poisson du genre des Holocentres. {V. ce mot.)
C'est le perr.a cernua de Linnceus. (B.)
POST. Nom indien du Pavot, (ln.)
POSTILLON. Nom que les Cosaques donnent au
Kaior ou Kaiover. (s.)
POSTREL. Nom russe de la pulsatille ( anémone piilsa-
iilla , Linn.). (t.w.)
POSYDON, Posydon. Genre de crustacés de l'ordre des
décapodes , famille des macroures , établi par Fabricius .,
mais décrit d'une manière si imparfaite , qu'il nous est im-
possible d'assigner le rang qu'il doit occuper dans notre
méthode. Il lui donne pour caractères essentiels : palpes ex-
térieurs foliacés, ou onguiculés au bout; quatre antennes
sétacées , avec leur pédoncule simple ; les intérieures cour-
tes , bifides.
Il en cite deux espèces (^depressus, cyh'ndrïcus ) , qui se
trouvent l'une et l'autre dans 1 Océan indien, (l.)
POT VERT. C'est le sabot marbré , iiiibo marmoratus.
(DES3I.)
POTALIE , Pofaiia. Plante à tige ligneuse, simple , nue
inféricurcment, à feuilles opposées, pétiolées, ovales, oblon-
gues, aiguës, veinées, très-entières et glabres, à pétioles
réunis en gaine par leur base, à corymbe terminal, pauci-
flore , à calice jaune et corolle blanche , qui forme un genre
dans la décandrie monogynie, et dans la famille des gen-
tianées.
Ce genre a pour caractères : un calice divisé en quatre
parties; une corolle monopétale, profondément divisée en
cinq découpures ; dix élamines insérées sur un anneau
qui entoure le germe ; un ovaire supérieur , arrondi, sur-
monté d'un style court , à stigmate capité et sillonné ;
une baie jaunâtre à six côtés et à trois loges polyspennes.
Cette plante, que Schréber , et après lui Willdenow, ont
appelée Nicandre, croît dans les grandes forêts de la Guyane.
Elle est fort amère dans toutes ses parties , et laisse (luer
une résine jaune, qui répand, en brûlant, une odeur fort
POT 5;
agréable. La décoction de ses feuilles passe pour être utile
dans les maladies vénériennes et contre le poison du suc de
manioc, (b.)
POTAMÉIE , Poiameia. Genre établi par Aubert du
Petit-Tliouars , pour placer un arbuste de Madagascar, fort
voisin des Lauriers. Ses caractères sont : un calice à quatre
lobes; point de corolle ; quatre étamines; quatre glandes à
la base de l'ovaire ; un style très-court ; un drupe ovale et
monosperme, (b.)
POTAMIDA. C'est , en grec moderne , le nom de la
Fauvette babillarde. (s.)
POTAMIDE. Genre de coquilles composé parM.Bron-
gniart des espèces de Cérithes qui se trouvent à l'embouchure
des fleuves cl dont le canal est moins prolongé que dans les
autres, (desm.)
POTAMOGETON ou POTMOGEITON. Les an-
ciens ont donné particulièrement ce nom à plusieurs plantes
aquatiques ou qui croissoient dans les rivières , comme l'ex-
prime l'étymologie grecque de potamogeton. Ces plantes pa-
roissent avoir été nos Potamots. Le h'monium et letripolium
des anciens portoient aussi les noms de potamogeton , et
celui de stachyies , également commun aux plantes d^nt nous
allons parler.
Le potamogeton , selon Dioscoride , avoit les feuilles sem-
blables à celles de la bette ou poirée , velues , nageantes , et
qui sorloient un peu hors de l'eau. Il étoit astringent , rafraî-
chissant et fort bon aux dénaangaisons : on l'appliquoit sur
les ulcères invétérés et corrosifs.
Pline est d'accord avec Dioscoride; il dit de plus que les
feuilles sont plus petites que celles de la bette, rembourrées
d'une espèce de colon , et qu'elles nagent sur les eaux dor-
mantes et courantes; et (lueie potamogeton étoit fort contraire
aux crocodiles ; aussi ajoute-t-il , les gens qui font la chasse
à ces animaux, en portent-ils sur eux.
Castor, médecin, qui vivoit à une époque antérieure à celle
de Pline, décrit autrement le potamogeton ; il lui attribue des
feuilles longues et menues, comme des poils ou crins de che-
val , et des tiges longues et lisses. Cette plante croissoit
dans les lieux aquatiques; sa racine cloit fort bonne pour les
scrophules et les duretés.
Presque tous les botanistes ont rapporté à nos potamots ,
les herbes ci-dessus ; mais il n'est point prouvé que ces rap-
prochemens soient exacts. C. Bauhin soupçonnolt que no-
tre Jiottonia palustris étoit le potamogeton de Castor, Il est
probable encore que le potamogeton que les chasseurs aux
crocodiles portoient sur eux, et que Xc potamogeton àoni parle
Dioscoride , futcnt des planîes différentes , que Pline
53 POT
a confondues. Quelques auteurs ont cru reconnoîlre le
poidmogeton de Uioscoride , dans le potamogeton natans , ofi
dans une espèce voisine ; d'autres dans la persicaire amphi-
bie ■ polygonum umphibium) ^ et cette dernière pensée semble
la plus juste. On lit dans les auteurs , que les Grecs nom-
\noi(tni stacliytes \e. potamoge.lon , parce que les fleurs et les
graines éloicnt disposées en épi, partant de la tige ; or, ceci
convient bien aux plantes que nous venons de citer. La
plante de Castor pourroit très bien avoir été le potamogeioa
gramineum , ou une espère analogue , plutôt que, rholtone.
Quant au végétal nuisible au crocodile , il éloit sans doute
Vetnenchis des Egyptiens, et probablement une plante dif-
férente de toutes celles que nous avons citées. Les Romains ,
dit-on , appelèrent/«/a//5 \e pofamogeion.
Les auteurs modernes ont long-temps placé sous ce nom
collectif de^o/^/wo^^/on nos PoTAiMOTS et la Persicaire am-
phibie. Kai et Plukenet y rapportèrent la PiUPPiE mari-
time, et la Naïade MO^'OSPERME; mais à présent le ^enre
potamogeton ne comprend que les Potamots : il faut y rap-
porter Vhydrogeton de Loureiro (lN.)
POTAMOPHILE , Potamophilus. J'ai désigné ainsi, dans
1.' troisième volume du Règne animal, par M. Cuvier, un
nouveau genre de crustacés, de l'ordre des décapodes,
•fimille des brachyures, sans savoir que M. Germar avoit
déjà consacré cette dénomination à un genre d'insectes, de
Tordre des coléoptères, et le même que celui que j'ai établi
dans le môme ouvrage , sous celle à'hydère. Yoyez ce mot.
Je dois , d'après les principes de justice que j'ai toujours
suivis à cet égard, restituer à ce dernier genre le nom qui
lui avoit été primitivement imposé , et désigner autrement le
genre de crustacés auquel je l'avois donné, f^. Telpuuse. (l.)
POTAMOPHILE, Potamophilus. Genre de graminées,
établi par Pv. Brown , sur une seule espèce , originaire de la
Nouvelle-HolLmde.
Ses caractères sont: épilletsuniflores, unise«uels;les mâîes
supérieurs , les femelles avec des rudlmens d'étamines , les
un set les autres à balles calicinales compor.ées de deux
valves fort petites , et à balles florales composées de deux
valves membraneuses, dont l'inférieure a cinq, et la supé-
rieure trois nervures ; six étamines. (B.)
POTAMOPiTYS. Buxbaume et Adanson donnent ce
nom au genre que Linnœus a nommé Elatitne. (ln)
POTAMOS IPPOS d'Aristote. Foyez Hippopotame.
(desm.)
POTAMOT, Potamogeton. Genre de plantes de la létran-
drie tétragynie et de la famille des fluviales, dont les carac-
tères consistent: en un calice divise en quatre parties; point de
POT 59
corolle ; quatre étamines à filamens planes très-courls , et à
anthères didymes ; quatre ovaires ovales, acuminés, sans
styles et à stigmates obtus; quatre noix monospermes.
Ce genre renferme des plantes qui croissent au milieu des
eaux, dont les tiges sont foibles, les rameaux souvent munis
de deux spathes à leur base ; les feuilles caulinaires souvent
alternes, et les florales presque toujours apposées, dont les
fleurs sont portées sur des épis axillaires ou terminaux,
munis souvent à leur base de deux spalhes.
On en connoît près de trente espèces , presque toutes
vivaces parleurs racines, et dont les plus communes sont :
Le PoTAMOT FLOTTANT, qui a les feuilles ovales, oblon-
gues, pétiolées, flottantes. 11 se trouve très-abondamment
dans les eaux stagnantes, qu'il couvre souvent entièrement
de ses feuilles. Il passe pour astringent et rafraîchissant, pris
en décoction , et propre à adoucir les démangeaisons de la
peau dans les maladies dartreuses, appliqué extérieurement.
On l'appelle vulgairement Vépi d'eau.
Le PoTAMOT PERFOLiÉ a les .feuilles en cœur et perfoliécs.
Il vient dans les étangs et sur le bord des rivières , dont il
tapisse souvent le fond.
Le PoTAMOT LUISANT a les feuilles pétiolées, planes , se
terminant en pétioles courts. 11 se trouve dans les étangs et
les rivières dont le fond est argileux.
Le PoTAMOT DENTELÉ a les feuilles ovales , acuminées ,
opposées, dentelées; les tiges dichotomes, et les épis qua-
driflores. Il croît dans les fontaines et dans les ruisseaux,
où l'eau est pure et peu profonde.
Le PoTAMOT GRAMINÉ a ies feuilles linéaires, planes,
étroites, la plupart opposées; les épis fructifères courts,
un peu épais. 11 se trouve daus les rivières dont le cours est
peu rapide. Il est annuel.
Les poiamois sont si abondans dans les eaux où ils crois-
sent, que les cultivateurs dcvroient généralement, à l'imi-
tation de quelques-uns d'entre eux , les employer à aug-
menter la masse de leurs fumiers -, ils y trouveroient le
double avantage de ne pas laisser perdre une chose qui peut
leur être utile , et de relarder le curage de leurs étangs ou
de leurs rivières, que les détritus que laissent ces plantes
comblent rapidement. Une fois qu'on a été à portée d'ap-
firécier, par l'expérience, les grands avantages que procure
a récolte des poiamois , il n'y a plus de motifs capables de
déterminer un cultivateur à s'en priver une seule année.
Pour la faire, il suffit de se pourvoir de râteaux de bois à
longs manches , avec lesquels on tire très-facilement , sur le
bord, la presque totalité des tiges qui se trouvent à leur
6o POT
portée. Les jours les plus chauds de l'e'té sont ceux qu'il
convient d'employer à celte ope'ration. Il faut bien se garder ,
comme quelques cultivateurs, de laisser le produit de celte
récolle se dessécher sur les bords; il faut, au contraire , ou
l'apporter sur-le-champ sur son fumier , ou l'entasser dans
des fosses pratiquées à cet effet à proximité de l'eau , mais
hors de ses crues. On trouvera, en automne , c'est-à-dire ,
doux ou trois mois après , dans ces fosses, un excellent en-
grais, prinripalement propre aux terres sablonneuses, et
qui dédommagera au centuple de la légère perte de temps
que sa récolte aura occasionée. Les Anglais ne la man-
quent jamais.
Le genre Hydrogeton, de Loureiro, paroît ne différer
de celui-ci que par le nombre des élamines. F. ce mot. (b.)
PO TAN. Coquille du genre des Cônes , le conus hullatus ^
Gmelin. (b.)
POTASSE. On a long - temps considéré la potasse
comme un corps simple qu on avoit rangé parmi les alcalis ;
mais les chimistes ont reconnu, dans ces derniers temps,
que la plupart des Alcalis minéraux étoient tous des corps
composés, et principalement des oxydes métalliques.
La potasse et la soude furent les premiers alcalis à base
métallique que les chimistes parvinrent à décomposer ;
et ils ont nommé potassium el sodium ^ les métaux qu'ils en
ont retirés. Il nous convient de faire connoîlre ici ce que
c est que le potassium, que M. Berzelius propose de nommer
ka/ium.
Ce n'est qu'en 1807 que M. Davy parvint à décomposer
la potasse, à l'aide de l'action d'une forte pile voltaïque :
depuis, on est parvenu à la décomposer par l'action d'un feu
violent ; et en la mcltanl en contact immédiat avec le fer ;
par ce dernier procédé , on obtient le potassium plus facile-
ment et en plus grande quantité. ( Foyez le Traité de chimie
de M. Thénard. )
Le potassium est solide à la température ordinaire; mais
comme il s'oxyde promptemenl à l'air, on le tient commu-
nément , pour le conserver avec ses caractères métalli-
ques, dans de l'huile ou de l'élher; car l'on a reconnu qu'il
avoit une action peu marquée sur les matières végétales ,
dans lesquelles l'hydrogène prédomine. Le potassium récem-
ment fondu dans l'huile de naphîe , a l'éclat métallique au
plus haut degré , et ressemble à de l'argent mat; lorsqu'on
l'en relire , il se ternit bientôt et prend l'aspect terne du
plomb exposé à l'air. Sa section est lisse, unie et des plus
brillantes : il est aussi ductile et plus mou que la cire :
comme elle , on le pétrit entre les doigts. 11 est composé
POT 61
d'une multitude de petites parties cristallines. Sa pesanteur
spécifique est de o,865 h la température de i5 degrés ceut.
Le potassium entre en fusion à 58 degrés. Il absorbe le
gaz oxygène, à la température ordinaire. Il n'y a que les
couches extérieures qui s'oxydent rapidement, parce qu'elles
sont en contact immédiat avec le gaz oxygène. 11 se forme un
oxyde blanc, et il n'y a point de dégagement de lumière :
la chaleur n'est sensible que dans les premiers instans. Le
potassium a une action puissante sur le gaz oxygène , à l'aide
de la chaleur. Aussitôt que le métal est fondu, il s'enflamme
sur-le-champ, et absorbe rapidement l'oxygène , avec grand
dégagement de calorique et de lumière. 11 en résulte un oxyde
brun 'jaunâtre. Le potassium exerçant, à chaud comme à
froid, la même action sur l'air et l'oxygène , on ne sauroit
le conserver qu'en le mettant à l'abri de ces fluides. On le
conserve quelquefois dans l'huile de naphte : dès qu'on l'y
plonge, il se manifeste une vive effervescence, avec un dé-
gagement d'hydrogène, produit probablement par la décom-
position du peu d'eau qui se trouve contenue dans Thuile ;
mais il agit sur cette huile même, et finit par s'altérer. On le
garde beaucoup mieux dans un flacon à gros goulot, herméti-
quement bouché à l'émeri. Une fois que l'oxygène de l'air,
contenu dans le flacon , est absorbé, le mêlai reste intact. On
emploie le potassium a raison de son affinité pour Toxygène,
pour désoxygéner les corps brûlés.
Le potassium s'allie avec les métaux. Ses alliages sont
solides, blancs, sapides , fusibles au-dessous de la chaleur
rouge (excepté l'alliage avec le fer ), décomposables par l'ac-
tion seule de l'air à la température ordinaire, et s'obtiennent
en chauffant le potassium avec les métaux. Les alliages de
potassium et mercure , ou sodium , sont quelquefois liquides.
Le potassium se combine en diverses proportions , avec
l'oxygèue ; il offre donc plusieurs oxydas : l'un d'eux a été
connu jusqu'à la découverte àa potassium ; c'est le deutoxyde
de potassium ou la potasse. Ses oxydes sont très -causti-
ques; ils verdissent f(trtement le sirop de violette; ils sont
plus pesans que le ;Do/a5««/« , fusibles, indécomposables par
la chaleur et la lumière , et réductibles seulement par la pile.
Le protoxyde de potassium est gris bleuâtre. Mis en contact
avec de Toxygène ou de l'air à la température ordinaire , ou
à une température un peu élevée, il s'enflamme et passe à
l'état de peroxyde.
Le deutoxyde de potassium., ou la potasse caustique^ on alcali
végétal, est blanc; il absorbe le gaz oxygène a une haute
température, et passe à l'état de peroxyde. Il se combine, à
i'aide de la chaleur, avec le phospore et le soufre, et donne
6i POT
naissance à des oxydes phosphores et sulfurés. Expose h
Tair libre , à la température ordinaire , il absorbe Tenu et
l'acide carbonique qui y sont contenus , et se résout en
liqueur; aune haute température, il finit par se convertir
entièrement en deuto-carbonate. Nous reviendrons sur cet
oxyde, plus bas ; et par la suite , nous le nommerons potasse.
Le peroxyde de potasse est jaune verdâlre, n'absorbe l'oxy-
gène à aucune température , passe d'abord à l'état d'hy-
drate, puis à celui de deuto-carbonale, lorsqu'on l'expose, à
l'air libre, à la température ordinaire; il se change en deulo-
carbonale, lorsque la température est portée à un haut degré.
Tous ces oxydes jouissent d'autres propriétés chimiques
qu'il est superflu de rapporter ici. Le plus intéressant à con-
noître, c'est le deutoxyde ou la potasse ; car c'est le seul
qui existe dans la nature.
La potasse ne se trouve pas à l'état de pureté ou causti-
que; elle est combinée avec divers acides dans les végétaux,
et celle du commerce est un sous-carbonate de potasse. Les
sels de potasse libres sont peu nombreux; mais beaucoup
de minéraux contiennent cet alcali.
La potasse donne , avec les acides , divers sels qu'il est
mile de rappeler , à cause de leurs usages. Nous les indique-
rons par les noms sous lesquels ils sont le plus connus.
L.^arétatc de potasse est un sel blanc , très-déliquescent ,
d'une saveur très-piquante, sans action sur le tournesol, qui
cristallise en petites paillettes , rarement en prismes, il est
connu sous le nom de terre foliée de tartre : on s'en sert, en
médecine, comme fondant. L'acétate de potasse existe, en
petite quantité, dans la sève de presque tous les arbres.
Uoxalale acidulé de potasse , ou sel d'oseille , que tout le
monde connoît , est un sel blanc , cristallisé , d'une saveur
aigrelette, rougissant la teinture de tournesol, qu'on tire
de plusieurs végétaux, et notamment de l'oseille, et qu'on
emploie pour aviver la couleur de carthame ou rouge
végétal , et dans certaines opérations chimiques , etc. C'est
principalement du rumex acetosdla et de Voxalis acetosella
qu'on relire le sel d'oseille du commerce , et c'est de celui-
ci qu'on retire l'acide oxalique.
Le tartrate acide dépotasse ^ ou crème de tartre^ existe dans
le raisin et dans le tamarin ; il se dépose avec une petite
quantité de lie et de tartrate de chaux , sur les parois de»
tonneaux dans lesquels on conserve le vin , et forme, sur ces
parois , une couche plus ou moins épaisse connue sôus le
nom de tartre. On nomme tartre blanc , celui qui provient des
vins blancs, et tartre rouge , celui que donnent les vins rouges.
Ils sont cristallisés en petites lamelles. Purifiés , ils crislalU-
POT 65
sent en prismes tétraèdres , courts, tronqués de Liais. Le
tartrate acide de potasse a une saveur légèrement acide, est
peu soluble dans l'eau , et n'éprouve aucune aUéraiion de
la part de Tair : ses usages sont très-nombreux : c'est de la
crème de tarlre qu'on tire l'acide tartarique. C'est avec ce sel
qu'on prépare différens sels, savoir : le sel vêgéUil ^ ou tar-
trate de potasse ; le sel de seignette ^ ou tartrate de potasse
et de soude; Vemétiçue , ou tartrate de potasse et d'anti-
moine; le tartre martial double^ les boules de Mars, ou de
Nancy ^ la teinture de Mars de Ludovic , la .einture de Mars tar-
iarisée, le tartre chalibé composé^ qui sont des combinaisons
diverses de la crème de tartre et de tartrate de fer. C'est en
calcinant le tartre qu'on obtenoit le sel de tartre, espèce de
sous- carbonate de potasse. Ces divers &z\s , et d'autres
combinaisons du tartrate de potasse , servent à divers usages
dans les arts et dans la médecine.
\J hydrate de potasse tst solide, sec, blanc, caustique.
Il attire l'humidité et l'acide carbonique de l'air , et se
résout en liqueur. C'est un réactif en usage dans les labora-
toires de chimie , pour séparer les oxydes métalliques les
uns des autres, ou des oxydes auxquels ces acides sont unis.
Mais, comme il est difficile de l'avoir pur, on emploie le plus
souvent l'hydrate contenant du sous - carbonate de po-
tasse , et même du sulfate et du muriate de potasse ; c'est
de celui-ci dont on se sert toujours pour oiivrir les cau-
tères ; aussi le connoît-on en médecine sous le nom de
pierre à cautère. Dans les laboratoires , on l'appelé potasse
caustique à la chaux.
Le sous-carbonate de potasse , est acre , légèrement caus-
tique , verdit fortement le sirop de violette , est très-so-
luble dans l'eau, déliquescent , incrislallisable , indécom-
posable psr la chaleur la plus forte, à moins «juli n-:: soit
humide, etc. On l'extrait des plantes, et princ''^»ûlement de
celles qui sont ligneuses , par l'incinération et pt-r 1» lixivia-
tion. Il est toujours mélangé en diverses proportions avec
du muriate et du sulfate dépotasse, et quelquefois avtic une
petite quantité de silice combinée , et souvent colorée par
un peu d'oxyde de fer ou de maijganèse. Telle est la poiasse
du commerce , dont on distingue six sortes différentes : la
potasse de Russie , celle d'Amérique , la poiasse pf^nasse,
celle de Trêves , celle de Danizick et celle des Vosges.
Presque toute la potasse du commerce nous vivant des pays
du Nord , et surtout de Suède, ou d immenses furets d'au^
nés et de hêtres permettent d'exploiter ces boii , unique-
ment pour en retirer les cendres qui doivent fournir la po-
tasse. On met ces cendres dans de grands vaisseaux faits
64 POT
d'écorce de bouleau: on y passe de Teau chaude k plusieurs
reprises , comme dans nos lessives ordinaires : on fait éva-
porer celte lessive dans des chaudières de fer, et à mesure
qu''elle s'évapore , on en ajoute de nouvelle ; elle devient en-
fin assez épaisse pour former une espèce de pâle qu'on a soin
de remuer, afin qu'elle ne s'attache pas trop fortement aux
parois de la chaudière. Quand l'opération est achevée , il
reste une matière solide, d'une couleur rouge obscure, qu'on
détache avec un instrument de fer , et à laquelle on donne le
nom de saiîn.
Pour convertir le m//V/ en potasse , on le met dans un four
de réverbère , où on l'agite avec un rable, afin de présen-
ter successivement à l'action du feu toutes les parties du sa/in,
qui est débarrassé , par celle opération , des matières hété-
rogènes qu'il rontenoit; et l'on obtient ainsi une potasse 3issez
pure. C'est le procédé qu'on emploie dans les contrées ou
l'on a un peu plus de commodités que dans les forêls de la
Suède ; mais là on suit une méthode encore plus simple : on
établit sur le sol une couche debois sec , sur laquelle on met
une couche de salin , sur celle-ci une couche de bois, et ainsi
alternativement, jusqu'à ce qu'on ait formé une espèce de bû-
cher de plusieurs toises d'élévation ; on y met le feu , et le
salin se convertit en une matière qui paroît à demi-vitrifiée ,
qu'on met toute chaude dans des barils bien clos , pour em-
pêcher le contact de l'air, dont l'humidité feroit fondre la
potasse.
Quelques auteurs disent que ce sont les cendres mêmes ,
simplement pétries avec de l'eau, que l'on fait calciner ainsi;
mais il ne résulteroit d'une semblable opération qu'une masse
terreuse frittée , qui ne seroit d'aucun usage.
La potasse préparée ainsi que je viens de le dire, n'est pas
complètement débarrassée de toute matière hétérogène; elle
auroit besoin, pour les opérations délicates, d'être soumise
à une nouvelle purification ; mais elle sert fort bien aux ver-
reries , où elle est employée comme un excellent fondant ,
sans lequel on ne parviendroit que difficilement à convertir
en verre les sables quarzeux qui font la base de toutes les
matières vitrifiées.
Elle sert également bien au blanchiment des toiles , dans
les blanchisseries, de même qu'aux lessives domestiques.
L'un des plus grands emplois de la potasse , est dans la fa-
brication de plusieurs espèces de savons , qui se font dans
les pays du JNord , soit avec de la graisse ou du suif, soit avec
des huiles de poissons , de chénevis , de colzat , de na-
vette , etc.
On commence d'abord par rendre X^poiasse caustique^ en
POT 65
îa mêlant avec une égale quantité de chaux vive. On passe
de l'eau sur ce mélange , jusqu'à ce qu'elle ait enlevé toute la
partie saline, et l'on mêle avec cette lessive causii(jue (ap-
pelée lessive des savonniers) la quantité d'huile ou de graisse
que l'expérience détermine , suivant le degré de force de la
lessive : on fait ensuite bouillir ce mélange jusqu'à ce qu'il
ait acquis la consistance convenable.
On pourroit , dans plusieurs de nos provinces, tirer un
parti avantageux d'une grande quantité de végétaux qu'on
laisse détruire en pure perte , tandis qu'ils pourroienl fournir
une quantité considérable dépotasse.
L'expérience a prouvé que les herbes et les feuilles con-
tiennent plus de potasse que les bois eux-mêmes. On en retire-
roit surtout abondamment des fougères , des chardons , des
tiges de pois , de haricots , de tournesol .^ de hlè de Tur(juie , etc.,
de même que des arbustes, tels que le buis^ legenei , les
bruyères , etc.
Les cendres, même après avoir été lessivées, fourniroient
un excellent engrais, surtout pour les terres fortes et argi-
leuses , et pour les prairies humides et sujettes aux Joncs et à
la mousse.
Le phosphate de potasse est déliquescent , très - soluble i
d'une saveur légèrement alcaline , et ne cristallise que très-
difficilement. 11 existe dans les graines céréales.
Le su/fuie de potasse , appelé autrefois sel de duobus , sel
polychres/e, de G/aser, d'arcanum duplicatum, de potasse vitriolée^
est un sel blanc , légèrement amer , soluble dans seize fois
son poids d'eau bouillante, qui cristallise en prismes courts à
quatre et six pans, terminés par des pyramides àquatre etsix
faces. H décrépite au feu; l'air n'a pas d'action sur lui ; il se
combine avec le sulfate d'alumine et forme de l'alun. Le
sulfate de potasse existe dans les végétaux mêlé avec le sous-
carbonate de potasse et le muriate de potasse. Il existe dans
quelques minéraux , par exemple , dans la pierre d'alun et
dans le sel nommé polyhalite par Strœmeyer , dans lequel il
est dans la proportion! de vingt-sept parties sur cent ; il
sert dans les arts pour fabriquer de l'alun en l'unissant au
sulfate d'alumine, et pour changer le nitrate dechaux en ni-
trate de potasse ou salpêtre. 11 est employé quelquefois
en médecine comme purgatif.
Le muriate de potasse est un sel incolore, piquant , amer,
soluble dans trois fois son poids d'eau froide et dans moins
de deux fois son poids d'eau chaude; il cristallise en prismes
à quatre pans , décrépite au feu , etc. On en faisoit usage
autrefois comme fébrifuge , et il portoit le nom de sel fébri-
fuge de Silvius,
66 POT
Le muriate peroxygénê de potasse est blanc , d'une saveuf
fraîche , un peu acerbe, inaltérable à l'air , soluble dans
environ dix-huit parties d'eau , à i5 degrés , et dans deux
fois et demi son poids d'eau bouillante ; il cristallise en ta-
bles rhomboulales ; projeté sur le charbon , il en aug-
mente la combustion. Ce sel a divers usages ; on s'en sert
pour se procurer du gaz oxygène, et de l'acide muriatique sur-
oxygéné. 11 a été employé avec succès dans quelques mala-
dies syphilitiques. On a essayé de le faire entrer dans la com-
position de la poudre à canon ; mais comme la poudre qui en
résulte s'enflamme facilement parle choc ou parle frottement
et que le transport en est par conséquent dangereux , on y a
renoncé. C'est avec le muriate suroxygéné de potasse qu'on
fait ces briquets nommés briquets oxygénés , fondés sur cette
propriété qu'a un mélange de parties égales de ce sel avec du
soufre ou un corps résineux, le benjoin par exemple, des'en-
flammer lorsqu'on jette dessus quelques gouttes d'acide sul-
furique concentré. Ces briquets sont composés d'allumettes
dont l'extrémité est soufrée et imprégnée d'un mélange de
soufre et de muriate suroxygéné de potasse , légèrement
gommé. On les plonge dans un flacon qui contient de l'acide
sulfurique concentré, et elles s'enflamment aussitôt. L'on ob-
tient des poudres fulminantes , qu'un choc subit enflamme et
fait détonner plus ou moins fortement , en mélangeant le mu-
riate suroxygéné de potasse , avec du soufre ou du sulfure
d'arsenic , du sulfure d'antimoine , du phosphore, du char-
bon , etc. , etc.
Voilà quels sont les sels à base de potasse qu'il est le plus
nécessaire de connoître. On en a omis un qui est le plus
important de tous : mais comme, de tous les sels de potasse,
c'est le seul qu'on trouve libre et concret dans la nature ,
nous en ferons un article particulier; c'est le nitrate dépotasse
ou potasse nitratée , vulgairement appelé nitre ou salpêtre.
Ce n'est pas qu'on ne trouve aussi , dans les eaux de certains
lacs et dans quelques minéraux , d'autres sels de potasse , par
exemple le muriate dépotasse elle si:(fate de potasse ; mais
c'est qu'ils n'ont pas encore étébien observés dans leurs gise-
mens et que les minéralogistes n'ont pas encore cru devoir
les ranger au rang des minéraux.
Potasse nitratée , Haiiy, Delaméth. ; Nitrate de po-
tasse ou potassium nitrate , des chimistes, naturlicher sa/peter ,
W. ; salpeter , Karst. , Lenz, ; nitre , James. , vulg. nitre
et salpêtre.
Ou reconnoît aisément ce sel à sa saveur fraîche et pi-
quante , et à la propriété qu'il a de fuser vivement lorsqu'on
le projette sur des charbons ardens. 11 se dissout dans un quart
POT 67
rie son poids d'eau cliaude , et dans trois ou quatre fois son
poids d'eau froide ; il n'est pas déliquescent à l'air; il cris-
tallise parfaitement. Dans !a nature, on ne le trouve qu'en
efilorescences cristallines , ou en incrustations d'un beau
Liane, ou grisâtres, ou jaunâtres. Par l'art on en obtient
des cristaux prismatiques, blancs, transparcns , ordi-
nairement cannelés , striés, et dont la cassure est vitreuse
dans un sens; ils sont assez fragiles et pèsent spécifique-
ment 1,93; ils contiennent : potasse, 49 '» acide nitrique, 33 ;
eau, 18. Le nitrate de potasse naturel est toujours très-im-
pur et mélangé de chaux sulfatée et muriatée, et de muriale
de potasse.
Les cristaux artificiels ont pour forme primitive l'octaèdre
rectangulaire dans lequel les incidences des faces semblables
prises à la base , sont de 68 d. 4-6' et de 60 d. Voici quel-
ques-unes de leurs modifications ou formes secondaires.
i.° P. N. prïmitwe, Haiiy , Trait. 2, pag. 348, fig. i38. C'est
l' octaèdre primitif.
2." P. N. basée ^ Haiiy, /. c. , fig; i4-o. La variété précé-
dente épointée, et le plus souvent très-près de la base , ce qui
produit des cristaux longs et plats ; manière d'être très-com-
mune à toutes les formes de ce sel.
3.0 P. N. triimitaire ^ Haiiy , /. r. , fig. 14.1. C'est l'oc-
taèdre rectangulaire primitif épointé , et dont les quatre
arêtes de la base sont remplacées chacune par une longue
facette étroite. Cette forme est très-commune.
^.°P.N. trihexaèJre , Haiiy, /. c, fig. 142. Prisme hexaè-
dre régulier terminé par des pyramides hexaèdres , à plans
triangulaires et inclinés sur le prisme de i43 d. 5i. Cette
forme qui rappelle celle du quarz prisme, avoit faitplacer,par
Linnaeus , ce dernier minéral avec la potasse nitratée. Il
croyoit que les pierres cristallisées dévoient leurs formes
à des sels agissant comme principes fécondans; et c'est ce
qui l'avoit conduit à faire un rapprochement aussi singulier.
5.° P. N. heptahexaèdre , Haiiy, /. «;. , fig. i44- C'est
la variété précédente dont la pyramide est composée de trois
rangées de six facettes.
Il y a encore un assez grand nombre d'autres formes qui
résultent, la plupart, des combinaisons des précédentes en-
tre elles.
6.° P. N. aciculaire^ Haiiy. En aiguilles ou prismes très-
fins , confusément cristallisés.
7.° P. N. fibreuse^ Haiiy ; vulg. salpêtre de Houssage. Elle
se trouve en filets soyeux ou floconneux , sur les vieux bâli-
inens , les vieilles murailles , les murs des caves , sur les
plâtras. On la trouve sur ia terre, sur des pierres calcaires ,
68 POT
des marnes calcaires, dans le comte de Bamberg, dans un
sable marneux , près Goltingue , dans les tufs calcaires ,
àHomberg, près Wurzbourg.
8.° P.N. incrustante. En incrustations cristallines, blancbes.
Se trouve à la Molfetta, dans la Fouille , dans les fissures
d'une pierre calcaire , avec de la cbaux sulfatée.
La potasse nilratée^ n'appartient qu'aux formations récentes,
et se crée journellement sous nos yeux , dans les endroits
où se rencontrent des substances végétales et animales en
décomposition. On la trouve également en dissolution dans
les eaux de certains lacs et de certaines sources.
L'Asie abonde en salpêtre. C'est principalement dans le
Bengale qu'on recueille, à la surface de la terre, la plus grande
partie du nilre que l'on consomme dans l'Inde, et qu'on trans-
porte même en Europe, où il est très-eslimé.Le salpêtre est en
efflorescencesà la surface delà terre, dans plusieurs contrées
de la Perse, en Arabie, entre le Mont-Sinaï et Suez,
en Egypte , dans l'intérieur de l'Afrique ( à Ludamar ,
dans le désert de Karoo) , et à l'est du cap de Bonne-
Espérance. A Ténériffe , la grotte nommée Queoe del ana ,
au pied du sommet le plus escarpé du pic , est tapissée ,
sur ses parois , de floccons de potasse nitratée. En Amé-
rique , les pâturages maritimes des environs de Lima , le
Tucuman , présentent le salpêtre en efflorescence. Aux
Etats-Unis, le salpêtre qui sert à la fabrication de la poudre,
se tire de la province du Kentucky. On y recueille ce sel
à la surface des caves creusées dans le calcaire.
L'une des nitrières naturelles les plus remarquables , est
celle dont Fortis fit la découverte en 1783, à la Molfetta y
dans la Fouille , à quatre lieues au nord-ouest de Bari, sur
le golfe de Venise.
Cette nitrière se trouve dans un enfoncement en forme
d'entonnoir , qui s'est fait dans les couches de pierres cal-
caires coquillières dont est composé le sol de cette contrée.
On nomme poulo ces sortes de cavités, et on les regarde
comme l'effet d'un affaissement. Fatrin croit qu'on doit les
attribuer plutôt à la décomposition même de la pierre.
Les couches calcaires presque horizontales , qui présen-
tent leur tranche dans l'intérieur âecepouh , varient d'épais-
seur , depuis six pieds jusqu'à six lignes. La pierre dont
elles sont composées est très-compacte , et abonde en
corps marins convertis en spath calcaire. Les plus épaisses
de ces couches sont creusées en grottes dont l'ouverture est
moins grande que riulcrleur. Celles de ces grottes dont l'ou-
verture est si petite qu'un enfant peut à peine s'y introduire
avec une lampe à la main , sont celles, dit Fortis ,d'où l'on
tire les échantillons de salpêtre les plus blajics et les plus
POT 63
purs. Ce n'est pas , ajoute-t-îl , seulement aux surfaces que
le salpêtre se forme ; il soulève Lien souvent des lames de
pierre en se formant au-dessous. Ces lames ont une ou deux
lignes d'épaisseur ; en les faisant tomber , on voit derrière
de très-beau salpêtre d'un blanc de neige.
« Le salpêtre de la Molfelta, que Klaproth a reçu , éloi»,
dit-il , cristallisé en j)etits cristaux semblables au sucre raf-
finé , et sous la forme d'une croûte d'une épaisseur d'une
9 deux lignes , se séparant en minces écailles d'un jaune
"blanc , de la pierre calcaire compacle qui compose la
masse des couches da poulo. Je remarquai ,ajoule-il, sur
cette pierre calcaire, da gypse en fines aiguilles , dispersé
ça et là en croûtes minces , qui en quelques endroits ser-
vent de gangue mi sa/pé/re ».
Ce savantchimiste, ayanl fait l'analyse de ce niire^a trouvé
qu'il contenoit 42,55 de nitrate de potasse , et 0,20 de mu-
riate de potasse ; 25,4-5 de sulfate de chaux , et 3o,4o de
carbonate de chaux.
Vairo avoit calculé qu'on pouvoit retirer de ce poulo trente
à quarante mille quintaux de "salpêtre, et qu'une seconde re-
production en donneroit au moins cinquante mille quintaux.
Mais Fortis a fait , sur cette seconde reproduction , une re-
marque fort curieuse : pendant un an et demi , on avoit fait
la lixiviation des terres de celle nilrière avec l'eau d'une
source voisine , qui est fort chargée de sel marin ; et les grottes
qu'on a remplies de ces terres lessivées à Veâunniiial/'f/iie, au
lieu, dit-il, de donner du salpêtre presque pur et à base
d'alcali végétal (ou potasse), comme elles le faisoient au com-
mencement , n'ont produit qu'un mélange dont ffes propor-
tions se sont progressivement portées jusqu'à contenir plus de
moitié de Sel marin. {Ann. de Chi/n. , t. 28 , pag. 28 et suiv.)
Des nilrières semblables à celles de la ]Molfetla se trou-
vent, dans la même contrée, à Gravina , à Athermusa , Mi-
nervino , Bari , Massafra , Montrone , Nalra et Ginosa.
Les nilrières de Syracuse sont dans l'intérieur de ce fa-
meux souterrain ou latomie qu'avoit fait bâlir Dcnys le
tyran, Dolomieu rapporte que les pierres calcaires dont sont
construits les édifices à Malle, se couvrent de nitre lors^
qu'elles sont baignées par l'eau de la mer , cl finissent par se
détruire complètement; il en est de même aussi pnnr toutes les
pierres solides nitreuses,et Taclion de Tair seul suffit pour cela.
La Haule-Hongrie est prodigieusement riche en «zV/e; et ce
qui se rencontre fort rarement dans la nature, c'est qu'il est
fourni par des eaux de sources , et il est en si grande abon-
dance , qu'on pourroit en retirer une fois plus que les Indes
orientales n'en fournissent à toute TEurope.
70 POT
Ces sources nîireuses viennent d'un plnlenu é\ovc qui règne
de l'est à l'ouest , dans une étendue de soixante-douze lieues ,
le long de la rivière de Sainos, qui se jette dans laTeisse au-
dessus du Pelit-Varadin. Ces sources déposent le nîlre dans
les sables, d'où on le retire par la lixivialion dans soixante ou
soixante-dix ateliers. On le retire aussi de ces eaux par éva-
poration ; elles en contiennent depuis un jusqu'à quatre pour
cent de leur poids,
L'Ukraine el la Podolie foin-nissent une fort grande quan-
tité de nitre qu'on retire par le lavage d'un terreau noir.
Si l'on vouloit en France lessiver les terres nit reuses , on
en trouvei'oit en abondance. Larocbefoucauld avoit reconnu
que la craie de la Roche-Guyon , sur la Seine , près de Man-
tes , contenoil une once par livre, de salpêtre ; la craie d'E-
vreux présente aussi ce sel; mais les plâtras et les nitrières
artificielles suffisent pour fournir tout le uitre dont nous
avons besoin.
Le sol de l'Espagne n'est pas moins ricbe en n/V/r que celui
des autres contrées de l'Europe ; il est même un de ceux qui
pourroient en fournir le plus. Bowles , qui a fait à ce sujet
nn grand nombre d'observations, a remarqué qu'il est pres-
que toujours accompagné de cbaux et de magnésie sulfatées ,
et il ne doute pas que ces différentes matières salines ne
soient un produit du travail journalier de la nature.
Quoique la potasse soit abondamment répandue dans la
nature, la plus grande partie de celle qui est dans le com-
merce provient du lessivage des plâtras et des terres salpê-
trécs ou des nitrières artificielles.
Dans les contrées les plus chaudes de l'Asie et de l'Amé-
rique, où ce sel forme des cfilorescences à la surface mémo
du sol , on le recueille en le balayant plusieurs fois dans l'an-
née , c'est ce qu'on nomme salpêtre de houssage.
Pour se procurer arec les plâtras des vieux bâtimens et les
terres des caves , la potasse nilralée , on réduit ces pfêtras en
poudre, onles passe à la claieet on leslessive.L'eaunilréequ'on
obtient renferme aussi les sels solubles suivons ; le sulfate
de chaux, les nitrates de chaux et de magnésie, les muriates
de soude, de chaux el de magnésie :1e salpêtre forme à peu
près le dixième de ce mélange. Ce n'est que par des procédés
particuliers qu'on parvient à l'en retirer et à le raffiner. Les
plâtras les plus riches contiennent cinq pour cent de nitrate.
Lorsque les plâtras ne sont pas assez salpêtres, ou que l'on
veut établir une nilrière artificielle, on réunit les décombres
sous des hangars , on les mêle avec des matières animales ou
végétales, et on les arrose de temps en temps avec des li-
queurs animales , du sang , des urines , etc. ; au bout de quel-
POT j^
que temps les plâtres sont en partie salpêtres, et on les les-
sive. L'eau salpêtrée qu'on en retire contient, outre le ni-
trate de potasse, les sels que nous avons nommés plus haut.
On la traite de même par l'évaporation à froid , puis par des
lessivages à chaud. On retire encore la potasse nitratée par
le lessivage des cendres végétales. En Languedoc , on se sert
des cendres de tamarisc ; en Sicile , de celles des fruits d'a-
mandiers et d'autres végétaux , tels que les borraginées, La
pariétaire , la ciguë, le tabac , et surtout le soleil, contiennent
ce sel tout formé , et souvent en grande quantité.
L'on ne sait pas encore très-bien comment on peut expli-
quer la formation de la potasse nitratée dans les terres, soit
naturelles, soit artificielles, oùi'on trouve ce sel; on remarque
seulement que ces terres contiennent toujours de la chaux
carbonatée ou des débris de matières végétales ou animales,
et le plus souvent l'un et l'autre ; c'est ce qui a fait croire que
la potasse nitratée tire de l'air les principes nécessaires à sa
formation. L'azote , souvent dégagé par la putréfaction des
matières animales, en s'unissant à l'oxygène de l'air , forme-
roit de l'acide nitrique qui se combineroit avec la potasse
des végétaux. La potasse nitratée ne se trouve naturellement
qu'en efflorescences à 1.^ surface des terres et des pierres ,
qu'elle finit par réduire en miettes, ce qui annonceroit que
l'action de l'air est une condition nécessaire à sa création.
L'on remarque encore, dans les nitrières naturelles, qu'il n'y a
plus de nilre lorsqu'on creuse à quelques pieds de profondeur,
et cependant que ce sel neutre se reproduit et se propage
assez promptement à mesure qu'on l'enlève. Quant à l'in-
tluence de la chaux carbonatée, dans la formation du nitre
naturel , on l'ignore complètement.
Usages de la potasse nitratée.
Tout le monde sait que le salpêtre ou nitre est la base delà
poudre à tirer, laquelle est unmélange dépotasse nitratée,de
soufre et d'un charbon léger,tous trois dans des proportions à
peu près les mêmes que celles rapportées plus bas. Les effets
terribles de la poudre sont dus à la formation presque instan-
tanée et à la dilatation subite des gaz qui se développent dans
son intlammation. En France , on a trois sortes de poudres à
tirer , savoir :
i.° hai poudre à canon, qui est composée de j5 de nitre ^
12 et demi de charbon, et i'2 et demi de soufre.
2." Ltâ pondre de chasse, formée de 78 de nitre, 12 de char-
bon, 10 de soufre.
^,° La poudre des mineurs et des carriers, qui contient 65 de
niti'e , i5 de charbon, 20 de soufre.
72 POT
Le nitre est un des tneillears fondans ; on l'emploie com-
me tel pour hâter la fusion des métaux impurs, des miné-
raux qu'on veut essayer en petit , et dans beaucoup d'autres
circonstances docimasiiqucs. Le flux blanc et le flux noir ne
sont que le mélange de nitrate et de tartrate de potasse.
C'est de ces mélanges qu'on retire 1 hydrate de potasse très-
utile dans la fabrication de la poudre.
En médecine , on l'admiuistre comme rafraîchissant et
propre à exciter la sortie des urines. C'est avec le nitrate de
potasse qu'on fait les préparations connues sous les noms
àç. foie d antimoine , de <rocus mcLalhnim ou safran des métaux ,
^'antimoine diaphorétique , Ae fondant de Rotrou , préparations
qui contiennent toutes de l'aÉtimoine , et le caméléon m/ne-
m/,combinaison du nitre avec le manganèse oxydé qui est so-
luble dans l'eau. Celle-ci est colorée d'abord en verf,puis en
riolet, et redevient incolore, parce que le manganèse se pré-
cipite petit à petit ; les acides la rendent rouge lorsqu'elle
est encore colorée. C'est du nitre qu'on retire l'acide nitri-
que , dont les usages sont très-nombreux. On obtient égale-
ment l'acide sulfurique par le nitre; à cet effet, on chauffe en-
semble , dans une chambre de plomb, dont le sol est cou-
vert d'eau , un mélange de huit parties de soufre et d'une de
potasse nitratée qu'on fait bràler lentement, (ln.)
POTASSIUM. V. l'article Potasse, (ln.)
POTASSIUM NITRATE. F. Potasse nïtratée. (ln.)
POTASSIUM SILICIATÉ. C'est sous ce nom col-
lectif que M. Berzelius a placé les pierres siliceuses ma-
gnésiennes qui contiennent le potassium oxydé ou potasse
combiné , ou présumé tel , avec la silice faisant fonction d'a-
cide. V. la liste de ces minéraux , page i83 du vol. xxi , à
l'article Minéralogie, (ln.)
POTÉE D'ÉTAIN. C'estl'Étain oxydé artificiellement.
POTEE DE MONTAGNE. Comme U potée oxxo^yàt
d'étain artificiel est employée pour polir les corps durs, on a
transporté ce nom à des substances terreuses qui ont natu-
rellement la même propriété, commela Terre pourrie, le
POLIER SceiEFFER,les schisles argileux, qui ont été convertis
en une espèce de tripoli par les incendiesdes houillères. (pat.)
POTEE ROUGE. Fer oxydé rouge, qui forme le résidu
de la décomposition du fer sulfaté, dans la fabrication de
l'acide sulfurique avec ce sel. V. Fer sulfaté (ln.)
POTELEE. C'est la Jusquiame vulgaire, (b.)
POTELET. La Jacinthe des bois porte ce nom dans
quelques lieu.x. (b.)
POTELOT. Nom trivial du ]\IoLYBDi;yE sulflré. (ln.)
POT y3
POTENTILL\. Nom donné anciennement aux spîrœa
ulmaria et arunrus^et surtout à laPoTEîSTlLLE ANSERiNE,à cause
de leurs propriétés. Celle dernière plante, également nommée
argeniina, à causb du duvet argenté qui couvre ses feuilles,
est devenue le type du §enre potenfi/la de Linnaeus , qui com-
prend, le quinquefolium de Tournefort, et partie des espèces
comprises dans les genres pentaphylldides t\. fragaria ^ égale-
ment de Tournefort. On y doit rapporter aussi le pentaphyl-
him àe Gserlner, fondé sur \e poienlilia nojwegira, \efraga de
Lapeyrouse , et peut-être le diischenea de Smith, mais non
pas , avec Scopoli et Necker , les genres commarum et tor-
vientilla.
Presque toutes les espèces de potenUlla d'Europe ont été
décrites, avant Linnreus et Tournefort, sous le nom de penta-
phyllum ou de quinquefolium , parce que leurs feuilles sont
composées de cinq folioles. V. Potentille. (L^^)
POTENTILLE, Potentilla. Genre de plantes de i'ico-
sandrie polygynie et de la famille des rosacées, qui offre
pour caractères: un calice ouvert, à dix divisions , dont cinq
alternes plus petites; une corolle de cinq pétales ovales et
onguiculés; une vingtaine d'étamines attachées au calice ;
un grand nombre d'ovaires réunis en tétc , à style filiforme
inséré latéralement, et portant un stigmate obtus; un grand
nombre de semences attachées sur le réceptacle , et renfer-
mées dans le calice qui persiste.
Ce genre renferme des plantes ordinairement heVba-
cées, quelquefois frutescentes, dont les feuilles sont ou
ailées avec impaire , ou digitées , ou ternées , accompa-
gnées de stipules en forme d'ailes adnées à la base du pé-
tiole , et dont les fleurs sont disposées en corymbes termi-
naux et quelquefois solitaires. On en compte près de cent
espèces, la plupart propres à l'Europe.
Parmi les polenli//es à feuilles pi nnées, il faut distinguer :
La PoTENTiLLE FRUTESCENTE , qui a la tige ligneuse. On
la trouve en Angleterre et en Sibérie, et on la cultive dans
quelques jardins d'ornement. C'est un arbuste de deiix à trois
pieds de haut au plus , très-garni de branches , et dont les
fleurs d'un beau jaune se succèdent pendant tout l'été. 11 ne
craint point le froid, et se multiplie de graines ou de reje-
tons,ou de marcottes, et il ne demande d'autres soins , lors-
qu'il est planté à demeure , que d'être chaque année émondé
de son bois mort, et disposé un peu en boule, par le retran-
chement des branches qui sont trop saillantes. Ceux qui le
taillent avec les ciseaux lui oient une grande parlie de ses
agrémens.
La PoTENTiLLE ANSERiNE a la ti^e rampante ; les folioles
74 POT
entourées de dents pointues , velues en dessous , et les pé-
doncules uniflores. On la trouve par toute l'Europe dans les
pâlurages argileux. Elle est connue vulgairement sous le
nom (Vunseriiie ou d^ argentine , à raison du brillant de la face
inférieure de ses feuilles. Cette plante a joui autrefois d'une
réputation médicale, qu'elle a en partie perdue depuis que
l'on se rend raison de la cause des effets des remèdes. Cepen-
dant, on la regarde toujours comme astringente etfébrifuge,
et on ordonne sa décoction pour rétablir la luette lorsqu'elle
est relâchée, pour raffermir les dents qui branlent, etc. On
mange quelquefois ^as, racines , qui sont douces et ont un
goût agréable.
Parmi les polenilUes àfcuilles digiiées , on doit principale-»
ment remarquer :
La PoTENTiLLE A TIGES DROITES , qui a sept folioles lan-
céolées et grossièrement dentées à chaque feuille , dont les
pétales sont en cœur, plus grands que les divisions du calice ,
et dont la tige est droite. Elle vient sur les montagnes expo-
sées au soleil.
La PoTENTiLLE ARGENTÉE, qui acinq folioles cunéiformes,
dentelées, tomenteuses en dessous à chaque feuille, et sa tige
droite. Elle se trouve très-communément dans les terrains
sablonneux et arides.
La PoTENTlLLE PRINTANNIÈRE , qui a cinq folioles ovales ,
dentées, pubescentes à chaque feuille; les pétales presque en
cœur, plus grands que le calice, et la tige penchée. Elle se
trouve très-abondamment sur les montagnes exposées au
midi , sur le bord des bois , le long des chemins, etc. Elle
fleurit dès les premiers jours du printemps, et couvre quelque-
fois de ses fleurs jaunes les pelouses où elle se trouve. Le
botaniste et le berger ne la voient jamais sans un nouveau
plaisir , parce qu'elle leur annonce le retour de la belle
saison.
La PoTENTiLLE BLANCHE , qui a cinq folioles rapprochées
et dentées à chaque feuille; les tiges filiformes et rampantes,
et le réceptacle hérissé. Elle se trouve dans les pays monta-
gneux, et produit un bel effet sur les pelouses qu'elle couvre
quelquefois, à raison de ses fleurs d'un blanc de lait , couleur
rare dans ce genre.
LaPoTENTiLLE RAMPANTE, qui a cinq folioles à chaque feuil-
le , la tige rampante et les pédoncules uniflores. Elle se trouve
dans toute l'Europe , dans les terrains argileux et humides.
C'est la quintefeuille des herboristes, qui a une saveur astrin-
gente , et qu'on emploie fréquemment comme vulnéraire et
fébrifuge. C'est la seconde écorce de la racine qui jouit prin-
cipalement de cette propriété. On l'emploie avec auccès dgins
POT 75
les cours cle venire et les dyssenteries. Elle est quelquefois
si abondante qu'elle fait le désespoir des cultivateurs. Il n'y
a pas d'autre moyen de s'en débarrasser, que de faire suivre
la charrue par des enfans , qui l'enlèvent à mesure que ses
jacines sont mises à découvert, et l'euiporlenl hors du champ,
pour la brûler ensuite. Elle est si vivace , que le plus petit
filament donne naissance à un nouveau pied, qui en a produit
quelquefois deux cents autres avant la fin de l'année.
Parmi les potentilles à feuilles ternées ^ les plus remarquables
sont:
La PoTENTiLLE DE MONTPELLIER , -qui a la tige rameuse ,
droite, et les pédoncules insérés au-dessous des articulations
de la tige. Elle est annuelle et se trouve dans les parties mé-
ridionales de l'Europe.
La PoTENTiLLE À GRANDES FLEURS, qui a les folioles den-
tées, velues , et la tige penchée, plus longue que les feuilles.
Elle est vivace , et se trouve dans les montagnes des Alpes et
des Pyrénées. C'est une très-belle espèce , à raison de la
grandeur de ses fleurs jaunes.
La PoTENTiLLE DE NoRWÉGE , quia les feuilles ternées ,
la tige dicholome , et les pédoncules axillaires. Elle est an-
nuelle , et se trouve dans le nord de l'Europe et de TAuiéri-
que. Gœrtner en a fait un genre particulier sous le nom de
Pentaphylle.
La POTENTILLE FAGARioïDE de Villars, qui est le Frai-
sier STERILE de Linuceus, a été établie en titre de genre ,
sous le nom de FragÙe, de Fragariastre , par quelques
botanistes.
Les genres Coriaret et Tormentillr sont réunis à ce-
lui-ci par quelques auteurs. V. la belle Monographie de
M. Néstler. (b.)
POTER et POTERA. Noms que les mages et les pro-
phètes donnoient au Câprier, (ln.)
POTERION ou PoTERiUM. Plante décrite par les an-
ciens.
Les habitans de llonie, au rapport de Dîoscoride, l'ap-
peloient aussi nei>ras. C étoit un grand arbuste; il poussoit
plusieurs branches et avoit une écorce fine. Il étoit pi-
quant et garni d'un coton épais. Il avoit les branches lon-
gues , molles, grêles et pliantes , et assez semblables à celles
du tragiu:aniha ; ses feuilles étoient petites et rondes, et ses
fleurs blanches et petites ; sa graine n'avoit aucun usage,
quoique odorante et très-piquante au goût. Le poleri uni crois-
sait sur les coteaux, dans les lieux aquatiques ; ses ra-
cines longues de deux oii trois coudées , dures et nerveuses,
étant coupées près de terre , laissoieul fiuer une liqueur sem-
76 POT
blable h la gomme. Pilées et appliquées sur les nerfs coupés,
elles opcroicnt leurs soudures, de miîme que celles des plaies.
Leur décoction éloit également bonne dans les arcidens
qui peuvent arriver aux nerfs. Matthiole, C. Dauhin, Clusius,
croient que le pofen'um est un astragale épineux, et probable-
ment celui que depuis eux Pallas a nommé asiragalus fwiennm.
Lobel , Césalpin et autres, donnent pour tel une pimpre-
nelle épineuse qui creît en Orient, et que les botanistes Lin-
néens appellent poierium spinosum. L'opinion première paroît
être la plus probable.
Faisons remarquer ici , que le nom de ncurns fut donné au
pnterium p.\r suite delà grande puissance qu'il exerçoit sur les
plaies nerveuses, tandis que celui de poierium est dérive de
poirix hci'ba ^ herbe biweiise, parce qu'il se plaisoit dans les
lieux marécageux et aquatiques , ce qui ne convient pas à
l'astragale cité ci-dessus. Son nom A'acido/on rappelle le
goût piquant de sa racine. Pline décrit à peu près dans les
mêmes termes que Dioscoride, le poterlum, qu'il nomme aussi
phrynion et neurarla , excepté que dans un passage il lui attri-
bue de longues fleurs couleur d'herbe , et dans un autre de
petites fleurs ; d'où il faut croire que le nom de poierium se
donnoit de son temps à plusieurs plantes.
Actuellement, les botanistes donnent le nom Ae poien'iim à
un genre de plantes où est rangée la pimprenelle épineuse
citée plus haut, et quelques plantes qui, avec le genre san-
guisorbci , formolent le groupe que Tournefort avoit nom-
mé PiMPiNELLA. F. à cet article et à ceux deNEUHAS et de
PiMPREMELLE. (LN.)
POTFISH , POTTFISH , POTFISK , POTFISKE, POTVISIT ,
PoT-wuLFiscu. Noms différens sous lesquels les voyageurs
hollandois et danois désignent le Physetère cylindrique
et le Cachalot macrocéphale. (desm.)
POTHOS, PoÛws. Genre de plantes, de la famille
des aroïdes , que quelques auteurs placent dans la tétran-
drie monogynie , et d'autres dans lagynandrie polyandrie,
et qui offre pour caractères : une spathe monophylle s'ou-
vrant par le côté ; un spadix simple , épais , couvert de fleurs
dans toute son étendue ; point de calice , à moins qu'on nap-
pelle ainsi la corolle ; une corolle de quatre pétales cunéi-
formes , oblongs, droits; quatre ctamines à filamens élargis
et à anthères géminées ; un ovaire supérieur, parallélipipède,
tronqué, à style nul et à stigmate simple ; une baie presque
ronde et biloculaire , chaque loge ne contenant qu'une seule
semence.
Ce genre renferme une vingtaine de plantes vivaces de
pariieslesplus chaudes de l'Inde el de l'Amérique , parmi les-
quelles il faut distinguer:
/
POT ^^
Le PoTHOS GRIMPANT , qui a les pétioles aussi longs que la
feuille , et la tige radicante. Il se trouve dans l'Inde. On
inange ses baies , qui sont également fort recherchées par les
éléphans.
Le PoTHOS A NERVURES ÉPAISSES , qui a les feuilles lan-
céolées , très-entières , veinées, et la nervure principale très-
grosse et carénée. On le cultive au jardin du Muséum.
Le PoTHOS EN CŒUR, qui a les feuilles en cœur. Il croît
aux Antilles ; sa racine est très-grosse et noueuse. Les habi-
tans l'appellent squine , et l'emploient comme sudorifique.
Le PoTBOs PiNNÉ , qui a les feuilles pinnées , et se trouve
dans rinde.
Le PoTHOS PALMÉ , qui a les feuilles palmées , et se trouve
en Amérique.
Le PoTHos FÉTIDE de Michaux, est IcDracuntion fétide
de Linnpeus. On en fait le genre Svmplocarpe.
Humboldt et Bonpiand ont augmenté ce genre de douze
espèces, dans leur superbe ouvrage sur les plantes de l'A-
mérique méridionale, (b.)
POTHOS et POTHON. Herbe dont il est parlé dans
Théophraste et dans Pline, qui se plaisoit dans les cimetières.
Pline en dislingue deux sortes, uneàfleurs bleues, l'autre àfleurs
plus blanches, et les range au nombre des plantes qui fleuris-
sent en été. D'après la couleur des fleurs, ces deux plantes ne
peuvent être \eslychnis dioïca et calcedonica, comme quelques
auteurs l'ont présumé, parce que les fleurs de ces piaules sont
rouges oublanches, et jamaisbleues. C'est avec plus de vérité
qu'on a donné \t dematis viiiceila pour le pathos ;ms\s ce rap-
prochement est encore inexact. Il en existe encorr un qui ra-
ïixènerohlcpoihos 3i\iconvalvuluspitrpureuset3.uroiW'H>u/u.idui\i/;
mais il est malheureux que les auteurs de ce rapprochement
n'aient pas réfléchiquecesdeuxplantes sont originairciid Amé-
rique , qu'elles nont pas été connues, par ccnséqnea! , de^
anciens, et de plus que le /jo/7/o5 éloit une planle îrés-vulgaire.
Dalechamp, qui est an de ces auteurs, dit que le polhus étoit
fort recherché par les anciens pour garnir les tombeaux , et
semble avoir Topinion que ce fût une piMile griinpanle l^iiue
ne rapporte rien de cet usage , ni qui puisse faire soijpçin^er
le port de ce végétal. Il n'est pas croy;ible non plus v,ne la
tubéreuse eût été , comme le dit Adanson, \? poihoi de l'héo-
phraste. Seroit-ce I'Ancîiolie (^aquîle^ia vul^arîs )?
Le genre pathos actuel des bolanisics , doit son nom ,
selon Adanson , à celui de pjiha , que les Ceyi;tnais don-
nent à une espèce grianpaile de ce genre {^pothos suandens ^
L. ) , qui est à la fois le plianies et le ictpanma d'Adanson.
Voyez Pothos , plus h,-2ut. (ln.)
POTIME , Poiima. Genre établi par Persoon^ pour placer
7» POT
les Cafeyers dont le fruit n'offre qu'une graine. Ce g(rnré
n'est pas dans le cas d'être adoplé , puisque toutes les es-
pères, même celle d'Arabie, sont dans le cas d'en faire
quelquefois partie par l'avorlemenl d un de leurs ovaires, (b )
POTIRON ou POTUKON. Espèce de Courge. On
donne aussi ce nom, au rapport de Réveillère - Lépaux ,
dans l'ouest de la France, à TAgaric élevé, qu'on y mange
habituellement. F. au mol Agaric, (b.)
POTIRON. Nom qu'on donne , dans quelques cantons,
au cepe^ c'est à-dire , à l'ACARic comestible , agaricus bovi-
nus , Linn. (b.)
POTIRON BLANC. Nom vulgaire d'un Bolet, Boletus
siihsqnamosus , Linn. , qui croît dans les bois des environs
de Paris , et que Paulet a figuré pi. 177 de son Traité des
champignons. 11 est blanc et haut de quatre pouces. Donné
à un chien , il ne l'a pas incommodé, (b.)
POTIRON GRIS et VINEUX. Autre espèce de Bo-
let, dont le chapeau est une demi-sphère régulière, d'un gris
sale, tachetée de brun en dessus, et rouge de vin en dessous;
dont le pédicule est plus gros à sa base , marbré de rouge ,
de jaune et de blanc. Sa chair change de couleur quand on
l'entame, et a une odeur d'hydrogène sulfuré. 11 est de nature
dangereuse. Paulet la figuré pi. 176 de son Traité des cham-
pignons, (b.)
POTIRON LIVIDE. Bolet de couleur olivâtre , à cha-
peau formant une calotte régulière , à pédicule ovale , à
chair spongieuse , exhalant une odeur d'hydrogène sulfuré, se
colorant lorsqu'on l'entame, qui croît dans les bois des en-
virons de Paris. Il est dangereux. Paulet l'a figuré pi. 176 de
son Traité des champignons. Cb.)
POTIRON ROUX. Autre espèce de Bolet, dont le
chapeau est régulièrement demi-sphérique , en dessus d'un
roux ardent ou couleur de marron clair, et en dessous d'un
gris verdâtre. Son pédicule est de trois ou quatre pouces de
hauteur. Sa chair est ferme , blanche, et ne change point de
couleur quand on l'entame.
Ce champignon n'est pas dangereux, mais 11 ressemble à
plusieurs autres qui le sont ; ainsi il faut l'examiner avec
soin avant de le manger. Il est figuré pi. 175 du Traité de Pau-
let , sur les plantes de cette famille, (b.)
POTIRONS. Famille de champignons établie par Pau-
let, dans le genre Bolet de Linnseus. Elle se caractérise
par un chapeau en calotte régulière , par une chair com-
pacte , et surtout par leur pédicule bulbeux. Quatre espèces
s'y rapportent , savoir : le Potiron orts , le Potiron roux,
le Potiron blanc et le Potiron livide, (b.)
POT „
POTO. Voyez POTOT. (desm.)
POTOROO, Potorous, Desm.; Hypsiprymmis , Illiger ;
Kanguroo-rati Vicq-d'Azyr , Cuv., Geoft". ; Macropus , Sliaw.
Genre des mammifères , placé dans l'ordre des carnassiers
et dans la famille des Marsupiaux , par M. Cuvier.
Le genre potoroo , que nous avons fondé dans les tables
méthodiques du 24.' volume de la i.*'* édition de cet ouvrage ,
ne renferme qu'une seule espèce propre à la Nouvelle-Hol-
lande , et dont la découverte est due au gouverneur Phiilip
et au docteur JohnWhite. La forme générale de cet animal
est celle des kanguroos ; c'est-à-dire , que son corps est al-
longé , plus épais postérieurement qu'en avant ; que les jam-
bes de derrière sont de beaucoup plus grandes que celles de
devant ; que la tête est longue et pointue ; que les oreilles
sont longues; que sa queue est couverte de poils, forte et utile
dans la marche , etc. Il a également les pattes de devant for-
mées de cinq doigts armés d'ongles crochus ; celles de der-
rière manquant de pouce et ayant les deux premiers doigts
internes plus petits que les autres , et soudés ensemble jus-
qu'à la racine des ongles. La femelle a aussi une poche spa-
cieuse , formée par un repli de la peau du ventre pour recevoir
les petits dans leur première jeunesse ; le poil est, comme
celui des kanguroos, doux et feutré , etc.
Mais si ces animaux ont tant de ressemblance dans l'en-
semble de leurs formes extérieures, ils présentent à l'intérieur
quelques différences organiques qui les séparent , et l'on en
observe particulièrement dans le nombre et la forme des
dents. Les poioroos font , sous un rapport , le passage "des
phalangers aux kanguroos. Ils ont six incisives supérieures ,
dont les deux mitoyennes sont plus longues .que les autres et
pointues, et deux canines également pointues ; à la mâchoire
inférieure on ne trouve que deux incisives couchées en avant ;
on voit, tant en haut qu'en bas, et de chaque côté , cinq
molaires dont les quatre postérieures sont à tubercules mous-
ses , tandis que Tantéricure est longue, tranchante et den-
telée. Les kanguroos manquent de canines supérieures qu'on
trouve dans les yyo/oroos , et d'ailleurs leurs molaires sont à
doubles collines transverses à leur couronne. Ces animaux ont
un estomac assez simple , tandis que le poloroo a le sien par-
tagé en deux poches , en forme de boyau , boursoufflces
comme les gros intestins de quelques herbivores, et réunies à
peu près à angle droit, dont les cavités communiquent entre
elles par une ouverture assez large. Les intestins sont plus
courts relativement que dans les kanguroos et sans boursouf-
lures ; le cœcum est gros, court et arrondi. Les femelles ont
8a POU
quatre mamelons situés dans l'intérieur de leur poche abdo-
minale.
Espèce unique. — PoTOROO RAT , Potorous murinus ^ Nob. ;
Kangurooratj Phillip's, Voyageio Botany-Bai, p. 24.7 , planche
4-7 ; — Potoroo , White , Voy. To New soulh TVaVes , page
286 , pi. 60 ; — Macropus miiior , Sliaw. , Gen. zool. , vol. i ,
part. 2 , pi. 116; — Potoroo^ Vicq-d'Azyr, Syst. anal, des
anim. , tom. 2 , pag. 54-5 , d'après JVf. Hunier.
Cet animal a été observé aux environs du Port-Jackson et
de Botany-Bay, sur la cote orientale de la Nouvelle-Hol-
lande, où les naturelslui donnent le nom de potoroo, que nous
lui avons conservé, comme désignation générique, quoi-
qu'IUiger ait proposé de le remplacer par celui àliypsîprymiius
qui paroît difficile à prononcer , et propre à augmenter la
confusion de synonymie qui existe dans la plupart des bran-
ches de Thistoire naturelle. Sa taille est celle d'un petit
lapin , et la couleur de son poil brunâtre en dessus et grise
en dessous ; sa lèvre supérieure , absolument semblable à
celle des kanguroos, est pourvue de moustaches qui man-
quent presque entièrement à ces animaux ; sa nourriture con-
siste également en substances végétales, (desm.)
POTOT, Le KiNKAJOU est connu sous ce nom à la
Jamaïque. V. ce mot, (s.)
POTRANCA. Nom espagnol d'un Poulain de trois ans.
Celui de quatre ans est appelé PoDRO. (desm.)
POÏTIE , Pottia. Genre de plantes , de la famille des
mousses , proposé par Ehrarhd , et composé des gymnostomvm
oi'aimn ., tiuncaium., el au weissia recurvirosiris. (P. B.)
FOTTO de Bosman. F. l'article Galago. (desm.)
POTUPvON. Voyez PoTiROX (b.)
POU , Pediculus. Genre d'insectes de l'ordre des parasites ^
famille des édentulés , ayant pour caractères : corps aptère ;
têle distincte; un corselet portant six pattes ; deux antennes ;
deux yeux sans facettes distinctes ; bouche consistant en un
museau renfermant un suçoir exserjile ; point de mandibules
ni de mâchoires proprement dites.
Le pou est assez connu pour qu'on pût se dispenser d'en-
trer dans de grands détails sur cet insecte , si ce genre n'en
contenoil plusieurs espèces , qui diffèrent par la forme ,
quoiqu'elles aient les mêmes caractères. Ces insectes ont la
tète assez petite , ovale ou triangulaire , munie , à sa partie
antérieure, d'un petit mamelon charnu , et renfermant un
suçoir qui paroît simple , ayant deux antennes filiformes
courtes, de cinq articles , et deux yeux petits et ronds; le
corselet presque carré , un peu plus étroit en devant , portant
six pattes courtes, mais grosses, composées d'une hanche de
POU 81
deux pièces ; d'une cuisse et d'une jambe , grosses , cylindri-
ques, de la même grandeur ; et d'un fort crochet écallleux,
conique , arqué , tenant lieu de tarse , se courbant et servant
avec une petite dent ou pointe qui termine la jambe , à se
cramponner sur les poils ou la chair des animaux; l'abdomen
rond , ou ovale , ou oblong , lobé ou incisé sur les côtés , de
huit anneaux , pourvu de seize stigmates sensibles , et d'une
pointe écailleuse au bout , dans l'un des sexes. Tous ont le
corps aplati , revêtu d'une peau coriace sur les bords, demi-
transparent et mou au milieu.
A l'exemple de Degéer et d'Olivier , nous ne donnons le
nom générique de pou qu'aux espèces de Linnœus qui n'ont
pas de mandibules ou de crochets accompagnant le suçoir ,
et qui vivent sur les quadrupèdes ; les espèces pourvues de
deux mandibules et qui se tiennent sur les oiseaux, sont pour
nous des ricins.
Tous les poux vivent de sang, les uns de celui des hommes,
les autres de celui des quadrupèdes ; ils le sucent avec leur
trompe , qu'on n'aperçoit presque jamais, à moins qu'elle ne
soit en action. Il n'est pas de quadrupède qui n'ait son pou par-
ticulier ; quelques-uns en nourrissent plusieurs. L'homme
est attaqué par trois espèces :la première est le pou commun,
celui des vêtemens ; la seconde est celui que nous appelle-
rons pou de latête\ et la troisième est celui que l'on nomme
morpion.
Svvammerdam,quiadonné l'anatomie du pou de l'homme,
n'a pu découvrir aucun mâle parmi ceux qu'il a exami-
nés; il leur a toujours trouvé un ovaire ; ce qui lui a donné
lieu de soupçonner qu'ils sont hermaphrodites. Mais les
observations de Lecuwcnhoek diffèrent beaucoup de cel-
ler. de cet auteur. Celui-ci a observé parmi ces insectes,
des individus pourvus de toutes les parties qui caractérisent
le sexe masculin , et il a donné les figures de ces parties. Le
même auteur a encore découvert dans ceux qu'il regarde
comme les mâles , un aiguillon recourbé , situé dans l'ab-
domen , et avec lequel, selon lui, ils peuvent piquer;
il croit que la plus grande démangeaison qu'ils causent ,
vient de la piqûre de cet aiguillon , ayant remarqué que l'in-
troduction de leur trompe dans les chairs ne produit presque
aucune sensation , à moins qu'elle ne louche à quelques
nerfs. Degéer dit avoir vu un aiguillon semblable , placé au
bout de l'abdomen de plusieurs poux de Ihonime , tant à
ceux du corps, qu'à ceux de la tête ; ceux-ci qui, d'après
Topinion de Leeuwenhoek , sont les mâles , ont , suivant
Degéer , le bout de l'abdomen arrondi , au lieu que les fe-
melles, ou ceux à qui l'aiguillon manque, l'ont échancré. J'ai
xxviii. 6
82 P O U
vu aussi très-dislinctement , dans un grand nombre d'indivi-
dus, l'aiguillon ou la pointe coniqMC et écailleuse , dont ces
auteurs font mention.
Ces insectes sont ovipares , et multiplient beaucoup ; ils
déposent leurs œufs, qu'on connoît sous le nom de lentes ,
sur les cheveux et sur les habits. Les petits ne tardent pas
long-temps à sortir de l'œuf ; ils changent plusieurs fois de
peau , et après les mues , ils sont en état de se reproduire.
Des expériences ont prouvé qu'en six jours un pou peut
pondre cinquante œufs, et il lui en reste encore dans le ven-
tre. Les petits sortent des œufs au bout de six jours , et envi-
ron dix-huit jours après , ils peuvent pondre à leur tour. D'a-
près ces observations, et les calculs auxquels elles ont donné
lieu, deux poux femelles peuvent avoir dix-huit mille petits
dans l'espace de deux mois.
Linnœus a regardé le pou qui se tient constamment sur la
têle , comme une variété du pou commun ; il en diffère en
ce qu'il a la peau plus dure et plus colorée , et le corselet et
l'abdomen bordés , de chaque côté , par une raie d'un brun
encore noirâtre. Nous pensons qu'on peut en faire une es-
pèce. Voyez plus bas les caractères qui distinguent ces
deux insectes. Ce même naturaliste dit qu'il n'a point trouvé
de plus gros poux que dans les cavernes chaudes de Fahlun
en Suède.
Les enfans, les personnes qui laissent trop long-temps sur
leur tête , surtout en été , la crasse formée par l'usage de la
poudre , celles qui emploient pour l'ornement de leurs che-
veux une poudre mal préparée , sont exposées à être atta-
quées par cette seconde sorte ou variété de pou. Celui des
vêtemens , ou celui qui se lient sur le corps , mais hors des
parties qui avoisinent les organes de la génération , fait par-
ticulièrement son séjour sur les personnes malpropres , et
qui ne changent pas assez souvent de linge. C'est de cette
même espèce que souffrent ceux qui sont affectés de la mala-
die joe^/icu/ajVt? ou yy/<//«V/a5e. J'ai eu occasion de m'en assurer,
d'après les moyens de recherches que m'a fournis à cet égard
le savant Alibert , médecin de l'hospice Saint- Louis. La
troisième espèce de pou humain se trouve sur les personnes
qui fréquentent les lieux de débauche, ou qui ont couché avec
des personnes infectées de ces insectes.
La malpropreté attire les poux , et leur prépare un local
favorable pour la reproduction de leur postérité ; c'est ce vice
qu'il faut d'abord attaquer , si l'on veut se garantir de ces in-
sectes , ou parvenir , si Ton en est atteint , à rendre plus
efficaces les moyens que l'on emploiera pour les détruire.
Ces moyens agissent en deux manières. Les uns, tels que
P O U 83
les substances huileuses , graisseuses , ou qui comlennent du
gaz azote , bouchent les stigmates de ces insectes ou les ou-
vertures destinées à l'entrée de l'air , et les étouffent. Les
autres, tels que les semences de staphis agri'a , an pied d'alouette,
les coques-du- Levant , le tabac, réduits en poudre , font l'effet
d'un poison violent, et exercent leur influence sur l'organi-
sation générale de ces insectes. Les préparations mercurielles
sont, de toutes, celles qui les font périr plus sûrement et
plus prompteraent. On les emploie aussi à l'égard des ani-
maux domestiques qui ont des poux.
On prétend que les poux , en perçant la peau , font sou-
vent naître des pustules qui peuvent se convertir en gale , et
quelquefois en teigne ; leur multiplication , dans certains
sujets , est poussée à un tel point , qu'elle finit par produire
une maladie mortelle , qu'on nomme , comme nous l'avons
dit plus hàal j phthinase. L'histoire nous en fournit plusieurs
exemples.
Ovicdo croit avoir observé , qu'à une certaine latitude ,
les poux quittent les naulonniers espagnols qui vont aux Indes,
et les reprennent à leur retour , dans le même degré de lati-
tude : c'est à la hauteur des tropiques. Dans les Indes , quel-
que sale que l'on soit , l'on n'en a , dit-on , qu'à la tête. Ces
observations ont besoin d'être appuyées de témoignages plus
certains; mais seroient-elles vraies, il n'y auroit rien de sur-
prenant. Un degré de chaleurconsidérable, une transpiration
plus abondante pouvant être contraires à la propagation du
pou des habits ; ayant la peau plus tendre, il peut craindre l'in-
(luence de l'air, dans des climats aussi brûlans.
Les Hotlentols et différens singes mangent avec plaisir les
poux , et sont nommés , pour cette raison , phthirophages. Les
nègres de la côte occidentale d'Afrique se font chercher
leurs poux par leurs femmes , qui les croquent.
Des auteurs ont indiqué le régime qu'il falloit observer
afin de se garantir des poux. Le meilleur de tous , dans les
cas ordinaires, est la propreté. Nous ne parlerons pas des
cures médicales qu'on leur a prêtées ; on n'y croit plus. In-
troduits dans l'urètre des enfans nouveau-nés , et qui ont
une suppression d'urine, les poux peuvent , par le chatouil-
lement qu'ils excitent sur ce canal , obliger le sphincter à se
relâcher et faire un passage à l'urine. Les maréchaux em-
ploient ce moyen dans les rétentions d'urine des chevaux.
Dans la méthode du docteur Léach , troisième volume d.;
ses Mélanges de zoologie, notre genre pediculus compose la
première famille, celle dus pédiculidês ( psdirM/idea ) , du sou
ordre des anoplures {anopîura ); il la partage en deux races,
La première a pour caracièrcs : corselet Irès-court , poini
84 POU
distinct ; les 6enx pattes antérieures monodactyles , les auj
très didactyles; abdomen brusquement plus large que la tête.
Cette division ne comprend qu'un seul genre , celui de phthire
( phthirus ) , et dont on ne connoît encore qu'une espèce ,
celle du pubis. Dans la seconde race de celte famille , le cor-
selet est distinct, et de grandeur moyenne ; tous les pieds sont
didactyles. Elle est formée de deux genres, ceux à'hœmatopine
(hœmatopinus), et de pou{pedîculus). Les espèces du premier ont
le corselet brusquement plus étroit que l'abdomen , et cette
dernière partie fort large. Le pou du cochon , de Linnœus , est
le type de ce genre. ( F. sa figure , pi. i46 de l'ouvrage pré-
cité. ) Celui auquel M. Léach conserve le nom de pedicu-
lus , et qui comprend l'espèce désignée sous le nom d'Auma-
nus , pou de l'homme , est ainsi caractérisé : corselet n'étant
pas plus étroit que l'abdomen ; cette partie du corps, linéaire.
Fabricius a placé le genre pediculus, sans y faire de chan-
gement , dans son ordre des antliates , ou celui des diptères.
Pou HUMAIN, Pediculus humanus , Linn. , Geoff. , Fab. ;
pi, M. 29 , 12 , de cet ouvrage. Il est d'un blanc sale , sans
taches, avec les yeux noirs. Les découpures ou lobes de son
abdomen sont plus allongées et moins marquées que dans le
pou de la tête. Il se tient sur les parties couvertes du corps.
Pou DE LA TÊTE , Pediculus cewicaUs. Son corselet , les
parties où sont les stigmates, sont colorés en brun ; les lobes
de l'abdomen sont arrondis. Il vit sur la tête de l'homme.
Pou DU PUBIS, Pediculus pubis , Linn., Fab,, Geoff. Il
est un peu plus petit que les précédens ; son corps est plus
arrondi, plus large; le corselet est très-court , et se confond
fresque avec l'abdomen, qui a postérieurement deux créne-
ures plus longues, en forme de cornes. Les quatre dernières
pattes sont très -fortes. Il s'attache aux poils des parties
sexuelles , et à ceux des sourcils des hommes malpropres,
auxquels il tient fortement ; sa piqûre , qui est très-forte, l'a
fait nommer par quelques naturalistes , pediculus ferox. Il est
connu en français sous le nom de morpion.
Pou DES Nègres , Pediculus Nigriiarum , Fet, Il est d'un
roir foncé , rugueux , avec la tête grande , plane et presque
triangulaire. Il se lient sur le corps des nègres.
Pou DU BUFFLE , Pediculus hufali. Il est plus petit que le
pou humain ; il a les antennes courtes; la tête petite ; le corps
d un jaune foncé, avec des lignes brunes, et cinq tubercules de
chaque côté de l'abdomen; les crochets des tarses très-longs.
On le trouve , au Cap de lionne- Espérance , sur le buffle.
Pou DU BŒUF, Pediculus tauri ^ buois. Il est très - petit ,
blanc , avec la tête , les pattes et huit lignes à l'abdomen ,
POU 85
Le singe ^ le lion , le tigre, le chameau, Vâne, le cochon , et
beaucoup d'autres animaux , ont des poujo particuliers. V.
Rédi et Albin, (l.)
POU D'AGOUTI. F. Brûlots, (desm.)
POU AILÉ. y. Pou VOLANT, (o.)
POU DE BALEINE. C'est le nom vulgaire d'une co-
quille du genre des Balanes , que l'on trouve fréquemment
fixée sur les baleines, mais qui ne vit pas de leur sang, comme
on le croit communément, (b.)
POU DE BALEINE. V. Balanus ou Gland de mep. ,
TUBICINELLE, CyAME , PyCNOGOiSON. (L.)
POU DE BOIS. F. PsoQUE. (l.)
POU DE BOIS ou FOURMI BLANCHE. F. Termes.
Valmont de Bomare cite à cette occasion un insecte de la
Louisiane, dont a parlé le docteur Mauduyl , et qu'il croit
être la fourmi rouge de l'Amérique méridionale. Cet insecte
est frohaYAemeui la miiti/Ie occidentale, (l.)
POU DE MER. F. Cymothoé. (l.)
POU DE MER. Coquille du genre des Porcelaines.
C'est aussi le nom des crustacés du genre Cymotee , qui
s'attachent aux poissons, et vivent de leur sang, (b.)
POU DE MER D'AMBOINE. Espèce de crustacé qui
nous est inconnue , et que l'on mange dans quelques parties
de ITnde , sous le nom de fotok. (l )
POU DE MER DU CAP DE BONNE-ESPERANCE,
dont il est fait mention dans Kolbe. C'est probablement une
sorte de cymoihoa. (l.)
POU DES OISEAUX ( Insecte-). F. Ricin, (l.)
POU DE PHARAON;(/«5ec/e). On croit que c'est une
espèce d'IxoDE ou de Chique, (l.)
POU DES POISSONS ou POU DE RIVIÈRE. Es-
pèce à'entomostracé qui s'attache aux ouïes de plusieurs pois-
sons. F. Calice et Argule. (l )
POU DES POLYPES. Animal parasite des polypes; une
hydracnelle ^ pent-êlre. (l.)
POU PULS/\TEUI\. F. P.ÎOQUE pulsateur. (l.)
POU DES QUADRUPÈDES. F. Pou. (l.)
POU DE RIVIÈRE. F. Pou de poij,soîjs. (l.)
POU DE SARDE de Nicholson. Insecte du genre cymo-
ihoa, peut-être celui que Fabricius nomme guadeloupensis. (L.)
POU SAUTEUR (/«serfe). C'est la /joJ«rej^ér/e de Lin-
n:eus. F. Smynthure. (l.)
POU DES TORTUES. Coquille du genre des Balanes.
On trouve sur les tortues de terre une espèce de chique,
qui appartient au genre Ixode de Latreille. (B.)
POU VOLANT ou POU AILÉ. Insectes qui habitent
86 P O U
les lieux marécageux , et se jeltent sur les cochons qui vont s'y
vautrer, pour leur sucer le sang. Ils sont, dit -on, de la
grosseur des poux qui se trouvent sur ces animaux, mais ils
sont noirs et ailés. Ce sont des diptères., et peut-être du genre
sinnilie ou de celui du cousin, (l.)
POUACRE , Ardea maculaia , Lath. Oiseau dont on a
fait une espèce particulière , mais qui n'est autre qu'un
BiHOREAU dans son jeune âge. V. ce mot à l'article HÉRON ,
page /i33.
Le PoUACRE DE Cayenne , Avdea gardeni ^ est un jeune
BllIOREAU DE CaYENNE. V. BlUOREAU À SIX BRINS , aU
même article, (v.)
POUC. Quadrupède de l'ordre des Rongeurs , et qui
semble appartenir au genre du Rat.
Cet animal , que l'on ne connoît, pour ainsi dire , que de
nom , a été regardé par Erxleben comme n'étant que le sur-
midoi. V. le mot Rat. (desm.)
POUCE-PIED , PoUicipcs. Genre établi par Lainarck ,
Histoire naturelle des animaux sans vertèbres , pour placer deux
espèces d'ANATiF, qui ont plus de cinq valves à leur coquille.
Les caractères de ce genre sont : corps recouvert d'une
coquille , et soutenu par un pédoncule tubuleux et tendi-
neux ; plusieurs bras tenlaculaires ; coquille comprimée sur
les côtés et multivalve ; les valves presque contiguës , iné-
gales , au nombre de treize ou davantage , les inférieures
des côtés étant les plus petites.
L'Anatif pou CE-PIED , figuré dans la Conchyliologie de
Dargenville , tab. 26 , D. , sert de type à ce genre , dont les
mœurs ne diffèrent pas de celles des autres, (b.)
POUCER. Synonyme de Squale porc, (b.)
POUCHARL Nom bourguignon de la Pie - grièche
GRISE. (V.)
POUCHET. Coquille du genre Hélice, (b.)
POUDDING etPOUDDINCUE. F. Poudingue. (ln.)
POUDINGUE. C'est le nom que l^'on donne à un assem-
blage de cailloux roulés, agglutinés par un ciment naturel.
Nous avons emprunté ce nom des Anglais , qui nomment
pudding - stone un agrégat semblable qui se trouve dans leur
pays, et qui, étant scié et poli, ressemble en quelque sorte à
une tranche de plum-pudding , un de leurs mets favoris , qui
est une espèce de farce parsemée de grains de raisins secs, et
d'autres petits fruits qui sont représentés par les graviers de
diverses couleurs au poudingue pierreux.
En adoptant cette dénomination , les anciens minéralo-
gistes français crurent qu'il convenoit de l'appliquer seule-
ment aux agrégats de nature silicée, et de réserver le nom de
M . 21 .
P O U 87
brèche ( breccia des Italiens) , à tout agrégat de nature calcaire.
Mais d'autres minéralogistes ayant observé qu'il y a des
agrégats formés de toutes sortes de pierres , ils établirent une
distinction qui est infiniment mieux fondée ; ils assignèrent le
nom de poudingue aux seuls agrégats de galets ou pierres
roulées par les eaux et rassemblées au hasard, quelle que fût
la nature de ces pierres et de leur gluten , et réservèrent le
Tiom de brèche pour tous les agrégats dont on reconnoît que
les fragmens , ainsi que la matière qui s'y trouve interposée,
proviennent des débris de la même roche , et non de l'as-
semblage fortuit d'un dépôt de galets. V. Brèche.
Les poudingues sont incomparablement plus répandus que
les brèches. On en trouve dans presque toutes les vallées où
coule quelque rivière ; ils ne sont autre chose que les gra-
viers qu'elles roulent, et que le temps et diverses circonstances
qui se rencontrent fréquemment, ont agglutinésen masses plus
ou moins solides. Le mortier qui les lie est tantôt une argile
consolidée par des oxydes de fer, tantôt un sable pénétré par
des infiltrations calcaires et qui forment une espèce de grès ;
tantôt ce ciment est un sable agglutiné par un fluide siliceux ;
mais ce cas est fort rare , et il offre une circonstance très-
remarquable , c'est qu'alors tous les galets , sans exception ,
qui composent ces poudingues , sont eux -mêmes de nature
silicée , quoique souvent ils présentent le tissa propre à des
pierres d'une autre nature ; de sorte qu'ils paroissent avoir
été pénétrés par le fluide quarzeux qui les a convertis en
agate , comme il a si souvent agaiisé des matières organiques
très-compactes, telles que les dents molaires d'éléphans, etc.
V. Pétrification.
Quelque abondans que soient les poudingues , il est infini-
ment rare d'en trouver qui puissent être de quelque usage
dans les arts: on ne connoît guère que le poudingue d' Angle-
terre qui présente cet avantage ; car le caillou de Rennes n'est
pas un poudingue , ainsi que je l'expose au mot Brèche.
Le poudingue anglais {V. pi. M 21.) se trouve dans quelques
rivières d'Ecosse. Les cailloux dont il est composé n'ont en
général que le volume d'une amande , ou tout au plus d'une
noix : leurs couleurs sont très-variées , quelquefois assez vives
et tranchant bien sur le fond. J'en ai des échantillons où l'on
voit éclater le rouge de la cornaline et de belles teintes de
différens jaunes; d'autres sont verts ou tirant sur le noir, etc.
Ces cailloux sont encastrés dans un ciment sablonneux, gris
ou rougeâtre , de nature silicée comme les graviers eux-
mêmes; et le tout est susceptible d'un beau poli. Il est fâcheux
que ce superbe poudingue ne se trouve qu'en fragmens dé-
tachés , de quelques pouces de diamètre , dont on ne peut
88 POU
faire que des plaques , des boîtes et de petits vases pour l'or-
nement des cabinets.
Assez souvent ces petits cailloux présentent des couches
concentriques qui sont toujours parallèles à leur surface ,
quelle que soit leur forme ; et celle circonstance fait présumer
que ce n'est point au frottement qu'ils doivent leur figure
arrondie, mais qu'ils ont été formés ainsi à la manière des
agates ; et ce qui le démontre à mes yeux, c'est que je vois
dans un de mes échanlillons une petite géode coupée par la
moitié , et remplie d'un quarz transparent qui permet de voir
les cristaux qui tapissent rintérieur de celte petite géode ; et il
est bien certain que sa forme arrondie n'est pas l'effet du
frottement.
Il seroit possible , néanmoins , que quelques-uns de ces cail-
loux fussent des galets d'une nature différente du silex, et que
ce fût le fluide quarzeux qui , en pénétrant leur masse , eût
permis aux différentes substances dont ils sont composés , de
s'arranger suivant leurs affinités. Divers faits paroissent auto-
riser celte conjecture , notamment les formes circulaires que
présentent dans leur intérieur les jaspes primitifs que j'ai
rapportés de Sibérie , et que j'ai fait figurer dans mon Hist.
nai. des Minéraux , tom. 1 1 , pag. 205.
ConsidéiaUons géologiques relalioes aux Poudingues.
Comme le pouâîiigue d' fis;leterre ne se trouve qu'en petites
masses sur le bord des rivières, il seroit très-possible que de
semblables morceaux fussent , dans la suite , agglutinés
avec les galets de ces mêmes rivières , et présentassent aux
races futures un poudingue contenu dans un autre. J'ai moi-
même observé un fait semblable dans les poudingues qui bor-
dent la rive occidentale du Baïkal. J'en ai fait la remarque
dans un de mes Mémoires sur la Sibérie ( Joum. de phys. ,
mars 1791 , p. 227 ); et comme il me sembla qu'un pareil
fait supjjosoit une longue série de siècles pour répondre à
toutes les vicissitudes qu'avoient dû éprouver les pierres qui
composoient ces deux poudingues , depuis la formation des
roches d'où le premier tiroil son origine , jusqu'à nos jours ,
je hasardai d'en conclure que le monde est plus ancien qu'on
ne le dit ; mais je fus , comme de raison , rappelé à l'ordre
par M. Deluc.
Ces poudingues du Baïkal présentent un grand fail géolo-
gique fort important , et qu'on trouve répélé dans mille
endroits. On voit qu'ils sont composés de couches parallèles
entre elles, et qui ont dû être formées dans une situation hori-
zontale; mais aujourd'hui elles sont relevées de l^o à 5o degrés,
^n plongeant du côté du lac ; il n'e>t même pas rare de voir ,
POU 89
au dégel , de grands bancs de ce poudingue qui se précipitent
dans ses eaux.
Faujas de Saint -Fond a vu sur les côtes occidentales
d'Ecosse, près du port d'Oban ( lat. cinquante - sept degrés
quinze minutes), un mur de poudingue de 200 pieds d'élévarion
sur 60 pieds d'épaisseur , qui occupe le long de la côte un
espace d'environ trois milles. Ce mur est adossé à des monta-
gnes tjiillëes à pic ; il est composé de pierres roulées de toute
espèce , parmi lesquelles on trouve beaucoup de fragmens de
laves.
Saussure a vu de même , près de la vallée où coule le
Chéran , à deux lieues au S. O. d'Annecy, des murs de pou-
dingue presque verticaux , d'environ 170 pieds d'élévaiion, et
qui conservent cette situation dans un espace d'environ 100
toises, mais qui se rapprochent ensuite de la situation hori-
zontale. Dans l'endroit où ils sont debout , on voit que leur
crête, qui est adossée à une colline, est couverte par une cou-
che horizontale d'un poudingue de la même espèce.
Ces faits et une infinité d autres semblables que j'ai moi-
même observés , surtout aux bords des lacs , m'ont démontré
que cette situation des poudingues si extraordinaire en appa-
rence , est due à de simples al'faissemens qui ont donné nais-
sance aux lacs eux-mêmes , et qui ont été occasionés par les
érosions souterraines des eaux qui viennent des montagnes ,
et qui , en s'infillrant dans les interstices de leurs couches ,
forment peu à peu des excavations qui se prolongent sous le
sol des vallées , où ces mêmes courans avoient précédemment
déposé des galets qui s'étoient agglutinés en poudingue.
Quand les excavations sont devenues trop considérables,
les bancs de poudingue qui les couvroient s'y sont affaisés en
se fendant par le milieu et sur les deux bords de l'excavation ;
et ils ont pris une situation d'autant plus inclinée , que l'ex-
cavation étoil plus profonde.
Le banc horizontal dont parle Saussure , qui sert de cha-
peau à la crête du mur presque vertical, n est autre chose
que la suite même de ce mur, qui en a été séparé par une
fracture qui s'est faite comme un mouvement de charnière.
Quant aux poudingues de la côte d'Ecosse , ils avoient été
jadis formés, comme les autres, hori:iontaicment; mais comme
dans ces parages la mer gagne continuellement sur 'es côtes
qu'elle ne cesse de ronger , elle a sapé le sol qui servoit de
lit à ces poudingues , et lorsque leurs bancs se sont trouvés »
parce déchaussement, former une saillie d'environ 200 pieds,
leur pesanteur l'a emporté sur leur force de cohésion ; et
quoiqu'ils eussent 60 pieds d'épaisseur , ils ont fait , comme
ceux de Saussure , le ftiouvement de charnière , el se ^oïxk
90 P 0 U
fracturés à fleur de rescarpemenl de la montagne , contre
laquelle ils sont encore en appui , et qui doit probablement
coRlcnir la suite horizontale de ces mêmes bancs.
Si la situation inclinée des couches de poudingue nous
apprend que presque tous les lacs sont dus à des affaissemens,
l'immensité de leius accumulations dans toutes les contrées
de la terre nous donne d'autres renseignemens encore plus
importans pour l'histoire du globe. *,
Elle prouve que les montagnes furent , dans les pi^iiers
âges du monde , d'une hauteur immense , et que les fleuves
furent d'mic grandeur proportionnée à celte élévation ; et de
la connoissancc de ces faits, découle naturellement l'expli-
cation de plusieurs autres qu'on avoit regardés jusqu'ici
comme inexplicables , tels que le transport des débris d'ani-
maux des pays chauds, dans les contrées boréales ; la pré-
sence des grands blocs de roches primitives sur des terrains
plus récens qui forment aujourd'hui des sommets de monta-
gnes , etc., etc. V. Fossiles et QuÉBRADA. (pat.)
M. Brongniart divise les poudingues en plusieurs espèces,
caractérisées par leur nature et leur composition , abstraction
faite du gisement.
1. Poudingue anagènique. Pxoches primitives , réunies par
un ciment soit schisteux , soit de calcaire saccharoïde. Le
poudingue de Trient , en Valais , et celui du col de Cormet ,
département du Mont-Blanc , se rapportent à cette espèce.
2. Poudingue pétrosiliceux. Boches de toutes sortes , réu-
nies par un ciment pétrosiliceux.
3. Poudingue argitdide. Noyaux de quarz , réunis par un
ciment argiloïde ; exemple : poudingue de Lautenthal , au
Hartz.
4. Poudingue polygénique. Roches de toutes sortes , réunies
par un ciment calcaire. Le fameux poudingue de Rigi en
Suisse , qui, il y a quelques années , a englouti un village tout
entier , est donné comme un exemple de cette espèce. Il est
nommé nagelfliihe et nagelfels par les Allemands. Il forme,
dans le voisinage des formations anciennes, des bancs puis-
sans et des montagnes.
5. Poudingue calcaire. Noyaux et ciment calcaires. Le na-
geljluhe de Salzbourg est dans ce cas.
6. Poudingue siliceux. Noyaux de silex, dans du grès. II se
trouve à Nemours , près de Fontainebleau , aux environs de
Paris , et en Angleterre.
7. Poudingue jaspique. Noyaux d'agate , dans une pâte d'a-
gate et de jaspe. Les beaux poudingues siliceux qu'on tire
de l'Angleterre, et dont un est figuré ici , pl.M 21 , rentrent
dans celte cspèce,oùM.Brongniartp|acele caillou deRennes.
P O U 91
8. Poudingue psammiiique. Noyaux de silex et d'autre na-
ture, dans une pâte de grès mélangé , micacé. Les grès d'E-
cosse, employés dans la coiistruclion des bassins, à Londres,
sont donnés comme exemple de celte espèce.
Cette division , puremenl artificielle, comprend une grande
partie des roches que les Allemands appellent nagelJlUhe ,
quelques grauamckes , et sans doute , tous les conglomérats
solides de cailloux, qui se trouvent dans les terrains d'alluvion.
Cet article poudingue trouvera ses développcmens aux arti-
cles Roches et Terrains, (lis.)
POUDINGUE. C'est le nom donné à une coquille du
genre CôlSE , Comis ruhiginosus. (deSM.)
POUDINGUE. Nom du Spare rayonné, (b.)
POUDRE A MOUCHES. Arsenic natif ou teslacé ;
qu'on nomme aussi cobalt arsenical^ qui, étant réduit en
poudre et délayé avec de l'eau, est employé pour tuer les
mouches. Tous les minéraux arsenicaux produisent le même
eflet. (pat.)
POUDRE D'OR. On donne ce nom à l'or qu'on retire
par le lavage des sables aurifères , et qui est en effet sous la
forme d'une poudre. V. Or.
On appelle aussi Poudre d'or , la poussière jaune et bril-
lante qu'on met sur l'écriture. V. Mica, (pat.)
POUDRE AUX VERS. C'est la poudre de 1' Absinthe
PONTIQUE et d'autres espèces voisines, (b.)
POUDRÉ. Vicq-d'Azyr, Syst. anat. des y^wm., donne ce
nom à la Guenon blanc-nez , Ccrcopithecus niciilans. (desm.)
POUFIGNON. Nom générique des Pouillots, en Pi-
cardie, (v.)
POUFRE. V. POTO. (DESM.)
POUILLOT. Nom imposé à nos plus petits bec-fins,
V. l'article Fauvette , tom. 11 , pag. 235 etsuiv. L'individu
dont il va être question , ne m'étoit pas connu lors de l'im-
pression de cet article.
Le PouiLLOT BoNELLi, Syhla Bonelli, Vieill. Cet oiseau
qui a été tué dans le Piémont , au mois de décembre de
l'an i8i5, et dont on doit la connoissance au savant natu-
raliste auquel je l'ai consacré , en lui imposant son nom ,
peut - il constituer une espèce particulière et distincte ,
comme on pourroit le soupçonner d'après son plumage d'un
blanc pur, sur toutes les parties inférieures , depuis le bec
jusqu'aux pennes de la queue, tandis que chez les espèces
d'Europe, décrites à l'article des fauvettes, cette couleur est
plus ou moins mélangée de jaune.'' Comme je n'ai vu que la
dépouille d'un seul individu , je me bornerai à compléter sa
description , en ajoutant à ce que je viens de dire , que les
n^ POU
sourcils sonl d'un blanc un peu lavé de jaune vers le bec ; que
le dessus de la têle , du cou et du dos , est d'un gris verdâtre ;
le croupion et les couvertures supérieures de la queue , d'un
vert-olive; que cette teinte est plus vive sur le bord extérieur
des plumes qui recouvrent l'aile, de ses pennes et de celles de
laqueue;quc tontes celles-ci sont d'un gris rembruni en dessus,
et d'un gris-clair en dessous. Le pli de l'aile est jaune, de
même que ses premières couvertures inférieures; les autres
sont blanches ; les tarses et le bec , d'un gris-brun. Longueur
totale , trois pouces.
Cet oiseau a , comme le pouillot cuUyhi'e. la première ré-
mige plus courte que la cinquième; mais son plumage est
différent. Je trouve dans ses couleurs , plus de rapports avec
celles èiW pouillot Jilis ; ceppndrint on ne peut les confondre,
puisque celui-ci a la première rémige plus longue que la cin-
quième , caractères qui existent chez tous les individus de son
espèce. De la Collection de M. Bâillon, (v.)
POUKIOBOU. Dénominaiionque leshabitans d'Otahiti
ontimposée à une espèce dePiGEON qui se trouve dans leur île.
V. l'article Pigeon, (v.)
POUL. V. Roitelet a huppe jauise. (s.)
POUL DE PENSYLVANIE. Dénomination donnée,
par M. Brisson , au Roitelet rubis. V. ce mot. (s.)
POULA-CIAPINA. Nom piémontais de la Foulque,
et PouLA. d'Eva , de la Poule d'eau, (v.)
POULAILLE. Vieux mot que nos aïeux employoient
pour désigner la Volaille, (s.)
POULAIN. Jeune Cheval. V. ce dernier mot. (s.)
POULAIN , Equula. Sous-genre , établi par Cuvier ,
pour placer le ZiîE de ce nom , qui s'écarte des autres. Ses
caractères sont : corps comprimé, couvert d'écaillés, excepté
vers le bout de la ligne latérale, une seule nageoire dorsale,
dont la partie épineuse est la plus saillante ; une rangée
d'épines accompagnant, de chaque côté, l'anale et la caudale ;
ic museau Ircsproiractile ; les mâchoires garnies de pe-
tites dents très-serrées ; deux épines au-dessus de chaque œil;
le préopercule denté vers le bas ; une sorte de bouclier ar-
rondi , en avant des ventrales, (b.)
POULARDE. Poule à laquelle on a retranché les ovai-
res, pour donner à sa chair plus de délicatesse, (s.)
POULCRÉ. Liqueur enivrante qu'on fabrique au Mexi-
que, avec la sève de 1 Agave d'Amékique, appelé Margai
dans le paj^s. Cette liqueur , dont on fait une prodigieuse
consommation , donne de reau-de-vie , par sa distillation ,
POU gî
et du vinaigre , par son exposition dans un lieu chaud : c'est
donc un véritable vin. (B.)
POULE. V. l'art. Coq. (v.)
POULE. Les anciens oryclngraphes donnoient ce nom
et celui de Poulettes, aux Anomies et aux Terebratules.
(desm.)
POULE AFRICAINE. V. Pei^tade. (v.)
POULE D AFRIQUE. V. Peintade. (s )
POULE DE BARBARIE. Voyez Peintade. (s.)
POULE BLEUE. V. Porphyrion. (v.)
POULE DE BOIS. Gesner parle, sous ce nom, du
petit télras à queue pleine. On le donne aussi An colin colenicui ^
et au coiinga cordon bleu. F. Tétras, Perdrix et Cotlnga. (v.)
POULE (peliie) DU BON DIEU. C'est le Troglo-
dyte , dans le pays de Caux. (v.)
POULE DE BRUYÈRE. V. Tétras, (s )
POULE et COQ DE BOIS. Le grand Coq de
BRUYÈRE se nomme ainsi dans plusieurs cantons de la
France. V. Tétras, (s.)
POULE ET COQ DE BOULEAU. C'est le Petit
Tétras. Voyez le mot Tétras, (s.)
POULE et COQ DE LIMOGES. Dénomioation
sous laquelle on connoîl le fiRA^'D Coo DE bruyère en
quelques lieux de la France, (s.)
POULE DE CORÉE, à laquelle des anciens voyageurs
attribuent une queue de trois pieds de longueur , me paroît
Cire le paon, (s.)
POULE DES COUDRIERS, GalUna corylomm. Voyez
Gelinotte à l'article Tétras, (s.)
POULE DE DAMIETTE. V. Porphyrîon. (s.)
POULE DE/VU. V. Galunule. (v.)
POULE D'EAU DE BARB VRIE. V. Râle, (v )
POULE D.EAU ÉPERONNEE. V. Jacana. (v.)
POULE D EAU NOIRE. T. Foulque, (v.)
POULE D'EAU PERLÉE. V. Râle marquette, (v.)
POULE D'EGYPTE. V. Peintade (s.)
POULE DU DELTA. V. Porphyrion. (v.)
POULE ETRANGERE. L'on a donné ce nom à la
peintade. (s.)
POULE FAISANDE. V. Faisan, (s.)
POULE A FRAISE. V. Grosse Gelinotte du Ca-
nada , au mot Tétras, (s.)
POULE GLOUS.SANTE de Dampler ( Voyages au-
tour du Monde). Elle a élé rapporlée , par Buifon , au:?;
Crabiers. V. ce mot , à l'article Hero?;. (v,)
94 l' O Li
«( îjes poules gloussantes , dit Dampler, ressemblent beau-
coup aux chasseurs , ou mangeurs (ïécre^'isses ( les crabriers ) ,
mais elles n'ont pas les jambes tout-à-fait si longues; elles
se tiennent toujours dans des lieux humides et marécageux ,
quoiqu'elles aient le pied de la même figure que les oiseaux
de terre ; elles gloussent d'ordinaire , comme nos poules
qui ont des petits , et c'est pour cela que nos Anglais les
appellent poules gloussantes. Il y en a quantité dans la baie de
Campêche , et ailleurs , dans les Indes occidentales.... Les
chasseurs décrépisses , les poules gloussantes et les goldens , pour
la figure et la couleur, ressemblent âuxhérons d'Angleterre ;
mais ils sont plus petits, (s.)
POULE GHASSE. Nom vulgaire de la Lampsane , de
I'Anserine verte et de la MÀctiE. (b.)
POULE GPiASSE. On donne aussi ce nom au Ghéno-
PODE COMMUN ( Chenopodiuni album , L. ). (LN.)
POULE GKISE. Dénomination de la femelle du petit
tétras à queue pleine , en Ecosse , suivant Gesner. Le mâle y
porte celle de coq noir. Voyez Tétras, (s.)
POULE (grosse) HUPPÉE DE LA NOUVELLE-
GUINEE. Celte dénomination a été appliquée, par quelques
voyageurs , au pigeon couronné de Banda, (s.)
POULE DE GUINÉE. F. Peintade. (s.)
POULE DE JERUSALEM. F. Peintade. (s.)
POULE DE LIBYE. F. Peintade. (s.)
POULE DE MARAIS , Galius pulustris. Foyez Lago-
pède d'Ecosse, (s.)
POULE DES MARAIS. On donne encore ce nom à
la Foulque ou Mokelle. (desm.)
POULE DE MAURITANIE. F. Peintade. (s.)
POULE DE LA MECQUE. F. Peintade. (s.)
POULE DE MER. C'est , dans Albin, le Guillemot.
(V.)
POULE DE MER. Nom de différcns poissons , tels que
le ZÉE FORGERON , le Gade tacaud et le Labre tanche.
(B.)
POULE DE MER. F. Okeitsok. (v.)
POULE MORESQUE. Turner, dans Gesner, appli-
que cette dénomination au petit tétras à queue pleine. Voyez
le mot TÉTRAS, (s.)
POULE DE NEIGE. On a quelquefois désigné ainsi
le Lagopède, (desm.)
POULE NOIRE DE MOSCOVIE. Albin adonné ce
nom au Tétras. F. ce mot. (s.)
POULE DE NUMIDIE ou NUMIDIQUE. F. Pein-
tade. (s.)
P G U ^5
POULE PALOURDE ou PATOUUDE. Des naviga-
teurs ont improprement donné ce nom à des oiseaux pêcheurs
qu'ils ont rencontrés sur Je grand banc , et qui sont très-
friands du foie de morue, (s.)
POULE PEINTADE. V. Peintade. (s )
POULE PETEUSE. V. Agami, (s.)
POULE DE PHARAON. Thévenot indique', sous ce
nom , la peintade. (.s.)
POULE DU PORT EGMONT. Dans les relations
des grandes navigations des Anglais , le goéland hrun est ap-
pelé poule du port Egmont , du nom d'un port des îles Fal-
kland , ou Malouines. V. l'article des Goélaisds , au mot
Mouette, (s.)
POULE QUI POND. On a donné ce nom à la
MORELLE MÉLONGÈNE. (b.)
POULE ROUGE DU PÉROU. C'est, dans Albin , le
hoccodu Pérou, (s.)
POULE RUSTIQUE. F. Poule sauvage, (v.)
POULE SAUVAGE DU RRÉSIL. G est le magoua ,
dans l'Ornithologie de Salerne. F. Magoua. (s.)
POULE SAUVAGE ou RUSTIQUE. Chez les Ro-
mains , c'étoit la gelinotte , oiseau tfès-eslimé, mais d'une
très-grande rareté à Rome. V. l'arlicle Tétras, (s.)
POULE SULTANE de la baie d'Hudson. F. Râle
Widgeon. (v.)
POULE SULTANE RRUNE, de Brisson. F. Gal-
LINULE GLOUT, (V.)
POULE SULTANE BRUNE, de Buffon. F. Por
PHYRION DE LA ChIISE. (V.)
POULE SULTANE ( petite ), d'Albin, F. Gallinule
grinette. (v.)
POULE SULTANE. F. Porphyrion proprement dit.
(V.)
POULE SULTANE. Coquille terrestre des Grandes -
Indes, qui fait partie du genre Bu lime de Bruguières. (u.)
POULE SULTANE ROUSSE. Foyez Gallinule
Smirrjng. (v.)
POULE SULTANE ROUSSETTE. Foy. Râle de
Genêt, (v.)
POULE SULTANE TACHETÉE. F. Gallinule
grinette. (v.)*
POULE DE TUNIS. F. Peintade. (s.)
POULET. C'est le jeune coy. F. l'article du Coq. (s.)
POULET DE BOIS, Dénomination vulgaire de la
Huppe , en divers lieux, (s )
96 POU
POULET DE LA MÈRE CAREY. Des navigateurs
anglais onl donné celle dépomination bizarre à une es-
pèce àe pétrel ^ cl vraisemblablement au très-grand pétrel ,
oaguel.arifa hucssos , qui porte le nom de mère carey dans les
Voyages du capitaine Cook. Au reste, les Anglais virent
plusieurs de ces étranges poulets se promener sur Teau , le
long de la côte du Chili , après le débouquement du détroit
de Magellan. ( Voyage du capitaine Carleret. ) V. Pétrel.
(S.)
POULETTE. Jeune Poule. V. ce mot. (s.)
POULETTE. Les oryctographes donnolent ce nom aux
AîSOMIES rO.SSILES. (b.)
POULETTE D'EAU. Dans Belon , c'est le nom de
la Poule d'eau. V. Gallinule. (v.)
POULL Un Anon et un Poulain en languedocien.
(desm.)
POULIDO. V. Moustelo et Luzeto. (desm.)
POULINE ou POULICHE. Jeune Jument. L'animal
porte ce nom jusqu'à trois ans. (s.)
POULINIÈRE. Jument que Ton destine à la propaga-
tion de l espèce. V. au mot Cheval, (s.)
POULIOT. Plante du genre des Menthes, (b.)
POULÎOT-THYM. Nom vulgaire donné à la menthe
des champs. Voyez l'article Menthe, (b.)
POUILLEUX. Le Thym commun se nomme ainsi aux
environs <!e Boulogne, (e )
POULLAZES. C'est ainsi que le jésuite Acosta désigne
lUKUiiU. V. l'article (^allinaze. (s.)
POULNÉE. V. Colombine. (desm.)
POULO D'AIGUO. ISom provençal de la Poule
d'eau, (v.)
POULPE. Nom spécifique d'un mollusque du genre des
sèches , que Lamarck a donné pour type à un genre nou-
veau , dont les caractères sont : un corps charnu , obtus
iiifcrieurement , et contenu dans un sac dépourvu d'ailes;
un osselet dorsal nul ou très-petit; une bouche terminale,
entourée de huit bras ég.-jux , niunis de ventouses scssiles et
.«^ans griffes. V- au mot Sèche.
L'espèce la plus connue de ce genre est le polype d'A-
rislole (^Sepia octopcdlu). Cuvier propose d'en faire le type
d'un sous-genre, sous la considéralion que les ventouses de
leurs bras allernenl sur deux rangées. Il propose également
do faire servir les J'J.ODONS , du même auteur , qui n'ont
. qu'une rangée de ventouses sur chaque bras, à l'élablisse-
laent d'un autre sous-genre.
POU „
Le genre Ocythoé , de Rafflnesque, n'en diffère pas suf-
fisamment , à mon avis , pour en être distingué.
Une anatomie complète des anim.^ux de ce genre , qui est
un modèle d'exactitude , a été lue à Tlnslilut par le mâme
naturaliste, (b.)
POUMA ou. PUMA. C'est le nom que les habitans de
Quito, au Pérou, donnent axx couguar ^ grande espèce de
Chat. V. ce mot. (desm.)
POUMELLE. Nom vulgaire de TAgaric élevé , qui se
mange dans beaucoup de lieux, (b.)
POUMERENGUE ou POUMERINGUE. On donne,
ce nom aux jeunes Spares dorades, (b.)
POUMON MARIN. Pline a décrit, sous ce nom, un
mollusque de la Méditerranée , qui ressembloit en petit à
l'organe de ce nom. Rondelet a cherché à quel objet de sa
connoissance on pouvoit rapporter ce que dit Pline , et a
trouvé deux animaux qui pouvoient convenir à la description
de ce dernier. Un d'eux a été figuré dans son ourvage sur les
poissons , mais on n'en est pas plus avancé. On ignore en-
core à quel genre appartient le poumon marin. Tb.^
POUxMONS {Pulniones, ou Pu!mo)ei dt- la RESPIRA-
TION. La nécessité de rintrodnclion de l air dans les hu-
meurs des corps organisés, est prouvée par l'universalité de
la respira/ion dans tous ; car les animaux ne sont pas les seuls
êtres qui en aîent besoin ; les plantes respirent aussi, elles
ont des pores , des petits orifices dans lesquels l'air pénè-
tre au milieu de leur propre substance. Les feuilles sont des
espèces de poumons pour les végétaux; elles absorbent de
l'air et elles en exhalent. Les animaux aquatiques et ceux qui
habitent sous la terre, ont aussi leur respiration. Les poissons
séparent de l'eau l'air qu'elle a dissous; les surfaces de leurs
branchies ( ouïes ) l'absorbent et le font passer dans le sang.
L'air qui se trouve dans les interstices de la terre , suffit aux
animaux qui s'y enfoncent. Sans doute, les truffes et les au-
tres plantes souterraines respirent aussi la petite quantité
d'air qu'elles trouvent à leur portée. Tout 'ce qui est vivant
me paroît donc respirer plus ou moins, et l'on pourroit re-
garder cette fonction comme essentielle à l'organisation de
tous les corps animaux et végétaux.
§ L De la structure des organes respiratoires chez les animaux.
I." Des poumons. L'on ne trouve de véritables poumons que
chez les mammifères (homme, quadrupèdes et cétacés), les
oiseaux et les reptiles. Les quadrupèdes , les cétacés et les
oiseaux ont des poumons spongieux dont les vésicules sont
exlrêmeraent petites çt peu visibles à la simple vue; mais chez
XXYIU. 7
9B POU
les reptiles, c'est-à?dîre chez les quadrupèdes ovipares elle«
serpens , les poumons sont vésiculeux et pourvus de quel-
ques muscles qui peuvent les comprimer pour en faire sortir
l'air. Ces derniers animaux ont une respiration fort lente et
presque insensible ; aussi la plupart d'entre eux peuvent se
passer d'air pendant un temps assez considéralile. J'ai tenu
des grenouilles enfoncées consiammenl dans l'eau pendant
plus de dix jours, de manière qu'elles ne pouvoient pas re-
prendre leur respiration; cependant elles n'ont pas péri.
Pendant ce temps , la circulation du sang n'est point arrêtée ,
parce qu'il n'y a qu'une partie de cette liqueur qui passe
dans l'organe respiratoire.
Les oiseaux ont de vastes poumons qui remplissent non-
seulement toute la cavité de la poitrine , et sont même adhé-
rens aux côtes , mais qui sont pourvus, de plus, d'appen-
dices ou sacs membraneux remplis d'air. Ces appendices
s'étendent dans le bas-ventre , et communiquent l'air à pres-
que toutes les parties de l'oiseau ; car l'air entre jusque dans
les os , le tissu cellulaire , et la peau des oiseaux : c'est pour
cela qu'ils ont tant de légèreté, eu égard à leur volume ;
car le squelette d'un oiseau ne pèse pas le liefs de celui d'un
quadrupède de même grosseur.
Chez l'homme et les autres mammifères , les poumons
sont deux viscères spongieux, mous, bien plus légers que
l'eau, renfermés dans une vasle membrane séreuse, nom-
mée plèvre, et garantis ou entourés par l'appareil osseux du
thorax , savoir : en arrière , par la colonne épinière ; sur les
côtés, par les arceaux des cotes, et en devant, par le sternum.
Ces deux viscères, dont le droit, un peu plus volumineux,
se partage en trois principaux lobes, et le gaucho en deux,
se réunissent , à leur partie supérieure , aux deux bronches
dans lesquelles se sépare la trachée artère, ouïe conduit
cartilagineux qui conduit l'air, de l'extérieur, dans la cavité
des poumons. Ceux-ci contiennent donc une multitude in-
nombrable de ramifications bronchiques; ces canaux divisés
pénètrent à l'inftni dans un tissu composé de milliards de
petits lobes, sortes d'épongés formées de cellules extrême-
ment petites, qui s'entre-communiquent. Ces lobules s'ag-
glomèrent aux lobes plus considérables, pour composer tout
le tissu pulmonaire.
Chtz les reptiles , néanmoins, ces lobules sont plus gros,
ou plutôt ils composent des cellules plus apparentes; aussi,
leurs poumons sont un amas de vésicules; mais chez les ani-
maux à sang chaud , le tissu pulmonaire est plus serré , et
il y a des surfaces infiniment plus considérables , dans un
petit espace. Ce tissu , chez tous les animaux , est en outre
POU
pénétré par une multitude incroyable de vaisseaux sanguins ,
soit artériels , soit veineux , et communiquant avec le cœur
placé vers le centre de tout l'appareil respiratoire. Le jeu de
ces organes est animé par des nerfs venant, soit des grands
sympathiques, soit de la huitième paire cérébrale et des tho-
raciques ; enfin , il y règne aussi des rameaux de vaisseaux
lymphatiques , avec des glandes , pour arroser et lubréfier
ces organes, ou pour concourir à la san'guification qui 3'opère
principalement dans l'appareil respiratoire.
Chez les poissons , les poumons sont remplacés par des
feuillets ou espèces de peignes dans lesquels se ramifient les
vaisseaux sanguins, et qui entrent en contact avec l'eau aérée.
Ces feuillets sont les branciiies , vulgairement nommées les
ouïes. ( V. l'article Branchies et Poisson.)
La plupart des mollusques et les crustacés respirent aussi
par des branchies aquatiques , comme les poissons ; mais les
mollusqueslerrestres absorbent l'airdansune cavité ou espèce
de bourse intérieure , sur les parois de laquelle rampent des
multitudes de réseaux de vaisseaux sanguins (blancs chez tous
ces animaux). M. Cuvier a cru devoir appeler cette cavité ,■
un poumon , et a distingué ces mollusques sous le nom de
pulmonés ; tels sont les escargots, etc.
Les insectes , proprement dits , respirent par des Tra-
chées ( voyez ce mot ) ; mais, indépendamment de ces rami-
fications infinies de tubes aériens , pénétrant dans toutes le»
parties du corps des insectes , quelques familles d'arach-
nides , comme les scorpions , et diverses araignées ( les fi-
leuses, lespédipalpes) , ont à l'origine de ces trachées , des
sacs pulmonaires ou bourses d'où partent des ramifications
dans le reste du corps. Ces animaux ont aussi un cœur. Cet
organe d'impulsion du fluide sanguin existe chez tous les ani-
maux à poumons ou à branchies , mais non pas chez ceux à
trachées. ( Voyez Cœur et Circulation. )
Les vers , excepté quelques annclides pourvues de bran-
chies , ont des trachées aquifères ou respirant l'eau, comme
les sangsues , les vers de terre ou d'eau ; enfin , la plupart
des zoophytes, oun'ont aucun organe de respiration distinct,
ou paroissentrespirer l'eau, comme les astéries et les oursins.
Or, si nous considérons que plus les organes pulmonaires
ou autres appareils respiratoires sont compliqués , plus la
circulation du sang y apportera cette humeur en contact
avec l'air ( ou l'eau aérée , dans les branchies des poissons
ou mollusques ) , nous en verrous résulter de grands effets
sur La vie animale.
Il est reconnu par l'expérience, que plus la respiration est
vaste et fréquente , plus l'animal a le sang chaud, plus il est
,oo POU
actif, sensible, énergique. Moins Tanlmal respire , et plus il
se rapproche de l'inertie de la végétation ; aussi , les espèces
les plus perfectionnées, les mammifères et les oiseaux, ont
une respiration très-étendue , jointe à une circulation pulmo-
naire complète, c'est-à-dire, que toute la masse de leur sang
passe dans l'appareil respiratoire, pour être ensuite répartie
dans le corps , y porter la chaleur , l'énergie vitale , en tnême
temps Que la nourriture. Au contraire , les reptiles, les pois-
sons, qui respirent moins , ou dont tout le sang ne passe point
dans les organes respiratoires , n'ont qu'un sang moins vivi-
fiant , moins stimulant, moins oxygéné , qui laisse tous leurs
muscles , leurs chairs , inertes , engourdis , froids : leur or-
ganisation est donc moins élaborée ; aussi la chair de poisson,
de reptile , n'est que du maigre peu nourrissant. ( Voyez
Poisson et Ichthyophagie. ) Les mollusques et autres races
inférieures sont encore inoins perfectionnées , et elles res-
pirent moins aussi , à proportion.
On pourroit donc établir que tout le règne animal n'est
de plus en plus perfectionné et élaboré dans son organisa-
tion , qu'à mesure que l'appareil pulmonaire est de plus en
plus complet ; car il est évident qu'en travaillant le sang ,
qu'en portant l'hématose à un degré de vitalité et d'énergie
plus avancé , tous les organes que nourrit ce sang si riche et
si excitant , comme le cerveau, les muscles, les sens, acquer-
ront une activité , une énergie, une vitalité, d'autant plus
accomplies. ( Voyez Oiseau et Quadrupède. )
§ II. De la Respiration et de la Chaleur animale.
On a découvert par la chimie , ce qui se passoil dans l'acte
respiratoire. Ainsi Priestley et Lavoisier , ensuite Goodwin,
Bichat et Legallois,ont bien reconnu qu'il s'opéroit alors une
sorte de combustion analogue à celle des corps enflammés.
En effet , l'air est nécessaire à la flamme comme à l'animal
l|ui respire ; sans lui , le feu et la vie s'éteignent ; il étoit
donc intéressant d'examiner les rapports de ces deux opéra-
tions. Une bougie enfermée sous un vase qui ne contient que
de l'air ordinaire , languit bientôt , meurt , s'éteint. On a re-
marqué alors que le volume de l'air étoit diminué , et que
cet air n'avoit plus la propriété d'être respiré ; qu'il étouffoit,
au contraire , l'animal qu'on y introduisolt. La diminution
d.e volume prouvoit la soustraction d'une portion de cet air ,
et ses mauvaises qualités annonçoient un changement. En
suivant ces expériences , on est parvenu à reconnoître que
l'air de l'atmosphère étoit composé de deux parties de nature
différente : l'une qui restoit toujours la même au milieu des
corps enflammés ; et l'autre qui alimentoit la flamme , qui
s'unissoit aux matières en combustion , et se com^binoit avec
POU xoi'
elles. On a trouvé de même, dans la respiration , qu'on es-
piroit l'air ordinaire changé et devenu au même état qu'un
air dans lequel un corps combustible auroil brûlé , c'ost-à-
dire , qu'une partie de cet air expiré n'avoit pas changé , et
que l'autre partie étoit changée. La portion d'air , non chan-
gée , n'étoit plus respirable ; elle n'entretenoit plus la vie ;
voilà pourquoi elle a été nommée azote, qui veut dire sans vie.
L'autre portion s'étoit combinée avec une matière combus-
tible , et avoit formé avec elle un acide aérien. Celte por-
tion combinable de l'air a été appelée oxygène^ ce qui signi-
fie générateur d acide.
Voilà donc l'air atmosphérique composé d'azote et d'oxy-
gène, d'une partie non-vitale et d'une partie vitale. On a
trouvé que , pour l'ordinaire , il y avoit dans cent pouces
cubes d'air, vingt-un pouces cubes d'oxygène , à peu près,
et que le reste étoit de l'azote plus ou moins pur , suivant les
lieux d'où l'air a été pris. Il y a donc environ vingt-une par-
ties nécessaires à la vie , dans l'atmosphère , comme le célè-
bre et infortuné Lavoisier l'a démontré , ainsi que d'autres
chimistes, MM. de Humboldt et Gay-Lussac. Or, c'est cet
air vital qui se combine à nos humeurs , qui pénètre dans le
sang des poumons et des artères , et lui donne cette belle
couleur rouge , beaucoup plus vive que celle du sang des
veines. Il devient vermeil et éclatant, même écumeux , lé-
ger, susceptible alors de se concréter; sa lymphe ou partie
albumineuse est plus concrescible , en perdant aussi de son
hydrogène et de son carbone ;car il y a formation d'eau (ou
du moins exhalation de ce liquide ) et d'acide carbonique.
Le sang est donc alors moins séreux. Celte combinaison est
semblable à celle qui s'opère dans les corps qui brûlent. On
peut donc dire que nous sommes en combustion. Respirer ,
c'est brûler. La substance avec laquelle l'air vital se combine
dans nos humeurs , forme le même acide que celui avec le-
quel se combine l'air vital, dans les charbons ardens. L'acide
aérien qu'exhalent les charbons brûlans , ressemble entière-
ment à l'acide aérien qui sort de nos poumons. C'est pour-
quoi on leur a donné le même nom d'acide carbonique , à Tétat
d'air ou de gaz.
Il paroît que Corneille Drebbel , alchimiste flamand , in-
venteur de la couleur écarlate , et auteur de quelques autres
découvertes importantes , a eu connoissance du gaz oxygène ,
et en a obtenu , puisqu'il paroît en avoir fait usage pour pro-
longer larespiration des hommes sous la cloche des plongeurs.
( V. Digby , De Veget. plant. , pag. 66 ; Rob. Boyle , De
usuRespir. digress.; et Monconys, Voyage, tom. 2 , pag. yS.
D'autres physiciens du dix-septième siècle, surtout Mayow,
102 POU
avoient quelqae idée de cette espèce d'air, que les Cartésiens
nommoienl éther. C'est probablement Tesprlt vital qu'Aris-
tote disoit passer du cœur aux poumons ( Aristot. , H'ist.
animal, f 1. I, c. 16; Galion, De Diff. puis. 1. iv , c. i4- ;
Arélée , Mal. aig. , 1. il , c. 3 ; Rufus , Athénée , et même
Cicéron , De Nal. Deor., I. ir , etc. ). Le génie des anciens
avoit pressenti les découvertes de nos jours. liippocrate
parle aussi de l'esprit aérien comme d'un aliment de la vie ,
pabulum vilcc , et Van Helmont , Boerhaave , Mead , Sau-
vages , en ont admis l'existence.
Dans chaque inspiration , il entre de dix à trente pouces
cubes d'air dans noire poitrine. Sur dix-huit parties d oxy-
gène , dans une proportion ordinaire de gaz azote , treize
parties sont absorbées par la respiration, et onze parties sont
changées en gaz acide carbonique. Il paroit qu'une portion
de l'oxygène pénètre dans le sang. L'air expiré est toujours
chargé de beaucoup de vapeurs aqueuses qu'on aperçoit
très-bien dans les fortes gelées de l'hiver. Suivant Lavoisier ,
(J\Iém. acad. srimc. , 1789 ), un quadrupède consomme vingt-
quai re pieds cubes de gaz oxygène , pesant deux livres une
once une drachme , en vingt -quatre heures , et il rend par
l'expiration deux livres cinq onces quatre drachmes de gaz.
acide carbonique , avec dix onces six drachmes d'eau. Celle
consommation d'air vital est la cause du malaise qu'on
éprouve dans les lieux fermés qui contiennent beaucoup de
j!»onde , comme dans les salles de spectacle , les prisons, les
souterrains , les voitures closes , elc , puisqu'on ne respire
plus alors qu'un air vicié. Rien de plus utile que le renou-
vellement de l'air ; car une foule de maladies de langueur ,
de phthisies , d'asphyxies , surtout d'affections contagieuses ,
viennent du défaut d'air pur , ou des vapeurs empestées et
délétères des matières animales et végétales , en putréfac-
tion. De même , les moutons , les hœufs, périssent souvent
en hiver dans leurs élables , parce qu'ils y sont étouffés dans
une atmosphère épaisse , humide et chargée de vapeurs in-
fectes. Combien d'épizoolies désastreuses ne sont-elles pas le
iriste fruit de l'insouciance qu'on a de renouveler l'air dans
les écuries! Combien de maladies épidémiques ravagent l'es-
pèce humaine par les mêmes causes 't En effet , les hôpitaux ,
!f s prisons , tous les lieux clos , où des substances animales
se décomposent , sont remplis de miasmes les plus redouta-
bles, quand on n'a pas le soin de les chasser par de l'air pur.
L'atmosphère pourroit , à la longue , perdre une grande
partie de son gaz oxygène par la combustion et la respiraîion ,
A les végétaux n'avoient pas la propriété de décomposer
l'eau , le gaz acide carbonique , et de verser dans l'air des
POU io5
torrens d'oxygène. ( F, Ingenhousz , Sennebier , etc., sur les
plantes.) Aussi l'air de la campagne est bien plus salubre que
celui des villes, parce qu'il y a une multitude d'arbres et de
plantes dans la première , et que les secondes sont des foyers
de combustion et de respiration continuelles qui consomment
beaucoup d'air pur. Les hommes s'étouffent ensemble dans
lesappartemens ; l'haleine de l'homme est un poison mortel
pour l'homme , au physique aussi bien qu'au moral. Un air
chargé de vapeurs , de gaz acide carbonique , privé de son
gaz oxygène, produit bienlôl la niorl; il asphyxie. Voilà pour-
quoi il est si dangereux de tenir dans un endroit fermé , un
brasier allumé , du vin ou de la bière en fermentation , de la
pâte qui lève , etc. , parce que toutes ces substances exhalent
beaucoup de gaz acide carbonique , enlèvent l'oxygène à l'air,
et le rendent mortel pour tout ce qui respire. Comme respi-
rer c'est être en combustion , il sera facile de voir si l'on
pourra entrer sans danger dans un endroit dont on ne con-
noît pas bien la pureté de l'air ; par exemple , dans une cave
fermée pendant quelques jours., Si une bougie ne s'y éteint
pas , l'air y sera respirable; si elle s'éteint d'elle-même , votre
vie est en danger , si vous entrez. Nous portons dans notre
sein un flambeau de yie qui a besoin d'air, comme la flamme
ordinaire ; nous nous éteignons comme elle par la soustrac-
tion du principe vivifiant de l'atmosphère; l'eau éteint aussi
la (lamme vitale, car ce que nous appelons être noyé , ne dif-
fère pas essentiellement de ce qui arrive quaïid on verse de
l'eau sur le feu. Mais notre combustion est cachée; elle ne
s'exécute pas avec de la flamme , quoique les vapeurs que l'on
expire soient une sorte de fumée. Cette combustion lente ne
s'exécute pas seulement dans les poumons ; le gaz oxygène
parcourt les vaisseaux artériels , s'y combine peu à peu avec
le sang , lui donne une couleur vermeille , et le débarrasse
d'une portion de matière charbonneuse ou de carbone , que
contient le sang noir des veines. C'est principalement dans les
vaisseaux artériels que s'opère cette combinaison d'oxygène ,
ou plutôt cette combustion.
Comme la chaleur est ordinairement une suite de la com-
bustion , il étoit naturel de chercher s'il en étoit de même
dans le corps des êtres qui respirent. On a trouvé, en effet ,
que les animaux qui respiroient le plus , étoient les plus
chauds , par exemple , les oiseaux et les mammifères ; tandis
que les reptiles , les poissons , les mollusques et les insectes
qui respirent peu , ont aussi une chaleur très foible. On a vu
encore que tous les corps organisés jouissoient , en hiver , de
quelques degrés de chaleur supérieure à celle des corps bruts
et inorganiques. Ainsi, le tronc d'un arbre , l'insecte , quoi-
xol, POU
qu'engourdis pendant l'hiver , gardent cependant un peu de
chaleur que le thermomètre fait apercevoir. Les quadru-
pè.les qui s'eiulorment pciulanl l'hiver , conservent encore
^uie petite partie de leur chaleur ; mais elle est diminuée à
proportion qu^ils respirent moins , comme dans les loirs et
les marmottes. V. Hivlrnatiotn. Les oiseaux qui , de tous
les animaux , ont le système respiratoire le plus étendu, jouis-
sent aussi de quelques degrés de chaleur de plus que les qua-
drupèdes et l'homme, chez lesquels le thermomètre de Réau-
lîiur marque Sa ou 33 degrés, en hiver comme en été , dans
le nord comme nu midi. Les reptiles et les poissons surpas-
sent de trois à quatre degrés seulement la température ordi-
naire de Taluiosphère , et restent toujours dans une chaleur
à peu près égale , malgré le froid et le chaud.
Nous trouvons ainsi une correspondance assez exacte
entre l'intensité de la respiration et la température de chaque
espèce ; car les poumons de l'oiseau adhèrent aux côtes ,
remplissent la vaste capacité de sa poitrine , se prolongent
par des sacs dans le bas-ventre , communiquent avec les ca-
vités des os cylindriques , avec les poches du tissu cellulaire et
sous-cutané, etmême jusques aux plumes, de sorte que l'air
pénètre entièrement cet animal, et il semble fait pour respirer
î'airdans toutes ses parties ; il n'est donc pas étonnant que
son corps soit très-chaud , puisqu'il est pour ainsi dire dans
tine déliagration universelle. L'homme et le quadrupède vivi-
pare ont des poumons composés de cellules très -fines , qui
peuvent donner une surface de quinze cents pieds carrés
( chez l'honuTie ), suivant l'évaluation de Lieberkiihn ; ils
doivent avoir aussi une chaleur considérable, puisqu'ils ins-
pirent fréquemment ; tandis que les poumons des reptiles
sont formés d un moindre nombre de cellules , et qu'ils res-
pirent bien moins souvent, étant privés de diaphragme ; c'est
à volonté qu'ils respirent, car il faut qu'ils compriment leurs
flancs par leurs muscles , pour chasser l'air de leurs poumons.
On voit des grenouilles , des toriues , des lézards , respirer à
peine deux ou trois fois par quart d'heure ; une tortue , une
.°renouiUe , peuvent rester même sous leau pendant plusieurs
heures sans reprendre haleine ; mais l'homme respire environ
■vingt-quatre foispar minute, etde petits quadrupèdes respirent
encore plus souvent. Aussi, les reptiles sont toujours froids ,
et par la raison qu'ils ont moins besoin d'air vital, ils subsis-
tent plus lopg- temps sans inconvénient dans l'air impur et
vicié , ainsi que la plupart des insectes dans des matières
putrides , comme les charognes et les excrémens. Les pois-
sons qui ne respirent que l'air interposé dans les molécules
des caps, ne peuvent pas avoir beaucoup de chaleur, de
POU ,o5
même que les coquillages , les mollusques et les crustacés
qui respirent par des branchies. Les trachées des insectes se
subdivisent en une multitude de petits rameaux, dans l'inté-
rieur de leur corps; les vers et les végétaux ont aussi une res-
piration lente et sourde, qui ne leur communique pas beau-
coup de chaleur.
Cependant , le dégagement de la chaleur ne s'exécute pas
dans l'organe respiratoire lui - même , puisqu'il n'est pas plus
chaud que les autres parties du corps ; mais comme la com-
bustion s'opère en détail dans les différens tissus de l'organi-
sation vivante , la chaleur s'y répartit avec uniformité. Lors-
que nous nous agitons avec force , la chaleur augmente dans
notre corps, et la respiration devient plus rapide, afin de
fournir de nouvelle chaleur pour remplacer celle qui s'exhale.
Car la chaleur sensible des animaux à sang chaud sort con-
tinuellement d'eux-mêmes ; d'où il suit qu'il leur en faut de
la nouvelle pour maintenir leur température au même degré.
Ainsi , l'oiseau qui se meut continuellement, et qui est pour
ainsi dire brûlant , a besoin de respirer beaucoup par celte
raison ; sans cela il deviendroit bientôt glacé : de môme qu'il
faut plus d'air au feu à mesure qu'il est plus ardent. Mais le
reptile qui perd peu de chaleur , qui agile moins ses muscles
que les animaux à sang chaud , le poisson qui , nageant dans
un milieu dense et aussi pesant que lui , n'a pas besoin d'une
grande puissance musculaire , ces animaux ont moins besoin
de respirer que des espèces plus actives et plus ardentes.
Ainsi, plus les animaux respirent d'air pur , plus ils sont
robustes. Voyez quelle différence entre l'agile oiseau ton-
jours en mouvement et propre au coït , auprès du froid et
langoureux reptile qui a besoin.de se réchauffer au 501611!*
Aussi , la forte respiration , surtout de l'air pur , ranime les
personnes en syncope ; cet air vif et pur des montagnes
excite une fièvre de vie , surtout aux phlhisiques et à d'au-
tres personnes à poitrine délicate. Ils se sentent tout en-
flammés , pour ainsi dire. La nature a proportionné en
général la mesure de la chaleur aux besoins de l'animal ;
elle ne dépend pas de la température des corps extérieurs ,
puisque dans les ardeurs de l'été ou de la zone torride ,
comme sous la glace des hivers et des régions polaires,
la chaleur intrinsèque des corps vivans n'est pas changée; ils
n'éprouvent la chaleur et le froid extérieurs que comme des
modifications étrangères à leur nature. L'excès de l'un ou de
l'autre est surmonté par les propriétés de la vie qui tendent
à ramener l'équilibre naturel. Ainsi, nous résistons au froid
vif de l'hiver et à la chaleur étouffante de Tété par une faculté
vitale qui est en rapport avec nos fonctions organiques. Lors-
,o6 P 0 TT
que celles-ci languissent, comme dans la vieillesse , on résiste
moins au froid et à la chaleur de l'exlérieur que dans l'âge
de la vigueur. 11 paroît aussi que diverses parties du corps
peuvent éprouver plus ou moins de chaleur suivant le déve-
loppement de la sensihilité et de la contraclilité animales.
Ainsi, dans les inflammations d'une partie, la chaleur y devient
considérable, de sorte qu'on n'en peut attribuer les causes
qu'à l'augmentation des facultés vitales et du sang qui se rend
dans cette partie. La chaleur ne dépend donc pas uniquement
de la respiration chez-les animaux, et sans doute aussi dans les
plantes ; mais elle tient surtout aux qualités de la vie et à son
intensité. En effet, les animaux engourdis et les moins actifs
sont aussi plus froids que ceux dont la vie a beaucoup d'oner-
gie. Le mouvement réciproque des divers organes les uns sur
les autres , leurs réactions mutuelles, leur jeu perpétuel,
doivent entretenir une chaleur assez élevée , qui a besoin de
s'alimenter par la respiration.
§ in. Bes effets de la respiration sur le fluide sanguin et la vie.
Nous avons exposé, en traitant de la Circulation ( Voy.
cet article ) , que le sang , après avoir été distribué aux or-
ganes pour les nourrir et les vivifier, revcnoit à Tétat de
sang noir et veineux, appauvri au cœur. Il se rend à l'oreillette
et au ventricule droits avec le chyle propre à le réparer; mais
ce mélange de chyle et de sang veineux ne compose point un
sang parfait et assez éL.Soré; aussi le cœur envoie ce inélange
aux poumons ou aux brancis'"?, appareil dans lequel doit s'o-
pérer la véritable transformai. > en sang artériel, rutilant,
vivifiant. Cette transformation alu j par le dégagement d'une
certaine quantité du carbone qui fai» partie de ce liquide,
puisqu'il y a formation d'acide carbonique qui s'en dégage,
au moyen de la combustion. Ce sang revient du poumon à
l'oreillette gauche et au ventricule aortique.
Il y a donc ainsi une connexion essentielle entre la respi-
ration et la circulation ; caria première devant apporter Tair
aux humeurs , il étoit nécessaire (jue celles-ci se missent en
contact avec lui. La nature a établi à cet égard deux diffé-
rences : i.° Dans la plus grande partie des animaux, la respi-
ration ne s'opère que dans un lieu fixe où viennent se rendre
tour à tour les diverses portions de la masse sanguine. Il faut
alors un organe qui meuve le sang, qui établisse une vraie cir-
culation;tel est le cas des mammifères, des oiseaux, des reptiles
qui respirent par des poumons, et des poissons, des coquilla-
ges, des crustacés, des annélides, qui respirent par des bran-
chies ( ouïes). Tous ces animaux ont , en effet , un cœur.
2." Lorsque la respiration s'opère dans toutes les parties du
POU 107
corps , l'air va chercher lui-même les hmneurs qui n'onl pas
besoin de circuler dans ce cas. Tels sont les insectes , plu-
sieurs vers et zoophytes ; aussi ces animaux n'ont pas de cœur,
et plusieurs sont même entièrement privés de vaisseaux.
Nous remarquerons aussi que tous les animaux chez les-
quels la respiration se fait dans un point fixe, et qui ont un
cœur , une circulation , sont aussi pourvus dun foie , tandis
que les autres n'en ont jamais. Pourquoi l'existence du foie
est-elle liée au mode de respiration par des poumons ou des
branchies, etàla circulaiion des humeurs? N'a-t-on pas ren-
contré quelquefois les poumons ressemblans au foie dans
quelques maladies? N'observe-l-on pas une certaine alliance
de fonctions entre les poumons ou les branchies et le foie ?
Lorsque l'un de ces organes est très-actif, l'autre l'est moins.^
Il me semble que le foie est en quelque sorte im poumon
secondaire ; il est pour le système veineux ce qu'est le pou-
mon pour le système artériel. Tous deux modifient la masse
du sang; le poumon lui enlève du carbone, le foie semble
lui ôter ses parties huileuse»el graisseuses. Aussi dans tous les
animaux qui respirent par des branchies, le foiccst plus vo-
lumineux que dans ceux qui respirent par des poumons. Les
sécrétions graisseuses dépendent en quelque sorte du foie, qui
est presque toujours imprégné d'huile ou de graisse. L'organe
respiratoire et le système hépatique me paroissent être les
deux foyers principaux de l'animalisation des humeurs et de
la transformation du chyle en sang , ou l'hématose propre-
ment dite. C'est là que s'opèrent ces mutations des corps ali-
mentaires , en la propre substance de l'animal. Ce sont des
digestions secondaires de la matière nutritive. Les médecins
et les philosophes de l'antiquité ont considéré l'air comme
un aliment de la vie {pahulumvitœ) , comme une vraie nour-
riture. Il ne se passe pas seulement une action chimique dans
les poumons , les branchies ouïes trachées des êtres animés ,
mais une véritable opération vitale ; c'est là que la matière
morte de la nourriture reçoit les premiers germes de la vie ,
et ses principes d'activité , en se débarrassant des portions de
matière incapables de les recevoir. Cette dépuration succes-
sive dans les humeurs est analogue à la séparation du chyle
d'avec la masse alimentaire ; et l'on pourroit dire que la di-
gestion intestinale est une respiration préliminaire. On sait ,
en effet , que l'air pénètre dans l'eslomac , se mêle à nos ali-
mens et influe beaucoup sur la digestion. Il y a même un
poisson, la loche d'étang , cohitis fossilis , qui avale de l'air et
le rend par l'anus en acide carbonique , selon la remarque de
Ehrman.Les zoophytes ne paroissent même jouirque de cette
sorte de respiration iatestinale, La peau est encore un autre
io8 POU
organe de respiration ; elle absorbe une petite portion d'air ,"
et dégage de même du gaz acide carbonique, comme l'ont
montré Spallanzani, Ehrmann , etc.; elle est en rapport sym-
pathique avec les organes respiratoires, et semble les suppléer
en grande partie dans certains cas et dans plusieurs animaux.
La transpiration cutanée coïncide avec la transpiration pul-
monaire. En effetjes poumons ou les branchies des animaux
ne me semblent être rien autre chose qu'une peautrès-repliée
intérieurement, afin de rapprocher , dans le moindre espace
possible, sa grande surface. Si l'animal avoit assez d'étendue
et de grandeur pour présenter toute cette surface à l'air exté-
rieur sans qu'il entrât plus de matière dans son corps , il n'au-
roit pas besoin de poumons , il respireroit par tous les pores
de sa peau. Un homme pesant cent cinquante livres offre en-
viron quinze pieds de surface ; mais si son volume pouvoit
s enfler assez pour présenter encore les quinze cents pieds de
surface qu'on suppose exister dans ses poumons , alors il n'au-
roit plus besoin de cet organe qui seroit déployé àl'entour de
tout son corps. Le poumon est donc une peau intérieure et
piissée qui supplée à l'énorme développement qu'exigeroit
une respiration seulement cutanée ; car dans ce cas , un
homme auroit présenté un volume extraordinaire. La nature
a trouvé plus sage de le restreindre. Sans cela , le moindre
animal eût été renflé comme un ballon , et les éléphans , les
baleines eussent couvert une partie de la terre de leur épou-
vantable volume ; car si l'homme eût présenté quinze cents
quinze pieds de surface , la baleine eût pu en avoir plus de
trois cent mille , quoique la quantité de sa matière ne soit
pas augmentée. Ces vastes corps n'auroient pas pu se mou-
voir, et auroient expiré sans pouvoir sortir de place. La cavité
intestinale, la peau et les poumons ou les branchies me pa-
roissent donc être , par rapport à l'air , des organes respira-
toires sur lesquels viennent ramper des vaisseaux sanguins
et lymphatiques pour y mettre leurs liquides en contact avec
l'air ; mais chacun de ces organes a son mode particulier de
respiration et son exhalation propre qui est une expiration.
Aussi , la transpiration pulmonaire et la cutanée peuvent se
suppléer mutuellement ; mais il est dangereux de charger les
poumons de transpirer plus que la peau , parce qu'alors il "
s'établit un flux d'humeurs sur ces organes ; d'où viennent les
catarrhes, les affections les plus funestes de la poitrine, dans
les temps et les lieux froids.
A mesure que la respiration est plus intense , l'organe prin-
cipal qui l'exécute est phis intérieur et plus essentiel à l'ani-
mal. Chez les mammifères.et les oiseaux , c'est dans la poi-
trine , revêtue de côles et de sternum , que sont contenus les
POU ,09
poumons. Chez les reptiles, ces organes semblent déjà moins
essentiels ; aussi la nature a-t-elle pris moins de soin pour les
défendre ; les vrais serpens manquent de sternum, les gre-
nouilles et les salamandres n'ont pas de côtes; enfin les ani-
maux à branchies portent ces organes autant à l'extérieur qu'à
l'intérieur ; un simple opercule osseux les recouvre dans la
plupart des poissons. Il paroît donc que la nature cache da-
vantage les organes à mesure qu'ils sont plus essentiels , tandis
-qu'elle place à la circonférence du corps les parties les moins
importantes. Ainsi les artères sont plus enfoncées dans les
chairs que les veines, parce que la blessure des premières
est bien plus dangereuse que celle des secondes. On peut
blesser impunément une partie extérieure du corps ; il en est
bien autrement des organes internes. ^ ^
Pour bien saisir l'inducnce de la respiration dans l'écono-
mie animale , il faut la considérer dans les différens animaux.
ISous reconnoîtrons alors que l'activité de la vie est en raison
directe de lintensité de l'acte respiratoire ; car tant qu'un
animal ne respire point, sa vitalité demeure insensible ; on
en voit la preuve dans le foetus au sein de sa mère, et le
poulet dans l'œuf qui ne reçoivent qu'une petite portion
d'air ; cependant ils ont déjà quelque communication avec
l'oxygène -, l'embryon par le sang artériel de sa mère , le jeune
animal dans l'œuf par le moyen de cette membrane vascu-
laire ou analogue à rallanloïde qui renferme le jaune. Cette
membrane où se ramifient tant de vaisseaux sanguins paroît
faire l'office , dans l'œuf des oiseaux, d'un organe respira-
toire ; elle n'existe pas chez les œufs des animaux aquatiques ,
mais \a coque molle de ces œufs peut s'imbiber d'eau aérée,
et tenir lieu de cette membrane allantoïde. V. OEuf.
De même, la plante dans sa graine, l'arbre pendant l'hi-
ver, le reptile et l'insecte engourdis par le froid, ne res-
pirent presque point ; ils n'ont point d'activité vitale ; ils de-
meurent immobiles et inanimés , quoiqu'ils ne soient pas
morts. On a môme reconnu que la graine ne pouvoit pas
germer, si toute communication avec l'air étoit exactement
interrompue , tandis que le gaz oxygène ou l'air vital excite
pfomptement sa germination. Quels animaux sont les plus
actifs , les plus forts et les plus animés ? Ce sont précisément
ceux chez lesquels la respiration est la plus développée , les
oiseaux et les mammifères. L'oiseau surtout est presque tou-
jours en mouvement; rien ne surpasse la vigueur de ses mus-
cles, la rapidité des actes qu'il exécute, parce qu'il respire
plus que tout autre animal. L'homme , le quadrupède vivi-
pare , ont aussi une grande intensité de vie , puisqu'ils respi-
rent beaucoup et qu'ils ont le sang chaud comme les oiseaux.
lia POU
Ces classes jouissent encore d'une sensibilité plus vive que
toutes les autres ; leurs sens sont plus développés ; leur sys-
tème nerveux a plus de grosseur et d'étendue ; toutes leurs
facultés ont plus d'énergie et de force que chez les animaux
des autres classes. Ainsi les reptiles qui respirent lentement
et rarement sont des animaux lents, froids , slupides ; leur
force est peu considérable en la comparant à celle d'un oiseau
ou d'un mammifère de taille semblable. Les poissons pa-
roissent vifs , parce que , plongés dans un fluide d'égale pe-
santeur avec leur cor^ , ils ont la plus grande facilité à s'y
mouvoir avec promptitude : mais les muscles de ces animaux
ne sont pas forts, et leurs os ne sont pas capables d'une
grande résistance. Les mollusques , les coquillages semblent
plutôt végéter que vivre ; aussi respirent-ils imparfaitement
par des branchies.
Nous trouvons beaucoup de force , de vivacité et d'indus-
trie chez les insectes , et Ton en voit encore la raison dans
leur mode de respiration. Leurs trachées ou vaisseaux aériens
se ramifient si abondamment dans tout leur corps , qu'il n'est
pas une seule partie qui n'en soit entièrement pénétrée. Ces
petits animaux sont , pour ainsi dire, des éponges imbibées
d'air de toutes parts : leur respiration est universelle ; voilà
pourquoi ils sont ordinairement si vifs et si forts , malgré leur
petitesse, et comme ils ne respirent pas en hiver et dans l'état
de chrysalide parfaite , ilsne jouissent à ces époques que d'une
vie sourde , cachée , insensible. Les vers , les zoophytes qui
respirent à peine, vivent de même à peine, et semblent plutôt
végéter languissamment qu'exister et senûr; tant il se trouve
de correspondance entre la force de la vie et l'étendue delà
respiration! Voyez dans les différens individus de l'espèce
humaine , ceux qui sont les plus vifs , les plus robustes ; ce
sont précisément ceux qui ont une large poitrine , et qui res-
pirent avec facilité, tandis que les personnes à poitrine déli-
cate, étroite ou mal constituée, sont foibles , maladives et
sans vigueur. Ce que nous appelons un tempérament athléti-
que , une forte constitution , c'est un corps large , carré , une
vaste poitrine dans laquelle les poumons s'étendent à l'aise ,
jouent et respirent abondamment. Les hommes des villes qui
respirent un air méphitique, ont-ils la vigueur de nos paysans
qui reçoivent continuellement l'air pur de la campagne ?
À'ovez combien l'air des lieux marécageux, toujours rempli
de v.npeurs infectes , d'hydrogène et de carbone , affoiblit les
individus qui les habitent , tandis que les montagnards qui
demeurent dans un air vif et serein sont les plus robustes et les
plus courageux des hommes; ils tiennent même de la nature
des oiseaux, ou plutôt des aigles; comme eux , ils reçoivent
POU
les influences d'une atmosphère agitée et purifiée par les
vents. Telles sont toutes les contrées élevées et sèches ; mais
les lieux bas produisent des hommes et des animaux d'une
nature plus molle et plus foible parce que l'air y est moins
pur , et que les vapeurs y sont abondantes et continuelles.
C'est donc la respiration qui rend la vie active; c'est l'air
qui nous anime ; c'est lui qui réveille l'enfant au sortir du
sein maternel ; c'est le principe de l'excitabilité des animaux.
Les quadrupèdes qui s'endorment pendant l'hiver , respirent
plus lentement alors, que dans le temps du réveil. Nos ins-
pirations deviennent aussi moins fréquentes pendant notre
sommeil ; elles se font avec plus de difficulté , c'est pourquoi
l'on ronfle ordinairement. Après avoir beaucoup mangé , les
animaux sont portés au sommeil, parce que la plénitude de
l'estomac comprime les poumons , diminue la facilité de la
respiration , et fait refluer le sang au cerveau. Lorsqu'on
s'agiie avec effort , lorsqu'on exerce fortement ses muscles,
la respiration devient plus intense et plus prompte pour resti-
tuer plus de vigueur au corps ; ainsi , l'oiseau qui se meut
avec une grande vivacité , respire quarante ou cinquante
fois par minutes , ce qui est le double de l'homme. Les pois-
sons agitent vingt-cinq à vingt-six fois leurs branchies par mi-
nute,toutefois chacune de leurs inspirations aqueuses ne leur
donne qu'une très-petite quantité d'air qu'ils séparent de son
mélange avec l'eau , mais sans décomposer le liquide aqueux,
comme on l'avoit pensé. M. de Huuiboldt a bien prouvé
que cette décomposition n'avoit pas lieu, et l'on savoit déjà
que le poisson est étouffé dans de l'eau renfermée en un
vase clos hermétiquement, comme sous la glace , en hiver.
Les hommes du Nord sont beaucoup plus robustes que
ceux du Midi, parce qu'ils respirent un air plus vif, plus pur
et plus condensé , à cause du froid. Or , un air condensé
contient, sous le même volume, une plus grande quantité de
gaz oxygène ou d'air vital ; il doit donc alimenter davantage
les forces du corps. C'est pour cela que nous sommes plus
actifs et plus vigoureux en hiver qu'en été , indépendamment
de la chaleur et du froid. Par la même cause , nous mangeons
alors plus abondamment; nous digérons mieux, car les oi-
seaux, qui respirent beaucoup , digèrent très-vite , et quancj
on respire peu , on mange moins. Ceci nous montre encore
combien la fonction respiratoire est analogue à la faculté
digestive, et combien elles sont correspondantes. L'abon-
dance de la nourriture exige une respiration intense, afin de
transformer la matière alimentaire en sang et en substance
animale, et réciproquement l intensité de la respiration ap-
pelle une grande quantité d'alimens pour établir l'équilibre
112 POU
entre les fonctions de l'e'conomîe vivante. Voilà pourquoi
les animaux engourdis pendant Thivcr , ne mangent point,
et les végétaux cessent d'absorber alors les sucs de la terre.
Ainsi toutes les fonctions des corps vivans se lient par des
rapports multipliés , et exercent leurs influences sur l'ensem-
ble de la machine organisée. A mesure que les fonctions de-
viennent plus générales , leur domination s'étend davantage;
et quand elles surpassent toutes les autres, elles forment alors
des idiosyncrasies , des tempéramens. Elles donnent diverses
nuances aux caractères physiques et aux impulsions morales :
car qui posera la limite entre les uns et les autres ? Qui nous
dira jusqu'à quel point ils s'influencent mutuellement ? L'on
ne se doute pas cependant que c'est souvent de la nature de
l'air , que dépendent , non-seulement la santé et la vie , mais
même les institutions et les gouvernemens des peuples. Nous
ne voyons pas aisément tout ce que peuvent produire de
petites causes, à la longue. F. les articles AiR et Circula-
tion, etc. (VIREY.)
POUMPEIRE. Nom qu'on donne, en Languedoc > à la
Pomme de ramrour. (ln.)
POUNAIN-TAGERA. Rhéede, Mal. 2 , tab. 52. C est
ia Casse sophore, (ln.)
POUNDRA. Nom piémonlais de la Buse, (v.)
POUPART. Nom vulgaire du Crabe tourteau, Cancer
pagurus. (desm.)
POUPARTIE , Poupariia. Genre de plantes, établi par
Jussieu , dans la décandrie pentagynie , et dans la famille
des térébinthacées. Il a pour caractères : un calice très-pe-
tit, à cinq divisions; cinq pétales; un réceptacle crénelé ,
supportant dix étamines ; un ovaire surmonté de cinq styles
rapprochés. Le fruit est une noix à cinq loges.
L'arbre qui donne lien à ce genre , croît à l'île de la Réu-
nion. (B.)
POUPE ( vénerie ). On appelle quelquefois ainsi la tête
des femelles des animaux carnassiers , et plus particulière-
ment celle de Vours. (s.)
POUPE. V. Poulpe, (desm.)
POUPON ( GROS ). C'est le Baliste caprisque. Pou-
pon noble ; c'est le Baliste a aiguillon, Balistes aculea-
ius. (desm.)
POURCEAU. F. Cochon, (s.)
POURCEAU FERRÉ. L'un des noms vulgaires du
Hérisson, (desm.)
POURCEAU DE HAIE. Autre dénomination du même
animal, (desm.)
^ ^^ î^ o3
POURCEAU DE LA MER. C'est le Dauphin mar-
souin, (desm.)
POURCELET ou PORCELET. V. Cloforte et Por-
CELLION. (l.)
POURETTE. On nomme ainsi les jeunes plantes de
mûrier, V. ce mot , à rarllcle Semis, (b.)
POUROUMIER , Pourouma. Arbre tie la Guyane , à
feaillesalfernes, trilobées , rudes en dessus , couvertes d'un
duvel blanchâtre en dessous , renfermées, avant leur déve-
loppement , dans une stipule en forme de spathe membra-
neuse et caduque, à fleurs disposées en corymbes , dans les
aisselles des fleurs supérieures, et enveloppées d'une spathe
semblable à celle des feuilles.
Cet arbre forme dans la dioécic et dans la famille des or-
ties , un genre dont on ne connoît que les fleurs femelles.
Elles sont constituées par une petite vessie velue , couron-
née par un stigmate crénelé. Cette vessie , grossie , devient
une capsule sèche , velue , qui s'ouvre en deux valves, et ne
contient qu'une semence, (s.)
POURPAIROLLE. Le Sorgho se nomme ahisi aux en-
virons d'Angoulême. (b.)
POURPIER , Portu/aca ^ hinn. ( dodécandrie monogynie).
Genre de plantes de la famille de son nom, qui compreni^
des herbes dont les feuilles sont charnues , et dont les fleurs ,
situées au sommet des rameaux , sont toujours entourées
d'un involucrc. On trouve , dans chaque fleur : un calice
persistant, divisé, à son sommet, en deux parties ; une co-
rolle à cinq pétales , unis , érigés et obtus ^ douze à quinze
étamines de moitié moins longues que les pétales ; un ovaire
arrondi et un court style couronné par quatre ou cinq stig-
mates oblongs. Le fruit est une capsule couverte par le ca-
lice , et qui s'ouvre en boîte à savonnette , et contient plu-
sieurs petites semences.
Ce genre aux dépens duquel on a établi les genres Méri-
DIAME et Talin , renferme un petit nombre d'espèces ,
presque toutes exotiques. La plus intéressante est le Pour-
pier COMMUN , Poriulaca olcracea , Linn. , que l'on cultive
dans les jardins. On le croit originaire d'une des deux In-
des; du moins vient-il spontanément dans les parties les
plus chaudes du globe. C est une plante annuelle dont la ra-
cine est simple et peu fibreuse. Elle pousse des liges arron-
dies, lisses, luisantes, tendres et couchées en partie à terre.
Ses feuilles sont oblongues , faites en forme de coin, gros-
ses , charnues , unies , d'un vert foncé, et placées alterna-
tivement : elles ont un goût visqueux , tirant un peu sur 1 a-
xxvni. 8
11^ POU
«ide. Des aisselles des feuilles, sortent de petites fleurs jau-
nâtres, solitaires et sessiles , auxquelles succèdent des fruits
de couleur herbacée , et qui ressemblent à de petites urnes ;
ils contiennent des semences striées et noires. Celte espèce
offre deux variétés, l'une à feuilles plus petites et moins suc-
culentes , et l'autre à feuilles plus larges , jaunâtres ; celle-ci
porte le nom de pourpier doré.
Le pourpier est une plante potagère, aqueuse , fade et ni-
treuse. Ses jeunes feuilles se mangent en salade ; elles sont
extrêmement rafraîchissantes et tempérantes. On confit en-
core ses tiges dans le vinaigre, comme les cornichons. Il calme
la soif fébrile , et celle qui est produite par de violens exer-
cices. Il diminue la chaleur du corps et des urines, et con-
vient dans les fièvres ardentes et bilieuses , le scorbut , les
hémorragies , et enfin dans toutes les circonstances où il y a
effervescence d'humeurs. Les graines ont les mêmes proprié-
tés ; elles sont une des quatre petites semences froides ; oa
les mêle dans les émulsions , avec celles de laitue et de chico-
rée. Le sirop de pourpier n'a pas plus de vertus que son suc,
et l'eau distillée des feuilles est moins efficace que l'eau de ri-
vière , filtrée. Les estomacs foibles ne doivent pas faire un
trop grand usage de cette plante.
Le pourpier doré., comme plus agréable à la vue , est gé-
néralement plus cultivé que le vert ou commun. Tous deux
sont tiès-sensibles à la gelée. On ne doit pas semer le pour-
pier en pleine terre , avant les premiers beaux jours du prin-
temps. 11 demande une terre riche et très-meuble , et une
exposition chaude. Il est bon pour l'usage , un mois et demi
après avoir été semé. Cette plante , une fois levée , veut être
peu arrosée ; comme elle est grasse , elle se nourrit princi-
palement de ses propres sucs et de ceux qui sont répandus
dans l'atmosphère ; aussi , a-t-elle une racine très-déliée. Sa
graine ne doit point être enterrée , il suffit de la couvrir légè-
rement avec du terreau. Si on la laisse se répandre , elle se
sèmera d'elle-même. C'est lorsque le pourpier a deux feuilles
bien formées , qu'on le coupe pour en décorer les sa-
lades, (d.)
POURPIER AQUATIQUE. C'est la Montie des fon-
TAITSES. (B.)
POURPIER DES BOIS. On appelle ainsi, à Saint-
Domingue , le Poivre à feuilles obtuses, (b.)
POURPIER DE CHEVAL. C'est le Trianthema moh
ISOGYNA , dans les colonies, (ln.)
POURPIER DES MARAIS. C'est,à la Louisiane,l'HY-
DR0P\X1S DES MARAIS. (B.)
POU ,j5
POURPIEPi DE MER. C'est TArroche halime. (b.)
POURPIÈRE. On donne ce nom, dans quelques lieux, à
la PÉi'LinE. (b.)
POURPOl::^. Poisson de mer dont on faisoit cas à Paris,
dans le douzième siècle. Je ne sais à quel genre il se rap-
porte, (b.)
POURPRE, Purpura. Genre de testacés de la classe des
UNlVALVES,qul offre pour caractères: une coquille ovale, le
plus souvent tuberculeuse ou épineuse, dont l'ouverture se
termine en un canal très-court, cchancré à son extrémité , et
dont la base de la columelle finit en pointe.
Ce genre , qui a été connu des anciens conchyliologistes y
avoit été confondu par Linnœus avec celui des RucciNS, et
avec celui des Rochers. 11 forme très-bien le passage entre
ces deux derniers, et renferme des coquilles ordinairement
épaisses , ovales, tuberculeuses , chargées de bosses plus ou
moins pointues. Leur ouverture est assez grande, ovale-arron-
die par le haut , et aiguë vers le bas. Elle est un peu oblique
à l'axe de la coquille, et échancrée à son extrémité supérieure
en un canal fort court, et qui a quelquefois plus de profon-
deur que de largeur. L'extrémité de ce canal est aussi un peu
échancrée : la lèvre droite , un peu épaisse , cannelée ou den-
telée ; la lèvre gauche est renflée, avec un bourrelet ridé qui
va se terminer à l'échancrure.
Les couleurs des pourpres se réduisent presque au brun,
au blanc et au jaune , avec les différentes nuances et mélan-
ges dont elles sont susceptibles.
Les animaux qui habitent les pourpres ont une petite tête,
eu égard au reste du corps. Elle est cylindrique , de longueur
ou de largeur presque égale. De son extrémité qui paroît
comme échancrée , sortent deux cornes coniques deux fois
plus longues qu'elle , fendues en dessous , et portant les yeux
au milieu de leur côté extérieur. La bouche est un petit trou
ovale , placé en dessous, duquel sort une longue trompe ter-
minée par un suçoir armé de tentacules courts. Cette iron pe
est destinée àtuer et à sucer les animaux des autres coquilles,
aux dépens desquels vivent ceux-ci.
Le manteau est onde ou légèrement frisé en ses bords. Il
se replie à sa partie supérieure et s'allonge en- un tuyau qui
sort par l'échancrure et se rejette sur la gauche.
Le pied est elliptique , obtus , épais , de près de moitié
plus court que la coquille , sillonné et strié en dessous ; por-
tant à sa partie latérale supérieure un opercule cartilaginexix
en croissant ; sa surface est lisse , d'un brun noir , sillonnée
de cercles.
Ces animaux sont de sexe distinct. Les mâles sont plus pe-
ii6 PO U
tils que les femelles , cl laissent sortir , du côté droit de leur
col , une verge triangulaire cl aplatie. On les mange comme
la plupart des autres coquillages de celte famille : cependant
iis sont peu recherchés.
C'est dans ce genre que sont renfermées la plupart de ces
coquilles autrefois si prisées, el encore aujourd'hui si fameuses ,
dont on tiroit la pourpre sur les côtes africaines et asiatiques
de la Méditerranée. On peut difficilement déterminer les es-
pèces qu'on employoit de préférence , parce que presque
toutes donnent de lacouleur, ainsique la plupart descoquilles
des genres voisins et même des genres fort éloignés, tels que
les BuLiMESet les Planorbes. On sait qu'on endislinguoil de
trois espèces : celle qui avoit une longue queue recourbée ,
celle qui en avoit une très-courte, et enfin celle dont la spire
n'étoit point saillante.
Adanson élaLlit , d'après Belon , que la pourpre des an-
ciens étoit fournie par son Kalan , qui appartient au genre
des Strombes.
Cuvier s'est assure, pendant son séjour àMarseille, par l'a-
natomie de l'animal el la lecture de Pline,que ce devoitètre,
comme Pvondelet lavoii pensé , le Rocher brandaire, qui
fournissoit principalement la pourpre aux anciens ; ainsi le
nom de ce genre seroil mal appliqué. ( V. au mot Rocher. )
Ce qu'on va dire de l'exiraclion de la pourpre convient éga-
lement à toutes les espèces.
La liqueur que donne la pourpre se trouve dans un réser-
voir placé au-dessus du col , à côté de l'estomac. Ce réservoir
a paru à Cuvier destiné à recevoir la verge, ou à tenir lieu de
vagin ; mais, dans ce cas, il n'existeroit pas dans toutes les co-
quilles de ce genre qui ont les sexes distincts comme on vient
de le dire. On n'a pas d'observation qui permette de prendre
«ne opinion positive sur cet objet. Cependant Plumier rap-
porte qu'un coquillage de ce genre lance sa liqueur comme
un jet d'eau , aussitôt qu'on l'inquiète, ce qui fait croire qu'il
a le même effet pour lui que la liqueur noire pour les Sèches.
Il l'appelle le pisseur.
Quoi qu'il en soit , la liqueur de la pourpre est ou blanche
ou verte quand on la tire de son réservoir; et sa viscosité est
Irès-considérable. Elle ne devient rouge que lorsqu'elle a été
étendue d'eau et exposée à l'air et même au soleil. Il est rare
que dans les plus vieux individus il y ait plus gros qu'un
pois. On peut juger par cela de la quantité de ces coquillages
que les anciens étoient obligés de sacrifier pour obtenir leur
couleur pourpre ; aussi étoit-elle énormément chère.
Quelques commentateurs modernes , et en dernier lieu
Bory -Saint-Vincent, dans son Essai sur les îles Fortunées , ont
POU ,,7
prëlendu que les Phéniciens faisoient la pourpre avec Vorseille
{lichen roccella ^hinn.), et que c'étoit pour donner le change y
qu'ils annonçoienl la tirer d'un coquillage -, mais les passages
des auteurs latins, et de Pline en particulier, sont trop for-
mels pour permettre d'adopter cette opinion, V. au mot
Orseille et au mot Lichen.
Pour obtenir la pourpre , les anciens opéroient de deux
manières. Ou ils ôtoient le réservoir àchaque animal, en lui
ouvrant la tête , et c'étoit sans doute le moyen d'avoir la plus
belle couleur , ou ils les écrasoient dans des mortiers. Par
cette dernière manière , la couleur se trouvoit mêlée^ avec
toute la chair et touleS les humeurs de l'animal. Il paroît que
c'étoit pour la débarrasser de toutes ces parties hétérogènes ,
qu'ils faisoient bouillir pendant dix jours, dans deschauaières
d'étain le mélange étendu d'eau, et qu'ils y ajoutoient beau-
coup de sel. Au reste , ces procédés ne nous sont quimparfai-
tement connus.
Réaumur et d'autres physiciens ont , il y a déjà près
d'un siècle , cherché à faire revivre la teinture de la pour-
pre. Ils ont prouvé qu'il étoit facile de retrouver les procédés
des anciens ; que presque toutes lespuurpres, les rochers, etc.,
de nos côtes,pouvoient être employés pour la teinture; mais
ils ont reconnu que les étoffes teintes en celle couleur ne se-
roient jamais si belles, et coûleroient peut-être cent fois plus
que celles teintes avec la Cochenille.
Dans quelques cantons du nord de l'Angleterre , on emploie
encore la pourpre pour marquer le linge. On s'en sert aussi
pour teindre de petites pièces d'étoffes dans l'Inde et sur les
cotes de l'Amérique; mais nulle part on n'en fait l'objet d'un
travail important.
On peut porter à une douzaine d'espèces,même davantage,
le nombre de coquilles connues qui se rangent dans le genre
■ des pourpres, tel qu'il est ici établi.
Les plus communes dans les collections , sont :
La Pourpre persique , qui est striée , tuberculeuse , dont
la lèvre est crénelée et la columelle aplatie. Elle se trouva
dans la Méditerranée et la mer des Indes.
La Pourpre sakÈne, Purpura mancinella, Linn., qui est
ovale, et dont les tubercules sont obtus, l'ouvcrlure sans
dentelure et la columelle striée transversalement. Elle se
trouve sur la côte d'Afrique et dars la merdes Indes.
La Pourpre LABORIN , Purpura hipvocasiana, <\v\ est ovale ,
striée, avec quatre rangs de tubercules presque cpiicux, et
dont l'ouverture est striée transversalement. Elle se trouve
dans la mer des Indes et sur la côte d'Afrique, (b.)
ii8 POU
POURPRE FEUILLETÉE. C'est le Rocher frisé ,
Murex ramosus , Linn , dont Denys-de-Montforl fait le type
de son genre Chicoracé. (desm.)
POURPRE LICORNE, Pwpum monorcros. Cette co-
quille , fort semblable aux autres Pourpres , en diffère ,
•parce que sa lèvre extérieure est garnie, à sa partie in-
férieure , d'une dent longue et recourbée. Denys-de-
Montforl en a fait un genre sous le nom de Licorne ,
unicornus. (DES M.)
POURPRE DE PATSAMA. C'est la même coquille
que la Pourpre persique. (desiM.)
POURPRE DE PARMA. C'est la Pourpre persique.
(I)ESM.)
POURPRIER. Animal des Pourpres. Il a un oper-
cule ; deux tentacules , portant les yeux dans leur milieu ;
un tube dans un canal, (n.)
POURRAGUE. On donne ce nom, dans la Crau , a
l'AsPllODÈLE FISTULEUSE, (B.)
POLTRPiETIE, Pourretia. Genre de plantes établi par
Ruiz et Pavon, dans la Flore du Pérou , dans la monadelphie
polyandrie et dans la famille des broméliacées. Il a pour
caractères : un calice divisé en cinq parties , une corolle de
cinq pétales lancéolés; un grand nombre d'étamines réunies
en tube à leur base ; un ovaire surmonté de plusieurs styles;
un grand drupe sec , monosperme et à cinq ailes. Ce genre
qu'on a aussi appelé Cavanillese , GusMA^lEet Pitcair-
KE , renferme trois espèces , qui croissent naturellement
au Pérou, et don» la plus importante à citer , est la PouR-
llETiE PYRAMiDALE, qui est arborescente , a les épis de fleurs
paniculés et le calice velu. On la connoît dans les Cordi-
llères sou.s le nom d' Achupi.la. Les ours , pendant l'hiver,
et les hommes, dans les temps de disette, mangent son
écorce. (r.)
POURRETIE, Pojirrcti'a. Ilumboldl et Bonpland , dans
leur bel ouvrage, intitulé Plantes éqidnoxi'aîes , ont donné le
même nom cà un autre genre de la monadelphie polyandrie
cl de la famille des malvacées.
Ce genre est fondé sur un arbre de l'Amérique méri-
dionale , à feuilles alternes , presque pellécs , à cinq ou
sept lobes. Ses caractères sont : calice de cinq dents réflé-
chies et velues en dehors ; corolle de cinq pétales épais ,
obtus , réunis à leur base; capsule oblongue , à cinq grandes
ailes; à cinq loges luonospermes et non déhiscentes, renfer-
mant chacune une semence membrancuso d'un càté.
POU „9,
POURRITURE. (^Maladie des arbres.) V. Arbre-
(toll.)
POURSILLE. C'est, dans nos îles de l'Amérique, le
nom que Ton donne à une variélé brune de Pespèce du mar-
souin, (s.)
POURTOUGAL et PORÏOUGAL. Noms italiens
des Orangers, (ln.)
POURVOYEUR DU LION. On a donné ce nom au
Caracal , quadrupède du genre des Chats ( V. ce mot ) ,
et voisin des lynx, (desm.)
POUSSE. Exhalaison qui se fait sentir dans les souterrains
des mines, et qui suffoque plus ou moins promptement les
ouvriers. V. Moufette et (iRisou. (pat.)
POUSSEPIEDS, POUCE-PIEDS ou CONQUES
ANATIFÈRES. Ce sont les noms vulgaires attribués aux
An A TIFS, coquillages multivalves , parce qu'on croyoit
qu'ils donnoient naissance aux canards. Voyez Anatifs et
.Pouce -Pieds, (desm.)
POUSSIÈRE. Matière terreuse réduite à l'état pulvé-
rulent par la sécheresse, ou par le piétinemeut des hom-
mes ou des animaux, et qui se trouve surtout dans les routes
battues , ou dans les déserts arides et sablonneux. Sur cer-
taines côtes de la mer , comme aux environs du Mont-Saint-
Michel, en Bretagne, le sable d'une ténuité extrême, forme
uncpoussière très-incommode, et même dangereusepour la poi-
trine. Mais je ne crois pas qu'il existe au monde une pous-
sière plus fâcheuse que celle qu'on trouve dans une grande
partie de la Sibérie. Comme tout le sol est une espèce de
tourbe chargée de sels vitrioliques, tels que les sulfates de
fer et de magnésie, les chemins sont couverts, d'un demi-
pied , d'une poussière aussi noire et presque aussi légère que
du noir de fumée ; et les voyageurs, pendant l'été, sont
perpétuellement enveloppés dans des tourbillons de cette
horrible poussière , qui , étant toute composée de petites
fibres végétales fort aiguës, et de matières salines très-âcres,
cause une irritation violente dans la poitrine et dans les
yeux , et occasione des toux et des ophthalmles fréquentes;
aussi les habitans perdent-ils la vue de fort bonne heure.
Celle cruelle poussière m'avoît tellement fatigué pendant
les huit années où je l'ai resplrée dans mes voyages d'obser-
vations , que, lorsqu'à mon retour je commençai à voir de
la poussière blanche , en approchant des monts Oural , ce
fut pour moi une des plus agréables sensations de ma vie.
Je ne parle pas de Tincommodité non moins grande que
causent les myriades d'insectes dont l'air est rempli, et qui
Ï20 POU
Ïiqucnt cruellement le jour et la nuit, tels que les cousins^
es moustiques , les taons , etc. (pat.)
POUSSIÈRE FÉCONDANTE. F. Pollen et Fleurs.
POUSSIERE PROLIFIQUE. V. Fleurs et Pollen.
(D.)
POUSSINS. Pellts poulets rcccmmeni éclos. V. Coq.
(s.)
POUST. Préparation d'OpiuM , dont on fait fré(|uem-
ntient usage dansiTnde, pour se débarrasser d'un ennemi
sans qu'on puisse exciter les soupçons, (b.)
POUTALETSJE. Plante figurée par Rhéede , et qui pa-
roît être une Pétésie. (b.)
POUTAP«.'jUE , ou BouTARGUE, Voyez Mugil mulet.
POUÏASSOU. A Nice, on donne ce nom à plusieurs
poissons du ^enre des Gades, et notamment au (^ade pol-
Lack et au ]Merla>;. (des3i.)
POUTINA. C'est le nom nicéen de TATaÉRiNE mar-
brée, (desm.)
POUTINO. C'est le nom qu'on donne , à Nice, aux
jeunes Sardines, (desm.)
POUTOULAIGO. Nom languedocien du Pourpier
{^Portulaca olemcea'). (L>r.)
POUTING - PONT. Nom anglais de Gade tacaud.
(c.)
POU\RïNx\. Nom de la Bergeronnette, en Pié-
mont, (v.)
POUX. Voyez Pou. (desm.)
POUXA. On donne ce nom, dans leTliibel, au TiNKAL ,
c'est-à-dire, à la Soude boratéeou Borax, (ln.)
POUY. On donne ce nom à là Bignone a fruits
blancs, dans l'île de Ta!)ago. (b.)
POUZZOLANE. Matière terreuse qui est rejetée par
les volcans, et qui est précieuse par la propriété qu'elle a
de former un ciment de la plus grande solidité , qu'on em-
ploie dans les constructions hydrauliques ; bien loin d'être
altéré par l'eau , il ne fait qu'y prendre , de jour en jour ,
plus de dureté. La pouzzolane tire son nom de la ville de
Pouzzole, voisine de Naples et du Vésuve , aux environs de
laquelle il en a formé des amas prodigieux.
. Tous les volcans ne fournissent pas de la pouzzolane en
égale abondance , et le même volcan n'en donne pas dans
tous les périodes de ses paroxysmes. Avant et après l'érup-
tion des laves coulantes, les voîcaris rejettent, presque lou-
POU I2ï
jours, une încroya"ble quantité de sables el «le scories plus
ou moins volumineuses, qui sont extrêmement boursouftlées;
et ces matières vitreuses et arides sont incapables de pren-
dre de la liaison.
Mais dans certains intervalles, les volcans rejettent des
matières plus argileuses , dont une partie est dans un état
pulvérulent , et l'orme ce qu'on nomme les cendres volcani-
ques. L'autre partie est en petites masses assez semblables à
de la brique pilée grossièrement : c'est ce qu'on appelle
proprement pouzzolane , quoique les cendres aient des pro-
priétés toutes semblables : ce sont même ces cendres qui for-
ment la majeure partie de la pouzzolane du \ésuve, près
de Pouzzole, elles sont grisâtres; à la Torre del l'Annunziaia,
elles sont noirâtres et d'un fort bon usage.
Dans toutes les contrées de l'Italie , qui ont été volcani-
sées, on trouve , en abondance , une pouzzolane brune ou
jaunâtre. L'une des meilleures, qui est de couleur rouge,
est celle qu'on tire aux environs de Kome , d'une colline qui
est sur la droite de la voie Appia , près du tombeau des
Scipions. Les fameuses catacombes de Kome sont creusées
dans une pouzzolane de couleur violette obscure, parsemée
de petits cristaux de pyroxènc.
L'Etna produit aussi de la pouzzolane , mais bien moins
abondamment que les volcans d'Italie. Elle est en petites
masses qui ont jusqu'à la grosseur dune noix; elles sont
poreuses sans être boursoufliées ; elles ont le grain terreux
et happent fortement à la langue. La pouzzolane du mont
I^ateruo est rougeàlre ; celle du IMonle-Rosso est noirâtre
et mêlée de pyroxènes, comme celle des catacombes de Rome.
Bergman a fait l'analyse d'une pouzzolane de couleur
rouge , et a reconnu qu'elle contenoit :
Silice. • . . . 55
Alumine 20
Chaux . 5
Fer 20
Ce sont les mêmes élémens qu'on trouve dans le hasalle ,
êl à peu près dans les mêmes proportions ; aussi , Faujas de
Saint-Fond a-t-il eu grande raison de dire qu'il existoit une
parfaite identité entre toutes les matières volcaniques, qui ne
diffèrent les unes des autres que par de légères modifi-
cations.
Comme la pouzzolane est une substance presque insé-
parable des volcans , on en trouve , en France , aux environs
de tous les volcans éteints d'Auvergne , du Vivarais , du
Yelay , du Languedoc, près d'Agde , d'Eveuos, à trois
122 POU
lieues au nord de Toulon, de la Charlreuse d'Averne en
Provence , etc.
Faijjas nous apprend qu'il a fait, avec la pouzzolane du
Vivarais, divers essais de constrnclion , soit dans l'eau,
soit en plein air, qui lui ont parfaitement réussi.
On emploie la pouzzolane principalement dans les cons-
tructions qui doivent être couvertes d-eau , et lui être im-
perméables, comme les écluses des canaux de navigation,
les réservoirs, les bassins , etc.
Pour l'employer avec autant d'économie que d'utilité , on
la réduit en poudre , surtout pour les ouvrages qui doivent
réunir la propreté à la solidité. On la mêle avec de la cliaux
vive ou nouvellement éteinte, et du sable de rivière; et
pour les gros ouvrages , on y joint de la blocaille ou recoupe
de pierres , dans les proportions suivantes :
Douze parties de pouzzolane ,
Six parties de gros sable non terreux,
Neuf parties de chaux vive ,
Six parties de recoupes.
On môle et Ton broie le tout ensemble , comme un
mortier ordinaire; mais il doit être employé sur-le-champ,,
attendu qu'il durcit Irès-promptement.
La maçonnerie faite avec ce ciment, résiste d'une ma-
nière étonnante à l'action destructive des eaux de la mer.
L'ancien mole de Pouzzole , appelé le Pont de Caligula , en
butte, depuis tant de siècles, à la fureur des flots, ne doit
qu'à la pouzzolane son inébranlable solidité.
Pour les ouvrages qui doivent être unis à la truelle, on
supprime les recoupes , on pulvérise plus soigneusement la
pouzzolane , et l'on fait un mortier composé de :
Deux parties de pouzzolane ,
Une partie de chaux vive ,
Une partie de sable pur.
On fait ce mortier à l'instant même où on l'emploie : on
s'en sert pour les bassins, les terrasses qui servent de
toit , etc. Si l'on a soin de le battre fortement à mesure
qu'il sèche, pour l'empêcjier de se fendiller, il ne laisse pas
filtrer une goutte d'eau pendant un grand nombre d'années.
Les tufs volcaniques ont absolument les mêmes propriétés
usuelles que la pouzzolane , dont ils ne diffèrent que par
leur consistance pierreuse ; et il suffit de les pulvériser pour
en faire une véritable pouzzolane. V. Trass. (pat.)
POVEPvAZOS. Oa donne ce nom à la Vénus clonisse,
dans le golfe de Venise. (B.)
POViE ou POWIL Selon Lalham , c'est le nom que
le Martiî^ BKAiviE porte au Mahbar, V. ce mot. (v.)
P R A 123
POXOS. Nom des Champignons memdr\neux , dans
Théophraste. (b.)
POY. Dapper parle trop succinctement d'un oiseau de
proie d'Afrique , appelé ;joj par les nègres, et qui se lient
sur le bord de la mer, pour y prendre les crustacés, (s.)
POYON. V. Mouche a feu. (l.)
POZOA. Pozoa. Plante herbacée de la famille des ombcl-
lifères , de la pentandrie digynie et très-voisine des astrances.
Ses feuilles sont portées sur de longs pétioles , simples, co-
riaces, dentées profondément à leur extrémité , et marquées
de cinq nervures quintuplées. Ses fleurs forment une ombelle
simple : elles offrent un calice a cinq dents; une corolle à cinq
pétales entiers. Il leur succède des fruits prismatiques , té-
trngones, couronnés par les dénis du calice. L'involucre est
complet, ample , coriace , denté , plus long que l'ombelle-
Lagasca indique cette plante dans les montagnes des Andes ,
au passage qu'on nomme Cordillière del Plancbon.
POZZOLAINE. V. Pouzzolane et Cendres volcani-
ques, (pat.)
POZZOUTE. Nom donné,par M. Cordier, à la Pouz-
zolane. Voyez à la fin de l'article Lave, (ln.)
PRAEDATRIX. Nom générique du Stercoraire, (v.)
PRAIRIES. On appelle pré , toute superficie de terre
semée naturellement ou artificiellement de plantes propres à
la nourriture des animaux.
Dans l'état actuel de l'agriculture française , le rapport des
prairies avec les céréales et les autres plantes cultivées pour
l'homme est loin d'être dans de justes proportions pour
assurer l'existence de la quantité d'animaux nécessaire à sa
prospérité. Si le hié, Vaooine, Vorge, le seigle, \emiliel, etc.,
abondent en France, elle manque encore àe prairies^ déplantes
utiles dansles arts, et de forêts, au moinsdans les proportions
suffisantes aux besoins de ses habitans , et tant que les justes
rapports entre les prés, les bois, et Icsterres cultivées ne seront
point établis en pratique, l'agriculture sera moins riche. Celle
vérité ne s'applique pas à la France seulement, elle est encore
applicable aux climats voisins , à Tltalie surtout ; et consi-
dérée dans toute son étendue , on voit que la prospérité de
l'agriculture, la plus constante fortune publique , repose sur
sa rigoureuse applicalion , et que , vue physiquement , elle
explique ces longues chaleurs brûlantes de nos climats, incon-
nues à nos pères , et ces hâles arides qui stérilisent nos cam-
pagnes ; mais l'absence des forêts y contribue davantage.
Les prairies sont naturelles ou artificielles. On dit qu'elles
sont naturelles quand elles n'ont point été semées , et qu'elles
sont artificielles quand elles l'ont été. Les premières se sub-
divisent eu praiiies hautes , en p'w'ries de. pi aine ^ et cii pi'i.-''"'-^.
12/î P R A
tasses. Les dernières se subdivisent en prairies artificielles ,
composées de beaucoup d'espèces de plantes , et en prairies
arlificieltes , composées d'une seule espèce de plantes.
Des Prairies naturelles.
Un écrivain célèbre en agriculture , pose la question de
savoir s'il est avantageux de conserver en prairie naturelle un
sol qu'un ne peut arroser. Cette idée , bien faite pour fixer l'at-
tention des propriétaires , et fructifier parmi eux , est sans
doute la cause déterminante de ces destructions de vieilles
prairies peu productives , qu'on remplace de toutes parts par
des prairies artificielles composées d'espèces de plantes moins
pressées du besoin d'eau. En effet , pourquoi payer des im-
pôts pour un pré médiocre qui peut tripler sa valeur semé en
luzerne , en trèjle , en sainfoin, en carotte , en iurnep , en chou
navet de Lapunie , en betterave champêtre , en chicorée à four-
rage, etc. ?
Cependant ne bannissons pas toutes les prairies naturelles ,
mais n'en laissons que dans des lieux bas, plats, naturellement
humides , ou dans telle position qu'elles soient, susceptibles
d'irrigation. Dans l'un et l'autre cas, prenons le plus grand
soin de les débarrasser des mauvaises herbes qui s'y établis-
sent toujours plus ou moins , et d'en faire disparoître toutes
les inégalités de superficie , que les animaux souterrains ou
d'autres circonstances peuvent y occasioner. 11 faut réduire
à un très-petit nombre les plantes qui.doivent composer une
prairie naturelle ; et quelque bonne que soit la mieux située ,
s'il survient une sécheresse excessive, elle vaudra moins que
le plus mauvais pré arrosé artificiellement ; cette proposition
repose sur de nombreux exemples. Il ne faut donc conserver
que les prairies naturelles baignées tous les ans par des eaux
qui les surnagent momentanénjcnt.
Il faut ôtcr des prairies naturelles les plantes suivantes.
Uonoporde ucantlnn, dont les feuilles sont épineuses ; 1 . s
laiches , les choius , dont les tiges sont dures ; la héioine offici-
nale ^ la rhinaiithe r.rê.le de cg<j , la valériane dioïqus , les orchis ,
les serrahdes, Inspirée ulmaire, la salicaire., Ia potentille anserinc,
les renoncules, les patiences , Vani^èlique sauvage, tous les cJié-
jiopodes , tous les èpiloL'cs , les menthes, les im , les véroni-
ques, les presLs ^ les caille - laits , les cressons ., les renouées y
la grussette , . la vicnyasithe , les petites el grandes marguerites , la
ciguë, Idi nummulairc ., les primevères , les achillées , les campa-
nules, les géranions , les mauves ., V ai gremoine ., les séneçons,
Valchimille , les euphraises , le serpolet , les poicntilles , l'o-
rigan , la sanicle, le marrube , la petite centaurée , la bardcmey
la consolide , la cuscute ,• le coquelicot , ïœnaathc , la gaude , la
P R A 5,5
iormentiîle ^ les fough-es , Y airête-hœuf ^ et beaucoup d'autres,
dont rindicalion deviendrolt longue, lesquelles nuisent toutes
aux prairies. D'après celte analyse , que tout cultivateur peut
vérifier , il est évident que le plus grand nombre des plantes
des prés est nuisible , et que les bonnes plantes ne sauroicnt
occuper seules le terrain , si la main de l'homme ne vient à
leur secours. Lorsque ces herbes dominent trop dans un
pré , il faut les détruire , et le semer en prairies artificielles ,
d'une ou de deux plantes prises parmi celles qui y croissent
naturellement le mieux ; car la nature les ayant placées là ,
on fera bien d'y semer leurs semences , qui y prospéreront
aux dépens des autres que la charrue a condamnées désor-
mais à fertiliser le sol. Est-ce le sainfoin, la pimprenelle, la
chicorée , le ray-grass , le fromental , qui y disputent le sol ?
établissez l'une de ces plantes exclusivement , ou le sainfoin
avec la pimprenelle. Quel meilleur guide que la nature ?
Aimez-vous mieux un fourrage annuel '^ semez les gros nai?ets
à fourrage , les carottes et betteraves champêtres , qui y prospè-
rent nécessairement.
Les prairies naturelles pour pâturage.
Ces sortes de prés signalent l'indifférence des propriétaires
sur leurs intérêts , ou la pauvreté de quelques cultivateurs ,
qui ne peuvent convertir ces terrains en prairies artifi-
cielles toutes les fois qu'ils sont situés à la proximité dos
labours. Quant aux pâturages situés sur les côtes à de très-
longues distances des habitations , ou qui sont naturellement
établis sur les (laacs des montagnes escarpées, il ne faut pas y
porter la charrue ; on en augmente au contraire le produit ,
pour y paître plus utilement de nombreux troupeaux. Ce sont
des terres vierges de création nouvelle , qui augmentent de
fertilité chaque année par la désorg3nisalioi>des plantes qui
y meurent. Les rochers qu'elles cachent éioient primitive-
ment nus : ce sont des terres en réserve pour la postérité.
Les Chinois manquent de cette perspective , l'.ngricuiture
impérieuse et irrésistible ayant déjà dévoré les montagnes
chez ce peuple , le plus ancien de tous.
Lorsqu'on a le choix du terrain , il est avantageux d'établir
la prairie au levant , sur une pente douce ; Iherbe ijui reçoit
le plus immérfiatemenlles rayons lumineux , est plus nour-
rissante et plussalulaire à égal volturse, frai- he ou sèche, que
celle des mêmes plantes qui ont végété à loi.te autre exposi-
tion. Ce n'est qu une nuance sans doute , mais il n'est point
indifférent de la saisir ; aucun corps vivant ne prospère à
l'ombre , et tout corps vivant qui habite à la surface de là
terre, a d'autant plus de perfection , qu'il perçoit davantage
,26 P R A
de rayons solaires. Cela est rigoureusement vrai; mais il faut
que les forces intérieures de ces corps, entretenues par de hons
alimens , provoquent cette abondante sécrétion qui lustre les
plantes de ce beau vernis qui caractérise leur santé. C'est assez
dire qu'il est utile que cette prairie, semée au levant , soit
alimentée par un sol naturellement bon, ou, à défaut, souvent
nourri d'engrais propres au sol , ou par des irrigations heu-
reusement combinées.
Si la terre est susceptible d'irrigation , on peut y semer ,
après dcuxbons labours, toutes sortes de graminées , quelle
que soit leur nature. Le fromental , qui forme la base des
bonnes prairies naturelles, tient le premier rang.
La pratique a appris que pour bien semer le fromental ,
il falloit employer soixante à soixante-dix livres de semence ,
et que si on lui combine du trèfle rouge ( iri/olium praiense ) ,
c'est dans les proportions de cinquante livres de fromental
sur six livres de trèfle , qu'il faut associer ces deux plantes.
Parmi les autres plantes qui croissent naturellement dans
les prairies , on remarque encore Vwraie vwace ou ray-grass-
anghiis. Cette herbe s'élève moins que \<t fromental ^ mais
elle ne lui cède pas en qualité , au moins avant sa flo-
raison. On sème soixante livres de graine par arpent , et
deux livres de petit trèfle hlanc (^trifoUwn repens ^ ^ qui con-
serve une fraîcheur utile à la surface de la terre , et protège
ainsi le ray-grass contre l'action du soleil.
La houqiie laineuse est encore une plante bonne à cultiver
séparément , ainsi que le dactyle glomérulé. Ces deux grami-
nées sont plus hâtives que les autres , et seroient déplacées
dans un mélange.
Les graines recueillies en mélange provenant d'un pré
d'herbes de choix, ne sont point à dédaigner, lorsque V avenu
elatior , Yacena flaoescens , le holcus lanatus , le lolium pè-
re nnc , le bromus mollis ^ le poa prarensis ^ le phleum pratense
et le medicago lupulina^ composent ce mélange naturel dans
de telles proportions , que l'oce«a elatior et le poa pratensis
et le medicago lupulina , dominent; mais l'opération du semis
est plus sûre lorsque ces graines bien vannées et nettoyées de
feuilles mortes et autres corps étrangers , sont rapprochées
de manière que chacune d'elles puisse se reconnoîlre ; alors
soixante livres de ces semences en mélange, et quatre livres
de trèfle f sèment un arpent , et composent un pré durable
et très-productif. On est dans l'usage de semer [qs prairies de
graminées en automne ic'est sans doute la bonne méthode;un
grand nombre de propriétaires ne sèment , néanmoins, qu'au
printemps , et s'en trourent bien aussi. Ou fera donc cette
P R A 127
opérallon avant ou après l'hiver ; mais en ne semanl qu'au
printemps , c'est perdre une demi-année , et multiplier les
frais de labours préparateurs du sol. On dira peut-être que les
gelées fatigueront les jeunes graminées naissantes; cela n'est
pas sans exemple. La nature , qu'il faut imiter , ne nous
indique-t-elle pas l'automne pour le semis des graines indi-
gènes , puisque c'est alors qu'elle les fait mûrir , et que les
disséminant partout , on les voit germer naturellement
alors , ou attendre dans la terre la douce saison du prin-
temps pour développer leurs germes. 11 faut, d'ailleurs , ob-
server que si les tiges des plantes meurent ou suspendent
leur activité vitale dans l'hiver, leurs racines emploient cette
saison pour grossir , durcir et mieux se cramponner au sol ;
car elles végètent alors , et la vie végétale refoule vers elles ,
et y exerce son action d'une manière plus active qu'on ne le
pense généialement.
Si on sème en automne , on le fera aux approches d'un
temps humide et le plutôt possible, pour que Iherbe puisse se
fortifier et mieux se défendre contre le froid. Ce semis fait,
on l'abandonne jusqu'en avril , à moins qu'on ne veuille jeter
sur la superficie une couche légère de terreau en décembre
ou en février ; mais cela n'est praticable que pour de petites
pièces.
Nous avons ait qu'il n'y avoit pas de bonnes prairies ( gra-
minées surtout) sans eau. Je suppose donc la pièce semée
en pré , disposée de manière que l'eau d'une rivière voisine
l'habile en hiver , qu'elle soit baignée par des fontaines , ou
enfin que l'eau y soit portée par un grand canal de conduite ,
et distribuée , dérivée , conservée , reprise ou perdue à volonté
par des canaux et rigoles d'introduclion , par des canaux de
dérivation , de repos , de reprise et de dessèchement , selon
les inclinaisons de superficie et la qualité du sol , sec ou hu-
mide , calcaire ou argileux.
Ces nombreux aqueducs superficiels, distribués de manière
à produire une irrigation proportionnée aux besoins des sites,
doivent être ouverts à peu près dans le cours d'avril pour la
première fois , sur la nouvelle prairie qu'on baignera encore
dans la suite , selon ses besoins , en observant de ne pas trop
l'inonder, car le foin seroit de moins bonne qualité.
On aura soin, la première année, d'arracher les mauvaises
herbes à mesure qu'elles s'y établissent , et de le faire tou-
jours avant qu'elles soient en fleurs.
On fauche le pré quand il est couvert de fleurs ; et n'at-
tendez jamais que les tiges des graminées soient blanches et
que la graine soit formée , car au lieu de foin vert et odorant
i;>.8 P R A
que le suc salivaire de la bouche des animaux puisse pénétrer
€t ramollir , vous n'obtiendrez que du foin sec , cassant , pâle
et inodore , sans aucune qualité alimentaire, et dédaigné par
les animaux qui préfèrent alors la bonne paille. Le moment
de couper rherbc est difficile à saisir; et c'est ici le lieu de
faire ressortir tous les désavantages des prairies naturelles
négligées. Quelque attentif que soit le propriétaire à saisir ce
moment, il trouve toujours sur cinquante plantes qui com-
posent sa prairie naturelle , vingt-cinq espèces mortes , pour-
ries ou «rop mûres, et dont les graines semées naturellement,
assurent l'invincible permanence de ces végétaux inutiles.
Parmi les vingt-cinq autres , il en est quinze qui sont en
fleurs et bonnes à faire du foin , et dix qui , -mûrissant plus
tard , n'ont encore pu acquérir leur force , leur saveur , ni ce
concours de principes immédiats des végétaux , qui donne
lieu à l'odeur particulière qui caractérise le bon foin. 11 est
donc évident que les seules prairies naturelles , purgées de
leurs mauvaises herbes , ou celles que la main de l'homme
guidée par un raisonnement qui a fait un choix heureux de
plantes , a composées , sont susceptibles de donner de bon
foin.
Des rmiries artificielles.
On appelle prairies artificielles toute superficie de terre
occupée par des plantes fourrageuses qui y ont été portées
par la main de l'homme. Leur objet est la culture des espèces
appropriées au sol , cultivées isolément ou deux à dejix , trois
à trois, selon leur affinité réciproque ou leur appétit pour le
terrain qu'elles occupent : elles sont toujours d'un rapport
beaucoup plus grand que les prairies naturelles , calcul fait
des qualités des terres et du prix des travaux. Elles firent au-
trefois la fortune de l'agriculture romaine, et leur introduc-
tion en France , en Angleterre et en Allemagne , a beaucoup
contribué à augmenter les bestiaux et les engrais ; elles font
de plus en plus disparoître parmi nous la nudité des terres
reposées autrefois en jachères , et si quelques cantons de la
France conservent encore de ces terres oisives , c'est qu'ils
s'oublient sur leurs propres intérêts, ou manquent des moyens
de semer des prairies artificielles.
Les Chinois multiplient pour fourrage , dans quelque sol
que ce soit, la plante qui y vient naturellement la plus belle,
la plus forte et en même temps la plus appropriée à la nour-
riture des bêtes. Voilà le fondement des prairies artificielles,
"Visitez la plus mauvaise partie de votre domaine; cherchez ,
parmi les nombreux végétaux qui y croissent, la plante qui
végète le plus vigoureusement,- et cultivez-lasurle lieu même,
P R A. „3
à moins que l'analogie ou rexpérience sur une terre voisine
ne vous aient appris qu'une autre plante y produiroit davan-
tage.
Les plantes qui figurent le plus avantageusement en prai-
ries artificielles, sont la/Mze/72edans tous les sols, excepté ceux
qui reposent sur un tuf imperméable à l'eau, le trèfle dans les
bonnes terres, le sainfoin sur les coteaux calcaires ou sablon-
neux , le ray-grass , iefrunienlal , la pimprenelle ; la grande chi-
corée , d'un produit excessif ; la vesce , \a féoerole ^ le lentillon.
le pois gris , le lupin , la spergule et le mélilot sur les jachères,
que ces plantes n'épuisent pas ; Y ajonc , le cytise , le coluiea,
le gainier, pour occuper les terres escarpées et nourrir les
animaux de leurs jeunes tiges ; la lupuline, le petit trèfle blanc,
le sulla , le trèfle de Roiissillon, les navels à fourrage , les iurneps ,
les carottes et betteraves champêtres ^ le navet de Suède, les chousom
raves et choux-navets de Laponie, et autres dont on a indiqué
les usages en traitant ces articles dans l'ordre de ce Diction-
naire.
Indépendamment des avantages attachés à la culture des
prairies artificielles , pour nourrir les animaux, l'expérience
a appris qu'elles fécondent les terres sur lesquelles on les
établit; on sème toujours les céréales avec avantage dans les
prairies naturelles et artificielles défrichées , et les prairies
artificielles annuelles fertilisent le sol , lorsqu'au lieu de
donner leur seconde pousse aux animaux, on la renverse sous
la terre par la charrue. Ce mode d'engrais étoit connu des
Romains , qui employoient le lupin à cet usage.
Les prairies artificielles vivaces sont susceptibles d'irriga-
tions comme les prairies naturelles. Leurs graines se sèment
aux diverses époques de l'année , selon les plantes qui les
composent, (toll.)
PRAMNION. F. MoRioN. (ln.)
PRANIZE , Praniza , Léach , Latr. ; Oniscus , Montag;
Genre de crustacés , de l'ordre des isopodes , famille des
phytibranches , distingué des autres genres qu'elle renferme
par les caractères suivans : quatre antennes apparentes; dix
pattes toutes simples ; corselet divisé en trois segmens ; les
deux premiers courts, portant chacun une paire de pattes; le
dernier beaucoup plus grand , portant les six autres pattes ;
queue terminée par une nageoire en feuillets.
Ce genre a été établi sur Voniscus cœrulatus de Montagu ,
représenté dans les Actes de la Société linnéenne, tom. xi ,
part. I , pi. 4 » fig- 2 ; mais il paroît que cette espèce {pra-
niza axrulata y Lam. ) étoit déjà connue de Slabber , Oùserv.
microsp. , pi. i , fig. i et 2, On la trouve dans notre Océan.
(L.)
xxvni. 9
.30 P R A
PRASE. Nom commun 5 plusieurs pierres siliceuses d'un
vert plus ou moins approchant de celui du poireau. Delamé-
therie, et Brochant, d'après Werner , l'ont donné à une va-
riété vert obscur du quarz; quelques auteurs s^en sont servis
anciennement pour désigner des agates et des silex verts plus
communément connus sous le nom de plasma; enfin , la chry-
soprase a été appelée Prase , et la prehnite du Cap de
Bonne-Espérance , Prase cristallisée. V. Quarz, Silex
et Prehnite. (ln.)
PRASE LEUCOCHLORE , Prasius leucoMorus. Al-
drovande appeloit ainsi un jaspe panaché vert blanc et jau-
nâtre.On a donné également ce nom à la Chrysoprase. (lw.)
PRASEM, Werner, et Praseinstein. C'est le guarzhyalin
vert obscur de M. Haiiy, appelé Prase F. Quarz. (ln.)
PRASION , Prasîum. Genre de plantes de la didynamie
eymnospermie et de la famille des labiées, qui offre pour ca-
ractères : un calice tubuleux , à lèvre supérieure trifide, et à
lèvre inférieure bifide ; une corolle monopéiale tubuleuse , à
lèvre supérieure concave , échancrée , à lèvre inférieure
plus large et trifide, à division moyenne plus grande ; quatre
étamines , dont deux plus grandes; un ovaire à quatre lobes,
surmonté d'un style à stigmate bifide; quatre baies mono-
spermes.
Ce genre renferme six petits arbrisseaux à feuilles oppo-
sées et à fleurs axlllaires dépourvues de bractées.
L'un , le Prasion grand , a les feuilles ovales oblongues
et dentelées ; et l'autre , le Prasion petit , les a ovales et
doublement crénelées. Us se trouvent l'un et l'autre en Sicile
et en Calabre , et ne présentent rien de remarquable, (b.)
PRASITIS. Nom donné autrefois au Corindon vitreux
d'un vert jaunâtre, (ln.)
PRASIUM ou PRASION. Les Grecs donnoient ce nom
à des plantes qui paroissent avoir été notre marrube blanc
et la ballote noire , plus connue sous le nom de marrube
noir, F. Marrubium. Adanson a nommé leoina le genre
prasium de Linnaeus, parce qu'il ne contient point les Pra-
sioNS des anciens. F. ci-dessus Prasion. (ln.)
PRASOCURE, P/asoa/7/5. (ienre d'insectes, de l'ordre
des coléoptères , section des télramères, famille des cycli-
ques, tribu des chrysomélines.
Ce genre avoit été établi par Paytull , sous le nom d'Ae-
ludes^ et adopté de même par Fabricius. Latreillea cru devoir,
changer ce nom , parce qu'il étoit trop conforme à celui d'e-
iodes ^ qu'il avoit déjà établi dans son Précis des caractères gé-
nériques des insectes. Les caractères que cet auteur lui assigne j
P R A ,3,
sont les suivans : antennes monîliformes ;; un peu plus lon-
gues que le corselet , terminées par quatre à cinq articles plus
gros, dont le dernier presque globuleux; palpes peu ou point
saillans , filiformes ; lèvre inférieure coriace , large, carrée.
Le corps des insectes de ce genre est oblong, déprimé; la tête
est plus horizontale que verticale ; les yeux sont allongés ; le
corselet est carré.
PraSOCURE de la PHELLANDRIE , Chr^'Somela phellandrii ^
Linn. ; He.lodes phellandrii , Payk, , Fab. Elle est noire , avec
le bord du corselet et deux lignes sur chaque élytre jaunes ;
les patJessont noires , avec une partie descuisses et des jambes
jaunes. Elle se trouve en Europe sur quelques plantes aqua-
tiques. La larve se nourrit des racines de la plante nommée
par les hotanhles pheHandrium açuatirum. (o.L.)
PRASOÏDE. Agricola et Laët donnoientce nom au PÉ-
RIDOT. (ln.)
PRASOIS. Nom de l'une des deux espèces de topazes que
Pline indique d'après des auteurs plus anciens, (lis.)
PRASON et PRASSON. Noms grecs des Poireaux, F.
PoRRUM. Il y avoit encore d'autres plantes du même genre,
auxquelles on avoitétendu ce nom; exemple : Vampeloprasum,
le schœnoprasum , le icorodoprason , etc. V^. ces mots, (ln.)
PRASOPHYLLE , Prasophyllum. Genre établi par R.
Brovvn , dans la gynandrie diandrie , et dans la famille des
orchidées, pour placer douze espèces de plantes à racines
liulbeuses , à feuille unique , cylindrique, fistuleuse, à fleurs
disposées en épi , qu'il a découvertes à la Nouvelle-Hollande.
Les caractères de ce genre sont : corolle en masque, à cas-
que saillant , à deux folioles postérieures et extérieures sou-
dées , à nectaire relevé, entier , unguiculé , sans éperon ; la
colonne des étamines bipartite et ailée; anthères allongées ,
rapprochées ; deux masses de pollen dans chaque loge. F.
Génoplésie. (b.)
PRASUS et PRASIUS. Pline nous apprend que l'on
nommoit ainsi , de son temps , plusieurs pierres, à cause de
leur couleur tirant sur le vert du poireau. Il en dislingue
trois sortes , dont une étoit tachetée de rouge , et une autre
marquée dç trois lignes blanches. Il est très-probable que
c'étoient des jaspes verts tachés de rouge ou rubanés de blanc
De nos jours , on connoît des onyx en jaspe vert et blanc ;
ce sont des pierres fort chères. Les prasus étoient, selon
Pline , des pierres peu estimées. Cet auteur parle encore du
chrysoprasîus ou chrysoprasus qu'on croit avoir été notre chryso-
prase, ou une pierre siliceuse très- voisine , ou peut-être une
serpentine d'un vert jaunâtre, (ln.)
PRx\TELLE , Pratella. Genre de Champignons établi
i32 PRE
aux dépens des Agarics de Lînnseus , et auquel on peut
donner pour type TAgaric azuré , figuré par Bulliard.
Ses caractères sont : point de coiffe ; pédicule central nu,
ou armé d'un anneau ; chapeau charnu ou membraneux, per-
sistant ; lames qui noircissent dans leur vieillesse sans se
fondre en eau. (b.)
PRATICOLA. Le Pigamon simple, Thalicirum simphx ,
a été désigné sous ce nom par Ehrhart. (ln.)
' PRATINCOLA. Kramer ( Elench. Austr. infer.) donne ce
nom à la Perdrix de mer. (s.)
PRÉ. V. Prairie, (s.)
PRECIPICE. Gouffre ou cavité escarpée et profonde,
formée par les érosions des eaux , ou par des affaissemens de
terrain. V. Abîme, (pat.)
PRËCOjSSUL. V. Stercoraire bourguemestre. (v.)
PRECZNIZA. Nom servien du Froment, (lm.)
PREDHOMME BLANC. On nomme ainsi le Hari-
cot sans parchemin, (d.)
PRÉDICATEUR. Nom du Proyer , à Turin, (v.)
PRÉFET. Nom d'une coquille du genre Cône , Conus
prœfertus. (desm.)
PREHNITE. {Idem, Haiiv, Delam., Kirw. , Brong.,
Thoms. , Jam. ; Prehnit , W erner , Karst. ; prehnite et zéo^
îite verdâtre , de Born. ). Espèce minérale de la classe des
pierres,voisine de la stilbite et de la chabasie, et, comme elles,
appartenant à l'ancienne famille des zéolites. On la recon-
noît d'abord à sa cristallisation et à sa couleur verte , qui
varie du vert jaunâtre au vert-pomme et au vert grisâtre ou
presque blanc. Elle est demi-transparente ou translucide , et
plus rarement diaphane; son éclat est gras ; à l'intérieur elle
a un coup d'œil un peu nacré, dans le sens des lames. Sa cas-
sure longitudinale est lamelleuse , mais sa cassure transver-
sale est terne et inégale. Elle n'est pas très-dure, et raye foi-
blement le verre : cependant , lorsqu'elle est en masse , il est
très-difficile de la casser ; les lames entre-croisées dont elle
est formée alors , la rendent fort tenace. Sa pesanteur spé-
cifique varie. Hassenfratz indique 2,60 pour la prehnite du
Dauphiné ; Vauquelin donne pour celle des Pyr^ées, 2,69 ;
Klaproih fixe celle de la prehnite de Fassa , à 2,91 ; pour
celle de Ratshinkes, 2,92 ; Haiiy porte celle d'une variété
fibreuse, à 2,88.
La prehnite possède un caractère très-important , dans la
propriété qu'elle a de devenir électrique par la chaleur. Cette
propriété , découverte par M. de Drée , jointe à celle de ne
point faire gelée avec les acides , la distingue de la méso-
p R A
i33
type , espèce à laquelle on avoit rapporté ses variétés fi-
breuses.
La prehnite, exposée au chalumeau, bouillonne,puisfond
en un émail huileux , de couleur grisâtre ou noirâtre.
Cette pierre est composée essentiellement de silice , en
plus grande quantité ; d'alumine de chaux et d'un peu de fer.
M. Berzelius la place dans le groupe q'uil désigne par cal-
cium siliciaté. Voici plusieurs analyses de diverses variétés de
prehnite.
Klaproth.
Hassenfratz.
Vauquelin.
Cap.
Cap.
Pyrénées.
Silice. .
. • 43,80 .
. 5o . . .
.48
Alumine.
. 3o,88 . .
. 20,4. . . .
.^4
Chaux. .
. 18,33 .
. 23,3. . . .
. 23
Fer oxydé.
Magnésie.
. 5,66 .
. 0,00
• ^'9- • • .
. 0,5. . . .
•• 4
. 0
Eau. . . .
. 1,85 . .
. 0,9. . . .
. I
Klaproth.
Id.
Laugîer.
Passa.
Raischinkes.
Reichenhach
Silice. .
. 42,87 .
. 43,00 . .
. 42,5o
Alumine.
. . 2i,5o .
. 23,25 . .
. 28,50
Chaux.
. . 26,50 .
. . 26,00 . .
. 20,40
Fer oxydé.
. . 3,00 .
. . 2,00 . .
. . 3,00
Manganèse c
)xydé. o,25
. . 0,25 . .
. . 0,00
Magnésie.
. . trace . .
. . trace. . . .
. . 0,00
Soude et pot
ïsse. 0,00 .
. 0,00. . .
. . 0,75
Eau. . .
. . 0,00 .
. . 0,00 . .
. . 2,00
La prehnite se trouve presque toujours cristallisée , et ses
cristallisations sont ou composées de cristaux courts , le plus
souvent lamelliformes , implantés de champ les uns sur les
autres et sur leur gangue, ou bien groupés et enfoncés sur les
parties extérieures d'espèces de rognons ou de concrétions de
la même nature.
La forme primitive donnée par M. Haiiy , est celle d'un
prisme droit , à base rhombe de io3 degrés , et 77 degrés,
divisible dans le sens des petites diagonales de ses bases.
Les formes secondaires sont peu nombreuses. Nous cite-
rons les variétés suivantes , d'après M. Haiiy.
1. Prehnite primUioe , H., TaW. comp. La forme primitive.
2. Prehnite hexagonale. En prismes ou lames hexagonales.
C'est le prisme primitif dont les deux arêtes aiguës sont rem-
placées par deux faces.
3. Prehnite octogonale. En petits prismes octogones , ou en
âmes octogonales.
,34 P 1^ E
Ces formes sont les plus simples ; il en existe plusieurs
autres plus compliquées. Les cristaux lamelliformes sont su-
jets à prendre une disposition analogue à celle qui s'observe
dans les cristaux de stilbite. Ces lames , en se joignant par
leurs plans primitifs , s'écartent par deux de leurs extrémités
opposées , en formant un éventail ou une gerbe , ce que
M. Haiiy avoit d'abord rendu par l'épithète àt flabeWforme.
Depuis, il a nommé prehniLe conchoïde , celle qui se présente
ainsi cristallisée. Les cristaux de prehnite ont une telle ten-
dance à se grouperainsi , qu'il est rare de ne pas y trouver
d'indice de cet arrangement des lames entre elles.
Les minéralogistes étrangers divisent la prehnite en deux
sous-espèces. La première comprend la prehnite à tissu la-
melleux; la seconde ne renferme que la prehnite radiée. Ces
divisions qui ne sont pas rigoureuses , peuvent être admises
jusqu'à un certain point.
§ I. Prehnite lamelleuse. — {Blœtrîger prehnit , "W,;/o-
liatcd prehnite , Jam. ), Ses variétés sont les suivantes :
I .° La Prehnite cristallisée {Schorl vert du Dauphinè; Schorl en
gerbes^ Schreib. ). Elle est en cristaux réguliers et en cristaux
conchoïdes. Les plus belles cristallisations de prehnite ont
été trouvées ju-îqu'à présent dans le Dauphlné. Ses couleurs
sont le vert grisâtre ou blanchâtre. Elle accompagne l'axinite,
l'épidote , l'anatasc . etc. Les cristaux les plus beaux et les
plus gros sont conchoïdes ; ils ont jusqu'à un pouce de
longueur.
2. Prehnite lamelliforme ^ Haiiy; Elle est formée de lames
extrêmement petites et minces , tumultuairement disposées ,
et formant de petite? masses très-légères. Elle est d'un gris
blanchâtre ; on Ta d'abord trouvée dans les Pyrénées , puis
dans la vallée de Chamcuni. C'est elle qu'on a nommée
KouPiiOLiTÉ. V. ce mot.
3. La Prehnite cnUtlacée , Hâiiy ; Emeraude du Cap , Ro-
chon ; Chiysolithe du Cap , Sage ; Prase cristallisée , H acquêt.
Elle est en masse tenace , formée de lames enlacées en tout
sens, avec des parties compactes. Ses parties extérieures
offrent aussi des cristaux saiilans et très-rapprochés. C'est à
celte variété qu'il faut rapporter la prehnite d'un beau vert-
pomme, découverte dans le pays des Namaquois, versle Cap
de Bonne-Espéranc<^ , dans l'intérieur de l'Afrique méridio-
nale. On doit y rapporter aussi les prehnites en masses blan-
ches ou d'un blanc verdâtre , avec lesquelles les Asiatiques
font leurs jolies coupes et autres objets , et qu'on adonnées
pour du jade blanc oriental.
PRE ,3S
Il y a Heu de croire que quelques-unes des substances que
i'on rapporte au pétrosiiex, sont de la prehnite parfaitement
compacte et céroïde , par exemple , certains pétrosiiex de
iNorwége , qui sont associés avec la prehnite cristallisée.
§ II. Prehnite fibreuse. — {Prehnite globuleuse radiée elfi-
Ircuse- conjointe^ Haiiy ; fasriger prehnite , \V. ; Jibrous prehnite,
James. ; zéoliie rayonnée , Deborn.) Elle se distingue de la pré-
dente par sa texture fibreuse ou radiée , et même bacclUaire
comme dans la mésotype , et par sa couleur, qui est généra-
lement vert-jaunâlre. Cette prehnite est massive , en con-
crétions , ou en rognons tantôt pleins et formés par la réu-
nion de globules compactes radiés , tantôt creux , et à sur-
faces internes hérissées de cristaux aciculaires.
La prehnite est disséminée ou en veines , dans les roches,
ou cristallisée, dans leurs cavités. Ses gisemens sont de deux
sortes , ce qui a fait attribuer à cette pierre , une double ori-
gine. En effet, elle se trouve dans les roches primitives, et
dans celles qu'on nomme de trapp, et que plusieurs minéra-
logistes rangent dans les terrains de transition ou volcaniques.
Il est à remarquer que la prehnite fibreuse gît presque tou-
jours dans ces dernières roches , tandis que la prehnite la-
melleuse paroît affecter les roches primitives.
La prehnite se trouve dans l'Oisans en Dauphiné , dans
les roches primitives sléatiteuses , amphiboliques et de dia-
base. A Rivoire , hameau de la commune de Mons-de-Lens ,
elle forme des veines qui traversent ces roches ; elle y est
associée à l'axinite , à Tanatase , au spath calcaire , à l'é-
pidote, au quarz , au feldspath , à l'asbeste flexible , etc.
Elle est en lames minces , dans les fissures du granité, à TAr-
mentières; et elle se trouve encore dans les moraines de la
gorge de la Selle , à Saint-Christophe. Dans toutes ces lo-
calités , elle est souvent accompagnée d'axinite.
La prehnite nommée koupholiie , s'observe dans les Pyré-
nées, à la montagne d'Erédlitz près de Saint-Sauveur, val-
lée de Barège , département des Hautes-Pyrénées. Elle est
dans une roche cornéenne caverneuse, avec l'épidote, l'as-
beste, la chlorite, le calcaire , etc. La mêma variété a été
rencontrée dans la vallée de Chamouni , également avec
l'axinite , la chlorite , le quarz , etc.
On a découvert de la prehnite dans une roche amphlbo-
lique altérée , aux environs de Nantes.
En Carinthie , dans la montagne dite San Alpe et à Rat-
chinkes,dans le district de Slerzings en Tyrol, on trouve de la
prehnite cristallisée. Laroche amygdaloïde ou maiidelstein, du
Seifer Alpe , en Tyrol , contient des rognons massi^^ de cett
substance avec du spath calcaire et de la chlorite. Dans
,36 PRE
vallée de Fusch , dans le Salzbourg , cette même prehnite
compacte et la prehnite cristallisée, sont réunies au feldspath
et à la chlorite. Dans toutes ces localités, les cristaux de preh-
nite sont très-rarement lamelliformes ou conchoïdes , mais
souvent enchâssés dans leur propre substance, ou en masse.
En Piémont , dans la montagne de la Portia, la prehnite
cristallisée est encore avec le feldspath , l'épidote , etc. Elle
se présente en cristaux de formes nouvelles qui ont l'appa-
rence d'octaèdres curvilignes, diversement groupés entre eux.
La prehnite des environs de Montferrat en Italie, est,
selon Brocchi, en cristaux solitaires ou groupés , et en vei-
nes souvent accompagnées de chaux carbonatée lamellaire,
de même couleur. La rçche qui la contient est une euphotide
diallaglque, analogue à la roche nommée Jade de Saussure.
C'est une association remarquable,
La prehnite cristallisée de Chine, dont il existe un beau
groupe au Brilish, Muséum à Londres , ressemble à celle
du Salzbourg. Elle est seulement presque blanche.
La prehnite entrelacée a été découverte dans les monta-
gnes de Kamesberg , dans la contrée des Hottenlots Nama-
quois , sur la côte occidentale et méridionale de l'Afrique,
vers le Cap de Bonne-Espérance. Ces montagnes sont , dit-
on , granitiques, et contiennent beaucoup de mines de cuivre.
La prehnite des Indes et de Chine est probablement aussi
dans une formation primitive.
Enfin , la prehnite lamelleuse se rencontre encore au
Groenland, dans les syénites primitives; en Norwége , dans
des roches analogues, et à Kongsberg.
11 n'en est pas de même de la prehnite fibreuse. Elle est
contenue dans des roches amygdaloïdes , à base de trapp ou de
wacke, associée avec toutes les Substances zéolites. Ces roches
sont tantôt considérées comme des diabases ou grunsleins al-
térés , tantôt comme des laves trappéennes décomposées
anciennes , tantôt comme des basaltes ou des roches de tran-
sition. Les roches de Fassa et d'Obsertein , qui contiennent
la prehnite, renferment aussi des cristaux de pyroxène;
il. en est de même des autres localités. La prehnite de
Pouch-Hill , dans le Staffordshire en Angleterre , est en
masse ou en concrétion d'une dureté considérable , adhérant
à de la mésotype et à de la baryte sulfatée , selon John-
Finch , dans un trapp ou basalte décomposé , situé entre
deux masses de basaltes prismatiques. Elle est aussi dans le
trapp à Woodford, paroisse de Berkeley, dans le Gloces-
tershire , en Angleterre.
L'Ecosse est très-riche en cette variété de prehnite ; elle
en offie dans des roches passant au basalte , près de Beith
PRE
37
dans l'Ayrshire; à Hartfield, prèsPaisley ; à Frîsky-Hall, et
Lochumphry, dans le Dumbartonshire ; dans les environs
d'Edimbourg, à Arthur- Seat, Castlerock, Sallsbury,Craig;
dan^ les environs de Glascou ; dans l'île de Mull , etc. La
mésotype , l'analcime , la stilbite , etc. , accompagnent pres-
que toujours la prehnite , dans ces diverses localités,
A Feroë, la prehnite et le cuivre natif sont ensemble, dans
une même roche, considérée généralement comme une lave.
C'est dans une roche porphyritique et amygdaloïdale à
base de trapp , que la prehnite associée au cuivre natif, a
été observée à Reichenbach , près d'Oberstein. A Fassa en
Tyrol , elle est également dans un amygdaloïde , avec mé-
sotype , analcime, stilbite , apophyllite , etc.
Près de Boston, aux Etats-Unis , on a observé de la preh-
nite dans un gisement analogue aux précédens.
La prehnite , maintenant si répandue et si vulgaire , fut
très-long-temps ignorée ; celle du Cap est la première qu'on
ait connue. Le colonel Prehn , gouverneur du Cap de Bonne-
Espérance , de retour en Europe en 1783, la fit connoître
aux minéralogistes allemands , et Werner s'empressa de
donner à celte pierre le nom de celui qui en avoit fait la
découverte. L'abbé Rochon en avoit rapporté du Cap , en
1774. , bien avant le colonel Prehn. Cette prehnite, remar-
quable par sa belle couleur vert-pomme , fut prise pour de
l'émeraude , de la prase cristallisée , de la chrysoprase, de
la chrysolithe ou chaux phosphatée, du péridot, du feldspath,
etc. , et pour un schorl , nom vague sous lequel on compre-
noit une multitude de pierres différentes.
Les analyses de ce minéral , qu'Hassenfratz et Klaproth
publièrent, concoururent à le faire regarder comme différent
de tous ceux avec lesquels il avoit été confondu.
En 1782, M. Schreiber , inspecteur-général des mines,
découvrit la prehnite du Dauphiné , qu'il nomma schorl en
gerbe,a cause de sa cristallisation. Cette cristallisation fit bien-
tôt rapprocher ce schorl de la prehnite du Cap, et on lui laissa
le nom de prehnite , imposé par Werner. Ce n'est que dans
ces dernières années, que l'on a rapporté à la prehnite , ces
variétés fibreuses qu'on avoit regardées comme des variétés
de mésotype oudezéolite.
La prehnite n'a aucun usage dans les arts , excepté la va-
riété compacte qui vient des Indes , et que nous avons dit
n'être pas un jade , dans l'opinion de M. de Bournon. La
prehnite de Dumbarton , en Ecosse, est susceptible de
prendre un très - beau poli. On en voit des plaques dans
les cabinets des amateurs. La prehnite du Cap est quelque-
fois en morceajjx assez volumineux pour qu'on puisse en ti-
i38 PRE
rcr Hes plaques pour tabatières et de très-petits vases. On
voyoit plusieurs de ces objets de curiosité , dans la collec-
tion de M. le marquis de Drée, à Paris. Selon Barrow, les
colons hollandais se servent de la prehnile du Cap pcxur em-
bellir leurs pipes, (ln.)
PRELAT. Nom d'une coquille du genre Cône , Conus
prelaliis. (desm.)
PRÊLE ou PRESLE. C'est le Bruant proyer. (v.)
PRÊLE. F. Presle. (s.)
PRÊLE PUANTE. Ce sont les Charagnes. (desm.)
PREMNA. Ce genre , établi par Linnseus , est décrit au
mot Andarèse. (ln.) •
PREMNADÈ , Premnas. Genre de poissons établi par
Cuvier , pour retirer du sien le Chétodon bimaculé , et
le placer auprès des Pomacentres. Ses caractères sont :
tête très-qbtuse ; dents fines , courtes et disposées sur une
seule rangée ; de fortes épines au sous-orbitaire ; le préo-
percule et le sous-opercule dentelés ; ligne latérale n'arrivant
pas à la queue. (B.)
PRENANTHE , Pvenanihes. Genre de plantes de la syn-
génésic polygamie égale , et de la famille des chicoracées ,
donl les caractères consistent : en un calice caliculé , cylin-
drique , composé de quatre à cinq folioles conniventes ; un
réceptacle nu , supportant quatre à cinq demi-fleurons à lan-
guette obtuse et dentée , à étamines réunies par leur sommet
et à ovaire supérieur ; cinq à six semences ovales, surmon-
tées d'une aigrette simple et sessile.
Ce genre comprend huit à dix espèces , qui ont été réunies
par Lamarck avec les Condrilles^ et qui , en effet , ne peuvent
que difficilement en être distinguées , quand on compare
toutes les espèces aux caractères des deux genres. On a men-
tionné, au mot CoNDRiLLE, l'espèce deprenanlhe qui est la plus
commune et par conséquent la plus importante à connoître.
Les autres sont rares ou incomplètement décrites.
Le Prenanthe glauque constitue le sous-genre Esopon
de Rafinesque. (b.)
PRENEUR DE C\NCRES. Nom que les habitans des
îles de Bahama donnent , selon Catesby, au crabier gris-de-fer.
Voyez l'article des Crabiers, au mot Héron, (s.)
PRENEUR D'ÊCREVISSES. Oiseau de la Nouvelle-
Guinée , à plumage blanc de lait , indiqué par Dampier.
« Ce pourroit être , dit Buffon , quelque espèce de Crabier. »
V. au mot HÉRON, (s.)
PRENEUR D'HUÎTRES. C'est, dans Catesby, la dé-
nomination de THuîtrier. (v.)
PRENEUR DE MOUCHES BRUN (petit). V, Gobe-
PRE iSg
MOUCHE BRUN DE LA. CaROLINE , à Tarlicle MOUCHEROLLE.
(V.)
PRENEUR DE MOUCHES HUPPE. Voyez Tyran
verdàtre. (v.)
PRENEUR DE MOUCHES NOIRATRE. V. Mou-
CHEROLLE NOIRÂTRE, (v.)
PRENEUR DE MOUCHES ROUGE , Tanagm œs-
iha , Lath. Cet oiseau, décrit d'après la mauvaise figure qu'en
a publiée Catesby (celle d'Edwards n'est pas plus exacte), a
été donné pour un gobe-mouche par Rrisson , et comme une es-
pèce qui s'en rapproche par Montbeillard;ce savant avoit bien
jugé qu'il ne pouvoit appartenir à ce genre, d'après la forme
de son bec; mais, ainsi que les méthodistes modernes,il ne l'a
pas reconnu pour un individu de l'espèce du tangara de Mis-
5/.w/Ji , puisque tous en font une espèce distincte. Cependant
il appartient à cette race , ce que je puis assurer , l'ayant
observé sur les lieux mêmes. Cet oiseau vit de graineset d'in-
sectes. C'est d'après cette dernière nourriture que Catesby
lui a donné le nom de preneur de mouches rouge. Voyez Py-
RANGA. (v.)
PRENEUR DE MOUCHES AUX YEUX ROUGES.
V. Gobe-mouche olive de la Caroline , à l'article Mou-
CHEROLLE. (v.)
PRF>:EUR de MULO rS. Cest, enReauce , la déno-
mination vulgaire de la Cresserelle. V. ce mot. (s.)
PRENEUR DE PASSES. L'on donne ce nom , en quel-
ques endroits de la France, à I'Emerillon. F. ce mot. (s.)
PRENSICULANTIA. lUiger donne ce nom à un ordre
de mammifères rongeurs qui correspond exactement à la di-
vision de notre ordre des rongeurs , qui comprend ceux de
ces animaux qui sont pourvus de clavicules complètes , et qui
ont la faculté de porter leurs pattes de devant à leur bouche
lorsqu'ils mangent, (oesm.)
PRÉONANTHUS. Nom donné par €hrhart, à 1' Ané-
mone alpine, (ln.)
PRÉPARATION DES ANIMAUX pour les Musées
d'histoire naturelle. V. Taxidermie, (virey.)
PREPUCE , Prœpuiium. C'est ainsi qu'on nomme la peau
ou la membrane qui recouvre le gland du membre viril. Dans
les animaux , \q prépuce s' âTp^^eWQ fourreau de la verge., que l'on
compare à une épée, une flamberge dans sa gaine. Les juifs ,
les mahométans coupent cette peau ou ce prépuce ; c'est ce
qui s'appelle circoncision. D'autres y attachent un anneau
(Jibula) , d'où vient le mot infihuhition. Voyez cet article.
La plupart des sing^^s ont un court prépuce , ainsi que le
frein qui le relient, 3ows ce fourreau s'amasse souvent , à la
i4o PRE
racine du gland , une matière blanche , comme caséeuse ,
d'odeur forte et qui peut devenir acre. C'est un excitant à
l'orgasme vénérien. 11 y a pareillement au-dessus du cli-
toris des femelles , un repli des nymphes , en forme de ca-
puchon ; c'est le prépuce du clitoris , sous lequel peut s'a-
masser également cette matière blanche , sébacée.
Les mamelons du cheval sont placés sur son prépuce ,
comme à l'inguen de la cavale ; ainsi le repli de la peau , for-
mant le prépuce , n'est qu'un prolongement de celle qui re-
couvre l'abdoin^n. F, Verge et Sexe, (virey.)
PREPUCE. Les marchands donnent ce nom aux coquilles
du genre huilée, qui n'ont point de spire. Ce sont les
vraies huilées^ celles qui se trouvent toujours dans l'intérieur
des mollusques. V. aux mots Bulle etBuLLÉE.
On appelle aussi prépuce de meruim espèce de Pennatule
dont l'extrémité postérieure est terminée par une membrane.
(B)
PRES AIE. C'est, en Poitou , le nom de la Chouette
effraie, (v.)
PRESLE , Equîsetum. Genre de plantes cryptogames , de
la famille des fougères , ou mieux, ayant de l'affinité avec
les fougères , qui offre pour caractères :un épi dense ou cône
solitaire, terminal, Imbriqué d'écaillés élargies et arrondies
au sommet, creusées , sur leur surface intérieure , de cellules
qui renferment de petits globules contenant chacun de deux
à quatre appendices sétiformes , articulés et élastiques.
Ce genre renferme une vingtaine d'espèces, dont les racines
sont vivaces , les tiges fistuleuses , articulées , striées , rudes
au toucher, simples ou rameuses, nues ou garnies de feuilles
verticillées , articulées ; les articulations, soit de la tige , soit
des feuilles (qu'on peut aussi regarder comme des rameaux ) ,
sont entourées d'une gaine dentée. On en compte environ
douze espèces , la plupart propres à l'Europe , dont font
partie : *
La Presle des bois, qui a la tigè*terminée par un seul épi
et les feuilles composées. Elle se trouve dansles bois humides,
et s'élève à deux ou trois pieds. C'est une plante fort élé-
gante par son port. Il est rare de la trouver en fleur. On l'ap-
pelle queue-de-cheval.
La Presle des champs a les tiges portant l'épi de fleurs
nues, et les autres chargées de feuilles. Elle se trouve dansles
terrains gras et humides. Les tiges florifères paroissent avant
les autres , et elles s'élèvent à peine à cinq pouces.
Les feuilles et les tiges de cette espèce ont une saveur aus-
tère, et sont regardées comme propres à suspendre le pisse-
ment de sang , l'hémorragie utérine , la diarrhée et la dys-
PRE i4i
senlei'îe, prises en décoction. Employées en cataplasme, on
croit qu'elles s'opposent à la sortie des hernies des enfans. Il
est probable que ces propriétés sont communes aux autres es-
pèces de presle;mais il est vrai de.dire qu'elles ne sont pas très-
constatées.On V appelle gueue-de-cheoal, comme la. précédente.
La Presledes marais a la tige anguleuse et les feuilles
simples. Elle se trouve dans les marais. Les bestiaux la re-
cherchent beaucoup , quoiqu'on dise qu'elle leur donne des
flux de ventre. On pourroit planter en presle , pour leur
usage , des terrains tourbeux qui ne produisent rien de bon ;
mais ce ne seroit pas , sans doute , une chose facile , car les
plantes de leur famille se prêtent rarement à la transplanta-
tion et encore moins aux semis. Les anciens croyoient que
l'infusion de cette plante détruisoit la rate , et on en faisoit,
en conséquence , boire aux coureurs.
La Presle fluviatile a la tige striée et les feuilles pres-
que simples. Elle croît sur le bord des rivières et des étangs
dont l'eau est vive. Les Romains mangeoient , et encore ac-
tuellement les Toscans se nourrissent des jeunes sommités
de cette plante. On les fait cuire et on les assaisonne comme
les asperges.
La Presle d'hiver a la tige rude , nue et un peu rameuse
au sommet. Elle se trouve dans les bois humides , fleurit pen-
dant Thiver et s'élève à trois ou quatre pieds. C'est cette es-
pèce que l'on ramasse au milieu de l'été , lorsqu'elle a ac-
quis toute sa croissance , et que Ton vend aux ouvriers en
bois et en métal pour polir leurs ouvrages. Cette plante , qui
ne se trouve pas partout, fait , sous le nom à'asprêle , l'objet
d'un petit commerce dans quelques parties de l'Europe.
Pour l'employer , on fait passer , dans l'intérieur de la
lige , un lil de fer de même diamètre qu'elle , qui permet de
l'appuyer , sans la briser, contre les objets à polir. A défaut
de cette espèce , qui, sous tous les rapports , mérite la pré-
férence , on peut se servir des autres ci-dessus mentionnées.
Ce genre , qui ne ressemble à aucun autre, a toujours fait
le désespoir des botanistes qui réfléchissent sur l'organisation
végétale. On a imaginé nombre de systèmes pour rendre
compte de sa singulière fructification. Mirbel , dans l His-
toire naturelle des Fiantes , faisant suite au Biijfon , édition de
Deterville , a donné sur leur anatomie un essai qui éclaire
leur physiologie. C'est dans cet ouvrage même qu'il faut ap-
prendre à connoître les observations de ce botaniste. On dira
seulement ici que ces plantes font le passage entre les mono-
cotylédons et les dicotylédons , c'est-à-dire , que leurs entre-
nœuds ont l'organisation des premiers, et leurs nœuds celle
des seconds.
1^2 PRE
La Presle d'e\tj est la Pesse. (b.)
PRESQUE ÎLE ou PENINSULE. Terre environnée
d'eau de toutes parts , à l'exception d'un côté, où elle est
jointe an continent par une langue de terre qu'on nomme
isthme. Voyez Isthme et Péninsule, (pat.)
PRESTER. Quelques naturalistes ont donné ce nom aux
trombes de terre , d'autres l'ont appliqué aux météores embrasés.
(pat.)
PRESTONIE,Fmtoma. Genre de plantes établi par Ro-
bert Brown, dans la famille des apocinées. Ses caractères gé-
nériques sont : corolle tubulée en forme de coupe à cinq divi-
sions et à gorge munie de cinq écailles intérieures alternes
avec les cinq divisions; anthères à demi saillantes, sagiltifor-
mes , adhérentes à la partie moyenne du stigmate; ovaires
doubles, surmontés d'un style filiforme, dilaté au sommet et
portant un stigmate turbiné, surmonté d'une petite pointe
étroile ; urcéole hypogyne , monophylle ; follicule inconnu.
Une seule espèce est rapportée à ce genre , c'est le pres-
tonia tomeniosa , arbrisseau voluble, tomenteux , à feuilles op-
posées , tomenteuses , à fleurs en bouquets ou corymbe
interpétiolaire ; à calice foliacé, dont les découpures sont
munies d'une petite écaille à leur base intérieure. Il croît
dans les haies à Rio-Janeiro. (ln.)
PRESTRES. On donne ce nom , sur quelques côtes , à
deux petits poissons , dont l'un paroît appartenir au genre
dupée ^ et l'autre au genre cyprin. On en prend de prodigieuses
quantités au printemps dans la Rance , rivière voisine de
Saint-Malo. C'est aussi le nom des Oursins , à l'Ile-de-
France, (b.)
PRÉSURE. Laitcaillédansrestomac'des veaux qui tètent,
et qu on emploie pour accélérer la séparation de la partie
caséeuse du lait, lorsqu'on veutfabriquer des Fromages gras,
soit avec l'intermède , soit sans l'intermède du feu.
Pour conserver la présure , il suffit d'exposer l'estomac des
veaux à l'air après l'avoir convenablement salé ; tous les
autres moyens indiqués sont inférieurs. Lorsqu'on veut l'em-
ployer , on coupe un morceau de cet estomac , proportionné
à la quanlilé de lait qu'on veut transformer en fromage , et
d'autant moindre que la saison est plus chaude. On la met
tremper quelque temps dans de l'eau tiède, et on verse cette
eau dans du lait , en agitant légèrement ce lait. Plusieurs
plantes ont la même propriété. V. au mot Bœuf, où tous les
détails de la laiterie sont expliqués, (s.)
PRETRAS ou PRÊTRES. Noms vulgaires de I'Eper-.
LAN BATARD. (DESM.)
PRÈTRAS. V. Prestres. (s.)
PRE ,4:;
PRÊTRE. C'est un des noms vulgaires du Bouvreuil.
(y-)
PREVATS. Paulet a donné ce nom qui s'applique vulgai-
rement dans quelques lieux à I'Agaric poivré, à une fa-
mille de champignons faisant partie du genre Agaric , fort
voisine des Girolles, et dont la chair est piquante au goût
quoique non laiteuse. 11 y rapporte neuf espèces , savoir :
Le Prévat blanc ou Girolle blanche, qui est TAgaric
PECTINE de Bulliard , l' Oreille de lièvre des bûcherons.
Il est entièrement d'un blanc sale. On le trouve , en au-
tomne , dans les bois. V. sa figure , pi. 78 du Traité des
Champignons du médecin précité.
Le Prévat lilas est plus petit que le précédent , et violet
en dessous. Il est figuré sur la même planche.
Le Prévat VERDÀTRE ou verdoyant a le dessus du cha-
peau d'un beau vert.
Le Prévat tourné ou au tour, est gris, avec les lames
en saillies sur les bords et le pédicule très-gros.
Le Prévat rosé ou cerise pâle , ou grande rougeote ,
est d'un rouge de chair en dessus , a les lames moins colo-
rées et le pédicule gris.
Ces trois espèces sont figurées pi. ji de l'ouvrage précité.
Le Prévat BISOTE est de couleur bislre en dessus et blan-
châtre en dessous.
Le Prévat rougeote est Yagaricus integei- de Linnreus-
Son chapeau est d'un rouge carmin en dessus et blanc en
dessous. On le rencontre fréquemment dans les bois des en-
virons de Paris. Paulet l'a figuré, avec le précédent, pi. yS
de l'ouvrage précité.
Le Prévat champignon des dames est , en dessus , bleu
sur le bord, et gris au centre, ainsi qu'en dessous. Il est d'un
excellent goût.
Le Prévat gorge de pigeon diffère du précédent , parce
qu'il est plus petit et que le milieu de son chapeau , en des-
sus , est légèrement rosé , ou changeant comme la gorge du
pigeon.
Le Prévat jaunâtre et blanchâtre, est d'un jaune soufre
en dessus et en dessou5.
Ces trois dernières espèces sont figurées pi. 76 de l'ou-
vrage précité.
Toutes sont mangeables , mais le champignon des dames
est le seul qui soit recherché, (b.)
PREVOTIA. Adanson , en établissant ce genre , y rap-
porte le cerasiium penlandriim ànLinnxvis^qm diffère des autres
espèces de Céraiste , par sa corolle à pétales entiers ; par
ses étamines au nomlire de cinq , et par sa capsule à cinq
loges et à cinq valves ou à dix crénules. Ce genre n'a pas été
adopté , et avec raison , parce que chacun de ces caractères
se retrouve isolément dans diverses espèces de Céraistes.
V. ce mot. (ln.)
PRHLAWA. Nom de I'Ortie , en Bohème, (ln.)
PREYER , PRIER, PRUYER. Noms du Rruant-
PROYER , dans Belon. (v.)
PRIAGANTHE, Priacanihes. Genre de poissons , établi
par Cuvier,aux dépens des Anthias de Bloch. Ses caractè-
res sont : corps couvert d'écaillés rudes jusqu'au bout du
museau ; mâchoire inférieure plus avancée ; bouche oblique-
ment dirigée vers le haut; dents très-petites et très-nombreu-
ses; préopercule dentelé et terminé, versle bas, par une épine
elle-même dentelée.
L'AîSiTiiiAS MACROPHTALME et l'Anthias boops , servent
de type à ce genre, (b.)
PRIADELA. Nom par lequel les Daces désignoient le
Taminier , iamnus communis L. , selon quelques bota-
nistes, (ln.)^
PRIAPEE. On donne ce nom , dans quelques lieux , à la
NlCOTIAT^E RUSTIQUE. (B.)
PRIAPES DE MER. Les anciens naturalistes don-
noient ce nom à des mollusques qui ont quelques rapports de
forme avec l'organe de la génération de l'homme. Il paroît
que ce sont ou des Vérétilles , ou des Alcyons , ou des
Holothuries non développés, (b.)
PRIAPOLITES. Ce sont les pétrifications des mollusques
de l'article précédent. V. aussi Concrétions pierreuses ,
vol. 7 , pag. 4-32. (ln.)
, PRIAPULE , Priapulus. Genre établi par Lamarck, dans
son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, pour pla-
cer I'Holothurie priape de Linnseus. Ses caractères s'expri-
ment ainsi : corps allongé , cylindracé , nu , annelé trans-
versalement , à extrémité antérieure glandiforme , presque
en massue; striée longitudinalement, rétractile ; bouche ter-
minale , orbiculaire, munie de dents cornées à son orifice;
anus à l'extrémité postérieure; un filament papillifère sortant
près de l'anus, (b.)
PRICKET. Nom anglais du Cerf àaguet (desm.)
PRIER. Nom vulgaire du Proyer.(ln,)
PRIGRID. L'un des noms russes duNAPEL, (ln.)
PRIGUIZA. Les Portugais donnent ce nom au Bradype
AÏ. (DESM.)
PRIKRIT. Nom russe de la Dauphinelle élevée ( Del-
phinium elatum , L. ). (ln.)
P R I
i4
PRIME. Expression en usage pour de'signer des ^/m-gs^-
nes imparfaites, et des pierres qui , par leur couleur, ressem-
blent aux pierres précieuses. Dans le premier cas , prime pa-
roît signifier matrice , ou madère première , et dans le second
il est synonyme âefaux ; ainsi , l'on désigne à la fois l'amé-
thyste qui n'est pas propre à être taillée, à cause de ses
imperfections, et la chaux fluatée violette qui lui ressemble,
par la couleur , ipar prime (Tamélhysie.
La prime (Topak est la gangue de l'opaie , lorsque cette
brillante pierre n'y est disséminée qu'en petites et nombreu-
ses parcelles éclatantes.
On appelle prime démeraude , la chaux fluatée verte, et le
quarz hyalin vert obscur , c'est-à-dire , la prase.
On nomme encore prime de rubis , le quarz hyalin rose , et
le grenat rouge de feu on pyrope; enfin , le nom de prime an-
nonce aux joailliers une pierre à rebuter. (L>f,)
PRIMEROLE. V. au mot Primevère, (b.)
PRIMEVÈRE, PRIMEROLE, OREILLE D'OURS,
Primula , Linn. {pentandrie monogynie). Genre de plantes de
la famille des primulacées , dans lequel le calice de la Heur
est persistant , tubulé , à cinq angles et à cinq dents ; la co-
rolle monopélale , régulière et en soucoupe , à tube cylin-
drique, de la longueur du calice, quelquefois plus long , et à
limbe plane , ouvert, et découpé très-profondément en cinq
segmens échancrés. Vers le sommet du tube sont insérées
cinq étamines , dont les filets, très-courts, portent des an-
thères droites et à pointes aiguè's. Le germe est supérieur et
sphérique ; il soutient un style mince , couronné par un stig-
mate de la même forme. Le fruit est une capsule arrondie
à une loge, s'ouvrant par son sommet, découpée en dix pai' ^
lies , et remplie de semences rondes. La culture fait varier
le nombre des parties.
Le nom de cette plante est un des plus heureux que les
botanistes aient imaginés ou adoptés ; il signifie première fieur
du printemps ; la primevère fleurit en effet dans les premiers
beaux jours de cette saison , vers le commencement ou le
milieu de mars.
Dans les trente espèces que comprend ce gejire, il y en a
deux qui , par leurs nombreuses variétés , ornent les jardins
et les amphithéâtres des fleuristes. Ce sont la Primevère
ODORANTE A FLEUR JAUNE ET SIMPLE, primula veris ^ Linn.,
et la Primevère oreille d''ovrs, primula auricuiaursi, Linn.
La première a une racine fibreuse , et des feuilles radi-
cales sessiles , dentées , sillonnées et ridées , du milieu
desquelles s'élève une tige nue , portant ses fleurs en om-
belles pendantes. Une collerette de cinq à six folioles courtes
xxviii. 10
146 P R I
et sétacées , garnit l'ombelle. La fleur a une odeur douce
très-foible. Celte plante est vivace et d'Europe ; elle aime
l'ombre ou le demi-soleil , et se plaît aux bords des bois. On
la cultive dans les jardins ; elle y produit une infinité de
variétés très-agréables , et qui offrent toutes sortes de cou-
leurs. On la met ordinairement en bordure ou en massif; il
ne faut pas négliger de l'arroser, surtout pendant les séche-
resses. Elle doit être placée dans un terrain frais. Elle est
assez difficile à élever de graines ; mais on la multiplie aisé-
ment en en séparant les pieds , soit aussitôt après que les
fleurs sont passées , soit en automne. Les belles primevères
sont à fleurs simples.
\J oreille d'ours ou auricule est originaire des Alpes ; elle croît
aussi sur beaucoup d'autres montagnes élevées. Elle est
vivace. Elle a une racine fusiforme , des feuilles lisses, den-
tées , épaisses, oblongues , entières, au centre desquelles
s'élève une lige nue , cylindrique , portant à son sommet
un bouquet de fleurs de différentes couleurs , jaunes, blan-
ches , pourpres , ou diversement nuancées , simples , à huit
et dix segmens , et quelquefois pleines. Les variétés de ces
fleurs , obtenues par la culture, sont très-nombret'ses. Les
amateurs les distribuent en trois classes. La premier'» com-
prend \es fleurs pures yC'tsi-k-àivQ , d'une seule couleur; la se-
conde , les fleurs panachées , et la troisième , les bizarres ,
c'est-à-dire , celles dont les couleurs sont répandues d'une
manière indéterminée.
La beauté d'une auricule consiste à avoir une tige forte,
des feuilles médiocrement grandes , plutôt courbées et cou-
chées , que droites ; des fleurs d'un pouce de diamètre , dont
les pétales soient épais , veloutés , satinés et lustrés ; le tube
rond, grand et bien proportionné, et les étamines ni sail-
lantes hors du tube , ni enfoncées dans l'intérieur. Ces fleurs
ne doivent point être plissées sur les bords, et elles doivent
conserver leur couleur jusqu'à ce qu'elles passent.
Les fonds blancs sont plus estimés des curieux que les
jaunes, et ils sont plus rares.
Plusieurs variétés d'auriculesont la corolle couverte d'une
poussière blanche que les Turcs regardent comme un spéci-
fique contre les maux d'yeux.
On multiplie les auricules , de semences ou par œilletons.
En les semant, on obtient de nouvelles variétés. On fait ce
semis dans des terrines , au mois de septembre ; il faut cou-
vrir la graine d'une terre légère mêlée de terreau, et garan-
tir les terrines de la gelée. Au bout de deux ans , on a des
fleurs. C'est aussi en automne qu'on sépare les œilletons.
Cette plante exige une terre franche, mêlée d'autre terre et
P R I ,ij
d un pctt de terreau. Trop d'humidité la fait périr; trop de
sécheresse l'empêche de produire ses œilletons. On doit re-
trancher toute feuille pourrie , elle gâte les autres. Lorsque
les fleurs d'auricules sont passées, on met les pots à Toin-
bre , et s'il survient de grandes pluies , on les renverse sur le
coté. On ne laisse au soleil que les plantes dont on veut avoir
la graine, (d.)
PRIMNOA , Prhnnoa. (ienre de polypiers dendroïdes,
dichotnme, à cellules ccailleuses , campanulées, imbriquée i
et penchées , établi par Lainouroux aux dépens des GoR-
GO^•ES.
Ce genre ne contient qu'une espèce qui vit dans la mer
du Nord. Solander et Ellis Font figurée y?/. i3, n.°' i — 2.
Elle s'élève rarement à plus de deux pouces, (b.)
PPxIMULA. Nom donné spécialement aux primevères,
parce que les espèces fleurissent dès le premier printemps ,
comme on peut le vérifier dans la campagne , sur \t priwula
veris. On croit que c'est à ces plantes qu'il faut rapporter le
primuln et le dudecatheon de Pline. V. \ erbasculum.
Tournefort ne comprenoit pas, dans les primevères, les
espèces appelées oreilles (Vours , parce que leur calice est in-
finiment plus court que la corolle. Il les avoit réunies aux
genres aretia , androsacc et cortusa , sous le nom collectif d'aw-
rinila ursi. M. Lehman de Copenhague a publié, en 1817 , une
excellente monographie du genre primula. II en décrit qua-
rante-trois espèces, et en a figuré un grand nombre.
Loureiro rapportoit l'hortensia au genre piimula ; mais
celte belle plante est entièrement différente des Primevè-
res. V. HoRTETssiA et Sanicula. (ln.)
PKIMULACEES, Lysimachlœ ^ Jussieu. Famille de plan-
tes, dont les caractères consistent : en un calice divisé plus ou
moins profondément et persistant ; en une corolle presque
toujours régulière , ordinairement fendue en cinq lobes ;
en des étamines en nombre déterminé, le plus souvent cinq,
opposées aux divisions de la corolle , et en même nombre;
enun ovaire simple, supérieur, surmonté d'un style unique, à
stigmate simple ou rarement bifide; en un fruit uniloculaire»
polysperme, souvent capsulaire ; en des semences à placenta
central libre , à périsperme charnu, à embryon droit , à
radicule inférieure , et à cotylédons semi-cylindriques.
Les plantes de cette famille , la plupart vivaces par leurs
racines , ont quelquefois une tige herbacée , qui porte des
feuilles simples, opposées ou alternes ; quelquefois il s'élève
de la racine une hampe ou tige nue , munie simplement de
feuilles à sa base. Les fleurs, toujours complètes , monqpér
lis P R I
taies et régulières , souvent d'un aspect agréable , affectent
différentes dispositions. Dans les tiges feuiilées , elles sont
axillaires ou terminales , solitaires ou disposées en épis , en
corymbes ; dans les tiges nues , elles sont toujours terminales ,
rarement solitaires , plus souvent disposées en ombelles mu-
nies d'un involucre polyphylle.
Ventenat, de qui on a emprunté ces expressions , rapporte
à cette famille , qui est la première de la huitième classe de
son Tableau du Règne végétal , et dont les caractères sont
figurés pi. 8 , n." 2 du même ouvrage , treize genres sous
deux divisions , savoir :
1.° Les primulacées dont les fleurs sont portées sur une
lige : Centemille , Mouron , Micranthème , Eupare ,
SCHEFFIELDIE , LiMOSELLE , LiSYMACHIE , PlUMEAU , Co-
RisE , Trientale et Aretie.
2." Les primulacées , dont les fleurs sont portées sur une
hampe : Androselle , Primevère , Cortuse, Soldanelle,
G1ROSELLE et Cyclame.
Il est encore des genres qui se rapprochent de cette fa-
mille , ce sont : Globulaire , Phyla , Conobée , Mer-
CADOME , TozziE , Sa3iole , Ùtriculaire , Grassette et
JVIÉNIATSTIIE.
Auguste de Saint-Hilaire a donné un fort beau travail sur
cette famille , dans les Mémoires du Muséum, i."^^ année,
et l'a accompagné de figures parfaitement exécutées, (b.)
PRIINÇARD. Nom que le Pinson porte en Guienne. (v.)
PRINCE DES PAPI1.LONS NACRES. Nom trivial
donné aune espèce de lépidoptères diurnes , t argyne collier-
argenié. Une autre espèce du même genre, le petit nacré ^ a
reçu la dénomination de Princesse, (l.)
PRINCE DE SUMATRA. Les marchands de coquilles
donnent ce nom à un Cône , Conus sumatrensis , Linn. (desm.)
PRINCESSE. C'est le Sabot marbré, Turbo marmo-
ratus. (DESM.)
PRINCHARD. C'est le Pinson, (desm.)
PRINGAMOSA. Les habitans du Mexique donnent ce
nom aux Orties, (b.)
PRINTEMPS. Cette saison commence à la première
des deux équinoxes de l'année , c'est-à-dire , à l'instant où
le soleil traverse l'équaleur pour se rapprocher de nos cli-
mats, ce qui arrive le 20 ouïe 21 de mars quand le soleil
fait son entrée dans le signe du bélier.
Le printemps finit quand le soleil s'est rapproché , le plus'
qu'il est possible, de notre zénith ; et touche au signe du
cancer^ ce qui arrive le 21 ou 22 de juin. C'est le moment du
solslice, c'est le plus long jour de Tannée, le premier jour
P R I ,49
de l'été; c'est l'instant où le soleil commence à s'éloigner de
nous , pour se rapprocher de l'équateur.
Dans l'hémisphère austral (la portion du globe qui est au-
delà de l'équateur ) , le printemps commence lorsque chez
nous commence l'automne , c'est-à-dire , le 22 ou 28 de
septembre. Les saisons de cette partie du monde sont Tiu-
verse des nôtres ; la raison en est bien simple : quand le
soleil se rapproche de notre hémisphère, il s'éloigne de l'hé-
misphère méridional ; et il se rapproche de celui-ci , à me-
sure qu'il s'éloigne de nous.
Comme cette partie du globe est presque entièrement cou-
verte par l'Océan , et que le nombre d'hommes qui l'habite
est fort peu de chose en comparaison de ceux qui peuplent
notre hémisphère , on fait en général peu d'attention à ceS
différences ; mais elles n'en sont pas moins réelles. V. Hé-
misphère, (pat.)
PRINUS. Nom que les Grecs donnoient à l' Yeuse, espèce
de chêne. Les botanistes désignent maintenant par ce nom
un genre de plantes exotiques , appelé ageria par Adanson,
et décrit dans ce Dictionnaire à l'article Apalachiisie. Lin-
naeusa appliqué cette dénomination de pn'nusk une espèce de
chêne de l'Amérique seplenirionale , riche en variétés, (ln.)
PRIOCÉRES ou SERRICORNES. Nom donné , par
M. Duméril , à sa cinquième famille des insectes coléoptè-
res , et qui répond à notre tribu des luccmides. Voyez ce
mot. (l.)
PRION. Nom générique , dont M. de Lîfcépède fait l'ap-
plication à plusieurs pétrels ^ et qui correspond à une des
sections de mon genre Pétrel. V. ce mot. (v.)
PRIONE , Prionus. Genre d'insectes de l'ordre des co-
léoptères , section des télramères , famille des longicornes ,
tribu des prioniens.
hespriones, en raison de leur taille gigantesque, et de plu---
sieurs caractères tranchés , doivent être placés à la tête de
la nombreuse famille des longicornes , et bien près des ca-
pricornes aveclesquels ils ont de grands rapports. 11 est même
difficile d'établir àes limites certaines et précises de ces deux
genres , qui se rapprochent autant par les formes que par
les habitudes.
Linnseus et plusieurs autres naturalistes ont placé ces in-
sectes avec les capricornes. Geoffroy en a séparé une espèce,
dont il a fait un genre , auquel il a donné le nom de prione ,
qui vient du grec , et qui signifie scie , à cause de la forme des
antennes du mâle , dont les articles sont triangulaires et res-
semblent aux dents d'une scie. Ce genre a été adopté par Fa-
bricius et par le$ entomologistçs <iui ont écrit depuigi Geoffroyj
iSo P R T
et aiJgmenlé par les auteurs d'un assez grand nombre d'es-
pèces , dont la plupart sont des capricornes de Linnaeus.
Le corps des priones est déprimé , allongé , moins cepen-
dant que celui des capricurnes et des lamies. La tête est apla-
tie , ordinairement dirigée en avant , plus étroite que le cor-
selet,souvcntgarnie d'une espèce de dent ou pointe assez forte
prèslabase des mandibules : celles-ci sont fortes , avancées ,
dentées intérieurement. Le labre ou la lèvre supérieure est
nul ou très-petit. Les palpes sont terminés par un article un
peu plus grand , en forme de cône ou de triangle renversé et
comprimé. Les mâchoires n'offrent qu'un seul lobe terminal,
et de figure variée. La languette est courte , large , le plus
souvent taillée en manière de cœur , tantôt échancrée, tantôt
jpresque droite au bord supérieur. Les antennes varient dans
les diverses espèces ; dans les unes elles sont en scie , dans
d'autres elles sont sétacées , composées d'articles allongés
et dentelés ; elles sont insérées au-devant des yeux. Les yeur
àont elliptiques et placés sur les côtés de la tête.
Le corselet est ordinairement carré , raboteux supérieure-
ment , avec les bords latéraux aplatis , quelquefois dilatés ,
mais toujours dentelés ou garnis d'épines plus ou moins fortes.
L'écusson est triangulaire , un peu arrondi postérieurement.
Les élytres sont rectangulaires , planes , souvent chagrinées ,
quelquefois tronquées à leur extrémité, et terminées par une
ou deux épines. Les pattes sont fortes et souvent assez longues,
11 y a quatre articles à tous les tarses; les deux premiers sont
triangulaires , lé? troisième est bilobé et reçoit entre ses deux
iobes l'insertion du quatrième, qui est un peu en massue, et
porte à son extrémité deux ongles crochus.
Les priones sont de fort grands insectes dont les femelles
sont généralement plus grosses que les mâles : on les trouve
dans les grands bois et dans les forêts : pendant le jour, ils se
tiennent cachés dans les trous que leurs larves ont faits aux
troncs des vieux arbres; ils en sortent le soir pour voler et
chercher un individu de leur espèce , avec lequel ils puissent
s'accoupler : leur vol est lourd, et le moindre choc les abat.
Les larves de ces insectes habitent les troncs des arbres les,
plus gros et les plus près de périr ; elles en hâtent même la
mort par la quantité de trous dont elles les criblent: elles dif-
fèrent peu de celles des autres coléoptères qui vivent dans le
bois : elles ressemblent à un gros ver blanc , dont le corps se-
roii divisé en douze anneaux ; leur tête est un peu plus large
que le reste du corps , et d'une consistance un peu plus so-
Hde;elle est armée de deux mandibules courtes et fortes, qui
leur servent à couper le bois dont elles se nourrissent ; elles
ipnt trois paires de pattes çcailleuses si petites , qu'elles ne leuç
P n I ,5i
sont d'aucune utilité ; mais ici les organes de la locomotion
sont formés sur un autre modèle, et parfaitement appropriés
aux lieux habités par ces larves. La nature a pourvu les larves
d'une multitude de petits mamelons qui couvrent les neuf
derniers anneaux de leur corps ; elles les appuient contre les
parois du trou qu'elles habitent, lorsqu'elles veulent le par-
courir ; ensuite elles contractent et allongent successivement
leurs anneaux , et se poussent en avant avec facilité.
Lorsque ces larves ont pris tout leur accroissement , elles
se filent une coque grossière, en grande partie composée de
sciure de bois ; elles s'y changent en chrysalide ; mais avant
de subir leur métamorphose, elles s'approchent de la surface
de l'arbre , afin de sortir plus aisément de leur trou, lors-
qu'elles seront sous la forme d'insecte parfait.
Les priones femelles pondent un assez grand nombre
d'oeufs jaunâtres , oblongs , qu'elles déposent dans les fentes
et gerçures du bois, à l'aide d'une espèce de tuyau corné qui
est renfermé dans leur abdomen , et qu'elles en font sortir
dans ce moment.
Ce genre, dans le système des éleuthérates de Fabricius,
est composé de trente - neuf espèces. On pourroit, d'aprè»
la variété de formes des antennes , de quelques parties de la
bouche , du corselet , etc. , le diviser en cinq ou six grou-
pes. ( ^. le Gêner, crust. et' inseciorum de M. Latreille. )
Dans la première édition de cet ouvrage , les priones
étoient partagés en deux sections , savoir ; ceux qui ont des
épines mobiles au corselet , et ceux où ces épines sont fixes.
Les espèces de la première section , telles entre autres que
le P. îongimane, forment aujourd'hui un genre propre , celui
de Macrope ; et qui est si fort voisin des lamîes.
Les espèces de la seconde section composent le genre
priune, proprement dit, de Fabricius et de M, Latreille.
Nous citerons parmi elles :
Le Prione CERVicoRNE Prionus cervicorru's. Cet insecte esi
d'un brun ferrugineux ; son corselet est bordé , tridenté de
chaque côté ; ses mandibules , très-saillantes , sont munies
d'une dent k leur côté extérieur ; ses antennes sont courtes.
Il se trouve en Amérique ; sa larve habile le bois da fromager
( bombax^ Linn. ). Les habitansla mangent avec délices.
Le Prione tanneur , Piîonus coriaiius. V. pi. G. 4-3, y, de
ce Dictionnaire. Il est brun : son corselet est bordé, avec trois
épines de chaque côté; ses antennes sont courtes. Cetinsecte,
décrit par Geoffroy , se trouve en Europe , aux environs de
Paris , dans les trous des vieux chênes. 11 ne vole que la
nuit ou le soir.
Le Prione scabricorne , Priomts scabricornis. Cette es-
pèce, décrite par Geoffroy » sous le nom de Isplure rouillèe ,
i5a P R I
habite les environs de Paris. Elle esl noirâtre ; son corps est
un peu velu; son corselet , légèrement bordé postérieure-
ment, est unidenté ; ses élytres sont brunes , avec deux li-
gnes élevées: ses antennes sont de moyenne longueur, (o.l.)
PRIONIENS, Pnom/. Tribudïnsectes coléoptères, famille
des longicornes , section des tétramères, ainsi nommée du
genre prione ( V. ce mot ) , le principal de cette division.
Ces insectes sont distingués des autres longicornes par l'ab-
sence ou l'extrême petitesse de leur labre ; ils se divisent en
deux genres , Spondyle et Priotse. (l.)
PRIONITIS. Nom donné par Trallien , à la Berle à
feuilles découpées en forme de fer de faux et fortement
dentées ( siumfalcaria ). Adanson en a fait un genre sous le
même nom. Divers auteurs l'ont adopté sous les dénomina-
tions de Falcaria et de Drepanophyllum.
Linnœus a nommé prionilis une espèce de Barrelièke
( Barleria prionitis ). (lN.)
PRIONODERME , Prionoderma. Genre de vers intes-
tins établi par Rudolphi , et qu'il n'a pu placer dans aucun
de ses ordres. Il a pour type le Cucullan ascaroïde de
Goeze. Ses caractères sont : corps aplati , transversaleuient
plissé ; bouche à lèvres inégales.
La seule espèce qui constitue ce genre est figurée dans
Goeze, tab. 8 , n."^ ii , 12 , et dans Rudolphi, pi. 12 ^ n.° 3.
Elle vit dans le ventricule des silures.
Cuvier pense que mon Tétraglle doit être réuni à ce
genre, (b.)
PRIONOPS. F. Bagâdais.(v.)
PRIONOTE , PHonotus. Genre de poissons établi par
Lacépède , dans la division des Thoraciques , et qui ne
renferme qu'une espèce qui faisoit partie des Trigles de
Linnœus. V. pi. M. 14. , où il est figuré.
Ce genre présente pour caractères: des aiguillons dentelés
entre les deux nageoires dorsales ; des rayons articulés et non
réunis par une membrane auprès de chacune des nageoires
pectorales.
L'espèce s'appelle le Prionote volant, Tn'gîa eoolons ,
Linn. Elle a trois rayons articulés , et non réunis par une
membrane auprès de chacune des nageoires pectorales. Elle
est figurée dans Brown,, Jam. , tab. 4-7- On la pêche dans la
mer des Antilles. Je l'ai prise à la ligne , à la hauteur des îles
Bahama , en revenant d'Amérique en Europe. Sa tête est cou-
verte de grandes écailles ciselées en rayons. Ses nageoires pec-
torales sont très-larges et de la longueur de la moitié du corps.
Aussi peut -il les employer, et les emploie-t-11 souvent ,
comme les exocets , et surtout les dactyloptères , avec qui il a
P R I i53
d'ailleurs , les plus grands rapports de conformation , pour
s'élancer dans l'air , y parcourir , en volant , des espaces
assez considérables. V. le mot Exocet , et surtout celui
Dactyloptère , où on trouvera des données générales sur
les poissons volans, qui peuvent être appliquées à celui-ci.
Son corps est rougeâtre, de la longueur d'un pied au moins,
et ses nageoires sont noirâtres, (b.)
PRIONOTE , Prionotes. Genre étaLli par R. Brown, aux
dépens des Epacris , et qui n'en diffère que par le calice
dépourvu de bractées ; la corolle tubulée, à orifice ouvert ,
à limbe nu ; les filamens des étamines à demi adhérentes
au tube, (b.)
PRIONOTES , Prionoli, Vieill. Famille des oiseaux
Sylvains , et de la tribu des Tétradactyles. F. ces mots.
Carrtcièr^5: pieds médiocres ou courts; tarses annelés ; quatre
doigls , trois devant, un derrière ; les extérieurs réunis jus-
qu'au-delà du milieu ; bec plus long que la télé , dentelé ou
crénelé, lisse en dessus ou surmonté d'une proéminence
cornée. Cette famille se compose des genres Momot et
Calao. V. ces mots. C'est , dans le Prodromus d'Illiger, le
nom générique du momot. (v.)
PRISMATOCARPE , Prismalocarpus.^om donné, par
Lhéritier , à un genre qui avoit déjà été établi aux dépens des
Campanules , par Heister , sous le nom de Spéculaire , et
par Durande , sous celui de Légouzie.
Il offre un calice, la corolle et les étamines, comme
dans les campanules, excepté que le tout est plus ouvert;
mais son ovaire est très-long , à plusieurs angles , son slyie
est à stigmate bifide; sa capsule est prismato-cylindrique ,
très longue, à deux ou trois loges.
Ce genre est composé de neuf espèces, toutes mentionnées
dans leSerlum anglicum de Lhéritier , et auxquelles on peut
donner pour type la campanule miroir de Vénus , la plus com-
mune d'entre elles. Il n'a pas été adopté par tous les bota-
nistes, (b.)
PRISTIGASTER , Pristigaster. Sous - genre établi par
Curier , aux dépens des Clupées , dont il s'écarte par
Tabsence des nageoires ventrales , et par le ventre tres-
saillant et très-fortement denté.
Il ne renferme qu'une espèce , originaire des mers de
l'Amérique , et qui est figurée dans l'important ouvrage de
l'auteur précité , intitulé : le Règne animal distribué selon son
organisation, (b.)
PRISTIPHORE , Pristiphora. J'ai désigné , sous ce
nom , un genre d'insectes hyménoptères , de la Iribu des
lenthrédines , distingué des autres genres , dont elle se cora-
i54 P R O
pose , par les caractères sulvans : antennes sétacées , de
neuf articles , simples dans les deux sexes; mandibules bi-
dentées; une cellule radiale; trois cellules cubitales , dont
la première et la seconde recevant chacune une nervure
récurrente.
Dans la méthode de M. Jurine , ce genre comprend sa
troisième famille de celui de plérone. Il en a représenté une
espèce { pieronus iesfaceus ^ pi. 12). Le tenlhredo myosotidis
de Fabricius appartient encore , selon lui , à cette divi-
sion, (l.)
PRISTIPOME, Pristipomus. Genre de poissons établi
par Cuvier , aux dépens des Lutjaîss. Il offre pour carac-
tères : corps comprimé , couvert de grandes écailles; bouche
petite, garnie de dents petites et très-rapprochées ; bord
du préopercule dentelé.
Les LuTJANS HASTÉ , JAUNE , de Surinam , etc. , entrent
dans ce genre. (B.)
PRISTIS. Nom latin des poissons du genre Scie. V. ce
n\ot. (desm.)
PRISTOBATE, Prlstohatus. Sous -genre établi par
Rlainville , aux dépens des Raies. Il a pour type la Raie
FRANGÉE. (B.)
PRIUSCH. Nom arménien du Riz. Priudschi est celui
que les Géorgiens donnent au même grain, (ln.)
PRIVA, PnVa. Genre établi par Adanson , et qui ren-
ferme plusieurs plantes confondues avec les Verveines ,
par les autres botanistes. Il offre pour caractères : un calice
persistant , à cinq dents ; une corolle monopétale , bila-
bice ; quatre étamines , dont deux plus courtes ; un ovaire
supérieur surmonté d'un style courbé , à stigmate obtus ;
une baie sèche, recouverte par le calice ,et renfermant deux
ou quatre noyaux biloculaires.
Le type de ce genre , qui renferme une demi-douzaine
d'espèces , est la Verveine lappulacée , qui est la même
plante que le BuRSERiE de Lœfling ; la Blairie d'Houston ,
la Zapanie de Lamarck , la Castellie de Cavanilles, et la
ToRTULE de Roxburg, doivent lui être rapportées. (B.)
PRO-ABEILLES. Nom donné,par Réaumur et Degéer,
aux insectes de notre tribu des andrmètes. (l.)
PROBATION. L'un des noms que les Grecs donnoient
à leur Hellébore noir {Hellehorus orientalts ^ W. ). (ln.)
PROBATON d'Aristoie. C'est le Bélier, (desm.)
PROBOSCIDE, Prohuscidea. Genre de vers intestinaux,,
dont les caractères sont : corps allongé , cylindrique ,
grêle , avec l'extrémité antérieure terminée par un museau
0,2.5.
jDe^repe de/ .
X2. Our.rin nu/ùnre ■ (fJO- Ûur,rifl ro.race . ij , J'/iw,rof>/wrt' /iifJn\rtah<p.
lij..Otu\rin i>!t/(/(r/re ■ "uis.. Oiii\i-m f><'/t/<r^u>re ■ jS m; ■ rhinairc noltdee
ô. (hir.rin ovli/ . jC> ■ 7',7r,r//irr/> .an-r/u- . 20. ■ T/aïuiire /rai>ci\<' .
(!. (hir\n'/i o-f>nl,ui,jin' . jj).. . ]\\/rr,'//iiti-e /ri</o/i/. !2j 2-2, Po/i/dore i-oriutc ■
7,'y.('ii/\:-in </(>.>' laroï/wj: JÔiO Pc/iti<t tii/c p/io,n</,o/i<riu-. a.'i . P/;>//o,<;u/t' cornue ■
^ 24.2., . Pro/r,' iaru,/'/.^
P R O i55
aigu ; la bouche située au bas du museau , et constituée par
un pore qui donne issue à une trompe courte.
Ce genre est un dédoublement de cehii des Ascarides de
Linnseus , avec qui il a plus de rapports de mœurs que de
rapports de forme. 11 paroît que c'est principalement dans
les poissons qu'il faut chercher les proboscides ; mais il est pro-
bable que leurs caractères étant fixés d'une manière posi-
tive , on en trouvera aussi dans les quadrupèdes , et peut-
être même dans l'homme.
Quelques espèces sont regardées , dans le Nord , comme la
cause de la pourriture desfiarengs après qu'ils sont salés; mais
Muller a prouvé que c'étoit une erreur, que cette pourriture
étoit occasionée par un petit crabe dont les harengs se
nourrissent.
On connoit sept espèces de proboscides trouvées dans les
insteslins du phoque, des raies , des plies, des gades , et des oi-
seaux de mer. Je citerai ici principalement la Proboscide
BIFIDE, qui a le bec recourbé , et l'extrémité bifide, pi. A.
■^S , où elle est figurée. C'est la première citée , comme vi-
vant dans les intestins du phoque, (b.)
PROBOSCIDEA. Famille de mammifères multongulés,
formée par îlliger, qui correspond à celle des Proboscidiens
de M. Cuvier. F. ce mot. (desm.)
PROBOSCïDEA. Schimdel , Moench. , et plusieurs
autres boianistes, font sous ce nom un genre distinct du
MarLyriia aimua , Linn. V. Martynia. et CoRNARET. (lN.)
PROBOSCIDES { Proboscidea). ^om àonné par Sco-
poli , à un ordre d'insectes correspondant à celui des Hé-
miptères. V. ce mot. (o.)
PROBOSCIDIENS. Famille des mammifères , de l'or-
dre des pachydermes, établie par JVl. Cuvier, et qui renferme
Ses deux seuls genres , Eléphaist ei Mastodonte. V. ces
mots. Ces animaux ont tous une trompe , des défenses , cinq
doigts à chaque pied , une grande taille , etc. (desm.)
PRO-CAPRICORNE. Ce nom est donné comme syno-
nyme de celui de Nécydale , par Nemnich. (desm.)
PROCELLAIRE. Nom appliqué au Goéland grisard
ou varié, (v.)
PROCELLARIA. Nom générique du Pétrel, en latin
moderne, (s.)
PROCESSE , Processa , Léach ; Nika^ Risso. Genre de
crustacés de l'ordre des décapodes, fanulle des macroures ,
triîju des salicoques , très-distinct des autres genres de la
même division , en ce que la droite des deux pattes anté-
\i'*urcs, eu des serres, est icrniinée par un« pincc didaclyle ,
î56 P R O
tandis que l'autre finit par un article simple et pointu; les deux
pattes suivantes sont longues, grêles , filiformes, de longueur
inégale et terminées par une pe'ile pince didactyle ; les deux
articles qui la précèdent sont articulés surtout dans la plus
longue de ces palles;le carpe ou l'article précédent immédia-
tementla pince, offre seul ce caractère, dans la palte la plus
courte; ces deux paltes, ainsi que les deux premières, sont
coudées ; le dernier article des autres est simple et pointu.
Les antennes supérieures ou les mitoyennes sont terminées
par deux filcrs. places presque dans la même ligne horizontale,
et dont l'intérieur plus long ; les antennes inférieures sont
longues , sétacées, avec une écaille à leur base , et couvrant
leur pédoncule. Le bec est très-court, avancé et comprimé.
Les mandibules sont étroites, très-arquées en forme de cro-
chet, avec l'extrémité tronquée ou obtuse et dentée ; je n'ai
point aperçu de palpes. Les pieds-mâchoires extérieurs sont
grands , avancés , semblables à des pattes proprement dites ,
avec le second article fort long; leurs palpes, ainsi que ceux
des autres pieds-mâchoires, sont petits et sétacés. Les deux
lames extérieures de la nageoire terminant la queue, sont bi-
parties à leur extrémité. Ces crustacés ont , d'ailleurs , de
grands rapports avec les palémons et les autres salicoques;
ils sont généralement de petite taille , se tiennent sur nos
côtes , mais plus particulièrement sur celles de la Méditer-
ranée. « Les nikas , dit M. Risso , sont répandus en grande
abondance , pendant toute l'année, dans nos mers , et n'a-
bandonnent jamais le rivage où les femelles déposent leurs
œufs plusieurs fois dans l'année , au milieu des plantes ma-
rines ; tandis que les crangons et les alphées ne se montrent
qu'au printemps et en été ; qu'ils suivent les migrations des
poissons du genre clupée, et que leur ponte n'est jamais con-
sidérable. La chair des premiers offre , en tout temps , un
mets savoureux et agréable , et l'on s'en sert, comme d'un
excellent appât , pour prendre les poissons , tandis que celle
des derniers est peu estimée , et que l'on n'en fait aucun
usage. » Il me paroît que l'espèce que cet auteur a nom-
mée comestible , a été connue de Uondelet ; c'est {^Histoire
des Poissons, édition française) la civade ou petile squille.
Sa chair, suivant lui, est fort douce, tellement qu'elle ré-
pugne, pour celte raison, à quelques personnes, et meil-
leure pour celles qui sont attaquées de la phlhisie, que l'écrc-
visse tluvialile.
Le docteur Léach avoit établi ce genre sous le nom de
processa , dans le quatrième cahier publié, en i8i5 , de son
ouvrage sur les crustacés podophthalmes de la (Grande-Bre-
tagne. Celui de M. Risso , sur les crustacés de Nice , et dans
P R O ,57
lequel le même genre est appelé nîka , n'ayant paru qu'un an
après, j'ai cru devoir adopter la première de ces dénomina-
tions. M.Risso décrit trois espèces de nikas. La plus grande et
qui est très-commune sur les côtes de Marseille, estcelle qu'il
Bomme Comestible , edulis. Il l'a représentée , pi, 3, fig. 3.
Son corps est long d'environ un pouce et demi, d'un rouge
incarnat (pointillé de jaunâtre, avec une rangée de taches
jaunes au milieu, selon M. Risso ) ; le bec formé une pointe
simple , peu avancée au-delà des yeux et un peu rebordée à
sa base ; le test a , de chaque côté , près de ses angles anté-
rieurs , une pointe ; il est , d'ailleurs, très-uni , ainsi que les
six premiers anneaux de la queue ; le dernier ou celui qui oc-
cupe le milieu de la nageoire , est en forme de triangle étroit ,
allongé , tronqué à son extrémité, avec un enfoncement lon-
gitudinal au milieu et une arête de chaque côté, ayant cha-
cune deux petites épines ; les serres sont à peu près d'égale
grandeur.
Suivant M. Risso , cette espèce fait son nid dans la région
des Algues, et se vend, au marché de Nice , pendant toute
l'année. La femelle pond aussi en tout temps. Ses œufs sont
d'un jaune verdâtre.
La Processe cxtu^elée, P. canaliculata, de M. héach(Ma/ac.
podopht. Brit.^ tab. 4-1 ) 1 est longue d'environ un pouce,
avec une dent à la base du bec ; la serre gauche est plus large
que la droite , ou celle qui se termine en pince didactyle ; la
lame intermédiaire de la nageoire caudale est cannelée lon-
gitudinalement. On la trouve sur nos côtes océaniques et sur
celles de la Grande-Bretagne, (l.)
PROCESSIONNAIRES ou EVOLUTIONNAIRES.
Nom que Réaumur donne aux chenilles d'un homhix (^pro-
cessionea , Linn. ) , parce que ces insectes marchent sur plu-
sieurs lignes , ayant une sorte de chef à leur tête, (l.)
PROCHILUS. llliger avoit donné ce nom à un genre
appelé meliirsus par Meyer, et qui renferme un quadrupède
sur lequel les naturalistes n'ont eu, pendant long-temps,
que des renseignemens peu satisfaisans. On le plaçoit , tantôt
parmi les bradypes sous le nom de paresseux ours , tantôt par-
mi les ours sous celui A'ours paresseux. Suivant l'état de la
science , lorsque nous commençâmes ce Dictionnaire , nous
l'avions réuni aux bradypes ; mais depuis , M. de Blainville
a prouvé qu'il devoit prendre place dans le genre des Ours.
Dans ce dernier article , nous avons averti du changement
qui devient nécessaire , et nous l'avons inscrit sous le nom
d'OuRS A GRANDES LÈVRES , Ursus labiatus , Blainville.
(desm.)
PRO-'CIGALES. Nom donné par Réaumur aux insectes
i58 P R O
de ma famille des Cicadmres , qui ne sont pas du vrai genre
des cigales. Ces pro-dgales comprennent notre tribu des fui-
gorelles et celle des cicadeiles. (l.)
PROCNIAS. Genre constitué par Hofmansegg, adoplé
par Illiger , dans lequel M. Cuvier place les cotingas à gorge
nue , blanc et avirano. (v.)
PROGRIS, Procris. Genre d'insectes de l'ordre des lépi-
doptères, famille des crépusculaires , établi par Fabricius ,
aux dépens àeceXmàtszy gènes. Sescaractères sont : antennes
deâ mâles à deux rangées de dents ; celles de la femelle sim-
ples ; palpes inférieurs ne s'élevant presque pas au-delà du
chaperon ; ailes longues ; ergots de l'extrémité des jambes
très-petits.
Sous le nom générique A^aiychia , M. Ochsenheimer com-
prend les procris de Fabricius , et une espèce de son genre
aglaopis ( zygœna infausia , Entom. systém. ).
Procris du statice , Zygœna statices , Fab. ( Entom.
System. ) ; Sphinx statices ^ Linn. ; Phalène turquoise., Geoff. ; Pa-
pillons d'Europe., pi. Ciii, n.» i5o. Elle a les antennes d'un vert
bleuâtre ; celles du mâle sont pectinées ; le corps et le des-
sus des ailes supérieures sont d'un vert bleuâtre brillant ; les
ailes inférieures et le dessous des supérieures sont brunes.
On la trouve en Europe , dans les prairies.
Sa chenille vit sur l'oseille et la globulaire ; elle est noire ,
avec des lignes blanches , et deux lunules de la même couleur
sur le milieu du corps. Li'atychie de la globulaire , de M. Och-
senheimer, diffère , selon lui , de l'espèce précédente par les
caractères suivans ; ailes supérieures d'un vert bleu ; les pos-
térieures noirâtres ; antennes du mâle entièrement pecti-
nées , cuspldées à leur extrémité.
Procris du prunier, Zygœna pruni , Fab.; Papillons d'Eu-
rope , pi. cm , n.° i5i. Elle est de moitié plus petite que la
précédente , de laquelle elle ne diffère que par la couleur de
ses ailes supérieures qui sont d'un noirâtre un peu vert.
On la trouve en Allemagne et aux environs de Paris , mais
plus rarement que la précédente.
Sa chenille est velue , brune ; elle a le dessus du corps
couleur de chair , avec une ligne et des taches noires. Elle
vit sur le prunier épineux, (l.)
PROCRIS (insecte). Voyez SatYre. (l.)
PROCRIS, Procris. Genre de plantes de la monoécie
tétrandrie , et de la famille des urticées , établi par Jussieu.
Il a pour caractères : les fleurs réunies entête, et compo-
sées d'un calice à quatre divisions sans corolle ; les mâles
ont quatre étamines plus longues que le calice , et les femelles
un ovaire surmonté d'un seul style ; une capsule très-petite ,
^ ^ O ,5^
enfoncée dans un rdceptacle commun , bacciforme et sphé-
roïdale.
Ce genre contient sept espèces , originaires des Indes et
deTAmérique; ce sont des arbustes à feuilles alternes, pétio-
Ices, dont les uns ont les têtes de fleurs sessiles et nues , et les
autres pédonculécs et accompagnées de bractées. 11 y aforipeu
de différence entre lui et les BoaÊMÈREs et les Orties, (c.)
PROCRUSTE Procriisies. Genre d'insectes coléoptères,
établi par M. Bonelli, aux dépens de celui des Carabes de
ma méthode et de celle de M. Clairville. Il comprend l'es-
pèce appelée roriaceus, et quelques autres inédites et propres
aux parties les plus méridionales de l'Europe , à l'Egypte ,
etc. Les caractères qui le distinguent du précédent sont :
d'avoir le labre trilobé , et deux petites dents au milieu de
l'échancrure du menton. Il n'y en a qu'une dans les Carabes
proprement dits de M. Bonelli , et leur labre est simplement
bilobé. Voyez Carabe, (l.)
PROCTOLE,P/octo/e5. Famille de Mollusques établie
par M. Rafmesque, pour rassembler des genres que Lamarck
avoit placés dans ses radiaires. Les animaux qui y entrent
diffèrent des vers , parce qu'ils ne sont pas annelés ; et
des polypes , parce qu-'ils ont un intestin et un anus.
Les genres appartenant à cette famille sont : SiPONCLE ,;
Syrimx , PoDOSTOME et Physoon. (b.)
FROCTOT?vlJVE, Proctotrupes, Latr., Spin. ; Codrus^
Jus.", Eriodorus, Walck.; Oxyurus , Lam. Genre d'insectes
de l'ordre des hyménoptères , section des térébrans , famille
des pupivores, tribu des oxyures.
Les prociorupes ^ les bèlhyles^ les hélores et les diapries for-
ment , dans notre tribu des oxyures, une petite coupe très-
naturelle. Ces insectes ont leurs antennes coudées, insérées
vers le milieu de la face de la tête ou près du front,
composées de treize articles dans les deux sexes, fili-
formes ou un peu plus grosses vers le bout ; le corps étroit
et allongé , et l'abdomen terminé en pointe. Les procto-
trupes et les hélores sont les seuls de cette division dont
les antennes ne soient point coudées. On distinguera main-
tenant les premiers des seconds , aux caractères suivans :
antennes de treize articles dans les deux sexes ; mandibules
sans dents ; ailes supérieures sans cellules cubitales ; la
radiale très-petite, anguleuse inférieurement; abdomen très-
brièvement et insensiblement pédicule , avec le premier
anneau fort grand , presque en forme de cloche ; deux
valvules pointues, et dans quelques femelles, une pointe
cornée, simple, toujours saillante et servant d'ovlducte , ter-
minant cette partie du corps.
,6o P R O
Les proctoimpes ont le corps élroit et allongé ; la tête
verticale , comprimée , presque carrée , à angles arrondis ,
lisses ; les antennes filiformes , presque de la longueur du
corps ; les yeux ovales et entiers ; trois petits yeux lisses
en triangle ; le corselet long , avec le premier segment court ,
et la partie qui est au-delà des ailes , allongée , obtuse ,
chagrinée ; les ailes marquées de peu de nervures , quel-
quefois courtes ; l'abdomen ovale-conique, lisse, comprimé ;
les pattes assez grandes ; les jambes antérieures n'ont pas
d'échancrure.
J'ai presque toujours trouvé ces insectes courant à terre.
L'espèce la plus remarquable est le Proctotrupe brévi-
PENNE , Proctotrupes hreoipennis ; Lat. , Gen. Crust. et Insecl. ,
tom. I , tab. i3, fig. i, fem. Elle est longue de trois lignes,
noire, avec les antennes d'un brun noirâtre , les mandibules
brunes , le corselet chagrine postérieurement ; l'abdomen ,
sa pointe et les pattes , d'un brun fauve ; les quatre cuisses
postérieures sont d'un brun plus foncé , ainsi que les anneaux
du bout de l'abdomen ; la tarière est un peu plus longue
que l'abdomen ; les ailes sont fort courtes , obscures , avec
un point marginal sur les supérieures , noirâtre.
Mon ami W'alckenaer a nommé ce genre ériodore. L'espèce
qu'il décrit sous le nom de himaculèy diffère peu de la pré-
cédente.
M. Jurine rapporte à ce genre le Banchus graindalor deFa-
bricius. V. l'espèce qu'il a représentée dans son ouvrage sur les
Hyménoptères ,pl. i3 , gen. 4-6 , sous le nom de PalUpes. (l.)
PROCTOTRUPIENS, Proctotmpii. Nom que j'avois
donné à une famille d'insectes hyménoptères, section des
lérébrans ou porte-tarrière, et qui répond, dans la méthode
que je suis ici , à la tribu des oxyures , famille des pupivores.
.Voyez ces mots, (l.)
PROCUREUR DU MEUNIER. Nom donné,en Bour-
gogne , an PicvERT , parce qu'on prétend avoir reconnu
dans cet oiseau quelque pressentiment marqué des change-
mens de l'atmosphère. Voyez Picverï. (v.)
PROCYON. Dénomination grecque appliquée par Slorr
au Raton. V. ce mot. (desm.)
PRODUCTE , Productus. Genre établi pour placer sept
coquilles fossiles qui se rapprochent des Anomies ; ses carac-
tères sont: coquille bivalve, inéquilatérale , avec un bord
réfléchi plus ou moins cylindrique; le sommet imperforé; une
des valves convexe, l'autre plate ou concave extérieurement.
Des espèces de ce genre ont été placées dans celui appelé
CoiscHYLlOLlTHE par Marlyns , Pétrifications du Berbyshire.
Toutes sont figurées dans le bel ouvrage de So>verby , inti-
P R O ,6t
inlé Conchyliologie mincralogiqiie de la Grandc-Brelagne , pî.
68 ex Gg.
Une d'elles est remarquable par la fiche linéaire qui la
Iraverse ; on la trouve dans les terrains primitifs et de itan-
silion. V. TÉRÉBRATULE. (B.)
PRODUCTIONS A POLYPIERS. On donne ce nom
aux zoophytes cératophyies , tels que les antipales ou coraux
noirs ^ les gorgones^ les coraux^ les isis ^ les pcnnatides ^ les
vèrèiiUes et les ombel Iules , et aux zoophyles Uthophytes , tels que
les madrépores , les/ongifes^ les méandriies, les astroïies , les
porifes et les millèpores. (DESM.)
PRODUITS DES VOLCANS ou MATIÈRES VOL-
CANIQUES. On donne ces noms à toutes les matières qui
ont été immédiatement vomies par les volcans, comme les
hasalles, les laves, les tufs et les tendres volcaniques , le rapillo ,
le trnss, la pouzzolane^ les verres volcaniques^ \es ponces ^ etc. V,
Laves, (ln.)
PROEST. Nom islandais du Macareux. V. ce mot. (v.)
PP»0-(;ALLINSECTE. v. Cochenille et Kermès, (l.)
PPiOGNE. C'est, chez les poètes, la désignation de
l'hirondelle. L'on sait que la Mythologie des anciens , féconde
on métamorphoses, rapporte que Progné, femme de Térée ,
roi de Thrace, fuyant, avec sa sœur Philomèle , la fureur de
son époux , fut changée par les dieux en hirondelle , et Philo-
mèle en rossignol, (s.)
PROHIBITORIA (AVIS). C'est le nom que Labéon ,
cité par Pline, donnoità la sittelle , vulgairement torche-pot ;
et cette dénomination avoit rapport aux fables que l'on dé-
bltolt anciennement sur cet oiseau , très-savant, disoit-on ,
dans l'art des enchanlemens. (s.)
PROIE. C'est ce que les animaux carnassiers ravissent
pour le dévorer. Les uns se nourrissent de proie vivante ; les
autres se jettent sur la proie morte. Voyez au mot Carni-
vores, (s.)
PROINOIA. Nom donné , par Ehrhart , à la Canche
PR11SITA1N1ÈRE ( Aira prœcox , L. ). (ln.)
PROKIE. Voyez Proquier. (b.)
PROLESKA. Nom russe de la Mercuriale vivace.(ln.)
PROLIFERE. Nom donné par Vaucher à un genre qu'il
a établi parmi les Conferves. C'est le même que celui
appelé Chantransie par DecandoUe , Lemanée parBory-
de-St.-Vincent, et Trichogonon par Palisol-de-Beauvois.
Le nomde prolifère est mauvais, en ce qu'il est adjectif ; mais
il exprime le caractère propre du genre auquel il a été donné,
c'est-à-dire que les plantes qui composent ce genre se muj-
XXYIH. J l
,6i P r^ 0
tiplient par de véritables bourgeons bien caraclérîsés , et
tenant , dans leur jeunesse , à la partie extérieure des rameaux.
Cette observation, très-posltiveinent constatée par Vaucher,
dans son excellent travail sur les conférées , auroit dû le
conduire à voir que les globules qn il a remarqués dans
l'intérieur des autres confeives^ el qui en sortent pour renou-
veler Tespèce , ne sont pas de vérilablcs semences, mais
des corps analogues aux bourgeons oviforraes des Polypes,
et devenant semblables à l'espèce dont ils tirent leur origine,
par simple développement de substance.
La CoNFERVE KivuLAiRE sert de type à ce genre.
Depuis, M, Léon Leclerc a publie , dans le;» Mémoires
du Muséum d'Histoire naturelle, un très-inléressant mémoire
sur le même genre, el l'a accompagné de figures qui fixent
ses espèces, qui sont au nombre de sepl.
Je regrette de -ne pouvoir ici entrer dans plus de détails
sur les faits rapportés dans ce mémoire , digne de son auteur
sous tous les rapports, (b.)
PROMECOPSIDE, Promeropsis. Genre d'insectes hé-
miptères , tribu des cicadelles , établi par M. Duméril , et qui
diffère des autres genres de cette division , par le défaut
d'yeux lisses. J'en ai constamment distingué deux dans toutes
les cicadelles que j'ai examinées, (l.)
PROMÉROPS, Faldnellus, YieWl: Upupa, Lath. Genre
de l'ordre des oiseaux Sylvains et de la famille des Êpop-
SIDES ; voyez ces mots. Caractères : bec plus long que la tête ,
fendu jusque sous les yeux, comprimé iaîéralement , plus
ou moins arqué, aigu; mandibule supérieure carénée , striée
sur les cotés , un peu plus longue que l'inférieure ; narines
oblongues, ouvertes, situées à l'origine de la strie; langue
; quatre doigts, trois devant, un derrière; les extérieurs
réunis le long de leur première phalange ; pouce robuste ,
aussi long que les doigts latéraux ; ongles étroits , très-
crochus , aigus ; le postérieur le plus fort ; ailes à penne
bâtarde , moyenne; les troisième , quatrième et cinquième
rémiges les plus longues de toutes ; douze rectrices.
On trouve des Promérops en Afrique et aux grandes Indes ;
mais il est très-douteux que les espèces que l'on dit habiter
dans l'Amérique , soient de véritables Promérops. La partie
historique de tous ces oiseaux est bien loin d'être complète ;
on sait seulement qu'il y en a parmi eux qui s'accrochent
aux troncs d'arbres , et nichent dans des trous.
* Le Promérops a ailes bleues , Upupa mexicana, Lath.,
se trouve , selon Séba, au Mexique, dont il habite les
hautes montagnes ; il se nourrit d'insectes. Grosseur d'une
P R O ,63
^Vc; longueur, près de dix-neuf pouces; bec noirâtre, et
jaune sur les bords; parties antérieures et supérieures du
corps d'un gris obscur , changeant en vert de mer et en
rouge pourpré; ailes d'un bleu clair; sourcils et ventre
jaunes ; pennes de la queue ctagées , pareilles au dos , mais
d'une nuance plus foncée , avec des reflets verts et pour-
pres. Cet oiseau est un uni dans Séba , vol. i , page yS ,
pi. 45 , f 3.
Le Promérops azuré , FaInneUus cyaneus , "Vieill. ; pi. j
des Oiseaux de paradis , des Promérops , etc. , de Levaillant ;
a le bec moins courbé et moins long que le promérops nama-
quois ; un beau bleu azuré , luisant, et changeant en bleu-
vert , domine sur toutes les parties supérieures, à l'extérieur
des pennes alaires et sur le dessus de la queue ; la gorgef
le devant du cou, la poitrine et le dessous du corps sont
d'une couleur de turquoise qui se dégrade sur le ventre et
sur les parties postérieures ; les couvertures subalaires
présentent un bleu tendre qui blanchit sur leurs bords ; les
pennes des ailes et de la queue sont d'un gris argenté ,
nuancé de noirâtre sur leur revers ; le tarse est d'un noir
de plomb, et le bec d'un noir de corne. La femelle ne
diffère du mâle que par une taille plus petite et par des
couleurs moins vives. On le trouve en Afrique.
Le Promérops des Barbades. V. Promérops orangé:
Le Promérops a bec rouge ou moqueur , Faldnelhis
ery'ihrorkyncos , Vieill. ; Upupa eijthrorhyncos ^ Lath, , 01$,
dorés , pi. 6 des Promérops (le mâle.) M. Levaillant a fait
figurer le mâle , la femelle et le jeune , sur les pi. i , 2 et 3
de ses Oiseaux de paradis ^ etc. Cette espèce se trouve dans
rinde et au Cap de Bonne-Espérance , niche dans un tronc
d'arbre, et dépose ses œufs sur le bois vermoulu et réduit en
poussière;sa ponte est de six ou sept œufs d'un bleu verdis-
sant ;le mâle soulage sa femelle dans le travail de l'incubation.
Ces oiseaux sont curieux et peu farouches , suivant d'arbre
en arbre , un homme , un chien et un animal quelconque ;
et dès qu'ils les aperçoivent , ils répètent à l'unisson leur
cri guttural gra-ga-ga-ga-ga-ga-ga-ga , d'où leur est venu 1«
nom de moqueur que leur a imposé M. Levaillant, à qui
nous devons ces détails historiques et la connoissance de la
femelle et du jeune.
Le mâle a douze pouces de long; la tête, la gorge et le dos,'
d'une riche couleur d'acier poli qui se change en bleu sur
la première partie, et en violet sur la seconde;la poitrine et le
ventre , dans sa partie supérieure, d'un vert brillant ; l'in-
férieure et les jambes d'un gris-noir changeant ; quelques
petites lignes rouges s'aperçoivent sur le pli de l'aile ; ses
«6^ P R O
couvertures supérieures sont d'un vert doré ; ses pennes pa-
reilles à la tête , ainsi que celles de la queue ; les six pennes
primaires ont, à l'extérieur , une tache blanrhe de forme
ovale ; celles de la queue, excepté les intermédiaires , en ont
«ne pareille de chaque côté de leur tige , placée à un pouce
environ de leur extrémité -, le bec et les pieds sont rouges; les
ongles noirs. La femelle est plus petite que le mâle et a le bec
moins long; le jeune a son plumage d'un vert sombre tirant
au noir , la gorge roussâtre , et le bec d'un noir-bi;un.
Le Promérops bleu , Falcinellus cœmleus ^ Vieill.; V/mpa
iiidica , Lalh. ; Oiseaux dorés , pi. 9 des Promérops , a été
décrit pour la première fois par Lalham. On le trouve ,
dit- il , dans l'Inde, mais il ignore dans quelle partie. Il
f st à peu près de la taille du Promérops à hec rouge ; le plu-
mage généralement bleu , moins vif sur les parties infé-
rieures ; le bec noir ; l'iris rouge ; les pieds couleur de
plomb , et la queue cunéiforme.
Le Promérops BRUN À VENTRE RAYÉ,jPfl/a«e//«s/HS6Hs, Vieil;
Upupapapuensls ^ Lath.; Oiseaux dorés^ pi. 7 des Promérops. Le
mâle a la gorge , le cou et la tête d'un beau noir , avec
des reflets d'acier poli ; le dessus du corps brun , avec une
teinte de vert foncé suf le cou , le dos et les ailes ; la queue
brune , excepté la dernière des pennes latérales qui a son
côté intérieur noir ; la poitrine et le dessous du corps
rayés transversalement de noir et de blanc ; l'iris et les
pieds noirs. -
La femelle, selon Sonnerat, a la tête , la gorge et le cou
du même brun que le dessus du corps , mais sans aucun
reflet ; du reste , elle ressemble au mâle ; longueur totale ,
vingt-deux pouces , dont la queue en a treize. L'individu
figuré dans les Oiseaux dorés diffère en ce que les parties
antérieures sont d'un rouge-brun , que le dessus du corps
est verdâtre , et que les pieds sont bruns. Peut- être est-ce
un jeune mâle.
Des ornithologistes modernes présentent ces oiseaux pour
des femelles ou des jeunes du e^r ao A Promérops à pari^mens ;
ce qui peut être , car l'un et l'autre habitent la Nouvelle-
Guinée ; mais Sonnerat , à qui on doit la connoissance de
cette espèce , ayant désigné les deux sexes, l'on doit s'en
rapporter plutôt à ses observations qu'à des conjectures
basées sur quelques rapports dans la forme et les couleurs
d'une peau desséchée. Au reste, l'on ne connoît ni les
habitudes, ni les amours, ni le genre de vie de ce promérops; et
sans ces connoissancesl'on ne peut rien statuer. Labillardière
l'a encore rencontré dans les forêts de l'île Vaygiou , l'une
des Moluques.
P R. O ,65
PrOMÉROPS brun a ventre tacheté. V. SOUIMANGA
I>U PROTÉA.
Le Promérops du Cap de Bonne-Espérance. V. Pro-
MÉROPS BRUN A VENTRE TACHETÉ.
Le Promérops a douze filets , Falcinellus respîendescens ,
Yieill. , Oiseaux dorés ; pi. i3 des Oiseaux de paradis ^ sous le
nom de manucode à douze filets. La tête, le cou, le haut du dos
el de la poitrine de ce superbe promérops, sont d'un beau noir
velouté, dont il rejaillit, sous divers aspects, des reflets
pourpres et violets ; les plumes de la dernière partie sont ter-
minées par de larges lunules d'un or éclatant , suivant Tin-
cidence de la lumière ; le reste du dos et de la poitrine , le
t-roupion, le ventre et les jambes sont d'un beau blanc; plu-
sieurs plumes d'un vert brillant à reflets bleus, plus longues
que celles qui les avoisinent, parent les flancs vers l'origine des
plumes subalaircs;ceUes-ci ont à peu près la forme de celles
des oiseaux de paradis émeraudes ; mais elles paroissent plus
larges; leurs barbes sont effilées, flottantes et d'un blanc
nuancé de jaune tendre ; les douze filets parlent de l'extré-
mité des plumessubalaires latérales; les plus proches du corps;
ils sont de la force et de la grosseur d'un crin de cheval ,
longs d'environ dix pouces , à peu près nus et contournés en
divers sens ; un beau noir pourpré couvre les ailes et la
queue ; le bec et les pieds sont noirs. La longueur totale est
de neuf pouces et demi , depuis le bout du bec jusqu'à l'ex-
trémité de la queue. Les pennes primaires sont conformées
comme celles des autres promérops ou des oiseaux de pa-
radis ; mais elles manquoient à l'individu qui est au Mu-
séum d'Histoire naturelle, ce qui a induit en erreur M. Cu-
vier , quand il dit qu'elles sont courtes et beaucoup moins,
nombreuses qu'aux oiseaux ordinaires.
Je rapproche de celle espèce V oiseau de paradis noir et
blanc ( Paradisea alba , var. , Lath.), que Valentin a fait con ■
noître, et qu'il dit n'être guère moins rare que le blanc, et se
trouver dans la mênie contrée.
Le grand Promérops de la Nouvelle-Guinée. V. Pro-
mérops A paremens frisés.
Le Promérops huppé des Indes. V. Promérops promé-
rupe.
Le Promérops jaune du Mexique. F. Promérops orange.
Le Promérops du Mexique. V. Promérops a ailes
bleues.
Le Promérops multifil. V. Promérops a douze filets.
Le Promérops najuaquois , Falcinellus ry«/zo///t/as , Yieill. ;
pi. 5 et 6 des Oiseaux de paradis ^ àcs Promérops , etc., de Le-
vaiilant. Le mâle est d'un beau noir elacé de bleu en dessus
i66 P R O
et sur les dernières pennes de l'aile ; d'un noir lavé qui bru-
nit sous certains aspects en dessous ; les deux pennes laté-
rales de la queue ont chacune une tache blanche vers leur
bout ; les premières rémiges sont noires et marquées d'une
tache blanche , oblongue vers leur milieu; ces taches réunies
forment une bande transversale ; une petite marque de cette
couleur est vers l'origine des pennes intermédiaires de l'aile;
le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale , dix pouces
deux lignes.
La femelle , pi. 6 ■Au même ouvrage , diffère du mâle par
«ne taille plus petite ; en outre, elle a le bec moins arqué ;
la gorge , le devant du cou , la poitrine et le dessous du corps
d'un brun de bislre , plus clair sur les parties antérieures que
vers l'anus, où il se charge d'une teinte noirâtre ; toutes les^
parties supérieures moins lustrées de bleu ; les taches blan-
ches de la queue moins grandes , et les premières pennes des
ailes brunâtres. Le jeune mâle ressemble assez à la femelle; il
a le bec et les pieds bruns ; toutes les parties supérieures d'un
noir qui se rembrunit sous un certain jour. M. Levaillanl a
trouvé cet oiseau en Afrique, dans le pays des Namaquois.
Le Promérops de la. Nouvelle-Guinée. F. Promérops
ERUN A VENTRE RAYÉ.
Le Promérops OLIVATRE. F. Polochion olivâtre.
* Le Promérops orangé , Upupa aurantia , Laih. Il ha-
bite les Barbâdes , selon Brisson , et les Barbiches , selon
Montbeillard ; il est de la grosseur da prornerops à ai/es f/leues ,
et a environ neuf pouces et demi de longueur; le bec est de
couleur d'or , très-pointu , el entouré à sa base de petites
plumes rouges ; la teinte orangée est la couleur dominante
de son plumage ; elle prend une nuance dorée sur la têle , la
gorge et le cou ; une rougeâtre sur les pennes primaires des
ailés et sur celles de la queue , et une jaune sur tout le reste ;
les pennes caudales sont égales entre elles.
Le coh/'iitofoli de Fernandez, que Brisson a décrit sous le
nom de promérops jaune ^. est regardé par Montbeillard com-
me la femelle du précédent. Il a la têle, le cou, la gorge
«^t les ailes , variés de cendré et de noir , sans aucune régu-
larité ; tout le reste du plimiage jaune ; le bec noir et les pieds
cendrés. On le trouve dans les contrées les plus chaudes du
Mexique. Le promérops dont il est fait mention dans leVoyage
delà Peyrouse autour du Monde, aune désignation si incom-
plète , qu'on ne peut rien déterminer. Cet oiseau a été vu
dans la Californie. L'on soupçonne que le promérops orangé
♦'St un tfoupia/e. Séba en fait un oiseau dg paradis.
Le Promérops a paremens frisés , Fakinellus superhus ,
Vieill. ; Upupa sitperba , Latii. ; pi. M 3^ , fig. 3 de ce Die-
M. 02..
De.rri>r ,M
lr/r//uv .rru/^'
3.P/'O/iU7'0jl>j' />/'(>//! c/î/ .
P R O ,67
îionnaire. Ce superbe oiseau , dont nous devons la connois-
sance à Sonnerai , qui l'a rapporté de la Nouvelle-Guinée ,
est très-#emarquaLle par deux bouquets de plumes ornées
des couleurs les plus brillantes, qui naissent des épaules, et
qui sont composés des scapulaires et des couvertures de l'aile;
un noir velouté couvre en entier les huit plumes supérieures
du premier bouquet, les autres sont frangées, vers leur extrémi-
té , d'un vert éclatant, à reficts violets; ces plumes ont des
barbes très-courtes d'un côté, très-longues de l'autre, et se
terminent en demi-cercle ; les plumes du second bouquet ont
plus de longueur, et joignent à la richesse des inêmes couleurs
l'éclat du plus beau vert doré; elles sont, de plus, remarquables
par une raie d'un bleu changeant en violet , qui borde les
liges dans toute leur longueur. Parmi ces plumes, les unes
diminuent graduellement de largeur jusqu'à leur extrémité ;
les autres, égales partout, ont leur bout arrondi d'un côté et
terminé en pointe de l'autre ; la plupart ont des barbes ef-
filées et flottantes : on voit en outre , vers le bas du dos, une
touffe de plumes longues , décomposées et d'un beau noir,
qui s'étendent à une certaine distance sur les pennes de la
queue ; les plumes du dessus , des côtés de la tête et de la
gorge, sonldisposéesen écailles, et de couleur d'acier trempé ,
changeante en violet; le haut de la gorge est noir; la poitrine
et le ventre sont d'un vert mélangé de violet ; le dos est pa-
reil à la tête ; les ailes et la queue sont d'un beau noir chan-
geant en violet ou enbleu;les pennes caudales sont en-dessous
d'un marron foncé; les six intermédiaires ont deux pieds trois
à quatre pouces de longueur , et la plus courte des latérales
n'a que deux pouces et demi; ce qui rend la queue très-
étagée ; le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale , trois
pieds et demi ( quatre pieds, selon Sonnerai).
Le PromÉROPS PROMÉFIL, Faldnellas mus;ivficm, Yieill. ;
pi. G. 3g, fig 3 de ce Dictionnaire. La Nouvelle - Guinée
est la patrie de ce promèrops. Le bec est noir vers le bout , et
les plumes du c«yo/.v//7//?i s'avancent un peu sur les narines;
celles de la gorge et du devant du cou se présentent en forme
d'écailles,et donnent lieu à une sorte de plastron d'un bleu
éclatant à reflets argentés ; ce plasiron descend jusque sur le
haut de la poitrine, où il estterminé parun coUierverlbronzé ;
le dessus de la tête et du cou jette des reflets pourpres sur
un fond noir velouté, qui s'étend sur les côtes du cou , le dos
et les ailes ; un croissant pourpré se fait remarquer sur les
couvertures supérieures : les pennes de l'ailé sont larges et
comme coupées carrément ; celles de la queue sont égales
entre elles , et d'un vert moelleux et pourpré , ravoir : les
intermédiaires sur toute leur longueur, et les autres seule-
i6B P R O
ïiienl en dehors, à l'exception de la plus exte'ricurede chaque
côté qui est d'un noir velouté ; le ventre est d'un beau violet
à reflets , ainsi que les plumes des côtés qui sont allongées
«ta barbes décomposées; une partie de ces plumes, que l'oi-
seau peut étaler à volonté , a presque sept pouces et demi
de longueur ; les pieds sont noirs. Longueur totale, douze
pouces deux lignes.
Le Proméroi'S PROMÉrar , Falcînellus caudaculus , Vieill. ;
pi. 8 des Oiseaux de paradis , prométops^ elc., de Levaillant. Ce
promérops , que l'on trouve en Afrique , a la tête , le cou,
la poitrine , \% manteau , les couvertures supérieures des
ailes et le croupion d'un noir lustré de vert sombre ; les pre-
mières pennes alaires noires ; les suivantes variées de blanc
tt de fauve dans leur milieu et à leur bout ; la poitrine et les
parties postérieures, d'un noir brunissant ; les pennes cau-
dales d'un noir verdoyant et très-pointues; le bec noir à sa
base et brun vers son bout , avec un trait blanc sur son arête ,
depuis les narines jusqu'au tiers de sa longueur; les pieds
bruns : tel est le mâle. La femelle (pi. 7 du même ouvrage,
sous le nom de promérops mullifil , et non pas l'individu de la
planche 9, quoiqu'il porte le nom de cette femelle) en diffère
en ce qu'elle est d'un noir brunissant en dessus; d'un roussâtre
uniforme sur la gorge et le devant du cou ; fauve et finement
rayée de brun noisâtre sur la poitrine et sur les parties pos'
léiieures ; brune sur les grandes pennes des ailes; d'un noir-
brcm sur la queue , le bec et les pieds.
* Le Promérops promérupe , Upupa paradisea , Latb.
Séba , d'après lequel on a dépch cet oiseau , nous dit qu'il se
trouve dans les Indes orientales , et qu'il y est très-rare ; sa
huppe est noire, ainsi que le cou et la gorge; les ailes et la
queue sont d'un rouge-bai clair ; le bec et les pieds de couleur
de plomb; le ventre est d un cendré clair; grosseur à peu
près de Vctuuvaeau ; longueur totale , dix-neuf pouces ; queue
composée de pennes fort inégales. Selon M. Levaillant , cet
oiseau est un gohe-mouche de Ceylun , dont Séba fait un oi-
seau de paradis , d'après la longueur de sa queue.
Le Promérops sénégalais, Vieill. Cet oiseau du Sénégal
a , dans ses couleurs, de Irès-grands rapports avec [t promé~
rops namu(juuis ; mais il en diffère par une taille beaucoup
plus grande. Il a seize pouces de longueur totale ; le plumage
noir à reflets bleus sur la tête et le devant du cou ; l'aile bâ-
tarde blanche ; une tache de la même couleur à l'intérieur
des deux premières pennes alaires ; deux , dont l'une à l'ex-
térieur, et l'autre au milieu des autres pennes primaires , de
même que sur les trois premières pennes latérales de la
quelle ; le bec et les pieds noirs. Ce promérops est dansU
P R o ,ecj
collection de M. le comle de Riocourt. Un autre, venu de la
même conlrée , et qui est dans la même collection , diffère
du précédent en ce qu'il est plus petit de quatre pouces, et
qu'il a les pieds rouges.
Le ProméROPS siffleur , Faldnellus sihilaior , Vielll. ;
pi. lo de^ Oiseaux de paradis , etc. , de Levaillant. Il a le
front, les joues, la gorge , le devant du cou, la poitrine et
les parties postérieures d'un beau blanc; les flancs moucbetés
de brun fauve ; un collier blanc sur le dessus du cou ; l'oc-
ciput, toutes les parties supérieures et les deux pennes in-
lerniédialres de la queue , d'un brun clair nuancé d'olivâtre ;
les pennes latérales blanches et rayées transversalement de
brun-noir ; le bec brunâtre et les pieds jaunes. On le trouve
en Afrique, (v.)
PUOMONTOIRE Ce mot est communément regarde
comme synonyme de cap , qui signifie une langue de terre
avancée dans la mer ; mais le nom de cap se donne quelque-
fois à des pointes de terre qui ne sont pas fort élevées , au lieu
que le mot de promontoire désigne spécialement une langue
de terre, qui se termine par une montagne considérable.
Presque tous les caps de la mer des Indes sont des promon-
toires , attendu que l'effort continuel que fait conire le conti-
nent des Indes le courant général de la mer, a détruit les col-
lines des côtes, el n'a laissé sur pied que les montagnes. (PAT.)
PROMERUPE. V. Promeuops promérupe. (v.)
PRONEE , Pronœus. Fabrlcius ayant donné à un genre
d'insecles hyménoptères , de la tribu des sphégimes, le nom
de diyinus , que j'avois déjà employé , pour désigner un
autre genre , j'ai changé celte dénomination en celle do
prônée. Les dryines de Fabrlcius sont des hyménoptères
exotiques, très-voisins des chlorions , mais dont les mâchoires
et la languette sont proportionnellement plus longs. Voyez
Fabrlcius , Systema piezatorum. Le pepsis macoillaris de M. Pa-
Usot de Bcauvols ( Insectes recueill. en Afriq. et en Amèriq. ,
2 Fasc. , pi. I, fig. i), paroît appartenir au genre prônée, (l.)
PRONK-BOSCH ou CHEVRE DE PARADE. Les
Hollandais du Cap de Bonne-Espérance , donnent ce nom
à l'AiNTiLOPE SPRING-BOCH , OU A BOURSE , à cause de son
allure, (desm.)
PRONO-DJIVO, Espèce d'ANCELiN de Java , dont les
fruits sont spécifiques contre les morsures des serpens. (b.)
PRONOË {^imecte\ V. Satyre, (l.)
PROPAGULE. On a donné ce nom , dans ces derniers
temps , aux BouRGEO^s se]vii>'iformes des plantes agames
qui scâcveloppent à la surface , et qui ne paroisscnl être que
des fragmcns de leur tissu. V. Fruit, (b.)
170 P R O
PROPION et PROSOPIS. Noms de la Bardane, chez
les Grecs, (lis.)
PROPOLIS, r. Abeiile. (l.)
PROQUIER, Prokr'a. Genre de plantes de la polyan-
drie monogynic, et de la famille des rosacées, .dont les
caraclc!C3 coiiSislcnt : en nn r-ilice de trois folioles' souvent
accompagnées de deux plus petites à leur bnse ; point de
corolle; un grand nombre d'clamines insérées au récepta-
cle ; un ovaire supérieur ovale, surmonté d'un stigmate
sessile, tantôt aigu , tantôt pelté ; une baie à cinq angles et
polysperme.
Ce genre renferme des arbustes à feuilles alternes , et à
fleurs disposées en petits bouquets terminaux ou axillaires.
On en compte quatre espèces, dont la plus anciennement
connue est : le Proquier de Sainte-Croix, qui a les feuilles
ovales, en cœnr et dentées, et les fleurs presque en grappes
terminales. Il vient des îles Antilles.
A quoi il faut ajouter le Proquier théiforme , qui a les
feuilles lancéolées, elliptiques , dentelées , un peu obtuses;
les pédoncules axillaires, souvent solitaires et unidores. II
vient de 1 île de la Réunion , et a fait partie d'un genre
LiGHTFOOTE , établi par Swarlz, et adopté par Yahl , sur
la considération unique des folioles surnuméraires du calice
et du siigmale pelté, (b.) «
PROQUIN. Nom chilien d'un Acène fort voisin des
LiTRÉES. (B.)
PROROROCA ou POROROCA. V. Mer. (pat.)
PROSCAR /\BÉ , Prosrarahœus. V. MelOÉ. (o.)
PROSCOLLE. Sorte de glande sortant du sommet du
stigmate, dans les fleurs de la famille des orchidées. C'est
Richard qui l'a reconnue et dénommée, (b.)
PROSERPINACA. Apulée désigne, sous ce nom , l'un
à&& anciens pofygonum. Voyez ce mot. Linnseus le donne
à un genre de plantes aquatiques, qui naît en Amérique, et
qn'Adanson appelle trixis. 11 est décrit, dans ce Diction-
naire, à Tariicle Trixide. (ln.)
PROSERPIjNE (insecte). V. SaTYRE. (l.)
PROSIMiA. Brisson et Storr ont donné ce nom aux
Makis , à cause de leur ressemblance avec les singes.
(desm.)
PROSIMII. Illiger forme , sous ce nom, une famille
qui ne comprend que les genres Indri, Maki, proprement
<Ut, et Loris, de notre méthode , et qui diffère partica-
lièremcnt de la suivante , celle des marwiarsi ^ parce que les
pieds postérieurs des animaux qu'elle comprend sont pro-
portionnés aux antérieurs, Réunie avec celle des macrotam ,
P R O ,71
cette famille correspond à celle que nous désignons par le
nom de Lémurieks. (desm.)
PROSKURAT. Nom de la Mauve sauvage, en Russie.
(LN.)
PROSO et PROSSA. Noms russe et polonais du Panïs.
(m.)
PROSOPE, Prosopis. Fabricius et M. Jurine désignent
ainsi un genre d'insecles hyménoptères , que je nomme
Hylée. V. ce mot. (s.)
PROSOPîS , Prosopis. Arbre épineux des Indes orien-
tales, à feuilles ailées sans impaire» à folioles opposées»
oblongues , obtuses, et à fleurs petites, disposées en épis
axillaires et terminaux, qui forme un genre dans la décan-
drie monogynie et dans la famille des légumineuses.
Ce genre offre pour caractères : un calice hémisphéri-
que , à quatre ou cinq dents ; une corolle de cinq pétales
sessiles et égaux; dix élamines presque égales ; un ovaire
supérieur oblong , à style unique et à stigmate simple ; un
légume allongé , grêle , aigu et polysperme. (b.)
PROST ANTHÈRE, Prostanlhera. Arbuste à feuilles
opposées , légèrement pétiolées , ovales oblongues , large-
ment dentées, à fleurs disposées en panicules terminales,
qui croît dans la Nouvelle Hollande , et qui, selon Labillar-
dière, forme un genre dans la didynamie gymnospermie,
et dans la famille des labiées.
Ce genre offre pour caraclères : un calice à deux lèvres,
qui se ferment après la floraison ; une corolle monopétale ,
à quatre divisions inégales, la supérieure plus grande, et
l'inférieure cordiforme ; quatre étamines, dont deux plus
courtes , toutes ayant un appendice à leur anthère ; un ovaire
supérieur, surmonté d'un style bifide ; quatre baies monoa-
spermes. V. pi. 157 de l'ouvrage sur les Plantes de la Nou-
velle-Hollande, de l'auteur précité, où ces caractères sont
figurés, (b.)
PROSTO?»IIS, Prostomis. Je désigne ainsi un genre
d'insecles coléoplères tétramères , de la famille des xylo-
phages , tribu des trogositaires , et qui a pour type le
irogosite mandibulaire de Fabricius. Cet insecte a la languette
étroite et fort allongée ; elle s'avance , ainsi que les mâchoi-
res, sous les mandibules ; ces mâchoires sont bilebées ; les
côlés inférieurs de la tête ont chacun un prolongement
avancé , en forme de pointe ou de corne -, les mandibules
sont finement dentelées au côté interne et très-grandes ; les
antennes sont terminées par une massue de trois articles
arrondis \ le corps est étroit , allongé, avec le corselet
Ï73 P R O
carré. M, Slurm a donné , dans le second volume de s*
Faune d'Allemagne, pi. ^g, une excellente figure de celle-
espèce , avec des détails qui font bien connoître ses carac-
tères génériques. Cet insecte se trouve au nord de l'AUe-
niagne. J'ai vu, dans la collection de M. Labillardière , une
autre espèce , qu'il a apportée de son voyage aux Terres
Australes, (r.,)
PROSTyPE. Partie du Cordon ombilical , où FuNir-
CULE DES GRAINES, qui pénètre sous leurs tégumens. Voyt^z
ces mots et le mot Fruit, (b.)
PROSWIRKI. Nom de la TdAuvE a feuilles rondes ,
en Russie, (ln.)
PROTEE, Proiea. Genre de plantes de la té.trandrie mo-
Tîogynie , et de la famille des proléoïdes, dont les caractères
consistent : en une corolle de quatre pétales, ou divisée en
quatre parties conniventes au somuiet, sillonnées intérieure-
ment, et la supérieure quelquefois fendue profondément;
quatre étamines insérées vers le sommet des divisions , à
fîlamens courts, à anthères oblongues, plongées dans le sillon
des découpures calicinalcs ; un ovaire supérieur , oblong ,
surmonté d'un style plus long que la corolle , à stigmate sim-
ple et en massue , quelquefois bifide et souvent articulé ; une
noix recouverte par la corolle , que quelques auteurs regar-
dent comme un calice uniloculaire et monosperme.
Ce genre renferme une centaine d'arbres ou d'arbrisseaux
à feuilles alternes , à (leurs quel<|uefois distinctes, disposées
en épis et monoïques, le plus ordinairement hermaphrodites
et agrégées sur un réceptacle commun , tantôt nu , tantôt
hérissé de poils ou de paillettes , entouré d'écaillés , ou im-
briquées en cône , ou disposées en forme d'involucre. 11
est remarquable par la beauté ou la singularité de plusieurs
des espèces qui le composent , presque toutes exclusivement
propres au Gap de Bonne - Espérance , et dont on cultive
quelques-unes dans les jardins de Paris.
C'est à liermanu, àLinnœus et à Thunberg, que l'on doit
la connoissance de la plus grande partie âes protées. Ce der-
nier, dans une Monognipiiie qu'il a publiée en 1781 , en a
mentionné soixante espèces; Cavanilles et autres botanistes
en ont fait connoître une quarantaine d'autres venant prin-
cipalemen^t de la Nouvelle-Hollande , et qui ne sont pas
moins belles que celles du Cap Smilh , Labillardière et
Brovvn onl restreint lé nombre de ces espèces, en établis-
sant, le premier , le genre Lambeiitie ; le second, le genre
Adenanthos ; et le troisième , les genres Isopogon , Agas-
TACH\s , Anademis et Bellendène. Voyez de plus les mota
Al'LAX. , LeUCADENDRJc; j. PeïROI'UYLLE , MiMÈTE , Lei'co-
P R O ,73
SPERME, Serrure, NiVENiE, Sorocéphale, Spatalle et
CoisosPERME, nouveaux genres introduits depuis peu par les
mêmes botanistes.
Les protées se divisent en sept sections , d'après leurs
feuilles.
i.° Ceux qui ont les feuilles pinnées , tels que :
Le Protée FLORIDE, C'est une très -belle espèce, qui se
remarque principalement par de grandes bractées ovales ,
et des feuilles filiformes et trifides.
2.° Ceux qui ont les feuilles dentées et calleuses , parmi
lesquels il faut noter :
Le Protée conocarpe , qui a les feuilles à cinq dents ,
glabres , la tige droite, et les fleurs terminales.
3." Ceux qui ont les feuilles filiformes etsubulées, dont est:
Le Protée a feuilles de pin.
4..° Ceux qui ont les feuilles linéaires , tels que :
Le Protée BLAMC,qui a les feuilles linéaires et d'un blanc
satiné.
Le Protée MELLiFÈRE,qui fournit aux cultivateurs du Cap
un miel qui se trouve au fond de ses fleurs, et qu'ils ramassent
pour s'en servir, soit comme remède, soit pour conserver
les fruits.
5." Ceux qui ont les feuilles elliptiques et lancéolées , oh
se trouvent :
Le Protée conifère, qui a les feuilles lancéolées , atté-
nuées à leur base , glabres , aiguè's et calleuses ; les fleurs
disposées en tête terminale , accompagnées de longs involu-
cres. On le cultive dans quelques jardins de Paris.
Le Protée pâle, qui a les feuilles lancéolées , calleuses ;
les fleurs disposées en tête , accompagnées d'un involucre
long et pâle. On le cultive fréquemment dans les jardins.
Le Protée argenté , qui a les feuilles lancéolées , cou-
vertes de poils blancs satinés ; qui a la tige arborescente ,
et les fleurs disposées en tête globuleuse. Il est figuré dans
Commelln , Hortus, volume 2 , table 26. Il s'élève jusqu'à
soixante pieds. C'est une des plus belles plantes que l'on
connolsse. On le cultive dans plusieurs jardins , sous le nom
à''nrbre d'argent. On peut en voir de sUj^ierbes pieds dans le
Jardin de Cels,
6." Ceux qui ont les feuilles ovales ou oblongues , comme :
Le Protée satss tiges , qui a les feuilles oblongues , les
têtes de fleurs globuleuses et glabres , et la tige courte et
couchée.
7". Ceux qui ont les feuilles rondes ou en cœur, où se voit:,
Le Protée à feuilles en cœur , dont les fleurs sont dis-
posées en cône radical, et les feuilles en cœur.
174. P R O
Plusieurs proUes se mulliplient de marcottes, mais la plu-
part ne viennent que de graines Aussi sont-ils rares dans les
jardins des amateurs. Ils demandent la terre de bruyère ,
peu de soleil , et la serre pendant l'hiver, (b.)
PROTEE , Proleus. Genre de vers polypes amorphes ou
d'animalcules infusoires , qui rassemble des animaux très-
simples , transparens et de forme changeante. F. sa figure ,
pi. G. aS.
Roesel a , le premier , fait connoître une des espèces de ce
singulier genre. On ne peut mieux la comparer qu'à une
goutte d'huile jetée sur de l'eau , c'est-à-dire , que jamais
elle ne conserve deux minutes de suite la même forme , et
qielques-unes de ses formes sont si opposées les unes aus
autres , qu'on ne peut croire qu'elles appartiennent à la
même espèce.
Les physiciens amateurs de longues dissertations se sont
exercés sur le chapitre des protées, qui, en effet, prêtent aux
divagations d'une brillante imagination ; mais tout ce qu'ils
ont écrit, se réduit cependant , en dernière analyse, au fait
qu'on vient de citer. F. à l'article Animalcules infusoires.
Les protées sont au nombre de deux espèces, figurées pi. i,
figures I et 2 de la partie des Fers de Y Encyclopédie. On les
trouve dans l'eau des marais et dans celle de la mer, où ils
sont assez rares, (b.)
PROTÉE , Proleus. Animal cylindrique, très-long, ayant
quatre pattes , pourvues de trois doigts aux antérieures , et
de deux aux postérieures ; deux tubercules en place des
yeux , qui sont à peine visibles ; une queue en nageoire.
Cet animal, qui ressemble un peu à une Salamandre, a été
trouvé trois ou quatre fois en Allemagne, dans des eaux sor-
tant de grottes profondes. Il a été d'abord mentionné par
Laurenti , qui le place avec des larves de Salamandres ,
dans un genre nouveau , auquel il a donné pour caractères :
de respirer par des branchies , d'avoir quatre pattes , des
mâchoires dépourvues de dents , et la queue comprimée
latéralement.
Scopoli, depuis, donna une description plus étendue de
ce prutée ; mais elle ne satisfît pas encore les naturalistes.
Il étoit réservé à Schrclbersde fixer les idéessur ce singulier
animal. Dans un mémoire publié dans les Transactions plii-
losophiques de Londres , il prouve , par les détails anato-
miqucs , décrits et figurés avec une exactitude scrupuleuse,
qu'il possède en même temps des branchies et des poumons ,
qu'il est par conséquent aussi voisin des salamandres que des
poissons.
P R O ,75
La longueur de ce reptile est d'un pied. Sa tête est cy-
lindrique , un peu déprimée , amincie et oljtuse en devant.
La mâchoire inférieure est plane et plus courte. On voit deux
tubercules à la place des yeux. Les branchies sont bifides,
placées des deux côtés de l'occiput , et chaque lobe a cinq
ou six divisions plumeuses d'un rouge de corail , qui devient
plus vif lorsque l'animal est en mouvement ou est irrité. Le
corps est cylindrique , épais d'un pouce, blanc, lisse, sans
écailles; la queue est comprimée, munie d'une nageoire
adipeuse, horizontale et obtuse à sa pointe. 11 a quatre pattes,
les antérieures plus courtes, à trois doigls, placées sous les
branchies , les postérieures à deux doigls , placées en avant
de l'anus , toutes sans ongles. Les organes de sa respiration
sont très-compliqués ; son foie offre huit lobes. On n'a pas pu
déterminer d'une manière précise les parties de la généra-
tion ; mais on sait que dans les poissons et les salamandres
elles sont oblitérées, excepté dans la saison de l'amour.
Les yeux du protée sont très -petits et cachés sous une
membrane épaisse. Scopoll dit que celte membrane n'est pas
perforée. Schrelbers assure qu'il y a une très -petite fcnte.
Quoi qu'il en soit, cet animal n'en a pas un grand besoin ,
puisqu'il paroît destiné à vivre habltuellemenl dans les lacs
et dans les rivières souterraines où la lumière du jour ne
paroît jamais , et qu'il n'en sort que lorsqu'il est poussé mai-
gré lui par les grandes eaux du printemps ou de l'automne;
On a trouvé dans son estomac un petit coquillage , ce qui
indique le genre de sa nourriture.
On doit à Cuvier une excellente dissertation sur l'analo-
mle de cet animal , insérée parmi les Mémoires de Zoologie de
M. Humboldt , faisant suite à ses voyages dans l'Amériijue
méridionale. Cette dissertation confirme principalement par
l'ostéologie , que c'est un animal complet , 'et non une larve
de salamandre, comme quelques naturalistes l'avoient déjà
pensé.
M. J. Géen a mentionné une seconde espèce de ce genre
dans le second vol. du Journal de l'Académie des sciences
naturelles de Philadelphie. Il l'appelle Protée du nouveau
Jersey. Ses caractères sont -.corps blanchâtre; queue mé-
diocre et comprimée en forme de nageoire.
Lacépède a aussi décrit et figuré, dans le 57.* cahier Azs An-
nales du Muséum, un animal d'environ six pouces de long,ctde
huit lignes de diamètre , qui , s'il n'est pas une larve de
Salamandre , appartient à ce genre. Ce qui le caractérise
le plus , c'est quatre doigts à chaque patte , et la queue
large , comprimée latéralement.
On ignore d'où vient cet animal , dont le Muséum pos-
fjù P R O
sède un exemplaire dans resprit-de-vin. C'est à ce genre que
Cuvler rapporte ce célèbre fossile trouvé dans les carrières
d'OEningen , que Scheuzcher a décrit comme celui d'un
homme antérieur au déluge. Les raisonnemens et les falls
sur lesquels il appuie ce rapprochement , sont démonstra-
lifs. Ce protée devoit avoir plus d'un mètre de long, (b.)
PROTEINE , Frotcinus. Je désigne ainsi un genre d'in-
sectes coléoptères , de La famille des brachélytres , très-
voisin du genre omalium de M. Gravenhgrst , mais qui en
diffère par ses antennes presque entièrement grenues, et dont
les derniers articles sont notablement plus gros que les pré-
cédens , ainsi que par les palpes maxillaires , dont le pénul-
tième article est épais , et le dernier grêle et aciculairc.
Ces insectes ont le port des omalies, de la seconde famille de
cet auteur. Leur tête est petite et triangulaire ; leur corselet
est court et transversal , et les élytres couvrent la plus grande
partie de l'abdomen. L'espèce qu'il nomme macroptère pa-
roît bien se rapprocher de l'insecte d'après lequel j'ai établi
le genre protéine , et que j'ai nommé Brach\ptère , Bra-
fhyptërus. Il est à peine long d'une ligne , noir, luisant, très-
linement pointillé , aplati , avec les mandibules , la base des
antennes et les pieds d'un roussâtre brun. On le trouve à
terre parmi les plantes. Il est voisin du Slaphylin floral de
M, Payktill , et du Catereles graoidus d'Illiger. (L.)
PROTÉOÏDES , Proteœ , Juss. Famille de plantes
dont la fleur présente pour caractères: une corolle de quatre
ou cinq pétales , ou tubuleuse à quatre ou cinq dents, quel-
quefois munie de poils ou de squammules à sa base ; point
de calice , à moins qu'on ne regarde la corolle comme en
étant un , ainsi que Jussieu le fait; des étamines en nombre
égal aux divisions«de la corolle, et insérées à leur sommet
ou presque à leur sommet; un ovaire supérieur simple, à
style unique et à stigmate ordinairement simple ; un péri-
carpe , ordinairement monosperme , rarement disperme ,
dont la semence a un embryon droit , une radicule infé-
rieure , et point de périsperme.
Les protéàides ont une tige arborescente ou frutescente,
des feuilles qui sortent de boutons coniques et écailleux , et
sont simples, alternes ou ramassées, ou presque verlicil-
lées. Leurs fleurs, communément hermaphrodites, affectent
différentes dispositions.
R. Brown , à qui on doit un très-bon travail sur cette fa-
mille, dans le dixième volume des Transactions de la Société
Linnéenne deLondres,y rapporte les genres suivans : Aulax,
Leucadendre , Petrophile , IsopoGON , Protée , Leuco-
P R O ,7^
SPERME, Serrurie, Mimètes, Nivénie, Sorogéphale, Spa-
TALLE , AdÉNANTHE , GuÉVINE , BraBEIE , PERSOONIE
Cénarrhène , Agastachys , Symphioneme , Bellendène'
FrANKLANDIE, SlMSlE, COMOSPERME, SY^APHÉE, AnadENIE,
Grevillée, Hakee,Lambertie, Xylomele, Orite, Rho-
PALA , KnIGHTIE , EmBOTHRION , OrÉOCALLIS , ÏELOPÉE ,
LoMATtE, SteiMocarpe , Baisksik et Dryandre*. (b.)
PROTIUM (Burm. Ind. 118). C'est une espèce de
Balsamier ( Amyns protium, L. ). (LN.)
PROTO. V. Proton, (desm.)
PROTOGYNE. M. Jurine,de Genève , a proposé de
donner ce nom aux roches graniiiijues , composées de feld-
spath, de quarz et de sléalite, ou de talc, ou de chlorite.
Ces roches sont Irés-cominunes dans les Alpes, cl forment
des systèmes très-étendus. M. Brongniarten fait une espèce
particulière, qui a pour exemple les protogynes de Pormenaz ,
vallée de Servoz, du Talèfre , de la gorge du Mallavale , en
Oisans,du Sonnenberg,au Harlz, et du Niolo en Corse, (ln.)
PROTON, Proto. Genre de crustacés, de l'ordre des
Isemodipodes , établi par M. Léach , et formé des espèces
du genre chevroUe de M. de Lamarck, qui ont un appendice
à la base de la seconde jfeire de pieds, ou des deux paires
suivantes. 11 y rapporte la squille ^^^/«to de Muller, Zool.
dan., tab. ici , fig. i, 2; et avec doute , sa sqmïie ventricosa.
Je place celle dernière dans mon genre lepiomère ( Voyez ce
mot ). Les protons en sont distingués parce qu'ils n'ont que
dix pieds. Ce caractère les rapproche des cheorulles ; mais
dans les protons, les organes du mouvement forment une
série continue , depuis la têie jusqu'au quatrième anneau
inclusivement; le corps est ensuite terminé par deux ou
trois articles formant une sorte de queue. C'est ce que l'on
voit dans la première des espèces précitées , et qui a été
trouvée sur nos côtes par l'un de nos collaborateurs ,
M. Desmarest. (l.)
PROTONOTAIRE. Foyez Fauvette protonotaire.
PROUSTIE, Pwustia. Arbrisseau du Chili, à feuilles
opposées, que Lagasca regarde comme devant former un
genre dans la syngénésie égale, et dans la famille des
composées bilabiées. Ses caractères sont : calice à folioles
imbriquées et très-courtes ; cinq fleurons , tous hermaphro-
dites et bilabiés ; aigrette sessiie , velue, dentée; réceptacle
nu. ( B. )
PROVENZAUA. Genre établi par Petit et Adanson ,
sur le calla palustris de Linnaeus. Il n'a pas été adopté par
les botanistes, (en.)
178 P R U
PROX. C'est le Daim dans Aristote. (s.)
PROYER. F.4'art;cle Bruant, (v.)
PRUD HOMME. On donne quelquefois ce nom à la
Sauge verbetsacee. (b.)
PRUNE. Fruit du Prunier. V. ce mot. (desm.)
PRUNE. Nom marchand de la voluta glabella de Lin-
iiseus,ou la Marginelle. (desm.)
'PRUNE DES ANSES. V. Icaquier. (d.)
PRUNE COCO. V. Icaquier et Coco Plumes, (d.)
PRUNE COTON. On appelle ainsi le fruit de l'IcA-
QUIER. (B.)
PRUNE DE DAME. Les Comoclades , arbres d'Amé-
rique, reçoivent ce nom dans les îles, (ln.)
PRUNE D'ESPAGNE. C'est le fruit du Mombin. (b.)
PRUNE- ÊTOILÈE {Prunum stellatum seu bUmbing ,
Rumph. , Amb. t. f. 35 ). C'est le Carambolier( Avenhoa
carambola^ Linn.). (ln.)
PRUNE ICAQUE, PRUNE DES ANSES. C'est le
fruil de TIcaquier. (b.)
PRUNE DES INDES. Nom qu'on donne quelque-
fois aux Myrobolans. (b^
PRUNE DE MALABAR. C^est le fruit du Jambosier
( Eugenia jambos , L. ) , fruit aigrelet et moins agréable que
celui du Jambosier de Malacca { Eitgem'a ma/accensis). (ln.)
PRUNE MO MB IN. C'est le fruit du Mombin. (b.)
PRUNE SEBESTEN ( Cordia myxa , L.). V. Sebes-
TIER. (LN.)
PRUNEAU DE CATIGNAC. V. l'article Olivier.(d.)
PRUNELLA. C'est, dans Gesner, le Mouchet , ou la
Fauvette d'hiver, (v.)
PRUNELLA. Nom donné par les botanistes au genre
des Brunelles , que Bauhin désigne par Brunella^ légère
altération de Prunella Les BuglE;^ {Ajuga^ Linn. ), un Dra-
COCÉPHALEI ( D. Ruyschiana) , et un RuELLIA {R. repandd) ,
ont été décrits par quelques auteurs sous cette dénomina-
tion de Prunella. (ln.)
PRUNELLE. V. la description de I'OEil. (virey.)
PRUNELLE. C'est la Fauvette brune à tache blan-
che. (DESM.)
PRUNELLE. On donne ce nom au fruit du Prunier
ÉPINEUX. (È.)
PRUNELLE. V. Fourdraine. (d.)
PRUNIER , Prunus , Linn. ( icosandrie monogynie'). Genre
de plantes de la famille des rosacées, qui présente pour
caractères: un calice , découpé en cinq parties , et caduc ;
une corolle de cinq pétales, larges , ronds, étendus et in-
P R U ,„j^
sérés sur le calice; vingt à trente étamines, presque aussi
longues que la corolle, à anthères jumelles; un ovaire sim-
ple , libre , rond , surmonté d'un style couronné par un
stigmate orbiculaire. Le fruit est un drupe glalire , ovoïde ou
arrondi , légèrement sillonné d'un côté, renfermant un noyau
lisse , un peu comprimé , et dont les sutures sont saillantes.
Linnseus a réuni à ce genre le Cerisier et I'Acricotier,
qui ont été traités chacun à leur lettre, ce dernier comme
espèce de prunier, et le censier comme genre auquel on doit
rapporter plusieurs pruniers de Liuneeus , tels que le pnm/er
de Canada , le mahaleb , le putier , etc. , lesquels sont , en
effet , autant de Cerisiers. F. ce dernier mot.
Les%éritables pruniers sont au nombre de douze à quinze.
Ce sont des arbres d'une moyenne grandeur , dont les fleurs
précèdent les feuilles , et dont les feuilles sont roulées en
cornet avant leur développement ; elles sont accompagnées
"de stipules , et les pétioles sont munis de glandes à leur base,
ainsi que ceux de l'amandier et du cerisier.
Ltc Prunier sauvage, appelé aussi Prunellier ou Epine
NOIRE , Prunus spinosa , Linn. ; est un arbrisseau d'Europe
qui croît dans les haies » les lieux arides , et dont les tiges
sont épineuses et souvent recouvertes d'un lichen foliacé ,
très-blanc en dessous {lichen prunasiri, Linn.). 11 a des ra-
meaux piquans , et des feuilles alternes et lisses , beaucoup
plus petites que celles du prunier domestique. Ses fleurs ,
plus petites aussi, isont disposées en grappes ou solitaires sur
leur pédoncule. Son fruit , nommé prunelle , est rond , de
grosseur médiocre , d'une couleur bleuâtre- t)u violet foncé,
et d'un goût acerbe ; lorsqu'il est bien mûr , on en prépare
un vin léger et agréable, qui fournit, parla distillation , une
eau de- vie assez forte.
Cet arbrisseau estpropre'à faire des haies ou à les fortifier;
quelquefois il s'élève à quatorze ou quinze pieds ; il a alors
trois pouces environ de diamètre. Son défaut est de se dé-
garnir par le bas ; mais il est aisé d'y remédier , en suivant
ce que j'ai dit à l'article Haie. V. ce mot.
Son bois, dit Feuille, n'a aucune qualité recommandable;
il est dur, et ressemble , par sa couleur, à celui du pêcher ,
sans en avoir la beauté; il reçoit un assez beau poli , mais il
se fend et se tourmente beaucoup.
Le Prunier cultivé , Prunus domeslica , Linn. , est un
arbre de la troisième grandeur, dont la tige est moyenne et
le pied souvent garni de drageons enracinés. 11 a un bois veiné
de rouge ; une écorce remplie' de gerçures ; une racine li-
gneuse, traçante et rameuse ; des rameaux sans piquans ; des
feuilles pétiolées , alternes, simples, lancéolées, ovales,
,8o P R U
dentées à leurs bords , terminées en pointe , et garnies à leur
surface inférieure de nervures saillantes. Ses (leurs sont pé-
donculées , à pédoncules le plus souvent solitaires. La forme ,
la grosseur, la couleur et le goût du fruit varient beaucoup.
Cet arbre, originaire de la Syrie et de la Dalmatie , est
naturalisé dans toute l'Europe. C'est le plus commun des
arbres fruitiers à noyau : sa culture , soit en espalier , soit en
buisson , soit en plein vent , ne diffère pas de celle des ABRr-
COTIERS et des Pêchers. ( K. ces mots. ) Il se multiplie de
semences , de plants enracinés , ou par la greffe. La voie du
semis peut conduire à des variétés nouvelles et bonnes. Il y
a des espèces qui , propagées ainsi , reparoissent toujours les
mêmes , sans avoir besoin d'être greffées: telles son^i^e Per~
drigon blanc , la Reine Claude , la Catherine, le Damas rouge , la
Couelsch. Les autres se greffent Indistinctement sur toutes
sortes de sauvageons de prunier. Cependant les espèces sur
lesquelles le fruit acquiert une meilleure qualité , sont la
Cemetle ovi\e. Damas rouge, venus de noyau ou de drageon. Le
prunier s'accommode assez de tous les terrains , pourvu qu'ils
ne soient pas arides ; les terres légères surtout lui convien-
nent; dans les terres fortes, il est long-tempâ sans rapporter,
et donne beaucoup de bols. L'exposition du levant ou du
couchant est celle qui lui est le plus favorable ; il aime à être
aéré;iln<i faut pas le mettre à l'abri desgrands arbresou des bâ-
timens. Il découle de cet arbre une gomme blanche , luisante ,
transparente , connue dans le commerce sous le nom de
gomme de pays. ( V. le mot Gomme.)
Le bois du prunier est dur, plein , compacte et marqué de
belles veines ; il reçoit un beau poli. « En quelque temps
qu'on le prenne , dit Fenille , il se coupe nettement sans se
mâcher sous l'outil. Ses veines sont très-variées, chatoyantes,
ondées de brun et de jaune rougeâtre ; quelquefois il est par-
semé de petites taches d'un rouge cerise , qui rendroient ce
bois éclatant si elles y étoient en plus grande abondance. Plus
l'arbre vieillit , mieux les teintes sont prononcées. En tout,
c'est un fort bon bois ; mais je le crois sujet à se gercer. »
La prune est un fruit doux (quelquefois fade ) , acidulé ,
nourrissant , rafraîchissant, délayant et laxatif. Sa peau est
couverte d'une espèce de fleur ou fme poussière , qui trans-
sude à travers Pépiderme. On cueille les prunes depuis le
commencement de juillet jusqu'à la fin d'octobre. Dans quel-
ques espèces , la chair tient au noyau ; dans d'autres , elle
s'en sépare facilement. Les divers auteurs d'agriculture font
mention de deux cent cinquante variétés au moins , parmi
lesquelles je ne citerai que celles qui méritent de trouver
place contre un espalier ou dans un verger. Les meilleures
espèces sont marquées d'un astérisque.
p r; TT ,8i
1. Prune jaune hâtive , de Catalogne. Petit fruit allongé ,
jaune , sucré. Commencement de juillet.
2. Précoce de Tours. Petit fruit ovale , noir, peu relevé.
Mi-juillet.
3. Grosse noire hâtive , Noire de MonireuH. Fruit moyen , al-
longé , brun-violet , chair ferme , d'un vert clair tirant sur le
blanc , jaune dans sa parfaite maturité , relevé. Ce fiuit est
sujet aox vers. Mi-juillet.
4.. 9ros Damas de Tours. Fruit moyen, allongé, violet
foncé , chair presque blanche , ferme , fine et sucrée. Si la
peau qui ne peut se séparer de la chair ne communiquoit pas
une odeur désagréable à l'eau, cette prune seroit excellente.
Mi-juillet.
5. Damas violet. Fruit moyen, allongé, violet, ferme ,
sucré , un peu aigre , bon. Fin d'août.
6. Petit Damas blanc. Petit fruit presque rond , ayant en-
viron un pouce sur chaque dimension , peau coriace et d'un
vert jaunâtre , chair jaunâtre , succulente et assef sucrée.
Commencement de septembre.
7. Gros Damas blanc. Fruit moyen , allongé , plus doux et
meilleur que le petit Damas , peau et chair de même couleur
et consistance. Mûrit un peu avant le petit Dama»., qui paroît
être une sous-variété du gros.
8. Damas rouge. Fruit moyen , ovale , rouge foncé et rouge
pâle, chair jaunâtre, fine, fondante, sans être mollasse,
très-sucrée. Ce fruit, sujet à être verreux, mûrit à la mi-août.
11 y a un autre Damas rouge plus gelit , moins allongé , plus
tardif que le précédent ; il mûrit vers la mi-septembre.
g. Damas noir tardif. Petit fruit afllongé , peau d'un violet
très-foncé, presque noire , dure, chair tirant sur le jaune et
le vert, assez agréable quoique un peu aigre. Fin d'août.
10. * Damas musqué., Prune de Malte , de Chypre. Petit fruit
violet foncé , ferme , musqué. Mi-août.
Il * Damas Dronet. Petit fruit allongé , vert clair , chair ti-
rant sur le vert , transparente , ferme , fine , très - sucrée.
Cette petite /jrwoe est très-bonne, Fin d'août.
12, * Damas d'' Italie. Fruit moyen presque rond , peau co-
riace d'un violet clair , chair tirant sur le jaune et le vert,
très-sucrée. Cette^Aune est très-bonne;ellemûritàlafind'août.
i3. * Damas de Maugeron. Gros fruit presque rond , violet
clair tiqueté de fauve , chair ferme , tirant un peu sur le vert ,
sucrée. Excellent fruit. Fin d'août.
i4- * Damas de septembre ^ Prune de vacance. Petit fruit
oblong , violet foncé , relevé , agréable. Fin de septembre.
i5. * Monsieur. Gros fruit rond , beau violet , fondant ,
peu relevé. Fin de juillet.
i82 P R U
16. * Monsieur hâtif. Semblable , violet plus foncé. Mî-
juillet.
17. * Royale de Tours. Gros fruit presque rond , violet clair
et rouge clair, fin , succulent , sucré , relevé. Fin de juillet.
18. Prune de Chypre. Très-gros fruit presque rond , violet
clair , chair ferme , verte , sucrée , aigre.
19. * Prime suisse. Fruit ressemblant au Monsieur , moins
£;ros , plus relevé et plus agréable que celte dernière iwriété.
Tout septembre. '
30. * Perdrigon blanc. Petit fruit longuet , blanc , fondant ,
très-sucré , parfumé , excellent. Espalier. Commencement de
septembre.
21. * Perdrigon violet. Même forme , un peu plus gros,
mêmes qualités. Espalier. Fin d'août.
22. * Perdrigon rouge. Même forme , grosseur et qualité ,
d'un beau rouge , presque violet. Septembre.
23. Perdrigon Normand. Gros fruit un peu allongé , violet
foncé , clair et jaunâtre , ferme , fin , délicat , doux , relevé ,
bon. Fin d'août.
24.- Royale. Fruit presque rond , violet clair, tiqueté de
fauve , chair d'un vert clair et transparente, ferme et assez
fine. Mi-août.
25. * D au phi ne .f Grosse-Reine-Claude, Abricot vert, V^rle-
honne. Gros fruit sphérique, peau fine , verte , tachée de gris
et de rouge , chair d'un vert jaunâtre, très-fine , délicate , et
fondante sans êlrc mollasse , sucrée , d'un goût excellent.
Cette prune mûrit au .mois d'août. Lorsqu'il survient des
pluies au lemps de sa maîurité, elle se fend , et elle en de-
vient meilleure. Elle est la meilleure de toutes les prunes
pour être mangée crue, et pour confire à l'eau-de-vie. On en
fait de très-bonnes compotes, d'excellentes confitures; les
pruneaux en sont de très-bon goût , mais un peu charnus.
2^. ^Petite - Reine- Claude. Inférieure en grosseur et en
qualité ; un peu plus tardive. Néanmoins c'est un fort bon
fruit.
27. Prunier à fleur semi-double. Variété de la Dauphine, irès-
inférieure en grosseur et en qualité.
28. * Abricotée. Gros fruit rond , vert , un peu lavé de
rouge , ferme , musqué , excellent. Commencement de sep-
tembre.
29. * Mirabelle. Petit fruit rond , un peu oblong , jaune-
ambré, ferme , fort sucré ; très-bonne prune confite au
sucre. Mi-août.
30. Drap d'or. Mirabelle double. Petite prune presque
ronde, jaune , tiquetée de rouge, transparente , fondante,
sucrée , délicate , très-bonne. Mi-août.
P B TT ,83
Zi. Bncette. Fruit moyen, vert-ja«ne , ferme, un peu
aigre. Depuis le commencement de septembre jusqu'à la fia
d'octobre,
32. Impériale violette, (iros fruit ovalcj violet clair , ferme ,
sucré , relevé. Fin d'août.
33. Impériale violette à feuilles panachées. Ce prunier est une
sous-variété du précédent. Le fruit est ordinairement diffor-
me, mal conditionné et comme avorté, attendu que la pana-
chure des feuilles de cet arbre n'est autre chose qu'une ma-
ladie. Il est d'un violet très-clair.
34.. Jacinthe. Gros fruit allongé , presque en forme de
cœur , violet clair, chair jaune , ferme , assez relevée , un
peu aigre. Fin d'août.
35 Impériale blanche. Fruit très-gros , de la forme et pres-
que de la grosseur d'un œuf de poule-d'Inde , blanc , aigre ,
désagréable , fort peu estimé.
ZÇ>. Diaprée violette. ¥r\x\iv(\oyQn , allongé, violet, ferme ,
sucré , délicat , bon. Commencement d'août.
37. Diaprée rouge. Roche -Corhon. Presque même forme et
grosseur. Prune rouge-cerise , ferme , succulente , sucrée ,
relevée , bonne à convertir en pruneaux. Commencement
de septembre,
38. Diaprée Wanc^e. Petit fruit ovale , allongé, vert pres-
que blanc, ferme , très-sucré , relevé et très-fm. Commen-
cement de septembre , et plus tôt quand l'arbre est en es-
palier.
^^. Impératrice violette. Fruit moyen, allongé, beau vio-
let , chair ferme , délicate , tirant sur le jaune et le vert.
Octobre.
4.0. Impératrice blanche. Fruit moyen , oblong , jaune clair,
ferme , sucré , agréable. Fin d'août,
l^i. Dame- Aubert ., Grosse luisante. Très -gros fruit ovale,
jaune et vert , grossier , sucré, mais fade , n'est bon qu'en
compote. Commencement de septembre.
4.2. Isle verte. Gros fruit très-allongé, hon en confiture.
Commencement de septembre,
4.3. Sainte- Catherine. Fruit moyen, allongé , jaune , sucré,
très-bon. Septembre et octobre.
4.4- Prune sans noyau. Fruit petit , noir , aigre. Grosse
amande amère sans noyau. Fin d'août.
4.5. Prunier de Virginie. Gros fruit longuet , rouge-cerise ,
ferme , acide et peu agréable. Cet arbre mérite , pour sa
fleur, une place dans les jardins d'ornement,
4.6. Prune datte. Fruit moyen , un peu allongé , jaune et
vert, taché de rouge très-vif j mollasse, fade. Gommencct
ment de septembre.
,S4 P R U
47. Prune çui porte deux fois Pan. Fruit long, jaune rou-
geâtre, transparent, tiqueté de brun, grossier. Les pre--
iniers fruits mûrissent au commencement d'août, les seconds
sont fort tardifs.
4.8. Coiie'.sch ou la Kuetsh de Lorraine. Multipliée de se-
mence , elle ne dégénère pas ; Tarbre charge beaucoup ; on
fait, avec le fruit, de bons pHineaux., et , à peu de frais, une
marmelade très-saine pour les gens de la campagne. On en
retire aussi, par la fermentation et la distillation, une eau-
de-vie appelée couelsch-vasser.
49. Le Prunier Cerisetie et le Saint- Julien servent commu-
nément de sujets pour greffer les autres ;>r«n/Vr5. Le fruit en
est mauvais, ou pour le moins très-médiocre.
On fait dessécher plusieurs variétés de prunes, ce qui for-
me , pour certains pays , une branche de commerce assez
considérable. Elles portent alors le nom de pruneaux. Dans
cet état , elles se conservent long-temps , et sont dans le cas
d'être envoyées dans les pays les plus éloignés. Toutes les es-
pèces qu'on sert sur les tables peuvent être converties en pru-
neaux; mais celles qu on préfère pour cela, sont le^ros damas
de Tours , la Sainte- Catherine , 1 Impériale violette , V Impératrice
violette, la Roche- Carbon , la Couetsch ., \di Reine- Claude. En
Suisse , on sèche beaucoup Vlsle vetfe , et ses pruneaux sont
excellens. Ceux qui jouissent parmi nous d'une plus grande
réputation, sont les pruneaux de Tours. Mais ceux d'Agen
sont bien plus savoureux.
Le Prunier de Briançon croît dans les Alpes. Son fruit,
de la grosseur du petit damas, est un fort médiocre manger.
C'est de son amande qu'on retire V huile de marmote.
Lé Prunier myrobolan ( Prunus cerasifera , Willd. ) est
originaire du Canada. On le cultive dans nos jardins , où il
se fait remarquer par la précocité de sa floraison et la
maturité de ses fruits, qui sont gros comme un damas com-
mun, mais inférieurs pour le goût.
Le Prunier de la Chine paroît intermédiaire entre les
véritables pruniers et les cerisiers. C'est un charmant arbris-
seau d'ornement , qui ne se multiplie que par marcotte et
par greffe, attendu que nous ne possédons, dans nos jardins,
que la variété à fleurs doubles.
Le Prunier couché ( Prunus prostrata , Labill. ). Il est
originaire du mont Liban , mais ne craint pas les gelées du
climat de Paris. On le greffe à un ou deux pieds de haut,
et il offre alors, lorsqu'il est en fleurs, une boule d'un très-
agréable effet, (d.)
PRUNIER. Nom de I'Epicea , dans la ci devant Breta-
gne. (B.)
P R Z 185
PRUNIER D AMÉRIQUE. On donne te nom au
MoMBiN et au Myrobolan {Spondias Mombin et Myroba-
lanus , L. ). (ln.) •
PRUNIER EPINEUX. V. FouRDRAmE. (d.)
PRUNIER EPINEUX D'AMERIQUE. C'est le
XlMÈNE ÉPINEUX. (B.)
PRUNIER A GRAPPE (^Prunus racemosa, Sloane ).
C'est une espèce de Sebestier ( Cordia macrophylla , L. )
qui croît à la Jamaïque, (ln.)
PRUNIER ICAQUIER. V. Icaquier. (d.)
PRUNIER JAUNE D'OEUF. V. au mot Lucuma.
PRUNIER MADEGACHE. On appelle ainsi, à l'Île-
de-France , le Jujubier cultivé, (b.)
PRUNIFERA. Nom sous lequel Sloane, Calesby ,
Rai , etc. , ont désigné plusieurs arbres exotiques , tels que
le sapindus saponarLi , le laurus persea , V anacardium occi-
dentale^ Valangium Jiexapetalum , etc. , qr^nt un fruit charnu ,
que l'on a comparé à la Prune, (ln.)
PRUNUS. Les Latins donnoient ce nom à nos pru-
niers. Chez les Grecs , ces arbres étdient compris parmi
ceux appelés prunos et coccimelea , ou coccymela , lesquels
paroissent être des plantes de la même famille. Les bota-
nistes ont conservé le nom de prunus au Prunier , nom qui
a été appliqué à beaucoup darbrcs exotiques, dont les fruits
sont juleux ou à noyaux . cQmme la prune. Tels sont les my-
robolans , les caramboliers^ ïicaquier, quelques sebestiers, etc.
Linneeus a réuni, en un seul geïlre , prunus , les genres suivans
de Tournefort prunus , cerasus , laurocerasus et armeniaca.
Celte réunion n'est pas adoptée par tous les botanistes.
V. Pruîoer. (ln.)
PRUSKWOREK et PRASSKWOREC. Noms de
.'Acore odorant ( AcoTus calamus ^ L. ) , en Rohème. (ln).
PRUSSIATE DE FER NATIF. Deborn nommoit
ainsi le Fer phosphaté terreux, (ln.)
PRUYER. Nom vulgaire du Proyer. Voyez Bruant
proyer. (v.)
PRY. Nom donné à I'Epeautre ( Tritîcum spelia) par les
Tartares Tehuwdis. (ln.)
PRYCKA. V. au mot Pétromyzon. (b.)
PRYF LLWYD , PRYF PENFRILH. Noms gallois
du Blaireau, (desm.)
PRZEPIORKA. Nom polonais de la Caille, (v.)
PRZESTEP-BIALY. Nom polonais de la Bryone
( B. alba , L. ). (LN.)
PRZEWIASKA. Nom polonais du quadrupède, décrit
!86 P S A
dans cet Ouvrage, sous le nom de Marte perouasca. (desm )
PRZMIEL. Nom du Fusain Ç^E^onymus europœus ), en
Polosine (LN.)
PKZOSKOTNICA. Nom polonais de l'ARBOUSfza
(^Arbutuf unedo ^ Linn. ")• (LTV.)
PRZYMIOTOWli ZIELE. V. Popiolek. (ln.)
PRZYTULIA. Nom polonais, du Gaillet jaune ( Ga-
lium verum , U ). (LN.)
PSALLIDIUIVi , Psallidium. Nom donné par M. Hedwig
à un nouveau genre d'iusectes, dans lequel il fait entrer le
curculio maxillusus de Fabricius. Cet insecte a beaucoup de
rapports avec les charansons ; sa tête est prolongée antérieu-
rement en une trompe courte, à rextrémlté de laquelle est
placée la bouche, qui est munie de deux mandibules arquées
proéminentes; il est tout noir. On le trouve en Hongrie, (o.)
PSAMATOTE Genre de fossile établi parGuettard,
et qui répond à la Sabelle alvéolate de Linnœus , au
Chryodon d'Ockeg^ à la Sabellaire de Lamarck et à
rAMYMONE de Savigny. (b.)
PSAMME , Psamma. Genre de plantes de la famille des
Graminées, établi par Palisot- Beauvois aux dépens des
Roseaux, ou mieux des Calamogrostes. Ses caractères
sont : balle calicinale de deux valves à arête tiès-courte ;
balle florale de deux valves émarginées et mucronées à leur
extrémité ; style divisé en trois.
Le RosEAti LITTORAL sert de type à ce genre, (b.)
PSAMMITE. M. Haiiy a donné ce nom aux agrégats
que iesAllemands nomment ^KraMwacÂte, et dans lesquels ren-
trent les grès des houillères, et des grès de différente
nature qui appartiennent aux terrains de transition. Le grès
ordinaire ou quarzeux n'y est pas compris. Il appartient
aux formations les plus récentes.
M. Brongniarl, en faisant une espèce minéralogique du
Psammiie , le caractérise ainsi :
Roche grenue, formée par voie d'agrégation mécanique ,
composée principalement de petits grains de quarz mêlés
de divers autres minéraux, et réunis par un ciment peu sen-
sible et de uiiTérente nature.
Ces caractères excluent les grès ordinaires et quelques^
frauivarkes de l'espèce psammiie , mais y ramènent les grès
des houillères.
Cette espèce est divisée en six variétés :
I. PsAM. quarzeux. Formé de grains de quarz moyens
essentiellement prédominans, avec quelques grains de feld-
spath, de mica, etc., disséminés. 11 faut y rapporter les psam-
miies quarzeux de Remiily, près Dijon; de Mairies de Vayiie
P s A ,87
près Clermont en Auvergne, et celui d'au-dessus de Carlsbad
en Bohème.
2, PsAM. GRANITOÏDE. Grains dje quarz et de feldspath,
distincts, en quantité à peu près égale, réunis presque
sans ciment. Exemple : Psammites de Chateix près Royat,
et de Montpeyroux en Auvergne.
3. PsAM. MICACÉ. Pâle sablonneuse grisâtre , renfer-
mant de nombreuses paillettes de mica. Exemple : la phi-
part des grès des houillères.
4^. PsAM. ROUGEÀTRE. Pâte sablonncuse rougeâtre , mêlée
de mica, f^xemple : grès rouge micacé. Les grès des hauteurs
des environs de Saarbruck ; le grès d'Athis , près Feugeu-
rolle, aux environs de Caen; celui de Vaterstein, près
Henstadt auHarlz, qui est un Uoihe-Todte-Liegende des Alle-
mands; enfin celui de Kaufinger-"Wald, près Cassel.
5. PsAM. SCHISTOÏDE. Pâte argilo-sablonneuse , noirâtre,
renfermant plus ou moins de mica. Les grauwackes schis-
toïdes appartiennent à celte variété.
6. PsAM. CALCAIRE, Pâte sablonneuse, calcaire, assez com-
pacte, plus ou moins micacée. Exemple : psammitê de Bon-
neville près Genèv»; du Lautenberg et de Hauszelle , près
Zellerfeld, au Hartz. (ln.)
PSAMMITES et PSAMMIUM. J. R. Forster, dans
son onomatologie , donne ces noms au grès : ils dérivent du
grec psammos , qui signifie sable. V. PsAMMlïE. (lts.)
PSAMMOBIE, Psammohia. Genre de coquilles bivalves
établi par Lamarck, dans sa famille des nymphacées^aux
dépens des Solens et des Tellines. Ses caractères sont :
coquille transverse, elliptique, ovale oblongue, planiuscule,
un peu bâillante de chaque côté, à crochets saiîlans; char-
nière ayant deux dents sur la valve gauche et une seule
dent inlranle sur la valve opposée.
Lamarck rapporte dix-huit espèces à ce genre, dont trois
ou quatre vivent dans nos mers. Je citerai comme type la
PsAMMOBiE BORÉALE, figurée SOUS Ic nom de Telline incar-
nate , dans la Zoolo^e britannique de Pennant , pi. 47 1^
n." 3i, et la Psammobie fleurie, figurée sous le nom de 7c/-
line ^ par Poli, Test., vol. i, tab. i5, n."* 19 et 21. (b.)
PSAMMOSTEUM, synonyme d'OsiÉocoLLE. On appli-
que spécialement ce nom aux agglutinations de sables qui re-
présentent la forme deâ os. (lîm.)
PSAMMOCHARE^ Psammochares. V. Pompile. (DESM.)
PSAMMOTÉE, Psammotea. Genre de coquilles bivalves,
établi par Lamarck dans la famille des nymphacées, dans le
voisinage des Psammobies et des Tellines. Ses caractères
sont: coquillelransversej ovale ou ovale-oblongue , un peu
i88 P S A
bâillante sur les côtés; une seule dent cardinale sur chaque
valve , quelquefois sur une seule valve.
Lamarck rapporte six espèces à ce genre , dont deux ap-
partiennent aux mers d'Europe, et une se trouve fossile à
Grignon. La seule figurée sous le nom de Telline trans-
parente, l'a été par Chemnitz , Conch. , vol. 6, tab. ii ,
n.? 99 , et est originaire des côtes de la Nouvelle-Hollande.
(B.)
PSARouPSAROS.Nomqueles anciens Grecs donnoient
à Vé/ourneau, d'où ils nommoient le granité psaronion^ à cause
des taches semées sur cette pierre comme sur le plumage de
Vétourneau. (s.)
PSARE, Psarus, Lat. , Fab. Genre d'insectes, de l'ordre
des diptères, famille des alhéricères, tribu des syrphies ,
ayant pour caractères : nne proéminence nasale;antennesua
peu plus longues que la tête, portées sur un pédoncule com-
mun; les deux premiers articles obconiques; le second pres-
que une fois plus long que le précédent; le troisième ou
dernier épais , ovoïdo-conique , avec une soie épaisse, sly-
liforme, msérée un peu au-dessus de son milieu et distinc-
tement biarticulée à sa base. Je n'en ccfnnois qu'une espèce,
le PsARE ABDOMINAL, psarus ahdominalis , figuré par M. An-
toine Coquebert, dans ses Illustrations iconographiques des
insectes, déc. 3.% pi. 23, fig. 9. Son corps est noir ; l'abdo-
men est rouge , avec l'extrémité postérieure noire ; la soie
des antennes est blanche. On le trouve , mais rarement , aux
envjrons de Paris, (l.)
PSARIS. Nom grec d'un oiseau inconnu que M. Cuvier ,
(Règne animal) a donné au genre Bécarde. F", ce mot. (v.)
PSARONIÙS. Nom proposé par J.-R. Forster , pour
désigner, en latin , la roche àïle grausiein par les Allemands.
(LN.)
PSAROS. F. Psar. (s.)
PSARO SMEROULA. Nom du Merle bleu ou soli-
taire, dans plusieurs îles de l'Archipel, (v.)
• PSATHURE, Psaihura. Arbrisseau à feuilles opposées,
pétiolécs, oblongues, alternes et à fleurs disposées en pa-
nicule terminale , dont Jussieu a fait un genre , qui est
de l'hexandrie monogynie , et qui a pour caractères : un
calice à six dents; une corolle campanulée à six découpures
velues en dedans; six étamines presque sessiles, insérées au
tube ; un ovaire inférieur arrondi , surmonté d'un style à
stigmate lamelle ; une baie sèche,striée, à six loges et à loges
monospermes.
La psathurese trouve à l'île de la Réunion , oix on l'appelle
lois cassant, (b.)
P s E ,89
PSCHANEZ. Nom russe de I'Ivraie vivace. (ln.)
PSCHAT. NomduCHALEF à feuilles étroites, en Armé-
nie. Chez les Géorgiens, cet arbre s'appelle Pschadi-Lapat.
(LN.)
PSCHENO. L'un des noms russes du Panis. (ln.)
PSCHI. Nom tartare du Renne, espèce de Cerf, (desm.)
PSEAUTIER. L'un des noms de la Panse, premier es-
tomac des RuMiNANS. (desm.)
PSELAPHE, Pselaphus, Herbst, PayL, Illig., Reich. ;
Staphylinus^ Linn. , Oliv. ; Anthicus, Fab. Genre d'insectes
coléoptères, de la famille des brachélylres , tribu des pséla-
phiens, ayant pour caractères : élytres plus courtes que l'ab-
domen, tronquées ; tarses de trois articles, dont le premier
très-court, et le dernier terminé par un seul crochet ; an-
tennes de onze articles, la plupart grenus, et dont le der-
nier plus grand, ovoïde; palpes maxillaires saillans , avan-
cés , terminés par un article plus grand, renflé avec une pe-
tite pointeau bout; les labiaux très-petits, filiformes.
On trouvera à l'article Psélaphiens l'exposition des ca-
ractères généraux qui distinguent ces insectes , et leur ma-
nière de vivre. J'ajouterai seulement que les psélaphes ont
des mandibules cornées , triangulaires et dentées au côté
intérieur; des mâchoires terminées par deux lobes, dont
l'intérieur petit et en forme de dent; et la languette mem-
braneuse , éflhiancrée ou bifide. Leurs métamorphoses n'ont
pas encore élé observées.
M. de Reichenbach, qui nous a donné une bonne mono-
graphie de ce genre (Leipsick, 1816), en a décrit et fi-
guré vingt-deux espèces, et qu'il distribue en trois familles.
L Troisième arlicle des palpes antérieurs ou. maxillaires ^ en
massue.
II. Le même article de ces palpes , sécuriforme.
III. Le même article de ces palpes , conique.
Il termine sa monographie par la descriptioi^ d'un nou-
veau genre Cteniste, ctenisies, voisin du précédent, et au-
quel il donne pour caractères : antennes plus grosses à leur
extrémité; palpes (les maxillaires) quadriarticulés , avec
trois soies écartées à leur extrémité. Celui-ci n'offre qu'une
seule espèce , palpalis , et que nous n'avons point vue ; mais
à l'égard de la manière dont cet auteur a coupé le premier
de ces genres ou les psélaphes , je pense qu'il auroit pu for-
mer des sections plus naturelles. Ainsi, i." les espèces qu'il
nomme /im«, longicollis et dresdensis, s'éloignent de toutes les
autres par la longueur de leurs palpes maxillaires, qui égale
ou surpasse celle de la tête et du corselet, et dont les deux
avant-derniers artioèes sont beaucoup plus grêles à leur base,
jgO P S E
OU comme portés sut* un long pédicule; aussi ces palpes sOnt-
iis ordinairement courbés ou plies. 2.° Relativement aux au-
tres espèces, l'insertion des antennes, plus ou moins éloi-
gnée des yeux, et la variété de formes de leurs articles,
ainsi que leurs proportions relatives, auroient fourni de bons
caractères.
L'espèce la plus commune est le Psélaphe sanguin ,
pselaphus sanguineus ( anthicus sangiiineus , Fab. ). Dans la
méthode de M. de Reichenbach, qui Ta représentée , tab. 2,
fig. II , elle appartient à sa troisième famille: elle est noire,
luisante, avec les élytres couleur de sang; ses antennes sont
de la longueur de la moitié du corps, noirâtres, velues,
avec les trois derniers articles plus épais. La tête a de cha-
que côté, derrière les yeux, une impression. Le corselet
en offre trois réunies par un sillon; il est presque globuleux.
Les élytres ont chacune deux lignes enfoncées et longitu-
dinales. Les jambes et les pattes sont roussâlres. (l.)
PSELAPHIDÉS, Pselaphidea. Nom donné par M. Léach
( Mélanges de Zool., tom 3 , p. 80 ) à une famille d'insectes
coléoptères , qui répond à notre tribu des psé/aphiens. V. ce
mot. (l.)
PSELAPHIENS {HetewdaclyJes, tableau de l'article
Entomologie de cet ouvrage) , Pselaphii. Tribu d'insectes
coléoptères , de notre famille des brachélytres.
Les coléoptères de cette division semblent d abord n'avoir
que deux articles aux tarses, et former ainsi, d'après la mé-
thode de Geoffroy, une section particulière, que l'on peut
appeler, en suivant la nomenclature employée à cet égard
par M. DnvsxérW^Bimèrés ou Dimères', c'est ce que j'ai fait dans
mon Gênera criist. et insect. et dans quelques autres ouvrages
postérlei^s ; mais ces tarses observés très-attentivement , et
au moyen d'une forte loupe , présentent trois articles , dont
le premier ou le radical très-court, et les deux autres allon-
gés ; tous ces articles sont simples , et le dernier ( les chennies
seules exceptées ) est terminé par un seul crochet. On voit
par les caractères que j'avois primitivement assignés au
genre ;o5é>7<//)/2e ( tarses paroissant de deux ou trois articles,
Prêc. descaract. gêner, des inseci.^ pag. 34), que j'avois distin-
gué ce nombre d'articles de leurs tarses. On sait que les
oxyièlesj qui appartiennent évidemment à la famille des bra-
chéjytres, sont pareillement trlmères, et que les aléochares,
autre genre de la même famille , ont de grands rapports de
formes générales et d'habitudes, avec les psélaphiens. Ainsi,
quel que soit le rang que l'on donne, dans la série naturelle
des coléoptères, aux brachélytres, les psélaphiens doivent
faire partie de cette famille. Ils y fornflront un petit groupe
P s E ,gj
qui aura pour caractères : élylres pluss courtes que î'abdo-
men, laissant à découvert son extrémité postérieure, tron-
quées; tête dégagée; antennes en tout ou en partie grenues,
grossissant vers l'extrémité ; corselet, soit presque cylindri-
que, soit presque en forme de cœur tronqué ou arrondi ; ab-
domen plus large que le reste du corps, presque carré, obtus
postérieurement; tarses à trois articles simples, dont leipre-
inier très-court , et les deux autres allongés ; le dernier ordi-
nairement terminé par un seul onglet. ( Palpes maxillaires le
plus souvent fort longs, renflés à leur extrémité, et terminés
par une petite pointe spinuliforme. ) Lespsélaphiens sont de
très-petits insectes qui vivent à terre, dans les lieux frais ou
humides, parmi les plantes, les graminées surtout, et quel-
quefois encore sous les écorces des arbres, sous les pierres
et la mousse. Ils courent plus particulièrement le soir.
M. de Keichenbach nous a donné une bonne monographie
de ces insectes. Je divise ainsi celle tribu :
I. Tarses terminés par deux crochets ( antennes de onze articles^
Le genre Chennie.
II, Tarses terminés par un seul crochet.
A. Antennes de onze arlicles ; des mandibules ; palpes distincts ;
maxillaires très - saillans.
Les genres ; Psélaphe , Ctenisïe. ( Voyez Psélaphe. )
B. Antennes de six arlicles ; mandibules jiulles ou peu disiinctes ;
les palpes maxillaires très-petits.
Le genre ClavigèIÇe.
Celle tribu des brachélytres forme, dans la méthode du
docteur Léach , une famille , celle des psétaphidés , pselaphi-
dea. Il la partage en trois races, dont la dernière esl la me-
jne que. notre division II , B , ou celle qui esl formée du
genre cîaoigère. La première race n'offre aussi qu'im seul
genre , celui A'euplecius : il est distinct des autres par la lon-
gueur des palpes maxillaires et la forme de leurs deux avant-
derniers articles, caractères que j'avois déjà remarqués,
dans mon Gênera r.rust. et insect. , en décrivant le psélaphe
de Heis. M. Léach divise sa seconde race , des psé/aphidés , en
trois sections , qui embrassent , en retranchant de la pre-
mière les espèces du genre euplecie^ les trois familles que
M. de Reichenbach a établies dans celui Ae psélaphe ( V. ce mot).
La première section est composée des genres bythinus ^ arco^
pagus et iychus. Leurs caractères sont fondés sur les grandeurs
des premiers et des derniers arlicles des antennes. Les deux
autres sections n'offrent chacune qu'un seul genre : la se-
,r- P s E
^ conde , celui de hyaxis , et la Irolsième celui de pselaphe.
Le premier de ces genres , ou celui à'euplecte , nous paroît
devoir être admis; mais l'introduclion des suivans me semble
inutile, (l.)
PSELION, Pselium. Arbrisseau grimpant à feuilles alter-
nes , péliolécs, enlières, et à (leurs axillaires, qui forme ,
seloj||Loureiro , un genre dans la dioécie hexandrie et dans
la famille des ménispermes.
Ce genre offre pour caractères : dans les fleurs mâles, un
calice de six folioles aiguës et concaves; une corolle de six
pétales; six étamines : dans les tleurs femelles, un calice de
quatre folioles ovales, trés-peliles et très-velues; point de
corolle ; un ovaire supérieur à stigmate quadrifide et sessile ;
un drupe aplati, arrondi , petit , et qui contient une noix
percée de trous , Inégale et monosperme.
Le pselion que Jussieu soupçonne devoir être réuni aux
Ménispermes, croît dans les forêts de la Cochinchine. Il
présente une singularité qui n'a pas encore été remarquée
dans les plantes dioïques ; c'est que les feuilles des pieds
mâles 50nt en cœur arrondi, et celles des pieds femelles
peltées et ovales. Ce fait, joint à la différence qui se trouve
dans les parties de la fructlficaiion , disposeroit â douter de
l'exactitude de l'observation de Loureiro, si on ne devoitpas
avoir en lui la confiance la plus étendue, (b.)
PSEN , Psen , Latr., Jur. , Panz. ; Ttypoxylon ^ Pelopœus^
Fab, Genre d'insectes , de l'ordre des hyménoptères , sec-
tion des porte-aiguillons, famille des fouisseurs, distingué
des autres genres de la tribu des crab*'onites , dont il fait
partie , au moyen des caractères suivans : antennes insérées
au milieu de la face antérieure de la tête, grenues, un peu
en scie dans quelques mâles , plus grosses vers leur extré-
mité ; mandibules unidentées au côté interne ; chaperon
presque carré; premier anneau de l'abdomen beaucoup plus
étroit, en forme de pédicule brusque et allongé ; cellule ra-
diale nue , très-grande; trois cellules cubitales complètes ,^
dont la seconde plus petite, presque carrée, et la troisième
anguleuse.
M. Jurine partage ce genre en deux familles: dans la pre-
mière les deux dernières cellules cubitales reçoivent cha-
cune une nervure récurrente.
Psen TRÈS-NOIR , Psen ater^ Latr. ; Trypoxylon airaUim y
Fab. ; Panz. , Faun. , însect. Germ. , fasc. 98 , tab. i5 , la
femelle. 11 est long d'environ quatre lignes , très-noir, avec
le devant de la tête garni d'un duvet soyeux argenté ; le point
épais de la cote des ailes supérieures est noir. On le trouve
sur les fleurs.
M. Jurioe croit que le pélopée compressicornis de Fabricius
est le mâle de cette espèce; mais j'en doute.
Dans sa seconde famille , la seconde cellule cubitale re-
çoit les deux nervures récurrentes. L'espèce dont il donne
la figure , sous le nom de psenhicolor, et qui est le trypoxylon
équestre de Fabricius , appartient à cette division. Elle est
noire , avec le second anneau de l'abdomen et les tarses
fauves. Elle se trouve en France et en Allemagne, (l.)
PSEPHITE. Espèce de roche établie par M. Brongniart,
et qui comprend la plupart de ces agrégats que les minéra-
logistes allemands désignent par iudliegende et rothe-todle-lie-
gende : ce sont des grès rudimentaires pour M, Haiiy. Ils
sont formés d'une pâte argiloïde , enveloppant des fragmens
moyens et disséminés de micaschiste , de schiste argileux , de
schiste coticuie , et d'autres roches de même formation. Le
rothe-todte-liegende de Zorge et celui d'Elrich , au Hartz ,
appartiennent à cette espèce , ainsi que le porphyre argileux
(^thon porphyr) de Chemnilz en Saxe. Celui de Zorge contient
des grains de feldspath ; celui d'Elrich , de petits grains de
quarz ; et celui de Chemnitz, du micaschiste , du schiste ar-
gileux , etc. F. Roches, (lis.)
PSETTUS de Commerson. Les poissons qui ont été ainsi
appelés , sont les Acanthopodes et les Monodactyles de
M. Lacépède, que M. Cuvier réunit en un seul genre, dans
son Règne animal, (b.)
PSEUDACACIA. V. Pseudo-acacia, (ln.)
PSEUDALÈJE , Pseudaleja. Nom donné , parDupetît-
Thouars, au genre Olax de Linnseus, qu'il a fait mieux con-
noître. (b.)
PSEUDALOÏDE,P5e«<ifl^oïie5. Autre genre de Dupetit-
Thouars , qui ne diffère du précédent que parce qu'il a
quatre pétales. Son fruit n'est pas connu, (B.)
PSEUDASPHODÈLE. V. Pseudo-asphodéle. (ln.)
PSEUDO-ACACIA. Tournefort donnoit ce nom au
genre robinîa de Linnseus , lequel comprend ces arbres d'A-
mérique , naturalisés en Europe , que nous nommons Faux-
acacias et même acacias., fort improprement, parce que le
véritable acacia est une espèce de mimosa. Voyez PiOBITsia.
Le genre pseudo-acacia de Plumier se compose du pseudo-
acacia de Tournefort , et du genre pîscidia de Linneeus. Le
père Feuiilée a décrit et figuré sous ce nom de pseudo-acacia ,
une espèce de casse {cassia stipulacea , ^W. ). (LN.)
PSEUDO-ACMELLE. Plante annuelle et du genre spi-
lanlhe, qu'on a nommée ainsi , parce qu elle a de la ressem-
blance avec une autre espèce du même genre , qu'on appelé
AcMELLE. Celle-ci est remarquable par sa saveur piquante
XXVtU. I'^
,,.; V S i:
et acide , qui la fait employer en médecine dans l'indo.
F. Spilante. (lm.)
PSEUDO-ACONIÏ, Pseudo-aconitum , pardallanches ,
Matth. C'est le Thoua, espèce de Renoncule, (ln.)
PSEUDO-ACORUS. Nom donné, par Tragus , aune
espèce d'iftis à fleurs bleues, qui paroît très-voisine de Viris
rfes /?m,de Lamarck, Uiris pseudo-arorus est une espèce dif-
férente , à fleurs jaunes. C'est notre Glayeul des étangs.
V. Iris, (ln.)
PSEUDO -AGATE. On a donné ce nom autrefois aux
Jaspes-agates, (^ln.)
PSEUDO AGNUS et PSEUDO-LIGUSrRUM(/a»:r;
gattilier el faux troène). Dodonée désigne par ces noms le Pu-
TiER ou Merisier a grappes, (ltm.)
PSEUDO -ALBATRE. La chaux sulfatée en masse
compacte a été ainsi nommée par opposition aux véritables
albâtres qui sont de la chaux carbonalée, (ln.)
PSEUDO-AIVIBROISIE,P5e«rfo-a//2irosia.J.Camerarius
figure {Epit. 596)sous ce nom le Cociiléarja coronopus ,
si commun dans les prés humides et sur le bord des ri-
vières, (ln.)
PSEUDO -AMÉTHYSTE. C'est la Chaux fluatée
violette, (ln.)
PSEUDO-AMOMUM. Gesner donnoitce nom au Gro-
seillier A fruit noir, ou Cassis , ribes nigrum^ selon C.
Bauhin. (ln.)
PSEUDO-ANCHUSA V. Rhexia. (ln.)
PSEUDO APIOS. Matthiole donne ce nom à la Gesse
tubéreuse {laihyrus tuberosus, Linn. ). (LN.)
PSEUDO-x\POCli\, Pseudo-apucynuni. Morison a donné
ce nom à'deux espèces de Bignones {bignonia crucigerael ra-
dicans y L. ). Baukin fait observer que l'on regarde quelque-
fois la balsamine des bois {impatiens noli tangere) , comme étant
le pseudo-apocynon de Pline, (ln.)
PSEUDO -ASBESTE. On a donné ce nom à I'Asbeste
LIGTSIFORME et à l'AsBESTE DUR. (LN.)
PSEUDO-ASPHODÈLE, Pseudo-asphodelus. C. Bauhin
donne ce nom , i.° à l'ANTHEaiC ossifrage (an^ ossi/ragum ) ,
l'aèamad'Adanson et le narthecium d'autres auteurs; 2.° àl'AN-
THÉRlC CALYCULÉ ( a/i//j. calycahUum , Linn. ) , dont on a fait
aussi un genre distinct , sous les noms de ioffieldia , heritiera,
et aussi de narthecium. P. NarthÉCIE. fLN.)
PSEUDO - AVENTURINE - QÛARZEUSE. D< la-
métherie donnoit ce nom au quarz avenluriné. Uaoeniurine
véritable es{ \t feldspath aoenturinê. (ln.)
PSEUDO-BASALTE. Siutz a désigné ainsi la Wacke,
P s E
95
reche argileuse , que quelques minéralogistes considèrent
comme du basalte décomposé, (ln.)
PSEUDO-BEHYL. Variété de cristal de roche , de cou-
leur verdâtre. Elle a été indiquée par Boëce de Boot et
W^allerius. On taille le pseudo-beryl. Les plus beaux morceaux
s'apportent du Brésil, (ln.)
PSEUDOBOA d'Oppel. Ce sont les serpens du genre
BoNGARE de Daudio. (desm.)
PSEUDO-BRASILIUM. La plante sur laquelle Plu-
mier et Adanson ont établi le genre de ce nom , est une des
deux espèces de hrasiliastnim de Lamarck. On la réunit main-
tenant au comocladia. Quant à la deuxième espèce qui est le
pseudo-brasiliastrum. du Jardin des Plantes, dont il est question
dans le Gênera de Jussieu , ce botaniste prévient que c'est
Ja même plante que le picramnia antidesma de Swartz. (ln.)
PSEUDO-BUNION. Plante mentionnée par Diosco-
ride , qui paroît appartenir à la famille des crucifères. Elle
avoit quelque ressemblance ^ par ses feuilles et par ses bran-
ches , avec le vrai hunium que les commentateurs rapportent
au navet sauvage. Elle croissoit dans l'île de Candie. Quel-
ques auteurs présument que c'étoit une espèce de Sénevé ou
Moutarde ( sinapi's). Dodonée a indiqué la Barbarée( Si-
symfjmim harbarea . Linn. ). (ln.)
PSEUDO-BUXUS. Nom donné au Fragon épineux et
au G\i.t. (ln.)
PSEUpO-CAPSICUM. Dodonée paroît être le premier
qui ait indiqué sous ce nom la Morelle cerisette, appelée
aussi faux piment, parce que le nom de capsicum est le nom
générique des pimens, dont elle se rapproche par la couleur
et la forme de ses fruits. Voyez Morelle, vol. 2i,pag.
369. (ln.)
PSEUDO-CARPIEN. Nom donné par M. Desvaus à
une sorte de fruit. V. Fruit, § IV. (p.b.)
PSEUDO-CASSIA. L'Ecorce de Winter , c'est-à-
dire du canella alba , Murr. , est rapportée , sous ce nom,
dans le Finax de C. Bauhin, selon Wildenow. (ln.)
PSEUDO-CHAMAEBUXUS. On a décrit sous ce
nom, autrefois, une espèce de Laitier (yDo/j'^a/a chamœ-
buxus ) , qui croît dans les Alpes, (ln.)
PSEUDO-CHAMAEDRYS. Nom donné par Gesner
et Thalius, à deux espèces de Véronique {veronica teucvium
et chamœdrys , L. ). (ln.)
PSEUDO-CHAMi^EPITYS de Clusius. C'est une es-
pèce de GermanDRÉe ( ieucrium pseiido-chamœpîtYS , L, ).
igS P S E
Rivin' désigne le dracocephalum ruyschianum , par le nom de
pseudo-chamœpilys d'Autriche, (ln.)
PSEUDO - CHÉLIDOINE. Voyez Fausse Chéli-
DOINE, (ln.)
PSEUDO-CHINA. Séneçon des Indes Orientales , dont
la racine avoit élé donnée pour le véritable china. ( C'est le
senerio pseudo-china , L. ). (LN.)
PSEUDO-CHRYSOLiTHE. On a donné ce nom autre-
fois à diverses substances d'un jaune verdâtre ou vert jau-
nâtre , pour les distinguer de la véritable Chrysolithe. Cel-
le-ci est le Péridot et non point la chaux phosphatée , que
l'on a également appelée ainsi.
On a nommé pscudu-chrysoà'the , le quarz vert-jaunâtre,
Volwine oa peridot- pyrogène , et quelques obsidiennes.
La pseudo-chrysolilhe de Klaprolh est une obsidienne qui se
trouve en fragmens scoriformes , de la grosseur d'une noix,
et plus, dans les environs de Maldomthein, en Bohème. Elle
est noirâtre à l'extérieur , plissée , ridée et lobée dans di-
verses directions ; elle est compacte intérieurement et trans-
parente , quoique parsemée de très-pelltes bulles , et que sa
texture soit légèrement fibreuse ; sa couleur est le vert gri-
sâtre ou jaunâtre plus ou moins foncé , ayant quelquefois la
tendance au vert bouteille , mais n^ayant pas une teinte aussi
jaune que dans les autres obsidiennes. Elle est assez dure , et
susceptible de prendre très-bien le poli; mais son éclat n'est
pas vif, et sa couleur est toujours rembrunie. Selon Klaproth,
elle est composée de : silice , 88,5o ; alumine, 5,^6 ; chaux,
2 ; fer oxydé , 5,7$ ; elle contient donc plus de silice qu'au-
cune obsidienne. Da reste, cette analyse ramène ià pseudo-
chrysolilhe de Klaproth dans les obsidiennes , et dans les ob-
sidiennes proprement dites homogènes. V. cet article, (ln.)
PSEUDO-CLINOPODE, Fseudo - dinopodium. Mat-
thiole donne ce nom à une espèce de Thym ( thymus aci-
nos , L. ). (LN.)
PSEUDO-COBALT, Pseudo-cohaltum , c'est-à-dire,
faux cobalt. Nom donné autrefois au nickel arsenical , qu'on
appeloit encore /?5<îHÉ?o-cu/>/Mw, faux cuivre. F. Nickel arse-
nical, (ln.)
PSEUDO-CORNUS. V. Pseudo crania. (ln.)
PSEUDO-CORONOPUS. Dodonée emploie ce nom
pour désigner le Plantain corne-de-cerf ( plantago corono-
pus , Llnn. ). (ln.)
PSEUDO-COSTUS de Matfhiole. Sprengel le rapporte
au pastinaca opopanax, qui , selon lui, est la même plante que
le laserpiiium chironium de Wllldenow. (LN.)
PSEUDO-CRANIA. Val. Cordus donne ce nom au
P s E 197
Cornouiller sanguin ( cornus sanguînea , L. ). On a égale-
ment nommé celte plante pseudo-cornus, (ln.)
PSEUDO-CYPERUS. Nom donné par Gesner, Lobel,
etc. , à une espèce de LAiCHEqui en a conservé le nom {carex
pseudo-cyperus , L. ). ïhalius le donne encore, ainsi que Mi-
cheli , au scirpus sybniicus. (ln.)
PSEUDO-CYTISE, Fseudo-cytisus. Ce nom a été donné
à diverses espèces de légumineuses ; par exemple , au spartium
complicatum., aux cyiisusnigricans, irifloms , ausln'arus et supinns ,
etc ; au genis/a canariensis , L. ; a. l antJiyllis cy/i'soïdes ^ etc., et
au vel/a pseudo-cyù'sus , L. (lis.)
PSEUDO-DIAMANT. C'est le Jargon limpide qui a
l'éclat luisant du diamant , et non pas ses effets brillans.
V. ZlRCON. (ln.)
PSEUDO-DICTAMNOS. Dioscoride indique sous ce
nom l'une de ses trois espèces de dictumnos. 11 se contente
de dire qu'elle est semblable au vrai dîctamnos , pour sa forme
et pour ses propriétés , excepté que ses vertus sont moins
énergiques. La plupart des commentateurs ont rapporté le
vrai dictamnos à Vonganum diciamniis , et le pseudo-dictamnos ^
au marrubium pseudo-dictamnus.
Quatre espèces de marrubium ( crispvm , africanum , pseudo-
dictamnus , aceiabulosum ) , ont été décrites autrefois 50us la
dénomination de pseudo-diclamnus ou de pseudo-diciamnum ,
dont deux espèces ( le marrubium pseudo-diciamnum et aceia-
bulosum ) ont la lèvre supérieure de la corolle voûtée , les
feuilles en cœur, et le calice à limbe épanoui en forme d'en-
tonnoir : elles constituent le genre dictamnus de Tournefort,
annulé par Linnseus, rétabli sans succès par Adanson et par
Mrench. (ln.)
PSEUDO-DKxITALE. C'est le Dracocéphale de Vir-
ginie. Boccone appelle cette plante pseudo -digitale à feuilles
de pêcher ( Bocc. , Sic- 12 , t. 5 , fig. 5 ). (ln.)
PSKUDO-EBÈNE. On donne ce nom à un arbrisseau
de l'Amérique méridionale. C'est Vameiimnum ebenus de
Svvartz, placé parmi les aspa/albus pArlj\nnv?us, Il nefautpas
le confondre avec le faux Erénier , arbre d'Europe , qu'on
cultive dans tous les jardins , pour l'ornement , et qui est un
Cytisus. (ln.)
PSEUDO-ELLEBORUS. Morison désigne ainsi le
Trollius européen, L. Le nom de pseudo - elleburus est
donné, par Besière et Dalécbamps , à l adonis remalis ^ que
Mattbiole avoit nommé avant , pseudo-ellebontm. Dodonée
mentionne Vhelleborus viridis sous le nom de pseudo-helle-
borus noir, (ln.)
PSEUDO EMERzVUDE. On a donné ce nom au quarz
igS P S E
hyalin verl^ et cependant sa couleur n'est pas celle de t'éme'-
TaL\xàç..\jA prehnile entrelacée àa Qa^p de Bonne-Espérance, a
aussi élé appelée pseudo-émêraude. (ln.)
PSEUDO-EMERAUDE. Variété A' atgue-marine , qui se
trouve à Finbo près Fahlun, en Suède. (i.N.)
PSEUDO - FUMARIA. C'est le fumaria capnoides ,
L. (Lî^.)
PSEUDO-GALENE. Nom donné anciennement au zmc
sulfuré^ peu importe sa couleur , parce qu'il a parfois l'ap-
parence de la vraie galène ou plomb sulfuré. C'est pour celte
raison qu'on lui a donné , en allemand , le nom de blende^
qui signifie trompeur. Quand on Thumecte avec le souffle ,
il se ternit pour quelque temps, tandis que la galène, dans
la mêrtie circonstance , reprend à l'instant tout son bril-
lant, (ln.)
PSEUDO -GALÈNE PICIFORME ( Psafdo-galena
picea, Waller. ) , on pechblende. F. UaANE OXYDULÉ, (ln.)
PSEUDO-GELSEMINUM, Rivin. C'est une espèce de
BiGNONE ( Bignunia radicans , L. ). (ln.)
PSEUDO-GNAPHALIUM. C'est le micrupus supinus ,
dans Morison. ( Hist. 3 , p. q3. ) (ln.)
PSEUDO-GRENAT et PSEUDO- HYACINTHE.
Ce sont des quarz qui présentent des couleurs jaune-rougeâ-
tres ou orangées , analogues à celles de certains gienal^, de
Vhyacinthe et de Vessonite ou kanelstein. (ln.)
PSEUDO-HELICHRYSUIVI. Morison , dans son His-
toire des plantes, mentionne sous ce nom : deux arbrisseaux ;
l'un de Virginie , est le baccharis halimifolia , Linn. , et l'au-
tre du Pérou , est l'/Va frulescens , Linn. (ln.)
PSEUDO -HELLËBORUS. Voy. Pseudo - ellebo-,
RUS. (ln.)
PSEUDO-EUPATORIUM. Dodonée dislingue deux
plantes sous ce nom, l'une, qu'il nomme mâle., est notre Eu-
PATOIRE COMMUN ( eupaiorium cannabinuni ^ L. ) ; et l'autre ,
femelle , est le Bident tripartite ( bidens iripartita , L. ).
Selon lui, le véritable hepatorium on eupatorium des anciens,
est notre Aigremoine des bois {agrimunia eupatoria., L.). (ln.)
PSEUDO HERMODACTYLUS. Matthioie et autres
anciens auleurs ont donné ce nom à la Vioclte (<'/j//?rom'Hra
dem-canis ). (ln.)
PSEUDO-IRIS. Dodonée et Beslère ont décrit sous ce
nom le Glayeul jaune de nos étangs, au Faux-Acore( irh
pseudo-acorus., L. ). (LN.)
PSEUDO-LEONTOPODIUM de Matthioie et de Da-
léchamps. C'est le gnaphalium rectum , Willd. (ln.)
PSEUDO LIGUSTRUM. V. Psi-u.do-Agnus. (ln.)
PSEUDG-LIMODORUM. Clusius donne ce nom ,
dans son Hisloire des plantes, à Vurchis aborlwa, L. , main-
tenant considérée comme une espèce du genre limodo-
riiin. (ln.)
PSEUDO-LINUM ou FAUX-LIN. On a donné ce nom
aux LiNAiGRETT£S ( eriophorum ) , qui croissent dans nos
marais, (ln.)
PSETJ DO-LOTUS. On a donné ce nom au Plaque-
minier d'Europe ( diospyros loUis , L. ) , parce que quelques
auteurs ont cru que c'éloit le véritable lotus des anciens.
V. Plaqueminier. (ln.)
PSEUDO-LYSIMACHIE, Pseudo-fysiwacUum etpsmdo-
lysimcichia. On a donné ce nom à plusieurs espèces d'EpiLOBE
( epilubiiim montanum et angusfifolium), et à la Salicaire ( li-
ihrum salicaria^ Linn.). (ln.)
PSEUDO-MALACHITE de Hausmann. C'est le Cui-
vre phosphaté, (en.),
PSEUDO-MAPvUM de Rivin. C'est une espèce de Ger-
mandree , teiicrium^ selon Adanson. (ltsi.)
PSEUDO-MELANTHIUM. Matthiole et plusieurs au-
teurs désignenl ainsi le GlïHAGE des blés {agrostemma gi-
iluigo ) , et Kai donne ce nom à Vagroslemma cœlL-rasa , avec
l'épithète de glabre, (ln.)
PSEUDO-MÉLISSE. C'est la Moldavique ( J^racocg-
pliahini moldaoka , L. ). (ln.)
PSEUDO-MELILOT, PsPMdo melllotus. C'est le Loïier
CORmcvLÉ(^ lotus corniculalus^ Linn.). (ln.)
PSEUDO-MOLY de Gfsncr , Daléchamps et Dodo-
née, C'est le Gazon d'olympe ( statice armen'a , L. ). (LN.)
PSEUDO-MORPHE, C'est le nom qu'on donne aux
substances minérales qui se présenlent sous des formes qui
sont élrangères à celles qui leur sont propres, et q^ui tiennent
à leur nature.
Ainsi , les moules de toules espèces de corps organises sont
âcs pseudo-morphes de ces corps » parce que la substance cal-
caire , siliceuse ou autre , qui compose ces moules, n'est pas
susceptible de prendre ces formes par elle-même.
Les pétrifications son.t dans le même cas : par exemple ,
dans les bois siliciliés , la silice , tout en ayant pris la structure
parfaite du bois , s'est déposée en petits cristaux qui tapis-
sent toutes les cavilés et toutes lesgerçures. Les pétrifications
calcaires offrent également des petites cristallisations de chaux
carbonatée. Dans les véritables pétrifications , la silice ou
le calcaire qui les compose , faisoitle plus souvent partie de
la substance du corps organisé dont elles ont la forme.
En minéralogie, il y a aussi des pseudo-morphes, c'est-
200 P S E
à-dire , des substances minérales qui se présenlenJ sous des
formes étrangères à leur espèce propre. Ces substances pseu-
do morphiques sont assez communes ; elles ne se forment
pas toutes de la même manière.
Le quarz et le silex se présentent sous des formes qui sont
celles de la chaux carbonatée ; alors , les cristaux ont une
texture particulière au quarz ou au silex, et n'offrent plus
un atome de calcaire. On doit croire que la matière sili-
ceuse s'est moulée dans des cavités laissées par des cris-
taux calcaires qui se sont détruits par une cause quelcon-
que. C'est de la même manière qu'on peut expliquer les
quarz pseudo - morphiques qui ont les formes de la chaux
fiuatée.
La stéatiteou létale pseudo-morphique delà principauté de
Bareuth contient, empalés dans sa masse, une multitude de
cristaux quelquefois très-pressés , de même nature qu'elle,
et qui offrent des formes propres au quarz et à la chaux car-
bonatée. Ici , on ne peut supposer que ces cristaux pseudo-
morphes aient succédé à des cristaux de quarz et de chaux
carbonatée. Il faut croire que la matière calcaire et la ma-
tière siliceuse , contenues dans la roche , ont eu la force de
vaincre la résistance que leur opposoit la stéatite pour venir
se cristalliser , mais que cette force n'a pas été suffisante
pour permettre à la silice et au calcaire de se réunir en corps
homogènes. On pourroit dire alors , que ces cristaux ne sont
point pseudo-morphiques , et que cette stéatite est un por-
phyre d'une nature particulière ; et de fait, on voit souvent
dans les porphyres pétrosiliceux , des cristaux de feldspath
compacte , extrêmement mélangés avec la pâte. Les cristaux
de stéatite auroient aussi de l'analogie avec le grès cristallisé
de Fontainebleau, qui, quoique sous une forme propre à la
chaux carbonatée, n'en contient le plus souvent presque pas ,
soit que cette substance n'y ait jamais été qu'en petite quan-
tité , soit qu'elle ait disparu ensuite.
Un troisième genre de pseudo-morphe est celui produit
par une substance cristallisée , qui en perdant l'un de ses
principes ou en se décomposant, se trouve changée en une
autre espèce minérale. C'est à des causes pareilles , qu'on
doit les cristaux , ayant la forme du feldspath , qu'on trouve
dans le granité de Carlsbad en Bohème , et qui sont produits
par le feldspath cristallisé qui s'est décomposé. C'est ainsi
que se forme le fer hydraté épigène , dont les cristallisations
sont celles du fer sulfure. Ces pseudo-morphes sont réellement
épigènes , c'est-à-dire , formés après coup.
Le fer sulfuré affecte , à son tour , des formes qui sont
étrangères à sa trislailisation: il en est de même du plomb
P s E
sulfuré. Le premier présente des formes propres à l'argent
antimonié sulfuré ; le second , celles du plomb phosphalé-
Les minéralogistes nomment ces pseudo-morphes, des épi-
génies ou des cristallisations formées après coup ; mais elles
pourroient être aussi une cristallisation confuse et simultanée
de deux substances cristalligables , dont la force cristalli-
sante éloit de puissance différente dans chaque sab&.ance;
et ce qui le prouve , c'est que dans ces formes , il est rare
que les deux substances ne s'y rencontreui ensemble , et qu'il
n'y ail des cavités laissées par une des deux substances qui
s'est détruite. Ces cristaux peuvent donc être regardés comme
appartenant aune quatrième sorte de formation.
Enfin, on peut rapporter à une cinquième classe les
pseudo-morphes produits par une substance qui , en incrus-
tant une autre, prend sa forme , tels, par exemple, que les
quarz incrustans qui offrent les formes delà baryte sulfatée,
et la calcédoine qui recouvre les cristaux de quarz, etc. On
conçoit qu'ils peuvent être très-variés, et de toute nature.
Il n'en est pas de même relativement aux précedens. On re-
marque parmi les minéraux , que les substances siliceuses
présentent volontiers des formes particulières à des sels pier-
reux , et qu'une substance métallique offre des formes
particulières à une espèce du même genre de métal ^ ou plus
rarement, à une espèce d'un autre métal, (lis.)
PSEUDO-MORPHOSE. F. Pseudo-morphe. (ln.)
PSEUDO-MYAGRUM. Maiihiole donne ce nom à la
Cameline ( myagjum saihum , L. ). (ln.)
PSEUDO-MYRTUS, Faux myrte. C'est le Myrtille
( vaccinium myrlil/us, L. ). (ln,)
PSEUDO-NARCISSUS, Faux-Narcisse. Cenom dési-
gne , dans les anciens livres de botanique, un grand nombre
d'espèces de Narcisses , et principalement les espèces qui
ont le nectaire, c'est-à-dire, la couronne florale interne ex-
trêmement développée , comme, par exemple , dans le nar-
cisse pseudo-nardssus , L. , et le narcisse hicolor. C. Bauhin les
range toutes avec ses narcisses, où il place son pseudo-narcissus
qui est Vanihericiim seiotinum , L. (LN.)
PSEnDO-NARDUS,FAUx-NARD. C'est la Lavande,
dans Matthiole et Fuchsius. (ln.)
PSEUDO-NEPHELINÉ, FleuriaudeBellevue. V. NÉ-
PHELINE, (LN.)
PSEUDO-OPALE, P.e«rfoyyû/e. Cronstedt,de Rorn,etc.,
ont donné ce nom à ïœil-de-chat ou quarz-agate chatoyant
de M. Haiiy. (ltm.)
PSEUDO-ORGHIS. Clusius donne ce nom à Yophrys
monophyUos , Linn., qui est «ne espèce de maîaxis daa^ Wili-
303 P S E
denow. La plante nommée de même par Dodonée , est aussi
un ophrys pour Linnaeus ( ophrys ovafa ). Svvartz et Willde-
novv en font une espèce à' epipactis. 11 y a encore le pseudo-
erchis de C. Bauhin, qui est le satyrium repens, L. , considéré par
Swartz et Wilidenow comme une espèce de neottia. Enfin le
pseudu-orchis de Mioheli {Gen., tab. 26 ) , est également une
espèce du genre satyrium de Linnaeus ( sa/jr/um albidiim').
Elle est rapportée aux orchis par Svvartz et Wilidenow. (lî«.)
PSEUDO-PATES. L'un des noms grecs du Staphys-
AGRIA. V. ce mot. (ln.)
PSEUDq-PETALON,P5«i/rfo ;;e/o/o«. Arbre de la Loui-
siane , à feuilles alternes, pinnées avec impaire; à folioles
portant des glandes sur leurs dentelures ; à fleurs disposées
en grappes terminales , qui paroît se rapprocher Infiniment
du Clavalier a feuilles de frêne, mais que Rafinesque
croit être différent et constituer seul un genre dans la dioé-
cie pentandrie et dans la famille des térébinthacées.
Ce genre offre pour caractères : calice très-petil , à cinq
dents ; corolle de cinq pétales opposés aux dents du calice.
Mâles :étamines à filamens épais ; femelles: deux styles à stig-
mate en tête; fruit formé de deux capsules monospermes. (B.)
PSEUDO-PITHÈQUE. Nom proposé par M.Duméril
pour désigner les quadrumanes de la famille des makis ou lé-
muriens , à laquelle on avoit déjà donné la dénomination de
prosimiœ. V. Prosimia et Lémuriens, (desîh.)
PSEUDO-PLATANUS ou FAUX-PLATANE. C'est
une espèce d'ERABLE ( acer pseudo-platanus , L. ). (LN.)
PSEUDO-PODES. Nom d'une famille de crustacés ,
établie par Latreille , dans son Histoire naturelle de cette
classe, faisant suite au Buffon , édition de Sopnini. Ses
caractères sont : la tête confondue avec le corselet , et
pas d'apparence d'yeux. Elle renferme les genres Cyclope
et Argule. F. ces mots, (b.)
PSEUDO-PRASE. On donne ce nom à des pierres ver-
tes, demi-transparentes , qui ont plus ou moins de ressem^
Llance avec la prase, qui n'est autre chose qu'une variété de
quarz hyalin vert susceptible d'un beau poli. V. Prase. (pat.)
PSEUDO-PYRETHRUM. J. Camerare ( Epit. 543^)
donne cenonta Vaniliemis pyreihnwi, h. (ln.)
PSEUDO-RUBIA , Fausse- Garance. Morison dési-
gne par là ( Hist. , tab, 22 , fig. pénult. ) , la Crucianelle a
feuilles étroites, (ln.)
PSEUDO-RUBIS. C'est le quarz , lorsqu'il est rose
pur ou laiteux , et un peu girasol ; l'amélhysle pâle a reçu
<joel(i«cfo!s le naui de PsEUDO-Ri'Dis améthisïe. Il y a en-
P s E 2o3
core le Pseudo-ruuis hyacinthe , qui esi un quarz ana-
logue , avec une teinte roussâtre. (b.)
PSEUDO-RHUBARBE iPseudo-rhabarbamm, JUléch.,
Pharm.i23).G'estlePlGAMONJAUNE(///fl//V://«m)?«0Mm,L.(Lls.)
PSEUDO-RUTA de Micheli (Gen. 2a , tab. 24). C'est
uiTe espèce de Rue ( Ruia paiavina , L. ), (ln.)
PSEUDO-SAL\ lA. C'est une espèce de Germandrée
(^Teucrium scorodonia , L. )• (LN.)
PSEUDO-SANTALUM. Nom donné à quelques espè-
ces de Bresillets ( Cœsalpinia brasitiensis et ecJdnaia , W. ) ,
parce que quelquefois on substitue, dans le commerce , leur
Lois au vrai bois de santal. V. Santal et Santalin.
Le pseudo-santalum de Rumphe, Amb, 2 , tab. 12, est, se-
lon Jussieu ( Gênera plant. , p. 218 ), Varalia umbelUfera ^
Lamarck , très-voisine des ciissones. (ln.)
PSEUDO - SAPHIR. Wallerlus a donné ce nom au
quarz , lorsqu'il est bleu. Il paroît qu'anciennement le nom
tïe pseudo-saphir étoit donné au saphir d'eau , variété de
dichroïle que l'on a long-temps regardée comme quarz, (ln.)
PSEUDO - SAURIENS. Subdivision proposée par
Blainville , parmi des Batraciens de Brongniart. Elle nq
renferme que le genre Salamandre, (b.)
PSEUDO-SCHORL. On a donné ce nom à l'Axi-
NITE. (ln.)
PSEUDO-SELINON. L'un des noms grecs de la plante
que Dioscoride désigne par pentaphyllum , et Pline, par quin-
quefolium. (LN.) •
PSEUDO-SESAME. C'est un des noms qu'on a donnés
à la Cameline ( myagrum sativum , L. ). (LN.)
PSEUDO- SOMMITE de Fleuriau de Bellevue. F. NÉ-
PHELINE. (LN.)
PSEUDO-SPATH, Nom donné à la Chaux fluatée
ou Spath-fluor, (ln.)
PSEUDO-STACHYS. C'est I'Epiaire des Alpes (5/a-
chys alpina, L. ) , dans le Pinax de C. Bauhin. (ln.)
PSEUDO-STRUTHIUM. Nom que Matthiole donne à
la Gaude , B.esed'1 luteula. (LN.)
PSEUDO-SYCOMORUS, Faux-Sycomore. Maiihiolc
et d'aulres botanistes ont décrit sous cette dénomination ,
TAzÉDARACH (^Mellia azedarach^Li. ). On nomme aussi vulgai-
rement Faux-Sycomoke , une espèce d'ERABLE, ykcr pstudo-
pîaianus. Le vrai Sycomore est une espèce de Figuier, (ln.)
PSEUDO-TOPAZE. (]'est encore un quarz. Sa couleur
est le jaune plus ou moins enfumé , ou plus ou moins
vlQré. (ln.)
204 PSI
PSEUDO-ÏURPETUM de C. Bauhin, Pm. C'est le
TlIAPSIA GARGANICA , L. ). (LN.)
PSEUDO - VALERIANE. Morison donne , sous ce
nom, la figure d'une espèce de Mâche {fedia discoïdea,
Vahl. ). (LN.)
PSEUDO-VIBIIRNUM de Rivin. Il est rapporté au
genre Camara {lantana , L.), par Adanson. (ln.)
P3îi£iSîCA. Nomslavon du Froment, (ln.)
PSI. En Pologne , c'est le Chien domestique, (desm.)
PSI {Insecte ^.Noy. NOCTUELLE. (L.)
PSIADIE , Psiadla. Genre de plantes , établi par Jac-
quin , Horl. Schoenborn, tab. iSa , pour placer la conise gluU-
neuse des autres auteurs , qui est de la syngénésie néces-
saire , tandis que les conises sont de la syngénésie superflue.
V. au mot CoNiSE. (b.)
PSIA-PASZA. Nom polonais du Chiendent, (ln.)
PSIDION ouPSIDIUM. Nom qui étoit, chez les Grecs,
«n de ceux du Grenadier. Maintenant , les botanistes nom-
jnnel^ psidium^ d'après Linnœus , les (ioYAViERS, dont Lam-
bert a décrit une espèce nouvelle (psidii/m po/yrai-pon , Trans.
linn., Lond. 12, p. 281 , t. 17. On rapporte à ce genre celui
appelé decaspermum par Forster. (ln.)
PSl-IEZIK. r.PsY-GAZYK. (LN.)
PSîLOPE , Prilopus. Genre de vers mollusques , établi
par Poli , dans son ouvrage sur les testacés des mers des
Deux-Siciles , et qui offre pour caractères : deux trous en
place de siphons ; des branchies séparées , mais cependant
réunies par leur sommet ; un abdomen ovale, comprimé,
entourant un pied très-petit.
Ce genre a pour type , l'animal de la Cardite CŒUR de
Bruguièrcs , I'Isocarde de Lamarck , qui faisoit partie des
Cames de Linnœus. (B.)
PSILOTON , Psilotum. Genre de plantes , établi par
Svvarlz dans la famille des mousses. Il est fort voisin des
Lycopodes , et présente pour caractères : un grand nombre
d'urnes ou de capsules globuleuses , à trois ou quatre valves ,
à trois ou quatre loges, éparses, axillaires et sessiles, sur les
feuilles, fructifères, et s'ouvrant par leur sommet.
Ce genre, aussi appelé Bernhardie et Hoffmanne, diffère
si peu du Tmesipteris , que Poiret les a réunis. Il fait le
passage des Lycopodes aux Fougères. V. ces mots.
On en connoîl quatre espèces venant des Terres Australes
et de l'Amérique méridionale, (b.)
PSIPHACIA etPSlPHELlDA. Selon Honoré Bellon,
ces noms sont donnés , en Crète , à une espèce de Pivoine.
Celle espèce n'est pas cannue des botanistes actuels, (ln.)
P s O 2oiî
PSITTACARIA d'Helster. C'est I'Amaranthb tuico-
LORE, (LN.)
PSITTACE ou SITTACE. Nom indien des perroquets,
selon Pline , qui nous apprend que de ce nom vient celui de
Psitlacus , appliqué à ces oiseaux par les Latins, (v.)
PSITTACIA. V. PisTACiA. (LN.)
PSITTACIN OLIVATRE. V. Dur-bec olivâtre, (v.)
PSITTACINS, P*i«aam. Famille de l'ordre des oiseaux
Syhains et de la. tribu des Zygodactyles. V. ces mois.
Caractères : pieds courts; tarses réticulés , nus ; quatre
doigts , deux devant , deux derrière ; les antérieurs joints
seulement à leur origine ; bec incliné dès la base , et cou-
vert d'une membrane, convexe en dessus et en dessous, crochu
vers le bout de sa partie supérieure , anguleux sur les bords ,
retroussé àrexlrémilé de l'inférieure. Cette famille contient
les genres Ara, Kakatoès et Perroquet. V. ces mots, (v.)
PSITTACUS. Nom latin et générique des Perroquets.
(V.)
PSITTAKE. Nom grec àes perroquets^ perruches, etc.
PSOA, Pioa. Genre d'insectes coléoptères, établi par
Herbst, et adopté par Fabricius. Il ne diffère de celui
à'apaie du dernier, ou de nos bosiriches, que parce que le
corps est moins élevé et presque plane en dessus, avec le
corselet presque carré ; et que les mâchoires n'ont qu'un
seul lobe. Fabricius en cite deux espèces,
La première est le Psoa viennois, Psoa viennensis ^
Herbst, Coleopi. ^ fasc. 7, tab. 107, fig. 5 , A; Dermestes
dubius , Ross. , Faun. etrusc. mant. i , tab, i , F. Elle est
couleur de bronze foncé, avec les élytres longues, et pins
ou moins rougeâtres; elles sont d'un rouge plus vif dans les
individus venant de Fltalie.
L'autre espèce , le Psoa américain, Psoa americami, est
toute noire. Il n'est pas certain qu'elle soit de ce genre, (l.)
PSOLANUM, Ce genres, établi par Necker sur quelques
espèces de Morelles ( solanum ) , diffère à peine de celui
nommé lycopersicum. Voyez Morelle. (ln.)
PSOPHIA. C'est , dans Linnieus, le nom générique de
I'Agami. (v.)
PSOQUE. Genre d'insectes de l'ordre des névroptères,
famille des planipenues, tribu des psoquilles.
Les psoques f ainsi nommés de ce qu'ils réduisent en pou-
dre différens corps, avoient été confondus par les uns avec
les termes; par d'autres, soit avec les poux , soit avec les
Jiéniérobes , les friganes et les psylles; mais ils sont très-dis-
^incts de ces inse€tes par les caractères suivaas ; tarses de
2o6 P S O
deux ar^cles dans la plupart, rarement de trois; antenheâ
sétacées , d'une dizaine d'articles; deux palpes maxillaires ,
les labiaux nuls ou point distincts ; mâchoires linéaires ;
corps court, ramassé ; têle grosse ; avec les trois petits yeux
lisses, groupés; ailes de grandeur inégale (les inférieures plus
petites), à nervures fortes et en toît. Ajoutons, pour compléter
le signalement du genre des psoques, les caractères suivans :
leurs palpes maxillaires sont avancés , un peu renflés à leur
extrémité ; leurs mandibules sont fortes ; leurs mâchoires
sont dentées au bout et enveloppées dans une espèce de
gaîne; leur lèvre inférieure est presque carrée, accompagnée
de chaque côté d'une espèce d'écallle , presque quadrifide au
sommet , avec les divisions latérale;s plus grandes. Les
psoques ont le corps mou ; leur tête est très-convexe en
devant et en dessus , avec les yeux gros et ronds ; le premier
segment de leur corselet est très-petit ; le second, grand et
sillonné ; les ailes sont transparentes et ont quelquefois un
reflet brillant; l'abdomen m'a paru être pourvu d'une sorte
de tarière ou de lame , logée entre deux coulisses , comme
dans les ienthrédines. Le psoque puhateur est connu de pres-
que tout le monde. Comme il est communément aptère, il a
de la ressemblance avec les poux. C'est ce qui l'a fait dési-
gner, par quelques auteurs, sous le nom de /jom Je Ziots. D'au-
tres, comme Linnseus etDegéer , en ont fait un termes. Il se
trouve dans les vieux papiers , dans les vieux meubles en bois
et en paille , les herbiers , les collections , etc. Les autres es-
pèces vivent sur les arbres , les murs ; ces insectes rongent les
substances végétales et animales ; leurs mandibules fortes ,
leurs mâchoires longues et cornées , sont les instrumens que
la nature leur a donnés à cette fin. Ils marchent très- vite;
quelques-uns paroissent sauter. Poursuivis , ils décrivent
quelquefois , en marchant autour des arbres , une espèce de
zigzag ou de spirale. Leurs larves ne diffèrent de l'insecte
parfait que par le défaut d'ailes ; les nymphes en ont les
rudimens.
Psoque pédiculaire , Psocus pedicularius ; Psocus abdo-
minalis ., Fab. ; Coquebert, IllusL iconog. Insect.^ dec. i ,
tab. 2 , fig. I. Il est noirâtre , avec l'abdomen pâle , et les
ailes sans taches bien marquées.
Je crois que c'est \q psoque puhateur avec des ailes. Peut-
être en est-il le mâle.
Psoque biponctué , Psocus Mpunclatus , Fab. ; Psylle ,
n.° 7, Geoff. ; Coquebert, lllust. iconog. Insect. dec. i,
lab. 2 , fig. 3. Il est mêlé de noirâtre et de jaune pâle. Les
ailes supérieures ont chacune deux points noirs, dont Tut»
plus fort , très-prononcé vers la base de la tête.
P s O 207
PSOQUE MORIO, Psocus morio , Coquebert, lilusi. iconog.
àec. I , tab. 2 , fig. S. Son corps et la moitié supérieure de
ses ailes de dessus , sont noirs.
PsOQUE A SIX POINTS , Psocus sexpunciatus , Fab. ; Heme-
rohius sexpunciatus, Linn, ; Phiygane ^ ri.° 10, Geoff. •
Coquebert, lllust. iconog. dec. i , tab. 3, fig, 10. Ses ailes
sont transparentes. Les supérieures ont chacune six points
noirâtres , disposés en demi-cercle à l'extrémité postérieure.
PsOQUE PULSATEUR , Psocus pulsatorius , Fab. ; Termes
pulsatorium , Linn. — Le pou de bois , Geoff, ; Coquebert ,
Illusi. iconog. dec. 1 , tab. 2 , fig. 14. Il est aptère , d'un blanc
jaunâtre , quelquefois noirâtre , suivant la nature des subs-
tances qu'il ronge ; les yeux sont jaunes ; la bouche a du
rouge : ses tarses paroissent avoir trois articles.
On lui attribue faussement le petit bruit semblable à
celui du mouvement d'une montre , que l'on entend quel-
quefois dans les appartemens, et qui a alarmé des personnes
superstitieuses, au point de nommer l'insecte qui le produit :
horloge de la mort, horologium mortis. Ce bruit est dà à des
coléoptères du genre des vrillettes, qui frappent plusieurs fois
de suite , et rapidement , le vieux bois , avec leurs mandi-
bules. Les deux sexes s'appellent ainsi dans le moment de
leurs amours.
J'avois établi , le premier , ce genre , dans le Bulletin de
la Soc. philomat.., an 3, n.°^ 4i et ^2 ; et j'en ai donné depuis ,
avec M. Coquebert , une monographie complète, lllust. iconog.
Insect. , dec. i , tab. 2. (l.)
PSO QUILLES, P509tti7/(K,Latr. Tribu d'insectes, de
la famille des planipennes , ordre des névroptères , dont les
caractères sont : antennes sétacées, d'une dizaine d'articles;
segment antérieur du tronc très-court; ailes en toit, peu
réticulées , et dont les inférieures .plus petites ; deux palpes
maxillaires saillans ; les labiaux nuls ou point distincts ;
tarses de deux à trois articles.
Cette tribu comprend le genre PsoQUE. V. ce mot. (l.)
PSORA, Psora. Genre de plantes établi sur le Lichen
ÉCARLATE de Linnaeus. Il ne diffère pas des Lécidées , des
LÉCANORES, desPLACODES et des Païellaires. (b.)
PSORA. Nom de la Scabieuse chez les Grecs. Elle
étoit ainsi nommée , des propriétés qu'on lui attribuoit de
guérir la gale et autres maladies cutanées. Voyez. Scabiosa.
(LN.)
PSORALEA. Nom formé d'un mot grec , qui signifie
Gale. Les botanistes le donnent au genre Psoralier , à
cause des points glanduleux que l'on trouve non-seulement
sur les calices des fleurs , mais encore sur les feuilles et sur
20
8 V S'O
les tiges de quelques espèces. Les genres petalostomum de
Michaux ou kunisteria de Lamarck ; le dalea de Jussieu et
le riUeria sont formés aux dépens du psoralea , L. (ln.)
PSORALIER, Fsoralea. Genre de plantes, de la dia-
delphie décandrie, et de la famille des Légumineuses, qui
présente pour caractères : un calice persistant, turbiné, à
cinq divisions souvent inégales, et ponctué ou parsemé de
poirjis calleux; une corolle de cinq pétales veinés , onguicu-
lés , libres et distincts ; dix étamines monadelphes ou dia-
delphes ; un ovaire supérieur ovale , surmonté d'un style
simple ; un légume monosperme.
Ce genre renferme des arbrisseaux ou des plantes herba-
cées, à feuilles rarement simples, plus souvent ternées ou
ailées avec impaire , ordinairement parsemées de points
glanduleux, accompagnées de stipules adnées par leur base
au pétiole ; à (leurs axillaires ou terminales , quelquefois
solitaires , communément disposées en épis ou rapprochées
en tête , munies chacune d'une bractée. On en compte près
de quatre-vingts espèces , sans y comprendre celles qui ont
servi à établir les genres Daléa , ou Kuhnistère et Pè-
TALOSTOME. On les divise en sept sections , d'après leurs
feuilles.
\.° Ceux qui n'ont point de feuilles. On n'en connoît
qu'une espèce , le Psoralier aphylle , qui a les stipules
mucronées très-courtes et presque imbriquées auprès des
fleurs, 11 est vivace, et croît au Cap de Bonne-Espérance.
2.° Ceux qui ont les feuilles simples , tels que le Psora-
lier a FEUILLES DE NOISETIER, qui a Ics feuilles ovales,
légèrement dentées , et les épis ovales. Il est annuel et vient
de l'Inde.
3." Ceux qui ont des feuilles simples et des feuilles ter-
nées , comme le Psoralier a vêtîtes feuilles , qui a les
feuilles inférieures ternées , et les supérieures simples et
subulées. Il se trouve en Afrique.
4° Ceux qui ont les feuilles ternées. Ce sont les plus
nombreux.
On y remarque :
Le Psoralier de la Palestine, qui a les folioles ovales,
les pétioles pubescens et les fleurs en tête. Il se trouve dans
les parties méridionales de l'Europe et en Syrie. On le
cultive à Paris , dans le jardin du Muséum d'Histoire
naturelle.
Le Psoralier d'Amérique qui a les folioles ovales , den-
tées, anguleuses, et les épis latéraux. Il est vivace, et se
trouve en Amérique.
Le Psoralier glanduleux , qui a les folioles lancéolées ,
P s y abg
les pétioles scabres et les fleurs en épis. Il paroxt que c'est
cette plante que les jésuites ont, pendant un temps , rendue
célèbre , sous le nom de ihc du Faraguay ^ et dont on fait
même une grande consommation au Brésil et au Pérou, en
guise de ihè , comme un puissant vermifuge , un excellent
stomachique et un bon vulnéraire. C'est le cvîlen de Feuillée
el de Molina.
Le PsoRALiER BITUMINEUX a les folioles lancéolées , pé-
tiolées , utiles, et les fleurs entête. Il est vivace et se trouve
dans les parties méridionales de l'Europe , où il est connu
sous le nom de trèfieen mire , trèfle odorant^ trèfle bitumineux.
On le cultive dans les jardins de Paris. C'est un arbuste qui
.s'élève à cinq ou sis pieds, qui a les calices et les feuilles
glutineuses , et qui exhale une odeur forte de bitume. On
prétend que la décoction de ses feuilles fournit un assez
bon remède intérieur contre le cancer. On retire de ses
graines une huile qui est fort estimée contre la paralysie ,
mais qui semble cependant n'avoir pas plus de vertu que
toute autre huile,
5." Ceux qui ont les feuilles digitées, où l'on ne trouve que
le PsORALiER A cmQ FEUILLES, qui a Ics folioles inégales ,
et qui croît naturellement dans l'Amérique méridionale. Sa
racine est vivace et charnue, et a une odeur légèrement aro-
matique. Son goût est piquant. On en fait usage dans son
pays natal , en Espagne , sous le nom de contra yenm nova ,
soit en poudre , soit en infusion , dans les maladies conta-
gieuses et dans les fièvres malignes.
6° Ceux qui ont les feuilles pinnées , où l'on trouve le
PsoRALiER A FEUILLES PINNÉES , qul a les foliolcs linéaires
et les fleurs axillaires. C'est un arbrisseau du Cap de Bonne
Espérance.
7.° Ceux qui ont les feuilles surcomposées, où l'on rencontre
le PsoRALiER COUCHÉ , qui a les folioles digitées et linéaires.
(B.)
PSORE ou PSOROME , Fsoroma. Genre établi par
Hoffmann , aux dépens des lichens de Linnseus. Il rentre
dans le genre Geissodée de Yentenat, et Lécanore d'Acha-
rius. (u.)
PSORICE.On donne ce nom à la Scabieuse. (e.)
PSYCHE, Psyché. Nom donné, par Schranck, à un
genre de lépidoptères , formé de quelques bombyx de
Éabricius , dont les chenilles vivent dans des fourreaux ,
à la manière des teignes. V. BoMBYX. (l.)
PSYCHE. L'un des noms grecs du Tripolium des
anciens, (ln.)
X.V\IH. I
310 P S Y
PSYCHUACOS. L'un des noms anciens de la Parié-;
ÏAIUE. (LIS.)
PSYCHINE, Psychine. Planle à tige droite , rameuse,
velue ; à feuilles en cœur, lancéolées, inégalement dentées,
amplexicaules , velues , et à fleurs jaunâtres , portées sur des
épis terminaux , qui forme , selon Desfontaines , un genre
dans la tétradynamie siliculeuse , et dans la famille des
crucifères.
Ce genre offre pour caractères : un calice de quatre
folioles linéaires et caduques ; une corolle de quatre pétales
elliptiques et entiers ; six étamines , dont deux plus courtes ;
un ovaire supérieur, surmonté d'un long style persistant à
stigmate simple; une silicule polysperme, triangulaire,
bossue en son milieu, ailée sur les côtés.
Lia psychine est annuelle , croît sur le bord des champs en
Barbarie , et est figurée pi. i48de la Flore atlantique. Will-
denow l'a placée parmi les Thlapsis. (b.)
PSYCHODE, P5jc/îoJa , Latr. , Fab. , Lam. ; Tipula ;
Liinn., Deg. ; Bibio, Geoff , Oliv. ; Trichoptera^ Meig. Genre
d'insectes, de l'ordre des diptères, famille des némocères ,
tribu des tipulaires , et dont les caractères sont : point de
petits yeux lisses ; toutes les pattes placées à une distance
presque égale les unes des autres; trompe en forme de bec ,
plus courte que la tête ; ailes grandes , ovales, en toit, très-
velues , frangées ; antennes filiformes , longues, de quinze à
seize articles , globuleux , pédicellés et garnis de verticilles
de poils.
On trouve souvent , dans les lieux frais et humides , et
particulièrement sur les murs, près des latrines , un diptère
très-petit , agile , cendré , et qui , par ses ailes grandes ,
frangées et pendantes, ressemble à une petite phalène. C'est
sur cet insecte, appelé, par Geoffroy, hibion à ailes fran-
gées et sans taches , que j'ai établi ce genre. Je lui ai conservé
le nom spécitique de Linnseus {iipula), PhaLjETSOïde ,
phalctnoîdes.
Lie bibion à ailes frangées et couvertes de taches nébuleuses ,
de Geoffroy , ou la tipule hérissée {hirta')., de Linnseus, est
encore une psychode. Elle est un peu plus grande que la
précédente, d'un cendré noirâtre, avec des taches noires
sur les ailes. Elle se trouve dans les lieux aquatiques. Les
métamorphoses de ces diptères sont inconnues, (l.)
PSYCHOTRE, Psychotria. Genre de plantes de la pen-
tandrie monogynie, et de la famille des rubiacées, qui offre
pour caractères : un calice petit et à cinq dents ; une corolle
înfundibuliforme , à tube insensiblement dilaté ^ et à limbe
P s Y an
plane , divisé en cinq lobes ; cinq ^lamines inse'rées au
sommet du tube , presque sessiles et non saillantes ; un
ovaire inférieur, arrondi, surnionlé d'un long style à stig-
mate bifide; une baie ronde, coriace, couronnée, sillonnée
dans la maturité , biloculaire et dlsperme ; semences planes
d'un côté et convexes de l'autre.
Ce genre, qui diffère peu des Cafés, et encore moins des
Pavettes, renferme des arbrisseaux ou des herbes à feuilles
opposées, et à fleurs disposées en corymbes terminaux. On
en compte près de quatre-vingts espèces, la plupart propres
aux parties les plus chaudes de l'Amérique méridionale , et
dont plusieurs forment des genres particuliers dans l'ou-
vrage d'Aublet , sur les plantes de la Guyane. Les princi-
pales de ces espèces sont :
Le PsYCHOTRE AXiLLAiRE , qui a les stipules aiguës et en-
tières , les feuilles ovales aiguës , et les fleurs axillaires.
C'est un arbre de la Guyane , dont Aublet a fait un genre ,
sous le nom de Ronabe, La disposition de ses fleurs l'éloi-
gné des autres espèces.
Le PsYCHOTRE A PETITES FLEURS a les Stipules ovales ,
cuspidées et caduques ; les feuilles ovales aiguës , veinées
parallèlement, les panicules droites et les baies ovales. Il
se trouve dans les bois de la Guyane , et forme le genre
SiMiRE d'Aublet. On emploie son écorce pour teindre en
rouge , la soie et le colon.
Le PsYCHOTRE FÉTIDE a les stipules aiguës , entières et
caduques, les feuilles lancéolées, ovales, aiguës , glabres ;
la panicule très-ouverte ; les rameaux filiformes et pendans.
11 croît dans les bois de la Jamaïque , et répand , lorsqu'on
casse ses branches ou qu'on froisse ses feuilles, [une odeur
acide des plus fétides.
Le PsYCHOTRE LUISANT, qui a les stipules presque rondes,
caduques; les feuilles ovales aiguës; la panicule terminale
et le limbe de la corolle de la longueur du tube. Il croît sur
le bord des rivières, à la Guyane , et forme le genre Ma-
pouRiER d'Aublet.
Le PsYCHOTRE PARASITE a les stipules amplexîcaules, ob-
tuses ; les feuilles ovales aiguës , épaisses ; les grappes axil-
laires ou terminales et composées. Il se trouve sur le tronc
des vieux arbres dans les Antilles. C'est le vîscoïde pendant
de Jacquin , Amériq. , tab. 5i , fig. i»
Le PsYCHOTRE VIOLET a les stipules oblongues , obtuses ,
caduques ; les feuilles oblongues, aiguës; les fleurs disposées
en panicules corymbiformes et involucrées. 11 croît à la
Guyane , et fait partie du genre Nonatélie d'Aublet.
212 1 O 1
Le PsYCHOTRE HERBACÉ a la tige herbacée, rampante , les
feuilles pétiolées et en cœur. Il est vivace , et se trouve dans
les montagnes ombragées de l'Inde et de l'Amérique. P. Brown
rapporte qu'on fait , à la Jamaïque , avec les semences de
cette espèce, une boisson aussi agréable que le café , en la
traitant comme on traite ce dernier.
Le PsYCHOTRE ÉMÉTIQUE est herbacé, rampant; a les
feuilles lancéolées , glabres ; les stipules extrafoliacées , subu-
lées; les pédoncules axillaires portant un petit nombre de
fleurs disposées ea tête. Il croît dans les parties les plus
chaudes de l'Amérique méridionale. C'est sa racine qui est
le vrai Ipécacuanha du commerce. V. pi. M. 26 , où il est
figuré.
Le PsYCHOTRE PALicuRE a les stipules bilobées ; les
feuilles ovales aiguës; les panicules droites; la corolle cylin-
drique ventrue, un peu courbée et farineuse à l'extérieur. Il
croît à la Guyane, etconstitue le genre Palicourier d'Aublet,
dont le nom a été changé en slephanium par Schreber.
Le PsYCHOTRE SOUFRÉ , qui a les feuilles ovales , cunéi-
formes, aiguës ; les stipules émarginées ; les Heurs en grap-
pes paniculées , et la corolle infundibuliforme. Il se trouve
dans les montagnes du Pérou. Il est très- amer, et ses
rameaux, ainsi que ses feuilles, sont employés pour teindre
en jaune.
Le PsYCHOTRE VERGE a les feuilles oblongues, aiguës,
coriaces , très veinées ; les stipules bilobées , profondé-
ment émarginées, et les fleurs disposées en corymbes ter-
minaux. Il se trouve dans les montagnes du Pérou. Il sert aux
mêmes usages que le précédent.
Le PsYCHOTRE TEIGNANT a des feuilles oblongues , très-
acuminées ; des stipules lancéolées ; des panicules de fleurs
courtes et brachiées. On le trouve au Pérou. Il sert encore
mieux que les précédens à teindre en jaune solide les étoffes
de laine et de coton , même de fil. (b.)
PSYCHOTRIA. Nom qui est l'abrégé de Psychotrophum.
Voyez ce mot. (ln.)
PSYCHOTROPHON. Nom donné, par les Grecs,
au Betonica , selon Pline , parce que cette plante , dit-il ,
croît dans les lieux humides. D'autres auteurs prétendent
que ce nom signifie, en grec, fortifiant l âme ^ et que les
Jurandes vertus du betonica lui avoient fait donner ce nom.
Le betonica de Pline, et le cestron de Dioscoride , sont la
même plante et , dit-on , notre Béyoine officinale. Dalé-
champs prétend que le nom de cestron lui a été donné , à
cause de son épi de fleur allongé ; explication qui n'est pas
1^ s Y 3,3
aussi juste que celle avancée par C. Bauhin, et Menlzel ; car
selon eux , ce nom fut donné à la Bétoine à cause du
nombre varié des remèdes qu'elle offrg. (lis.)
PSYCHOTROPHUM. Ce genre, établi par Pierre
Brown , et son myrtiphyllum ^ ainsi que les genres ma-
pouria , simira , ronobea , nonalelia , et paliçourea d'Aublet ,
constituent le genre psychotria des botanistes. On y rapporte
aussi le viscoide , Jacq. et le chiococra paniculata,lAnïi. ; mais
quelques botanistes placent le psychotria emetica, dans le
genre calicocca. Voyez Psychotre. (ln.)
PSYDRAX , Psydrax. Genre de plantes établi par Gœrt-
ner , sur des échantillons incomplets d'une plante venant de
Ceylan. Il a pour caractères : un calice à cinq dents et supé-
rieur ; une corolle à cinq divisions ; une baie biloculaire à
deux semences , dont l'embryon est un peu courbé, (b.)
PSY-GAZYK. Nom de la Cynoglosse officinale , en
Bohème. On la nomme Psi-iezik en Pologne. (i.N.)
PSYLE , PsyluSf Jur. Genre d'insectes hyménoptères.
V. DiAPRIE. (l.)
PSYLLE , Psylla. Genre d'insectes, de l'ordre des hémi-
ptères , section des homoplères , famille des hyménélytre* ,
tribu des psyllides, dont les caractères sont : bec parlant de
la partie inférieure de la tête , près de la poitrine ; élytres
de même consistance ; antennes de la même grosseur, ou sé-
lacées , de la longueur du corps , de dix à onze articles , dont
le dernier terminé par deux soies; pattes propres pour sauter;
tarses à deux articles ; deux crochets au bout du dernier.
Les psylles de Geoffroy , que Linnœus nomme chermes ,
et Degéer et ^éaumav faux-pucerons , ont la,jête large,
courte, bifide en devant, avec les yeux saillans; trois petits
yeux lisses, dont un écarté ; les élytres et les ailes en toit, à
nervures fortes , transparentes et presque de la môme con-
sistance ; l'abdomen presque conique ; une tarière dans la
femelle.
Les psylles sont de petits insectes qu'on trouve sur diffé-
rens végétaux, tels que le buis , le figuier , l'aune , le geiîêt
et l'ortie ; elles ressemblent, au premier coup d'œil , à des
pucerons^ et sautent assez vivement au moyen de leurs pattes
postérieures , qui agissent comme une espèce de ressort ;
quand on veut les prendre , elles s'échappent promptement ,
plutôt en sautant qu'en volant ; c'est de là qu'on les a nom-
mées psylles^ mot grec qui signifie puce. Sous toutes jeurs
formes, elles se nourrissent du suc des feuilles qu'elles
pompent avec leur trompe. Leurs larves ont le corps très-
aplali , la tête large , le ventre fort plat , arrondi au bout ;
2i4 P S Y
leurs six paltes sont terminées par une espèce de vessie et
deux crochets. Ces larves se changent en nymphes, qui ont,
vers les côtés de la poitrine , quatre pièces larges, servant de
fourreaux aux élytres et aux ailes. Ces nymphes sont ambu-
lantes. Plusieurs d'elles , ainsi que leurs larves , ont le corps
couvert d'une matière cotonneuse et blanche , qui pend par
flocons. Leurs excrémens sont en forme de filets ou de
masses, d'une matière gommeuse. Pour subir leur dernière
métamorphose , les nymphes s'attachent sous une feuille ;
elles y restent tranquilles jusqu'à ce que leur peau, qui se
fend dans une partie de sa longueur , donne passage à l'in-
secte parfait.
Plusieurs femelles sont pourvues d'une tarière qui leur
sert à piquer les feuilles dans lesquelles elles déposent
leurs œufs. Ces piqûres, comme celles que les cînifjs font
aux plantes , produisent des excroissances ou tubérosi-
tés. On en voit souvent aux sommités des branches du
sapin; elles sont formées par l'extravasation des sucs qui
s'accumulent dans celte partie. Les larves et les nymphes
vivent dans des espèces de galles qui contiennent un grand
nombre de petites cellules. Les feuilles du pin nourrissent
d«s larves du même genre; celles-ci ne sont pas renfermées
comme les précédentes; elles ont seulement , sur le corps ,
un duvet blanc, qui forme comme un fourreau, sous lequel
elles sont à l'abri (i).
Les psylles , qui vivent sur le buis, ne produisent point
d'excroissances semblables à celles du sapin ; mais leurs
piqûres forcent les feuilles des extrémités des branches à se
contourner en calotte , et à se réunir plusieurs ensemble
pour former une espèce de boule , dans laquelle elles se
tiennent renfermées. Ces Isrves rendent, par l'anus, une
matière blanche et sucrée qui s'amollit sous les doigts ; elles
ont souvent de longs filets au derrière , et on en trouve de
petits grains dans les boules qu'elles ont habitées. Cette
matière , selon Geoffroy , ressemble en quelque sorte à la
manne.
Un insecte très-voisin des psylles , et que j'avois d'abord
placé dans ce genre, sous le nom àc psylle dujonc , produit,
sur le jonc articulé de Linnseus , une monstruosité remai^
(i) Geoffroy place le kermès du sapin de Linnaeus avec \tspsylfes,
elDegéer avecles pucerons. Ce dernier sentiment paroît être plus
fonèlé ; mais , à dire le vrai , je pense que cet insecte et quelques
autres voisins, appartiennent à une coupe particulière qui fait le pas-
sage des pucerons aux sallinsecles.
PS Y 2i5
quable. Ses piqûres délruisent les parties de la (loraison de
cette plante , leur font acquérir un développement triple ou
quadruple de celui qu'elles auroient eu naturellement, et
leur font prendre la forme d'une balle de graminées; la res-
semblance est d'autant plus frappante , que les extrémités
des divisions de la corolle s'y terminent en prolongement
imitant des barbes. Ces sortes de galles renferment un assez
grand nombre de ces insectes de différens âges, qui se nour-
rissent des sucs de la plante. Les larves rendent , par l'anus ,
une matière farineuse , très-blanche ; elles ressemblent à
celles du figuier. V. Livje du jonc.
Les psylles ne produisent, à ce qu'il paroît, qu'une ou deux
générations au plus, par année. Les femelles survivent l'hiver.
PsYti.E nu FIGUIER, Fsylhi fcus^ Geoff. ; Chermes, Linn.,
Fab. Cette espèce , une des plus grandes de ce genre , est
brune en dessus , verdâtre en dessous ; elle a les ailes gran-
des , transparentes, avec les nervures brunes; elles sont éle-
vées en toit aigu au-dessus de son corps ; ses pattes sont
jaunâtres.
On la trouve , sur le figuier , dans les mois d'avril et
de mai.
PsYLLE DU BUIS, Psylla buxus , Geoff. ; Chermes , Linn.,
Fab. Elle est à peu près de la grandeur de la précédente et
verte; elle a, sur le corselet, des taches rouges; les ailes
sont beaucoup plus longues que l'abdomen , élevées en toit.
On la trouve sur te buis ; sa larve vit dans les boules qui
se forment à l'extrémité des branches de cet arbuste. V. les
généralités de cet article.
PsYLLE DE l'aune , Psylla alni {Chermes , Linn. ). Cette
espèce est verte, avec les yeux bruns; elle a trois taches
d'un brun^clair et jaunâtre sur le dessus du "corselet; les
antennes, l'extrémité inférieure du bec et des pattes, d'un
brun obscur ; le tuyau conique , ou l'espèce de tarière qui
termine l'abdomen de la femelle , fort long; la majeure par-
tie des nervures des ailes d'un beau vert.
Les larvée de cet insecte vivent en société, formée
d'une douzaine d'individus , sur l'aune. Si on observe , au
commencement de mai, les pousses de cet arbre , les pédi-
cules de ses feuilles , leur dessous même, on aperçoit une
matière très-blanche, molle et cotonneuse, qui semble être
attachée à l'arbre; mais, pour peu qu'on la touche, on la voit
se remuer , se diviser en plusieurs parties , et l'on découvre
que ces petits flocons ne sont que les habits ou la couverture
de plusieurs insectes. Ce duvet cotonneux occupe plus de
place que leur corps, et les rend hideux. Il est composé de
fils très-fins , courbéis ou frisés du derrière vers la tête , et.
2i6 P S \
j^ont plusieurs sont rassemblés en forme de pinceaux , {lut-
tant sur le corps. L'exirémiîé de ces polis est fine , tandis que
celle des poils des larves de quelques autres psylles est grosse
et arrondie au bout. Cette matière croît avec l'âge de l'in-
secte , et s'attache aisément aux corps qu'elle rencontre.
Quoiqu'elle couvre tout le corps, elle ne prend cependant
son origine que des anneaux postérieurs ou des environs de
l'anus. Là , sont sans doute des glandes excrétoires et des
espèces de filières. La reproduction de ce duvet est très-
prompte. Si on l'enlève de dessus l'animal , on en voit un
nouveau et assez long, au bout d'un demi-quart d'heure. Il
arrive souvent, dans la mue , que la vieille peau , chargée de
son duvet , reste engagée dans la matière nouvelle qui se
forme sur l'insecte lorsqu'il s'est dépouillé. Ses excrémens
sortent peu à peu de l'anus, restent toujours attachés au
derrière du corps, et y forment une ou deux petites masses
d'un blanc jaunâtre un peu transparent. Cette masse est
tantôt allongée , irrégulière et un peu courbée ; tantôt elle
ressemble à une boule , en forme de goutte transparente.
Ces excrémens sont d'abord semblables à du sirop épais , et
se durcissent ensuite. Ils se dissolvent dans l'eau , et ont un
goût sucré un peu acre. Les excrémens de la psylle du buis
sont en forme de filets tortueux , et ressemblent à du
vermkelU.
Psylle du poirier, 'Psylla yyri {Chermes^ Linn.). Cette
espèce est d'un brun verdâtre , avec des taches et des raies
obscures. Ses ailes sont tachetées de brun clair.
On la trouve sur le poirier dans l'arrière-saison. (l.)
PSYLLE. C'est le nom sous lequel les anciens connois-
soient des serpens d'Afrique, dont les Lybiens prctendoient
maîtriser la force et les poisons. C'étoient prinpip^lement
àes cérastes qu'ils employoient à faire les tours de passe-passe,
qui leur valoient, comme ils valent encore à leurs descen-
dans , l'admiration et l'argent des sots. F. au mot Vipère.
(B.)
PSYLLEPxIS. F. Psyllium. (in.) •
PSYLLIDES, Psyllides, Latr. Tribu d'insectes hémi-
ptères, de la famille des hyménélylres, distinguée des autres
tribus qu'elle comprend par ces caractères : antennes de dix
à onze articles, terminées par deux soies.
Cette tribu est composée des genres : Psylle et Livie.
(L.)
PSYIiLION , Psyllium. Genre établi par Tournefort
pour placer les Plantains qui sont annuels , et ont une
tige rameuse. Depuis , on l'a précisé en tirant ses caractères
de la cloison longitudinale de la capsule qui est simple et
P s Y 2,7
poi le tine seule graine sur chaque face , ce qui y fait entrer
toutes les espèces de France, à une près, le Plantain À
GRANDES FEUILLES.
On a aussi appelé ce genre , Pulicaire. (b.)
PSYLLITRUM, L'un des noms du pentaphyl/um , ou
ifuin(/iiefolhim , chez les anciens Grecs, (ln.)
PSYLLIUM, de Dioscoride. <( Le psylUum , dit cet
auteur, a les feuilles semblables à celles du coronopus ^
mais plus longues et plus velues. Toute la planie est fluetle ,
et pousse des rameaux à la hauteur d'un pan ; sa chevelure
commence à sortir du milieu de sa lige , qui se termine en
deux ou i.rois petites têtes ramassées, dans lesquelles il y
a une graine dure , noire , semblable à une puce , dont aussi
cette plante a pris son nom. Elle croît paruù les champs ,
dans les lieux non cultivés. Elle a une vertu rafraîchissante ,
et propre à épaissir et ramollir, etc. >>
Le psylUon des Grecs s'appeloit encore , selon Pline ;
cynoïde , chysiallion , sicelion et cynomia ; il lui attribue une
racine menue et une tige sarmenteuse , à la cime de laquelle
étoient des boutons en forme de fève. Le psyllium , suivant
cet auteur romain , croissoit dans les vignes. Sur le reste ,
il est d'accord avec Dioscoride.
C'est au psyllium qu'on rapporte tous les noms anciens
que voici : cynops , de Théophraste ; psylleris , cataphysis ,
lynor.epjialium ^ st'celioiicon , et j^a/y/j^j/m des Africains.
Matlhiole et la plupart des botanistes ont rapporté l'an-
cien psyllium au ploniago psyllium^ L. C Bauhin cite pour
tel, le plantago afra; Cortusus indique Vinula pulicaria ;
Matlhiole figure à la fois , sous le nom de psyllium , le plan-
tago psyllium et Vinula pulicaria , L. Ces plantes, et le conysa
squarrosa, sont nommées her/je pulicaire, parce qu'on suppose
que lorsqu'on les met fraîches dans un endroit, elles en
chassent les puces. On a donné la même explication du mot
psyllium.
Le psyllium de Tournefort , fondé sur les plantains que
iious avons cités plus haut , n'est pas adopté par tous les
botanistes. V. Psyllion. (ln.)
PSYLLOPHORE (Po,ie-puce). Nom donné à la
Laiche pulicaire ( Carex pulicaris , L. ) , dont les graines,
petites et brunes , ont été comparées à des puces, (ln.)
^ PSYLOTRON. L'un des noms de la Bryone chez les
Grecs, (ln.)
PSZENICA. Nom polonais du Froment, (ln.)
PTAK. Nom polonais du Pluvier, (v.)
PTARMICA, de Dioscoride. C'étoitune petite herbe à
plusieurs branches rondes , assez semblables à celles de
2iS P T E
Vahrolanum , auronne ; ses )eJsétôient garnis cle feuilles un
peu longues, presque pareilles à celles de Tolivier , et ter-
ïuinés par des capsules rondes , telles que celles de l'a«-
ihemis ( camomille ). Ces capsules faisoient éternuer lors-
qu'on les approrhoit du nez, ce qui avoit fait nommer cette
plante , ptamnca. Elle croissoit dans les lieux pierreux , sur
les montagnes. On en faisoit usage pour faire éternuer et
pour guérir les meurtrissures. Il est difficile , d'après cette
description , de rapporter le piatmica à l'une des plantes
que nous connoissons. On l'a néanmoins rapproché de
Vachillea pfarmica ^ plante marécageuse , et du xeranihemum
annuum. Il est probable que l'action sternutatoire du
piarmica étoit opérée par l'odeur de cette plante , même
lorsqu'elle étoit fraîche, puisqu'il suffisoit de l'approcher du
nez. Or, les deux plantes ci-dessus n'ont cette propriété
que lorsqu'elles sont desséchées et réduites en poudre.
C'est encore pour la même raison que le ptarmica montana^
de Dodonée , qui est V arnica montana, Linn. , ne peut
être \q piarmica de Diosroride.
Quoi qu'il en soit , Tournefort conserve le nom de ptar-
mica ^ et l'élend comme détermination générique , non-seu-
lement à Vachillœa ptarmica , mais à toutes les espèces
A''aclnllœa à feuilles entières et dentées; ce qu'ont fait aussi
quelques autres botanistes. Cependant, Morison y a rap-
porté, et à tort, le parlheiiium integrifolium., Linn. (LN.)
PTARMIGAN. Nom écossais du Lagopède proprement
dit. V. ce mot. (v.)
PTAUMIQUE. Plante du genre des Achillées. (b.")
PTELEA, Ptclca. Arbrisseau à feuilles alternes, ter-
nées, parsemées de poinis transparens , à fleurs disposées
en corymbes axillaires et terminaux , qui forme un genre
dans la lélrandrie monogynie et dans la famille des téré-
Linthacées.
Ce genre présente pour caractères : yn calice petit, à
quatre divisions -, une corolle de quatre pétales ouverts ;
quatre étamlnes alternes avec les pétales ; un ovaire supé-
rieur à style court et à stigmate bifide ; une capsule membra-
neuse , comprimée , légèrement renflée dans le milieu ,
bordée d'une large membrane orbiculaire , biloculalre ,
disperme et évalve.
Le ptelea est originaire de 'l'Amérique septentrionale.
Ou le cultive dans les jardins d'agrément, sous le nom de
frêne à trois feuilles.
Cet arbusîe n'a rien qui doive le faire plus remarquer que
beaucoup d autres, mais il fait variété, et c'estbeaucoup dans
un jardia bien coordonné. U s'clève àhuit à dix pieds , a des
P T E 219
folioles ovales , aiguës , d'un vert sombre , des panicules de
fleurs verdâtres, souvent très amples , et des fruils qui sub-
sistent long-temps. On le multiplie principalement de grai-
nes. 11 ne craint point les gelées et pousse assez rapidement ;
ses organes sexuels avortent souvent. Poiret a réuni le
BLACKBURNiEà ce genre, (b.)
PTELEA. Nom de I'Orme chez les Grecs. Linnœus s'en
est servi pour désigner un arbrisseau de l'Amérique sep-
tentrionale , dont les fruits ont quelque ressemblance
avec ceux de l'orme , et dont il fit un genre ; c'est le ptelea
tnfoU&ta, décrit ci-dessus, -àm moi piele a. Linnœusavoit aussi
rapporté à ce genre , dans son Species plantai-um , un autre
arbrisseau de l'Inde , à fruils analogues à celui dm ptelea : il
l'appeloit plelea viscosa; c'étoit le dodonœa de son Hortus dif-
jorlianus. Adanson réprouva cette réunion ; il reporta cette
dernière plante à son inopieris-, et de l'autre fit son genre betlu-
nîa. Les botanistes font maintenant , avec Linnteus fils , un
genre particulier du dodoiiaa. V. Ptelea ci-dessus, (ln.)
PTELIDIE , Ptelidium. Arbre de Madagascar , qui s'élève
à une douzaine de pieds, dont les rameaux et les feuilles sont
opposés ; les feuilles ovales oblongues , légèrement pétio-
lées , coriaces ; les fleurs très-petites, portées sur des pani-
cules axillaires , et qui forme un genre dans la tétrandrie
mouogyuie, et dans la famille des térebinthacées.
Ce genre , établi par Aubert Dupetit-Thouars , dans son
ouvrage sur les plantes des îles de l'Afrique australe , offre
pour caractères: un calice à quatre lobes persistans ; une co-
rolle de quatre pétales; quatre étamines; un ovaire supérieur,
comprimé , à style presque nul et à stigmate très-petit ,
porté sur un disque central. Le fruit est une capsule com-
primée, coriace, biloculaire, souvent monosperme, entou-
rée d'une samare fort étendue.
Le piélidie a beaucoup de rapports dans la fructification
avec le Ptelea , mais il s'en distingue considérablement par
le pcrt. Il est en fleurs pendant la saison froide , et ne pre-
scrite au reste rien de/saillant. Sa figure se roit dans l'ou-
vrage précité, (b.)
PTERACLIDE. Genre de poissons établi par Grono-
vius , mais confondu par Linnaeus avec les Corypiiènes. Il
a pour type le coiyphcna vellfera. Lacépède a rétabli ce genre
sous le nom d'OnGOPODE. P. ce mot. (b.)
PTEPvANTHE, Pteranthus. Plante annuelle d'Arabie ,
Irès-rameuse , à rameaux articulés , dichotomes , les infé-
rieurs verlicillés, presque couchés , les supérieurs opposés ,
très- ouverts, à feuilles vcrllcillées^ au nombre dé six, et
:220 P T E
munies de stipules, les deux exlérieures plus grandes; à fleurs
situées au sommet des rameaux et dans les points de dichoto-
mie ; à réceptacle commun , en forme de cône renversé ,
comprimé, strie, creux, irichotome à son sommet , presque
prolifère ; à réceptacles partiels semblables , et contenant
sept (leurs , dont quatre stériles.
Cette plante a été regardée comme espèce du genre Cam-
phrée parla plupart des botanistes; mais Forskaël et Lhé-
ritier ont pensé qu'elle devoit former un genre particulier,
que le premier a appelé PTERA]STHE,et le second Louichée.
Ce genre a pour caractères : un calice a quatre divi-
sions oblongues , concaves , terminées par une pointe re-
courbée , dont deux opposées plus grandes , et munies ,
vers leur sommet, d'une crête ou aile membraneuse ; quatre
ctamines courtes , monadelphes, à leur base; un ovaire supé-
rieur, surmonté d'un style bifide , à stigmates simples ; une
semence recouverte par le style persistant, (b.)
PTERIDE , Pteris. Genre de plantes cryptogames , de la
lamille des fougères , dont la fructification est disposée en
ligne marginale et continue , etdoi?t les follicules sont entou-
rées d'un anneau élastique.
Ce genre renferme plus de cent espèces , presqiie toutes
propres aux parties chaudes de l'Amérique. On n'en connoît
que deux en Europe. Smith a fait à leurs dépens son genre
ViTTARiE ; et plusieurs des espèces qui y restoient ont été
depuis placées dans les genres Monogramme , TtENITIs ,
Marsile, Notiiolakène, Cheilaiste, Grâmmite, Adiante,
AcROSTiQUE. Ainsi, selon quelques botanistes, il reste com-
posé d'un petit nombre d'espèces.
Je citerai les ptérides à feuilles simples , auxquelles on peut
donner pour type:
La Ptéride lancéolée , qui a les feuilles lancéolées ,
glabres , et dont la partie supérieure seule porte la fructifi-
cation. Elle se trouve à Saint-Domingue.
Les ptérides à feuilles composées , où se trouve :
La Ptéride de Crète , qui a les feuilles plnnées elries
pinnules opposées , lancéolées , dentelées , plus étroites à
leur base , les inférieures souvent divisées en trois parties.
Elle croît dans les îles de la Méditerranée.
Les ptérides à feuilles surcomposées , parmi lesquelles se re-
marquent :
La Ptéride épineuse , qui a les feuilles biîjinnées , les
pinnules larges et lancéolées , une tige arborescenic et épi-
neuse. Elle se trouve dans les Antilles.
La Ptéride esci lente , qui a les feuilles bipinnécs , les
P T E 221
pinnules linéaires decurrenles , celles au sommet plus cour-
tes , et dont la tige est sillonnée. On la trouve dans l'Ara-
bie , où sa racine se mange cuite sous la cendre.
La Pteride aquiline , qui a les feuilles bipinnées, les
pinnules lancéolées, les inférieures pinnalifides. , les supé-
rieures plus petites , et la tige sillonnée. Elle se trouve par
toute l'Europe , dans les Ijois et les landes. C'est la plus
commune et la plus remarquable des fougères indigènes, celle
que l'on a en vue lorsqu'on dit la fougère sans y joindre une
épithète , celle qu'on appelle dans quelques cantons, et dans
la médecine., fougère femelle. Elle s'élève souvenfcà huit à dix
pieds , et en a ordinairement trois ou quatre. Sa racine est
vivace , traçante , grosse comme le doigt , gluante et amère.
Lorsqu'on la coupe en travers , on voit la représentation
grossière d'une aigle à deux têtes ou des armes de l'empire
d'Allemagne , d'où lui vient le nom de fougère aquiline. Cette
racine est vermifuge , mais moins que celle du Polypode
FOUGÈRE MALE. ( V. ce mot). La plante en totalité partage
les vertus des aniv es fougères , mais on en fait peu d'usage.
C'est sous le rapport économique que Xa fougère aquiline est
importante à connoître. Elle dédommage en partie les pays
où elle se trouve, de la mauvaise nature de leur sol ; elle
remplace le bois, pour chauffer le four , cuire la chaux,
le plâtre , etc. ; elle forme une excellente litière pour les
bestiaux, et par suite un fumier de première qualité. On en
couvre les hangars , on en fait des liens , on l'emploie pour
emballer les fruits et beaucoup d'autres objets;enfm,elle peut
remplacer , et elle remplace fréquemment la paille dans tous
ses usages particuliers, et elle ne coûte partoutque la peine de
l'aller ramasser. Les vaches ne craignent point de la manger.
Mais l'article le plus avantageux que fournit la fougère
aquiline, est la potasse ou alcali végétal, qui est l'objet d'une
consommation immense dans les verreries, les blanchisseries
et autres manufactures. Il résulte d'expériences faites il y a
déjà long -temps, que celte plante est une de celles qui en
produit le plus par sa combustion lente ; et il résulte de
calculs établis sur des bases solides que , par son moyen , la
France pourroit se passer de toute la potasse que l'on lire
de Danlzick ou de l'Amérique septentrionale , c'esl-à-dire ,
épargner dix à douze millions qu'elle exporte pour cet objet.
On ne sauroit donc trop recommander aux cultivateurs de
ne point laisser perdre la piéride des cantons qu'ils habitent,
d'employer à la fabrication de la potasse toute celle qu'ils
ne consommeront pas pour les usages domestiques. En con-
séquence , ils la feront couper au milieu de l'été , la laisse-
ront sécher à moitié sur place ; ensuite ils feront creuser
222 P T E
dans un terrain argileux , autant que possible ,' une fosse plus
ou moins grande , selon la quantité à^ fougère qu'il s'agit de
brûler , mais toujours deux fois plus profonde que large ,
quelle que soit sa longueur ; ensuite ils allumeront au fond
de cette fosse un feu de bois sec, et lorsque la terre sera un
peu échauffée , on y empilera la fougère , qui aura été mise
préalablement en petites bottes.
Il est à observer que plus la combustion est lente , et plus
il se forme de potasse. Ainsi , il faudra que celui qui sera
chargé de diriger l'opération , empêche constamment que la
fougère ne s'enflamme , qu'il en ait toujours quelques bottes
de mouillées pour les jeter dans la fosse , lorsque le feu
prendra trop d'intensité. On obtiendra le point^désirable,
si \a fougère est entassée de manière que l'air ne puisse gagner
que difficilement le point inférieur où se fait la combustion.
C'est à l'expérience et au raisonnement à fixer la conduite
du feu d'après le principe qui vient d'être posé , principe
sans l'observationduquel on n'obtiendraque desrésultats peu
salisfaisans. Deux personnes qui brûlent de la fougère , dans
le même canton , peuvent trouver une différence de moitié
dans le produit, selon qu'elles auront coupé la fougère trop
tôt ou trop tard , qu'elles l'auront brûlée plus ou moins len-
tement , même dans des jours différens ; car on a observé
que les temps lourds , disposés h l'orage , favorisolent beau-
coup la formation de l'alcali.
La combustion de toute la fougère terminée , on couvre
la fosse avec des planches , et lorsque les cendres sont re-
froidies , on les emporte à la maison ; là , on en tire la po-
tasse par lixivialion et évaporation , opérations qui deman-
dent des vaisseaux d'une certaine grandeur , et un emploi de
tem'ps qui doit déterminer la plupart des cultivateurs à ven-
dre les cendres en nature à ceux qui s'occupent spécialement
de la purification de la potasse, (b.)
PTERIDION. Genre de poissons établi par Scopoli.
C'est le coryphœna velifera , que Lacépède a décrit sous le
nom d'OLiGOPODE. (b.)
PTERIGIE , Pterigium. Genre de plantes établi par
Corréa , dans ses vues carpologiques, Annales du Muséum ,
sur la seule considération du fruit.
C'est une noix coriace , uniloculaire , trivalve , renfermée
dans un calice qui est couronné par cinq grandes folioles
ovales et réticulées.
On ignore le pays de l'arbre auquel appartient ce fruit qui
ressemble à un volant, (b.)
PTERIGODION, Pterigodhim. Genre de plantes établi
par Swartz, dans la famille des Orchidées ( V. ce mot),
P T E 223
et dont les caractères consistent à avoir: la corolle un peu en
gueule , les pétales extérieurs horizontaux , concaves ; le nec-
taire inséré au milieu du style entre les loges de l'anthère ,
qtli sont écartées ; le stigmate du côté supérieur.
Ce genre est principalement composé d'espèces d'OPHRi-
DES , qui croissent au Cap de Bonne-Espérance , tels que
les ophris alaris , catholica, polucris , cafra, atraia et iwersa.
(B.)
PTERIGYNANDRE , Pterigynandmm , Hedw. Genre
de plantes de la famille des mousses , deuxième tribu ou
section des Ectopogones, muni d'un seul péristome externe.
On l'a aussi nommé Pterogomon.
Ses caractères sont : coiffe cuculliforme, glabre; opercule
conique , aigu ; dents entières et simples , au nombre de
seize. Base du tube enveloppée dans un périchèse.
Ce genre faisoit autrefois partie du genre Hypise. Il con-
tient les espèces de mousses les plus belles , telles que les
pterig. fuJgens , aureum , etc. , mais qui toutes sont exotiques.
hes, espèces indigènes sont le pt. gracile et le pi. filiforme.
Quelques botanistes lui ont réuni les genres Leptodon ,
Encalypte , Lasie et Fabronie. (p. b.)
PTER1(3N , Pterium. Genre de plantes de la famille des
graminées, établi sur une espèce originaire de l'Orient. Une
diffère des CaETELLESqueparses (leurs qui sont solitaires. (b.)
PTERIS. V. Piéride, (desm.)
PÏEROCALLE, PlerocalUs. Synonyme de Petrocalle.
(B.)
PTEROCARPE , Pterocarpus. Genre de plantes de la
diadelphie décandrie et de la famille des légumineuses, qui
offre pour caractères : un calice campanule à cinq dents ; une
corolle papilionacée à étendard onguiculé , ouvert , plus
grand que les ailes et la carène ; dix étamines monadelphes h
leur base; un ovaire supérieur, oblong elstipilé, surmonte
d'un style recourbé et à stigmate simple; un légume stipité ,
arrondi ou échancré sur un côté presque falciforme , com-
primé , bordé d'une aile membraneuse, relevée de plusieurs
nervures simples ou rameuses , monospermes, et ne s'ouvrant
point.
Ce genre, fort voisin des Ecastaphylles et des Dalber-
ges, renferme des arbres ou des arbrisseaux à feuilles allées ,
avec impaire , et à fleurs disposées en épis axillaires. On en
compte une vingtaine d'espèces , dont les plus importantes à
connoître sont:
Le Ptérocarpe a sang de dragon, qui a les feuilles pin-
nées et la tige sans épines. Il croît dans l'Inde et dans les iles
qui en dépendent. C'est un grand arbre , dont le bois est due
224 P T E
et Técorce rougeâtre. Lorsqu'on entame celte e'corce , il en
découle une liqueur qui se condense aussitôt en larmes rou-
ges , et qu'on apporte en Europe enveloppées dans du jonc.
C'est une des espèces de sang de dragon des apothicaires.
Le Ptérocarpe satstalin a les feuilles ternées , les folioles
presque rondes , rétuses , très-glabres , les pétales crénelés
et ondulés, 11 se trouve aussi dans l'Inde , et fournit égale-
ment un sang de dragon par l'incision de son écorcc. Son bois
est connu dans le commerce sous le nom de Santal rouge.
Le Ptérocarpe jaune , qui a trois paires de folioles, dont
les épis sont latéraux, et la corolle dentée. C'est un grand
arbre de la Chine. Son écorce est fréquemment employée
comme résolutive et vulnéraire. Sa décoction teint la soie en
jaune, d'une manière solide. J
Le MouTOUCHi et I'Apalatoa d'Aublet, ainsi que I'Ame-î^'
RIMNUM de Brovvn , ont été réunis à ce genre, (b.)
PTEROCARPUS. Ce genre de Linnseus est nommé
lingoum par Adanson. Quelques botanistes y rapportent les
genres ameriwnon de P, Brown , apalaioa, toiichiroa et mou^
iouchia, tous les trois d'Aublet. D'autres botanistes n'approu-
vent pas ces réunions, ou du moins ne les admettent qu'en
partie. On a fait aux dépens du genre de pterocarpus le
genre ecastaphyllum. V. plus haut Ptérocarpe. (ln.)
PTEROCOCCUS. Genre établi par Pallas , et auquel
on a donné depuis son nom. V. Pallasie. (ln.)
PTEROCEPHALUS. Genre créé par Vaillant, adopté
par Adanson, annulé par les botanistes qui leur ont succédé,
et rétabli par Lagasca. Il comprend quelques espèces de sca-
bieuses à involucres formés de deux rangs de quatre folioles
chacun ; 3 2 — 5 étamines ; à réceptacle nu, et à calice
proprement dit , couronnés de dix à vingt soies. Les sca-
biosa pterocephala , ochroleuca et papposa furent rapportés à
ce genre par Adanson. (ln.)
PTÉROCÈRE , Pterucera. Genre de testacés de la fa-
mille des Univalves , établi parLamarck, pour séparer
des Strombes de Linnœus , quelques espèces qui diffèrent
des autres. Le caractère de ce nouveau genre est d'avoir
une coquille ventrue , terminée inférieurement par un canal
allongé, dont le bord droit se dilate , avec l'âge, en une aile
digitée , et ayant un sinus vers la base.
Ce genre a pour type le slrombe lamhis de Linnseus, qui
se trouve dans les mers d'Asie , et varie beaucoup. On ne
sait rien sur l'animal qui l'habite, (fi.)
PTÉROCHILE , Pterochilus. M. Klug désigne ainsi un
genre d'insectes , de l'ordre des hyménoptères, famille des
diploptères, tribu des guêpiaires , très-voisin de notre genre
P T E ^2S
oàynhre , mais dont les mâchoires et la lèvre sont beaucoup
iplus allongées, dont les palpes labiaux sont poilus et parois-
sent n'avoir que trois articles , le quatrième ou le dernier
«'étant point distinct.
On n'en connoît qu'une espèce , et qui a été représentée
par Panzer , dans sa Faune des insectes d'Allemagne , sous
le nom de vespa phalœrata , fasc. 4-7 > tab. 21. Elle paroît
faire son nid dans les terres sablonneuses, (l.)
PTEROCHISTE, Pierochisius, Bonelli. Genre d'insectes
coléoptères , de la famille des carnassiers , tribu des cara-
biques. V. FÉRONiE. (l.)
PTÉROCLES. C'est , dans les gallinacés de M. Tem-
minck, le nom générique du Ganga. (v.)
PTEROCLIA, L'une des dénominations appliquées au
Jaseur. V. ce mot. (s.)
PTÉRODACTYLE , Piewdadylus , Cuvier ; Oniilho-
cephalus , Sommerring. Genre d'animal vertébré fossile , qui
paroît appartenir à la classe des reptiles , et à l'ordre des
sauriens , mais que plusieurs naturalistes croient devoir
ranger dans celle des mammifères , et que d'autres considè-
rent comme intermédiaire aux oiseaux et aux reptiles.
Ce genre se compose maintenant de trois espèces. La pre-
mière a été décrite par Collini , dans les Mémoires de V Aca-
démie palatine , partie physique , tom. v ; la seconde l'a été
par Sommerring, dans une dissertation qui fait partie des Mé-
moires de Munich , 181 7 , et dont le titre est Ueber einen ornî-
ihocephalus breoirostris der Vorwelt. La troisième , dont cm n'a
Vu que quelque débris , mais suffisans pour la faire distin-
guer , a été observée par le même savant , et annoncée dans
un supplément à la précédente dissertation , sous le titre de
Ueber die fossilen reste einer grussen fledermaus gatlung , welche
sich zii karlsruhe in der grossherzoglichen samlung hefinden,
La première et la seconde espèce sont celles qu'il est le
plus facile d'étudier, à cause de la bonne conservaiion de
leurs débris. Au premier aspect , on voit dans ces fossiles ,
dont les dimensions sont assez petites , les restes d'animaux
à tête fort allongée et pointue , à cou fort long , à corps
médiocre , à queue courte , à membres longs , surtout les
antérieurs , qui paroissent avoir servi au vol ; mais si on les
observe avec détail , on ne tarde pas à remarquer qu'il
existe entre toutes ces parties et celles qui leur correspondent
dans les animaux des trois premières classes, de nombreuses
anomalies qui , en dernier résultat , ne permettent pas , dans
l'état actuel de la science , de se décider , pour ranger ces
fossiles dans une de ces classes plutôt que dans les autres.
Néanmoins, M. Cuvier les place parmi les reptiles sauriens;
XX VIII. l5
236 P T E
M. Sommerring les classe avec les mammifères ; et M, de
Blainville ne balance pas à les considérer comme formant
un groupe intermédiaire entre les oiseaux et les reptiles.
La troisième espèce différeroit particulièrement des deux
autres par sa grande taille , puisque ses bras ou ailes auroient
eu près de cinq pieds d'envergure.
Pour donner une idée générale de ces fossiles , nous avons
fait représenter, d'après Sommerring, dans la planche (i. 45
de ce Dictionnaire , un trait du squelette de la première
espèce , rétabli d'après l'étude de chacune des parties qui le
composent. Nous y renvoyons le lecteur , afin de l'aider à
suivre plus facilement les descriptions qui vont suivre.
Première Espèce. — Ptérodactyle atstique , Plerodactylas
antiquus , Cuv. ; Ornithocephalus antiquiis , Sommerring, —
Collini , Mém. de TAcad. palat. — Cuv. , Rech. sur les osse-
mens fossiles , tome 4- ( V. pi. G. 45 de cet ouvrage. )
Celui-ci a été trouvé dans la pierre calcaire schisteuse
d'Aichstedt, près de Papenheim , qui est celle que l'on a em-
ployée la première dans les travaux lithographiques , et qui
est depuis long-temps recherchée par les collecteurs de fos-
siles, pour les belles empreintes de crustacés et de poissons
d'espèces inconnues qu'elle contient. La situation de cette
formation calcaire , relativement aux autres formations ob-
servées jusqu'à ce jour par les naturalistes , n'est pas bien
déterjninée ; mais il y a lieu de croire qu'elle doit prendre
place à la suite des premiers dépôts renfermant des débris
de corps organisés , à cause du peu de ressemblance qui
existe entre les fossiles qu'elle renferme , et ceux des forma-
tions les plus récentes. V. l'article Crustacés fossiles ,
et l'article Poissons fossiles.
Le fragment de pierre qui présentoit ce fossile , a fait
partie de la collection de Manheim ; et c'est là que Collini
l'a décrit et dessiné. Lors du transport de cette collection à
Munich, il avoit été égaré , et l'on ne l'a retrouvé que
depuis peu ; ce qui a donné à M. Sommerring le moyen
de publier une figure plus exacte que celle de Collini.
Le fossile paroissoit avoir appartenu à un animal de la
taille d'un corbeau ; sa longueur totale étoit de dix pouces
quatre lignes , sur lesquels la tête prenoit quatre pouces.
Cette tête étoit fort longue et pointue , et avoit les mâ-
choires excessivement ouvertes ; le crâne si petit , que l'aire
de sa coupe longitudinale auroit été tout au plus un dixième
de celle du restant de la face ; la ligne du front , droite ; les
orbites grandes j latérales et non séparées entre elles par
G. 45.
(>ttf Planefu nestpa^ ntsc^tiile J'éù-e c/ylon^* ■
j . Pteroda/:àfle anluju^ . 2 Le FeM Falieotfûriiim
P T E
ieur fond , ce qui vient peut-être du mauvais état de cette
tête , mais ce qui ne permet pas de supposer qu elles fus-
sent séparées par un espace considérable ; Ic:^ ouvertures
nasales très-grandes, situées presque immédiatement après
les orbites ; le bord de la mâchoire supérieure garni rfans
son dernier tiers , vers l'extrémité , de onze petites dents
coniques un peu crochues, toutes semblables entre elles, et
un peu séparées les unes des autres par des intervalles assez
égaux. La mâchoire inférieure étoil longue de (rois pcuces
cinq lignes un quart , peu forte , presque linéaire , lé-
gèrement plus épaisse dans les deux derniers cinquièmes,
vers son extrémité , articulée en avant du crâne et en des-
sous des orbites , avec la supérieure , à une assez grande
distance du crâne par l'intermédiaire d'un os peu distinct ,
et que M. Cuvier considère comme l'os carré des oi-
seaux et des reptiles. Le bord de celle mâchoire étoit garni
dans sa dernière moitié , vers la pointe , de dix-neuf petites
dents coniques et arquées en arrière , comme celles de la
mâchoire supérieure , aussi petites que celles-ci , mais plus
espacées entre elles. L'occiput offroit une protubérance re-
marquable , qu'on observe dans les oiseaux vers la place où
est situé le cervelet chez eux. *
Le col avoit trois pouces une ligne et un tiers de longueur.
Il paroissoit formé de six vertèbres, ou même de sept, parce
que la première, vers la tête, sembloit divisée en deux trans-
versalement dans son milieu ; et les vertèbres, en les portant
au nombre de sept, avoient les dimensions suivantes : la pre-
mière et la seconde ensemble , trois lignes de longueur ; la
troisième, six lignes et demie ; la quatrième , sept lignes un
tiers ; la cinquième , sept lignes deux tiers ; la sixième, six
lignes un quart ; et la septième, six lignes trois quarts. On ne
remarquoit sur aucune , d'apophyses épineuses apparentes;
leur diamèlce éloil généralement de deux lignes.
Le corps n'avoit que deux pouces cinq lignes de longueur ;
sa colonne épinière étoit distincte , mais il n'étoit pas facilç
d'en compter les vertèbres ; cependant , Collini en a distin-
gué dix- neuf à vingt , ayant chacune environ une ligne et un
tiers de longueur. Les côtes étoienl fort minces , rompues et
mal en ordre. La queue , longue de neuf à dix lignes , étoit
assez mince , composée de plusieurs vertèbres ( treize au
moins) , dont le diamètre diminuoit progressivement , et qui
ne présentoient pas d'apophyses transverses.
Deux os paroissoienl appartenir au bassin; l'un assez large,
que Collini compare au pubis , et l'autre en forme de bec ,
qu'il regarde comme le coccyx , et que MiVL Cuvier et Som-
mering, considèrent, avec juste raison comme un ischion. Un
228 P T E
os sépare et en forme de spalule , qai n'a cle' rnppoiic à ail-
cune parlie par Collini , a été regardé par M. Sommerring
comme la pièce inférieure du sternum.
Les membres postérieurs se composoient ; d'un fémur long
d'un pouce trois lignes, à peu près cylindrique, et légèrement
arqué ; d'un tibia long d'un pouce et demi ; de quatre méta-
tarsiens sans tarse distinct , lesquels appartenoient à autant
de doigts, dont l'interne n'avoit que deux phalanges , et les
autres trois. Les dernières phalanges étoient petites , et
avoient sans doute supporté des ongles. La différence entre
les doigts éloit peu considérable ; le pouce seulen»enl éloit
plus court ; et le pied , en général, avoit les deux tiers de la
longueur du tibia.
Les membres antérieurs étoient très-longs, et c'est surtout
relativement à leur composition que les naturalistes ne sont
pas d'accord. Collini n'avoit point trouvé d'ossement qu'il
pût rapporter à des omoplates. M. Cuvier croit en avoir
remarqué le long de la colonne cpinière , dans deux frag-
mens osseux de forme allongée ; mais M. Sommerring en
voit une sur une autre partie de la pierre , et il la figure
comme l'omoplate des chauve-souris. Quant aux clavicules ,
M. Cuvier les observe dans dtiux os isolés, placés en avant
de la colonne épinière , et dont un est regardé par M. Som-
merring comme étant une côte dérangée de sa position
naturelle. Un premier os long de onze lignes , et mal con-
servé , est considéré par M. Cuvier comme étant l'humérus ,
Bt par M. Sommerring , comme la clavicule. Un second ,
long d'un pouce neuf lignes, marqué d'un sillon longitudinal
qui pourroit bien indiquer la séparation de deux os distincts ,
est appelé os de l'avant-bras par M. Cuvier , et humérus ou
bras par M. Sommerring. Après le second os en vient un
troisième , long d'un pouce cinq lignes , et qui est plus gros
que le précédent; et, dans le point d'articulation,dè Ces deux
os sont des parties séparées , regardées par M. Cuvier
comme les osselets du carpe , et par M. Sommerring, comme
de simples épyphises de ces os. Par suite, le troisième os eslun
métacarpien unique pour le naturaliste français , et un avant-
bras pour l'anatomiste bavarois. Quant à la main qui termine
le membre , elle présente quatre doigts ; un très-court ou
pouce , qui semble formé de deux phalanges ; un second et
un troisième , un peu plus longs , surtout le dernier, compo-
sés de trois phalanges , dont la dernière , comme celle du
pouce, paroît avoir été le support d un ongle ; enfin , le qua-
trième doigt, extrêmement fort et long ( 5 p. lo lignes),
puisqu'il surpasse , à lui seul , la longueur de toutes les
premières pièces qui forment le bras. Il est formé de quatre
P T E 3 29
phalanges, tlont la première est appelée , on ne sait d'après
quels motifs, m^?aco//y?V« par Sominerring, puisque ce savant
n'en admet pas pour les autres doigts ; ces phalanges vont en
diminuant progressivement de grosseur , et ressemblent
beaucoup à celles qui forment les doigts des chauve-souris , à
cela près qu'elles ont plus de force.
Ilparoîtque le dernier doigt n'avoit point d'ongle , et il y
a lieu de croire que si l'animal voloit au moyen de membra-
nes, comme les chauve-souris , les membranes s'attachoiént
sur ce doigt seulement.
M. Sommerring nous paroît d'autant moins admissible à
considérer comme des épiphyses les osselets du carpe , selon
iM. Cuvier, que pour les gros os des extrémités postérieures;
il ne fait aucune mention d'épiphyses , quoiqu'il dût imman-
quablement s'en trouver , s'il en existoit aux antérieures. Il
suppose que le carpe n'a pu être conservé à cause de la jeu-
nesse de l'animal , et que ce carpe étoit situé vis-à-vis le point
où sont articulés les doigts. Enfin , en ne donnant de métacar-
pien qu'au grand doigt seulement, et en en supposant les
autres dépourvus, il annonce une manière de voir tout-à-fait
opposée aux lois de l'analogie; Aussi , croyons-nous devoir
adopter en totalité la distinction des parties reconnues par
M. Cuvier , parce qu'elles nous paroissent conformes à ces
mêmes lois.
L'os carré que M. Cuvier croit distinguer dans la figure
de Collini, n'existe pas d'une manière sensible dans l'ori-
ginal observe avec le plus grand soin par M. Sommerring ;
mais, d'après la remarque de ]M, de Blainville , le mode
d'articulation de la mâchoire inférieure , et la forme de celle-
ci , prouvent suffisanmient l'existence de cet os , d'ailleurs ,
très -variable dans ses formes , ses dimensions et ses con-
nexions , dans les animaux chez lesquels il existe.
Enfin , la pièce isolée , remarquée par Collini près du
bassin , est regardée par M. Sommerring comme l'extré-
mité inférieure du sternum. Son isolement permet de dou-
ter encore de ce rapprochement ; et il nous semble que ce
savant anatomiste le produit d'autant plus volontiers , qu'il
appuie la ressemblance qu'il trouve entre le fossile et les
chauve-souris. MM. Cuvier et de Blainville y voient un os
du bassin assez semblable au pubis des crocodiles.
Selon M. Cuvier , It; fossile d'Aischtedt ne peut être un
oiseau palmipède, comme le croit le célèbre Bluinenbach,
j»ar les raisons suivantes: « i." Un oiseau auroit des côtes
>( plus larges , et munies chacune d'une seule apophyse ré-
a currente ; 2." son métatarse ne formeroit qu'un seul os , et
a ne seiolt pas coniposé d'autant d'os qu'il y -a de doigts i
33o P T E
« 3° son aile n'aurolt que trois divisions après l'avant-bras,
« et non pas cinq ; 4"" son bassin auroil une toute autre
'< étendue , et sa queue osseuse une toute autre forme ; elle
« seroit élargie , et non pas grêle et conique ; 5.° il n'y au-
« roit pas de dents au bec ; 6." les vertèbres du col seroient
« plus nombreuses , aucun oiseau n'en ayant moins de neuf;
<f 7.° les verlèbres du dos seroient moins nombreuses, puis-
« qu'il seinble qix'il y en ait ici quinze ou seize, tandis que
« chez les oiseaux on n'en compte que de sept à dix , et tout
« au plus onze, etc. »
Feu Hennann et M. Sommerring ont vu dans le ptéro-
dactyle un mammifère , et le dernier Ta particulièrement
rapproche des chjuve-souris. Il sera facile de combattre cette
opinion , en faisant remarquer i.° que la tête, par sa forme
générale , ne peut en aucune manière être comparée à celle
des chauve-souris, même à celle de la roussette de M. Léche-
nault, quelle que soit sa longueur, relativement à celle du corps;
2." que les orbiies , très-grandes et latérales , ainsi que les
narines également latérales et remontées , n'ont aucun rap-
port avec les mêmes parties dans ces animaux; 3." que la for-
me et la position du crâne sont aussi toutes différentes ; 4°
que les dents, toutes semblables entre elles, n'offrent rien qui
puisse les faire comparer, les unes à des incisives , les autres
a des canines , et les dernières enfin à des molaires, toujours
distinctes , quoique en nombre variable dans les chauve-
souris; 5." que le mode d'articulation des mâchoires est tout-
à-fait différent; 6.° que le col est démesurément plus long que
dans les chéiroptères , de tel genre que ce soit; 7." que les
membres antérieurs n'ont point le nombre de doigts ordi-
naire à ces mêmes chéiroptères , et que leur longueur rela-
tive est différente ; 8." que la présence d'un seul métacar-
pien, pour les quatre doigts, est une conformation qu'on ne
retrouve dans aucun animal connu , qu'on puisse comparer
au fossile d'Aichstedt ; 9." que les jambes de derrièie sont
aussi beaucoup plus longues , et ont un nombre de doigts
différent de celui des chauve-souris, etc.
Collini concluoit qu'il falloit chercher l'animal d'Aichstedt
parmi les amphibies ; mais, pour peu qu'on réfléchisse à sa
conformation , il est facile de voir que cette supposition ne
peut être admise.
M. Cuvier y voit un reptile , et il se fonde i." sur la forme
générale de la tête ; 2.° sur la grandeur des orbites, et la
position et la forme des narines ; 3.° sur l'existence d'une
partie analogue à l'os carré , servant à l'articulation de la
mâchoire inférieure ; 4-° sur le nombre des vertèbres du col
qu'il croit être de six ( bien que M, Sommerring en dislingue
P T E 23i
sepO comme dans quelques nionitors ; 5." sur la foiblesse des
côtes ; 6." sur la séparation du métatarse en plusieurs os ;
7.0 sur le nombre des phalanges des doigts des pieds de der-
rière , croissant ainsi : 2, 3,4, 4 (mais ici il n'est pas d'accord
avec CoUini et M. Sommerring, qui en comptent 2,3,3,3) ,
comme dans les mammifères ; 8.° sur la forme du pubis ,
pris par M. Sommerring, pour l'extrémité inférieure du
sternum, etc.
Enfin , M. de Blainville faisant remarquer qu'un bon
nombre des caractères de cet animal étant communs aux
reptiles et aux oiseaux ; que certains , comme la^ longueur
du col et des pattes postérieures, la forme du crâne , et la
grandeur de l'angle que la tête forme avec le col, étant des
caractères propres aux oiseaux seulement ; il convient de le
placer provisoirement entre ces deux classes d'animaux ,
quoique , cependant , il trouve que la masse des traits de son
organisation le rapproche encore plus des reptiles que des
oiseaux.
M. Cuvier, qui place cet animal dans l'ordre des sauriens,
se le représente voltigeant à l'aide de grandes ailes soute-
nues seulement par le quatrième doigt ou l'externe^, tandis
que les trois premiers courts , et armés d'ongles crochus ,
lui servoient à s'accrocher aux arbres. H le juge nocturne à
cause de la grandeur de ses orbites , et par conséquent des
yeux qu'elles contenoient. Il pense que tout son corps de-
voit être couvert d'écaillés , comme cela existe dans les
autres sauriens , etc. Du reste , il croit qu'aucun animal
existant maintenant, ne ressemble à celui-ci.
Seconde Espèce. — Ptérodactyle brévirostre , Ptero-
daclylus brevirosiris , Nob. ; Omithocephalus hreoirostris , Som-
merring.
Ce fossile, qui appartient bien réellement au même genre
que le premier , a été décrit , pour la première fois, par
M. Sommerring, qui l'a reçu de M. Spix. Il provient de la
carrière de Windischschoff, près d'Aichstedt, et est ren-
fermé dans le même calcaire schisteux propre à la lithogra-
phie , où a été rencontré le ptérodactyle antique.
Celui-ci est environ de la taille d'un moineau. Sa tète est
beaucoup plus semblable à celle d'un oiseau , que la tête de
l'espèce précédente : la forme du crâne, le profil du bec , la
position et la grandeur relative des orbites , et des narines
surtout, offrent cette ressemblance. La longueur de la tête
est de onze lignes ; sa hauteur de quatre et demie ; la lon-
gueur de la mâchoire inférieure n'est que de sept lignes. Les
bords des mâchoires sont gnrnis de petites dents aiguës ,
^3^ P T E
huit supérieures , et cinq inférieures , semblables entre eîleS;
selon la figure , et que , suivant M. Sommerring , qui voit
aussi une chauoe-souris dans celle espèce , l'on peut comparer
les unes aux incisives,et les autres auxmolairesdes petits mam-
mifères de ce nom.Le cou a au moins neuf lignes de long; il con-
siste visiblement en sept vertèbres, qui sont les plus fortes et
les plus épaisses de toutes celles qui composent la colonne
épinière. Les vertèbres dorsales , moins distinctes que les
cervicales , paroissent au nombre de douze ; et la portion
de l'épine qu'elles forment par leur réunion , offre une
courbe vers le baut. Celles des lombes , du bassin et de la
petite queue , sont peu faciles à distinguer. Les cotes sont
très-fines, au nombre de huit à neuf de chaque côté , et pa-
roissent, selon la remarque de M, de Blainville, être articu-
lées avec une apophyse propre à chaque vertèbre , comme
cela se remarque dans les reptiles , et non entre deux vertè-
bres, comme cela est dans les mammifères. Le sternum n'est
pas fort visible. Le bassin est mal en ordre ; néanmoins , or^
observe un os en forme de spatule , semblable à celui que
M. Cuvier considère comme un pubis , dans la première
espèce , et que M. Sommerring regarde comme le bréchet,
du sternum. Les membres postérieurs sont faciles à obser-
ver : le fémur est droit , assez gros , et long de six lignes ; le
tibia a huit lignes ; le péroné n'est pas distinct ; le tarse
n'existe qu'en vestiges ; le pied a quatre doigts , offrant cha-
cun un métatarsien assez allongé (le premier a deux phalan-
ges , et tous les autres en ont trois) ; de ces quatre doigts, ic
premier est le plus court , le second est presque égal au,
troisième, et \c quatrième est un peu moins long que celui-
ci ; tous ont leur dernière phalange conformée de façon
qu'elle a dû supporter un ongle assez fort (i), Les membres
supérieurs sont Irès-semblables à ceux du ptérodactyle anti-
que ; les clavicules ( humérus, Cuvier) peu apparentes, selon
M. Sommerring, ont six lignes de longueur ; l'omoplate n'a,
point offert de trace de son existence ; mais on présume
qu'étant fort mince , cet os aura été détruit (2) ; l'humerua
( avant-bras, Cuvier) qui a|neuf lignes un quart, est le plus
gros des os longs de tout le squelette , et aussi le plus long ,
si l'on en excepte les phalanges du grand doigt de l'aile ; l'os
(i) La figuçe restituée de cet animal par M. Sommerring, est fau-
tive , en ce que c'est le doigt extérieur et non l'intérieur qui est re-
présenté avec deux phalanges seulement.
(2) Cet os ne présente pas d'apophyse olécrane , dont l'existence
çst un caractère constant des mammifères, selon IVl. de Blainville
«t 'iui jjc se !:eniari]ue jamais dans les QJseaux et Içs i.eptiks,
P T E 2 33.
c!(c",i'avant-bras (métacarpe,Cuv.) n'a q«e sept Hgnes et demie,
al son extrémité inférieure présente des sillons longitiicli-
naux, qui semblent le partager en deux ou trois os , longs ,
minces et étroits (i). 11 n'y a que quatre doigts aux inains ;
le pouce est le plus court , et foriné «l'une phalange el d'une
phalangette -, le second est presque double en longueur , aussi
gros , et formé de trois phalanges; le troisième , plus long
et plus fort que le second , a trois lignes et demie , et a
quatre phalanges ; enfin , le quatrième a deux pouces huit
lignes, et est aussi formé de quatre phalanges ( ce qui fait
que, pour les extrémités antérieures, le nombre des phalanges
croît exactement comme dans les pieds de derrière des croco-
diles , c'est-à-dire 2,3, 4-»4 )• Le dernier doigt est conformé
comme celui qui lui correspond dans l'espèce précédente ;
c'est la première phalange (métacarpien, Sommerring) qui
est la plus grosse et la plus longue, et la quatrième qui est
la plus mince et la plus course ; les intermédiaires décrois-
sent successivement.
M. Sommerring voit dans cet animal un jeune individu ,
parce qu'il prend pour de? épiphyses,de petits os que M. Cu^
vier regarde comme ceux du carpe dans le ptérodactyle
antique.
Troisième Espèce. — PTÉRODACTYLE GÉANT , Pterodactylus
giganieus^i^ob. On n'a trouvé de cette espèce que des fragmens
des extrémités, qui ont été décrits et figurés par M. Som-
merring, savoir: i," deux phalanges entières du grand doigt
de l'aile , sans doute la quatrième et la troisième , et l'ex-
trémité de la seconde ; 2." un humérus ; 3.° un fémur et un
tibia, dans un même échantillon de pierre calcaire schisteuse
de Solhhofen , près d'Aichstedt et de .Papenheim.
Les dimensions de ces divers os , sont les suivantes : le
fémur , quatre pouces quatre lignes ; le tibia , sept pouces
trois lignes ; l'humérus , aussi sept pouces trois lignes ; la
première phalange du grand doigt , Âuatre pouces deux li-
gnes; et la seconde, sept pouces. En comparant ces dimen-
sions avec celles de la seconde espèce , il en résulte que le
Ïtérodactyle géant a dû avoir au moins cinq pieds d'envergure,
l est à désirer que l'on rencontre de nouveaux débris de ce
singulier animal , parce qu'il sera plus facile d'étudier sur
lui , à cause de sa taille , les divers détails de l'organisalioa
qui lui est commune avec les deux précédens. (desm.)
(i) Ce qui tend surtout à le taire ronsiJc'rer coiiiine un mélacaipe,
Iç carpe n'cxistan! pas eu ayant tlispm-u.
=34 V T F
PTÉRODÎBRANCHES. Nom donné par Blainville à
la famille de Mollusques , appelés Ptéropodes par Cuvier.
PTLRODICERES, Pterodirero. Nom que j'avois donné
à une sous-classe d'insccles , composée de ceux qui ont des
ailes, six pattes, deux antennes, deux yeux à facettes, et
qui subissent des métamorphoses. C'est la classe des insectes
de M. de Lamarck. V. les articles Entomologie et Insectes.
(L.)
PTERODIE. Sorte de Fruit. Il ne diffère pas du Sa-
MARE de Gserlner, et du Pteride de Mirbel. (b.)
PTERODIPLES ouDuplicipennes , Dnméril. Famille
d'insectes de l'ordre des hyménoptères, et la même que celle
que j'ai nommée Diploptèkes. V. ce mot. (L.)
PTEROGLOSSES, Pteroghssi , Vieill. Famille de
l'ordre des oiseaux Sylvmns et de la tribu des Zygodac-
TYLES. V. ces mots. Caruclères: pieds courts ; tarses annelés,
nus; quatre doigts, deux devant, deux derrière; les anté-
rieurs réunis jusqu'au-delà du milieu; bec très - gros à la
base, grand, cellulaire, dentelé ; langue en forme de plume.
Celle famille n'est composée que du genre Toucan. V. ce
mot. (V.)
PTEROCiLOSSUS. C'est,dans le P/oJrom«5 d'illiger, le
nom générique des ARACARiS;lesquelscomposentladeuxième
section de mes Toucans, (v.)
PTEROGONE, Pierogonhn. Genre de plantes établi par
Svvartz aux dépens des Hypnf.S. Ses caractères sont : fleurs
dioïques ; capsule latérale allongée ; coiffe fendue latérale-
ment, glabre ou velue; péristome simple, à seize dents droites
et entières.
Ce genre est subdivisé, par quelques botanistes , en dix
autres; savoir: Pterjgynandre, Lasis , Encalypte, Tr[-
CUOSTOME, CÉCALYPHE, FiSSIDENT, DiCRANE , OrTHOTRI-
CUE, PiLOTRlCHE et Fabronie ; de sorle qu'ils n'est pins
composé que de treiii* espèces dons le Species musconim de
Schwaegrichen , toutes très-rares ou exotiques, (s.)
PTEROGYNANDRE. Synonyme de Ptérogone. (b.)
PTEROMYS. C'cst-à dire, Rat ailé. Dénomination que
les naturalistes modernes ont donnée aux Polatouches dans
leurs ouvrages écrils en latin. V. Polatouche. (s.)
PTERÔNE, Pteronus. Nom donné par M. Jurine à un
genre d'insectes de notre tribu des tenlhrédines. V. Lophyre
et Pristiphore. (l.)
P TERONE , Pleronia. Genre de plantes de la syngénésie
polygamie égale et de la famille des cynarocéphales , qui
présente pour caractères : un calice commun imbriqué
P T E ^35
d'ëcailles lancéolées et carinées ; un réceptacle aplati ,
couvert d'écallles soyeuses et de fleurons hermaphro-
dites , tubuJeux , à cinq dents uniformes ; des semences
oblongues , comprimées, à aigrettes sessiles , légèrement
plumeuses.
Ce genre renferme une trentaine d'espèces qui ne se con-
viennent pas beaucoup entre elles , et qui ont besoin d'être
examinées de nouveau. Elles viennent d'Asie , d'Afrique et
d'Amérique. Ce sont , en général , de grandes plantes viva-
ces, à feuilles alternes et à fleurs solitaires sur des pédoncules
terminaux disposés en corymbe.
La plus anciennement connue de ces espèces est la Pté-
RONE CAMPHRÉE, qui a les feuilles éparses et ciliées à leur
base. Elle se trouve en Afrique. Ses feuilles froissées répan-
dent une odeur forte , approchant de celle du camphre. (B.)
PTEROPE. Le nom Pteropus a été ainsi traduit pour
désigner le genre des roussettes. Dans les supplémens de la
première édition, nous avions fait connoîlre ; sous ce nom,
deux espèces : le pféwpc jaune et le plerupe olive, qui seront
décrites dans celle ci à l'article Roussette. T.ce mot.(DESM.)
PTEROPHENICUM DES INDES, Pterophœmcus In-
diarum. C'est, dans quelques auteurs, la désignation de
l'AcoLCHi. V. ce mot. (s.)
PTEROPHORE, Plerophorus. Genre d'insectes établi
par Geoffroi, de l'ordre des lépidoptères, famille des noc-
turnes , tribu des fissipennes. Linnieus en fait ses phalènes
alucites , et Degéer ses phalènes tipules. Ses caractères sont :
antennes sétacées, simples; ailes divisées ; palpes guère plus
longs que la tète , également couverts d'écaillés.
Les ptérophores ont le corps étroit, allongé -, les ailes Irès-
écartées du corps, en forme de bras , étroites, divisées, et
les pattes très- épineuses. Ainsi que les oméodes , ils différent
des autres lépidoptères par la forme de leurs ailes ; celles de
presque tousJes insectes de cet ordre sont larges, formées par
une membrane entière soutenue en plusieurs endroits par des
nervures de différentes grosseurs qu'on distingue facilement:
au lieu que celles de la plupart des ptérophores sont étroites,
divisées en autant de parties qu'elles ont de nervures. Dans
quelques espèces , ces divisions commencent presque à 1 ori-
gine des ailes; dans dautres, vers le milieu; la membrane
qui couvre les nervures à l'endroit où elles ne sont pas sépa-
rées,est garnie de petites écailles, comme celles des autres lé-
pidoptères , et les nervures ont, dans le reste de la longueur
de leurs côtés, une frange de poils fins, assez longs et serrés,
qui figiu-eiit les barbulcs de plames : déserte que ces ailes
:io6 P T E
paroissent être un assemblage de petites plumes. On trouva-
ces insectes pendant l'été dans les prairies et sur lés orties.
Ils s'éloignent peu en volant, et ne s'élèvent pas beaucoup
au-dessus des plantes.
Celles de leurs chenilles qui sont connues ont seize pattes ;
pour se changer en nymphes, elles ne se renferment point
dans une coque; elles se suspendent par l'extrémité du corps,
comme celles de différens papillons.
On connoît quinze ou seize insectes de ce genre, parmi
lesquels on distingue les suivans :
PtÉROPUORE monodactyle, PieropJioriis monodactylus^T d\u
Il a les ailes U'ès-écartées, d'un brun fauve, très- étroites, sans
division.
On le trouve en Europe , dans les jardins , où il est très-
commun.
Ptérophore ociîrodactylT:, P^tTo/;/ion/5oc/2/wZflr(j'/«5,î'ab.
Il a les ailes étendues, entières-; les supérieures grises, les.
inférieures noires ; le corps petit ; l'abdomen roux à la base.
On le trouve en Allemagne.
PtÉROPHORE PENTADACTYI.E , Plerophonis penladaclyhis ,
Geoff., Fab.jPhal., Linn.; pi. M. 17, fig. 7 de cet ouvrage. 11
est entièrement blanc , sans tacbes; ses ailes supérieures ont
deux divisions , les inférieures trois.
Sa chenille a seize pattes ; elle est velue , d'un vert clair.
Sa chrysalide est pareillement velue, et attachée à une de ses
extrémités par un anneau de fil qui lui soutient le milieu
du corps. On la trouve sur les liserons.
PtÉROPHORE RHODODACTYLE., Ftérophorus rhododaciyliis ,
Fab. 11 a les ailes jaunâtres, avec des stries blanches; les
supérieures bifides, les inférieures trifides ; le corps ferrugi-
neux, les côtés du corselet jaunâtres.
On le trouve aux environs de Paris ; il est assez rare.
PtÉROPHORE ALBODACTYLE, Fterophoins al/joductylus , Fab.
Il est de moitié plus petit que le pierophore pentadactyle ; ses
ailes sont blanches; les supérieures , divisées en deux, ont
trois taches sur le milieu; les inférieures sont trifides ; son
corps est blanc , sans taches.
On le trouve aux environs de Paris.
PtÉROPHORE DiDACTYLE , PteropJiorus didactylus^ Geoff. ,
Fab., Phal., Linn. H a les ailes brunes ; les supérieures ont
des stries blanches et sont divisées en deux parties^ les infé-
rieures sont trifides. Sa chenille est verlc,velue;pour se chan-
ger en nymphe , elle se suspend comme celle du pierophore
ficn/adacfyle.
On trouve l'insecte parfait en Europe, dans les jardins.
P T E 2^7
PTEROPIIORE, Pleroplioms. Synonyme de PtÉRONë.
(B.)
PTEROPHORE A EVENTAIL. V. ORNÉonE.(o^
PTEROPHORIENS, Pfcrophorii. Tribu d'insccles /la-
mllle des nocturnes, ordre des lépidoptères, que j'ai dési-
gnée, dans le troisième volume du Règne animal parM.Cuvier,
sous le nom àe fissi pennes {»\\gs divisées). Ce caractère dis-
lingue ces lépidoptères de tous les autres. V. les genres
Ptérophore et Ornéode. (l.)
PTEROPHORUS. Vaillant nomme ainsi le genre pt&-
lotiia de Linnpeus. Il n'a connu que le pteroina ramphorala,'
arbrisseau du Cap de Bonne-Espérance. F. Ptéro>5E. (LiN.)
PTEROPHYTE,iVrro/9/?/^on.Genre de plantes établi par
H. Cassini , pour placer les Coréopes ailés À feuilles al-
ternes,elc.Ses caractères sont : calice commun composé par
trois rangs de folioles lancéolées; fleurs radiées; les fleurons
du centre réguliers, ar^drogynes ; les demi-fleurons de la cir-
conférence,lingulés, mâles; réceptacle plane, couvert de lon-
gues écailles oblongues ; ovaires tétragones, surmontés de fo-
lioles courtes, épaisses, à peine barbeliulées. (b.)
PTEROPODES. Ordre de mollusques, qui renferine
ceux qui ont: i.*' une tête distincte, sans tentacules allon-
gés; 2.*^ un corps libre , sans autre membre qu'une ou deux
nageoires.
Les genres de cet ordre sont : Pneumoderme , Clio ,
Hyale et Firole. (b.)
PTEROPTÈRES. Famille de poissons apodes, établie
par Duméril. Ses caractères sont: poissons osseux, à bran-
chies complètes , privés des nageoires paires inférieures et
d'une ou plusieurs des autres.
Les genres Cœcilie, Ophisure, Notoptère , Léplocé-
PHALE, TrICHIURE, GyMNOTE , MoNOPTÈRE, APTÉRONOTE
et PvÉGALES, entrent dans cette famille, (b.)
PTEROPUS , c'est-à-dire, pied ailé. Ce nom a été donné
par Brisson aux chauve-souris du genre des Roussettes. V,
ce mot. (desmO
PTEROSPERMADENDRUM. Nom donné par Am-
mann ( Act. Pelrop , 8 , t. 1 4- , i6 et 1 7 ), au genre Ptéros-
perme. V. ce mot. 11 l'avoit établi sur deux plantes des Indes
orientales, que Linnœus avoit rapportées à son genre /^e/j-
iapetes. Adanson a donné à ce genre le nom de velciga. (ln.)
PTEROSPERME , Pterospermum. Genre de plantes de
la monadelphie dodécandrie et de la famille des malvacées,
fort voisin des Pentapètes, et dont les caractères consistent ;
en un calice simple, coriace , oblong, à cinq divisions; une
corolle de cinq pétales oblongs de la longueur du calice ^
238 P T E
quinze à vingt elamines réunies à leur base, et séparées de
trois en trois par un filament stérile plus long ; un ovaire
supérieur arrondi, surmonté d'un style cylindrique à stigmate
épais; une capsule ligneuse , ovale , ou presque en massue, à
cinq loges bivalves, et contenant, chacune, plusieurs semences
oblongues , comprimées , terminées par une aile membra-
neuse.
Ce genre, qui avoil élé appelé Yelaga par Adanson ,
faisoit partie desPENTAPÈTES de Cavanilles.il est composé de
deux arbres des Indes , à feuilles simples et à fleurs axillaires
et terminales ; savoir :
Le Pterosperme a feuilles de liège , qui' a les feuilles
oblongues, aiguës, légèrenient dentées à leur pointe.
Le PTEROSPtRME A FEUILLES d'érable , qui a les feuilles
oblongues , en cœur obtus , et presque entières, (b.)
PTLROSPOPvE, Pterospora. Plante du Canada, quia
l'apparence d'une Orobanche , mais qui , selon Nuttall ,
Gênera of norlh An/encan plants , forme seule un genre dans
la décandrie monogynîe; genre dont les caractères sont:
calice divisé en cinq parties ; corolle monopétale, ovale, à
cinq dents recourbées ; dix elamines avec des soies à la base,
anthères peltées et à deux loges; un seul style ; une capsule
à cinq valves, à loges incomplètes renfermant un grand nom-
bre de semences attachées à un réceptacle à cinq lobes, (b.)
PTEROSTYLE , Pterosiylis. Plante vivace de la Nou-
velle-Hollande, à tige feuillée, uniflore, qui, seule, constitue,
selon R. Brown , un genre dans la gynandrie monandrie et
dans la famille des orchidées.
Les caractères de ce genre sont : nectaire unguiculé, à
lame appendiculée et bossue à sa base ; les pétales antérieurs
réunis à leur base ; colonne des étamines à quatre ailes; pol-
len farineux.
Le Ptérostyle à grandes fleurs est figuré pi. 2 des
Illustrations de Ferdinand Bauer. (b.)
PTEROTA. P. Brown a donné ce nom au Fagarier ,
fagara pterota , L. , dont il fait un genre, (ln.)
PTEROÏE, Pterutum. Grand arbrisseau rampant de la
Cochincbine, à feuilles alternes, ovales, lancéolées, entières,
petites et glabres , à (leurs disposées en petites grappes axil-
laires, qui forme un genre dans la dodécandrie monogynie.
Ce genre offre pour caractères : un calice de cinq folioles
ovales, concaves et persistantes ; point de corolle ; environ
^juinze étamines; un ovaire supérieur, ovale, surmonté
d'un stigu»ate simple et sessile; une capsule ovale , univalve,
s'ouvrant latéralement, et contenant une semence ailée et
iienteiée dans sa longueur, (b.)
P T E 339
PTEROTHÈQUE, Plerolheca. Genre de plantes établi
par H. Cassioi, pour placer I'Andryale de Nismes, qui
a un calice composé de deux rangs de folioles ; un récep-
tacle garni de poils ; les graines marginales non aigrettées ,
courtes , arquées , munies sur la face inférieure de trois à
cinq ailes membraneuses, (b.)
PTERO FRACHEA. V. Firole. (desm.)
PTERYGIBRANCHES, Pterygibranchia. Crustacés
composant la seconde famille de l'ordre des isopodes. Elle a
pour caractères : branchies en forme de bourses vésiculeuses
ou de lames imitant des écailles ; sept paires de pieds , tous
onguiculés.
Ces crustacés comprennent la plus grande partie du genre
oniscus Ae Linnœus, et formoient , dans nos ouvrages anté-
rieurs, un ordre particulier, celui des télracères^ placé d'abord
à la tête de la classe des insectes, et ensuite dans celle des
arachnides, dont il étoit encore le premier. Voyez \^s gé-
néralités historiques que j'ai présentées à l'article Isopodes.
I. Quatre antennes très-apparentes.
A. Une nageoire composée de deux feuillets insérés à l'extrémité
d'un article commui!, servant de pédicule, de chaque côté de l'extré-
mité postérieure du corps.
Les genres: Cymotho]^ SphÉROME. Voyez aussi : limnorie.,
eurydîcet cegc/ ■, cumpécopée, nœsa , cymodoce et dynamène.
B Extrémité postérieure du corps sans nageoires latérales.
Les genres : Idotée, Aselle, Voyez aussi : sténosome ^
janire eijœre.
Ces crustacés , à l'exception des ligies, respirant à la ma-
nière des ara«(?'iye5 , mais avec des pneumo-branchies exté-
rieures, doivent former une famille particulière.
IL Antennes intermédiaires peu ou point distinctes.
Les genres : Lioie, Philoscie, Cloporte, Porcellion,
Armadille,
IlL Antennes nulles.
Le genre Bopyre. (l.)
PTERYGODION, Ptcrygodion. Genre déplantes établi
par Swartz , pour placer six espèces d'OPHRiDES du Cap de
Ronne-Espérance , qui n'ont pas rigoureusement les carac-
tères des autres. Ceux des ptérygodions sont : corolle presque
en masque, à pétales latéraux extérieurs horizontaux et
concaves , à lèvre supérieure pourvue d'une fossette, dans
laquelle est placée l'ëlamine. (b.)
PTERYGOPHORE, Pteiygophorus. Nom donné par
M. KlUg à un genre d'insectes hyménoptères de notre tribu
n4o P T I
des lenlhréclines. M. Léacli l'a adopté, el lui assigne les CcV
ractères suivans : antennes de grandeur moyenne, conipo--
sées de plusieurs articles; celles des niàies peclinées en
dessous, avec une seule rangée de dents; celles de la femelle
grossissant insensiblement vers leur extrémité el presque
inoniliJormes ; trois cellules cubitales et une seule radiale;
une écaille aux angles antérieurs du corselet; ccusson de
grandeur moyenne, arrondi postérieurement, mulique.
Ce naturaliste en mentionne trois espèces et qui sont toutes
de la Nouvelle-Hollande. Les deux premières, le piérygo-
phore interrompu et le plciygopliorc ceint ^ ont été décrites et
figiu-ées par M. Kliig dans les Mémoires de la société des na-
turalistes de Berlin. La seconde est encore représentée dans
le troisième volume des Mélanges de zoologie de M. Léach,
pi. 14.8. La troisième espèce est son ptérygophore azuré
( cyaneus ). Voyez ces deux ouvrages, (l.)
PTERYOPHORON. L'un des noms grecs du SuccI^^ ou
Ambre, chez Dioscoride. (ln.)
PTÏLIN , Plilinus, Geoff. , Oliv., Fab., Lam. ; Dermesles,
Plinus , Linn. ; Serrocerus , Kugellann. Genre d'insectes , de
l'ordre des coléoptères, section des penlanières, famille des
serricornes , tribu des ptiniores.
Geoffroy a placé dans son genre panache, ptilinus en latin,
deux insectes , séparés cependant«par tous les caractères qui
doivent établir deux genres différens. Le premier insecte
qu'il y décrit, a été rangé par Linnœus parmi les ptines ,
qu'il avoit confondus avec les dermestes dans ses premiers ou-
vrages. Fabriciusl'avoit d'abord placé parmi \eshispes. Quant
au second insecte que Geoffroy comprend avec le premier ,
nous en avons formé le genre drille.
Fabricius, en adoptant ensuite le genre pfilin, y a conser-
vé ce dernier insecte {Jlavescens ). Il y rapporte aussi un autre
coléoptère {mystaccnus) , d'un genre très-différent. F. Rhi-
PICÈRE.
Le corps Aesptilins est allongé , cylindrique ; la tête est un
peu enfoncée dans le corselet:les antennes sont peclinées ou en
«cie plus longues que le corselet;leurs yeux sont arrondis, sail-
lans ; le corselet est convexe , un peu rebordé ; l'écusson est
petit et arrondi ; les élytres sont convexes ; elles recouvrent
deux ailes membraneuses, repliées ; les pattes sont de lon-
gueur moyenne ; les tarses sont fdiformes, composés de cinq
articles, dont les deux premiers sont les plus longs.
Les larves des ptilins , semblables à celles des vrillettes ,
vivent dans le bois mort , et y forment de petits trous ronds
el profonds. Elles ont une tétç écailleuse , pourvue de deux
mandibules cornées , dures , tranchantes , et six petites pattes
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P T 1 2{l
écailleuses. Elles subissent leur métamorphose dans le bois ,
et n'en sortent que sous la forme d'insecte parfait.
Ce genre est composé de trois espèces, dont deux se trou-
vent aux environs de Paris; la plus commune, le Ptilin
PECTINICORNE , ;»///i«u5 pertinicornis , pi. M , 29 , i3, Grossi,
est noirâtre, avec les antennes fauves, et les élytres d'un
brun-marron. Les antennes de la femelle sont filiformes ,
en scie. Son corps est ordinairement un peu plus gros que
celui du mâle. Les antennes de celui-ci sont pectinées (o.l )
PTILION , Plîlium. Un des noms donnés à I'Impé-
RIALE. (B.)
PTILODACTYLE , Ptilodactylus. Genre d'insectes dt
l'ordre des coléoptères , section des hétéromères , formé par
Illiger, avec la cardinale polie ( pfrochroa niiida ) de Degéer.
Les articles des antennes ont chacun un ramean élargi à son
extrémité. Je n'ai point vu cet insecte. 11 me paroît , sous
ce rapport avjîir , beaucoup d'analogie avec la cisièle céram-
hoide de Fabricius. (l.)
PTILOPTÈRES , Ptilopteri , Vieill. Tribu de l'ordre des
OiSEAOX NAGEURS. Pieds courts , posés à l'arrière du corps;
tarses nus, comprimés latéralement; quatre doigts, dont trois
mes ; postérieur court, dirigé en avant, libre ; ailes en forme
de nageoires, sans rémiges. Cette tribu n'est composée que
de la famille des Manchots, (v.)
PTILOSTEMON, Ptilostemon. Genre de plantes éta-
bli par H. Cassini pour placer la Sarrète fausse-queue.
Il a pour caractères : un calice non épineux ; le filet des éta-
mines plumeux; des aigrettes plumeuses. (b.)
PTILOTE , Ptilola, Genre de plantes de la famille des
algues,seconde section (les floridées) de la nouvelle méthode
d'Agardh. Il se compose de quelques espèces deVARECS, dis-
tinctes des autres, d'après rauleur,par des semences nues, ras-
semblées en gloméruies,et entourées d'involucres sétiformes.
La Ptilote PLUMEUSE, Ptilota plumosa (^ fucus plumosus,
Linn. ) , a le feuillage décomposé , pinné , et les pinnules
pectinées. Esper en donne la figure , tab. ^5. (p.b.)
PTILOTE, Ptiloius. Genre de plantes, établi par K.
Brown , dans la pentandrie monogynie et dans la famille
des amaranthes , poiîr placer deux plantes annuelles de la
Nouvelle-Hollande, fortVoisines des Trichinies et des Ama-
ratsthines.
Les caractères de ce genre sont : calice divisé en cinq la-
nières ; étamines réunies par la base , et dépourvues de dents ;
stigmate en tôte ; utricule monosperme sans valve , renfermé
XXVIII. 1^^
.^2 P T J
dans les trois lanières intérieures tlu calice dont le milieu
est earni d'une laine épaisse, (b.)
PTINE, Piinus. Genre d'insectes, de l'ordre des coléop-
tères, section des pentamères, famille des serricornes, tribu
des ptiniores.
Lianeeus a réuni sous le nom de ptinust, les deux genres
établis par Geoffroy ; l'un sous le nom de piilinus , et l'autre,
sous celui de bruchus. Dans la méthode du Naturaliste fran-
çais, ce dernier genre , qui est le même que celui de pline
deDegéer, comprend les vn7/e«g5 et les )b//«^5. Fabricius, en-
fin , a posé les limites de ce dernier genre ; mais il y rap-
porte des insectes qui doivent en être séparés. L'espèce qu'il
nomme longicornis^ est du genre lupère. Son ptiniis spinicornis ,
est un mastige. On placera avec les gibbies^ les ptines sco/iaset
sulcatus; et avec les xylétines, ceux qu'il appelle denllcornis et
serricorràs.
Ce genre est très-distinct et très-facile à reconnoître. Les
insectes qui le composent , ne peuvent être confondus ni avec
les capricornes , parmi lesquels les avoit d'abord placés Lin-
nseus, ni avec les vrillettes , parmi lesquelles il les a ensuite
laissés. Le nombre des articles des tarses les distingue suffi-
samment des premiers; la forme du corselet, et surtout les
antennes filiformes , les distinguent assez des vrillettes , qui
ont leurs antennes terminées un peu en masse.
Les ptinès ont le corps oblong, non bordé ; la tête est pe-
tite, un peu enfoncée dans le corselet et inclinée ; les an-
tennes sont filiformes, assez longues ; elles sont un peu rap-
prochées à leur base, et insérées sur le front; les yeux sont
ronds et un peu saillans. Le corselet, un peu plus étroit que
les élytres , est arrondi,' relevé en bosse, et couvert, dans
la plupart des espèces , de quelques tubercules velus. Les
élytres sont convexes et de figure ovale , plus ou moins al-
longées; elles couvrent deux ailes membraneuses , dont l'in-
secte fait usage pour voler ; quelques espèces en sont dé-
pourvues ; d'autres les ont très-courtes ; il y en a , enfin ,
dont les mâles sont ailés , tandis que leurs femelles sont ap-
tères. Les pattes sont assez longues relativement au volume
du corps, et assez déliées. Les tarses sont composés de cinq
articles , dont le premier est presque aussi long que tous les
autres ensemble. .♦
Les ptines sont des insectes très-petits. On les trouve com-
munciuent sur les murs et dans les maisons , principalement
dans les greniers et dans les endroits inhabités ; on les ren-
contre plus rarement à la campagne. Semblables à bien
d'autres insectes, lorsqu'on les prend, ils retirent la tête,
appliquent les antennes et les pattes contre le corps , et , par
P T I ,^,
ia feinte de la mort , semblent vouloir échapper au danger
qui les menace. - °
Les li^rves des ptines sont hexapodes. Le corps , composé
de plusievrs anneaux peu distincts à cause des rides et des
rugosités ^ui le couvrent, est mou, cylindrique , et légère-
ment velu ; sa partie postérieure est courbée en dessous , ce
qui le fait ^aroître comme relevé en voûte. Les pattes s'ont
courtes , et terminées par un seul crochet. La tête est dure,
écailleuse , et garnie de deux petites mâchoires assez fortes!
Ces larves se nourrissent de plantes sèches , d'animaux des-
séchés , qui ne sont pas dans un état de putréfaction , et par
conséquent , elles doivent être funestes aux herbiers, aux
foins , aux collections d'animaux , aux pelleteries , et autres
objets précieux que l'on est jaloux de conserver. Linnœus
rapporte, d'après Cramer, dans son Systema na/î/rte , pag. 566,
qu'on peut faire périr ces larves nuisibles , par le moyen de
l'arsenic et de l'alun.
Ce genre est composé de dix à douze espèces. On les trouve
presque toutes aux environs de Paris. Celles qui font le plus
de tort aux collections , sont :
Le PïiNE VOLEUR, Ptiniisfur, Oliv., CoIéopL, t. 2, n.« 17,
pl.i , fig. I. Il est d'un brun testacé; son corselet est quadri-
denté ; ses élytres sont brunes, striées avec deux bandes
blanches transverses.
Le Ptine larron , Ptinus lalro, Oliv. , ibid.^ pi. i , fig. 3.
Il est fauve ; son corselet est bidenté ; ses élytres sont testa-
cées , striées.
Le Ptine impérial, Ptinusimperialis, Oliv. , ibid. , pi. i,
fig. 4, que l'on trouve sur le vieux bois. I est d'un brun noi-
râtre, avec le corselet presque caréné, et une tache blanche,
lobée et commune , sur les élytres.
Nous citerons encore : le Ptine pubescent , ptinus pubes-
cens, Oliv., ibid.^ pi. i , fig. 7. Il est noir, pubescent, avec le
corselet élevé postérieurement en forme de bosse, et les
élytres testacées et fortement pointillées. Le Ptine germain,
ptinus germanus^ Oliv. , ibid. , pi. i , fig. 6, Il est brun, avec le
corselet quadridenté ; les élytres striées et mélangées de gris.
Le Ptine rufipède, ptinus rufipes, Oliv., ilnd. , pi. 2 , fig.
8. Il est noir, avec les antennes et les pattes fauves les ély-
tres sont un peu velues et striées, (o. l.)
PTINIORES, Ptiniores , Latr. Tribu d'insectes, de l'or-
dre des coléoptères , section des pentamères , famille des
serricornes , ayant pour caractères : cinq articles à tous les
tarses ; antennes de onze articles, dans la plupart ; de neuf,
dans quelques-uns ; tantôt pectinées ou en scie , tantôt fili-.
.44 I" ■'' ^'
formes ou sétacées, ou quelquefois lemuoe'es brusquement
par trois articles plus grands que les précédens , sans être
réunis en massue ; corps le plus souvent ovoïdo-cylindrique,
arrondi et convexe en dessus , de consistance ferme ; tête
courte , arrondie , ou presque globuleuse , reçue en grande
partie dans un corselet très-cintré ou en forme de capuchon ;
mandibules triangulaires , courtes , échancrées ou bidentées
à leur extrémité ; palpes très-courts , terminés par un arti-
cle plus gros , élargi à son extrémité ; tarses ordinaire-
ment courts.
Ces coléoptères sont petits, bruns ou noirâtres , et contre-
font le mort , lorsqu'on les saisit ; la plupart aiment les lieux
obscurs , criblent de petits trous les matières qu'ils rongent ,
soit en état parfait , soit sous celui de larves. Les uns vivent
dans le vieux bois , les autres attaquent les collections d'a-
nimaux , les livres , les substances préparées avec de la fa-
rine , etc.
I. Antennes uniformes et simples.
Les genres Ptine, Gibbie.
IL Antennes uniformes , pectlnées ou très-en scie.
Les genres Ptilin , Xylétine. ^
Nd^a. l.e genre sandalus de iM. Kiioch paroîf appartenir à la liibu
des ce'brionites.
IIL Antennes terminées brusquement par trois articles plus grands .
Les genres Dorcatome , Vrillette. V. ces mots, (l.)
PTINX. C'est, dans Moehring , le nom de I'Aishinga.
V. ce mot. (.s.)
PTIPJASES. Maladie des arbres. V. Arbre, (toll.)
PTOMAPHAGE , Ptomophagus. Illiger donne ce nom
aux Cholèves de Latreille. V. ce mot. (o.)
PTSCHENIZA. Nom russe du Froment, (ln.)
PÏSCHENO. Nom russe du Riz. (ln.)
PTYCHOCARPA. Division du genre grevillea de Robert
Brown , qui comprend des espèces susceptibles de former
un genre distinct. Le ptychocarpe rentre dans le genre Ly-
santhe de Knigt. (ln.)
PTYCHODE, Ptychodes.i^tnve de plantes , de la famille
des mousses, proposé par Weber , et composé de plusieurs
espèces d'ORTHOTRiC. (P.B.)
^ XT A 345
PTYCHOPTÈRE , P/ychoptem , Meig. , Latr. , Fab.
(icnre dMnsectes de l'ordre des diptères , famille des némo-
cères, tribu des tipulaires , et dont les caractères sont : point
d'yeux lisses ; yens ordinaires ovales et entiers ; ailes écar-
tées; dernier article des palpes noueux ou comme articulé;
antennes presque sétacées, un peu velues , de seize articles ,
dont le troisième fort long, cylindrique , et les suivacs, ova-
laires ; lèvres de la trompe longues et inclinées.
L'espèce la plus connue est la Ptychoptère tachetée ,
Plychoptera cuntaminata , Meig. , Dipi. , part, i , tab. 4 »
fig. 10- 13. Elle est d'un noir foncé , avec deux bandes fauves ,
divisées quelquefois en quatre taches , sur l'abdomen. Les
ailes ont deux bandes noirâtres et courtes; sa chrysalide est
cylindrique , velue , avec un fil allongé , à son extrémité an-
térieure. Voyez Réauraur , Mem. imeci. ^ tom. 5, pi. 6,
fig. I.(L.)
PÏYCOSPERME, Ptycosperma. Genre de palmiers, éta-
bli par Labillardière, sur une seule espèce découverte par
lui dans l'île de la Nouvelle - Irlande. Sa tige a quelque-
fois soixante pieds de haut , sur deux à trois pouces seulement
de diamètre. Ses feuilles sont ailées, et composées d'une
trentaine de folioles alternes , tronquées obliquement, et ir-
régulièrement dentées au sommet. Son régim.e , d'abord
renfermé dans une spathe de plusieurs pièces caduques , a
trois pieds de long, est fort rameux, et porte un grand nom-
bre de fleurs hermaphrodites et sessiles, chacune composée de
six folioles inégales , de vingt à trente étamines attachées au
réceptacle et d'un ovaire supérieur , surmonté d'un stigmate
trifide.
Le fruit est une baie rouge, fibreuse , contenant une amande
fibreusft.
Ce palmier se rapproche des Arecs et des Elatés. (c.)
PTYOCERE , Piyocerus. Genre d'insectes coléoptères ,
établi par Thunberg sur le melasîs inysiacina de Fabricius. Je
soupçonne que le melasis picea, figuré par M.Palisot-de-Beau-
vois {InsecL rerueill. en Afriq. et en Amer. Coléopt. , pi. 7 ,
fig. I ) , est congénère. Si mes conjectures sont fondées , les
ptyocères seroient intermédiaires entre les iaiipins et les céro-
phytes. (l.)
PUAN-BOUGA. Nom qu on donne, à Java , à une es-
pèce de PÉRAGU , Clerodendrum calamiiosum , L. (ln.)
PUANT. Dénomination que , dans les campagnes, on a
donnée au putois ( espèce de Marte ) , à cause de l'odeur
insupportable qu'il répand au loin, (s.)
PUANT, Bête puante. Surnom donné aux Moufettes.
V.'cQ mot. (desm.)
34G P U C
PUANT. Un des noms vulgaires de la Huppe et dti
MARinN-PÊCHEUR, (B.) *
PUBERTÉ, r. Génération, car c'est Te'poque à la-
quelle on y devient apte, (virey.)
PUBIS. Se dit des deux os qui unissent le bassin anté-
rieurement, et se soudent par une symphyse. Ils sont atta-
chés aux os des iles et ischion. Ces os sont recouverts par un
coussinet d'un tissu cellulaire , graisseux chez l'homme et
encore plus dans la femme ; à l'âge de puberté , ils se cou-
vrent de poils. F. Sexe, (virey.)
PUCC \RARA. A la Guyane , au rapport deBancroft ,
c'est le nom d'un quadrupède , qui paroît être Vaperea ou le
type de l'espèce du Cobaye cochon d'Inde, (desm.)
PUCGINIE , Puccînia. Genre déplantes cryptogames de
la famille des Champignons, qui a été établi aux dépens des
Moisissures de Bulliard. Il offre pour caractères : un cylin-
dre, sur lequel sont posées des semences caudées, disposées
en rayons , et qui se déchirent avec élasticité. M. Link n'y
comprend que les espèces dont les sporidies sont oblongues ,
cylindriques , cloisonnées et stipilées.
Ce genre contient un grand nombre d'espèces , dont l'une
est figurée pi. 4» 5 de V Herbier de la France , par Bulliard.
Draparnaud a fait un nouveau genre aux dépens de celui-
ci , et l'a appelé Strombome.
Lies Puccinies, comme les Uredo et les Ecidies, vivent
sur les plantes vivantes qu'elles font périr ou dont elles em-
pêchent au moins la fécondation. Il n'y a pas plus moyen de
s'opposer à leurs ravages qu'à ceux de la Carie , du Charbon
et de la Rouille. Les plantes cultivées auxquelles elles nui-
sent le plus, sont : le Rosier, I'Orme , le Jasmin, k Gro-
seillier rouge, les Pruniers , le Froment et autrel^ Gra-
minées , les Haricots , les Trèfles, les Pois.
Quatre espèces de ce genre sont figurées pi. 3 de l'ou-
vrage de Bernardi , sur les plantes rares de la Sicile, (b.)
PUCE , Pu/ex. Genre d'insectes , de l'ordre des suceurs ,
dans ma Méthode et celle de Degéer; de celui des rhyn-
gotes , dans le Système de Fabricius; de l'ordre des aptères,
dans la plupart des autres méthodes , et formant seul Tordre
du même nom , dans celle de M. de Lamarck. Ses caractères
sont: six pattes; point d'ailes; des métamorphoses; un bec
articulé, formé de deux lames, renfermant un suçoir. V.
l'article Suceurs.
En divisant , comme l'a fait M. de Lamarck , les insectes
qui subissent des métamorphoses en deux grandes coupes ,
ceux qui ont des mandibules et des mâchoires , et ceux où
P U C 247
ces organes sont transformés en un suçoir, l'ordre des su-
ceurs semble être intermédiaire entre les hémiptères et les dip~
tères. Voyons les caractères des puces.
Le genre des puces nous offre des insectes dont la bouche
a de grands rapports avec celle des hémiptères, et dont les
mélamorphoses ressemblent parfaitement à celles de plu-
sieurs tipules , qui doivent incontestablement être mises à la
tête des diptères.
Les puces ont le corps ovale , comprimé , revêtu d'une
peau assez ferme , divisé en plusieurs anneaux , dont ceux
qui forment l'abdomen sont composés de deux lames ,
l'une supérieure et l'autre inférieure ; la tête de ces insectes
est arrondie en dessus, très-comprimée sur les côtés, tron-
quée à sa partie antérieure et inférieure ; elle est pourvue de
deux yeux petits , ronds, luisans, qui paroissent lisses , et qui
sont situés sur les côtés; de deux antennes courtes, insérées
près des organes de la manducation , composées de quatre
articles presque cylindriques , dont le dernier est un peu plus
gros , plus allongé , comprimé et arrondi à son extrémité ;
d'une bouche consistant en une espèce de lèvre supérieure ,
formée de deux espèces d'écaillés triangulaires, représentant
peut-être les palpes; d'un bec cylmdri -conique , court , à
trois articulations, formé de deux lames ou valvules réunies ,
et servant de gaine à un suçoir de deux soies; sous les yeux
est un petit enfoncement , dans lequel on voit se mouvoir de
temps à autre un petit corps cylindrique ; les pattes sont
grandes, surtout les postérieures, qui servent à l'animal pour
sauter; les antérieures sont insérées sous la tête ; elles sont
toutes plus ou moins épineuses ; les hanches sont grandes ; les
tarses sont presque cylindriques, longs , à cinq articles dis-
tincts , et terminés par deux crochets contournés ; chacune
de ces pattes est portée sur un article du tronc.
Les organes sexuels du mâle consistent en une pièce cylin-
drique, renflée, tronquée et charnue à son extrémité, logée
entre deux pièces ou valvules, sur la face interne et concave
de chacune desquelles est un crochet écailleux. Ces organes
sont placés , comme à l'ordinaire , à l'extrémité de l'abdo-
men. On voit à la même place, dans les femelles , deux val-
vules latérales, voûtées et arrondies, et dans l'entre-dcux ,
une pièce faite un peu en losange , dontla moitié supérieure
est coriacée, ponctuée et a une arête , et dont l'autre ou
l'inférieure est membraneuse et percée d'un trou au milieu ;
c'est l'ouverture destinée à recevoir les organes de la géné-
ration du mâle et à rejeter les excrémens.
L'accouplement de ces insectes présente un fait assez
singulier. Le mâle est placé sous la femelle ; le ventre de
34S P u c:
de l'un esl appuyé contre celui de l'autre par les mêmes faces,
et leurs têtes sont en regard.
Si on renferme dans un vaisseau un certain nombre de
femelles , dans le temps qu'elles commencent à paroître ,
quelqu'une d'elles ne tardera pas à pondre. Leur ponte est
environ d'une douzaine d'œufs ; ces œufs sont assez gros ,
ellipsoïdes , blancs et un peu visqueux. Roësel prétend que
la mère les laisse tomber au hasard ; mais il est probable
qu'elle les colle à différens corps. Lorsque la saison est favo-
rable , les œufs éclosent au bout de cinq à six jours. A la
sortie de son enveloppe, la larve estblanche et transparente;
un peu plus âgée , elle devient rougeâlre. Une chose qui de-
vroit nous surprendre , si nous ne savions combien la nature
mis de finesse et de sagacité dans ses moyens conservateurs
de la postérité des insectes , est la difficulté de rencontrer
dans nos appartcmens celte larve. Il est hors de doute que
nous y en avons beaucoup. Examinez cependant avec soin
les balayures de votre chambre à coucher , et rarement y
découvrirez-vous ces larves. Il estdonc vraisemblable qu'elles
se tiennent cachées dans les replis des différentes pièces qui
composent nos lits, ou dans tout autre endroit qui les dérobe
à nos poursuites. Il est plus aisé de les trouver dans les nids
des oiseaux, des pigeons. Elles s'attachent fortement à la
tête de ces derniers , lorsqu'ils sont jeunes , et leur sucent le
sang au point d'en être toutes rouges.
Ces larves sont allongées, cylindriques, sans pattes , quoi-
que des auteurs leur en donnent; elles sont très-vives, et pres-
que toujours en mouvement; elles roulent leur corps, soit en
cercle, soit en spirale etserpentent;oncroiroit voir en elles de
petits vers;elles ont treize anneaux, marqués par des incisions
profondes ; la tête est écailleuse , ovale, sans yeux, munie de
deux asjtennes très-petites, cylindriques, biarticulées ; la
bouche offre deux barbillons coniques , dirigés en avant en
forme de pointes mobiles , plus petits que les antennes ; ce
sont peut-être des filières. Degéer dit avoir vu une pièce
mobile et pointue , que la larve pousse continuellement en
avant quand elle marche , s'en servant comme d'une patte ,
haussant et baissant continuellement la tête ; les anneaux
sont garnis de quelques poils en petites touffes, et le dernier
a deux longues tiges mobiles , transparentes , grosses à leur
base , déliées ensuite , arquées en dessous , écailleuses , en
forme de crochets , qui aident l'animal à s'accrocher sur
le plan de position ; la transparence du corps laisse aperce-
voir dans son milieu un vaisseau , occupant presque toute
sa longueur, droit , excepté vers le bout postérieur , où il se
détourne et fait une courbe en zigzag ; les parties charnues
P u c ,49
des plumes , le sang des animaux, elc , lui servent de nourri-
ture. Après avoir demeuré une douzaine de jours dans cet
état (i) , si le temps a été assez chaud , la larve se renferme
dans une petite coque soyeuse , ellipsoïde , blanche en dedans ,
grise en dehors, et souvent couverte de poussière , qu'elle
attache aux corps environnans ; bientôt elle s'y change en
nymphe , dont la forme ne diffère presque pas de celle de
l'insecte parfait. Je ne pense pas, comme paroît le croire
Roësel , que les individus plus clairs soient des mâles , puis-
que dans l'état parfait cette différence de teintes ne s'observe
point , du moins comme un signe indicateur des sexes. Onze
ou douze jours après que cetle larve s'est ensevelie dans ce
tombeau , la nymphe se dépouille d'une pellicule qui enve-
loppoit ses membres , devient insecte parfait , et se montre
à nos yeux sous la forme quj j'ai décrite et qu'elle conserve
toujours. Des sauts signalent les premiers instans de sa nou-
velle vie. Les larves qui ne sont nées qu'à la fin de l'été ,
passent l'hiver sous cette forme.
Les puces , comme tout le monde sait , sont des insectes
parasites ; elles préfèrent la peau délicate des femmes et des
enfans à celle d'autres personnes. Elles nichent dans la four-
rure des lièvres , des chiens et des chats, qui en sont très-
tourmentés , surtout en été et en automne. Plusieurs oiseaux
y sont très-sujets , tels que les pigeons , comme nous l'avons
dit , ainsi que les poules et les hirondelles.
Suivant le témoignage d'Ovington, les Indiens , confor-
mément à leur croyance sur la métempsycose , prodiguent à
ces animaux , ainsi qu'à toutes les espèces de vermines qui
sucent le sang humain , des soins extravagans. Un hôpital a
été établi pour elles, près de Surate. Leur pâlure est achetée
aux dépens d'un imbécllle , livré pendant la nuit à la voracité
de plusieurs de ces animaux.
Les puces ont prêté matière à l'industrie de l'homme , et
ont fait produire des effets surprenans d'adresse. On a vu
une puce de grandeur médiocre traînant un canon d'argent,
soutenu de deux petites roues, pesant quatre-vingts fois plus
qu'elle , qu'on chargeoit de poudre , et qu'on faisoit partir
sans que la puce parût épouvantée. Mouffet rapporte qu'une
autre puce traînoit avec facilité une chaîne d'or , de la lon-
gueur du doigt , avec un cadenas fermant à clef, et qui avec
l'animal pesoit à peine un grain. Un ouvrier anglais avoit
construit , suivant H 00k , un carrosse en ivoire , à six che-
vaux, renfermant quatre personnes , ayant deux laquais sur
le derrière , un cocher sur le siège , entre les jambes duquel
II) Vn {!e mes amis en a conservé une pendant un an.
35o P U C
étoit un chien, traîné par une puce. Quelle finesse de travail!
Mais pourquoi ne l'avoir pas consacré à des objets plus
utiles f*
En étudiant un si petit animal , plusieurs sujets d'admira-
tion se présentent à notre esprit quelle force prodigieuse
dans les muscles de la puce , puisqu'elle s'élève jusqu'à trente
fois sa hauteur ! Quelle singulière structure dans le chalumeau
avec lequel elle soutire notre sang ! Gomme la nature a été
sage et prévoyante en lui donnant une forme comprimée, et
qui fait que cet insecte pénètre plus facilement entre les poils
des animaux, et s'y tient caché ! Comme elle l'a garanti en
cuirassant son corps, l'enveloppant d'une peau ferme, élas-
tique , et capable de résister à la pression de nos doigts !
Je n'entrerai pas ici dans le détail de tous les moyens qu'on
a prescrits pour détruire ces insectes incommodes. I^es uns
recommandent qu'on mette dans les appartemensdes plantes
d'une odeur forte et pénétrante , la sarriete , le pouillot , ou
des plantes acres , la persicaire , ou des végétaux à feuilles
gluantes, des branches à' aune ; d'autres ont recours à un
onguent mercuriel , à une eau bouillante , dans laquelle on
a mis simplement du mercure , et qu'on répand dans la
chambre. Il y en a qui prescrivent la vapeur du soufre. Les
habitans de la Dalécarlie placent dans leurs habitations une
peau de lièvre ; ces insectes s'y réfugient ; il est facile ensuite
de les faire périr par le moyen de l'eau ou par le feu.
Nous murmurons souvent contre la nature, et nous con-
sidérons les puces et autres vermines , comme une tache qui
souille le beau tableau qu'elle étale à nos yeux. Mais soyons
raisonnables et admirons la sagesse de ses desseins , d'avoir
choisi le sentiment de la douleur pour la sentinelle qui nous
avertit de nos vices ou du désordre de nos habitudes. Entrons
dans ses vues ; que la propreté sans faste règne dans nos ap-
partemens ; exposons vers la fin de l'automne et vers le com-
mencement du printemps , à une chaleur assez forte , les
différens meubles qui pourroient receler nos ennemis , nous
détruirons bientôt le germe de nos incommodités, et nous
cesserons de calomnier la nature , si nous n'avons pas assez
de reconnoissance pour l'étudier et l'admirer.
On ne connoît encore qu'un petit nombre d'espèces de
puces ; mais il est probable que lorsqu'on examinera avec
plus d'attention les puces de différens animaux , on en dé-
couvrira plusieurs autres espèces.
Puce irritante , Pulesn imians , Linn. , Geoff. , Fab. Elle
est d'un brun-marron ; ses pattes sont d'une couleur moins
foncée; ses anneaux sont bordés de poils courts et roides ,
coutlîës sur la peau. Le mâle est de moitié plus petit que la
femelle. On le trouve en Europe et en Amérique.
Puce a bande , Pulex fasciatus ^ Bose; Bulletin des Sciences
de la Société philomat. , n.° 44- Cette espèce se trouve sur le
lérot, la taupe, le renard et le rai d' Amérique. Elle est d'un brun
plus clair que la précédente. La partie supérieure de son second
anneau a un rang désoles très-noires,imitant assez unebande.
Puce pénétrante, Pulex penetrans, Linn. Cet insecte ,
connu dans les Colonies françaises sous le nom de chique ,
se trouve en Amérique, pénètre dans la chair des hommes
par les pieds , y dépose ses œufs, et occasione des accidens
fâcheux, la mort même. Sa trompe est de la longueur du
corps , ce qui le distingue des précédens. On y rapporte le
tunga dont parle Marcgrave , et qui est si incommode pour
les habitans du Brésil. La puce pénétrante paroît devoir for-
mer un genre particulier, (l.)
PUCE AQUATIQUE. V. Daphnie, (l.)
PUCE AQUATIQUE. On a aussi donné ce nom aux
Gyrins ou Tourniquets, (desm.)
PUCE DES FLEURS DE SCABIEUSE (^insecte).
Muralto donne ce nom à un insecte peu connu. Voyez Collecl.
acad. , part, étrang. , tom. 3 , pag. 4.76. (l.)
PUCE DE NEIGE {insecte-:). Voyez PoDURE. (l.)
PUCE DE TERRE. Les Mordelles ont été ainsi ap-
pelées, (desm.)
PUCE DE TERRE. Insecte du Cap de Bonne-Espé-
rance, qui fait un grand dégât dans les jardins, en gâtant les
semences et broutant les jeunes et tendres jets. C'est peut-
être une Altise. (l.)
PUCELAGE. Nom très-vulgaire et très-impropre, don-
né quelquefois à la petite Pervenche. V. ce mot, (B.)
PUCELAGE. Coquille du genre Porcelaine , Cryortca,
Linn. (b.)
PUCELLE. Nom qu'on donne , au marché de Paris , à
un poisson assez peu estimé. C'est la femelle de I'Alose
feinte. La Galanthine le porte aussi, (b.)
PUCERON , Aphis. Genre d'insectes de l'ordre des hé-
miptères, section deshomoptères, famille des hyménély très,
tribu des aphidiens , ayant pour caractères : élytres de même
consistance ; bec partant du dessous de la tête , allongé , et
distinct ; antennes presque sétacées , sans soies au bout , de
six à sept articles , dont les troisième et quatrième plus longs;
tarses à deux articles.
Les pucerons ont le corps mou ; la tête presque ronde, avec
deux petits yeux lisses; les élytres et les ailes membraneuses,
en toit, avive arête; l'abdomen ovale , ayant ordinairement
a52 P U C
deux tubercules ou deux mamelons à rcxlrémîté ; plusieurs
sont aplères.
Les pucerons sont de petits insectes qu'on trouve commu-
nément réunis en très-grande quantité , sur presque toutes les
plantes; ils sont lourds, marchent peu; on en voit d'immo-
biles, former des masses sur des tiges et sur des feuilles. Les
plus célèbres naturalistes ont écrit l'histoire de ces insectes,
qui offrent des singularités dignes de fixer l'attention. La
première, celle qu'on remarque sans observation suivie, c'est
que, dans la même espèce , on trouve des femelles ailées et
sans ailes. Ces dernières, qu'on pourrolt prendre pour des
nymphes, sont des insectes parfaits , en état de se reproduire
comme celles qui ont des ailes. Une autre singularité de ces
insectes , c'est que pendant un certain temps de l'année , ces
d'eux sortes de femelles mettent au jour des petits vivans , et
pendant un autre, elles pondent des œufs qui paroissent des-
tinés à perpétuer l'espèce qui périt pendant l'hiver. Ces fe-
melles s'accouplent en automne , et c'est après leur accou-
plement qu'elles sont ovipares ; pendant tout l'été , elles
sont vivipares. Les femelles ailées et celles sans ailes, produi-
sent également des petits qui deviennent allés , et d'autres
qui n'auront jamais d'ailes. Ces femelles sont très-fécondes;
elles font quinze à vingt petits dans la journée.
La troisième singularité de ces Insectes, celle qui étonne
le plus , et qui les a fhit observer avec la plus grande atten-
tion , par Bonnet, Réaumur et Lyonet , c'est qu'ils peuvent
se reproduire sans s'être accouplés; et il paroît que la femelle
qui a reçu le mâle , en transmet rinfluence à ses descen-
dans femelles, pendant plusieurs générations (i). Les ob-
servateurs cités ont pris des petits en -sortant du ventre de
leur mère , les ont élevés dans la plus parfaite solitude , et
les ont vus en faire d'autres qui , ensuite élevés séparément
et successivement , ont été féconds pendant plusieurs géné-
rations, sans avoir eu de communication avec aucun individu
de leur espèce. Bonnet , qui est celui qui a le plus étudié ces
insectes , a vu neuf générations en trois mois, pour un seul
accouplement. Quoiqu'il semble extraordinaire qu'il y ait des
animaux en état de se perpétuer sans avoir été accouplés, on
ne peut cependant douter de ce fait, attesté par plusieurs ob-
servateurs dignes d'être crus.
Dès que les pucerons sont nés , ils marchent et vont cher-
cher sur la plante, un endroit pour s'y fixer et la sucer;
(i) M. Jurlne de Genève a de'couvert In même proprit'le a des fe-
melles de plusieurs espèces de monocles.
^' T' (^' .53
comme Ils aiment à vivre en société , ils se placent toujours
les uns auprès des autres. Ils restent environ douze jours sous
la forme de nymphe , pendant lesquels ils changent qua-
tre fois de peau ; après avoir quitté la dernière , ils sont en
étal de se reproduire. Rassemblés sur les feuilles ou sur les
tiges des arbres , les pucerons paroissent être dans l'inaction ;
mais ils sont occupés à en tirer le suc avec leur trompe. Sou-
vent , leurs piqûres causent des altérations très-sensibles aux
feuilles , même aux tiges des arbres. Ceux qui vivent sur le
tilleul , s'attachent aux jeunes pousses , sur lesquelles les pe-
tits s'arrangent à mesure qu'ils naissent ; ils se placent à la
file les uns des autres , sur un des côtes du jet ; font prendre
à la nouvelle tige différentes courbures , et se logent dans
les cavités qu'elle forme. On voit souvent sur les groseilliers
et les pommiers , des feuilles couvertes de tubérosiiés; ce
sontles pucerons qui les font naître. Surlesfeuilles de forme,
ils produisent des vessies ou espèce de galles creuses , commu-
nément de la grosseur d'une noix , quelquefois aussi grosses
que le poing. Ces galles ne sont pas habitées seulement par
les petits, comme le sontles galles des cinips; elles renfer-
ment aussi la mère , qui s'y loge pour faire ses pontes.
Presque tous les pucerons sont plus ou moins couverts d'un
duvet cotonneux ; ceux qui vivent sur le chou et sur le pru-
nier n'ont que très-peu de cette matière qui resseuïble à de
la farine ; ceux des vessies de l'orme en sont entièrement cou-
verts. Cette même matière se trouve sur ceux du peuplier ,
sous la forme de filets cotonneux ; mais aucune espllfce n'en
a une aussi grande quantité que celle du hêtre; ces filets ont
quelquefois un pouce de longueur , et sont flottans sur le
corps de l'insecte , auquel ils tiennent peu ; le frottement
les enlève.
Partout où on trouve des pucerons, on est presque sûr de
trouver des fourmis ; elles y sont attirées par leur goût pour
une liqueur sucrée qui découle continuellement des deux
cornes que les pucerons ont à l'abdomen; il en sort une assez
grande quantité pour que les vessies de l'orme et les tubéro-
sités des feuilles du groseillier en contiennent des gouttes de
la grosseur d'un pois; cette liqueur, qui est limpide et trans-
parente , s'épaissit à l'air. P\éaumur dit qu'elle est aussi douce
que le miel, et d'un goût plus agréable.
Les pucerons sont très-nombreux , et le seroient encore
davantage , sans des ennemis terribles qui les dévorent chaque
jour par centaines. Les larves d''hémérobes, et celles de quel-
ques diptères de la tribu des syrphies , en suivant leur appétit ,
délivrent les cultivateurs d'un fléau ; car ces insectes si féconds
se multiplieroient à un tel point, qu'ils finiroient par dessé-
a54 P U C
cher les plantes qu''iis rendent difformes. Ces insecles étant
fort mous , on peut les enlever avec un pinceau mouillé , et
en purger ainsi les arbres peu élevés. Mais un moyen plus
expédilifet plus facile,-est de brûler, sous les arbres, du sou-
fre ou du ^abac , et d'en conduire les vapeurs ou la fumée
sur les parties affligées , avec un soufflet ou un tuyau. On a
décrit plus de soixante espèces de pucerons , parmi lesquels
on distingue les suivans :
Puceron DE l'orme , Jphisjilmi, Linn. , Geoff. , Fab. Il
a les antennes grosses , le corps cylindrique , de couleur
brune , couvert d'une poussière farineuse ; les ailes très-lon-
gues, en toit, avec une petite tache brune, au milieu du bord
extérieur ; les cornes de l'abdomen courtes.
Il vit rassemblé , en grande quantité , dans une vessie at-
tachée aux feuilles de l'orme par un pédicule très-court.
Cette vessie est produite par l'extravasation des sucs de la
feuille piquée par ces pucerons.
Puceron du peuplier, Âphis populi, Linn., Fab. Il est
vert entièrement, et couvert d'un duvet cotonneux assez long.
On le trouve en quantité sur les feuilles du peuplier noir ,
renfermé dans une feuille pliée en deux , qui forme une
vessie ; chaque feuille est , en outre , couverte de tubérosités
rougcâtres.
Puceron du sureau , Aphis sambuci , Linn., Geoff. , Fab.
Il est d'un bleu noirâtre. On le trouve en si grande quantité
sur le sureau , que les feuilles et les liges en sont couvertes.
PucÊliON DU HÊTRE , Aphis fag'i , Linn. , Geoff. , Fab. Il
est entièrement vert , couvert d'un duvet blanc , cotonneux,
quelquefois long d'un pouce , lorsque l'insecte est âgé ; très-
court , lorsqu'il est jeune ; ce duvet s'enlève par le moindre
frottement.
On le trouve sur le hêtre. /
Puceron du chêne , Aphis roboris , Linn. , Fab. Il est
assez gros, d'unbrunnoirâtre:sespattessont très-longues; les
antérieures sont d'un brun jaunâtre ; ses cornes sont très-
courtes. On le trouve sur le chêne.
Puceron DU LAiTRON , Aphis somhi^ Linn. , Geoff., Fab.
Il est d'un vert mat ou bronzé ; il a une queue recourbée ,
placée à l'extrémité de l'abdomen , entre les deux cornes.
M. Dutrochet , dans un mémoire lu à l'Académie des
Sciences , a décrit les organes générateurs de cette esj)èce.
Puceron des écorces , Aphis guercih, Linn. , Geoff. , Fab.
Il est très-petit , d'un brun-roux. Ce que cet insecte a de sin-
gulier , c'est sa trompe , qui est trois fois plus longue que
son corps ; il la porte sous son ventre, et son extrémité est
relevée sur le dos; il la raccourcit et l'allonge à volonté, ei
P U D .5
renfonce tellement dans l'écorce des arbres , que pour l'en
ôter , on enlève avec lui un petit fragment de bois. Ce puccr-
ron n'a pas de cornes.
On trouvera dans le troisième volume des Mémoires sur les
Insectes de Degéer , dans la Faune de Bavière de Schranck
les descriptions détaillées d'un grand nombre de pucerons.
V. aussi les Mémoires de la Société d'agriculture de Londres ,
sur le Puceron du rosier , et le septième volume des Actes
de la Société Linnéenne. (L.)
PUCERONS AQUATIQUES ou PUCERONS
RRANCHUS. On a ainsi appelé les crustacés du genre
Daphnie, (b.)
PUCERONS BRANCHUS. V. l'article précédent, (b.)
PUCERONS C FAUX ). V. P.sylle. (l.)
PUCHAMCAS. Nom donné par les Indiens, au Néflier
A FEUILLES DE CORNOUILLER de Lamarck , n.o 17, (B.)
PUCHINouPUClN. V. Poussins. (DESM.)
PUCHO. C'est le Costus d'Arabie, (b,)
PUCHOT. Nom donné à la Trombe de mer , par quel|L
ques voyageurs. V. Mer. (pat.)
PUCIERE. Nom vulgaire du Psylion. (e.)
PUCIN. V. PUCHIN. (DESM.)
PUCSARMA. Nom du Balisier , à Ceyla-n. (ln.)
PU-CUM-TSAO. Une espèce de Lfondent ( Leontodon
chinense ^ Lour. ) porte ce nom, à la Chine, (ln.)
PUDEL 0U.BUDEL. Noms allemands des Chiens ca-
niches ou Barbets, (desm.)
PUDENDUM MARINUM, Pudendum regale. On a
donné ces noms à diverses espèces d'HoLOTHURiE. (desm.)
PUDIS. En Languedoc , on désigne par ce nom le
Térébinthe , et une espèce d' Alisier ( Cratœgus tormina-
lis). (LN.)
PUDER ou GAT- PUDRE. Au pied des Pyrénées,
et dans la vallée de l'Aude > c'est la Marte putois (Mus-
tela putorius ). (desm.)
PUDU. Ruminant du Chili, décrit par Molina , placé
long-temps dans le genre des moutons, que M. Blainville croit
devoir rapporter à celui des Antilopes , à cause de la forme
des cornes qui sont rondes et lisses. V. Antilope améri-
caine , tome 2 , pag. 208,
Ce pudu est de la taille d'un chevreau de six mois ; sa
couleur est obscure ; et son menton n'a pas de barbe. Le
mâle seulement a de petites cornes divergentes. Il habile les
montagnes , et descend dans les vallées dans les temps de
neige. Il est alors facile de le prendre et de l'apprivoiser ,
parce qu'il est d'un naturel docile, (desm.)
256 P U 1
PUERCO. Eu espagnol, c'est le Cochon , et puerca , fa
Truie, (desm.)
PUETTE. La Passer. \ge se nomme ainsi dans quelques
lieux, (b.)
PUÏTIN. V. Pétrel-puffin et Macareux.
PuFFiN DU Brésil. V. Pétrel-puffin du Brésil.
PuFFiN du Cap de Bonne-Espérance. V. Pétrel-puffin
BRUN.
PuFFIN CENDRÉ. F. PÉTREL-PUFFIN CENDRÉ , Seclion des
PÉTRELS-PUFFINS. (V.)
PUG-DOG. Les Anglais désignent par ce nom la race du
chien àogw'n. (DESM.)
PUGK). Ce nom , qui signifie poignard en latin, étoit
donné par les anciens au Glayeul , à cause jie la forme
des feuilles de cette plante, (ln.)
PUGIONION, Pugionium. Plante à feuilles linguiformes,
entières, semi-amplexicaules; à fleurs petites, disposées en
grappes terminales, sur des pédoncules très-écarlés , qui fai-
^^it partie des Buniades, mais dont Gsertner a fait un genre
particulier dans la tétradynamie siliculeuse.
Ce genre a pour caractères : un calice court ; une corolle
de quatre pétales étroits , entiers , acuminés ; six étamines ,
dont deux plus courtes ; un ovaire supérieur , biloculaire ,
surmonté d'un style court , à stigmate simple ; une silicule
membraneuse, comprimée transversalement, ovale, termi-
née à chacune de ses extrémités par un appendice allongé ,
ensiforme, muni sur ses côtés de pointes divergentes, unilocu-
laire dans la maturité, et contenant une seule semence arillée.
Le pugion croît dans la Sibérie et dans la Perse. Il n'est
remarquable que par la singulière conformation de son fruit.
(B.)
PUHACZ. Nom polonais du Grand-duc. (v.)
PU-HOAM. Nom donné, en Chine, à une espèce de
Massette ( typha lalijolia , Lour. ). (LN.)
PUINE. L'un des noms vulgaires du Cornouiller san-
guin, (b.) ^
PUITAGA. Nom que les naturels du Paraguay ont im-
posé au Tyran botaveen. V. ce mot. (v.)
PUITS. Tout le monde sait qu'un puiis ordinaire n'est
autre chose qu'un trou dans la terre , creusé perpendiculai-
rement jusqu'à ce qu'on trouve une source dont l'eau coule
sur un lit de glaise ou de roche , ou autre matière imperméa-
ble , dans laquelle on creuse à la profondeur de quelques
pieds, pour former un bassin dans lequel se rassemble l'eau
qui suinte des couches de terres supérieures.
Dans les travaux des mines , on nomme puits ou ôures^ des
P U L
5/
ouvertures ftarrë^es , creusées perpendiculairement dans la
terre , et revêtues de charpentes pour empêcher les ébouie-
niens. Ces puits servent ordinairement à plusieurs usages , et
sont d'une grandeur assez considérable : on leur donne jus-
qu'à dix pieds sur quatre de largeur. Ils servent , soit au pas-
sage des ouvriers , soit à extraire les eaux ou le minerai , et
sont disposés suivant l'usage auquel on les destine. Ceux qui
servent au passage des ouvriers , sont garnis d'échelles per~
pendiculaires de vingt -cinq à trente pieds de longueur, au
pied desquelles est un repos , et à côté , un puils semblable
au précédent , et ainsi jusqu'au fond de la mine , qui a sou-
vent cinq à six cents pieds de profondeur , et quelquefois
bien davantage.
Ceux qui sont destinés à l'extraction du minerai, vont sans
interruption jusqu'aux galeries où se font les travaux.
Les puits à air ou puits (ïairage sont uniquement dfeslinés
à changer l'air des souterrains au moyen d'un tuyau qui
monte depuis le fond de la mine jusqu'au jour , où l'air des
souterrains est pompé au moyen d'un fourneau placé sur
l'ouverture du puits. V. Mines, (pat.)
PUKSHISK. V. Berglronette DE LA BAIE d'Hudson.(v.)
PULCOLI. Rhéede figure sous ce nom la Carmantine
NEZ ( justicia nasuta ). (B.)
PULE. Nom de deux arbres figurés par Rumphius , dont
l'nn appartient à la famille des Apocinées , et l'autre à celle
des Urticées , mais dont on ne connoît pas les parties de la
fructification, lis ne présentent rien de remarquable, (b.)
PULEGIUM. Deux plantes sont mentionnées par Pline,
sous cette dénomination : Tune est le pulegium que l'on culti-
voit , et l'autre le pulegium sauvage.
Pline ne donne pas de description de la première espèce ;
il se contente de faire observer qu'on en distinguoit deux sor-
tes , qui ne différoient absolument que par la couleur des
fleurs , rouges dans le pulegium qu'il nomme femelle , et
blanches dans le pulegium mâle. Il s'étend beaucoup sur leurs
propriétés plus exaltées dans le premier pulegium , ce qui
démontre qu'ils étoient des plantes très-connues. L'odeur
véhémente qu'exhaloit la fleur du pulegium frais , tuoit les
pures ; c'est ce qui lui avoit fait donner son nom de pulex
(puce). Les couronnes de pulegium étoient préférées à celles
de rose , pour calmer les douleurs et les tournoiemens de tête;
l'odeur seule des fleurs opéroit ces effets; la graine, également
très-odorante,àlasentirseulement,rendoit laparoleàceux qui
l'avoient perdue. Les autres vertus et les nombreux usages da
pulegium cultivé , sont relatés dans Pline , et dénotent que
«ette espèce étoit échauffante à un haut degré , stomachique ,
xxviii. 17
258 P U L
anlivomitive , fortifiante, calmante, utile dans la touï,
propre à guérir les ulcères de la bouche , et à calmer les
convulsions, etc. C'est immédiatement après le mentha, que
le naturaliste romain traite du pule^ium cullioé ; et il fait
remarquer que ces deux plantes ont les plus grands rapports.
C'est â la suite de ce premier pulegiiim, et avant le nepeta .
qu'il place le pulegium sauvage : « Cette herbe , dit-il , a
beaucoup plus de vertu en tout que la précédente ; elle
ressemble ^V origan; ses feuilles sont plus petites qne celles
du pulegium cultivé. Quelques personnes l'appellent dictam-
nus , et l'on dît qu'aussitôt que les chèvres et les moutons en
ont mangé , ils se mettent à bêler ; c'est pourquoi il y a des
auteurs grecs qui l'appellent blechon ( d'un mot grec qui si-
gnifie bêlement ). Cette herbe est si chaude, qu'elle fait en-
fler en forme de vessie, et qu'elle excorie les parties du corps
qu'on en frolle : aussi les médecins ordonnent-ils de s'en
frotter avant que d'entrer dans les bains , etc. » Pline ter-
mine son récit , en faisant remarquer que le pulegium sau^
oage et le nepeta , ont une grande conformité entre eux.
Les pulegium, de Pline , d'après leurs qualités, et par leur
rapprochement du m.eniha , de VoTiganum et du nepeta ,
étoient très-certainement des plantes labiées. Parmi celles-ci,
il faut remarquer que les menthes , les mélisses , les thyms ,
les calamens , sont des plantes très-odorantes, mais plus par
i'arome qui s'exhale de toutes les parties , que par celui des
fleurs. Il est probable que c'est parmi les plantes ci-dessus
nommées , que les pulegium doivent rentrer. Mais nous ne
croyons pas affirmer que notre pouillot ( mentha pulegium ) ,
qui croît partout dans les prairies humides, et qu'on ne cul-
tive pas , soit le pulegium cultivé de Pline ; rapprochement
qui a été fait par un assez grand nombre d'auteurs. On pour-
roit peut-être croire que c'est le pulegium sauvage , mais on
a dit et avec plus de vraisemblance , que ce dernier peut
avoir été notre melissa nepeta. Le lierre terrestre Çglechoma
Jiederea) n'ayant pas les vertus exaltées de cette plante, ne
peut être confondu avec elle. Enfin, il est possible qu'une
menthe cultivée ( mentha viridis ) soit le pulegium cultivé de
Pline.
Le blechnon de Dioscoride , et le pulegium sauvage de
Pline , sont regardés comme la même plante. Ces deux na-
turalistes sont d'accord sur les propriétés et l'origine du nom
grec de cette plante ; mais le premier n'en donne pas de
description.
Le pulegium est nommé puleium par Cicéron et par Co-
lumelle ; pulleum par Martial. On l'a également appelé pan-
tagathon ( toute bonne , en grec) , glechon, hlechron, arsenicanlon.
P ^' L =59
Chez les moderrres , la menthe pouiilot a conservé le nom
<le;o?</^^/«m. Adansonen a fait un genre qui n"a pas été adopté
et qui tiroit ses rarartères : de ses verticilles composées de
trente fleurs pédictllées; de sa corolle sessile ; de ses écail-
les florales larges; et de ses feuilles florales et caulinalres,
toutes semblables.
ILes menthu pulegiuni et ceivlna, le thymus acinos , le dinopo-
diiim vu/gare, et plusieurs autres labiées, sont décrites sous le
nom de pulegium^ dans les ouvrages des botanistes les plus
anciens. Sloane a désigné depuis sous le même nosn quelques
espèces de Spermacoce . el Morison, le thyinus virginicus , qui
est le genre fureta d'Adanson , nomme depuis koellia par
Moench , brachysihemum par Michaux , et réuni au pycnan-
ihemum par Persoon. (ln.)
PULEX. Nom latin de la Puce, (desm.)
PULICARIA. Nom donné à plusieurs végétaux , soit
parce que leur graine a la forme d'une puce, ou que Todeur
qu'ils répandent dans leur fr.iîoh'^ ur, fait fuir cet insecte. On
l'a donné au conyta des anciens , nosre Conyse commune
( conysa squnrrosa, L. ) , à Vinnlapulicaria , Linn. , dont quel-
ques naturalistes font un genre distinct; an plantago psyllium,
au polygonum minus , Willd,, et au carex pulkaris. Cette der-
nière plante l'a reçu à ca\\>c de la couleur et de la grosseur
de ses graines , semblables à celles de la puce. Voyez PuLi-
CAIRE et Inule. (ln.)
PULICAIRE , Pulicaria. Gaertner donne ce nom géné-
rique aux espèces A'Inules qui ont les semences couronnées
d'aigrettes doubles. V. Inules. On nomme aussi Pulicaire
le PSYLLION. (b.)
PULLON. La Foulque du lac Majeur, (desm.)
PULLY- SCHOUADI. C'est le nom sous lequel la
QUAMOCLITTE PIED DE CUÈVRE esl figurée dans Rhéede. (B.)
PULMOBRANCHES. Nom donné, par Blainville , à
un ordre de Mollusques non symétriques , dont les bran-
chies ont quelques rapports d'organisation avec les pou-
mons, (b.)
PULMONAIRE, Pulmonarîa. Genre de plantes de la
pentandrie monogynie et de la famille des borraginées, dont
les caractères consistent : en un calice prismatique , à cinq
côtes et à cinq découpures ; une corolle infundibullforme , à
tube cylindrique , à ouverture plus petite, et à limbe à cinq
lobes droits et un peu ouverts ; cinq étamines ; un ovaire
supérieur divisé en quatre parties , du centre desquelles
s'élève un style à stigmate échancré ; quatre noix , presque
rondes, obtuses , placées au fond du calice qui subsiste.
Ce genre renferme sept à huit plantes à feuilles alternes ,
iGo P U L
entières , rudes au toucher, et à fleurs disposées en corym-
bes terminaux ou en épis.
Les deux plus importâmes à connoître sont:
La Pulmonaire officinale , qui a les feuilles radicales
ovales en cœur , et les caulinaires lancéolées. Elle est vivace ,
et se trouve dans toute l'Europe , dans les bois arides , sur
les pelouses sèches. Elle varie à fleurs purpurines et à fleurs
blanches, à feuilles d'une seule nuance et à feuilles tachetées
d'un blanc sale. Cette dernière est la plus commune dans les
lieux exposés au soleil. La pulmonairefleurit une des premières
au printemps , et fournit aux abeilles une grande quantité de
miel. On la connoît sous les noms de grande Pulmonaire ,
Herbe aux poumons , Herbe du cœur , Herbe au lait de Notre-
Dame , et Sauge de Jérusalem. Elle a un goût d'herbe un peu
salé et gluant, qui la fait regarder comme très-adoucissante.
On en fait des tisanes qu'on fait prendre aux pulmoniques
avec beaucoup de succès , pour diminuer la salure ou l'â-
creté de leurs crachats. On la mange, dans quelques cantons,
comme les épinards. Autrefois, elle jouissoit d'une plus grande
réputation qu'en ce moment , où on ne lui donne que les
propriétés communes aux borraginées.
La Pulmonaire maritime aie calice très-court, les feuil-
les ovales, la tige rameuse et couchée. Elle est annuelle ,
et se trouve sur les bords de la mer , au nord de l'Europe.
Les Irlandais la mangent , et la font confire dans du vinaigre
ou dans de la saumure, pour leur consommation d'hiver, (b.)
PULMONAIRE DE CHÊNE. C'est le Lichen pulmo-
naire qui sert de type au genrePuLMONAiRE de Hoffmann.(B.)
PULMONAIRE DES FRANÇAIS. C'est I'Epervière
PULMONAIRE. (B.)
PULMONAIRE DE TERRE. C'en encore un Lichen,
Lichen caninus., L. (desm.)
PULMONARIA. V. Pulmonaire et Symphytum. (ln.)
PULMONELLE , Aplidium. Genre établi par Savigny ,
pour placer I'Alct^n figue, dont il a été à portée d'observer
l'organisation.
Ses caractères ont été rédigés ainsi par Lamarck, Histoire
naturelle des animaux sans vertèbres : animaux biforés , agré-
gés , fort petits , vivant dsns un corps commun , convexe ,
charnu, fixé, et n'offrant point, par leur disposition , plu-
sieurs systèmes particuliers ; six tentacules à la bouche ;
anus non apparent.
On trouve la Pulmonelle sublobée attachée aux varecs i
aux rochers, aux coquilles ahandonnées ; elle n'est point
rare sur nos côtes. Cuvier l'a réunie à ses Polyclinons. (b.)
PULMONÉS. Ordre de mollusques gastéropodes qui
P U L ,6,
rentre dans celui appelé Adélobranches par DumérJl. (b.)
PULMONES. Ordre de mollusques gastéropodes, formé
par M. Cuvier , et renfermant ceux de ces mollusques qui
respirent l'air élastique par un trou ouvert sous le rebord de
Jeur manteau , qu'ils dilatent ou contractent à leur gré. Les
uns sont Terrestres: tels que \es limaces , les parmacelles ^
les hélices , les bulimes , les maillots , etc. ; les autres sont
Aquatiques : tels que les onchidies , les lymnées , les plauor-
bes, lesphyses, les auricules , etc. (DESM.)
PULOCONDOR. r. l'article Mouffette, (v.)
PULONOSI. C'est , selon Krachenninikow ( Hisi. du
Kamtschatka ) , une espèce de canard qui arrive au prin-
temps dans le Kamtschatka, et s'en retourne en automne
comme les oies, (s.)
PULPAZA. Nom servien du Grand Plantain (Plantago
major'), (ln.)
PULPE , Pulpa. Substance molle et charnue de plusieurs
fruits et racines, (d.)
PULPE DE MAGUEY. Liqueur enivrante, fournie par
I'Agave du Mexique, (b.)
PULPO. C'est le Poulpe , c'est-à-dire , une espèce de
Sèche, (b.)
PULQUE. Nom du vin qu'on retire du suc de I'Agave
fiu Mexique, (b.)
PULSATILLA. Espèce d' Anémone ainsi nommée, selon
C. Bauhin, parce que les aigrettes de ses graines sont agitées
et poussées par le plus léger vent. Ce naturaliste fait obser-
ver que certains auteurs rapportent la pulsatilla au lemonia ,
quatrième espèce àHanémone , de Pline , laquelle croissoit
dans les prés. Pline dit que les anémones dévoient ce nom à
leurs fleurs qui s'ouvroient lorsqu'il faisoit du vent ; c'est
l'étymologie que j'ai donnée de ce nom dans quelques articles
de ce Dictionnaire , lorsqu'il s'agissoit des anémones des
anciens. Un académicien de Dijon prétend qu'il a été donné
à ces plantes , parce qu'elles croissent dans les lieux battus
par les vents; il n'a suivi en cela qu'une explication moderne,
qui n'est pas applicable aux anémone^ des anciens , soit
parce qu'elle est évidemment opposée à ce qu'ils nous en
ont dit, soit parce que le nom d anémone ne conviendroît
pas , dans ce sens , à des plantes de prairies ; soit enfin ,
parce que les auteurs modernes , en donnant cette étymolo-
gie , avoient en vue notre pufsatilla , qui ne paroît pas être
une des anémones des anciens. On peut conclure, il est vrai,
qu'une plante dont la fleur s'ouvre lorsqu'il fait du vent , doit
croître dans des lieux exposés au vent ; la différence , cepon-
ëant , est grande ; car la plante pourroit être agitée , et sa
262 P U M
fleur ne pas s'ouvrir. J'ai donc dû , après toutes considéra-
tions , ni'en tenir à ce que dit Pline , et me tromper avec
C Bauhin , Menlz^l , et d'autres auteurs très-respectables ,
plutôt que d adopter une opinion choquante.
Je reviens au puhalUla. D'après quelques auteurs , cette
plante devoil son nom à sa précocité; en effet, c'est une des
premières plantes qui fleurissent de l'année, et qui semblent
ouvrir les porres au printemps C'étoit auirefois la fleur du
pâque ou passe-fleur , à cause de sa précocité et de son peu de
durée. Adanson a cru convenable d'en faire , avec Tourne-
fort , un genre où rentreroient toutes les espèces d'anémones
à graines aigrettées ; mais il n'a pas été adopté ; il forme la
première section du genre anémone de DecaodoUe {Sysi.
végét.) , dans lequel rentrent les espèces de puhaiillades an-
ciens botanistes.
PULSATILLE. Plante du genre des Atsémones. (b.)
PULTÉNEE, Pullenœa. (îenre déplantes de la diadeJ-
phie décandrie et de la famille des léguuïineuses , dont les
caractères consistent à avoir : un calice à cinq dents avec deux
appendices bractiformes ; une corolle papilionacée , à éten-
dard ovale, très-grand, à ailes concaves, et à couronne très-
courte et très-obtuse ; dix étamines libres ; un ovaire supé-
rieur surmonté d'un style presque droit; un légume oval,
renflé et bisperme.
Ce genre, qui se rapproche des Podalyries et encore
plus des Daviesies, renferme une douzaine d'arbrisseaux , à
feuilles simples et à fleurs axillaires et terminales, originaires
de la Nouvelle - Hollande , dont deux ou trois se cultivent
dans les jardins de Paris. Ils ne présentent rien de remar-
quable.
Les genres Mirbelie et Chorizème ou Podolobion, ont
été faits à ses dépens.
Le genre Aote sen rapproche beaucoup, (b.)
PULVERAIRE, Puberaria. Genre de LlcnENS , qui ré-
pond aux Léprâires d'Achard. (b.)
PULVERATEURS. Ce sont les oiseaux qui ont l'ha-
bitude de se rouler et se secouer dans la poussière, hes galli-
nacés sont des oiseaux pubérateurs. V. au mot Oiseau, (s.)
PUMA ou POUMA. Les habitans de Quito, au Pérou,
donnent ce nom au Couguar , grande espèce de Chat.
V. ce mot. (desm.)
PUMAQU A et CH ACAN. Noms mexicains du Rocou ,
selon Hernandez. (lis.)
PUMICIN. C'est un des noms de I'Avoira. (b )
PUMILEA. Ce genre, établi par P. Brown, est le même
que le TuRiSERA de Linnseus. (ln.)
P ^' N .63
PUMITE. Nom donné à la Ponce , par M. Cordier ,
dans sa Classification des laves. F. à la fin de l'article Laves.
(LN.)
PUM-NGO-MEU. Nom donne' , en Chine , au curcuma
ruiunda^ qui croît sur les montagnes de cette contrée et en
Cochinchino. V. Ngai-mio. (ln.)
PUMOS. Nom mexicain d'un V kimiy.K {^corypha pumos^
Kunth. ) , qui croît au pied du volcan de JoruUo, proche le
bourg Aguasarco , à cinq cents et huit cents toises d'éléva-
tion. (LN.)
PUNAISE, Cimex. Genre d'insectes , de l'ordre des hé-
miptères , section des hétéroptères , famille desgéocorises,
tribu des membraneuses.
Le genre punaise, cimex ^ de Linnœus, comprend l'in-
secte de ce nom , malheureusement trop connu par l'odeur
désagréable qu'il répand , et par les tourraens qu'il nous
cause , la punaise des lits {cimex ieciularius). En démembrant
ce genre , Fabiicius a placé celte espèce dans celui d'acan-
thie, tàïiàis que des insectes, qui diffèrent du précédent par plu-
sieurs caractères essentiels, sont réunis dans une autre coupe
générique , portant le nom de punaise ( V. Pentatome ).
Devant , pour nous faire entendre , autant qu'il est possible ,
de tout le monde , nous prêter au langage habituel et géné-
ral , nous avons repoussé ce changement bizarre dans la
nomenclature.
. Notre genre punaise aura donc pour type la punaise des
lits , cimex Ieciularius^ Linn. , Geoff. Ses caractères sont : bec
naissant du front , dirigé en arrière , le long de la poitrine ,
droit, de trois articles , recevant , à sa base , un labre trian-
gulaire , de grandeur moyenne ; pattes uniquement propres
à la course ; tarses à trois articles distincts , dont le premier
très-court ; corps aptère , ovoïde , très - aplati , membra-
neux ; tête reçue postérieurement dans un corselet court,
transversal , presque lunule ; point d'yeux lisses ; yeux glo-
buleux , saillans ; antennes insérées au-devant d'eux , un peu
plus longues que la tête et le corselet , brusquemeiit séla-
cées , de quatre articles, dont le second et le troisième fort
larges.
D'autres détails descriptifs sont superflus , et plût à Dieu
que nous fussions, à cet égard, moins savans, ou plutôt
dans la plus parfaite ignorance !
Quel est celui qui n'a pas eu occasion de maudire l'odeur
insupportable de lapunaise,et son humeur sanguinaire ? Elle
vit dans nos foyers, se dérobe d'autant plus aisément à nos
regards, qiie son corps étant plat, elle a la facilité de se loger
a64 P U N
dans les réduits les plus étroits que lui présentent nos apparle-
mens , nos meubles , nos lits spécialement ; elle ne sort de sa
retraite que la nuit. On ne sait que trop qu'elle vit en société
nombreuse , qu'elle pullule prodigieusement , et que sa pos-
térité, malgré toutes no3 recherches, échappe à la mort.
Elle vient troubler notre repos et nous tourmenter , dans
une saison positivement où le sommeil nous est le plus né-
cessaire pour nous remettre de la fatigue du jour. La nature
a donné à cet insecte une industrie singulière pour rendre
inutiles les précautions que nous prenons , afin de l'éloigner
de nous. S'il ne peut grimper sur nos lits par le bas , il a
l'adresse de monter le long du mur , de gagner le plafond et
de se laisser tomber lorsqu'il se trouve immédiatement au-
dessus du lit. Une grande propreté, une attention extrême à
visiter souvent , au printemps surtout, les lieux où \es punaises
se ménagent une retraite plus favorable, à boucher les trous
et les fentes des murs, nous garantiront de ces insectes in-
commodes, ou en diminueront du moins le nombre. On in-
troduira dans les lieux où ils se tiennent cachés , le plus pro-
fondément qu'il sera possible , de l'essence de térébenthine
de Venise , de l'essence vestimenta'e de Dupleix, de l'huile
de pétrole , etc. Le gaz produit par une forte dissolution de
cuivre et d'acide nitrique , les communications avec l'air ex-
térieur étant fermées, ou la vapeur du soufre ,les atteignent
partout et plus facilement; mais il faut avoir bien soin de
sortir de l'appartement, et de n'y entrer qu'au bout de quel-
ques jours , et avec précaution.
On trouve dans les nids de lldrondelle des lioages , une pu-
naise , semblable, pour la forme, à l'espèce domestique,
mais constamment plus petite , velue, et ayant des couleurs
plus ternes.
Voyez, pour plusieurs autres insectes rangés parmi les pu-
naises , les familles GÉocoRiSEs et Hydrocorises, où sont
indiqués les genres qui comprennent ces insectes.
La punaise des jardins , qui tue et suce les chenilles , suivant
les observations de M. de Bridelle de Neuillan , Juum. de
Physiq. , août 1782 , est un pentatome. U y auroit de l'incon-
vénient à multiplier ces insectes pour détruire les chenilles
des jardins, à raison de l'odeur désagréable qu'ils commu-
niquent aux fruits sur lesquels ils passent, (l.)
PUNAISE A AVIRONS. C'est le Notonecte. (desm).
PUNAISE D'EAU. On donne ce nom auxNÈPES et aux
NoTo^'ECTES. (desm.)
PUNAISE-D'EAU. V. Hydrocorises. (l.)
PUNAISES DES JARDINS, Punaises de bois. Voy..
Pentatome , Scutellère , Lygée. (l.) ''
P U O =65
PUNAISE DE MER. Quelques personnes donnent ce
nom aux Oscabrions. (b.)
PUNAISE -MOUCHE. C'est le Réduve {ndimus per-
sonaius. (dëSM.)
PUNAISE D'ORANGER {insectes). Nom donné au
kermès des orangers de Geoffroy . (l.)
PUNAISES TERRESTRES. Voyez Géocorises. (l.)
PUNAISOT. Dans les campagnes de quelques parties
de la France , on connoît la Marte putois sous cette déno-
mination vulgaire, (s.)
PUNARU, Poisson. V. Pinaru. (s.)
PUNCH. Liqueur composée d'eau chaude , d'eau-de-vie,
de jus de citron et de sucre , dont on fait[un grand usage ,
principalement en Angleterre et dans les colonies.
On fait, à Manille , une espèce de puncli en substituant
levinaurum, et on s'en trouve bien. Voyez Sangria, (b.)
PUNGAMIE , Pungamia. Genre de plantes qui est de la
diadelphie décandrie, et qui offre pour caractères : un calice
presque entier et fort évasé ; une corolle papilionacée à éten-
dard à peine plus grand que les ailes et la carène; dÎKétamines
monadelphes ; un ovaire supérieur allongé , terminé par un
style recourbé, à stigmate aigu ; un légume pédicellé, pres^
que rond , aplati et monosperme.
Ce genre , très- rapproché du Ptlrocarpe , n'en diffère
peut-être que par son légume à semence solitaire, (b.)
PUNGITOPUM. Césalpin donne ce nom au Fragon
épineux ; c'est le pungitopi des Italiens, (ln.)
PUNICA. Ancien nom latin du Grenadier, etmaintenant
celui du genre qui comprend cet arbre. Voyez Rhoa. (ln.)
PUNNA. Arbre du Malabar, figuré par Rumphius ,
mais dont les parties de la fructification sont incomplètemeni;
connues, (b.)
PUOLAKA. Nom de I'Airelle ponctuée Ç^vaccinium
vilis idœa , L. ) , en Finlande, (ln.)
PUON-FUEN-EIEN. Une espèce de Lobelie ( /o^^Z/a
chinensis , Lour. ) porte ce nom en Chine. (LN.)
PUON-HIA. Nom donné , en Chine, à deux espèces de
Gouets : arum iriphyllum , Thunb. , et draconilum , L. (LN.)
PUORC. A Nice, le Baliste gaprisque porte ce nom;
lepuorc murino est le Squale humantin , le puorc pei est le
Callionyme flèche , ou bien encore le Lepadogastère.
* (desm.)
PUPAL-WALLÏ. Plante peu connue de la côte Ma-
labafe, figurée par Rhéede (Mal. 7. tab. 8), et qu'on avoit
26G P U P
cru être le CadelarilappacÉ, {achyraniheslappacea^ L.) dont
Adanson a fait son genre pupal^ adopté par Jussieu sous le
nom de pupalia^ et nommé Dcsmochœta par Décandolle , qui
n'a pas cru devoir le désigner par un nom dérivé de celui d'une
plante qui ne doit point en faire partie. Ce genre comprend
six espèces de plantes des Indes, confondues avec les cadelan,
par les auteurs , et qui s'en distinguent essentiellement par
l'absence des écailles et des dents entre les étamines. Ce genre
est le même que le stachyarpagophora de Vaillant, (ln.)
PUPALIE , Piipaha. V. ci-dessus Pupal-Walli. (ln.)
PUPE. Nom vulgaire de la Huppe, (s.)
PUPE. Voyez Nymphe, (o.)
PUPILLE. Consultez l'article de TOE'il. (virey.)
PUPIPARES , Pupipara. Y annWc d'insectes, de l'ordre
des diptères , dont les caractères sont : bouche en forme de
Lee , composée de deux lames ou valvules , recouvrant , en
manière de tube , un suçoir formé de deux soies réunies en
une , et partant d'un petit bouton , situé dans la cavité orale
de la tête.
Ces insectes s'éloignent, sous plusieurs rapports, des
autres diptères, et forment, dans ma méthode , une sec-
tion particulière , cgWq Aes éproboscidés ^ convertie, par M.
Léach , en un ordre , celui des omaloptères. Leur corps est
court , assez large , aplati , et défendu par un derme assez
solide, ou presque de la consistance du cuir ; et de là le
nom de coriaces^ que j'ai donné à la première sous-famille ,
celle qui se compose du genre liippobosque des auteurs ; la tête
s'unit plus intimement au corselet que dans les autres dip-
tères , paroît quelquefois comme 80udée avec lui , et ne se
présente même, dans d'autres, que sous l'apparence d'un
tubercule élevé ; elle porte sur les côtés antérieurs deux an-
tennes courtes , tantôt sous la forme d'un tubercule , avec
une soie, tantôt sous celle de deux petites lames velues ; les
palpes manquent, ou peut-être forment-ils la gaine du su-
çoir ; les pieds sont forts , écartés, et terminés par deux on-
gles robustes , ayant, en dessous, une à deux dents , qui les
font paroître doubles ou triples ; les ailes ont de fortes ner-
vures, et manquent , ainsi que les balanciers, dans quelques
espèces. Ces diptères, nommés, par quelques auteurs,
mouches-araignées^ vivent exclusivement sur des quadrupèdes
ou sur des oiseaux , courent très-vile et souvent de côté.
Les métamorphoses de ces insectes sont très-singulières.
Les œufs éclosent dans le ventre de leurs mères ; leurs larves
s'y nourrissent et n'en sortent que lorsqu'elles doivent pas-
ser à l'état de nymphe ; elles ont alors la forme d'un œuf,
mou , blanc , et presque aussi grand que l'abdomen de la
PUR 267
mère ; sa peau se durcit et devient une coque solide d'abord ,
brune, ensuite noire, et souvent échancrée à un bout qui
offre une plaque luisante ; cette enveloppe ne présente ni
anneaux, ni incisions transverses, caractère qui distingue
ces nymphes de celles des autres diptères analogues. Telle
est l'origine de la dénomination de pupipares ^ que j'ai don-
née à cette famille. /
Je la partage en deux tribus ou sous-familles , les Coriaces
et les Phthyromyes. V. ces mots, et celui de Nyctiribie. (l.)
PUPIVORES , Piipwora , Latr. Famille d'insectes de
l'ordre des hyménoptères, que je caractérise ainsi: abdo-
men attaché au corselet par une simple portion de son dia-
mètre transversal , ou même , et le plus souvent , par un
très-petit filet ou pédicuFe , ayant ainsi à son point d'inser-
tion un mouvement propre; nne tarière dans les femelles,
servant d'oviducte.
La plupart de ces petits animaux déposent leurs œufs, soit
dans l'intérieur du corps, ou sur la peau de différentes larves
d'insectes , et particulièrement des chenilles , soit dans les
nymphes ou les chrysalides ; les œufs donnent naissance à
d'autres larves qui rongent et font périr ces insectes ; telle
est l'origine du nom de pupivbres , donné à cette famille.
Les pupivores se partagent en six tribus , ou sous-familles :
les EvANiALES, les IcHNEUMONiDES, Ics Gallicoles , les
Oxyures et les Chrysides. V. ces mots, (l.)
PTJPPA. Nom latin des coquilles du genre Maillot, (d.)
PUPUT-LUPOGE. C'est ainsi que Belon uomme la
Huppe. V. ce mot. (s.)
PUPUT, PUTPUT. Nom donné à la Huppe, à cause de
sa puanteur, (v.)
PURAQUE. Nom du Gymnote électrique, (b.)
PURETÏE. Sable noir, ferrugineux et brillant, dont il est
question dans la minéralogie de Bomare , et qui est tantôt
du fer oxydulé titanifère , et tantôt du titane oxydé ferrifère.
La purette se trouve sur les bords de la mer et des rivières ,
dans des terrains volcanisés et dans des terrains qui ne le
sont pas. (ln.)
PURKE. Nom danois du Cochon, (desm.)
PURPURA. Nom latin générique des Pourpres, (desm.)
PURPURARIUS. Nom latin des Pourpriers ou ani-
maux des pourpres, (desm.)
PURPURINE. Préparation d'oxyde rouge de cuivre qui
se fait à Venise , et qu'on emploie surtout dans les peintures
au vernis ; c'est ce que les Italiens appellent bronzo rosso , le
bronze rouge, (pat.)
PURPURITES. Ce sont les Pourpres fossiles, (desm.)
268 PUT
PURSE. Au Groenland , c'est , dit-on , le Phoque com-
mun, Anderson dit que dans le même pays, on l'appelle
PusA. (desm.)
PURSHIE, Purshia , Décand.; Tigarea, Purs. Arbrisseau
des bords de la rivière Columbia,à l'ouest de l'Amérique sep-
tentrionale , qui se rapproche des SpirÉes , et qu'on croit
devoir former un genre dans l'icosandrie monogynie, et dans
la famille des rosacées ses feuilles sont alternes, cunéifor-
mes , trifides, velues. Ses fleurs sont solitaires ; son calice est
à cinq divisions hérissées ; ses pétales jaunes et obovalcs ; son
fruit probablement une capsule.
Le genre Kerrie de Decandolle , établi sur la Ronce du
Japon, qui est la même plante que la Corette du Japon ,
s'en rapproche beaucoup, (b.)
PUÙUPURU. Nom péruvien d'une espèce du genre
[Tacsonia, selon Jussieu. (LN.)
PUSA. Nom groërilandais du Phoque commun, (s.)
PUSCHKINIE, Puschkinia. Genre de plantes établi pour
placer une plante de l'hexandrie monogynie , intermédiaire
entre les Ornithogales et les Scilles , qui croît naturelle-
ment sur le Caucase. Ses caractères sont : corolle divisée en
six parties ; nectaire court, à six dents, fermant le tube, (b.)
PUSCHKIR. Nom de I'Ortie, chez les Tartares Wost^
jacks. (ln.)
PUSILLE. Vicq-d'Azyr traduit ainsi le nom du sorcx pu-
sillus de Gmelin, animal encore peu connu. V. l'article Mu-
saraigne, (desm.)
PUSOETHA(Linn., FI. zeyl. 6^4). C'est le perim-
kaku-valli des Malabarcs , espèce du genre mimosa de Lin-
nœus (Mimosa smndens) , portée dans le genre acacia par
.Willdenow. (desm.)
PUSPERAGEN. Nom de la Topaze, à Ceylan. (ln.)
PITSTOLKA. Nom polonais de la Cres.serelle. (v.)
PUSTORYL. L'un des noms russes du Seringa , Phi-
ladelphiis c.oronarius , L. (LN.)
PUSTULEUX. Nom spécifique d'un Crapaud, (b.)
PU-TxA.O. Nom de la vigne , en Chine , Vitis vinifera , L.
(LN.)
PUTIER. Arbre du genre des Cerisiers , Cerasuspadus ,
Linn. (b.)
PUTILLAS. Nom espagnol du Gobe - mouche rubin ,
d'après La Condamine. (v.)
PUTNIK. Nomservien du Plantain lancéolé , L. (ln.)
PUTNOK-FU. Nom du Pouliot , Mentha pulegium , en
Hongrie, (ln.)
PUTOIS , Mustda pulorius. Mammifère carnassier digiti-;
P Y C 269
grade , du genre des Martes ( V. ce mot ) , assez commun en
Europe , et très nuisible aux basse-cours, (desm.)
PUTOIS D'AMÉRIQUE ou CONEPATE. On a
donné ce nom a des quadrupèdes carnassiers , du genre des
Moufettes. F. ce mot. (desm.)
PUTOIS RAYE de Brisson. C'est encore un animal du
genre des Moufettes ( le conepate ). (desm.)
PUTOIS RAYÉ DE L'INDE. C'est la Marte rayée,
Mustela striata. V. l'article Marte, (desm.)
PUTORIE , Putoria. Genre de plantes établi pour pla-
cer la Shérarde fétide de Cyrillo , sous la considération
que le fruit est un peu charnu. V. au mot Aspérule,
Persoon a donné le même nom au genre qu'Aublet avoit
appelé Orélie , et Linnœus Allamaisde. (b.)
PUTORIUS. Nom latin du Putois , espèce de Marte.
V. ce mot. Il a été appliqué aux Moufettes, (desm.)
PUTORO. Nom espagnol de la Marte putois, (desm.)
PUTSCHA. Nom indien des Courges, (ln.)
PUTPUT. r.PupuT. (s.)
PUTSJU. Espèce de Costus propre au Japon, et figuré
par Kœmpfer. Ses racines sont amères et d'usage en méde-
cine, (b.)
PUTUGUE. Nom delà Huppe , en Provence, (v.)
PUTUMBA. Espèce de Lavenie , figurée sous ce nom
dans Rhéede. (b.)
PUTZEN. On nomme ainsi, en Allemagne , selon M.
Beurard , une sorte de montagne , dont la masse est comme
crevassée , sans offrir pourtant des fentes ou des ouvertures
en longueur, mais une infinité de cavités ou excavations dont
les dimensions sont égales en tout sens , et qui sont vides ou
remplies souvent avec du minerai , quelquefois aussi seule-
ment avec de l'eau, et dont plusieurs se ' communiquent :
telle est la montagne d'Iberg , près de Grund , au Hartz.
On donne le même nom à des masses de minerai non fon-
dues entièrement, et qui restent attachées aux parois des four-
neaux (ln.)
PU UON-XU. Nom qu'on donne , en Chine , aune es-,
pèce de Corossol, Annona squamosa, L. (LN.)
PUYA , Paya. Plante dont Molina a fait un genre , que
d'autres botanistes rapportent aux Pitcairnes. (b.)
PUZOLO , PUZZOLENTE. Noms du Putois , en
Italie, (desm.)
PUZZO LEGNO et PUTINE des Italiens. C'est le Fi^
LARIA. (LN.)
PYCHAWIEC. Nom polonais des Géranium, (ln.)
270 P Y C
PYCIELT. Nom mexicain de la petite Nicotiane ( Ni-
coiiana rustica. (ln,)
PYCNANTHÈlVIE , Pyrnanlhemum. Genre de plantes
établi par Michaux, Flore de V Amérique septentrionale , pour
placer le Cl[Nopode blanchâtre et la Ghataire de Vir-
ginie , qu'il a reconnu s'écarter des autres espèces de leurs
genres.
Ce nouveau genre , que Persoon réunit au Brachystème,
offre pour caractères : un calice tubulcux, strié, à cinq divi-
sions droites et subulées ; une corolle monopétale , per-
sonnée , à lèvre supérieure recourbée en voûte, presque en-
tière , et à lèvre inférieure beaucoup plus grande, recour-
bée , canaliculée ettrifide , à divisions latérales demi-ellip-
tiques , et à intermédiaire plus longue que large; quatre éta-
mines saillantes , dont deux un peu plus courtes ; quatre
ovaires supérieurs , du milieu desquels s'élève un style sim-
ple ; quatre semences , situées au fond du calice qui per-
siste.
Outre les deux espèces mentionnées , Michaux en fait
connoître deux autres :
L'une, le Pycnanthème des montagnes, qui a les feuilles
ovales, lancéolées, dentelées; les fleurs en tête sessiles, et les
folioles du calice dentées. Il se trouve sur les montagnes de
la Caroline.
L'autre , le Pycnanthème monardelle , qui a les feuilles
presque ovales, lancéolées, dentées, velues; les fleurs en
tête terminale, accompagnées de bractées colorées , ser-
vent d'involucre , et les folioles du calice barbues à leur
pointe. On le trouve avec la précédente, (b.)
PYCNITE ( Haiiy ). C'est-à-dire dense, compacte. Voyez,
TOPAZE. (PAT.)
PYCNOCOMOS. Plante de Dioscoride , qui nous est
inconnue. Cortusus donne ce nom à la pomme-de-terre , et
Brunsfelslus à la Podagraire. (ln.)
PYCNOGONE. Voy. Pycnogonides. (s.)
PYCNOGONIDES, P/6-/2o,^-omJe5, Latr.; Podosomata ,
Léach. Seconde famille des arachnides trachéennes , ayant
pour caractères : corps ( le plus souvent linéaire) de six seg-
mens , dont quatre intermédiaires composant le thorax , oc-
cupant la majeure partie de la longueur de l'animal, portant
chacun une paire de pattes ambulatoires ; les deux autres
segmens terminaux; l'un antérieur formant un suçoir simple ,
cylindrique ou conique , ouvert en devant en manière de
trèfle , tantôt accompagné de mandibules dldactyles et de
palpes , tantôt n'offrant qu'une seule sorte de ces organes , ou
même n'en ayant aucun; l'autre segment formant une petite
P Y C ,7,
queue , pareillement tubulaire à l'extrémité postérieure du
corps ; un tubercule , ayant de chaque côté deux yeux lisses,
sur le dos du segment portant la première paire de pattes ;
deux fausses pattes articulées , repliées et ovifères , situées
sous le second segment, dans les femelles ; point d'organes
extérieurs pour la respiration , dans aucun individu.
Les pyc/ -^onides sont des animaux marins , qui , par
leur analogie avec les cyames, \e.s chevroHes et les faucheurs ,
semblent , selon M. Savigny, faire le passage des crustacés
aux arachnides. Dans la méthode de Linnseus , les pycnogo-
nides font partie de son genre phalangiinn ou àts faucheurs ,
et nous les plaçons aussi , du moins provisoirement , dans
le voisinage de ces animaux. Leur corps est ordinairement
linéaire , avec les pieds très-longs , de neuf à huit articles ,
et terminés par deux crochets inégaux paroissant n'en for-
mer qu'un seul , et dont le plus petit est fendu. Le premier
article du corps tenant lieu de tête et de bouche , forme un
tube avancé , presque cylindrique ou en cône tronqué , sim-
ple , mais offrant quelquefois des apparences de sutures lon-
gitudinales {V. Phoxichile), avec une ouverture triangulaire
ou figurée en trèfle à son extrémité. A sa base supérieure sont
adossés, dans plusieurs, deux mandibules et deux palpes,
que des auteurs ont pris pour des antennes : on ne voit dans
d'autres que cette dernière sorte d'organes ; il en est enfin
qui en sont privés, ainsi que de mandibules. Les mandibules
sont avancées , cylindriques ou presque filiformes , simple-
ment prenantes, pluâ ou moins longues, composées de deux
articles, dont le dernier en forme de main ou de pince , avec
deux doigts ; le supérieur est mobile et représente un troi-
sième artic^ ; l'inférieur est quelquefois plus court : ces
mandibules ont ainsi la forme de petits pieds. Les deux pal-
pes, insérés sous l'origine des mandibules, sont filiformes,
de cinq articles, avec un crochet au bout du dernier. Chaque
segment suivant, à l'exception du dernier, sert d'attache à
une paire de pieds ; mais le premier , ou celui avec lequel
s'articule la bouche, a, sur le -dos, un tubercule, por-
tant de chaque côté deux yeux lisses , et en dessous, dans les
femelles seulement , deux autres petits pieds repliés sur eux-
mêmes , et portant les œufs qui sont rassemblés autour
d'eux en une ou deux pelotes , ou bien en manière de ver-
ticilles ; le dernier segmentes! petit et percé d'un petit trou
à son extrémité : on ne découvre aucun vestige de stigmates;
et peut-être respirent-ils par celte ouverture postérieure.
Ces animaux se trouvent parmi les plantes marines, quel-
quefois aussi sous les pierres, près des rivages , et quelque-
«72 P Y G
fois encore sur des cétacés. La forme de leur bouche indi-»
que que ce sont des animaux suceurs.
Dans la méthode de M, Léach, les pycnogonides forment
le premier ordre de sa sous-classe des céphalostomates, celui
des podosomates ; il le partage en deux familles , les pycno-
gonides et les nymphonides ,.dont les caractères sont fon-^
dés sur l'absence ou la présence des mandibules.
Cette famille se compose des genres PycnogonoNjPhoxi^
CHILE , AmMOTHÉE , NyMPHON. (L.)
PYCNOGONON , Pycnogonum , Brunn. , Mull, , Fab.
Genre d'arachnides , de l'ordre des trachéennes , famille des
pycnogonides, distingué des autres genres qu'elle comprend,
par ces caractères : point de mandibules ni de palpes; su-
çoir en forme de cône allongé et tronqué ; corps presque
ovale , point linéaire ; pattes de longueur moyenne , de huit
articles ; les fausses pattes ovifères de la femelle , très-
courtes.
Les pycnogonons diffèrent des autres genres de la même
famille , non-seulement par l'absence des mandibules et des
palpes, mais encore par les proportions plus courtes du
corps et des pattes. Les pattes paroissent avoir un article
de moins que dans les autres pycnogonides ; l'avant-dernier
ne paroît former , dans les pycnogonons, qu'un petit nœud
inférieur, et joignant le dernier article du tarse avec le pré-
cédent. X
On ne connoît encore qu'une espèce de pycnogonons, ce-^
lui bES Baleines, balœnarum^ figuré par Briinniche , Muller
ÇZool. dan., tab. 119, fig. 10-12 ), et quelques autres natura-
listes. On le trouve sous les pierres des rivages de l'Océan
«uropéen ; il est rare sur nos côtes.
Le pycnogonum ceti de Fabricius est le type dft genre cya^
me, ou celui de larunda de M. Léach. (l.)
PYCREE,PycrtE«s. Genre établi par Palisot-dé-Beauvois,
dans son superbe ouvrage intitulé , Flore d'Oivareet de Bénin ,
pour placer le Souchet fascicule de Desfontaines.
Les caractères de ce nouveau genre sont : épillets ter-
minaux, disposés en corymbe , et accompagnés de bractées
écailleuses ; écailles placées sur deux rangs; trois étami-
nes ; un ovaire surmonté d'un style à deux stigmates ; une
semence à deux angles, (b.)
PYGARGOS. Nom grec du Pygargue, oiseau. Voy. ce
mot. (s.)
PYGAPiGUE, Ha//tB/H5,Savigny. Genre de l'ordre des oi-
seaux Accipitres, et de la famille des Accipitrims. V.cqs mots.
Caractères : bec grand , presque droit , et couvert, à la base ,
d une cire; convexe en dessus, comprimé latéralement, di—
p Y G ,^J
îâté sur les bords de sa partie supérieure, crochu et acuminé
à sa pointe; narines grandes, lunulées, transverses ; langue
charnue , épaisse , entière ; bouche fendue jusque sous ^\es
yeux; ailes longues; les 1.""= et 7."" rémiges, presque égales-
les S/me , 4./"'^ , S.'™" , les plus longues ; tarses courts , à
demi-velus; doigts totalement séparés; l'externe versatile- on-
gles arqués et aigus , l'intérieur et le postérieur le^ plus longs-
l'externe le plus court ; Tintermédiaire , avec une rainure
profonde , et un rebord finement dentelé sur son côté in-
térieur, aplati en dessous, et creusé en gouttière.
Les pygargues diffèrent essentiellement des aigles propre-
ment dits, en ce qu'ils ont les tarses , au moins à demi-nus
et les doigts totalement séparés , tandis que ceux-ci ont les
tarses couverts de duvet jusqu'aux doigts, dont les deux exté-
rieurs sont réunis à leur base , par une membrane; de plus
le doigt extérieur du pygargue est versatile , ce qu'on ne re-
marque pas chez les autres , et ce qui le rapproche des bal-
buzards , qui ont aussi les doigts entièrement isolés • mais
ceux-ci s'en distinguent principalement par leurs jambes sans
les plumes allongées , que l'on appelle culottes , et qui sont
couvertes , au contraire , de plumes courtes et serrées ; par
leur ongle intermédiaire qui est arrondi dessus et dessous
sans rebord ni dentelures. *
J'ai rangé à la suite des pygargues , plusieurs oiseaux de
proie , parce qu'ils m'ont paru s'en rapprocher plus que des
aigles proprement dits , avec lesquels on les a classés at-
tendu qu'ils n'ont pas les tarses couverts de plumes, jusqu'aux
doigts; cependant je les ai laissés sous les noms qu'on leur a
imposés , parce que je ne suis pas certain qu'ils soient de vé-
ritables pygargues. Il faut les voir en nature , pour les dé-
terminer avec justesse.
Le Pygargue proprement dit, Haliœiiis m'sus ^ Shav. ; fal-
co alhicilla^ albicaudus^ leucocephalus, ossifragus, La th. ; pi. en!
de Buffon , n." 4ii- Ce pygargue est, de tous \qs accipiircs ,'
celui qui a donné lieu à plus d'espèces purement nominales •
ce qu'on doit attribuer aux diverses métamorphoses qu'on
remarque dans son plumage, pendant une partie de sa vie
et à ce que les auteurs ne l'ont jugé que dans les collections.
En effet, lorsque son vêtement est varié de brun, de ferru-
gineux et de blanchâtre , que les pennes caudales sont brunes
et tachetées confusément de blanc ; ils en ont fait leur fa/co
ossifragus. Si sa tête et son cou sont gris, et si la queue a
plus de blanc que de brun , ils l'ont nommé falco alhidUa.
Quand le gris tend à la couleur marron , que le corps est
d'un ferrugineux obscur, et la queue blanche, il porte le nom
Ae falco albicaudus. Si la tête , le cou et la queue sont blancs
XWlii. tb
^74 P Y G
c'est leur faleo leucocephahis , ce qui n'arrive que dans Tâge
avancé ; encore , il n'est pas certain que ce changement ait
lieu pour la tête de la race européenne ; car il y en a depuis
très-long- temps dans la ménagerie du Muséum , qui , jusqu'à
présent , ont toujours eu la tête d'un cendré clair ; mais il
en est autrement pour celle de l'Amérique septentrionale.
Enfin , comme tous ces changemens ne s'opèrent que par
gradations , il en est encore résulté d'autres dénominations
spécifiques, telles que celles de /a/^o glaucopis , lequel est un
jeune , selon Meyer, et (\e falco melanaèïos , auquel Latham
et Gmelin ont mal à propos rapporté Taigle commun de
Buffon , méprise qu'ils auroient évitée facilement, puisqu'il
suffisoit de voir que des pieds à demi-vêtus(;»erf/A«i- semila-
natis) ne pouvoient être ceux de cet aigle, qui les a couverts
de plumes jusqu'aux doigts. Aussi MM. Wolf et Meyer ont-
ifs fait du melanaèïos , un des synonymes du pygargue. Il ré-
sulte de cette exposition , que l'espèce du pygargue se com-
pose des falco ossifragus , alhicilla , leucocephalus , albicaudus y
melanaëtos eX, glaucopis ^ selon Meyer. Il n'y a plus de doute
sur l'identité de toutes ces prétendues espèces ; cependant
il en reste sur Vorfraie^ que des ornithologistes persistent à
regarder comme une espèce distincte, ainsi que l'ont pensé
Brisson , Buffon , Latham et Gmelin ; et ils se fondent sur
ce qu'on rencontre beaucoup plus d'orfraies que de py-
gargue s.
Mais ce plus grand nombre d'orfraies est dans l'ordre na-
turel , puisque n'étant âgés que d'un ou deux ans , et que les
autres en ayant trois ou quatre et même plus , les jeunes
sont toujours en plus grande quantité que les adultes et que
les vieux , chez tous les oiseaux. Les pygargues qui ont été
ou qui sont encore dans la ménagerie du Jardin des Plantes,
en fournissent une preuve sans réplique ; car tous y ont été
apportés sous la livrée de l'orfraie , et tous , après un certain
laps de temps, sont devenus pygargues à tête d'un cendré
plus ou moins clair. La couleur blanche qui couvre la tête
de la race américaine , est un attribut de la vieillesse , et
cette couleur s'étend d'autant plus que l'oiseau avance en âge ,
ainsi que l'a observé Othon Fabricius , au Groenland, où
cette race , dont les jeunes ressemblent à l'orfraie pendant
deux ou trois ans, est très-commune. En effet , le pygargue,
dit Wilson {Americ. Ornùh.) , habite les mêmes lieux , vit
des mêmes alimens que le balde a^/e( l'orfraie ) , avec lequel
on le voit très-souvent. Il ressemble à ce dernier par la fi-
gure , la taille , la forme du bec , les pieds et les ongles ;
c'est pourquoi, ajoute-t-il, j'ai un très-grand soupçon, no-
nobstant les autorités anciennes , que l'un et l'autre sont des
P Y G ,^5
individus d'une même espèce , différant seulement dans les
couleurs.
Je m'appuie sur ce que le pygargue , avant qu'il ait la tête
le cou et la queue blancs , ressemble totalement au ùalde agle
ou aigle de mer ; et ce n'est qu à l'âge de quatre ans , que
cette couleur couvre graduellement ses diverses parties.
Parmi les puissances de l'air, le pygargue tient un des pre-
miers rangs , par sa taille , sa vigueur et sa férocité. Il n'est
pas moins grand qu'une oie, et 11 est assez fort pour faire sa proie
des jeunes cerfs, des daims et des chevreuils ; aussi, les an-
ciens lui avoient-ils donné le surnom A^hinnuiaria , du mot
hinnulus qui veut dire faon. Plus carnassier que l'aigle com-
mun , il est moins valeureux , moins diligent et plus lourd.
11 ne chasse que pendant quelques heures , dans le milieu du
jour, et il reste tranquille le matin, le soir et la nuit. Per-
ché sur le sommet des grands arbres ou à la cime des rochers,
on le voit guetter , pendant des heures entières, les animaux
qu'il cherche à surprendre. S'il est dans le voisinage de la
mer , il épie les oiseaux plongeurs , et les saisit au moment
même où ils se montrent à la surface des eaux. II se jette aussi
sur les phoques , et se cramponne tellement sur leur dos , en
y enfonçant ses griffes acérées , que souvent il ne peut plus
les dégager , et que le phoque l'entraîne au fond de la mer.
"^ Dès que les jeunes pygargues sont un peu grands , ils quit-
tent le nid , quoiqu'ils puissent à peine voler; le temps qu'ils
y passent est une suite de querelles, de combats, pour s'ar-
racher la nourriture que les père et mère y portent. L'aire
n'est qu'une espèce de plancher tout plat, sans abri , et qui
est composé de petites branches, sur lequel posent plusieurs
lits alternatifs d'herbes, de mousse et de plumes. Ce nid,
grossièrement façonné , est placé tantôt sur de grands arbres ,
tantôt dans les fentes de rochers escarpés; La femelle y dé-
pose deux œufs blanchâtres et tachetés de jaunâtre , sembla-
bles à ceux de Voie. Les petits sont , dans les premiers jours
de leur naissance, revêtus d'un duvet cendré.
Cette grande espèce d'oiseaux de proie ne quitte point les
pays septentrionaux des deux continens. Elle descend en
Amérique , jusque dans la Caroline. On la trouve assez fré-
quemment au Groenland , pour qu'elle fasse l'objet d'une
chasse particulière, et que les habitans de ces froides régions
se nourrissent de sa chair , se fassent des vêlemens avec sa
peau, des coussins avec ses plumes, et des amulettes avec
son bec et ses griffes. ( Traduct. française ).
On la trouve encore en Russie aux environs deSimbirsk,où
elle porte le nom de loun, et en Norvvége , dans les îles qui
forment le golfe ou plutôt la mer intérieure, connue sous la
,75 P Y G
dénomination de LofToden. « Ces aigles, dil M. Léopold de
Buch ( Voyage en Nonvége et en Laponie) , sont des animaux
très-redoutables ; ils ne se contentent pas de dévorer les mou-
tons et de petits quadrupèdes, ils attaquent même les bœufs,
et parviennent souvent à les vaincre. La ruse dont lisse ser-
vent, suppose une combinaison d'idées qui paroîtroit ingé-
nieuse dans l'homme même. L'aigle se plonge dans les flots de
la mer,se relève tout mouillé, et se roule sur le rivage, jusqu'à
ce que ces plumes soient couvertes, et en quelque sorte im-
prégnées de sable et de gravier. Dans cet état, il plonge sur
la victime , lui secouant le sable dans les yeux , et la frappant
en même temps de son bec et de ses ailes. Le bœuf, déses-
péré et aveuglé , court çà et là , pour éviter un ennemi qui
l'atteint partout. 11 tombe enfin épuisé de fatigue , ou il se
précipite du haut d'un rocher. L'aigle fond alors sur lui , et
déchire tranquillement sa proie. » Un habitant de l'une de
ces îles venoit de perdre un bœuf de cette manière , quand
M. de Buch arriva au Loffoden.
Le pygargue , dans sa première année , a la tête et le cou
de deux teintes brunes ; tout le corps varié de blanchâtre ,
de brun et de ferrugineux ; les grandes pennes des ailes, noi-
res ; les pennes de la queue , variées de gris , de brun et de
blanchâtre ; le bec noirâlre et la cire jaunâtre. Dans la
deuxième année , la couleur de la tête et du cou s'éclaircit ;
le reste du plumage est brun , la queue moitié blanche et
moitié noirâtre , le bec jaunâtre , et la cire jaune. A l'âge de
trois ans , tout le corps est d'un gris-brun uniforme ; la tête
et le cou , d'un gris clair ; la queue totalement blanche ; le
bec est d'un jaune sale , et l'iris d'un jaune très-clair.
Quand il est très-vieux , le gris de la tête blanchit ; ce-
pendant , on prétend qu'alors , la tête et le cou deviennent
d'un beau blanc, avec un trait très-étroit et noir sur la tige
des autres plumes ; ce qui est vrai , pour la race qui habite
le Groenland et l'Europe septentrionale ; mais en est-il de
ïnême pour celle qui se trouve dans nos climats tempérés?
C'est de quoi il est permis de douter , puisque les individus
qui sont vivans au Muséum d'Histoire naturelle , depuis cinq
à six ans au moins , ne les ont pas encore de cette couleur,
mais bien d'un cendré clair, plus ou moins blanchâtre.
Latham donne, dans le deuxième Supplément de son 5y-
nopsis^ pour une variété àufalcoalbicil/u, un oiseau de proie
de la Nouvelle-Hollande , qui a une grande taille , le bec et
les pieds noirs ; le plumage est généralement brun , mais
plus pâle en dessous qu'en dessus , et plus sombre sur les
ailes; le croupion et la queue , d'une couleur cendrée pres-
que blanche.
P Y G ,„
Le Pygargue de l'Amérique septentrionale est une
race très-voisine de notre PYGAaouE. V. Pygargue propre-
ment dit.
Le Grand Pygargue. C'est le Pygargue à l'âge d'envi-
ron un an (s.)
Le Petit Pygargue. Buffon a désigné ainsi , comme va-
riété , le pygargue y lorsqu'il commence à voler, (s.)
Le Pygargue a tête blanche. C'est le pygargue de P Amé-
rique septentrionale y à l'âge de trois ou quatre ans.
Le Pygargue tricolor , Pygargus tricolor. F. l'article du
Pygargue vocifer.
Le Pygargue vocifer, HaKotius vocifer^ Vieill.; Falco voci-
fer ^ Lath. , fig. 4 ï de V Histoire naturelle des Oiseaux d' Afrique ,
par Levaillant. Ses proportions égalent celles de V orfraie;
sa forme est élégante, et son plumage agréable ; l'envergure
a huit pitds, elles ailes pliées s'étendent jusqu'au bout de la
queue , laquelle est arrondie à son extrémité ; le haut des
tarses est garni de plumes , mais seulement par-devant. Cet
oiseau est remarquable par le blanc de sa tête , de son cou ,
de sa poitrine et de sa queue, qui tranche agréablement avec
le brun rougeâlre du reste du corps. L'on aperçoit quelques
taches d'un brun foncé sur la poitrine , et les plumes de la
tête et du cov ont leur côté brun. Les pennes de l'aile sont
noires, marbrées de blanc et de roux sur leurs barbes ex»
térieures. Une peau nue , dans laquelle sont implantés quel-
ques poils noirs , couvre l'espace entre le bec et l'œil ; sa
couleur est jaunâtre , aussi bien que celle des pieds et de la
membrane du bec; l'iris est d'un rouge-brun, et le bec bleuâ-
tre. La femelle a moins de noir sur son plumage , et la cou-
leur blanche, moins pure. Le jeune porte du gris cendré au
lieu de blanc , et ce n'est qu'à la troisième année qu'il prend
entièrement sa livrée.
Cet aigle a la voix forte et sonore ; il pousse de grands cris,
en agitant fortement la tète et le cou , et il donne à sa voix
diverses inflexions. Levaillant exprime le cri d'amour du voci-
fer par les syllabes ca-hou-cuu-cou , prononcées lentement,
la seconde dite quatre tons plus haut que la première , et les
deux autres successivement d'un ton plus bas ; mais cet oi-
seau fait entendre, en tout temps, des clameurs continuelles,
dont il remplit les déserts de la partie méridionale de l'A-
frique. Les Hollandais de la colonie du Cap de. lionne-Es-
pérance lui ont donné le nom de grand pécheur de poisson , et
de pécheur de poissons blancs; ces dénominations anl rapport à
sa manière de vivre. C'est , en effet , un paiient el habile pre-
neur de poisson , sur lequel il fond avec une rapidité inex-
primable, il &e nourrit aussi de gros lézards el àt gaieUes i
^78 P Y G
mais il ne mange jamais d'oiseaux, dit Levaiilant. Celle cx-
ceplion me paroît singulière dans un animal vorace, qui pa-
roît s'accommoder de lolite proie vivante.
De même que nos aigles, celui-ci place son aire à la cime
des rochers ou des plus grands arbres. Ses œufs sont blancs,
et plus gros, mais de la même forme que ceux de la poule
d'Inde. Le voyageur à qui nous devons la connoissance de
cette espèce criarde et sanguinaire, la représente comme un
modèle d'amour, de fidélité et de tendresse conjugale ; mais
l'on conçoit difficilement que des affections qui tiennent à
une douce sensibilité puissent être le partage d'êtres animés
qui ne subsistent que par Texercice habituel de la férocité et
des massacres.
" On nous fit remarquer, raconte un ancien voyageur,
« quantité d'oiseaux en Nigrilie , entre autres des aigles de
« deux sortes, dont l'une vit de proie de terre et l^autre de
« poisson. Nous appelons celle ci nonetle , parce qu'elle a le
« plumage de couleur de l'habit d'une carmélite , avec son
« scapulaire blanc. Leur vue surpasse , en clarté , celle de
« l'homme. » ( Relation de la Nigriiie , par Gaby. ) Buffon
avoit pensé que l'aigle nonette devoit se rapporter au balbu-
zard. Levaiilant retrouve son vocîfcr dans cet oiseau de Ni-
gritie. L'une et l'autre conjecture ont le même* degré de pro-
babilité, et il faudroit d'autres éclaircissemens que ceux qui
se trouvent dans la Relation de Gaby , pour adopter l'une
plutôt que l'autre, (s.)
J'ai sous les yeux deux pygargues nouvellement envoyés
du Sénégal , qui ont dans leur plumage de grands rapports
avec le vucifer et l'aigle noneite. Celui que je soupçonne être
de l'espèce du premier , a la tête , le cou , la gorge , la poi-
trine blancs, avec des taches noires et longitudinales sur
la tête ; une bande de cette couleur sur ses côtés, partant de
l'angle postérieur de l'œil , et ne dépassant pas le haut de
la nuque ; des taches longitudinales , étroites et noirâtres ,
sur le milieu de quelques plumes du devant du cou et
de la poitrine ; les plumes du ventre et des parties posté-
rieures , blanches et noirâtres ; les trois premières pennes in-
termédiaires de chaque côlé de la queue , blanches et brunes ;
les autres totalement blanches; les pennes des ailes noirâtres ;
les six premières totalement de celte teinte; les autres blan-
ches , et jaspées de brun en dedans; quelques-unes des cou-
vertures des ailes, mélangées de blanc ; le dos et le croupion,
bruns ; le becbleuâtre ; les ongles bruns; la cire et les tar-
ses jaunes ; ceux-ci longs de trois pouces. Longueur totale ,
deux pieds et demi.
L'autre , que j'appelle Pygargub tricolore, a la taille du
P Y G .79
précédent ; la tête , le cou en entier , le haut du dos , la gorge
et la poitrine , d'un blanc de neige , avec une ligne noire
très-finie et très-étroite , sur la tige des plumes ; la queue ,
totalement blanche ; le reste du dos , le croupion , les sca-
pulaires , les couvertures supérieures des ailes et de la queue,
d'un noiruu peu mélangé de roussàtre ; les pennes primaires
totalement d'un noir pur ; le dessous de l'aile , le ventre , les
parties postérieures et les plumes des jambes , d'un brun
roux; le bec brun ; la cire et les tarses jaunes ; ceux-ci longs
de trois pouces. Ces deux oiseaux de proie se rapprochent
tfgs balbuzards, en ce qu'ils ont toutes les plumes des jambes
courtes , et les tarses en très-grande partie nus. Ils tiennent
a-jx pygargues , par la forme de l'ongle intermédiaire , qui a
une rainure assez profonde sur le côté intérieur ; le rebord
supérieur saillant , et finement dentelé , le dessous aplati et
creusé en gouttière dans le milieu , tandis que chez les véri-
tables balbuzards , l'ongle intermédiaire est sans rebord,
sans dentelures , plein et arrondi en dessous. De même que
ceux-ci, ils n'ont point ces longues plumes qui descendent
des cuisses sur les côtés du tarse , et que l'on appelé culotte.
ISoia. Les petites dentelures dont il vient d'être question, se
trouvent chez tous les autres oiseaux de proie, et ne peuvent
être senties qu'en mettant le doigt sur le rebofd , et le reti-
rant vivement. Ces deux oiseaux sont dans la Collection de
M le comte de Riocourt.
L'Aigle de la Chine , Falco sinensis, Lalh, , pi. 3 du Ge-
neral Synopsis de cet auteur. Cet oiseau , d'une taille un peu
inférieure à celle de l'aigle , a le bec noir et très- crochu ; la
cire jaune ; l'iris brun ; les parties supérieures d'un brua
rougeâtre ; le sommet de la tête, d'un beau noir , plus foncé
sur le bord des plumes ; une bande assez large , d'un brun
obscur , sur le milieu de l'aile , et la plupart des pennes de
la même teinte à leur extrémité ; la queue de la couleur du
dessus du corps, à la base, sur le milieu et à la pointe;
toutes les parties inférieures d'un fauve jaunâtre ; les pieds
jaunes, très-robustes; les ongles grands , très-crochus et
noirs. Cet oiseau se trouve à la Chine et dans l'Inde.
* L'Aigle féroce ou d'AsTRACAN , Falco ferox , Lalh. ; — •
S G. Gmelin , A'oc. Comment, petrop. , tom. i5 , pag. 44-2 ■,
tab. 10. Cet aigle a deux pieds un pouce de longueur totale ;
la cire verte ; la tête et le cou d'un gris- brun , mêlé de blan-
châtre ; le plumage généralement brun ; le dos , le ventre et
le croupion blancs , et variés de taches rougeâtres ; les pen-
nes des ailes noires en dessus , blanches en dess os , et grises
vers le bout ; les peijnes caudales blanches en dessous , et
brunes en dessus , avec quatre bandes d'un brun plus clair ',
XXYIII. ï8*
28o P Y G
le bec d'un noir cle plomb; les paupières bleues ; l'iris jaune f
et les ongles aigus. Gmeiin assure que cet oiseau de proie
est d'une gloutonnerie difficile à appaiser , et qu'il se jette
aussi avidement sur les cadavres les plus infects.
* L'Aigle de Gottingue , Fa/co glaucoph, Lath. M.Meyer
donne cet oiseau pour un jeune pygargue d'Europe. Il a la
tête et le haut du cou d'un blanc jaunâtre varié de brun ; de
petites taches lunulées et brunes sur le front; la poitrine et
le dos de cette couleur ; les ailes noires ; la queue d'un brun
rougeâtre en dessus, d'un blanc sale en dessous, avec huit
bandes transversales noires ; l'iris d'un blanc jaunâtre ; le bec
verdâtre ; la cire et les tarses d'un jaune citron ; et vingt-un
pouces trois lignes de longueur totale.
L'Aigle des Grandes Indes , Falco poniicerianus , Lath. ;
pi. enl. de Buff. , n.*^ 4i6. Il n'est pas plus gros qu'un fort
pigeon , mais , dans sa petite taille , il réunit l'élégance des
formes à la beauté du plumage ; ses yeux pleins de feu , ses
mouvemens très-vifs , de l'effronterie dans le regard et dans
les attitudes , répandent sur sa physionomie l'apparence de
la fierté et du courage. Les Malabares en ont fait une idole,
et lui rendent un culte. La vénération des Gentils pour cet
oiseau , dit Fouché d'Obsonvllle , tient à des motifs pure-
ment mythologiques. On les voit souvent en un stupide éba-
hissement à son aspect ; et si , en sortant le matin de leur
maison , ils l'aperçoivent se dirigeant vers le lieu où ils vont
traiter quelque affaire , c'est un heureux augure qui ne leur
permet pas de douter du succès le plus complet. ( Essais
philosophiques sur les mœurs de dioers animaux étranger:} ,
page 55 ).
Un camail de plumes larges et très-blanches , dont la tige
a le noir brillant du jais , couvre la tête , le cou et toute la
poitrine de ce bel aigle ; le reste du plumage est de couleur
marron lustre , à l'exception du bout des six premières pen-
nes des ailes, qui est noir ; le bec cendré est d'un jaune ver-
dâtre à sa base. Cet aigle porte , sur la côte du Malabar et au
Coromandel , les noms de fchil et de kuewaJen , parce qu'il
n'est pas assez courageux pour être rangé parmi les oiseaux
de la fauconnerie. Un oiseau de proie , semblable à celui-ci,
se trouve , dit Latham , à la Nouvelle-Hollande , où il porte
le nom de girrenera. Il a la tête, le couet le ventre d'un blanc
pur, sans aucune raie ; le reste du corps d'une couleur de
rouille sale ; une partie de sa nourriture consiste en œufs.
* L'Aigle maritime ou de Java, Faho maritimus, Lath. ,
a été décrit pour la première fois dans le Lichtenberg magazin
fur das menest auf der phys. iv , 2 , 6. Il a quatre pieds deux
pouces de long , et un pied sept pouces de haut ; le bec et la
P ^ G 280
cire jaunes; le corps et l'extrémité de la queue blancs; les
plumes des jambes d'un rougeâlre mélangé de blanchâtre. On
dit que cet oiseau se trouve sur les côtes maritimes de Tile
de Java , où il se nourrit de poissons et d'animaux morts.
(s.)
* L'Aigle a ventre blanc , Fako l^ucogaster, Lath. , a
non -seulement le ventre revêtu de plumes blanches ^ mais
tout le dessous du corps , la tête ^ le cou et l'extrémité de la
queue ; le reste du plumage est d'un brun obscur; les pieds
sont jaunes : longueur totale, près de trois pieds. Le pays de
cet oiseau est inconnu, et Sonnini a fait une erreur en in-
diquant l'Amérique septentrionale pour sa patrie.
* Le Bateleur , Falco ecaudaius , Lath. ; pi. 7 et 8 des
Oiseaux d'Afrique , de Levaillant , qui le premier a décrit
cet oiseau , dans lequel on trouve des rapprochemens avec
les vautours , par la forme de son bec , et avec les pygargues ^
par ses tarses en partie nus ; mais pour le mettre à la place
qui lui convient , il faut le voir en nature ; alors peut-être
trouvera-t-on des caractères suffisans pour donner lieu à une
division particulière.
Les colons du pays d'Anteniquoi , dans l'intérieur des terres
du Cap de Bonnc-Espératice , lui ont donné le nom de bate-
leur , à cause des mouvemens très-extraordinaires , espèce
de tours de force, qu'il exécute en volant, et que le mâle et la
femelle se plaisent à répéter alternativement en présence l'un
de l'autre. Après avoir plané en tourniquet, ils rabattent tout
d'un coup leur vol , et descendent à une certaine distance de
terre en battant l'air de leurs ailes , d'une manière à faire
croire qu'il y en a une de cassée , et que l'oiseau est prêt
à tomber ; on peut entendre ces coups d'ailes à une grajîde
distance.
La taille du bateleur est moyenne entre celle de M orfraie et
du balbuzard ; son bec est moins fort et ses ongles moins cro-
chus que ceux de V aigle ; ses tarses sont nus et couverts de
larges écailles comme ceux du balbuzard ; mais il s'éloigne
de cet oiseau , ainsi que des autres aigles , par le peu de lon-
gueur de sa queue , dont les pennes dépassent à peine leS
plumes du croupion , qui en recouvrent plus de la moitié.
Ceiie queue si courte et le dos sont d'un roux foncé ; les pe-
tites couvertures des ailes d'un fauve Isabelle , et les plumes
des autres parties d'un beau noir mat ; il y a un peu de gris
bleuâtre sur \t::s scapuiaires , et un liseré argenté sur le bord
extérieur àcs pennes de l'aile. L'iris de l'œil est d'un brun
foncé, ie bec noir , de même que les ongles, ella membrane
582 P Y G
bec jaunâtre. La femelle et l'oiseau jeune sont bruns, et leurs
ailes noirâtres ; ilparoît que c'estseulemenl à latroisièine mue
que le bateleur se revêt entièrement de son beau plumage.
Le naturel de cette espèce tient de celui du pygargue et de
celui du vautour , mais plus du premier que du second. Les
bateleurs déchirent les cadavres d'animaux morts pour se
gorger de leurs lambeaux à demi putréfiés ; cependant ils
atta(juent souvent les jeunes gazelles, les jeunes autruches, etc.,
et ils cherchent à surprendre les agneaux et les moutons ma-
lades près des habitations. Le mâle et la femelle ne se quit-
tent point ; ils placent leur aire sur les arbres, et la ponte
est de trois à quatre œufs tout blancs. On les trouve com-
munément dans le pays d'Anteuiquoi et le long de la côte
de Natal , jusque dans la Cafrerie ; ils sont connus , par les
Hollandais du Cap de Bonne-Espérance , sous le nom de
coqs de montagne, (s.)
* Le Cafre , Falco vulturinus , Lath. ; planche 6 des Oi-
seaux d'Afrique , par Levaillanl. Il en est de cet accipilre
comme du bateleur j il faut le voir en nature pour détermi-
ner la place qui lui est convenable. Il tient à la fois des
pygargues et des vautours ; cependant, il a plus de rapports
avec les premiers ; et M. Levaillant , qui Ta découvert, le
regarde comme un aigle ; quoique par son bec, ses tarses et
quelques habitudes , cet oiseau se rapproche beaucoup des
vautours. Sa taille égale celle du grand aigle ; son bec est
même plus fort , mais ses serres sont plus foibles ; des plu-
ines revêtent ses pieds jusqu'aux doigts ; ses ailes , pliées ,
s'étendent fort au-delà du bout de la queue , dont la pointe
est arrondie , usée et élimée. Tout le plumage est d'un noir
mat , avec quelques reflets brunâtres sur les ailes ; le bec est
jaunâtre , et sa membrane bleuâtre ; l'iris des yeux est d'un
brun marron ; les tarses sont d'un jaune terne , et les on-
gles noirs.
Le nom de cajre , que Levaillant a imposé à cet oiseau de
proie , indique qu'on le trouve dans la Cafrerie , où il est
néanmoins assez rare ; on ne le voit point en troupes, mais
seulement par paires ; et avant de pouvoir s'enlever de terre
pour prendre son vol , il marche et saute quelque temps à la
manière des vautours ; son aire est placée sur les rochers; les
charognes sont sa nourriture habituelle ; il attaque quelque-
fois des agneaux pour les dévorer sur place ; car jamais il
n'emporte de proie dans ses serres , môme quand il a des
petits, ce qui le rapproche des vautours, (s.)
*Le CiiEELA, Falco cheela, Lath. Sa taille égale celle de
Vaigle commun ; son corps épais annonce sa force ; le som-
met de sa tête est chargé d'une petite huppe ; le brun est la
ielnle génériile Je son plumage; il y a un peu de blanc de
chaque côté de la tête , des taches de la même couleur sur les
couvertures supérieures des ailes , et une large bande , égale-
ment blanche , qui traverse les pennes de la queue ; le bec
est bleu ; l'iris de l'œil et les pieds sont jaunes. Cheela est le
nom que cet oiseau porte aux Indes , où il n'est pas com-
mun, (s.)
* Le Getiergerte , Falco ilgrînus, Lath. Cet oiseau de
proie a été décrit par Besck. , voy, Kurl. S. lo , ii — i.
Taf. 2 , et sous le nom latin que nous lui avons conservé.
Aussi fort que Y aigle doré ^ il en a la fierté et l'humeur san-
guinaire; aussi hardi que féroce, il ne craint point de s'ap-
procher des demeures rustiques, où il fait une guerre cruelle
aux paisibles habitans des basse-cours. Il n'est pas moins
dangereux pour le gibier ; les perdrix , les gelinottes , les
lièvres , sont sa proie habituelle.
Quelques raies brunes , disposées comme celles qu'on re-
marque sur le pelage du iigre ^ tranchent sur le fond blanc
des parties du corps, postérieures à la poitrine, mais en plus
grand nombre sur les plumes des jambes et les couvertures
inférieures des ailes , dont les supérieures sont noirâtres et
les pennes noires : un brun pâle teint la tête, la gorge et la
poitrine ; cette couleur se change en noir sur le dessus du
cou et de la tête , dont le sommet est varié de petites raies;
elle devient pâle sur les autres parties supérieures , et se sa-
lit sur la queue, dont les pennes ont trois bandes transversa-
les très-étroites , mais distinctes. La cire ou membrane de la
base du bec est bleue ; l'iris et les pieds sont jaunes;
Cet individu est regardé comme un mâle ; la femelle n'est
pas décrite : on le trouve en Courlande.
Le Pyg ARGUE A VENTRE FAUVE , Haliœtus fub'wenter. Cet
oiseau , que M. de Labillardière a rapporté de son voyage
autour du monde , et qu'il a déposé au Muséum d'Histoire
naturelle , me paroîl cire un jeune dont l'espèce n'est pas
connue ; il a la tête et le dessus du cou marqués de brun, sur
un fond d'un blanc roussâtre ; le front et la gorge de cette
dernière teinte, mais uniforme ; le reste des parties infé-
rieures brun et fauve , à l'exception du bas-ventre et des
couvertures inférieures de la queue, qui sont d'un blanc pur;
la queue de cette couleur et terminée de brun ; les grandes
pennes des ailes noires ; le plumage supérieur brun et mou-
cheté de blanc ; le bec rougeâtre , les pieds jaunâtres et l.i
taille de V aigle moufhelé. (v.)
PYGARGUS ACCIPITER, de Willughby. C'est la
SOUBUSE. (s.)
PyXiATRICHE , Pysairi%. M. Geoffroy appelle ainsi
=84 P Y G
un genre de singes qu'Illigeravoit formé avant lui, sous la dé-
nomination de Lasiopyge, Lasiopyga^ dont la signification
est la même {fesses velues'). La Guenon Douc ( Cercopithecus
nemœus) est le seul animal qui doive y entrer, si toutefois
ce genre mérite d'clre conservé ; car son caractère princi-
pal, qui consiste à manquer de callosités aux fesses , pourroit
fort bien , ainsi que le remarque M. Cuvier, provenir d'un
défaut dans la préparation du sujet unique qui existe dans
la collection du Muséum d'Histoire naturelle.
Quoiqu'il en soit, voici les caractères attribués par M.
Geoffroy à son genre Pygatriche , singe de l'ancien conti-
nent : museau assez court , avec l'angle facial de 5o de-
grés; mains très - longues , et plus que les avant- bras
et les jambes ; pouce antérieur grêle ; pouce posté-
rieur très - écarté ; fesses non calleuses, et au contraire
garnies et bordées de longs poils ; queue de la longueur du
corps.
Nous n'avons pas adopté ce genre ; nous le considérons,
seulement comme une sous-division de celui des Guenons.
Voy. ce mot. (desm.)
PYGEE, PYgeuin. Genre de plantes établi par Gœrtner ,
sur la seule considération d'un fruit venant de Ceylan. Ce
fruit est un drupe sec, transversalement plus large, contenant
des semences en forme de baies attachées alternativement
sur ses côtés, (b.)
PYGMÉE , Pygmœus. On sait que Tyson et d'autres au-
teurs ont donné ce nom à une espèce d'orang-outang , sinna
troglodytes^ L. , qui habite les contrées les plus chaudes de
l'Afrique. Voy. Orang-outang.
On a cru devoir donner ce nom de pygmée à ce singe à
cause de sa petite taille (mais on n'a vu que de jeunes individus
non adultes en Europe, et celui que Tyson a disséqué,n'avoit
pas trois pieds de haut), et parce qu'on a supposé qu'il
pourroit bien avoir donné lieu à cette fable des peuples
pygmées dont les Grecs ont parlé. Ce sont, dit-on , des
hommes d'une petite taille, qui font une guerre perpétuelle
aux grues , suivant Homère , et aux perdrix, d'après Mene-
clès (Athénée, Delpnosoph.,\. IX.).Un Basilides raconte com-
me quoi les pygmées atteloient des perdrixà leurs carrosses,
pour s'en faire traîner. Selori Nicéphore Calixte ( Hist. eccL^
1. XII, c. 87 ), on a vu un Égyptien, âgé de vingt cinq ans ,
qui n'étoit pas plus haut qu'une perdrix ; il avoit une jolie
petite vois, et ses raisonnemens marquoientde la pruûence et
du courage. Phlloslrale représente les pygmées armés débâ-
ches , de serpes, de cognées, pour couper les blés qui sont ,
à leur égard , de grands arbres. ArJslole , qui admet ces fa-
P Y T^ .83
Lies , dit que les pygmées vivent dans des tanières , ou des
cavernes , et Pline suppose des pygmées en plusieurs régions
du monde. Les grues chassèrent ceux de Thrace , selon lui
(^lib. IV, ch, XI ) ; d'autres existoient vers Antioche ou Sé-
leucie ; les autres habitoient en Ethiopie , aux sources du
Nil ; enfin, on en plaçoit aussi dans les Indes orientales, aux
sources du Gange; ceux-ci étoient nommés SpHhamîensy
parce qu'ils n'excèdent pas trois palmes, dans leur taille.
Strabon , écrivant avec plus de critique {lib. ij , Géogr. ) ,
dit , que comme tous les animaux naissent plus petits dans
des régions ou trop chaudes et sèches , ou trop glaciales , il
se peut qu'on y ait supposé des pygmées , en exagérant la
petitesse des hommes ; car , personne , dit-il , n'a vu de
ces prétendus pygmées.
On voit combien le défaut de connoissances géographi-
ques précises faisoit admettre d'absurdités aux anciens phi-
losophes, les plus remarquables par leur génie.
C'étoil , dit -on , le bon temps : on faisoit croire aux peu-
ples tout ce qu'on vouloit , rien n'étant là pour démentir tant
de fables. Aujourd'hui, l'on prétendroil en vain nous traiter
en pygmées ; il est probable que nous avons vaincu les grues
à notre tour. L'époque de la puberté du genre humain nous
paroît être arrivée , grâce aux sciences physiques et naturel-
les , et les peuples grandissent sur la terre. ( Voy. Homme. )
(VIRE Y.)
PYGMEE , Pygmea. Genre de plantes établi par Stack-
house , Néréide britannique , aux dépens des Varecs de
Linnaeus. Ses caractères sont : fronde coriace , roide , très-
courte, dilatée ou palmée à son extrémité ; fructification en
forme de vase.
Ce genre rentre dans la troisième section de celui appelé
GiGARTiNE par Lamouroux; il ne renferme qu'une espèce
le varec pygmée , figuré pi. i8 du grand ouvrage du même
Stackhouse. (b.)
PYGMÉE DE GUINÉE. Nom sous lequel on a quel-
quefois désigné I'Orang chimpanzé ou Jocko de Buffon.
Voy. Orang. (desm.)
PYGOSCELIS. C'est le Grèbe cornu, dansGesner. V.
Grèbe, (s.)
PYGYTTIAL. Nom du Myrtille ( Vaccinium myiiiUus },
chex les Tartares Wassugs. (ln.)
PYLAISIE, Pylaisia. (ienre de mousse rapproché des
Ptérogonions et des Fabronies. Ses caractères sont : pé-
ristome simple à seize dents membraneuses , dentelées sur
leur» bords ; capsule ovale et oblique; un opercule campani-
P.86 P Y R
forme, mucronulé ; une gaine nue , ovale ou presque cylin-
drique.
Ce genre ne renferme qu'une espèce qui croît sur les ar-
bres, et ressemble à I'Hypne serpetst. Elle est figurée pi.
33 du 4.'^ vol. du Journal de botanique de Desvaux, (b.)
PYLORÏDES ( Coquilles ). Nom donné aux coquilles bi-
valves dont les battans ou les valves ne se ferment pas exac-
tement , telles que les solcns , les pinnes , les pholades, quel-
ques espèces de moules , etc. V. au mot Coquilles, (desm.)
PYRACANTHA. Nom donné par Lobel et Clusius à
une espèce de Néflier épineux qui se couvre de fruits d'un
rouge de feu , et que l'on nomme vulgairement buisson ar-
dent (^Mespi/us pytacantha). On le donne aussi à un celas-
trus. (LN.)
PYRALE, Pyra//5, Fab., ()liv,,Latr. Genre d'insectes de
l'ordre^ies lépidoptères, famille des nocturnes, tribu des rou-
leuses , ayant pour^ caractères : antennes sétacées , ailes
courtes , élargies à leur base , formant avec le corps une
sorte d'ellipse tronquée ou en triangle , dont les côtés op-
posés sont arqués près de leur réunion.
Les pyrales^ qu'il ne faut pas confondre avec les phalènes
pyrales de Linneeus (V. Phalène.), diffèrent des autres lépi-
doptères par la forme de leurs ailes qui sont larges à leur
origine , arrondies , formant des espèces d'épaules. Ce sont
ces insectes que Geoffroy di nommés phalènes chappes , et Lin-
nseas. phalènes rouleuses {ioririx). Elles viennent de chenilles
à seize pattes, qui sont rases ou peu velues. Presque toutes
ces chenilles vivent renfermées dans des feuilles dont elles
roulent ou plient les bords , et mangent le parenchyme.
Quelques autres vivent dans l'intérieur des fruits. Parvenues
à leur grosseur , elles se changent en nymphes , les unes dans
les feuilles mêmes où elles ont vécu, et qu'elles tapissent d'un
peu de sole; les autres filent une coque de forme singulière,
que Réaumur a nommée coque en bateau.
Ces chenilles font leur coque avec une adresse étonnante;
elles commencent par filer séparément deux pièces sembla-
bles, à chacune desquelles elles donnent la forme d'une co-
quille -, ensuite elles les posent l'une à côté de l'autre, et
lient leur bord supérieur avec quelques brins de soie ; placée
dans la cavité qui se trouve entre ces deux pièces , la che-
nille parvient à force de travail à donner de la solidité à sa
coque , et la forme d'un petit bateau ; et après qu'elle l'a
achevée , elle se change en nymphe. Les chenilles qui font
de ces coques sont plus ou moins de temps à acquérir leur
dernière forme. Les unes deviennent insectes parfaits envi-
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P Y R ,8,
ron un mois après leur métamorphose ; les autres au prin-
temps , ayant passé l'hiver sous l'état de nymphes.
On trouve les pyrales pendant toqte la belle saison ; elles
forment un genre très-nombreux ^.que l'on pourroit diviser
ainsi : i° palpes inférieurs cylindriques, Pyralis fagana ; 2.'»
second article des palpes inférieurs dilaté ; le dernier fort
court et obtus, Pyralis pomana; 'à. ° palpes inférieurs allongés,
recourbés, terminés par un article long et conique , Pyralis
heradœana ( V. pour d'autres divisions mon Gêner, rrust. et
insect. )
Les espèces les plus remarquables sont :
Pyrale verte a bandes, Pyralis {phalœna , Linn. ) prasi-
naria^Yah. ; Chappeverte à bandes, Geoff ; pi. M. 17, g de cet
ouvrage. Cette pyrale , une des plus grandes de ce genre ,
aies ailes et le corps d'un beau vert; deux lignes obliques,
blanches, sur les ailes supérieures ; le dessous des quatre ai-
les d'un vert blanchâtre.
On la trouve aux environs de Paris.
Sa chenille est verte , avec quelques raies obliques d'un
vert jaunâtre ; sa partie postérieure est beaucoup plus mince
que sa partie antérieure ; elle retire souvent sa tête sous les
premiers anneaux de son corps. Elle se nourrit de feuilles
de chêne et d'autres. Vers le milieu du printemps , elle s'en-
ferme dans une coque à laquelle elle donne la forme d'un
bateau, se change en nymphe, et devient insecte parfait en-
viron un mois après.
Pyrale du hêtre, Pyralis {phalœna, Linn.) fagana , Fab.
Elle est presque aussi grande que la précédente ; verte, avec
des lignes obliques d'un rouge pâle sur les ailes supérieures ;
elle a les antennes et les pattes d'un rouge pâle , quelque-
fois jaunâtres.
On la trouve aux environs de Paris.
Sa chenille est une de celles qui font leur coque en ba-
teau ; elle est verte ; avec des lignes jaunâtres sur les côtés.
On la trouve vers la fin de l'été. Elle se nourrit de feuilles
de chêne, fait sa coque au commencement de l'automne,
passe l'hiver sous la forme de nymphe, et devient insecte
parfait au printemps suivant
Pyrale du xylostéon, Pyralis xylosteana, Fab. Elle a les
ailes supérieures brunes , avec une large bande sur le mi-
lieu, d'un brun plus foncé, et sur la totalité, de petites lignes
de même couleur.
On la trouve en Europe ; elle est commune aux environs
de Paris.
Sa chenille est verte ; elle vit sur h lilas, dont elle roule
les efuilles; si on touche un peu fort à celle sur laquelle elle
288 P Y R
est, elle sort de son rouleau par un des bouts, qu'elle laisse
toujours ouvert, et se suspend au brin de soie qu'elle a soin
de tenir prêt à l'aider dans sa fuiteN, et quand elle croit le
danger passé, elle remonte à l'aide de cette soie. Elle mange
tout l'intérieur de son rouleau, sans jamais toucber au der-
nier tour de spirale. Elle se change en nymphe dans son rou-
leau, au commencement de l'été, et devient insecte parfait
un mois après.
Pyrale de la vigtsie, Pyraîîs vitana., Fab,; Bosc, Mémoire
d'Agrit:., 1786, irim.dp'té , p. 22, pi. 4., fig-6; Coqueb. , Illusf.
inconog. Insect. dec. i , tab. 7, fig. 9. Ses ailes supérieures sont
d'un verdâtre foncé , avec trois bandes obliques noirâtres ,
dont la troisième ternùnale. Sa chenille fait un grand dégât
à la vigne , dans quelques cantons de la France.
Pyrale des pommes, Pyralis {^phalœna^ Linn. ) pomana ,
Fab. Elle a les ailes d'un gris cendré; les supérieures ont , à
l'extrémité , une grande tache brune , sur laquelle sont des
points d'or, et sur la totalité, des petites lignes brunes et
jaunâtres. ,
Sa chenille est rougeâtre ; elle se nourrit de pommes , et
vit dans l'intérieur de ce fruit jusqu'à ce qu'elle soit prête à
se métamorphoser ; alors elle se fait un chemin depuis le
centre jusqu'à la circonférence de la pomme , et en sort
pour aller chercher uu endroit où elle puisse se changer en
nymphe. Il paroît que c'est sous l'écorce de l'arbre qu'elle se
retire; là , elle file une coque dans laquelle elle fait entrer
différentes matières , et s'y enfermer Elle en sort sous la
forme d'insecte parfait , au milieu de l'automne.
Après l'accouplement, les femelles collent leurs œufs
dans les endroits où les petites chenilles qui doivent en sor-
tir, puissent trouver la nourriture qui leur convient, et il
paroît que la chenille perce la pomme pendant qu'elle est
encore jeune , et s'introduit dans son intérieur ; l'endroit
par où elle est entrée, se referme quelquefois, de manière
qu'il est difficile d'apercevoir le trou qui lui a donné passage.
Pyrale cynospane, Pyralis (phalœna, Linn.) cynosbanes ,
Fab. Elle a les ailes grises; les supérieures d'un brun noi-
râtre à leur origine , avec l'extrémité blanche, terminées par
des points noirs.
On la trouve en Europe.
Sa chenille est brune , avec la tête noire. Elle vit dans les
jeunes pousses des branches de rosier, creuse l'intérieur du
bouton, mange toute la substance qu'il renferme; elle at-
taque aussi les feuilles nouvellement développées , et s'y
forme un logement, en les attachant ensemble avec plu-
sieurs brins de soie. Vers le milieu du printemps, elle fil«
P Y R
89
une coque ovale , d'une soie très-blanche , dans laquelle elle
se change en nymphe , et en sort sous la forme d'insecte
parfait quinze jours après,
PyR\LE DE LA BERCE, Pyralis (^phalœna, lÀnn.) Jyacleana.
Le corps paroît aplati ou écrasé -, les ailes sontgr;ov.i, ; ies su-
périeures ont des lignes noires, rapprochées sur le disque.
La chenille vit sur les plantes ombelliféres , la ùei-ce no-
tamment ; elle en lie les Heurs avec de la soie , et après les
avoir rongées, elle pénètre dans les tiges parles aisselles des
feuilles. Celle chenille est verte , ponctuée de noir , avec
trois lignes plus foncées sur le dos. (l.)
PYRALIS, Pyrallls ou Pyrralis, Nom grec d'un oi^
seau inconnu, (v.)
PYRAME, CHIEÎS PYRAME. Race de chien venant
de la race épagneule, transportée en Angleterre, et caracté-
risée par sa couleur d'un noir-marron, accompagnée de ta-
ches de feu sur les yeux, (desm.)
PYRAMIDALE. Nx)m spéciGque d'une Campaivule. (b.)
PYRAMIDE. Nom que quelques anciens conchyliologis-
tes français ont donné aux coquilles du genre Côt^e. (b.)
PYRAMIDE. Sommet d'un cristal qui présente au moins
trois faces qui se réunissent en un point , ou sur une même
ligne , à moins que la pyramide ne soii tronquée. Quand ua
cristal est terminé en forme de coin , ce n'est pas une pyra-
mide ^ c'est un sommet dièdre, (pat.)
PYRAMIDE (GRANDE). C'est une coquille du genre
Toupie , le Trochus niloticus. (desm.)
PYRAMIDELLE, Pyramidella. Genre de coquilles de la
classe des Univalves, qui a été établi par Lamarck pour sé-
parer du genre des Toupies ( /roc/iM5, Llnn. ) quelques espè-
ces qui ne lui conviennent pas complètement. Ce genre offre
pour caractères : une coquille turriculée, dont l'ouverture est
entière et demi-ovale; la columelle saillante , perforée à sa
base et munie de trois plis trans verses. Il a pour type la tou-
pie dolabre.
On ne sait rien sur les animaux des pyramidelles , qui ont
sans doute de très-grands rapports avec ceux des Toupies.
(B.)
PYRANGA, Pjran^a , Vieîll. ; Tanagra , Lath. Genre
de Tordre des oiseaux Sylvains et de la famille des Péri-
cales. V. ces mots. Caractères : bec robuste, épais, un peu
déprimé à sa base , conique , convexe dessus et dessous ;
mandibule supérieure , couvrant une partie de Tinférieure ,
à bords anguleux, en forme d'une fausse dent vers son mi-
lieu, légèrement échancrée et fléchie à sa pointe; l'infé-
rieure droite et entière; narines arrondies, ouvertes,
xxyai. 19
9°
P Y R
f)eliles , à demi couvertes par les plumes du capistrum ;
angue cartilagineuse , bifide à sa pointe ; les trois premières
rémiges égales, ou à peu près, et les plus longues de toutes;
quatre doigts , trois devant , un derrière ; les extérieurs réu-
nis à leur base , l'interne libre.
Les oiseaux que renferme ce genre, ont été classés parmi les
/<7n^«/«5;maisM.Desmarest en a fait une section particulière,
sous la dénomination de iangams r.ollunens , d'après quelques
rapports entre leur bec et celui des pie-grièches. Ce savant
est le premier qui ait aidé à débrouiller un genre aussi mal
composé que celui des iangaras. Voyez ce mot. Les pyrangas
vivent d'insectes, qu'ils saisissent quelquefois au vol; mais, le
plus souvent , ils les cherchent sur les arbres; ils se nour-
rissentaussi de diverses baies à l'époquedeleur maturité. Ces
oiseaux ne se réunissent point en troupes, ils se tiennent tou-
jours seuls ou en fa'milles et fréquentent les vergers ; mais la
plupart préfèrent l'épaisseur et le silence des bois, où ils
X)ichent sur les arbres de moyenne hauteur; leur chant n'a
rien de remarquable. Les />yrang'«5 qui fréquentent les Etats-
Unis et le Canada , y arrivent vers les premiers jours de
mai, y restent jusqu'à l'automne, et font ordinairement
deux pontes pendant leur séjour; ensuite ils se retirent, avec
leur famille, sous la zone torride, où ils passent l'hiver.
Le PyraNGA bleu et jaune , Pyranga cyanicterus ^ Yieill.
Cet oiseau, qu'on soupçonne appartenir à l'Amérique mé-
ridionale , a sept pouces de longueur , le bec noir , la tête,
le cou en entier , la gorge , le dos , le croupion , les couver-
tures des ailes, l'extérieur des pennes primaires, les plumes du
dessus de la queue, ses deux pennes intermédiaires et le bord
des autres, d'un beau bleu d'azur; le dos est de cette couleur,
avec des reflets verdâlres; elle est pure sur les autres parties,
et brillante sur le devant du cou et sur le haut de lapoitrine; on
remarque une tache de la même couleur sur les côtés de
l'estomac , laquelle s'avance un peu sur le devant en forme
de demi-cercle ; le reste des parties inférieures est d'un jaune
citron éclatant; les grandes pennes des ailes sont noires à
l'extérieur ; les pieds d'un jaune d'ocre clair. Cet oiseau est
dans la collection de M. Temminck.
Le Pyramga CEîsdre , Pyranga cinerea , Vieill. , se trouve
dans l'Au)érique méridionale ; le bec et les pieds sont noirs;
tout le plumage est d'un cendré foncé , avec quelques mar-
ques blanches sur les couvertures des ailes et des tache.<î
blanchâtres sur les couvertures inférieures de la queue , qui
est assez longue, carrée et terminée de blanc. Je soupçonne
que c'est un jeune oiseau dont je ne connois pas l'espèce.
Je l'ai vu au Muséum d'Histoire naturelle.
P Y R 2Ql
Le Pyranga a face rouge, Pyranga erythropîs , Vieill.;
pi. 20, fig. I de TAm. Ornithology. 11 a six pouces de lon-
gueur; le dos, la queue et les ailes, noirs; les grandes
couvertures des ailes terminées de jaune ; les moyennes
totalement de cette couleur ; le cou, le croupion, les cou-
vertures de la queue , et toutQg les parties inférieures , d'un
verdâtre jaune; le devant de la tête, jusqu'au-dessous de l'œil
et le menton, d'un écarlate clair; le bec d'une couleur de
corne jaunâtre ; les pieds d'un bleu clair; la queue très-
peu fourchue et terminée de blanchâtre terne.
Cette espèce se trouve dans les grandes plaines et prairies
qui bordent le Missouri, entre les nations Osage et Maudan ;
elle place son nid dans les buissons, et souvent dans les
herbes. Elle se nourrit de différentes sortes de baies , qui y
sont très-abondantes.
Le Pyranga noir et jaune , Pyranga Icleromelas , Vieill.
Cet oiseau, que l'on trouve dans l'Amérique méridionale ,
est d'un noir profond sur toutes les parties supérieures , les
côtés de la tête , du cou et de la gorge qui est , dans son
milieu , rayée transversalement de jaune ; toutes les parties
inférieures sont de cette couleur ; le bec est noirâtre en
dessus , et de couleur de corne en dessous ; les pieds sont
d'un brun rougeâtre ; taille un peu inférieure à celle des
tachy plions noir et blanc. Du Muséum d'Hist. nat.
Le Pyranga aux pieds jaunes, Pyranga icteropus ., Vieil!.;
a six pouces et demi de longueur totale; la tête, le dessus
du cou et le dos, verts ; les deux pennes intermédiaires de la
queue en entier , le bord extérieur de toutes les latérales
et des pennes alaires , bleu; toutes les pennes brunes à
l'intérieur ; le menton , le devant du cou , et toutes les
parties postérieures, jaunes ; les plumes des jambes, d'un
vert-olive ; le bec brun , et les pieds jaunes. On le trouve au
Brésil. Du Muséum d'Hist. nat.
Le Pyranga rouge , Pyranga œsti\>a , Vieill. ; Tanagra
ccsiïpa et mississipensis , Lath. ; pi. enl. de Buffon , n.° y^i.
Le plumage du mâle est généralement rouge , à l'excep-
tion de l'intérieur des pennes alaires , qui est brun, La cou-
leur rouge ne se présente pas, chez tous sous la même nuan-
ce; elle est vive chez les uns , et se rapproche de celle de la
brique chez d'autres ; ce qui dépend de l'âge plus ou moins
avancé; le bec est d'une couleur de corne jaunâtre; l'iris,
noisette; les pieds sont d'un bleu clair, inclinant au
pourpre; longueur totale, depuis six pouces deux lignes
jusqu'à six pouces six lignes.
La femelle a toutes les parties supérieures d'un jaune
olive brunâtre , plus clair au-dessus de l'œil ; la gorge , le
292 P Y R
devant du cou, la poilrine, et toutes les parties postérieu-
res , d'un jaune orangé terne; l'extrémité et les barbes inté-
rieures des rémiges , brunes ; les pennes de la queue plus
claires en dessous qu'en dessus ; le bec, les pieds et l'œil,
comme dans le mâle , et une taille un peu inférieure.
Le jeune , dans son premier âge , est d'un vert olive en
dessus , et presque pareil à la femelle , sur toutes les par-
ties inférieures. 11 ce commence à prendre son plumage
parfait qu'au printemps et pendant l'été ; les jeunes mâles
se distinguent alors des femelles , par la bigarrure de leurs
vêtemens. Le jaune et le vert olive sont d'abord tacbetés d'une
teinte fauve , qui ne parvient à la couleur rouge que gra-
duellement ; ces taches sont semées irrégulièrement sur
tout le plumage , jusqu'au mois de juin , époque où il reste
. souvent aux ailes, et surtout à la queue, quelques pennes
vertes. De cette variation, il est résulté dans les ouvrages
d'ornithologie plusieurs espèces purement nominales ; sa-
, voir : dans Latham , les tanagra varicgata et virginica , et
dans Gmelin , le Tanagra variegala et le loxia virginica.
En outre, le mâle est décrit deux fois, comme le prouve la
synonymie. Cette espèce fait son nid dans les bois , sur la
branche horizontale d'un arbre moyen , et préfère souvent
celui qui est toujours vert; elle le place à dix ou douze pieds
de terre , le compose de tiges de lin sèches , et en tapisse
le dedans d'herbes fines. Sa ponte est de trois ou quatre
œufs , d'un bleu clair. Le cri que la femelle jette, quand on
est proche tle son nid , semble exprimer les syllabes chicky-
touck , chicky - toucky , toiick. Le ramage du mâle est fort ,
sonore et plaintif.
Ces pyrangas se trouvent, pendant l'été, dans les Etats-
Unis ; mais ils ne s'avancent pas dans le nord autant que
le pyran^a rouge et noir: on les voit, mais rarement , dans la
Pensyivanie et l'état de New-York. Leur domicile, de pré-
férence, est la Caroline, les Florides et la Louisiane.
Buffou s'est mépris, en rapportant à cette espèce ce que
Lepage-Dupratz dit d un autre oiseau ( le cardinal huppé ) ;
que c'est en été qu'on entend fréquemment le ramage du
cardinal dans les bois ; et l'hiver seulement , sur les bords
des rivières , lorsqu'il a bu.... Dans cette dernière saison , il
ne sort point de son domicile, où il garde continuellement
la provision qu'il a faite pendant le beau temps. Celte pro-
vision est ordinairement composée de maïs , et si considé-
rable , qu'elle est quelquefois d un boisseau ( mesure de
Paris). Le grain est arlistement couvert de feuilles et de
petites branches ou bûchettes, et il n'y a qu'une seule ou-
verture par où l'oiseau puisse entrer dans son magasin.
"Wilson regarde ces détails comme apocryphes , pour ces
M. 22
P Y R 293
detix oiseaux. Au reste , il est toujours certain que l'historien
de la Louisiane parle du cardinal huppé ^ et non pas du
pyranga rouge ; car il signale son cardinal par un capuchon
qui n'est autre chose que l'aigrette de ce gros-bec; le py-
ranga n'ayant pas môme les plumes de la tête assez longues,
pour présenter une sorte de huppe , quand il est agité de
quelque pa^ion.
Le Pyranga rouge et noir , Pyranga crylhromelas ,
Vieiil. ; Tanagra ruhra ^ Lath. ; pi. M. 22, n." 3, de ce Dicl.
Sous le nom de Pyranga rouge et noir , Latham et Gmclin ont
confondu cet oiseau avec \e j'acapa scarlaile , en donnant
celui-ci pour une variété ; il est vrai que les mâles portent
un plumage qui présente de très - grands rapports ; mais
le rouge est d'une nuance différente ; il ne jette pas de re-
flets, chez ce pyranga, et il se rapproche de la couleur de feu,
d'où lui est venu le nom Aç. fire bird ( oiseau de feu) , qu'on
lui a imposé dans les Etats-Unis; de plus, son bec a une
autre conformation, et les plumes de la tête et du cou sont
d'une texture différente. En effet, celles du scarlatie sont noi-
res, et d'un noir très-foncé à l'intérieur, tandis que le py-
rangales a blanchc^dans le milieu et d'un gris sombre à l'ori-
gine ; en outre , ces deux oiseaux n'habitent pas dans les
mêmes contrées.
Ce ysjran^a arrive, au printems, dans le nord deTAmérique,
et pénètre jusqu'au Canada ; il s'approche alors des habita-
tions , et se tient dans les vergers ; mais sa demeure favorite
est au milieu des bois, où il recherche les arbres les plus
feuilles. Son cri semble exprimer les syllabes chip , chourr ,
répétées par intervalles, d'un ton morne, de manière que
l'on croit l'oiseau très-loin, quoiqu'il soit très-près. Le chant
du mâle ressemble en quelque chose à celui du baliimore.
Cette espèce se nourrit d'insectes, qu'elle prend quelquefois
au vol, et de baies tendres, surtout de cerises dont elle paroît
très-friande. Elle place son nid sur les arbres, quelquefois
sur un pommier, le compose à l'extérieur de tiges de lin et
d'herbes sèches, et en forme un tissu si lâche , qu'on peut
apercevoir la couche sur laquelle la femelle dépose trois ou
quatre œufs d'un bleu terne, tjicheté de brun ou (\e pourpre.
Le mâle, âgé de deux ans, a la tête et tout le corps
d'un beau rouge de feu ; les ailes et la queue , d'un noir
velouté ; le bec d'un jaune rembruni ; l'iris jaunâtre ;
les pieds d'un bleu clair, et six pouces environ de lon-
gueur totale; le même, âgé d'un an, est d'un rouge plus
clair et moins éclatant; les pennes alaires et caudales sont
d'un brun noirâtre ; les primaires bordées de blanc sale en
dehors , et les autres terminées de la même teinte. 11 a non
294 P Y R
seulement les plumes du corps rouges, mais sa graisse erla
moelle de ses os, sont d'une nuance aussi belle.
La femelle est d'un vert foible sur les parties supérieures ,
jaune sur les inférieures ; d'un noir brunâtre bordé de
vert sur les ailes et la queue. Le jeune mâle lui ressemble
avant sa première mue , cl ne prend qu'au printemps le
plumage qui caractérise son sexe, époque à laquelle on en
voit qui sont variés de rouge , de jaune et de vf rt , et dont
les ailes ont une large bordure de la dernière couleur. On
soupçonne que le mâle porte deux babits différens , l'un
d'hiver, à peu près pareil à celui de la femelle , et un d'été,
tel que nous l'avons décrit ci-dessus; mais l'on ne sait où il
se retire pour passer la mauvaise saison. C'est à tort que
Buffon applique à cet oiseau le passage suivant , pris dans
l'histoire de la Nouvelle-France , par Charlevoix.« Ce n'est
qu'à cent lieues du Canada , en tirant au Sud, que l'on com-
mence à voir des cardinaux. La douceur de leur chant , l'éclat
de leur plumage qui est d'un beau rouge incarnat , une
petite aigrette qu'ils ont sur la tête , semblent leur assurer
l'empire des airs ; » tome 3, page iSy, Ce passage indique
très-bien \q gros-bec , ou le cardinal huppà, qui ne se trouve
point au Canada, tandis que l'autre Ihabile pendant l'été,
et n'a point d'aigrette.
Le Pyranga a tète verte , Pyranga chlorocephala ,
.Vieill, , est de la taille du pyranga rouge : il a le bec brun ,
plus clair sur les bords ; la tête verdâtre ; le dessus du cou et
du corps , les ailes et la queue , d'un bleu très-clair ; la
gorge et toutes \cs parties postérieures , d'un beau jaune ;
les pieds d'une couleur de chair rougeâtre.
La femelle , ou le jeune , a la tête d'un gris verdâtre ;
toutes les parties supérieures , d'un vert olivâtre ; les in-
férieures, d'un jaune un peu verdâtre ; le bec brun et les
pieds couleur de chair. Je ne connois pas le pays de cet
oiseau , qui est au Muséum d'Histoire naturelle ; mais je
soupçonne qu'il se trouve dans l'Amérique méridionale, (v.)
PYRASTER. C'est le Poirier sauvage. On a nommé
V ameîanchier ^ Pyr ASTER DE MONTAGNES. (LN.)
PYRAZUS. V. PiRAZE. (DESM.)
PYREI. Nom russe du Chiendent, (ln.)
PYRÉNACEES, Vitices, Juss. Famille de plantes dont les
caractères sont : un calice tubuleux, souvent persistant ; une
corolle tubuleuse à limbe, communément irrégulier; quatre
étamines presque toujours didynames, rarement deux ou six;
un ovaire supérieur simple, à style unique, à stigmate simple
ou bilobé, quelquefois coudé ; un péricarpe charnu contenant
un ou quatre osselets , rarement des semences nues et agglu-
P Y R 295
llnées par un tissu utrlculaire; à périsperme nul, à embryon
droit, à cotylédons presque foliacés, et à radicule inférieure.
La tige des pyrénacées estpresque toujours frutescente. Les
feuilles sont souvent simples et ordinairement opposées. Les
fleurs varient dans leurs dispositions : tantôt elles sont portées
sur des pédoncules rameu.K très-longs et opposés , dont l'en-
semble forme un corymbe ou une panicule ; tantôt leurs
pédoncules sont simples, courts et alternes sur Taxe d'un épi
ou d'une grappe.
Ventenat, de qui on a emprunté ces expressions, rapporte
à cette famille , qui est la septième de la huitième classe de
son Tableau du Règne végétal , et dont les caractères sont figu-
rés pi. 9, n.° 2 du même ouvrage , seize genres sous quatre
divisions, savoir :
i.^ Les pyrénacées dont les fleurs sont disposées en co-
rymbe et le péricarpe charnu : Péragu, Oviède, Volka-
MÈRE, ^EgYPHYLLE, CaLLICARPE , GaTTILIER , CORNUTIE
et Gmeline.
2.° Les pyrénacées qui ont les fleurs disposées en épi et le
péricarpe charnu : Gotelet , Durante, Lantana et Spiel-
MANNE.
3." Les pyrénacées à fleurs disposées en épi et à semences
nues : Verveine et Zapane.
4.." Les genres qui ont de l'affinité avec les pyrénacées :
Selage et Hébemstreite. (b.)
PYRENAIRE, Desv. Sorte de fruit. Il se rapproche du
INucuLAiRE. Le genre Néflier en offre un exemple, (b.)
PYRÈNË , Pyrena. Nom donné par Tournefort au noyau
de quelques drupes, (b.)
PYRENEÏTE. Nom donné par Werner au Grenat
3S0IR du pic d'Eres-Lids dans les Pyrénées; il ne faut pas le
confondre avec la Mélanite. V. Grenat noir, (ln.)
PYRENION, Pyrenium. Genre de plantes cryptogames
de la famille des Champignons, qui a été établi par Tode ,
et appelé Tricuoderme par Persoon. Il a pour caractères :
d'être globuleux, sessile, très-entier, et de renfermer des se-
mences réunies et nues , semblables à des noix.
Ce genre est composé de dix espèces, dont quatre sont
représentées fig. 20 , ^-g et 5o de l'ouvrage de Tode sur les
champignons du Mecklembourg. (b.)
PYRENULE, Pyrenula. Genre de lichen établi par
Acharius dans le troisième volume du Magasin des curieux
de la nature, de Berlin. Il rentre dans ceux appelés Sphérie
et Verrucaire. Beaucoup de ses espèces sont figurées ea
couleur dans l'ouvrage ci-dessus, (b.)
PYRETHRE;^ Pyreihrum. Genre de plantes établi pat-.
296 P Y R
Gsertner, pour placer plusieurs espèces de Chrysanthèmes
de Linnseus, qu'il a trouvé n'avoir pas complètement les ca-
ractères des autres. En effet , ils en diffèrent par des demi-
fleurons trideniés et des semences surmontées d'un rebord
un peu saillant et obscurément denté.
^ illdenovv rapporte vingt-cinq espèces à ce genre.
Parmi les pyrèlhres à ravons blancs , il faut remarquer la
Frutescente, qui est originaire des Canaries, et que nous
cultivons dans nos orangeries, et les Inodore et Mari-
time, qui sont indigènes.
Nous ne cultivons en France aucune de celles à rayons
jaunes.
On appelle aussi pyrèthre , dans les boutiques, les racines
de deux espèces de Camomilles , qui, mâchées, excitent la
salivation, (b.)
PYRÈTHRE SAUVAGE. C est V Achil/ée piarmigue ou
Herbe a éternuer. (ln.)
PYPtETHRUiM, Plante mentionnée par Dioscoride , et
qui devoit son nom à la saveur brûlante de sa racine. Ce
naturaliste grec attribue au pyrelhrum les feuilles et les
branches du dauciis saiwage et du maratlirum , et des (leurs en
bouquets ronds, telles que celles de Vanethum. Or, comme
toutes ces plantes , qui servent de terme de comparaison ,
appartiennent à la famille des ombellifères , il est très-pro-
bable que c'est encore dans cette famille qu'on doit chercher
le pyrethrum , à moins, cependant, que Dioscoride, trompé
par les feuilles de sa plante, qui dévoient être finement dé-
coupées, par suite de sa comparaison, n'ait voulu parler
d'une plante d'une autre famille; c'est ce qui nous paroît
plus que douteux. La racine du pyrethrum , mâchée , esci-
toit la salivation ; et sa décoction dans du vinaigre servoit à
calmer les maux de dents. On s'en frottoit le corps, avec de
l'huile, pqur exciter la sueur, contre les frissons qui précè-
dent la fièvre, et pour ranimer les membres paralysés. Pline
ne fait que nommer cette plante. Dioscoride ajoute que les
Romains la désignoient par le nom de salwaris. Enfin, divers
auteurs anciens l'ont appelée />jrono« , pyroton, pyroihwn ,
pyrites ou pyriiis et dorychnium.
Matthiole , dans ses Commentaires sur Dioscoride, figure
à la fois à l'article pyrethrum, une plante ombellifère et une
plante composée. La première est rapportée au ligustîcum
apiôîdes de Lamarck, et la seconde est la pyrèthre des mo-
dernes , ou anthémis pyrethrum ^ L>, espèce de Camomille.
Adanson rapporte à cette dernière espèce le pyrethrum de
Dioscoride ; c'étoit l'avis de plusieurs botanistes anciens
{Brunf. Trag , Fiichs , Bod.^ etc.). Mallhiole donne pour tel.
P Y R .97
i'ombellifère qu'il figure ; Camerare suit le même senliment.
La courte description donnée du pyrelhrum par Dioscoride,
ne permet pas de le reconnoître parmi celles de nos plantes
dont la racine jouit des mêmes vertus. Les pyrèlhres des
pharmaciens modernes sont des espèces de Camomille. V.
cet article.
Les premiers botanistes modernes ont fait usage du nom
de pyrethmm pour désigner, outre les deux plantes de Mat-
tliiole, {q pyrelhrum alpinum^ W. , V achillœa plarrnica , L., le
santnlina alpina^ et quelques autres plantes. Dans ces derniers
temps, Medicus affecta de nommer pyrethiitm les spilanthus
ar.mella Qi pseudo-acmella. Enfin, Gœrtner et Smith, détournant
ce nom de sa véritable application, l'ont donné à un nouveau
genre qu'ils ont fondé aux dépens des genres clirysantliemum
et matricaria, Linn. V. PvRETHaE, ci-dessus, (ln.)
PYRGITA. Nom grec du Mojneau domestique, (v.)
PYRGOME, Nom donné par Werner à une variété de
pyroxène qu'on a également nommée fussuite. V. Pyroxène.
(LN.)
PYRGOME, Pyrqoma. Genre de mollusques cirrhipèdes
établi par Savigny. 11 se rapproche des Bai. ânes, et ne con-
tient qu'une espèce originaire de la mer Rouge. Ses carac-
tères sont : coquille sessile , univalve-, presque globuleuse ,
ventrue , convexe en dessus , percée au soumiet ; ouverture
petite, elliptique ; opercule bivalve, (b.)
PYRGOPOLON. Nom latin du genre des coquilles fos-
siles, établi par Denys de-Monifort sous celui de Pirgopole
en français. V. ce mot. (desm.)
PYRGUE, Pyrgiis. Arbrisseau à feuilles alternes, ovales,
lancéolées , très-entières , à fleurs d'un blanc rougeâlre, por-
tées sur des grappes terminales , qui forme un genre dans la
pentandrie monogynie.
Ce genre offre pour caractères : un calice persistant à cinq
dents ; une corolle monopétale en roue, divisée en cinq par-
lies ; cinq élamines dont les anthères sont grandes et conni-
ventes ; un ovaire supérieur presque rond, à style subulé et
à stigmate simple; une baie globuleuse, petite et mono-
sperme.
Le pyrgue se trouve à la Cochinchine. Il se rapproche
beaucoup des Bladhies et desMYRSiiSES ; mais il en diffère
par le nombre des parties et par le manque d'arille. (b.)
PYRIDION. Sorte de Fruit. Il appartient exclusivement
à la famille des Rosacées. V. Pomme, Poire, Coing, Nèfle ,
Azerolle et Corme, qui sont des pyridlons. (B.)
PYRINA. r. Pytia^îtqe. (!>n.)
298 P Y R
PYRITE D'ARGENT. C'est le Fer arsenical ARGEif-
TIBÈRE. (LN.)
PYRITE ARGENTIFÈRE {sîlberkies, Stuiz). C'est le
Fer sulfuré argentifère, (ln.)
PYRITE ARSENICALE. Toye^ Fer arsekical. C'est
aussi le Fer sulfuré arsenifère. (ln.)
PYRITE ARSENICALE ARGENTIFÈRE. V. Fer
ARSENICAL ARGENTIFÈRE. (LN.)
PYRITE AURIFÈRE. C'est le Fer sulfuré aurifère.
(LN.)
PYRITE BLANCHE. V. Fer sulfuré blanc, (ln.)
PYRITE BRUNE MARTIALE. Nom donné par Bo-
mare au Fer hydraté epigène. (ln.)
PYRITE CAPILLAIRE {haarkies, Wern.). C'est le
Nickel natif capillaire, (ln.)
PYRITE CUIVREUSE. V. Cuivre pyriteux. (ln.)
PYRITE EN EPIS. On donne ce nom à 1' Argent en
épi. (ln.)
PYRITED'ÊTAIN(zi««A/e5, W.). C'est I'Etain sul-
furé, (ln.)
PYRITE FERRUCilNEUSE. V. Fer sulfuré, (ln.)
PYRITE HÉPATIQUE. C'est le Fer sulfuré dé-
composé ou Fer hydraté épigene. (ln.)
PYRITE DES INCAS. C'est le Fer sulfuré massie
avec lequel les Péruviens faisoient des miroirs, (ln.)
PYRITE JAUNE. V. Fer sulfuré, (ln.)
PYRITE MAGNÉTIQUE {magnetkies , W. ). C'est le
Fer sulfuré ferrifère. (ln.)
PYRITE MARTIALE ou FERRUGINEUSE. Voyez
Fer sulfuré et Fer sulfuré rlanc. (ln.)
PYRITE DE MOLYBDÈNE. C'est le Molybdène
sulfuré, (ln.)
PYRITE D'ORPIMENT. Romé-de l'Isle donnoit ce
nom à une variété de Fer sulfuré arsenifère. (ln.)
PYRITE PYRAMIDALE. Bomare donne ce nom à des
variétés àejer sulfuré concrétionnées et radiées, (ln.)
PYRITE RHOMBOÏDALE de Romé-de-lTsle. V. Fer
sulfuré jaune, (ln.)
PYRITE ROUGE. C'est le Nickel arsenical, (ln.)
PYRITE SILICEUSE. On a donné ce nom à la Pierre
A FUSIL ou Silex pyromaque. (ln.)
PYRITE SOLIDE. C'est le Fer sulfuré amorphe 0»
MASSIF, (ln.)
P Y R 2g.j
PYRITE SULFUREUSE. F. Fer sulfuré et Fer sul-
furé BLANC. (LN.)
PYRITE TRANSPARENTE. C'est le Réalgar, c'est-
à-dire, 1' Arsenic sulfuré rouge, (ln.)
PYRITOMAGNES de Lenz. C'est le Fer sulfuré fer-
RIFÈRE. (lN.)
PYRITRICHA. Hill donne ce nom à la Pyrite magné-
tique, (ln.)
PYROCHITON. Reneaulme donne ce nom à I'Orni-
THOGALE JAUNE ( ornithogalum luîeum , Linn. ). (ln.)
PYROCHRE , Pyrochroa. Genre d'insecles de l'ordre des
coléoptères , section des hétéromères , famille des traché-
lides , tribu dés pyrochroïdes.
Ces insectes avoient d'abord été rangés par Linnaeus parmi
les lampyres^ avec lesquels ils ont quelques rapports de forme.
C'est Geoffroy qui les a séparés pour en former un genre par-
ticulier, sous le nom de pyrochroa. Fabricius avoit placé dans
son genre pyrochroa , plusieurs insectes que nous en avons
distraits et que nous avons rangés parmi les lycus.
Les pyrochres se distinguent des lampyres, des lycus et
des téléphores, par le nombre des articles des tarses de leurs
pattes postérieures; il y en a cinq dans ces trois derniers
genres , tandis qu'on n'en compte que quatre dans les pyro-
chres. La forme orbiculaire de leur corselet , celle de leurs
antennes, qui sont pectinées, ne permet pas de les confondre
avec les mylabres , les cantharides, les œdémères et les cis-
tèles.
Le corps de ces insectes est déprimé. La tête est séparée
du corselet ; elle est presque triangulaire , un peu penchée ;
les antennes égalent en longueur la moitié du corps; elles
sont pectinées, particulièrement dans les mâles , et forment
quelquefois un beaupanache;les yeux sont allongés et un peu
échancrés;les mandibules sont fortes et bidentées à leur extré-
mité ; les mâchoires sont bilobées ; leurs palpes maxillaires ,
beaucoup plus longs que les labiaux, sont terminés par un ar-
ticle plus grand , en forme de triangle renversé et allongé; les
palpes labiaux sont petits et filiformes ; la languette est bifide;
le corselet est arrondi , ordinairement raboteux, non bordé,
séparé de l'abdomen par un étranglement marqué ; l'écusson
est petit , arrondi postérieurement; les élylres sont planes ,
flexibles , n'embrassant pas l'abdomen , allant un peu en
s'élargissant vers l'extrémité ; les pattes sont longues ; les
tarses sont filiformes , composés de cinq articles aux deux
premières paires, et de quatre à la dernière; le pénultième
tist bilobé dans tous.
3oo P Y R
La larve est allonge'e , déprimée , terminée par deux
pomtes , avec la tête forte et ayant une forme analogue
à celle de rinsecle parfait ; elle vit sous les écorces des
vieux arbres. L'insecle parfait se trouve dans les chemins ;
au pied des haies, dans les chantiers ou dans les bois. Ces
insectes forment un genre peu nombreux. Fabricius en décrit
cinq espèces , dont trois se trouvent en France ; ce sont :
La Cardinale de Geoffroy, PYrocIuoa coccinea. Elle est
noire ; son corselet et ses élylres sont d'un rouge sanguin ,
sans taches.
La Pyrochre ^OVGY. , Pywcliroa mhens , pyrochre pectini-
corne , pi. M 29-14. de cet Ouvrage. Elle est noire ; sa tête ,
son corselet et ses élytres sont d'un rouge sans\aches. ( Cet
insecte ne diffère du précédent que par la couleur de la tête
qui est rouge. )
La Pyhochre PECTINICORTSe , Pyrochroa pectinicomis. Elle
est noire ; ses élytres sont tesfacées ; le corselet est de la
même couleur, avec une tache noire dans son milieu. (o.L.)
PYROCHROÏDES, Pyrochwïdes, Latr. Tribu d'insectes
coléoptères hétéromères , famille des trachélides, distin-
guée des autres divisions dont elle est composée , par les
Caractères suivans : crochets des tarses simples , sans divi-
sions ni appendices, corps oblong , droit , déprimé, avec le
corselet rond ou presque triangulaire; éluis de la longueur
de l'abdomen , de la même largeur, ou plus larges et arron-
dis au bout.
Cette tribu comprend les genres Dendroïde et Pyrochre.
(L.)
PYRODE de Forster {pnomat). C'est la Pyrite magné-
tique, (ln.)
PYRODMALlïHEd'Hausmann. F.Fermuriaté. (ln.)
PYROLA. Ce nom, qui est le diminutif de pyrus , Poi-
RIER, a été donné aux pyroles, à cause de leur petitesse et
de la forme de leurs feuilles qui rappellent les feuilles du
poirier. Le Tn'entalis europœa, le Cornus canudensis et le Par-
nassia palustris, ont été placés avec les véritables pyroles ; les
deux premiers par C. Bauhin,le dernier par Morison.Les/?/-
rola maculata et umhellata^ ou le e^&nre chimaphila de Pursh ,
ne diffèrent du pyrola que par le stigmate sessile et orbicu-
iaire et par les anthères en bec, percées et s'ouvrant en deux
valves, (ln.)
PYROLE, Pyrola. Genre de plantes de la décandrie di-
gynie et de la famille des bicornes , qui présente pour carac-
tères : un calice très-petit, divisé en cinq parties; une corolle
de cinq pétales connivens et élargis à leur base ; dix étamines
non saillantes; un ovaire supérieur, ovale , à cinq stries, sur-
monté d'un slyle à sligmate capilé,armé de deux pointes, ou
entouré de cinq crénelures ; une capsule à cinq loges, à cinq
ralves , s'ouvrant par ses angles , et contenant mie grande
quantité de semences menues.
Ce genre , aux dépens duquel Pursh a formé son genre
Chimaphile , renferme des plantes vivaces, légèrement fru-
tescentes à leur base , à feuilles alternes et à fleurs en épis ou
en ombelle terminale accompagnées d'une petite bractée. On
en connoît buit espèces, dont cinq sont d'Europe. La plus
commune est :
La Pyrole a feuilles rondes , qui a les étamines rele-
vées et le pistil incliné. Elle croît aux lieux montueux, ombra-
gés et humides. Ses feuilles sont permanentes, presque toutes
radicales, rondes, coriaces, d'un beau vert, et portées sur
de longs pétioles. Se§ fleurs sont blanchâtres, odorantes, et
s'épanouissent au fort de Tété. Toute la plante a un goût
amer et fort astringent, et est regardée comme propre à
arrêter les pertes de sang, les fleurs blanches et les hémor-
ragies ; elle entre dans les vulnéraires suisses. On l'applique,
pilée, sur les blessures, et on en fait un miel excellent contre
les esquinancies inflammatoires.
La pyrole se conserve difficilement dans les jardins ; mais
elle multiplie très-rapidement dans les lieux qui lui convien-
nent.
Les autres espèces de pyroles sont : la Pyrole petite ,
qui ne diffère pas beaucoup de la précédente ; la Pyrole
unilatérale, la Pyrole en ombelle et la Pyrole unl-
Flore , qui toutes indiquent leur caractère spécifique par
leur nom , et se trouvent sur les montagnes Alpines ou dans
le nord de l'Europe.
Enfin , la Pyrole maculée qui a les pédoncules diflores.
Elle vient en Caroline dans les grands bois, aux lieux arides,
ainsi que je l'ai observé fréquemment. C'est une belle plante
dont les feuilles sont presque verlicillées , lancéolées , d'un
brun verdâtre , veiné de blanc. On la cultive dans quelques
jardins de Paris. Elle est connue en Amérique sous le nom
àlierbe à pisser, à raison de sa propriété diurétique. On rem-
ploie aussi contre les maladies vénériennes, les cancers et les
scrophules. (b.)
PYROMAQUE. C'est là pierre à fusil. V. Silex, (ln.)
PYROMERIOE, c'est-à-dire fusible en partie , ea
grec. C'est ainsi que M. Haily désigne une espèce de
roche primitive qui est composée de fel<lspath et de quarz,
deuxsubstances dont Tune est fusible etl'autre infusible. Il n'y
rapporte qu'une variété, sous le nom de Pyroméride GLO-
BAiRE. Cette roche, découverte depuis une trentaine d'années,
3o2 P Y R
n'a fixé l'attention des naturalistes, que lorsque M. Rampasse
en eut apporté en quantité en France , et qu'il eut publié
l'annonce de la découverte qu'il venoit d'en faire , par
une lettre adressée à M. Faujas, datée de Bastia, le 8
janvier 1806. 11 résulte de ses observations, que cette singu-
lière roche se trouve entre Santa-Maria-la-Ste!la et la
montagne du Niolo , dite dans le pays Monte-Perlusato. Cette
contrée de la Corse est extrêmement abondante en toutes
sortes de variétés de roches essentiellement feldspalhiques
et remplies de noyaux à structures radiées, qui, selon
tious, ont les rapports les plus marqués avec le Pyroméride
GLOBAIRE. Une ample collection de ces roches primitives ,
faite en Corse par M. Rampasse, montroit les passages
nécessaires pour confirmer ces rapports. Ces roches pa-
roissent également former une série particulière, dans la
classification, et lorsque je les ai indiquées à l'article Pé-
TROSILEX , je n'ai fait que suivre l'opinion la plus générale ,
qui les considère comme essentiellement composées de pé-
trosilex, c'est-à-dire de feldspath compacte plus ou moins
pur.
Jusqu'à M. de Monteiro, qui a donné un Mémoire très-
détaillé sur le pyroméride globaire , on avoit regardé celte
roche, tantôt comme purement feldspathique ou pétrosi-
îiceuse , tantôt comme un mélange intime de feldspath et
d'amphibole.
L'examen attentif qu'en a fait M.de Monteiro, lui a démon-
tré que le feldspath et le quarz sont les principes compo-
sant le pyroméride; le premier est en beaucoup plus grande
quantité , blanc opaque ou roussâtre, ou verdâtre ; le second,
gris ou noirâtre et très-fragile. Le pyroméride étudié sur une
plaque assez étendue, se présente avec une couleur roussâtre
tachetée de brun , sur laquelle se relèvent des parties orbi-
culaires, solitaires ou accolées plusieurs ensemble , de cou-
leur blanche, et veinulées ou étoilées de brun.
M. Faujas en a donné une figure coloriée très-exacte dans
le second volume de son essai de Géologie, planche 2ohis.
Il donne à cette roche les noms de Porphyre orhiculaire et
de Roche poiphyroide globuleuse de Corse. Les noms de por-
phyre et d'amygdaloïde, qui sont apliqués à cette roche, rap-
pellent seulement sa structure.
Le pyroméride est remarquable surtout par la structure de
ses noyaux.Sa pâte, de près, est rougeâtre, tiquetée et tachetée
de brun et de points blanchâtres ou gris qui sont quelquefois
plus abondans et plus ramassés dans certaines parties. Les
globes parfails ont communément de deux à trois pouces de
diamètre. Ils sont composés chacun d'une partie centrale
P Y R 3o3
rougeâlre , compacte , ou amas confus et pressé d'une mul-
titude de fibres placées dans un système radié. De cette
partie , partent des rayons composés de petits sphéroïdes
allongés, blanc-jaunâlres', opaques , disposés à la suite les
uns des autres , et séparés de ceux des autres rayons par la
matière brune et roussâtrede la pâte. Ces rayonsse terminent
en pointe et aboutissent à une écorce blanc jaunâtre, opaque,
aussi defedspath, et qui enveloppe le noyau tout entier. Ce
système subit quelques modifications, selon que les noyaux ont
pu se former plus à l'aise dans la pâte ; ainsi , il y en a qui ne
sont qu'un composé de globules irréguliers et confusément
assemblés; d'autres fois des couches concentriques très-im-
parfaites dans leurs contours formant les noyaux. Il y en a
aussi qui sont compactes et blancs. Je dois faire observer qu'un
même noyau peut aussi se présenter sous ces divers étals;
il suffit pour cela de le couper près de la surface et dans un
plan quelconque , excepté dans celui qui passeroit par le
centre. Indépendamment des gros noyaux, il en existe dans
la pâte qui ont tout au plus le volume d'un pois, et dont la
structure est tantôt compacte et tantôt finement radiée, et
quelquefois même avec l'ébauche d'une structure analogue
à celle des gros noyaux. Certaines parties de la roche sont
criblées de ces petits sphéroïdes. Les gros noyaux sont quel-
quefois accolés plusieurs à la suite les uns des autres , et se
pénètrent lorsqu'on scie un pareil assemblage en suivant un
plan quipasseroitpar songrandaxe, on voitquelapartiecom-
pacte qui est dans le milieu de chacun des noyaux, forme un
centre général allongé, qui suit la longueur du groupe des
noyaux, tandis que les rayons semblent affecter une direction
rayonnante sur des points séparée de la partie centrale.
Toutes ces dispositions, ainsi que beaucoup d'autres , sont
les suites d'une cristallisation qui a été plus ou moins gênée.
Le pyroméride^ comme toutes les roches analogues de
Corse, présente çà et là, dans sa pâte, de petits cristaux bruns,
en cubes triglyphes, ou en dodécaèdres à plans pentagones.
M. de Monteiro les considère comme du fer oxydé produit
du premier jet, bien que les formes citées propres au fer sul-
furé, puissent faire croire qu'ils sont le produit de cette subs-
tance métallique altérée , c'est-à-dire du fer oxydé épigène.
Sans réfuter une opinion aussi respectable que celle de M.
de Monteiro, je dois faire remarquer ici que le fer sulfuré
se présente avec tous ses caractères dans les roches deCorse,
qu'il accompagne le ^jTO/7/mc?e ^/oéa/rc, et que presque tous
les porphyres pélrosiliceux offrent quelques cristaux très-
petits de ce sulfure.
La roche pyromàide, mériteroit sans doute d'être em-
3o; P Y R
ploy éc dans les arts, à cause de son singulier aspect ; mais,ou-
tre qu'elle ne se trouve pas en niasses assez volumineuses ,
elle ne prend pas un poli très-vif ni durable , car son tissu est
lâche et terreux.
FYROMOKPHITE d'Hausmann. C'est la chaux phos-
phatée terreuse (ln.)
PYPiOPE. INoni qui a élé donné par ^^ erncr su grenat de
Bohème^ lequel est toujours diaphane , d'une couleur rouge
de sang, et qui ne prend jamais de forme cristalline. Il dif-
fère aussi des SlxxU'QS grenats par son gisement dans un terrain
de transport , qui paroîl être volcanique ; tandis que les au-
tres grenats se trouvent dans les roches primitives. V. Gre-
ISAT. , vol. l3 , pi. 460. (PAT.)
PYROPHANE. C'est une hydrophane qu'on a imbibée de
cire fondue, et qui est opaque lorsqu'elle est froide ; mais
elle devient translucide par la chaleur. V. Hydrophatse.
(pat.)
PYROPHYSALIÏE. V. à l'article Topaze, (i^.)
PYRORTHITE. Substance minérale peu connue, qui
ressemble beaucoup à lorthite. L'une et l'autre se trouvent
en Suède, près Fahlun ; la première à Koraret et la seconde
à Finbo, dans un granité à grands élémens de feldspath,
quarz et mica, accompagné de divers minerais.
luQ pyrotthite diiiière essenliellèment de l'orthite par lama-
nière dontii se comporte au chalumeau, car il y brûle comme
du charbon , tandis que rorlhile fond en bouillonnant.
Le pyrorlhite est en lames noires, minces, presque parallèles,
qui , vues sur leurs tranches , s'offrent comme des baguettes
noires et luisantes, semblables à de la poix ; sa raclure a la
même couleur et le même éclat. Le granité qui le contient
renferme du tanialite, de l'élain oxydé et la gadolinlte. (ln.)
PYROSMAPxAGD. Les Allemands ont donné ce nom
à la Chi.orophane verte , variété très-phosphorescente de
la chaux fluatée, qui se trouve a Nertschinsk en Daourie.
(ln.)
PYROSOME. (ienre de mollusques agrégés , libres ,
placé d'abord par M. de Lamarck parmi les radiaires , et
ensuite dans sa classe des Tuniciers.
Les />jrosom(P5 sont des corps Holtans, cylindriques, creux,
avec une seule ouverture à Tune de leurs extiémités , et
qu'on n'a trouvés Jusqu'à présent que dans la mer Atlantique
et dans la Méditerranée. Leur cavilé interne est assez lisse ,
et leur surface extérieure est garnie d'aspérités ou de tuber-
cules fort nombreux. Ils sont éminemment phosphoriques ,
propriété qui leur a valu le nom qu'ils portent.
P Y R 3o5
La coîinoissance des pyrosonies est due à MM. Pérou et
Lcsueur ; la première espèce qui fut décrite par eux , dans
leur voyage aux Terres- Australes, sous le nom de pyrosuma
atlanlkum , est longue de cinq ponces environ , à sac inté-
rieur très-large , à tubercules extérieurs peu saillans, et ir-
régulièrement distribués; une seconde le fut ( dans le Nouv.
Bull, n.** 69, pi. 3, fig. 2 ) par M. Lesueur, qui l'appela
Pyr.clegans; elle est beaucoup plus petite , et a ses tubercules
gros el pyriformes , rangés par zones au nombre de six ; et
enfin une troisième , qui fait principalement l'objet d'un
mémoire lu par le même , le 4- raai"s i8i5 , à la société
philomathique, a été découverte par ce naturaliste dans la
Méditerranée, près de Nice, et en a reçu la dénomination de
pyrosoma giganleum,pairce que ses dimensions sont Irès-forles,
relativemnt à celles des deux premières espèces. En effet ,
ce pyrosome atteint jusqu'à quatorze pouces de longueur. Il
diffère des précédens en ce que ses tubercules , qui sont
placés irrégulièreinent, sont longs, déprimés et lancéolés à
leur extrémité.
Le pyrosome atlantique n'ayant été vu que pendant la
nuit , et dessiné seulement à la lueur qu'il répandoit, M. Le-
sueur n'a pu faire sur lui les observations qu'il a été à mô-
me de faire et de répéter sur les deux autres espèces. Aussi ,'
jusqu'à ce qu'on l'ait examiné de nouveau, ce ne pourra
être que par analogie qu'on le laissera dans le même
genre.
Quant aux pyrosomes élégant et géant , M. Lesueur fit la
remarque que lorsqu'on remplissoit d'eau la cavité centrale
qu'ils présentent, cette eau s'échappoit incontinent par pe-
tits jets de toutes les extrémités des tubercules ou parties sail-
lantes dont le corps est recouvert en dehors , et il ne tarda
pas à s'apercevoir que chacun de ces tubercules est percé
de part en part dans le sens de sa longueur ; l'une de ses ou-
vertures étant située dans la grande cavité commune^ret l'au-
tre à son extrémité libre. Regardant avec plus d'attention,
il remarqua que le canal qui joint ces deux ouvertures
est assez compliqué , et qu'il renferme des organes assez
nombreux et de forme variée. Il essaya de faire passer de
l'air de l'ouverture extérieure à l'intérieure, et il ne put y réus-
sir; il conclut de cet essai, que si l'on considère chacun de ces
tubercules comme un animal distinct, la bouche se trouve
située du côté de la grande cavité du pyrosome , et l'anus
placé à l'extrémité de ce tubercule.
1\ s'est attaché surtout à l'examen des organes renfermés
dans chaque tubercule , et il a reconnu que chacun d'eux com-
munique avec la cavité générale du pyrosome par une ouver-
XXYiii. -20
3o5 P Y R
lure ronde , simple , plus ou moins dilatable , et que celte
ouverture donne attache à une enveloppe membraneuse qui
tapisse tout l'intérieur du tubercule , et qui paroît analogue
à la seconde tunique , ou tunique propre du corps des asci-
dies. Cette enveloppe est également attachée à l'orifice exté-
rieur que l'on considère comme l'anus , et encore par deux
corps comprimés et cordiforn»cs , diamétralement opposés
i'un à l'autre , situés vers le milieu de la longueur de
cette tunique propre , et qui sont peut-être des ganglions
nerveux.
Deux autres membranes de forme ovale , dont la surface
«st traversée de lignes nombreuses parallèles entre elles et
d'autres lignes qui les croisent en formant un réseau assez
régulier , sont appliquées en dedans de la tunique propre
dont nous venons de parler , entre le point où se font re-
marquer deux organes globuleux et colorés , et celui où sont
situés les deux corps blanchâtres et en forme de cœur qui
fixent la tunique propre du corps contre l'enveloppe externe
du tubercule. Ces deux membranes sont latérales , symétri-
ques , et ne se touchent point ; les lignes transversales qu'el-
les présentent sont plus apparentes que les longitudinales,
et sont doubles. Leur surface intérieure est baignée par l'eau
qui s'introduit dans la cavité du tubercule , ainsi que le sont
les parois du sac branchial des ascidies, avec lesquelles ces
membranes ont tellement d'analogie , que M. Lesueur
n'hésite pas de les regarder comme étant les branchies ; de
plus , leur composition est analogue à celle des branchies des
BiPHORES (salpa), si ce n'est que ces dernières ont la forme
d'un tube.
Dans l'intervalle qui sépare en dessus ces deux branchies ,
on remarque un canal longitudinal et tout droit, qui a beau-
coup de ressemblance avec l'intestin des salpa: il se dirige
vers l'ouverture extérieure , mais on le perd de vue lorsqu'il
atteint l'extrémité postérieure des branchies. Ses parois ren-
ferment de petits corps glanduleux , analogues à ceux qu'on
voit dans quelques ascidies , lesquels versent peut-être un
suc particulier dans l'intestin. Vers sa partie antérieure , cet
intestin est adhérent à un corps jaunâtre, opaque, de forme
arrondie, un peu aplati et lisse , et qui présente deux ap-
pendices remarquables ; l'un , d'un rouge carminé très-vif,
ressemble pour sa forme au germe d'une plante , il commu-
nique avec l'intestin , et l'autre , qui offre un repli en forme
d'anse , est fort difficile à voir en entier. M. Lesueur se croit
fondé à regarder cej corps jaunâtre comme étant l'estomac ;
il donne le nejiLde pylore à l'appendice de cet estomac qui
comnmnique avec l'intestin, et il présume que l'autre n'est
P Y R 3c7
iquc l'œsophage, à rexlrémité antérieure duquei seroit la bou-
che proprement dite , qu'il n'a pu apercevoir. Cette bouche ,
d'ailleurs , présenteroit , quant à sa position , une analogie
de plus avec celle des salpa. 11 en est de même de tout le
sytème digestif,
A côté de l'estomac, est un corps , aussi'globuleux , à peu
près de même volume , et de couleur rose ; il est formé
d'une substance granuleuse , contenue dans des appendices
lancéolés , réunis par un centre commun , et ayant l'appa-
rence des divisions d'un calice à sept , huit ou dix parties.
Il est logé dans une cavité creusée dans l'épaisseur de la
première enveloppe du pyrosome , et n'y adhère point. Il
paroît lié par une membrane très-fine à l'estomac , et c'est
peut-être sur cette membrane que rampent les canaux hé-
patiques ; mais l'extrême finesse de ces parties n'a permis à
AI. Lesueur de rien affirmer à cet égard.
Tels sont les organes que présente chaque tubercule des
pyrosomes , vu , soit en dessus , soit de côté. En dessous , on
aperçoit dans l'intervalle qui existe entre les branchies une
sorte de long vaisseau, replié sur^lui-même postérieurement,
et qui paroît comme double ; ce double vaisseau diminue
de diamètre antérieurement, et devient d'une ténuité extrême
au point où il adhère à l'estomac. M. Lesueur a vu dans un
hiphore de Forskaël un organe semblable. Il ne sait quel
usage lui attribuer; peut-être ce double vaisseau commu-
nique-t-il avec les branchies, mais c'est ce qu'il a été impos-
sible de constater.
D'ailleurs, M. Lesueur n'a pu observer rien de relatif aux
systèmes circulatoires et nerveux ; mais on sait conjbien ce
genre de recherches est difficile dans la plupart des animaux
à sang blanc , surtout lorsque leurs dimensions sont peu
considérables. Il a remarqué seulement en dessus et en ar-
rrère , au point où l'intestin cesse d'être visible , un petit
corps blanchâtre et cordiforme , duquel partent des filets
très-déliés, dont les uns se dirigent vers l'ouverture posté-
rieure du tubercule , ou l'anus , et les autres vers les points
d'attache moyens de la tunique propre avec l'enveloppe ex-
térieure. Il pense que ce corps pourroit bien être un gan-
glion , et les petits filets des nerfs. On doit être d'autant plus
porté à le croire ainsi , que les deux points d'attache dont
nous venons de parler sont , avec les deux ouvertures , les
seuls par lesquels le corps, proprement dit, communique
avec SOI enveloppe externe, et peut en percevoir les sensa-
tions.
Tous ces détails font voir que chacun des tubercules du
pyrosome est un véritable animal particulier, et que le py-
3o8 P Y R
rosome entier n'est qu'une réunion d'une multitude d'indi-
vidus semblables, liés intimement par leur base. Cette réu-
nion fournit à M. Lesueur roccasion de faire remarquer une
analogie de plus entre ces animaux et les salpa qu'il ne cesse
de leur comparer. Il pense que cette disposition générale
des pyrosomes en forme de sac dépend de la manière dont
«ont placés les œufs au moment de la ponte ; et l'on sali
d'ailleurs quelle influence elle exerce sur les salpa ^ dont
chaque espèce présente des arrangemens différens entre les
individus qui la composent.
La locomotion des pyrosomes est très-simple ; ils flottent
au gré des courans, comme les salpa et les stéphanomies;
ils paroissent cependant pouvoir se contracter individuelle-
ment , et avoir aussi un mouvement général , mais fort léger ,
qui fait entrer dans leur cavité commune l'eau qui doit bai-
gner leurs branchies et amener les substances dont ils font
leur nourriture.
On remarque à l'ouverture générale du sac commun , une
membrane qui sert en partie à le fermer, et qui paroît être
une simple expansion de l'enveloppe interne des pyrosomes
qui entoure cette ouverture ; elle n'est point l'agent d'une
volonté générale; aussi aucune fibre circulaire ne s'y fait
remarquer, et l'on ne peut comparer son action à celle d'un
sphincter.
Quoiqu'on ne puisse rien avancer sur le mode de généra-
lion des pyrosomes, tout doit porter à penser qu'ils sont her-
maphrodites , comme les salpa et les ascidies. Des corps glo-
buleux , libres , placés au-dessous du foie , entre les bran-
chies et la tunique propre du corps, peuvent être considérés
comme des œufs. Ces globules, examinés au microscope ,
semblent renfermer quatre petits pyrosomes , faciles à dis-
tinguer à leurs branchies.
Leur réunion en forme de rayons, les rapproche principale-
ment An salpa pînnata de Forskaël.
Dans son Rèf^ne animal^ M. Cuvier , a adopté ce rappro-
chement, et 11 place le pyrosome parmi les mollusques acé-
pTiales sans coquilles, avec les ascidies et les botrylles , ainsi
que nous l'avions proposé dans une description de ces der-
niers , qui nous est commune avec M. Lesueur et que nous
avons lue , le i5 mars i8i5 , à la Société philomathique. (i)
(i) Depuis la lecture de notre mémoire, M. de Blainville nous a
fait ronnoitre que Renieri, dès l'année ivçS. avoit reconnu les rap-
ports tl'orsaiiisalioii qui existent entre les botrylles et les ascidies, ainsi
que ceux que ces derniers animaux présentent avec les alcyons figues^
V y R 309.
A peu prçs dans le mcme temps , M. Savigny a fait part à
rinstitut d'un mémoire sur les alcyons à deux ouvertures, qu'il
a trouvés très-compliqués , puisqu'il a observé, dans ces ani-
maux , une tête, un col , un thorax soutenu par une sorte de
squelette formé par des cerceaux, ou espèces de côtes réunies
dans la ligne médiane, un abdomen quelquefois pédoncule, un
ovaire , deux estomacs, un thoracique , l'autre abdominal ,
un intestin recourbé , un anus , etc. Ce mémoire n^i pas été
imprimé; mais un second, qui renferme la description dé-
taillée de ces animaux , ainsi que celle des pyrosomes et des
botrylles , a été lu par le même naturaliste , presque immé-
diatement après le premier , et imprimé , avec le rapport qui
a été fait, à son sujet, à l'Institut. Les a/cjo/25 , qui sontap-
pelés, dans ce second mémoire, ascidiens, y sont partagés en
plusieurs genres qui ont été réunis en un seul par M. Cuvier^
dans son Règne animal. Les descriptions et les figures très-
soignées de ces alcyons ( publiées depuis ) , prouvent qu'ils
ne doivent point être éloignés des pyrosomes et des bo-
trylles et conséquemment des ascidies , qui sont , comme
on sait , de vrais mollusques.
Ce sont ces divers travaux simultanés qui ont porté les
zoologistes à opérer un changement assez important dans
la classification des animaux à sang blanc , en retirant de la
classe des radiaircs, les alcyons , observés par M. Savigny ,
les pyrosomes, les botrylles, les synoïques , etc., soit poul-
ies rapporter à la classe des Mollusques , comme l'a fait
M. Cuvier, soit pour en former une particulière, comme l'a
proposé M. de Lamarck, dans son dernier ouvrage , sous le
nom de Tutsiciers. F. ces mots, (desm.)
PYROSTOMA. Arbre de la didynamie angîospernne , à
feuilles opposées lernées et à (leurs d'un beau rouge, en co-
rymbes terminaux. Meyer l'a observé dans la partie du conti-
nent d'Amérique qui appartient à la colonie d'Essequebo, près
de la Guyane. Ses caractèressont: calice tubuleuxà cinq lobes;
corolle à deux lèvres : la supérieure tripartite , Tinféricure
bifide; anthères libres; style filiforme à deux stigmates subulés
recourbés ; fruit inconnu, (ln.)
PYROSTRE,P//o5//m. Arbre de l'Ile-de-France, à feuil-
les opposées, pétiolées, obtuses, très-entières, à pédoncu-
les axillaires portant trois ou quatre fleurs très-petites , qui
forme un genre dans la télrandrie monogynie et dans la fa-
mille des rubiacées.
Ce genre a pour caractères : un calice très-petit à quatre
dents ; une corolle presque campanulée, ouverte, à cinqdivi-
sions, et à orifice tomenteux; quatre étamines égales; un
ovaire inférieur oblong , à style simple et à stigmate capitéj
3io P Y R
«ne petite baie pyriforme creusée de huit slrie», el conte-
nant huit noyaux monospermes. (b.)
PYKOXENE. Espèce minérale de la classe des pierres ,
dont on n'a long-temps connu que la seule variété qui se
trouve dans les volcans , et que, pour celte raison, on avoit
nommée schorl volcanique. Cette espèce est une véritable famille
où viennent se réunir ou se confondre plusieurs substances
qui se présentent sous des aspects très-différens , quoique
leurs caractères essentiels soient lesmêmes-Ces substances ,
que quelques minéralogistes persistent à considérer comme
distinctes, sont : l'alatite ou diopside , la baïkalite, la cocco-
lithe , la fassaïte ou le pyrgome , la Iherzolite , la mussite et
la sahiite.
YiQpyroxene aisé à confondre avec l'amphibole qui, comme
lui, est une réunion de minéraux disparates au premier coup
d'œil, en diffère par le noyau primitif de ses cristaux dans tou-
tes ses variétés. C'est un prisme rhomboïdal , oblique, dans
lequel les incidences des pans du prisme, l'un sur l'autre, sont
de 87^. 4.2' , et 92^. 18'; le plan de la base fait, avec les
deux arêtes du prisme , qui répondent aux deux angles
obtus , des angles de io6d. 6' , et de 73^. 54'. Dans le noyau
de l'amphibole , qui est également un prisme rhomboïdal
oblique , les incidences des pans du prisme entre eux , sont
de 124^- 34.', et 55d. 26'; ces différences sont tellement fortes
qu'elles font reconnoître ces deux substances à la vue simple-
ment. Dans les noyaux au pyroxène, la petite diagonale de la
base est à la longueur d'une des arêtes du prisnie , comme
18 est à 5 à peu près : dans l'amphibole, celle même diago-
nale , est avec cette même arête , dans le rapport environ de
4. à I. Le noyau primitif du pyroxène est divisible dans le sens
des deux diagonales de sa base, en quatre prismes triangu-
laires obliques.
Les variétés du /?yroa;^ne qu'on avoit regardées comme au-
tant d'espèces à part , ont offert le même noyau à M. Haiiy.
Ce savant a fait de l'étude de ces diverses variétés , le sujet
de plusieurs mémoires des plus instructifs qui sont insérés
dans les Annales, et dans les Mémoires du Muséum d'histoire
naturelle , où le lecteur pourra puiser l'idée plus exacte de
îa manière dont les lois de la cristallisation se* comportent ,
et les résultats importans à connoître qui s'en déduisent.
Le pyroxène est communément noir ou vert , ou présente
les nuances intermédiaires ; il est aussi vert-blanchâtre ou
blanc-verdâtre , quelquefois gris et rarement blanc ; sa cas-
sure longitudinale est lamelleuse , mais plus ou moins sen-
siblement, selon les variétés;sa cassure transversale est granu-
laire ou raboteuse ou conchoïdale. Il est rarement transpa-
rent , plus souvent translucide sur les bords ou opaque. Lors-
P T R 3ii
qu'il est transparent, il jouit de la réfraction double. 11 est
assez dur pour rayer le verre. Sa poussière est vert foncé ou
vert grisâtre. Sa pesanteur spécifique , considérée en géné-
ral, varie de 3,îj23 à 3,873. Au chalumeau , il se fond dif-
ficilement en un verre brunâtre ou blanchâtre.
Les diverses variétés du pyroxène ont offert, à l'analyse,
environ moitié de silice , de la chaux et de la magnésie en
quantité équivalente à plus d'un dixième pour chacune, sur-
tout pour la chaux qui y est quelquefois dans la proportion
d'un quart ; l'alumine s'y trouve toujours , quoique en fort
petite quantité; le fer varie de i à i4 centièmes; il y a aussi
du manganèse , et enfin des traces de potasse et de chrome.
Ces analyses seront rapportées plus bas , en traitant de cha-
cune des variétés en particulier.
lue pyroxène est presque toujours cristallisé; ses formes,
quelquefois très-compliquées, sont difficiles à saisir ; elles se
présentent en prismes , dont les sommets , communément
obtus , offrent des facettes qui, par une suite de l'obliquité du
noyau primitif et de l'étendue qu'elles prennent les unes aux
dépens des autres, semblent inégalement disposées. La dif-
ficulté , pour déterminer ces formes , est encore augmentée
quelquefois, par la propriété que les cristaux ont de se pré-
senter hémitropes ; il en résulte des cristaux dont un des som-
mets est saillant , et l'autre à angles rentrans. Les formes
àa pyroxène sont variées et assez nombreuses, M. Haiiy en
a observé vingt-quatre; il esta remarquer que les diverses va-
riétés du ^y7-oa;è«e, dont on avoitfait des espèces, présentent
des cristallisations qui leur sont propres , et dont l'aspect dif-
férent qu'elles impriment à ces variétés a pu contribuera les
faire distinguer. La surface extérieure des cristaux est géné-
ralement lisse et éclatante lorsqu'ils sont translucides ou
transparens ; mais dans ceux qui sont opaques , elle est
souvent terne , et même âpre au toucher. Voici l'indication
des formes secondaires qui s'observent le plus communé-
ment dans le pyroxène , d'après M. Haiiy.
1. Pyroxène primitif , Haiiy , Tahl. comp. et Mém. Mus. i.
p. 283 , pi. 14. , fig. 23. Les cristaux qui ont celte forme ap-
partiennent à la variété dite Miisslie.
2. P. périhexaèdre ., Haiiy, Trail.Z^ p. 83, j^^. 189, en
prisme hexaèdre à base oblique ; c'est la forme précédente
dont les deux arrêtes du prisme, qui répondent aux angles
obtus des bases, sont remplacées, chacune, par une facette
inclinée de i33d. 5i' sur les plans primitifs.
3. P. périodaèdre , Haiiy , Mém. Mus. , i , p. 284. , fig. 26,
en prisme à huit pans à base oblique : la forme précédente
dont les deux arêtes aiguës du prisme sont remplacées par dci
facettes inclinées de i36 . 9' sur les paijs primitifs.
3i2 P Y R
Je rlois faire remarquer ici qu'à l'exception tlu pyroxène
des volcans, il arrive très souvent que dans les cristaux des
autres pyroxènes qui onl le prisme périoctaèdre, ce prisme se
présente comme un prisme quadrangulaire presque rectan-
gle , ce qui est dû au grand rétrécissement de quatre pans
pris alternativement.
4- P. équivalent , Hauy , Annal. Mus. , vol. 9 , et Jown.
min., vol. 28, p. iSa , pi. 3. Prisme à douze pans, à base
oblique. La forme précédente augmentée de quatre faces, si-
tuées à droite et à gauche des deux faces secondaires de la
forme périhexaèdre, et chacune inclinée sur lespans primitifs
adjacens de iSad. 89'.
5. P. bisunitaire , Hauy, Trait. 3 , yo. 84 , fig. i4o. Variété
périhexaèdre à sommet dièdre , formé par des plans qui se
réunissent en une arête terminale oblique à l'axe, et in-
clinée de i20d.
6. P. dihexaklre ., Hauy , Mém. Mus. , 1. p. 283 ,fig. 26. La
forme précédente dont Tarête terminale est remplacée par
une facette ayant la même inclinaison sur Taxe. On peut
considérer celte variété comme la précédente , chez laquelle
les deux faces du sommet nauroient pas pris l'étendue néces-
saire pour venir se joindre.
7. P. sexuctonal , Haiiy , Trait. 3, p. 84. C'est le cristal
précédent, dont le prisme est à huit pans.
8. P. iriuniiaire ., Haiiy, /. c.,fig. i4i. C'est la forme bis-
unitaire , dont le prisme offre huit pans.
9. P. soustraclif, Hauy ., l. c. ., fig. 1/^.2. C'est la forme bis-
unitaire ou la forme précédente , dont Tangle aigu situé à
l'extrémité supérieure de l'arête terminale est remplacé par
ime facette triangulaire, horizontale, ordinairement ondulée
ou courbe.
10. P. ambigu., Haiiy, Mém. Mus. I. p. 284, fig- 27. La
forme précédente chez laquelle la facette terminale hori-
zontale a pris l'étendue nécessaire pour faire disparoître les
deux faces du sommet , ce qui transforme le cristal en un
prisme droit à six ou huit pans. M. Haiiy n'a observé que le
prisme à huit pans.
11. P. dioctaèdre ., Haiiy , Trait. 3 , ^9. 85 , fig. i43. L;à
variété triunitaire émarginée sur les bords inférieurs des
faces terminales contiguës aux faces primitives.
., 12. p. épimèride , Haiiy , ylnn. Mus. , vol. 19 , />• 3^7 , fol.
i4 ifig- 1. Prisme à huit pans , sommet à cinq faces. C'est
la forme du pyroxène blanc de Baltimore , dans les Etats-
Unis.
i3, p. octo- duodécimal , Haiiy , Ann. Mus.., vol. 9 , et Journ.
min.., vol. 23, p. i52, pi, 3 .,fi8> 5. Prisme à huit pana ^
P Y R 3i3
sommet à six faces , dont trois plus inclinées sur la partie
antérieure du crislal, et trois sur le côté postérieur.
14.. F. Iri'octonul , Haiiy , Journ. min. , vol. 23 , p. i52 , pi.
3 , Jig. 6. Prisme à huit pans , sommet à 8 faces, dont 7 in-
clinées du même côté , et une sur le côté postérieur du cris-
tal; du Conuecticut dans les Etals-Unis.
i5. P. slenomone, Haiiy, Mém. Mus. i. p. 289 , pi. i4 ,
fig. 3i ,32, Prisme à huit pans, sommet à huit facettes, dont
cinq inclinées en avant du cristal , et trois sur le côté opposé.
16. P. ot:loi>igésimal , Haiiy, Ann. Mus., vol. 9, et Mém.
Mus. I. page 290, pi. 14., fig- 33; Journ. min., vol. 23,
p. iJi , pi. 3, fig. 2. Prisme à huit pans ( les pans primitifs
plus étroits), à sommet à dix faces , cinq inclinées en-deçà,
et cinq par derrière le cristal. C'est la forme habituelle des
cristaux du pyroxène diopside.
On peut déduire des formes précédentes (n." 1 2 à 1 5), Tob-
servation que M. Haiiy a faite sur le pyroxène octoviségimal.
« Ce cristal offre un exemple remarquable de ces jeux de cris-
tallisation, qui ont lieu à f égard des différens individus d'une
même variété , lorsque certaines faces sont plus ou moins
éloignées du centre dans les uns que dans les autres.La diver-
sité qui en résulte dans les étendues de ces faces et dans le
nombre de leurs côtés , fait varier l'aspect , et pour ainsi dire
la physionomie des cristaux , au point que ce n'est qu'en y
regardant de près, qu'on y reconnoît le même type , etc. »
( Haiiy, Jour, min., l. c. ).
17. P. senohisunitaire , Haiiy , Mém. Mus. , vol. 3 , p. i3o ,
pi. 3 , fig. 6. Prisme à six pans , à sommet à trois faces
inclinées sur trois côtés différens du prisme. Cette forme est
celle du pyro'Tcène bàikalite.
18. P. senoquaternaire, Haiiy, Mém. ]\ïus.3 , p. 124, f'g- 2-
Forme qui a une physionomie toul-à-fait différente de celit^
des formes précédentes. C'est un prisme court à quatre pans,
surmonté d'une longue pyramide aiguë à quatre faces , dont
deux plus grandes et contiguës sont deux des pans du noyau
primitif. Cette configuration lui donne aussi l'apparence d'un
octaèdre irrégulier , émarginé à sa base. Le pyroxène jus-
sdîte présente cette forme et la suivante.
19. P. duovigésimal , Haiiy, /. c. , p. 126, fig. 4- La forme
précédente, à pyramide émarginée sur les deux arêtes les
plus longues, et à sommet épointé par quatre facettes incli-
nées sur ses arêtes.
Telles sont les variétés cristallines du pyroxène , qu'il est
à propos de citer : plusieurs d'entre elles engendrent par le
retour d'une moitié du crislal sur l'autre , des formes hé~
mitropes. On connoît aussi des hémitropies qui sont pro-
duites par des cristaux , qu'on n'a pas encore observés §im-
3i4 P Y R
pies. En général, les hémilropies que présente le pyroxène
ne sont pas rares, et cependant un petit nombre seulement
a été signalé. La plus commune de toutes, est celle-ci.
20. P. tri unitaire hé mi trop e , Haiiy, Trait. , vol. 3 , p. 86 ,
fig. 14^4^. C'est un prisme à huit pans , terminé d'un côté par
un sommet à quatre faces semblables ; et de l'antre, par un
angle rentrant , également à quatre faces semblables , mais
différentes de celles du sommet saillant. Celte hémitropie a
lieu par le retour d'une moitié du cristal triunitaire , sur
l'autre moitié, par un plan qui passeroit par les deux grandes
diagonales opposées des bases du noyau primitif. L.e pyroxène
soustrariif hémitrope a le sommet saillant époinlé.
21. P. hémitrope croisé. Il arrive fréquemmentde rencontrer
des cristaux hémitropes du pyroxène volcanique , qui se sont
croisés à angle droit , ce qui produit une croix à branches
égales , dont deux à angles rentrans.
he pyroxène ne se présente pas toujours en cristaux dé-
terminables. 11 affecte des manières d'être qui sont même
assez variées.
22. P. cylindrdide. Les cristaux de sahlite , de diopsidc
et de mussite , sont fréquemment déformés par de nom-
breuses stries ou des cannelures longitudinales.
23. P. laminaire. La sahlite se dislingtie parmi toutes les va-
riétésdu pyroxène, par sa structure laminaireàgrandes lames,
qui se laissent cliver aisément. Elle se présente en masse ,
composée de grandes parties laminaires ou de très -petites
parties également lamelleuses ; dans ce cas , c'est la variété
granou- lamellaire. Le pyroxène augite est aussi quelquefois en
masses laminaires.
24- P- comprimé. Les cristaux de mussite sont ordinaire
ment comprimés et allongés.
25. P. granulaire. C^est le pyroxène , lorsqu'il est en masse
granulaire; cette contexture estspécialemenlcelledela cocco-
lilhe. On la retrouve dans le pyroxène volcanique vert ,
et même dans le pyroxène aogite.
26. P. Jibro'granulaire. C'est une variété de mussite.
27. P. fascicule radié. En masse composée de prismes réu-
nis en faisceaux el rayonnans , quelquefois libres à l'cxlé-
rieur , et régulièrement cristallisés; celte forme s'observe
dans le pyroxène qui accompagne l'yénite à l'île d'Elbe et
dans la mussite.
28. P.filn-eux. Cette variété ne diffère des précédentes
que par la finesse des prismes et leur agglomération in-
time , qui leur donne l'aspect de certaine variété d'asbeste.
29. P. schisteux. En masse composée de lames superpo-
sées : la mussite.
30. P, résino'ide. Il est noir , a l'apparence de la poix , ei
P Y R 3ir,
n'offre presque plus , et même pas du tout , de trace de sa
structure cristalline. Il appartient au pyroxène volcanique,
( V. ci-après).
Maintenant que nous avons exposé les caractères et les
manières d'être du pyroxène considéré en général , nous
allons exposer les espèces qu'on a faites à ses dépens. Nous
les nommerons ainsi : pyroxène volcanique ; pyroxène au-
gite ; pyroxène coccolithe ; pyroxène sahlite ; pyroxène baï-
kalite ; pyroxène fassaïte ou pyrgome; pyroxène Iherzollle ;
pyroxène diopside ; pyroxène mussite ; pyroxène blanc.
I. Pyroxène VOLCANIQUE {Schorl noir en prisme octaèdre^
B.D.; Schorlvolcanique,l&ergm.;Volcanite et Virescùe^hamélh.;
Ociaedral basalù'ne, Kirw. ; Pyroxène augite^ Brong., en partie.
Augite^ Wern. en partie.; Common augite, James, en partie).
Il est en petits ou moyens cristaux réguliers , ou en graiûs
tantôt isolés, tantôt contenus et disséminés dans la lave ou
la roche. On en a fait plusieurs analyses ; il est composé de
Etna.
Frascaii.
Rhineberg
Silice . . .
52, 5o . .
. 4«,oo.
. . 52,00.
Magnésie.
10,00 . .
. 8,75.
. . 12,75.
Alumine.
3,3o. .
5,00.
. . 5,75.
Chaux,
l3,20 . .
. 24., 00.
. . i4,oo.
Fer. . .
i4,66. .
. 12,00. .
13,25,
Manganèse.
2,00 . .
1,00.
. . 0,25.
Potasse. .
0,00 . .
trace.
. . 0.
Eau. . .
0,00 ,
0.
. . 0,25.
Perte . .
4,00 . . .
0. .
. . 0.
Vauquelin. Klaproth.
Id.
Tromsdorf a trouvé dans un pyroxène de l'Elna, qu'il a
•analysé , 5,i8 de potasse. Klaproth avoit signalé cet alkali
en très-petite quantité , dans le pyroxène de Frascati , dont
nous rapportons l'analyse ; il en a trouvé également uu«
trace dans le pyroxène vert , de Bhineberg , et dont il a
aussi donné une analyse complète que nous n'avons point
rapportée.
Ses formes régulières se rapportent à celles appelées bis-
unitaire , triunitaire , soustractive , dioctaèdre , ambiguë et
hémitrope; ses cristaux ont depuis moins d'une ligne de di-
mension, jusqu'à 8-10 lignes de diamètre.
I. Le pyroxène volcanique noir. Sa couleur est le noir par-
fait ou le vert foncé presque noir ; il est quelquefois magné-
tique ; il fond plus difficilement que les autres; il est plus fra-
gile. Sa surface extérieure est ordinairement raboteuse ; sa
cassure a quelque chose de vitreux et de fibreux à la fois. 11
se rencontre presque toujours dans les laves proprement di-
3i6 P Y R
tes , celles qui ont coulé , et dans les Scories qui n'en sont
qu'une modification ; il se trouve aussi , i.° dans tous les ba-
saltes ; et on sait que les basaltes sont regardés comme d'o-
rigine volcanique parla plupart des minéralogistes;et 2.''dans
les roches de transition ou d'autre formation qu'on soupçonne
également avoir une origine volcanique : ainsi, on l'observe
dans les vâckes , les mandelsteins , etc.
Les rocs présumés volcaniques de Theis , près de Fassa en
Tyrol, contiennent des cristaux de pyroxène;les kleingsleins
ou phonolilhes, espèce de laves pétrosiliceuses,en renferment
quelquefois une grande quantité ; la roche porphyritique
d'Oberstein, qui contient les agates , celle du Tyrol , qui est
dans le môme cas , offrent encore le pyroxènc noir. Enfin,
on le reconnoît quelquefois dans ces substances que le Vésuve
et d'autres volcans ont rejetées intartes. Il y est rare cependant
avec la couleur noire. Mais nulle part cette substance n'est
plus abondante que dans les laves. M. Cordier a fait voir
que le pyroxène en grains excessivement ténus et le feldspath,
composent les pâtes des laves. Celles qu'on a nommées ba~
salte , laves lilhoïdes trappéennes ou argilo-ferrugineuses^
sont celles où le pyroxène est en plus grande quantité que le
feldspath. Les courans de lave de cette nature n'offrent que
des scories, et les scories ne sont autre chose qu'une sorte de
demi-vitrification qui n'a pu se changer en verre, c'est-à-dire
en obsidienne, à cause du peu de fusibilité du pyroxène. C'est
de la surface des scories ou de leur intérieur, que l'on retire
les cristaux de pyroxène les plus réguliers et souvent les plus
beaux; les scories , en se décomposant, les laissent à nu ;
d'autre fois les volcans, dans certaines éruptions, lancent
ces cristaux tout dégagés , et avec une profusion vraiment
étonnante. L'Etna en a donné plus d'un exemple , ainsi que
le Vésuve. ^^
L'Etna, le Vésuve, Ténériffe, les volcans de l'île de Bour-
bon, de la Guadeloupe, etc. , offrent de très-beaux cristaux
isolés de pyroxène ; on en trouve également dans beau-
coup d'endroits du Cantal , du Vêlai ; au Puy de Corent ,
de la Rode, de la Vache ^ de Mural, en Auvergne; ou
Provence , en Saxe , en Bohème , dans la Hesse , dans la
Hongrie et en Espagne, au cap de Gale, etc.
Les sables ferrifères - volcaniques de Pouzzotes , près
!Naples,que l'on exploite et que l'on fond, contiennent beau-
coup de pyroxène finement granuleux et qui provient des
détritus de laves que la mer rejette sur la côte. Les sables et
les cendres rejetés par les volcans, sont chargés de celte
substance.
3. Pyroxène vert ( viresciley Lamclh, ). Il est ordinairement
P Y K 3i7
fî'un vert jannâlrc ou brunâtre et demi-translucide , ou d'un
vert foncé sombre ; il se rencontre plus particulièrement
dans les masses rejetées intactes par les volcans et dans les
sables volcaniques. Dans les anciennes laves , il forme quel-
quefois des noyaux ou des nœuds granulaires ou impar-
faitement lamelleux, avec l'éclat vitreux ou luisant; il est
aussi en petits cristaux ou grains disséminés, dans les laves
modernes. ,
Ce pyroxène se présente en plusieurs états différens dans
les matières volcaniques qui rf'ont pas éprouvé l'action li-
quéfiante du feu. Au Vésuve, où les blocs de matières rejetées
intactes abondent, ce pyroxène est tantôt en petits cristaux
brillans, qui tapissent les cavités de ces matières, tantôt il
est lui-même en masse granulaire pure ou mélangée avec l'i-
docrase , le grenat , le mica , la chaux carbonatée , l'amphi-
gène, la sodalite , la meionite , etc. Parmi les blocs de
même origine , qu'on observe dans les tufs volcaniques des
environs de Rome, à Frascati et à Tivoli, ce pyroxène est en
très-gros cristaux , d'un vert gris , terne , mal conformés et
empâtés , soit avec du mica , soit avec de l'amphigène. Les
marbriers romains font quelquefois de petits objets avec ces
blocs composés de pyroxène et de mica : on voyoit dans
le cabinet de M. de Drée, à Paris , deux jolis petits vases ,
faits avec pareille matière ; ils étoient remarquables par le
chatoiement du mica. Les sables volcaniques des bords des
lacs Albano , Nemi , Braciano , etc. , contiennent une
grande quantité de très-petits cristaux de pyroxène vert, le
plus souvent transparent comme le péridot. Il n'est pas
rare non plus dans les sables volcaniques des environs d'An-
dernach , etc.
3, Le Pyroxène résino'ide (Id., Haiiy; Conchoïdal augite , J â-
mes. ). Il est noir ou vert brun ou brun olivâtre , avec l'as-
pect luisant comme celui de la résine ; sa cassure est impar-
faitement conchoïde. Il est opaque ou légèrement translu-
cide sur les bords. Il se rencontre principalement dans les
basaltes et les laves anciennes ; il est en grains de différente
grosseur, mais rarement plus gros qu'une noisette. Ces pe-
tits grains , lorsqu'ils sont noirs , ont l'apparence du fer
oxydulé titanifère , substance qu'on trouve aussi dans les la-
ves anciennes. Le pyroxène résinoïde est indiqué dans les
basaltes de Fulde en Hesse ; dans les produits volcani-
ques du Vogelgebirge et dans les basaltes du Kaisersthal en
Souabe , etc. Le schlackenblende de M. Nose , qui se trouve
dans les basaltes des environs de Cologne, paroîl aussi ap»
partenir au pyroxène résinoïde ; c'est encore à cette variété
que quelques minéralogistes rapportent Uschlakiger augiteàe
3i8 P Y R
Karsten ; mais je croîs que ce rapprochement n'est pas exact.
Les caractères de cette substance sont très-différens ; elle
est amorphe, d'un beau noir, çà et là verdâtre; elle a l'éclat
luisant de la résine et est opaque ; sa cassure est conchoïde :
sa pesanteur spécifique est de 2,666. Au chalumeau elle fond
presque aussitôt avec intumescence , et donne un verre noir
ou brun. Selon Klaprolh, elle contient : silice, 55 ; alumine;
i6,5o ; magnésie, i,75; chaux, 10,00 ; oxyde de fer, 18,75 ;
une trace de manganèse ; eau , i,5o. Cette analyse seule
a fait rapprocher cette substance du pyroxcne. On la trouve
en petits fragmens dans un lit de chaux carbonatée à Gin-
liana , en Sicile. Dolomieu en avoil rapporté du Val di Noto
qui étoit vert-grisâtre et rougeàtre.
4.. Le Pyroxène volcanique alléré. Ce pyroxène offre trois
genres d'altération qui méritent d'être signalés. Lorsque les
laves ont été exposées long-temps à l'action des vapeurs aci-
do-sulfureuses qui s'exhalent continuellement dans les sol-
fatares et autour des cratères des volcans, elles se dénaturent
ainsi que les cristaux qu'elles contiennent; alors le pyroxène
devient blanc opaque , et , à l'exception de la silice , les au-
tres principes forment avec les vapeurs acides , des sels solu-
bles qui sont ensuite évaporés ou lavés. On observe dans
presque tous les cratères , et surtout dans les solfatares, des
laves décomposées qui offrent des cristaux parfaitement con-
formés de pyroxène également de celte nature.
La calcination que les laves éprouvent perpétuellement
autour descratèresbrûlans, n'agit pas d'une manière prompte
cristaux de pyroxène. Ceux-ci sont souvent encore intacts,
tandis que la lave qui les contenoit se trouve rédijfite en
miettes. Dolomieu a recueilli dans le cratère de Monte Rosso
une obsidienne résinoïde jaune, contenant du pyroxène re-
couvert d'une légère pellicule blanche ; dans le même cra-
tère, il recueillit aussi une scorie rouge contenant des cris-
taux semblables de pyroxène. Cette scorie, d'une grande fra-
gilité , provenoit de la calcination naturelle de la lave rési-
noïde ; il étoit aisé c'e s'en convaincre , car en essayant
un fragment de la lave résinoïde au chalumeau , elle se
converiissoit en une scorie semblable. Dolomieu en vit
des échantillons qui présentoient les deux étals. L'on sait
encore qu'on trouve des cristaux de pyroxène intactes dans
les laves vitrifiées ; ce n'est que par une longue action de la
chaleur qu'ils se fendent et puis tombent en poussière.
L'action des autres agens atmosphériques n'a également
de prise sur le pyroxène qu'après un long temps ; et c'est à
«elle cause que l'on doit attribuer la parfaite conservation de
P Y R 3.9
ces courans de laves anciennes qu'on observe encore, et qui
paroissent avec toutes les marques d'une formation récente.
Les basaltes et tous les produits volcaniques qui ont le py-
roxène pour base, sont dans le même cas.
Le pyroxène néanmoins offre deux genres particuliers de
décomposition ; dans l'un , il devient jaune ou couleur de
rouille et terreux. Il conserve une partie de son tissu feuilleté.
Il est très-friable.Quelquesnaluralistesen ont fait une espèce,
30US le nom de limbilite ( V. ce mot. ). Les laves de Ténériffe,
celles de l'île de Bourbon , celles du Brisgaw , quelques-
unes de celles d'Auvergne, m'ont offert à la fois la limbi-
lite et des cristaux de pyroxène noir parfaitement conservés ;
d'où l'on peut croire que certaines laves contiennent à la fois
deux sortes de pyroxène, dont un plus décomposable ; nous
avons vu à l'article Laves , qu'il eu étoit de même pour
le feldspath.
L'autre genre de décomposition qu'éprouve le pyroxène ,
est celui-ci : il devient vert , d'un aspect terreux , perd sa
structure, et ses autres caractères, mais conserve le plus sou-
vent sa forme. Ce genre de décomposition s'observe prin-
cipalement dans les roches de transition de la nature de la
wacke, ou de celles qu'y forme la pâte de ces amygdaloïdes qui
contiennent des substances zéolithiques. Un des exemples
lesf plus marquans , est celui qui se présente au mont de
Pazza, vallée de Fassa, en Tyrol. La roche est une wacke
qui contient des cristaux de pyroxène bisunitaire , ainsi alté-
rés et changés en une espèce de terre verte. Les minéralogistes
allemands l'ont considérée tantôt comme des cristaux de
même nature que la chlorite de Vérone , et tantôt comme
une substance particulière, sous le nom de fossile vert {griui
fossile , W. ). La même roche renferme des rognons de chlo-
rite baldogée ou talc zoographique. (Voyez Terre de Vérone.')
Les diverses variétés que nous venons de décrire, et le
pyroxène auglle dont nous allons parler, forment l'espèce
augite de Werner. Ce naturaliste y ramenoit et confon-
doit avec ses augites granulaires et feuilletés ( komiger et blat-
iriger aiigit) , une substance qui a été nommée keraphyllite
par Stéphens , et que M. Haiiy a reconnue pour être de
l'amphibole. Elle est très-lamelleuse , fort brillaute , dun
vert foncé presque noir ou même noir. Au chalumeau, elle
fond difficilement en un verre opaque d un vert olivâtre. Elle
est composée, selon Kiaproth, de silice, 62,52; alumine,
7,25; magnésie, 12, 5o; chaux, 9 ; potasse, o,5o; fer oxydé,
16,25. Elle diffère de l'amphibole ordinaire par son éclat,
sa dureté, et par sa fusion au chalumeau. Sa pesanteur spé-
cifique et sa structure cristalline l'éloignent du pyroxène.
320 p y '\
Elle se trouve au Sau-Alpe en Carinthie, dans une roche
primitive composée de quarz, de grenat, de dislhène bleu ou
verdâlre, d'épidote grise, etc. Toutes ces substances sont
tantôt en grandes parties, tantôt en très-petits grains qui pro-
duisent des masses granulaires. Uomphazife de Werner est ,
à ce qu'il paroît, encore le même amphibole en petits grains.
II. Pyroxène augite. Je rassemble sous ce nom toutes
les variétés de pyroxène non volcanique , confondues avec
le pyroxène volcanique par tous les auteurs , ou bien qui
n'ont pas été distinguées par des noms particuliers. Le py-
roxène augite est communément vert, quelquefois noir; ses
cristaux varient pour la grandeur, et dépassent rarement la
grosseur du doigt. Ils sont, en général, plus gros que ceux du
pyroxène volcanique; ses formes cristallines ordinaires sont
les variétés triunitaire , périhexaèdre, périoctaèdre et sexoc-
tonale. Ce pyroxène est aussi en masse laminaire ou granu-
fibreuse ou radiée , etc.
Il existe deux analyses du pyroxène augite d'Arendal. La
première est due à M. Simon , et la seconde à M. Roux.
Silice .... 5o,25 .... 45,00
Magnésie . . . 7,00 .... 0,00
Alumine . . . 3,oo .... 3,oo
Chaux .... 25, 5o .... 3o,5o
Fer io,5o . . ./ . 16,00
Manganèse . . 2,25 . . . . 5,oo
Chrome . . . trace .... 0,00
Eau o,5o .... 0,00
Perte . . . 1,00 .... o,5o
Le pyroxène augite se trouve en fort beaux cristaux dans
les roches primitives et dans les lits de fer oxydulé,à Arendal
en Norvvége. Il y est associé avec d'autres substances miné-
rales, qui s'y présentent aussi parfaitement cristallisées. Le
grenat, l'amphibole, le feldspath, le paranthine ou Wcrné-
fite, la chaux carbonatée , l'épidote , les pyroxènes cocco-
lithe et sahlite, la chaux phosphatée , etc. , l'accompagnent
et lui servent quelquefois de gangue. Ses formes régulières
sont celles que nous avons citées. Il est cristallisé ou granu-
laire et' mélangé à Hellesta , dans la province de Suderman-
land, et dans d'autres localités en Suède.
Le Piémont a offert,dans ces dernières années, plusieurs
gisemens de ce pyroxène dans les roches primitives, et no-
tamment dans les vallées de ïraverselle, de Brozo, de Suze,
de Locana , etc. Les cristaux de pyroxène de Vico , vallée de
Brozo, sont d'un vert noirâtre et ont quelquefois l'apparence
de l'épidote d'Arendal. Ils oui aussi un volume considérable^
P Y R 3ai
cependant on en observe de très-petits ; ils appartiennent
à la forme stènonome. Les pyroxènes des autres vallées sont
de diverses formés, mais également vert foncé. A Traverselle,
il y en a qui sont d'un vert grisâtre ou jaunâtre, opaques, en
prismes périoctaèdres, et traversés dans leur longueur par de
nombreux filets d'amiante , qui sortent comme des mèches
par rexirémilé des cristaux. Le grenat, le fer oxydulé , Tido-
crase , le quarz , le feldspath , le mica , la serpentine , le fer
chromaté , la chaux carbonatée pure ou magnésienne, etc.^
accompagnent le pyroxène dans ses divers gisemens, en Pié-
mont.
Le pyrojtèrie-âûgile en petits cristaux Iriunitaires sur une
espèce de serpentine, a été recueilli dans les Pyrénées, par Do-
lomieu, et l'échantillon rapporté parce savant, a long-temps
été le seul qu'on pût montrer du pyroxène non volcanique. Ce
pyroxène existe à l'île d'Elbe, dans le même gisement où se
trouve lyénlte. Il y est en masses fibreuses rayonnées et en
prismes périoctaèdrcs à sommet oblitéré ; ces prismes sem-
blent droits et carrés, à cause de l'extrême petitesse de quatre
de ses pans, qui sont les pans primitifs. Ces cristaux forment
quelquefois de très-belles gerbes , et leur couleur est le vert
grisâtre , ou foncé sombre et sans éclat.
Le professeur Bruce a découvert, le pyroxène-augite dans
une roche primitive aux environs de New-Yorck, aux Etais-
Unis. Il est dans une roche feldspathique, accompagné de
graphite , de quarz , de mica , etc. ; la forme de ses cristaux
est celle dite trioctonale.
Le pyroxène entre aussi dans la composition des roches
primitives, et ces roches sont confondues habituellement avec
celles qu'on nomme grunstein , diorite^ ou diabase ; il y est asso-
cié au feldspath. Des roches de cette nature sont au Glocknen
près d'Heiligerblut, ainsi qu'à Sainte-Marie-aux-mines dans
les Vosges. La roche de ce dernier endroit contient aussi du
calcaire et du titane oxydé;elle a été découverte par M. Eckel
deStrasbourg.Le pyroxène-augite a également été trouvé dan^
des rochesprimilivesprès de Nantes; enfin, cette substance a
été découverte dans plusieurs serpentlnes;et quelques minéra-
logistes pensent même que , dans bien des circonstances, la
serpentine doit probablement être considérée comme du py-
roxène en masse compacte ; c'est ce qui s'est vérifié par rap-
port à certaines serpentines des Pyrénées, dont une constitué
ie pyroxène Iherzolite.
III. Pyroxèise coccolithe (Id.,Brong.;P^TOrK?n*^ran^/i-
y^^mc, Haiiy ; Coccolilhe ^ d'Andrade ; Kokkolit, W. ; Kœr-
rtiger-Augit , Karst. , Hausm. ; CoccoUthe , James.). Il est
d'un vert poirçaiu très - foncé , ou noirâtre , quelquefoi»
322 P Y R
jaunâtre , ou couleur d olive. Il est communément en masse
granulaire fragile ; quelquefois aussi en cristaux réguliers, des
mêmes variétés de forme que celles du pyroxène - augite
d'Arendal; mais ces cristaux ont leurs angles tellement ar-
rondis, qu'on ne peut les reconnoîlre qu'avec peine. Sa pe-
santeur spécifique varie entre 3,3o (Karsten) et 3,87 (Haiiy).
Son analyse a offert les mêmes principes déjà observés dans
le pyroxène-augite; elle est rapportée à l'article Coccoliihe.
Celle substance se trouve à Arendal en Norwége, associée
avec le pyroxène-augite , et toutes les autres substances qui
accompagnent ce dernier. Ses cristaux sont quelquefois
disséminés et enveloppés par du calcaire spathique. Les
masses granulaires varient par le volume des grains , tantôt
gros comme des pois, et tantôt petits comme des grains de
millet. Ces masses sont ordlnalremeul pures. Parmi celles à
petits grains , on en observe qui sont irès-mélangées de gre-
nats également en petits grains.
La coccolilhe est encore indiquée, en Suède, à Hellesta
et Assebro, et dans la province de Nerici. Jameson en cite
une variété verte à Barkas , en Finlande ; mais je suppose
qu'il a voulu parler du pargasite , substance translucide,
qu'on trouve à Pargas (petite île sur la côte de Finlande),
qui est disséminée dans le calcaire , en grains , ou en cris-
taux arrondis sur Les angles, qui a l'aspect de la coccolithe ,
h laquelle plusieurs minéralogistes l'ont rapportée , et qui ,
selon M. Haiiy , n'est qu'une variété de l'amphibole granu-
liforme ( Hauy , Mém. Mus. i , p. 393).
L'on dit aussi que la coccolithe a été découverte au Harlz,
dans la forêt de Hartzeburg; dans la Basse-Saxe et en
Espagne,
IV. Pyroxène sahlite {,SaUil d'Andrade , Wern. ,
Karst ; Malacolitke , Abildg. , Haiiy , Trait. ; Pyroxène
laminaire gris verdâtre ^ Haiiy, tabl. comp. , etc. ). Il est
vert grisâtre , plus ou moins foncé ; quelquefois d'un vert
d'asperge, translucide sur les bords; sa structure lamelleuse
est beaucoup plus apparente , et le clivage a lieu plus aisé-
ment dans les différens sens , même dans le sens des bases
du noyau primitif, ce qui est très-difficile à reconnoîlre dans
le pyroxène-augite et autres; il se casse naturellement dans la
direction des pans des prismes primitifs, et découvre ainsi de
grandes lames brillantes ou luisantes ; ses fragmens sont
assez souvent de petits prismes rhomboïdaux, ou des por-
tions de ces prismes; sa cassure transversale est inégale,
raboteuse et terne. Ce pyroxène est moins dur que lis
autres variétés ; il est même tendre , qualité qui' a sug-
géré à Abildgaard, le nom de malacolithe , qu'il a donné
P T R 3a3
à celte substance , et qui dérive du grec , mulakos lithos ,
pierre tendre. Sa pesanteur spécifique est de 3,223, selon
Haiiy ; de 3,236, suivant d'Andrade; et de 3,4.73 , d'après
Wollaston. Exposé à l'action du chalumeau , il se fond très-
difficilement , et même l'on assure que la variété qui vien*
de Sahla , est incomplètement infusible.
Les principes de la salhite sont les suivans :
SaMa. Langhanshyttan, Bjariinii/resveden.
Silice 53 54, 18 67,28
Chaux 20 22,72 24,88
Magnésie 19 l7»8i 9,1a
Alumine 5 o o
Fer Ç , 2,18 6,o4
Manganèse < i>45 0,73
Perte 1 1,66 1,96
Vauquelin. Hisinger. Ohsson.
La magnésie et la chaux s'y trouvent en proportions plus
fortes que dansle pyroxène-augite, et le fer y est en moindre
quantité.
Le pyroxène-sahllte se trouve cristallisé sous les formes
dihexaèdre , périoctaèdre , perihexaèdre, bisoctonale, et en
masse laminaire ou grano - lamellaire, à grains plus ou
moins tins; ses cristaux sont quelquefois assez gros. M. de
Bournon, qui a publié un mémoire très -étendu sur la
sahlite, qu'il regarde comme différente du pyroxène, adonné
les figures d'un grand nombre de formes régulières de la
sahlite, qui n'avoient pas été publiées avant lui. Depuis»
M. Haiiy, en ralliant la sahlite au pyroxène, a ramené
ses formes à la plupart de celles déjà observées dans le py-
roxène. Les minéralogistes étrangers persistent à séparer ces
deux substances , en se fondant sur la différence de propor-
tions de leurs principes constitutifs , et sur le faciès de la
sahlite.
La sahlite a d'abord été découverte en Suède, dans la
mine d'argent de Sahla , en Westmannie, associée au plomb
sulfuré , au cuivre sulfuré , au fer sulfuré , et aux diverses
autres substances qui se trouvent dans cette mine, l'asboste ,
ramphibole,la chaux carbonatée; ensuite à Langhbanshyttan,
dans la province de Wermelande et à Bjornmyresveden en
Finlande. On l'a retrouvée encore à Arendal , en Norwége ,
accompagnant le fer oxydulé , l'amphibole , le spath cal-
caire, le feldspath, le mica noir, le pyroxène-augite , etc.
Patrin, dans l'article MalaCOLITHE de la première édition
de ce Dictionnaire , l'indique en Sibérie. L'échantillon qu'il
possédoit, avoit été tiré, par lui, d'un gîte d'aigue-marine de
la montagne d'Odoa-Tschelon, près du fleuve Amour. On y
324 P Y R
voyoit des cristaux de la grosseur da doigt , ayant la forme
périoctaèdre. La sahliic y éloit en partie grenue et en partie
cristallisée; celle qui est grenue, dit-il, est traversée de
veines bleuâtres d'aigue-marine , qui est elle-même grenue;
elle renferme , outre des feuillets épars de mica , un cristal
de cette substance , de forme hexaèdre , qui a plus d'un
pouce de diamètre, sur neuf à dix lignes de hauteur le
tout mêlé d'une chaux carbonatée spaihique, d'un blanc
roussâtre, qui se dissout en entier dans les acides , avec une
vive effervescence, mais qui a la propriété de devenir aussi
phosphorescente par la chaleur qu'un spath fluor. Sans la
présence de l'aigue-marine , on croiroit, par cette descrip-
tion , que Patrin auroit voulu parler du pyroxène baïkalite.
La sahlite est encore indiquée dans l'île de Unst , l'une
des îles Schetland ; dans le calcaire compacte rose de l'île
de Tycée, l'une des Hébrides; en Ecosse ; sur les bords du lac
(^hamplain , etc. On avoit cru la rencontrer à ISarkseilsiak ,
dans la partie sud du Groenland, associée à la sodalite , avec
l'aiiiphibole, le grenat et le zircon. M. Haiiya reconnu que
cette prétendue sahlite éloit du feldspath lamellaire. Enfin,
la sahlite du ïyrol rentre dans le pyroxène fassaïte.
V, Pyroxène baïkalite {Baikaliie). Ce pyroxène est
d'un vert olive, en cristaux de diverses formes , dont une,
l'abino-senaire , n'a encore été offerte que par lui : il est en
grains et en cristaux quelquefois plus gros que le pouce ,
disséminé dans une chaux carbonatée lamellaire, d'un blanc
jiunâtre , qui contient également du mica en lames rhomboï-
dales , d'un pouce de diamètre ; la surface des cristaux de la
fcaïkalite est brillante. La cassure transversale est terne et
grano-lamellaire. L'analyse et la localité de cette pierre sont
exposées à l'article Baïkalite.
VL Pyroxène TASSÂÏTE ( Py/'^ome et Fassàiie, W.). Celte
substance se présente en petits cristaux d'un vert obscur
ou d'un vert clair , dans de la chaux carbonatée bleuâtre
ou blanchâtre , avec de l'idocrase brunâtre et jaunâtre. Les
cristaux sont groupés ou solitaires, et ceux qui sont réguliers
ont l'aspect d'autant d'oclaèdrcs à triangles scalènes , dans
lesquels la base commune aux deux pyramides , dont ils
sont censés être l'assemblage , auroit une position obliqiie à
l'axe. Ses formes se rapportent à celles nommées seno-qua-
ternaire etduo-vigésinlale.
Celle variété , considérée d'abord comme de la sahlite ,
se trouve à Fassa en Tyrol.
A Anguillara , près du lac de Braciano , aux environs de
Rome , on trouve dans un tuf volcanique des pierres Icn-
P Y R 325
ares , qui contiennent des cristaux de pyroxène semblable à
la fassaïte.
VII. Pyroxène lherzolite. Nous avons exposé à Tarti-
cle Lherzolite la description de cette variété, et l'on y peut
lire les caractères propres à ce pyroxène , et les raisons qui
ont conduit M. de Charpentier à le considérer comme du
pyroxène en roche.
VIII. Pyroxène DioPsiDE(y4/a/iV«,Bonvois.;Dw/?5«W^,Wern.;
Diopside, Jam. , en partie). Il est en cristaux prismatiques al-
longés, des formes didodécaèdre et octovigésimale , ou sou-
vent cylindroïdes ; d'un blanc verdâtre , ou vert , ou blanc ,
quelquefois moitié l'un et moitié l'autre ; transparens , ou
demi-transparens , ou translucides. Les cristaux transparens
ont la double réfraction. Sa pesanteur spécifique est de 3,3 lo.
Il a été découvert dans la montagne de la Ciarmetla ,.
située au-delà du rocher de la plaine de Mussa , nommé
Testa Ciarva, à l'extrémité de la vallée d' Alla, en Piémont.
Ses cristaux varient pour la grandeur; ils atteignent quelque-
fois l'épaisseur d'un doigt ; ils sont groupés entre eux , ou
solitaires , ou associés à de beaux cristaux de grenats tri-
émarginés, d'un rouge- orangé; àl'idocraseverte, à l'épidote,à
la prehnite , à la chaux carbonalée , au talc cristallisé^ au fer
oligiste , etc. A Locana , le diopside Irès-blanc est associé à
de très-beaux cristaux d'idocrase noir ou calcaire.
11 exisloit dans le cabinet de M. de Drée , à Paris , un
morceau qui paroît venir d'Ivrée , dans la vallée d'Aost ; sa
surface extérieure est couverte d'un grand nombre de petits
cristaux de fer oxydulé dodécaèdre , striés , et de diopside.
Dolomieu possédoit plusieurs échantillons qu'il avoit rap-
portés de Corse , et sur lesquels on voyoil de petits cris-
taux de diopside associés aux mêmes grenats rouge-orangés.
BL Rampasse avoit également recueilli cette roche en
Corse. L'on dit quil en a été trouvé à l'île d'Elbe.
IX. Pyroxène MusstTE ( Mussile , Bonvois, ; Diopside ,
en partie , James. ) Il est d'un blanc verdâtre , presque
opaque ou translucide ; sa surface est quelquefois comme
satinée , et d'autres fois très-lisse ; il cristallise en prismes
longs, de la forme primitive , ou cylindroïdes, ou comprimes,
ou fibreux. Ces prismes sont tantôt disposés en gerbes ,
tantôt baccillaires, quelquefois Irès-étendus en lames, et se
recouvrant de manière à donner à la masse la structure schis-
teuse;queIquefois aussi ces prismes sont entrelacés et en masse.
La mussile duSimplon , est mélangée avec le quarz, le mica
argentin , le titane oxydé. Celle de Mussa est accompagnée
de grenat jaune , dit tvpazalite , de fer axydulé , de calcaire,
de talc , de prehnite , etc.
326 P Y R
La mossile , selon M. Laugier , est composée de
Silice 57,80
Magnésie 18, 25
Chaux 16, 5o
Manganèse et Fer ... 6
La mussile a été découverte dans la partie supérieure de
îa vallée de Lans , appelée la plaine ou Talpe de la Mussa.
Vers !e fond occidenlal de la même vallée se trouve une
mont .giie de serpentine , de vingl-cinq à trente toises de
haut , nommée la roche, noire ; cette roche est traversée
presque horizontalement, à la hauteur de huit à dix toises ,
pa'- un lit de mussite granulaire grise, dans les fentes duquel
se montrent les cristaux de ce pyroxène. Cette substance se
trouve également au Simplon et à Saint-Nicolas , dans le
Haut-Valais , en masse schisteuse et lamellaire , avec le gre-
nat , le talc, etc.
X. Pykoxène blanc. Ce pyroxène a été trouvé dans les
roches primitives avec le feldspath fétide, à Baltimore, dans
les Etals-Unis; il estblanc ou grisâtre, un peu translucide. Ses
cristaux se rapportent à la forme épiméride,et sont quelquefois
assez gros. Cette variété est pour la couleur à l'espèce pyro-
xène, ce que la grammatiie blanche est à l'espèce amphibole.
Celte exposition des diverses variétés du pyroxène nous
montre cette espèce minérale dans les terrains primitifs, et
dans les terrains volcaniques, ou présumés tels. On doit re-
marquer que dans les terrains primitifs , le pyroxène ne se
trouve que dans des roches superposées au granité le plus
ancien ; et il est aisé d'en conclure que si les volcans re-
jettent des matières si abondantes en pyroxène, ils les pui-
sent très-probablement dans des couches analogues , et que
leur foyer , par conséquent , loin d'être situé à de grandes
profondeurs au-dessous du granité , comme quelques géolo-
ques îe croient , est au contraire supérieur au granité an-
cien. Dolomieu pensoit (et de son temps le pyroxène hors des
volcans étoit à peine connu) que le foyer des volcans n'étoit
pas à une grande profondeur. Les masses rejetées intactes
par le Vésuve , offrent le pyroxène associé avec un grand
nombre des substances qui s'observent dans le gisement
du pyroxène primitif ; et ce fait nous semble devoir être
signalé.
Le pyroxène et l'amphibole , autrefois confondus ensem-
ble,sont devenus deux espèces minérales extrêmement intéres-
santes en géologie,à cause de leurs variétés qui se présentent
sous tant d'aspects différens et dans des roches très-variées,
dans la composition desquelles elles entrent. L'amphibole est
P Y R 327
plus abondant dans les roches primitives , et le pyroxène
dans les terrains volcaniques. Cette différence ajoute aux
caractères qui distinguent Tamphibole du pyroxène. En ne
rappelant que le caractère fourni par la structure cristalline ,
cité au commencement de cet article , on peut dire du py-
roxène comparé à l'amphibole , qu'il existe peu d'exemples
d'une différence aussi frappante , cachée sous une i essem-
blance aussi trompeuse, (ln)
PYRRHOCORAX. Nom latin et générique du Choucas
DES Alpes. F. Choquard. (v.)
PYRRHOPOECILLOS , c'est-h-àire , marqueté de taches
rouges , en grec. Anci'ennement, on donnoit ce nom , selon
Pline , au marbre qu'il désigne par syénite , et avec lequel les
rois d'Egypte firent faire des obélisques. Cette Syénite est le
granité que les antiquaires nomment grarùte rose antique , et
celui que les minéralogistes ont pris pour type de l'espèce de
roche granitique appelée SYÉNiTE,du nom de la ville de
Syène, dans la Haute-Egypte, d'où l'on tiroit ce beau gra-
nité, (ln.)
PYRRHOSIDÉRITE, c'est à-dire, fer de couleur pour-
pre , en grec. Ullmann a donné ce nom à une variété de fe»
oligiste micacé ( Eisenglirnmer ) dont il fait une espèce par-
ticulière. Le pyrrhosidérile se présente en lames très-petites,
éclatantes , tumulluairement groupées les unes sur les autres ,
et formant des masses cellulaires très-légères, ou des tapis ,
ou de petits mamelons rayonnes, à la surface et dans les
cavités du fer hydraté hématite. Ses couleurs sont : le rouge
de rhyacinthe , l'aurore , le rouge de sang , et même le gris
de fer. Il est transparent ou demi-transparent, et alors d'un
beau rouge de rubis ou pourpré ou orangé. Sa poussière est
d'un rouge brunâtre ou orangé ; ses lamelles sont de petits
cristaux de formes diverses , arrondies ou anguleuses, et peu
déterminables.
Il se trouve dans les mines d'Eisenzeche ( pays de
Nassau-Siégen), à Rehmel , et dans d'autres mines envi-
ronnantes
La craitonite lamellaire de rOisans, e'nDauphiné, a beau-
coup de ressemblance avçc le pyrrhosi dérite, (ln.)
PYRRHULA. C'est , dans Brisson, le nom générique du
Bouvreuil. V. ce mot.
Le Bouvreuil a longue queue , Pynhula longicauda, que
j'ai indiqué pour une espèce particulière , est le cardinal o\x
homreuilde Sibérie, en habit d'hiver. Je dois celte observation
à M. Félix Paul de Jarocki , docteur en philosophie et en
sciences , correspondant de la Société minéralogique de
léna , etc. ; ce savant naturaliste l'ayant vu étiqueté dans le
Muséum de Berlin sous la dénomination de loxia sibirica, par
328 P Y R
Pallas lui-même, qulje premier, a fait connoîlre cet oiseau. (v.)
P YRRHULAS. Nom grec du Bouvreuil, (v.)
PYRRIAS. Nom grec du Bouvreuil, (s.)
PYRROGLAS. C'est, selon Gesner , le nom du Bou-
vreuil , en grec, (s.)
PYRROSJE , Pyrrosia. (ienre de plantes cryptogames de
la famille des Fougères , introduit par Jussieu , qui présente
pour caractères: une fructification en points nus, composés
de cinq à huit follicules sessiles , attachées sur un réceptacle
fnince , caduc , en forme de disque.
Ce genre ne renferme qu'une espèce, qui vient de la Chine,
ci dont toute la surface inférieure des feuilles , qui sont sim-
ples , ohlongues et pétiolées, est couverte de poils roux. Il se
rapproche des Catmdollines , des Acrosiîques et des Po-
LYPODES. (B.)
PYRULAIRE, Pyrularla. Arbrisseau de la Caroline , à
racine odorante , à feuilles alternes , sans stipules , pubes-
centes , ovales-oblongues , très-entières , à fleurs petites dis-
posées en épis , qui forme , dans la dioécie pentandrie , un
genre fort voisin des Célastres.
Ce genre, qui a été élabli par Michaux dans sa Flore de
T Amérique septentrionale , présente pour caractères : dans
les fleurs mâles , un calice campanule, à cinq divisions re-
courbées ; point de corolle ; cinq étamines insérées au
tube du calice , et placées autour d'un disque épais. Dans
les fleurs femelles, un calice comme dans les mâles; cinq éta-
mines stériles et un disque ; un ovaire inférieur à style court
et à stigmate en tête ; un drupe pyriforme couronné par le
calice qui s'est élargi, renfermant une petite noix à une loge
et à une semence.
L'amande de la pyrulaire fournit une huile bonne à manger.
.Willdcnow a donné à ce genre le nom d'HAMiLTONiE.
(B.)
PYRULE , Pyrula. Genre de coquilles de la classe des
Univalves , qui offpe pour caractères : une coquille sub-
pyriforme , canaliculée à sa base , sans bourrelets conslans ,
ayant sa partie ventrue plus voisiné «Je son somruet qi;^e de
sa base , une spire courte , une columelle lisse et Iç bo.r4
droit sans échancrure.
Les coquilles de ce genre sont généralement assez minces ,
et représentent plus ou moins la figure d'une figue. Leurs
spires sont courtes et peu convexes, leur ouverture est lawge
et surtout très-longue. Leur lèvre e$t nçki,pce et simple. Leurs
aqimaux n'ont point été observés.
On ne conuoît que deux espèces de ce genre , savoir :
P Y T 3^9
La Pyrui.e figue , qui est en massue , presque ov^le ,
r«Çlicnlée par des stries ; et dont la spire est très-courte ,
r.pl. M 23, où elle est figurée. ^Ue se trouve dans les mers
des Indes et d'A"iérIqup.
La pY{iuj.f: RAVE , qui est arrondie , un peu striée , dont
le canal de la lèvre pst courbé , et la spire saillante. Elle se
trouve daqs la mer 4es Ipdes- (b.)
PYHUS. Nom da poirier, chez les Latins. Chez les Grecs ,
cet arbre s'appeloit apios. Us donnoient le nom de pyros au
froment. V. Poiiuer. (ln.)
PYSCH. Nom du Chanvre , chez les Tarlares Wos-
liaks. (LN.)
PYTHAGORBE , Pyihagorea. Petit arbre de la Cochin-
chine, à feuilles ovales , lancéolées, dentées, glabres, pres-
que sessiles, à (leurs blanches portées sur des grappes axil-
laires, qui forme , selon Loureiro , un genre dans Toclandrie
monogynie.
Ce genre offre pour caractères : un calice campanule de
sept à huit folioles linéaires et colorées ; une corolle campa-
nulée de sept à huit pétales lancéolés , concaves et hérissés ;
huit étamines ; un ovaire mitoyen entre le calice et la corolle,
ovale, velu, surmonté de quatre styles astigmate aigu;
une capsule à quatre loges polyspermes. (b.)
PYTHE , Pyt/m, Latr. , Fab. ; Tenehrio , Linn., Degéer ;
Cucujkfs^ Payk Genre d'insectes , de l'ordre des coléoptères ,
section des hétéromèrcs , famille des slénélytres , tribu des
liélopiens » distingué des autres genres de cette famille par
les caractères suivans : tous les articles des tarses entiers ;
mandibules bidenlées à leur extrémité: palmes maxillaires
plus grands que les labiaux , avec le dernier article plus grand
que les précédens, en forme de hache ou de triangle ren-
versé-; antennes filiformes , insérées à nu, au-devant des
yeux ; le septième article et les trois suivans presque demi-
globuleux ; le onzième ou dernier ovoïde ; corps allongé ,
déprimé, plus étroit en devant, avec le corselet presque
orbiculaire.
Fabricius donne six palpes à ces Insectes ; mais c'est une
erreur. Il en distingue trois espèces , et qui habitent toutes
les forêts des parties froides ou élevées de l'Europe. La plus
connue est le Pythe bleu , Pytho cœruleus , ou le ténèbrion
déprimé (depressus) de Linnœus et d'Olivier, et le ténèbrion dt&
bois de Degéer. Son corps est long d'environ cinq lignes ,
et varie un peu pour les couleurs. Il est ordinairement d'u.n
bleu foncé , pointillé , avec les antennes , la bouche , l'abdo--
men et l'extrémité des pattes, roux; le corselet a deux enfon-
33o P Y X.
cemens , avec un sillon dans l'intervalle; les élytres ont des
stries courtes, (l.)
PYTHON, Python. Genre dé reptiles de la famille des
serpens, établi par Russel et adopté par Daudin. Il offre
pour caractères : de grandes plaques nombreuses sur la
tête ; des plaques entières sous le ventre ; des plaques en-
tières et des doubles plaques sous la queue ; deux ergots ou
éperons à l'anus ; des dents aiguës , mais point de crochets à
venin.
Ce genre se rapproche si fort des Boa, que deux, des cinq
espèces qu'il renferme , avoient élé placées par Schneider
parmi eux.Ils sont tous originaires, de l'Inde, n'ont guère que
dix à douze pieds de long , et vivent dans les lieux rocailleux.
On les connoît dans le pays sous le nom de serpens de rocher.
Les ergots qui font réellement le seul caractère de ce genre ,
servent principalement à accélérer la marche des espèces
qui le forment, en leur donnant un point d'appui. Il faut bien
les distinguer de ceux qui existent dans les mâles de quelques
reptiles et de quelques poissons , tels que les Squales et les
Kaies , et dont l'objet est de les fixer sur les femelles lors de
l'accouplement. Au reste , les pythons sont peu connus , fort
rares dans les cabinets d'Europe , et ne présentent rien de
saillant dans leurs mœurs. La tête du Python de Java est
supérieurement figurée, pi. 7 de l'ouvrage de Cuvier, inti-
tulé : /e Règne animal distribué selon son organisation, (b.)
PYTHONISSE. Poisson du genre Scorpène , Scorpena
horrida , Linn. (b.)
PYTIANTHE et PYRINA. On a donné autrefois ces
noms à I'Oxyantha de Dioscoride. (ln.)
PYXACANTHA (^Buis épineux., en grec). Les Grecs ap-
peloient ainsi leur Lycium. V. ce mot. (ln.)
PYXIDANTHÈRE , Pyxidanthera. Petite plante fruti-
culeuse , rampante , à feuilles alternes , presque opposées ,
cunéiformes , lancéolées , très-aiguës , entourées de poils à
leur base, à fleurs solitaires et terminales , qui , selon Mi-
chaux , forme un genre dans la pentandrie monogynie , et
dans la famille des bicornes , à ce que croit Jussieu.
Ce genre offre pour caractères : un calice entouré de brac-
tées, divisé en cinq parties, oblongues, ouvertes; une corolle
très-courle , campanulée , à cinq divisions ; cinq étamines ;
un ovaire ovoïde, presque triangulaire, surmonté d'un style
épais à trois stigmates très-courls.
Le fruit n'est pas connu.
Celte plante , qui ressemble aupremier coup d'œll à l'AzA-
LÉE RAMPANTE, et qui doit être réunie à la Diapensie, selon
Kultall, se trouve dans la Haute-Caroline, (b.)^
Q A s 33i
PYXIDARIA. Lindern, dans son Tourneforllanus alsa-
ticus, 6gure, sous ce nom , une jolie petite plante d'Europe,
dont on a fait ensuite un genre qu'on lui a dédié : c'est le
Undernia pyxidaria. (ln.)
PYXIDE , PYXIDIE , PYXIDION , Pyxidium. Noms
donnés par Ehrard au fruit capsulaire qui s'ouvre horizon-
talement en deux valves hémisphériques , V. Fruit , § m ^
n.'^ 21. Le Mouron cl le Plantain en offrent un exemple.
Ce même botaniste donne encore cette dénomination à l'urne
des mousses. V. Mousses, (p.b.)
PYXIDELLE. V. Lindernie. (b.)
PYXOS. Nom du Buis , chez les Grecs, (ln.)
QAFANDAR. Nom arabe d'une espèce de Fragon
( Ruscus hypuphyllum, L.), selon Delile. (LN.)
QAHOUEH. Nom arabe du Café en liqueur. BuN est
le nom de la plante et des grains , selon Delile. (ln.)
QAMK. Nom arabe du Blé ( Triticum satwum ) , selon
Delile. (LN.)
QANBEH. Nom arabe, selon Delile, des graines du
CananG aromatique ( Ui>arîa aromatica , LK. ). V. KuM-
BA. (fcN.)
QANTARYAN et QANTARYOUN des Arabes. C'est
la Petite Centaurée ( Gentiana cenlaurium , L. ). (ln.)
QARAD. V. Sant. (ln.)
QARAESLAMBOULY. Nom arabe du Potiron ( Qi-
curbita pepo , L. ) à gros fruits. Qara'mâghreby est le nom
de la variété à fruit oblong , que nous appelons giraumou.
Qara'kouzy est celui du Petit Potiron, selon Delile. (ln.)
QARAMEDAOUER. Nom arabe de la Gourde des
pèlerins ( Cucurbila lagenarici , L. ) , dont le fruit a la forme
d'une bouteille. Le Qara'debbeh en est une variété à gros
fruits ovales; Qara'tAouyl est une autre variété à fruit
long , et que l'on mange, (ln.)
QARILLEH. Nom arabe que l'on donne en Egypte à
une espèce de Sénevé (^Slnapis alUonii, Jacq., et Delil., Hist.
Egypt. , pi. 35, fig. X ) , qui croît dans les champs de lin , en
Egypte , et aussi en Europe, (ln.)
QARN EL-GHAZAL {Come de gazelle). Nom arabe d'un
Lotier ( Lotus oKgoceratos , Lamk. ) , selon Delile. (ln.)
QASAB EL-SUKKAR {Roseau à sucre) et QHAB.
Noms arabes de la Canne a sucre {Saccharum officina-
mm , L. ). (ln.)
332 Q U A
QASAL , CASAL. Nom arabe du Roseau des jardins
( Aruncl) donttx). (LN.)
QVTYFEH. Nom arabe donné , au Caire , à l'ŒiL-
Ï.ET d'Inde ( Tageles erecla , L. ) , qui y est cultivé dans les
jardins, (ln.)
QRYSOlIN,BA'YTEUAN,BA'BOUNY. Noms ara-
bes de In Sam'OLINI-ODORAîiTE {Sanlolina fragranfi<isima ^ de
Forskaël) , selon M. Deiile , Mgypi.^ pi. 4.2 , fig. 3. (ln.)
QNENIC. r. Cniqujers. (ln.)
QODDErt. Nom arabe d'un Croton ( Croton pUtatum ,
"Wahl. ), selon Deiile. (ln.)
QOIMEAU. Petite espèce de butor ^ qui , selon M. Sa-
lerne , se voit quelquefois en Sologne , et que Ton y connoît
sous ce nom de cjoimeau {^Hist. des Ois., page ii3). Celte
espèce est très-probablement la même que le Butor blon-
Gios V. l'article des Hérons, (s.)
QOLQAS Nom arabe de la Colocase, espèce de Gouet
(^arum colorasia , L. ). (LN.)
QOREYS. V. Fisau-Klab. (ln.)
QOBONFEL. Nom arabe de V Œ.iïa.il'ï {Blanthus caiyo-
phylhis , L. ). (ln.)
QORTOM. L'un des noms arabes du Carthame cultivé
( Carthamus tinctorius , L. ). Ses autres noms sont chartam ,
kkartan. Les fleurs sont nommées osfour , selon Deiile. (ln.)
QOTN. Nom arabe, donné en Egypte au Cotonn-ier ,
Gossypium herbaceum , Linn. QoTN EL-chagar, est celui du
Cotonnier a feuilles de vig.ne , Gossypium vitifolium ,
Cav. (ln.)
QOTNEH. Nom arabe , donné , au Caire, aux graines du
psyllium , espèce du genre plantain (^Planiago psylUum') , que
nous nommons l'herbe aux puces. On trouve écrit Goine dans
quelques voyageurs plus anciens qui appliquent ce nom à
diverses autres espèces de plantains, (ln,)
QOÏT-EL-BARR. Nom égyptien du zîbeth (Vi^erra
zibetha ). V. Civette, (desm.)
QOUACHL Nom que porte le Coati, à la Guyane, (s.)
QOUATA. Barrère écrit ainsi le nom du Coaïta , es-
pèce de singe du genre Atèle. (desm.)
QUABÈBE. V. CuBÈBE. (s.)
QUACAMAYAS des Mexicains, Ce sont les aras, (.s )
QUACARA. Frisch dit qm^, rlu temps de Charlemagne,
la ouille étoit connue SOMS cv;^\e dénomination. (S.)
QUACBASou QOUAGQA. V. l'art. Cheval, (desm.)
QUACUi. ;^-. Coati, (s.)
QUACrtïLTON. V. PORPHYRION acintli. (s.)
QUACH-LON-DIEO. Une espèce d'OacaiDÉE ram-
O U A 335
Tante porte ce nom en Cochinchine. C'est le Rekan-
THERA COCOINEA , Lour. (LN.)
QUACK. C'est , en Flandre , le nom du Bihoreau. F.
l'article Héron, (v.)
QUx\CKlTIZIÏ. L'un des noeas japonais du Bladhinja-
ponica , selon Thunberg. (ln.)
QUADR ANGULAIRE. Poisson du genre Ostracion.
(B.)
QUADRATORTA de Gaza. C'est le ietragonîa de Théo-
phraste , et notre Fusain ( Evonymus europceus) , qui mérite
ces noms , à cause que ses fruits sont à quatre lobes, (ln.)
QUADRATULE. plusieurs oryctographes appellent
ainsi un MouLE de bivalve , qui paroît avoir appartenu à
un Cœur ou à une Bucarde. (desm.)
QUADRETTE. V. Rhexie. (b.)
QUADRICOLOR, Emberiza ejuadricolor , Lath. ; pi.
enl. de Ruff. , n.° loi. fig. 2 , sous la dénomination de gros-bec
deJam. La tête et le cou sont bleus ; le dos, les ailes et le
bout de la queue , verts ; une large bande rouge est sous le
ventre et sur le milieu de la queue ; le reste du ventre et la
poitrine sont d'un brun clair et couleur de noisette ; le bec
est d'un cendré brun ; le tarse couleur de cbair, et la queue
un peu étagée. Longueur , cinq pouces. Sur la planche en-
luminée , citée plus haut, le dessus de la tête et du dos est
gris ; les couvertures supérieures de la queue sont rouges.
Buffon fait de cet oiseau un gros bec. Latham et Gmelin le
donnent pour un bruant. Quant à moi , ne l'ayant pas vu en
nature et ne pouvant le déterminer d'après une figure in-
correcte , je le laisse isolé, (v.)
QUADRICORNE. M. de BlainvlUe a donné ce nom
spécifique à un ruminant à quatre cornes, dont il a observé
le crâne dans une collection de Londres, et qu'il croit ap-
partenir au genre des Antilopes. V. ce mot. (desm.)
QUADRÏCORNES ou POLYGNATES. M. Duméril
( Zoologie analytique ) donne ce nom à une famille d'insectes
aptères à mâchoires, à abdomen peu distinct , et ayant des
pattes sous quelques anneaux. Les seuls genres : Physode,
Cloporte et Armadille en font partie, (desm.)
QUADRIDENT. V. au mot Tétraphide. (b.)
QUADRIE, Quadria. Arbre à feuilles alternes , bipio-
nées avec impaire, à folioles opposées , ovales en cœur,
inégales à leur base , doublement dentées, à fleurs blanches ,
velues extérieurement , géminées et portées sur des grappes
axillaires , lequel forme un genre dans la tétrandrie mouo-
gynie.
Ce genre , qui est voisin des Çmbothrions, offre pour
334 Q U A
caractères : une corolle de quatre pe'lales spallmlcs , con-
caves â leur pointe , dont trois sont recourbés, et le qua-
trième droit ; point de calice ; quatre étamines courtes, in-
sérées dans la cavité des pétales ; un ovaire supérieur , velu,
à style courbé au sommet , et à stigmate en tête ; un drupe
ovale , uniloculaire et monosperme.
Le quadrie se trouve au Chili. Feuillée l'a mentionné sous
le nom de nebu^ et Molina sous celui de Guevina. Son bois
est dur, flexible, et sert à beaucoup d'usages. Les amandes
de ses fruits ont une saveur agréable , et se vendent dans tous
les marchés à l'insiar des noisettes d'Europe , auxquelles on
peut les comparer. On tire de ces amandes une excellente
huile, elon en fait des dragées et autres friandises. L'écorce
des fruits est astringente, et employée en médecine sous ce
rapport, V. pi. P i , où il est figuré, (b.)
QUADRILLE. L'Asclépiade couleur de chair , qui est
un violent poison, porte ce nom aux Antilles, (b.)
QUADRISULCES. Déslgnationgénérique des Quadru-
pèdes dont le pied est divisé en quatre doigts, (s.)
QUADRUMANES. On donne ce nom aux animaux
qui ont deux mains comme l'homme, et deux pieds con-
formés comme des mains, avec de longs doigts et un pouce
qui leur est opposable ; ce qui fait qu'Us ne posent point à
plat leurs pieds à terre , mais obliquement, et vacillent ou
présentent peu de solidité ; an contraire , ces mains aux pieds
sont très-propres à saisir les branches d'arbres. De plus , le
bassin des quadrumanes est étroit , placé obliquement , ce
qui favorise peu la solidité des membres postérieurs , qui sont
proportionnellement plus courts que les nôtres , tandis que
les antérieurs ou les bras sont plus lon^s. En général, ils ont
des formes humaines , et une sorte de visage ou de face , des
fosses orbitaires entières ou séparées, par une branche de l'os
jugal , des fosses temporales. Ils ont trois sortes de dents ,
des Incisives taillées en biseau , des lanlalres coniques , des
molaires plates , ou à couronne large et tuberculée. Leur
estomac est unique, comme dans l'homme; ils ont des intes-
tins d'une longueur intermédiaire entre les carnivores et les
frugivores , avec un cœcum court.
Leurs membres ne paroissent nuUenlent faits pour mar-
cher aussi bien que les vrais quadrupèdes,mals plutôt destinés
à la préhension; aussi leurs os du bras et de la jambe sont-ils
articulés et non pas soudés ensemble , ce qui fait qu'ils
exécutent facilement des mouvemens de pronation et de
supination, outre l'existence de clavicules complètes qui
écarte leurs épaules, comme chez l'homme, et les rend
impropres à se soutenir sur leurs pieds de devant. Toutes
p . 1
2 . (h/i/.i.iyc rf/Jic/i' ■
Q U A 335
leurs mains ont des doigts assez libres dans leurs mouve-
mens. Tels sont les singes et les makis que l'on reconnoît
encore à leur tête assez volumineuse et sphérique à cause du
développement du cerveau, quia trois lobes de chaque côté,
et dont le dernier cache le cervelet, comme chez l'homme;
car ces animaux montrent beaucoup d'intelligence et d'habi-
leté pour imiter nos gestes. Ils ont , ep effet, des clavicules,
une poitrine assez large , portant deux mamelles , ainsi
que nous ; la structure de leurs bras leur donne des mou-
vemens fort analogues aux nôtres ; ils ont une verge pen-
dante ou libre, et s'accouplent par devant; quelques femelles
ont, parmi les grands singes surtout, un écoulement de
sang par la vulve, à certaines époques; ces espèces sont
monogames la plupart , et font un ou deux petits , qui se
cramponnent à la mère. Presque tous ont une queue, ou un
prolongement coccygien qui est même capable de saisir les
objets, dans les sapajous d'Amérique. Les ongles des doigts,
aplatis chez la plupart, commencent à devenir aigus chez les
ouistitis et les makis. Ces derniers ont le museau plus avancé
et plus pointu que chez les singes ; ce qui fait qu'on les a
comparés à des renards, pour la physionomie, et qu'ils
sont déjà un peu carnivores , ou insectivores. Les autres
quadrumanes ont des intestins et l'appareil dentaire ou
masticatoire , comme l'homme , et ils sont à peu près
omnivores. Toute cette structure, qui les rapproche de la
nôtre, est très favorable aux habitudes qu'ont les quadru-
manes, de grimper sur les arbres; ce sont, en effet, des
animaux frugivores , qui vivent tous dans les pays chauds.
Plusieurs d'entre eux s'attachent aussi aux branches par le
moyen de leur queue qui est prenante. On établit deux familles
parmi ces quadrumanes. F. les mots Singes et Lémuriens
ou Makis, (virey.)
QUADRUPEDE , Quadmpes; rsTpxTrou?. Ce nom con-
vient à tous les animaux à quatre pieds ; ainsi les lézards,
les tortues , les grenouilles , etc. , ayant quatre pieds , sont
des quadrupèdes, comme les chiens, les chevaux, etc.
Cependant , on a spécialement appliqué le nom de quadru-
pèdes aux seules espèces qui produisent leurs petits vivans ,
et qui les allaitent ; c'est pourquoi l'on a désigné plus par-
ticulièrement les animaux vivipares par les mots de mammi-
fères ou mamellifères, c'est-à-dire, porte - mamelles.
( F. Mammifères.) En effet, lorsqu'on veut comprendre
dans la classe des quadrupèdes, les singes, qui ont deux bras
et deux pieds, les phoques , les morses , dont les pattes de
derrière sont réunies et presque soudées ensemble, et même
les cétacés, tels que les baleines, les dauphins et marsouins,
336 0 TJ A
qui sont tous des animaux vivipares et qui allaitent leurs
petits, le même mot n'est pas exact, puisque les cétacéâ
n'ont pas quatre pattes, et puisque les singes, les chauve-
souris ^ etc., ïie sont pas de véritables quadrupèdes à la
rigueur. Les grenouilles , les salamandres , les crocodiles , les
lézards, les tortues, et plusieurs autres animaux, ont biert
quatre pattes , et peuvent être appelés quadrupèdes; mais
ils sont ovipares , ils n'allaitent pas leurs petits •, ils ont d'ail-
leurs le sang froid, la respiration lente, le cœur à un seul
ventricule ; leur corps n'est point couvert de poils , comrtie
chez la plupart des mammifères, qui sôïit toujours pourvus'
d'un cœur à deux oreillettes et à deux ventricules , qui ont
un sang chaud , une respiration fapide, et une foule d'autres
attributs particuliers. La démarche à quatre pieds des ovi-
pares, telle que celle des lézards, des tortues, des crapauds,
est rampante; ils se traînent sur le sol humide et dans la
fange , plutôt qu'ils ne marchent ; aussi les a-ton rangés
dans la classe des Reptiles. {V. ce mot. ) Nous ne traitons
donc ici , sous le nom de quadrupèdes, que des mammifères
ou animaux vivipares exclusivement , qui comprennent les
singes , les chauve-souris, aussi bien que les amphibies , tels
que les veaux-marins ou phoques , les lamantins , etc. , avec
le reste des animaux véritablement vivipares. ( Les Céta-
cés sont traités à leur article , bien que leurs principaux
caractères d'organisation se rapportent à la classe des qua-
drupèdes. )
Comparaison des Quadrupèdes vivipares oifec les autres classes
d'animaux.
Le caractère fondamental de chaque classe d'animaux
dépend de la nature des lieux qu'elle habite. L'oiseau, ci-
toyen des airs, a reçu un tempérament vif et chaud, délicat
et sensible ; toujours en action , toujours gai , pétulant, vo-
lage , il est plein de fougue et d'incottstance, comme la
région qu'il parcourt; mais les poissons, peuples froids des
ondes , sont d'un naturel stupide , à cause du ramollissement
de tous leurs organes; d'un caractère insensible, d'un tem-
pérament insouciant, apathique, qui ne s'occupe que des
besoins les plus matériels; car toute leur vivacité se consu-
mant en efforts physiques , ne sert qu'à les soustraire aux
impressions qui viennent les frapper; elle les éloigne de tout
ce qui peut ouvrir leur intelligence et perfectionnef leurs
facultés. Le quadrupède, au contraire, se tenant dans un
milieu également éloigné des hauteurs de l'atmosphère
et des profonds abîmes des eaux , marchant , pour ainsi
dire , en possesseur et en maître sur la terre , semble aussi
Q U A " 337
tenir le milieu entre ces extrêmes ; il n'a ni l'ardeur et la
fougue de l'oiseau , ni la stupidité brute des poissons, ni
la lourde apathie du reptile , qui se traîne dans la fange ;
mais fixé sur un sol ferme et sec , son naturel a reçu aussi
plus de consistance et de solidité. La démarche du quadru-
pède , sans avoir la lenteur de celle du reptile , n'a point la
rapidité du vol de l'oiseau et la prestesse de la nage du
poisson ; mais elle est d'une vitesse modérée , qui permet
aux sens d'agir et aux facultés de se développer avec aisance ;
de là vient un plus grand perfectionnement de l'intelligence
dans ces animaux. Ils sont, pour ainsi dire, les philosophes
du règne animal, de même qu'ils en sont les supérieurs ou les
chefs naturels par lesdlfférens allribuls de leur organisation,
bien plus parfaite et plus compliquée que celle des autres
genres d'êtres vivans. Voyez , pour les détails de l'organisa-
tion, à la suite de l'article Mammifère.
Nous nous proposons de considérer ici les princes dii .
règne animal , sous le point de vue philosophique de leurs
facultés morales et intellectuelles, de leur ulilllé , ou de
leur industrie, relativement aux grands desseins de la nature,
et aux fonctions qu'elle leur attribue sur la surface du globe.
En effet, les quadrupèdes vivipares sont un groupe auquel
les diverses classes du règne animal viennent se rapporter
comme au type le plus parfait; à mesure que les organes
des animaux se perfeclionneni , que leurs sens se dévelop-
pent , que leur cerveau s'étend , que leur esprit s éclaire
davantage, ils se rapprochent du rang des quadrupèdes
qui est au sommet de l'échelle de gradation de tous les êtres
animés , car ils marchent immédiatement après l'homme ,
ainsi que ses ministres et ses auxiliaires, pour cultiver, défri-
cher , vivifier la terre , et dominer les créatures ou les gou-
verner. Nous sentons qu'un quadrupède a beaucoup plus de
rapports et d'analogie avec nous , qu'un ver , un insecte , un
coquillage, un poisson, un reptile, et même qu'un oiseau ;
il est plus voisin de Thumanité que tout autre, s'il est per-
mis toutefois à l'animal de se comparer à l'homme. Un qua-
drupède est à l'égard d'un poisson ou d'un reptile , ce que
l'homme esta l'égard du quadrupède et de roiseau;les facultés
de l'un sont supérieures à celles de l'autre. Dans la république
des animaux, la nature a donc créé des rangs et une noblesse
héréditaires; mais à l'homme seul appartient l'empire et le
droit naturel de régner ; les quadrupèdes sont devenus les mi-
nistres de sa puissance; fiers de servir le roi de la terre,
d'approcher de sa demeure , de partager ses avantages, et
de recevoir de lui leurs allmens , les animaux domestiques
ont courbé leur tête altière sous sa main caressante , tandis
xxvm. 22
338 Q U A
que d'autres espèces moins dociles sont restées indépen-
dantes.
La classe des quadrupèdes est non-seulement la portion
la plus parfaite du règne animal, mais elle semble même je-
ter des prolongemens et étendre des ramifications jusque
dans les classes voisines; ainsi, par la famille des singes^ elle
paroît vouloir atteindre à l'espèce humaine : par les chauve-
souris , les polalouches, les galéopithèques , et autres qua-
drupèdes qui voltigent , elle se rapproche des oiseaux ; les
quadrupèdes soit cuirassés, tels que les tatous, soit écailleux,
comme les pangolins {manis^ Linn.), semblent se rapporter
aux reptiles, tels que les tortues , les lézards; tandis que les
quadrupèdes amphibies , les phoques ou veaux-marins , les
lamantins , les vaches-marines , tenant de la nature des céta-
cés , paroissent se joindre aux poissons. On pourroit même
croire que les classes des animaux à vertèbres et à double sys-
tème nerveux , tels que les oiseaux, les reptiles et les pois-
sons, viendroient aboutir à la classe des quadrupèdes, et que
celle-ci ne seroit en effet composée que de ce que les autres
classes ont de plus parfait ; de sorte qu'elle en seroit comme
la fleur, la pa'rtie la plus délicate et la mieux travaillée par la
main de la nature. Les quadrupèdes sont en effet l'intermé-
diaire par lequel les autres animaux se rapprochent de nous.
Placés immédiatement au-dessous de l'homme et au-dessus
de tous les autres êtres vivans, ils réfléchissent sur les races
inférieures les rayons de la suprême intelligence dont nous
sommes les dépositaires, et ils rattachent ces classes infimes
à l'humanité.
De la nature des Quadrupèdes vivipares par rapport à Vhomme.
Toute la série des animaux ne représente dans la struc-
ture de chacun d'eux , que la longue dégradation de la na-
ture propre de l'homme ; car , en lui supposant des modifica-^
tions successives , on retrouve , par nuances, l'organisation
des quadrupèdes et même celle des autres classes inférieu-
res du règne animal. En effet , le singe , considéré soit dans
sa figure extérieure , soit dans sa structure interne , ne sem-
ble être qu'un Hottentot dégradé; il a les mêmes membres,
à peu près la même disposition des os , des muscles , des
nerfs, des veines ; le cerveau, l'estomac, les principaux vis-
cères, sont presque entièrement semblables ; la charpente du
squelette, les ramifications des nerfs et des «irlères , sont à
peu de chose près les mêmes ; on croiroit que cet animal
est un homme imparfait , ébauché, La même nuance s'ob-
serve en comparant le singe au quadrupède , en sorte que la
trame primitive de l'organisation , les principaux viscères
Q tT A 33jj
et les appareils les plus imporlans pour les fondions de la
vie, sont identiques dans toutes ces espèces , et exécutent
leurs fondions de la même manière , à quelques légères va-
riations près.
Les différences qui distinguent notre organisation de celle
des singes et des autres animaux vivipares , sont superficiel-
les et extérieures , comme si les parties internes, étant moins
exposées aux chocs et aux impressions du dehors, avoient dû
subir moins d'altérations. Aussi, ce sont les membres, quel-
ques muscles, la peau et ses productions, etc. , qui éprouvent
surtout des modifications. La main humaine , par exemple ,
se reconnoît dans celle du singe , mais elle se déforme de
plus en plus chez les makis , les sarigues ou dldelphes, chez
les hérissons , les ours , dans lesquels elle n'est plus qu'une
patte. Cette partie se dégrade encore davantage dans les chats,
les chiens, les lièvres, etc. Elle s'encroûte même de sabots de
corne , chez les ruminans , tels que les brebis, les cerfs et les
bœufs. Le pied du cheval et de l'âne n'a plus de doigts sépa-
rés à l'extérieur ; celui du rhinocéros et de l'hippopotame
n'est qu'une sorte de pilier informe ; enfin, chez les phoques
ou les veaux-marins , chez les morses, les lamantins et les
cétacés, ce membre n'est plus reconnoissable ; grossière-
ment façonné en rame pour fendre les eaux , on ne trouve
plus sous une peau coriace , épaisse , que quelques rudi-
mens osseux qui décèlent une espèce de rapport avec le bras
et la main de l'homme. Les dégradations des autres parties
extérieures s'opèrent à peu près de la même manière dans
toute la classe des quadrupèdes. V. Mains,
Mais la déformation qui influe le plus sur la nature des
animaux par son importance , est celle du cerveau et du
système nerveux qui en dépend. En descendant de l'homme
au singe , on s'aperçoit que la capacité du crâne se rétrécit ,
et que le museau se prolonge , à commencer depuis le nègre
jusqu'au dernier des singes ( V. les articles Homme, Nègre,
Cerveau et Crâne ). L'allongement des os de la face et le
rétrécissement du cerveau s'augmentent de plus en plus en
descendant dans toute la série des quadrupèdes ; et ces deux
états sont même proportionnels , car plus le crâne se rappe-
tisse , plus le museau s'allonge , comme si le défaut de l'un
faisoit l'excès de l'autre. D'ailleurs , la petitesse du cerveau,
proportionnellement à la masse du corps , occasione le gros-
sissement relatif des nerfs ; en sorte que la substance mé-
dullaire de la cervelle étant, pour ainsi dire , trop à l'étroit
dans la cavité du crâne , est comme refoulée dans les nerfs
et la moelle épinière. Il suit de là que plus l'on descend dans
réchelle des aiilmaus , plus leurs nerfs sont volumineux et
34o Q U A
plus leur cerveau devient petit, en même temps que leur face
s'avance. Ils sont donc plus faits pour les sensations et les
mouvemens dont les nerfs sont le principe , que pour la ré-
flexion et la pensée dont le cerveau est le siège. La gueule
proéminente des bêles , et leur crâne rejeté tout en arrière ,
semblent désigner qu'elles mettent le manger et le boire
avant tout ce qui vient de la réflexion.
Si nous comparons, en effet, l'animal à l'homme, nous
verrons que , toujours courbé vers la terre , la gueule ten-
due vers sa nourriture , le quadrupède n'écoute que ses ap-
pétits, ne suit (Jue ses penchans sensuels; il est tout adonné
aux sensations physiques, tout plongé dans la vie matérielle;
il ne songe qu'à remplir son ventre , qu'à satisfaire ses dé-
sirs. Et comme toutes ses facultés vitales se transportent dans
ses sens matériels , ceux-ci se perfectionnent d'autant plus
par un continuel exercice , que les qualités morales et spi-
rituelles se détériorent davantage par leur inaction perpé-
tuelle ; aussi les quadrupèdes ont , en général , les appétits
plusviolens, les sens du goût et de l'odorat plus développés
que l'homme. Comme ils s'abandonnent à leurs penchans
avec toute impétuosité et sans nulle retenue, ceux-ci acquiè-
rent un ascendant insurmontable sur toutes leurs autres fa-
cultés ; de là vient encore que l'animal est moins suscepti-
ble de perfectionnement moral que l'homme , car il est do-
miné sans cesse par tout ce qui affecte ses sens , éveille ses
appétits , fait naître ses besoins ou excite ses passions.
Dans l'homme, la prépondérance du cerveau, organe de
la pensée et foyer principal de l'âme , sur toutes les autres
parties de son corps, le rend capable d'éclairer toutes ses
démarches par le flambeau de la raison. Il peut rélléchir
avant de se déterminer , lorsqu'instruit surtout par l'expé-
rience de la vie et de l'éducation , il sait se conduire avec
sagesse et prudence; mais la brute, mue par l'instinct et l'ap-
pétit, ne se détermine que par les affections présentes. Nous
vivons plus dans le cerveau ; les bêtes vivent plus dans leurs
sens, parce que le premier organe est plus parfait chez nous,
et que les derniers sont plus actifs chez les animaux; de sorte
que l'âme s'écoule principalement vers les organes les plus
actifs de chaque espèce vivante. Aussi l'homme est-il , en
général, le plus sensible des animaux, surtout au moral. Je
n'en voudrois point d'autre preuve que celle de l'amour. Dans
les quadrupèdes , qui sont les plus parfaits des animaux ,
l'amour n'est guère qu'une passion brute , qu'un appétit pu-
rement physique du mâle pour la femelle , ou des organes
de la génération ; il n'y a nulle famille établie , nul attache-
ment durable entre les sexes hors^ ie temps du rut et de l'ai-
Q U A 34i
lâitement ; mais dans Thomme que n'a point corrompu la
licence des mœurs , régnent la pudeur, la sainte union des
cœurs , la fidélité conjugale et l'attachement inviolable. De
là vient encore cette piété maternelle , si tendre et si pré-
voyante pour l'enfance , cette unité de la famille , qui n'est
qu'une même chair et une même âme en plusieurs corps ,
dont le père est la tête et la mère est le sein. Quelle brute,
en effet , égalera jamais l'âme d'une bonne mère ? Quel
jeune quadrupède conservera pour ses parens la même piété
filiale qu'un bon fils? Le quadrupède adulte quitte sa mère
pour toujours ; il devient étranger pour elle ; ce n'est plus
qu'une femelle de son espèce ; elle-même ne voit plus en
lui qu'un mâle au temps de l'amour. L'homme, en qui l'édu-
cation et la société n'a point perverti la nature , frémit en
voyant couler le sang d'un pauvre animal sans défense ; le
seul récit des souffrances d'un être le touche de compassion;
mais les quadrupèdes n'ont guère de pitié que pour leur pro-
pre espèce , et nous voyons aussi que les plus sensibles d'en-
tre eux sont les plus intelligens,ceux qui s'approchent le plus
de nous ; tel est le chien , animal fidèle et généreux, plein
de zèle et d'obéissance pour son maître. De même les peines
et les plaisirs d'esprit , si vifs chez les hommes , sont pres-
que entièrement inconnus aux animaux ; ils sont donc moins
susceptibles d'être émus; ils ont moins de cette âme du sen-
timent qui fait exceller l'espèce humaine , surtout lorsqu'elle
n'est pas dépravée par la plupart de nos folles institutions
et par une éducation qui ment à la nature.
Toutefois , les quadrupèdes ont d'autant plus de sensibi-
lité purement corporelle , qu'ils manquent davantage de
sensibilité intérieure ou morale. Par cette raison , leurs sens
sont, pour la plupart, plus parfaits et plus exercés que les
nôtres, à l'exception du toucher. Celui-ci est le sens de la
réflexion; il détermine principalement le jugement; il semble
donner plus de solidité à la pensée ; on connoît encore plus
exactement ce qu'on touche que ce qu'on entend ou qu'on
voit; c'est pourquoi les enfans veulent toucher tout ce qu'ils
aperçoivent , pour s'assurer mieux des choses ; et les aveugles,
exerçant beaucoup le tact, suppléent non-seulement par lui
au sens dont ils sont privés, mais sont même pour la plupart
spirituels. ( Fojez Toucher etOEii,.) L'activité des sens rem-
place donc, chez le quadrupède , la foiblesse du sentiment
moral, de même que nous voyons les hommes adonnés aux
plaisirs sensuels, comme à ceux du goût, de l'odorat, de
la génération , etc. , être aussi fort peu capables d'affections
morales.
Une autre cause contribue encore à raffoiblîssemenl des
3^2 0 U A
facultés des animaux ; c'est le grand développement de leurs
forces musculaires, principalement chez les espèces sauvages.
A mesure que l'exercice fortifie les membres, et grossit les
muscles , les qualités de l'esprit et les attributs de la sensibi-
lité diminuent , comme on le remarque en comparant un ro-
buste manœuvre, au corps épais, avec un homme de cabinet,
àcomplexion délicate.Le premierareçu en vigueur de corpsce
que le second obtient en qualités de Tesprit.La brute est, toute
proportion gardée , beaucoup plus robuste que l'homme, car
la nature l'a plutôt conformée pour agir que pour réfléchir.
En comparant donc l'homme naturel avec le quadrupède dans
l'état sauvage, ou l'homme civilisé avec l'animal domestique,
l'un l'emportera toujours par les attributs corporels , de
même que l'autre sera bien supérieur par les attributs spiri-
tuels; parce que la nature nous ayant formés plutôt pour
faire usage de l'intelligence et de la raison, que pour agir à la
manière des bétes, elle a diminué nos forces de corps pour
ajouter à celles de la pensée.
La comparaison du quadrupède avec Ihomme, le montre
bien inférieur à nous par rapport aux facultés de l'âme;
néanmoins, en le comparant aux autres classes d'animaux,
il jouit d'une grande supériorité, puisque les qualités pure-
ment corporelles augmentent en intensité , à mesure qu'on
descend -davantage dans l'échelle du règne animal; car les
qualités spirituelles diminuent dans la même progreséion. En
effet, l'oiseau n'a déjà plus autant de rapports avec nous que
le quadrupède. Quelque familiarité , quelque intelligence
qu'on suppose à un serin, à un perroquet, ou à telle autre
espèce d'oiseau apprivoisée, les qualités du chien, du castor,
du renard, l'emporteront toujours. Ceux-ci nous semblent
moins étrangers; ils nous appartiennent de plus près, et
nous comprennent mieux ; leurs facultés ont même plus de
ressemblance avec les nôtres, que celles des autres bêtes. Et
après les oiseaux, nous nous trouvons avoir encore bien
moins de rapports avec les reptiles, les poissons, etc. , qui
semblent plutôt appartenir à un autre monde et à une autre
nature.
Si nous voulons donc ne nous pas compter , le quadrupède
sera, sans contredit, le premier parmi les animaux ; ses sens
sont plus développés, son organisation est plus parfaite, son
intelligence plus grande et plus capable d'instruction que celle
de toute autre espèce. Quelque industrie qu'on puisse accor-
der aux autres animaux, le quadrupède les surpassera tou-
jours ; caria petite somme d'instinct d'un insecte , d'un pois-
son ou d'un reptile, dépend principalement de leur organi-
sation; elle est le résultat d'une mécanique subtile et pro
Q V A 343
fondement savante , plutôt qlie le fruit de la pensée et du
raisonnement, au lieu que le quadrupède n'agit pas pure-
ment en automate; il est susceptible de connoître et capa-
ble d'apprendre ; il se perfectionne ; nous pouvons même lui
communiquer beaucoup de connoissances, mais nous en
donnons moins à l'oiseau , encore moins au reptile , au pois-
son, et enfin nous n'en communiquons presque aucune à
l'insecte. Parce que le quadrupède est plus voisin de nous,
aussi nous le modifions davantage , et plus les classes d'ani-
nîaux s'éloignent de notre nature, moins nous avons d'empire
sur eux. On pourroit penser, en effet, que le quadrupède est
intermédiaire entre la matière grossière qui compose la bête,
et l'essence divine qui forme l'âme humaine; car il n'a point
cette existence stupide et cette vie toute brutale des reptiles
et des poissons , animaux réduits à manger , engendrer et
mourir. Aussi le lion, le tigre, l'éléphant, le rhinocéros, etc.,
sont les princes du règne animal, et les autres quadrupèdes
partagent leur puissance sur tous les êtres animés. Puisque
la nature leur accorde la prééminence en les douant de sens
plus parfaits, de forces plus énergiques et de facultés plus dé-
veloppées que dans toutes les autres classes, elle a voulu éta-
blir une hiérarchie entre les espèces et une subordination
dans l'empire de la vie.
En perfectionnant les qualités morales et intellectuelles
chez les quadrupèdes , la nature a dû restreindre les facultés
les plus corporelles , telles que la nutrition, la génération et
les autres fonctions animales. Aussi les quadrupèdes multi-
plient moins, en général, et sont moins voraces, toute pro-
portion'gardée , que les insectes , les poissons et la plupart des
autres classes du règne animal. Leur existence est en revan-
che plus complète ; ils connoissent mieux tout ce qui les en-
vironne ; ils ont des relations plus étendues avec les diffé-
rens objets de la terre, et les rapports mutuels qui s'établissent
dans chaque espèce, sont plus intimes; ils se communiquent
entre eux des idées , par les accens naturels de la voix et par le
langage d'action ; ils se sentent, ils s'entendent, surtout à
l'époque de leur saison d'amour. Le rapprochement des sexes,
la naissance et l'éducation de la famille , les échanges de sen-
llmens et de pensées si nécessaires entre les mères et les nou-
veau-nés, les soins del'allaitement, de l'incubation des petits,
enfin , tout met en action les facultés morales du quadru-
pède , tandis que le reptile , indifférent pour sa progéniture,
le poisson qui abandonne ses œufs au hasard des ondes,
l'insecte qui périt avant la naissance de ses larves, n'ont el
ne doivent avoir aucune relation de famille, ne peuvent point
développer, dans un commerce mutuel, leurs idées et leurs
3U Q U A
affections , ils restent donc dans leur nature brute et impar-
faite.
11 faut bien distinguer ce qui appartient à l'instinct dont
chaque espèce est pourvue , des connoissances et de la somme
d'intelligence que plusieurs animaux sont capablesd'acquérir.
{Voyez 1^STI^CT et Cerveau. ) Le premier étant le résultat
de l'organisation et de la n)achine animale, est inné et na-
turel; c'est l'effet des fonctions propres à chaque espèce;
de là vient qu'il dépend de la structure seule, et non de l'é-
ducation ou de l'institution , et c'est pour cela qu'il n'est sus-
ceptible ni de plus ni de moins de perfection. Ainsi une
abeille construira toujours sa cellule sur le même modèle et
avec la même exactitude dans tous lés temps et dans tous les
lieux; le fourmilion creusera toujours son trou conique dans
le sable; l'araignée disposera toujours ses toiles de la même
manière ; les jeunes sont d'abord aussi habiles que les vieux ;
mais il en est autrement parmi les quadrupèdes. Le jeune re-
nard ne connoît pas encore toutes les ruses de chasse des
vieux routiers des forêts ; il étudie , se corrige , puis fait mieux
ensuite; il repasse en sa tête les bons tours de matoiserie
qu'il voit exécuter par les plus habiles dans son métier. II
apprend à se défier des pièges où se laisse prendre la jeunesse*
remplie d'outrecuidance, comme dlsoienl si bien nos ancê-
tres. Les cerfs, les lièvres deviennent plus rusés et plus dé-
fians lorsqu'on les chasse souvent; ils observent la marche
des chiens qui leur font la guerre; ils cherchent à les mettre
en défaut, à leur faire perdre la voie, tandis que les plus
jeunes y sont pris , faute d'expérience. Il y a donc chez ces
animaux une étude, une science qui s'acquiert; il faut
dresser le chien à la chasse pour perfectionner ses qualités
naturelles ; l'instinct ne fait donc pas tout chez le quadru-
pède; il lui faut encore des connoissanres d'acquisition, indé-
pendamment des facultés innées et habituelles qu'il doit à
son organisation. C'est cette susceptibilité de perfection qui
distingue les quadrupèdes et même les oiseaux des autres
classes d'animaux.
Des/ariilfes des qitadiiipefh<i , dues à leur sensibilité physique.
Les espèces à sang chaud, telles que les animaux vivipares
etles oiseaux, sont douées de facultésbien supérieuresà celles
des autres classes. La seule chaleur du sang, qui dépend du
mode de la respiration des Poumons et de la Circulation
( Consultez ces articles), exalte la puissance de sentir et ac-
célère toutes les fonctions vitales; elle fait vivre avec plus
de plénitude el de force. Un oiseau, toujours bouillant de
vie, comparé à un froid reptile, semble être dans une fiè-
vre chaude continue , dans un délire perpétuel; la tension
Q U A 345
fle ses fibres les rend plus sensibles aux moindres impres-
sions, tandis que le relâuhcmcnt des parties , dans le reptile
et le poisson, rend leur sensibilité plus obtuse. Par exem-
ple, nous voyons qu'un organe quelconque, dans l'état d'in-
flammation, tels que l'œil, l'oreille, la membrane olfactive,
la peau, etc., acquièrent alors un degré extrême de délica-
tesse pour tous les objets qui les frappent; la rougeur, la
chaleur, la tension qui se manifestent, y décèlent une accu-
mulation de vie , un afflux considérable de sang et d'humeurs,
une action et une réaction continuelle des liquides et des
organes solides. La puissance de vie est donc plus active dans
les parties enflammées que dans toutes les autres : or, les
animaux vivipares et les oiseaux sont dans un état analogue
d'inflammation, par rapport aux reptiles et aux poissons.
Toutes leurs facultés sont plus exaltées; elles se répandent
au-dehors de l'individu ; car le reptile , le poisson n'aime et
ne connoît pour ainsi dire que lui seul , puisqu'il n'a nul
attachement pour ses petits , nulle union avec sa femelle que
dans le moment de la jouissance, nulle amitié avec ses sem-
blables , et même nul sentiment de compassion pour leurs
souffrances; il vit tout entier en lui-mcme : au contraire,
l'oiseau, et surtout le quadrupède , déploient leurs affections
les plus tendres sur toute leur famille; ils s'attachent sou-
vent avec une grande fidélité à leur femelle ; ils ont une vive
amitié pour leurs semblables ; ils accourent pour les défen-
dre; ils semblent se parler entre eux, et se confier égale-
ment leurs plaisirs et leurs peines, témoins les oiseaux de nos
bois. Les animaux à sang froid, toujours à demi- engourdis
et muets , vivent moins qu'ils ne végètent ; leur existence est
un état de stupeur , tandis que les races à sang chaud , tou-
jours animées , ayant plus d'ardeur , d'âme et de sensibilité ,
semblent cire dévorées de vie. Celte différence se remarque
même dans la nature de la chair, qui est bien moins nourris-
sante et moins substantielle chez les poissons et les reptiles,
que chez les quadrupèdes et les oiseaux : c'est pour cela que
les législateurs religieux en ont fait la distinction ; la pre-
mière étant du maigre , et la seconde du gras.
Cette grande vivacité des animaux à sang chaud détruiroit
rapidement leurs organes, si elle étoit continuelle. Ils ont
donc des momens de repos ou de sommeil qui réparent leurs
pertes; mais les animaux à sang froid demeurent toujours
dans un demi sommeil , et la plupart passent l'hiver dans
rengourdissemenl ( V. Sommlil). A la vérité , plusieurs
espèces de q-iadrupèdes tombent , pendant la saison froide ,
dans une torpeur profonde : tels sont les loirs , les lérols, les
rouscardins, les mannoUes, le bobak, le hamster, le souslic
3^6 Q U A
le mongul , les gerboises , les hérissons, les ours , etc. D'au-
tres se retirent aussi dans des asiles chauds pendant l'hiver ,
mais ne passent pas cette saison dans un engourdissement
complet , puisqu'ils font des provisions pour se nourrir : tels
sont les raJs économes de Sibérie {mus œconomus de Pallas ,
et aussi les mus allian'us, mus gregalis , etc.). Tous ces animaux
deviennent fort gras en automne , et ils ont même plusieurs
épiploons graisseux surnuméraires dans le bas-ventre. Cette
surabondance dégraisse est en quelque sorte un aliment inté-
rieur tout préparé pour la subsistance de l'animal. Lorsque
la chaleur atmosphérique diminue, les organes de la vie
n'étant plus aussi excités par elle , tombent dans l'affaisse-
ment, surtout chez les espèces d'animaux dont la complexion
est molle el délicate, comme dans les rongeurs; mais les
oiseaux ayant plus de chaleur naturelle que les quadrupèdes,
parce que leur respiration est plus étendue {Voyez Oiseaux),
ne tombent jamais dans cette torpeur hibernale. Toutefois,
la chaleur excessive abat tellement les forces de quelques
espèces, qu'elle les fait tomber dans un assoupissement ana-
logue à celui que produit le froid : tels sont les tanrecs et les
tendracs, espèces de hérissons d'Afrique.
11 faut observer aussi que la plupart des quadrupèdes ont,
de même que l'homme , les membres du côté droit plus
nourris , plus robustes et plus actifs que ceux du côté gauche,
e* c'est pour |cela que nous nous servons plus volontiers de
la main droite , et que nous avançons toujours le pied droit
avant le gauche. Si l'on y prend garde , on verra qu'il en est
de même chez les bestiaux, les chiens, et chez d'autres espèces
de quadrupèdes. La cause de cette inégalité de force et de
grandeur de l'une des moitiés du corps, paroît produite par
la manière dont les animaux se couchent ; car il est évident
que le côté sur lequel l'homme ou le quadrupède se posent,
étant le plus bas, les humeurs , le sang et la nourriture doi-
vent s'y amasser plus abondamment pendant le relâchement
du sommeil, que dans les membres et le côté supérieurs.
D'ailleurs , la partie inférieure doit avoir plus de cette cha-
leur douce du lit que celle de dessus. Elle est donc plus dila-
tée et mieux couvée ; ainsi, elle doit prendre un plus grand
accroissement que l'autre , et devenir plus active. Ne voyons-
nous pas que plusieurs coquillages univalves étant toujours
fixés d'un seul côté au fond de la mer, ont aussi leurs valves
très-inégales, celle de dessous étant plus creuse et plus grande;
car ces animaux, d'une chair mollasse, tendent toujours à
s'affaisser, ce qui n'arrive point à ceux qui peuveni changer
souvent de position et se coucher également sur les deux cô-
tés. Si l'homme «t le quadrupède se couchoienl toujours in-
Q U A 347
distinclemcnl sur chaque côlé, la différence seroit presque
insensible, et nous serions ambidextres; mais on est plus
porté à se coucher sur le flanc droit que sur le gauche. La
raison en est sensible ; c'est que le foie , qui est un gros et
pesant viscère , est placé dans la région droite du ventre ; il
entraîne non-seulement le poids du corps de ce côté , maïs
encore, lorsqu'on se couche sur le flanc gauche, il comprime
de toute sa masse l'estomac et les intestins, de sorte qu'il
gêne la digestion; aussi est-on plus mal couché sur le côté
gauche et sur le dos que sur le flanc droit , et le cauchemar
vient quelquefois de cette seule position gauche; elle doit
nuire surtout aux bestiaux, qui, étant herbivores et ayant
un grand estomac, ont besoin de laisser étendre ce viscère
de toute sa capacité.
Nous observerons encore que certains quadrupèdes ayant les
sens trop délicats et la complcxion trop foible pour supporter
l'éclat du grand jour et la chaleur du soleil, ne peuvent sortir
que pendant la nuit ou dans les crépuscules du soir et du
matin : tels sont les chauve-souris, les fourmiliers, les tatous,
les pangolins, les gerboises , les lièvres et même les ours, les
hérissons, les mangoustes, les kinkajous, les taupes, les musa-
raignes, qui préfèrent les lieux obscurs à la clarté des cieux
dont leurs yeux sont blessés , et qui fuient l'ardeur du jour
qui les accable , parce que leurs forces s'épuisent facilement,
Voyez Nocturnes ; les animaux carnivores , tels que les
hyènes, les chacals, les lions, les tigres , les léopards , etc. ,
recherchent les pays chauds et les endroits arides , qui ai-
guisent leur soif sanguinaire et la férocité de leurs appétits.
Des sens et des forces des quadrupèdes vhîpares ; habitudes qui en
résultent. «'
Nous avons vu que , chez les bêtes, les sens dominoient sur
rintelligence, de sorte qu'elles dévoient plutôt se conduire
suivant les affections charnelles que selon l'esprit. Leurs sens
ont en finesse ce que notre entendement a reçu en étendue et
en puissance. Par exemple, l'odorat du chien est peut-être
mille fois plus parfait que le noire ; l'ouïe du lièvre surpasse
aussi beaucoup la nôtre ; le goût est plus délicat chez le singe
que chez la plupart des hommes, et la vue du lynx, du cha-
mois, est infiniment plus perçante que la nôtre : mais le tact
est le seul sens par lequel nous surpassons extrêmement les
quadrupèdes. En effet , la main du singe n'est pas aussi bien
conformée et aussi délicate que celle de l'homme, et les pattes
des autres espèces ne lui sont nullement comparables, car
les unes sont couvertes d'un cuir calleux et de poils épais, ou
encroûtées d'une comç. A la vérité , les lèvres et la bouche
^^8 Q U A
du cheval, et surtout la trompe de l'éléphant, peuvent sup-
pléer au tact de la main ; mais les autres animaux sont en-
tièrement privés de cet avantage. Les grandes membranes
nues des ailes et des oreilles des chauve-souris ont une sen-
sibilité particulière et un tact léger qui leur fait reconnoître
aisément la forme des corps environnans , même de nuit et
sans le concours des autres sens. Il paroît que la queue pre-
nante et nue en dessous des sapajous, des didelphes ou phi-
landres , des coendous, et qui sert à les retenir après les
branches des arbres , est une sorte de main dont le tact est
grossier. La queue molle et plate du castor est aussi un ins-
trument utile pour battre la terre lorsque cet animal construit
ses digues. La délicatesse de la peau dans la femme et dans
les autres femelles d'animaux, rendant leur tact plus parfait,
est peut-être l'une des causes du développement toujours plus
précoce de leur intelligence que celle des mâles.
Chez les animaux ongulés, la peau est plus dure et plus
épaisse que chez les quadrupèdes à doigts divisés ou ongui-
culés ; c'est ainsi que les ruminans, les solipèdcs, ayant moins
de délicatesse dans le toucher, sont aussi plus stupides que
les autres. En général , les mammifères sont pourvus de peaux
d'autant plus épaisses , qu'il sont plus inférieurs dans l'échelle
de l'organisation. C'est ainsi que les espèces nommées pachy-
dermes par Aristole , à cause de l'épaisseur et de la rudesse
de leur peau ( telles que les cochons , les rhinocéros , les
hippopotames), sont plus brutes que les autres. Les races
amphibies, dont le cuir n'est pas moins grossier, et les céta-
cés, qui ont non-seulement un cuir extrêmement épais, mais
encore une couche épaisse de lard au-dessous, sont aussi les
pius stupides de tous les vivipares : au contraire, la peau fine
des rongeurs et des frugivores les rend plus spirituels en
quelque sorte, plus vifs et plus éveillés, parce que letgr sen-
sibilité jouit d'une activité bien supérieure à celle des autres
espèces.
Le goàt , qui est une sorte de toucher très-intime, paroît
être plus vif chez les carnivores, mais plus délicat et plus
capable de choix parmi les herbivores, à cause de la multi-
tude des plantes dont ils ont besoin de discerner les saveurs.
Ce sens est l'un des plus actifs dans le quadrupède , et celui
qui influe le plus sur l'instinct ; car il n'a pas la même in-
fluence chez les oiseaux, les reptiles et les poissons, qui n'ont
point la langue et les autres parties de la bouche aussi déli-
catement organisées. Les singes, les makis et plusieurs autres
frugivores , ont un goû.t approchant de la finesse du nôtre ,
car ils savent fort bien discerner la saveur des fruits. Dans
les rongeurs , comme parmi les lièvres, les rats, les écureuils,
Q U A 3^9
le sens du goût paroît être assez de'veloppé; mais chez les
animaux sans dents, tels que les fourmiliers, les pangolins,:
la langue cylindrique, extensible, étant toujours gluante d'une
humeur épaisse, pourarrêterles fourmis et autres insectesdont
ils tirent leur nourriture , le sens du goût doit être fort obtus.
Les espèces qui, comme le cochon, le rhinocéros, l'hippo-
potame , l'éléphant, se vautrent dans les lieux fangeux, cher-
chent les racines et les tendres tiges des arbustes, des roseaux,,
ne paroissent pas avoir un goût fort délicat ; plusieurs d'entre-
eux se repaissent même de substances qui nous semblent ex-
trêmement dégoûtantes. D'ailleurs, les ruminans possèdent ua
organe particulier à leurpalais, et reconnu parJacobson; il leur
sert probablement à distinguer la saveur des herbes, et à leur
faire reconnoître les nuisibles ou vénéneuses. Foyez Goût. Au
reste , tout étant relatif, il se peut que le pourceau trouve des
saveurs agréables et variées dans la matière fécale que re-
poussent les autres animaux, comme on voit certains hommes
abhorrer le même fromage qui paroît délicieux au palais d'au-
tres personnes. Enfin , les animaux amphibies étant natu-
rellement voraces et goulus sans choix, paroissent avoir un
goût peu développé. Il semble donc que ce sens se perfec-
tionne d'autant plus dans les animaux, qu'ils sont plus élevés
dans l'échelle de l'organisation, et plus voisins de l'espèce
humaine. Cet effet est peut-être dû au développement, dans
le même progrès, du sens du toucher, puisque le goût n'est
qu'une espèce de tact très-délicat pour les saveurs.
Les animauxlesplus parfaits après l'homme, qui ont le sens
du goût beaucoup plus développé, sont en effet ceux qui peu-
vent le plus faire usage du toucher ; tels sont les singes , les
makis, les chauve-souris, les rongeurs et même les carnivores,
La plupart d'entre eux se servent de leurs pattes de devant
pour tenir leur aliment, ou même pour le porter à leur bou-
che; aussi presque tous sont pourvus de clavicules, ou tout au
moins en ont des rudimens. Leurs doigts sont bien séparés et
munis d'un ongle qui n'emboîte pas l'extrémité du pied ou
de la main comme chez les ruminans et les solipèdes. Les
animaux onguiculés tirent donc plus d'usage de leurs pattes
antérieures que les ongulés, parce qu'ayant des clavicules
pour la plupart, ils peuvent tourner le bras en dehors ou eu
dedans, le porter à leur gueule , et, à l'aide de leurs doigts
séparés, flexibles, saisir et retenir en quelque manière tous les
objets; mais les ongulés, tels que les ruminans, les solipèdes,
les cochons, les rhinocéros, les nmphibies, ayant des pieds
sans doigts bien séparés et étant privés de clavicules, ne peu-
vent faire usage de leurs pieds qui' pour chemi-ier seulement.
Il y a donc un rapport entre la perfection du goût et la per-
35o 0 U A
fection du toucher parmi les animaux. Toutefois, il faul re-
marquer que la véhémence de l'appétit imprime au goût une
plus grande intensité, sans lui communiquer plus de délica-
tesse. Il est certain, au contraire, que le goût devient plus
délicat à mesure que la faim est moins grande, tandis que,
dans une faim extrême , le goût moins fin est cependant plus
intense ; de là vient que les plus goulus et les plus affamés sont
peu difficiles sur le choix de leurs aiimens, et tout leur semble
bon, tandis que les espèces plus tempérantes ont plus de
finesse dans ce sens. Voyez aussi Main et Pied.
Il en est à peu près de même de l'odorat, qui est un avant-
goût des saveurs. Ce sens n'est relatif qu'à la nourriture dans
l'animal; il ne paroît nullement apercevoir tout ce qui n'est
pas un aliment et qui ne réveille pas en lui des idées d'ap-
pétit. Un bœuf ne s'arrête point à l'odeur agréable d'une
belle prairie en fleur; il ne cherche qu'à paître. Il ne faut
point assaisonner d'aromates, de sauces de bon goût, la chair
qu'on donne aux chiens et aux chats. Tous ces animaux ne
paroissent point flairer comme nous les odeurs agréables,
Lien que leur odorat soit beaucoup plus subtil et plus étendu
que le notre. En effet, on sait combien le chien a de déli-
catesse dans ce sens, puisqu'il suit à la piste des animaux
très-éloignés, et qu'il découvre si facilement leurs traces. On
rapporte qu'un chien d'Altenklingen vint chercher son maî-
tre jusqu'à Paris, qui est éloigné de plus de cent lieues de
cette ville, et sut le découvrir dans la foule. Cependant son
maître étoit venu en poste dans l'espace de trois jours, et ne
pouvoit pas avoir laissé sur la raute des corpuscules bien
abondans. Rien n'égale la sagacité des carnivores pour dé-
couvrir leur proie; les hyènes, les chacals, les loups, les
renards, sont les plus habiles d'entre eux; car les lions , les
tigres , les léopards, les panthères , les lynx, ayant un mu-
seau court, comme les chats, ne sentent pas aussi facilement
les émanations de leur proie que les précédentes ; aussi ne la
suivent-ils jamais à la piste ; mais, tapis dans les broussailles,
ils l'attendent au passage, et l'arrêtent du premier bond. Tous
les animaux qui ont un museau fort allongé , sont doués d'un
odorat très-fin, parce que leur membrane olfactive se déploie
largement sur les différens cornets du nez et jusque dans les
cavités du crâne , comme on le remarque chez les cochons ,
les éléphans, les rhinocéros, les chevaux, etc. C'est encore
par le moyen des cochons qu'on découvre des truffes sous
terre. La trompe de l'éléphant est un instrument olfactif ad-
mirable , qui avertit ce grand animal des qualités bonnes ou
mauvaises des corps, et perfectionne aussi ses connoissances
par la délicatesse de son toucher.
Q U A 35,
Comme les animaux ont le museau d'autant plus allongé
qu'ils s'éloignent davantage àes races les plus perfectionnées,
l'odorat acquiert chez eux, suivant la même proportion, beau-
coup de force et de vivacité, à l'exception des cétacés dont le
nez est mal conformé pour flairer les odeurs. Quelle sensibi-
lité d'odorat ne faut-il pas aux herbivores pour distinguer la
plante nourrissante de Therbe vénéneuse ? L'habitude de
flairer les alimens développe encore plus ce sens, et le be-
soin de nourriture l'aiguise. Toutefois, il faut distinguer ici ,
comme dans le goût, le degré d'intensité ou la force de Todo-
rat, de sa délicatesse et de sa variété ; car plus ce sens est fort
et étendu, comme dans les animaux, moins il est capable de
juger de diverses odeurs ; c'est ainsi qu'un chien qui évente
très-bien une charogne, est indifférent aux odeurs suaves de
la rose, de l'œillet, de la violette , ou de toute autre émana-
tion. Au contraire , l'homme qui aperçoit toutes ces diffé-
rentes senteuiHi, ne peut reconnoître aussi bien celles qui
frappent le nez du chien. Les sauvages , les nègres, accou-
tunaés à vivre à la manière des brutes , acquièrent peu à peu,
par Thabitude, une grande étendue d'odorat, et parviennent
même à découvrir à la piste un homme ou un animal ; mais
ils n'ont point comme nous cette même finesse de sens pour
les odeurs délicates et agréables. Ils flairent , mais ne jugent
pas les odeurs ; de même qu'ils ont plutôt de l'appétit que du
goût ; c'est pour cela qu'ils se conduisent de même que les
bêtes , non par choix et raison , mais par une impression
brute et tout animale. ( Voyez Odorat ).
Il est encore un autre genre d'odeurs sur lesquelles nous
sommes bien plus ignoransque les quadrupèdes ; telles sont
les odeurs que répandent presque tous les mâles à l'époque du
rut. Dans notre espèce , il y a sans doute une odeur d'homme
et de femme qui agit sur les sexes , mais elle est peu sensi-
ble ; tandis qu'elle est très-violente dans beaucoup d'ani-
maux ; témoins le bouc , la civette , le putois , le porte-
musc , etc. Ainsi , en frottant son soulier contre la vulve d'une
chienne en chaleur , on peut se faire suivre d'une foule de
chiens. Ces odeurs imprègnent même la chair des quadru-
pèdes, et la rendent si désagréable au goût , qu'on ne peut
pas manger celle du taureau , du verrat , etc. Nous verrons
plus loin , dans cet article, quels sont les organes destinés à
sécréter ces humeurs odorantes. ( Voyez Odeur ).
La plupart des quadrupèdes étant pourvus d'oreilles lon-
gues qui leur servent de cornets acoustiques , et leurs besoins
exigeant continuellement le secours de l'ouïe , soit pour éviter
leurs ennemis , soit pour découvrir leur proie , soit pour dis-
tinguer les différens cris de chaque espèce ,lcelte longue ha-^
352 Q U A
Litnde doitbeaucoup perfectionner ce sens. Aussi, entendent-
ils de plus loin que nous, et d'ailleurs, la position de leur tête,'
toujours penchée vers la terre , est plus favorable pour re-
cevoirle bruii , que la position droite et relevée de la tête chez
l'homme. En effet , le bruit se dissipe facilement dans les airs
à une médiocre élévation , tandis qu'il est plus fort à la surface
du sol. Mais l'ouïe, chez le quadrupède, a de même que les
autres sens plus d'iniensité que de délicatesse ; il entend les
bruits, sans comprendre la mélodie des sons, aussi bien que
l'oiseau dont l'oreille est musicale. L'animal distingue très-
bien les accens , les cris et toutes ces voix soudaines que les
émotions de l'âme dictent aux quadrupèdes, telles que celles
de la plainte, de la terreur, de l'amour, du désir , etc.;
mais il n'apperçoit nullement les rapports des sons entre eux,
les combinaisons savantes de l'harmonie ; il ne saisit point
le charme de la musique. Le chien ne comprend même pas
les mots articulés ; il les entend comme des bruits ; il les
reconnoît comme des accens -, il se fie au tmi de la voix plus
qu'au sens de la parole ; il n'apprend pas le langage, mais
l'expression; il ignore les langues française, anglaise, ïille-
mande , etc. ; mais il devine ce qu'elles veulent exprimer,
en considérant le ton , la manière , le geste de celui qui
parle, mit les volontés de son maître dans l'expression de sa
figure, aussi bien que dans l'accent de sa voix. (F. Oreille).
Comme les animaux les plus foibles sont aussi les plus ti-
mides , et cherchent avec le plus de soin à se soustraire à leurs
ennemis, ils font plus d'usage de leur ouïe qu'aucun autre , et
l'ont aussi plus parfaite ; témoins les lièvres , les lapins , les
gerboises, les rats, les taupes, les gazelles, etc. Les espèces
qui ont la vue perçante , ont l'ouïe beaucoup plus foible que
les espèces à demi aveugles. Ainsi , les chauve-souris ont de
grandes oreilles; les rhinocéros, les hippopotames, les ta-
tous, les taupes, le zocor, qui ne peuvent bien voir que dans
le crépuscule , entendent le moindre bruit ; tandis que les
lynx , les chats , les lions , les tigres , dont la vue est perd
çante , même pendant la nuit, ont des oreilles courtes et une
ouïe moins parfaite que les précédens ; de sorte que la foi-
blesse d'un sens fait la force de l'autre. Ainsi , les aveugles
acquièrent ordinairement une ouïe délicate , et les sourds ,
exerçant beaucoup leur vue pour remplacer le sens qui leur
manque , mettent en quelque sorte leurs oreilles dans leurs
yeux.
Dans les quadrupèdes , la vue , comme l'ouïe et leurs
autres sens, a plus d'intensité que de délicatesse , tandis
qu'on remarque souvent le contraire dans l'homme. Si nous
apercevons les objets moins distinctement que l'animal , et à
O U A 353
un moindre éloignemcnt , en revanche nous observons mieux
l'harmonie des formes , la beauté ou la laideur des traits , la
finesse des nuances, la dégradation des teintes et des ombres:
toutes choses auxquelles l'animal ne fait nulle aiientlon. Sa
vue est toute physique ; mais il se mêle des sensations mo-
rales à la nôtre. F. Œil,
Les espèces qui se tiennent sur les moillagnes , et dont la
course est rapide , vagabonde , comme les bouquetins , les
chamois, les gazelles, etc. , ont une vue presbyte, ou voient
mieux de loin que de près ; au contraire , les races lentes et
pesantes des vallées , telles que les cochons , les tapirs, et
même les ours , les paresseux , les fourmiliers, sont myopes,
et voient mieux de très près. Les animaux qui voient de nuit,
sont offusqués de l'éclat du jour, parce que leur vue est trop
sensible à la lumière. En effet , un homme qui , sortant d'un
lieu éclairé du soleil , entreroil tout à coup dans un endroit
sombre , s'y trouveroit aveuglé ; mais s'étant habitué peu à
peu à l'obscurité , il parviendroit ensuite à y voir assez clair,
et s'il sorloit de son réduit ténébreux pour se présenter au
grand jour, il ne pourroit plus en soulenir l'éclat , et ne ver-
roit rien en plein midi , tandis qu'il apercevroit beaucoup
mieux pendant la nuit. Il en est de même des animaux noc-
turnes. C'est un excès de sensibilité qui rend leurs yeux inca-
pables de supporter l'éclat du grand jour. Nous ne pouvons
sentir tout ce qui agit trop vivement sur nos organes. C'est
ainsi qu'un bruit assourdissant pour nous, sera convenable
à une oreille dure , et un son qui ne nous blesse pas , peut
être extrême pour un animal qui a l'oreille très-fine , comme
la taupe , le lièvre , etc. Le zemni (mus typhlus , Linn. ), et le
zocor ( mus aspalax ) , ont des yeux extrêmement petits ; le
premier est même entièrement aveugle, mais son ouïe est
très-fine.
Tous les quadrupèdes n'ont donc pas un égal degré de force
dans leurs sens. Les singes, par exemple, ont le goût fin et le
tact délicat; les chauve- souris , les taupes , les rats-taupes
( mus typhlus, Linn. ) , les lièvres , les tatous , les hippopo-
tames , etc. , chez lesquels la vue est foible , et même nulle
dans diverses espèces, ont l'ouïe prompte et étendue; les chats,
les lynx , les tigres , ont , à la vérité , l'odorat assez foible ;
mais leur vue est très-perçante. Les chiens , les ours , les
hérissons , les hyènes , les cochons , les éléphans , etc. , ont
l'odorat fort développé ; mais plusieurs d'entre eux ont la vue
foible et le goût fort grossier. Il n'arrive jamais que les cinq sens
soient tous également parfaits; au contraire, ils varient suivant
la nature et le genre de vie de chaque espèce. En général ,
les sens des animaux sont plus actifs et plus forts que ceux de
XXYIII. 2j
554 Q ^^ '^
l'homme ; et c'est pour cela même qu'ils n'en ont point la àé-
licatesse , parce que l'une de ces propriétés exclut l'autre. Or,
c'est principalement la délicatesse des sens qui nous fait apcr-
cevoirlesqualitéspartlculièresetdétaillées des objets, puisque
la force des sensations n'en indique seulement que les masses
«t les traits principaux. Il suit de là que nous pouvons mieux
comparer et connoîtreen détail, tandis que les animaux n'ont
que des aperçus en bloc. Ils n'aperçoivent les choses que
par les sens : nous les observons par les sens et par la pensée.
Il en est de même des mouvemens et de la force corpo-
relle, car lesquadrupèdes sont engénéral plus robustes et plus
capables d'agir que les hommes ; et les plus exercés d'entre
nous, sont aussi les plus brutaux pour l'ordinaire , et les moins
susceptibles de perfection intellectuelle , parce que toutes les
puissances de la vie sont employées dans leurs muscles. Les
•athlètes qui n'exercent que leurs forces de corps , devien-
nent d'autant plus vigoureux qu'ils ont moins d'intelligence ;
c'est ainsi qu'ils se rapprochent de la nature des brutes ; car
elles sont destinées à l'action et non à la rétlexion. Leur tem-
pérament est athlétique et musculeux, si on veut le comparer
au nôtre ; c'est aussi pourquoi les quadrupèdes ont moins de
maladies que nous ; l'exercice rétablissant surtout l'équilibre
des forces de l'organisme , l'on observe que les homme*
d'une vie dure et laborieuse , comme les soldats , les ouvriers,
les voyageurs, etc., jouissent ordinairement d'une santé inal-
^ térable et d^une longue vie.
L'habitude d'exercer ses forces dès le plus jeune âge , com-
munique aux animaux une vigueur bien supérieure à celle de
notre espèce. Néanmoins, laforce dépend beaucoup des nour-
ritures. Ainsi , les carnivores sont plus robustes que les herbi-
vores , parce que la chair nourrit plus abondamment que les
végétaux. Il étoit nécessaire d'ailleurs que les animaux vivant
de chair , pussent vaincre leur proie ; la nature a donc rendu
les herbivores plus foibles. A la vérité, un buffle, un éléphant,
peuvent très-bien se défendre contre le lion ou le grand tigre,
mais ils n'ont pas l'extrême agilité de ces tyrans des forêts ;
leurs défenses ne sont pas aussi avantageuses que les griffes
et les dents de leurs agresseurs , et ils manquent de cette ar-
deur de courage , de cette soif de sang qui animent ces redou-
tables carnivores. Un loup enragé, une hyène enivrée de car-
nage , auront bientôt porté l'épouvante et la mort dans un
troupeau de paisibles bœufs; la prestesse du saut du lynx, du
caracal, l'attaque intrépide de l'ours , la hardiesse du chacal,
la ruse du renard, l'instinct sanguinaire des fouines , l'appétit
vorace des gloutons , triomphent aisément du naturel doux
des cerfs ou des brebis ; cependant , ces mêmes herMvoreg
Q U A 355
Sont plus robustes , toute proportion garde'e , que les honi-r
mes civilisés. Qyi de nous a seuleaient l'agilité du lièvre à la
Course , loin d'égaier celle du cerf, des gazelles, du bouque-
tin ? Je ne parie point de la nage des loutres et des phoques,
du saut des gerboises et des kanguroos ; ni delà facilité qu'ont
les taupes, les blaireaux , les lapins à creuser la terre ; ni de
l'habileté des singes pour grimper sur les arbres; ni du volti-
gement des galéopithèques , ni du saut parabolique des ta-
guans , des phalangers volans , et moins encore du vo! des
chauve-souris ; ces avantages sont dus à la conformalio.i de
chaque espèce ; cependant , ils annoncent beaucoup de vi-
gueur musculaire. Ce qui déguise la foiblesse de l'homme ,
relativement aux animaux , c'est , outre les ressources de son
esprit etsesinstrumens , la facilité qu'il a de réparer prompte-
ment ses forces perdues. Un bœuf épuisé de faîigja a besoin
de plusieurs semaines de repos pour se rétablir ; quelques
jours suffisent à l'homme, parce qu'il prend des ali.mcris plus
restaurans que l'animal ; c'est encore par cette cause que
l'espèce humaine peut engendrer en toute saison, tandis que
la brute n'a qu'une époque fixée pour le rut.
D'ailleurs , la vig'ieur des quadrupèdes nest pas propor-
tionnelle à leurs masses; car les plus petites espi'ces sont re-
lativement pbis robustes que les g andes races. Comme elles
emploient moins de force pour faire mouvoir leur propre
masse , elles en disposent davantage pour les objets exté-
rieurs ; aussi , la souris est , toute proportion gardée , bien
plus robuste que l'éléphant. En outre, la petitesse des mem-
bres donne plus d'unité , plus de solidité au corps , et les
fibres étant plus courtes se contractent plus prestement et
plus fortement. iJe là vient que les mouvemeus sont plus
rapides et plus multipliés dans les petites espèces d animaux ,
tandis que les grosses machines ne se meuvent qu'avec de
grands eiTorts.
Mais c'est principalement au temps du rut que se déve-
loppe la vigueur des muscles , et que les animaux uiontrent
plus de courage. On n'ignore pas combien la castration leur
enlève de force, et combien elle détériore leurs qualités na-
turelles. ( V. l'article Muscles.) Consultez aussi les mots
Castration , Eunuque.
Des armes et des défenses des quadrupèdes.
Les défenses et les armes des quadrupèdes sont principale*
ment les dents , les griffes et les cornes. Le jeune taureau ,
avant même que ses cornes soient sorties , sait déjà frapper de
la tête. Le chevreau et l'agneau, encore sans défense, savent
déjà s'y prendre d'une façon différente pour attaquer, parce
356 0 U A
qne les cornes ne sont point placées de la même manière dans
l'une et l'autre espèce. Les animaux onguiculés ont tous des
griffes. Celles des lions , des tigres , sont rétractiles et fort
pointues , comme celles des chats ; aussi ces espèces s'en ser-
vent comme d'arniei redoutables. Les ongulés , tels que les
ruminans , les solipèdes , etc., peuvent se défendre par des
ruades ou des coups de pied ; d'ailleurs, la plupart des rumi-
nans, surtout les mâles, sont armés de cornes. La giraffe en a
deux courtes ; mais les cerfs , les élans , les rennes , les
daims , en ont de grandes , de larges et fort rameuses, qui
tombent el repoussent chaque année, ( F. Cerf. ) Elles sont
d abord molles ci couvertes d'une sorte de duvet, et croissen*
surtout par leurs extrémités ; mais elles se durcissent ensuite
el se dessèchent. Les autres ruminans ont des cornes creu-
ses , formées de cornets emboîtés et superposés. Elles ne
tombent point et s'accroissent chaque année par la racine.
( Cherchez le mot CoRNE. ) Elles ne sont jamais rameuses.
Les genres des bœufs, des chèvres, des gazelles, des brebis ,
en sont tous pourvus. Il est encore d'autres espèces de cornes
formées par une agrégation de fibres analogues à des poils ;
telle est la corne que le rhinocéros porte sur son nez , et dont
il se sert pour arracher de terre les racines , les arbustes , et
fendre le tronc des jeunes arbres qu'il mange comme de la
paille. L'éléphant est armé de deux longues dents incisives
supérieures, appelées défenses, avec lesquelles il peut per-
cer et vaincre ses ennemis, indépendamment de sa trompe
qui, mobile en tous sens et semblable à un bras vigoureux,
renverse et écrase tout ce qui s'oppose à son passage. Les
lamas n'ayant aucune arme , lancent sur leurs ennemis une
salive dégoûtante et acre ; plusieurs animaux du genre des
mouffettes , des putois , exhalent des vapeurs empestées qui
font quitter prise à leurs ennemis les plus acharnés. L'ours
attaqué , se dresse sur ses pattes , et trappe à grands coups
de poings, ou embrasse son adversaire jusqu'à l'étouffer. Les
hérissons , les porc épies , se mettent en boule ., et ne pré-
sentent que des pointes à leurs agresseurs. Les tatous , cou-
verts d'une cuirasse osseuse , se roulent de même. Les san-
gliers , les tajaçus , les babyroussas , sont armés de canines
longues et retournées en haut, et avec lesquelles ils peuvent
éventrer les chiens d'un coup de boutoir. Les dugongs et les
vaches marines sont pourvus de très-grosses dentk Incisives à
la mâchoire supérieure , et iU s'en servent avec adresse contre
leurs ennemis.
D'aîîîrtS espèces, telles que les renards, rendent, lorsqu'on
les poursuit , leur urine mëlee d'une odeur dégoûtante , qui
rebute ceus qui les chassent ; plusieurs animaux à qui la
Q U A 357
nature n'accorda aucune arme naturelle , cherchent à se dé-
fendre de plusieurs manières , soit en épouvantant leurs en-
nemis par des cris , soit en grimpant sur les arbres , en sau-
tant , en creusant la terre, en déroutant ceux qui les poursui-
vent, en se cachant dans les eaux, en voltigeant , et enfin à
force de ruses , de soins , de prévoyance , en se préparant
des retraites obscures , des asiles sûrs , par mille moyens
impossibles à énumérer. Les singes se défendent avec des
bâtons , des pierres ; ils lancent même leur urine et leurs
excrémens aux hommes qui les attaquent. Les didelphes
cherchent les antres des forêts, se suspendent aux branches
d'arbres, avec leur queue prenante. Les rats desmans se bâtis-
sent de petites cabanes au bord des étangs et des fleuves. Les
tatous , les hérissons , les marmottes , les blaireaux, les taupes,
et une foule d'aulres espèces, se creusent des retraites souter-
raines.Chaque genre enfin a son industrie propre pour échap-
per à ses persécuteurs , et conserver sa vie.
Chaque famille de quadrupèdes a des allures particulières ;
ce sont autant de nations distinctes. Les singes grimpent siir
ies arbres des tropiques , vivent de leurs fruits , et prennent
mille postures singulières. Les espèces qui voltigent , comme
les chauve-souris , les roussettes , se tiennent dans les lieux
ombragés, et n'en sortent que pendant le crépuscule, pour at-
teindre au vol les insectes nocturnes. Les races demi-carni-
vores, telles que les blaireaux , les mangoustes , les taupes,
les hérissons, les sarigues , les belettes, restent cachées pen-
dant le jour, s'avancent avec lenteur et par détour, n'exercenft
leurs rapines que dans l'ombre , sont cauteleuses et adroites ;
mais les bêtes féroces armées de dents et de griffes acérées ,
attaquent ouvertement leur proie , en triomphent parla force
et l'agilité. Les rongeurs, race timide, à démarche sautilianle,
au chanfrein arqué, minentsourdement toutes les productions
végétales, amassent des magasins, et se cachent en hiver dans de
chaudes habitations. La famille des quadrupèdes cuirassés, tels
que les tatous , les pangolins , et même les genres des four-
miliers , sont des animaux presque sans dents , doux et tristes ,
qui se creusent des terriers , sortent de nuit avec précaution ,
butinent en silence , et roulés en boule dorment pendant la
chaleur du jour. Au contraire, les ruminans au pied fourchu ,
à la tête armée de cornes , broutent paisiblement la riche pa-
rure des collines , et se tiennent ordinairement en famille ;
tandis que les quadrupèdes grossiers à peau épaisse ( nom-
més pachydermes par Aristote) , tels que les cochons , les rhi-
nocéros , les éléphans , etc. , se roulent dans les fondrières
marécageuses, déterrent les racines des végétaux aquatiques, et
s'engraissent dans l'insouciance. Les amphibies , comme les
358 0 U A
veaux-raarios ou phoques , les lamantins et les cétacés , aux
pieds en forme tle nageoires , s'élancent en troupes dans les
eaux , attaquent les poissons , ou se nourrissent des herbages
qui naissent sur les bords de la mer et des fleuves.
Ces familles sont aussi douées particulièrement d'un »em-
pérament disiinctif ; car les cétacés et les amphibies sont d'une
complexion très-lymphatique ; leur chair épaisse est grasse
et molle; ils ont un gros ventre , et sont d un naturel pesant ,
d'un caractère peu sensible. U en est de même des quadru-
pèdes à peau épaisse , ou des bêtes brutes appelées pachy-
dermes. Les rumiîians tiennent du tempérament sanguin et
du uiusculeux. La famille des cuirassés et édeulés est d'une
nature débile et un peu triste , qui tient du flegmatique et
du mélancolique. Les rongeurs sont dun tempérament mêlé
de sanguin et de nerveux; ils sont vifs et délicats comme les
personnes de cette constitution. Le caractère bilieux, à fibres
sèches et tendues, domine dans les animaux carnivores. Leur
couiage , leur vigueur de membres , leur soif de sang et l'ha-
bitude de vivre de chair , dépendent principalement d'une
semblable complexion ; aussi remarque-t-on que ces animaux
ont une bile abondante et très-amère , qui slinmle avec vio-
lence leur système nerveux intestinal , et leur communique
ces passions impétueuses et cet appétit véhément qui les dis-
tinguent. Le tempérament des singes et des autres quadru-
pèdes grimpeurs, se caractérise principalement par l'état grôie
et irritable de leurs fibres ; semblables à ces personnes, mai-
gres , fluettes , délicates , leurs mouvemens sont prestes ,
multipliés; leur naturel est vif, inconstant , inégal : nés
grands imitateurs , ils gesticulent très- bien avec une affecta-r
tion ridicule.
Des moeurs des quadrupèdes vivipares relaiwcs à leurs nourrilurcs.
Il existe trois principales causes d'action parmi les ani-
maux : i.° le besoin de se nourrir ; 2.» le sentiment de sa
conservation ; 3." le désir de se reproduire. La première , qui
est peut-être la plus impérieuse de toutes, influe le plus sur
touie Texislence des êtres animés , car elle dépend de leurs
organes les plus essentiels. Les sens , les membre&sont même
principalement destinés à servir aux fonctions nutritives ;
l'œil, l'oreille, sont faits pour entendre , apercevoir la proie ;
le nez est disposé pour en reconnoître les odeurs ; la langue
poui en juger la saveur ; les pieds pour aller chercher, pour
atteindre l'aliment; les dents pour le broyer, etc. Les ani-
mau3^ ne semblent même être nés que pour manger , ensuite
engendrer et mourir. C'est ainsi qu'ils passent sur cette terre
.depuis un grand nombre de siècles , sans laisser des trace&
Q U A 3%
Ae leur existence , de même qu'une infinité d'hommes qui
végètent à la manière des brutes.
Les espèces de quadrupèdes frugivores et herbivores ont
plus de capacité et d'étendue dans leurs intestins que les ani-
maux carnassiers, parce que vivantd'alimenspeusubstantiels,
ils sont obligés d'en prendre un volume considérable à la fois
pour en retirer une nourriture suffisante. Les carnivores, au
contraire , trouvant sous un petit volume une matière très-
nourrissante , n'ont pas besoin d'intestins aussi grands. D'ail-
leurs la facilité avec laquelle la chair se putréfie , ne permet
pas qu'elle demeure longtemps sans danger dans le corps; et
quoiqu'elle en soit promptement évacuée, la chair des carni-
vores est très-désagréable au goût; leurs humeurs sont dans
un état d'alkalescence , voisin de la putridité ; leurs excrémens
exhalent même une odeur extrêmement putride, et leur urine
est acre et caustique ; telle est celle des chats , des lions , des
tigres. Au contraire , les alimens végétaux n'acquièrent jamais
des qualités aussi pernicieuses dans le corps des animaux
herbivores , et leurs déjections ne répandent presque aucune
mauvaise odeur. Consultez les articles Carnivore et Herbi-
vore.
Cette habitude de se nourrir de chair, cette soif du sang
et du meurtre , communiquent aux carnivores , des passions
cruelles, et une insensibilité d'âme qui se remarque de même
chez les hommes que leurs occupations forcent à verser le
sang des animaux. Au contraire ,la vie toute pythagoricienne
des herbivores les rend plus doux et plus timi<ies. 11 semble
que cette douceur soit même empreinte dans leurs humeurs
et leurs chairs ; tandis que l'âcreté de celles des carnassiers
paroît être la principale cause delà férocité de leur caractère.
La nature qui les a créés pour vivre de chair, ne les a pas des-
tinés à devenir la nourriture de l'homme ; de sorte que la
destruction pèse uniquement sur les races les plus paisibles.
C'est ainsi que les tyrans s'épargnent entre eux et ne cons-
pirent que contre les foibles.
Au reste , les habitudes des animaux , relativement à leurs
nourritures» dépendent de la structure de leurs organes. Les
singes, ayant des dents toutes semblables à celles de l'homme
et la bouche conformée de même , ainsi que l'estomac et les
intestins, peuvent vivre des mêmes alimens ; ils sont surtout
frugivores. Quelques-unsd' entre eux, tels que les guenons, les
magots , les babouins, sont pourvus d'abajoues, c'est-à-dire
de cavités ou sacs so«s. les joues , dans lesquels ils peuvent
garder des alimens. On en trouve de semblables chez les
hamsters et chez plusieurs espèces de rats, d'écureuils, qui
font des provisions pour la saison des frimas. Les makis et
36o Q U A
les loris , ayant aussi trois sortes de dents h peu près comme
les singes , vivent de fruits comme eux , et quelquefois d'in-
sectes. Quoique le nombre des dents varie dans les diverses
espèces de chauve-souris , leur forme est communément en
pointes menues , afin de mieux diviser les insectes que ces
animaux atteignent en voltigeant pendant les soirées d'été. La
langue des chauve-souris est aussi hérissée d'une multitude
de petits piquans capables d'entamer la peau ; et l'on assure
que les vampires, les roussettes, qui apparliennent à ce
genre , sucent par ce moyen le sang des honmies et des ani-
maux qu'ils trouvent endormis. Comme ces animaux sont
carnivores, leur estomac est privé de cette sorte de sac in-
testinal appelé cœcum^ qu'on trouve dans l'homme, les singes,
les makis , les galéopithèques et tous les herbivores , mais
dont manquent presque toutes les espèces carnassiè^-es, à
l'exception des genres du chien , du chat , de la civette et des
didelphes.
Ces quadrupèdes carnassiers ont tous, trois sortes de dents,
des molaires , des canines , des incisives, comme nous , mais
différentes en nombre et en figure. Ainsi les carnivores sont
armés de fortes canines et de molaires pointues , tandis que
celles des herbivores sont plates , et plutôt formées pour
broyer l'herbe que pour déchirer la chair. ( Voy. Dents. )
l^ts rongeurs ont, à chaque mâchoire, deux incisives longues
et fort tranchantes , avec lesquelles ils coupent et divisent fa-
cilement toutes les matières végétales ; leurs molaires sont
quelquefois en scie , mais ils manquent toujours de canines.
Leur gueule n'a point l'ouverture large de celle des carni-
vores , et leur lèvre supérieure est fendue. Ils ont des intestins
longs et amples , un cœcum plus vaste que leur estomac ; tels
sont surtout les lièvres, les lapins. Ces animaux ne boivent
presque jamais , et urinent cependant assez souvent , parce
que leurs nourritures sont assez humides, etqu'ils perdent peu
paà" la transpiration à cause de l'épaisseur de leur fourrure.
Les fn.'giv ores incisent, et les carnivores déchirent leurs ali-
mens ; mais les rongeurs grignotent précipitamment avec leurs
incisives, et minent en quelque sorte ce qu'ils mangent. Les
fourmiliers , les pangolins , étant privés de toutes espèces de
dents , ne mâchent point leurs alimens ; ils allongent dans les
fourmilières une langue cylindrique et gluante , et la retirant
dans leur long museau , avalent à loisir les insectes qui s'y sont
attachés. Les tatous, ayant seulement des molaires , broient
les racines molles et les fruits tendres qui font leur nourriture
journalière. Les paresseux, privés de dents incisives , se con-
lentent de mâcher les feuilles des arbres , sur lesquels ces ani-
maux à voix lamentable grimpent avec une extrême lenteur.
0 U A 36i
Leur estomac esl composé de plusieurs poches analogues à
celles des rumlnans. Ces derniers manquent de dents Incisives
supérieures , et ont , comme chacun sait , quatre estomacs ,
«ne grande panse , le bonnet à parois en forme de réseau , le
feuillet garni de lames ui^^mbraneuses , et la caillette à parois
ridées et épaisses. P,^. •ijut tout te temps que les jeunes ruml-
nans sont allaités par leur mère , cette dernière poche de
restomac est la seule qui serve à la digestion ; mais lorsqu'ils
vivent d'herbes , leur nourriture , d'aliord à demi-mâchée ,
descend dans la panse où elle s'humecte, et passe dans le
bonnet qui la forme en pelotte en 1 imbibant de suc gastrique ;
elle remonte ensuite dans la gueule , pour être mâchée une
secondefois; la nourriture- re I«;scendetcnlre immédiatement
dans le feuillet, puis dans la caillette, pour passer de là dans
les intestins. Les chameaux et les chevrolains, qui sont les
seuls genres de ruminans privés de cornes , ont des dents ca-
nines supérieures ; les ruminans , armés de cornes, sont dé-
pourvus de cette sorte de denfs. La manière dont 'les animaux
de celte famille mâchent, est plutôt oblique que verticale; ils
broient leurs alimens sur leurs larges molaires en remuant
horizontalement leurs mâchoires. Ces herbivores ont plus
besoin de boire que les autres espèces d'animaux , car un
chien , une civette peuvent se passer de boire pendant un
mois ; cependant celle-ci urine beaucoup. Les ruminans sont
sujets à des concrétions qui se forment dans leur estomac.
Tantôt c'est une pe-lolte composée des poils que ces animaux
avalent en se léchant ; c'est ce qu'on nomme Egagropile.
V. ce mot. Tantôt ce sont des concrétions de diverse nature ,
d'une consistance pierreuse , et qu'on appelle Bëzoard.
( Consultez cet article. ) Les ruminans des pays froids sont plus
sujets auxégagropiles , et ceux des pays chauds auxbézoards.
On observe encore que la graisse des ruminans étant d'une
consistance beaucoup plus solide que celle des autres es-
pèces , est connue sous le nom de suif. Cet état de la graisse
paroît dépendre de la rumination. ( V. Ruminans. Nous ex-
posons aussi , à l'article Graisse , les principales causes
de cette production animale. ) Les bosses des chameaux, des
dromadaires ; les loupes dorsales des zébus, des bisons ; les
grosses queues des moulons de Barbaiie., ne sont que des con-
gestions de suif dans ces ruminans. Au contraire, la graisse
des animaux carnassiers est peu abondante et fort liquide.
Les animaux vivant de chair , ont la gueule large , les dents
grandes et pointues , les mâchoires fortes , et les muscles qui
les' font mouvoir sont robustes; le cou est court, nerveux ;
tandis que chez les herbivores la gueule est plus étroite , les
«lenis sont plus aplaties, les mâchoires et leurs muscles plus
36a Q U xi
foibles , le cou est allongé ; ils résistent aussi moms de tempSi
à la diselle d'alimens. Quelques jours d'abstinence font péril'
un bœuf, un cheval , ou toute autre espèce herbivore ; niais-
un chien peut demeurer jusqu'à trente-quatre jours sans boire
ni manger; un chat sauvage ne périt pas de faim dans vingt
jours , et un blaireau résiste pendant un mois entier ; un rat
ne peutpas supporter la faim au-delà de trois jours ; l'homme
ne peut guère la supporter plus de sept à huit jours , surtout
dans nos pays un peu froids ; car dans les contrées ardentes
de l'Asie et de l'Afrique , il peut vivre plus long-temps sans
manger. Au reste , les petits animaux mangent davantage, ea
raison de leur taille , que les grosses espèces ; ainsi des rats.,
des souris feront à proportion plus de ravages dans un champ,
qu'un bœuf ou qu'un chameau. Beaucoup de rongeurs , de
frugivores ne dédaignent même pas de se nourrir de subs-
tances animales ; mais les ruminans refusent de vivre de
chair; car quoiqu'on ail habitué quelquefois des vaches, des
moutons à manger du poisson , en Islande , les nourritures,
animales répugnent exlri*mement à tous ces herbivores.
Dans la famille des cho,ts , qui comprend les lions , les
tigres, les panthères, les lynx, etc. , la langue estliérissée de
pointes dures , redressées vers la gorge , qui la rendent rude
comme une râpe; aussi ces animaux écorcbent la peau en la
léchant, et sucent le sang avec une voliipxé cru'.'lle; ils 1«
préfèrent même à la chair ; ils immolent .linsi un grand noui-
bre de victimes pour étancher cette soif qui les dévore ; ils ne
vivent presque jamais des chairs mortes, des charognes , que
recherchent les hyènes, les chacals , les loups , et les autres
espèces du genre du chien ; il leur faut des animaux vivans et
une viande fraîche. Les didelphes et plusieurs espèces de ge-
nettes (viverra, Linn.) , ont aussi la langue couverte de pa-
pilles piquantes. En général , les carnassiers ont plus da
houppes nerveuses sur leur langue que les herbivores ; ils l'ont
aussi plus rouge , plus enflammée de sang et plus affamée da
carnage. Leur gueule exhale une haleine forte et putride ,
comme l'odeur de leur transpiration ; tandis que Les hcrbir
vores ne répandent que des odeurs plus foibles et un peu
acides. Ceux-ci ont besoin de manger chaque jour; mais lors-
que les carnivores se sont bien repus, ils peuvent se passer
de manger pendant plusieurs jours; il arrive mên^e que les
loups, les chiens, les renards , etc. , ont soin de cacher la
î>roie qu'ils ne peuvent dévorer en entier, afin de la retrou-
ver au premier besoin ; exemple de prévoyance qui montre
que les bêtes songent à l'avenir aussi bien que leshommes; car
les hamsters , les écureuils , les loirs , et autres rats qui amasr
5ent des provisions pour passer l'hiver^ qui rassemblent da
Q U A 363
l>lé , clés faînes , des noisettes , des noix , des bulbes de plantes ,
nous montrent une grande économie et une sage diligence,
dignes d'être imitées par Thomme. Au reste , les herbivores
trouvant toujours leur subsistance toute prête sur la terre ,
peuvent bien s'en nourrir chaque jour; mais il faut que le"
Carnivore chasse et atteigne sa proie, qu'il l'attaque de force,
la surprenne par ruse ou la surmonte par sa prudence ; cha-
que jour n'amène pas son pain pour lui ; aussi la nature l'a
rendu capable de tolérer la faim ; mais lorsque celle - ci le
presse , elle lui inspire de l'audace et du courage. Le loup
intrépide, attaque les troupeaux en plein jour, malgré le
berger et ses chiens; il entre dans les villages, force l'en-
ceinte des étables , ne craint ni les blessures ni la mort. Sou-
vent même désespéré , de rage il s'élance contre l'homme ,
le déchire , et venge dans son sang toutes les cruautés que
nous exerçons contre son espèce.
Les bêles brutes et qui se plaisent dans la fange , telles que
les éléphans, les cochons, les tapirs , les rhinocéros, etc.,
ainsi que les amphibies , comme les dugongs , les morses ,
ont souvent de fortes dents pour arracher les racines des
plantes aquatiques. Ce sont des espèces très-voraces, à gros
ventre, à démarche pesante, à chair grasse et molle, et d'un
caractère plutôt brutal que méchant. Les phoques ou veaux-
marins et les cétacés se nourrissent goulûment de poissons et
de mollusques ; ces races sales répandent une odeur dégoû-
tante de marée; elles sosit enveloppées sous leur cuir grossier
d'une couche épaisse de lard ; leurs intestins sont vastes, leur
foie est gros et huileux , tandis que celui des carnivores est
petit , maigre, et divisé en plusieurs lobes , afin de se prêter
plus facilement aux différens mouvemens de ces espèces.
Nous traitons des amours des quadrupèdes aux articles Gé-
nération , VtVIPARE, JRuT, etc.
De V accouplement , de la gestation et de V allaitement chez les
quadrupèdes.
Tous les quadrupèdes ne s'accouplent pas de la même
ïnanière. Les singes se posent à la manière des homnies ;
les hérissons, les porc-épics se tiennent droits et s'embras-
sent ventre contre ventre , à cause des piquans qui recou-
vrent leur dos ; il en est de même chez les castors , parce
que leur large queue s'oppose à toute autre position. On sait
que les chiens, les loups, les renards, les hyènes, sont
collés dans raccouplemenl , à cause du gonflement du gland
dans le vagin de la f«'melle ; il éloit nécessaire que ces ani-
maux fussent ainsi retenus , parce que , manquant de vési-
cules séminales , leur sperme n,e peut pas être lancé dani>
361 Q U A
rutérus.Les veaux marins ou phoques sont collés de même ;
les chats , ayant un gland épiqeux comme leur langue , cau-
sent à leurs femelles des sensations de douleur, peut-être
afin de modérer l'excès de leur passion , qui pourroit êlre
contraire à la propagation de l'espèce. Les gerboises mâles
ont aussi le gland épineux , et celui des ornithorhinques est
percé de plusieurs petits trous. De tous les quadrupèdes ,
icschameaux sont ceux qui s'accouplent le plus difficilement,
parce que leur verge est courbée; ils passent des jours en-
tiers auprès de leurs femelles sans pouvoir en jouir; ils font
cent tentatives infructueuses qui les mettent dans une fureur
étrange , et les fontécumer de rage; lel est le moyen que la
nature a mis en œuvre pour prévenir la trop grande multi-
plication de cette espèce. Chez les cochons, la verge est un
peu tordue en spirale , et l'accouplement est long; ces ani-
maux , qui ont beaucoup de sperme , sont très-féconds. Il
ne paroît pas qu'il y. ait des espèces qui s'accouplent à re-
bours , comme on l'a dit des lions , des chats , des liè-
vres , etc.
Ordinairement la gestation des animaux est d'autant plus
longue, que les individus mettent plus de temps à parvenir au
faîte de leur accroissement ; de sorte que plus une espèce
est précoce , moins sa gestation est longue ; néanmoins il se
trouve quelques variétés à ce sujet. La vache porte plus long-
temps que la femme, quoiqu'elle acquière presque tout son
développement dans l'espace de deux ou trois ans; la lionne,
qui n'engendre qu'au bout de deux ans , porte trois mois et
demi ; tandis que la chèvre , qui reçoit le mâle à un an ,
garde son fruit pendant cinq mois. La durée de la gestation
n'est pas plus en rapport avec la grandeur des animaux,
bien qu'elle y entre pour quelque chose ; car nous voyons
que l'éléphant porte environ dix à douze mois , le chameau
onze mois, la vache neuf, les cerfs huit, l'ours six à sept,
le chamois cinq , le cochon quatre , le loup deux mois et
demi ; la loutre trois mois , les fouines deux , les écureuils
quarante jours , les lapins un mois , les cochons d'Inde trois
semaines , etc. Cependant la lionne , qui est plus grosse et
plus forte que les gazelles , porte moins de temps ; l'âne
et le zèbre, qui sont moins massifs que la vache, ont une
gestation plus longue de deux mois. Il en est de même de
plusieurs autres espèces. F. Gest\tion.
Le nombre des petits, quoique plus considérable dans les
menues espèces que chez les grandes, ne présenle pas à cet
égard une régularité constante ; car la truie met bas jusqu'à
quinze ou vingt cochons de lait d'une seule portée , tandis
qu'un rat femelle n'en fait que cinq ou six, un écureuil de
Q U A 365
trois à cinq , un chat de quatre à six , une belette , une her-
mine , de trois à cinq , etc. Il est vrai que l'éléphant , l'hip-
popotame , le rhinocéros , ces monstres du rèjgne animal , ne
produisent qu'un petit à la fois ; car la nature n'eût pas pu
suffire à leur immense déprédation , si elle avoil autant mul-
tiplié leur espèce que celle des lapins ou des rats. Les rural-
nans ne produisent ordinairement qu'un petit à la fois, rare-
ment deux ou trois. Les carnivores mettent bas trois à qua-
tre petits à chaque gestation ; les rongeurs sont les plus fé-
conds de tous : les singes , les chauve-souris , qui portent
leurs petits toujours cramponnés après eux, n'en produisent
qu'un pour l'ordinaire.
Aussitôt que les femelles ont mis bas, elles coupent d'un
coup de dent le cordon ombilical de leurs petits , et dévorent
le placenta ou l'arrière-faix. Bien que les herbivores , les
ruminans refusent de vivre de chair, néanmoins ces animaux
ont l'instinct de dévorer cette substance , qui est peut-être
convenable à leur état et utile pour rétablir leurs forces. Je
ne sais même pas s'il ne seroit pas avantageux à la femme
d'imiter les animaux , qui , suivant toujours l'impulsion de
la nature, se portent mieux et se rétablissent plus tôt qu'elle.
Quoique le cordon ombilical des quadrupèdes ne soit jamais
lié , il ne leur arrive point d'hémorragies , et la précaution
que nous prenons de le lier aux enfans , ne me semble pas
indispensable. Les mères des animaux ont soin de lécher
leurs petits, afin d'enlever la mucosité que les eaux de l'am-
nios ont déposée sur leur peau; les femmes sauvages font
de même pour leurs enfans, et les baisers que les mères
donnent aux nouveau-nés me semblent un reste de cet ins-
tinct primitif. Les anciens prétendoient que Tours naissoit
informe , et que sa mère le façonnoit, et développoil ses
membres en le léchant. La plupart des animaux onguiculés ,
tels que les carnassiers et quelques rongeurs , mellent ba>
des petits qui ont les yeux fermés, et qui ne les ouvrent
qu'au bout de plusieurs jours ; les ruminans , au contraire;
et les autres herbivores , produisent des petits qui se tien-
nent sur leurs pieds et commencent à marcher au bout de
quelques heures : aussi ces derniers sont-ils plus prompte-
ment développés que ceux des précédens. Tous ces jeunes
animaux suçant le premier lait de leur mère , qui est séreux
et laxatif, en sont légèrement purgés , afin d'évacuer le me-
conium de leurs intestins. Le défaut de cet usage dans l'espèce
humaine , est cause qu'une multitude d'enfans périssent de
tranchées , de coliques et d'autres maladies , parce qu'on
n'a pas eu l'attention de débarrasser leurs intestins de cette
substance noirâtre qui le§remplit. 11 paroît que l'usage qu'ont
366 Q U A
tous les quadrupèdes ^e. lécher leurs petits, produisant une
légère irritation sur leur peau, détermine, par sympathie ,
l'excrérion des premières matières contenues dans leurs in-
testins; car on voit souvent les petits se vider à mesure que
leur mère les lèche.
Aucuxî quadrupède n'a moins de deux ni plus de douze
mamelles; les quadrumanes ou les singes, et les makis « les
chauve-souris , l'éléphant, le lamantin, en ont deux placées
sur la poitrine ; les caruivorcs en ont six ou huit disposées
en longueur sous le ventre. Celles des rongeurs sont en plus
grand nombre ; mais elles ne sont visibles qu'à l'époque de
l'allaitement. Les ornithorhinques et les échidnés paroissent
dépourvus de mamelles. Dans les sarigues ou didelphes et
les kanguroos , elles sont au nombre de quatre à huit dans
une duplicature de la peau du bas-ventre , qui forme une
espèce de bourse ; car ces animaux accouchent à demi-terme,
et leurs petits, chaudement enfermés dans cette poche, y
sucent la mamelle jusqu'à l'époque de leur sevrage, et jus-
qu'à ce qu'ils soient en état de se passer de leurs parens. La
mère a soin de faire sortir quelquefois ses petits , et de les
retirer dans sa bourse inguinale au moindre danger. Le phi-
landre de Surinam porte les siens sur son dos , et ceux-ci
savent se fixer sur leur mère en enveloppant leur longue
queue autour de la sienne. Ces animaux ont encore une par-
ticularité remarquable : le gland des mâles qui est fourchu ,
a deux orifices ; le vagin de la femelle , se séparant en deux
branches , correspond aux deux cornes de l'utérus. Ces es-
pèces n'ont, à parler exactement , aucune matrice; leur po-
che inguinale en tient lieu. ( F. Sarigue et le mot Mamel-
les.) Chez les ruminans, les mamelles, placées dans la ré-
gion inguinale, ne forment qu'une grosse glande conglomé-
rée , avec deux ou quatre mamelons. Cette famille d'ani-
maux a un lait plus substantiel que toutes les autres espèces,
et leurs petits savent reconnoitre leur mère par le seul odorat,
au milieu d'un nombreux troupeau. Plus les mammifères sont
parfaits (ou élevés dans l'échelle de l'organisation), plus leurs
fœtus naissent foibles et hors d'état de se suffire à eux«euls ;
moins ils ont absorbé et reçu dans leurs enveloppes utérines,
de la substance du jaune, qui est si abondante au contraire
chez tous les ovipares , pour suppléer au défaut de l'allaite-
wient.
En effet , dans l'espèce humaine , la vésicule ombilicale
du foetus , laquelle contient le jaune , est fort petite et dis-
paroît bientôt dans les premiers temps de la gestation : aussi
l'enfant naît très-foible, très-incapable de se suffire ; il fal-
loit donc un long allaitement , un grand soin de la mère.
O U A 36;
Cheï les carnivores elles fissipèdes , en général, les fœtus
plus ou moins nombreux , sont aussi fort imparfaits ; ils nais-
sent la plupart les yeux fermés , ont besoin de chaleur, d'al-
laitement , de soins , de nourriture.
Chez les herbivores bisulces , les ruminans , les pachy-
dermes, l'on voit que les fœtus naissans sont déjà forts; ils "se
lèvent sur leurs pieds . suivent leur mère ; et après un allai-
tement de quelques jours, ils esjayentde manger seuls. Dans
les cétacés, les fœtus naissenî fort grands et bientôt en état
de se passer «le leurs parens; ils nagent tout d'abord; aussi
ces animaux à foetus assez gros et perfectionnes , sonlpau-
cipares.
Chez les oiseaux, de même , les petits sont plus avancés ,
à leur naissance, parmi les gallinacés, les échassiers et pal-
mipèdes , que parmi les picœ , les. pussercs , les rapaces.
Enfin, chez les reptiles, les poisscms , etc., les fœtus sor-
tant de l'œuf, abandonnés à eux seuls, sont en état de pour-
voir à leur propre existence ; mais leur œuf éloit tout com-
posé de jaune, et riche en substance nutritive.
Chez les quadrupèdes , l'allaitement n'est pas si long que
dans l'espèce humaine , parce que les jeunes individus pren-
nent plus promptement leur croissance. On prétend que le
chameau allaite son petit pendant deux ans. Il en est à peu
près de même du jeune éléphant. Six semaines ou deux
mois peuvent suffire au veau. Les autres espèces allaitent à
proportion de l'accroissement de leurs petits; celles qui font
plusieurs portées par an n'allaitent que fort peu de temps ,
comme les lapines , les truies, les raltes, etc.
De rinstînct , de l intelligence et du caractère des animaux
vivipares.
Chaque espèce d'animal est douée de facultés suffisantes
pour sa conservation , parce que les races les plus puissantes
abusant de leurs forces , auroient bientôt détruit les espèces
les plus foibles, si celles-ci n'avoient pas reçu les moyens de
se soustraire à la destruction. D'ailleurs, les besoins des ani-
maux variant suivant leur organisation , leurs âges , leurs
sexes , et selon les circonstances des saisons , des climats, il
faut qu'ils multiplient leurs ressources en même proportion ,
qu'ils déploient tous les ressorts de leur industrie pour vivre
tout le temps que la nature leur accorde sur la terre. A me-
sure que les animaux sont plus perfectionnés, leur structure
est plus délicate, plus sujette à se déranger; d'où il suit qu'ils
ont besoin d'un plus grand nombre de facultés pour exister ,
et c'est pour cela que l'homme, de tous les êtres le plus sen-
sible et le plus frêle , a reçu \», raison et l'intelligence ea
368 Q U A
partage. Au contraire, moins un animal a de facultés, plus il
est insensible et plus son corps se moule facilement aux cir-
constances qui le modiGent, sans en être altéré. Tout est
donc proportionné dans le monde, car l'animal n'a précisé-
ment que la dose d'instinct et d'intelligence qui lui est né-
cessaire , puisqSe le trop lui deviendroil inutile , et le Irop
peu, fatal. J^es rapports qui s'établissent entre un être etles
objets dont il a besoin, sont donc exactement mesurés par
ses facultés ; et la Providence , qui veille sur toutes les es-
pèces vivantes , n'est rien autre chose que ces relations et ces
ordres admirables , disposés par l'auteur de la nature, de
manière qu'ils amènent des chances favorables à chaque in-
dividu dans la place où il est né. V. Instinct.
Car l'état de vie est un effort continuel contre tous les élé-
mens et les corps extérieurs qui conspirent à l'éteindre;
chaque être empiète sur la vie de ses voisins ; chacun se
comprime , se retient uiutuellemenl dans ses limites ; il faut
que la ruse supplée à la foiblesse , et que l'habileté résiste à
la force. Enfin , la nature ayant donné à certaines espèces
la prépondérance sur d'autres , il faut que ces dernières ré-
parent leurs pertes , soit en mnllipliant avec plus d'abon-
dance , soit en attaquant à leur tour des races inférieures. Et
cette hiérarchie de pouvoirs chez les animaux n'est fondée
que sur un état perpétuel de guerre; le pesant joug de la
nécessité comprime également tous les êtres, soit les uns
par les autres , soit au moyen des autres circonstances, tel-
les que les saisons , les tenjpératures , les lieux, les temps,
l'abondance ou la disette des alimens, etc.
U y a trois principales causes qui mettent en jeu l'instinct
àes animaux: i." le besoin de la nourriture ; 2.° la nécessité
de se conserver ; 3." le désir de se reproduire. La faim est le
mobile de la première, la douleur est le motif de la seconde,
et le plaisir est la source de la troisième. Avec ces trois prin-
cipes , variés dans chaque animai suivant sa structure parti-
culière, peuvent s'expliquer les causes de toutes ses actions ,
et se démontrer tous leurs résultats. Dans le vrai , l'animal
Tj'est point libre ; il suit avec une impétuosité aveugle ses
penchans et ses besoins naturels , commandés par son orga-
nisation; le tigre n'est point cruel, et l'agneau doux par vo-
lonté, mais par l'effet de leur structure ; car , de même que
le quadrupède ne peut voler, comme l'oisenu , parce qu'il
n'est pas conformé comme lui , de même le tigre , ayant un
estomac qui ne peut digérer les herbes , un appétit qui lui
demande impérieusement de la chair et du sang , des dents
pour dévorer les animaux , des griffes pour les déchirer , il
est forcé d'exécuter des mouvemens que lui imprime son
O U A 369
organisation. Il n'est donc cruel que par nécessité , par la
nature de son tempérament; car dès qu'il est repu et satisfait
il devient doux , traitable ; son caractère ne s'irrite que par
le besoin de nourriture; besoin ardent, impérieux dans cette
espèce. En nourrissant abondamment les animaux carnas-
siers, on soumet cette âpreté farouche ; on les tempère ; on
les habitue à vivre en paix, à recevoir avec douceur les ali-
mens de la main de leurs maîtres, à les caresser, les flatter,
à plier même leur fierté et leur audace sous sa volonté. C'est
ainsi qu'on est parvenu à dompter les animaux les plus féro-
ces, les tigres, les ours, les lions, les crocodiles, etc., preuve
que la nature n'en a formé aucun essentiellement méchant,
et qu'elle a seulement eu l'intention de diminuer le nombre
des individus vivans , en établissant des races carnivores.
D'ailleurs, le Carnivore attaquant les animaux , épargne
les plantes; et sil'herbivore épargne les premiers,il attaque les
dernières. Tout ce qui respire, vivant de destruction, qu'im-
porte à la nature sur quels individus elle tombe .'' Ne faut-il
pas bien que tout périsse .■' Et si les animaux peuvent éprou-
ver de la douleur, ils sont de même capables déplaisirs; de
sorte que tout se compensant, la nature est ainsi justifiée.
( F. les mots Armes des animaux et Carnivore. ) Quelque
dure que paroisse cette condition pour des êtres sensibles,
elle n'en est pas moins équitable ; car la somme des repro-
ductions égalant nécessairement celle des destructions , la
quantité des biens, à tout prendre, n'est pas moindre que
celle des maux. 11 en seroit de même dans l'espèce humaine,
si elle suivoit plus exactement les lois que la simple nature
lui impose, et si, dégagée des erreurs et des crimes où l'en-
traînent l'audace des tyrans et la lâcheté des esclaves, elle vi-
voit au sein du repos , de l'obscurité et du bonheur. En effet,
la médiocrité gardant toujours le milieu en toutes choses ,
n'est jamais exposée à ces immenses revers que les condi-
tions excessives ont coutume d'éprouver, parce que dans
les choses morales , comme dans les effets physiques , la
réaction est toujours égale à l'action.
Chaque animal a les mœurs qui résultent de ses humeurs
et de son tempérament. C'est pour cela que les herbivores
sont plus tranquilles et plus traitables que les races carnas-
sières. De même les femelles ne sont jamais aussi farouches
que les mâles, parce qu'elles ont moins de vigueur; leur hu-
meur est plus maniable , plus docile , et par-là plus suscep-
tible de s'apprivoiser et de devenir domestique ; mais aussi
elles se dédommagent de cette foiblesse par la ruse et la
tromperie, car elles sont plus insidieuses que les mâles;
néanmoins lorsqu'il s'agit de défendre leur famille à l'époque
XXVIII. 24
370 Q U A
de rallaitemenl, les plus douces deviennent furieuses, et
exposent même leur propre vie pour conserver celle de
leurs nourrissons. Ce ne sont pas seulement les lionnes,
les louves , les ourses , les panthères qui montrent ce géné-
reux courage , mais même les tendres biches , les timides
gazelles , et les espèces les plus délicates méprisent tout dan-
ger pour sauver leur famille attaquée par le chasseur. Elles
songent à mettre leurs petits en sûreté, sans craindre de s'ex-
poser elles-mêmes: tant est puissant chez elles l'amour ma-
ternel. L'ourse attaquée, fait grimper ses petits sur un arbre,
et se redressant sur ses pattes, s'avance hardiment contre le
chasseur. Les femelles du bison , du bouquetin, s'élancent
avec furie sur les assaillans , les terrassent , les éventrent à
coups de cornes et les foulent aux pieds. Les femelles des
singes emportent hurs pelils sur leur dos jusqu'au-dessus
des grands arbres. Les kanguroos et les didelphes cachent
les leurs dans la poche de leur ventre; d'autres espèces leur
creusent des asiles souterrains. Les écureuils placent leur
famille dans des trous d'arbre , chaudement tapissés de
mousse. Les chats, les lions , les léopards, les loups, les ci-
vettes et autres bêtes carnassières, ont soin dapporter a leurs
petits quelque proie vivante pour les exercer de bonne heure
à la connoîlre et à la vaincre , pour les habituer à vivre de
chair et de sang : instruction cruelle à laquelle ces jeunes ani •
maux ne sont déjà que trop enclins parleur naturel : c'est de
cette sorte qu'on voit les petits chats jouer adroitement de la
patte , et sous un minois hypocrite déceler des sentimens
féroces. Les jeunes animaux montrent ainsi les indices de
leur caractère futur.
Denique cur acrum violentia triste leonum
Seminium sequitur , dolus vulpibus et fuga cervis
A patribus datur, et potius pavor incitât arlus,
Si non certa suo quia semine seminioque
Vis animi pariter crescit cum corpore toto?
Ldcbet. , Rer. nat. , lib. m , vers yC^—ji,
Aussi voyons-nous que les chiens nés de père et mère
instruits à la chasse, ont plus d'aptitude pour l'apprendre que
les autres races ; de là vient le proverbe , bon chien chasse de
race. C'est de la même manière que le maintien humble et
doux de l'agneau présage l'esprit benêt du mouton et la stu-
pidité bonace de la brebis ; il suffit de conduire l'un de ces
animaux pour que tous suivent à la file , quand même on les
meneroit noyer. L'instinct irascible et brutal du buffle , du
taureau, la malignité du singe, la malpropreté du cochon, la
lasciveté dubouc, la timidité du lièvre, l'impudence du chien,
0 U A 371
ia pétulance de la chèvre, la finesse du renard , ropiniâtrelc
du mulet, la ténacité du blaireau , sont des caractères telle-
ment naturels , qu'ils se déclarent même dès les premiers
temps de leur naissance , comme la pesanteur dans le petit
rhinocéros, le courage magnanime dans le lionceau, la per-
fidie dans le jeune tigre, la voracité dans l'hyène, la sobriété
dans le jeune chameau. Ainsi les petits des carnassiers , tels
que les chiens, les ours, les loups , essayent l'usage de leurs
dents en rongeant des os et même du bois. Les jeunes loutres,
les petits des castors , courent déjà se baigner, et savent na-
ger aussi Lien que les veaux-marins, tandis que les jeunes
taupes, les rats fouisseurs essayent de creuser la terre avec
leurs petites pattes de devant ; les écureuils nouveau-nés
commencent à sautiller de branche en branche ; les jeunes
chauve-souris s'apprennent à voltiger , les petits singes à
grimper, le chevreau à escalader les roches et à frapper de ia
tête ; le faon de biche s'exerce à de légères excursions pour
se rendre ingambe ; le poulain élevant déjà sa courte cri-
nière , ouvrant ses naseaux et aspirant la victoire, défie à la
course ses jeunes rivaux. On le verra dans peu marcher fiè-
rement sous son maître au champ de la gloire , enfoncer les
plus épais bataillons au milieu du feu et de la mêlée , ou re-
tourner triomphant de la course en présence des peuples, et
aux acclamations de la multitude. Les chevaux sauvages ont
même un naturel amoureux de la gloire ; vivant en troupes
dans les immenses savanes de l'Amérique ou les steppes de
la Tartarie , ils mesurent leur vitesse entre eux; couverts
d'une noble poussière , ils se défient à franchir les ravins
profonds , à traverser à la nage les grands fleuves. En faisant
subir la castration à ces animaux, en les asservissant au joug
de la<aptivité,nous les énervons, nous comprimons les élans
de leur cœur généreux , nous les rendons lâches et effémi-
nés , de fiers et audacieux qu'ils étoient dans leur état na-
turel.
C'est surtout dans les montagnes , les pays agrestes , que
les bêtes sauvages deviennent plus farouches et plus terri-
bles. Le sanglier, à la hure hérissée, à la gueule écumanle, à
la croupe énorme et rebondie , sort de ses bois , et son seul
aspect fait trembler d'épouvante les plus fiers habitans de la
plaine. L'ours des Alpes, à l'approche du voyageur, fait
retentir sa haute voix dans les éfhos des forêts pour appeler
ses compagnons; son œil étincelle dans l'obscurité; nouveau
Cacus, il gravit en silence au milieu des roches pour dépo-
ser dans les cavernes les corps des hommes qu'il a mis à
mort. Les autres animaux osent à peine lever les yeux sur
ce monstre sauvage , et l'ardent chasseur ne passe qu'avec
37a 0 U A
effroi près de son repaire. A mesure que les lieux sont plus
incultes , plus solitaires , les animaux y deviennent plus fé-
roces , parce que leur proie est rare , toujours disputée avec
opiniâtreté par des concurrens affamés et nombreux ; de
sorte que n'oblerunt rien que par la violence et la rapine,
leur caractère contracte une aigreur farouche et une cruauté
implacable.
Au contraire les bêtes des pays de plaines , des vallées fer-
tiles , trouvant une nourriture plus facile et moins disputée,
amollies par les commodités de leur genre dévie, n'acquiè-
rent jamais Taudace et Tâpreté des mœurs des animaux
montagnards. Cette différence de caractère se remarque
même parmi les hommes , car les habitans des montagnes
sont bien autrement durs et vigoureux que les nations effé-
minées , 1(!S peuples voluptueux des vallons et des plaines où
règne l'abondance avec la joie et les plaisirs.
Les antipathies des animaux paroissent même dues à cette
différence dans les caractères; c'est ainsi que le loup elle
chien sont ennemis. Le loup , qu'on peut regarder comme
un chien sauvage , déteste celui qui s'est attaché à nous ; il
le regarda comme tout dévoué à nos intérêts , ou plutôt
comme vendu à un tyran pour détruire la race des loups; in-
digné de la lâcheté d'un traître cédant sa liberté pour rece-
voir , avec ignominie , un morceau de pain de la main d'un
maître qui lui ordonne de sévir contre sa propre espèce , il
attaque le chien avec fureur , et l'ayant mis à mort, assou-
vit de chair et de sang sa cruauté et sa vengeance. Tous les
animaux sauvages abhorrent de même ceux de leur espèce
que rhomme a rendus domestiques , comme si ceux-ci hé-
ritoient de la haine que chaque être nous voue parce que nous
les tyrannisons tous. Aussi les animaux domestiques ne pa-
roissent-ils qu'en tremblant devant leur espèce sauvage ; ils
ont l'air de transfuges , d'apostats , de criminels ; ils parois-
sent honteux, atterrés, parce que les individus sauvages étant
plus libres et plus exercés , sont aussi les plus forts et man-
quent rarement de les attaquer , de les punir de mort , à
moins que le sentiment de l'amour ne vienne suspendre
leur fureur. C'est ainsi que des truies, des chiennes en cha-
leur rôdant parmi les bois , sont quelquefois couvertes par
des sangliers et des loups ; la race qui en provient est belle
et vigoureuse , car elle semble avoir été retrempée dans sa
source originelle.
On observe d'autres antipathies entre les animaux carnas-
siers ; mais elles naissent de la concurrence pour la chasse.
C'est ainsi que le lion, l'ours, la panthère, le tigre , etc., ne
souffrent point de rivaux dans les domaines qu'ils se sont
Q U A 373
appropries dans les bois, les montagnes, qu'ils se sont choi-
sis pour demeure. Ces majestés du règne animal ne suppor-
tent ni rebelles ni concurrens dans leurs états; elles ne veu-
lent aucun partage d'autorité ; elles purgent leur empire de
ces tyrans subalternes, de ces hardis guerroyeurs qui détrui-
sent le même gibier, et qui, semblables aux seigneurs de vil-
lage , oppriment sourdement les paysans et minent la popu-
lation jusque dans ses fondemens. Seulement le lion , prince
généreux, permet aux chacals de lui servir de pourvoyeurs et
de vivre des restes de sa table; mais ces domestiques para-
sites ne se présentent qu'en tremblant devant leur roi; ils
redoutent sa colère et ce front redoutable ombragé d'une
épaisse crinière-
Cette antipathie des grands carnivores entre eux, a pour
but d'en diminuer le nombre; car ces' espèces se faisant une
guerre à mort, se détruisant souvent les unes par les autres ,
et les tigres dévorant quelquefois eux-mêmes leurs propres
enfans , la nature vivante est soulagée ainsi du poids de ces
déprédateurs. L'homme surtout est chargé de purger la terre
de ces animaux malfaisans, pour régner seul en liberté sur les
autres espèces, et pour établir sa monarchie universelle sur
les ruines des autres puissances. C'est ainsi qu'il a confiné les
bctes farouches dans les déserts inhabitables, et mis leur tête
à prix comme celle des fameux brigands. Aussi la haine que
nous vouent les animaux féroces, les ligue tous contre nous-
Souvent des loups affamés dans les longues nuits d'hiver ,
s'appellent dans les bois par de longs hurlemens, s'attrou-
pent en tumulte , et pleins de rage viennent fondre sur les
habitations écartées , assiègent les fermes , massacrent les
chiens , forcent les portes des étables et arrachent de vive
force les agneaux , les innocentes brebis , qui ne peuvent
échapper ^ la dent de ces farouches vainqueurs. Ainsi que
dans une ville prise d'assaut, tout est mis au pillage, le sang
ruisselle de toutes parts, et à l'approche du jour, chaque
guerrier emportant sa proie , se retire en son fort. Le loup
étrangle plus de victimes qu'il n'en peut dévorer et empor-
ter. Nouveau Pyrrhus dans une Troie nouvelle, la fureur et
la vengeance aiguisent sa férocité naturelle. Lorsque la be-
lette se glisse dans un poulailler , elle y fait les mêmes ra-
vages ; la rusée s'allonge, s'introduit en rampant, dans les
fentes les plus étroites , et échappe avec adresse aux pièges
qu'on lui tend. Sa démarche est légère et glissante , comme
celle des hermines, des putois et des fouines.
Les attroupemens des carnivores n'ont pour but que 1 at-
taque et le brigandage ; les sociétés des herbivores sont éta-
blies pour leur propre défense. Ces races paisibles se plaisent
374 Q U A
ensemble; souvent une troupe légère àc gazelles, à la taille
élancée , bondit suç les collines de l'Iduniée ou du Liban ;
on croiroit voir, au matin , les nymphes des montagnes jouer
parmi les bruyères, tandis que l'hippopotame se couche dans
les roseaux touffus du fleuve, et que les vieux onagres, sembla-
bles aux patriarches du désert, viennent boire à la fontaine
et se retirent en silence près de leur roche solitaire. Ailleurs
l'inquiète vigogne , Toreille droite, Toell au guet, cherche
la liberté dans les hautes montagnes des Cordilières; voya-
geant en troupe sur leurs sommets glacés , elle ne fournit
qu'à regret sa belle laine rose à l'avare Américain.
Nous voyons dans chaque espèce et dans chaque race des
mœurs différentes. Les singes , famille lascive, malfaisante et
curieuse, cherchent à contrefaire les actions de tous les ani-
maux, à leur prêter leurs ridicules; le magot, toujours rechi-
gnant , grimaçant , marmottant, s'accroupit et fait la moue
aux passans ; les sapajous entortillant leur queue après les
branches d'arbre , se laissent pendre la tête en bas et bran-
diller ainsi dans les forêts de l'Amérique ; le voyageur en-
tend de loin les clameurs affreuses des alouales , et les échos
répètent les accens de ces Démoslhènes du désert. Les ma-
kis, les loris, au museau pointu, vont , ainsi que les autres
quadrumanes , marauder dans les jardins et enlever les fruits;
car tous ces animaux grimpent avec une habileté merveil-
leuse. Chaque espèce de singe ne se mêle jamais aux autres
races , et lorsqu'on traverse les bois de la zone torride , on
est souvent assailli par une troupe de cercopithèques ou de
guenons qui lancent des pierres , des bâtons , et même leurs
excrémens à la tête des passans, avec force postures grotes-
ques et des grimaces ridicules. Les babouins , d'un naturel
féroce et d'une lasciveté dégoûtante, se présentent avec im-
pudeur aux yeux du sexe; ils font même des gestes , des ac-
tions si révoltantes , qu'il n'est pas permis de les décrire; on
en a vu plusieurs attenter à la pudeur des femmes, et leurs fe-
melles se montrent aussi jalouses des hommes. Tous les sin-
ges ont un soin particulier de leurs petits, qu'ils embrassent
arec tendresse , et auxquels ils offrent la mamelle ; le petit
singe se cramponne sur le dos de sa mère, lorsque celle-ci
grimpe sur les aibres , ou qu'elle s'enfuit en grinçant les
dents à l'approche du chasseur. Les maris soufHètent souvent
leurs épouses quand elles leur donnent quelque suj.et de ja-
lousie; car elles sont coquettes et fort lascives. V. SilSGEs et
Orang-outang.
Les chauve-souris , espèces tristes et effrayantes , se ca-
chent pendant le jour dans les cavernes ténébreuses ; lorsque
l'obscurité descend des cieux , elles déploient leurs ailes
Q U A 375
membraneuses et voltigent dans les airs pour atteindre les
. moucherons et les phalènes qui bourdonnent pendant les
soirées de l'été. Ces légers fantômes de la nuit se retirent en
hiver dans les souterrains obscurs, et suspendus aux voûtes,
y passent cette saison dans l'engourdissement. Lorsque, ré-
veillées par la chaleur du printemps, les chauve-souris ont
produit leurs petits, elles les transportent toujours avec elles,
cramponnés sous leurs ailes. Plusieurs d'entre elles por-
tent des membranes hideuses sur le museau et représentent
des spectres sinistres dans Thorreur de la nuit. Les galéopi-
ihèques ou chats volans, munis de larges membranes sur
leurs flancs , sautent dans les branches des arbres où ils s'at-
troupent tous les soirs, pour y vivre de fruits. C'est ainsi que
lesphalangers volans, les polatouches, les taguans , peuvent
prolonger leurs sauts sur les arbres , au moyen des peaux lar-
ges de leurs flancs.
Plusieurs animaux étant pourvus de griffes, savent grimper
sur les arbres avec beaucoup d'adresse ; tels sont les écu-
reuils , les chats , les lynx, etc. Les ours qui grimpent moins
facilement, n'en descendent qu'avec la plus grande précau-
tion et à reculons ; mais les unaux, les aïs ou paresseux ne
montent qu'avec effort et une extrême lenteur , en poussant
de temps en temps des exclamationsUamentables, comme les
pleurs d'un enfant délaissé dans les déserts. 11 semble que la
nature n'ait créé ces êtres que pour souffrir ; pleins de foi-
blesse et d'infirmité , exposés sans défense à toutes les inju-
res des saisons , à toutes les insultes de leurs ennemis, ils sup-
portent tout avec patience, la pluie, la faim, la soif, les coups,
les chutes , les blessures : leur vie n'est qu'une longue agonie ;
aussi l'espèce diminue de nombre chaque jour , et sera pro-
bablement éteinte par la suite ; heureusement ils paroissent
peu sensibles à la douleur, sont d'un naturel tenace, d'un
tempérament dur et robuste.
Les quadrupèdes carnassiers, dont les pieds conservent
encore quelque ressemblance avec ceux de l'homme, et qui
appuient la plante à terre , ont une démarche traînante , un
maintien triste , une allure gauche et embarrassée ; ils mè-
nent une vie mélancolique, solitaire, ne sortent que le soir
ou la nuit. Les retraites ténébreuses , les asiles frais et hu-
mides leur plaisent. Ces espèces ont la peau lâche, s'engrais-
sent beaucoup dans l'automne ; plusieurs se creusent des de-
meures souterraines; tels sont les hérissons, les didelphes
ou sarigues, les taupes , les musaraignes et les blaireaux , et
la plupart passent l'hiver dans l'engourdissement. C'est ainii
que s'endorment les hérissons , les ours , les blaireaux , etc.
(Quelques-uns recherchent les lieux aquatiques, comme les
376 Q U A
ichneumons , les musaraignes, les ours blancs , les crabiers i
les coatis , ou trempent dans l'eau tout ce qu'ils mangent ,
comme les ratons et les ours. Il en est qui aiment passion-
nément le miel ; tel est le ratel , le blaireau du Cap et
même l'ours, qui ne craint pas d'ouvrir les ruches, parce
que sa toison épaisse et touffue le défend aisément de l'ai-
guillon des abeilles. Tous les quadrupèdes de cette famille
ont un naturel lent , opiniâtre , ami de la retraite et de
l'obscurité ; aussi le grand jour les offusque , la chaleur et la
sécheresse les font souffrir ; ils ont tous une vue basse , une
ouïe délicate , un odorat fin , un nez fort long et quelquefois
mobile, comme chez les coatis. La plupart vivent également
de fruits , de chair et de menu gibier. Leur caractère est
moins audacieux que timide , mais , quoique pacifiques et
lents à s'irriter , leur colère est atroce et haineuse ; ils se
laissent déchirer en morceaux plutôt que de lâcher prise.
Lorsqu'on attaque les hérissons, les tenrecs, ils se roulent
en boule et présentent partout des piquans à leurs ennemis.
Leskiiikajous se retirent sur les arbres et s'accrochent aux
branches avec leur queue prenante. On a prétendu que l'ich-
neumon , voulant dévorer les aspics et les autres serpens,
avoitsoin de se rouler dans la boue , qui, séchée au soleil,
lui foriuoit une sorte de cuirasse. Le terrier du hérisson
ayant des chambres et des issues de plusieurs côtés , l'ani-
mal se relire dans celles qui sont les moins exposées au vent
qui souffle; de sorte qu'il change de place lorsque le vent
doit souffler d'un autre côlé. Nous avons dit quel soin
les didelphes ou sarigues prenoicnt de leurs petits ; ces
animaux se servent aussi de leurs pattes de devant, comme
de mains, et se tiennent accroupis fort souvent. Les cone-
pates, les blaireaux puans (^vweira capensis, Linn. ), le
chinche et les mouffettes , les coases , les coatis, exhalent,
lorsqu'on les poursuit , des odeurs exécrables qui font lâcher
prise à leurs ennemis le^ plus acharnés ; mais lesdesmans,
les musaraignes, les civettes, les genettes , le zibet, répandent,
au contraire, une vapeur de musc, surtout lorsqu'on les irrite;
et l'on extrait, pour les parfumeurs, l'humeur odorsnîc
que la civette porte dans une double glande , vers l'anus.
Les autres carnivores , tels que les chiens, les hyènes , les
chacals , les isatis , les chats , les tigres et les léopards, les
onces, les couguars , etc. , sont d'un naturel plus ardent,
plus sanguinaire que les précédons. Le genre des chats est
armé de griffes rétractiles, de dents fortes, d'une langue
hérissée de pointes ; leur tête ronde , avec des moustaches;
leur concourt et musculcux, leur force extrême, la prestesse
et l'étendue de leur saut, leur vue perçante et leurs yeux
Q U A 377
llamboyans dans l'obscurité, leur appéiit véhément pour la
chair vivante , enOn leur voix acre , tout annonce dans eux
la férocité des penchans et le moyen de s'y livrer. Les lions ,
les panthères, les tigres, tapis dans un repaire touffu, près
des sources d'eaux vives, attendent le passage des animaux
qui viennent boire, et, d'un seul bond , fondent sur eux,
comme la foudre. L'innocente gazelle se plaint en vain de
sa destinée ; les échos insensibles répèlent ses derniers sou-
pirs; Iç monstre lui déchirant les flancs , savoure, avec déli.
ceâ, un sang tout fumant et des chairs encore palpitantes.
Lorsque le lynx aperçoit, du haut d'un arbre, le léger
caribou, il s'élance sur son dos et lui déchire la gorge avec
ses griffes; le malheureux quadrupède se débat avec vio-
lence , se roule à terre , cherche à se débarrasser de son
ennemi; mais ses efforts sont inutiles, le lynx enfonce ses
griffes , se cramponne de toutes ses forces et suce , à longs
traits , le sang qui découle des blessures. On se sert , dans
l'Inde , du caracal , du guépard pour la chasse ; en trois
bonds, ces carnivores atteignent leur proie. Lorsqu'ils la
manquent, ils restent confus, ou s'enfuient souvent pour
cacher leur honte dans les déserts. Au reste , la force de ces
quadrupèdes est prodigieuse ; le tigre , le lion , traînent aisé-
ment un cheval , un bœuf, et courent même avec cette proie ;
leurs moindres bonds mesurent plusieurs toises d'étendiie-
Ces animaux n'aiment pas l'humidité et redoutent le feu. Le
genre des chiens a des mœurs différentes ; ardens à pour-
suivre leur proie à la piste, habiles à éventer les émanations
des bêtes fauves et du gibier, le chien , le loup, l'isatis , le
renard, etc., les forcent à la course , s'attroupent pour les
attaquer, ou se concertent pour les surprendre. Ces carni-
vores préfèrent même les charognes, les cadavres putréfiés
à la chair récente ; l'hyène , le boshond des déserts africains ,
vont déterrer des cadavres humains dans les cimetières. Les
chacals, attroupés de nuit comme une bande de voleurs,
remplissent la solitude de leurs hurleraens sinistres , tandis
que le Bédouin et le Maure renfermés dans leur tente, crai-
gnent à chaque instant l'attaque de ces brigands. Leur vois
glapissante qui roule dans les échos du désert, leur voracité,
leur audace , leur nombre , leur soif du sang des hommes ,
les rendent redoutables aux voyageurs ; car lorsqu'ils se sont
accoutumés à la chair humaine , ils n'en veulent plus goûter
dautre. Ces animaux se cachent de jour , et s'assemblent de
nuit en troupes de plus de deux à trois cents, lorsqu'ils mé-
ditent l'attaque d'une caravane. A leurs clameurs effroya-
bles, les quadrupèdes prennent la fuite et tombent dans
Tembuscade de quelque lion qui les dévore , tandis que la
3;» Q U A
troupe des jackals, voyant à regret sa proie entre les dénis
du roi des animaux, attend qu'il s'en soit repu pour s'en
disputer les restes. Les ruses du renard et la férocité du loup
sont assez connues. Les mœurs des belettes , des martes , des
fouines, des furets, quoique plus timides que celles des pré-
cédens , ont aussi plus d'hypocrisie , de finesse; ces anitnaux
allongés, rampans, s'insinuent partout, exercent leurs ra-
pines sur le menu gibier, détruisent plus qu'ils n'ont besoin.
Ce sont des espèces rusées, à museau pointu, et d'aulanl
plus malfaisantes, qu'elles travaillent plus sourdement;
vives et alertes , sortant plus de nuit que de jour, lorsque
tout dort dans la nature , elles s'apprêtent au carnage. Les
lièvres , les lapins , les poules , les perdrix et leurs œufs , tout
devient leur proie. On met à profit cet instinct du furet ,
pour lui apprendre à chasser pour l'avantage de Thomme ;
tous ces animaux ont de l'antipathie pour les chats. On
trouve , près des étangs et des rivières , les loutres , les
visons, les saricoviennes, aux pieds palmés et courts, au
pelage lustré , car ces animaux pêcheurs nagent et plongent
bien, sans que leurs poils prennent l'eau. Sur la terre , ils
semblent ramper plutôt que marcher, et ne sautent jamais, le
dos courbé et la queue tendue , comme les belettes ; mais
ils se creusent des terriers au bord des eaux douces, entre
les joncs , et apportent du poisson à leurs petits.
Une autre famille bien remarquable par ses habitudes,
est celle des quadrupèdes rongeurs. Ces espèces armées de
deux fortes dents incisives à chaque mâchoire , rongent ,
minent et dégradent toutes les substances végétales , telles
que les bois, les écorces , les fruits qui servent à leur nour-
riture. Ces dents, fort tranchantes, et profondément im-
plantées dans les mâchoires ," s'accroissent à mesure que le
frottement les use, et grandiroient démesurément, si l'ani-
mal ne mangeoit que des substances molles. On distingue un
rongeur, au premier coup d'œil , par son museau arqué ,
ses yeux saillans , ses pieds de devant courts, ceux de der-
rière longs, son corps ramassé, son dos recourbé, et sa
démarche sautillante. Ces animaux, en effet, ayant le train
de derrière fort relevé , sautent toujours en marchant ,
comme on le voit chez les lapins , les lièvres et autres ron-
geurs. Tous ont une fourrure douce et bien fournie ; leur
instinct est fort timide , et craint le bruit ; ils aiment les
retraites souterraines, et la plupart d'entre eux se creusent
des terriers; tels sont les lapins, les porc-épics, les mar-
mottes, le paca , l'agouti, le pilori, et une multitude de
rats , de mulots, de campagnols , de loirs, de gerboises , de
damans, etc. lis ont une ouïe délicate et une vue courte y
Q IJ A 379
qui s'accommode mieux de l'obscurité que du grand jour.
Sachant fort bien se servir de leurs paltes antérieures
pour tenir leurs alimens , les porter à leur bouche , et pei-
gner leurs moustaches ; ils boivent aussi très-rarement ^
sont toujours propres, vifs et pleins d'inquiétude. Ils témoi-
gnent leurs désirs , leur impatience par de petits cris ou des
sifflemens aigus ; très-portés à l'amour , ils sont aussi les
plus féconds des quadrupèdes. La plupart dorment beaucoup,
et passent même l'hiver dans l'engourdissement; c'est ainsi
que la marmotte, le hamster , le souslic , le bobak , le loir,
le lérot , le muscardin , les gerboises et plusieurs rats, tels
que le mongul, le jard, le tamaricin , le bétuiin, ie sikls-
tan, etc., se renferment, pendant la froide saison, dans leurs
cases souterraines , bien fermées et tapissées de mousse ,
pour y dormir tranquillement, jusqu'à ce que la douce cha-
leur du printemps les rappelle à la vie active. Ces animaux
ne mangent rien pendant ce temps ; car lorsqu'ils s'engour-
dissent à l'entrée de l'hiver, ils sont tout ronds de graisse , à
cause des fruits abondans que leur a fournis l'automne; mais
les espèces qui ne dorment point, ont soin d'amasser, dans
leur trou, des provisions pour vivre dans la mauvaise saison :
les écureuils , les campagnols rassemblent des noisettes, des
faînes , des noix , des cônes de pins ; les hamsters apportent
du blé , des pois dans leurs abajoues ; les loirs font provision
de glands, de pépins; Talagtaga , la marmotte , l'ondatra,
d'herbes, de racines; le zizel, des baies et même des rats ,
des oiseaux qu'il mange; la taupe des dunes, ler-t économe
de Sibérie, le lagure , le rat social, etc., amassent des
racines bulbeuses. Plusieurs espèces , comme le surmulot ,
le rat, la souris, le mulol , le rat d'eau, le lagure, etc.,
sont très-voraces , ne dédaignent point la chair , et même
s'enlre-dévorent lorsque le besoin les presse ; leur carac-
tère est cruel, irascible; ils font des morsures vives , et
quelques-uns ne craignent pas de se mesurer avec les chats
et les belettes. Ce sont , au reste , les plus adroits des ani-
maux pour se creuser des terriers, pour se faire des retraites ;
car sans parler de la singulière industrie du castor, qui sait
construire de grandes digues dans les rivières et se bâtir des
huttes à plusieurs étages , des cabanes de bois enduites de
terre; sans faire mention des maisonnettes de joncs de l'on-
datra au bord des fleuves ; qui n'admireroit pas les diverses
chambres souterraines que se pratique le hamster, avec
deux galeries, l'une oblique pour y jeter ses excrémens,
l'autre perpendiculaire pour sa sortie. Les terriers très-
profonds des bobaks contiennent jusqu'à vingt-quatre indi-
vidus , dont l'un va faire , de temps en temps , la ronde au-
38o Q U A
dehors, et en sifflant, comme la marmotte, avertît ses com-
pagnons de la présence des ennemis. Une foule d'autres
espèces sait tapisser chaudement: de mousse, ses petites
chamhres, destiner l'une à leurs petits, avec leur mère,
l'autre à la provision; telle autre est le vestibule, et celle-ci
une sorte de dortoir. Vous diritz que ces architectes ont
appris l'art de disposer leur logement de quelque \itruve
sauvage; l'un étançonne un terrain qui s'éboule, l'autre
divise une vaste cavité en compartimens ; celui-ci avec de
l'argile pélrie, garantit sa demeure de l'infiltration des eaux;
tel autre sèche , avec soin , ses provisions, pour les garder
pendant tout Ihiv^r ; chacun travaille selon ses forces et son
industrie; le souslic, le taupin , aiment vivre seuls ; le rat
social fait >nénage avec sa femelle et sa famille ; le rat éco-
nome de Sibérie, craignant la disette , remplit, en diligence,
plusieurs greniers souterrains de bulbes et de racines ; le
rat roux de la Tarlarie,se pratique, sous la neige des galeries,
des portiques pour passer. On assure que les lemings s'at-
troupent, dans l'automne, en immenses cohues , et, cha-
que nuit , se mettent en marche , sans quitter la ligne
droite qu'ils suivent pour chemin ; ils traversent ainsi , avec
obstination, les montagnes, les bois, les rochers , passent
les rivières mêmes à la nage, et ne se détournent jamais pour
quelque obstacle que ce soit. Les rats économes font de
même. Une foule d'autres espèces, telles que les mus c^ra-
rius , lagums , iorquatus ^ acredula de Pallas, changent de
demeure à certaines époques, comme les oiseaux de passage,
et reviennent , l'année suivante , retrouver leurs anciennes
habitations; d'autres espèces erratiques , comme les campa-
gnols, \e. mus vagiis, le bétulin , etc., voyagent de contrée
en contrée , et parlent lorsqu'elles ne trouvent plus à y
vivre ; de même les pasteurs arabes et iartares parcourent
leurs solitudes et ne s'arrêtent que dans les pâturages qu'ils
n'ont point encore épuisés.
D'autres rongeurs nichent dans les trous Aqs arbres ,
comme les écureuils, et sautent prestement de branche en
branche ; en s'accroupissant , ils s'ombragent et s'éventent
de leur queue touffue; on dit même qu'ils passent les rivières
en se servant d'une écorce d'arbre comme d'un canot. Ces
jolis animaux sont gais, vifs et fort délicats; on les appri-
voise aisément ; ils font mille tours de gentillesse; et lors-
qu'on leur donne une noix, ils savent la porter à leur bouche
avec leurs mains, et l'ouvrir en un instant pour en prendre
l'amande. Lorsque l'écureuil petit-gris voit un gros serpent
à sonnette le regarder avec des yeux hagards et une gueule
béante, le pauvre petit, tout tremblant de peur, se laisse
Q U A 3Si
tomber devant l'affreux reptile, qui le dévore sur l'heure.
L'écureuil suisse sait se creuser , sous quelque souche d'ar-
bre , une habitation à plusieurs chambres , pour y enfouir
des vivres, et , comme un avare , il cherche toujours à en-
tasser de nouveaux trésors. Le polatouche se fait un lit de
feuilles pour y dormir mollement pendant le jour, tandis
qu'il va , pendant la nuit , dérober des fruits dans les jardins,
de même que ses congénères; race de petits maïaudeurs
gourmands, semblables à ces jeunes écoliers qui pénètrent
adroitement dans les vergers , pour insulter les arbres à
coups de pierres.
Les gerboises et les kanguroos sont remarquables par
leurs grands sauts, à l'aide de leurs longues pattes de der-
rière , et de leur queue roide qui appuie contre terre ,
comme un bâton. Plusieurs espèces de rongeurs recherchent
les lieux aquatiques ; tel est le castor , l'ondatra , le cabiai ,
le rat d'eau , le caraco , le surmulot , le rat économe , le
campagnol , et presque tous les rats. Au contraire , les écu-
reuils se tiennent sur les arbres , et les coëndous, les ursons,
dont la queue est prenante, s'accrochent après leurs bran-
ches. Plusieurs espèces d'écureuils , de porc-épics , de rats ,
peuvent s'apprivoiser comme le cochon d'Inde , le lapin , etc.
Quelques-unes, comme l'ondatra, le rat d'eau, le piloris,
le rat économe , le lagure , le taupin , exhalent une odeur de
musc , surtout lorsqu'ils entrent en chaleur.
On trouve , en Amérique et en Afrique , une famille
d'animaux qui, privés de dénis pour la plupart, et d'un
naturel innocent , vivent d'insectes , de fruits ou de racines
sauvages. Les fourmiliers à long museau , avec une gueule
étroite , à toison lâche et épaisse , à poils durs comme la
bourre, marchent lentement, chaque nuit, vont en silence
déchirer , de leurs ongles robustes , les nids cartonnés des
fourmis d'Amérique ; étendant alors leur grande langue cy-
lindrique et gluante , ils arrêtent ces insectes pour en faire
leur nourriture. Retirés, pendant le jour, dans un lieu
sombre , ils peuvent supporter long-temps la faim ; cachant
leur tête entre leurs bras , et se recouvrant de leur longue
queue touffue, ils dorment exposés à la pluie et aux injures
du temps ; mais l'oryctérope du Cap de Bonne-Espérance ,
qui ressemble aux animaux précédens , se creuse un terrier.
Les pangolins et phatagins , couverts d'écaillés mobiles
qu'ils hérissent lorqu'ils sont en fureur , se roulent en boule,
la tête et la queue recouvrant le ventre , et ne présentent à
leurs ennemis qu'une masse ronde , écailleuse. On estime la
chair de ces animaux sur les tables, et surtout leur queue
grasse. Ils dorment pendant le jour , et ne sortent que de
383 Q U A
nuit , en marchant avec lenteur et précaution , pour cher-
cher leur nourriture de vermisseaux, de fourmis, etc. Ils
n'ont aucune dent, ainsi que les fourmiliers. Chez les tatous,
animaux américains , cuirassés d'un test osseux, de diverses
pièces, rangées en bandes, on trouve des dents molaires;
car Ils vivent non seulement de racines sauvages, de patates,
de melons, d'insectes et de vers , mais ils ne dédaignent ni
le poisson, ni la chair. Au reste , ce sont des espèces timi-
des, nocturnes, qui se contractent en houle à l'approche de
leurs adversaires , car ils ne se défendent point autrement,
lisse creusent des terriers où ils dorment pendant le jour ,
et deviennent fort gras; aussi leur chair est estimée; les
femelles mettent bas des petits , presque tous les mois.
Parmi les familles de quadrupèdes , 11 en est peu d'aussi
utiles pour nous que celle desruminans. L'aJjsence des dents
incisives à leur mâchoire supérieure , leurs pieds fourchus,
leur front cornu, leur vie toute végétale, leur rumination ,
le lait, le suif, la chair, les cuirs, que ces animaux nous
fournissent , la facilite qu'ils ont de s'apprivoiser, la polyga-
mie des mâles, tout les rend dignes d'une attention particu-
lière. {Voyez RuMiT^A^s.) Le genre des chameaux, espèces
sobres, nerveuses, sans cornes , mais dédommagées par des
denlscaninessupérieures,estremarquable par l'allure déhan-
chée, le long cou et le regard stuplde de ces divers individus.
Le dromadaire, le chameau à dos garni d'un ou deux cous-
sins naturels, transporte au milieu des arides solitudes l'A-
rabe ou le Maure avec son bagage et ses vivres. Au premier
signe de son maître, il s'accroupit pour qu'on le charge , et
se levant sans murmure , tourne ses pas vers l'immensité
des déserts. Content de quelques poignées d'orge de son
maître, et d'un peu d'herbes sèches et épineuses que lui re-
prochent avec avarice ces vastes mers de sable, le dromar-
dalre voyage et se délasse au chant de son maître. La nature
prévoyante lui a donné en particulier un cinquième estomac,
dans lequel U conserve de l'eau; parce qu'étant destiné à
passer sa vie au milieu des plus arides contrées de l'univers,
11 seroit mort de soif sans cette sage disposition ; aussi lors-
qu'il boit, 11 prend de l'eau pour étancher la soif actuelle et
pour celle à venir; d'ailleurs cet animal sent de fort loin
les sources; il est sobre, patient, robuste, mais obstmé , et
porte jusqu'à douze quintaux; son pas , quoique lent , est
toujours uniforme : jamais il ne se presse , et ne fait plus de
chemin que de coutume, ou ne reçoit plus que sa charge
accoutumée. Ses pieds calleux sont appropriés au sol mouvant
et sablonneux de l'Afrique ou de l'Arabie, et ses gencives ,
sa langue presque cartilagineuses, s'accommodent sanspeine
Q U A 381Î
des herLcs épineuses du déserl. Le lama des montaenes du
Pérou, à voix hennissante, porte un quintal et demi pen-
dant plusieurs jours , et lorsqu'on l'attaque , il frappe du
pied , lance une salive caustique ; lorsqu'il succombe de fa-
ligue, rien ne le force à faire un pas, à moins de lui serrer
les testicules. La vigogne dontla laine fine et rougeâire est si
estimée pour les plus fines étoffes , se lient en Iroupes sur
les froides hauteurs du Chili et de Coquimbo ; et le paco
qui ne porte pas au-delà de cinquante livres, grimpe avec
sa famille sur les hautes montagnes du Pérou. On retire d'une
espèce de chevrolain, le musc, ce parfum si recherché, que
l'animal sécrète vers son prépuce, et qui se forme plus abon-
damment au temps du rut. Ces espèces portent à la mâ-
choire supérieure deux dents canines fort longues, et vi-
vent solitaires dans les rochers les plus sauvages ; elles sont
timides et d'une extrême agilité à la course. On connoît lu
vitesse des cerfs, la beauté de leur bois, l'élégance de leur
corsage, leur ardeur et leurs combats en amour; on sait
que le renne, devenu domestique chez les Lapons, les Ja-
kutes, les Samoïèdes, leur donne son lait, sa chair , sa
peau, et les fait voyager rapidement sur les neiges, dans
leurs traîneaux ; cet animal, que la moindre chaleur fait pé-
rir, trouve le lichen dont il se nourrit , en grattant la neige
qui couvre les terres glacées du septentrion ; tandis que la
giraffe gigantesque , animal doux et prompt à la course , paît
le feuillage des plus hauts arbres de la brûlante Ethiopie. C'est
aussi dans les chaudes régions de l'Afrique et de l'Asie ; c'est
à la cime des monts et sur les flancs des collines qu'on voit
bondir les troupes légères des gazelles, aux yeux vifs et noirs,
au corsage svelte , à la marche précipitée. Leur port gra-
cieux, leur regard de douceur mêlée de fierté, leur viva-
cité, l'élégance de leur taille, leur tête couronnée de cornes
aussi belles que fortes et pointues , la sensibilité de leur ca-
ractère , la facilité aveclaquelle on les apprivoise , en font les
plus aimables espèces de cette famille de quadrupèdes. Elles
fournissent des chairs délicates, des bézoards, et une peau
très-recherchée. On connoît le naturel pétulant et lascif de
la chèvre, l'instinct qui la fait gravir sur les roches escarpées
pour y cueillir le feuillage des arbrisseaux , de même que les
antilopes. Les chèvres d'Angora sont revêtues d'une robe
longue et soyeuse, dont les poils sont recherchés pour les
f)lus beauxtissus , tels que les schalls de Kachemire. La brebis ,
e plus stupide et le plus foible peut-être de tous les ani-
maux; le bélier qui frappe de la tête , et qui, couvert d'une
chaude toison , préfère les collines sèches et un peu arides,
prend en Guinée une laine courte et des oreilles pendantes ,
384 Q U A
en Espagne et en Syrie une laine fine et longue, en Bar-
barie et en Arabie une grosse et large queue toute bouffie de
graisse. Le genre du bœuf comprend des races d'animaux
robustes et massifs qui se plaisent dans les prairies basses et
les vallées humides. Les mâles sont d'un caractère très-iras-
cible ; l'œil enflammé, le regard de travers, ils se précipi-
tent avec furie sur leurs adversaires au temps de l'amour , les
percent à coups de cornes, les renversent et les foulent aux
pieds; leurs naseaux exhalent le feu de leur colère, et leurs
longs mugissemens remplissent les forêts. La bosse dorsale
des bisons et des zébus , l'épaisse et noire crinière de la vache
de Tartarie , le maintien farouche et intrépide du buffle , les
larges Fanons du taureau , caractérisent ces vigoureux qua-
drupèdes. Souventdanslesbroussailles de l'Afrique, à l'aspect
inopiné du voyageur , un taureau sauvage lève sa tête,
ouvre les naseaux, lance des regards de colère, et tendant
la queue , se battant les flancs , fond tête baissée sur le pas-
sager, l'écrase , le déchire et disperse dans les buissons ses
membres palpitans. Lorsque , poursuivi par une meute ,
l'animal fougueux se voit près d'être atteint, il lance à plu-
sieurs pas de distance des excrémens caustiques sur les
chiens; enfin se voyant arrêté , il s'accule contre un arbre,
présente les cornes et éventre tout ce qui ose l'approcher,
défend vaillamment sa vie qu'il ne perd qu'en écumant de
rage dans les convulsions du désespoir.
Nous avons parlé du naturel des solîpèdes, tels que les
chevaux , les ânes , qui sont grands , beaux et vifs en Arabie ,
en Perse et dans tout l'Orient. Les zèbres , animaux si élé-
gamment rayés de bandes noires et blanches , courent en
hordes vagabondes dans les solitudes africaines; leur naturel
impatient du frein, leur caractère indocile, les soustrait à la
puissance de l'homme, quoiqu'ils s'apprivoisent dans la jeu-
nesse ; le czigilai fuit dans les steppes sablonneuses de la
Tartarie , se répand dans les plaines découvertes , les vallées
fertiles en herbes, et se rassemble en troupes, qui évitent
avec soin le voisinage des hommes.
Enfin , les mœurs de la dernière famille des quadrupèdes
se rapportent à la nature des lieux fangeux qu'ils fréquen-
tent; car ils sont d'un caractère lourd , d'un instinct brutal ,
d'un sentiment obtus et grossier; tels sont les cochons, les
tapirs,les rhinocéros, les hippopotames,animaux appelésbêles
brutes ou pachydermes par Aristote et quelques modernes ,
à cause de l'épaisseur et de la rudesse de leur peau , sous la-
quelle se trouve ordinairement une couche de lard. L'élé-
phant , qui appartient à cette même famille par toute son or-
.ganisalion et ses habitudes , ne s'en dislingue que par son
Q U A 385
intelligence bien supérieure à celle des genres qui lui sont
analogues, à cause de la conformation particulière de sa
trompe qui réunit le sens de l'odorat à celui du toucher. Tous
les pachydermes ont besoin de ramollir, d'assouplir con-
tinuellement leur peau dans Teau , de l'enduire même
d'une couche de boue pour l'empêcher de se gercer, et lui
tenir lieu de poils dont elle est irès-rarement couverte. En
effet , ces quadrupèdes ne portent que quelques soies rudes et
peu nombreuses. Ils ont une vue myope, louche et foible
au grand jour; leur toucher est très grossier, à Texceplion
des lèvres et du nez où ce sens paroït plus vif et plus in-
time ; leur goût extrêmement rude , les rend goulus , vo-
races ; ils avalent indistinctement les matières dont les saveurs
sont les plus révoltantes; mais leur ouïe est assez fine, et
leur odorat surtout a reçu un développement et une déli-
catesse extraordinaires ; c'est à laide de ce dernier sens qu'ils
flairent de très-loin leurs aliniens, et que leur appétit étant
vivement excité , ils ne dédaignent pas les plus dégoûtantes
nourritures. Demeurant continuellement attroupés dans les
lieux couverts et chauds, les pays profonds, marécageux,
remplis de joncs , d'herbes touffues et aquatiques , ils aiment
se vautrer dans la fange , déterrer les racines , briser les
tiges et autres substances végétales dont ils font leur nourri-
ture. Leurs dents sont grandes et fortes ; des défenses longues
sortent de leur gueule dans les espèces du sanglier, du baby-
roussa, de l'éléphant et même de l'hippopotame; chez le rhi-
nocéros, la lèvre supérieure s'allonge et peut se mouvoir pour
saisir divers objets; dans le tapir, elle forme une petite
trompe mobile d'un pied de longueur, et dans l'éléphant ,
dont la grosse tête est placée sur un cou très-court à cause de
sa pesanteur, la trompe s'allonge jusqu'à terre afin que cet
animal puisse saisir par ce moyen ce qu'il trouve à ses pieds.
Dans les cochons, le groin est terminé par un boutoir carti-
lagiheux, avec lequel ces animaux labourent le sol : les rhi-
nocéros , armés d'une corne sur le nez , et quelquefois d'une
autre petite sur le front, s'en servent pour fendre les troncs des
jeunes arbustes, dont ils écrasent la tige succulente, sous leurs
grosses mâchoires, comme nous mangeons des asperges. La dé-
marche des animaux de cette famille est pesante et indolente ,
leur port inepte , leurs manières brutales, sans être féroces ;
ils sont stupidement farouches; ies mâles souvent .poly-
games , ont des amours rustiques et sans délicatesse : toujours
affamés , ils ne songent qu'à remplir leur ventre , dorment
long-temps et profondément , vivent sans souci, salement, et
s'engraissent beaucoup; leur chair est dure, filandreuse et
indigeste. L'éléphant seul déploie des qualités remarquables
XXVîII. 2.J
386 Q TT A
d'intelligence, de prudence, d'attach Aient pour ses maîtres^
de fidélité et d'obéissance, que n'ont aucune des autres es-
pèces voisines.
A la suite de l'hippopotame, qui demeure presque également
sur la terre et dans l'eau, viennent des espèces entièrement
aquatiques , ou amphibies , comme les phoques ou veaux-
marins , les morses et les lamantins , qui font le passage des
quadrupèdes aux cétacés. Toujours plongés dans les eaux de
la mer ou desfleuves, ces amphibies ontdes pieds forméspour
la natation en manière de rames ; ils ne paroissent au-dessus
de3 flots que pour respirer et prendre leur nourriture. Les
veaux-marins viventde poissons qu'ils atteignent en plongeant.
Les morses et les lamantins broutent les plantes aquatiques-
Ces animaux s'accouplent à la manière des hommes et allaitent
leurs petits. Les lions-marins , les ours de mer , les grands
phoques rassemblent en un sérail plusieurs femelles dont ils ont
la possession exclusive , et combattent même avec un achar-
nement sans exemple pour se la conserver. Lorsque leurs
petits sont prêts à naître , ils émigrent en bandes nombreuses
dans quelques îles désertes, et les mères se posent sur la grève
pour y accoucher; elles ont soin de conduire à la mer leur
jeune famille , de l'apprendre à nager habilement , sans
craindre les flots et la tempête. Ces animaux sont curieux,
toujours au guet , se placent sur quelque roche élevée et soli-
taire pour dormir ; ils ronflent alors profondément. Leur ca-
ractère est irascible, extrêmement hargneux ; on prétend que
dans leurs combats, ils ne cherchent qu'à défendre leur droit;
ils se mettent toujours du côté de la justice , de l'équité, ont
soin de secourir les foibles , prennent parti dans toutes les
querelles , de sorte que la guerre s'allume chez tous et de-
vient universelle. Au reste, ce sont des races dures, pres-
que insensibles aux blessures , excepté à celle du nez; sales ,
voraces , ils s'engraissent beaucoup au milieu des bancs
épais de harengs , et les oiseaux de mer les poursuivent
avec acharnement , pour leur faire vomir leur proie et s'en
emparer à leur tour. Les lamantins , d'un caractère inno-
cent, viennent sur les bords des fleuves y paître sans cesse
les joncs et les autres plantes; toujours en familles, ils sem-
blent se plaire à voir l'homme, s'il ne leur fait aucune in-
sulte, et se délecter aux accens de sa voix ou de ses instru-
mens , comme les dauphins se rassembloient jadis au son de
la lyre d'Arion. Le mâle se contente d'une seule femelle ,
qui , fuyant d'abord par mille détours, cède enfin à ses désirs,
et qui, devenue mère, allaite son petit, le transporte sur
son dos au milieu des ondes, jusqu'à ce qu'il ait la force
de la suivre à la nage. Les morses ou vaches-marines et les
Q U A 38/
dugongs, armés de deux longues défenses à la mâchoire
supérieure, viennent en bandes creuser le sable des rivages,
pour s'y reposer à leur aise ; ces animaux mugissent comme
le bœuf et ronflent en dormant. Leur lard esi , dit-on , d'un
goût agréable, et leur peau sert à faire des soupentes de
carrosses.
On peut consulter , à l'article Cétacés , ce que nous avons
dit de cette famille d'animaux, qui doit se placer naturelle-
ment à la suite de ces quadrupèdes amphibies.
De l'influence des lieux d'habilation et des saisons , des climats sur
r organisation des quadrupèdes.
En décrivant les mœurs des quadrupèdes , nous avons
parlé des émigrations de plusieurs espèces, et des lieux que
préféroit chacune de leurs familles. Ainsi les singes ne se plai-
sent que dans les forêts de haute-futaie et sur les grands
arbres; les chauve-souris dda(|||es rochers; les carnassiers dans
les retraites des bois et des montagnes; la plupart des ron-
geurs dans les broussailles , les champs , et les halliers ; les
ruminansau sein des prairies ou sur les collines : lessolipèdes
au milieu des plaines où ils puissent exercer en liberté leurs
membres à la course; les bêles brutes dans les terrains fangeux
et profonds; enfin, les amphibies parmi les eaux des fleuve»
et des mers. Nous apercevons même dans cet ordre de pré-
férence , des rapports entre la nature des lieux et la com-
plexion de chaque famille ; car , plus les espèces préfèrent
les terrains bas et aquatiques , plus elles sont d'un tempé-
rament humide , d'une chair molle , d'un caractère apathi-
que et stupide , tout adonné à la vie brute ; tels sont les am-
phibies et les bêtes brutes; au contraire, plus les races re-
cherchent un sol élevé et sec, comme les singes, les makis,
les écureuils , qui se tiennent constamment sur les arbres,
loin de la fange de la terre , plus aussi leur structure est dé-
licate , leur sensibilité vive , leur intelligence développé^, et
leurs mouvemens sont prompts en comparaison des autres
races. De même, les familles qui se tiennent d'ordinaire sur
les hautes montagnes, telles que les, chèvres, les gazelles, les
chevrotains, ou même dans les plaines arides, comme les che-
vaux, les zèbres, les czigitais , les onagres, ont une structure
nerveuse et fine, une taille svelte et l'habitude de l'agilité et
de la vigueur. Ceux d'entre les quadrupèdes qui ne vivent ni
parmi les lieux très-secs, ni dans des terrains trop humides ,
gardent aussi le milieu entre les caractères de ces deux ex-
trêmes , et les animaux qui se tiennent au milieu des âpres
rochers , des monts escarpés et sauvages , comme les ours,
les lions, les tigres et les hyènes, ont aussi contracté une fé-
388 Q U A
rocïté de courage et une rudesse de mœurs tout-h-fait ana-
logues à leur demeure ; mais les quadrupèdes des pays doux,
fertiles et cultivés par l'homme , se sont en quelque sorte po-
licés en vivant près de lui, de même que le chien a perdu
en sa compagnie son ancienne férocité, le bœuf sa fierté
primitive, et la chèvre sa liberté vagabonde Nous avons
dompté leurs qualités excessives, et les loups , les renards de
nos bois n'ont pas, à beaucoup près, autant d'audace
et de courage que .ceux des pays déserts qui n'ont jamais
senti , comme ceux-ci , tout ce que pouvoit le bras de
l'homme.
D'ailleurs, les températures influent beaucoup plus sur les
animauxque sur nous-mêmes, parce qu'ils sont exposés a toute
l'inclémence des airs, tandis que nous savons nous vêtir, nous
chauffer et nous rafraîchir , nous loger , enfin, nous .oustraire
par toutes sortes de moyens, au^randes et rapifles mutations
deratmosphère;mais aussi nougPé pouvons pas prévoir les va-
riations aériennes, les changemens de temps, de même que les
quadrupèdes. Les animaux qui s'engourdissent en hiver savent
quand il faut se renfermer dans leur retraite , et quand il faut
en sortir. L'ours, le hérisson, connoissenl les vents. Les autres
carnivores savent aussi de quel côté ils soufflent, afin d'éventer
leur proie. La froide bise fait rentrer les quadrupèdes dans
leurs tanières. Le vent du midi, précurseur des orages, rend
les animaux inquiets : le sanglier, le cochon, dispersent alors
la paille avec leur groin ; la génisse, le cou tendu, les naseaux
ouverts, semble aspirer la tempête ; la marmotte, le bobak,
aux premières pluies de l'automne, rappellent par des siffle-
mens aigus leurs compagnons égarés pendant la brume du
matin; le chat, au coin du foyer, frotte sa tête et lèche sa
patte lorsque le ciel annonce la pluie, et la main passée sur
son dos, n'en tire plus d'étincelles électriques.
Les quadrupèdes tenant aussi de plus près que nous au
climat, tant par l'influence immédiate qu ils en reçoivent,
que par les nourritures toutes crues et non apprêtées qu'il
fournit , surtout aux races herbivores et frugivores , ils doi-
vent en éprouver de grandes mutations. C'est ainsi que le
même animal revêt une forme différente dans les diverses
contrées de la terre. La Syrie donne h la chèvre, au lapin, à la
brebis, au chat, un vêtement soyeux et long comme les habits
orientaux, tandis que le froid du septentrion couvre ces ani-
maux d'une bourre épaisse et touffue, et que la vive chaleur
de la Guinée, du Sénégal, dépile presque entièrement ces
espèces, ou ne leur laisse que des villosités clair-semées et fort
courtes. D'ailleurs, les mêmes animaux deviennent lourds et
massifs dans les vallons creux et humides, sveltes et légers sur
Q tJ A 389
les terrains élevés el sablonneux, maigres dans les pays chauds
el < n été , gras dans les régions froides et en hiver. Le chien
presque sans poil, appelé chien tiirc^ se trouve entre les con-
trées les plus ardentes de la terre, tandis qu'en Sibérie, en
Islande, il se revêl d'une fourrure épaisse et très-chaude. Les
cochons, les chevaux, etc., prennent même, dans ces climats
froids , des poils plus longs et plus laineux. Les espèces qui
vivent sur les montagnes sont aussi mieux habillées que celles
des plaines et des vallées profondes où la chaleur est plus
concentrée. Les nuances du pelage varient aussi par les mê-
mes causes: sous les cieux ardens de la torride , toutes les
couleurs sont vives, brunes, prononcées ; mais pâles, déteintes
et comme lavées dans les climats tempérés; elles deviennent
blanches , mates , dans les plus froides régions de la terre.
Ainsi, le lynx, dont la robe est d'un roux vif tacheté de noir
vers le midi, devient presque blanc avec de légères impres-
sions noirâtres dans le nord. Plusieurs animaux blanchissent
par le froid extrême , comme les hermines , les belettes, les
taupes, les ours, les renards gris, l'isatis, les chiens de Sibé-
rie, d'Islande , les lièvres variés, les écureuils suisses, les
écureuils communs, les castors et diverses espèces de souris,
de rats , etc. La plupart des animaux à poils naturellement
blancs ou gris pâle, ne craignent pas le froid, et même habi-
tent dans les régions septentrionales , tandis que les races
dont les couleurs sont foncées , vives , animées, se tiennent
dans les pays chauds. La robe des léopards , des tigres , des
panthères, est d'un fauve très-vif, avec des raies ou des mar-
ques bien tranchées; il en est de même du zèbre, de la giraffe.
Les singes qui se tiennent entre les tropiques, ont des teintes
fortes et animées; c'est ainsi que le marikina, le tamarin, le
saki, les alouates, le coaïta, la mône, le patas, le callitriche,
la diane, l'ouanderou, les mandrills, les gibbons, les pilhè-
ques , ont des couleurs très-prononcées et qui tiennent plus
du brun et du fauve que des autres nuances. Dans le Nord ,
on trouve, au contraire, des ours blancs, des hermines, des
renards gris, des isatis, des rennes, des orignaux, des lièvres
des Alpes, des écureuils et des rats, dont les teintes sont
généralement pâles et grisâtres. V. Albinos.
Non-seulement l'âge fait varier les nuances du pelage des
quadrupèdes, mais ils éprouvent chaque année un renou-
vellement de poils, et même d'épiderme. C'est ce qu'on ap-
pelle la mue. Voyez à la suite de Métamorphose. Elle ne se
fait qu'après la gestation des femelles et après l'accouplement
dans les mâles. C'est alors que les bois des cerfs, des rennes,
des élans , des daims, des chevreuils, se dessèchent et tom-
bent ; il en croît de nouveaux en leur place, pour la saison
390 Q U A
d'amour qui doit suivre. En effet , lorsque les animaux onl
engendré, ils sont affoiblis, épuisés de cet effort de vie ; leurs
membres n'ont plus la même vigueur, le même embonpoint;
plusieurs individus meurent à cette époque ; les autres sont
quelque temps à se refaire ; cette secousse de l'économie ani-
male fait périr la racine des poils et l'épiderme, qui se déta-
chent comme les feuilles des arbres en automne. Cependant
il renaît de nouveaux poils et un nouvel épiderme en place
de ceux qui tombent.
Dans les espèces qui, comme l'homme, trouvent une
nourriture également abondante pendant toute l'année , la
mue s'opère insensiblement ; les nouveaux poils remplacent
aussitôt les anciens ; mais la mue est plus visible chez les
espèces qui n'ont pas toujours des alimens à souhait ; tels sont
les carnivores , parce que la restauration des forces n'est pas
aussi prompte que la déperdition. Au reste , ce renouvelle-
ment n'est pas particulier aux seuls quadrupèdes , mais il
s'étend aux autres espèces d'animaux, et même aux arbres
et autres végétaux vivaces qui se dépouillent chaque année.
Les animaux qui font plusieurs portées par an, n'engendrent
Î)oint dans le temps de leur mue; car c'est une sorte de ma-
adie et d'affaissement de toute l'économie animale, un repos
nécessaire à la vie pour ressaisir ses forces.
Il est remarquable que les seuls quadrupèdes vivipares
soient pourvus de poils , parmi les animaux à sang rouge ;
car bien que l'éléphant, l'hippopotame, le rhinocéros, soient
presque tout nus, cependant ils portent quelques soies en
diverses parties du corps, surtout durant leur première jeu-
nesse. Les tatous , couverts d'un test osseux ; les pangolins
et phatagins, protégés de leurs écailles, ont des poils sous le
ventre; les porc-épics, les hérissons, les échimys , armés de
piquans, ont aussi des poils, et les pointes même qui les
couvrent sont des espèces de poils plus gros, plus roides et
plus aigus que les autres. Les soies rudes des sangliers , les
crins des chevaux, la laine des vigognes , des chameaux et des
brebis, le poil plat et court des veaux-marins, la bourre gros-
sière des paresseux, des fourmiliers, sont des variétés de poils
comme le velouté des hermines , des castors , des taupes,
comme les longs poils flottans et soyeux des animaux d'An-
gora. Il y a des chats, des lapins, des chèvres, des béliers
d'Angora dont la dépouille est très-recherchée pour la fa-
brication des plus fines étoffes ; cet allongement des poils des
animaux dans la Syrie, paroît dépendre des influences locales,
soit du sol, soit de l'air, soit des nourritures , soit de quelques
autres circonstances encore inconnues. Les animaux aqua-
tiques ont des poils fort gros et clair-genics ; dans le bec d'oi-.
Q U A 391
%e9.Vi {prnithûrhynchus) , ces poils sont aplatis à leur extrémité,
et, en général, cet animal a une conformation intérieure qui
le rapproche plutôt des animaux ovipares que des vivipares,
de sorte qu'il ne paroîtpas devoir être compris dans la classe
des mammifères , puisqu'il manque de mamelles. Peut-être
est-il ovipare , bien qu'il ait les principaux caractères des
quadrupèdes à sang chaud. (F, Everard Home, Descr. anatom.
àzns les Phi/osophical Transactions, 1802 , part, i.)
Les animaux mâles, dans la vigueur de l'âge, prennent des
couleurs plus vives et plus intenses que celles de leur jeunesse
et de leurs femelles. Ces dernières couleurs sont toujours
pâles, lavées, et annoncent la foiblesse des individus; tandis
que les teintes fortes et prononcées, relativement aux cou-
leurs naturelles à l'espèce, indiquent une mâle énergie. Il en
est de même chez les hommes ; car les individus à cheveux
blonds n'ont pas la même vigueur que ceux à cheveux noirs et
à peau brune. F. Dégénération,
Il en est à peu près ainsi de la taille des animaux ; car dans
les terrains bas et humides, les vallons fertiles, les climats
doux, les mêmes races de quadrupèdes prennent plus de
corps, de procérité et Jl'embonpoint que sur un sol aride,
élevé, parmi les terres stériles, pierreuses, les climats rigou-
reux. Voyez combien les chevaux, les bœufs de Flandre et
des gras pâturages de la Suisse, sont plus gros et plus grands
que les petits bœufs nerveux des montagnes d'Ecosse, ou les
chevaux secs et fins de Barbarie. En effet , on conçoit que
les corps étant plus relâchés et plus amollis dans les terrains
profonds et un peu humides, doivent mieux se prêter à la force
d'accroissement et d'expansion, que les tempéramens secs et
fibreux des lieux arides; c'est aussi pour cela que les Flamands
ont un corps plus massif que les montagnards des Alpes (F.
le mot Géant). De même, la chaleur, aidée de l'humidité,
produit cesgrandesellourdes machines animées, leséléphans,
les rhinocéros, les hippopotames; tandis que la sécheresse
n'enfante que les petites espèces de quadrupèdes : les écureuils
les polatouches , les chauve-souris, les sapajous, qui vivent
moins sur la terre que sur les arbres et dans la moyenne ré-
gion de l'air. Aussi la plupart des quadrupèdes des pays chauds
sont plus gros , en général, que ceux des climats froids et sté-
riles; les giraffes, les buffles, les bubales, les tapirs , les cha-
meaux, les lions, les tigres, indépendamment des éléphans ,
des hippopotames, des rhinocéros, sont des races bien plus
massives que cette multitude de rats, de belettes, de zibelines,
de hérissons , de marmottes , de loirs, de renards , qui peu-
plent les montagnes des pays froids. lien est de même des oi-
seaux el des reptiles ; car les autruches, les casoars, les émeus.
392 0 U A
sont bien plus gros que les volatiles de nos climats, et les cro-
codiles et les immenses scrpens boas ne trouvent aucune
proportion avec nos petits lézards et nos minces couleuvres.
Chaque partie du monde empreint même un caractère spé-
cifique sur les animaux qu'elle produit. Le port, les habitudes,
l'allure, le maintien, décèlent les lieux originaires de chaque
espèce, aux yeux de quiconque les observe. L'Asie nous en-
voie des bêtes plus grandes, plus monstrueuses, qui ont je ne
sais quoi de superbe et de pompeux. L'Afrique nous présente
des animaux dont la variété des couleurs, l'aspect hideux et
noir, la démarche oblique, annoncent quelque chose de per-
fide et d'atroce dans le caractère; les espèces qui nous vien-
nent d'Amérique ont quelque chose de mou, d'efféminé , de
timide dans la structure et dans les moeurs, et en même temps
de gai, de facile dans les habitudes ; tandis que les animaux
d'Europe montrent des manières plus décidées, un carac-
tère de vigueur , une sorte de franchise dans les mœurs, et
des formes plus rudes, plus fermes et mieux prononcées. Les
animaux des montagnes très-élevécs sont, comme les plantes,"
tout ramassés, rabougris; leur allure est vive, étourdie ; tan-
dis que ceux des bas-fonds humides ont je ne sais quelle
lenteur, quelle lâche indolence avec un corps mou, apathique
et de gros membres lourds. Ces caractères , reconnoissables
surtout dans les quadrupèdes qui sont plus attachés au sol
terrestre que les autres classes d'animaux, se remarquent à
plus forte raison sur les plantes (i), et paroissent dépendre
de la nature parliculière de la terre dans ses diverses régions.
A voir les quadrupèdes dispersés au sein des continens, on
pourroit penser, qu'ayant la faculté de se mouvoir, ils chan-
gent à leur gré de climats, et vivent sous tous indifféremment.
Il n'en est pas ainsi,quoiqu'on remarque quelques émigrations
de certaines espèces : par exemple, celles descouaggas,des czi-
gitais , et des troupes de chevaux sauvages , ou les sorties des
loups , des ours, des sangliers, des cerfs des vastes forêts du
Nord, ou les départs des lemings, des campagnols, des veaux-
marins ; les voyages , d'un canton à un autre, des bandes de
singes, des hordes de gazelles , des troupeaux de rennes, etc.
Mais ces petits changemens sont presque imperceptibles, et
se rétablissent d'eux-mêmes par le retour de ces animaux
dans leur première demeure. Voyez Migration des ani-
maux.
(i) Nescio qufe faciès torva , sicca, obscura Afris (plantis) , quae
superba , exaltata Asiaticis , qiiae Isela , glabia Americanis , quae coarc-
tata , indurata Alpinis. Philos, lotan. LinNjEI , pag. iiq , éd.
Willdenav.
Q U A 393
Gomme chaque espèce tient à un climat par la tempéra-
ture qui lui est convenable, elle y est aussi fixée par la nature
de ses alimens ; en effet, les races herbivores ne peuvent pas
être fort nombreuses dans les contrées très-froides qui ne
donnent des plantes qu'avec parcimonie , ou dans les déserts
arides, caries végétaux n'y peuvent croître ; mais ces mêmes
herbivores vivront principalement dans les régions tempérées
qui fournissent une multitude d'herbes succulentes. Les ru-
minans habitent ainsi de préférence les zones tempérées du
globe. Comme les pays froids empêchent le développement
des plantes au-dessus du sol, leurs racines y deviennent en
revanche plus nourries , plus grosses et plus nombreuses ; il
arrive de là que les frugivores qui vivent sous terre, s'y multi-
plieront; aussi voyons-nous les rongeurs répandus en grande
quantité dans les contrées du Nord, qui produisent d'ailleurs
un grand nombre de fruits secs ; tels que les cônes de pins ,
les faînes, les noisettes, les noix, etc. Au contraire , les tem-
pératures chaudes étant très-favorables à la production des
fruits , tels que les bananes , les papayes , les goyaves , les
mangues, les pastèques, les corossols, les oranges, les fruits
à pain , etc. , il est naturel que de telles contrées nourrissent
un grand nombre de frugivores, comme les singes, les makis,
les indris, les galéopithèques et autres animaux qui savent
très-bien grimper sur les arbres , par cette même cause.
Comme le petit nombre de végétaux dans les pays. froids et
les déserts seroit bientôt détruit en entier par les herbivores,
s'ils y devenoient trop abondans, il a été nécessaire de dimi-
nuer leur quantité , en lâchant des races carnivores qui leur
font la guerre ; et comme l'immensie abondance des végétaux
qui naissent dans les régions ardentes des tropiques, y nourrit
une multitude d'herbivores et de frugivores, les races carnas-
sières s'y sont multipliées en abondance par la même raison.
Ainsi les grands herbivores, tels que les éléphans, les rhino-
céros , les hippopotames , faisant une énorme consommation
de plantes , n'ont pas pu s'établir dans le Nord, avare de
productions , indépendamment de la froidure que ces ani-
maux ne supportent pas. Voyez à l'article de I'Eléphant, les
raisons de douter que ces animaux aient pu y subsister avec
le climat d'aujourd'hui. Peut-être aussi qu'une longue habitude
passée en nature du père aux enfans , de supporter la tempé-
rature de son climat, fait que les espèces des pays froids ne
peuvent pas plus supporter la chaleur des tropiques, que les
animaux de la Torride ne peuvent s'accoutumer à la froi-
dure des pôles. Les races des zones tempérées peuvent , au
contraire , s'acclimater avec bien moins de peine dans les
deux extrêmes , parce qu'elles ont déjà la moitié du chemin
3g4 Q U A
fait pour y parvenir ; aussi les animaux domestiques , qui
nous ont suivis par toute la terre, comme le cheval, le chien,
le bœuf, la chèvre , la brebis , sont originaires des contrées
tempérées; c'est pour cela que leur nature est plus flexible
et plus modifiable. Quoique l'homme soit probablement né
d'abord dans les climats les plus chauds , comme nous l'an-
noncent sa nudité et ses grands rapports de conformation
avec les singes , il a pu se répandre en tout pays, parce qu'il
sait se soustraire à la rigueur des saisons et aux intempéries
de l'atmosphère. V. Habitation.
U faut nécessairement que les différens animaux aient été
formés par la sage Providence pour vivre exclusivement dans
une région du globe plutôt que dans une autre , puisqu'ils ne
peuvent en changer indifféremment , soit à cause de la diver-
sité des températures du sol , soit en raison des nqurritures.
Nous voyons même chaque espèce circonscrite sur la terre
entre certaines limites si insurmontables, qu'elle périt lors-
qu'elle veut les franchir. Et ne remarquons-nous pas qu'un
habitant d'Europe devient malade et meurt souvent aux Indes,
qu'un Lapon ne peut pas vivre loin de sa patrie, qu'un mon-
tagnard suisse sortant de ses roches a le hemvé ou la maladie
du pays ? Qui ne sail pas que nos corpsprennent la teinte de
notre pays natal .'' qu'ils s'habituent à son air , à ses qualités,
à ses émanations, à ses productions , au genre de vie qu'on y
mène , et que nous contrarions notre nature en voulant for-
cer ces longues accoutumances ? Elles s'impriment même
dans la structure du corps ; c'est ainsi qu'on distingue , avec
un peu d'observation, la physionomie des hommes de chaque
nation; preuve que si tous les hommes se ressemblent en gé-
néral, ils diffèrent aussi en particulier; il en est, à plus forte
raison , de même parmi les quadrupèdes , parce qu'ils sont
bien plus nûment exposés que nous aux chocs divers des élé-
niensetaux influences des climats.
La disposition des races d'animaux sur le globe terrestre,,
dépendant principalement des degrés de température de
chaque climat, doit être en zones parallèles à l'équateur. Les
chaînes de montagnes étant plus froides, à cause de leur élé-
vation, que la région basse où elles sont placées, nourrissent
aussi les animaux et les plantes des pays dans lesquels la froi-
dure est correspondante. C'est ainsi que les Alpes, les Pyré-
nées, les monts Carpathes, la chaîne de l'Oural , de l'Altaï,
du Caucase, celle duThibet, du Liban, et les hautes monta-
gnes d'Afrique , ces pyramides de la nature, portent sur
leurs cimes glacées des animaux et des plantes qui ne se trou-
vent que vers les contrées polaires; tandis que les bas- fonds ,
kiS vallées creuses, où la chaleur est forte et réverbérée, peu:
Q U A 395
vent nourrir des végétaux et des animaux qui ne prennent
leur origine que sous les deux ardens des tropiques. Les pro-
ductions vivantes des pays chauds sont donc plus susceptibles
de s'acclimater dans les terrains bas, et celles des climats gla-
cés dans les sites élevés. Le globe terrestre peut être com-
paré à deux énormes montagnes d'un égal diamètre, qui se-
roient accolées par leur base comme les deux moitiés d'une
sphère. Les pôles sont en effet à l'égard de l'équaleur , ce
qu'est une haute montagne pour les profondes vallées qui
sont à son pied; et celles-ci sont à son sommet , ce qu'est la
ligne équatoriale pour la zone glacée des pôles , toute pro-
portion gardée.
De r empire de l'homme sur les quadrupèdes, et de remploi qu\'l en
fait sur le globe.
Les desseins de la Providence en créant l'homme, se mani-
festent surtout par les êtres qu'elle nous donne comme auxi-
liaires et comme ministres de notre empire sur toute la
terre.
Que seroit l'homme, en effet , sans les quadrupèdes ? Ne
resteroit-il pas éternellement sauvage et hors d'état de com-
poser une société un peu nombreuse .■* car il est évident que
nulle agriculture ne pourroit être établie régulièrement ; et
alors sans partage de terres, ni propriétés fixes , on ne voit
plus que des tribus errantes et nomades. Voilà pourquoi le
Nouveau-Monde , qui manquoit de nos bœufs , de nos che-
vaux, ou du chameau et des autres bêtes de somme ou de
trait , comptoit tant de nations sauvages. Les seuls Mexi-
cains et Péruviens , qui avoient apprivoisé le lama, étoient
parvenus à fonder des états fixes et assez puissans.
D'ailleurs, de quelle nourriture animale vivroit l'homme,
au milieu des continens , sans les quadrupèdes ? Nous conce-
vons que la pêche suffise au bord des mers ou près des lacs ,
des fleuves poissonneux ; mais des oiseaux, quelques repti-
les, ne sont pas une proie habituelle et suffisante pour chaque
jour, à des peuples noujbreux; il étoit donc impossible que
les nations s'accrussent beaucoup sans quadrupèdes, puisque
la vie végétale seule fournil peu, sans l'agriculture surtout. Il
ne croît pas en tout climat l'arbre à pain ou des palmiers
couverts de fruits abondans.
Mais la sage nature en a décidé autrement pour notre
bonheur et notre puissance sur le globe. Si elle y a placé des
lions et des tigres , c'étoit pour régner sur des races inférieu-
res, et y établir une pondération par la force, en supprimant
des herbivores trop nombreux , relativement à la quantité de
végétaux. L'homme, dont le sceptre devoil s'étendre partout,
SgS Q U A
s'est fait, comme l'a bien remarqué Buffon , un auxiliaire
puissant du chien qu'il amène avec lui par toute la terre ,
pour conquérir et dompter les autres animaux, afin d'assujet-
tir les doux et les dociles pour notre usage , et d'exterminer
les rebelles ou les plus féroces.C'est ainsi que nous modifions
le chien avec le plus d'aisance ; c'est lui qui peut le mieux
nous servir par sa fidélité , sa docilité , son intelligence et son
courage. Il semble lire dans les yeux de son maître ses moin-
dres volontés; il voudroit prévenir ses désirs par sa complai-
sance ; il sait également plaire et devenir utile. Instrument
vivant dont nous pouvons disposer à noire gré , c'est encore
le seul, le véritable ami qui ne vous abandonne jamais dans
l'infortune , qui vous défend au péril de sa vie. Il s'accou-
tume avec le pauvre comme avec le riche, et se fait à toutes
les conditions. C'est le chien qui conduit l'aveugle, qui relire
son maître du milieu des eaux , qui le délivre des mains des
brigands, et qui ne peut survivre à la perle de celui qu'il
aime. C'est encore cet animal tempérant et obéissant qui
conserve avec soin la propriété de ses maîtres , qui rapporte
une proie sans y toucher, et qui vient lécher avec soumission
la main qui le frappe. Il sait supporter jusqu'à nos injus-
tices , et n'a d'autre défense contre nous que la plainte , la
douceur et la patience , quoique ardent, fier et féroce contre
tout autre. Nous pouvons, il est vrai, tirer de grands avanta-
ges des autres animaux; toutefois les plus gros elles plus forts,
tel que l'éléphant , coûtent beaucoup à nourrir , à con-
server. Devenu notre captif, l'éléphant peut nous compren-
dre, obéir à notre commandement ; mais cette lourde ma-
chine est plus faite pour l'ostentation que pour l'utilité de
l'homme ; elle ne peut lui servir que dans quelques occa-
sions : le chien est, au contraire, le serviteur à portée, et dont
on a besoin à tous momens. Le cheval, par ses services jour-
naliers , peut bien balancer l'utilité du chien ; mais il n'est
pas , comme ce dernier, un compagnon , un ami sincère qui
vous suit, qui vous caresse, qui vit avec vous sans cesse. Quoi-
que le chat soit aussi un domestique de la chambre , il n'a
pas pour l'homme rattachement du chien ; il ne vient vers
vous que pour être caressé ; il est traitre , infidèle , fausse-
ment doucereux ; sous un aspect bénin , il cache un cœur
méchant et une âme sanguinaire.
Il est vrai , l'homme est bien injuste envers les animaux
qu'il asservit ; il maltraite le plus ceux qui le servent le
mieux. Ce n'éloit point assez que le bœuf, accoutumé au
joug , traçât péniblement des sillons, prodiguât ses peines et
ses sueurs pour faire croître le blé dont cet humble animal ne
profite point ; falloit-il , sur ses vieux jours , conduire à la
Q U A 397
boucherie cet innocent serviteur ? La vache qui nous pro-
digue son lait , la douce brebis qui nous offre sa toison dé-
voient elles attendre, pour leur récompense, une mort
cruelle de la main de celui qu'elles comblèrent de leurs
dons ? Ce vieux coursier , qui tant de fois sauva son maître
des dangers, au péril de sa vie, et triompha dans tant de
combats, devoit il succomber entre les mains d'un avare
écorcheur , ou finir sa carrière sous les indignes traitemens
d'un brutal voiturier ? Tandis que le pauvre animal expire
sous les coups, son maître, jouissant des faveurs de la for-
tune , oublie le serviteur fidèle qui les lui mérita , et qui
achève sa vie sans se plaindre de l'ingratitude des hommes.
C'est ainsi que les heureux traitent les misérables qui se sont
sacrifiés pour eux, et l'injustice a été souvent le seul prix du
sang versé pour la défense de l'Etat.
En partageant les avantages de la sociabilité avec l'hom-
me , les quadrupèdes y perdent non-seulement leur indé-
pendance ; mais ils contractent encore des maladies et un
affoiblissement qui dégrade leur espèce. Quand les épizoo-
ties ne viendroient pas ravager les troupeaux, qui pourroit
rendre à ces animaux le courage et la vigueur du tempéra-
ment, fruits de la liberté et de l'état sauvage ? Ce sont nos
soins, nos abondantes nourritures qui les amollissent, leur
ôtent la santé ; de même que l'état social nous expose à un
plus grand nombre d'incommodités que la vie rustique et
sauvage. Nous ne pouvons dompter les animaux qu'en les
énervant de corps ; nous nous les attachons en les rendant lâ-
ches, en les mettant dans l'impuissance de se passer de nous;
car les animaux les plus courageux sont aussi les moins sus-
ceptibles de s'apprivoiser ; et la captivité à laquelle les au-
tres se soumettent , n'est qu'une marque de la foiblesse de
leur caractère. Que pouvoit-il leur manquer dans l'état de
liberté ? La terre, toujours parée de sa verdure , leur offroit
des alimens sains , agréables , et une table toujours servie;
les vastes forêts leur donnoient des retraites et des ombra-
ges ; s'ils avoient à craindre les armes de l'homme, en ont-ils
moins à redouter aujourd'hui en se soumettant à lui ? Ne
dispose-l-il pas à son gré de leur vie ? Ménage-t-il leurs tra-
vaux et leurs sueurs ? Ne prodigue-t-il pas leur sang pour
ses plaisirs, et dans son caprice ne se joue-t il pas de leurs
douleurs? Non-seulement il les Immole à ses moindres be-
soins , mais il les déforme, il les mutile ; aux uns , il retran-
che les oreilles et la queue ; il prive les autres des organes de
la reproduction ; il engraisse celui ci pour le dévorer dans
ses festins ; il empêche celui-là de croître pour en faire son
Jouet ; il lui faut des variétés, des monstruosités ; il confond
398 Q U A
les espèces et veut étendre son empire jusque sur les pluâ
doux senlimens de la nature, sur ceux de l'amour. C'est ainsi
qu'il crée des mulets par des liaisons adultères, qu'il mélan-
ge les races et forme toutes ces variétés de chiens , de chats,
de lapins, de brebis, de bœufs, de chevaux, que nous voyons
naître et multiplier aujourd'hui.
Dans l'état de nature, lorsque l'animal est malade, l'ins-
tinct lui indique ce qu'il doit faire. Le chien , mâchant du
gramen , s'excite à vomir ; le loup se purge avec certains
champignons ; le cerf blessé cueille , dit-on , le dictamne ,
plante vulnéraire; le repos et la diète , ces deux grands méde-
cins de la nature , dont nous ne savons plus reconnoître
l'utilité, les guérissent bien plus sûrement de leurs maux que
les drogues dont les hommes s'empoisonnent. Ils n'ont d'ail-
leurs ni les inquiétudes qui nous rongent , ni le corps usé
par les débauches ou les excès ; leurs nourritures , toujours
simples, ne les excitent point à manger au-delà de leurs be-
soins. Endurcis aux fatigues et accoutumés aux intempéries de
l'atmosphère , ils ignorent toutes les maladies inventées par
notre mollesse et préparées par nos propres soins ; en leur
donnant nos besoins, en les amollissant par les précautions
que nous prenons pour eux , nous leur avons fait partager
nos misères , et payer quelques frivoles avantages de tout le
prix de leur santé et de leur bonheur. V. Instinct.
Comme c'est pour notre avantage, et non pour celui des
animaux, que nous les asservissons , nous ne cultivons en
eux que les qualités qui nous sont utiles , et négligeons tou-
tes les autres : nous attirons ces animaux à nous ; mais il ne
peut se faire aussi que nous ne participions en quelque façon
à certains caractères qui leur sont propres. Voyez ces hom-
mes qui passent leur vie auprès des animaux, comme les bou-
viers, les bergers, les braconniers , les gardes de bestiaux,
les palefreniers, ils retiennent toujours du naturel des espèces
dont ils prennent soin; ils contractent des manières analo-
gues; ils prennent même l'odeur de ces animaux, car vivant
sans cesse au milieu d'eux et étudiant leurs mœurs, ils adop-
tant peu à peu leurs habitudes , de la même manière que
nous ressemblons à ceux que nous fréquentons souvent. C'est
ainsi que l'homme devient lourd et grossier avec le bœuf, sale
et gourmand avec le cochon, simple avec les moutons, cou-
rageux et habile chasseur avec le chien, etc. De même l'A-
rabe est sobre comme le chameau, le Tartare brutal comme
ses chevaux , le Lapon craintif comme le renne , l'Africain
lascif avec le singe , le montagnard léger avec la chèvre, et
l'Indien lent et réfléchi avec l'éléphant, parce qu'il faut que
nous nous prêtions à la nature de ces animaux , lorsqu'ils ne
Q U A 399
peuvent pas se prêter entièrement à la nôtre. De même le
chien devient féroce avec le boucher, humble avec le pauvre
fier et dédaigneux avec le grand seigneur; car il se fait au ton
de son maître et reçoit Tempreinte de ses vices comme celle
de ses vertus.
Il y a des animaux que nous ne privons que pour satisfaire
notre curiosité ; tels sont les singes, les hérissons, les cochons
d'Inde , les écureuils , etc. Nous aimons voir enchaînés les
quadrupèdes féroces, comme les lions , les tigres , les ours ,
les léopards; la terreur que ces animaux inspirent ne pou-
vant nous atteindre , nous jouissons de notre supériorité , et
nous nous enorgueillissons d'avoir pu dompter des races aussi
indomptables. C'est encore avec un sentiment d'orgueil et
d'admiration que nous voyons les éléphans, les rhinocéros se
courber sous les volontés de l'homme. Cet empire que nous
prenens sur les bêtes, nous élève à nos propres yeux? il nous
fait sentir notre puissance , et nous rend même despotes en-
vers nos inférieurs ; car telle est la foiblesse de l'esprit hu-
main, qu'il faut lui montrer son élévation pour qu'il ne tombe
pas dans l'abjection , et qu'il faut lui faire voir en même
temps sa bassesse pour qu'il ne se perde point dans la pré-
somption.
Sans les animaux domestiques, l'homme ne pourroit donc
pas subsister dans l'état de civilisation; car qui pourroit culti-
ver laterre, sans le bœuf et le cheval.? Quand on envisage que
la subsistance de tant de peuples repose entièrement sur le tra-
vail des bestiaux, et que la société humaine dépend principa-
lement de l'agriculture, on ne peut considérer sans effroi
quel seroit l'état de l'homme, si aucune de ces races n'avoit
été créée, ou si elles renoient à s'anéantir par quelque grande
épizootie. Les Indiens, qui regardent le bœuf comme un ani-
mal sacré , me semblent plus raisonnables que nous; car,
sans la multiplication de ces animaux , la vie humaine seroit
tellement précaire , que je doute qu'une nation puisse sub-
sister dans nos climats sans leur secours. La chair, le lait, les
paeux, la graisse qu'ils nous donnent après leur mort, ne sont
que la moindre portion des avantages que nous en tirons par
tant d'usages domestiques, à traîner, à porter, et surtout par
le labourage, où nul travail humain ne peut suppléer ces ani^
maux. Sans le chameau, on verroit l'Arabe con6né dans ses
déserts , mener la vie la plus misérable et devenir le plus in-
fortuné des hommes ; mais avec cet animal , qui est pour lui
une voiture toute vivante, l'Arabe traverse les solitudes , vit
du lait des femelles du chameau , en mange la chair , et se fait
des habits et des tentes avec son poil. Le cheval est aussi
toute la possession du Tartare ; sa chair, son lait, ses peaux
4oo Q U A
satisfont à tous ses besoins ; il monte sur ce fier quadrupède,
et, les armes à la main, parcourt Tétendue de ses plai-
nes. Qui peut faire vivre heureux, au milieu des neiges et des
frimas, ces Lapons , ces Samoïèdes , ces Jakutes et cette
foule de nations polaires ? Qui peut leur fournir une nourri-
ture suffisante, lorsque la terre y semble avoir des entrailles
d'airain pour ses malheureux habitans ? Cependant le renne
est pour eux une richesse qui ne tarit jamais ; il leur tient lieu
de tout et ne leur coûte rien. Ils se vêtent de sa peau , se
nourrissent de sa chair et de son laitage ; ils s'en font voitu-
rer partout en traîneaux, et n'ont d'autre souci que celui de
multiplier une espèce si nécessaire à leurs besoins , puisque
ces peuples n'existeroient point sans elle. L'homme est, dans
tous les climats, tributaire des animaux, quoiqu'il en soit le
maître ; il ne les multiplie que pour augmenter sa proie. Le
chien devient même au Kamtschatka et en d'autres contrées
de la Sibérie , nécessaire pour charrier des traîneaux sur
les neiges , et il sert aussi de nourriture au besoin.
Cependant l'homme ne mange ordinairement la chair des
carnivores , en aucun climat, à moins que la nécessité ne l'y
contraigne ; car si certaines peuplades nègres recherchent la
viande du chien , du lion , etc. , c'est qu'elles n'en ont pas
toujours de meilleure. En effet , les quadrupèdes carnas-
siers ont une chair désagréable au goût , tandis que celle
des herbivores est la plus savoureuse et la plus recherchée
de toutes. Les ruminans paroissent surtout destinés par la na-
ture à nourrir les hommes et les races carnivores ; les ron-
geurs sont pour nous dugibier plutôt que de la viande ordinaire.
L'espèce humaine qui, de toutes les races d'animaux , est la
plus déprédatrice, épargne la chair des bêtes qui lui ressem-
blent par leur voracité; elle ne recherche que les animaux pai-
sibles qui broutent la verdure , et qui, loin de lui porter dom-
mage ou d'entrer en concurrence avec elle, viennent lui offrir
leurs services, leur toison et leur lait. L'homme semble être né
pour vivre par l'ingratitude , pour établir le règne de l'injustice
sur la terre, et il n'est point étonnant qu'il porte dans la so-t
ciété cet odieux caractère de tyrannie , d'avarice et d'ambi-
tion , qui le distingue si éminemment de tous les animaux.
La classe des quadrupèdes est de toutes la plus indispen-
sable à nos besoins;car, indépendamment des services jour-
naliers que nous recevons du bœuf, du cheval , de l'âne , du
mulet en Europe ; du dromadaire , du chameau , du bison ,
du buffle en Afrique et en Asie ; du renne et du chien dans
les régions polaires ; du lama au Pérou, de l'éléphant aux
Indes , soit pour porter ou pour traîner des fardeaux , plu-
sieurs autres espèces nous sont encore fort utiles dans une
Q Û A ^ot
niultilude d'occasions. Le cbien se dresse à la chasse , à la
garde des troupeaux ou de la maison ; dans l'Inde, les gué-
pards, lescaracals s'emploient aussi à la chasse, de même que
les furets en Orient et en Europe. Le chat, la mangouste ,
l'ichneumon , la belette apprivoisés , délivrent nos maisons
d'une foule de parasites nuisibles , comme les souris et les
rats. La vache , la chèvre , la brebis , les femelles de cha-
meaux, de rennes, les cavales, les ânesses, etc. , fournissent
le lait , le beurre et le fromage , dont plusieurs nations font
leur unique nourriture. La vigogne, la chèvre de Syrie , les
moutons mérinos, le lapin et le chat d'Angora, le chameau,
nous présentent chaque année leurs riches toisons. La chair
de tous les quadrupèdes ruminans est la plus saine et la plus
agréable de toutes ; celle des rongeurs est plus fine , plus
délicate , mais moins bonne peut-être. Les anciens Romains
engraissoient des loirs pour les manger, et les Chinois nour-
rissent le rat caraco eiXo. chien pour le même usage. Les Amé-
ricains recherchent les tatous sur leurs tables, et la chair des
phataglns, des pangolins est estimée aux Indes, Les peuples
maritimes ne dédaignent pas celle des veaux-marins ou pho-
ques,des marsouins,des vaches-marines ou morses, et des la-
mantins. De même, les nègres trouvent fort bonne la viande
de rhinocéros , d'hippopotame et d'éléphant ; ils la mangent
même crue ou séchée au soleil en petites tranches. Beau-
coup de nations sauvages font la chasse aux singes , aux chauve-
souris , et s'en nourrissent sans répugnance. La chair des
porc -épies , descoendous, des agoutis et des cochons-d'Inde
n'est pas mauvaise; celle des rats , des castors , des marmottes
a une odeur forte et déplaisante ; celle des écureuils , des
gerboises , du klipdaas , est assez estimée de divers habltans
de l'Afrique ; mais on ne fait guère usage en Europe que de
celle des lièvres et des lapins, parmi les quadrupèdes ron-
geurs. La chair des chameaux, quoique dure, n'est pas déplai-
sante au goût des Arabes ; celle des gazelles est fort recher-
chée et d'un goût très-agréable ; les cerfs , les rennes , les
élans ont une viande plus dure ; nous sommes habitués à celle
du bœuf , du mouton , du chevreau , etc. On ne mange pas
ordinairement , en Europe, la chair du cheval , que les Tar-
tares estiment au-dessus de toute autre, ni celle de l'âne et
du mulet (i) ; mais on fait un grand usage de celle du porc ,
(i) On prétend que dans quelques pays d'Ilalie , comme à Bo-
logne, on pre'pare des langues sécbées, des saiitissons, avec la chair
de ces animaux. On fait quelquefois manger à Pans de l'ânon pour du
Yeau,et l'on vend de la chair de cheval à la boucherie, en Danemarck.
XXVIil. iiÔ
4o2 O U A
tandis qu'elle est défendue aux peuples d'Orient par leurs
législateurs , car cette viande étant de difficile digestion , à
cause de sa graisse, et empêchant la libre transpiration,
suivant Sanctorius , elle cause des maladies de peau , des
indigestions mortelles dans les pays chauds, f^oyez les mots
Viande, Carnivore, Homme.
Non-seulement les quadrupèdes nous fournissent des ali-
mens savoureux et bien plus restaurans que les substances
végétales ; mais nous en lirons encore des cuirs , des peaux
de différentes épaisseurs et de qualités diverses. Les peaux du
buffle, du bœuf, du veau, du renne, de Télan , du daim ,
sont très-renommées , et une multitude d'arts tirent de grands
avantages de celles du cheval, du mouton, de la chèvre , de
l'âne, ainsi que du crin , de la sole de cochon , des cornes ,
du poil , de la bourre , des os , de la moelle , des tendons ,
de la graisse, du sain-doux , du suif, du sang , du fiel , des
boyaux, etc. ; enfin rien n'est inutile , et l'on fabrique même
du sel ammoniac , du bleu de Prusse , de l'huile animale , de
l'adipocire, avec les débris des charognes et de tout ce qui ne
peut plus servir à d'autres emplois.
Des familles naturelles des Quadrupèdes , et de leurs analogies avec
celles des Oiseaux.
En considérant la classe des animaux à mamelles , on
aperçoit qu'ils se réunissent, comme les autres animaux , en
divers groupes d'espèces analogues qui composent autant de
familles. Celles-ci ont même, entre elles, des liaisons assez
marquées pour qu'on ne puisse les rapprocher que suivant un
certain ordre, qui est celui-là même de leur perfection rela-
tive. Ainsi personne ne peut nier que les singes ayant des
rapports de conformation avec nous, plus que les autres mam-
mifères,doivent être placés à la tête des animaux. En suivant
ainsi l'échelle de dégradation des espèces, on parviendra à
les classer dans un ordre assez naturel , bien qu'il existe plu-
sieurs lacunes d'une famille à l'autre , parce que nous ne
connolssons pas toutes les espèces de quadrupèdes, et que
plusieurs d'entre elles ont sans doute été détruites, comme
nous l'avons dit.
La première famille d'animaux après l'homme , est sans
contredit celle des quadrumanes, animaux singuliers par les
traits de ressemblance qu'ils conservent avec notre espèce ,
par l'imitation de nos gestes, de nos actions; par l'habitude
qu'ils ont de grimper sur les arbres, et leur genre de vie en-
tièrement frugivore. Tous ont , au lieu de pieds , quatre
véritables mains dont les pouces sont séparés , ce qui leur
permet d'empoigner les branches et de s'y retenir avec beau-
Q IT A 4o3
coup de facilita. Ces espèces, qui sont monogames , s'ac-
couplent comme l'homme , ne produisent ordinairement
qu'un petit ; leurs deux mamelles sont placées sur leur poi-
trine ; elles ont presque toutes le même nombre de dents mo-
laires, canines et incisives que nous, et toujours cinq doigts
à chaque main ; elles habitent toutes dans les pays chauds ,
et se tiennent en troupes. Leur adresse, leur intelligence,
leur mémoire , leur vivacité , surpassent celles de tous Les
autres animaux. Il y a très peu de différence entre leur orga-
nisation intérieure et la nôtre. V. Quadrumanes.
Nous mettons la famille des chauve - souris et des galéopi-
thèques au second rang, parce que ces animaux présentent
des rapports d'analogie avec la première famille, par leurs
deux mamelles pectorales , leur verge pendante et détachée ,
leurs pieds de devant en forme de bras ; mais ils s'en distin-
guent par les larges membranes étendues entre leurs doigts,
qui sont fort allongés. Ces espèces sont nocturnes , vivent
d'insectes ou de fruits , et peuvent voltiger dans les airs. On
les a nommés chéiroptères , c'est-à-dire , ayant des mains en
forme d'ailes. Celte membrane, placée entre leurs doigts,
s'étend jusqu'aux pattes de derrière, et embrasse aussi la
queue. Ces animaux s'accrochent facilement aux arbres , aux
plafonds des cavernes et des reuaites obscures où ils se ta-
pissent , surtout dans les temps froids, qu'ils craignent.
A la suite de cette famille , on peut placer les paresseux ,"
qui ont , comme les précédens , les membres antérieurs plus
grands et plus nerveux que ceux de derrière , deux mamelles
situées sur la poitrine, l'habitude de grimper aux arbres;
mais ils ont les doigts réunis jusqu'aux ongles, qui sont grands
et forts. La démarche de ces animaux est d'une difficulté ,
d'une lenteur extraordinaires; ils sont toujours plaintifs, ma-
lingres , souffreteux ; leur voix est lamentable ; ils vivent du
feuillage des arbres, et n'ont aucune dent incisive; leur
estomac est ample et divisé en plusieurs étranglemens.
Les carnassiers , qui posent à terre toute la plante des
pieds , et qu'on a nommés pour cette raison plantigrades ,
composent une autre famille vivant de menue proie,et même
d'insectes pour la plupart. Us ont tous une espèce de museau,
le maintien gêné , le corps trapu , la démarche indolente ,
le caractère triste , mélancolique ; tous mènent une vie sau-
vage , fuient le grand jour, aiment le crépuscule , les lieux
humides , les forêts sombres. Ils portent leurs alimens à leur
gueule arec les pattes de devant. Leur peau est lâche ; leurs
poils sont épais, touffus; plusieurs passent l'hiver dans un
état d'engourdissement , et presque tous se creusent des ter-
riers. Us n'ont point d'intestin cœcum ; la plupart ont des
l^l, Q U A
dents incisives «i chaque mâchoire , outre les canines et les
molaires ; ils mordent avec beaucoup de ténacité ; leur sens
de Touïe est délicat , et ils ont un os dans la verge.
Les phalangers , les sarigues , les dasyures et péramè-
les , etc. , qui ont des pouces séparés aux pieds de derrière , et
se servent de leurs pattes de devant comme de mains , sont
distingués par leur poche inguinale dans laquelle ils placent
leurs petits. Ces animaux appartiennent à la famille des mar-
supiaux, si remarquables parleur double matrice qui les a
fait nommer didelphes par Linnœus ; et à cette même famille,
se rattachent des animaux moins carnivores et des frugivores ,
des herbivores , tels que les kanguroos, mais que nous de-
vons plutôt renvoyer près des gerboises et autres rongeurs
sauiilîans. Voyez Marsupiaux.
Il en est une autre, voisine des carnassiers, dont les es-
pèces se distinguent par un corsage long et fluet , des membres
courts , une allure rampante et en tapinois , un mouvement
glissant et vermlforme ; telles sont les belettes , les loutres ,
les martres, les mouffettes au pelage fin et lustré , et qui ré-
pandent, lorsqu'on les irrite, des odeurs très-désagréables ;
leur marche est légère, sur le bout des doigts , et leur ins-
tinct rusé ; elles ont des dents fines , qui mordent vivement
et pénètrent comme des épingles ; aussi ces espèces aiment
plus sucer le sang que manger la chair.
Les plus courageux et les plus puissans carnivores appar-.
tiennent à une famille particulière qui comprend les genres
des civettes , des chats , des chiens et des hyènes , animaux
qu'on nomme plus particulièrement hêles féruces. On les re-
connoil à leur maintien fier , à leurs membres redressés ; ils
ontla tête levée, la structure robuste, les mouvemens prestes,
et n'appuient à terre que leurs doigts; quelques -uns voient
de nuit , ont des ongles rétractiles, une tête ronde et le mu-
seau court ; ils grimpent et sautent facilement; les autres
ont un nez long, l'odorat fin, et sont très - propres à la
course. V. Carnassiers et Carnivores.
Une famille d'animaux bien reconnoissables par leur allure
sautillante, leur museau arqué, leur corps ramassé, et sur-
tout par deux longues dents incisives au-devant de chaque
mâchoire , sans canines , est celle des rongeurs. La plupart
des espèces se creusent des terriers ou nichent dans des re-
traites obscures; les uns grimpent sur les arbres comme les
écureuils, ou sautent en voltigeant comme les polatouches ;
d'autres se tiennent à terre ou près des lieux humides ; plu-
sieurs ayant de longues pattes de derrière , marchent par
bonds comme des sauterelles. Un grand nombre d'entre eux
passe l'hiver dans l'engourdissement , tandis que les autres
Q U A 4oS
amassent des magasins de vivres pour la saison des frimas.
F. Rongeurs.
Les gerboises ne s'avancent qu'en bondissant sur leurs
longut;^ paltes postérieures et sur leur queue, qui sert de troi-
sième point (Kappui ; la marcbe des kanguroos est la même ;
mais ces animaux singuliers forment une petite famille ,
qu'on dis^lingue des autres par la bourse inguinale dans la-
quelle ces quadrupèdes déposent leurs petits , comme chez
les sarigues , par les six à huit dents incisives à leur mâchoire
supérieure , et par les deux incisives inférieures , et l'ab-
sence des canines. Leurs petites pattes de devant ont cinq
doigts , qui font l'office des mains ; les pieds de derrière ont
seulement trois doigts. F. Marsupiaux.
Après ces quadrupèdes , dont les intestins sont plus étendus
que ceux des carnivores , se place la famille des édenlés , ainsi
nommés parce qu'ils manquent entièrement de canines et d'in-
cislves. Leur nmseau très-allongé, leur démarche traînante et
laborieuse , leur habitude de se serrer en boule à l'approche de
l'ennemi, leur peau cuirassée, chez les tatous, de comparti-
niens osseux, chez les pangolins , d'écaillés larges et acérées
comme celles de l'artichaut; leur vie nocturne , sourde, pa-
tiente; leur nourriture de fourmis, do vermisseaux, déracines;
leurs longues griffes , les distinguent suffisamment de toute
autre famille. Ces espèces se rapprochent en outre des rumi-
nans par la capacité et les élranglemens divers de leur
estomac. Foyez Edentes.
Ces diverses familles composent la première série des ani-
maux , celle des onguiculés , 'ainsi nommés à cause que leurs
doigts sont libres et munis chacun d'un onglet. Les familles'
suivantes ont les pieds comme enveloppés et encroûtés sous
la peau ; leurs doigts ont des sabots cornés; aussi on les com-
prend sous le nom d'ongulés. D'ailleurs , leurs pieds anté-
rieursnesontplus libresdese tourner comme ceuxdes familles
précédentes; ils ne peuvent plus tenir lieu de bras et de main;
il n'y a même aucun rudiment de clavicules (i) ; de sorte qu'à
tous égards, celle dernière série est beaucoup moins parfaito
que la première. Elle n'a , en effet, ni la même facilité d'agir,
ni la môme finesse de tact, ni la même intelligence. Toutes
ses actions sont plus brutes , et tiennent plus de la nature
animale que celles des autres quadrupèdes.
(i) Véléphant semble faire une exception à cette règle , par di-
Tcrscs q\ialilés qui le rapprochent des quadrupèdes plus paifails».
comme la délicatesse du loucher de sa trompe, ses mamelles placées
$ur la poltiiue, etc.
,4o6 Q U A
La première famille qui se place dans cet ordre, est celle
des ruminans, si remarquable pas ses attributs. Les espèces
qui la composent sont privées de dents incisives supérieures et
decan:nes;maislesraces qui portent des cornes n'ont poinlies
canines à la mâchoire supérieure, que montrent les chameaux,
les lamas et les chevrotains, chez lesquels on ne trouve jamais
de cornes. Les diverses espèces de cerfs sont les seules dont la
tête soit parée décernes rameuses, qui se renouvellent tous
les ans ; les autres genres de ruminans sont armés de cornes
creuses et simples , qui ne tombent jamais. Cette famille se
distingue encore par les pieds fourchus de ses espèces , qui
portent aussi le nom de blsulces , à cause de ce caractère ;
mais ce qui les distingue principalement, ce sont leurs quatre
estomacs , leur rumination , le suif qu'ils fournissent , ainsi
que leur lait gras et butyreux. Ils ont un naturel doux, qui se
prête aisément au joug de la domesticité ; les mâles sont
polygames. V. Rumiinans,
On peut regarder les solipèdes comme un intermédiaire
entre les ruminans et la famille suivante , car ils ont des ca-
ractères communs aux deux ; mais ils s'en distinguent par des
pieds renfermés, chacun, dans un seul sabot, et par le défaut
de rumination. Leurs intestins sont vastes , et une valvule
placée au bas de leur œsophage les empêche de vomir. Ces
-mimaux aiment beaucoup la course ; leur allure est vive ,
impétueuse, leur taille élancée, leurs membres sont nerveux ;
leur force, leur ardeur, la fierté et la souplesse de leur naturel,
les rendent très-précieux à l'homme. Le naturel des solipèdes, ,
comme le cheval , l'âne , le ^èbre , est sobre , laborieux ,
robuste , propre à la course , surtout dans les pays sablon-
neux, secs et découverts. Ils sont, au reste , impatiens, in-
dociles , quoique susceptibles de s'apprivoiser.
Les animaux à peau épaisse n'ayant , au lieu de poils, que
des soies rares et grossières , composent la famille des bêtes
brutes, ou des pachydermes; leur corps ramassé, leur forme
massive, leur maintien lourd , avec un air de stupidité , an-
noncent leur caractère brut. Ils aiment se vautrer dans la
boue , et recherchent les lieux humides. Avec une vue basse,
ils ont un odorat extrêmement délicat et l'ouïe fine. Leurs
dents sont grandes et fortes ; plusieurs ont des défenses
comme l'éléphant, Thippopotame , le sanglier , ou une corne
comme le rhinocéros. Ils vivent- du racines , de fruits et de
plantes aquatiques , plutôt que d'herbes. Comme la peau est
presque insensible au toucher , et qu'ils ont beaucoup de
graisse > le mulle des rhinocéros , des hippopotames , le
groin des cochons , la trompe du tapir et celle de l'éléphant ,
sont leur principal organe du tact. F. Pachydermes.
Q U A 407
Une autre famille dont tous les individus , au lieu de quatre
pieds , ont des membres façonnés en ram^s , en nageoires ,
ceux de derrière étant aussi séparés , est celle des quadrupèdes
AMPHIBIES. En effet , ils vivent plus dans l'eau que sur la
terre , et bien qu'ils aient besoin de respirer l'air , qu'ils pro-
duisent leurs petits vivans, et aient le sang chaud , ils se rap-
prochent de la nature des poissons. Lorsqu'ils sortent de
l'eau , ils ne rampent qu'avec difficulté sur les rivages. Ils ont
ungros ventre, une chair huileuse , et de très-mauvaise odeur.
Enfin , la dernière famille est celle des cétacés , que nous
traitons à leur article , parce que ces animaux ne sont plus
quadrupèdes, c'est-à-dire, qu'ils n'ont pas quatre membres,
leurs pattes de derrière manquant tout à-fait , même dans
leur squelette.
En comparant entre elles ces diverses familles, on observe
que celles qui avoisinent le plus l'espèce humaine , ont des
membres plus développés , des mouvemens plus libres et plus
multipliés , une sensibilité plus délicate que les familles qui
se rapprochent des cétacés. Aussi les premières ont jplus d'in-
telligence, une structure plus délicate, les parties antérieures
du corps plus larges , et le cerveau plus étendu à proportion
que les dernières ; celles-ci ont une chair humide et grasse ,
un ventre renflé , des intestins amples , des membres oblitérés,
une sensibilité obtuse , une grande voracité , et le naturel très-
brut. En remontant des cétacés aux amphibies , de ceux-ci
aux bêtes brutes , aux solipèdes et aux ruminans , on ob-
serve une perfection graduelle dans le développement des
membres , des sens et des autres organes extérieurs , tandis
que les viscères intérieurs diminuent en même proportion
d'étendue et d'activité. Cette gradation n'est pas moins re-
marquable chez les familles d'animaux onguiculés , dans les-
quelles organes extérieurs acquièrentbeaucoup de supériorité
sur les viscères internes; de là vient que les facultés des sens et
de l'intelligence l'emportent chez eux sur les affections ani-
males. Au contraire, chez les ongulés, les qualités matérielles,
les affections brutes de la gourmandise et de la concupis-
cence surmontent celles de l'esprit et de la sensibilité. Comme
cette même remarque s'applique à la classe des oiseaux , et
qu'ils paroissent organisés suivant le même ordre , nous les
offrirons sous le même point de vue et par familles corres-
pondantes , en passant graduellement des moins perfection-
nés aux plus parfaits.
Ainsi, pourpeu que l'on considère laclasse entière des vi-
vipares, depuis les cétacés jusqu'aux singes, on observera une
transition et un développement graduel dans l'organisation^
Prenons un cétacé, un dauphin , pour exemples. En snppo-
4o8 Q U A
sani que la nature dégage davantage ses membres , ses extré-
mités inférieures , arrondisse sa tête , et raccourcisse son mu-
seau, elle formera un photîneou veau marin. En dévelop-
pant encore plus toutes les parties , en allongeant les pieds ,
enformantla conque externe de l'oreille, elle approchera de la
figure d'un hippopotame , d'un tapir, d'un cochon ; un troi-
sième effort de développement amènera la structure d'un
cheval ou d'un bœuf. Si nous poursuivons cette gradation ,
nous verrons l'estomac si vaste dans les familles précédentes
et les ruminans , se rétrécir déjà dans les fourmiliers et les
tatous; les doigts commencent à se séparer, à se diviser ;
les palfes antérieures prennent plus de liberté dans leurs
mouvcmens; ie museau se raccourcit, et le cerveau se renfle
proportionnellement, commeon l'observe, en remonlantdans
la famille des rongeurs, dans celle des carnivores; enfin on par-
vient, en suivant cesdéveloppemens, à la famille des makis et
des singes immédiatement placée au-dessous de notre espèce.
Ces transitions visibles nous dévoilent le plan de la su-
prême puissance du Créateur , qui marche sans cesse du
simple au composé. Ainsi, le cétacé est comme l'embryon du
quadrupède ( comme le têtard est celui de la grenouille ) ; le
quadrupède a tous lesriidimens du singe qui , à son tour, est
comme la pâte élémenlairc dont se pétrit la race humaine
dans l'origine des choses. C'est, en quelque sorte, une tige
d'organisation dont l'homme est le sommet, la (leur élaborée,
le cétacé , la racine , et dont les quadrupèdes composent les
nuances , les linéamens intermédiaires. De même les mam-
mifères sont , à l'égard des autres classes du règne animal ,
les tiges supérieures, et les plus perfectionnées du grand arbre
de la vie, dont les racines se perdent dans les animalcules in-
fusoircs,leszoophytes les plus imparfaits.Et cet arrangement
n'est que le développement du plan général de l'organisation
qu'il a plu à la nature d'élablir sur notre globe , et de faire
germer dans la longue chaîne des âges. C'est une conséquence
nécessaire de la progression qui rattache le minéral le plus
brut à la planté imparfaite ; le végétal irritable , aux plus
simples animaux; et ceux-ci, aux plus compliqués, aux plus
élaborés et inlelligens d'entre eux , jusqu'à la race souve-
raine ou dominatrice de toutes , qui est 1 iiomme.
I." Les quadrupèdes amphibies et les oiseaux palmipèdes
ont pour traits de ressemblance le besoin de nager ; un ap-
pétit vorace et un grand ventre ; des chairs huileuses et d'un
goût désagréable; des membres raccourcis , oblitérés ; la de-
meure dans les mêmes lieux aquatiques , et l'habitude de
vivre en troupes dans les régions froides.
a.". Les bêles brutes ou les |)achydcrmes ont pour confor«
Q U A 409
mhé, avec les oiseaux de rivage ou échassiers, la coutume de
barbolter dans la fange ; la stupidité du caractère ; la finesse
de l'odoral ; la foiblesse de la vue qui ne peut supporter le
grand jour , et qui se plaît dans le crépuscule ; la facilité de
s'engraisser , surtout dans les temps humides et brumeux. Ces
animaux je tiennent en bandes.
3.** Les quadrupèdes ruminans et les oiseaux gallinacés
conservent entre eux les plus grandes analogies. Les premiers
remâchent leurs alimens ; les seconds les triturent dans leur
gésier : les uns ont des cornes, les autres des eigots. La poule
leprésente la vache, et le coq , le taureau. L'autruche est le
chameau des oiseaux. Ces deux ordres d'animaux se plaisent
dans les mêmes terrains, aiment se rouler dans la poussière ;
leurs mâles sont polygames ; les uns et les autres s'apprivoi-
sent facilement.
4-^ Les rongeurs et les oisillons granivores et insectivores
ont aussi des qualités communes. Leslemings, les campagnols
et quelques autres rats émigrent comme certains oiseaux; d'au-
tres de chaque classe se tiennent près des eaux ; les uns vivent
en troupes , d'autres sont solitaires. L'industrie des carouges
et des troupialcs est analogue à celle des castors , des onda-
tras. Les moineaux sont semblables , pour les mœurs , aux
rats des champs, aux mulots ; les gros-becs, aux loirs, etc.
5." Les animaux carnassiers trouvent leurs analogues parmi
les oiseaux rapaces ; laigle et le lion , le vautour el le tigre ,
le faucon et le chien ,• le milan et le loup , le chat-huant , la
chouette et le chat, le lynx, etc. , offrent des ressemblanct^s
qui ont été observées par tous les naturalistes.
6." La famille des chauve-souris a quelques rapports avec
les engoulevents ou tète-chèvres, qui ont un pareil vollige-
ment pendant la nuit, el vivent également d'insectes, tels que
des papillons phalènes , des sphynx, des teignes , etc. Pen-
dant le jour , ces espèces se cachent dans des trous obscurs.
7.0 Enfin , la famille des singes trouve son analogie dans
celle des perroquets qui , coaime les précédens , vivent en
société dans les pays chauds, grimpent également sur les
mêmes arbres, se nourrissent des mêmes fruits, savent imiter
les gestes des autres animaux et de l'homme, sont pareillement
susceptibles d'éducation, d'affection, montrent de l'adresse ,
de l'intelligence, et sont remplis de mémoire , d'agrémens et
de vivacité. Enfin , par leurs facuhés perfectionnées et leurs
mœurs , ils méritent d'être placés les uns et les autres à la tête
de leur classe ( F. nos Vues générales , placées à la fin de
VHist. mit. des Oiseaux de Buffon, édit. de Sonnini, tom. 6/^,
pag. i34.etseq.,etlafin du mot Oiseau en ce dictionnaire.).
En congidéraût ces diverses modiûcaUoiis de la matièr»
4io Q U A
vivante , suivant l'ordre et l'harmonie que nous y aperce-
vons ; en voyant tant de grâce unie à tant de magnificence «
qui peut se défendre d'un sentiment d'admiration pour cette
main créatrice de tous les êtres? Les bois et les champs , les
montagnes et les vallons peuplés de races libres et vaga-
bondes , offrent à l'espèce humaine de riches proies et des
compagnons utiles dans ses travaux. Chacun de ces animaux
vit satisfait dans ses retraites , et suit son genre de vie ; tous
fuient l'homme , qui n'existe que pour les détruire ou pour les
tyranniser. Qui sait si notre espèce étoit anéantie , laquelle de
ces races régneroit sur la terre? Mais peut-êtreque, tranquilles
entre elles , aucune ne voudroit combattre pour le sceptre du
monde. Passant leurs jours dans l'indépendance et dans l'in-
souciance , elles ne chercheroient point à sortir de leur état
naturel. Leurs sociétés, comme celles des castors et des autres
rongeurs, que notre despotisme a dissoutes, se rélabliroient ;
leur industrie s'agrandiroit par le sentiment de l'indépen-
dance , et par les associations libres. Qui sait jusqu'à quel
degré de police et d'adresse parviendroient les animaux dans
un monde dont ils posséderoient seuls l'empire ? L'homme
seroit-il donc moins heureux sur la terre , si rejetant , comme
l'animal , toutes ces funestes inventions qui le tourmentent,
si abjurant les lois et la société, il pouvoit se résoudre à vivre
tel que la nature l'a fait , dans toute sa simplicité primitive ?
Alors libre de toute espèce de joug, content des simples fruits
que lui offriroitla nature, couché sur un lit de feuillage à l'om-
bre des forêts et au bord des fontaines , il passeroit les jours
sans désirs et sans soins. Lorsque son âme , fatiguée de la
course de la vie , se glaceroit dans ses membres , il s'endor-
miroit d'un sommeil éternel , après avoir vécu sans peine tel
que la nature l'avoit formé. Qu'emportons-nous de plus dans
la tombe que les autres animaux , après cette vie misérable
et tumultueuse , puisque les biens , les honneurs et les rangs
ne nous sont plus rien? Que d'infortunes nous seroient épar-
gnées en nous rapprochant delà nature , et en nous livrant à
son repos ! C'est alors qu'examinant de loin les vanités de la
vie sociale , les vices et les malheurs qu'elle engendre , nous
aimerions nous réfugier dans la contemplation des œuvres du
Créateur, et nous abandonner à l'élude des beautés ineffables
de la nature. V. les mots Nature , Animal , Homme , ainsi
que les articles qui ont quelque rapport avec l'histoire des
Quadrupèdes; tels sont : Génération, Alimens, Carnivore,
Sensibilité , Vie , Instinct , Mammifères , Mammalogie ,
Mouvement des animaux, Habitation,Oiseaux, etc., etc.
La manière de conserver et d'empailler les quadrupèdes,
sera détaillée au mot Taxidermie, (virey.)
Q U A 4iî
QUADRUPÈDES FOSSILES. Voyez Mammifères
FOSSILES. (DESM.)
QUADRUPÈDES OVIPARES.Les quadrupèdes dont
on vient de parler, sont, en général, couverts de poils, et
tous vivipares; mais il est d'autres animaux qui, quoiqu'ils
aient aussi quatre pieds , n'ont jamais de poils et pondent des
œufs. Daubenton, le premier, a donné à ces derniers le nom de
quadrupèdes ovipares , nom que Lacépède a depuis rendu
r.Jassique par la publication de l'excellent ouvrage qui traite
de leur histoire.
Cependant, malgré l'aulorilé de ces deux célèbres profes-
seurs, les naturalistes, sévèrement méthodistes, ont dû re-
pousser le nom dé (juadmpèdes Oin'pares, comme indiquant avec
les quadrupèdes à mamelles^ des rapports plus étendus que ceux
qui existent réellement. En effet, si on éludie comparativement
l'organisation interne des animaux decesdeuxclasses,onn'est
pas long-temps à s'apercevoir qu'ils sont beaucoup plus loin
\cs uns des autres , que ceux de la première ne le sont des
oiseaux, par exemple. Aussi Alexandre Brongniart s'est-ll cru
obligé, dans son excellent travail Erpétologique, inséré dans
le Bulletin de la Société philomaihique , et dans le Magasin ency-
clopédique pour 1799 , de ne pas employer ce nom.
Les quadrupèdes ovipares de Lacépède comprennent les
genres Tortue, Lézard, Grenouille, Raine et Crapaud.
Ces genres, dans la méthode de Brongniart , forment trois
ordres : Les ChÉloniens, qui comprennent les /or/H^5 Je /ner
et de terre; les Sauriens, qui réunissent les lézards et tous les
genres qui ont été formés à leurs dépens ; enfin, les Batra-
(Âens, qui renferment les trois derniers genres de Lacépède,
plus les Salamandres qui n'ont que des rapports extérieurs
avec les lézards.
On trouvera au mot Erpétologie et à ceux ci-dessus cités,
les détails convenables aux préliminaires de l'étude des qua-
drupèdes ooipar-es, et à chacun des genres qui s'y trouveront
indiqués, ceux qui concernent l'organisation et les mœurs
des animaux qui les composent, (b.)
QUAGLIA , QUALLIA. Noms italiens de la Caille.
QUAI-FA. Nom de I'Olivier odorant {oleafragrans),
en Chine, selon Osbeck. (ln.)
QUAIL. Nom anglais de la Caille, (v.)
QUAKITE. Genre de plante qui ne diffère pas de celui
appelé Bladie. On lui a aussi donné le nom de Sanchite.
F. Bladie. (b.)
QUAL.Nom que l'on donne, sur les côtes de la Hollande,
au frai des Astéries, lequel est un poison pour l'homme et
4is Q U A
les animaux. C'est lui qui rend les Moules dangereuses pcn-
• dant l'été, (b.)
QUALIER, Qualea. Genre de plantes de la monandrie
monogynie, qui a pour caractères : un calice divisé en quatre
parties, dont deux plus grandes ; une corolle de deux pétales,
dont le supérieur est petit, relevé, échancré , sessile et épe-
ronné, et l'inférieurgrand, incliné et onguiculé ; une étamine
à filet relevé et courbé , à anthère didyme ; un ovaire velu, à
style courbé et à stigmate obtus ; probablement une baie
contenant un grand nombre de semences.
Ce genre renferme deux arbres à feuilles opposées et à
fleurs disposées en panicules terminales et accompagnées de
bractées. L'un de ces arbres, le Qualier rouge, a les feuilles
acuminées; et l'autre, le Qualier bleu, a les feuilles ai-
guës. L'un et l'autre se trouvent dans les forêts de la Guyane,
où ils ont été observés par Aublet , qui rapporte que leurs
fleurs répandent une odeur des plus suaves, (b.)
QUAMASH. Nom que les sauvages de l'Amérique
septentrionale donnent à la racine d'une Scille dont ils se
nourrissent, (b.)
QUAMELLE. Nom vulgaire de 1' Agaric élevé , qui se
mange dans beaucoup de lieux, (b.)
QUAMH. Nom arabe de I'Épeautre {triticum spelta , L.).
QUAMITZLI. Quadrupède de l'Amérique , indiqué par
Nieremberg; c'est vraisemblablement le Couguar. F^. l'his-
toire de ce mammifère, à l'article Chat, (desm.)
QUAMOCLIT de Tournefort , F. Quamoclite. (lw.)
QUAMOCLITTE, Ipomœa. Genre de plantes de la pen-
tandrie monogynie et de la famille des convolvulacées , qui
ne diffère des liserons que parce que la fleur a le stigmate
capité, et que le fruit est une capsule toujours triloculaire
(^V. au mot Liseron. ). Ce caractère n'a pas paru suffisant à
plusieurs botanistes pour autoriser la formation d'un genre ;
et, en effet, il devient souvent impossible, surtout dans les
plantes sèches, de s'assurer si telle espèce est un liseron ou
une. qunmodiUe ; en conséquence , ils les ont réunis; mais
comme le genre des liserons est très-nombreux en espèces ,
il a paru convenable, à la plupart, de le conserver.
Les quamorUftes, comme les liserons , sont des plantes ordi-
nairement volubles , à feuilles alternes^et à (leurs affectant
différentes dispositions. On en compie une centaine d'es-
pèces, toutes étrangères à l'Europe , et dont les principales
sont:
Parmi celles dont les fleurs sont distinctes ,
La QuAMOCLiTTE A FEUILLES PlNNîiES, Ipomœa quamoclit.
Q U A 4.3
Lînn.,qaî aies feuilles pinnatifides, à folioles linéaires, et les
fleurs la plupart solitaires.EUeest annuelle, et vient de l'Inde.
Onlacultive dans l'Inde et en Europe, à raison de la délica-
tesse de son feuillage et de la belle couleur rouge de ses
fleurs. Elle est très-propre à employer,avec d'autres plantes
à larges feuilles, pour garnir les tonnelles, mais réussit diffici-
lement dans le clitnat de Paris. On l'appelle jasmin rouge.
Willdenow l'a réunie aux Cantus , et Michaux en a fait un
genre sous le nom d'IPOMOPSis.
La QuAMOCLiTTE ÉCARLATE a les feuilles en cœur,aiguës,
anguleuses à leur base, et les pédoncules mullitlores. Elle est
annuelle, et ,se trouve dans les Anlilles. C'est aussi une
très-belle plante. C'est la Liane À tonnelle de Saint-Do-
mingue.
La Quamoclitte tubéreuse a les feuilles palmées de sept
lobes lancéolés , aigus , très-entiers , et a les pédoncules
triflores ; sa racine est vivace et tubéreuse. Elle se trouve dans
les Antilles, et se cultive pour la nourriture des hommes.
(F. au mot Batate ) J'ai fréquemment mangé, en Caroline,
ses racines cuites sous la cendre, dans l'eau ou d'autre ma-
nière, V. pi. P. I, où elle est figurée.
Michaux , dans sa Flore de f Amérique septentrionale , a mis
dans cette division , sous le nom A'ipomœa macrorhiza, le lise"
Tonjalap. Voyez aux mots Lfseron et Jalap.
Parmi celles dont les fleurs sont réunies en tête , se trou-
vent :
La Quamoclitte a feuilles d'hépatique, qui a les
feuilles à trois lobes. Elle se trouve à Ceylan.
La Quamoclitte pied de tigre , qui a les feuilles pal-
mées. Elle est annuelle, et se trouve dans l'Inde. On la cul-
tive dans les jardins de Paris.
Ruiz et Pavon ont figuré six espèces nouvelles de quamo-
cliltes dans leur Flore du Pérou, pi. 119 et suivantes. La plus
importante de ces espèces est la Quamoclitte rapirée , qui
a les feuilles palmées et en cœur, les lobes lancéolés, les pé-
doncules uniflores, et la racine tubéreuse. Celte racine est
employée comme drastique. Elle ressemble beaucoup à celle
au jalap,
La Quamoclitte aviculaire de Raûnesque constitue le
sous-genre Ornithosperme. (b.)
QUAN. V. Can, Guan et Yacou. (s.)
QUAN d'Ewards. V. Dindon du Brésil, (s.)
QUANHPECOTLL Seba rapporte ce nom de pays à
/;t4 Q V A
son felis montana americana, qui est Vursus lotor de Linnaeus ,
le Raton de Buffon. V. ce dernier mot. (desm.)
QUAPACHEANAUHTLI. Nom que porte , à la Nou-
velle-Espagne , le Canard Millouin du Mexique, (v.)
QUAPACHTOLOÏLE. V. Quapactol. (v.)
QUAPACTOL , Cuculus ridibundus , Laih. Quapach-
TOTOLT , est le nom mexicain de cet oiseau ; il a rapport à la
couleur fauve qui domine sur ses parties supérieures. On l'ap-
pelle aussi oiseau rleur^ d'apiès son cri qui ressemble à un
éclat de rire. Il a seize ponces de longueur totale , dont la
queue en prend seule la moitié ; le bec est d'un noir bleuâ-
tre; l'iris blanc; la gorge , le devant du cou et la poitrine sont
cendrés; le ventre et les parties postérieures noirs; le reste
du plumage est fauve; mais cette teinte est plus foncée sur les
pennes alaires et caudales. Le quapactol présente dans son
cri , sa taille , la longueur de son bec et son plumage , de l'a-
nalogie avec le iaclo ; peut-être appartient-il à la même es-
pèce, et n'en est-il qu'une variété de climat. Les anciens
Mexicains le regardoient comme un oiseau de mauvais au-
gure. (V.)
QUAPALIER, Sloanea. Genre de plantes de la polyan-
drie monogynie et de la famille dss tiîiacées, qui présente
pour caractères: un calice monopbylle à cinq divisions ovales,
dont quatre plus grandes; point de corolle; un grand nom-
bre d'étamlnes à anthères adnées aux filamens; un germe
supérieur, oblong, velu, à quatre ou cinq côtés, surmonté
d'un style court à quatre ou cinq stigmates aigus; une cap-
sule oblongue hérissée de longs piquans grêles qui se déta-
chent facilement , à quatre ou cinq valves, à quatre ou cinq
loges, renfermant chacune une ou deux semences entourées
d une arille.
Ce genre renferme trois espèces. Ce sont des arbres à
feuilles alternes , entières , stipulées , et à fleurs disposées en
bouquets axillaires et accompagnées de bractées.
La principale de ces espèces est le Quapalier a gros
fruits, Sloanea deniala , qui a les feuilles ovales, et les sti-
pules en cœur et dentées. Elle vient à la Guyane, et a été
observée par Aublet. On la cultive dans les autres colonies
françaises de l'Amérique, sous le nom de châtaignier^ à rai-
son de ses fruits , qui ont la forme et le goût de la châtaigne,
et qu'on mange de même. Elle se voit dans quelques serres
d'Europe.
Ce genre diffère fort peu de I'Apéiba , auquel on prétend
même qu'une de ses espèces , le Quapalier a petits fruits ,
doit être réunie, (b.)
0 U A 4i5
QUAPARA, C'est , à Cayenne , la Banistèbe A^'GU-
LEUSE. (B.)
QUAPERVA. V. GuAPERVA. (s.)
QUAPIZOLT ou QUAUHTLA COYMATL. Noms
mexicains du Pécari. V. ce mot. (s.)
QVAPOYEKyXanihe. Genre de plantes monadelphes de
la dioécie pentandrie , et de la famille des guttifères , qui a
pour caractères : un calice composé de cinq écailles; une co-
rolle de cinq pétales arrondis et concaves, attachés par un
onglet autour d'un disque charnu; cinq étamines à anthères
sessiles placées sur un disque saillant, dans les fleurs mâles ;
un ovaire oblong, à cinq côtes, surmonté de cinq stigmates
larges et échancrés , dans les fleurs femelles ; une capsule
ronde, charnue, couronnée parles stigmates, s'ouvrant en
cinq valves , et contenant cinq rangs de semences , séparés
par des membranes qui tiennent au placenta.
Ce genre, fort voisin des Clusiers , renferme deux
arbrisseaux grimpans , à feuilles opposées , entières , et à
fleurs disposées en panicules terminales. L'un , le Quapoyer
A petits fruits , a les feuilles ovales , charnues , très-entiè-
res. Il se trouve à la Guyane, où il a été observé par Aublet.
Toutes ses parties rendent un suc blanc , transparent et
visqueux. L'autre , le Quapoyer a longs fruits , rend une
gomme jaune qui se dissout dansl'eau. Il vient dans les mêmes
endroits. (B.)
QLIAQUILE. Synonyme de Cakile. (b.)
QUARANTAINE. Espèce de Giroflée, (b.)
QUARANTE LANGUES. V. Moqueur, à l'article
Merle, (v.)
QUARARIBÉ , Myrodia. Genre de plantes de la mona-
delphie polyandrie et de la famille des malvacées , qui offre
pour caractères : un calice simple, tubuleux, se déchirant;
cinq pétales; un grand nombre d'étamines réunies en un
tube ; un ovaire ovale , supérieur , surmonté d'un style très-
long, à stigmate bllobé ; une capsule ou drupe sec à deux
ou trois loges , ne contenant qu'une. seule semence.
Ce genre renferme deux arbrisseaux à feuilles alternes et
à fleurs ramassées dans les aisselles des feuilles. L'un , le
Quaribé tubbiné, aies feuilles ovales oblongues; le ca-
lice turbiné ; le tube des étamines plus court que les péta-
les. Il se trouve aux Antilles. L'autre , le Quaribé a lon-
gues fleurs, a les feuilles lancéolées, oblongues ; le calice
cylindrique , et le tube des étamines plus long que les péta-
les. 11 se trouve à la Guyane , où il a été observé par Aublet.
4i6 Q U A
QUARDATINAJAS. Non du Cabiai, parmi les Espa-
gnols de la Guyane, (desm.)
QUARIAU. Ancien nom des Carrelets, T. Pleuro-
KECTE. (B.)
QUARRÉ. C'est un des noms du Squale marteau.
(DESM.)
QUARRELET. V. les mois Carrelet et Pleuronecte.
(B.)
QUARTAN, Les veneurs disent qu'un sanglier est en son
(juadan , lorsqu'il a acquis l'âge de quatre années, (desm.)
QUARTANIER {vénerie ). V. Quaktats\ (s.)
QUARTERON et QUARTEROlNNE. Individu prove-
nant de l'alliance d'un blanc avec une mulâtresse, ou d'un
mulâtre avec une blanche. On l'appelle aussi quelquefois
Terceron , à cause qu'il y a un tiers ou un quart du sang dune
race ou blanche ou nègre, (virey.)
QUARZ ou QUARTZ. Substance minérale de la classe
des pierres , fort abondamment répandue dans la nature , et
s'y présentant sous des formes et des aspects très -variés.
L'infusibilité , l'apparence vitreuse , semblable à celle du
cristal, ou à celle de la glace , et la dureté, sont les caractères
essentiels que tous les minéralogistes ont assignés à l'espèce
quarz. M. Haiiy a réuni à cette espèce, les agates, les silex,
les silex résinites, les jaspes, etc., qu'il considère comme
des quarz dont la pâte est plus ou moins grossière , ou bien
comme réunissant un très-grand nombre de caractères com-
muns aujquarz,et dont le caractère chimique essentiel est d'être
presqueuniquemcnt composé de silice. Nous ne traiterons ici
que du quarz proprement dit , de celui qui est vitreux , et que
M. Haiiy désigne par quarz hyalin. Quant aux autres subs-
tances, voyez les articles Jaspe et Silex, et les renvois indi-
qués à la lin de cet article.
Quarz {Quarz - hyalin , Haiiy ; quartz ou cristal de roche
des minéralogistes anciens ; quartz , Brong., James. ; quarz ,
"Wern., Karst. ; silicium oxydé ^ Berz. ). Le quarz se présente
avec toutes les couleurs ; mais il est communément blanc ou
blanc grisâtre. Il est très-fréquemment cristallisé ; ses cris-
taux sont des prismes terminés par des pyramides , et qui ont
pour noyau primitif un rhomboïde obtus de 94 d. 4' et 85 d.
56'. Il a la cassure vitreuse. Cette cassure est conchoïde et
ondulée dans les variétés homogènes; elle est raboteuse et
inégale dans les autres ; elle est rarement un peu lamelleuse.
L'éclat est tvif comme celui du verre; quelquefois il est gras,
d'autrefois mat.
Le quarz, bien moins dur que le corindon, la topaze , le
zircon , le grenat, et, par conséquent, que le diamant, est
ou A ^.^
néanmoins très-remarquable par sa dureté, qui ne le cède
guère à celle de plusieurs des pierres que nous venons de citer.
Il raye la plupart des autres espèces de pierres , et très-for-
tement le verre ; il étincelle vivement sous le choc du briquet •
il est ordinairement transparent. Ceriaines variétés sont par-
faitement limpides, d'autres translucides ou opaques. Lors-
que les cristaux sont transparens , ils jouissent de la réfrac-
tion double , et celte propriété s'observe en regardant un
objet quelconque; par exemple ,*une épingle à travers l'une
des faces de la pyramide et la face du prisme qui lui est oppo-
sée-, mais, comme les cristaux ont le prisme toujours strié
transversalement, ou que leur limpidité est souvent troublée
par des gerçures ou des nuages , la double réfraction est
rarement bien manifeste. La pesanteur spécifique du quarz
varie entre 2,58 et 2,67; elle est quelquefois de 2,80. Le
quarz est absolument infusible au chalumeau ordinaire ; mais
lorsqu'on l'expose à un jet de flamme alimentée par du gaz
oxygène, il se fond en un verre limpide. La plupart des
variétés colorées perdent leur couleur par l'action du feu, et
deviennent blanches.
Le quarz le plus pur, qu'onnomme cristal de roche, estpre^-
que uniquement composé de silice. Tromsdorf l'a trouvé en-
tièrement formé de silice. Bucholz en a retiré, par une première
analyse, 99,37 sur cent parties; le reste étoit un peu de fer et
d'alumine. Dans une seconde analyse , il a trouvé 97,76 de
silice, 0,5 d'alumine, i d'eau, et 0,76 de perte. Quelques au-
tres analyses , indiquent moins de silice dans le cristal de roche ,
Celte terre varie dans les proportions de 9?. à 97 centièmes
dans les autres variétés. Le quarz paroît aussi contenir ua
alcali, comme nous l'exposerons à l'article du quarz hyalin gras
§ 2. Dans l'obscurité, le quarz est phosphorescent par frot-
tement, en répandant une odeur particulière, appelée odeur
siliceuse. Une de ses variétés laisse exhaler, lorsqu'on la bfise
ou qu'on la frotte avec un corps dur , une odeur fétide. L'on
avoit avancé que le quarz étoit combustible; mais les par-
celles de corps brûlé qu'on aperçoit , lorsqu'on frotte deux
morceaux de quarz pour produire le phénomène de la phos-
phorescence, ne sont autre chose que des corpuscules aériens
enflammés par le calorique qui se développe pendant cette
action.
Les formes cristallines du quarz ne sont pas très-nom-
breuses, à moins que l'on ne veuille considérer comme for-
mes distinctes toutes les irrégularités qu'on observe dans
l'étendue et le développement des faces d'une même forme ;
car alors il n'y a point de limite dans leur nombre. Un cristal
est tellement déformé quelquefois parces irrégularités, qu'on
xxYin. 27
4i8 0 U A
ne saurolt , au premier coup d'œîl , le ramener par la pensée
à la symétrie qui est propre à la forme dont il dérive ; mais
après une légère observation on parvient aisément à ce but. Il
suffit pour cela de se rappeler que les pans du prisme sont
constamment striés en travers ; et ce sont ces pans qu'il s'agit
d'abord de reconnoître ; une fois reconnus , les positions àes
autres faces sont aussitôt déterminées. Les cristaux de quarz
offrent presque toujours les pans du prisme, et il est extrê-
mement rare que celui-ci n'*existe pas, ce qui n'arrive que dans
deux variétés que nous citerons à l'instant. Toutes les formes
dérivent d'un noyau primitif qui est, comme nous l'avons dit ,
un rhomboïde obtus de g^d. 4' et de 85 d. 56'. Ce rhomboïde
est difficile à obtenir. L'on observe cependant quelques cris-
taux qui se clivent assez bien , suivant les directions de leurs
Joints naturels : tels sont des cristaux noirs, recueillis dans
les montagnes de la Toscane , et cités par M. Haiiy. Dans
ceux de ces cristaux qui ont été divisés parallèlement à
l'axe , on voit vers le centre un quadrilatère d'une couleur
grisâtre , peu différent d'un carré , et qui présente la coupe
du noyau. C'est, parmi des cristaux noirs de même es-
pèce et dumême pays, que j'ai eu l'occasion de trouver un
cristal presque rhomboïdal , les facettes qui émoussent six
des angles solides du rhomboïde étant à peine sensibles. L'on
voyoit dans la collection de M. Delamétherie, un cristal de
quarz , cassé dans la direction d'un des plans du rhomboïde
primitif. M.Guyton-Morveau,possédoit un groupe de cristaux
de roche prismes , dont trois des faces alternes de chaque py-
ramide étoient ternes,comme cela s' observe, en général, dans
les faces secondaires de beaucoup de substances. Le quarz se
présente aussi, quoique rarement, sous la forme de son noyau
primitif. Enfin ,■ on peut obtenir celui-ci en faisant chauffer
fortement des cristaux de quarz, et en les plongeant aussitôt
dans l'eau froide; les fissures qui s'y forment, permettent d'en
détacher des fragmens dont les faces lisses se réunissent de
manière à offrir un ou plusieurs angles solides du rhomboïde,
et quelquefois le rhomboïde presque entier.
Le quarz est cristallisé en prismes hexaèdres réguliers ,
termines par une pyramide à six faces. On observe des fa-
cettes additionnelles sur les angles et les bords des pyramides
conliguës au prisme , et même sur les bords longitudinaux.
Ces facettes prennent rarement un assez grand développe-
ment pour masquer la forme générale. De plus, lorsqu'un
angle est remplacé par une ou plusieurs de ces facettes, il est
infiniment rare que tous les autres angles analogues les offrent
aussi : les faces primitives, comme les faces secondaires, sont
très -éclatantes. L'on peut faire sur le quarz , mieux que sur
Q U A 413
toute autre substance minérale, l'observation que, lorsqu'oi^
le rencontre cristallisé , tous les cristaux de la même localité
présentent la même forme et les mêmes modifications. Lea
formes cristallines du quarz les plus remarquables, sont les
suivantes :
i.Q. H. pnmilif, Haiiy, Tab. comp. , pag. 24. etiSa;
Trait, pi, 4o, figure 4. En petits cristaux limpides, dans
les cavités d'un quarz gris noirâtre des environs de Chaud-
fontaine, dans le ci-devant département de TOurlhe. Quel-
ques minéralogistes ont considéré la calcédoine bleue, dite
saplurine ^ qui se présente sous la forme de cristaux, comme
appartenant au quarz primitif, parce que cette calcédoine est
d'une substance qui tire plus sur l'aspect vitreux du quars
que sur l'aspect luisant de la calcédoine; mais ces cristaux
paroissent être des pseudomorphoses. Ils ont la forme cu-
boïde ou cubique , très-rarement émarginée sur les bords,
comme dans la chaux fluatée.
2. Q. H. dodécaèdre^ Haiiy; Trait., pi. /Jo , figure i ,"
composé de deux pyramides hexaèdres , à faces triangu-
laires isocèles. Les deux pyramides font entre elles un angle
deio3 dégrés 20' , et l'incidence des deux faces contiguës de
chaque pyramide , est de i33 d. 4-8'. Cette forme n'est pas
très-rare; elle s'observe dans les localités où l'on rencontre
des cristaux de quarz simples et isolés; dans les environs de
Piano et de San - Salvador , dans le Siennois , ils sont lim-
pides, gris, noirâtres ou rougeâtres ou noirs ; on les nomme
piètre r.anute ^ piètre dicone, di mercaii , dell aldobrandi et iride
nere. Ces cristaux appartiennent également à la variété sui-
vante (le quarz prisme ). On en observe de semblables dans
les collines de Bologne en Italie, et parmi ceux de couleur
rouge qu'on trouve dans les gypses d'Arragpn, du royaume de
Valence, et deBaslènes près Dax. Cette forme s'observe en-
core dans le quarz tapissant les géodes d'Oberstein , dans
les granités et dansbeaucoup de porphyres.
3. Q. H. prisme, Haiiy; Trait., pi. 4o 7 figure 5, en
prismes à six pans, terminés par des pyramides hexaèdres.
Cette forme est extrêmement commune, et présente un très-
grand nombre de modifications dont voici l'indication des
principales :
a. régulier. Prisme pyramide à ses deux bouts ; faces des
pyramides toutes de même grandeur et de même forme; pans
du prisme également similaires entre eux.
b. alterne. Les faces de chaque pyramide alternativement
grandes et petites , de manière que les unes et les autres se
correspondent sur les deux pyramides; les petites facettes
sont triangulaires, et les plus grandes pentagonales.
420 Q U A
c. hisalleme, La forme précédente dans laquelle les petites
faces d'une des pyramides sont, chacune, opposées à l'une
des grandes faces de l'autre pyramide.
d. cunéiforme. Deux faces opposées de la pyramide , ayant
pris un beaucoup plusgrand accroissement, terminent le som-
met en forme de biseau ou de bec de tlûte.
e. oblique. Lorsqu'une ou plusieurs faces contiguës, d'une
même pyramide , ont pris un développement plus considé-
rable , de manière à rendre les autres facettes très-petites.
f. dilaté. Les pans du prisme sont alternativement très-
rctrécis ou très-élargis à leur base -, ils représentent des trian-
gles isocèles extrêmement allongés et tronqués à leurs poin-
tes. Les petites et les grandes facettes des pyramides sont
en rapport avec les extrémités rétrécies ou élareles des pans.
Cette variété est commune dans les mines de Guanaxuato au
Mexique, de Schemnitz en Hongrie, de la Transilvanie, etc.
g. trièdre. Les trois petites facettes de la pyramide n'exis-
tant plus , le cristal est un prisme terminé par trois faces
seulement. Cette cristallisation est extrêmement rare et de-
vroit être considérée à part, et non pas comme une modifica-
tion du Q. H. prisme; mais , comme il arrive que les cristaux
qui la présentent sont toujours accompagnés ou groupés avec
d'autres cristaux prismé-alternes, dont les trois petites faces
de la pyramide sont très-petites et même apparentes seule-
ment à la loupe , j'ai cru devoir la rapporter ici. Cette va-
riété s'observe dans les géodes quarzeuses des montagnes de
l'Argoun , près Nertschinski en Sibérie ; au Hartz , à
Schemnitz en Hongrie, et à Neullly près Paris.
h. raccourci. Dans cette modification du quarz hyalin
prisme , le prisme est extrêmement court. Lorsque ce cas ar-
rive dans les variétés bisalterne , oblique , dilatée , et sur-
tout lorsqu'elles offrent , en outre , une ou plusieurs des fa-
cettes additionnelles des variétés suivantes, il en résulte des
manières d'être extrêmement irrégulières en apparence.
i. comprimé. Le prisme irès-aplali : le cristal prend alors
la forme d'une lame plus ou moins épaisse, selon qu'il est plus
ou moins comprimé.
4.. Q. H. rhombifère , Haiiy, Trait. , pi, /^o , f. 6. La forme
précédente dont les angles solides latéraux sont remplacés
chacun par une facette rhomboïdale inclinée. Rarement tous
les angles solides latéraux d'un même cristal sont ainsi mo-
difiés; le plus souvent, il n'y en a qu'un ou deux.
5. Q. H. plagièdre y Haiiy, pi. 4°, fig- 7- La forme pris-
mée dont les angles solides latéraux offrent chacun une
facette située de biais et inclinée de 167 d. 56' sur l'un des
deux pans du prisme qui lui sont adjacens. Cette variété est
sujette à la même observation que la précédente.
Q U A 421
6. Q. H. rhombifère plagièdre. C'est la combinaison des deux
formes précédentes.
7. Q. H. coordonné , Haiiy , Ann. Mus. 2, p. loi, pi. 38,
fig. 2. La forme précédente, plus une nouvelle facette, inter-
ceptant Tarête de jonclion de la facette rhombifère et de
la facette plagièdre. Le cristal de cette forme présenteroit
54- faces ou facettes , s'il étoit complet ; mais c'est ce qui
ne s'est pas encore rencontré. Toutes les facettes d'i.n même
angle solide sont plus inclinées sur le même pan du prisme ,
et cette inclinaison suit la même loi surles autres angles d'une
même pyramide , et alterne avec l'inclinaison des facettes
des angles de la pyramide opposée; en sorte que les pans du
prisme les offrent sur deux de leurs angles diagonalemeot
opposés.
8. Q, H. peniahexaèdre , Haiiy, Trait, pi. 4oi fig- 8. La forme
prismée dans laquelle chacune des six arêtes horizontales
(celles formées par la rencontre des faces de la pyramide avec
les pans du prisme), est remplacée par une facette trapé-
zoïdale inclinée sur le prisme de 168 d. 49\ c* sur la pyra-
mide de i52 d. 5i'.
a. Fiisiforme. Cette crislallisalion , qui s'observe assez sou-
vent dans le quarz des mines, n'est autre chose que la forme
pentahexaèdre dans laquelle les faces du prisme et celles de la
pyramide passent insensiblement de l'une à l'autre, par Tinter-
médiaire des facettes additionnelles que nous avons indiquées.
Le quarz pentahexaèdre et toutes les formes précédentes
se trouvent fréquemment combinés ensemble , mais seule-
ment sur un ou plusieurs des angles ou des bords d'un même
cristal. Elles appartiennent principalement au quarz cristal-
lisé des montagnes primitives,
9. Q, H. émarginé. La forme prismée dont trois des facettes
delà pyramide, prises alternativement, ont chacune leurs deux
arêtes obliques remplacées par deux facettes linéaires incli-
nées sur cette même face. Cette forme est fort rare , et n'a
été observée jusqu'ici que sur des cristaux du quarz hyalin
violet, vulgairement appelé améthyste.
Tels sont les caractères généraux du quarz hyalin. Pour
mieux faire connoître les variétés de cette pierre, nous les
diviserons ainsi qu'il suit :
1. Manières d'être, et formes indéterminables , page 422.
2. Variétés dues à des accidens ou à des reflets de lumière,
page 429.
3. Variétés de couleur , page 434-
4. Variétés contenant diverses substances minérales,p.443.
5. Quarz hyalin/e/tie, page 449-
6. Quarz compacte , page 45o.
7. Quarz hyalin concrétionné , page 45 ï
422 Q U A
§ I. Manières d'être , etjormes indélenninahhs.
1. QuARZ ïiY kUT^ cristallisé , lorsqu'il est cristallisé régu-
lièrement : il est prismatique , lorsque leprismejest apparent
et simplement ^jram/</<''; lorsque l'on n'aperçoit que les py-
ramides des cristaux. Les cristaux du quar/, lorsqu'ils sont
gros et limpides , s'appellent vulgairement cristal de roche ,
sans égard à leur couleur. Dans le langage vulgaire on nomme
leur prisme un canon ^ expression qui s'applique aussi aux
gros cristaux des autres substances minérales. Les cristaux de
quarz sont rarement isolés et complets; ils sont presque tou-
jours implantés par l'une de leurs extrémités , ou diversement
groupés entre eux, de manière à laisser voir quelquefois leurs
deux sommets; ils forment des druses souvent d'un très-
grand volume ; d'autres fois ce ne sont que des cristaux im-
perceptibles qui revêtent les cavités de pierres également
quarzeuses ou siliceuses; ces cavitésse nomment géodes. De pe-
titscristauxsemblabless'observenttapissautlasurTacede beau-
coup de pierres diverses, et même de corps organisés fossiles.
Les cristaux de quarz les plus volumineux appartiennent
aux montagnes primitives, et acquièrent plus d'un pied de
diniension. On en trouve à Fischbach dans le Valais , qui
sont d'un volume très-considérable : un tel cristal est con-
servé dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle à
Paris. En général, les cristaux les plus parfaits ne dépassent
guère un à trois pouces de diamètre. C'est au sommet des
montagnes primitives couronnées d'une neige élernelle, qu'on
va recueillir les plus belles druses de cristaux de quarz.
2. Q. u. aciculaire; en cristaux extrêmement fins , déliés »
très-longs , enlacés les uns dans les autres. Cette variété se
rencontre dans les mines de fer duDauphiné, de la Bohème.
3. Q. H. aciculaire-radié ( Quartz zéolitliiforme ., Faujas ;
Quartz cristallisé en rose, R. D. ; Quartz commun, fibreux et radié,
Ménard-Lagr, -^Quartz en barre, Delamélh.). Il est en noyaux ,
en boule ou en mamelons solitaires ou groupés, et composé
de rayons divergens, tantôt très-gros, tantôt très-fins , se
terminant au-dehors par des pyramides hexaèdres. Le quarz
radié est quelquefois assez fragile pour permettre à ces
rayons de se désunir; alors, lorsqu'ils sont un peu épais, on
les a comparés à des clous. Les couleurs ordinaires de ce
quarz sont le blanc grisâtre, le blanc jaunâtre ou rougeâtre <'t
le violet. On en trouve dans beaucoup de lieux, notamment
en Sibérie , en Hongrie , en Saxe , en Bohème ; dans la
vallée de Brozzo, en Piémont. Dans le Volierran , en Tos-
cane , où il est en noyaux, contenus dans une roche altérée,
PrèsdeFassâ, à la montagne dite Molignon, on trouve
un trapp verdûtre contenant des noyaux de quarz. radié rosé.
Q U A 42^
En France, on le rencontre au coteau cleMîsen,en petits
globules, dans le granité qu'on exploite pour le pavage de la
ville de Nante , située près de là ; les globules sont associés
à la baryte sulfatée crêtée ou mamelonée. M, Ménard de
la Groye l'a découvert sur le territoire des communes de
Chavaigne et de Martigné-Briant , à six lieues d'Angers ; il
y est en masses, de toutes grosseurs, et même en petits
blocs épars , entre une multitude de débris de même nature,
dans un terrain schisteux. On a observé aussi ce quarz dans
les dépariemens de la Corrèze , de la Hante-Loire et du
Cantal.
Le quarz violet ou Vaméthysie présente aussi la structure
aciculaire radiée ; on remarque dans ce cas, que les rayons,
divergens sont quelquefois presque blancs, tandis que la py-
ramide terminale est toute violette : cela s'observe dans les
améthystes en masse de Hongrie, et des environs de Brioude
en Auvergne.
4.. Q. ^.fibreux {Faser quarz , Karst. ), en fibres parallèles
ou légèrement divergentes, ayant jusqu'à deux lignes d'épais-
seur environ. Ses couleurs sont le blanc grisâtre ou laiteux ,
le violet (^ dîck fasriger amelhysl , Wern.) , et le jaunâtre. Ce
quarz se 'trouve en veines dans les agates ou revêtant les
géodes de même nature ; ses fibres sont perpendiculaires aux
parois des cavités de ces géodes , et se terminent par des py-
ramides hexaèdres. On en trouve dans beaucoup d'endroits;
il y en a de belles variétés de couleur violette auprès de
Dresde , et près de Schemnilz en Hongrie.
5. Q. H. sacchardîde. En masse poreuse uniquement compo-
sée de très-petits cristaux prismes, bipyramidaux , d*un beau
blanc, et ayant tellement l'apparence du sucre, qu'on y se -
roit aisément trompé. Cette" variété existe dans le cabinet de
M. de Drée , à' Paris, sans indication de localité. Il pa-
roît qu'on trouve, en Piémont, un quarz analogue, en masses
traversées par de gros prismes striés d'épidoie.
6. Q. H. muscoide. Composé de rameaux simples ou ra-
meux, séparés ou embrouillés , ou disposés en touffes sem-
blables à certaines mousses, et couverts sur toute leur sur-
face de très-petits cristaux brillans. On en trouve une très-
jolie variété à Gersdorf , près de Freyberg en Saxe.
7.Q. H. spumiforme. Il est en concrétions scoriacées ou spon-
gieuses, caverneuses et cellulaires. Les parois des cavité.s
sont couvertes de petits cristaux; tel est le quarz hyalin qu'on
rencontre si fréquemment entre les lits de marne et de pierres
calcaires qui couronnent la formation du calcaire grossier
aux environs de Paris, à Neuilly-sur-Selne , à Passy , à Issy,
424 Q U A
à Vaugîrard, etc. ; ce quarz est blanc de neige, ou quelquefois
sali par An fer hydraté jaune ou rougeâlre.
8. Q. H. incrustant. C'est celui qui , en recouvrant d'au-
tres corps, est en croûte mince , qui en prend la forme
extérieure. On trouve fréquemment , en Saxe et ailleurs ,
des incrustations de quarz qui se sont faites sur des cristaux de
chaux fluatée. En Hongrie , on trouve des croûtes quar-
zeuses cristallines qui ont la forme complète de diverses varié-
tés cristallines et de groupemens propres à la baryte sulfatée.
On observe également, en Hongrie ainsi qu'à Guanaxuato ,
de très-jolies incrustations de quarz , qui ont conservé di-
verses formes propres à la chaux carbonalée. Les cristaux
de quarz sont aussi incrustés par le quarz lui-même. Enfin
les incrustations quarzeuses imitatives sont assez variées. Je
citerai encore des incrustations singulières'qu'on trouve près
de Freyberg, en Saxe; ce sont des croûtes minces Irès-irrégu-
licrcs, mamelonnées, qui s'emboîtent, et qui , malgré cette
circonstance , sont très-mobiles, sans pouvoir être dégagées ;
les deux parois de ces croûtes offrent , l'une en relief, l'autre
en creux, des empreintes d'une multitude de cristaux de
chaux fluatée. On en peut conclure, avec certitude, que ces
lames quarzeuses étoient séparées par une couche de chaux
fluatée qui s'est détruite; mais il reste à savoir comment:
question qu'on peut appliquer à presque toutes les substances
que rappelent les cristaux imitatifs du quarz hyalin,
9- Q. Tî. pseudomorphicfue. Ce quarz et le précédent ont des
rapports entre eux par les formes empruntées sous lesquelles
ils se présentent ; mais le précédent est un quarz modelé ,
et celui- ci un quarz moulé. Les arêtes et les angles des cris-
taux sont plus vifs et mieux conservés dans les cristauxpseudo-
morphes; ils sont arrondis dans les cristaux modelés. Les
cristaux de quarz pseudomorphique sont pleins ou creux à
l'intérieur. Leursformessont le cube et l'octaèdre de la chaux
fluatée , les formes primitive , mélastique , dodécaèdre et
autres de la chaux carbonatée , la forme lenticulaire de la
chaux sulfatée, les formes primitive, trapézienne , époin-
tée , laminaire , crêtée, concrélionnée et radiée de la baryte
sulfatée , le rhomboïde du fer oligiste primitif, etc.
U existe dans le cabinet de M. de Drée , à Paris , une
druse de cristaux de quarz , couverte de petits cubes de quarz
translucide grisâtre : ce morceau est de Saxe.
A Beeralston , en Angleterre, il y a des quarz pseudo-»
niorphiques , cubiques et octaèdres , d'un blanc jaunâtre ,
presque opaque. Les mêmes formes, et presque toutes celles
citées plus haut , se trouvent dans le quarz pseudomorphi-^
que découvert dans le département de Saône-et-Loire ,
Q U A 4,5
communesde laBoula^e (canton deRoussîllon),etde la petite
Verrière , et dans le département de la Nièvre , aux envi-
rons de Childe. On cite des pseudo cristaux de chaux car-
bonatée métastatique et dodécaèdre, qui ont plus d'un pied
de longueur , à Montbrison , département de la Loire.
M. de la Fruglaie a découvert les mêmes quarz pseudomor-
phiques métastatiques dans ledépartement desCôtes-du-Nord.
Guyton de Morveau a donné l'analyse d'un pseudocristal mé-
tastatique de quarz ; il l'a trouvé composé de silice , 92,4.2 ;
chaux , 3,58 ; magnésie , 2 ; la perte a été de 2,i3. Sa pe-
santeur spécifique étoit de 2,55.
Le quarz pseudomorphique lenticulaire de Passy , près Pa-
ris , est connu, depuis long-temps, sous le nom àt quarz.
en crêtes de coq. Il est en blocs , composés de cristaux lenti-
culaires , diversement groupés entre eux dans une couche de
marne calcaire ou dans un sable argileux qui recouvre im-
médiatement les premières couches qui précèdent les bancs
de la formation du calcaire coquillier. Des masses énormes
du même quarz amorphe accompagnent des bancs qui ren-
ferment ces pseudo cristaux ; ceux-ci ont dû se former en
se moulant dans des cavités laissées par la chaux sulfatée
lenticulaire dont ils ont pris la forme et le groupement; cette
présomption est d'autant plus probable, qu'à une petite dis-
tance de Passy , au pied de Montmartre , les bancs les plus
profonds qu'on ait observés, sont des marnes contenant des
groupes semblables de chaux sulfatée : ces bancs complètent
la formation gypseuse de notre sol, qui, comme on l'observe ,
couvre toujours la formation calcaire.
Le quarz , qui se présente sous la forme primitive du fer
oligiste, en Saxe, avoit été considéré comijie du quarz hyalin
sous sa forme cristalline primitive ; mais le rhomboïde pri-
mitif du quarz est un peu obtus , et celui du fer oligiste est
plus aigu ; ce qui a conduit M. Haiiy ( Tabl. comp.) à re-
connoître que ce quarz pseudomorphique avoit emprunté sa
forme au fer oligiste. Les cristaux sont blanchâtres et enga-
gés dans un fer hyperoxydé ( V. Fer oxydé au maximum^,
espèce de fer confondu pendant long-temps avec le fer oli-
giste , et dont la forme primitive est le cube , selon M. de
lîournon. L'on trouve aussi ces pseudomorphes du quarz
en rhomboïde primitif du fer oligiste, à Framont (Vosges),
Le quarz pseudomorphique se dislingue des autres pseu-
domorphes siliceux par sa contexture quarzeuse.Nous verrons
à l'article silex qu'il en est une variété, dont la contexture de
la pâte tient le milieu entre celle du quarz et celle du silex
commun , et qui se présente aussi en cristaux pseudomor-
phiques. Les minéralogistes allemands la comprennent dans
426 Q U A
leur hornsiein , où se réunissent des pierres compactes de
plusieurs natures. Ils nomment lespseudomorplioses en ques-
tion , hornsiein cristallisé , expression vicieuse , puisque celle
pierre n'a pas la structure cristalline et qu'elle ne présente
que des formes emprnnlées de crislaux dont les noyaux pri-
milifs sont dlfférens de celui du quarz. Au reste, le quarz
hyalin pseudomorphique et le hornsiein cristallisé passent
de l'un à l'autre,
Observons ici que les substances dont le quarz et le silex
emprunlenl les formes, sont, ou des substances salines pier-
reuses , ou des substances métalliques toutes plus tendres ou
susceptibles de se décomposer. V. Pseudomorphoses.
10. Q. H. laminiforme (^quartz lamelleux ou fendillé, R. D. ;
Gekammt , Reuss. ; vulgairement quarz haché ). Ce quarz
est en masse ou en croûtes fendillées dans tous les sens,
comme si on l'avoit haché. C'est principalement dans les
mines qu'on le trouve. Ces fentes paroissent devoir leur ori-
gine à des substances qui les remplissolent autrefois et qui
se sont détruites. Les quarz hachés d'Andreasberg, au Hariz,
de Souabe et de Nertschlnski en Daourie , sont communs
dans les cabinets. Il arrive quelquefois que les gerçures sont
remplies après coup par de la matière siliceuse - agaline ;
alors on a une masse compacte qui, étant polie , offre sur
un fond hyalin brun, ou blanchâtre, ou violet, des lignes blan-
ches diversement dirigées ; tels sont certains quarz-agaJins
de Framont dans les Vosges , et de Bohème, On suppose,
dans ce cas, que la baryte sulfatée laminaire avoit occupé
primilivement les fentes de ces quarz-agatlns. Ils sont assez
répandus dans les cabinets sous forme de plaques cl de
Loîles.
11. Q. H. laminaire. Lorsque le quarz hyalin est en grande
masse, il offre quelquefois une structure laminaire, soit dans
un seul sens , soit dans plusieurs ; et il paroît que ses divi-
sions ont lieu à peu près dans les mêmes inclinaisons que
celles des faces du noyau primitif, puisque, d'après l'observa-
tion de M. Haiiy , on obtient plus aisément , en les brisant ,
des fragmens qui présentent un ou plusieurs des angles so-
lides du noyaux primlllf. Le quarz hyalin rose laiteux , dont
nous parlerons plus bas, a celte structure. M. AUuaud l'a
observée dans un quarz hyalin gris des environs de Limoges.
12. Q. H. cellulaire. Il est rempli de cavités, ou alvéoles, ou
cellules séparées par de simples cloisons très-minces. Celle
variété est le plus souvent très-légère , au point de nager
quelques inslans sur l'eau. On la rencontre principalement
à Bérésof en Sibérie, dans la même mine où existe le plomb
chromalé;il y a àtà mprceaux qui sont moitié compactes et
Q U A 427
nioilic cellulaires. Il ne faut pas le confondre avec le silex
léger , ou nectique de Saint-Ouen près Paris.
i3. Q. H. carrié. Très-irrégulier, criblé de cavités très-irré-
gulières ordinairement salies par du fer oxydé ou hydraté, ou
par d'autres substances. Cequarz,de même que le précédent,
conlenoit ou étoil empâté avec d'autres minéraux qui ont été
détruits; il en formoil,pour ainsi dire, le squelette. On ren-
contre souvent le quarz carié dans les mines de plomb où le
plomb phosphaté vert et le fer hydraté sont communs.
i4- Q. H. ondulé, Haiiy ( Tabl. comp. ). En petites masses,
en noyaux et en petits morceaux blanc-laiteux très-fendiU
lés, dont la surface est très -lisse , très-ondulée , écla-
tante , semblable à celle que prendroit un verre fendille
fondu à sa surface. Il est translucide ou demi-transparent ,
rarement limpide ; il a une teinte opaline , il refilète quel-
quefois les couleurs de l'iris à la manière du quarz irisé. Sa
cassure , dans les morceaux les plus homogènes , est con-
choïde , lisse , brillante ; dans les gros noyaux et les peti-
tes masses, elle est à gros grains. On le trouve dans les ter-
rains volcaniques et principalement dans des roches qui ont
éprouvé l'action du feu, et qui en portent souvent les mar-
ques les plus évidentes. C'est près le cap deGatte enEspagne,
au Granatillo près de Nijar, et dans une roche micacée gra-
natifère, contenant le dichroïte ou rordîêriles^qu'on rencontre
abondamment ce quarz ondulé , soit en grains épars, soit en
plus gros noyaux fendillés. Cette roche volcanisée, remplie de
ces débris, produi{,par sa décomposition, leslils des anciens
torrens. Des roches analogues se retrouvent dans les tufs et
les brèches de San-Pedro, non loin de là. V. Cordiérite.
Le Q. H. ondulé s'observe en grains ou morceaux éclatans ,
d'un blanc rose laiteux , tantôt limpide , tantôt fendillé, dans
les laves granitiques vitreuses des environs de Santa-Fiora en
Toscane ; dans une lave vitreuse du Mont-Dor ; dont le grain
s'approche de celui de la domite; et dans une autre lave ana-
logue , de l'île Milo.
On a considéré le quarz de cesjaves, tantôt comme de
l'obsidienne, tantôt comme du feldspath fondu : or, il n'y a
pas d'exemple de cristaux de feldspath fondus complètement
dans les laves, c'est-à-dire sans trace de leur structure cristal-
line , et le quarz en question est complètement vitreux et
seulement gercé irrégulièrement comme le quarz; de plus, il
ressemble entièrement au précédent, et surtout au quarz
hyalin rose laiteux, par sa couleur. Je l'ai trouvé fonslam-
ment infusible ; et Dolomicu , qui en possédoit un fragment
de la grosseur d'une noisette , n'avoit pu réussir a le
fondre.
^20 Q U A
L'on doit encore rapporter au Q. h. ondulé les noyaux de
quarz très - fendillé et à gros grains, qui se rencontrent
dans les scories en boules et en larmes de Graveneire,et dans
la lave poreuse de Volvic (Puy-de-Dôme) , et dans celle de
Niedermenîg près d'Andernach , sur les bords du Rhin ,
quoiqu'il n'ait pas l'aspect aussi luisant et aussi lisse.
i5. Q. H. />o/i (vulgairement rnche poliey L'on rencontre
ce quarz en masse, poli naturellement sur une face, qui n'est
jamais parfaitement unie , comme on l'obtient par l'art. Ce
quarz affecte deux gisemens : dans le premier, il forme en
mélange avec d'autres substances , les salbandes des filons
métalliques ; sa surface polie est inégalement striée ou
ondulée. Dans le second gisement, il est encaissé dans les
roches primitives, et lui-même est en masses considérables
mélangées avec d'autres roches;le tout semble le produit d'une
cristallisation simultanée. Ces masses offrent sur leur partie
polie, des stries parallèles analogues à celles qu'on observe
sur le prisme des cristaux de quarz. Cette apparence a fait
penser que ces masses polies primitives pourroient être re-
gardées , peut-être , comme des portions de cristaux énor-
mes incomplets ; on ne devroit pas attribuer alors le poli
brillant de la surface de ces masses à l'action des eaux.
Les Alpes fournissent plusieurs exemples de roches polies ;
les plus célèbres sont celles du grand Saint-Bernard et du
Simplon.
i6. Q, H. amorphe. C'est celui qui se présente en masse
sans forme déterminée. Il est de toutes les couleurs et de
tous les degrés de transparence. Le quarzîamorphe cons-
titue à lui seul des filons et des couches puissantes dans les
montagnes primitives.
Vers la base de la montagne granitique du Helsberg, près
de Reichemberg , à quatre lieues de Darmstadt, on observe
une espèce de muraille de quarz qui s'élève perpendiculaire-
ment et se montre à nu comme si elle étoit sortie subite-
ment de la roche feuilletée granitoïde sur laquelle elle repose.
Elle a quatorze à quinze pieds de hauteur, dix d'épaisseur et
environ cinq cents de longueur.
17. Q. H. roulé. En cailloux arrondis 'de diverses grosseurs ,
usés par le frottement. Lorsque ces cailloux sont limpides et
propres à la taille, on leur donne le nom de la contrée ou
celui du fleuve sur les bords duquel on les trouve ; tels sont
les Cailloux du Rhin , de Cayenne, de Médoc, â'Ars , de Royan ,
de Sroua^e, de Vichy., etc.
18. Q. H. granulaire {quarz salin, saltz-schlag des Allemands).
En masse composée de petits grains vitreux. On trouve dans
les Alpes des masses et des couches quarzeuses uniquement
Q U A ^,3
composées de petits grains vitreux. La structure granulaire
est commune à beaucoup de variétés de quarz; par exemple,
au cantalitile j décrit plus bas , § 3 , n." i3, aux variétés de
couleur.
19. q.n. grenu. Il a l'apparence d'un grès à grain fin et serré,
à cassure écailleuse. U faut que cette espèce de quarz ait
existé jadis en immense quantité dans les Alpes , puisque
Saussure a reconnu qu'il forme les sept huitièmes au moins
des pierres roulées qui remplissent la vallée du Rhône, depuis
le Jura jusqu'à son embouchure. Il paroît que ce n'est pas
un quarz primitif. F. Q. compacte, § 6.
20. Q. H. arénacé ( arena, Wall.; sable quaHzeux pur, quartz
en poussière, sablon, R. D.; quartz grenu, De Born.; quartz sa-
bleux , Delaméth. ; sable stérile , sable mouvant , Bomare ;
vulgairement sable , sablon pur ). En grains arrondis ou
anguleux , vitreux , libres , extrêmement fins. Ces sables
couvrent les plaines et le sol d'une grande étendue de pays ;
ils forment aussi des bancs puissans dans les terrains les plus
récens. Les grains, sans cohésion entre eux, ont quelquefois
une telle finesse, qu'ils deviennent le jouet des vents; tels sont
les sables qu'offrent les landes des déserts de l'Afrique : ces
landes, brûlées pendant plusieurs mois de suite par les rayons
d'un soleil toujours ardent,sont couvertes de poussière quar-
zeuse , que les vents enlèvent , dispersent ou accumulent en
hautes collines, à leur gré.
Les sables quarzeux les plus purs renferment toujours une
petite quantité ou d'argile, ou de fer, ou du mica, etc., en par-
ticules extrêmement ténues. (^ V. Sables. )
22. Q. H. arénacé-massif (yul^airemtxxt grès quarzeux). C'est
le nom qu'on peut donner au grès commun ; car on doit le
considérer comme un sable quarzeux dont les grains sont
agglutinés entre eux. Dans diverses contrées de la France ,
notamment près d'Auberive sur le Rhône , et en Provence ,
près d'OUioules , de même qu'aux environs de Nevers,
d'Etampes, etc. , on trouve de puissantes couches d'un sable
quarzeux, blanc comme la neige, et parfaitement pur et ho-
mogène, qui, n'est peut-être pas une matière transportée par
les eaux, mais qui s'est probablement formée là par une opé-
ration chimique de la nature. V. Grès et Sable.
§ II. Variétés dues à des accidens ou à des reflets de lumière.
I, QvARZ-UYALl^ limpide, Haiiy {Quartzum pellucidum
cristallisatum ; Q. cristallinum colore aqueo ; cristallus mon-
tana, etc., Waller; quartzum hyalinum ; nitrum jluor lapida-
sum , Linn. ; cristal de roche , R. D. , de Born , Daubent. ,
Brochant ; Berg cristal , Wern. ; Edlerquari , Suekow. ;
43o Q U A
transparent quarz , Kid. ; Rock , or Mountain-cristal, James. ).
C'est le cristal de roche par excellence ; il est caractérisé par
sa transparence el par sa limpidité , qui permettent de voir
nettement les objets, lorsqu'on les regarde à travers. Cette
limpidité est même souvent si parfaite, que ce quarz, dont
le mérite est augmenté par la densité, l'emporte sur le plus
beau cristal artificiel. Il est cristallisé, mais plus souvent
amorphe et en grandes masses quelquefois roulées ; il est
incolore , blanc de neige, brun enfumé, jaune , vert, etc. ;
sa cassure très-éclatante est largement conchoïde , à surface
ondoyante. Les cristaux sont prismes, rhombifères , plagiè-
dres, pentahexaèdres , coordonnés, etc. , et ont généralement
un ou plusieurs de leurs angles et de leurs bords latéraux sur-
chargés de facettes ; ils acquièrent un volume considérable,
la grosseur du bras et plus; ces gros cristaux ne sont pas
ceux dont le prisme est plus chargé de facettes sur les
angles. Les cristallisations offrent toutes les bizarreries que
nous avons indiquées plus haut.
C'est dans les montagnes primitives que l'on rencontre
spécialement le quarz hyalin transparent; il est cristallisé
dans les fentes et cavités des filons quarzeux qui traversent
les roches granitiques, où l'on va le chercher pour le tra-
vailler, ou pour se procurer ces magnifiques druses qui
ornent nos collections. On nomme poches , four à cristaux
et cristalllères , les cavités d'où on les retire. C'est souvent en
surmontant les dangers les plus inouis , que les monta-
gnards de divers pays, et notamment du Dauphiné , vont à
la recherche du cristal de roche. La Suisse, les Alpes, le
Dauphiné , la Bohème , l'Ecosse, la Hongrie, le Brésil,
Ceylan , et beaucoup d'autres contrées , offrent de beaux
cristaux de roche ; celui des monts d'Abostimène à Mada-
gascar , est remarquable par sa limpidité et le volume
énorme de ses masses , qui pèsent jusqu'à 75 kilogrammes
et plus.
On n'emploie dans les arts que cette variété de quarz. Les
petits cristaux de quarz limpides et brillans dodécaèdres ou
prismes , avec leurs deux pyramides , portent le nom de
faux diamans ; on les nomme aussi diamans de Carrare ,
de Bristol, de Hongrie, de Bohème, de Silésie, de Baffa,
des Asturies , de Galice , du Dauphiné , etc., des noms des
lieux qui les produisent. Le cap des diamans , au Canada ,
doit ce nom aux cristaux de quarz qu'on y trouve.
Le quarz limpide offre plusieurs accidens qui en troublent
la transparence , et qui sont regardés comme des imper-
fections ; voici les principales :
a. à plans ondoyans. La limpidité du quarz hyalin est sou»-
vent troublée par des voiles ondoyans , qui semblent flolr
Q U A /,3ï
ter dans la substance quarzeuse. Ces voiles sont unique-
ment composés de petites bulles ou gerçures égales, quelque-
fols extrêmement fines. Cet accident remarquable donne
un caractère excellent pour reconnoître , à la première vue
et sans le toucher, le cristal de roche taillé , qu'on pourroit
confondre avec le cristal artificiel ; car dans celui-ci, lorsqu'il
offre des bulles , elles y sont éparses , sans suivre une dis-
position semblable.
b. Neigeux. On nomme cristal de roche neigeux, le quarz
hyalin dont la transparence et la limpidité sont troublées
par des flocons et des nuages blanchâtres.
c. G/acé. C'est le quarz; transparent, rempli de glaces et,
de fentes qui reflètent la lumière sans iris.
d. Treillissé. La surface de ce quarz est marquée de sir/ es
parallèles ^flexueuses, qui se coupent obliquement , et for-
ment ainsi un réseau à mailles serrées, de manière à dcvnner
à ce quarz un aspect satiné , ou l'aspect que l'emr^reinte
des stries des doigts laisseroit sur un corps mo'j. Des
plans formés par de semblables stries s'observen.t dans la
substance du quarz , et se coupent entre eux obliquement.
Ce système existe dans toutes les masses , puisque la moin--
dre cassure met à découvert des surfaces pareUJement sati-
nées. Ce quarz, fort curieux, vient du Bréf.il; il est vert
violet , jaune ou blanc , unicolore ou panaché de plusieurs
couleurs ; mélaugé en morceaux amorphes ou en cristaux
brisés , avec les améthystes brutes. On l'apporte du Brésil.
Il n'est pas rare dans ce moment à Paris ; aucun auteur
ne paroît ai^olr remarqué l'accident qu'il présente. Lorsqu'il
est taillé et poli , les plans intérieurs offrent, dans un certain
sens , de petites lamelles brillantes, disposées en quinconce.
e. Irisé. {Iris par fêlure,^. D.; Rogenbogenslein , des Al-
lemands). C'est le quarz qui reflète intérieurement les cou-
leurs vives de l'iris, tantôt confuses, tantôt disposées par
zones. Le quarz limpide irisé , vulgairement appelé fris et
cristal irisé , est employé dans la petite joaillerie , lorsqu'il
n'a pas d'imperfections. On détermine les iris dans le quarz
transparent , en frappant dessus , avec un petit marteau ,
des coups secs : les iris se développent aussitôt sur les plans
des gerçures que le choc a produites. Le quarz perd ses iris
au feu. filles sont dues à un peu d'humidité qu'il contient et
qui réfléchit la lumière. L'on croit que l'iris mentionnée
par Pline , n'est autre chose que du quarz irisé,
/. Astérie. M. Caire-Morand dit avoir observé que les cris-
taux de quarz ont la propriété de donner une ou plusieurs
étoiles lorsqu'on les taille dans un sens particulier. Foyez,
Corindon Astérie , vol. 8 , p. 72.
2. Q. H. demi-transparent ou translucide \ {Quarizum , Linn.,
^3a Q U A
Waller , etc.; Quartzum rude^ Waller ; Quartz cûminun •,
de Born, ; Quartz^ R. D. , Kirw. ; le quartz commun ,
Broch. ; Gemeiner quartz , W. ; Common quartz , James, ),
C'est le quarz qui est le plus commua ; c'est lui qui sert de
gangue à la plupart des minerais ; il entre dans la composi-
tion des filons des granités et autres roches primitives. On
le trouve dans les terrains de transitions , secondaires et
d'alluvion ; il n'a point l'éclat ni l'homogénéité du cristal
de roche ; il est communément amorphe et sous toutes les
formes indéterminables; il se rencontre également en cris-
taux dodécaèdres ou prismée et pseudomorphiques ; il est
communément translucide ou presque opaque. Ses cristaux
sont quelquefois demi-transparens. Sa cassure est vitreuse ,
ordinairement raboteuse. L'éclat des surfaces est plus sou-
vent luisant et comme gras. Ce quarz présente toutes les
couleurs ; mais il est habituellement gris ou blanc jaunâtre ,
ou blanc laiteux.
3. Q. H. aoenturiné , Haiiy ( Quartz informe aventuriné ,
de Born ; aventurine naturelle , ou quartz ai>enturiné , R. D. ;
Pseudo aveniurine quartzeuse^ Delaméth ; Quarz granular, aven-
turine , Kirvv. ) C'est un quarz translucide sur ses bords , et
rempli d'une grande quantité de petites gerçures ou fis-
sures dirigées en tous sens , et qui reflètent la lumière en
paillettes brillantes , jaunes , grises ou blanchâtres. Il est
ordinairement roux ou rougeâtre ; il offre aussi des variétés
jaunes , grises, vertes , et même noires. Le véritable quarz
hyalin aventuriné ne contient point de mica. On appelle
la variété rousse , pierre du soleil , lorsque ses fissures ren-
voient un vif éclat ; mais ce n'est point la vraie pierre du
soleil , qui est un feldspath. On lui donne le nom de ruhasse
naturelle , lorsque ces paillettes sont lâches et étendues; telle
est l'aventurine quarzeuse de Ceylan. Elle est très-rare ; on
la trouve cristallisée sous la forme prismée , tandis que les
aventurines sont , d'ordinaire, en masse amorphe. Le quarz
hyalin aventuriné vert, à reflets argentés, se trouve au
Brésil, de même qu'une variété grisâtre , à petits points bril-
ians. A Facebay , en Transylvanie , on en rencontre une
qui est noirâtre. Une variété blanche à reflets argentés , se
trouve au cap de Gates. Les variétés rousses ou rougeâtres
sont communes en Espagne , dans l' Aragon , aux environs
de Madrid et en Bohème : dans le Reisengebiirge , elles
sont en fragmens roulés, quelquefois d'un très-grand volume,
et elles varienlpour la finesse de leurs paillettes. En France,
on trouve de semblables cailloux roulés, mais moins agréa-
bles pour le jeu des paillettes , dans la Basse-Bretagne, aux
environs de Rennes, de Nantes, de Vasles (départ, des
Deux-Sèvres), etc. Parmi les cailloux roulés du sol d'allu-
Q U A ^33
Vion des environs de Paris, où on en trouve de quarzeux im-
parfaitement aventuriné.
L'on donne vulgairement le nom d'ayW«r/«e à des pierres
quarzeuses,qui ont un reflet pailleté, soit que ces pierres doi-
vent ce refléta des gerçijres,comme dansle quarz liyalin aven-
turiné,ou que la substance de ces pierres contienne du mica
\quarz hyalin mîcacé)^ou bien encore qu'elles soient un mélanee
de grès, de quarz et de paillettes de mica , c'est à-dire, un
grès micacé à grains fins et serrés. Les plus estimées de
CCS aventurines sont les premières. On ne doit point les con-
tondre avec les aventurines feldspathiques {feldspath aventu-
riné), qui sont infiniment plus prisées.
4. Q. lî. chaioyantiV. OElL DE CH\T,et plus bas Q. H. amianthé,
S», n.» i3 ). Il est possible que \q faser kiesel de Werner»
qu on trouve en cailloux roulés à Sanzawa en Bohème, soit
un quarz commun , fibreux , chatoyant ; il ne contient point
d amianlhe m de corps étranger qu'on puisse soupçonner lui
donner sa structure frbreuse. Il est compacte , d'un blanc
jaunâtre ou grisâtre , translucide sur ses bords ; ses fibres
sont fasciculées, et leurs faisceaux s'entrecoupent : ils ont, çà
et là, l'aspect fibreux du bois pétrifié. Sa cassure transvei
sale est raboteuse , mate ou un peu luisante.
5. Q. H. gras {id. Hady. R. D. , quartzum. solldum aiiactu
pmgue, fade nitente; quarUum phigue, Wall.; qmirU informe,
grcis.Dthora). 11 a un aspect gras elle toucher glissant, comme
s il eût été frotté d'huile. Il est translucide ou presque opaque,
presque toujours gris ou blanc. Il est amorphe, rarement cris-
tallisé,etne doit être considéré que comme une légère modifi-
cation ou variété du quarz demi-transparent , ci-dessus n.° 2.
Son aspect gras seroit-il dû à un principe qu'on n'auroit pas
encore réussi à en retirerr'Quelqueschimistes anciens font ob-
server que lorsqu'on distille du quarz à un feu violent, on ob-
tient quelquesgouttes d'une liqueur alkaline;ils ajoutent qu'en
faisantrougirlequarzplusieursfoisde suite, et qu'en enfaisant
à chaque fols, l'extinction dans de l'eau pure, ce liquide don-
noit des vestiges d'un aikali. Enfin, M. Vauquelina lui même
observé que certains quarz verdissoient le sirop de violette.
Seroit ce à cet aikali que le quarz devroit son aspect gras,
et cet aikali seroit-il le lithion , nouvel aikali découvert dans
le pétalite , minéral remarquable par son aspect gras .^
(3. Q. H. opaque. L'opacité , quoique très-forte dans plu-
sieurs variétés de quarz qui sont colorées , n'est jamais
parfaite, si l'on prend l'épithète d opaque dans son ac-
ception ; caries esquilles du quarz s le plus opaque sont
au inoins légèrement translucides sur leurs bords minces.
On nomme cristaux en chemise ceux qui sont transpa-
XXVill. 28
434 Q U A
rens à l'intérieur, et opaques à l'extérieur. Ils sont commune
dans les mines; ceux de Zinnwald en Bohème sont répandus
dans les anciens cabinets ; ils sont tous polis sur une ou
plusieurs de leurs faces , et laissent voir très-bien leur état.
§ m. Variétés de couleurs ( Nitrum fluor , Linn. ).
Le quarz hyalin doit ses couleurs au fer oxydé , et quel-
quefois au manganèse oxydé , ou bien à une substance étran-
gère , tellement fondue dans la pâte quarzeuse , qu'on ne
sauroit plus la discerner. Ses variétés sont nombreuses , et
offrent presque toutes les couleurs et leurs nuances intermé-
diaires.
Les quarz transparens qui offrent une couleur pure , ont
été comparés aux pierres gemmes , à cause du vif éclat
qu'ils sont susceptibles d'acquérir parle poli. On leur a
donné alors le nom de la pierre précieuse dont ils rappellent
la couleur. Mais, néanmoins, on ne les confond point avec les
gemmes , et leur valeur est infîniment moindre. Ils con-
servent bien moins long-temps , comparativement à ces der-
nières, la propriété électrique que leur communique la pres-
sion entre les doigts. Voici les variétés qu'il faut remar-
quer :
1. Q. H. încolor. C'est celui dont la limpidité ne le cède
pas à la glace la plus pure , et qui n'offre aucune couleur ;
c'est le cristal de roche pur , celui qu'on emploie de préfé-
rence. V, Q. H. limpide , 2.^ § , n." i.
2. Q. n. violet ou Améthyste (^crislallus colorafa violacea ^
Wall.; améthyste, R. D., Deborn. ; crisial déroche violet,
Daub. ; amélhyste , Broch. ; gemeiner amethyst , W. ; a77ze-
if//y5<, James.; viAg.faux rubis améthyste, et améthyste'). Chacun
connoît l'améthyste; c'est, de toutes les variétés de quarz, la
plus recherchée. Sa couleur violette, nuancée de teintes plus
ou moins foncées, et d'un reflet agréable, la rend précieuse.
Cependant, eile est souvent variée de blanc ou de gris, ou
même de teinte enfumée , verdâlre ou jaune. On trouve au
Brésil des cristaux qui sont à la fois panachés de ces diverses
couleurs; et c'est là l'origine du nom A'améthyste verte qu'on
leur donne dans le commerce. Les cristaux d'améthyste
sont toujours plus colorés à leur sommet.
Le quarz arnélhyste n'offre pointées belles cristallisations
propres au cristal déroche. Il est rarement en gros cristaux^
mais souvent en petits cristaux prismes, ou en pyramides
Bessiles. Les angles latéraux du prisme n'offrent presque ja-
mais de facettes additionnelles. Mais les arêtes longitudinales
de ses pyramides sont quelquefois émarginées. L'améthyste
effre aussi des cristaux pentahexaèdres fusiformes. Une de
0 U A 435
ses variétés est fibrease ; elle a été distinguée par Werner
qui l'a nommée {Dickfaseramethyst.) U y a encore de l'amé-
thyste roulée. L'améthyste en masses est formée de couches
quarzeuses violettes et blanches opaques , ou d'agates, qui
offrent des dessins anguleux , festonnés, ayant l'apparence
de plans de fortifications. En Saxe, à Roclitz, on trouve une
jolie brèche d'agate et d'améthyste dont on fait des tabatières.
L'améthyste , suivant l'analyse qu'en a faite M. Rose
contient : silice , 97, 5o ; alumine , 0,26 ; fer oxydé , o 5o •
une trace de manganèse ; la perte est de 1,75.
L'améthyste se trouve dans un grand nombre de lieux-
elle est en veines ou cristallisée , dans les cavités de quel-
ques roches primitives et de transition, ou de diverses roches
considérées parles uns comme des laves, et par les autres
comme des trapps.
L'Ecosse présente l'améthyste dans beaucoup d'endroits
principalement aux environs de Burntisland , dans le Fife-
shire , de Montrose , et dans la montagne de Kinnoul. U y a
de l'améthyste près de Cork en Irlande, et à Feroè".
L'améthyste existe à Dannemora , en Suède ; à Claus-
ihal , et dans divers lieux du Hariz ; à Annaberg , Dresde
et Kunnersdorf , en Saxe; en Bohème, en Silésie , en
Bavière , en Tyrol , en Suisse , à Schemnilz en Hongrie ,
en Transilvanie , à Oberstein dans le Palatinat ; en
France , près de Brioude en Auvergne , et dans le val
Louise ; en 'Espagne, dans les montagnes des royaumes de
Grenade , de Murcie ( où se trouve Carthagène ) , et de
Valence ; et dans la Catalogne , province dans laquelle est
située la ville de Vicque , où l'on fait un commerce d'amé-
thyste taillée assez lucratif , et auquel l'améihyste brute
du pays ne peut suffire , puisque les Catalans viennent ,
dans certaines années , exploiter l'améthyste des environs
de Brioude.
Les améthystes de Sibérie se trouvent dans les environs
d'Ekathérinbourg et de Mursinka , dans les monts Durais.
C'est dans le voisinage de ce dernier endroit,qui est un village,
qu'on exploite l'améthyste; elle est en veines d'un à deux
pouces d'épaisseur , dans une roche qui ressemble beaucoup à
un gneiss compacte. Il y a aussi des améthystes à Nertschinsk ,
dans la Daourie, dans les montagnes qui avoisinent le fleuve
Argoun et la rivière de la Chilka.
La Perse, l'île de Ceylan et plusieurs autres contrées
des Indes orientales ne sont point dépourvues de cette belle
pierre. Elle abonde dans les montagnes du Brésil. On
en trouve aussi au Mexique , dans les riches mines d'argent
de Guauaxualo et à Real del Monte , et aux Étals-Unis , etc.
436 Q U A
Les améthystes les plus belles se tiroîent autrefois des
environs de Gambay, dans l'Inde. Les Danois étoient en
possession de ce commerce avec l'Europe ; maintenant on
les apporte du Brésil et de Sibérie. Celles du Brésil sont
plus estimées que celles de Sibérie, qui ont une couleur sou-
vent beaucoup plus intense et des rellets noirs. Les auiélhysles
d'Europe ne sont pas non plus à mépriser : la Saxe et la
Bohème en fournissent une grande quantité qui s'exportent
principalement en Turquie , par la voie de Venise , pour
Consiantinople. Les Orientaux prisent beaucoup cette pierre.
L'Espagne en fournit et en fait également un commerce
étendu; mais ses améthystes sont généralement petites et
clairettes. On peut lire,à l'article Améthyste de ce diction-
naire, les usages et les emplois de cette belle variété de
quarz. L'améthyste orientale n'est pas un quarz; c'est un
corindon vitreux violet.
3. Q. H. hleu. L'on a long-temps nommé ainsi le Saphir
d'eau , qui n'est pas un quarz , mais une substance par-
ticulière que l'on a reconnue depuis pour le dichroïte.
Je crois être le premier qui ait fait cette distinction, et à
une époque à laquelle le dichroïte étoit encore peu connu.
( V. de Drée, Mus. minéral. ) C'est donc au dichroïte qu'il
faut rapporter tous les quarz bleus, faux saphir, saphir
d'eau, etc., etc., qui sont indiqués dans les anciens ou-
vrages , et que Ton avoit regardés comme du quarz. Cepen-
dant il existe aussi du quarz bleu ou avec une teinte bleue.
L'on en cite des cristaux dodécaèdres , bleu-grisâtres , au cap
de Gates en Espagne.
A Goëlling , pays de Salzbourg , l'on a découvert , il y a
quelques années , un quarz bleu foncé , avec une teinte gri-
sâtre ; il est en veines ou en incrustations dans une roche,
•|inélangé avec du calcaire et souillé d'oxyde de fer ; il a été
nommé syderit. On ne doit pas le confondre avec Vindicolithe
de Bodenmais en Bavière, qu'on avoit pris aussi pour du
quarz bleu , et qui est du dichroïte , ainsi que le quarz bleu
de Bohème. Saussure a observé sur le Pic-Blanc , et vers la
base du Mont -Rose, un granité quirenfermoit du quarz d'un
bleu de lavande claire , mais pourtant décidé , surtout dans
les places où plusieurs de ses grains sont réunis, et dans celles
où il forme des filons dans les fissures de la pierre. Ce quarz
est peut-être aussi du dichroïte.
Ilparoît que le quarz bleu , associé au fer phosphaté , dé-
couvert par le chevalier Gisecke àKikestangoak,dans la partie
méridionale du Groenland, est véritablement du quarz. Il
n'en est pas de même à\x steinheiliie oxn^réienàn quarz bleu,
des mines d'Orra Syesvl, en Finlande, qui diffère , par sa
cristallisation, et du quarz et du dichroïte. V, ST£mH£iLiT£.
O TT A 437
On trouve dans les anciens ouvrages de minéralogie le
«]narz bleu indiqué dans beaucoup de mines; mais c'est du
quarz coloré par le cuivre carbonate. L'on dit qu'il existe à
Ceylan du cristal de roche d'un beau bleu indigo. C'est pro-
bablement encore du dichrdite.
4- Q- H. rose-hnteuoo (^q. H. rose, Haiiy ; Cristal déroche couleur
derubis, R.D.; Cristalde roche row^e,Daub.; Milch (}uarz,yV ern.-,
Karst,, elc.^Roseor milck(fuarz,J<imes.;Rhodite,B.. Forst.).Ce
quarz, d'un rose de fleur de pêcher plus ou moins intense, a un
rcfletcalcédonieuxqui lui estpropre.il est translucide etmcme
transparent; alors il donne, par le chatoiement, un reflet demi-
jaunâtre, comme certaines calcédoines ou certains silex rési-
îiites ïiommés girasols. Il a un éclat vif, vitreux ou un peugras.
On le trouve en masses amorphes, qui ont quelquefois la struc-
ture laminaire. 11 paroît devoir sa couleur au manganèse
oxydé. On le trouve en couches ou filons, dans les roches
granitiques et dans le gneiss , et même en veines qui traver-
sent le jaspe schisteux. Il se trouve en lits dans le granité , à
Ivabenstein, Zwiesel et Hoïlberg , en Bavière ; en cailloux et
en masses roulées, à Hiittschlag, dans le Salzbourg;en veines,
et dans le jaspe schisteux ( Kieselschiefer , W. ), dans la forêt
d'Hartzburg ; dans le Hochwald , près Stolpen, en Saxe ; à
Arendal , en Norwége ; dans l'île de Coll , l'une des Hé-
brides; au Groenland; et en Finlande, aux environs de la for-
teresse Neyschlolt , dans un feldspath grisâtre, quelquefois
strié , avec une tendance à se cristalliser : il est en grosses
masses, et meié avec des masses d'amphibole noir, etc.
Le quarz rose forme des bancs puissans dans le Kolyvan,
eu Sibérie , et à Tigcrateky, dans la chaîne altaïque.
En France, on a découvert celte variété à Châteauneuf ,
en Auvergne, et en blocs d'un grand volume, dans la plaine
granitique qui sépare Marvcjols et Saint-Chely, département
de la Lozère, et spécialement auprès de Plane et de Chaba-
nols, dans le même déparlement.
C'est à cette intéressante variété que doit se rapporter la
quarz rosaire qy^e l'on trouve en grains ou en petits morceaux,
dans certaines laves vitrifiées du Mont-d'Or , de Santa-
Fiora , en Toscane, de l'île Milo , dans l'Archipel , et dont
la surface est ondulée et lisse , comme si elle avoit été
polie. Le quarz ondulé, qu'on trouve au cap de Gates, en
Espagne, et mentionné par M. Hauy, ne diffère des pré-
cédens que par sa couleur blanche. V. 2.*= § , n.^ i5, p. 427.
Le qu^rz rose laiteux est employé en bijouterie , lorsqu'il
est d'une couleur foncée pure. Il est connu sous les noms vul-
gaires de prime de ruhis , fiiti.v rubis, pseudo-rubis, rubis de
Bulième , rubi:i de Silésie , niùis dXhddcnl, faux spiiulle , clc.
1^38 0 TJ A
Il est susceptible d'un très-beau poli. On en voyoit un vase
des plus élégans dans le cabinet de M. de Drée , à Paris.
5. Q. H. rougeâtre {pseudo -grenat , faux grenat'). Ce quarz est
d'un rose pâle, ou d'un blanc rougeâtre du rouge, et ordinai-
rement cristallisé en petits cristaux; il a, du reste, tous les
caractères du quarz demi-transparent; il doit sa couleur à
l'oxyde de fer légèrement répandu dans sa substance. Il n'est
pas rare. On en trouve des cristaux pyramides aux environs
de Bristol , et en petits cristaux prismes réguliers à deux
sommets, dans les gypses des masses d'Eislebenen Tburinge.
Des cristaux pareils existent dans les anciennes collections
de minéralogie, sous le nom de diamansde la Loire, sans doute
parce qu'on les apportoit d'un endroit voisin de ce (ieuve.
6. Q. H. fauve on roux , est ordinairement aventuriné. V.
plus haut 2..^ § , n." 3 , Q. il. aventuriné.
7. Q. II. V2rl ( pseudo-aigue-marine , faux hèril , faux pérîdot ,
fausse cInysoUthe , fausse éméraude ), transparent , vert clair ,
vert foncé, ou vert olive, ou vert pistache , avec tous les
passages au gris , au blanc , au violet. C'est principalement
du Brésil qy'on apporte toutes les variétés de couleur de ce
quarz; elles prennent un poli très-vif; elles sont communément
très-pures: néanmoins elles ne l'emportent point pour la
beauté sur les gemmes, desquelles elles empruntent leurs
noms vulgaires. Les variétés vertes du Brésil portent le nom
à^amèlhysle verte, parce que les mêmes morceaux qui four-
nissent les pierres de cette couleur sont à la fois colorés en
violet, en vert, en jaune ; on trouve aussi des améthystes
vertes dans le comté de Glalz en Silésle.
8. Q u. Jaune (^ cristai/us colorataflaoa , Wall.; cristal d^ un
Jaune clair , R. D. vulgairement pseudo-topaze , fausse topaze y
topaze occidentale , topaze de Bohème, cris'al citrin , iris); il
est d'un jaune tantôt pâle, tantôt brunâtre , tantôt d'une belle
teinte dorée. Le quarz de cette dernière teinte nous vient
principalement du Brésil, où on le trouve en cristaux qui
ont quelquefois la grosseur du poing. Les autres variétés de
teintessont communes dans les quarz de laBohè^ne, d'Ecosse,
de Ceylan et de Sibérie , qui sont les plus répandus dans le
commerce.
9» Q. H. orangé (^fausse hyacinthe ) , d'un beau jaune orangé
ou roussâlre, analogue à celui duzircon ou Imitant celui des
belles topazes jaunes du Brésil. C'est encore du Brésil que
l'on tire ce quarz , sans contredit un des plus précieux par sa
rareté et par sa couleur. M. Haiiy nous apprend qu'il en a
clé rapporté d'Espagne.
10, Q. u. enfumé (crisfallus colorata fusca , Wall.; cristal
de roche d un brun foncé, V\. f). ; quarz brun, Deborn ; cris/ai'
Q U A 439
ée roche roux ou noirâtre; topaze enfumée, Daub. ; topaze
d'Ecosse ; morion et pramnion , PI in. ; diamant d'Alençon ,
et caillou du Poitou de quelques auteurs ). Ce quarz est trans-
parent et d'une couleur brune enfumée, tantôt très-claire ,
tantôt extrêmement foncée, de manière qu'il paroît noir. A
la transparence il est, tantôt gris enfumé, tantôt un
peu jaunâtre. 11 est extrêmement commun , presque tou-
jours cristallisé et remarquable par son éclat ; ses cristaux
acquièrent le volume du poing. Il abonde en Dauphiné ,
au Saint-Gotliard, au Mont-Blanc, en Bohème , en Ecosse ,
à Odontschelon en Daourie, etc.
II. Q. H. vert obscur, Hatiy {quartzumcoloratum Wn</g, Wall.;
quartz jnforme y gras, vert , demi-transparent .^ T> ah ovx\ \ prime
démeraude^ R. D. ; prase , Delaméth.; James. ; prasium^lLxrw.';
prasem,yV ern.; Cronst.', prasemguarz^lLursL). C'est un quarz
translucide d'un vert poireau plus ou moins foncé, tantôt
olivâtre, tantôt vert pistache ou grisâtre; sa cassure est rabo-
teuse. Il a l'aspect gras ou luisant. On le trouve amorphe,
rarement en cristaux prismes et pyramides dont les surfaces
sont presque toujours rudes. Il est c omposé , d'après
Bucholz , de
Silicel 98,50
Alumine o,5o
Fer I
. Manganèse trace.
Le quarz prase se trouve dans certaines couches métallifères,
accompagné de fer oxydulé , de fer oligisle , de fer sulfuré ,
de fer sulfuré magnétique, de cuivre pyriteux , de plomb
sulfuré, de zinc sulfuré, de quarz commun, de chaux carbo-
natée spathique et d'amphibole vert opaque. La localité la
plus connue est celle de Breitenbrunn près de Schwar-
zemberg en Saxe : la prase s'y trouve dans des filons mé-
talliques. Cette substance se rencontre encore à Mummel-
grund en Bohème, à Bajanowilz en Moravie , à Kupferberg
en Silésie, en Finlande sur les bords du lac Onega, et en
Sibérie près d'Ekatherinbourg. A l'île d'Elbe , il y en a une
variété verte grisâtre en masses à gros grains ; elle adhère
quelquefois au fer oligiste. Jameson indique ce quarz en
Angleterre, dans la petite île de Bute et dans divers autres
lieux. Il est très-commun dans l'Argillshire; on le trouve à
Loch-Hourn en Ecosse , en veines dans le gneiss.
On ne doit pas confondre le quarz prase avec les silex
verts; on ne doit pas le confondre non plus avrc le qnarz chîo-
rité. Les minéralogistes le regardent comme un quarz coloré
par l'amphibole vert, uniformément dissous dans la substance
^o Q U A
quarzeuse. M, Haiiy a même observé dans le prase , des.
aiguilles d'amphibole vert.
L'on taille et l'on polit quelquefois le quarz prasepour ea
faire des objets d'ornement ; mais comme il n'est pas très-
estimé , on en fait peu d'usage, La monture en or est celle
qui lui convient le mieux, à cause de la couleur de ce métal.
i3. Q. H. rubigineux ^ Brongniart (^quarz hémaiitic^ Allan ).
Ce quarz diffère des précédens par plusieurs caractères. îl
est à peine translucide sur les bords, ou même parfaitement
Opaque. Cette opacité est due à la dose considérable d'oxyde
de fer jaune ou rouge qu'il contient ; ^jjssi suffit - il de le
chauffer au chalumeau pour développer en lui la vertu ma-
gnétique. Sa cassure est conchoïde ou raboteuse, selon les
variétés; elle a presque toujours le coup d'œil gras ou résineux.
Le quarz rubigineux peut être divisé en quatre variétés
principales :
a. Q. H. hémaihoïde ( tjuarz hyalin hémathoîde cristallisé^
Ilaiiy , Trait. , 2 , pag. 420 ; cristal de roche d'un rouge plus ou
moins fonce ^ R. D. ; quartz cristallisé d\m rouge de cornaline ,
Deborn ); d'un rouge foncé sombre , assez analogue à celui
de la cornaline, comme le dit Deborn; quelquefois jau-
nâtre. Il est toujours cristallisé , soit en pyramides qui ta-
pissent des géodes et des cavités dans les gangues quar-
zeuses des filons métalliques , ou bien en petits cristaux dodé-
caèdres ou prismes, d'une régularité parfaite, tantôt solitaires,
tantôt diversement groupés. Sa cassure est plutôt vitreuse que
résineuse, et moins raboteuse. Lorsqu'il n'est pas très-chargé
de fer, sa couleur devient jaunâtre.
L'on connoît ces petits cristaux isolés, sous les noms
à"" hyacinthe occidentale et A' hyacinthe de Cowpostelle, parce que
c'est en Espagne , auprès de Saint-Jacques de Compostelle
en Galice , qu'ils ont d'abord été rencontrés, et où ils se trou-
vent en quantité dans de la chaux sulfatée. Depuis , ils ont
été découverts également en abondance dans la chaux sulfa-
tée souillée d'oxyde rouge de fer, et qui contient des cristaux
d'arragonite, à Molina et dans d'autres lieux de l'Arragon. A
Bastènes etCaupenne près de Dax , des cristaux semblables
s'observent dans un gypse ferrugineux qui renferme égale-
ment des cristaux d'arragonite, dans lesquels sont fréquem-
ment enchâssés ces cristaux de quarz hémaihoïde. Ce même
quarz s'observe en Angleterre , sur de la baryte. Dans le
royaume de Valence, à Bugnol, il y a une pierre sablonneuse
qui contient des cristaux de quarz hémathoîde , etc.
L'on rencontre de belles variétés de quarz hémathoîde
pyramide, dans les mines aux environs de Freyberg en Saxe,
?H Bohème et en Hongrie,
Q U A 44i
l. Q. H. R. sinoph ( Q. H. hemathoîde massif, Haiiy ; Jaspr's
opaca pariiculis dist'mctis , Sinopel^ Wall. ; Sinople ou Sinopel ,
K. D. , Delamélh. , Kirw. ; Jaspe à cassure scclic , ronge ^
ferrugineux , Deborn ). Il est en masses d'un rouge vif de
sang, ou semblable à celai de la cire à cacbeter el à celui de
certains jaspes; il esl presque complètement opaque. Sa cas-
sure esl conchoïde, à surface luisante , quelquefois éclatante-
Sa texture est même vitreuse dans quelques points. Cette tex-
ture et Téclat de ce quarz le distinguent du jaspe rouge avec
lequel on l'a confondu. Il sert de gangue à divers minerais ,
et par conséquent il ne se rencontre guère que dans les filons
métalliques; le quarz amorphe l'accompagne ordinairement.
A Francogny ( ci-devant Franche- Comté ) , il est pénétré
de fer oligiste ; à Poullaoën en Bretagne , il forme de petites
veines dans le plomb sulfuré granulaire ; en Saxe et en Hon-
grie , il est associé au plomb sulfuré, au cuivre pyrifeux, au
fer sulfuré, etc. Le quarz sinople a été observé à Schemnilz
en Hongrie, dans un filon aurifère, à i6o mètres de profon-
deur; il enveloppoit des madrépores, et offroit des impres-
sions de polypiers.
c. Q. H. rubigineux proprement dit ( Quarz hyalin rubigineux
jaunâtre ou brun, Haiiy, Tabl. comp. ; Quartz rubigineux jaune,
lîrong. ; Eisenkicsel , Werner, Reuss, Oken , etc.; IroT/flint,
James.; le Caillou ferrugineux , Brochant). Ce quarz est le
plus souvent un amas confus de petits cristaux prismes, quel-
quefois à deux sommets, et très-nets ; il est également massif.
Ses masses sont le plus souvent une agrégation compacte de
semblables petits cristaux. Ses couleurs sont le jaune-brun ou
le jaune d'or, le brun, le châtain et le rouge très-foncé de sang.
La cassure de ses masses est raboteuse, inégale , à surface
luisante ; les petits cristaux ont la cassure conchoïde et rési-
îîeuse. Sa pesanteur spécifique varie entre 2,576 et 2,74-6 ,
selon Hoffman, et de 2,627 ^ 2,838, suivant Haberle.
M. Bucholz a fait les analyses des trois variétés principales
de ce quarz , et les a trouvées composées de :
Variétés. jaune, jaune-brun, rouge.
Silice f)3,5 92,00 76,83
Fer oxydé 5, 5,7$ 21,67
Alumine o, 0,00 0,2$
Manganèse oxydé . . o, i,oo 0,00
Matière volatile (eau ?) i, 1,00 1,00
Perte .... o,5 o,25 o,25
Ces analyses démontrent que la variété rouge est la plus
cli-irgée de fer, et Bucholz a trouvé que ce métal y étoit
à 1 étal d'oxyde ronge , cest - à- dire 5 oxydé «w maximum }
442 Q U A
aussi M. Haiiy el plusieurs autres minéralogistes rapporienl-
ils cette variété au quarz hémaihoïde ci-dessus.
C'est dans les filons où le fer hydraté et le fer hyperoxydé,
c'est à-dire, 1 hématite brune et Thématite rouge, abondent,
<}u'on rencontre souvent le quarz rubigineux;il se trouve aussi
dans les roches dt trapp analogues à la roche qui contient
les agates, à Oberstein. On l'observe dans les minerais de
ferd'Allenberg et dEibenstock en Saxe, de Ilfeldt et Fisch-
bach au Harlz , du Fichielgebirge en Franconie, de Hohen-
stein et Se.llilz , en Bohème , à Framont dans les Vosges ,
et dans piuseurs mines de fer de la Sibérie et de la Daourie.
Il existe à Oberstein et aux environs de Bristol. Dans l'île de
Raihlin, sur la cote d Irlande, il est dans un trapp superposé
à des bancs de pierre calcaire blanche.
Le quarz hy.iîin rubiz^inoux jaune accompagne volontiers
le fer hydraté ; la variété jaune est plus souvent associée au
ferhyperoxvdé : Tune el l'autre sont sujettes aune décompo-
sition qui les réduit en une terre ochreuse jaune ou rouge. Les
rainerais de fer avec lesquels on trouve ce quarz , fondent
avec beaucoup plus de difficulté, sans doute parce quïls con-
tiennent une grande q lantité de silice,
i3. Q. H. jaune - verdàtre. ( Q. ii. granulaire , jaune verdâlre ,
Haiiy ; Q. vl. granulaire, Lucas; Quartz verdâlre , Brong. ; can~
talit ^ Karst. ) ; granulaire, en petits grains jaunes verdâtrcs.
Au chalumeau, il noircit et devient magnétique. Sa pesanteur
spécifique est de 2,85o. Selon M. Laugier, il est coiiiposé de :
silice, 87 ; fer oxydé , 8 ; et eau, 7. Il a été découvert , par M.
Mossier,auCantal,oùil accompagne le silex résinite; il diffère
des autres variétés de quarz rubigineux par sa contexture, son
analyse, et par plusieurs autres considérations; aussi a-t-il
été classé très-différemment par divers minéralogistes. Je le
rapporte ici à cause de la propriété dont il jouit, de devenir
magnétique lorsqu'on le chauffe : propriété commune à tous
les quarz que nous avons réunis sous la dénomination collec-
tive de quarz hyalin rubigineux. Le griinesfossil de Leonhard
( Tasch. iSoi)) , qui n'est point celui de Werner ( Voyez
page 319), se rapproche de ce quarz. Il se trouve dans la
forêt de Spessart , en Franconie.
i4- Q- H. laiteuv , Haiiy ( Quartz laiteux , R. D. , Daubent.,
michl-uartz , Wern. , Karst. ). Le quarz laiteux doit son
nom à sa couleur laiteuse très-intense et qui lui ôte sa trans-
parence ; il a ordinairement l'aspect très-gras et onctueux.
C'est presque toujours en masses qu'on le trouve , et il est
très-fréquem nant la gangue de l'or. Le qu arz laiteux cris-
tallisé n'est pas rare non plus. Ses cristaux sont plus trans-
lucides , pristués, solitaires ou en groupes pyramides, ou
radiés. O.i ne doit pas le confondre avec le quarz rose laiteux.
Q U A 4^3
Wallérîus dit que le quarz laiteux - enfume' est phospho-
rescent par chaleur.
i5. Q.u.noir(^Cnstalluscoloraiamgra, Wall.; Cristal noir ^
R. D.). Ce quarzest noir; mais lorsqu'on examine ses esquilles
minces , elles sont translucides sur les bords; il est toujours
cristallisé ; ses cristaux les plus beaux et les plus gros sont
prismes , rhombifères , plagtèdres , penlahexaèdres , à longs
prismes, ou simplement pyramides; ils ont le bord mince de
leurs esquilles, translucide et de celte couleur enfumée par-
ticulière au Q, H. enfumé , n.° lo, p. 4-38, duquel ils ne diffèrent
que par l'intensité de la couleur. 11 y a aussi des cristaux de
quarz noir, dont les bords sont translucides et grisâtres; ces
cristaux sont ordinairement petits , solitaires , dodécaèdres
ou prismes avec leurs deux sommets:ils sont mélangés avec des
cristaux semblables, de couleur d'un gris noirâtre oublanchâ-
ire ; leur surface est terne ou peu brillante. ( F. Q. h. dodé-
caèdre,n.° z .,hV ariicle des formes cristallines du quarz, p. 4.19)
Dans la mine de mercure, dite des Trois-Rois, dans le
Palatinat , on trouve du bois silicifié , qui est tapissé de très-
petits cristaux de quarz noir bitumineux.
§ 1 V. Variétés contenant diverses espèces minérales , vulg. Quartz
accidentés.
Le quarz hyalin , par cela même qu'il se trouve partout ,
doit se rencontrer associé avec un grand nombre de subs-
tances minérales différentes; mais ce n'est passons ce point
de vue général que nous le considérons ici : nous voulons
seulement indiquer certaines variétés «ommunément répan-
dues dans les cabinets des curieux, ou qu'on rencontre dans
le commerce , et dans lesquelles les corps étrangers sont
plongés dans la substance quarzeuse elle-même , homogène
du reste ou régulièrement cristallisée.
A. Accidens de cristallisatîuns produites par V influence d'une
matière étrangère.
I, Quarz hyalin multiple , Nob. Cristal en prismes longs,
transparent, qui semble en contenir un, deux ou trois
autres emboîtés les uns dans les autres , et dont les plans sont
dessinés par une matière étrangère, d'une couleur différente;
les pointes ou pyramides de ces cristaux sont ordinairement
plus chargées de la matière colorante. L'on trouve, dans les
montagnes du Dauphiné, des cristaux de quarz transparens
qui contiennent des simulacres de cristaux dont l(;s pans
sont chlorités et verts. J'ai compté , dans un cristal , jusqu'à
cinq figures d'autres cristaux.
Dans les mines de mercure de la Carinthie , on trouve de
gros cristaux de quarz demi - transparens , dont l'iniérienr
présente le dessin d'un second cristal coloré superficielle'
ment par du mercure «uUuré.
444 0 TJ A
Lesgros cristaux d'améihyste offrent le même accicîc'nl;mais.
ici la matière colorante est le fer , et la couleur le blanc ou
le violet,
ABeeralslon, en Angleterre, on vient de découvrir du.
quarz cristallisé en grosse:^ pyramides opaques, qui se décom-
posent chacune en deux pyramides, l^a surface de la pyra-
mide intérieure est raboteuse et recouverte d'un peu de terre
Ofbreuse, qui a sans doute donné naissance à ce singulier ac-
cident, en interrompant la cristallisation du quarz à l'époque
où elle s'opéroit.
On rencontre fréquemment des cristaux de quarz trans-
parent dont Tintérieur est laiteux cl figuré en cristal parfait.
Ces accidens ont pris naissance dans l'acte même de la
crisîaillsation du quarz.
2. Q. n.feuil/eié, Noh. Cristaux dont les faces de la pyramide
ou les pans du prisme sont composes de plusieurs lames parai -
lèies légèrement distantes, et entre lesquelles on observe quel-
quefois les restes de la matière étrangère qui éloit contenue
dans les cavités intermédiaires. Les lames sont incomplètes
et leur milieu est vide : celles des faces de la pyramide for-
ment , dans leur milieu , un vide en forifte de trémie trian-
gulaire très-aplatie; les vides des pans du prisme sont carrés:
c'est principalement sur les pyramides que cette structure est
plus manifeste ; elle est due à une cristallisation opérée dans
tin liquide impur. Les cristaux de quarz violet de Schem-
niiz, en Fiongrie , présentent communément cette forme.
Dolomieu possédoit des cristaux ( dont plusieurs de la gros-
seur du poing) qui offroient cette structure on ne peut pas
mieux ; ces cristaux éloient , les uns blancs , les autres vio-
lets , et entre les feuillets on voyoit une terre argileuse qui
formoil des couches d'une couleur gris-jaunâtre. Ces cristaux
avoient été recueillis aux environs de Bologne , en îlalie,
La collection de minéralogie de M. Pelit-.îean , à Paris ,
qui fut vendue publiquement , il y a quelques années , ren-
fcrmoit un cristal de. roche jaune , du Brésil , dans lequel on
voyoit une succession de plusieurs plans ou voiles rhomboï-
daux grisâtres parallèles à l'une des faces de la pyramide.
L'on voyoit, sur un autre côté du cristal,- les indices de
plans semblables , dont la rencontre auroit donné les figures,
répétées d'un des sommets du rhomboïde primitif du quarz.
3. Q. II. pcrœ. Cristaux de quarz traversés par des tuyaux
creux , qui sont des cavités abandonnées par des cristaux , soit
d'épidote ( Oisans , en Dauphiné), soit de tourmaline verte
(Ekatbérinbourg, en Sibérie), soit de zinc oxydé ( Gazimour
et Neilscbint- , en Sibérie ), soit de titane oxydé (Ma-
dagascar, Brésil, Saint-Golhard, cli^)
Q U A «5
B. Indication de plusieurs substances ohservées dans le quarz.
4.. Q. H. aérohydre.Qaairz 3ivec des bulles vides, ou renfermant
des gouttes d'eau mobiles. Le quarz limpide ou transparent
offre cet accident bien plus souvent qu'on ne l'avoit cru; et
la présence de l'eau dans ces bulles seroit une des preuves
contre l'opinion de ceux qui, comme Buffon , supposent que
le quarz est un verre primitif produit par la fusion. Les bulles
d'air ou gouttes d'eau ont rarement le volume d'une graine de
chènevis ; elles sont presque toujours très-petites , peu nom-
breuses,et même solitaires dans les petits cristaux ; cependant
le quarz limpide en masse ou en gros cristaux en est quelque-i
fois rempli. Les plans ou voiles ondoyans que nous avons si-
gnalés en parlant du Q. H. limpide , sont formés par une
multitude de bulles ou gerçures , qui recèlent souvent de
l'eau. Lorsqu'on casse ces masses de quarz , leur surface est
même légèrement humide. .
Le quarz en masse limpide aérohydre se trouve à Mada-
gascar et à Ceylan.On apporte du Brésil des cristaux de roche
aérohydre d'un jaune d'ambre. Les cristaux de quarz limpide
et gercé qu'on observe dans le marbre de Carrare et dans les
géodes ou ludus argileux de Meillan,en Dauphiné, renferment
aussi des gouttes d'eau. Les cristaux de quarz d'un blanc
demi-transparent , des raines d'argent de Guanaxuato , au
Mexique, sont très-souvent aérohydres; ceux d'un violet léger
de Schemnitz , en Hongrie , offrent encore, mais rarement,
des bulles d'eau; enfin, les montagnes du Dauphiné, des
Alpes, etc. , offrent aussi le quarz aérohydre.
5. Q, H. avec baryte sulfatée. L'on trouve dans les mon-
tagnes voisines du bourg d'Oisans, en Dauphiné, des cris-
taux de quarz transparens , qui renferment des lames minces
de baryte sulfatée d'un blanc opaque. La baryte sulfatée se
présente aussi en forme de nuages ou de filamens d'un blanc
laiteux,
6. o. H. aoec cristaux aussi de quarz. L'on trouve en Hon-
grie, au Mexique et ailleurs, des cristaux de quarz limpide,
dans l'intérieur desquels sont disséminés de petits cristaux
complets, mais d'apparence bizarre et du môme quarz.
7. Q. H, aoec épidote. Quarz transparent , avec des aiguilles
d'épidote vertes, du Dauphiné.
8. Q. H. avec amphibole vert ( vulg, cheoeux de Thétis ). Lim-
pide et incolore , avec des prismes déliés et entrecroisés
d'amphibole vert opaque ( Hornblende ). On en fait des
plaques et des tabatières , etc. Il est apporté du St.-Gothard,
On en trouve aussi en Dauphiné et à Madagascar. On^a vu
à l'article du Q. h. vert-obscur^ § 3 , u." 11 , p. 349, que c'est
à l'amphibole qu'il doit sa couleur.
W 0 TT A
g. Q. H. flwr ^Mrma/me. Limpide OU transparent, avec de
longs prismes plus ou moins fins de tourmaline noire ; à Ma-
dagascar, en Espagne, au St.-Golhard ^ en Sibérie , etc.
a. Q. H. avec lourm. verte.Y,Y\ cristaux transparens blancs ou in-
colores, traversés, dans toutes les directions, par des prismes
très-fins de tourmaline d'un beau vert transparent; d'Lkatbé-
rinbourg , en Sibérie. On taille ces cristaux , et Ton en fait
des objets de bijouterie. Ils sont groupés entre eux sur
leur propre substance d'un blanc laiteux , renfermant des
faisceaux très-serrés de ces mêmes tourmalines qu'on avoit
prises pour de i'actinote et de l'hornblende ( amphibole vert
transparent et opaque ). Ces tourmalines sont également
cristallisées à la surface du quartz.
lo. Q. H. chlorité. Quarz limpide avec de la chlorite
blanche , nacrée , disposée en forme de nuages et de flocons;
du Brésil. Quarz limpide , avec chlorite verte en flocons et
en nuages ; du Saint-Golhard. Quarz transparent ou laiteux,
avec chlorite pulvérulente verte ou jaunâtre; du Dauphiné,
du Saint-Gothard , du Brésil , etc. Quarz vert rendu opaque
par la grande quantité de chlorite qu'il contient. Ces cristaux
chlorités sont quelquefois multiples à l'intérieur. *
xi.q.^. avec talc. Limpide, avec des prismes hexaèdres ver-
mlculaires et très-petits,de talc chlorlteux, vert-grisâtre, demi-
iransparenl; duSt.-Gothard et delà vallée d'Ala,enPiémont.
12. q. n. micacé. Transparent, avec des lames de mica
jaune ou gris argenté ; de la Bohème, du Dauphiné , etc. A
Zinnwald en Bohème , on trouve des cristaux dans lesquels
le mica est en lamelles très-fines, brunes ou roussâtres, dis-
posées en nuages , etconfigurées en cristal Intérieur. Lors-
qu'on taille seulement la partie chargée de mica , on obtient
une espèce d'aventurlne; mais ce n'est pas la véritable aven-
turine micacée. Elle est produite par un quarz amorphe gris
translucide, qui contient du mica disposé par couches extrême-
ment fines ettrès-mulilpliées : c'est donc une véritable roche.
Telle est l'aventurine rousse d'Ekathérinbourg, en Sibérie.
i3. Q. H. ami anthé ou. avec ash este. Rien n'est plus commun
que l'amianthe dans le cristal de roche; cette substance .s'y
présente en filamens très-apparens, et quelquefois très-déliés
et sensibles" seulement par le chatoiement ; d'autres fois elle
y est extrêmement abondante. Ses couleurs ordin-aires sont
le blanc pâle et le blanc grisâtre. On croit que c'est elle qui
donne aux yeux de chat ou chatoyantes du commerce, leur
éclat soyeux ( V. OEil de chat , et ci-dessus, p. 4-33. Q. ir.
chatoyant, n.° 4) Si cela n'est pas vrai pour toutes ces pierres,
du moins obtient-on le même effet avec certains quarz
amianthés; par exemple , arec des fragmçns de çristaus
Q U A. 4/,7
de quârz gris-verdâtre , chargés d'amîantlie soyeuse qu'on
trouve aux Pyrénées, dans les montagnes qui avoisinent Bar-
règes.jOn tire du cœur de ces cristaux, des pierres chatoyan-
tes en blanc grisâtre , assez agréables.
L'on rencontre , dansles cabinets, des plaques decristal de
roche d'une grande limpidité, qui présentent néanmoins des
filamens d'amianthe d'une délicatesse et d'une finesse telles
qu'ils échappent , pour ainsi dire , à la vue.
i4- Q- H. argentijère. Limpide, avec de l'argent natif cristal-
lisé en feuilles de fougère , ou en filamens capillaires ; de
Guanaxuato, au Mexique. L'on rencontre quelquefois chez
les curieux la variété qui présente l'argent en forme de fou-
gère ; elle est très rare lorsque le quarz est parfaitement
limpide.
i5. Q. H. avec fer oligisie métalldide.Quzvz limpide, avec fer
oligiste en lames minces assez étendues; du Dauphiné, du
Saint-Gothard , de Corse , du Brésil.
i6. Q. H. avec fer oligiste micacé. Quarz limpide incolore ou
légèrement violet, avec de petites paillettes brunes qui re-
flètent la couleur rouge du rubis le plus éclatant. La ra-
hasse naturelle, par excellence , des lapidaires , est une pierre
taillée de cette sorte, qu'on rencontre assez rarement dans le
commerce ; on l'apporte du Brésil. On en trouve d'ana-
logues, moins parfaites , dans les mines de fer de Nassau-
Ussing. Ses paillettes sont de petits cristaux très- aplatis de
fer oligiste micacé, de la variété appelée pyrrhosydérite par
Ullmann , et de laquelle la craitonite lamellaire semble se
rapprocher.
17. Q. H. avec fer hydraté. Limpide ou demi-transparent,
incolore , blanc ou violet , contenant du fer hydraté.
a. Transparent ou limpide , blanc-violet , contenant des
cristaux aciculaires , entrecroisés ou fascicules de fer hydraté
cristallisé brut, des environs de Bristol, et dans les cristaux
des géodes de Petrozabotski, dans le gouvernement d'Olo-
netz, en Russie. Dans un échantillon de celte variété , qui
est dans le cabinet de M. de Drée, le fer hydraté est en long
prisme carré , terminé par une pyramide à quatre faces trian-
gulaires ; on pourroit le confondre avec Tétain. Les pans du
prisme sont striés longitudinalement. Des cristaux de même
nature,extrêmement petits et cylindroïdes, tapissent les parois
des géodes de Petrozabotski.
b. Q, limpide incolore ou violet , renfermant de petits
pinceaux épars de fer hydraté capillaire, d'un brun doré;
ce joli quarz est nommé vulgaircuictit , à cause de cette
dÀsçosiiion: pinceaux d Amour., pimeaux de Vénus, flèche d A~
mour. On le trouve dans les mêmes contrées que la variété
448 Q U A
précédeme, et h Oberslein, à Frammont dans les Vosges,
en Hongrie, en Bohème , etc.
c. Q. H. limpide ou demi-transparent avec ferhydralé pul-
vérulent d'un brun clair. Se trouve à Oberstein.
i8. Q. H. aoec titane oxydé. Limpide, contenant des cristaux
aciculaires de titane oxydé.
a. Q. en cristaux prismatiques traversés , et renfermant du
titane oxydé , semblables à des poils mi-partie jaunâtres et
bruns. Se trouve à Chamouni , où il est connu sous le nom
de poils de marmotte., à cause de la ressemblance de ce titane
avec les poils de la marmotte.
b. Q. limpide avec du titane oxydé en longs filamens capil-
laires semblables à des cheveux blonds, .vulgairement cJiei^euju
de frémis; commun dans les cabinets. Il provient de Madagas-
car, du Brésil , etc.
c. Q. limpide avec titane oxydé rouge, réticulé , vulgaire-
ment réseau ourlet d'amour. Au Saint-Gothard.
d. Q. limpide ou transparent , avec cristaux prismatiques
allongés, diversement dirigés, de titane oxydé rouge brillant ;
commun. Madagascar, Brésil, Espagne, Saint-Gothard,
Hongrie , Ekathérinbourg en Sibérie , Ecosse , etc.
e. Q. limpide renfermant de nombreux cristaux de titane
oxydé, d'un gris d'acier, semblable à celui de Fantimoine
sulfuré. Ces cristaux ont souvent leurs pointes colorées en
rouge ; ils sont extrêmement remarquables par leur régu-
larité. Quoique aussi fins que des aiguilles, ils ont tous leur
sommet. En parlant de pareils morceaux de quarz, M, de
Bournon a dit avec raison qu'avec un peu de soin on pour-
roit parvenir à faire, avec ces morceaux de quarz, en quel-
que sorte, l'étude des formes cristallines du titane oxydé, qu'il
est si difficile de rencontrer en cristaux un peu grands et ayant
leur sommet. Dans les nombreux et magnifiques échantillons
que j'ai eu occasion de voir de cette variété, j'ai remarqué que
les aiguilles de titane partoient presque toutes de la base du
cristal, ce qui peut faire croire qu'ils se sont formés avant
que la matière quarzeuse ne fût venue les envelopper.
iQ. Q. H. avec manganèse oxydé, Ontrouveen Dauphiné un
quarz renfermant du manganèse oxydé en aiguilles bril-
lantes. Cet oxyde forme aussi des dendrites , tantôt bru-
nes , tantôt argentines. On apporte du Brésil du quarz lim-
pide , incolore ou jaune , ainsi arborisé. Lorsque les arbo-
risations sont bien développées sur le fond limpide de la
pierre , elles font un assez bel effet; on a long-temps pris pour
de l'argent , celles qui ont l'éclat argentin.
20. Q. H, arborisé j vulgairement quarz. arborisé. Le quarz
Q U A 44^
arborisé présente aussi des dendrites de nature différente de
celles du manganèse oxydé argentin. On peut ciier les deux
variétés suivantes :
a: Quarz blanc de lait opaque en masse, contenant dans
son intérieur une multitude de grandes et belles dendrites de
fer oxydé noir manganésifère de Dulcharsfkoi , près de
Nertfshinsk en Daourie; on en voit des plaques qui ont plu-
sieurs pouces de dimensions, dans les collections des curieux.
Ce quarz , regardé comme un hornslein infusible ( Silex
corné Brongn.) par quelques minéralogistes, nous paroît de-
voir être rapporté au quarz compacte. ( V. § 6.)
b. Quarz translucide , et d'un blanc un peu gris , avec
de nombreuses dendrites blanches de calcédoine opaque.
Ce sont là à peu près toutes les variétés de quarz acci-
dentés qu'on a occasion de voir habituellement. L'on en
trouve d'autres dans la nature, qui, ne se présentant pas
avec les mêmes agrémens , n'ont pas été jugés dignes d'ê-
tre recueillis. /rels sont les quarz avec grenat, topaze,
feldspath, bitume (Oisans en Dauphiné), chaux fluatée , anti-
moine , étain oxydé, or, arsenic sulfuré, fer sulfuré ou
pyrite, cuivre carbonate vert ou bleu, etc. ( F. Rome de
l'Isle , Cristall. , vol. 2 , p. 106. )
Le quarz forme, par sa cristallisation confuse , ou parson
agrégation avec d'autres pierres ou des roches , des variétés
innombrables. Tels sont le granile graphique, les brèches
quarzeuses et agatines , et la pierre d'alliance, etc.
§ V. Quarz hyalin félide.
Q. i\. félide, Haiiy , (quaiiz fétide. AUuaud, Bigot de Moro-
gues; Stinkqiiarz, Steffens).
Il est caractérisé par sa singulière propriété de répandre
une odeur fétide d'ail ou d'hydrogène, lorsqu'on le frotte vio-
lemment ou qu'on le frappe avfc le marteau. Au chalumeau,
il devient laiteux et perd cette odeur ; elle se dissipe aussi
lorsqu'on conserve ce quarz dans des lieux secs. Il n'est ja-
mais cristallisé , mais en masses laminaires , cellulaires ou
granulaires. Il est blanc-grisâtre ou brunâtre. Son aspect est
un peu luisant. Sa pesanteur spécifique est de 2,639.
La variété laminaire a été découverte la première par
M. Alluaud. Ce naturaliste l'a trouvée avec l'émcraude , sur
la pente septentrionale de la colline qui domine le petit
ruisseau de Barat , près Chanteloube , département de la
Corrèze. Il est encaissé dans le gneiss , entre deux couches ,
l'une de feldspath laminaire rose , et l'autre de mica foliacé.
MM. Dubuisspn et Bigot de Morogues l'ont découvert
ensuite dans la carrière de granité de la Salle-Yerte, près
^5o Q U A
Nantes. Il est blanc grisâtre, et en lils distincis dans ic gneiss,'
ou comme partie constituante du granité. Il est quelque-
fois, mais rarement , accompagné de fer arsenical amorphe.
Un quarz analogue a été observé à Marmagne,près d'Autun,
par M. Brard : il contenoit des émcraudes comme celui de
Chanteloube.
M. Lelièvre a rapporté de l'île d'Elbe une variété en
masse concrétionnée et cellulaire.
J'ai observé le quarz fétide granulaire en noyaux assez
volumineux dans la dolomie du Saint - Gothard. L'odeur
qu'exhale ce quarz, lorsqu'on le casse ou qu'on le frotte
violemment avec un corps dur , est due sans doute à la dé-
composition de son eau de cristallisation.
On trouve un quarz gras compacte, schisteux et fétide, qui
forme un filon dans un granité fissile a Querqueville, à une
demi-lieue de Cherbourg.
§ VI. Quarz compacte , Brochant.
Il est compacte , tantôt tout- à- fait en masie et sans mé-
lange, tantôt schisteux, et alors mélangé de mica ou de talc,
quelquefois veiné à feuillets contournés. Lorsqu'il est en
masse , il se divise naturellement en rhomboïdes aigus.
Ce quarz , dit M. Brochant , ressemble tout-à-fait à un
grès quarzeux, à grains fins. Saussure l'avoit pris pour un
grès. Il est absolument mat et opaque , et n'a pas la cas-
sure conchoïde du quarz. Considéré minéralogiquement , il
diffère tout-à-fait du quarz-hyalin-amorphe de M Haiiy , et
du quarz commun en masse de M. Werner; il est au quarz
hyalin en masse, ce que la chaux carbonatée compacte est à
la chaux carbonatée lamelleuse en masse.
Ce quarz est très-fréquent dans les Alpes de la Savoie ;
et d'après les observations de M. Brochant , il appartient
aux terrains de transition le% plus anciens. Saussure avoit
déjà fait pressentir qu'on ne devoit point le rapporter aux
terrains primitifs. Le quarz compacte sans mélange, ou mi-
cacé , forme des masses énormes très-bien stratifiées, sou-
vent même schisteuses , mais sans aucune alternalion d'au-
tres roches , auprès de Pesey , au col de Lavanoise , au
Chapiu , et ailleurs dans la partie de la Savoie qu'on
nomme la Tarantaise. Il avoisine le calcaire qui constitue
toutes les montagnes environnantes. Sur la montagne de Pe-
sey, on l'observe à deux hauteurs différentes en couches
verticales, et entre ces deux gisemens , on trouve le cal-
caire. A Tines , auprès de Sainlc-Foix , aux environs du
Bonhomme, au Petit Saint- Bernard , et d'autres en-
droits des Alpes de la Savoie, on voit des couches de quarz
semblables , encaissées immédiatement dans les couches
Q U A l'rt
calcaires. Au col de la Seigne, ce quarz alterne avec les ar-
doises qui elles-mêmes alternent à peu de distance de là avec
des calcaires. Enfin, il y a une variété de ce quarz qui est mé-
langée de calcaire, et qe; fait effervescence avec l'acide ni-
trique; c'est ce quarz mélangé que Saussure avoitpris pour un
grès. Il forme , à Valorsine , des couches qui alternent avec
des couches calcaires et d'ardoise inclinées sur les poud-
dingues à fragmens primitifs de cet endroit , si célèbres par
leur disposition en couches presque verticales.
Le quarz compacte est souvent tellement micacé , qu'il
devient peu apparent dans la roche ; c'est alors un vrai
schiste micacé. Des couches de ces schistes micacés à feuillets
brillans alternent avec les couches calcaires, auprès de Mous-
tiers , aux environs du Bonhomme et du Petit Saint-Ber-
nard. Ils contiennent quelquefois du feldspath, tandis que
le quarz compacte veiné à feuillets contournés ne renferme
point de feldspath, quoiqu'il se trouve associé dans des
blocs isolés , avec des schistes micacés analogues. U
forme aussi des couches à lui seul , etc. ( F. Brochant ,
Journ. Min. , vol. 23 , p. 32i , Observations géologiques sur des
terrains de transition gui se rencontrent dans la Taraniaise , etc. )
§ VIL Quarz hyalin concréiionné.
( Q. hyalin concrêtionné , et quarz agathe concrétionné ther-
mogène, Haiiy, Lucas ; Q. hyalin concrétionné , Brong. ).
Les minéralogistes français comprennent sous ces nomâ
diverses variétés de pierres concrétionnées , de nature sili-
fceuse , qui ont la cassure vitreuse du quarz et l'apparence
de la calcédoine ou de l'opale. Ces variétés se réduisent na-
turellement à deux principales, dont une, la féconde, pour-
roit être considérée comme une modification de l'opale.
I. Q. li, C. thermogène ou volcanique. Son caractère essen-
tiel consiste en ce qu'à l'analyse il n'a point offert d'eau,
a. Q. H. C. grenu ou geysÉRITE (q. agathe concrétionné ther-
mog-èrtc, Haiiy; Geysérite , Laméth. ; Kieselsinter , Klaproth,
Wern. ; Gemeiner kieselsinler et gemeiner kieselschiefer , Karst. ;
Kieseltuff , ^lohs ; Tufftripel .^ Oken ; Common siliceous sinter ^
James. ; Silice natii,>e , tuf siliceux , gulir siliceux , etc. ")
11 est d'un blanc opaque , mais translucide sur les bords,
et d'un blanc grisâtre ou rougeâtre , avec des taches et des
stries rouges, grises et jaunâtres. Il est très-léger, finement
poreux, en croûte schisteuse, ou massif, ou en concré-
tions et en stalactites coralloïdes , botryoïdes et mame-
lonnées. Sa cassure est presque toujours grenue, inégale, ou
même imparfaitement conchoïde. Il se casse aussi dans le
sens de ses feuillets et de ses fibres. Son grain est très-fin ,
yilreux , luisant et même J?erié. La surface de ses concrér
452 Q U A
lions est quelquefois enduite d'un vernis vitreux blanc;
transparent. Sa pesanteur spécifique est de 1,807 C^^^P'"-)»
ou de 1,816 (Karst. ); il contient, selon Klaproth: silice, 98;
alumine, i,5o; ter, o,5o5 ; c'est donc de la silice presque
pure et sans eau.
L'on en connoît une variété beaucoup plus vitreuse, et qui
a l'aspect de Topale incolore. Quelques minéralogistes
l'ont décrite séparément (^ opalarliger kieselsinter , Webers. ,
Hausm. , Steffens; opaline silceous sinler , James. ). Elle est
rapportée , par M. Haiiy, à son quarz liyalin concrétionné,
qui comprend aussi le quarz hyalin concrélionné perlé ci-
après , et le quarz hyalin concrétionné vitreux.
Le quarz thermogène grenu se rencontre abondamment,
en Islande , au fond , autour et sur les bords des sources
d'eau chaude et jaillissantes, du Strock, du (ieyser et de
Keikum ,en face de la montagne de Longafell. La source du
Geyser est la plus célèbre; elle jaillit jusqu'à 60 et 70 toises
«le hauteur. Ce quarz est déposé par les eaux de ces sources,
qui paroissent contenir la silice en dissolution , à l'aide d'un
alkali et de leur haute température. Klaprolh a reconnu que
l'eau de la source de Keikum contient, sur cent pouces
cubes, neuf grains de silice , trois de carbonate de soude ,
huit de muriate de soude , et cinq de sulfate de soude.
M. Zellner a publié deux analyses d'une substance qu'on
rapporte au kleselsinter , c'est-à-dire au quarz que nous dé-
crivons , mais qui , d'après ces analyses mêmes , appartien-
droit plutôt an poliersrJiiefer ^ quoiqu elle n'en ait pas l'aspect.
Voici ces analyses: la première est celle d'une variété
blanche, et la seconde , celle d'une variété jaune :
Silice . . . q3,25 . . . 92,
Alumine . . 2 ... 2.
Fer .... 1,25 . . . 2,5o.
Chaux . . . trace . . . o,25.
Eau .... 3 ... 3.
On ne peut pas non plus rapporter ce kiesehinter au
quarz hyalin c. vitreux ou hyalite , puisque ce dernier ne
contient point de chaux, et qu'il offre une dose plus forte
de silice. Ses analyses sont plus en rapport avec celles du
poUerschiefer. ( V. ce mot. ) Ce kieselsinler seroit seulement
plus siliceux , et renfermeroit un peu moins d'eau.
b. Q. H. c. perlé ^ ou FlORITE ( Quarz hyalin concrétionné j
Haiiy ; Fiorite , Thomps. ; Ainialile , Santi ; Perlslnier ,
Mohs. , Steffens, tttc. ; Fearlsinter or Fiorite, James.). On
recounoît aisément ce quarz à son éclat nacré ou perlé et
brillant. Il se présente en petites incrustations ou concré-
Q U A 45S
tîons , d'un blanc de lait ou d'un blanc jaunâtre ou grisâtre ;
il est coralloïde en stalactites feuilletées ou mame-
lonnées; il incruste les corps sur lesquels on le trouve, et
ces incrustations en suivent les ondulations ; il est trans-
lucide sur les bords, quelquefois demi-transparent, fragile,
et moins dur que le quarz hyalin -, il est très-léger , et sa pe-
santeur spécifique est de 1,917. La fiorite ou la variété qu'on
trouve à Santa-Fiora , en Toscane, est composée , d'après
Santi , de : silice , 94 ; alumine , 2 ; chaux. , 4.- C'est dans
les terrains volcaniques qu'on trouve ce quarz ; il s'y ren-
contre fréquemment sur les parois des fissures et des cavités
par où sortent des eaux chaudes réduites en vapeurs. On
trouve néanmoins de ces concrétions quarzeuses dans les
lieux volcanisés , où il n'existe pas de semblables vapeurs.
Thompson a fixé, le premier, l'attention des minéralo-
gistes sur ces concrétions, qu'il a observées dans l'île d'Ischia,
sur les parois d'où jaillissent les sources d'eau chaude , et à
la solfatare de Pouzzol , autour des soupiraux qui exhalent
des vapeurs aqueuses, et qu'on nomme fumaroll , etc. ; il y a
observé des incrustations de trois lignes d'épaisseur. Les
laves de l'ancien cratère des Astroni, situé tout près de la
solfatare , offrent également ce quarz.
C'est surtout dans les environs du Monte - Amiata , près
Sante-Fiora, qu'on trouve, en abondance, des concrétions
quarzeuses de cette espèce. Elles sont en petits morceaux, oU'
en petites masses, et même de la grosseur du poing, cellulaires
ou mamelonnées, ou en petites stalactites, formées de feuil-
lets qui se recouvrent, et quelquefois creuses dans le centre.
Santi a faitconnoître le gisement de celles qu'il a observées à
Arcidosso et à Casteldel Piano. Elles se trouvent au-dessous ,
d'un lit de terre jaunâtre, siliceuse, ou sous la lave, qu'il
nomme peperino , et qui est une lave porphyritique vitri-
fiée , très-riche en feldspath , contenant du mica , et quel-
quefois du quarz hyalin rosâtre. Les lagoni dcl Sasso et les
monts Euganéens présentent également des concrétions
quarzeuses , d'après Thompson. Ce médecin anglais suppo-
soit que ces concrétions, ainsi que le tuf siliceux d'Islande,
décrit ci-dessus , avoient été tenues en dissolution dans les
eaux thermales , à l'aide du carbonate de soude qu'elles
contiennent toujours.
En France , on a trouvé, dans divers endroits du Vêlai,
et de l'Auvergne, des scories enduites de croules quarzeuses
perlées , analogues aux précédentes. Il en a été observé sur
ïts scories de Graveneire , près le Puy-de-Dôme, etc.
H. Q. H. c. vitreux ou hyalite ( Q. H. concrélionnê ^ Haiiy. ;
hyalite, Wern., Steffens; hyalite, Kirw., James.). 11 ressemble
à une gelée solidCjOU bien à un verre grisâtre , demi-transpa-
/54 0 U A
ïcnt. ou même transparent , à sorface luiâflnle el unie j
antremcnt on le pourroif considérer comme de la calcé-
doine. Il est mamclonué , disposé en stalactites , et en
forme de croûtes ; il se brise aisément ; sa cassure est vi-
treuse , conchoïde , éclatante , ou luisante , ou résineuse. Il
n'est point poreux , mais d'un tissu homogène ; sa pesanteur
spécifique , pins considérable que celle des autres variétés
de quarz concrétionné mentionnées plus haut, est de 2,4.76,
selonKirwan. Cependant elleest également indiquéede 2,1^0
(Kopp.). Bucholz a trouvé que Ihyalite étoit composée de :
silice , 92,00 ; eau , 6,33 ; une trace d'alumine ; la perte
étoit de 1,66. On peut conclure de cette analyse , que l'hya-
iite est de la silice hydratée, et même une variété de Topale.
En effet, cette dernière pierre est composée de tjO de siJice,
et 10 d'eau sur cent;c'est ce que confirment encore les divers
gisemcnsde Thyalite.
Cette pierre a d'abord été trouvée dans une roche de
couleur grisâtre , amygdaloïde , cellulaire , à Schwartz-
Slcinkant , près de Rockenheim , non loin de Hanau , à une
lieue et demie de Francfort sur le Mcin. Elle est en petites
croûtes stalactiformes , grises ou incolores , à la surface et
dans les cavités de la roche. On lui a donné les noms de lava-
glass et de mullerglass, à cause que l'on considère la roche qui
la contient, comme une lave basaltique. Ce n'est que depuis
deux ans qu'on a trouvé dans cette même lave l'opale avec
tous ses feux.
L'hyalile de Schemnilz , en Hongrie, accompagne l'hy-
drophniie ; elle est en incru^ations limpides , mamelonnées
çt perlées , sur un porphyre argileux gris , analogue à celui
de Czsrchwenilza, près Kaschau, dans la Haute-Hongrie, la-
quelle renferme l'opale, et en outre Thyalite en petites masses
el en veines limpides , grises ou laiteuses. C'est encore avec
riiydrophane et l'opale ou le silex résinile , que Ihyalite se
trouve en Silésie. M. Humboldt l'indique à Zimapan , au
Mexique , sur des filons d'opale qui traversent un porphyre.
L'hyalite n'est jamais associée avec la fiorite ni avec la
geysérite ; c'est un caractère de plus qui la distingue de ces
quarz hyalins concrétlonriés.
L'hyalite laiteuse s'emploie en bijouterie. Lorsqu'elle
est taillée , elle a un reflet encore très-agréable. La taille
convenable est celle du cabochon. On en fait des pcndans
d'oreilles, etc. Dans le commerce ,on lui donne le nom de gira-
sol el d'opale laiteuse; mais l'hyalite est pLus dure que l'opale.
Gisement du Quarz.
Le quarz est du petit nombre de ces substances minérales
Irèf-répanducs et qui entrent essentiellement dans la com-
Q U A 455
position àvL globe. On le trouve partout et dans toutes les
formations; et bien qu'il ne constitue point de montagnes à
lui seul, on peut dire néanmoins -que c'est, après la chauK
carbonatée , la substance la plus commune. Il se présente ,
du reste, sous tous les aspects; mais il adopte, dans les divers
terrains primitifs, secondaires, etc., des manières d'être parti-
culières. Ainsi, dans les terrains primitifs, il entre dans la com-
position d'un très-grand nombre de roches, et notamment
des granités. Dans les granités, il est en grains irréguliers ou
en petits cristaux, et toujours associé au feldspath ou au mica.
hes roches granitiques micacées , c'est-à-dire , les schistes
micacés, les gneiss, etc., sont essentiellement quarzeuses, et
souvent même le quarz forme une grande partie de leur masse
Le granité à gros grains , celui que l'on regarde comme le
plus anciende tous, esttoujours composé de quarz, de feldspath
et de mica. Le quarz forme aussi , dans les terrains primitifs ,
des filons et des couches puissantes, tantôt obliques, tantôt ver-
ticales. C'est dans les crevasses et les fentes qu'on rencontre
dans les filons quarzeux qui traversent les roches primitives
les plus anciennes, que l'on trouve les cristallisations^ quar-
zeuses et le quarz le plus limpide et le plus pur, le vrai type,
en un mot , de l'espèce. C'est dans les filons de quarz des
roches primitives , qu'on peut regarder comme les plus ré-
centes, et dans les filons de quarz des terrains de transition,
que gisent la plupart des minerais; et Vi^allérius fait l'obser-
vation qu'en général , lorsqu'on rencontre un filon de quarz,
on doit s'attendre à trouver des mines. Le quarz en couche
ji-i en grandes masses schisteuses , micacées , etc. , paroît
appartenir plus particulièrement aux couches primitives les
plus récentes, et même aux terrains de transition les plus an-
ciens, comme nous l'avons exposé § Yl, à propos du quarz
compacte. Dolomieu considéroit les couches quarzeuses pri-
mitives comme des filons immenses, souvent mis à nu par la
destruction des roches dans lesquelles ils étoient encaissés. Les
porphyres primitifs et ceux des terrains de transition, ainsi
que les roches amygdaloïdes , présentent aussi, quel que soit
d'ailleurs leur gisement , du quarz en grains ou en cristaux
épars dans leur pâte. Le quarz forme , dans les terrains de
t^ransilion , des filons puissans et métallifères. Il se trouve
aussi disséminé en petits cristaux, ou en grains, dans des cou-
ches de substances gypseuses , calcaires, etc.; et nous avons
eu occasion d'en citer des exemples, en énumérant ses va-
riétés. Il forme encore, à l'état pulvérulent ou de fragmens-ou
en mélange avec d'autres débris, les sables et quelques-unes.
des couches qui se rencontrent dans ces terrains.
Dans les terrains secondaires, le quarz hyalin est princlr
456 Q U A
paiement à l'état de sable agglutiné ou bien mobile : dans le
premier cas', il est appelé grès. Les grès , souvent très-purs,
forment des bancs quelquefois très-épais et fort étendus, qui
sont intercalés entre les bancs calcaires argileux ou gyp»seux ;
et quelquefois même le quarz pulvérulent est mélangé avec le
calcaire , l'argile , etc. , ou se présente dans leurs bancs en
veines très-pures. Le quarz roulé en cailloux plus ou moins
gros , les sables purs ou mélangés , couvrent presque toutes
Jes plaines qui avoisinenl les grands fleuves, les rivières , les
terrains de transport et d'alluvion; ces débris s'accumulentet
forment, par leur agglutination, des pierres sablonneuses, des
pouddingues , etc. Il n'y apas de sable , ou de pierres sablon-
neuses ou de grès, quine contiennent du quarz, peu importe
la nature du terrain où ils se rencontrent. L'on est porté à re-
garder les grès quarzeux et les sables deslerrains secondaires,
comme produits par la destruction et la trituration des roches
primilives;et c'est vraiment là leur origine dans bien des cas,
surtout lorsqu'ils sont impurs et mélangés avec des galets ou
cailloux de touteespèce;mais lorsqu'ilssont parfeitementpurs,
et qu'il gisent loin de tous terrains primitifs, comme le grès
des environs de Paris, doit-on leur attribuer cette origine?
c'est ce qu'il est difficile de dire : et doit-on croire qu'ils aient
été produits par précipitation dans un liquide qui les auroit
contenus.'' Le quarz, soit pur, soit en combinaison chimique
avec d'autres corps, et contenu dans un liquide duquel il se
sépareroit par la précipitation , n'est pas rejeté par les plus
célèbres géologues.
Indépendamment de la profusion du quarz dans les roclirs
primitives , de ses bancs , de ses couches et de sa présence
en cristaux dans des couches de nature différente, on trouve
cette pierre en petits cristaux dans tous les fossiles où des ma-
tières siliceuses se rencontrent; ainsi, les égales, les silex ,
les bois siliceux, offrent, dans leurs fentes et dans leurs cavi-
tés ou géodes, des cristaux de quarz : il est vrai que les silex
et les agates ne sont eux-mêmes que des quarz plus ou moins
grossiers. La plupart des marbres saccharoïdes contiennent
du quarz en grains, et quelques -uns offrent dans leurs fentes
des cristaux limpides de quarz ( à Carrare ).
Enfin, les concrétions argilo-calcaires, dites /«r/u5, présentent
aussi des cristaux de quarz limpide ; tels sont les ludus de
Meillan. Il est infiniment moins commun dans les laves ,
en comparaison du feldspath et dupyroxène, et sur-tout
dans celles que l'on a vu couler, ou qui portent les mar-
ques certaines d'avoir coulé ; et encore , dans ce cas, il pa-
roît accidentel et s'être laissé envelopper par les laves , après
leur sortie du cratère. Cependant, si Ton admet que les amyg-
daloïdcs du Viccntifj, celles d'Oberstein , de l'eroë, et au-
Q U A 4^7
très analogues, sont vraiment des laves qui ont été fondues ,
on ne peut pas dire que le quarz soit rare dans les laves.
L'on convient cependant , alors, que le quarz s'est formé
après coup , par une suite de l'altération de la pâte de ces
roches , et par une sorte de transsudation de la matière sili-
ceuse, qui est venue se cristalliser dans leurs cavités.
Ce mode de formation peut convenir à ces laves amygda-
loïdes ; mais il n'est pas applicable à certains porphyres
pleins de cristaux de quarz, que l'on rapporte, soit aux roches
de transition, soit aux laves , selon que l'on est dominé par
l'esprit neplunien ou par l'esprit vUlcanien. V. les articles
Roche et Terrain.
Usages du quarz. '
Ils sont très-bornés, relativemenlà la prodigieuse quantité
avec laquelle cette substance est répandue partout. Le plus
important de ces usages est sans doute celui offert par le
quarz limpide ou le sable quarzeux pur; car ils entrent dans la
fabrication de nos glaces , de nos verres , de nos plus beaux
cristaux , et même du smalt et de la porcelaine. Cet usage
a même valu au quarz le nom de terre vitrlfiahle. Le quarz
limpide et incolore ou blanc, est, de toutes les variétés, celui
qu'on exploite particulièrement. On le taille et on le scie
sous diverses formes, pour composer les garnitures de lus-
tres et des objets d'ornement. Ces objets sont ordinairement
le produit de Tindustrie des habilans des montagnes où se
trouve le cristal de roche.
Le cristal de roche étoit beaucoup plus apprécié avant
le i6.^ siècle ; jusque-là , les procédés pour faire ces cris-
taux artificiels, si éclatans , et qui remplacent le cristal de
roche avec autant d'effet que d'harmonie , n'éioient pas con-
nus. C'est aussi jusqu'aux époques des i5 , j6 et 17,^ siècles,
qu'on a exécuté les plus beaux ouvrages en cristal de roche,
des vasques, des vases , des coffrets , ornés de gravures et de
dessins remarq'uables par leur exécution. C'est à Milan qu'on
manufacturoit surtout le cristal de roche; maintenant, ces ob-
jets précieux ornent les cabinets des curieux, et Ton ne tra-
vaille plus autant le cristal de roche en ce genre.
C'est du Dauphiné , de la Savoie , des montagnes de la
Suisse , de la Hongrie, de la Bohème et d'Ecosse, qu'on tire
le cristal de roche.
La joaillerie emploie peu les quarz colorés , si ce n'est
l'amélhyste qui est , de toutes les variétés du quarz , la plus
estimée , et celle qui , par sa couleur , (latte les yeux le plus
agréablement. On estime le quarz limpide irisé , les variétés
d'un beau jaune doré, verte, ou d'un rose laiteux. On en fait
èits pe-ndans d'oreilles et des parures qui ont un certain mérite.
458 Q II A
Quant au quarz parfailement limpide , ou jaune , ou enfumé ,"
on en fait des cachets. Le quarz limpide est surtout employé
pour faire des (laçons à odeur et des pendeloques de lustre.
En Turquie , on en fait des poignées de sabres , etc. ; il
paroît qu'en Chine on façonne , avec le quarz limpide , des
verres à lunettes. L'abbé Rochon a pro6té de sa propriété de
doubler les images, pour en construire des lunettes propres à
mesurer les plus petites distances entre des objets éloignés.
Les quarz accidentés et aventurinés ne sont que des objets
de curiosité. On fait , avec le quarz limpide , ce que l'on
nomme des rubasses , c'est-à dire , des pierres à reHels co-
lorés. Pour les obtenir , on chauffe au rouge du cristal de
roche très-pur, et on l'éteint à plusieurs reprises dans une
teinture; il se fendille, et ses fentes se colorent en rouge, si
Ion a employé de la teinture de cochenille; en noirâtre, en rouge
foncé, avec la teinture de santal rouge; en jaune clairon foncé,
9vec la teinture de safran; enbleu de saphir, avec les teintures
d'indigo ou de tournesol ; en bleu violet , avec le suc de ner-
prun; en vert d'émeraude,avecnn mélange de teinture de tour-
nesol et de safran , etc. ; on préfère les rubasses rouges. On
colore le quarz blanc en brun , en rexposantàla chaleur et à
la fumée de bois.
L'on monte le quarz sur paillon de couleur et surdoublé,
lorsqu'on veut imiter des pierres fines unicolores.
Les anciens ont parfaitement connu le cristal de roche et
sa manière de cristalliser , sur laquelle Pline s'exprime avec
admiration. Le cristal de roche étoit regardé par eux comme de
l'eau fortement congelée;c'est pour cela qu'ils lui donnèrent le
nom de <;nstal, d'un mot qui signifie, en grec^ g/are ou bien eau
congelée. Le nom de cristal s'est depuis généralisé, et a été ap-
pliqué à tous les minéraux qui se présentent, comme le cristal
de roche , sous des formes géométriques régulières.
Les quarz epfumé , jaune , vert , et surtout l'améthyste,
^toient en usage comme pierres précieuses. L'améthyste fut
ainsi appelé , par les Grecs , ameihystus , c'est-à-dire , remède
contre r ivresse ., parce que les charlatans débitoient que cette
pierre avoit la propriété de préserver de l'ivresse ceux qui
la portoient en amulette. L'on travailloit également le quarz,
et on en faisoit des objets d'ornement et de luxe. Les deux
coupes précieuses, brisées par l'empereur Néron , dans le
désespoir qui s'empara de lui lorsqu'il apprit la révolte que
sa tyrannie avoit causée, étoient de pur cristal; une seule de
ces coupes étoit estimée plus de 35o,ooo francs, (ln.)
Quarz agathe. Toutes les variétés du silex et de l'agate
iç,ont classées, par M. Haiiy, sous ce nom collectif. Voyez,
§JtLE5i,
Q U A 09
QuARZ AGATHE CHATOYANT. M. Hauy nomme ainsi l'œil
de chat. V. Quarz hyalin chatoyant, p. ^•^a.
QuARZ AGATHE GROSSIER, OU si/âx corné, OU hornstein infu-
sible. V. à l'article Silex.
Quarz agathe concrétionné thermogène. V. QuARZ
Hyalin conorétionné, p. 45 1.
Quarz agathe opaque , Haiiy. V. Jaspe.
Quarz agathe molaire on pierre-meidière. V. Silex.
Quarz agathe prase. V. Chrysoprase et Silex.
Quarz AGATHE PYROMA<?UE. C'est la pierre à fusil corn-?,
mune. V. Silex.
Quarz agathe schistoïde. V. Jaspe schisteux.
Quarz agathe vert obscur, V. Silex.
Quarz fragile résinite , résinoïde et subrésinoïde.
Dénominationsdiverses appliquées au Silex résinoïde.
Quarz hyalin saphirin. On a donné ce nom au saphir
d'eau ou dichroïte , lorsqu'il étoit encore considéré comme
une variété de Quarz bleu. V. Cordiérite.
Quarz hydraté. Nom proposé pour désigner collective-
ment l'opale, les pechsteins infusibles et les variétés de quarz
hyalin concrétionné, qui contiennent une petite quantité
d'eau.
Quarz jaspe. F. l'ariicle Jaspe.
Quarz pseudomohphique. V. Quarz hyalin pseudo-
mokphique, p. 424, et Silex.
Le tjuarz agathe pseudomorphique de M. Haiiy , comprend
non-seulement, les pseudo-cristaux siliceux, mais aussi les
bois silicifères, et les moules siliceux de corps organisés pé-
trifiés.
Quarz nectique , c'est-à-dire qui nage. Il estproduitpar
la décomposition du silex pyromaque. V. SiLEX.
Quarz résinite opalin ou Opale. V. Silex.
Quarz zéolithiforme. V. Quarz hyalin aciculaire
RADIÉ , n.o 3 , p, 422.
Quarz résinite. M. Haiiy donne ce nom colleciif aux
diverses variétés de silex qui ont l'apparence résineuse , tel-
les que l'opale , l'hydrophane , et les pechsteins infnsibles des
auteurs. Notre intention avoit d'abord été de les décrire sons
celle dénomination ; mais remeltant à traiter, à l'article Si-
lex,de toufçs les variétés de pierres siliceuses rassemblées par
M. Haiiy sous les noms de quarz agalhe et de quarz réSinite,
nous devons y renvoyer le lecteur, (ln.)
QUARTZ-CUBIQUE. V. Magnésie boratée. (ln.)
QUARTZ-FELS et Quarz- schieffer. Les Allemands
donnent ce nom aux roches quarzeuses. (ln.)
QUARTZ - FLUS {faior de quarz , ou quarz-fluor ). Nom.
46o 0 U A
donne, pai' les anciens minéralogisles allemands, aux quarz
colorés. (LN.)
QUARTZ-MÀGNÉSIEN. On a donné ce nom à une
variété de ningncsie carbonatée silicifère qui contient une
plus grande quantité de silice que les autres, et qu'on trouve
à Kosemutz en Silésle , accompagnant la chrysophrase sous
forme de masse terreuse blanche un peu rude au toucher ;
elle accompagne aussi le Razoumoffskine qui^ ne paroît
pas en différer beaucoup , et qui est quelquefois coJoré en
vert par le nickel oxydé, (lm.)
QUARTZ-WURFEL. C'est un desnoms allemandsde la
magnésie boratée de Lunébourg. Avant que sa nature fût
connue , on avoit considéré ses cristaux comme du quarz
cubique, (ln.)
QUASJE. Voyez Moufette, (desm.)
QUÀSSI. En Guinée, c'est le Renard, ou plutôt le
Chacal. Voyez l'article Chien, (desm.)
QUASSIE, Quassia. Genre de plantes de la décandrie
monogynie et de la famille des ochnacées , dont les
caractères consistent :, en un calice de cinq folioles ; en une
corolle de cinq pétales ; en cinq écailles ovales entourant le
germe ; en dix étamines fort longues; en un ovaire supérieur
garni de cinq sillons et surmonté d'un style fort long à stig-
mate en tête ; en cinq drupes écartés , bivalves , monosper-
ines , insérés sur un réceptacle charnu.
Ce genre renferme des arbres à feuilles alternes, ailées, et
à fleurs disposées en grappes ou en panicule. On en connoît
six à huit espèces, toutes très-précieuses pour la médecine.
La première est la Quassie amère , qui a les fleurs her-
maphrodites -, les feuilles pinnées avec Impaire ; les folioles
opposées , sessiles , le pétiole articulé , ailé , et les fleurs en
grappes d'un beau rouge de corail. Voyez, pi. D. ï, où elle
est figurée. Elle se trouve à Surinartn, et a été l'objet d'une
dissertation de Linnœus , insérée dans le sixième volume des
Aménités académiques. C'est un arbrisseau très-agréable par
son aspect , dont la racine est pivotante , grosse comme le
bras: celte racine n'a point d'odeur, surtout si elle a été
desséchée à propos ; mais elle est d'une amertume extrême
et durable. On l'ordonne en poudre dans les fièvres inter-
mittentes, continues, malignes ou putrides ; on la fait aussi
prendre infusée dans du vin, contre la goutte et pour fortifier
i'estomac. Celte racine supplée souvent le quinquina, et
termine même des maladies qui y avoient été rebelles. On
l'appelle bois de quassie.
La Quassie simarouba a les fleurs monoïques , ailées sans
Q U A 46i
iJBpalre ; les folioles alternes , un peu péliolées , elles fleurs
en panicules. Voyez, pi. i, où elle est figurée. Elle se trouve
dans une partie de TAmcrique méridionale. C'est un arbre
élevé , lactescent, dont l'écorce de la racine est très-em-
ployée en médecine , sous le nom de simaruuha. Il a été l'objet
d'une dissertation d'Aublet, insérée dans les Mémoires de.
V Académie des Sciences ., pour l'année 1776. DecandoUe croit
qu'on doit la séparer de ce genre, et en conséquence rétablir
celui de Simarouba.
C'est principalement contre les diarrhées dyssentériqucs
et les fièvres intermittentes que la poudre ou la décoction de
cette écorce est employée. Ce remède purge , fait vomir quel-
quefois ; mais la plupart du temps il apaise les douleurs
vives de la dyssenterie , sans qu'on s'en aperçoive autrement
que par des sueurs ; le sommeil revient comme par enchan-
tement , l'odeur fétide des matières fécales disparoît , l'es-
tomac se fortifie, et on reprend rapidement son état ordi-
naire. C'est un des plus excellons remèdes qu'on puisse em-
ployer. 11 surpasse les autres remèdes antidyssentcriques par
sa vertu anli spasmodique, et doit être préféré aux astrin-
gens dans presque tous les cas. La dose varie selon les
personnes et le genre de la maladie. - H
La QuASSiE ÉLEVÉE a les fleurs polygames, pentandres, et
paniculées ; les feuilles pinnées avec impaire ; les folioles
opposées et pétiolécs. Elle a été trouvée par Svvartz à la
Jamaïque , et fait l'objet d'une dissertation de ce botaniste
insérée dans les Actœ Holmianœ de lyHS. Sa racine jouit des
vert,us de la première espèce , mais à un moindre degré ,
son amertume étant plus foible.
Le genre Arube d'Aublet est aujourd'hui confondu avec
celui-ci. (b.)
QUi.\TA et QUATO. Noms sous lesquels quelques
auteurs désignent I'Atèle coaïta. Voyez ce mot. (desm.)
QUATELÉ, Lecythis. Genre de plantes delà polyandrie
monogynie,delafamille des myrtes,qui offre pour caractères:
un calice de six folioles ; une corolle de six pétales, dont
deux plus grands , attachés au-dessous d'un disque qui couvre
l'ovaire ; ce disque est un feuillet épais percé dans son milieu
pour le passage du style, et couvert d'étamines , excepré du
côtédes petits pétales oùilseprolongeenunemembrane nue,
épaisse, surmontée d'un gros tubercule charnu, ovale, incliné,
et cachant les étamines; un ovaire semi-inférieur, surmonlé
d'un corps rond qui porte un style à stigmate aigu ; ui\t cap-
sule en forme d'urne, dure, ligneuse, épaisse, convexe à
son sommet , bordée par les restes du calice , qui s'ouvre par
la chute du couvercle , et qui contient plusieurs grosses
4êi Q tr. À
amandes attachées à un placenta conique. Ce fruit ressemblé
à une marmite surmontée de son couvercle ; aussi i'appelle-
t-on marmite de singe.
Ce genre, fort voisin des Couroupites, renferme des
arbres àfeuiiles alternes, et à fleursdiposées en épis ligneux
et pendans , tous propres à l'Amérique méridionale. On en
compte huit espèces, parmi lesquelles il faut distinguer :
Le QuATELÉ MARMITE, Lecythis ollaria , qui a les feuilles
sessiles, ovales, en cœur, presque entières. 11 croît au Brésil.
Ses amandes sont un excellent manger, et son bois est
recherché pour faire des machines , parce qu'il est très-
liant , et pour faire des constructions dans l'eau, parce qu'il
ne pourrit pas facilement.
Le QuATELÉ AGRAiNDES FLEURS , qui a les feuilles pélio-
lées , oblongues, aiguës, très-entières , et les pétales obtus
et rouges. Il se trouve à la Guyane , où il a été observé par
Aublet, Ses amandes sont bonnes à manger. Voyez pi. P. 2.
où il est figuré.
Le QuATELÉ AMER, qui a les feuilles oblongues, pétiolées,
très-entières, et les pétales aigus. Il se trouve à la Guyane.
Son bois est amer, ainsi que ses amandes.
Le QuATELÉ ZABUCAIE , qui a les feuilles lancéolées et les
pétales très-aigus. C'est un très-grand arbre de la Guyane et
du Brésil , dont les fleurs sont couleur de rose , et dont les
fruits ont 4 pouces de diamètre. Les amandes qu'il produit
sont douces, délicates et préférables aux amandes d'Europe,
pour manger et faire de l'huile. On fabrique des boîtes et
autres petits ouvrages avec ses capsules, et des cordes avec
son écorce.
Le CouRoupiTE d' Aublet a été réuni à ce genre par
Willdenow. (b.)
QUATOTOMOML Nom mexicain du Pic noir huppé
ou à BEC BLANC. (V.)
QTJATOTZTLI. Séba indique sous ce nom un oiseau
du Brésil, (s.)
QUATRAIN. Dénomination du Chardonneret , lors-
qu'il n'a que quatre pennes de la queue terminées de
blanc. (V.)
QUATRE-AILES. L'on prétendit , en 1680 , qu'une
race de canards singulière , à quatre ailes , s'étoit montrée
dans le Boulonais ; mais l'on a reconnu que les quatre ailes
w'étoient qu'apparentes, et que ces canards ne formoient
qu'une variété accidentelle. Voyez l'article Canard, (s.)
QUAÏRE-AILES. V. Oiseau quatre-ailes. (b.)
QUATRE- CORNES. Poisson du geore des Cottes.
Q Û A iù
QUATRE AU COU. C'est , dans quelques cantons de
la Normandie , le nom vulgaire du Coucou , d'après un de
ses cris d'amour, (v.)
QUATRE CENTS LANGUES {Cenront/aiom). Nom
que des aborigènes de l'Amérique donnent au ^JoQUECa
proprement dit. Voyez l'article Merle , section des Mo-
queurs (v.)
^ QUATRE-DENTS. Daubenion a ainsi traduit le mot
Tétraodon, que Linnseus a employé pour indiquer un genre
de poissons, (b.)
QUATRE-EPICES. Voyez à la fin de l'article Épiges,
(D.)
QUATRE A LA LIVRE. Variété du Cerisier, (b.)
QUATRE-OEIL. C'est le nom d'une espèce de Didei-
H1E. V. ce mot. (desm.)
QUATRE-SAISONS. V. Saisons, (s.)
QUATRE-SEMENCES. Nom collectif pharmaceutî-*
que , donné à certaines semences qui ont les mêmes vertus ,
et qui sont considérées quatre à quatre sous ce«seul rapport-
Ainsi l'on distingue Icsçuatre grandes semences chaudes, qui sont
le fenouil, l'anis, le cumin et le carvi ; les quatre petites se-
mences chaudes, qui sont l'ache, l'ammi, l'amome et la carotte
vulgaire ; les quatre grandes semences froides, lesquelles sont la
citrouille , le melon, le concombre et la courge ; enfin , les
quatre petites semences froides, qui sont la chicorée, l'endive, la
laitue et le pourpier. Rien n'est puéril et arbitraire comnrte
ces sortes de classifications, qu'on pourroit, si l'on vouloit ,
multiplier, pour ainsi dire, à l'infini, sans faire faire un pas
à la science, (d.)
QUATRE-TACHES. Poisson dugenre Silure, aujour-
d1iui PiMÉLODE. (B.)
QUATRE-VINGT. Ce nom est celui d'une race da
chiens appelés aussi Chiens d'Artois, (desm.)
QUATRE-VINGT-DIX-NEUF. L'un des noms vul-
gaires du papilioatalanta de Linnseus, plus connu sous le nom
de VuLCAiN. (desm.)
QUATRE-YEUX. V. Quatre œil. (desm.)
QUATREUÏ. Un des noms du Roitelet à Turin, (v.)
QUATROCCHI (yMa/rey^Mic). Nom italien du Canard
garrot , lequel a rapport aux deux taciies blanches placées
entre son bec et son œil, et qui, de loin, paroissent être
elles-mêmes des yeux, (v.)
QUATROUILLÉ (, vénerie). Un poil quatrouillé est
4^4 Q U A
celui qui est mêlé à la couleur dominante d'un chien, (s.)
QUATTO de Vosmaër. Singe d'Amérique , rapporté à
tort, par ce naturaliste , à l'espèce de I'Atèle Belzebuth ,
mais qui doit l'être à celle do I'Atèle coaïta. (desm.)
QUAU. C'est, en Rrie , le nom du Mauvis. (v.)
QUAUCHCHOPITILI. Nom mexicain du Pic trico-
lore. (V.)
QUAUCHICHIL. Petit oiseau à tête rouge du Mexi-
que , qui n'est pas plus grand qu'un colibri, (v.)
QUAUHAIOAHUALT. Nom vulgaire d'uneCASSiE pro-
pre au Mexique ( cassia Jistuldides ). (B.)
QUAUHCILNI. C'est, dans Séba , le Guêpier a tête
GRISE. V. le mot Guêpier, (s.)
QUAUHCOYAMETL. Nom rapporté par Fernandez
au Pécari. V. ce mot. (desm.)
QUAUHOMECATL. Selon Hernandès, c'est le nom
mexicain du PaulUnia mexicana , L. , rapporté par Willde-
now au genre seriana. (lis.)
QUAUHTECALLOTLQUAPACHTLI ou COZ-
TIOCOTEQUALLIN. Noms mexicains du quadrupède
décrit par Buffon sous celui de I'Ecureuil coquallin. f^'^oy.
Ecureuil, (desm.)
QUAUHTECHALOTL-THLILTIC , ou simplement
QUAUHTECHALOTL. D'après Jonslon, c'est I'Ecu-
reuil ^'OlR. V. ce mot. (desm.)
QUAUHTLA COYMALT. C'est, suivant Hernandès,
le nom du Pécari {Sustajassu, Linn.), au Mexique, (desm.)
QUAUHÏOTLI. C'est, dans Fernandez, le nom mexi-
tain d'un oiseau de proie, que Brisson rapporte au Sacre.
(V.)
QUAUHTOTOPOÏLT. Oiseau du Mexique , qui est si
familier, dit Fernandee, qu'il vit dans les maisons. Sa taille
est celle de l'élourneau ; son plumage est noir et tacheté de
blanc. Il fait des trous aux arbres et se nourrit comme les
pics. Cet auteur ne faisant pas mention qu'il ait du rouge sur
aucune partie du corps , Buffon a présumé que c'étoit le
ihtiême oiseau que l'épeiche du Canada; mais le mâle de celte
espèce a du rouge à la lêle comme les autres épeiches; c'est
ce qu'ignoroit ce naturaliste , qui n'a connu que la femelle.
QUAUHTZONECOLIN. V. Zonecolin , à l'art. Per-
drix , sect. des Colins, (s.)
QUAUMEATI. Nom de pays de la Paullinie du
Mexique, (b.)
OUAUPECOTU. Voyez Quanhpecotli et Raton.
(desm.)
0 TT Ê . 465
QUATHLAMAÇAME. C'est,à la Nouvelle-Espagne, le
ïiom des MAZA.MES , espèces de Cerfs à bois très-courts, et
peu ou point ramifiés, (desm.)
QUAXOXOCTOTOTL. Oiseau du Mexique , décrit
par Fernandez {Hist.Nov.Hisp., cap. 177). Il est d'une grande
beauté, gros comme un pigeon, se trouvant sur le bord de la
mer, et ayant le bec long, large, noir et un peu crochu, M.
Brisson Ta pris pour un couroucou ; mais c'est une erreur ,
puisque la forme du bec du quaxoxoctototl l'exclut évidem-
ment de ce genre. Cet oiseau est donc du petit nombre de
ceux qui attendent de nouvelles observations pour être rap-
porté au genre qui lui convient, (s.)
QUE. Nom d'un Cannellier qui croît au Tonquin , et
qu'on dit supérieur à celui de Ceylan. Cette espèce ne pa-
roit pas être connue des botanistes, (b.)
QUEBITE , Quebitea. Plante à racines fibreuses , à tige
tortueuse, rampante, couverte de poils roussâtres, et chargée
de feuilles horizontales, ovales, alternes, tachées de rouge ,
hérissées de poils, à fleurs disposées en épi cylindrique, et dont
le caractère générique est inconnu , mais qui se rapproche
des D RACONTES. V . ce mot.
Cette plante se trouve à la Guyane , sur le bord des ruis-
seaux. Lorsqu'on mâche ses racines , elles laissent dans la
bouche une impression brûlante. Elle passe pour guérir de
la morsure des serpens venimeux, (b.)
QUEBRADA. Les Espagnols du Pérou donnent ce nom
à des ravins d une largeur et d'une profondeur énormes, qui
ont été creusés par les eaux qui descendent de la cime des
Cordillères.
Les observations faites par don Ulloa sur ces quebradas,
nous donnent la solution d un grand problème qui a beaucoup
embarrassé les géologues, et fait imaginer une foule de révo-
lutions et de catastrophes qui n'arrivèrent jamais.
On voit quelquefois sur des sommets de montagnes cal-
caires secondaires, des blocs et des amas de débris de roches
primitives qu'on diroit être tombés du ciel, et qu'on a sup-
posés avoir été roulés du fond des vallées sur ces sommets,
par des courans prodigieux, par des débâcles de l'Océan,
par des marées de 800 toises, etc. , quoique ces suppositions
soient absolument gratuites, et même contredites par nombre
d'autres faits.
Les quebradas du Pérou nous donnent l'explication toute
simple de ce phénomène. Don Ulloa a vu dans ces ravins, à
une élévation d'environ 1600 toises, des blocs de rochers
«l'une forme à peu près cubique ( qu'affectent ordinairement
XXYlIl. "to
466 Q TJ E
les roches primitives) , qui avoient jusqu'à 3o pieds de dia-
mètre.
Les eaux du torrent, qui baignent la base de ces blocs, rou-
lent avec elles des sables et des galets qui usent et arrondis-
sent insensiblement les angles de cette base. Ces eaux en même
temps accumulent des débris contre la partie postérieure du
bloc, et creusent au contraire le lit de ravins devant sa partie
antérieure , de sorte qu'au bout dun certain temps , le bloc ,
diminué dans les dimensions de sa base par le frottement des
sables, et cessant d'être soutenu dans sa partie antérieure,
doit faire la culbute : sa partie supérieure devient alors base à
son tour ; elle est de même rongée et arrondie par le (rolte-
ment ; le bloc est de nouveau déchaussé par les eaux dans sa
partie antérieure , et il fait une nouvelle culbute , mais plus
grande que la première , parce qu'il n'est plus arrêté dans sa
course par ses angles et l'aplatissement de ses faces.
Il arrive ainsi, de culbute en culbute, jusqu'à quelque par-
tie des tlancs de la montagne où le sol se trouvant dans une
situation moins inclinée (quoiqu'à une élévation encore assez
considérable au-dessus des plaines), il s'y arrête pour n'en
plus descendre.
Cependant les eaux qui trouvent là cet obstacle , mais qui
ne sont plus resserrées dans un Ut étroit, comme dans la partie
supérieure du ravin, se divisent en deux branches, qui creu-
sant le sol à droite et à gauche du bloc , le laissent sur une
petite île qui d'abord n'est guère plus étendue que le bloc lui-
même ; mais ces eaux continuant de creuser leur lit, le bloc
semble s'élever insensiblement au-dessus de leur surface.
Bientôt il se trouve sur une espèce de tertre qui , par l'effet
des érosions voisines, devient enfin une montagne; et les
ravins forment des vallées plus ou moins considérables : Dou
Ulloa en a vu de deux lieues de large.
Ces blocs de roches primitives, dont la situation étonne
aujourd'hui l'observateur , ne sont donc point montés sur les
sommets où on les trouve ; mais ces sommets ont été simple-
ment sculptés par les eaux dans des massifs de couches soit
secondaires , soit tertiaires , qui se trouvoient sur les flancs
ou vers la base des montagnes primitives , lesquelles furent
jadis incomparablement plus élevées qu'aujourd'hui.
Il est aisé de faire une observation qui vient à l'appui de
l'explication que je donne de ce fait ; c'est qu'on voit asse«
souvent des sommets de montagnes calcaires à couches l^ri-
zontalcs , qui sont séparés Tun de l'autre par de profondes
vallées, et qui néanmoins présentent de part et d'autre des
couches si parfaitement semblables en nature, en couleur, en
épaisseur, çn arrangement, qu'il est évident qu'elles sont une
Q i y- 467
prolongation les unes des autres, et que s'il existe un vide qui
interronipi aujourd'hui leur contiguïté , ce vide n'est autre
chose qu'un grand ravin creusé par les eaux. V. Montagnes
et Poudingue, (pat.)
QUEBRANTAPlEDRAS.En Espagne, on donne ce nom
à une espèce d'hcrniole très-comoaune et qu'on avoit con-
fondue avec la herniole velue {fierniaria hirsula^ L.). Lagasca ,
qui l'appelle fierniaria annua, assure que son infusion fait uri-
ner abondamment, et qu'elle chasse les calculs de la vessie.
Cette plante herbacée, velue et annuelle, a les feuilles ovales
et un peu pétiolées. (ln.)
QUEBRANTAHUESSOS, Briseur d'os. Noms que
l'on donne , dans le Brésil, à un Pétrel. V. ce mot. (v.)
QUESCHU. Nom imposé à un manchot, par les habi-
tans de l'Archipel de Chiloé, où il est très-commun, (s.)
QUEDEC. C'est la Lobélie longiflore. (b.)
QUEEN-JA. En Guinée , c'est , au rapport de Barbot ,
le PoRc-ÉPic. V. ce mol. (desm.)
QUEEQUEHATCH. Dobbs rapporte ce nom canadien
à un quadrupède qui paroît être le glouton d'Améri(jue. Voyez
Glouton, (desm.)
QUECKSILBER. Nom du MERCURE,en allemand. (ln.)
QUÉLÉLÉ Espèce de Saule qui croît sur les bords du
Sénégal, et dont le bois sert à nettoyer les dents des nègres.
(B.)
QUELLY. Barbot dit que c'est le nom du léopard , en
Guinée. V. l'article Chat, (desm.)
QUELTIE, Quellia. Genre de plantes établi par Salis-
bury, pour placer le Narcisse odorant et deux ou trois au-
tres, (b.) . ^
QUELUSIE, Queîusîa. Genre de plantes établi par Van-
deli , mais qui rentre dans celui appelé Fuchsie. (b.)
QUENIA. C'est, suivant Dapper, le nom du Porc-épic
dans quelques contrées de l'Afrique, (s.)
Q13EN1PIER etQUENlQUIER. Cesont les noms du
Bonduc. (b.)
QUENOTTES T. Plomb Sulfuré Granuliforme. (ln.)
QUENOT. Nom vulgaire du Cerisier mahaleb , aux
environs d'Angers, (b.)
QITENOTTE SAIGNANTE. Coquille du genre Né-
rite, (b.)
QUENOUILLE, Cnicus. Genre de plantes de la syngé-
nésie polygamie égale et de la famille des cinarocéphales ,
qui offre pour caractères : un calice ventru, formé d'écaillés
imbriquées , entières, acuminées, épineuses, souvent entou-
rées de bractées ovales, oblongues et munies de dénis épi-
468 QUE
lieuses ; un réceptacle velu , garni d'un 'grand nombre de
fleurons hermaphrodites ; des semences nues, à aigr.eltes ordi-
nairement plumeuses. V. Chardon et Quenodillette.
Pour éviter toute discussion , je ne mentionnerai ici que
l'espèce la plus commune, celle sur laquelle Llnnœus a fait
ce genre, c'est-à-dire, le cnicus oleraceus. Cl'est une plante à
larges feuilles pinnatifides, amplexicaules , et à bractées pres-
que colorées et concaves. Elle est vivace et se trouve par toute
l'Europe, dans les prés humides , dans les bois marécageux,
sur le bord des étangs; elle s'élève à trois ou quatre pieds
et n'est pas sans élégance. On en mange les feuilles en guise
d'épinards , dans plusieurs contrées de l'Europe , et on fait,
avec sa semence, une huile très-bonne à brûler. Ses tiges peu-
vent , comme celles de plusieurs plantes de la même famille,
fournir de la potasse par leur incinération. On l'appelle que-
nouille, parce que, lorsque ses fruits sont mûrs, elle ressemble
à une quenouille garnie de chanvre, (b.)
QUENOUILLE. On donne aussi ce nom aux arbres
nains, dont on conserve la tige droite. V. le mot Arbre, (b.)
QUENOUILLE. C'est le murex colus de Linnœus. V. au
mot Fuseau, (b.)
. QUENOUILLE EN DOME A FOSSETTE. Espèce
de champignon du genre Agaric de Linnaeus, qui croît aux
environs de Paris, et qui ne paroît pas nuisible. Son chapeau
est en dôme creusé d'une fossette , au milieu ; il n'a pas de
pulpe. Sa couleur est cannelle en dessus, et purpurine en des-
sous, Paulet l'a figuré pi. loo de son Traité des champignons.
(B.)
QUENOUILLE MONTEE. Agaric couleur marron ,
à chapeaud'un pouce de diamètre, à pédicule de quatre à cinq
pouces de hauteur et renflé en bas; à lames brunes, cou-
vertes d'un réseau blanc. Son odeur et sa saveur sont désa-
gréables , mais il n'a pas incommodé les animaux à qui on en
a fait manger, Paulet l'a figuré pi. 99 de son Traité des cham-
pignons, (b.)
QUENOUILLE A NOMBRIL. Agaric de couleur
violette, dont le cbapeau est sans épaisseur, et offre uhe
cavité en son milieu, dont le pédicule est très-élevé et d0nt
la chair n'esl agréable ni au goût ni à Todorat. On le troiive
aux environs de Paris. Il s'appelle aussi TAméthyste, Paulet
l'a figuré pi. 100 de son Traité des champignons. (B.).
QUENOUILLETTE. Voyez Atractylide, Le genre
Alfredie a été établi par H, Cassini aux ^dépens de celui-
ci , que quelques botanistes suppriment eniièrement pour
en réunir les espèces aux Chardons, (b,)
QUE ^69,
QUERAIBA. Nom américain de la Bignone du Brésil.
On l'appelle en français liane aux yeux ^ peut-élre parce
qu'étant astringente, on l'emploie dans les maux d'yeux, (c.)
QUE-RANH. C'est le nom du Cannellier en Cochin-
ehine. (ln.)
QUERCEVELLE. Nom vulgaire de la Cresserelle.
(V.)
QUERCITRON. Espèce de Chêne de l'Amérique sep-
tentrionale, dont l'écorce sert à teindre en jaune, (b.)
QUERCUS. C'est en traitant des arbres qui portent des
glands, que Pline fait mention du qnercm; et qu'il décrit le
gland du chêne , à ne pas s'y méprendre. Les arbres qui
portent réellement des glands^ sont, d'après Pline, le rot)ui\y
le quercus ^ Vesriilus ^ le cerrus ^ V iiex et le suler. Dans tous
ces arbres , selon Pline , le gland étoit plus ou moins
enfoncé dans une capsule ou calice hérissé; les feuilles,
excepté celles de ïilex, étoienjt grandes, charnues, sinuées
sur les bords , et ne jaunissoicnt que lorsqu'elles lomboient ,,
comme celles A\i fagus (HÈtre ). Elles différoienl dans ces
arbres par leur grandeur et leur longueur.
L'/fcr aroit les glands courts et grêles ; ces glands étoient
appelés rtcy/oH, par Homère. Pline distingue deux ilex pareils
pour le gland; mais il ne parle que de Viiex d'Italie qui avoit
les feuilles un peu semblables à celles de l'olivier qui étoit
appelé aquifolhiin dans les provinces , et smilnx par quel-
ques auteurs grecs.
Pline fait observer que les glands du ç'MgrcHS proprement dit
sont excellenset les plus gros de tous; puis viennent en gros-
seur ceux de l'escw/M.î; enfin le rohurnen porte pas beaucoup,.
Le cerrus portoit un gland désagréable et horriblement
hérissé , comme la châtaigne.
Il paroît qu'on distinguoit ces arbres en mâles et en fe-
melles ; car Pline dit que dans les quercus , les pieds femelles
porloient des glands plus doux et plus tendres, tandis que
les glands produits par les pieds mâles étoient plus épais et
massifs. On préféroit surtout les glands des variétés à larges
feuilles. Pline décrit ensuite les glands, et à ce propos, il cite
les arbres smysins : quercus ^ hemeris ^ Mgylops et haUplileos ;
il donne quelques idées de leur port , de la nature , de la qua-
lité et de l'usage de leur bois. Il fait observer que le bois du
quercusest dur et incorruptible.
Les fruits du fagus rendoient la ch||iir du cochon belle et
excellente ; mais ceux des robur , esculus et suber ^ fongueuse.
Tous ces arbres, dit- il, portent d'une année à l'autre, et
tour à tour, des glands et des galles. La galle de ïheimrÎB
470 Q II E
est la meilleure pour tanner les cuirs ; colle des chênes k lar-
ges feuilles (Ç. latifoUa) , quoique semblable, est plus large
et beaucoup moins estimée.
Il est évident que Pline avoit en vue, dans cette description,
les arbres que nous nommons chênes. Parmi ceux qu'il dé-
crit, il y en a qui sont reconnoissables. On peut dire que
toutes nos espèces communes , en masse , sont comprises
dans ses quercus.
C'est avec réserve qu'on doit rapprocher le cerms des çuerais
cerriset austriaca , W. ; Vhemeris, du querais pedunculala ,^W .\
le robiir, du querciis pubescens^yV .; le laiifolia^ du quercus rubur,
"W. ; Vœgy 'ops,du quercus œgylops; ïilex, des quercus ilex et cocci-
fera ; le suber^ du quercus suber ^ etc.
Dioscoride parle des chênes, en masse , a l'article gland.
Il faut faire observer que le nom de diys^ donné par les
Grecs aux chênes, s'appliquoit , dans l'origine, à tous les
arbres, puis à ceux seuls qui portent des glands. Théophraste
admet les espèces suivantes : hemens ^ œgylops , platyphyllos ^
phegos , hallphleois, noms que Gaza traduit par placida , cerrus,
ialifelia , fagus et salsicortex ou recticortcx , et en comprenant
tous ces arbres sous la dénomination de robur. Ce nombre de
chênes est, comme on le voit, plus borné que celui donné
par Pline. Mais les espèces de Théophraste sont comprises
dans celles de Pline, comme on peutlejuger,par les rapports
des noms, Pline a parlé à la fois d'autres espèces qui ne
furent pas confondues avec les chênes par le naturaliste grec ;
parexemple : le phellos {suber , Plin. ) , et Vilex ; car pour le
phegos, on le rapporte à Vesculus de Pline.
Les Grecs avoient encore uu phellodrys ou chêne- liège , que
Mallhiole rapproche du quercus pseudo su^c/' très-commun en
Italie, et qu'il a signalé le premier.
Toutes ces plantes rentrent dans le genre quercus des bo -
tanistes , formé des trois genres que Tournefort nom-
moit : I ." 5MÂer ( liège ) , à cause de l'écorce fongueuse des
espèces; 2.° ilex (yeuse), où rentroient les espèces tou-
jours vertes, et à feuilles épineuses sur les bords; 3.° quercus
(chêne), les espèces à feuilles caduques, sans épines, (ln.)
QUEREIVA. V. CoTiNGA quereiva. (v.)
QUERELLEUR ( vénerie ). On appelle ainsi un cliien
pillard et hargneux, (s.)
QUERFE. Nom arabe delà Cannelle, (lis.)
QUERIE , Queria. Genre de plantes de la triandrie Irigy-
nie, et de la famille des caryophyllées, qui offre pour carac-
tères : un calice divisé en cinq parties ; point de corolle ; trois
Q U E 47»
ëtamiaes;un ovaire supérieur surmonté de trois styles; une
capsule uniloculaire, trivalve et monosperme.
Ce genre renferme trois espèces , dont la plus connue
est la QuÉRiE d'Espagne, dont les fleurs sont réunies en
tête. C'est une petite plante annuelle, blanche, dont les
feuilles sont opposées et linéaires , et les bractées garnies
d'épines recourbées. Elle ne présente aucune utilité. La quérie
du Canada forme aujourd'hui le genre AlNYCHlE. (B.)
QUERQUEDULA. Nom lalin de la Sarcelle, (v.)
QUERTZ-PALCO. Espèce de Scinque. (b.)
QUERULA. Schwencfeld {Avîar.siles.^ désigne ainsi le
sizerin cabaret^ à cause de son cri plantif. V. SiZERiN. (s.)
QUESNE. Nom du Chêne, en patois, dans quelques pro-
vinces de France, (desm.)
QUETE (vénerie). C'est l'action du chasseur qui va dé-
tourner une bé/e, et aussi qpUe d'un chien qui cherche le
gibier, (s.).
QUETELE. Nom de la Peintade au Congo, dans Pison
et Marcgrave. (s.)
QUETHU. Nom que les naturels de l'archipel de Chiloé
donnnent au pingouin du Chili, (s.)
QUEUE, Cauda. Partie qui termine le coccyx de la plu-
part des quadrupèdes, des oiseaux , des reptiles et des pois-
sons. Elle est formée par la continuation des vertèbres coc-
cygiennes , qui sont mobiles les unes sur les autres en tout
sens , par le moyen de muscles nombreux.
Les orang-outangs n'ont point de queue comme les autres
singes, et ce qu'on a raconté des hommes à queue ( dans les
Voyages àe Struys , de Monconys , de Paul Lucas, etc.),
paroît fabuleux , parce que ces voyageurs crédules ont pu
prendre certains singes à queue , pour des hommes sauvages.
Les autres espèces de singes ont une queue plus ou moins
longue. Celte des cercopithèques , des guenons , est assez
allongée ; les papions en ont de courtes; la queue des sapa-
jous, des alouates , ainsi que celle des coendous , des kin-
kajous , des sarigues , des cayopollins , est nue en dessous
comme un doigt , et capable de saisir différens corps ; aussi
ces animaux s'en servent pour s'attacher aux branches des
arbres sur lesquels ils grimpent ; elle peut même se rouler
en spirale à son extrémité , pour saisir de petits objets. Dans
les chauve-souris et les galéopithèques , la queue est fixée de
chaque côté par de larges membranes qui se joignent à celles des
membres. Les chats , les lions , les tigres , ont une queue
très-forte , dont ils se battent les flancs lorsqu'ils sont irrités \
celle du lion porte à son extrémité une houppe de poil*
^7^ Q TT E
Chez les ours , les taupes , les hérissons , la queue est
eourle , ainsi que celle des pacas, agoutis], cochons d'Inde ,
et des lièvres, des cerfs, des gazelles , etc. ; elle est longue
dans lesgenettes el les coatis. La plupart des rats ont une
queue presque nue, longue, bien ronde et comme écail-
leuse ; celle du castor est surtout remarquable par sa forme
aplatie , oblongae, par sa surface ccailleuse et nue; elle sert
de truelle à cet animal, pour battre le mortier dont il enduit
ses huttes , lorsqu'il construit ses bourgades. Les écureuils
ont une jolie queue touffue et à longs poils , qu'ils redres-
sent avec grâce sur leur dos pour s'ombrager ; celle des ger-
boises et des kanguroos est grosse , longue et roide ; car ces
animaux l'appuient contre terre , comme un bâton ou une
troisième jambe de derrière , pour se soutenir , lorsqu'ils se
redressent sur leurs pattes de derrière. Il y a des moulons en
Afrique , dont la queue devient énormément grosse par une
tumeur graisseuse qui s'y fornrre, et qu'il faut même soutenir,
chez les espèces domestiques , sur un petit chariot. La
queue de la vache de Tartarie ou yak , sert aux Turcs pour
leurs enseignes militaires; de [h, le titre de pacha à trois
queues, etc. On connoît celles du cheval , du renard , etc.
Les tatous et les pangolins ont une longue queue couverte
comme leur corps , et lorsque ces animaux se mettent en
boule , à l'approche de leur ennemi , ils retirent leur queue
sous le ventre ; les loirs s'entourent de la leur loij|qu'ils s'en-
gourdissent ; celle des rhinocéros , des éléphans , des hippo-
potames , ne porte que quelques crins ou soies fort rudes.
Dans les cétacés, la queue, divisée en deux lobes, est toujours
horizontale , et lient lieu des pieds de derrière pour la nata-
tion ; ils se nomment, à cause de cela, plagiures.
Les oiseaux n'ont point , h proprement parler , de queue
charnue , bien qu'ils aient des vertèbres coccygiennes , à
moins qu'on ne prenne leur croupion pour cette partie ; mais
ils ont de belles et longues queues de plumes i%n connoît
celles du paon, du faisan, du coq, etc. Les perroquets se distin-
guent aussi par leurs queues; ils s'en servent, comme les autres
oiseaux grimpeurs , tels que pics , grimpgreaux , toucans ,
coucous, barbus, etc., pour s'appuyer contre le tronc des
arbres , et s'aider ainsi à grimper. Rien de plus magnifique
que les loiigues et belles queues des promérops , de quelques
gobe-mouches, etc. La riche queue en forme de lyre, dupar-
kinson ménure,la queue longue et se terminant en pointe, des
^ras; celle de l'argus ou faisan de Junon, sont les plus riches
de toutes. Les oiseaux à pattes courtes ont une queue longue
qui leur sert de gouvernail; car ils volent ra-pidement pouf
VavUinaire ; mais les oiseaux à longues jambes ou les éthas-^
Q ÎI E ^73
siers , comme tous ceux qui patrouillent dans la fange , n'ont
presque point de queue, parce qu'en volant ils tendent leurs
pattes en arrière , pour leur servir de coiilre-poids , et leur
tenir lieu de queue. Les oiseaux à vol lourd n'ont pas ordi-
nairement la queue longue ; celle des oiseaux de proie est
d'une taille médiocre; aux uns fourchue, à d'autres arrondie,
ou cai-rée, ou en forme de coin.
Parmi les reptiles , on ne trouve point de queue aux gre-
nouilles , aux raines et aux crapauds ; car celle qu'ils ont dans
Tclat de têtard ou de larve , se résorbe el se dessèche lors-
qu'ils subissent leur métamorphose ; mais les tortues , les
salamandres , les lézards el les serpens ont tous une queue
plus ou moins longue , souvent arrondie , et quelquefois
platp. Dans les amphisbènes , elle ressemble à la tête de ces
serpens ; dans les crotales ou serpens à sonnettes , la queue
étant terminée par des anneaux d'un épidémie sec et dur
comme le parchemin , fait une sorte de bruit qui décèle la
marche de ces terribles reptiles. Ces sonnettes caudales, ou
ce crefjltnniîiim, viennentdela mue de l'animal, et augmentent
chaque année.
La queue de tous les poissons est aplatie latéralement, et
sa largeur est dans une position verticale ; elle se termine
ordinairement par une nageoire , bien que certaines espèces,
telles que les marines, en manquent. Chez le poisson-lune, il
n'y a point de queue ; aussi ce poisson est orbiculaire. La
forme , la longueur et les diverses définitions de la queue chez
les poissons, les reptiles, les oiseaux, les quadrupèdes, sont
p!us speciaieujent traitées aux mots Mammalogie , Orni-
thologie, Erpétologie et Ichthyologie. (virey.)
QLEUE, Caïuhi. Nom donné, par Gsertner, au filet qui
s'élève du sommet de quelques semences, et qui est velu dans
toute son étendue, corruTie dans les Clématites. On appelle
aussi Queue , dans l'usage ordinaire , soit le pétiole , soit le
pédoncule. V. ces deux mots, (d.)
QlJEUE-AKilTE { Co/a agnda ). Dénominatien appli-
quée , par M, de Azara, à une petite famille d'oiseaux dm
Paraguay, à laquelle il donne pour caracières:lù tête un peu
petite , relrécie en devant , et couverte de plumes très-
-serrées ; l'œil petit; le bec effilé , fort pointu , comprime
sur les côtés, plus épais que large , luisant et presque droit ;
le pied et les doigts robustes ; la queue excessivement lon-
gue , foible , et composée de pennes aiguës et fortement
étagées.
Les queue- aiguës que ee savant naturaliste a pu observer,
sont sédentaires el solitaires ; le mâle el la femelle se trou-
VciU toujours ensemlie ; ne fiét^utiUtnl c|ue les luissoBS ,
474 Q U E
sans pénétrer tlans les bois , ni se montrer dans les lieux
découverts ; ils sautillent sans cesse. Des douze espèces que
cet ornithologiste a placées dans celte famille , j'en ai décrit
liuit parmi les fauvettes , parce qu'elles m'ont paru apparte-
nir à ce genre. J'engage les naturalistes qui les verront en
nature , à rectifier mes erreurs , si je me suis trompé.
Le CiCLi. Tel est le nom que M. de Azara a donné à cet
oiseau , parce qu'il prononce ces deux syllabes clairement ,
et d'un ton élevé et aigu , que l'on entend de fort loin ; il le
répète souvent , et de sorte que les intervalles ne durent pas
plus que les cris. Il est solitaire , et il se tient entre les cara-
guatas oualoës,et dans les halliers fourrés. 11 est dans un mou-
vement continuel , et il ne se montre jamais m à la cime des
broussailles, ni dans les bois, ni dans les campagnes. Son
vol ne consiste que dans le passage d'un buisson à un autre.
11 a les ailes foibles et concaves ; les douze pennes de la
queue pointues, foibles et étagées ; le bec très-comprimé sur
les côtés , droit , avec un petit crochet à sa pointe ; six pouces
un quart de longueur totale; le front brun ; le dessus la tête ,
la queue , le pli et les couvertures supérieures de l'aile d'un
rouge carmin , un peu obscur sur les ailes et la queue ; les
parties supérieures d'un brun roussâtre ; les plumes de la
gorge noires , et terminées de blanc ; le devant du cou et les
côtés de la tête , d'un blanc rembruni ; la poitrine et le ven-
tre , blanchâtres ; les côtés du corps , d'un brun fauve clair :
les couvertures inférieures des ailes, d'un roux pâle ; le tarse
d'un verdâtre plombé ; le bec, noirâtre en dessus, blanchâtre
en dessous ; l'iris, d'un gris rougeâlre.
M. de Azara décrit une autre queue aiguë , sous le nom de
cogogo , qui ne diffère du cicli , que par son cri , ses habi-
tudes , et par les pennes de ses ailes , qui sont très-foibles ,
concaves, et dont la i."« est assez courte , et les 3.^ , 4.^
et S.*""^ égales ; du reste , la ressemblance est parfaite entre
ces deux oiseaux.
Le Collier noir {^pardo collamigro) a les ailes foibles et
concaves, l'extérieure despennes caudales plus courte de seize
lignes que les quatre du milieu; les autres en tuyaux d'orgue ,
inégalement disposées ; le bec courbé sur toute sa lon-
gueur , et comprimé sur les côtés , noir en dessus et à sa
pointe d'un bleu de ciel vif sur le reste; un trait de blanc sale
part de la narine , et passe au-dessus de l'œil et de l'oreille ;
au-dessous de ce trait, les côtés de la tête sont d'un noir
velouté ; la gorge est d'un gris blanchâtre ; une bandelette
noire forme un demi-collier ; le devant du cou , le dessous
et les côtés du corps , de même que les couvertures infé-
rieures des ailes , ont la teinte du tabac d'Espagne ; le reste
Q V E 475
du plumage est d'un brun noirâtre; le tarse noirâtre; lon-
gueur totale , cinq pouces dix lignes.
Le Dos TACHETE, Eicuipalaria chorreado, a toutes les parties
inférieures, le derrière de la tête, le dos et le croupion, d'un
roux foible ; une bande de la même couleur,qui prend naissance
aux narines, passe en dessus des yeux et des oreilles, et se ter-
mine à la nuque ; une tache noirâtre à l'angle antérieur de
l'œil, laquelle couvre la paupière inférieure et l'oreille; les plu-
mes du dessus de la tête et du haut du dos , longues et poin-
tues, à tige blanche , à barbes noires à l'intérieur , et d'un
plombé clair à l'extérieur ; les petites couvertures supé-
rieures des parties internes de l'aile sont d'un brun rous-
sâtre ; les grandes (les mêmes parties , d'un rouge de carmin
à leur origine et à leur bout , et noires sur leur milieu ; les
autres brunes ; la moitié inférieure des pennes des parties
internes de l'aile est d'un brun noirâtre ; l'autre moitié d'un
rouge de carmin qui s'étend sur le milieu des pennes de la
partie extérieure , dont le reste est brun foncé , de même
que les premières pennes et les tiges de toutes ; l'extérieur
de chaque côté de la queue et l'extrémité des autres pennes,
d'un roux sombre ; le tarse d'une teinte plombée ; le bec
noirâtre et presque droit ; l'œil noir ; les pennes de la queue
étagées; toutes, à l'exception des deux extérieures de chaque
côté , dégarnies de barbes à deux lignes de leur extrémité.
Longueur totale, cinq pouces et demi.
Le Tacheté chorreadeto a six pouces deux tiers de longueur
totale; la gorge blanchâtre; le front, les côtés de la tête, le de-
vant du cou et le dessous du corps, couverts de plumes brunes,
avec des taches longues et blanches sur leur milieu ; les cou-
vertures inférieures des ailes et le bord antérieur des pennes,
d'un roussâtre clair; un Irait roussâtre sur les côtés de la
tête , lequel va de l'angle inférieur de l'œil à l'occiput ; toutes
les parties supérieures d'un brun un peu foncé; la queue d'un
rouge de carmin ; le tarse vert; le bec noirâtre en dessus et
sur les bords , et blanchâtre en dessous, (v.)
QUEUE D'ARONDEou QUEUE D' ARONDELLE.
Noms vulgaires de la Fléchière. (b.)
QUEUE DE BICHE. Graminée qui couvre, en été et en
automne, les plaines de l'Amérique méridionale, et qui s'é-
lève à trois ou quatre pieds. C'est le Barbon saccharoïde
de Swartz , ainsi que je l'ai observé en Caroline. Comme
celte plante n'est pas mangée par les bestiaux , et qu'elle
subsiste desséchée plusieurs années sur pied , on est obligé
de mettre le feu aux savanes à la tin de chaque hiver pour
qu'elle redeviennent pâturables. (b.)
^7^ O U E
QUEUÉ-BLANCHE. V. Pygargue. (s.)
QUEUEDE CHEVAL. V. au mot Prèle, (b.)
QUEUE DE CRABE ou D'ECREVISSE. Les Osca^
BRlONS ont quelquefois reçu ce nom. (desm.)
QUEUE DE CRABE. Ce sont des fossiles contournés
qu'on prend pour des queues d'écrevisse , quoique dans le
fait ils appartiennent à des cornes d'animon , à àes gryphites et
autres coquillages à spire aplatie, (b.)
QUEUE DE CRABE PÉTRIFIÉE. On trouve, sur la
côte de Coromandel, un fossile de couleur brune , empâté
dans une pierre marneuse , qui paroît avoir été la queue d'un
crabe. V. Astaciïes. (pat.)
QUEUE EN EVENTAIL. Nom appliqué , par Buffon ,
à un Gros BEC. V. ce mot. (v.)
QUEUE DE FLÈCHE. V. Phaéton. (v.)
QUEUE FOURCHUE. Nom spécifique d'un Bombix.
V. ce mot. (l.)
QUEUE GAZÉE. F. Mérion binkion. (v.)
QUEUE JAUNE. Poisson de la Caroline , le Leios-
TOME. On appelle aussi de même un Scombre , le scomber
ihrysiinis. (c.)
QUEUE D'HERMINE. C'est le nom d'une coquille du
genre Cône, Conus musteUnus., Linn. (desm.)
QUEUE DE LEZARD. Synonyme de Lézardelle. (b.)
QUEUE DE LIÈVRE. Nom de la Lâgure ovale, (r )
QUEUE DE LION. C'est la Phlomideléonuride. (b.)
QUEUE NOIRE. Poisson du genre des Perches. V.
GOBIOÏDE. (b.)
QUEUE DE POILE ou de PELLE ou de POILON.
L'on nomme vulgairement ainsi la mésange à longue queue ^ ea
plusieurs lieux de la France. V. le mot Mésange, (s.)
QUEUE DE POIREAU. Nom vulgaire de ïhyacinlhus
comosus. (desm.)
QUEUE DE POURCEAU. C'est le Peucedan offi-
cinal, (c.)
QUEUE DERAT. Deuxplantes ont été ainsi nommées;
lefestucamyurusei \e poÛ/os acaulis. (DESM.)
QUEUE DE RENARD. Nom vulgaire du Lilac , de
I'AmaratsTiie caudate et du Vïjlpin. (b.)
QUEUE DE RENARD. C'est une espèce d' Astragale,
Aslragahis alopecuroïdes. (DESM.)
QUEUE DE RENARD. On donne ce nom à l'extré-
mité d'une racine qui entre dans l'eau , et qui pousse une
grande quantité de chevelu enduit d'une matière visqueuse,.
y. Racine et Végétation, (r.)
OUI l.'j'j
QUEUE DE RONDELLE. Nom vulgaîre du Cotylet
NOMBRIL DE VÉ^■us , aux environs d'Angers, (b.)
QUEUE ROUGE. V. Rouge-queue, à l'article Fau-
vette, (v.)
QUEUE ROUGE. Les pêcheurs donnent ce nom au
scvmber hippos de Linnseus ( V. Scombre. ). Ils le donnent
aussi au spams eryiJiroiirus. V. Spare. (b.)
QUEUE EN SOIE. V. Veuve a quatre brins, à l'ar-
ticle Fbingille. (v.)
QUEUE DE SOURIS. C'est la Ratoncule. (b.)
QUEUE VERTE. Nom àuspams chlorourus dehinnxus.
V. r.u mot Spare. (b.)
QUEUES DE RAIE PÉTRIFIÉES. F. l'art. Poissons
FOSSILES. (DESM.) '
QUEUNERON. On appelle ainsila Camomille puante,
aux environs de Roulogne. (B.) >
QUEUX ou COS. Foyez Pierre a rasoir et Pierre
naxienne. (pat.)
QUEZAZEH {Vitrea). Nom arabe de la Morgeline
commune ou Mouron des petits oiseaux, Jlsine média ^ L. ,
qui se trouve dans tout l'Orient, en Europe el^ans l'A-
mérique , où elle a été transportée d'Europe. (ln.J
QUIRE ou QUIBEL. V. Quedec. (s.)
QUICKHATCH. Catesby et Edwards rapportent ce
nom au Glouton du nord de l'Amérique. (desxM.)
QUIINIER , Quiina. Arbre à feuilles opposées , entières,
ovales , ondées , presque sessiles, accompagnées de deux sti-
pules lancéolées et caduques , dont on ne connoîi pas le ca-
ractère des fleurs; il a pour fruit des baies jaunâtres, axil-
laires, qui contiennent deux osselets ovales, convexes en
dehors et couverts de poils.
Le quiinier croît à la Guyane. Ses baies sont acides et
agréables au goût, (b.)
QUEUJTA. Espèce de Pleuronecte commun sur la
côte de Norwége. (b.)
QUI JURA TUI. Nom brasilien de la Perruche jaune.
(V.)
QUIL ou QUILO-PELE. A Ceylan , c'est la Man-
gouste des Indes, (desm.)
QUILINEIJA. Arbuste qui ressemble au GenÊt d'Es-
Pagne , et dont les insulaires de Chiloë font des cordes. "
J'ignore à quel genre cet arbuste appartient, (b.)
QUILLAI, Quillaj'a. Avhvc k feuilles alternes ovales,
oblongues, entières, denliculées, toujours vertes, à fleurs
axiUaircs, qui forme un genre dans la monoécie polyandfie.
47» Q U I
Ce genre a pour caractères : un calice de quatre folioles ;
point de corolle; douze étamines dans les fleurs mâles , un
ovaire presque rond et à quatre styles dans les fleurs femelles;
une capsule à quatre loges , chacune contenant une seule se-
mence.
Le quillai croît au Chili. Il a un bois très-dur , que l'on
emploie à divers usages. Son écorce, pulvérisée et mêlée
avec de Teau, mousse comme le savon et fait le même effet
pour dégraisser les laines. On en exporte beaucoup pour
cet usage.
Gruvel observe que les fruits que Dombey a rapportés
sous ce nom , et que Lamarck a figurés , sont composés de
cinq capsules disposées en étoile dans un calice commun,
monophylle , et à cinq divisions ; qu'ainsi, il faut qu'il y ait
erreur.
Les auteurs de la Flore du Pérou ont fixé nos idées à cet
égard , dans le développement des caractères du genre
SmeCiMadermos , qui est le même que celui-ci. (b.)
QUILO-PELE. r. QuiL. (desm.)
QUILTOÏON. V. Amazone tarabé , à l'article Per-
roquet, (v.)
QUI MA. Vovez ExQUiMA. (desm.)
QUIMBA. Voyez Quinoa. (s.)
JQUIMICHPATLAN. Nom canadien, rapporté par Fer-
nandez au Polatouche d'Amérique ( sciurus volans , Linn. ).
(desm.)
QUIMOS. Variété de l'espèce humaine que Commerson
et quelques autres voyageurs prétendent avoir observée dans
l'île de Madagascar. C'est , dit-on , une petite race d'hommes
à longs bras, d'une constitution maigre, mince, mais d'un
naturel opiniâtre et courageux , quoique fort triste. Elle se
retire principalement dans les montagnes du milieu de l'île ,
et y nourrit des troupeaux. D'autres voyageurs ont nié l'exis-
tence de cette race , et ont affirmé que les individus décrits
n'étoient que des dégénérations particulières. Voyez, le mot
Homme ( virey. )
QUIMPEZÉE ou CIIIMPANZÊE. V. Orang-ou-
tang. (VlREY.)
QU IN AIRE, ()Mmana. Nom donné par Loureiro au genre
appelé Vampi par Sonnerat, et Cookie par Retzius. (b.)
QUINAQUINA. On appeloit ainsi, chez les Péruviens,
une plante que ces peuples emploient pour la guérison des
fièvres. Jussieu la rapporte au genre Mirosperme ; mais
Laubert, dans le troisième volume des Actes de la Société
linnéenne de Londres^ la figure comme une plante à tige à trois
ailes analogues à celles du Genêt ségétal. Par erreur de
O TT I 479
mol , on a irausporté ce nom de quinquina à une autre plante
du même pays, qui guérit également de la fièvre, plante qui
est d'un genre bien différent. C'est à celte dernière que le
nom de quinquina est resté en Europe ; mais au Pérou on
l'appelle toujours cascara de loxa. V. le mot Quinquina, (b )
QUINATE. Arbre du genre Nissole. (b.)
QUINBIENDENT. Le fruit de I'Ambelanier porte ce
nom dans nos colonies, (b.)
QUmCAJOU. V. KlNKAJOU. (DESM.)
QUINCAMBO. Nom de la Ketmie esculente {Hi-
biscus esculentus, L. ). (B.)
QUINCHAMALI , Quinchamalium. Plante à racine bis-
annuelle et fusiforme, à feuilles alternes, lancéolées, li-
néaires , et à fleurs disposées en épi terminal , qui forme un
genre dans la pentandrie monogynie et dans la famille des
éléagnoïdes.
Ce genre a pour caractères : un calice à cinq divisions; une
corolle lubulée également à cinq divisions ; cinq étamines ;
un germe ovale surmonté d'un style à stigmate obtus; une
capsule à trois loges polyspermes.
Le quinchamali croît au Chili , et y est employé comme
résolutif (b.)
QUINÇONouQuiNSOUN.IVom provençal du PmsoN.(v.)
QUINÇON DE MONTAGNE. Nom savoyard du
Pinson d'Ardennes. (v.)
QUINCONGL C'est un des noms du Cytise cajan. (b.)
QUI-NHON. V. Sa-nhon. (ln.)
QUINDÉ. V. Oiseau-mouche, (v.)
QUINOA. Plante du genre Anserine. (b.)
QUINOMORROCA. Dans quelques endroits de l'A-
frique, c'est I'Orang chimpanzée. (desm.)
QUINQUE. r.«:iNK.(v.)
QUINQUENERES. Nom vulgaire des Mésanges en
Bourgogne, (v.)
QUINQUEFOLIUM. Si l'on en juge d'après les quatre
lignes que Pline a écrites sur le quinquefolium , on peut
croire que les Romains attribuoient ce nom à plusieurs
plantes. « Le quinquefolium , dil Pline , est connu d'un
chacun , et même l'espèce qui porte des fraises , laquelle
est tenue pour la plus excellente de toutes. Les Grecs Vdr^-
peileiit pentapetes chamaezelos , et peniaphyilon. Nouvellement
arrachée , elle a la racine rouge; mais en se desséchant ,eHe
noircit et devient anguleuse ; elle tire son nom du nombre
de feuilles qu'elle porte , etc. » On se servoll de cette
herbe pour bénir les maisons. Selon Dioscoridc, le penia-
phyilon avoit des rameaux grêles comme des brins de
48o Q U I
paille , de la longueur à'un pan , et qui porloient les grainri;
Ses feuilles, semblables à celles de la menthe , et portées
cinq à la fois sur la même queue , ctoienl dentelées à l'en-
tour; ses fleurs liroient sur le jaune paillé de couleur d'or.
Cette plante croissoit dans les lieux aquatiques, auprès de»
conduits d'eaux. Sa racine rougeâtre , longue et plus grosse
que celle de l'hellébore noir, avoit de grandes propriétés,
sur lesquelles Dioscoride s'étend beaucoup. Elle calmoil les
douleurs de dents, guérissoil les ulcères à la bouche, éloit
utile contre la goutte , la dyssenterie , etc.
Ces deux descriptions ne peuvent appartenir à la même
plante ; et sans entrer dans des commentaires superflus ,
faisons remarquer ici que les auteurs rapportent la plante
de Dioscoride , à notre Potentille rampante ou Qusnte-
FEUILLE, et qu'ils sont plus réservés à l'égard de celle
décrite par Pline. Plusieurs d'entre eux la rapportent à la
sanicle d'Europe, parce que les ombellules de cette planie
ombelllfère sont rougeâtres , et que leurs fleurs sont ra-
massées de manière à imiter de petites fraises. Pline n'a
pas pu avoir en vue la potentille rampante, ni une espèce du
même genre , puisque aucune ne porte de fraises , ni rien
qui en ait l'apparence ; tandis que la sanicle d'Europe est
remarquable et par la disposition de ses fleurs, et par les
grandes vertus qu'on luiattribuoit , vertus qui la firent ranger
autrefois au nombre des quatre espèces de Quiiste-feuilles
médecinales : elle peut donc être le quiiiquefulium de Pline.
Cet auteur a sans doute compris , dans ses ijuinquefolium ,
l'espèce décrite par Dioscoride , et il a donné les noms grecs
de celle-ci , pour ceux du quinquefolium qu'il décrit.
he peniapeion àe Théophraste paroît être le même végétal
que le pentaphyllon de Dioscpride. \oici les autres noms
qu'on a donnés à cette plante : pentapetts , pentatomon , pen-
tadactylon , calUpelalum , ocyîopetalon , xyloloion , asphalton ,
alphaltion , thymatitis , peniacoinon , pentapteron , hermuboianè ,
ventages ^ pseudoselinum. Les Egyptiens l'appeloient enotron ,
vrphiteheoce et orphilo ; les Daces, propedula ; les Latins, quin-
quepeta , qidnquepenna , penpedula , et quinquefolium.
Adanson , et d'autres , rapportent le quinquefolium de
Plirre, et le pentaphyllum de Dioscoride, au même genre,
celui qu'il nomme quinquefolium avec ïourncfort, et qui
renferme les espèces du genre potentilla de Linnaeus ,
qui ont des feuilles à cinq folioles. Avant eux , ce nom fut
donné à ces mêmes plantes et à celles citées à l'article
penùipyllon ( V. ce mot. ) , nom grec , dont quinquefolium est
la traduction latine, (lm.)
QUINQUINA, Chinchona. Genre de plantes de la pen-
taùdrie monogynie , et de la famille des rublacées , qui
renferme une trentaine d'espèces, dont plusieurs donnent au
commerce l'écorce qui porite le même nom , et qui ,
depuis trois siècles, est généralement employée en Europe
pour la guérison des fièvres.
Les caractères de ce genre sont : calice campanule à cinq
dents ; corolle infundibuiiforme , à limbe divisé en cinq
parties, souvent réfléchies et velues; cinq étamines ; uu
ovaire inférieur, surmonté d'un style à stigmate eu lête ;
une capsule à deux valves , à deux loges remplies de semen-
cs aplaties et à bords membraneux.
Trente espèces environ , extrêmement voisines du PiNK-
NÉJA , du CosMiBuÈNE , des Macrocnèmes , des Cates-
BÉES, des ExosTÈMES, et des Portlandes , constituent ce
genre. Toutes sont des arbres médiocres , ou des arbrisseaux
à feuilles opposées et à fleurs disposées en corymbes ter-
minaux , qui croissent , pour la plus grande partie, dans les
montagnes du Pérou et dans les contrées voisines. Il s'en
trouve cependant aussi quelques espèces à la Guyane , au
Brésil , dans les Antilles et dans l'Inde.
Ce n'est que depuis quelques années que les quinquinas
ont été convenablement étudiés par les botanistes. Ceux qui
les ont le mieux débrouillés , sont , Mutis , Zea , Ruiz et
Pavon, HumJboldt et Bonpland. M. Laubert, pharmacien eu
chef des armées , vient de rassembler , en un volume tout
ce qui a été écrit sur ce qui les concerne ; et c'est à cet ou-
vrage que je renvoie les lecteurs qui voudroient de plus grands
détails que ceux que je vais donner.
Les Espagnols du Pérou nomment les quinquinas , casca-
rilla , avec une épithète qui distingue les différentes espèces.
On les appeloit , en Europe , à l'époque de leur intro-
duction, c'est-à-dire , vers le milieu du seizième siècle
écorce indienne , ecorce péi^vienne , éçurce américaine , écorce
des jésuites , écorce du cardinal de Lugo , écorce de la comtesst,
de Chincon ^ écorce fébrifuge ^ kiaa-kina, cascarilla. D'abord,
il n'en venoit que d'un canton, de celui appelé Loxa^ et il
provenoit d'une espèce qu'on a , dans ces derniers temps ,
appelée quinquina de la Condamine , parce qu'elle a été
décrite par cet académicien (Mémoires de l'académie,
année lySS). Aujourd'hui, on en reçoit de toutes les parties
du Pérou , du royaume de Santa -Fé , du Brésil , des deux
Guyanes , des îles du golfe du Mexique , etc.
Une très-grande incertitude a toujours eu lieu, et existe
encore, malgré ks travaux des botanistes précités, sur l'ap-
XXVIII. 3j
482 Q U I
plication aux espèces connues des noms des écoices qui se
trouvent dans le commerce. Souvent même ces écorces
sont mélangées, soit entre elles , soit avec celles d'arbres de
genres voisins ou éloignés. De là , cette grande irrégularité
dans l'emploi du quinquina , irrégularité dont se plaignent
inutilement les médecins, et qui aura toujours lieu , malgré
le haut prix auquel beaucoup de malades se soumettent pour
en avoir du bon , et tant que le gouvernement du pays où
croissent les deux espèces, reconnues comme devant être
préférées , ne prendra pas , avant de les laisser embarquer
pour l'Europe , les moyens propres à constater leur qua-
lité. Espérons que la nouvelle ère qui se prépare pour ce
pays, deviendra celle de la mesure que je réclame, et qui
peut être facilement exécutée par une inspection analogue à
celle qui a lieu relativement au Tabac de Virginie , et à la
Cannelle de Ceylan.
Le principal caractère des quinquinas est une grande
amertume , qui varie en intensité et en mode , selon les
espèces, et en qui paroîl résider essentiellement leur qualité
fébrifuge. Elle est enlevée par l'eau, dans laquelle on les fait
infuser. Ils contiennent en outre presque moitié de leur
poids de résine , qui ne peut être enlevée que par l'al-
kool. Analysés rigoureusement , ils fournissent de l'acide
acéteux, des sulfates et des muriates de potasse , et de
la chaux.
Ce n'est pas seulement comme fébrifuge, et le plus excel-
lent des fébrifuges , surtout contre les fièvres intermit-
tentes , que le quinquina est employé en médecine ; on en
fait encore un très-grand usage comme stomachique ,
comme tonique, comme antiseptique. Il en serolt apporté
mille fols plus en Europe, qu'on n'en auroit pas encore
assez. On le prescrit en substance réduite en poudre, depuis
dix grains jusqu'à deux gros. Il se donne en infusion dans
l'eau et le vin , en décoction , en extrait , en teinture. On
l'unit aux sirops , aux purgatifs , etc. Il entre dans les
lavemens, et s'applique en cataplasmes, pour combattre la
gangrène externe. Le seul reproche qu'on puisse lui faire ,
lorsqu'il est employé, sans mesure et à contre-temps , dans
les fièvres intermittentes ou autres , c'est de donner lieu
à des obstructions quelquefois rebelles.
La pulvérisation du quinquina , au moyen du pilon , pa-
roît d'abord facile; mais on ne parvient qu'avec peine à la
compléter. Une faut l'exécuter qu'à mesure du besoin, parce
qu'elle favorise son altération.
Les espèces les plus importantes à mentionner ici sont :
Q U I 483
Le Quinquina a feuilles en cœur , qui a les feuilles en
cœur et pubescentes, principalement en dessous. On le trouve
au Pérou. Son écorce est mise dans le commerce sous le nom
de quinquina jaune , aussi appelé calysaya et quinquina royal.
Le Quinquina hérissé, qui aies feuilles ovales, épaisses,
roulées en leurs bords, hérissées en dessous. Il croît dans les
Cordilières, aux environs de Pillao. Son écorce porte dans le
commerce le nom espagnol de cascarilla delgada.
Le Quinquina pourpre, quialesfeuilles ovales oblongues
et rougeâtres. Il croît dans les Cordilières. Son écorce est
plus amère que celle d'aucun autre quinquina. On peut croire
que c'est lui qui fournil les quinquinas appelés huanucu dans
le commerce, quinquinas qui sont caractérisés par de petite*
verrues à leur surface.
Le Quinquina de la Condamine , ou Quinquina du
Pérou, dont la corolle est hérissée . les feuilles ovales lan-
céolées , avec un trou garni de poils à l'aissclle des grosses
nervures. Il croît , au Pérou , sur la montagne de Loxa près
Quito. Condamine Ta décrit el figuré le premier. C'est son
écorce qui fournit le cascarilla fina ^ cascarilla de loxa , des
Espagnols ; le quinquina gris ou des boutiques des Français. Le
roi d'Espagne avoit réserve toute sa récolte pour son propre
compte. V. pi. P. 2,
Le Quinquina a feuilles lancéolées. Il a les feuilles
lancéolées , aiguës el très-glabres. Il se trouve également sur
la montagne de Loxa Son écorce, appelée par Mu lis çrj/Z/j^yjVia
orangé passe pour aussi bonne que celle du précédent. Le mé«
decin naturaliste précité la regarde même comme préférable.
Le Quinquina luisant, quialesfeuilles oblongnes-aiguè's,
glabres. Il croît dans les montagnes de la Nouvelle-Grenade.
Ses Heurs sont très-grandes et très-odorantes. Son écorce
porte dans le commerce le nom de quinquina rouge.
Le Quinquina a feuilles ovales, d'Humboldt etBon-
pland , qui a les feuilles ovales et velues en dessous. Il croît
dans la province de Santa Fé. On récolte son écorce pour
le commerce , où elle est sans doute mise sous le nom d'une
autre; car on ne l'y trouve pas indiquée spécialement.
Le QuiNQLiNA A gros fruits, qui a été confondu avec le
précédent lui ressemble beaucoup par ses feuilles ; mais il a
les fruits bien différens. Il croît dans la même province. Son
écorce est blanchâtre , et c'est elle probablement qu'on con-
noît sous le nom de quinquina blanc , quinquina cannelle.
Le Quinquina a petites feuilles, qui a les feuilles ovales
obtuses : les fleurs très-petites , mais très-nombreuses. Il
croît dans le Pérou. Peut-être est-il un de ceux qui fournis-
sent le quinquina gris du commerce.
i,H QUI
Le Quinquina a feuilles aiguës. II a les feuilles ovâtes
aiguës , la panicule terminale , la corolle blanche et glabre.
Il croît dans les Cordilières. M. Lauberl élablit que c'est
de lui que provient le quinquina noweau du commerce.
r Le Quinquina des Antilles ou des Caraïbes , Cm-
chona caribœa , Linn. , dont les fleurs sont glabres, axillaires
et presque solitaires. Il est figuré pi. P. 2 de ce Dictionnaire.
On le connoît à la Martinique sous le nom de quinquina-
piton , parce qu'il croît sur le pilon , c'est à-dire sur le
sommet des montagnes. M. Badier est le premier qui en a
apporté en France, où on en a fait l'analyse , et où ses pro-
priétés ont été constatées et reconnues fébrifuges. Il abeau»
coup de ressemblance avec celui du Pérou, mais est plus
amer, purge, fait vomir,et chasse la fièvre plus promptemedt.
C'est le seul qui se cultive dans nos serres, et celui qui est
le plus commun dans nos herbiers.
On connoît dans le commerce trois espèces principales de
quinquina ; elles sont désignées sous les noms de quinquina
gris , quinquina rouge , et quinquina jaune ou royal. Les
autres espèces connues sous les noms de quinquina de la Ha-
vane ^ Carthagène^ Santa-Fé , Pilon, Naoa, soni peu usitées ; il
seroit à désirer que les gouvernemens en défendissent l'en-
Iréedans leurs ports.
Le Quinquina gris est désigné parles négocians sous les
noms de quinquina de Lima , de Loxa. C'est le Cinchona-Con-
daminea de Bonpland. Il arrive en caisses garnies de peaux.
Avant de le livrer aux apothicaires , les droguistes séparent
las écorces roulées sur elles-mêrties, des écorces plates, puis
les grosses , les moyennes et les petites ; ce qui établit plu-
sieurs sortes de la même espèce de quinquina.
On préfère le quinquina gris en écorce desséchée avec
soin, pas plus grosse que le doigt, pas plus petite qu'une plu-
me à écrire, roulée sur elle-même, pesante , d un gris noi-
râtre à sa surface , chagrinée, couverte d'un léger lichen et
coupée de petites lignes circulaires ; d'une cassure nette ,
brune à l'intérieur; d'une saveur astringente, légèrement
amère ; d'une odeur aromatique analogue à celle du tan.
Traitée par l'eau froide , elle donne un extrait de couleur
hyacinthe , connu sous le nom de sel essentiel de Lngaraye.
Le Quinquina rouge nous est fourni par le cinchona
oblongifolia, selon Mutis , et le cinchona magnifolia ( Ruiz ) , lu-
c/da, lîonpl. Il nous arrive en surons. Cette espèce , usitée
dans plusieurs contrées , et préférée souvent au quinquina
gris , est en écorce d'un rouge foncé , d'une saveur amère ,
acerbe ; sa. cassure est légèrement fibreuse; elle est plus ré-
sLaeuse que la précédente.
2, ■ (^ ai/uria/Ki t/u 7^i'/y)i;
OUI 485
Le QUINQUINA JAUNE, coDnu également sous le nom de ca-
lisaya, est Técorce dan'nchona cordifolia de Mulis. Il est ap-
porté en surons. On le trouve , dans le commerce , souvent
couvert d un épidenne Irès-épals , facile à enlever , ou eu
morceaux plais d'un jaune pâle , d'une odeur foible , d'une
saveur amére très-prononcée. Les écorces plates , sans épi- ^
derme , portent le nom de quinquina royal.
Les écorces du Cornouiller de la Floride , du Cor-
nouiller soyeux, du Tulipier, des Magnouers glauque
et de Plumier, des Portlandes , d'un Mahogoni, d'un
Clavalier , de I'Umari , s'emploient encore contre la fiè-
vre, et portent le nom de quinquina. (b.)
QUINQUINA AROMATIQUE. C'est la Casca-
RILLE. (b.)
QUINQUINA GRIS. Voy. Quinquina aromatioue.
(s.)
QUINSOUN. Nom provençal du Pinson, (v.)
QUINSOUN DE LA TESTO NIGRO. Nom pro-
vençal du Bouvreuil, (v.)
QUINTEFEUILLE. V. au mot Potentille. (b.)
QUINTEUX (^fauconnerie ). C'est l'oiseau de vol qui
s'écarte trop, (s.)
QUINTI. Nom que porte au Pérou I'Oiseau-moucue ^
selon Garcilasso. (s.)
QUINTICOLOR. V. Soui-manga de Sierra-Leona.
(V.)
QUINUA. V. QuiNOA. (s.)
QUINZE EPINES.Nom du Gastéroste-spinachie.(b.)
QUIO. C'est le Piment a fruits longs, (b.)
QUIOQUIO ou THIOTHIO. Nom donné à une sorte
de beurre qu'on retire de l'amande contenue dans le fruit
de Vaooira oa aouara de Guinée, espèce de palmier. Foyczle
mot Avoira. (d.)
QUIOUQUIOU. C'est, dans le Poitou, le nom du
Troglodyte, (v.)
QUIQUI {Mustela quiqui, Linn.). Mammifère qui pourroit
appartenir au genre des Martes. ( V. ce mot.) On le trouve
au Chili, selon Molina, qui l'a décrit dans l'Histoire natu-
relle de cette contrée de l'Amérique. 11 y est , dit-il , de-
venu un objet de comparaison ; car l'on y donne son nom
aux gens colères. Quoiqu'il ne soit pas plus gros que la
belette , il s'est fait remarquer par son naturel irascible et
féroce. Les souris sont sa proie de prédilection , et il se loge
dans des trous en terre. La femelle met bas plusieurs Sois
par an.
486 Q U I
Le quiqui a le sommet de la tête aplati, les oreilles courtes
€t arron<lies ; le museau formé en coin , le nez comprimé ,
avec une tache blanche au milieu ; enfin , le pelage brun. A
celte distinction, Molina ajoute que la bouche est aussi fen-
due que celle d'un crapaud, et que les pattes sont sembla-
bles à celles des lézards, avec cinq doigts à chaque pied, ar-
ïnés d'ongles fort crochus. Ces derniers attributs me parois-
sent exagérés ou imaginaires; l'ouvrage de Molina n'est pas
toujours exempt de pareilles caricatures en histoire natu-
relle, (s.)
QUIR. V. QuiL. (s.)
QUIRIVEL, Quirhelia. Genre de plantes établi par Poi-
ret, mais que les autres botanistes pensent ne devoir pas
être séparé des Apocins. Il ne renferme qu'ime seule es-
pèce , arbrisseau de Ceylan , dont les feuilles sont réticu-
lées, (b.)
QUIRIZAO , ou CuRASso de la Jamaïque. C'est ainsi
que Brown et le chevalier Hans Sloane ont désigné le
hocco noir dans leur Histoire naturelle de la Jamaïque. Voy.
Hocco, (s.)
OUIRPÈLE. V. QuiL. (s.)
QUIRQUINCHO ou QUIRIQUINCHO.Nom donné,
par les Espagnols de la Nouvelle-Espagne , aux grandes es-
pèces du genre Tatou. Voyez Tatou noir et Tatou velu.
(desm.)
QUIS , ou plutôt KIES, qu'on prononce (Kis). Nom
que les Allemands donnent au Fer sulfuré, (ln.)
QUISCALE, Quîscalus, Vieill. ; Gracula, Lath, Genre de
l'ordre des oiseaux Sylvains, et de la famille desCoRACES;
V. ces mots. Caractères: Bec glabre et comprimé à sa base,
droit, entier, robuste, à bords anguleux très- acérés et
rentrant en dedans ; mandibule supérieure prolongée en
pointe dans les plumes du front , et inclmée vers le bout;
narines dilatées, ovales , couvertes d'une membrane ; lan-
gue cartilagineuse, aplatie, lacérée sur les côtés, bifide à
son extrémité ; la i." et la 5.^ rémiges, égales ; les 2.^ , 3.«
et 4-*^ les plus longues de toutes; quatre doigts, trois devant,
un derrière ; les extérieurs réunis le long de la première
phalange. Latham et Gmelin ont classé les quiscales dans le
genre mainate ; mais j'ai cru devoir les en retirer , puisqu'ils
n'ont point les principaux caractères assignés à ce groupe ;
ce ne sont pas non plus des pies^ nom sous lequel Brisson et
Buffon les ont décrits, ni des cassiques , puisque leur bec est
bien autrement conformé, et de plus ils n'ont avec eux nul
rapport dans leurs mœurs, leurs habitudes , la construc-
Q U I 487
tîon et la position de leur nid. Les seuls oiseaux dont ils se
rapprochent le plus sont les troupiales ; mais comme ils ont
des attributs particuliers , je me suis décidé à les isoler gêné-
riquement. Ces oiseaux ne se trouvent que dans les États-
Unis, au Mexique , et dans les Grandes- Antilles. Ils ni-
chent sur les arbres, font une ponte de cinq ou six œufs ^ et
se nourrissent de vers, d'insectes et de graines.
Le QuiscALE ATHis, Gracuîa aihis ^ Lath. Cetoiseau, que
l'on trouve en Egypte et dans TAbyssinie , a été donné mal
à propos pour une espèce particulière , car c'est noire mar-
iin- pêcheur ; nous devons à M. Savigny la connoissance de
cette méprise.
Le QuiscALE BARITE, Quîscalus harilus, Vieill.; Gracula ha-
riia , Lath. Daudin s'est mépris en faisant de cet oiseau un
étourneau , car il n'en a point le bec. On le trouve dans les
Grandes - Antilles et dans l'Amérique septentrionale , où
il se nourrit d'insectes , de fruits et de graines. Ces quiscales
se réunissent en troupes, se mêlant quelquefois avec les sui-
vans , et font de grands dégâts dans les plantations de bana-
niers et de maïs. Le barite a dix pouces trois lignes de lon-
gueur totale ; Latham exagère sa taille en lui donnantun pied
d'étendue. Le bec est noir , et long de dix-sept lignes ; Tiris
blanc; tout le plumage d'un noir lustré, à rellets violets sur
la tête, le cou, le dos, les petites couvertures supérieures
des ailes , la gorge et le ventre ; à reflets verts sur les gran-
des couvertures alaires, les barbes extérieures des pennes
caudales qui sont d'un noir mat en dessous ; c'est aussi la cou-
leur des pieds.
La femelle diffère du mâle en ce que le noir est terne , et
que les reflet» sont peu apparens; de plus, elle est un peu
plus petite , et sa queue est moins longue. Le jeune , avant
sa première mue , est blanchâtre sur les sourcils , et brun
sur le dessus du corps. Cette teinte tire au gris sur la tête ;
les joues et la gorge sont d'un blanc sale ; le devant du cou
et la poitrine roussâtres, et les parties postérieures sont
brunes.
La queue de ces oiseaux présente une superficie plane
quand elle est étalée ; mais lorsqu'elle est pliée, elle paroît
creusée en gouttière. C'est ainsi qu'ils la portent quand
ils sont en repos, soit à terre , soit sur un arbre.
Le Grand Quiscale , Quiscalus major , Vieill. On aura
sans doute confondu cette espèce avec celle qui suit; car je
ne trouve pas dans les auteurs une description qui lui con-
vienne , si ce n'est la petite pie du Mexique^ de Brisson, ou le
tzanahoei de Fernandez ; encore ne peut-on l'appliquer qu'à
un jeune mâle en mue, ou à la femelle dont tout le corps «st
m QUI
couvert de plumes noirâtres qui sur lalêle et le cou tirent
sur le fauve. Ne seroit-ce pas encore, comme je le soup-
çonne, la pie de la Louisiane^ dont parle Lepage-Dupratz
dans son histoire de cette contrée ? Au reste , cette espèce ,
dont j'ai vu plusieurs individus dans des bandes de quiscales
yersicolors, habite particulièrement le Mexique et la Loui-
siane ; on la rencontre quelquefois dans le nord de cette ré-
gion , mais elle ne s'y avance pas autant que ceux-ci , qu'elle
surpasse en grosseur et de trois pouces au moins en longueur.
Quant à son plumage , il a moins d'éclat ; c'est généralement
un noir profond à reflets bleus plus ou moins sensibles ; la
queue est longue et étagée.
La femelle est un peu plus petite que le mâle , et porte la
livrée que j'ai indiquée ci-dessus ; le jeune , avant sa pre-
mière mue,ressemble]totalement àceluide l'espèce suivante,
et n'en diffère qu'en ce qu'il a une taille un peu plus forte.
Le QUISCALE CRISTATEI.LE. V. MaRTIN-HUPPÉ.
Le QuiscALE VERSICOLOR , Quiscalus versicolor,'W\Qi\\.\ Gra-
cula quiscala^ Lalh. , pi. P. 3 , n.° i de ce Dictionnafre.
Quand le mâle est dans son plumage parfait , il offre à l'œil
les couleurs du prisme dans tout leur éclat; les reflets les
plus riches et les plus éclatans , bleus, pourpres , violets ,
dorés, verts, se jouent sur un noir velouté ; le bec et les
pieds sont d'un noir mat; l'iris est d'un blanc d'argent. Lon-
gueur totale , onze pouces. La femelle est plus petite que le
mâle , et a le dessus de la tête , le cou et le dos d'un brun
fuligineux ; la gorge , la poitrine et les parties postérieures ,
d'un brun plus clair et terreux ; les ailes , la queue , le bas du
dos et le croupion , noirs , avec quelques reflets d'un vert
sombre. Le jeune est brun sur toutes les parti«s supérieures,
le bec et les pieds; roussâtre sur les parties inférieures; mais
cette teinte est plus foncée sur la poitrine. 11 porte celte livrée
jusqu'à la mue , qui a lieu aux mois d'août et de septembre ;
ensuite les jeunes mâles ressemblent aux adultes , dont le
plumage est, dans leur première année , moins éclatant que
celui des vieux.
Le tequioaquiacatzanalt ou Vélourneau des marais salés de
Fernandez , le maïs diel de Kalm , la pie de la Jamaïque de
Brisson et de Buffon, le purple jackdaw de Catesby , sont
tous des individus de l'espèce que les Américains nom-
ment blac cl lird ^ dont il vient d'être question.
Ces quiscales ont un genre de vie qui présente beaucoup
d'analogie avec celui de nos corneilles freux ; comme celles-ci,
ils se plaisent pendant toute l'année dans la société de leurs
semblables , placent leurs nids sur les arbres , particulière-
ment sur les pins, les uns près des autres ; et l'on en voit
O U I ^89
quelquefois jusqu'à quinze ou vingt sur le mêine ; les malc-
riaux qu'ils emploient sont, à rexlerieur, des liges et fies raci-
nes'd'une espèce d'herbe pleines' de nœuds, que les Améri-
cains nomment knoi/y , liées ensemble avec de la terre gâ-
chée. L'intérieur est composé d'une sorte de jonc très-fin, et
de crins de cheval. La ponle est de cinq ou six œufs d'une
couleur olive bleuâtre, parsemée de larges taches et de raies,
les unes noires et dun brun sombre , les autres d'une tcinle
plus foible.
Cette espèce présente quelquefois des variétés accidentel-
les. Telles sont : i." le cassique delà Louisiane^ dont le blanc
pur tranche d'une manière très-agréable sur le noir chan-
geant de diverses parties du corps , et qui a été donne mal à
propos pour une espèce distincte ( oriolus ludooicianus ) ;
2.*^ la variété de ce prétendu cassique , décrite par Laiham,
laquelle a été trouvée à la baie d'Hudson, dans une bande
de quiscales ; le blanc et le noir sont autrement distribués
sur son plumage que sur celui du précédent, ce qui doit être,
comme dans tout ce ^i s'écarte de l'ordre général, et de--
vient alors le patrimoine du hasard; 3." l'individu rapporté
à ce quîscale versicolor ^ par le même auteur , lequel a le bec
d'une teinte pâle, la tête totalement blanche, le dos, les
épaules et la poitrine variés de noir et de blanc , les ailes et
la queue totalement de la dernière couleur , si ce n'est à
l'extrémité des pennes secondaires; 4° enfin, une variété
rapportée par cet ornithologiste au cassique de la Loui-
siane, et présentée par Pennant pour une espèce distincte ,
sous le nom de whiteheaded or/o/e, et par Gmelin sous celui d'o-
riolus hudsonius^ dont la livrée est noire cl blanche comme
celle des précédens.
On rencontre quelquefois les quiscales dans l'intérieur
des bois ; mais ils se tiennent ordinairement sur la lisière ,
d'où ils se répandent dans les marais salés , les prairies , les
champs cultivés et les habitations rurales , pour chercher
leur nourriture qui consiste en vers , insectes , baies et grai-
nes. Etant, comme je l'ai déjà dit , d'un naiurel très-social ,
ils se tiennent toute l'année en troupes, quelquefois si nom-
breuses , que l'air en est obscurci ; ils habitent le nouveau
continent , depuis les Grandes - Antilles jgsqu'à la baie
d'Hudson ; mais ils quittent, à l'approche des frimas , les
contrées boréales. On les voit souvent , comme nos pies et
nos corneilles, à la suite de la charrue , pour se nourrir des
vers et des larves que le soc met à découvert.
Ces oiseaux ne chantent qu'au printemps ; leur ramage
m'a paru sonore et ne pas manquer d'agrément , quoique
mélancolique. De tous les oiseaux voyageurs do nord de TA-
i^o Q U I
mérique , ce sont les derniers qui abandonnent le centre des
Etats-Unis. Leur départ a lieu au mois de novembre ; il
paroît qu'ils s'en éloignent peu, puisqu'on les y revoit dès
le mois de février. Ils fréquentent alors les marais salés, où
ils se nourrissent des graines de la zizanie aquatique , et ils
se retirent au mois de mars dans les taillis et les vergers
voisins des habitations rurales. Ils cherchent à cette époque
leur nourriture devant les granges, et ils viennent même à la
porte des malsons pour prendre leur part de la nourriture
qu'on distribue à la volaille.
A l'époque des premiers établlssemens des Européens
dans l'Amérique septentrionale , les qulscales et les trou-
piales commandeurs firent un tel dégât dans les champs de
graines céréales , qu'on mil leur tête à prix. On les exter-
mina aisément, car ils sont peu méfians , et plus ils sont
nombreux , plus facilement on les approche ; mais il ré-
sulta de leur destruction presque totale , un mal qu'on n'a-
voit pas prévu; les blés et les pâturages furent dévorés par
les vers et les insectes. On fut donc forcé de les ménager,
pour écarter un fléau inconnu jusqu'alors. Le dégât qu'ils
font encore , devenant moins apparent à mesure que le
pays est plus cultivé , leur chair étant dure et sèche , on ne
leur fait à présent la chasse que par amusement, (v.)
QUISQUALE , Quisqualis. Plante à feuilles opposées ,
pétiolées , en cœur ou ovales , très- entières ; à fleurs oppo-
sées sur des épis axillaires ou terminaux, garnis de bractées,
laquelle forme un genre dans la décandrie digynie et dans
la famille des thymelées.
Ce genre a pour caractères : un calice à cinq divisions fili-
formes; une corolle de cinq pétales arrondis ; dix étamines
courtes; un ovaire supérieur surmonté d'un seul style; un
drupe à cinq angles.
Le quisquale est originaire de l'Inde. F. pi. P 2 où il est
figuré. On en indique deux variétés qui pourroient fort bien
être deux espèces, dont les fruits sont très-estlmés dans
rinde comme vermifuges , et les fleurs , qui sont blanches le
matin et rouges le soir , regardées comme propres à amollir
les tumeurs du bas-ventre des enfans. Les feuilles ont une
odeur nauséabonde approchant de celle de la Stramoine.
Cependant on les mange crues, en guise de raifort dont elles
ont la saveur piquante, (b.)
QUISQUILÏUM. Selon Pline, on donnoit de son temps
ce nom au chêne cochaldllifère ( quercus coccifera ) , lorsqu'il
étoit chargé de l'insecte dont on tire une teinture. Clusius
croit que le nom de coscoja que les Espagnols donnent à
Q U O 491
cet arbre, dans la même circonstance , de'rive de l'ancienne
dénomination de QuiSQUiLiUM. (l.)
QUITMOSSE. C'est le Lichen des rennes en Nor-
wége, (b.)
QUITTER. C'est, dansFrisch , le Cabaret. FoyezSi-
ZERIN, (s.)
QUIVISIE, Gilhcrtia. Genre de plantes de la décandrie
monogynie et de la famille des azédaracs, qui présente pour
caractères : un calice à quatre ou cinq dents ; une corolle
de quatre ou cinq pétales; un tube cylindrique, tronqué,
supportant les étamines ; huit ou dix étamines insérées sur le
tube , et sessiles ; un ovaire supérieur , profondément strié,
surmonté d'un style à stigmate en tête ; une capsule à quatre
loges, le plus souvent monospermes.
Ce genre renferme des arbustes à feuilles alternes ou
opposées, et à fleurs axillaires.On en distingue quatre espèces,
toutes venant de l'Ile de-France, où elles sont connues sous
le nom de bois de quivi. La plus remarquable de ces espèces
est la QuiviSŒ hétérophylle , qui a les feuilles alternes ,
ovales, ou entières, ou dentées, ou sinuées, ou presque pin-
nées; les pédoncules axillaires, uniflores, et le fruit glabre.
On ne trouve pas deux branches qui aient des feuilles sem-
blables, (b )
QUIXVAL. V. Chachunga. (b.)
QUOAITA. r. Atèle coaita,(desm. )
QUOASSE ou COASSE. V. Moufette. ( desm. )
QUOATA. V. Atèle coaita. (desm.)
QUOCOLOS. Quelques auteurs donnent ce nom et celui
de pierre-à-verre , à une lave vitreuse d'une couleur verdâtre
qu'on trouve en Toscane , et qu'on emploie dans quelques
verreries à bouteilles et autres verres communs. Nous avons
en France des laves qui pourroient être employées utilement
au même usage , ainsi que l'ont prouvé les expériences faites
par Chaptal , dans les verreries d'Erepian et d'Alais. La lave
dure de ces cantons, mêlée avec partie égale de cendres et de
soude , a donné un verre excellent de couleur verte. Les
bouteilles qu'on en a faites éloient de moitié plus légères et
en même temps plus fortes que les bouteilles ordinaires.
Chim. , t. m , p. 262. ( PAT. )
QUOGELO, QUOGGELO ou KQUOGGELO. Les
auteurs rapportent ces noms africains au Pangolin. Voyez ce
mot. ( DESM. )
QUOIAS-MORROU. On trouve dans la Description de
r Afrique par Dapper , et dans plusieurs autres voyageurs ,
l'histoire d'une grande espèce de singe, sous cette dénomina-
tion. C'est le même que le barris ou le jocko , le chimpanzée
^9* R A B
{simùi saiyrus, Lînn. ) , grand quadrumane du genre des
Orangs, à Tarticle desquels nous le décrivons ; sa taille s'é-
lève jusqu'à cinq pieds, et il se lient quelquefois droit, se
servant de ses mains comme l'homme , marchant avec un
bâton , et le maniant avec adresse pour sa défense. Les Por-
tugais établis sur la côte d'Afrique le nomment El sehago, le
sauvage ; car on le prend quelquefois pour l'homme des bois :
il est noir et velu , vit dans les bois ; se fait , dit-on , des
huttes, des ajoupas de feuillage. On prétend qu'il aime les
femmes et enlève les négresses. Il a de longs bras , et quoique
d'un naturel assez tranquille , il sait se défendre avec vi-
gueur , des dénis, des ongles, des mains; il lance aussi des
pierres avec adresse. ( virey. )
QUOIMEAU. Nom qu'on donne, en Sologne, au Butor
ROUX. (V.) ' b '
QUOIMÏOS. Nom d'une race de Frai.siers. fc.)
QUOJAS MORROU. V. Quoias. (desm.)
QUOJOIS-MORAS. V. Quoias- morrou. (s.)
QUOUJAVAURAU ou QUOJAVANRAN. Voyez
Quoias morrou. (desm.)
QUOUIYA. Nom de I'Hydromys coïpou au Paraguay.
Marcgrave l'a appliqué, mais à tort, à la Loutre du Brésil.
(desm.)
QUOZAO. V. Quirizao. (s.)
QUUMBENGO. Nom de I'Hyène en Guinée, selon le
voyageur Barbot. (desm.)
QUY- LUNE -LONG- SU. Nom chinois du Moucde-
ROLLE A COU JAUNE. V. MOUCHEROLLE. (V.)
QUYO. F. Quio. (s.)
R
RA. V. Rha. (ln.)
RA RADJUR. Nom suédois du Chevreuil, (desm.)
RAA, RAA-DYR, RAA-BUK. Noms du Chevreuil
en Danemarck et en Norwége. (desm.)
RAADA. Nom du Silure électrique en Egypte. V. ce
mot, (B.)
RAAF. Nom hollandais du Corbeau, (desm.)
RAAS EL FEEL. C'est le nom du Calao d'Abyssime,
dans ce pays, (desm.)
RAB , RAPP , RAVE. Noms allemands du Corbeau.
RAB A. Celte plante de Lippi rentre dans le genre Reme
d'Adanson. (b.)
RAB AGI. Nom d'un Chétodon (C^. hifasdatiis). (desm.)
RABAILLET. Nom que l'on donne à la Cresserelle ,
dans des cantons de la Champagne, (v.)
RABANA. Synonyme de Moutarde, (b.)
RABANEL. Aux environs de la ville d'Orcelis en Espa-
gne , c'est le nom d'une nouvelle espèce de Sénevé, sinapîs
dissecta^ Lagasc, (i-N.)
RABANO. En espagnol, c'est le Raifort, (desm.)
RABANENCO ou SOFIO. Noms languedociens de
rOMi'.RR, espèce de iruile. F, l'article Salmone. (desm.)
RABAKByVRUM. V. Rhabarbarum. (ln.)
RABAS ou RAVAT. En languedocien, c'est un vieux
mouton , un mouton à laine pendante et frisée. (r/F.sM.)
RABAS ou PUDI. Noms languedociens du Putois,
espèce de quadrupède dh genre Marte. V. ce mol. (desm.)
RABASSO. Nom languedocien de la Truffe, (desm.)
RABAT. V. Rabas. (desm.)
RABATOS. Troupeau de hrefns qu'on mène paître, de la
plaine sur les montagnes des Cevennes, pendant les chaleurs
de l'été, (desm.)
RABBET, CONY. Le Lapin et la Lapine, en anglais.
(desm.)
RABBIT. V. RABBET. (desm.)
RABD. Nom arabe d un Buphthalme {Buphihalmum,
graveolens , Forsk). (ln.)
RABDION ou RHABDION. Noms grecs de la plante
décrite par Dioscoride sous la dénomination à'hatimus.
V. ce mot. (ln.)
RABDOCHLOÉ, Rahdoddoa. Genre de plantes établi
parPalisot-de-Beauvois,potirplacerquelques espèces (le (Bre-
telles qui n'ont pas les caractères des autres. Ceux qu il lui
attribue, sont : épillets unilatéraux; balle calicinaie de deux
valves très-courtes et renfermant trois ou cinq fleurs, à
deux valves dont l'inférieure est crénelée etséiigère , et dont
la supérieure est entière, (b.)
RABE , RAAB , RAB. Noms divers du Corbeau , en
Allemagne. (DESM.)
RABÉ ou RAFÉ. Raifort en languedocien, (desm.)
RABEIREN. En languedoc, c'est ainsi qu'on appelle les
Galets ou pierres roulées dans les rivières, (desm.)
RABEKES. Le voyageur Robert rapporte {Hist. gên.
des Voyages, tom. 2, page 87 ) qu'à l'île de May , en Afri-
que, il y a des hérons gris ^ que les naturels nomment Rabè-
kes. Cette espèce est la même que le héron commun, (s.)
RABENSTJ&IN ( Pierre de Corbeau ). Nom allemand
494 R A C
donné aux Bélemnites. En Hongrie , il désigne une variété
d'OesiDiENNE. (ln.)
RABETTE ou NAVETTE. V. au mot Chou, (b.)
RABIHORCADO ou QUEUE FOURCHUE. Nom
espagnol de la Frégate. Le même oiseau s'appelle Rabi-
forcado en portugais, (desm.)
RABIOULE. Nom qu'on donne quelquefois , à la Rave
RONDE. V. au mot Chou, (b.)
RABIROLLE. C'est, en Provence, I'Hirondelle de
FENÊTRE. (V.)
RABIS. Nom patois du Loup, (desm.)
RABIS. Nom de la Carline sans tige, dans \es Pyré-.
nées, (b.)
RABLE. Se dit de la portion lombaire et pelvienne de
plusieurs mammifères , et notammAt du lièvre , du lapin ,
du chien, du chat, etc. Lorsque cette région dorsale est
munie de muscles robustes et épais, elle indique la vigueur
ou l'énergie de ces animaux, qu'on appelle alors bien râblés.
Ces muscles très-exercés et très-nourris chez les animaux
laborieux ou coureurs, fournissent, d ordinaire, l'aliment le
plus substantiel, comme on l'observe dans le filet du bœuf, etc.
(VIREY.)
RABO. Nom languedocien de la vraie Rave ou Turneps
des Anglais, (desm.)
RABOFORCADO. Nom portugais et espagnol de la
Frégate, (v.)
RABOLANE. Le Lagopède porte ce nom dans le pays
des Grisons, (s.)
RABOTEUSE. Nom spécifique d'une Tortue, (b.)
RABOTEUX. Poisson du genre Cotte, (b.)
RABOUITLERE. C'est ainsi que l'on nomme , en terme
de chasse, le terrier que la lapine creuse à l'écart pour dépo-
ser ses petits. V. au mot Lapin, (s.)
RAC. Nom donné par Adanson à un très -petit Buccin
de la côte d'Afrique. Il diffère fort peu du NisoT ou Murex
sinensis de Gmelin. (b.)
RACANETTE. Dénomination que les chasseurs don-
nent aux Sarcelles, (s.)
RAC ARIER, iîacar/a. Arbrisseau de la Guyane, épi-
neux, sans branches, à feuilles alternes, ailées sans im-
paire, à folioles opposées, ovales-oblongues , terminées en
pointe et portées sur des pétioles courts, renflés à leur base,
dont on ne connoît pas les Heurs.
Ses fruits sont de la grosseur et de la forme d'un gland,
disposésen grappes au sommet du tronc, et contiennent, sous
une écorce jaune, une pulpe acide, dans laquelle on trouve
R A C ,495
trois osselets oblongs , qui se touchent par un angle , con-
vexes à l'extérieur, et contenant chacun une amande qui
a le goût des pois verts, (b.)
RACCO. Variété de Froment cultivée aux environs de
Nantes, (b.)
RACCOON. Presque tous les auteurs anglais donnent
ce nom au Raton ordinaire, (desm.)
RACE, vient de 7î«É/ia;, racine, souche. Ce mot désigne
une variété particulière dans une espèce d'animaux, variété
qui se maintient par la génération, parce que les causes qui
la déterminent sont toujours subsistantes. Ainsi le cheval ne
forme qu'une espèce unique; mais il y a des races, c'est-à-
dire des variétés permanentes dt chevaux ; tels sont les che-
vaux barbes , ceux d'Angleterre , ceux des Pays-Bas , ceux
de la Normandie , ceux des Tartares, ceux d'Andalousie, Les
races de chiens sont singulièrement multipliées, de même
que celles des brebis, celles des poules, etc. La domesticité
crée des races que l'état sauvage ramène au type naturel de
l'espèce. F. le mot Espèce.
Nous connoissons h peine cinq cents espèces de quadru-
pèdes; encore pourroit-on en réduire le nombre, parce que
nous ne savons pas si quelques animaux voisins ne sont point
des races constantes d'une même tige originelle, et si les
influences des climats n'ont point créé des variétés qui se
maintiennent fixes par la continuité de ces mêmes influences.
Toutefois, la nature paroît avoir éprouvé quelque grande al-
tération dans les catastrophes qu'elle a subies. Tant d'osse-
mens de toute espèce enfouis dans le sol des continens, at-
testent que l'empire de la vie a souffert jadis quelque at-
teinte ; et lorsqu'on vient à comparer ces ossemens avec ceux
des races actuellement vivantes, on n'en trouve -presque
point d'entièrement semblables. Les os fossiles d'éléphans,
le megatherium , les ossemens gigantesques trouvés dans di-
verses autres contrées, etc., témoignent assez que la nature a
perdu quelques-uns de ses enfans, dont nous ne voyons plus
aujourd'hui que les débris; et ces mêmes débris attestent par
leur taille que ces antiques races éloient bien plus vigou-
reuses et plus grandes que celles des mêmes espèces aujour-
d'hui existantes. ( V. les ossemens de grands éléphans ,
trouvés à Canstadt, en Allemagne, Journal de Physicf.^ mai
1818; les Mèm. de r Académie de Pétersùourg^ t. 5, et article
Eléphant. )
La terre n'est plus maintenant ce qu'elle fut dans les temps
anciens ; nous marchons sur les ruines d'un monde anté-
iieur ; et à considérer la misérable et frêle existence de plu-
sieurs races, il est à croire qu'elles s'éteindront un jour, et
496 R A C
qu il ne restera même sur la face de la terre aucun monu-
ment qui puisse retracer aux siècles futurs leur antique exis-
tence : tels sont les paresseux , l'unau et l'aï, animaux infor-
mes, dégradés, imparfaits, que la nature semble n'avoir
qu'ébauchés, et qu'elle jeta sans force, sans défense , pres-
que sans mouvement dans un coin de la terre,pour y végéter
tristement ; tels furent , parmi les oiseaux lourds et sans vol ,
le dronle , l'oiseau de Nazare , dont les espèces, sinon
anéanties . ne sont plus connues que d'après le témoignage
des anciens naturalisles et la foi des premiers voyageurs.
A voir les disparates étranges des animaux de la Nouvelle-
Hollande avec ceux de l'ancien continent , la nature serti-
ble manquer des races intermédiaires qui établissent des
nuances de conformation entre les uns et les autres; elle a
trop de lacunes pour former une chaîne non interrompue
dans la série des animaux, mais elle a trop de suite et d'or-
donnance pour ne pas montrer l'admirable échelle de ses
productions.
Les continens n'ont point été ce qu'ils sont aujourd'hui ,
et les mers qui séparent les îles de la terre ferme n'ont pas
toujours existé de la même manière. En effet, comment des
quadrupèdes sauvages , des races purement terrestres, au-
roient-elles pu, traversant le vaste empire des mers, venir
peupler les îles les plus éloignées? Qui auroit transporté
Torang outang à Bornéo, le philandre à Surinam , le poto-
roo dans la Nouvelle-Hollande, l'écureuil bicolor à Java ,
la méminne , petit chevrotain, à Ceylan , l'aye-aye à Mada-
gascar, etc.-, tandis qu'on ne trouve aucun de ces mêmes qua-
drupèdes naturalisé dans les continens voisins? Comment
ces espèces , qui pourroient à grande peine nager l'espace
d'une lieue, auront-ellestraversécent ou deux cents lieues de
mer pour aller échouer dans quelque île déserte ? Qui les au-
roit fait sortir, avec les plantes, les arbres, lesinsectes, les vers,
les reptiles, de leur patrie, pour aller au loin peupler quelque
île ?D'où seroient tirés les animaux et les plantes qu'on ne
trouve nulle part sur la terre que dans ces seules îles? Si
l'ancien monde avoit fourni ses animaux à l'Amérique, nous
devrions donc trouver ces espèces communes aux deux hé-
misphères; et l'on sait cependant, à n'en pouvoir douter,
qu'aucun quadrupède des plus chaudes régions de l'Amérique
ne se trouve dans l'ancien monde. Chaque animal , chaque
plante , ont donc été créés dans leur propre patrie ; ils n'ont
traversé ni les mers, ni les continens ; tout au plus se sont-ils
répandus sur les bords de leur patrie ; mais aucun n'a pu
émigrer au loin et abandonner entièrement la région où il
avoll pris naissance , et où sa conforuialion étoit appropriée
R A C ^97
à la nature de celle région. Voyez Géographie Naturelle
et Habitation.
D'où vient donc la population des plantes, des arbres, des
quadrupèdes, desreptiies, des vers, etc., dans lesîles éloignées
de toute terre , et dans l'Amérique, si ces productions n'ont
pu traverser les déserts de l'Océan , et si n-ille autre con-
trée du globe ne présente les mêmes espèces de végétaux et
d'animaux ? Elles ont donc été créées sur le sol même
qu'elles habitent, et y sont toutes nées ensemble : mais y
a-t-il eu autant de créations partielles sur la terre qu'il y a
d'îles et de continens recelant des espèces uniques et extraor-
dinaires ?
Les eaux du globe n'ont point été distribuées toujours de
la même manière à sa surface , et nous voyons, dans le cours
des siècles, l'Océan changer peu à peu son lit. miner des
terrains, les morceler, les envahir, et en laisser d'autres à
sec. Quelque lents qu'aient pu être ces changemcns, ils n'en
ont pas moins dû anéantir les plantes terrestres et les ani-
maux peu mobiles des régions submergées. L'Archipel indien
fut sans doute un vaste continent couvert de plantes, d'ani-
maux de toute espèce ; lorsque recouvert par les eaux, il n'en
r.'sta plus que les terrains les plus élevés, qui forment ces
îles nombreuses que nous y voyons aujourd'hui , les espèces
végétales et animales terrestres qui ne purent échapper à la
destruction, furent ainsi ensevelies sous les ondes, et anéan-
ties à jamais.
Ce qui nous montre que ces îles ont jadis appartenu aux
continens voisins, c'est qu'elles ont, indépendamment de
leurs espèces particulières d'animaux etde végétaux, plusieurs
des races qui se rencontrent aussi sur la terre ferme la moins
éloignée d'elles. Ainsi, Madagascar, Ceylan, Sumatra, Bor-
néo , Java , possèdent aussi des plantes, des bêtes semblables
à celles des cotes ou d'Afrique ou d'Asie qui les avoisinent.
11 en est de même de la Grande-Bretagne par rapport à la
France, et de la Sicile à l'Italie, parce que ces îles ont été
démembrées et arrachées du continent par quelque violent
effort des mers, ou par une commotion volcanique de ces ter-
rains. Nous ne connoissons que ce qui est échappé à ces
fléaux de la nature.
Les îles n'ont donc pas toujours été des îles , et les conti-
nens ont été peuplés de races vivantes et végétantes avant la
disposition actuelle des mers sur le globe; l'Océan a dû, en
se répandant au milieu des terres, submerger beaucoup d'a-
nimaux et de végétaux. Qui peut deviner tous ceux quenour-
rissoient jadis les terrains envahis par la mer Méditerranée,
la mer Noire et celle d'Azof , la Caspienne , lamer Rouge,
XXYUl. 32
498 R A G
ïe golfe Persique, celui du Bengale , de Cambaye, de Siam,
du Tunquin , celui du Mexique , la mer Vermeille , la mer
Jaune , la baie d'Hudson , etc. i* Qui peut énumérer les dé-
luges , les inondations, les catastrophes qui ont tourmenté
notre planète depuis les siècles innombrables qu'elle roule
dans les cieux ? La main puissante du Créateur a mille fois
réparé les pertes de la nature, et il reste encore des monu-
«lens de ces ruines dans les entrailles de la terre. Ces vieilles
médailles d'un monde antérieur nous annoncent combien est
passagère notre existence, et combien peu nous devons me-
surer les grands effets de la nature par nos moyens bornés
et notre foible vue.
A considérer même les restes des animaux de cet ancien
monde , nos plus grandes espèces ne leur sont point compa-
rables pour la taille , puisque en jugeant d'après la longueur
et les proportions des os, ces races primitives ont dû avoir
une masse et une grandeur bien supérieures aux animaux de
notre temps. Les ossemens fossiles des éléphans dévoient ap-
partenir à des individus hauts de vingt et même trente pieds ,
tandis que ceux d'aujourd'hui en ont à grande peine douze
ou quinze. D'ailleurs , la plupart des os fossiles qu'on a pu
rassembler et comparer , sont ceux d'animaux différens de
toutes les espèces actuellement connues. Le règne de la vie
a donc changé ; les siècles ont introduit sans doute des mo-
difications dans la structure des espèces , parce qu'ils en ont
apporté au globe terrestre. En effet, les corps organisés sont
toujours enrapport avec la nature des lieux qui leur sontdesti-
nés; et puisque les animaux sont si différens selon les climats,
l'air, les nourritures et les besoins que leur impose leur genre
de vie , c'est par ces mêmes circonstances que leurs organes
ont été altérés-, d'où il suit qu'en changeant ces circonstan-
ces , on parvient, par la suite des temps , à changer dans les
mêmes proportions les animaux soumis à leur influence. Les
quadrupèdes , tenant de plus près à la terre que les oiseaux
ou même que les poissons; ne pouvant pas, comme eux, se
séparer du sol , s'élever dans un autre élément , se soustraire
par une fuite rapide ou par des migrations instantanées , ils
doivent éprouver, dans toute leur intensité, les effets des
climats, des saisons, des émanations des terrains, etc. Leur
nature, toute terrestre, doit nécessairementparticiper à toutes
les révolutions de cette terre qui les nourrit , qui les allaite ,
et dont ils sont entièrement dépendans ; car l'homme lui-
même , malgré ses soins continuels pour se mettre à l'abri
des vives impressions de l'air, des mauvais alimens , des
saisons, est cependant différent en chaque contrée du monde.
Ainsi les quadrupèdes , qui , plus que les autres animaux, sont
R A C 499
exposés à ces influences depuis une longue suite de généra-
lions, doivent en être aussi les plus modifiés dnns leurs races.
On a essayé, en Angleterre, de tirer vace des individus les
plus rapprochés par la parenté, comme de pères, enfans
et frères, parmi les chiens , les oiseaux de basse-cour et les
pigeons. Sir John Sebrigt a toujours observé de la dégénéra-
tion. Un autre particulier qui a fait les mêmes épreuves sur
les cochons, les amena au point que les femelles devinrent
presque toutes stériles , et que celles qui portoient, offroient
de si foibles produits qu'ils périssoient pres(|ue tous en nais-
sant, quoique les parens fussent bien nourris. Selon Knight/
les plantes provenant d'individus sans parenté entre eux,
sont aussi plus vigoureuses que celles qui proviennent de trop
proches parens.
L'animal qui résulte des alliances de parenté au premier
degré, naît d'ordiu.ùre pln'; peiit qu'un autre, et quand même
on l'engraisse avec soin , son ossature est plus mince. Ou
pourroit obtenir ainsi une ou deux générations de taille et de
beauté supérieures, u\aîs qui ne se soutiendroieot pas long-
temps; car cette race , toujours alliée à ses parens, devient
mince ou délicate, et se détériore par les qualités les plus
éminentes, telles que la vigueur et l'activité même , en con-
servant des formes élégantes. Cet abâtardissement et cette
foiblesse deviennent telles, à la longue, que Us individus se
rapetissent et perdent la faculté de se reproduire. Cette
énervation, quelque soin qu'on apporte à la prévenir, est
inévitable, selon un h.ibile éleveur de bestiaux, Prinsep.
( Sir John Sinclair, Code d AgncuUure. )
C'est donc principalenient le mélange des races qui pro-
duit les plus beaux individus, en corrigeant leurs défauts par
des défauts contraires; ainsi, en tempérant les qualités ex-
trêmes par des mélanges, on obtient des produits intermé-
diaires d'une beauté supérieure aux autres. Delà vient l'im-
portance des croisemens. Par exemple , si l'on accouple une
jument à large croupe , mais foible d'encolure , avec un éta-
lon au contraire à large et vigoureuse encolure, mais foible
de reins , l'on obtiendra prctbablement un produit plus éga-
lement équilibré, ou moulé avec plus d'harmonie en toutes
ses parties , que ne l'etoient ses parens ; car il aura compensé
le défaut de l'un par la force de l'autre. Ainsi les races ten-
dent à se mélanger pour maintenir la pureté et l'équilibre de
l'organisation qui constituent la beauté et la vigueur.
D'ailleurs , l'uniformité dans laquelle vivent les races qu'on
néglige de mélanger, semble en user et détériorer le type, à
la longue , comme un instrument dont on se serviroit sans
relâche. 11 est certain que les animaux dont la vie et la repro -
5oo R A C
duclion sont trop monotones, n'acquièrent jamais un déve-
loppenjenl complet de leurs forces en tout sens; ils semblent
s'endormir dans cette uniformité. En effet, les élémens ten-
dent sans cesse à détruire les corps vivans, et agissant perpé-
tuellement sur des races dont la tige vieillie n'a plus la même
vigueur , ils parviennent à les abâtardir ; il faut en quelque
sorte greffer ces animaux sur une nouvelle tige, pour les ré-
habiliter , pour leur donner une sève plus forte, et les em-
preindre d'un caractère plus mâle. 11 semble que la nature
en use de même pour rétablir dans la vigueur primitive de
leur espèce, les peuples amollis par une longue oisiveté. C'est
ainsi que le sang tartare vient redonner de temps en temps
plus de fermeté et d'ardeur au caractère timide et lâche des
Chinois. Les races mongoles tempèrent ainsi leur férocité en
se mêlant aux castes indiennes, dont ils sont les vainqueurs.
Il en est de même de ces essaims de peuples barbares qui, se
débordant des retraites du Nord, sont venus anciennement
croiser leurs vaillantes légions avec les peuples opprimés par
les empereurs romains, et ranimer le courage de toutes ces
nations qu'un long esclavage avoil abâtardies. Ces chocs inté-
rieurs qu'éprouvent quelquefois les états, ne sont peut-être
que de secrètes impulsions de la nature pour rétablir l'équi-
libre entre les races humaines , pour retremper les familles
efféminées d'ancienneté, par leur mélange avec des familles
plus récentes et plus vigoureuses ; car nous ignorons sans
doute jusqu'à quel point le moral de l'espèce humaine est
gouverné par son physique, et combien la nature tend à
reprendre ses droits en brisant toutes les barrières que les
lois de la société lui imposent ; mais comme 11 n'en est point
de même chez les animaux , les races ne se dégradent pas
autant que dans notre espèce.
On obtient souvent des produits de l'accouplement de cer-
taines espèces voisines. C'est ainsi que le cheval et l'ânesse
donnent le bardeau, et l'âne avec la jument produisent le
mulet, qui n'est pas toujours stérile dans les pays chauds. Le
buffie avec la vache, ou le taureau et le buffle femelle, engen-
drent ensemble , ainsi que le zèbre avec l'âne , le bison avec
la vache , ainsi que le bœuf velu de Tartaiie, La race du cha-
meau avec celle du dromadaire, les variétés nombreuses des
chiens avec le loup, le renard et le chacal , la race du bélier
avec celle de la chèvre, celle du lièvre avec celle du lapin ,
se fécondent réciproquement. Des auteurs d'un grand nom
assurent que l'union d'espèces plus éloignées n est pas tou-
jours sans résultat. Plusieurs prctendeni avoir obtenu des
métis du chien avec la chatte, du taureau avec la jument, de
1 âne avec la vache ( produits appelésyMmar*, mais qui n'ont
R A C Soi
pas lieu réellement), et même du chat avec le loir, selon
l'illustre Locke. On rapporte encore des exemples de pro-
ductions du singe avec l'espèce humaine ; mais ces alliances
sont, sinon impossibles, au moins fort rares et difficiles.
Quoique plusieurs espèces couvrent indistinclement toutes
leurs femelles , on prétend que le chameau refuse de couvrir
sa mère.
Les espèces domestiques qu'on a long-temps déformées
ou mutilées, les chevaux, les chiens dont on a coupé, pen-
dant un grand nombre de générations, les oreilles et la queue,
engendrent parfois des petits à queue et oreilles courtes ;
mais ces déformations, désavouées par la nature, disparois-
sent au bout de plusieurs générations, lorsque la main de
l'homme cesse de les mainlenir. C'est ainsi que des Juifs
naissent quelquefois avec un court prépuce , par la même
cause , et que des particularités de conformation se perpé-
tuent , puis s'éteignent par la suite. Ces variétés des races ,
introduites dans les produits des générations , ne se conser-
vent que par de perpétuels efforts, la nature tendant toujours
à reprendre sa forme originelle II en est ainsi pour les plan-
tes, les fleurs panachées , les bonnes graines qui se détério-
rent suivant les terrains. Voyez DÉGÉNÉaATiOT^î.
Il en est ainsi des teintes du pelage ou du plumage dans les
races domestiques. Cet esclavage efféminé ces êtres, dégrade
leurs couleurs, les rapproche des nuances ternes et lavées ^
c'est ainsi que des chiens, des chats, des chevaux, des cochons,
des brebis , qui sont plus ou moins bruns à l'état de nature ,
deviennent la plupart blancs ou nuancés par l'effet de celte
civilisation, tout comme les hommes des grandes villes sont
étiolés et efféminés en comparaison des ïiabitans des cam-
pagnes. Lorsque la domesticité est extrême, les animaux
sont encore plus efféminés; leur vigueur se perd, leurs fibres
n'ont plus le même ressort ; ces races portent alors l'oreille
basse, la tête penchée humblement, la queue pendante,
comme les chiens et les cochons, etc. , tous signes d'avilis-
sement et de lâcheté des organes ; tandis que ces animaux ,
fiers et ardens dans l'état sauvage, ont la tête haute, loreille
droite , la queue dressée, la démarche vive et sûre , les sens
fins, l'œil et l'oreille au guet, le cou tendu cl ferme; toutes
qualités que ces animaux perdent par notre fréquentation ;
ils semblent porter avec tristesse la chaîne de l'esclavage que
nous leur imposons; ils n'ont plus l'âme et le courage de leur
espèee sauvage ; ils la fuient ; ils craignent de se présenter à
ses regards dans l'étal d'indignité et de dégradation où nous,
les avons plongés, et viennent lâchement implorer l'assistance
de l'homme auquel leur foiblcssc les rattache. En effet , les
5o2 K A C
animaux les plus indomptables sont les moins attachés à
l'homme, parce qu'ils se sentent capables de se pass'er de
lui ; c'est par lâcheté que les autres ont pour nous de la fidé-
lité ; nous estimons cette qualité en eux, parce qu elle nous
est utile et qu'elle flatte notre orgueil ; mais elle n'en est pas
moins vile et méprisable aux yeux de l'espèce et de la nature;
car les chiens, les chais , les oiseaux privés, qui retournent
vivre parmi leurs semblables , au milieu des forêts , en sont
battus, bafoués, comme s'ils déshonoroieni leur espèce, à
peu près comme le sauvage méprise l'homme civilisé, et
comme nous méprisons les eunuques el les esclaves. La ser-
vitude ne dégrade pas moins les âmes que les corps , car le
courage étant le fondement essentiel des vertus, il n'est pas
donné aux êtres nourris dans 1 esclavage d'en avoir.
On observe encore une dégradation originelle dans plu-
sieurs races de quadrupèdes. 11 y a des souris, des lapins,
des écureuils, des chiens, des chats, des cerfs, des daims, des
chevaux, etc. , dont le pelage est très blanc, soyeux, qui sont
naturellement foibles, délicats, qui ont louïe dure, les yeux
gris ou rouges, la vue tendre, et fuient le lumière qui les
offusque. Ces animaux analogues aux individus blafards de
l'espèce humaine et aux nègres-blancs ou dondons, kakerlaks,
albinos, etc., sont blancs, à cause de l'absence du réseau mu-
queux de Malpighi , qui est placé sous lépiderme dans les
autres animaux. C est à ce réseau muqueux qu'est due la co-
loration diverse de la peau de tous les hommes de race blan~
che , des nègres , des poils des quadrupèdes , el des plumes
des oiseaux ; aussi, lorsqu'il manque par un défaut d'organi-
sation, l'animal demeure blafard. C'est à la même cause qu'on
doit attribuer la rougeur des yeux, car la choroïde n'étant pas
peinte par l'humeur qui lui est particulière , soit brune , soit
fauve, selon les espèces, comme on le voit à la couleur de
l'iris, elle laisse apercevoir les lacis des innombrables vais-
seaux sanguins dont elle est traversée ; et comme elle laisse
pénétrer trop de lumière sur la rétine , l'animal est offusqué
pendant le jour , mais voit fort bien dans le crépuscule. Les
poils des animaux blafards ne recevant donc aucune colora-
lion, parce qu'ils manquent du réseau muqueux, demeurent
blancs. 11 y a des éléphans blancs par la même cause. ( Foy.
les mots Eléphant, Peau , Homme , ISègre, etc. ) Nous
voyons de même que les cicatrices de la peau des chevaux ne
reproduisent que des poils blancs, parce que le tissu muqueux
ne se régénère pas dans cette partie.
C'est à une cause analogue qu'on doit rapporter la blan-
cheur de certaines races pendant l'hiver ; telles sont les her-
mines el d'autres espèces de heieltes {musiela nimà's , erminea ,
R A C 5o3
Linn. ) , des blaireaux, des isalis , des écureuils, des rats, des
lièvres, qui deviennent plus ou moins blancs dans les pays
froids et en hiver, tandis qu'ils revêtent une robe colorée
pendant l'été et dans les pays chauds. En effet , la froidure
resserrant extrêmement les pores de la peau , rend inactif le
tissu niuqueux de Malpighi, et l'empêche de colorer les poils ,
tandis que la chaleur de l'été fait un effet tout contraire ; aussi
voyons-nous que les animaux des pays chauds ont des couleurs
bien plus foncées que ceux des pays froids, et les parties su-
périeures de leur corps étant les plus exposées à la chaleur et
à la lumière, portent aussi des teintes bien plus vives que leur
ventre. Au reste , comme les couleurs blanches indiquent la
foiblesse du tempérament et même une sorte d'impuissance
pour la propagation, les couleurs vives et foncées annoncent,
au contraire, une grande ardeur pour l'acte vénérien ; car la
plupart des animaux blafards se reproduisent plus rarement
que les autres. Si le froid violent fait blanchir les poils d'un
grand nombre d'animaux , il les rend plus déliés , plus touffus
et plus fournis ; car tous les quadrupèdes des régions septen-
trionales ont des fourrures très-chaudes et très-épaisses. Le
cochon lui-même porte dans le Nord une espèce de duvet,
ainsi que les chevaux , les chiens , etc. , par une providence
admirable de la nature pour les garantir du froid. Cette sage
prévoyance s'étend même jusqu'auxêtres insensibles, puisque
les bourgeons des arbres du Nord sont chaudement enveloppés
d'écaillés résineuses, tandis que les végétaux des tropiques sont
exposés nûment à l'air. En acclimatant un animal, un arbre
des pays méridionaux , dans les contrées glaciales des pôles »
ils se revêtent de couvertures propres à les mettre à l'abrî
des hivers ; tandis que le contraire arrive lorsqu'on habitue à
vivre dans les pays chauds des animaux et des végétaux du sep-
tentrion.
A l'égard des autres modifications des races d'animaux et
de végétaux , V. Dégénération.
Il y a dans^les races d'hommes, ainsi que dans celles des
chevaux et chiens de chasse, des caractères de généalogie
écrits sur leur visage ou empreints dans leurs mœurs. On voit
des rqusseaux, des bruns, des petits, des blancs, des grands
( de là ces noms de famille empruntés originairement de ces
complexions ) , comme on voit des familles de longs nez ou
de nez courts. On sait que les maisons de haute noblesse ,
qui se mésallient peu, conservent les traits primordiaux de
leur souche ; ainsi, l'on connoît la forme des traits des Bour-
bons , la grosse lèvre inférieure de la maison d'Autriche ; à
Rome, les Gâtons étoient sévères, les Appius violens et in-
flexibles, les Brutus ardens républicains. Agrippine dit de
5o4 Pi A G
Ncron (Brilarmicus, scène i."):
Il se déguise eti vain; je lis sur son visage
Des fiers Doniitius l'humeur triste et sauvage.
11 mêle avec l'orgueil qu'il a pris dans leur sang,
La fierté des Nérous qu'il puisa dans mon flnnc.
Ainsi, rhumeiir dominanlepassantdanslesgénérationsavec
les traits de famille , fail que le sung ne ment jamais. Phèdre,
amoureuse et coupable , accuse les ardeurs insensées de sa
race , et Clytemneslre reproche à Agamenmon le sang
d'Alrée.
Parmi les animaux, l'instinct de la férocité se propage chez
les tigres et les léopards, comme la douceur dans les brebis
et les colombes '.fortes creantur fortibus et bonis. Les caractères
transmis se déclarent jusque dans les songes par le seul jeu de
l'économie , comme le remarque Lucrèce , Rer. nai., lib. iv.
Et quàm qiiaeque niagis sunt aspera semina eorum ,
Tàin magis in soninis eadem sae^ire necesse est.
La transmission des affections du moral dans les races ,
vient de la transmission des tempéramens ou complexions du
corps , dit encore le même poêle , lib, ni.
Denique cur acris violentia triste leonum
Seminium sequitur? Dolus volpibus et fuga cervis
A patrlbus dalur , et palrius pavor incitât artus ?
Si non certasuo quiàsemine, seminioque
Vis animi pariter crescit cum corpore tolo ?
On comprendra pourquoi l'hérédité peut n'être pas cons-
tante ou absolue dans les races par leur croisement , parce
que celui-ci mêle et éteint Tune par l'autre des dispositions
différenles.
Qui pourroit nier que chaque espèce de plante ne se déve-
loppe spontanément , selon les formes qui lui sont originai-
rement assignées, et que chaque animal, dès sa naissance,
n'exerce des mouvcmens et des actes convenables à sa con-
servation, à sa vie, sans savoir encore ce qu'il fait? Cette
vérité importante est mise en tout son jour à l'article Insj
TINCT.
La nature ayant attribué une structure particulière à chaque
animal , et un principe interne de mouvement , il s'ensuit que
chacune de ses races agira d'après sa conformation. Le ser-
pent ne pourra que ramper, le poisson nager, loiseauprendra
son essor. Ces actes étant relatifs à l'organisation de l'être ,
l'habileté que celui-ci dépjoie dès s.i nalss;jnre, appartient,
i;on à sa volonté , non à son intelligence, mais à l'ouvrier
qui a construil des machines aussi pai faites ; car mieux un
R A G So3
automate est construit, plus ses mouvemens sont empreints
de rinlelligence qui l'a formé. On peut observer les mêmes
opérations dans Tespère humaine , puisque sur toute la terre,
les hommes manifestent un même fonds de passions , d'appé-
tits , de senlimens, de besoins; et si le cœur humain est par-
tout semblable , c'est parce que notre organisation et la
puissance qui l'anime sont partout uniformes , en général.
Cependant nous observons encore des dispositions parti-
culières également innées. Un enfant ne naît pas avec la
même complexion, la même force, le même développement
d'organes qu'un autre. Ces modifications primitives de struc-
ture entraîneront nécessairement des penchans plus ou moins
vifs en tel ou tel sens. Chaque organe, par exemple , ayant
son activité plus ou moins développée naturellement, entraî-
nera l'individu en son sens; ainsi, suivant la disposition de
l'appareil viscéral, l'un naît plus vorace ou goulu que d'autres;
tel sera plus porté à l'amour, tel autre à l'usage de la pensée,
etc. Si rien n'étoit inné dans nous, ayant tous une égale
aptitude à toute chose, nous vivrions indéterminés et immo-
biles comme ces mâts de navire que des cordages tirent éga-
lement de tout côté; mais, au contraire, nous voyons des
individus incapables de telle occupation dans les arts , par
exemple, qui se jettent avec ardeur dans le métier de la guerre
et y réussissent. Chaque homme a son génie :
Scit geiiius natale cornes qui tempérât astrum ,
Naturae deus hutnanee, mortalls in unum
Quodque caput, vultu mutabilis , albus et ater.
HoRAT. , Epist. ad Flor,
On ne se donne rien de soi-même , si l'on manque du
germe du talent. Si une créature pouvoit d'elle seule orner
à volonté son être de mille dons heureux , elle posséderoit
plus qu'elle n'a reçu, ce qui est impossible. II est vrai, les
conjonctures de la vie, la condition, l'éducation, décident la
plupart des hommes qui n'ont aucune inclination marquée;
aussi ne forment-ils que des caractères insignifians , sans
couleur , sans forme propre ; mais il en est d autres qu'au-
cune circonstance ne sauroit empêcher de percer dans leur
vocation. L'arbre transplanté hors de son sol natal, périt ou
conserve du moins toujours ses penchans originels, milgré
quelques déformations que la culture lui fait subir ; de même,
l'homme à vocation décidée languit hors de la place que lui
destinoit la nature , mais il ne se transforme point ; donc il
apporte une inclination primordiale, et il y revient toujours
avec ardeur :
Naluram expellas furcâ, tamen usque recurret.
5o6 R A C
Il y a des dispositions innées qui sont he'réditsires : bon
chien chasse de race^ dit-on. Ne seroit-ce point parce que des
organes souvent exercés par l'habitude , dans ces animaux ,
acquérant un plus ample développement , seroient suscep-
tibles de transmettre cette heureuse acquisition aux descen-
dans, par la voie de la génération? L'enfant sauvage , élevé
chez les peuples civilisés, retourne à la vie indépendante
comme à sa nature primitive ; tandis que l'enfant de l'homme
civilisé, s'il est nourri dans la vie sauvage , ne revient qu'in-
volontairement à l'existence policée, toujours factice et con-
trainte. ( V. au mot Habitude , la différence du naturel et
de l'acquis. )
Toutes ces observations prouvent l'existence incontestable
de directions innées dans nos inclinations et nos penchans
primitifs ; plusieurs résistent même à l'éducation , à de lon-
gues habitudes contraires. C'est comme le dogme de la pré-
destination ; car il naît malheureusement des esprits mal
tournés, disposés aux vices, comme il naît des individus
contrefaits dans leurs membres.
La question des idées innées perd donc beaucoup de son
importance quand on veut consulter notre organisation. Si
nous n'apportons pas des connoissances toutes faites dans
notre esprit, en naissant, elles n'en existent pas moins en
germes et susceptibles de végéter spontanément, selon la
direction que notre tempérament et notre organisation par-
ticulière nous attribuent. Qu'on nous dise pourquoi les idées
de mathématiques se développoientd'elles seules dans Pascal,
enfant, avec tant de perfection , tandis qu'elles ne sauroient
germer dans la cervelle d'un imbécile? Les métaphysiciens,
raisonnant sans recourir à l'expérience , ne nous ont rien
appris depuis plus de deux mille ans de disputes. Qu'ils étu-
dient la nature ou la physiologie, ils seront bientôt d'accord
et nous instruiront davantage des merveilleux phénomènes
de notre existence; ils verront que notre cerveau, en naissant,
n'est pas comme une table rase , comme on le répète mal à
propos. (VIREY.)
RAGHA. C'est, selon Gesner, le nom hébreu de la
Huppe, (s.)
RACHAM. En hébreu, c'est I'Orfraie , et en arabe,
le Vautour, (s.)
RACHAMAH. Les Egyptiens et les Maures appellent
ainsi le Vautour d'Egypte. Ce nom a beaucoup exercé les
savans en étymologies, qui en ont fait l'application peu heu-
reuse au Pélican, au Cygne , à la Cigogne. V. l'article des
Vautours, (s.)
R 4 C S07
RACHE ou RASCHE. Nom de la Cuscute a un seul
STYLE , qui nuit souvent aux vignes du Midi, (b.)
RACHENLIE. Nom allemand des Antholyres , selon
Willdenow. (ln.)
RACHIS, Extrémité du Chaume des Graminées, qui
supporte les fleurs , et qui est en zig zag dans beaucoup d'es-
pèces ; dans le Froment , par exemple. 1
On a aussi appliqué ce nom aux axes des fleurs en Cha-
tons , et aux tiges des Palmiers et des Fougères, (b.)
RACHIS. r. Râpe. (DESM.)
RACHLEHANE des Suédois, et par corruption Rack-
LAN. Sorte de petit Tétras. V. ce mot. (s.)
RACINE. On appelle racine la partie la plus inférieure
de la plante , constamment et irrésistiblement dirigée vers le
centre de la terre : cette règle ne souffre d'exception que pour
les plantes parasites , telles que le gui , l'hypociste , la cuscute
et les lichens , dont les racines pénètrent et croissent dans le
tissu des autres plantes dans toutes les directions. V. Spon-
GIOLE.
Les racines ne sont pas des organes communs à toutes les
plantes. Les conferves , les byssus , les truffes, en sont dé-
pourvues. Les tremelles n'en laissent point apercevoir. Je
les ai cherchées en vain sur ces plantes gélatineuses vivantes ,
où quelques naturalistes annoncent les avoir observées. Ce-
pendant, je ne puis affirmer leur absence, d'après ce que mon
frère Henry Tollard et moi , nous avons vu sur la tremelle
nostoc de'sséchée et conservée depuis deux ans dans nos her-
biers. Cette matière végétale animalisée , mise dans l'eau ,
reprit son volume et sa forme première , et nous fournit ainsi
l'occasion de l'observer comme si elle eût encore été sur la
terre humide, où elle se développe après la pluie. Nous aper-
çûmes un prolongement qui se divisoit en deux parties que
nous supposâmes être des racines ; mais ces prolongemens
qu'on voyoit à la faveur de la diaphanéité de l'eau , dispa-
roissoient à l'œil nu dès que le nostoc étoit hors du fluide.
Les lichens qui végètent sur les pierres n'ont pas de racines
proprement dites. Ce sont des suçoirs faits en entonnoir,
dont les lèvres s'appliquent aux substances végétales ou mi-
nérales, pour en aspirer un suc nourricier en même temps
qu'elles le soutirent encore de l'atmosphère pour le digérer
et le modifier dans des viscères invisibles pour nos sens gros-
siers , mais que l'analogie et l'imagination conçoivent. Ce
fluide nourricier , préparé dans les entrailles de ces plantes
cryptogames , les transforme en humus ou terre végétale ;
et telle est , pour le dire en passant , l'origine première du
terreau qui se forme sur les pierres et qui s'annonce à nos
5o8 II A C
yeux par une couleur grise sur les rochers et sur les vieux
édifices.
11 est des plantes dont les racines nagent sur l'eau sans ad-
hérer à la terre; d'autres poussent des racines en terre en
même temps qu'elles en jettent dans l'air, telles que les
Joubarbes et les Cotylédons; enfin, on voit des plantes
qui flottent sur les eaux de la mer, dans lesquelles on n'a-
perçoit aucunes racines ni suçoirs analogues à ceux des plan-
tes parasites, mais seulement des porcs disséminés dans
toute leur surface , qu'on considère comme les bouches ab-
sorbantes d'un fluide qu'elles digèrent dans un parenchyme
toujours plus dilaté que dans les plantes terrestres. J'ai ob-
servé ces faits sur une foule de plantes que je me suis pro-
curées par des plongeurs dans des herborisations maritimes.
Quant aux plantes marines fixées aux rochers , leurs ra-
cines sont extrêmement fibreuses, dures et ligneuses , et celte
disposition étoit nécessaire pour qu'elles résistassent aux
mouvemens répétés des eaux de la mer, et leur compacité ,
ainsi que leur volume , indiquent qu'elles servent moins à
la nutrition des tiges qu'à leur appui. 11 est vraisemblable
que l'observation déjà faite que lesplantes maritimes dépour-
vues de racines n'ont pas de vaisseaux longitudinaux , mais
seulement des vésicules transversales , peut s'appliquer aussi
à celles qui ont des racines et qui habitent la mer , car les
racines de celles-ci sont totalement ligneuses , et , autant que
j'ai pu le voir à la loupe et à l'œil nu , leurs tiges ne renfer-
ment aucun appareil de vaisseaux longitudinaux conducteurs
d'un fluide quelconque. Tout se confond dans un appareil cel-
luleux. Au reste, c'est dans la racine , comme dans les autres
parties végétales , une question difficile à résoudre que celle
de l'existence et de la forme des vaisseaux. Voyez ce que j'ai
dit à cette occasion au mot Arbre.
La racine est l'organe le plus durable de la plante ; hîs
feuilles et les tiges tombent et se renouvellent selon lessaisons;
elles périssent totalement ou suspendent leur activité vitale ;
mais le principe de vie qui les animoit refoulant dans les ra-
cines , y détermine dans Thiver un accroissement non in-
terrompu , parce qu'elles trouvent , dans le sein de la terre ,
une chaleur supérieure à celle de l'atmosphère, suffisante
pour y entretenir le mouvement organique. Ainsi les racines
croissant en hiver, solidifientpendantcettesaisonleurtexture,
pour mieux se cramponner au sol et résister aux attaques des
animaux qui vivent sous terre : il se déduit naturellement de
ce fait , que toutes les plantations doivent se faire de préfé-
rence en automne qu'au printemps , parce que les végétaux
emploient cette saison à former un chevelu qui les fixe et les
habitue au soi.
R A C rog
Le collet des racines des plantes vivaces et herbacées doit
être considéré comme un centre d'évolutions successives du-
quel se déroulent et s'élèvent chaque printemps des végétaux
que les rayons solaires attirent vers les régions célestes ; mais
il est remarquable que cette évolutionsoitlimitée, et qu'après
un certain nombre d'expansions végétales du même centre ,
celui-ci périsse, et que des bourgeons naissent de ses parties
latérales pour remplir des fonctions attribuées aux racines
mères. Le collet des racines est donc un centre de vitalité ,
un point plus déterminé de générations , et doit être consi-
déré comme l'un des moyens les plus actifs de la vie végétale.
Dans la tulipe , la tige ne s' élevant jamais plusieurs années
de suite du même centre , et naissant chaque année du même
côté d'un nouveau bulbe , a fait dire que cette plante jouis-
soit , en quelque sorte , de la faculté de changer de place
spontanément, parce qu'en effet croissant toujours du même
côté , elle semble abandonner le sol où elle étoit d'abord ;
mais ce n'est pas elle qui l'abandonne , puisqu'elle périt tous
les ans après avoir donné naissance à un bulbe.
Les racines annuelles des plantes des pays chauds devien-
nent bisannuelles quand ces plantes sont transportées dans
les pays froids où le cours de la végétation n'est que de six à
sept mois au lieu d'une année ; telles sont celles du tropeolum
majus et du ricinus commuais.
Les racines affectent diverses formes qui ont été rapportées
à trois principales , et qui comprennent de nombreuses sous-
divisions établies par les botanistes pour procéder avec plus
de sûreté dans la description des plantes : elles sont fibreuses ,
tubéreuses et bulbeuses. Les fibreuses naissent sur différens
points d'un collet plus ou moins allongé , selon les espèces de
plantes , se répandent et se ramifient en tous sens en filamens
très-déliés et très-multipliés , sans affecter dans aucune de
leurs parties la moindre inégalité ni la moindre dilatation ou
renflement dans leur tissu. Les racines tubéreuses , au con-
traire , sont distendues et très-volumineuses dans quelques
points et quelquefois dans toute leur continuité; telles soHt
celles du navet cultivé, delà pomme-de-terre, et en général de
toutes les racines féculentes et alimentaires. Les racines bul-
beuses ont peu d'analogie avec les précédentes ; elles ne nais-
sent pas de divers points d'une racine principale , et ne se
renflent jamais dans leur continuité. C'est une expression
impropre dont on se sert pour distinguer les bulbes des li-
liacées , car ce n'est pas sur la racine que réside le bulbe ,
mais à la partie inférieure de la tige, et où commence la
partie supérieure du collet des véritables racines , lesquelles
parlent toutes d'un même point, et sont fibreuses ou plus
Sio R A G
ou moins charnues. Lessquammes de l'ognon, et de toute
autre plante cépacée, sont des feuilles souterraines et non des
racines.
Si on enlève avec soin chaque feuille qui enveloppe la lige
d'un ognon ou d'un ail, on les observe se continuer et aller
aboutir aux extrémités supérieures des squammes qui compo-
sent ce bulbe. Ainsi tout ce qu'on connoît en botanique sous
les noms de bulbe écailleux du lis , de bulbe solide des tulipes, de
tuniques des cépacées, sont des feuilles qui vivent sous la terre.
Les véritables racines de ces plantes sont fibreuses et nais-
sent de la partie inférieure de la tige pour s'enfoncer dans la
terre, tandis que les tuniques et les squammes des bulbes
tendent constamment à s'élever hors de terre, comme si elles
étoient sans cesse attirées dans Tatmosphère par leurs pro-
longemens amplexicaules qui embrassent et engaînent la tige,
dont la partie inférieure est invaginée dans le bulbe que la
réunion de ces feuilles souterraines compose.
On ne connoît pas la cause de la coloration des racines.
La terre ne paroît pas y concourir , et la lumière ne les tou-
chant pas, ne peut y contribuer. Leurs tégumens sont plus
épais que ceux des tiges , et les pores qui s'ouvrent à leur
surface sont plus multipliés que dans les autres parties des
végétaux , surtout dans les plantes herbacées.
La substance ligneuse est en général moins abondante dans
les racines que dans les tiges ainsi que la moelle ; mais il est à
remarquer que dans les racines le tissu ligneux esi plus serré
dans les parties voisines de Técorce que vers la moelle , tandis
qu'on observe une disposition contraire dans les tiges. Cette
observation fait voir que les utricides sont placés au centre
des racines , et qu'ils sont plus à l'extérieur dans les parties de
la plante hors de terre , afin de recevoir le stimulus de la
lumière qui favorise la chylification dans les surfaces végé-
tales exposées aux rayons lummeux , disposition inutile dans
les racines , puisqu'elles ne sont pas en contact avec la lu-
mière , et que destinées , d'ailleurs, à aspirer les sucs de la
terre , il étoit nécessaire qu'elles eussent un tissu réliculaire
plus lâche à leur centre , dont les ulricules plus dilatés doi-
vent être considérés comme les réservoirs de la sève , qui
s'élève dans les tiges par les fibres ligneuses.
La longueur et le nombre des racines sont toujours en rai-
son inverse du nombre des feuilles et de leurs surfaces , parce
que c'est par ces deux organes que la nutrition s'opère ; ainsi
les plantes grasses , comme les cactus , qui absorljent abon-
damment les fluides humides de l'air, ont très-peu de racines.
Daubenton a observé , pendant cinquante ans , un cactus
tétragone dans le même pot, et dont l'accroissement se faisoit
R A C 5x1
toujours. Les arbres qui ne perdent jamais leurs feuilles ont
de très-foibles racines , parce que celles-ci leur sont presque
inutiles pour opérer la nutrition.
Les plantes alpines et celles qui luttent contre l'instabilité
des sables mobiles des bords de la mer , ont des racines très-
volumineuses et très-longues. Les Elimes , les Bugranes ,
certaines Laiches , les Luzernes , ont des racines très-lon-
gues qui leur procurent une grande force végétative dans les
terres calcaires.
Les racines répugnent à certaines couch«s de terre qu'elles
fuient , et vont cbercher quelquefois , loin de là , un sol qui
leur plaît davantage, plus riche en bumus végétal, après
avoir traversé des roches et des murailles , et dans ces cir-
constances leurs tiges végètent très-peu.
Dans les plantes monocolylédones , les racines ont une
structure analogue à celle de leur tige , c'est-à-dire , qu'elles
n'ont pas de canal médullaire au centre comme dans les di-
cotylédones dont nous avons parlé. La moelle est dissémi-
née dans toutes les parties de la tige et de la racine , sans ha-
biter un canal d'où partent des prolongemens médullaires,
ce canal et ce prolongement n'existant pas en elles.
Dans ces deux séries de plantes , les racines décroissent
insensiblement de volume depuis le collet jusqu'aux radicules,
quoique la forme de leurs tiges diffère. Nous avons déjà parlé
desracines des plantes parasites qui sont des suçoirs dont les
lèvres sont armées de radicules qui s'insinuent dans la subs-
tance des autres plantes pour en aspirer les sucs , et se glisser
entre les réseaux superposés, corticaux et ligneux des végétaux
dont elles aspirent et s'approprient la substance alimentaire.
Les moyens de reproduction sont plus multipliés dans les
racines que dans les autres parties végétales. Une racine
coupée par fragmens , et ceux-ci mis en terre , produit de
nouvelles plantes plus facilement que si la même expérience
étoit faite sur des tiges. On sait que c'est ainsi qu'on multiplie
les pommes-de-terre. Une racine de chiendent coupée en au-
tant de pièces que de nœuds , fait autant de nouvelles plantes.
D'autres racines , sans être stolonifères, se reproduisent par
tous les points. \Jaralia spinosa , le guilandina dîoica , Vaylun-
ihus glandulosus ^ etc., etc., naissent de tous les fragmens de
racines qu'on en sépare. Cette propriété est plus marquée
dans certains végétaux que dans d'autres ; et quand elle se
trouve dans les arbres forestiers , elle mérite d'être calculée
pour beaucoup : coupez un robinier près de terre, et
vous verrez naître de nombreux rejetons de tous les points de
ses racines. Celte propriété est si marquée dans le mûrier à
papier (morus papyriferà), que de jeunes mûriers naissant des
5i3 R A G
racines, lors même que la sève s'emploie à nourrir un tronc
et des rameaux hors de terre ; mais on ne doit point abuser
de cette disposition dans les végétaux pour les multiplier sans
le secours des graines, car il est reconnu que les plantes, long-
temps multipliées par boutures ou par racines, finissent par
ne plus donner de graines ; et j'ai tenté de démontrer ailleurs
que les arbres venus de marcottes, de boutures, ou nés sur
racines , ceux surtout qui ne donnoienl plus de graines depuis
long-temps, avoientla fibre moins serrée, et cependant plus
fragile que les autres, et qued'ailleurs ils éloient moins utiles
dans les arts. C'est une vérité physiologique reconnue dans
tous les corps vivans , que la négation des influences sémi-
nales diminue la force de la fibre.
Le phénomène de la reproduction par racines est déter-
miné par diverses causes.Lesgermes reproducteurs sont portés
vers les racines par une dérivation sollicitée par les sections
et les contusions qu'on leur fait éprouver lorsqu'on veut leur
faire produire des tiges. Dans cette opération, une synergie
vitale appelle vers les parties blessées toutes les forces sémi-
nales qui s'emploient à cicatriser les plaies des plantes,
comme on voit dans les animaux une lésion quelconque déter-
miner le sang à se porter vers les parties malades. Dans l'un
et l'autre cas , la somme des forces vitales occupée entiè-
rement dans la partie lésée , a abandonné les organes de la
reproduction qui restent nécessairement stériles.
Nous avons dit, en parlant de l'écorce (au mot Arbre) ,
que les germes y étoient plus abondamment répandus que
dans les autres parties végétales ; or, l'écorce étant plus
épaisse dans les racines que dans les tiges , les moyens de
reproduction y sont plus nombreux : cette conséquence se
fonde aussi sur la plus grande quantité des pores disséminés
à la surface des racines, et sur leur structure plus molle et
plus parenchymateuse.
Les racines doivent être considérées comme les organes
les plus importans de la nutrition. L'eau et les autres alimens
des plantes absorbés par les bouches inhalantes des racines,
sont aspirés et portés dans toutes les parties végétales par un
mécanisme encore inconnu, et contribuent ainsi à opérer la
nutrition , de concert avec l'humidité que les feuilles absor-
bent de l'atmosphère.
La nutrition s'opère dans les racines en hiver, et elles se
perfectionnent dans celte saison ; alors la tige et la fleur se
dessinent dans les ognons , dont on juge la beauté des fleurs
en en sacrifiant un qu'on coupe pour observer si la fleur sera
double : cette pratique est familière aux marchands d'ognous
de fleurs , qui s'assurent ainsi si les fleurs sont doubles ou
« A C S.3
simples. C'est particulièrement avec les narcisses qu'on fait
celle expérience.
Dans le système des physiologistes des plantes, qui ad-
mettent des vaisseaux longs, conducteurs des fluides , on dit
que la sève montante part des racines , d'où elle s'élève par
les fibres ligneuses, du centre des tiges aux extrémités supé-
rieures de la plante. Nous avons dit ailleurs qu'il n'existoit
pas de vaisseaux lymphatiques continus dans les plantes ;
celte ascension se fait par un autre moyen que j'ai examiné
au mot Sève.
hes plaies des racines se cicatrisent difficilement. Une
racine coupée en travers cesse de croître en longueur ; il se
développe alors, sur les bords de la section , des bourgeons
qui forment un bourrelet, d'où partent d'autres racines quivé-:
gèlent dans une direction latérale : on produit cet effet toutes
les fois que, dans le jardinage, on coupe le pivot des arbres,
ou qu'on coupe les racines des arbres fruitiers pour leur faire
porter des fleurs et des fruits.
Les maladies des racines sont des plaies , des ulcères , des
fractures , la pourriture , la gangrène , l'ulcère du safran.
( Voy. Maladies des Plantes au mot Arbre. ) Les Racines
exposées à la lumière verdissent , deviennent plus fibreuses ,
et jouissent, après un certain temps, si elles restent exposées
au contact àts corps atmosphériques , de toutes les pro-
priétés des tiges.
Si on renverse un saule de manière que les rameaux soient
dans la terre et les racines dans l'air, les racines et les tiges
continuent de vivre et se remplacent dans leurs fonctions.
Quoique les racines, dans l'état naturel, ne soient point
exposées aux rayons lumineux , elles fournissent la plupart un
principe odorant très-marqué ; celles de Vanthoxanium odo-
raium dégagent un arôme très-agréable, et qui a beaucoup
d'analogie avec celui deJ'acide benzoïque. Celte grarainée
mériteroit peut-être d'être cultivée sous ce point de vue ,
pour en retirer le principe aromatique qu'elle renferme abon-
damment , et qu'on pôurroit en extraire pour le fixer dans les
liqueurs alkooliques, de la même manière qu'on y fixe l'arôme
de celles du sassafras , du raifort , de l'angélique. Il est dé-
montré que les racines absorbent et corrompent l'air pur, et
qu'elles dégagent , ainsi que les fleurs et les fruits , des gaz
contraires à la respiration animale.
Indépendamment des usages des racines , comme parties
essentielles à la nutrition de \a plante et pour la fixer au sol ,
elles servent à nourrir les animaux nombreux qui vivent sous
terre. Elles forment la base de la tourbe qui a été autrefois
et qui est de nos jours le chauffage de plusieurs peuples ;
xxYIii. 3j
^i4 R A G
celles de Yelymus arenan'us sont eniploye'es uiileinent pour fixer
les sables mobiles des bords maritimes -, celles de jonc marin,
de l'acacia-roblnier , du genêt , pénétrant loin dans le sol ,
sont très-propres à remplir cet objet, et ont déjà servi à fixer
des montagnes de sables mobiles , actuellement couvertes de
bois, et qui y ont été élevés à la faveur de ces arbres et des
plantes à racines longues et tenaces.
Une culture longue et assidue des plantes à racines alimen-
taires dans un sol riche et fertile , augmente leur volume ,
y développe la matière muqueuse sucrée, exclusivement nutri-
tive , comme on le voit dans les nombreuses variétés de
racines légumières ; exemple : les panais, les carottes, les
betteraves , etc. , qui n'offroient dans leur état naturel qu'un
très-léger renflement au collet de leurs racines.
Si la terre n'a aucune influence sur la couleur de la peau
des racines , elle influe beaucoup sur leur saveur par les prin-
cipes qu'elle renferme ; celles qui ont végété dans un sol trop
abondant en matières animales , en conservent les mauvaises
odeurs , et celles qui croissent dans un sol humide , sont
fades et aqueuses ; mais les racines qui croissent dans une
terre fournie de matières organiques et animales , dans les
proportions nécessaires pour constituer les composés salins
et savonneux, susceptibles d'action et de stimulus sur la fibre
végétale, parviennent à un développement considérable, et
se transforment en masses volumineuses d'une pulpe saccha-
rine et féculente, d'une saveur agréable et d'une qualité
nutritive.
Les racines aspirent-elles du sein de la terre les subs-
tances salines et métalliques , comme les sels de plusieurs
espèces , diverses terres, le fer , l'or, etc., qu'on trouve dans
les plantes ; ou ces substances sont-elles composées dans les
viscères végétaux par une force de formation inhérente à
leur organisation ? Foyef le mot Vé/sétal. (toll. aîné.)
RACINE D'ABONDANCE. On a quelquefois donné
ce nom à la Betterave, (desm.)
RACINE D'AMÉRIQUE ou MASSUE DES SAU-
VAGES. Nom de la racine du mabouier , qui est appelée ,
p.-»r les sauvages de l'Amérique, Mabouia. Voyez le mot
Mabouier. (d.)
RACINE AMIDONIÈRE. Voy. Gouet pied-de-veau.
(desm.)
RACINE D'ARMÉNIE. Espèce de Garance, pro-
bablement la même qu'on connoît en Europe , sous le nom
de Garance DE Smyrtve. (b.)
RACINE DU BENGALE. F. Risagon. (ln.)
RACINE BLANCHE. V. Vx^xiS (^Pastinaca saiii>a).
(DEiSM.)
R A C 5i5
ixACÎNE DU BRESIL. C'est la racine du psychoire
itnéûque , c'est-à-dire , Xipécacuariha. V. au mot Psychotre.
(B.)
RACINE DU BRESIL. C'est la Boerrhave droite.
(desm.)
RACINE DE BRIONE. Quelques naturalistes ont
donné ce nom aux coquilles du genre Strombe. (b.)
RACINE DE CAMOMILLE. V. Racine salivaire.
RACINE DE CANNE. C'est la même chose que Kon.
V. ce mot et Ficgïde. (b.)
RACINE A CHAMPIGNONS. V. Pierre a cham-
pignons, (desm.)
RACINE DE CHARCIS. C'est celle de la Dorstène
CONTRA-YERBA. (B.)
RACINE DE CHINE. On donne «e nom à la racine du
smilax china , ou la squine. V. au mot Salsepareille. (b.)
RACINE DE CHINE. V. Salsepareille de la Chine.
(B.)
RACINE DES CHRETIENS. C'est une espèce d'As-
TRAGALE , Astragalus chrisiianus. (DESM.)
RACINE DE COLOMBO. Cest, selon Bomare , la
racine d'un arbre inconnu, qu'on nous apporte des Indes, en
morceaux gros comme le pouce. Elle est jaune, sans odeur,
et d'une saveur amère ; on la regarde, au Bengale , comme
un spécifique contre les indigestions et les coliques. Elle
porte* aussi le nom de calumbé. (d.)
RACINE DE DICTAME BLANC. V. Dictame. (d.)
' RACINE DE DISETTE. C'est le nom qu'un agricul-
teur moderne a donné à la Betterave, (b.)
RACINE DOUCE. V. Réglisse, (desm.)
RACINE DE DRACK, C'est la racine de la Dorstène
CONTRA-YERBA. (B.)
RACINE D'EMERAUDE. Quelques auteurs ont donné
ce nom à la Prase , à cause d'une certaine ressemblance ,
entre la couleur verte de cette pierre et celle de Véméraude;
mais ces deux substances minérales n'ont rien de commun
entre elles. V. Prase, Prime et Quarz hyalin vert obscur,
pag. 439. (pat.)
RACINE DE FEMME BATTUE. Voyez Racine-
vierge, (desm.)
RACINE DE FLORENCE. V. Iris de Florence.
(B.)
RACINE INDIENNE. V. Racine de S.t-Charles.
(B.)
RACINE JAUNE. V. Racine d'or, (b.)
Si6 R A G
RACINE DE MÉCHOACAN. On croît que c'est celle
d'un Liseron d'Amérique. Elle est purgative comme le
JaLAP. V. MÉCHOACAN. (B.)
RACINE DE MONGO. C'est celle de I'Ophiorriiize.
(B.)
RACINE D'OR. On croit que c'est celle d'une espèce
de PiGAMON qui croît à la Chine. On en vante les vertus
comme diurétique , stomachique et fébrifuge. (B.)
RACINE DE PESTE. C'est la racine du tussilage,
qu'on regardoit autrefois comme un puissant sudorifique,
qui giiérissoit de la peste et des fièvres pestilentielles. (LN.)
RACINE PÉTRIFIÉE, r. Rhizolithe. (pat.)
RACINE DES PHILIPPINES. C'est la dorstène contra-
yerla. V. au mot Dorstène. (b.)
RACINE DE P5YCHOTRE. V. Psychotre. (s.) •
RACINE DE RHODE. V. au mot Rhodiole. (b.)
RACINE DE SAFRAN. C'est celle du Curcuma. (b.)
RACINE DE SAINT-CHARLES. Elle vient du Rrésil ,
et s^emploie dans Tépilepsie , la vérole , les hernies , et pour
hâter l'accouchement. On ignore à quel genre elle appar-
tient. (B.)
RACINE DU SAINT-ESPRIT. C'est celle de I'An-
gélique offlcinale. (b.)
RACINE DE SAINTE - HÉLÈNE. C'est celle de
l'AcoRE odorant, (b.
RACINE SALIVAIRE. On nomme ainsi les racines
des Camomilles pyfiètre et des Canaries , parce que
mâchées , elles exciient la salivation, (b.)
RACINEDE SANAGROEL. (F. au mot Coluvrine
DE Virginie). Il paroît que c'est celle de Y aristoloche ser^
pentaire. (B),
RACINE DE SERPENT. On appelle ainsi la racine
de rOpaiosE de l'Inde, (b.)
RACINEDE SERPENT A SONNETTE. V. au mot
Polygala seneca. (b.)
RACINE DU SMILAX. V. Racine de Chine, (b.)
RACINE DE SOLOR. C'est celle d'un Gouet. (b.)
RACINE DE THYMELEA. C'est celle de la Lau-
RÉOLE. (p.)
RACINE -VIERGE. On appelle ainsi celle de la
Bryone. (b.)
RACINEDE VIRGINIE. C'est celle delà Quamo-
clite tubéreuse, (b.^) '
R A C 5,7
RACINIER. C'est I'Agaric radiqueux de Bulliard.
(B.)
RACK. Ce mot est presque toujours synonyme d'ARACK,
en français; mais il se peut que, dans Flnde , il s'applique
plus particulièrement à I'Eau DE-viE DE Riz. (B.)
RACK DES ARABES. V. Racka. (ln.)
RACKA. Romer et Schultes proposent, avec doute , de
faire, dans la tétrandrie monogynie , et sous ce nom, un
genre , de l'arbre que le voyageur Bruce a figuré et appelé
rack. Ils lui assignent les caractères suivans : calice à quatre
divisions ; corolle en roue, à quatre divisions; élamines sans
filaniens ; fruit inconnu.
Le Rack {R. toriida, R. et S.) est un grand arbre parti-
culier aux pays chauds; il abonde dans l'Arabie-Heureuse,
dans la Basse-Abyssinie et dans la Nubie. 11 se plaît dans les
endroits couverts d'eau salée et dans les déserts , partout où il
y a des sources salées. Bruce rapporte que l'on dit que les
Arabes font des canots avec son bois, qui est d'un goût si
acre, et qui se durcit tellement par l'eau de la mer, que les vers
ne le piquent jamais. Les Arabes en font aussi des cure-
dents qu'ils vendent par petits paquets, à la Mecque , et qui
ont la réputation d'être bons , non-seulementpour les dents
et pour les gencives, mais même pour rendre l'haleine douce.
Le Rack , d'après la figure donnée par Bruce ( Voy. Abys. ,
tom. 5, p. 5g , pi. i25, édit. franc. ), a les feuilles opposées, à
peine pétiolées, ovales lancéolées, très aiguës, entières et
décurrentes ; les pédoncules axillaires à l'extrémité des
branches ; les fleurs, presque verticillées , offrant une corolle
à tube court ; et des anthères sessiles dans les sinus des lobes
de la corolle. Les fleurs sont inodores, très - amères , et de
couleur orange foncée , mêlée de jaune clair. Les abeilles
^n'approchent jamais du rack^ et les chameaux refusent de
manger ses feuilles. Les naturalistes pensent que cette plante
est une espèce A'mncenne. Mais si l'on s'en rapporte à
Forskaël , il paroîtroit que le rack des Arabes est une autre
plante. Ce seroit I'Achite en arbre ( Cissus arborea , L. ).
Forskaël écrit également Arak. M. Delisle rapporte le
rack des Arabes à la Salvadore de Perse, (ln.)
RACKE. C'est, dans Meyer , le nom allemand du
CORACIAS. (v.)
RACKELHANE ou RACKLEHANE. Nom suédois
du TÉTRAS A queue FOURCHUE. (V.)
RACLE, Cenchrus. Genre de plante de la polygamie
monoécie et de la famille des graminées , qui offre pour
caractères tune balle calicinale renfermant une fleur mâle
et une hermaphrodite , chacune de deux valves nautiques ;
5i8 E A D
trois étamioes ; un seul style à (!euK stigmates velus; une
semence presque ronde.
Ce genre , que Micheli avoit appelé Panicastrelle,
renferme des plantes , à Heurs disposées en épis , et ac-
compagnées d'involucres laciniés , hérissés de pointes, On
en compte une douzaine d'espèces , dont la plus commune
est :
'La Racle en tète , qui a Tépi ovale et simple. Elle est
annuelle , et se trouve dans les parties méridionales de l'Eu-
rope. Elle sert de type au genre Echinaire de Desfon-
taines.
Les autres viennent de l'Amérique méridionale , de
l'Afrique ou de l'Inde, et ne présentent rien de remarquable.
Quant au cenchrus racemosus , de Linnœus , on en a fait
xm nouveau genre , sous les noms de Lappage et de Trague.
On a aussi fait les genres Pennisète , Trachis , Gym-
NOTRix et Centrothèque, aux dépens de celui-ci. (b.)
RACLETIE, Radetia. Genrç de plantes établi par
Adanson , d'après Lipi , et non retrouvé depuis ; ses
feuilles sont alternes; ses (leurs sont terminales, solitaires,
et composées d'un calice à cinq divisions persistantes , d'une
corolle de cinq pétales crénelés à leur sommet, d'environ
trente étamines. Son fruit est une capsule à cinq valves et
à plusieurs semences allongées et values, (b.)
RACOMA. V. Ruacoma. (ln.)
RACOPILON , Racopilum. Genre de plantes de
la famille des mousses , quatrième tribu ou section des
DiPLOPOGOlSES munis de deux péristomes. Ce genre diffère
des Hypnes par la coiffe campaniforme , mais fendue lon-
gitudinalement d'un côté. Il a, de plus, un port parti-
culier; comme dans les fendules, les feuilles sont disposées de
manière à paroîlre distiques. Les espèces de ce genre sont
exotiques. (P. B.)
RACOÙREA. Genre de plantes élablipar Aublct, et qui
a été réuni par Swarlz aux Acomats. (b.)
RACOUET. Nom vulgaire du Vulpin des champs , aux
environs d'Angers, (r.)
RACQUET. Nom picard du Castagneux. (v.)
RACROCHEUSE C'est le rocher t^renouUk. V. au mot
Rocher, (b.)
RACUACANGA. C'est un nom de pays du Ralisier.
(b).
RADDEN. V. Raden. ( desm. )
RADE. Grand espace de mer entre les côtes qui forment
Vin çnfoncement , dont l'ouverture est fort évasée , et où les
R A D 5,^
vaisseaux peuvent jeter l'ancre, mais où il? ne sont pas à
i abri de tous les vents. ( pat. )
RADELERZ de quelques minéralogistes allemands.
^ est \eplowh sulfure aniimonifère ei cuprifère ou en(Mhne.{L^.}
RADEMACHIA. Nom générique imposé par ïhunbere
aux Jacquiers, ^
RADEN , RADDEN ou RALEN. Noms allemands de
} Agrostème. (desm.)
RADHEA, Nom que porte, aux Moluques, un perroquet
de celte contrée. F. Loriradhea, article du Perroquet.(v.)
R AD I AIRE. Lamarck appelle ainsi Vastrance dans sa
r lore française. Voyez A&trance. (b.)
RADIAIRES. Nom qu'a donné Lamarck à une nouvelle
division dans la classe des vers, qui comprend plusieurs genres
de Linnseus qui ne conviennent pas aux autres par l'en-
semble de leurs caractères.
Bruguières , le premier parmi nous, entreprit d'améliorer
le travail de Linnœus sur les Mollusques, en séparant de
ces animaux les Oursins et les Astéries, pour en former
une classe parliculière , sous le nom d'ÉcHiNODERMES. Après
lui , Luvierfjt un grand changement dans la classe des vers
de Lmnœus.Il n'attribua le nom de mollusques qu'aux animaux
des coquilles et à ceux qui, quoique sans coquilles, avoient
une organisation intérieure semblable aux premiers.Les mol-
lusques du naturaliste suédois furent ainsi divisés d'une ma-
nière fort inégale. Une très-petite portion resta avec les
coquillages, et le reste fut mis dans deux autres classes;
savoir, celle des Vers et celle des Zoophytes. Cette der-
nière comprend tous les animaux qui ont des tentacules pre-
nans et réiiactiles; elle est par conséquent composée d'une
portion des mollusques de Linnseus et de tous les zoophytes du
même auteur.
Lamarck a adopté en partie les changemens indiqués par
Luvier ; mais il s'est refusé à joindre aux zoophytes de Lin-
nœus la portion des mollusques que Cuvier y avoit réunie. Il
en a formé la classe dont il est ici question , dont le nom es»
tiré de la disposition de la plupart des animaux qui la corn
posent , à la forme rayonnante.
Celle classe n'est point naturelle; mais la difficulté de
placer les genres qui la composent dans aucune des autres
torce à l'adopter jusqu'à ce qu'on puisse faire mieux. Ici oi
en séparera les èchinodermes de Bruguières, qui en sont trop
disparates pour y être conservés.
Les radiaires, dit Lamarck, sont tous dépourvus de tête ,
d yeux cl de moelle longitudinale. On ne leur reconnoît
520 ' R A D
point de nerfs ni de ccnlre de circulalion. Ils sonl donc moins
Lien organisés que les vers proprement dits ; cependant ,
relativement à la complication de Torganisalion , les radiaires
sont encore d'un degré au-dessus des Polypes, qui constituent
la dernière classe du règne animal. En effet, outre les or-
ganes digestifs, ils en offrent encore quiparoisscnt appartenir
à la respiration.
Tous les animaux de cette classe sont libres et vivent dans
la mer. La plupart jouissent à un degré éminent de la pro-
priété d'être phosphoriques à volonté. Plusieurs , lorsqu'on
les touche, excitent une démangeaison durable et accom-
pagnée de rougeur , qu'on ne peut mieux comparer qu'à celle
produite par des piqûres d'ortie; une seule espèce est utile à
l'homme. En général , leurs mœurs sont très-peu connues.
Lesgenres qui entrentdans cette classe sonliSTÉPHATSOTWiE,
Physsophore , Méduse, Béroé , Lucernairb, Porpite,
Yellelle, Physalie, Geste, Callianire , Noctiluqle ,
Rhizophyse, Eudore, Phokcynie, Carybdée,Equorée,
Callirhoé, Orythie, Dianée , Ephyre , Obélie, Cas-
siopÉ, AuRÉLiE , Cephée et Cyanée. Nous y joignons aussi
lesgenres Holothurie et Siponcle. (b.)
RADIANA. Rafinesque Schmallz annonce avoir décrit ce
genre de plantes exotiques dans un ouvrage qu'il a publié en
Sicile, en i8i4, et intitulé SpeccJiîo délie sa enze. (îi>!.)
RADIAÏULE. Selon Lluid , c'est un Polypier fossile.
(desm.)
RADICULA. Ce diminulif du mot latin radix , racine, a
été employé par quelques anciens botanistes , et principale-
ment parDodonée , pour désigner le Radis et ses variétés,
ainsi que le ^KWOK'i: {Cochlearia armorada) &i le Sisymbre des
MARAIS {Sisymb. palustre:^. Toutes ces plantes sont rangées ,
dans le FinaxàQ C. Bauhin , sous le nom de raphanus ; mais
dans V Histoire des plantes de J. Bauhin , on revoit l'espèce de
sisymbre ci-dessus , sous le nom de radlcula. Cette planfle, et
plusieurs encore du même genre, par exemple le sisymbrium
amphibium , diffèrent des autres espèces par la forme ovale
ou oblongue de leur silique , laquelle est très-longue et très-
fine dans les premières. Dillenius crut ce caractère assez
important pour faire du sisymbrium amphibium un genre à part,
qu'il nomme radicula. Scopoli l'adopta sous 1» nom de Roripa^
et puisl'abandonna; mais Adanson le conserva. Hallera réta-
bli ce genre avec son nom de radicula^ et y rapporte les deu-t
espèces de sisymbrium ci-dessus. C'est ce genre radicula qu'a-
doptent Ventenat, Mocnch et plusieurs botanistes. Il faut y
placer les sisymb. palustre, amphibium, pyrenaicum,ei quelques
aulTes espèces très-voisines. On y rapporte également les
R A D 52t
sisymhrium syhestre cl islandîcum ; ces deux espèces , quoique
ayant une silique courte, en diffèrent par la forme. Le bra-
chiolobus d'Allioni est le même genre. V. Sisymbre.
Par ce qui précède , on voit que la dénomination de radl-
cula se trouve avoir été donnée à des plantes dont les racines
étoient charnues et épaisses (japhanus)^ ou capillaires et nom-
breuses {sisymbrium).
Le radicula de Pline , même plante que le stmOuon des
Grecs , devoit être une espèce de gypsophyle. Voyez Stb.l-
THION. (LN.)
RADICULE , Racit^e naissante. La réunion de la radi-
cule et de laPLUMULE s'appelle Blastème. V. Semence, (b.)
RADIÉES. Nom donné par Tournefort à une famille
naturelle de plantes à fleurs composées. Elles constituent
aujourd'hui une des divisions des Synanthérées. (b.)
RADIOLE, Radiola. Plante du genre des lins, que quel-
ques botanistes croient devoir former un genre particulier qui
auroitpour caractères : un calice de quatre folioles; une co-
rolle de quatre pétales; quatre étamines; un ovaire supérieur
surmonté de quatre styles; une capsule globuleuse à quatre
valves et à huit loges, contenant chacune une seule semence.
Cette plante est annuelle , très-rameuse , et a les feuilles
opposées. Elle ne s'élève pas à plus d'un à deux pouces, et
se trouve dans les bois humides de l'Europe septentrionale.
(B.)
RADIOLITE, Radioliies. Genre de testacés fossiles de la
classe des Bivalves , dont les caractères consistent en une
coquille irrcgulière, inéquivalve, striée à l'extérieur, avec la
valve inférieure turbinée, la supérieure convexe ou conique,
et point de charnière ni de ligament. .
Les coquilles de ce genre , qu'on ne trouve que dans 1 état
fossile, ont toutes plus ou moins la forme de deux cônes
surbaissés, irréguliers, opposés base à base. Elles sont con^
nues des oryctographes sous le nom à'ostradtes. Brugulères ,
d'après la considération qu'elles manquoienl de charnière et
de ligament, les avoit réunies à son genre Acarde; mais
Lamarck a pensé que leur forme , entièrement opposée à
celle des acardes, suffisoit pour en faire un genre particulier;
et son opinion paroît devoir être adoptée.
Les radioliies ne se trouvent que dans les montagnes pri-
mitives , ordinairement dans les schistes de dernière forma-
lion ; elles ne sont point rares en France, et on en voit un
grand nombre de figurées dans les ouvrages des anciens
oryctographes. Leur test est presque toujours entier, et leurs
valves intimement soudées par l'intermède d'une boue schis
teuse qui les remplit. Leurs formes sont souvent très-bizarres,
.^..7 R A. D
el difâciles par conséquent à peindre par une description;
cependant Lamédicrie en possèdolt une qui éloil ouverte , et
qu'il a décrite et figurée dans le Journal, de physique^ bru-
maire an 4, sous le nom de Sphérulite. F. ce mot.
M. Fleuriau de Bellevue vient de reconnoître que l'île
d'Aix, située en face de l'embouchure do la Charente , ren-
ferme beaucoup de ces coquilles, mêlées avec des dicérates ,
dans une couche située au-dessus d'un dépôt très considé-
rable de végétaux fossiles très-bien conservés.
Deux raih'oliies sont fifïurées pi. P. i8 de ce Dict. (b.)
RADIOLITES.On a donné ce nom aux bogueltes d'our-
sins fossiles. (l'N.)
RADIOLUS F. Radius, (desm.)
RADIS, /îarfia^^. Genre de coquilles établi par Denys-de-
Montfort pour placer quelques espèces d'HELlCES de Linn. ,
ou de BuLiMES de Bruguières , qui s'écartent des autres. Ses
caractères, sont : coquille libre, univalve , à spire régulière ,
courte, aiguë; sans ombilic; ouverture arrondie , évasée en
dehors , entière ; lèvres tranchantes , désunies ; coiumelle
chargée d'un pli tors et très-oblique.
L'espèce qui sert de type à ce genre, se nomme vulgaire-
ment le bucdn ventru , le radis flimatiîe. Elle parvient ordi-
nairement à un pouce de diamètre; elle est très -abondante
dans les rivières bourbeuses et dans les étangs. Ses mœurs
diffèrent peu de celles dos Lymmées, dont elle se distinguo
principalement par sa spire très-courte et sa lèvre rejetée
en dehors. Elle nage fort bien. Les oiseaux d'eau en font leui*
proie, (b.)
RADIS. Nom marchand du Buccin et du Pourpre, (b.)
RADIS. Espèce jardinière du Raifort, (b.)
RADIS DE CHEVAL. C'est le Cranson rustique, (ln.)
RADIS FLUVIATILE. V. Lymnée auriculée. (desm.)
RADIUS. Nom latin d'un des os de l'avant-bras, qui ac-
compagne celui ducoude oucz//y//f/5, el sert principalement à la
pronation et supination du bras, comme le péroné de la
jambe, qui est son os correspondant au membre inférieur.
V. Squelette. Chez les oiseaux , le radius sert aussi aux
ailes ; mais il ne peut pas chevaucher sur le cubitus avec
lequel il est articulé par synarthrosc. F. Mammifères (Or^a-
nisation) et Oiseau, (virey.)
RADIUS. Nom latin donné par Denys-de-Montfort au
genre de coquille qu'il appelle Navette en français, (desm.)
RADIUS ARTICULA TUS. Ce nom a été donné pai^
d'anciens oryctographes à I'Hippurite bioculé. (desm.)
RADIUS , RADIOLUS. On donne ces noms aux pointes
d"OuRSI^•s pclrificcs, (desm)
R A D 5^3
RADIX. Ce nom latin signifie racine ; il est donné aux
Hadis par Césalpin.(LN.)
RADIX-CAVA. Nom sous lequel Dodonée et Lobel ont
dccril deux espèces de Fumeterre {fumariabulLosa cAhal-
ieri, W. ) , dont la racine est un gros tubercule creux. On l'a
ccalement donné à la Moschatelline {adoxa moschatellina).
RADIX-DULCIS. C'est la traduction latine du nom
a,recglyryrrïiiza , qui est celui des réglisses, (ln.)
' RADIX ID.4EA (IJœa rluza, Diosc). On ne connoît pas
cette plante des anciens, qui, suivant ces noms, devolt
croître sur le mont Ida , dans la Troade , ou dans l'île de
Crète. Selon Dioscoride, cette racine a des feuilles sem-
blables à celles de 1' Oxymyrsine ( ruscus), et d'entre les-
quelles sortent les fleurs. Elle a une vertu propre à épaissir
et à resserrer; prise en breuvage, elle arrête le flux de ventre
et étanche toutes (luxions. Suivant Galien , elle est fort âpre
au goût. Quelques botanistes ont cru qu'il s'agissolt ici de la
racine du Laurier alexandrin ( ruscus hypophyllum ) , ou
bien de celle d'une espèce d'ARBOUSiER ( arbulus ma lirai ).
C. Bauhin, qui est de ce dernier avis, a réuni le radix idœa et
le vitisidœa ou myrtilliis en un seul groupe, où se trouvent ran-
gés les vacdnium myrtilhis et vitis idœa , L. , qui sont les ra-
dix idisa à fruit noir et à fruit rouge d'Angnlllara. (ln.)
RADIX INDICA, de Monardès. V. Racine de Saint-
Charles, (ln.)
RADIX MUSTELLAE. Synonyme de Racine de &^^-
VE^T {ophioxylum). (s.)
RADIX PULORONICA. Rumpbius décrit sous ce nom
(Amb. 5, 11b. 9, cap. 8i ) , une plante que quelques botanis-
tes croyent être V arislolorhia indica. (LN.)
RADIX QUIMBAYA. Racine de la grosseur du doigt,
qui naît parmi les arbres, aux environs de Cartbagène, dans
la province de Qulmbaya en Amérique. Cette racine , ma-
( érée dans l'eau pendant l'espace d'une nuit, en absorbe une
grande partie. Le résidu, pris à la dose de trois onces, purge
à la manière de la rhubarbe. On ignore à quelle plante cette
racine appartient, (ln.)
RADIX SINÎCA. Dans l'herbier d'Ambolne, on donne
ce nom au NiNsi , espèce de Berle {siumninsi). (ln.)
RADIX-TOXICARIA (Rumph. «t, t. 69). C'est la
Crinole asiatique { Crinuin usiaticum ^ L. ). Suivant Rum-
pliius, sa racine, mâchée et appliquée immédiatement sur les
blessures faites par des armes empoisonnées ou par des ani-
maux vénéneux, en opère promptement la guérison. Rajoute
52^ RAF
qu'on doit également en avaler, et que c'est un vomitif qui
chasse le poison, lorsqu'on en a pris intérieurement, (ln,)
RADIX VESIGATORIA. C'est, dans Rumphius, la
Det^telaire rose, (b.)
RADJA OU lANG. A Java, c'est le Tigre. F. à l'arti-
cle Chat. (i>esm.)
RADJTJR. C'est le Chevreuil en Suède, (desm.)
RADKORN. Nom suédois de TOrge distique, (^desm.)
RA-DOURMEIRE. Nom languedocien du Loir et du
Mulot, (desm.)
RADSUME. Espèce de Dolic qui croît au Japon (Do-
lichos hinuhis , Thunb. ). (ln.)
RADULAIRE, Radularia , de Lluid. Ce seroit un corps
marin, voisin des astroïies, selon Scheuchzer. (desm.)
RADUL! ER. Arbre des Indes, à feuilles alternes et allées,
à fleurs odorantes et pendantes en longues grappes , dont on
ne connoît qu'incomplètement les parties de la fructification.
Ses fruits sont des capsules à cinq loges et à cinq valves ,
dont l'extérieur est raboteux au point de servir de râpe, (b.)
RAEDKA. En danois, le Genévrier, (desm.)
RAER, ElTER-UNGE. C'est le Renard, en danois.
(desm.)
RAETAM. V. Retam. (ln.)
RAF. Poisson ; le même que le Flet. V. ce mot. (s.)
RAF. En Suède , c'est le Renard. V. ce mot. (desm.'I
RAF. L'Ambre jaune ou Succin , porte ce nom sur les
bords de la Raltique. (desm.)
RAFANELO. Nom languedocien du Raifort sauvage.
(desm.)
RAFANO , Ravano , Ravanello. Noms italiens du
Raifort, (desm.)
RAFAR. En Languedoc, on nomme ainsi un Mulet qui
a cinq ans passés, (desm.)
RAF AS. Nom arabe du Plomb, (lis.)
RAFÉ. V. Rabé. (desm.)
RAFEIRO. En portugais, c'est le Chien mâtin, (des-m.)
RAFEL. C'est le vohUafaha de Gmelin. F. Volute, (b.)
RAFETINNA. Nom de I'Obsidienne, en Islande, (ln.)
RAFFAUD. A Rive-de-Giers , on désigne sous ce nom
une houille bitumineuse ^ homogène , à cassure brillante , gé-
néralement dure et se détachant en gros fragmens ; elle est
préférée pour le chauffage, (ln.)
RAFFAULT. Nom vulgaire de I'Agaric meurtrier de
BuUiard. (b.)
RAFLE. Nom d'une chasse que l'on fait aux petits oi
seaux. V. l'article Moineau, au mot Fringille. (v.)
R A G 525
RAFLE. C'est le support des grains qui composent une
grappe de raisin (desm.)
RAFNIE, Rafnia. Genre de plantes établi par Thun-
berg, pour placer la CaOTALAiRE perfoliée et seize autres
plantes du Cap de Bonne-Espérance. Il offre pour carac-
tères : un calice à deux lèvres , dont la supérieure est bifide
et l'Inférieure trifide; un légume lancéolé et comprimé. V. au
mot Crotalaire. Ce genre a aussi été appelé ïemplétO'
NIE. (B.)
RAG. En suédois , le Seigle, (desm.)
RAGACHE ou RAGASSE. Noms vulgaires que l'on
donne, en Normandie, à divers oiseaux, d'après leur cri,
tels que la Pie , la Pie-grièche, les Fauvettes grisette
et Babit.larde. V. ces mois, (v.)
RAGAD^LY et RAGADO-FU. Noms du Grateron
( Galium aparine ) , en Hongrie, (ln.)
RAGADIOLE , Rhagadiolus. Genre de plantes de la syn-
géncsle polygamie égale , et de la famille des chicoracées ,
dont les caractères consistent en un calice caliculé, persistant,
composé de cinq à huit folioles, et renfermant, sur un ré-
ceptacle nu, huit à dix demi-fleurons à languette obtuse et
dentée, dont celles du centre avortent; deux, quatre ou
cinq semences , longues , courbées , sans aigrettes , faisant
étoile , en partie enveloppées par une des folioles du calice,
qui se déchire et paroît dentée sur le dos.
Ce genre est composé de deux espèces , qui faisoîent par-
tie du genre des Lampsanes de Linnaeus. Ce sont des plantes
à feuilles alternes, et à fleurs portées sur de longs pédoncu-
les axillaires et terminaux.
L'une , la Ragadiole comestible, Lampsana rhagadiolus\
Linn. , a les feuilles en lyre. Elle est annuelle, et se trouve
dans l'Orient. On en mange les feuilles en salade ou cuites ,
comme la chicorée.
L'autre, la Ragadiole en étoile, a les feuilles lancéo-
lées et entières. Elle se trouve dans les parties méridionales
de la France. Quelques botanistes la regardent comme une
simple variété de la première, (b.)
RAGADIOLOÏDES. Ce genre , établi par Vaillant ,
avolt été réuni à Yhyoseris par Linnœus; Adanson le confond
avec le zaclnilia de Tournefort , qui n'est pas le même que
Vhedypnois de Schreber, Willdenovv,etc. Celui-ci répond au
Rhagadîoloïdes àe Vaillant, et ne comprend que ïes hyoserîs
rameuses. Le crépis rhagadioloides , Linn. , ne s'y trouve pas
compris. Jussleu le rapporte à son genre hedypnois. (ln.)
RAGADIOLUS. Césalpin donne ce nom à deux plan-
tes; l'une est ï hedypnois monspeliensisy W., et l'autre, le Rhaga-
5^6 R A I
diolus s/ellalus. Dans ces planles, les folioles du calice enve-
loppent les semences inconiplétemenl , et forment , sur leur
côlé antérieur, une espèce de gerçure, ou fente , appelée en
italien ragaggiolo, nom vulgaire de ces plantes au temps de
Césalpin.
La première de ces plantes est le ragadioloïdes de Vaillant ;
mais la seconde, placée parmi les lapsana , ainsi que le rlia-
gadiolus edulis hieraciis aj finis de J. JBauhin , par Linnseus ,
formoient le genre rhagadiolus de Tournefort , adopté par
Vaillant, repoussé par Adanson, qui le confond avec [e/ap-
sana, et rétabli par Haller , Jussieu , Gœrlner, Schreber ,
W^illdenovv, etc. Ce dernier y joint le koelpinia de Pallas , et
en ôte V a pargia crispa que Haller y avoit rapporté. V. Ra-
CADIOLE. (LN.)
RAGANA , Ragno. Noms italiens de la YtvE. (desm.)
RAGASTOLA, Castrica, Falconetto. Noms italiens
de la PlE-GRlÈCHE GRISE. (DESM.)
RAGHLET. V. Forrey. (ln.)
RAGIA, Nom de la gomme de TOlivier , dans la
Fouille, (b.)
RAGNO. Nom italien des Araignées; la Tarentule ,
en particulier , est appelée ragno de Puglia , araignée de la
Fouille, (desm.)
RAGNOLOCUSTA. Nom italien des insectes du genre
Mante, (desm.)
RAGOT {vénerie). Sanglier de deux ans et demi. V. ce
mot. (s.)
RAGOUDE. Nom vulgaire de I'Agaric du panicaut.
(B.)
RAGOUMINIER. Espèce de Cerisier du Canada, (b.)
RA-GRIOULE ou RA-TAOUFIÉ. Le Lérot Ron-
geur, du genre Loir, en Languedoc, (desm.)
RAGUAHIL ou MAIHARL V. Maihari et l'article
Chameau , espèce du Dromadaire, (desm.)
RAGUETTE. Nom vulgaire d'une espèce d'OsEiLLE
{rumex acutus'). (desm.)
RAGUIN. Synonyme d'ANTENOis. (desm.)
RAGWORT. Le Séneçon et I'Othonne portent ce nom
en Angleterre, (desm.)
RAGWURZ. Nom allemand des Orchis , selon Will-
denovv. (ln.)
RAHA. Arbre de Madagascar, qu'on appelle aussi Faux
Muscadier, (b.)
RAHARE, ou Bahare. Nom turc de« Mouettes, (v.)
RAIA. Nom abrégé de Rajania. Il a été employé par Bur-
mann pourdésigner le même genre de plante , consacré par
11 A ï 5.7
Linnœus à Jean Rai , célèbre botaniste anglais. Adansou
nomme ce ^enrejanrai'a. (ln.)
RAIANIA , ou Kajatsia , Llnnteus. Foy. Raia et Ra-
JANE, (ln.)
RAICILLA. Nom de pays des racines du PsYCiioxaE
ÉMÉTIQUE. (b.)
RAIE , Raja. Genre de poissons de la divison des Ghon-
DaoPTÉRYGiENS, dont les caractères consistent : à avoir cinq
ouvertures branchiales à chaque côté du dessous du corps; la
bouche située dans la partie inférieure de la tête ; le corps
très-aplati.
Ce genre se rapproche infiniment de celui des Squales.
Il est, comme lui, formé par des poissons cartilagineux,
qui ont le plus communément cinq ouvertures branchiales ;
mais les Squales ayant le corps rond, ces ouvertures sont
sur les côtés, au Heu que les raies , étant très-déprimées , ne
peuvent les avoir qu'en dessous. Comme il y a des raies
juoins aplaties que les autres , et qu'il y a des squales qui
le sont un peu , quelques espèces de ces deux genres sont
assez mal caractérisées pour qu'on soit souvent embarrassé
dans leur classification. Les genres PvHINObate , LÉio-
RATE , Narcobate, Pristobate , Squatine, Cépîialo-
PTÈRE, Dasybate, Trigonobate, Aétobate et Dicéro-
BATE , ont été établis à ses dépens.
C'est dans l'immensité des mers, loin des côtes, qu'habi-
tent les raies pendant la plus grande partie de l'année ; là ,
elles attirent l'attention du navigateur par le vaste espace
qu'elles couvrent de leur corps , lorsque dans le calme elles
se promènent à la surface des eaux. Il n'y a, parmi les habl-
tans des flots , que quelques baleines et le Pleuronecte flé-
lAN, qui présentent une plus grande étendue. On les a com-
parées à l'aigle , dont elles se rapprochent en effet par la
grandeur de leurs ailes , la vitesse de leur natation et le
nombre de leurs victimes. A l'époque du frai , elles se rap-
prochent des côtes, sans pour cela quitter leurs habitudes ,
et c'est alors que l'on en prend le plus.
La très-grande partie des raies ont un corps ds forme
carrée , très-aplati , et qui se présente antérieurement par
un de ses angles : cet angle est la tête , qui ne se distingue
pas du reste du corps dans la plupart des espèces , mais
qui est indiquée en dessus par les deux yeux , les évenis et
les deux narines , et en dessous par la bouche , derrière la-
quelle sont les ouvertures branchiales ; les nageoires pecto-
rales , dont chacune est presque toujours plus large que le
corps proprement dit , sont presque triangulaires, et leur
partie la plus éloignée du corps forme les angles intermé-
528 RAI
diâires entre la tête et la queue ; la poitrine en dessus se
distingue assez mal du ventre, mais en dessous leur sépara-
lion est bien prononcée.
Beaucoup de raies ont le corps garni en dessus d'épines
recourbées, implantées dans leur chair chacune par l'inter-
médiaire d'un mamelon plus ou moins gros. Quelques au-
teurs ont voulu établir des distinctions spécifiques sur le
nombre de ces épines ; mais Lacépède s'est assuré qu'on
ne pouvoit faire usage, pour cet objet, que de leur arran-
gement. Il est assez difficile de rendre raison de l'usage de ces
épines.
L'ouverture de la bouche des raies est toujours transver-
sale, garnie de plusieurs rangées de dents, pointues chez
les unes, émoussées chez les autres. Celles des ouïes ont
une direction oblique. Leurs yeux sont longs et garnis d'une
membrane clignotante; en avant, se voient les narines comipe
une large fente entourée d'une peau qui a l'aspect d'un ré-
seau, couverte d'une membrane en forme de soupape, sur
laquelle on remarque des plis frangés : cette membrane est
divisée par une cloison mitoyenne : aussi les raies jouissent-
elles du sens de l'odorat à un degré très-éminent ; en arrière,
se remarquent deux ouvertures en forme de croissant , et
terminées chacune par deux canaux , dont l'un se rend à la
bouche, et l'autre aux ouïes. Ce sont les évents qui servent
à rejeter l'eau que l'animal avale en saisissant sa proie , et
celle qui entre continuellement dans ses ouïes. Ces ouvertu-
res sont pourvues inférieurement d'une soupape , pour em-
pêcher l'eau d'entrer dans la bouche et les alimens d'en sor-
tir. Les ouïes sont conformées comme celles des autres
poissons de cette classe. Lacépède pense que ces évents ser-
vent à la respiration des raies; mais cela ne paroît guère
probable , quand on les compare à ceux des cétacés.
Les nageoires pectorales qui entourent le corps, excepté
la tête et la queue , sont couvertes d'une peau épaisse
qui empêche de compter leurs rayons. Les ventrales sont
réunies à celles de l'anus.
La queue est longue , souvent quadrangulaire et épineuse,
toujours diminuant de grosseur jusqu'à la pointe, qui est
garnie d'une ou deux petites nageoires verticales.
L'ouverture de l'anus est à l'extrémité du ventre, près de
la queue. C'est derrière cette ouverture qu'on remarque ,
dans les mâles , deux corps saillans, qu'on a long-temps
pris pour les organes de la génération , mais que Bloch a
prouvé , par la dissection et le raisonnement , ne servir
qu'indirectement à cet acte. Ce sont des espèces de pieds
pourvus chacun de trois os , qui , dans l'accouplement ^
RAI S29
prennent la forme d'une griffe , et servent à saisir et arrl^ler
la femelle, à quoi aide une sérosité glutineuse qui sort
d'une glande et s'amasse dans une bourse située entre les
os>
Cependant , comme les raies sont vivipares , il falloit
qu'il y eût un accouplement réel , et Bloch a encore prouvé,
par des observations, que cet accouplement avoll lieu,
mais sans intromission d'organes saillans. Dans celte opéra-
lion , le mâle se cramponne avec force contre la femelle ,
fixe l'ouverture de ses vésicules séminales contre l'ouverture
des ovaires de sa femelle, et la féconde sans doute par suite
d'un frottcmopt extérieur.
Aristote avoit une connoissance exacte de ces faits , elles
a mentionnés dans ses ouvrages; mais ils étoient oubliés.
Les femelles des raies sont beaucoup plus grosses que les
.mâles. Elles ont deux ovaires, dans lesquels il y a des œufs
à différens degrés de maturité , de sorte qu'il n'en sort ja-
mais qu'un à la fois ; aussi, pendant le temps du frai, qui
dure trois mois sur nos côtes , y a«t-il de fréquens accouple
mens.
Les œufs des raies sont gros comme ceux des poules , et
renfermés dans un cartilage quadrangulaire , terminé par
quatre filamens de même nature. Ces œufs , qui ressemblent
à un coussin allongé , sont souvent , lorsqu'ils sont vides ,
rejetés sur le rivage, où ils sont connus sous le nom de sou-
ris de mer. On leur a attribué, autrefois, de grandes vertus ,
uniquement à raison de leur forme extraordinaire; et en-
core aujourd'hui, selon Forskaël , les habitans des îles de la
Grèce en fant respirer la fumée à ceux qui sont attaqués de
fièvres intermittentes. Lacépède en a figuré pi. 7 du i.^r vol.
de son Histoire des Poissons.
On observera sans doute avec surprise que je parle d'œufs,
quoique j'aie déjà dit que les raies étoient vivipares ; mais il
est difficile de s'exprimer autrement. Ce ne sont point de
véritables œufs , ce sont des matrices oviformes que portent
les raies. Quelque temps après le premier accouplement , il
sort de leur ovaire un de ces œufs ou une de ces matrices ,
qui reste attachée à la mère , et dans laquelle se développe
un fœtus jusqu'à l'époque où il est assez fort pour briser les
enveloppes qui le tiennent enfermé, nager et se pourvoir
de nourriture. Quelques auteurs , et Lacépède suit leur
avis , prétendent que ces petits éclosent dans le ventre même
de leur mère , comme ceux des Squales ; mais il est facile
de croire que ces deux manières peuvent avoir lieu dans la
même espèce, selon les circonstances. Cet œuf n'est pas
plutôt débarrassé de son fœtus , qu'il se sépare de la mère,
WVili. i4
53o RAI
qu'il s'en présente un autre déjà fécondé avec le premier ,
ou qu'il se fait un nouvel accouplement qui donne la vie à
un nouvel œuf, pourvu d'un blanc ou d'un jaune comme le
premier, et ainsi de suite.
En général , les raies peuplent peu , quand on les com-
pare aux autres poissons ; car on ne peut pas présumer qu'il
en naisse plus d'une à deux douzaines de chaque femelle par
année.
L'anatomie des raies a été essayée par Wiliughby , Ar-
tedi, Klein , Monro et Bloch; mais leurs travaux sont fort
imparfaits. Cuvier s'en est également occupé , et il y a lieu
d'attendre que lorsqu'il aura publié les résultats de ses obser-
vations il restera peu à désirer. En attendant, on peut consulter
JLacépède , qui en a esquissé les principales parties avec art.
Jacobson , en examinant de nouveau des organes , déjà ob-
servés , sous la peau de la tête des raies, a reconnu qu'ils
étoient au nombre de dix.
C'est de crustacés , de coquillages, de poissons, et , dit-
on , de varecs , que vivent les raies. Elles attendent leur
proie, cachées dans la boue ou le sable , ou la poursuivent
avec rapidité à travers les flots. Quelques espèces, telles
que la raie bâtis , ont la queue terminée par une pointe cor-
née aiguë , arme redoutable par la force et la flexibilité qui
lui est communiquée , et avec laquelle elles percent les
poissons dont elles veulent faire leur nourriture, et se défen-
dent contre ceux qui cherchent à les dévorer.
Des voyageurs ont même rapporté qu'elles attaquoient
les hommes, les étouffoient en les pressant avec leur large
corps , et les rougeoient après leur mort. On les prend à
l'hameçon, auquel on a mis pour appât un des objets ci-dessus
mentionnés. On les prend aussi, lorsqu'elles viennent sur
les côtes ou qu'elles nagent à la surface de l'eau , avec des
fouènes et autres engins pointus. Toutes ont , à leur sortie
de la mer, une odeur désagréable, qui fait soulever le cœur
à ceux qui n'y sont pas accoutumés ; mais elles la perdent pe-
tit à petit à l'air. La plupart donnent lieu à une pêche lu-
crative sur nos côtes , et fournissent un aliment savoureu.K
et sain , quoique en général un peu coriace. Celles qui sont
transportées loin de la mer acquièrent de la qualité par les
secousses du voyage : aussi, en mange-t-on de très-bonnes
à Paris. Le foie de ce poisson est regardé comme un mets
très-délicat , et en conséquence très-recherché des gour-
mets.
On a trouvé plusieurs espèces de raies fossiles dans les
boues volcaniquesduMonte-Bolca, près Vérone,entre autres
RAI 531
une qui se rapproche de la torpille par sa forme, et qui a trois
pieds de diamètre.
On connoît près de quarante espèces de raie;ï , que Lacé-
pède divise en quatre sections, d'après la forme des dénis et
la présence ou l'absence des aiguillons sur le corps ou sur la
queue.
La première division comprend celles qui ont les dents
aiguës , et des aiguillons sur le corps comme sur la queue ,
telles que :
La Raie bâtis, qui a un seul rang d'aiguillons sur la queue.
Elle est connue sous le nom de raie cendrée. On la trouve
dans les mers d'Europe, où elle a ordinairement deux à trois
pieds de large -, mais on en pêche quelquefois qui ont cinq à
six pieds , et qui pèsent deux cents livres. C^est la plus grosse
et en môme temps la meilleure espèce de ce genre , surtout
quand elle est jeune. Sa chair est blanche. On la sèche dans
le nord de l'Allemagne , pour l'envoyer au loin. On retire de
son foie une huile agréable au goût.
Cette raie se pêche aussi fréquemment dans la Méditer-
ranée , où elle est connue sous les noms deflossade, coliart ,
vache marine et couverture. Aristote et plusieurs autres auteurs
anciens la mentionnent. Son museau est pointu; ses nageoires
pectorales sont latéralement obtuses ; sa queue ronde , est ter-
minée par une pointe aiguë; son corps est enduit d'une humeur
visqueuse , fournie par des canaux placés assez près des tégu-
mens, surtout aux côtés de la tête. Elle est d'un gris cendré ,
marbré irrégulièrement de noir.
La Raie oxyrinque a une rangée d'aiguillons sur le
corps et sur la queue. C'est la raie lisse de quelques auteurs.
On la trouve dans toutes les mers d'Europe. On l'appelle
raie au long bec , alesne , sot , gilioro , flossade , lentillade et la-
('ej«e, sur les différentes côtes de France. Sa grandeur diffère
peu de celle de la précédente. Elle a le museau pointu , et le
corps gris, varié de rouge et de blanc. Sa chair est quelque-
fois très-bonne,d'autresfois très-dure. Il paroît qu'elle estplus
tendre dans les pays chauds que dans le Nord, où Bloch dit
qu'elle n'est pas estimée.
La Raie miralet a le dos lisse, quelques aiguillons auprès
des yeux , et trois rangs d'aiguillons sur la queue. On la trouve
dans la Méditerranée. Son corps est brun rouge âlre , par-
semé de taches de plusieurs nuances, dont une , sur chaque
nageoire pectorale, est pourpre et renfermée dans un cercle
noirâtre ; cette dernière ayant été comparée à un œil ou à
un miroir, a fait donner à l'animal le nom de raie oculée ou
raie à miroir. Sa grandeur est médiocre.
La Raie chardon , Raja fullonica , Linn. , a tout le dos
532 R A I
garni d'épines; un rang d'aiguillons auprès des yeux ; deux
rangs d'aiguillons sur la queue. On la pêche dans presque
toutes les mers d'Europe. Elle est d'un blanc jaunâtre , avec
des taches noires. Elle reste petite.
La Raie roisce, Raja ruhus, Linn. , a un rang d'aiguillons
sur le corps , et trois sur la queue. On la pêche dans toutes
les mers d'Europe. Son corps est jaunâtre , tacheté de blanc.
Elle ne parvient pas à une grandeur considérable.
La Kaîe chagrinée a des tubercules sur le devant du
corps ; deux rangées d'épines sur le museau et sur la queue.
On la pêche sur les côtes d'Angleterre.
La Raie museau poiîstu a le museau pointu , le corps
très-lisse ; trois rangs de piquans sur la queue ; deux nageoi-
res dorsales, petites et arrondies, auprès de l'extrémité de la
queue ; point de nageoire caudale. Elle se trouve sur les
côtes de France. Sa couleur est grise. Elle se rapproche
beaucoup de la raie oxyrinquc ^ mais ne parvient qu'à de très-
petites dimensions , au rapport de Noël , qui l'a fait con-
noître à Lacépède.
La Raie coucou a la tête courte et petite ; le dessus du
corps dénué de piquans; la partie antérieure du corps élevée;
un ou plusieurs aiguillons dentelés , longs et forts , à la queue,
qui est très-déliée. On la trouve avec la précédente. Sa cou-
leur est bleuâtre ou rouge brun.
La seconde division comprend les raies dont les dents sont
aiguës, qui n'ont point d'aiguillons sur le corps ni sur la
queue.
La Raie torpille a le corps presque ovale , et deux na-
geoires dorsales. Elle habite presque toutes les mers , et par-
vient à une grandeur assez considérable. Celle espèce est
célèbre de toute ancienneté , à raison de la faculté qu'elle
possède d'engourdir le bras de celui qui la touche , faculté qui
lui sert à s'emparer plus facilement de sa proie , et qui est flue
à un effet électrique ou mieux galvanique ( V. au mot Tor-
pille). Il paroît, par les figures et les descriptions des auteurs,
que plusieurs espèces ont été confondues sous ce nom.
Cuvier la regarde comme le type d'un sous -genre de son
nom. V. pi. M. 14. , où elle est figurée.
La troisième division réunit les raies dont les dents sont
obtuses , et qui ont des aiguillons sur le corps et sur la queue.
On doit y remarquer:
La Raie aigle, qui aun aiguillon dentelé et une nageoire à la
queue ; celle dernière partie plus longue que le corps. V. pl,^
M. 14 , où elle est figurée. On la pêche dans toutes les mers
d'Europe , principalement dans la Méditerranée, où elle
parvient à une largeur de trois à quatre pieds ; mais on en
R A î 533
eite de prises entre les tropiques qui pesoient plus de trois
cents livres , ce qui la range à côté de la raie bâtis pour la
grandeur. Elle est connue sous les noms A'aigle poisson , pois-
son aigle, faucon de mer, rate penade , glorieuse, crapaud de
mer et mouiine.
Cette espèce se distingue des deux autres par sa tête sé-
parée du corps , et sillonnée des deux côtés ; par la forme et
la disposition de ses nageoires pectorales, terminées par un
angle aigu , et peu confondues avec le corps proprement dit.
Comme l'étendue de ces nageoires est très-grande , on les a
plus spécialement comparées aux ailes des aigles , dès les
temps anciens. On a cru qu'elle n'avoit pas de nageoires
ventrales; mais Lacépède s'est assuré que c'étoit de nageoire
anale dont elle étoit dépourvue. Son corps , entièrement
lisse , est plombé en devant , brun sur le dos , et olivâtre sur
les côtés -, sa queue est deux fois plus longue que le corps ,
presque ronde , très-mince, très mobile, et terminée par un
iil très-délié ; une petite nageoire dorsale est implantée près
de l'origine de cette queue, et plus bas se voit un gros et long
piquant , ou plutôt un dard très-fort , dont la pointe est tour-
née vers l'extrémité la plus déliée de la queue.
Ce dard, célèbre par les dangers qu'il fait courir aux pé-
cheurs , est un peu aplati et dentelé des deux côtés , par des
barbes tournées vers sa racine , et d'autant plus longues ,
qu'elles sont plus près de cette même racine. Il acquiert
quelquefois plus de cinq à six pouces de long. Il se détache
du corps de la raie chaque année et il en revient un autre
et quelquefois deux à sa place.
Aristote , Pline , et autres anciens naturalistes , qui ont
connu celte raie , ont longuement disserté sur son dard , et
ont prétendu qu'il renfermoit un poison plus actif que celui
qui sert à rendre mortelle la blessure des flèches des peuples
d'Afrique. Le vrai est que lorsque cette arme est introduite
très-avant dans la main , dans le bras, ou dans quelque autre
endroit du corps de ceux qui cherchent à prendre ce poisson,
lorsque surtout elle y est agitée en différens sens „ et qu'elle
est retirée avec violence , elle cause une blessure très-dou-
loureuse , donne lieu à des inflammations très-dangereuses :,
mais Lacépède s'est assuré qu'il n'y avoit point de glandes ,
ni sur le dard, ni dans ses environs , qui puissent distiller un
venin quelconque. Le préjugé qui existoit du temps de Pline ,
n'est pas encore effacé , et actuellement même il est défendu,
dans quelques endroits de l'Italie , de présenter au marché
cette raie , avant d'avoir coupé sa queue.
C'est avec ce dard, aidé de sa queue plusieurs fois con-
tournée, que la raie rt/g/e saisit et donne la mort aux ani-
534 R A I
maux dont elle fait sa proie , el qu'elle attend au fond de la
mer et à demi-couverte de vase; c'est encore avec lui qu'elle
se défend contre ses ennemis.
La chair de la raie aigle est dure et difficile à digérer; il
n'y a que les pauvres qui en mangent , encore n'est-ce que
quand elle est jeune; cependant , le foie passe pour un mets
délicat , et on le sert sur la table des riches.
Les auteurs ont décrit comme variétés plusieurs raiesaigles^
qui paroissenl devoir être regardées comme des espèces.
Celle que Lacépède a figurée d'après Commerson,est surtout
extrêmement différente de celle qu'on voit dans Bloch,
Cette espèce sert de type au sous-genre Mourine deCuvier.
LaPiAiE GiORNA a deux grands appendices sur le devant de
la têle ; chaque pectorale formant un triangle ; une nageoire
dorsale placée devant un aiguillon fort, et dentelé des deux
côtés , qui termine le corps ; la queue très-longue , très-déliée
et dénuée de nageoires. Cette espèce, qui alteintplus dequatre
pieds de large , a été prise dans le golfe de ISice , et je l'ai
vue dans le cabinet de l'estimable Giorna. Lacépède l'a figu-
rée. Elle sert de type au sous-genre Cépbaloptère de Cuvier.
La Raie pastenague, /îa/ayoas/mara, Linn,, a un aiguillon
dentelé , point de nageoires à la queue ; cette dernière partie
plus longue que le corps. On la trouve dans presque toutes ks
mers. Elle se rapproche beaucoup de la précédente, parla
forme et les mœurs; elle a comme elle un dard dentelé sur la
queue , mais elle ne parvient jamais à la même grandeur,
puisque les plus grosses ne pèsent que dix livres. On la con-
noît sur les côtes de France , sous les noms de iareronde, bas-
tenague , vastangue et allaoelle. Les anciens , qui Font aussi
connue , et qui l'ont su distinguer de lara/e aigle, attribuent
à son dard un venin encore plus subtil. La fable avoit même
mis ce dard entre les mains du fils de Circé , pour qu'il pût
tuer plus sûrement son père. Aujourd'hui les peuples de quel-
ques côtes d'Amérique s'en servent pour armer leurs flèches.
Ceux du Japon , au contraire , le regardent comme un re-
mède sou'ï^erain contre la morsure des serpens venimeux , et
en conséquence , en portent toujours sur eux.
Cette espèce présente quatre variétés notables , dont deux
ou trois avoient été mentionnées comme espèces distinctes.
Sa chair n'est guère meilleure que celle de la raie aigle , et
son foie est également bon.
Cuvicf établit qu'elle doit être le type d'un sous-genre
qu'il appelle Pastenague.
La Raie sephen a un grand nombre de tubercules sur la
tête, le dos et la partie antérieure de la queue. Forskaël l'a
observée dans la mer Rouge , où elle parvient à douze pieds
Vx \ 1 535
«le largenr. Son corps esl d'un brun cendré. Elle est
pniirvue d'un dard dentelé , analogue à celui des précéden-
tes- C'est elle qui fournit, d'après la découverte très-impor-
tante de Lacépède , la peau que l'on emploie , sous le nom
de galuchat, pour couvrir les boîtes et les étuis destinés à
renfermer des bijoux, peau qu'il faut bien distinguer de la
peau de reguin , et qui nous vient exclusivement de l'Angle-
terre. V. au mot Oaluchat.
La Raie églantier a une rangée longitudinale de petits
aiguillons sur le dos , qui d'ailleurs est parsemé d'épines en-
core plus courtes ; plus de trois rangs longitudinaux de pi-
quans recourbés sur la queue. Elle est figurée pi. M. i^. Je
l'ai observée, décrite et dessinée dans la rade de Charleston,
où elle est fort commune, et où elle parvient à trois piedi
de large. Sa couleur est brune en dessus ; sa chair est tendre
et savoureuse.
La Raie nègre a le museau pointu ; un rang de piquans
sur le dos et sur la queue ; une autre rangée de piquans plus
écartés de chaque côté de la queue; toute la partie supérieure
plus ou moins noire. On la trouve dans les mers d'Europe.
Elle est de médiocre grandeur.
La Raie BOUCLÉE, So/flc/ai'a/a, Lion. , a un rangd'aiguillons
recourbés sur le corps et sur la queue. Ellese trouve dans toutes
les mers d'Europe , et parvient à plus de douze pieds de
longueur. C'est une de celles qu'on mange le plus habituelle-
ment en France , et surtout à Paris , où on estime sa chair
tendre et savoureuse. Dans le Nord , où on en prend beau-
coup,le peupleseulen faitusage. LesNorwégiens ne la pèchent
même , au rapport de Bloch , que pour faire sécher sa chair,
qu'ils envoient à l'étranger pour l'approvisionnement des
vaisseaux, et pour faire de l'huile avec son foie. On l'appelle
davelade ou raie clouée , sur les côtes de la Méditerranée ;
rajon , raielon , ratîllon et papillon , lorsqu'elle est jeune , sur
celles de l'Océan. Sa couleur varie. Elle est tantôt brunâtre,
avec des taches blanches, tantôt blanchâtre , avec des taches
noires ; sa tête est un peu allongée et pointue ; sa queue est
plus longue que le corps , un peu aplaiie en dessous -, elle n'a
pas de dard , mais elle est garnie en dessus de deux petites
nageoires dorsales et d'une caudale. Chacun de ses aiguil-
lons est attaché à une base circulaire , épaisse , plus que
cartilagineuse , enfoncée sous la peau. Leur nombre varie
beaucoup.
La Raie rhinobate a le corps allongé et un seul rang
d'aiguillons ; elle se trouve dans la Méditerranée. Ses rap-
ports avec les squales , surtout avec le squale ange , sont
535 XX A 1
«ombreux. Lacépède l'a figurée , et lui a réuni ia Raie hataoi
que Forskaël a observée dans la Mer Rouge Cuvier la re-
garde comme devant être le type du sous-genre Rhinobate.
La Raie thouin a le museau très-prolongé et garni, ainsi
que le devant de la tête , de petits aiguillons ; du reste, elle
diffère peu de la précédente. Elle est figurée dans Lacépède,
vol. I, pi, I. On la pêche dans la mer Rouge et dans celle
des Indes. Le dessus du corps est noir; mais les côtés, la
partie antérieure de la tête , excepté le museau , sont d'un
blanc éclatant ; eHe est de même couleur en dessous.
La Raie bohkat , Raja djiddensis , Forsk. , a trois rangs
d'aigaillons sur la partie antérieure du dos , et la première
nageoire dorsale située au-dessus desnageoiresventrales. On
la pêche dans la mer Rouge.
La Raie cuvier a un rang d'aiguillons sur la partie posté-
rieure du dos; trois rangées d'aiguillons sur la queue; la
première nageoire dorsale située vers le milieu du dos. Elle
est figurée dans Lacépède, vol. i, pi. 7. On ignore son pays
natal. Elle se rapproche un peu des squales par la position
de sa nageoire dorsale , position très-remarquable dans le
genre des raies.
La quatrième division rassemble les raies qui ont les dents
obtuses et point d'aiguillons sur le corps ni sur la queue.
La Raie mobular a deux grands appendices vers le devant
de la tête , et la queue sans nageoires. On la trouve dans la
Méditerranée et dans l'Océan. C'est à Duhamel qu'on en
doit la connoissance. Celle qu'il a décrite, qui avoit été prise
dans une madrague près de Marseille , étoit de dix pieds et
demi de long, et pesoit six cents livres. Elle ressembloit beau-
coup à celle que Lacépède a appelée manatia.
Tellcssont les raies dont les dents ont été observées; mais
il en est encore quelques-unes de connues , dont les dents ne
l'ont pas été. Ce sont :
Parmi celles qui sont pourvues d'aiguillons:
La Raie schoukie, qui a des aiguillons très-éloignés les
uns des autres, et un grand nombre de tubercules.On la pêche
dans la mer Rouge.
La Raie chinoise , qui a le corps un peu ovale, le museau
avancé el arrondi; trois aiguillons derrière chaque œil; deux
angées d'aiguillons sur le dos. Elle est figurée dans Lacé-
;de, vol. i , pi. 2. On la trouve dans les mers de la Chine.
Ile se rapproche un peu de la torpille.
La Raie mosaïque a le museau un peu allongé , un rang
d'aiguillons étendu depuis la nuque jusqu'à l'extrémité de la
queue ; deux ou trois piquans au-devant de chaque œil ; un
ou deux pifpans derrière chaque évent ; une série longitudi-
l
R A I 537
nale de cinq à six piquans de chaque rôle de l'origine de la
queue ; la couleur jaunâtre; dop taches blanches , petites et
arrondies ; plusieurs séries doubles , tortueuses et placées
symétriquement, de points blancs ou blanchâtres. Elle est
figurée dans Lacépède, vol. 4i ph ï6. On la trouve dans les
mers d'Europe. C'est la plus belle des raies.
La Raie ondulée a le museau un peu pointu ; une rangée
de piquans étendue depuis la tête jusque vers l'extrémité de
la queue ; deux aiguillons devant et derrière chaque œil ; un
aiguillon situé auprès de la tête et de chaque côté de la ran-
gée de piquans qui règne sur le dos ; un grand nombre de
lignes sinueuses et dont plusieurs se réunissent les unes aux
autres. On la trouve avec la précédente.
Parmi celles qui n'ont point d'aiguillons :
La Raie gronovienne , Kaja capensis ^ Linn. , qui a le
corps presque ovale et une seule nageoire dorsale. On la
trouve au Cap de Bonne-Espérance.
La Raie aptéronote a le museau pointu et très-avancé ;
point de nageoire dorsale; un sillon longitudinal au-devant
des yeux ; un sillon presque semblable entre les deux évents;
la couleur rousse. On ignore son pays natal. Elle est figurée
dans Lacépède, vol. 4? pi- i4-
La Raie frangée a deux grands appendices sur le devant
de la tète ; celte partie, le corps et les pectorales, forment
ensemble un losange presque parfait;les deux côtés de la queue,
de la partie postérieure du corps et de celle des pectorales,
sont garnis de barbillons ou de filamens ; il n'y a point de
nageoires ni de bosses sur le dos. Elle est figurée pi. M. i4-
On a péché, dans la Grande-Mer, un individu qui avolt
plus de quinze pieds de long.
La Raie manatia, qui a deux appendices sur le devant
de la tête; point de nageoire dorsale; une bosse sur le dos.
Elle est figurée dans Lacépède, vol. i,pl. v.On la trouve dans
les mers d'Amérique, où elle parvient aune grandeur égale à
£elle de la précédente.
LaRAiEFABRONiENNE a deux grands appendices sur le de-
vant de la tête; chaque nageoire pectorale aussi longue que le
corps proprement dit, très-étroite et occupant , par sa base,
la portion du côté de l'animal comprise entre la tête et le
milieu du corps. Elle est figurée dans Lacépède, vol. 2, pi. 5
On la trouve dans la Méditerranée. Elle a douze pieds de
large. On dit que les appendices de son museau se déploient
à la volonté de l'animal, et lui servent à porter sa nourriture
à la bouche, ce qui paroît difficile à croire ; ces appendices,
dans l'ctat de repos , ressemblent à deux cornes , et ont fait
donner à cette espèce le nom de raie-vache par les pêcheurs
de Toscane.
538 K A I
La Raie batsksïenne a deux appendices sur le devant de
la tête ; point de nageoire suv le dos ni au bout de la queue ;
chaque nageoire pectorale plus longue que le corps propre-
ment dit, très-étroite et à peu près également éloignée dans
son axe longitudinal et dans la pointe de la tête et de la
queue ; les yeux placés sur la partie supérieure de la tête.
Elle est figurée dans Lacépède, vol. 2, pi. 5. On la trouve
dans les mers d'Amérique, où elle parvient à une telle gros-
seur, que Banks, à qui on en doit la connoissance , rapporte
qu'un individu, qui fut pris sur les côtes de la Barbade, ne.pul
être tiré à terre que par le moyen de sept paires de bœufs.
On l'appelle, dans les îles anglaises, diable de mer.
Ces quatre dernières espèces et la mohular , espèces si
monstrueuses , sont peut-être dans le cas de former un genre
particulier.
La Raie astérias est une espèce peu commune, observée
par Delaroche, aux îles Baléares, el figurée pi. i de son
Mémoire sur les poissons de ces îles.
Les Raies raboteuse, petit museau et ponctuée, sont
encore des espèces nouvelles, que Risso nous a fait connoître
dans son Ichthyôlogie de Nice.(B.)
RAIES-FOSSILES. (F. Poissons-fossiles.) (desm.)
RAIETOIVfS. Petits de la Raie bouclée. Voyez au mot
Raie, (b.)
RAIFORT , RADIS , Raphanus , Linn. ( Tétradynamie
silf'queuse). Genre de plantes de la famille des crucifères,
qui se rapproche beaucoup des Choux et des Moutardes,
et qui présente pour caractères : un calice formé de quatre fo-
lioles droites , oblongues et rapprochées des pétales ; une
corolle de quatre pétales étendus, disposés en croix et à on-
glets ; six étamines, dont deux plus courtes et opposées;
quatre glandes placées sur le réceptacle , deux entre les éta-
mines courtes et le pistil, et deux entre les étamines longues
et le calice ; un ovaire oblong, gonflé et rétréci, presque sans
style , et couronné par un stigmate. Le fruit est une silique
charnue , inégale, renflée, articulée , à plusieurs loges mem-
braneuses, disposées longitudinalement sur deux rangs , con-
tenant de petites semences arrondies.
Les plantes de ce genre ont une racine tubéreuse , fusi-
forme ou sphéroïde. On n'en compte qu'une quinzaine
d'espèces ; mais l'une d'elles, la seule dont je ferai mention,
offre plusieurs variétés.
C'est le Raifort cultivé, Raphanus saiwas., Linn. , plante
annuelle ou bisannuelle , dont le pays natal ne nous est pas
connu, et qui est cultivée dans les jardins pour sa racine,
qu'on mange crue au printemps et pendant une grande par-
lie de l'été. Cette racine est ronde ou allongée, blanche, vio-
R i 1 539
îetle, rose, rougcâlre ou noirâtre. On lui donne le nom de
pelile rm^e ou de radis, suivant sa forme. Elle est presque tou-
jours blanche intérieurement, et a une écorce plus acre que
sa pulpe. Les feuilles du raifort sont alternes et ailées ; les
caulinaires sessiles; les radicales pétiolées; du milieu de
celles-ci s'élèvent des tiges hautes d'environ deux pieds , her-
bacées , rondes , et divisées en rameaux , aii sommet des-
quels viennent lesfleurs disposées en grappes.
Parmi les variétés que présente cette espèce, on distingue
la rave de corail , la petite hâtive, la rave couleur de rose ou
saumonée, le radis blanc hâtif , le rond hâtif, le petit rond
rouge, le gros blanc , le petit noir , le gros noir d'hiver, la
rave blanche longue , qui se sème depuis mars jusqu'en sep-
tembre, la tortillée du Mans, la grosse blanche d'Augsbourg,
etc. ; elles aiment en général une terre meuble, fraîche, qui
ait de la profondeur. On en sème la graine presque toute
l'année : en été, on doit semer à l'ombre et arroser souvent,
pour que les racines soient tendres. Quand on veut avoir des
petites raves de primeur, il faut les semer sur couche.
Les racines des raiforts, radis ou petites raves, ont une
saveur piquante, agréable. On les ;nange avec du sel ; mais
les estomacs foibles les digèrent difficilement ; elles don-
nent souvent des rapports. Elles sonltrès-apéritives et anti-
scorbutiques. Les jeunes feuilles de radis se mangent cuites
et en salade.
Un membre de la société patriotique de Milan ayant fait
des essais , il y a quelques années, sur la manière de se pro-
curer de bonne huile dans les contrées où le climat ne per-
met pas de planter des olives, en a extrait des graines d'une
espèce de raifort de la Chine. Cette plante résiste aux hivers
les plus rigoureux. On en tire une grande quantité d'huile
d'assez bonne qualité , pour être placée immédiatement
après l'huile d'olive. Ce raifort demande un terrain bon et
un peu ferme. Il faut le semer asez clair en septembre , et
c'est au mois de mai qu'on recueille sa graine , qui est très-
grosse et très-abondânte.
Ventenat a détaché de ce genre le Faux raifort {raphanus
raphfmisirum, Linn.), pour en faire un genre particulier sous
le nom de Raphamstre , et Labillardière , le Raifort a.
FEUILLES EN LYRE, pour constituer celui qu'il a appelé Enar-
THRocARPE. Voy. ces mots , et Raphanus. (d.)
RA.IFORT. A Paris, on donne ce nom au Cranson rus-
tique ( Corhlearia armoracia , Linn. ). (ln.)
RAIFORT AQUATIQUE. C est un Sysimbre, Sysim-
hrium amphiblum. (d.)
RAIFORT SAUVAGE ou Grand Raifort. C'est le
cranson nislique ( cochlearia armoracia ) , égalçment appelé
Ho II A I
r.ran de Brelogiie , cran des Anglais , moutarde des capucins ,
moutarde des Allemands^ meredic et meer edyck. On râpe sa ra-
cine qui est fort grosse , et on la mange en place de mou -
tarde. (LN.)
RAIGRASS. V. Ra\gràss. (b.)
RAIIS, Myletes. Sous-genre introduit par Cuvier dans le
genre des Salmones. Il renferme trois espèces non encore
décrites, vivant dans les rivières de l'Amérique, et une pro-
pre au Nil, qui est le Salmone ^ILOTlQUE de Forskaël. Il est
remarquable par des dents en prisme triangulaire court,
arrondi aux arêtes , et dont la face supérieure se creuse.
Ce genre a aussi été appelé Mylète. (b.)
RAINE, //y/a. Genre de reptiles de la famille des Ba-
traciens, dontles caractères consistenlàavoirlespattes pos-
lérieures fort longues , les doigts terminés par une pelote vis-
queuse placée sur un empâtement ; point de queue.
Ce genre faisoit partie de celui des Grenouilles de Lin-
nceus; mais , quoiqu'il lui convienne par beaucoup de carac-
tères , il en est bien distingué par les pelotes visqueuses des
doigts et par les mœurs.
La plupart des auteurs français ont séparé les raines des
grenouilles; et en cela, ils n'ont fait que se conformer à l'u-
sage qui attribue un nom différent à la seule espèce qui se
trouve en France. V. V Histoire des quadrupèdes ovipares , par
Lacépède.
Les raines sont généralement plus tranquilles que les gre-
anouilles; elles attendent des journées entières leur proie
dans la même place ; mais si elles font moins de mouvemens,
ces mouvemens sont plus vifs ou plus rapides que ceux des
premières. C'est dans les bols , sur les arbres, qu'elles se
tiennent pendant presque tout l'été. On les voit sauter de
branche en branche , à des distances souvent de plusieurs
pieds , se tenir suspendues sur des feuillesagitées par les vents
aussi bien que sur les plus grosses branches, monter très-
lestement sur leur tronc, etc. Elles vivent de mouches et
autres insectes qui passent à leur portée, et sur lesquels elles
se jettent avec la rapidité d'un trait. Leur langue , confor-
mée comme celle des grenouilles, c'est-à-dire large, épaisse,
visqueuse, et attachée par son extrémité antérieure, est très-
propre à les arrêter et à les empêcher de s'échapper dès qu'ils
sont saisis.
Considérées sous ces rapports, dit Latreille , Histoire na-
turelle des Reptiles^ faisant suite au Buffon^ édition de Deter-
ville , elles sont, dans cet ordre, ce que les iguanes et les ca-
méléons sont dans celui des sauriens.
RAI 541
La faculté donl jouissent les raines . de marcher contre les
glaces les mieux polies , avait été attribuée à la viscosité dont
elles sont enduites; mais Labillardière nous a appris qu'elle
étoit principalement due à celle de former le vide sous les
pelotes de leurs pattes. Voy. les Mém. deTInstitut, an 1818.
Les Vaines ou mieux les mâles des raines, jouissent comme
les grenouilles, et même à un plus haut degré,de la faculté de
coasser. Il est peu d'habitans de la campagne qui ne les aient
souvent entendus au sommet des arbres le soir et le matin,
dans les grandes chaleurs de l'été, pousser en chœur des sons
rauques fort discordans, et par conséquent fort désagréables
à l'oreille.
C'est surtout dans les bois humides , sur les buissons voi-
sins des marais, dans les jardins ornés de pièces d'eau , qu'il
faut s'attendre à trouver des raines. Elles sont rares dans les
pays secs, dans les forêts montagneuses. La raison en est
qu'elles passent, comme les grenouilles , tout l'hiver dans
l'eau, enfoncées dans la boue, et qu'encore, comme elles,
elles y déposent leurs œufs au printemps.
Tout ee qu'on a dit de l'organisation interne des grenouilles,
de leur accouplement, de leur fécondation, de leurs œufs ,
et des têtards qu'ils produisent, s'applique en général aux:
raines ; ainsi on ne pourroit que répéter ce qu'on peut
lire à ce sujet au mot Grenouille. On y renvoie donc le
lecteur.
11 paroît que ce n'est qu'aubout de trois ou quatre ans que
ces animaux sont en état de perpétuer leur espèce. Jusqu'à
cette époque, les mâles sont presque muets. Ils s'accouplent
beaucoup plus tard que les grenouilles dans nos climats. Ce
n'est guère qu'aux premiers jours de mai qu'on trouve des
œufs, et qu'on entend coasser les mâles , qui alors ont quitté
leurs femelles.
Il faut deux mois et même un peu plus, si la saison est
froide, aux têtards, pour subir toutes leurs métamorphoses ,
et parvenir à l'état d'animaux parfaits. Ce n'est qu'alors qu'ils
quittent les eaux , et vont rejoindre leurs mères sur les
arbres.
Defrance, qui a nourri des raines chez lui, a assuré à La-
trellle qu'elles avaloient leur peau à chaque mue. J'en ai
également élevé, et j'ai observé qu'elles ne mangeoient ja-
mais les insectes morts, et qu'elles ne se jeloient que sur ceux
qui étoient en mouvement.
Quelques personnes se plaisent à conserver des raines
dans des bocaux, sur leur cheminée, dans la persuasion
qu'elles indiquent le beau temps ou la pluie , le froid ou le
5^2 , RAI
chaud, selon qu'elles se tiennent hors ou dans l'eau. Le
vrai est que si leurs mouvemens paroissent varier comme
l'atmosphère, elles ne les font pas généralement avec assez
de régularité , pour pouvoir remplir le hut que ces per-
sonnes ont en vue. Leur manière d'être est en concordance
complète avec celle des Salamandres placées dansla*même
situation; en conséquence, on renvoie le lecteur à l'article
de ses dernières, où les phénomènes qu'elle présente sont
analysés et réduits à leur juste valeur.
Les raines ont pour ennemis une grande quantilé d'oiseaux
de proie , d'oiseaux d'eau , quelques quadrupèdes , et sur-
tout les serpens. L'espèce qu'on trouve en France n'est pas
très-commune ; mais il en est , dans les pays chauds , qui sont
si abondantes dans certains lieux , que leur coassement se
fait entendre d'une lieue , et qu'il est impossible de se
parler autrement qu'à l'oreille ; la raine flanc-rayé est dans
ce cas. Je l'ai observée en Caroline , et j'en ai vu quelque-
fois des buissons tout couverts , et chaque roseau en porter
des douzaines.
Latreille , dans l'ouvrage cité plus haut , compte dix-huit
espèces de raines , la plupart découvertes dans les collec-
tions de Paris par Daudin, qui a publié une monographie de-
ce genre, qui marquera en histoire naturelle, parla clarté de
ses descriptions, la solidité de sa critique et par la beauté et
l'exactitude de ses figures. On ne peut qu'en recommander
l'acquisition aux naturalistes qui voudront des détails plus
étendus sur les raines , animaux aussi élégans par leurs formes
qu'agréables par leurs couleurs.
Les espèces de raines les plus importantes à connoîlre ,
sont ainsi caractéisées :
La Raine verte ou commune est d'un vert gai en dessus ,
avec une ligne noirâtre bordée de jaune sur les côtés. Elle aies
pieds rougeâtres. Son ventre est jaunâtre et granulé. Sa lon-
gueur est d'un pouce et demi. On la trouve dans les parties
moyennes et méridionales de l'Europe. Elle fournit quel-
ques variétés de couleur.
La Raine patte d'oie est d'un rouge pâle marbré de brun,
avec des bandes géminées de même couleur sur les pattes. On
la trouve en Caroline. Sa longueur est de quatre à cinq pou-
ces. F. pi. P 4 où elle est figurée.
La Raine bicolore est bleue ; son ventre est moitié violet
et moitié jaunâtre , avec des taches blanches entourées d'une
ligne violette. Elle atteint quatre pouces. On la trouve à Su-
rinam. V. pi. P 4 , où elle est figurée.
La Raine réticulaire est d'un rouge pâle , marbrée de
lignes et de points plus foncés, de fascies et de taches plus
3 ■ /}i7t/tt' /j/fo/orc .
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RAI 5{3
claires. Elle se trouve dans la Caroline. Elle acquiert jusqu'à
quatre pouces de long. Les vésicules du mâle sont très-
longues.
La PiAiNE MARBRÉE cst d'un jaunc cendré , marbré de rouge
en dessus , ponctué de noir en dessous. Elle se trouve à Su-
rinam. V. pi. P 4-
La Raine a bandeau , Ranajronialis , est d'un brun rou-
geâtre , avec des taches oblongues d'un blanc brillant, dont
une est sur le front. Elle se trouve à Surinam. V. pi. P 4.
La Raine a tapirer , Rana iinctorîa, est unie , d'un brun
rouge , avec deux lignes larges sinueuses , qui se réunissent
à leurs extrémités et dans leur milieu. Elle se trouve à Su-
rinam.
Lacépède , d'après Buffon , indique cette espèce comme
servant , en Amérique, à tapirer les perroquets, c'est-à dire
à leur faire venir des plumes rouges ou jaunes , lorsqu'après
leur avoir arraché les plumes vertes dans leur première jeu-
nesse, on frotte la place avec le sang de cette raine. La pos-
sibilité de cette opération, dont l'explication est hors de nos
données physiologiques actuelles , a besoin d'être confirmée
par des observations authentiques. F. pi, P 4.
La Raine squirelle est d'un vert obscur, avec des taches
brunes et les fesses jaunes. Je l'ai trouvée dans l'Amérique
septentrionale. Elle se cache ordinairement sous les écorces
d'arbres. Sa grandeur n'atteint pas celle de la raine commune.
La Raine fémorale est verte , avec sept ou quelquefois
un plus grand nombre de taches jaunes sur les cuisses. Elle
se trouve dans l'Amérique septentrionale , où je l'ai décrite
et dessinée.
La Raine rouge est d'un rouge - brun , avec des taches
rondes blanchâtres sur les cuisses. Elle se trouve en Amé-
rique. Lacépède a mal à propos confondu la raine à tapirer
avec elle. V. pi. P 4-
La Raine beuglante est d'un blanc cendré , quelque-
fois mêlé d'un brun rougeâlre très-clair. Elle se trouve à Su-
rinam. F. pi. P 4 , où elle est figurée sous le n.° 10.
La Raine hypochondriale est d'un gris bleuâtre, avec les
côtés, surtout ceux des cuisses , fasciés de brun. Elle vient
de Surmam. Sa longueur est d'un pouce et demi. F. pi. P 4
où elle est figurée sous le n." 9.
La Raine flanc rayé, Hyla lateralis ^ est d'un vert clair,
avec une ligne latérale jaune de chaque côté. Elle se trouve
dans la Caroline , où elle a été observée par Catesby et par
moi. Celte espèce couvre quelquefois, comme je l'ai déjà
dit , les buissons ainsi que les grandes plantes qui se trouvent
dans l'eau ou quil'avoisinent , et fait un bruit qu'on entend
5^4 RAI
pendant la nuit à une distance considérable , et près duquel
il est très-difficile de s'entendre parler. Les serpens et les oi-
seaux d'eau en font une destruction considérable. Elle saute
à une distance surprenante , à près de deux toises , selon
Catesby. (b.)
RAINET. V. l'article de la petite Joubarbe, (desm.)
RAINETO. Dans le Midi , la Raine verte, (desm.)
PvAINETTE. Nom vulgaire de l'espèce commune de
Haine , Hyla viridis. (desm.)
RAINETTE SAINT-MARTIN. La Raine verte ou
COMMUNE est ainsi appelée dans quelques parties de la France.
(desm.)
RAIPONCE. Nom spécifique d'une Campanule. On ap-
pelle souvent de même la racine de la Raponcule. (b.)
RAIPONCE (grande), RAIPONCE A ÉPIS. C'est la
Raponcule a épis. V. ce mot. (desm.)
RAIPONCE (petite) DE CARÊME. C'est la Cam-
panule RAIPONCE, (desm.)
RAIRE. Cri du Cerf lorsqu'il est en rut. (des.m.)
RAIS. Synonyme de Raie, (b.)
RAISIN. Fruit de la Vigne, (b.)
RAISIN D'AMÉRIQUE. V. au mot Phytolacca. (b.)
RAISIN D'AUTRICHE , Vitis laciniosa ; Raisin de
RENARD, Vilis vulpina ; RaISIN DE DEMOISELLE, RaISIN DE
Maroc, Raisin de la Magdelaine, etc. V. Fariicle Vigne,
(desm.)
RAISIN RARBU. C'est la Cuscute, (desm.)
.RAISIN DES BOIS, C'est I'Airelle myrtille, (b.)
RAISIN DE BRUYÈRE. Voy. Myrtille et Airelle.
(LN.)
RAISIN DE CHEVRE. V. Nerprun cathartique.
(LN.)
RAISIN DE CORINTHE, Vitis apyrenn. Variété de
raisin qu'on fait sécher pour la livrer au commerce.
C'est du canton de Malvoisie , près Patras , dans l'isthme
de Corinthe , que sortent la plupart des raisins secs de ce
nom , et dont on fait une si grande consommation en Angle-
terre dans les sauces : les îles Ioniennes , de Lipari, et
autres delà Méditerranée, en fournissent aussi. Il ne faut pas
confondre ces raisins avec ceux qu'on appelle de ce nom
dans nos jardins, et dont les grains, soit rouges, soit blancs,
sont dépourvus de pépins. Ces derniers n'ont d'autre mérite
que cette absence de pépins. V. Vigne et Fruit, (b.)
RAISIN DE CORNEILLE. C'est la Camarine
noire ( Empetrum nigrum ). (ln.)
R A I 545
RAISIN IMPÉRIAL. C'est une espèce Je Varec ,
Fucus acinarius. (desm.)
RAlSIiN DE LOUP. C'est Ja Morelle noire, 5o/a-
uum nigrum , Llnn. (LN.)
RAISIN DE MER. Nom que donne Lémerl à une
Holothurie couverte de tubercules rouges , et que les pê-
cheurs appliquent toujours, avec bien plus de raison, aux
œufs des Sèches, et à ceux de coquillages qui sont en
grappes, (b.)
RAISIN DE MER. On donne ce nom à I'Uvette. (b.)
RAISIN DE MER. On appelle de ce nom le fruit du
Raisinier uvifère. (desm.)
RAISIN DE MER GRIMPANT. C'est ainsi qu'on
appelle I'Anabase. (b.)
RAISIN D'OURS. On donne ce nom à I'Arbousier
TRAINANT, (b )
RAISIN DE RENARD. Nom de la Pa risette, (b.)
RAISIN DE SECHES. On donne ce nom aux œufs de
SÈCHES , qui sont toujours disposés en grappes, (desm.)
RAISIN DES TROPIQUES. C'est le nom donné, par
les marins , à une espèce de Varec qu'on trouve en pleine
mer , le Fucus natans , Linn. (DESM.)
RAISINET ou RAISIN DE DEMOISELLE. Voyez
l'article Vigne, (desm.)
RAISINIER , Cocoloba. Genre de plantes de l'octandrie
trigynie et de la famille des polygonées, dont les caractères
consistent : en un calice monophylle, coloré , divisé en cinq
parties; point de corolle; huit étamines ; un ovaire supé-
rieur surmonté de trois styles à stigmates globuleux ; une
noix uniioculaire , recouverte par le calice devenu succulent.
Ce genre renferme des arbres à feuilles alternes et à
fleurs disposées en grappes pendantes , propres aux parties
les plus chaudes de l'Amérique. On en compte une vingtaine
d'espèces , parmi lesquelles les plus intéressantes à con-
noître , sont :
Le Raisinier uvifère , qui a les feuilles en cœur , pres-
que rondes et luisantes. Il croît dans les Antilles , sur le
bord de la mer. On le cultive dans les serres d'Europe.
V. sa figure pi. P. 8. Ses Heurs ont une odeur suave. Ses
fruits sont de couleur rouge , acides et très-agréables à
manger , quoique leur pulpe ne soit pas très-épaisse. Leur
amande est amère et astringente , et on s'en sert en mé-
decine, comme anti-dyssentérique. La consommation qu'on
fait de ces fruits, à Saint-Domingue , est très-considérable.
Le Raisinier excorié , qui a les feuilles ovales , oblon-
gues , aiguës , en cœur à leur base. Il croît dans les Antilles,
-SiG R A L
où li est connu sous le nom de raisinier de montagne. On ex»
mange le fruit.
Le Raisinier blanc, qui a les feuilles obIongues,aiguës et
atténuées à leur base. Il se trouve aux Antilles, où il est
connu sous le nom de raisinier du coudre. On en mange aussi
es fruits.
Le Raisinier ponctué , qui a les feuilles lancéolées ,
ovales. Il se trouve aux Antilles. Ses fruits sont ponctués et
odorans. (b.)
RAIZ DE MONGO. Nom espagnol de VOphiorrhiza
mungo , L. (l'N.)
RAIZ DE RESFRIAO Les habitans du Pérou donnent
ce nom à la Dorstène. (b.)
RAJA. Nom latin des Raies, (desm.)
RA.TANE , Rajawa. Genre de plantes de la dioécie
îiexandrie et de la famille des smilarinées , qui présente
pour caractères : un calice campanule , divisé en six parties
oblongues , aiguës et ouvertes ; point de corolle ; dans les
pieds mâles , six étamines plus courtes que le calice ; dans les
pieds femelles, «un ovaire inférieur, comprimé, plus saillant
d'un côté, surmonté de trois styles à stigmates obtus; une
capsule comprimée, à trois loges et à trois semences, mu-
nies d'une aile membraneuse.
Ce genre renferme des plantes grimpantes , à racines or-
dinairement tubéreuses , à feuilles alternes , et à fleurs dis-
posées en grappes pendantes et axillaires. On en compte
une douzaine d'espèces décrites ou figurées dans les auteurs ,
les unes d'Amérique et les autres du Japon.
Les deux espèces les plus connues sont :
La Rajane a feuilles en cœur , qui a les feuilles en
cœur et à sept nervures , et la Rajane a feuilles hastées ,
qui a les feuilles en cœur, hastées. Elles se trouvent toutes
deux dans les Antilles.
Ce genre a beaucoup de rapports avec celui des Ignames,
et il paroît qu'on mange , dans quelques endroits, les racines
de ses espèces , comme celles de ces dernières, et sous leur
nom ; deux des semences avortent souvent, (b.)
RAKKE, KOETER, MYNDE, HUND. Différens
noms danois appliqués aux animaux de l'espèce du Chien.
(desm.)
RAKKOON, V. Raccoon et Raton, (desm.)
RALE, Rallus. Genre de l'ordre des oiseaux Échassiers,
et de la famille des MacrodacTYLES (f^. ces mots.). Caractères :
bec plus ou moins long que la tête , épais à sa base , le plus
souvent droit, comprimé latéralement; mandibule supérieure
avec un sillon nasal sur chaque côté de son arcte, un peu
ToÇltée et inclinée à sa pointe sur l'inférieure; narines ob-
R A L 547
l'ongùés ou kngiludinales , situées dans un sillon, couvertes
à leur origine par une membrane, ouveries et percées à jour
en dessous, vers le milieu; langue entière pointue; front em-
plumé; 4- doigts lisses , 3 devant , un derrière ; les antérieurs
allongés et totalement séparés ; le postérieur portant à terre
Sur le bout et articulé sur le tarse, un peu plus haut que les
autres; ongles courts falculaires et peu pointus; ailes concaves
arrondies; la 1". rémige plus courte que les cinq suivantes;
les 2."'e 3.nie gt ^me i, peu près égales entre elles et les plus
longues de toutes; corps comprimé par les côtés. Ce genre
est susceptible de deux divisions, si l'on met de l'importance
à l'étendue du bec; car, chez les uns, il est plus long que la
tête, et chez les autres, de sa longueur ou plus court; ce qui ,
joint à quelques caractères secondaires, m'avoit déterminé à
faire de ceux-ci, dansl'analyse de mon Ornithologie élémentai-
re , un genre particulier sous le nom de porzane; mais depuis ,
m'étant aperçu que parmi les espèces étrangères il y en avoit
chez qui la ligne de démarcation devenoit à peu près nulle ,
je les réunis ici , et je me borne à indiquer celles dont la lon-
geur dubec dépasse l'étendue de la tête. Tels sont, parmi celles
que j'ai Vues en nature, le grand râle de Cayenne, celui à longbeCf
de la même contrée, les raies d'eau, varié, bruyant, mudhes,
et les tiklins; tous les autres râles, à l'exception du râleàhec ridé
deM.de Azara,n'ontpascettepartiepluslongue quelatête, et
il en est quil'ont plus courte; c'est parmi ceux-ci que se trouvent
les espèces que Latham a classées avec s^s gallinula, et Gmelin
avec ses/ulica; mais ils diffèrent essentiellement des uns et des
autres en ce qu'ils n'ont point le front chauve ; de plus , ils
n'ont pas , comme les gallinula , les doigts bordés d'une
membrane, ni festonnés comme \esfulica. Enfin, ils ne dif-
fèrent guère des porphyrions qu'en ce que leur front est cou-
vertde plumes ; du reste tous ces oiseaux présentent de grands
rapports dans leur genre de vie, et tous ont la tête petite, le vol
court , les ailes fort concaves, et ils Volent les pieds pendans.
La famille des râles est répandue sur les trois continens,
et partout ils ont les mêmes habitudes; en effet , comme le
dit un savant Observateur , M. de Azara , ils fuient de loin ,
marchent avec agilité , la tête haute et les pieds Içvés,
courent avec une extrême rapidité, se tiennent cachés sous
l'herbe pendant le jour , et cherchent leur nourriture le soir
et le matin sur le bord des eaux stagnantes et des lagunes 0^
croissent les plantes, sans entrer trop avant dans Teau, ni se
laisser voir sur les rives sablonneuses ouunies;lls se fourrent
dans les endroits les plus embarrassés, dans les joncs, les
broussailles et dans l'épaisseur des herbes des marais et des
prairies, et quelquefois dans les bois qui bordent les eaux ;
ils ne ise rémuissent jamais en famille» ni en troupes , et vivent
548 R A L
toujours isolés. Ces oiseaux se perchent quelquefois sur les
branches basses des buissons, el jamais sur des arbres, à moins
qu'ils ne soient poursuivis par quelque mammifère carnassier.
Tous sont remarquables par la grâce et l'agilité de leurs mou-
vemens et ils lèvent le cou comme les poules, lorsqu'ils sont
inquiets ; d'où leur est venu le nom de poulette que leur ont
donné les Espagnols. Les petits quittent le nid dès leur nais-
sance,suivent leur mère, et saisissent eux-mêmes la nourriture
qu'elle leur indique.
Le Rale de I'Amérique, V. Râle Wil»geon.
Le RaleRailloin", Rallus Bailloni^ Vieill. Le nom que j'ai
imposé à cette espèce , est celui du naturaliste à qui je dois
tous les détails qui la concernent , et qui le premier l'a dé-
couverte en Picardie , où elle arrive au mois d'avril, y niche
et en part au mois d'octobre. Elle a six pouces et demi de lon-
gueur, le bec long de sept lignes, depuis le capisirum jusqu'à
sa pointe , et d'un très-beau vert ; l'iris d'un rouge brillant ;
les pieds d'un vert jaunâtre; le milieu du dessus de la tête
et l'occiput, noirs et roux ; le dessus du cou, le manteau , les
couvertures supérieures des ailes et le croupion , d'un roux
rembruni, marqué de noir sur la dernière partie , et varié
sur le dos, les scapulaires et les couvertures alaires, de taches
oblongues noires et entourées de blanc ; ces taches sont plus
allongées sur les pennes secondaires , dont plusieurs ont
quelques marques noires ; les pennes des ailes et de la queue
sont noirâtres et frangées de roux à l'extérieur ; le bord du
front, les sourcils , les côtés de la tête , la gorge, le devani
du cou, la poitrine el le haut du ventre, d'une couleur de
plomb bleuâtre et uniforme; les parties postérieures noires et
rayées transversalement du même blanc qui occupe le bord de
l'aile et frange en dehors sa première penne ; la queue est cu-
néiforme et les deux pennes intermédiaires dépassent celles
qui les suivent immédiatement d'environ deux lignes.
La femelle est semblable au mâle, fait dont M. RailloH
s'est assuré sur plus de vingt individus tués dans la saison des
amours;mais il croit quelesmâles et les femellesne prennent
la livrée décrite ci-dessus, qu'à leur seconde mue d'automne,
en ajant vu plusieurs aux mois d'avril et de mai, qui étoient
encore sous le plumage dont il va être question.
Le jeune a le front, le dessus de la tète et sa nuque rous-
sâtres, et tachetés de noirâtre ; le dessus du cou, le dos, les
scapulaires, les couvertures des ailes et leurs pennes se-
condaires roux et variés d'un grandnombre de lâches noires et
blanches sur toutes ces parties, à l'exception du cou, en
dessus;la gorge d'un blanchâtre uniforme; le devant du cou,
la poitrine et le milieu du ventre de cette couleur, avec des
raies transversales roussâtres et peu apparentes ; les côié^du
R A L 5{9
corps , en dessous , roux et barrés de blanc ; les couvertures
inférieures de la queue rayées transversalement de celte
couleur et de noir. Le même, lorsqu'il vient d'éclore,est tout
couvert d'un duvet noir, comme la jeune marouette ; mais il
a son bec totalement d'un beau vert pur , ce qui le dislingue
de celle-ci qui l'a rouge à la base et à l'extrémité, avec un
cercle noir sur le milieu , comme le grèbe à bec cerclé.
Cette espèce fait son nid à terre dans les grands marais de
la Picardie,avec un peu d'herbes sèches-,sa ponte est de quatre
ou cinq œufs roussâtres , couverts de taches irrégulières d'une
nuance plus sombre. Le mâle présente, dans sa taille et sa li-
vrée, de grands rapports avec le nillus pusilhis de Pallas; mais
il ne peut appartenir à la même espèce , si , comme le ditM.
Meyer, la femelle de ce dernier porle un plumage très-dif-
férent de celui du mâle; en effet, les deux sexes, dans le râle
Bâillon, sont totalement pareils; comme je l'ai dit ci-dessus.
* Le Râle Brutsoir, Rallus melunophaîus ^ Vieill. C'est
Vypacaha pardo obscwo de M. de Azara : Sonnini le donne
pour la variété de la grande poule d'eau de Cayenne , de son
édition des Œuvres de Buffon; mais celle-ci a dix-huit
pouces de longeur totale, et cet j^aca/i« n'en a que six et
dix lignes, différence qui ne permet pas d'adopter ce rappro-
chement. Une bande rousse part de l'angle de la bouche ,
passe au-dessous de l'œil, courre les oreilles et se prolonge
sur les côtés du cou et de la poitrine; la gorge est blanchâ-
tre; les couvertures inférieures des ailes sont rousses ; la
poitrine , les flancs et les jambes, rayés transversalement de
blanc sur un fond noirâtre ; les' couvertures inférieures
des ailes variées de blanc et de brun; leurs pennes en-dessous
d'une teinte argentine; les paupières, et le reste des côtés
de la tête et toutes les parties supérieures , d'un brun
noirâtre ; les pieds d'un blanc pâle ; le bec est noirâlre et
vert à sa base. On trouve cet oiseau au Paraguay.
* Le Râle de Barbarie , Rallus harbun'cus, Lath. , esi un
peu plus petit que le pluvier. Il a le bec long d'un pouce et demi
et noir ; le ventre et la poitrine d'un brun jaunâtre ; celte
teinte est plus foncée sur le dos ; les ailes ont des taches blan-
ches; le dessous du corps est enenlier de celte couleur, elle
croupion rayé de noir et de blanc; les pieds d'un brun obscur.
* Le Ralu. a bec ridé, Rallus rytirliynchos ^ Vieill. Celle
espèce, que M. de Azara a décrite sous la dénomination à'ypa-
caha pardo , a onze pouces trois quarts de longueur totale ; le
bec ridé à sa base , et long de trente-cinq lignes et demie ; le
dessus et les côtés de la tête d'un brun noirâtre ; l'occiput et
le dessus du cou d'un brun clair; le dos, le croupion et les
couvertures supérieures des ailes, d'un brun pur; les pennes
alaires et caudales noirâtres ; la gorge mélangée de brun et
55o R A L
de blanchâire ; le devant du cou, la poitrine et les flancs,
d'un brun bleuâtre ; une bandelette blanchâtre, depuis le bas
du cou jusqu'au bas du ventre ; les couvertures inférieures de
la queue, les plumes des jambes, le bas et les côtés du crou-
pion, noirâtres, terminés et bordés de brun roussâtre ; le tarse
noir par derrière , d'un rouge de corail sur le devant et les
côtés; l'iris rouge. On la trouve au Paraguay.
Le Râle bidi-bidi , Rallus jamdîrensis , Lath. , pi. 278 des
Oiseaux d'Edwards. Cet oiseau s'est nommé lui-même par son
cri ; il n'est guère plus gros qu'une /omo^Wc. Il a la tête noire
de même que le bec, dont la mandibule inférieure est teinte
de rouge à sa base; les parties supérieures d'un brun rayé de
blanchâtre ; le devant du cou et la poitrine d'un cendré
bleuâtre , et les pieds bruns, (s.)
* Le Râle blanc et roux, Rallus leucopyrrhus. Une couleur
de tabac d'Espagne règne sur la tête et sur le cou, mais elle
est plus vive sur les joues ; le dos , le croupion et les couver-
tures supérieures des ailes sont châtains; les pennes des ailes et
cellesde la queue,d'unbrun unp.euroussâtre;ledevantducou,
la poitrine et le ventre , très-blancs , cette couleur étant rayée
transversalement de noir sur les flancs et su»- les jambes ; les
couvertures Inférieures des côtés de la queue sont d'un beau
blanc , celles du milieu, noires ; les pennes alaircs brunes
en dessous , de même que Içurs couvertures inférieures qui
ont leur extrémité blanche ; le tarse est rouge ; l'iris d'un
beau rouge de feu ; le bec noirâtre en dessus et d'un vert
mêlé de jaune en dessous ; longueur totale, six pouces et demi.
Q^ est Vypacaha pardo acanelado y Uanco de M. de Azara , qui
l'a trouvé au Paraguay.
Le Râle brun olivâtre, Rallus fuscescens,\ieiil., se trouve
en Afrique. Il a toutes les parties supérieures d'un brun oU-
yâtre, plus foncé sur la tête et la nuque ; la gorge blanche ;
les parties postérieures couleur de plomb ; les flancs et l,e
rentre d'un gris brun, rayé transversalement de blanc et de
roux ; le bec et les pieds bruns ; taille du râle d'eau.
Le Râle brun des Philippines. F. Râle tiklin brun.
* Le Râle brun rayé de noir , Rallus obscurus , Lath. ,
habile les îles Sandwich, Il a cinq pouces et demi de lon-
gueur; le bec noir , mais jaunâtre sur les bords ; le plumage
d'un brun fauve et strié de noir en dessus, d'un brun ferrugi-
neux en dessous; les pieds d'un rouge brun.
Le Râle bruyant, Rallus crépitons^ Lath., est un des plus
grands de ce genre. Il a treize à quatorze pouces de longueur; le
bec long de deux, et d'un brun rouge â Ire; l'iris d'un rouge som-
bre ; le dessus de la tête «l du cou, le dos et toutes les par-
lies supérieures , noirs et striés d'un brun effacé ; les sourcils
et la gorge d'an blanc brunâtre ; les oreilles d'une feinte plus
R A L 55x
sombre ; le devant du cou, la poitrine et le haut du ventre ,
d'un rouge brun ; les flancs, le bas-ventre et les couvertures
inférieures de la queue , noirs et rayés transversalement de
blanc ; les couvertures supérieures des ailes , d'un marron
clair ; les pennes primaires noirâtres : tel est le plumage dp
mâle à l'âge de deux ans ; et la femelle en diffère très-peu ;
mais , dans sa première année , il a toutes les parties supé-
rieures d'un brun olive , rayé d'une couleur d'ardoise pâle ;
les ailes de la première teinte ; le menlon et une partie de la
gorge, blancs ; la poitrine d'un cendré rembruni; les pieds
d'une couleur de corne pâle. Le petit naît couvert d'un duvet
noir, avec une tache blanche sur les oreilles , et une strie de
la même couUur , étendue en longueur sur les côtés de la
poitrine , du ventre et du devant des cuisses ; les pieds sont
d'une teinte d'ardoise noirâtre ; le bec porte une tache blan,-
che près de sa pointe et autour des narines.
La manière dont ce râle construit son nid est remarquable.
La femelle dépose son premier œuf dans une petite cavité^,
sur quelques Jierbes sèches , et à mesure qu'elle pond , elle
augmente les matériaux, au point d'en faire une masse haute
d'un pied. Lorsque sa ponte est complète , elle entoure cette
couche de longues herbes maritimes, leur donne la forme
d'une voûte , et lie les bouts qui la dépassent , de manière
qu'il ne reste en dessus aucun passage à la vue. Les œufs ,
ordinairement au nombre de dix , sont parsemés de taches
d'un rouge obscur sur un fond jaunâtre pâle. Cette espèce
se trouve, pendant l'été seulement, dans les Etats-Unis.
Le R-ALE DE Gayenne, V. Râle kiolo.
* Le Râle cendré a queue noire, Rallus iaîtiensis , Lath.^
a cinq pouces et demi de longueur ; le bec noir; la tête , le
cou et tout le dessous du corps d'un cendré sombre, plus pâle
sur la gorge ; le dessus et les couvertures des ailes d'un brun
rouge foncé ; les pennes noirâtres et bordées de blanc ; la
queue arrondie à son extrémité et pareille à la tête ; les pieds
d'un jaune obscur; les ongles noirs. Il habile l'île d'O-Taïti.
* Le Râle a cou bleu , Rallus cœrulescens, Lalh. Ce râlie
du Cap de Bonne-Espérance a sept pouces de longueur; le
bec rouge ; le dessus de la tête, du cou et du corps d'un brun
rougeâtre; la gorge, le devant du cou et la poitrine d'un blea
pâle ; le reste du dessous du corps rayé transversalement de
blanc et de noir; les couvertures inférieures de la queue,
blanches ; les pieds rouges.
* Le Râle chiriodte, Rallus rMricoi,e, Vieill. Le nom que
les naturels et les Espagnols du Paraguay ont donné à ce râle,
est tiré de son cri qui exprime très,- distinctement chiiicote.
Il pénètre assez avant dans les bois, se perche pendant la
^uil , e* quelquefois pendant le jour , sur les arbres peiz.
552 R A L
élevés et touffus. II a quatorze pouces et demi de longueur
totale , et le bec long de vingt-quatre lignes ; la gorge d'un
gris de perle clair; la tête et le cou en entier de coulear
plombée ; la poitrine rouge ; le bas du dos , le croupion , la
queue , les plumes des cuisses et des jambes , entièrement
noirs ; le haut du dos et les couvertures supérieures des ailçs
d'un vert noirâtre; leurs pennes rouges; leurs couvertures in-
férieures rayées transversalement de roux et de noirâtre ; le
tarse couleur de sang; le bec d'un vert tendre, avec du jaune
à sa base qui est ridée.
M. de Azara décrit , sous la dénomination de chirocote
aplonado , un autre râle qui a les mêmes formes et les mêmes
dimensions que le précédent, et qui n'en diffière que par la
teinte plombée claire du dessous du corps , le brun roussâtre
du haut du cou et le vert du bec plus tendre. C'est proba-
blement, comme le pense Sonnini , une variété d'âge ou de
sexe du chiricole proprement dit.
* Le Râle dit Tiklin a collier , Rallus torquatus , Lath.
Ce tiklin, un peu plus gros que notre râle de genêt ^ a les par-
tics supérieures d'un brun teint d'olivâtre sombre; les joues
et la gorge de couleur de suie ; un trait blanc part de l'angle
dn bec, passe sous loeil et s'élend en arrière; le devant du
cou, la poitrine, le ventre, sont d'un brun noirâtre, rayé de
lignes blanches ; une bande d'un beau marron , large d'un
doigt, forme comme un demi-collier au-dessus de la poitrine ;
les pennes des ailes sont brunes ; celte couleur s'éclaircil sur
leur côté extérieur; les trois primaires sont rayées transver-
salement de blanc du côté interne; les six suivantes le sont
de marron roussâtre; les pennes de la queue sont brunes, et
bordées d'olivâtre sombre ; le bec, les pieds, bruns, et les
ongles gris; longueur, onze pouces.
Le Râle a collier des Philippines. V. Rai.e dit tiklin
A collier.
Le Râle de la Daourie. F. Râle rallo marouet.
Le Râle d'eau , Ral/us aquaticus , Lath. , pi. en 1. de Buff.,
n.° y^g- Ce râle, qui ne se plaîl que le long des eaux stagnantes,
se tient caché dans les grandes herbes et les joncs; il n'en sort
guère que pour traverser les eaux à la nage,et pour ainsi dire
à la course, puisqu'on en voit souvent courir légèrement sur
les larges feuilles du nénuphar qui couvrent les eaux dor-
mantes. Du reste, il a dans ses habitudes et son genre de vie
beaucoup de rapports avec le râle de terre ; il court avec au-
tant de vitesse , n'est pas moins rusé , et présente autant de
difficultés au chasseur et au chien pour le forcer à prendre
son vol ; il a , comme lui , son temps d'émigration marqué;
uiais on en rencontre dans nos contrées un plus grand nom-
R A L 553
Lre pendant Thiver, époque où il se retire autour des sources
chaudes.
La femelle construit son nid daps les grandes herbes aqua-
tiques ; ses œufs ont un pouce et demi de long , sont jaunâtres
et marqués de taches brunes, égales en grandeur, mais d'une
forme irrégulière.
Le râle d'eau a neuf pouces de longueur; les plumes de la
tête, du cou et du corps, les scapulaires et les couvertures
du dessus de la queue, celles des ailes et leurs pennes secon-
daires, noirâtres dans leur milieu et bordées d'un roux oli-
vâtre; les primaires et les pennes caudales, noires et bor-
dées de brun roux; les couvertures du dessous de la queue
rayées de noir et de blanc; toutes les parties inférieures, les
joues, la gorge , les côtés et le devant du cou, d'un cendré
bleuâtre ; les flancs noirs et rayés de blanc ; l'iris royge ; la
partie nue de la jambe , les pieds et les ongles d'un brun vcr-
dâtre; le bec rougeâtre et noir en dessus dans une partie de
sa longueur. Le jeune , dans son premier âge , a le ventre et
les plumes des cuisses d'un roux brun , et les parties infé-
rieures sans bandes transversales.
Le Râle d'eau ( petit ). F. Râle marquette.
* Le Râle a face noire, Ra/lus mehmops , Vielll. , est
Yypacaha cara negra de M. de Azara. Il s'éloigne des autres
râles, en ce que les trois doigts antérieurs ont, sur lescôlés ,
une espèce de rebord comme un vestige de nageoire, ce qui le
rapproche desgallinules ou poules d'eau; mais il n'a pas ,
comme celles-ci, le front chauve ; au contraire , cette partie
est couverte de plumes d'un noir velouté jusqu'aux yeux ,
qui s'étend par un trait sur la tête, dont le reste, ainsi que le
cou en entier et la gorge, sont de la couleur du plomb ; le dos
et le croupion sont d'un brun foiblement teinté de roussâlrc ;
les couvertures supérieures des ailes mélangées de roux et de
brun , à l'exception des grandes de la partie externe, qui sool
d'un brun noirâtre, aussi bien que les pennes de la queue,
dont la première a un peu de blanc sur son bord extérieur;
la poitrine et le ventre sont d'un blanc roussâtre; les pennes
des ailes, en dessous, d'une couleur d'acier bruni, ainsi que
les grandes couvertures inférieures; les autres blanchâtres et
tachetées de blanc ; la queue est brune en dessous; le tarse
d'un brun verdâtre; le bec d'un joli vert tendre, et l'iris d'un
rouge très-vif; longueur totale , neuf pouces ; du bec , treize
lignes. On le trouve au Paraguay. Sonnini a cru reconnoître
dans ce râle , celui de Virginie ; mais il en diffère assez, sur-
tout par la membrane qui borde les doigts , pour être d'une
espèce distincte.
Le Râle de genêt, Ralluscrex^'Liaa. édil. \Z\GaHinula crex,
554 R A L
planche P 6,n.« i de ce Dictionnaire. Ce râle n'est pas
plus gros que la caille , mais sa taille est beaucoup plus al-
longée ; il a neuf pouces et demi de longueur : le bec
d'un brun rougeâtre en dessus et blanchâtre en dessous ; les
paupières couleur de chair ; l'iris noisette ; le dessus de la têtç,
le derrière du cou, le dos, les scapulaires, le croupion et
les couvertures supérieures de la queue, variés de noirâtre
et de gris roussâtre; la première teinte tient le milieu de
chaque plume; la gorge d'un blanc roussâtre; les joues, le
devant du cou, la poitrine d'un cendré clair; le ventre blanc,
légèrement nuancé de roussâtre ; les jambes de cette dernière
leinte ; les flancs roux, rayés transversalennient de bjanc; les
couvertures inférieures de la queue des mêmes couleurs ; le
blanc forme une large bordure sur leurs plumes ; le bord de
l'aile «d'un blanc lavé de roussâtre; les pennes primaires
fauves à l'extérieur, d'un gris-brun du côté interne; celles de
la queue , noires dans leur milieu et d'un gris roussâtre sur
leurs bords; la partie nue des jambes et des pieds d'un brun
rougeâtre clair.
La femelle diffère par sa taille un peu inférieure ,^ par sa
lête un peu plus petite, et par des couleurs, surtout la teinte
rousse, moins vives.
Ge râle arrive en Europe au printemps , ne fait que passer
dans les contrées méridionales, et se répand dans le Nord
jusqu'en Norwége; il paroîl ordinairement dans nos contrées
septentrionales vers le lo de mai, et semble accompagner les
cailles en tout temps, à l'arrivée et au départ ; cela, joint à
quelques-unes de ses habitudes, comme celle d'habiter les
mêmes lieux, d'y être moins commun et d'y vivre seul, a
donné lieu de l'appeler roi des cailles. Ce n'est guère qu'à son
cri qu'on peut juger de l'époque de son retour ; car on le voit
rarement,^ vu qu'il vole peu et se tient constamment cach^
dans les herbes , les grains et surtout les genêts , ce qui l'a
fait appeler râle de genêl. D'autres le nomment crëk, crëk^
d'après son cri; il prononce ces syllabes d'un ton sec et
rauque , et les répète sans cesse dans le temps des amours.
Si l'on s'avance vers cette voix , elle s'éloigne sans disconti-
nuer, parce que l'oiseau fait , non pas en prenant son essor,
mais en courant avec une extrênie vitesse àlravers les herbes
les plus touffues. C'est dans une petite fosse, a^i milieu des
praiHes, que la femelle place son nid; elle le compose de,
mousse, d-herbes sèches, et le construit assez négligemment;
la ponte est de huit à dix œufs, plus gros que ceux de la caille,
d'un jaune brunâtre et tachetés de brun roux. Les petits nais-
sent couverts d'un duvet npir , et suivent leur mère aussitôt
qu'ils sont nés.
R A L 55Si
Ces oiseaux se nourrissent de diverses graines ', surtout
<le celles de genêt, de trèfle, de grémil , indépendamment
des insectes , des limaçons , des vermisseaux , qui sont les
premiers alîmens de leur jeune famille ; mais lorsqu'elle est
parvenue à l'état adulte, toute nourriture lui profite éga-
lement et lui procure cette graisse qui rend sa chair si savou-
reuse.
Le râle de genêt disparoît à la première gelée Llanche, prend
son essor la nuit et se porte, à l'aide d'un vent favorable,
dans nos contrées méridionales ; mais il les quitte presque
aussitôt pour passer en Afrique. Cependant il reste quelque-
fois des individus pendant l'hiver dans nos campagnes, où ils
se cachent dans des touffes d'herbes au fond des fossés. Cette
espèce, selon Latham , est très-commune en Irlande, où elle
passe, dit-il, probablement l'hiver. Ce qui paroît appuyer
sa conjecture , c'est qu'il nous assure qu'elle arrive en An-
gleterre et dans le pays de Galles vers le 20 avril, ce qui est
près d'un mois plus tôt qu'en France; néanmoins, le docteur
Thomas Molineux ( Transactions philosophiques) dit qu'elle ne
reste en Irlande que trois ou quatre mois d'été. Au reste, elle
suit , dans les parties boréales de l'Asie, le même ordre dans
ses émigrations qu'en France ; le mois de mai est également
celui de son arrivée au Kamtschatka , dans la Russie , où elle
porte le nom de korastsl^ et en Sibérie où elle est très - com-
mune, sous celui de dergoun.
lia. poule sultane roussâlre , que Brisson a décrite d'après
Gesner, est le même oiseau que le précédent.
* Le Râle a gorge et poitrine rougeatres^ Eallusferm-
gineus , Lalh. Taille du râle d^eau; longueur , huit pouces ;
bec d'une teinte pâle ; plumage en dessus , noirâtre ; trait
d'un blanc sale au-dessus des yeux ; poitrine et cou rougeâ^-
ires ; parties postérieures cendrées ; flancs rayés transver--
salemenl de lignes étroites blanches; pieds jaunes.
Son pays est inconnu.
Le GRAND Râle. C'est , dans Belon , la Poulette
d'eau. V. Gallinule.
Le GRAND Râle de CayennE, Rallus maximm , Vieill. ;
Gallinula cayennensis , Lalh, ; Fulica cayennensis , Gm. ; pi.
enl. de Buff. , n°. 352 , sous la dénomination de grande poule
d''eau dé Cayenne. Ce râle, le plus grand de tous , aie bec
long de deux pouces , et dix - huit pouces de longueur
totale ; la tête , le cou, la queue , le bas-ventre et les cuisses ,
d'un gris brun ; les côles de la tête et la naissance de la
gorge , d'un blanc verdâtre ; le manteau , d'un olivâtre
sombre; la poitrine et les pennes des ailes, d'un roux
ardent eL rougeâtre ; les pieds rouges.; le bec, noirâtre
556 R A L
sur son arête, rougcâlre à ses côtés , jusqu'à la moitié de sa
longueur, et gris sur le reste.
Les jeunes ont le plumage tout gris , et ne prennent de
roux et de rouge qu à la mue.
Cette espèpe est commune à Cayenne et à la Guyane.
Le Râle gris , Rallus cimreus , Vieill. , a la tête , le cou en
entier , et les côtés des parties inférieures , d'un joli gris ;
le manteau et les ailes bruns ; le milieu de la gorge et
du haut du cou, blanc ; cette teinte prend un ton gris sur
le milieu de la poitrine et du ventre ; les flancs et le bas-
ventre ont des raies noires et blanches ; le bec est brun , et
le tarse gris. Taille du petit râle de Cayenne. Comme on le
trouve dans la même contrée , n'en seroit- ce pas une va-
riété d'âge ou de sexe? Du Muséum d'Hist. Nat.
Le Râle de la Jamaïque. V. Ralebidi-bidi.
* Le Râle jaspé , Rallus maculosus , Vieill. 11 a six pouces
de longueur; la moitié de la tête, le devant du cou, la
poitrine et le ventre , d'un roux vif, qui tire au blanchâtre
sur l'estomac ; l'autre moitié de la tête , le dessus du cou,
du corps et des ailes , variés de noirâtre et de blanc , sur
un fond brun, mêlé de roux; les petites couvertures infé-
rieures des ailes , d'un blanc roussâtre; et les grandes, noi-
râtres ; la queue brune ; le tarse d'un rouge de corail ; l'iris
rouge ; le bec noirâtre à sa pointe ; noir en dessus, et d'un
vert jaunâtre en dessous. C'est Vypacaha jaspeado enciina de
M. de Azara. On le trouve au Paraguay.
* Le Râle KIîSGALIK , Rallus harharicus , Lalli. Cet oiseau
est très-peu connu; on dit qu'il habite le Groenland, et
qu'il est plus grand que le canard ; son bec a une protubé-
rance dentelée et orangée entre les narines : le mâle est
noir; ses ailes sont blanches, et son dos est tacheté de celle
couleur : la femelle est brune. Je ne puis croire que cet
oiseau soit un râle.
Le Râle kiolo , Rallus klolo , Vieill. ; Rallus cayanensis ,
Lath. ; pi. enl. de Ruffon , n."' 36B et ySS, mâle et femelle.
Cet oiseau est un peu plus petit que noire marouette; le devant
du corps et le sommet de la tête sont d'un beau roux ; le
manteau est lavé de vert olivâtre , sur un fond brun. On le
trouve â Cayenne ; les naturels lui ont donné le nom de
kiolo d'après son cri; c'est aux approches de la nuit que ces
oiseaux le font entendre ; il paroît être , pour eux, un cri de
ralliement , car ils se tiennent seuls pendant le jour ; ils
placent leur nid au pied d'un buisson , et ne le composent
que d'une sorte d'herbe rougeâlre ; ce nid est relevé en
petite voûte , et construit de manière que la pluie ne peut
pénétrer dans l'intcrieur. Buffon s'est mépris en rappor-
R A L 557
tant à ce râle celui de Pensylvanie , car c'est une espèce dif-
férente. F. Râle Mudhen.
Le Râle a long bec , Rallus longirostm , Lalh. ; pi, enl. da
Buff. , n." 84.9 , a toutes les parties supérieures variées de
gris brun et de noirâtre ; le devant du cou et la gorge d'un
gris blanc ; la poitrine et le ventre d'un gris cendré ; le bas-
ventre et les flancs de la couleur de la gorge ; ces derniers
rayés , en travers , de bandes noires ; les ailes et la queue
brunâtres ; le bec rougeâtre , les pieds verdâtres. La taille
de ce râle , de la Guyane , est un peu au-dessus de celle de
noire râle d'eau; cependant on trouve des individus beaucoup
plus grands.
Le Râle marquette, Rallus ponana ; Lînn. , édit. i3 ,
Gallinula maculata^ Latham ; planche enluminée , n." 781 de
V Histoire naturelle de Buffon. De tous nos gibiers à plumes ,'
celui - ci est le meilleur; sa graisse succulente et savou-
reuse est au-dessus de celle de V ortolan ; sa chair est plus
fine que celle de la guignette , et surpasse, par sa délicatesse,
celle de la caille. Le hec-figue seul peut le balancer dans ce
goût exquis qui lui fait donner une préférence bien méritée
sur tous les oiseaux connus. Mais c'est à l'automne qu'il faut
se procurer la marouette , si l'on veut jouir de tous ces avan-
tages ; elle est si chargée de graisse à cette époque , qu'elle
peut à peine voler. Hors cette saison, sa chair, privée de
graisse , la met au rang du gibier commun. Ce râle disparoîC
dans le fort de l'hiver, et reparoît de très-bonne heure.
Dès le mois de février , on le rencontre en Italie et dans
nos provinces méridionales; mais ce n'est guère qu'à la
fin de mars ou au commencement d'avril , qu'il revient
habiter nos contrées.
Cet oiseau est désigné sous différens noms : dans des can-
tons , on l'appelle cocouan ; dans d'autres , girardine , griselte.
Il se lient dans les marais , se cache dans les gr-andes herbes
et les roseaux. C'est là aussi qu'il place son nid; il lui
donne la forme d'une gondole composée de joncs entrela-
cés , et l'amarre , par un des bouts , à une tige de roseau, de
manière que ce petit berceau flottant peut s'élever et
s'abaisser avec plus ou moins d'eau. Sa ponte est de sept
à huit œufs , d'un brun clair tacheté de brun plus foncé ; les
petits naissent couverts d'un duvet noir, courent , nagent et
plongent dès qu'ils sont éclos ; bientôt ils se séparent et
vivent solitaires et sauvages. Cet instinct est tel dans ces
oiseaux, qu'il prévaut même dans le temps des amours.
Ainsi que la caille., le mâle n'approche de sa femelle ^e
pour satisfaire à la loi de la nature ; hors cet instant , il se
lient toujours écarté de sa compagne; son cri est aigre et
558 R A I.
perçant , assez semblable à celui d'un pelit oiseau de proie ;
si un de ces râles se fait entendre , aussi tôt un autre lui
répond , seule communication qui existe entre ces animaux.
Sa nourriture est la même des autres râles ; comme eux ,
il tient si fort devant les chiens , que souvent on peut le
prendre à la main ou l'abattre avec un bâton. Si dans sa
fuite il rencontre un buisson , il y monte , et de cette ma-
nière, met les chiens en défaut; il plonge , nage , et même
entre deux eaux, lorsqu'il cherche à éviter son ennemi.
La marouelte a environ sept pouces et demi de longueur
totale; le front, la gorge et les sourcils, d'un gris un peu
plombé ; la tête brune , nuée de noir ; la poitrine d'un gris
foncé et tachetée de blanc sur les côtés, ainsi que le cou; les
flancs rayés , en travers , de cette couleur ; le ventre cendré ;
les parties postérieures , d'un blanc jaunâtre ; les supérieures ,
olivâtres et comme émaillées de blanc et de noir, ce qui lui
a valu le nom de râle perlé ; le? pennes du milieu de la queue
bordées de blanc, ainsi que la première des peniies alaires
qui sont olivâtres ; les couvertures inférieures de la queue
sont rousses ; le bec et les pieds d'un jaune verdâtre ; l'iris
est d'une couleur noisette rougeâtre. On ne remarque que
très-peu de différence entre le mâle et la femelle. Le jeune,
avant la mue, est d'un gçis très-clair, et marqué de blanc
sur la gorge ; les taches blanches sont plus nombreuses que
chez les adultes sur le reste du plumage , et les couvertures
inférieures de la queue sont d'un roux plus clair. Le même ,
lorsqu'il vient d'éclore , est entièrement couvert d'un duvet
noir, et se distingue du râle bâillon^ en ce qu'il a le bec
rouge à sa base et à sa pointe , et entouré , dans le milieu ^
d'une bandelette noire ; tandis que chez ce dernier , le bec
est totalement d'un très- beau vert.
Le Râle mudhen, Rallus Umicola ^ Vieill. ; Rallud
vlrginianus , Linn. , édit. i3. Latham fait de cet oiseau
une variété du râle d'eau. Buffon le rapporte au KiOLO ;
mais c'est une espèce distincte. Il a le bec noirâtre en
dessus et rougeâtre à la base de sa partie inférieure ; une
raie blanche au - dessus des yeux ; la tête noirâtre ; les
joues cendrées; le dessus du corps et du cou varié de rous-
sâtre et de noirâtre ; le haut de la gorge blanc ; la partie in-
férieure , le devant du cou , la poitrine et le haut du ventre
d'un fauve obscur ; le bas-ventre , les côtés , le haut des
jambes d'un brun foncé, avec des raies transversales blan-
ches ; le bord de l'aile de cette dernière couleur; les grandes
peniaes des ailes noirâtres en dessus ; les secondaires rous-
sâtres et toutes cendrées en dessous ; une tache de couleur
marron , formée sur les ailes par les petites couvertures
Pt A L 55^
^sapërieures ; la queue noirâtre ; son extrémité rôussâtre ; les
pieds de couleur de chair foncée. Longueur, sept pouces
huit lignes.
Cette description ne convient qu'à la femelle , dont
Edwards a publié la figure sur la pi. 279, Le mâle a l'iris
jaune orangé ; le haut de la gorge teinté de jaunâtre ; toutes
les parties postérieures jusqu'au bas - ventre , d'un brun
orangé ; la partie inférieure , le bas-ventre et les flancs, ont
des raies noires et blanches , ainsi que les couvertures infé-
rieures de la queue ; le croupion est d'une teinte plus foncée;
les couvertures des ailes sont d'un brun rouge , et les pieds
rougeâtres.
Cette espèce se trouve dans les Etats-Unis , passe l'été
dans les provinces du nord, et les quitte à l'automne. Elle
})lace son nid dans nne touffe d'herbe , au milieu d'une
bndrière presque impénétrable , le compose entièrement
d'herbes et de joncs ; la ponte est de six à dix œufs , d'un
blanc sale , ou d'un jaunâtre très-clair , parsemé de taches
rougeâtres , plus nombreuses vers le gros bout. Le nom que
j'ai conservé à cette espèce , est celui sous lequel elle est
connue dans le New-Jersey. Il sïgniûe poule du limon , parce
qu'elle se plaît dans les marais bourbeux.
Le Râle noir , Rallus niger, Vieill. ; Rallus nîger , Lath. ;
a le bec jaune , les pieds rouges , le plumage généralement
noir , changeant en vert sur les ailes; longueur, huit pouces
et demi. On le trouve au Sénégal.
* Le Râle noir a paupières et iris rouges , Rallus
tabuensis , Lath. Six pouces font la longueur de cet oiseau ;
le bec est noir ; le plumage de la même couleur , mais rem-
brunie et moins décidée en dessous du corps ; les pieds sont
d'un brun rougeâlre.
Ce râle se trouve dans les îles de la mer Pacifique.
Il y a une variété qu'on voit à l'île de Tanna ; ses teintes
inclinent plus au brun ; les couvertures inférieures de la
queue ont des raies transversales noires et blanches; les
pieds sont rouges.
* Le Râle noir pointillé de blanc , Rallus pacificus ,
Lath. , se trouve dans les îles de la mer Pacifique, et parti-
culièrement à O-Taïti. Bec et iris rouges ; tête brune , une
ligne blanchâtre au-dessus des yeux; nuque ferrugineuse;
gorge blanche ; poitrine d'un blanc cendré-bleuâtre ; dos ,
croupion, noirs et parsemés de points blancs; dessus des ailes
varié de bandes blanches et interrompues sur un fond noir;
pennes brunes; queue pareille au-dessus des ailes et tachetée
de blanc; rentre, côtés et bas-ventre blanchâtres; pieds
5Co R A L
couleur de chair *, taille du râle d'eau. La qneife àa cet oiseau
est si courte , qu'elle paroît à peine.
*Le Râle noirâtre, Rallus nigricans » Vieill., se trouve au
Paraguay et sur les bords de la rivière de la Plata. La gorge
est blanchâtre ; le devant du con, la poitrine, les flancs, le
front et les côtés de la tête et du cou sont d'une couleur de
plomb noirâtre; le ventre , les jambes, la queue et les cou-
vertures supérieures , noirs ; les ailes noirâtres ; le dessus
de la tête et du cou , le dos et le croupion , d'un brun ver-
dâlre ; les pieds rouges ; le bec est d'un vert tendre , et l'iris
d'un rouge vif. Longueur totale , onze pouces; du bec, viagt-
deux lignes. Ct&xVypacahaobscuro de M, de Azara.
*Lel\ALE DELA r»i0UVELLE-ZÉLANDE,/îa//M5ausfra//5,Lath.,
a la grosseur d'une petite poule d'eau:, quinze à seize poucef
de long ; le bec d'un brun rougeâtre ; l'iris d'un jaune sale ;
les plume» de la tête , du cou , du dos , de la poitrine et dut
ventre , brunes et frangées de gris roussâtre ; les joues et la
gorge cendrées; une ligne de même couleur au-dessus dea
yeu.x (des individus en sont privés) ; les ailes très-courtes;
les couvertures de la couleur du dos ; l'aile bâtarde arméft
d'une épine qui a un pouce et demi de longueur ; elle est
droite , pointue et cachée dans les plumes ; les pennes brunes ,
avec des raies transversales ferrugineuses sur les bords ; les
couvertures inférieures de la queue brunes; celle-ci, longue
de près de quatre pouces , de cette même couleur et frangée
de gris-roux ; les pieds d'un brun rougeâtre.
Un autre râle , du même pays , diffère en ce qu'il a le des-
sus du corps d'un marron foncé; chaque plume noire le long
de la] tige ; le dessous cendré , tendant à la couleur marron
sur la poitrine ; les pennes des ailes, les dernières couver-
tures ^t la queue , rayées de rouge brun et de noir.
Enfin un troisième , long de treize pouces environ , a le
bec plus courbé ; les narines cachées dans une rainure pro-
fonde ; le plumage , en dessus , pareil à celui du premier ;
les côtés de la tête et les sourcils d'un cendré pâle ; tout le
dessous du corps de la même couleur, mais plus foncée, et
les jambes couvertes de plumes jusqu'au talon. Ce râle se
trouve dans l'île Howe. Le précédent habite la Nouvelle-
Zélande ainsi que la Nouvelle-Hollande, mais il n'y est pas
commun. La première espèce est très-nombreuse à la baie
Dusky, où on lui donne le nom de poule deauy dont elle a
toute l'apparence à une certaine distance. Cet oiseau gratte
la terre à la manière des poules , court avec beaucoup de
vitesse , mais il a le vol pénible. Quoiqu'il se plaise sur les
bords de la mer, il ne va point à l'eau ; il craint même la
pluie, et ne crie que lorsqu'elle tombe. 11 est d'un naturel
R A L sr,i
doux et timide , se lient à la lisière des bois, cherche un
abri sous les racines des arbres , dans des trous et sous les
broussailles. Les vers composent sa nourriture ordinaire ; sa
chair est un très-bon manger, surtout lorsqu'elle est écor-
chée , et sa graisse est de couleur orangée.
Le J\ M.E OLiVATnE^ Ral/us o/miceiis Vieill. , se trouve ;\
Saint-Domingue. 11 a six pouces et demi de longueur ; toutes
les parties supérieures d'un brun olivâtre , avec des tnaits
noirs sur la tête et le dessus du cou , de grandes taches de la
même couleur sur le milieu des plumes du manteau et des
couvertures supérieures de l'aile , dont les pennes sont bor-
dées d'olivâtre à l'extérieur; la gorge est d'un blanc un peu
sali ; les côtés, le devant du cou et toutes les parties posté-
rieures sont d'un gris fauve , les flancs rayés transversale-
ment de noir; le bec est brun en dessus, et jaunâtre en des-
sous ; les pieds sont bruns.
Le Râle PERLÉ. V. Râle marquette.
Le Petit Râle de Cayeinne , lial/us mmiiius , Lath. ; pi.
enl. de Ruffon, n." 84.7. C'est un des plus petits; il a à peine
cinq pouces de long; sa grosseur est celle de l'alouelle ; le
dessus de la tête et du cou est brunâtre ; le dos , le croupion ,
les couvertures supérieures des ailes sont variés de noir, de
roussâtre et de blanc ; la première couleur occupe le milieu
de chaque plume , et sur quelques-unes le blanc est indiqué
par un trait longitudinal ; la gorge , le devant du cou et la
poitrine ont pour teinte un gris-blanc nuancé de roussâtre ;
le reste des parties inférieures du corps est rayé transversa-
lement de noir sur le même fond que celui de la poitrine; les
ailes et la queue sont d'un brun lavé de roussâtre ; les pieds
d'un brun jaunâtre ; le bec est brun noirâtre.
Le râle de la Jamaïque, que Latham donne pour une va-
riété de sexe , diffère en ce qu il a, une plaque rousse sur le
milieu du cou , les couvertures des ailes et le dos , bruns et
rayés de blanc ; les pennes alairesetcellesde la queue, d'un
brun cend'é ;. les pieds sont jaunes.
Le Râle des Philippines. F. Râle tiklin.
* Le Hale plombé a gorge blanche , Ra/Ius alhicoUîs ,
Vieill., se trouve au Paraguay, et est décrit par iVl. de
Azara , sous la dénomination Xypaca]ia aplomado y pardo. Il
a huit pouces de longueur totale ; la gorge blanche; le devant
du cou , les côtés de la tête, la poitrine et le ventre , d'une
couleur de plomb blanchâtre ; les couvertures inférieures de
la queue , d'un brun foncé et rayé transversalement de blanc ;
celles du dessous des ailes , d'un noirâtre luisant et finement
bordées de blanc ; les pennes alaires, d'une couleur d'acier
bruni en dessous et noirâtres en dessus -, les plumés des par-
5G2 R A L
lies supérieures , les couverlnres du dessus de l'aile et la queue
presque noires et largement bordées de brun roussâtre ; le
bord de l'aile presque tout blanc; le tarse d'un brun rou-
geâtre ; le bec d'un vert léger , etTirisH'un rouge de carmin.
*Le Râle de Possega , Rallus duhius , Lath., se trouve en
Esclavonie , dans le comté de Possega. Il a presque la taille
de la poule d'eau ; le bec et les pieds d'un vert sombre; la
goi^e d'un blanc sale ; un collier blanc autour du cou ; le
plumage en général rayé de brun et de couleur de rouille ,
le ventre et le bord des pennes primaires , blancs ; les flancs
bruns , rayés de cendré et de ferrugineux.
Le Râle rallo-marouet, Eallus Peyroiisei ^WqWL ; Rallus
pusillus , Pallas , Lath. Je n'ai pas vu en nature le Rallus
puslllus de Pallas , et c'est avec doute que je le rap-
proche du rallo-marouet. J'ai donné à ce dernier un nom la-
tinisé, pour rappeler celui de feu Picot de laPeyrouse , qui
nous l'a fait connoître le premier, et l'a trouvé dans les Py-
rénées. « C'est, dit-il, mi oiseau mi-parti, un composé du
râle d'eau et de la marouette; on peut le regarder comme le
chaînon intermédiaire qui unit ces deuflt oiseaux. Sa lon-
gueur , du bout du bec à celui de la queue , est de sept pouces
six lignes ; les ailes , étendues , ont environ un pied ; le bec,
les jambes, les pieds sont , pour les dimensions, la forme
et les couleurs, les mêmes que ceux de la marouette; la
gorge, les joues, la poitrine et le ventre, sont d'un gris
bleuâtre , de même que sur le râle d'eau ; le dessus du corps
est brun, mêlé d'olivâtre, ainsi que dans la marouette; le
dessous de la queue est brun, tacheté de blanc comme dans
le râle d'eau , mais non pas rayé aussi régulièrement ; la
queue , composée de douze pennes , est brune. Je rapproche
de cette espèce : i.° un petit râle que M. Bonelll m'a en-
voyé , et qui se trouve dans le Piémont , en Suisse , et très-
rarement dans les marais de la Picardie , près Abbeville , où
M. Bâillon ne l'a vu qu'une seule fois. Il a le milieu du som-
met de la tête et l'occiput, noirâtres ; le dessus du cou roux ;
le dos et le croupion noirs , avec quelques taches rousses et
blanches sur la première partie; les couvertures supérieures
des ailes fauves; leurs pennes , de cette couleur en dehors et
d'un brun noir dans le reste ; les pennes secondaires, les plus
firoches du dos, noires dans le milieu ; le front , les côtés de
a tête , les sourcils , la gorge et toutes les parties posté-
rieures, d'un gris-bleu , avec des taches blanchâtres à l'ex-
trémité des plumes du bas-ventre et des flancs ; les couver-
tures inférieures de la queue rayées transversalement de
blanc et de noir. Longueur totale , sept pouces un quart.
a.° Un autre individu , que M. Bonelli présente comme
R A L 56:^
la femelle du précédent , est d'un roux sombre sur le mi-
lieu de la têle ; d'un cendré un peu bleuâtre sur les joues ,
le front et les sourcils ; d'un roux olivacé uniforme sur le dessus
du cou ; de celte même teinte, avec quelques taches noirâtres
en dessus du corps, grandes sur le manteau et sur les pennes
secondaires de l'aile , plus petites sur le croupion et sur les
couvertures supérieures de la queue. Il est blanc sur la gorge
et la partie antérieure du devant du cou ; fauve sur les parties
postérieures, moucheté de blanchâtre sur le fond roux rem-
bruni desflancs; rayé de cette teinte et de noir sur les couver-
tures inférieures de la queue , dont les pennes sont élagées ,
noirâtres et bordées de roux à Textérieur ; les pennes alaircs
sont brunes et frangées de roussâlre à IVxterieur.
3.0 Volioaceous gallinule , décrit par M. Montagu , dans le
supplément de V Orniihological Dictionnary , que je regarde
comme un mâle.
4.° Le Utile f;aUinule ^ du même naturaliste , lequel me pa-
roit être une femelle.
5.° Le râle de la Daourie (^Ralhis piisillus) dont la face , le
devant du cou et le haut de la poitrine sont d'un gris bleu ^
le menton est blanc ; une strie d'un ferrugineux pâle passe
à travers l'œil; cette couleur, mélangée de noir et accompa-
gnée sur le dos de lignes longitudinales blanches , règne sur
les parties supérieures; le ventre et l'abdomen ont, sur un
fond noir, des raies transversales blanches ; les pieds sont
verts. Grosseur de Ynlouetie commune. Sept pouces à sept
pouces et demi de longueur totale , selon M. Mever. La fe-
melle , suivant cet auteur, a des couleurs plus claires que le
mâle. La femelle, selon M. Temminck , a seulement les
sourcils et les côtés de la têle d'un cendré pur ; la gorge blan-
châtre ; le devant du cou , la poitrine el le ventre , d'un cen-
dré roussâlre ; les barbes extérieures des couvertures cau-
dales , nuancées de jaune r&ussâtre. Ce même auteur dit que
le jeune a des teintes plus claires ; presque la totalité de la
gorge blanchâtre ; les traits blancs du haut du dos sont en très-
petit nombre, et les plumes des flancs brunes , avec des
bandes blanches. M. Meyer décrit le jeune comme ayant une
strie blanche au-dessus des yeux ; l'espace entre le bec et
l'œil , la gorge et presque tout le devant du cou, blancs ; cette
couleur , de même que la teinte brune el claire de la poi-
trine , est ondulée ;^,le dessus du corps est d'un brun clair et
très-parsemé de taches blanches ; les plumes des côtés du
ventre sont brunes et striées transversalement de blanc. Ce
râle , ajoute cet ornithologiste , niche dans les roseaux et les
herbes marécageuses ; sa ponte est de. six à huit œufs jau-
nâtres et tachetés de brmi.
r.
^H V. A L
On pourroit confondre le rallo-maromt t\\erâ!e laîUon , si
l'on n'avolt pour guide que les descriptions des mâles ; mais
lorsqu'on les compare en naiure, on saisit facilement les dif-
férences qui les caraclérisenl. De plus, le mâle et la femelle,
chez ce dernier, se ressemblent parfaitement , et ne portent
as chez l'autre la même livrée, cela suffit, je crois , pour
2S présenter comme deux espèces distinctes, dont les œufs
sont encore dissemblables. Le râle haillon ne peut pas non
pius être le ndlus pusV'.ns de Pallas, si rée'lemenl ia femelle de
celui-ci est telle (jue l'oni décrite MM. Meyer cl Temminck.
* Le Râle ra\é a bec isoir et pieds rouges , Rallus ra-
pensh , Lath. , est à peu près de la taille du mie de terre ; il a
le bec noir ; la tête , le cou , le dos et le haut de la poitrine ,
ferrugineux ; le bas de la poitrine, le ventre , les cuisses , les
pennes des ailes et de la queue , à l'exception des deux inler-
médiaires, ondulés de noir et de blanc; ces deux dernières
sont pareilles au dos, et les pieds d'un rouge de sang.
Ce râle a été vu au Cap de Bonne-Espérance.
Le Râle rayé des Pullippiises. V. Râle tiiclin ra\'é.
Le Râle rouge. C'est, en Normandie , le nom du Râle
DE GENÊT. V. ce mot.
* Le Râle rougeàTRE , Rallus zeylunicus , Lath. Ceylan
est la patrie de cet oiseau , un peu plus grand que notre râle
deuil ; il a le bec et les pieds rouges -, la tête noirâlre ; le
cou, le dos et la queue ferrugineux; celte dernière assez
longue ; les couvertures des ailes pareilles au dos ; les pennes
priniaires , noires ; le devant du cou , ia poitrine et le ventre,
d'un rougeâtre rembruni.
* Le Râle rougeâtre a bec et pieds cendrés, Rallus
sandwicensis , Lath. Taille petite ; couleur générale d'un fer-
rugineux pâle, plus foncée sur le milieu des plumes du dessus
du corps ; queue courte , cachée par les couvertures supé-
rieures. Ce râle des îles Sandwich a une variété qui se trouve
à l'île Tanna, et qui ne diffère qu'en ce que le plumage est
plus foncé sub les parties supérieures , et que le bec et les
pieds sont jaunes.
Le Râle roi x, Rallus ru fus , Vieill. Cette espèce, que Ton
trouve en Afrique, a six pouces et demi de longueur totale ;
les ailes courtes et ne dépassant pas l'origine de la queue ,
dont les pennes sont très-grêles et garnies de barbes un peu
décomposées ; la tête du mâle et le cou en entier sont d'un
roux foncé, plus clair sur la gorge ; les parties postérieures,
d'un brun noirâlre , strié longitudinalement; le manteau est
d'un brun noirâtre, avec des raies longitudinales et des taches
rondes d'im blanc pur; le bec et les pieds sont d'un l)run
clair. La femelle a la gorge blanche , de même que la poi-
R A L 565
Irine et le ventre ", avec des taches d'une couleur sombre ; le
reste du plumage , d'un brun noi.rc^(re , moucheté de blanc
sale ; et les Uaucs , rayes d'une couleur bistre claire.
Le PiALE RUFALBlN, Rullns lufescens , Vieill. Ci- petil râle,
que Ton trouve dans l'île de Java , a la gorge , le devant du
cou, la poitrine elle ventre , blancs dans leur milieu el roux
sur les côtés ; les flancs et le bas-ventre, noirs el rayés trans-
versalement de blanc; toutes les parties supérieures, d'un
brun roussâtre; le bec brun en dessus, jaunâtre en dessous; les
pieds verdâtres, et une taille très-petite. Du Mus. d'Hist. nat.
* Le Râle a sourcils blancs, Rallus superciliaris ^ Vieill.
Trois bandelettes , l'une blanche et les deux autres noires,
se t'ont remarquer sur les côtés de la tête ; la blanche part du
bec et s'étend sur l'œiî en l'orme de sourcil ; une des deux
autres se trouve au-dessous ae celle-ci , et se termine à l'an-
£,lc extérieur de l'œil; la troisième , qui est encore plus bas,
(•ntoure la paupière inférieure ; les côtés et le devant du cou
sont d'un roux jaunâtre clair; la gorge, la poitrine, le ven-
tre el la partie interne des jambes, de couleur blanche; l'in-
lérîeur des jambes, les flancs et les couvertures inférieures
.de la queue , rayés transversalement de blanc et de noirâ-
tre ; les couvertures du dessous de l'aile blanches , avec un
peu de brun sur le* petites ; la tête et la nuque d'un brun
foncé; le dessus du cou, le dos , le croupion et les plumes
scapulaires noirs , avec de longues taches blanches Sur le
milieu des plumes et à leur extrémité ; une tache d'un roux
vif se trouve entre les scapulaires et le dos; les pennes de
l'aile , et ses couvertures Ws plus extérieures sont brunes ,
les autres rousses , avec quelques petites taches blanches sur
le milieu de la plume ; la queue est piquetée de blanc sur
un fond noirâtre; le tarse jaune et le bec noir. Longueur to-
tale , six pouces. Cet oiseau ,*ïjue l'on trouve au Paraguay ,
est décrit par M. de Azara sous le nom A''ypacaha ceja blanca,
et rapporté par Sonnini au petit râle de Cayenne , rallits
minutus ; mais il me semble que c'est une espèce particu-
lière ; au reste , il faut le voir en nature pour assurer leur
identité.
Le Râle tacheté , RalJus \>ariegatus , Lath. ; pi, enl. de
Buffon, n.° 775. il a onzp pouces de longueur ; la tête, le coa
et tout le dessus du corps variés de blanc et de noir ; la
■ gorge blanche ; le dessous du corps comme le dessus , mais
tacheté irrégulièrement; les couvertures des ailes variées de
brun roussâtre , de noir et de blanc ; les pennes noirâtres ,
celles de la queue noires et frangées de blanc ; le bec fort
long , jaunâtre mais rouge à la base de sa partie inférieure ;
\c% pieds et les ongles jaunâtres.
566 Pv A L
Cette espèce se trouve, mais rarement , à la Guyane.
Le Râle de terre. V. Râle de genêt.
Le Râle tiklin , Ralhis philippensis , Lath. ; pi. enlum. de
Buffon, n.o 774. Tiklin est le noui qu'on donne, dans les
îles Philippines , à cet oiseau et à plusieurs autres du même
genre. Celui-ci est un peu plus grand que notre râle d'eau;
une plaque grise couvre le devant du cou ; une autre d'un
roux marron est sur le dessus et la tête ; un long sourcil
Liane surmonte l'aile; la gorge est d'un blanc sale; tout le
«dessous du corps varié de petites lignes transversales alter-
nativement noires et blanches ; un brun nué de roussâlre
teint le menton ; il est parsemé de petites taches blanches
sur les épaules et au bord de l'aile, dont les pennes sont mé-
langées de noir, de blanc et de marvon ; la queue est noi-
râtre et bordée de gris roux; les ^eux intermédiaires sont ta-
chetées de marron sur leur s barbes intérieures. Longueur,dix
pouces et demi environ ; bec et pieds gris. Latham donne à
celte espèce plusieurs variétés.
La première se .trouve à O-Taïti ; elle diffère par la cou-
leur cendrée du dessous du corps , par la teinte du manteau,
qui est d'un brun rayé de blanc et de noir, et par ses pieds
jaunes.
La seconde , que l'on trouve à Tongat^boo , a des sourcils
gris et tout le dessous du corps blanc.
Enfin, la troisième, que les Indiens nomment chaha, et
que Latham a décrite d'après un dessin colorié fait aux In-
des, a le corps brun en dessus, cendré pâle en dessous,
avec des traits blancs sur le dos et les ailes; le bas ventre
blanc et rayé de noirâtre; le bec rouge, à pointe blanche, et
les pieds verdâtres. Ce tiklin a une sous-variélé dont le ven-
tre est blanc , sans raies ni taches.
Le Râle tiklin brun, Ralius fusnis , Lath., pi. enl. de
Buffon , n.° 773. Dn brun sombre uniforme, lavé, sur la
gorge , la poitrine et le haut du ventre , d'une teinte de pour-
pre vineux, rayé de noir et de blanc sur les couvertures
inférieures de la queue , couvre tout son plumage ; le bec est
brun ; les pieds et les ongles sont jaunes. Taille de la ma-
rouelle; longueur, sept pouces.
Le Râle a ventre roux de Cayenne. V. Râle kiolo.
Le Râle de Virginie. V. Pvale widgeon.
Le Râle varié a gorge rousse, RoJ/us nificollis ^ Vieill.;
Galtina nopeboracensis^ Lath.; FiiUca nooeboracensis^ Gm. CeltC'
très-petite espèce , moins commune que le râle widgeon,
habite les Etats-Unis depuis le Canada jusqu'à la Louisiane.
Le mâle aie dessus de la tête noir, et pointillé de blanc; les
plumes du cou , du dos, des scapulaires et du croupion, va-
R A L 567
riées de roux et de noir, et terminées par un trait blanc
transversal; les couvertures supérieures des ailes, et les
grandes pennes secondaires, pareilles au dos; les moyennes
blanches sur leur côté interne ; les primaires brunes ; les
couvertures de la queue plus longues que les rectrices, noi-
res et rayées de blanc ; les plumes de la gorge , du devant
du cou et du milieu du ventre roussâtres , et terminées def
brun ; celles de la poitrine et 'des flancs tachetées en travers
de noir et de blanc, sur un fond roux; les pieds et lest
ongles rougeâtres. Longueur totale , quatre pouces trois
quarts.
La femelle a le front et les joues roux; le ventre noirâtre ;
la gorge et le milieu du ventre d'un blanc roussâtre ; le de-
vant du cou, les côtés et la poitrine, roux, avec des tache»
transversales brunes; le dessus du corps , les flancs, comme
le mâle, mais d'une teinte moins vive.
La tête et le dessus du cou sont, chez le jeune, d'un brun
olivâtre foncé et tachetés de blanc; les scapulaires bordées
de blanc jaunâtre pâle ; la poitrine est d'un jaune sale ; le
dos et les pieds sont bruns. C'est ce jeune oiseau qu'avoient
décrit les auteurs cités ci-dessus.
Le Râle WIDGEON, Rallus stoliâus , Vieill.; Rallus carolînusi
Gmelin ; Gallinula carolina^ Lath ; pi. i4-4 des oiseaux d'Ed-
wards, sous la dénomination de liltle amevican-waiher-hen
( petite poule d'eau de l'Amérique ). Celte espèce a dans ses
formes, ses couleurs et son genre de vie, de l'analogie avec la
marouette ; mais elle en diffère principalement par une taille
plus petite , et en ce que le mâle porte sur le devant du corps
une large bande noire qui s'étend en long, depuis la gorge
jusqu'à l'anus ; cette bande n'est son attribut distinctif que
dans la saison des amours. Ces râles sont susceptibles de
prendre beaucoup de graisse à l'automne; c'est au point qu'ils
ne peuvent voler ; il suffit alors , pour les prendre , de les fa-
tiguer à la course; c'est par ce moyen que les naturels en
attrapent un grand nombre. On les trouve alors dans les
lieux où croît l'avoine sauvage, qui, à l'arrière-saison, est
leur principale nourriture. L'espèce est répandue dans l'A-
mérique, depuis la Louisiane jusqu'à la baie d'Hudson, dont
les Aborigènes l'appellent ponpaka patessew, les Américains
la nomment cvidgeon^ d'après son peu de défiance, et Ca-
tesby, soree. Elle passe, au commencement du printemps,
dans la Pensylvanie et d'autres provinces voisines ; des indi-
vidus y restent, tandis que les autres arrivent, au mois de
mai , à la baie d'Hudson , où ils se tiennent le long des côtes,
et où ils nichent dans les herbes ; ils n'y font qu'une seule
ponte de dix à douze œufs d'un blanc sale , tachetés de brua
568 R A L
et de noirâtre : ils quittent ces conlre'cs à l'auiomne , repa-
roissent , peu de temps après, au centre des Etats- Unis , y
restent encore environ six semaines, et se retirent plus au
sud pour Y passer Ihiver.
Le mâie a sept pouces et demi de longueur totale ; le bec
noirâtre à sa pointe et jaune dans le reste; le lorum , le front,
le sommet de ia tête, le menton, noirs, ainsi qu'une bande-
lette qui descend presque juslju'au ventre , en passant par le
milieu du devant du cou et de la poitrine; les sourcils, les
joues et la poitrine, d'un cendré clair ; les côtés du sommet
de la tête , le cou et généralement toutes les parties supé-
rieures d'un brun olivâtre tacheté de noir et de blanc. Les
deux premières couleurs occupent le centre desplumes, et la
dernière leur sert de bordure; les pennes primaires des ailes
sont d'un brun olive unifonne ; les secondaires striées de
noir et de blanc ; les quatre pennes intermédiaires de la
queue d'un cendré clair et bordées do blanc dans la moitié de
leur longueur; les autres, d'un brun olive sombre; le ventre
est blanc, les côtés du corps que cachent les ailes ont des
barres noires , blanches , fauves et d'un olive foncé ; le bas-
ventre est d'un fauve brunâtre; le bord extérieur de l'aile ,
blanc ; l'iris noisette et le tarse d'un vert jaunâtre.
La femelle et les jeunes ont la gorge blanche, la poitrine
d'un brun pâle , avec peu ou point de noir à la tête.
* Le Râle YPEC\}l\,Iîa/ln!;ypcaiha,yici\\. Le nom imposé
à cette espèce par les naturels du Paraguay exprime son cri,
qui est fort, très-clair, et que Ton entendàun mille de distance;
ce cri est quelquefois interrompu par des sifflemens sonores.
Elle a dix-huit pouces de longueur totale ; le bec long de
trente-six lignes ; la gorge d'un blanchâtre qui prend , en
s'obscurcissant sur le devant du cou et sur une partie de la
poitrine, la teinte du plomb; le reste de la poitrine rouge ;
le ventre, les jambes d'un cen<lré obscur; le croupion et une
partie du dos, la queue et les couvertures noires ; la tête de
couleur de plomb; les dcnx-tiers supérieurs du cou, roux; une
ligne qui descend depuis l'oreille jusqu'à la naissance de l'aile,
et parcourt chaque côté ; le reste du dessus du cou, le haut
du dos, toutes les couvertures supérieures de l'aile sont d'un
brun verdâtre ; les quinze premières pennes rouges, termi-
nées de brun verdâtre , et roussâtres en dessous; les couver-
tures inférieures rayées transversalement de noirâtre et de
rouge. Des individus ont du rouge au fouet de Taile et du
brun marron sur ses couvcîrlures extérieures ; le bec est
orangé et vert près de son bout; l'iris, le bord de la pau-
pière et les pieds sont rouges. C'est Vypacaha proprement
dit de M. de Azara. (v.)
RAT, 564
Chasse. — De nos râles , ceux qu'on chasse de préférence ,
sont le râle de terre et la marouette , à cause de la délica-
tess <> leur chair ; le râle d'eau est peu estimé. Le temps le
plus favorable est en août et septembre, époque où ils pren-
nent beaucoup de graisse; mais on leur fait encore la chasse.
en mai et juin ; comme c'est le temps des couvées et qu'ils
sont fort maigres, on doit s'en abstenir , puisque c'est dé-
truire sans profit. On s'en procure de trois manières : au f-:—
sil , au tramail, aux halliers et aux lacets. L^ chasse au fnsil
se fait avec un chien, mais tous.les chiens n'y sont pas pro-,
près , car le râle est très-rusé ; quelquefois il tient l; lle-
ment et se laisse serrer de si près , qu'il se fait prendre à la
main. Souvent il s'arrête dans sa fuite et se blottit, de sorte
qu'un chien emporté passe par-dessus et perd sa trace ; il
profite de cet instant d'erreur, revient sur la voie et donne
le change; il ne part qu'à la dernière extrémité, et s'élève
assez haut avant que de filer : comme il vole pesamment, il
est facile à tuer; son vol est court; aussi voit-on aisément !a
remise , mais c'est inutilement qu'on va le chercher, car il
a déjà piété plus de cent pas quand le chasseur arrive ; il
supplée par la rapidilé de sa marche à la lenteur de son vol.
Il court en s'allongeanl , se coule par-dessous les herbes et
paroît glisser plutôt que de marcher, tant sa course est
rapide. Souvent, en faisant ses détours, il passe entre les
jambes des chasseurs, et en ce moment il ne paroît guère
plus gros qu'une souris; il arrive même, lorsque les genêis sont
fort hauts, qu'il monte et se perche à leur cime, ou bien
il gagne une haie voisine , et se cache dans quelque touffe
de coudre ou d'épines. La marouette gagne le haut d'un
buisson; le râle d'eau use des mêmes ruses, et c'est surtout
lorsque ces oiseaux sont gras et peuvent à peine voler, qu'ils
y ont recours.
On reconnoît qu'un chien rencontre un râle, à la vivacité
de sa quête, au nombre de faux arrêts et à l'opiniâtreté avec
laquelle l'oiseau tient. Les chiens d'arrêt ne sont pas bons
pour cette chasse; il faut des chou-pilles qui suivent le nez en
terre. Les vieux chiens y sont les meilleurs , parce qu'étant
moins vifs, ils ne s'emportent pas comme les jeunes, et
savent démêler les ruses du râle en le suivant pied à pied.
Le râle de terre a sa passée soir et malin, comme la bécasse,
c'est-à-dire qu'il part le soir de l'endroit où il est cantonné,
pour aller revoler pendant la nuit dans les champs; mais
lorsqu'il est trop gras, il reste toujours dans la môme pièce
de genêts ; ce qui fait que lorsqu'on veut se procurer des
râles pour un jour déterminé, on va quelques jours aupara-
vant les délourner, en battant les endroits où il y en a ; et le
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Syo R A L
jour qu'on choisit pour les tuer , on est sûr de les y trouver.
On lui tend, comme à la caille un filet, où on l'attire par
l'imitation de son cri, crëk, cr'ék, crè'k, crè'k, en frottant ru-
dement une lame de couteau sur un os dentelé.
La chair de ce râle, ainsi que celle de la marouette, est
très-grasse à l'automne, et d'un goût exquis; elle a plus de
fumet que celle de la caille, et se mange comme celle de la
bécasse. Les jeunes ne prennent jamais autant de graisse que
les vieux.
Le râle d'eau est aussi rusé que le précédent ; il court aussi
vite, traverse les eaux à la nage, et se fait des petites routes
à travers les grandes herbes où l'on tend des lacets ; on le
prend d'autant plus aisément , qu'il revient constamment à
son gîte et par le même chemin. On le chasse encore avec
des tramails, espèce de filet composé de trois nappes et de
plusieurs piquets ; on en entoure les herbages d'un marais, et
l'on bat toute la queue de ce marais en amenant vers la ten-
due dans laquelle les râles d'eau se prennent, (s.)
RALLO-MAROUET. F. page 662. (v.)
RALLEH, et Chagaret , et Ghazal. Noms arabes
d'une espèce de Sauge ( Sabia œgyptiaca ). (ln.)
RALLUS. Nom du Râle en latin de nomenclature. (&.)
rm DU VINGT-HUITIÈME VOLUME.
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