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Full text of "Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine, etc"

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NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

D'HISTOIRE  NATURELLE 

APPLIQUÉE  AUX  ARTS, 

A  l'Agriculture,  à  l'Econoinie  rurale  et  domestique, 
à  la  Médecine ,  etc. 

PAR  UNE  SOCIÉTÉ  DE  NATURALISTES 
ET    D'AGRICULTEURS. 

Nouvelle  Edition  presqu'entièrement  refondue  et  considé- 
rablement augmentée  ; 

AVEC  DES  FIGURES  TIREES  DES  TROIS  RÈGNES  DE  LA  MATURE. 

TOME    XXVIIL 


DE  L'IMPBIMERIE  D'ABEL  LANOE  ,  RUE  DE  LA  HARPE ,  n."  jS, 

A  PARIS, 

Chez  DETERVILLE,  libraire,  rue  hautefeuille,  n»  8. 


M  DCCC  XIX, 


Indication  des  Planches  du  Tome  XXVIII. 

M  20.  Oiseaux  ,  pag,  24. 
Petit  Phénicoplère.  —  Pic  noir  à  huppe  jaune.  —  Porphyiion. 

M  21.  Minéraux  ,  pag.  87. 
Pierre  de  Florence.  —  Poudingue  d'Angleterre. 

G  25.   ZooPHYTES  ET  Infusoires  ,  pag.  154. 
Oursin  railiaire.  —  Oursin  vulgaire.  —  Oursin  ovale.  —  Oursin  spa  anguc. 

—  Oursin  dfs  caraïbes.  —  Oursin  rosacé.  —  Oursin  pcnlapore.  -  Paramécie 
aurélie.  —  Pediceliaire  trident.  —  Pennalule  phosphorique.  Physophore 
hydrostatique.  —  Planaire  notulée.  —  Planaire  travers.  —  Polydore  cornue. 

—  Proboscidc  cornue.  —  Protce  variable. 

M   32.   Oiseaux,  pag.   166. 

Gros-bec  padda.  —  Pique-bœuf.  —  Proinerops  à  paremcns  frisés. 

G  39.   Oiseaux,  /?ag.   167. 

Cffidicnéme  à  gros  bec  ,  de  la  Nouvelle-Hollande.  —  Colin  ho-oui  mâle.  — 
Irroracrops  promcfil. 

G  45.   Animaux  fossiles,  pag.   226. 
Ptérodactyle  antique.  —  Le  petit  Palœotherium. 

M  29.   Insectes  ,  pag.  240. 
Panorpe  commune,  —  Passale  interrompu.  —  Pédine-dermesto'idc.  — Penla- 
lome  siamoise.   —  Phasme  bâton.  —   Philanlhe  apivore.   — Phrygane  poilue. 

—  Pimelie  muriquée,  —  Podalirie  hérissée.  —  Podure  velue.  —  Pœdère 
des  rivages.  —  Pou  de  l'homme.  —  Ptilin  pectinicorne.  —  Pyrochre  ccarlate. 

M  17.  Insectes  ,  pag.  287. 
Noctuelle  glyphique.  —Noctuelle  lunaire.  — NoctueUe  trapezine.  -Phalène 
do  la  larine.  —  Phalène  de  l'orme.  —  Phalène  du  syringa.  —  Ptérophore  pen- 
tadactyle.  —  Pyrale  des  pommes.  —  Pyrale  verte  à  bandes. 
M  22.   Oiseaux  ,  pag.  2q3. 
Yacou  parraka.  —  Hocco  pauxi.  —  Pyranga  rouge  et  noir. 
P  I.   Plantes,  pag.  334. 

Quadrie  noisetfier.  —  Quassie  amère.  —  Quassie  simarouba.  —  Quamoclite 
tubéreuse. 

P  2.  Plantes  ,  pag.  484. 

Quatelé  à  grandes   fleurs.  —  Quinquina  du  Pérou.  —  Quinquina    caraïbe. 

—  Quisquale  de  Tlnde. 

P  4.  Reptiles  ,  pag.  542. 
Plature  fasciée.  —  Raine  palte  d'oie.  —  Raine  bicolore.  —Raine  commune 

—  Raine  rouge.  —  Raine  marbrée.  —  Raine  à  bandeau.  —  Raine  lapier.  — 
JRauie  beuglanle. 


NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

D'HISTOIRE  NATURELLE. 


PORCELAIjNE.  On  donne  ce  nom  à  toute  poterie  fine, 
blanche  ,  et  tant  soit  peu  translucide.  Mais  ce  qui  constitué 
les  propriétés  essentielles  d'une  véritable  porr^'/mW,  c'est  de 
supporter  sans  se  rompre  les  alternatives  du  chaud  cl  du  froid 
et  d'être  infusible  au  plus  grand  feu  de  nos  fourneaux  ;  et 
certes  ,  il  y  a  bien  peu  de  ces  poteries  décorées  du  nom  de 
porcelaine,  qui  remplissent  ces  deux  conditions.  Celles  qui 
sont  reconnues  pour  être  les  plus  parfaites,  sont  les  anciennes 
porcelaines  de  la  Chine  (celles  d'aujourd'hui  sont  fort  infé- 
rieures), Us  porcelaines  du  Japon  ,  celles  de  Saxe  ,  de  Berlin, 
et  lie  Sèvres,  près  Paris.  Celle-ci  l'emporte  de  beaucoup  sur 
toutes  les  autres  par  l'élégance  des  formes  et  la  beauté  des 
peintures. 

On  sait  que  la  porcelaine  de  la  Chine  est  composée  de  deux 
substancesnommées,  dansle  pays  ,  kaolin  QXpeiunt- se.  Celui- 
ci  paroît  être  une  variété  de  Jeldspath  hlanc  qu'on  trouve  en 
grandes  masses  confusément  cristallisées  en  petites  lames  ;  il 
se  fond  assez  aisément  sans  addition.  Le  kaolin  est  regardé 
comme  nn  feldspath  décomposé  et  converti  en  argile  ,  qui 
par  cette  nouvelle  modification  ,  est  devenue  réfractaire. 

C'est  d'après  ces  notions  qu'on  a  pensé  que  toute  porcelaine 
devoit  être  essentiellement  composée  de  deux  subslances  , 
V une  réfractaire ,  et  V autre  fusible -,  et  l'on  suppose  que  dans 
la  cuisson  de  la  porcelaine  ,  c'est  la  ipavtie  réfractaire  qui  ,  par 
sa  résistance  à  la  fusion  et  au  ramollissement ,  soutient  ies 
vases  et  conserve  leurs  formes  ,  et  que  l'autre  substance  ,  eu 

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P  O  R 

se  vitrifiant  à  demi ,  sert  à  lier  entre  elles  les  mole'cules  ré-; 
fraclaires. 

Et  ce  qui  a  pu  confirmer  dans  celte  opinion  ,  c'est  qu'on 
voit  des  porcelaines  dont  l'intérieur  présente  une  contexture 
en  parue  vitreuse  et  en  partie  grenue  ;  ces  petits  grains  ont 
été  regardés  comme  les  molécules  réfraclaires  de  la  pâte. 
Mais  on  est  forcé  d'abandonner  celte  idée  ,  quand  on  consi- 
dère que  les  porcelaines  sont  d'autant  plus  parfaites  à  tous 
égards,  que  leur  intérieur  présente  une  contexture  plus  ho- 
mogène et  plus  semblable  à  celle  d'un  émail. 

Il  paroît  donc  évident  que  dans  ces  véritables  porcelaines  , 
toute  la  matière  a  été  instantanément  dans  un  élat  de  fusion 
complète  ,  et  que  c'est  pendant  cet  instant  presque  indivi- 
sible ,  que  s'est  faite  ,  non  pas  l'opéralion  purement  méca- 
nique d'une  matière  pâteuse  qui  enveloppe  des  molécules 
solides,  mais  une  véritable  combinaison  chimique  de  deux 
terres  vitrifiées  ,  qui  ,  par  leur  pénétration  mutuelle  ,  ont 
formé  subitement  un  troisième  corps  plus  ou  moins  infusible. 
Les  belles  expériences  de  M.  Kennedy  ,  sur  le  verre  de  ba- 
salte ,  ont  fait  voir  que  dans  l'instant  môme  de  sa  fusion  ,  ce 
verre  prend  subitement  un  caractère  nouveau  qui  le  rend 
infusible  au  degré  de  feu  qui  l'avoit  d'abord  mis  en  fusion  ; 
et  ces  faits,  qui  parolssent  avoir  la  plus  grande  analogie  avec 
la  confection  de  la  porcelaine  ,  sont  très  -  propres  à  jeter  du 
jour  sur  les  pbcnomènes  qu'elle  présente. 

Peut-être  l'expérience  prouvera-t-elle  que,  poyr  composer 
la  pâte  d'une  bonne  porcelaine ,  il  n'est  pas  toujours  néces- 
saire ,  comme  on  l'a  cru ,  d'employer  une  icvxc:  fusible  et  une 
terre  réfractaire  :  il  seroit  possible  ,  en  effet ,  que  deux  teijj'es 
fusibles  formassent  un  tout  qui  cesseroit  de  l  être  ,  et  que  deux 
terres  réfraclaires  ,  après  s'être  servies  mutuellement  de  fon- 
dant, reprissent,  après  leur  combinaison,  leur  premier  carac- 
tère d'Infusibilité.  F.  Kaolin  et  Feldspath,  (pat.) 
PORCELANITE.  F.  Jaspe  porcelaine,  (ln.) 
PORCELANITES.   Ce  nom  a  été  donné  aux  Porce- 
laines fossiles,  (desm.) 

PORCELLANE,  Porcellana  ,  Lam.  ,  Bosc  ,  Latr.  , 
Léacb. ,  Riss.  ;  Cancer  ,  Linn, ,  Eab.  Genre  de  crustacés  ,  de 
l'ordre  des  décapodes,  famille  des  macroures,  tribu  des  ano- 
maux ,  ayant  pour  caractères  :  corps  presque  orbiculaire  ,  un 
peu  rétréci  en  pointe  à  son  extrémité  antérieure  ,  aplati  ; 
queue  plus  courle  que  le  test ,  entièrement  repliée  sous  la 
poitrine  ,  comme  celle  des  bracbyures  ,  divisée,  à  son  extré- 
mité postérieure  ,  en  manière  de  compartimens  ,  par  des  li- 


P  O  R  3 

gnes  enfoncées  ;  deux  petites  lames  foliacées  ,  ou  nageoires 
portées  sur  un  article  commun, situées, de  chaque  côté, près  de 
l'extrémité  postérieure  de  cette  queue,  et  cachées,  en  partie 
sous  son  dernier  segment;  ce  segment  arrondi,  cchancré  ;  les 
deux  pattes  antérieures  en  forme  de  serres  ,  terminées  par 
une  pince  didactyle  ;  les  six  suivantes  onguiculées  ;  les  deux 
dernières  petites,  filiformes,  mutiques,  repliées  de  chaque 
côté  du  test,  cachées  ou  peu  apparentes  ;  antennes  latérales 
insérées  au  côté  extérieur  des  yeux ,  sétacées  ,  longues  ;  les 
intermédiaires  très-peliles,  semblables  à  celles  des  crustacés 
brachyures  et  logées  entre  les  yeux  ,  dans  deux  cavités  lon- 
gitudinales et  sous-frontales. 

Les  porcellanes  paroissent  être  ,  à  la  première  inspection, 
de  la  famille  des  brachyures  ,  et  c'est,  en  effet  ,  avec  les 
crabes  que  Fabricius  et  d'autres  naturalistes  les  ont  placées. 
Mais  une  étude  comparative  etdétaillée  de  leurs  parties  nous 
montre  que  ces  crustacés  sont  très-voisins  des  galaihées  , 
genre  de  macroures  ;  l'on  peut  même  dire  que  les  porcel- 
lanes sont,  en  quelque  sorte,  des  galatkées  à  forme  de  crabe. 
Elles  leur  ressemblent  par  les  antennes  ,  les  pattes  ,  et  sur- 
tout par  la  manière  dont  se  termine  la  queue.  Mais  le  corps 
des  porcellanes  est  proportionnellement  plus  court  ;  les  an- 
tennes intermédiaires  sont  plus  petites  et  cacliées  dans  des 
cavités  situées  sous  le  front  ;  les  pieds-mâchoires  extérieurs 
ont  plus  de  rapports  avec  ceux  des  brachyures  qu'avec  ceux 
des  galaihées  ;  les  articles  inférieurs  sont  larges  ,  et  conjoin- 
tement avec  les  supérieurs  ,  dont  les  trois  derniers  sont  cour- 
bés ,  couvrent  les  autres  parties  de  la  bouche  ;  le  second  ar- 
ticle surtout  est  fort  grand  et  dilaté  intérieurement  ;  les  rap- 
ports de  ces  organes  avec  les  parties  analogues  des  brachyu- 
res s'étendent  jusqu'aux  palpes  flagellifonnes  ;  leur  grandeur 
relative  est  la  même  ;  enfin  les  extrémités  supérieures  de  ces 
pieds-mâchoires  et  même  celles  de  la  paire  suivante  ,  sont 
garnies  de  cils  nombreux  et  fort  longs.  Les  yeux  des  porcel- 
lanes sont  portés  sur  un  pédicule  fort  court  et  logés  dans  des 
fossettes  arrondies,  de  chaque  côté  du  bord  antérieur  du  test  ; 
l'espace  du  test  compris  entre  eux,  s'avance  un  peu  en  pointe, 
le  plus  souvent  bifide  outridenlée.  Les  deuxpattes  antérieures 
ou  les  serres  sont  fort  grandes  comparativement  aux  autres  , 
déprimées,  terminées  par  une  grande  pince  ,  dont  le  pouce 
ou  le  doigt  mobile  est  intérieur  ,  et  ont  cela  de  particulier  , 
que  l'article  portant  la  main  ou  le  corps  est  beaucoup  plus 
grand  que  l'article  qui  précède  celui-ci  ,  et  que  Fabricius 
nomme  souvent  le  bras.  Le  dessous  de  la  queue  des  porcel- 
lanes mâles  n'offre  d'autres  appendices  que  ceux  qui  dépen- 


4  P  0  R 

dent  des  organes  sexuels.  Quatre  paires  de  filets  ovîfères  gar- 
nissent le  dessous  de  cette  queue  dans  les  femelles.  Ces  carac- 
tères sont  communs  aux  crustacés  brachyures,  et  à  tous  les 
macroures  de  notre  tribu  des  anomaux. 

M.  Risso  dit  que  les  porcellanes  se  tiennent  cachées  sous 
les  pierres  des  bords  de  la  mer,  et  qu'elles  fuient  la  lu- 
mière. »  Foiblt's  et  timides  ,  elles  restent ,  pendant  le  jour, 
dans  une  immobilité  parfaite,  et  si  on  les  poursuit,  elles  se 
traînent  plutôt  qu'elles  ne  marchent  sur  les  cailloux,  d'où 
elles  ne  sortent  que  pendant  la  nuit  pour  chercher  leur  nour- 
riture. Les  femelles  déposent  leurs  œufs  dans  le  sable  grave- 
leux ,  baigné  par  les  flots  »  (//«/.  nai.  des  Criist.  de  Nice  ,  pag. 
66).  Ce  naturaliste  s'est  trompé  en  prenant  les  deux  cancres 
velus,  figurés  par  Rondelet,  pour  deux  espèces  de  porcellanes. 
Il  est  aisé  de  voir  ,  non-seulement  par  l'ensemble  des  carac- 
tères ,  mais  surtout  par  le  nombre  des  pattes  qui  sont  repré- 
sentées dans  son  ouvrage  que  ces  crustacés  diffèrent  beaucoup 
des  derniers  ,  et  que  l'un  doit  cire  rapporté  au  cancer spinif ions 
de  Fabricius,et  que  l'autre  est  son  cancer  hirlellus  ou  quelque 
autre  espèce.  M.  Risso  a  mentionné  trois  espèces  de  porcel- 
lanes ,  dont  deux  ,  savoir  :  celle  de  Blutel  et  celle  qu'il  nomme 
longue-pattes  ,    lui  ont  paru  nouvelles. 

Les  porcellanes  sont  répandues  dans  toutes  les  mers,  et 
forment  un  genre  assez  nombreux, mais  dont  on  n'a  décrit  que 
peu  d'espèces.  Ces  descriptions  sont  très-imparfaites  et  man- 
quent souvent  d'un  appui  nécessaire  ,  celui  des  figures.  Ces 
crustacés  étant  très-petits, ne  peuvent  être  bien  connus  qu'au 
moyen  d'une  étude  très-détaillée.  On  trouve  sur  nos  côtes  les 
espèces  suivantes,  dans  lesquelles  la  partie  du  bord  anté- 
rieur du  test  ,  comprise  entre  les  yeux ,  est  toujours  divisée 
en  trois  dents  courtes  ,  et  dont  l'intermédiaire  un  peu  plus 
large  ,  avec  un  sillon  au  milieu. 

PoRCELLANE  LARGE-PINCE  ,  Porcellana  platycheles  ,  Lam.  , 
Latr. ,  Léach.  ;  Penn.  Bril.  Zool  ^  tom.  4-,  pi-  6,  fig.  12; 
Herbst.  C/M5^.,tab.  47)  f'g-  2-  Serres  larges,  égales-,  prolonge- 
ment lobiforme  de  l'.angle  interne  et  supérieur  du  bras,  et  côté 
interne  du  earpe  ou  de  l'article  suivant, dentelés;  pinces  pres- 
que triangulaires, chagrinées  en  dessus, avec  une  frange  de  poils 
serrés  au  côté  extérieur;  doigts  connivens  ;  le  pouce  crochu 
au  bout ,  granulé  au  bord  interne  ,  avec  un  sillon  longitudinal 
en  dessus,  l'autre  doigt  sans  dents  sensibles. 

PORCELLATSE  PINCES  -  INEGALES  ,  Porcellana  anisocheles  , 
Latr.  Serres  assez  larges  ,  inégales  ;  côté  interne  du  bras  et 
du  earpe  sans  dents  ;  pinces  ovales  ;  la  gauche  plus  grande  , 


P  O   R  5 

glabre  ,  avec  une  dent  au  bord  interne  des  doigîs  ou  de  l'un 
d'eux;  pince  gauche  cannelée,  avec  les  doigis  un  peu  contour- 
nés ,  très-crochus  au  bout ,  et  très-ciliés  en  dessous  ,  au  bord 
interne. 

PoRCELLANE  LONGICORNE  ,  Poi'cellana  longicornh ,  Latr,  ; 
Cancer  longicornis ^  Linn.  ;  Herbst.  ,  ihid.  ^  lab.  ead.  ,  fig.  3, 
Serres  étroites,  presque  égales  ;  côté  interne  du  carpe  un  peu 
sinué  ou  bidenté;  pinces  allongées, semblables  ,  très- finement 
dentelées  au  côté  extérieur;  milieu  du  dessus  des  mains  élevé 
longiludinalement  ;  doigts  sans  dentelures  au  bord  interne, 
contigus  le  long  de  ce  bord  ;  une  petite  ligne  élevée  à  la  base 
supérieure  du  pouce. 

PoRCELLANE  A  SIX  PIEDS ,  PorceUana  hexapus ,  Latr.  ;  Cancer 
hexapus  ,  Linn.  ,  Fab.  ;  Herbst.  ,  ibid.  ,  tab.  ead. ,  fig.  4-  Elle 
est  voisine  des  deux  premières;  ses  serres  sont  grandes, 
presque  égales  ,  glabres  ,  d'un  rouge  de  sang  foncé  ,  avec  les 
doigts  sans  dentelures  au  côté  interne  ,  et  laissant  entre  eux 
un  vide  sensible. 

L'espèce  suivante,  décrite  par  M.  Bosc,  dans  son  Histoire 
naturelle  des  crustacés  ,  faisant  suile  au  Buffon  de  Castel , 
dont  M,  Delerville  est  éditeur,  se  trouve  en  Amérique. 

PoRCELLANE  GAt.ATHINE,  Porctllana  galathina  ;  pi.  M,i6 
lis,  /^,  de  cet  ouvrage.  Son  test  est  strié  ,  avec  l'extrémité  an- 
térieure obtuse  et  sans  divisions  ;  les  serres  sont  grandes  , 
égales  ,  Irès-chagrinées  en  dessus  ,  avec  trois  dents  très- 
aiguës  ,  en  forme  d'épine  ,  au  côté  interne  du  carpe  ;  les 
pinces  sont  presque  triangulaires  ,  avec  les  doigts  courts  et 
sans  dentelures  au  bord  interne. 

Le  cancer  sexpes  de  Fabricius  est  de   ce  genre.  Peut-être 
austi  faut- il  y  rapporter  sa  leucosie  planata.  (l.) 
PORCELET.  V.  Cloporte,  (s.) 
PORCELET  DINDE.   V.   Cobaye  cochon  -  d'Inde. 

(desm.) 
PORCELET  BRUN.  Espèce  de  Bolet  qui  croit  en 
Italie  ,  où  elle  est  fort  recherchée  sous  le  nom  de  twvo  ou 
carbonajo.  Elle  est  brune  en  dessus  et  blanche  en  dessous. 
Son  pédicule  est  fusiforme.  V.  sa  figure  ,  pi.  164.  du  Traité 
des  champignons  de  Paulet.  (b.) 

PORCELET  DE  SAINT-ANTOINE.  Dénomination 
vulgaire  du  Cloporte,  (s.) 

PORCELIA.  Nom  donné  anciennement  à  Vhypochœrls 
nidicata.  Quelques  botanistes  français  nomment  y9o/re//«î  le 
genre  hypochœris  lui-même.  V.  HypochéRIDE.  (ln.) 

POR.CELIE,  PoFcelia.  Arbre  du  Pérou  ,  qui  forme  àmt 


6  P  O  R 

la  polyandrie  polygynie  et  dans  la  famille  des  anones,  un 
genre  dont  les  caractères  consistent  :  en  un  calice  caduc  com- 
posé de  trois  folioles  ovales  ,  en  cœur;  six  pétales  ovales  , 
dont  trois  extérieurs  plus  petits  ;  un  grand  nombre  d'étamines 
à  anthères  sessiles  sur  le  réceptacle  ;  plusieurs  ovaires  li- 
néaires, à  sligmaie  sessilc  et  obtus;  des  baies  grandes,  cylin- 
driques, séparées,  avec  une  suture  dorsale  ,  uniloculaires  , 
contenant  plusieurs  semences  oblongues,réniformes, compri- 
mées, séparées  deux  à  deux  parune  membrane  intermédiaire. 

Ces  caraclères  ont  quelques  rapports  avec  ceux  des  Ga- 
NAKGS,  et  beaucoup  avec  ceux  des  Orchidocarpf.s  (  Ast* 
MINIERS  de  Dccandolle)  ;  aussi  Jussieu  a-t-il  réuni  le  PoR- 
CELiE  à  ce  dernier  genre,  (b.) 

PORCELLE.  Nom  vulgaire  de  rH\POCHÉRiDE  radi- 
cale, (b.) 

PORCELLINO  D  INDIA.  En  Italie  ,  c'est  le  nom  du 
Cobaye  cociiok-b'Inde.  (desm.) 

P  O  RC  ELLI O  N,  Porre/Z/o.  (ienrede  crustacés  ,  de  Tordre 
des  isopodes  ,  famille  des  pîérygibranches. 

Plusieurs  auteurs  anciens  ont  désigné  les  cloportes  sous  le 
nom  Ait  porcellio  Ç  petit  cochon').  Nous  avons  cru  pouvoir  ap- 
pliquer celle  dénomination  à  un  démembrement  de  ce  genre. 
M.  Cuvier  a  remarqué  ,  le  premier,  la  différence  numérique 
des  articles  des  antennes  des  cloportes.  Dans  les  uns  ,  les 
cloportes  proprement  dits  et  les  philoscies,  ces  antennes  sont 
de  huit  pièces  ,  et  dans  les  autres,  ou  les  porccllions  ,  elles 
en  ont  une  de  moins.  Tout  ce  que  nous  avons  dit  d'ailleurs 
des  cloportes, doit  s'appliquer  à  ces  derniers  ,  et  nous  y  ren- 
voyons pour  les  généralités  historiques.  Nous  ajouterons  ici , 
par  forme  de  supplément ,  les  trois  observations  suivantes 
que  nous  avons  eu  occasion  de  recueillir ,  depuis  la  rédaction 
de  cet  article  :  i.°  les  appendices  de  la  queue  ,  ou  du  moins 
deux  d'entre  elles,  laissent  chacune  échapper  une  liqueur 
visqueuse,  que  l'on  peut  tirer  à  plusieurs  lignes  de  distance  , 
et  paroissent  être  ainsi  des  espèces  de  filières  ;  2.°  les  petites 
pièces  ou  valvules  qui  recouvrent  sur  deux  rangs  le  dessous  de 
la  queue  ,  nous  donnent  un  moyen  de  distinguer  les  sexes. 
Dans  les  mâles  ,  les  valvules  inférieures  sont  beaucoup  plus 
longues  que  dans  les  femelles, et  terminéesen  pointe  allongée  ; 
3.^  les  appendices  latérales  du  bout  de  la  queue  sont  pro- 
portionnellement plus  longues  dans  les  mâles  que  dans  les 
femelles.  Dans  la  détermination  des  espèces ,  on  ne  fera  donc 
tomber  les  caractères  que  sur  les  proportions  réciproques 
des  quatre  appendices. 


P  O  R  7 

On  trouve  très-communément  en  France  les  deux  espèces 
suivantes  : 

PoRCELLiON  RUDE,  PorcelUo  <scaber  ;  Oniscus  asellus  ,  Cuv.  ; 
var.  C.  du  cloporte  ordinaire  de  Geoffroy.  Cette  espèce  est 
constamment  chargée  en  dessus  de  petites  aspérités  ou  de 
petits  grains  ;  la  pointe  que  forme  le  dernier  anneau  est 
presque  de  la  longueur  des  appendices  inférieures  et  inter- 
médiaires ;  mais  la  couleur  du  fond  de  dessus  varie  beaucoup. 
On  en  voit  d'un  cendré  noirâtre,  sans  taches  ou  avec  des 
,taches  jaunes  ;  de  jaunâtres  avec  le  dos  mêlé  de  taches  d'un 
cendré  noirâtre  et  de  jaunâtres  ;  le  dessous  du  corps  est  tou- 
jours d'un  blanc  jaunâtre. 

Cette  espèce  fréquente  particulièrement  les  murailles. 

PoRCELLiON  LISSE  ,  Porcdlio  lœ^is  ;  var.  B.  du  cloporte  ordi- 
naire de  (Geoffroy.  Le  corps  est  lisse  en  dessus  ,  d'un  cendré 
noirâtre,  avec  quelques  nuances  d'un  gris  jaunâtre.  Les  ap- 
pendices latérales  de  la  queue  sont  sensiblement  plus  longues 
que  dans  l'espèce  précédente  ;  les  intermédiaires  dépassent 
la  pointe  du  dernier  anneau.  On  le  trouve  sous  les  pierres  ,  à 
la  campagne,  (l.) 

POKCELLUS  INDICUS  ou  CUNICULUS  INDI- 
CUS.  Plusieurs  anciens  naturalistes  désignent ,  par  ces  noms, 
le  Cobaye  cochon  d'Inde,  (desm.) 

PORCHAISON  {^Vénerie').  Saison  dans  laquelle  les  san- 
gliers deviennent  plus  gr^s  et  meilleurs  àmanger.  F.  l'histoire 
du  Sanglier,  à  l'article  Cochon,  (s.) 

PORCHVITON  {Vénerie).  L'on  appelle  quelquefois 
ainsi  le  sanglier  quand  il  est  gras,  (s.) 

PORCINS,  Porcîni.  Vicq-d'Azyr  donne  ce  nom  à  une 
classe  de  sa  division  des  mammifères,  laquelle  comprend 
tous  les  pachydermes  de  nos  genres  Cochon,  Pécari  ciPhas- 
sans  canon.  V.  ces  mots.  Il  les  caractérise  ainsi  :  pieds  fourchus  ^ 

COCHŒRE.  (DESM.) 

PORCKANA.  C'est  le  nom  de  la  Carotte,  en  Finlande. 

Tlî^.) 
PORCUPINE.  Nom  anglais  du  Porc  épic.  (desm.) 
PORC  US.  Nom  latin  du  Porc  ou  du  Cochon.  (  V.  ce 
mot.  )  Il  a  été  appliqué  par  les  anciens  naturalistes  à   des 
animaux  très-différens.  Ainsi  le  porcus  pumilio  ,  taxus  porclnus 
de  Jonston,  est  IcBlaireau  ;  le  porcus aculeatus.,seu  histrixma- 
laccensis  de  Séba  ,  est  le  HÉRISSON  a  oreilles  pendantes;  le 
porcus  moschiferus  de  Klein  ,  est  le  PÉCARI  ;  le  porcus  indicus 
de  Rai  ,  est  le  Babyroussa  ;  le  porcus  aculealus  sybestris  ,  seu 
hystrix'  orientalis  singularis  de  Séba,  est  une  espèce  de  Rat  épi- 
neux ;  le  porcus  marlnus  de  Sibald  et  autres, est  le  Dauphin;  le 
porcus  fluiHaiilis  ,  est  le  Cariai,  (desm.) 


«  P  O  R 

PORDALIS.  V.  Pardalis.  (desm.) 

PORE.  Nom  du  Poireau  ,  en  Languedoc.  (i.N.) 

POREAU.r.  Poireau,  (s.) 

PORÉE.  Synonyme  de  Poireau,  (b.) 

PORELLE,  Porella.  Genre  de  plantes  cryptogames  ,  de 
la  famille  des  algues,  établi  par  Linnœus  ,  d'après  Dillen , 
mais  que  Dickson  a  prouvé  ,  dans  le  troisième  vohime 
des  Transactions  delà  Société Linnécnne  de  Londres,  être  formé 
sur  de  faux  caractères.  La  plante  de  Dillen  n'est  autre  chose 
qu'une  Jokgermakne  dePensylvanie,  ainsi  que  la  description 
et  la  figurede  Dickson  peuvent  le  faire  voir.  Cependant  Beau- 
vois,  qui  a  observé  cette  plante  en  x\mérique,  doute  encore 
qu'elle  ne  fasse  pas  un  genre.  V.  au  mot  JongermaîsISE  et  au 
mot  Lycopode.  (b.) 

PORES.  On  donnoit  autrefois  ce  nom  aux  polypiers  pier- 
reux. \oy.  aux  mots  Madrépore  et  Millépore.  (b.) 

PORES.  Quelques  naturalistesnommaient ainsi  autrefois 
toutes  sortes  àe  pierres  poreuses ^icWcs  que  lesTuFS,lèsPlERRES- 
PONCES,lesLAVES  CELLUi.EUSES  et  scoRiFORMES, et  notamment 
les   (tRÈs  qui  servent  de  pierre  à  filtrer.  V.  ces  mots,  (pat.) 

PORES.  F.  Feuilles.  (TOLL.) 

PORGY.  Poisson  du  genre  des  Spares.  (b.) 

PORIE  ,  Poria  Genre  de  champignons  ,  établi  par  Per- 
soon  aux  dépens  des  Bolets. 

Dans  ce  genre  ,  le  chapeau  est  irfégulier  ,  les  tubes  sont 
adhérens  entre  eux,  placés  à  la  surface  inférieure,     (b.) 

PORILLON.  Nom  vulgaire  du  Narcisse  faux  nar- 
cisse ,  aux  environs  d'Angers,  (b.) 

PORINE  ,  Purina.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
Lichens  ,  établi  par  Acharius  ,  dans  sa  Lichenographie 
universelle  ,et  composé  de  sept  espèces,  dont  quatre  avoient 
été  comprises  précédemment  dans  le  genre  thelutrènie. 

Ses  caractères  différentiels  sont  :  une  base  (  thallus  )  car- 
tilagineuse, membraneuse,  uniforme;  des  écussons  en  appa- 
rence diaphanes  ,  marqués  de  points  enfoncés  dans  l'inté- 
rieur. On  voit ,  avec  le  microscope  ,  de  petites  poches  ovales 
contenant  des  grains  presque  globuleux. 

Aucune  des  sept  espèces  de  ce  genre  n'est  remarquable  , 
ni  par  les  formes  ,  ni  par  une  utilité  connue.  (P.  B.) 

PORION.  C'est  le  Narcisse  des  bois,  (p.) 

PORITE,  Porita.  Genre  établi  par  Lamarck,  aux  dé- 
pens des  Madrépores  de  Linnœus.  Ses  caractères  sont  : 
.  polypier  pierreux,  fixé  ,  rameux  ou  lobé  et  obtus,  à  surface 
libre  partout  stellifère  ;  les  étoiles  régulières  ,  presque 
contiguës  ,  superficielles  ou  excavées  ,  à  bords  imparfaits  ou 
nuls  ,  à  lames  filamenteuses  ,  acérées  ou  cuspidées. 


PO  R  9 

Ce  genre  se  rapproche  des  véritables  madrépores  par  son 
aspect,  et  des  Astrées  par  son  organisation  ;  mais  il  diffère 
de  tous  les  polypiers  par  les  pointes  de  ses  étoiles  qui  rem- 
placent les  lames.  Lamarck  en  compte  seize  espèces ,  toute» 
appartenant  aux  mers  des  pays  chauds,  (b.) 

PORITES.  On  donne  ce  nom  aux  madrépores  pétrifiés 
en  agate ,  dont  les  pores  remplis  d'une  substance  silicée  trans- 
parente ,  paroissent  être  vides,  de  sorte  que  les  plaques  qu'on 
en  fait  en  les  sciant  transversalement  ,  semblent  être  criblées 
de  trous  quand  on  les  regarde  en  les  plaçant  entre  l'œil  et  la 
lumière.  On  trouve  aux  environs  de  Valdaï,  sur  la  route  de 
Pétersbourg  à  Moscou,  à  la  surface  même  du  sol,  une  grande 
quantité  de  millépores  qui  présentent  ce  joli  accident,  (pat.) 

PORLIÈRE,  Por//Vra.  Arbre  du  Pérou  ,  qui  forme  un 
genre  dans  Toctandrie  tétragynie  ,  et  dans  la  famille  des 
rutacée?.  Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  de  quatre 
folioles  oblongues ,  concaves  et  caduques  ;  une  corolle  de 
quatre  pétales,  ovales,  onguiculés,  concaves  et  caducs;  huit 
écailles  cunéiformes,  recourbées,  émarginées  et  caduques  , 
situées  à  la  base  interne  des  pétales  ;  huit  étamines  insérées 
sur  les  écailles;  quatre  ovaires  supérieurs,  oblongs,  réunis,  du 
centre  desquels  s'élève  un  style  droit,  astigmate  aigu;  quatre 
drupes  oblongs  ,  renfermant  chacun  une  noix  uniloculaire. 

Ce  genre  ,  qui  se  rapproche  des  Galvèses  ,  est  figuré  pi.  9 
du  Gênera  de  la  Flore  du  Pérou.  (B.) 

POR'MARI.  Cochon  d'Inde  ,  en  languedocien,  (desm.) 

PORO CARPE.  Fruit  de  Ceylan  ,  figuré  dans  Gœrtner. 
On  ignore  à  quelle  plante  il  appartient,  (b.) 

POROCEPHALE  ,  Porocephalus.  Genre  de  vers  intes- 
tins ,  établi  par  Humboldl.  Ses  caractères  sont:  corps  cylin- 
drique ,  plus  gros  vers  la  tête  ,  demi-transparent  ,  transver- 
salement rugueux,  légèrement  crénelé  surses  bords;  tête  ré- 
tractile  dans  une  fente  semblable  à  la  bouche  des  lapins  , 
armée  de  cinq  crochets  rétractiles,  placés  inférieurement. 
Cever  a  été  trouvé  dans  lesintestinsd'un  serpenlàsonnette  de 
Cumana.  Son  canal  alimentaire  excède  douze  fois  la  longueur 
du  corps.  On  en  voit  une  figure  avec  les  détails  convenables ^ 
dans  le  Recueil  d'observations  de  Zoologie  de  ce  célèbre 
voyageur  ,  qui  le  compare  aux  IIéruques  etauxEcniNORHYN- 
QUEs.  Je  dois  ajouter  qu'il  a  beaucoup  plus  de  rapports  avec 
mon  genre  Dipodion.  (b.) 

PORODRAGUE  ,  Forodragus.  Genre  de  Coquilles  , 
établi  par  Denys-de-Montfort.  Ses  caractères  sont  :  coquille 
libre,  univalve ,  cloisonnée,  droite  ,  renflée  en  fer  de  lance 
arrondi  ;  ouverture  ronde  ,   horizontale  ;   siphon   central   ; 


10  P  O  R 

cloisons  coniques  ,  unies  ;  une  goulllère  sur  le  lest  qui  est 

criblé  de  pores  allongés  et  disposés  régulièrenrient, 

La  seule  espèce  qui  constitue  ce  genre ,  se  trouve  fossile 
dans  les  montagnes  des  environs  de  Gap.  Elle  atteint  à  plus 
de  trois  pouces  de  long,  (b.) 

PORON,  G*est  la  iellina  Adansonii  de  Gmelin.  V.  au  mot 
Telline.  (b.) 

PORONIE.  Gleditsch  propose  ,  sous  ce  nom  ,  un  genre 
à  faire  aux  dépens  des  Pézizes  de  Linnaeus.  (b.) 

POROPHYLLUM.  Vaillant  décrivit ,  sous  ce  nom,  une 
plante  annuelle  d'Amérique  ,  remarquable  par  ses  feuilles 
marquées  de  petits  points  brillans ,  que  Linnœus  plaça 
dans  le  genre  cacaîia  ^  en  lui  conservant  le  nom  àe  porophyl- 
lum.yS'iWAenow  en  a  fait  une  espèce  du  genre  A/^7/2«'«,  lequel 
comprend  les  cacalies  à  calice  simple.  Le  cacalia  atiipUcifolia^ 
considéré  aussi  comme  une  seconde  espèce  àe  porophyllum  , 
ayant  le  calice  caliculé  à  la  base  ,  demeure  dans  le  genre 
cacalia.  (ln.) 

^  POROPTÉRIDES,Po/-o;>/mWe5.  Famille  de  plantes, 
établie  par  Willdenow  aux  dépens  de  celle  des  Fougères. 
Elle  ne  renferme  que  les  genres  Marattie  ciDanaé.  (b.) 

POROROCAouPROROROCA.Maréesubileeld'une 
violence  extraordinaire  qui  se  fait  sentir  à  l'embouchure  du 
fleuve  des  Amazones  ,  aux  approches  de  la  nouvelle  et  de  la 
pleine  lune.  Ce  phénomène  ressemble  ,  à  beaucoup  d'égards  , 
au  mascaret  de  la  Gironde  ,  aux  environs  de  Bordeaux.  Voyez 
l'article  Mer.  (pat.) 

POROS  JA.  Nom  russe  ,  appliqué  à  l'espèce  du  Cochon 
toute  entière,  (desm.) 

POROSENOK.  Nom  russe  du  Cochon  de  lait.^(desm.) 

POROSOPIE,  Porosopia.  Genre  établi  aux  dépens  des 
Grenadilles.    Il  ne  paroît  pas  avoir  été  adopté,     (b.) 

POROSTEMA.  Scherber  a  ainsi  nommé  le  genre 
ocoiea  d'Aublet ,  fondé  sur  un  arbre  de  la  Guyane  el  de 
Surinam  ,  qui  est  le  nectandra  hijus,a  de  RottboUe  ,  et  le  lau~ 
riis  surinamensis  de  Swartz  et  de  Willdenow.  (ln.) 

PORPESS.  Nom  anglais  du  marsouin ,  cétacé  du  genre 
Dauphin.  F.  ce  mot.  Dans  la  même  langue  ,  cet  animal 
reçoit  aussi  ceux  de  PoRPUs,  Porpes,  Porpoisse,  (desm.) 

PORPEISSE.  V.  Porpess.  (desm.) 

PORPHYRANTHES.  V.  Hémerocallis.  (ln.) 

PORPHYR  SGHIEFFER.  C'est  le  nom  que  les  miné- 
ralogistes allemands  donnent  au  Klingstein  ou  Phonolithe 
FEUILLETÉ  ,  et  qui  contient  des  cristaux  de  feldspath.  V.  au 
mot  Phonolithe.  (ln.) 

PORPHYRE  ,   Porphyra.  Arbrisseau  de  la  Chine ,  de 


P  O  R 

trois  pieds  ,  à  feuilles  opposées,  lancéolées,  dentées  ,  ponc- 
tuées, presque  sessiles  ,  à  fleurs  rougeâtres  ,  portées  sur  des 
grappes  dicholomes,  axillaires  ,  qui  forme  un  genre  dans  la 
télrandrie  monogynie. 

Ce  genre  diffère  fort  peu  des  Callicarpes,  et  a  même  été 
réuni  avec  eux  ;  mais  il  a  le  calice  entier  ,  et  poW  fruit  une 
baie  uniloculaire  et  trisperme.  (b.) 

PORPHYRE.  En  prenant  ce  nom  dans  son  acception 
vulgaire  ,  il  désigne  une  matière  minérale  en  masse  ,  très- 
dure  ,  suscpplihie  d'un  beau  poli ,  et  qui  est  composée  d'une 
pâte, dans  laquelle  sont  disséminées  une  multitude  de  petites 
parties  anguleuses  et  granuliformes  ,  d'une  couleur  diffé- 
rente de  celle  du  fond.  Cette  définition  est  celle  qui  convient 
parfaitement  au  porphyre  ronge  antique  ,  le  plus  connu  de  tous 
les  porphyres  employés  dans  les  arts,  et  qui  a  même  reçu,  le 
premier,  le  nom  de  porphyre,  à  cause  de  sa  couleurpourprée 
(  de  Porphyra ,  la  pourpre  en  grec  ,  d'où  Porphyreos  ,  pourpré  , 
elPorphyriks,  le  Porphyre).  Les  artistes  l'ont  appliqué  à  d'au- 
tres pierres  différentes  par  les  couleurs  ella  nature,  mais  qui 
avoienl  une  structure  analogue.  Lorsque  laminéralogie  prit 
naissance,  on' vit  les  naturalistes  généraliser  et  appliquer 
ce  nom  à  des  pierres  de  toutes  formations  et  de  toutes 
natures  :  par  exemple  ,  à  toutes  les  espèces  de  porphyres 
actuels  ,  à  des  laves  ,  à  des  brèches,  à  des  poudingucs,  et 
même  à  des  grès, dont  le  seul  caractère  éloit  d'offrir  des  petites 
parties  éparses  dans  une  pâte.  Celte  confusion  dura  long-temps» 
et  l'on  doit  spécialement  à  Werner  ,  à  Saussure  et  à  Dolo- 
mieu,  d'avoir  débrouillé  ce  chaos. 

Ils  ont  fixé  ce  nom  à  toute  pierre  composée  d'une  pâte  , 
dans  laquelle  sont  épars  des  crisiaux  d'autres  substances; 
par  conséquent  les  porphyres  sont  des  matières  produites 
par  la  cristallisation,  et  ne  sont  point,  comme  les  grès  et  les 
poudingues  ,  des  dépôts  ;  ils  appartiennent  donc  aux  an- 
ciennes formations,  ou  du  moins  à  celles  qui  en  font  le  pas- 
sage.     ,         .^  ■  , 

C'étoit  déjà  beaucoup  que  d'avoir  établi  cette  division  ; 
mais  bientôt  un  nouvel  embarras  s'éleva  :  on  crut  que  l'on 
pouvoit  rapporter  les  porphyres  à  une  seule  espèce,  et  l'obser- 
vation s'y  refusa.  On  a  voulu  encorene  fixer  ce  nom  qu'à  une 
seule  espèce,  et  en  la  divisant,  établir  d'autres  distinctions  qui 
ont  rendu  extrêmement  pénible  l'étude  des  porphyres.  Parmi 
ces  cl^ngemens  ,  il  en  est  un  qui  n'est  pas  à  rejeter  ,  c'est  ce- 
lui qui  veut  que  le  mot  porphyre  devienne  un  adjectif  ainsi 
que  ses  dérivés  porphyrique  et  porphyritiçiie ,  et  qu'il  désigne 
seulement  la  structure  d'une  roche  quelconque  compacte, 
contenant  des  crisiaux  épars. 


12  P     O     1^ 

En  effet  ,  lorsqu'on  considère  combien  il  y  a  de  roches 
primitives  ,  de  transition  et  volcaniques,  qui  ont  la  struc- 
ture porphyritique,  on  conviendra  qu'on  ne  peut  pas  en 
former  une  seule  espèce.  Néanmoins  ,  on  entend  générale- 
ment à  présent  par  porphyre  une  roche  à  base  feldspathlque 
compacte  ,  quelque  peu  amphibolique  ,  et  contenant  dissé- 
minés ,  des  cristaux 'de  feldspath  ou  d'autre  nature. 

Voici  la  séri;,'  alphabétique  des  diverses  espèces  de  por- 
phyres considérés  d'après  leur  nature.  Lorsque  la  pâte  est 
granulaire  et  qu'elle  laisse  distinguer  ses  élémens  ,  plus  ou 
moins  fondus  ensemble  ,  on  donne  à  ces  roches  Tépilhèle 
de  p^rphyroïdes. 

Porphyres  amphikoliques  {  griln  porphyr ,  AV.;  griln- 
stein  porp/iyr).  Communéme  ni  verts,  persillés  et  tachés  de 
blanc  ;  pâte,  composée  de  feldspath  compacte  ,  cireux  ,  et 
d'amphibole  ,  dans  laquelle  sont  disséminés  des  cristaux 
presque  compactes  de  feldspath,  quelquefois  assez  gros  ,  et 
rarement  du  mica.  Ils  sont  primitifs,  et  on  en  distingue  plu- 
sieurs variétés  :  i.»  ,  micacé  ;  il  accompagne  le  micaschiste 
{glimmcrsclneffer')  et  le  gneiss  ;  2.»  ,  granulaire  (Diorite,  Haiiy  ; 
Diabuse  poiphyruide,  Br.  ;  grilnsiein  et  griinstein  porphyr  des  Al- 
lemands) ;  sa  pâle  est  granulaire  ,  à  grains  fins  ;  3.°  orbi- 
culaire  (^Diabuse  orbiciilairr,  Brong.  ;  vu\q^. granité  orbîculaire  ,  de 
Corse.  );  pâte  granulaire  ,  verte  ,  pointillée  de  blanc  ,  enve- 
loppant de  gros  cristaux  globuleux ,  sphéroïdes  ,  formés  de 
couches  et  de  lignes  concentriques  ,  alternativement  vertes 
et  blanches  ,  formées  par  des  grains  de  feldspath  blanc,  et 
d'amphibole  vert.  Ce  porphyre  est  un  des  plus  curieux  que 
l'on  connoicse  ,  et  n'a  encore  été  trouvé  qu'en  Corse.  Les 
minéralogistes  allemands  rapportent  au  griinstein,  les  di- 
verses roches  comprises  par  M.  iiauy  dans  Vaphaniie,  telles 
que  le  porphyre  vert  antique  et  les  varioliies  vertes;  mais  ces 
roches  ont  une  pâte  parfaitement  compacte  à  élémens  in- 
discernables à  l'œil.  On  rapporte  encore  au  griinstein,  des 
roches  qui  accompagnent  les  basaltes,  ou  qui  se  trouvent  dans 
les  terrains  de  transition;  mais  il  est  plus  que  douteux  que 
l'amphibole  soit  leurbase  ,  plutôt  que  le  pyroxène.  V.  Apha- 
wiTE  ,  Diorite  et  Grunstein. 

Porphyres  amygdai,oïdes.  Presque  toutes  les  roches 
amygdaloïdes,  soit  pétrosiliceuses  ,  soit  trappéennes  ,  outre 
les  noyaux  qu'elles  contiennent  ,  offrent  dans  leur  pâte 
des  cristaux  épars  de  feldspath  ou  d'amphibole,  ou  d^toute 
autre  nature.  Les  mandclstcins  àes  Allemands,  sont  principa- 
lement dans  ce  cas.  Le  plus  extraordinaire  de  tous  les  por- 
phyres amygdaloïdes  ,  est  celui  qu'on  nomme  porphyre-glo- 
bulaire de  Corse  et  PYRoaiÉuiDE,  V.  ce  dernier  mot. 


P  O  R  ,3 

Porphyres  argileux  (  Thon  porphyr  des  Allemands  ; 
"Argi/uphyre  y  Urong,  ).  Nous  traiterons  de  ces  porphyres  à 
rarticle  TJion  porphyr. 

Leur  pâte  terreuse  ou  argileuse,  et  les  cristaux  qu'elle  en- 
veloppe, ont  un  aspect  moins  brillant  que  dans  les  autres  por- 
phyres. 11  y  en  a  de  primitifs  et  de  secondaires.  Les  porphyres 
pétroslliceux  et  les  laves  pélrosillceuses  anciennes  ,  lorsqu'ils 
ont  été  altérés  par  Taction  de  l'air,  prennent  le  même  aspect 
que  les  porphyres  argileux. 

Porphyres  calcaires  (  Calciphyre^  Brong.  ).  Ce  sont  des 
roches  calcaires  primitives  qui  contiennent  des  cristaux  et 
d'autres  substances.  Par  exemple  :  au  col  du  Bonhomme, 
dans  les  Alpes  ,  on  trouve  un  calcaire  compacte  ,  blanc- 
jaunâtre  ,  avec  cristaux  de  feldspath  limpide.  Au  Pic  du 
Midi,  et  dans  les  environs  de  Barège  ,  il  y  a  des  calcaires 
saccharoïdes  qui  contiennent  des  grenats,  de  l'idocrase,  etc.  ; 
dans  l'île  de  Tyrée  ,  l'une  des  Hébrides ,  Il  y  a  un  calcaire 
compacte ,  rose,  contenant  des  cristaux  d'amphibole,  et  quel- 
quefois de  chaux  phosphatée  bleue  ,  etc. 

Porphyres  cornéens.  Ils  ont  pour  pâte  un  pétrosllex 
compacte,  verdâtre,  et  contiennent,  disséminés,  des  cristaux 
de  feldspath  ,  et  aussi  de  très-petits  cristaux  d'amphibole  et 
de  pyroxène.  Il  ne  faut  pas  les  confondre  avec  les  porphyres 
amplilbollques  qui ,  pour  le  plus  souvent ,  laissent  discerner 
les  éléinens  de  la  pâte.  L'on  doit  regarder  comme  type  de 
cette  espèce  ,  le  porphyre  appelé  communément  serpentin  o\x 
ophite antique.  V.  ces  mots,  et  ci-après  Porphyres  antiques. 
Porphyres  feldspathiques  (  Feldspath  porphyr.  )  Ce 
sont  les  porphyres  pétroslliceux  ,  dont  la  pâte  est  de  feld- 
spath compacte  pur. 

PoRPHYREi  JADiETSis.  Ils  ont  pour  base  le  jade  tenace  , 
et  contiennent  des  cristaux  de  feldspath  et  de  diallage.  V. 
EuPHOTiDE.  Ils  sont  primitifs. 

Porphyres  obsidiens  (  obsidian  porphyr  ).  Voyez  à  Fart. 
Obsidienne. 

Porphyres  a  base  de  perlstein.  V.  Obsidienne  perlée  , 
à  l'article  Obsidienne. 

Porphyres  pétrosiliceux  ou  à  base  de  feldspath  com- 
pacte. Ce  sont  les  plus  nombreux  de  tous  ;  Us  se  présentent 
avec  les  couleurs  rouge  ,  rougeâtre  ,  blanchâtre  ,  gris  foncé  , 
grls-nolrâtre ,  brunâtre  ,  même  verte  ,  et  toutes  les  nuances 
entre  ces  couleurs.  Leur  pâle  est  tantôt  parfaitement  com- 
pacte et  slllcée ,  tantôt  un  peu  terreuse  et  terne  ;  elle  est 
fusible  en  verre  grisâtre  ,  blanchâtre  ou  brunâtre  ,  selon  sa 
pureté.  Les  cristaux  qu'elle  enveloppe  sont  :  de  feldspath  , 
d'amphibole,  de  quarz,  de  mica,  et  quelquefois  de  pyroxène_ 


,4  P  O  R 

Tous  ces  cristaux  sont  généralement  très-petits  et  répandus 
par  myiiades  dans  la  pâte,  communément  distincts  et  épars 
ou  se  fondant  avec'la  pâle  et  quelquefois  agglomérés  entre  eux 
et  formant  ainsi  dans  le  porphyre  des  noyaux,  des  bandes  et 
des  filons  granitiques,  qui  donnent  à  la  roche,  considérée  en 
grand,  l'aspect  d'une  brèche.  Ceci  est  très-remarquable  dans 
le  porphyre  rouge  antique.  11  arrive  aussi  que  la  pâte  est 
quelquefois  homogène  dans  diverses  parties  de  la  masse.  Tous 
ces  porphyres  n'appartiennent  point  à  la  même  formation  ;  il 
y  en  a  de  primitifs,  de  transition  et  de  volcaniques. 

Les  porphyres  pétrosiliccux  primitifs  constituent  une  for- 
mation particulière  ;  ils  passent  par  des  nuances  \nsensibles 
aux  roches  granitiques  amygdaloïdes  ,  au  trapp  ,  qui  n'est 
autre  chose  qu'une  roche  compacte  ,  presque  entièrement 
composée  d'amphibole  ,  à  la  cornéenne  ,  qui  est  une  roche 
amphibolique,  compacte  et  feldspathique. 

Les  porphyres  pétrosiliccux  sont  très-fréquemment  amyg- 
daloïdes ou  brèches  à  la  fois,  c'est-à-dire,  qu'on  voit  encore 
dans  leur  pâte  des  globules  ,  des  noyaux  ,  et  des  parties 
fragmentiformes  de  même  nature  ,  qui  s'y  sont  formés  par 
voie  de  cristallisation  confuse,  en  même  temps  que  les  cristaux. 
Les  Vosges  fournissent  de  très-beaux  porphyres  en  ce  genre, 
ainsi  que  la  Corse.  Les  premiers  ont  été  le  sujet  d'observations 
très-intéressantes,  faites  par  Dolomieu,  sur  la  formation  des 
porphyres.  V.  Petrosilex  et  Pyroméride. 

C'est  aux  porphyres  pétrosiliccux  primitifs  que  l'on  doit 
rapporter  presque  toutes  les  roches  nommées  par  les  Al- 
lemands homstein  porphyr  ^  que  quelques  naturalistes  consi- 
dèrent comme  devant  seuls  constituer  l'espèce  porphyre.  Il 
faut  aussi  y  rapporter  en  partie  leur  Jeldspafh  porphyr  ou  feld 
porphyr.  L'on  a  nommé  long-temps  porphyre  à  base  de  jaspe, 
les  porphyres  pétrosiliccux  rouges. 

Les  porphyres  pétrosiliccux  qui  sont  dans  les  terrains  de 
transition  et  même  quelques  uns  de  ceux  des  terrains  primitifs, 
selon  les  Allemands, sont  en  général  considérés  par  beaucoup 
de  minéralogistes,  comme  des  laves  anciennes.  Ils  accompa- 
gnent les  basaltes  ,  les  obsidiennes  résinoïdes  ,  les  pechsteins, 
etc.  Ils  contiennent  des  cristaux  de  pyroxène,et  en  général  ils 
sont  subordonnés  à  des  roches  dont  l'origine  paroît  récente.  On 
doit  rapporter  ici  une  bonne  partie  des  kh'ngsiein  des  Alle- 
mands ou  phonoliiîth ,  et  quelques-uns  des  porphyres  de  la 
Hongrie  ,  des  monis  Euganéens  ,  de  la  Catalogne  ,  etc. 
Ces  porphyres  pétrosiliccux  doivent  être  complètement 
distingués  des  précédens  ,  car  leur  pâte  est  un  mélange  de 
pyroxène  et  de  feldspath  qui  y  domine.  Les  cristaux  qu'ils 
€On*iennentsont  surtout  de  feldspath  et  de  pyroxène  ,  et  plus 


P  O  R  ,5 

rarement   d'amphigène  ,    de  mica  ,    d'haiiyne  ,    de  lilane 
silicéo-calcaire  ,   etc.  ;  leur  conlexture  est  quelquefois  très- 
serrée  etsilicée,  mais  le  plus  souvent  elle  est  subgranulaire. 
V.  à  l'article  Lave. 
Porphyres  résinoïdes  (  Pechsteln  porphyr  ).    Foyez   Ré- 

TINITE. 

Porphyres  quarzeux  (  Çuarz  porphyr).  Ils  ont  pour 
base  le  quarz  granulaire  à  grain  très-fin  à  peine  discernable  , 
et  contiennent  des  cristaux  de  feldspath  ou  de  mica.  Ils  sont 
primitifs.  F.  Pyroméride. 

Porphyres  schisteux.  Ce  sont  ceux  qui  sont  fissiles 
ou  feuilletés  ;  les  uns  sont  des  gneiss,  des  roches  micacées 
porphyritiqucs  ,  des  ardoises  ou  schistes,  contenant  ou  du 
feldspath  ,  ou  du  quarz,  ou  du  mica  ,  ou  des  macles  :  ces  por- 
phyres sont  primitifs  ;  les  autres  sont  pétrosiliceux  primitifs, 
ou  de  transition  et  volcaniques,  tels  que  les  Phonolithes  , 
roches  que  les  Allemands  nomment  spécialement  porphyr- 
schicffer  et  klingsteîn  porphyr. 

Porphyres  secondaires.  Ils  appartiennent  aux  ter- 
rains de  transition  ;  les  uns  sont  pétrosiliceux  et  les  autres  à 
base  de  trapp.  Les  Allemands  y  comprennent  une  grande 
partie  des  laves  pélrosiliceuses  anciennes  ,  et  quelques  por- 
phyres argileux.  En  exceptant  les  laves  porphyritiqucs  ,  on 
peut  dire  que  tous  les  porphyres  secondaires  appartiennent 
aux  formations  secondaires  anciennes. 

Porphyres  serpentineux  (  Serpentin  porphyr).  Ce  sont 
les  serpentines  qui  contiennent  des  cristaux  de  diallage  ,  du 
fer  oxydulé,  etc.  ;  ils  sont  primitifs.  F.  Ophiolite. 

Porphyres  syénitiques  {Syenit  porphyr  ,  W.  ;  Syenite 
porphyrdîde,  Brong).  De  gros  cristaux  ,  ordinairement  rougeâ- 
tres,  de  feldspath,  épars  dans  une  pâte,  à  grains  fins ,  composée 
de  feldspath ,  de  quarz  et  d'amphibole.  Ils  appartiennent  au 
terrain  primitif  ,  accompagnent  le  granité  de  seconde  forma- 
tion ,  le  gneiss  ,  le  weisstem  ou  leptinite ,  la  syénite  grani- 
tique ,  et  toutes  les  roches  qui  se  trouvent  dans  ces  forma- 
tions Ils  accompagnent  encore  les  porphyres  anciens  pétro- 
siliceux ,  c'est-à-dire  ,  à  base  de  feldspath  compacte. 

Porphyres  talqueux  et  stéatiteux  (  Talk  porphyr  et 
topfslein  porphyr).  Ce  sont  les  stéatites  et  les  talcs  qui  sont  en 
masse  ,  et  qui  enveloppent  des  cristaux  de  feldspath  lamel- 
leux  du  mica  ,  etc.  ;  ils  sont  primitifs  ,  et  souvent  fissiles.  F. 
Stéaschiste. 

Porphyres  trappéens  (  Trapp  porphyr  ).  L'on  a  don- 
né ce  nom  à  diverses  roches  primitives  ou  de  transition  , 
dont  la  pâte  étoit  regardée  comme  formée  essentiellement 
d'amphibole  en  masse  ,   compacte  ,  et  unie  à  du  feldspath  , 


i6  P  0  R 

quoique  le  plus  souvent  formant  un  tout  homogène  à  l'œil. 
Dans  celte  pâte  ,  se  trouvoient  dissérakiés  des  cristaux 
de  feldspath.  Ce  nom  étoit  trop  étenrL:  ,  puisqu'on  sait 
maintenant  que  beaucoup  de  ces  porph-,  rcs  ont  pour  base 
une  pâle  d'une  autre  composition.  Par  exemple  ,  il  en  faut 
éliminer  ceux  qui  paroissent  avoir  pour  base  une  pâte  de 
pyroxéne  et  de  feldspath  en  masse  ;  tels  que  les  trapps 
d'Oberstein  ,  ceux  de  Fassa  en  Tyrol ,  remarquables  par 
lesnombreuses  espèces  minérales  qu'ils  offrent ,  et  qui  sont 
regardés  comme  d'origine  volcanique.  Ces  trapps,  le  basalle 
et  les  vackesqui  les  accompagnent ,  ainsi  que  toutes  les  laves 
lithoïdes,  que  Dolomieu  croyoit  avoir  le  trapp  pour  base,  ne 
sont  que  des  mélanges  intimes  de  pyroxéne  et  de  feldspath. 
Il  y  a  toutefois  dans  les  terrains  primitifs  de  vrais  porphyres 
trappéens;ils  sont  vert-foncés, vert-noirs, et  quelquefois  noirs; 
ce  sont  là  les  vrais  trapp  porphyr  des  Allemands  ;  ils  sont 
fusibles  en  émail ,  brun  ,  grisâtre  ,  verdâlre  ou  noir.  Voyez 
Trapp  ,  Trappite  ,  Mélaphyre. 

Porphyres  a  base  de  vacke  (  Vacke  porphyr).  Les  Alle- 
mands désignent  ainsi  la  vacke  ,  lorsqu'elle  contient  des  cris- 
taux de  mica,  de  pyroxéne  ,  etc.  Quelques  minéralogistes 
considèrent  les  vackes  comme  des  basaltes  décomposés.  V. 
Vacke  et  Vakite. 

Porphyres  volcaniques  ou  Porphyres  laves.  Ce  sont 
les  laves  lithoïdes  porphyritiques.  Il  est  bien  rare  que  les 
laves  lithoïdes  soient  homogènes  dans  toute  l'étendue  de  leur 
masse  ;  elles  offrent,  on  peut  dire,  toujours  des  cristaux,  soit 
de  feldspath,  soit  de  pyroxéne,  soit  de  pérldot.  Les  autres 
substau'^es  cristallines  qu'on  y  remarque  sont  beaucoup  plus 
rares.  Quelquefois  les  cristaux  sont  tellement  nombreux  et 
pressés,  que  la  lave  prend  l'aspect  granitoïde  ,  tels,  par 
exemple  ,  que  la  lave  rouge  de  Santa- Fiora,  en  Toscane. 
Les  porphyres  volcaniques  sont  quelquefois  très-durs  ,  et  ne 
prennent  pas  souvent  un  poli  vif  ;  on  les  distingue  par  leurs 
cristaux  qui  portent  encore  l'empreinte  de  l'action  du  feu  : 
ils  sont  frites,  fendillés,  plus  vitreux  et  plus  fragiles,  quoique 
moins  fusibles  que  les  cristaux  de  même  nature  qui  sont  dans 
les  autres  roches  non  volcaniques.  *I1  y  a  des  porphyres  vol- 
caniques pétrosiliceux  ,  mais  il  n'y  en  a  plus  de  trappéens  ; 
et  ceux  nommés  ainsi ,  doivent  porter  le  nom  de  porphyres 
pyruxéniqiies  ,  à  cause  de  la  nature  de  leur  pâte.  Les  basaltes 
ou  laves  compactes  basaltiques  ,  sont  aussi  des  porphyres  py- 
roxénlques  ,  et  rentrent  dans  les  porphyres  volcaniques.  Les 
minéralogistes  de  Técole  de  Werner  ne  nomment  lave 
porphyrique  {porphyr  lava  )  que  celles  vomies  sous  nos  yeux 
par  les  volcans.  F.  Laves,  Trachyte  et  Phonolithe. 


P  O  R  ,^ 

Nousn'avons  fait  que  Iracer  rapidement  le  tableau  des  di- 
verses espèces  de  porphyres,  que  les  iijinéralogistes  établis- 
sent. Celte  esquisse  est  suffisante  pour  faire  voir  que  rien 
li'est  plus  vague  que  la  classification  de  ces  roches  ,  et  que 
l'on  ne  sauroit  avoir  de  bons  caractères  pour  les  distinguer 
entre  elles  d'une  manière  franche. 

C'est  aux  articles  Roches  et  Terrains  ,  qu'on  trouvera 
l'exposition  de  lasubordination  queles  porphyres  conservent 
par  rapport  aux  autres  roches  qui  composent  la  terre. 

Usages  lies  Porphyres. 

Les  porphyres  qui  ont  une  pâte  bien  compacte,  une  grande 
dureté  et  des  couleurs  vives  agréablement  tachées,  sont  ceux 
qu'on  peut  employer  avec  le  plus  d'avantage  à  la  décora- 
lion  des  monumens  publics.  Leur  emploi  est  loin  d'être 
aussi  fréquent  que  celui  des  marbres  :  la  difficulté  que  l'on 
éprouve  aies  travailler  ,  les  frais  considérables  qu'exige  leur 
exploitation  et  le  prix  excessif  de  la  main-d'œuvre  pour  les 
façonner,  joint  à  ce  qu'ils  sont  peu  communs  et  dans  des  lieux 
éloignésdes  grandes  villes,  en  sont  les  causes  et  celles  qui 
feront  dédaigner  toujours  les  porphyres  ,  dans  l'usage  jour- 
nalier, hes  porphyres  sonl  des  marques  de  luxe,  que  des  par- 
ticuliers se  donnent  rarement;  il  est  même  rare  que  l'on  pro- 
digue ces  belles  matières  dans  les  monumens  publics,  et  alors 
presque  jamais  pour  les  décorations  extérieures.  Les  porphy- 
res sont  beaucoup  moins  communs  que  les  granités.  C'est  en- 
core une  raison  de  ce  qu'on  en  voit  si  peu.  Les  anciens  Ro- 
mains, dans  le  temps  où  le  luxe  étcit  au  plus  haut  degré  à 
Rome, n'auraient  rien  négligé  pour  se  procurer  les  porphyres, 
si  la  nature  en  eût  été  moins  avare  :  or,  ils  n'ont  connu  qu'un 
très-petit  nombre  de  porphyres,  ainsi  que  nous  en  pouvons 
juger  par  les  débris  de  ceux  que  nous  trouvons  dans  les 
ruines  antiques.  Les  plus  beaux  se  tiroient  de  l'Egypte. 

Chez  les  modernes,  ce  goût  est  très-peu  de  chose.  Quel- 
ques compagnies  ont  voulu  établir  des  manufactures  desti- 
nées à  façonner  les  porphyres  dans  plusieurs  pays  où  ces  ro- 
ches abondent  ;  mais  le  succès  n'a  pas  répondu  à  leur  at- 
tente. Ainsi,  l'exploitation  des  porphyres  dans  les  Vosges  a 
été  abandonnée, ou  du  moins  peu  s'en  faut.  L'on  voit  à  Paris 
des  tables  ,  des  cheminées  ,  quelques  vases  en  un  beau  por- 
phyre gris  verdâtre,  avec  des  cristaux  de  feldspath  blanc 
verdâlre,qui  rappelle  le  5e/;;e«//«  vert  des  Italiens.  On  leliroit 
desVosges, ainsi  qu'un  porphyre  bréché,  vert  grisâtre  pointillé 
de  blanc  par  du  feldspath,  et  qu'on  avoit  employé  aux  mêmes 

XxVfii,  o 


,S  '  P  O  R 

usages.  Le  haut  prix  auquel  reviennenl  ces  objets ,  esl  la  cause 
de  la  perte  de  cet  établissement.  Cependant  ,  il  en  est  de 
mente  de  la  fabrique  d'Elfredalen  en  Suède,  où  réconomie 
la  plus  stricte  permet  de  donner  les  objets  au  plus  bas  prix 
possible.  Cette  fabrique  ,  qui  emploie  des  porphyres  pétro 
siliceux  bruns  ,  et  des  porphyres  verls  qu'elle  tire  de  la 
montagne  de  Bleyberg,  produit  desmanchesde  couteaux,  des 
chandeliers,  des  salières,  des  vases,des  mortiers,  des  coupes» 
des  tables  qui  peuvent  être  utiles  à  tout  le  monde  ,  et  dans 
les  arts.  H  en  sort  également  de  belles  urnes ,  des  lombes  et 
d'autres  objets  de  luxe.  Mais  cet  établissement  se  soutient 
avec  peine.  On  ne  sauroit  nier  que  les  porphyres  s'emploie- 
roient  bien  plus  avantageusement  dans  certains  cas  que  les 
marbres.lls  sont  beaucoup  plus  durs, inattaquables  aux  acides 
et  ne  se  laissent  tacher  par  aucun  liquide.  Ces  propriétés 
jointes  au  poli  vif  et  durable  qu  ils  sont  susceptibles  de  pren- 
dre, les  rendroient  précieux, en  les  employant  comme  tables 
^t  chambranles  de  cheminées,  mortiers,  pierres  pour 
broyer ,   etc. 

Lcsmonumcns  anciens  de  Rome  étolent  ornés  de  colonnes 
et  de  figures  en  porphyre;  des  urnes,  des  tombes  s'exécutoient 
avec  cette  matière,  qu'on  tlroit  à  grands  frais  d'Egypte  et 
d'Arabie.  C'élolt  surtout  les  colonnes  qui  furent  le  plus 
mullipliéei  ;  elles  donnent  en  effet  aux  monumens  qu  elles 
décorent,  un  air  de  magnificence  et  de  grandeur  que  les 
plus  beaux  marbres  n'offrent  pas  toujours  ;  mais  l'on  doit 
romarquer  que  les  colonnes  de  porphyre  ont  rarement  de 
grandes  dimensions. 

La  liste  des  porphyres  antiques  n'est  pas  considérable  en 
espèces  ,  et  les  plus  employées  ,  ou  celles  qu'on  trouve  en- 
core en  abondance  dans  les  ruines  de  Rome  ,  sont  le  por- 
phyre rouge  et  le  serpentin  ;  après,  il  y  eu  a  quelques  autres 
plus   rares.  Voici  leurs  caractères  : 

Porphyre  rouge  aî^tique  Q  Marmor  porphyri/es  )  ku- 
rosiicos  ,  kpiopsephos  ,  thebaïcus  tapis  ?  PI  in.  Porfido  rosso  an- 
iico  des  llalleBs.  Leucostine,  Delamélhérie.  Porphyre  antique 
Rrong.  ). 

C'est  un  porphyre  à  pâte  pélrosihceuse,  rouge  ,  brune  ou 
violacée  ,  remplie  d'une  Immense  quantité  de  très-petites  ta- 
ches polygones  dues  à  des  cristaux  de  feldspath  blanc, ou  rosé  ; 
et  de  ircs-pelllespointillures  d'amphibole  noir,  ou  vert  noir. 
Les  marbriers  distinguent  les  variétés  suivantes: 

1.»  Brune.    La  pâle  esl  d'un  brun  d'acajou  foncé. 

3.0  Rouge.  La  pâle  est  rouge  foncé  ,  avec  une  teinte  Irès- 
Icgère  de  violet,  répandue  également  sur  les  cristau-v. 


POU  ,g 

3.»  Violette.  La  pâle  est  d'un  rouge  violet  tirant  sur  la  lie 
de  vin.  Cette  variété  est  la  plus  belle. 

4°  Brèche.  Les  cristaux  de  feldspath  se  sont  groupés  çà 
et  là  entre  eux,  et  forment  ainsi  des  parties  granitiques  blan- 
ches, au  milieu  du  reste  du  porphyre  qui  présente  également 
diverses  nuances  dans  la  pâte.  L'amphibole  se  réunit  de  même 
que  le  feldspath  en  parties  séparées,  mais  très-rarement  les 
taches  amphiboliquessont  d'un  noirverdâire. 

Ces  beaux  porphyres  s'exploitent  aux  environs  du  mont 
Sinaï  ,  et  dans  les  déserts  qui  sont  entre  le  Nil  et  la  mer 
Rouge.  Ils  s'y  trouvoient  en  blocs  énormes  ,  comme  le 
prouvent  les  colonnes  qui  décorent  encore  les  édifices  de 
Home. 

Le  savant  architecte  Rondelet ,  dans  le  premier  volume 
de  son  bel  ouvrage  sur  VAii  de  hâlir  ,  a  donné  le  détail  des 
principaux  monumens  antiques  de  porphyre^  d'où  est  tiré 
la  notice  suivante. 

Colonnes  de  porphyre  rouge.  —  Les  plus  grandes  colonnes  de 
porphyre  qui  existent,  sontcelles  de  Sainte-Sophie  à  C0NSTA.N- 
TINOPLE  :  elles  ont  quarante  pieds  de  hauteur. 

Il  y  en  a  beaucoup  à  Rome  ;  mais  elles  sont  moins  hautes. 

Dans  la  seule  église  de  Saint-Paul  hors  desmurs  ^  on  compte 

trente  colonnes  de  porphyre  .^  dont  quatre  ont  vingt  pieds  sept 

pouces  et  demi  de  hauteur  ,   sur  deux  pieds  sept  pouces  de 

diamètre. 

Dans  le  Baptistaire  de  Saint-Jean  de  Latran  ,  on  remarque 
huit  belles  colonnes  de  porphyre  ;  les  deux  plus  grandes  ont 
quatorze  pieds  de  haut,  sur  vingt-un  pouces  de  diamètre. 

Tombeaux  de  porphyre  rouge.  —  Un  des  plus  beaux  est  celui 
d' Agrippa.  II  a  été  employé  dans  le  mausolée  de  Clé- 
ment Xil  à  Saint-Jean  de  Latran.  Sa  longueur  est  de  sept 
pieds  quatre  pouces,  sur  quatre  pieds  un  pouce  de  largeur  et 
autant  de  hauteur. 

Dans  l'église  de  Sainte- Constance  hors  des  murs  ,  est  un  su- 
perbetombeaude  porphyre  ,  orné  de  bas-reliefs  en  forme  de 
frise.  La  partie  qui  forme  le  coffre  a  sept  pieds  cinq  pouces  et 
demi  de  long  ,  sur  trois  pieds  dix  pouces  de  haut.  La  pièce 
qui  forme  le  dessus  ,  a  sept  pieds  sept  pouces  et  demi  de 
long,  sur  cinq  pieds  deux  pouces  de  large,  et  un  pied  d'épais- 
seur. 

A  Saint-Jean  de  Latran  ,  le  tombeau  de  Sainte -Hélène  est 
de  même  forme  ;  il  est  aussi  orné  de  sculptures. 

Au  Muséum  du  Vatican  ,  Ton  voit  un  des  plus  grands  lom^ 


ao  P  0  R 

beaux  àe  porphyre  qm  soient  à  Rome  ;  il  est  orné  de  bâs-re- 
liefs. 

Dans  l'église  de  Saint-Jean  et  Saint-Paul,  l'autel  de  saint- 
Saturnin  est  formé  d'un  beau  tombeau  à e  porphyre. 

A  Sainte-Marie  Majeure  ,  l'aulel  pontifical  est  formé  d'un 
tombeau  àe  porphyre ,  dont  la  longueur  est  de  sept  pieds  ,  sur 
trois  pieds   dix  pouces  de  large  et  deux  pieds  de  haut. 

Dans  l'église  de  Sainte-Marie-des-Anf;es  ,  est  une  grande 
urne  antique  formant  le  monument  funéraire  de  Carie  Ma- 
ralte. 

A  Saint  Nicolas  in  carcerc  ,  sous  le  grand  autel  ,  est  un 
ancien  tombeau  de  porphyre  noir  ,  avec  deux  têtes  égyp- 
tiennes en  relief.  11  est  le  seul  de  cette  espèce. 

A  Ravenne,  dans  le  couvent  de  Sainte-Apollinaire,  est 
le  tombeau  du  roi  Théodoric.  C'est  une  cuve  de  porphyre  de 
huit  pieds  de  long  ,  sur  quatre  de  hauteur  et  autant  de  lar- 
geur, provenant  de  quelques  bains  antiques. 

A  Paris,  on  voit  dans  l'église  de  Saint-Germain-l'Auxer- 
rois  ,  le  tombeau  du  comte  de  Caylus  qui  vient  du  palais  Vo- 
rospi  à  Rome  ,  acheté  par  Bouret,  et  cédé  au  comte  de  Cay- 
lus. C'est  le  seul  tombeau  de  porphyre  qu'il  y  ait  à  Paris. 

A  Saint-  Denis  ,  la  cuve  du  roi  Dagobert  avoit  cinq 
pieds  trois  pouces  de  long  ,  sur  deux  pieds  deux  pouces  de 
large.  Dagobert  la  fit  venir  de  Poitiers  ,  où  elle  servoil  de 
fonts  baptismaux. 

Figures. —  Beaucoup  de  bustes  des  empereurs  sont  de  por- 
phyre ;  il  y  en  a  plusieurs  statues ,  notamment  la  Rome  an- 
tique du  Capilole. 

C'est  des  débris  et  des  tronçons  de  colonnes  de  porphyre 
rouge  ,  que  les  modernes  tirent  les  tables  qui  servent  à 
porphyriser  ,  c'est-à-dire  à  broyer  finement  les  couleurs  et 
d'autres  matières  ,  et  qu'ils  font  les  meilleurs  mortiers. 

Porphyre  vert  antique  ou  Serpentin  antique  (^verde  an- 
tico  et  serpentino-anticoyàes  Italiens;  griin porphyr,\V .;  Ophites, 
Brong.  ;  Ophite?  Var.,  Plin.  )  C'est  sans  contredit  un  des  plus 
beaux  porphyres  connus.  Les  anciens  le  tiroient  de  la  Haute- 
iLgypte.  J'ai  eu  occasion  de  voir  des  fragmensde  vases  égyp- 
tiens des  plus  anciens, faits  en  ce  porphyre  et  couverts  d'hiéro- 
glyphes. Le  serpentin  antique  doit  son  nom  à  sa  couleur  verle, 
relevée  par  des  taches  blanches;ce  qui  l'a  fait  comparer  à  une 
peau  de  serpent  d'où  son  nom  (ï Ophile.Sa  pâte  a  clé  nommée 
tantôt  irapp,t3nlol  cornéenne;  c'est  un  feldspath  compacte  uni 
à  de  l'amphibole  ;  {peut-être  pyroxme  ) ;  quand  celui-ci  do- 
mine, cette  pâte^est  d'un  vert-noir,  très-foncée  ou  rougeâtre; 
dans  le  cas  contraire  ,  c'est-à-dire  lorsque  le  feldspath  est 
abondant ,  elle  est  verte,  plus  ou  moins  jaune.  Les  cristaux  de 


P  O  R  21 

feldspath  sont  Lianes,  ou  voilés  par  une  teinte  générale  ver- 
dâtre  ou  jaunâtre.  Ils  ont  près  de  trois  lignes  de  longueur. 
Ils  sont  communément  groupés  plusieurs'ensemble  ,  et  for- 
ment à  la  dislance  de  quelques  lignes  les  unes  des  autres, des 
taches  angulaires  bien  limitées  de  lapâle,dontils  offrent  quel- 
quefois des  parcelles  dans  leur  intérieur.  Cette  pâte  est  fusi- 
ble en  verre  noir  ou  brun.  Elle  présente  encore  une  multitude 
depointillures  d'un  vert  noirâtre  qui  sont  ou  de  l'amphibole 
ou  de  pyroxène.  Quelquefois  on  voit  dans  celte  pâte  de  pe- 
tits globules  ou  des  veinules  de  calcédoine,  et  plus  rarement 
de  calcaire  spalhique  ,  ou  d'une  matière  verte  amphiboli- 
que.  Elle  paroît  avoir  beaucoup  d'analogie  avec  la  pâle 
des  varioliles  de  la  Durance.  L'on  distingue  plusieurs  varié- 
lés  de  serpentin  antique  ;  les  plus  remarquables  sont 
celles-ci  : 

i."  Verte  (Porfido  perde,  des  Italiens).  La  pâte  est  d'un  beau 
vert  pur  ,  ayant  quelquefois  un  peu  de  ressemblance  avec 
le  vert  d'émeraude;  ses  cristaux  sont  d'un  beau  blanc.  C'est 
la  variété  la  plus  prisée. 

2.»  Vert  jaunâtre.  (^  Porfido  hnino  ,  des  Italiens).  Sa  pâte  est 
d'un  vert  jaunâtre,  et  la  même  teinte  voile  le  blanc  des  cris- 
taux. Cette  variété  est  moins  séduisante  que  la  précédente  y 
et  prend  un  poli  moins  vif. 

3.°  Rougeâire  ou  brune.  Sa  pâte  est  d'un  brun  rougeâtre  , 
ep  et  là  verdâlre  ;  les  cristaux  sont  blanc-verdâtres.  Cette 
variété  est  rarement  en  grandes  pièces;  elle  a  uu  coup  d'œil 
obscur,  qui  lui  nuit. 

4."  Notre  {  Serpenttno  nero  antico  ,  des  Italiens).  La  pâle  est 
d'un  noir  parfait  à  l'œil  ;  sa  raclure  est  verte  ;  ses  cristaux 
sont  d'un  beau  blanc  opaque  ,  et  de  la  même  grandeur  que 
ceux  des  variélés  ci-dessus. 

5°.  Panachée  (  Porfido  verde  fiorito  des  Italiens  ).  Pâte 
d'un  vert  foncé  ,  taches  blanches  ,  nombreuses.,  oblongues 
étroites,  enlacées  les  unes  dans  les  autres. 

Je  dois  faire  remarquer  ici  que  les  Vosges  ,  la  Corse  ,  les 
Pyrénées,  la  Suède,  offrent  des  porphyres  semblables  au  por- 
phyre vert-antique  ,  et  qui  présentent  les  mêmes  nuances  de 
couleurs.  Leur  pâte  est  néanmoins  d'un  aspect  terreux  ,  et 
laisse  souvent  distinguer  les  élémens  d'amphibole  et  de 
feldspath  qui  la  composent.  11  n'est  pas  probable  que  le 
serpentin  antique  soit  un  produit  volcanique  ,  comme  le 
soupçonnoit  Palrin.  D'ailleurs, la  Haute-Egypte  fournit  une 
grande  quantité  de  roches  où  le  feldspath  et  l'amphibole 
abondent,  et  dont  l'origine  primitive  n'est  pas  mise  en  doute. 
On  elle  très-peu  de  figures  en  serpentin  antique  ;  mais  il  y 


P  O  îl 

en  a  un  grand  nombre  de  colonnes  ,  de  vases  ,  de  tom- 
beaux ,  etc. 

Les  deux  plus  belles  colonnes  de  ce  rare  porphyre  sont 
à  Rome  ,  au  Palais  des  ronsercateurs  ,  au  Capitole.  Elles  ont 
onze  pieds  de    haut  ,   sur   dix-sept  pouces  de  diamètre. 

A  Saint-Jean  de  Latran  ,  les  niches  qui  décorent  la  nef 
sont  ornées  de  vingt  quatre  colonnes  de  porphyre  vert  an- 
tique; les  quatre  plus  grandes  ont  neuf  pieds  de  haut. 

Au  Vatican^  deux  belles  colonnes  qui  étoient  à  Saint-Paul 
èes  trois  Fontaines. 

A  Sainte-Marie  in  Campitelli  ,  Tau  tel  de  sainte  Anne  est 
décoré  de  deux  colonnes  de  porphyre  vert  antique. 

La  Villa  Borghèse  *  la  Villa  Médias  et  le  palais  Justiniani 
en  offrent  plusieurs. 

A  Venise,  l'église  de  Saint-Marc  ,  et  la  cathédrale  de 
PiSE  sont  décorées  d'une  infinité  de  colonnes  tirées  de  Cons- 
tantinople  ,  dont  plusieurs  sont  de  porphyre  rouge  et  de 
porphyre  vert. 

On  voit  à  Paris  ,  dans  la  grande  galerie  du  Musde  des 
Arts,  de  grands  etmagnifiques  vases  de  porphyre  vert  antique, 
DÙ  Ton  remarque  les  globules  de  matière  verte,  ainsi  que  les 
globules  et  les  veines  de  calcédoine  dont  nous  avons  parlé 
ci-dessus. 

PORPUYRE  NOIR  ANTIQUE  (  Porfido  nero  antico  ).  Sa  pâle 
est  noire  à  l'œil ,  mais  sa  raclure  est  verd«^tre  ;  elle  est  évi- 
demment, composée  presqu'en  totalité  ,  par  de  ramphiboîe. 
Elle  contient,  comme  le  porphyre  rouge  antique,  une  mul- 
titude de  petits  cristaux  de  feldspath,  qui  y  forment  des 
taches  blanches  ou  blanc-verdâtres,  qui  ont  au  plus  une  li- 
gne de  diamètre.  Ce  porphyre  est  quelquefois  traversé  par 
des  veines  ou  flaques  d'un  blanc-verdàtre  et  feldspaihiqucs. 

Il  y  a  encore  le  serpentin  gris,  le  serpentin  cendré  antique 
qu'on  apportoit  également  d'Egypte;  ils  sont  de  la  même 
nature  que  le  précédent. 

Tous  les  porphyres  antiques  prccédens  sont  les  plus  con- 
nus. On  doit  remarquer  encore  les  suivans  : 

Porphyre  erbetto  (  Erhetio  et  porfido  erhetto ,  des  Ita- 
liens}. Ce  porphyre  seroit  plutôt  un  (^ranitelle  ,  car  il  est 
composé  d'amphibole  vert  et  de  feldspath  blanc  opaque  et 
compacte,  l'un  et  l'autre  en  égale  partie,  également  mélangés, 
et  sous  la  forme  de  grains  ou  de  petites  lignes  embrouillées. 
Il  est  plus  rare  que  lesprécédens.  On  en  trouve  d'analogues 
dans  les  Pyrénées ,  vers  Saint-13éat. 

Porphyre  dit  vcrdedi  prato  antico.  Les  Italiens  l'ont  nom- 
mé ainsi,  parce  qu'il  a  l'aspect  de  la  serpentine  «[u'on  tire  de 
Prato  en  Toscane;  mais  il  en  diffère  beaucoup  par  sa  nature. 


P  O  R  23 

C'est  encore  une  espèce  de  roche  plutôt  grsnîiiqne  que  por- 
phyritique,  quoiqu'elle  ait  l'apparence  des  porphyres. 

Sa  pâte  est  d'amphibole  compacle,  d'un  vert  jaunâtre  obs- 
cur ;  ses  cristaux  de  feldspath  sont  mal  conformés  ,  d'un 
blanc  verdâtre  ou  jaunâtre  ,  formant  de  petites  taclies  ob- 
iongues  ,  d'une  à  deux  lignes  de  diamètre,  éloignées  de  quel- 
ques lignes  les  unes  des  autres.  Le  verde  di  prato  antico  tient 
le  milieu  entre  le  porphyre  noir  antique  et  Yerbetlo. 

Porphyre  pouilleux  (  Porfido plddor.hiello  ou  piddochiosso): 
Pâte  pétrosiliceuse  ,  d'un  gris  sale  ,  contenant  beaucoup  de 
cristaux  moyens  et  réguliers  de  feldspath  blanchâtre  opaque  , 
des  petits  grains  de  quarz  gris,  et  des  cristaux  granuliformes 
d'amphibole  noir  :  sa  localité  est  inconnue.  On  trouve  un 
porphyre  analogue  à  Colmano  ,  dans  le  Tyrol  italien. 

Porphyre  amande  antique  {Po^Jîdo  nmendolafo  antiro). 
C'est  un  beau  porphyre  gris,  dont  la  localité  est  également 
inconnue.  Sa  pâte  est  pétrosiliceuse  ,  d'un  gris-clair  ,  et 
contient  des  cristaux  réguliers  de  feldspath  blanc,  les  uns 
très-nombreux,  granuliformes;  les  autres  moins  nombreux, 
mais  beaucoup  plus  gros  ou  moyens  ;  des  cristaux  assez  nom- 
breux de  quarz  gris  vitreut  et  d'amphibole  noir ,  granuli- 
formes. On  trouve,  dans  les  ruines  de  Rome,  des  tronçons  de 
colonnes  de  ce  porphyre  :  c'est  un  des  plus  rares.  Certaines 
laves  du  Drachenfels,  près  des  bords  du  Rhin, et  certains  por- 
phyres gris  de  Transylvanie  ,  lui  ressemblent  beaucoup. 

Porphyre  œil  de  perdrix  (  Porfido  orrhio  d!  perdlce ,  des 
Italiens).  Pâte  grenue  d'un  gris-brun,  pointilléede  parties  gri- 
sâtres feldspalhiques,  et  contenant  de  nombreuses  lames  de 
mica  qui  y  forment  des  lignes  brunes  ,  de  manière  à  imiter 
les  couleurs  du  plumage  de  la  perdrix:  ce  porphyre  n'est  pas 
commun.  On  fait  avec  les  morceaux  qu'on  retire  des  ruines 
des  anciens  monumens  ,  de  petits  vases,  de  petites  colonnes. 
11  n'est  jamais  volumineux.  11  a  beaucoup  d'analogie  avec 
des  laves  micacées  qu'on  trouve  aux  environs  de  Rome  ,  et 
notamment  à  Frascati. 

Ce  sont  là  les  divers  porphyres  antiques.  Il  est  a.^sez  re- 
marquable que  Pline  n'ait  presque  rien  dit  sur  ces  porphyres. 
A  peine  peut-on  reconnoître  chez  lui  le  plus  commun  de 
tous  ,  le  porphyre  rouge  antique  ,  le  seul  que  les  Jiistoriens, 
après  lui  ,  ont  bien  décrit.  On  suppose  qu'il  les  a  confondu9- 
avec  ses  marmor  et  ses  nphites.  (ln.) 

PORPHYRE.  Coquille  du  genre  des  Volutes,  Vohit'a 
hhpidula  ,  Linn.  (b.) 

PORPHYRE.  L'Oli-e  de  Panama  ,   Voluia  vorvhyrÙ! , 


H  P  ()  K 

Linn.  ,   est    ainsi    appelée   ,    par   les    marchands    de    co- 
quilles. (DESM.) 

PORPHYRE  GLOBTILAIRE  ,  et  Porphyre  Napo- 
léon. V.  Pyrgmékide.  (ln.) 

PORPHYRIO.  Ce  mot  lalin  ,  formé  du  grec,  a  élé  ap- 
pliqué par  des  orniiîiologistes  à  la  Poule  sultane.  T.  ci- 
après  PoRPHYRïo^^  (s.) 

PORPHYRIOiN  ou  POULE  SULTANE,  Porphyrio , 
Sclioeff.  ,  Briss.  ;  Fiilica  ,  Linn.  ;  Galliniila ,  Lalh.  Genre  de 
Tordre  des  Olseauxéchassiers  et  de  la  famille  des  3L\CRO- 
JiACTYLES.  ^.  ces  mols.  Qiraclcrcs  :  bec  médiocre  ,  robuste, 
droit ,  conico-convexe  ,  comprimé  vers  les  côtés  ,  un  peu 
renflé  vers  le  bout ,  polnlu  ;  mandibule  supérieure  ,  voûtée 
sur  l'inférieure,  un  peu  inclinée  à  sa  poinle;  narines  oblon- 
gues  ,  situées  dans  une  rainure ,  couvertes  d'une  membrane 
gonflée ,  ouvertes  en  dessous ,  vers  le  milieu  du  bec  ;  langue 
comprimée  latéralement ,  entière;  front,  ou  seulement  le  ca- 
pistrum,  dénué  déplumes;  quatre  doigts ,  trois  devant  ,  un 
derrière  ,  totalement  libres,  longs  et  à  bords  lisses;  le  pos- 
térieur portant  à  terre  ,  dans  une  partie  de  sa  longueur;  ailes 
concaves,  arrondies. 

Celte  division  seroit  susceptible  de  deux  sections,  d'après 
le  plus  ou  le  moins  d'étendue  de  la  plaque  frontale.  La  pre- 
mière contîendroit  les  espèces  dont  le  front  est  couvert  d'une 
peau  glabre  et  colorée  ,  jusqu'au  sinciput  ,  comme  les  gal/i- 
nules  et  les  foulques. 

La  deuxième  se  composeroit  des  porphyrîons  gris.,  à  tête 
grise,  favorite.,  karuka^  ou  a  cjueuc  rouge  ,  qui  ont  le  front  em- 
plumé,  mais  dont  la  base  de  la  partie  supérieure  du  bec  se  pro- 
longe en  s'élarglssaut  et  en  s'arroudissant  sur  le  capislrum,et 
ne  dépasse  pas  les  bords  du  front.  Ces  ^o7^//jno«5  se  rapprochent 
plus  des  relies  que  les  autres  ,  auxquels  tous  tiennent  par  leurs 
doigts  lisses  ,  ce  qui  les  éloigneroit  àç.s  gallinules  et  des  foui- 
tfues  ,  qui  les  ont  bordés  d'une  membrane  entière  ou  décou- 
pée. Il  résulte  de  ces  faits  ,  que  les  porphyrîons  remplissent 
l'intervalle  qui  sépare  les  râles  et  les  gallinules. 

La  famille  des  poules  sultanes  n'habite  en  Europe  que  les 
parties  méridionales  ,  et  est  répandue  en  y\tVique ,  en  Asie, 
eu  Amérique;  on  la  retrouve  encore  à  la  Nouvelle-Hollande 
et  dans  les  îles  de  la  mer  Pacifique.  Partout, ces  oiseaux  habi- 
tent le  bord  de  l'eau. 

Le  PoRPHYRiON  proprement  dit,  Porphyrio  chloiynothos  ^ 
Vieill.  ;  Gallinula  porphyrio  ,  Lalh.  Cet  oiseau  est  figuré  dans 
ce  Dictionnrire  ,  pi.  M  20 ,  fig.  3  ,  el  sur  les  pi.  enium.  de 
ïllist.  nat.  de  Buffon  ,  n.°  810,  sous  le  nom  de  taîè^'e  de  Mada- 
gascar ,  qui  est  celui  qu'il  porte  dans  celle  île.  On  l'appelle 


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Pr./rr  M.  Ficn-OTi    ,,'ni/^. 

1 .  Prlil  Phmiropf^ère .    2  .  B'r  notr   à  lutj^'pe Jaune.     3 .  Po/y/u/rio/i  . 


PO  R  25 

pi'ndaramcoU  dans  les  Indes  ,  chtnka  ,  à  la  Chine  ,  et  porphy- 
rion  est  la  dénomination  que  lui  ont  imposée  les  (irecs,  d'a- 
près la  belle  couleur  rouge  ou  pourpre  qui  teint  le  bec  et  les 
pieds  ;  mais  Ton  paroit  ignorer  pourquoi  les  modernes  lui 
ont  donné  celui  de  poule siillanc ^  à  moins  ,  comme  dit  Buffou, 
qu'on  n'ait  trouvé  quelque  ressemblance  avec  la  poule  «et  cet 
oiseau  de  rivage,  et  qu'on  ne  lui  ait  trouvé  un  degré  de  supé- 
riorité sur  la  poule  vulgaire  ,  par  sa  beauté  ou  par  son  port. 

Le  porphyrion  est  à  peu  près  de  la  grosseur  d'une  poule 
commune;  deux  pieds  environ  font  sa  longueur.  La  mem- 
brane du  front,  qui  s'étend  jusqu'au  milieu  de  la  tête,  est 
épaisse  et  d'un  rouge  foncé  ;  un  violet  brillant  régne  sur  le 
reste  de  la  lêle  el  le  dessus  du  cou  ;  un  vert  foncé  éclatant 
colore  le  dos  ,  le  croupion,  les  scapulalres  et  Ic^  couverlures 
du  dessus  de  la  queue  ;  un  bleu  violet  couvre  les  joues  ,  la 
gorge  ,  le  devant  du  cou,  et  devient  lustré  sur  le  ventre  ,  le 
haut  des  jambes  et  les  flancs.  Les  couverlures  inférieures  de 
la  queue  sont  blanches  ;  un  violet  très-vif  est  la  couleur  des 
couvertures  supérieures  des  ailes  ,  et  des  pennes  sur  leur 
côté  extérieur;  elles  sont  d'un  brun  noirâtre  du  côté  interne; 
les  secondaires  et  la  queue  ont  pour  teinte  un  vert  sombre  ; 
celle  du  bec  est  un  rouge  foncé  ;  liris  est  fauve;  les  pieds  et 
les  ongles  sont  pareils  au  bec. 

La  femelle  ne  diffère  qu'en  ce  qu'elle  est  plus  petite. 

Ces  oiseaux  ,  d'un  naturel  très-doux  et  îrès-limlde  ,  ne  se 
plaisent  que  dans  la  solitude,  recherchent  les  lieux  écartés  , 
el  jettent,  lorsqu'on  les  approche,  un  tri  d'effroi  dont  les  sons 
sont  gradués  ,  4'abord  foibles  ,  ensuite  aigus  ,  el  finissant  par 
deux  ou  trois  coups  de  gosier  sourds  et  intérieurs.  Les  fruits 
et  les  racines  ,  surtout  celles  de  la  chicorée,  sont  les  alluiens 
pour  lesquels  ils  ntarquent  de  la  préférence.  Ils  se  nourris- 
sent aussi  de  graines  ;  mais  leur  nourriture  favorite  paroît  être 
le  poisson.  Sonnlul  ,  qui  a  eu  occasion  de  faire  des  observa- 
tions exactes  sur  ces  poules  sultanes  ,  puisqu'il  en  a  nourri 
plusieurs  en  Egypte  ,  s'explique  ainsi  sur  le  naturel  de  ces 
beaux  oiseaux.  «  Mes  vieux ,  dit-il ,  avoient  de  la  peine  à  s'ac- 
coutumer à  la  privation  de  la  liberté;  inquiets  et  agités,  ils 
se  lourmentoient  sans  cesse  pour  sortir  de  la  volière  dans 
laquelle  ils  éloicnl  renfermés.  Au  commencement  de  leur 
captivité,  ils  étoient  farouches  et  méchans  ;  ils  mordoient 
cruellement  les  doigts  ,  lorsqu'on  vouloil  les  toucher.  Le  cri 
qu'ils  faisolenl  entendre  de  temps  en  temps  imiloit  assez 
bien  le  rire  d'une  personne  qui  change  sa  voix  sous  le  masque- 
Ce  cri  devenoit  quelquefois  plaintif,  et  alors  il  étoit  plus 
court,  et  n'étoit  point  entrecoupé  comme  le  premier.  Ils 
iiiangeoient  du  riz  en  paille  ;  ils  déiachoicnt  le  grain  de  son 


26  P  O  R 

enveloppe  ,  el  s'aidoient  souvent  de  leurs  pieds  pour  le  por- 
ter à  leur  bec  et  le  briser.  Dès  qu'ils  avoient  manp;é  un  grain 
de  riz  ,  ils  couroient  à  chaque  fois  à  leur  provision  d'eau, 
et  en  buvant ,  ils  paroissoient  la  mordre  ou  la  mâcher.  » 

Un  couple  de  ces  oiseaux  ,  disposés  à  la  domeslicilé ,  par 
leur  douceur  el  leur  innocence  ,  a  été  nourri  dans  les  voliè- 
res du  marquis  de  Nesle  ,  el  y  a  niche.  Le  mâle  et  la  fe- 
melle travaillèrent  de  concert  à  la  construction  du  nid.  Le 
lieu  qu  ils  choisirent  étoit  à  une  certaine  hauteur  ,  sur  l'a- 
vance d'un  mur  ;  ils  y  firent  un  amas  assez  considérable  de 
hùcheltes  et  de  paille  ;  la  ponte  fut  de  six  œufs  blancs  ,  d'une 
coque  rude  ,  exactement  ronds  et  de  la  grosseur  d'une  demi- 
bille  de  billard.  On  n'eut  pas  d'autres  résultats  de  celle  pon- 
te ;  la  femelle  n'elant  pas  assidue  à  couver  ses  œufs  ;  il  est 
vrai  qu'on  les  donna  à  une  poule  ,  mais  ce  fut  sans  succès. 
Avec  des  soins  et  une  élude  plus  approfondie  du  naturel  de 
ces  oiseaux,  il  y  a  tout  lieu  de  croire  quon  pourrolt  les 
faire  mulliplier ,  et  par-là,  augmenter  nos  jouissances,  en 
nous  enrichissant  d'une  espèce  que  les  Grecs  et  les  Ro- 
mains savoient  apprivoiser.  Ils  les  nourrissoient  el  les  pla- 
çoient  dans  les  palais  et  dans  les  temples,  où  on  les  laissoit 
en  liberté  comme  des  hôles  dignes  de  ces  lieux,  par  la  no- 
blesse de  leur  port,  par  la  douceur  de  leur  naturel  et  par  \st 
beauté  de  leur  plumage. 

Celle  espèce  ,  qui  se  trouve  en  Sicile  ,  y  est  nommée  gal- 
lo  fagioni ,  en  habile  les  lacs  ,  surtout  celui  de  Lentini  ,  au- 
dessus  de  Catane.  Elle  est  naturelle  aux  climats  les  plus 
chauds  de  l'ancien  et  du  nouveau  conlinenf.  Sonnini  a  va 
beaucoup  de  ces  oiseaux  dans  la  Basse -Egypte  ,  où  ils  se 
plaisent  dans  les  rizici-es  ,  ce  qui  les  a  fait  appeler  pou/es  de 
riz.  Ils  couvent  dans  le  désert,  et  arrivent  dans  les  champs 
de  riz   au  mois   de  mai  et  dans  les  mois  suivans. 

Lalham  fait  mention  d'une  variété  qui  paroît  à  la  Nouvelle- 
Galles  du  Sud,  dans  le  mois  d'août  ;  mais  elle  y  est  rare: 
les  naturels  la  désignent  par  le  nom  dcgooh  œarrin. 

Son  plumage  est  généralement  d'un  noir  foncé  ,  excepté 
la  gorge,  le  devant  du  cou,  la  poitrine  ,  le  bord  extérieur 
des  couvertures  ot  des  pennes  des  ailes ,  qui  sont  d'un  bleu 
foncé  ;  le  bec  ,  le  front ,  les  pieds  sont  rouges;  les  couvertu- 
res inférieures  de  la  queue  blanches;  l'iris  est  orangé. 

*Lc  PoRPHYRlON  ACINTLI,  GalUnuUi  purpiirea^  Lath.  ;  FtiUca 
piirpuica,  Gmel.  Toutson  plumage  est  d'un  pourpre  noirâtre, 
entremêlé  de  quelques  plumes  blanches  ;  les  doigts  et  les 
pieds  sont  jaunes  et  verdâlres.  Fernandez  donne  ,  à  cet  oi- 
seau du  Mexique,  les  noms  de  Quacuilton  et  d'YACAciiSTH. 
Le  dernier  a  été  adopté  par  BulTon,  qui  l'a  abrégé. 


P  O  R  27 

*  Le  PORPHYRION  BLANC,  PorphyHd  alhus,  Vieill.  ;  GalUnula 
alla  ,  Lalh. ,  est  de  la  taille  d'une  poule  commune  :  il  a  dix- 
huit  pouces  de  longueur;  le  bec  de  la  forme  et  de  la  couleur 
de  celui  du  porphyrion  proprement  dit  ;  la  membrane  du 
front ,  l'iris ,  le  tour  des  yeux  et  les  pieds  rouges  ;  tout  le 
plumage  ,  d'un  blanc  pur  ,  et  les  ongles  bruns  :  mais  ce  qui 
doit  caractériser  celle  race  ,  c'est  d'avoir  au  bord  de  Taiie 
un  éperon  aigu.  Latham. 

Des  individus  que  l'on  soupçonne  des  mâles,  ont  les  épau- 
les d'un  bleu  brillant ,  et  des  taches  de  même  couleur  ,  sur 
le  dos. 

Peut-être, dit  Latham,  pourroil-on  croire  que  celle  poule 
puitane  ,  toute  blanche  ,  est  une  variété  accidentelle  de  la 
commune  ,  qui  se  trouve  en  quantité  à  Tonga-ïaboo  ,  à 
ïanna  et  dans  les  autres  îles  de  la  mer  Pacifique.  Mais  il 
me  semble  que  si  elle  a  réellement  un  éperon  aux  ailes,  dont 
est  privée  la  poule  sultane  commune  ,  il  ne  peut  y  avoir  de 
doute.  Quoi  qu'il  en  soit,  elle  habite  l'île  de  Norfolk,  et  est 
d'un  naturel  si  doux  ,  si  peu  craintif,  que  dans  l'état  sauvage 
on  peut  aisément  la  toucher  avec  une  baguette.  L'ornitholo- 
giste anglais  dit  avoir  observé  plusieurs  individus  qui  lui  pa- 
roissent  de  la  môme  race  ,  mais  qui  différoient  en  ce  que 
leur  plumage  étoit  totalement  brun  ,  avec  des  reflets  très- 
marqués  ,  verts  et  bleus  ,  selon  l'incidence  de  la  lumière  ;  il 
soupçonne  que  ce  sont  de  jeunes  oiseaux  qui  ne  sont  pas  en- 
core parvenus  à  leur  état  parfait. 

*  Le  PoRPllYRlON  BLANC  ET  BLEU  ,  Porpliyrio  ryanoleucos  , 
Vieill.  ,  se  trouve  au  Paraguay.  Il  a  dix  pouces  sept  lignes 
de  longueur  totale  ;  la  gorge  ,  le  devant  du  cou,  la  poitrine  , 
le  ventre  et  les  couvertures  inférieures  des  ailes,  d'une  cou- 
leur blanche,  avec  une  teinte  foible  dindigo  sur  la  poitrine 
et  les  couvertures.  Les  côtés  de  la  tête,  du  cou  et  du  corps, 
de  celte  dernière  teinte  ;  le  dessus  de  la  têle  et  du  cou  ,  les 
scapulaires  et  les  pennes  secondaires  de  l'aile  ,  et  leurs  cou- 
vertures supérieures  ,  d'un  brun  verdatre  ;  les  autres  couver- 
tures et  le  bord  extérieur  des  autres  pennes  ,  d'un  bleu  de 
ciel  ;  les  pennes  présentent  en  dessous  une  nuance  d'argent  ; 
le  dos  et  le  croupion  sont  noirs  ;  les  pennes  caudales  de  la 
même  couleur,  mais  les  quatre  plus  extérieures  ont,  ainsi 
que  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  ,  une  tache 
blanche  ,  à  leur  extrémité  ,  et  les  autres  ,  une  bordure 
bleu  de  ciel  ;  les  pieds  et  l'iris  sont  oratîgés;  le  bec  et  la 
partie  nue  du  front  verts.  C'est  Vyahana  blanco  y  céleste  de 
M.  de  Azara,  qui  décrit  sous  le  nom  àyakana  blanco  y  paiîo 
acanelado^uu  autre  individusoupçonné  d'être  une  variété  d'âge 
ou  de  sexe  du  précédent.  Cet  habile  ornithologiste  lui  trouve 


28  P  O  R 

encore  des  traits  nombreux  de  conformité  avec  le  porphyrion 
acinlti.  Cet  oiseau  a  dix  pouces  un  quart  de  longueur  totale  ; 
la  gorge  et  le  dessous  du  corps,  blancs  ;  les  tôles  de  la  tête 
el  le  devant  du  cou,  d'un  brun  roussâtre  très-clair;  les  flancs 
et  le  côté  inférieur  de  la  jambe  ,  d'une  teinte  plus  foncée  ; 
le  dessous  de  l'œil ,  d'une  couleur  d'argent  noirâtre  ,  avec  un 
peu  de  blanc  au  bout  des  couvertures  ;  la  tête  et  la  moitié 
du  cou ,  en  dessus ,  d'un  brun  foncé  et  mélangé  de  roussâtre  ; 
le  reste  du  dessus  du  cou  et  les  couvertures  supérieures  des 
ailes  ,  d'un  brun  noirâtre  changeant  en  vert  ;  les  pennes  des 
ailes  ,  noirâtres,  à  reflets  d'un  vert  bleuâtre;  le  dos  et  la 
queue  ,  d'un  brun  noirâtre  ;  le  tarse  couleur  de  paille  ,  lé- 
gèrement teinté  de  vert  ;  le  bec  noirâtre  jusqu'à  sa  moitié  , 
et  vert  sur  le  reste. 

Le  PoRPHYRiON  BLEU  ET  ^RVti  ,  Porphyrio  ryanopjialus  ^ 
Vieill.  ,  est  de  la  taille  du  porphyrion  proprement  dit ,  avec 
lequel  il  présente  de  certains  rapports  ;  mais  il  en  diffère  es- 
seniiellement ,  en  ce  qu'il  a  la  tête  en  entier,  la  nuque  et 
le  haut  du  cou  ,  les  scapulaires  ,  le  dos  ,  le  croupion  ,  les 
ailes  et  la  queue  ,  les  plumes  des  cuisses  et  des  jambes  ,  le 
bas-ventre  et  les  flancs,  d'un  brun  noirâtre  ;  les  pieds  verts, 
le  bec  et  la  plaque  frontale  ,  d'un  jaune  orangé  ;  du  reste  , 
il  ressemble  à  ce  dernier.  M.  Dufresne  possède  cet  individu, 
dans  sa  riche  collection.  Est  ce  une  espèce  distincte? 

Le  Porphyrion  CHAUVE  ,  l'orphyn'o  cabus ,  Vieill.  Le  nom 
que  j'ai  imposé  à  cet  oiseau,  vient  de  ce  que  la  plaque  fron- 
tale se  prolonge  sur  tout  le  dessus  de  la  têle  et  la  couvre  en 
entier.  11  a  dans  ses  couleurs  la  plus  grande  analogie  avec 
le  purphyiion  bleu  et  hriin.  En  effet ,  il  a  ,  comme  celui-ci  ,  le 
reste  de  la  tête  ,  la  nuque ,  le  manteau  ,  les  ailes  et  la  queue  , 
d'un  brun  noirâtre;  les  couvertures  inférieures  de  celle-ci, 
blanches  ,  et  le  reste  du  plumage  ,  d'un  bleu  violet  ;  le  bec 
et  la  partie  nue  de  la  tête  ,  rouges  ;  les  pieds  ,  d'un  rouge 
orangé,  et  une  taille  moitié  moindre  que  celle  du  porphy- 
rion proprement  dit  ,  et  plus  forte  que  celle  du  Porphyrion 
iai'ouci. 

Le  Porphyrion  de  la  Chine  est,  selon  Latham ,  une 
variété  d  âge  ou  de  sexe  du  porpliyrion  karuka.  Bufton  en  a 
publié  la  figure  sur  la  pi.  enl.  n.*^  886,  sous  la  dénomina- 
tion de  Poule  sultane  brune. 

Le  Porphyrion  a  cou  bleu  ,  Porphyrio  cynnelcollls ,  Vieill. 
M.  de  Azara,  qui  a  appelé  cet  oiseau  yahana  garganla  cé- 
leste ,  l'a  pris  à  quarante  -  cinq  lieues  au  midi  de  l'Ascension 
La  gorge  ,  le  bas  du  cou,  en  devant,  et  le  dessous  du  corps  ^ 
sont  blancs  ;  la  partie  inférieure  du  cou  ,  et  un  peu  de  ses 
côtés,  d'un  très-beau  bleu  de  ciel  brillant  et  marbre  de  brun 


P  O  R  29 

fort  clair  ;  la  poitrine  est  du  même  bleu,  avec  quelques  plu- 
mes brunes  qui  descendent  sur  les  flancs.  Les  plumes  des 
cuisses  sont  noirâtres ,  ainsi  que  celles  des  jambes  ,  qui  ont 
quelques  marbrures  blanchâtres,  se  faisant  aussi  remarquer 
sur  les  côtés  du  croupion.  Les  couvertures  inférieures,  les 
plus  proches  du  bord  de  l'aile  ,  sont  d'une  couleur  d'aiguë- 
marine;  les  autres  et  les  pennes  en  dessous  ,  d'un  noirâtre 
lustré  ,  avec  du  blanc  à  l'extrémilé  des  dernières;  ces  pen- 
nes et  les  couvertures  supérieures  de  la  partie  externe  , 
présentent  une  couleur  d'aigue-marine  plus  vive.  Les  autres 
couvertures,  le  dessous  du  cou  et  la  queue  sont  d'un  vert  jau- 
nâtre; les  côtés  de  la  tête  ,  d'un  brun  clair  et  roussâire  ;  le 
dessus  de  la  tête  et  l'occiput,  d'un  brun  foncé  le  dos  est  d'un 
brun  verdâlre  ;  le  tarse,  d'un  jaune  sombre  ,  et  le  bec  vert 
noirâtre  ,  avec  un  peu  de  pourpre  foncé  ,  dans  son  milieu  : 
longueur  totale  ,  onze  pouces  et  demi.  Ce  porphyrion  ne 
seroit-il  pas  en  mue  ? 

Le  Porphyrion  dit  la  Favorite  ,  Porphyrio  fiaviroslris  , 
Vicill.  ;  Galliniila  flanrostris  ^  Lalh;  FuUcaflainrostris^  Gmel.; 
pi.  enl.  de  Buffon,  n."  897.  On  le  trouve  à  Cayenne.  Il  est 
à  peu  près  de  la  taille  du  râle  de  genêt ^  et  il  a  les  côtés  de 
la  tête  ,  de  la  gorge  ,  et  le  devant  du  cou ,  les  flancs  ,  le  des- 
sus des  ailes  et  le  manteau  ,  d'un  joli  bleu  clair  ;  le  milieu 
de  la  gorge  ,  la  poitrine  et  les  parties  postérieures  ,  d'un 
beau  blanc  ;  la  tête  noirâtre  ;  la  queue  noire  ;  le  bec  rougeâ- 
tre  ,  avec  un  peu  de  jaunâtre  en  dessous  et  vers  le  bout  ;  les 
pieds  rouges.  Buffon  soupçonne  que  c'est  la  femelle  de  la 
petite  poule  sultane  de  Cayenne.  Il  se  fonde  sur  la  foiblesse  de 
ses  couleurs.  V.  Petit  Porphyrion. 

Le  Porphyrion  gris,  Porphyrio  cinercus  ^  Vieill,,ales 
côtés  du  front ,  une  bandelette  transversale  au-dessus  de  1  œil 
la  gorge  ,  le  devant  du  cou  ,  le  milieu  de  la  poitrine  et  des 
parties  postérieures,  blancs;  les  flancs  et  le  reste  du  plumage, 
d'un  joli  gris  ;  le  bec  ,  d'un  jaune  orangé  ,  et  le  tarse  roupeâ- 
tre.  Taille  inférieure  à  celle  du  râle  marouelte.  Le  pays  de  cet 
oiseau  m  est  inconnu.  Il  est  au  Muséum  d'Histoire  naturelle. 

Le  Porphyrion  KARUKA,PoryD/?j7îo;?//temcj/n/  , Vieil.;  Rallus 
phœnicurus^  Gmel.;  zoologie  de  l'Inde,  page  tc),  i  b.  9,  sous  le 
nom  de  Rallus  phœnicurus.  Cette  poule  sultane  a  V<)cc'\piit ,  le 
cou,  le  dos  et  les  ailes,  noirs,  avec  des  taches  bleues  sur  les 
pennes;  la  tête  et  le  dessous  du  corps  jusqu'aubas-ventre,d  un 
blanc  de  neige;  celui-ci  et  la  queue,  d'un  rouxnué  de  rouge; 
le  bec  verdâtre  ,  et  les  pieds  d'un  vert  un  peu  rougeâlre  :  lon- 
gueur totale  ,  huit  pouces  environ. 

Celte  espèce  se  trouve  dans  lîle  de  Ceyian,  où  elle  porte 
le  nom  de  kalu-kercnaka;  on  la  voit  encore  fréquemment  dans 


3o  P  O  R 

la  presqu'île  de  l'Inde ,  et  il  est  à  présumer  qu'elle  se  trouve 
aussi  chez  les  Chinois,  puisque  sa  figure  est  souvent  sur 
leurs  papiers  peints. 

Latham  donne  comme  variété  de  celte  espèce  ,  la  Poule 
SULTANE  BRUINE. Une  seconde  variété, selon  cet  ornithologiste, 
estune  autre  poule snliane, àontl^olbe  parle  succinctement  dans 
son  Voyage;  il  la  dit  fort  commune  au  Cap  de  Bonne-Espé- 
rance. Elle  a  la  plaque  du  front,  blanche;  le  dessus  du  corps 
d'un  noir  brillant ,  le  dessous  blanc;  le  bas  ventre  rouge  ,  et 
les  pieds  jaunes. 

Le  PoRPHYRiON  DU  MEXIQUE,  Fulicamexirana^  Lalh.,  est  à 
peu-près  de  la  grandeur  et  de  la  grosseur  de  noire  fou/que  ; 
la  lêle,  le  cou  et  les  parties  inférieures  du  corps  sont  pour- 
pres ;  le  dos,  le  croupion,  les  couvertures  supérieures  des 
ailes  et  de  la  queue  ,  d'un  vert  pâle,  varié  de  bleu  et  de  fau- 
ve ;  les  pennes  alaires  et  caudales,  vertes;  le  bec  terminé  de 
jaune  ,  et  rouge  dans  le  reste  de  sa  longueur ,  ainsi  que  la 
membrane  du  front.  N'est-ce  pas  une  variété  duPoRPHYRiON 
Tavoua  .'' 

Le  PoRPHYRiON  TAYOUA,  PorphyriotavouP.,  Vieill.;  GalUnula 
maiiinica,  Lath.  ;  Fulica  mariinica^  Linn.,  édit.  i3.  ;  a  un  peu 
plus  de  grosseur  que  le  râle  d'eau;  douze  pouces  de  longueur; 
le  bec  jaune,  et  rouge  à  la  base;  la  plaque  du  front  et 
l'iris  rouge  s  ;  le  plumage  en  général  d'un  vert  brillant,  chan- 
geant en  bleu  sur  la  tête,  le  cou  et  le  dessous  du  corps;  les 
couvertures  inférieures  de  la  queue  blanches  ;  les  pennes  et 
celles  des  ailes  noirâtres  et  bordées  de  vert  ;  les  pieds 
jaunes. 

La  femelle  ou  l'oiseau  jeune,  diffère  en  ce  que  le  plumage 
est  en  dessus  nuancé  de  brun;  le  dessus  de  la  tête  entière- 
ment de  cette  couleur;  le  dessous  du  corps  blanc  ,  un  peu 
mêlé  de  noir  sur  le  milieu  du  ventre  ,  et  beaucoup  plus  sur 
le  devant  du  cou  jusqu'à  la  poitrine  ;  les  pieds  sont  bruns. 

Cette  espèce  ,  que  les  naturels  de  la  Guyane  française 
nomment  taiyoua-iai>oua  à  Cayenne  ,  se  trouve  à  la  Martini- 
que et  dans  l'Amérique  septentrionale. 

UYahana  céleste  y  verde  ^  du  Paraguay,  rapporté  par  Son- 
nini  à  cette  espèce  ;  il  n'en  diffère  qu'en  ce  qu'il  a  la  tête 
noire. 

*  Le  PoRPHYRiON  A  TETE  GRISE  ,  Porphyrîo  poliocephalus  , 
Vieill.  ;  GalUnula  poUocephala ,  Lalh.  Bec  rouge  ;  tête  et  cou 
d'un  gris  bleu  ,  changeant  en  couleur  d'azur  sur  le  haut  de  la 
gorge  ;  dos  pourpre;  ailes  et  queue  d'un  bleu  d'indigo  foncé; 
poitrine  et  ventre  vert-bleus;  bas-ventre  blanc  ;  pieds  rouges. 
Cclic  pcidc  sultane  se  trouve  dans  l'iude. 


P  O  R  3i 

L'individu  décrit  par  Latham  sous  la  dénomination  la- 
line  de  GalUnula  madagascariensis  ,  me  paroît  être  une  va- 
riété de  sexe  ou  d'âge  du  précédent.  11  a  le  bec  pareil  ;  la 
tcte  et  le  cou  d'un  gris  pâle  ;  le  dos  d'un  vert  foncé  mé- 
langé de  noir;  le  bas  -  ventre  de  couleur  d'outremer;  la 
gorge,  la  poitrine  et  le  dessus  des  ailes,  verts  ;  le  ventre  et  les 
lianes  ,  bleus  ;  les  pieds  rouges. 

*  Le  PoRPHYRioN  A  TETE  NOIRE,  GalUnula  melanocepliolay 
Lalh.  ;  Fulica  melanocephala  ,  Linn. ,  édil.  i3.  Le  plumage  diî 
cet  oiseau  est  tout  bleu  ,  excepté  sur  la  tête  et  le  cou  qui  sont 
enveloppés  d'un  capuchon  noir. 

La  femelle  a  le  dessus  de  la  tête  et  du  corps  ,  fauve;  les 
plumes  scapulaires  rayées  de  blanc  ;  les  couvertures  des  ailes 
verdâtres  et  mêlées  d'un  peu  de  fauve;  les  pennes  d'un  bleu 
céleste,  mêlé  d'un  peu  de  vert. 

C'est  d'après  Feuillée  que  l'on  a  décrit  cette  poule  sultane; 
lîutïon  la  rapporte  à  I'Acintli  {Voyezc^llQ  espèce);  Brisson 
la  donne  comme  une  variété  de  ia. poule  sultane  commune; 
Latham  et  Gmelin  en  font  une  espèce  particulière.  On  la 
trouve  en  Amérique. 

Le  PORPHYRION  VERT,  Porphyrio viridis  ,  Vieill.;  GalUnula 
•piridis^  Lath.  ;  Fulica  viridis,  Linn.,  édit.  i3.  Longueur,  onze 
pouces 'et  demi.  Bec  d'un  jaune  verdâtre,  ainsi  que  la  plaque 
frontale;  dessus  du  corps  d'un  vert  sombre;  dessous  blanc; 
pieds  pareils  au  bec  ;  ongles  gris. 

Si  c'est  par  erreur  ,  comme  le  dit  Sonninî ,  que  Brisson  a 
indiqué  cette  poule  sultane  pour  se  trouver  aux  Indes 
orientales,  on  peut  la  rapporter  au  Porphy/ian  blanc  et  bleu,  (v.) 

POBPHYRIS.  Ce  nom  s'appliquoit ,  chez  les  Grecs,  à 
Vanchusa  et  à  Vocymasirum  (  f^oy.  OcYMoiDEs  ).  (ln.) 

PORPHYRITE.  Quelques  naturalistes  appliquent  cette 
dénomination  très-impropre,  à  des  poudingues  dont  les  gra- 
viers fort  menus  donnent  à  la  pierre  une  certaine  apparence 
de  porphyre.  Mais,  du  reste,  ces  deux  sortes  de  pierres  n'ont 
rien  de  commun  ,  surtout  dans  le  mode  de  leur  formation. 
Dans  le  porphyre  ,  le  fond  de  la  pierre  et  les  cristaux  bien  ou 
mal  terminés  qu'elle  contient,  ont  été  formés  en  même 
temps.  Dans  le  poudingue,  au  contraire,  les  graviers  que  ren- 
ferme sa  pâle  ,  existoient  avant  qu'elle  les  eût  enveloppés. 
Voyez  Poudingue,  (pat.) 

PORPHYROÏDE.  Epilhète  qu'on  donne  à  une  roche 
qui,  passant  d'une  modification  à  une  autre,  commence  à 
prendre  l'apparence  d'un  porphyre,  et  tient  le  milieu,  par 
exemple,  entre  le  porphyre  et  le  granité.  F.  Porphyre. (pat.) 

PORPITE,  Purpila.  Genre  de  vers  radiaires  ,  qui  offre 
pour  caractères  :  un  corps  libre,  orbiculaire,  cartilagineux  à 


3i  P  O  R 

rinlérlcnr,  subgélatineux  à  l'extérieur,  presque  plat,  avec 
une  cavité  centrale  et  des  tentacules  irès-courls  eu  dessous  ; 
des  stries  en  rayons  ou  sautoirs  ,  avec  des  stries  conceatri- 
ques  ,  tant  en  dessus  qu'en  dessous. 

Ce  genre  faisoit  partie  des  Méduses  de  Linnreus,  et  il  a 
en  effet  beaucoup  de  rapports  avec  elles  ;  mais  il  en  diffère 
suffisamment  pour  en  former  un  particulier. 

Lamarck  ,  à  qui  est  dû  ce  nouveau  genre  ,  l'avoit  plutôt 
deviné  que  connu;  mais  j'ai  eu  l'avantage  de  comparer  en 
vie  une  des  espèces  qui  le  composent  avec  une  méduse^  et  de 
fixer  ses  caractères  d'une  manière  précise  dans  mon  Histoire 
naïuyelle  des  Vers  ^  faisant  suite  au  Buffon  ,  édition  de  Deler- 
vllie. 

Les  porpltcs  ont  le  corps  circulaire  et  très-plat;  il  est, 
tant  en  dessus  qu'en  dessous  ,  strié  par  des  cercles  concen- 
triques et  par  des  rayons  très-peu  saillan?,  quoique  bien  pro- 
noncés ;  11  est  d'une  consistance  plus  solide  que  celui  de  la 
plupart  des  méduses^  mais  toujours  cependant  gélatino-mem- 
braneux ;  en  dessous  ,  au  centre  ,  est  la  boucbe ,  composée 
d'une  membrane  susceptible  d'une  grande  dilatation ,  mais 
très  peu  saillante  ,  qui  s'ouvre  et  se  ferme  contin  ellement 
comme  dans  les  méduses;  en  avant  et  encore  plus  en  arrière 
de  cette  bouche  ,  dans  un  espace  parallélogrammiquê  très- 
élendu  ,  sont  parsemés  irrégulièrement  un  grand  nombre  de 
tentacules  à  peine  visibles  lorsqu'ils  sont  contractés ,  longs 
de  trois  millimètres  dans  leur  plus  grand  développement,  et 
qui  ne  convergent  pas  vers  la  boucbe  ,  excepté  trois  ,  lesquels 
sont  deux  fols  plus  gros  que  les  autres,  et  placés  immédia- 
tement sur  ses  bords. 

Les  organes  de  la  nutrition  se  voient  à  travers  le  corps  , 
qui  est  deral-lransparent  ;  mais  ils  sont  si  petits,  qu'il  est  dif- 
ficile de  les  distinguer. 

Les  porpites  ont  une  manière  d'être  différente  des  mé- 
duses. Ces  dernières,  lorsqu'elles  viennent  à  la  surface  de  la 
mer,  sont  toujours  entièrement  dans  l'eau  ;  les  premières  , 
dans  le  même  cas,  sont  absolument  sur  l'eau.  Celles  que  j'ai 
rencontrées  avolent  l'apparence  d'une  pièce  de  vingt-quatre 
sous  emportée  par  les  flots.  Elles  nagent  à  la  manière  des 
oiseaux. 

■La  PoRpiTE  DE  l'Inde  ,  qui  est  aplatie  en  dessus ,  con- 
vexe en  dessous  ,  sillonnée  et  velue  ,  se  trouve  dans  la  mer 
des  Indes. 

Llnnœus  l'avoit  décrite  sur  un  individu  conservé  dans  l'os- 
prit-de-vin  et  considérablement  altéré  ;  mais  Bory-Saint- 
Vincent,  qui  l'a  observée  vivante,  dans  son  voyage  à  l'ile- 
de-ifrauce  ,  Ta  décrite  et  dessinée  de  nouveau  avec  la  supé- 


P  O  R  33 

norilé  de  talent  qu'on  lai  connoît.  Elle  est  figurée  dans  la 
Relation  de  son  voyage  aux  çuulre  îles  des  mers  "d'Afrique    Ses 
bords  sont  munis  d'une  grande  quantité  de  filets  injgaux 
membraneux,  et  d'un  bleu  brillant,  dont  quelques-uns  sont 
fort  longs. 

La  PoupiTE  APPENDicuLÉE  ,  qui  est  glabre  ,  blanche,  avec 
trois  appendices  bleus  sur  ses  bords,  un  en  avant  et  deux  en 
arrière  plus  petits.  F.  pi.  E,  n."  23,  où  elle  est  figurée.  Je 
I  ai  rencontrée  abondamment  vers  le  4.o.«  degré  de  latitude 
et  le  5a.«  de  longitude.  Peut-être  possède-t^-elle  des  tenta- 
cules comme  les  autres  ;  mais  je  n'ai  pas  pu  les  voir  déve- 
loppées. 

La  PoRPiiE  CHEVELUE,  figurée  par  Péron  et  Lesueur  ,  pi 
3i ,  n."  6  de  leur  voyage ,  est  la  plus  grande  de  ce  genre. 
iLlle  est  entourée  de  tentacules  très-minces,  très-longues  et 
bleues  ,  et  a  des  suçoirs  sans  nombre  en  dessous. 

On  ne  doit  pas  confondre  ce  genre  ,  comme  on  l'a  fait  dans 
ces  deruiers  temps  ,  aveclemadrêporeporpiie,  ni  arec  les  ca- 
merines,  qui  ont  quelque  ressemblance  de  forme  avec  les  es- 
pèces qu'on  vient  de  mentionner.  Le  madrépore  porpite  et  les 
caménnes  sont  toujours  calcaires,  et  la  porpite  toujours  car- 
tdagmeuse.    Voyez   aux  mots  Madrépore  ,    et    Camérine. 

PORPITE,  NUMISMALE,  NUMMULITE^,NU]V1- 
MULAIRE,  PIERRE  LENTICULAIRE  PIERRE 
FRUMENTAIRE.  Voyez  Lenticulaire.  fp.T) 

PORPOISSE.  Voyez  Porpess.  (desm.) 

PORPUS.  Voyez  Porpess.  (desm.) 

PORQUINHO.  L'un  des  noms  portugais  du  Cochon-de  - 
lait,  (desm.) 

PORRA.  Nom  espagnol  d'une  espèce  de  Varec  qui  se 
trouve  dans  la  mer  du  Sud,  et  qui  est  figurée  lom.  2,  ni.  3, 
du  Voyage  dans  les  mers  de  Vlnde ,  par  le  Gentil 

Ce  varec  a  une  tige  extrêmement  longue  (  !,o  brasses 
au  moms  ).  Il  est  terminé  par  un  renflement  fusiforme  , 
supportant  une  grosse  vésicule  sphéroïde  ,  d'où  sortent  des 
rameaux  qui  portent  des  feuilles  lancéolées ,  très-allongées , 
et  fortement  dentées.    V.  Varec.  (b.) 

PORRUM,  et  Porn/s  des  Latins,  et  Prason  des  Grecs.  Ce 
sont  les  noms  de  diverses  espèces  du  genre  allium  des  bota- 
nistes modernes,  parmi  lesquelles  se  trouve  compris  le  poi- 


reau 


Dioscoride  distingue  deux  prason  ,   savoir  :  i.o  le  cephalo- 
^ru5o«  ou  poireau  capité,  qu'on  rapporte  à  notre  poireau  cul- 
tive;  2  .1  ampeloprasum  ou  le  poireau  des  vignes,  rapporté  tan- 
xxYiir.     ^  3 


U  P  O  R 

tôt  k  Valliumvineale,  et  tantôt  à  d'autres  espèces  dumême  genre. 
Théophraste  et  Pline  indiquent  trois  espèces;  i,"  le  prason 
onporrum  cephaloton,  appelé gethyllis  par  Athénée  ,  et  gethion 
par  d'autres  auteurs  :  c'est  encore  le  poireau  cultivé;  2.°  le 
prason  cheiromenon  ,  également  appelé  carton  et  seciwum  ,  qui 
étoit  le  poireau  cultivé  qu'on  empôchoil  de  monter  en  cou- 
pant ses  feuilles;  3.°  ï ampeluprason ,  le  même  que  celui  de 
Dioscoride. 

Le  poireau  étoit  fort  cultivé  chez  les  anciens;  on  le  man- 
geoit  cuit;  autrement,  il  passoit  pour  nuisible  ;  on  l'appeloit 
porrum ,  parce  qu'il  pousse  et  croît  vite  :  (fuàd  porrà  eat  et 
longe  latèque  grassetur.  C.  BaUH, 

Tournefort  fait  du  poireau  un  genre  purrum  ,  distingué  de 
celui  des  aulx  ou  allium  ,  par  ses  bulbes  cylindriques  ;  mais 
cette  distinction  n'est  plus  admise,  et  l'on  rapporte  au  genre 
allium  toutes  les  espèces  qui  ont  été  placées  dans  celui  ap- 
pelé porrum  par  Tournefort.  (LN.) 
PORS.  Nom  danois  du  Gale,  (b.) 

PORT.  On  donne  ce  nom,  dans  les  Pyrénées,  aux  ou- 
vertures ou  passages  formés  par  la  nature  entre  les  sommets 
des  plus  hautes  montagnes  de  cette  chaîne,  et  par  lesquels 
on  la  traverse  d'un  côté  à  Tautre.  Dans  les  Alpes  ,  on  donne 
à  ces  sortes  de  passages  le  nom  de  col. 

En  terme  de  marine,  le  nom  de  port  désigne  un  havre  où 
les  vaisseaux  sont  à  l'abri  des  tempêtes  ,  et  qui ,  pour  l'ordi- 
naire,est  perfectionné  par  les  travaux  de  l'an.  Le  plus  grand 
et  le  plus  beau  port  de  l'Europe  ,  esl  celui  de  Constaniino- 
ple.  Le  plus  vaste  et  le  plus  sûr  qu'il  y  ait  au  monde  ,  est  celui 
d'Avalcha  au  Kamtschatka.   (pat.) 

PORT.  Synonyme  de  Porc-de-mer,  f^.  Marsouin.  (B.) 
PORTE-AIGUILLON  ,  Acukata.  Insectes  composant 
notre  seconde  section  de  l'ordre  des  hyménoptères,  et  qui 
ont  pour  caractères  :  point  de  tarière  ;  un  aiguillon  inté- 
rieur, mais  exsertile  ,  ou  des  glandes  renfermant  un  acide, 
à  l'extrémité  de  l'abdomen  des  femelles  et  des  individus  neutres. 
Les  hyménoptères  de  cette  section  nous  offrent,  dans  leurs 
antennes  et  leur  abdomen  ,  des  caractères  constans ,  et  au 
moyen  desquels  on  pourra  souvent  distinguer  ces  insectes, 
de  ceux  de  la  première  section  du  même  ordre,  les  porle- 
larière.  Les  antennes  sont  toujours  simples,  et  composées 
de  treize  articles  dans  les  mâles  ,  et  de  douze  dans  les  fe- 
melles. L'abdomen,  toujours  uni  au  corselet  par  un  pédi- 
cule plus  ou  moins  allongé  ,  est  formé  de  sept  anneaux  dans 
les  individus  de  la  première  sorte  ,  et  de  six  dans  ceux  delà 
seconde.  L'aiguillon  dont  les  premiers,  ainsi  que  les  indi- 
vidus neutres  ou  mulets,  seul  armés  ,   n'est  qu'une  tarière 


P  O  R  35 

modifiée,  et  qui  par  ces  changemens  a  reçu  une  destination 
différente.  Les  quatre  ailes  sont  toujours  veinées.  Les  larve* 
n'ont  jamais  de  pieds  ,  et  se  nourrissent  des  alimens  que  les 
femelles  ou  les  neutres,  ou  ces  deux  sortes  d  individus  simul- 
tanément, leur  fournissent,  et  qui  consistent  lantôl  en  cada- 
vres d'insectes  ,  tantôt  en  sucs  de  fruits,  et  pour  d'autres  ,  en 
un  mélange  de  pollen  ,  d'étamines  et  de  miel. 

Je  partage  cette  section  en  quatre  familles ,  et  de  la  ma- 
nière suivante  : 

I.  Femelles  ou  Mulets  privés  d'ailes. 

Famille  \.  Les  Hétérogynes. 

I L  Tous  les  indmdus  ailés. 

A.  Point  de  pattes  poUinifères. 

*  Les  quatres  ailes  toujours  étendues. 

Famille  IL  Les  Fouisseurs. 

**  Ailes  supérieures  doublées  Ion gituâinalement  dans  le  repos. 

Famille  IIL  Les  Diploptères. 

B.  Pattes  postérieures  poUinifères,  soit  dans  les  femelles  elles 
neutres,   soit  dans  les  derniers  individus  seulement. 

Famille  IV,  Les  Mellifères. 

Voyez  ces  mots,  (l.) 

PORTE-BANDEAU.  C'est  I'Éthulie  nodiflore.  (b.) 

PORTE-BEC  ou  Rhinchophores.  Famille  d'insectes 
coléoptères,  ayant  pour  caractères  :  quatre  articles  à  tous  les 
tarses  ;  tête  prolongée  antérieurement  en  forme  de  museau 
ou  de  trompe,  avec  la  bouche  terminale  ;  larves  à  pattes  très- 
courtes  ou  nulles. 

Je  divise  cette  famille  en  deux  tribus,  celle  des  B&UCHÈLES 
et  celle  des  Charansomtes.  V.  ces  mois,  (l.) 

PORTE-CHAPEAU.On  nomme  ainsi  le  PALiURE.Foyez 
ce  mot.  (b.) 

PORTE -COLLIER.    C'est  I'Ostéosperme    monili- 

FOKME.  (b.) 

PORTE-CORNE.  Klein  donne  ce  nom  au  Rhinocéros. 
V.  ce  mot.  (s.) 

PORTE-CORNES,  Cerophorus.  M.  de  Blainyille  pro- 
pose ce  nom  pour  un  grand  genre  de  ruminans  ,  renfermant 
tous  ceux  de  ces  animaux  qui  ont  la  télé  ornée  (  au  moins 
les  mâles  )  ,  de  cornes  persistantes  ,  supportées  par  un  axe 
osseux.  F.  Ruminans.  (desm.) 

PORTE-CRÈTE.  Nom  spécifique  de  I'Iguane  d'Am- 
boitse.  (b.) 

PORTE-CROIX.  V.  Criocère.    (s.) 

PORTE-ÉCHELLE.   C'est   la  Saperda  scalaris.     Vorci 

SaPERDE.  (nESM.) 


36  PO  R 

PORTE-ËCUELLE.  Genre  de  poisson.    F.  Lépado- 

GASTÈRE.  (B.) 

PORTE-EPINE.  F.  Porc-Épic.  (s.) 

PORTE-FEUILLE.   C'est  la  Rapette  vulgaire,  (b.) 

PORTE-IRIS.  Nom  sous  lequel  Dicquemare  a  fait  ton- 
nohre  deux  espèces  de  méduses,'^,  qui  sont  entourées  d'un 
cercle  portant  les  couleurs  de  l'arc- en  -  ciel.  V.  au  mot 
Méduse,  (s.) 

PORTE-LAMBEAUX.  Quoique  j'aie  fait  de  cet  oiseau 
un  genre  particulier  ,  sous  le  nom  de  dilophe  ,  il  me  semble  , 
comme  je  l'ai  déjà  dit  à  l'article  des  martins  ,  qu'on  ne  peut 
guère  l'éloigner  de  ceux-ci ,  avec  lesquels  M.  Cuvier  l'a 
classé  :  en  effet ,  il  en  a  les  caractères  du  bec  ,  et  il  n'en 
diffère  que  par  ses  caroncules  ;  encore  ces  caroncules  ne 
sont  que  l'attribut  de  l'oiseau  adulte,  (v.) 

PORTE  -  LANCETTE.  C'est  rAcA^THURE   chirur^ 

GlEN.  (B.) 

PORTE-LANTERNE  (/ns^cto.  )  V.  Fui.gore.  (l.) 

PORTE-LENTILLE.  C'est  la  Nidulaire.  (desm.) 

PORTE-LYRES,  L/r/Jm,  VleiU.  Famille  de  l'ordre 
des  oiseaux  Sylvains,  et  de  la  tribu  des  Tétradactyles. 
V.  ces  mots.  Caractères  :  pieds  allongés  ,  un  peu  forts  :  tarses 
annelcs;  quatre  doigls,trois  devant,  un  derrière;  les  extérieurs 
joints  le  long  de  la  première  phalange  ;  l'interne  libre  ; 
ongles  allongés,  convexes  en  dessus,  presque  droits,  obtus  ; 
bec  médiocre,  droit,  conico-convexe,  garni  à  sa  base  de 
plumes  sétacées,  dirigées  en  avant,  pointu;  rectrices  du 
mâle  adulte  ,  au  nombre  de  seize  ,  de  trois  formes  diffé- 
rentes et  très-longues  ;  douze  seulement  et  uniformes  ,  chez 
les  femelles,  (v.) 

PORTE -MASSUE,  Cojynephorus.  Genre  de  plantes 
établi  dans  la  famille  des  graminées,  pour  placer  quelques 
espèces  de   Canches. 

Ses  caractères  sont  :  balle  calicinale  de  deux  valves  mem- 
braneuses ,  fort  longues  ,  renfermant  deux  (leurs  ,  chacune 
composée  de  deux  valves,  dont  l'inférieure  est  entière,  et 
pourvue,  à  sa  base,  d'une  arête  articulée  et  lanugineuse 
dans  son  milieu,  coriace  et  tordue  à  sa  base,  claviforme  et 
glabre  à  son  extrémité  ;  la  supérieure  bifide  à  sa  pointe. 

Ce  sont  les  Canches  articulée  et  blanchâtre  qui 
servent  de  type  à  ce  genre,  (b.) 

PORTE-MIROIR  {Insectes.)  Nom  donné  par  des  ama- 
teurs à  un  bombix  de  l'Amérique  ,  qui  a  sur  les  ailes  une 
tache  transparente ,  comme  du  talc  ,  ou  vitrée  ,  produite 
par  un  défaut  d'écaillés    sur  cette   partie ,    environnée    de 


P  O  R  37 

lignes  en  forme  de  cercle,  et  ressemblant  ainsi,  en  quelque 
sorte,  à  un  miroir  avec  son  cadre.  Le  bomhix  hesperus  àe  Fa- 
bricius,  son  bombix  allas ,  sont  des  porte -miroirs,  (l.) 

PORTE-MITRE  D'OR,  Chrysomeins.  Dénomination 
du  chardonneret  j  d'après  la  plaque  jaune  dont  ses  ailes  sont 
décorées,  (v.) 

PORTE-  MORTS  ou  NÉCROPHORES  (^Insectes.) 
Voyez  NÉCROPHORE.   (l.) 

PORTE-MUSC.  Quadrupède  ruminant,  du  genre  des 
Chevrotains.   V.  ce  mot.  (desm.) 

PORTE-NOIX.  Nom  vulgaire  d'un  arbre  de  la  Guyane, 
dont  le  fruit  est  un  drupe  gros  comme  la  tête  ,  contenant 
quatre  noyaux  ou  noix  bonnes  à  manger.  C'est  le  caryucar 
nuciferum  de  Linnseus.    V.    Caryocar.  (b.) 

PORTE-OR.  C'est  le  nom  d'un  marbre  à  fond  noirâtre, 
parsemé  de  veines  d'une  belle  couleur  jaune.  Sa  carrière 
est  aux  environs  de  Porto-Venere ,  sur  la  côte  de  Gènes. 
V.  Marbre,  (pat.) 

PORTE-PLUME.  Nom  donné,  par  Adanson ,  à  la 
ptérone  camphrée  ,  qui  constituoit  le  genre  pterophorus  de 
Vaillant ,  remarquable  par  ses  aigrettes  velues,  en  forme  de 
plume.    V.  Ptérophore.  (ln.) 

PORTE  -  PLUMET.  Coquille  du  genre  Cyclostome. 

(B.) 

PORTE-QUEUE.  Nom  qu'on  a  donné  a  des  papillons 
à  queue  f  de  la  division  des  Chevaliers  et  de  celle  des  Plé- 
BÉÏENS  ruraux.  Les  premiers  appartiennent  à  notre  genre 
Papillon  ,  et  les  seconds  à  celui  de  Polyommate.  (l.) 

PORTE-SCIE,  Securifera,  Latr.  Famille  d'insectes, 
de  l'ordre  des  hyménoptères  ,  section  des  lérébrans,  ayant 
pour  caractères  :  abdomen  parfaitement  sessile  ,  ou  intime- 
ment uni  au  tronc  par  toute  sa  largeur. 

Les  femelles  ont  une  tarière,  le  plus  souvent  en  forme 
de  scie,  et  qui  leur  sert,  non-seulement  à  déposer  leurs 
œufs,  mais  encore  à  préparer  la  place  qui  doit  les  recevoir. 
Leurs  larves  ont  toujours  six  pattes  écailleuscs,  et,  dans  la 
plupart,  douze  à  seize  pattes  membraneuses.  Ces  insectes 
sont  herbivores ,  et  forment  deux  tribus  ,  les  TenthR£- 
DiNEs  et  les  Urocérâtes.  F.  ces  mots,  (l.) 

PORTE  SOIE.  Nom  que  l'on  donne  au  Coq  a  duvet, 
à  cause  de  son  plumage  soyeux,  (v.) 

PORTE-SOIE.  On  a  donné  ce  nom  à  la  Pinne  marine, 
ou  Jambonneau,  (desm.) 

PORTE  -  TARIERE.  Insectes  de  l'ordre  des  hymé- 
noptères. V.  Térébraî^.  (l.) 


38  P  O  R 

PORTE- TUBE.  C'est  une  coquille  fossile  ,  du  genre 
murex,  de  lÂnn^us  {M.  iuhifer')  ,  dont  Denys-de-Montfort 
a  formé  un  genre  particulier,  sous  le  nom  de  Typhis.  V.  ce 
mot.  (desm.) 

PORrE  -  TUYAUX ,  Tubulifen.  Nom  donné  à  une 
section  d'insectes,  de  Tordre  des  hyménoptères,  dont  les 
derniers  anneaux  de  l'abdomen  forment,  dans  les  femelles, 
un  tuyau  rëtractile  ,  avec  un  aiguillon  au  bout.  Tels  sont  les 
insectes  du  genre  chrysis  de  Fabricius.  V.  ChRYSIDES.  (l.) 

PORTEE.  C'est  le  temps  de  la  gestation  des  quadru- 
pèdes et  le  nombre  de  leurs  petits.  F- (Gestation,  (s.) 

PORTEES,  {^vénerie.  )  Branches  de  jeune  bois  que  le  cerf 
fait  plier  ou  rompre  avec  sa  tête.  Les  portées  A  nn  cerf  sont 
à  six  pieds  de  hauleur  Un  cerf  dix  cors  commence  à  faire 
des  portées  vers  la  mi-mai.  V.  au  mot  Cerf,  (s.) 

PORThSIE,  Portesia.  Genre  de  plantes,  de  Toctandrie 
monogynie,  et  de  la  famille  des  rubiacées,  qui  a  été  établi  par 
Cavanilles,  et  qui  présente  pour  caractères:  un  calice  petit, 
inonophylle,  à  quatre  dents  persistantes;  une  corolle  de 
quatre  pétales  ovales  ;  un  tube  plus  court  que  la  corolle  , 
octodenlé  à  son  sommet  ;  huit  élamines  sessiles  et  insérées 
sur  les  dents  du  tube;  un  ovaire  supérieur  à  style  simple  et  à 
stigmate  en  tête  ;  une  capsule  bivalve  ,  biloculaire  ,  disper- 
me  ,  à  valves  ovales  ,  carinées  ,  s'ouvrant  par  la  pointe  ,  et 
contenant  une  semence  dans  chaque  loge. 

Ce  genre  renferme  deux  arbustes  à  feuilles  alternes,  pin- 
nées  avec  impaire,  et  à  (leurs  disposées  en  petits  bouquets 
dans  les  aisselles  des  feuilles. 

L'un,  la  Portésie  OVALE,  a  les  folioles  presque  ovales 
elles  fleurs  rapprochées.  Elle  croît  aux  Antilles. 

L'autre ,  la  Portésie  mucrotnée  ,  a  les'folioles  glabres  , 
rancronées.  Elle  croît  à  Madagascar. 

Ce  genre  a  été  réuni  aux  TKiCBiLiERSpar  "Wildenow.  (b.) 

PORTLANDE  ,  Portîandia.  Genre  de  plantes  de  la  pen- 
tandrie  monogynie  ,  et  de  la  famille  des  rubiacées,  dont  les 
caractères  consistent  :  en  un  calice  grand  et  à  cinq  divisions; 
en  une  corolle  infundibuliforme  ,  à  tube  insensiblement 
dilaté  ,  et  à  limbe  à  cinq  divisions  ;  en  cinq  étamines  insé- 
ras à  la  base  du  tube  ,  à  anthères  droites,  presque  saillan- 
tes; en  un  ovaire  inférieur,  surmonté  d'un  style  à  stigmate 
simple  ;  en  une  capsule  ovale ,  globuleuse  ,  munie  de  cinq 
côtes  saillantes,  émoussée  au  sommet,  couronnée  par  le 
limbe  calicinal ,  et  formée  par  deux  loges  à  plusieurs  se- 
mences. 

Ce  genre  renferme  cinq  arbres  à  lige  grêle  qui  ont  besoin 
du  support  des  arbres  voisins  pouH ne  pas  ramper;  il  a  le 


P  O  R  35 

feuilles  enlièrcs  el  opposées  ,  et  les  fleurs  grandes  de 
plus  d'un  pied.L'un  de  ces  arbres  porte  le  nom  de  PortlaNDE 
A  GRANDES  FLEURS,  et  est  représenté  dans  une  superbe  gravure 
publiée  par  Smith,  tab.  6  de  ses  Icônes  pictœ.  Il  croît  naturel- 
lement à  la  Jamaïque ,  et  se  cultive  dans  quelques  serres 
d'Angleterre  et  de  France,  où 'il  fait  l'admiration  de  tous 
ceux  qui  le  voient, par  la  beauté  de  ses  fleurs  blanches. 

Un  autre  ,  le  Portlande  a  fleurs  rouges  ,  a  les  feuilles 
ovales  ,  coriaces,  et  les  fleurs  rouges.  Il  croît  aussi  à  la  Ja- 
maïque y  où  il  a  été  observé  par  Swartz. 

Quant  aux  Portlandes  tétrawdre  et  hexa^tore  ,  ils 
doivent  être  retirés  de  ce  genre.  Le  second  forme  déjà  celui 
qu'Aublet  a  appelé  Coutarée. 

L'écorce  de  la  plupart  des  espèces  de  ce  genre  peut  être 
substituée  au  quinquina, dans  le  traitement  des  fièvres.  Celles 
des  Portlandes  mexicaine  «t  bexandre  portent  même  son 
nom  dans  le  continent,  (b.) 

PORÏS-FU.  Nom  hongrois  de  la  Renouée  (  Polygonum 
persicaria  ,  Linn.  ).   (ln.) 

PORTSCHEDNAJA-TRAWA.  Nom  russe  des  Per- 

SICAIRES.  (ln.) 

PORTULA.  Nom  donné  ,  par  Dillen,  à  une  plante  con- 
fondue avec  le  genre  GLAUxpar  Tournefort,  et  dont  Linnseus 
a  fait  son  peplis^  nom  appliqué  par  les  anciens ,  à  une  plante 
très-différente  ,  et  que,  pour  cette  raison,  Adanson  a  changé 
en  celui  de  chahrœa.    Voyez  Peplis  (ln.) 

PORTULACA.  Notre  pourpier  commun  recevoitce  nom 
chez  les  Latins,  et  celui  à'andrachne  chez  les  Grecs  ;  les  bota- 
nistes lui  ont  conservé  le  premier,  et  le  second  a  été  donné  à 
un  autre  genre.  Il  y  a,  du  reste  ,  beaucoup  d'obscurité  sur  les 
plantes  que  les  ancieos  ont  voulu  décrire  sous  ces  deux  noms. 

Chez  les  modernes ,  on  a  nommé  portulaca  ,  et  l'on  a 
rapproché  sous  le  même  nom  quelques  plantes  qui,  par 
leurs  feuilles  grasses  ou  leur  nature  succulente,  offrent  quel- 
ques rapports  avec  les  pourpiers;  par  exemple,  la  MoNïiE  des 
fontaines,  quelques  petits  orpins  {sedum)^  une  sabline  et  des 
arroches;  celles-ci  sont  plus  particulièrement  appelées  y3or/«- 
hca  marina. 

Linnœus  a  divisé  le  genre  portulaca  de  Tournefort,  pour 
en  faire  deux,  savoir:  le  sessmium  et  le  portulaca^  où  rentre 
le  pourpier  cultivé. Depuis,  on  a  fait  aux  dépens  de  ce  dernier 
les  genres  ia/inum,  riilingia  ou  anacampseros  (sinis) ,  meridiana, 
lemia  et  orygia.  ; 

Le  Glinus  lotoîdes,  L.,  et  le  irianthema  monogyna^  Lion. ,  ont 
été  figurés  sous  la  dénomination  de  portulaca ,  le  premier  pat" 
Rarrelier  ,  et  le  second  par  J.  Hermann,  (ln) 


^^  P  O  R 

PORÏULACAIRE,  Poriuïacaria.  Arbrisseau  à  feuilles 
opposées  ,  cunéiformes  ,  presque  ovales  ,  qui  a  successive- 
ment fait  partie  des  Claytonês  et  des  Crassules  ,  et  que 
Jacquin  vient  d'établir  en  litre  de  genre. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  de  deux  folioles  ;  cinq 
pétales;  cinq  étamines  ;  un  ovaire  supérieur,  surmonté  de 
trois  styles  à  stigmate  simple  ;  une  semence  garnie  de  trois 
ailes. 

La  portulacaire  est  originaire  d'Afrique  ,  et  se  cultive  dans 
les  jardins  de  botanique.  (B.) 

PORTULACASTRUM.Nom  sous  lequel  on  a  cultivé 
autrefois  au  jardin  des  plantes  de  Paris,  le  scsrmum  porlu- 
lacastnim^  Linn.  (ln.) 

PORTULACÉES,  Portulaceœ.  Famille  de  plantes,  qui 
offre  pour  caractères  :  un  calice  divisé  à  son  sommet  ;  une 
corolle  monopétale  ou  nulle  ,  plus  souvent  formée  de  pétales 
dont  le  nombre  est  déterminé,  insérée  à  la  base  ou  au  milieu 
du  calice  ,  souvent  alterne  avec  ses  divisions  ;  des  étamines 
ayant  la  même  insertion  que  la  corolle  ,  ordinairement  en 
nombre  déterminé;  un  ovaire  supérieur,  ou  rarement  infé- 
rieur et  semi-inférieur,  à  style  unique  ,  ou  double  ,  ou  triple, 
ou  rarement  nul,  à  stigmate  souvent  multiple  ;  un  fruit  cap- 
sulaire ,  uni  ou  multiloculaire  ,  à  loges  à  une  ou  plusieurs 
semences,  dont  le  périsperme  est  farineux  et  central,  et  l'em- 
bryon courbé  ou  annulaire. 

Les  plantes  de  celte  famille  sont  ordinairement  herbacées, 
vivaces  ou  annuelles,  quelquefois  grasses  ou  charnues;  leurs 
liges,  dont  la  forme  est  cylindrique,  ainsi  que  celle  des  ra- 
meaux, portent  des  feuilles  opposées  ou  alternes,  souvent 
succulentes,  presque  toujours  dépourvues  de  stipules,  quel- 
quefois munies,  dans  leurs  aisselles,  d'un  petit  faisceau  de  poils; 
leurs  fleurs  affectent  différentes  dispositions. 

Ventenat ,  de  qui  on  a  emprunté  ces  expressions ,  rapporte 
à  cette  famille,  qui  est  la  première  de  la  quatorzième  classe 
de  son  Tableau  du  Règne  végétal^  et  dont  les  caractères  sont 
figurés  pi.  19,  n.»  2  du  même  ouvrage,  dix  genres  sous  deux 
divisions ,   savoir  : 

i.°  Les porhdacées  dont  le  fruit  est  uniloculaire  :  Pourpier  , 
Portulacaire,  Turnère  ,  Rokeje,  Talin,   Claytone, 

MOTSTIE ,    ÏÉLÈPHE  ,    CoRRIGIOLE  ,    BaCOPE  ,     TaMARIX    et 

Gnavelle. 

2.0  Les  portulacèes  dont  le  fruit  est  multiloculaire:  ÏRtAN- 
THÈME ,  L1MÉ0LE ,  Crypte  et  Gisekie.  Voyez  ces  mots,  (b.) 

PORÏUMNE.  Portumnus  ,  Leach.  V.  Portune. 

PORTUNE,  Portimus,  Fabr. ,  Lam. ,  Rose,  Latr.  , 
Léach.  ;  Cancer,  Lion.,  Deg. ,   Oliv.;  Lupa  ,  Léach.  Genre 


P  O  R  4» 

de  crustacés,  de  l'ordre  des  décapodes,  famille  des  bra- 
chyures  ,  tribu  des  nageurs,  ayant  pour  caractères  :  test  en 
segment  de  cercle  ,  plus  large  que  long ,  dilaté  en  devant , 
rétréci  en  arrière  ;  queue  de  cinq  anneaux  distincts  dans  les 
mâles  ,  et  de  sept  dans  les  femelles  ;  cavité  buccale  carrée  ; 
second  article  des  pieds-mâchoires  extérieurs  presque  carré, 
avec  les  angles  arrondis  ,  échancré  près  de  l'extrémité  de 
son  bord  interne  ;  les  pédicules  oculaires  et  les  antennes  m- 
sérés  de  file  ,  sur  une  même  ligne  transversc;  les  antennes 
latérales  terminées  par  un  filet  sétacé  ,  beaucoup  plus  long 
que  leur  tige  :  les  deux  pieds  postérieurs  propres  à  la  nata- 
tion,  finissant  par  deux  articles  aplatis  ,  en  forme  de  lames 
ciliées  ;  le  dernier  plus  ou  moins  ovale  ;  pédicules  oculaires 
courts  ,  insérés  de  chaque  côté  du  front ,  dans  des  cavités 
ovales  et  formées  par  des  échancrures  du  test  ;  deux  fissures 
au  bord  supérieur  de  chaque  orbite. 

Les  portunes  ,  que  M.  Cuvier  désigne  aussi  sous  le  nom 
à'élrilles  ,  ne  diffèrent  bien  rigoureusement  de  certains  crabes, 
et  particulièrement  des  carcins  de  M.  Léach ,  que  par  la  ma- 
nière dont  se  terminent  leurs  deux  pattes  postérieures. 

Quelques  portunes  ,  dont  le  test  est  proportionnellement 
plus  large  ,  avec  chaque  bord  latéral  divisé  en  neuf  dents, 
et  dont  la  postérieure  plus  forte  ,  en  forme  d'épine  ;  qui  ont 
les  serres  de  la  même  grandeur  ;  dont  les  mâles  ont  l'avant- 
dernier  article  de  leur  queue  fort  allongé  (i)  et  beaucoup 
plus  étroit  que  le  précédent ,  composent ,  dans  la  méthode 
de  ce  dernier  naturaliste  ,  un  genre  particulier  ,  celui  de 
Lupa.  Ses  portunes  proprement  dits  ont  le  test  moins  évasé, 
à  dentelures  moins  nombreuses  (cinq  communément, 
d'autres  fois  six  )  ,  et  dont  aucune  ne  surpasse  considéra- 
blement les  autres  en  grandeur;  Tune  de  leurs  deux  serres  est 
plus  forte  que  l'autre  ;  et  le  pénultième  article  de  la  queue 
des  mâles  est  transversal  ;  mais  ,  outre  que  ces  caractères 
s'effacent  insensiblement  sur  leurs  limites  ,  que  la  forme  de 
l'avant  dernier  article  de  la  queue  des  mâles  est  très-variée  , 
selon  les  espèces  ,  dans  la  même  coupe  naturelle  ,  et  qu'on 
n'a  pas  toujours  des  individus  des  deux  sexes,  on  peut  ar- 
river à  la  connoissance  des  espèces  par  des  moyens  moins 
équivoques  et  plus  simples. 
L'espèce  queFabricius  a  nommée  v/^//,offre  dans  la  longueur 
extraordinaire  de  ses  pédicules  oculaires,  et  dans  la  manière 
dont  ils  se  logent ,  un  caractère  trop  remarquable  ,  pour 
qu'on  la  laisse  avec  les  portunes.  C'est  donc  avec  raison  que 

(i)  Degéer  avait  remarqué,  le  premier,  ce  caractère   sexuel. 


^1  P  O  R 

M.  le  chevalier  de  Lamarck  a  fait  de  cette  espèce  un  genre 
propre  ,  celui  de  podophthalme.  Le  cancer  latipes  de  Plancus  , 
qui  senïble,  au  premier  coup  d'œil ,  devoir  être  réuni  aux 
porlunes  ,  en  est  cependant  bien  distingué  ,  ainsi  que  M. 
Léach  Ta  remarqué.  Mais  nous  rejetterons  sa  dénomina- 
tion générique  ,  poHumnus  ,  qui  littéralement  est  presque 
semblable  à  celle  de  portunus  ,  et  nous  lui  substituerons  celle 
de  platyonique  (^Flatyoïiichus.  ) 

Au  rapport  de  M.  Bosc  ,  le  porlune  ,  qu'il  regarde  comme 
l'espèce  appelée  pelagicus  par  Fabricius  ,  nage  presque 
conlinnellement  avec  aisance  ,  et  même  avec  une  sorte  de 
grâce.  Il  peut  se  soutenir  sur  l'eau,  pendant  un  espace  de 
temps  assez  long  et  sans  se  donner  de  mouvemens  apparens. 
Il  n'a  d'autres  points  de  repos  que  les  varecs  et  autres  plantes 
de  l'Océan-Allantique  ,  où  on  le  trouve  en  grande  quantité. 
Il  vit  des  autres  animaux  marins  qui  s'y  rencontrent  avec  lui. 
Un  autre  portune  ,  Yhaslala  de  M.  Bosc  ,  et  qu'il  a  observé 
sur  les  côtes  de  la  Caroline,  nage  aussi  très- bien  ;  mais  il 
marche  autant  qu'il  nage.  D'ordinaire  ,  il  se  promène  lente- 
ment sur  le  bord  de  la  mer  ou  à  l'embouchure  des  rivières  ,  à 
la  marée  montante  ,  pour  chercher  de  côté  et  d'autre  sa 
nourriture.  Mais  lorsque  la  marée  se  retire  ,  il  s'en  retourne 
avec  elle  ,  en  nageant ,  parce  qu'il  craint  alors  de  rester  sur 
le  sable ,  et  qu'il  n'a  plus  à  espérer  de  curée.  Le  plus  sou- 
vent il  nage  et  marche  en  avant  ;  mais  si  la  frayeur  le  saisit, 
lise  sauve  en  nageant  de  côté  et  même  en  arrière.  Pendant 
l'hiver  ,  il  disparoît  de  la  côte ,  et  se  retire  dans  les  profon- 
deurs dela'mer.  Il  revient  au  printemps,  et  la  femelle,  à  rai- 
son des  œufs  qu'elle  porte,  est  alors  très-estimée.  On  ditque 
ce  crustacé  sort  quelquefois  de  l'eau  ,  pour  aller  chercher  sa 
vie  sur  la  grève.''  On  en  prend  journellement  un  grand  nom- 
bre à  Charlestown,  pendant  l'été  ,  à  la  marée  montante  , 
avec  un  moyen  semblable  à  celui  dont  on  se  sert  en  Eu- 
rope pour  la  pêche  des  écrevisses.  C'est  un  cercle  de  fer  , 
garni  d'un  filet,  et  suspendu  par  trois  cordes  à  un  long  bâton, 
au  milieu  duquel  est  attaché  ,  pour  appât ,  un  morceau  de 
viande.  M.  Bosc  ,  en  a  pris  ainsi  des  centaines  par  heure. 

«  Tous  les  portunes  qui  habitent  notre  mer  (côte  de  Nice), 
dit  M.  Risso  ,  vivent  réunis  en  société  ;  et  chaque  espèce 
choisit  une  demeure  conforme  à  ses  besoins  et  à  ses  habitudes. 
Le  Âfmfl/:///^  fait  son  séjour  dans  la  région  des  polypiers  corti- 
ciféres.  Le  pubère  et  le  plissé  préfèrent  les  rochers  de  quatre 
a  cinq  cents  mètres  de  profondeur.  Le  dépuraieur  ne  se  plaît 
que  dans  les  plaines  des  galets  ,  se  mêlant  toujours  avec 
les  colonnes  de  petites  dupées  ,  telles  que  les  anchois  et  les 
sardines,  Un  autre,  imparfaitement  décrit  par  Piondelet  , 


P  O  R  /;3 

dont  il  porte  le  nqm  ,  se  cache  sous  la  vase  de  nos  bords.  Le 
moucheté  ^  habile  au  milieu  des  algues  qui  croissent  à  quelques 
mètres  de  profondeur  ;  et  l'espèce  à  laquelle  j'ai  imposé  le 
nom  de  longues- polies^  fréquente  les  trous  du  calcaire  com- 
pacte qui  borde  nos  rivages.  Les  portunes  se  nourrissent  de 
mollusques  et  de  petits  crustacés  qu'ils  brisent  par  morceaux, 
et  broient  au  moyen  des  osselets  de  leur  estomac.  Leur 
chair  n'a  pas  le  même  goût  dans  toutes  les  espèces,  et  ce 
n'est  que  celles  qui  vivcntdansles  rochers  quisont employées 
comme  comestibles.  Les  autres  servent  d'appât  pour  la  pêche. 
Plusieurs  de  ces  crustacés  sont  tourmenlés  par  de  petites 
aselotles,  parasites  qui  se  glissent  sous  leur  corselet  et  s'atta- 
chent sur  leurs  branchies.  Les  femelles  des  portunes  font 
plusieurs  portées  dans  l'année  ,  et  déposent  chaque  fols  de 
quatre  cenis  à  six  cents  mille  petits  œufs  globuleux  et  trans- 
parens  ,  qui  éclosenl  en  plus  ou  moins  de  temps ,  suivant  le 
degré  plus  ou  moins  considérable  de  la  température  ». 

M.  Kisso  a  été  plus  à  portée  que  moi  d'étudier  les  mœurs 
de  ces  animaux.  J'avouerai  ,  cependant,  que  j'aide  la  peine 
à  croire  que  les  femelles  de  la  même  espèce  fassent  plusieurs 
portées  dans  1^  cours  d'une  année  ,  du  printemps  à  la  fin  de 
l'automne.  L'analogie  et  les  observations  des  autres  natura- 
listes semblent  contredire  cette  assertion. 

Pison  a  représenté,  dans  son  Histoire  naturelle  du  Brésil 
(p.  76),  un  portune  voisin  à^MiasIatus Aa  Fabricius  ,  et  qu'il 
nomme  en  langue  du  pays  ciré  apuà.  Le  mol  de  ciré  paroxt 
être  une  dénomination  commune  des  crustacés  semblables 
aux  précédens  ,  qui  vivent  habituellement  au  fond  de  la  mer, 
et  qui  ne  gagnent  le  rivage  que  pour  y  chercher  l'ambre  gris, 
que  les  flolsy  ont  jeté.  On  ne  les  prend  qu'au  moment  des 
fortes  marées.  Leur  chair,  suivant  Plson,  est  d'un  goût  excel- 
lent. Il  paroîl  qu'on  les  met  dans  du  vinaigre  ,  et  quoiqu'on 
puisse  en  manger  beaucoup  de  préparés  de  celte  manière  , 
ils  sont  rarement  indigestes.  Quelques  autres  espèces  sont 
encore  un  aliment  pour  les  habilans  dcs'côles  maritimes  de 
la  Chine,  des  Indes-Orientales,  etc.  Ces  crustacés  abondent 
dans  les  mers  qui  avoisinent  les  tropiques;  mais  V  Océan-Sep- 
tentrional n'en  fournit  que  peu  d'espèces  et  qui  sont  petites 
ou  de  taille  moyenne.  Leur  synonymie  est  en  général  très- 
embrouillée. 

/.  Test  presque  en  /arme  de  carré  transversal  et  rétréci  vers  son 
extrémité  postérieure  ;  le  côté  antérieur  guère  plus  étroit  çuc  le  plus 
grand  diamètre  transversal  ;  yeux  situés  à  ses  extrémités  latérales  ; 
antennes  extérieures  éloignées  ,  par  un  intervalle  notable ,  de  V origine 
des  pédicules  oculaires  (  r  avant-dernier  article  de  la  çueue  des  mâles 
presque  carre ,  et  à  diamètres  presque  égaux  ). 

Je  place  dans  celle  division  ,  le  camer  admette  d'Herbst , 


4^  P  O  R 

Crust. ,  lab.  57 ,  fig.  4,  et  celui  qu'il  nomme  prymna ^  même  pi , 
fig.  2.  Le  premier  a  le  fronl,  ou  le  bord  antérieur,  droit,  di- 
visé par  trois  petites  incisions  en  quatre  lobes  tronqués  ,  ou 
presque  carrés  ;  chaque  bord  latéral  du  lest  a  cinq  dents  ai- 
guës ,  dont  l'avant-dernière  ,  en  comptant  de  devant  en  ar- 
rière ,  est  plus  petite  ;  le  dessus  du  test  offre  des  rides  transver- 
sales et  interrompues  ;  les  serres  sont  épineuses.  Cette  es- 
pèce a  été  recueillie  par  Péron  et  Lesueur  dans  les  mers 
australasienncs. 

Dans  le  cancer  prymna  ,  les  côtés  du  test  n'ont  chacun  que 
quatre  dents  ,  les  deux  lobes  frontaux,  situés  près  des  yeux  , 
ont  une  petite  échancrure.  • 

On  trouve  dans  les  mers  de  la  Nouvelle-Hollande  deux 
ou  trois  autres  espèces  analogues  ,  et  qui  paroissent  devoir 
former,  avec  les  précédentes  ,  un  genre  propre  ;  peut-être 
faut-il  y  placer  le  portune  tronqué  de  Fabricius.  (  Herbst  , 
Crust. ,  lab.  54  ,  fig.  7.  ) 

//.  Bord  antérieur  da  icsi  et  partie  adjacente  de  ses  côtés  formant 
une  courbe  ;  largeur  du  test,  comprise  entre  les  deux  extrémités  posté- 
rieures de  cette  courbe ,  beaucoup  plus  grande  que  sa  portion  anté- 
rieure et  mitoyenne  qui  sépare  les  yeux  ;  antennes  extérieures  situées 
immédiatement  à  Vorigine  des  pédicules  oculaires. 

A.  La  plus  grande  largeur  du  test  presque  le  double  de  sa  lon- 
gueur; chaque  coté  du  test  ayant  toujours  huit  à  neuf  dents  ,  dont  la 
postérieure  plus  forte  ^  en  formed  épine  ;  V aQant-dernier  segment  de 
la  queue  des  mâles  ,  souvent  fort  allongé,  et  très-étroit,  du  moins  au- 
delà  de  sa  base. 

Nota.  Celle  division  se  compose  d'espèces  du  genre  lupa 
de  M.  Léach. 

*  Dent  postérieure  de  chaque  coté  du  test  beaucoup  plus  grande 
que  les  précédentes. 

PoRTV^EvtL\GlQ\JE,PoTiunuspelagicus;Cancerpelagicus,hm.; 
Cancer  cedo-nuUi,  Herbst,  Crust.,  lab.  Sg;  ejusd.;  C.  reticulatus, 
ibid.,  tab.  5o,  var.  Linneeus  a  donné  ,  dans  son  Muséum  Lu- 
dovicœ,  une  bonne  description  de  cette  espèce;  mais  il  l'a 
ensuite  {  Système  nat. ,  édit.  12.""=)  confondue  avec  d'autres, 
très-différentes  :  c'est  ce  qui  lui  a  fait  dire  qu'elle  se  trouvoit 
dans  toutes  les  mers  Degéer  s'est  trompé  en  citant  celle 
espèce  comme  synonyme  de  son  crabe  de  V Océan;  et  celte 
faute,  copiée  par  Fabricius,  et  ceux  qui  ont  écrit  après  lui , 
a  augmenté  la  confusion.  Je  crois  que  cet  auteur  n'a  pas  bien 
connu  le  cancer  pelagicus  de  Linnseus,  ou  qu'il  l'a  décrit  sous 
le  nom  de  Defensor. 

Le  portune  pélagique  est  propre  aux  mers  des  Indes-orien- 
tales, et  des  plus  grands  du  genre.  Son  test  est  légèrement 


P  O    R  ^  45 

chagriné,  d'un  vert  clair,  quelquefois  brun,  plus  ou  moins 
tacheté  ou  marbré  de  jaunâtre.  Le  front  a  six  dents  en 
scie ,  en  y  comprenant  les  oculaires  ,  toutes  entières ,  et  dont 
les  deux  du  milieu  plus  petites  ;  celles-ci  forment ,  avec  une 
pointe  avancée,  située  au-dessous  du  milieu  du  front,  un  trian- 
gle. Les  serres  sont  tachetées  de  même  que  le  test ,  et  pres- 
que trois  fois  plus  longues  que  lui;  leur  troisième  articulation, 
que  Fabricius  nomme  souvent  le  bras,  a  trois  fortes  dents ,  eu 
forme  d'épines,  au  côté  interne;  le  carpe  ,  ou  l'article  suivant , 
en  offre  deux,  dont  une  dorsale  et  l'autre  interne;  les  mains 
sont  allongées,  chargées  extérieurement  de  côtes  longitudi- 
nales ,  dont  deux  des  supérieures  se  terminent  chacune  par 
mie  dent  ;  près  de  la  base  supérieure  de  ces  mains  est  aussi 
une  forte  dent;  leur  face  interne  présente  une  arête  pointue 
à  son  extrémité  ;  les  doigts  sont  rouges,  allongés,  fortement 
striés,  pointus,  avec  des  dents  molaires,  lobées,  très-inéga- 
les,tout  le  long  de  leur  côté  interne. Les  deux  derniers  articles, 
en  forme  de  lames,  des  deux  pattes  postérieures,  sont  unis. 

Le  portune  pélagique  de  M.  Bosc,  et  auquel  il  rapporte 
la  fig.  55  de  la  planche  huitième  de  l'ouvrage  d'Herbst  sur  les 
crustacés,  est  une  autre  espèce  ,  et  qui  me  paroit  peu  diffé- 
rente de  celle  que  je  regarde  comme  le  cancer  hastaius  de  Lin- 
naeus. 

Celle  que  j'ai  désignée  ,  dans  mon  Gênera  Crust.  et  TnsecL , 
sous  le  même  nom  spécifique  ,  est  plutôt  iliastalus  de  Fabri- 
cius ,  mais  non  le  cancer  hastaius  de  Linnaeus.  Elle  est  très- 
commune  aux  Antilles.  F.plus  bas,  Porlune  spinimane. 

Le  Crabe  de  l  Océan  {cancer pelagicus)  de  Degéer,  quoique  de 
cette  division,  se  distingue  des  autres  espèces  qui  la  compo- 
sent, en  ce  que  les  carpes  et  les  mains  n'ont  point  d'épines. 

Le  Portune  sanguinolent  ,  Portunus  sanguinolentus  de 
Fabricius,  représenté  par  Herbst  ,  ibid.  ^  tab.  8  ,  fig.  56 
et  57,  est  remarquable  par  les  trois  taches  d'un  rouge  de  sang, 
arrondies,  et  formant  une  ligne  transverse,  que  l'on  observe  à 
l'extrémité  postérieure  de  son  test.  Le  front  a  quatre  dents, 
les  deux  oculaires  internes  non  comprises  ,  et  dont  les  deux 
mitoyennes  plus  courtes;  l'arête  interne  de  la  tranche  supé- 
rieure des  mains  a  une  frange  de  poils;  les  deux  derniers  seg- 
mens  de  la  queue  du  mâle  forment,  par  leur  rétrécissement 
brusque  et  leur  allongement,  une  sorte  de  queue. 

Portune  en  hache, Portunus  hasfatus; Cancer  hastatiis, Linn.; 
Portunus  pelagicus,  Bosc.'';  Herbst,  i/^/t/.,  tab.  8,  fig.  55.  Le  can- 
cer hastaius  Aq  Linnseus,  et  qui  est  évidemment  un  portune  de 
cette  division,  se  trouve  dans  la  mer  Adriatique,  tandis  que 
le  porlune  hastaius  de  Fabricius  habite  la  merdes  Antilles; 
dans  cettedernière  espèce,  la  dent  postérieure  des  côtés  du  test 


^6  ^  P  O  R 

est  seulement  un  peu  plus  allongée  que  les  précédentes;  elle 
est  beaucoup  plus  iorle  {poslico  maximo)  dans  Tespèce  de  Lin- 
nœus.  Or  ce  caractère,  ainsi  que  les  autres  qu'il  lui  assigne  y 
on  l'observe  dans  un  portune  trouvé  par  M.  Léon  Dufour, 
sur  les  côtes  d'Espagne  ,  et  le  seul  de  cette  division  ,  ou 
des  lupes  de  M.  Léach,  qui  habile  les  mers  d'Europe.  Le 
dessus  (le  son  corps  est  d'un  rouge  de  brique  pâle;  son  des- 
sous est  blanc  et  luisant.  Le  test  a  environ  un  pouce  de  lar- 
geur ,  mesuré  dans  son  pins  grand  diamètre  ;  sa  surface  est 
un  peu  raboteuse,  avec  un  duvet  très-fin  dans  les  enfonce- 
mens  ;  chaque  côté  a  neuf  dents,  dont  la  postérieure  très- 
forte,  et  longue  d'environ  trois  lignes;  les  autres  sont  petites, 
très-acérées  ,  et  tournées  en  avant  ;  celle  qui  forme  le  can- 
thus  postérieur  de  Torbile  oculaire,  ou  la  première,  est  un 
peu  plus  grande  ;  la  quatrième  est  un  peu  plus  courte  que 
les  adjacentes  ;  on  en  voit  quatre  au  milieu  du  front ,  et  dont 
les  deux  intermédiaires  plus  petites  ;  je  ne  comprends  pas 
dans  ce  nombre  les  dents  supérieures  et  internes  des  orbites 
oculaires;  elles  sont  entières,  ainsi  que  les  autres.  Les  serres 
sont  presque  trois  fois  plus  longues  que  le  test  et  pareillement 
soyeuses;  leur  troisième  articulation  a,  au  côté  interne,  qua- 
tre dents  Irès-aiguës,  en  forme  d'épines,  dont  les  deux  infé- 
rieures plus  petites  ;  l'exlrémilé  de  la  tranche  extérieure  en 
offre  une  autre  ;  le  carpe  et  la  main  ont  extérieurement  des 
côtes  longitudinales;  l'extrémité  supérieure  du  carpe  est  ar- 
mée de  deux  dents  ,  dont  une  en  dehors  et  l'autre  interne; 
la  main  est  allongée,  et  divisée,  dans  sa  longueur,  par  cinq 
arêtes  arrondies  ;  celle  qui  forme  la  tranche  supérieure  est 
terminée  par  deux  dents  très-pointues  ;  on  en  observe  une 
autre  près  de  l'articulation  de  la  main  avec  le  carpe;  les  doigts 
sont  un  peu  plus  longs  que  la  main,  striés  longiludinale- 
ment,  entrecoupés  de  blanc,  terminés  en  pointe  un  peu  cro- 
chue,et  garnis,  le  long  du  côté  interne,  d'une  série  nombreuse 
de  petites  dents  ,  dont  quelques-unes  un  peu  plus  grandes,  et 
formant  toutes  ensemble,  les  doigts  étant  rapprochés  ,  une 
suite  d'angles  rentrans  et  saillans.  Les  derniers  articles  des 
autres  pattes,  et  même  les  deux  derniers  de  la  queue  du  mâle, 
ont  des  sillons  longitudinaux;  on  en  voit  encore  d'autres  sur 
les  côtés  de  la  poitrine,  mais  dons  une  direction  opposée  ; 
l'avant-dernier  article  de  la  queue  du  mâle  est  en  forme  de 
triangle  tronqué  à  son  extrémité. 

Les  portunes  :  armige}\  gludiator,  hasiatcîides^  forceps  e\  ponii- 
cus,  deFabricius,  sonlencorc  de  cette  division,  mais  peu  con- 
nus, à  l'exception  du  quatrième  ou  du  Fortune  tenaille, 
poHunus  forceps.  Celui-ci  est  remarquable  par  la  forme  grêle 
cl  allongée  de  ses  serres;  leurs  doigts  sont  très-longs  et  fili- 


P  O  R  <, 

formes.  Herbst  Ta  représenté  pi.  55,  fig,  4..  Le  docteur  Léach 
en  a  donné  une  autre  figure,  pi.  54-,  vol.  i  de  ses  Mélanges  de 
Zoologie  :  on  le  trouve  aux  Antilles.  Le  cancer  menesOio 
d'Herbst ,  pi,  55,  fig.  3  ,  est  la  seule  espèce  de  cette  division 
dont  le  test  n'ait  que  huit  dents  de  chaque  côté. 

**  Dent  postérieure  de  chaque  côté  du  test  à  peine  une  fois  plus 
grande  que  les  précédentes. 

Fortune  spinimane,  Portunus  spinimamis  ;  Portunus  pelagi- 
eus,  Latr.,  Gen.  crust.  et  insect.^  tom.  i,  pag.  26.  ;  Portunus  has- 
tatus^Fah.,  Bosc.  Il  est  très-voisin  du  cancer ponticusd' Herhst y 
pi.  55  ,  fig.  5  ;  mais  la  dent  postérieure  des  côtés  du  test  est 
plus  grande  dans  celui-ci,  et  les  pinces  paroissent  avoir  quel- 
ques épines  de  plus.  Le  test  de  notre  portune  spinimane  est 
couvert  d'un  petit  duvet  jaunâtre,  coupé  par  des  rides  rous- 
sâtres  et  interrompues;  chaque  côté  a  neuf  dents,  rougeâlres 
à  leur  base,  blanches  à  leur  extrémité,  et  dont  la  postérieure 
est  un  peu  plus  forte  :  on  en  voit  quatre  autres,  mais  moins 
acérées,  au  milieu  du  front;  elles  sont  égales;  l'interne  et 
supérieure  des  orbites  oculaires  est  échancrée.Les  serres  sont 
garnies  de  duvet ,  chargées  de  petits  grains  qui  font  paroître 
les  côtes  des  pinces  comme  dentelées  :1e  côté  interne  du  troi- 
sième article  a  quatre  épines  presque  égales  ;  on  en  voit  deux 
autres  sur  l'article  suivant ,  et  deux  autres  sur  la  main  ,  dont 
une  à  la  base,  et  la  seconde  près  de  l'extrémité  de  l'arête  su- 
périeure; un  peu  avant  cette  dent,  le  fond  rougeâtre  de  cette 
arête  est  coupé  par  une  tache  blanche;  les  doigts  sont  striés, 
blanchâtres,  avec  l'extrémité  rouge  ;  les  tarses  dos  trois  paires 
de  pattes  suivantes  sont  aussi  de  cettecouleur,avec  l'extrémité 
blanche;  la  lame  qui  termine  les  deux  dernières  pattes  est 
presque  unie.  L'avant-dernier  segment  de  la  queue  du  mâle  a 
la  figure  d'un  triangle  tronqué  à  son  sommet,et  dont  les  côtés 
sont  un  peu  arqués  en  dehors. 

Celte  espèce  se  trouve  dans  les  mers  de  l'Amérique  ;  elle 
est  commune  sur  les  côtes  du  Brésil. 

B.  La  plus  grande  largeur  du  test  ne  surpassant  guère  que  d'un 
tiers  ou  d'un  quart  sa  longueur  (  ce  test  ayant  ordinairement  pres- 
que la/orme  d'un  cœur  tronqué  postérieurement) ;six  ou  neuf  dents  de 
chaque  côté.,  dans  quelques-uns  ;  cinq  ou  moins  ,  dans  le  plus  grand- 
nombre;  la  dernière  très-rarement  plus  grande;  avant-segment  de  la 
queue  du  mâle  transversal  dans  le  plus  grand  nombre. 

*  Six  ou  neuf  dents  de  chaque  côté  du  test. 
Nota.  Les  espèces  de  cette  subdivision  ont  le  lest  un  peu  plus 

large  que  celles  des  subdivisions  suivantes;  le  pénuilièine 

segment  de  la  queue  du  mâle  est  ordinairement  aussi  long 

ou  presque  au3si  long  que  large  ,  et  en  forme  de  triangle 

il  onqué. 


48  P  0  R 

-j-  Neiif  dents  de  chaque  câié  du  test. 

Fortune  de  Tranquebar  ,  Portunus  tranquebarkus ,  Fab.  ; 
Herbst ,  CrusL,  lab.  38,  fig.  3,  Son  test  est  long  d'environ  trois 
pouces  sur  un  peu  plus  de  quatre  pouces  de  large;  il  est  uni,  avec 
neuf  dents  égales  de  chaque  côté  ,  et  quatre  au  front ,  les  ocu- 
laires internes  non  comprises.  Les  serres  sont  généralement 
unies  ,  armées  de  plusieurs  dents  ,  dont  trois  sur  le  carpe,  et 
trois  autres  sur  la  pince;  les  doigts  sont  forts,  coniques,  avec 
des  dents  molaires  inégales  ;  les  lames  natatoires  sont  unies. 
Cette  espèce  est,  pour  les  habitans  de  la  côte  de  Coromandel, 
où  elle  se  trouve,  un  de  leurs  comestibles. 

^-j-  Six  dents  de  chaque  coté  du  test. 

PoRTUlSE  PORTE-CROIX,  Portunus  cruciger^  Fab.  ;  Herbst, 
ibid.y  tab.  38,  fig.  i.  Il  est  grand,  d'un  rouge  sanguin,  avec 
une  croix  au  milieu  du  test,  des  bandes  sur  les  côtés,  et  des 
taches  sur  ses  bords,  d'un  jaune  pâle;  chaque  bord  latéral  a 
six  dents  égales,  dont  les  deux  extrêmes  échancrées  ;  le  front 
en  a  huit,  en  comptant  les  oculaires  internes;  celles  du  milieu 
sont  un  peu  plus  petites.  Les  serres  sont  fort  grandes  ;  le  côté 
interne  de  leur  troisième  article  offre  intérieurement  de  pe- 
tites dents  inégales ,  et  trois  fortes  au-dessus  ;  le  carpe  en  a 
quatre  ,  dont  une  interne,  et  les  trois  autres  sur  le  dos,  dis- 
posées en  triangle  sur  deux  espèces  d'arêtes  ;  les  mains  sont 
presque  cylindriques  ,  avec  des  côtes ,  et  quatre  dents  ou 
épines,  dont  une  à  la  base,  et  les  autres  près  de  leur  extrémité 
supérieure;  les  doigts  sont  forts,  cannelés,  avec  des  dents  lo- 
bées. Les  pattes  sont  foiblement  striées  ;  les  nageoires  des 
postérieures  n'ont  qu'une  seule  arête  ,  qui  les  coupe  dans 
le  milieu  de  la  longueur.  Il  habile  les  mers  àes  Indes-orien- 
tales. 

Dans  le  Fortune  Lucifer,  Portunus  lucifer,  de  Fabricius, 
le  lest  est  fauve  ,  avec  quatre  grandes  taches  blanches  phos- 
phorescentes, lorsque  l'animal  est  vivant  ;  les  dents  du  front 
sont  plus  aiguës  que  dans  l'espèce  précédente  ,  dont  elle  est 
très-voisine  ;  celles  des  bords  latéraux  sont  plus  étroites  ,  et 
moins  brusquement  acuminées  ;  la  postérieure  n'est  pas 
échancrée  ;  les  doigts  sont  plus  courts,  mais  profondément 
striés,  avec  les  dents  plus  égales  ;  ils  sont  rouges,  avec  l'extré- 
mité noire. 

La  môme  division  renferme  les  portunes  annulatus^  varie- 
gatuset  holosericeus  de  Fabricius.  Herbst  a  figuré  la  première, 
tab.  4^9?  %•  5.  Celles  qu'il  représente  pi.  j,  fig.  62,  et  pi.  4o, 
lig.  I,  appartiennent  à  la  môme  coupe. 

**   Cinq  dents  au  plus  de  chaque  côté  du  test. 
jS!ota.\uC  pénultième  segment  de  la  queue  des  mâles  transver- 


P  O  R  4g 

sal,  ou  plus  large  que  long.  La  plupart  des  espèces  habitent 
les  mers  d'Europe. 

Le  PoRTUNE  de  RoNDELE'if  Portiums  Rondelelî.  Riss.,  Hitl. 
mi.  des  Crust.  de  Nice ,  pi.  i  ,  fig.  3.  Son  corps  est  long  de 
près  d'un  pouce  ,  sur  environ  quinze  lignes  de  large.  Le 
dessus  du  test  est  d'un  brun  rougeâtre  ,  un  peu  inégal , 
coupé  par  de  petites  hachures  en  forme  de  lignes  iransverses, 
avec  un  duvet  très-court.  Le  front  est  droit,  entier,  cilié, 
avec  un  foiblc  sinus  au-dessus  des  antennes  extérieures; 
son  bord  est  cilié.  Chaque  côté  du  test  a  cinq  dents  aiguè's, 
dirigées  en  avant,  dont  les  deux  dernières,  et  surtout  la  pénul- 
tième ,  plus  petites;  le  dessous  du  corps,  à  l'exception  des 
côtés  antérieurs  du  test,  dont  la  couleur  est  celle  du  dessus^ 
est  d'un  jaunâtre  clair,  un  peu  lavé  de  brun.  Les  serres  sont 
grosses,  d'un  brun  rougeâtre  foncé  ,  finement  graveleuses  en 
dessus  ,  plus  claires  et  plus  unies  en  dessous;  le  carpe  ou  le 
quatrième  article  est  un  peu  inégal  en  dessus  ,  et  se  termine 
à  l'angle  Interne  ,  à  la  suite  d'une  petite  crête  granulée  ,  par 
une  dent  très-aiguë',  en  forme  d'épine  ,  dentelée  elle-même, 
et  bleuâtre  à  son  extrémité;  les  mains  sont  unies  au  côté  exté- 
rieur, avec  deux  arêtes  longitudinales  à  leur  partie  supérieure, 
dont  l'interne  ou  la  plus  haute  se  terminant  en  pointe.  Les 
doigts  sont  striés,  pointus,  un  peu  comprimés,  rougeâtres, 
avec  l'extrémité  brune;  leur  côté  interne  offre  ,  dans  toute  sa 
longueur,  une  suite  de  dents  fortes,  surtout  vers  la  base, 
d'inégale  grandeur  ,  obtuses  pour  la  plupart ,  et  s'engrènant 
réciproquement;  une  de  ces  mains,  tantôt  la  gauche,  tantôt  la 
droite,  est  plus  forte;  ses  doigts  sont  plus  écartés  entre  eux, 
ou  laissent  un  vide;  le  pouce  a,  à  sa  base,  une  grosse  dent, 
allongée,  obtuse,  qui  correspond  à  une  autre  dent ,  grosse, 
large,  écartée  de  l'autre  doigt.  Les  autres  pattes  sont  d'un 
brun  plus  clair,  et  striées  longitudinalement;  les  deux  posté- 
rieures sont  ciliées  sur  leurs  bords,  et  finissent  en  une  lame 
ovoïdo-elliptique  ,  très-pointue  au  bout ,  et  ayant ,  au  milieu 
de  sa  longueur ,  une  ligne  foiblement  élevée.  Le  dessous  des 
cuisses  des  quatre  dernières  pattes  est  lavé  de  rougeâtre  clair; 
les  tarses  sont  fortement  striés,  et  sans  dentelures. 

Il  se  trouve  dans  les  couches  vaseuses  et  peu  profondes  de 
la  Méditerranée.  Sa  couleur  varie  ;  l'on  trouve  des  indi- 
vidus qui  sont  tachetés  de  blanc  ou  de  gris. 

Aldrovande  ,  de  Crusi.  ,  lib.  2,  pag.  175,  a  figuré  un  por- 
tune  vu  en  dessous,  et  qui  pourroit  bien  être  Icspèce  que  je 
viens  de  décrire.  J'y  rapporterai  encore  le  poriune  arqué  de 
M.  Léach,  Malac.  podoph.  Biil. ,  tab.  7,  fig.  5,  6;  celui  qu'il 
représente  sur  la  même  planche ,  fig.  3  ,  4?  ne  diffère  essen-, 
xxviii.  4 


5o  P  O  R 

tiellemenl  du  précédent ,  qu'en  ce  que  le  milieu  de  son  chape- 
ron est  largement  échancré. 

Le  PoRTUKE  MOUCHETÉ,  Por^mus  guttatus  de  M.  Risso.  a  de 
grands  rapports  avec  celui  auquel  il  a  donné  le  nom  de  Ron^ 
delet;  il  en  est  distingué,  selon  lui,  par  son  test  lisse,  noirâtre, 
et  ponctué  de  blanc  vers  les  angles  postérieurs.  Les  serres 
sont  égales. 

Fortune  longipède  ,  Poriunus  longipes,  Riss.  ,  Hist.  naL 
des  Crust.  des  eni>.  de  Nice ,  pag.  3o,  n.»  6,  pi.  i ,  fig.  5. 

Il  ressemble  beaucoup,  tant  pour  les  couleurs  et  la  gran- 
deur, que  pour  la  forme  ,  au  portune  de  Rondelet  ;  mais  son 
test  est  moins  sensiblement  chagriné,  sans  duvet  apparent;  les 
lignes  ou  plis  transverses  sont  plus  aigus,  plus  prononcés;  son 
front  est  divisé  en  quatre  lobes  très-courts  ,  dont  les  deux  du 
milieu  plus  étroits,  et  en  forme  de  dents  très-obtuses.  Chaque 
bord  latéral  a  cinq  dents  inégales,  dont  les  trois  postérieures 
plus  aiguës,  semblables  à  des  épines;  l'avant-dernière  est  un 
peu  plus  petite  que  les  deux  entre  lesquelles  elle  est  com- 
prise. La  forme  des  serres  est  la  même  que  dans  l'autre  es- 
pèce ;  la  face  latérale  et  extérieure  est  également  unie  ,  ca- 
ractère qui,  parmi  les  espèces  indigènes  qui  me  sont  connues, 
n'est  propre  qu'à  elles  deux.  On  remarque  seulement,  sur  le 
doigt  inférieur,  une  ligne  élevée,  qui  se  prolonge  un  peu  sur 
cette  même  face  de  la  main.  Les  autres  pattes,  conformées 
de  la  même  manière  que  dans  le  portune  de  Rondelet ,  sont 
proportionnellement  -plus  grêles  et  plus  longues.  La  lame 
natatoire  qui  termine  les  dernières,  est  plus  étroite,  bordée  de 
cils  jaunâtres,  et  a,  dans  son  milieu,  une  arêle  longitudina- 
le, mais  peu] élevée.  Le  corps  est  d'un  rouge  de  sang  foncé, 
avec  quelques  taches  ou  points  jaunâtres,  particulièrement 
sur  les  pattes  ;  le  dessous  est  de  cette  dernière  couleur. 

M.  Risso  dit  que  la  femelle  a,  dans  le  temps  des  amours, 
deux  grandes  taches,  d'un  rouge  foncé,  sur  la  partie  anté- 
rieure du  test  ;  que  ses  œufs  sont  d'un  rouge  aurore,  et  éclo- 
sent  en  juin  et  septembre. 

On  trouve  cette  espèce  dans  les  trous  profonds  des  rochers 
de  la  Méditerranée. 

Portune  ridé,  Portunus  corrugatus ;  Purtunus  conugatus  , 
Léach.,  Malac.  podoph.  Bril.  ,  tab.  7  »  fig-  »  ;  Poriunus  puher  , 
L  itr.  {Gêner,  crust.  et  insect.)  ;  Risso  ;  Porlune  pubère.,  pi.  M  10, 
bis  ,  fig.  5  de  ce  Dictionnaire  ;  Portunus  puber.,  Fab.  ;  Cancer 
puher  ï  Linn. 

'Linnseus  n'afait  connoître  son  crahepubère  que  par  une  phrase 
spécifique  et  convcnantàplusieursespècesde  portunes.  11  ledit 
de  la  mer  Adriatique.  M.  Léach  rapporte  ce  crabe  de  Linnseus 
à  celui  que  Pennanl  et  Olivier  ont  nommé  veluiinus  ;  mais  ii 


P  0  I  5, 

paroîl  que  ce  dernier  portune  ne  se  trouve  pas  dans  la  Mé- 
diterranée, tandis  que  le  portune  ridé  y  estlrès-commun.  Il 
est  donc  plus  probable  que  c'est  de  cette  espèce, ou  du  portune 
de  Rondelet,  que  Linnceus  a  parlé. 

Son  corps,  dans  les  plus  grands  individus,  est  presque  d'un 
tiers  plus  fort  que  celui  du  portune  de  Rondelet;  il  est  en  ma- 
îeure  partie  lavé  d'un  rouge  clair  ,  tout  couvert  d'un  duvet 
jaunâtre  et  très-fineinent  ciselé  ,  de  même  que  sur  les  pattes 
antérieures  et  les  cuisses  des  autres  pattes.  Ces  incisions  for- 
ment de  petites  rides  transverses,  très  nombreuses,  fort  ser- 
rées, irès-finément  dentelées.  Le  front  présente  trois  dents 
courtes,  larges  ,  obtuses,  presque  égales  et  finement  granu- 
lées. Chaque  côté  du  lest  est  armé  de  cinq  dents  ,  presque 
égales  ,  terminées  en  pointe  très-aiguë  ettournéesen  avant, 
l'extrémité  intérieure  et  supérieure  du  carpe  et  le  bout  de  la 
tranche  de  la  main  offrent  aussi  une  partie  forte,  très- 
acérée  ,  avancée  en  forme  d'épine  ;  les  arêtes  ou  lignes 
élevées  des  mains  sont  comme  entièrement  grenues  ;  les 
doigts  sont  très-slllonnés,  pointus,  très-dentelés  intérieure- 
ment et  noirâtres  à  leur  extrémité;  les  autres  pattes  sont  for- 
têttient  striées  dans  le  sens  de  la  longueur;  les  côtes  sont 
rouges  avec  les  sillons,  ou  enfonceraens  jaunâtres  ,  couleur 
produite  par  le  duvet  qui  les  remplit  ;  la  pièce  en  nageoire  , 
qui  termine  les  dernières,  est  ovoïde  ,  elliptique  itrès-pointue 
au  bout,  et  a,  dans  son  milieu,  une  arête  bien  prononcée. 
Les  mains  m'ontparu  proportionnellement  moins  épaisses, 
et  les  doigts  plus  effilés  que  dans  les  portunesprécédens. 

Sur  les  rochers  couverts  de  plantes  marines  de  la  Mé- 
diterranée ,  suivant  M.  Risso. 

Portune  étrille  ,  Porlunus  veïutinus  ;  Portunus  puher^ 
Léach, ,  Malac.  podoph.  Brit.^  tab.  6  ;  Cancer  veïutinus^  Penn.  , 
Oliv. 

Ce  portune  est  le  plus  grand  de  ceux  qui  se  trouvent  dans 
nos  mers.  Il  est  long  d'environ  deux  pouces  ,  un  peu  moins 
bombé  que  les précédens  ,  recouvert ,  dans  quelques  parties, 
d'un  duvet  très-fin  ,  peu  abondant,  jaunâtre  ,  avec  les  arêtes 
des  pattes  ,  et  les  petites  aspérités  graveleuses  semées  sur 
le  test  et  sur  le  bras  ,  d'un  rouge  pâle  ;  le  front  a  ,  de 
chaque  côté  ,  près  des  yeux,  un  lobe  court ,  large ,  finement 
dentelé,  et  dans  l'inters^alle  ,  d'autres  dents  allongées,  dont 
les  deux  du  milieuplus  fortes  et  obtuses  ;  lebord  inférieur  des 
orbites  oculaires  est  dentelé;  le  dessus  du  test  est  assez  uni  , 
Ou  n'a  que  quelques  impressions  et  deux  ou  trois  lignes 
transverses  ,  coupées  et  formées  par  des  réunions  de  petits 
grains  ;  chaque  bord  seul  offre  cinq  dents,  presque  égale- 
ment longues ,  et  dont  les  deux  postérieures  un  peu  moins 


Sa  P  O   R 

larges  et  plus  aiguës  ;  elles  sont  toutes  dirigées  en  avant.  Les 
serres  sont  graveleuses  ;  le  carpe  est  terminé  exlérieurement 
en  une  pointe  aiguë,  et  se  dilate  au  côté  intérieur  en  une 
saillie  forte,  en  forme  de  dent  et  dentelée  ;  les  mains  sont  sil- 
lonnées; la  côte  de  la  tranche  supérieure  finit  en  une  pointe  ou 
épine  ,  assez  forte ,  noirâtre  à  son  extrémité  ;  les  doigts  sont 
cannelés  longitudinalement  ,  très-dentés  au  côté  intérieur  , 
pointus  et  noirâtres  à  leur  extrémité.  Les  autres  pattes  ont 
aussi  des  arêtes  ;  les  postérieures  sont  très-ciliées  sur  leurs 
bords,  avec  leur  lame  natatoire  ovale,  pointue,  couverte 
d'un  duvet  serré  ,  d'un  jaunâtre  obscur  ,  comme  celui  du 
corps;  cette  lame  est  divisée  longitudinalement,  dans  son 
milieu  ,  par  une  ligne  élevée  et  rougeàtre  ;  ses  rebords  exté- 
rieurs sont  de  cette  couleur. 

Cette  espèce  se  trouve  sur  les   côtes  océaniques  de  la 
France  et  de  l'Angleterre. 

PoRTUNE  HOLSATIEN,  Poriunus  holsatus,  Fab.  ;  Poriunus  de- 
purator^  Latr.  ,  Riss.  ;  Por/unus  lioidus,  Léach.  ,  Malac.  pudoph. 
Bril.,  tah.  g,  fig.  3-4;  Cancer  depuralor,  Oliv.,  Herbst.  Cette  es- 
pèce esttrès-communesur  nos  côtes, et  a  été  confondue  avec  le 
C,  depurator  de  Linnœus,  qui  s'éloigne  même  génériquement 
des  porlunes.  Elle  est  à  peu  près  de  la  taille  du  poriune  ridé  ; 
mais  elle  est  proportioneilement  plus  large  ,  plus  courte,  un 
peu  moins  bombée  et  d'un  jaunâtre  très-pâle  ,  mêlé  de  brun; 
.son  test  est  glabre,  marqué  de  quelques  impressions,  dont 
une  quelquefois  plus  sensible,  en  forme  de  ligne  transverse, 
courbe  de  chaque  côté  ,  et  marquée  de  quelques  petites  ta- 
ches blanchâtres,  Berbst  a  représenté  cette  variété.  Le  front 
a  cinq  dents  ,  dont  trois  au  milieu  égales  ,  et  les  deux  autres 
latérales,  plus  petites,  formées  par  l'angle  interne  de  Torbite 
oculaire.  Chaque  bord  latéral  du  test  a  cinq  dents  fortes, 
aiguës,  presque  égales,  tournées  en  avant  et  séparées  les  unes 
des  autres  par  des  angles  assez  profonds.  Les  serres  sont 
presque  égales  ;  le  carpe  a  quelques  inégalités  en  dessus  et 
se  prolonge  à  l'angle  interne  de  son  extrémité  supérieure  en 
une  dent  aiguë ,  très-forte  ;  à  sa  jonction  dorsale  ,  avec  la 
main  ,  le  bord  de  cet  article  est  un  peu  sinué  et  offre  même 
un  pli  en  forme  de  dent;  les  mains  sont  comprimées,  mar- 
quées de  plusieurs  arêtes  ,  dont  celle  du  bord  supérieur  se 
termine  par  un  petit  prolongement  pointu  ;  les  doigts  sont 
striés  ,  pointus  et  un  peu  crochus  au  bout,  armes  intérieure- 
ment de  dents  nombreuses  qui  s'engrènent  réciproquement; 
l'extrémité  de  ces  doigts  est  de  la  couleur  des  pinces,  ou  plus 
pâle  et  blanchâtre.  Les  jambes  et  les  tarses  des  trois  paires 
de  pattes  suivantes  ont  des  arêtes;  mais  la  dernière  paire  est 
unie ,  comprimée  ,  et  sa  lame  natatoire  et  terminale  est  pro- 


P  O  R  53 

portîonnellement  plus  grande ,  plus  large  et  moins  pointue  au 
bout,  que  dans  les  espèces  précé'lentes  ;  l'arlicle  qui  la  pré- 
cède est  aussi  très-comprimé  et  foliacé. 

M.  Risso  dit  que  la  femelle  fait  sa  ponte  en  mai  et  en  juil- 
let ,  et  que  ses  œufs  sont  couleur  d'aurore  pâle. 

Fortune  vlissÉ  ,Portunus pHratus ,  Riss.;  Portunus  depurator^ 
Léach.,  Malach.  podoph.Brit. ,  lab.  9  ,  fig-  i,  2;  Barrel.,  Ir.on.  , 
tab.  1287  ,  fig.  2.  Quoique  celte  espèce  ait  une  grande  af- 
finité aveclaprécédente  ,  elle  en  est  néanmoins  très-distincte, 
et  c'est  à  elle  ,  plutôt  qu'à  cette  dernière,  que  me  paroîl  de- 
voir se  rapporter  la  figure  de  Barrelier,  citée  plus  haut ,  à  en 
juger  surtout  d  après  les  inégalités  des  pinces. 

Son  test  a  la  forme  du  porlurte  holsatien  ;  mais  il  est  un  peu 
plus  grand,  très-inégal ,  raboteux  ou  chargé  d'aspérités  nom- 
breuses, en  forme  de  grains  ou  de  très-petits  tubercules  apla- 
tis. Il  en  diffère  encore  en  ce  que  ses  côtés,  plusieurs  de  ses 
enfoncemens  et  les  sillons  des  pinces  et  des  pattes  ont  un 
duvet  obscur;  le  corps  est  jaunâtre,  mêlé  ou  tacheté  d'un 
rouge  de  chair;  le  front  est  armé  de  trois  dents  très-petites  et 
de  deux  autres  encore  moindres,  une  de  chaque  côté, à  l'angle 
interne  de  l'orbite  oculaire.  Chaque  bord  latéral  a  cinq  dents 
fortes,  presque  égales,  dirigées  en  avant  et  très-acérées; 
les  pattes  ressemblent  à  celles  du  portune  holsatien  ;  mais  les 
parties  en  reh'ef  sont  plus  fortes,  les  enfoncemens  ou  sillons 
sont  plus  prononcés  ,  et  on  y  remarque  un  duvet  qui  forme 
des  lignes  d'un  cendré  obscur  ;  le  carpe  a  au  côté  extérieur  et 
supérieur,  deux  petites  saillies  dentiformes;  les  arêtes  des 
mains  sont  dentées  ou  crénelées  ;  la  lame  en  nageoire  de  la 
dernière  paire  de  patte  a  la  forme  de  celle  du  porlunc  holsa- 
tien; mais  elle  est  en  tout  ou  en  partie  violette. 

Les  articles  qui  la  précèdent  ont  des  enfoncemens  ou  des 
sillons  longitudinaux  ,  garnis  de  duvet.  Au  témoignage  de 
M.  Risso ,  la  femelle  est  moins  colorée  que  le  mâle.  Elle 
porte  des  œufs  d'un  jaune  pâle  ,  en  mars  et  septembre.  Quel- 
ques individus  sont  d'une  couleur  de  chair  uniforme. 

Sur  les  côtes  de  la  Méditerranée  ,  en  France  et  en  Es- 
pagne. 

Je  n'ai  point  vu  le  portune  que  M.  Risso  nomme  à  deux 
taches  ,  bigiittatus  (  Hist.  nat.  des  criist.  des  env.  de  Nice,  pag.  3i  , 
pi.  I ,  fig.  2  ),  Son  test  est  presque  en  forme  de  cœur  ,  lisse  , 
bombé  ,  garni  d'un  petit  rebord,  d'un  blanc  jaunâtre  ,  avec 
deux  grandes  taches  d'un  rouge  de  corail.  Le  front  s'avance 
en  pointe  ondulée  sur  les  côtés  ;  les  deux  pattes  antérieures 
sontpubescentes,  avec  la  troisième  et  quatrième  articulations 
unidentées  ;  la  main  est  sillonnée  en  dessus  ;  les  pattes  sont 
courtes  ,  larges  et  aplaties;  les  postérieuFes  &oat  terminées. 


54  P  0  R 

par  un  article  ovale  ,  lancéolé  ou  aigu.  Les  deux  taches  sont 
plus  grandes  dans  la  femelle  que  dans  le  mâle  ;  elle  pond 
des  œufs  d'un  jaune  doré  ,  en  mal  et  août. 

J'ai  reçu  du  docteur  Léach ,  naturaliste ,  qui  s'occupe 
avec  beaucoup  de  zèle  des  crustacés  des  côtes  d'Angle- 
terçe  ,  un  porlune  sous  le  nom  de  pusillus  (  Muîac.  poduph. 
Biil. ,  tab.  «)  ,  fig.  5-8  )  ,  qui  paroîl  avoir  beaucoup  d'analo- 
gie avec  le  précédent;  sa  forme  est  moins  élargie  que  celle 
de  ses  congénères,  et  plus  deltoïde;  le  test,  d'un  gris  jaunâtre 
etunpeulavé  de  rougcâtre,  est  assez  bombé,  inégal,  parsemé 
de  petites  graines  ou  de  petites  aspérités  rougeàlres  ;  le  front 
est  divisé  en  trois  lobes  arrondis,  dont  celui  du  milieu  un 
peu  plus  avancé  ;  chaque  bord  latéral  a  cinq  dents,  mais 
inégales  ;  1?.  postérieure  est  plus  étroite  ,  plus  aiguë  et  spini- 
forme;  celle  qui  produit  l'angle  externe  de  l'orbite  oculaire, 
semble  être  divisée  inégalement  en  deux,  et  forme  la 
quatrième  et  la  cinquième  ;  les  pinces  sont  blanchâtres  ;  le 
carpe  est  fortement  unidenlé  au  côté  interne  ;  la  main  est 
presque  en  cœur,  avec  quelques  arêtes  à  la  face  extérieure, 
et  une  dent  à  l'extrémité  du  bout  de  sa  tranche  supérieure; 
la  base  du  doigt  inférieur  est  rouge  ;  on  voit  deux  taches  de  la 
même  couleur  sur  le  pouce  ,  une  près  du  milieu  et  l'autre  au 
bout  ;  le  bord  interne  de  ces  doigts  est  tout  garni  d'une  suite 
de  denlelurcstriangulaires  et  inégales  ;  les  jambes  et  les  tarses 
des  trois  paires  de  pattes  suivantes  ont  quelques  arêtes  lon- 
gitudinales ;  les  deux  derniers  articles  des  deux  pattes  posté- 
rieures sont  très-comprimés  ;  l'arête  de  leur  milieu  est  peu 
élevée,  surtout  à  la  pièce  terminale  qui  est  ovale  et  pointue 
à  son  extrémiié. 

Le  cancer  feriuliis  de  Linnœus  est  un  porlune  qui  semble 
avoir  beaucoup  d'affinité  avec  celui  que  nous  croyons  être 
Yhohatiis  de  Fabricius.  Les  figures,  citées  par  Linnœus,  ne 
peuvent  convenir  à  celte  espèce  ,  d'après  la  description  qu'il 
en  donne,  et  Olivier  a  eu  raison  de  les  supprimer  {Encycl. 
C.  sauteur,/m«/M5,  n.''4^)- 
.  M.  d'Orbigny,  docteur  en  médecine  ,  a  trouvé,  sur  les 
cotes  du  déparlement  de  la  Vendée,  une  jolie  espèce  de  por- 
lune ,  le  Marrré  ,  murmoreus  ^  du  docteur  Léach  {Malac. 
podoph.  Brit. ,  tab.  8) ,  el  que  ce  naturaliste  caractérise  ainsi  : 
test  convexe,  foiblement  et  peu  distinctement  graveleux, 
avec  cinq  dents  ,  presque  égales  ,  de  chaque  côté  ,  et  trois 
égales  ,  obtuses  au  front  ;  mains  glabres  ,  avec  quelques  li- 
gnes peu  sensibles  ,  et  une  dent  en  dessus  ;  tarses  postérieurs 
pointus  à  leur  extrémité  ;  le  dessus  du  test  offre  souvent 
différentes  taches  blanchâtres  ,  dont  les  plus  grandes  occu- 
pent le  milieu  el  les  côlés. 


vos  55 

Le  cancer  oceîîatus  d'Herbst ,  lab.  49»  %•  4>  est  de  celte 

division,  (l.) 

FORTUNES  FOSSILES.  V.  Crustacés  fossiles. (d.> 
PORZANE,  Purzana.  Nom  que  l'on  a  appliqué   à  des^ 

râles  et  à  des  ga/linules.  Voy.  ces  mois,  (v.) 

PORZELLANERDE  des  Allemands.  V.  Kaolin,  (ln.) 
PORZELLAN-JASPIS.  F.  Jaspe  porcelaine,  vol.  16, 

p.  541.  (LN.) 

POSCH.  V.  POST.  (DESM.) 

POSED.Nom  de  la  bryone  ,  en  Bohème,  (ln.) 

POSIDONIE,  Posidonia.  Genre  de  plante  autrement 
appelé  Kernère.  (b.) 

POSOPOSA.  Espèce  de  papayer  qui  croît  en  Améri- 
que ;  c'est  le  carica  posoposa ,  Linn.  ;  les  Caraïbes  lui  donnent 
le  nom  de  aïeule  ou  alelé.  (ln.) 

POSOQUERI,  So/ena.  Arbrisseau  à  rameaux  et  àfeuilles 
opposées,  lancéolées,  aiguës,  très-entières  et  glabres,  à  sti- 
pules ovales-aiguës,  et  à  fleurs  en  tête  terminale,  qui  forme 
«n  genre  dans  la  pentandrie  monogynie  et  dans  la  famille 
des  rubiacées. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  turbiné  à  cinq  dents 
aiguës;  une  corolle  monopélale,  à  tube  très-long  ,  pendant, 
à  gorge  velue,  ventrue,  et  à  limbe  divisé  en  cinq  lobes  aigus 
et  recourbés  ;  cinq  étamines  à  larges  filamens  et  à  anthères 
biloculalres  et  adnées;  un  ovaire  inférieur  à  style  filiforme 
et  astigmate  Irifide  ;une  baie  charnue,  jaune,  grosse  comme 
un  œuf,  couronnée  par  le  calice ,  et  contenant  une  douzaine 
de  semences  renfermées  dans  une  pulpe  rouge. 

Le  posoqueri  se  trouve  à  la  Guyane ,  où  il  a  été  observé  par 
Aublel.  Son  fruit  est  succulent  et  agréable  à  manger.  Il  a  été 
appelée  Cyrtanthe  par  Schreber.  (b.) 

POSSIRE  ,  Sivartzia.  Arbre  de  moyenne  grandeur,  à 
feuilles  alternes  ,  composées  de  trois  folioles  ovales  ,  aiguës  , 
dont  l'intermédiaire  est  beaucoup  plus  grande ,  et  à  Heurs 
disposées  en  bouquets  axillaires,  accompagnées  de  bractées 
squamiformes. 

Cet  arbre  forme  dans  la  polyandrie  monogynie,  et  dans 
la  famille  des  légumineuses,  un  genre  qui  a  pour  caractères: 
an  calice  de  quatre  folioles  ovales  et  caduques  ;  une  corolle 
d'un  seul  pétale  Irès-large,  presque  rond,  onguiculé  ,  fran- 
gé ,  inséré  au  calice;  vingt-cinq  étamines  allongées,  insérées 
au  réceptacle  ,  dont  six  ou  sept  plus  courtes  ,  stériles  ,  oppo- 
sées aux  pétales;  un  ovaire  supérieur ,  oblong  ,  recourbé, 
comprimé  ,  pédicellé  ,  à  style  court  et  à  stigmate  obtus  ; 
un  légume  oblong  ,  ventru,  comprimé,  bivalve  et  unilo- 
culaire,  qui  conlieiit  trois  ou  quatre  semences  anguleuses  eS 
aplaties. 


56  P  O  T 

Le  possîreâété  d<?couverl  à  la  (iuyane  parAublet,  qui 
rapporte,  avoir  eu  les  lèvres  enflammées  pour  avoir  goûté 
une  de  ses  semences. 

On  l'appelle  boisdard  ou  bols  flèche  à  Cayenne,  parce  que 
les  sauvages  se  servent  de  son  bois,  qui  est  très-dur,  pour 
armer  leurs  flèches. 

Vahl  ,  dans  ses  Eglogues  ,  a  réuni  cinq  autres  espèces 
à  cet  arbre,  dont  une  est  le  Tounate  du  même  Aublet ,  et. 
une  autre  ,   le  Rittère  (b.) 

POSSUM.    V.  DiDELPHE  QUATRE-ŒIL.  (DESM.) 

POST.  Poisson  du  genre  des  Holocentres.  {V.  ce  mot.) 
C'est  le  perr.a  cernua  de  Linnceus.  (B.) 

POST.  Nom  indien  du  Pavot,  (ln.) 

POSTILLON.  Nom  que  les  Cosaques  donnent  au 
Kaior  ou  Kaiover.  (s.) 

POSTREL.  Nom  russe  de  la  pulsatille  (  anémone  piilsa- 
iilla  ,  Linn.).  (t.w.) 

POSYDON,  Posydon.  Genre  de  crustacés  de  l'ordre  des 
décapodes  ,  famille  des  macroures  ,  établi  par  Fabricius  ., 
mais  décrit  d'une  manière  si  imparfaite  ,  qu'il  nous  est  im- 
possible d'assigner  le  rang  qu'il  doit  occuper  dans  notre 
méthode.  Il  lui  donne  pour  caractères  essentiels  :  palpes  ex- 
térieurs foliacés,  ou  onguiculés  au  bout;  quatre  antennes 
sétacées  ,  avec  leur  pédoncule  simple  ;  les  intérieures  cour- 
tes ,  bifides. 

Il  en  cite  deux  espèces  (^depressus,  cyh'ndrïcus  ) ,  qui  se 
trouvent  l'une  et  l'autre  dans  1  Océan  indien,  (l.) 

POT  VERT.  C'est  le  sabot  marbré  ,  iiiibo  marmoratus. 
(DES3I.) 

POTALIE  ,  Pofaiia.  Plante  à  tige  ligneuse,  simple  ,  nue 
inféricurcment,  à  feuilles  opposées,  pétiolées,  ovales,  oblon- 
gues,  aiguës,  veinées,  très-entières  et  glabres,  à  pétioles 
réunis  en  gaine  par  leur  base,  à  corymbe  terminal,  pauci- 
flore ,  à  calice  jaune  et  corolle  blanche  ,  qui  forme  un  genre 
dans  la  décandrie  monogynie,  et  dans  la  famille  des  gen- 
tianées. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  divisé  en  quatre 
parties;  une  corolle  monopétale,  profondément  divisée  en 
cinq  découpures  ;  dix  élamines  insérées  sur  un  anneau 
qui  entoure  le  germe  ;  un  ovaire  supérieur ,  arrondi,  sur- 
monté d'un  style  court ,  à  stigmate  capité  et  sillonné  ; 
une  baie  jaunâtre  à  six  côtés  et  à  trois  loges  polyspennes. 

Cette  plante,  que  Schréber  ,  et  après  lui  Willdenow,  ont 
appelée  Nicandre,  croît  dans  les  grandes  forêts  de  la  Guyane. 
Elle  est  fort  amère  dans  toutes  ses  parties  ,  et  laisse  (luer 
une  résine  jaune,  qui  répand,  en  brûlant,  une  odeur  fort 


POT  5; 

agréable.  La  décoction  de  ses  feuilles  passe  pour  être  utile 
dans  les  maladies  vénériennes  et  contre  le  poison  du  suc  de 
manioc,  (b.) 

POTAMÉIE ,  Poiameia.  Genre  établi  par  Aubert  du 
Petit-Tliouars  ,  pour  placer  un  arbuste  de  Madagascar,  fort 
voisin  des  Lauriers.  Ses  caractères  sont  :  un  calice  à  quatre 
lobes;  point  de  corolle  ;  quatre  étamines;  quatre  glandes  à 
la  base  de  l'ovaire  ;  un  style  très-court  ;  un  drupe  ovale  et 
monosperme,  (b.) 

POTAMIDA.  C'est ,  en  grec  moderne ,  le  nom  de  la 
Fauvette  babillarde.  (s.) 

POTAMIDE.  Genre  de  coquilles  composé  parM.Bron- 
gniart  des  espèces  de  Cérithes  qui  se  trouvent  à  l'embouchure 
des  fleuves  cl  dont  le  canal  est  moins  prolongé  que  dans  les 
autres,  (desm.) 

POTAMOGETON  ou  POTMOGEITON.  Les  an- 
ciens ont  donné  particulièrement  ce  nom  à  plusieurs  plantes 
aquatiques  ou  qui  croissoient  dans  les  rivières  ,  comme  l'ex- 
prime l'étymologie  grecque  de  potamogeton.  Ces  plantes  pa- 
roissent  avoir  été  nos  Potamots.  Le  h'monium  et  letripolium 
des  anciens  portoient  aussi  les  noms  de  potamogeton  ,  et 
celui  de  stachyies ,  également  commun  aux  plantes  d^nt  nous 
allons  parler. 

Le  potamogeton  ,  selon  Dioscoride  ,  avoit  les  feuilles  sem- 
blables à  celles  de  la  bette  ou  poirée  ,  velues  ,  nageantes  ,  et 
qui  sorloient  un  peu  hors  de  l'eau.  Il  étoit  astringent ,  rafraî- 
chissant et  fort  bon  aux  dénaangaisons  :  on  l'appliquoit  sur 
les  ulcères  invétérés  et  corrosifs. 

Pline  est  d'accord  avec  Dioscoride;  il  dit  de  plus  que  les 
feuilles  sont  plus  petites  que  celles  de  la  bette,  rembourrées 
d'une  espèce  de  colon  ,  et  qu'elles  nagent  sur  les  eaux  dor- 
mantes et  courantes;  et  (lueie potamogeton  étoit  fort  contraire 
aux  crocodiles  ;  aussi  ajoute-t-il ,  les  gens  qui  font  la  chasse 
à  ces  animaux,  en  portent-ils  sur  eux. 

Castor,  médecin,  qui  vivoit  à  une  époque  antérieure  à  celle 
de  Pline,  décrit  autrement  le  potamogeton  ;  il  lui  attribue  des 
feuilles  longues  et  menues,  comme  des  poils  ou  crins  de  che- 
val ,  et  des  tiges  longues  et  lisses.  Cette  plante  croissoit 
dans  les  lieux  aquatiques;  sa  racine  cloit  fort  bonne  pour  les 
scrophules  et  les  duretés. 

Presque  tous  les  botanistes  ont  rapporté  à  nos  potamots  , 
les  herbes  ci-dessus  ;  mais  il  n'est  point  prouvé  que  ces  rap- 
prochemens  soient  exacts.  C.  Bauhin  soupçonnolt  que  no- 
tre Jiottonia  palustris  étoit  le  potamogeton  de  Castor,  Il  est 
probable  encore  que  le  potamogeton  que  les  chasseurs  aux 
crocodiles  portoient  sur  eux,  et  que  Xc  potamogeton  àoni  parle 
Dioscoride  ,    futcnt    des    planîes    différentes  ,    que  Pline 


53  POT 

a  confondues.  Quelques  auteurs  ont  cru  reconnoîlre  le 
poidmogeton  de  Uioscoride  ,  dans  le  potamogeton  natans  ,  ofi 
dans  une  espèce  voisine  ;  d'autres  dans  la  persicaire  amphi- 
bie ■  polygonum  umphibium) ^  et  cette  dernière  pensée  semble 
la  plus  juste.  On  lit  dans  les  auteurs  ,  que  les  Grecs  nom- 
\noi(tni  stacliytes  \e.  potamoge.lon ,  parce  que  les  fleurs  et  les 
graines  éloicnt  disposées  en  épi,  partant  de  la  tige  ;  or,  ceci 
convient  bien  aux  plantes  que  nous  venons  de  citer.  La 
plante  de  Castor  pourroit  très  bien  avoir  été  le  potamogeioa 
gramineum  ,  ou  une  espère  analogue  ,  plutôt  que,  rholtone. 
Quant  au  végétal  nuisible  au  crocodile ,  il  éloit  sans  doute 
Vetnenchis  des  Egyptiens,  et  probablement  une  plante  dif- 
férente de  toutes  celles  que  nous  avons  citées.  Les  Romains , 
dit-on  ,  appelèrent/«/a//5  \e  pofamogeion. 

Les  auteurs  modernes  ont  long-temps  placé  sous  ce  nom 
collectif  de^o/^/wo^^/on  nos  PoTAiMOTS  et  la  Persicaire  am- 
phibie. Kai  et  Plukenet  y  rapportèrent  la  PiUPPiE  mari- 
time, et  la  Naïade  MO^'OSPERME;  mais  à  présent  le  ^enre 
potamogeton  ne  comprend  que  les  Potamots  :  il  faut  y  rap- 
porter Vhydrogeton  de  Loureiro  (lN.) 

POTAMOPHILE  ,  Potamophilus.  J'ai  désigné  ainsi,  dans 
1.'  troisième  volume  du  Règne  animal,  par  M.  Cuvier,  un 
nouveau  genre  de  crustacés,  de  l'ordre  des  décapodes, 
•fimille  des  brachyures,  sans  savoir  que  M.  Germar  avoit 
déjà  consacré  cette  dénomination  à  un  genre  d'insectes,  de 
Tordre  des  coléoptères,  et  le  même  que  celui  que  j'ai  établi 
dans  le  môme  ouvrage  ,  sous  celle  à'hydère.  Yoyez  ce  mot. 
Je  dois  ,  d'après  les  principes  de  justice  que  j'ai  toujours 
suivis  à  cet  égard,  restituer  à  ce  dernier  genre  le  nom  qui 
lui  avoit  été  primitivement  imposé  ,  et  désigner  autrement  le 
genre  de  crustacés  auquel  je  l'avois  donné,  f^.  Telpuuse.  (l.) 

POTAMOPHILE,  Potamophilus.  Genre  de  graminées, 
établi  par  Pv.  Brown  ,  sur  une  seule  espèce  ,  originaire  de  la 
Nouvelle-HolLmde. 

Ses  caractères  sont:  épilletsuniflores,  unise«uels;les  mâîes 
supérieurs  ,  les  femelles  avec  des  rudlmens  d'étamines  ,  les 
un  set  les  autres  à  balles  calicinales  compor.ées  de  deux 
valves  fort  petites  ,  et  à  balles  florales  composées  de  deux 
valves  membraneuses,  dont  l'inférieure  a  cinq,  et  la  supé- 
rieure trois  nervures  ;   six  étamines.  (B.) 

POTAMOPiTYS.  Buxbaume  et  Adanson  donnent  ce 
nom  au  genre  que  Linnœus  a  nommé  Elatitne.  (ln) 

POTAMOS  IPPOS  d'Aristote.    Foyez  Hippopotame. 

(desm.) 

POTAMOT,  Potamogeton.  Genre  de  plantes  de  la  létran- 
drie  tétragynie  et  de  la  famille  des  fluviales,  dont  les  carac- 
tères consistent:  en  un  calice  divise  en  quatre  parties;  point  de 


POT  59 

corolle  ;  quatre  étamines  à  filamens  planes  très-courls ,  et  à 
anthères  didymes  ;  quatre  ovaires  ovales,  acuminés,  sans 
styles  et  à  stigmates  obtus;  quatre  noix  monospermes. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  qui  croissent  au  milieu  des 
eaux,  dont  les  tiges  sont  foibles,  les  rameaux  souvent  munis 
de  deux  spathes  à  leur  base  ;  les  feuilles  caulinaires  souvent 
alternes,  et  les  florales  presque  toujours  apposées,  dont  les 
fleurs  sont  portées  sur  des  épis  axillaires  ou  terminaux, 
munis  souvent  à  leur  base  de  deux  spalhes. 

On  en  connoît  près  de  trente  espèces  ,  presque  toutes 
vivaces  parleurs  racines,  et  dont  les  plus  communes  sont  : 

Le  PoTAMOT  FLOTTANT,  qui  a  les  feuilles  ovales,  oblon- 
gues,  pétiolées,  flottantes.  11  se  trouve  très-abondamment 
dans  les  eaux  stagnantes,  qu'il  couvre  souvent  entièrement 
de  ses  feuilles.  Il  passe  pour  astringent  et  rafraîchissant,  pris 
en  décoction  ,  et  propre  à  adoucir  les  démangeaisons  de  la 
peau  dans  les  maladies  dartreuses,  appliqué  extérieurement. 
On  l'appelle  vulgairement  Vépi  d'eau. 

Le  PoTAMOT  PERFOLiÉ  a  les  .feuilles  en  cœur  et  perfoliécs. 
Il  vient  dans  les  étangs  et  sur  le  bord  des  rivières  ,  dont  il 
tapisse  souvent  le  fond. 

Le  PoTAMOT  LUISANT  a  les  feuilles  pétiolées,  planes  ,  se 
terminant  en  pétioles  courts.  11  se  trouve  dans  les  étangs  et 
les  rivières  dont  le  fond  est  argileux. 

Le  PoTAMOT  DENTELÉ  a  les  feuilles  ovales  ,  acuminées  , 
opposées,  dentelées;  les  tiges  dichotomes,  et  les  épis  qua- 
driflores.  Il  croît  dans  les  fontaines  et  dans  les  ruisseaux, 
où  l'eau  est  pure  et  peu  profonde. 

Le  PoTAMOT  GRAMINÉ  a  ies  feuilles  linéaires,  planes, 
étroites,  la  plupart  opposées;  les  épis  fructifères  courts, 
un  peu  épais.  11  se  trouve  daus  les  rivières  dont  le  cours  est 
peu  rapide.  Il  est  annuel. 

Les  poiamois  sont  si  abondans  dans  les  eaux  où  ils  crois- 
sent, que  les  cultivateurs  dcvroient  généralement,  à  l'imi- 
tation de  quelques-uns  d'entre  eux  ,  les  employer  à  aug- 
menter la  masse  de  leurs  fumiers  -,  ils  y  trouveroient  le 
double  avantage  de  ne  pas  laisser  perdre  une  chose  qui  peut 
leur  être  utile  ,  et  de  relarder  le  curage  de  leurs  étangs  ou 
de  leurs  rivières,  que  les  détritus  que  laissent  ces  plantes 
comblent  rapidement.  Une  fois  qu'on  a  été  à  portée  d'ap- 

firécier,  par  l'expérience,  les  grands  avantages  que  procure 
a  récolte  des  poiamois ,  il  n'y  a  plus  de  motifs  capables  de 
déterminer  un  cultivateur  à  s'en  priver  une  seule  année. 
Pour  la  faire,  il  suffit  de  se  pourvoir  de  râteaux  de  bois  à 
longs  manches  ,  avec  lesquels  on  tire  très-facilement ,  sur  le 
bord,  la  presque  totalité  des  tiges  qui  se  trouvent  à  leur 


6o  POT 

portée.  Les  jours  les  plus  chauds  de  l'e'té  sont  ceux  qu'il 
convient  d'employer  à  celte  ope'ration.  Il  faut  bien  se  garder  , 
comme  quelques  cultivateurs,  de  laisser  le  produit  de  celte 
récolle  se  dessécher  sur  les  bords;  il  faut,  au  contraire  ,  ou 
l'apporter  sur-le-champ  sur  son  fumier  ,  ou  l'entasser  dans 
des  fosses  pratiquées  à  cet  effet  à  proximité  de  l'eau  ,  mais 
hors  de  ses  crues.  On  trouvera,  en  automne  ,  c'est-à-dire  , 
doux  ou  trois  mois  après  ,  dans  ces  fosses,  un  excellent  en- 
grais, prinripalement  propre  aux  terres  sablonneuses,  et 
qui  dédommagera  au  centuple  de  la  légère  perte  de  temps 
que  sa  récolte  aura  occasionée.  Les  Anglais  ne  la  man- 
quent jamais. 

Le  genre  Hydrogeton,  de  Loureiro,  paroît  ne  différer 
de  celui-ci  que  par  le  nombre  des  élamines.  F.  ce  mot.  (b.) 
PO  TAN.  Coquille  du  genre  des  Cônes  ,  le  conus  hullatus  ^ 
Gmelin.  (b.) 

POTASSE.  On  a  long  -  temps  considéré  la  potasse 
comme  un  corps  simple  qu  on  avoit  rangé  parmi  les  alcalis  ; 
mais  les  chimistes  ont  reconnu,  dans  ces  derniers  temps, 
que  la  plupart  des  Alcalis  minéraux  étoient  tous  des  corps 
composés,  et  principalement  des  oxydes  métalliques. 

La  potasse  et  la  soude  furent  les  premiers  alcalis  à  base 
métallique  que  les  chimistes  parvinrent  à  décomposer  ; 
et  ils  ont  nommé  potassium  el  sodium  ^  les  métaux  qu'ils  en 
ont  retirés.  Il  nous  convient  de  faire  connoîlre  ici  ce  que 
c  est  que  le  potassium,  que  M.  Berzelius  propose  de  nommer 
ka/ium. 

Ce  n'est  qu'en  1807  que  M.  Davy  parvint  à  décomposer 
la  potasse,  à  l'aide  de  l'action  d'une  forte  pile  voltaïque  : 
depuis,  on  est  parvenu  à  la  décomposer  par  l'action  d'un  feu 
violent  ;  et  en  la  mcltanl  en  contact  immédiat  avec  le  fer  ; 
par  ce  dernier  procédé ,  on  obtient  le  potassium  plus  facile- 
ment et  en  plus  grande  quantité.  (  Foyez  le  Traité  de  chimie 
de  M.  Thénard.  ) 

Le  potassium  est  solide  à  la  température  ordinaire;  mais 
comme  il  s'oxyde  promptemenl  à  l'air,  on  le  tient  commu- 
nément ,  pour  le  conserver  avec  ses  caractères  métalli- 
ques, dans  de  l'huile  ou  de  l'élher;  car  l'on  a  reconnu  qu'il 
avoit  une  action  peu  marquée  sur  les  matières  végétales  , 
dans  lesquelles  l'hydrogène  prédomine.  Le  potassium  récem- 
ment fondu  dans  l'huile  de  naphîe  ,  a  l'éclat  métallique  au 
plus  haut  degré  ,  et  ressemble  à  de  l'argent  mat;  lorsqu'on 
l'en  relire  ,  il  se  ternit  bientôt  et  prend  l'aspect  terne  du 
plomb  exposé  à  l'air.  Sa  section  est  lisse,  unie  et  des  plus 
brillantes  :  il  est  aussi  ductile  et  plus  mou  que  la  cire  : 
comme  elle ,  on  le  pétrit  entre  les  doigts.  11  est  composé 


POT  61 

d'une  multitude  de  petites  parties  cristallines.  Sa  pesanteur 
spécifique  est  de  o,865  h  la  température  de  i5  degrés  ceut. 
Le  potassium  entre  en  fusion  à  58  degrés.  Il  absorbe  le 
gaz  oxygène,  à  la  température  ordinaire.  Il  n'y  a  que  les 
couches  extérieures  qui  s'oxydent  rapidement,  parce  qu'elles 
sont  en  contact  immédiat  avec  le  gaz  oxygène.  11  se  forme  un 
oxyde  blanc,  et  il  n'y  a  point  de  dégagement  de  lumière  : 
la  chaleur  n'est  sensible  que  dans  les  premiers  instans.  Le 
potassium  a  une  action  puissante  sur  le  gaz  oxygène ,  à  l'aide 
de  la  chaleur.  Aussitôt  que  le  métal  est  fondu,  il  s'enflamme 
sur-le-champ,  et  absorbe  rapidement  l'oxygène  ,  avec  grand 
dégagement  de  calorique  et  de  lumière.  11  en  résulte  un  oxyde 
brun 'jaunâtre.  Le  potassium  exerçant,  à  chaud  comme  à 
froid,  la  même  action  sur  l'air  et  l'oxygène  ,  on  ne  sauroit 
le  conserver  qu'en  le  mettant  à  l'abri  de  ces  fluides.  On  le 
conserve  quelquefois  dans  l'huile  de  naphte  :  dès  qu'on  l'y 
plonge,  il  se  manifeste  une  vive  effervescence,  avec  un  dé- 
gagement d'hydrogène,  produit  probablement  par  la  décom- 
position du  peu  d'eau  qui  se  trouve  contenue  dans  Thuile  ; 
mais  il  agit  sur  cette  huile  même,  et  finit  par  s'altérer.  On  le 
garde  beaucoup  mieux  dans  un  flacon  à  gros  goulot,  herméti- 
quement bouché  à  l'émeri.  Une  fois  que  l'oxygène  de  l'air, 
contenu  dans  le  flacon  ,  est  absorbé,  le  mêlai  reste  intact.  On 
emploie  le  potassium  a  raison  de  son  affinité  pour  Toxygène, 
pour  désoxygéner  les  corps  brûlés. 

Le  potassium  s'allie  avec  les  métaux.  Ses  alliages  sont 
solides,  blancs,  sapides  ,  fusibles  au-dessous  de  la  chaleur 
rouge  (excepté  l'alliage  avec  le  fer  ),  décomposables  par  l'ac- 
tion seule  de  l'air  à  la  température  ordinaire,  et  s'obtiennent 
en  chauffant  le  potassium  avec  les  métaux.  Les  alliages  de 
potassium  et  mercure  ,  ou  sodium  ,  sont  quelquefois  liquides. 

Le  potassium  se  combine  en  diverses  proportions ,  avec 
l'oxygèue  ;  il  offre  donc  plusieurs  oxydas  :  l'un  d'eux  a  été 
connu  jusqu'à  la  découverte  àa  potassium  ;  c'est  le  deutoxyde 
de  potassium  ou  la  potasse.  Ses  oxydes  sont  très -causti- 
ques; ils  verdissent  f(trtement  le  sirop  de  violette;  ils  sont 
plus  pesans  que  le  ;Do/a5««/«  ,  fusibles,  indécomposables  par 
la  chaleur  et  la  lumière ,  et  réductibles  seulement  par  la  pile. 

Le  protoxyde  de  potassium  est  gris  bleuâtre.  Mis  en  contact 
avec  de  Toxygène  ou  de  l'air  à  la  température  ordinaire  ,  ou 
à  une  température  un  peu  élevée,  il  s'enflamme  et  passe  à 
l'état  de  peroxyde. 

Le  deutoxyde  de  potassium.,  ou  la  potasse  caustique^  on  alcali 
végétal,  est  blanc;  il  absorbe  le  gaz  oxygène  a  une  haute 
température,  et  passe  à  l'état  de  peroxyde.  Il  se  combine,  à 
i'aide  de  la  chaleur,  avec  le  phospore  et  le  soufre,  et  donne 


6i  POT 

naissance  à  des  oxydes  phosphores  et  sulfurés.  Expose  h 
Tair  libre  ,  à  la  température  ordinaire  ,  il  absorbe  Tenu  et 
l'acide  carbonique  qui  y  sont  contenus  ,  et  se  résout  en 
liqueur;  aune  haute  température,  il  finit  par  se  convertir 
entièrement  en  deuto-carbonate.  Nous  reviendrons  sur  cet 
oxyde,  plus  bas  ;  et  par  la  suite  ,  nous  le  nommerons  potasse. 
Le  peroxyde  de  potasse  est  jaune  verdâlre,  n'absorbe  l'oxy- 
gène à  aucune  température  ,  passe  d'abord  à  l'état  d'hy- 
drate, puis  à  celui  de  deuto-carbonale,  lorsqu'on  l'expose,  à 
l'air  libre,  à  la  température  ordinaire;  il  se  change  en  deulo- 
carbonale,  lorsque  la  température  est  portée  à  un  haut  degré. 
Tous  ces  oxydes  jouissent  d'autres  propriétés  chimiques 
qu'il  est  superflu  de  rapporter  ici.  Le  plus  intéressant  à  con- 
noître,  c'est  le  deutoxyde  ou  la  potasse  ;  car  c'est  le  seul 
qui  existe  dans  la  nature. 

La  potasse  ne  se  trouve  pas  à  l'état  de  pureté  ou  causti- 
que; elle  est  combinée  avec  divers  acides  dans  les  végétaux, 
et  celle  du  commerce  est  un  sous-carbonate  de  potasse.  Les 
sels  de  potasse  libres  sont  peu  nombreux;  mais  beaucoup 
de  minéraux  contiennent  cet  alcali. 

La  potasse  donne  ,  avec  les  acides  ,  divers  sels  qu'il  est 
mile  de  rappeler  ,  à  cause  de  leurs  usages.  Nous  les  indique- 
rons par  les  noms  sous  lesquels  ils  sont  le  plus  connus. 

L.^arétatc  de  potasse  est  un  sel  blanc ,  très-déliquescent , 
d'une  saveur  très-piquante,  sans  action  sur  le  tournesol,  qui 
cristallise  en  petites  paillettes  ,  rarement  en  prismes,  il  est 
connu  sous  le  nom  de  terre  foliée  de  tartre  :  on  s'en  sert,  en 
médecine,  comme  fondant.  L'acétate  de  potasse  existe,  en 
petite  quantité,  dans  la  sève  de  presque  tous  les  arbres. 

Uoxalale  acidulé  de  potasse ,  ou  sel  d'oseille ,  que  tout  le 
monde  connoît ,  est  un  sel  blanc  ,  cristallisé  ,  d'une  saveur 
aigrelette,  rougissant  la  teinture  de  tournesol,  qu'on  tire 
de  plusieurs  végétaux,  et  notamment  de  l'oseille,  et  qu'on 
emploie  pour  aviver  la  couleur  de  carthame  ou  rouge 
végétal ,  et  dans  certaines  opérations  chimiques  ,  etc.  C'est 
principalement  du  rumex  acetosdla  et  de  Voxalis  acetosella 
qu'on  relire  le  sel  d'oseille  du  commerce ,  et  c'est  de  celui- 
ci  qu'on  retire  l'acide  oxalique. 

Le  tartrate  acide  dépotasse  ^  ou  crème  de  tartre^  existe  dans 
le  raisin  et  dans  le  tamarin  ;  il  se  dépose  avec  une  petite 
quantité  de  lie  et  de  tartrate  de  chaux ,  sur  les  parois  de» 
tonneaux  dans  lesquels  on  conserve  le  vin  ,  et  forme,  sur  ces 
parois  ,  une  couche  plus  ou  moins  épaisse  connue  sôus  le 
nom  de  tartre.  On  nomme  tartre  blanc  ,  celui  qui  provient  des 
vins  blancs,  et  tartre  rouge ,  celui  que  donnent  les  vins  rouges. 
Ils  sont  cristallisés  en  petites  lamelles.  Purifiés  ,  ils  crislalU- 


POT  65 

sent  en  prismes  tétraèdres ,  courts,  tronqués  de  Liais.  Le 
tartrate  acide  de  potasse  a  une  saveur  légèrement  acide,  est 
peu  soluble  dans  l'eau  ,  et  n'éprouve  aucune  aUéraiion  de 
la  part  de  Tair  :  ses  usages  sont  très-nombreux  :  c'est  de  la 
crème  de  tarlre  qu'on  tire  l'acide  tartarique.  C'est  avec  ce  sel 
qu'on  prépare  différens  sels,  savoir  :  le  sel  vêgéUil ^  ou  tar- 
trate de  potasse  ;  le  sel  de  seignette  ^  ou  tartrate  de  potasse 
et  de  soude;  Vemétiçue ,  ou  tartrate  de  potasse  et  d'anti- 
moine; le  tartre  martial  double^  les  boules  de  Mars,  ou  de 
Nancy  ^  la  teinture  de  Mars  de  Ludovic  ,  la  .einture  de  Mars  tar- 
iarisée,  le  tartre  chalibé  composé^  qui  sont  des  combinaisons 
diverses  de  la  crème  de  tartre  et  de  tartrate  de  fer.  C'est  en 
calcinant  le  tartre  qu'on  obtenoit  le  sel  de  tartre,  espèce  de 
sous- carbonate  de  potasse.  Ces  divers  &z\s  ,  et  d'autres 
combinaisons  du  tartrate  de  potasse ,  servent  à  divers  usages 
dans  les  arts  et  dans  la  médecine. 

\J  hydrate  de  potasse  tst  solide,  sec,  blanc,  caustique. 
Il  attire  l'humidité  et  l'acide  carbonique  de  l'air ,  et  se 
résout  en  liqueur.  C'est  un  réactif  en  usage  dans  les  labora- 
toires de  chimie  ,  pour  séparer  les  oxydes  métalliques  les 
uns  des  autres,  ou  des  oxydes  auxquels  ces  acides  sont  unis. 
Mais,  comme  il  est  difficile  de  l'avoir  pur,  on  emploie  le  plus 
souvent  l'hydrate  contenant  du  sous  -  carbonate  de  po- 
tasse ,  et  même  du  sulfate  et  du  muriate  de  potasse  ;  c'est 
de  celui-ci  dont  on  se  sert  toujours  pour  oiivrir  les  cau- 
tères ;  aussi  le  connoît-on  en  médecine  sous  le  nom  de 
pierre  à  cautère.  Dans  les  laboratoires  ,  on  l'appelé  potasse 
caustique  à  la    chaux. 

Le  sous-carbonate  de  potasse  ,  est  acre ,  légèrement  caus- 
tique ,  verdit  fortement  le  sirop  de  violette ,  est  très-so- 
luble  dans  l'eau,  déliquescent ,  incrislallisable  ,  indécom- 
posable psr  la  chaleur  la  plus  forte,  à  moins  «juli  n-::  soit 
humide,  etc.  On  l'extrait  des  plantes,  et  princ''^»ûlement  de 
celles  qui  sont  ligneuses  ,  par  l'incinération  et  pt-r  1»  lixivia- 
tion.  Il  est  toujours  mélangé  en  diverses  proportions  avec 
du  muriate  et  du  sulfate  dépotasse,  et  quelquefois  avtic  une 
petite  quantité  de  silice  combinée  ,  et  souvent  colorée  par 
un  peu  d'oxyde  de  fer  ou  de  maijganèse.  Telle  est  la  poiasse 
du  commerce  ,  dont  on  distingue  six  sortes  différentes  :  la 
potasse  de  Russie  ,  celle  d'Amérique  ,  la  poiasse  pf^nasse, 
celle  de  Trêves  ,  celle  de  Danizick  et  celle  des  Vosges. 

Presque  toute  la  potasse  du  commerce  nous  vivant  des  pays 
du  Nord  ,  et  surtout  de  Suède,  ou  d  immenses  furets  d'au^ 
nés  et  de  hêtres  permettent  d'exploiter  ces  boii  ,  unique- 
ment pour  en  retirer  les  cendres  qui  doivent  fournir  la  po- 
tasse.  On  met  ces  cendres  dans  de  grands  vaisseaux   faits 


64  POT 

d'écorce  de  bouleau:  on  y  passe  de  Teau  chaude  k  plusieurs 
reprises  ,  comme  dans  nos  lessives  ordinaires  :  on  fait  éva- 
porer celte  lessive  dans  des  chaudières  de  fer,  et  à  mesure 
qu''elle  s'évapore  ,  on  en  ajoute  de  nouvelle  ;  elle  devient  en- 
fin assez  épaisse  pour  former  une  espèce  de  pâle  qu'on  a  soin 
de  remuer,  afin  qu'elle  ne  s'attache  pas  trop  fortement  aux 
parois  de  la  chaudière.  Quand  l'opération  est  achevée  ,  il 
reste  une  matière  solide,  d'une  couleur  rouge  obscure,  qu'on 
détache  avec  un  instrument  de  fer ,  et  à  laquelle  on  donne  le 
nom  de  saiîn. 

Pour  convertir  le  m//V/  en  potasse  ,  on  le  met  dans  un  four 
de  réverbère  ,  où  on  l'agite  avec  un  rable,  afin  de  présen- 
ter successivement  à  l'action  du  feu  toutes  les  parties  du  sa/in, 
qui  est  débarrassé  ,  par  celle  opération  ,  des  matières  hété- 
rogènes qu'il  rontenoit;  et  l'on  obtient  ainsi  une  potasse 3issez 
pure.  C'est  le  procédé  qu'on  emploie  dans  les  contrées  ou 
l'on  a  un  peu  plus  de  commodités  que  dans  les  forêls  de  la 
Suède  ;  mais  là  on  suit  une  méthode  encore  plus  simple  :  on 
établit  sur  le  sol  une  couche  debois  sec  ,  sur  laquelle  on  met 
une  couche  de  salin  ,  sur  celle-ci  une  couche  de  bois,  et  ainsi 
alternativement,  jusqu'à  ce  qu'on  ait  formé  une  espèce  de  bû- 
cher de  plusieurs  toises  d'élévation  ;  on  y  met  le  feu  ,  et  le 
salin  se  convertit  en  une  matière  qui  paroît  à  demi-vitrifiée  , 
qu'on  met  toute  chaude  dans  des  barils  bien  clos  ,  pour  em- 
pêcher le  contact  de  l'air,  dont  l'humidité  feroit  fondre  la 
potasse. 

Quelques  auteurs  disent  que  ce  sont  les  cendres  mêmes  , 
simplement  pétries  avec  de  l'eau,  que  l'on  fait  calciner  ainsi; 
mais  il  ne  résulteroit  d'une  semblable  opération  qu'une  masse 
terreuse  frittée  ,  qui  ne  seroit  d'aucun  usage. 

La  potasse  préparée  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  n'est  pas 
complètement  débarrassée  de  toute  matière  hétérogène;  elle 
auroit  besoin,  pour  les  opérations  délicates,  d'être  soumise 
à  une  nouvelle  purification  ;  mais  elle  sert  fort  bien  aux  ver- 
reries ,  où  elle  est  employée  comme  un  excellent  fondant  , 
sans  lequel  on  ne  parviendroit  que  difficilement  à  convertir 
en  verre  les  sables  quarzeux  qui  font  la  base  de  toutes  les 
matières  vitrifiées. 

Elle  sert  également  bien  au  blanchiment  des  toiles  ,  dans 
les  blanchisseries,  de  même  qu'aux  lessives  domestiques. 

L'un  des  plus  grands  emplois  de  la  potasse  ,  est  dans  la  fa- 
brication de  plusieurs  espèces  de  savons  ,  qui  se  font  dans 
les  pays  du  JNord  ,  soit  avec  de  la  graisse  ou  du  suif,  soit  avec 
des  huiles  de  poissons  ,  de  chénevis  ,  de  colzat ,  de  na- 
vette ,  etc. 

On  commence  d'abord  par  rendre  X^poiasse  caustique^  en 


POT  65 

îa  mêlant  avec  une  égale  quantité  de  chaux  vive.  On  passe 
de  l'eau  sur  ce  mélange ,  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  enlevé  toute  la 
partie  saline,  et  l'on  mêle  avec  cette  lessive  causii(jue  (ap- 
pelée lessive  des  savonniers)  la  quantité  d'huile  ou  de  graisse 
que  l'expérience  détermine  ,  suivant  le  degré  de  force  de  la 
lessive  :  on  fait  ensuite  bouillir  ce  mélange  jusqu'à  ce  qu'il 
ait  acquis  la  consistance  convenable. 

On  pourroit  ,  dans  plusieurs  de  nos  provinces,  tirer  un 
parti  avantageux  d'une  grande  quantité  de  végétaux  qu'on 
laisse  détruire  en  pure  perte  ,  tandis  qu'ils  pourroienl  fournir 
une  quantité  considérable  dépotasse. 

L'expérience  a  prouvé  que  les  herbes  et  les  feuilles  con- 
tiennent plus  de  potasse  que  les  bois  eux-mêmes.  On  en  retire- 
roit  surtout  abondamment  des  fougères  ,  des  chardons  ,  des 
tiges  de  pois  ,  de  haricots  ,  de  tournesol .^  de  hlè  de  Tur(juie  ,  etc., 
de  même  que  des  arbustes,  tels  que  le  buis^  legenei  ,  les 
bruyères  ,  etc. 

Les  cendres,  même  après  avoir  été  lessivées,  fourniroient 
un  excellent  engrais,  surtout  pour  les  terres  fortes  et  argi- 
leuses ,  et  pour  les  prairies  humides  et  sujettes  aux  Joncs  et  à 
la  mousse. 

Le  phosphate  de  potasse  est  déliquescent  ,  très  -  soluble  i 
d'une  saveur  légèrement  alcaline  ,  et  ne  cristallise  que  très- 
difficilement.  11  existe  dans  les  graines  céréales. 

Le  su/fuie  de  potasse ,  appelé  autrefois  sel  de  duobus ,  sel 
polychres/e,  de  G/aser,  d'arcanum  duplicatum,  de  potasse  vitriolée^ 
est  un  sel  blanc  ,  légèrement  amer  ,  soluble  dans  seize  fois 
son  poids  d'eau  bouillante,  qui  cristallise  en  prismes  courts  à 
quatre  et  six  pans, terminés  par  des  pyramides  àquatre  etsix 
faces.  H  décrépite  au  feu;  l'air  n'a  pas  d'action  sur  lui  ;  il  se 
combine  avec  le  sulfate  d'alumine  et  forme  de  l'alun.  Le 
sulfate  de  potasse  existe  dans  les  végétaux  mêlé  avec  le  sous- 
carbonate  de  potasse  et  le  muriate  de  potasse.  Il  existe  dans 
quelques  minéraux  ,  par  exemple  ,  dans  la  pierre  d'alun  et 
dans  le  sel  nommé  polyhalite  par  Strœmeyer ,  dans  lequel  il 
est  dans  la  proportion!  de  vingt-sept  parties  sur  cent  ;  il 
sert  dans  les  arts  pour  fabriquer  de  l'alun  en  l'unissant  au 
sulfate  d'alumine,  et  pour  changer  le  nitrate  dechaux  en  ni- 
trate de  potasse  ou  salpêtre.  11  est  employé  quelquefois 
en  médecine  comme  purgatif. 

Le  muriate  de  potasse  est  un  sel  incolore,  piquant  ,  amer, 
soluble  dans  trois  fois  son  poids  d'eau  froide  et  dans  moins 
de  deux  fois  son  poids  d'eau  chaude;  il  cristallise  en  prismes 
à  quatre  pans  ,  décrépite  au  feu  ,  etc.  On  en  faisoit  usage 
autrefois  comme  fébrifuge  ,  et  il  portoit  le  nom  de  sel  fébri- 
fuge de  Silvius, 


66  POT 

Le  muriate  peroxygénê  de  potasse  est  blanc  ,  d'une  saveuf 
fraîche  ,  un  peu  acerbe,  inaltérable  à  l'air  ,  soluble  dans 
environ  dix-huit  parties  d'eau  ,  à  i5  degrés  ,  et  dans  deux 
fois  et  demi  son  poids  d'eau  bouillante  ;  il  cristallise  en  ta- 
bles rhomboulales  ;  projeté  sur  le  charbon  ,  il  en  aug- 
mente la  combustion.  Ce  sel  a  divers  usages  ;  on  s'en  sert 
pour  se  procurer  du  gaz  oxygène, et  de  l'acide  muriatique  sur- 
oxygéné.  11  a  été  employé  avec  succès  dans  quelques  mala- 
dies syphilitiques.  On  a  essayé  de  le  faire  entrer  dans  la  com- 
position de  la  poudre  à  canon  ;  mais  comme  la  poudre  qui  en 
résulte  s'enflamme  facilement  parle  choc  ou  parle  frottement 
et  que  le  transport  en  est  par  conséquent  dangereux  ,  on  y  a 
renoncé.  C'est  avec  le  muriate  suroxygéné  de  potasse  qu'on 
fait  ces  briquets  nommés  briquets  oxygénés  ,  fondés  sur  cette 
propriété  qu'a  un  mélange  de  parties  égales  de  ce  sel  avec  du 
soufre  ou  un  corps  résineux,  le  benjoin  par  exemple, des'en- 
flammer  lorsqu'on  jette  dessus  quelques  gouttes  d'acide  sul- 
furique  concentré.  Ces  briquets  sont  composés  d'allumettes 
dont  l'extrémité  est  soufrée  et  imprégnée  d'un  mélange  de 
soufre  et  de  muriate  suroxygéné  de  potasse  ,  légèrement 
gommé.  On  les  plonge  dans  un  flacon  qui  contient  de  l'acide 
sulfurique  concentré,  et  elles  s'enflamment  aussitôt.  L'on  ob- 
tient des  poudres  fulminantes  ,  qu'un  choc  subit  enflamme  et 
fait  détonner  plus  ou  moins  fortement ,  en  mélangeant  le  mu- 
riate suroxygéné  de  potasse  ,  avec  du  soufre  ou  du  sulfure 
d'arsenic  ,  du  sulfure  d'antimoine  ,  du  phosphore,  du  char- 
bon ,  etc.  ,  etc. 

Voilà  quels  sont  les  sels  à  base  de  potasse  qu'il  est  le  plus 
nécessaire  de  connoître.  On  en  a  omis  un  qui  est  le  plus 
important  de  tous  :  mais  comme,  de  tous  les  sels  de  potasse, 
c'est  le  seul  qu'on  trouve  libre  et  concret  dans  la  nature  , 
nous  en  ferons  un  article  particulier;  c'est  le  nitrate  dépotasse 
ou  potasse  nitratée  ,  vulgairement  appelé  nitre  ou  salpêtre. 
Ce  n'est  pas  qu'on  ne  trouve  aussi ,  dans  les  eaux  de  certains 
lacs  et  dans  quelques  minéraux  ,  d'autres  sels  de  potasse ,  par 
exemple  le  muriate  dépotasse  elle  si:(fate  de  potasse  ;  mais 
c'est  qu'ils  n'ont  pas  encore  étébien  observés  dans  leurs  gise- 
mens  et  que  les  minéralogistes  n'ont  pas  encore  cru  devoir 
les  ranger  au  rang  des  minéraux. 

Potasse  nitratée  ,  Haiiy,  Delaméth.  ;  Nitrate  de  po- 
tasse ou  potassium  nitrate ,  des  chimistes,  naturlicher sa/peter , 
W.  ;  salpeter  ,  Karst. ,  Lenz,  ;  nitre  ,  James.  ,  vulg.  nitre 
et   salpêtre. 

Ou  reconnoît  aisément  ce  sel  à  sa  saveur  fraîche  et  pi- 
quante ,  et  à  la  propriété  qu'il  a  de  fuser  vivement  lorsqu'on 
le  projette  sur  des  charbons  ardens.  11  se  dissout  dans  un  quart 


POT  67 

rie  son  poids  d'eau  cliaude  ,  et  dans  trois  ou  quatre  fois  son 
poids  d'eau  froide  ;  il  n'est  pas  déliquescent  à  l'air;  il  cris- 
tallise parfaitement.  Dans  !a  nature,  on  ne  le  trouve  qu'en 
efilorescences  cristallines  ,  ou  en  incrustations  d'un  beau 
Liane,  ou  grisâtres,  ou  jaunâtres.  Par  l'art  on  en  obtient 
des  cristaux  prismatiques,  blancs,  transparcns  ,  ordi- 
nairement cannelés  ,  striés,  et  dont  la  cassure  est  vitreuse 
dans  un  sens;  ils  sont  assez  fragiles  et  pèsent  spécifique- 
ment 1,93;  ils  contiennent  :  potasse,  49  '»  acide  nitrique,  33  ; 
eau,  18.  Le  nitrate  de  potasse  naturel  est  toujours  très-im- 
pur et  mélangé  de  chaux  sulfatée  et  muriatée,  et  de  muriale 
de  potasse. 

Les  cristaux  artificiels  ont  pour  forme  primitive  l'octaèdre 
rectangulaire  dans  lequel  les  incidences  des  faces  semblables 
prises  à  la  base  ,  sont  de  68  d.  4-6'  et  de  60  d.  Voici  quel- 
ques-unes de  leurs  modifications  ou  formes  secondaires. 

i.°  P.  N.  prïmitwe,  Haiiy ,  Trait.  2,  pag.  348,  fig.  i38.  C'est 
l' octaèdre  primitif. 

2."  P.  N.  basée ^  Haiiy,  /.  c.  ,  fig;  i4-o.  La  variété  précé- 
dente épointée,  et  le  plus  souvent  très-près  de  la  base ,  ce  qui 
produit  des  cristaux  longs  et  plats  ;  manière  d'être  très-com- 
mune à  toutes  les  formes  de  ce  sel. 

3.0  P.  N.  triimitaire  ^  Haiiy  ,  /.  r.  ,  fig.  14.1.  C'est  l'oc- 
taèdre rectangulaire  primitif  épointé  ,  et  dont  les  quatre 
arêtes  de  la  base  sont  remplacées  chacune  par  une  longue 
facette  étroite.  Cette  forme  est  très-commune. 

^.°P.N.  trihexaèJre ,  Haiiy,  /.  c,  fig.  142.  Prisme  hexaè- 
dre régulier  terminé  par  des  pyramides  hexaèdres  ,  à  plans 
triangulaires  et  inclinés  sur  le  prisme  de  i43  d.  5i.  Cette 
forme  qui  rappelle  celle  du  quarz  prisme, avoit  faitplacer,par 
Linnaeus  ,  ce  dernier  minéral  avec  la  potasse  nitratée.  Il 
croyoit  que  les  pierres  cristallisées  dévoient  leurs  formes 
à  des  sels  agissant  comme  principes  fécondans;  et  c'est  ce 
qui  l'avoit  conduit  à  faire  un  rapprochement  aussi  singulier. 

5.°  P.  N.  heptahexaèdre  ,  Haiiy,  /.  «;.  ,  fig.  i44-  C'est 
la  variété  précédente  dont  la  pyramide  est  composée  de  trois 
rangées  de  six  facettes. 

Il  y  a  encore  un  assez  grand  nombre  d'autres  formes  qui 
résultent,  la  plupart,  des  combinaisons  des  précédentes  en- 
tre elles. 

6.°  P.  N.  aciculaire^  Haiiy.  En  aiguilles  ou  prismes  très- 
fins  ,  confusément  cristallisés. 

7.°  P.  N.  fibreuse^  Haiiy  ;  vulg.  salpêtre  de  Houssage.  Elle 
se  trouve  en  filets  soyeux  ou  floconneux  ,  sur  les  vieux  bâli- 
inens ,  les  vieilles  murailles  ,  les  murs  des  caves  ,  sur  les 
plâtras.  On  la  trouve  sur  ia  terre,  sur  des  pierres  calcaires  , 


68  POT 

des  marnes  calcaires,  dans  le  comte  de  Bamberg,  dans  un 
sable  marneux  ,  près  Goltingue  ,  dans  les  tufs  calcaires  , 
àHomberg,  près  Wurzbourg. 

8.°  P.N.  incrustante.  En  incrustations  cristallines,  blancbes. 
Se  trouve  à  la  Molfetta,  dans  la  Fouille  ,  dans  les  fissures 
d'une  pierre  calcaire  ,  avec  de  la  cbaux  sulfatée. 

La  potasse  nilratée^  n'appartient  qu'aux  formations  récentes, 
et  se  crée  journellement  sous  nos  yeux  ,  dans  les  endroits 
où  se  rencontrent  des  substances  végétales  et  animales  en 
décomposition.  On  la  trouve  également  en  dissolution  dans 
les  eaux  de  certains  lacs  et  de  certaines  sources. 

L'Asie  abonde  en  salpêtre.  C'est  principalement  dans  le 
Bengale  qu'on  recueille, à  la  surface  de  la  terre, la  plus  grande 
partie  du  nilre  que  l'on  consomme  dans  l'Inde, et  qu'on  trans- 
porte même  en  Europe, où  il  est  très-eslimé.Le  salpêtre  est  en 
efflorescencesà  la  surface  delà  terre,  dans  plusieurs  contrées 
de  la  Perse,  en  Arabie,  entre  le  Mont-Sinaï  et  Suez, 
en  Egypte  ,  dans  l'intérieur  de  l'Afrique  (  à  Ludamar , 
dans  le  désert  de  Karoo)  ,  et  à  l'est  du  cap  de  Bonne- 
Espérance.  A  Ténériffe  ,  la  grotte  nommée  Queoe  del  ana , 
au  pied  du  sommet  le  plus  escarpé  du  pic  ,  est  tapissée  , 
sur  ses  parois ,  de  floccons  de  potasse  nitratée.  En  Amé- 
rique ,  les  pâturages  maritimes  des  environs  de  Lima  ,  le 
Tucuman  ,  présentent  le  salpêtre  en  efflorescence.  Aux 
Etats-Unis,  le  salpêtre  qui  sert  à  la  fabrication  de  la  poudre, 
se  tire  de  la  province  du  Kentucky.  On  y  recueille  ce  sel 
à  la  surface  des  caves  creusées  dans  le  calcaire. 

L'une  des  nitrières  naturelles  les  plus  remarquables  ,  est 
celle  dont  Fortis  fit  la  découverte  en  1783,  à  la  Molfetta  y 
dans  la  Fouille  ,  à  quatre  lieues  au  nord-ouest  de  Bari,  sur 
le  golfe  de  Venise. 

Cette  nitrière  se  trouve  dans  un  enfoncement  en  forme 
d'entonnoir  ,  qui  s'est  fait  dans  les  couches  de  pierres  cal- 
caires coquillières  dont  est  composé  le  sol  de  cette  contrée. 
On  nomme  poulo  ces  sortes  de  cavités,  et  on  les  regarde 
comme  l'effet  d'un  affaissement.  Fatrin  croit  qu'on  doit  les 
attribuer  plutôt  à  la  décomposition  même  de  la  pierre. 

Les  couches  calcaires  presque  horizontales  ,  qui  présen- 
tent leur  tranche  dans  l'intérieur  âecepouh  ,  varient  d'épais- 
seur ,  depuis  six  pieds  jusqu'à  six  lignes.  La  pierre  dont 
elles  sont  composées  est  très-compacte  ,  et  abonde  en 
corps  marins  convertis  en  spath  calcaire.  Les  plus  épaisses 
de  ces  couches  sont  creusées  en  grottes  dont  l'ouverture  est 
moins  grande  que  riulcrleur.  Celles  de  ces  grottes  dont  l'ou- 
verture est  si  petite  qu'un  enfant  peut  à  peine  s'y  introduire 
avec  une  lampe  à  la  main  ,  sont  celles,  dit  Fortis  ,d'où  l'on 
tire  les  échantillons  de  salpêtre  les  plus  blajics  et   les  plus 


POT  63 

purs.  Ce  n'est  pas  ,  ajoute-t-îl ,  seulement  aux  surfaces  que 
le  salpêtre  se  forme  ;  il  soulève  Lien  souvent  des  lames  de 
pierre  en  se  formant  au-dessous.  Ces  lames  ont  une  ou  deux 
lignes  d'épaisseur  ;  en  les  faisant  tomber  ,  on  voit  derrière 
de   très-beau  salpêtre  d'un  blanc  de  neige. 

«  Le  salpêtre  de  la  Molfelta,  que  Klaproth  a  reçu  ,  éloi», 
dit-il  ,  cristallisé  en  j)etits  cristaux  semblables  au  sucre  raf- 
finé ,  et  sous  la  forme  d'une  croûte  d'une  épaisseur  d'une 
9  deux  lignes  ,  se  séparant  en  minces  écailles  d'un  jaune 
"blanc ,  de  la  pierre  calcaire  compacle  qui  compose  la 
masse  des  couches  da  poulo.  Je  remarquai  ,ajoule-il,  sur 
cette  pierre  calcaire,  da  gypse  en  fines  aiguilles  ,  dispersé 
ça  et  là  en  croûtes  minces  ,  qui  en  quelques  endroits  ser- 
vent de  gangue  mi  sa/pé/re  ». 

Ce  savantchimiste,  ayanl  fait  l'analyse  de  ce  niire^a  trouvé 
qu'il  contenoit  42,55  de  nitrate  de  potasse  ,  et  0,20  de  mu- 
riate  de  potasse  ;  25,4-5  de  sulfate  de  chaux  ,  et  3o,4o  de 
carbonate  de  chaux. 

Vairo  avoit  calculé  qu'on  pouvoit  retirer  de  ce  poulo  trente 
à  quarante  mille  quintaux  de  "salpêtre,  et  qu'une  seconde  re- 
production en  donneroit  au  moins  cinquante  mille  quintaux. 
Mais  Fortis  a  fait  ,  sur  cette  seconde  reproduction  ,  une  re- 
marque fort  curieuse  :  pendant  un  an  et  demi  ,  on  avoit  fait 
la  lixiviation  des  terres  de  celle  nilrière  avec  l'eau  d'une 
source  voisine ,  qui  est  fort  chargée  de  sel  marin  ;  et  les  grottes 
qu'on  a  remplies  de  ces  terres  lessivées  à  Veâunniiial/'f/iie,  au 
lieu,  dit-il,  de  donner  du  salpêtre  presque  pur  et  à  base 
d'alcali  végétal  (ou  potasse), comme  elles  le  faisoient  au  com- 
mencement ,  n'ont  produit  qu'un  mélange  dont  ffes  propor- 
tions se  sont  progressivement  portées  jusqu'à  contenir  plus  de 
moitié  de  Sel  marin.  {Ann.  de  Chi/n. ,  t.  28 ,  pag.  28  et  suiv.) 
Des  nilrières  semblables  à  celles  de  la  ]Molfetla  se  trou- 
vent, dans  la  même  contrée,  à  Gravina  ,  à  Athermusa  ,  Mi- 
nervino  ,  Bari ,  Massafra  ,  Montrone  ,  Nalra  et  Ginosa. 

Les  nilrières  de  Syracuse  sont  dans  l'intérieur  de  ce  fa- 
meux souterrain  ou  latomie  qu'avoit  fait  bâlir  Dcnys  le 
tyran,  Dolomieu  rapporte  que  les  pierres  calcaires  dont  sont 
construits  les  édifices  à  Malle,  se  couvrent  de  nitre  lors^ 
qu'elles  sont  baignées  par  l'eau  de  la  mer ,  cl  finissent  par  se 
détruire  complètement;  il  en  est  de  même  aussi  pnnr  toutes  les 
pierres  solides  nitreuses,et  Taclion  de  Tair  seul  suffit  pour  cela. 
La  Haule-Hongrie  est  prodigieusement  riche  en «zV/e;  et  ce 
qui  se  rencontre  fort  rarement  dans  la  nature,  c'est  qu'il  est 
fourni  par  des  eaux  de  sources  ,  et  il  est  en  si  grande  abon- 
dance ,  qu'on  pourroit  en  retirer  une  fois  plus  que  les  Indes 
orientales  n'en  fournissent  à  toute  TEurope. 


70  POT 

Ces  sources  nîireuses  viennent  d'un  plnlenu  é\ovc  qui  règne 
de  l'est  à  l'ouest ,  dans  une  étendue  de  soixante-douze  lieues  , 
le  long  de  la  rivière  de  Sainos,  qui  se  jette  dans  laTeisse  au- 
dessus  du  Pelit-Varadin.  Ces  sources  déposent  le  nîlre  dans 
les  sables,  d'où  on  le  retire  par  la  lixivialion  dans  soixante  ou 
soixante-dix  ateliers.  On  le  retire  aussi  de  ces  eaux  par  éva- 
poration  ;  elles  en  contiennent  depuis  un  jusqu'à  quatre  pour 
cent  de  leur  poids, 

L'Ukraine  el  la  Podolie  foin-nissent  une  fort  grande  quan- 
tité de  nitre  qu'on  retire  par  le  lavage  d'un  terreau  noir. 

Si  l'on  vouloit  en  France  lessiver  les  terres  nit reuses  ,  on 
en  trouvei'oit  en  abondance.  Larocbefoucauld  avoit  reconnu 
que  la  craie  de  la  Roche-Guyon  ,  sur  la  Seine  ,  près  de  Man- 
tes ,  contenoil  une  once  par  livre,  de  salpêtre  ;  la  craie  d'E- 
vreux  présente  aussi  ce  sel;  mais  les  plâtras  et  les  nitrières 
artificielles  suffisent  pour  fournir  tout  le  uitre  dont  nous 
avons  besoin. 

Le  sol  de  l'Espagne  n'est  pas  moins  ricbe  en  n/V/r  que  celui 
des  autres  contrées  de  l'Europe  ;  il  est  même  un  de  ceux  qui 
pourroient  en  fournir  le  plus.  Bowles  ,  qui  a  fait  à  ce  sujet 
nn  grand  nombre  d'observations,  a  remarqué  qu'il  est  pres- 
que toujours  accompagné  de  cbaux  et  de  magnésie  sulfatées  , 
et  il  ne  doute  pas  que  ces  différentes  matières  salines  ne 
soient  un  produit  du  travail  journalier  de  la  nature. 

Quoique  la  potasse  soit  abondamment  répandue  dans  la 
nature,  la  plus  grande  partie  de  celle  qui  est  dans  le  com- 
merce provient  du  lessivage  des  plâtras  et  des  terres  salpê- 
trécs  ou  des  nitrières  artificielles. 

Dans  les  contrées  les  plus  chaudes  de  l'Asie  et  de  l'Amé- 
rique, où  ce  sel  forme  des  cfilorescences  à  la  surface  mémo 
du  sol ,  on  le  recueille  en  le  balayant  plusieurs  fois  dans  l'an- 
née ,  c'est  ce  qu'on  nomme  salpêtre  de  houssage. 

Pour  se  procurer  arec  les  plâtras  des  vieux  bâtimens  et  les 
terres  des  caves ,  la  potasse  nilralée  ,  on  réduit  ces  pfêtras  en 
poudre, onles  passe  à  la  claieet  on  leslessive.L'eaunilréequ'on 
obtient  renferme  aussi  les  sels  solubles  suivons  ;  le  sulfate 
de  chaux,  les  nitrates  de  chaux  et  de  magnésie,  les  muriates 
de  soude,  de  chaux  el  de  magnésie  :1e  salpêtre  forme  à  peu 
près  le  dixième  de  ce  mélange.  Ce  n'est  que  par  des  procédés 
particuliers  qu'on  parvient  à  l'en  retirer  et  à  le  raffiner.  Les 
plâtras  les  plus  riches  contiennent  cinq  pour  cent  de  nitrate. 

Lorsque  les  plâtras  ne  sont  pas  assez  salpêtres, ou  que  l'on 
veut  établir  une  nilrière  artificielle,  on  réunit  les  décombres 
sous  des  hangars  ,  on  les  mêle  avec  des  matières  animales  ou 
végétales,  et  on  les  arrose  de  temps  en  temps  avec  des  li- 
queurs animales ,  du  sang ,  des  urines ,  etc.  ;  au  bout  de  quel- 


POT  j^ 

que  temps  les  plâtres  sont  en  partie  salpêtres,  et  on  les  les- 
sive. L'eau  salpêtrée  qu'on  en  retire  contient,  outre  le  ni- 
trate de  potasse,  les  sels  que  nous  avons  nommés  plus  haut. 
On  la  traite  de  même  par  l'évaporation  à  froid  ,  puis  par  des 
lessivages  à  chaud.  On  retire  encore  la  potasse  nitratée  par 
le  lessivage  des  cendres  végétales.  En  Languedoc  ,  on  se  sert 
des  cendres  de  tamarisc  ;  en  Sicile  ,  de  celles  des  fruits  d'a- 
mandiers et  d'autres  végétaux  ,  tels  que  les  borraginées,  La 
pariétaire  ,  la  ciguë,  le  tabac ,  et  surtout  le  soleil,  contiennent 
ce  sel  tout  formé  ,  et  souvent  en  grande  quantité. 

L'on  ne  sait  pas  encore  très-bien  comment  on  peut  expli- 
quer la  formation  de  la  potasse  nitratée  dans  les  terres,  soit 
naturelles,  soit  artificielles, oùi'on  trouve  ce  sel;  on  remarque 
seulement  que  ces  terres  contiennent  toujours  de  la  chaux 
carbonatée  ou  des  débris  de  matières  végétales  ou  animales, 
et  le  plus  souvent  l'un  et  l'autre  ;  c'est  ce  qui  a  fait  croire  que 
la  potasse  nitratée  tire  de  l'air  les  principes  nécessaires  à  sa 
formation.  L'azote  ,  souvent  dégagé  par  la  putréfaction  des 
matières  animales,  en  s'unissant  à  l'oxygène  de  l'air  ,  forme- 
roit  de  l'acide  nitrique  qui  se  combineroit  avec  la  potasse 
des  végétaux.  La  potasse  nitratée  ne  se  trouve  naturellement 
qu'en  efflorescences  à  1.^  surface  des  terres  et  des  pierres  , 
qu'elle  finit  par  réduire  en  miettes,  ce  qui  annonceroit  que 
l'action  de  l'air  est  une  condition  nécessaire  à  sa  création. 
L'on  remarque  encore,  dans  les  nitrières  naturelles, qu'il  n'y  a 
plus  de  nilre  lorsqu'on  creuse  à  quelques  pieds  de  profondeur, 
et  cependant  que  ce  sel  neutre  se  reproduit  et  se  propage 
assez  promptement  à  mesure  qu'on  l'enlève.  Quant  à  l'in- 
tluence  de  la  chaux  carbonatée,  dans  la  formation  du  nitre 
naturel ,  on  l'ignore  complètement. 

Usages  de  la  potasse  nitratée. 

Tout  le  monde  sait  que  le  salpêtre  ou  nitre  est  la  base  delà 
poudre  à  tirer, laquelle  est  unmélange  dépotasse  nitratée,de 
soufre  et  d'un  charbon  léger,tous  trois  dans  des  proportions  à 
peu  près  les  mêmes  que  celles  rapportées  plus  bas.  Les  effets 
terribles  de  la  poudre  sont  dus  à  la  formation  presque  instan- 
tanée et  à  la  dilatation  subite  des  gaz  qui  se  développent  dans 
son  intlammation.  En  France ,  on  a  trois  sortes  de  poudres  à 
tirer ,  savoir  : 

i.°  hai  poudre  à  canon,  qui  est  composée  de  j5  de  nitre  ^ 
12  et  demi  de  charbon,  et  i'2  et  demi  de  soufre. 

2."  Ltâ  pondre  de  chasse,  formée  de  78  de  nitre,  12  de  char- 
bon, 10  de  soufre. 

^,°  La  poudre  des  mineurs  et  des  carriers,  qui  contient  65  de 
niti'e  ,  i5  de  charbon,  20  de  soufre. 


72  POT 

Le  nitre  est  un  des  tneillears  fondans  ;  on  l'emploie  com- 
me tel  pour  hâter  la  fusion  des  métaux  impurs,  des  miné- 
raux qu'on  veut  essayer  en  petit ,  et  dans  beaucoup  d'autres 
circonstances  docimasiiqucs.  Le  flux  blanc  et  le  flux  noir  ne 
sont  que  le  mélange  de  nitrate  et  de  tartrate  de  potasse. 
C'est  de  ces  mélanges  qu'on  retire  1  hydrate  de  potasse  très- 
utile  dans  la  fabrication  de  la  poudre. 

En  médecine  ,  on  l'admiuistre  comme  rafraîchissant  et 
propre  à  exciter  la  sortie  des  urines.  C'est  avec  le  nitrate  de 
potasse  qu'on  fait  les  préparations  connues  sous  les  noms 
àç.  foie  d  antimoine  ,  de  <rocus  mcLalhnim  ou  safran  des  métaux  , 
^'antimoine  diaphorétique  ,  Ae  fondant  de  Rotrou  ,  préparations 
qui  contiennent  toutes  de  l'aÉtimoine  ,  et  le  caméléon  m/ne- 
m/,combinaison  du  nitre  avec  le  manganèse  oxydé  qui  est  so- 
luble  dans  l'eau.  Celle-ci  est  colorée  d'abord  en  verf,puis  en 
riolet,  et  redevient  incolore,  parce  que  le  manganèse  se  pré- 
cipite petit  à  petit  ;  les  acides  la  rendent  rouge  lorsqu'elle 
est  encore  colorée.  C'est  du  nitre  qu'on  retire  l'acide  nitri- 
que ,  dont  les  usages  sont  très-nombreux.  On  obtient  égale- 
ment l'acide  sulfurique  par  le  nitre;  à  cet  effet,  on  chauffe  en- 
semble ,  dans  une  chambre  de  plomb,  dont  le  sol  est  cou- 
vert d'eau  ,  un  mélange  de  huit  parties  de  soufre  et  d'une  de 
potasse  nitratée  qu'on  fait  bràler  lentement,  (ln.) 
POTASSIUM.  V.  l'article  Potasse,  (ln.) 
POTASSIUM  NITRATE.  F.  Potasse  nïtratée.  (ln.) 
POTASSIUM  SILICIATÉ.  C'est  sous  ce  nom  col- 
lectif que  M.  Berzelius  a  placé  les  pierres  siliceuses  ma- 
gnésiennes qui  contiennent  le  potassium  oxydé  ou  potasse 
combiné  ,  ou  présumé  tel  ,  avec  la  silice  faisant  fonction  d'a- 
cide. V.  la  liste  de  ces  minéraux  ,  page  i83  du  vol.  xxi ,  à 
l'article  Minéralogie,  (ln.) 
POTÉE  D'ÉTAIN.  C'estl'Étain  oxydé  artificiellement. 

POTEE  DE  MONTAGNE.  Comme  U  potée  oxxo^yàt 
d'étain  artificiel  est  employée  pour  polir  les  corps  durs,  on  a 
transporté  ce  nom  à  des  substances  terreuses  qui  ont  natu- 
rellement la  même  propriété,  commela  Terre  pourrie,  le 
POLIER  SceiEFFER,les  schisles  argileux,  qui  ont  été  convertis 
en  une  espèce  de  tripoli  par  les  incendiesdes  houillères. (pat.) 

POTEE  ROUGE.  Fer  oxydé  rouge,  qui  forme  le  résidu 
de  la  décomposition  du  fer  sulfaté,  dans  la  fabrication  de 
l'acide  sulfurique  avec  ce  sel.  V.  Fer  sulfaté   (ln.) 

POTELEE.  C'est  la  Jusquiame  vulgaire,  (b.) 

POTELET.  La  Jacinthe  des  bois  porte  ce  nom  dans 
quelques  lieu.x.  (b.) 

POTELOT.  Nom  trivial  du  ]\IoLYBDi;yE  sulflré.  (ln.) 


POT  y3 

POTENTILL\.  Nom  donné  anciennement  aux  spîrœa 
ulmaria  et  arunrus^et  surtout  à  laPoTEîSTlLLE  ANSERiNE,à  cause 
de  leurs  propriétés. Celle  dernière  plante, également  nommée 
argeniina,  à  causb  du  duvet  argenté  qui  couvre  ses  feuilles, 
est  devenue  le  type  du  §enre  potenfi/la  de  Linnaeus  ,  qui  com- 
prend, le  quinquefolium  de  Tournefort,  et  partie  des  espèces 
comprises  dans  les  genres  pentaphylldides  t\.  fragaria  ^  égale- 
ment de  Tournefort.  On  y  doit  rapporter  aussi  le  pentaphyl- 
him  àe  Gserlner,  fondé  sur  \e  poienlilia  nojwegira,  \efraga  de 
Lapeyrouse ,  et  peut-être  le  diischenea  de  Smith,  mais  non 
pas  ,  avec  Scopoli  et  Necker  ,  les  genres  commarum  et  tor- 
vientilla. 

Presque  toutes  les  espèces  de  potenUlla  d'Europe  ont  été 
décrites,  avant Linnreus  et  Tournefort,  sous  le  nom  de  penta- 
phyllum  ou  de  quinquefolium  ,  parce  que  leurs  feuilles  sont 
composées  de  cinq  folioles.  V.  Potentille.  (L^^) 

POTENTILLE,  Potentilla.  Genre  de  plantes  de  i'ico- 
sandrie  polygynie  et  de  la  famille  des  rosacées,  qui  offre 
pour  caractères:  un  calice  ouvert,  à  dix  divisions  ,  dont  cinq 
alternes  plus  petites;  une  corolle  de  cinq  pétales  ovales  et 
onguiculés;  une  vingtaine  d'étamines  attachées  au  calice  ; 
un  grand  nombre  d'ovaires  réunis  en  tétc  ,  à  style  filiforme 
inséré  latéralement,  et  portant  un  stigmate  obtus;  un  grand 
nombre  de  semences  attachées  sur  le  réceptacle  ,  et  renfer- 
mées dans  le  calice  qui  persiste. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  ordinairement  heVba- 
cées,  quelquefois  frutescentes,  dont  les  feuilles  sont  ou 
ailées  avec  impaire  ,  ou  digitées  ,  ou  ternées  ,  accompa- 
gnées de  stipules  en  forme  d'ailes  adnées  à  la  base  du  pé- 
tiole ,  et  dont  les  fleurs  sont  disposées  en  corymbes  termi- 
naux et  quelquefois  solitaires.  On  en  compte  près  de  cent 
espèces,  la  plupart  propres  à  l'Europe. 

Parmi  les  polenli//es  à  feuilles  pi nnées,  il  faut  distinguer  : 
La  PoTENTiLLE  FRUTESCENTE  ,  qui  a  la  tige  ligneuse.  On 
la  trouve  en  Angleterre  et  en  Sibérie,  et  on  la  cultive  dans 
quelques  jardins  d'ornement.  C'est  un  arbuste  de  deiix  à  trois 
pieds  de  haut  au  plus  ,  très-garni  de  branches ,  et  dont  les 
fleurs  d'un  beau  jaune  se  succèdent  pendant  tout  l'été.  11  ne 
craint  point  le  froid,  et  se  multiplie  de  graines  ou  de  reje- 
tons,ou  de  marcottes,  et  il  ne  demande  d'autres  soins  ,  lors- 
qu'il est  planté  à  demeure  ,  que  d'être  chaque  année  émondé 
de  son  bois  mort,  et  disposé  un  peu  en  boule,  par  le  retran- 
chement des  branches  qui  sont  trop  saillantes.  Ceux  qui  le 
taillent  avec  les  ciseaux  lui  oient  une  grande  parlie  de  ses 
agrémens. 

La  PoTENTiLLE  ANSERiNE  a  la  ti^e  rampante  ;  les  folioles 


74  POT 

entourées  de  dents  pointues  ,  velues  en  dessous  ,  et  les  pé- 
doncules uniflores.  On  la  trouve  par  toute  l'Europe  dans  les 
pâlurages  argileux.  Elle  est  connue  vulgairement  sous  le 
nom  (Vunseriiie  ou  d^ argentine ,  à  raison  du  brillant  de  la  face 
inférieure  de  ses  feuilles.  Cette  plante  a  joui  autrefois  d'une 
réputation  médicale,  qu'elle  a  en  partie  perdue  depuis  que 
l'on  se  rend  raison  de  la  cause  des  effets  des  remèdes.  Cepen- 
dant, on  la  regarde  toujours  comme  astringente  etfébrifuge, 
et  on  ordonne  sa  décoction  pour  rétablir  la  luette  lorsqu'elle 
est  relâchée,  pour  raffermir  les  dents  qui  branlent,  etc.  On 
mange  quelquefois  ^as,  racines  ,  qui  sont  douces  et  ont  un 
goût  agréable. 

Parmi  les  polenilUes  àfcuilles  digiiées  ,  on  doit  principale-» 
ment  remarquer  : 

La  PoTENTiLLE  A  TIGES  DROITES ,  qui  a  sept  folioles  lan- 
céolées et  grossièrement  dentées  à  chaque  feuille  ,  dont  les 
pétales  sont  en  cœur,  plus  grands  que  les  divisions  du  calice  , 
et  dont  la  tige  est  droite.  Elle  vient  sur  les  montagnes  expo- 
sées au  soleil. 

La  PoTENTiLLE  ARGENTÉE,  qui acinq  folioles  cunéiformes, 
dentelées,  tomenteuses  en  dessous  à  chaque  feuille,  et  sa  tige 
droite.  Elle  se  trouve  très-communément  dans  les  terrains 
sablonneux  et  arides. 

La  PoTENTlLLE  PRINTANNIÈRE  ,  qui  a  cinq  folioles  ovales  , 
dentées,  pubescentes  à  chaque  feuille;  les  pétales  presque  en 
cœur,  plus  grands  que  le  calice,  et  la  tige  penchée.  Elle  se 
trouve  très-abondamment  sur  les  montagnes  exposées  au 
midi  ,  sur  le  bord  des  bois  ,  le  long  des  chemins,  etc.  Elle 
fleurit  dès  les  premiers  jours  du  printemps, et  couvre  quelque- 
fois de  ses  fleurs  jaunes  les  pelouses  où  elle  se  trouve.  Le 
botaniste  et  le  berger  ne  la  voient  jamais  sans  un  nouveau 
plaisir  ,  parce  qu'elle  leur  annonce  le  retour  de  la  belle 
saison. 

La  PoTENTiLLE  BLANCHE  ,  qui  a  cinq  folioles  rapprochées 
et  dentées  à  chaque  feuille;  les  tiges  filiformes  et  rampantes, 
et  le  réceptacle  hérissé.  Elle  se  trouve  dans  les  pays  monta- 
gneux, et  produit  un  bel  effet  sur  les  pelouses  qu'elle  couvre 
quelquefois,  à  raison  de  ses  fleurs  d'un  blanc  de  lait ,  couleur 
rare  dans  ce  genre. 

LaPoTENTiLLE  RAMPANTE, qui  a  cinq  folioles  à  chaque  feuil- 
le ,  la  tige  rampante  et  les  pédoncules  uniflores.  Elle  se  trouve 
dans  toute  l'Europe ,  dans  les  terrains  argileux  et  humides. 
C'est  la  quintefeuille  des  herboristes,  qui  a  une  saveur  astrin- 
gente ,  et  qu'on  emploie  fréquemment  comme  vulnéraire  et 
fébrifuge.  C'est  la  seconde  écorce  de  la  racine  qui  jouit  prin- 
cipalement de  cette  propriété.  On  l'emploie  avec  auccès  dgins 


POT  75 

les  cours  cle  venire  et  les  dyssenteries.  Elle  est  quelquefois 
si  abondante  qu'elle  fait  le  désespoir  des  cultivateurs.  Il  n'y 
a  pas  d'autre  moyen  de  s'en  débarrasser,  que  de  faire  suivre 
la  charrue  par  des  enfans ,  qui  l'enlèvent  à  mesure  que  ses 
jacines  sont  mises  à  découvert,  et  l'euiporlenl hors  du  champ, 
pour  la  brûler  ensuite.  Elle  est  si  vivace  ,  que  le  plus  petit 
filament  donne  naissance  à  un  nouveau  pied,  qui  en  a  produit 
quelquefois  deux  cents  autres  avant  la  fin  de  l'année. 

Parmi  les  potentilles  à  feuilles  ternées  ^  les  plus  remarquables 
sont: 

La  PoTENTiLLE  DE  MONTPELLIER , -qui  a  la  tige  rameuse  , 
droite,  et  les  pédoncules  insérés  au-dessous  des  articulations 
de  la  tige.  Elle  est  annuelle  et  se  trouve  dans  les  parties  mé- 
ridionales de  l'Europe. 

La  PoTENTiLLE  À  GRANDES  FLEURS,  qui  a  les  folioles  den- 
tées, velues ,  et  la  tige  penchée,  plus  longue  que  les  feuilles. 
Elle  est  vivace  ,  et  se  trouve  dans  les  montagnes  des  Alpes  et 
des  Pyrénées.  C'est  une  très-belle  espèce  ,  à  raison  de  la 
grandeur  de  ses  fleurs  jaunes. 

La  PoTENTiLLE  DE  NoRWÉGE ,  quia  les  feuilles  ternées , 
la  tige  dicholome  ,  et  les  pédoncules  axillaires.  Elle  est  an- 
nuelle ,  et  se  trouve  dans  le  nord  de  l'Europe  et  de  TAuiéri- 
que.  Gœrtner  en  a  fait  un  genre  particulier  sous  le  nom  de 
Pentaphylle. 

La  POTENTILLE  FAGARioïDE  de  Villars,  qui  est  le  Frai- 
sier STERILE  de  Linuceus,  a  été  établie  en  titre  de  genre  , 
sous  le  nom  de  FragÙe,  de  Fragariastre  ,  par  quelques 
botanistes. 

Les  genres  Coriaret  et  Tormentillr  sont  réunis  à  ce- 
lui-ci par  quelques  auteurs.  V.  la  belle  Monographie  de 
M.  Néstler.  (b.) 

POTER  et  POTERA.  Noms  que  les  mages  et  les  pro- 
phètes donnoient  au  Câprier,  (ln.) 

POTERION  ou  PoTERiUM.  Plante  décrite  par  les  an- 
ciens. 

Les  habitans  de  llonie,  au  rapport  de  Dîoscoride,  l'ap- 
peloient  aussi  nei>ras.  C  étoit  un  grand  arbuste;  il  poussoit 
plusieurs  branches  et  avoit  une  écorce  fine.  Il  étoit  pi- 
quant et  garni  d'un  coton  épais.  Il  avoit  les  branches  lon- 
gues ,  molles,  grêles  et  pliantes  ,  et  assez  semblables  à  celles 
du  tragiu:aniha  ;  ses  feuilles  étoient  petites  et  rondes,  et  ses 
fleurs  blanches  et  petites  ;  sa  graine  n'avoit  aucun  usage, 
quoique  odorante  et  très-piquante  au  goût.  Le  poleri uni  crois- 
sait sur  les  coteaux,  dans  les  lieux  aquatiques  ;  ses  ra- 
cines longues  de  deux  oii  trois  coudées  ,  dures  et  nerveuses, 
étant  coupées  près  de  terre ,  laissoieul  fiuer  une  liqueur  sem- 


76  POT 

blable  h  la  gomme.  Pilées  et  appliquées  sur  les  nerfs  coupés, 
elles  opcroicnt  leurs  soudures,  de  miîme  que  celles  des  plaies. 
Leur  décoction  éloit  également  bonne  dans  les  arcidens 
qui  peuvent  arriver  aux  nerfs.  Matthiole,  C.  Dauhin,  Clusius, 
croient  que  le  pofen'um  est  un  astragale  épineux,  et  probable- 
ment celui  que  depuis  eux  Pallas  a  nommé  asiragalus  fwiennm. 

Lobel  ,  Césalpin  et  autres,  donnent  pour  tel  une  pimpre- 
nelle  épineuse  qui  creît  en  Orient,  et  que  les  botanistes  Lin- 
néens  appellent  poierium  spinosum.  L'opinion  première  paroît 
être  la  plus  probable. 

Faisons  remarquer  ici ,  que  le  nom  de  ncurns  fut  donné  au 
pnterium  p.\r  suite  delà  grande  puissance  qu'il  exerçoit  sur  les 
plaies  nerveuses,  tandis  que  celui  de  poierium  est  dérive  de 
poirix  hci'ba  ^  herbe  biweiise,  parce  qu'il  se  plaisoit  dans  les 
lieux  marécageux  et  aquatiques ,  ce  qui  ne  convient  pas  à 
l'astragale  cité  ci-dessus.  Son  nom  A'acido/on  rappelle  le 
goût  piquant  de  sa  racine.  Pline  décrit  à  peu  près  dans  les 
mêmes  termes  que  Dioscoride,  le  poterlum,  qu'il  nomme  aussi 
phrynion  et  neurarla  ,  excepté  que  dans  un  passage  il  lui  attri- 
bue de  longues  fleurs  couleur  d'herbe  ,  et  dans  un  autre  de 
petites  fleurs  ;  d'où  il  faut  croire  que  le  nom  de  poierium  se 
donnoit  de  son  temps  à  plusieurs  plantes. 

Actuellement,  les  botanistes  donnent  le  nom  Ae  poien'iim  à 
un  genre  de  plantes  où  est  rangée  la  pimprenelle  épineuse 
citée  plus  haut,  et  quelques  plantes  qui,  avec  le  genre  san- 
guisorbci ,  formolent  le  groupe  que  Tournefort  avoit  nom- 
mé PiMPiNELLA.  F.  à  cet  article  et  à  ceux  deNEUHAS  et  de 

PiMPREMELLE.   (LN.) 

POTFISH  ,    POTTFISH  ,   POTFISK  ,  POTFISKE,  POTVISIT  , 

PoT-wuLFiscu.  Noms  différens  sous  lesquels  les  voyageurs 
hollandois  et  danois  désignent  le  Physetère  cylindrique 
et  le  Cachalot  macrocéphale.  (desm.) 

POTHOS,  PoÛws.  Genre  de  plantes,  de  la  famille 
des  aroïdes  ,  que  quelques  auteurs  placent  dans  la  tétran- 
drie  monogynie  ,  et  d'autres  dans  lagynandrie  polyandrie, 
et  qui  offre  pour  caractères  :  une  spathe  monophylle  s'ou- 
vrant  par  le  côté  ;  un  spadix  simple  ,  épais  ,  couvert  de  fleurs 
dans  toute  son  étendue  ;  point  de  calice ,  à  moins  qu'on  nap- 
pelle  ainsi  la  corolle  ;  une  corolle  de  quatre  pétales  cunéi- 
formes ,  oblongs,  droits;  quatre  ctamines  à  filamens  élargis 
et  à  anthères  géminées  ;  un  ovaire  supérieur,  parallélipipède, 
tronqué,  à  style  nul  et  à  stigmate  simple  ;  une  baie  presque 
ronde  et  biloculaire  ,  chaque  loge  ne  contenant  qu'une  seule 
semence. 

Ce  genre  renferme  une  vingtaine  de  plantes  vivaces  de 
pariieslesplus chaudes  de  l'Inde  el  de  l'Amérique ,  parmi  les- 
quelles il  faut  distinguer: 

/ 


POT  ^^ 

Le  PoTHOS  GRIMPANT ,  qui  a  les  pétioles  aussi  longs  que  la 
feuille  ,  et  la  tige  radicante.  Il  se  trouve  dans  l'Inde.  On 
inange  ses  baies  ,  qui  sont  également  fort  recherchées  par  les 
éléphans. 

Le  PoTHOS  A  NERVURES  ÉPAISSES  ,  qui  a  les  feuilles  lan- 
céolées ,  très-entières  ,  veinées,  et  la  nervure  principale  très- 
grosse  et  carénée.  On  le  cultive  au  jardin  du  Muséum. 

Le  PoTHOS  EN  CŒUR,  qui  a  les  feuilles  en  cœur.  Il  croît 
aux  Antilles  ;  sa  racine  est  très-grosse  et  noueuse.  Les  habi- 
tans  l'appellent  squine  ,  et  l'emploient  comme  sudorifique. 

Le  PoTBOs  PiNNÉ  ,  qui  a  les  feuilles  pinnées  ,  et  se  trouve 
dans  rinde. 

Le  PoTHOS  PALMÉ ,  qui  a  les  feuilles  palmées ,  et  se  trouve 
en  Amérique. 

Le  PoTHos  FÉTIDE  de  Michaux,  est  IcDracuntion  fétide 
de  Linnpeus.  On  en  fait  le  genre  Svmplocarpe. 

Humboldt  et  Bonpiand  ont  augmenté  ce  genre  de  douze 
espèces,  dans  leur  superbe  ouvrage  sur  les  plantes  de  l'A- 
mérique méridionale,  (b.) 

POTHOS  et  POTHON.  Herbe  dont  il  est  parlé  dans 
Théophraste  et  dans  Pline, qui  se  plaisoit  dans  les  cimetières. 
Pline  en  dislingue  deux  sortes, uneàfleurs  bleues, l'autre  àfleurs 
plus  blanches,  et  les  range  au  nombre  des  plantes  qui  fleuris- 
sent en  été.  D'après  la  couleur  des  fleurs, ces  deux  plantes  ne 
peuvent  être  \eslychnis  dioïca  et  calcedonica,  comme  quelques 
auteurs  l'ont  présumé, parce  que  les  fleurs  de  ces  piaules  sont 
rouges  oublanches,  et  jamaisbleues.  C'est  avec  plus  de  vérité 
qu'on  a  donné  \t  dematis  viiiceila  pour  le  pathos ;ms\s  ce  rap- 
prochement est  encore  inexact.  Il  en  existe  encorr  un  qui  ra- 
ïixènerohlcpoihos  3i\iconvalvuluspitrpureuset3.uroiW'H>u/u.idui\i/; 
mais  il  est  malheureux  que  les  auteurs  de  ce  rapprochement 
n'aient  pas  réfléchiquecesdeuxplantes  sont  originairciid  Amé- 
rique ,  qu'elles  nont  pas  été  connues,  par  ccnséqnea!  ,  de^ 
anciens,  et  de  plus  que  le /jo/7/o5  éloit  une  planle  îrés-vulgaire. 
Dalechamp,  qui  est  an  de  ces  auteurs,  dit  que  le  polhus  étoit 
fort  recherché  par  les  anciens  pour  garnir  les  tombeaux  ,  et 
semble  avoir  Topinion  que  ce  fût  une  piMile  griinpanle  l^iiue 
ne  rapporte  rien  de  cet  usage  ,  ni  qui  puisse  faire  soijpçin^er 
le  port  de  ce  végétal.  Il  n'est  pas  croy;ible  non  plus  v,ne  la 
tubéreuse  eût  été  ,  comme  le  dit  Adanson,  \? poihoi  de  l'héo- 
phraste.  Seroit-ce  I'Ancîiolie  (^aquîle^ia  vul^arîs  )? 

Le  genre  pathos  actuel  des  bolanisics  ,  doit  son  nom  , 
selon  Adanson  ,  à  celui  de  pjiha  ,  que  les  Ceyi;tnais  don- 
nent à  une  espèce  grianpaile  de  ce  genre  {^pothos  suandens  ^ 
L.  )  ,  qui  est  à  la  fois  le  plianies  et  le  ictpanma  d'Adanson. 
Voyez  Pothos  ,  plus  h,-2ut.  (ln.) 
POTIME  ,  Poiima.  Genre  établi  par  Persoon^  pour  placer 


7»  POT 

les  Cafeyers  dont  le  fruit  n'offre  qu'une  graine.  Ce  g(rnré 
n'est  pas  dans  le  cas  d'être  adoplé  ,  puisque  toutes  les  es- 
pères, même  celle  d'Arabie,  sont  dans  le  cas  d'en  faire 
quelquefois  partie  par  l'avorlemenl  d  un  de  leurs  ovaires,  (b  ) 

POTIRON  ou  POTUKON.  Espèce  de  Courge.  On 
donne  aussi  ce  nom,  au  rapport  de  Réveillère  -  Lépaux  , 
dans  l'ouest  de  la  France,  à  TAgaric  élevé,  qu'on  y  mange 
habituellement.  F.  au  mol  Agaric,  (b.) 

POTIRON.  Nom  qu'on  donne  ,  dans  quelques  cantons, 
au  cepe^  c'est  à-dire  ,  à  l'ACARic  comestible  ,  agaricus  bovi- 
nus  ,  Linn.  (b.) 

POTIRON  BLANC.  Nom  vulgaire  d'un  Bolet,  Boletus 
siihsqnamosus ,  Linn.  ,  qui  croît  dans  les  bois  des  environs 
de  Paris  ,  et  que  Paulet  a  figuré  pi.  177  de  son  Traité  des 
champignons.  11  est  blanc  et  haut  de  quatre  pouces.  Donné 
à  un  chien  ,  il  ne  l'a  pas  incommodé,  (b.) 

POTIRON  GRIS  et  VINEUX.  Autre  espèce  de  Bo- 
let, dont  le  chapeau  est  une  demi-sphère  régulière,  d'un  gris 
sale,  tachetée  de  brun  en  dessus,  et  rouge  de  vin  en  dessous; 
dont  le  pédicule  est  plus  gros  à  sa  base  ,  marbré  de  rouge  , 
de  jaune  et  de  blanc.  Sa  chair  change  de  couleur  quand  on 
l'entame,  et  a  une  odeur  d'hydrogène  sulfuré.  11  est  de  nature 
dangereuse.  Paulet  la  figuré  pi.  176  de  son  Traité  des  cham- 
pignons, (b.) 

POTIRON  LIVIDE.  Bolet  de  couleur  olivâtre  ,  à  cha- 
peau formant  une  calotte  régulière  ,  à  pédicule  ovale  ,  à 
chair  spongieuse  ,  exhalant  une  odeur  d'hydrogène  sulfuré,  se 
colorant  lorsqu'on  l'entame,  qui  croît  dans  les  bois  des  en- 
virons de  Paris.  Il  est  dangereux.  Paulet  l'a  figuré  pi.  176  de 
son  Traité  des  champignons.  Cb.) 

POTIRON  ROUX.  Autre  espèce  de  Bolet,  dont  le 
chapeau  est  régulièrement  demi-sphérique  ,  en  dessus  d'un 
roux  ardent  ou  couleur  de  marron  clair,  et  en  dessous  d'un 
gris  verdâtre.  Son  pédicule  est  de  trois  ou  quatre  pouces  de 
hauteur.  Sa  chair  est  ferme  ,  blanche,  et  ne  change  point  de 
couleur  quand  on  l'entame. 

Ce  champignon  n'est  pas  dangereux,  mais  11  ressemble  à 
plusieurs  autres  qui  le  sont  ;  ainsi  il  faut  l'examiner  avec 
soin  avant  de  le  manger.  Il  est  figuré  pi.  175  du  Traité  de  Pau- 
let ,  sur  les  plantes  de  cette  famille,  (b.) 

POTIRONS.  Famille  de  champignons  établie  par  Pau- 
let, dans  le  genre  Bolet  de  Linnseus.  Elle  se  caractérise 
par  un  chapeau  en  calotte  régulière  ,  par  une  chair  com- 
pacte ,  et  surtout  par  leur  pédicule  bulbeux.  Quatre  espèces 
s'y  rapportent ,  savoir  :  le  Potiron  orts  ,  le  Potiron  roux, 
le  Potiron  blanc  et  le  Potiron  livide,  (b.) 


POT  „ 

POTO.  Voyez  POTOT.  (desm.) 

POTOROO,  Potorous,  Desm.;  Hypsiprymmis ,  Illiger  ; 
Kanguroo-rati  Vicq-d'Azyr  ,  Cuv.,  Geoft".  ;  Macropus  ,  Sliaw. 
Genre  des  mammifères  ,  placé  dans  l'ordre  des  carnassiers 
et  dans  la  famille  des  Marsupiaux  ,  par  M.  Cuvier. 

Le  genre  potoroo  ,  que  nous  avons  fondé  dans  les  tables 
méthodiques  du  24.'  volume  de  la  i.*'*  édition  de  cet  ouvrage  , 
ne  renferme  qu'une  seule  espèce  propre  à  la  Nouvelle-Hol- 
lande ,  et  dont  la  découverte  est  due  au  gouverneur  Phiilip 
et  au  docteur  JohnWhite.  La  forme  générale  de  cet  animal 
est  celle  des  kanguroos  ;  c'est-à-dire  ,  que  son  corps  est  al- 
longé ,  plus  épais  postérieurement  qu'en  avant  ;  que  les  jam- 
bes de  derrière  sont  de  beaucoup  plus  grandes  que  celles  de 
devant  ;  que  la  tête  est  longue  et  pointue  ;  que  les  oreilles 
sont  longues;  que  sa  queue  est  couverte  de  poils,  forte  et  utile 
dans  la  marche  ,  etc.  Il  a  également  les  pattes  de  devant  for- 
mées de  cinq  doigts  armés  d'ongles  crochus  ;  celles  de  der- 
rière manquant  de  pouce  et  ayant  les  deux  premiers  doigts 
internes  plus  petits  que  les  autres  ,  et  soudés  ensemble  jus- 
qu'à la  racine  des  ongles.  La  femelle  a  aussi  une  poche  spa- 
cieuse , formée  par  un  repli  de  la  peau  du  ventre  pour  recevoir 
les  petits  dans  leur  première  jeunesse  ;  le  poil  est,  comme 
celui  des  kanguroos,  doux  et  feutré  ,  etc. 

Mais  si  ces  animaux  ont  tant  de  ressemblance  dans  l'en- 
semble de  leurs  formes  extérieures,  ils  présentent  à  l'intérieur 
quelques  différences  organiques  qui  les  séparent ,  et  l'on  en 
observe  particulièrement  dans  le  nombre  et  la  forme  des 
dents.  Les  poioroos  font ,  sous  un  rapport  ,  le  passage  "des 
phalangers  aux  kanguroos.  Ils  ont  six  incisives  supérieures  , 
dont  les  deux  mitoyennes  sont  plus  longues  .que  les  autres  et 
pointues,  et  deux  canines  également  pointues  ;  à  la  mâchoire 
inférieure  on  ne  trouve  que  deux  incisives  couchées  en  avant  ; 
on  voit,  tant  en  haut  qu'en  bas,  et  de  chaque  côté  ,  cinq 
molaires  dont  les  quatre  postérieures  sont  à  tubercules  mous- 
ses ,  tandis  que  Tantéricure  est  longue,  tranchante  et  den- 
telée. Les  kanguroos  manquent  de  canines  supérieures  qu'on 
trouve  dans  les  yyo/oroos ,  et  d'ailleurs  leurs  molaires  sont  à 
doubles  collines  transverses  à  leur  couronne.  Ces  animaux  ont 
un  estomac  assez  simple  ,  tandis  que  le  poloroo  a  le  sien  par- 
tagé en  deux  poches  ,  en  forme  de  boyau  ,  boursoufflces 
comme  les  gros  intestins  de  quelques  herbivores,  et  réunies  à 
peu  près  à  angle  droit,  dont  les  cavités  communiquent  entre 
elles  par  une  ouverture  assez  large.  Les  intestins  sont  plus 
courts  relativement  que  dans  les  kanguroos  et  sans  boursouf- 
lures ;  le  cœcum  est  gros,  court  et  arrondi.  Les  femelles  ont 


8a  POU 

quatre  mamelons  situés  dans  l'intérieur  de  leur  poche  abdo- 
minale. 

Espèce  unique.  —  PoTOROO  RAT  ,  Potorous  murinus  ^  Nob.  ; 
Kangurooratj  Phillip's,  Voyageio  Botany-Bai,  p.  24.7 ,  planche 
4-7  ;  —  Potoroo  ,  White  ,  Voy.  To  New  soulh  TVaVes ,  page 
286  ,  pi.  60  ;  —  Macropus  miiior ,  Sliaw. ,  Gen.  zool.  ,  vol.  i  , 
part.  2  ,  pi.  116;  —  Potoroo^  Vicq-d'Azyr,  Syst.  anal,  des 
anim.  ,  tom.  2  ,  pag.  54-5  ,  d'après  JVf.  Hunier. 

Cet  animal  a  été  observé  aux  environs  du  Port-Jackson  et 
de  Botany-Bay,  sur  la  cote  orientale  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, où  les  naturelslui  donnent  le  nom  de  potoroo,  que  nous 
lui  avons  conservé,  comme  désignation  générique,  quoi- 
qu'IUiger  ait  proposé  de  le  remplacer  par  celui  àliypsîprymiius 
qui  paroît  difficile  à  prononcer ,  et  propre  à  augmenter  la 
confusion  de  synonymie  qui  existe  dans  la  plupart  des  bran- 
ches de  Thistoire  naturelle.  Sa  taille  est  celle  d'un  petit 
lapin  ,  et  la  couleur  de  son  poil  brunâtre  en  dessus  et  grise 
en  dessous  ;  sa  lèvre  supérieure  ,  absolument  semblable  à 
celle  des  kanguroos,  est  pourvue  de  moustaches  qui  man- 
quent presque  entièrement  à  ces  animaux  ;  sa  nourriture  con- 
siste également  en  substances  végétales,  (desm.) 

POTOT,  Le  KiNKAJOU  est  connu  sous  ce  nom  à  la 
Jamaïque.   V.  ce  mot,  (s.) 

POTRANCA.  Nom  espagnol  d'un  Poulain  de  trois  ans. 
Celui  de  quatre  ans  est  appelé  PoDRO.  (desm.) 

POÏTIE  ,  Pottia.  Genre  de  plantes  ,  de  la  famille  des 
mousses  ,  proposé  par  Ehrarhd ,  et  composé  des  gymnostomvm 
oi'aimn  .,  tiuncaium.,   el  au  weissia  recurvirosiris.  (P.  B.) 
FOTTO  de  Bosman.  F.  l'article  Galago.  (desm.) 
POTUPvON.  Voyez  PoTiROX  (b.) 

POU  ,  Pediculus.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  parasites  ^ 
famille  des  édentulés  ,  ayant  pour  caractères  :  corps  aptère  ; 
têle  distincte;  un  corselet  portant  six  pattes  ;  deux  antennes  ; 
deux  yeux  sans  facettes  distinctes  ;  bouche  consistant  en  un 
museau  renfermant  un  suçoir  exserjile  ;  point  de  mandibules 
ni  de  mâchoires  proprement  dites. 

Le  pou  est  assez  connu  pour  qu'on  pût  se  dispenser  d'en- 
trer dans  de  grands  détails  sur  cet  insecte  ,  si  ce  genre  n'en 
contenoil  plusieurs  espèces  ,  qui  diffèrent  par  la  forme  , 
quoiqu'elles  aient  les  mêmes  caractères.  Ces  insectes  ont  la 
tète  assez  petite  ,  ovale  ou  triangulaire  ,  munie  ,  à  sa  partie 
antérieure,  d'un  petit  mamelon  charnu  ,  et  renfermant  un 
suçoir  qui  paroît  simple  ,  ayant  deux  antennes  filiformes 
courtes,  de  cinq  articles  ,  et  deux  yeux  petits  et  ronds;  le 
corselet  presque  carré ,  un  peu  plus  étroit  en  devant ,  portant 
six  pattes  courtes,  mais  grosses,  composées  d'une  hanche  de 


POU  81 

deux  pièces  ;  d'une  cuisse  et  d'une  jambe  ,  grosses ,  cylindri- 
ques, de  la  même  grandeur  ;  et  d'un  fort  crochet  écallleux, 
conique  ,  arqué  ,  tenant  lieu  de  tarse  ,  se  courbant  et  servant 
avec  une  petite  dent  ou  pointe  qui  termine  la  jambe  ,  à  se 
cramponner  sur  les  poils  ou  la  chair  des  animaux;  l'abdomen 
rond  ,  ou  ovale  ,  ou  oblong  ,  lobé  ou  incisé  sur  les  côtés  ,  de 
huit  anneaux  ,  pourvu  de  seize  stigmates  sensibles  ,  et  d'une 
pointe  écailleuse  au  bout ,  dans  l'un  des  sexes.  Tous  ont  le 
corps  aplati ,  revêtu  d'une  peau  coriace  sur  les  bords,  demi- 
transparent  et  mou  au  milieu. 

A  l'exemple  de  Degéer  et  d'Olivier  ,  nous  ne  donnons  le 
nom  générique  de  pou  qu'aux  espèces  de  Linnœus  qui  n'ont 
pas  de  mandibules  ou  de  crochets  accompagnant  le  suçoir  , 
et  qui  vivent  sur  les  quadrupèdes  ;  les  espèces  pourvues  de 
deux  mandibules  et  qui  se  tiennent  sur  les  oiseaux,  sont  pour 
nous  des  ricins. 

Tous  les  poux  vivent  de  sang,  les  uns  de  celui  des  hommes, 
les  autres  de  celui  des  quadrupèdes  ;  ils  le  sucent  avec  leur 
trompe  ,  qu'on  n'aperçoit  presque  jamais,  à  moins  qu'elle  ne 
soit  en  action.  Il  n'est  pas  de  quadrupède  qui  n'ait  son  pou  par- 
ticulier ;  quelques-uns  en  nourrissent  plusieurs.  L'homme 
est  attaqué  par  trois  espèces  :la  première  est  le  pou  commun, 
celui  des  vêtemens  ;  la  seconde  est  celui  que  nous  appelle- 
rons pou  de  latête\  et  la  troisième  est  celui  que  l'on  nomme 
morpion. 

Svvammerdam,quiadonné  l'anatomie  du  pou  de  l'homme, 
n'a  pu  découvrir  aucun  mâle  parmi  ceux  qu'il  a  exami- 
nés; il  leur  a  toujours  trouvé  un  ovaire  ;  ce  qui  lui  a  donné 
lieu  de  soupçonner  qu'ils  sont  hermaphrodites.  Mais  les 
observations  de  Lecuwcnhoek  diffèrent  beaucoup  de  cel- 
ler.  de  cet  auteur.  Celui-ci  a  observé  parmi  ces  insectes, 
des  individus  pourvus  de  toutes  les  parties  qui  caractérisent 
le  sexe  masculin  ,  et  il  a  donné  les  figures  de  ces  parties.  Le 
même  auteur  a  encore  découvert  dans  ceux  qu'il  regarde 
comme  les  mâles  ,  un  aiguillon  recourbé ,  situé  dans  l'ab- 
domen ,  et  avec  lequel,  selon  lui,  ils  peuvent  piquer; 
il  croit  que  la  plus  grande  démangeaison  qu'ils  causent , 
vient  de  la  piqûre  de  cet  aiguillon  ,  ayant  remarqué  que  l'in- 
troduction de  leur  trompe  dans  les  chairs  ne  produit  presque 
aucune  sensation  ,  à  moins  qu'elle  ne  louche  à  quelques 
nerfs.  Degéer  dit  avoir  vu  un  aiguillon  semblable  ,  placé  au 
bout  de  l'abdomen  de  plusieurs  poux  de  Ihonime  ,  tant  à 
ceux  du  corps,  qu'à  ceux  de  la  tête  ;  ceux-ci  qui,  d'après 
Topinion  de  Leeuwenhoek  ,  sont  les  mâles  ,  ont ,  suivant 
Degéer  ,  le  bout  de  l'abdomen  arrondi  ,  au  lieu  que  les  fe- 
melles, ou  ceux  à  qui  l'aiguillon  manque,  l'ont  échancré.  J'ai 

xxviii.  6 


82  P  O  U 

vu  aussi  très-dislinctement ,  dans  un  grand  nombre  d'indivi- 
dus, l'aiguillon  ou  la  pointe  coniqMC  et  écailleuse  ,  dont  ces 
auteurs  font  mention. 

Ces  insectes  sont  ovipares ,  et  multiplient  beaucoup  ;  ils 
déposent  leurs  œufs,  qu'on  connoît  sous  le  nom  de  lentes  , 
sur  les  cheveux  et  sur  les  habits.  Les  petits  ne  tardent  pas 
long-temps  à  sortir  de  l'œuf  ;  ils  changent  plusieurs  fois  de 
peau  ,  et  après  les  mues  ,  ils  sont  en  état  de  se  reproduire. 
Des  expériences  ont  prouvé  qu'en  six  jours  un  pou  peut 
pondre  cinquante  œufs,  et  il  lui  en  reste  encore  dans  le  ven- 
tre. Les  petits  sortent  des  œufs  au  bout  de  six  jours  ,  et  envi- 
ron dix-huit  jours  après  ,  ils  peuvent  pondre  à  leur  tour.  D'a- 
près ces  observations,  et  les  calculs  auxquels  elles  ont  donné 
lieu,  deux  poux  femelles  peuvent  avoir  dix-huit  mille  petits 
dans  l'espace  de  deux  mois. 

Linnœus  a  regardé  le  pou  qui  se  tient  constamment  sur  la 
têle  ,  comme  une  variété  du  pou  commun  ;  il  en  diffère  en 
ce  qu'il  a  la  peau  plus  dure  et  plus  colorée  ,  et  le  corselet  et 
l'abdomen  bordés  ,  de  chaque  côté  ,  par  une  raie  d'un  brun 
encore  noirâtre.  Nous  pensons  qu'on  peut  en  faire  une  es- 
pèce. Voyez  plus  bas  les  caractères  qui  distinguent  ces 
deux  insectes.  Ce  même  naturaliste  dit  qu'il  n'a  point  trouvé 
de  plus  gros  poux  que  dans  les  cavernes  chaudes  de  Fahlun 
en  Suède. 

Les  enfans,  les  personnes  qui  laissent  trop  long-temps  sur 
leur  tête  ,  surtout  en  été  ,  la  crasse  formée  par  l'usage  de  la 
poudre  ,  celles  qui  emploient  pour  l'ornement  de  leurs  che- 
veux une  poudre  mal  préparée  ,  sont  exposées  à  être  atta- 
quées par  cette  seconde  sorte  ou  variété  de  pou.  Celui  des 
vêtemens ,  ou  celui  qui  se  lient  sur  le  corps  ,  mais  hors  des 
parties  qui  avoisinent  les  organes  de  la  génération  ,  fait  par- 
ticulièrement son  séjour  sur  les  personnes  malpropres  ,  et 
qui  ne  changent  pas  assez  souvent  de  linge.  C'est  de  cette 
même  espèce  que  souffrent  ceux  qui  sont  affectés  de  la  mala- 
die joe^/icu/ajVt?  ou  yy/<//«V/a5e.  J'ai  eu  occasion  de  m'en  assurer, 
d'après  les  moyens  de  recherches  que  m'a  fournis  à  cet  égard 
le  savant  Alibert  ,  médecin  de  l'hospice  Saint-  Louis.  La 
troisième  espèce  de  pou  humain  se  trouve  sur  les  personnes 
qui  fréquentent  les  lieux  de  débauche, ou  qui  ont  couché  avec 
des  personnes  infectées  de  ces  insectes. 

La  malpropreté  attire  les  poux ,  et  leur  prépare  un  local 
favorable  pour  la  reproduction  de  leur  postérité  ;  c'est  ce  vice 
qu'il  faut  d'abord  attaquer  ,  si  l'on  veut  se  garantir  de  ces  in- 
sectes ,  ou  parvenir  ,  si  Ton  en  est  atteint ,  à  rendre  plus 
efficaces  les  moyens  que  l'on  emploiera  pour  les  détruire. 
Ces  moyens  agissent  en  deux  manières.  Les  uns,  tels  que 


P  O  U  83 

les  substances  huileuses ,  graisseuses ,  ou  qui  comlennent  du 
gaz  azote  ,  bouchent  les  stigmates  de  ces  insectes  ou  les  ou- 
vertures destinées  à  l'entrée  de  l'air  ,  et  les  étouffent.  Les 
autres, tels  que  les  semences  de  staphis  agri'a  ,  an  pied  d'alouette, 
les  coques-du- Levant ,  le  tabac,  réduits  en  poudre  ,  font  l'effet 
d'un  poison  violent,  et  exercent  leur  influence  sur  l'organi- 
sation générale  de  ces  insectes.  Les  préparations  mercurielles 
sont,  de  toutes,  celles  qui  les  font  périr  plus  sûrement  et 
plus  prompteraent.  On  les  emploie  aussi  à  l'égard  des  ani- 
maux domestiques  qui  ont  des  poux. 

On  prétend  que  les  poux  ,  en  perçant  la  peau  ,  font  sou- 
vent naître  des  pustules  qui  peuvent  se  convertir  en  gale  ,  et 
quelquefois  en  teigne  ;  leur  multiplication  ,  dans  certains 
sujets  ,  est  poussée  à  un  tel  point ,  qu'elle  finit  par  produire 
une  maladie  mortelle  ,  qu'on  nomme  ,  comme  nous  l'avons 
dit  plus  hàal  j  phthinase.  L'histoire  nous  en  fournit  plusieurs 
exemples. 

Ovicdo  croit  avoir  observé  ,  qu'à  une  certaine  latitude  , 
les  poux  quittent  les  naulonniers  espagnols  qui  vont  aux  Indes, 
et  les  reprennent  à  leur  retour  ,  dans  le  même  degré  de  lati- 
tude :  c'est  à  la  hauteur  des  tropiques.  Dans  les  Indes  ,  quel- 
que sale  que  l'on  soit  ,  l'on  n'en  a  ,  dit-on  ,  qu'à  la  tête.  Ces 
observations  ont  besoin  d'être  appuyées  de  témoignages  plus 
certains;  mais  seroient-elles  vraies,  il  n'y  auroit  rien  de  sur- 
prenant. Un  degré  de  chaleurconsidérable,  une  transpiration 
plus  abondante  pouvant  être  contraires  à  la  propagation  du 
pou  des  habits  ;  ayant  la  peau  plus  tendre,  il  peut  craindre  l'in- 
(luence  de  l'air,  dans  des  climats  aussi  brûlans. 

Les  Hotlentols  et  différens  singes  mangent  avec  plaisir  les 
poux  ,  et  sont  nommés ,  pour  cette  raison  ,  phthirophages.  Les 
nègres  de  la  côte  occidentale  d'Afrique  se  font  chercher 
leurs  poux  par  leurs  femmes  ,  qui  les  croquent. 

Des  auteurs  ont  indiqué  le  régime  qu'il  falloit  observer 
afin  de  se  garantir  des  poux.  Le  meilleur  de  tous  ,  dans  les 
cas  ordinaires,  est  la  propreté.  Nous  ne  parlerons  pas  des 
cures  médicales  qu'on  leur  a  prêtées  ;  on  n'y  croit  plus.  In- 
troduits dans  l'urètre  des  enfans  nouveau-nés ,  et  qui  ont 
une  suppression  d'urine,  les  poux  peuvent ,  par  le  chatouil- 
lement qu'ils  excitent  sur  ce  canal ,  obliger  le  sphincter  à  se 
relâcher  et  faire  un  passage  à  l'urine.  Les  maréchaux  em- 
ploient ce  moyen  dans  les  rétentions  d'urine  des  chevaux. 

Dans  la  méthode  du  docteur  Léach  ,  troisième  volume  d.; 
ses  Mélanges  de  zoologie,  notre  genre  pediculus  compose  la 
première  famille,  celle  dus  pédiculidês  (  psdirM/idea  ) ,  du  sou 
ordre  des  anoplures  {anopîura  );  il  la  partage  en  deux  races, 
La  première   a  pour  caracièrcs  :  corselet  Irès-court ,  poini 


84  POU 

distinct  ;  les  6enx  pattes  antérieures  monodactyles ,  les  auj 
très  didactyles;  abdomen  brusquement  plus  large  que  la  tête. 
Cette  division  ne  comprend  qu'un  seul  genre ,  celui  de  phthire 
(  phthirus  )  ,  et  dont  on  ne  connoît  encore  qu'une  espèce  , 
celle  du  pubis.  Dans  la  seconde  race  de  celte  famille  ,  le  cor- 
selet est  distinct,  et  de  grandeur  moyenne  ;  tous  les  pieds  sont 
didactyles.  Elle  est  formée  de  deux  genres,  ceux  à'hœmatopine 
(hœmatopinus),  et  de  pou{pedîculus).  Les  espèces  du  premier  ont 
le  corselet  brusquement  plus  étroit  que  l'abdomen  ,  et  cette 
dernière  partie  fort  large.  Le  pou  du  cochon  ,  de  Linnœus  ,  est 
le  type  de  ce  genre.  (  F.  sa  figure  ,  pi.  i46  de  l'ouvrage  pré- 
cité. )  Celui  auquel  M.  Léach  conserve  le  nom  de  pedicu- 
lus ,  et  qui  comprend  l'espèce  désignée  sous  le  nom  d'Auma- 
nus ,  pou  de  l'homme  ,  est  ainsi  caractérisé  :  corselet  n'étant 
pas  plus  étroit  que  l'abdomen  ;  cette  partie  du  corps,  linéaire. 

Fabricius  a  placé  le  genre  pediculus,  sans  y  faire  de  chan- 
gement ,  dans  son  ordre  des  antliates  ,  ou  celui  des  diptères. 

Pou  HUMAIN,  Pediculus  humanus ,  Linn.  ,  Geoff.  ,  Fab.  ; 
pi,  M.  29  ,  12  ,  de  cet  ouvrage.  Il  est  d'un  blanc  sale ,  sans 
taches,  avec  les  yeux  noirs.  Les  découpures  ou  lobes  de  son 
abdomen  sont  plus  allongées  et  moins  marquées  que  dans  le 
pou  de  la  tête.  Il  se  tient  sur  les  parties  couvertes  du  corps. 

Pou  DE  LA  TÊTE  ,  Pediculus  cewicaUs.  Son  corselet  ,  les 
parties  où  sont  les  stigmates,  sont  colorés  en  brun  ;  les  lobes 
de  l'abdomen  sont  arrondis.  Il  vit  sur  la  tête  de  l'homme. 

Pou  DU  PUBIS,  Pediculus  pubis  ,  Linn.,  Fab,,  Geoff.  Il 
est  un  peu  plus  petit  que  les  précédens  ;  son  corps  est  plus 
arrondi,  plus  large;  le  corselet  est  très-court  ,  et  se  confond 

fresque  avec  l'abdomen,  qui  a  postérieurement  deux  créne- 
ures  plus  longues,  en  forme  de  cornes.  Les  quatre  dernières 
pattes  sont  très -fortes.  Il  s'attache  aux  poils  des  parties 
sexuelles  ,  et  à  ceux  des  sourcils  des  hommes  malpropres, 
auxquels  il  tient  fortement  ;  sa  piqûre  ,  qui  est  très-forte,  l'a 
fait  nommer  par  quelques  naturalistes  ,  pediculus  ferox.  Il  est 
connu  en  français  sous  le  nom  de  morpion. 

Pou  DES  Nègres  ,  Pediculus  Nigriiarum  ,  Fet,  Il  est  d'un 
roir  foncé  ,  rugueux  ,  avec  la  tête  grande  ,  plane  et  presque 
triangulaire.  Il  se  lient  sur  le  corps  des  nègres. 

Pou  DU  BUFFLE  ,  Pediculus  hufali.  Il  est  plus  petit  que  le 
pou  humain  ;  il  a  les  antennes  courtes;  la  tête  petite  ;  le  corps 
d  un  jaune  foncé,  avec  des  lignes  brunes,  et  cinq  tubercules  de 
chaque  côté  de  l'abdomen;  les  crochets  des  tarses  très-longs. 

On  le  trouve  ,  au  Cap  de  lionne- Espérance  ,  sur  le  buffle. 

Pou  DU  BŒUF,  Pediculus  tauri  ^  buois.  Il  est  très  -  petit  , 
blanc  ,  avec  la  tête  ,  les  pattes  et  huit  lignes  à  l'abdomen  , 


POU  85 

Le  singe  ^  le  lion  ,  le  tigre,  le  chameau,  Vâne,  le  cochon  ,  et 
beaucoup  d'autres  animaux  ,  ont  des  poujo  particuliers.  V. 
Rédi  et  Albin,  (l.) 

POU   D'AGOUTI.  F.  Brûlots,  (desm.) 

POU  AILÉ.  y.  Pou  VOLANT,  (o.) 

POU  DE  BALEINE.  C'est  le  nom  vulgaire  d'une  co- 
quille du  genre  des  Balanes  ,  que  l'on  trouve  fréquemment 
fixée  sur  les  baleines,  mais  qui  ne  vit  pas  de  leur  sang,  comme 
on  le  croit  communément,  (b.) 

POU  DE  BALEINE.  V.  Balanus  ou  Gland  de  mep.  , 

TUBICINELLE,  CyAME  ,  PyCNOGOiSON.  (L.) 

POU  DE  BOIS.  F.  PsoQUE.  (l.) 

POU  DE  BOIS  ou  FOURMI  BLANCHE.  F.  Termes. 
Valmont  de  Bomare  cite  à  cette  occasion  un  insecte  de  la 
Louisiane,  dont  a  parlé  le  docteur  Mauduyl  ,  et  qu'il  croit 
être  la  fourmi  rouge  de  l'Amérique  méridionale.  Cet  insecte 
est  frohaYAemeui  la  miiti/Ie  occidentale,  (l.) 

POU  DE  MER.    F.  Cymothoé.  (l.) 

POU  DE  MER.    Coquille  du  genre  des  Porcelaines. 

C'est  aussi  le  nom  des  crustacés  du  genre  Cymotee  ,  qui 
s'attachent  aux  poissons,  et  vivent  de  leur  sang,  (b.) 

POU  DE  MER  D'AMBOINE.  Espèce  de  crustacé  qui 
nous  est  inconnue  ,  et  que  l'on  mange  dans  quelques  parties 
de  ITnde  ,  sous  le  nom  de  fotok.  (l  ) 
POU  DE  MER  DU  CAP  DE  BONNE-ESPERANCE, 
dont  il  est  fait  mention  dans  Kolbe.  C'est  probablement  une 
sorte  de  cymoihoa.  (l.) 

POU  DES  OISEAUX  (  Insecte-).  F.  Ricin,  (l.) 

POU  DE  PHARAON;(/«5ec/e).  On  croit  que  c'est  une 
espèce  d'IxoDE  ou  de  Chique,  (l.) 

POU  DES  POISSONS  ou  POU  DE  RIVIÈRE.  Es- 
pèce à'entomostracé  qui  s'attache  aux  ouïes  de  plusieurs  pois- 
sons. F.  Calice  et  Argule.  (l  ) 

POU  DES  POLYPES.  Animal  parasite  des  polypes;  une 
hydracnelle  ^  pent-êlre.  (l.) 

POU  PULS/\TEUI\.  F.  P.ÎOQUE  pulsateur.  (l.) 

POU  DES  QUADRUPÈDES.  F.  Pou.  (l.) 

POU  DE  RIVIÈRE.  F.  Pou  de  poij,soîjs.  (l.) 

POU  DE  SARDE  de  Nicholson.  Insecte  du  genre  cymo- 
ihoa, peut-être  celui  que  Fabricius  nomme  guadeloupensis.  (L.) 

POU  SAUTEUR  (/«serfe).  C'est  la /joJ«rej^ér/e  de  Lin- 
n:eus.  F.  Smynthure.  (l.) 

POU  DES  TORTUES.  Coquille  du  genre  des  Balanes. 

On  trouve  sur  les  tortues  de  terre  une  espèce  de  chique, 
qui  appartient  au  genre  Ixode  de  Latreille.  (B.) 

POU  VOLANT  ou  POU  AILÉ.  Insectes  qui  habitent 


86  P  O   U 

les  lieux  marécageux  ,  et  se  jeltent  sur  les  cochons  qui  vont  s'y 
vautrer,  pour  leur  sucer  le  sang.  Ils  sont,  dit -on,  de  la 
grosseur  des  poux  qui  se  trouvent  sur  ces  animaux,  mais  ils 
sont  noirs  et  ailés.  Ce  sont  des  diptères.,  et  peut-être  du  genre 
sinnilie  ou  de  celui  du  cousin,  (l.) 

POUACRE  ,  Ardea  maculaia ,  Lath.  Oiseau  dont  on  a 
fait  une  espèce  particulière  ,  mais  qui  n'est  autre  qu'un 
BiHOREAU  dans  son  jeune  âge.  V.  ce  mot  à  l'article  HÉRON  , 
page  /i33. 

Le  PoUACRE  DE  Cayenne  ,  Avdea  gardeni  ^  est   un   jeune 

BllIOREAU     DE      CaYENNE.     V.   BlUOREAU     À    SIX  BRINS  ,    aU 

même  article,  (v.) 

POUC.  Quadrupède  de  l'ordre  des  Rongeurs  ,  et  qui 
semble  appartenir  au  genre  du  Rat. 

Cet  animal ,  que  l'on  ne  connoît,  pour  ainsi  dire  ,  que  de 
nom ,  a  été  regardé  par  Erxleben  comme  n'étant  que  le  sur- 
midoi.  V.  le  mot  Rat.  (desm.) 

POUCE-PIED  ,  PoUicipcs.  Genre  établi  par  Lainarck  , 
Histoire  naturelle  des  animaux  sans  vertèbres  ,  pour  placer  deux 
espèces  d'ANATiF,  qui  ont  plus  de  cinq  valves  à  leur  coquille. 
Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  corps  recouvert  d'une 
coquille  ,  et  soutenu  par  un  pédoncule  tubuleux  et  tendi- 
neux ;  plusieurs  bras  tenlaculaires  ;  coquille  comprimée  sur 
les  côtés  et  multivalve  ;  les  valves  presque  contiguës  ,  iné- 
gales ,  au  nombre  de  treize  ou  davantage  ,  les  inférieures 
des  côtés  étant  les  plus  petites. 

L'Anatif  pou  CE-PIED  ,  figuré  dans  la  Conchyliologie  de 
Dargenville  ,  tab.  26  ,  D.  ,  sert  de  type  à  ce  genre  ,  dont  les 
mœurs  ne  diffèrent  pas  de  celles  des  autres,  (b.) 

POUCER.  Synonyme  de  Squale  porc,  (b.) 

POUCHARL  Nom  bourguignon  de    la  Pie  -  grièche 

GRISE.  (V.) 

POUCHET.  Coquille  du  genre  Hélice,  (b.) 
POUDDING  etPOUDDINCUE.  F.  Poudingue. (ln.) 
POUDINGUE.  C'est  le  nom  que  l^'on  donne  à  un  assem- 
blage de  cailloux  roulés,  agglutinés  par  un  ciment  naturel. 

Nous  avons  emprunté  ce  nom  des  Anglais  ,  qui  nomment 
pudding  -  stone  un  agrégat  semblable  qui  se  trouve  dans  leur 
pays,  et  qui,  étant  scié  et  poli,  ressemble  en  quelque  sorte  à 
une  tranche  de  plum-pudding  ,  un  de  leurs  mets  favoris ,  qui 
est  une  espèce  de  farce  parsemée  de  grains  de  raisins  secs,  et 
d'autres  petits  fruits  qui  sont  représentés  par  les  graviers  de 
diverses  couleurs  au  poudingue  pierreux. 

En  adoptant  cette  dénomination  ,  les  anciens  minéralo- 
gistes français  crurent  qu'il  convenoit  de  l'appliquer  seule- 
ment aux  agrégats  de  nature  silicée,  et  de  réserver  le  nom  de 


M  .  21  . 


P  O  U  87 

brèche  (  breccia  des  Italiens)  ,  à  tout  agrégat  de  nature  calcaire. 
Mais  d'autres  minéralogistes  ayant  observé  qu'il  y  a  des 
agrégats  formés  de  toutes  sortes  de  pierres  ,  ils  établirent  une 
distinction  qui  est  infiniment  mieux  fondée  ;  ils  assignèrent  le 
nom  de  poudingue  aux  seuls  agrégats  de  galets  ou  pierres 
roulées  par  les  eaux  et  rassemblées  au  hasard,  quelle  que  fût 
la  nature  de  ces  pierres  et  de  leur  gluten  ,  et  réservèrent  le 
Tiom  de  brèche  pour  tous  les  agrégats  dont  on  reconnoît  que 
les  fragmens  ,  ainsi  que  la  matière  qui  s'y  trouve  interposée, 
proviennent  des  débris  de  la  même  roche  ,  et  non  de  l'as- 
semblage fortuit  d'un  dépôt  de  galets.  V.  Brèche. 

Les  poudingues  sont  incomparablement  plus  répandus  que 
les  brèches.  On  en  trouve  dans  presque  toutes  les  vallées  où 
coule  quelque  rivière  ;  ils  ne  sont  autre  chose  que  les  gra- 
viers qu'elles  roulent, et  que  le  temps  et  diverses  circonstances 
qui  se  rencontrent  fréquemment, ont  agglutinésen  masses  plus 
ou  moins  solides.  Le  mortier  qui  les  lie  est  tantôt  une  argile 
consolidée  par  des  oxydes  de  fer,  tantôt  un  sable  pénétré  par 
des  infiltrations  calcaires  et  qui  forment  une  espèce  de  grès  ; 
tantôt  ce  ciment  est  un  sable  agglutiné  par  un  fluide  siliceux  ; 
mais  ce  cas  est  fort  rare ,  et  il  offre  une  circonstance  très- 
remarquable  ,  c'est  qu'alors  tous  les  galets  ,  sans  exception  , 
qui  composent  ces  poudingues  ,  sont  eux -mêmes  de  nature 
silicée  ,  quoique  souvent  ils  présentent  le  tissa  propre  à  des 
pierres  d'une  autre  nature  ;  de  sorte  qu'ils  paroissent  avoir 
été  pénétrés  par  le  fluide  quarzeux  qui  les  a  convertis  en 
agate  ,  comme  il  a  si  souvent  agaiisé  des  matières  organiques 
très-compactes,  telles  que  les  dents  molaires  d'éléphans,  etc. 
V.  Pétrification. 

Quelque  abondans  que  soient  les  poudingues ,  il  est  infini- 
ment rare  d'en  trouver  qui  puissent  être  de  quelque  usage 
dans  les  arts:  on  ne  connoît guère  que  le  poudingue d' Angle- 
terre qui  présente  cet  avantage  ;  car  le  caillou  de  Rennes  n'est 
pas  un  poudingue  ,  ainsi  que  je  l'expose  au  mot  Brèche. 

Le  poudingue  anglais  {V.  pi.  M  21.)  se  trouve  dans  quelques 
rivières  d'Ecosse.  Les  cailloux  dont  il  est  composé  n'ont  en 
général  que  le  volume  d'une  amande  ,  ou  tout  au  plus  d'une 
noix  :  leurs  couleurs  sont  très-variées ,  quelquefois  assez  vives 
et  tranchant  bien  sur  le  fond.  J'en  ai  des  échantillons  où  l'on 
voit  éclater  le  rouge  de  la  cornaline  et  de  belles  teintes  de 
différens  jaunes;  d'autres  sont  verts  ou  tirant  sur  le  noir,  etc. 
Ces  cailloux  sont  encastrés  dans  un  ciment  sablonneux,  gris 
ou  rougeâtre ,  de  nature  silicée  comme  les  graviers  eux- 
mêmes;  et  le  tout  est  susceptible  d'un  beau  poli.  Il  est  fâcheux 
que  ce  superbe  poudingue  ne  se  trouve  qu'en  fragmens  dé- 
tachés ,  de  quelques  pouces  de  diamètre  ,   dont  on  ne  peut 


88  POU 

faire  que  des  plaques  ,  des  boîtes  et  de  petits  vases  pour  l'or- 
nement des  cabinets. 

Assez  souvent  ces  petits  cailloux  présentent  des  couches 
concentriques  qui  sont  toujours  parallèles  à  leur  surface  , 
quelle  que  soit  leur  forme  ;  et  celle  circonstance  fait  présumer 
que  ce  n'est  point  au  frottement  qu'ils  doivent  leur  figure 
arrondie,  mais  qu'ils  ont  été  formés  ainsi  à  la  manière  des 
agates  ;  et  ce  qui  le  démontre  à  mes  yeux,  c'est  que  je  vois 
dans  un  de  mes  échanlillons  une  petite  géode  coupée  par  la 
moitié  ,  et  remplie  d'un  quarz  transparent  qui  permet  de  voir 
les  cristaux  qui  tapissent  rintérieur  de  celte  petite  géode  ;  et  il 
est  bien  certain  que  sa  forme  arrondie  n'est  pas  l'effet  du 
frottement. 

Il  seroit  possible ,  néanmoins ,  que  quelques-uns  de  ces  cail- 
loux fussent  des  galets  d'une  nature  différente  du  silex,  et  que 
ce  fût  le  fluide  quarzeux  qui  ,  en  pénétrant  leur  masse ,  eût 
permis  aux  différentes  substances  dont  ils  sont  composés  ,  de 
s'arranger  suivant  leurs  affinités.  Divers  faits  paroissent  auto- 
riser celte  conjecture  ,  notamment  les  formes  circulaires  que 
présentent  dans  leur  intérieur  les  jaspes  primitifs  que  j'ai 
rapportés  de  Sibérie  ,  et  que  j'ai  fait  figurer  dans  mon  Hist. 
nai.  des  Minéraux  ,  tom.  1 1  ,  pag.  205. 

ConsidéiaUons géologiques  relalioes aux  Poudingues. 

Comme  le  pouâîiigue  d'  fis;leterre  ne  se  trouve  qu'en  petites 
masses  sur  le  bord  des  rivières,  il  seroit  très-possible  que  de 
semblables  morceaux  fussent  ,  dans  la  suite  ,  agglutinés 
avec  les  galets  de  ces  mêmes  rivières  ,  et  présentassent  aux 
races  futures  un  poudingue  contenu  dans  un  autre.  J'ai  moi- 
même  observé  un  fait  semblable  dans  les  poudingues  qui  bor- 
dent la  rive  occidentale  du  Baïkal.  J'en  ai  fait  la  remarque 
dans  un  de  mes  Mémoires  sur  la  Sibérie  (  Joum.  de  phys. , 
mars  1791  ,  p.  227  );  et  comme  il  me  sembla  qu'un  pareil 
fait  supjjosoit  une  longue  série  de  siècles  pour  répondre  à 
toutes  les  vicissitudes  qu'avoient  dû  éprouver  les  pierres  qui 
composoient  ces  deux  poudingues  ,  depuis  la  formation  des 
roches  d'où  le  premier  tiroil  son  origine  ,  jusqu'à  nos  jours  , 
je  hasardai  d'en  conclure  que  le  monde  est  plus  ancien  qu'on 
ne  le  dit  ;  mais  je  fus  ,  comme  de  raison  ,  rappelé  à  l'ordre 
par  M.  Deluc. 

Ces  poudingues  du  Baïkal  présentent  un  grand  fail  géolo- 
gique fort  important  ,  et  qu'on  trouve  répélé  dans  mille 
endroits.  On  voit  qu'ils  sont  composés  de  couches  parallèles 
entre  elles, et  qui  ont  dû  être  formées  dans  une  situation  hori- 
zontale; mais  aujourd'hui  elles  sont  relevées  de  l^o  à  5o  degrés, 
^n  plongeant  du  côté  du  lac  ;  il  n'e>t  même  pas  rare  de  voir  , 


POU  89 

au  dégel ,  de  grands  bancs  de  ce  poudingue  qui  se  précipitent 
dans  ses  eaux. 

Faujas  de  Saint -Fond  a  vu  sur  les  côtes  occidentales 
d'Ecosse,  près  du  port  d'Oban  (  lat.  cinquante  -  sept  degrés 
quinze  minutes),  un  mur  de  poudingue  de  200  pieds  d'élévarion 
sur  60  pieds  d'épaisseur  ,  qui  occupe  le  long  de  la  côte  un 
espace  d'environ  trois  milles. Ce  mur  est  adossé  à  des  monta- 
gnes tjiillëes  à  pic  ;  il  est  composé  de  pierres  roulées  de  toute 
espèce  ,  parmi  lesquelles  on  trouve  beaucoup  de  fragmens  de 
laves. 

Saussure  a  vu  de  même  ,  près  de  la  vallée  où  coule  le 
Chéran  ,  à  deux  lieues  au  S.  O.  d'Annecy,  des  murs  de  pou- 
dingue presque  verticaux  ,  d'environ  170  pieds  d'élévaiion,  et 
qui  conservent  cette  situation  dans  un  espace  d'environ  100 
toises,  mais  qui  se  rapprochent  ensuite  de  la  situation  hori- 
zontale. Dans  l'endroit  où  ils  sont  debout ,  on  voit  que  leur 
crête,  qui  est  adossée  à  une  colline,  est  couverte  par  une  cou- 
che horizontale  d'un  poudingue  de  la  même  espèce. 

Ces  faits  et  une  infinité  d  autres  semblables  que  j'ai  moi- 
même  observés  ,  surtout  aux  bords  des  lacs  ,  m'ont  démontré 
que  cette  situation  des  poudingues  si  extraordinaire  en  appa- 
rence ,  est  due  à  de  simples  al'faissemens  qui  ont  donné  nais- 
sance aux  lacs  eux-mêmes  ,  et  qui  ont  été  occasionés  par  les 
érosions  souterraines  des  eaux  qui  viennent  des  montagnes  , 
et  qui ,  en  s'infillrant  dans  les  interstices  de  leurs  couches  , 
forment  peu  à  peu  des  excavations  qui  se  prolongent  sous  le 
sol  des  vallées ,  où  ces  mêmes  courans  avoient  précédemment 
déposé  des  galets  qui  s'étoient  agglutinés  en  poudingue. 

Quand  les  excavations  sont  devenues  trop  considérables, 
les  bancs  de  poudingue  qui  les  couvroient  s'y  sont  affaisés  en 
se  fendant  par  le  milieu  et  sur  les  deux  bords  de  l'excavation  ; 
et  ils  ont  pris  une  situation  d'autant  plus  inclinée  ,  que  l'ex- 
cavation étoil  plus  profonde. 

Le  banc  horizontal  dont  parle  Saussure  ,  qui  sert  de  cha- 
peau à  la  crête  du  mur  presque  vertical,  n  est  autre  chose 
que  la  suite  même  de  ce  mur,  qui  en  a  été  séparé  par  une 
fracture  qui  s'est  faite  comme  un  mouvement  de  charnière. 

Quant  aux  poudingues  de  la  côte  d'Ecosse  ,  ils  avoient  été 
jadis  formés, comme  les  autres, hori:iontaicment;  mais  comme 
dans  ces  parages  la  mer  gagne  continuellement  sur  'es  côtes 
qu'elle  ne  cesse  de  ronger  ,  elle  a  sapé  le  sol  qui  servoit  de 
lit  à  ces  poudingues  ,  et  lorsque  leurs  bancs  se  sont  trouvés  » 
parce  déchaussement,  former  une  saillie  d'environ  200  pieds, 
leur  pesanteur  l'a  emporté  sur  leur  force  de  cohésion  ;  et 
quoiqu'ils  eussent  60  pieds  d'épaisseur  ,  ils  ont  fait ,  comme 
ceux  de  Saussure  ,  le  ftiouvement  de  charnière  ,  el  se  ^oïxk 


90  P  0  U 

fracturés  à  fleur  de  rescarpemenl  de  la  montagne  ,  contre 
laquelle  ils  sont  encore  en  appui ,  et  qui  doit  probablement 
coRlcnir  la  suite  horizontale  de  ces  mêmes  bancs. 

Si  la  situation  inclinée  des  couches  de  poudingue  nous 
apprend  que  presque  tous  les  lacs  sont  dus  à  des  affaissemens, 
l'immensité  de  leius  accumulations  dans  toutes  les  contrées 
de  la  terre  nous  donne  d'autres  renseignemens  encore  plus 
importans  pour  l'histoire  du  globe.  *, 

Elle  prouve  que  les  montagnes  furent ,  dans  les  pi^iiers 
âges  du  monde  ,  d'une  hauteur  immense  ,  et  que  les  fleuves 
furent  d'mic  grandeur  proportionnée  à  celte  élévation  ;  et  de 
la  connoissancc  de  ces  faits,  découle  naturellement  l'expli- 
cation de  plusieurs  autres  qu'on  avoit  regardés  jusqu'ici 
comme  inexplicables  ,  tels  que  le  transport  des  débris  d'ani- 
maux des  pays  chauds,  dans  les  contrées  boréales  ;  la  pré- 
sence des  grands  blocs  de  roches  primitives  sur  des  terrains 
plus  récens  qui  forment  aujourd'hui  des  sommets  de  monta- 
gnes ,  etc.,   etc.  V.  Fossiles  et  QuÉBRADA.  (pat.) 

M.  Brongniart  divise  les  poudingues  en  plusieurs  espèces, 
caractérisées  par  leur  nature  et  leur  composition  ,  abstraction 
faite  du  gisement. 

1.  Poudingue  anagènique.  Pxoches  primitives  ,  réunies  par 
un  ciment  soit  schisteux ,  soit  de  calcaire  saccharoïde.  Le 
poudingue  de  Trient ,  en  Valais  ,  et  celui  du  col  de  Cormet , 
département  du  Mont-Blanc  ,   se  rapportent  à  cette  espèce. 

2.  Poudingue  pétrosiliceux.  Boches  de  toutes  sortes  ,  réu- 
nies par  un  ciment  pétrosiliceux. 

3.  Poudingue  argitdide.  Noyaux  de  quarz  ,  réunis  par  un 
ciment  argiloïde  ;  exemple  :  poudingue  de  Lautenthal ,  au 
Hartz. 

4.  Poudingue  polygénique.  Roches  de  toutes  sortes ,  réunies 
par  un  ciment  calcaire.  Le  fameux  poudingue  de  Rigi  en 
Suisse  ,  qui,  il  y  a  quelques  années  ,  a  englouti  un  village  tout 
entier  ,  est  donné  comme  un  exemple  de  cette  espèce.  Il  est 
nommé  nagelfliihe  et  nagelfels  par  les  Allemands.  Il  forme, 
dans  le  voisinage  des  formations  anciennes,  des  bancs  puis- 
sans  et  des  montagnes. 

5.  Poudingue  calcaire.  Noyaux  et  ciment  calcaires.  Le  na- 
geljluhe  de  Salzbourg  est  dans  ce  cas. 

6.  Poudingue  siliceux.  Noyaux  de  silex,  dans  du  grès.  II  se 
trouve  à  Nemours  ,  près  de  Fontainebleau  ,  aux  environs  de 
Paris  ,  et  en  Angleterre. 

7.  Poudingue  jaspique.  Noyaux  d'agate  ,  dans  une  pâte  d'a- 
gate et  de  jaspe.  Les  beaux  poudingues  siliceux  qu'on  tire 
de  l'Angleterre,  et  dont  un  est  figuré  ici  ,  pl.M  21  ,  rentrent 
dans  celte  cspèce,oùM.Brongniartp|acele caillou  deRennes. 


P  O  U  91 

8.  Poudingue  psammiiique.  Noyaux  de  silex  et  d'autre  na- 
ture, dans  une  pâte  de  grès  mélangé  ,  micacé.  Les  grès  d'E- 
cosse, employés  dans  la  coiistruclion  des  bassins,  à  Londres, 
sont  donnés  comme  exemple  de  celte  espèce. 

Cette  division  ,  puremenl  artificielle,  comprend  une  grande 
partie  des  roches  que  les  Allemands  appellent  nagelJlUhe  , 
quelques  grauamckes  ,  et  sans  doute  ,  tous  les  conglomérats 
solides  de  cailloux,  qui  se  trouvent  dans  les  terrains  d'alluvion. 
Cet  article  poudingue  trouvera  ses  développcmens  aux  arti- 
cles Roches  et  Terrains,  (lis.) 

POUDINGUE.  C'est  le  nom  donné  à  une  coquille  du 
genre  CôlSE  ,  Comis  ruhiginosus.  (deSM.) 

POUDINGUE.  Nom  du  Spare  rayonné,  (b.) 

POUDRE  A  MOUCHES.  Arsenic  natif  ou  teslacé  ; 
qu'on  nomme  aussi  cobalt  arsenical^  qui,  étant  réduit  en 
poudre  et  délayé  avec  de  l'eau,  est  employé  pour  tuer  les 
mouches.  Tous  les  minéraux  arsenicaux  produisent  le  même 
eflet.  (pat.) 

POUDRE  D'OR.  On  donne  ce  nom  à  l'or  qu'on  retire 
par  le  lavage  des  sables  aurifères  ,  et  qui  est  en  effet  sous  la 
forme  d'une  poudre.  V.  Or. 

On  appelle  aussi  Poudre  d'or  ,  la  poussière  jaune  et  bril- 
lante qu'on  met  sur  l'écriture.  V.  Mica,  (pat.) 

POUDRE  AUX  VERS.  C'est  la  poudre  de  1' Absinthe 
PONTIQUE  et  d'autres  espèces  voisines,  (b.) 

POUDRÉ.  Vicq-d'Azyr,  Syst.  anat.  des  y^wm., donne  ce 
nom  à  la  Guenon  blanc-nez  ,  Ccrcopithecus  niciilans.  (desm.) 

POUFIGNON.  Nom  générique  des  Pouillots,  en  Pi- 
cardie, (v.) 

POUFRE.  V.  POTO.    (DESM.) 

POUILLOT.  Nom  imposé  à  nos  plus  petits  bec-fins, 
V.  l'article  Fauvette  ,  tom.  11  ,  pag.  235  etsuiv.  L'individu 
dont  il  va  être  question  ,  ne  m'étoit  pas  connu  lors  de  l'im- 
pression de  cet  article. 

Le  PouiLLOT  BoNELLi,  Syhla  Bonelli,  Vieill.  Cet  oiseau 
qui  a  été  tué  dans  le  Piémont  ,  au  mois  de  décembre  de 
l'an  i8i5,  et  dont  on  doit  la  connoissance  au  savant  natu- 
raliste auquel  je  l'ai  consacré  ,  en  lui  imposant  son  nom  , 
peut  -  il  constituer  une  espèce  particulière  et  distincte  , 
comme  on  pourroit  le  soupçonner  d'après  son  plumage  d'un 
blanc  pur,  sur  toutes  les  parties  inférieures  ,  depuis  le  bec 
jusqu'aux  pennes  de  la  queue,  tandis  que  chez  les  espèces 
d'Europe,  décrites  à  l'article  des  fauvettes,  cette  couleur  est 
plus  ou  moins  mélangée  de  jaune.''  Comme  je  n'ai  vu  que  la 
dépouille  d'un  seul  individu  ,  je  me  bornerai  à  compléter  sa 
description  ,  en  ajoutant  à  ce  que  je  viens  de  dire  ,  que  les 


n^  POU 

sourcils  sonl  d'un  blanc  un  peu  lavé  de  jaune  vers  le  bec  ;  que 
le  dessus  de  la  têle  ,  du  cou  et  du  dos  ,  est  d'un  gris  verdâtre  ; 
le  croupion  et  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  ,  d'un 
vert-olive;  que  cette  teinte  est  plus  vive  sur  le  bord  extérieur 
des  plumes  qui  recouvrent  l'aile,  de  ses  pennes  et  de  celles  de 
laqueue;quc  tontes  celles-ci  sont  d'un  gris  rembruni  en  dessus, 
et  d'un  gris-clair  en  dessous.  Le  pli  de  l'aile  est  jaune,  de 
même  que  ses  premières  couvertures  inférieures;  les  autres 
sont  blanches  ;  les  tarses  et  le  bec ,  d'un  gris-brun.  Longueur 
totale  ,  trois  pouces. 

Cet  oiseau  a  ,  comme  le  pouillot  cuUyhi'e.  la  première  ré- 
mige plus  courte  que  la  cinquième;  mais  son  plumage  est 
différent.  Je  trouve  dans  ses  couleurs  ,  plus  de  rapports  avec 
celles  èiW  pouillot Jilis  ;  ceppndrint  on  ne  peut  les  confondre, 
puisque  celui-ci  a  la  première  rémige  plus  longue  que  la  cin- 
quième ,  caractères  qui  existent  chez  tous  les  individus  de  son 
espèce.  De  la  Collection  de  M.  Bâillon,  (v.) 

POUKIOBOU.  Dénominaiionque  leshabitans  d'Otahiti 
ontimposée  à  une  espèce  dePiGEON  qui  se  trouve  dans  leur  île. 
V.  l'article  Pigeon,  (v.) 
POUL.  V.  Roitelet  a  huppe  jauise.  (s.) 
POUL  DE  PENSYLVANIE.  Dénomination  donnée, 
par  M.  Brisson  ,  au  Roitelet  rubis.  V.  ce  mot.  (s.) 

POULA-CIAPINA.  Nom  piémontais  de  la  Foulque, 
et  PouLA.  d'Eva  ,  de  la  Poule  d'eau,  (v.) 

POULAILLE.  Vieux  mot  que  nos  aïeux  employoient 
pour  désigner  la  Volaille,  (s.) 

POULAIN.  Jeune  Cheval.  V.  ce  dernier  mot.  (s.) 
POULAIN  ,  Equula.  Sous-genre  ,  établi  par  Cuvier  , 
pour  placer  le  ZiîE  de  ce  nom  ,  qui  s'écarte  des  autres.  Ses 
caractères  sont  :  corps  comprimé,  couvert  d'écaillés,  excepté 
vers  le  bout  de  la  ligne  latérale,  une  seule  nageoire  dorsale, 
dont  la  partie  épineuse  est  la  plus  saillante  ;  une  rangée 
d'épines  accompagnant, de  chaque  côté, l'anale  et  la  caudale  ; 
ic  museau  Ircsproiractile  ;  les  mâchoires  garnies  de  pe- 
tites dents  très-serrées  ;  deux  épines  au-dessus  de  chaque  œil; 
le  préopercule  denté  vers  le  bas  ;  une  sorte  de  bouclier  ar- 
rondi ,  en  avant  des  ventrales,  (b.) 

POULARDE.  Poule  à  laquelle  on  a  retranché  les  ovai- 
res, pour  donner  à  sa  chair  plus  de  délicatesse,  (s.) 

POULCRÉ.  Liqueur  enivrante  qu'on  fabrique  au  Mexi- 
que, avec  la  sève  de  1  Agave  d'Amékique,  appelé  Margai 
dans  le  paj^s.  Cette  liqueur  ,  dont  on  fait  une  prodigieuse 
consommation  ,  donne  de  reau-de-vie  ,  par  sa  distillation  , 


POU  gî 

et  du  vinaigre  ,  par  son  exposition  dans  un  lieu  chaud  :  c'est 
donc  un  véritable  vin.  (B.) 
POULE.  V.  l'art.  Coq.  (v.) 

POULE.  Les  anciens  oryclngraphes  donnoient   ce  nom 
et  celui  de  Poulettes, aux  Anomies  et  aux  Terebratules. 

(desm.) 
POULE  AFRICAINE.  V.  Pei^tade.  (v.) 
POULE  D  AFRIQUE.  V.  Peintade.  (s  ) 
POULE  DE  BARBARIE.    Voyez  Peintade.  (s.) 
POULE  BLEUE.  V.  Porphyrion.  (v.) 
POULE  DE  BOIS.  Gesner  parle,  sous  ce  nom,  du 
petit  télras  à  queue  pleine.  On  le  donne  aussi  An  colin  colenicui  ^ 
et  au  coiinga  cordon  bleu.  F. Tétras, Perdrix  et  Cotlnga.  (v.) 
POULE  (peliie)  DU  BON  DIEU.  C'est  le  Troglo- 
dyte ,  dans  le  pays  de  Caux.  (v.) 

POULE  DE  BRUYÈRE.    V.  Tétras,  (s  ) 
POULE  et  COQ  DE  BOIS.    Le    grand    Coq    de 
BRUYÈRE   se   nomme    ainsi    dans   plusieurs    cantons  de   la 
France.  V.  Tétras,  (s.) 

POULE  ET  COQ  DE  BOULEAU.  C'est  le  Petit 
Tétras.    Voyez  le  mot  Tétras,  (s.) 

POULE  et  COQ  DE  LIMOGES.  Dénomioation 
sous  laquelle  on  connoîl  le  fiRA^'D  Coo  DE  bruyère  en 
quelques  lieux  de  la  France,  (s.) 

POULE  DE  CORÉE,  à  laquelle  des  anciens  voyageurs 
attribuent  une  queue  de  trois  pieds  de  longueur  ,  me  paroît 
Cire  le  paon,  (s.) 

POULE  DES  COUDRIERS,  GalUna  corylomm.  Voyez 
Gelinotte  à  l'article  Tétras,  (s.) 

POULE  DE  DAMIETTE.  V.  Porphyrîon.  (s.) 
POULE  DE/VU.  V.  Galunule.  (v.) 
POULE  D'EAU  DE  BARB  VRIE.    V.  Râle,  (v  ) 
POULE  D.EAU  ÉPERONNEE.  V.  Jacana.  (v.) 
POULE  D  EAU  NOIRE.   T.  Foulque,  (v.) 
POULE  D'EAU  PERLÉE.  V.  Râle  marquette,  (v.) 
POULE  D'EGYPTE.   V.  Peintade  (s.) 
POULE  DU  DELTA.  V.  Porphyrion.  (v.) 
POULE  ETRANGERE.  L'on  a  donné  ce  nom  à  la 
peintade.  (s.) 

POULE  FAISANDE.  V.  Faisan,  (s.) 
POULE  A  FRAISE.    V.  Grosse  Gelinotte  du  Ca- 
nada ,  au  mot  Tétras,  (s.) 

POULE  GLOUS.SANTE  de  Dampler  (  Voyages  au- 
tour  du  Monde).  Elle  a  élé  rapporlée  ,  par  Buifon ,  au:?; 
Crabiers.  V.  ce  mot  ,  à  l'article  Hero?;.  (v,) 


94  l'  O   Li 

«(  îjes  poules  gloussantes  ,  dit  Dampler,  ressemblent  beau- 
coup aux  chasseurs  ,  ou  mangeurs  (ïécre^'isses  (  les  crabriers  )  , 
mais  elles  n'ont  pas  les  jambes  tout-à-fait  si  longues;  elles 
se  tiennent  toujours  dans  des  lieux  humides  et  marécageux  , 
quoiqu'elles  aient  le  pied  de  la  même  figure  que  les  oiseaux 
de  terre  ;  elles  gloussent  d'ordinaire  ,  comme  nos  poules 
qui  ont  des  petits  ,  et  c'est  pour  cela  que  nos  Anglais  les 
appellent  poules  gloussantes.  Il  y  en  a  quantité  dans  la  baie  de 
Campêche  ,  et  ailleurs  ,  dans  les  Indes  occidentales....  Les 
chasseurs  décrépisses  ,  les  poules  gloussantes  et  les  goldens  ,  pour 
la  figure  et  la  couleur,  ressemblent  âuxhérons  d'Angleterre  ; 
mais  ils  sont  plus  petits,  (s.) 

POULE  GHASSE.  Nom  vulgaire  de  la  Lampsane  ,  de 
I'Anserine  verte  et  de  la  MÀctiE.  (b.) 

POULE  GPiASSE.  On  donne  aussi  ce  nom  au  Ghéno- 
PODE   COMMUN  (  Chenopodiuni  album  ,   L.  ).      (LN.) 

POULE  GKISE.  Dénomination  de  la  femelle  du  petit 
tétras  à  queue  pleine ,  en  Ecosse ,  suivant  Gesner.  Le  mâle  y 
porte  celle  de  coq  noir.  Voyez  Tétras,  (s.) 

POULE  (grosse)  HUPPÉE  DE  LA  NOUVELLE- 
GUINEE.  Celte  dénomination  a  été  appliquée,  par  quelques 
voyageurs  ,  au  pigeon  couronné  de  Banda,  (s.) 
POULE  DE  GUINÉE.  F.  Peintade.  (s.) 
POULE  DE  JERUSALEM.  F.  Peintade.  (s.) 
POULE  DE  LIBYE.   F.  Peintade.  (s.) 
POULE  DE  MARAIS ,  Galius  pulustris.   Foyez  Lago- 
pède d'Ecosse,  (s.) 

POULE  DES  MARAIS.  On  donne  encore  ce  nom  à 
la  Foulque  ou  Mokelle.  (desm.) 

POULE  DE  MAURITANIE.  F.  Peintade.  (s.) 
POULE  DE  LA  MECQUE.  F.  Peintade.  (s.) 
POULE  DE  MER.  C'est ,  dans  Albin,  le  Guillemot. 

(V.) 
POULE  DE  MER.  Nom  de  différcns  poissons  ,  tels  que 
le  ZÉE  FORGERON ,  le  Gade  tacaud  et  le  Labre  tanche. 

(B.) 

POULE  DE  MER.  F.  Okeitsok.  (v.) 

POULE  MORESQUE.  Turner,  dans  Gesner,  appli- 
que cette  dénomination  au  petit  tétras  à  queue  pleine.  Voyez 
le  mot  TÉTRAS,  (s.) 

POULE  DE  NEIGE.  On  a  quelquefois  désigné  ainsi 
le  Lagopède,  (desm.) 

POULE  NOIRE  DE  MOSCOVIE.  Albin  adonné  ce 
nom  au  Tétras.  F.  ce  mot.  (s.) 

POULE  DE  NUMIDIE  ou  NUMIDIQUE.  F.  Pein- 
tade. (s.) 


P  G  U  ^5 

POULE  PALOURDE  ou  PATOUUDE.  Des  naviga- 
teurs ont  improprement  donné  ce  nom  à  des  oiseaux  pêcheurs 
qu'ils  ont  rencontrés  sur  Je  grand  banc  ,  et  qui  sont  très- 
friands  du  foie  de  morue,  (s.) 

POULE  PEINTADE.  V.  Peintade.  (s  ) 

POULE  PETEUSE.  V.  Agami,  (s.) 

POULE  DE  PHARAON.  Thévenot  indique',  sous  ce 
nom  ,  la  peintade.  (.s.) 

POULE  DU  PORT  EGMONT.  Dans  les  relations 
des  grandes  navigations  des  Anglais  ,  le  goéland  hrun  est  ap- 
pelé poule  du  port  Egmont  ,  du  nom  d'un  port  des  îles  Fal- 
kland ,  ou  Malouines.  V.  l'article  des  Goélaisds  ,  au  mot 
Mouette,  (s.) 

POULE   QUI   POND.    On    a    donné    ce    nom  à  la 

MORELLE  MÉLONGÈNE.   (b.) 

POULE  ROUGE  DU  PÉROU.  C'est,  dans  Albin  ,  le 
hoccodu  Pérou,  (s.) 

POULE  RUSTIQUE.  F.  Poule  sauvage,   (v.) 

POULE  SAUVAGE  DU  RRÉSIL.  G  est  le  magoua  , 
dans  l'Ornithologie  de  Salerne.  F.  Magoua.  (s.) 

POULE  SAUVAGE  ou  RUSTIQUE.  Chez  les  Ro- 
mains ,  c'étoit  la  gelinotte  ,  oiseau  tfès-eslimé,  mais  d'une 
très-grande  rareté  à  Rome.  V.  l'arlicle  Tétras,  (s.) 

POULE  SULTANE  de  la  baie  d'Hudson.  F.  Râle 
Widgeon.  (v.) 

POULE  SULTANE  RRUNE,  de  Brisson.  F.  Gal- 

LINULE  GLOUT,    (V.) 

POULE   SULTANE  BRUNE,  de  Buffon.  F.   Por 

PHYRION  DE  LA  ChIISE.    (V.) 

POULE  SULTANE  ( petite  ),  d'Albin,  F.  Gallinule 
grinette.    (v.) 

POULE  SULTANE.  F.  Porphyrion  proprement   dit. 

(V.) 

POULE  SULTANE.  Coquille  terrestre  des  Grandes - 
Indes,  qui  fait  partie  du  genre  Bu  lime  de  Bruguières.  (u.) 

POULE  SULTANE  ROUSSE.  Foyez  Gallinule 
Smirrjng.  (v.) 

POULE  SULTANE  ROUSSETTE.  Foy.  Râle  de 
Genêt,  (v.) 

POULE  SULTANE  TACHETÉE.  F.  Gallinule 
grinette.  (v.)* 

POULE  DE  TUNIS.  F.  Peintade.  (s.) 

POULET.  C'est  le  jeune  coy.  F.  l'article    du  Coq.  (s.) 

POULET  DE  BOIS,  Dénomination  vulgaire  de  la 
Huppe  ,  en  divers  lieux,  (s  ) 


96  POU 

POULET  DE  LA  MÈRE  CAREY.  Des  navigateurs 
anglais  onl  donné  celle  dépomination  bizarre  à  une  es- 
pèce àe  pétrel  ^  cl  vraisemblablement  au  très-grand  pétrel , 
oaguel.arifa  hucssos ,  qui  porte  le  nom  de  mère  carey  dans  les 
Voyages  du  capitaine  Cook.  Au  reste,  les  Anglais  virent 
plusieurs  de  ces  étranges  poulets  se  promener  sur  Teau  ,  le 
long  de  la  côte  du  Chili ,  après  le  débouquement  du  détroit 
de  Magellan.   (  Voyage  du  capitaine  Carleret.  )  V.  Pétrel. 

(S.) 
POULETTE.  Jeune  Poule.  V.  ce  mot.  (s.) 
POULETTE.  Les  oryctographes  donnolent  ce  nom  aux 

AîSOMIES  rO.SSILES.    (b.) 

POULETTE  D'EAU.  Dans  Belon  ,  c'est  le  nom  de 
la  Poule  d'eau.  V.  Gallinule.  (v.) 

POULL     Un   Anon   et  un  Poulain  en  languedocien. 

(desm.) 

POULIDO.  V.  Moustelo  et  Luzeto.  (desm.) 

POULINE  ou  POULICHE.  Jeune  Jument.  L'animal 
porte  ce  nom  jusqu'à  trois  ans.  (s.) 

POULINIÈRE.  Jument  que  Ton  destine  à  la  propaga- 
tion de  l  espèce.  V.  au  mot  Cheval,  (s.) 

POULIOT.  Plante  du  genre  des  Menthes,  (b.) 

POULÎOT-THYM.  Nom  vulgaire  donné  à  la  menthe 
des  champs.   Voyez  l'article  Menthe,  (b.) 

POUILLEUX.  Le  Thym  commun  se  nomme  ainsi  aux 
environs  <!e  Boulogne,  (e  ) 

POULLAZES.  C'est  ainsi  que  le  jésuite  Acosta  désigne 
lUKUiiU.  V.  l'article  (^allinaze.  (s.) 

POULNÉE.  V.  Colombine.  (desm.) 

POULO  D'AIGUO.  ISom  provençal  de  la  Poule 
d'eau,  (v.) 

POULPE.  Nom  spécifique  d'un  mollusque  du  genre  des 
sèches  ,  que  Lamarck  a  donné  pour  type  à  un  genre  nou- 
veau ,  dont  les  caractères  sont  :  un  corps  charnu ,  obtus 
iiifcrieurement ,  et  contenu  dans  un  sac  dépourvu  d'ailes; 
un  osselet  dorsal  nul  ou  très-petit;  une  bouche  terminale, 
entourée  de  huit  bras  ég.-jux  ,  niunis  de  ventouses  scssiles  et 
.«^ans  griffes.  V-  au  mot  Sèche. 

L'espèce  la  plus  connue  de  ce  genre  est  le  polype  d'A- 
rislole  (^Sepia  octopcdlu).  Cuvier  propose  d'en  faire  le  type 
d'un  sous-genre,  sous  la  considéralion  que  les  ventouses  de 
leurs  bras  allernenl  sur  deux  rangées.  Il  propose  également 
do  faire  servir  les  J'J.ODONS  ,  du  même  auteur  ,  qui  n'ont 
.  qu'une  rangée  de  ventouses  sur  chaque  bras,  à  l'élablisse- 
laent  d'un  autre  sous-genre. 


POU  „ 

Le  genre  Ocythoé  ,  de  Rafflnesque,  n'en  diffère  pas  suf- 
fisamment ,  à  mon  avis  ,  pour  en  être  distingué. 

Une  anatomie  complète  des  anim.^ux  de  ce  genre ,  qui  est 
un  modèle  d'exactitude  ,  a  été  lue  à  Tlnslilut  par  le  mâme 
naturaliste,  (b.) 

POUMA  ou. PUMA.  C'est  le  nom  que  les  habitans  de 
Quito,  au  Pérou,  donnent  axx  couguar ^  grande  espèce  de 
Chat.  V.  ce  mot.  (desm.) 

POUMELLE.  Nom  vulgaire  de  TAgaric  élevé  ,  qui  se 
mange  dans  beaucoup  de  lieux,  (b.) 

POUMERENGUE  ou  POUMERINGUE.  On  donne, 
ce  nom  aux  jeunes  Spares  dorades,   (b.) 

POUMON  MARIN.  Pline  a  décrit,  sous  ce  nom,  un 
mollusque  de  la  Méditerranée  ,  qui  ressembloit  en  petit  à 
l'organe  de  ce  nom.  Rondelet  a  cherché  à  quel  objet  de  sa 
connoissance  on  pouvoit  rapporter  ce  que  dit  Pline  ,  et  a 
trouvé  deux  animaux  qui  pouvoient  convenir  à  la  description 
de  ce  dernier.  Un  d'eux  a  été  figuré  dans  son  ourvage  sur  les 
poissons  ,  mais  on  n'en  est  pas  plus  avancé.  On  ignore  en- 
core à  quel  genre  appartient  le  poumon  marin.  Tb.^ 

POUxMONS  {Pulniones,  ou  Pu!mo)ei  dt-  la  RESPIRA- 
TION. La  nécessité  de  rintrodnclion  de  l  air  dans  les  hu- 
meurs des  corps  organisés,  est  prouvée  par  l'universalité  de 
la  respira/ion  dans  tous  ;  car  les  animaux  ne  sont  pas  les  seuls 
êtres  qui  en  aîent  besoin  ;  les  plantes  respirent  aussi,  elles 
ont  des  pores  ,  des  petits  orifices  dans  lesquels  l'air  pénè- 
tre au  milieu  de  leur  propre  substance.  Les  feuilles  sont  des 
espèces  de  poumons  pour  les  végétaux;  elles  absorbent  de 
l'air  et  elles  en  exhalent.  Les  animaux  aquatiques  et  ceux  qui 
habitent  sous  la  terre,  ont  aussi  leur  respiration.  Les  poissons 
séparent  de  l'eau  l'air  qu'elle  a  dissous;  les  surfaces  de  leurs 
branchies  (  ouïes  )  l'absorbent  et  le  font  passer  dans  le  sang. 
L'air  qui  se  trouve  dans  les  interstices  de  la  terre  ,  suffit  aux 
animaux  qui  s'y  enfoncent.  Sans  doute,  les  truffes  et  les  au- 
tres plantes  souterraines  respirent  aussi  la  petite  quantité 
d'air  qu'elles  trouvent  à  leur  portée.  Tout 'ce  qui  est  vivant 
me  paroît  donc  respirer  plus  ou  moins,  et  l'on  pourroit  re- 
garder cette  fonction  comme  essentielle  à  l'organisation  de 
tous  les  corps  animaux  et  végétaux. 

§  L  De  la  structure  des  organes  respiratoires  chez  les  animaux. 
I."  Des  poumons.  L'on  ne  trouve  de  véritables  poumons  que 
chez  les  mammifères  (homme,  quadrupèdes  et  cétacés),  les 
oiseaux  et  les  reptiles.  Les  quadrupèdes ,  les  cétacés  et  les 
oiseaux  ont  des  poumons  spongieux  dont  les  vésicules  sont 
exlrêmeraent  petites  çt  peu  visibles  à  la  simple  vue;  mais  chez 

XXYIU.  7 


9B  POU 

les  reptiles,  c'est-à?dîre  chez  les  quadrupèdes  ovipares  elle« 
serpens  ,  les  poumons  sont  vésiculeux  et  pourvus  de  quel- 
ques muscles  qui  peuvent  les  comprimer  pour  en  faire  sortir 
l'air.  Ces  derniers  animaux  ont  une  respiration  fort  lente  et 
presque  insensible  ;  aussi  la  plupart  d'entre  eux  peuvent  se 
passer  d'air  pendant  un  temps  assez  considéralile.  J'ai  tenu 
des  grenouilles  enfoncées  consiammenl  dans  l'eau  pendant 
plus  de  dix  jours,  de  manière  qu'elles  ne  pouvoient  pas  re- 
prendre leur  respiration;  cependant  elles  n'ont  pas  péri. 
Pendant  ce  temps ,  la  circulation  du  sang  n'est  point  arrêtée  , 
parce  qu'il  n'y  a  qu'une  partie  de  cette  liqueur  qui  passe 
dans  l'organe  respiratoire. 

Les  oiseaux  ont  de  vastes  poumons  qui  remplissent  non- 
seulement  toute  la  cavité  de  la  poitrine  ,  et  sont  même  adhé- 
rens  aux  côtes  ,  mais  qui  sont  pourvus,  de  plus,  d'appen- 
dices ou  sacs  membraneux  remplis  d'air.  Ces  appendices 
s'étendent  dans  le  bas-ventre  ,  et  communiquent  l'air  à  pres- 
que toutes  les  parties  de  l'oiseau  ;  car  l'air  entre  jusque  dans 
les  os  ,  le  tissu  cellulaire  ,  et  la  peau  des  oiseaux  :  c'est  pour 
cela  qu'ils  ont  tant  de  légèreté,  eu  égard  à  leur  volume  ; 
car  le  squelette  d'un  oiseau  ne  pèse  pas  le  liefs  de  celui  d'un 
quadrupède  de  même  grosseur. 

Chez  l'homme  et  les  autres  mammifères  ,  les  poumons 
sont  deux  viscères  spongieux,  mous,  bien  plus  légers  que 
l'eau,  renfermés  dans  une  vasle  membrane  séreuse,  nom- 
mée plèvre,  et  garantis  ou  entourés  par  l'appareil  osseux  du 
thorax  ,  savoir  :  en  arrière  ,  par  la  colonne  épinière  ;  sur  les 
côtés,  par  les  arceaux  des  cotes,  et  en  devant,  par  le  sternum. 

Ces  deux  viscères,  dont  le  droit,  un  peu  plus  volumineux, 
se  partage  en  trois  principaux  lobes,  et  le  gaucho  en  deux, 
se  réunissent ,  à  leur  partie  supérieure  ,  aux  deux  bronches 
dans  lesquelles  se  sépare  la  trachée  artère,  ouïe  conduit 
cartilagineux  qui  conduit  l'air,  de  l'extérieur,  dans  la  cavité 
des  poumons.  Ceux-ci  contiennent  donc  une  multitude  in- 
nombrable de  ramifications  bronchiques;  ces  canaux  divisés 
pénètrent  à  l'inftni  dans  un  tissu  composé  de  milliards  de 
petits  lobes,  sortes  d'épongés  formées  de  cellules  extrême- 
ment petites,  qui  s'entre-communiquent.  Ces  lobules  s'ag- 
glomèrent aux  lobes  plus  considérables,  pour  composer  tout 
le  tissu  pulmonaire. 

Chtz  les  reptiles  ,  néanmoins,  ces  lobules  sont  plus  gros, 
ou  plutôt  ils  composent  des  cellules  plus  apparentes;  aussi, 
leurs  poumons  sont  un  amas  de  vésicules;  mais  chez  les  ani- 
maux à  sang  chaud  ,  le  tissu  pulmonaire  est  plus  serré  ,  et 
il  y  a  des  surfaces  infiniment  plus  considérables  ,  dans  un 
petit  espace.  Ce  tissu  ,  chez  tous  les  animaux ,  est  en  outre 


POU 

pénétré  par  une  multitude  incroyable  de  vaisseaux  sanguins  , 
soit  artériels ,  soit  veineux ,  et  communiquant  avec  le  cœur 
placé  vers  le  centre  de  tout  l'appareil  respiratoire.  Le  jeu  de 
ces  organes  est  animé  par  des  nerfs  venant, soit  des  grands 
sympathiques,  soit  de  la  huitième  paire  cérébrale  et  des  tho- 
raciques  ;  enfin  ,  il  y  règne  aussi  des  rameaux  de  vaisseaux 
lymphatiques  ,  avec  des  glandes  ,  pour  arroser  et  lubréfier 
ces  organes,  ou  pour  concourir  à  la  san'guification  qui  3'opère 
principalement  dans  l'appareil  respiratoire. 

Chez  les  poissons  ,  les  poumons  sont  remplacés  par  des 
feuillets  ou  espèces  de  peignes  dans  lesquels  se  ramifient  les 
vaisseaux  sanguins,  et  qui  entrent  en  contact  avec  l'eau  aérée. 
Ces  feuillets  sont  les  branciiies  ,  vulgairement  nommées  les 
ouïes.  (  V.  l'article  Branchies  et  Poisson.) 

La  plupart  des  mollusques  et  les  crustacés  respirent  aussi 
par  des  branchies  aquatiques  ,  comme  les  poissons  ;  mais  les 
mollusqueslerrestres  absorbent  l'airdansune  cavité  ou  espèce 
de  bourse  intérieure ,  sur  les  parois  de  laquelle  rampent  des 
multitudes  de  réseaux  de  vaisseaux  sanguins  (blancs  chez  tous 
ces  animaux).  M.  Cuvier  a  cru  devoir  appeler  cette  cavité  ,■ 
un  poumon  ,  et  a  distingué  ces  mollusques  sous  le  nom  de 
pulmonés  ;  tels  sont  les  escargots,  etc. 

Les  insectes  ,  proprement  dits  ,  respirent  par  des  Tra- 
chées (  voyez  ce  mot  )  ;  mais,  indépendamment  de  ces  rami- 
fications infinies  de  tubes  aériens  ,  pénétrant  dans  toutes  le» 
parties  du  corps  des  insectes  ,  quelques  familles  d'arach- 
nides ,  comme  les  scorpions  ,  et  diverses  araignées  (  les  fi- 
leuses,  lespédipalpes)  ,  ont  à  l'origine  de  ces  trachées  ,  des 
sacs  pulmonaires  ou  bourses  d'où  partent  des  ramifications 
dans  le  reste  du  corps.  Ces  animaux  ont  aussi  un  cœur.  Cet 
organe  d'impulsion  du  fluide  sanguin  existe  chez  tous  les  ani- 
maux à  poumons  ou  à  branchies  ,  mais  non  pas  chez  ceux  à 
trachées.  (  Voyez  Cœur  et  Circulation.  ) 

Les  vers  ,  excepté  quelques  annclides  pourvues  de  bran- 
chies ,  ont  des  trachées  aquifères  ou  respirant  l'eau,  comme 
les  sangsues ,  les  vers  de  terre  ou  d'eau  ;  enfin  ,  la  plupart 
des  zoophytes,  oun'ont  aucun  organe  de  respiration  distinct, 
ou  paroissentrespirer  l'eau,  comme  les  astéries  et  les  oursins. 

Or,  si  nous  considérons  que  plus  les  organes  pulmonaires 
ou  autres  appareils  respiratoires  sont  compliqués  ,  plus  la 
circulation  du  sang  y  apportera  cette  humeur  en  contact 
avec  l'air  (  ou  l'eau  aérée  ,  dans  les  branchies  des  poissons 
ou  mollusques  ) ,  nous  en  verrous  résulter  de  grands  effets 
sur  La  vie  animale. 

Il  est  reconnu  par  l'expérience,  que  plus  la  respiration  est 
vaste  et  fréquente  ,  plus  l'animal  a  le  sang  chaud,  plus  il  est 


,oo  POU 

actif,  sensible,  énergique.  Moins  Tanlmal  respire  ,  et  plus  il 
se  rapproche  de  l'inertie  de  la  végétation  ;  aussi ,  les  espèces 
les  plus  perfectionnées,  les  mammifères  et  les  oiseaux,  ont 
une  respiration  très-étendue  ,  jointe  à  une  circulation  pulmo- 
naire complète,  c'est-à-dire,  que  toute  la  masse  de  leur  sang 
passe  dans  l'appareil  respiratoire, pour  être  ensuite  répartie 
dans  le  corps  ,  y  porter  la  chaleur  ,  l'énergie  vitale ,  en  tnême 
temps  Que  la  nourriture.  Au  contraire  ,  les  reptiles,  les  pois- 
sons, qui  respirent  moins ,  ou  dont  tout  le  sang  ne  passe  point 
dans  les  organes  respiratoires  ,  n'ont  qu'un  sang  moins  vivi- 
fiant ,  moins  stimulant,  moins  oxygéné  ,  qui  laisse  tous  leurs 
muscles  ,  leurs  chairs  ,  inertes ,  engourdis  ,  froids  :  leur  or- 
ganisation est  donc  moins  élaborée  ;  aussi  la  chair  de  poisson, 
de  reptile  ,  n'est  que  du  maigre  peu  nourrissant.  (  Voyez 
Poisson  et  Ichthyophagie.  )  Les  mollusques  et  autres  races 
inférieures  sont  encore  inoins  perfectionnées  ,  et  elles  res- 
pirent moins  aussi  ,  à  proportion. 

On  pourroit  donc  établir  que  tout  le  règne  animal  n'est 
de  plus  en  plus  perfectionné  et  élaboré  dans  son  organisa- 
tion ,  qu'à  mesure  que  l'appareil  pulmonaire  est  de  plus  en 
plus  complet  ;  car  il  est  évident  qu'en  travaillant  le  sang  , 
qu'en  portant  l'hématose  à  un  degré  de  vitalité  et  d'énergie 
plus  avancé  ,  tous  les  organes  que  nourrit  ce  sang  si  riche  et 
si  excitant ,  comme  le  cerveau,  les  muscles,  les  sens,  acquer- 
ront une  activité  ,  une  énergie,  une  vitalité,  d'autant  plus 
accomplies.  (  Voyez  Oiseau  et  Quadrupède.  ) 

§  II.  De  la  Respiration  et  de  la  Chaleur  animale. 

On  a  découvert  par  la  chimie  ,  ce  qui  se  passoil  dans  l'acte 
respiratoire.  Ainsi  Priestley  et  Lavoisier  ,  ensuite  Goodwin, 
Bichat  et  Legallois,ont  bien  reconnu  qu'il  s'opéroit  alors  une 
sorte  de  combustion  analogue  à  celle  des  corps  enflammés. 
En  effet  ,  l'air  est  nécessaire  à  la  flamme  comme  à  l'animal 
l|ui  respire  ;  sans  lui ,  le  feu  et  la  vie  s'éteignent  ;  il  étoit 
donc  intéressant  d'examiner  les  rapports  de  ces  deux  opéra- 
tions. Une  bougie  enfermée  sous  un  vase  qui  ne  contient  que 
de  l'air  ordinaire  ,  languit  bientôt ,  meurt ,  s'éteint.  On  a  re- 
marqué alors  que  le  volume  de  l'air  étoit  diminué  ,  et  que 
cet  air  n'avoit  plus  la  propriété  d'être  respiré  ;  qu'il  étouffoit, 
au  contraire  ,  l'animal  qu'on  y  introduisolt.  La  diminution 
d.e  volume  prouvoit  la  soustraction  d'une  portion  de  cet  air  , 
et  ses  mauvaises  qualités  annonçoient  un  changement.  En 
suivant  ces  expériences  ,  on  est  parvenu  à  reconnoître  que 
l'air  de  l'atmosphère  étoit  composé  de  deux  parties  de  nature 
différente  :  l'une  qui  restoit  toujours  la  même  au  milieu  des 
corps  enflammés  ;  et  l'autre  qui  alimentoit  la  flamme  ,  qui 
s'unissoit  aux  matières  en  combustion  ,  et  se  com^binoit  avec 


POU  xoi' 

elles.  On  a  trouvé  de  même,  dans  la  respiration ,  qu'on  es- 
piroit  l'air  ordinaire  changé  et  devenu  au  même  état  qu'un 
air  dans  lequel  un  corps  combustible  auroil  brûlé  ,  c'ost-à- 
dire  ,  qu'une  partie  de  cet  air  expiré  n'avoit  pas  changé  ,  et 
que  l'autre  partie  étoit  changée.  La  portion  d'air  ,  non  chan- 
gée ,  n'étoit  plus  respirable  ;  elle  n'entretenoit  plus  la  vie  ; 
voilà  pourquoi  elle  a  été  nommée  azote,  qui  veut  dire  sans  vie. 
L'autre  portion  s'étoit  combinée  avec  une  matière  combus- 
tible ,  et  avoit  formé  avec  elle  un  acide  aérien.  Celte  por- 
tion combinable  de  l'air  a  été  appelée  oxygène^  ce  qui  signi- 
fie générateur  d  acide. 

Voilà  donc  l'air  atmosphérique  composé  d'azote  et  d'oxy- 
gène, d'une  partie  non-vitale  et  d'une  partie  vitale.  On  a 
trouvé  que  ,  pour  l'ordinaire  ,  il  y  avoit  dans  cent  pouces 
cubes  d'air,  vingt-un  pouces  cubes  d'oxygène  ,  à  peu  près, 
et  que  le  reste  étoit  de  l'azote  plus  ou  moins  pur ,  suivant  les 
lieux  d'où  l'air  a  été  pris.  Il  y  a  donc  environ  vingt-une  par- 
ties nécessaires  à  la  vie  ,  dans  l'atmosphère ,  comme  le  célè- 
bre et  infortuné  Lavoisier  l'a  démontré  ,  ainsi  que  d'autres 
chimistes,  MM.  de  Humboldt  et  Gay-Lussac.  Or,  c'est  cet 
air  vital  qui  se  combine  à  nos  humeurs  ,  qui  pénètre  dans  le 
sang  des  poumons  et  des  artères ,  et  lui  donne  cette  belle 
couleur  rouge  ,  beaucoup  plus  vive  que  celle  du  sang  des 
veines.  Il  devient  vermeil  et  éclatant,  même  écumeux  ,  lé- 
ger, susceptible  alors  de  se  concréter;  sa  lymphe  ou  partie 
albumineuse  est  plus  concrescible  ,  en  perdant  aussi  de  son 
hydrogène  et  de  son  carbone  ;car  il  y  a  formation  d'eau  (ou 
du  moins  exhalation  de  ce  liquide  )  et  d'acide  carbonique. 
Le  sang  est  donc  alors  moins  séreux.  Celte  combinaison  est 
semblable  à  celle  qui  s'opère  dans  les  corps  qui  brûlent.  On 
peut  donc  dire  que  nous  sommes  en  combustion.  Respirer  , 
c'est  brûler.  La  substance  avec  laquelle  l'air  vital  se  combine 
dans  nos  humeurs  ,  forme  le  même  acide  que  celui  avec  le- 
quel se  combine  l'air  vital,  dans  les  charbons  ardens.  L'acide 
aérien  qu'exhalent  les  charbons  brûlans ,  ressemble  entière- 
ment à  l'acide  aérien  qui  sort  de  nos  poumons.  C'est  pour- 
quoi on  leur  a  donné  le  même  nom  d'acide  carbonique ,  à  Tétat 
d'air  ou  de  gaz. 

Il  paroît  que  Corneille  Drebbel ,  alchimiste  flamand ,  in- 
venteur de  la  couleur  écarlate  ,  et  auteur  de  quelques  autres 
découvertes  importantes ,  a  eu  connoissance  du  gaz  oxygène  , 
et  en  a  obtenu ,  puisqu'il  paroît  en  avoir  fait  usage  pour  pro- 
longer larespiration  des  hommes  sous  la  cloche  des  plongeurs. 
(  V.  Digby  ,  De  Veget.  plant. ,  pag.  66  ;  Rob.  Boyle  ,  De 
usuRespir.  digress.;  et  Monconys,  Voyage,  tom.  2  ,  pag.  yS. 
D'autres  physiciens  du  dix-septième  siècle,  surtout  Mayow, 


102  POU 

avoient  quelqae  idée  de  cette  espèce  d'air,  que  les  Cartésiens 
nommoienl  éther.  C'est  probablement  Tesprlt  vital  qu'Aris- 
tote  disoit  passer  du  cœur  aux  poumons  (  Aristot.  ,  H'ist. 
animal,  f  1.  I,  c.  16;  Galion,  De  Diff.  puis.  1.  iv  ,  c.  i4- ; 
Arélée  ,  Mal.  aig.  ,  1.  il ,  c.  3  ;  Rufus  ,  Athénée  ,  et  même 
Cicéron  ,  De  Nal.  Deor.,  I.  ir ,  etc.  ).  Le  génie  des  anciens 
avoit  pressenti  les  découvertes  de  nos  jours.  liippocrate 
parle  aussi  de  l'esprit  aérien  comme  d'un  aliment  de  la  vie  , 
pabulum  vilcc  ,  et  Van  Helmont ,  Boerhaave  ,  Mead  ,  Sau- 
vages ,  en  ont  admis  l'existence. 

Dans  chaque  inspiration  ,  il  entre  de  dix  à  trente  pouces 
cubes  d'air  dans  noire  poitrine.  Sur  dix-huit  parties  d  oxy- 
gène ,  dans  une  proportion  ordinaire  de  gaz  azote  ,  treize 
parties  sont  absorbées  par  la  respiration,  et  onze  parties  sont 
changées  en  gaz  acide  carbonique.  Il  paroit  qu'une  portion 
de  l'oxygène  pénètre  dans  le  sang.  L'air  expiré  est  toujours 
chargé  de  beaucoup  de  vapeurs  aqueuses  qu'on  aperçoit 
très-bien  dans  les  fortes  gelées  de  l'hiver.  Suivant  Lavoisier  , 
(J\Iém.  acad.  srimc. ,  1789  ),  un  quadrupède  consomme  vingt- 
quai  re  pieds  cubes  de  gaz  oxygène  ,  pesant  deux  livres  une 
once  une  drachme  ,  en  vingt  -quatre  heures  ,  et  il  rend  par 
l'expiration  deux  livres  cinq  onces  quatre  drachmes  de  gaz. 
acide  carbonique  ,  avec  dix  onces  six  drachmes  d'eau.  Celle 
consommation  d'air  vital  est  la  cause  du  malaise  qu'on 
éprouve  dans  les  lieux  fermés  qui  contiennent  beaucoup  de 
j!»onde  ,  comme  dans  les  salles  de  spectacle  ,  les  prisons,  les 
souterrains  ,  les  voitures  closes  ,  elc  ,  puisqu'on  ne  respire 
plus  alors  qu'un  air  vicié.  Rien  de  plus  utile  que  le  renou- 
vellement de  l'air  ;  car  une  foule  de  maladies  de  langueur  , 
de  phthisies  ,  d'asphyxies  ,  surtout  d'affections  contagieuses  , 
viennent  du  défaut  d'air  pur  ,  ou  des  vapeurs  empestées  et 
délétères  des  matières  animales  et  végétales  ,  en  putréfac- 
tion. De  même ,  les  moutons  ,  les  hœufs,  périssent  souvent 
en  hiver  dans  leurs  élables  ,  parce  qu'ils  y  sont  étouffés  dans 
une  atmosphère  épaisse  ,  humide  et  chargée  de  vapeurs  in- 
fectes. Combien  d'épizoolies  désastreuses  ne  sont-elles  pas  le 
iriste  fruit  de  l'insouciance  qu'on  a  de  renouveler  l'air  dans 
les  écuries!  Combien  de  maladies  épidémiques  ravagent  l'es- 
pèce humaine  par  les  mêmes  causes  't  En  effet ,  les  hôpitaux  , 
!f  s  prisons  ,  tous  les  lieux  clos  ,  où  des  substances  animales 
se  décomposent ,  sont  remplis  de  miasmes  les  plus  redouta- 
bles, quand  on  n'a  pas  le  soin  de  les  chasser  par  de  l'air  pur. 
L'atmosphère  pourroit ,  à  la  longue  ,  perdre  une  grande 
partie  de  son  gaz  oxygène  par  la  combustion  et  la  respiraîion  , 
A  les  végétaux  n'avoient  pas  la  propriété  de  décomposer 
l'eau  ,  le  gaz  acide  carbonique  ,  et  de  verser  dans  l'air  des 


POU  io5 

torrens  d'oxygène.  (  F,  Ingenhousz  ,  Sennebier  ,  etc.,  sur  les 
plantes.)  Aussi  l'air  de  la  campagne  est  bien  plus  salubre  que 
celui  des  villes,  parce  qu'il  y  a  une  multitude  d'arbres  et  de 
plantes  dans  la  première  ,  et  que  les  secondes  sont  des  foyers 
de  combustion  et  de  respiration  continuelles  qui  consomment 
beaucoup  d'air  pur.  Les  hommes  s'étouffent  ensemble  dans 
lesappartemens  ;  l'haleine  de  l'homme  est  un  poison  mortel 
pour  l'homme  ,  au  physique  aussi  bien  qu'au  moral.  Un  air 
chargé  de  vapeurs ,  de  gaz  acide  carbonique  ,  privé  de  son 
gaz  oxygène,  produit  bienlôl  la  niorl;  il  asphyxie.  Voilà  pour- 
quoi il  est  si  dangereux  de  tenir  dans  un  endroit  fermé  ,  un 
brasier  allumé  ,  du  vin  ou  de  la  bière  en  fermentation  ,  de  la 
pâte  qui  lève  ,  etc. ,  parce  que  toutes  ces  substances  exhalent 
beaucoup  de  gaz  acide  carbonique  ,  enlèvent  l'oxygène  à  l'air, 
et  le  rendent  mortel  pour  tout  ce  qui  respire.  Comme  respi- 
rer c'est  être  en  combustion  ,  il  sera  facile  de  voir  si  l'on 
pourra  entrer  sans  danger  dans  un  endroit  dont  on  ne  con- 
noît  pas  bien  la  pureté  de  l'air  ;  par  exemple  ,  dans  une  cave 
fermée  pendant  quelques  jours., Si  une  bougie  ne  s'y  éteint 
pas ,  l'air  y  sera  respirable;  si  elle  s'éteint  d'elle-même  ,  votre 
vie  est  en  danger  ,  si  vous  entrez.  Nous  portons  dans  notre 
sein  un  flambeau  de  yie  qui  a  besoin  d'air,  comme  la  flamme 
ordinaire  ;  nous  nous  éteignons  comme  elle  par  la  soustrac- 
tion du  principe  vivifiant  de  l'atmosphère;  l'eau  éteint  aussi 
la  (lamme  vitale,  car  ce  que  nous  appelons  être  noyé ,  ne  dif- 
fère pas  essentiellement  de  ce  qui  arrive  quaïid  on  verse  de 
l'eau  sur  le  feu.  Mais  notre  combustion  est  cachée;  elle  ne 
s'exécute  pas  avec  de  la  flamme  ,  quoique  les  vapeurs  que  l'on 
expire  soient  une  sorte  de  fumée.  Cette  combustion  lente  ne 
s'exécute  pas  seulement  dans  les  poumons  ;  le  gaz  oxygène 
parcourt  les  vaisseaux  artériels  ,  s'y  combine  peu  à  peu  avec 
le  sang  ,  lui  donne  une  couleur  vermeille  ,  et  le  débarrasse 
d'une  portion  de  matière  charbonneuse  ou  de  carbone  ,  que 
contient  le  sang  noir  des  veines.  C'est  principalement  dans  les 
vaisseaux  artériels  que  s'opère  cette  combinaison  d'oxygène  , 
ou  plutôt  cette  combustion. 

Comme  la  chaleur  est  ordinairement  une  suite  de  la  com- 
bustion ,  il  étoit  naturel  de  chercher  s'il  en  étoit  de  même 
dans  le  corps  des  êtres  qui  respirent.  On  a  trouvé,  en  effet , 
que  les  animaux  qui  respiroient  le  plus  ,  étoient  les  plus 
chauds  ,  par  exemple  ,  les  oiseaux  et  les  mammifères  ;  tandis 
que  les  reptiles  ,  les  poissons  ,  les  mollusques  et  les  insectes 
qui  respirent  peu  ,  ont  aussi  une  chaleur  très  foible.  On  a  vu 
encore  que  tous  les  corps  organisés  jouissoient ,  en  hiver  ,  de 
quelques  degrés  de  chaleur  supérieure  à  celle  des  corps  bruts 
et  inorganiques.  Ainsi,  le  tronc  d'un  arbre  ,  l'insecte  ,  quoi- 


xol,  POU 

qu'engourdis  pendant  l'hiver  ,  gardent  cependant  un  peu  de 
chaleur  que  le  thermomètre  fait  apercevoir.  Les  quadru- 
pè.les  qui  s'eiulorment  pciulanl  l'hiver  ,  conservent  encore 
^uie  petite  partie  de  leur  chaleur  ;  mais  elle  est  diminuée  à 
proportion  qu^ils  respirent  moins  ,  comme  dans  les  loirs  et 
les  marmottes.  V.  Hivlrnatiotn.  Les  oiseaux  qui  ,  de  tous 
les  animaux  ,  ont  le  système  respiratoire  le  plus  étendu,  jouis- 
sent aussi  de  quelques  degrés  de  chaleur  de  plus  que  les  qua- 
drupèdes et  l'homme,  chez  lesquels  le  thermomètre  de  Réau- 
lîiur  marque  Sa  ou  33  degrés,  en  hiver  comme  en  été  ,  dans 
le  nord  comme  nu  midi.  Les  reptiles  et  les  poissons  surpas- 
sent de  trois  à  quatre  degrés  seulement  la  température  ordi- 
naire de  Taluiosphère  ,  et  restent  toujours  dans  une  chaleur 
à  peu  près  égale  ,  malgré  le  froid  et  le  chaud. 

Nous  trouvons  ainsi  une  correspondance  assez  exacte 
entre  l'intensité  de  la  respiration  et  la  température  de  chaque 
espèce  ;  car  les  poumons  de  l'oiseau  adhèrent  aux  côtes  , 
remplissent  la  vaste  capacité  de  sa  poitrine  ,  se  prolongent 
par  des  sacs  dans  le  bas-ventre  ,  communiquent  avec  les  ca- 
vités des  os  cylindriques ,  avec  les  poches  du  tissu  cellulaire  et 
sous-cutané,  etmême  jusques  aux  plumes,  de  sorte  que  l'air 
pénètre  entièrement  cet  animal,  et  il  semble  fait  pour  respirer 
î'airdans  toutes  ses  parties  ;  il  n'est  donc  pas  étonnant  que 
son  corps  soit  très-chaud  ,  puisqu'il  est  pour  ainsi  dire  dans 
tine  déliagration  universelle.  L'homme  et  le  quadrupède  vivi- 
pare ont  des  poumons  composés  de  cellules  très -fines  ,  qui 
peuvent  donner  une  surface  de  quinze  cents  pieds  carrés 
(  chez  l'honuTie  ),  suivant  l'évaluation  de  Lieberkiihn  ;  ils 
doivent  avoir  aussi  une  chaleur  considérable,  puisqu'ils  ins- 
pirent fréquemment  ;  tandis  que  les  poumons  des  reptiles 
sont  formés  d  un  moindre  nombre  de  cellules  ,  et  qu'ils  res- 
pirent bien  moins  souvent,  étant  privés  de  diaphragme  ;  c'est 
à  volonté  qu'ils  respirent,  car  il  faut  qu'ils  compriment  leurs 
flancs  par  leurs  muscles ,  pour  chasser  l'air  de  leurs  poumons. 
On  voit  des  grenouilles  ,  des  toriues  ,  des  lézards  ,  respirer  à 
peine  deux  ou  trois  fois  par  quart  d'heure  ;  une  tortue  ,  une 
.°renouiUe  ,  peuvent  rester  même  sous  leau  pendant  plusieurs 
heures  sans  reprendre  haleine  ;  mais  l'homme  respire  environ 
■vingt-quatre  foispar  minute,  etde  petits  quadrupèdes  respirent 
encore  plus  souvent.  Aussi,  les  reptiles  sont  toujours  froids  , 
et  par  la  raison  qu'ils  ont  moins  besoin  d'air  vital,  ils  subsis- 
tent plus  lopg- temps  sans  inconvénient  dans  l'air  impur  et 
vicié  ,  ainsi  que  la  plupart  des  insectes  dans  des  matières 
putrides ,  comme  les  charognes  et  les  excrémens.  Les  pois- 
sons qui  ne  respirent  que  l'air  interposé  dans  les  molécules 
des  caps,  ne  peuvent  pas  avoir  beaucoup  de  chaleur,  de 


POU  ,o5 

même  que  les  coquillages ,  les  mollusques  et  les  crustacés 
qui  respirent  par  des  branchies.  Les  trachées  des  insectes  se 
subdivisent  en  une  multitude  de  petits  rameaux,  dans  l'inté- 
rieur de  leur  corps;  les  vers  et  les  végétaux  ont  aussi  une  res- 
piration lente  et  sourde,  qui  ne  leur  communique  pas  beau- 
coup de  chaleur. 

Cependant ,  le  dégagement  de  la  chaleur  ne  s'exécute  pas 
dans  l'organe  respiratoire  lui  -  même  ,  puisqu'il  n'est  pas  plus 
chaud  que  les  autres  parties  du  corps  ;  mais  comme  la  com- 
bustion s'opère  en  détail  dans  les  différens  tissus  de  l'organi- 
sation vivante  ,  la  chaleur  s'y  répartit  avec  uniformité.  Lors- 
que nous  nous  agitons  avec  force  ,  la  chaleur  augmente  dans 
notre  corps,  et  la  respiration  devient  plus  rapide,  afin  de 
fournir  de  nouvelle  chaleur  pour  remplacer  celle  qui  s'exhale. 
Car  la  chaleur  sensible  des  animaux  à  sang  chaud  sort  con- 
tinuellement d'eux-mêmes  ;  d'où  il  suit  qu'il  leur  en  faut  de 
la  nouvelle  pour  maintenir  leur  température  au  même  degré. 
Ainsi ,  l'oiseau  qui  se  meut  continuellement,  et  qui  est  pour 
ainsi  dire  brûlant ,  a  besoin  de  respirer  beaucoup  par  celte 
raison  ;  sans  cela  il  deviendroit  bientôt  glacé  :  de  môme  qu'il 
faut  plus  d'air  au  feu  à  mesure  qu'il  est  plus  ardent.  Mais  le 
reptile  qui  perd  peu  de  chaleur  ,  qui  agile  moins  ses  muscles 
que  les  animaux  à  sang  chaud  ,  le  poisson  qui ,  nageant  dans 
un  milieu  dense  et  aussi  pesant  que  lui ,  n'a  pas  besoin  d'une 
grande  puissance  musculaire  ,  ces  animaux  ont  moins  besoin 
de  respirer  que  des  espèces  plus  actives  et  plus  ardentes. 

Ainsi,  plus  les  animaux  respirent  d'air  pur  ,  plus  ils  sont 
robustes.  Voyez  quelle  différence  entre  l'agile  oiseau  ton- 
jours  en  mouvement  et  propre  au  coït  ,  auprès  du  froid  et 
langoureux  reptile  qui  a  besoin.de  se  réchauffer  au  501611!* 
Aussi ,  la  forte  respiration  ,  surtout  de  l'air  pur  ,  ranime  les 
personnes  en  syncope  ;  cet  air  vif  et  pur  des  montagnes 
excite  une  fièvre  de  vie  ,  surtout  aux  phlhisiques  et  à  d'au- 
tres personnes  à  poitrine  délicate.  Ils  se  sentent  tout  en- 
flammés ,  pour  ainsi  dire.  La  nature  a  proportionné  en 
général  la  mesure  de  la  chaleur  aux  besoins  de  l'animal  ; 
elle  ne  dépend  pas  de  la  température  des  corps  extérieurs  , 
puisque  dans  les  ardeurs  de  l'été  ou  de  la  zone  torride  , 
comme  sous  la  glace  des  hivers  et  des  régions  polaires, 
la  chaleur  intrinsèque  des  corps  vivans  n'est  pas  changée;  ils 
n'éprouvent  la  chaleur  et  le  froid  extérieurs  que  comme  des 
modifications  étrangères  à  leur  nature.  L'excès  de  l'un  ou  de 
l'autre  est  surmonté  par  les  propriétés  de  la  vie  qui  tendent 
à  ramener  l'équilibre  naturel.  Ainsi,  nous  résistons  au  froid 
vif  de  l'hiver  et  à  la  chaleur  étouffante  de  Tété  par  une  faculté 
vitale  qui  est  en  rapport  avec  nos  fonctions  organiques.  Lors- 


,o6  P  0  TT 

que  celles-ci  languissent,  comme  dans  la  vieillesse ,  on  résiste 
moins  au  froid  et  à  la  chaleur  de  l'exlérieur  que  dans  l'âge 
de  la  vigueur.  11  paroît  aussi  que  diverses  parties  du  corps 
peuvent  éprouver  plus  ou  moins  de  chaleur  suivant  le  déve- 
loppement de  la  sensihilité  et  de  la  contraclilité  animales. 
Ainsi, dans  les  inflammations  d'une  partie, la  chaleur  y  devient 
considérable,  de  sorte  qu'on  n'en  peut  attribuer  les  causes 
qu'à  l'augmentation  des  facultés  vitales  et  du  sang  qui  se  rend 
dans  cette  partie.  La  chaleur  ne  dépend  donc  pas  uniquement 
de  la  respiration  chez-les  animaux, et  sans  doute  aussi  dans  les 
plantes  ;  mais  elle  tient  surtout  aux  qualités  de  la  vie  et  à  son 
intensité.  En  effet,  les  animaux  engourdis  et  les  moins  actifs 
sont  aussi  plus  froids  que  ceux  dont  la  vie  a  beaucoup  d'oner- 
gie.  Le  mouvement  réciproque  des  divers  organes  les  uns  sur 
les  autres  ,  leurs  réactions  mutuelles,  leur  jeu  perpétuel, 
doivent  entretenir  une  chaleur  assez  élevée  ,  qui  a  besoin  de 
s'alimenter  par  la  respiration. 

§  in.  Bes  effets  de  la  respiration  sur  le  fluide  sanguin  et  la  vie. 

Nous  avons  exposé,  en  traitant  de  la  Circulation  (  Voy. 
cet  article  )  ,  que  le  sang  ,  après  avoir  été  distribué  aux  or- 
ganes pour  les  nourrir  et  les  vivifier,  revcnoit  à  Tétat  de 
sang  noir  et  veineux,  appauvri  au  cœur.  Il  se  rend  à  l'oreillette 
et  au  ventricule  droits  avec  le  chyle  propre  à  le  réparer;  mais 
ce  mélange  de  chyle  et  de  sang  veineux  ne  compose  point  un 
sang  parfait  et  assez  éL.Soré;  aussi  le  cœur  envoie  ce  inélange 
aux  poumons  ou  aux  brancis'"?,  appareil  dans  lequel  doit  s'o- 
pérer la  véritable  transformai.  >  en  sang  artériel,  rutilant, 
vivifiant.  Cette  transformation  alu  j  par  le  dégagement  d'une 
certaine  quantité  du  carbone  qui  fai»  partie  de  ce  liquide, 
puisqu'il  y  a  formation  d'acide  carbonique  qui  s'en  dégage, 
au  moyen  de  la  combustion.  Ce  sang  revient  du  poumon  à 
l'oreillette  gauche  et  au  ventricule  aortique. 

Il  y  a  donc  ainsi  une  connexion  essentielle  entre  la  respi- 
ration et  la  circulation  ;  caria  première  devant  apporter Tair 
aux  humeurs ,  il  étoit  nécessaire  (jue  celles-ci  se  missent  en 
contact  avec  lui.  La  nature  a  établi  à  cet  égard  deux  diffé- 
rences :  i.°  Dans  la  plus  grande  partie  des  animaux,  la  respi- 
ration ne  s'opère  que  dans  un  lieu  fixe  où  viennent  se  rendre 
tour  à  tour  les  diverses  portions  de  la  masse  sanguine.  Il  faut 
alors  un  organe  qui  meuve  le  sang,  qui  établisse  une  vraie  cir- 
culation;tel  est  le  cas  des  mammifères, des  oiseaux, des  reptiles 
qui  respirent  par  des  poumons,  et  des  poissons,  des  coquilla- 
ges, des  crustacés,  des  annélides,  qui  respirent  par  des  bran- 
chies (  ouïes).  Tous  ces  animaux  ont  ,  en  effet  ,  un  cœur. 
2."  Lorsque  la  respiration  s'opère  dans  toutes  les  parties  du 


POU  107 

corps ,  l'air  va  chercher  lui-même  les  hmneurs  qui  n'onl  pas 
besoin  de  circuler  dans  ce  cas.  Tels  sont  les  insectes  ,  plu- 
sieurs vers  et  zoophytes  ;  aussi  ces  animaux  n'ont  pas  de  cœur, 
et  plusieurs  sont  même  entièrement  privés  de  vaisseaux. 

Nous  remarquerons  aussi  que  tous  les  animaux  chez  les- 
quels la  respiration  se  fait  dans  un  point  fixe,  et  qui  ont  un 
cœur  ,  une  circulation  ,  sont  aussi  pourvus  dun  foie ,  tandis 
que  les  autres  n'en  ont  jamais.  Pourquoi  l'existence  du  foie 
est-elle  liée  au  mode  de  respiration  par  des  poumons  ou  des 
branchies,  etàla  circulaiion  des  humeurs?  N'a-t-on  pas  ren- 
contré quelquefois    les  poumons  ressemblans   au  foie  dans 
quelques  maladies?  N'observe-l-on  pas  une  certaine  alliance 
de  fonctions  entre  les  poumons  ou  les  branchies  et  le  foie  ? 
Lorsque  l'un  de  ces  organes  est  très-actif,  l'autre  l'est  moins.^ 
Il  me  semble  que  le  foie  est  en  quelque  sorte  im  poumon 
secondaire  ;  il  est  pour  le  système  veineux  ce  qu'est  le  pou- 
mon pour  le  système  artériel.  Tous  deux  modifient  la  masse 
du  sang;  le  poumon  lui  enlève  du  carbone,  le  foie  semble 
lui  ôter  ses  parties  huileuse»el  graisseuses.  Aussi  dans  tous  les 
animaux  qui  respirent  par  des  branchies,  le  foiccst  plus  vo- 
lumineux que  dans  ceux  qui  respirent  par  des  poumons.  Les 
sécrétions  graisseuses  dépendent  en  quelque  sorte  du  foie, qui 
est  presque  toujours  imprégné  d'huile  ou  de  graisse.  L'organe 
respiratoire  et  le  système  hépatique  me   paroissent  être  les 
deux  foyers  principaux  de  l'animalisation  des  humeurs  et  de 
la  transformation  du  chyle  en  sang  ,  ou  l'hématose  propre- 
ment dite.  C'est  là  que  s'opèrent  ces  mutations  des  corps  ali- 
mentaires ,  en  la  propre  substance  de  l'animal.  Ce  sont  des 
digestions  secondaires  de  la  matière  nutritive.  Les  médecins 
et  les  philosophes  de  l'antiquité  ont  considéré  l'air  comme 
un  aliment  de  la  vie  {pahulumvitœ)  ,  comme  une  vraie  nour- 
riture. Il  ne  se  passe  pas  seulement  une  action  chimique  dans 
les  poumons  ,  les  branchies  ouïes  trachées  des  êtres  animés  , 
mais  une  véritable  opération  vitale  ;  c'est  là  que  la  matière 
morte  de  la  nourriture  reçoit  les  premiers  germes  de  la  vie  , 
et  ses  principes  d'activité  ,  en  se  débarrassant  des  portions  de 
matière  incapables  de  les  recevoir.  Cette  dépuration  succes- 
sive dans  les  humeurs  est  analogue  à  la  séparation  du  chyle 
d'avec  la  masse  alimentaire  ;  et  l'on  pourroit  dire  que  la  di- 
gestion intestinale  est  une  respiration  préliminaire.  On  sait  , 
en  effet ,  que  l'air  pénètre  dans  l'eslomac  ,  se  mêle  à  nos  ali- 
mens  et  influe  beaucoup  sur  la  digestion.  Il  y  a  même  un 
poisson,  la  loche  d'étang  ,  cohitis  fossilis  ,  qui  avale  de  l'air  et 
le  rend  par  l'anus  en  acide  carbonique  ,  selon  la  remarque  de 
Ehrman.Les  zoophytes  ne  paroissent  même  jouirque  de  cette 
sorte  de  respiration  iatestinale,  La  peau  est  encore  un  autre 


io8  POU 

organe  de  respiration  ;  elle  absorbe  une  petite  portion  d'air  ," 
et  dégage  de  même  du  gaz  acide  carbonique,  comme  l'ont 
montré  Spallanzani,  Ehrmann  ,  etc.; elle  est  en  rapport  sym- 
pathique avec  les  organes  respiratoires, et  semble  les  suppléer 
en  grande  partie  dans  certains  cas  et  dans  plusieurs  animaux. 
La  transpiration  cutanée  coïncide  avec  la  transpiration  pul- 
monaire. En  effetjes  poumons  ou  les  branchies  des  animaux 
ne  me  semblent  être  rien  autre  chose  qu'une  peautrès-repliée 
intérieurement,  afin  de  rapprocher  ,  dans  le  moindre  espace 
possible,  sa  grande  surface.  Si  l'animal  avoit  assez  d'étendue 
et  de  grandeur  pour  présenter  toute  cette  surface  à  l'air  exté- 
rieur sans  qu'il  entrât  plus  de  matière  dans  son  corps ,  il  n'au- 
roit  pas  besoin  de  poumons  ,  il  respireroit  par  tous  les  pores 
de  sa  peau.  Un  homme  pesant  cent  cinquante  livres  offre  en- 
viron quinze  pieds  de  surface  ;  mais  si  son  volume  pouvoit 
s  enfler  assez  pour  présenter  encore  les  quinze  cents  pieds  de 
surface  qu'on  suppose  exister  dans  ses  poumons ,  alors  il  n'au- 
roit  plus  besoin  de  cet  organe  qui  seroit  déployé  àl'entour  de 
tout  son  corps.  Le  poumon  est  donc  une  peau  intérieure  et 
piissée  qui  supplée  à  l'énorme  développement  qu'exigeroit 
une  respiration  seulement  cutanée  ;  car  dans  ce  cas  ,  un 
homme  auroit  présenté  un  volume  extraordinaire.  La  nature 
a  trouvé  plus  sage  de  le  restreindre.  Sans  cela  ,  le  moindre 
animal  eût  été  renflé  comme  un  ballon  ,  et  les  éléphans  ,  les 
baleines  eussent  couvert  une  partie  de  la  terre  de  leur  épou- 
vantable volume  ;  car  si  l'homme  eût  présenté  quinze  cents 
quinze  pieds  de  surface ,  la  baleine  eût  pu  en  avoir  plus  de 
trois  cent  mille  ,  quoique  la  quantité  de  sa  matière  ne  soit 
pas  augmentée.  Ces  vastes  corps  n'auroient  pas  pu  se  mou- 
voir, et  auroient  expiré  sans  pouvoir  sortir  de  place.  La  cavité 
intestinale,  la  peau  et  les  poumons  ou  les  branchies  me  pa- 
roissent  donc  être  ,  par  rapport  à  l'air  ,  des  organes  respira- 
toires sur  lesquels  viennent  ramper  des  vaisseaux  sanguins 
et  lymphatiques  pour  y  mettre  leurs  liquides  en  contact  avec 
l'air  ;  mais  chacun  de  ces  organes  a  son  mode  particulier  de 
respiration  et  son  exhalation  propre  qui  est  une  expiration. 
Aussi ,  la  transpiration  pulmonaire  et  la  cutanée  peuvent  se 
suppléer  mutuellement  ;  mais  il  est  dangereux  de  charger  les 
poumons  de  transpirer  plus  que  la  peau  ,  parce  qu'alors  il  " 
s'établit  un  flux  d'humeurs  sur  ces  organes  ;  d'où  viennent  les 
catarrhes,  les  affections  les  plus  funestes  de  la  poitrine,  dans 
les  temps  et  les  lieux  froids. 

A  mesure  que  la  respiration  est  plus  intense  ,  l'organe  prin- 
cipal qui  l'exécute  est  phis  intérieur  et  plus  essentiel  à  l'ani- 
mal. Chez  les  mammifères.et  les  oiseaux  ,  c'est  dans  la  poi- 
trine ,  revêtue  de  côles  et  de  sternum ,  que  sont  contenus  les 


POU  ,09 

poumons.  Chez  les  reptiles,  ces  organes  semblent  déjà  moins 
essentiels  ;  aussi  la  nature  a-t-elle  pris  moins  de  soin  pour  les 
défendre  ;  les  vrais  serpens  manquent  de  sternum,  les  gre- 
nouilles et  les  salamandres  n'ont  pas  de  côtes;  enfin  les  ani- 
maux à  branchies  portent  ces  organes  autant  à  l'extérieur  qu'à 
l'intérieur  ;  un  simple  opercule  osseux  les  recouvre  dans  la 
plupart  des  poissons.  Il  paroît  donc  que  la  nature  cache  da- 
vantage les  organes  à  mesure  qu'ils  sont  plus  essentiels  ,  tandis 
-qu'elle  place  à  la  circonférence  du  corps  les  parties  les  moins 
importantes.  Ainsi  les  artères  sont  plus  enfoncées  dans  les 
chairs  que  les  veines,  parce  que  la  blessure  des  premières 
est  bien  plus  dangereuse  que  celle  des  secondes.  On  peut 
blesser  impunément  une  partie  extérieure  du  corps  ;  il  en  est 
bien  autrement  des  organes  internes.  ^     ^ 

Pour  bien  saisir  l'inducnce  de  la  respiration  dans  l'écono- 
mie animale  ,  il  faut  la  considérer  dans  les  différens  animaux. 
ISous  reconnoîtrons  alors  que  l'activité  de  la  vie  est  en  raison 
directe  de  lintensité  de  l'acte  respiratoire  ;  car  tant  qu'un 
animal  ne  respire  point,  sa  vitalité  demeure  insensible  ;  on 
en  voit  la  preuve  dans  le  foetus   au  sein   de  sa  mère,  et  le 
poulet  dans  l'œuf  qui   ne  reçoivent  qu'une    petite  portion 
d'air  ;  cependant  ils  ont  déjà  quelque  communication  avec 
l'oxygène  -,  l'embryon  par  le  sang  artériel  de  sa  mère  ,  le  jeune 
animal  dans  l'œuf  par  le  moyen  de  cette  membrane  vascu- 
laire  ou  analogue  à  rallanloïde  qui  renferme  le  jaune.  Cette 
membrane  où  se  ramifient  tant  de  vaisseaux  sanguins  paroît 
faire  l'office  ,  dans  l'œuf  des  oiseaux,   d'un  organe  respira- 
toire ;  elle  n'existe  pas  chez  les  œufs  des  animaux  aquatiques  , 
mais  \a  coque  molle  de  ces  œufs  peut  s'imbiber  d'eau  aérée, 
et   tenir   lieu    de   cette  membrane  allantoïde.     V.    OEuf. 
De  même,  la  plante  dans  sa  graine,    l'arbre  pendant  l'hi- 
ver, le  reptile  et  l'insecte  engourdis  par  le  froid,    ne  res- 
pirent presque  point  ;  ils  n'ont  point  d'activité  vitale  ;  ils  de- 
meurent immobiles  et  inanimés  ,   quoiqu'ils   ne  soient  pas 
morts.  On  a  môme  reconnu  que  la  graine  ne  pouvoit  pas 
germer,  si  toute  communication  avec  l'air  étoit  exactement 
interrompue  ,  tandis  que  le  gaz  oxygène  ou  l'air  vital  excite 
pfomptement  sa  germination.   Quels  animaux  sont  les  plus 
actifs  ,  les  plus  forts  et  les  plus  animés  ?  Ce  sont  précisément 
ceux  chez  lesquels  la  respiration  est  la  plus  développée  ,  les 
oiseaux  et  les  mammifères.  L'oiseau  surtout  est  presque  tou- 
jours en  mouvement;  rien  ne  surpasse  la  vigueur  de  ses  mus- 
cles, la  rapidité  des  actes  qu'il  exécute,  parce  qu'il  respire 
plus  que  tout  autre  animal.  L'homme  ,   le  quadrupède  vivi- 
pare ,  ont  aussi  une  grande  intensité  de  vie  ,  puisqu'ils  respi- 
rent beaucoup  et  qu'ils  ont  le  sang  chaud  comme  les  oiseaux. 


lia  POU 

Ces  classes  jouissent  encore  d'une  sensibilité  plus  vive  que 
toutes  les  autres  ;  leurs  sens  sont  plus  développés  ;  leur  sys- 
tème nerveux  a  plus  de  grosseur  et  d'étendue  ;  toutes  leurs 
facultés  ont  plus  d'énergie  et  de  force  que  chez  les  animaux 
des  autres  classes.  Ainsi  les  reptiles  qui  respirent  lentement 
et  rarement  sont  des  animaux  lents,  froids  ,  slupides  ;  leur 
force  est  peu  considérable  en  la  comparant  à  celle  d'un  oiseau 
ou  d'un  mammifère  de  taille  semblable.  Les  poissons  pa- 
roissent  vifs  ,  parce  que  ,  plongés  dans  un  fluide  d'égale  pe- 
santeur avec  leur  cor^  ,  ils  ont  la  plus  grande  facilité  à  s'y 
mouvoir  avec  promptitude  :  mais  les  muscles  de  ces  animaux 
ne  sont  pas  forts,  et  leurs  os  ne  sont  pas  capables  d'une 
grande  résistance.  Les  mollusques  ,  les  coquillages  semblent 
plutôt  végéter  que  vivre  ;  aussi  respirent-ils  imparfaitement 
par  des  branchies. 

Nous  trouvons  beaucoup  de  force  ,  de  vivacité  et  d'indus- 
trie chez  les  insectes  ,  et  Ton  en  voit  encore  la  raison  dans 
leur  mode  de  respiration.  Leurs  trachées  ou  vaisseaux  aériens 
se  ramifient  si  abondamment  dans  tout  leur  corps  ,  qu'il  n'est 
pas  une  seule  partie  qui  n'en  soit  entièrement  pénétrée.  Ces 
petits  animaux  sont  ,  pour  ainsi  dire,  des  éponges  imbibées 
d'air  de  toutes  parts  :  leur  respiration  est  universelle  ;  voilà 
pourquoi  ils  sont  ordinairement  si  vifs  et  si  forts  ,  malgré  leur 
petitesse,  et  comme  ils  ne  respirent  pas  en  hiver  et  dans  l'état 
de  chrysalide  parfaite  ,  ilsne  jouissent  à  ces  époques  que  d'une 
vie  sourde  ,  cachée  ,  insensible.  Les  vers ,  les  zoophytes  qui 
respirent  à  peine,  vivent  de  même  à  peine,  et  semblent  plutôt 
végéter  languissamment  qu'exister  et  senûr;  tant  il  se  trouve 
de  correspondance  entre  la  force  de  la  vie  et  l'étendue  delà 
respiration!  Voyez  dans  les  différens  individus  de  l'espèce 
humaine  ,  ceux  qui  sont  les  plus  vifs  ,  les  plus  robustes  ;  ce 
sont  précisément  ceux  qui  ont  une  large  poitrine  ,  et  qui  res- 
pirent avec  facilité,  tandis  que  les  personnes  à  poitrine  déli- 
cate, étroite  ou  mal  constituée,  sont  foibles  ,  maladives  et 
sans  vigueur.  Ce  que  nous  appelons  un  tempérament  athléti- 
que ,  une  forte  constitution  ,  c'est  un  corps  large  ,  carré  ,  une 
vaste  poitrine  dans  laquelle  les  poumons  s'étendent  à  l'aise  , 
jouent  et  respirent  abondamment.  Les  hommes  des  villes  qui 
respirent  un  air  méphitique, ont-ils  la  vigueur  de  nos  paysans 
qui  reçoivent  continuellement  l'air  pur  de  la  campagne  ? 
À'ovez  combien  l'air  des  lieux  marécageux,  toujours  rempli 
de  v.npeurs  infectes  ,  d'hydrogène  et  de  carbone  ,  affoiblit  les 
individus  qui  les  habitent  ,  tandis  que  les  montagnards  qui 
demeurent  dans  un  air  vif  et  serein  sont  les  plus  robustes  et  les 
plus  courageux  des  hommes;  ils  tiennent  même  de  la  nature 
des  oiseaux,  ou  plutôt  des  aigles;  comme  eux  ,  ils  reçoivent 


POU 

les  influences  d'une  atmosphère  agitée  et  purifiée  par  les 
vents.  Telles  sont  toutes  les  contrées  élevées  et  sèches  ;  mais 
les  lieux  bas  produisent  des  hommes  et  des  animaux  d'une 
nature  plus  molle  et  plus  foible  parce  que  l'air  y  est  moins 
pur  ,  et  que  les  vapeurs  y  sont  abondantes  et  continuelles. 

C'est  donc  la  respiration  qui  rend  la  vie  active;  c'est  l'air 
qui  nous  anime  ;  c'est  lui  qui  réveille  l'enfant  au  sortir  du 
sein  maternel  ;  c'est  le  principe  de  l'excitabilité  des  animaux. 
Les  quadrupèdes  qui  s'endorment  pendant  l'hiver  ,  respirent 
plus  lentement  alors,  que  dans  le  temps  du  réveil.  Nos  ins- 
pirations deviennent  aussi  moins  fréquentes  pendant  notre 
sommeil  ;  elles  se  font  avec  plus  de  difficulté ,  c'est  pourquoi 
l'on  ronfle  ordinairement.  Après  avoir  beaucoup  mangé  ,  les 
animaux  sont  portés  au  sommeil,  parce  que  la  plénitude  de 
l'estomac  comprime  les  poumons  ,  diminue  la  facilité  de  la 
respiration  ,  et  fait  refluer  le  sang  au  cerveau.  Lorsqu'on 
s'agiie  avec  effort ,  lorsqu'on  exerce  fortement  ses  muscles, 
la  respiration  devient  plus  intense  et  plus  prompte  pour  resti- 
tuer plus  de  vigueur  au  corps  ;  ainsi ,  l'oiseau  qui  se  meut 
avec  une  grande  vivacité  ,  respire  quarante  ou  cinquante 
fois  par  minutes ,  ce  qui  est  le  double  de  l'homme.  Les  pois- 
sons agitent  vingt-cinq  à  vingt-six  fois  leurs  branchies  par  mi- 
nute,toutefois  chacune  de  leurs  inspirations  aqueuses  ne  leur 
donne  qu'une  très-petite  quantité  d'air  qu'ils  séparent  de  son 
mélange  avec  l'eau ,  mais  sans  décomposer  le  liquide  aqueux, 
comme  on  l'avoit  pensé.  M.  de  Huuiboldt  a  bien  prouvé 
que  cette  décomposition  n'avoit  pas  lieu,  et  l'on  savoit  déjà 
que  le  poisson  est  étouffé  dans  de  l'eau  renfermée  en  un 
vase  clos  hermétiquement,  comme  sous  la  glace  ,  en  hiver. 

Les  hommes  du  Nord  sont  beaucoup  plus  robustes  que 
ceux  du  Midi,  parce  qu'ils  respirent  un  air  plus  vif,  plus  pur 
et  plus  condensé  ,  à  cause  du  froid.  Or  ,  un  air  condensé 
contient,  sous  le  même  volume,  une  plus  grande  quantité  de 
gaz  oxygène  ou  d'air  vital  ;  il  doit  donc  alimenter  davantage 
les  forces  du  corps.  C'est  pour  cela  que  nous  sommes  plus 
actifs  et  plus  vigoureux  en  hiver  qu'en  été  ,  indépendamment 
de  la  chaleur  et  du  froid.  Par  la  même  cause  ,  nous  mangeons 
alors  plus  abondamment;  nous  digérons  mieux,  car  les  oi- 
seaux, qui  respirent  beaucoup  ,  digèrent  très-vite  ,  et  quancj 
on  respire  peu  ,  on  mange  moins.  Ceci  nous  montre  encore 
combien  la  fonction  respiratoire  est  analogue  à  la  faculté 
digestive,  et  combien  elles  sont  correspondantes.  L'abon- 
dance de  la  nourriture  exige  une  respiration  intense,  afin  de 
transformer  la  matière  alimentaire  en  sang  et  en  substance 
animale,  et  réciproquement  l  intensité  de  la  respiration  ap- 
pelle une  grande  quantité  d'alimens  pour  établir  l'équilibre 


112  POU 

entre  les  fonctions  de  l'e'conomîe  vivante.  Voilà  pourquoi 
les  animaux  engourdis  pendant  Thivcr ,  ne  mangent  point, 
et  les  végétaux  cessent  d'absorber  alors  les  sucs  de  la  terre. 

Ainsi  toutes  les  fonctions  des  corps  vivans  se  lient  par  des 
rapports  multipliés  ,  et  exercent  leurs  influences  sur  l'ensem- 
ble de  la  machine  organisée.  A  mesure  que  les  fonctions  de- 
viennent plus  générales  ,  leur  domination  s'étend  davantage; 
et  quand  elles  surpassent  toutes  les  autres,  elles  forment  alors 
des  idiosyncrasies ,  des  tempéramens.  Elles  donnent  diverses 
nuances  aux  caractères  physiques  et  aux  impulsions  morales  : 
car  qui  posera  la  limite  entre  les  uns  et  les  autres  ?  Qui  nous 
dira  jusqu'à  quel  point  ils  s'influencent  mutuellement  ?  L'on 
ne  se  doute  pas  cependant  que  c'est  souvent  de  la  nature  de 
l'air  ,  que  dépendent ,  non-seulement  la  santé  et  la  vie  ,  mais 
même  les  institutions  et  les  gouvernemens  des  peuples.  Nous 
ne  voyons  pas  aisément  tout  ce  que  peuvent  produire  de 
petites  causes,  à  la  longue.  F.  les  articles  AiR  et  Circula- 
tion, etc.  (VIREY.) 

POUMPEIRE.  Nom  qu'on  donne,  en  Languedoc  >  à  la 
Pomme  de  ramrour.  (ln.) 

POUNAIN-TAGERA.  Rhéede,  Mal.  2  ,  tab.  52.  C  est 
ia  Casse  sophore,  (ln.) 

POUNDRA.  Nom  piémonlais  de  la  Buse,  (v.) 

POUPART.  Nom  vulgaire  du  Crabe  tourteau,  Cancer 
pagurus.  (desm.) 

POUPARTIE  ,  Poupariia.  Genre  de  plantes,  établi  par 
Jussieu ,  dans  la  décandrie  pentagynie  ,  et  dans  la  famille 
des  térébinthacées.  Il  a  pour  caractères  :  un  calice  très-pe- 
tit, à  cinq  divisions;  cinq  pétales;  un  réceptacle  crénelé  , 
supportant  dix  étamines  ;  un  ovaire  surmonté  de  cinq  styles 
rapprochés.  Le  fruit  est  une  noix  à  cinq  loges. 

L'arbre  qui  donne  lien  à  ce  genre ,  croît  à  l'île  de  la  Réu- 
nion. (B.) 

POUPE  (  vénerie  ).  On  appelle  quelquefois  ainsi  la  tête 
des  femelles  des  animaux  carnassiers  ,  et  plus  particulière- 
ment celle  de  Vours.  (s.) 

POUPE.  V.  Poulpe,  (desm.) 

POUPON  (  GROS  ).  C'est  le  Baliste  caprisque.  Pou- 
pon noble  ;  c'est  le  Baliste  a  aiguillon,  Balistes  aculea- 
ius.  (desm.) 

POURCEAU.  F.  Cochon,  (s.) 

POURCEAU  FERRÉ.  L'un  des  noms  vulgaires  du 
Hérisson,  (desm.) 

POURCEAU  DE  HAIE.  Autre  dénomination  du  même 
animal,  (desm.) 


^   ^^   î^  o3 

POURCEAU  DE  LA  MER.  C'est  le  Dauphin  mar- 
souin, (desm.) 

POURCELET  ou  PORCELET.  V.  Cloforte  et  Por- 

CELLION.  (l.) 

POURETTE.  On  nomme  ainsi  les  jeunes  plantes  de 
mûrier,  V.  ce  mot  ,  à  rarllcle  Semis,  (b.) 

POUROUMIER  ,  Pourouma.  Arbre  tie  la  Guyane  ,  à 
feaillesalfernes,  trilobées ,  rudes  en  dessus  ,  couvertes  d'un 
duvel  blanchâtre  en  dessous  ,  renfermées,  avant  leur  déve- 
loppement ,  dans  une  stipule  en  forme  de  spathe  membra- 
neuse et  caduque,  à  fleurs  disposées  en  corymbes  ,  dans  les 
aisselles  des  fleurs  supérieures,  et  enveloppées  d'une  spathe 
semblable  à  celle  des  feuilles. 

Cet  arbre  forme  dans  la  dioécic  et  dans  la  famille  des  or- 
ties ,  un  genre  dont  on  ne  connoît  que  les  fleurs  femelles. 
Elles  sont  constituées  par  une  petite  vessie  velue  ,  couron- 
née par  un  stigmate  crénelé.  Cette  vessie  ,  grossie  ,  devient 
une  capsule  sèche  ,  velue  ,  qui  s'ouvre  en  deux  valves,  et  ne 
contient  qu'une  semence,  (s.) 

POURPAIROLLE.  Le  Sorgho  se  nomme  ahisi  aux  en- 
virons d'Angoulême.  (b.) 

POURPIER  ,  Portu/aca  ^  hinn.  (  dodécandrie  monogynie). 
Genre  de  plantes  de  la  famille  de  son  nom,  qui  compreni^ 
des  herbes  dont  les  feuilles  sont  charnues ,  et  dont  les  fleurs  , 
situées  au  sommet  des  rameaux  ,  sont  toujours  entourées 
d'un  involucrc.  On  trouve  ,  dans  chaque  fleur  :  un  calice 
persistant,  divisé,  à  son  sommet,  en  deux  parties  ;  une  co- 
rolle à  cinq  pétales  ,  unis  ,  érigés  et  obtus  ^  douze  à  quinze 
étamines  de  moitié  moins  longues  que  les  pétales  ;  un  ovaire 
arrondi  et  un  court  style  couronné  par  quatre  ou  cinq  stig- 
mates oblongs.  Le  fruit  est  une  capsule  couverte  par  le  ca- 
lice ,  et  qui  s'ouvre  en  boîte  à  savonnette  ,  et  contient  plu- 
sieurs petites  semences. 

Ce  genre  aux  dépens  duquel  on  a  établi  les  genres  Méri- 
DIAME  et  Talin  ,  renferme  un  petit  nombre  d'espèces  , 
presque  toutes  exotiques.  La  plus  intéressante  est  le  Pour- 
pier COMMUN  ,  Poriulaca  olcracea  ,  Linn.  ,  que  l'on  cultive 
dans  les  jardins.  On  le  croit  originaire  d'une  des  deux  In- 
des; du  moins  vient-il  spontanément  dans  les  parties  les 
plus  chaudes  du  globe.  C  est  une  plante  annuelle  dont  la  ra- 
cine est  simple  et  peu  fibreuse.  Elle  pousse  des  liges  arron- 
dies, lisses,  luisantes,  tendres  et  couchées  en  partie  à  terre. 
Ses  feuilles  sont  oblongues  ,  faites  en  forme  de  coin,  gros- 
ses ,  charnues  ,  unies  ,  d'un  vert  foncé,  et  placées  alterna- 
tivement :  elles  ont  un  goût  visqueux  ,  tirant  un  peu  sur  1  a- 

xxvni.  8 


11^  POU 

«ide.  Des  aisselles  des  feuilles,  sortent  de  petites  fleurs  jau- 
nâtres, solitaires  et  sessiles  ,  auxquelles  succèdent  des  fruits 
de  couleur  herbacée  ,  et  qui  ressemblent  à  de  petites  urnes  ; 
ils  contiennent  des  semences  striées  et  noires.  Celte  espèce 
offre  deux  variétés,  l'une  à  feuilles  plus  petites  et  moins  suc- 
culentes ,  et  l'autre  à  feuilles  plus  larges  ,  jaunâtres  ;  celle-ci 
porte  le  nom  de  pourpier  doré. 

Le  pourpier  est  une  plante  potagère,  aqueuse  ,  fade  et  ni- 
treuse.  Ses  jeunes  feuilles  se  mangent  en  salade  ;  elles  sont 
extrêmement  rafraîchissantes  et  tempérantes.  On  confit  en- 
core ses  tiges  dans  le  vinaigre,  comme  les  cornichons.  Il  calme 
la  soif  fébrile  ,  et  celle  qui  est  produite  par  de  violens  exer- 
cices. Il  diminue  la  chaleur  du  corps  et  des  urines,  et  con- 
vient dans  les  fièvres  ardentes  et  bilieuses  ,  le  scorbut ,  les 
hémorragies  ,  et  enfin  dans  toutes  les  circonstances  où  il  y  a 
effervescence  d'humeurs.  Les  graines  ont  les  mêmes  proprié- 
tés ;  elles  sont  une  des  quatre  petites  semences  froides  ;  oa 
les  mêle  dans  les  émulsions  ,  avec  celles  de  laitue  et  de  chico- 
rée. Le  sirop  de  pourpier  n'a  pas  plus  de  vertus  que  son  suc, 
et  l'eau  distillée  des  feuilles  est  moins  efficace  que  l'eau  de  ri- 
vière ,  filtrée.  Les  estomacs  foibles  ne  doivent  pas  faire  un 
trop  grand  usage  de  cette  plante. 

Le  pourpier  doré.,  comme  plus  agréable  à  la  vue ,  est  gé- 
néralement plus  cultivé  que  le  vert  ou  commun.  Tous  deux 
sont  tiès-sensibles  à  la  gelée.  On  ne  doit  pas  semer  le  pour- 
pier en  pleine  terre  ,  avant  les  premiers  beaux  jours  du  prin- 
temps. 11  demande  une  terre  riche  et  très-meuble  ,  et  une 
exposition  chaude.  Il  est  bon  pour  l'usage  ,  un  mois  et  demi 
après  avoir  été  semé.  Cette  plante  ,  une  fois  levée  ,  veut  être 
peu  arrosée  ;  comme  elle  est  grasse  ,  elle  se  nourrit  princi- 
palement de  ses  propres  sucs  et  de  ceux  qui  sont  répandus 
dans  l'atmosphère  ;  aussi ,  a-t-elle  une  racine  très-déliée.  Sa 
graine  ne  doit  point  être  enterrée ,  il  suffit  de  la  couvrir  légè- 
rement avec  du  terreau.  Si  on  la  laisse  se  répandre ,  elle  se 
sèmera  d'elle-même.  C'est  lorsque  le  pourpier  a  deux  feuilles 
bien  formées  ,  qu'on  le  coupe  pour  en  décorer  les  sa- 
lades, (d.) 

POURPIER  AQUATIQUE.  C'est  la  Montie  des  fon- 

TAITSES.  (B.) 

POURPIER  DES  BOIS.  On  appelle  ainsi,  à  Saint- 
Domingue  ,  le  Poivre  à  feuilles  obtuses,  (b.) 

POURPIER  DE  CHEVAL.  C'est  le  Trianthema  moh 
ISOGYNA  ,  dans  les  colonies,  (ln.) 

POURPIER  DES  MARAIS.  C'est,à  la  Louisiane,l'HY- 

DR0P\X1S  DES  MARAIS.  (B.) 


POU  ,j5 

POURPIEPi  DE  MER.  C'est  TArroche  halime.  (b.) 

POURPIÈRE.  On  donne  ce  nom,  dans  quelques  lieux,  à 
la  PÉi'LinE.  (b.) 

POURPOl::^.  Poisson  de  mer  dont  on  faisoit  cas  à  Paris, 
dans  le  douzième  siècle.  Je  ne  sais  à  quel  genre  il  se  rap- 
porte, (b.) 

POURPRE,  Purpura.  Genre  de  testacés  de  la  classe  des 
UNlVALVES,qul  offre  pour  caractères:  une  coquille  ovale,  le 
plus  souvent  tuberculeuse  ou  épineuse,  dont  l'ouverture  se 
termine  en  un  canal  très-court,  cchancré  à  son  extrémité  ,  et 
dont  la  base  de  la  columelle  finit  en  pointe. 

Ce  genre  ,  qui  a  été  connu  des  anciens  conchyliologistes  y 
avoit  été  confondu  par  Linnœus  avec  celui  des  RucciNS,  et 
avec  celui  des  Rochers.  11  forme  très-bien  le  passage  entre 
ces  deux  derniers,  et  renferme  des  coquilles  ordinairement 
épaisses  ,  ovales,  tuberculeuses  ,  chargées  de  bosses  plus  ou 
moins  pointues.  Leur  ouverture  est  assez  grande,  ovale-arron- 
die  par  le  haut ,  et  aiguë  vers  le  bas.  Elle  est  un  peu  oblique 
à  l'axe  de  la  coquille,  et  échancrée  à  son  extrémité  supérieure 
en  un  canal  fort  court,  et  qui  a  quelquefois  plus  de  profon- 
deur que  de  largeur.  L'extrémité  de  ce  canal  est  aussi  un  peu 
échancrée  :  la  lèvre  droite  ,  un  peu  épaisse  ,  cannelée  ou  den- 
telée ;  la  lèvre  gauche  est  renflée,  avec  un  bourrelet  ridé  qui 
va  se  terminer  à  l'échancrure. 

Les  couleurs  des  pourpres  se  réduisent  presque  au  brun, 
au  blanc  et  au  jaune  ,  avec  les  différentes  nuances  et  mélan- 
ges dont  elles  sont  susceptibles. 

Les  animaux  qui  habitent  les  pourpres  ont  une  petite  tête, 
eu  égard  au  reste  du  corps.  Elle  est  cylindrique  ,  de  longueur 
ou  de  largeur  presque  égale.  De  son  extrémité  qui  paroît 
comme  échancrée  ,  sortent  deux  cornes  coniques  deux  fois 
plus  longues  qu'elle  ,  fendues  en  dessous  ,  et  portant  les  yeux 
au  milieu  de  leur  côté  extérieur.  La  bouche  est  un  petit  trou 
ovale  ,  placé  en  dessous,  duquel  sort  une  longue  trompe  ter- 
minée par  un  suçoir  armé  de  tentacules  courts.  Cette  iron  pe 
est  destinée  àtuer  et  à  sucer  les  animaux  des  autres  coquilles, 
aux  dépens  desquels  vivent  ceux-ci. 

Le  manteau  est  onde  ou  légèrement  frisé  en  ses  bords.  Il 
se  replie  à  sa  partie  supérieure  et  s'allonge  en-  un  tuyau  qui 
sort  par  l'échancrure  et  se  rejette  sur  la  gauche. 

Le  pied  est  elliptique  ,  obtus  ,  épais  ,  de  près  de  moitié 
plus  court  que  la  coquille  ,  sillonné  et  strié  en  dessous  ;  por- 
tant à  sa  partie  latérale  supérieure  un  opercule  cartilaginexix 
en  croissant  ;  sa  surface  est  lisse  ,  d'un  brun  noir  ,  sillonnée 
de  cercles. 

Ces  animaux  sont  de  sexe  distinct.  Les  mâles  sont  plus  pe- 


ii6  PO  U 

tils  que  les  femelles ,  cl  laissent  sortir ,  du  côté  droit  de  leur 
col ,  une  verge  triangulaire  cl  aplatie.  On  les  mange  comme 
la  plupart  des  autres  coquillages  de  celte  famille  :  cependant 
iis  sont  peu  recherchés. 

C'est  dans  ce  genre  que  sont  renfermées  la  plupart  de  ces 
coquilles  autrefois  si  prisées,  el  encore  aujourd'hui  si  fameuses , 
dont  on  tiroit  la  pourpre  sur  les  côtes  africaines  et  asiatiques 
de  la  Méditerranée.  On  peut  difficilement  déterminer  les  es- 
pèces qu'on  employoit  de  préférence  ,  parce  que  presque 
toutes  donnent  de  lacouleur,  ainsique  la  plupart  descoquilles 
des  genres  voisins  et  même  des  genres  fort  éloignés,  tels  que 
les  BuLiMESet  les  Planorbes.  On  sait  qu'on  endislinguoil  de 
trois  espèces  :  celle  qui  avoit  une  longue  queue  recourbée  , 
celle  qui  en  avoit  une  très-courte,  et  enfin  celle  dont  la  spire 
n'étoit  point  saillante. 

Adanson  élaLlit ,  d'après  Belon  ,  que  la  pourpre  des  an- 
ciens étoit  fournie  par  son  Kalan ,  qui  appartient  au  genre 
des  Strombes. 

Cuvier  s'est  assure, pendant  son  séjour  àMarseille,  par  l'a- 
natomie  de  l'animal  el  la  lecture  de  Pline,que  ce  devoitètre, 
comme  Pvondelet  lavoii  pensé  ,  le  Rocher  brandaire,  qui 
fournissoit  principalement  la  pourpre  aux  anciens  ;  ainsi  le 
nom  de  ce  genre  seroil  mal  appliqué.  (  V.  au  mot  Rocher.  ) 
Ce  qu'on  va  dire  de  l'exiraclion  de  la  pourpre  convient  éga- 
lement à  toutes  les  espèces. 

La  liqueur  que  donne  la  pourpre  se  trouve  dans  un  réser- 
voir placé  au-dessus  du  col ,  à  côté  de  l'estomac.  Ce  réservoir 
a  paru  à  Cuvier  destiné  à  recevoir  la  verge, ou  à  tenir  lieu  de 
vagin  ;  mais,  dans  ce  cas,  il  n'existeroit  pas  dans  toutes  les  co- 
quilles de  ce  genre  qui  ont  les  sexes  distincts  comme  on  vient 
de  le  dire.  On  n'a  pas  d'observation  qui  permette  de  prendre 
«ne  opinion  positive  sur  cet  objet.  Cependant  Plumier  rap- 
porte qu'un  coquillage  de  ce  genre  lance  sa  liqueur  comme 
un  jet  d'eau  ,  aussitôt  qu'on  l'inquiète,  ce  qui  fait  croire  qu'il 
a  le  même  effet  pour  lui  que  la  liqueur  noire  pour  les  Sèches. 
Il  l'appelle  le  pisseur. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  la  liqueur  de  la  pourpre  est  ou  blanche 
ou  verte  quand  on  la  tire  de  son  réservoir;  et  sa  viscosité  est 
Irès-considérable.  Elle  ne  devient  rouge  que  lorsqu'elle  a  été 
étendue  d'eau  et  exposée  à  l'air  et  même  au  soleil.  Il  est  rare 
que  dans  les  plus  vieux  individus  il  y  ait  plus  gros  qu'un 
pois.  On  peut  juger  par  cela  de  la  quantité  de  ces  coquillages 
que  les  anciens  étoient  obligés  de  sacrifier  pour  obtenir  leur 
couleur  pourpre  ;  aussi  étoit-elle  énormément  chère. 

Quelques  commentateurs  modernes  ,  et  en  dernier  lieu 
Bory -Saint-Vincent,  dans  son  Essai  sur  les  îles  Fortunées ,  ont 


POU  ,,7 

prëlendu  que  les  Phéniciens  faisoient  la  pourpre  avec  Vorseille 
{lichen  roccella  ^hinn.),  et  que  c'étoit  pour  donner  le  change  y 
qu'ils  annonçoienl  la  tirer  d'un  coquillage  -,  mais  les  passages 
des  auteurs  latins,  et  de  Pline  en  particulier,  sont  trop  for- 
mels pour  permettre  d'adopter  cette  opinion,  V.  au  mot 
Orseille  et  au  mot  Lichen. 

Pour  obtenir  la  pourpre  ,  les  anciens  opéroient  de  deux 
manières.  Ou  ils  ôtoient  le  réservoir  àchaque  animal,  en  lui 
ouvrant  la  tête ,  et  c'étoit  sans  doute  le  moyen  d'avoir  la  plus 
belle  couleur ,  ou  ils  les  écrasoient  dans  des  mortiers.  Par 
cette  dernière  manière  ,  la  couleur  se  trouvoit  mêlée^  avec 
toute  la  chair  et  touleS  les  humeurs  de  l'animal.  Il  paroît  que 
c'étoit  pour  la  débarrasser  de  toutes  ces  parties  hétérogènes  , 
qu'ils  faisoient  bouillir  pendant  dix  jours,  dans  deschauaières 
d'étain  le  mélange  étendu  d'eau,  et  qu'ils  y  ajoutoient  beau- 
coup de  sel.  Au  reste ,  ces  procédés  ne  nous  sont  quimparfai- 
tement  connus. 

Réaumur  et  d'autres  physiciens  ont  ,  il  y  a  déjà  près 
d'un  siècle ,  cherché  à  faire  revivre  la  teinture  de  la  pour- 
pre. Ils  ont  prouvé  qu'il  étoit  facile  de  retrouver  les  procédés 
des  anciens  ;  que  presque  toutes  lespuurpres,  les  rochers,  etc., 
de  nos  côtes,pouvoient  être  employés  pour  la  teinture;  mais 
ils  ont  reconnu  que  les  étoffes  teintes  en  celle  couleur  ne  se- 
roient  jamais  si  belles, et  coûleroient  peut-être  cent  fois  plus 
que  celles  teintes  avec  la  Cochenille. 

Dans  quelques  cantons  du  nord  de  l'Angleterre ,  on  emploie 
encore  la  pourpre  pour  marquer  le  linge.  On  s'en  sert  aussi 
pour  teindre  de  petites  pièces  d'étoffes  dans  l'Inde  et  sur  les 
cotes  de  l'Amérique;  mais  nulle  part  on  n'en  fait  l'objet  d'un 
travail  important. 

On  peut  porter  à  une  douzaine  d'espèces,même  davantage, 
le  nombre  de  coquilles  connues  qui  se  rangent  dans  le  genre 
■  des  pourpres,  tel  qu'il  est  ici  établi. 

Les  plus  communes  dans  les  collections  ,  sont  : 
La  Pourpre  persique  ,  qui  est  striée  ,  tuberculeuse  ,  dont 
la  lèvre  est  crénelée  et  la  columelle  aplatie.   Elle  se  trouva 
dans  la  Méditerranée  et  la  mer  des  Indes. 

La  Pourpre  sakÈne,  Purpura  mancinella,  Linn.,  qui  est 
ovale,  et  dont  les  tubercules  sont  obtus,  l'ouvcrlure  sans 
dentelure  et  la  columelle  striée  transversalement.  Elle  se 
trouve  sur  la  côte  d'Afrique  et  dars  la  merdes  Indes. 

La  Pourpre  LABORIN  ,  Purpura  hipvocasiana,  <\v\  est  ovale  , 
striée,  avec  quatre  rangs  de  tubercules  presque  cpiicux,  et 
dont  l'ouverture  est  striée  transversalement.  Elle  se  trouve 
dans  la  mer  des  Indes  et  sur  la  côte  d'Afrique,  (b.) 


ii8  POU 

POURPRE  FEUILLETÉE.  C'est  le  Rocher  frisé  , 
Murex  ramosus  ,  Linn  ,  dont  Denys-de-Montforl  fait  le  type 
de  son  genre  Chicoracé.  (desm.) 

POURPRE  LICORNE,  Pwpum  monorcros.  Cette  co- 
quille ,  fort  semblable  aux  autres  Pourpres  ,  en  diffère  , 
•parce  que  sa  lèvre  extérieure  est  garnie,  à  sa  partie  in- 
férieure ,  d'une  dent  longue  et  recourbée.  Denys-de- 
Montforl  en  a  fait  un  genre  sous  le  nom  de  Licorne  , 
unicornus.  (DES M.) 

POURPRE  DE  PATSAMA.  C'est  la  même  coquille 
que  la  Pourpre  persique.  (desiM.) 

POURPRE  DE  PARMA.  C'est  la  Pourpre  persique. 

(I)ESM.) 

POURPRIER.  Animal  des  Pourpres.  Il  a  un  oper- 
cule ;  deux  tentacules  ,  portant  les  yeux  dans  leur  milieu  ; 
un  tube  dans  un  canal,  (n.) 

POURRAGUE.    On  donne  ce  nom,  dans  la  Crau  ,  a 

l'AsPllODÈLE  FISTULEUSE,  (B.) 

POLTRPiETIE,  Pourretia.  Genre  de  plantes  établi  par 
Ruiz  et  Pavon,  dans  la  Flore  du  Pérou  ,  dans  la  monadelphie 
polyandrie  et  dans  la  famille  des  broméliacées.  Il  a  pour 
caractères  :  un  calice  divisé  en  cinq  parties  ,  une  corolle  de 
cinq  pétales  lancéolés;  un  grand  nombre  d'étamines  réunies 
en  tube  à  leur  base  ;  un  ovaire  surmonté  de  plusieurs  styles; 
un  grand  drupe  sec  ,  monosperme  et  à  cinq  ailes.  Ce  genre 
qu'on  a  aussi  appelé  Cavanillese  ,  GusMA^lEet  Pitcair- 
KE  ,  renferme  trois  espèces  ,  qui  croissent  naturellement 
au  Pérou,  et  don»  la  plus  importante  à  citer  ,  est  la  PouR- 
llETiE  PYRAMiDALE,  qui  est  arborescente  ,  a  les  épis  de  fleurs 
paniculés  et  le  calice  velu.  On  la  connoît  dans  les  Cordi- 
llères sou.s  le  nom  d' Achupi.la.  Les  ours ,  pendant  l'hiver, 
et  les  hommes,  dans  les  temps  de  disette,  mangent  son 
écorce.  (r.) 

POURRETIE,  Pojirrcti'a.  Ilumboldl  et  Bonpland  ,  dans 
leur  bel  ouvrage,  intitulé  Plantes  éqidnoxi'aîes ,  ont  donné  le 
même  nom  cà  un  autre  genre  de  la  monadelphie  polyandrie 
cl  de  la  famille  des  malvacées. 

Ce  genre  est  fondé  sur  un  arbre  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  à  feuilles  alternes  ,  presque  pellécs  ,  à  cinq  ou 
sept  lobes.  Ses  caractères  sont  :  calice  de  cinq  dents  réflé- 
chies et  velues  en  dehors  ;  corolle  de  cinq  pétales  épais , 
obtus  ,  réunis  à  leur  base;  capsule  oblongue  ,  à  cinq  grandes 
ailes;  à  cinq  loges  luonospermes  et  non  déhiscentes,  renfer- 
mant chacune  une  semence  membrancuso  d'un  càté. 


POU  „9, 

POURRITURE.  (^Maladie   des  arbres.)     V.   Arbre- 

(toll.) 
POURSILLE.  C'est,  dans  nos  îles  de  l'Amérique,   le 
nom  que  Ton  donne  à  une  variélé  brune  de  Pespèce  du  mar- 
souin, (s.) 

POURTOUGAL  et  PORÏOUGAL.  Noms  italiens 
des   Orangers,  (ln.) 

POURVOYEUR  DU  LION.  On  a  donné  ce  nom  au 
Caracal  ,  quadrupède  du  genre  des  Chats  (  V.  ce  mot  )  , 
et  voisin  des  lynx,  (desm.) 

POUSSE.  Exhalaison  qui  se  fait  sentir  dans  les  souterrains 
des  mines,  et  qui  suffoque  plus  ou  moins  promptement  les 
ouvriers.  V.  Moufette  et  (iRisou.  (pat.) 

POUSSEPIEDS,  POUCE-PIEDS  ou  CONQUES 
ANATIFÈRES.  Ce  sont  les  noms  vulgaires  attribués  aux 
An  A  TIFS,  coquillages  multivalves ,  parce  qu'on  croyoit 
qu'ils  donnoient  naissance  aux  canards.  Voyez  Anatifs  et 
.Pouce -Pieds,  (desm.) 

POUSSIÈRE.  Matière  terreuse  réduite  à  l'état  pulvé- 
rulent par  la  sécheresse,  ou  par  le  piétinemeut  des  hom- 
mes ou  des  animaux,  et  qui  se  trouve  surtout  dans  les  routes 
battues  ,  ou  dans  les  déserts  arides  et  sablonneux.  Sur  cer- 
taines côtes  de  la  mer  ,  comme  aux  environs  du  Mont-Saint- 
Michel,  en  Bretagne,  le  sable  d'une  ténuité  extrême,  forme 
uncpoussière  très-incommode, et  même  dangereusepour  la  poi- 
trine. Mais  je  ne  crois  pas  qu'il  existe  au  monde  une  pous- 
sière plus  fâcheuse  que  celle  qu'on  trouve  dans  une  grande 
partie  de  la  Sibérie.  Comme  tout  le  sol  est  une  espèce  de 
tourbe  chargée  de  sels  vitrioliques,  tels  que  les  sulfates  de 
fer  et  de  magnésie,  les  chemins  sont  couverts,  d'un  demi- 
pied  ,  d'une  poussière  aussi  noire  et  presque  aussi  légère  que 
du  noir  de  fumée  ;  et  les  voyageurs,  pendant  l'été,  sont 
perpétuellement  enveloppés  dans  des  tourbillons  de  cette 
horrible  poussière  ,  qui  ,  étant  toute  composée  de  petites 
fibres  végétales  fort  aiguës,  et  de  matières  salines  très-âcres, 
cause  une  irritation  violente  dans  la  poitrine  et  dans  les 
yeux  ,  et  occasione  des  toux  et  des  ophthalmles  fréquentes; 
aussi  les  habitans  perdent-ils  la  vue  de  fort  bonne  heure. 
Celle  cruelle  poussière  m'avoît  tellement  fatigué  pendant 
les  huit  années  où  je  l'ai  resplrée  dans  mes  voyages  d'obser- 
vations ,  que,  lorsqu'à  mon  retour  je  commençai  à  voir  de 
la  poussière  blanche  ,  en  approchant  des  monts  Oural ,  ce 
fut  pour  moi  une  des  plus  agréables  sensations  de  ma  vie. 
Je  ne  parle  pas  de  Tincommodité  non  moins  grande  que 
causent  les  myriades  d'insectes  dont  l'air  est  rempli,  et  qui 


Ï20  POU 

Ïiqucnt  cruellement  le  jour  et  la  nuit,  tels  que  les  cousins^ 
es    moustiques  ,  les  taons  ,  etc.  (pat.) 
POUSSIÈRE  FÉCONDANTE.  F.  Pollen  et  Fleurs. 

POUSSIERE  PROLIFIQUE.  V.  Fleurs  et  Pollen. 

(D.) 

POUSSINS.   Pellts  poulets  rcccmmeni  éclos.    V.    Coq. 

(s.) 

POUST.  Préparation  d'OpiuM ,  dont  on  fait  fré(|uem- 
ntient  usage  dansiTnde,  pour  se  débarrasser  d'un  ennemi 
sans  qu'on  puisse  exciter  les  soupçons,   (b.) 

POUTALETSJE.  Plante  figurée  par  Rhéede  ,  et  qui  pa- 
roît  être  une  Pétésie.  (b.) 

POUTAP«.'jUE  ,  ou  BouTARGUE,   Voyez  Mugil  mulet. 

POUÏASSOU.  A  Nice,  on  donne  ce  nom  à  plusieurs 
poissons  du  ^enre  des  Gades,  et  notamment  au  (^ade  pol- 
Lack  et  au  ]Merla>;.  (des3i.) 

POUTINA.  C'est  le  nom  nicéen  de  TATaÉRiNE  mar- 
brée, (desm.) 

POUTINO.  C'est  le  nom  qu'on  donne ,  à  Nice,  aux 
jeunes  Sardines,  (desm.) 

POUTOULAIGO.  Nom  languedocien  du  Pourpier 
{^Portulaca  olemcea').  (L>r.) 

POUTING  -  PONT.  Nom  anglais  de  Gade  tacaud. 

(c.) 

POU\RïNx\.  Nom  de  la  Bergeronnette,  en  Pié- 
mont, (v.) 

POUX.   Voyez  Pou.  (desm.) 

POUXA.  On  donne  ce  nom,  dans  leTliibel,  au  TiNKAL  , 
c'est-à-dire,    à  la  Soude  boratéeou  Borax,  (ln.) 

POUY.  On  donne  ce  nom  à  là  Bignone  a  fruits 
blancs,  dans  l'île  de  Ta!)ago.    (b.) 

POUZZOLANE.  Matière  terreuse  qui  est  rejetée  par 
les  volcans,  et  qui  est  précieuse  par  la  propriété  qu'elle  a 
de  former  un  ciment  de  la  plus  grande  solidité  ,  qu'on  em- 
ploie dans  les  constructions  hydrauliques  ;  bien  loin  d'être 
altéré  par  l'eau  ,  il  ne  fait  qu'y  prendre  ,  de  jour  en  jour  , 
plus  de  dureté.  La  pouzzolane  tire  son  nom  de  la  ville  de 
Pouzzole,  voisine  de  Naples  et  du  Vésuve  ,  aux  environs  de 
laquelle  il  en  a  formé  des  amas  prodigieux. 
.  Tous  les  volcans  ne  fournissent  pas  de  la  pouzzolane  en 
égale  abondance  ,  et  le  même  volcan  n'en  donne  pas  dans 
tous  les  périodes  de  ses  paroxysmes.  Avant  et  après  l'érup- 
tion des  laves  coulantes,  les  voîcaris  rejettent,  presque  lou- 


POU  I2ï 

jours,  une  încroya"ble  quantité  de  sables  el  «le  scories  plus 
ou  moins  volumineuses, qui  sont  extrêmement  boursouftlées; 
et  ces  matières  vitreuses  et  arides  sont  incapables  de  pren- 
dre de  la  liaison. 

Mais  dans  certains  intervalles,  les  volcans  rejettent  des 
matières  plus  argileuses  ,  dont  une  partie  est  dans  un  état 
pulvérulent ,  et  l'orme  ce  qu'on  nomme  les  cendres  volcani- 
ques. L'autre  partie  est  en  petites  masses  assez  semblables  à 
de  la  brique  pilée  grossièrement  :  c'est  ce  qu'on  appelle 
proprement  pouzzolane ,  quoique  les  cendres  aient  des  pro- 
priétés toutes  semblables  :  ce  sont  même  ces  cendres  qui  for- 
ment la  majeure  partie  de  la  pouzzolane  du  \ésuve,  près 
de  Pouzzole, elles  sont  grisâtres;  à  la  Torre  del  l'Annunziaia, 
elles  sont  noirâtres  et  d'un  fort  bon  usage. 

Dans  toutes  les  contrées  de  l'Italie  ,  qui  ont  été  volcani- 
sées,  on  trouve  ,  en  abondance  ,  une  pouzzolane  brune  ou 
jaunâtre.  L'une  des  meilleures,  qui  est  de  couleur  rouge, 
est  celle  qu'on  tire  aux  environs  de  Kome ,  d'une  colline  qui 
est  sur  la  droite  de  la  voie  Appia  ,  près  du  tombeau  des 
Scipions.  Les  fameuses  catacombes  de  Kome  sont  creusées 
dans  une  pouzzolane  de  couleur  violette  obscure,  parsemée 
de  petits  cristaux  de  pyroxènc. 

L'Etna  produit  aussi  de  la  pouzzolane  ,  mais  bien  moins 
abondamment  que  les  volcans  d'Italie.  Elle  est  en  petites 
masses  qui  ont  jusqu'à  la  grosseur  dune  noix;  elles  sont 
poreuses  sans  être  boursoufliées  ;  elles  ont  le  grain  terreux 
et  happent  fortement  à  la  langue.  La  pouzzolane  du  mont 
I^ateruo  est  rougeàlre  ;  celle  du  IMonle-Rosso  est  noirâtre 
et  mêlée  de  pyroxènes, comme  celle  des  catacombes  de  Rome. 

Bergman  a  fait  l'analyse  d'une  pouzzolane  de  couleur 
rouge  ,  et  a  reconnu  qu'elle  contenoit  : 

Silice. •     .     .     .      55 

Alumine 20 

Chaux .        5 

Fer 20 

Ce  sont  les  mêmes  élémens  qu'on  trouve  dans  le  hasalle  , 
êl  à  peu  près  dans  les  mêmes  proportions  ;  aussi  ,  Faujas  de 
Saint-Fond  a-t-il  eu  grande  raison  de  dire  qu'il  existoit  une 
parfaite  identité  entre  toutes  les  matières  volcaniques,  qui  ne 
diffèrent  les  unes  des  autres  que  par  de  légères  modifi- 
cations. 

Comme  la  pouzzolane  est  une  substance  presque  insé- 
parable des  volcans  ,  on  en  trouve  ,  en  France  ,  aux  environs 
de  tous  les  volcans  éteints  d'Auvergne  ,  du  Vivarais  ,  du 
Yelay  ,  du  Languedoc,   près   d'Agde  ,  d'Eveuos,    à   trois 


122  POU 

lieues  au  nord  de  Toulon,  de  la  Charlreuse  d'Averne  en 
Provence  ,  etc. 

Faijjas  nous  apprend  qu'il  a  fait,  avec  la  pouzzolane  du 
Vivarais,  divers  essais  de  constrnclion ,  soit  dans  l'eau, 
soit  en  plein  air,  qui  lui  ont  parfaitement  réussi. 

On  emploie  la  pouzzolane  principalement  dans  les  cons- 
tructions qui  doivent  être  couvertes  d-eau  ,  et  lui  être  im- 
perméables, comme  les  écluses  des  canaux  de  navigation, 
les  réservoirs,  les  bassins  ,  etc. 

Pour  l'employer  avec  autant  d'économie  que  d'utilité  ,  on 
la  réduit  en  poudre  ,  surtout  pour  les  ouvrages  qui  doivent 
réunir  la  propreté  à  la  solidité.  On  la  mêle  avec  de  la  cliaux 
vive  ou  nouvellement  éteinte,   et  du   sable  de  rivière;   et 
pour  les  gros  ouvrages  ,  on  y  joint  de  la  blocaille  ou  recoupe 
de  pierres ,  dans  les  proportions  suivantes  : 
Douze  parties  de  pouzzolane  , 
Six  parties  de  gros  sable  non  terreux, 
Neuf  parties  de    chaux  vive  , 
Six  parties  de  recoupes. 
On  môle   et   Ton    broie  le  tout  ensemble  ,  comme    un 
mortier  ordinaire;  mais  il  doit  être  employé  sur-le-champ,, 
attendu  qu'il  durcit Irès-promptement. 

La  maçonnerie  faite  avec  ce  ciment,  résiste  d'une  ma- 
nière étonnante  à  l'action  destructive  des  eaux  de  la  mer. 
L'ancien  mole  de  Pouzzole ,  appelé  le  Pont  de  Caligula ,  en 
butte,  depuis  tant  de  siècles,  à  la  fureur  des  flots,  ne  doit 
qu'à  la  pouzzolane  son  inébranlable  solidité. 

Pour  les  ouvrages  qui  doivent  être  unis  à  la  truelle,  on 
supprime  les  recoupes  ,  on  pulvérise  plus  soigneusement  la 
pouzzolane  ,  et  l'on  fait  un  mortier  composé  de  : 
Deux  parties  de  pouzzolane  , 
Une  partie  de  chaux  vive  , 
Une  partie  de  sable  pur. 
On  fait  ce  mortier  à  l'instant  même  où  on  l'emploie  :  on 
s'en  sert  pour    les    bassins,    les   terrasses  qui   servent   de 
toit ,  etc.  Si  l'on  a   soin  de  le  battre  fortement  à  mesure 
qu'il  sèche,  pour  l'empêcjier  de  se  fendiller,  il  ne   laisse  pas 
filtrer  une  goutte  d'eau  pendant  un  grand  nombre  d'années. 
Les  tufs  volcaniques  ont  absolument  les  mêmes  propriétés 
usuelles  que  la  pouzzolane  ,   dont  ils  ne   diffèrent   que  par 
leur  consistance  pierreuse  ;  et  il  suffit  de  les  pulvériser  pour 
en  faire  une  véritable  pouzzolane.    V.  Trass.  (pat.) 

POVEPvAZOS.  Oa  donne  ce  nom  à  la  Vénus  clonisse, 
dans  le  golfe  de  Venise.  (B.) 

POViE  ou  POWIL  Selon  Lalham  ,  c'est  le  nom  que 
le  Martiî^  BKAiviE  porte  au  Mahbar,  V.  ce  mot.  (v.) 


P  R  A  123 

POXOS.  Nom  des  Champignons  memdr\neux  ,  dans 
Théophraste.  (b.) 

POY.  Dapper  parle  trop  succinctement  d'un  oiseau  de 
proie  d'Afrique  ,  appelé ;joj  par  les  nègres,  et  qui  se  lient 
sur  le  bord  de  la  mer,  pour  y  prendre  les  crustacés,  (s.) 

POYON.  V.  Mouche  a  feu.  (l.) 

POZOA.  Pozoa.  Plante  herbacée  de  la  famille  des  ombcl- 
lifères  ,  de  la  pentandrie  digynie  et  très-voisine  des astrances. 
Ses  feuilles  sont  portées  sur  de  longs  pétioles  ,  simples,  co- 
riaces, dentées  profondément  à  leur  extrémité  ,  et  marquées 
de  cinq  nervures  quintuplées.  Ses  fleurs  forment  une  ombelle 
simple  :  elles  offrent  un  calice  a  cinq  dents;  une  corolle  à  cinq 
pétales  entiers.  Il  leur  succède  des  fruits  prismatiques  ,  té- 
trngones,  couronnés  par  les  dénis  du  calice.  L'involucre  est 
complet,  ample  ,  coriace  ,  denté  ,  plus  long  que  l'ombelle- 
Lagasca  indique  cette  plante  dans  les  montagnes  des  Andes  , 
au  passage  qu'on  nomme  Cordillière  del  Plancbon. 

POZZOLAINE.  V.  Pouzzolane  et  Cendres  volcani- 
ques, (pat.) 

POZZOUTE.  Nom  donné,par  M.  Cordier,  à  la  Pouz- 
zolane. Voyez  à  la  fin  de  l'article  Lave,  (ln.) 

PRAEDATRIX.   Nom  générique  du  Stercoraire,  (v.) 

PRAIRIES.  On  appelle  pré ,  toute  superficie  de  terre 
semée  naturellement  ou  artificiellement  de  plantes  propres  à 
la  nourriture  des  animaux. 

Dans  l'état  actuel  de  l'agriculture  française  ,  le  rapport  des 
prairies  avec  les  céréales  et  les  autres  plantes  cultivées  pour 
l'homme  est  loin  d'être  dans  de  justes  proportions  pour 
assurer  l'existence  de  la  quantité  d'animaux  nécessaire  à  sa 
prospérité.  Si  le  hié,  Vaooine,  Vorge,  le  seigle,  \emiliel,  etc., 
abondent  en  France,  elle  manque  encore  àe  prairies^  déplantes 
utiles  dansles  arts,  et  de  forêts,  au  moinsdans  les  proportions 
suffisantes  aux  besoins  de  ses  habitans  ,  et  tant  que  les  justes 
rapports  entre  les  prés,  les  bois,  et  Icsterres  cultivées  ne  seront 
point  établis  en  pratique,  l'agriculture  sera  moins  riche.  Celle 
vérité  ne  s'applique  pas  à  la  France  seulement,  elle  est  encore 
applicable  aux  climats  voisins  ,  à  Tltalie  surtout  ;  et  consi- 
dérée dans  toute  son  étendue  ,  on  voit  que  la  prospérité  de 
l'agriculture,  la  plus  constante  fortune  publique  ,  repose  sur 
sa  rigoureuse  applicalion  ,  et  que  ,  vue  physiquement  ,  elle 
explique  ces  longues  chaleurs  brûlantes  de  nos  climats,  incon- 
nues à  nos  pères  ,  et  ces  hâles  arides  qui  stérilisent  nos  cam- 
pagnes ;  mais  l'absence  des  forêts  y  contribue  davantage. 

Les  prairies  sont  naturelles  ou  artificielles.  On  dit  qu'elles 
sont  naturelles  quand  elles  n'ont  point  été  semées  ,  et  qu'elles 
sont  artificielles  quand  elles  l'ont  été.  Les  premières  se  sub- 
divisent eu  praiiies  hautes  ,   en  p'w'ries  de.  pi  aine  ^  et  cii  pi'i.-''"'-^. 


12/î  P  R  A 

tasses.  Les  dernières  se  subdivisent  en  prairies  artificielles , 
composées  de  beaucoup  d'espèces  de  plantes  ,  et  en  prairies 
arlificieltes ,  composées  d'une  seule  espèce  de  plantes. 

Des  Prairies  naturelles. 

Un  écrivain  célèbre  en  agriculture  ,  pose  la  question  de 
savoir  s'il  est  avantageux  de  conserver  en  prairie  naturelle  un 
sol  qu'un  ne  peut  arroser.  Cette  idée  ,  bien  faite  pour  fixer  l'at- 
tention des  propriétaires  ,  et  fructifier  parmi  eux  ,  est  sans 
doute  la  cause  déterminante  de  ces  destructions  de  vieilles 
prairies  peu  productives ,  qu'on  remplace  de  toutes  parts  par 
des  prairies  artificielles  composées  d'espèces  de  plantes  moins 
pressées  du  besoin  d'eau.  En  effet ,  pourquoi  payer  des  im- 
pôts pour  un  pré  médiocre  qui  peut  tripler  sa  valeur  semé  en 
luzerne  ,  en  trèjle ,  en  sainfoin,  en  carotte  ,  en  iurnep  ,  en  chou 
navet  de  Lapunie  ,  en  betterave  champêtre ,  en  chicorée  à  four- 
rage,  etc.  ? 

Cependant  ne  bannissons  pas  toutes  les  prairies  naturelles  , 
mais  n'en  laissons  que  dans  des  lieux  bas,  plats,  naturellement 
humides  ,  ou  dans  telle  position  qu'elles  soient,  susceptibles 
d'irrigation.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  prenons  le  plus  grand 
soin  de  les  débarrasser  des  mauvaises  herbes  qui  s'y  établis- 
sent toujours  plus  ou  moins  ,  et  d'en  faire  disparoître  toutes 
les  inégalités  de  superficie ,  que  les  animaux  souterrains  ou 
d'autres  circonstances  peuvent  y  occasioner.  11  faut  réduire 
à  un  très-petit  nombre  les  plantes  qui.doivent  composer  une 
prairie  naturelle  ;  et  quelque  bonne  que  soit  la  mieux  située  , 
s'il  survient  une  sécheresse  excessive,  elle  vaudra  moins  que 
le  plus  mauvais  pré  arrosé  artificiellement  ;  cette  proposition 
repose  sur  de  nombreux  exemples.  Il  ne  faut  donc  conserver 
que  les  prairies  naturelles  baignées  tous  les  ans  par  des  eaux 
qui  les  surnagent  momentanénjcnt. 

Il  faut  ôtcr  des  prairies  naturelles  les  plantes  suivantes. 

Uonoporde  ucantlnn,  dont  les  feuilles  sont  épineuses  ;  1 . s 
laiches  ,  les  choius  ,  dont  les  tiges  sont  dures  ;  la  héioine  offici- 
nale ^  la  rhinaiithe  r.rê.le  de  cg<j  ,  la  valériane  dioïqus ,  les  orchis  , 
les  serrahdes,  Inspirée  ulmaire,  la  salicaire.,  Ia potentille anserinc, 
les  renoncules,  les  patiences  ,  Vani^èlique  sauvage,  tous  les  cJié- 
jiopodes  ,  tous  les  èpiloL'cs  ,  les  menthes,  les  im ,  les  véroni- 
ques, les  presLs  ^  les  caille  -  laits  ,  les  cressons  .,  les  renouées  y 
la  grussette  , .  la  vicnyasithe  ,  les  petites  el  grandes  marguerites  ,  la 
ciguë,  Idi  nummulairc .,  les  primevères  ,  les  achillées ,  les  campa- 
nules, les  géranions  ,  les  mauves  .,  V  ai gremoine  .,  les  séneçons, 
Valchimille ,  les  euphraises ,  le  serpolet  ,  les  poicntilles  ,  l'o- 
rigan  ,  la  sanicle,  le  marrube  ,  la  petite  centaurée  ,  la  bardcmey 
la  consolide  ,  la  cuscute  ,•  le  coquelicot ,  ïœnaathc  ,  la  gaude  ,  la 


P  R  A  5,5 

iormentiîle  ^  les  fough-es  ,  Y  airête-hœuf  ^  et  beaucoup  d'autres, 
dont  rindicalion  deviendrolt  longue,  lesquelles  nuisent  toutes 
aux  prairies.  D'après  celte  analyse  ,  que  tout  cultivateur  peut 
vérifier  ,  il  est  évident  que  le  plus  grand  nombre  des  plantes 
des  prés  est  nuisible  ,  et  que  les  bonnes  plantes  ne  sauroicnt 
occuper  seules  le  terrain  ,  si  la  main  de  l'homme  ne  vient  à 
leur  secours.  Lorsque  ces  herbes  dominent  trop  dans  un 
pré  ,  il  faut  les  détruire  ,  et  le  semer  en  prairies  artificielles , 
d'une  ou  de  deux  plantes  prises  parmi  celles  qui  y  croissent 
naturellement  le  mieux  ;  car  la  nature  les  ayant  placées  là  , 
on  fera  bien  d'y  semer  leurs  semences  ,  qui  y  prospéreront 
aux  dépens  des  autres  que  la  charrue  a  condamnées  désor- 
mais à  fertiliser  le  sol.  Est-ce  le  sainfoin,  la  pimprenelle,  la 
chicorée ,  le  ray-grass  ,  le  fromental ,  qui  y  disputent  le  sol  ? 
établissez  l'une  de  ces  plantes  exclusivement  ,  ou  le  sainfoin 
avec  la  pimprenelle.  Quel  meilleur  guide  que  la  nature  ? 
Aimez-vous  mieux  un  fourrage  annuel  '^  semez  les  gros  nai?ets 
à  fourrage  ,  les  carottes  et  betteraves  champêtres  ,  qui  y  prospè- 
rent nécessairement. 

Les  prairies  naturelles  pour  pâturage. 

Ces  sortes  de  prés  signalent  l'indifférence  des  propriétaires 
sur  leurs  intérêts  ,  ou  la  pauvreté  de  quelques  cultivateurs  , 
qui  ne  peuvent  convertir  ces  terrains  en  prairies  artifi- 
cielles toutes  les  fois  qu'ils  sont  situés  à  la  proximité  dos 
labours.  Quant  aux  pâturages  situés  sur  les  côtes  à  de  très- 
longues  distances  des  habitations  ,  ou  qui  sont  naturellement 
établis  sur  les  (laacs  des  montagnes  escarpées, il  ne  faut  pas  y 
porter  la  charrue  ;  on  en  augmente  au  contraire  le  produit , 
pour  y  paître  plus  utilement  de  nombreux  troupeaux. Ce  sont 
des  terres  vierges  de  création  nouvelle  ,  qui  augmentent  de 
fertilité  chaque  année  par  la  désorg3nisalioi>des  plantes  qui 
y  meurent.  Les  rochers  qu'elles  cachent  éioient  primitive- 
ment  nus  :  ce  sont  des  terres  en  réserve  pour  la  postérité. 
Les  Chinois  manquent  de  cette  perspective  ,  l'.ngricuiture 
impérieuse  et  irrésistible  ayant  déjà  dévoré  les  montagnes 
chez  ce  peuple  ,  le  plus  ancien  de  tous. 

Lorsqu'on  a  le  choix  du  terrain  ,  il  est  avantageux  d'établir 
la  prairie  au  levant ,  sur  une  pente  douce  ;  Iherbe  ijui  reçoit 
le  plus  immérfiatemenlles  rayons  lumineux  ,  est  plus  nour- 
rissante et  plussalulaire  à  égal  volturse,  frai-  he  ou  sèche,  que 
celle  des  mêmes  plantes  qui  ont  végété  à  loi.te  autre  exposi- 
tion. Ce  n'est  qu  une  nuance  sans  doute  ,  mais  il  n'est  point 
indifférent  de  la  saisir  ;  aucun  corps  vivant  ne  prospère  à 
l'ombre  ,  et  tout  corps  vivant  qui  habite  à  la  surface  de  là 
terre,  a  d'autant  plus  de  perfection  ,  qu'il  perçoit  davantage 


,26  P  R  A 

de  rayons  solaires.  Cela  est  rigoureusement  vrai;  mais  il  faut 
que  les  forces  intérieures  de  ces  corps, entretenues  par  de  hons 
alimens  ,  provoquent  cette  abondante  sécrétion  qui  lustre  les 
plantes  de  ce  beau  vernis  qui  caractérise  leur  santé.  C'est  assez 
dire  qu'il  est  utile  que  cette  prairie,  semée  au  levant  ,  soit 
alimentée  par  un  sol  naturellement  bon,  ou,  à  défaut, souvent 
nourri  d'engrais  propres  au  sol ,  ou  par  des  irrigations  heu- 
reusement combinées. 

Si  la  terre  est  susceptible  d'irrigation  ,  on  peut  y  semer , 
après  dcuxbons  labours,  toutes  sortes  de  graminées  ,  quelle 
que  soit  leur  nature.  Le  fromental  ,  qui  forme  la  base  des 
bonnes  prairies  naturelles,  tient  le  premier  rang. 

La  pratique  a  appris  que  pour  bien  semer  le  fromental  , 
il  falloit  employer  soixante  à  soixante-dix  livres  de  semence  , 
et  que  si  on  lui  combine  du  trèfle  rouge  (  iri/olium  praiense  )  , 
c'est  dans  les  proportions  de  cinquante  livres  de  fromental 
sur  six  livres  de  trèfle  ,  qu'il  faut  associer  ces  deux  plantes. 

Parmi  les  autres  plantes  qui  croissent  naturellement  dans 
les  prairies  ,  on  remarque  encore  Vwraie  vwace  ou  ray-grass- 
anghiis.  Cette  herbe  s'élève  moins  que  \<t  fromental  ^  mais 
elle  ne  lui  cède  pas  en  qualité  ,  au  moins  avant  sa  flo- 
raison. On  sème  soixante  livres  de  graine  par  arpent ,  et 
deux  livres  de  petit  trèfle  hlanc  (^trifoUwn  repens  ^  ^  qui  con- 
serve une  fraîcheur  utile  à  la  surface  de  la  terre  ,  et  protège 
ainsi  le  ray-grass  contre  l'action  du  soleil. 

La  houqiie  laineuse  est  encore  une  plante  bonne  à  cultiver 
séparément  ,  ainsi  que  le  dactyle  glomérulé.  Ces  deux  grami- 
nées sont  plus  hâtives  que  les  autres  ,  et  seroient  déplacées 
dans  un  mélange. 

Les  graines  recueillies  en  mélange  provenant  d'un  pré 
d'herbes  de  choix,  ne  sont  point  à  dédaigner,  lorsque  V avenu 
elatior  ,  Yacena  flaoescens  ,  le  holcus  lanatus  ,  le  lolium  pè- 
re nnc ,  le  bromus  mollis  ^  le  poa  prarensis  ^  le  phleum  pratense 
et  le  medicago  lupulina^  composent  ce  mélange  naturel  dans 
de  telles  proportions  ,  que  l'oce«a  elatior  et  le  poa  pratensis 
et  le  medicago  lupulina  ,  dominent;  mais  l'opération  du  semis 
est  plus  sûre  lorsque  ces  graines  bien  vannées  et  nettoyées  de 
feuilles  mortes  et  autres  corps  étrangers  ,  sont  rapprochées 
de  manière  que  chacune  d'elles  puisse  se  reconnoîlre  ;  alors 
soixante  livres  de  ces  semences  en  mélange,  et  quatre  livres 
de  trèfle  f  sèment  un  arpent ,  et  composent  un  pré  durable 
et  très-productif.  On  est  dans  l'usage  de  semer  [qs  prairies  de 
graminées  en  automne  ic'est  sans  doute  la  bonne  méthode;un 
grand  nombre  de  propriétaires  ne  sèment ,  néanmoins,  qu'au 
printemps  ,  et  s'en  trourent  bien  aussi.   Ou  fera  donc  cette 


P  R  A  127 

opérallon  avant  ou  après  l'hiver  ;  mais  en  ne  semanl  qu'au 
printemps  ,  c'est  perdre  une  demi-année  ,  et  multiplier  les 
frais  de  labours  préparateurs  du  sol.  On  dira  peut-être  que  les 
gelées  fatigueront  les  jeunes  graminées  naissantes;  cela  n'est 
pas  sans  exemple.  La  nature ,  qu'il  faut  imiter ,  ne  nous 
indique-t-elle  pas  l'automne  pour  le  semis  des  graines  indi- 
gènes ,  puisque  c'est  alors  qu'elle  les  fait  mûrir  ,  et  que  les 
disséminant  partout  ,  on  les  voit  germer  naturellement 
alors  ,  ou  attendre  dans  la  terre  la  douce  saison  du  prin- 
temps pour  développer  leurs  germes.  11  faut,  d'ailleurs  ,  ob- 
server que  si  les  tiges  des  plantes  meurent  ou  suspendent 
leur  activité  vitale  dans  l'hiver,  leurs  racines  emploient  cette 
saison  pour  grossir  ,  durcir  et  mieux  se  cramponner  au  sol  ; 
car  elles  végètent  alors  ,  et  la  vie  végétale  refoule  vers  elles , 
et  y  exerce  son  action  d'une  manière  plus  active  qu'on  ne  le 
pense  généialement. 

Si  on  sème  en  automne  ,  on  le  fera  aux  approches  d'un 
temps  humide  et  le  plutôt  possible,  pour  que  Iherbe  puisse  se 
fortifier  et  mieux  se  défendre  contre  le  froid.  Ce  semis  fait, 
on  l'abandonne  jusqu'en  avril ,  à  moins  qu'on  ne  veuille  jeter 
sur  la  superficie  une  couche  légère  de  terreau  en  décembre 
ou  en  février  ;  mais  cela  n'est  praticable  que  pour  de  petites 
pièces. 

Nous  avons  ait  qu'il  n'y  avoit  pas  de  bonnes  prairies  (  gra- 
minées surtout)  sans  eau.  Je  suppose  donc  la  pièce  semée 
en  pré  ,  disposée  de  manière  que  l'eau  d'une  rivière  voisine 
l'habile  en  hiver  ,  qu'elle  soit  baignée  par  des  fontaines  ,  ou 
enfin  que  l'eau  y  soit  portée  par  un  grand  canal  de  conduite  , 
et  distribuée  ,  dérivée ,  conservée  ,  reprise  ou  perdue  à  volonté 
par  des  canaux  et  rigoles  d'introduclion  ,  par  des  canaux  de 
dérivation  ,  de  repos  ,  de  reprise  et  de  dessèchement ,  selon 
les  inclinaisons  de  superficie  et  la  qualité  du  sol ,  sec  ou  hu- 
mide ,  calcaire  ou  argileux. 

Ces  nombreux  aqueducs  superficiels,  distribués  de  manière 
à  produire  une  irrigation  proportionnée  aux  besoins  des  sites, 
doivent  être  ouverts  à  peu  près  dans  le  cours  d'avril  pour  la 
première  fois ,  sur  la  nouvelle  prairie  qu'on  baignera  encore 
dans  la  suite  ,  selon  ses  besoins  ,  en  observant  de  ne  pas  trop 
l'inonder,  car  le  foin  seroit  de  moins  bonne  qualité. 

On  aura  soin,  la  première  année,  d'arracher  les  mauvaises 
herbes  à  mesure  qu'elles  s'y  établissent ,  et  de  le  faire  tou- 
jours avant  qu'elles  soient  en  fleurs. 

On  fauche  le  pré  quand  il  est  couvert  de  fleurs  ;  et  n'at- 
tendez jamais  que  les  tiges  des  graminées  soient  blanches  et 
que  la  graine  soit  formée  ,  car  au  lieu  de  foin  vert  et  odorant 


i;>.8  P   R    A 

que  le  suc  salivaire  de  la  bouche  des  animaux  puisse  pénétrer 
€t  ramollir  ,  vous  n'obtiendrez  que  du  foin  sec  ,  cassant ,  pâle 
et  inodore  ,  sans  aucune  qualité  alimentaire,  et  dédaigné  par 
les  animaux  qui  préfèrent  alors  la  bonne  paille.  Le  moment 
de  couper  rherbc  est  difficile  à  saisir;  et  c'est  ici  le  lieu  de 
faire  ressortir  tous  les  désavantages  des  prairies  naturelles 
négligées.  Quelque  attentif  que  soit  le  propriétaire  à  saisir  ce 
moment,  il  trouve  toujours  sur  cinquante  plantes  qui  com- 
posent sa  prairie  naturelle  ,  vingt-cinq  espèces  mortes ,  pour- 
ries ou  «rop  mûres,  et  dont  les  graines  semées  naturellement, 
assurent  l'invincible  permanence  de  ces  végétaux  inutiles. 
Parmi  les  vingt-cinq  autres  ,  il  en  est  quinze  qui  sont  en 
fleurs  et  bonnes  à  faire  du  foin  ,  et  dix  qui , -mûrissant  plus 
tard  ,  n'ont  encore  pu  acquérir  leur  force  ,  leur  saveur ,  ni  ce 
concours  de  principes  immédiats  des  végétaux  ,  qui  donne 
lieu  à  l'odeur  particulière  qui  caractérise  le  bon  foin.  11  est 
donc  évident  que  les  seules  prairies  naturelles  ,  purgées  de 
leurs  mauvaises  herbes  ,  ou  celles  que  la  main  de  l'homme 
guidée  par  un  raisonnement  qui  a  fait  un  choix  heureux  de 
plantes  ,  a  composées  ,  sont  susceptibles  de  donner  de  bon 
foin. 

Des  rmiries  artificielles. 

On  appelle  prairies  artificielles  toute  superficie  de  terre 
occupée  par  des  plantes  fourrageuses  qui  y  ont  été  portées 
par  la  main  de  l'homme.  Leur  objet  est  la  culture  des  espèces 
appropriées  au  sol ,  cultivées  isolément  ou  deux  à  dejix  ,  trois 
à  trois,  selon  leur  affinité  réciproque  ou  leur  appétit  pour  le 
terrain  qu'elles  occupent  :  elles  sont  toujours  d'un  rapport 
beaucoup  plus  grand  que  les  prairies  naturelles  ,  calcul  fait 
des  qualités  des  terres  et  du  prix  des  travaux.  Elles  firent  au- 
trefois la  fortune  de  l'agriculture  romaine,  et  leur  introduc- 
tion en  France  ,  en  Angleterre  et  en  Allemagne  ,  a  beaucoup 
contribué  à  augmenter  les  bestiaux  et  les  engrais  ;  elles  font 
de  plus  en  plus  disparoître  parmi  nous  la  nudité  des  terres 
reposées  autrefois  en  jachères  ,  et  si  quelques  cantons  de  la 
France  conservent  encore  de  ces  terres  oisives ,  c'est  qu'ils 
s'oublient  sur  leurs  propres  intérêts, ou  manquent  des  moyens 
de  semer  des  prairies  artificielles. 

Les  Chinois  multiplient  pour  fourrage  ,  dans  quelque  sol 
que  ce  soit,  la  plante  qui  y  vient  naturellement  la  plus  belle, 
la  plus  forte  et  en  même  temps  la  plus  appropriée  à  la  nour- 
riture des  bêtes.  Voilà  le  fondement  des  prairies  artificielles, 
"Visitez  la  plus  mauvaise  partie  de  votre  domaine;  cherchez  , 
parmi  les  nombreux  végétaux  qui  y  croissent,  la  plante  qui 
végète  le  plus  vigoureusement,-  et  cultivez-lasurle  lieu  même, 


P  R  A.  „3 

à  moins  que  l'analogie  ou  rexpérience  sur  une  terre  voisine 
ne  vous  aient  appris  qu'une  autre  plante  y  produiroit  davan- 
tage. 

Les  plantes  qui  figurent  le  plus  avantageusement  en  prai- 
ries artificielles, sont  la/Mze/72edans  tous  les  sols,  excepté  ceux 
qui  reposent  sur  un  tuf  imperméable  à  l'eau,  le  trèfle  dans  les 
bonnes  terres,  le  sainfoin  sur  les  coteaux  calcaires  ou  sablon- 
neux ,  le  ray-grass  ,  iefrunienlal  ,  la  pimprenelle  ;  la  grande  chi- 
corée ,  d'un  produit  excessif  ;  la  vesce  ,  \a  féoerole  ^  le  lentillon. 
le  pois  gris  ,  le  lupin  ,  la  spergule  et  le  mélilot  sur  les  jachères, 
que  ces  plantes  n'épuisent  pas  ;  Y  ajonc  ,  le  cytise  ,  le  coluiea, 
le  gainier,  pour  occuper  les  terres  escarpées  et  nourrir  les 
animaux  de  leurs  jeunes  tiges  ;  la  lupuline,  le  petit  trèfle  blanc, 
le  sulla ,  le  trèfle  de  Roiissillon,  les  navels  à  fourrage ,  les  iurneps  , 
les  carottes  et  betteraves  champêtres  ^  le  navet  de  Suède,  les  chousom 
raves  et  choux-navets  de  Laponie,  et  autres  dont  on  a  indiqué 
les  usages  en  traitant  ces  articles  dans  l'ordre  de  ce  Diction- 
naire. 

Indépendamment  des  avantages  attachés  à  la  culture  des 
prairies  artificielles  ,  pour  nourrir  les  animaux,  l'expérience 
a  appris  qu'elles  fécondent  les  terres  sur  lesquelles  on  les 
établit;  on  sème  toujours  les  céréales  avec  avantage  dans  les 
prairies  naturelles  et  artificielles  défrichées  ,  et  les  prairies 
artificielles  annuelles  fertilisent  le  sol ,  lorsqu'au  lieu  de 
donner  leur  seconde  pousse  aux  animaux,  on  la  renverse  sous 
la  terre  par  la  charrue.  Ce  mode  d'engrais  étoit  connu  des 
Romains ,  qui  employoient  le  lupin  à  cet  usage. 

Les  prairies  artificielles  vivaces  sont  susceptibles  d'irriga- 
tions comme  les  prairies  naturelles.  Leurs  graines  se  sèment 
aux  diverses  époques  de  l'année  ,  selon  les  plantes  qui  les 
composent,  (toll.) 

PRAMNION.  F.  MoRioN.  (ln.) 

PRANIZE  ,  Praniza  ,  Léach  ,  Latr.  ;  Oniscus ,  Montag; 
Genre  de  crustacés  ,  de  l'ordre  des  isopodes  ,  famille  des 
phytibranches  ,  distingué  des  autres  genres  qu'elle  renferme 
par  les  caractères  suivans  :  quatre  antennes  apparentes;  dix 
pattes  toutes  simples  ;  corselet  divisé  en  trois  segmens  ;  les 
deux  premiers  courts,  portant  chacun  une  paire  de  pattes;  le 
dernier  beaucoup  plus  grand ,  portant  les  six  autres  pattes  ; 
queue  terminée  par  une  nageoire  en  feuillets. 

Ce  genre  a  été  établi  sur  Voniscus  cœrulatus  de  Montagu  , 
représenté  dans  les  Actes  de  la  Société  linnéenne,  tom.  xi , 
part.  I  ,  pi.  4  »  fig-  2  ;  mais  il  paroît  que  cette  espèce  {pra- 
niza axrulata  y  Lam.  )  étoit  déjà  connue  de  Slabber  ,  Oùserv. 
microsp.  ,  pi.  i ,  fig.   i  et  2,  On  la  trouve  dans  notre  Océan. 

(L.) 

xxvni.  9 


.30  P  R  A 

PRASE.  Nom  commun  5  plusieurs  pierres  siliceuses  d'un 
vert  plus  ou  moins  approchant  de  celui  du  poireau.  Delamé- 
therie,  et  Brochant,  d'après  Werner  ,  l'ont  donné  à  une  va- 
riété vert  obscur  du  quarz;  quelques  auteurs  s^en  sont  servis 
anciennement  pour  désigner  des  agates  et  des  silex  verts  plus 
communément  connus  sous  le  nom  de  plasma;  enfin ,  la  chry- 
soprase  a  été  appelée  Prase  ,  et  la  prehnite  du  Cap  de 
Bonne-Espérance  ,  Prase  cristallisée.  V.  Quarz,  Silex 
et  Prehnite.  (ln.) 

PRASE    LEUCOCHLORE  ,    Prasius  leucoMorus.   Al- 
drovande  appeloit  ainsi  un  jaspe  panaché  vert  blanc  et  jau- 
nâtre.On  a  donné  également  ce  nom  à  la  Chrysoprase.  (lw.) 
PRASEM,  Werner,  et  Praseinstein.  C'est  le  guarzhyalin 
vert  obscur  de  M.  Haiiy,  appelé  Prase  F.  Quarz.  (ln.) 

PRASION  ,  Prasîum.  Genre  de  plantes  de  la  didynamie 
eymnospermie  et  de  la  famille  des  labiées,  qui  offre  pour  ca- 
ractères :  un  calice  tubuleux  ,  à  lèvre  supérieure  trifide,  et  à 
lèvre  inférieure  bifide  ;  une  corolle  monopéiale  tubuleuse  ,  à 
lèvre  supérieure  concave ,  échancrée ,  à  lèvre  inférieure 
plus  large  et  trifide,  à  division  moyenne  plus  grande  ;  quatre 
étamines  ,  dont  deux  plus  grandes;  un  ovaire  à  quatre  lobes, 
surmonté  d'un  style  à  stigmate  bifide;  quatre  baies  mono- 
spermes. 

Ce  genre  renferme  six  petits  arbrisseaux  à  feuilles  oppo- 
sées et  à  fleurs  axlllaires  dépourvues  de  bractées. 

L'un  ,  le  Prasion  grand  ,  a  les  feuilles  ovales  oblongues 
et  dentelées  ;  et  l'autre  ,  le  Prasion  petit  ,  les  a  ovales  et 
doublement  crénelées.  Us  se  trouvent  l'un  et  l'autre  en  Sicile 
et  en  Calabre  ,  et  ne  présentent  rien  de  remarquable,  (b.) 

PRASITIS.  Nom  donné  autrefois  au  Corindon  vitreux 
d'un  vert  jaunâtre,  (ln.) 

PRASIUM  ou  PRASION.  Les  Grecs  donnoient  ce  nom 
à  des  plantes  qui  paroissent  avoir  été  notre  marrube  blanc 
et  la  ballote  noire  ,  plus  connue  sous  le  nom  de  marrube 
noir,  F.  Marrubium.  Adanson  a  nommé  leoina  le  genre 
prasium  de  Linnaeus,  parce  qu'il  ne  contient  point  les  Pra- 
sioNS  des  anciens.  F.  ci-dessus  Prasion.  (ln.) 

PRASOCURE,  P/asoa/7/5.  (ienre  d'insectes,  de  l'ordre 
des  coléoptères  ,  section  des  télramères,  famille  des  cycli- 
ques, tribu  des  chrysomélines. 

Ce  genre  avoit  été  établi  par  Paytull ,  sous  le  nom  d'Ae- 
ludes^  et  adopté  de  même  par  Fabricius.  Latreillea  cru  devoir, 
changer  ce  nom  ,  parce  qu'il  étoit  trop  conforme  à  celui  d'e- 
iodes  ^  qu'il  avoit  déjà  établi  dans  son  Précis  des  caractères  gé- 
nériques des  insectes.  Les  caractères  que  cet  auteur  lui  assigne  j 


P  R  A  ,3, 

sont  les  suivans  :  antennes  monîliformes  ;;  un  peu  plus  lon- 
gues que  le  corselet ,  terminées  par  quatre  à  cinq  articles  plus 
gros,  dont  le  dernier  presque  globuleux;  palpes  peu  ou  point 
saillans  ,  filiformes  ;  lèvre  inférieure  coriace  ,  large,  carrée. 
Le  corps  des  insectes  de  ce  genre  est  oblong,  déprimé;  la  tête 
est  plus  horizontale  que  verticale  ;  les  yeux  sont  allongés  ;  le 
corselet  est  carré. 

PraSOCURE  de  la  PHELLANDRIE  ,  Chr^'Somela  phellandrii ^ 
Linn.  ;  He.lodes  phellandrii  ,  Payk, ,  Fab.  Elle  est  noire ,  avec 
le  bord  du  corselet  et  deux  lignes  sur  chaque  élytre  jaunes  ; 
les  patJessont  noires  ,  avec  une  partie  descuisses  et  des  jambes 
jaunes.  Elle  se  trouve  en  Europe  sur  quelques  plantes  aqua- 
tiques. La  larve  se  nourrit  des  racines  de  la  plante  nommée 
par  les  hotanhles  pheHandrium  açuatirum.  (o.L.) 

PRASOÏDE.  Agricola  et  Laët  donnoientce  nom  au  PÉ- 
RIDOT.  (ln.) 

PRASOIS.  Nom  de  l'une  des  deux  espèces  de  topazes  que 
Pline  indique  d'après  des  auteurs  plus  anciens,  (lis.) 

PRASON  et  PRASSON.  Noms  grecs  des  Poireaux,  F. 
PoRRUM.  Il  y  avoit  encore  d'autres  plantes  du  même  genre, 
auxquelles  on  avoitétendu  ce  nom;  exemple  :  Vampeloprasum, 
le  schœnoprasum  ,  le  icorodoprason  ,  etc.  V^.  ces  mots,  (ln.) 

PRASOPHYLLE ,  Prasophyllum.  Genre  établi  par  R. 
Brovvn ,  dans  la  gynandrie  diandrie  ,  et  dans  la  famille  des 
orchidées,  pour  placer  douze  espèces  de  plantes  à  racines 
liulbeuses  ,  à  feuille  unique  ,  cylindrique,  fistuleuse,  à  fleurs 
disposées  en  épi ,  qu'il  a  découvertes  à  la  Nouvelle-Hollande. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  corolle  en  masque,  à  cas- 
que saillant ,  à  deux  folioles  postérieures  et  extérieures  sou- 
dées ,  à  nectaire  relevé,  entier  ,  unguiculé  ,  sans  éperon  ;  la 
colonne  des  étamines bipartite  et  ailée;  anthères  allongées  , 
rapprochées  ;  deux  masses  de  pollen  dans  chaque  loge.  F. 
Génoplésie.  (b.) 

PRASUS  et  PRASIUS.  Pline  nous  apprend  que  l'on 
nommoit  ainsi ,  de  son  temps  ,  plusieurs  pierres,  à  cause  de 
leur  couleur  tirant  sur  le  vert  du  poireau.  Il  en  dislingue 
trois  sortes ,  dont  une  étoit  tachetée  de  rouge  ,  et  une  autre 
marquée  dç  trois  lignes  blanches.  Il  est  très-probable  que 
c'étoient  des  jaspes  verts  tachés  de  rouge  ou  rubanés  de  blanc 
De  nos  jours  ,  on  connoît  des  onyx  en  jaspe  vert  et  blanc  ; 
ce  sont  des  pierres  fort  chères.  Les  prasus  étoient,  selon 
Pline  ,  des  pierres  peu  estimées.  Cet  auteur  parle  encore  du 
chrysoprasîus  ou  chrysoprasus  qu'on  croit  avoir  été  notre  chryso- 
prase,  ou  une  pierre  siliceuse  très- voisine  ,  ou  peut-être  une 
serpentine  d'un  vert  jaunâtre,  (ln.) 

PRx\TELLE ,  Pratella.  Genre   de   Champignons  établi 


i32  PRE 

aux  dépens  des  Agarics  de  Lînnseus ,  et  auquel  on  peut 
donner  pour  type  TAgaric  azuré  ,  figuré  par  Bulliard. 

Ses  caractères  sont  :  point  de  coiffe  ;  pédicule  central  nu, 
ou  armé  d'un  anneau  ;  chapeau  charnu  ou  membraneux,  per- 
sistant ;  lames  qui  noircissent  dans  leur  vieillesse  sans  se 
fondre  en  eau.  (b.) 

PRATICOLA.  Le  Pigamon  simple,  Thalicirum  simphx , 
a  été  désigné  sous  ce  nom  par  Ehrhart.  (ln.) 
'  PRATINCOLA.  Kramer  (  Elench.  Austr.  infer.)  donne  ce 
nom  à  la  Perdrix  de  mer.  (s.) 
PRÉ.  V.  Prairie,  (s.) 

PRECIPICE.  Gouffre  ou  cavité  escarpée  et  profonde, 
formée  par  les  érosions  des  eaux ,  ou  par  des  affaissemens  de 
terrain.  V.  Abîme,  (pat.) 
PRËCOjSSUL.  V.  Stercoraire  bourguemestre.  (v.) 
PRECZNIZA.  Nom  servien  du  Froment,  (lm.) 
PREDHOMME  BLANC.   On  nomme  ainsi  le  Hari- 
cot sans  parchemin,  (d.) 

PRÉDICATEUR.  Nom  du  Proyer  ,  à  Turin,  (v.) 
PRÉFET.  Nom  d'une   coquille  du  genre  Cône  ,  Conus 
prœfertus.  (desm.) 

PREHNITE.  {Idem,  Haiiv,  Delam.,  Kirw. ,  Brong., 
Thoms. ,  Jam.  ;  Prehnit ,  W  erner  ,  Karst.  ;  prehnite  et  zéo^ 
îite  verdâtre ,  de  Born.  ).  Espèce  minérale  de  la  classe  des 
pierres,voisine  de  la  stilbite  et  de  la  chabasie,  et,  comme  elles, 
appartenant  à  l'ancienne  famille  des  zéolites.  On  la  recon- 
noît  d'abord  à  sa  cristallisation  et  à  sa  couleur  verte  ,  qui 
varie  du  vert  jaunâtre  au  vert-pomme  et  au  vert  grisâtre  ou 
presque  blanc.  Elle  est  demi-transparente  ou  translucide  ,  et 
plus  rarement  diaphane;  son  éclat  est  gras  ;  à  l'intérieur  elle 
a  un  coup  d'œil  un  peu  nacré, dans  le  sens  des  lames.  Sa  cas- 
sure longitudinale  est  lamelleuse  ,  mais  sa  cassure  transver- 
sale est  terne  et  inégale.  Elle  n'est  pas  très-dure,  et  raye  foi- 
blement  le  verre  :  cependant ,  lorsqu'elle  est  en  masse ,  il  est 
très-difficile  de  la  casser  ;  les  lames  entre-croisées  dont  elle 
est  formée  alors  ,  la  rendent  fort  tenace.  Sa  pesanteur  spé- 
cifique varie.  Hassenfratz  indique  2,60  pour  la  prehnite  du 
Dauphiné  ;  Vauquelin  donne  pour  celle  des  Pyr^ées,  2,69  ; 
Klaproih  fixe  celle  de  la  prehnite  de  Fassa  ,  à  2,91  ;  pour 
celle  de  Ratshinkes,  2,92  ;  Haiiy  porte  celle  d'une  variété 
fibreuse,  à  2,88. 

La  prehnite  possède  un  caractère  très-important  ,  dans  la 
propriété  qu'elle  a  de  devenir  électrique  par  la  chaleur.  Cette 
propriété  ,  découverte  par  M.  de  Drée  ,  jointe  à  celle  de  ne 
point  faire  gelée  avec  les  acides  ,  la  distingue  de  la  méso- 


p  R  A 


i33 


type  ,  espèce  à  laquelle  on  avoit  rapporté  ses  variétés  fi- 
breuses. 

La  prehnite, exposée  au  chalumeau,  bouillonne,puisfond 
en  un  émail  huileux ,  de  couleur  grisâtre  ou  noirâtre. 

Cette  pierre  est  composée  essentiellement  de  silice  ,  en 
plus  grande  quantité  ;  d'alumine  de  chaux  et  d'un  peu  de  fer. 
M.  Berzelius  la  place  dans  le  groupe  q'uil  désigne  par  cal- 
cium siliciaté.  Voici  plusieurs  analyses  de  diverses  variétés  de 
prehnite. 


Klaproth. 

Hassenfratz. 

Vauquelin. 

Cap. 

Cap. 

Pyrénées. 

Silice.     . 

.     •  43,80     . 

.  5o     .     .     . 

.48 

Alumine. 

.  3o,88    .    . 

.  20,4.     .     .     . 

.^4 

Chaux.     . 

.  18,33     . 

.  23,3.     .    .     . 

.    23 

Fer  oxydé. 
Magnésie. 

.     5,66     . 
.     0,00 

•    ^'9-    •    •    . 
.    0,5.    .     .    . 

••    4 
.    0 

Eau.    .     .     . 

.     1,85     .    . 

.    0,9.     .    .    . 

.    I 

Klaproth. 

Id. 

Laugîer. 

Passa. 

Raischinkes. 

Reichenhach 

Silice.      . 

.  42,87      . 

.  43,00     .     . 

.  42,5o 

Alumine. 

.     .  2i,5o     . 

.   23,25      .       . 

.  28,50 

Chaux. 

.    .  26,50    . 

.     .  26,00    .     . 

.  20,40 

Fer  oxydé. 

.    .    3,00    . 

.     .     2,00     .     . 

.    .    3,00 

Manganèse  c 

)xydé.  o,25 

.     .     0,25     .     . 

.    .    0,00 

Magnésie. 

.     .  trace  .     . 

.     .  trace.  .   .     . 

.    .    0,00 

Soude  et  pot 

ïsse.    0,00     . 

.     0,00.  .     . 

.  .  0,75 

Eau.  .     . 

.     .     0,00     . 

.     .     0,00     .     . 

.    .    2,00 

La  prehnite  se  trouve  presque  toujours  cristallisée  ,  et  ses 
cristallisations  sont  ou  composées  de  cristaux  courts  ,  le  plus 
souvent  lamelliformes  ,  implantés  de  champ  les  uns  sur  les 
autres  et  sur  leur  gangue,  ou  bien  groupés  et  enfoncés  sur  les 
parties  extérieures  d'espèces  de  rognons  ou  de  concrétions  de 
la  même  nature. 

La  forme  primitive  donnée  par  M.  Haiiy  ,  est  celle  d'un 
prisme  droit ,  à  base  rhombe  de  io3  degrés  ,  et  77  degrés, 
divisible  dans  le  sens  des  petites  diagonales  de  ses  bases. 
Les  formes  secondaires  sont  peu  nombreuses.  Nous  cite- 
rons les  variétés  suivantes  ,   d'après  M.  Haiiy. 

1.  Prehnite  primUioe  ,  H.,   TaW.  comp.  La  forme  primitive. 

2.  Prehnite  hexagonale.  En  prismes  ou  lames  hexagonales. 
C'est  le  prisme  primitif  dont  les  deux  arêtes  aiguës  sont  rem- 
placées par  deux  faces. 

3.  Prehnite  octogonale.  En  petits  prismes  octogones  ,  ou  en 
âmes  octogonales. 


,34  P  1^  E 

Ces  formes  sont  les  plus  simples  ;  il  en  existe  plusieurs 
autres  plus  compliquées.  Les  cristaux  lamelliformes  sont  su- 
jets à  prendre  une  disposition  analogue  à  celle  qui  s'observe 
dans  les  cristaux  de  stilbite.  Ces  lames ,  en  se  joignant  par 
leurs  plans  primitifs  ,  s'écartent  par  deux  de  leurs  extrémités 
opposées ,  en  formant  un  éventail  ou  une  gerbe  ,  ce  que 
M.  Haiiy  avoit  d'abord  rendu  par  l'épithète  àt  flabeWforme. 
Depuis,  il  a  nommé  prehniLe  conchoïde  ,  celle  qui  se  présente 
ainsi  cristallisée.  Les  cristaux  de  prehnite  ont  une  telle  ten- 
dance à  se  grouperainsi ,  qu'il  est  rare  de  ne  pas  y  trouver 
d'indice  de  cet  arrangement  des  lames  entre  elles. 

Les  minéralogistes  étrangers  divisent  la  prehnite  en  deux 
sous-espèces.  La  première  comprend  la  prehnite  à  tissu  la- 
melleux;  la  seconde  ne  renferme  que  la  prehnite  radiée.  Ces 
divisions  qui  ne  sont  pas  rigoureuses  ,  peuvent  être  admises 
jusqu'à  un  certain  point. 

§  I.  Prehnite  lamelleuse. — {Blœtrîger prehnit ,  "W,;/o- 
liatcd  prehnite ,  Jam.  ),  Ses  variétés  sont  les  suivantes  : 

I .°  La  Prehnite  cristallisée  {Schorl  vert  du  Dauphinè;  Schorl  en 
gerbes^  Schreib.  ).  Elle  est  en  cristaux  réguliers  et  en  cristaux 
conchoïdes.  Les  plus  belles  cristallisations  de  prehnite  ont 
été  trouvées  ju-îqu'à  présent  dans  le  Dauphlné.  Ses  couleurs 
sont  le  vert  grisâtre  ou  blanchâtre.  Elle  accompagne  l'axinite, 
l'épidote  ,  l'anatasc  .  etc.  Les  cristaux  les  plus  beaux  et  les 
plus  gros  sont  conchoïdes  ;  ils  ont  jusqu'à  un  pouce  de 
longueur. 

2.  Prehnite  lamelliforme  ^  Haiiy;  Elle  est  formée  de  lames 
extrêmement  petites  et  minces  ,  tumultuairement  disposées  , 
et  formant  de  petite?  masses  très-légères.  Elle  est  d'un  gris 
blanchâtre  ;  on  Ta  d'abord  trouvée  dans  les  Pyrénées  ,  puis 
dans  la  vallée  de  Chamcuni.  C'est  elle  qu'on  a  nommée 
KouPiiOLiTÉ.  V.  ce  mot. 

3.  La  Prehnite  cnUtlacée  ,  Hâiiy  ;  Emeraude  du  Cap  ,  Ro- 
chon ;  Chiysolithe  du  Cap  ,  Sage  ;  Prase  cristallisée  ,  H  acquêt. 
Elle  est  en  masse  tenace  ,  formée  de  lames  enlacées  en  tout 
sens,  avec  des  parties  compactes.  Ses  parties  extérieures 
offrent  aussi  des  cristaux  saiilans  et  très-rapprochés.  C'est  à 
celte  variété  qu'il  faut  rapporter  la  prehnite  d'un  beau  vert- 
pomme,  découverte  dans  le  pays  des  Namaquois,  versle  Cap 
de  Bonne-Espéranc<^ ,  dans  l'intérieur  de  l'Afrique  méridio- 
nale. On  doit  y  rapporter  aussi  les  prehnites  en  masses  blan- 
ches ou  d'un  blanc  verdâtre  ,  avec  lesquelles  les  Asiatiques 
font  leurs  jolies  coupes  et  autres  objets ,  et  qu'on  adonnées 
pour  du  jade  blanc  oriental. 


PRE  ,3S 

Il  y  a  Heu  de  croire  que  quelques-unes  des  substances  que 
i'on  rapporte  au  pétrosiiex,  sont  de  la  prehnite  parfaitement 
compacte  et  céroïde  ,  par  exemple  ,  certains  pétrosiiex  de 
iNorwége  ,  qui  sont  associés  avec  la  prehnite  cristallisée. 

§  II.  Prehnite  fibreuse.  —  {Prehnite  globuleuse  radiée  elfi- 
Ircuse- conjointe^  Haiiy  ;  fasriger prehnite  ,  \V.  ;  Jibrous  prehnite, 
James.  ;  zéoliie  rayonnée ,  Deborn.)  Elle  se  distingue  de  la  pré- 
dente  par  sa  texture  fibreuse  ou  radiée  ,  et  même  bacclUaire 
comme  dans  la  mésotype  ,  et  par  sa  couleur,  qui  est  généra- 
lement vert-jaunâlre.  Cette  prehnite  est  massive  ,  en  con- 
crétions ,  ou  en  rognons  tantôt  pleins  et  formés  par  la  réu- 
nion de  globules  compactes  radiés  ,  tantôt  creux  ,  et  à  sur- 
faces internes  hérissées  de  cristaux  aciculaires. 

La  prehnite  est  disséminée  ou  en  veines  ,  dans  les  roches, 
ou  cristallisée,  dans  leurs  cavités.  Ses  gisemens  sont  de  deux 
sortes ,  ce  qui  a  fait  attribuer  à  cette  pierre ,  une  double  ori- 
gine. En  effet,  elle  se  trouve  dans  les  roches  primitives,  et 
dans  celles  qu'on  nomme  de  trapp,  et  que  plusieurs  minéra- 
logistes rangent  dans  les  terrains  de  transition  ou  volcaniques. 
Il  est  à  remarquer  que  la  prehnite  fibreuse  gît  presque  tou- 
jours dans  ces  dernières  roches  ,  tandis  que  la  prehnite  la- 
melleuse  paroît  affecter  les  roches  primitives. 

La  prehnite  se  trouve  dans  l'Oisans  en  Dauphiné  ,  dans 
les  roches  primitives  sléatiteuses  ,  amphiboliques  et  de  dia- 
base.  A  Rivoire  ,  hameau  de  la  commune  de  Mons-de-Lens  , 
elle  forme  des  veines  qui  traversent  ces  roches  ;  elle  y  est 
associée  à  l'axinite  ,  à  Tanatase  ,  au  spath  calcaire  ,  à  l'é- 
pidote,  au  quarz  ,  au  feldspath  ,  à  l'asbeste  flexible  ,  etc. 
Elle  est  en  lames  minces  ,  dans  les  fissures  du  granité,  à  TAr- 
mentières;  et  elle  se  trouve  encore  dans  les  moraines  de  la 
gorge  de  la  Selle  ,  à  Saint-Christophe.  Dans  toutes  ces  lo- 
calités ,  elle  est  souvent  accompagnée  d'axinite. 

La  prehnite  nommée  koupholiie  ,  s'observe  dans  les  Pyré- 
nées, à  la  montagne  d'Erédlitz  près  de  Saint-Sauveur,  val- 
lée de  Barège  ,  département  des  Hautes-Pyrénées.  Elle  est 
dans  une  roche  cornéenne  caverneuse,  avec  l'épidote,  l'as- 
beste, la  chlorite,  le  calcaire  ,  etc.  La  mêma  variété  a  été 
rencontrée  dans  la  vallée  de  Chamouni ,  également  avec 
l'axinite  ,  la  chlorite  ,  le  quarz ,  etc. 

On  a  découvert  de  la  prehnite  dans  une  roche  amphlbo- 
lique  altérée  ,  aux  environs  de  Nantes. 

En  Carinthie  ,  dans  la  montagne    dite  San  Alpe  et  à  Rat- 
chinkes,dans  le  district  de  Slerzings  en  Tyrol,  on  trouve  de  la 
prehnite  cristallisée.  Laroche  amygdaloïde  ou  maiidelstein,  du 
Seifer  Alpe  ,  en  Tyrol ,  contient  des  rognons  massi^^  de  cett 
substance  avec  du  spath  calcaire  et  de  la  chlorite.  Dans 


,36  PRE 

vallée  de  Fusch ,  dans  le  Salzbourg  ,  cette  même  prehnite 
compacte  et  la  prehnite  cristallisée,  sont  réunies  au  feldspath 
et  à  la  chlorite.  Dans  toutes  ces  localités, les  cristaux  de  preh- 
nite sont  très-rarement  lamelliformes  ou  conchoïdes  ,  mais 
souvent  enchâssés  dans  leur  propre  substance,  ou  en  masse. 

En  Piémont  ,  dans  la  montagne  de  la  Portia,  la  prehnite 
cristallisée  est  encore  avec  le  feldspath  ,  l'épidote  ,  etc.  Elle 
se  présente  en  cristaux  de  formes  nouvelles  qui  ont  l'appa- 
rence d'octaèdres  curvilignes, diversement  groupés  entre  eux. 

La  prehnite  des  environs  de  Montferrat  en  Italie,  est, 
selon  Brocchi,  en  cristaux  solitaires  ou  groupés  ,  et  en  vei- 
nes souvent  accompagnées  de  chaux  carbonatée  lamellaire, 
de  même  couleur.  La  rçche  qui  la  contient  est  une  euphotide 
diallaglque,  analogue  à  la  roche  nommée  Jade  de  Saussure. 
C'est  une  association  remarquable, 

La  prehnite  cristallisée  de  Chine,  dont  il  existe  un  beau 
groupe  au  Brilish,  Muséum  à  Londres  ,  ressemble  à  celle 
du  Salzbourg.  Elle  est  seulement  presque  blanche. 

La  prehnite  entrelacée  a  été  découverte  dans  les  monta- 
gnes de  Kamesberg  ,  dans  la  contrée  des  Hottenlots  Nama- 
quois ,  sur  la  côte  occidentale  et  méridionale  de  l'Afrique, 
vers  le  Cap  de  Bonne-Espérance.  Ces  montagnes  sont ,  dit- 
on  ,  granitiques, et  contiennent  beaucoup  de  mines  de  cuivre. 
La  prehnite  des  Indes  et  de  Chine  est  probablement  aussi 
dans  une  formation  primitive. 

Enfin ,  la  prehnite  lamelleuse  se  rencontre  encore  au 
Groenland,  dans  les  syénites  primitives;  en  Norwége  ,  dans 
des  roches  analogues,  et  à  Kongsberg. 

11  n'en  est  pas  de  même  de  la  prehnite  fibreuse.  Elle  est 
contenue  dans  des  roches  amygdaloïdes ,  à  base  de  trapp  ou  de 
wacke,  associée  avec  toutes  les  Substances  zéolites.  Ces  roches 
sont  tantôt  considérées  comme  des  diabases  ou  grunsleins  al- 
térés ,  tantôt  comme  des  laves  trappéennes  décomposées 
anciennes  ,  tantôt  comme  des  basaltes  ou  des  roches  de  tran- 
sition. Les  roches  de  Fassa  et  d'Obsertein  ,  qui  contiennent 
la  prehnite,  renferment  aussi  des  cristaux  de  pyroxène; 
il.  en  est  de  même  des  autres  localités.  La  prehnite  de 
Pouch-Hill  ,  dans  le  Staffordshire  en  Angleterre  ,  est  en 
masse  ou  en  concrétion  d'une  dureté  considérable  ,  adhérant 
à  de  la  mésotype  et  à  de  la  baryte  sulfatée  ,  selon  John- 
Finch  ,  dans  un  trapp  ou  basalte  décomposé  ,  situé  entre 
deux  masses  de  basaltes  prismatiques.  Elle  est  aussi  dans  le 
trapp  à  Woodford,  paroisse  de  Berkeley,  dans  le  Gloces- 
tershire  ,  en  Angleterre. 

L'Ecosse  est  très-riche  en  cette  variété  de  prehnite  ;  elle 
en  offie  dans  des  roches  passant  au  basalte  ,  près  de  Beith 


PRE 


37 


dans  l'Ayrshire;  à  Hartfield,  prèsPaisley  ;  à  Frîsky-Hall,  et 
Lochumphry,  dans  le  Dumbartonshire  ;  dans  les  environs 
d'Edimbourg,  à  Arthur- Seat,  Castlerock,  Sallsbury,Craig; 
dan^  les  environs  de  Glascou  ;  dans  l'île  de  Mull ,  etc.  La 
mésotype  ,  l'analcime  ,  la  stilbite  ,  etc. ,  accompagnent  pres- 
que toujours  la  prehnite  ,  dans  ces  diverses  localités, 

A  Feroë,  la  prehnite  et  le  cuivre  natif  sont  ensemble,  dans 
une  même  roche,  considérée  généralement  comme  une  lave. 

C'est  dans  une  roche  porphyritique  et  amygdaloïdale  à 
base  de  trapp  ,  que  la  prehnite  associée  au  cuivre  natif,  a 
été  observée  à  Reichenbach  ,  près  d'Oberstein.  A  Fassa  en 
Tyrol ,  elle  est  également  dans  un  amygdaloïde  ,  avec  mé- 
sotype ,  analcime,  stilbite  ,  apophyllite  ,  etc. 

Près  de  Boston,  aux  Etats-Unis ,  on  a  observé  de  la  preh- 
nite dans  un  gisement  analogue  aux  précédens. 

La  prehnite ,  maintenant  si  répandue  et  si  vulgaire  ,  fut 
très-long-temps  ignorée  ;  celle  du  Cap  est  la  première  qu'on 
ait  connue.  Le  colonel  Prehn ,  gouverneur  du  Cap  de  Bonne- 
Espérance  ,  de  retour  en  Europe  en  1783,  la  fit  connoître 
aux  minéralogistes  allemands  ,  et  Werner  s'empressa  de 
donner  à  celte  pierre  le  nom  de  celui  qui  en  avoit  fait  la 
découverte.  L'abbé  Rochon  en  avoit  rapporté  du  Cap  ,  en 
1774.  ,  bien  avant  le  colonel  Prehn.  Cette  prehnite,  remar- 
quable par  sa  belle  couleur  vert-pomme  ,  fut  prise  pour  de 
l'émeraude  ,  de  la  prase  cristallisée  ,  de  la  chrysoprase,  de 
la  chrysolithe  ou  chaux  phosphatée,  du  péridot,  du  feldspath, 
etc. ,  et  pour  un  schorl ,  nom  vague  sous  lequel  on  compre- 
noit  une  multitude  de  pierres  différentes. 

Les  analyses  de  ce  minéral ,  qu'Hassenfratz  et  Klaproth 
publièrent,  concoururent  à  le  faire  regarder  comme  différent 
de  tous  ceux  avec  lesquels  il  avoit  été  confondu. 

En  1782,  M.  Schreiber  ,  inspecteur-général  des  mines, 
découvrit  la  prehnite  du  Dauphiné  ,  qu'il  nomma  schorl  en 
gerbe,a  cause  de  sa  cristallisation.  Cette  cristallisation  fit  bien- 
tôt rapprocher  ce  schorl  de  la  prehnite  du  Cap, et  on  lui  laissa 
le  nom  de  prehnite  ,  imposé  par  Werner.  Ce  n'est  que  dans 
ces  dernières  années,  que  l'on  a  rapporté  à  la  prehnite  ,  ces 
variétés  fibreuses  qu'on  avoit  regardées  comme  des  variétés 
de  mésotype  oudezéolite. 

La  prehnite  n'a  aucun  usage  dans  les  arts  ,  excepté  la  va- 
riété compacte  qui  vient  des  Indes  ,  et  que  nous  avons  dit 
n'être  pas  un  jade  ,  dans  l'opinion  de  M.  de  Bournon.  La 
prehnite  de  Dumbarton  ,  en  Ecosse,  est  susceptible  de 
prendre  un  très  -  beau  poli.  On  en  voit  des  plaques  dans 
les  cabinets  des  amateurs.  La  prehnite  du  Cap  est  quelque- 
fois en  morceajjx  assez  volumineux  pour  qu'on  puisse  en  ti- 


i38  PRE 

rcr  Hes  plaques  pour  tabatières  et  de  très-petits  vases.  On 
voyoit  plusieurs  de  ces  objets  de  curiosité  ,  dans  la  collec- 
tion de  M.  le  marquis  de  Drée,  à  Paris.  Selon  Barrow,  les 
colons  hollandais  se  servent  de  la  prehnile  du  Cap  pcxur  em- 
bellir leurs  pipes,  (ln.) 

PRELAT.  Nom  d'une  coquille  du  genre  Cône  ,  Conus 
prelaliis.  (desm.) 

PRÊLE  ou  PRESLE.  C'est  le  Bruant  proyer.  (v.) 

PRÊLE.  F.  Presle.  (s.) 

PRÊLE  PUANTE.  Ce  sont  les  Charagnes.  (desm.) 

PREMNA.  Ce  genre ,  établi  par  Linnseus ,  est  décrit  au 
mot  Andarèse.  (ln.)  • 

PREMNADÈ ,  Premnas.  Genre  de  poissons  établi  par 
Cuvier ,  pour  retirer  du  sien  le  Chétodon  bimaculé  ,  et 
le  placer  auprès  des  Pomacentres.  Ses  caractères  sont  : 
tête  très-qbtuse  ;  dents  fines  ,  courtes  et  disposées  sur  une 
seule  rangée  ;  de  fortes  épines  au  sous-orbitaire  ;  le  préo- 
percule et  le  sous-opercule  dentelés  ;  ligne  latérale  n'arrivant 
pas  à  la  queue.  (B.) 

PRENANTHE  ,  Pvenanihes.  Genre  de  plantes  de  la  syn- 
génésic  polygamie  égale  ,  et  de  la  famille  des  chicoracées  , 
donl  les  caractères  consistent  :  en  un  calice  caliculé  ,  cylin- 
drique ,  composé  de  quatre  à  cinq  folioles  conniventes  ;  un 
réceptacle  nu  ,  supportant  quatre  à  cinq  demi-fleurons  à  lan- 
guette obtuse  et  dentée  ,  à  étamines  réunies  par  leur  sommet 
et  à  ovaire  supérieur  ;  cinq  à  six  semences  ovales,  surmon- 
tées d'une  aigrette  simple  et  sessile. 

Ce  genre  comprend  huit  à  dix  espèces  ,  qui  ont  été  réunies 
par  Lamarck  avec  les  Condrilles^  et  qui  ,  en  effet ,  ne  peuvent 
que  difficilement  en  être  distinguées ,  quand  on  compare 
toutes  les  espèces  aux  caractères  des  deux  genres.  On  a  men- 
tionné, au  mot  CoNDRiLLE, l'espèce  deprenanlhe  qui  est  la  plus 
commune  et  par  conséquent  la  plus  importante  à  connoître. 
Les  autres  sont  rares  ou  incomplètement  décrites. 

Le  Prenanthe  glauque  constitue  le  sous-genre  Esopon 
de  Rafinesque.  (b.) 

PRENEUR  DE  C\NCRES.  Nom  que  les  habitans  des 
îles  de  Bahama  donnent ,  selon  Catesby,  au  crabier gris-de-fer. 
Voyez  l'article  des  Crabiers,  au  mot  Héron,  (s.) 

PRENEUR  D'ÊCREVISSES.  Oiseau  de  la  Nouvelle- 
Guinée  ,  à  plumage  blanc  de  lait  ,  indiqué  par  Dampier. 
«  Ce  pourroit  être  ,  dit  Buffon ,  quelque  espèce  de  Crabier.  » 
V.  au  mot  HÉRON,  (s.) 

PRENEUR  D'HUÎTRES.  C'est,  dans  Catesby,  la  dé- 
nomination de  THuîtrier.  (v.) 
PRENEUR  DE  MOUCHES  BRUN  (petit).  V,  Gobe- 


PRE  iSg 

MOUCHE  BRUN    DE  LA.  CaROLINE  ,    à  Tarlicle  MOUCHEROLLE. 

(V.) 

PRENEUR  DE  MOUCHES  HUPPE.   Voyez  Tyran 
verdàtre.  (v.) 
PRENEUR  DE  MOUCHES  NOIRATRE.  V.  Mou- 

CHEROLLE  NOIRÂTRE,  (v.) 

PRENEUR  DE  MOUCHES  ROUGE ,  Tanagm  œs- 
iha ,  Lath.  Cet  oiseau,  décrit  d'après  la  mauvaise  figure  qu'en 
a  publiée  Catesby  (celle  d'Edwards  n'est  pas  plus  exacte),  a 
été  donné  pour  un  gobe-mouche  par  Rrisson ,  et  comme  une  es- 
pèce qui  s'en  rapproche  par  Montbeillard;ce  savant  avoit  bien 
jugé  qu'il  ne  pouvoit  appartenir  à  ce  genre, d'après  la  forme 
de  son  bec;  mais, ainsi  que  les  méthodistes  modernes,il  ne  l'a 
pas  reconnu  pour  un  individu  de  l'espèce  du  tangara  de  Mis- 
5/.w/Ji ,  puisque  tous  en  font  une  espèce  distincte.  Cependant 
il  appartient  à  cette  race ,  ce  que  je  puis  assurer ,  l'ayant 
observé  sur  les  lieux  mêmes.  Cet  oiseau  vit  de  graineset  d'in- 
sectes. C'est  d'après  cette  dernière  nourriture  que  Catesby 
lui  a  donné  le  nom  de  preneur  de  mouches  rouge.  Voyez  Py- 

RANGA.  (v.) 

PRENEUR  DE  MOUCHES  AUX  YEUX  ROUGES. 

V.  Gobe-mouche  olive  de  la  Caroline  ,  à  l'article  Mou- 

CHEROLLE.  (v.) 

PRF>:EUR  de  MULO  rS.  Cest,  enReauce  ,  la  déno- 
mination vulgaire  de  la  Cresserelle.  V.  ce  mot.  (s.) 

PRENEUR  DE  PASSES.  L'on  donne  ce  nom ,  en  quel- 
ques endroits  de  la  France,  à  I'Emerillon.  F.  ce  mot.  (s.) 

PRENSICULANTIA.  lUiger  donne  ce  nom  à  un  ordre 
de  mammifères  rongeurs  qui  correspond  exactement  à  la  di- 
vision de  notre  ordre  des  rongeurs  ,  qui  comprend  ceux  de 
ces  animaux  qui  sont  pourvus  de  clavicules  complètes  ,  et  qui 
ont  la  faculté  de  porter  leurs  pattes  de  devant  à  leur  bouche 
lorsqu'ils  mangent,  (oesm.) 

PRÉONANTHUS.  Nom  donné  par  €hrhart,  à  1' Ané- 
mone alpine,  (ln.) 

PRÉPARATION  DES  ANIMAUX  pour  les  Musées 
d'histoire  naturelle.  V.  Taxidermie,  (virey.) 

PREPUCE  ,  Prœpuiium.  C'est  ainsi  qu'on  nomme  la  peau 
ou  la  membrane  qui  recouvre  le  gland  du  membre  viril.  Dans 
les  animaux  ,  \q  prépuce  s' âTp^^eWQ fourreau  de  la  verge.,  que  l'on 
compare  à  une  épée,  une  flamberge  dans  sa  gaine.  Les  juifs  , 
les  mahométans  coupent  cette  peau  ou  ce  prépuce  ;  c'est  ce 
qui  s'appelle  circoncision.  D'autres  y  attachent  un  anneau 
(Jibula)  ,  d'où  vient  le  mot  infihuhition.  Voyez  cet  article. 

La  plupart  des  sing^^s  ont  un  court  prépuce  ,  ainsi  que  le 
frein  qui  le  relient,  3ows  ce  fourreau  s'amasse  souvent  ,  à  la 


i4o  PRE 

racine  du  gland  ,  une  matière  blanche  ,  comme  caséeuse  , 
d'odeur  forte  et  qui  peut  devenir  acre.  C'est  un  excitant  à 
l'orgasme  vénérien.  11  y  a  pareillement  au-dessus  du  cli- 
toris des  femelles  ,  un  repli  des  nymphes  ,  en  forme  de  ca- 
puchon ;  c'est  le  prépuce  du  clitoris ,  sous  lequel  peut  s'a- 
masser également  cette  matière   blanche  ,  sébacée. 

Les  mamelons  du  cheval  sont  placés  sur  son  prépuce  , 
comme  à  l'inguen  de  la  cavale  ;  ainsi  le  repli  de  la  peau ,  for- 
mant le  prépuce  ,  n'est  qu'un  prolongement  de  celle  qui  re- 
couvre l'abdoin^n.  F,  Verge  et  Sexe,  (virey.) 

PREPUCE.  Les  marchands  donnent  ce  nom  aux  coquilles 
du  genre  huilée,  qui  n'ont  point  de  spire.  Ce  sont  les 
vraies  huilées^  celles  qui  se  trouvent  toujours  dans  l'intérieur 
des  mollusques.  V.  aux  mots  Bulle  etBuLLÉE. 

On  appelle  aussi  prépuce  de  meruim  espèce  de  Pennatule 
dont  l'extrémité  postérieure  est  terminée  par  une  membrane. 

(B) 

PRES  AIE.  C'est,  en  Poitou  ,  le  nom  de  la  Chouette 
effraie,  (v.) 

PRESLE  ,  Equîsetum.  Genre  de  plantes  cryptogames  ,  de 
la  famille  des  fougères  ,  ou  mieux,  ayant  de  l'affinité  avec 
les  fougères ,  qui  offre  pour  caractères  :un  épi  dense  ou  cône 
solitaire,  terminal,  Imbriqué  d'écaillés  élargies  et  arrondies 
au  sommet,  creusées  ,  sur  leur  surface  intérieure  ,  de  cellules 
qui  renferment  de  petits  globules  contenant  chacun  de  deux 
à  quatre  appendices  sétiformes  ,  articulés  et  élastiques. 

Ce  genre  renferme  une  vingtaine  d'espèces,  dont  les  racines 
sont  vivaces  ,  les  tiges  fistuleuses  ,  articulées  ,  striées  ,  rudes 
au  toucher,  simples  ou  rameuses,  nues  ou  garnies  de  feuilles 
verticillées  ,  articulées  ;  les  articulations,  soit  de  la  tige  ,  soit 
des  feuilles  (qu'on  peut  aussi  regarder  comme  des  rameaux  ) , 
sont  entourées  d'une  gaine  dentée.  On  en  compte  environ 
douze  espèces  ,  la  plupart  propres  à  l'Europe  ,  dont  font 
partie  :  * 

La  Presle  des  bois,  qui  a  la  tigè*terminée  par  un  seul  épi 
et  les  feuilles  composées. Elle  se  trouve  dansles  bois  humides, 
et  s'élève  à  deux  ou  trois  pieds.  C'est  une  plante  fort  élé- 
gante par  son  port.  Il  est  rare  de  la  trouver  en  fleur.  On  l'ap- 
pelle queue-de-cheval. 

La  Presle  des  champs  a  les  tiges  portant  l'épi  de  fleurs 
nues,  et  les  autres  chargées  de  feuilles.  Elle  se  trouve  dansles 
terrains  gras  et  humides.  Les  tiges  florifères  paroissent  avant 
les  autres ,  et  elles  s'élèvent  à  peine  à  cinq  pouces. 

Les  feuilles  et  les  tiges  de  cette  espèce  ont  une  saveur  aus- 
tère, et  sont  regardées  comme  propres  à  suspendre  le  pisse- 
ment  de  sang ,  l'hémorragie  utérine  ,  la  diarrhée  et  la  dys- 


PRE  i4i 

senlei'îe,  prises  en  décoction.  Employées  en  cataplasme,  on 
croit  qu'elles  s'opposent  à  la  sortie  des  hernies  des  enfans.  Il 
est  probable  que  ces  propriétés  sont  communes  aux  autres  es- 
pèces de  presle;mais  il  est  vrai  de.dire  qu'elles  ne  sont  pas  très- 
constatées.On  V appelle  gueue-de-cheoal, comme  la.  précédente. 

La  Presledes  marais  a  la  tige  anguleuse  et  les  feuilles 
simples.  Elle  se  trouve  dans  les  marais.  Les  bestiaux  la  re- 
cherchent beaucoup  ,  quoiqu'on  dise  qu'elle  leur  donne  des 
flux  de  ventre.  On  pourroit  planter  en  presle  ,  pour  leur 
usage  ,  des  terrains  tourbeux  qui  ne  produisent  rien  de  bon  ; 
mais  ce  ne  seroit  pas ,  sans  doute ,  une  chose  facile  ,  car  les 
plantes  de  leur  famille  se  prêtent  rarement  à  la  transplanta- 
tion et  encore  moins  aux  semis.  Les  anciens  croyoient  que 
l'infusion  de  cette  plante  détruisoit  la  rate  ,  et  on  en  faisoit, 
en  conséquence  ,  boire  aux  coureurs. 

La  Presle  fluviatile  a  la  tige  striée  et  les  feuilles  pres- 
que simples.  Elle  croît  sur  le  bord  des  rivières  et  des  étangs 
dont  l'eau  est  vive.  Les  Romains  mangeoient ,  et  encore  ac- 
tuellement les  Toscans  se  nourrissent  des  jeunes  sommités 
de  cette  plante.  On  les  fait  cuire  et  on  les  assaisonne  comme 
les  asperges. 

La  Presle  d'hiver  a  la  tige  rude  ,  nue  et  un  peu  rameuse 
au  sommet.  Elle  se  trouve  dans  les  bois  humides ,  fleurit  pen- 
dant Thiver  et  s'élève  à  trois  ou  quatre  pieds.  C'est  cette  es- 
pèce que  l'on  ramasse  au  milieu  de  l'été  ,  lorsqu'elle  a  ac- 
quis toute  sa  croissance  ,  et  que  Ton  vend  aux  ouvriers  en 
bois  et  en  métal  pour  polir  leurs  ouvrages.  Cette  plante  ,  qui 
ne  se  trouve  pas  partout,  fait ,  sous  le  nom  à'asprêle  ,  l'objet 
d'un  petit  commerce  dans  quelques  parties  de  l'Europe. 
Pour  l'employer  ,  on  fait  passer  ,  dans  l'intérieur  de  la 
lige  ,  un  lil  de  fer  de  même  diamètre  qu'elle  ,  qui  permet  de 
l'appuyer  ,  sans  la  briser,  contre  les  objets  à  polir.  A  défaut 
de  cette  espèce  ,  qui,  sous  tous  les  rapports  ,  mérite  la  pré- 
férence ,  on  peut  se  servir  des  autres  ci-dessus  mentionnées. 

Ce  genre  ,  qui  ne  ressemble  à  aucun  autre,  a  toujours  fait 
le  désespoir  des  botanistes  qui  réfléchissent  sur  l'organisation 
végétale.  On  a  imaginé  nombre  de  systèmes  pour  rendre 
compte  de  sa  singulière  fructification.  Mirbel  ,  dans  l His- 
toire naturelle  des  Fiantes  ,  faisant  suite  au  Biijfon  ,  édition  de 
Deterville  ,  a  donné  sur  leur  anatomie  un  essai  qui  éclaire 
leur  physiologie.  C'est  dans  cet  ouvrage  même  qu'il  faut  ap- 
prendre à  connoître  les  observations  de  ce  botaniste.  On  dira 
seulement  ici  que  ces  plantes  font  le  passage  entre  les  mono- 
cotylédons et  les  dicotylédons  ,  c'est-à-dire  ,  que  leurs  entre- 
nœuds ont  l'organisation  des  premiers,  et  leurs  nœuds  celle 
des  seconds. 


1^2  PRE 

La  Presle  d'e\tj  est  la  Pesse.  (b.) 

PRESQUE  ÎLE  ou  PENINSULE.  Terre  environnée 
d'eau  de  toutes  parts  ,  à  l'exception  d'un  côté,  où  elle  est 
jointe  an  continent  par  une  langue  de  terre  qu'on  nomme 
isthme.  Voyez  Isthme  et  Péninsule,  (pat.) 

PRESTER.  Quelques  naturalistes  ont  donné  ce  nom  aux 
trombes  de  terre  ,  d'autres  l'ont  appliqué  aux  météores  embrasés. 

(pat.) 

PRESTONIE,Fmtoma.  Genre  de  plantes  établi  par  Ro- 
bert Brown,  dans  la  famille  des  apocinées.  Ses  caractères  gé- 
nériques sont  :  corolle  tubulée  en  forme  de  coupe  à  cinq  divi- 
sions et  à  gorge  munie  de  cinq  écailles  intérieures  alternes 
avec  les  cinq  divisions;  anthères  à  demi  saillantes,  sagiltifor- 
mes  ,  adhérentes  à  la  partie  moyenne  du  stigmate;  ovaires 
doubles,  surmontés  d'un  style  filiforme,  dilaté  au  sommet  et 
portant  un  stigmate  turbiné,  surmonté  d'une  petite  pointe 
étroile  ;  urcéole  hypogyne  ,  monophylle  ;  follicule  inconnu. 

Une  seule  espèce  est  rapportée  à  ce  genre  ,  c'est  le  pres- 
tonia  tomeniosa  ,  arbrisseau  voluble,  tomenteux  ,  à  feuilles  op- 
posées ,  tomenteuses  ,  à  fleurs  en  bouquets  ou  corymbe 
interpétiolaire  ;  à  calice  foliacé,  dont  les  découpures  sont 
munies  d'une  petite  écaille  à  leur  base  intérieure.  Il  croît 
dans  les  haies  à  Rio-Janeiro.  (ln.) 

PRESTRES.  On  donne  ce  nom  ,  sur  quelques  côtes  ,  à 
deux  petits  poissons  ,  dont  l'un  paroît  appartenir  au  genre 
dupée  ^  et  l'autre  au  genre  cyprin.  On  en  prend  de  prodigieuses 
quantités  au  printemps  dans  la  Rance  ,  rivière  voisine  de 
Saint-Malo.  C'est  aussi  le  nom  des  Oursins  ,  à  l'Ile-de- 
France,  (b.) 

PRÉSURE. Laitcaillédansrestomac'des  veaux  qui  tètent, 
et  qu  on  emploie  pour  accélérer  la  séparation  de  la  partie 
caséeuse  du  lait, lorsqu'on  veutfabriquer  des  Fromages  gras, 
soit  avec  l'intermède  ,  soit  sans  l'intermède  du  feu. 

Pour  conserver  la  présure  ,  il  suffit  d'exposer  l'estomac  des 
veaux  à  l'air  après  l'avoir  convenablement  salé  ;  tous  les 
autres  moyens  indiqués  sont  inférieurs.  Lorsqu'on  veut  l'em- 
ployer ,  on  coupe  un  morceau  de  cet  estomac  ,  proportionné 
à  la  quanlilé  de  lait  qu'on  veut  transformer  en  fromage  ,  et 
d'autant  moindre  que  la  saison  est  plus  chaude.  On  la  met 
tremper  quelque  temps  dans  de  l'eau  tiède,  et  on  verse  cette 
eau  dans  du  lait ,  en  agitant  légèrement  ce  lait.  Plusieurs 
plantes  ont  la  même  propriété.  V.  au  mot  Bœuf,  où  tous  les 
détails  de  la  laiterie  sont  expliqués,  (s.) 

PRETRAS  ou  PRÊTRES.  Noms  vulgaires  de  I'Eper-. 

LAN  BATARD.   (DESM.) 

PRÈTRAS.  V.  Prestres.  (s.) 


PRE  ,4:; 

PRÊTRE.  C'est  un  des  noms  vulgaires  du  Bouvreuil. 

(y-) 

PREVATS.  Paulet  a  donné  ce  nom  qui  s'applique  vulgai- 
rement dans  quelques  lieux  à  I'Agaric  poivré,  à  une  fa- 
mille de  champignons  faisant  partie  du  genre  Agaric  ,  fort 
voisine  des  Girolles,  et  dont  la  chair  est  piquante  au  goût 
quoique  non  laiteuse.  11  y  rapporte  neuf  espèces  ,  savoir  : 

Le  Prévat  blanc  ou  Girolle  blanche,  qui  est  TAgaric 
PECTINE  de  Bulliard  ,  l' Oreille  de  lièvre  des  bûcherons. 
Il  est  entièrement  d'un  blanc  sale.  On  le  trouve  ,  en  au- 
tomne ,  dans  les  bois.  V.  sa  figure  ,  pi.  78  du  Traité  des 
Champignons  du  médecin  précité. 

Le  Prévat  lilas  est  plus  petit  que  le  précédent ,  et  violet 
en  dessous.  Il  est  figuré  sur  la  même  planche. 

Le  Prévat  VERDÀTRE  ou  verdoyant  a  le  dessus  du  cha- 
peau d'un  beau  vert. 

Le  Prévat  tourné  ou  au  tour,  est  gris,  avec  les  lames 
en  saillies  sur  les  bords  et  le  pédicule  très-gros. 

Le  Prévat  rosé  ou  cerise  pâle  ,  ou  grande  rougeote  , 
est  d'un  rouge  de  chair  en  dessus ,  a  les  lames  moins  colo- 
rées et  le  pédicule  gris. 

Ces  trois  espèces  sont  figurées  pi.  ji  de  l'ouvrage  précité. 
Le  Prévat  BISOTE  est  de  couleur  bislre  en  dessus  et  blan- 
châtre en  dessous. 

Le  Prévat  rougeote  est  Yagaricus  integei-  de  Linnreus- 
Son  chapeau  est  d'un  rouge  carmin  en  dessus  et  blanc  en 
dessous.  On  le  rencontre  fréquemment  dans  les  bois  des  en- 
virons de  Paris.  Paulet  l'a  figuré,  avec  le  précédent,  pi.  yS 
de  l'ouvrage  précité. 

Le  Prévat  champignon  des  dames  est ,  en  dessus  ,  bleu 
sur  le  bord,  et  gris  au  centre,  ainsi  qu'en  dessous.  Il  est  d'un 
excellent  goût. 

Le  Prévat  gorge  de  pigeon  diffère  du  précédent ,  parce 
qu'il  est  plus  petit  et  que  le  milieu  de  son  chapeau  ,  en  des- 
sus ,  est  légèrement  rosé  ,  ou  changeant  comme  la  gorge  du 
pigeon. 

Le  Prévat  jaunâtre  et  blanchâtre,  est  d'un  jaune  soufre 
en  dessus  et  en  dessou5. 

Ces  trois  dernières  espèces  sont  figurées  pi.  76  de  l'ou- 
vrage précité. 

Toutes  sont  mangeables  ,  mais  le  champignon  des  dames 
est  le  seul  qui  soit  recherché,  (b.) 

PREVOTIA.  Adanson  ,  en  établissant  ce  genre  ,  y  rap- 
porte le  cerasiium  penlandriim  ànLinnxvis^qm  diffère  des  autres 
espèces  de  Céraiste  ,  par  sa  corolle  à  pétales  entiers  ;  par 
ses  étamines  au  nomlire  de  cinq ,   et  par  sa  capsule  à  cinq 


loges  et  à  cinq  valves  ou  à  dix  crénules.  Ce  genre  n'a  pas  été 
adopté  ,  et  avec  raison  ,  parce  que  chacun  de  ces  caractères 
se  retrouve  isolément  dans  diverses  espèces  de  Céraistes. 
V.  ce  mot.  (ln.) 

PRHLAWA.  Nom  de  I'Ortie  ,  en  Bohème,  (ln.) 

PREYER  ,  PRIER,  PRUYER.  Noms  du  Rruant- 
PROYER  ,  dans  Belon.   (v.) 

PRIAGANTHE,  Priacanihes.  Genre  de  poissons  ,  établi 
par  Cuvier,aux  dépens  des  Anthias  de  Bloch.  Ses  caractè- 
res sont  :  corps  couvert  d'écaillés  rudes  jusqu'au  bout  du 
museau  ;  mâchoire  inférieure  plus  avancée  ;  bouche  oblique- 
ment dirigée  vers  le  haut;  dents  très-petites  et  très-nombreu- 
ses; préopercule  dentelé  et  terminé,  versle  bas,  par  une  épine 
elle-même  dentelée. 

L'AîSiTiiiAS  MACROPHTALME  et  l'Anthias  boops  ,  servent 
de  type  à  ce  genre,  (b.) 

PRIADELA.  Nom  par  lequel  les  Daces  désignoient  le 
Taminier  ,  iamnus  communis  L.  ,  selon  quelques  bota- 
nistes, (ln.)^ 

PRIAPEE.  On  donne  ce  nom  ,  dans  quelques  lieux ,  à  la 

NlCOTIAT^E  RUSTIQUE.  (B.) 

PRIAPES  DE  MER.  Les  anciens  naturalistes  don- 
noient  ce  nom  à  des  mollusques  qui  ont  quelques  rapports  de 
forme  avec  l'organe  de  la  génération  de  l'homme.  Il  paroît 
que  ce  sont  ou  des  Vérétilles  ,  ou  des  Alcyons  ,  ou  des 
Holothuries  non  développés,  (b.) 

PRIAPOLITES.  Ce  sont  les  pétrifications  des  mollusques 
de  l'article  précédent.  V.  aussi  Concrétions  pierreuses  , 
vol.  7  ,  pag.  4-32.  (ln.) 

,  PRIAPULE  ,  Priapulus.  Genre  établi  par  Lamarck,  dans 
son  Histoire  naturelle  des  animaux  sans  vertèbres,  pour  pla- 
cer I'Holothurie  priape  de  Linnseus.  Ses  caractères  s'expri- 
ment ainsi  :  corps  allongé ,  cylindracé ,  nu  ,  annelé  trans- 
versalement ,  à  extrémité  antérieure  glandiforme  ,  presque 
en  massue;  striée  longitudinalement,  rétractile  ;  bouche  ter- 
minale ,  orbiculaire,  munie  de  dents  cornées  à  son  orifice; 
anus  à  l'extrémité  postérieure;  un  filament  papillifère  sortant 
près  de  l'anus,  (b.) 

PRICKET.  Nom  anglais  du  Cerf  àaguet  (desm.) 
PRIER.  Nom  vulgaire  du  Proyer.(ln,) 
PRIGRID.  L'un  des  noms  russes  duNAPEL,  (ln.) 
PRIGUIZA.  Les  Portugais  donnent  ce  nom  au  Bradype 

AÏ.  (DESM.) 

PRIKRIT.  Nom  russe  de  la  Dauphinelle  élevée  (  Del- 
phinium  elatum  ,  L.  ).  (ln.) 


P  R  I 


i4 


PRIME.  Expression  en  usage  pour  de'signer  des  ^/m-gs^- 
nes  imparfaites,  et  des  pierres  qui ,  par  leur  couleur,  ressem- 
blent aux  pierres  précieuses.  Dans  le  premier  cas ,  prime  pa- 
roît  signifier  matrice  ,  ou  madère  première  ,  et  dans  le  second 
il  est  synonyme  âefaux  ;  ainsi ,  l'on  désigne  à  la  fois  l'amé- 
thyste qui  n'est  pas  propre  à  être  taillée,  à  cause  de  ses 
imperfections,  et  la  chaux  fluatée  violette  qui  lui  ressemble, 
par  la  couleur  ,  ipar  prime  (Tamélhysie. 

La  prime  (Topak  est  la  gangue  de  l'opaie ,  lorsque  cette 
brillante  pierre  n'y  est  disséminée  qu'en  petites  et  nombreu- 
ses parcelles  éclatantes. 

On  appelle  prime  démeraude ,  la  chaux  fluatée  verte,  et  le 
quarz  hyalin  vert  obscur  ,  c'est-à-dire  ,  la  prase. 

On  nomme  encore  prime  de  rubis  ,  le  quarz  hyalin  rose  ,  et 
le  grenat  rouge  de  feu  on  pyrope;  enfin  ,  le  nom  de  prime  an- 
nonce aux  joailliers  une  pierre  à  rebuter.  (L>f,) 

PRIMEROLE.  V.  au  mot  Primevère,  (b.) 

PRIMEVÈRE,  PRIMEROLE,  OREILLE  D'OURS, 
Primula  ,  Linn.  {pentandrie  monogynie).  Genre  de  plantes  de 
la  famille  des  primulacées  ,  dans  lequel  le  calice  de  la  Heur 
est  persistant ,  tubulé  ,  à  cinq  angles  et  à  cinq  dents  ;  la  co- 
rolle monopélale  ,  régulière  et  en  soucoupe  ,  à  tube  cylin- 
drique, de  la  longueur  du  calice,  quelquefois  plus  long  ,  et  à 
limbe  plane  ,  ouvert,  et  découpé  très-profondément  en  cinq 
segmens  échancrés.  Vers  le  sommet  du  tube  sont  insérées 
cinq  étamines  ,  dont  les  filets,  très-courts,  portent  des  an- 
thères droites  et  à  pointes  aiguè's.  Le  germe  est  supérieur  et 
sphérique  ;  il  soutient  un  style  mince  ,  couronné  par  un  stig- 
mate de  la  même  forme.  Le  fruit  est  une  capsule  arrondie 
à  une  loge,  s'ouvrant  par  son  sommet,  découpée  en  dix  pai'  ^ 
lies ,  et  remplie  de  semences  rondes.  La  culture  fait  varier 
le  nombre  des  parties. 

Le  nom  de  cette  plante  est  un  des  plus  heureux  que  les 
botanistes  aient  imaginés  ou  adoptés  ;  il  signifie  première fieur 
du  printemps  ;  la  primevère  fleurit  en  effet  dans  les  premiers 
beaux  jours  de  cette  saison  ,  vers  le  commencement  ou  le 
milieu  de  mars. 

Dans  les  trente  espèces  que  comprend  ce  gejire,  il  y  en  a 
deux  qui ,  par  leurs  nombreuses  variétés  ,  ornent  les  jardins 
et  les  amphithéâtres  des  fleuristes.  Ce  sont  la  Primevère 
ODORANTE  A  FLEUR  JAUNE  ET  SIMPLE,  primula  veris  ^  Linn., 
et  la  Primevère  oreille  d''ovrs,  primula  auricuiaursi,  Linn. 

La  première  a  une  racine  fibreuse  ,  et  des  feuilles  radi- 
cales sessiles  ,  dentées  ,  sillonnées  et  ridées ,  du  milieu 
desquelles  s'élève  une  tige  nue  ,  portant  ses  fleurs  en  om- 
belles pendantes.  Une  collerette  de  cinq  à  six  folioles  courtes 

xxviii.  10 


146  P  R  I 

et  sétacées  ,  garnit  l'ombelle.  La  fleur  a  une  odeur  douce 
très-foible.  Celte  plante  est  vivace  et  d'Europe  ;  elle  aime 
l'ombre  ou  le  demi-soleil ,  et  se  plaît  aux  bords  des  bois.  On 
la  cultive  dans  les  jardins  ;  elle  y  produit  une  infinité  de 
variétés  très-agréables  ,  et  qui  offrent  toutes  sortes  de  cou- 
leurs. On  la  met  ordinairement  en  bordure  ou  en  massif;  il 
ne  faut  pas  négliger  de  l'arroser,  surtout  pendant  les  séche- 
resses. Elle  doit  être  placée  dans  un  terrain  frais.  Elle  est 
assez  difficile  à  élever  de  graines  ;  mais  on  la  multiplie  aisé- 
ment en  en  séparant  les  pieds  ,  soit  aussitôt  après  que  les 
fleurs  sont  passées  ,  soit  en  automne.  Les  belles  primevères 
sont  à  fleurs  simples. 

\J oreille  d'ours  ou  auricule  est  originaire  des  Alpes  ;  elle  croît 
aussi  sur  beaucoup  d'autres  montagnes  élevées.  Elle  est 
vivace.  Elle  a  une  racine  fusiforme  ,  des  feuilles  lisses,  den- 
tées ,  épaisses,  oblongues  ,  entières,  au  centre  desquelles 
s'élève  une  lige  nue  ,  cylindrique  ,  portant  à  son  sommet 
un  bouquet  de  fleurs  de  différentes  couleurs  ,  jaunes,  blan- 
ches ,  pourpres  ,  ou  diversement  nuancées  ,  simples  ,  à  huit 
et  dix  segmens  ,  et  quelquefois  pleines.  Les  variétés  de  ces 
fleurs  ,  obtenues  par  la  culture,  sont  très-nombret'ses.  Les 
amateurs  les  distribuent  en  trois  classes.  La  premier'»  com- 
prend \es  fleurs  pures  yC'tsi-k-àivQ  ,  d'une  seule  couleur;  la  se- 
conde ,  les  fleurs  panachées  ,  et  la  troisième  ,  les  bizarres  , 
c'est-à-dire  ,  celles  dont  les  couleurs  sont  répandues  d'une 
manière  indéterminée. 

La  beauté  d'une  auricule  consiste  à  avoir  une  tige  forte, 
des  feuilles  médiocrement  grandes  ,  plutôt  courbées  et  cou- 
chées ,  que  droites  ;  des  fleurs  d'un  pouce  de  diamètre ,  dont 
les  pétales  soient  épais  ,  veloutés  ,  satinés  et  lustrés  ;  le  tube 
rond,  grand  et  bien  proportionné,  et  les  étamines  ni  sail- 
lantes hors  du  tube  ,  ni  enfoncées  dans  l'intérieur.  Ces  fleurs 
ne  doivent  point  être  plissées  sur  les  bords,  et  elles  doivent 
conserver  leur  couleur  jusqu'à  ce  qu'elles  passent. 

Les  fonds  blancs  sont  plus  estimés  des  curieux  que  les 
jaunes,  et  ils  sont  plus  rares. 

Plusieurs  variétés  d'auriculesont  la  corolle  couverte  d'une 
poussière  blanche  que  les  Turcs  regardent  comme  un  spéci- 
fique contre  les  maux  d'yeux. 

On  multiplie  les  auricules  ,  de  semences  ou  par  œilletons. 
En  les  semant,  on  obtient  de  nouvelles  variétés.  On  fait  ce 
semis  dans  des  terrines  ,  au  mois  de  septembre  ;  il  faut  cou- 
vrir la  graine  d'une  terre  légère  mêlée  de  terreau,  et  garan- 
tir les  terrines  de  la  gelée.  Au  bout  de  deux  ans ,  on  a  des 
fleurs.  C'est  aussi  en  automne  qu'on  sépare  les  œilletons. 
Cette  plante  exige  une  terre  franche,  mêlée  d'autre  terre  et 


P  R  I  ,ij 

d  un  pctt  de  terreau.  Trop  d'humidité  la  fait  périr;  trop  de 
sécheresse  l'empêche  de  produire  ses  œilletons.  On  doit  re- 
trancher toute  feuille  pourrie  ,  elle  gâte  les  autres.  Lorsque 
les  fleurs  d'auricules  sont  passées,  on  met  les  pots  à  Toin- 
bre  ,  et  s'il  survient  de  grandes  pluies  ,  on  les  renverse  sur  le 
coté.  On  ne  laisse  au  soleil  que  les  plantes  dont  on  veut  avoir 
la  graine,  (d.) 

PRIMNOA  ,  Prhnnoa.  (ienre  de  polypiers  dendroïdes, 
dichotnme,  à  cellules  ccailleuses  ,  campanulées,  imbriquée  i 
et  penchées  ,    établi  par  Lainouroux  aux  dépens  des  GoR- 

GO^•ES. 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  espèce  qui  vit  dans  la  mer 
du  Nord.  Solander  et  Ellis  Font  figurée  y?/.  i3,  n.°'  i — 2. 
Elle  s'élève  rarement  à  plus  de  deux  pouces,  (b.) 

PPxIMULA.  Nom  donné  spécialement  aux  primevères, 
parce  que  les  espèces  fleurissent  dès  le  premier  printemps  , 
comme  on  peut  le  vérifier  dans  la  campagne  ,  sur  \t  priwula 
veris.  On  croit  que  c'est  à  ces  plantes  qu'il  faut  rapporter  le 
primuln  et  le  dudecatheon  de  Pline.  V.  \  erbasculum. 

Tournefort  ne  comprenoit  pas,  dans  les  primevères,  les 
espèces  appelées  oreilles  (Vours  ,  parce  que  leur  calice  est  in- 
finiment plus  court  que  la  corolle.  Il  les  avoit  réunies  aux 
genres  aretia  ,  androsacc  et  cortusa  ,  sous  le  nom  collectif  d'aw- 
rinila  ursi.  M.  Lehman  de  Copenhague  a  publié,  en  1817  ,  une 
excellente  monographie  du  genre  primula.  II  en  décrit  qua- 
rante-trois espèces,  et  en  a  figuré  un  grand  nombre. 

Loureiro  rapportoit  l'hortensia  au  genre  piimula  ;  mais 
celte  belle  plante  est  entièrement  différente  des  Primevè- 
res. V.  HoRTETssiA  et  Sanicula.  (ln.) 

PKIMULACEES,  Lysimachlœ  ^  Jussieu.  Famille  de  plan- 
tes, dont  les  caractères  consistent  :  en  un  calice  divisé  plus  ou 
moins  profondément  et  persistant  ;  en  une  corolle  presque 
toujours  régulière ,  ordinairement  fendue  en  cinq  lobes  ; 
en  des  étamines  en  nombre  déterminé,  le  plus  souvent  cinq, 
opposées  aux  divisions  de  la  corolle  ,  et  en  même  nombre; 
enun  ovaire  simple,  supérieur,  surmonté  d'un  style  unique,  à 
stigmate  simple  ou  rarement  bifide;  en  un  fruit  uniloculaire» 
polysperme,  souvent  capsulaire  ;  en  des  semences  à  placenta 
central  libre  ,  à  périsperme  charnu,  à  embryon  droit ,  à 
radicule  inférieure  ,  et  à  cotylédons  semi-cylindriques. 

Les  plantes  de  cette  famille  ,  la  plupart  vivaces  par  leurs 
racines  ,  ont  quelquefois  une  tige  herbacée  ,  qui  porte  des 
feuilles  simples,  opposées  ou  alternes  ;  quelquefois  il  s'élève 
de  la  racine  une  hampe  ou  tige  nue  ,  munie  simplement  de 
feuilles  à  sa  base.  Les  fleurs,  toujours  complètes  ,  monqpér 


lis  P  R  I 

taies  et  régulières  ,  souvent  d'un  aspect  agréable  ,  affectent 
différentes  dispositions.  Dans  les  tiges  feuiilées ,  elles  sont 
axillaires  ou  terminales  ,  solitaires  ou  disposées  en  épis  ,  en 
corymbes  ;  dans  les  tiges  nues ,  elles  sont  toujours  terminales , 
rarement  solitaires  ,  plus  souvent  disposées  en  ombelles  mu- 
nies d'un  involucre  polyphylle. 

Ventenat,  de  qui  on  a  emprunté  ces  expressions ,  rapporte 
à  cette  famille  ,  qui  est  la  première  de  la  huitième  classe  de 
son  Tableau  du  Règne  végétal ,  et  dont  les  caractères  sont 
figurés  pi.  8 ,  n."  2  du  même  ouvrage  ,  treize  genres  sous 
deux  divisions  ,  savoir  : 

1.°  Les  primulacées  dont  les  fleurs  sont  portées  sur  une 
lige  :  Centemille  ,   Mouron  ,  Micranthème  ,    Eupare  , 

SCHEFFIELDIE  ,     LiMOSELLE  ,   LiSYMACHIE  ,    PlUMEAU  ,    Co- 

RisE  ,  Trientale  et  Aretie. 

2."  Les  primulacées  ,  dont  les  fleurs  sont  portées  sur  une 
hampe  :  Androselle  ,  Primevère  ,  Cortuse,  Soldanelle, 
G1ROSELLE  et  Cyclame. 

Il  est  encore  des  genres  qui  se  rapprochent  de  cette  fa- 
mille ,  ce  sont  :  Globulaire  ,  Phyla  ,  Conobée  ,  Mer- 
CADOME  ,  TozziE  ,  Sa3iole  ,  Ùtriculaire  ,  Grassette  et 

JVIÉNIATSTIIE. 

Auguste  de  Saint-Hilaire  a  donné  un  fort  beau  travail  sur 
cette  famille  ,  dans  les  Mémoires  du  Muséum,  i."^^  année, 
et  l'a  accompagné  de  figures  parfaitement  exécutées,  (b.) 

PRIINÇARD.  Nom  que  le  Pinson  porte  en  Guienne.  (v.) 

PRINCE  DES  PAPI1.LONS  NACRES.  Nom  trivial 
donné  aune  espèce  de  lépidoptères  diurnes  ,  t argyne  collier- 
argenié.  Une  autre  espèce  du  même  genre,  le  petit  nacré ^  a 
reçu  la  dénomination  de  Princesse,  (l.) 

PRINCE  DE  SUMATRA.  Les  marchands  de  coquilles 
donnent  ce  nom  à  un  Cône  ,  Conus  sumatrensis ,  Linn.  (desm.) 

PRINCESSE.  C'est  le  Sabot  marbré,  Turbo  marmo- 
ratus.  (DESM.) 

PRINCHARD.  C'est  le  Pinson,  (desm.) 

PRINGAMOSA.  Les  habitans  du  Mexique  donnent  ce 
nom  aux  Orties,  (b.) 

PRINTEMPS.  Cette  saison  commence  à  la  première 
des  deux  équinoxes  de  l'année  ,  c'est-à-dire  ,  à  l'instant  où 
le  soleil  traverse  l'équaleur  pour  se  rapprocher  de  nos  cli- 
mats, ce  qui  arrive  le  20  ouïe  21  de  mars  quand  le  soleil 
fait  son  entrée  dans  le  signe  du  bélier. 

Le  printemps  finit  quand  le  soleil  s'est  rapproché  ,  le  plus' 
qu'il  est  possible,  de  notre  zénith  ;  et  touche  au  signe  du 
cancer^  ce  qui  arrive  le  21  ou  22  de  juin.  C'est  le  moment  du 
solslice,  c'est  le  plus  long  jour  de  Tannée,  le  premier  jour 


P  R  I  ,49 

de  l'été;  c'est  l'instant  où  le  soleil  commence  à  s'éloigner  de 
nous  ,   pour  se  rapprocher  de  l'équateur. 

Dans  l'hémisphère  austral  (la  portion  du  globe  qui  est  au- 
delà  de  l'équateur  ) ,  le  printemps  commence  lorsque  chez 
nous  commence  l'automne  ,  c'est-à-dire  ,  le  22  ou  28  de 
septembre.  Les  saisons  de  cette  partie  du  monde  sont  Tiu- 
verse  des  nôtres  ;  la  raison  en  est  bien  simple  :  quand  le 
soleil  se  rapproche  de  notre  hémisphère,  il  s'éloigne  de  l'hé- 
misphère méridional  ;  et  il  se  rapproche  de  celui-ci ,  à  me- 
sure qu'il  s'éloigne   de  nous. 

Comme  cette  partie  du  globe  est  presque  entièrement  cou- 
verte par  l'Océan  ,  et  que  le  nombre  d'hommes  qui  l'habite 
est  fort  peu  de  chose  en  comparaison  de  ceux  qui  peuplent 
notre  hémisphère  ,  on  fait  en  général  peu  d'attention  à  ceS 
différences  ;  mais  elles  n'en  sont  pas  moins  réelles.  V.  Hé- 
misphère, (pat.) 

PRINUS.  Nom  que  les  Grecs  donnoient  à  l' Yeuse,  espèce 
de  chêne.  Les  botanistes  désignent  maintenant  par  ce  nom 
un  genre  de  plantes  exotiques  ,  appelé  ageria  par  Adanson, 
et  décrit  dans  ce  Dictionnaire  à  l'article  Apalachiisie.  Lin- 
naeusa  appliqué  cette  dénomination  de  pn'nusk  une  espèce  de 
chêne  de  l'Amérique  seplenirionale  ,  riche  en  variétés,  (ln.) 

PRIOCÉRES  ou  SERRICORNES.  Nom  donné  ,  par 
M.  Duméril ,  à  sa  cinquième  famille  des  insectes  coléoptè- 
res ,  et  qui  répond  à  notre  tribu  des  luccmides.  Voyez  ce 
mot.  (l.) 

PRION.  Nom  générique  ,  dont  M.  de  Lîfcépède  fait  l'ap- 
plication à  plusieurs  pétrels  ^  et  qui  correspond  à  une  des 
sections  de  mon  genre  Pétrel.  V.  ce  mot.  (v.) 

PRIONE  ,  Prionus.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  co- 
léoptères ,  section  des  télramères  ,  famille  des  longicornes  , 
tribu  des  prioniens. 

hespriones,  en  raison  de  leur  taille  gigantesque,  et  de  plu--- 
sieurs  caractères  tranchés  ,  doivent  être  placés  à  la  tête  de 
la  nombreuse  famille  des  longicornes  ,  et  bien  près  des  ca- 
pricornes aveclesquels  ils  ont  de  grands  rapports.  11  est  même 
difficile  d'établir  àes  limites  certaines  et  précises  de  ces  deux 
genres  ,  qui  se  rapprochent  autant  par  les  formes  que  par 
les  habitudes. 

Linnseus  et  plusieurs  autres  naturalistes  ont  placé  ces  in- 
sectes avec  les  capricornes.  Geoffroy  en  a  séparé  une  espèce, 
dont  il  a  fait  un  genre  ,  auquel  il  a  donné  le  nom  de  prione  , 
qui  vient  du  grec ,  et  qui  signifie  scie ,  à  cause  de  la  forme  des 
antennes  du  mâle  ,  dont  les  articles  sont  triangulaires  et  res- 
semblent aux  dents  d'une  scie.  Ce  genre  a  été  adopté  par  Fa- 
bricius  et  par  le$  entomologistçs  <iui  ont  écrit  depuigi  Geoffroyj 


iSo  P  R   T 

et  aiJgmenlé  par  les  auteurs  d'un  assez  grand  nombre  d'es- 
pèces ,  dont  la  plupart  sont  des  capricornes  de  Linnaeus. 

Le  corps  des  priones  est  déprimé  ,  allongé  ,  moins  cepen- 
dant que  celui  des  capricurnes  et  des  lamies.  La  tête  est  apla- 
tie ,  ordinairement  dirigée  en  avant ,  plus  étroite  que  le  cor- 
selet,souvcntgarnie  d'une  espèce  de  dent  ou  pointe  assez  forte 
prèslabase  des  mandibules  :  celles-ci  sont  fortes  ,  avancées  , 
dentées  intérieurement.  Le  labre  ou  la  lèvre  supérieure  est 
nul  ou  très-petit.  Les  palpes  sont  terminés  par  un  article  un 
peu  plus  grand  ,  en  forme  de  cône  ou  de  triangle  renversé  et 
comprimé.  Les  mâchoires  n'offrent  qu'un  seul  lobe  terminal, 
et  de  figure  variée.  La  languette  est  courte  ,  large ,  le  plus 
souvent  taillée  en  manière  de  cœur  ,  tantôt  échancrée,  tantôt 
jpresque  droite  au  bord  supérieur.  Les  antennes  varient  dans 
les  diverses  espèces  ;  dans  les  unes  elles  sont  en  scie  ,  dans 
d'autres  elles  sont  sétacées  ,  composées  d'articles  allongés 
et  dentelés  ;  elles  sont  insérées  au-devant  des  yeux.  Les  yeur 
àont  elliptiques  et  placés  sur  les  côtés  de  la  tête. 

Le  corselet  est  ordinairement  carré ,  raboteux  supérieure- 
ment ,  avec  les  bords  latéraux  aplatis  ,  quelquefois  dilatés  , 
mais  toujours  dentelés  ou  garnis  d'épines  plus  ou  moins  fortes. 
L'écusson  est  triangulaire  ,  un  peu  arrondi  postérieurement. 
Les  élytres  sont  rectangulaires ,  planes  ,  souvent  chagrinées  , 
quelquefois  tronquées  à  leur  extrémité,  et  terminées  par  une 
ou  deux  épines.  Les  pattes  sont  fortes  et  souvent  assez  longues, 
11  y  a  quatre  articles  à  tous  les  tarses;  les  deux  premiers  sont 
triangulaires  ,  lé?  troisième  est  bilobé  et  reçoit  entre  ses  deux 
iobes  l'insertion  du  quatrième,  qui  est  un  peu  en  massue,  et 
porte  à  son  extrémité  deux  ongles  crochus. 

Les  priones  sont  de  fort  grands  insectes  dont  les  femelles 
sont  généralement  plus  grosses  que  les  mâles  :  on  les  trouve 
dans  les  grands  bois  et  dans  les  forêts  :  pendant  le  jour, ils  se 
tiennent  cachés  dans  les  trous  que  leurs  larves  ont  faits  aux 
troncs  des  vieux  arbres;  ils  en  sortent  le  soir  pour  voler  et 
chercher  un  individu  de  leur  espèce  ,  avec  lequel  ils  puissent 
s'accoupler  :  leur  vol  est  lourd,  et  le  moindre  choc  les  abat. 

Les  larves  de  ces  insectes  habitent  les  troncs  des  arbres  les, 
plus  gros  et  les  plus  près  de  périr  ;  elles  en  hâtent  même  la 
mort  par  la  quantité  de  trous  dont  elles  les  criblent:  elles  dif- 
fèrent peu  de  celles  des  autres  coléoptères  qui  vivent  dans  le 
bois  :  elles  ressemblent  à  un  gros  ver  blanc ,  dont  le  corps  se- 
roii  divisé  en  douze  anneaux  ;  leur  tête  est  un  peu  plus  large 
que  le  reste  du  corps  ,  et  d'une  consistance  un  peu  plus  so- 
Hde;elle  est  armée  de  deux  mandibules  courtes  et  fortes,  qui 
leur  servent  à  couper  le  bois  dont  elles  se  nourrissent  ;  elles 
ipnt  trois  paires  de  pattes  çcailleuses  si  petites ,  qu'elles  ne  leuç 


P  n  I  ,5i 

sont  d'aucune  utilité  ;  mais  ici  les  organes  de  la  locomotion 
sont  formés  sur  un  autre  modèle,  et  parfaitement  appropriés 
aux  lieux  habités  par  ces  larves.  La  nature  a  pourvu  les  larves 
d'une  multitude  de  petits  mamelons  qui  couvrent  les  neuf 
derniers  anneaux  de  leur  corps  ;  elles  les  appuient  contre  les 
parois  du  trou  qu'elles  habitent,  lorsqu'elles  veulent  le  par- 
courir ;  ensuite  elles  contractent  et  allongent  successivement 
leurs  anneaux  ,  et  se  poussent  en  avant  avec  facilité. 

Lorsque  ces  larves  ont  pris  tout  leur  accroissement ,  elles 
se  filent  une  coque  grossière,  en  grande  partie  composée  de 
sciure  de  bois  ;  elles  s'y  changent  en  chrysalide  ;  mais  avant 
de  subir  leur  métamorphose,  elles  s'approchent  de  la  surface 
de  l'arbre  ,  afin  de  sortir  plus  aisément  de  leur  trou,  lors- 
qu'elles seront  sous  la  forme  d'insecte  parfait. 

Les  priones  femelles  pondent  un  assez  grand  nombre 
d'oeufs  jaunâtres  ,  oblongs ,  qu'elles  déposent  dans  les  fentes 
et  gerçures  du  bois,  à  l'aide  d'une  espèce  de  tuyau  corné  qui 
est  renfermé  dans  leur  abdomen  ,  et  qu'elles  en  font  sortir 
dans  ce  moment. 

Ce  genre,  dans  le  système  des  éleuthérates  de  Fabricius, 
est  composé  de  trente  -  neuf  espèces.  On  pourroit,  d'aprè» 
la  variété  de  formes  des  antennes  ,  de  quelques  parties  de  la 
bouche ,  du  corselet ,  etc.  ,  le  diviser  en  cinq  ou  six  grou- 
pes. (  ^.  le  Gêner,  crust.  et' inseciorum  de  M.  Latreille.  ) 

Dans  la  première  édition  de  cet  ouvrage  ,  les  priones 
étoient  partagés  en  deux  sections  ,  savoir  ;  ceux  qui  ont  des 
épines  mobiles  au  corselet ,  et  ceux  où  ces  épines  sont  fixes. 

Les  espèces  de  la  première  section ,  telles  entre  autres  que 
le  P.  îongimane,  forment  aujourd'hui  un  genre  propre  ,  celui 
de  Macrope  ;  et  qui  est  si  fort  voisin  des  lamîes. 

Les  espèces  de  la  seconde  section  composent  le  genre 
priune,  proprement  dit,  de  Fabricius  et  de  M,  Latreille. 

Nous  citerons  parmi  elles  : 

Le  Prione  CERVicoRNE  Prionus  cervicorru's.  Cet  insecte  esi 
d'un  brun  ferrugineux  ;  son  corselet  est  bordé  ,  tridenté  de 
chaque  côté  ;  ses  mandibules  ,  très-saillantes  ,  sont  munies 
d'une  dent  k  leur  côté  extérieur  ;  ses  antennes  sont  courtes. 
Il  se  trouve  en  Amérique  ;  sa  larve  habile  le  bois  da  fromager 
(  bombax^  Linn.  ).  Les  habitansla  mangent  avec  délices. 

Le  Prione  tanneur  ,  Piîonus  coriaiius.  V.  pi.  G.  4-3,  y,  de 
ce  Dictionnaire.  Il  est  brun  :  son  corselet  est  bordé, avec  trois 
épines  de  chaque  côté;  ses  antennes  sont  courtes.  Cetinsecte, 
décrit  par  Geoffroy ,  se  trouve  en  Europe  ,  aux  environs  de 
Paris  ,  dans  les  trous  des  vieux  chênes.  11  ne  vole  que  la 
nuit  ou  le  soir. 

Le  Prione  scabricorne  ,  Priomts  scabricornis.  Cette  es- 
pèce, décrite  par  Geoffroy  »  sous  le  nom  de  Isplure  rouillèe  , 


i5a  P  R  I 

habite  les  environs  de  Paris.  Elle  esl  noirâtre  ;  son  corps  est 
un  peu  velu;  son  corselet ,  légèrement  bordé  postérieure- 
ment, est  unidenté  ;  ses  élytres  sont  brunes  ,  avec  deux  li- 
gnes élevées:  ses  antennes  sont  de  moyenne  longueur,  (o.l.) 
PRIONIENS,  Pnom/.  Tribudïnsectes  coléoptères,  famille 
des  longicornes  ,  section  des  tétramères,  ainsi  nommée  du 
genre  prione  (  V.  ce  mot  )  ,  le  principal  de  cette  division. 
Ces  insectes  sont  distingués  des  autres  longicornes  par  l'ab- 
sence ou  l'extrême  petitesse  de  leur  labre  ;  ils  se  divisent  en 
deux  genres  ,  Spondyle  et  Priotse.  (l.) 

PRIONITIS.  Nom  donné  par  Trallien  ,  à  la  Berle  à 
feuilles  découpées  en  forme  de  fer  de  faux  et  fortement 
dentées  (  siumfalcaria  ).  Adanson  en  a  fait  un  genre  sous  le 
même  nom.  Divers  auteurs  l'ont  adopté  sous  les  dénomina- 
tions de  Falcaria  et  de  Drepanophyllum. 

Linnœus  a  nommé  prionilis  une  espèce  de  Barrelièke 
(  Barleria  prionitis  ).  (lN.) 

PRIONODERME  ,  Prionoderma.  Genre  de  vers  intes- 
tins établi  par  Rudolphi ,  et  qu'il  n'a  pu  placer  dans  aucun 
de  ses  ordres.  Il  a  pour  type  le  Cucullan  ascaroïde  de 
Goeze.  Ses  caractères  sont  :  corps  aplati ,  transversaleuient 
plissé  ;  bouche  à  lèvres  inégales. 

La  seule  espèce  qui  constitue  ce  genre  est  figurée  dans 
Goeze,  tab.  8  ,  n."^  ii ,  12 ,  et  dans  Rudolphi,  pi.  12 ^  n.°  3. 
Elle  vit  dans  le  ventricule  des  silures. 

Cuvier  pense  que  mon  Tétraglle  doit  être  réuni  à  ce 
genre,  (b.) 

PRIONOPS.  F.  Bagâdais.(v.) 

PRIONOTE  ,  PHonotus.  Genre  de  poissons  établi  par 
Lacépède ,  dans  la  division  des  Thoraciques  ,  et  qui  ne 
renferme  qu'une  espèce  qui  faisoit  partie  des  Trigles  de 
Linnœus.  V.  pi.  M.  14. ,  où  il  est  figuré. 

Ce  genre  présente  pour  caractères:  des  aiguillons  dentelés 
entre  les  deux  nageoires  dorsales  ;  des  rayons  articulés  et  non 
réunis  par  une  membrane  auprès  de  chacune  des  nageoires 
pectorales. 

L'espèce  s'appelle  le  Prionote  volant,  Tn'gîa  eoolons  , 
Linn.  Elle  a  trois  rayons  articulés  ,  et  non  réunis  par  une 
membrane  auprès  de  chacune  des  nageoires  pectorales.  Elle 
est  figurée  dans  Brown,,  Jam. ,  tab.  4-7-  On  la  pêche  dans  la 
mer  des  Antilles.  Je  l'ai  prise  à  la  ligne  ,  à  la  hauteur  des  îles 
Bahama ,  en  revenant  d'Amérique  en  Europe.  Sa  tête  est  cou- 
verte de  grandes  écailles  ciselées  en  rayons.  Ses  nageoires  pec- 
torales sont  très-larges  et  de  la  longueur  de  la  moitié  du  corps. 
Aussi  peut -il  les  employer,  et  les  emploie-t-11  souvent  , 
comme  les  exocets  ,  et  surtout  les  dactyloptères  ,  avec  qui  il  a 


P  R  I  i53 

d'ailleurs ,  les  plus  grands  rapports  de  conformation  ,  pour 
s'élancer  dans  l'air  ,  y  parcourir  ,  en  volant ,  des  espaces 
assez  considérables.  V.  le  mot  Exocet  ,  et  surtout  celui 
Dactyloptère  ,  où  on  trouvera  des  données  générales  sur 
les  poissons  volans,  qui  peuvent  être  appliquées  à  celui-ci. 
Son  corps  est  rougeâtre,  de  la  longueur  d'un  pied  au  moins, 
et  ses  nageoires  sont  noirâtres,  (b.) 

PRIONOTE  ,  Prionotes.  Genre  étaLli  par  R.  Brown,  aux 
dépens  des  Epacris  ,  et  qui  n'en  diffère  que  par  le  calice 
dépourvu  de  bractées  ;  la  corolle  tubulée,  à  orifice  ouvert  , 
à  limbe  nu  ;  les  filamens  des  étamines  à  demi  adhérentes 
au  tube,  (b.) 

PRIONOTES  ,  Prionoli,  Vieill.  Famille  des  oiseaux 
Sylvains  ,  et  de  la  tribu  des  Tétradactyles.  F.  ces  mots. 
Carrtcièr^5:  pieds  médiocres  ou  courts;  tarses  annelés  ;  quatre 
doigls  ,  trois  devant,  un  derrière  ;  les  extérieurs  réunis  jus- 
qu'au-delà du  milieu  ;  bec  plus  long  que  la  télé  ,  dentelé  ou 
crénelé,  lisse  en  dessus  ou  surmonté  d'une  proéminence 
cornée.  Cette  famille  se  compose  des  genres  Momot  et 
Calao.  V.  ces  mots.  C'est ,  dans  le  Prodromus  d'Illiger,  le 
nom  générique  du  momot.  (v.) 

PRISMATOCARPE  ,  Prismalocarpus.^om  donné,  par 
Lhéritier  ,  à  un  genre  qui  avoit  déjà  été  établi  aux  dépens  des 
Campanules  ,  par  Heister  ,  sous  le  nom  de  Spéculaire  ,  et 
par  Durande  ,  sous  celui  de  Légouzie. 

Il  offre  un  calice,  la  corolle  et  les  étamines,  comme 
dans  les  campanules,  excepté  que  le  tout  est  plus  ouvert; 
mais  son  ovaire  est  très-long  ,  à  plusieurs  angles  ,  son  slyie 
est  à  stigmate  bifide;  sa  capsule  est  prismato-cylindrique  , 
très  longue,  à  deux  ou  trois  loges. 

Ce  genre  est  composé  de  neuf  espèces,  toutes  mentionnées 
dans  leSerlum  anglicum  de  Lhéritier  ,  et  auxquelles  on  peut 
donner  pour  type  la  campanule  miroir  de  Vénus  ,  la  plus  com- 
mune d'entre  elles.  Il  n'a  pas  été  adopté  par  tous  les  bota- 
nistes, (b.) 

PRISTIGASTER ,  Pristigaster.  Sous  -  genre  établi  par 
Curier ,  aux  dépens  des  Clupées  ,  dont  il  s'écarte  par 
Tabsence  des  nageoires  ventrales  ,  et  par  le  ventre  tres- 
saillant et  très-fortement  denté. 

Il  ne  renferme  qu'une  espèce ,  originaire  des  mers  de 
l'Amérique  ,  et  qui  est  figurée  dans  l'important  ouvrage  de 
l'auteur  précité  ,  intitulé  :  le  Règne  animal  distribué  selon  son 
organisation,  (b.) 

PRISTIPHORE  ,  Pristiphora.  J'ai  désigné  ,  sous  ce 
nom  ,  un  genre  d'insectes  hyménoptères  ,  de  la  Iribu  des 
lenthrédines  ,  distingué  des  autres  genres  ,  dont  elle  se  cora- 


i54  P  R  O 

pose  ,  par  les  caractères  sulvans  :  antennes  sétacées  ,  de 
neuf  articles  ,  simples  dans  les  deux  sexes;  mandibules  bi- 
dentées;  une  cellule  radiale;  trois  cellules  cubitales  ,  dont 
la  première  et  la  seconde  recevant  chacune  une  nervure 
récurrente. 

Dans  la  méthode  de  M.  Jurine  ,  ce  genre  comprend  sa 
troisième  famille  de  celui  de  plérone.  Il  en  a  représenté  une 
espèce  {  pieronus  iesfaceus  ^  pi.  12).  Le  tenlhredo  myosotidis 
de  Fabricius  appartient  encore  ,  selon  lui  ,  à  cette  divi- 
sion, (l.) 

PRISTIPOME,  Pristipomus.  Genre  de  poissons  établi 
par  Cuvier ,  aux  dépens  des  Lutjaîss.  Il  offre  pour  carac- 
tères :  corps  comprimé  ,  couvert  de  grandes  écailles;  bouche 
petite,  garnie  de  dents  petites  et  très-rapprochées  ;  bord 
du  préopercule  dentelé. 

Les  LuTJANS  HASTÉ  ,  JAUNE  ,  de  Surinam  ,  etc. ,  entrent 
dans  ce  genre.  (B.) 

PRISTIS.  Nom  latin  des  poissons  du  genre  Scie.  V.  ce 
n\ot.  (desm.) 

PRISTOBATE,  Prlstohatus.  Sous -genre  établi  par 
Rlainville ,  aux  dépens  des  Raies.  Il  a  pour  type  la  Raie 

FRANGÉE.  (B.) 

PRIUSCH.  Nom  arménien  du  Riz.  Priudschi  est  celui 
que  les  Géorgiens  donnent  au  même  grain,  (ln.) 

PRIVA,  PnVa.  Genre  établi  par  Adanson  ,  et  qui  ren- 
ferme plusieurs  plantes  confondues  avec  les  Verveines  , 
par  les  autres  botanistes.  Il  offre  pour  caractères  :  un  calice 
persistant ,  à  cinq  dents  ;  une  corolle  monopétale  ,  bila- 
bice  ;  quatre  étamines  ,  dont  deux  plus  courtes  ;  un  ovaire 
supérieur  surmonté  d'un  style  courbé  ,  à  stigmate  obtus  ; 
une  baie  sèche,  recouverte  par  le  calice  ,et  renfermant  deux 
ou  quatre  noyaux  biloculaires. 

Le  type  de  ce  genre  ,  qui  renferme  une  demi-douzaine 
d'espèces  ,  est  la  Verveine  lappulacée  ,  qui  est  la  même 
plante  que  le  BuRSERiE  de  Lœfling  ;  la  Blairie  d'Houston  , 
la  Zapanie  de  Lamarck  ,  la  Castellie  de  Cavanilles,  et  la 
ToRTULE  de  Roxburg,  doivent  lui  être  rapportées.  (B.) 

PRO-ABEILLES.  Nom  donné,par  Réaumur  et  Degéer, 
aux  insectes  de  notre  tribu  des  andrmètes.  (l.) 

PROBATION.  L'un  des  noms  que  les  Grecs  donnoient 
à  leur  Hellébore  noir  {Hellehorus  orientalts  ^  W.  ).  (ln.) 

PROBATON  d'Aristoie.  C'est  le  Bélier,  (desm.) 

PROBOSCIDE,  Prohuscidea.  Genre  de  vers  intestinaux,, 
dont  les  caractères  sont  :  corps  allongé  ,  cylindrique  , 
grêle  ,  avec  l'extrémité  antérieure  terminée  par  un  museau 


0,2.5. 


jDe^repe    de/ . 


X2.  Our.rin    nu/ùnre   ■  (fJO-  Ûur,rifl    ro.race  .  ij ,  J'/iw,rof>/wrt' /iifJn\rtah<p. 

lij..Otu\rin     i>!t/(/(r/re  ■        "uis..  Oiii\i-m  f><'/t/<r^u>re  ■  jS  m;  ■  rhinairc   noltdee 

ô.   (hir.rin    ovli/ .  jC>   ■    7',7r,r//irr/>   .an-r/u- .  20.  ■  T/aïuiire  /rai>ci\<' . 

(!.  (hir\n'/i  o-f>nl,ui,jin'  .  jj)..  .  ]\\/rr,'//iiti-e  /ri</o/i/.  !2j 2-2,  Po/i/dore  i-oriutc  ■ 
7,'y.('ii/\:-in  </(>.>'  laroï/wj:  JÔiO  Pc/iti<t tii/c p/io,n</,o/i<riu-.  a.'i . P/;>//o,<;u/t'  cornue  ■ 
^  24.2.,  .  Pro/r,'    iaru,/'/.^ 


P  R  O  i55 

aigu  ;    la  bouche  située  au  bas  du  museau  ,  et  constituée  par 
un  pore  qui  donne  issue  à  une  trompe  courte. 

Ce  genre  est  un  dédoublement  de  cehii  des  Ascarides  de 
Linnseus  ,  avec  qui  il  a  plus  de  rapports  de  mœurs  que  de 
rapports  de  forme.  11  paroît  que  c'est  principalement  dans 
les  poissons  qu'il  faut  chercher  les proboscides ;  mais  il  est  pro- 
bable que  leurs  caractères  étant  fixés  d'une  manière  posi- 
tive ,  on  en  trouvera  aussi  dans  les  quadrupèdes  ,  et  peut- 
être  même  dans  l'homme. 

Quelques  espèces  sont  regardées ,  dans  le  Nord ,  comme  la 
cause  de  la  pourriture  desfiarengs  après  qu'ils  sont  salés;  mais 
Muller  a  prouvé  que  c'étoit  une  erreur,  que  cette  pourriture 
étoit  occasionée  par  un  petit  crabe  dont  les  harengs  se 
nourrissent. 

On  connoit  sept  espèces  de  proboscides  trouvées  dans  les 
insteslins  du  phoque,  des  raies  ,  des  plies,  des  gades  ,  et  des  oi- 
seaux de  mer.  Je  citerai  ici  principalement  la  Proboscide 
BIFIDE,  qui  a  le  bec  recourbé  ,  et  l'extrémité  bifide,  pi.  A. 
■^S  ,  où  elle  est  figurée.  C'est  la  première  citée  ,  comme  vi- 
vant dans  les  intestins  du  phoque,  (b.) 

PROBOSCIDEA.  Famille  de  mammifères  multongulés, 
formée  par  îlliger,  qui  correspond  à  celle  des  Proboscidiens 
de  M.  Cuvier.  F.  ce  mot.  (desm.) 

PROBOSCïDEA.  Schimdel  ,  Moench.  ,  et  plusieurs 
autres  boianistes,  font  sous  ce  nom  un  genre  distinct  du 
MarLyriia  aimua ,  Linn.  V.  Martynia.  et  CoRNARET.  (lN.) 

PROBOSCIDES  {  Proboscidea).  ^om  àonné  par  Sco- 
poli ,  à  un  ordre  d'insectes  correspondant  à  celui  des  Hé- 
miptères. V.  ce  mot.  (o.) 

PROBOSCIDIENS.  Famille  des  mammifères  ,  de  l'or- 
dre des  pachydermes,  établie  par  JVl.  Cuvier,  et  qui  renferme 
Ses  deux  seuls  genres  ,  Eléphaist  ei  Mastodonte.  V.  ces 
mots.  Ces  animaux  ont  tous  une  trompe  ,  des  défenses  ,  cinq 
doigts  à  chaque  pied  ,   une  grande  taille  ,  etc.  (desm.) 

PRO-CAPRICORNE.  Ce  nom  est  donné  comme  syno- 
nyme de  celui  de  Nécydale  ,  par  Nemnich.  (desm.) 

PROCELLAIRE.  Nom  appliqué  au  Goéland  grisard 
ou  varié,  (v.) 

PROCELLARIA.  Nom  générique  du  Pétrel,  en  latin 
moderne,  (s.) 

PROCESSE  ,  Processa  ,  Léach  ;  Nika^  Risso.  Genre  de 
crustacés  de  l'ordre  des  décapodes,  fanulle  des  macroures  , 
triîju  des  salicoques  ,  très-distinct  des  autres  genres  de  la 
même  division ,  en  ce  que  la  droite  des  deux  pattes  anté- 
\i'*urcs,  eu  des  serres,  est  icrniinée  par  un«  pincc  didaclyle  , 


î56  P  R  O 

tandis  que  l'autre  finit  par  un  article  simple  et  pointu;  les  deux 
pattes  suivantes  sont  longues,  grêles  ,  filiformes,  de  longueur 
inégale  et  terminées  par  une  pe'ile  pince  didactyle  ;  les  deux 
articles  qui  la  précèdent  sont  articulés  surtout  dans  la  plus 
longue  de  ces  palles;le  carpe  ou  l'article  précédent  immédia- 
tementla  pince,  offre  seul  ce  caractère,  dans  la  palte  la  plus 
courte;  ces  deux  paltes,  ainsi  que  les  deux  premières,  sont 
coudées  ;  le  dernier  article  des  autres  est  simple  et  pointu. 
Les  antennes  supérieures  ou  les  mitoyennes  sont  terminées 
par  deux  filcrs. places  presque  dans  la  même  ligne  horizontale, 
et  dont  l'intérieur  plus  long  ;  les  antennes  inférieures  sont 
longues  ,  sétacées,  avec  une  écaille  à  leur  base  ,  et  couvrant 
leur  pédoncule.  Le  bec  est  très-court,  avancé  et  comprimé. 
Les  mandibules  sont  étroites,  très-arquées  en  forme  de  cro- 
chet, avec  l'extrémité  tronquée  ou  obtuse  et  dentée  ;  je  n'ai 
point  aperçu  de  palpes.  Les  pieds-mâchoires  extérieurs  sont 
grands  ,  avancés  ,  semblables  à  des  pattes  proprement  dites  , 
avec  le  second  article  fort  long;  leurs  palpes,  ainsi  que  ceux 
des  autres  pieds-mâchoires,  sont  petits  et  sétacés.  Les  deux 
lames  extérieures  de  la  nageoire  terminant  la  queue,  sont  bi- 
parties à  leur  extrémité.  Ces  crustacés  ont ,  d'ailleurs ,  de 
grands  rapports  avec  les  palémons  et  les  autres  salicoques; 
ils  sont  généralement  de  petite  taille  ,  se  tiennent  sur  nos 
côtes  ,  mais  plus  particulièrement  sur  celles  de  la  Méditer- 
ranée. «  Les  nikas  ,  dit  M.  Risso  ,  sont  répandus  en  grande 
abondance  ,  pendant  toute  l'année,  dans  nos  mers  ,  et  n'a- 
bandonnent jamais  le  rivage  où  les  femelles  déposent  leurs 
œufs  plusieurs  fois  dans  l'année  ,  au  milieu  des  plantes  ma- 
rines ;  tandis  que  les  crangons  et  les  alphées  ne  se  montrent 
qu'au  printemps  et  en  été  ;  qu'ils  suivent  les  migrations  des 
poissons  du  genre  clupée,  et  que  leur  ponte  n'est  jamais  con- 
sidérable. La  chair  des  premiers  offre  ,  en  tout  temps  ,  un 
mets  savoureux  et  agréable  ,  et  l'on  s'en  sert,  comme  d'un 
excellent  appât ,  pour  prendre  les  poissons  ,  tandis  que  celle 
des  derniers  est  peu  estimée  ,  et  que  l'on  n'en  fait  aucun 
usage.  »  Il  me  paroît  que  l'espèce  que  cet  auteur  a  nom- 
mée comestible  ,  a  été  connue  de  Uondelet  ;  c'est  {^Histoire 
des  Poissons,  édition  française)  la  civade  ou  petile  squille. 
Sa  chair,  suivant  lui,  est  fort  douce,  tellement  qu'elle  ré- 
pugne, pour  celte  raison,  à  quelques  personnes,  et  meil- 
leure pour  celles  qui  sont  attaquées  de  la  phlhisie,  que  l'écrc- 
visse  tluvialile. 

Le  docteur  Léach  avoit  établi  ce  genre  sous  le  nom  de 
processa  ,  dans  le  quatrième  cahier  publié,  en  i8i5  ,  de  son 
ouvrage  sur  les  crustacés  podophthalmes  de  la  (Grande-Bre- 
tagne. Celui  de  M.  Risso  ,  sur  les  crustacés  de  Nice ,  et  dans 


P  R  O  ,57 

lequel  le  même  genre  est  appelé  nîka  ,  n'ayant  paru  qu'un  an 
après,  j'ai  cru  devoir  adopter  la  première  de  ces  dénomina- 
tions. M.Risso  décrit  trois  espèces  de  nikas.  La  plus  grande  et 
qui  est  très-commune  sur  les  côtes  de  Marseille,  estcelle  qu'il 
Bomme  Comestible  ,  edulis.  Il  l'a  représentée  ,  pi,  3,  fig.  3. 
Son  corps  est  long  d'environ  un  pouce  et  demi,  d'un  rouge 
incarnat  (pointillé  de  jaunâtre,  avec  une  rangée  de  taches 
jaunes  au  milieu,  selon  M.  Risso  )  ;  le  bec  formé  une  pointe 
simple  ,  peu  avancée  au-delà  des  yeux  et  un  peu  rebordée  à 
sa  base  ;  le  test  a  ,  de  chaque  côté  ,  près  de  ses  angles  anté- 
rieurs ,  une  pointe  ;  il  est ,  d'ailleurs,  très-uni ,  ainsi  que  les 
six  premiers  anneaux  de  la  queue  ;  le  dernier  ou  celui  qui  oc- 
cupe le  milieu  de  la  nageoire ,  est  en  forme  de  triangle  étroit , 
allongé  ,  tronqué  à  son  extrémité,  avec  un  enfoncement  lon- 
gitudinal au  milieu  et  une  arête  de  chaque  côté,  ayant  cha- 
cune deux  petites  épines  ;  les  serres  sont  à  peu  près  d'égale 
grandeur. 

Suivant  M.  Risso ,  cette  espèce  fait  son  nid  dans  la  région 
des  Algues,  et  se  vend,  au  marché  de  Nice  ,  pendant  toute 
l'année.  La  femelle  pond  aussi  en  tout  temps.  Ses  œufs  sont 
d'un  jaune  verdâtre. 

La  Processe  cxtu^elée,  P. canaliculata, de  M.  héach(Ma/ac. 
podopht.  Brit.^  tab.  4-1  )  1  est  longue  d'environ  un  pouce, 
avec  une  dent  à  la  base  du  bec  ;  la  serre  gauche  est  plus  large 
que  la  droite  ,  ou  celle  qui  se  termine  en  pince  didactyle  ;  la 
lame  intermédiaire  de  la  nageoire  caudale  est  cannelée  lon- 
gitudinalement.  On  la  trouve  sur  nos  côtes  océaniques  et  sur 
celles  de  la  Grande-Bretagne,  (l.) 

PROCESSIONNAIRES  ou  EVOLUTIONNAIRES. 
Nom  que  Réaumur  donne  aux  chenilles  d'un  homhix  (^pro- 
cessionea  ,  Linn.  )  ,  parce  que  ces  insectes  marchent  sur  plu- 
sieurs lignes  ,  ayant  une  sorte  de  chef  à  leur  tête,  (l.) 

PROCHILUS.  llliger  avoit  donné  ce  nom  à  un  genre 
appelé  meliirsus  par  Meyer,  et  qui  renferme  un  quadrupède 
sur  lequel  les  naturalistes  n'ont  eu,  pendant  long-temps, 
que  des  renseignemens  peu  satisfaisans.  On  le  plaçoit ,  tantôt 
parmi  les  bradypes  sous  le  nom  de  paresseux  ours  ,  tantôt  par- 
mi les  ours  sous  celui  A'ours  paresseux.  Suivant  l'état  de  la 
science  ,  lorsque  nous  commençâmes  ce  Dictionnaire  ,  nous 
l'avions  réuni  aux  bradypes  ;  mais  depuis  ,  M.  de  Blainville 
a  prouvé  qu'il  devoit  prendre  place  dans  le  genre  des  Ours. 
Dans  ce  dernier  article ,  nous  avons  averti  du  changement 
qui  devient  nécessaire  ,  et  nous  l'avons  inscrit  sous  le  nom 
d'OuRS  A  GRANDES  LÈVRES  ,  Ursus  labiatus ,  Blainville. 

(desm.) 

PRO-'CIGALES.  Nom  donné  par  Réaumur  aux  insectes 


i58  P  R  O 

de  ma  famille  des  Cicadmres  ,  qui  ne  sont  pas  du  vrai  genre 
des  cigales.  Ces  pro-dgales  comprennent  notre  tribu  des  fui- 
gorelles  et  celle  des  cicadeiles.  (l.) 

PROCNIAS.  Genre  constitué  par  Hofmansegg,  adoplé 
par  Illiger ,  dans  lequel  M.  Cuvier  place  les  cotingas  à  gorge 
nue  ,  blanc  et  avirano.  (v.) 

PROGRIS,  Procris.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  lépi- 
doptères, famille  des  crépusculaires  ,  établi  par  Fabricius  , 
aux  dépens  àeceXmàtszy gènes.  Sescaractères  sont  :  antennes 
deâ  mâles  à  deux  rangées  de  dents  ;  celles  de  la  femelle  sim- 
ples ;  palpes  inférieurs  ne  s'élevant  presque  pas  au-delà  du 
chaperon  ;  ailes  longues  ;  ergots  de  l'extrémité  des  jambes 
très-petits. 

Sous  le  nom  générique  A^aiychia ,  M.  Ochsenheimer  com- 
prend les  procris  de  Fabricius  ,  et  une  espèce  de  son  genre 
aglaopis  (  zygœna  infausia  ,  Entom.  systém.  ). 

Procris  du  statice  ,  Zygœna  statices  ,  Fab.  (  Entom. 
System.  )  ;  Sphinx  statices ^  Linn.  ;  Phalène  turquoise.,  Geoff.  ;  Pa- 
pillons d'Europe.,  pi.  Ciii,  n.»  i5o.  Elle  a  les  antennes  d'un  vert 
bleuâtre  ;  celles  du  mâle  sont  pectinées  ;  le  corps  et  le  des- 
sus des  ailes  supérieures  sont  d'un  vert  bleuâtre  brillant  ;  les 
ailes  inférieures  et  le  dessous  des  supérieures  sont  brunes. 

On  la  trouve  en  Europe ,  dans  les  prairies. 

Sa  chenille  vit  sur  l'oseille  et  la  globulaire  ;  elle  est  noire  , 
avec  des  lignes  blanches  ,  et  deux  lunules  de  la  même  couleur 
sur  le  milieu  du  corps.  Li'atychie  de  la  globulaire  ,  de  M.  Och- 
senheimer, diffère  ,  selon  lui ,  de  l'espèce  précédente  par  les 
caractères  suivans  ;  ailes  supérieures  d'un  vert  bleu  ;  les  pos- 
térieures noirâtres  ;  antennes  du  mâle  entièrement  pecti- 
nées ,  cuspldées  à  leur  extrémité. 

Procris  du  prunier,  Zygœna  pruni ,  Fab.;  Papillons  d'Eu- 
rope ,  pi.  cm  ,  n.°  i5i.  Elle  est  de  moitié  plus  petite  que  la 
précédente  ,  de  laquelle  elle  ne  diffère  que  par  la  couleur  de 
ses  ailes  supérieures  qui  sont  d'un  noirâtre  un  peu  vert. 

On  la  trouve  en  Allemagne  et  aux  environs  de  Paris ,  mais 
plus  rarement  que  la  précédente. 

Sa  chenille  est  velue  ,  brune  ;  elle  a  le  dessus  du  corps 
couleur  de  chair ,  avec  une  ligne  et  des  taches  noires.  Elle 
vit  sur  le  prunier  épineux,  (l.) 

PROCRIS  (insecte).  Voyez  SatYre.  (l.) 

PROCRIS,  Procris.  Genre  de  plantes  de  la  monoécie 
tétrandrie  ,  et  de  la  famille  des  urticées ,  établi  par  Jussieu. 
Il  a  pour  caractères  :  les  fleurs  réunies  entête,  et  compo- 
sées d'un  calice  à  quatre  divisions  sans  corolle  ;  les  mâles 
ont  quatre  étamines  plus  longues  que  le  calice ,  et  les  femelles 
un  ovaire  surmonté  d'un  seul  style  ;  une  capsule  très-petite  , 


^   ^    O  ,5^ 

enfoncée  dans  un  rdceptacle  commun  ,  bacciforme  et  sphé- 
roïdale. 

Ce  genre  contient  sept  espèces  ,  originaires  des  Indes  et 
deTAmérique;  ce  sont  des  arbustes  à  feuilles  alternes,  pétio- 
Ices,  dont  les  uns  ont  les  têtes  de  fleurs  sessiles  et  nues  ,  et  les 
autres  pédonculécs  et  accompagnées  de  bractées. 11  y  aforipeu 
de  différence  entre  lui  et  les  BoaÊMÈREs  et  les  Orties,  (c.) 

PROCRUSTE  Procriisies.  Genre  d'insectes  coléoptères, 
établi  par  M.  Bonelli,  aux  dépens  de  celui  des  Carabes  de 
ma  méthode  et  de  celle  de  M.  Clairville.  Il  comprend  l'es- 
pèce appelée  roriaceus,  et  quelques  autres  inédites  et  propres 
aux  parties  les  plus  méridionales  de  l'Europe  ,  à  l'Egypte  , 
etc.  Les  caractères  qui  le  distinguent  du  précédent  sont  : 
d'avoir  le  labre  trilobé  ,  et  deux  petites  dents  au  milieu  de 
l'échancrure  du  menton.  Il  n'y  en  a  qu'une  dans  les  Carabes 
proprement  dits  de  M.  Bonelli ,  et  leur  labre  est  simplement 
bilobé.  Voyez  Carabe,  (l.) 

PROCTOLE,P/octo/e5.  Famille  de  Mollusques  établie 
par  M.  Rafmesque,  pour  rassembler  des  genres  que  Lamarck 
avoit  placés  dans  ses  radiaires.  Les  animaux  qui  y  entrent 
diffèrent  des  vers ,  parce  qu'ils  ne  sont  pas  annelés  ;  et 
des  polypes  ,  parce  qu-'ils  ont  un  intestin  et  un  anus. 

Les  genres  appartenant  à  cette  famille  sont  :  SiPONCLE ,; 
Syrimx  ,  PoDOSTOME  et  Physoon.   (b.) 

FROCTOT?vlJVE,  Proctotrupes,  Latr.,  Spin.  ;  Codrus^ 
Jus.",  Eriodorus,  Walck.;  Oxyurus ,  Lam.  Genre  d'insectes 
de  l'ordre  des  hyménoptères  ,  section  des  térébrans  ,  famille 
des  pupivores,  tribu  des  oxyures. 

Les  prociorupes  ^  les  bèlhyles^  les  hélores  et  les  diapries  for- 
ment ,  dans  notre  tribu  des  oxyures,  une  petite  coupe  très- 
naturelle.  Ces  insectes  ont  leurs  antennes  coudées,  insérées 
vers  le  milieu  de  la  face  de  la  tête  ou  près  du  front, 
composées  de  treize  articles  dans  les  deux  sexes,  fili- 
formes ou  un  peu  plus  grosses  vers  le  bout  ;  le  corps  étroit 
et  allongé  ,  et  l'abdomen  terminé  en  pointe.  Les  procto- 
trupes  et  les  hélores  sont  les  seuls  de  cette  division  dont 
les  antennes  ne  soient  point  coudées.  On  distinguera  main- 
tenant les  premiers  des  seconds  ,  aux  caractères  suivans  : 
antennes  de  treize  articles  dans  les  deux  sexes  ;  mandibules 
sans  dents  ;  ailes  supérieures  sans  cellules  cubitales  ;  la 
radiale  très-petite,  anguleuse  inférieurement;  abdomen  très- 
brièvement  et  insensiblement  pédicule  ,  avec  le  premier 
anneau  fort  grand ,  presque  en  forme  de  cloche  ;  deux 
valvules  pointues,  et  dans  quelques  femelles,  une  pointe 
cornée,  simple,  toujours  saillante  et  servant  d'ovlducte  ,  ter- 
minant cette  partie  du  corps. 


,6o  P  R  O 

Les  proctoimpes  ont  le  corps  élroit  et  allongé  ;  la  tête 
verticale  ,  comprimée  ,  presque  carrée  ,  à  angles  arrondis  , 
lisses  ;  les  antennes  filiformes  ,  presque  de  la  longueur  du 
corps  ;  les  yeux  ovales  et  entiers  ;  trois  petits  yeux  lisses 
en  triangle  ;  le  corselet  long ,  avec  le  premier  segment  court , 
et  la  partie  qui  est  au-delà  des  ailes  ,  allongée  ,  obtuse  , 
chagrinée  ;  les  ailes  marquées  de  peu  de  nervures  ,  quel- 
quefois courtes  ;  l'abdomen  ovale-conique,  lisse,  comprimé  ; 
les  pattes  assez  grandes  ;  les  jambes  antérieures  n'ont  pas 
d'échancrure. 

J'ai  presque  toujours  trouvé  ces  insectes  courant  à  terre. 

L'espèce  la  plus  remarquable  est  le  Proctotrupe  brévi- 
PENNE  ,  Proctotrupes  hreoipennis  ;  Lat.  ,  Gen.  Crust.  et  Insecl.  , 
tom.  I  ,  tab.  i3,  fig.  i,  fem.  Elle  est  longue  de  trois  lignes, 
noire,  avec  les  antennes  d'un  brun  noirâtre  ,  les  mandibules 
brunes  ,  le  corselet  chagrine  postérieurement  ;  l'abdomen  , 
sa  pointe  et  les  pattes  ,  d'un  brun  fauve  ;  les  quatre  cuisses 
postérieures  sont  d'un  brun  plus  foncé  ,  ainsi  que  les  anneaux 
du  bout  de  l'abdomen  ;  la  tarière  est  un  peu  plus  longue 
que  l'abdomen  ;  les  ailes  sont  fort  courtes  ,  obscures  ,  avec 
un  point  marginal  sur  les  supérieures ,  noirâtre. 

Mon  ami  W'alckenaer  a  nommé  ce  genre  ériodore.  L'espèce 
qu'il  décrit  sous  le  nom  de  himaculèy  diffère  peu  de  la  pré- 
cédente. 

M.  Jurine  rapporte  à  ce  genre  le  Banchus  graindalor  deFa- 
bricius.  V.  l'espèce  qu'il  a  représentée  dans  son  ouvrage  sur  les 
Hyménoptères  ,pl.  i3  ,  gen.  4-6  ,  sous  le  nom  de  PalUpes.  (l.) 

PROCTOTRUPIENS,  Proctotmpii.  Nom  que  j'avois 
donné  à  une  famille  d'insectes  hyménoptères,  section  des 
lérébrans  ou  porte-tarrière,  et  qui  répond,  dans  la  méthode 
que  je  suis  ici ,  à  la  tribu  des  oxyures  ,  famille  des  pupivores. 
.Voyez  ces  mots,  (l.) 

PROCUREUR  DU  MEUNIER.  Nom  donné,en  Bour- 
gogne ,  an  PicvERT  ,  parce  qu'on  prétend  avoir  reconnu 
dans  cet  oiseau  quelque  pressentiment  marqué  des  change- 
mens  de  l'atmosphère.   Voyez  Picverï.  (v.) 

PROCYON.  Dénomination  grecque  appliquée  par  Slorr 
au  Raton.  V.  ce  mot.  (desm.) 

PRODUCTE  ,  Productus.  Genre  établi  pour  placer  sept 
coquilles  fossiles  qui  se  rapprochent  des  Anomies  ;  ses  carac- 
tères sont:  coquille  bivalve,  inéquilatérale ,  avec  un  bord 
réfléchi  plus  ou  moins  cylindrique;  le  sommet  imperforé;  une 
des  valves  convexe,  l'autre  plate  ou  concave  extérieurement. 

Des  espèces  de  ce  genre  ont  été  placées  dans  celui  appelé 
CoiscHYLlOLlTHE  par  Marlyns  ,  Pétrifications  du  Berbyshire. 
Toutes  sont  figurées  dans  le  bel  ouvrage  de  So>verby ,    inti- 


P   R  O  ,6t 

inlé  Conchyliologie  mincralogiqiie  de  la  Grandc-Brelagne  ,   pî. 
68  ex  Gg. 

Une  d'elles  est  remarquable  par  la  fiche  linéaire  qui  la 
Iraverse  ;   on  la  trouve  dans   les  terrains  primitifs  et  de  itan- 

silion.    V.  TÉRÉBRATULE.   (B.) 

PRODUCTIONS  A  POLYPIERS.  On  donne  ce  nom 
aux  zoophytes  cératophyies ,  tels  que  les  antipales  ou  coraux 
noirs  ^  les  gorgones^  les  coraux^  les  isis  ^  les  pcnnatides  ^  les 
vèrèiiUes  et  les  ombel Iules ,  et  aux  zoophyles  Uthophytes  ,  tels  que 
les  madrépores ,  les/ongifes^  les  méandriies,  les  astroïies  ,  les 
porifes  et  les  millèpores.  (DESM.) 

PRODUITS  DES  VOLCANS  ou  MATIÈRES  VOL- 
CANIQUES. On  donne  ces  noms  à  toutes  les  matières  qui 
ont  été  immédiatement  vomies  par  les  volcans,  comme  les 
hasalles,  les  laves,  les  tufs  et  les  tendres  volcaniques  ,  le  rapillo  , 
le  trnss,  la  pouzzolane^  les  verres  volcaniques^  \es  ponces ^  etc.  V, 
Laves,  (ln.) 

PROEST.  Nom  islandais  du  Macareux.   V.  ce  mot.  (v.) 

PP»0-(;ALLINSECTE.  v.  Cochenille  et  Kermès,  (l.) 

PPiOGNE.  C'est,  chez  les  poètes,  la  désignation  de 
l'hirondelle.  L'on  sait  que  la  Mythologie  des  anciens  ,  féconde 
on  métamorphoses,  rapporte  que  Progné,  femme  de  Térée  , 
roi  de  Thrace,  fuyant,  avec  sa  sœur  Philomèle  ,  la  fureur  de 
son  époux  ,  fut  changée  par  les  dieux  en  hirondelle  ,  et  Philo- 
mèle en  rossignol,  (s.) 

PROHIBITORIA  (AVIS).  C'est  le  nom  que  Labéon  , 
cité  par  Pline,  donnoità  la  sittelle ,  vulgairement  torche-pot  ; 
et  cette  dénomination  avoit  rapport  aux  fables  que  l'on  dé- 
bltolt  anciennement  sur  cet  oiseau ,  très-savant,  disoit-on  , 
dans  l'art  des  enchanlemens.  (s.) 

PROIE.  C'est  ce  que  les  animaux  carnassiers  ravissent 
pour  le  dévorer.  Les  uns  se  nourrissent  de  proie  vivante  ;  les 
autres  se  jettent  sur  la  proie  morte.  Voyez  au  mot  Carni- 
vores, (s.) 

PROINOIA.  Nom  donné ,  par  Ehrhart  ,  à  la  Canche 
PR11SITA1N1ÈRE  (  Aira  prœcox  ,   L.  ).   (ln.) 

PROKIE.  Voyez  Proquier.  (b.) 

PROLESKA.  Nom  russe  de  la  Mercuriale  vivace.(ln.) 

PROLIFERE.  Nom  donné  par  Vaucher  à  un  genre  qu'il 
a  établi  parmi  les  Conferves.  C'est  le  même  que  celui 
appelé  Chantransie  par  DecandoUe  ,  Lemanée  parBory- 
de-St.-Vincent,  et  Trichogonon  par  Palisol-de-Beauvois. 

Le  nomde  prolifère  est  mauvais, en  ce  qu'il  est  adjectif  ;  mais 
il  exprime  le  caractère  propre  du  genre  auquel  il  a  été  donné, 
c'est-à-dire  que  les  plantes  qui  composent  ce  genre  se  muj- 

XXYIH.  J  l 


,6i  P  r^  0 

tiplient  par  de  véritables  bourgeons  bien  caraclérîsés  ,  et 
tenant ,  dans  leur  jeunesse ,  à  la  partie  extérieure  des  rameaux. 
Cette  observation,  très-posltiveinent  constatée  par  Vaucher, 
dans  son  excellent  travail  sur  les  conférées ,  auroit  dû  le 
conduire  à  voir  que  les  globules  qn  il  a  remarqués  dans 
l'intérieur  des  autres  confeives^  el  qui  en  sortent  pour  renou- 
veler Tespèce  ,  ne  sont  pas  de  vérilablcs  semences,  mais 
des  corps  analogues  aux  bourgeons  oviforraes  des  Polypes, 
et  devenant  semblables  à  l'espèce  dont  ils  tirent  leur  origine, 
par  simple  développement  de  substance. 

La  CoNFERVE  KivuLAiRE  sert  de  type  à  ce  genre. 

Depuis,  M,  Léon  Leclerc  a  publie  ,  dans  le;»  Mémoires 
du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  un  très-inléressant  mémoire 
sur  le  même  genre,  el  l'a  accompagné  de  figures  qui  fixent 
ses  espèces,  qui  sont  au  nombre  de  sepl. 

Je  regrette  de -ne  pouvoir  ici  entrer  dans  plus  de  détails 
sur  les  faits  rapportés  dans  ce  mémoire  ,  digne  de  son  auteur 
sous   tous  les  rapports,  (b.) 

PROMECOPSIDE,  Promeropsis.  Genre  d'insectes  hé- 
miptères ,  tribu  des  cicadelles  ,  établi  par  M.  Duméril ,  et  qui 
diffère  des  autres  genres  de  cette  division ,  par  le  défaut 
d'yeux  lisses.  J'en  ai  constamment  distingué  deux  dans  toutes 
les  cicadelles  que  j'ai  examinées,  (l.) 

PROMÉROPS,  Faldnellus,  YieWl:  Upupa,  Lath.  Genre 
de  l'ordre  des  oiseaux  Sylvains  et  de  la  famille  des  Êpop- 
SIDES  ;  voyez  ces  mots.  Caractères  :  bec  plus  long  que  la  tête  , 
fendu  jusque  sous  les  yeux,  comprimé  iaîéralement ,  plus 
ou  moins  arqué,  aigu;  mandibule  supérieure  carénée ,  striée 
sur  les  cotés ,  un  peu  plus  longue  que  l'inférieure  ;  narines 
oblongues,  ouvertes,  situées  à  l'origine  de  la  strie;  langue 

;  quatre  doigts,  trois  devant,  un  derrière;  les  extérieurs 

réunis  le  long  de  leur  première  phalange  ;  pouce  robuste  , 
aussi  long  que  les  doigts  latéraux  ;  ongles  étroits  ,  très- 
crochus  ,  aigus  ;  le  postérieur  le  plus  fort  ;  ailes  à  penne 
bâtarde  ,  moyenne;  les  troisième  ,  quatrième  et  cinquième 
rémiges  les  plus  longues  de  toutes  ;   douze  rectrices. 

On  trouve  des  Promérops  en  Afrique  et  aux  grandes  Indes  ; 
mais  il  est  très-douteux  que  les  espèces  que  l'on  dit  habiter 
dans  l'Amérique  ,  soient  de  véritables  Promérops.  La  partie 
historique  de  tous  ces  oiseaux  est  bien  loin  d'être  complète  ; 
on  sait  seulement  qu'il  y  en  a  parmi  eux  qui  s'accrochent 
aux  troncs  d'arbres  ,  et  nichent  dans  des  trous. 

*  Le  Promérops  a  ailes  bleues  ,  Upupa  mexicana,  Lath., 
se  trouve  ,  selon  Séba,  au  Mexique,  dont  il  habite  les 
hautes  montagnes  ;  il  se  nourrit  d'insectes.    Grosseur  d'une 


P  R  O  ,63 

^Vc;  longueur,  près  de  dix-neuf  pouces;  bec  noirâtre,  et 
jaune  sur  les  bords;  parties  antérieures  et  supérieures  du 
corps  d'un  gris  obscur  ,  changeant  en  vert  de  mer  et  en 
rouge  pourpré;  ailes  d'un  bleu  clair;  sourcils  et  ventre 
jaunes  ;  pennes  de  la  queue  ctagées  ,  pareilles  au  dos  ,  mais 
d'une  nuance  plus  foncée  ,  avec  des  reflets  verts  et  pour- 
pres. Cet  oiseau  est  un  uni  dans  Séba ,  vol.  i  ,  page  yS , 
pi.  45  ,  f  3. 

Le  Promérops  azuré  ,  FaInneUus  cyaneus  ,  "Vieill.  ;  pi.  j 
des  Oiseaux  de  paradis  ,  des  Promérops  ,  etc.  ,  de  Levaillant  ; 
a  le  bec  moins  courbé  et  moins  long  que  le  promérops  nama- 
quois ;  un  beau  bleu  azuré  ,  luisant,  et  changeant  en  bleu- 
vert  ,  domine  sur  toutes  les  parties  supérieures,  à  l'extérieur 
des  pennes  alaires  et  sur  le  dessus  de  la  queue  ;  la  gorgef 
le  devant  du  cou,  la  poitrine  et  le  dessous  du  corps  sont 
d'une  couleur  de  turquoise  qui  se  dégrade  sur  le  ventre  et 
sur  les  parties  postérieures  ;  les  couvertures  subalaires 
présentent  un  bleu  tendre  qui  blanchit  sur  leurs  bords  ;  les 
pennes  des  ailes  et  de  la  queue  sont  d'un  gris  argenté  , 
nuancé  de  noirâtre  sur  leur  revers  ;  le  tarse  est  d'un  noir 
de  plomb,  et  le  bec  d'un  noir  de  corne.  La  femelle  ne 
diffère  du  mâle  que  par  une  taille  plus  petite  et  par  des 
couleurs  moins  vives.  On  le  trouve  en  Afrique. 

Le   Promérops  des  Barbades.    V.  Promérops  orangé: 

Le  Promérops  a  bec  rouge  ou  moqueur  ,  Faldnelhis 
ery'ihrorkyncos  ,  Vieill.  ;  Upupa  eijthrorhyncos  ^  Lath,  ,  01$, 
dorés  ,  pi.  6  des  Promérops  (le  mâle.)  M.  Levaillant  a  fait 
figurer  le  mâle  ,  la  femelle  et  le  jeune  ,  sur  les  pi.  i  ,  2  et  3 
de  ses  Oiseaux  de  paradis  ^  etc.  Cette  espèce  se  trouve  dans 
rinde  et  au  Cap  de  Bonne-Espérance  ,  niche  dans  un  tronc 
d'arbre, et  dépose  ses  œufs  sur  le  bois  vermoulu  et  réduit  en 
poussière;sa  ponte  est  de  six  ou  sept  œufs  d'un  bleu  verdis- 
sant ;le  mâle  soulage  sa  femelle  dans  le  travail  de  l'incubation. 
Ces  oiseaux  sont  curieux  et  peu  farouches  ,  suivant  d'arbre 
en  arbre  ,  un  homme  ,  un  chien  et  un  animal  quelconque  ; 
et  dès  qu'ils  les  aperçoivent ,  ils  répètent  à  l'unisson  leur 
cri  guttural  gra-ga-ga-ga-ga-ga-ga-ga  ,  d'où  leur  est  venu  1« 
nom  de  moqueur  que  leur  a  imposé  M.  Levaillant,  à  qui 
nous  devons  ces  détails  historiques  et  la  connoissance  de  la 
femelle   et  du  jeune. 

Le  mâle  a  douze  pouces  de  long;  la  tête,  la  gorge  et  le  dos,' 
d'une  riche  couleur  d'acier  poli  qui  se  change  en  bleu  sur 
la  première  partie, et  en  violet  sur  la  seconde;la  poitrine  et  le 
ventre  ,  dans  sa  partie  supérieure,  d'un  vert  brillant  ;  l'in- 
férieure et  les  jambes  d'un  gris-noir  changeant  ;  quelques 
petites  lignes  rouges  s'aperçoivent  sur  le  pli  de  l'aile  ;  ses 


«6^  P  R  O 

couvertures  supérieures  sont  d'un  vert  doré  ;  ses  pennes  pa- 
reilles à  la  tête  ,  ainsi  que  celles  de  la  queue  ;  les  six  pennes 
primaires  ont,  à  l'extérieur  ,  une  tache  blanrhe  de  forme 
ovale  ;  celles  de  la  queue,  excepté  les  intermédiaires  ,  en  ont 
«ne  pareille  de  chaque  côté  de  leur  tige  ,  placée  à  un  pouce 
environ  de  leur  extrémité  -,  le  bec  et  les  pieds  sont  rouges; les 
ongles  noirs.  La  femelle  est  plus  petite  que  le  mâle  et  a  le  bec 
moins  long;  le  jeune  a  son  plumage  d'un  vert  sombre  tirant 
au  noir  ,  la  gorge  roussâtre  ,  et   le  bec  d'un  noir-bi;un. 

Le  Promérops  bleu  ,  Falcinellus  cœmleus  ^  Vieill.;  V/mpa 
iiidica ,  Lalh.  ;  Oiseaux  dorés ,  pi.  9  des  Promérops ,  a  été 
décrit  pour  la  première  fois  par  Lalham.  On  le  trouve  , 
dit- il ,  dans  l'Inde,  mais  il  ignore  dans  quelle  partie.  Il 
f  st  à  peu  près  de  la  taille  du  Promérops  à  hec  rouge  ;  le  plu- 
mage généralement  bleu  ,  moins  vif  sur  les  parties  infé- 
rieures ;  le  bec  noir  ;  l'iris  rouge  ;  les  pieds  couleur  de 
plomb  ,  et  la  queue  cunéiforme. 

Le  Promérops  BRUN  À  VENTRE  RAYÉ,jPfl/a«e//«s/HS6Hs, Vieil; 
Upupapapuensls  ^  Lath.;  Oiseaux  dorés^  pi.  7  des  Promérops.  Le 
mâle  a  la  gorge  ,  le  cou  et  la  tête  d'un  beau  noir  ,  avec 
des  reflets  d'acier  poli  ;  le  dessus  du  corps  brun  ,  avec  une 
teinte  de  vert  foncé  suf  le  cou  ,  le  dos  et  les  ailes  ;  la  queue 
brune  ,  excepté  la  dernière  des  pennes  latérales  qui  a  son 
côté  intérieur  noir  ;  la  poitrine  et  le  dessous  du  corps 
rayés  transversalement  de  noir  et  de  blanc  ;  l'iris  et  les 
pieds  noirs.  - 

La  femelle,  selon  Sonnerat,  a  la  tête ,  la  gorge  et  le  cou 
du  même  brun  que  le  dessus  du  corps  ,  mais  sans  aucun 
reflet  ;  du  reste  ,  elle  ressemble  au  mâle  ;  longueur  totale  , 
vingt-deux  pouces  ,  dont  la  queue  en  a  treize.  L'individu 
figuré  dans  les  Oiseaux  dorés  diffère  en  ce  que  les  parties 
antérieures  sont  d'un  rouge-brun  ,  que  le  dessus  du  corps 
est  verdâtre  ,  et  que  les  pieds  sont  bruns.  Peut-  être  est-ce 
un  jeune  mâle. 

Des  ornithologistes  modernes  présentent  ces  oiseaux  pour 
des  femelles  ou  des  jeunes  du  e^r ao A  Promérops  à  pari^mens  ; 
ce  qui  peut  être  ,  car  l'un  et  l'autre  habitent  la  Nouvelle- 
Guinée  ;  mais  Sonnerat ,  à  qui  on  doit  la  connoissance  de 
cette  espèce  ,  ayant  désigné  les  deux  sexes,  l'on  doit  s'en 
rapporter  plutôt  à  ses  observations  qu'à  des  conjectures 
basées  sur  quelques  rapports  dans  la  forme  et  les  couleurs 
d'une  peau  desséchée.  Au  reste,  l'on  ne  connoît  ni  les 
habitudes, ni  les  amours,  ni  le  genre  de  vie  de  ce  promérops;  et 
sans  ces  connoissancesl'on  ne  peut  rien  statuer.  Labillardière 
l'a  encore  rencontré  dans  les  forêts  de  l'île  Vaygiou  ,  l'une 
des  Moluques. 


P  R.  O  ,65 

PrOMÉROPS   brun   a    ventre     tacheté.       V.     SOUIMANGA 
I>U   PROTÉA. 

Le  Promérops  du  Cap  de  Bonne-Espérance.  V.  Pro- 

MÉROPS   BRUN    A    VENTRE   TACHETÉ. 

Le  Promérops  a  douze  filets  ,  Falcinellus  respîendescens , 
Yieill. ,  Oiseaux  dorés  ;  pi.  i3  des  Oiseaux  de  paradis  ^  sous  le 
nom  de  manucode  à  douze  filets.  La  tête,  le  cou,  le  haut  du  dos 
el  de  la  poitrine  de  ce  superbe  promérops,  sont  d'un  beau  noir 
velouté,  dont  il  rejaillit,  sous  divers  aspects,  des  reflets 
pourpres  et  violets  ;  les  plumes  de  la  dernière  partie  sont  ter- 
minées par  de  larges  lunules  d'un  or  éclatant ,  suivant  Tin- 
cidence  de  la  lumière  ;  le  reste  du  dos  et  de  la  poitrine  ,  le 
t-roupion,  le  ventre  et  les  jambes  sont  d'un  beau  blanc;  plu- 
sieurs plumes  d'un  vert  brillant  à  reflets  bleus,  plus  longues 
que  celles  qui  les  avoisinent, parent  les  flancs  vers  l'origine  des 
plumes  subalaircs;ceUes-ci  ont  à  peu  près  la  forme  de  celles 
des  oiseaux  de  paradis  émeraudes  ;  mais  elles  paroissent  plus 
larges;  leurs  barbes  sont  effilées,  flottantes  et  d'un  blanc 
nuancé  de  jaune  tendre  ;  les  douze  filets  parlent  de  l'extré- 
mité des  plumessubalaires  latérales;  les  plus  proches  du  corps; 
ils  sont  de  la  force  et  de  la  grosseur  d'un  crin  de  cheval , 
longs  d'environ  dix  pouces  ,  à  peu  près  nus  et  contournés  en 
divers  sens  ;  un  beau  noir  pourpré  couvre  les  ailes  et  la 
queue  ;  le  bec  et  les  pieds  sont  noirs.  La  longueur  totale  est 
de  neuf  pouces  et  demi  ,  depuis  le  bout  du  bec  jusqu'à  l'ex- 
trémité de  la  queue.  Les  pennes  primaires  sont  conformées 
comme  celles  des  autres  promérops  ou  des  oiseaux  de  pa- 
radis ;  mais  elles  manquoient  à  l'individu  qui  est  au  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle,  ce  qui  a  induit  en  erreur  M.  Cu- 
vier ,  quand  il  dit  qu'elles  sont  courtes  et  beaucoup  moins, 
nombreuses  qu'aux  oiseaux  ordinaires. 

Je  rapproche  de  celle  espèce  V oiseau  de  paradis  noir  et 
blanc  (  Paradisea  alba  ,  var. ,  Lath.),  que  Valentin  a  fait  con  ■ 
noître,  et  qu'il  dit  n'être  guère  moins  rare  que  le  blanc,  et  se 
trouver  dans  la  mênie  contrée. 

Le  grand  Promérops  de  la  Nouvelle-Guinée.  V.  Pro- 
mérops A  paremens  frisés. 

Le  Promérops  huppé  des  Indes.  V.  Promérops  promé- 
rupe. 

Le  Promérops  jaune  du  Mexique.  F.  Promérops  orange. 

Le  Promérops  du  Mexique.  V.  Promérops  a  ailes 
bleues. 

Le  Promérops  multifil.  V.  Promérops  a  douze  filets. 

Le  Promérops  najuaquois  ,  Falcinellus  ry«/zo///t/as ,  Yieill.  ; 
pi.  5  et  6  des  Oiseaux  de  paradis ^  àcs  Promérops  ,  etc.,  de  Le- 
vaiilant.  Le  mâle  est  d'un  beau  noir  elacé  de  bleu  en  dessus 


i66  P  R  O 

et  sur  les  dernières  pennes  de  l'aile  ;  d'un  noir  lavé  qui  bru- 
nit sous  certains  aspects  en  dessous  ;  les  deux  pennes  laté- 
rales de  la  queue  ont  chacune  une  tache  blanche  vers  leur 
bout  ;  les  premières  rémiges  sont  noires  et  marquées  d'une 
tache  blanche ,  oblongue  vers  leur  milieu;  ces  taches  réunies 
forment  une  bande  transversale  ;  une  petite  marque  de  cette 
couleur  est  vers  l'origine  des  pennes  intermédiaires  de  l'aile; 
le  bec  et  les  pieds  sont  noirs.  Longueur  totale  ,  dix  pouces 
deux  lignes. 

La  femelle ,  pi.  6  ■Au  même  ouvrage  ,  diffère  du  mâle  par 
«ne  taille  plus  petite  ;  en  outre,  elle  a  le  bec  moins  arqué  ; 
la  gorge  ,  le  devant  du  cou  ,  la  poitrine  et  le  dessous  du  corps 
d'un  brun  de  bislre  ,  plus  clair  sur  les  parties  antérieures  que 
vers  l'anus,  où  il  se  charge  d'une  teinte  noirâtre  ;  toutes  les^ 
parties  supérieures  moins  lustrées  de  bleu  ;  les  taches  blan- 
ches de  la  queue  moins  grandes ,  et  les  premières  pennes  des 
ailes  brunâtres.  Le  jeune  mâle  ressemble  assez  à  la  femelle;  il 
a  le  bec  et  les  pieds  bruns  ;  toutes  les  parties  supérieures  d'un 
noir  qui  se  rembrunit  sous  un  certain  jour.  M.  Levaillanl  a 
trouvé  cet  oiseau  en  Afrique,  dans  le  pays  des  Namaquois. 

Le  Promérops  de  la.  Nouvelle-Guinée.  F.  Promérops 

ERUN  A  VENTRE  RAYÉ. 

Le  Promérops  OLIVATRE.  F.  Polochion  olivâtre. 

*  Le  Promérops  orangé  ,  Upupa  aurantia  ,  Laih.  Il  ha- 
bite les  Barbâdes  ,  selon  Brisson  ,  et  les  Barbiches  ,  selon 
Montbeillard  ;  il  est  de  la  grosseur  da prornerops  à  ai/es  f/leues , 
et  a  environ  neuf  pouces  et  demi  de  longueur;  le  bec  est  de 
couleur  d'or  ,  très-pointu  ,  el  entouré  à  sa  base  de  petites 
plumes  rouges  ;  la  teinte  orangée  est  la  couleur  dominante 
de  son  plumage  ;  elle  prend  une  nuance  dorée  sur  la  têle  ,  la 
gorge  et  le  cou  ;  une  rougeâtre  sur  les  pennes  primaires  des 
ailés  et  sur  celles  de  la  queue  ,  et  une  jaune  sur  tout  le  reste  ; 
les  pennes  caudales  sont  égales  entre  elles. 

Le  coh/'iitofoli  de  Fernandez,  que  Brisson  a  décrit  sous  le 
nom  de  promérops  jaune  ^.  est  regardé  par  Montbeillard  com- 
me la  femelle  du  précédent.  Il  a  la  têle,  le  cou,  la  gorge 
«^t  les  ailes  ,  variés  de  cendré  et  de  noir  ,  sans  aucune  régu- 
larité ;  tout  le  reste  du  plimiage  jaune  ;  le  bec  noir  et  les  pieds 
cendrés.  On  le  trouve  dans  les  contrées  les  plus  chaudes  du 
Mexique.  Le  promérops  dont  il  est  fait  mention  dans  leVoyage 
delà  Peyrouse  autour  du  Monde,  aune  désignation  si  incom- 
plète ,  qu'on  ne  peut  rien  déterminer.  Cet  oiseau  a  été  vu 
dans  la  Californie.  L'on  soupçonne  que  le  promérops  orangé 
♦'St  un  tfoupia/e.  Séba  en  fait  un  oiseau  dg paradis. 

Le  Promérops  a  paremens  frisés  ,  Fakinellus  superhus  , 
Vieill.  ;    Upupa  sitperba  ,  Latii.  ;  pi.  M  3^  ,  fig.  3  de  ce  Die- 


M.    02.. 


De.rri>r    ,M 


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3.P/'O/iU7'0jl>j'   />/'(>//!  c/î/  . 


P  R  O  ,67 

îionnaire.  Ce  superbe  oiseau  ,  dont  nous  devons  la  connois- 
sance  à  Sonnerai  ,  qui  l'a  rapporté  de  la  Nouvelle-Guinée  , 
est  très-#emarquaLle  par  deux  bouquets  de  plumes  ornées 
des  couleurs  les  plus  brillantes,  qui  naissent  des  épaules,  et 
qui  sont  composés  des  scapulaires  et  des  couvertures  de  l'aile; 
un  noir  velouté  couvre  en  entier  les  huit  plumes  supérieures 
du  premier  bouquet,  les  autres  sont  frangées, vers  leur  extrémi- 
té ,  d'un  vert  éclatant,  à  reficts  violets;  ces  plumes  ont  des 
barbes  très-courtes  d'un  côté,  très-longues  de  l'autre,  et  se 
terminent  en  demi-cercle  ;  les  plumes  du  second  bouquet  ont 
plus  de  longueur, et  joignent  à  la  richesse  des  inêmes  couleurs 
l'éclat  du  plus  beau  vert  doré;  elles  sont, de  plus, remarquables 
par  une  raie  d'un  bleu  changeant  en  violet  ,  qui  borde  les 
liges  dans  toute  leur  longueur.  Parmi  ces  plumes,  les  unes 
diminuent  graduellement  de  largeur  jusqu'à  leur  extrémité  ; 
les  autres,  égales  partout,  ont  leur  bout  arrondi  d'un  côté  et 
terminé  en  pointe  de  l'autre  ;  la  plupart  ont  des  barbes  ef- 
filées et  flottantes  :  on  voit  en  outre  ,  vers  le  bas  du  dos,  une 
touffe  de  plumes  longues  ,  décomposées  et  d'un  beau  noir, 
qui  s'étendent  à  une  certaine  distance  sur  les  pennes  de  la 
queue  ;  les  plumes  du  dessus  ,  des  côtés  de  la  tête  et  de  la 
gorge, sonldisposéesen  écailles,  et  de  couleur  d'acier  trempé , 
changeante  en  violet;  le  haut  de  la  gorge  est  noir;  la  poitrine 
et  le  ventre  sont  d'un  vert  mélangé  de  violet  ;  le  dos  est  pa- 
reil à  la  tête  ;  les  ailes  et  la  queue  sont  d'un  beau  noir  chan- 
geant en  violet  ou  enbleu;les  pennes  caudales  sont  en-dessous 
d'un  marron  foncé;  les  six  intermédiaires  ont  deux  pieds  trois 
à  quatre  pouces  de  longueur  ,  et  la  plus  courte  des  latérales 
n'a  que  deux  pouces  et  demi;  ce  qui  rend  la  queue  très- 
étagée  ;  le  bec  et  les  pieds  sont  noirs.  Longueur  totale  ,  trois 
pieds  et  demi  (  quatre  pieds,  selon  Sonnerai). 

Le  PromÉROPS  PROMÉFIL,  Faldnellas  mus;ivficm,  Yieill.  ; 
pi.  G.  3g,  fig  3  de  ce  Dictionnaire.  La  Nouvelle  -  Guinée 
est  la  patrie  de  ce  promèrops.  Le  bec  est  noir  vers  le  bout  ,  et 
les  plumes  du  c«yo/.v//7//?i  s'avancent  un  peu  sur  les  narines; 
celles  de  la  gorge  et  du  devant  du  cou  se  présentent  en  forme 
d'écailles,et  donnent  lieu  à  une  sorte  de  plastron  d'un  bleu 
éclatant  à  reflets  argentés  ;  ce  plasiron  descend  jusque  sur  le 
haut  de  la  poitrine, où  il  estterminé  parun  coUierverlbronzé  ; 
le  dessus  de  la  tête  et  du  cou  jette  des  reflets  pourpres  sur 
un  fond  noir  velouté,  qui  s'étend  sur  les  côtes  du  cou  ,  le  dos 
et  les  ailes  ;  un  croissant  pourpré  se  fait  remarquer  sur  les 
couvertures  supérieures  :  les  pennes  de  l'ailé  sont  larges  et 
comme  coupées  carrément  ;  celles  de  la  queue  sont  égales 
entre  elles  ,  et  d'un  vert  moelleux  et  pourpré  ,  ravoir  :  les 
intermédiaires  sur  toute  leur  longueur,  et  les   autres  seule- 


i6B  P  R  O 

ïiienl  en  dehors,  à  l'exception  de  la  plus  exte'ricurede  chaque 
côté  qui  est  d'un  noir  velouté  ;  le  ventre  est  d'un  beau  violet 
à  reflets  ,  ainsi  que  les  plumes  des  côtés  qui  sont  allongées 
«ta  barbes  décomposées;  une  partie  de  ces  plumes,  que  l'oi- 
seau peut  étaler  à  volonté  ,  a  presque  sept  pouces  et  demi 
de  longueur  ;  les  pieds  sont  noirs.  Longueur  totale,  douze 
pouces  deux  lignes. 

Le  Proméroi'S  PROMÉrar  ,  Falcînellus  caudaculus  ,  Vieill.  ; 
pi.  8  des  Oiseaux  de  paradis ,  prométops^  elc.,  de  Levaillant.  Ce 
promérops  ,  que  l'on  trouve  en  Afrique  ,  a  la  tête  ,  le  cou, 
la  poitrine  ,  \%  manteau ,  les  couvertures  supérieures  des 
ailes  et  le  croupion  d'un  noir  lustré  de  vert  sombre  ;  les  pre- 
mières pennes  alaires  noires  ;  les  suivantes  variées  de  blanc 
tt  de  fauve  dans  leur  milieu  et  à  leur  bout  ;  la  poitrine  et  les 
parties  postérieures,  d'un  noir  brunissant  ;  les  pennes  cau- 
dales d'un  noir  verdoyant  et  très-pointues;  le  bec  noir  à  sa 
base  et  brun  vers  son  bout ,  avec  un  trait  blanc  sur  son  arête  , 
depuis  les  narines  jusqu'au  tiers  de  sa  longueur;  les  pieds 
bruns  :  tel  est  le  mâle.  La  femelle  (pi.  7  du  même  ouvrage, 
sous  le  nom  de  promérops  mullifil ,  et  non  pas  l'individu  de  la 
planche  9,  quoiqu'il  porte  le  nom  de  cette  femelle)  en  diffère 
en  ce  qu'elle  est  d'un  noir  brunissant  en  dessus;  d'un  roussâtre 
uniforme  sur  la  gorge  et  le  devant  du  cou  ;  fauve  et  finement 
rayée  de  brun  noisâtre  sur  la  poitrine  et  sur  les  parties  pos' 
léiieures  ;  brune  sur  les  grandes  pennes  des  ailes;  d'un  noir- 
brcm  sur  la  queue  ,  le  bec  et  les  pieds. 

*  Le  Promérops  promérupe  ,  Upupa  paradisea  ,  Latb. 
Séba  ,  d'après  lequel  on  a  dépch  cet  oiseau  ,  nous  dit  qu'il  se 
trouve  dans  les  Indes  orientales  ,  et  qu'il  y  est  très-rare  ;  sa 
huppe  est  noire,  ainsi  que  le  cou  et  la  gorge;  les  ailes  et  la 
queue  sont  d'un  rouge-bai  clair  ;  le  bec  et  les  pieds  de  couleur 
de  plomb;  le  ventre  est  d  un  cendré  clair;  grosseur  à  peu 
près  de  Vctuuvaeau  ;  longueur  totale  ,  dix-neuf  pouces  ;  queue 
composée  de  pennes  fort  inégales.  Selon  M.  Levaillant ,  cet 
oiseau  est  un  gohe-mouche  de  Ceylun ,  dont  Séba  fait  un  oi- 
seau de  paradis  ,  d'après  la  longueur  de  sa  queue. 

Le  Promérops  sénégalais,  Vieill.  Cet  oiseau  du  Sénégal 
a  ,  dans  ses  couleurs,  de  Irès-grands  rapports  avec  [t  promé~ 
rops  namu(juuis  ;  mais  il  en  diffère  par  une  taille  beaucoup 
plus  grande.  Il  a  seize  pouces  de  longueur  totale  ;  le  plumage 
noir  à  reflets  bleus  sur  la  tête  et  le  devant  du  cou  ;  l'aile  bâ- 
tarde blanche  ;  une  tache  de  la  même  couleur  à  l'intérieur 
des  deux  premières  pennes  alaires  ;  deux  ,  dont  l'une  à  l'ex- 
térieur, et  l'autre  au  milieu  des  autres  pennes  primaires  ,  de 
même  que  sur  les  trois  premières  pennes  latérales  de  la 
quelle  ;  le  bec  et  les  pieds  noirs.  Ce  promérops  est  dansU 


P  R  o  ,ecj 

collection  de  M.  le  comle  de  Riocourt.  Un  autre,  venu  de  la 
même  conlrée  ,  et  qui  est  dans  la  même  collection  ,  diffère 
du  précédent  en  ce  qu'il  est  plus  petit  de  quatre  pouces,  et 
qu'il  a  les  pieds  rouges. 

Le  ProméROPS  siffleur  ,  Faldnellus  sihilaior ,  Vielll.  ; 
pi.  lo  de^  Oiseaux  de  paradis ,  etc.  ,  de  Levaillant.  Il  a  le 
front,  les  joues,  la  gorge  ,  le  devant  du  cou,  la  poitrine  et 
les  parties  postérieures  d'un  beau  blanc;  les  flancs  moucbetés 
de  brun  fauve  ;  un  collier  blanc  sur  le  dessus  du  cou  ;  l'oc- 
ciput, toutes  les  parties  supérieures  et  les  deux  pennes  in- 
lerniédialres  de  la  queue  ,  d'un  brun  clair  nuancé  d'olivâtre  ; 
les  pennes  latérales  blanches  et  rayées  transversalement  de 
brun-noir  ;  le  bec  brunâtre  et  les  pieds  jaunes.  On  le  trouve 
en  Afrique,  (v.) 

PUOMONTOIRE  Ce  mot  est  communément  regarde 
comme  synonyme  de  cap  ,  qui  signifie  une  langue  de  terre 
avancée  dans  la  mer  ;  mais  le  nom  de  cap  se  donne  quelque- 
fois à  des  pointes  de  terre  qui  ne  sont  pas  fort  élevées  ,  au  lieu 
que  le  mot  de  promontoire  désigne  spécialement  une  langue 
de  terre,  qui  se  termine  par  une  montagne  considérable. 
Presque  tous  les  caps  de  la  mer  des  Indes  sont  des  promon- 
toires ,  attendu  que  l'effort  continuel  que  fait  conire  le  conti- 
nent des  Indes  le  courant  général  de  la  mer,  a  détruit  les  col- 
lines des  côtes, el  n'a  laissé  sur  pied  que  les  montagnes. (PAT.) 

PROMERUPE.  V.  Promeuops  promérupe.  (v.) 

PRONEE  ,  Pronœus.  Fabrlcius  ayant  donné  à  un  genre 
d'insecles  hyménoptères  ,  de  la  tribu  des  sphégimes,  le  nom 
de  diyinus  ,  que  j'avois  déjà  employé  ,  pour  désigner  un 
autre  genre  ,  j'ai  changé  celte  dénomination  en  celle  do 
prônée.  Les  dryines  de  Fabrlcius  sont  des  hyménoptères 
exotiques,  très-voisins  des  chlorions  ,  mais  dont  les  mâchoires 
et  la  languette  sont  proportionnellement  plus  longs.  Voyez 
Fabrlcius  ,  Systema  piezatorum.  Le  pepsis  macoillaris  de  M.  Pa- 
Usot  de  Bcauvols  (  Insectes  recueill.  en  Afriq.  et  en  Amèriq. , 
2  Fasc.  ,  pi.  I,  fig.  i),  paroît  appartenir  au  genre  prônée,  (l.) 

PRONK-BOSCH  ou  CHEVRE  DE  PARADE.  Les 
Hollandais  du  Cap  de  Bonne-Espérance  ,  donnent  ce  nom 
à  l'AiNTiLOPE  SPRING-BOCH ,  OU  A  BOURSE  ,  à  cause  de  son 
allure,  (desm.) 

PRONO-DJIVO,  Espèce  d'ANCELiN  de  Java  ,  dont  les 
fruits  sont  spécifiques  contre  les  morsures  des  serpens.  (b.) 

PRONOË  {^imecte\  V.  Satyre,  (l.) 

PROPAGULE.  On  a  donné  ce  nom  ,  dans  ces  derniers 
temps  ,  aux  BouRGEO^s  se]vii>'iformes  des  plantes  agames 
qui  scâcveloppent  à  la  surface  ,  et  qui  ne  paroisscnl  être  que 
des  fragmcns  de  leur  tissu.  V.  Fruit,  (b.) 


170  P  R   O 

PROPION  et  PROSOPIS.  Noms  de  la  Bardane,  chez 

les  Grecs,    (lis.) 

PROPOLIS,  r.  Abeiile.  (l.) 

PROQUIER,  Prokr'a.  Genre  de  plantes  de  la  polyan- 
drie monogynic,  et  de  la  famille  des  rosacées,  .dont  les 
caraclc!C3  coiiSislcnt  :  en  nn  r-ilice  de  trois  folioles'  souvent 
accompagnées  de  deux  plus  petites  à  leur  bnse  ;  point  de 
corolle;  un  grand  nombre  d'clamines  insérées  au  récepta- 
cle ;  un  ovaire  supérieur  ovale,  surmonté  d'un  stigmate 
sessile,  tantôt  aigu  ,  tantôt  pelté  ;  une  baie  à  cinq  angles  et 
polysperme. 

Ce  genre  renferme  des  arbustes  à  feuilles  alternes  ,  et  à 
fleurs  disposées  en  petits  bouquets  terminaux  ou  axillaires. 
On  en  compte  quatre  espèces,  dont  la  plus  anciennement 
connue  est  :  le  Proquier  de  Sainte-Croix,  qui  a  les  feuilles 
ovales,  en  cœnr  et  dentées,  et  les  fleurs  presque  en  grappes 
terminales.    Il  vient  des  îles  Antilles. 

A  quoi  il  faut  ajouter  le  Proquier  théiforme  ,  qui  a  les 
feuilles  lancéolées,  elliptiques  ,  dentelées  ,  un  peu  obtuses; 
les  pédoncules  axillaires,  souvent  solitaires  et  unidores.  II 
vient  de  1  île  de  la  Réunion  ,  et  a  fait  partie  d'un  genre 
LiGHTFOOTE ,  établi  par  Swarlz,  et  adopté  par  Yahl ,  sur 
la  considération  unique  des  folioles  surnuméraires  du  calice 
et  du  siigmale  pelté,  (b.)  « 

PROQUIN.   Nom  chilien  d'un  Acène  fort  voisin    des 

LiTRÉES.   (B.) 

PROROROCA  ou  POROROCA.   V.  Mer.  (pat.) 
PROSCAR /\BÉ  ,    Prosrarahœus.    V.  MelOÉ.  (o.) 
PROSCOLLE.    Sorte  de  glande  sortant   du  sommet  du 
stigmate,  dans  les  fleurs  de  la  famille  des  orchidées.  C'est 
Richard  qui  l'a  reconnue  et  dénommée,  (b.) 

PROSERPINACA.  Apulée  désigne,  sous  ce  nom  ,  l'un 
à&&  anciens  pofygonum.  Voyez  ce  mot.  Linnseus  le  donne 
à  un  genre  de  plantes  aquatiques,  qui  naît  en  Amérique,  et 
qn'Adanson  appelle  trixis.  11  est  décrit,  dans  ce  Diction- 
naire, à  Tariicle  Trixide.  (ln.) 

PROSERPIjNE   (insecte).   V.    SaTYRE.  (l.) 
PROSIMiA.   Brisson  et   Storr   ont  donné   ce  nom  aux 
Makis  ,   à    cause  de  leur    ressemblance    avec    les  singes. 

(desm.) 
PROSIMII.  Illiger  forme  ,  sous  ce  nom,  une  famille 
qui  ne  comprend  que  les  genres  Indri,  Maki,  proprement 
<Ut,  et  Loris,  de  notre  méthode  ,  et  qui  diffère  partica- 
lièremcnt  de  la  suivante  ,  celle  des  marwiarsi  ^  parce  que  les 
pieds  postérieurs  des  animaux  qu'elle  comprend  sont  pro- 
portionnés aux  antérieurs,  Réunie  avec  celle  des  macrotam  , 


P  R  O  ,71 

cette  famille  correspond  à  celle  que  nous  désignons  par  le 
nom  de  Lémurieks.  (desm.) 
PROSKURAT.  Nom  de  la  Mauve  sauvage, en  Russie. 

(LN.) 

PROSO  et  PROSSA.  Noms  russe  et  polonais  du  Panïs. 

(m.) 

PROSOPE,  Prosopis.  Fabricius  et  M.  Jurine  désignent 
ainsi  un  genre  d'insecles  hyménoptères  ,  que  je  nomme 
Hylée.    V.  ce  mot.   (s.) 

PROSOPîS  ,  Prosopis.  Arbre  épineux  des  Indes  orien- 
tales, à  feuilles  ailées  sans  impaire»  à  folioles  opposées» 
oblongues  ,  obtuses,  et  à  fleurs  petites,  disposées  en  épis 
axillaires  et  terminaux,  qui  forme  un  genre  dans  la  décan- 
drie  monogynie  et  dans  la  famille  des  légumineuses. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  hémisphéri- 
que ,  à  quatre  ou  cinq  dents  ;  une  corolle  de  cinq  pétales 
sessiles  et  égaux;  dix  élamines  presque  égales  ;  un  ovaire 
supérieur  oblong ,  à  style  unique  et  à  stigmate  simple  ;  un 
légume  allongé  ,  grêle  ,  aigu  et  polysperme.  (b.) 

PROST ANTHÈRE,  Prostanlhera.  Arbuste  à  feuilles 
opposées  ,  légèrement  pétiolées  ,  ovales  oblongues  ,  large- 
ment dentées,  à  fleurs  disposées  en  panicules  terminales, 
qui  croît  dans  la  Nouvelle  Hollande  ,  et  qui,  selon  Labillar- 
dière,  forme  un  genre  dans  la  didynamie  gymnospermie, 
et  dans  la  famille  des  labiées. 

Ce  genre  offre  pour  caraclères  :  un  calice  à  deux  lèvres, 
qui  se  ferment  après  la  floraison  ;  une  corolle  monopétale  , 
à  quatre  divisions  inégales,  la  supérieure  plus  grande,  et 
l'inférieure  cordiforme  ;  quatre  étamines,  dont  deux  plus 
courtes  ,  toutes  ayant  un  appendice  à  leur  anthère  ;  un  ovaire 
supérieur,  surmonté  d'un  style  bifide  ;  quatre  baies  monoa- 
spermes.  V.  pi.  157  de  l'ouvrage  sur  les  Plantes  de  la  Nou- 
velle-Hollande, de  l'auteur  précité,  où  ces  caractères  sont 
figurés,  (b.) 

PROSTO?»IIS,  Prostomis.  Je  désigne  ainsi  un  genre 
d'insecles  coléoplères  tétramères  ,  de  la  famille  des  xylo- 
phages  ,  tribu  des  trogositaires  ,  et  qui  a  pour  type  le 
irogosite  mandibulaire  de  Fabricius.  Cet  insecte  a  la  languette 
étroite  et  fort  allongée  ;  elle  s'avance  ,  ainsi  que  les  mâchoi- 
res, sous  les  mandibules  ;  ces  mâchoires  sont  bilebées  ;  les 
côlés  inférieurs  de  la  tête  ont  chacun  un  prolongement 
avancé  ,  en  forme  de  pointe  ou  de  corne  -,  les  mandibules 
sont  finement  dentelées  au  côté  interne  et  très-grandes  ;  les 
antennes  sont  terminées  par  une  massue  de  trois  articles 
arrondis  \   le    corps  est   étroit  ,    allongé,    avec  le   corselet 


Ï73  P  R  O 

carré.  M,  Slurm  a  donné  ,  dans  le  second  volume  de  s* 
Faune  d'Allemagne,  pi.  ^g,  une  excellente  figure  de  celle- 
espèce  ,  avec  des  détails  qui  font  bien  connoître  ses  carac- 
tères génériques.  Cet  insecte  se  trouve  au  nord  de  l'AUe- 
niagne.  J'ai  vu,  dans  la  collection  de  M.  Labillardière  ,  une 
autre  espèce  ,  qu'il  a  apportée  de  son  voyage  aux  Terres 
Australes,  (r.,) 

PROSTyPE.  Partie  du  Cordon  ombilical  ,  où  FuNir- 
CULE  DES  GRAINES,  qui  pénètre  sous  leurs  tégumens.  Voyt^z 
ces  mots  et  le  mot  Fruit,  (b.) 

PROSWIRKI.  Nom  de  la  TdAuvE  a  feuilles  rondes  , 
en  Russie,  (ln.) 

PROTEE,  Proiea.  Genre  de  plantes  de  la  té.trandrie  mo- 
Tîogynie  ,  et  de  la  famille  des  proléoïdes,  dont  les  caractères 
consistent  :  en  une  corolle  de  quatre  pétales,  ou  divisée  en 
quatre  parties  conniventes  au  somuiet,  sillonnées  intérieure- 
ment, et  la  supérieure  quelquefois  fendue  profondément; 
quatre  étamines  insérées  vers  le  sommet  des  divisions ,  à 
fîlamens  courts,  à  anthères  oblongues,  plongées  dans  le  sillon 
des  découpures  calicinalcs  ;  un  ovaire  supérieur ,  oblong  , 
surmonté  d'un  style  plus  long  que  la  corolle  ,  à  stigmate  sim- 
ple et  en  massue  ,  quelquefois  bifide  et  souvent  articulé  ;  une 
noix  recouverte  par  la  corolle  ,  que  quelques  auteurs  regar- 
dent comme  un  calice  uniloculaire  et  monosperme. 

Ce  genre  renferme  une  centaine  d'arbres  ou  d'arbrisseaux 
à  feuilles  alternes  ,  à  (leurs  quel<|uefois  distinctes,  disposées 
en  épis  et  monoïques,  le  plus  ordinairement  hermaphrodites 
et  agrégées  sur  un  réceptacle  commun  ,  tantôt  nu  ,  tantôt 
hérissé  de  poils  ou  de  paillettes  ,  entouré  d'écaillés  ,  ou  im- 
briquées en  cône  ,  ou  disposées  en  forme  d'involucre.  11 
est  remarquable  par  la  beauté  ou  la  singularité  de  plusieurs 
des  espèces  qui  le  composent ,  presque  toutes  exclusivement 
propres  au  Gap  de  Bonne  -  Espérance  ,  et  dont  on  cultive 
quelques-unes  dans  les  jardins  de  Paris. 

C'est  à  liermanu,  àLinnœus  et  à  Thunberg,  que  l'on  doit 
la  connoissance  de  la  plus  grande  partie  âes  protées.  Ce  der- 
nier, dans  une  Monognipiiie  qu'il  a  publiée  en  1781  ,  en  a 
mentionné  soixante  espèces;  Cavanilles  et  autres  botanistes 
en  ont  fait  connoître  une  quarantaine  d'autres  venant  prin- 
cipalemen^t  de  la  Nouvelle-Hollande ,  et  qui  ne  sont  pas 
moins  belles  que  celles  du  Cap  Smilh  ,  Labillardière  et 
Brovvn  onl  restreint  lé  nombre  de  ces  espèces,  en  établis- 
sant, le  premier  ,  le  genre  Lambeiitie  ;  le  second,  le  genre 
Adenanthos  ;  et  le  troisième  ,  les  genres  Isopogon  ,  Agas- 
TACH\s  ,  Anademis  et  Bellendène.  Voyez  de  plus  les  mota 
Al'LAX. ,     LeUCADENDRJc;  j.  PeïROI'UYLLE  ,  MiMÈTE  ,  Lei'co- 


P  R  O  ,73 

SPERME,  Serrure,  NiVENiE,  Sorocéphale,  Spatalle  et 
CoisosPERME,  nouveaux  genres  introduits  depuis  peu  par  les 
mêmes  botanistes. 

Les  protées  se  divisent  en  sept  sections  ,  d'après  leurs 
feuilles. 

i.°   Ceux  qui  ont  les  feuilles  pinnées  ,  tels  que  : 

Le  Protée  FLORIDE,  C'est  une  très  -belle  espèce,  qui  se 
remarque  principalement  par  de  grandes  bractées  ovales  , 
et  des  feuilles  filiformes  et  trifides. 

2.°  Ceux  qui  ont  les  feuilles  dentées  et  calleuses ,  parmi 
lesquels  il  faut  noter  : 

Le  Protée  conocarpe  ,  qui  a  les  feuilles  à  cinq  dents  , 
glabres  ,  la  tige  droite,  et  les  fleurs  terminales. 

3."  Ceux  qui  ont  les  feuilles  filiformes  etsubulées,  dont  est: 

Le  Protée  a  feuilles  de  pin. 

4..°  Ceux  qui  ont  les  feuilles  linéaires  ,  tels  que  : 

Le  Protée  BLAMC,qui  a  les  feuilles  linéaires  et  d'un  blanc 
satiné. 

Le  Protée  MELLiFÈRE,qui  fournit  aux  cultivateurs  du  Cap 
un  miel  qui  se  trouve  au  fond  de  ses  fleurs, et  qu'ils  ramassent 
pour  s'en  servir,  soit  comme  remède,  soit  pour  conserver 
les  fruits. 

5."  Ceux  qui  ont  les  feuilles  elliptiques  et  lancéolées  ,  oh 
se  trouvent  : 

Le  Protée  conifère,  qui  a  les  feuilles  lancéolées  ,  atté- 
nuées à  leur  base  ,  glabres  ,  aiguè's  et  calleuses  ;  les  fleurs 
disposées  en  tête  terminale  ,  accompagnées  de  longs  involu- 
cres.  On  le  cultive  dans  quelques  jardins  de  Paris. 

Le  Protée  pâle,  qui  a  les  feuilles  lancéolées  ,  calleuses  ; 
les  fleurs  disposées  en  tête  ,  accompagnées  d'un  involucre 
long  et  pâle.  On  le  cultive  fréquemment  dans  les  jardins. 

Le  Protée  argenté  ,  qui  a  les  feuilles  lancéolées  ,  cou- 
vertes de  poils  blancs  satinés  ;  qui  a  la  tige  arborescente  , 
et  les  fleurs  disposées  en  tête  globuleuse.  Il  est  figuré  dans 
Commelln  ,  Hortus,  volume  2  ,  table  26.  Il  s'élève  jusqu'à 
soixante  pieds.  C'est  une  des  plus  belles  plantes  que  l'on 
connolsse.  On  le  cultive  dans  plusieurs  jardins  ,  sous  le  nom 
à''nrbre  d'argent.  On  peut  en  voir  de  sUj^ierbes  pieds  dans  le 
Jardin  de  Cels, 

6."  Ceux  qui  ont  les  feuilles  ovales  ou  oblongues  ,  comme  : 

Le  Protée  satss  tiges  ,  qui  a  les  feuilles  oblongues  ,  les 
têtes  de  fleurs  globuleuses  et  glabres  ,  et  la  tige  courte  et 
couchée. 

7".  Ceux  qui  ont  les  feuilles  rondes  ou  en  cœur,  où  se  voit:, 
Le  Protée  à  feuilles  en  cœur  ,  dont  les  fleurs  sont  dis- 
posées en  cône  radical,  et  les  feuilles  en  cœur. 


174.  P  R  O 

Plusieurs  proUes  se  mulliplient  de  marcottes,  mais  la  plu- 
part ne  viennent  que  de  graines  Aussi  sont-ils  rares  dans  les 
jardins  des  amateurs.  Ils  demandent  la  terre  de  bruyère  , 
peu  de  soleil ,  et  la  serre  pendant  l'hiver,  (b.) 

PROTEE  ,  Proleus.  Genre  de  vers  polypes  amorphes  ou 
d'animalcules  infusoires  ,  qui  rassemble  des  animaux  très- 
simples  ,  transparens  et  de  forme  changeante.  F.  sa  figure  , 
pi.  G.  aS. 

Roesel  a ,  le  premier  ,  fait  connoître  une  des  espèces  de  ce 
singulier  genre.  On  ne  peut  mieux  la  comparer  qu'à  une 
goutte  d'huile  jetée  sur  de  l'eau  ,  c'est-à-dire  ,  que  jamais 
elle  ne  conserve  deux  minutes  de  suite  la  même  forme  ,  et 
qielques-unes  de  ses  formes  sont  si  opposées  les  unes  aus 
autres  ,  qu'on  ne  peut  croire  qu'elles  appartiennent  à  la 
même  espèce. 

Les  physiciens  amateurs  de  longues  dissertations  se  sont 
exercés  sur  le  chapitre  des  protées,  qui,  en  effet,  prêtent  aux 
divagations  d'une  brillante  imagination  ;  mais  tout  ce  qu'ils 
ont  écrit,  se  réduit  cependant  ,  en  dernière  analyse,  au  fait 
qu'on  vient  de  citer.  F.  à  l'article  Animalcules  infusoires. 

Les  protées  sont  au  nombre  de  deux  espèces,  figurées  pi.  i, 
figures  I  et  2  de  la  partie  des  Fers  de  Y  Encyclopédie.  On  les 
trouve  dans  l'eau  des  marais  et  dans  celle  de  la  mer,  où  ils 
sont  assez  rares,  (b.) 

PROTÉE  ,  Proleus.  Animal  cylindrique,  très-long,  ayant 
quatre  pattes  ,  pourvues  de  trois  doigts  aux  antérieures  ,  et 
de  deux  aux  postérieures  ;  deux  tubercules  en  place  des 
yeux ,  qui  sont  à  peine  visibles  ;  une  queue  en  nageoire. 

Cet  animal,  qui  ressemble  un  peu  à  une  Salamandre,  a  été 
trouvé  trois  ou  quatre  fois  en  Allemagne,  dans  des  eaux  sor- 
tant de  grottes  profondes.  Il  a  été  d'abord  mentionné  par 
Laurenti ,  qui  le  place  avec  des  larves  de  Salamandres , 
dans  un  genre  nouveau  ,  auquel  il  a  donné  pour  caractères  : 
de  respirer  par  des  branchies  ,  d'avoir  quatre  pattes  ,  des 
mâchoires  dépourvues  de  dents  ,  et  la  queue  comprimée 
latéralement. 

Scopoli,  depuis,  donna  une  description  plus  étendue  de 
ce  prutée  ;  mais  elle  ne  satisfît  pas  encore  les  naturalistes. 

Il  étoit  réservé  à  Schrclbersde  fixer  les  idéessur  ce  singulier 
animal.  Dans  un  mémoire  publié  dans  les  Transactions  plii- 
losophiques  de  Londres  ,  il  prouve  ,  par  les  détails  anato- 
miqucs  ,  décrits  et  figurés  avec  une  exactitude  scrupuleuse, 
qu'il  possède  en  même  temps  des  branchies  et  des  poumons  , 
qu'il  est  par  conséquent  aussi  voisin  des  salamandres  que  des 
poissons. 


P  R  O  ,75 

La  longueur  de  ce  reptile  est  d'un  pied.  Sa  tête  est  cy- 
lindrique ,  un  peu  déprimée  ,  amincie  et  oljtuse  en  devant. 
La  mâchoire  inférieure  est  plane  et  plus  courte.  On  voit  deux 
tubercules  à  la  place  des  yeux.  Les  branchies  sont  bifides, 
placées  des  deux  côtés  de  l'occiput ,  et  chaque  lobe  a  cinq 
ou  six  divisions  plumeuses  d'un  rouge  de  corail  ,  qui  devient 
plus  vif  lorsque  l'animal  est  en  mouvement  ou  est  irrité.  Le 
corps  est  cylindrique  ,  épais  d'un  pouce,  blanc,  lisse,  sans 
écailles;  la  queue  est  comprimée,  munie  d'une  nageoire 
adipeuse,  horizontale  et  obtuse  à  sa  pointe.  11  a  quatre  pattes, 
les  antérieures  plus  courtes,  à  trois  doigls,  placées  sous  les 
branchies  ,  les  postérieures  à  deux  doigls  ,  placées  en  avant 
de  l'anus  ,  toutes  sans  ongles.  Les  organes  de  sa  respiration 
sont  très-compliqués  ;  son  foie  offre  huit  lobes.  On  n'a  pas  pu 
déterminer  d'une  manière  précise  les  parties  de  la  généra- 
tion ;  mais  on  sait  que  dans  les  poissons  et  les  salamandres 
elles  sont  oblitérées,  excepté  dans  la  saison  de   l'amour. 

Les  yeux  du  protée  sont  très -petits  et  cachés  sous  une 
membrane  épaisse.  Scopoll  dit  que  celte  membrane  n'est  pas 
perforée.  Schrelbers  assure  qu'il  y  a  une  très -petite  fcnte. 
Quoi  qu'il  en  soit,  cet  animal  n'en  a  pas  un  grand  besoin  , 
puisqu'il  paroît  destiné  à  vivre  habltuellemenl  dans  les  lacs 
et  dans  les  rivières  souterraines  où  la  lumière  du  jour  ne 
paroît  jamais  ,  et  qu'il  n'en  sort  que  lorsqu'il  est  poussé  mai- 
gré  lui  par  les  grandes  eaux  du  printemps  ou  de  l'automne; 
On  a  trouvé  dans  son  estomac  un  petit  coquillage ,  ce  qui 
indique  le  genre  de  sa  nourriture. 

On  doit  à  Cuvier  une  excellente  dissertation  sur  l'analo- 
mle  de  cet  animal ,  insérée  parmi  les  Mémoires  de  Zoologie  de 
M.  Humboldt  ,  faisant  suite  à  ses  voyages  dans  l'Amériijue 
méridionale.  Cette  dissertation  confirme  principalement  par 
l'ostéologie  ,  que  c'est  un  animal  complet , 'et  non  une  larve 
de  salamandre,  comme  quelques  naturalistes  l'avoient  déjà 
pensé. 

M.  J.  Géen  a  mentionné  une  seconde  espèce  de  ce  genre 
dans  le  second  vol.  du  Journal  de  l'Académie  des  sciences 
naturelles  de  Philadelphie.  Il  l'appelle  Protée  du  nouveau 
Jersey.  Ses  caractères  sont -.corps  blanchâtre;  queue  mé- 
diocre et  comprimée  en  forme  de  nageoire. 

Lacépède  a  aussi  décrit  et  figuré, dans  le  57.*  cahier  Azs  An- 
nales du  Muséum, un  animal  d'environ  six  pouces  de  long,ctde 
huit  lignes  de  diamètre  ,  qui  ,  s'il  n'est  pas  une  larve  de 
Salamandre  ,  appartient  à  ce  genre.  Ce  qui  le  caractérise 
le  plus  ,  c'est  quatre  doigts  à  chaque  patte  ,  et  la  queue 
large  ,  comprimée  latéralement. 

On  ignore  d'où  vient  cet  animal ,  dont  le  Muséum  pos- 


fjù  P  R  O 

sède  un  exemplaire  dans  resprit-de-vin. C'est  à  ce  genre  que 
Cuvler  rapporte  ce  célèbre  fossile  trouvé  dans  les  carrières 
d'OEningen  ,  que  Scheuzcher  a  décrit  comme  celui  d'un 
homme  antérieur  au  déluge.  Les  raisonnemens  et  les  falls 
sur  lesquels  il  appuie  ce  rapprochement ,  sont  démonstra- 
lifs.  Ce  protée  devoit  avoir  plus  d'un  mètre  de  long,   (b.) 

PROTEINE  ,  Frotcinus.  Je  désigne  ainsi  un  genre  d'in- 
sectes coléoptères  ,  de  La  famille  des  brachélytres  ,  très- 
voisin  du  genre  omalium  de  M.  Gravenhgrst  ,  mais  qui  en 
diffère  par  ses  antennes  presque  entièrement  grenues,  et  dont 
les  derniers  articles  sont  notablement  plus  gros  que  les  pré- 
cédens  ,  ainsi  que  par  les  palpes  maxillaires  ,  dont  le  pénul- 
tième article  est  épais  ,  et  le  dernier  grêle  et  aciculairc. 
Ces  insectes  ont  le  port  des  omalies,  de  la  seconde  famille  de 
cet  auteur.  Leur  tête  est  petite  et  triangulaire  ;  leur  corselet 
est  court  et  transversal ,  et  les  élytres  couvrent  la  plus  grande 
partie  de  l'abdomen.  L'espèce  qu'il  nomme  macroptère  pa- 
roît  bien  se  rapprocher  de  l'insecte  d'après  lequel  j'ai  établi 
le  genre  protéine  ,  et  que  j'ai  nommé  Brach\ptère  ,  Bra- 
fhyptërus.  Il  est  à  peine  long  d'une  ligne  ,  noir,  luisant,  très- 
linement  pointillé  ,  aplati ,  avec  les  mandibules  ,  la  base  des 
antennes  et  les  pieds  d'un  roussâtre  brun.  On  le  trouve  à 
terre  parmi  les  plantes.  Il  est  voisin  du  Slaphylin  floral  de 
M,  Payktill  ,  et  du  Catereles  graoidus  d'Illiger.  (L.) 

PROTÉOÏDES ,  Proteœ ,  Juss.  Famille  de  plantes 
dont  la  fleur  présente  pour  caractères:  une  corolle  de  quatre 
ou  cinq  pétales  ,  ou  tubuleuse  à  quatre  ou  cinq  dents,  quel- 
quefois munie  de  poils  ou  de  squammules  à  sa  base  ;  point 
de  calice ,  à  moins  qu'on  ne  regarde  la  corolle  comme  en 
étant  un  ,  ainsi  que  Jussieu  le  fait;  des  étamines  en  nombre 
égal  aux  divisions«de  la  corolle,  et  insérées  à  leur  sommet 
ou  presque  à  leur  sommet;  un  ovaire  supérieur  simple,  à 
style  unique  et  à  stigmate  ordinairement  simple  ;  un  péri- 
carpe ,  ordinairement  monosperme  ,  rarement  disperme  , 
dont  la  semence  a  un  embryon  droit  ,  une  radicule  infé- 
rieure ,  et  point  de  périsperme. 

Les  protéàides  ont  une  tige  arborescente  ou  frutescente, 
des  feuilles  qui  sortent  de  boutons  coniques  et  écailleux  ,  et 
sont  simples,  alternes  ou  ramassées,  ou  presque  verlicil- 
lées.  Leurs  fleurs,  communément  hermaphrodites,  affectent 
différentes  dispositions. 

R.  Brown  ,  à  qui  on  doit  un  très-bon  travail  sur  cette  fa- 
mille, dans  le  dixième  volume  des  Transactions  de  la  Société 
Linnéenne  deLondres,y  rapporte  les  genres  suivans  :  Aulax, 
Leucadendre  ,  Petrophile  ,  IsopoGON ,  Protée  ,   Leuco- 


P  R  O  ,7^ 

SPERME,  Serrurie,  Mimètes,  Nivénie,  Sorogéphale,  Spa- 

TALLE  ,    AdÉNANTHE  ,     GuÉVINE  ,     BraBEIE  ,    PERSOONIE 

Cénarrhène  ,  Agastachys  ,  Symphioneme ,  Bellendène' 

FrANKLANDIE,  SlMSlE,    COMOSPERME,  SY^APHÉE,  AnadENIE, 

Grevillée,  Hakee,Lambertie,  Xylomele,  Orite,  Rho- 

PALA  ,   KnIGHTIE  ,    EmBOTHRION  ,   OrÉOCALLIS  ,     ÏELOPÉE  , 

LoMATtE,  SteiMocarpe  ,  Baisksik  et  Dryandre*.  (b.) 

PROTIUM  (Burm.  Ind.  118).  C'est  une  espèce  de 
Balsamier  (  Amyns  protium,  L.  ).   (LN.) 

PROTO.  V.  Proton,  (desm.) 

PROTOGYNE.  M.  Jurine,de  Genève  ,  a  proposé  de 
donner  ce  nom  aux  roches  graniiiijues ,  composées  de  feld- 
spath, de  quarz  et  de  sléalite,  ou  de  talc,  ou  de  chlorite. 
Ces  roches  sont  Irés-cominunes  dans  les  Alpes,  cl  forment 
des  systèmes  très-étendus.  M.  Brongniarten  fait  une  espèce 
particulière,  qui  a  pour  exemple  les  protogynes  de  Pormenaz  , 
vallée  de  Servoz,  du  Talèfre  ,  de  la  gorge  du  Mallavale  ,  en 
Oisans,du  Sonnenberg,au  Harlz,  et  du  Niolo  en  Corse,  (ln.) 

PROTON,  Proto.  Genre  de  crustacés,  de  l'ordre  des 
Isemodipodes  ,  établi  par  M.  Léach  ,  et  formé  des  espèces 
du  genre  chevroUe  de  M.  de  Lamarck,  qui  ont  un  appendice 
à  la  base  de  la  seconde  jfeire  de  pieds,  ou  des  deux  paires 
suivantes.  11  y  rapporte  la  squille  ^^^/«to  de  Muller,  Zool. 
dan.,  tab.  ici  ,  fig.  i,  2;  et  avec  doute  ,  sa  sqmïie  ventricosa. 
Je  place  celle  dernière  dans  mon  genre  lepiomère  (  Voyez  ce 
mot  ).  Les  protons  en  sont  distingués  parce  qu'ils  n'ont  que 
dix  pieds.  Ce  caractère  les  rapproche  des  cheorulles  ;  mais 
dans  les  protons,  les  organes  du  mouvement  forment  une 
série  continue  ,  depuis  la  têie  jusqu'au  quatrième  anneau 
inclusivement;  le  corps  est  ensuite  terminé  par  deux  ou 
trois  articles  formant  une  sorte  de  queue.  C'est  ce  que  l'on 
voit  dans  la  première  des  espèces  précitées  ,  et  qui  a  été 
trouvée  sur  nos  côtes  par  l'un  de  nos  collaborateurs  , 
M.  Desmarest.  (l.) 

PROTONOTAIRE.    Foyez  Fauvette  protonotaire. 

PROUSTIE,  Pwustia.  Arbrisseau  du  Chili,  à  feuilles 
opposées,  que  Lagasca  regarde  comme  devant  former  un 
genre  dans  la  syngénésie  égale,  et  dans  la  famille  des 
composées  bilabiées.  Ses  caractères  sont  :  calice  à  folioles 
imbriquées  et  très-courtes  ;  cinq  fleurons  ,  tous  hermaphro- 
dites et  bilabiés  ;  aigrette  sessiie ,  velue,  dentée;  réceptacle 
nu.  (  B.  ) 

PROVENZAUA.  Genre  établi  par  Petit  et  Adanson  , 
sur  le  calla  palustris  de  Linnaeus.  Il  n'a  pas  été  adopté  par 
les  botanistes,  (en.) 


178  P  R  U 

PROX.  C'est  le  Daim  dans  Aristote.  (s.) 

PROYER.  F.4'art;cle  Bruant,  (v.) 

PRUD HOMME.  On  donne   quelquefois  ce  nom  à  la 

Sauge  verbetsacee.  (b.) 

PRUNE.  Fruit  du  Prunier.  V.  ce  mot.  (desm.) 
PRUNE.  Nom  marchand  de  la  voluta  glabella  de  Lin- 

iiseus,ou  la  Marginelle.  (desm.) 
'PRUNE  DES  ANSES.  V.  Icaquier.  (d.) 
PRUNE  COCO.  V.  Icaquier  et  Coco  Plumes,  (d.) 
PRUNE   COTON.  On  appelle  ainsi  le  fruit  de  l'IcA- 

QUIER.  (B.) 

PRUNE  DE  DAME.  Les  Comoclades  ,  arbres  d'Amé- 
rique, reçoivent  ce  nom  dans  les  îles,  (ln.) 

PRUNE  D'ESPAGNE.  C'est  le  fruit  du  Mombin.  (b.) 

PRUNE-  ÊTOILÈE  {Prunum  stellatum  seu  bUmbing , 
Rumph. ,  Amb.  t.  f.  35  ).  C'est  le  Carambolier(  Avenhoa 
carambola^  Linn.).   (ln.) 

PRUNE  ICAQUE,  PRUNE  DES  ANSES.  C'est  le 
fruil  de  TIcaquier.  (b.) 

PRUNE  DES  INDES.  Nom  qu'on  donne  quelque- 
fois aux  Myrobolans.  (b^ 

PRUNE  DE  MALABAR.  C^est  le  fruit  du  Jambosier 
(  Eugenia  jambos ,  L.  )  ,  fruit  aigrelet  et  moins  agréable  que 
celui  du  Jambosier  de  Malacca  {  Eitgem'a  ma/accensis).  (ln.) 

PRUNE  MO  MB  IN.  C'est  le  fruit  du  Mombin.  (b.) 

PRUNE  SEBESTEN  (  Cordia  myxa ,  L.).  V.  Sebes- 

TIER.  (LN.) 

PRUNEAU  DE  CATIGNAC.  V.  l'article  Olivier.(d.) 
PRUNELLA.  C'est,  dans  Gesner,  le  Mouchet  ,  ou  la 
Fauvette  d'hiver,  (v.) 

PRUNELLA.  Nom  donné  par  les  botanistes  au  genre 
des  Brunelles  ,  que  Bauhin  désigne  par  Brunella^  légère 
altération  de  Prunella  Les  BuglE;^  {Ajuga^  Linn.  ),  un  Dra- 
COCÉPHALEI  (  D.  Ruyschiana)  ,  et  un  RuELLIA  {R.  repandd)  , 
ont  été  décrits  par  quelques  auteurs  sous  cette  dénomina- 
tion de  Prunella.  (ln.) 

PRUNELLE.  V.  la  description  de  I'OEil.  (virey.) 
PRUNELLE.  C'est  la  Fauvette  brune  à  tache  blan- 
che. (DESM.) 

PRUNELLE.    On  donne  ce  nom  au  fruit  du  Prunier 

ÉPINEUX.  (È.) 

PRUNELLE.  V.  Fourdraine.  (d.) 

PRUNIER  ,  Prunus  ,  Linn.  (  icosandrie  monogynie').  Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  rosacées,  qui  présente  pour 
caractères:  un  calice  ,  découpé  en  cinq  parties  ,  et  caduc  ; 
une  corolle  de  cinq  pétales,  larges  ,  ronds,  étendus  et  in- 


P  R  U  ,„j^ 

sérés  sur  le  calice;  vingt  à  trente  étamines,  presque  aussi 
longues  que  la  corolle,  à  anthères  jumelles;  un  ovaire  sim- 
ple ,  libre  ,  rond ,  surmonté  d'un  style  couronné  par  un 
stigmate  orbiculaire.  Le  fruit  est  un  drupe  glalire  ,  ovoïde  ou 
arrondi ,  légèrement  sillonné  d'un  côté, renfermant  un  noyau 
lisse  ,  un  peu  comprimé  ,  et  dont  les  sutures  sont  saillantes. 

Linnseus  a  réuni  à  ce  genre  le  Cerisier  et  I'Acricotier, 
qui  ont  été  traités  chacun  à  leur  lettre,  ce  dernier  comme 
espèce  de  prunier,  et  le  censier  comme  genre  auquel  on  doit 
rapporter  plusieurs  pruniers  de  Liuneeus  ,  tels  que  le  pnm/er 
de  Canada ,  le  mahaleb ,  le  putier ,  etc. ,  lesquels  sont ,  en 
effet ,  autant  de  Cerisiers.  F.  ce  dernier  mot. 

Les%éritables  pruniers  sont  au  nombre  de  douze  à  quinze. 
Ce  sont  des  arbres  d'une  moyenne  grandeur  ,  dont  les  fleurs 
précèdent  les  feuilles  ,  et  dont  les  feuilles  sont  roulées  en 
cornet  avant  leur  développement  ;  elles  sont  accompagnées 
"de  stipules  ,  et  les  pétioles  sont  munis  de  glandes  à  leur  base, 
ainsi  que  ceux  de  l'amandier  et  du  cerisier. 

Ltc  Prunier  sauvage,  appelé  aussi  Prunellier  ou  Epine 
NOIRE ,  Prunus  spinosa  ,  Linn.  ;  est  un  arbrisseau  d'Europe 
qui  croît  dans  les  haies  »  les  lieux  arides  ,  et  dont  les  tiges 
sont  épineuses  et  souvent  recouvertes  d'un  lichen  foliacé , 
très-blanc  en  dessous  {lichen  prunasiri,  Linn.).  11  a  des  ra- 
meaux piquans  ,  et  des  feuilles  alternes  et  lisses  ,  beaucoup 
plus  petites  que  celles  du  prunier  domestique.  Ses  fleurs  , 
plus  petites  aussi,  isont  disposées  en  grappes  ou  solitaires  sur 
leur  pédoncule.  Son  fruit ,  nommé  prunelle ,  est  rond  ,  de 
grosseur  médiocre  ,  d'une  couleur  bleuâtre- t)u  violet  foncé, 
et  d'un  goût  acerbe  ;  lorsqu'il  est  bien  mûr ,  on  en  prépare 
un  vin  léger  et  agréable,  qui  fournit,  parla  distillation  ,  une 
eau  de- vie  assez  forte. 

Cet  arbrisseau  estpropre'à  faire  des  haies  ou  à  les  fortifier; 
quelquefois  il  s'élève  à  quatorze  ou  quinze  pieds  ;  il  a  alors 
trois  pouces  environ  de  diamètre.  Son  défaut  est  de  se  dé- 
garnir par  le  bas  ;  mais  il  est  aisé  d'y  remédier ,  en  suivant 
ce  que  j'ai  dit  à  l'article  Haie.  V.  ce  mot. 

Son  bois,  dit  Feuille,  n'a  aucune  qualité  recommandable; 
il  est  dur,  et  ressemble ,  par  sa  couleur,  à  celui  du  pêcher , 
sans  en  avoir  la  beauté;  il  reçoit  un  assez  beau  poli ,  mais  il 
se  fend  et  se  tourmente  beaucoup. 

Le  Prunier  cultivé  ,  Prunus  domeslica  ,  Linn.  ,  est  un 
arbre  de  la  troisième  grandeur,  dont  la  tige  est  moyenne  et 
le  pied  souvent  garni  de  drageons  enracinés.  11  a  un  bois  veiné 
de  rouge  ;  une  écorce  remplie' de  gerçures  ;  une  racine  li- 
gneuse, traçante  et  rameuse  ;  des  rameaux  sans  piquans  ;  des 
feuilles  pétiolées  ,  alternes,  simples,  lancéolées,   ovales, 


,8o  P   R  U 

dentées  à  leurs  bords  ,  terminées  en  pointe ,  et  garnies  à  leur 
surface  inférieure  de  nervures  saillantes.  Ses  (leurs  sont  pé- 
donculées ,  à  pédoncules  le  plus  souvent  solitaires.  La  forme  , 
la  grosseur,  la  couleur  et  le  goût  du  fruit  varient  beaucoup. 

Cet  arbre,  originaire  de  la  Syrie  et  de  la  Dalmatie  ,  est 
naturalisé  dans  toute  l'Europe.  C'est  le  plus  commun  des 
arbres  fruitiers  à  noyau  :  sa  culture  ,  soit  en  espalier  ,  soit  en 
buisson  ,  soit  en  plein  vent ,  ne  diffère  pas  de  celle  des  ABRr- 
COTIERS  et  des  Pêchers.  (  K.  ces  mots.  )  Il  se  multiplie  de 
semences  ,  de  plants  enracinés ,  ou  par  la  greffe.  La  voie  du 
semis  peut  conduire  à  des  variétés  nouvelles  et  bonnes.  Il  y 
a  des  espèces  qui ,  propagées  ainsi ,  reparoissent  toujours  les 
mêmes  ,  sans  avoir  besoin  d'être  greffées:  telles  son^i^e  Per~ 
drigon  blanc  ,  la  Reine  Claude  ,  la  Catherine,  le  Damas  rouge  ,  la 
Couelsch.  Les  autres  se  greffent  Indistinctement  sur  toutes 
sortes  de  sauvageons  de  prunier.  Cependant  les  espèces  sur 
lesquelles  le  fruit  acquiert  une  meilleure  qualité  ,  sont  la 
Cemetle ovi\e.  Damas  rouge,  venus  de  noyau  ou  de  drageon.  Le 
prunier  s'accommode  assez  de  tous  les  terrains ,  pourvu  qu'ils 
ne  soient  pas  arides  ;  les  terres  légères  surtout  lui  convien- 
nent; dans  les  terres  fortes,  il  est  long-tempâ  sans  rapporter, 
et  donne  beaucoup  de  bols.  L'exposition  du  levant  ou  du 
couchant  est  celle  qui  lui  est  le  plus  favorable  ;  il  aime  à  être 
aéré;iln<i  faut  pas  le  mettre  à  l'abri  desgrands  arbresou  des  bâ- 
timens.  Il  découle  de  cet  arbre  une  gomme  blanche ,  luisante , 
transparente  ,  connue  dans  le  commerce  sous  le  nom  de 
gomme  de  pays.  (  V.  le  mot  Gomme.) 

Le  bois  du  prunier  est  dur,  plein ,  compacte  et  marqué  de 
belles  veines  ;  il  reçoit  un  beau  poli.  «  En  quelque  temps 
qu'on  le  prenne  ,  dit  Fenille  ,  il  se  coupe  nettement  sans  se 
mâcher  sous  l'outil.  Ses  veines  sont  très-variées,  chatoyantes, 
ondées  de  brun  et  de  jaune  rougeâtre  ;  quelquefois  il  est  par- 
semé de  petites  taches  d'un  rouge  cerise  ,  qui  rendroient  ce 
bois  éclatant  si  elles  y  étoient  en  plus  grande  abondance.  Plus 
l'arbre  vieillit ,  mieux  les  teintes  sont  prononcées.  En  tout, 
c'est  un  fort  bon  bois  ;  mais  je  le  crois  sujet  à  se  gercer.  » 

La  prune  est  un  fruit  doux  (quelquefois  fade  )  ,  acidulé  , 
nourrissant  ,  rafraîchissant,  délayant  et  laxatif.  Sa  peau  est 
couverte  d'une  espèce  de  fleur  ou  fme  poussière  ,  qui  trans- 
sude  à  travers  Pépiderme.  On  cueille  les  prunes  depuis  le 
commencement  de  juillet  jusqu'à  la  fin  d'octobre.  Dans  quel- 
ques espèces  ,  la  chair  tient  au  noyau  ;  dans  d'autres  ,  elle 
s'en  sépare  facilement.  Les  divers  auteurs  d'agriculture  font 
mention  de  deux  cent  cinquante  variétés  au  moins ,  parmi 
lesquelles  je  ne  citerai  que  celles  qui  méritent  de  trouver 
place  contre  un  espalier  ou  dans  un  verger.  Les  meilleures 
espèces  sont  marquées  d'un  astérisque. 


p  r;  TT  ,8i 

1.  Prune  jaune  hâtive ,  de  Catalogne.  Petit  fruit  allongé  , 
jaune  ,  sucré.  Commencement  de  juillet. 

2.  Précoce  de  Tours.  Petit  fruit  ovale  ,  noir,  peu  relevé. 
Mi-juillet. 

3.  Grosse  noire  hâtive  ,  Noire  de  MonireuH.  Fruit  moyen  ,  al- 
longé ,  brun-violet ,  chair  ferme  ,  d'un  vert  clair  tirant  sur  le 
blanc  ,  jaune  dans  sa  parfaite  maturité  ,  relevé.  Ce  fiuit  est 
sujet  aox  vers.  Mi-juillet. 

4..  9ros  Damas  de  Tours.  Fruit  moyen,  allongé,  violet 
foncé  ,  chair  presque  blanche ,  ferme  ,  fine  et  sucrée.  Si  la 
peau  qui  ne  peut  se  séparer  de  la  chair  ne  communiquoit  pas 
une  odeur  désagréable  à  l'eau,  cette  prune  seroit  excellente. 
Mi-juillet. 

5.  Damas  violet.  Fruit  moyen,  allongé,  violet,  ferme  , 
sucré  ,  un  peu  aigre  ,  bon.  Fin  d'août. 

6.  Petit  Damas  blanc.  Petit  fruit  presque  rond ,  ayant  en- 
viron un  pouce  sur  chaque  dimension  ,  peau  coriace  et  d'un 
vert  jaunâtre  ,  chair  jaunâtre  ,  succulente  et  assef  sucrée. 
Commencement  de  septembre. 

7.  Gros  Damas  blanc.  Fruit  moyen  ,  allongé  ,  plus  doux  et 
meilleur  que  le  petit  Damas  ,  peau  et  chair  de  même  couleur 
et  consistance.  Mûrit  un  peu  avant  le  petit  Dama».,  qui  paroît 
être  une  sous-variété  du  gros. 

8.  Damas  rouge.  Fruit  moyen  ,  ovale  ,  rouge  foncé  et  rouge 
pâle,  chair  jaunâtre,  fine,  fondante,  sans  être  mollasse, 
très-sucrée.  Ce  fruit,  sujet  à  être  verreux,  mûrit  à  la  mi-août. 
11  y  a  un  autre  Damas  rouge  plus  gelit ,  moins  allongé  ,  plus 
tardif  que  le  précédent  ;  il  mûrit  vers  la  mi-septembre. 

g.  Damas  noir  tardif.  Petit  fruit  afllongé  ,  peau  d'un  violet 
très-foncé,  presque  noire  ,  dure,  chair  tirant  sur  le  jaune  et 
le  vert,  assez  agréable  quoique  un  peu  aigre.  Fin  d'août. 

10.  *  Damas  musqué.,  Prune  de  Malte ,  de  Chypre.  Petit  fruit 
violet  foncé  ,  ferme  ,  musqué.  Mi-août. 

Il  *  Damas Dronet.  Petit  fruit  allongé ,  vert  clair  ,  chair  ti- 
rant sur  le  vert ,  transparente ,  ferme  ,  fine  ,  très  -  sucrée. 
Cette  petite /jrwoe  est  très-bonne,  Fin  d'août. 

12,  *  Damas  d'' Italie.  Fruit  moyen  presque  rond ,  peau  co- 
riace d'un  violet  clair  ,  chair  tirant  sur  le  jaune  et  le  vert, 
très-sucrée. Cette^Aune est  très-bonne;ellemûritàlafind'août. 

i3.  *  Damas  de  Maugeron.  Gros  fruit  presque  rond ,  violet 
clair  tiqueté  de  fauve  ,  chair  ferme  ,  tirant  un  peu  sur  le  vert , 
sucrée.  Excellent  fruit.  Fin  d'août. 

i4- *  Damas  de  septembre  ^  Prune  de  vacance.  Petit  fruit 
oblong ,  violet  foncé ,  relevé  ,  agréable.  Fin  de  septembre. 

i5.  *  Monsieur.  Gros  fruit  rond  ,  beau  violet ,  fondant , 
peu  relevé.  Fin  de  juillet. 


i82  P  R  U 

16.  *  Monsieur  hâtif.  Semblable  ,  violet  plus  foncé.  Mî- 
juillet. 

17.  *  Royale  de  Tours.  Gros  fruit  presque  rond  ,  violet  clair 
et  rouge  clair,  fin  ,  succulent ,  sucré  ,  relevé.  Fin  de  juillet. 

18.  Prune  de  Chypre.  Très-gros  fruit  presque  rond  ,  violet 
clair  ,  chair  ferme ,  verte  ,  sucrée ,  aigre. 

19.  *  Prime  suisse.  Fruit  ressemblant  au  Monsieur ,  moins 
£;ros  ,  plus  relevé  et  plus  agréable  que  celte  dernière  iwriété. 
Tout  septembre.  ' 

30.  *  Perdrigon  blanc.  Petit  fruit  longuet ,  blanc  ,  fondant , 
très-sucré  ,  parfumé ,  excellent.  Espalier.  Commencement  de 
septembre. 

21.  *  Perdrigon  violet.  Même  forme  ,  un  peu  plus  gros, 
mêmes  qualités.  Espalier.  Fin  d'août. 

22.  *  Perdrigon  rouge.  Même  forme  ,  grosseur  et  qualité  , 
d'un  beau  rouge  ,  presque  violet.  Septembre. 

23.  Perdrigon  Normand.  Gros  fruit  un  peu  allongé ,  violet 
foncé  ,  clair  et  jaunâtre  ,  ferme  ,  fin ,  délicat ,  doux  ,  relevé  , 
bon.  Fin  d'août. 

24.-  Royale.  Fruit  presque  rond  ,  violet  clair,  tiqueté  de 
fauve  ,  chair  d'un  vert  clair  et  transparente,  ferme  et  assez 
fine.  Mi-août. 

25.  *  D  au  phi  ne  .f  Grosse-Reine-Claude,  Abricot  vert,  V^rle- 
honne.  Gros  fruit  sphérique,  peau  fine  ,  verte  ,  tachée  de  gris 
et  de  rouge  ,  chair  d'un  vert  jaunâtre,  très-fine  ,  délicate  ,  et 
fondante  sans  êlrc  mollasse  ,  sucrée  ,  d'un  goût  excellent. 

Cette  prune  mûrit  au  .mois  d'août.  Lorsqu'il  survient  des 
pluies  au  lemps  de  sa  maîurité,  elle  se  fend  ,  et  elle  en  de- 
vient meilleure.  Elle  est  la  meilleure  de  toutes  les  prunes 
pour  être  mangée  crue,  et  pour  confire  à  l'eau-de-vie.  On  en 
fait  de  très-bonnes  compotes,  d'excellentes  confitures;  les 
pruneaux  en  sont  de  très-bon  goût ,  mais  un  peu  charnus. 

2^.  ^Petite  -  Reine- Claude.  Inférieure  en  grosseur  et  en 
qualité  ;  un  peu  plus  tardive.  Néanmoins  c'est  un  fort  bon 
fruit. 

27.  Prunier  à  fleur  semi-double.  Variété  de  la  Dauphine,  irès- 
inférieure  en  grosseur  et  en  qualité. 

28.  *  Abricotée.  Gros  fruit  rond  ,  vert ,  un  peu  lavé  de 
rouge  ,  ferme  ,  musqué  ,  excellent.  Commencement  de  sep- 
tembre. 

29.  *  Mirabelle.  Petit  fruit  rond  ,  un  peu  oblong  ,  jaune- 
ambré,  ferme  ,  fort  sucré  ;  très-bonne  prune  confite  au 
sucre.  Mi-août. 

30.  Drap  d'or.  Mirabelle  double.  Petite  prune  presque 
ronde,  jaune  ,  tiquetée  de  rouge,  transparente  ,  fondante, 
sucrée  ,  délicate  ,  très-bonne.  Mi-août. 


P  B   TT  ,83 

Zi.  Bncette.  Fruit  moyen,  vert-ja«ne ,  ferme,  un  peu 
aigre.  Depuis  le  commencement  de  septembre  jusqu'à  la  fia 
d'octobre, 

32.  Impériale  violette,  (iros  fruit  ovalcj  violet  clair  ,  ferme  , 
sucré  ,  relevé.  Fin  d'août. 

33.  Impériale  violette  à  feuilles  panachées.  Ce  prunier  est  une 
sous-variété  du  précédent. Le  fruit  est  ordinairement  diffor- 
me, mal  conditionné  et  comme  avorté,  attendu  que  la  pana- 
chure  des  feuilles  de  cet  arbre  n'est  autre  chose  qu'une  ma- 
ladie. Il  est  d'un  violet  très-clair. 

34..  Jacinthe.  Gros  fruit  allongé  ,  presque  en  forme  de 
cœur ,  violet  clair,  chair  jaune  ,  ferme  ,  assez  relevée  ,  un 
peu  aigre.  Fin  d'août. 

35  Impériale  blanche.  Fruit  très-gros  ,  de  la  forme  et  pres- 
que de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule-d'Inde  ,  blanc  ,  aigre  , 
désagréable  ,  fort  peu  estimé. 

ZÇ>.  Diaprée  violette.  ¥r\x\iv(\oyQn  ,  allongé,  violet,  ferme  , 
sucré  ,  délicat ,  bon.  Commencement  d'août. 

37.  Diaprée  rouge.  Roche -Corhon.  Presque  même  forme  et 
grosseur.  Prune  rouge-cerise  ,  ferme  ,  succulente  ,  sucrée  , 
relevée  ,  bonne  à  convertir  en  pruneaux.  Commencement 
de  septembre, 

38.  Diaprée  Wanc^e.  Petit  fruit  ovale ,  allongé,  vert  pres- 
que blanc,  ferme  ,  très-sucré  ,  relevé  et  très-fm.  Commen- 
cement de  septembre  ,  et  plus  tôt  quand  l'arbre  est  en  es- 
palier. 

^^.  Impératrice  violette.  Fruit  moyen,  allongé,  beau  vio- 
let ,  chair  ferme ,  délicate ,  tirant  sur  le  jaune  et  le  vert. 
Octobre. 

4.0.  Impératrice  blanche.  Fruit  moyen  ,  oblong ,  jaune  clair, 
ferme  ,  sucré  ,  agréable.  Fin  d'août, 

l^i.  Dame- Aubert .,  Grosse  luisante.  Très -gros  fruit  ovale, 
jaune  et  vert ,  grossier  ,  sucré,  mais  fade  ,  n'est  bon  qu'en 
compote.  Commencement  de  septembre. 

4.2.  Isle  verte.  Gros  fruit  très-allongé,  hon  en  confiture. 
Commencement  de  septembre, 

4.3.  Sainte- Catherine.  Fruit  moyen,  allongé  ,  jaune  ,  sucré, 
très-bon.  Septembre  et  octobre. 

4.4-  Prune  sans  noyau.  Fruit  petit ,  noir ,  aigre.  Grosse 
amande  amère  sans  noyau.  Fin  d'août. 

4.5.  Prunier  de  Virginie.  Gros  fruit  longuet  ,  rouge-cerise  , 
ferme ,  acide  et  peu  agréable.  Cet  arbre  mérite ,  pour  sa 
fleur,  une  place  dans  les  jardins  d'ornement, 

4.6.  Prune  datte.  Fruit  moyen ,  un  peu  allongé ,  jaune  et 
vert,  taché  de  rouge  très-vif  j  mollasse,  fade.  Gommencct 
ment  de  septembre. 


,S4  P  R  U 

47.  Prune  çui porte  deux  fois  Pan.  Fruit  long,  jaune  rou- 
geâtre,  transparent,  tiqueté  de  brun,  grossier.  Les  pre-- 
iniers  fruits  mûrissent  au  commencement  d'août,  les  seconds 
sont  fort  tardifs. 

4.8.  Coiie'.sch  ou  la  Kuetsh  de  Lorraine.  Multipliée  de  se- 
mence ,  elle  ne  dégénère  pas  ;  Tarbre  charge  beaucoup  ;  on 
fait,  avec  le  fruit,  de  bons  pHineaux.,  et ,  à  peu  de  frais,  une 
marmelade  très-saine  pour  les  gens  de  la  campagne.  On  en 
retire  aussi,  par  la  fermentation  et  la  distillation,  une  eau- 
de-vie  appelée  couelsch-vasser. 

49.  Le  Prunier  Cerisetie  et  le  Saint- Julien  servent  commu- 
nément de  sujets  pour  greffer  les  autres  ;>r«n/Vr5.  Le  fruit  en 
est  mauvais,  ou  pour  le  moins  très-médiocre. 

On  fait  dessécher  plusieurs  variétés  de  prunes,  ce  qui  for- 
me ,  pour  certains  pays ,  une  branche  de  commerce  assez 
considérable.  Elles  portent  alors  le  nom  de  pruneaux.  Dans 
cet  état ,  elles  se  conservent  long-temps  ,  et  sont  dans  le  cas 
d'être  envoyées  dans  les  pays  les  plus  éloignés.  Toutes  les  es- 
pèces qu'on  sert  sur  les  tables  peuvent  être  converties  en  pru- 
neaux; mais  celles  qu  on  préfère  pour  cela,  sont  le^ros  damas 
de  Tours  ,  la  Sainte- Catherine  ,  1  Impériale  violette  ,  V Impératrice 
violette,  la  Roche- Carbon  ,  la  Couetsch  .,  \di  Reine- Claude.  En 
Suisse  ,  on  sèche  beaucoup  Vlsle  vetfe  ,  et  ses  pruneaux  sont 
excellens.  Ceux  qui  jouissent  parmi  nous  d'une  plus  grande 
réputation,  sont  les  pruneaux  de  Tours.  Mais  ceux  d'Agen 
sont  bien  plus  savoureux. 

Le  Prunier  de  Briançon  croît  dans  les  Alpes.  Son  fruit, 
de  la  grosseur  du  petit  damas,  est  un  fort  médiocre  manger. 
C'est  de  son  amande  qu'on  retire  V huile  de  marmote. 

Lé  Prunier  myrobolan  (  Prunus  cerasifera  ,  Willd.  )  est 
originaire  du  Canada.  On  le  cultive  dans  nos  jardins  ,  où  il 
se  fait  remarquer  par  la  précocité  de  sa  floraison  et  la 
maturité  de  ses  fruits,  qui  sont  gros  comme  un  damas  com- 
mun, mais  inférieurs  pour  le  goût. 

Le  Prunier  de  la  Chine  paroît  intermédiaire  entre  les 
véritables  pruniers  et  les  cerisiers.  C'est  un  charmant  arbris- 
seau d'ornement ,  qui  ne  se  multiplie  que  par  marcotte  et 
par  greffe,  attendu  que  nous  ne  possédons,  dans  nos  jardins, 
que  la  variété  à  fleurs  doubles. 

Le  Prunier  couché  (  Prunus  prostrata ,  Labill.  ).  Il  est 
originaire  du  mont  Liban  ,  mais  ne  craint  pas  les  gelées  du 
climat  de  Paris.  On  le  greffe  à  un  ou  deux  pieds  de  haut, 
et  il  offre  alors,  lorsqu'il  est  en  fleurs,  une  boule  d'un  très- 
agréable  effet,  (d.) 

PRUNIER.  Nom  de  I'Epicea  ,  dans  la  ci  devant  Breta- 
gne.   (B.) 


P  R  Z  185 

PRUNIER    D  AMÉRIQUE.    On    donne  te  nom   au 

MoMBiN  et  au   Myrobolan  {Spondias  Mombin  et  Myroba- 

lanus  ,  L.  ).  (ln.)     • 
PRUNIER  EPINEUX.  V.  FouRDRAmE.  (d.) 
PRUNIER    EPINEUX    D'AMERIQUE.     C'est    le 

XlMÈNE  ÉPINEUX.  (B.) 

PRUNIER  A    GRAPPE   (^Prunus  racemosa,   Sloane  ). 

C'est  une  espèce   de  Sebestier   (  Cordia  macrophylla  ,   L.  ) 

qui  croît  à  la  Jamaïque,  (ln.) 
PRUNIER  ICAQUIER.    V.  Icaquier.  (d.) 
PRUNIER  JAUNE    D'OEUF.  V.   au  mot  Lucuma. 

PRUNIER  MADEGACHE.  On  appelle  ainsi,  à  l'Île- 
de-France  ,  le  Jujubier  cultivé,  (b.) 

PRUNIFERA.  Nom  sous  lequel  Sloane,  Calesby , 
Rai ,  etc. ,  ont  désigné  plusieurs  arbres  exotiques  ,  tels  que 
le  sapindus  saponarLi ,  le  laurus  persea ,  V anacardium  occi- 
dentale^ Valangium  Jiexapetalum ,  etc. ,  qr^nt  un  fruit  charnu , 
que  l'on  a  comparé  à  la  Prune,  (ln.) 

PRUNUS.  Les  Latins  donnoient  ce  nom  à  nos  pru- 
niers. Chez  les  Grecs  ,  ces  arbres  étdient  compris  parmi 
ceux  appelés  prunos  et  coccimelea  ,  ou  coccymela  ,  lesquels 
paroissent  être  des  plantes  de  la  même  famille.  Les  bota- 
nistes ont  conservé  le  nom  de  prunus  au  Prunier  ,  nom  qui 
a  été  appliqué  à  beaucoup  darbrcs  exotiques,  dont  les  fruits 
sont  juleux  ou  à  noyaux  .  cQmme  la  prune.  Tels  sont  les  my- 
robolans  ,  les  caramboliers^  ïicaquier,  quelques  sebestiers,  etc. 
Linneeus  a  réuni,  en  un  seul  geïlre ,  prunus  ,  les  genres  suivans 
de  Tournefort  prunus ,  cerasus  ,  laurocerasus  et  armeniaca. 
Celte  réunion  n'est  pas  adoptée  par  tous  les  botanistes. 
V.  Pruîoer.  (ln.) 

PRUSKWOREK  et  PRASSKWOREC.  Noms  de 
.'Acore  odorant  (  AcoTus  calamus  ^  L.  )  ,  en  Rohème.  (ln). 

PRUSSIATE  DE  FER  NATIF.  Deborn  nommoit 
ainsi  le  Fer  phosphaté  terreux,  (ln.) 

PRUYER.  Nom  vulgaire  du  Proyer.  Voyez  Bruant 
proyer.  (v.) 

PRY.  Nom  donné  à  I'Epeautre  (  Tritîcum  spelia)  par  les 
Tartares  Tehuwdis.  (ln.) 

PRYCKA.   V.  au  mot  Pétromyzon.  (b.) 

PRYF  LLWYD  ,  PRYF  PENFRILH.  Noms  gallois 
du  Blaireau,  (desm.) 

PRZEPIORKA.  Nom  polonais  de  la  Caille,  (v.) 

PRZESTEP-BIALY.  Nom  polonais  de  la  Bryone 
(  B.  alba  ,  L.  ).  (LN.) 

PRZEWIASKA.  Nom  polonais  du  quadrupède,  décrit 


!86  P  S  A 

dans  cet  Ouvrage,  sous  le  nom  de  Marte  perouasca.  (desm  ) 

PRZMIEL.  Nom  du  Fusain  Ç^E^onymus  europœus  ),  en 
Polosine  (LN.) 

PKZOSKOTNICA.  Nom  polonais  de  l'ARBOUSfza 
(^Arbutuf  unedo  ^  Linn.  ")•    (LTV.) 

PRZYMIOTOWli  ZIELE.  V.  Popiolek.  (ln.) 

PRZYTULIA.  Nom  polonais,  du  Gaillet  jaune  (  Ga- 
lium  verum  ,  U  ).  (LN.) 

PSALLIDIUIVi  ,  Psallidium.  Nom  donné  par  M.  Hedwig 
à  un  nouveau  genre  d'iusectes,  dans  lequel  il  fait  entrer  le 
curculio  maxillusus  de  Fabricius.  Cet  insecte  a  beaucoup  de 
rapports  avec  les  charansons  ;  sa  tête  est  prolongée  antérieu- 
rement en  une  trompe  courte,  à  rextrémlté  de  laquelle  est 
placée  la  bouche,  qui  est  munie  de  deux  mandibules  arquées 
proéminentes;  il  est  tout  noir.  On  le  trouve  en  Hongrie,  (o.) 

PSAMATOTE  Genre  de  fossile  établi  parGuettard, 
et  qui  répond  à  la  Sabelle  alvéolate  de  Linnœus ,  au 
Chryodon  d'Ockeg^  à  la  Sabellaire  de  Lamarck  et  à 
rAMYMONE  de  Savigny.  (b.) 

PSAMME  ,  Psamma.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
Graminées,  établi  par  Palisot- Beauvois  aux  dépens  des 
Roseaux,  ou  mieux  des  Calamogrostes.  Ses  caractères 
sont  :  balle  calicinale  de  deux  valves  à  arête  tiès-courte  ; 
balle  florale  de  deux  valves  émarginées  et  mucronées  à  leur 
extrémité  ;  style  divisé  en  trois. 

Le  RosEAti  LITTORAL  sert  de  type  à  ce  genre,  (b.) 

PSAMMITE.  M.  Haiiy  a  donné  ce  nom  aux  agrégats 
que  iesAllemands  nomment  ^KraMwacÂte,  et  dans  lesquels  ren- 
trent les  grès  des  houillères,  et  des  grès  de  différente 
nature  qui  appartiennent  aux  terrains  de  transition.  Le  grès 
ordinaire  ou  quarzeux  n'y  est  pas  compris.  Il  appartient 
aux  formations  les  plus  récentes. 

M.  Brongniarl,  en  faisant  une  espèce  minéralogique  du 
Psammiie  ,  le  caractérise  ainsi  : 

Roche  grenue,  formée  par  voie  d'agrégation  mécanique  , 
composée  principalement  de  petits  grains  de  quarz  mêlés 
de  divers  autres  minéraux,  et  réunis  par  un  ciment  peu  sen- 
sible et  de  uiiTérente  nature. 

Ces  caractères  excluent  les  grès  ordinaires  et  quelques^ 
frauivarkes  de  l'espèce  psammiie ,  mais  y  ramènent  les  grès 
des  houillères. 

Cette  espèce  est  divisée  en  six  variétés  : 

I.  PsAM.  quarzeux.  Formé  de  grains  de  quarz  moyens 
essentiellement  prédominans,  avec  quelques  grains  de  feld- 
spath, de  mica,  etc.,  disséminés.  11  faut  y  rapporter  les  psam- 
miies  quarzeux  de  Remiily,  près  Dijon;  de  Mairies  de  Vayiie 


P  s  A  ,87 

près  Clermont  en  Auvergne,  et  celui  d'au-dessus  de  Carlsbad 
en  Bohème. 

2,  PsAM.  GRANITOÏDE.  Grains  dje  quarz  et  de  feldspath, 
distincts,  en  quantité  à  peu  près  égale,  réunis  presque 
sans  ciment.  Exemple  :  Psammites  de  Chateix  près  Royat, 
et  de  Montpeyroux  en  Auvergne. 

3.  PsAM.  MICACÉ.  Pâle  sablonneuse  grisâtre  ,  renfer- 
mant de  nombreuses  paillettes  de  mica.  Exemple  :  la  phi- 
part  des  grès  des  houillères. 

4^.  PsAM.  ROUGEÀTRE.  Pâte  sablonncuse  rougeâtre  ,  mêlée 
de  mica,  f^xemple  :  grès  rouge  micacé.  Les  grès  des  hauteurs 
des  environs  de  Saarbruck  ;  le  grès  d'Athis ,  près  Feugeu- 
rolle,  aux  environs  de  Caen;  celui  de  Vaterstein,  près 
Henstadt  auHarlz,  qui  est  un  Uoihe-Todte-Liegende  des  Alle- 
mands; enfin  celui  de  Kaufinger-"Wald,  près  Cassel. 

5.  PsAM.  SCHISTOÏDE.  Pâte  argilo-sablonneuse  ,  noirâtre, 
renfermant  plus  ou  moins  de  mica.  Les  grauwackes  schis- 
toïdes  appartiennent  à  celte  variété. 

6.  PsAM.  CALCAIRE,  Pâte  sablonneuse,  calcaire,  assez  com- 
pacte, plus  ou  moins  micacée.  Exemple  :  psammitê  de  Bon- 
neville  près  Genèv»;  du  Lautenberg  et  de  Hauszelle  ,  près 
Zellerfeld,  au  Hartz.  (ln.) 

PSAMMITES  et  PSAMMIUM.  J.  R.  Forster,  dans 
son  onomatologie  ,  donne  ces  noms  au  grès  :  ils  dérivent  du 
grec  psammos  ,  qui  signifie  sable.  V.  PsAMMlïE.  (lts.) 

PSAMMOBIE,  Psammohia.  Genre  de  coquilles  bivalves 
établi  par  Lamarck,  dans  sa  famille  des  nymphacées^aux 
dépens  des  Solens  et  des  Tellines.  Ses  caractères  sont  : 
coquille  transverse,  elliptique,  ovale  oblongue,  planiuscule, 
un  peu  bâillante  de  chaque  côté,  à  crochets  saiîlans;  char- 
nière ayant  deux  dents  sur  la  valve  gauche  et  une  seule 
dent  inlranle  sur  la  valve  opposée. 

Lamarck  rapporte  dix-huit  espèces  à  ce  genre,  dont  trois 
ou  quatre  vivent  dans  nos  mers.  Je  citerai  comme  type  la 
PsAMMOBiE  BORÉALE,  figurée  SOUS  Ic  nom  de  Telline  incar- 
nate ,  dans  la  Zoolo^e  britannique  de  Pennant ,  pi.  47 1^ 
n."  3i,  et  la  Psammobie  fleurie,  figurée  sous  le  nom  de  7c/- 
line  ^  par  Poli,  Test.,  vol.  i,  tab.  i5,  n."*  19  et  21.  (b.) 

PSAMMOSTEUM,  synonyme  d'OsiÉocoLLE.  On  appli- 
que spécialement  ce  nom  aux  agglutinations  de  sables  qui  re- 
présentent la  forme  deâ  os.  (lîm.) 

PSAMMOCHARE^  Psammochares.  V.  Pompile.  (DESM.) 

PSAMMOTÉE,  Psammotea.  Genre  de  coquilles  bivalves, 
établi  par  Lamarck  dans  la  famille  des  nymphacées,  dans  le 
voisinage  des  Psammobies  et  des  Tellines.  Ses  caractères 
sont:  coquillelransversej  ovale  ou  ovale-oblongue  ,  un  peu 


i88  P  S  A 

bâillante  sur  les  côtés;  une  seule  dent  cardinale  sur  chaque 
valve ,  quelquefois  sur  une  seule  valve. 

Lamarck  rapporte  six  espèces  à  ce  genre ,  dont  deux  ap- 
partiennent aux  mers  d'Europe,  et  une  se  trouve  fossile  à 
Grignon.  La  seule  figurée  sous  le  nom  de  Telline  trans- 
parente, l'a  été  par  Chemnitz  ,  Conch.  ,  vol.  6,  tab.  ii , 
n.?  99  ,  et  est  originaire  des  côtes  de  la  Nouvelle-Hollande. 

(B.) 

PSARouPSAROS.Nomqueles  anciens  Grecs  donnoient 
à  Vé/ourneau,  d'où  ils  nommoient  le  granité  psaronion^  à  cause 
des  taches  semées  sur  cette  pierre  comme  sur  le  plumage  de 
Vétourneau.  (s.) 

PSARE,  Psarus,  Lat. ,  Fab.  Genre  d'insectes,  de  l'ordre 
des  diptères,  famille  des  alhéricères,  tribu  des  syrphies  , 
ayant  pour  caractères  :  nne  proéminence  nasale;antennesua 
peu  plus  longues  que  la  tête,  portées  sur  un  pédoncule  com- 
mun; les  deux  premiers  articles  obconiques;  le  second  pres- 
que une  fois  plus  long  que  le  précédent;  le  troisième  ou 
dernier  épais  ,  ovoïdo-conique ,  avec  une  soie  épaisse,  sly- 
liforme,  msérée  un  peu  au-dessus  de  son  milieu  et  distinc- 
tement biarticulée  à  sa  base.  Je  n'en  ccfnnois  qu'une  espèce, 
le  PsARE  ABDOMINAL,  psarus  ahdominalis ,  figuré  par  M.  An- 
toine Coquebert,  dans  ses  Illustrations  iconographiques  des 
insectes,  déc.  3.%  pi.  23,  fig.  9.  Son  corps  est  noir  ;  l'abdo- 
men est  rouge  ,  avec  l'extrémité  postérieure  noire  ;  la  soie 
des  antennes  est  blanche.  On  le  trouve ,  mais  rarement ,  aux 
envjrons  de  Paris,  (l.) 

PSARIS.  Nom  grec  d'un  oiseau  inconnu  que  M.  Cuvier  , 
(Règne  animal)  a   donné  au  genre  Bécarde.  F",  ce  mot.  (v.) 

PSARONIÙS.  Nom  proposé  par  J.-R.  Forster ,  pour 
désigner,  en  latin  ,  la  roche  àïle  grausiein  par  les  Allemands. 

(LN.) 

PSAROS.  F.  Psar.  (s.) 

PSARO  SMEROULA.  Nom  du  Merle  bleu  ou  soli- 
taire, dans  plusieurs  îles  de  l'Archipel,  (v.) 
•  PSATHURE,  Psaihura.  Arbrisseau  à  feuilles  opposées, 
pétiolécs,  oblongues,  alternes  et  à  fleurs  disposées  en  pa- 
nicule  terminale  ,  dont  Jussieu  a  fait  un  genre  ,  qui  est 
de  l'hexandrie  monogynie  ,  et  qui  a  pour  caractères  :  un 
calice  à  six  dents;  une  corolle  campanulée  à  six  découpures 
velues  en  dedans;  six  étamines  presque  sessiles,  insérées  au 
tube  ;  un  ovaire  inférieur  arrondi  ,  surmonté  d'un  style  à 
stigmate  lamelle  ;  une  baie  sèche,striée,  à  six  loges  et  à  loges 
monospermes. 

La  psathurese  trouve  à  l'île  de  la  Réunion  ,  oix  on  l'appelle 
lois  cassant,  (b.) 


P  s  E  ,89 

PSCHANEZ.  Nom  russe  de  I'Ivraie  vivace.  (ln.) 
PSCHAT.  NomduCHALEF  à  feuilles  étroites,  en  Armé- 
nie. Chez  les  Géorgiens,  cet  arbre  s'appelle  Pschadi-Lapat. 

(LN.) 

PSCHENO.  L'un  des  noms  russes  du  Panis.  (ln.) 
PSCHI.  Nom  tartare  du  Renne,  espèce  de  Cerf,  (desm.) 
PSEAUTIER.  L'un  des  noms  de  la  Panse,  premier  es- 
tomac des  RuMiNANS.  (desm.) 

PSELAPHE,  Pselaphus,  Herbst,  PayL,  Illig.,  Reich.  ; 
Staphylinus^  Linn.  ,  Oliv.  ;  Anthicus,  Fab.  Genre  d'insectes 
coléoptères,  de  la  famille  des  brachélylres  ,  tribu  des  pséla- 
phiens,  ayant  pour  caractères  :  élytres  plus  courtes  que  l'ab- 
domen, tronquées  ;  tarses  de  trois  articles,  dont  le  premier 
très-court,  et  le  dernier  terminé  par  un  seul  crochet  ;  an- 
tennes de  onze  articles,  la  plupart  grenus,  et  dont  le  der- 
nier plus  grand,  ovoïde;  palpes  maxillaires  saillans  ,  avan- 
cés ,  terminés  par  un  article  plus  grand,  renflé  avec  une  pe- 
tite pointeau  bout;  les  labiaux  très-petits,  filiformes. 

On  trouvera  à  l'article  Psélaphiens  l'exposition  des  ca- 
ractères généraux  qui  distinguent  ces  insectes  ,  et  leur  ma- 
nière de  vivre.  J'ajouterai  seulement  que  les  psélaphes  ont 
des  mandibules  cornées  ,  triangulaires  et  dentées  au  côté 
intérieur;  des  mâchoires  terminées  par  deux  lobes,  dont 
l'intérieur  petit  et  en  forme  de  dent;  et  la  languette  mem- 
braneuse ,  éflhiancrée  ou  bifide.  Leurs  métamorphoses  n'ont 
pas  encore  élé  observées. 

M.  de  Reichenbach,  qui  nous  a  donné  une  bonne  mono- 
graphie  de  ce  genre   (Leipsick,    1816),  en  a  décrit  et  fi- 
guré vingt-deux  espèces,  et  qu'il  distribue  en  trois  familles. 
L    Troisième  arlicle  des  palpes  antérieurs  ou.  maxillaires  ^  en 
massue. 

II.  Le  même  article  de  ces  palpes ,  sécuriforme. 

III.  Le  même  article  de  ces  palpes  ,  conique. 

Il  termine  sa  monographie  par  la  descriptioi^  d'un  nou- 
veau genre  Cteniste,  ctenisies,  voisin  du  précédent,  et  au- 
quel il  donne  pour  caractères  :  antennes  plus  grosses  à  leur 
extrémité;  palpes  (les  maxillaires)  quadriarticulés ,  avec 
trois  soies  écartées  à  leur  extrémité.  Celui-ci  n'offre  qu'une 
seule  espèce  ,  palpalis ,  et  que  nous  n'avons  point  vue  ;  mais 
à  l'égard  de  la  manière  dont  cet  auteur  a  coupé  le  premier 
de  ces  genres  ou  les  psélaphes  ,  je  pense  qu'il  auroit  pu  for- 
mer des  sections  plus  naturelles.  Ainsi,  i."  les  espèces  qu'il 
nomme /im«,  longicollis  et  dresdensis,  s'éloignent  de  toutes  les 
autres  par  la  longueur  de  leurs  palpes  maxillaires,  qui  égale 
ou  surpasse  celle  de  la  tête  et  du  corselet,  et  dont  les  deux 
avant-derniers  artioèes  sont  beaucoup  plus  grêles  à  leur  base, 


jgO  P    S     E 

OU  comme  portés  sut*  un  long  pédicule;  aussi  ces  palpes  sOnt- 
iis  ordinairement  courbés  ou  plies.  2.°  Relativement  aux  au- 
tres espèces,  l'insertion  des  antennes,  plus  ou  moins  éloi- 
gnée des  yeux,  et  la  variété  de  formes  de  leurs  articles, 
ainsi  que  leurs  proportions  relatives,  auroient  fourni  de  bons 
caractères. 

L'espèce  la  plus  commune  est  le  Psélaphe  sanguin  , 
pselaphus  sanguineus  (  anthicus  sangiiineus ,  Fab.  ).  Dans  la 
méthode  de  M.  de  Reichenbach,  qui  Ta  représentée  ,  tab.  2, 
fig.  II  ,  elle  appartient  à  sa  troisième  famille:  elle  est  noire, 
luisante,  avec  les  élytres  couleur  de  sang;  ses  antennes  sont 
de  la  longueur  de  la  moitié  du  corps,  noirâtres,  velues, 
avec  les  trois  derniers  articles  plus  épais.  La  tête  a  de  cha- 
que côté,  derrière  les  yeux,  une  impression.  Le  corselet 
en  offre  trois  réunies  par  un  sillon;  il  est  presque  globuleux. 
Les  élytres  ont  chacune  deux  lignes  enfoncées  et  longitu- 
dinales. Les  jambes  et  les  pattes  sont  roussâlres.  (l.) 

PSELAPHIDÉS,  Pselaphidea.  Nom  donné  par  M.  Léach 
(  Mélanges  de  Zool.,  tom  3 ,  p.  80  )  à  une  famille  d'insectes 
coléoptères  ,  qui  répond  à  notre  tribu  des  psé/aphiens.  V.  ce 
mot.  (l.) 

PSELAPHIENS  {HetewdaclyJes,  tableau  de  l'article 
Entomologie  de  cet  ouvrage)  ,  Pselaphii.  Tribu  d'insectes 
coléoptères  ,  de  notre  famille  des  brachélytres. 

Les  coléoptères  de  cette  division  semblent  d  abord  n'avoir 
que  deux  articles  aux  tarses,  et  former  ainsi,  d'après  la  mé- 
thode de  Geoffroy,  une  section  particulière,  que  l'on  peut 
appeler,  en  suivant  la  nomenclature  employée  à  cet  égard 
par  M.  DnvsxérW^Bimèrés  ou  Dimères',  c'est  ce  que  j'ai  fait  dans 
mon  Gênera  criist.  et  insect.  et  dans  quelques  autres  ouvrages 
postérlei^s  ;  mais  ces  tarses  observés  très-attentivement ,  et 
au  moyen  d'une  forte  loupe  ,  présentent  trois  articles  ,  dont 
le  premier  ou  le  radical  très-court,  et  les  deux  autres  allon- 
gés ;  tous  ces  articles  sont  simples ,  et  le  dernier  (  les  chennies 
seules  exceptées  )  est  terminé  par  un  seul  crochet.  On  voit 
par  les  caractères  que  j'avois  primitivement  assignés  au 
genre  ;o5é>7<//)/2e  (  tarses  paroissant  de  deux  ou  trois  articles, 
Prêc.  descaract.  gêner,  des  inseci.^  pag.  34),  que  j'avois  distin- 
gué ce  nombre  d'articles  de  leurs  tarses.  On  sait  que  les 
oxyièlesj  qui  appartiennent  évidemment  à  la  famille  des  bra- 
chéjytres,  sont  pareillement  trlmères,  et  que  les  aléochares, 
autre  genre  de  la  même  famille  ,  ont  de  grands  rapports  de 
formes  générales  et  d'habitudes,  avec  les  psélaphiens.  Ainsi, 
quel  que  soit  le  rang  que  l'on  donne,  dans  la  série  naturelle 
des  coléoptères,  aux  brachélytres,  les  psélaphiens  doivent 
faire  partie  de  cette  famille.  Ils  y  fornflront  un  petit  groupe 


P      s      E  ,gj 

qui  aura  pour  caractères  :  élylres  pluss  courtes  que  î'abdo- 
men,  laissant  à  découvert  son  extrémité  postérieure,  tron- 
quées; tête  dégagée;  antennes  en  tout  ou  en  partie  grenues, 
grossissant  vers  l'extrémité  ;  corselet,  soit  presque  cylindri- 
que, soit  presque  en  forme  de  cœur  tronqué  ou  arrondi  ;  ab- 
domen plus  large  que  le  reste  du  corps,  presque  carré,  obtus 
postérieurement;  tarses  à  trois  articles  simples,  dont  leipre- 
inier  très-court ,  et  les  deux  autres  allongés  ;  le  dernier  ordi- 
nairement terminé  par  un  seul  onglet.  (  Palpes  maxillaires  le 
plus  souvent  fort  longs,  renflés  à  leur  extrémité,  et  terminés 
par  une  petite  pointe  spinuliforme.  )  Lespsélaphiens  sont  de 
très-petits  insectes  qui  vivent  à  terre,  dans  les  lieux  frais  ou 
humides,  parmi  les  plantes,  les  graminées  surtout,  et  quel- 
quefois encore  sous  les  écorces  des  arbres,  sous  les  pierres 
et  la  mousse.  Ils  courent  plus  particulièrement  le  soir. 

M.  de  Keichenbach  nous  a  donné  une  bonne  monographie 
de  ces  insectes.  Je  divise  ainsi  celle  tribu  : 

I.  Tarses  terminés  par  deux  crochets  (  antennes  de  onze  articles^ 
Le  genre  Chennie. 

II,  Tarses  terminés  par  un  seul  crochet. 

A.  Antennes  de  onze  arlicles  ;   des  mandibules  ;  palpes  distincts  ; 

maxillaires  très  -  saillans. 

Les  genres  ;  Psélaphe  ,  Ctenisïe.  (  Voyez  Psélaphe.  ) 

B.  Antennes  de  six  arlicles  ;    mandibules  jiulles  ou  peu  disiinctes  ; 

les  palpes  maxillaires   très-petits. 

Le  genre  ClavigèIÇe. 

Celle  tribu  des  brachélytres  forme,  dans  la  méthode  du 
docteur  Léach  ,  une  famille  ,  celle  des  psétaphidés ,  pselaphi- 
dea.  Il  la  partage  en  trois  races,  dont  la  dernière  esl  la  me- 
jne  que. notre  division  II  ,  B  ,  ou  celle  qui  esl  formée  du 
genre  cîaoigère.  La  première  race  n'offre  aussi  qu'im  seul 
genre  ,  celui  A'euplecius  :  il  est  distinct  des  autres  par  la  lon- 
gueur des  palpes  maxillaires  et  la  forme  de  leurs  deux  avant- 
derniers  articles,  caractères  que  j'avois  déjà  remarqués, 
dans  mon  Gênera  r.rust.  et  insect.  ,  en  décrivant  le  psélaphe 
de  Heis.  M.  Léach  divise  sa  seconde  race  ,  des  psé/aphidés ,  en 
trois  sections  ,  qui  embrassent ,  en  retranchant  de  la  pre- 
mière les  espèces  du  genre  euplecie^  les  trois  familles  que 
M.  de  Reichenbach  a  établies  dans  celui  Ae psélaphe  (  V.  ce  mot). 
La  première  section  est  composée  des  genres  bythinus  ^  arco^ 
pagus  et  iychus.  Leurs  caractères  sont  fondés  sur  les  grandeurs 
des  premiers  et  des  derniers  arlicles  des  antennes.  Les  deux 
autres  sections  n'offrent  chacune  qu'un  seul  genre  :  la   se- 


,r-  P  s  E 

^  conde  ,  celui  de  hyaxis ,  et  la  Irolsième  celui  de  pselaphe. 
Le  premier  de  ces  genres ,  ou  celui  à'euplecte ,  nous  paroît 
devoir  être  admis;  mais  l'introduclion  des  suivans  me  semble 
inutile,  (l.) 

PSELION,  Pselium.  Arbrisseau  grimpant  à  feuilles  alter- 
nes ,  péliolécs,  enlières,  et  à  (leurs  axillaires,  qui  forme  , 
seloj||Loureiro ,  un  genre  dans  la  dioécie  hexandrie  et  dans 
la  famille  des  ménispermes. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  dans  les  fleurs  mâles,  un 
calice  de  six  folioles  aiguës  et  concaves;  une  corolle  de  six 
pétales;  six  étamines  :  dans  les  tleurs  femelles,  un  calice  de 
quatre  folioles  ovales,  trés-peliles  et  très-velues;  point  de 
corolle  ;  un  ovaire  supérieur  à  stigmate  quadrifide  et  sessile  ; 
un  drupe  aplati,  arrondi ,  petit ,  et  qui  contient  une  noix 
percée  de  trous  ,  Inégale  et  monosperme. 

Le  pselion  que  Jussieu  soupçonne  devoir  être  réuni  aux 
Ménispermes,  croît  dans  les  forêts  de  la  Cochinchine.  Il 
présente  une  singularité  qui  n'a  pas  encore  été  remarquée 
dans  les  plantes  dioïques  ;  c'est  que  les  feuilles  des  pieds 
mâles  50nt  en  cœur  arrondi,  et  celles  des  pieds  femelles 
peltées  et  ovales.  Ce  fait,  joint  à  la  différence  qui  se  trouve 
dans  les  parties  de  la  fructlficaiion  ,  disposeroit  â  douter  de 
l'exactitude  de  l'observation  de  Loureiro,  si  on  ne  devoitpas 
avoir  en  lui  la  confiance  la  plus  étendue,  (b.) 

PSEN  ,  Psen  ,  Latr.,  Jur.  ,  Panz.  ;  Ttypoxylon  ^  Pelopœus^ 
Fab,  Genre  d'insectes  ,  de  l'ordre  des  hyménoptères  ,  sec- 
tion des  porte-aiguillons,  famille  des  fouisseurs,  distingué 
des  autres  genres  de  la  tribu  des  crab*'onites  ,  dont  il  fait 
partie  ,  au  moyen  des  caractères  suivans  :  antennes  insérées 
au  milieu  de  la  face  antérieure  de  la  tête,  grenues,  un  peu 
en  scie  dans  quelques  mâles  ,  plus  grosses  vers  leur  extré- 
mité ;  mandibules  unidentées  au  côté  interne  ;  chaperon 
presque  carré;  premier  anneau  de  l'abdomen  beaucoup  plus 
étroit,  en  forme  de  pédicule  brusque  et  allongé  ;  cellule  ra- 
diale nue  ,  très-grande;  trois  cellules  cubitales  complètes  ,^ 
dont  la  seconde  plus  petite,  presque  carrée,  et  la  troisième 
anguleuse. 

M.  Jurine  partage  ce  genre  en  deux  familles:  dans  la  pre- 
mière les  deux  dernières  cellules  cubitales  reçoivent  cha- 
cune une  nervure  récurrente. 

Psen  TRÈS-NOIR  ,  Psen  ater^  Latr.  ;  Trypoxylon  airaUim  y 
Fab.  ;  Panz.  ,  Faun.  ,  însect.  Germ. ,  fasc.  98  ,  tab.  i5  ,  la 
femelle.  11  est  long  d'environ  quatre  lignes  ,  très-noir,  avec 
le  devant  de  la  tête  garni  d'un  duvet  soyeux  argenté  ;  le  point 
épais  de  la  cote  des  ailes  supérieures  est  noir.  On  le  trouve 
sur  les  fleurs. 


M.  Jurioe  croit  que  le  pélopée  compressicornis  de  Fabricius 
est  le  mâle  de  cette  espèce;  mais  j'en  doute. 

Dans  sa  seconde  famille  ,  la  seconde  cellule  cubitale  re- 
çoit les  deux  nervures  récurrentes.  L'espèce  dont  il  donne 
la  figure  ,  sous  le  nom  de  psenhicolor,  et  qui  est  le  trypoxylon 
équestre  de  Fabricius  ,  appartient  à  cette  division.  Elle  est 
noire  ,  avec  le  second  anneau  de  l'abdomen  et  les  tarses 
fauves.  Elle  se  trouve  en  France  et  en  Allemagne,  (l.) 

PSEPHITE.  Espèce  de  roche  établie  par  M.  Brongniart, 
et  qui  comprend  la  plupart  de  ces  agrégats  que  les  minéra- 
logistes allemands  désignent  par  iudliegende  et  rothe-todle-lie- 
gende  :  ce  sont  des  grès  rudimentaires  pour  M,  Haiiy.  Ils 
sont  formés  d'une  pâte  argiloïde  ,  enveloppant  des  fragmens 
moyens  et  disséminés  de  micaschiste ,  de  schiste  argileux ,  de 
schiste  coticuie  ,  et  d'autres  roches  de  même  formation.  Le 
rothe-todte-liegende  de  Zorge  et  celui  d'Elrich  ,  au  Hartz  , 
appartiennent  à  cette  espèce  ,  ainsi  que  le  porphyre  argileux 
(^thon  porphyr)  de  Chemnilz  en  Saxe.  Celui  de  Zorge  contient 
des  grains  de  feldspath  ;  celui  d'Elrich ,  de  petits  grains  de 
quarz  ;  et  celui  de  Chemnitz,  du  micaschiste  ,  du  schiste  ar- 
gileux ,  etc.  F.  Roches,  (lis.) 

PSETTUS  de  Commerson.  Les  poissons  qui  ont  été  ainsi 
appelés  ,  sont  les  Acanthopodes  et  les  Monodactyles  de 
M.  Lacépède,  que  M.  Cuvier  réunit  en  un  seul  genre,  dans 
son  Règne  animal,  (b.) 
PSEUDACACIA.  V.  Pseudo-acacia,  (ln.) 
PSEUDALÈJE  ,  Pseudaleja.  Nom  donné  ,  parDupetît- 
Thouars,  au  genre  Olax  de  Linnseus,  qu'il  a  fait  mieux  con- 
noître.  (b.) 

PSEUDALOÏDE,P5e«<ifl^oïie5.  Autre  genre  de  Dupetit- 
Thouars  ,  qui  ne  diffère  du  précédent  que  parce  qu'il  a 
quatre  pétales.  Son  fruit  n'est  pas  connu,  (B.) 

PSEUDASPHODÈLE.  V.  Pseudo-asphodéle.  (ln.) 
PSEUDO-ACACIA.  Tournefort  donnoit  ce  nom  au 
genre  robinîa  de  Linnseus ,  lequel  comprend  ces  arbres  d'A- 
mérique ,  naturalisés  en  Europe  ,  que  nous  nommons  Faux- 
acacias  et  même  acacias.,  fort  improprement,  parce  que  le 
véritable  acacia  est  une  espèce  de  mimosa.  Voyez  PiOBITsia. 

Le  genre  pseudo-acacia  de  Plumier  se  compose  du  pseudo- 
acacia de  Tournefort ,  et  du  genre  pîscidia  de  Linneeus.  Le 
père  Feuiilée  a  décrit  et  figuré  sous  ce  nom  de  pseudo-acacia  , 
une  espèce  de  casse  {cassia  stipulacea  ,  ^W.  ).   (LN.) 

PSEUDO-ACMELLE.  Plante  annuelle  et  du  genre  spi- 
lanlhe,  qu'on  a  nommée  ainsi ,  parce  qu  elle  a  de  la  ressem- 
blance avec  une  autre  espèce  du  même  genre  ,  qu'on  appelé 
AcMELLE.  Celle-ci  est  remarquable  par  sa  saveur  piquante 

XXVtU.  I'^ 


,,.;  V  S  i: 

et  acide ,  qui  la  fait    employer  en   médecine  dans  l'indo. 
F.  Spilante.  (lm.) 

PSEUDO-ACONIÏ,  Pseudo-aconitum  ,  pardallanches  , 
Matth.  C'est  le  Thoua,  espèce  de  Renoncule,  (ln.) 

PSEUDO-ACORUS.  Nom  donné,  par  Tragus ,  aune 
espèce  d'iftis  à  fleurs  bleues,  qui  paroît  très-voisine  de  Viris 
rfes /?m,de  Lamarck,  Uiris  pseudo-arorus  est  une  espèce  dif- 
férente ,  à  fleurs  jaunes.  C'est  notre  Glayeul  des  étangs. 
V.  Iris,  (ln.) 

PSEUDO  -AGATE.  On  a  donné  ce  nom  autrefois  aux 
Jaspes-agates,  (^ln.) 

PSEUDO  AGNUS et PSEUDO-LIGUSrRUM(/a»:r; 
gattilier  el  faux  troène).  Dodonée  désigne  par  ces  noms  le  Pu- 
TiER  ou  Merisier  a  grappes,  (ltm.) 

PSEUDO -ALBATRE.  La  chaux  sulfatée  en  masse 
compacte  a  été  ainsi  nommée  par  opposition  aux  véritables 
albâtres  qui  sont  de  la  chaux  carbonalée,  (ln.) 

PSEUDO-AIVIBROISIE,P5e«rfo-a//2irosia.J.Camerarius 
figure  {Epit.  596)sous  ce  nom  le  Cociiléarja  coronopus  , 
si  commun  dans  les  prés  humides  et  sur  le  bord  des  ri- 
vières, (ln.) 

PSEUDO -AMÉTHYSTE.  C'est  la  Chaux  fluatée 
violette,  (ln.) 

PSEUDO-AMOMUM.  Gesner  donnoitce  nom  au  Gro- 
seillier A  fruit  noir,  ou  Cassis  ,  ribes  nigrum^  selon  C. 
Bauhin.  (ln.) 
PSEUDO-ANCHUSA  V.  Rhexia.  (ln.) 
PSEUDO  APIOS.  Matthiole  donne  ce  nom  à  la  Gesse 
tubéreuse  {laihyrus  tuberosus,  Linn.  ).  (LN.) 

PSEUDO-x\POCli\,  Pseudo-apucynuni.  Morison  a  donné 
ce  nom  à'deux  espèces  de  Bignones  {bignonia  crucigerael  ra- 
dicans  y  L.  ).  Baukin  fait  observer  que  l'on  regarde  quelque- 
fois la  balsamine  des  bois  {impatiens  noli  tangere)  ,  comme  étant 
le  pseudo-apocynon  de  Pline,  (ln.) 

PSEUDO  -ASBESTE.  On  a  donné  ce  nom  à  I'Asbeste 

LIGTSIFORME  et  à  l'AsBESTE  DUR.  (LN.) 

PSEUDO-ASPHODÈLE,  Pseudo-asphodelus.  C.  Bauhin 
donne  ce  nom  ,  i.°  à  l'ANTHEaiC  ossifrage  (an^  ossi/ragum  )  , 
l'aèamad'Adanson  et  le  narthecium  d'autres  auteurs;  2.°  àl'AN- 
THÉRlC  CALYCULÉ  (  a/i//j.  calycahUum  ,  Linn.  )  ,  dont  on  a  fait 
aussi  un  genre  distinct ,  sous  les  noms  de  ioffieldia  ,  heritiera, 
et  aussi  de  narthecium.  P.  NarthÉCIE.  fLN.) 

PSEUDO  -  AVENTURINE  -  QÛARZEUSE.  D<  la- 
métherie  donnoit  ce  nom  au  quarz  avenluriné.  Uaoeniurine 
véritable  es{  \t  feldspath  aoenturinê.  (ln.) 

PSEUDO-BASALTE.  Siutz  a  désigné  ainsi  la  Wacke, 


P  s  E 


95 


reche  argileuse  ,  que  quelques  minéralogistes  considèrent 
comme  du  basalte  décomposé,  (ln.) 

PSEUDO-BEHYL.  Variété  de  cristal  de  roche  ,  de  cou- 
leur verdâtre.  Elle  a  été  indiquée  par  Boëce  de  Boot  et 
W^allerius.  On  taille  le pseudo-beryl.  Les  plus  beaux  morceaux 
s'apportent  du  Brésil,  (ln.) 

PSEUDOBOA  d'Oppel.  Ce  sont  les  serpens  du  genre 
BoNGARE  de  Daudio.  (desm.) 

PSEUDO-BRASILIUM.  La  plante  sur  laquelle  Plu- 
mier et  Adanson  ont  établi  le  genre  de  ce  nom  ,  est  une  des 
deux  espèces  de  hrasiliastnim  de  Lamarck.  On  la  réunit  main- 
tenant au  comocladia.  Quant  à  la  deuxième  espèce  qui  est  le 
pseudo-brasiliastrum.  du  Jardin  des  Plantes,  dont  il  est  question 
dans  le  Gênera  de  Jussieu  ,  ce  botaniste  prévient  que  c'est 
Ja  même  plante  que  le  picramnia  antidesma  de  Swartz.  (ln.) 

PSEUDO-BUNION.  Plante  mentionnée  par  Diosco- 
ride  ,  qui  paroît  appartenir  à  la  famille  des  crucifères.  Elle 
avoit  quelque  ressemblance  ^  par  ses  feuilles  et  par  ses  bran- 
ches ,  avec  le  vrai  hunium  que  les  commentateurs  rapportent 
au  navet  sauvage.  Elle  croissoit  dans  l'île  de  Candie.  Quel- 
ques auteurs  présument  que  c'étoit  une  espèce  de  Sénevé  ou 
Moutarde  (  sinapi's).  Dodonée  a  indiqué  la  Barbarée(  Si- 
symfjmim  harbarea  .  Linn.  ).  (ln.) 

PSEUDO-BUXUS.  Nom  donné  au  Fragon  épineux  et 
au  G\i.t.  (ln.) 

PSEUpO-CAPSICUM.  Dodonée  paroît  être  le  premier 
qui  ait  indiqué  sous  ce  nom  la  Morelle  cerisette,  appelée 
aussi  faux  piment,  parce  que  le  nom  de  capsicum  est  le  nom 
générique  des  pimens,  dont  elle  se  rapproche  par  la  couleur 
et  la  forme  de  ses  fruits.  Voyez  Morelle,  vol.  2i,pag. 
369.  (ln.) 

PSEUDO-CARPIEN.  Nom  donné  par  M.  Desvaus  à 
une  sorte  de  fruit.  V.  Fruit,  §  IV.  (p.b.) 

PSEUDO-CASSIA.  L'Ecorce  de  Winter  ,  c'est-à- 
dire  du  canella  alba  ,  Murr.  ,  est  rapportée  ,  sous  ce  nom, 
dans  le  Finax  de  C.  Bauhin,  selon  Wildenow.  (ln.) 

PSEUDO-CHAMAEBUXUS.  On  a  décrit  sous  ce 
nom,  autrefois,  une  espèce  de  Laitier (yDo/j'^a/a  chamœ- 
buxus  ) ,  qui  croît  dans  les  Alpes,  (ln.) 

PSEUDO-CHAMAEDRYS.  Nom  donné  par  Gesner 
et  Thalius,  à  deux  espèces  de  Véronique  {veronica  teucvium 
et  chamœdrys ,  L.  ).  (ln.) 

PSEUDO-CHAMi^EPITYS  de  Clusius.  C'est  une  es- 
pèce  de   GermanDRÉe  (  ieucrium  pseiido-chamœpîtYS  ,   L,  ). 


igS  P  S  E 

Rivin' désigne  le  dracocephalum  ruyschianum ,  par  le  nom  de 
pseudo-chamœpilys  d'Autriche,  (ln.) 

PSEUDO  -  CHÉLIDOINE.     Voyez    Fausse  Chéli- 

DOINE,  (ln.) 

PSEUDO-CHINA.  Séneçon  des  Indes  Orientales ,  dont 
la  racine  avoit  élé  donnée  pour  le  véritable  china.  (  C'est  le 
senerio  pseudo-china  ,  L.  ).  (LN.) 

PSEUDO-CHRYSOLiTHE.  On  a  donné  ce  nom  autre- 
fois à  diverses  substances  d'un  jaune  verdâtre  ou  vert  jau- 
nâtre ,  pour  les  distinguer  de  la  véritable  Chrysolithe.  Cel- 
le-ci est  le  Péridot  et  non  point  la  chaux  phosphatée  ,  que 
l'on  a  également  appelée  ainsi. 

On  a  nommé  pscudu-chrysoà'the  ,  le  quarz  vert-jaunâtre, 
Volwine  oa  peridot- pyrogène  ,  et  quelques  obsidiennes. 

La  pseudo-chrysolilhe  de  Klaprolh  est  une  obsidienne  qui  se 
trouve  en  fragmens  scoriformes  ,  de  la  grosseur  d'une  noix, 
et  plus,  dans  les  environs  de  Maldomthein,  en  Bohème.  Elle 
est  noirâtre  à  l'extérieur ,  plissée  ,  ridée  et  lobée  dans  di- 
verses directions  ;  elle  est  compacte  intérieurement  et  trans- 
parente ,  quoique  parsemée  de  très-pelltes  bulles  ,  et  que  sa 
texture  soit  légèrement  fibreuse  ;  sa  couleur  est  le  vert  gri- 
sâtre ou  jaunâtre  plus  ou  moins  foncé  ,  ayant  quelquefois  la 
tendance  au  vert  bouteille  ,  mais  n^ayant  pas  une  teinte  aussi 
jaune  que  dans  les  autres  obsidiennes.  Elle  est  assez  dure  ,  et 
susceptible  de  prendre  très-bien  le  poli;  mais  son  éclat  n'est 
pas  vif,  et  sa  couleur  est  toujours  rembrunie.  Selon  Klaproth, 
elle  est  composée  de  :  silice  ,  88,5o  ;  alumine,  5,^6  ;  chaux, 
2  ;  fer  oxydé  ,  5,7$  ;  elle  contient  donc  plus  de  silice  qu'au- 
cune obsidienne.  Da  reste,  cette  analyse  ramène  ià  pseudo- 
chrysolilhe  de  Klaproth  dans  les  obsidiennes  ,  et  dans  les  ob- 
sidiennes proprement  dites  homogènes.  V.  cet  article,  (ln.) 
PSEUDO-CLINOPODE,  Fseudo  -  dinopodium.  Mat- 
thiole  donne  ce  nom  à  une  espèce  de  Thym  (  thymus  aci- 
nos  ,  L.  ).  (LN.) 

PSEUDO-COBALT,  Pseudo-cohaltum ,  c'est-à-dire, 
faux  cobalt.  Nom  donné  autrefois  au  nickel  arsenical ,  qu'on 
appeloit  encore /?5<îHÉ?o-cu/>/Mw,  faux  cuivre.  F.  Nickel  arse- 
nical, (ln.) 

PSEUDO-CORNUS.  V.  Pseudo  crania.  (ln.) 
PSEUDO-CORONOPUS.  Dodonée  emploie  ce  nom 
pour  désigner  le  Plantain  corne-de-cerf  (  plantago  corono- 
pus  ,  Llnn.  ).    (ln.) 

PSEUDO-COSTUS  de  Matfhiole.  Sprengel  le  rapporte 
au  pastinaca  opopanax,  qui ,  selon  lui,  est  la  même  plante  que 
le  laserpiiium  chironium  de  Wllldenow.  (LN.) 
PSEUDO-CRANIA.  Val.  Cordus  donne  ce  nom   au 


P  s  E  197 

Cornouiller  sanguin  (  cornus  sanguînea  ,  L.  ).  On  a  égale- 
ment nommé  celte  plante  pseudo-cornus,  (ln.) 

PSEUDO-CYPERUS.  Nom  donné  par  Gesner,  Lobel, 
etc. ,  à  une  espèce  de  LAiCHEqui  en  a  conservé  le  nom  {carex 
pseudo-cyperus  ,  L.  ).  ïhalius  le  donne  encore,  ainsi  que  Mi- 
cheli  ,  au  scirpus  sybniicus.  (ln.) 

PSEUDO-CYTISE,  Fseudo-cytisus.  Ce  nom  a  été  donné 
à  diverses  espèces  de  légumineuses  ;  par  exemple ,  au  spartium 
complicatum.,  aux  cyiisusnigricans,  irifloms ,  ausln'arus  et  supinns , 
etc  ;  au  genis/a  canariensis  ,  L.  ;  a.  l antJiyllis  cy/i'soïdes ^  etc.,  et 
au  vel/a  pseudo-cyù'sus  ,  L.  (lis.) 

PSEUDO-DIAMANT.  C'est  le  Jargon  limpide  qui  a 
l'éclat  luisant  du  diamant ,  et  non  pas  ses  effets  brillans. 
V.  ZlRCON.  (ln.) 

PSEUDO-DICTAMNOS.  Dioscoride  indique  sous  ce 
nom  l'une  de  ses  trois  espèces  de  dictumnos.  11  se  contente 
de  dire  qu'elle  est  semblable  au  vrai  dîctamnos ,  pour  sa  forme 
et  pour  ses  propriétés  ,  excepté  que  ses  vertus  sont  moins 
énergiques.  La  plupart  des  commentateurs  ont  rapporté  le 
vrai  dictamnos  à  Vonganum  diciamniis  ,  et  le  pseudo-dictamnos  ^ 
au  marrubium  pseudo-dictamnus. 

Quatre  espèces  de  marrubium  (  crispvm  ,  africanum  , pseudo- 
dictamnus  ,  aceiabulosum  )  ,  ont  été  décrites  autrefois  50us  la 
dénomination  de  pseudo-diclamnus  ou  de  pseudo-diciamnum  , 
dont  deux  espèces  (  le  marrubium  pseudo-diciamnum  et  aceia- 
bulosum )  ont  la  lèvre  supérieure  de  la  corolle  voûtée  ,  les 
feuilles  en  cœur,  et  le  calice  à  limbe  épanoui  en  forme  d'en- 
tonnoir :  elles  constituent  le  genre  dictamnus  de  Tournefort, 
annulé  par  Linnseus,  rétabli  sans  succès  par  Adanson  et  par 
Mrench.  (ln.) 

PSEUDO-DKxITALE.  C'est  le  Dracocéphale  de  Vir- 
ginie. Boccone  appelle  cette  plante  pseudo  -digitale  à  feuilles 
de  pêcher  (  Bocc.  ,  Sic-  12 ,  t.  5  ,  fig.  5  ).  (ln.) 

PSKUDO-EBÈNE.  On  donne  ce  nom  à  un  arbrisseau 
de  l'Amérique  méridionale.  C'est  Vameiimnum  ebenus  de 
Svvartz,  placé  parmi  les  aspa/albus  pArlj\nnv?us,  Il  nefautpas 
le  confondre  avec  le  faux  Erénier  ,  arbre  d'Europe  ,  qu'on 
cultive  dans  tous  les  jardins ,  pour  l'ornement ,  et  qui  est  un 
Cytisus.  (ln.) 

PSEUDO-ELLEBORUS.  Morison  désigne  ainsi  le 
Trollius  européen,  L.  Le  nom  de  pseudo  -  elleburus  est 
donné,  par  Besière  et  Dalécbamps  ,  à  l  adonis  remalis ^  que 
Mattbiole  avoit  nommé  avant  ,  pseudo-ellebontm.  Dodonée 
mentionne  Vhelleborus  viridis  sous  le  nom  de  pseudo-helle- 
borus  noir,  (ln.) 

PSEUDO  EMERzVUDE.  On  a  donné  ce  nom  au  quarz 


igS  P  S   E 

hyalin  verl^  et  cependant  sa  couleur  n'est  pas  celle  de  t'éme'- 
TaL\xàç..\jA  prehnile  entrelacée  àa  Qa^p  de  Bonne-Espérance,  a 
aussi  élé  appelée  pseudo-émêraude.  (ln.) 

PSEUDO-EMERAUDE.  Variété  A' atgue-marine  ,  qui  se 
trouve  à  Finbo  près  Fahlun,  en  Suède.  (i.N.) 

PSEUDO  -  FUMARIA.    C'est    le  fumaria   capnoides  , 

L.     (Lî^.) 

PSEUDO-GALENE.  Nom  donné  anciennement  au  zmc 
sulfuré^  peu  importe  sa  couleur  ,  parce  qu'il  a  parfois  l'ap- 
parence de  la  vraie  galène  ou  plomb  sulfuré.  C'est  pour  celte 
raison  qu'on  lui  a  donné  ,  en  allemand  ,  le  nom  de  blende^ 
qui  signifie  trompeur.  Quand  on  Thumecte  avec  le  souffle , 
il  se  ternit  pour  quelque  temps,  tandis  que  la  galène,  dans 
la  mêrtie  circonstance  ,  reprend  à  l'instant  tout  son  bril- 
lant, (ln.) 

PSEUDO -GALÈNE  PICIFORME  (  Psafdo-galena 
picea,  Waller.  )  ,  on  pechblende.   F.  UaANE  OXYDULÉ,   (ln.) 

PSEUDO-GELSEMINUM,  Rivin.  C'est  une  espèce  de 
BiGNONE  (  Bignunia  radicans  ,  L.  ).  (ln.) 

PSEUDO-GNAPHALIUM.  C'est  le  micrupus  supinus  , 
dans  Morison.  (  Hist.  3  ,  p.  q3.  )  (ln.) 

PSEUDO-GRENAT  et  PSEUDO- HYACINTHE. 
Ce  sont  des  quarz  qui  présentent  des  couleurs  jaune-rougeâ- 
tres  ou  orangées  ,  analogues  à  celles  de  certains  gienal^,  de 
Vhyacinthe  et  de  Vessonite  ou  kanelstein.  (ln.) 

PSEUDO-HELICHRYSUIVI.  Morison  ,  dans  son  His- 
toire des  plantes,  mentionne  sous  ce  nom  :  deux  arbrisseaux  ; 
l'un  de  Virginie  ,  est  le  baccharis  halimifolia  ,  Linn.  ,  et  l'au- 
tre du  Pérou  ,  est  l'/Va  frulescens  ,  Linn.  (ln.) 

PSEUDO -HELLËBORUS.    Voy.  Pseudo  -  ellebo-, 

RUS.    (ln.) 

PSEUDO-EUPATORIUM.  Dodonée  dislingue  deux 
plantes  sous  ce  nom,  l'une,  qu'il  nomme  mâle.,  est  notre  Eu- 
PATOIRE  COMMUN  (  eupaiorium  cannabinuni  ^  L.  )  ;  et  l'autre  , 
femelle  ,  est  le  Bident  tripartite  (  bidens  iripartita  ,  L.  ). 

Selon  lui,  le  véritable  hepatorium on eupatorium  des  anciens, 
est  notre  Aigremoine  des  bois  {agrimunia  eupatoria.,  L.).  (ln.) 

PSEUDO  HERMODACTYLUS.  Matthioie  et  autres 
anciens  auleurs  ont  donné  ce  nom  à  la  Vioclte  (<'/j//?rom'Hra 
dem-canis  ).  (ln.) 

PSEUDO-IRIS.  Dodonée  et  Beslère  ont  décrit  sous  ce 
nom  le  Glayeul  jaune  de  nos  étangs,  au  Faux-Acore(  irh 
pseudo-acorus.,  L.  ).  (LN.) 

PSEUDO-LEONTOPODIUM  de  Matthioie  et  de  Da- 
léchamps.  C'est  le  gnaphalium  rectum  ,  Willd.  (ln.) 

PSEUDO  LIGUSTRUM.  V.  Psi-u.do-Agnus.  (ln.) 


PSEUDG-LIMODORUM.  Clusius  donne  ce  nom , 
dans  son  Hisloire  des  plantes,  à  Vurchis  aborlwa,  L. ,  main- 
tenant considérée  comme  une  espèce  du  genre  limodo- 
riiin.  (ln.) 

PSEUDO-LINUM  ou  FAUX-LIN.  On  a  donné  ce  nom 
aux  LiNAiGRETT£S  (  eriophorum  )  ,  qui  croissent  dans  nos 
marais,  (ln.) 

PSETJ DO-LOTUS.  On  a  donné  ce  nom  au  Plaque- 
minier  d'Europe  (  diospyros  loUis  ,  L.  )  ,  parce  que  quelques 
auteurs  ont  cru  que  c'éloit  le  véritable  lotus  des  anciens. 
V.  Plaqueminier.  (ln.) 

PSEUDO-LYSIMACHIE,  Pseudo-fysiwacUum  etpsmdo- 
lysimcichia.  On  a  donné  ce  nom  à  plusieurs  espèces  d'EpiLOBE 
(  epilubiiim  montanum  et  angusfifolium),  et  à  la  Salicaire  (  li- 
ihrum  salicaria^  Linn.).  (ln.) 

PSEUDO-MALACHITE  de  Hausmann.  C'est  le  Cui- 
vre phosphaté,  (en.), 

PSEUDO-MAPvUM  de  Rivin.  C'est  une  espèce  de  Ger- 
mandree  ,  teiicrium^  selon  Adanson.  (ltsi.) 

PSEUDO-MELANTHIUM.  Matthiole  et  plusieurs  au- 
teurs désignenl  ainsi  le  GlïHAGE  des  blés  {agrostemma  gi- 
iluigo  ) ,  et  Kai  donne  ce  nom  à  Vagroslemma  cœlL-rasa ,  avec 
l'épithète  de  glabre,  (ln.) 

PSEUDO-MÉLISSE.  C'est  la  Moldavique  (  J^racocg- 
pliahini  moldaoka  ,  L.  ).  (ln.) 

PSEUDO-MELILOT,  PsPMdo  melllotus.  C'est  le  Loïier 
CORmcvLÉ(^  lotus  corniculalus^  Linn.).   (ln.) 

PSEUDO-MOLY  de  Gfsncr  ,  Daléchamps  et  Dodo- 
née,  C'est  le  Gazon  d'olympe  (  statice  armen'a  ,  L.  ).  (LN.) 

PSEUDO-MORPHE,  C'est  le  nom  qu'on  donne  aux 
substances  minérales  qui  se  présenlent  sous  des  formes  qui 
sont  élrangères  à  celles  qui  leur  sont  propres,  et  q^ui  tiennent 
à  leur  nature. 

Ainsi ,  les  moules  de  toules  espèces  de  corps  organises  sont 
âcs  pseudo-morphes  de  ces  corps  »  parce  que  la  substance  cal- 
caire ,  siliceuse  ou  autre ,  qui  compose  ces  moules,  n'est  pas 
susceptible  de  prendre  ces  formes  par  elle-même. 

Les  pétrifications  son.t  dans  le  même  cas  :  par  exemple  , 
dans  les  bois  siliciliés  ,  la  silice ,  tout  en  ayant  pris  la  structure 
parfaite  du  bois  ,  s'est  déposée  en  petits  cristaux  qui  tapis- 
sent toutes  les  cavilés  et  toutes  lesgerçures.  Les  pétrifications 
calcaires  offrent  également  des  petites  cristallisations  de  chaux 
carbonatée.  Dans  les  véritables  pétrifications  ,  la  silice  ou 
le  calcaire  qui  les  compose  ,  faisoitle  plus  souvent  partie  de 
la  substance  du  corps  organisé  dont  elles  ont  la  forme. 

En  minéralogie,  il  y  a  aussi  des  pseudo-morphes,  c'est- 


200  P    S     E 

à-dire  ,  des  substances  minérales  qui  se  présenlenJ  sous  des 
formes  étrangères  à  leur  espèce  propre.  Ces  substances  pseu- 
do  morphiques  sont  assez  communes  ;  elles  ne  se  forment 
pas  toutes  de  la  même  manière. 

Le  quarz  et  le  silex  se  présentent  sous  des  formes  qui  sont 
celles  de  la  chaux  carbonatée  ;  alors  ,  les  cristaux  ont  une 
texture  particulière  au  quarz  ou  au  silex,  et  n'offrent  plus 
un  atome  de  calcaire.  On  doit  croire  que  la  matière  sili- 
ceuse s'est  moulée  dans  des  cavités  laissées  par  des  cris- 
taux calcaires  qui  se  sont  détruits  par  une  cause  quelcon- 
que. C'est  de  la  même  manière  qu'on  peut  expliquer  les 
quarz  pseudo  -  morphiques  qui  ont  les  formes  de  la  chaux 
fiuatée. 

La  stéatiteou  létale  pseudo-morphique  delà  principauté  de 
Bareuth  contient,  empalés  dans  sa  masse,  une  multitude  de 
cristaux  quelquefois  très-pressés  ,  de  même  nature  qu'elle, 
et  qui  offrent  des  formes  propres  au  quarz  et  à  la  chaux  car- 
bonatée. Ici ,  on  ne  peut  supposer  que  ces  cristaux  pseudo- 
morphes  aient  succédé  à  des  cristaux  de  quarz  et  de  chaux 
carbonatée.  Il  faut  croire  que  la  matière  calcaire  et  la  ma- 
tière siliceuse  ,  contenues  dans  la  roche ,  ont  eu  la  force  de 
vaincre  la  résistance  que  leur  opposoit  la  stéatite  pour  venir 
se  cristalliser  ,  mais  que  cette  force  n'a  pas  été  suffisante 
pour  permettre  à  la  silice  et  au  calcaire  de  se  réunir  en  corps 
homogènes.  On  pourroit  dire  alors  ,  que  ces  cristaux  ne  sont 
point  pseudo-morphiques  ,  et  que  cette  stéatite  est  un  por- 
phyre d'une  nature  particulière  ;  et  de  fait,  on  voit  souvent 
dans  les  porphyres  pétrosiliceux  ,  des  cristaux  de  feldspath 
compacte  ,  extrêmement  mélangés  avec  la  pâte.  Les  cristaux 
de  stéatite  auroient  aussi  de  l'analogie  avec  le  grès  cristallisé 
de  Fontainebleau,  qui,  quoique  sous  une  forme  propre  à  la 
chaux  carbonatée,  n'en  contient  le  plus  souvent  presque  pas  , 
soit  que  cette  substance  n'y  ait  jamais  été  qu'en  petite  quan- 
tité ,  soit  qu'elle  ait  disparu  ensuite. 

Un  troisième  genre  de  pseudo-morphe  est  celui  produit 
par  une  substance  cristallisée  ,  qui  en  perdant  l'un  de  ses 
principes  ou  en  se  décomposant,  se  trouve  changée  en  une 
autre  espèce  minérale.  C'est  à  des  causes  pareilles  ,  qu'on 
doit  les  cristaux  ,  ayant  la  forme  du  feldspath ,  qu'on  trouve 
dans  le  granité  de  Carlsbad  en  Bohème  ,  et  qui  sont  produits 
par  le  feldspath  cristallisé  qui  s'est  décomposé.  C'est  ainsi 
que  se  forme  le  fer  hydraté  épigène  ,  dont  les  cristallisations 
sont  celles  du  fer  sulfure.  Ces  pseudo-morphes  sont  réellement 
épigènes  ,  c'est-à-dire  ,  formés  après  coup. 

Le  fer  sulfuré  affecte  ,  à  son  tour  ,  des  formes  qui  sont 
étrangères  à  sa  trislailisation:  il  en  est  de  même  du  plomb 


P  s  E 

sulfuré.  Le  premier  présente  des  formes  propres  à  l'argent 
antimonié  sulfuré  ;  le  second  ,  celles  du  plomb  phosphalé- 
Les  minéralogistes  nomment  ces  pseudo-morphes,  des  épi- 
génies  ou  des  cristallisations  formées  après  coup  ;  mais  elles 
pourroient  être  aussi  une  cristallisation  confuse  et  simultanée 
de  deux  substances  cristalligables  ,  dont  la  force  cristalli- 
sante éloit  de  puissance  différente  dans  chaque  sab&.ance; 
et  ce  qui  le  prouve  ,  c'est  que  dans  ces  formes  ,  il  est  rare 
que  les  deux  substances  ne  s'y  rencontreui  ensemble ,  et  qu'il 
n'y  ail  des  cavités  laissées  par  une  des  deux  substances  qui 
s'est  détruite.  Ces  cristaux  peuvent  donc  être  regardés  comme 
appartenant  aune  quatrième  sorte  de  formation. 

Enfin,  on  peut  rapporter  à  une  cinquième  classe  les 
pseudo-morphes  produits  par  une  substance  qui  ,  en  incrus- 
tant une  autre,  prend  sa  forme  ,  tels,  par  exemple,  que  les 
quarz  incrustans  qui  offrent  les  formes  delà  baryte  sulfatée, 
et  la  calcédoine  qui  recouvre  les  cristaux  de  quarz,  etc.  On 
conçoit  qu'ils  peuvent  être  très-variés,  et  de  toute  nature. 
Il  n'en  est  pas  de  même  relativement  aux  précedens.  On  re- 
marque parmi  les  minéraux  ,  que  les  substances  siliceuses 
présentent  volontiers  des  formes  particulières  à  des  sels  pier- 
reux ,  et  qu'une  substance  métallique  offre  des  formes 
particulières  à  une  espèce  du  même  genre  de  métal  ^  ou  plus 
rarement,  à  une  espèce  d'un  autre  métal,  (lis.) 

PSEUDO-MORPHOSE.  F.  Pseudo-morphe.  (ln.) 

PSEUDO-MYAGRUM.  Maiihiole  donne  ce  nom  à  la 
Cameline  (  myagjum  saihum  ,  L.  ).  (ln.) 

PSEUDO-MYRTUS,  Faux  myrte.  C'est  le  Myrtille 
(  vaccinium  myrlil/us,  L.  ).  (ln,) 

PSEUDO-NARCISSUS,  Faux-Narcisse.  Cenom  dési- 
gne ,  dans  les  anciens  livres  de  botanique,  un  grand  nombre 
d'espèces  de  Narcisses  ,  et  principalement  les  espèces  qui 
ont  le  nectaire,  c'est-à-dire,  la  couronne  florale  interne  ex- 
trêmement développée  ,  comme,  par  exemple  ,  dans  le  nar- 
cisse pseudo-nardssus  ,  L. ,  et  le  narcisse  hicolor.  C.  Bauhin  les 
range  toutes  avec  ses  narcisses, où  il  place  son  pseudo-narcissus 
qui  est  Vanihericiim  seiotinum  ,  L.  (LN.) 

PSEnDO-NARDUS,FAUx-NARD. C'est  la  Lavande, 
dans  Matthiole  et  Fuchsius.  (ln.) 

PSEUDO-NEPHELINÉ,  FleuriaudeBellevue.  V.  NÉ- 

PHELINE,  (LN.) 

PSEUDO-OPALE,  P.e«rfoyyû/e.  Cronstedt,de  Rorn,etc., 
ont  donné  ce  nom  à  ïœil-de-chat  ou  quarz-agate  chatoyant 
de  M.  Haiiy.  (ltm.) 

PSEUDO-ORGHIS.  Clusius  donne  ce  nom  à  Yophrys 
monophyUos ,  Linn.,  qui  est  «ne  espèce  de  maîaxis  daa^  Wili- 


303  P    S     E 

denow.  La  plante  nommée  de  même  par  Dodonée ,  est  aussi 
un  ophrys  pour  Linnaeus  (  ophrys  ovafa  ).  Svvartz  et  Willde- 
novv  en  font  une  espèce  à' epipactis.  11  y  a  encore  le  pseudo- 
erchis  de  C.  Bauhin,  qui  est  le  satyrium  repens,  L. ,  considéré  par 
Swartz  et  Wilidenow  comme  une  espèce  de  neottia.  Enfin  le 
pseudu-orchis  de  Mioheli  {Gen.,  tab.  26  )  ,  est  également  une 
espèce  du  genre  satyrium  de  Linnaeus  (  sa/jr/um  albidiim'). 
Elle  est  rapportée  aux  orchis  par  Svvartz  et  Wilidenow.  (lî«.) 

PSEUDO-PATES.  L'un  des  noms  grecs  du  Staphys- 
AGRIA.  V.  ce  mot.  (ln.) 

PSEUDq-PETALON,P5«i/rfo  ;;e/o/o«.  Arbre  de  la  Loui- 
siane ,  à  feuilles  alternes,  pinnées  avec  impaire;  à  folioles 
portant  des  glandes  sur  leurs  dentelures  ;  à  fleurs  disposées 
en  grappes  terminales  ,  qui  paroît  se  rapprocher  Infiniment 
du  Clavalier  a  feuilles  de  frêne,  mais  que  Rafinesque 
croit  être  différent  et  constituer  seul  un  genre  dans  la  dioé- 
cie  pentandrie  et  dans  la  famille  des  térébinthacées. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  calice  très-petil ,  à  cinq 
dents  ;  corolle  de  cinq  pétales  opposés  aux  dents  du  calice. 
Mâles  :étamines  à  filamens  épais  ;  femelles: deux  styles  à  stig- 
mate en  tête;  fruit  formé  de  deux  capsules  monospermes.  (B.) 

PSEUDO-PITHÈQUE.  Nom  proposé  par  M.Duméril 
pour  désigner  les  quadrumanes  de  la  famille  des  makis  ou  lé- 
muriens ,  à  laquelle  on  avoit  déjà  donné  la  dénomination  de 
prosimiœ.  V.  Prosimia  et  Lémuriens,  (desîh.) 

PSEUDO-PLATANUS  ou  FAUX-PLATANE.  C'est 
une   espèce  d'ERABLE  (  acer  pseudo-platanus ,  L.  ).  (LN.) 

PSEUDO-PODES.  Nom  d'une  famille  de  crustacés  , 
établie  par  Latreille  ,  dans  son  Histoire  naturelle  de  cette 
classe,  faisant  suite  au  Buffon  ,  édition  de  Sopnini.  Ses 
caractères  sont  :  la  tête  confondue  avec  le  corselet ,  et 
pas  d'apparence  d'yeux.  Elle  renferme  les  genres  Cyclope 
et  Argule.  F.  ces  mots,  (b.) 

PSEUDO-PRASE.  On  donne  ce  nom  à  des  pierres  ver- 
tes, demi-transparentes  ,  qui  ont  plus  ou  moins  de  ressem^ 
Llance  avec  la  prase,  qui  n'est  autre  chose  qu'une  variété  de 
quarz  hyalin  vert  susceptible  d'un  beau  poli.  V.  Prase.  (pat.) 

PSEUDO-PYRETHRUM.  J.  Camerare  (  Epit.  543^) 
donne  cenonta  Vaniliemis  pyreihnwi,  h.   (ln.) 

PSEUDO-RUBIA  ,  Fausse- Garance.  Morison  dési- 
gne par  là  (  Hist. ,  tab,  22  ,  fig.  pénult.  )  ,  la  Crucianelle  a 
feuilles  étroites,  (ln.) 

PSEUDO-RUBIS.  C'est  le  quarz  ,  lorsqu'il  est  rose 
pur  ou  laiteux  ,  et  un  peu  girasol  ;  l'amélhysle  pâle  a  reçu 
<joel(i«cfo!s  le  naui  de  PsEUDO-Ri'Dis  améthisïe.  Il  y  a  en- 


P  s  E  2o3 

core  le  Pseudo-ruuis  hyacinthe  ,  qui  esi  un  quarz  ana- 
logue ,  avec  une  teinte  roussâtre.  (b.) 

PSEUDO-RHUBARBE  iPseudo-rhabarbamm,  JUléch., 
Pharm.i23).G'estlePlGAMONJAUNE(///fl//V://«m)?«0Mm,L.(Lls.) 

PSEUDO-RUTA  de  Micheli  (Gen.  2a  ,  tab.  24).  C'est 
uiTe  espèce  de  Rue  (  Ruia paiavina  ,  L.  ),  (ln.) 

PSEUDO-SAL\  lA.  C'est  une  espèce  de  Germandrée 
(^Teucrium scorodonia ,  L.  )•  (LN.) 

PSEUDO-SANTALUM.  Nom  donné  à  quelques  espè- 
ces de  Bresillets  (  Cœsalpinia  brasitiensis  et  ecJdnaia  ,  W.  ) , 
parce  que  quelquefois  on  substitue,  dans  le  commerce  ,  leur 
Lois  au  vrai  bois  de  santal.  V.  Santal  et  Santalin. 

Le  pseudo-santalum  de  Rumphe,  Amb,  2  ,  tab.  12,  est,  se- 
lon Jussieu  (  Gênera  plant.  ,  p.  218  ),  Varalia  umbelUfera  ^ 
Lamarck  ,    très-voisine  des  ciissones.  (ln.) 

PSEUDO  -  SAPHIR.  Wallerlus  a  donné  ce  nom  au 
quarz  ,  lorsqu'il  est  bleu.  Il  paroît  qu'anciennement  le  nom 
tïe  pseudo-saphir  étoit  donné  au  saphir  d'eau ,  variété  de 
dichroïle  que  l'on  a  long-temps  regardée  comme  quarz,  (ln.) 

PSEUDO  -  SAURIENS.  Subdivision  proposée  par 
Blainville ,  parmi  des  Batraciens  de  Brongniart.  Elle  nq 
renferme  que  le  genre  Salamandre,  (b.) 

PSEUDO-SCHORL.    On  a  donné  ce   nom  à  l'Axi- 

NITE.  (ln.) 

PSEUDO-SELINON.  L'un  des  noms  grecs  de  la  plante 
que  Dioscoride  désigne  par  pentaphyllum  ,  et  Pline,  par  quin- 
quefolium.  (LN.)     • 

PSEUDO-SESAME.  C'est  un  des  noms  qu'on  a  donnés 
à  la  Cameline  (  myagrum  sativum  ,  L.  ).  (LN.) 

PSEUDO- SOMMITE  de  Fleuriau  de  Bellevue.  F.  NÉ- 

PHELINE.  (LN.) 

PSEUDO-SPATH,  Nom  donné  à  la  Chaux  fluatée 
ou  Spath-fluor,  (ln.) 

PSEUDO-STACHYS.  C'est  I'Epiaire  des  Alpes  (5/a- 
chys  alpina,  L.  )  ,  dans  le  Pinax  de  C.  Bauhin.  (ln.) 

PSEUDO-STRUTHIUM.  Nom  que  Matthiole  donne  à 
la  Gaude  ,  B.esed'1  luteula.  (LN.) 

PSEUDO-SYCOMORUS,  Faux-Sycomore.  Maiihiolc 
et  d'aulres  botanistes  ont  décrit  sous  cette  dénomination , 
TAzÉDARACH  (^Mellia  azedarach^Li.  ).  On  nomme  aussi  vulgai- 
rement Faux-Sycomoke  ,  une  espèce  d'ERABLE,  ykcr  pstudo- 
pîaianus.  Le  vrai  Sycomore  est  une  espèce  de  Figuier,  (ln.) 

PSEUDO-TOPAZE.  (]'est  encore  un  quarz.  Sa  couleur 
est  le  jaune  plus  ou  moins  enfumé  ,  ou  plus  ou  moins 
vlQré.  (ln.) 


204  PSI 

PSEUDO-ÏURPETUM  de  C.  Bauhin,  Pm.  C'est  le 

TlIAPSIA  GARGANICA  ,  L.  ).  (LN.) 

PSEUDO  -  VALERIANE.  Morison  donne  ,  sous  ce 
nom,  la  figure  d'une  espèce  de  Mâche  {fedia  discoïdea, 
Vahl.  ).  (LN.) 

PSEUDO-VIBIIRNUM  de  Rivin.  Il  est  rapporté  au 
genre  Camara  {lantana  ,  L.),  par  Adanson.  (ln.) 

P3îi£iSîCA.  Nomslavon  du  Froment,  (ln.) 

PSI.  En  Pologne  ,  c'est  le  Chien  domestique,  (desm.) 

PSI  {Insecte  ^.Noy.  NOCTUELLE.  (L.) 

PSIADIE  ,  Psiadla.  Genre  de  plantes  ,  établi  par  Jac- 
quin  ,  Horl.  Schoenborn,  tab.  iSa  ,  pour  placer  la  conise  gluU- 
neuse  des  autres  auteurs  ,  qui  est  de  la  syngénésie  néces- 
saire ,  tandis  que  les  conises  sont  de  la  syngénésie  superflue. 
V.  au  mot  CoNiSE.  (b.) 

PSIA-PASZA.  Nom  polonais  du  Chiendent,  (ln.) 

PSIDION  ouPSIDIUM.  Nom  qui  étoit,  chez  les  Grecs, 
«n  de  ceux  du  Grenadier.  Maintenant ,  les  botanistes  nom- 
jnnel^  psidium^  d'après  Linnœus  ,  les  (ioYAViERS,  dont  Lam- 
bert a  décrit  une  espèce  nouvelle  (psidii/m  po/yrai-pon ,  Trans. 
linn.,  Lond.  12,  p.  281  ,  t.  17.  On  rapporte  à  ce  genre  celui 
appelé  decaspermum  par  Forster.  (ln.) 

PSl-IEZIK.   r.PsY-GAZYK.  (LN.) 

PSîLOPE  ,  Prilopus.  Genre  de  vers  mollusques  ,  établi 
par  Poli  ,  dans  son  ouvrage  sur  les  testacés  des  mers  des 
Deux-Siciles  ,  et  qui  offre  pour  caractères  :  deux  trous  en 
place  de  siphons  ;  des  branchies  séparées  ,  mais  cependant 
réunies  par  leur  sommet  ;  un  abdomen  ovale,  comprimé, 
entourant  un  pied  très-petit. 

Ce  genre  a  pour  type  ,  l'animal  de  la  Cardite  CŒUR  de 
Bruguièrcs  ,  I'Isocarde  de  Lamarck ,  qui  faisoit  partie  des 
Cames  de  Linnœus.  (B.) 

PSILOTON  ,  Psilotum.  Genre  de  plantes  ,  établi  par 
Svvarlz  dans  la  famille  des  mousses.  Il  est  fort  voisin  des 
Lycopodes  ,  et  présente  pour  caractères  :  un  grand  nombre 
d'urnes  ou  de  capsules  globuleuses  ,  à  trois  ou  quatre  valves , 
à  trois  ou  quatre  loges,  éparses,  axillaires  et  sessiles,  sur  les 
feuilles,  fructifères,  et  s'ouvrant  par  leur  sommet. 

Ce  genre, aussi  appelé  Bernhardie  et  Hoffmanne,  diffère 
si  peu  du  Tmesipteris  ,  que  Poiret  les  a  réunis.  Il  fait  le 
passage  des  Lycopodes  aux  Fougères.  V.  ces  mots. 

On  en  connoîl  quatre  espèces  venant  des  Terres  Australes 
et  de  l'Amérique  méridionale,  (b.) 

PSIPHACIA  etPSlPHELlDA.  Selon  Honoré  Bellon, 
ces  noms  sont  donnés  ,  en  Crète ,  à  une  espèce  de  Pivoine. 
Celle  espèce  n'est  pas  cannue  des  botanistes  actuels,  (ln.) 


P  s  O  2oiî 

PSITTACARIA  d'Helster.  C'est  I'Amaranthb  tuico- 

LORE,    (LN.) 

PSITTACE  ou  SITTACE.  Nom  indien  des  perroquets, 
selon  Pline ,  qui  nous  apprend  que  de  ce  nom  vient  celui  de 
Psitlacus  ,  appliqué  à  ces  oiseaux  par  les  Latins,    (v.) 

PSITTACIA.  V.  PisTACiA.  (LN.) 

PSITTACIN  OLIVATRE.  V.  Dur-bec  olivâtre,  (v.) 

PSITTACINS,  P*i«aam. Famille  de  l'ordre  des  oiseaux 
Syhains  et  de  la.  tribu  des  Zygodactyles.  V.  ces  mois. 
Caractères  :  pieds  courts;  tarses  réticulés  ,  nus  ;  quatre 
doigts ,  deux  devant ,  deux  derrière  ;  les  antérieurs  joints 
seulement  à  leur  origine  ;  bec  incliné  dès  la  base ,  et  cou- 
vert d'une  membrane,  convexe  en  dessus  et  en  dessous, crochu 
vers  le  bout  de  sa  partie  supérieure  ,  anguleux  sur  les  bords  , 
retroussé  àrexlrémilé  de  l'inférieure.  Cette  famille  contient 
les  genres  Ara,  Kakatoès  et  Perroquet.  V.  ces  mots,  (v.) 

PSITTACUS.  Nom  latin  et  générique  des  Perroquets. 

(V.) 

PSITTAKE.    Nom  grec  àes  perroquets^   perruches,  etc. 

PSOA,  Pioa.  Genre  d'insectes  coléoptères,  établi  par 
Herbst,  et  adopté  par  Fabricius.  Il  ne  diffère  de  celui 
à'apaie  du  dernier,  ou  de  nos  bosiriches,  que  parce  que  le 
corps  est  moins  élevé  et  presque  plane  en  dessus,  avec  le 
corselet  presque  carré  ;  et  que  les  mâchoires  n'ont  qu'un 
seul  lobe.  Fabricius  en  cite  deux  espèces, 

La  première  est  le  Psoa  viennois,  Psoa  viennensis  ^ 
Herbst,  Coleopi.  ^  fasc.  7,  tab.  107,  fig.  5 ,  A;  Dermestes 
dubius ,  Ross. ,  Faun.  etrusc.  mant.  i  ,  tab,  i ,  F.  Elle  est 
couleur  de  bronze  foncé,  avec  les  élytres  longues,  et  pins 
ou  moins  rougeâtres;  elles  sont  d'un  rouge  plus  vif  dans  les 
individus  venant  de  Fltalie. 

L'autre  espèce  ,  le  Psoa  américain,  Psoa  americami,  est 
toute  noire.  Il  n'est  pas  certain  qu'elle  soit  de  ce  genre,  (l.) 

PSOLANUM,  Ce  genres,  établi  par  Necker  sur  quelques 
espèces  de  Morelles  (  solanum  )  ,  diffère  à  peine  de  celui 
nommé   lycopersicum.  Voyez  Morelle.  (ln.) 

PSOPHIA.  C'est ,  dans  Linnieus,  le  nom  générique  de 
I'Agami.  (v.) 

PSOQUE.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  névroptères, 
famille  des  planipenues,  tribu  des  psoquilles. 

Les  psoques  f  ainsi  nommés  de  ce  qu'ils  réduisent  en  pou- 
dre différens  corps,  avoient  été  confondus  par  les  uns  avec 
les  termes;  par  d'autres,  soit  avec  les  poux  ,  soit  avec  les 
Jiéniérobes  ,  les  friganes  et  les  psylles;  mais  ils  sont  très-dis- 
^incts  de  ces  inse€tes  par  les  caractères  suivaas  ;  tarses  de 


2o6  P  S  O 

deux  ar^cles  dans  la  plupart,  rarement  de  trois;  antenheâ 
sétacées  ,  d'une  dizaine  d'articles;  deux  palpes  maxillaires  , 
les  labiaux  nuls  ou  point  distincts  ;  mâchoires  linéaires  ; 
corps  court,  ramassé  ;  têle  grosse  ;  avec  les  trois  petits  yeux 
lisses, groupés;  ailes  de  grandeur  inégale  (les  inférieures  plus 
petites), à  nervures  fortes  et  en  toît.  Ajoutons, pour  compléter 
le  signalement  du  genre  des  psoques,  les  caractères  suivans  : 
leurs  palpes  maxillaires  sont  avancés  ,  un  peu  renflés  à  leur 
extrémité  ;  leurs  mandibules  sont  fortes  ;  leurs  mâchoires 
sont  dentées  au  bout  et  enveloppées  dans  une  espèce  de 
gaîne;  leur  lèvre  inférieure  est  presque  carrée,  accompagnée 
de  chaque  côté  d'une  espèce  d'écallle  ,  presque  quadrifide  au 
sommet ,  avec  les  divisions  latérale;s  plus  grandes.  Les 
psoques  ont  le  corps  mou  ;  leur  tête  est  très-convexe  en 
devant  et  en  dessus  ,  avec  les  yeux  gros  et  ronds  ;  le  premier 
segment  de  leur  corselet  est  très-petit  ;  le  second,  grand  et 
sillonné  ;  les  ailes  sont  transparentes  et  ont  quelquefois  un 
reflet  brillant;  l'abdomen  m'a  paru  être  pourvu  d'une  sorte 
de  tarière  ou  de  lame ,  logée  entre  deux  coulisses ,  comme 
dans  les  ienthrédines.  Le  psoque  puhateur  est  connu  de  pres- 
que tout  le  monde.  Comme  il  est  communément  aptère,  il  a 
de  la  ressemblance  avec  les  poux.  C'est  ce  qui  l'a  fait  dési- 
gner, par  quelques  auteurs,  sous  le  nom  de /jom  Je Ziots. D'au- 
tres, comme  Linnseus  etDegéer  ,  en  ont  fait  un  termes.  Il  se 
trouve  dans  les  vieux  papiers  ,  dans  les  vieux  meubles  en  bois 
et  en  paille  ,  les  herbiers ,  les  collections ,  etc.  Les  autres  es- 
pèces vivent  sur  les  arbres ,  les  murs  ;  ces  insectes  rongent  les 
substances  végétales  et  animales  ;  leurs  mandibules  fortes  , 
leurs  mâchoires  longues  et  cornées  ,  sont  les  instrumens  que 
la  nature  leur  a  donnés  à  cette  fin.  Ils  marchent  très- vite; 
quelques-uns  paroissent  sauter.  Poursuivis ,  ils  décrivent 
quelquefois ,  en  marchant  autour  des  arbres  ,  une  espèce  de 
zigzag  ou  de  spirale.  Leurs  larves  ne  diffèrent  de  l'insecte 
parfait  que  par  le  défaut  d'ailes  ;  les  nymphes  en  ont  les 
rudimens. 

Psoque  pédiculaire  ,  Psocus  pedicularius  ;  Psocus  abdo- 
minalis  .,  Fab.  ;  Coquebert,  IllusL  iconog.  Insect.^  dec.  i  , 
tab.  2  ,  fig.  I.  Il  est  noirâtre  ,  avec  l'abdomen  pâle  ,  et  les 
ailes  sans  taches  bien  marquées. 

Je  crois  que  c'est  \q  psoque  puhateur  avec  des  ailes.  Peut- 
être  en  est-il  le  mâle. 

Psoque  biponctué  ,  Psocus  Mpunclatus ,  Fab.  ;  Psylle  , 
n.°  7,  Geoff.  ;  Coquebert,  lllust.  iconog.  Insect.  dec.  i, 
lab.  2  ,  fig.  3.  Il  est  mêlé  de  noirâtre  et  de  jaune  pâle.  Les 
ailes  supérieures  ont  chacune  deux  points  noirs,  dont  Tut» 
plus  fort ,  très-prononcé  vers  la  base  de  la  tête. 


P  s  O  207 

PSOQUE  MORIO,  Psocus  morio ,  Coquebert,  lilusi.  iconog. 
àec.  I  ,  tab.  2  ,  fig.  S.  Son  corps  et  la  moitié  supérieure  de 
ses  ailes  de  dessus  ,  sont  noirs. 

PsOQUE  A  SIX  POINTS  ,  Psocus  sexpunciatus ,  Fab.  ;  Heme- 
rohius  sexpunciatus,  Linn,  ;  Phiygane  ^  ri.°  10,  Geoff.  • 
Coquebert,  lllust.  iconog.  dec.  i  ,  tab.  3,  fig,  10.  Ses  ailes 
sont  transparentes.  Les  supérieures  ont  chacune  six  points 
noirâtres  ,  disposés  en  demi-cercle  à  l'extrémité  postérieure. 
PsOQUE  PULSATEUR  ,  Psocus  pulsatorius ,  Fab.  ;  Termes 
pulsatorium  ,  Linn.  —  Le  pou  de  bois ,  Geoff,  ;  Coquebert  , 
Illusi.  iconog.  dec.  1  ,  tab.  2 ,  fig.  14.  Il  est  aptère  ,  d'un  blanc 
jaunâtre ,  quelquefois  noirâtre  ,  suivant  la  nature  des  subs- 
tances qu'il  ronge  ;  les  yeux  sont  jaunes  ;  la  bouche  a  du 
rouge  :  ses  tarses  paroissent  avoir  trois  articles. 

On  lui  attribue  faussement  le  petit  bruit  semblable  à 
celui  du  mouvement  d'une  montre  ,  que  l'on  entend  quel- 
quefois dans  les  appartemens,  et  qui  a  alarmé  des  personnes 
superstitieuses,  au  point  de  nommer  l'insecte  qui  le  produit  : 
horloge  de  la  mort,  horologium  mortis.  Ce  bruit  est  dà  à  des 
coléoptères  du  genre  des  vrillettes, qui  frappent  plusieurs  fois 
de  suite ,  et  rapidement  ,  le  vieux  bois  ,  avec  leurs  mandi- 
bules. Les  deux  sexes  s'appellent  ainsi  dans  le  moment  de 
leurs  amours. 

J'avois  établi ,  le  premier ,  ce  genre  ,  dans  le  Bulletin  de 
la  Soc.  philomat..,  an  3,  n.°^  4i  et  ^2  ;  et  j'en  ai  donné  depuis  , 
avec  M.  Coquebert ,  une  monographie  complète,  lllust.  iconog. 
Insect. ,  dec.  i  ,  tab.  2.  (l.) 

PSO QUILLES,  P509tti7/(K,Latr.  Tribu  d'insectes,  de 
la  famille  des  planipennes  ,  ordre  des  névroptères  ,  dont  les 
caractères  sont  :  antennes  sétacées,  d'une  dizaine  d'articles; 
segment  antérieur  du  tronc  très-court;  ailes  en  toit,  peu 
réticulées ,  et  dont  les  inférieures  .plus  petites  ;  deux  palpes 
maxillaires  saillans  ;  les  labiaux  nuls  ou  point  distincts  ; 
tarses  de  deux  à  trois  articles. 

Cette  tribu  comprend  le  genre  PsoQUE.   V.  ce  mot.  (l.) 

PSORA,  Psora.  Genre  de  plantes  établi  sur  le  Lichen 
ÉCARLATE  de  Linnaeus.  Il  ne  diffère  pas  des  Lécidées  ,  des 
LÉCANORES,  desPLACODES  et  des  Païellaires.  (b.) 

PSORA.  Nom  de  la  Scabieuse  chez  les  Grecs.  Elle 
étoit  ainsi  nommée  ,  des  propriétés  qu'on  lui  attribuoit  de 
guérir  la  gale  et  autres  maladies  cutanées.  Voyez.  Scabiosa. 

(LN.) 

PSORALEA.  Nom  formé  d'un  mot  grec ,  qui  signifie 
Gale.  Les  botanistes  le  donnent  au  genre  Psoralier  ,  à 
cause  des  points  glanduleux  que  l'on  trouve  non-seulement 
sur  les  calices  des  fleurs  ,  mais  encore  sur  les  feuilles  et  sur 


20 


8  V  S'O 


les  tiges  de  quelques  espèces.  Les  genres  petalostomum  de 
Michaux  ou  kunisteria  de  Lamarck  ;  le  dalea  de  Jussieu  et 
le  riUeria  sont  formés  aux  dépens  du  psoralea  ,  L.  (ln.) 

PSORALIER,  Fsoralea.  Genre  de  plantes,  de  la  dia- 
delphie  décandrie,  et  de  la  famille  des  Légumineuses,  qui 
présente  pour  caractères  :  un  calice  persistant,  turbiné,  à 
cinq  divisions  souvent  inégales,  et  ponctué  ou  parsemé  de 
poirjis  calleux;  une  corolle  de  cinq  pétales  veinés  ,  onguicu- 
lés ,  libres  et  distincts  ;  dix  étamines  monadelphes  ou  dia- 
delphes  ;  un  ovaire  supérieur  ovale ,  surmonté  d'un  style 
simple  ;  un  légume  monosperme. 

Ce  genre  renferme  des  arbrisseaux  ou  des  plantes  herba- 
cées, à  feuilles  rarement  simples,  plus  souvent  ternées  ou 
ailées  avec  impaire  ,  ordinairement  parsemées  de  points 
glanduleux,  accompagnées  de  stipules  adnées  par  leur  base 
au  pétiole  ;  à  (leurs  axillaires  ou  terminales  ,  quelquefois 
solitaires  ,  communément  disposées  en  épis  ou  rapprochées 
en  tête  ,  munies  chacune  d'une  bractée.  On  en  compte  près 
de  quatre-vingts  espèces  ,  sans  y  comprendre  celles  qui  ont 
servi  à  établir  les  genres  Daléa  ,  ou  Kuhnistère  et  Pè- 
TALOSTOME.  On  les  divise  en  sept  sections ,  d'après  leurs 
feuilles. 

\.°  Ceux  qui  n'ont  point  de  feuilles.  On  n'en  connoît 
qu'une  espèce  ,  le  Psoralier  aphylle  ,  qui  a  les  stipules 
mucronées  très-courtes  et  presque  imbriquées  auprès  des 
fleurs,  11  est  vivace,  et  croît  au  Cap  de  Bonne-Espérance. 

2.°  Ceux  qui  ont  les  feuilles  simples  ,  tels  que  le  Psora- 
lier a  FEUILLES  DE  NOISETIER,  qui  a  Ics  feuilles  ovales, 
légèrement  dentées  ,  et  les  épis  ovales.  Il  est  annuel  et  vient 
de  l'Inde. 

3."  Ceux  qui  ont  des  feuilles  simples  et  des  feuilles  ter- 
nées  ,  comme  le  Psoralier  a  vêtîtes  feuilles  ,  qui  a  les 
feuilles  inférieures  ternées  ,  et  les  supérieures  simples  et 
subulées.  Il  se  trouve  en  Afrique. 

4°  Ceux  qui  ont  les  feuilles  ternées.  Ce  sont  les  plus 
nombreux. 

On  y  remarque  : 

Le  Psoralier  de  la  Palestine,  qui  a  les  folioles  ovales, 
les  pétioles  pubescens  et  les  fleurs  en  tête.  Il  se  trouve  dans 
les  parties  méridionales  de  l'Europe  et  en  Syrie.  On  le 
cultive  à  Paris ,  dans  le  jardin  du  Muséum  d'Histoire 
naturelle. 

Le  Psoralier  d'Amérique  qui  a  les  folioles  ovales ,  den- 
tées,  anguleuses,  et  les  épis  latéraux.  Il  est  vivace,  et  se 
trouve  en  Amérique. 

Le  Psoralier  glanduleux  ,  qui  a  les  folioles  lancéolées  , 


P   s    y  abg 

les  pétioles  scabres  et  les  fleurs  en  épis.  Il  paroxt  que  c'est 
cette  plante  que  les  jésuites  ont,  pendant  un  temps  ,  rendue 
célèbre  ,  sous  le  nom  de  ihc  du  Faraguay ^  et  dont  on  fait 
même  une  grande  consommation  au  Brésil  et  au  Pérou,  en 
guise  de  ihè ,  comme  un  puissant  vermifuge  ,  un  excellent 
stomachique  et  un  bon  vulnéraire.  C'est  le  cvîlen  de  Feuillée 
el  de  Molina. 

Le  PsoRALiER  BITUMINEUX  a  les  folioles  lancéolées  ,  pé- 
tiolées  ,  utiles,  et  les  fleurs  entête.  Il  est  vivace  et  se  trouve 
dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe  ,  où  il  est  connu 
sous  le  nom  de  trèfieen  mire  ,  trèfle  odorant^  trèfle  bitumineux. 
On  le  cultive  dans  les  jardins  de  Paris.  C'est  un  arbuste  qui 
.s'élève  à  cinq  ou  sis  pieds,  qui  a  les  calices  et  les  feuilles 
glutineuses  ,  et  qui  exhale  une  odeur  forte  de  bitume.  On 
prétend  que  la  décoction  de  ses  feuilles  fournit  un  assez 
bon  remède  intérieur  contre  le  cancer.  On  retire  de  ses 
graines  une  huile  qui  est  fort  estimée  contre  la  paralysie  , 
mais  qui  semble  cependant  n'avoir  pas  plus  de  vertu  que 
toute  autre  huile, 

5."  Ceux  qui  ont  les  feuilles  digitées,  où  l'on  ne  trouve  que 
le  PsORALiER  A  cmQ  FEUILLES,  qui  a  Ics  folioles  inégales  , 
et  qui  croît  naturellement  dans  l'Amérique  méridionale.  Sa 
racine  est  vivace  et  charnue,  et  a  une  odeur  légèrement  aro- 
matique. Son  goût  est  piquant.  On  en  fait  usage  dans  son 
pays  natal ,  en  Espagne  ,  sous  le  nom  de  contra  yenm  nova , 
soit  en  poudre  ,  soit  en  infusion ,  dans  les  maladies  conta- 
gieuses et  dans  les  fièvres  malignes. 

6°  Ceux  qui  ont  les  feuilles  pinnées  ,  où  l'on  trouve  le 
PsoRALiER  A  FEUILLES  PINNÉES  ,  qul  a  les  foliolcs  linéaires 
et  les  fleurs  axillaires.  C'est  un  arbrisseau  du  Cap  de  Bonne 
Espérance. 

7.°  Ceux  qui  ont  les  feuilles  surcomposées, où  l'on  rencontre 
le  PsoRALiER  COUCHÉ  ,  qui  a  les  folioles  digitées  et  linéaires. 

(B.) 
PSORE  ou  PSOROME  ,    Fsoroma.    Genre  établi  par 

Hoffmann ,    aux  dépens   des  lichens  de  Linnseus.  Il  rentre 

dans  le  genre  Geissodée  de  Yentenat,  et  Lécanore  d'Acha- 

rius.   (u.) 

PSORICE.On  donne  ce  nom  à  la  Scabieuse.  (e.) 
PSYCHE,    Psyché.  Nom   donné,   par    Schranck,    à  un 

genre   de   lépidoptères  ,     formé    de    quelques    bombyx    de 

Éabricius  ,   dont  les  chenilles    vivent  dans  des  fourreaux , 

à  la  manière  des  teignes.  V.  BoMBYX.  (l.) 

PSYCHE.   L'un  des  noms  grecs  du    Tripolium  des 

anciens,   (ln.) 


X.V\IH.  I 


310  P    S    Y 

PSYCHUACOS.  L'un  des  noms  anciens  de  la  Parié-; 

ÏAIUE.    (LIS.) 

PSYCHINE,  Psychine.  Planle  à  tige  droite ,  rameuse, 
velue  ;  à  feuilles  en  cœur,  lancéolées,  inégalement  dentées, 
amplexicaules  ,  velues  ,  et  à  fleurs  jaunâtres  ,  portées  sur  des 
épis  terminaux  ,  qui  forme  ,  selon  Desfontaines  ,  un  genre 
dans  la  tétradynamie  siliculeuse  ,  et  dans  la  famille  des 
crucifères. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  de  quatre 
folioles  linéaires  et  caduques  ;  une  corolle  de  quatre  pétales 
elliptiques  et  entiers  ;  six  étamines  ,  dont  deux  plus  courtes  ; 
un  ovaire  supérieur,  surmonté  d'un  long  style  persistant  à 
stigmate  simple;  une  silicule  polysperme,  triangulaire, 
bossue  en  son  milieu,  ailée  sur  les  côtés. 

Lia  psychine  est  annuelle  ,  croît  sur  le  bord  des  champs  en 
Barbarie  ,  et  est  figurée  pi.  i48de  la  Flore  atlantique.  Will- 
denow  l'a  placée  parmi  les  Thlapsis.  (b.) 

PSYCHODE,  P5jc/îoJa ,  Latr.  ,  Fab. ,  Lam.  ;  Tipula  ; 
Liinn.,  Deg.  ;  Bibio,  Geoff  ,  Oliv.  ;  Trichoptera^  Meig.  Genre 
d'insectes,  de  l'ordre  des  diptères,  famille  des  némocères  , 
tribu  des  tipulaires  ,  et  dont  les  caractères  sont  :  point  de 
petits  yeux  lisses  ;  toutes  les  pattes  placées  à  une  distance 
presque  égale  les  unes  des  autres;  trompe  en  forme  de  bec  , 
plus  courte  que  la  tête  ;  ailes  grandes  ,  ovales,  en  toit,  très- 
velues  ,  frangées  ;  antennes  filiformes  ,  longues,  de  quinze  à 
seize  articles  ,  globuleux  ,  pédicellés  et  garnis  de  verticilles 
de  poils. 

On  trouve  souvent ,  dans  les  lieux  frais  et  humides ,  et 
particulièrement  sur  les  murs,  près  des  latrines  ,  un  diptère 
très-petit ,  agile ,  cendré  ,  et  qui  ,  par  ses  ailes  grandes  , 
frangées  et  pendantes,  ressemble  à  une  petite  phalène.  C'est 
sur  cet  insecte,  appelé,  par  Geoffroy,  hibion  à  ailes  fran- 
gées et  sans  taches ,  que  j'ai  établi  ce  genre.  Je  lui  ai  conservé 
le  nom  spécitique  de  Linnseus  {iipula),  PhaLjETSOïde  , 
phalctnoîdes. 

Lie  bibion  à  ailes  frangées  et  couvertes  de  taches  nébuleuses  , 
de  Geoffroy ,  ou  la  tipule  hérissée  {hirta').,  de  Linnseus,  est 
encore  une  psychode.  Elle  est  un  peu  plus  grande  que  la 
précédente,  d'un  cendré  noirâtre,  avec  des  taches  noires 
sur  les  ailes.  Elle  se  trouve  dans  les  lieux  aquatiques.  Les 
métamorphoses  de  ces  diptères  sont  inconnues,  (l.) 

PSYCHOTRE,  Psychotria.  Genre  de  plantes  de  la  pen- 
tandrie  monogynie,  et  de  la  famille  des  rubiacées,  qui  offre 
pour  caractères  :  un  calice  petit  et  à  cinq  dents  ;  une  corolle 
înfundibuliforme  ,  à  tube  insensiblement  dilaté ^  et  à  limbe 


P  s  Y  an 

plane ,  divisé  en  cinq  lobes  ;  cinq  ^lamines  inse'rées  au 
sommet  du  tube  ,  presque  sessiles  et  non  saillantes  ;  un 
ovaire  inférieur,  arrondi,  surnionlé  d'un  long  style  à  stig- 
mate bifide;  une  baie  ronde,  coriace,  couronnée,  sillonnée 
dans  la  maturité  ,  biloculaire  et  dlsperme  ;  semences  planes 
d'un  côté  et  convexes  de  l'autre. 

Ce  genre,  qui  diffère  peu  des  Cafés,  et  encore  moins  des 
Pavettes,  renferme  des  arbrisseaux  ou  des  herbes  à  feuilles 
opposées,  et  à  fleurs  disposées  en  corymbes  terminaux.  On 
en  compte  près  de  quatre-vingts  espèces,  la  plupart  propres 
aux  parties  les  plus  chaudes  de  l'Amérique  méridionale  ,  et 
dont  plusieurs  forment  des  genres  particuliers  dans  l'ou- 
vrage d'Aublet ,  sur  les  plantes  de  la  Guyane.  Les  princi- 
pales de  ces  espèces  sont  : 

Le  PsYCHOTRE  AXiLLAiRE  ,  qui  a  les  stipules  aiguës  et  en- 
tières ,  les  feuilles  ovales  aiguës  ,  et  les  fleurs  axillaires. 
C'est  un  arbre  de  la  Guyane  ,  dont  Aublet  a  fait  un  genre , 
sous  le  nom  de  Ronabe,  La  disposition  de  ses  fleurs  l'éloi- 
gné des  autres  espèces. 

Le  PsYCHOTRE  A  PETITES  FLEURS  a  les  Stipules  ovales  , 
cuspidées  et  caduques  ;  les  feuilles  ovales  aiguës  ,  veinées 
parallèlement,  les  panicules  droites  et  les  baies  ovales.  Il 
se  trouve  dans  les  bois  de  la  Guyane  ,  et  forme  le  genre 
SiMiRE  d'Aublet.  On  emploie  son  écorce  pour  teindre  en 
rouge  ,  la  soie  et  le  colon. 

Le  PsYCHOTRE  FÉTIDE  a  les  stipules  aiguës  ,  entières  et 
caduques,  les  feuilles  lancéolées,  ovales,  aiguës  ,  glabres  ; 
la  panicule  très-ouverte  ;  les  rameaux  filiformes  et  pendans. 
11  croît  dans  les  bois  de  la  Jamaïque  ,  et  répand  ,  lorsqu'on 
casse  ses  branches  ou  qu'on  froisse  ses  feuilles,  [une  odeur 
acide  des  plus  fétides. 

Le  PsYCHOTRE  LUISANT,  qui  a  les  stipules  presque  rondes, 
caduques;  les  feuilles  ovales  aiguës;  la  panicule  terminale 
et  le  limbe  de  la  corolle  de  la  longueur  du  tube.  Il  croît  sur 
le  bord  des  rivières,  à  la  Guyane  ,  et  forme  le  genre  Ma- 
pouRiER  d'Aublet. 

Le  PsYCHOTRE  PARASITE  a  les  stipules  amplexîcaules,  ob- 
tuses ;  les  feuilles  ovales  aiguës ,  épaisses  ;  les  grappes  axil- 
laires ou  terminales  et  composées.  Il  se  trouve  sur  le  tronc 
des  vieux  arbres  dans  les  Antilles.  C'est  le  vîscoïde  pendant 
de  Jacquin  ,   Amériq. ,  tab.  5i ,  fig.  i» 

Le  PsYCHOTRE  VIOLET  a  les  stipules  oblongues  ,  obtuses  , 
caduques  ;  les  feuilles  oblongues,  aiguës;  les  fleurs  disposées 
en  panicules  corymbiformes  et  involucrées.  11  croît  à  la 
Guyane  ,  et  fait  partie  du  genre  Nonatélie  d'Aublet. 


212  1       O       1 

Le  PsYCHOTRE  HERBACÉ  a  la  tige  herbacée,  rampante  ,  les 
feuilles  pétiolées  et  en  cœur.  Il  est  vivace  ,  et  se  trouve  dans 
les  montagnes  ombragées  de  l'Inde  et  de  l'Amérique.  P.  Brown 
rapporte  qu'on  fait ,  à  la  Jamaïque  ,  avec  les  semences  de 
cette  espèce,  une  boisson  aussi  agréable  que  le  café  ,  en  la 
traitant  comme  on  traite  ce  dernier. 

Le  PsYCHOTRE  ÉMÉTIQUE  est  herbacé,  rampant;  a  les 
feuilles  lancéolées  ,  glabres  ;  les  stipules  extrafoliacées ,  subu- 
lées;  les  pédoncules  axillaires  portant  un  petit  nombre  de 
fleurs  disposées  ea  tête.  Il  croît  dans  les  parties  les  plus 
chaudes  de  l'Amérique  méridionale.  C'est  sa  racine  qui  est 
le  vrai  Ipécacuanha  du  commerce.  V.  pi.  M.  26  ,  où  il  est 
figuré. 

Le  PsYCHOTRE  PALicuRE  a  les  stipules  bilobées  ;  les 
feuilles  ovales  aiguës;  les  panicules  droites;  la  corolle  cylin- 
drique ventrue,  un  peu  courbée  et  farineuse  à  l'extérieur.  Il 
croît  à  la  Guyane, etconstitue  le  genre  Palicourier  d'Aublet, 
dont  le  nom  a  été  changé  en  slephanium  par  Schreber. 

Le  PsYCHOTRE  SOUFRÉ  ,  qui  a  les  feuilles  ovales  ,  cunéi- 
formes, aiguës  ;  les  stipules  émarginées  ;  les  Heurs  en  grap- 
pes paniculées ,  et  la  corolle  infundibuliforme.  Il  se  trouve 
dans  les  montagnes  du  Pérou.  Il  est  très- amer,  et  ses 
rameaux,  ainsi  que  ses  feuilles,  sont  employés  pour  teindre 
en  jaune. 

Le  PsYCHOTRE  VERGE  a  les  feuilles  oblongues,  aiguës, 
coriaces ,  très  veinées  ;  les  stipules  bilobées ,  profondé- 
ment émarginées,  et  les  fleurs  disposées  en  corymbes  ter- 
minaux. Il  se  trouve  dans  les  montagnes  du  Pérou.  Il  sert  aux 
mêmes  usages  que  le  précédent. 

Le  PsYCHOTRE  TEIGNANT  a  des  feuilles  oblongues  ,  très- 
acuminées  ;  des  stipules  lancéolées  ;  des  panicules  de  fleurs 
courtes  et  brachiées.  On  le  trouve  au  Pérou.  Il  sert  encore 
mieux  que  les  précédens  à  teindre  en  jaune  solide  les  étoffes 
de  laine  et  de  coton  ,  même  de  fil.  (b.) 

PSYCHOTRIA.  Nom  qui  est  l'abrégé  de  Psychotrophum. 
Voyez  ce  mot.  (ln.) 

PSYCHOTROPHON.  Nom  donné,  par  les  Grecs, 
au  Betonica  ,  selon  Pline  ,  parce  que  cette  plante  ,  dit-il , 
croît  dans  les  lieux  humides.  D'autres  auteurs  prétendent 
que  ce  nom  signifie,  en  grec,  fortifiant  l  âme  ^  et  que  les 
Jurandes  vertus  du  betonica  lui  avoient  fait  donner  ce  nom. 
Le  betonica  de  Pline,  et  le  cestron  de  Dioscoride  ,  sont  la 
même  plante  et ,  dit-on  ,  notre  Béyoine  officinale.  Dalé- 
champs  prétend  que  le  nom  de  cestron  lui  a  été  donné  ,  à 
cause  de  son  épi  de  fleur  allongé  ;  explication  qui  n'est  pas 


1^  s  Y  3,3 

aussi  juste  que  celle  avancée  par  C.  Bauhin,  et  Menlzel  ;  car 
selon  eux ,  ce  nom  fut  donné  à  la  Bétoine  à  cause  du 
nombre  varié  des  remèdes  qu'elle  offrg.  (lis.) 

PSYCHOTROPHUM.  Ce  genre,  établi  par  Pierre 
Brown  ,  et  son  myrtiphyllum  ^  ainsi  que  les  genres  ma- 
pouria  ,  simira  ,  ronobea  ,  nonalelia  ,  et  paliçourea  d'Aublet  , 
constituent  le  genre  psychotria  des  botanistes.  On  y  rapporte 
aussi  le  viscoide ,  Jacq.  et  le  chiococra  paniculata,lAnïi.  ;  mais 
quelques  botanistes  placent  le  psychotria  emetica,  dans  le 
genre  calicocca.    Voyez  Psychotre.  (ln.) 

PSYDRAX ,  Psydrax.  Genre  de  plantes  établi  par  Gœrt- 
ner ,  sur  des  échantillons  incomplets  d'une  plante  venant  de 
Ceylan.  Il  a  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  dents  et  supé- 
rieur ;  une  corolle  à  cinq  divisions  ;  une  baie  biloculaire  à 
deux  semences  ,  dont  l'embryon  est  un  peu  courbé,  (b.) 

PSY-GAZYK.  Nom  de  la  Cynoglosse  officinale  ,  en 
Bohème.  On  la  nomme  Psi-iezik  en  Pologne.   (i.N.) 

PSYLE  ,  PsyluSf  Jur.  Genre  d'insectes  hyménoptères. 
V.  DiAPRIE.  (l.) 

PSYLLE ,  Psylla.  Genre  d'insectes,  de  l'ordre  des  hémi- 
ptères ,  section  des  homoplères  ,  famille  des  hyménélytre*  , 
tribu  des  psyllides,  dont  les  caractères  sont  :  bec  parlant  de 
la  partie  inférieure  de  la  tête  ,  près  de  la  poitrine  ;  élytres 
de  même  consistance  ;  antennes  de  la  même  grosseur,  ou  sé- 
lacées ,  de  la  longueur  du  corps ,  de  dix  à  onze  articles ,  dont 
le  dernier  terminé  par  deux  soies;  pattes  propres  pour  sauter; 
tarses  à  deux  articles  ;  deux  crochets  au  bout  du  dernier. 

Les  psylles  de  Geoffroy ,  que  Linnœus  nomme  chermes , 
et  Degéer  et  ^éaumav  faux-pucerons ,  ont  la,jête  large, 
courte,  bifide  en  devant,  avec  les  yeux  saillans;  trois  petits 
yeux  lisses,  dont  un  écarté  ;  les  élytres  et  les  ailes  en  toit,  à 
nervures  fortes  ,  transparentes  et  presque  de  la  môme  con- 
sistance ;  l'abdomen  presque  conique  ;  une  tarière  dans  la 
femelle. 

Les  psylles  sont  de  petits  insectes  qu'on  trouve  sur  diffé- 
rens  végétaux,  tels  que  le  buis  ,  le  figuier  ,  l'aune  ,  le  geiîêt 
et  l'ortie  ;  elles  ressemblent,  au  premier  coup  d'œil  ,  à  des 
pucerons^  et  sautent  assez  vivement  au  moyen  de  leurs  pattes 
postérieures ,  qui  agissent  comme  une  espèce  de  ressort  ; 
quand  on  veut  les  prendre  ,  elles  s'échappent  promptement , 
plutôt  en  sautant  qu'en  volant  ;  c'est  de  là  qu'on  les  a  nom- 
mées psylles^  mot  grec  qui  signifie  puce.  Sous  toutes  jeurs 
formes,  elles  se  nourrissent  du  suc  des  feuilles  qu'elles 
pompent  avec  leur  trompe.  Leurs  larves  ont  le  corps  très- 
aplali ,  la  tête  large  ,  le  ventre  fort  plat ,  arrondi  au  bout  ; 


2i4  P  S  Y 

leurs  six  paltes  sont  terminées  par  une  espèce  de  vessie  et 
deux  crochets.  Ces  larves  se  changent  en  nymphes,  qui  ont, 
vers  les  côtés  de  la  poitrine  ,  quatre  pièces  larges,  servant  de 
fourreaux  aux  élytres  et  aux  ailes.  Ces  nymphes  sont  ambu- 
lantes. Plusieurs  d'elles  ,  ainsi  que  leurs  larves  ,  ont  le  corps 
couvert  d'une  matière  cotonneuse  et  blanche  ,  qui  pend  par 
flocons.  Leurs  excrémens  sont  en  forme  de  filets  ou  de 
masses,  d'une  matière  gommeuse.  Pour  subir  leur  dernière 
métamorphose  ,  les  nymphes  s'attachent  sous  une  feuille  ; 
elles  y  restent  tranquilles  jusqu'à  ce  que  leur  peau,  qui  se 
fend  dans  une  partie  de  sa  longueur  ,  donne  passage  à  l'in- 
secte parfait. 

Plusieurs  femelles  sont  pourvues  d'une  tarière  qui  leur 
sert  à  piquer  les  feuilles  dans  lesquelles  elles  déposent 
leurs  œufs.  Ces  piqûres,  comme  celles  que  les  cînifjs  font 
aux  plantes  ,  produisent  des  excroissances  ou  tubérosi- 
tés.  On  en  voit  souvent  aux  sommités  des  branches  du 
sapin;  elles  sont  formées  par  l'extravasation  des  sucs  qui 
s'accumulent  dans  celte  partie.  Les  larves  et  les  nymphes 
vivent  dans  des  espèces  de  galles  qui  contiennent  un  grand 
nombre  de  petites  cellules.  Les  feuilles  du  pin  nourrissent 
d«s  larves  du  même  genre;  celles-ci  ne  sont  pas  renfermées 
comme  les  précédentes;  elles  ont  seulement ,  sur  le  corps  , 
un  duvet  blanc,  qui  forme  comme  un  fourreau,  sous  lequel 
elles  sont  à  l'abri  (i). 

Les  psylles ,  qui  vivent  sur  le  buis,  ne  produisent  point 
d'excroissances  semblables  à  celles  du  sapin  ;  mais  leurs 
piqûres  forcent  les  feuilles  des  extrémités  des  branches  à  se 
contourner  en  calotte  ,  et  à  se  réunir  plusieurs  ensemble 
pour  former  une  espèce  de  boule  ,  dans  laquelle  elles  se 
tiennent  renfermées.  Ces  Isrves  rendent,  par  l'anus,  une 
matière  blanche  et  sucrée  qui  s'amollit  sous  les  doigts  ;  elles 
ont  souvent  de  longs  filets  au  derrière  ,  et  on  en  trouve  de 
petits  grains  dans  les  boules  qu'elles  ont  habitées.  Cette 
matière  ,  selon  Geoffroy  ,  ressemble  en  quelque  sorte  à  la 
manne. 

Un  insecte  très-voisin  des  psylles  ,  et  que  j'avois  d'abord 
placé  dans  ce  genre,  sous  le  nom  àc  psylle  dujonc ,  produit, 
sur  le  jonc  articulé  de   Linnseus  ,  une  monstruosité  remai^ 


(i)  Geoffroy  place  le  kermès  du  sapin  de  Linnaeus  avec  \tspsylfes, 
elDegéer  avecles  pucerons.  Ce  dernier  sentiment  paroît  être  plus 
fonèlé  ;  mais  ,  à  dire  le  vrai ,  je  pense  que  cet  insecte  et  quelques 
autres  voisins,  appartiennent  à  une  coupe  particulière  qui  fait  le  pas- 
sage des  pucerons  aux  sallinsecles. 


PS  Y  2i5 

quable.  Ses  piqûres  délruisent  les  parties  de  la  (loraison  de 
cette  plante  ,  leur  font  acquérir  un  développement  triple  ou 
quadruple  de  celui  qu'elles  auroient  eu  naturellement,  et 
leur  font  prendre  la  forme  d'une  balle  de  graminées;  la  res- 
semblance est  d'autant  plus  frappante  ,  que  les  extrémités 
des  divisions  de  la  corolle  s'y  terminent  en  prolongement 
imitant  des  barbes.  Ces  sortes  de  galles  renferment  un  assez 
grand  nombre  de  ces  insectes  de  différens  âges,  qui  se  nour- 
rissent des  sucs  de  la  plante.  Les  larves  rendent ,  par  l'anus  , 
une  matière  farineuse  ,  très-blanche  ;  elles  ressemblent  à 
celles  du  figuier.  V.  Livje  du  jonc. 

Les  psylles  ne  produisent, à  ce  qu'il  paroît, qu'une  ou  deux 
générations  au  plus, par  année.  Les  femelles  survivent  l'hiver. 

PsYti.E  nu  FIGUIER,  Fsylhi  fcus^  Geoff.  ;  Chermes,  Linn., 
Fab.  Cette  espèce  ,  une  des  plus  grandes  de  ce  genre  ,  est 
brune  en  dessus ,  verdâtre  en  dessous  ;  elle  a  les  ailes  gran- 
des ,  transparentes,  avec  les  nervures  brunes;  elles  sont  éle- 
vées en  toit  aigu  au-dessus  de  son  corps  ;  ses  pattes  sont 
jaunâtres. 

On  la  trouve ,  sur  le  figuier  ,  dans  les  mois  d'avril  et 
de  mai. 

PsYLLE  DU  BUIS,  Psylla  buxus ,  Geoff.  ;  Chermes ,  Linn., 
Fab.  Elle  est  à  peu  près  de  la  grandeur  de  la  précédente  et 
verte;  elle  a,  sur  le  corselet,  des  taches  rouges;  les  ailes 
sont  beaucoup  plus  longues  que  l'abdomen  ,  élevées  en  toit. 

On  la  trouve  sur  te  buis  ;  sa  larve  vit  dans  les  boules  qui 
se  forment  à  l'extrémité  des  branches  de  cet  arbuste.  V.  les 
généralités  de  cet  article. 

PsYLLE  DE  l'aune  ,  Psylla  alni  {Chermes  ,  Linn.  ).  Cette 
espèce  est  verte,  avec  les  yeux  bruns;  elle  a  trois  taches 
d'un  brun^clair  et  jaunâtre  sur  le  dessus  du  "corselet;  les 
antennes,  l'extrémité  inférieure  du  bec  et  des  pattes,  d'un 
brun  obscur  ;  le  tuyau  conique  ,  ou  l'espèce  de  tarière  qui 
termine  l'abdomen  de  la  femelle  ,  fort  long;  la  majeure  par- 
tie des  nervures  des  ailes  d'un  beau  vert. 

Les  larvée  de  cet  insecte  vivent  en  société,  formée 
d'une  douzaine  d'individus  ,  sur  l'aune.  Si  on  observe  ,  au 
commencement  de  mai,  les  pousses  de  cet  arbre  ,  les  pédi- 
cules de  ses  feuilles  ,  leur  dessous  même,  on  aperçoit  une 
matière  très-blanche,  molle  et  cotonneuse,  qui  semble  être 
attachée  à  l'arbre;  mais,  pour  peu  qu'on  la  touche,  on  la  voit 
se  remuer  ,  se  diviser  en  plusieurs  parties  ,  et  l'on  découvre 
que  ces  petits  flocons  ne  sont  que  les  habits  ou  la  couverture 
de  plusieurs  insectes.  Ce  duvet  cotonneux  occupe  plus  de 
place  que  leur  corps,  et  les  rend  hideux.  Il  est  composé  de 
fils  très-fins ,  courbéis  ou  frisés  du  derrière  vers  la  tête  ,  et. 


2i6  P  S  \ 

j^ont  plusieurs  sont  rassemblés  en  forme  de  pinceaux  ,  {lut- 
tant sur  le  corps.  L'exirémiîé  de  ces  polis  est  fine  ,  tandis  que 
celle  des  poils  des  larves  de  quelques  autres  psylles  est  grosse 
et  arrondie  au  bout.  Cette  matière  croît  avec  l'âge  de  l'in- 
secte ,  et  s'attache  aisément  aux  corps  qu'elle  rencontre. 
Quoiqu'elle  couvre  tout  le  corps,  elle  ne  prend  cependant 
son  origine  que  des  anneaux  postérieurs  ou  des  environs  de 
l'anus.  Là  ,  sont  sans  doute  des  glandes  excrétoires  et  des 
espèces  de  filières.  La  reproduction  de  ce  duvet  est  très- 
prompte.  Si  on  l'enlève  de  dessus  l'animal  ,  on  en  voit  un 
nouveau  et  assez  long,  au  bout  d'un  demi-quart  d'heure.  Il 
arrive  souvent,  dans  la  mue  ,  que  la  vieille  peau ,  chargée  de 
son  duvet ,  reste  engagée  dans  la  matière  nouvelle  qui  se 
forme  sur  l'insecte  lorsqu'il  s'est  dépouillé.  Ses  excrémens 
sortent  peu  à  peu  de  l'anus,  restent  toujours  attachés  au 
derrière  du  corps,  et  y  forment  une  ou  deux  petites  masses 
d'un  blanc  jaunâtre  un  peu  transparent.  Cette  masse  est 
tantôt  allongée  ,  irrégulière  et  un  peu  courbée  ;  tantôt  elle 
ressemble  à  une  boule  ,  en  forme  de  goutte  transparente. 
Ces  excrémens  sont  d'abord  semblables  à  du  sirop  épais  ,  et 
se  durcissent  ensuite.  Ils  se  dissolvent  dans  l'eau  ,  et  ont  un 
goût  sucré  un  peu  acre.  Les  excrémens  de  la  psylle  du  buis 
sont  en  forme  de  filets  tortueux ,  et  ressemblent  à  du 
vermkelU. 

Psylle  du  poirier,  'Psylla  yyri  {Chermes^  Linn.).  Cette 
espèce  est  d'un  brun  verdâtre  ,  avec  des  taches  et  des  raies 
obscures.  Ses  ailes  sont  tachetées  de  brun  clair. 

On  la  trouve  sur  le  poirier  dans  l'arrière-saison.  (l.) 
PSYLLE.  C'est  le  nom  sous  lequel  les  anciens  connois- 
soient  des  serpens  d'Afrique,  dont  les  Lybiens  prctendoient 
maîtriser  la  force  et  les  poisons.  C'étoient  prinpip^lement 
àes  cérastes  qu'ils  employoient  à  faire  les  tours  de  passe-passe, 
qui  leur  valoient,  comme  ils  valent  encore  à  leurs  descen- 
dans ,  l'admiration  et  l'argent  des  sots.  F.   au  mot  Vipère. 

(B.) 

PSYLLEPxIS.    F.  Psyllium.  (in.)  • 

PSYLLIDES,  Psyllides,  Latr.  Tribu  d'insectes  hémi- 
ptères, de  la  famille  des  hyménélylres,  distinguée  des  autres 
tribus  qu'elle  comprend  par  ces  caractères  :  antennes  de  dix 
à  onze  articles,  terminées  par  deux  soies. 

Cette  tribu  est  composée  des  genres  :  Psylle  et  Livie. 

(L.) 

PSYIiLION  ,  Psyllium.  Genre  établi  par  Tournefort 
pour  placer  les  Plantains  qui  sont  annuels  ,  et  ont  une 
tige  rameuse.  Depuis  ,  on  l'a  précisé  en  tirant  ses  caractères 
de  la  cloison  longitudinale  de   la  capsule  qui  est  simple  et 


P  s  Y  2,7 

poi  le  tine  seule  graine  sur  chaque  face  ,  ce  qui  y  fait  entrer 
toutes  les  espèces  de  France,  à  une  près,  le  Plantain  À 

GRANDES  FEUILLES. 

On  a  aussi  appelé  ce  genre  ,  Pulicaire.  (b.) 

PSYLLITRUM,  L'un  des  noms  du  pentaphyl/um ,  ou 
ifuin(/iiefolhim  ,  chez  les  anciens  Grecs,    (ln.) 

PSYLLIUM,  de  Dioscoride.  <(  Le  psylUum  ,  dit  cet 
auteur,  a  les  feuilles  semblables  à  celles  du  coronopus  ^ 
mais  plus  longues  et  plus  velues.  Toute  la  planie  est  fluetle  , 
et  pousse  des  rameaux  à  la  hauteur  d'un  pan  ;  sa  chevelure 
commence  à  sortir  du  milieu  de  sa  lige  ,  qui  se  termine  en 
deux  ou  i.rois  petites  têtes  ramassées,  dans  lesquelles  il  y 
a  une  graine  dure ,  noire  ,  semblable  à  une  puce  ,  dont  aussi 
cette  plante  a  pris  son  nom.  Elle  croît  paruù  les  champs  , 
dans  les  lieux  non  cultivés.  Elle  a  une  vertu  rafraîchissante  , 
et  propre  à  épaissir  et  ramollir,  etc.  >> 

Le  psylUon  des  Grecs  s'appeloit  encore  ,  selon  Pline  ; 
cynoïde ,  chysiallion  ,  sicelion  et  cynomia  ;  il  lui  attribue  une 
racine  menue  et  une  tige  sarmenteuse  ,  à  la  cime  de  laquelle 
étoient  des  boutons  en  forme  de  fève.  Le  psyllium  ,  suivant 
cet  auteur  romain  ,  croissoit  dans  les  vignes.  Sur  le  reste  , 
il  est  d'accord  avec  Dioscoride. 

C'est  au  psyllium  qu'on  rapporte  tous  les  noms  anciens 
que  voici  :  cynops ,  de  Théophraste  ;  psylleris  ,  cataphysis , 
lynor.epjialium  ^  st'celioiicon ,  et  j^a/y/j^j/m  des  Africains. 

Matlhiole  et  la  plupart  des  botanistes  ont  rapporté  l'an- 
cien psyllium  au  ploniago  psyllium^  L.  C  Bauhin  cite  pour 
tel,  le  plantago  afra;  Cortusus  indique  Vinula  pulicaria  ; 
Matlhiole  figure  à  la  fois  ,  sous  le  nom  de  psyllium ,  le  plan- 
tago psyllium  et  Vinula  pulicaria  ,  L.  Ces  plantes,  et  le  conysa 
squarrosa,  sont  nommées  her/je  pulicaire,  parce  qu'on  suppose 
que  lorsqu'on  les  met  fraîches  dans  un  endroit,  elles  en 
chassent  les  puces.  On  a  donné  la  même  explication  du  mot 
psyllium. 

Le  psyllium  de  Tournefort ,  fondé  sur  les  plantains  que 
iious  avons  cités  plus  haut  ,  n'est  pas  adopté  par  tous  les 
botanistes.  V.  Psyllion.  (ln.) 

PSYLLOPHORE  (Po,ie-puce).  Nom  donné  à  la 
Laiche  pulicaire  (  Carex pulicaris ,  L.  )  ,  dont  les  graines, 
petites  et  brunes  ,  ont  été  comparées  à  des  puces,  (ln.) 
^  PSYLOTRON.  L'un  des  noms  de  la  Bryone  chez  les 
Grecs,  (ln.) 

PSZENICA.  Nom  polonais  du  Froment,  (ln.) 

PTAK.  Nom  polonais  du  Pluvier,  (v.) 

PTARMICA,  de  Dioscoride.  C'étoitune  petite  herbe  à 
plusieurs   branches   rondes ,   assez   semblables  à  celles  de 


2iS  P  T  E 

Vahrolanum  ,  auronne  ;  ses  )eJsétôient  garnis  cle  feuilles  un 
peu  longues,  presque  pareilles  à  celles  de  Tolivier  ,  et  ter- 
ïuinés  par  des  capsules  rondes ,  telles  que  celles  de  l'a«- 
ihemis  (  camomille  ).  Ces  capsules  faisoient  éternuer  lors- 
qu'on les  approrhoit  du  nez,  ce  qui  avoit  fait  nommer  cette 
plante  ,  ptamnca.  Elle  croissoit  dans  les  lieux  pierreux  ,  sur 
les  montagnes.  On  en  faisoit  usage  pour  faire  éternuer  et 
pour  guérir  les  meurtrissures.  Il  est  difficile  ,  d'après  cette 
description  ,  de  rapporter  le  piatmica  à  l'une  des  plantes 
que  nous  connoissons.  On  l'a  néanmoins  rapproché  de 
Vachillea  pfarmica  ^  plante  marécageuse  ,  et  du  xeranihemum 
annuum.  Il  est  probable  que  l'action  sternutatoire  du 
piarmica  étoit  opérée  par  l'odeur  de  cette  plante  ,  même 
lorsqu'elle  étoit  fraîche,  puisqu'il  suffisoit  de  l'approcher  du 
nez.  Or,  les  deux  plantes  ci-dessus  n'ont  cette  propriété 
que  lorsqu'elles  sont  desséchées  et  réduites  en  poudre. 
C'est  encore  pour  la  même  raison  que  le  ptarmica  montana^ 
de  Dodonée  ,  qui  est  V arnica  montana,  Linn. ,  ne  peut 
être  \q  piarmica  de  Diosroride. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  Tournefort  conserve  le  nom  de  ptar- 
mica ^  et  l'élend  comme  détermination  générique  ,  non-seu- 
lement à  Vachillœa  ptarmica ,  mais  à  toutes  les  espèces 
A''aclnllœa  à  feuilles  entières  et  dentées;  ce  qu'ont  fait  aussi 
quelques  autres  botanistes.  Cependant,  Morison  y  a  rap- 
porté, et  à  tort,  le  parlheiiium  integrifolium.,  Linn.  (LN.) 

PTARMIGAN.  Nom  écossais  du  Lagopède  proprement 
dit.   V.  ce  mot.  (v.) 

PTAUMIQUE.  Plante  du  genre  des  Achillées.  (b.") 

PTELEA,  Ptclca.  Arbrisseau  à  feuilles  alternes,  ter- 
nées,  parsemées  de  poinis  transparens  ,  à  fleurs  disposées 
en  corymbes  axillaires  et  terminaux ,  qui  forme  un  genre 
dans  la  lélrandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des  téré- 
Linthacées. 

Ce  genre  présente  pour  caractères  :  yn  calice  petit,  à 
quatre  divisions  -,  une  corolle  de  quatre  pétales  ouverts  ; 
quatre  étamlnes  alternes  avec  les  pétales  ;  un  ovaire  supé- 
rieur à  style  court  et  à  stigmate  bifide  ;  une  capsule  membra- 
neuse ,  comprimée ,  légèrement  renflée  dans  le  milieu , 
bordée  d'une  large  membrane  orbiculaire ,  biloculalre  , 
disperme  et  évalve. 

Le  ptelea  est  originaire  de 'l'Amérique  septentrionale. 
Ou  le  cultive  dans  les  jardins  d'agrément,  sous  le  nom  de 
frêne  à  trois  feuilles. 

Cet  arbusîe  n'a  rien  qui  doive  le  faire  plus  remarquer  que 
beaucoup  d  autres,  mais  il  fait  variété,  et  c'estbeaucoup  dans 
un  jardia  bien  coordonné.  U  s'clève  àhuit  à  dix  pieds  ,  a  des 


P  T  E  219 

folioles  ovales  ,  aiguës ,  d'un  vert  sombre  ,  des  panicules  de 
fleurs  verdâtres,  souvent  très  amples  ,  et  des  fruils  qui  sub- 
sistent long-temps.  On  le  multiplie  principalement  de  grai- 
nes. 11  ne  craint  point  les  gelées  et  pousse  assez  rapidement  ; 
ses  organes  sexuels  avortent  souvent.  Poiret  a  réuni  le 
BLACKBURNiEà  ce  genre,  (b.) 

PTELEA.  Nom  de  I'Orme  chez  les  Grecs.  Linnœus  s'en 
est  servi  pour  désigner  un  arbrisseau  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale ,  dont  les  fruits  ont  quelque  ressemblance 
avec  ceux  de  l'orme ,  et  dont  il  fit  un  genre  ;  c'est  le  ptelea 
tnfoU&ta,  décrit  ci-dessus,  -àm  moi piele a.  Linnœusavoit  aussi 
rapporté  à  ce  genre  ,  dans  son  Species  plantai-um  ,  un  autre 
arbrisseau  de  l'Inde  ,  à  fruils  analogues  à  celui  dm  ptelea  :  il 
l'appeloit  plelea  viscosa;  c'étoit  le  dodonœa  de  son  Hortus  dif- 
jorlianus.  Adanson  réprouva  cette  réunion  ;  il  reporta  cette 
dernière  plante  à  son  inopieris-,  et  de  l'autre  fit  son  genre  betlu- 
nîa.  Les  botanistes  font  maintenant ,  avec  Linnteus  fils  ,  un 
genre  particulier  du  dodoiiaa.  V.  Ptelea  ci-dessus,  (ln.) 

PTELIDIE  ,  Ptelidium.  Arbre  de  Madagascar ,  qui  s'élève 
à  une  douzaine  de  pieds,  dont  les  rameaux  et  les  feuilles  sont 
opposés  ;  les  feuilles  ovales  oblongues  ,  légèrement  pétio- 
lées  ,  coriaces  ;  les  fleurs  très-petites,  portées  sur  des  pani- 
cules axillaires  ,  et  qui  forme  un  genre  dans  la  tétrandrie 
mouogyuie,  et  dans  la  famille  des  térebinthacées. 

Ce  genre  ,  établi  par  Aubert  Dupetit-Thouars  ,  dans  son 
ouvrage  sur  les  plantes  des  îles  de  l'Afrique  australe  ,  offre 
pour  caractères:  un  calice  à  quatre  lobes  persistans  ;  une  co- 
rolle de  quatre  pétales;  quatre  étamines;  un  ovaire  supérieur, 
comprimé  ,  à  style  presque  nul  et  à  stigmate  très-petit , 
porté  sur  un  disque  central.  Le  fruit  est  une  capsule  com- 
primée, coriace,  biloculaire,  souvent  monosperme,  entou- 
rée d'une  samare  fort  étendue. 

Le  piélidie  a  beaucoup  de  rapports  dans  la  fructification 
avec  le  Ptelea  ,  mais  il  s'en  distingue  considérablement  par 
le  pcrt.  Il  est  en  fleurs  pendant  la  saison  froide  ,  et  ne  pre- 
scrite au  reste  rien  de/saillant.  Sa  figure  se  roit  dans  l'ou- 
vrage précité,  (b.) 

PTERACLIDE.  Genre  de  poissons  établi  par  Grono- 
vius  ,  mais  confondu  par  Linnaeus  avec  les  Corypiiènes.  Il 
a  pour  type  le  coiyphcna  vellfera.  Lacépède  a  rétabli  ce  genre 
sous  le  nom  d'OnGOPODE.  P.  ce  mot.  (b.) 

PTEPvANTHE,  Pteranthus.  Plante  annuelle  d'Arabie  , 
Irès-rameuse  ,  à  rameaux  articulés  ,  dichotomes  ,  les  infé- 
rieurs verlicillés,  presque  couchés  ,  les  supérieurs  opposés  , 
très- ouverts,   à  feuilles  vcrllcillées^  au  nombre  dé  six,  et 


:220  P    T    E 

munies  de  stipules,  les  deux  exlérieures  plus  grandes;  à  fleurs 
situées  au  sommet  des  rameaux  et  dans  les  points  de  dichoto- 
mie ;  à  réceptacle  commun  ,  en  forme  de  cône  renversé , 
comprimé,  strie,  creux,  irichotome  à  son  sommet , presque 
prolifère  ;  à  réceptacles  partiels  semblables  ,  et  contenant 
sept  (leurs  ,  dont  quatre  stériles. 

Cette  plante  a  été  regardée  comme  espèce  du  genre  Cam- 
phrée parla  plupart  des  botanistes;  mais  Forskaël  et  Lhé- 
ritier  ont  pensé  qu'elle  devoit  former  un  genre  particulier, 
que  le  premier  a  appelé  PTERA]STHE,et  le  second  Louichée. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  a  quatre  divi- 
sions oblongues  ,  concaves  ,  terminées  par  une  pointe  re- 
courbée ,  dont  deux  opposées  plus  grandes ,  et  munies  , 
vers  leur  sommet,  d'une  crête  ou  aile  membraneuse  ;  quatre 
ctamines  courtes  ,  monadelphes,  à  leur  base;  un  ovaire  supé- 
rieur, surmonté  d'un  style  bifide  ,  à  stigmates  simples  ;  une 
semence  recouverte  par  le  style  persistant,   (b.) 

PTERIDE  ,  Pteris.  Genre  de  plantes  cryptogames  ,  de  la 
lamille  des  fougères  ,  dont  la  fructification  est  disposée  en 
ligne  marginale  et  continue  ,  etdoi?t  les  follicules  sont  entou- 
rées d'un  anneau  élastique. 

Ce  genre  renferme  plus  de  cent  espèces  ,  presqiie  toutes 
propres  aux  parties  chaudes  de  l'Amérique.  On  n'en  connoît 
que  deux  en  Europe.  Smith  a  fait  à  leurs  dépens  son  genre 
ViTTARiE  ;  et  plusieurs  des  espèces  qui  y  restoient  ont  été 
depuis  placées  dans  les  genres  Monogramme  ,  TtENITIs  , 
Marsile,  Notiiolakène,  Cheilaiste,  Grâmmite,  Adiante, 
AcROSTiQUE.  Ainsi,  selon  quelques  botanistes,  il  reste  com- 
posé d'un  petit  nombre  d'espèces. 

Je  citerai  les  ptérides  à  feuilles  simples  ,  auxquelles  on  peut 
donner  pour  type: 

La  Ptéride  lancéolée  ,  qui  a  les  feuilles  lancéolées  , 
glabres  ,  et  dont  la  partie  supérieure  seule  porte  la  fructifi- 
cation. Elle  se  trouve  à  Saint-Domingue. 

Les  ptérides  à  feuilles  composées  ,   où  se  trouve  : 

La  Ptéride  de  Crète  ,  qui  a  les  feuilles  plnnées  elries 
pinnules  opposées ,  lancéolées  ,  dentelées  ,  plus  étroites  à 
leur  base  ,  les  inférieures  souvent  divisées  en  trois  parties. 
Elle  croît  dans  les  îles  de  la  Méditerranée. 

Les  ptérides  à  feuilles  surcomposées  ,  parmi  lesquelles  se  re- 
marquent : 

La  Ptéride  épineuse  ,  qui  a  les  feuilles  biîjinnées  ,  les 
pinnules  larges  et  lancéolées  ,  une  tige  arborescenic  et  épi- 
neuse.   Elle  se  trouve  dans  les  Antilles. 

La  Ptéride  esci  lente  ,  qui  a  les  feuilles  bipinnécs  ,  les 


P     T     E  221 

pinnules  linéaires  decurrenles  ,  celles  au  sommet  plus  cour- 
tes ,  et  dont  la  tige  est  sillonnée.  On  la  trouve  dans  l'Ara- 
bie ,  où  sa  racine  se  mange  cuite  sous  la  cendre. 

La  Pteride  aquiline  ,  qui  a  les  feuilles  bipinnées,  les 
pinnules  lancéolées,  les  inférieures  pinnalifides. ,  les  supé- 
rieures plus  petites  ,  et  la  tige  sillonnée.  Elle  se  trouve  par 
toute  l'Europe ,  dans  les  Ijois  et  les  landes.  C'est  la  plus 
commune  et  la  plus  remarquable  des  fougères  indigènes,  celle 
que  l'on  a  en  vue  lorsqu'on  dit  la  fougère  sans  y  joindre  une 
épithète  ,  celle  qu'on  appelle  dans  quelques  cantons,  et  dans 
la  médecine.,  fougère  femelle.  Elle  s'élève  souvenfcà  huit  à  dix 
pieds  ,  et  en  a  ordinairement  trois  ou  quatre.  Sa  racine  est 
vivace  ,  traçante  ,  grosse  comme  le  doigt ,  gluante  et  amère. 
Lorsqu'on  la  coupe  en  travers  ,  on  voit  la  représentation 
grossière  d'une  aigle  à  deux  têtes  ou  des  armes  de  l'empire 
d'Allemagne  ,  d'où  lui  vient  le  nom  de  fougère  aquiline.  Cette 
racine  est  vermifuge  ,  mais  moins  que  celle  du  Polypode 
FOUGÈRE  MALE.  (  V.  ce  mot).  La  plante  en  totalité  partage 
les  vertus  des  aniv  es  fougères  ,  mais  on  en  fait  peu  d'usage. 

C'est  sous  le  rapport  économique  que  Xa  fougère  aquiline  est 
importante  à  connoître.  Elle  dédommage  en  partie  les  pays 
où  elle  se  trouve,  de  la  mauvaise  nature  de  leur  sol  ;  elle 
remplace  le  bois,  pour  chauffer  le  four ,  cuire  la  chaux, 
le  plâtre  ,  etc.  ;  elle  forme  une  excellente  litière  pour  les 
bestiaux,  et  par  suite  un  fumier  de  première  qualité.  On  en 
couvre  les  hangars  ,  on  en  fait  des  liens  ,  on  l'emploie  pour 
emballer  les  fruits  et  beaucoup  d'autres  objets;enfm,elle  peut 
remplacer  ,  et  elle  remplace  fréquemment  la  paille  dans  tous 
ses  usages  particuliers,  et  elle  ne  coûte  partoutque  la  peine  de 
l'aller  ramasser.  Les  vaches  ne  craignent  point  de  la  manger. 
Mais  l'article  le  plus  avantageux  que  fournit  la  fougère 
aquiline,  est  la  potasse  ou  alcali  végétal,  qui  est  l'objet  d'une 
consommation  immense  dans  les  verreries,  les  blanchisseries 
et  autres  manufactures.  Il  résulte  d'expériences  faites  il  y  a 
déjà  long -temps,  que  celte  plante  est  une  de  celles  qui  en 
produit  le  plus  par  sa  combustion  lente  ;  et  il  résulte  de 
calculs  établis  sur  des  bases  solides  que  ,  par  son  moyen  ,  la 
France  pourroit  se  passer  de  toute  la  potasse  que  l'on  lire 
de  Danlzick  ou  de  l'Amérique  septentrionale  ,  c'esl-à-dire  , 
épargner  dix  à  douze  millions  qu'elle  exporte  pour  cet  objet. 
On  ne  sauroit  donc  trop  recommander  aux  cultivateurs  de 
ne  point  laisser  perdre  la  piéride  des  cantons  qu'ils  habitent, 
d'employer  à  la  fabrication  de  la  potasse  toute  celle  qu'ils 
ne  consommeront  pas  pour  les  usages  domestiques.  En  con- 
séquence ,  ils  la  feront  couper  au  milieu  de  l'été  ,  la  laisse- 
ront sécher  à  moitié  sur  place  ;  ensuite  ils  feront  creuser 


222  P    T    E 

dans  un  terrain  argileux  ,  autant  que  possible  ,'  une  fosse  plus 
ou  moins  grande  ,  selon  la  quantité  à^  fougère  qu'il  s'agit  de 
brûler  ,  mais  toujours  deux  fois  plus  profonde  que  large  , 
quelle  que  soit  sa  longueur  ;  ensuite  ils  allumeront  au  fond 
de  cette  fosse  un  feu  de  bois  sec,  et  lorsque  la  terre  sera  un 
peu  échauffée  ,  on  y  empilera  la  fougère  ,  qui  aura  été  mise 
préalablement  en  petites  bottes. 

Il  est  à  observer  que  plus  la  combustion  est  lente  ,  et  plus 
il  se  forme  de  potasse.  Ainsi ,  il  faudra  que  celui  qui  sera 
chargé  de  diriger  l'opération  ,  empêche  constamment  que  la 
fougère  ne  s'enflamme  ,  qu'il  en  ait  toujours  quelques  bottes 
de  mouillées  pour  les  jeter  dans  la  fosse  ,  lorsque  le  feu 
prendra  trop  d'intensité.  On  obtiendra  le  point^désirable, 
si  \a  fougère  est  entassée  de  manière  que  l'air  ne  puisse  gagner 
que  difficilement  le  point  inférieur  où  se  fait  la  combustion. 
C'est  à  l'expérience  et  au  raisonnement  à  fixer  la  conduite 
du  feu  d'après  le  principe  qui  vient  d'être  posé  ,  principe 
sans  l'observationduquel  on  n'obtiendraque  desrésultats  peu 
salisfaisans.  Deux  personnes  qui  brûlent  de  la  fougère ,  dans 
le  même  canton  ,  peuvent  trouver  une  différence  de  moitié 
dans  le  produit,  selon  qu'elles  auront  coupé  la  fougère  trop 
tôt  ou  trop  tard  ,  qu'elles  l'auront  brûlée  plus  ou  moins  len- 
tement ,  même  dans  des  jours  différens  ;  car  on  a  observé 
que  les  temps  lourds  ,  disposés  h  l'orage  ,  favorisolent  beau- 
coup la  formation  de  l'alcali. 

La  combustion  de  toute  la  fougère  terminée  ,  on  couvre 
la  fosse  avec  des  planches  ,  et  lorsque  les  cendres  sont  re- 
froidies ,  on  les  emporte  à  la  maison  ;  là  ,  on  en  tire  la  po- 
tasse par  lixivialion  et  évaporation  ,  opérations  qui  deman- 
dent des  vaisseaux  d'une  certaine  grandeur  ,  et  un  emploi  de 
tem'ps  qui  doit  déterminer  la  plupart  des  cultivateurs  à  ven- 
dre les  cendres  en  nature  à  ceux  qui  s'occupent  spécialement 
de  la  purification  de  la  potasse,  (b.) 

PTERIDION.  Genre  de  poissons  établi  par  Scopoli. 
C'est  le  coryphœna  velifera  ,  que  Lacépède  a  décrit  sous  le 
nom  d'OLiGOPODE.  (b.) 

PTERIGIE  ,  Pterigium.  Genre  de  plantes  établi  par 
Corréa  ,  dans  ses  vues  carpologiques,  Annales  du  Muséum  , 
sur  la  seule  considération  du  fruit. 

C'est  une  noix  coriace  ,  uniloculaire  ,  trivalve  ,  renfermée 
dans  un  calice  qui  est  couronné  par  cinq  grandes  folioles 
ovales  et  réticulées. 

On  ignore  le  pays  de  l'arbre  auquel  appartient  ce  fruit  qui 
ressemble  à  un  volant,  (b.) 

PTERIGODION,  Pterigodhim.  Genre  de  plantes  établi 
par  Swartz,  dans  la  famille  des  Orchidées  (  V.  ce  mot), 


P  T  E  223 

et  dont  les  caractères  consistent  à  avoir:  la  corolle  un  peu  en 
gueule ,  les  pétales  extérieurs  horizontaux  ,  concaves  ;  le  nec- 
taire inséré  au  milieu  du  style  entre  les  loges  de  l'anthère  , 
qtli  sont  écartées  ;  le  stigmate  du  côté  supérieur. 

Ce  genre  est  principalement  composé  d'espèces  d'OPHRi- 
DES  ,  qui  croissent  au  Cap  de  Bonne-Espérance  ,  tels  que 
les  ophris  alaris ,  catholica,   polucris ,  cafra,   atraia  et  iwersa. 

(B.) 

PTERIGYNANDRE  ,  Pterigynandmm  ,  Hedw.  Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  mousses  ,  deuxième  tribu  ou 
section  des  Ectopogones,  muni  d'un  seul  péristome  externe. 
On  l'a  aussi  nommé  Pterogomon. 

Ses  caractères  sont  :  coiffe  cuculliforme,  glabre;  opercule 
conique  ,  aigu  ;  dents  entières  et  simples  ,  au  nombre  de 
seize.  Base  du  tube  enveloppée  dans  un  périchèse. 

Ce  genre  faisoit  autrefois  partie  du  genre  Hypise.  Il  con- 
tient les  espèces  de  mousses  les  plus  belles  ,  telles  que  les 
pterig.  fuJgens  ,  aureum  ,  etc. ,  mais  qui  toutes  sont  exotiques. 
hes,  espèces  indigènes  sont  le  pt.  gracile  et  le  pi.  filiforme. 

Quelques  botanistes  lui  ont  réuni  les  genres  Leptodon  , 
Encalypte  ,  Lasie  et  Fabronie.  (p.  b.) 

PTER1(3N  ,  Pterium.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
graminées,  établi  sur  une  espèce  originaire  de  l'Orient. Une 
diffère  des  CaETELLESqueparses  (leurs  qui  sont  solitaires. (b.) 

PTERIS.  V.  Piéride,  (desm.) 

PÏEROCALLE,  PlerocalUs.  Synonyme  de  Petrocalle. 

(B.) 

PTEROCARPE  ,  Pterocarpus.  Genre  de  plantes  de  la 
diadelphie  décandrie  et  de  la  famille  des  légumineuses,  qui 
offre  pour  caractères  :  un  calice  campanule  à  cinq  dents  ;  une 
corolle  papilionacée  à  étendard  onguiculé  ,  ouvert  ,  plus 
grand  que  les  ailes  et  la  carène  ;  dix  étamines  monadelphes  h 
leur  base;  un  ovaire  supérieur,  oblong  elstipilé,  surmonte 
d'un  style  recourbé  et  à  stigmate  simple;  un  légume  stipité , 
arrondi  ou  échancré  sur  un  côté  presque  falciforme  ,  com- 
primé ,  bordé  d'une  aile  membraneuse,  relevée  de  plusieurs 
nervures  simples  ou  rameuses ,  monospermes,  et  ne  s'ouvrant 
point. 

Ce  genre,  fort  voisin  des  Ecastaphylles  et  des  Dalber- 
ges,  renferme  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  à  feuilles  allées  , 
avec  impaire  ,  et  à  fleurs  disposées  en  épis  axillaires.  On  en 
compte  une  vingtaine  d'espèces ,  dont  les  plus  importantes  à 
connoître  sont: 

Le  Ptérocarpe  a  sang  de  dragon,  qui  a  les  feuilles  pin- 
nées  et  la  tige  sans  épines.  Il  croît  dans  l'Inde  et  dans  les  iles 
qui  en  dépendent.  C'est  un  grand  arbre  ,  dont  le  bois  est  due 


224  P  T  E 

et  Técorce  rougeâtre.  Lorsqu'on  entame  celte  e'corce  ,  il  en 
découle  une  liqueur  qui  se  condense  aussitôt  en  larmes  rou- 
ges ,  et  qu'on  apporte  en  Europe  enveloppées  dans  du  jonc. 
C'est  une  des  espèces  de  sang  de  dragon  des  apothicaires. 

Le  Ptérocarpe  satstalin  a  les  feuilles  ternées ,  les  folioles 
presque  rondes  ,  rétuses  ,  très-glabres  ,  les  pétales  crénelés 
et  ondulés,  11  se  trouve  aussi  dans  l'Inde  ,  et  fournit  égale- 
ment un  sang  de  dragon  par  l'incision  de  son  écorcc.  Son  bois 
est  connu  dans  le  commerce  sous  le  nom  de  Santal  rouge. 

Le  Ptérocarpe  jaune  ,  qui  a  trois  paires  de  folioles,  dont 
les  épis  sont  latéraux,  et  la  corolle  dentée.  C'est  un  grand 
arbre  de  la  Chine.  Son  écorce  est  fréquemment  employée 
comme  résolutive  et  vulnéraire.  Sa  décoction  teint  la  soie  en 
jaune,  d'une  manière  solide.  J 

Le  MouTOUCHi  et  I'Apalatoa  d'Aublet,  ainsi  que  I'Ame-î^' 
RIMNUM  de  Brovvn  ,  ont  été  réunis  à  ce  genre,  (b.) 

PTEROCARPUS.  Ce  genre  de  Linnseus  est  nommé 
lingoum  par  Adanson.  Quelques  botanistes  y  rapportent  les 
genres  ameriwnon  de  P,  Brown  ,  apalaioa,  toiichiroa  et  mou^ 
iouchia,  tous  les  trois  d'Aublet.  D'autres  botanistes  n'approu- 
vent pas  ces  réunions,  ou  du  moins  ne  les  admettent  qu'en 
partie.  On  a  fait  aux  dépens  du  genre  de  pterocarpus  le 
genre  ecastaphyllum.  V.  plus  haut  Ptérocarpe.  (ln.) 

PTEROCOCCUS.  Genre  établi  par  Pallas  ,  et  auquel 
on  a  donné  depuis  son  nom.  V.  Pallasie.  (ln.) 

PTEROCEPHALUS.  Genre  créé  par  Vaillant,  adopté 
par  Adanson, annulé  par  les  botanistes  qui  leur  ont  succédé, 
et  rétabli  par  Lagasca.  Il  comprend  quelques  espèces  de  sca- 
bieuses  à  involucres  formés  de  deux  rangs  de  quatre  folioles 
chacun  ;  3  2 — 5  étamines  ;  à  réceptacle  nu,  et  à  calice 
proprement  dit ,  couronnés  de  dix  à  vingt  soies.  Les  sca- 
biosa  pterocephala  ,  ochroleuca  et  papposa  furent  rapportés  à 
ce  genre  par  Adanson.   (ln.) 

PTÉROCÈRE  ,  Pterucera.  Genre  de  testacés  de  la  fa- 
mille des  Univalves  ,  établi  parLamarck,  pour  séparer 
des  Strombes  de  Linnœus  ,  quelques  espèces  qui  diffèrent 
des  autres.  Le  caractère  de  ce  nouveau  genre  est  d'avoir 
une  coquille  ventrue  ,  terminée  inférieurement  par  un  canal 
allongé,  dont  le  bord  droit  se  dilate  ,  avec  l'âge,  en  une  aile 
digitée  ,  et  ayant  un  sinus  vers  la  base. 

Ce  genre  a  pour  type  le  slrombe  lamhis  de  Linnseus,  qui 
se  trouve  dans  les  mers  d'Asie  ,  et  varie  beaucoup.  On  ne 
sait  rien  sur  l'animal  qui  l'habite,  (fi.) 

PTÉROCHILE  ,  Pterochilus.  M.  Klug  désigne  ainsi  un 
genre  d'insectes  ,  de  l'ordre  des  hyménoptères,  famille  des 
diploptères,  tribu  des  guêpiaires  ,  très-voisin  de  notre  genre 


P  T  E  ^2S 

oàynhre  ,  mais  dont  les  mâchoires  et  la  lèvre  sont  beaucoup 
iplus  allongées,  dont  les  palpes  labiaux  sont  poilus  et  parois- 
sent  n'avoir  que  trois  articles  ,  le  quatrième  ou  le  dernier 
«'étant  point  distinct. 

On  n'en  connoît  qu'une  espèce  ,  et  qui  a  été  représentée 
par  Panzer  ,  dans  sa  Faune  des  insectes  d'Allemagne  ,  sous 
le  nom  de  vespa  phalœrata ,  fasc.  4-7  >  tab.  21.  Elle  paroît 
faire  son  nid  dans  les  terres  sablonneuses,  (l.) 

PTEROCHISTE,  Pierochisius,  Bonelli.  Genre  d'insectes 
coléoptères  ,  de  la  famille  des  carnassiers  ,  tribu  des  cara- 
biques.  V.  FÉRONiE.  (l.) 

PTÉROCLES.  C'est ,  dans  les  gallinacés  de  M.  Tem- 
minck,  le  nom  générique  du  Ganga.  (v.) 

PTEROCLIA,  L'une  des  dénominations  appliquées  au 
Jaseur.  V.  ce  mot.  (s.) 

PTÉRODACTYLE  ,  Piewdadylus  ,  Cuvier  ;  Oniilho- 
cephalus  ,  Sommerring.  Genre  d'animal  vertébré  fossile  ,  qui 
paroît  appartenir  à  la  classe  des  reptiles  ,  et  à  l'ordre  des 
sauriens  ,  mais  que  plusieurs  naturalistes  croient  devoir 
ranger  dans  celle  des  mammifères  ,  et  que  d'autres  considè- 
rent comme  intermédiaire  aux  oiseaux  et  aux  reptiles. 

Ce  genre  se  compose  maintenant  de  trois  espèces.  La  pre- 
mière a  été  décrite  par  Collini  ,  dans  les  Mémoires  de  V  Aca- 
démie palatine ,  partie  physique  ,  tom.  v  ;  la  seconde  l'a  été 
par  Sommerring,  dans  une  dissertation  qui  fait  partie  des  Mé- 
moires de  Munich  ,  181 7  ,  et  dont  le  titre  est  Ueber  einen  ornî- 
ihocephalus  breoirostris  der  Vorwelt.  La  troisième  ,  dont  cm  n'a 
Vu  que  quelque  débris ,  mais  suffisans  pour  la  faire  distin- 
guer ,  a  été  observée  par  le  même  savant ,  et  annoncée  dans 
un  supplément  à  la  précédente  dissertation  ,  sous  le  titre  de 
Ueber  die  fossilen  reste  einer  grussen  fledermaus  gatlung  ,  welche 
sich  zii  karlsruhe  in  der  grossherzoglichen  samlung  hefinden, 

La  première  et  la  seconde  espèce  sont  celles  qu'il  est  le 
plus  facile  d'étudier,  à  cause  de  la  bonne  conservaiion  de 
leurs  débris.  Au  premier  aspect ,  on  voit  dans  ces  fossiles  , 
dont  les  dimensions  sont  assez  petites  ,  les  restes  d'animaux 
à  tête  fort  allongée  et  pointue  ,  à  cou  fort  long ,  à  corps 
médiocre  ,  à  queue  courte  ,  à  membres  longs  ,  surtout  les 
antérieurs  ,  qui  paroissent  avoir  servi  au  vol  ;  mais  si  on  les 
observe  avec  détail ,  on  ne  tarde  pas  à  remarquer  qu'il 
existe  entre  toutes  ces  parties  et  celles  qui  leur  correspondent 
dans  les  animaux  des  trois  premières  classes,  de  nombreuses 
anomalies  qui ,  en  dernier  résultat ,  ne  permettent  pas ,  dans 
l'état  actuel  de  la  science  ,  de  se  décider  ,  pour  ranger  ces 
fossiles  dans  une  de  ces  classes  plutôt  que  dans  les  autres. 
Néanmoins,  M.  Cuvier  les  place  parmi  les  reptiles  sauriens; 

XX  VIII.  l5 


236  P  T  E 

M.  Sommerring  les  classe  avec  les  mammifères  ;  et  M,  de 
Blainville  ne  balance  pas  à  les  considérer  comme  formant 
un  groupe  intermédiaire  entre  les  oiseaux  et  les  reptiles. 

La  troisième  espèce  différeroit  particulièrement  des  deux 
autres  par  sa  grande  taille  ,  puisque  ses  bras  ou  ailes  auroient 
eu  près  de  cinq  pieds  d'envergure. 

Pour  donner  une  idée  générale  de  ces  fossiles  ,  nous  avons 
fait  représenter,  d'après  Sommerring,  dans  la  planche  (i.  45 
de  ce  Dictionnaire  ,  un  trait  du  squelette  de  la  première 
espèce  ,  rétabli  d'après  l'étude  de  chacune  des  parties  qui  le 
composent.  Nous  y  renvoyons  le  lecteur  ,  afin  de  l'aider  à 
suivre  plus  facilement  les  descriptions  qui  vont  suivre. 

Première  Espèce.  —  Ptérodactyle  atstique  ,  Plerodactylas 
antiquus  ,  Cuv.  ;  Ornithocephalus  antiquiis ,  Sommerring,  — 
Collini  ,  Mém.  de  TAcad.  palat.  —  Cuv.  ,  Rech.  sur  les  osse- 
mens  fossiles ,  tome  4-   (  V.  pi.  G.  45  de  cet  ouvrage.  ) 

Celui-ci  a  été  trouvé  dans  la  pierre  calcaire  schisteuse 
d'Aichstedt,  près  de  Papenheim  ,  qui  est  celle  que  l'on  a  em- 
ployée la  première  dans  les  travaux  lithographiques  ,  et  qui 
est  depuis  long-temps  recherchée  par  les  collecteurs  de  fos- 
siles, pour  les  belles  empreintes  de  crustacés  et  de  poissons 
d'espèces  inconnues  qu'elle  contient.  La  situation  de  cette 
formation  calcaire  ,  relativement  aux  autres  formations  ob- 
servées jusqu'à  ce  jour  par  les  naturalistes  ,  n'est  pas  bien 
déterjninée  ;  mais  il  y  a  lieu  de  croire  qu'elle  doit  prendre 
place  à  la  suite  des  premiers  dépôts  renfermant  des  débris 
de  corps  organisés  ,  à  cause  du  peu  de  ressemblance  qui 
existe  entre  les  fossiles  qu'elle  renferme  ,  et  ceux  des  forma- 
tions les  plus  récentes.  V.  l'article  Crustacés  fossiles  , 
et  l'article  Poissons  fossiles. 

Le  fragment  de  pierre  qui  présentoit  ce  fossile  ,  a  fait 
partie  de  la  collection  de  Manheim  ;  et  c'est  là  que  Collini 
l'a  décrit  et  dessiné.  Lors  du  transport  de  cette  collection  à 
Munich,  il  avoit  été  égaré  ,  et  l'on  ne  l'a  retrouvé  que 
depuis  peu  ;  ce  qui  a  donné  à  M.  Sommerring  le  moyen 
de  publier  une  figure  plus  exacte  que  celle  de  Collini. 

Le  fossile  paroissoit  avoir  appartenu  à  un  animal  de  la 
taille  d'un  corbeau  ;  sa  longueur  totale  étoit  de  dix  pouces 
quatre  lignes  ,  sur  lesquels  la  tête  prenoit  quatre  pouces. 
Cette  tête  étoit  fort  longue  et  pointue  ,  et  avoit  les  mâ- 
choires excessivement  ouvertes  ;  le  crâne  si  petit ,  que  l'aire 
de  sa  coupe  longitudinale  auroit  été  tout  au  plus  un  dixième 
de  celle  du  restant  de  la  face  ;  la  ligne  du  front ,  droite  ;  les 
orbites  grandes  j  latérales  et  non  séparées  entre  elles   par 


G. 45. 


(>ttf  Planefu  nestpa^  ntsc^tiile    J'éù-e    c/ylon^*  ■ 


j  .  Pteroda/:àfle   anluju^  .       2  Le  FeM  Falieotfûriiim 


P  T  E 

ieur  fond  ,  ce  qui  vient  peut-être  du  mauvais  état  de  cette 
tête  ,  mais  ce  qui  ne  permet  pas  de  supposer  qu  elles  fus- 
sent séparées  par  un  espace  considérable  ;  Ic:^  ouvertures 
nasales  très-grandes,  situées  presque  immédiatement  après 
les  orbites  ;  le  bord  de  la  mâchoire  supérieure  garni  rfans 
son  dernier  tiers  ,  vers  l'extrémité  ,  de  onze  petites  dents 
coniques  un  peu  crochues,  toutes  semblables  entre  elles,  et 
un  peu  séparées  les  unes  des  autres  par  des  intervalles  assez 
égaux.  La  mâchoire  inférieure  étoil  longue  de  (rois  pcuces 
cinq  lignes  un  quart  ,  peu  forte  ,  presque  linéaire  ,  lé- 
gèrement plus  épaisse  dans  les  deux  derniers  cinquièmes, 
vers  son  extrémité  ,  articulée  en  avant  du  crâne  et  en  des- 
sous des  orbites  ,  avec  la  supérieure  ,  à  une  assez  grande 
distance  du  crâne  par  l'intermédiaire  d'un  os  peu  distinct  , 
et  que  M.  Cuvier  considère  comme  l'os  carré  des  oi- 
seaux et  des  reptiles.  Le  bord  de  celle  mâchoire  étoit  garni 
dans  sa  dernière  moitié  ,  vers  la  pointe  ,  de  dix-neuf  petites 
dents  coniques  et  arquées  en  arrière  ,  comme  celles  de  la 
mâchoire  supérieure  ,  aussi  petites  que  celles-ci  ,  mais  plus 
espacées  entre  elles.  L'occiput  offroit  une  protubérance  re- 
marquable ,  qu'on  observe  dans  les  oiseaux  vers  la  place  où 
est  situé  le  cervelet  chez  eux.  * 

Le  col  avoit  trois  pouces  une  ligne  et  un  tiers  de  longueur. 
Il  paroissoit  formé  de  six  vertèbres,  ou  même  de  sept,  parce 
que  la  première,  vers  la  tête,  sembloit  divisée  en  deux  trans- 
versalement dans  son  milieu  ;  et  les  vertèbres,  en  les  portant 
au  nombre  de  sept,  avoient  les  dimensions  suivantes  :  la  pre- 
mière et  la  seconde  ensemble  ,  trois  lignes  de  longueur  ;  la 
troisième,  six  lignes  et  demie  ;  la  quatrième  ,  sept  lignes  un 
tiers  ;  la  cinquième  ,  sept  lignes  deux  tiers  ;  la  sixième,  six 
lignes  un  quart  ;  et  la  septième,  six  lignes  trois  quarts.  On  ne 
remarquoit  sur  aucune  ,  d'apophyses  épineuses  apparentes; 
leur  diamèlce  éloil  généralement  de  deux  lignes. 

Le  corps  n'avoit  que  deux  pouces  cinq  lignes  de  longueur  ; 
sa  colonne  épinière  étoit  distincte  ,  mais  il  n'étoit  pas  facilç 
d'en  compter  les  vertèbres  ;  cependant ,  Collini  en  a  distin- 
gué dix- neuf  à  vingt ,  ayant  chacune  environ  une  ligne  et  un 
tiers  de  longueur.  Les  côtes  étoienl  fort  minces  ,  rompues  et 
mal  en  ordre.  La  queue  ,  longue  de  neuf  à  dix  lignes  ,  étoit 
assez  mince  ,  composée  de  plusieurs  vertèbres  (  treize  au 
moins)  ,  dont  le  diamètre  diminuoit  progressivement ,  et  qui 
ne  présentoient  pas  d'apophyses  transverses. 

Deux  os paroissoienl appartenir  au  bassin;  l'un  assez  large, 
que  Collini  compare  au  pubis  ,  et  l'autre  en  forme  de  bec  , 
qu'il  regarde  comme  le  coccyx  ,  et  que  MiVL  Cuvier  et  Som- 
mering,  considèrent,  avec  juste  raison  comme  un  ischion.  Un 


228  P  T  E 

os  sépare  et  en  forme  de  spalule  ,  qai  n'a  cle'  rnppoiic  à  ail- 
cune  parlie  par  Collini  ,  a  été  regardé  par  M.  Sommerring 
comme  la  pièce  inférieure  du  sternum. 

Les  membres  postérieurs  se  composoient  ;  d'un  fémur  long 
d'un  pouce  trois  lignes,  à  peu  près  cylindrique,  et  légèrement 
arqué  ;  d'un  tibia  long  d'un  pouce  et  demi  ;  de  quatre  méta- 
tarsiens sans  tarse  distinct  ,  lesquels  appartenoient  à  autant 
de  doigts,  dont  l'interne  n'avoit  que  deux  phalanges  ,  et  les 
autres  trois.  Les  dernières  phalanges  étoient  petites  ,  et 
avoient  sans  doute  supporté  des  ongles.  La  différence  entre 
les  doigts  éloit  peu  considérable  ;  le  pouce  seulen»enl  éloit 
plus  court  ;  et  le  pied  ,  en  général,  avoit  les  deux  tiers  de  la 
longueur  du  tibia. 

Les  membres  antérieurs  étoient  très-longs,  et  c'est  surtout 
relativement  à  leur  composition  que  les  naturalistes  ne  sont 
pas  d'accord.  Collini  n'avoit  point  trouvé  d'ossement  qu'il 
pût  rapporter  à  des  omoplates.  M.  Cuvier  croit  en  avoir 
remarqué  le  long  de  la  colonne  cpinière  ,  dans  deux  frag- 
mens  osseux  de  forme  allongée  ;  mais  M.  Sommerring  en 
voit  une  sur  une  autre  partie  de  la  pierre  ,  et  il  la  figure 
comme  l'omoplate  des  chauve-souris.  Quant  aux  clavicules  , 
M.  Cuvier  les  observe  dans  dtiux  os  isolés,  placés  en  avant 
de  la  colonne  épinière  ,  et  dont  un  est  regardé  par  M.  Som- 
merring comme  étant  une  côte  dérangée  de  sa  position 
naturelle.  Un  premier  os  long  de  onze  lignes  ,  et  mal  con- 
servé ,  est  considéré  par  M.  Cuvier  comme  étant  l'humérus  , 
Bt  par  M.  Sommerring  ,  comme  la  clavicule.  Un  second  , 
long  d'un  pouce  neuf  lignes,  marqué  d'un  sillon  longitudinal 
qui  pourroit  bien  indiquer  la  séparation  de  deux  os  distincts  , 
est  appelé  os  de  l'avant-bras  par  M.  Cuvier ,  et  humérus  ou 
bras  par  M.  Sommerring.  Après  le  second  os  en  vient  un 
troisième  ,  long  d'un  pouce  cinq  lignes  ,  et  qui  est  plus  gros 
que  le  précédent;  et, dans  le  point  d'articulation,dè  Ces  deux 
os  sont  des  parties  séparées ,  regardées  par  M.  Cuvier 
comme  les  osselets  du  carpe  ,  et  par  M.  Sommerring,  comme 
de  simples  épyphises  de  ces  os.  Par  suite, le  troisième  os  eslun 
métacarpien  unique  pour  le  naturaliste  français  ,  et  un  avant- 
bras  pour  l'anatomiste  bavarois.  Quant  à  la  main  qui  termine 
le  membre  ,  elle  présente  quatre  doigts  ;  un  très-court  ou 
pouce  ,  qui  semble  formé  de  deux  phalanges  ;  un  second  et 
un  troisième  ,  un  peu  plus  longs  ,  surtout  le  dernier,  compo- 
sés de  trois  phalanges  ,  dont  la  dernière  ,  comme  celle  du 
pouce,  paroît  avoir  été  le  support  d  un  ongle  ;  enfin  ,  le  qua- 
trième doigt,  extrêmement  fort  et  long  (  5  p.  lo  lignes), 
puisqu'il  surpasse  ,  à  lui  seul  ,  la  longueur  de  toutes  les 
premières  pièces  qui  forment  le  bras.  Il  est  formé  de  quatre 


P  T   E  3  29 

phalanges,  tlont  la  première  est  appelée  ,  on  ne  sait  d'après 
quels  motifs,  m^?aco//y?V«  par  Sominerring,  puisque  ce  savant 
n'en  admet  pas  pour  les  autres  doigts  ;  ces  phalanges  vont  en 
diminuant  progressivement  de  grosseur  ,  et  ressemblent 
beaucoup  à  celles  qui  forment  les  doigts  des  chauve-souris  ,  à 
cela  près  qu'elles  ont  plus  de  force. 

Ilparoîtque  le  dernier  doigt  n'avoit  point  d'ongle  ,  et  il  y 
a  lieu  de  croire  que  si  l'animal  voloit  au  moyen  de  membra- 
nes, comme  les  chauve-souris  ,  les  membranes  s'attachoiént 
sur  ce  doigt  seulement. 

M.  Sommerring  nous  paroît  d'autant  moins  admissible  à 
considérer  comme  des  épiphyses  les  osselets  du  carpe  ,  selon 
iM.  Cuvier,  que  pour  les  gros  os  des  extrémités  postérieures; 
il  ne  fait  aucune  mention  d'épiphyses  ,  quoiqu'il  dût  imman- 
quablement s'en  trouver  ,  s'il  en  existoit  aux  antérieures.  Il 
suppose  que  le  carpe  n'a  pu  être  conservé  à  cause  de  la  jeu- 
nesse de  l'animal ,  et  que  ce  carpe  étoit  situé  vis-à-vis  le  point 
où  sont  articulés  les  doigts.  Enfin  ,  en  ne  donnant  de  métacar- 
pien qu'au  grand  doigt  seulement,  et  en  en  supposant  les 
autres  dépourvus,  il  annonce  une  manière  de  voir  tout-à-fait 
opposée  aux  lois  de  l'analogie;  Aussi ,  croyons-nous  devoir 
adopter  en  totalité  la  distinction  des  parties  reconnues  par 
M.  Cuvier  ,  parce  qu'elles  nous  paroissent  conformes  à  ces 
mêmes  lois. 

L'os  carré  que  M.  Cuvier  croit  distinguer  dans  la  figure 
de  Collini,  n'existe  pas  d'une  manière  sensible  dans  l'ori- 
ginal observe  avec  le  plus  grand  soin  par  M.  Sommerring  ; 
mais,  d'après  la  remarque  de  ]M,  de  Blainville  ,  le  mode 
d'articulation  de  la  mâchoire  inférieure  ,  et  la  forme  de  celle- 
ci  ,  prouvent  suffisanmient  l'existence  de  cet  os  ,  d'ailleurs  , 
très -variable  dans  ses  formes  ,  ses  dimensions  et  ses  con- 
nexions ,  dans  les  animaux  chez  lesquels  il  existe. 

Enfin  ,  la  pièce  isolée  ,  remarquée  par  Collini  près  du 
bassin  ,  est  regardée  par  M.  Sommerring  comme  l'extré- 
mité inférieure  du  sternum.  Son  isolement  permet  de  dou- 
ter encore  de  ce  rapprochement  ;  et  il  nous  semble  que  ce 
savant  anatomiste  le  produit  d'autant  plus  volontiers ,  qu'il 
appuie  la  ressemblance  qu'il  trouve  entre  le  fossile  et  les 
chauve-souris.  MM.  Cuvier  et  de  Blainville  y  voient  un  os 
du  bassin  assez  semblable  au  pubis  des  crocodiles. 

Selon  M.  Cuvier  ,  It;  fossile  d'Aischtedt  ne  peut  être  un 
oiseau  palmipède,  comme  le  croit  le  célèbre  Bluinenbach, 
j»ar  les  raisons  suivantes:  «  i."  Un  oiseau  auroit  des  côtes 
>(  plus  larges  ,  et  munies  chacune  d'une  seule  apophyse  ré- 
a  currente  ;  2."  son  métatarse  ne  formeroit  qu'un  seul  os  ,  et 
a  ne  seiolt  pas  coniposé  d'autant  d'os  qu'il  y  -a  de  doigts  i 


33o  P  T  E 

«  3°  son  aile  n'aurolt  que  trois  divisions  après  l'avant-bras, 
«  et  non  pas  cinq  ;  4""  son  bassin  auroil  une  toute  autre 
'<  étendue  ,  et  sa  queue  osseuse  une  toute  autre  forme  ;  elle 
«  seroit  élargie ,  et  non  pas  grêle  et  conique  ;  5.°  il  n'y  au- 
«  roit  pas  de  dents  au  bec  ;  6."  les  vertèbres  du  col  seroient 
«  plus  nombreuses  ,  aucun  oiseau  n'en  ayant  moins  de  neuf; 
<f  7.°  les  verlèbres  du  dos  seroient  moins  nombreuses,  puis- 
«  qu'il  seinble  qix'il  y  en  ait  ici  quinze  ou  seize,  tandis  que 
«  chez  les  oiseaux  on  n'en  compte  que  de  sept  à  dix  ,  et  tout 
«   au  plus  onze,  etc.  » 

Feu  Hennann  et  M.  Sommerring  ont  vu  dans  le  ptéro- 
dactyle un  mammifère  ,  et  le  dernier  Ta  particulièrement 
rapproche  des  chjuve-souris.  Il  sera  facile  de  combattre  cette 
opinion  ,  en  faisant  remarquer  i.°  que  la  tête,  par  sa  forme 
générale  ,  ne  peut  en  aucune  manière  être  comparée  à  celle 
des  chauve-souris,  même  à  celle  de  la  roussette  de  M.  Léche- 
nault, quelle  que  soit  sa  longueur,  relativement  à  celle  du  corps; 
2."  que  les  orbiies  ,  très-grandes  et  latérales  ,  ainsi  que  les 
narines  également  latérales  et  remontées  ,  n'ont  aucun  rap- 
port avec  les  mêmes  parties  dans  ces  animaux;  3."  que  la  for- 
me et  la  position  du  crâne  sont  aussi  toutes  différentes  ;  4° 
que  les  dents,  toutes  semblables  entre  elles,  n'offrent  rien  qui 
puisse  les  faire  comparer,  les  unes  à  des  incisives  ,  les  autres 
a  des  canines  ,  et  les  dernières  enfin  à  des  molaires,  toujours 
distinctes  ,  quoique  en  nombre  variable  dans  les  chauve- 
souris;  5."  que  le  mode  d'articulation  des  mâchoires  est  tout- 
à-fait  différent;  6.°  que  le  col  est  démesurément  plus  long  que 
dans  les  chéiroptères  ,  de  tel  genre  que  ce  soit;  7."  que  les 
membres  antérieurs  n'ont  point  le  nombre  de  doigts  ordi- 
naire à  ces  mêmes  chéiroptères  ,  et  que  leur  longueur  rela- 
tive est  différente  ;  8."  que  la  présence  d'un  seul  métacar- 
pien, pour  les  quatre  doigts,  est  une  conformation  qu'on  ne 
retrouve  dans  aucun  animal  connu  ,  qu'on  puisse  comparer 
au  fossile  d'Aichstedt  ;  9."  que  les  jambes  de  derrièie  sont 
aussi  beaucoup  plus  longues  ,  et  ont  un  nombre  de  doigts 
différent  de  celui  des  chauve-souris,  etc. 

Collini  concluoit  qu'il  falloit  chercher  l'animal  d'Aichstedt 
parmi  les  amphibies  ;  mais,  pour  peu  qu'on  réfléchisse  à  sa 
conformation  ,  il  est  facile  de  voir  que  cette  supposition  ne 
peut  être  admise. 

M.  Cuvier  y  voit  un  reptile  ,  et  il  se  fonde  i."  sur  la  forme 
générale  de  la  tête  ;  2.°  sur  la  grandeur  des  orbites,  et  la 
position  et  la  forme  des  narines  ;  3.°  sur  l'existence  d'une 
partie  analogue  à  l'os  carré  ,  servant  à  l'articulation  de  la 
mâchoire  inférieure  ;  4-°  sur  le  nombre  des  vertèbres  du  col 
qu'il  croit  être  de  six  (  bien  que  M,  Sommerring  en  dislingue 


P  T  E  23i 

sepO  comme  dans  quelques  nionitors  ;  5."  sur  la  foiblesse  des 
côtes  ;  6."  sur  la  séparation  du  métatarse  en  plusieurs  os  ; 
7.0  sur  le  nombre  des  phalanges  des  doigts  des  pieds  de  der- 
rière ,  croissant  ainsi  :  2, 3,4, 4  (mais  ici  il  n'est  pas  d'accord 
avec  CoUini  et  M.  Sommerring,  qui  en  comptent  2,3,3,3)  , 
comme  dans  les  mammifères  ;  8.°  sur  la  forme  du  pubis  , 
pris  par  M.  Sommerring,  pour  l'extrémité  inférieure  du 
sternum,  etc. 

Enfin  ,  M.  de  Blainville  faisant  remarquer  qu'un  bon 
nombre  des  caractères  de  cet  animal  étant  communs  aux 
reptiles  et  aux  oiseaux  ;  que  certains  ,  comme  la^  longueur 
du  col  et  des  pattes  postérieures,  la  forme  du  crâne  ,  et  la 
grandeur  de  l'angle  que  la  tête  forme  avec  le  col,  étant  des 
caractères  propres  aux  oiseaux  seulement  ;  il  convient  de  le 
placer  provisoirement  entre  ces  deux  classes  d'animaux  , 
quoique ,  cependant ,  il  trouve  que  la  masse  des  traits  de  son 
organisation  le  rapproche  encore  plus  des  reptiles  que  des 
oiseaux. 

M.  Cuvier,  qui  place  cet  animal  dans  l'ordre  des  sauriens, 
se  le  représente  voltigeant  à  l'aide  de  grandes  ailes  soute- 
nues seulement  par  le  quatrième  doigt  ou  l'externe^,  tandis 
que  les  trois  premiers  courts  ,  et  armés  d'ongles  crochus  , 
lui  servoient  à  s'accrocher  aux  arbres.  H  le  juge  nocturne  à 
cause  de  la  grandeur  de  ses  orbites  ,  et  par  conséquent  des 
yeux  qu'elles  contenoient.  Il  pense  que  tout  son  corps  de- 
voit  être  couvert  d'écaillés  ,  comme  cela  existe  dans  les 
autres  sauriens  ,  etc.  Du  reste  ,  il  croit  qu'aucun  animal 
existant  maintenant,  ne  ressemble  à  celui-ci. 

Seconde  Espèce.  —  Ptérodactyle  brévirostre  ,  Ptero- 
daclylus  brevirosiris  ,  Nob.  ;  Omithocephalus  hreoirostris  ,  Som- 
merring. 

Ce  fossile,  qui  appartient  bien  réellement  au  même  genre 
que  le  premier ,  a  été  décrit  ,  pour  la  première  fois,  par 
M.  Sommerring,  qui  l'a  reçu  de  M.  Spix.  Il  provient  de  la 
carrière  de  Windischschoff,  près  d'Aichstedt,  et  est  ren- 
fermé dans  le  même  calcaire  schisteux  propre  à  la  lithogra- 
phie ,  où  a  été  rencontré  le  ptérodactyle  antique. 

Celui-ci  est  environ  de  la  taille  d'un  moineau.  Sa  tète  est 
beaucoup  plus  semblable  à  celle  d'un  oiseau  ,  que  la  tête  de 
l'espèce  précédente  :  la  forme  du  crâne,  le  profil  du  bec  ,  la 
position  et  la  grandeur  relative  des  orbites  ,  et  des  narines 
surtout,  offrent  cette  ressemblance.  La  longueur  de  la  tête 
est  de  onze  lignes  ;  sa  hauteur  de  quatre  et  demie  ;  la  lon- 
gueur de  la  mâchoire  inférieure  n'est  que  de  sept  lignes.  Les 
bords   des    mâchoires   sont  gnrnis   de  petites  dents  aiguës  , 


^3^  P  T  E 

huit  supérieures  ,  et  cinq  inférieures ,  semblables  entre  eîleS; 
selon  la  figure  ,  et  que  ,  suivant  M.  Sommerring  ,  qui  voit 
aussi  une  chauoe-souris  dans  celle  espèce  ,  l'on  peut  comparer 
les  unes  aux  incisives,et  les  autres  auxmolairesdes  petits  mam- 
mifères de  ce  nom.Le  cou  a  au  moins  neuf  lignes  de  long;  il  con- 
siste visiblement  en  sept  vertèbres,  qui  sont  les  plus  fortes  et 
les  plus  épaisses  de  toutes  celles  qui  composent  la  colonne 
épinière.  Les  vertèbres  dorsales ,  moins  distinctes  que  les 
cervicales ,  paroissent  au  nombre  de  douze  ;  et  la  portion 
de  l'épine  qu'elles  forment  par  leur  réunion  ,  offre  une 
courbe  vers  le  baut.  Celles  des  lombes  ,  du  bassin  et  de  la 
petite  queue  ,  sont  peu  faciles  à  distinguer.  Les  cotes  sont 
très-fines,  au  nombre  de  huit  à  neuf  de  chaque  côté  ,  et  pa- 
roissent, selon  la  remarque  de  M,  de  Blainville,  être  articu- 
lées avec  une  apophyse  propre  à  chaque  vertèbre  ,  comme 
cela  se  remarque  dans  les  reptiles  ,  et  non  entre  deux  vertè- 
bres, comme  cela  est  dans  les  mammifères.  Le  sternum  n'est 
pas  fort  visible.  Le  bassin  est  mal  en  ordre  ;  néanmoins  ,  or^ 
observe  un  os  en  forme  de  spatule ,  semblable  à  celui  que 
M.  Cuvier  considère  comme  un  pubis  ,  dans  la  première 
espèce  ,  et  que  M.  Sommerring  regarde  comme  le  bréchet, 
du  sternum.  Les  membres  postérieurs  sont  faciles  à  obser- 
ver :  le  fémur  est  droit ,  assez  gros ,  et  long  de  six  lignes  ;  le 
tibia  a  huit  lignes  ;  le  péroné  n'est  pas  distinct  ;  le  tarse 
n'existe  qu'en  vestiges  ;  le  pied  a  quatre  doigts  ,  offrant  cha- 
cun un  métatarsien  assez  allongé  (le  premier  a  deux  phalan- 
ges ,  et  tous  les  autres  en  ont  trois)  ;  de  ces  quatre  doigts,  ic 
premier  est  le  plus  court ,  le  second  est  presque  égal  au, 
troisième,  et  \c  quatrième  est  un  peu  moins  long  que  celui- 
ci  ;  tous  ont  leur  dernière  phalange  conformée  de  façon 
qu'elle  a  dû  supporter  un  ongle  assez  fort  (i),  Les  membres 
supérieurs  sont  Irès-semblables  à  ceux  du  ptérodactyle  anti- 
que ;  les  clavicules (  humérus,  Cuvier)  peu  apparentes,  selon 
M.  Sommerring,  ont  six  lignes  de  longueur  ;  l'omoplate  n'a, 
point  offert  de  trace  de  son  existence  ;  mais  on  présume 
qu'étant  fort  mince  ,  cet  os  aura  été  détruit  (2)  ;  l'humerua 
(  avant-bras,  Cuvier)  qui  a|neuf  lignes  un  quart,  est  le  plus 
gros  des  os  longs  de  tout  le  squelette ,  et  aussi  le  plus  long  , 
si  l'on  en  excepte  les  phalanges  du  grand  doigt  de  l'aile  ;  l'os 


(i)  La  figuçe  restituée  de  cet  animal  par  M.  Sommerring,  est  fau- 
tive ,  en  ce  que  c'est  le  doigt  extérieur  et  non  l'intérieur  qui  est  re- 
présenté avec  deux  phalanges  seulement. 

(2)  Cet  os  ne  présente  pas  d'apophyse  olécrane  ,   dont  l'existence 
çst  un  caractère  constant  des  mammifères,    selon  IVl.  de  Blainville 
«t  'iui  jjc  se  !:eniari]ue  jamais  dans  les  QJseaux  et  Içs  i.eptiks, 


P  T  E  2  33. 

c!(c",i'avant-bras  (métacarpe,Cuv.)  n'a  q«e  sept  Hgnes  et  demie, 
al  son  extrémité  inférieure  présente  des  sillons  longitiicli- 
naux,  qui  semblent  le  partager  en  deux  ou  trois  os  ,  longs  , 
minces  et  étroits  (i).  11  n'y  a  que  quatre  doigts  aux  inains  ; 
le  pouce  est  le  plus  court ,  et  foriné  «l'une  phalange  el  d'une 
phalangette  -,  le  second  est  presque  double  en  longueur  ,  aussi 
gros  ,  et  formé  de  trois  phalanges;  le  troisième  ,  plus  long 
et  plus  fort  que  le  second  ,  a  trois  lignes  et  demie  ,  et  a 
quatre  phalanges  ;  enfin  ,  le  quatrième  a  deux  pouces  huit 
lignes,  et  est  aussi  formé  de  quatre  phalanges  (  ce  qui  fait 
que,  pour  les  extrémités  antérieures,  le  nombre  des  phalanges 
croît  exactement  comme  dans  les  pieds  de  derrière  des  croco- 
diles ,  c'est-à-dire  2,3, 4-»4  )•  Le  dernier  doigt  est  conformé 
comme  celui  qui  lui  correspond  dans  l'espèce  précédente  ; 
c'est  la  première  phalange  (métacarpien,  Sommerring)  qui 
est  la  plus  grosse  et  la  plus  longue,  et  la  quatrième  qui  est 
la  plus  mince  et  la  plus  course  ;  les  intermédiaires  décrois- 
sent successivement. 

M.  Sommerring  voit  dans  cet  animal  un  jeune  individu  , 
parce  qu'il  prend  pour  de?  épiphyses,de  petits  os  que  M.  Cu^ 
vier  regarde  comme  ceux  du  carpe  dans  le  ptérodactyle 
antique. 

Troisième  Espèce.  —  PTÉRODACTYLE  GÉANT  ,  Pterodactylus 
giganieus^i^ob.  On  n'a  trouvé  de  cette  espèce  que  des  fragmens 
des  extrémités,  qui  ont  été  décrits  et  figurés  par  M.  Som- 
merring, savoir:  i,"  deux  phalanges  entières  du  grand  doigt 
de  l'aile  ,  sans  doute  la  quatrième  et  la  troisième  ,  et  l'ex- 
trémité de  la  seconde  ;  2."  un  humérus  ;  3.°  un  fémur  et  un 
tibia,  dans  un  même  échantillon  de  pierre  calcaire  schisteuse 
de  Solhhofen  ,  près  d'Aichstedt  et  de  .Papenheim. 

Les  dimensions  de  ces  divers  os ,  sont  les  suivantes  :  le 
fémur ,  quatre  pouces  quatre  lignes  ;  le  tibia  ,  sept  pouces 
trois  lignes  ;  l'humérus  ,  aussi  sept  pouces  trois  lignes  ;  la 
première  phalange  du  grand  doigt  ,  Âuatre  pouces  deux  li- 
gnes; et  la  seconde,  sept  pouces.  En  comparant  ces  dimen- 
sions avec  celles  de  la  seconde  espèce  ,  il  en  résulte  que  le 
Ïtérodactyle  géant  a  dû  avoir  au  moins  cinq  pieds  d'envergure, 
l  est  à  désirer  que  l'on  rencontre  de  nouveaux  débris  de  ce 
singulier  animal  ,  parce  qu'il  sera  plus  facile  d'étudier  sur 
lui ,  à  cause  de  sa  taille  ,  les  divers  détails  de  l'organisalioa 
qui  lui  est  commune  avec  les  deux  précédens.  (desm.) 


(i)  Ce  qui  tend  surtout  à  le  taire  ronsiJc'rer  coiiiine  un  mélacaipe, 
Iç  carpe  n'cxistan!  pas  eu  ayant  tlispm-u. 


=34  V  T  F 

PTÉRODÎBRANCHES.  Nom  donné  par  Blainville  à 
la  famille  de  Mollusques  ,  appelés  Ptéropodes  par  Cuvier. 

PTLRODICERES,  Pterodirero.  Nom  que  j'avois  donné 
à  une  sous-classe  d'insccles  ,  composée  de  ceux  qui  ont  des 
ailes,  six  pattes,  deux  antennes,  deux  yeux  à  facettes,  et 
qui  subissent  des  métamorphoses.  C'est  la  classe  des  insectes 
de  M.  de  Lamarck.  V.  les  articles  Entomologie  et  Insectes. 

(L.) 

PTERODIE.  Sorte  de  Fruit.  Il  ne  diffère  pas  du  Sa- 
MARE  de  Gserlner,  et  du  Pteride  de  Mirbel.  (b.) 

PTERODIPLES  ouDuplicipennes  ,  Dnméril.  Famille 
d'insectes  de  l'ordre  des  hyménoptères,  et  la  même  que  celle 
que  j'ai  nommée  Diploptèkes.  V.  ce  mot.  (L.) 

PTEROGLOSSES,  Pteroghssi ,  Vieill.  Famille  de 
l'ordre  des  oiseaux  Sylvmns  et  de  la  tribu  des  Zygodac- 
TYLES.  V.  ces  mots.  Caruclères:  pieds  courts  ;  tarses  annelés, 
nus;  quatre  doigts,  deux  devant,  deux  derrière;  les  anté- 
rieurs réunis  jusqu'au-delà  du  milieu;  bec  très  -  gros  à  la 
base,  grand,  cellulaire,  dentelé  ;  langue  en  forme  de  plume. 
Celle  famille  n'est  composée  que  du  genre  Toucan.  V.  ce 
mot.  (V.) 

PTEROCiLOSSUS.  C'est,dans  le  P/oJrom«5  d'illiger,  le 
nom  générique  des  ARACARiS;lesquelscomposentladeuxième 
section  de  mes  Toucans,  (v.) 

PTEROGONE,  Pierogonhn.  Genre  de  plantes  établi  par 
Svvartz  aux  dépens  des  Hypnf.S.  Ses  caractères  sont  :  fleurs 
dioïques  ;  capsule  latérale  allongée  ;  coiffe  fendue  latérale- 
ment, glabre  ou  velue;  péristome  simple,  à  seize  dents  droites 
et  entières. 

Ce  genre  est  subdivisé,  par  quelques  botanistes  ,  en  dix 
autres;  savoir:  Pterjgynandre,  Lasis  ,  Encalypte,  Tr[- 

CUOSTOME,    CÉCALYPHE,   FiSSIDENT,  DiCRANE  ,  OrTHOTRI- 

CUE,  PiLOTRlCHE  et  Fabronie  ;  de  sorle  qu'ils  n'est  pins 
composé  que  de  treiii*  espèces  dons  le  Species  musconim  de 
Schwaegrichen  ,  toutes  très-rares  ou  exotiques,  (s.) 

PTEROGYNANDRE.  Synonyme  de  Ptérogone.  (b.) 

PTEROMYS.  C'cst-à  dire,  Rat  ailé.  Dénomination  que 
les  naturalistes  modernes  ont  donnée  aux  Polatouches  dans 
leurs  ouvrages  écrils  en  latin.  V.  Polatouche.  (s.) 

PTERÔNE,  Pteronus.  Nom  donné  par  M.  Jurine  à  un 
genre  d'insectes  de  notre  tribu  des  tenlhrédines.  V.  Lophyre 
et  Pristiphore.  (l.) 

P  TERONE  ,  Pleronia.  Genre  de  plantes  de  la  syngénésie 
polygamie  égale  et  de  la  famille  des  cynarocéphales ,  qui 
présente  pour    caractères  :   un    calice    commun  imbriqué 


P  T   E  ^35 

d'ëcailles  lancéolées  et  carinées  ;  un  réceptacle  aplati  , 
couvert  d'écallles  soyeuses  et  de  fleurons  hermaphro- 
dites ,  tubuJeux  ,  à  cinq  dents  uniformes  ;  des  semences 
oblongues ,  comprimées,  à  aigrettes  sessiles ,  légèrement 
plumeuses. 

Ce  genre  renferme  une  trentaine  d'espèces  qui  ne  se  con- 
viennent pas  beaucoup  entre  elles  ,  et  qui  ont  besoin  d'être 
examinées  de  nouveau.  Elles  viennent  d'Asie  ,  d'Afrique  et 
d'Amérique.  Ce  sont ,  en  général ,  de  grandes  plantes  viva- 
ces,  à  feuilles  alternes  et  à  fleurs  solitaires  sur  des  pédoncules 
terminaux  disposés  en  corymbe. 

La  plus  anciennement  connue  de  ces  espèces  est  la  Pté- 
RONE  CAMPHRÉE,  qui  a  les  feuilles éparses  et  ciliées  à  leur 
base.  Elle  se  trouve  en  Afrique.  Ses  feuilles  froissées  répan- 
dent une  odeur  forte  ,   approchant  de  celle  du  camphre.  (B.) 

PTEROPE.  Le  nom  Pteropus  a  été  ainsi  traduit  pour 
désigner  le  genre  des  roussettes.  Dans  les  supplémens  de  la 
première  édition,  nous  avions  fait  connoîlre  ;  sous  ce  nom, 
deux  espèces  :  le  pféwpc  jaune  et  le  plerupe  olive,  qui  seront 
décrites  dans  celle  ci  à  l'article  Roussette.  T.ce  mot.(DESM.) 

PTEROPHENICUM  DES  INDES,  Pterophœmcus  In- 
diarum.  C'est,  dans  quelques  auteurs,  la  désignation  de 
l'AcoLCHi.  V.  ce  mot.  (s.) 

PTEROPHORE,  Plerophorus.  Genre  d'insectes  établi 
par  Geoffroi,  de  l'ordre  des  lépidoptères,  famille  des  noc- 
turnes ,  tribu  des  fissipennes.  Linnieus  en  fait  ses  phalènes 
alucites ,  et  Degéer  ses  phalènes  tipules.  Ses  caractères  sont  : 
antennes  sétacées,  simples;  ailes  divisées  ;  palpes  guère  plus 
longs  que  la  tète  ,  également  couverts  d'écaillés. 

Les  ptérophores  ont  le  corps  étroit,  allongé  -,  les  ailes  Irès- 
écartées  du  corps,  en  forme  de  bras  ,  étroites,  divisées,  et 
les  pattes  très- épineuses.  Ainsi  que  les  oméodes  ,  ils  différent 
des  autres  lépidoptères  par  la  forme  de  leurs  ailes  ;  celles  de 
presque  tousJes  insectes  de  cet  ordre  sont  larges, formées  par 
une  membrane  entière  soutenue  en  plusieurs  endroits  par  des 
nervures  de  différentes  grosseurs  qu'on  distingue  facilement: 
au  lieu  que  celles  de  la  plupart  des  ptérophores  sont  étroites, 
divisées  en  autant  de  parties  qu'elles  ont  de  nervures.  Dans 
quelques  espèces  ,  ces  divisions  commencent  presque  à  1  ori- 
gine des  ailes;  dans  dautres,  vers  le  milieu;  la  membrane 
qui  couvre  les  nervures  à  l'endroit  où  elles  ne  sont  pas  sépa- 
rées,est  garnie  de  petites  écailles,  comme  celles  des  autres  lé- 
pidoptères ,  et  les  nervures  ont,  dans  le  reste  de  la  longueur 
de  leurs  côtés,  une  frange  de  poils  fins,  assez  longs  et  serrés, 
qui  figiu-eiit  les  barbulcs  de  plames  :  déserte  que  ces  ailes 


:io6  P   T   E 

paroissent  être  un  assemblage  de  petites  plumes.  On  trouva- 
ces  insectes  pendant  l'été  dans  les  prairies  et  sur  lés  orties. 
Ils  s'éloignent  peu  en  volant,  et  ne  s'élèvent  pas  beaucoup 
au-dessus  des  plantes. 

Celles  de  leurs  chenilles  qui  sont  connues  ont  seize  pattes  ; 
pour  se  changer  en  nymphes,  elles  ne  se  renferment  point 
dans  une  coque;  elles  se  suspendent  par  l'extrémité  du  corps, 
comme  celles  de  différens  papillons. 

On  connoît  quinze  ou  seize  insectes  de  ce  genre,  parmi 
lesquels  on  distingue  les  suivans  : 

PtÉROPUORE  monodactyle,  PieropJioriis  monodactylus^T d\u 
Il  a  les  ailes  U'ès-écartées,  d'un  brun  fauve,  très- étroites,  sans 
division. 

On  le  trouve  en  Europe ,  dans  les  jardins  ,  où  il  est  très- 
commun. 

Ptérophore  ociîrodactylT:,  P^tTo/;/ion/5oc/2/wZflr(j'/«5,î'ab. 
Il  a  les  ailes  étendues,  entières-;  les  supérieures  grises,  les. 
inférieures  noires  ;  le  corps  petit  ;  l'abdomen  roux  à  la  base. 

On  le  trouve  en  Allemagne. 

PtÉROPHORE  PENTADACTYI.E  ,  Plerophonis  penladaclyhis  , 
Geoff.,  Fab.jPhal.,  Linn.;  pi.  M.  17,  fig.  7  de  cet  ouvrage.  11 
est  entièrement  blanc  ,  sans  tacbes;  ses  ailes  supérieures  ont 
deux  divisions  ,  les  inférieures  trois. 

Sa  chenille  a  seize  pattes  ;  elle  est  velue  ,  d'un  vert  clair. 
Sa  chrysalide  est  pareillement  velue,  et  attachée  à  une  de  ses 
extrémités  par  un  anneau  de  fil  qui  lui  soutient  le  milieu 
du  corps.  On  la  trouve  sur  les  liserons. 

PtÉROPHORE  RHODODACTYLE.,  Ftérophorus  rhododaciyliis  , 
Fab.  11  a  les  ailes  jaunâtres,  avec  des  stries  blanches;  les 
supérieures  bifides,  les  inférieures  trifides  ;  le  corps  ferrugi- 
neux,  les  côtés  du  corselet  jaunâtres. 

On  le  trouve  aux  environs  de  Paris  ;  il  est  assez  rare. 

PtÉROPHORE  ALBODACTYLE,  Fterophoins  al/joductylus  ,  Fab. 
Il  est  de  moitié  plus  petit  que  le  pierophore  pentadactyle  ;  ses 
ailes  sont  blanches;  les  supérieures  ,  divisées  en  deux,  ont 
trois  taches  sur  le  milieu;  les  inférieures  sont  trifides  ;  son 
corps  est  blanc  ,  sans  taches. 

On  le  trouve  aux  environs  de  Paris. 

PtÉROPHORE  DiDACTYLE  ,  PteropJiorus  didactylus^  Geoff.  , 
Fab.,  Phal.,  Linn.  H  a  les  ailes  brunes  ;  les  supérieures  ont 
des  stries  blanches  et  sont  divisées  en  deux  parties^  les  infé- 
rieures sont  trifides.  Sa  chenille  est  verlc,velue;pour  se  chan- 
ger en  nymphe  ,  elle  se  suspend  comme  celle  du  pierophore 
ficn/adacfyle. 

On  trouve  l'insecte  parfait  en  Europe,  dans  les  jardins. 


P  T  E  2^7 

PTEROPIIORE,  Pleroplioms.  Synonyme  de  PtÉRONë. 

(B.) 

PTEROPHORE  A  EVENTAIL.  V.  ORNÉonE.(o^ 

PTEROPHORIENS,  Pfcrophorii.  Tribu  d'insccles /la- 
mllle  des  nocturnes,  ordre  des  lépidoptères,  que  j'ai  dési- 
gnée, dans  le  troisième  volume  du  Règne  animal  parM.Cuvier, 
sous  le  nom  àe  fissi pennes  {»\\gs  divisées).  Ce  caractère  dis- 
lingue ces  lépidoptères  de  tous  les  autres.  V.  les  genres 
Ptérophore  et  Ornéode.  (l.) 

PTEROPHORUS.  Vaillant  nomme  ainsi  le  genre  pt&- 
lotiia  de  Linnpeus.  Il  n'a  connu  que  le  pteroina  ramphorala,' 
arbrisseau  du  Cap  de  Bonne-Espérance.  F.  Ptéro>5E.  (LiN.) 

PTEROPHYTE,iVrro/9/?/^on.Genre  de  plantes  établi  par 
H.  Cassini ,  pour  placer  les  Coréopes  ailés  À  feuilles  al- 
ternes,elc.Ses  caractères  sont  :  calice  commun  composé  par 
trois  rangs  de  folioles  lancéolées;  fleurs  radiées;  les  fleurons 
du  centre  réguliers,  ar^drogynes  ;  les  demi-fleurons  de  la  cir- 
conférence,lingulés,  mâles;  réceptacle  plane,  couvert  de  lon- 
gues écailles  oblongues  ;  ovaires  tétragones,  surmontés  de  fo- 
lioles courtes,  épaisses,  à  peine  barbeliulées.  (b.) 

PTEROPODES.  Ordre  de  mollusques,  qui  renferine 
ceux  qui  ont:  i.*'  une  tête  distincte,  sans  tentacules  allon- 
gés; 2.*^  un  corps  libre  ,  sans  autre  membre  qu'une  ou  deux 
nageoires. 

Les  genres  de  cet  ordre  sont  :  Pneumoderme  ,  Clio  , 
Hyale  et  Firole.  (b.) 

PTEROPTÈRES.  Famille  de  poissons  apodes,  établie 
par  Duméril.  Ses  caractères  sont:  poissons  osseux,  à  bran- 
chies complètes  ,  privés  des  nageoires  paires  inférieures  et 
d'une  ou  plusieurs  des  autres. 

Les  genres  Cœcilie,  Ophisure,  Notoptère  ,  Léplocé- 

PHALE,   TrICHIURE,   GyMNOTE  ,    MoNOPTÈRE,   APTÉRONOTE 

et  PvÉGALES,  entrent  dans  cette  famille,  (b.) 

PTEROPUS  ,  c'est-à-dire,  pied  ailé.  Ce  nom  a  été  donné 
par  Brisson  aux  chauve-souris  du  genre  des  Roussettes.  V, 
ce  mot.  (desmO 

PTEROSPERMADENDRUM.  Nom  donné  par  Am- 
mann  (  Act.  Pelrop ,  8 ,  t.  1 4- ,  i6  et  1 7  ),  au  genre  Ptéros- 
perme. V.  ce  mot.  11  l'avoit  établi  sur  deux  plantes  des  Indes 
orientales,  que  Linnœus  avoit  rapportées  à  son  genre /^e/j- 
iapetes.  Adanson  a  donné  à  ce  genre  le  nom  de  velciga.  (ln.) 

PTEROSPERME  ,  Pterospermum.  Genre  de  plantes  de 
la  monadelphie  dodécandrie  et  de  la  famille  des  malvacées, 
fort  voisin  des  Pentapètes,  et  dont  les  caractères  consistent  ; 
en  un  calice  simple,  coriace  ,  oblong,  à  cinq  divisions;  une 
corolle  de  cinq  pétales  oblongs  de  la  longueur  du  calice  ^ 


238  P  T  E 

quinze  à  vingt  elamines  réunies  à  leur  base,  et  séparées  de 
trois  en  trois  par  un  filament  stérile  plus  long  ;  un  ovaire 
supérieur  arrondi,  surmonté  d'un  style  cylindrique  à  stigmate 
épais;  une  capsule  ligneuse  ,  ovale ,  ou  presque  en  massue,  à 
cinq  loges  bivalves,  et  contenant, chacune, plusieurs  semences 
oblongues ,  comprimées ,  terminées  par  une  aile  membra- 
neuse. 

Ce  genre,  qui  avoil  élé  appelé  Yelaga  par  Adanson  , 
faisoit  partie  desPENTAPÈTES  de  Cavanilles.il  est  composé  de 
deux  arbres  des  Indes  ,  à  feuilles  simples  et  à  fleurs  axillaires 
et  terminales  ;  savoir  : 

Le  Pterosperme  a  feuilles  de  liège  ,  qui' a  les  feuilles 
oblongues,  aiguës,  légèrenient  dentées  à  leur  pointe. 

Le  PTEROSPtRME  A  FEUILLES  d'érable  ,  qui  a  les  feuilles 
oblongues  ,  en  cœur  obtus  ,  et  presque  entières,  (b.) 

PTLROSPOPvE,  Pterospora.  Plante  du  Canada,  quia 
l'apparence  d'une  Orobanche  ,  mais  qui ,  selon  Nuttall  , 
Gênera  of  norlh  An/encan  plants ,  forme  seule  un  genre  dans 
la  décandrie  monogynîe;  genre  dont  les  caractères  sont: 
calice  divisé  en  cinq  parties  ;  corolle  monopétale,  ovale,  à 
cinq  dents  recourbées  ;  dix  elamines  avec  des  soies  à  la  base, 
anthères  peltées  et  à  deux  loges;  un  seul  style  ;  une  capsule 
à  cinq  valves,  à  loges  incomplètes  renfermant  un  grand  nom- 
bre de  semences  attachées  à  un  réceptacle  à  cinq  lobes,  (b.) 

PTEROSTYLE  ,  Pterosiylis.  Plante  vivace  de  la  Nou- 
velle-Hollande, à  tige  feuillée,  uniflore,  qui,  seule,  constitue, 
selon  R.  Brown  ,  un  genre  dans  la  gynandrie  monandrie  et 
dans  la  famille  des  orchidées. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  nectaire  unguiculé,  à 
lame  appendiculée  et  bossue  à  sa  base  ;  les  pétales  antérieurs 
réunis  à  leur  base  ;  colonne  des  étamines  à  quatre  ailes;  pol- 
len farineux. 

Le  Ptérostyle  à  grandes  fleurs  est  figuré  pi.  2  des 
Illustrations  de  Ferdinand  Bauer.  (b.) 

PTEROTA.  P.  Brown  a  donné  ce  nom  au  Fagarier  , 
fagara pterota ,  L.  ,  dont  il  fait  un  genre,  (ln.) 

PTEROÏE,  Pterutum.  Grand  arbrisseau  rampant  de  la 
Cochincbine,  à  feuilles  alternes,  ovales,  lancéolées,  entières, 
petites  et  glabres  ,  à  (leurs  disposées  en  petites  grappes  axil- 
laires, qui  forme  un  genre  dans  la  dodécandrie  monogynie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  de  cinq  folioles 
ovales,  concaves  et  persistantes  ;  point  de  corolle  ;  environ 
^juinze  étamines;  un  ovaire  supérieur,  ovale,  surmonté 
d'un  stigu»ate  simple  et  sessile;  une  capsule  ovale  ,  univalve, 
s'ouvrant  latéralement,  et  contenant  une  semence  ailée  et 
iienteiée  dans  sa  longueur,  (b.) 


P  T  E  339 

PTEROTHÈQUE,  Plerolheca.  Genre  de  plantes  établi 
par  H.  Cassioi,  pour  placer  I'Andryale  de  Nismes,  qui 
a  un  calice  composé  de  deux  rangs  de  folioles  ;  un  récep- 
tacle garni  de  poils  ;  les  graines  marginales  non  aigrettées  , 
courtes  ,  arquées  ,  munies  sur  la  face  inférieure  de  trois  à 
cinq  ailes  membraneuses,  (b.) 

PTERO  FRACHEA.  V.  Firole.  (desm.) 

PTERYGIBRANCHES,  Pterygibranchia.  Crustacés 
composant  la  seconde  famille  de  l'ordre  des  isopodes.  Elle  a 
pour  caractères  :  branchies  en  forme  de  bourses  vésiculeuses 
ou  de  lames  imitant  des  écailles  ;  sept  paires  de  pieds  ,  tous 
onguiculés. 

Ces  crustacés  comprennent  la  plus  grande  partie  du  genre 
oniscus  Ae  Linnœus,  et  formoient ,  dans  nos  ouvrages  anté- 
rieurs, un  ordre  particulier,  celui  des  télracères^  placé  d'abord 
à  la  tête  de  la  classe  des  insectes,  et  ensuite  dans  celle  des 
arachnides,  dont  il  étoit  encore  le  premier.  Voyez  \^s  gé- 
néralités historiques  que  j'ai  présentées  à  l'article  Isopodes. 
I.  Quatre  antennes  très-apparentes. 

A.  Une  nageoire  composée  de  deux  feuillets  insérés  à  l'extrémité 
d'un  article  commui!,  servant  de  pédicule,  de  chaque  côté  de  l'extré- 
mité  postérieure  du  corps. 

Les  genres:  Cymotho]^  SphÉROME.  Voyez  aussi  :  limnorie., 
eurydîcet  cegc/ ■,  cumpécopée,  nœsa ,  cymodoce  et  dynamène. 

B    Extrémité  postérieure  du  corps  sans  nageoires  latérales. 

Les  genres  :  Idotée,  Aselle,  Voyez  aussi  :  sténosome  ^ 
janire  eijœre. 

Ces  crustacés  ,  à  l'exception  des  ligies,  respirant  à  la  ma- 
nière des  ara«(?'iye5 ,  mais  avec  des  pneumo-branchies  exté- 
rieures, doivent  former  une  famille  particulière. 

IL  Antennes  intermédiaires  peu  ou  point  distinctes. 

Les  genres  :  Lioie,  Philoscie,  Cloporte,  Porcellion, 
Armadille, 

IlL  Antennes  nulles. 

Le  genre  Bopyre.  (l.) 

PTERYGODION,  Ptcrygodion.  Genre  déplantes  établi 
par  Swartz  ,  pour  placer  six  espèces  d'OPHRiDES  du  Cap  de 
Ronne-Espérance  ,  qui  n'ont  pas  rigoureusement  les  carac- 
tères des  autres.  Ceux  des  ptérygodions  sont  :  corolle  presque 
en  masque,  à  pétales  latéraux  extérieurs  horizontaux  et 
concaves  ,  à  lèvre  supérieure  pourvue  d'une  fossette,  dans 
laquelle  est  placée  l'ëlamine.  (b.) 

PTERYGOPHORE,  Pteiygophorus.  Nom  donné  par 
M.  KlUg  à  un  genre  d'insectes  hyménoptères  de  notre  tribu 


n4o  P   T   I 

des  lenlhréclines.  M.  Léacli  l'a  adopté,  el  lui  assigne  les  CcV 
ractères  suivans  :  antennes  de  grandeur  moyenne,  conipo-- 
sées  de  plusieurs  articles;  celles  des  niàies  peclinées  en 
dessous,  avec  une  seule  rangée  de  dents;  celles  de  la  femelle 
grossissant  insensiblement  vers  leur  extrémité  el  presque 
inoniliJormes  ;  trois  cellules  cubitales  et  une  seule  radiale; 
une  écaille  aux  angles  antérieurs  du  corselet;  ccusson  de 
grandeur  moyenne,  arrondi  postérieurement,  mulique. 

Ce  naturaliste  en  mentionne  trois  espèces  et  qui  sont  toutes 
de  la  Nouvelle-Hollande.  Les  deux  premières,  le  piérygo- 
phore  interrompu  et  le  plciygopliorc  ceint  ^  ont  été  décrites  et 
figiu-ées  par  M.  Kliig  dans  les  Mémoires  de  la  société  des  na- 
turalistes de  Berlin.  La  seconde  est  encore  représentée  dans 
le  troisième  volume  des  Mélanges  de  zoologie  de  M.  Léach, 
pi.  14.8.  La  troisième  espèce  est  son  ptérygophore  azuré 
(  cyaneus  ).  Voyez  ces  deux  ouvrages,  (l.) 

PTERYOPHORON.  L'un  des  noms  grecs  du  SuccI^^  ou 
Ambre,  chez  Dioscoride.  (ln.) 

PTÏLIN  ,  Plilinus,  Geoff. ,  Oliv.,  Fab.,  Lam.  ;  Dermesles, 
Plinus  ,  Linn.  ;  Serrocerus ,  Kugellann.  Genre  d'insectes  ,  de 
l'ordre  des  coléoptères,  section  des  penlanières,  famille  des 
serricornes ,  tribu  des  ptiniores. 

Geoffroy  a  placé  dans  son  genre  panache,  ptilinus  en  latin, 
deux  insectes ,  séparés  cependant«par  tous  les  caractères  qui 
doivent  établir  deux  genres  différens.  Le  premier  insecte 
qu'il  y  décrit,  a  été  rangé  par  Linnœus  parmi  les  ptines  , 
qu'il  avoit  confondus  avec  les  dermestes  dans  ses  premiers  ou- 
vrages. Fabriciusl'avoit  d'abord  placé  parmi  \eshispes.  Quant 
au  second  insecte  que  Geoffroy  comprend  avec  le  premier  , 
nous  en  avons  formé  le  genre  drille. 

Fabricius,  en  adoptant  ensuite  le  genre  pfilin,  y  a  conser- 
vé ce  dernier  insecte  {Jlavescens  ).  Il  y  rapporte  aussi  un  autre 
coléoptère   {mystaccnus)  ,  d'un  genre  très-différent.  F.  Rhi- 

PICÈRE. 

Le  corps  Aesptilins  est  allongé  ,  cylindrique  ;  la  tête  est  un 
peu  enfoncée  dans  le  corselet:les  antennes  sont  peclinées  ou  en 
«cie  plus  longues  que  le  corselet;leurs  yeux  sont  arrondis,  sail- 
lans  ;  le  corselet  est  convexe  ,  un  peu  rebordé  ;  l'écusson  est 
petit  et  arrondi  ;  les  élytres  sont  convexes  ;  elles  recouvrent 
deux  ailes  membraneuses,  repliées  ;  les  pattes  sont  de  lon- 
gueur moyenne  ;  les  tarses  sont  fdiformes,  composés  de  cinq 
articles,  dont  les  deux  premiers  sont  les  plus  longs. 

Les  larves  des  ptilins  ,  semblables  à  celles  des  vrillettes  , 
vivent  dans  le  bois  mort ,  et  y  forment  de  petits  trous  ronds 
el  profonds.  Elles  ont  une  tétç  écailleuse  ,  pourvue  de  deux 
mandibules  cornées ,  dures ,  tranchantes ,  et  six  petites  pattes 


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écailleuses.  Elles  subissent  leur  métamorphose  dans  le  bois  , 
et  n'en  sortent  que  sous  la  forme  d'insecte  parfait. 

Ce  genre  est  composé  de  trois  espèces,  dont  deux  se  trou- 
vent aux  environs  de  Paris;  la  plus  commune,  le  Ptilin 
PECTINICORNE ,  ;»///i«u5  pertinicornis  ,  pi.  M  ,  29  ,  i3,  Grossi, 
est  noirâtre,  avec  les  antennes  fauves,  et  les  élytres  d'un 
brun-marron.  Les  antennes  de  la  femelle  sont  filiformes , 
en  scie.  Son  corps  est  ordinairement  un  peu  plus  gros  que 
celui  du  mâle.  Les  antennes  de  celui-ci  sont  pectinées  (o.l  ) 

PTILION  ,  Plîlium.    Un   des  noms  donnés   à   I'Impé- 

RIALE.  (B.) 

PTILODACTYLE  ,  Ptilodactylus.  Genre  d'insectes  dt 
l'ordre  des  coléoptères  ,  section  des  hétéromères  ,  formé  par 
Illiger,  avec  la  cardinale  polie  (  pfrochroa  niiida  )  de  Degéer. 
Les  articles  des  antennes  ont  chacun  un  ramean  élargi  à  son 
extrémité.  Je  n'ai  point  vu  cet  insecte.  11  me  paroît ,  sous 
ce  rapport  avjîir  ,  beaucoup  d'analogie  avec  la  cisièle  céram- 
hoide  de  Fabricius.  (l.) 

PTILOPTÈRES  ,  Ptilopteri ,  Vieill.  Tribu  de  l'ordre  des 
OiSEAOX  NAGEURS.  Pieds  courts  ,  posés  à  l'arrière  du  corps; 
tarses  nus,  comprimés  latéralement;  quatre  doigts,  dont  trois 
mes  ;  postérieur  court,  dirigé  en  avant,  libre  ;  ailes  en  forme 
de  nageoires,  sans  rémiges.  Cette  tribu  n'est  composée  que 
de  la  famille  des  Manchots,  (v.) 

PTILOSTEMON,  Ptilostemon.  Genre  de  plantes  éta- 
bli par  H.  Cassini  pour  placer  la  Sarrète  fausse-queue. 
Il  a  pour  caractères  :  un  calice  non  épineux  ;  le  filet  des  éta- 
mines  plumeux;  des  aigrettes  plumeuses.  (b.) 

PTILOTE  ,  Ptilola,  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
algues,seconde  section  (les  floridées)  de  la  nouvelle  méthode 
d'Agardh.  Il  se  compose  de  quelques  espèces  deVARECS,  dis- 
tinctes des  autres, d'après  rauleur,par  des  semences  nues, ras- 
semblées en  gloméruies,et  entourées  d'involucres  sétiformes. 

La  Ptilote  PLUMEUSE,  Ptilota  plumosa  (^  fucus  plumosus, 
Linn.  )  ,  a  le  feuillage  décomposé  ,  pinné ,  et  les  pinnules 
pectinées.  Esper  en  donne  la  figure  ,  tab.  ^5.  (p.b.) 

PTILOTE,  Ptiloius.  Genre  de  plantes,  établi  par  K. 
Brown  ,  dans  la  pentandrie  monogynie  et  dans  la  famille 
des  amaranthes  ,  poiîr  placer  deux  plantes  annuelles  de  la 
Nouvelle-Hollande,  fortVoisines  des  Trichinies  et  des  Ama- 
ratsthines. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  calice  divisé  en  cinq  la- 
nières ;  étamines  réunies  par  la  base ,  et  dépourvues  de  dents  ; 
stigmate  en  tôte  ;  utricule  monosperme  sans  valve  ,  renfermé 

XXVIII.  1^^ 


.^2  P  T  J 

dans  les  trois  lanières  intérieures  tlu  calice  dont  le  milieu 
est  earni  d'une  laine  épaisse,  (b.) 

PTINE,  Piinus.  Genre  d'insectes,  de  l'ordre  des  coléop- 
tères, section  des  pentamères,  famille  des  serricornes, tribu 
des  ptiniores. 

Lianeeus  a  réuni  sous  le  nom  de  ptinust,  les  deux  genres 
établis  par  Geoffroy  ;  l'un  sous  le  nom  de  piilinus  ,  et  l'autre, 
sous  celui  de  bruchus.  Dans  la  méthode  du  Naturaliste  fran- 
çais, ce  dernier  genre  ,  qui  est  le  même  que  celui  de  pline 
deDegéer,  comprend  les  vn7/e«g5  et  les  )b//«^5.  Fabricius,  en- 
fin ,  a  posé  les  limites  de  ce  dernier  genre  ;  mais  il  y  rap- 
porte des  insectes  qui  doivent  en  être  séparés.  L'espèce  qu'il 
nomme  longicornis^  est  du  genre  lupère.  Son  ptiniis  spinicornis  , 
est  un  mastige.  On  placera  avec  les gibbies^  les  ptines  sco/iaset 
sulcatus;  et  avec  les  xylétines,  ceux  qu'il  appelle  denllcornis  et 
serricorràs. 

Ce  genre  est  très-distinct  et  très-facile  à  reconnoître.  Les 
insectes  qui  le  composent , ne  peuvent  être  confondus  ni  avec 
les  capricornes  ,  parmi  lesquels  les  avoit  d'abord  placés  Lin- 
nseus,  ni  avec  les  vrillettes  ,  parmi  lesquelles  il  les  a  ensuite 
laissés.  Le  nombre  des  articles  des  tarses  les  distingue  suffi- 
samment des  premiers;  la  forme  du  corselet,  et  surtout  les 
antennes  filiformes  ,  les  distinguent  assez  des  vrillettes  ,  qui 
ont  leurs  antennes  terminées  un  peu  en  masse. 

Les  ptinès  ont  le  corps  oblong,  non  bordé  ;  la  tête  est  pe- 
tite, un  peu  enfoncée  dans  le  corselet  et  inclinée  ;  les  an- 
tennes sont  filiformes,  assez  longues  ;  elles  sont  un  peu  rap- 
prochées à  leur  base,  et  insérées  sur  le  front;  les  yeux  sont 
ronds  et  un  peu  saillans.  Le  corselet,  un  peu  plus  étroit  que 
les  élytres  ,  est  arrondi,'  relevé  en  bosse,  et  couvert,  dans 
la  plupart  des  espèces  ,  de  quelques  tubercules  velus.  Les 
élytres  sont  convexes  et  de  figure  ovale  ,  plus  ou  moins  al- 
longées; elles  couvrent  deux  ailes  membraneuses  ,  dont  l'in- 
secte fait  usage  pour  voler  ;  quelques  espèces  en  sont  dé- 
pourvues ;  d'autres  les  ont  très-courtes  ;  il  y  en  a  ,  enfin , 
dont  les  mâles  sont  ailés  ,  tandis  que  leurs  femelles  sont  ap- 
tères. Les  pattes  sont  assez  longues  relativement  au  volume 
du  corps,  et  assez  déliées.  Les  tarses  sont  composés  de  cinq 
articles  ,  dont  le  premier  est  presque  aussi  long  que  tous  les 
autres  ensemble.  .♦ 

Les  ptines  sont  des  insectes  très-petits.  On  les  trouve  com- 
munciuent  sur  les  murs  et  dans  les  maisons  ,  principalement 
dans  les  greniers  et  dans  les  endroits  inhabités  ;  on  les  ren- 
contre plus  rarement  à  la  campagne.  Semblables  à  bien 
d'autres  insectes,  lorsqu'on  les  prend,  ils  retirent  la  tête, 
appliquent  les  antennes  et  les  pattes  contre  le  corps ,  et ,  par 


P  T  I  ,^, 

ia  feinte  de  la  mort ,  semblent  vouloir  échapper  au  danger 
qui  les  menace.  -  ° 

Les  li^rves  des  ptines  sont  hexapodes.  Le  corps  ,  composé 
de  plusievrs  anneaux  peu  distincts  à  cause  des  rides  et  des 
rugosités  ^ui  le  couvrent,  est  mou,  cylindrique  ,  et  légère- 
ment velu  ;  sa  partie  postérieure  est  courbée  en  dessous  ,  ce 
qui  le  fait  ^aroître  comme  relevé  en  voûte.  Les  pattes  s'ont 
courtes ,  et  terminées  par  un  seul  crochet.  La  tête  est  dure, 
écailleuse  ,  et  garnie  de  deux  petites  mâchoires  assez  fortes! 
Ces  larves  se  nourrissent  de  plantes  sèches ,  d'animaux  des- 
séchés ,  qui  ne  sont  pas  dans  un  état  de  putréfaction  ,  et  par 
conséquent  ,  elles  doivent  être  funestes  aux  herbiers,  aux 
foins  ,  aux  collections  d'animaux  ,  aux  pelleteries ,  et  autres 
objets  précieux  que  l'on  est  jaloux  de  conserver.  Linnœus 
rapporte,  d'après  Cramer,  dans  son  Systema  na/î/rte ,  pag.  566, 
qu'on  peut  faire  périr  ces  larves  nuisibles ,  par  le  moyen  de 
l'arsenic  et  de  l'alun. 

Ce  genre  est  composé  de  dix  à  douze  espèces.  On  les  trouve 
presque  toutes  aux  environs  de  Paris.  Celles  qui  font  le  plus 
de  tort  aux  collections  ,  sont  : 

Le  PïiNE  VOLEUR,  Ptiniisfur,  Oliv.,  CoIéopL,  t.  2,  n.«  17, 
pl.i  ,  fig.  I.  Il  est  d'un  brun  testacé;  son  corselet  est  quadri- 
denté  ;  ses  élytres  sont  brunes,  striées  avec  deux  bandes 
blanches  transverses. 

Le  Ptine  larron  ,  Ptinus  lalro,  Oliv. ,  ibid.^  pi.  i ,  fig.  3. 
Il  est  fauve  ;  son  corselet  est  bidenté  ;  ses  élytres  sont  testa- 
cées ,  striées. 

Le  Ptine  impérial,  Ptinusimperialis,  Oliv.  ,  ibid.  ,  pi.  i, 
fig.  4,  que  l'on  trouve  sur  le  vieux  bois.  I  est  d'un  brun  noi- 
râtre, avec  le  corselet  presque  caréné,  et  une  tache  blanche, 
lobée  et  commune ,  sur  les  élytres. 

Nous  citerons  encore  :  le  Ptine  pubescent  ,  ptinus  pubes- 
cens,  Oliv.,  ibid.^  pi.  i ,  fig.  7.  Il  est  noir,  pubescent,  avec  le 
corselet  élevé  postérieurement  en  forme  de  bosse,  et  les 
élytres  testacées  et  fortement  pointillées.  Le  Ptine  germain, 
ptinus  germanus^  Oliv. ,  ibid. ,  pi.  i  ,  fig.  6,  Il  est  brun,  avec  le 
corselet  quadridenté  ;  les  élytres  striées  et  mélangées  de  gris. 
Le  Ptine  rufipède,  ptinus  rufipes,  Oliv.,  ilnd. ,  pi.  2  ,  fig. 
8.  Il  est  noir,  avec  les  antennes  et  les  pattes  fauves  les  ély- 
tres sont  un  peu  velues  et  striées,  (o.  l.) 

PTINIORES,  Ptiniores  ,  Latr.  Tribu  d'insectes,  de  l'or- 
dre des  coléoptères  ,  section  des  pentamères ,  famille  des 
serricornes  ,  ayant  pour  caractères  :  cinq  articles  à  tous  les 
tarses  ;  antennes  de  onze  articles,  dans  la  plupart  ;  de  neuf, 
dans  quelques-uns  ;  tantôt  pectinées  ou  en  scie  ,  tantôt  fili-. 


.44  I"  ■''  ^' 

formes  ou  sétacées,  ou  quelquefois  lemuoe'es  brusquement 
par  trois  articles  plus  grands  que  les  précédens  ,  sans  être 
réunis  en  massue  ;  corps  le  plus  souvent  ovoïdo-cylindrique, 
arrondi  et  convexe  en  dessus  ,  de  consistance  ferme  ;  tête 
courte ,  arrondie ,  ou  presque  globuleuse  ,  reçue  en  grande 
partie  dans  un  corselet  très-cintré  ou  en  forme  de  capuchon  ; 
mandibules  triangulaires ,  courtes  ,  échancrées  ou  bidentées 
à  leur  extrémité  ;  palpes  très-courts  ,  terminés  par  un  arti- 
cle plus  gros  ,  élargi  à  son  extrémité  ;  tarses  ordinaire- 
ment courts. 

Ces  coléoptères  sont  petits,  bruns  ou  noirâtres  ,  et  contre- 
font le  mort ,  lorsqu'on  les  saisit  ;  la  plupart  aiment  les  lieux 
obscurs  ,  criblent  de  petits  trous  les  matières  qu'ils  rongent , 
soit  en  état  parfait ,  soit  sous  celui  de  larves.  Les  uns  vivent 
dans  le  vieux  bois  ,  les  autres  attaquent  les  collections  d'a- 
nimaux ,  les  livres  ,  les  substances  préparées  avec  de  la  fa- 
rine ,  etc. 

I.  Antennes  uniformes  et  simples. 
Les  genres  Ptine,  Gibbie. 
IL  Antennes  uniformes  ,  pectlnées  ou  très-en  scie. 

Les  genres  Ptilin  ,  Xylétine.  ^ 

Nd^a.  l.e  genre  sandalus  de  iM.  Kiioch  paroîf  appartenir  à  la  liibu 
des  ce'brionites. 

IIL  Antennes  terminées  brusquement  par  trois  articles  plus  grands . 
Les  genres  Dorcatome  ,  Vrillette.  V.  ces  mots,  (l.) 

PTINX.  C'est,  dans  Moehring  ,  le  nom  de  I'Aishinga. 
V.  ce  mot.  (.s.) 

PTIPJASES.  Maladie  des  arbres.  V.  Arbre,  (toll.) 

PTOMAPHAGE  ,  Ptomophagus.  Illiger  donne  ce  nom 
aux  Cholèves  de  Latreille.  V.  ce  mot.  (o.) 

PTSCHENIZA.  Nom  russe  du  Froment,  (ln.) 

PÏSCHENO.  Nom  russe  du  Riz.  (ln.) 

PTYCHOCARPA.  Division  du  genre  grevillea  de  Robert 
Brown  ,  qui  comprend  des  espèces  susceptibles  de  former 
un  genre  distinct.  Le  ptychocarpe  rentre  dans  le  genre  Ly- 
santhe  de  Knigt.  (ln.) 

PTYCHODE,  Ptychodes.i^tnve  de  plantes  ,  de  la  famille 
des  mousses,  proposé  par  Weber  ,  et  composé  de  plusieurs 
espèces  d'ORTHOTRiC.  (P.B.) 


^  XT  A  345 

PTYCHOPTÈRE  ,  P/ychoptem  ,  Meig. ,  Latr.  ,  Fab. 
(icnre  dMnsectes  de  l'ordre  des  diptères  ,  famille  des  némo- 
cères,  tribu  des  tipulaires  ,  et  dont  les  caractères  sont  :  point 
d'yeux  lisses  ;  yens  ordinaires  ovales  et  entiers  ;  ailes  écar- 
tées; dernier  article  des  palpes  noueux  ou  comme  articulé; 
antennes  presque  sétacées,  un  peu  velues  ,  de  seize  articles  , 
dont  le  troisième  fort  long,  cylindrique  , et  les  suivacs,  ova- 
laires  ;  lèvres  de  la  trompe  longues  et  inclinées. 

L'espèce  la  plus  connue  est  la  Ptychoptère  tachetée  , 
Plychoptera  cuntaminata  ,  Meig.  ,  Dipi.  ,  part,  i  ,  tab.  4  » 
fig.  10- 13.  Elle  est  d'un  noir  foncé ,  avec  deux  bandes  fauves  , 
divisées  quelquefois  en  quatre  taches  ,  sur  l'abdomen.  Les 
ailes  ont  deux  bandes  noirâtres  et  courtes;  sa  chrysalide  est 
cylindrique  ,  velue  ,  avec  un  fil  allongé  ,  à  son  extrémité  an- 
térieure.    Voyez   Réauraur  ,  Mem.  imeci.  ^   tom.   5,    pi.   6, 

fig.   I.(L.) 

PÏYCOSPERME,  Ptycosperma.  Genre  de  palmiers,  éta- 
bli par  Labillardière,  sur  une  seule  espèce  découverte  par 
lui  dans  l'île  de  la  Nouvelle  -  Irlande.  Sa  tige  a  quelque- 
fois soixante  pieds  de  haut ,  sur  deux  à  trois  pouces  seulement 
de  diamètre.  Ses  feuilles  sont  ailées,  et  composées  d'une 
trentaine  de  folioles  alternes  ,  tronquées  obliquement,  et  ir- 
régulièrement dentées  au  sommet.  Son  régim.e  ,  d'abord 
renfermé  dans  une  spathe  de  plusieurs  pièces  caduques  ,  a 
trois  pieds  de  long,  est  fort  rameux,  et  porte  un  grand  nom- 
bre de  fleurs  hermaphrodites  et  sessiles,  chacune  composée  de 
six  folioles  inégales  ,  de  vingt  à  trente  étamines  attachées  au 
réceptacle  et  d'un  ovaire  supérieur  ,  surmonté  d'un  stigmate 
trifide. 

Le  fruit  est  une  baie  rouge,  fibreuse ,  contenant  une  amande 
fibreusft. 

Ce  palmier  se  rapproche  des  Arecs  et  des  Elatés.  (c.) 

PTYOCERE  ,  Piyocerus.  Genre  d'insectes  coléoptères  , 
établi  par  Thunberg  sur  le  melasîs  inysiacina  de  Fabricius.  Je 
soupçonne  que  le  melasis  picea,  figuré  par  M.Palisot-de-Beau- 
vois  {InsecL  rerueill.  en  Afriq.  et  en  Amer.  Coléopt.  ,  pi.  7  , 
fig.  I  )  ,  est  congénère.  Si  mes  conjectures  sont  fondées ,  les 
ptyocères  seroient  intermédiaires  entre  les  iaiipins  et  les  céro- 
phytes.  (l.) 

PUAN-BOUGA.  Nom  qu  on  donne,  à  Java  ,  à  une  es- 
pèce de  PÉRAGU  ,  Clerodendrum  calamiiosum  ,  L.  (ln.) 

PUANT.  Dénomination  que  ,  dans  les  campagnes,  on  a 
donnée  au  putois  (  espèce  de  Marte  )  ,  à  cause  de  l'odeur 
insupportable  qu'il  répand  au  loin,  (s.) 

PUANT,  Bête  puante.  Surnom  donné  aux  Moufettes. 
V.'cQ  mot.  (desm.) 


34G  P  U  C 

PUANT.  Un  des  noms  vulgaires  de  la  Huppe  et   dti 

MARinN-PÊCHEUR,  (B.)  * 

PUBERTÉ,  r.  Génération,  car  c'est  Te'poque  à  la- 
quelle on  y  devient  apte,  (virey.) 

PUBIS.  Se  dit  des  deux  os  qui  unissent  le  bassin  anté- 
rieurement, et  se  soudent  par  une  symphyse.  Ils  sont  atta- 
chés aux  os  des  iles  et  ischion.  Ces  os  sont  recouverts  par  un 
coussinet  d'un  tissu  cellulaire  ,  graisseux  chez  l'homme  et 
encore  plus  dans  la  femme  ;  à  l'âge  de  puberté  ,  ils  se  cou- 
vrent de  poils.  F.  Sexe,  (virey.) 

PUCC  \RARA.  A  la  Guyane ,  au  rapport  deBancroft  , 
c'est  le  nom  d'un  quadrupède  ,  qui  paroît  être  Vaperea  ou  le 
type  de  l'espèce  du  Cobaye  cochon  d'Inde,  (desm.) 

PUCGINIE  ,  Puccînia.  Genre  déplantes  cryptogames  de 
la  famille  des  Champignons,  qui  a  été  établi  aux  dépens  des 
Moisissures  de  Bulliard.  Il  offre  pour  caractères  :  un  cylin- 
dre, sur  lequel  sont  posées  des  semences  caudées,  disposées 
en  rayons  ,  et  qui  se  déchirent  avec  élasticité.  M.  Link  n'y 
comprend  que  les  espèces  dont  les  sporidies  sont  oblongues , 
cylindriques  ,  cloisonnées  et  stipilées. 

Ce  genre  contient  un  grand  nombre  d'espèces  ,  dont  l'une 
est  figurée  pi.  4» 5  de  V Herbier  de  la  France  ,  par  Bulliard. 

Draparnaud  a  fait  un  nouveau  genre  aux  dépens  de  celui- 
ci  ,  et  l'a  appelé  Strombome. 

Lies  Puccinies,  comme  les  Uredo  et  les  Ecidies,  vivent 
sur  les  plantes  vivantes  qu'elles  font  périr  ou  dont  elles  em- 
pêchent au  moins  la  fécondation.  Il  n'y  a  pas  plus  moyen  de 
s'opposer  à  leurs  ravages  qu'à  ceux  de  la  Carie  ,  du  Charbon 
et  de  la  Rouille.  Les  plantes  cultivées  auxquelles  elles  nui- 
sent le  plus,  sont  :  le  Rosier,  I'Orme  ,  le  Jasmin,  k  Gro- 
seillier rouge,  les  Pruniers  ,  le  Froment  et  autrel^  Gra- 
minées ,  les  Haricots  ,  les  Trèfles,  les  Pois. 

Quatre  espèces  de  ce  genre  sont  figurées  pi.  3  de  l'ou- 
vrage de  Bernardi ,  sur  les  plantes  rares  de  la  Sicile,  (b.) 

PUCE  ,  Pu/ex.  Genre  d'insectes  ,  de  l'ordre  des  suceurs  , 
dans  ma  Méthode  et  celle  de  Degéer;  de  celui  des  rhyn- 
gotes  ,  dans  le  Système  de  Fabricius;  de  l'ordre  des  aptères, 
dans  la  plupart  des  autres  méthodes ,  et  formant  seul  Tordre 
du  même  nom  ,  dans  celle  de  M.  de  Lamarck.  Ses  caractères 
sont:  six  pattes;  point  d'ailes;  des  métamorphoses;  un  bec 
articulé,  formé  de  deux  lames,  renfermant  un  suçoir.  V. 
l'article  Suceurs. 

En  divisant ,  comme  l'a  fait  M.  de  Lamarck ,  les  insectes 
qui  subissent  des  métamorphoses  en  deux  grandes  coupes  , 
ceux  qui  ont  des  mandibules  et  des  mâchoires  ,  et  ceux  où 


P  U  C  247 

ces  organes  sont  transformés  en  un  suçoir,  l'ordre  des  su- 
ceurs semble  être  intermédiaire  entre  les  hémiptères  et  les  dip~ 
tères.  Voyons  les  caractères  des  puces. 

Le  genre  des  puces  nous  offre  des  insectes  dont  la  bouche 
a  de  grands  rapports  avec  celle  des  hémiptères,  et  dont  les 
mélamorphoses  ressemblent  parfaitement  à  celles  de  plu- 
sieurs tipules ,  qui  doivent  incontestablement  être  mises  à  la 
tête  des  diptères. 

Les  puces  ont  le  corps  ovale  ,  comprimé  ,  revêtu  d'une 
peau  assez  ferme  ,  divisé  en  plusieurs  anneaux ,  dont  ceux 
qui  forment  l'abdomen  sont  composés  de  deux  lames  , 
l'une  supérieure  et  l'autre  inférieure  ;  la  tête  de  ces  insectes 
est  arrondie  en  dessus,  très-comprimée  sur  les  côtés,  tron- 
quée à  sa  partie  antérieure  et  inférieure  ;  elle  est  pourvue  de 
deux  yeux  petits ,  ronds,  luisans,  qui  paroissent  lisses  ,  et  qui 
sont  situés  sur  les  côtés;  de  deux  antennes  courtes,  insérées 
près  des  organes  de  la  manducation  ,  composées  de  quatre 
articles  presque  cylindriques  ,  dont  le  dernier  est  un  peu  plus 
gros  ,  plus  allongé  ,  comprimé  et  arrondi  à  son  extrémité  ; 
d'une  bouche  consistant  en  une  espèce  de  lèvre  supérieure  , 
formée  de  deux  espèces  d'écaillés  triangulaires, représentant 
peut-être  les  palpes;  d'un  bec  cylmdri  -conique  ,  court ,  à 
trois  articulations,  formé  de  deux  lames  ou  valvules  réunies , 
et  servant  de  gaine  à  un  suçoir  de  deux  soies;  sous  les  yeux 
est  un  petit  enfoncement ,  dans  lequel  on  voit  se  mouvoir  de 
temps  à  autre  un  petit  corps  cylindrique  ;  les  pattes  sont 
grandes,  surtout  les  postérieures,  qui  servent  à  l'animal  pour 
sauter;  les  antérieures  sont  insérées  sous  la  tête  ;  elles  sont 
toutes  plus  ou  moins  épineuses  ;  les  hanches  sont  grandes  ;  les 
tarses  sont  presque  cylindriques,  longs  ,  à  cinq  articles  dis- 
tincts ,  et  terminés  par  deux  crochets  contournés  ;  chacune 
de  ces  pattes  est  portée  sur  un  article  du  tronc. 

Les  organes  sexuels  du  mâle  consistent  en  une  pièce  cylin- 
drique, renflée,  tronquée  et  charnue  à  son  extrémité,  logée 
entre  deux  pièces  ou  valvules,  sur  la  face  interne  et  concave 
de  chacune  desquelles  est  un  crochet  écailleux.  Ces  organes 
sont  placés  ,  comme  à  l'ordinaire ,  à  l'extrémité  de  l'abdo- 
men. On  voit  à  la  même  place,  dans  les  femelles  ,  deux  val- 
vules latérales,  voûtées  et  arrondies,  et  dans  l'entre-dcux  , 
une  pièce  faite  un  peu  en  losange  ,  dontla  moitié  supérieure 
est  coriacée,  ponctuée  et  a  une  arête  ,  et  dont  l'autre  ou 
l'inférieure  est  membraneuse  et  percée  d'un  trou  au  milieu  ; 
c'est  l'ouverture  destinée  à  recevoir  les  organes  de  la  géné- 
ration du  mâle  et  à  rejeter  les  excrémens. 

L'accouplement  de  ces  insectes  présente  un  fait  assez 
singulier.  Le    mâle  est  placé  sous  la  femelle  ;  le  ventre  de 


34S  P  u  c: 

de  l'un  esl  appuyé  contre  celui  de  l'autre  par  les  mêmes  faces, 
et  leurs  têtes  sont  en  regard. 

Si  on  renferme  dans  un  vaisseau  un  certain  nombre  de 
femelles  ,  dans  le  temps  qu'elles  commencent  à  paroître  , 
quelqu'une  d'elles  ne  tardera  pas  à  pondre.  Leur  ponte  est 
environ  d'une  douzaine  d'œufs  ;  ces  œufs  sont  assez  gros  , 
ellipsoïdes  ,  blancs  et  un  peu  visqueux.  Roësel  prétend  que 
la  mère  les  laisse  tomber  au  hasard  ;  mais  il  est  probable 
qu'elle  les  colle  à  différens  corps.  Lorsque  la  saison  est  favo- 
rable ,  les  œufs  éclosent  au  bout  de  cinq  à  six  jours.  A  la 
sortie  de  son  enveloppe,  la  larve  estblanche  et  transparente; 
un  peu  plus  âgée  ,  elle  devient  rougeâlre.  Une  chose  qui  de- 
vroit  nous  surprendre ,  si  nous  ne  savions  combien  la  nature 
mis  de  finesse  et  de  sagacité  dans  ses  moyens  conservateurs 
de  la  postérité  des  insectes  ,  est  la  difficulté  de  rencontrer 
dans  nos  appartcmens  celte  larve.  Il  est  hors  de  doute  que 
nous  y  en  avons  beaucoup.  Examinez  cependant  avec  soin 
les  balayures  de  votre  chambre  à  coucher  ,  et  rarement  y 
découvrirez-vous  ces  larves.  Il  estdonc  vraisemblable  qu'elles 
se  tiennent  cachées  dans  les  replis  des  différentes  pièces  qui 
composent  nos  lits,  ou  dans  tout  autre  endroit  qui  les  dérobe 
à  nos  poursuites.  Il  est  plus  aisé  de  les  trouver  dans  les  nids 
des  oiseaux,  des  pigeons.  Elles  s'attachent  fortement  à  la 
tête  de  ces  derniers  ,  lorsqu'ils  sont  jeunes  ,  et  leur  sucent  le 
sang  au  point  d'en  être  toutes  rouges. 

Ces  larves  sont  allongées,  cylindriques,  sans  pattes  ,  quoi- 
que des  auteurs  leur  en  donnent;  elles  sont  très-vives,  et  pres- 
que toujours  en  mouvement;  elles  roulent  leur  corps,  soit  en 
cercle, soit  en  spirale  etserpentent;oncroiroit  voir  en  elles  de 
petits  vers;elles  ont  treize  anneaux,  marqués  par  des  incisions 
profondes  ;  la  tête  est  écailleuse  ,  ovale,  sans  yeux,  munie  de 
deux  asjtennes  très-petites,  cylindriques,  biarticulées  ;  la 
bouche  offre  deux  barbillons  coniques  ,  dirigés  en  avant  en 
forme  de  pointes  mobiles  ,  plus  petits  que  les  antennes  ;  ce 
sont  peut-être  des  filières.  Degéer  dit  avoir  vu  une  pièce 
mobile  et  pointue  ,  que  la  larve  pousse  continuellement  en 
avant  quand  elle  marche  ,  s'en  servant  comme  d'une  patte  , 
haussant  et  baissant  continuellement  la  tête  ;  les  anneaux 
sont  garnis  de  quelques  poils  en  petites  touffes,  et  le  dernier 
a  deux  longues  tiges  mobiles  ,  transparentes  ,  grosses  à  leur 
base  ,  déliées  ensuite  ,  arquées  en  dessous  ,  écailleuses  ,  en 
forme  de  crochets  ,  qui  aident  l'animal  à  s'accrocher  sur 
le  plan  de  position  ;  la  transparence  du  corps  laisse  aperce- 
voir dans  son  milieu  un  vaisseau  ,  occupant  presque  toute 
sa  longueur,  droit  ,  excepté  vers  le  bout  postérieur ,  où  il  se 
détourne  et  fait  une  courbe  en   zigzag  ;  les  parties  charnues 


P  u  c  ,49 

des  plumes  ,  le  sang  des  animaux,  elc ,  lui  servent  de  nourri- 
ture. Après  avoir  demeuré  une  douzaine  de  jours  dans  cet 
état  (i) ,  si  le  temps  a  été  assez  chaud  ,  la  larve  se  renferme 
dans  une  petite  coque  soyeuse ,  ellipsoïde ,  blanche  en  dedans , 
grise  en  dehors,  et  souvent  couverte  de  poussière  ,  qu'elle 
attache  aux  corps  environnans  ;  bientôt  elle  s'y  change  en 
nymphe  ,  dont  la  forme  ne  diffère  presque  pas  de  celle  de 
l'insecte  parfait.  Je  ne  pense  pas,  comme  paroît  le  croire 
Roësel ,  que  les  individus  plus  clairs  soient  des  mâles  ,  puis- 
que dans  l'état  parfait  cette  différence  de  teintes  ne  s'observe 
point ,  du  moins  comme  un  signe  indicateur  des  sexes.  Onze 
ou  douze  jours  après  que  cetle  larve  s'est  ensevelie  dans  ce 
tombeau  ,  la  nymphe  se  dépouille  d'une  pellicule  qui  enve- 
loppoit  ses  membres  ,  devient  insecte  parfait ,  et  se  montre 
à  nos  yeux  sous  la  forme  quj  j'ai  décrite  et  qu'elle  conserve 
toujours.  Des  sauts  signalent  les  premiers  instans  de  sa  nou- 
velle vie.  Les  larves  qui  ne  sont  nées  qu'à  la  fin  de  l'été  , 
passent  l'hiver  sous  cette  forme. 

Les  puces  ,  comme  tout  le  monde  sait ,  sont  des  insectes 
parasites  ;  elles  préfèrent  la  peau  délicate  des  femmes  et  des 
enfans  à  celle  d'autres  personnes.  Elles  nichent  dans  la  four- 
rure des  lièvres  ,  des  chiens  et  des  chats,  qui  en  sont  très- 
tourmentés  ,  surtout  en  été  et  en  automne.  Plusieurs  oiseaux 
y  sont  très-sujets  ,  tels  que  les  pigeons  ,  comme  nous  l'avons 
dit ,  ainsi  que  les  poules  et  les  hirondelles. 

Suivant  le  témoignage  d'Ovington,  les  Indiens  ,  confor- 
mément à  leur  croyance  sur  la  métempsycose  ,  prodiguent  à 
ces  animaux  ,  ainsi  qu'à  toutes  les  espèces  de  vermines  qui 
sucent  le  sang  humain  ,  des  soins  extravagans.  Un  hôpital  a 
été  établi  pour  elles,  près  de  Surate.  Leur  pâlure  est  achetée 
aux  dépens  d'un  imbécllle  ,  livré  pendant  la  nuit  à  la  voracité 
de  plusieurs  de  ces  animaux. 

Les  puces  ont  prêté  matière  à  l'industrie  de  l'homme  ,  et 
ont  fait  produire  des  effets  surprenans  d'adresse.  On  a  vu 
une  puce  de  grandeur  médiocre  traînant  un  canon  d'argent, 
soutenu  de  deux  petites  roues,  pesant  quatre-vingts  fois  plus 
qu'elle  ,  qu'on  chargeoit  de  poudre  ,  et  qu'on  faisoit  partir 
sans  que  la  puce  parût  épouvantée.  Mouffet  rapporte  qu'une 
autre  puce  traînoit  avec  facilité  une  chaîne  d'or  ,  de  la  lon- 
gueur du  doigt ,  avec  un  cadenas  fermant  à  clef,  et  qui  avec 
l'animal  pesoit  à  peine  un  grain.  Un  ouvrier  anglais  avoit 
construit  ,  suivant  H  00k  ,  un  carrosse  en  ivoire  ,  à  six  che- 
vaux,  renfermant  quatre  personnes  ,  ayant  deux  laquais  sur 
le  derrière  ,  un  cocher  sur  le  siège  ,  entre  les  jambes  duquel 

II)  Vn  {!e  mes  amis  en  a  conservé  une  pendant  un  an. 


35o  P  U  C 

étoit  un  chien,  traîné  par  une  puce.  Quelle  finesse  de  travail! 
Mais  pourquoi  ne  l'avoir  pas  consacré  à  des  objets  plus 
utiles  f* 

En  étudiant  un  si  petit  animal ,  plusieurs  sujets  d'admira- 
tion se  présentent  à  notre  esprit  quelle  force  prodigieuse 
dans  les  muscles  de  la  puce  ,  puisqu'elle  s'élève  jusqu'à  trente 
fois  sa  hauteur  !  Quelle  singulière  structure  dans  le  chalumeau 
avec  lequel  elle  soutire  notre  sang  !  Gomme  la  nature  a  été 
sage  et  prévoyante  en  lui  donnant  une  forme  comprimée,  et 
qui  fait  que  cet  insecte  pénètre  plus  facilement  entre  les  poils 
des  animaux,  et  s'y  tient  caché  !  Comme  elle  l'a  garanti  en 
cuirassant  son  corps,  l'enveloppant  d'une  peau  ferme,  élas- 
tique ,  et  capable  de  résister  à  la  pression  de  nos  doigts  ! 

Je  n'entrerai  pas  ici  dans  le  détail  de  tous  les  moyens  qu'on 
a  prescrits  pour  détruire  ces  insectes  incommodes.  I^es  uns 
recommandent  qu'on  mette  dans  les  appartemensdes  plantes 
d'une  odeur  forte  et  pénétrante  ,  la  sarriete  ,  le  pouillot ,  ou 
des  plantes  acres  ,  la  persicaire  ,  ou  des  végétaux  à  feuilles 
gluantes,  des  branches  à' aune  ;  d'autres  ont  recours  à  un 
onguent  mercuriel  ,  à  une  eau  bouillante  ,  dans  laquelle  on 
a  mis  simplement  du  mercure  ,  et  qu'on  répand  dans  la 
chambre.  Il  y  en  a  qui  prescrivent  la  vapeur  du  soufre.  Les 
habitans  de  la  Dalécarlie  placent  dans  leurs  habitations  une 
peau  de  lièvre  ;  ces  insectes  s'y  réfugient  ;  il  est  facile  ensuite 
de  les  faire  périr  par  le  moyen  de  l'eau  ou  par  le  feu. 

Nous  murmurons  souvent  contre  la  nature,  et  nous  con- 
sidérons les  puces  et  autres  vermines  ,  comme  une  tache  qui 
souille  le  beau  tableau  qu'elle  étale  à  nos  yeux.  Mais  soyons 
raisonnables  et  admirons  la  sagesse  de  ses  desseins  ,  d'avoir 
choisi  le  sentiment  de  la  douleur  pour  la  sentinelle  qui  nous 
avertit  de  nos  vices  ou  du  désordre  de  nos  habitudes.  Entrons 
dans  ses  vues  ;  que  la  propreté  sans  faste  règne  dans  nos  ap- 
partemens  ;  exposons  vers  la  fin  de  l'automne  et  vers  le  com- 
mencement du  printemps  ,  à  une  chaleur  assez  forte  ,  les 
différens  meubles  qui  pourroient  receler  nos  ennemis  ,  nous 
détruirons  bientôt  le  germe  de  nos  incommodités,  et  nous 
cesserons  de  calomnier  la  nature ,  si  nous  n'avons  pas  assez 
de  reconnoissance  pour  l'étudier  et  l'admirer. 

On  ne  connoît  encore  qu'un  petit  nombre  d'espèces  de 
puces  ;  mais  il  est  probable  que  lorsqu'on  examinera  avec 
plus  d'attention  les  puces  de  différens  animaux  ,  on  en  dé- 
couvrira plusieurs  autres  espèces. 

Puce  irritante  ,  Pulesn  imians  ,  Linn. ,  Geoff. ,  Fab.  Elle 
est  d'un  brun-marron  ;  ses  pattes  sont  d'une  couleur  moins 
foncée;  ses  anneaux  sont  bordés  de  poils  courts  et  roides  , 


coutlîës  sur  la  peau.  Le  mâle  est  de  moitié  plus  petit  que  la 
femelle.  On  le  trouve  en  Europe  et  en  Amérique. 

Puce  a  bande  ,  Pulex  fasciatus  ^  Bose;  Bulletin  des  Sciences 
de  la  Société philomat.  ,  n.°  44-  Cette  espèce  se  trouve  sur  le 
lérot,  la  taupe, le  renard  et  le  rai  d' Amérique.  Elle  est  d'un  brun 
plus  clair  que  la  précédente.  La  partie  supérieure  de  son  second 
anneau  a  un  rang  désoles  très-noires,imitant  assez  unebande. 
Puce  pénétrante,  Pulex  penetrans,  Linn.  Cet  insecte  , 
connu  dans  les  Colonies  françaises  sous  le  nom  de  chique  , 
se  trouve  en  Amérique,  pénètre  dans  la  chair  des  hommes 
par  les  pieds  ,  y  dépose  ses  œufs,  et  occasione  des  accidens 
fâcheux,  la  mort  même.  Sa  trompe  est  de  la  longueur  du 
corps ,  ce  qui  le  distingue  des  précédens.  On  y  rapporte  le 
tunga  dont  parle  Marcgrave  ,  et  qui  est  si  incommode  pour 
les  habitans  du  Brésil.  La  puce  pénétrante  paroît  devoir  for- 
mer un  genre  particulier,  (l.) 
PUCE  AQUATIQUE.  V.  Daphnie,  (l.) 
PUCE  AQUATIQUE.  On  a  aussi  donné  ce  nom  aux 
Gyrins  ou  Tourniquets,  (desm.) 

PUCE  DES  FLEURS  DE  SCABIEUSE  (^insecte). 
Muralto  donne  ce  nom  à  un  insecte  peu  connu.  Voyez  Collecl. 
acad. ,  part,  étrang.  ,  tom.  3  ,  pag.  4.76.  (l.) 

PUCE  DE  NEIGE  {insecte-:).  Voyez  PoDURE.  (l.) 
PUCE  DE  TERRE.  Les  Mordelles  ont  été  ainsi  ap- 
pelées, (desm.) 

PUCE  DE  TERRE.  Insecte  du  Cap  de  Bonne-Espé- 
rance, qui  fait  un  grand  dégât  dans  les  jardins,  en  gâtant  les 
semences  et  broutant  les  jeunes  et  tendres  jets.  C'est  peut- 
être  une  Altise.  (l.) 

PUCELAGE.  Nom  très-vulgaire  et  très-impropre,  don- 
né quelquefois  à  la  petite  Pervenche.  V.  ce  mot,  (B.) 

PUCELAGE.  Coquille  du  genre  Porcelaine  ,  Cryortca, 
Linn.  (b.) 

PUCELLE.  Nom  qu'on  donne  ,  au  marché  de  Paris  ,  à 
un  poisson  assez  peu  estimé.  C'est  la  femelle  de  I'Alose 
feinte.  La  Galanthine  le  porte  aussi,  (b.) 

PUCERON  ,  Aphis.  Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  hé- 
miptères, section  deshomoptères,  famille  des hyménély très, 
tribu  des  aphidiens  ,  ayant  pour  caractères  :  élytres  de  même 
consistance  ;  bec  partant  du  dessous  de  la  tête ,  allongé  ,  et 
distinct  ;  antennes  presque  sétacées  ,  sans  soies  au  bout  ,  de 
six  à  sept  articles  ,  dont  les  troisième  et  quatrième  plus  longs; 
tarses  à  deux  articles. 

Les  pucerons  ont  le  corps  mou  ;  la  tête  presque  ronde,  avec 
deux  petits  yeux  lisses;  les  élytres  et  les  ailes  membraneuses, 
en  toit,  avive  arête;  l'abdomen  ovale  ,  ayant  ordinairement 


a52  P    U    C 

deux  tubercules  ou  deux  mamelons  à  rcxlrémîté  ;  plusieurs 
sont  aplères. 

Les  pucerons  sont  de  petits  insectes  qu'on  trouve  commu- 
nément réunis  en  très-grande  quantité  ,  sur  presque  toutes  les 
plantes;  ils  sont  lourds,  marchent  peu;  on  en  voit  d'immo- 
biles, former  des  masses  sur  des  tiges  et  sur  des  feuilles.  Les 
plus  célèbres  naturalistes  ont  écrit  l'histoire  de  ces  insectes, 
qui  offrent  des  singularités  dignes  de  fixer  l'attention.  La 
première,  celle  qu'on  remarque  sans  observation  suivie,  c'est 
que,  dans  la  même  espèce  ,  on  trouve  des  femelles  ailées  et 
sans  ailes.  Ces  dernières,  qu'on  pourrolt  prendre  pour  des 
nymphes,  sont  des  insectes  parfaits  ,  en  état  de  se  reproduire 
comme  celles  qui  ont  des  ailes.  Une  autre  singularité  de  ces 
insectes  ,  c'est  que  pendant  un  certain  temps  de  l'année  ,  ces 
d'eux  sortes  de  femelles  mettent  au  jour  des  petits  vivans  ,  et 
pendant  un  autre,  elles  pondent  des  œufs  qui  paroissent  des- 
tinés à  perpétuer  l'espèce  qui  périt  pendant  l'hiver.  Ces  fe- 
melles s'accouplent  en  automne  ,  et  c'est  après  leur  accou- 
plement qu'elles  sont  ovipares  ;  pendant  tout  l'été  ,  elles 
sont  vivipares.  Les  femelles  ailées  et  celles  sans  ailes,  produi- 
sent également  des  petits  qui  deviennent  allés  ,  et  d'autres 
qui  n'auront  jamais  d'ailes.  Ces  femelles  sont  très-fécondes; 
elles  font  quinze  à  vingt  petits  dans  la  journée. 

La  troisième  singularité  de  ces  Insectes,  celle  qui  étonne 
le  plus  ,  et  qui  les  a  fhit  observer  avec  la  plus  grande  atten- 
tion ,  par  Bonnet,  Réaumur  et  Lyonet ,  c'est  qu'ils  peuvent 
se  reproduire  sans  s'être  accouplés;  et  il  paroît  que  la  femelle 
qui  a  reçu  le  mâle  ,  en  transmet  rinfluence  à  ses  descen- 
dans  femelles,  pendant  plusieurs  générations  (i).  Les  ob- 
servateurs cités  ont  pris  des  petits  en  -sortant  du  ventre  de 
leur  mère  ,  les  ont  élevés  dans  la  plus  parfaite  solitude  ,  et 
les  ont  vus  en  faire  d'autres  qui ,  ensuite  élevés  séparément 
et  successivement  ,  ont  été  féconds  pendant  plusieurs  géné- 
rations, sans  avoir  eu  de  communication  avec  aucun  individu 
de  leur  espèce.  Bonnet ,  qui  est  celui  qui  a  le  plus  étudié  ces 
insectes  ,  a  vu  neuf  générations  en  trois  mois,  pour  un  seul 
accouplement.  Quoiqu'il  semble  extraordinaire  qu'il  y  ait  des 
animaux  en  état  de  se  perpétuer  sans  avoir  été  accouplés,  on 
ne  peut  cependant  douter  de  ce  fait,  attesté  par  plusieurs  ob- 
servateurs dignes  d'être  crus. 

Dès  que  les  pucerons  sont  nés ,  ils  marchent  et  vont  cher- 
cher sur  la  plante,  un  endroit  pour  s'y  fixer  et  la  sucer; 


(i)  M.  Jurlne  de  Genève  a  de'couvert  In  même  proprit'le  a  des  fe- 
melles de  plusieurs  espèces  de  monocles. 


^'  T'    (^'  .53 

comme  Ils  aiment  à  vivre  en  société  ,  ils  se  placent  toujours 
les  uns  auprès  des  autres.  Ils  restent  environ  douze  jours  sous 
la  forme  de  nymphe  ,  pendant  lesquels  ils  changent  qua- 
tre fois  de  peau  ;  après  avoir  quitté  la  dernière  ,  ils  sont  en 
étal  de  se  reproduire.  Rassemblés  sur  les  feuilles  ou  sur  les 
tiges  des  arbres ,  les  pucerons  paroissent  être  dans  l'inaction  ; 
mais  ils  sont  occupés  à  en  tirer  le  suc  avec  leur  trompe.  Sou- 
vent ,  leurs  piqûres  causent  des  altérations  très-sensibles  aux 
feuilles ,  même  aux  tiges  des  arbres.  Ceux  qui  vivent  sur  le 
tilleul ,  s'attachent  aux  jeunes  pousses ,  sur  lesquelles  les  pe- 
tits s'arrangent  à  mesure  qu'ils  naissent  ;  ils  se  placent  à  la 
file  les  uns  des  autres  ,  sur  un  des  côtes  du  jet  ;  font  prendre 
à  la  nouvelle  tige  différentes  courbures  ,  et  se  logent  dans 
les  cavités  qu'elle  forme.  On  voit  souvent  sur  les  groseilliers 
et  les  pommiers  ,  des  feuilles  couvertes  de  tubérosiiés;  ce 
sontles  pucerons  qui  les  font  naître.  Surlesfeuilles  de  forme, 
ils  produisent  des  vessies  ou  espèce  de  galles  creuses ,  commu- 
nément de  la  grosseur  d'une  noix  ,  quelquefois  aussi  grosses 
que  le  poing.  Ces  galles  ne  sont  pas  habitées  seulement  par 
les  petits,  comme  le  sontles  galles  des  cinips;  elles  renfer- 
ment aussi  la  mère  ,  qui  s'y  loge  pour  faire  ses  pontes. 

Presque  tous  les  pucerons  sont  plus  ou  moins  couverts  d'un 
duvet  cotonneux  ;  ceux  qui  vivent  sur  le  chou  et  sur  le  pru- 
nier n'ont  que  très-peu  de  cette  matière  qui  resseuïble  à  de 
la  farine  ;  ceux  des  vessies  de  l'orme  en  sont  entièrement  cou- 
verts. Cette  même  matière  se  trouve  sur  ceux  du  peuplier  , 
sous  la  forme  de  filets  cotonneux  ;  mais  aucune  espllfce  n'en 
a  une  aussi  grande  quantité  que  celle  du  hêtre;  ces  filets  ont 
quelquefois  un  pouce  de  longueur  ,  et  sont  flottans  sur  le 
corps  de  l'insecte  ,  auquel  ils  tiennent  peu  ;  le  frottement 
les  enlève. 

Partout  où  on  trouve  des  pucerons,  on  est  presque  sûr  de 
trouver  des  fourmis  ;  elles  y  sont  attirées  par  leur  goût  pour 
une  liqueur  sucrée  qui  découle  continuellement  des  deux 
cornes  que  les  pucerons  ont  à  l'abdomen;  il  en  sort  une  assez 
grande  quantité  pour  que  les  vessies  de  l'orme  et  les  tubéro- 
sités  des  feuilles  du  groseillier  en  contiennent  des  gouttes  de 
la  grosseur  d'un  pois;  cette  liqueur,  qui  est  limpide  et  trans- 
parente ,  s'épaissit  à  l'air.  P\éaumur  dit  qu'elle  est  aussi  douce 
que  le  miel,  et  d'un  goût  plus  agréable. 

Les  pucerons  sont  très-nombreux ,  et  le  seroient  encore 
davantage ,  sans  des  ennemis  terribles  qui  les  dévorent  chaque 
jour  par  centaines.  Les  larves  d''hémérobes,  et  celles  de  quel- 
ques diptères  de  la  tribu  des  syrphies ,  en  suivant  leur  appétit , 
délivrent  les  cultivateurs  d'un  fléau  ;  car  ces  insectes  si  féconds 
se  multiplieroient  à  un  tel  point,  qu'ils  finiroient  par  dessé- 


a54  P  U  C 

cher  les  plantes  qu''iis  rendent  difformes.  Ces  insecles  étant 
fort  mous  ,  on  peut  les  enlever  avec  un  pinceau  mouillé  ,  et 
en  purger  ainsi  les  arbres  peu  élevés.  Mais  un  moyen  plus 
expédilifet  plus  facile,-est  de  brûler,  sous  les  arbres,  du  sou- 
fre ou  du  ^abac  ,  et  d'en  conduire  les  vapeurs  ou  la  fumée 
sur  les  parties  affligées  ,  avec  un  soufflet  ou  un  tuyau.  On  a 
décrit  plus  de  soixante  espèces  de  pucerons  ,  parmi  lesquels 
on  distingue  les  suivans  : 

Puceron  DE  l'orme  ,  Jphisjilmi,  Linn.  ,  Geoff. ,  Fab.  Il 
a  les  antennes  grosses  ,  le  corps  cylindrique  ,  de  couleur 
brune  ,  couvert  d'une  poussière  farineuse  ;  les  ailes  très-lon- 
gues, en  toit,  avec  une  petite  tache  brune,  au  milieu  du  bord 
extérieur  ;  les  cornes  de  l'abdomen  courtes. 

Il  vit  rassemblé  ,  en  grande  quantité  ,  dans  une  vessie  at- 
tachée aux  feuilles  de  l'orme  par  un  pédicule  très-court. 
Cette  vessie  est  produite  par  l'extravasation  des  sucs  de  la 
feuille  piquée  par  ces  pucerons. 

Puceron  du  peuplier,  Âphis  populi,  Linn.,  Fab.  Il  est 
vert  entièrement,  et  couvert  d'un  duvet  cotonneux  assez  long. 

On  le  trouve  en  quantité  sur  les  feuilles  du  peuplier  noir , 
renfermé  dans  une  feuille  pliée  en  deux  ,  qui  forme  une 
vessie  ;  chaque  feuille  est ,  en  outre ,  couverte  de  tubérosités 
rougcâtres. 

Puceron  du  sureau  ,  Aphis sambuci ,  Linn.,  Geoff. ,  Fab. 
Il  est  d'un  bleu  noirâtre.  On  le  trouve  en  si  grande  quantité 
sur  le  sureau ,  que  les  feuilles  et  les  liges  en  sont  couvertes. 

PucÊliON  DU  HÊTRE  ,  Aphis  fag'i ,  Linn. ,  Geoff. ,  Fab.  Il 
est  entièrement  vert ,  couvert  d'un  duvet  blanc  ,  cotonneux, 
quelquefois  long  d'un  pouce  ,  lorsque  l'insecte  est  âgé  ;  très- 
court  ,  lorsqu'il  est  jeune  ;  ce  duvet  s'enlève  par  le  moindre 
frottement. 

On  le  trouve  sur  le  hêtre.  / 

Puceron  du  chêne  ,  Aphis  roboris ,  Linn. ,  Fab.  Il  est 
assez  gros,  d'unbrunnoirâtre:sespattessont  très-longues;  les 
antérieures  sont  d'un  brun  jaunâtre  ;  ses  cornes  sont  très- 
courtes.  On  le  trouve  sur  le  chêne. 

Puceron  DU  LAiTRON ,  Aphis  somhi^  Linn.  ,  Geoff.,  Fab. 
Il  est  d'un  vert  mat  ou  bronzé  ;  il  a  une  queue  recourbée , 
placée  à  l'extrémité  de  l'abdomen  ,  entre  les  deux  cornes. 
M.  Dutrochet ,  dans  un  mémoire  lu  à  l'Académie  des 
Sciences ,  a  décrit  les  organes  générateurs  de  cette  esj)èce. 

Puceron  des  écorces  ,  Aphis  guercih,  Linn. ,  Geoff. ,  Fab. 
Il  est  très-petit ,  d'un  brun-roux.  Ce  que  cet  insecte  a  de  sin- 
gulier ,  c'est  sa  trompe  ,  qui  est  trois  fois  plus  longue  que 
son  corps  ;  il  la  porte  sous  son  ventre,  et  son  extrémité  est 
relevée  sur  le  dos;  il  la  raccourcit  et  l'allonge  à  volonté,  ei 


P  U  D  .5 


renfonce  tellement  dans  l'écorce  des  arbres  ,  que  pour  l'en 
ôter ,  on  enlève  avec  lui  un  petit  fragment  de  bois.  Ce  puccr- 
ron  n'a  pas  de  cornes. 

On  trouvera  dans  le  troisième  volume  des  Mémoires  sur  les 
Insectes  de  Degéer  ,  dans  la  Faune  de  Bavière  de  Schranck 
les  descriptions  détaillées  d'un  grand  nombre  de  pucerons. 
V.  aussi  les  Mémoires  de  la  Société  d'agriculture  de  Londres  , 
sur  le  Puceron  du  rosier  ,  et  le  septième  volume  des  Actes 
de  la  Société  Linnéenne.  (L.) 

PUCERONS  AQUATIQUES  ou  PUCERONS 
RRANCHUS.  On  a  ainsi  appelé  les  crustacés  du  genre 
Daphnie,  (b.) 

PUCERONS  BRANCHUS.  V.  l'article  précédent,  (b.) 

PUCERONS  C  FAUX  ).  V.  P.sylle.  (l.) 

PUCHAMCAS.  Nom  donné  par  les  Indiens,  au  Néflier 

A  FEUILLES  DE  CORNOUILLER  de  Lamarck  ,  n.o  17,  (B.) 

PUCHINouPUClN.  V.  Poussins.  (DESM.) 
PUCHO.  C'est  le  Costus  d'Arabie,  (b,) 
PUCHOT.  Nom  donné  à  la  Trombe  de  mer  ,  par  quel|L 
ques  voyageurs.  V.  Mer.  (pat.) 

PUCIERE.  Nom  vulgaire  du  Psylion.  (e.) 

PUCIN.     V.   PUCHIN.  (DESM.) 

PUCSARMA.  Nom  du  Balisier  ,  à  Ceyla-n.  (ln.) 

PU-CUM-TSAO.  Une  espèce  de  Lfondent  (  Leontodon 
chinense ^  Lour.  )  porte  ce  nom,  à  la  Chine,  (ln.) 

PUDEL  0U.BUDEL.  Noms  allemands  des  Chiens  ca- 
niches ou  Barbets,  (desm.) 

PUDENDUM  MARINUM,  Pudendum  regale.  On  a 
donné  ces  noms  à  diverses  espèces  d'HoLOTHURiE.  (desm.) 

PUDIS.  En  Languedoc  ,  on  désigne  par  ce  nom  le 
Térébinthe  ,  et  une  espèce  d' Alisier  (  Cratœgus  tormina- 
lis).  (LN.) 

PUDER  ou  GAT-  PUDRE.  Au  pied  des  Pyrénées, 
et  dans  la  vallée  de  l'Aude  >  c'est  la  Marte  putois  (Mus- 
tela  putorius  ).  (desm.) 

PUDU.  Ruminant  du  Chili,  décrit  par  Molina  ,  placé 
long-temps  dans  le  genre  des  moutons,  que  M.  Blainville  croit 
devoir  rapporter  à  celui  des  Antilopes  ,  à  cause  de  la  forme 
des  cornes  qui  sont  rondes  et  lisses.  V.  Antilope  améri- 
caine ,  tome  2  ,  pag.  208, 

Ce  pudu  est  de  la  taille  d'un  chevreau  de  six  mois  ;  sa 
couleur  est  obscure  ;  et  son  menton  n'a  pas  de  barbe.  Le 
mâle  seulement  a  de  petites  cornes  divergentes.  Il  habile  les 
montagnes  ,  et  descend  dans  les  vallées  dans  les  temps  de 
neige.  Il  est  alors  facile  de  le  prendre  et  de  l'apprivoiser , 
parce  qu'il  est  d'un  naturel  docile,  (desm.) 


256  P  U  1 

PUERCO.  Eu  espagnol,  c'est  le  Cochon  ,  et  puerca  ,  fa 
Truie,  (desm.) 

PUETTE.  La  Passer. \ge  se  nomme  ainsi  dans  quelques 
lieux,  (b.) 

PUÏTIN.  V.  Pétrel-puffin  et  Macareux. 

PuFFiN  DU  Brésil.  V.  Pétrel-puffin  du  Brésil. 

PuFFiN  du  Cap  de  Bonne-Espérance.  V.  Pétrel-puffin 

BRUN. 

PuFFIN  CENDRÉ.  F.  PÉTREL-PUFFIN  CENDRÉ  ,  Seclion  des 
PÉTRELS-PUFFINS.  (V.) 

PUG-DOG.  Les  Anglais  désignent  par  ce  nom  la  race  du 
chien  àogw'n.  (DESM.) 

PUGK).  Ce  nom  ,  qui  signifie  poignard  en  latin,  étoit 
donné  par  les  anciens  au  Glayeul  ,  à  cause  jie  la  forme 
des  feuilles  de  cette  plante,  (ln.) 

PUGIONION,  Pugionium.  Plante  à  feuilles  linguiformes, 
entières,  semi-amplexicaules;  à  fleurs  petites,  disposées  en 
grappes  terminales,  sur  des  pédoncules  très-écarlés  ,  qui  fai- 
^^it  partie  des  Buniades,  mais  dont  Gsertner  a  fait  un  genre 
particulier  dans  la  tétradynamie  siliculeuse. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  court  ;  une  corolle 
de  quatre  pétales  étroits  ,  entiers  ,  acuminés  ;  six  étamines  , 
dont  deux  plus  courtes  ;  un  ovaire  supérieur  ,  biloculaire  , 
surmonté  d'un  style  court ,  à  stigmate  simple  ;  une  silicule 
membraneuse,  comprimée  transversalement,  ovale,  termi- 
née à  chacune  de  ses  extrémités  par  un  appendice  allongé  , 
ensiforme,  muni  sur  ses  côtés  de  pointes  divergentes,  unilocu- 
laire  dans  la  maturité,  et  contenant  une  seule  semence  arillée. 

Le  pugion  croît  dans  la  Sibérie  et  dans  la  Perse.  Il  n'est 
remarquable  que  par  la  singulière  conformation  de  son  fruit. 

(B.) 

PUHACZ.  Nom  polonais  du  Grand-duc.  (v.) 

PU-HOAM.  Nom  donné,  en  Chine,  à  une  espèce  de 
Massette  (  typha  lalijolia  ,  Lour.  ).  (LN.) 

PUINE.  L'un  des  noms  vulgaires  du  Cornouiller  san- 
guin, (b.)  ^ 

PUITAGA.  Nom  que  les  naturels  du  Paraguay  ont  im- 
posé au  Tyran  botaveen.  V.  ce  mot.  (v.) 

PUITS.  Tout  le  monde  sait  qu'un  puiis  ordinaire  n'est 
autre  chose  qu'un  trou  dans  la  terre ,  creusé  perpendiculai- 
rement jusqu'à  ce  qu'on  trouve  une  source  dont  l'eau  coule 
sur  un  lit  de  glaise  ou  de  roche  ,  ou  autre  matière  imperméa- 
ble ,  dans  laquelle  on  creuse  à  la  profondeur  de  quelques 
pieds,  pour  former  un  bassin  dans  lequel  se  rassemble  l'eau 
qui  suinte  des  couches  de  terres  supérieures. 

Dans  les  travaux  des  mines  ,  on  nomme  puits  ou  ôures^  des 


P  U  L 


5/ 


ouvertures  ftarrë^es  ,  creusées  perpendiculairement  dans  la 
terre  ,  et  revêtues  de  charpentes  pour  empêcher  les  ébouie- 
niens.  Ces  puits  servent  ordinairement  à  plusieurs  usages  ,  et 
sont  d'une  grandeur  assez  considérable  :  on  leur  donne  jus- 
qu'à dix  pieds  sur  quatre  de  largeur.  Ils  servent ,  soit  au  pas- 
sage des  ouvriers ,  soit  à  extraire  les  eaux  ou  le  minerai ,  et 
sont  disposés  suivant  l'usage  auquel  on  les  destine.  Ceux  qui 
servent  au  passage  des  ouvriers  ,  sont  garnis  d'échelles  per~ 
pendiculaires  de  vingt -cinq  à  trente  pieds  de  longueur,  au 
pied  desquelles  est  un  repos  ,  et  à  côté  ,  un  puils  semblable 
au  précédent ,  et  ainsi  jusqu'au  fond  de  la  mine  ,  qui  a  sou- 
vent cinq  à  six  cents  pieds  de  profondeur  ,  et  quelquefois 
bien  davantage. 

Ceux  qui  sont  destinés  à  l'extraction  du  minerai,  vont  sans 
interruption  jusqu'aux  galeries  où  se  font  les  travaux. 

Les  puits  à  air  ou  puits  (ïairage  sont  uniquement  dfeslinés 
à  changer  l'air  des  souterrains  au  moyen  d'un  tuyau  qui 
monte  depuis  le  fond  de  la  mine  jusqu'au  jour ,  où  l'air  des 
souterrains  est  pompé  au  moyen  d'un  fourneau  placé  sur 
l'ouverture  du  puits.  V.  Mines,  (pat.) 
PUKSHISK.  V.  Berglronette  DE  LA  BAIE  d'Hudson.(v.) 

PULCOLI.  Rhéede  figure  sous  ce  nom  la  Carmantine 
NEZ  (  justicia  nasuta  ).  (B.) 

PULE.  Nom  de  deux  arbres  figurés  par  Rumphius ,  dont 
l'nn  appartient  à  la  famille  des  Apocinées  ,  et  l'autre  à  celle 
des  Urticées  ,  mais  dont  on  ne  connoît  pas  les  parties  de  la 
fructification,  lis  ne  présentent  rien  de  remarquable,  (b.) 

PULEGIUM.  Deux  plantes  sont  mentionnées  par  Pline, 
sous  cette  dénomination  :  Tune  est  le  pulegium  que  l'on  culti- 
voit ,  et  l'autre  le  pulegium  sauvage. 

Pline  ne  donne  pas  de  description  de  la  première  espèce  ; 
il  se  contente  de  faire  observer  qu'on  en  distinguoit  deux  sor- 
tes ,  qui  ne  différoient  absolument  que  par  la  couleur  des 
fleurs  ,  rouges  dans  le  pulegium  qu'il  nomme  femelle  ,  et 
blanches  dans  le  pulegium  mâle.  Il  s'étend  beaucoup  sur  leurs 
propriétés  plus  exaltées  dans  le  premier  pulegium  ,  ce  qui 
démontre  qu'ils  étoient  des  plantes  très-connues.  L'odeur 
véhémente  qu'exhaloit  la  fleur  du  pulegium  frais  ,  tuoit  les 
pures  ;  c'est  ce  qui  lui  avoit  fait  donner  son  nom  de  pulex 
(puce).  Les  couronnes  de  pulegium  étoient  préférées  à  celles 
de  rose  ,  pour  calmer  les  douleurs  et  les  tournoiemens  de  tête; 
l'odeur  seule  des  fleurs  opéroit  ces  effets;  la  graine,  également 
très-odorante,àlasentirseulement,rendoit  laparoleàceux  qui 
l'avoient  perdue.  Les  autres  vertus  et  les  nombreux  usages  da 
pulegium  cultivé ,  sont  relatés  dans  Pline ,  et  dénotent  que 
«ette  espèce  étoit  échauffante  à  un  haut  degré  ,  stomachique , 

xxviii.  17 


258  P  U  L 

anlivomitive  ,  fortifiante,  calmante,  utile  dans  la  touï, 
propre  à  guérir  les  ulcères  de  la  bouche  ,  et  à  calmer  les 
convulsions,  etc.  C'est  immédiatement  après  le  mentha,  que 
le  naturaliste  romain  traite  du  pule^ium  cullioé  ;  et  il  fait 
remarquer  que  ces  deux  plantes  ont  les  plus  grands  rapports. 
C'est  â  la  suite  de  ce  premier  pulegiiim,  et  avant  le  nepeta . 
qu'il  place  le  pulegium  sauvage  :  «  Cette  herbe  ,  dit-il ,  a 
beaucoup  plus  de  vertu  en  tout  que  la  précédente  ;  elle 
ressemble  ^V origan;  ses  feuilles  sont  plus  petites  qne  celles 
du  pulegium  cultivé.  Quelques  personnes  l'appellent  dictam- 
nus ,  et  l'on  dît  qu'aussitôt  que  les  chèvres  et  les  moutons  en 
ont  mangé  ,  ils  se  mettent  à  bêler  ;  c'est  pourquoi  il  y  a  des 
auteurs  grecs  qui  l'appellent  blechon  (  d'un  mot  grec  qui  si- 
gnifie bêlement  ).  Cette  herbe  est  si  chaude,  qu'elle  fait  en- 
fler en  forme  de  vessie,  et  qu'elle  excorie  les  parties  du  corps 
qu'on  en  frolle  :  aussi  les  médecins  ordonnent-ils  de  s'en 
frotter  avant  que  d'entrer  dans  les  bains ,  etc.  »  Pline  ter- 
mine son  récit ,  en  faisant  remarquer  que  le  pulegium  sau^ 
oage  et  le  nepeta  ,  ont  une  grande  conformité  entre  eux. 

Les  pulegium,  de  Pline  ,  d'après  leurs  qualités,  et  par  leur 
rapprochement  du  m.eniha  ,  de  VoTiganum  et  du  nepeta  , 
étoient  très-certainement  des  plantes  labiées.  Parmi  celles-ci, 
il  faut  remarquer  que  les  menthes  ,  les  mélisses  ,  les  thyms  , 
les  calamens  ,  sont  des  plantes  très-odorantes,  mais  plus  par 
i'arome  qui  s'exhale  de  toutes  les  parties  ,  que  par  celui  des 
fleurs.  Il  est  probable  que  c'est  parmi  les  plantes  ci-dessus 
nommées  ,  que  les  pulegium  doivent  rentrer.  Mais  nous  ne 
croyons  pas  affirmer  que  notre  pouillot  (  mentha  pulegium  )  , 
qui  croît  partout  dans  les  prairies  humides,  et  qu'on  ne  cul- 
tive pas  ,  soit  le  pulegium  cultivé  de  Pline  ;  rapprochement 
qui  a  été  fait  par  un  assez  grand  nombre  d'auteurs.  On  pour- 
roit  peut-être  croire  que  c'est  le  pulegium  sauvage  ,  mais  on 
a  dit  et  avec  plus  de  vraisemblance  ,  que  ce  dernier  peut 
avoir  été  notre  melissa  nepeta.  Le  lierre  terrestre  Çglechoma 
Jiederea)  n'ayant  pas  les  vertus  exaltées  de  cette  plante,  ne 
peut  être  confondu  avec  elle.  Enfin,  il  est  possible  qu'une 
menthe  cultivée  (  mentha  viridis  )  soit  le  pulegium  cultivé  de 
Pline. 

Le  blechnon  de  Dioscoride  ,  et  le  pulegium  sauvage  de 
Pline  ,  sont  regardés  comme  la  même  plante.  Ces  deux  na- 
turalistes sont  d'accord  sur  les  propriétés  et  l'origine  du  nom 
grec  de  cette  plante  ;  mais  le  premier  n'en  donne  pas  de 
description. 

Le  pulegium  est  nommé  puleium  par  Cicéron  et  par  Co- 
lumelle  ;  pulleum  par  Martial.  On  l'a  également  appelé  pan- 
tagathon  (  toute  bonne  ,  en  grec)  ,  glechon,  hlechron,  arsenicanlon. 


P  ^'  L  =59 

Chez  les  moderrres ,  la  menthe  pouiilot  a  conservé  le  nom 
<le;o?</^^/«m.  Adansonen  a  fait  un  genre  qui  n"a  pas  été  adopté 
et  qui  tiroit  ses  rarartères  :  de  ses  verticilles  composées  de 
trente  fleurs  pédictllées;  de  sa  corolle  sessile  ;  de  ses  écail- 
les florales  larges;  et  de  ses  feuilles  florales  et  caulinalres, 
toutes  semblables. 

ILes  menthu  pulegiuni  et  ceivlna,  le  thymus  acinos  ,  le  dinopo- 
diiim  vu/gare,  et  plusieurs  autres  labiées,  sont  décrites  sous  le 
nom  de  pulegium^  dans  les  ouvrages  des  botanistes  les  plus 
anciens.  Sloane  a  désigné  depuis  sous  le  même  nosn  quelques 
espèces  de  Spermacoce  .  el  Morison,  le  thyinus  virginicus  ,  qui 
est  le  genre  fureta  d'Adanson  ,  nomme  depuis  koellia  par 
Moench ,  brachysihemum  par  Michaux ,  et  réuni  au  pycnan- 
ihemum  par  Persoon.  (ln.) 

PULEX.  Nom  latin  de  la  Puce,  (desm.) 

PULICARIA.  Nom  donné  à  plusieurs  végétaux  ,  soit 
parce  que  leur  graine  a  la  forme  d'une  puce,  ou  que  Todeur 
qu'ils  répandent  dans  leur  fr.iîoh'^  ur,  fait  fuir  cet  insecte.  On 
l'a  donné  au  conyta  des  anciens  ,  nosre  Conyse  commune 
(  conysa  squnrrosa,  L.  )  ,  à  Vinnlapulicaria  ,  Linn.  ,  dont  quel- 
ques naturalistes  font  un  genre  distinct;  an  plantago  psyllium, 
au  polygonum  minus  ,  Willd,,  et  au  carex  pulkaris.  Cette  der- 
nière plante  l'a  reçu  à  ca\\>c  de  la  couleur  et  de  la  grosseur 
de  ses  graines  ,  semblables  à  celles  de  la  puce.  Voyez  PuLi- 
CAIRE  et  Inule.  (ln.) 

PULICAIRE  ,  Pulicaria.  Gaertner  donne  ce  nom  géné- 
rique aux  espèces  A'Inules  qui  ont  les  semences  couronnées 
d'aigrettes  doubles.  V.  Inules.  On  nomme  aussi  Pulicaire 
le  PSYLLION.  (b.) 

PULLON.  La  Foulque  du  lac  Majeur,  (desm.) 

PULLY- SCHOUADI.  C'est  le  nom  sous  lequel  la 
QUAMOCLITTE  PIED  DE  CUÈVRE  esl  figurée  dans  Rhéede.  (B.) 

PULMOBRANCHES.  Nom  donné,  par  Blainville  ,  à 
un  ordre  de  Mollusques  non  symétriques  ,  dont  les  bran- 
chies ont  quelques  rapports  d'organisation  avec  les  pou- 
mons, (b.) 

PULMONAIRE,  Pulmonarîa.  Genre  de  plantes  de  la 
pentandrie  monogynie  et  de  la  famille  des  borraginées,  dont 
les  caractères  consistent  :  en  un  calice  prismatique  ,  à  cinq 
côtes  et  à  cinq  découpures  ;  une  corolle  infundibullforme  ,  à 
tube  cylindrique  ,  à  ouverture  plus  petite,  et  à  limbe  à  cinq 
lobes  droits  et  un  peu  ouverts  ;  cinq  étamines  ;  un  ovaire 
supérieur  divisé  en  quatre  parties  ,  du  centre  desquelles 
s'élève  un  style  à  stigmate  échancré  ;  quatre  noix  ,  presque 
rondes,  obtuses  ,  placées  au  fond  du  calice  qui  subsiste. 

Ce  genre  renferme  sept  à  huit  plantes  à  feuilles  alternes  , 


iGo  P  U  L 

entières  ,  rudes  au  toucher,  et  à  fleurs  disposées  en  corym- 
bes  terminaux  ou  en  épis. 

Les  deux  plus  importâmes  à  connoître  sont: 
La  Pulmonaire  officinale  ,  qui  a  les  feuilles  radicales 
ovales  en  cœur ,  et  les  caulinaires  lancéolées.  Elle  est  vivace  , 
et  se  trouve  dans  toute  l'Europe  ,  dans  les  bois  arides  ,  sur 
les  pelouses  sèches.  Elle  varie  à  fleurs  purpurines  et  à  fleurs 
blanches,  à  feuilles  d'une  seule  nuance  et  à  feuilles  tachetées 
d'un  blanc  sale.  Cette  dernière  est  la  plus  commune  dans  les 
lieux  exposés  au  soleil.  La  pulmonairefleurit  une  des  premières 
au  printemps  ,  et  fournit  aux  abeilles  une  grande  quantité  de 
miel.  On  la  connoît  sous  les  noms  de  grande  Pulmonaire  , 
Herbe  aux  poumons  ,  Herbe  du  cœur  ,  Herbe  au  lait  de  Notre- 
Dame  ,  et  Sauge  de  Jérusalem.  Elle  a  un  goût  d'herbe  un  peu 
salé  et  gluant,  qui  la  fait  regarder  comme  très-adoucissante. 
On  en  fait  des  tisanes  qu'on  fait  prendre  aux  pulmoniques 
avec  beaucoup  de  succès  ,  pour  diminuer  la  salure  ou  l'â- 
creté  de  leurs  crachats.  On  la  mange, dans  quelques  cantons, 
comme  les  épinards.  Autrefois,  elle  jouissoit  d'une  plus  grande 
réputation  qu'en  ce  moment ,  où  on  ne  lui  donne  que  les 
propriétés  communes  aux  borraginées. 

La  Pulmonaire  maritime  aie  calice  très-court,  les  feuil- 
les ovales,  la  tige  rameuse  et  couchée.  Elle  est  annuelle , 
et  se  trouve  sur  les  bords  de  la  mer  ,  au  nord  de  l'Europe. 
Les  Irlandais  la  mangent ,  et  la  font  confire  dans  du  vinaigre 
ou  dans  de  la  saumure,  pour  leur  consommation  d'hiver,  (b.) 
PULMONAIRE  DE  CHÊNE.  C'est  le  Lichen  pulmo- 
naire qui  sert  de  type  au  genrePuLMONAiRE  de  Hoffmann.(B.) 
PULMONAIRE  DES  FRANÇAIS.  C'est  I'Epervière 

PULMONAIRE.  (B.) 

PULMONAIRE  DE  TERRE.  C'en  encore  un  Lichen, 
Lichen  caninus.,  L.  (desm.) 

PULMONARIA.  V.  Pulmonaire  et  Symphytum.  (ln.) 

PULMONELLE  ,  Aplidium.  Genre  établi  par  Savigny  , 
pour  placer  I'Alct^n  figue,  dont  il  a  été  à  portée  d'observer 
l'organisation. 

Ses  caractères  ont  été  rédigés  ainsi  par  Lamarck,  Histoire 
naturelle  des  animaux  sans  vertèbres  :  animaux  biforés  , agré- 
gés ,  fort  petits  ,  vivant  dsns  un  corps  commun  ,  convexe  , 
charnu,  fixé,  et  n'offrant  point,  par  leur  disposition  ,  plu- 
sieurs systèmes  particuliers  ;  six  tentacules  à  la  bouche  ; 
anus  non  apparent. 

On  trouve  la  Pulmonelle  sublobée  attachée  aux  varecs  i 
aux  rochers,  aux  coquilles  ahandonnées  ;  elle  n'est  point 
rare  sur  nos  côtes.  Cuvier  l'a  réunie  à  ses  Polyclinons.  (b.) 

PULMONÉS.   Ordre  de  mollusques  gastéropodes  qui 


P  U  L  ,6, 

rentre  dans  celui  appelé  Adélobranches  par  DumérJl.   (b.) 

PULMONES.  Ordre  de  mollusques  gastéropodes,  formé 
par  M.  Cuvier  ,  et  renfermant  ceux  de  ces  mollusques  qui 
respirent  l'air  élastique  par  un  trou  ouvert  sous  le  rebord  de 
Jeur  manteau  ,  qu'ils  dilatent  ou  contractent  à  leur  gré.  Les 
uns  sont  Terrestres:  tels  que  \es  limaces ,  les  parmacelles  ^ 
les  hélices  ,  les  bulimes ,  les  maillots ,  etc.  ;  les  autres  sont 
Aquatiques  :  tels  que  les  onchidies ,  les  lymnées ,  les  plauor- 
bes,  lesphyses,  les  auricules ,  etc.  (DESM.) 

PULOCONDOR.  r.  l'article  Mouffette,  (v.) 

PULONOSI.  C'est ,  selon  Krachenninikow  (  Hisi.  du 
Kamtschatka  )  ,  une  espèce  de  canard  qui  arrive  au  prin- 
temps dans  le  Kamtschatka,  et  s'en  retourne  en  automne 
comme  les  oies,  (s.) 

PULPAZA.  Nom  servien  du  Grand  Plantain  (Plantago 
major'),  (ln.) 

PULPE  ,  Pulpa.  Substance  molle  et  charnue  de  plusieurs 
fruits  et  racines,  (d.) 

PULPE  DE  MAGUEY.  Liqueur  enivrante,  fournie  par 
I'Agave  du  Mexique,  (b.) 

PULPO.  C'est  le  Poulpe  ,  c'est-à-dire  ,  une  espèce  de 
Sèche,  (b.) 

PULQUE.  Nom  du  vin  qu'on  retire  du  suc  de  I'Agave 
fiu  Mexique,  (b.) 

PULSATILLA.  Espèce  d' Anémone  ainsi  nommée,  selon 
C.  Bauhin,  parce  que  les  aigrettes  de  ses  graines  sont  agitées 
et  poussées  par  le  plus  léger  vent.  Ce  naturaliste  fait  obser- 
ver que  certains  auteurs  rapportent  la  pulsatilla  au  lemonia , 
quatrième  espèce  àHanémone  ,  de  Pline  ,  laquelle  croissoit 
dans  les  prés.  Pline  dit  que  les  anémones  dévoient  ce  nom  à 
leurs  fleurs  qui  s'ouvroient  lorsqu'il  faisoit  du  vent  ;  c'est 
l'étymologie  que  j'ai  donnée  de  ce  nom  dans  quelques  articles 
de  ce  Dictionnaire  ,  lorsqu'il  s'agissoit  des  anémones  des 
anciens.  Un  académicien  de  Dijon  prétend  qu'il  a  été  donné 
à  ces  plantes  ,  parce  qu'elles  croissent  dans  les  lieux  battus 
par  les  vents;  il  n'a  suivi  en  cela  qu'une  explication  moderne, 
qui  n'est  pas  applicable  aux  anémone^  des  anciens  ,  soit 
parce  qu'elle  est  évidemment  opposée  à  ce  qu'ils  nous  en 
ont  dit,  soit  parce  que  le  nom  d  anémone  ne  conviendroît 
pas ,  dans  ce  sens  ,  à  des  plantes  de  prairies  ;  soit  enfin  , 
parce  que  les  auteurs  modernes  ,  en  donnant  cette  étymolo- 
gie ,  avoient  en  vue  notre  pufsatilla ,  qui  ne  paroît  pas  être 
une  des  anémones  des  anciens.  On  peut  conclure,  il  est  vrai, 
qu'une  plante  dont  la  fleur  s'ouvre  lorsqu'il  fait  du  vent ,  doit 
croître  dans  des  lieux  exposés  au  vent  ;  la  différence ,  cepon- 
ëant ,  est  grande  ;  car  la  plante  pourroit  être  agitée  ,  et  sa 


262  P  U  M 

fleur  ne  pas  s'ouvrir.  J'ai  donc  dû  ,  après  toutes  considéra- 
tions ,  ni'en  tenir  à  ce  que  dit  Pline  ,  et  me  tromper  avec 
C  Bauhin  ,  Menlz^l  ,  et  d'autres  auteurs  très-respectables  , 
plutôt  que  d  adopter  une  opinion  choquante. 

Je  reviens  au  puhalUla.  D'après  quelques  auteurs  ,  cette 
plante  devoil  son  nom  à  sa  précocité;  en  effet,  c'est  une  des 
premières  plantes  qui  fleurissent  de  l'année,  et  qui  semblent 
ouvrir  les  porres  au  printemps  C'étoit  auirefois  la  fleur  du 
pâque  ou  passe-fleur ,  à  cause  de  sa  précocité  et  de  son  peu  de 
durée.  Adanson  a  cru  convenable  d'en  faire ,  avec  Tourne- 
fort  ,  un  genre  où  rentreroient  toutes  les  espèces  d'anémones 
à  graines  aigrettées  ;  mais  il  n'a  pas  été  adopté  ;  il  forme  la 
première  section  du  genre  anémone  de  DecaodoUe  {Sysi. 
végét.)  ,  dans  lequel  rentrent  les  espèces  de  puhaiillades  an- 
ciens botanistes. 

PULSATILLE.  Plante  du  genre  des  Atsémones.  (b.) 

PULTÉNEE,  Pullenœa.  (îenre  déplantes  de  la  diadeJ- 
phie  décandrie  et  de  la  famille  des  léguuïineuses  ,  dont  les 
caractères  consistent  à  avoir  :  un  calice  à  cinq  dents  avec  deux 
appendices  bractiformes  ;  une  corolle  papilionacée  ,  à  éten- 
dard ovale,  très-grand,  à  ailes  concaves,  et  à  couronne  très- 
courte  et  très-obtuse  ;  dix  étamines  libres  ;  un  ovaire  supé- 
rieur surmonté  d'un  style  presque  droit;  un  légume  oval, 
renflé  et  bisperme. 

Ce  genre,  qui  se  rapproche  des  Podalyries  et  encore 
plus  des  Daviesies,  renferme  une  douzaine  d'arbrisseaux  ,  à 
feuilles  simples  et  à  fleurs  axillaires  et  terminales,  originaires 
de  la  Nouvelle  -  Hollande  ,  dont  deux  ou  trois  se  cultivent 
dans  les  jardins  de  Paris.  Ils  ne  présentent  rien  de  remar- 
quable. 

Les  genres  Mirbelie  et  Chorizème  ou  Podolobion,  ont 
été  faits  à  ses  dépens. 

Le  genre  Aote  sen  rapproche  beaucoup,  (b.) 

PULVERAIRE,  Puberaria.  Genre  de  LlcnENS  ,  qui  ré- 
pond aux  Léprâires  d'Achard.  (b.) 

PULVERATEURS.  Ce  sont  les  oiseaux  qui  ont  l'ha- 
bitude de  se  rouler  et  se  secouer  dans  la  poussière,  hes  galli- 
nacés sont  des  oiseaux  pubérateurs.  V.  au  mot  Oiseau,  (s.) 

PUMA  ou  POUMA.  Les  habitans  de  Quito,  au  Pérou, 
donnent  ce  nom  au  Couguar  ,  grande  espèce  de  Chat. 
V.  ce  mot.  (desm.) 

PUMAQU A  et  CH ACAN.  Noms  mexicains  du  Rocou  , 
selon  Hernandez.  (lis.) 

PUMICIN.  C'est  un  des  noms  de  I'Avoira.  (b  ) 

PUMILEA.  Ce  genre,  établi  par  P.  Brown,  est  le  même 
que  le  TuRiSERA  de  Linnseus.  (ln.) 


P  ^'   N  .63 

PUMITE.  Nom  donné  à  la  Ponce  ,  par  M.  Cordier  , 

dans  sa  Classification  des  laves.  F.  à  la  fin  de  l'article  Laves. 

(LN.) 

PUM-NGO-MEU.  Nom  donne' ,  en  Chine  ,  au  curcuma 
ruiunda^  qui  croît  sur  les  montagnes  de  cette  contrée  et  en 
Cochinchino.  V.  Ngai-mio.  (ln.) 

PUMOS.  Nom  mexicain  d'un  V kimiy.K  {^corypha  pumos^ 
Kunth.  )  ,  qui  croît  au  pied  du  volcan  de  JoruUo,  proche  le 
bourg  Aguasarco  ,  à  cinq  cents  et  huit  cents  toises  d'éléva- 
tion. (LN.) 

PUNAISE,  Cimex.  Genre  d'insectes  ,  de  l'ordre  des  hé- 
miptères ,  section  des  hétéroptères ,  famille  desgéocorises, 
tribu  des  membraneuses. 

Le  genre  punaise,  cimex  ^  de  Linnœus,  comprend  l'in- 
secte de  ce  nom ,  malheureusement  trop  connu  par  l'odeur 
désagréable  qu'il  répand  ,  et  par  les  tourraens  qu'il  nous 
cause  ,  la  punaise  des  lits  {cimex  ieciularius).  En  démembrant 
ce  genre ,  Fabiicius  a  placé  celte  espèce  dans  celui  d'acan- 
thie,  tàïiàis  que  des  insectes,  qui  diffèrent  du  précédent  par  plu- 
sieurs caractères  essentiels,  sont  réunis  dans  une  autre  coupe 
générique  ,  portant  le  nom  de  punaise  (  V.  Pentatome  ). 
Devant ,  pour  nous  faire  entendre  ,  autant  qu'il  est  possible  , 
de  tout  le  monde  ,  nous  prêter  au  langage  habituel  et  géné- 
ral ,  nous  avons  repoussé  ce  changement  bizarre  dans  la 
nomenclature. 

.  Notre  genre  punaise  aura  donc  pour  type  la  punaise  des 
lits  ,  cimex  Ieciularius^  Linn. ,  Geoff.  Ses  caractères  sont  :  bec 
naissant  du  front ,  dirigé  en  arrière ,  le  long  de  la  poitrine  , 
droit,  de  trois  articles  ,  recevant ,  à  sa  base  ,  un  labre  trian- 
gulaire ,  de  grandeur  moyenne  ;  pattes  uniquement  propres 
à  la  course  ;  tarses  à  trois  articles  distincts ,  dont  le  premier 
très-court  ;  corps  aptère  ,  ovoïde  ,  très  -  aplati ,  membra- 
neux ;  tête  reçue  postérieurement  dans  un  corselet  court, 
transversal ,  presque  lunule  ;  point  d'yeux  lisses  ;  yeux  glo- 
buleux ,  saillans  ;  antennes  insérées  au-devant  d'eux  ,  un  peu 
plus  longues  que  la  tête  et  le  corselet ,  brusquemeiit  séla- 
cées  ,  de  quatre  articles,  dont  le  second  et  le  troisième  fort 
larges. 

D'autres  détails  descriptifs  sont  superflus  ,  et  plût  à  Dieu 
que  nous  fussions,  à  cet  égard,  moins  savans,  ou  plutôt 
dans  la  plus  parfaite  ignorance  ! 

Quel  est  celui  qui  n'a  pas  eu  occasion  de  maudire  l'odeur 
insupportable  de  lapunaise,et  son  humeur  sanguinaire  ?  Elle 
vit  dans  nos  foyers,  se  dérobe  d'autant  plus  aisément  à  nos 
regards,  qiie  son  corps  étant  plat,  elle  a  la  facilité  de  se  loger 


a64  P  U  N 

dans  les  réduits  les  plus  étroits  que  lui  présentent  nos  apparle- 
mens  ,  nos  meubles  ,  nos  lits  spécialement  ;  elle  ne  sort  de  sa 
retraite  que  la  nuit.  On  ne  sait  que  trop  qu'elle  vit  en  société 
nombreuse  ,  qu'elle  pullule  prodigieusement ,  et  que  sa  pos- 
térité, malgré  toutes  no3  recherches,  échappe  à  la  mort. 
Elle  vient  troubler  notre  repos  et  nous  tourmenter  ,  dans 
une  saison  positivement  où  le  sommeil  nous  est  le  plus  né- 
cessaire pour  nous  remettre  de  la  fatigue  du  jour.  La  nature 
a  donné  à  cet  insecte  une  industrie  singulière  pour  rendre 
inutiles  les  précautions  que  nous  prenons  ,  afin  de  l'éloigner 
de  nous.  S'il  ne  peut  grimper  sur  nos  lits  par  le  bas  ,  il  a 
l'adresse  de  monter  le  long  du  mur ,  de  gagner  le  plafond  et 
de  se  laisser  tomber  lorsqu'il  se  trouve  immédiatement  au- 
dessus  du  lit.  Une  grande  propreté,  une  attention  extrême  à 
visiter  souvent ,  au  printemps  surtout,  les  lieux  où  \es  punaises 
se  ménagent  une  retraite  plus  favorable,  à  boucher  les  trous 
et  les  fentes  des  murs,  nous  garantiront  de  ces  insectes  in- 
commodes, ou  en  diminueront  du  moins  le  nombre.  On  in- 
troduira dans  les  lieux  où  ils  se  tiennent  cachés  ,  le  plus  pro- 
fondément qu'il  sera  possible  ,  de  l'essence  de  térébenthine 
de  Venise  ,  de  l'essence  vestimenta'e  de  Dupleix,  de  l'huile 
de  pétrole  ,  etc.  Le  gaz  produit  par  une  forte  dissolution  de 
cuivre  et  d'acide  nitrique  ,  les  communications  avec  l'air  ex- 
térieur étant  fermées,  ou  la  vapeur  du  soufre  ,les  atteignent 
partout  et  plus  facilement;  mais  il  faut  avoir  bien  soin  de 
sortir  de  l'appartement,  et  de  n'y  entrer  qu'au  bout  de  quel- 
ques jours  ,  et  avec  précaution. 

On  trouve  dans  les  nids  de  lldrondelle  des  lioages ,  une  pu- 
naise ,  semblable,  pour  la  forme,  à  l'espèce  domestique, 
mais  constamment  plus  petite  ,  velue,  et  ayant  des  couleurs 
plus  ternes. 

Voyez,  pour  plusieurs  autres  insectes  rangés  parmi  les  pu- 
naises ,  les  familles  GÉocoRiSEs  et  Hydrocorises,  où  sont 
indiqués  les  genres  qui  comprennent  ces  insectes. 

La  punaise  des  jardins  ,  qui  tue  et  suce  les  chenilles  ,  suivant 
les  observations  de  M.  de  Bridelle  de  Neuillan  ,  Juum.  de 
Physiq.  ,  août  1782  ,  est  un  pentatome.  U  y  auroit  de  l'incon- 
vénient à  multiplier  ces  insectes  pour  détruire  les  chenilles 
des  jardins,  à  raison  de  l'odeur  désagréable  qu'ils  commu- 
niquent aux  fruits  sur  lesquels  ils  passent,  (l.) 

PUNAISE  A  AVIRONS.  C'est  le  Notonecte.  (desm). 

PUNAISE  D'EAU.  On  donne  ce  nom  auxNÈPES  et  aux 
NoTo^'ECTES.  (desm.) 

PUNAISE-D'EAU.  V.  Hydrocorises.  (l.) 

PUNAISES  DES  JARDINS,  Punaises  de  bois.  Voy.. 
Pentatome  ,  Scutellère  ,  Lygée.  (l.)  '' 


P  U  O  =65 

PUNAISE  DE  MER.  Quelques  personnes  donnent  ce 
nom  aux  Oscabrions.  (b.) 

PUNAISE -MOUCHE.  C'est  le  Réduve  {ndimus  per- 
sonaius.   (dëSM.) 

PUNAISE  D'ORANGER  {insectes).  Nom  donné  au 
kermès  des  orangers  de  Geoffroy .  (l.) 

PUNAISES  TERRESTRES.  Voyez  Géocorises.  (l.) 

PUNAISOT.  Dans  les  campagnes  de  quelques  parties 
de  la  France ,  on  connoît  la  Marte  putois  sous  cette  déno- 
mination vulgaire,  (s.) 

PUNARU,  Poisson.  V.  Pinaru.  (s.) 

PUNCH.  Liqueur  composée  d'eau  chaude  ,  d'eau-de-vie, 
de  jus  de  citron  et  de  sucre  ,  dont  on  fait[un  grand  usage  , 
principalement  en  Angleterre  et  dans  les  colonies. 

On  fait,  à  Manille ,  une  espèce  de  puncli  en  substituant 
levinaurum,  et  on  s'en  trouve  bien.  Voyez  Sangria,  (b.) 

PUNGAMIE  ,  Pungamia.  Genre  de  plantes  qui  est  de  la 
diadelphie  décandrie,  et  qui  offre  pour  caractères  :  un  calice 
presque  entier  et  fort  évasé  ;  une  corolle  papilionacée  à  éten- 
dard à  peine  plus  grand  que  les  ailes  et  la  carène;  dÎKétamines 
monadelphes  ;  un  ovaire  supérieur  allongé  ,  terminé  par  un 
style  recourbé,  à  stigmate  aigu  ;  un  légume  pédicellé,  pres^ 
que  rond  ,  aplati  et  monosperme. 

Ce  genre  ,  très- rapproché  du  Ptlrocarpe  ,  n'en  diffère 
peut-être  que  par  son  légume  à  semence  solitaire,   (b.) 

PUNGITOPUM.  Césalpin  donne  ce  nom  au  Fragon 
épineux  ;   c'est  le  pungitopi  des  Italiens,  (ln.) 

PUNICA.  Ancien  nom  latin  du  Grenadier, etmaintenant 
celui  du  genre  qui  comprend  cet  arbre.  Voyez  Rhoa.  (ln.) 

PUNNA.  Arbre  du  Malabar,  figuré  par  Rumphius  , 
mais  dont  les  parties  de  la  fructification  sont  incomplètemeni; 
connues,  (b.) 

PUOLAKA.  Nom  de  I'Airelle  ponctuée  Ç^vaccinium 
vilis  idœa  ,  L.  )  ,  en  Finlande,  (ln.) 

PUON-FUEN-EIEN.  Une  espèce  de  Lobelie  ( /o^^Z/a 
chinensis  ,  Lour.  )  porte  ce  nom  en  Chine.    (LN.) 

PUON-HIA.  Nom  donné  ,  en  Chine,  à  deux  espèces  de 

Gouets  :  arum  iriphyllum  ,  Thunb. ,    et  draconilum  ,  L.  (LN.) 

PUORC.  A  Nice,  le  Baliste  gaprisque  porte  ce  nom; 

lepuorc  murino  est  le   Squale  humantin  ,  le  puorc  pei  est  le 

Callionyme   flèche  ,   ou  bien  encore  le  Lepadogastère. 

*  (desm.) 

PUPAL-WALLÏ.  Plante  peu  connue  de  la  côte  Ma- 
labafe,  figurée  par  Rhéede  (Mal.  7.  tab.  8),  et  qu'on  avoit 


26G  P   U   P 

cru  être  le  CadelarilappacÉ,  {achyraniheslappacea^  L.)  dont 
Adanson  a  fait  son  genre  pupal^  adopté  par  Jussieu  sous  le 
nom  de  pupalia^  et  nommé  Dcsmochœta  par  Décandolle  ,  qui 
n'a  pas  cru  devoir  le  désigner  par  un  nom  dérivé  de  celui  d'une 
plante  qui  ne  doit  point  en  faire  partie.  Ce  genre  comprend 
six  espèces  de  plantes  des  Indes,  confondues  avec  les  cadelan, 
par  les  auteurs  ,  et  qui  s'en  distinguent  essentiellement  par 
l'absence  des  écailles  et  des  dents  entre  les  étamines.  Ce  genre 
est  le  même  que  le  stachyarpagophora  de  Vaillant,  (ln.) 
PUPALIE  ,    Piipaha.  V.  ci-dessus  Pupal-Walli.  (ln.) 
PUPE.  Nom  vulgaire  de  la  Huppe,  (s.) 
PUPE.  Voyez  Nymphe,  (o.) 

PUPILLE.  Consultez  l'article  de  TOE'il.  (virey.) 
PUPIPARES ,  Pupipara.  Y annWc  d'insectes,  de  l'ordre 
des  diptères  ,  dont  les  caractères  sont  :  bouche  en  forme  de 
Lee ,  composée  de  deux  lames  ou  valvules  ,  recouvrant ,  en 
manière  de  tube  ,  un  suçoir  formé  de  deux  soies  réunies  en 
une  ,  et  partant  d'un  petit  bouton  ,  situé  dans  la  cavité  orale 
de  la  tête. 

Ces  insectes  s'éloignent,  sous  plusieurs  rapports,  des 
autres  diptères,  et  forment,  dans  ma  méthode  ,  une  sec- 
tion particulière  ,  cgWq  Aes  éproboscidés  ^  convertie,  par  M. 
Léach  ,  en  un  ordre ,  celui  des  omaloptères.  Leur  corps  est 
court ,  assez  large  ,  aplati ,  et  défendu  par  un  derme  assez 
solide,  ou  presque  de  la  consistance  du  cuir  ;  et  de  là  le 
nom  de  coriaces^  que  j'ai  donné  à  la  première  sous-famille , 
celle  qui  se  compose  du  genre  liippobosque  des  auteurs  ;  la  tête 
s'unit  plus  intimement  au  corselet  que  dans  les  autres  dip- 
tères ,  paroît  quelquefois  comme  80udée  avec  lui ,  et  ne  se 
présente  même,  dans  d'autres,  que  sous  l'apparence  d'un 
tubercule  élevé  ;  elle  porte  sur  les  côtés  antérieurs  deux  an- 
tennes courtes  ,  tantôt  sous  la  forme  d'un  tubercule  ,  avec 
une  soie,  tantôt  sous  celle  de  deux  petites  lames  velues  ;  les 
palpes  manquent,  ou  peut-être  forment-ils  la  gaine  du  su- 
çoir ;  les  pieds  sont  forts  ,  écartés,  et  terminés  par  deux  on- 
gles robustes  ,  ayant,  en  dessous,  une  à  deux  dents  ,  qui  les 
font  paroître  doubles  ou  triples  ;  les  ailes  ont  de  fortes  ner- 
vures, et  manquent ,  ainsi  que  les  balanciers,  dans  quelques 
espèces.  Ces  diptères,  nommés,  par  quelques  auteurs, 
mouches-araignées^  vivent  exclusivement  sur  des  quadrupèdes 
ou  sur  des  oiseaux  ,  courent  très-vile  et  souvent  de  côté. 

Les  métamorphoses  de  ces  insectes  sont  très-singulières. 
Les  œufs  éclosent  dans  le  ventre  de  leurs  mères  ;  leurs  larves 
s'y  nourrissent  et  n'en  sortent  que  lorsqu'elles  doivent  pas- 
ser à  l'état  de  nymphe  ;  elles  ont  alors  la  forme  d'un  œuf, 
mou ,  blanc ,  et  presque  aussi  grand  que  l'abdomen  de  la 


PUR  267 

mère  ;  sa  peau  se  durcit  et  devient  une  coque  solide  d'abord  , 
brune,  ensuite  noire,  et  souvent  échancrée  à  un  bout  qui 
offre  une  plaque  luisante  ;  cette  enveloppe  ne  présente  ni 
anneaux,  ni  incisions  transverses,  caractère  qui  distingue 
ces  nymphes  de  celles  des  autres  diptères  analogues.  Telle 
est  l'origine  de  la  dénomination  de  pupipares  ^  que  j'ai  don- 
née à  cette  famille.  / 

Je  la  partage  en  deux  tribus  ou  sous-familles ,  les  Coriaces 
et  les  Phthyromyes.  V.  ces  mots,  et  celui  de  Nyctiribie.  (l.) 

PUPIVORES  ,  Piipwora ,  Latr.  Famille  d'insectes  de 
l'ordre  des  hyménoptères,  que  je  caractérise  ainsi:  abdo- 
men attaché  au  corselet  par  une  simple  portion  de  son  dia- 
mètre transversal ,  ou  même ,  et  le  plus  souvent ,  par  un 
très-petit  filet  ou  pédicuFe  ,  ayant  ainsi  à  son  point  d'inser- 
tion un  mouvement  propre;  nne  tarière  dans  les  femelles, 
servant  d'oviducte. 

La  plupart  de  ces  petits  animaux  déposent  leurs  œufs,  soit 
dans  l'intérieur  du  corps,  ou  sur  la  peau  de  différentes  larves 
d'insectes  ,  et  particulièrement  des  chenilles  ,  soit  dans  les 
nymphes  ou  les  chrysalides  ;  les  œufs  donnent  naissance  à 
d'autres  larves  qui  rongent  et  font  périr  ces  insectes  ;  telle 
est  l'origine  du  nom  de  pupivbres  ,  donné  à  cette  famille. 

Les  pupivores  se  partagent  en  six  tribus  ,  ou  sous-familles  : 
les  EvANiALES,  les  IcHNEUMONiDES,  Ics  Gallicoles  ,  les 
Oxyures  et  les  Chrysides.  V.  ces  mots,  (l.) 

PTJPPA.  Nom  latin  des  coquilles  du  genre  Maillot,  (d.) 

PUPUT-LUPOGE.  C'est  ainsi  que  Belon  uomme  la 
Huppe.  V.  ce  mot.  (s.) 

PUPUT,  PUTPUT.  Nom  donné  à  la  Huppe,  à  cause  de 
sa  puanteur,  (v.) 

PURAQUE.  Nom  du  Gymnote  électrique,  (b.) 

PURETÏE.  Sable  noir,  ferrugineux  et  brillant,  dont  il  est 
question  dans  la  minéralogie  de  Bomare  ,  et  qui  est  tantôt 
du  fer  oxydulé  titanifère  ,  et  tantôt  du  titane  oxydé  ferrifère. 
La  purette  se  trouve  sur  les  bords  de  la  mer  et  des  rivières , 
dans  des  terrains  volcanisés  et  dans  des  terrains  qui  ne  le 
sont  pas.  (ln.) 

PURKE.  Nom  danois  du  Cochon,  (desm.) 

PURPURA.  Nom  latin  générique  des  Pourpres,  (desm.) 

PURPURARIUS.  Nom  latin  des  Pourpriers  ou  ani- 
maux des  pourpres,  (desm.) 

PURPURINE.  Préparation  d'oxyde  rouge  de  cuivre  qui 
se  fait  à  Venise  ,  et  qu'on  emploie  surtout  dans  les  peintures 
au  vernis  ;  c'est  ce  que  les  Italiens  appellent  bronzo  rosso  ,  le 
bronze  rouge,  (pat.) 

PURPURITES.  Ce  sont  les  Pourpres  fossiles,  (desm.) 


268  PUT 

PURSE.  Au  Groenland  ,  c'est ,  dit-on ,  le  Phoque  com- 
mun, Anderson  dit  que  dans  le  même  pays,  on  l'appelle 
PusA.  (desm.) 

PURSHIE,  Purshia  ,  Décand.;  Tigarea,  Purs.  Arbrisseau 
des  bords  de  la  rivière  Columbia,à  l'ouest  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale ,  qui  se  rapproche  des  SpirÉes  ,  et  qu'on  croit 
devoir  former  un  genre  dans  l'icosandrie  monogynie,  et  dans 
la  famille  des  rosacées  ses  feuilles  sont  alternes,  cunéifor- 
mes ,  trifides,  velues.  Ses  fleurs  sont  solitaires  ;  son  calice  est 
à  cinq  divisions  hérissées  ;  ses  pétales  jaunes  et  obovalcs  ;  son 
fruit  probablement  une  capsule. 

Le  genre  Kerrie  de  Decandolle  ,  établi  sur  la  Ronce  du 
Japon,  qui  est  la  même  plante  que  la  Corette  du  Japon  , 
s'en  rapproche  beaucoup,  (b.) 

PUÙUPURU.  Nom  péruvien  d'une  espèce  du  genre 
[Tacsonia,  selon  Jussieu.  (LN.) 

PUSA.  Nom  groërilandais  du  Phoque  commun,  (s.) 

PUSCHKINIE,  Puschkinia.  Genre  de  plantes  établi  pour 
placer  une  plante  de  l'hexandrie  monogynie  ,  intermédiaire 
entre  les  Ornithogales  et  les  Scilles  ,  qui  croît  naturelle- 
ment sur  le  Caucase.  Ses  caractères  sont  :  corolle  divisée  en 
six  parties  ;  nectaire  court,  à  six  dents,  fermant  le  tube,  (b.) 

PUSCHKIR.  Nom  de  I'Ortie,  chez  les  Tartares  Wost^ 
jacks.  (ln.) 

PUSILLE.  Vicq-d'Azyr  traduit  ainsi  le  nom  du  sorcx  pu- 
sillus  de  Gmelin,  animal  encore  peu  connu.  V.  l'article  Mu- 
saraigne,  (desm.) 

PUSOETHA(Linn.,  FI.  zeyl.  6^4).  C'est  le  perim- 
kaku-valli  des  Malabarcs  ,  espèce  du  genre  mimosa  de  Lin- 
nœus  (Mimosa  smndens)  ,  portée  dans  le  genre  acacia  par 
.Willdenow.  (desm.) 

PUSPERAGEN.  Nom  de  la  Topaze,  à  Ceylan.  (ln.) 

PITSTOLKA.  Nom  polonais  de  la  Cres.serelle.  (v.) 

PUSTORYL.  L'un  des  noms  russes  du  Seringa  ,  Phi- 
ladelphiis  c.oronarius  ,  L.  (LN.) 

PUSTULEUX.  Nom  spécifique  d'un  Crapaud,  (b.) 

PU-TxA.O.  Nom  de  la  vigne  ,  en  Chine  ,  Vitis  vinifera  ,  L. 

(LN.) 

PUTIER.  Arbre  du  genre  des  Cerisiers  ,  Cerasuspadus  , 
Linn.  (b.) 

PUTILLAS.  Nom  espagnol  du  Gobe  -  mouche  rubin  , 
d'après  La  Condamine.  (v.) 

PUTNIK.  Nomservien  du  Plantain  lancéolé  ,  L.  (ln.) 

PUTNOK-FU.  Nom  du  Pouliot  ,  Mentha pulegium  ,  en 
Hongrie,  (ln.) 

PUTOIS  ,  Mustda  pulorius.  Mammifère  carnassier  digiti-; 


P  Y  C  269 

grade ,  du  genre  des  Martes  (  V.  ce  mot  )  ,  assez  commun  en 
Europe  ,  et  très  nuisible  aux  basse-cours,  (desm.) 

PUTOIS  D'AMÉRIQUE  ou  CONEPATE.  On  a 
donné  ce  nom  a  des  quadrupèdes  carnassiers  ,  du  genre  des 
Moufettes.  F.  ce  mot.  (desm.) 

PUTOIS  RAYE  de  Brisson.  C'est  encore  un  animal  du 
genre  des  Moufettes  (  le  conepate  ).  (desm.) 

PUTOIS  RAYÉ  DE  L'INDE.  C'est  la  Marte  rayée, 
Mustela  striata.  V.  l'article  Marte,  (desm.) 

PUTORIE  ,  Putoria.  Genre  de  plantes  établi  pour  pla- 
cer la  Shérarde  fétide  de  Cyrillo  ,  sous  la  considération 
que  le  fruit  est  un  peu  charnu.  V.  au  mot  Aspérule, 

Persoon  a  donné  le  même  nom  au  genre  qu'Aublet  avoit 
appelé  Orélie  ,  et  Linnœus  Allamaisde.  (b.) 

PUTORIUS.  Nom  latin  du  Putois  ,  espèce  de  Marte. 
V.  ce  mot.  Il  a  été  appliqué  aux  Moufettes,  (desm.) 

PUTORO.  Nom  espagnol  de  la  Marte  putois,  (desm.) 

PUTSCHA.  Nom  indien  des  Courges,  (ln.) 

PUTPUT.  r.PupuT.  (s.) 

PUTSJU.  Espèce  de  Costus  propre  au  Japon,  et  figuré 
par  Kœmpfer.  Ses  racines  sont  amères  et  d'usage  en  méde- 
cine, (b.) 

PUTUGUE.  Nom  delà  Huppe  ,  en  Provence,  (v.) 

PUTUMBA.  Espèce  de  Lavenie  ,  figurée  sous  ce  nom 
dans  Rhéede.  (b.) 

PUTZEN.  On  nomme  ainsi,  en  Allemagne  ,  selon  M. 
Beurard  ,  une  sorte  de  montagne  ,  dont  la  masse  est  comme 
crevassée  ,  sans  offrir  pourtant  des  fentes  ou  des  ouvertures 
en  longueur,  mais  une  infinité  de  cavités  ou  excavations  dont 
les  dimensions  sont  égales  en  tout  sens  ,  et  qui  sont  vides  ou 
remplies  souvent  avec  du  minerai  ,  quelquefois  aussi  seule- 
ment avec  de  l'eau,  et  dont  plusieurs  se  '  communiquent  : 
telle  est  la  montagne  d'Iberg  ,  près  de  Grund  ,  au  Hartz. 

On  donne  le  même  nom  à  des  masses  de  minerai  non  fon- 
dues entièrement,  et  qui  restent  attachées  aux  parois  des  four- 
neaux (ln.) 

PU  UON-XU.  Nom  qu'on  donne  ,  en  Chine  ,  aune  es-, 
pèce  de  Corossol,  Annona  squamosa,  L.  (LN.) 

PUYA ,  Paya.  Plante  dont  Molina  a  fait  un  genre  ,  que 
d'autres  botanistes  rapportent  aux  Pitcairnes.  (b.) 

PUZOLO  ,  PUZZOLENTE.  Noms  du  Putois  ,  en 
Italie,  (desm.) 

PUZZO  LEGNO  et  PUTINE  des  Italiens.  C'est  le  Fi^ 

LARIA.  (LN.) 

PYCHAWIEC.  Nom  polonais  des  Géranium,  (ln.) 


270  P  Y  C 

PYCIELT.  Nom  mexicain  de  la  petite  Nicotiane  (  Ni- 
coiiana  rustica.    (ln,) 

PYCNANTHÈlVIE  ,  Pyrnanlhemum.  Genre  de  plantes 
établi  par  Michaux,  Flore  de  V Amérique  septentrionale  ,  pour 
placer  le  Cl[Nopode  blanchâtre  et  la  Ghataire  de  Vir- 
ginie ,  qu'il  a  reconnu  s'écarter  des  autres  espèces  de  leurs 
genres. 

Ce  nouveau  genre  ,  que  Persoon  réunit  au  Brachystème, 
offre  pour  caractères  :  un  calice  tubulcux,  strié,  à  cinq  divi- 
sions droites  et  subulées  ;  une  corolle  monopétale  ,  per- 
sonnée  ,  à  lèvre  supérieure  recourbée  en  voûte,  presque  en- 
tière ,  et  à  lèvre  inférieure  beaucoup  plus  grande,  recour- 
bée ,  canaliculée  ettrifide  ,  à  divisions  latérales  demi-ellip- 
tiques ,  et  à  intermédiaire  plus  longue  que  large;  quatre  éta- 
mines  saillantes  ,  dont  deux  un  peu  plus  courtes  ;  quatre 
ovaires  supérieurs  ,  du  milieu  desquels  s'élève  un  style  sim- 
ple ;  quatre  semences ,  situées  au  fond  du  calice  qui  per- 
siste. 

Outre  les  deux  espèces  mentionnées ,  Michaux  en  fait 
connoître  deux  autres  : 

L'une,  le  Pycnanthème  des  montagnes,  qui  a  les  feuilles 
ovales,  lancéolées,  dentelées;  les  fleurs  en  tête  sessiles,  et  les 
folioles  du  calice  dentées.  Il  se  trouve  sur  les  montagnes  de 
la  Caroline. 

L'autre ,  le  Pycnanthème  monardelle  ,  qui  a  les  feuilles 
presque  ovales,  lancéolées,  dentées,  velues;  les  fleurs  en 
tête  terminale,  accompagnées  de  bractées  colorées  ,  ser- 
vent d'involucre  ,  et  les  folioles  du  calice  barbues  à  leur 
pointe.  On  le  trouve  avec  la  précédente,  (b.) 

PYCNITE  (  Haiiy  ).  C'est-à-dire  dense,  compacte.  Voyez, 
TOPAZE.  (PAT.) 

PYCNOCOMOS.  Plante  de  Dioscoride  ,  qui  nous  est 
inconnue.  Cortusus  donne  ce  nom  à  la  pomme-de-terre ,  et 
Brunsfelslus  à  la  Podagraire.  (ln.) 
PYCNOGONE.  Voy.  Pycnogonides.  (s.) 
PYCNOGONIDES,  P/6-/2o,^-omJe5,  Latr.;  Podosomata  , 
Léach.  Seconde  famille  des  arachnides  trachéennes  ,  ayant 
pour  caractères  :  corps  (  le  plus  souvent  linéaire)  de  six  seg- 
mens  ,  dont  quatre  intermédiaires  composant  le  thorax  ,  oc- 
cupant la  majeure  partie  de  la  longueur  de  l'animal,  portant 
chacun  une  paire  de  pattes  ambulatoires  ;  les  deux  autres 
segmens  terminaux;  l'un  antérieur  formant  un  suçoir  simple  , 
cylindrique  ou  conique ,  ouvert  en  devant  en  manière  de 
trèfle  ,  tantôt  accompagné  de  mandibules  dldactyles  et  de 
palpes  ,  tantôt  n'offrant  qu'une  seule  sorte  de  ces  organes ,  ou 
même  n'en  ayant  aucun;  l'autre  segment  formant  une  petite 


P  Y  C  ,7, 

queue  ,  pareillement  tubulaire  à  l'extrémité  postérieure  du 
corps  ;  un  tubercule  ,  ayant  de  chaque  côté  deux  yeux  lisses, 
sur  le  dos  du  segment  portant  la  première  paire  de  pattes  ; 
deux  fausses  pattes  articulées  ,  repliées  et  ovifères  ,  situées 
sous  le  second  segment,  dans  les  femelles  ;  point  d'organes 
extérieurs  pour  la  respiration  ,  dans  aucun  individu. 

Les  pyc/  -^onides  sont  des  animaux  marins ,  qui ,  par 
leur  analogie  avec  les  cyames,  \e.s  chevroHes  et  les  faucheurs , 
semblent ,  selon  M.  Savigny,  faire  le  passage  des  crustacés 
aux  arachnides.  Dans  la  méthode  de  Linnseus  ,  les  pycnogo- 
nides  font  partie  de  son  genre  phalangiinn  ou  àts  faucheurs , 
et  nous  les  plaçons  aussi  ,  du  moins  provisoirement  ,  dans 
le  voisinage  de  ces  animaux.  Leur  corps  est  ordinairement 
linéaire  ,  avec  les  pieds  très-longs  ,  de  neuf  à  huit  articles  , 
et  terminés  par  deux  crochets  inégaux  paroissant  n'en  for- 
mer qu'un  seul ,  et  dont  le  plus  petit  est  fendu.  Le  premier 
article  du  corps  tenant  lieu  de  tête  et  de  bouche  ,  forme  un 
tube  avancé  ,  presque  cylindrique  ou  en  cône  tronqué  ,  sim- 
ple ,  mais  offrant  quelquefois  des  apparences  de  sutures  lon- 
gitudinales {V.  Phoxichile),  avec  une  ouverture  triangulaire 
ou  figurée  en  trèfle  à  son  extrémité.  A  sa  base  supérieure  sont 
adossés,  dans  plusieurs,  deux  mandibules  et  deux  palpes, 
que  des  auteurs  ont  pris  pour  des  antennes  :  on  ne  voit  dans 
d'autres  que  cette  dernière  sorte  d'organes  ;  il  en  est  enfin 
qui  en  sont  privés,  ainsi  que  de  mandibules.  Les  mandibules 
sont  avancées  ,  cylindriques  ou  presque  filiformes  ,  simple- 
ment prenantes,  pluâ  ou  moins  longues,  composées  de  deux 
articles,  dont  le  dernier  en  forme  de  main  ou  de  pince  ,  avec 
deux  doigts  ;  le  supérieur  est  mobile  et  représente  un  troi- 
sième artic^  ;  l'inférieur  est  quelquefois  plus  court  :  ces 
mandibules  ont  ainsi  la  forme  de  petits  pieds.  Les  deux  pal- 
pes, insérés  sous  l'origine  des  mandibules,  sont  filiformes, 
de  cinq  articles,  avec  un  crochet  au  bout  du  dernier.  Chaque 
segment  suivant,  à  l'exception  du  dernier,  sert  d'attache  à 
une  paire  de  pieds  ;  mais  le  premier  ,  ou  celui  avec  lequel 
s'articule  la  bouche,  a,  sur  le -dos,  un  tubercule,  por- 
tant de  chaque  côté  deux  yeux  lisses  ,  et  en  dessous,  dans  les 
femelles  seulement ,  deux  autres  petits  pieds  repliés  sur  eux- 
mêmes  ,  et  portant  les  œufs  qui  sont  rassemblés  autour 
d'eux  en  une  ou  deux  pelotes  ,  ou  bien  en  manière  de  ver- 
ticilles  ;  le  dernier  segmentes!  petit  et  percé  d'un  petit  trou 
à  son  extrémité  :  on  ne  découvre  aucun  vestige  de  stigmates; 
et  peut-être  respirent-ils  par  celte  ouverture  postérieure. 

Ces  animaux  se  trouvent  parmi  les  plantes  marines,  quel- 
quefois aussi  sous  les  pierres,  près  des  rivages  ,  et  quelque- 


«72  P  Y  G 

fois  encore  sur  des  cétacés.  La  forme  de  leur  bouche  indi-» 
que  que  ce  sont  des  animaux  suceurs. 

Dans  la  méthode  de  M,  Léach,  les  pycnogonides  forment 
le  premier  ordre  de  sa  sous-classe  des  céphalostomates,  celui 
des  podosomates  ;  il  le  partage  en  deux  familles  ,  les  pycno- 
gonides  et  les  nymphonides  ,.dont  les  caractères  sont  fon-^ 
dés  sur  l'absence  ou  la  présence  des  mandibules. 

Cette  famille  se  compose  des  genres  PycnogonoNjPhoxi^ 

CHILE  ,    AmMOTHÉE  ,  NyMPHON.  (L.) 

PYCNOGONON  ,  Pycnogonum  ,  Brunn. ,  Mull,  ,  Fab. 
Genre  d'arachnides  ,  de  l'ordre  des  trachéennes  ,  famille  des 
pycnogonides,  distingué  des  autres  genres  qu'elle  comprend, 
par  ces  caractères  :  point  de  mandibules  ni  de  palpes;  su- 
çoir en  forme  de  cône  allongé  et  tronqué  ;  corps  presque 
ovale  ,  point  linéaire  ;  pattes  de  longueur  moyenne  ,  de  huit 
articles  ;  les  fausses  pattes  ovifères  de  la  femelle  ,  très- 
courtes. 

Les  pycnogonons  diffèrent  des  autres  genres  de  la  même 
famille  ,  non-seulement  par  l'absence  des  mandibules  et  des 
palpes,  mais  encore  par  les  proportions  plus  courtes  du 
corps  et  des  pattes.  Les  pattes  paroissent  avoir  un  article 
de  moins  que  dans  les  autres  pycnogonides  ;  l'avant-dernier 
ne  paroît  former ,  dans  les  pycnogonons,  qu'un  petit  nœud 
inférieur,  et  joignant  le  dernier  article  du  tarse  avec  le  pré- 
cédent. X 

On  ne  connoît  encore  qu'une  espèce  de  pycnogonons,  ce-^ 
lui  bES  Baleines,  balœnarum^  figuré  par  Briinniche  ,  Muller 
ÇZool.  dan.,  tab.  119,  fig.  10-12  ),  et  quelques  autres  natura- 
listes. On  le  trouve  sous  les  pierres  des  rivages  de  l'Océan 
«uropéen  ;  il  est  rare  sur  nos  côtes. 

Le  pycnogonum  ceti  de  Fabricius  est  le  type  dft  genre  cya^ 
me,  ou  celui  de  larunda  de  M.  Léach.  (l.) 

PYCREE,PycrtE«s.  Genre  établi  par  Palisot-dé-Beauvois, 
dans  son  superbe  ouvrage  intitulé  ,  Flore  d'Oivareet  de  Bénin  , 
pour  placer  le  Souchet  fascicule  de  Desfontaines. 

Les  caractères  de  ce  nouveau  genre  sont  :  épillets  ter- 
minaux, disposés  en  corymbe  ,  et  accompagnés  de  bractées 
écailleuses  ;  écailles  placées  sur  deux  rangs;  trois  étami- 
nes  ;  un  ovaire  surmonté  d'un  style  à  deux  stigmates  ;  une 
semence  à  deux  angles,  (b.) 

PYGARGOS.  Nom  grec  du  Pygargue,  oiseau.  Voy.  ce 
mot.  (s.) 

PYGAPiGUE,  Ha//tB/H5,Savigny.  Genre  de  l'ordre  des  oi- 
seaux Accipitres, et  de  la  famille  des  Accipitrims.  V.cqs  mots. 
Caractères  :  bec  grand  ,  presque  droit ,  et  couvert, à  la  base  , 
d  une  cire;  convexe  en  dessus,  comprimé  latéralement,  di— 


p  Y  G  ,^J 

îâté  sur  les  bords  de  sa  partie  supérieure,  crochu  et  acuminé 
à  sa  pointe;  narines  grandes,  lunulées,  transverses  ;  langue 
charnue  ,  épaisse ,  entière  ;  bouche  fendue  jusque  sous  ^\es 
yeux;  ailes  longues;  les  1.""=  et  7.""  rémiges,  presque  égales- 
les  S/me  ,  4./"'^  ,  S.'™"  ,  les  plus  longues  ;  tarses  courts  ,  à 
demi-velus;  doigts  totalement  séparés;  l'externe  versatile-  on- 
gles arqués  et  aigus ,  l'intérieur  et  le  postérieur  le^  plus  longs- 
l'externe  le  plus  court  ;  Tintermédiaire  ,  avec  une  rainure 
profonde ,  et  un  rebord  finement  dentelé  sur  son  côté  in- 
térieur,  aplati  en  dessous,  et  creusé  en  gouttière. 

Les  pygargues  diffèrent  essentiellement  des  aigles  propre- 
ment dits,  en  ce  qu'ils  ont  les  tarses  ,  au  moins  à  demi-nus 
et  les  doigts  totalement  séparés  ,  tandis  que  ceux-ci  ont  les 
tarses  couverts  de  duvet  jusqu'aux  doigts,  dont  les  deux  exté- 
rieurs sont  réunis  à  leur  base  ,  par  une  membrane;  de  plus 
le  doigt  extérieur  du  pygargue  est  versatile  ,  ce  qu'on  ne  re- 
marque pas  chez  les  autres  ,  et  ce  qui  le  rapproche  des  bal- 
buzards ,    qui  ont    aussi  les  doigts  entièrement  isolés  •  mais 
ceux-ci  s'en  distinguent  principalement  par  leurs  jambes  sans 
les  plumes  allongées ,  que  l'on  appelle  culottes  ,  et  qui  sont 
couvertes  ,   au  contraire  ,  de  plumes  courtes  et  serrées  ;  par 
leur  ongle  intermédiaire  qui  est  arrondi  dessus  et  dessous 
sans  rebord  ni  dentelures.  * 

J'ai  rangé  à  la  suite  des  pygargues  ,  plusieurs  oiseaux  de 
proie  ,  parce  qu'ils  m'ont  paru  s'en  rapprocher  plus  que  des 
aigles  proprement  dits  ,  avec  lesquels  on  les  a  classés  at- 
tendu qu'ils  n'ont  pas  les  tarses  couverts  de  plumes,  jusqu'aux 
doigts;  cependant  je  les  ai  laissés  sous  les  noms  qu'on  leur  a 
imposés  ,  parce  que  je  ne  suis  pas  certain  qu'ils  soient  de  vé- 
ritables pygargues.  Il  faut  les  voir  en  nature  ,  pour  les  dé- 
terminer avec  justesse. 

Le  Pygargue  proprement  dit,  Haliœiiis  m'sus ^  Shav.  ;  fal- 
co  alhicilla^  albicaudus^  leucocephalus,  ossifragus,  La  th.  ;  pi.  en! 
de  Buffon  ,  n."  4ii-  Ce  pygargue  est,  de  tous  \qs  accipiircs ,' 
celui  qui  a  donné  lieu  à  plus  d'espèces  purement  nominales  • 
ce  qu'on  doit  attribuer  aux  diverses  métamorphoses  qu'on 
remarque  dans  son  plumage,  pendant  une  partie  de  sa  vie 
et  à  ce  que  les  auteurs  ne  l'ont  jugé  que  dans  les  collections. 
En  effet,  lorsque  son  vêtement  est  varié  de  brun,  de  ferru- 
gineux et  de  blanchâtre  ,  que  les  pennes  caudales  sont  brunes 
et  tachetées  confusément  de  blanc  ;  ils  en  ont  fait  leur fa/co 
ossifragus.  Si   sa  tête  et  son  cou  sont  gris,  et  si  la  queue  a 
plus  de  blanc  que  de  brun  ,  ils  l'ont  nommé  falco  alhidUa. 
Quand  le  gris  tend  à  la  couleur  marron  ,  que  le   corps  est 
d'un  ferrugineux  obscur,  et  la  queue  blanche,  il  porte  le  nom 
Ae  falco  albicaudus.  Si  la  tête ,  le  cou  et  la  queue  sont  blancs 

XWlii.  tb 


^74  P  Y  G 

c'est  leur  faleo  leucocephahis  ,  ce  qui  n'arrive  que  dans  Tâge 
avancé  ;  encore  ,  il  n'est  pas  certain  que  ce  changement  ait 
lieu  pour  la  tête  de  la  race  européenne  ;  car  il  y  en  a  depuis 
très-long- temps  dans  la  ménagerie  du  Muséum  ,  qui ,  jusqu'à 
présent  ,  ont  toujours  eu  la  tête  d'un  cendré  clair  ;  mais  il 
en  est  autrement  pour  celle  de  l'Amérique  septentrionale. 

Enfin ,  comme  tous  ces  changemens  ne  s'opèrent  que  par 
gradations ,  il  en  est  encore  résulté  d'autres  dénominations 
spécifiques,  telles  que  celles  de /a/^o  glaucopis  ,  lequel  est  un 
jeune  ,  selon  Meyer,  et  (\e  falco  melanaèïos  ,  auquel  Latham 
et  Gmelin  ont  mal  à  propos  rapporté  Taigle  commun  de 
Buffon  ,  méprise  qu'ils  auroient  évitée  facilement,  puisqu'il 
suffisoit  de  voir  que  des  pieds  à  demi-vêtus(;»erf/A«i-  semila- 
natis)  ne  pouvoient  être  ceux  de  cet  aigle,  qui  les  a  couverts 
de  plumes  jusqu'aux  doigts.  Aussi  MM.  Wolf  et  Meyer  ont- 
ifs  fait  du  melanaèïos  ,  un  des  synonymes  du  pygargue.  Il  ré- 
sulte de  cette  exposition  ,  que  l'espèce  du  pygargue  se  com- 
pose des  falco  ossifragus  ,  alhicilla  ,  leucocephalus ,  albicaudus  y 
melanaëtos  eX,  glaucopis  ^  selon  Meyer.  Il  n'y  a  plus  de  doute 
sur  l'identité  de  toutes  ces  prétendues  espèces  ;  cependant 
il  en  reste  sur  Vorfraie^  que  des  ornithologistes  persistent  à 
regarder  comme  une  espèce  distincte,  ainsi  que  l'ont  pensé 
Brisson  ,  Buffon  ,  Latham  et  Gmelin  ;  et  ils  se  fondent  sur 
ce  qu'on  rencontre  beaucoup  plus  d'orfraies  que  de  py- 
gargue s. 

Mais  ce  plus  grand  nombre  d'orfraies  est  dans  l'ordre  na- 
turel ,  puisque  n'étant  âgés  que  d'un  ou  deux  ans ,  et  que  les 
autres  en  ayant  trois  ou  quatre  et  même  plus  ,  les  jeunes 
sont  toujours  en  plus  grande  quantité  que  les  adultes  et  que 
les  vieux  ,  chez  tous  les  oiseaux.  Les  pygargues  qui  ont  été 
ou  qui  sont  encore  dans  la  ménagerie  du  Jardin  des  Plantes, 
en  fournissent  une  preuve  sans  réplique  ;  car  tous  y  ont  été 
apportés  sous  la  livrée  de  l'orfraie  ,  et  tous  ,  après  un  certain 
laps  de  temps,  sont  devenus  pygargues  à  tête  d'un  cendré 
plus  ou  moins  clair.  La  couleur  blanche  qui  couvre  la  tête 
de  la  race  américaine  ,  est  un  attribut  de  la  vieillesse  ,  et 
cette  couleur  s'étend  d'autant  plus  que  l'oiseau  avance  en  âge , 
ainsi  que  l'a  observé  Othon  Fabricius  ,  au  Groenland,  où 
cette  race  ,  dont  les  jeunes  ressemblent  à  l'orfraie  pendant 
deux  ou  trois  ans,  est  très-commune.  En  effet ,  le  pygargue, 
dit  Wilson  {Americ.  Ornùh.)  ,  habite  les  mêmes  lieux  ,  vit 
des  mêmes  alimens  que  le  balde  a^/e(  l'orfraie  )  ,  avec  lequel 
on  le  voit  très-souvent.  Il  ressemble  à  ce  dernier  par  la  fi- 
gure ,  la  taille  ,  la  forme  du  bec  ,  les  pieds  et  les  ongles  ; 
c'est  pourquoi,  ajoute-t-il,  j'ai  un  très-grand  soupçon,  no- 
nobstant les  autorités  anciennes ,  que  l'un  et  l'autre  sont  des 


P  Y  G  ,^5 

individus  d'une  même  espèce  ,  différant  seulement  dans  les 
couleurs. 

Je  m'appuie  sur  ce  que  le  pygargue ,  avant  qu'il  ait  la  tête 
le  cou  et  la  queue  blancs  ,  ressemble  totalement  au  ùalde  agle 
ou   aigle  de   mer  ;  et  ce  n'est  qu  à  l'âge  de  quatre  ans  ,  que 
cette  couleur  couvre  graduellement  ses  diverses  parties. 

Parmi  les  puissances  de  l'air,  le  pygargue  tient  un  des  pre- 
miers rangs  ,  par  sa  taille  ,  sa  vigueur  et  sa  férocité.  Il  n'est 
pas  moins  grand  qu'une  oie,  et  11  est  assez  fort  pour  faire  sa  proie 
des  jeunes  cerfs,  des  daims  et  des  chevreuils  ;  aussi,  les  an- 
ciens lui  avoient-ils  donné  le  surnom  A^hinnuiaria  ,  du  mot 
hinnulus  qui  veut  dire  faon.  Plus  carnassier  que  l'aigle  com- 
mun ,  il  est  moins  valeureux  ,  moins  diligent  et  plus  lourd. 
11  ne  chasse  que  pendant  quelques  heures  ,  dans  le  milieu  du 
jour,  et  il  reste  tranquille  le  matin,  le  soir  et  la  nuit.  Per- 
ché sur  le  sommet  des  grands  arbres  ou  à  la  cime  des  rochers, 
on  le  voit  guetter  ,  pendant  des  heures  entières,  les  animaux 
qu'il  cherche  à  surprendre.  S'il  est  dans  le  voisinage  de  la 
mer  ,  il  épie  les  oiseaux  plongeurs  ,  et  les  saisit  au  moment 
même  où  ils  se  montrent  à  la  surface  des  eaux.  II  se  jette  aussi 
sur  les  phoques  ,  et  se  cramponne  tellement  sur  leur  dos  ,  en 
y  enfonçant  ses  griffes  acérées  ,  que  souvent  il  ne  peut  plus 
les  dégager  ,  et  que  le  phoque  l'entraîne  au  fond  de  la  mer. 
"^  Dès  que  les  jeunes  pygargues  sont  un  peu  grands  ,  ils  quit- 
tent le  nid ,  quoiqu'ils  puissent  à  peine  voler;  le  temps  qu'ils 
y  passent  est  une  suite  de  querelles,  de  combats,  pour  s'ar- 
racher la  nourriture  que  les  père  et  mère  y  portent.  L'aire 
n'est  qu'une  espèce  de  plancher  tout  plat,  sans  abri  ,  et  qui 
est  composé  de  petites  branches,  sur  lequel  posent  plusieurs 
lits  alternatifs  d'herbes,  de  mousse  et  de  plumes.  Ce  nid, 
grossièrement  façonné ,  est  placé  tantôt  sur  de  grands  arbres , 
tantôt  dans  les  fentes  de  rochers  escarpés;  La  femelle  y  dé- 
pose deux  œufs  blanchâtres  et  tachetés  de  jaunâtre  ,  sembla- 
bles à  ceux  de  Voie.  Les  petits  sont ,  dans  les  premiers  jours 
de  leur  naissance,  revêtus  d'un  duvet  cendré. 

Cette  grande  espèce  d'oiseaux  de  proie  ne  quitte  point  les 
pays  septentrionaux  des  deux  continens.  Elle  descend  en 
Amérique  ,  jusque  dans  la  Caroline.  On  la  trouve  assez  fré- 
quemment au  Groenland  ,  pour  qu'elle  fasse  l'objet  d'une 
chasse  particulière,  et  que  les habitans  de  ces  froides  régions 
se  nourrissent  de  sa  chair ,  se  fassent  des  vêlemens  avec  sa 
peau,  des  coussins  avec  ses  plumes,  et  des  amulettes  avec 
son  bec  et  ses  griffes.  (  Traduct.  française  ). 

On  la  trouve  encore  en  Russie  aux  environs  deSimbirsk,où 
elle  porte  le  nom  de  loun,  et  en  Norvvége  ,  dans  les  îles  qui 
forment  le  golfe  ou  plutôt  la  mer  intérieure,  connue  sous  la 


,75  P  Y  G 

dénomination  de  LofToden.  «  Ces  aigles,  dil  M.  Léopold  de 
Buch  (  Voyage  en  Nonvége  et  en  Laponie)  ,  sont  des  animaux 
très-redoutables  ;  ils  ne  se  contentent  pas  de  dévorer  les  mou- 
tons et  de  petits  quadrupèdes,  ils  attaquent  même  les  bœufs, 
et  parviennent  souvent  à  les  vaincre.  La  ruse  dont  lisse  ser- 
vent, suppose  une  combinaison  d'idées  qui  paroîtroit  ingé- 
nieuse dans  l'homme  même.  L'aigle  se  plonge  dans  les  flots  de 
la  mer,se  relève  tout  mouillé,  et  se  roule  sur  le  rivage,  jusqu'à 
ce  que  ces  plumes  soient  couvertes,  et  en  quelque  sorte  im- 
prégnées de  sable  et  de  gravier.  Dans  cet  état,  il  plonge  sur 
la  victime ,  lui  secouant  le  sable  dans  les  yeux ,  et  la  frappant 
en  même  temps  de  son  bec  et  de  ses  ailes.  Le  bœuf,  déses- 
péré et  aveuglé  ,  court  çà  et  là  ,  pour  éviter  un  ennemi  qui 
l'atteint  partout.  11  tombe  enfin  épuisé  de  fatigue  ,  ou  il  se 
précipite  du  haut  d'un  rocher.  L'aigle  fond  alors  sur  lui  ,  et 
déchire  tranquillement  sa  proie.  »  Un  habitant  de  l'une  de 
ces  îles  venoit  de  perdre  un  bœuf  de  cette  manière  ,  quand 
M.  de  Buch  arriva  au  Loffoden. 

Le  pygargue  ,  dans  sa  première  année  ,  a  la  tête  et  le  cou 
de  deux  teintes  brunes  ;  tout  le  corps  varié  de  blanchâtre , 
de  brun  et  de  ferrugineux  ;  les  grandes  pennes  des  ailes,  noi- 
res ;  les  pennes  de  la  queue ,  variées  de  gris ,  de  brun  et  de 
blanchâtre  ;  le  bec  noirâlre  et  la  cire  jaunâtre.  Dans  la 
deuxième  année  ,  la  couleur  de  la  tête  et  du  cou  s'éclaircit  ; 
le  reste  du  plumage  est  brun  ,  la  queue  moitié  blanche  et 
moitié  noirâtre ,  le  bec  jaunâtre  ,  et  la  cire  jaune.  A  l'âge  de 
trois  ans  ,  tout  le  corps  est  d'un  gris-brun  uniforme  ;  la  tête 
et  le  cou  ,  d'un  gris  clair  ;  la  queue  totalement  blanche  ;  le 
bec  est  d'un  jaune  sale  ,  et  l'iris  d'un  jaune  très-clair. 

Quand  il  est  très-vieux  ,  le  gris  de  la  tête  blanchit  ;  ce- 
pendant ,  on  prétend  qu'alors  ,  la  tête  et  le  cou  deviennent 
d'un  beau  blanc,  avec  un  trait  très-étroit  et  noir  sur  la  tige 
des  autres  plumes  ;  ce  qui  est  vrai ,  pour  la  race  qui  habite 
le  Groenland  et  l'Europe  septentrionale  ;  mais  en  est-il  de 
ïnême  pour  celle  qui  se  trouve  dans  nos  climats  tempérés? 
C'est  de  quoi  il  est  permis  de  douter  ,  puisque  les  individus 
qui  sont  vivans  au  Muséum  d'Histoire  naturelle ,  depuis  cinq 
à  six  ans  au  moins  ,  ne  les  ont  pas  encore  de  cette  couleur, 
mais  bien  d'un  cendré  clair,  plus  ou  moins  blanchâtre. 

Latham  donne,  dans  le  deuxième  Supplément  de  son  5y- 
nopsis^  pour  une  variété  àufalcoalbicil/u,  un  oiseau  de  proie 
de  la  Nouvelle-Hollande  ,  qui  a  une  grande  taille  ,  le  bec  et 
les  pieds  noirs  ;  le  plumage  est  généralement  brun ,  mais 
plus  pâle  en  dessous  qu'en  dessus  ,  et  plus  sombre  sur  les 
ailes;  le  croupion  et  la  queue  ,  d'une  couleur  cendrée  pres- 
que blanche. 


P  Y  G  ,„ 

Le  Pygargue  de  l'Amérique  septentrionale  est  une 
race  très-voisine  de  notre  PYGAaouE.  V.  Pygargue  propre- 
ment dit. 

Le  Grand  Pygargue.  C'est  le  Pygargue  à  l'âge  d'envi- 
ron un  an  (s.) 

Le  Petit  Pygargue.  Buffon  a  désigné  ainsi ,  comme  va- 
riété ,  le  pygargue  y  lorsqu'il  commence  à  voler,  (s.) 

Le  Pygargue  a  tête  blanche.  C'est  le  pygargue  de  P  Amé- 
rique septentrionale  y  à  l'âge  de  trois  ou  quatre  ans. 

Le  Pygargue  tricolor  ,  Pygargus  tricolor.  F.  l'article  du 
Pygargue  vocifer. 

Le  Pygargue  vocifer,  HaKotius  vocifer^  Vieill.;  Falco  voci- 
fer ^  Lath. ,  fig.  4  ï  de  V Histoire  naturelle  des  Oiseaux  d' Afrique  , 
par  Levaillant.  Ses  proportions  égalent  celles  de  V orfraie; 
sa  forme  est  élégante,  et  son  plumage  agréable  ;  l'envergure 
a  huit  pitds,  elles  ailes  pliées  s'étendent  jusqu'au  bout  de  la 
queue  ,  laquelle  est  arrondie  à  son  extrémité  ;  le  haut  des 
tarses  est  garni  de  plumes  ,  mais  seulement  par-devant.  Cet 
oiseau  est  remarquable  par  le  blanc  de  sa  tête  ,  de  son  cou , 
de  sa  poitrine  et  de  sa  queue,  qui  tranche  agréablement  avec 
le  brun  rougeâlre  du  reste  du  corps.  L'on  aperçoit  quelques 
taches  d'un  brun  foncé  sur  la  poitrine  ,  et  les  plumes  de  la 
tête  et  du  cov  ont  leur  côté  brun.  Les  pennes  de  l'aile  sont 
noires,  marbrées  de  blanc  et  de  roux  sur  leurs  barbes  ex» 
térieures.  Une  peau  nue  ,  dans  laquelle  sont  implantés  quel- 
ques poils  noirs  ,  couvre  l'espace  entre  le  bec  et  l'œil  ;  sa 
couleur  est  jaunâtre  ,  aussi  bien  que  celle  des  pieds  et  de  la 
membrane  du  bec;  l'iris  est  d'un  rouge-brun,  et  le  bec  bleuâ- 
tre. La  femelle  a  moins  de  noir  sur  son  plumage  ,  et  la  cou- 
leur blanche,  moins  pure.  Le  jeune  porte  du  gris  cendré  au 
lieu  de  blanc  ,  et  ce  n'est  qu'à  la  troisième  année  qu'il  prend 
entièrement  sa  livrée. 

Cet  aigle  a  la  voix  forte  et  sonore  ;  il  pousse  de  grands  cris, 
en  agitant  fortement  la  tète  et  le  cou  ,  et  il  donne  à  sa  voix 
diverses  inflexions.  Levaillant  exprime  le  cri  d'amour  du  voci- 
fer par  les  syllabes  ca-hou-cuu-cou  ,  prononcées  lentement, 
la  seconde  dite  quatre  tons  plus  haut  que  la  première  ,  et  les 
deux  autres  successivement  d'un  ton  plus  bas  ;  mais  cet  oi- 
seau fait  entendre,  en  tout  temps,  des  clameurs  continuelles, 
dont  il  remplit  les  déserts  de  la  partie  méridionale  de  l'A- 
frique. Les  Hollandais  de  la  colonie  du  Cap  de. lionne-Es- 
pérance lui  ont  donné  le  nom  de  grand  pécheur  de  poisson  ,  et 
de  pécheur  de  poissons  blancs;  ces  dénominations  anl  rapport  à 
sa  manière  de  vivre.  C'est ,  en  effet ,  un  paiient  el  habile  pre- 
neur de  poisson  ,  sur  lequel  il  fond  avec  une  rapidité  inex- 
primable,  il  &e  nourrit  aussi  de  gros  lézards  el  àt  gaieUes  i 


^78  P  Y  G 

mais  il  ne  mange  jamais  d'oiseaux,  dit  Levaiilant.  Celle  cx- 
ceplion  me  paroît  singulière  dans  un  animal  vorace,  qui  pa- 
roît  s'accommoder  de  lolite  proie  vivante. 

De  même  que  nos  aigles,  celui-ci  place  son  aire  à  la  cime 
des  rochers  ou  des  plus  grands  arbres.  Ses  œufs  sont  blancs, 
et  plus  gros,  mais  de  la  même  forme  que  ceux  de  la  poule 
d'Inde.  Le  voyageur  à  qui  nous  devons  la  connoissance  de 
cette  espèce  criarde  et  sanguinaire,  la  représente  comme  un 
modèle  d'amour,  de  fidélité  et  de  tendresse  conjugale  ;  mais 
l'on  conçoit  difficilement  que  des  affections  qui  tiennent  à 
une  douce  sensibilité  puissent  être  le  partage  d'êtres  animés 
qui  ne  subsistent  que  par  Texercice  habituel  de  la  férocité  et 
des  massacres. 

"  On  nous  fit  remarquer,  raconte  un  ancien  voyageur, 
«  quantité  d'oiseaux  en  Nigrilie  ,  entre  autres  des  aigles  de 
«  deux  sortes,  dont  l'une  vit  de  proie  de  terre  et  l^autre  de 
«  poisson.  Nous  appelons  celle  ci  nonetle  ,  parce  qu'elle  a  le 
«  plumage  de  couleur  de  l'habit  d'une  carmélite  ,  avec  son 
«  scapulaire  blanc.  Leur  vue  surpasse  ,  en  clarté  ,  celle  de 
«  l'homme.  »  (  Relation  de  la  Nigriiie ,  par  Gaby.  )  Buffon 
avoit  pensé  que  l'aigle  nonette  devoit  se  rapporter  au  balbu- 
zard. Levaiilant  retrouve  son  vocîfcr  dans  cet  oiseau  de  Ni- 
gritie.  L'une  et  l'autre  conjecture  ont  le  même*  degré  de  pro- 
babilité, et  il  faudroit  d'autres  éclaircissemens  que  ceux  qui 
se  trouvent  dans  la  Relation  de  Gaby ,  pour  adopter  l'une 
plutôt  que  l'autre,  (s.) 

J'ai  sous  les  yeux  deux  pygargues  nouvellement  envoyés 
du  Sénégal ,  qui  ont  dans  leur  plumage  de  grands  rapports 
avec  le  vucifer  et  l'aigle  noneite.  Celui  que  je  soupçonne  être 
de  l'espèce  du  premier  ,  a  la  tête  ,  le  cou  ,  la  gorge  ,  la  poi- 
trine blancs,  avec  des  taches  noires  et  longitudinales  sur 
la  tête  ;  une  bande  de  cette  couleur  sur  ses  côtés,  partant  de 
l'angle  postérieur  de  l'œil  ,  et  ne  dépassant  pas  le  haut  de 
la  nuque  ;  des  taches  longitudinales  ,  étroites  et  noirâtres  , 
sur  le  milieu  de  quelques  plumes  du  devant  du  cou  et 
de  la  poitrine  ;  les  plumes  du  ventre  et  des  parties  posté- 
rieures ,  blanches  et  noirâtres  ;  les  trois  premières  pennes  in- 
termédiaires de  chaque  côlé  de  la  queue  ,  blanches  et  brunes  ; 
les  autres  totalement  blanches;  les  pennes  des  ailes  noirâtres  ; 
les  six  premières  totalement  de  celte  teinte;  les  autres  blan- 
ches ,  et  jaspées  de  brun  en  dedans;  quelques-unes  des  cou- 
vertures des  ailes,  mélangées  de  blanc  ;  le  dos  et  le  croupion, 
bruns  ;  le  becbleuâtre  ;  les  ongles  bruns;  la  cire  et  les  tar- 
ses jaunes  ;  ceux-ci  longs  de  trois  pouces.  Longueur  totale  , 
deux  pieds  et  demi. 

L'autre  ,  que  j'appelle  Pygargub  tricolore,  a  la  taille  du 


P  Y  G  .79 

précédent  ;  la  tête ,  le  cou  en  entier ,  le  haut  du  dos ,  la  gorge 
et  la  poitrine  ,  d'un  blanc  de  neige  ,  avec  une  ligne  noire 
très-finie  et  très-étroite  ,  sur  la  tige  des  plumes  ;  la  queue  , 
totalement  blanche  ;  le  reste  du  dos  ,  le  croupion  ,  les  sca- 
pulaires  ,  les  couvertures  supérieures  des  ailes  et  de  la  queue, 
d'un  noiruu  peu  mélangé  de  roussàtre  ;  les  pennes  primaires 
totalement  d'un  noir  pur  ;  le  dessous  de  l'aile  ,  le  ventre  ,  les 
parties  postérieures  et  les  plumes  des  jambes  ,  d'un  brun 
roux;  le  bec  brun  ;  la  cire  et  les  tarses  jaunes  ;  ceux-ci  longs 
de  trois  pouces.  Ces  deux  oiseaux  de  proie  se  rapprochent 
tfgs  balbuzards,  en  ce  qu'ils  ont  toutes  les  plumes  des  jambes 
courtes  ,  et  les  tarses  en  très-grande  partie  nus.  Ils  tiennent 
a-jx  pygargues  ,  par  la  forme  de  l'ongle  intermédiaire  ,  qui  a 
une  rainure  assez  profonde  sur  le  côté  intérieur  ;  le  rebord 
supérieur  saillant ,  et  finement  dentelé  ,  le  dessous  aplati  et 
creusé  en  gouttière  dans  le  milieu ,  tandis  que  chez  les  véri- 
tables balbuzards  ,  l'ongle  intermédiaire  est  sans  rebord, 
sans  dentelures  ,  plein  et  arrondi  en  dessous.  De  même  que 
ceux-ci,  ils  n'ont  point  ces  longues  plumes  qui  descendent 
des  cuisses  sur  les  côtés  du  tarse  ,  et  que  l'on  appelé  culotte. 
ISoia.  Les  petites  dentelures  dont  il  vient  d'être  question,  se 
trouvent  chez  tous  les  autres  oiseaux  de  proie,  et  ne  peuvent 
être  senties  qu'en  mettant  le  doigt  sur  le  rebofd  ,  et  le  reti- 
rant vivement.  Ces  deux  oiseaux  sont  dans  la  Collection  de 
M  le  comte  de  Riocourt. 

L'Aigle  de  la  Chine  ,  Falco  sinensis,  Lalh, ,  pi.  3  du  Ge- 
neral Synopsis  de  cet  auteur.  Cet  oiseau  ,  d'une  taille  un  peu 
inférieure  à  celle  de  l'aigle  ,  a  le  bec  noir  et  très-  crochu  ;  la 
cire  jaune  ;  l'iris  brun  ;  les  parties  supérieures  d'un  brua 
rougeâtre  ;  le  sommet  de  la  tête,  d'un  beau  noir  ,  plus  foncé 
sur  le  bord  des  plumes  ;  une  bande  assez  large  ,  d'un  brun 
obscur  ,  sur  le  milieu  de  l'aile  ,  et  la  plupart  des  pennes  de 
la  même  teinte  à  leur  extrémité  ;  la  queue  de  la  couleur  du 
dessus  du  corps,  à  la  base,  sur  le  milieu  et  à  la  pointe; 
toutes  les  parties  inférieures  d'un  fauve  jaunâtre  ;  les  pieds 
jaunes,  très-robustes;  les  ongles  grands ,  très-crochus  et 
noirs.  Cet  oiseau  se  trouve  à  la  Chine  et  dans  l'Inde. 

*  L'Aigle  féroce  ou  d'AsTRACAN  ,  Falco  ferox  ,  Lalh.  ;  — • 
S  G.  Gmelin  ,  A'oc.  Comment,  petrop. ,  tom.  i5  ,  pag.  44-2  ■, 
tab.  10.  Cet  aigle  a  deux  pieds  un  pouce  de  longueur  totale  ; 
la  cire  verte  ;  la  tête  et  le  cou  d'un  gris- brun  ,  mêlé  de  blan- 
châtre ;  le  plumage  généralement  brun  ;  le  dos  ,  le  ventre  et 
le  croupion  blancs  ,  et  variés  de  taches  rougeâtres  ;  les  pen- 
nes des  ailes  noires  en  dessus ,  blanches  en  dess  os  ,  et  grises 
vers  le  bout  ;  les  peijnes  caudales  blanches  en  dessous  ,  et 
brunes  en  dessus ,  avec  quatre  bandes  d'un  brun  plus  clair  ', 

XXYIII.  ï8* 


28o  P  Y  G 

le  bec  d'un  noir  cle  plomb;  les  paupières  bleues  ;  l'iris  jaune f 
et  les  ongles  aigus.  Gmeiin  assure  que  cet  oiseau  de  proie 
est  d'une  gloutonnerie  difficile  à  appaiser ,  et  qu'il  se  jette 
aussi  avidement  sur  les  cadavres  les  plus  infects. 

*  L'Aigle  de  Gottingue  ,  Fa/co  glaucoph,  Lath.  M.Meyer 
donne  cet  oiseau  pour  un  jeune  pygargue  d'Europe.  Il  a  la 
tête  et  le  haut  du  cou  d'un  blanc  jaunâtre  varié  de  brun  ;  de 
petites  taches  lunulées  et  brunes  sur  le  front;  la  poitrine  et 
le  dos  de  cette  couleur  ;  les  ailes  noires  ;  la  queue  d'un  brun 
rougeâtre  en  dessus,  d'un  blanc  sale  en  dessous,  avec  huit 
bandes  transversales  noires  ;  l'iris  d'un  blanc  jaunâtre  ;  le  bec 
verdâtre  ;  la  cire  et  les  tarses  d'un  jaune  citron  ;  et  vingt-un 
pouces  trois  lignes  de  longueur  totale. 

L'Aigle  des  Grandes  Indes  ,  Falco  poniicerianus  ,  Lath.  ; 
pi.  enl.  de  Buff.  ,  n.*^  4i6.  Il  n'est  pas  plus  gros  qu'un  fort 
pigeon  ,  mais  ,  dans  sa  petite  taille ,  il  réunit  l'élégance  des 
formes  à  la  beauté  du  plumage  ;  ses  yeux  pleins  de  feu  ,  ses 
mouvemens  très-vifs  ,  de  l'effronterie  dans  le  regard  et  dans 
les  attitudes  ,  répandent  sur  sa  physionomie  l'apparence  de 
la  fierté  et  du  courage.  Les  Malabares  en  ont  fait  une  idole, 
et  lui  rendent  un  culte.  La  vénération  des  Gentils  pour  cet 
oiseau  ,  dit  Fouché  d'Obsonvllle ,  tient  à  des  motifs  pure- 
ment mythologiques.  On  les  voit  souvent  en  un  stupide  éba- 
hissement  à  son  aspect  ;  et  si ,  en  sortant  le  matin  de  leur 
maison  ,  ils  l'aperçoivent  se  dirigeant  vers  le  lieu  où  ils  vont 
traiter  quelque  affaire  ,  c'est  un  heureux  augure  qui  ne  leur 
permet  pas  de  douter  du  succès  le  plus  complet.  (  Essais 
philosophiques  sur  les  mœurs  de  dioers  animaux  étranger:} , 
page  55  ). 

Un  camail  de  plumes  larges  et  très-blanches ,  dont  la  tige 
a  le  noir  brillant  du  jais  ,  couvre  la  tête  ,  le  cou  et  toute  la 
poitrine  de  ce  bel  aigle  ;  le  reste  du  plumage  est  de  couleur 
marron  lustre  ,  à  l'exception  du  bout  des  six  premières  pen- 
nes des  ailes,  qui  est  noir  ;  le  bec  cendré  est  d'un  jaune  ver- 
dâtre à  sa  base.  Cet  aigle  porte  ,  sur  la  côte  du  Malabar  et  au 
Coromandel ,  les  noms  de  fchil  et  de  kuewaJen ,  parce  qu'il 
n'est  pas  assez  courageux  pour  être  rangé  parmi  les  oiseaux 
de  la  fauconnerie.  Un  oiseau  de  proie ,  semblable  à  celui-ci, 
se  trouve  ,  dit  Latham  ,  à  la  Nouvelle-Hollande  ,  où  il  porte 
le  nom  de  girrenera.  Il  a  la  tête,  le  couet  le  ventre  d'un  blanc 
pur,  sans  aucune  raie  ;  le  reste  du  corps  d'une  couleur  de 
rouille  sale  ;  une  partie  de  sa  nourriture  consiste  en  œufs. 

*  L'Aigle  maritime  ou  de  Java,  Faho  maritimus,  Lath.  , 
a  été  décrit  pour  la  première  fois  dans  le  Lichtenberg  magazin 
fur  das  menest  auf  der  phys.  iv ,  2  ,  6.  Il  a  quatre  pieds  deux 
pouces  de  long ,  et  un  pied  sept  pouces  de  haut  ;  le  bec  et  la 


P  ^  G  280 

cire  jaunes;  le  corps  et  l'extrémité  de  la  queue  blancs;  les 
plumes  des  jambes  d'un  rougeâlre  mélangé  de  blanchâtre.  On 
dit  que  cet  oiseau  se  trouve  sur  les  côtes  maritimes  de  Tile 
de  Java  ,    où  il  se  nourrit  de  poissons  et  d'animaux  morts. 

(s.) 

*  L'Aigle  a  ventre  blanc  ,  Fako  l^ucogaster,  Lath. ,  a 
non -seulement  le  ventre  revêtu  de  plumes  blanches  ^  mais 
tout  le  dessous  du  corps ,  la  tête  ^  le  cou  et  l'extrémité  de  la 
queue  ;  le  reste  du  plumage  est  d'un  brun  obscur;  les  pieds 
sont  jaunes  :  longueur  totale,  près  de  trois  pieds.  Le  pays  de 
cet  oiseau  est  inconnu,  et  Sonnini  a  fait  une  erreur  en  in- 
diquant l'Amérique  septentrionale  pour  sa  patrie. 

*  Le  Bateleur  ,  Falco  ecaudaius ,  Lath.  ;  pi.  7  et  8  des 
Oiseaux  d'Afrique  ,  de  Levaillant ,  qui  le  premier  a  décrit 
cet  oiseau  ,  dans  lequel  on  trouve  des  rapprochemens  avec 
les  vautours  ,  par  la  forme  de  son  bec  ,  et  avec  les  pygargues  ^ 
par  ses  tarses  en  partie  nus  ;  mais  pour  le  mettre  à  la  place 
qui  lui  convient  ,  il  faut  le  voir  en  nature  ;  alors  peut-être 
trouvera-t-on  des  caractères  suffisans  pour  donner  lieu  à  une 
division  particulière. 

Les  colons  du  pays  d'Anteniquoi ,  dans  l'intérieur  des  terres 
du  Cap  de  Bonnc-Espératice  ,  lui  ont  donné  le  nom  de  bate- 
leur ,  à  cause  des  mouvemens  très-extraordinaires  ,  espèce 
de  tours  de  force,  qu'il  exécute  en  volant,  et  que  le  mâle  et  la 
femelle  se  plaisent  à  répéter  alternativement  en  présence  l'un 
de  l'autre.  Après  avoir  plané  en  tourniquet,  ils  rabattent  tout 
d'un  coup  leur  vol ,  et  descendent  à  une  certaine  distance  de 
terre  en  battant  l'air  de  leurs  ailes  ,  d'une  manière  à  faire 
croire  qu'il  y  en  a  une  de  cassée  ,  et  que  l'oiseau  est  prêt 
à  tomber  ;  on  peut  entendre  ces  coups  d'ailes  à  une  grajîde 
distance. 

La  taille  du  bateleur  est  moyenne  entre  celle  de  M  orfraie  et 
du  balbuzard  ;  son  bec  est  moins  fort  et  ses  ongles  moins  cro- 
chus que  ceux  de  V aigle  ;  ses  tarses  sont  nus  et  couverts  de 
larges  écailles  comme  ceux  du  balbuzard  ;  mais  il  s'éloigne 
de  cet  oiseau  ,  ainsi  que  des  autres  aigles  ,  par  le  peu  de  lon- 
gueur de  sa  queue  ,  dont  les  pennes  dépassent  à  peine  leS 
plumes  du  croupion ,  qui  en  recouvrent  plus  de  la  moitié. 
Ceiie  queue  si  courte  et  le  dos  sont  d'un  roux  foncé  ;  les  pe- 
tites couvertures  des  ailes  d'un  fauve  Isabelle  ,  et  les  plumes 
des  autres  parties  d'un  beau  noir  mat  ;  il  y  a  un  peu  de  gris 
bleuâtre  sur  \t::s  scapuiaires  ,  et  un  liseré  argenté  sur  le  bord 
extérieur  àcs  pennes  de  l'aile.  L'iris  de  l'œil  est  d'un  brun 
foncé,  ie  bec  noir  ,   de  même  que  les  ongles,  ella  membrane 


582  P  Y  G 

bec  jaunâtre.  La  femelle  et  l'oiseau  jeune  sont  bruns,  et  leurs 
ailes  noirâtres  ;  ilparoît  que  c'estseulemenl  à  latroisièine  mue 
que  le  bateleur  se  revêt  entièrement  de  son  beau  plumage. 

Le  naturel  de  cette  espèce  tient  de  celui  du  pygargue  et  de 
celui  du  vautour ,  mais  plus  du  premier  que  du  second.  Les 
bateleurs  déchirent  les  cadavres  d'animaux  morts  pour  se 
gorger  de  leurs  lambeaux  à  demi  putréfiés  ;  cependant  ils 
atta(juent  souvent  les  jeunes  gazelles,  les  jeunes  autruches,  etc., 
et  ils  cherchent  à  surprendre  les  agneaux  et  les  moutons  ma- 
lades près  des  habitations.  Le  mâle  et  la  femelle  ne  se  quit- 
tent point  ;  ils  placent  leur  aire  sur  les  arbres,  et  la  ponte 
est  de  trois  à  quatre  œufs  tout  blancs.  On  les  trouve  com- 
munément dans  le  pays  d'Anteuiquoi  et  le  long  de  la  côte 
de  Natal ,  jusque  dans  la  Cafrerie  ;  ils  sont  connus  ,  par  les 
Hollandais  du  Cap  de  Bonne-Espérance  ,  sous  le  nom  de 
coqs  de  montagne,  (s.) 

*  Le  Cafre  ,  Falco  vulturinus  ,  Lath.  ;  planche  6  des  Oi- 
seaux d'Afrique  ,  par  Levaillanl.  Il  en  est  de  cet  accipilre 
comme  du  bateleur  j  il  faut  le  voir  en  nature  pour  détermi- 
ner la  place  qui  lui  est  convenable.  Il  tient  à  la  fois  des 
pygargues  et  des  vautours  ;  cependant,  il  a  plus  de  rapports 
avec  les  premiers  ;  et  M.  Levaillant ,  qui  Ta  découvert,  le 
regarde  comme  un  aigle  ;  quoique  par  son  bec,  ses  tarses  et 
quelques  habitudes  ,  cet  oiseau  se  rapproche  beaucoup  des 
vautours.  Sa  taille  égale  celle  du  grand  aigle  ;  son  bec  est 
même  plus  fort ,  mais  ses  serres  sont  plus  foibles  ;  des  plu- 
ines  revêtent  ses  pieds  jusqu'aux  doigts  ;  ses  ailes  ,  pliées  , 
s'étendent  fort  au-delà  du  bout  de  la  queue  ,  dont  la  pointe 
est  arrondie  ,  usée  et  élimée.  Tout  le  plumage  est  d'un  noir 
mat ,  avec  quelques  reflets  brunâtres  sur  les  ailes  ;  le  bec  est 
jaunâtre  ,  et  sa  membrane  bleuâtre  ;  l'iris  des  yeux  est  d'un 
brun  marron  ;  les  tarses  sont  d'un  jaune  terne ,  et  les  on- 
gles noirs. 

Le  nom  de  cajre  ,  que  Levaillant  a  imposé  à  cet  oiseau  de 
proie  ,  indique  qu'on  le  trouve  dans  la  Cafrerie  ,  où  il  est 
néanmoins  assez  rare  ;  on  ne  le  voit  point  en  troupes,  mais 
seulement  par  paires  ;  et  avant  de  pouvoir  s'enlever  de  terre 
pour  prendre  son  vol ,  il  marche  et  saute  quelque  temps  à  la 
manière  des  vautours  ;  son  aire  est  placée  sur  les  rochers;  les 
charognes  sont  sa  nourriture  habituelle  ;  il  attaque  quelque- 
fois des  agneaux  pour  les  dévorer  sur  place  ;  car  jamais  il 
n'emporte  de  proie  dans  ses  serres  ,  môme  quand  il  a  des 
petits,  ce  qui  le  rapproche  des  vautours,    (s.) 

*Le  CiiEELA,  Falco  cheela,  Lath.  Sa  taille  égale  celle  de 
Vaigle  commun  ;  son  corps  épais  annonce  sa  force  ;  le  som- 
met de  sa  tête  est  chargé  d'une  petite  huppe  ;  le  brun  est  la 


ielnle  génériile  Je  son  plumage;  il  y  a  un  peu  de  blanc  de 
chaque  côté  de  la  tête ,  des  taches  de  la  même  couleur  sur  les 
couvertures  supérieures  des  ailes  ,  et  une  large  bande  ,  égale- 
ment blanche  ,  qui  traverse  les  pennes  de  la  queue  ;  le  bec 
est  bleu  ;  l'iris  de  l'œil  et  les  pieds  sont  jaunes.  Cheela  est  le 
nom  que  cet  oiseau  porte  aux  Indes  ,  où  il  n'est  pas  com- 
mun, (s.) 

*  Le  Getiergerte  ,  Falco  ilgrînus,  Lath.  Cet  oiseau  de 
proie  a  été  décrit  par  Besck.  ,  voy,  Kurl.  S.  lo ,  ii — i. 
Taf.  2  ,  et  sous  le  nom  latin  que  nous  lui  avons  conservé. 
Aussi  fort  que  Y  aigle  doré  ^  il  en  a  la  fierté  et  l'humeur  san- 
guinaire; aussi  hardi  que  féroce,  il  ne  craint  point  de  s'ap- 
procher des  demeures  rustiques,  où  il  fait  une  guerre  cruelle 
aux  paisibles  habitans  des  basse-cours.  Il  n'est  pas  moins 
dangereux  pour  le  gibier  ;  les  perdrix  ,  les  gelinottes  ,  les 
lièvres  ,  sont  sa  proie  habituelle. 

Quelques  raies  brunes ,  disposées  comme  celles  qu'on  re- 
marque sur  le  pelage  du  iigre  ^  tranchent  sur  le  fond  blanc 
des  parties  du  corps,  postérieures  à  la  poitrine,  mais  en  plus 
grand  nombre  sur  les  plumes  des  jambes  et  les  couvertures 
inférieures  des  ailes ,  dont  les  supérieures  sont  noirâtres  et 
les  pennes  noires  :  un  brun  pâle  teint  la  tête,  la  gorge  et  la 
poitrine  ;  cette  couleur  se  change  en  noir  sur  le  dessus  du 
cou  et  de  la  tête  ,  dont  le  sommet  est  varié  de  petites  raies; 
elle  devient  pâle  sur  les  autres  parties  supérieures  ,  et  se  sa- 
lit sur  la  queue,  dont  les  pennes  ont  trois  bandes  transversa- 
les très-étroites  ,  mais  distinctes.  La  cire  ou  membrane  de  la 
base  du  bec  est  bleue  ;  l'iris  et  les  pieds  sont  jaunes; 

Cet  individu  est  regardé  comme  un  mâle  ;  la  femelle  n'est 
pas  décrite  :  on  le  trouve  en  Courlande. 

Le  Pyg ARGUE  A  VENTRE  FAUVE  ,  Haliœtus  fub'wenter.  Cet 
oiseau  ,  que  M.  de  Labillardière  a  rapporté  de  son  voyage 
autour  du  monde  ,  et  qu'il  a  déposé  au  Muséum  d'Histoire 
naturelle  ,  me  paroîl  cire  un  jeune  dont  l'espèce  n'est  pas 
connue  ;  il  a  la  tête  et  le  dessus  du  cou  marqués  de  brun,  sur 
un  fond  d'un  blanc  roussâtre  ;  le  front  et  la  gorge  de  cette 
dernière  teinte,  mais  uniforme  ;  le  reste  des  parties  infé- 
rieures brun  et  fauve ,  à  l'exception  du  bas-ventre  et  des 
couvertures  inférieures  de  la  queue,  qui  sont  d'un  blanc  pur; 
la  queue  de  cette  couleur  et  terminée  de  brun  ;  les  grandes 
pennes  des  ailes  noires  ;  le  plumage  supérieur  brun  et  mou- 
cheté de  blanc  ;  le  bec  rougeâtre  ,  les  pieds  jaunâtres  et  l.i 
taille  de  V aigle  moufhelé.  (v.) 

PYGARGUS   ACCIPITER,   de  Willughby.  C'est  la 

SOUBUSE.    (s.) 

PyXiATRICHE  ,    Pysairi%.   M.  Geoffroy  appelle  ainsi 


=84  P  Y  G 

un  genre  de  singes  qu'Illigeravoit  formé  avant  lui,  sous  la  dé- 
nomination de  Lasiopyge,  Lasiopyga^  dont  la  signification 
est  la  même  {fesses  velues').  La  Guenon  Douc  (  Cercopithecus 
nemœus)  est  le  seul  animal  qui  doive  y  entrer,  si  toutefois 
ce  genre  mérite  d'clre  conservé  ;  car  son  caractère  princi- 
pal, qui  consiste  à  manquer  de  callosités  aux  fesses ,  pourroit 
fort  bien ,  ainsi  que  le  remarque  M.  Cuvier,  provenir  d'un 
défaut  dans  la  préparation  du  sujet  unique  qui  existe  dans 
la  collection  du  Muséum  d'Histoire  naturelle. 

Quoiqu'il  en  soit,  voici  les  caractères  attribués  par  M. 
Geoffroy  à  son  genre  Pygatriche  ,  singe  de  l'ancien  conti- 
nent :  museau  assez  court ,  avec  l'angle  facial  de  5o  de- 
grés; mains  très  -  longues  ,  et  plus  que  les  avant- bras 
et  les  jambes  ;  pouce  antérieur  grêle  ;  pouce  posté- 
rieur très  -  écarté  ;  fesses  non  calleuses,  et  au  contraire 
garnies  et  bordées  de  longs  poils  ;  queue  de  la  longueur  du 
corps. 

Nous  n'avons  pas  adopté  ce  genre  ;  nous  le  considérons, 
seulement  comme  une  sous-division  de  celui  des  Guenons. 
Voy.  ce  mot.  (desm.) 

PYGEE,  PYgeuin.  Genre  de  plantes  établi  par  Gœrtner  , 
sur  la  seule  considération  d'un  fruit  venant  de  Ceylan.  Ce 
fruit  est  un  drupe  sec,  transversalement  plus  large,  contenant 
des  semences  en  forme  de  baies  attachées  alternativement 
sur  ses  côtés,  (b.) 

PYGMÉE  ,  Pygmœus.  On  sait  que  Tyson  et  d'autres  au- 
teurs ont  donné  ce  nom  à  une  espèce  d'orang-outang  ,  sinna 
troglodytes^  L. ,  qui  habite  les  contrées  les  plus  chaudes  de 
l'Afrique.  Voy.  Orang-outang. 

On  a  cru  devoir  donner  ce  nom  de  pygmée  à  ce  singe  à 
cause  de  sa  petite  taille  (mais  on  n'a  vu  que  de  jeunes  individus 
non  adultes  en  Europe, et  celui  que  Tyson  a  disséqué,n'avoit 
pas  trois  pieds  de  haut),  et  parce  qu'on  a  supposé  qu'il 
pourroit  bien  avoir  donné  lieu  à  cette  fable  des  peuples 
pygmées  dont  les  Grecs  ont  parlé.  Ce  sont,  dit-on  ,  des 
hommes  d'une  petite  taille,  qui  font  une  guerre  perpétuelle 
aux  grues  ,  suivant  Homère  ,  et  aux  perdrix,  d'après  Mene- 
clès  (Athénée,  Delpnosoph.,\.  IX.).Un  Basilides  raconte  com- 
me quoi  les  pygmées  atteloient  des  perdrixà  leurs  carrosses, 
pour  s'en  faire  traîner.  Selori  Nicéphore  Calixte  (  Hist.  eccL^ 
1.  XII,  c.  87  ),  on  a  vu  un  Égyptien,  âgé  de  vingt  cinq  ans  , 
qui  n'étoit  pas  plus  haut  qu'une  perdrix  ;  il  avoit  une  jolie 
petite  vois, et  ses  raisonnemens  marquoientde  la  pruûence  et 
du  courage.  Phlloslrale  représente  les  pygmées  armés  débâ- 
ches ,  de  serpes,  de  cognées,  pour  couper  les  blés  qui  sont , 
à  leur  égard  ,  de  grands  arbres.  ArJslole  ,  qui  admet  ces  fa- 


P  Y  T^  .83 

Lies  ,  dit  que  les  pygmées  vivent  dans  des  tanières ,  ou  des 
cavernes ,  et  Pline  suppose  des  pygmées  en  plusieurs  régions 
du  monde.  Les  grues  chassèrent  ceux  de  Thrace  ,  selon  lui 
(^lib.  IV,  ch,  XI  )  ;  d'autres  existoient  vers  Antioche  ou  Sé- 
leucie  ;  les  autres  habitoient  en  Ethiopie  ,  aux  sources  du 
Nil  ;  enfin,  on  en  plaçoit  aussi  dans  les  Indes  orientales,  aux 
sources  du  Gange;  ceux-ci  étoient  nommés  SpHhamîensy 
parce  qu'ils  n'excèdent  pas  trois  palmes,  dans  leur  taille. 

Strabon  ,  écrivant  avec  plus  de  critique  {lib.  ij  ,  Géogr.  )  , 
dit  ,  que  comme  tous  les  animaux  naissent  plus  petits  dans 
des  régions  ou  trop  chaudes  et  sèches  ,  ou  trop  glaciales  ,  il 
se  peut  qu'on  y  ait  supposé  des  pygmées  ,  en  exagérant  la 
petitesse  des  hommes  ;  car  ,  personne  ,  dit-il  ,  n'a  vu  de 
ces  prétendus  pygmées. 

On  voit  combien  le  défaut  de  connoissances  géographi- 
ques précises  faisoit  admettre  d'absurdités  aux  anciens  phi- 
losophes, les  plus  remarquables  par  leur  génie. 

C'étoil ,  dit -on  ,  le  bon  temps  :  on  faisoit  croire  aux  peu- 
ples tout  ce  qu'on  vouloit ,  rien  n'étant  là  pour  démentir  tant 
de  fables.  Aujourd'hui,  l'on  prétendroil  en  vain  nous  traiter 
en  pygmées  ;  il  est  probable  que  nous  avons  vaincu  les  grues 
à  notre  tour.  L'époque  de  la  puberté  du  genre  humain  nous 
paroît  être  arrivée  ,  grâce  aux  sciences  physiques  et  naturel- 
les ,  et  les  peuples  grandissent  sur  la  terre.  (  Voy.  Homme.  ) 

(VIRE  Y.) 

PYGMEE  ,  Pygmea.  Genre  de  plantes  établi  par  Stack- 
house  ,  Néréide  britannique  ,  aux  dépens  des  Varecs  de 
Linnaeus.  Ses  caractères  sont  :  fronde  coriace  ,  roide ,  très- 
courte,  dilatée  ou  palmée  à  son  extrémité  ;  fructification  en 
forme  de  vase. 

Ce  genre  rentre  dans  la  troisième  section  de  celui  appelé 
GiGARTiNE  par  Lamouroux;  il  ne  renferme  qu'une  espèce 
le  varec  pygmée  ,  figuré  pi.   i8    du  grand  ouvrage  du  même 
Stackhouse.  (b.) 

PYGMÉE  DE  GUINÉE.  Nom  sous  lequel  on  a  quel- 
quefois désigné  I'Orang  chimpanzé  ou  Jocko  de  Buffon. 
Voy.  Orang.  (desm.) 

PYGOSCELIS.  C'est  le  Grèbe  cornu,  dansGesner.  V. 
Grèbe,  (s.) 

PYGYTTIAL.  Nom  du  Myrtille  (  Vaccinium  myiiiUus  }, 
chex  les  Tartares   Wassugs.  (ln.) 

PYLAISIE,  Pylaisia.  (ienre  de  mousse  rapproché  des 
Ptérogonions  et  des  Fabronies.  Ses  caractères  sont  :  pé- 
ristome  simple  à  seize  dents  membraneuses ,  dentelées  sur 
leur»  bords  ;  capsule  ovale  et  oblique;  un  opercule  campani- 


P.86  P  Y  R 

forme,  mucronulé  ;  une  gaine  nue ,  ovale  ou  presque  cylin- 
drique. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce  qui  croît  sur  les  ar- 
bres, et  ressemble  à  I'Hypne  serpetst.  Elle  est  figurée  pi. 
33  du  4.'^  vol.  du  Journal  de  botanique  de  Desvaux,  (b.) 

PYLORÏDES  (  Coquilles  ).  Nom  donné  aux  coquilles  bi- 
valves dont  les  battans  ou  les  valves  ne  se  ferment  pas  exac- 
tement ,  telles  que  les  solcns  ,  les  pinnes  ,  les  pholades,  quel- 
ques espèces  de  moules ,  etc.  V.  au  mot  Coquilles,  (desm.) 

PYRACANTHA.  Nom  donné  par  Lobel  et  Clusius  à 
une  espèce  de  Néflier  épineux  qui  se  couvre  de  fruits  d'un 
rouge  de  feu  ,  et  que  l'on  nomme  vulgairement  buisson  ar- 
dent (^Mespi/us pytacantha).  On  le  donne  aussi  à  un  celas- 
trus.  (LN.) 

PYRALE,  Pyra//5,  Fab.,  ()liv,,Latr.  Genre  d'insectes  de 
l'ordre^ies  lépidoptères,  famille  des  nocturnes,  tribu  des  rou- 
leuses  ,  ayant  pour^  caractères  :  antennes  sétacées  ,  ailes 
courtes ,  élargies  à  leur  base  ,  formant  avec  le  corps  une 
sorte  d'ellipse  tronquée  ou  en  triangle  ,  dont  les  côtés  op- 
posés sont  arqués  près  de  leur  réunion. 

Les  pyrales^  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  les  phalènes 
pyrales  de  Linneeus  (V.  Phalène.),  diffèrent  des  autres  lépi- 
doptères par  la  forme  de  leurs  ailes  qui  sont  larges  à  leur 
origine ,  arrondies  ,  formant  des  espèces  d'épaules.  Ce  sont 
ces  insectes  que  Geoffroy  di  nommés  phalènes  chappes  ,  et  Lin- 
nseas.  phalènes  rouleuses  {ioririx).  Elles  viennent  de  chenilles 
à  seize  pattes,  qui  sont  rases  ou  peu  velues.  Presque  toutes 
ces  chenilles  vivent  renfermées  dans  des  feuilles  dont  elles 
roulent  ou  plient  les  bords  ,  et  mangent  le  parenchyme. 
Quelques  autres  vivent  dans  l'intérieur  des  fruits.  Parvenues 
à  leur  grosseur ,  elles  se  changent  en  nymphes ,  les  unes  dans 
les  feuilles  mêmes  où  elles  ont  vécu,  et  qu'elles  tapissent  d'un 
peu  de  sole;  les  autres  filent  une  coque  de  forme  singulière, 
que  Réaumur  a  nommée  coque  en  bateau. 

Ces  chenilles  font  leur  coque  avec  une  adresse  étonnante; 
elles  commencent  par  filer  séparément  deux  pièces  sembla- 
bles, à  chacune  desquelles  elles  donnent  la  forme  d'une  co- 
quille -,  ensuite  elles  les  posent  l'une  à  côté  de  l'autre,  et 
lient  leur  bord  supérieur  avec  quelques  brins  de  soie  ;  placée 
dans  la  cavité  qui  se  trouve  entre  ces  deux  pièces  ,  la  che- 
nille parvient  à  force  de  travail  à  donner  de  la  solidité  à  sa 
coque  ,  et  la  forme  d'un  petit  bateau  ;  et  après  qu'elle  l'a 
achevée ,  elle  se  change  en  nymphe.  Les  chenilles  qui  font 
de  ces  coques  sont  plus  ou  moins  de  temps  à  acquérir  leur 
dernière  forme.  Les  unes  deviennent  insectes  parfaits  envi- 


j-    A(>(///('//i'    t//i//>/////t/r  ■  7.  7'// <r /<'//,'  t/c  /,!  /it 
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Or/fte  .    S.  J'///-(r/('  i/c.r  />(>//i/iK\r. 
,'i .  .Vt>(//u7/i'  //a/) f  ;///('  .    (>'.  P/:. :.{■,,.    ,//!  -l'i/r/'/ii/tr  .   ()■  7'i//ir/i-  iwfe  ti />tr//(/e,i- ■ 


P  Y  R  ,8, 

ron  un  mois  après  leur  métamorphose  ;  les  autres  au  prin- 
temps ,  ayant  passé  l'hiver  sous  l'état  de  nymphes. 

On  trouve  les  pyrales  pendant  toqte  la  belle  saison  ;  elles 
forment  un  genre  très-nombreux  ^.que  l'on  pourroit  diviser 
ainsi  :  i°  palpes  inférieurs  cylindriques,  Pyralis  fagana  ;  2.'» 
second  article  des  palpes  inférieurs  dilaté  ;  le  dernier  fort 
court  et  obtus,  Pyralis pomana; 'à. °  palpes  inférieurs  allongés, 
recourbés,  terminés  par  un  article  long  et  conique ,  Pyralis 
heradœana  (  V.  pour  d'autres  divisions  mon  Gêner,  rrust.  et 
insect.  ) 

Les  espèces  les  plus  remarquables  sont  : 

Pyrale  verte  a  bandes,  Pyralis  {phalœna  ,  Linn.  )  prasi- 
naria^Yah.  ;  Chappeverte  à  bandes,  Geoff  ;  pi.  M.  17,  g  de  cet 
ouvrage.  Cette  pyrale  ,  une  des  plus  grandes  de  ce  genre  , 
aies  ailes  et  le  corps  d'un  beau  vert;  deux  lignes  obliques, 
blanches,  sur  les  ailes  supérieures  ;  le  dessous  des  quatre  ai- 
les d'un  vert  blanchâtre. 

On  la  trouve  aux  environs  de  Paris. 

Sa  chenille  est  verte ,  avec  quelques  raies  obliques  d'un 
vert  jaunâtre  ;  sa  partie  postérieure  est  beaucoup  plus  mince 
que  sa  partie  antérieure  ;  elle  retire  souvent  sa  tête  sous  les 
premiers  anneaux  de  son  corps.  Elle  se  nourrit  de  feuilles 
de  chêne  et  d'autres.  Vers  le  milieu  du  printemps  ,  elle  s'en- 
ferme dans  une  coque  à  laquelle  elle  donne  la  forme  d'un 
bateau,  se  change  en  nymphe,  et  devient  insecte  parfait  en- 
viron un  mois  après. 

Pyrale  du  hêtre,  Pyralis  {phalœna,  Linn.)  fagana  ,  Fab. 
Elle  est  presque  aussi  grande  que  la  précédente  ;  verte,  avec 
des  lignes  obliques  d'un  rouge  pâle  sur  les  ailes  supérieures  ; 
elle  a  les  antennes  et  les  pattes  d'un  rouge  pâle  ,  quelque- 
fois jaunâtres. 

On  la  trouve  aux  environs  de  Paris. 

Sa  chenille  est  une  de  celles  qui  font  leur  coque  en  ba- 
teau ;  elle  est  verte  ;  avec  des  lignes  jaunâtres  sur  les  côtés. 
On  la  trouve  vers  la  fin  de  l'été.  Elle  se  nourrit  de  feuilles 
de  chêne,  fait  sa  coque  au  commencement  de  l'automne, 
passe  l'hiver  sous  la  forme  de  nymphe,  et  devient  insecte 
parfait  au  printemps  suivant 

Pyrale  du  xylostéon,  Pyralis  xylosteana,  Fab.  Elle  a  les 
ailes  supérieures  brunes ,  avec  une  large  bande  sur  le  mi- 
lieu, d'un  brun  plus  foncé,  et  sur  la  totalité,  de  petites  lignes 
de  même  couleur. 

On  la  trouve  en  Europe  ;  elle  est  commune  aux  environs 
de  Paris. 

Sa  chenille  est  verte  ;  elle  vit  sur  h  lilas,  dont  elle  roule 
les  efuilles;  si  on  touche  un  peu  fort  à  celle  sur  laquelle  elle 


288  P  Y  R 

est,  elle  sort  de  son  rouleau  par  un  des  bouts,  qu'elle  laisse 
toujours  ouvert,  et  se  suspend  au  brin  de  soie  qu'elle  a  soin 
de  tenir  prêt  à  l'aider  dans  sa  fuiteN,  et  quand  elle  croit  le 
danger  passé,  elle  remonte  à  l'aide  de  cette  soie.  Elle  mange 
tout  l'intérieur  de  son  rouleau,  sans  jamais  toucber  au  der- 
nier tour  de  spirale.  Elle  se  change  en  nymphe  dans  son  rou- 
leau, au  commencement  de  l'été,  et  devient  insecte  parfait 
un  mois  après. 

Pyrale  de  la  vigtsie,  Pyraîîs  vitana.,  Fab,;  Bosc,  Mémoire 
d'Agrit:.,  1786,  irim.dp'té ,  p.  22,  pi.  4.,  fig-6;  Coqueb.  ,  Illusf. 
inconog.  Insect.  dec.  i  ,  tab.  7,  fig.  9.  Ses  ailes  supérieures  sont 
d'un  verdâtre  foncé  ,  avec  trois  bandes  obliques  noirâtres  , 
dont  la  troisième  ternùnale.  Sa  chenille  fait  un  grand  dégât 
à  la  vigne  ,  dans  quelques  cantons  de  la  France. 

Pyrale  des  pommes,  Pyralis  {^phalœna^  Linn.  )  pomana  , 
Fab.  Elle  a  les  ailes  d'un  gris  cendré;  les  supérieures  ont ,  à 
l'extrémité ,  une  grande  tache  brune  ,  sur  laquelle  sont  des 
points  d'or,  et  sur  la  totalité,  des  petites  lignes  brunes  et 
jaunâtres.  , 

Sa  chenille  est  rougeâtre  ;  elle  se  nourrit  de  pommes  ,  et 
vit  dans  l'intérieur  de  ce  fruit  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  prête  à 
se  métamorphoser  ;  alors  elle  se  fait  un  chemin  depuis  le 
centre  jusqu'à  la  circonférence  de  la  pomme  ,  et  en  sort 
pour  aller  chercher  uu  endroit  où  elle  puisse  se  changer  en 
nymphe.  Il  paroît  que  c'est  sous  l'écorce  de  l'arbre  qu'elle  se 
retire;  là  ,  elle  file  une  coque  dans  laquelle  elle  fait  entrer 
différentes  matières ,  et  s'y  enfermer  Elle  en  sort  sous  la 
forme  d'insecte  parfait ,  au  milieu  de  l'automne. 

Après  l'accouplement,  les  femelles  collent  leurs  œufs 
dans  les  endroits  où  les  petites  chenilles  qui  doivent  en  sor- 
tir, puissent  trouver  la  nourriture  qui  leur  convient,  et  il 
paroît  que  la  chenille  perce  la  pomme  pendant  qu'elle  est 
encore  jeune ,  et  s'introduit  dans  son  intérieur  ;  l'endroit 
par  où  elle  est  entrée,  se  referme  quelquefois,  de  manière 
qu'il  est  difficile  d'apercevoir  le  trou  qui  lui  a  donné  passage. 

Pyrale  cynospane,  Pyralis  (phalœna,  Linn.)  cynosbanes , 
Fab.  Elle  a  les  ailes  grises;  les  supérieures  d'un  brun  noi- 
râtre à  leur  origine ,  avec  l'extrémité  blanche,  terminées  par 
des  points  noirs. 

On  la  trouve  en  Europe. 

Sa  chenille  est  brune  ,  avec  la  tête  noire.  Elle  vit  dans  les 
jeunes  pousses  des  branches  de  rosier,  creuse  l'intérieur  du 
bouton,  mange  toute  la  substance  qu'il  renferme;  elle  at- 
taque aussi  les  feuilles  nouvellement  développées ,  et  s'y 
forme  un  logement,  en  les  attachant  ensemble  avec  plu- 
sieurs brins  de  soie.  Vers  le  milieu  du  printemps,  elle  fil« 


P  Y  R 


89 


une  coque  ovale  ,  d'une  soie  très-blanche ,  dans  laquelle  elle 
se  change  en  nymphe  ,  et  en  sort  sous  la  forme  d'insecte 
parfait  quinze  jours  après, 

PyR\LE  DE  LA  BERCE,  Pyralis  (^phalœna,  lÀnn.)  Jyacleana. 
Le  corps  paroît  aplati  ou  écrasé  -,  les  ailes  sontgr;ov.i,  ;  ies  su- 
périeures ont  des  lignes  noires,  rapprochées  sur  le  disque. 
La  chenille  vit  sur  les  plantes  ombelliféres ,  la  ùei-ce  no- 
tamment ;  elle  en  lie  les  Heurs  avec  de  la  soie  ,  et  après  les 
avoir  rongées,  elle  pénètre  dans  les  tiges  parles  aisselles  des 
feuilles.  Celle  chenille  est  verte  ,  ponctuée  de  noir  ,  avec 
trois  lignes  plus  foncées  sur  le  dos.  (l.) 

PYRALIS,  Pyrallls  ou  Pyrralis,  Nom  grec  d'un  oi^ 
seau  inconnu,  (v.) 

PYRAME,  CHIEÎS  PYRAME.  Race  de  chien  venant 
de  la  race  épagneule,  transportée  en  Angleterre,  et  caracté- 
risée par  sa  couleur  d'un  noir-marron,  accompagnée  de  ta- 
ches de  feu  sur  les  yeux,  (desm.) 

PYRAMIDALE.  Nx)m  spéciGque  d'une  Campaivule.  (b.) 

PYRAMIDE.  Nom  que  quelques  anciens  conchyliologis- 
tes  français  ont  donné  aux  coquilles  du  genre  Côt^e.  (b.) 

PYRAMIDE.  Sommet  d'un  cristal  qui  présente  au  moins 
trois  faces  qui  se  réunissent  en  un  point ,  ou  sur  une  même 
ligne  ,  à  moins  que  la  pyramide  ne  soii  tronquée.  Quand  ua 
cristal  est  terminé  en  forme  de  coin  ,  ce  n'est  pas  une  pyra- 
mide ^  c'est  un  sommet  dièdre,  (pat.) 

PYRAMIDE  (GRANDE).  C'est  une  coquille  du  genre 
Toupie  ,  le    Trochus  niloticus.  (desm.) 

PYRAMIDELLE,  Pyramidella.  Genre  de  coquilles  de  la 
classe  des  Univalves,  qui  a  été  établi  par  Lamarck  pour  sé- 
parer du  genre  des  Toupies  ( /roc/iM5,  Llnn.  )  quelques  espè- 
ces qui  ne  lui  conviennent  pas  complètement.  Ce  genre  offre 
pour  caractères  :  une  coquille  turriculée,  dont  l'ouverture  est 
entière  et  demi-ovale;  la  columelle  saillante  ,  perforée  à  sa 
base  et  munie  de  trois  plis  trans verses.  Il  a  pour  type  la  tou- 
pie dolabre. 

On  ne  sait  rien  sur  les  animaux  des  pyramidelles ,  qui  ont 
sans  doute  de  très-grands  rapports  avec  ceux  des  Toupies. 

(B.) 

PYRANGA,  Pjran^a  ,  Vieîll.  ;  Tanagra ,  Lath.  Genre 
de  Tordre  des  oiseaux  Sylvains  et  de  la  famille  des  Péri- 
cales.  V.  ces  mots.  Caractères  :  bec  robuste,  épais,  un  peu 
déprimé  à  sa  base ,  conique  ,  convexe  dessus  et  dessous  ; 
mandibule  supérieure  ,  couvrant  une  partie  de  Tinférieure  , 
à  bords  anguleux,  en  forme  d'une  fausse  dent  vers  son  mi- 
lieu, légèrement  échancrée  et  fléchie  à  sa  pointe;  l'infé- 
rieure  droite    et    entière;   narines   arrondies,   ouvertes, 

xxyai.  19 


9° 


P  Y  R 


f)eliles ,  à  demi  couvertes  par  les  plumes  du  capistrum  ; 
angue  cartilagineuse  ,  bifide  à  sa  pointe  ;  les  trois  premières 
rémiges  égales,  ou  à  peu  près,  et  les  plus  longues  de  toutes; 
quatre  doigts  ,  trois  devant ,  un  derrière  ;  les  extérieurs  réu- 
nis à  leur  base  ,  l'interne  libre. 

Les  oiseaux  que  renferme  ce  genre,  ont  été  classés  parmi  les 
/<7n^«/«5;maisM.Desmarest  en  a  fait  une  section  particulière, 
sous  la  dénomination  de  iangams  r.ollunens  ,  d'après  quelques 
rapports  entre  leur  bec  et  celui  des  pie-grièches.  Ce  savant 
est  le  premier  qui  ait  aidé  à  débrouiller  un  genre  aussi  mal 
composé  que  celui  des  iangaras.  Voyez  ce  mot.  Les  pyrangas 
vivent  d'insectes,  qu'ils  saisissent  quelquefois  au  vol;  mais,  le 
plus  souvent ,  ils  les  cherchent  sur  les  arbres;  ils  se  nour- 
rissentaussi  de  diverses  baies  à  l'époquedeleur  maturité.  Ces 
oiseaux  ne  se  réunissent  point  en  troupes,  ils  se  tiennent  tou- 
jours seuls  ou  en  fa'milles  et  fréquentent  les  vergers  ;  mais  la 
plupart  préfèrent  l'épaisseur  et  le  silence  des  bois,  où  ils 
X)ichent  sur  les  arbres  de  moyenne  hauteur;  leur  chant  n'a 
rien  de  remarquable.  Les />yrang'«5  qui  fréquentent  les  Etats- 
Unis  et  le  Canada ,  y  arrivent  vers  les  premiers  jours  de 
mai,  y  restent  jusqu'à  l'automne,  et  font  ordinairement 
deux  pontes  pendant  leur  séjour;  ensuite  ils  se  retirent,  avec 
leur  famille,  sous  la  zone  torride,  où  ils  passent  l'hiver. 

Le  PyraNGA  bleu  et  jaune  ,  Pyranga  cyanicterus  ^  Yieill. 
Cet  oiseau,  qu'on  soupçonne  appartenir  à  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  a  sept  pouces  de  longueur  ,  le  bec  noir  ,  la  tête, 
le  cou  en  entier  ,  la  gorge  ,  le  dos  ,  le  croupion  ,  les  couver- 
tures des  ailes, l'extérieur  des  pennes  primaires, les  plumes  du 
dessus  de  la  queue, ses  deux  pennes  intermédiaires  et  le  bord 
des  autres,  d'un  beau  bleu  d'azur;  le  dos  est  de  cette  couleur, 
avec  des  reflets  verdâlres;  elle  est  pure  sur  les  autres  parties, 
et  brillante  sur  le  devant  du  cou  et  sur  le  haut  de  lapoitrine;  on 
remarque  une  tache  de  la  même  couleur  sur  les  côtés  de 
l'estomac  ,  laquelle  s'avance  un  peu  sur  le  devant  en  forme 
de  demi-cercle  ;  le  reste  des  parties  inférieures  est  d'un  jaune 
citron  éclatant;  les  grandes  pennes  des  ailes  sont  noires  à 
l'extérieur  ;  les  pieds  d'un  jaune  d'ocre  clair.  Cet  oiseau  est 
dans  la  collection  de  M.  Temminck. 

Le  Pyramga  CEîsdre  ,  Pyranga  cinerea ,  Vieill.  ,  se  trouve 
dans  l'Au)érique  méridionale  ;  le  bec  et  les  pieds  sont  noirs; 
tout  le  plumage  est  d'un  cendré  foncé  ,  avec  quelques  mar- 
ques blanches  sur  les  couvertures  des  ailes  et  des  tache.<î 
blanchâtres  sur  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  ,  qui 
est  assez  longue,  carrée  et  terminée  de  blanc.  Je  soupçonne 
que  c'est  un  jeune  oiseau  dont  je  ne  connois  pas  l'espèce. 
Je  l'ai  vu  au  Muséum  d'Histoire  naturelle. 


P    Y    R  2Ql 

Le  Pyranga  a  face  rouge,  Pyranga  erythropîs  ,  Vieill.; 
pi.  20,  fig.  I  de  TAm.  Ornithology.  11  a  six  pouces  de  lon- 
gueur; le  dos,  la  queue  et  les  ailes,  noirs;  les  grandes 
couvertures  des  ailes  terminées  de  jaune  ;  les  moyennes 
totalement  de  cette  couleur  ;  le  cou,  le  croupion,  les  cou- 
vertures de  la  queue  ,  et  toutQg  les  parties  inférieures  ,  d'un 
verdâtre  jaune;  le  devant  de  la  tête,  jusqu'au-dessous  de  l'œil 
et  le  menton,  d'un  écarlate  clair;  le  bec  d'une  couleur  de 
corne  jaunâtre  ;  les  pieds  d'un  bleu  clair;  la  queue  très- 
peu  fourchue  et  terminée   de  blanchâtre  terne. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  les  grandes  plaines  et  prairies 
qui  bordent  le  Missouri,  entre  les  nations  Osage  et  Maudan  ; 
elle  place  son  nid  dans  les  buissons,  et  souvent  dans  les 
herbes.  Elle  se  nourrit  de  différentes  sortes  de  baies  ,  qui  y 
sont  très-abondantes. 

Le  Pyranga  noir  et  jaune  ,  Pyranga  Icleromelas ,  Vieill. 
Cet  oiseau,  que  l'on  trouve  dans  l'Amérique  méridionale  , 
est  d'un  noir  profond  sur  toutes  les  parties  supérieures  ,  les 
côtés  de  la  tête  ,  du  cou  et  de  la  gorge  qui  est ,  dans  son 
milieu  ,  rayée  transversalement  de  jaune  ;  toutes  les  parties 
inférieures  sont  de  cette  couleur  ;  le  bec  est  noirâtre  en 
dessus  ,  et  de  couleur  de  corne  en  dessous  ;  les  pieds  sont 
d'un  brun  rougeâtre  ;  taille  un  peu  inférieure  à  celle  des 
tachy plions  noir  et  blanc.  Du  Muséum  d'Hist.  nat. 

Le  Pyranga  aux  pieds  jaunes,  Pyranga icteropus .,  Vieil!.; 
a  six  pouces  et  demi  de  longueur  totale;  la  tête,  le  dessus 
du  cou  et  le  dos,  verts  ;  les  deux  pennes  intermédiaires  de  la 
queue  en  entier ,  le  bord  extérieur  de  toutes  les  latérales 
et  des  pennes  alaires ,  bleu;  toutes  les  pennes  brunes  à 
l'intérieur  ;  le  menton  ,  le  devant  du  cou  ,  et  toutes  les 
parties  postérieures,  jaunes  ;  les  plumes  des  jambes,  d'un 
vert-olive  ;  le  bec  brun ,  et  les  pieds  jaunes.  On  le  trouve  au 
Brésil.  Du  Muséum  d'Hist.  nat. 

Le  Pyranga  rouge  ,  Pyranga  œsti\>a  ,  Vieill.  ;  Tanagra 
ccsiïpa  et  mississipensis ,  Lath.  ;   pi.  enl.    de  Buffon  ,  n.°  y^i. 

Le  plumage  du  mâle  est  généralement  rouge  ,  à  l'excep- 
tion de  l'intérieur  des  pennes  alaires  ,  qui  est  brun,  La  cou- 
leur rouge  ne  se  présente  pas,  chez  tous  sous  la  même  nuan- 
ce; elle  est  vive  chez  les  uns  ,  et  se  rapproche  de  celle  de  la 
brique  chez  d'autres  ;  ce  qui  dépend  de  l'âge  plus  ou  moins 
avancé;  le  bec  est  d'une  couleur  de  corne  jaunâtre;  l'iris, 
noisette;  les  pieds  sont  d'un  bleu  clair,  inclinant  au 
pourpre;  longueur  totale,  depuis  six  pouces  deux  lignes 
jusqu'à  six  pouces  six  lignes. 

La  femelle  a  toutes  les  parties  supérieures  d'un  jaune 
olive  brunâtre  ,  plus  clair  au-dessus  de  l'œil  ;  la  gorge  ,  le 


292  P  Y  R 

devant  du  cou,  la  poilrine,  et  toutes  les  parties  postérieu- 
res ,  d'un  jaune  orangé  terne;  l'extrémité  et  les  barbes  inté- 
rieures des  rémiges  ,  brunes  ;  les  pennes  de  la  queue  plus 
claires  en  dessous  qu'en  dessus  ;  le  bec,  les  pieds  et  l'œil, 
comme  dans  le  mâle  ,  et  une  taille  un  peu  inférieure. 

Le  jeune  ,  dans  son  premier  âge  ,  est  d'un  vert  olive  en 
dessus ,  et  presque  pareil  à  la  femelle  ,  sur  toutes  les  par- 
ties inférieures.  11  ce  commence  à  prendre  son  plumage 
parfait  qu'au  printemps  et  pendant  l'été  ;  les  jeunes  mâles 
se  distinguent  alors  des  femelles  ,  par  la  bigarrure  de  leurs 
vêtemens.  Le  jaune  et  le  vert  olive  sont  d'abord  tacbetés  d'une 
teinte  fauve ,  qui  ne  parvient  à  la  couleur  rouge  que  gra- 
duellement ;  ces  taches  sont  semées  irrégulièrement  sur 
tout  le  plumage  ,  jusqu'au  mois  de  juin  ,  époque  où  il  reste 
.  souvent  aux  ailes,  et  surtout  à  la  queue,  quelques  pennes 
vertes.  De  cette  variation,  il  est  résulté  dans  les  ouvrages 
d'ornithologie  plusieurs  espèces  purement  nominales  ;  sa- 
,  voir  :  dans  Latham  ,  les  tanagra  varicgata  et  virginica  ,  et 
dans  Gmelin  ,  le  Tanagra  variegala  et  le  loxia  virginica. 
En  outre,  le  mâle  est  décrit  deux  fois,  comme  le  prouve  la 
synonymie.  Cette  espèce  fait  son  nid  dans  les  bois  ,  sur  la 
branche  horizontale  d'un  arbre  moyen  ,  et  préfère  souvent 
celui  qui  est  toujours  vert;  elle  le  place  à  dix  ou  douze  pieds 
de  terre ,  le  compose  de  tiges  de  lin  sèches  ,  et  en  tapisse 
le  dedans  d'herbes  fines.  Sa  ponte  est  de  trois  ou  quatre 
œufs  ,  d'un  bleu  clair.  Le  cri  que  la  femelle  jette,  quand  on 
est  proche  tle  son  nid  ,  semble  exprimer  les  syllabes  chicky- 
touck  ,  chicky  -  toucky  ,  toiick.  Le  ramage  du  mâle  est  fort , 
sonore    et  plaintif. 

Ces  pyrangas  se  trouvent,  pendant  l'été,  dans  les  Etats- 
Unis  ;  mais  ils  ne  s'avancent  pas  dans  le  nord  autant  que 
le  pyran^a  rouge  et  noir:  on  les  voit,  mais  rarement ,  dans  la 
Pensyivanie  et  l'état  de  New-York.  Leur  domicile,  de  pré- 
férence, est  la  Caroline,  les  Florides  et  la  Louisiane. 
Buffou  s'est  mépris,  en  rapportant  à  cette  espèce  ce  que 
Lepage-Dupratz  dit  d  un  autre  oiseau  (  le  cardinal  huppé  )  ; 
que  c'est  en  été  qu'on  entend  fréquemment  le  ramage  du 
cardinal  dans  les  bois  ;  et  l'hiver  seulement ,  sur  les  bords 
des  rivières  ,  lorsqu'il  a  bu....  Dans  cette  dernière  saison  ,  il 
ne  sort  point  de  son  domicile,  où  il  garde  continuellement 
la  provision  qu'il  a  faite  pendant  le  beau  temps.  Celte  pro- 
vision est  ordinairement  composée  de  maïs  ,  et  si  considé- 
rable ,  qu'elle  est  quelquefois  d  un  boisseau  (  mesure  de 
Paris).  Le  grain  est  arlistement  couvert  de  feuilles  et  de 
petites  branches  ou  bûchettes,  et  il  n'y  a  qu'une  seule  ou- 
verture par  où  l'oiseau  puisse  entrer  dans  son  magasin. 
"Wilson  regarde  ces  détails  comme  apocryphes  ,  pour  ces 


M.  22 


P  Y  R  293 

detix  oiseaux.  Au  reste  ,  il  est  toujours  certain  que  l'historien 
de  la  Louisiane  parle  du  cardinal  huppé  ^  et  non  pas  du 
pyranga  rouge  ;  car  il  signale  son  cardinal  par  un  capuchon 
qui  n'est  autre  chose  que  l'aigrette  de  ce  gros-bec;  le  py- 
ranga n'ayant  pas  môme  les  plumes  de  la  tête  assez  longues, 
pour  présenter  une  sorte  de  huppe  ,  quand  il  est  agité  de 
quelque  pa^ion. 

Le  Pyranga  rouge  et  noir  ,  Pyranga  crylhromelas  , 
Vieiil.  ;  Tanagra  ruhra  ^  Lath.  ;  pi.  M.  22,  n."  3,  de  ce  Dicl. 
Sous  le  nom  de  Pyranga  rouge  et  noir  ,  Latham  et  Gmclin  ont 
confondu  cet  oiseau  avec  \e  j'acapa  scarlaile ,  en  donnant 
celui-ci  pour  une  variété  ;  il  est  vrai  que  les  mâles  portent 
un  plumage  qui  présente  de  très  -  grands  rapports  ;  mais 
le  rouge  est  d'une  nuance  différente  ;  il  ne  jette  pas  de  re- 
flets, chez  ce  pyranga,  et  il  se  rapproche  de  la  couleur  de  feu, 
d'où  lui  est  venu  le  nom  Aç.  fire  bird  (  oiseau  de  feu)  ,  qu'on 
lui  a  imposé  dans  les  Etats-Unis;  de  plus,  son  bec  a  une 
autre  conformation,  et  les  plumes  de  la  tête  et  du  cou  sont 
d'une  texture  différente.  En  effet, celles  du  scarlatie  sont  noi- 
res, et  d'un  noir  très-foncé  à  l'intérieur,  tandis  que  le  py- 
rangales  a  blanchc^dans  le  milieu  et  d'un  gris  sombre  à  l'ori- 
gine ;  en  outre  ,  ces  deux  oiseaux  n'habitent  pas  dans  les 
mêmes  contrées. 

Ce  ysjran^a  arrive,  au  printems,  dans  le  nord  deTAmérique, 
et  pénètre  jusqu'au  Canada  ;  il  s'approche  alors  des  habita- 
tions ,  et  se  tient  dans  les  vergers  ;  mais  sa  demeure  favorite 
est  au  milieu  des  bois,  où  il  recherche  les  arbres  les  plus 
feuilles.  Son  cri  semble  exprimer  les  syllabes  chip  ,  chourr , 
répétées  par  intervalles,  d'un  ton  morne,  de  manière  que 
l'on  croit  l'oiseau  très-loin,  quoiqu'il  soit  très-près.  Le  chant 
du  mâle  ressemble  en  quelque  chose  à  celui  du  baliimore. 
Cette  espèce  se  nourrit  d'insectes,  qu'elle  prend  quelquefois 
au  vol,  et  de  baies  tendres,  surtout  de  cerises  dont  elle  paroît 
très-friande.  Elle  place  son  nid  sur  les  arbres,  quelquefois 
sur  un  pommier,  le  compose  à  l'extérieur  de  tiges  de  lin  et 
d'herbes  sèches,  et  en  forme  un  tissu  si  lâche  ,  qu'on  peut 
apercevoir  la  couche  sur  laquelle  la  femelle  dépose  trois  ou 
quatre  œufs  d'un  bleu  terne,  tjicheté  de  brun  ou  (\e  pourpre. 

Le  mâle,  âgé  de  deux  ans,  a  la  tête  et  tout  le  corps 
d'un  beau  rouge  de  feu  ;  les  ailes  et  la  queue  ,  d'un  noir 
velouté  ;  le  bec  d'un  jaune  rembruni  ;  l'iris  jaunâtre  ; 
les  pieds  d'un  bleu  clair,  et  six  pouces  environ  de  lon- 
gueur totale;  le  même,  âgé  d'un  an,  est  d'un  rouge  plus 
clair  et  moins  éclatant;  les  pennes  alaires  et  caudales  sont 
d'un  brun  noirâtre  ;  les  primaires  bordées  de  blanc  sale  en 
dehors  ,  et  les  autres  terminées  de  la  même  teinte.  11  a  non 


294  P  Y  R 

seulement  les  plumes  du  corps  rouges,  mais  sa  graisse  erla 
moelle  de  ses  os,  sont  d'une  nuance  aussi  belle. 

La  femelle  est  d'un  vert  foible  sur  les  parties  supérieures  , 
jaune  sur  les  inférieures  ;  d'un  noir  brunâtre  bordé  de 
vert  sur  les  ailes  et  la  queue.  Le  jeune  mâle  lui  ressemble 
avant  sa  première  mue  ,  cl  ne  prend  qu'au  printemps  le 
plumage  qui  caractérise  son  sexe,  époque  à  laquelle  on  en 
voit  qui  sont  variés  de  rouge  ,  de  jaune  et  de  vf  rt ,  et  dont 
les  ailes  ont  une  large  bordure  de  la  dernière  couleur.  On 
soupçonne  que  le  mâle  porte  deux  babits  différens  ,  l'un 
d'hiver,  à  peu  près  pareil  à  celui  de  la  femelle  ,  et  un  d'été, 
tel  que  nous  l'avons  décrit  ci-dessus;  mais  l'on  ne  sait  où  il 
se  retire  pour  passer  la  mauvaise  saison.  C'est  à  tort  que 
Buffon  applique  à  cet  oiseau  le  passage  suivant ,  pris  dans 
l'histoire  de  la  Nouvelle-France  ,  par  Charlevoix.«  Ce  n'est 
qu'à  cent  lieues  du  Canada  ,  en  tirant  au  Sud,  que  l'on  com- 
mence à  voir  des  cardinaux.  La  douceur  de  leur  chant ,  l'éclat 
de  leur  plumage  qui  est  d'un  beau  rouge  incarnat ,  une 
petite  aigrette  qu'ils  ont  sur  la  tête  ,  semblent  leur  assurer 
l'empire  des  airs  ;  »  tome  3,  page  iSy,  Ce  passage  indique 
très-bien  \q  gros-bec ,  ou  le  cardinal  huppà,  qui  ne  se  trouve 
point  au  Canada,  tandis  que  l'autre  Ihabile  pendant  l'été, 
et  n'a  point  d'aigrette. 

Le  Pyranga  a  tète  verte  ,  Pyranga  chlorocephala  , 
.Vieill, ,  est  de  la  taille  du  pyranga  rouge  :  il  a  le  bec  brun  , 
plus  clair  sur  les  bords  ;  la  tête  verdâtre  ;  le  dessus  du  cou  et 
du  corps  ,  les  ailes  et  la  queue  ,  d'un  bleu  très-clair  ;  la 
gorge  et  toutes  \cs  parties  postérieures  ,  d'un  beau  jaune  ; 
les  pieds  d'une  couleur  de  chair  rougeâtre. 

La  femelle  ,  ou  le  jeune  ,  a  la  tête  d'un  gris  verdâtre  ; 
toutes  les  parties  supérieures  ,  d'un  vert  olivâtre  ;  les  in- 
férieures, d'un  jaune  un  peu  verdâtre  ;  le  bec  brun  et  les 
pieds  couleur  de  chair.  Je  ne  connois  pas  le  pays  de  cet 
oiseau  ,  qui  est  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  ;  mais  je 
soupçonne  qu'il  se  trouve  dans  l'Amérique  méridionale,  (v.) 

PYRASTER.  C'est  le  Poirier  sauvage.  On  a  nommé 
V ameîanchier  ^  Pyr ASTER  DE  MONTAGNES.  (LN.) 

PYRAZUS.   V.  PiRAZE.  (DESM.) 

PYREI.  Nom  russe  du  Chiendent,  (ln.) 

PYRÉNACEES,  Vitices,  Juss.  Famille  de  plantes  dont  les 
caractères  sont  :  un  calice  tubuleux,  souvent  persistant  ;  une 
corolle  tubuleuse  à  limbe,  communément  irrégulier;  quatre 
étamines  presque  toujours  didynames,  rarement  deux  ou  six; 
un  ovaire  supérieur  simple,  à  style  unique,  à  stigmate  simple 
ou  bilobé,  quelquefois  coudé  ;  un  péricarpe  charnu  contenant 
un  ou  quatre  osselets ,  rarement  des  semences  nues  et  agglu- 


P  Y  R  295 

llnées  par  un  tissu  utrlculaire;  à  périsperme  nul,  à  embryon 
droit,  à  cotylédons  presque  foliacés,  et  à  radicule  inférieure. 

La  tige  des  pyrénacées  estpresque  toujours  frutescente.  Les 
feuilles  sont  souvent  simples  et  ordinairement  opposées.  Les 
fleurs  varient  dans  leurs  dispositions  :  tantôt  elles  sont  portées 
sur  des  pédoncules  rameu.K  très-longs  et  opposés ,  dont  l'en- 
semble forme  un  corymbe  ou  une  panicule  ;  tantôt  leurs 
pédoncules  sont  simples,  courts  et  alternes  sur  Taxe  d'un  épi 
ou  d'une  grappe. 

Ventenat,  de  qui  on  a  emprunté  ces  expressions,  rapporte 
à  cette  famille  ,  qui  est  la  septième  de  la  huitième  classe  de 
son  Tableau  du  Règne  végétal ,  et  dont  les  caractères  sont  figu- 
rés pi.  9,  n.°  2  du  même  ouvrage  ,  seize  genres  sous  quatre 
divisions,  savoir  : 

i.^  Les  pyrénacées  dont  les  fleurs  sont  disposées  en  co- 
rymbe et  le  péricarpe  charnu  :  Péragu,    Oviède,  Volka- 

MÈRE,    ^EgYPHYLLE,    CaLLICARPE  ,    GaTTILIER  ,    CORNUTIE 

et  Gmeline. 

2.°  Les  pyrénacées  qui  ont  les  fleurs  disposées  en  épi  et  le 
péricarpe  charnu  :  Gotelet  ,  Durante,  Lantana  et  Spiel- 

MANNE. 

3."  Les  pyrénacées  à  fleurs  disposées  en  épi  et  à  semences 
nues  :  Verveine  et  Zapane. 

4.."  Les  genres  qui  ont  de  l'affinité  avec  les  pyrénacées  : 
Selage  et  Hébemstreite.  (b.) 

PYRENAIRE,  Desv.  Sorte  de  fruit.  Il  se  rapproche  du 
INucuLAiRE.  Le  genre  Néflier  en  offre  un  exemple,  (b.) 

PYRÈNË ,  Pyrena.  Nom  donné  par  Tournefort  au  noyau 
de  quelques  drupes,  (b.) 

PYRENEÏTE.  Nom  donné  par  Werner  au  Grenat 
3S0IR  du  pic  d'Eres-Lids  dans  les  Pyrénées;  il  ne  faut  pas  le 
confondre  avec  la  Mélanite.  V.  Grenat  noir,  (ln.) 

PYRENION,  Pyrenium.  Genre  de  plantes  cryptogames 
de  la  famille  des  Champignons,  qui  a  été  établi  par  Tode , 
et  appelé  Tricuoderme  par  Persoon.  Il  a  pour  caractères  : 
d'être  globuleux,  sessile, très-entier,  et  de  renfermer  des  se- 
mences réunies  et  nues  ,  semblables  à  des  noix. 

Ce  genre  est  composé  de  dix  espèces,  dont  quatre  sont 
représentées  fig.  20  ,  ^-g  et  5o  de  l'ouvrage  de  Tode  sur  les 
champignons  du  Mecklembourg.  (b.) 

PYRENULE,  Pyrenula.  Genre  de  lichen  établi  par 
Acharius  dans  le  troisième  volume  du  Magasin  des  curieux 
de  la  nature,  de  Berlin.  Il  rentre  dans  ceux  appelés  Sphérie 
et  Verrucaire.  Beaucoup  de  ses  espèces  sont  figurées  ea 
couleur  dans  l'ouvrage  ci-dessus,  (b.) 

PYRETHRE;^  Pyreihrum.  Genre  de  plantes  établi  pat-. 


296  P  Y  R 

Gsertner,  pour  placer  plusieurs  espèces  de  Chrysanthèmes 
de  Linnseus,  qu'il  a  trouvé  n'avoir  pas  complètement  les  ca- 
ractères des  autres.  En  effet  ,  ils  en  diffèrent  par  des  demi- 
fleurons  trideniés  et  des  semences  surmontées  d'un  rebord 
un  peu  saillant  et  obscurément  denté. 

^  illdenovv  rapporte  vingt-cinq  espèces  à  ce  genre. 

Parmi  les  pyrèlhres  à  ravons  blancs  ,  il  faut  remarquer  la 
Frutescente,  qui  est  originaire  des  Canaries,  et  que  nous 
cultivons  dans  nos  orangeries,  et  les  Inodore  et  Mari- 
time, qui  sont  indigènes. 

Nous  ne  cultivons  en  France  aucune  de  celles  à  rayons 
jaunes. 

On  appelle  aussi  pyrèthre  ,  dans  les  boutiques,  les  racines 
de  deux  espèces  de  Camomilles  ,  qui,  mâchées,  excitent  la 
salivation,  (b.) 

PYRÈTHRE  SAUVAGE.  C est  V Achil/ée  piarmigue  ou 
Herbe  a  éternuer.  (ln.) 

PYPtETHRUiM,  Plante  mentionnée  par  Dioscoride  ,  et 
qui  devoit  son  nom  à  la  saveur  brûlante  de  sa  racine.  Ce 
naturaliste  grec  attribue  au  pyrelhrum  les  feuilles  et  les 
branches  du  dauciis  saiwage  et  du  maratlirum  ,  et  des  (leurs  en 
bouquets  ronds,  telles  que  celles  de  Vanethum.  Or,  comme 
toutes  ces  plantes  ,  qui  servent  de  terme  de  comparaison  , 
appartiennent  à  la  famille  des  ombellifères  ,  il  est  très-pro- 
bable que  c'est  encore  dans  cette  famille  qu'on  doit  chercher 
le  pyrethrum  ,  à  moins,  cependant,  que  Dioscoride,  trompé 
par  les  feuilles  de  sa  plante,  qui  dévoient  être  finement  dé- 
coupées, par  suite  de  sa  comparaison,  n'ait  voulu  parler 
d'une  plante  d'une  autre  famille;  c'est  ce  qui  nous  paroît 
plus  que  douteux.  La  racine  du  pyrethrum  ,  mâchée  ,  esci- 
toit  la  salivation  ;  et  sa  décoction  dans  du  vinaigre  servoit  à 
calmer  les  maux  de  dents.  On  s'en  frottoit  le  corps,  avec  de 
l'huile,  pqur  exciter  la  sueur,  contre  les  frissons  qui  précè- 
dent la  fièvre,  et  pour  ranimer  les  membres  paralysés.  Pline 
ne  fait  que  nommer  cette  plante.  Dioscoride  ajoute  que  les 
Romains  la  désignoient  par  le  nom  de  salwaris.  Enfin,  divers 
auteurs  anciens  l'ont  appelée />jrono« ,  pyroton,  pyroihwn  , 
pyrites  ou  pyriiis  et  dorychnium. 

Matthiole  ,  dans  ses  Commentaires  sur  Dioscoride,  figure 
à  la  fois  à  l'article  pyrethrum,  une  plante  ombellifère  et  une 
plante  composée.  La  première  est  rapportée  au  ligustîcum 
apiôîdes  de  Lamarck,  et  la  seconde  est  la  pyrèthre  des  mo- 
dernes ,  ou  anthémis  pyrethrum  ^  L>,  espèce  de  Camomille. 
Adanson  rapporte  à  cette  dernière  espèce  le  pyrethrum  de 
Dioscoride  ;  c'étoit  l'avis  de  plusieurs  botanistes  anciens 
{Brunf.  Trag  ,  Fiichs  ,  Bod.^  etc.).  Mallhiole  donne  pour  tel. 


P  Y  R  .97 

i'ombellifère  qu'il  figure  ;  Camerare  suit  le  même  senliment. 
La  courte  description  donnée  du  pyrelhrum  par  Dioscoride, 
ne  permet  pas  de  le  reconnoître  parmi  celles  de  nos  plantes 
dont  la  racine  jouit  des  mêmes  vertus.  Les  pyrèlhres  des 
pharmaciens  modernes  sont  des  espèces  de  Camomille.  V. 
cet  article. 

Les  premiers  botanistes  modernes  ont  fait  usage  du  nom 
de  pyrethmm  pour  désigner,  outre  les  deux  plantes  de  Mat- 
tliiole,  {q  pyrelhrum  alpinum^  W. ,  V achillœa  plarrnica  ,  L.,  le 
santnlina  alpina^  et  quelques  autres  plantes.  Dans  ces  derniers 
temps,  Medicus  affecta  de  nommer  pyrethiitm  les  spilanthus 
ar.mella  Qi  pseudo-acmella.  Enfin, Gœrtner  et  Smith, détournant 
ce  nom  de  sa  véritable  application,  l'ont  donné  à  un  nouveau 
genre  qu'ils  ont  fondé  aux  dépens  des  genres  clirysantliemum 
et  matricaria,  Linn.  V.  PvRETHaE,  ci-dessus,  (ln.) 
PYRGITA.  Nom  grec  du  Mojneau  domestique,  (v.) 
PYRGOME,  Nom  donné  par  Werner  à  une  variété  de 
pyroxène  qu'on  a  également  nommée  fussuite.  V.  Pyroxène. 

(LN.) 

PYRGOME,  Pyrqoma.  Genre  de  mollusques  cirrhipèdes 
établi  par  Savigny.  11  se  rapproche  des  Bai. ânes,  et  ne  con- 
tient qu'une  espèce  originaire  de  la  mer  Rouge.  Ses  carac- 
tères sont  :  coquille  sessile  ,  univalve-,  presque  globuleuse  , 
ventrue  ,  convexe  en  dessus  ,  percée  au  soumiet  ;  ouverture 
petite,  elliptique  ;  opercule  bivalve,  (b.) 

PYRGOPOLON.  Nom  latin  du  genre  des  coquilles  fos- 
siles, établi  par  Denys  de-Monifort  sous  celui  de  Pirgopole 
en  français.  V.  ce  mot.  (desm.) 

PYRGUE,  Pyrgiis.  Arbrisseau  à  feuilles  alternes,  ovales, 
lancéolées  ,  très-entières ,  à  fleurs  d'un  blanc  rougeâlre,  por- 
tées sur  des  grappes  terminales  ,  qui  forme  un  genre  dans  la 
pentandrie  monogynie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  persistant  à  cinq 
dents  ;  une  corolle  monopétale  en  roue,  divisée  en  cinq  par- 
lies  ;  cinq  élamines  dont  les  anthères  sont  grandes  et  conni- 
ventes  ;  un  ovaire  supérieur  presque  rond,  à  style  subulé  et 
à  stigmate  simple;  une  baie  globuleuse,  petite  et  mono- 
sperme. 

Le  pyrgue  se  trouve  à  la  Cochinchine.  Il  se  rapproche 
beaucoup  des  Bladhies  et  desMYRSiiSES  ;  mais  il  en  diffère 
par  le  nombre  des  parties  et  par  le  manque  d'arille.  (b.) 

PYRIDION.  Sorte  de  Fruit.  Il  appartient  exclusivement 
à  la  famille  des  Rosacées.  V.  Pomme,  Poire,  Coing,  Nèfle  , 
Azerolle  et  Corme,  qui  sont  des  pyridlons.  (B.) 

PYRINA.  r.  Pytia^îtqe.  (!>n.) 


298  P  Y  R 

PYRITE  D'ARGENT.  C'est  le  Fer  arsenical  ARGEif- 

TIBÈRE.  (LN.) 

PYRITE  ARGENTIFÈRE  {sîlberkies,  Stuiz).  C'est  le 
Fer  sulfuré  argentifère,  (ln.) 

PYRITE  ARSENICALE.  Toye^  Fer  arsekical.  C'est 
aussi  le  Fer  sulfuré  arsenifère.  (ln.) 

PYRITE  ARSENICALE  ARGENTIFÈRE.  V.  Fer 

ARSENICAL  ARGENTIFÈRE.  (LN.) 

PYRITE  AURIFÈRE.  C'est  le  Fer  sulfuré  aurifère. 

(LN.) 

PYRITE  BLANCHE.  V.  Fer  sulfuré  blanc,  (ln.) 
PYRITE  BRUNE  MARTIALE.  Nom  donné  par  Bo- 

mare  au  Fer  hydraté  epigène.  (ln.) 

PYRITE  CAPILLAIRE  {haarkies,  Wern.).  C'est  le 

Nickel  natif  capillaire,  (ln.) 
PYRITE  CUIVREUSE.  V.  Cuivre  pyriteux.  (ln.) 
PYRITE  EN  EPIS.  On  donne  ce  nom  à  1' Argent  en 

épi.  (ln.) 

PYRITED'ÊTAIN(zi««A/e5,  W.).  C'est  I'Etain  sul- 
furé, (ln.) 

PYRITE  FERRUCilNEUSE.  V.  Fer  sulfuré,  (ln.) 
PYRITE  HÉPATIQUE.  C'est  le  Fer  sulfuré  dé- 
composé ou  Fer  hydraté  épigene.  (ln.) 

PYRITE  DES  INCAS.  C'est  le  Fer  sulfuré  massie 
avec  lequel  les  Péruviens  faisoient  des  miroirs,  (ln.) 
PYRITE  JAUNE.  V.  Fer  sulfuré,  (ln.) 
PYRITE  MAGNÉTIQUE  {magnetkies ,  W.  ).  C'est  le 
Fer  sulfuré  ferrifère.  (ln.) 

PYRITE  MARTIALE  ou  FERRUGINEUSE.  Voyez 
Fer  sulfuré  et  Fer  sulfuré  rlanc.  (ln.) 

PYRITE  DE  MOLYBDÈNE.  C'est  le  Molybdène 
sulfuré,  (ln.) 

PYRITE  D'ORPIMENT.  Romé-de  l'Isle  donnoit  ce 
nom  à  une  variété  de  Fer  sulfuré  arsenifère.  (ln.) 

PYRITE  PYRAMIDALE.  Bomare  donne  ce  nom  à  des 
variétés  àejer  sulfuré  concrétionnées  et  radiées,    (ln.) 

PYRITE  RHOMBOÏDALE  de  Romé-de-lTsle.  V.  Fer 
sulfuré  jaune,  (ln.) 

PYRITE  ROUGE.  C'est  le  Nickel  arsenical,  (ln.) 

PYRITE  SILICEUSE.  On  a  donné  ce  nom  à  la  Pierre 
A  FUSIL  ou  Silex  pyromaque.  (ln.) 

PYRITE  SOLIDE.  C'est  le  Fer  sulfuré  amorphe  0» 

MASSIF,  (ln.) 


P  Y   R  2g.j 

PYRITE  SULFUREUSE.  F.  Fer  sulfuré  et  Fer  sul- 
furé BLANC.  (LN.) 

PYRITE  TRANSPARENTE.  C'est  le  Réalgar,  c'est- 
à-dire,  1' Arsenic  sulfuré  rouge,  (ln.) 

PYRITOMAGNES  de  Lenz.  C'est  le  Fer  sulfuré  fer- 

RIFÈRE.  (lN.) 

PYRITRICHA.  Hill  donne  ce  nom  à  la  Pyrite  magné- 
tique, (ln.) 

PYROCHITON.  Reneaulme  donne  ce  nom  à  I'Orni- 
THOGALE  JAUNE  (  ornithogalum  luîeum ,  Linn.  ).  (ln.) 

PYROCHRE  ,  Pyrochroa.  Genre  d'insecles  de  l'ordre  des 
coléoptères ,  section  des  hétéromères ,  famille  des  traché- 
lides  ,  tribu  dés  pyrochroïdes. 

Ces  insectes  avoient  d'abord  été  rangés  par  Linnaeus  parmi 
les  lampyres^  avec  lesquels  ils  ont  quelques  rapports  de  forme. 
C'est  Geoffroy  qui  les  a  séparés  pour  en  former  un  genre  par- 
ticulier, sous  le  nom  de  pyrochroa.  Fabricius  avoit  placé  dans 
son  genre  pyrochroa  ,  plusieurs  insectes  que  nous  en  avons 
distraits  et  que  nous  avons  rangés  parmi  les  lycus. 

Les  pyrochres  se  distinguent  des  lampyres,  des  lycus  et 
des  téléphores,  par  le  nombre  des  articles  des  tarses  de  leurs 
pattes  postérieures;  il  y  en  a  cinq  dans  ces  trois  derniers 
genres  ,  tandis  qu'on  n'en  compte  que  quatre  dans  les  pyro- 
chres. La  forme  orbiculaire  de  leur  corselet ,  celle  de  leurs 
antennes,  qui  sont  pectinées,  ne  permet  pas  de  les  confondre 
avec  les  mylabres  ,  les  cantharides,  les  œdémères  et  les  cis- 
tèles. 

Le  corps  de  ces  insectes  est  déprimé.  La  tête  est  séparée 
du  corselet  ;  elle  est  presque  triangulaire  ,  un  peu  penchée  ; 
les  antennes  égalent  en  longueur  la  moitié  du  corps;  elles 
sont  pectinées,  particulièrement  dans  les  mâles  ,  et  forment 
quelquefois  un  beaupanache;les  yeux  sont  allongés  et  un  peu 
échancrés;les  mandibules  sont  fortes  et  bidentées  à  leur  extré- 
mité ;  les  mâchoires  sont  bilobées  ;  leurs  palpes  maxillaires  , 
beaucoup  plus  longs  que  les  labiaux,  sont  terminés  par  un  ar- 
ticle plus  grand ,  en  forme  de  triangle  renversé  et  allongé;  les 
palpes  labiaux  sont  petits  et  filiformes  ;  la  languette  est  bifide; 
le  corselet  est  arrondi ,  ordinairement  raboteux,  non  bordé, 
séparé  de  l'abdomen  par  un  étranglement  marqué  ;  l'écusson 
est  petit ,  arrondi  postérieurement;  les  élylres  sont  planes  , 
flexibles  ,  n'embrassant  pas  l'abdomen  ,  allant  un  peu  en 
s'élargissant  vers  l'extrémité  ;  les  pattes  sont  longues  ;  les 
tarses  sont  filiformes ,  composés  de  cinq  articles  aux  deux 
premières  paires,  et  de  quatre  à  la  dernière;  le  pénultième 
tist  bilobé  dans  tous. 


3oo  P  Y  R 

La  larve  est  allonge'e  ,  déprimée  ,  terminée  par  deux 
pomtes ,  avec  la  tête  forte  et  ayant  une  forme  analogue 
à  celle  de  rinsecle  parfait  ;  elle  vit  sous  les  écorces  des 
vieux  arbres.  L'insecle  parfait  se  trouve  dans  les  chemins  ; 
au  pied  des  haies,  dans  les  chantiers  ou  dans  les  bois.  Ces 
insectes  forment  un  genre  peu  nombreux.  Fabricius  en  décrit 
cinq  espèces  ,  dont  trois  se  trouvent  en  France  ;  ce  sont  : 

La  Cardinale  de  Geoffroy,  PYrocIuoa  coccinea.  Elle  est 
noire  ;  son  corselet  et  ses  élylres  sont  d'un  rouge  sanguin  , 
sans  taches. 

La  Pyrochre  ^OVGY.  ,  Pywcliroa  mhens ,  pyrochre  pectini- 
corne ,  pi.  M  29-14.  de  cet  Ouvrage.  Elle  est  noire  ;  sa  tête  , 
son  corselet  et  ses  élytres  sont  d'un  rouge  sans\aches.  (  Cet 
insecte  ne  diffère  du  précédent  que  par  la  couleur  de  la  tête 
qui  est  rouge.  ) 

La  Pyhochre  PECTINICORTSe  ,  Pyrochroa  pectinicomis.  Elle 
est  noire  ;  ses  élytres  sont  tesfacées  ;  le  corselet  est  de  la 
même  couleur,  avec  une  tache  noire  dans  son  milieu.  (o.L.) 
PYROCHROÏDES,  Pyrochwïdes,  Latr.  Tribu  d'insectes 
coléoptères  hétéromères ,  famille  des  trachélides,  distin- 
guée des  autres  divisions  dont  elle  est  composée ,  par  les 
Caractères  suivans  :  crochets  des  tarses  simples  ,  sans  divi- 
sions ni  appendices,  corps  oblong ,  droit  ,  déprimé,  avec  le 
corselet  rond  ou  presque  triangulaire;  éluis  de  la  longueur 
de  l'abdomen  ,  de  la  même  largeur,  ou  plus  larges  et  arron- 
dis au  bout. 

Cette  tribu  comprend  les  genres  Dendroïde  et  Pyrochre. 

(L.) 

PYRODE  de  Forster  {pnomat).  C'est  la  Pyrite  magné- 
tique, (ln.) 

PYRODMALlïHEd'Hausmann.  F.Fermuriaté.  (ln.) 

PYROLA.  Ce  nom,  qui  est  le  diminutif  de  pyrus ,  Poi- 
RIER,  a  été  donné  aux  pyroles,  à  cause  de  leur  petitesse  et 
de  la  forme  de  leurs  feuilles  qui  rappellent  les  feuilles  du 
poirier.  Le  Tn'entalis  europœa,  le  Cornus  canudensis  et  le  Par- 
nassia  palustris,  ont  été  placés  avec  les  véritables  pyroles  ;  les 
deux  premiers  par  C.  Bauhin,le  dernier  par  Morison.Les/?/- 
rola  maculata  et  umhellata^  ou  le  e^&nre  chimaphila  de  Pursh  , 
ne  diffèrent  du  pyrola  que  par  le  stigmate  sessile  et  orbicu- 
iaire  et  par  les  anthères  en  bec, percées  et  s'ouvrant  en  deux 
valves,  (ln.) 

PYROLE,  Pyrola.  Genre  de  plantes  de  la  décandrie  di- 
gynie  et  de  la  famille  des  bicornes  ,  qui  présente  pour  carac- 
tères :  un  calice  très-petit,  divisé  en  cinq  parties;  une  corolle 
de  cinq  pétales  connivens  et  élargis  à  leur  base  ;  dix  étamines 
non  saillantes;  un  ovaire  supérieur,  ovale  ,  à  cinq  stries,  sur- 


monté  d'un  slyle  à  sligmate  capilé,armé  de  deux  pointes,  ou 
entouré  de  cinq  crénelures  ;  une  capsule  à  cinq  loges,  à  cinq 
ralves ,  s'ouvrant  par  ses  angles ,  et  contenant  mie  grande 
quantité  de  semences  menues. 

Ce  genre  ,  aux  dépens  duquel  Pursh  a  formé  son  genre 
Chimaphile  ,  renferme  des  plantes  vivaces,  légèrement  fru- 
tescentes à  leur  base  ,  à  feuilles  alternes  et  à  fleurs  en  épis  ou 
en  ombelle  terminale  accompagnées  d'une  petite  bractée.  On 
en  connoît  buit  espèces,  dont  cinq  sont  d'Europe.  La  plus 
commune  est  : 

La  Pyrole  a  feuilles  rondes  ,  qui  a  les  étamines  rele- 
vées et  le  pistil  incliné.  Elle  croît  aux  lieux  montueux,  ombra- 
gés et  humides.  Ses  feuilles  sont  permanentes,  presque  toutes 
radicales,  rondes,  coriaces,  d'un  beau  vert,  et  portées  sur 
de  longs  pétioles.  Se§  fleurs  sont  blanchâtres,  odorantes,  et 
s'épanouissent  au  fort  de  Tété.  Toute  la  plante  a  un  goût 
amer  et  fort  astringent,  et  est  regardée  comme  propre  à 
arrêter  les  pertes  de  sang,  les  fleurs  blanches  et  les  hémor- 
ragies ;  elle  entre  dans  les  vulnéraires  suisses.  On  l'applique, 
pilée,  sur  les  blessures,  et  on  en  fait  un  miel  excellent  contre 
les  esquinancies  inflammatoires. 

La  pyrole  se  conserve  difficilement  dans  les  jardins  ;  mais 
elle  multiplie  très-rapidement  dans  les  lieux  qui  lui  convien- 
nent. 

Les  autres  espèces  de  pyroles  sont  :  la  Pyrole  petite  , 
qui  ne  diffère  pas  beaucoup  de  la  précédente  ;  la  Pyrole 
unilatérale,  la  Pyrole  en  ombelle  et  la  Pyrole  unl- 
Flore  ,  qui  toutes  indiquent  leur  caractère  spécifique  par 
leur  nom  ,  et  se  trouvent  sur  les  montagnes  Alpines  ou  dans 
le  nord  de  l'Europe. 

Enfin  ,  la  Pyrole  maculée  qui  a  les  pédoncules  diflores. 
Elle  vient  en  Caroline  dans  les  grands  bois, aux  lieux  arides, 
ainsi  que  je  l'ai  observé  fréquemment.  C'est  une  belle  plante 
dont  les  feuilles  sont  presque  verlicillées  ,  lancéolées  ,  d'un 
brun  verdâtre  ,  veiné  de  blanc.  On  la  cultive  dans  quelques 
jardins  de  Paris.  Elle  est  connue  en  Amérique  sous  le  nom 
àlierbe  à  pisser,  à  raison  de  sa  propriété  diurétique.  On  rem- 
ploie aussi  contre  les  maladies  vénériennes,  les  cancers  et  les 
scrophules.  (b.) 

PYROMAQUE.  C'est  là  pierre  à  fusil.  V.  Silex,  (ln.) 

PYROMERIOE,  c'est-à-dire  fusible  en  partie ,  ea 
grec.  C'est  ainsi  que  M.  Haily  désigne  une  espèce  de 
roche  primitive  qui  est  composée  de  fel<lspath  et  de  quarz, 
deuxsubstances  dont  Tune  est  fusible  etl'autre  infusible.  Il  n'y 
rapporte  qu'une  variété,  sous  le  nom  de  Pyroméride  GLO- 
BAiRE.  Cette  roche,  découverte  depuis  une  trentaine  d'années, 


3o2  P  Y  R 

n'a  fixé  l'attention  des  naturalistes,  que  lorsque  M.  Rampasse 
en  eut  apporté  en  quantité  en  France  ,  et  qu'il  eut  publié 
l'annonce  de  la  découverte  qu'il  venoit  d'en  faire ,  par 
une  lettre  adressée  à  M.  Faujas,  datée  de  Bastia,  le  8 
janvier  1806.  11  résulte  de  ses  observations,  que  cette  singu- 
lière roche  se  trouve  entre  Santa-Maria-la-Ste!la  et  la 
montagne  du  Niolo  ,  dite  dans  le  pays  Monte-Perlusato.  Cette 
contrée  de  la  Corse  est  extrêmement  abondante  en  toutes 
sortes  de  variétés  de  roches  essentiellement  feldspalhiques 
et  remplies  de  noyaux  à  structures  radiées,  qui,  selon 
tious,  ont  les  rapports  les  plus  marqués  avec  le  Pyroméride 
GLOBAIRE.  Une  ample  collection  de  ces  roches  primitives  , 
faite  en  Corse  par  M.  Rampasse,  montroit  les  passages 
nécessaires  pour  confirmer  ces  rapports.  Ces  roches  pa- 
roissent  également  former  une  série  particulière,  dans  la 
classification,  et  lorsque  je  les  ai  indiquées  à  l'article  Pé- 
TROSILEX  ,  je  n'ai  fait  que  suivre  l'opinion  la  plus  générale  , 
qui  les  considère  comme  essentiellement  composées  de  pé- 
trosilex,  c'est-à-dire  de  feldspath  compacte  plus  ou  moins 
pur. 

Jusqu'à  M.  de  Monteiro,  qui  a  donné  un  Mémoire  très- 
détaillé  sur  le  pyroméride  globaire ,  on  avoit  regardé  celte 
roche,  tantôt  comme  purement  feldspathique  ou  pétrosi- 
îiceuse ,  tantôt  comme  un  mélange  intime  de  feldspath  et 
d'amphibole. 

L'examen  attentif  qu'en  a  fait  M.de  Monteiro, lui  a  démon- 
tré que  le  feldspath  et  le  quarz  sont  les  principes  compo- 
sant le  pyroméride;  le  premier  est  en  beaucoup  plus  grande 
quantité ,  blanc  opaque  ou  roussâtre,  ou  verdâtre  ;  le  second, 
gris  ou  noirâtre  et  très-fragile.  Le  pyroméride  étudié  sur  une 
plaque  assez  étendue, se  présente  avec  une  couleur  roussâtre 
tachetée  de  brun  ,  sur  laquelle  se  relèvent  des  parties  orbi- 
culaires,  solitaires  ou  accolées  plusieurs  ensemble  ,  de  cou- 
leur blanche,  et  veinulées  ou  étoilées  de  brun. 

M.  Faujas  en  a  donné  une  figure  coloriée  très-exacte  dans 
le  second  volume  de  son  essai  de  Géologie,  planche  2ohis. 
Il  donne  à  cette  roche  les  noms  de  Porphyre  orhiculaire  et 
de  Roche  poiphyroide  globuleuse  de  Corse.  Les  noms  de  por- 
phyre et  d'amygdaloïde,  qui  sont  apliqués  à  cette  roche, rap- 
pellent seulement  sa  structure. 

Le  pyroméride  est  remarquable  surtout  par  la  structure  de 
ses  noyaux.Sa  pâte, de  près, est  rougeâtre, tiquetée  et  tachetée 
de  brun  et  de  points  blanchâtres  ou  gris  qui  sont  quelquefois 
plus  abondans  et  plus  ramassés  dans  certaines  parties.  Les 
globes  parfails  ont  communément  de  deux  à  trois  pouces  de 
diamètre.  Ils  sont  composés  chacun   d'une  partie  centrale 


P  Y  R  3o3 

rougeâlre  ,  compacte  ,  ou  amas  confus  et  pressé  d'une  mul- 
titude  de  fibres  placées  dans  un    système  radié.  De  cette 
partie ,  partent  des  rayons  composés  de  petits  sphéroïdes 
allongés,  blanc-jaunâlres',  opaques  ,  disposés  à  la  suite  les 
uns  des  autres  ,  et  séparés  de  ceux  des  autres  rayons  par  la 
matière  brune  et  roussâtrede  la  pâte.  Ces  rayonsse  terminent 
en  pointe  et  aboutissent  à  une  écorce  blanc  jaunâtre,  opaque, 
aussi  defedspath,  et  qui  enveloppe  le  noyau  tout  entier.  Ce 
système  subit  quelques  modifications,  selon  que  les  noyaux  ont 
pu  se  former  plus  à  l'aise  dans  la  pâte  ;  ainsi ,  il  y  en  a  qui  ne 
sont  qu'un  composé  de  globules  irréguliers  et  confusément 
assemblés;  d'autres  fois  des  couches  concentriques  très-im- 
parfaites dans  leurs  contours  formant  les  noyaux.  Il  y  en  a 
aussi  qui  sont  compactes  et  blancs.  Je  dois  faire  observer  qu'un 
même  noyau  peut  aussi  se  présenter  sous  ces  divers  étals; 
il  suffit  pour  cela  de  le  couper  près  de  la  surface  et  dans  un 
plan  quelconque ,  excepté   dans  celui  qui  passeroit  par   le 
centre.  Indépendamment  des  gros  noyaux,  il  en  existe  dans 
la  pâte  qui  ont  tout  au  plus  le  volume  d'un  pois,  et  dont  la 
structure  est  tantôt  compacte  et  tantôt  finement  radiée,  et 
quelquefois  même  avec  l'ébauche  d'une  structure  analogue 
à  celle  des  gros  noyaux.  Certaines  parties  de  la  roche  sont 
criblées  de  ces  petits  sphéroïdes.  Les  gros  noyaux  sont  quel- 
quefois accolés  plusieurs  à  la  suite  les  uns  des  autres  ,  et  se 
pénètrent  lorsqu'on  scie  un  pareil  assemblage  en  suivant  un 
plan  quipasseroitpar  songrandaxe,  on  voitquelapartiecom- 
pacte  qui  est  dans  le  milieu  de  chacun  des  noyaux,  forme  un 
centre  général  allongé,  qui  suit  la  longueur  du  groupe  des 
noyaux,  tandis  que  les  rayons  semblent  affecter  une  direction 
rayonnante  sur  des  points  séparée    de  la  partie    centrale. 
Toutes   ces  dispositions,  ainsi  que  beaucoup  d'autres  ,  sont 
les  suites  d'une  cristallisation  qui  a  été  plus  ou  moins  gênée. 
Le  pyroméride^    comme    toutes  les  roches   analogues   de 
Corse, présente  çà  et  là,  dans  sa  pâte,  de  petits  cristaux  bruns, 
en  cubes  triglyphes,  ou  en  dodécaèdres  à  plans  pentagones. 
M.  de  Monteiro  les  considère  comme  du  fer  oxydé  produit 
du  premier  jet,  bien  que  les  formes  citées  propres  au  fer  sul- 
furé, puissent  faire  croire  qu'ils  sont  le  produit  de  cette  subs- 
tance métallique  altérée  ,  c'est-à-dire  du  fer  oxydé  épigène. 
Sans  réfuter  une  opinion  aussi  respectable  que   celle  de  M. 
de  Monteiro,  je  dois  faire  remarquer  ici  que  le  fer  sulfuré 
se  présente  avec  tous  ses  caractères  dans  les  roches  deCorse, 
qu'il  accompagne  le  ^jTO/7/mc?e  ^/oéa/rc,  et  que  presque  tous 
les  porphyres   pélrosiliceux  offrent  quelques    cristaux   très- 
petits  de  ce  sulfure. 

La  roche  pyromàide,  mériteroit   sans  doute  d'être  em- 


3o;  P  Y  R 

ploy  éc  dans  les  arts,  à  cause  de  son  singulier  aspect  ;  mais,ou- 
tre  qu'elle  ne  se  trouve  pas  en  niasses  assez  volumineuses , 
elle  ne  prend  pas  un  poli  très-vif  ni  durable ,  car  son  tissu  est 
lâche  et  terreux. 

FYROMOKPHITE  d'Hausmann.  C'est  la  chaux  phos- 
phatée terreuse  (ln.) 

PYPiOPE.  INoni  qui  a  élé  donné  par  ^^ erncr  su  grenat  de 
Bohème^  lequel  est  toujours  diaphane  ,  d'une  couleur  rouge 
de  sang,  et  qui  ne  prend  jamais  de  forme  cristalline.  Il  dif- 
fère aussi  des  SlxxU'QS grenats  par  son  gisement  dans  un  terrain 
de  transport ,  qui  paroîl  être  volcanique  ;  tandis  que  les  au- 
tres grenats  se  trouvent  dans  les  roches  primitives.  V.  Gre- 

ISAT.  ,  vol.    l3  ,  pi.  460.  (PAT.) 

PYROPHANE.  C'est  une  hydrophane  qu'on  a  imbibée  de 
cire  fondue,  et  qui  est  opaque  lorsqu'elle  est  froide  ;  mais 
elle    devient  translucide   par  la  chaleur.  V.  Hydrophatse. 

(pat.) 

PYROPHYSALIÏE.  V.  à  l'article  Topaze,  (i^.) 

PYRORTHITE.  Substance  minérale  peu  connue,  qui 
ressemble  beaucoup  à  lorthite.  L'une  et  l'autre  se  trouvent 
en  Suède,  près  Fahlun  ;  la  première  à  Koraret  et  la  seconde 
à  Finbo,  dans  un  granité  à  grands  élémens  de  feldspath, 
quarz  et  mica,  accompagné  de  divers   minerais. 

luQ  pyrotthite  diiiière  essenliellèment  de  l'orthite  par  lama- 
nière  dontii  se  comporte  au  chalumeau,  car  il  y  brûle  comme 
du  charbon ,  tandis  que  rorlhile  fond  en  bouillonnant. 
Le  pyrorlhite  est  en  lames  noires,  minces,  presque  parallèles, 
qui ,  vues  sur  leurs  tranches  ,  s'offrent  comme  des  baguettes 
noires  et  luisantes,  semblables  à  de  la  poix  ;  sa  raclure  a  la 
même  couleur  et  le  même  éclat.  Le  granité  qui  le  contient 
renferme  du  tanialite,  de  l'élain  oxydé  et  la  gadolinlte.  (ln.) 

PYROSMAPxAGD.  Les  Allemands  ont  donné  ce  nom 
à  la  Chi.orophane  verte  ,  variété  très-phosphorescente  de 
la  chaux  fluatée,  qui  se  trouve  a  Nertschinsk  en  Daourie. 

(ln.) 

PYROSOME.  (ienre  de  mollusques  agrégés  ,  libres  , 
placé  d'abord  par  M.  de  Lamarck  parmi  les  radiaires  ,  et 
ensuite  dans  sa  classe  des  Tuniciers. 

Les />jrosom(P5  sont  des  corps  Holtans,  cylindriques,  creux, 
avec  une  seule  ouverture  à  Tune  de  leurs  extiémités  ,  et 
qu'on  n'a  trouvés  Jusqu'à  présent  que  dans  la  mer  Atlantique 
et  dans  la  Méditerranée.  Leur  cavilé  interne  est  assez  lisse  , 
et  leur  surface  extérieure  est  garnie  d'aspérités  ou  de  tuber- 
cules fort  nombreux.  Ils  sont  éminemment  phosphoriques  , 
propriété  qui  leur  a  valu  le  nom  qu'ils  portent. 


P  Y  R  3o5 

La  coîinoissance  des  pyrosonies  est  due  à  MM.  Pérou  et 
Lcsueur  ;  la  première  espèce  qui  fut  décrite  par  eux  ,  dans 
leur  voyage  aux  Terres- Australes,  sous  le  nom  de  pyrosuma 
atlanlkum ,  est  longue  de  cinq  ponces  environ  ,  à  sac  inté- 
rieur très-large  ,  à  tubercules  extérieurs  peu  saillans,  et  ir- 
régulièrement distribués;  une  seconde  le  fut  (  dans  le  Nouv. 
Bull,  n.**  69,  pi.  3,  fig.  2  )  par  M.  Lesueur,  qui  l'appela 
Pyr.clegans;  elle  est  beaucoup  plus  petite  ,  et  a  ses  tubercules 
gros  el  pyriformes  ,  rangés  par  zones  au  nombre  de  six  ;  et 
enfin  une  troisième  ,  qui  fait  principalement  l'objet  d'un 
mémoire  lu  par  le  même  ,  le  4-  raai"s  i8i5  ,  à  la  société 
philomathique,  a  été  découverte  par  ce  naturaliste  dans  la 
Méditerranée,  près  de  Nice,  et  en  a  reçu  la  dénomination  de 
pyrosoma  giganleum,pairce  que  ses  dimensions  sont  Irès-forles, 
relativemnt  à  celles  des  deux  premières  espèces.  En  effet  , 
ce  pyrosome  atteint  jusqu'à  quatorze  pouces  de  longueur.  Il 
diffère  des  précédens  en  ce  que  ses  tubercules  ,  qui  sont 
placés  irrégulièreinent,  sont  longs,  déprimés  et  lancéolés  à 
leur  extrémité. 

Le  pyrosome  atlantique  n'ayant  été  vu  que  pendant  la 
nuit ,  et  dessiné  seulement  à  la  lueur  qu'il  répandoit,  M.  Le- 
sueur n'a  pu  faire  sur  lui  les  observations  qu'il  a  été  à  mô- 
me de  faire  et  de  répéter  sur  les  deux  autres  espèces.  Aussi  ,' 
jusqu'à  ce  qu'on  l'ait  examiné  de  nouveau,  ce  ne  pourra 
être  que  par  analogie  qu'on  le  laissera  dans  le  même 
genre. 

Quant  aux  pyrosomes  élégant  et  géant ,  M.  Lesueur  fit  la 
remarque  que  lorsqu'on  remplissoit  d'eau  la  cavité  centrale 
qu'ils  présentent,  cette  eau  s'échappoit  incontinent  par  pe- 
tits jets  de  toutes  les  extrémités  des  tubercules  ou  parties  sail- 
lantes dont  le  corps  est  recouvert  en  dehors  ,  et  il  ne  tarda 
pas  à  s'apercevoir  que  chacun  de  ces  tubercules  est  percé 
de  part  en  part  dans  le  sens  de  sa  longueur  ;  l'une  de  ses  ou- 
vertures étant  située  dans  la  grande  cavité  commune^ret  l'au- 
tre à  son  extrémité  libre.  Regardant  avec  plus  d'attention, 
il  remarqua  que  le  canal  qui  joint  ces  deux  ouvertures 
est  assez  compliqué  ,  et  qu'il  renferme  des  organes  assez 
nombreux  et  de  forme  variée.  Il  essaya  de  faire  passer  de 
l'air  de  l'ouverture  extérieure  à  l'intérieure,  et  il  ne  put  y  réus- 
sir; il  conclut  de  cet  essai,  que  si  l'on  considère  chacun  de  ces 
tubercules  comme  un  animal  distinct,  la  bouche  se  trouve 
située  du  côté  de  la  grande  cavité  du  pyrosome ,  et  l'anus 
placé  à  l'extrémité  de  ce  tubercule. 

1\  s'est  attaché  surtout  à  l'examen  des  organes  renfermés 
dans  chaque  tubercule ,  et  il  a  reconnu  que  chacun  d'eux  com- 
munique avec  la  cavité  générale  du  pyrosome  par  une  ouver- 

XXYiii.  -20 


3o5  P  Y  R 

lure  ronde ,  simple ,  plus  ou  moins  dilatable ,  et  que  celte 
ouverture  donne  attache  à  une  enveloppe  membraneuse  qui 
tapisse  tout  l'intérieur  du  tubercule  ,  et  qui  paroît  analogue 
à  la  seconde  tunique  ,  ou  tunique  propre  du  corps  des  asci- 
dies. Cette  enveloppe  est  également  attachée  à  l'orifice  exté- 
rieur que  l'on  considère  comme  l'anus ,  et  encore  par  deux 
corps  comprimés  et  cordiforn»cs ,  diamétralement  opposés 
i'un  à  l'autre ,  situés  vers  le  milieu  de  la  longueur  de 
cette  tunique  propre ,  et  qui  sont  peut-être  des  ganglions 
nerveux. 

Deux  autres  membranes  de  forme  ovale  ,  dont  la  surface 
«st  traversée  de  lignes  nombreuses  parallèles  entre  elles  et 
d'autres  lignes  qui  les  croisent  en  formant  un  réseau  assez 
régulier ,  sont  appliquées  en  dedans  de  la  tunique  propre 
dont  nous  venons  de  parler  ,  entre  le  point  où  se  font  re- 
marquer deux  organes  globuleux  et  colorés  ,  et  celui  où  sont 
situés  les  deux  corps  blanchâtres  et  en  forme  de  cœur  qui 
fixent  la  tunique  propre  du  corps  contre  l'enveloppe  externe 
du  tubercule.  Ces  deux  membranes  sont  latérales  ,  symétri- 
ques ,  et  ne  se  touchent  point  ;  les  lignes  transversales  qu'el- 
les présentent  sont  plus  apparentes  que  les  longitudinales, 
et  sont  doubles.  Leur  surface  intérieure  est  baignée  par  l'eau 
qui  s'introduit  dans  la  cavité  du  tubercule  ,  ainsi  que  le  sont 
les  parois  du  sac  branchial  des  ascidies,  avec  lesquelles  ces 
membranes  ont  tellement  d'analogie  ,  que  M.  Lesueur 
n'hésite  pas  de  les  regarder  comme  étant  les  branchies  ;  de 
plus  ,  leur  composition  est  analogue  à  celle  des  branchies  des 
BiPHORES  (salpa),  si  ce  n'est  que  ces  dernières  ont  la  forme 
d'un  tube. 

Dans  l'intervalle  qui  sépare  en  dessus  ces  deux  branchies  , 
on  remarque  un  canal  longitudinal  et  tout  droit,  qui  a  beau- 
coup de  ressemblance  avec  l'intestin  des  salpa:  il  se  dirige 
vers  l'ouverture  extérieure ,  mais  on  le  perd  de  vue  lorsqu'il 
atteint  l'extrémité  postérieure  des  branchies.  Ses  parois  ren- 
ferment de  petits  corps  glanduleux ,  analogues  à  ceux  qu'on 
voit  dans  quelques  ascidies ,  lesquels  versent  peut-être  un 
suc  particulier  dans  l'intestin.  Vers  sa  partie  antérieure ,  cet 
intestin  est  adhérent  à  un  corps  jaunâtre,  opaque,  de  forme 
arrondie,  un  peu  aplati  et  lisse  ,  et  qui  présente  deux  ap- 
pendices remarquables  ;  l'un  ,  d'un  rouge  carminé  très-vif, 
ressemble  pour  sa  forme  au  germe  d'une  plante  ,  il  commu- 
nique avec  l'intestin  ,  et  l'autre  ,  qui  offre  un  repli  en  forme 
d'anse ,  est  fort  difficile  à  voir  en  entier.  M.  Lesueur  se  croit 
fondé  à  regarder  cej  corps  jaunâtre  comme  étant  l'estomac  ; 
il  donne  le  nejiLde  pylore  à  l'appendice  de  cet  estomac  qui 
comnmnique  avec  l'intestin,  et  il  présume  que  l'autre  n'est 


P  Y  R  3c7 

iquc  l'œsophage,  à  rexlrémité  antérieure  duquei  seroit  la  bou- 
che proprement  dite  ,  qu'il  n'a  pu  apercevoir.  Cette  bouche  , 
d'ailleurs  ,  présenteroit ,  quant  à  sa  position  ,  une  analogie 
de  plus  avec  celle  des  salpa.  11  en  est  de  même  de  tout  le 
sytème  digestif, 

A  côté  de  l'estomac,  est  un  corps ,  aussi'globuleux  ,  à  peu 
près  de  même  volume  ,  et  de  couleur  rose  ;  il  est  formé 
d'une  substance  granuleuse ,  contenue  dans  des  appendices 
lancéolés  ,  réunis  par  un  centre  commun  ,  et  ayant  l'appa- 
rence des  divisions  d'un  calice  à  sept ,  huit  ou  dix  parties. 
Il  est  logé  dans  une  cavité  creusée  dans  l'épaisseur  de  la 
première  enveloppe  du  pyrosome ,  et  n'y  adhère  point.  Il 
paroît  lié  par  une  membrane  très-fine  à  l'estomac  ,  et  c'est 
peut-être  sur  cette  membrane  que  rampent  les  canaux  hé- 
patiques ;  mais  l'extrême  finesse  de  ces  parties  n'a  permis  à 
AI.  Lesueur  de  rien  affirmer  à  cet  égard. 

Tels  sont  les  organes  que  présente  chaque  tubercule  des 
pyrosomes  ,  vu  ,  soit  en  dessus ,  soit  de  côté.  En  dessous  ,  on 
aperçoit  dans  l'intervalle  qui  existe  entre  les  branchies  une 
sorte  de  long  vaisseau,  replié  sur^lui-même  postérieurement, 
et  qui  paroît  comme  double  ;  ce  double  vaisseau  diminue 
de  diamètre  antérieurement, et  devient  d'une  ténuité  extrême 
au  point  où  il  adhère  à  l'estomac.  M.  Lesueur  a  vu  dans  un 
hiphore  de  Forskaël  un  organe  semblable.  Il  ne  sait  quel 
usage  lui  attribuer;  peut-être  ce  double  vaisseau  commu- 
nique-t-il  avec  les  branchies,  mais  c'est  ce  qu'il  a  été  impos- 
sible de  constater. 

D'ailleurs,  M.  Lesueur  n'a  pu  observer  rien  de  relatif  aux 
systèmes  circulatoires  et  nerveux  ;  mais  on  sait  conjbien  ce 
genre  de  recherches  est  difficile  dans  la  plupart  des  animaux 
à  sang  blanc  ,  surtout  lorsque  leurs  dimensions  sont  peu 
considérables.  Il  a  remarqué  seulement  en  dessus  et  en  ar- 
rrère ,  au  point  où  l'intestin  cesse  d'être  visible  ,  un  petit 
corps  blanchâtre  et  cordiforme  ,  duquel  partent  des  filets 
très-déliés,  dont  les  uns  se  dirigent  vers  l'ouverture  posté- 
rieure du  tubercule  ,  ou  l'anus  ,  et  les  autres  vers  les  points 
d'attache  moyens  de  la  tunique  propre  avec  l'enveloppe  ex- 
térieure. Il  pense  que  ce  corps  pourroit  bien  être  un  gan- 
glion ,  et  les  petits  filets  des  nerfs.  On  doit  être  d'autant  plus 
porté  à  le  croire  ainsi ,  que  les  deux  points  d'attache  dont 
nous  venons  de  parler  sont ,  avec  les  deux  ouvertures  ,  les 
seuls  par  lesquels  le  corps,  proprement  dit,  communique 
avec  SOI  enveloppe  externe,  et  peut  en  percevoir  les  sensa- 
tions. 

Tous  ces  détails  font  voir  que  chacun  des  tubercules  du 
pyrosome  est  un  véritable  animal  particulier,  et  que  le  py- 


3o8  P  Y  R 

rosome  entier  n'est  qu'une  réunion  d'une  multitude  d'indi- 
vidus semblables,  liés  intimement  par  leur  base.  Cette  réu- 
nion fournit  à  M.  Lesueur  roccasion  de  faire  remarquer  une 
analogie  de  plus  entre  ces  animaux  et  les  salpa  qu'il  ne  cesse 
de  leur  comparer.  Il  pense  que  cette  disposition  générale 
des  pyrosomes  en  forme  de  sac  dépend  de  la  manière  dont 
«ont  placés  les  œufs  au  moment  de  la  ponte  ;  et  l'on  sali 
d'ailleurs  quelle  influence  elle  exerce  sur  les  salpa  ^  dont 
chaque  espèce  présente  des  arrangemens  différens  entre  les 
individus  qui  la  composent. 

La  locomotion  des  pyrosomes  est  très-simple  ;  ils  flottent 
au  gré  des  courans,  comme  les  salpa  et  les  stéphanomies; 
ils  paroissent  cependant  pouvoir  se  contracter  individuelle- 
ment ,  et  avoir  aussi  un  mouvement  général ,  mais  fort  léger , 
qui  fait  entrer  dans  leur  cavité  commune  l'eau  qui  doit  bai- 
gner leurs  branchies  et  amener  les  substances  dont  ils  font 
leur  nourriture. 

On  remarque  à  l'ouverture  générale  du  sac  commun  ,  une 
membrane  qui  sert  en  partie  à  le  fermer,  et  qui  paroît  être 
une  simple  expansion  de  l'enveloppe  interne  des  pyrosomes 
qui  entoure  cette  ouverture  ;  elle  n'est  point  l'agent  d'une 
volonté  générale;  aussi  aucune  fibre  circulaire  ne  s'y  fait 
remarquer,  et  l'on  ne  peut  comparer  son  action  à  celle  d'un 
sphincter. 

Quoiqu'on  ne  puisse  rien  avancer  sur  le  mode  de  généra- 
lion  des  pyrosomes,  tout  doit  porter  à  penser  qu'ils  sont  her- 
maphrodites ,  comme  les  salpa  et  les  ascidies.  Des  corps  glo- 
buleux ,  libres ,  placés  au-dessous  du  foie ,  entre  les  bran- 
chies et  la  tunique  propre  du  corps,  peuvent  être  considérés 
comme  des  œufs.  Ces  globules,  examinés  au  microscope  , 
semblent  renfermer  quatre  petits  pyrosomes ,  faciles  à  dis- 
tinguer à  leurs  branchies. 

Leur  réunion  en  forme  de  rayons, les  rapproche  principale- 
ment An  salpa  pînnata  de  Forskaël. 

Dans  son  Rèf^ne  animal^  M.  Cuvier ,  a  adopté  ce  rappro- 
chement, et  11  place  le  pyrosome  parmi  les  mollusques  acé- 
pTiales  sans  coquilles,  avec  les  ascidies  et  les  botrylles ,  ainsi 
que  nous  l'avions  proposé  dans  une  description  de  ces  der- 
niers ,  qui  nous  est  commune  avec  M.  Lesueur  et  que  nous 
avons  lue  ,  le  i5  mars  i8i5  ,  à  la  Société  philomathique.  (i) 


(i)  Depuis  la  lecture  de  notre  mémoire,  M.  de  Blainville  nous  a 
fait  ronnoitre  que  Renieri,  dès  l'année  ivçS.  avoit  reconnu  les  rap- 
ports tl'orsaiiisalioii  qui  existent  entre  les  botrylles  et  les  ascidies,  ainsi 
que  ceux  que  ces  derniers  animaux  présentent  avec  les  alcyons  figues^ 


V  y  R  309. 

A  peu  prçs  dans  le  mcme  temps  ,  M.  Savigny  a  fait  part  à 
rinstitut  d'un  mémoire  sur  les  alcyons  à  deux  ouvertures,  qu'il 
a  trouvés  très-compliqués  ,  puisqu'il  a  observé,  dans  ces  ani- 
maux ,  une  tête,  un  col  ,  un  thorax  soutenu  par  une  sorte  de 
squelette  formé  par  des  cerceaux,  ou  espèces  de  côtes  réunies 
dans  la  ligne  médiane, un  abdomen  quelquefois  pédoncule,  un 
ovaire  ,  deux  estomacs,  un  thoracique  ,  l'autre  abdominal , 
un  intestin  recourbé  ,  un  anus  ,  etc.  Ce  mémoire  n^i  pas  été 
imprimé;  mais  un  second,  qui  renferme  la  description  dé- 
taillée de  ces  animaux  ,  ainsi  que  celle  des  pyrosomes  et  des 
botrylles ,  a  été  lu  par  le  même  naturaliste  ,  presque  immé- 
diatement après  le  premier  ,  et  imprimé  ,  avec  le  rapport  qui 
a  été  fait,  à  son  sujet,  à  l'Institut.  Les  a/cjo/25 ,  qui  sontap- 
pelés,  dans  ce  second  mémoire, ascidiens,  y  sont  partagés  en 
plusieurs  genres  qui  ont  été  réunis  en  un  seul  par  M.  Cuvier^ 
dans  son  Règne  animal.  Les  descriptions  et  les  figures  très- 
soignées  de  ces  alcyons  (  publiées  depuis  )  ,  prouvent  qu'ils 
ne  doivent  point  être  éloignés  des  pyrosomes  et  des  bo- 
trylles et  conséquemment  des  ascidies  ,  qui  sont ,  comme 
on  sait ,  de  vrais  mollusques. 

Ce  sont  ces  divers  travaux  simultanés  qui  ont  porté  les 
zoologistes  à  opérer  un  changement  assez  important  dans 
la  classification  des  animaux  à  sang  blanc  ,  en  retirant  de  la 
classe  des  radiaircs,  les  alcyons  ,  observés  par  M.  Savigny  , 
les  pyrosomes,  les  botrylles,  les  synoïques ,  etc.,  soit  poul- 
ies rapporter  à  la  classe  des  Mollusques  ,  comme  l'a  fait 
M.  Cuvier,  soit  pour  en  former  une  particulière,  comme  l'a 
proposé  M.  de  Lamarck,  dans  son  dernier  ouvrage  ,  sous  le 
nom  de  Tutsiciers.  F.  ces  mots,  (desm.) 

PYROSTOMA.  Arbre  de  la  didynamie  angîospernne  ,  à 
feuilles  opposées  lernées  et  à  (leurs  d'un  beau  rouge,  en  co- 
rymbes  terminaux.  Meyer  l'a  observé  dans  la  partie  du  conti- 
nent d'Amérique  qui  appartient  à  la  colonie  d'Essequebo,  près 
de  la  Guyane.  Ses  caractèressont:  calice  tubuleuxà  cinq  lobes; 
corolle  à  deux  lèvres  :  la  supérieure  tripartite  ,  Tinféricure 
bifide;  anthères  libres;  style  filiforme  à  deux  stigmates  subulés 
recourbés  ;  fruit  inconnu,  (ln.) 

PYROSTRE,P//o5//m.  Arbre  de  l'Ile-de-France,  à  feuil- 
les opposées,  pétiolées,  obtuses,  très-entières,  à  pédoncu- 
les axillaires  portant  trois  ou  quatre  fleurs  très-petites ,  qui 
forme  un  genre  dans  la  télrandrie  monogynie  et  dans  la  fa- 
mille des  rubiacées. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  très-petit  à  quatre 
dents  ;  une  corolle  presque  campanulée,  ouverte,  à  cinqdivi- 
sions,  et  à  orifice  tomenteux;  quatre  étamines  égales;  un 
ovaire  inférieur  oblong ,  à  style  simple  et  à  stigmate  capitéj 


3io  P  Y  R 

«ne  petite  baie  pyriforme  creusée  de  huit  slrie»,  el  conte- 
nant huit  noyaux  monospermes.  (b.) 

PYKOXENE.  Espèce  minérale  de  la  classe  des  pierres  , 
dont  on  n'a  long-temps  connu  que  la  seule  variété  qui  se 
trouve  dans  les  volcans  ,  et  que,  pour  celte  raison,  on  avoit 
nommée  schorl volcanique.  Cette  espèce  est  une  véritable  famille 
où  viennent  se  réunir  ou  se  confondre  plusieurs  substances 
qui  se  présentent  sous  des  aspects  très-différens  ,  quoique 
leurs  caractères  essentiels  soient  lesmêmes-Ces  substances  , 
que  quelques  minéralogistes  persistent  à  considérer  comme 
distinctes,  sont  :  l'alatite  ou  diopside  ,  la  baïkalite,  la  cocco- 
lithe  ,  la  fassaïte  ou  le  pyrgome  ,  la  Iherzolite  ,  la  mussite  et 
la  sahiite. 

YiQpyroxene  aisé  à  confondre  avec  l'amphibole  qui,  comme 
lui,  est  une  réunion  de  minéraux  disparates  au  premier  coup 
d'œil,  en  diffère  par  le  noyau  primitif  de  ses  cristaux  dans  tou- 
tes ses  variétés.  C'est  un  prisme  rhomboïdal ,  oblique,  dans 
lequel  les  incidences  des  pans  du  prisme,  l'un  sur  l'autre,  sont 
de  87^.  4.2' ,  et  92^.  18';  le  plan  de  la  base  fait,  avec  les 
deux  arêtes  du  prisme  ,  qui  répondent  aux  deux  angles 
obtus  ,  des  angles  de  io6d.  6' ,  et  de  73^.  54'.  Dans  le  noyau 
de  l'amphibole  ,  qui  est  également  un  prisme  rhomboïdal 
oblique  ,  les  incidences  des  pans  du  prisme  entre  eux  ,  sont 
de  124^-  34.',  et  55d.  26';  ces  différences  sont  tellement  fortes 
qu'elles  font  reconnoître  ces  deux  substances  à  la  vue  simple- 
ment. Dans  les  noyaux  au  pyroxène,  la  petite  diagonale  de  la 
base  est  à  la  longueur  d'une  des  arêtes  du  prisnie  ,  comme 
18  est  à  5  à  peu  près  :  dans  l'amphibole,  celle  même  diago- 
nale ,  est  avec  cette  même  arête  ,  dans  le  rapport  environ  de 
4.  à  I.  Le  noyau  primitif  du  pyroxène  est  divisible  dans  le  sens 
des  deux  diagonales  de  sa  base,  en  quatre  prismes  triangu- 
laires obliques. 

Les  variétés  du /?yroa;^ne  qu'on  avoit  regardées  comme  au- 
tant d'espèces  à  part ,  ont  offert  le  même  noyau  à  M.  Haiiy. 
Ce  savant  a  fait  de  l'étude  de  ces  diverses  variétés  ,  le  sujet 
de  plusieurs  mémoires  des  plus  instructifs  qui  sont  insérés 
dans  les  Annales,  et  dans  les  Mémoires  du  Muséum  d'histoire 
naturelle  ,  où  le  lecteur  pourra  puiser  l'idée  plus  exacte  de 
îa  manière  dont  les  lois  de  la  cristallisation  se*  comportent , 
et  les  résultats  importans  à  connoître  qui  s'en  déduisent. 

Le  pyroxène  est  communément  noir  ou  vert ,  ou  présente 
les  nuances  intermédiaires  ;  il  est  aussi  vert-blanchâtre  ou 
blanc-verdâtre  ,  quelquefois  gris  et  rarement  blanc  ;  sa  cas- 
sure longitudinale  est  lamelleuse  ,  mais  plus  ou  moins  sen- 
siblement, selon  les  variétés;sa  cassure  transversale  est  granu- 
laire ou  raboteuse  ou  conchoïdale.  Il  est  rarement  transpa- 
rent ,  plus  souvent  translucide  sur  les  bords  ou  opaque.  Lors- 


P  T  R  3ii 

qu'il  est  transparent,  il  jouit  de  la  réfraction  double.  11  est 
assez  dur  pour  rayer  le  verre.  Sa  poussière  est  vert  foncé  ou 
vert  grisâtre.  Sa  pesanteur  spécifique  ,  considérée  en  géné- 
ral,  varie  de  3,îj23  à  3,873.  Au  chalumeau  ,  il  se  fond  dif- 
ficilement en  un  verre  brunâtre  ou  blanchâtre. 

Les  diverses  variétés  du  pyroxène  ont  offert,  à  l'analyse, 
environ  moitié  de  silice  ,  de  la  chaux  et  de  la  magnésie  en 
quantité  équivalente  à  plus  d'un  dixième  pour  chacune,  sur- 
tout pour  la  chaux  qui  y  est  quelquefois  dans  la  proportion 
d'un  quart  ;  l'alumine  s'y  trouve  toujours  ,  quoique  en  fort 
petite  quantité;  le  fer  varie  de  i  à  i4  centièmes;  il  y  a  aussi 
du  manganèse  ,  et  enfin  des  traces  de  potasse  et  de  chrome. 
Ces  analyses  seront  rapportées  plus  bas  ,  en  traitant  de  cha- 
cune des  variétés  en  particulier. 

lue  pyroxène  est  presque  toujours  cristallisé;  ses  formes, 
quelquefois  très-compliquées,  sont  difficiles  à  saisir  ;  elles  se 
présentent  en  prismes  ,  dont  les  sommets  ,  communément 
obtus  ,  offrent  des  facettes  qui,  par  une  suite  de  l'obliquité  du 
noyau  primitif  et  de  l'étendue  qu'elles  prennent  les  unes  aux 
dépens  des  autres,  semblent  inégalement  disposées.  La  dif- 
ficulté ,  pour  déterminer  ces  formes  ,  est  encore  augmentée 
quelquefois,  par  la  propriété  que  les  cristaux  ont  de  se  pré- 
senter hémitropes  ;  il  en  résulte  des  cristaux  dont  un  des  som- 
mets est  saillant ,  et  l'autre  à  angles  rentrans.  Les  formes 
àa  pyroxène  sont  variées  et  assez  nombreuses,  M.  Haiiy  en 
a  observé  vingt-quatre;  il  esta  remarquer  que  les  diverses  va- 
riétés du  ^y7-oa;è«e,  dont  on  avoitfait  des  espèces,  présentent 
des  cristallisations  qui  leur  sont  propres  ,  et  dont  l'aspect  dif- 
férent qu'elles  impriment  à  ces  variétés  a  pu  contribuera  les 
faire  distinguer.  La  surface  extérieure  des  cristaux  est  géné- 
ralement lisse  et  éclatante  lorsqu'ils  sont  translucides  ou 
transparens  ;  mais  dans  ceux  qui  sont  opaques  ,  elle  est 
souvent  terne  ,  et  même  âpre  au  toucher.  Voici  l'indication 
des  formes  secondaires  qui  s'observent  le  plus  communé- 
ment dans  le  pyroxène  ,  d'après  M.  Haiiy. 

1.  Pyroxène  primitif ,  Haiiy  ,  Tahl.  comp.  et  Mém.  Mus.  i. 
p.  283 ,  pi.  14. ,  fig.  23.  Les  cristaux  qui  ont  celte  forme  ap- 
partiennent à  la  variété  dite  Miisslie. 

2.  P.  périhexaèdre .,  Haiiy,  Trail.Z^  p.  83,  j^^.  189,  en 
prisme  hexaèdre  à  base  oblique  ;  c'est  la  forme  précédente 
dont  les  deux  arrêtes  du  prisme,  qui  répondent  aux  angles 
obtus  des  bases,  sont  remplacées,  chacune,  par  une  facette 
inclinée  de  i33d.  5i'  sur  les  plans  primitifs. 

3.  P.  périodaèdre  ,  Haiiy  ,  Mém.  Mus.  ,  i  ,  p.  284.  ,  fig.  26, 
en  prisme  à  huit  pans  à  base  oblique  :  la  forme  précédente 
dont  les  deux  arêtes  aiguës  du  prisme  sont  remplacées  par  dci 
facettes  inclinées  de  i36  .  9'  sur  les  paijs  primitifs. 


3i2  P  Y  R 

Je  rlois  faire  remarquer  ici  qu'à  l'exception  tlu  pyroxène 
des  volcans,  il  arrive  très  souvent  que  dans  les  cristaux  des 
autres  pyroxènes  qui  onl  le  prisme  périoctaèdre,  ce  prisme  se 
présente  comme  un  prisme  quadrangulaire  presque  rectan- 
gle ,  ce  qui  est  dû  au  grand  rétrécissement  de  quatre  pans 
pris  alternativement. 

4-  P.  équivalent ,  Hauy  ,  Annal.  Mus.  ,  vol.  9  ,  et  Jown. 
min.,  vol.  28,  p.  iSa  ,  pi.  3.  Prisme  à  douze  pans,  à  base 
oblique.  La  forme  précédente  augmentée  de  quatre  faces,  si- 
tuées à  droite  et  à  gauche  des  deux  faces  secondaires  de  la 
forme  périhexaèdre,  et  chacune  inclinée  sur  lespans  primitifs 
adjacens  de  iSad.  89'. 

5.  P.  bisunitaire  ,  Hauy,  Trait.  3  ,  yo.  84 ,  fig.  i4o.  Variété 
périhexaèdre  à  sommet  dièdre  ,  formé  par  des  plans  qui  se 
réunissent  en  une  arête  terminale  oblique  à  l'axe,  et  in- 
clinée  de   i20d. 

6.  P.  dihexaklre .,  Hauy  ,  Mém.  Mus.  ,  1.  p.  283  ,fig.  26.  La 
forme  précédente  dont  Tarête  terminale  est  remplacée  par 
une  facette  ayant  la  même  inclinaison  sur  Taxe.  On  peut 
considérer  celte  variété  comme  la  précédente  ,  chez  laquelle 
les  deux  faces  du  sommet  nauroient  pas  pris  l'étendue  néces- 
saire pour  venir  se  joindre. 

7.  P.  sexuctonal ,  Haiiy  ,  Trait.  3,  p.  84.  C'est  le  cristal 
précédent,  dont  le  prisme  est  à  huit  pans. 

8.  P.  iriuniiaire .,  Haiiy,  /.  c.,fig.  i4i.  C'est  la  forme  bis- 
unitaire  ,  dont  le  prisme  offre  huit  pans. 

9.  P.  soustraclif,  Hauy  .,  l.  c.  .,  fig.  1/^.2.  C'est  la  forme  bis- 
unitaire  ou  la  forme  précédente  ,  dont  Tangle  aigu  situé  à 
l'extrémité  supérieure  de  l'arête  terminale  est  remplacé  par 
ime  facette  triangulaire,  horizontale,  ordinairement  ondulée 
ou  courbe. 

10.  P.  ambigu.,  Haiiy,  Mém.  Mus.  I.  p.  284,  fig-  27.  La 
forme  précédente  chez  laquelle  la  facette  terminale  hori- 
zontale a  pris  l'étendue  nécessaire  pour  faire  disparoître  les 
deux  faces  du  sommet ,  ce  qui  transforme  le  cristal  en  un 
prisme  droit  à  six  ou  huit  pans.  M.  Haiiy  n'a  observé  que  le 
prisme  à  huit  pans. 

11.  P.  dioctaèdre  .,  Haiiy  ,  Trait.  3  ,  ^9.  85  ,  fig.  i43.  L;à 
variété  triunitaire  émarginée  sur  les  bords  inférieurs  des 
faces  terminales  contiguës  aux  faces  primitives. 

.,  12.  p.  épimèride  ,  Haiiy  ,  ylnn.  Mus. ,  vol.  19  ,  />•  3^7  ,  fol. 
i4  ifig-  1.  Prisme  à  huit  pans  ,  sommet  à  cinq  faces.  C'est 
la  forme  du  pyroxène  blanc  de  Baltimore  ,  dans  les  Etats- 
Unis. 

i3,  p.  octo- duodécimal ,  Haiiy  ,  Ann.  Mus..,  vol.  9  ,  et  Journ. 
min..,  vol.   23,  p.   i52,  pi,  3  .,fi8>  5.  Prisme  à  huit  pana  ^ 


P  Y  R  3i3 

sommet  à  six  faces  ,  dont  trois  plus  inclinées  sur  la   partie 
antérieure  du  crislal,  et  trois  sur  le  côté  postérieur. 

14..  F.  Iri'octonul ,  Haiiy  ,  Journ.  min.  ,  vol.  23  ,  p.  i52  ,  pi. 
3  ,  Jig.  6.  Prisme  à  huit  pans  ,  sommet  à  8  faces,  dont  7  in- 
clinées du  même  côté  ,  et  une  sur  le  côté  postérieur  du  cris- 
tal;  du  Conuecticut  dans  les  Etals-Unis. 

i5.  P.  slenomone,  Haiiy,  Mém.  Mus.  i.  p.  289  ,  pi.  i4  , 
fig.  3i  ,32,  Prisme  à  huit  pans,  sommet  à  huit  facettes,  dont 
cinq  inclinées  en  avant  du  cristal ,  et  trois  sur  le  côté  opposé. 

16.  P.  ot:loi>igésimal ,  Haiiy,  Ann.  Mus.,  vol.  9,  et  Mém. 
Mus.  I.  page  290,  pi.  14.,  fig-  33;  Journ.  min.,  vol.  23, 
p.  iJi  ,  pi.  3,  fig.  2.  Prisme  à  huit  pans  (  les  pans  primitifs 
plus  étroits),  à  sommet  à  dix  faces  ,  cinq  inclinées  en-deçà, 
et  cinq  par  derrière  le  cristal.  C'est  la  forme  habituelle  des 
cristaux  du  pyroxène  diopside. 

On  peut  déduire  des  formes  précédentes  (n."  1 2  à  1 5),  Tob- 
servation  que  M.  Haiiy  a  faite  sur  le  pyroxène  octoviségimal. 
«  Ce  cristal  offre  un  exemple  remarquable  de  ces  jeux  de  cris- 
tallisation, qui  ont  lieu  à  f  égard  des  différens  individus  d'une 
même  variété  ,  lorsque  certaines  faces  sont  plus  ou  moins 
éloignées  du  centre  dans  les  uns  que  dans  les  autres.La  diver- 
sité qui  en  résulte  dans  les  étendues  de  ces  faces  et  dans  le 
nombre  de  leurs  côtés  ,  fait  varier  l'aspect ,  et  pour  ainsi  dire 
la  physionomie  des  cristaux  ,  au  point  que  ce  n'est  qu'en  y 
regardant  de  près,  qu'on  y  reconnoît  le  même  type  ,  etc.  » 
(  Haiiy,  Jour,  min.,  l.  c.  ). 

17.  P.  senohisunitaire ,  Haiiy  ,  Mém.  Mus.  ,  vol.  3  ,  p.  i3o  , 
pi.  3  ,  fig.  6.  Prisme  à  six  pans  ,  à  sommet  à  trois  faces 
inclinées  sur  trois  côtés  différens  du  prisme.  Cette  forme  est 
celle  du  pyro'Tcène  bàikalite. 

18.  P.  senoquaternaire,  Haiiy,  Mém.  ]\ïus.3 ,  p.  124,  f'g-  2- 
Forme  qui  a  une  physionomie  toul-à-fait  différente  de  celit^ 
des  formes  précédentes.  C'est  un  prisme  court  à  quatre  pans, 
surmonté  d'une  longue  pyramide  aiguë  à  quatre  faces  ,  dont 
deux  plus  grandes  et  contiguës  sont  deux  des  pans  du  noyau 
primitif.  Cette  configuration  lui  donne  aussi  l'apparence  d'un 
octaèdre  irrégulier  ,  émarginé  à  sa  base.  Le  pyroxène  jus- 
sdîte  présente  cette  forme  et  la  suivante. 

19.  P.  duovigésimal ,  Haiiy,  /.  c.  ,  p.  126,  fig.  4-  La  forme 
précédente,  à  pyramide  émarginée  sur  les  deux  arêtes  les 
plus  longues,  et  à  sommet  épointé  par  quatre  facettes  incli- 
nées sur  ses  arêtes. 

Telles  sont  les  variétés  cristallines  du  pyroxène  ,  qu'il  est 
à  propos  de  citer  :  plusieurs  d'entre  elles  engendrent  par  le 
retour  d'une  moitié  du  crislal  sur  l'autre  ,  des  formes  hé~ 
mitropes.  On  connoît  aussi  des  hémitropies  qui  sont  pro- 
duites par  des  cristaux ,  qu'on  n'a  pas  encore  observés  §im- 


3i4  P  Y  R 

pies.  En  général,  les  hémilropies  que  présente  le  pyroxène 
ne  sont  pas  rares,  et  cependant  un  petit  nombre  seulement 
a  été  signalé.  La  plus  commune  de  toutes,  est  celle-ci. 

20.  P.  tri  unitaire  hé  mi  trop  e ,  Haiiy,  Trait.  ,  vol.  3  ,  p.  86  , 
fig.  14^4^.  C'est  un  prisme  à  huit  pans  ,  terminé  d'un  côté  par 
un  sommet  à  quatre  faces  semblables  ;  et  de  l'antre,  par  un 
angle  rentrant  ,  également  à  quatre  faces  semblables  ,  mais 
différentes  de  celles  du  sommet  saillant.  Celte  hémitropie  a 
lieu  par  le  retour  d'une  moitié  du  cristal  triunitaire  ,  sur 
l'autre  moitié,  par  un  plan  qui  passeroit  par  les  deux  grandes 
diagonales  opposées  des  bases  du  noyau  primitif.  L.e pyroxène 
soustrariif  hémitrope  a  le  sommet  saillant  époinlé. 

21.  P.  hémitrope  croisé.  Il  arrive  fréquemmentde  rencontrer 
des  cristaux  hémitropes  du  pyroxène  volcanique  ,  qui  se  sont 
croisés  à  angle  droit ,  ce  qui  produit  une  croix  à  branches 
égales ,  dont  deux  à  angles  rentrans. 

he  pyroxène  ne  se  présente  pas  toujours  en  cristaux  dé- 
terminables.  11  affecte  des  manières  d'être  qui  sont  même 
assez  variées. 

22.  P.  cylindrdide.  Les  cristaux  de  sahlite  ,  de  diopsidc 
et  de  mussite ,  sont  fréquemment  déformés  par  de  nom- 
breuses stries  ou  des  cannelures  longitudinales. 

23.  P.  laminaire.  La  sahlite  se  dislingtie  parmi  toutes  les  va- 
riétésdu  pyroxène,  par  sa  structure  laminaireàgrandes  lames, 
qui  se  laissent  cliver  aisément.  Elle  se  présente  en  masse  , 
composée  de  grandes  parties  laminaires  ou  de  très -petites 
parties  également  lamelleuses  ;  dans  ce  cas  ,  c'est  la  variété 
granou-  lamellaire.  Le  pyroxène  augite  est  aussi  quelquefois  en 
masses  laminaires. 

24-  P-  comprimé.  Les  cristaux  de  mussite  sont  ordinaire 
ment  comprimés  et  allongés. 

25.  P.  granulaire.  C^est  le  pyroxène ,  lorsqu'il  est  en  masse 
granulaire;  cette  contexture  estspécialemenlcelledela  cocco- 
lilhe.  On  la  retrouve  dans  le  pyroxène  volcanique  vert  , 
et  même  dans  le  pyroxène  aogite. 

26.  P.  Jibro'granulaire.    C'est  une  variété  de  mussite. 

27.  P. fascicule  radié.  En  masse  composée  de  prismes  réu- 
nis en  faisceaux  el  rayonnans  ,  quelquefois  libres  à  l'cxlé- 
rieur  ,  et  régulièrement  cristallisés;  celte  forme  s'observe 
dans  le  pyroxène  qui  accompagne  l'yénite  à  l'île  d'Elbe  et 
dans  la  mussite. 

28.  P.filn-eux.  Cette  variété  ne  diffère  des  précédentes 
que  par  la  finesse  des  prismes  et  leur  agglomération  in- 
time ,   qui  leur  donne  l'aspect  de  certaine  variété  d'asbeste. 

29.  P.  schisteux.  En  masse  composée  de  lames  superpo- 
sées :  la  mussite. 

30.  P,  résino'ide.  Il  est  noir ,  a  l'apparence  de  la  poix ,  ei 


P  Y  R  3ir, 

n'offre  presque  plus  ,  et  même  pas  du  tout ,  de  trace  de  sa 
structure  cristalline.  Il  appartient  au  pyroxène  volcanique, 
(  V.  ci-après). 

Maintenant  que  nous  avons  exposé  les  caractères  et  les 
manières  d'être  du  pyroxène  considéré  en  général  ,  nous 
allons  exposer  les  espèces  qu'on  a  faites  à  ses  dépens.  Nous 
les  nommerons  ainsi  :  pyroxène  volcanique  ;  pyroxène  au- 
gite  ;  pyroxène  coccolithe  ;  pyroxène  sahlite  ;  pyroxène  baï- 
kalite  ;  pyroxène  fassaïte  ou  pyrgome;  pyroxène  Iherzollle  ; 
pyroxène  diopside  ;  pyroxène  mussite  ;  pyroxène  blanc. 

I.  Pyroxène  VOLCANIQUE  {Schorl  noir  en  prisme  octaèdre^ 
B.D.;  Schorlvolcanique,l&ergm.;Volcanite  et  Virescùe^hamélh.; 
Ociaedral  basalù'ne,  Kirw.  ;  Pyroxène  augite^  Brong.,  en  partie. 
Augite^  Wern.  en  partie.;  Common augite,  James,  en  partie). 
Il  est  en  petits  ou  moyens  cristaux  réguliers  ,  ou  en  graiûs 
tantôt  isolés,  tantôt  contenus  et  disséminés  dans  la  lave  ou 
la  roche.  On  en  a  fait  plusieurs  analyses  ;  il  est  composé  de 


Etna. 

Frascaii. 

Rhineberg 

Silice  .     .     . 

52, 5o  .     . 

.     4«,oo. 

.       .      52,00. 

Magnésie. 

10,00  .      . 

.   8,75. 

.     .     12,75. 

Alumine. 

3,3o.     . 

5,00. 

.     .       5,75. 

Chaux, 

l3,20  .       . 

.       24., 00. 

.     .      i4,oo. 

Fer.     .     . 

i4,66.     . 

.     12,00.    . 

13,25, 

Manganèse. 

2,00  .     . 

1,00. 

.       .           0,25. 

Potasse.     . 

0,00  .     . 

trace. 

.        .                   0. 

Eau.     .     . 

0,00  , 

0. 

.        .           0,25. 

Perte     .     . 

4,00  .     .     . 

0.     . 

.    .            0. 

Vauquelin.  Klaproth. 


Id. 


Tromsdorf  a  trouvé  dans  un  pyroxène  de  l'Elna,  qu'il  a 
•analysé  ,  5,i8  de  potasse.  Klaproth  avoit  signalé  cet  alkali 
en  très-petite  quantité  ,  dans  le  pyroxène  de  Frascati  ,  dont 
nous  rapportons  l'analyse  ;  il  en  a  trouvé  également  uu« 
trace  dans  le  pyroxène  vert ,  de  Bhineberg  ,  et  dont  il  a 
aussi  donné  une  analyse  complète  que  nous  n'avons  point 
rapportée. 

Ses  formes  régulières  se  rapportent  à  celles  appelées  bis- 
unitaire  ,  triunitaire  ,  soustractive  ,  dioctaèdre  ,  ambiguë  et 
hémitrope;  ses  cristaux  ont  depuis  moins  d'une  ligne  de  di- 
mension, jusqu'à  8-10  lignes  de  diamètre. 

I.  Le  pyroxène  volcanique  noir.  Sa  couleur  est  le  noir  par- 
fait ou  le  vert  foncé  presque  noir  ;  il  est  quelquefois  magné- 
tique ;  il  fond  plus  difficilement  que  les  autres;  il  est  plus  fra- 
gile. Sa  surface  extérieure  est  ordinairement  raboteuse  ;  sa 
cassure  a  quelque  chose  de  vitreux  et  de  fibreux  à  la  fois.  11 
se  rencontre  presque  toujours  dans  les  laves  proprement  di- 


3i6  P  Y  R 

tes  ,  celles  qui  ont  coulé ,  et  dans  les  Scories  qui  n'en  sont 
qu'une  modification  ;  il  se  trouve  aussi ,  i.°  dans  tous  les  ba- 
saltes ;  et  on  sait  que  les  basaltes  sont  regardés  comme  d'o- 
rigine volcanique  parla  plupart  des  minéralogistes;et  2.''dans 
les  roches  de  transition  ou  d'autre  formation  qu'on  soupçonne 
également  avoir  une  origine  volcanique  :  ainsi,  on  l'observe 
dans  les  vâckes  ,  les  mandelsteins  ,  etc. 

Les  rocs  présumés  volcaniques  de  Theis  ,  près  de  Fassa  en 
Tyrol,  contiennent  des  cristaux  de  pyroxène;les  kleingsleins 
ou  phonolilhes, espèce  de  laves  pétrosiliceuses,en  renferment 
quelquefois  une  grande  quantité  ;    la  roche   porphyritique 
d'Oberstein,  qui  contient  les  agates  ,  celle  du  Tyrol ,  qui  est 
dans  le  môme  cas  ,  offrent  encore  le  pyroxènc  noir.  Enfin, 
on  le  reconnoît  quelquefois  dans  ces  substances  que  le  Vésuve 
et  d'autres  volcans  ont  rejetées  intartes. Il  y  est  rare  cependant 
avec  la  couleur  noire.  Mais  nulle  part  cette  substance  n'est 
plus  abondante  que  dans  les  laves.  M.   Cordier  a  fait  voir 
que  le  pyroxène  en  grains  excessivement  ténus  et  le  feldspath, 
composent  les  pâtes  des  laves.    Celles  qu'on  a  nommées  ba~ 
salte ,  laves   lilhoïdes    trappéennes  ou  argilo-ferrugineuses^ 
sont  celles  où  le  pyroxène  est  en  plus  grande  quantité  que  le 
feldspath.  Les  courans  de  lave  de  cette  nature  n'offrent  que 
des  scories, et  les  scories  ne  sont  autre  chose  qu'une  sorte  de 
demi-vitrification  qui  n'a  pu  se  changer  en  verre, c'est-à-dire 
en  obsidienne,  à  cause  du  peu  de  fusibilité  du  pyroxène. C'est 
de  la  surface  des  scories  ou  de  leur  intérieur,  que  l'on  retire 
les  cristaux  de  pyroxène  les  plus  réguliers  et  souvent  les  plus 
beaux;  les  scories  ,  en  se  décomposant,  les  laissent   à  nu  ; 
d'autre  fois  les  volcans,   dans  certaines  éruptions,   lancent 
ces  cristaux  tout  dégagés  ,  et   avec  une  profusion  vraiment 
étonnante.  L'Etna  en  a  donné  plus  d'un  exemple  ,  ainsi  que 
le  Vésuve.  ^^ 

L'Etna,  le  Vésuve,  Ténériffe,  les  volcans  de  l'île  de  Bour- 
bon, de  la  Guadeloupe,  etc.  ,  offrent  de  très-beaux  cristaux 
isolés  de  pyroxène  ;  on  en  trouve  également  dans  beau- 
coup d'endroits  du  Cantal  ,  du  Vêlai  ;  au  Puy  de  Corent  , 
de  la  Rode,  de  la  Vache  ^  de  Mural,  en  Auvergne;  ou 
Provence  ,  en  Saxe  ,  en  Bohème  ,  dans  la  Hesse  ,  dans  la 
Hongrie  et   en  Espagne,  au  cap  de  Gale,  etc. 

Les  sables  ferrifères  -  volcaniques  de  Pouzzotes  ,  près 
!Naples,que  l'on  exploite  et  que  l'on  fond,  contiennent  beau- 
coup de  pyroxène  finement  granuleux  et  qui  provient  des 
détritus  de  laves  que  la  mer  rejette  sur  la  côte.  Les  sables  et 
les  cendres  rejetés  par  les  volcans,  sont  chargés  de  celte 
substance. 

3.  Pyroxène  vert  (  viresciley  Lamclh,  ).  Il  est  ordinairement 


P  Y   K  3i7 

fî'un  vert  jannâlrc  ou  brunâtre  et  demi-translucide  ,  ou  d'un 
vert  foncé  sombre  ;  il  se  rencontre  plus  particulièrement 
dans  les  masses  rejetées  intactes  par  les  volcans  et  dans  les 
sables  volcaniques.  Dans  les  anciennes  laves  ,  il  forme  quel- 
quefois des  noyaux  ou  des  nœuds  granulaires  ou  impar- 
faitement lamelleux,  avec  l'éclat  vitreux  ou  luisant;  il  est 
aussi  en  petits  cristaux  ou  grains  disséminés,  dans  les  laves 
modernes.  , 

Ce  pyroxène  se  présente  en  plusieurs  états  différens  dans 
les  matières   volcaniques  qui  rf'ont  pas  éprouvé  l'action  li- 
quéfiante du  feu.  Au  Vésuve, où  les  blocs  de  matières  rejetées 
intactes   abondent,  ce  pyroxène  est  tantôt  en  petits  cristaux 
brillans,  qui  tapissent  les  cavités  de  ces  matières,  tantôt  il 
est  lui-même  en  masse  granulaire  pure  ou  mélangée  avec  l'i- 
docrase  ,  le  grenat ,  le  mica  ,  la  chaux  carbonatée  ,  l'amphi- 
gène,  la   sodalite  ,  la  meionite  ,    etc.   Parmi  les  blocs   de 
même  origine  ,  qu'on  observe  dans  les  tufs  volcaniques  des 
environs  de  Rome,  à  Frascati  et  à  Tivoli,  ce  pyroxène  est  en 
très-gros  cristaux  ,  d'un  vert  gris  ,  terne  ,  mal  conformés  et 
empâtés  ,  soit  avec  du  mica  ,  soit  avec  de  l'amphigène.  Les 
marbriers  romains  font  quelquefois  de  petits  objets  avec  ces 
blocs  composés  de  pyroxène  et  de   mica  :    on   voyoit  dans 
le  cabinet  de  M.  de  Drée,  à  Paris  ,  deux  jolis  petits  vases  , 
faits  avec  pareille  matière  ;   ils  étoient  remarquables  par  le 
chatoiement  du  mica.  Les  sables  volcaniques  des  bords  des 
lacs    Albano  ,    Nemi  ,   Braciano  ,  etc.  ,   contiennent  une 
grande  quantité  de  très-petits  cristaux  de  pyroxène  vert,  le 
plus  souvent  transparent  comme    le  péridot.    Il  n'est  pas 
rare  non  plus  dans  les  sables  volcaniques  des  environs  d'An- 
dernach  ,  etc. 

3,  Le  Pyroxène  résino'ide  (Id.,  Haiiy;  Conchoïdal  augite  ,  J â- 
mes.  ).  Il  est  noir  ou  vert  brun  ou  brun  olivâtre  ,  avec  l'as- 
pect luisant  comme  celui  de  la  résine  ;  sa  cassure  est  impar- 
faitement conchoïde.  Il  est  opaque  ou  légèrement  translu- 
cide sur  les  bords.  Il  se  rencontre  principalement  dans  les 
basaltes  et  les  laves  anciennes  ;  il  est  en  grains  de  différente 
grosseur,  mais  rarement  plus  gros  qu'une  noisette.  Ces  pe- 
tits grains  ,  lorsqu'ils  sont  noirs ,  ont  l'apparence  du  fer 
oxydulé  titanifère  ,  substance  qu'on  trouve  aussi  dans  les  la- 
ves anciennes.  Le  pyroxène  résinoïde  est  indiqué  dans  les 
basaltes  de  Fulde  en  Hesse  ;  dans  les  produits  volcani- 
ques du  Vogelgebirge  et  dans  les  basaltes  du  Kaisersthal  en 
Souabe  ,  etc.  Le  schlackenblende  de  M.  Nose ,  qui  se  trouve 
dans  les  basaltes  des  environs  de  Cologne,  paroîl  aussi  ap» 
partenir  au  pyroxène  résinoïde  ;  c'est  encore  à  cette  variété 
que  quelques  minéralogistes  rapportent  Uschlakiger  augiteàe 


3i8  P  Y  R 

Karsten  ;  mais  je  croîs  que  ce  rapprochement  n'est  pas  exact. 

Les  caractères  de  cette  substance  sont  très-différens  ;  elle 
est  amorphe,  d'un  beau  noir,  çà  et  là  verdâtre;  elle  a  l'éclat 
luisant  de  la  résine  et  est  opaque  ;  sa  cassure  est  conchoïde  : 
sa  pesanteur  spécifique  est  de  2,666.  Au  chalumeau  elle  fond 
presque  aussitôt  avec  intumescence  ,  et  donne  un  verre  noir 
ou  brun.  Selon  Klaprolh,  elle  contient  :  silice,  55  ;  alumine; 
i6,5o  ;  magnésie,  i,75;  chaux,  10,00  ;  oxyde  de  fer,  18,75  ; 
une  trace  de  manganèse  ;  eau  ,  i,5o.  Cette  analyse  seule 
a  fait  rapprocher  cette  substance  du  pyroxcne.  On  la  trouve 
en  petits  fragmens  dans  un  lit  de  chaux  carbonatée  à  Gin- 
liana ,  en  Sicile.  Dolomieu  en  avoil  rapporté  du  Val  di  Noto 
qui  étoit  vert-grisâtre  et  rougeàtre. 

4..  Le  Pyroxène  volcanique  alléré.  Ce  pyroxène  offre  trois 
genres  d'altération  qui  méritent  d'être  signalés.  Lorsque  les 
laves  ont  été  exposées  long-temps  à  l'action  des  vapeurs  aci- 
do-sulfureuses  qui  s'exhalent  continuellement  dans  les  sol- 
fatares et  autour  des  cratères  des  volcans,  elles  se  dénaturent 
ainsi  que  les  cristaux  qu'elles  contiennent;  alors  le  pyroxène 
devient  blanc  opaque  ,  et ,  à  l'exception  de  la  silice ,  les  au- 
tres principes  forment  avec  les  vapeurs  acides  ,  des  sels  solu- 
bles  qui  sont  ensuite  évaporés  ou  lavés.  On  observe  dans 
presque  tous  les  cratères  ,  et  surtout  dans  les  solfatares,  des 
laves  décomposées  qui  offrent  des  cristaux  parfaitement  con- 
formés de  pyroxène  également  de  celte  nature. 

La  calcination  que  les  laves  éprouvent  perpétuellement 
autour  descratèresbrûlans,  n'agit  pas  d'une  manière  prompte 
cristaux  de  pyroxène.  Ceux-ci  sont  souvent  encore  intacts, 
tandis  que  la  lave  qui  les  contenoit  se  trouve  rédijfite  en 
miettes.  Dolomieu  a  recueilli  dans  le  cratère  de  Monte  Rosso 
une  obsidienne  résinoïde  jaune,  contenant  du  pyroxène  re- 
couvert d'une  légère  pellicule  blanche  ;  dans  le  même  cra- 
tère, il  recueillit  aussi  une  scorie  rouge  contenant  des  cris- 
taux semblables  de  pyroxène.  Cette  scorie,  d'une  grande  fra- 
gilité ,  provenoit  de  la  calcination  naturelle  de  la  lave  rési- 
noïde ;  il  étoit  aisé  c'e  s'en  convaincre  ,  car  en  essayant 
un  fragment  de  la  lave  résinoïde  au  chalumeau  ,  elle  se 
converiissoit  en  une  scorie  semblable.  Dolomieu  en  vit 
des  échantillons  qui  présentoient  les  deux  étals.  L'on  sait 
encore  qu'on  trouve  des  cristaux  de  pyroxène  intactes  dans 
les  laves  vitrifiées  ;  ce  n'est  que  par  une  longue  action  de  la 
chaleur  qu'ils  se  fendent  et  puis  tombent  en  poussière. 

L'action  des  autres  agens  atmosphériques  n'a  également 
de  prise  sur  le  pyroxène  qu'après  un  long  temps  ;  et  c'est  à 
«elle  cause  que  l'on  doit  attribuer  la  parfaite  conservation  de 


P  Y  R  3.9 

ces  courans  de  laves  anciennes  qu'on  observe  encore,  et  qui 
paroissent  avec  toutes  les  marques  d'une  formation  récente. 
Les  basaltes  et  tous  les  produits  volcaniques  qui  ont  le  py- 
roxène  pour  base,  sont  dans  le  même  cas. 

Le  pyroxène  néanmoins  offre  deux  genres  particuliers  de 
décomposition  ;  dans  l'un  ,  il  devient  jaune  ou  couleur  de 
rouille  et  terreux.  Il  conserve  une  partie  de  son  tissu  feuilleté. 
Il  est  très-friable.Quelquesnaluralistesen  ont  fait  une  espèce, 
30US  le  nom  de  limbilite  (  V.  ce  mot.  ).  Les  laves  de  Ténériffe, 
celles  de  l'île  de  Bourbon  ,  celles  du  Brisgaw ,  quelques- 
unes  de  celles  d'Auvergne,  m'ont  offert  à  la  fois  la  limbi- 
lite et  des  cristaux  de  pyroxène  noir  parfaitement  conservés  ; 
d'où  l'on  peut  croire  que  certaines  laves  contiennent  à  la  fois 
deux  sortes  de  pyroxène,  dont  un  plus  décomposable  ;  nous 
avons  vu  à  l'article  Laves  ,  qu'il  eu  étoit  de  même  pour 
le  feldspath. 

L'autre  genre  de  décomposition  qu'éprouve  le  pyroxène  , 
est  celui-ci  :  il  devient  vert ,  d'un  aspect  terreux ,  perd  sa 
structure,  et  ses  autres  caractères,  mais  conserve  le  plus  sou- 
vent sa  forme.  Ce  genre  de  décomposition  s'observe  prin- 
cipalement dans  les  roches  de  transition  de  la  nature  de  la 
wacke,  ou  de  celles  qu'y  forme  la  pâte  de  ces  amygdaloïdes  qui 
contiennent  des  substances  zéolithiques.  Un  des  exemples 
lesf  plus  marquans  ,  est  celui  qui  se  présente  au  mont  de 
Pazza,  vallée  de  Fassa,  en  Tyrol.  La  roche  est  une  wacke 
qui  contient  des  cristaux  de  pyroxène  bisunitaire  ,  ainsi  alté- 
rés et  changés  en  une  espèce  de  terre  verte.  Les  minéralogistes 
allemands  l'ont  considérée  tantôt  comme  des  cristaux  de 
même  nature  que  la  chlorite  de  Vérone  ,  et  tantôt  comme 
une  substance  particulière,  sous  le  nom  de  fossile  vert  {griui 
fossile  ,  W.  ).  La  même  roche  renferme  des  rognons  de  chlo- 
rite baldogée  ou  talc  zoographique.  (Voyez  Terre  de  Vérone.') 

Les  diverses  variétés  que  nous  venons  de  décrire,  et  le 
pyroxène  auglle  dont  nous  allons  parler,  forment  l'espèce 
augite  de  Werner.  Ce  naturaliste  y  ramenoit  et  confon- 
doit  avec  ses  augites  granulaires  et  feuilletés  (  komiger  et  blat- 
iriger  aiigit)  ,  une  substance  qui  a  été  nommée  keraphyllite 
par  Stéphens  ,  et  que  M.  Haiiy  a  reconnue  pour  être  de 
l'amphibole.  Elle  est  très-lamelleuse  ,  fort  brillaute  ,  dun 
vert  foncé  presque  noir  ou  même  noir.  Au  chalumeau,  elle 
fond  difficilement  en  un  verre  opaque  d  un  vert  olivâtre.  Elle 
est  composée,  selon  Kiaproth,  de  silice,  62,52;  alumine, 
7,25;  magnésie,  12, 5o;  chaux,  9  ;  potasse,  o,5o;  fer  oxydé, 
16,25.  Elle  diffère  de  l'amphibole  ordinaire  par  son  éclat, 
sa  dureté,  et  par  sa  fusion  au  chalumeau.  Sa  pesanteur  spé- 
cifique et  sa  structure  cristalline  l'éloignent  du  pyroxène. 


320  p  y  '\ 

Elle  se  trouve  au  Sau-Alpe  en  Carinthie,  dans  une  roche 
primitive  composée  de  quarz,  de  grenat,  de  dislhène  bleu  ou 
verdâlre,  d'épidote  grise,  etc.  Toutes  ces  substances  sont 
tantôt  en  grandes  parties,  tantôt  en  très-petits  grains  qui  pro- 
duisent des  masses  granulaires.  Uomphazife  de  Werner  est , 
à  ce  qu'il  paroît,  encore  le  même  amphibole  en  petits  grains. 
II.  Pyroxène  augite.  Je  rassemble  sous  ce  nom  toutes 
les  variétés  de  pyroxène  non  volcanique  ,  confondues  avec 
le  pyroxène  volcanique  par  tous  les  auteurs  ,  ou  bien  qui 
n'ont  pas  été  distinguées  par  des  noms  particuliers.  Le  py- 
roxène augite  est  communément  vert,  quelquefois  noir;  ses 
cristaux  varient  pour  la  grandeur,  et  dépassent  rarement  la 
grosseur  du  doigt.  Ils  sont,  en  général,  plus  gros  que  ceux  du 
pyroxène  volcanique;  ses  formes  cristallines  ordinaires  sont 
les  variétés  triunitaire  ,  périhexaèdre,  périoctaèdre  et  sexoc- 
tonale.  Ce  pyroxène  est  aussi  en  masse  laminaire  ou  granu- 
fibreuse  ou  radiée  ,  etc. 

Il  existe  deux  analyses  du  pyroxène  augite  d'Arendal.  La 
première  est  due  à  M.  Simon ,  et  la  seconde  à  M.  Roux. 
Silice     ....     5o,25     ....     45,00 
Magnésie    .     .     .       7,00     ....        0,00 
Alumine     .     .     .       3,oo     ....       3,oo 
Chaux    ....     25, 5o     ....     3o,5o 

Fer io,5o     .     .     ./    .     16,00 

Manganèse  .  .  2,25  .  .  .  .  5,oo 
Chrome  .  .  .  trace  ....  0,00 
Eau o,5o     ....       0,00 

Perte  .  .  .  1,00  ....  o,5o 
Le  pyroxène  augite  se  trouve  en  fort  beaux  cristaux  dans 
les  roches  primitives  et  dans  les  lits  de  fer  oxydulé,à  Arendal 
en  Norvvége.  Il  y  est  associé  avec  d'autres  substances  miné- 
rales, qui  s'y  présentent  aussi  parfaitement  cristallisées.  Le 
grenat,  l'amphibole,  le  feldspath,  le  paranthine  ou  Wcrné- 
fite,  la  chaux  carbonatée  ,  l'épidote ,  les  pyroxènes  cocco- 
lithe  et  sahlite,  la  chaux  phosphatée  ,  etc.  ,  l'accompagnent 
et  lui  servent  quelquefois  de  gangue.  Ses  formes  régulières 
sont  celles  que  nous  avons  citées.  Il  est  cristallisé  ou  granu- 
laire et'  mélangé  à  Hellesta ,  dans  la  province  de  Suderman- 
land,  et  dans  d'autres  localités  en  Suède. 

Le  Piémont  a  offert,dans  ces  dernières  années,  plusieurs 
gisemens  de  ce  pyroxène  dans  les  roches  primitives,  et  no- 
tamment dans  les  vallées  de  ïraverselle,  de  Brozo,  de  Suze, 
de  Locana ,  etc.  Les  cristaux  de  pyroxène  de  Vico ,  vallée  de 
Brozo,  sont  d'un  vert  noirâtre  et  ont  quelquefois  l'apparence 
de  l'épidote  d'Arendal.  Ils  oui  aussi  un  volume  considérable^ 


P  Y   R  3ai 

cependant  on  en  observe  de  très-petits  ;  ils  appartiennent 
à  la  forme  stènonome.  Les  pyroxènes  des  autres  vallées  sont 
de  diverses  formés,  mais  également  vert  foncé.  A  Traverselle, 
il  y  en  a  qui  sont  d'un  vert  grisâtre  ou  jaunâtre,  opaques,  en 
prismes  périoctaèdres,  et  traversés  dans  leur  longueur  par  de 
nombreux  filets  d'amiante  ,  qui  sortent  comme  des  mèches 
par  rexirémilé  des  cristaux.  Le  grenat,  le  fer  oxydulé  ,  Tido- 
crase  ,  le  quarz ,  le  feldspath ,  le  mica  ,  la  serpentine  ,  le  fer 
chromaté  ,  la  chaux  carbonatée  pure  ou  magnésienne,  etc.^ 
accompagnent  le  pyroxène  dans  ses  divers  gisemens,  en  Pié- 
mont. 

Le  pyrojtèrie-âûgile  en  petits  cristaux  Iriunitaires  sur  une 
espèce  de  serpentine,  a  été  recueilli  dans  les  Pyrénées,  par  Do- 
lomieu,  et  l'échantillon  rapporté  parce  savant,  a  long-temps 
été  le  seul  qu'on  pût  montrer  du  pyroxène  non  volcanique. Ce 
pyroxène  existe  à  l'île  d'Elbe,  dans  le  même  gisement  où  se 
trouve  lyénlte.  Il  y  est  en  masses  fibreuses  rayonnées  et  en 
prismes  périoctaèdrcs  à  sommet  oblitéré  ;  ces  prismes  sem- 
blent droits  et  carrés,  à  cause  de  l'extrême  petitesse  de  quatre 
de  ses  pans,  qui  sont  les  pans  primitifs.  Ces  cristaux  forment 
quelquefois  de  très-belles  gerbes  ,  et  leur  couleur  est  le  vert 
grisâtre ,  ou  foncé  sombre  et  sans  éclat. 

Le  professeur  Bruce  a  découvert, le  pyroxène-augite  dans 
une  roche  primitive  aux  environs  de  New-Yorck,  aux  Etais- 
Unis.  Il  est  dans  une  roche  feldspathique,  accompagné  de 
graphite  ,  de  quarz  ,  de  mica  ,  etc.  ;  la  forme  de  ses  cristaux 
est  celle  dite  trioctonale. 

Le  pyroxène  entre  aussi  dans  la  composition  des  roches 
primitives,  et  ces  roches  sont  confondues  habituellement  avec 
celles  qu'on  nomme  grunstein ,  diorite^  ou  diabase  ;  il  y  est  asso- 
cié au  feldspath. Des  roches  de  cette  nature  sont  au  Glocknen 
près  d'Heiligerblut, ainsi  qu'à  Sainte-Marie-aux-mines  dans 
les  Vosges.  La  roche  de  ce  dernier  endroit  contient  aussi  du 
calcaire  et  du  titane  oxydé;elle  a  été  découverte  par  M.  Eckel 
deStrasbourg.Le  pyroxène-augite  a  également  été  trouvé  dan^ 
des  rochesprimilivesprès  de  Nantes;  enfin,  cette  substance  a 
été  découverte  dans  plusieurs  serpentlnes;et  quelques  minéra- 
logistes pensent  même  que  ,  dans  bien  des  circonstances,  la 
serpentine  doit  probablement  être  considérée  comme  du  py- 
roxène en  masse  compacte  ;  c'est  ce  qui  s'est  vérifié  par  rap- 
port à  certaines  serpentines  des  Pyrénées,  dont  une  constitué 
ie  pyroxène  Iherzolite. 

III.  Pyroxèise  coccolithe  (Id.,Brong.;P^TOrK?n*^ran^/i- 
y^^mc,  Haiiy  ;  Coccolilhe ^  d'Andrade  ;  Kokkolit,  W.  ;  Kœr- 
rtiger-Augit ,  Karst.  ,  Hausm.  ;  CoccoUthe ,  James.).  Il  est 
d'un   vert  poirçaiu  très  -  foncé  ,    ou    noirâtre  ,   quelquefoi» 


322  P  Y  R 

jaunâtre  ,  ou  couleur  d  olive.  Il  est  communément  en  masse 
granulaire  fragile  ;  quelquefois  aussi  en  cristaux  réguliers,  des 
mêmes  variétés  de  forme  que  celles  du  pyroxène  -  augite 
d'Arendal;  mais  ces  cristaux  ont  leurs  angles  tellement  ar- 
rondis, qu'on  ne  peut  les  reconnoîlre  qu'avec  peine.  Sa  pe- 
santeur spécifique  varie  entre  3,3o  (Karsten)  et  3,87  (Haiiy). 
Son  analyse  a  offert  les  mêmes  principes  déjà  observés  dans 
le  pyroxène-augite;  elle  est  rapportée  à  l'article  Coccoliihe. 
Celle  substance  se  trouve  à  Arendal  en  Norwége,  associée 
avec  le  pyroxène-augite  ,  et  toutes  les  autres  substances  qui 
accompagnent  ce  dernier.  Ses  cristaux  sont  quelquefois 
disséminés  et  enveloppés  par  du  calcaire  spathique.  Les 
masses  granulaires  varient  par  le  volume  des  grains ,  tantôt 
gros  comme  des  pois,  et  tantôt  petits  comme  des  grains  de 
millet.  Ces  masses  sont  ordlnalremeul  pures.  Parmi  celles  à 
petits  grains  ,  on  en  observe  qui  sont  irès-mélangées  de  gre- 
nats également  en  petits  grains. 

La  coccolilhe  est  encore  indiquée,  en  Suède,  à  Hellesta 
et  Assebro,  et  dans  la  province  de  Nerici.  Jameson  en  cite 
une  variété  verte  à  Barkas ,  en  Finlande  ;  mais  je  suppose 
qu'il  a  voulu  parler  du  pargasite  ,  substance  translucide, 
qu'on  trouve  à  Pargas  (petite  île  sur  la  côte  de  Finlande), 
qui  est  disséminée  dans  le  calcaire  ,  en  grains  ,  ou  en  cris- 
taux arrondis  sur  Les  angles,  qui  a  l'aspect  de  la  coccolithe  , 
h  laquelle  plusieurs  minéralogistes  l'ont  rapportée  ,  et  qui , 
selon  M.  Haiiy  ,  n'est  qu'une  variété  de  l'amphibole  granu- 
liforme  (  Hauy  ,  Mém.    Mus.  i  ,  p.  393). 

L'on  dit  aussi  que  la  coccolithe  a  été  découverte  au  Harlz, 
dans  la  forêt  de  Hartzeburg;  dans  la  Basse-Saxe  et  en 
Espagne, 

IV.  Pyroxène  sahlite  {,SaUil  d'Andrade  ,  Wern.  , 
Karst  ;  Malacolitke  ,  Abildg.  ,  Haiiy  ,  Trait.  ;  Pyroxène 
laminaire  gris  verdâtre  ^  Haiiy,  tabl.  comp.  ,  etc.  ).  Il  est 
vert  grisâtre ,  plus  ou  moins  foncé  ;  quelquefois  d'un  vert 
d'asperge,  translucide  sur  les  bords;  sa  structure  lamelleuse 
est  beaucoup  plus  apparente ,  et  le  clivage  a  lieu  plus  aisé- 
ment dans  les  différens  sens  ,  même  dans  le  sens  des  bases 
du  noyau  primitif,  ce  qui  est  très-difficile  à  reconnoîlre  dans 
le  pyroxène-augite  et  autres;  il  se  casse  naturellement  dans  la 
direction  des  pans  des  prismes  primitifs,  et  découvre  ainsi  de 
grandes  lames  brillantes  ou  luisantes  ;  ses  fragmens  sont 
assez  souvent  de  petits  prismes  rhomboïdaux,  ou  des  por- 
tions de  ces  prismes;  sa  cassure  transversale  est  inégale, 
raboteuse  et  terne.  Ce  pyroxène  est  moins  dur  que  lis 
autres  variétés  ;  il  est  même  tendre ,  qualité  qui'  a  sug- 
géré à  Abildgaard,  le  nom  de  malacolithe  ,  qu'il   a  donné 


P   T   R  3a3 

à  celte  substance  ,  et  qui  dérive  du  grec ,  mulakos  lithos  , 
pierre  tendre.  Sa  pesanteur  spécifique  est  de  3,223,  selon 
Haiiy  ;  de  3,236,  suivant  d'Andrade;  et  de  3,4.73  ,  d'après 
Wollaston.  Exposé  à  l'action  du  chalumeau  ,  il  se  fond  très- 
difficilement  ,  et  même  l'on  assure  que  la  variété  qui  vien* 
de  Sahla ,  est  incomplètement  infusible. 
Les  principes  de  la  salhite  sont  les  suivans  : 

SaMa.  Langhanshyttan,     Bjariinii/resveden. 

Silice 53  54, 18  67,28 

Chaux 20  22,72  24,88 

Magnésie 19  l7»8i                              9,1a 

Alumine 5  o                                 o 

Fer Ç    ,  2,18                            6,o4 

Manganèse <  i>45                            0,73 

Perte 1  1,66                             1,96 

Vauquelin.       Hisinger.  Ohsson. 

La  magnésie  et  la  chaux  s'y  trouvent  en  proportions  plus 
fortes  que  dansle  pyroxène-augite,  et  le  fer  y  est  en  moindre 
quantité. 

Le  pyroxène-sahllte  se  trouve  cristallisé  sous  les  formes 
dihexaèdre  ,  périoctaèdre  ,  perihexaèdre,  bisoctonale,  et  en 
masse  laminaire  ou  grano  -  lamellaire,  à  grains  plus  ou 
moins  tins;  ses  cristaux  sont  quelquefois  assez  gros.  M.  de 
Bournon,  qui  a  publié  un  mémoire  très -étendu  sur  la 
sahlite,  qu'il  regarde  comme  différente  du  pyroxène,  adonné 
les  figures  d'un  grand  nombre  de  formes  régulières  de  la 
sahlite,  qui  n'avoient  pas  été  publiées  avant  lui.  Depuis» 
M.  Haiiy,  en  ralliant  la  sahlite  au  pyroxène,  a  ramené 
ses  formes  à  la  plupart  de  celles  déjà  observées  dans  le  py- 
roxène. Les  minéralogistes  étrangers  persistent  à  séparer  ces 
deux  substances  ,  en  se  fondant  sur  la  différence  de  propor- 
tions de  leurs  principes  constitutifs ,  et  sur  le  faciès  de  la 
sahlite. 

La  sahlite  a  d'abord  été  découverte  en  Suède,  dans  la 
mine  d'argent  de  Sahla  ,  en  Westmannie,  associée  au  plomb 
sulfuré  ,  au  cuivre  sulfuré  ,  au  fer  sulfuré ,  et  aux  diverses 
autres  substances  qui  se  trouvent  dans  cette  mine,  l'asboste  , 
ramphibole,la  chaux  carbonatée;  ensuite  à  Langhbanshyttan, 
dans  la  province  de  Wermelande  et  à  Bjornmyresveden  en 
Finlande.  On  l'a  retrouvée  encore  à  Arendal ,  en  Norwége  , 
accompagnant  le  fer  oxydulé  ,  l'amphibole  ,  le  spath  cal- 
caire, le  feldspath,  le  mica  noir,  le  pyroxène-augite  ,   etc. 

Patrin,  dans  l'article  MalaCOLITHE  de  la  première  édition 
de  ce  Dictionnaire  ,  l'indique  en  Sibérie.  L'échantillon  qu'il 
possédoit,  avoit  été  tiré, par  lui,  d'un  gîte  d'aigue-marine  de 
la  montagne  d'Odoa-Tschelon,  près  du  fleuve  Amour.  On  y 


324  P  Y  R 

voyoit  des  cristaux  de  la  grosseur  da  doigt ,  ayant  la  forme 
périoctaèdre.  La  sahliic  y  éloit  en  partie  grenue  et  en  partie 
cristallisée;  celle  qui  est  grenue,  dit-il,  est  traversée  de 
veines  bleuâtres  d'aigue-marine  ,  qui  est  elle-même  grenue; 
elle  renferme  ,  outre  des  feuillets  épars  de  mica  ,  un  cristal 
de  cette  substance  ,    de  forme  hexaèdre  ,  qui  a  plus  d'un 

pouce  de  diamètre,  sur  neuf  à  dix  lignes  de  hauteur le 

tout  mêlé  d'une  chaux  carbonatée  spaihique,  d'un  blanc 
roussâtre,  qui  se  dissout  en  entier  dans  les  acides  ,  avec  une 
vive  effervescence,  mais  qui  a  la  propriété  de  devenir  aussi 
phosphorescente  par  la  chaleur  qu'un  spath  fluor.  Sans  la 
présence  de  l'aigue-marine  ,  on  croiroit,  par  cette  descrip- 
tion ,  que  Patrin  auroit  voulu  parler  du  pyroxène  baïkalite. 

La  sahlite  est  encore  indiquée  dans  l'île  de  Unst ,  l'une 
des  îles  Schetland  ;  dans  le  calcaire  compacte  rose  de  l'île 
de  Tycée,  l'une  des  Hébrides;  en  Ecosse  ;  sur  les  bords  du  lac 
(^hamplain  ,  etc.  On  avoit  cru  la  rencontrer  à  ISarkseilsiak , 
dans  la  partie  sud  du  Groenland,  associée  à  la  sodalite ,  avec 
l'aiiiphibole,  le  grenat  et  le  zircon.  M.  Haiiya  reconnu  que 
cette  prétendue  sahlite  éloit  du  feldspath  lamellaire.  Enfin, 
la  sahlite  du  ïyrol  rentre  dans  le  pyroxène  fassaïte. 

V,  Pyroxène  baïkalite  {Baikaliie).  Ce  pyroxène  est 
d'un  vert  olive,  en  cristaux  de  diverses  formes  ,  dont  une, 
l'abino-senaire  ,  n'a  encore  été  offerte  que  par  lui  :  il  est  en 
grains  et  en  cristaux  quelquefois  plus  gros  que  le  pouce  , 
disséminé  dans  une  chaux  carbonatée  lamellaire,  d'un  blanc 
jiunâtre  ,  qui  contient  également  du  mica  en  lames  rhomboï- 
dales  ,  d'un  pouce  de  diamètre  ;  la  surface  des  cristaux  de  la 
fcaïkalite  est  brillante.  La  cassure  transversale  est  terne  et 
grano-lamellaire.  L'analyse  et  la  localité  de  cette  pierre  sont 
exposées  à  l'article  Baïkalite. 

VL  Pyroxène  TASSÂÏTE  (  Py/'^ome  et  Fassàiie,  W.).  Celte 
substance  se  présente  en  petits  cristaux  d'un  vert  obscur 
ou  d'un  vert  clair  ,  dans  de  la  chaux  carbonatée  bleuâtre 
ou  blanchâtre  ,  avec  de  l'idocrase  brunâtre  et  jaunâtre.  Les 
cristaux  sont  groupés  ou  solitaires,  et  ceux  qui  sont  réguliers 
ont  l'aspect  d'autant  d'oclaèdrcs  à  triangles  scalènes  ,  dans 
lesquels  la  base  commune  aux  deux  pyramides  ,  dont  ils 
sont  censés  être  l'assemblage  ,  auroit  une  position  obliqiie  à 
l'axe.  Ses  formes  se  rapportent  à  celles  nommées  seno-qua- 
ternaire  etduo-vigésinlale. 

Celle  variété  ,  considérée  d'abord  comme  de  la  sahlite  , 
se  trouve  à  Fassa  en  Tyrol. 

A  Anguillara  ,  près  du  lac  de  Braciano  ,  aux  environs  de 
Rome ,    on  trouve  dans  un  tuf  volcanique  des  pierres  Icn- 


P  Y  R  325 

ares ,  qui  contiennent  des  cristaux  de  pyroxène  semblable  à 
la  fassaïte. 

VII.  Pyroxène  lherzolite.  Nous  avons  exposé  à  Tarti- 
cle  Lherzolite  la  description  de  cette  variété,  et  l'on  y  peut 
lire  les  caractères  propres  à  ce  pyroxène  ,  et  les  raisons  qui 
ont  conduit  M.  de  Charpentier  à  le  considérer  comme  du 
pyroxène  en  roche. 
VIII.  Pyroxène  DioPsiDE(y4/a/iV«,Bonvois.;Dw/?5«W^,Wern.; 
Diopside,  Jam.  ,  en  partie).  Il  est  en  cristaux  prismatiques  al- 
longés, des  formes  didodécaèdre  et  octovigésimale  ,  ou  sou- 
vent cylindroïdes  ;  d'un  blanc  verdâtre  ,  ou  vert ,  ou  blanc  , 
quelquefois  moitié  l'un  et  moitié  l'autre  ;  transparens  ,  ou 
demi-transparens  ,  ou  translucides.  Les  cristaux  transparens 
ont  la  double  réfraction.  Sa  pesanteur  spécifique  est  de  3,3  lo. 

Il  a  été  découvert  dans  la  montagne  de  la  Ciarmetla ,. 
située  au-delà  du  rocher  de  la  plaine  de  Mussa  ,  nommé 
Testa  Ciarva,  à  l'extrémité  de  la  vallée  d' Alla,  en  Piémont. 
Ses  cristaux  varient  pour  la  grandeur;  ils  atteignent  quelque- 
fois l'épaisseur  d'un  doigt  ;  ils  sont  groupés  entre  eux  ,  ou 
solitaires ,  ou  associés  à  de  beaux  cristaux  de  grenats  tri- 
émarginés,  d'un  rouge- orangé;  àl'idocraseverte,  à  l'épidote,à 
la  prehnite  ,  à  la  chaux  carbonalée  ,  au  talc  cristallisé^  au  fer 
oligiste  ,  etc.  A  Locana ,  le  diopside  Irès-blanc  est  associé  à 
de  très-beaux  cristaux  d'idocrase  noir  ou  calcaire. 

11  exisloit  dans  le  cabinet  de  M.  de  Drée  ,  à  Paris  ,  un 
morceau  qui  paroît  venir  d'Ivrée  ,  dans  la  vallée  d'Aost  ;  sa 
surface  extérieure  est  couverte  d'un  grand  nombre  de  petits 
cristaux  de  fer  oxydulé  dodécaèdre  ,  striés ,  et  de  diopside. 

Dolomieu  possédoit  plusieurs  échantillons  qu'il  avoit  rap- 
portés de  Corse  ,  et  sur  lesquels  on  voyoil  de  petits  cris- 
taux de  diopside  associés  aux  mêmes  grenats  rouge-orangés. 
BL  Rampasse  avoit  également  recueilli  cette  roche  en 
Corse.  L'on  dit  quil  en  a  été  trouvé  à  l'île  d'Elbe. 

IX.  Pyroxène  MusstTE  (  Mussile ,  Bonvois,  ;  Diopside , 
en  partie  ,  James.  )  Il  est  d'un  blanc  verdâtre  ,  presque 
opaque  ou  translucide  ;  sa  surface  est  quelquefois  comme 
satinée ,  et  d'autres  fois  très-lisse  ;  il  cristallise  en  prismes 
longs,  de  la  forme  primitive  ,  ou  cylindroïdes,  ou  comprimes, 
ou  fibreux.  Ces  prismes  sont  tantôt  disposés  en  gerbes  , 
tantôt  baccillaires,  quelquefois  Irès-étendus  en  lames,  et  se 
recouvrant  de  manière  à  donner  à  la  masse  la  structure  schis- 
teuse;queIquefois  aussi  ces  prismes  sont  entrelacés  et  en  masse. 
La  mussile  duSimplon  ,  est  mélangée  avec  le  quarz,  le  mica 
argentin ,  le  titane  oxydé.  Celle  de  Mussa  est  accompagnée 
de  grenat  jaune  ,  dit  tvpazalite  ,  de  fer  axydulé  ,  de  calcaire, 
de  talc  ,  de  prehnite  ,  etc. 


326  P  Y  R 

La  mossile  ,  selon  M.  Laugier ,  est  composée  de 

Silice 57,80 

Magnésie 18, 25 

Chaux 16, 5o 

Manganèse  et  Fer  ...  6 
La  mussile  a  été  découverte  dans  la  partie  supérieure  de 
îa  vallée  de  Lans  ,  appelée  la  plaine  ou  Talpe  de  la  Mussa. 
Vers  !e  fond  occidenlal  de  la  même  vallée  se  trouve  une 
mont  .giie  de  serpentine  ,  de  vingl-cinq  à  trente  toises  de 
haut  ,  nommée  la  roche,  noire  ;  cette  roche  est  traversée 
presque  horizontalement,  à  la  hauteur  de  huit  à  dix  toises  , 
pa'-  un  lit  de  mussite  granulaire  grise,  dans  les  fentes  duquel 
se  montrent  les  cristaux  de  ce  pyroxène.  Cette  substance  se 
trouve  également  au  Simplon  et  à  Saint-Nicolas  ,  dans  le 
Haut-Valais  ,  en  masse  schisteuse  et  lamellaire  ,  avec  le  gre- 
nat ,  le  talc,   etc. 

X.  Pykoxène  blanc.  Ce  pyroxène  a  été  trouvé  dans  les 
roches  primitives  avec  le  feldspath  fétide,  à  Baltimore,  dans 
les  Etals-Unis;  il  estblanc  ou  grisâtre,  un  peu  translucide.  Ses 
cristaux  se  rapportent  à  la  forme  épiméride,et  sont  quelquefois 
assez  gros.  Cette  variété  est  pour  la  couleur  à  l'espèce  pyro- 
xène, ce  que  la  grammatiie  blanche  est  à  l'espèce  amphibole. 

Celte  exposition  des  diverses  variétés  du  pyroxène  nous 
montre  cette  espèce  minérale  dans  les  terrains  primitifs,  et 
dans  les  terrains  volcaniques,  ou  présumés  tels.  On  doit  re- 
marquer que  dans  les  terrains  primitifs ,  le  pyroxène  ne  se 
trouve  que  dans  des  roches  superposées  au  granité  le  plus 
ancien  ;  et  il  est  aisé  d'en  conclure  que  si  les  volcans  re- 
jettent des  matières  si  abondantes  en  pyroxène,  ils  les  pui- 
sent très-probablement  dans  des  couches  analogues  ,  et  que 
leur  foyer  ,  par  conséquent  ,  loin  d'être  situé  à  de  grandes 
profondeurs  au-dessous  du  granité  ,  comme  quelques  géolo- 
ques îe  croient  ,  est  au  contraire  supérieur  au  granité  an- 
cien. Dolomieu  pensoit  (et  de  son  temps  le  pyroxène  hors  des 
volcans  étoit  à  peine  connu)  que  le  foyer  des  volcans  n'étoit 
pas  à  une  grande  profondeur.  Les  masses  rejetées  intactes 
par  le  Vésuve  ,  offrent  le  pyroxène  associé  avec  un  grand 
nombre  des  substances  qui  s'observent  dans  le  gisement 
du  pyroxène  primitif  ;  et  ce  fait  nous  semble  devoir  être 
signalé. 

Le  pyroxène  et  l'amphibole  ,  autrefois  confondus  ensem- 
ble,sont  devenus  deux  espèces  minérales  extrêmement  intéres- 
santes en  géologie,à  cause  de  leurs  variétés  qui  se  présentent 
sous  tant  d'aspects  différens  et  dans  des  roches  très-variées, 
dans  la  composition  desquelles  elles  entrent.  L'amphibole  est 


P  Y   R  327 

plus  abondant  dans  les  roches  primitives  ,  et  le  pyroxène 
dans  les  terrains  volcaniques.  Cette  différence  ajoute  aux 
caractères  qui  distinguent  Tamphibole  du  pyroxène.  En  ne 
rappelant  que  le  caractère  fourni  par  la  structure  cristalline  , 
cité  au  commencement  de  cet  article  ,  on  peut  dire  du  py- 
roxène comparé  à  l'amphibole  ,  qu'il  existe  peu  d'exemples 
d'une  différence  aussi  frappante ,  cachée  sous  une  i  essem- 
blance  aussi  trompeuse,   (ln) 

PYRRHOCORAX.  Nom  latin  et  générique  du  Choucas 
DES  Alpes.  F.  Choquard.  (v.) 

PYRRHOPOECILLOS  ,  c'est-h-àire ,  marqueté  de  taches 
rouges  ,  en  grec.  Anci'ennement,  on  donnoit  ce  nom  ,  selon 
Pline  ,  au  marbre  qu'il  désigne  par  syénite  ,  et  avec  lequel  les 
rois  d'Egypte  firent  faire  des  obélisques.  Cette  Syénite  est  le 
granité  que  les  antiquaires  nomment  grarùte  rose  antique  ,  et 
celui  que  les  minéralogistes  ont  pris  pour  type  de  l'espèce  de 
roche  granitique  appelée  SYÉNiTE,du  nom  de  la  ville  de 
Syène,  dans  la  Haute-Egypte,  d'où  l'on  tiroit  ce  beau  gra- 
nité, (ln.) 

PYRRHOSIDÉRITE,  c'est  à-dire,  fer  de  couleur  pour- 
pre ,  en  grec.  Ullmann  a  donné  ce  nom  à  une  variété  de  fe» 
oligiste  micacé  (  Eisenglirnmer  )  dont  il  fait  une  espèce  par- 
ticulière. Le  pyrrhosidérile  se  présente  en  lames  très-petites, 
éclatantes ,  tumulluairement  groupées  les  unes  sur  les  autres , 
et  formant  des  masses  cellulaires  très-légères,  ou  des  tapis  , 
ou  de  petits  mamelons  rayonnes,  à  la  surface  et  dans  les 
cavités  du  fer  hydraté  hématite.  Ses  couleurs  sont  :  le  rouge 
de  rhyacinthe  ,  l'aurore  ,  le  rouge  de  sang ,  et  même  le  gris 
de  fer.  Il  est  transparent  ou  demi-transparent,  et  alors  d'un 
beau  rouge  de  rubis  ou  pourpré  ou  orangé.  Sa  poussière  est 
d'un  rouge  brunâtre  ou  orangé  ;  ses  lamelles  sont  de  petits 
cristaux  de  formes  diverses ,  arrondies  ou  anguleuses,  et  peu 
déterminables. 

Il  se  trouve  dans  les  mines  d'Eisenzeche  (  pays  de 
Nassau-Siégen),  à  Rehmel ,  et  dans  d'autres  mines  envi- 
ronnantes 

La  craitonite  lamellaire  de  rOisans,  e'nDauphiné,  a  beau- 
coup de  ressemblance  avçc  le  pyrrhosi dérite,  (ln.) 

PYRRHULA.  C'est ,  dans  Brisson,  le  nom  générique  du 
Bouvreuil.  V.  ce  mot. 

Le  Bouvreuil  a  longue  queue  ,  Pynhula  longicauda,  que 
j'ai  indiqué  pour  une  espèce  particulière  ,  est  le  cardinal  o\x 
homreuilde  Sibérie,  en  habit  d'hiver.  Je  dois  celte  observation 
à  M.  Félix  Paul  de  Jarocki ,  docteur  en  philosophie  et  en 
sciences  ,  correspondant  de  la  Société  minéralogique  de 
léna  ,  etc.  ;  ce  savant  naturaliste  l'ayant  vu  étiqueté  dans  le 
Muséum  de  Berlin  sous  la  dénomination  de  loxia  sibirica,  par 


328  P  Y  R 

Pallas  lui-même, qulje  premier,  a  fait  connoîlre  cet  oiseau. (v.) 

P  YRRHULAS.  Nom  grec  du  Bouvreuil,  (v.) 

PYRRIAS.  Nom  grec  du  Bouvreuil,  (s.) 

PYRROGLAS.  C'est,  selon  Gesner ,  le  nom  du  Bou- 
vreuil ,  en  grec,  (s.) 

PYRROSJE  ,  Pyrrosia.  (ienre  de  plantes  cryptogames  de 
la  famille  des  Fougères  ,  introduit  par  Jussieu  ,  qui  présente 
pour  caractères:  une  fructification  en  points  nus,  composés 
de  cinq  à  huit  follicules  sessiles  ,  attachées  sur  un  réceptacle 
fnince  ,  caduc  ,  en  forme  de  disque. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce,  qui  vient  de  la  Chine, 
ci  dont  toute  la  surface  inférieure  des  feuilles  ,  qui  sont  sim- 
ples ,  ohlongues  et  pétiolées,  est  couverte  de  poils  roux.  Il  se 
rapproche  des  Catmdollines  ,  des  Acrosiîques  et  des  Po- 

LYPODES.    (B.) 

PYRULAIRE,  Pyrularla.  Arbrisseau  de  la  Caroline  ,  à 
racine  odorante  ,  à  feuilles  alternes  ,  sans  stipules  ,  pubes- 
centes  ,  ovales-oblongues  ,  très-entières  ,  à  fleurs  petites  dis- 
posées en  épis ,  qui  forme  ,  dans  la  dioécie  pentandrie  ,  un 
genre  fort  voisin  des  Célastres. 

Ce  genre,  qui  a  été  élabli  par  Michaux  dans  sa  Flore  de 
T Amérique  septentrionale ,  présente  pour  caractères  :  dans 
les  fleurs  mâles  ,  un  calice  campanule,  à  cinq  divisions  re- 
courbées ;  point  de  corolle  ;  cinq  étamines  insérées  au 
tube  du  calice  ,  et  placées  autour  d'un  disque  épais.  Dans 
les  fleurs  femelles,  un  calice  comme  dans  les  mâles;  cinq  éta- 
mines stériles  et  un  disque  ;  un  ovaire  inférieur  à  style  court 
et  à  stigmate  en  tête  ;  un  drupe  pyriforme  couronné  par  le 
calice  qui  s'est  élargi,  renfermant  une  petite  noix  à  une  loge 
et  à  une  semence. 

L'amande  de  la  pyrulaire  fournit  une  huile  bonne  à  manger. 

.Willdcnow   a  donné  à  ce  genre  le  nom  d'HAMiLTONiE. 

(B.) 

PYRULE  ,  Pyrula.  Genre  de  coquilles  de  la  classe  des 
Univalves  ,  qui  offpe  pour  caractères  :  une  coquille  sub- 
pyriforme  ,  canaliculée  à  sa  base  ,  sans  bourrelets  conslans  , 
ayant  sa  partie  ventrue  plus  voisiné  «Je  son  somruet  qi;^e  de 
sa  base  ,  une  spire  courte  ,  une  columelle  lisse  et  Iç  bo.r4 
droit  sans  échancrure. 

Les  coquilles  de  ce  genre  sont  généralement  assez  minces , 
et  représentent  plus  ou  moins  la  figure  d'une  figue.  Leurs 
spires  sont  courtes  et  peu  convexes,  leur  ouverture  est  lawge 
et  surtout  très-longue.  Leur  lèvre  e$t  nçki,pce  et  simple.  Leurs 
aqimaux   n'ont  point  été  observés. 

On  ne  conuoît  que  deux  espèces  de  ce  genre  ,  savoir  : 


P  Y   T  3^9 

La  Pyrui.e  figue  ,  qui  est  en  massue  ,  presque  ov^le  , 
r«Çlicnlée  par  des  stries  ;  et  dont  la  spire  est  très-courte  , 
r.pl.  M  23,  où  elle  est  figurée.  ^Ue  se  trouve  dans  les  mers 
des  Indes  et  d'A"iérIqup. 

La  pY{iuj.f:  RAVE  ,  qui  est  arrondie  ,  un  peu  striée  ,  dont 
le  canal  de  la  lèvre  pst  courbé  ,  et  la  spire  saillante.  Elle  se 
trouve  daqs  la  mer  4es  Ipdes-  (b.) 

PYHUS.  Nom  da poirier,  chez  les  Latins.  Chez  les  Grecs , 
cet  arbre  s'appeloit  apios.  Us  donnoient  le  nom  de  pyros  au 
froment.  V.  Poiiuer.  (ln.) 

PYSCH.  Nom  du  Chanvre  ,  chez  les  Tarlares  Wos- 
liaks.  (LN.) 

PYTHAGORBE  ,  Pyihagorea.  Petit  arbre  de  la  Cochin- 
chine,  à  feuilles  ovales  ,  lancéolées,  dentées,  glabres,  pres- 
que sessiles,  à  (leurs  blanches  portées  sur  des  grappes  axil- 
laires,  qui  forme ,  selon  Loureiro  ,  un  genre  dans  Toclandrie 
monogynie. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  campanule  de 
sept  à  huit  folioles  linéaires  et  colorées  ;  une  corolle  campa- 
nulée  de  sept  à  huit  pétales  lancéolés  ,  concaves  et  hérissés  ; 
huit  étamines  ;  un  ovaire  mitoyen  entre  le  calice  et  la  corolle, 
ovale,  velu,  surmonté  de  quatre  styles  astigmate  aigu; 
une  capsule  à  quatre  loges  polyspermes.  (b.) 

PYTHE  ,  Pyt/m,  Latr. ,  Fab.  ;  Tenehrio  ,  Linn.,  Degéer  ; 
Cucujkfs^  Payk  Genre  d'insectes  ,  de  l'ordre  des  coléoptères  , 
section  des  hétéromèrcs  ,  famille  des  slénélytres ,  tribu  des 
liélopiens  »  distingué  des  autres  genres  de  cette  famille  par 
les  caractères  suivans  :  tous  les  articles  des  tarses  entiers  ; 
mandibules  bidenlées  à  leur  extrémité:  palmes  maxillaires 
plus  grands  que  les  labiaux  ,  avec  le  dernier  article  plus  grand 
que  les  précédens,  en  forme  de  hache  ou  de  triangle  ren- 
versé-; antennes  filiformes  ,  insérées  à  nu,  au-devant  des 
yeux  ;  le  septième  article  et  les  trois  suivans  presque  demi- 
globuleux  ;  le  onzième  ou  dernier  ovoïde  ;  corps  allongé  , 
déprimé,  plus  étroit  en  devant,  avec  le  corselet  presque 
orbiculaire. 

Fabricius  donne  six  palpes  à  ces  Insectes  ;  mais  c'est  une 
erreur.  Il  en  distingue  trois  espèces  ,  et  qui  habitent  toutes 
les  forêts  des  parties  froides  ou  élevées  de  l'Europe.  La  plus 
connue  est  le  Pythe  bleu  ,  Pytho  cœruleus ,  ou  le  ténèbrion 
déprimé  (depressus)  de  Linnœus  et  d'Olivier,  et  le  ténèbrion dt& 
bois  de  Degéer.  Son  corps  est  long  d'environ  cinq  lignes  , 
et  varie  un  peu  pour  les  couleurs.  Il  est  ordinairement  d'u.n 
bleu  foncé ,  pointillé  ,  avec  les  antennes  ,  la  bouche  ,  l'abdo-- 
men  et  l'extrémité  des  pattes,  roux;  le  corselet  a  deux  enfon- 


33o  P  Y  X. 

cemens ,  avec  un  sillon  dans  l'intervalle;  les  élytres  ont  des 
stries  courtes,  (l.) 

PYTHON,  Python.  Genre  dé  reptiles  de  la  famille  des 
serpens,  établi  par  Russel  et  adopté  par  Daudin.  Il  offre 
pour  caractères  :  de  grandes  plaques  nombreuses  sur  la 
tête  ;  des  plaques  entières  sous  le  ventre  ;  des  plaques  en- 
tières et  des  doubles  plaques  sous  la  queue  ;  deux  ergots  ou 
éperons  à  l'anus  ;  des  dents  aiguës  ,  mais  point  de  crochets  à 
venin. 

Ce  genre  se  rapproche  si  fort  des  Boa,  que  deux,  des  cinq 
espèces  qu'il  renferme  ,  avoient  élé  placées  par  Schneider 
parmi  eux.Ils  sont  tous  originaires,  de  l'Inde,  n'ont  guère  que 
dix  à  douze  pieds  de  long  ,  et  vivent  dans  les  lieux  rocailleux. 
On  les  connoît  dans  le  pays  sous  le  nom  de  serpens  de  rocher. 
Les  ergots  qui  font  réellement  le  seul  caractère  de  ce  genre  , 
servent  principalement  à  accélérer  la  marche  des  espèces 
qui  le  forment, en  leur  donnant  un  point  d'appui.  Il  faut  bien 
les  distinguer  de  ceux  qui  existent  dans  les  mâles  de  quelques 
reptiles  et  de  quelques  poissons ,  tels  que  les  Squales  et  les 
Kaies  ,  et  dont  l'objet  est  de  les  fixer  sur  les  femelles  lors  de 
l'accouplement.  Au  reste  ,  les  pythons  sont  peu  connus  ,  fort 
rares  dans  les  cabinets  d'Europe  ,  et  ne  présentent  rien  de 
saillant  dans  leurs  mœurs.  La  tête  du  Python  de  Java  est 
supérieurement  figurée,  pi.  7  de  l'ouvrage  de  Cuvier,  inti- 
tulé :  /e  Règne  animal  distribué  selon  son  organisation,  (b.) 

PYTHONISSE.  Poisson  du  genre  Scorpène  ,  Scorpena 
horrida ,  Linn.  (b.) 

PYTIANTHE  et  PYRINA.  On  a  donné  autrefois  ces 
noms  à  I'Oxyantha  de  Dioscoride.  (ln.) 

PYXACANTHA  (^Buis  épineux.,  en  grec).  Les  Grecs  ap- 
peloient  ainsi  leur  Lycium.  V.  ce  mot.  (ln.) 

PYXIDANTHÈRE  ,  Pyxidanthera.  Petite  plante  fruti- 
culeuse  ,  rampante  ,  à  feuilles  alternes  ,  presque  opposées  , 
cunéiformes  ,  lancéolées  ,  très-aiguës  ,  entourées  de  poils  à 
leur  base,  à  fleurs  solitaires  et  terminales  ,  qui ,  selon  Mi- 
chaux ,  forme  un  genre  dans  la  pentandrie  monogynie  ,  et 
dans  la  famille  des  bicornes  ,  à  ce  que  croit  Jussieu. 

Ce  genre  offre  pour  caractères  :  un  calice  entouré  de  brac- 
tées, divisé  en  cinq  parties,  oblongues,  ouvertes;  une  corolle 
très-courle  ,  campanulée  ,  à  cinq  divisions  ;  cinq  étamines  ; 
un  ovaire  ovoïde,  presque  triangulaire,  surmonté  d'un  style 
épais  à  trois  stigmates  très-courls. 

Le  fruit  n'est  pas  connu. 

Celte  plante ,  qui  ressemble  aupremier  coup  d'œll  à  l'AzA- 
LÉE  RAMPANTE, et  qui  doit  être  réunie  à  la  Diapensie,  selon 
Kultall,  se  trouve  dans  la  Haute-Caroline,  (b.)^ 


Q  A  s  33i 

PYXIDARIA.  Lindern,  dans  son  Tourneforllanus  alsa- 
ticus,  6gure,  sous  ce  nom  ,  une  jolie  petite  plante  d'Europe, 
dont  on  a  fait  ensuite  un  genre  qu'on  lui  a  dédié  :  c'est  le 
Undernia  pyxidaria.  (ln.) 

PYXIDE  ,  PYXIDIE  ,  PYXIDION  ,  Pyxidium.  Noms 
donnés  par  Ehrard  au  fruit  capsulaire  qui  s'ouvre  horizon- 
talement en  deux  valves  hémisphériques  ,  V.  Fruit  ,  §  m  ^ 
n.'^  21.  Le  Mouron  cl  le  Plantain  en  offrent  un  exemple. 
Ce  même  botaniste  donne  encore  cette  dénomination  à  l'urne 
des  mousses.  V.  Mousses,  (p.b.) 

PYXIDELLE.  V.  Lindernie.  (b.) 

PYXOS.  Nom  du  Buis  ,  chez  les  Grecs,  (ln.) 


QAFANDAR.  Nom  arabe  d'une  espèce  de  Fragon 
(  Ruscus  hypuphyllum,  L.),  selon  Delile.  (LN.) 

QAHOUEH.  Nom  arabe  du  Café  en  liqueur.  BuN  est 
le  nom  de  la  plante  et  des  grains  ,  selon  Delile.  (ln.) 

QAMK.  Nom  arabe  du  Blé  (  Triticum  satwum  )  ,  selon 
Delile.  (LN.) 

QANBEH.  Nom  arabe,  selon  Delile,  des  graines  du 
CananG  aromatique  (  Ui>arîa  aromatica  ,  LK.  ).  V.  KuM- 
BA.  (fcN.) 

QANTARYAN  et  QANTARYOUN  des  Arabes.  C'est 
la  Petite  Centaurée  (  Gentiana  cenlaurium  ,  L.  ).  (ln.) 

QARAD.  V.  Sant.  (ln.) 

QARAESLAMBOULY.  Nom  arabe  du  Potiron  (  Qi- 
curbita  pepo  ,  L.  )  à  gros  fruits.  Qara'mâghreby  est  le  nom 
de  la  variété  à  fruit  oblong  ,  que  nous  appelons  giraumou. 
Qara'kouzy  est  celui  du  Petit  Potiron,  selon  Delile.  (ln.) 

QARAMEDAOUER.  Nom  arabe  de  la  Gourde  des 
pèlerins  (  Cucurbila  lagenarici ,  L.  ) ,  dont  le  fruit  a  la  forme 
d'une  bouteille.  Le  Qara'debbeh  en  est  une  variété  à  gros 
fruits  ovales;  Qara'tAouyl  est  une  autre  variété  à  fruit 
long  ,  et  que  l'on  mange,  (ln.) 

QARILLEH.  Nom  arabe  que  l'on  donne  en  Egypte  à 
une  espèce  de  Sénevé  (^Slnapis  alUonii,  Jacq.,  et  Delil.,  Hist. 
Egypt. ,  pi.  35,  fig.  X  )  ,  qui  croît  dans  les  champs  de  lin  ,  en 
Egypte  ,  et  aussi  en  Europe,  (ln.) 

QARN  EL-GHAZAL  {Come  de  gazelle).  Nom  arabe  d'un 
Lotier  (  Lotus  oKgoceratos  ,  Lamk.  )  ,  selon  Delile.  (ln.) 

QASAB  EL-SUKKAR  {Roseau  à  sucre)  et  QHAB. 
Noms  arabes  de  la  Canne  a  sucre  {Saccharum  officina- 
mm  ,  L.  ).  (ln.) 


332  Q  U  A 

QASAL  ,  CASAL.  Nom  arabe  du  Roseau  des  jardins 
(  Aruncl)  donttx).  (LN.) 

QVTYFEH.  Nom  arabe  donné  ,  au  Caire  ,  à  l'ŒiL- 
Ï.ET  d'Inde  (  Tageles  erecla  ,  L.  ) ,  qui  y  est  cultivé  dans  les 
jardins,  (ln.) 

QRYSOlIN,BA'YTEUAN,BA'BOUNY.  Noms  ara- 
bes de  In  Sam'OLINI-ODORAîiTE  {Sanlolina  fragranfi<isima  ^  de 
Forskaël)  ,  selon  M.  Deiile  ,  Mgypi.^  pi.  4.2  ,  fig.  3.  (ln.) 

QNENIC.  r.  Cniqujers.  (ln.) 

QODDErt.  Nom  arabe  d'un  Croton  (  Croton  pUtatum , 
"Wahl.  ),  selon  Deiile.  (ln.) 

QOIMEAU.  Petite  espèce  de  butor  ^  qui ,  selon  M.  Sa- 
lerne  ,  se  voit  quelquefois  en  Sologne  ,  et  que  Ton  y  connoît 
sous  ce  nom  de  cjoimeau  {^Hist.  des  Ois.,  page  ii3).  Celte 
espèce  est  très-probablement  la  même  que  le  Butor  blon- 
Gios    V.  l'article  des   Hérons,  (s.) 

QOLQAS  Nom  arabe  de  la  Colocase,  espèce  de  Gouet 
(^arum  colorasia ,  L.  ).  (LN.) 

QOREYS.  V.  Fisau-Klab.  (ln.) 

QOBONFEL.  Nom  arabe  de  V Œ.iïa.il'ï  {Blanthus  caiyo- 
phylhis  ,  L.  ).  (ln.) 

QORTOM.  L'un  des  noms  arabes  du  Carthame  cultivé 
(  Carthamus  tinctorius  ,  L.  ).  Ses  autres  noms  sont  chartam  , 
kkartan.  Les  fleurs  sont  nommées  osfour  ,  selon  Deiile.  (ln.) 

QOTN.  Nom  arabe,  donné  en  Egypte  au  Cotonn-ier  , 
Gossypium  herbaceum  ,  Linn.  QoTN  EL-chagar,  est  celui  du 
Cotonnier  a  feuilles  de  vig.ne  ,  Gossypium  vitifolium  , 
Cav.  (ln.) 

QOTNEH.  Nom  arabe  ,  donné  ,  au  Caire,  aux  graines  du 
psyllium  ,  espèce  du  genre  plantain  (^Planiago  psylUum') ,  que 
nous  nommons  l'herbe  aux  puces.  On  trouve  écrit  Goine  dans 
quelques  voyageurs  plus  anciens  qui  appliquent  ce  nom  à 
diverses  autres  espèces  de  plantains,  (ln,) 

QOÏT-EL-BARR.  Nom  égyptien  du  zîbeth  (Vi^erra 
zibetha  ).  V.  Civette,  (desm.) 

QOUACHL  Nom  que  porte  le  Coati,  à  la  Guyane,  (s.) 

QOUATA.  Barrère  écrit  ainsi  le  nom  du  Coaïta  ,  es- 
pèce de  singe  du  genre  Atèle.  (desm.) 

QUABÈBE.  V.  CuBÈBE.  (s.) 

QUACAMAYAS  des  Mexicains,  Ce  sont  les  aras,  (.s  ) 

QUACARA.  Frisch  dit  qm^,  rlu  temps  de  Charlemagne, 
la  ouille  étoit  connue  SOMS  cv;^\e  dénomination.  (S.) 

QUACBASou  QOUAGQA.  V.  l'art.  Cheval,  (desm.) 

QUACUi.  ;^-.  Coati,  (s.) 

QUACrtïLTON.  V.  PORPHYRION  acintli.  (s.) 

QUACH-LON-DIEO.  Une  espèce  d'OacaiDÉE  ram- 


O  U  A  335 

Tante    porte  ce  nom  en  Cochinchine.    C'est  le  Rekan- 

THERA  COCOINEA  ,  Lour.  (LN.) 

QUACK.  C'est  ,  en  Flandre  ,  le  nom  du  Bihoreau.  F. 
l'article  Héron,  (v.) 

QUx\CKlTIZIÏ.  L'un  des  noeas  japonais  du  Bladhinja- 
ponica  ,   selon  Thunberg.  (ln.) 

QUADR ANGULAIRE.  Poisson  du  genre  Ostracion. 

(B.) 

QUADRATORTA  de  Gaza.  C'est  le  ietragonîa  de  Théo- 
phraste  ,  et  notre  Fusain  (  Evonymus  europceus)  ,  qui  mérite 
ces  noms  ,  à  cause  que  ses  fruits  sont  à  quatre  lobes,  (ln.) 

QUADRATULE.  plusieurs  oryctographes  appellent 
ainsi  un  MouLE  de  bivalve  ,  qui  paroît  avoir  appartenu  à 
un  Cœur  ou  à  une  Bucarde.  (desm.) 

QUADRETTE.  V.  Rhexie.  (b.) 

QUADRICOLOR,  Emberiza  ejuadricolor ,  Lath.  ;  pi. 
enl.  de  Ruff. ,  n.°  loi.  fig.  2  ,  sous  la  dénomination  de  gros-bec 
deJam.  La  tête  et  le  cou  sont  bleus  ;  le  dos,  les  ailes  et  le 
bout  de  la  queue  ,  verts  ;  une  large  bande  rouge  est  sous  le 
ventre  et  sur  le  milieu  de  la  queue  ;  le  reste  du  ventre  et  la 
poitrine  sont  d'un  brun  clair  et  couleur  de  noisette  ;  le  bec 
est  d'un  cendré  brun  ;  le  tarse  couleur  de  cbair,  et  la  queue 
un  peu  étagée.  Longueur  ,  cinq  pouces.  Sur  la  planche  en- 
luminée ,  citée  plus  haut,  le  dessus  de  la  tête  et  du  dos  est 
gris  ;  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  sont  rouges. 
Buffon  fait  de  cet  oiseau  un  gros  bec.  Latham  et  Gmelin  le 
donnent  pour  un  bruant.  Quant  à  moi ,  ne  l'ayant  pas  vu  en 
nature  et  ne  pouvant  le  déterminer  d'après  une  figure  in- 
correcte ,  je  le  laisse  isolé,  (v.) 

QUADRICORNE.  M.  de  BlainvlUe  a  donné  ce  nom 
spécifique  à  un  ruminant  à  quatre  cornes,  dont  il  a  observé 
le  crâne  dans  une  collection  de  Londres,  et  qu'il  croit  ap- 
partenir au  genre  des  Antilopes.  V.  ce  mot.  (desm.) 

QUADRÏCORNES  ou  POLYGNATES.  M.  Duméril 
(  Zoologie  analytique  )  donne  ce  nom  à  une  famille  d'insectes 
aptères  à  mâchoires,  à  abdomen  peu  distinct ,  et  ayant  des 
pattes  sous  quelques  anneaux.  Les  seuls  genres  :  Physode, 
Cloporte  et  Armadille  en  font  partie,  (desm.) 

QUADRIDENT.  V.  au  mot  Tétraphide.  (b.) 

QUADRIE,  Quadria.  Arbre  à  feuilles  alternes  ,  bipio- 
nées  avec  impaire,  à  folioles  opposées ,  ovales  en  cœur, 
inégales  à  leur  base ,  doublement  dentées,  à  fleurs  blanches  , 
velues  extérieurement ,  géminées  et  portées  sur  des  grappes 
axillaires ,  lequel  forme  un  genre  dans  la  tétrandrie  mouo- 
gynie. 

Ce  genre  ,  qui  est  voisin  des  Çmbothrions,  offre  pour 


334  Q  U  A 

caractères  :  une  corolle  de  quatre  pe'lales  spallmlcs  ,  con- 
caves â  leur  pointe  ,  dont  trois  sont  recourbés,  et  le  qua- 
trième droit  ;  point  de  calice  ;  quatre  étamines  courtes,  in- 
sérées dans  la  cavité  des  pétales  ;  un  ovaire  supérieur  ,  velu, 
à  style  courbé  au  sommet ,  et  à  stigmate  en  tête  ;  un  drupe 
ovale ,  uniloculaire  et  monosperme. 

Le  quadrie  se  trouve  au  Chili.  Feuillée  l'a  mentionné  sous 
le  nom  de  nebu^  et  Molina  sous  celui  de  Guevina.  Son  bois 
est  dur,  flexible,  et  sert  à  beaucoup  d'usages.  Les  amandes 
de  ses  fruits  ont  une  saveur  agréable  ,  et  se  vendent  dans  tous 
les  marchés  à  l'insiar  des  noisettes  d'Europe  ,  auxquelles  on 
peut  les  comparer.  On  tire  de  ces  amandes  une  excellente 
huile,  elon  en  fait  des  dragées  et  autres  friandises.  L'écorce 
des  fruits  est  astringente,  et  employée  en  médecine  sous  ce 
rapport,  V.  pi.  P  i  ,  où  il  est  figuré,  (b.) 

QUADRILLE.  L'Asclépiade  couleur  de  chair  ,  qui  est 
un  violent  poison,  porte  ce  nom  aux  Antilles,  (b.) 

QUADRISULCES.  Déslgnationgénérique  des  Quadru- 
pèdes dont  le  pied  est  divisé  en  quatre  doigts,  (s.) 

QUADRUMANES.  On  donne  ce  nom  aux  animaux 
qui  ont  deux  mains  comme  l'homme,  et  deux  pieds  con- 
formés comme  des  mains,  avec  de  longs  doigts  et  un  pouce 
qui  leur  est  opposable  ;  ce  qui  fait  qu'Us  ne  posent  point  à 
plat  leurs  pieds  à  terre  ,  mais  obliquement,  et  vacillent  ou 
présentent  peu  de  solidité  ;  an  contraire  ,  ces  mains  aux  pieds 
sont  très-propres  à  saisir  les  branches  d'arbres.  De  plus  ,  le 
bassin  des  quadrumanes  est  étroit ,  placé  obliquement ,  ce 
qui  favorise  peu  la  solidité  des  membres  postérieurs ,  qui  sont 
proportionnellement  plus  courts  que  les  nôtres  ,  tandis  que 
les  antérieurs  ou  les  bras  sont  plus  lon^s.  En  général,  ils  ont 
des  formes  humaines  ,  et  une  sorte  de  visage  ou  de  face  ,  des 
fosses  orbitaires  entières  ou  séparées,  par  une  branche  de  l'os 
jugal ,  des  fosses  temporales.  Ils  ont  trois  sortes  de  dents  , 
des  Incisives  taillées  en  biseau  ,  des  lanlalres  coniques  ,  des 
molaires  plates  ,  ou  à  couronne  large  et  tuberculée.  Leur 
estomac  est  unique,  comme  dans  l'homme;  ils  ont  des  intes- 
tins d'une  longueur  intermédiaire  entre  les  carnivores  et  les 
frugivores  ,   avec  un  cœcum  court. 

Leurs  membres  ne  paroissent  nuUenlent  faits  pour  mar- 
cher aussi  bien  que  les  vrais  quadrupèdes,mals  plutôt  destinés 
à  la  préhension;  aussi  leurs  os  du  bras  et  de  la  jambe  sont-ils 
articulés  et  non  pas  soudés  ensemble  ,  ce  qui  fait  qu'ils 
exécutent  facilement  des  mouvemens  de  pronation  et  de 
supination,  outre  l'existence  de  clavicules  complètes  qui 
écarte  leurs  épaules,  comme  chez  l'homme,  et  les  rend 
impropres  à  se  soutenir  sur  leurs  pieds  de  devant.  Toutes 


p .  1 


2  .   (h/i/.i.iyc     rf/Jic/i'   ■ 


Q  U   A  335 

leurs  mains  ont  des  doigts  assez  libres  dans  leurs  mouve- 
mens.  Tels  sont  les  singes  et  les  makis  que  l'on  reconnoît 
encore  à  leur  tête  assez  volumineuse  et  sphérique  à  cause  du 
développement  du  cerveau,  quia  trois  lobes  de  chaque  côté, 
et  dont  le  dernier  cache  le  cervelet,  comme  chez  l'homme; 
car  ces  animaux  montrent  beaucoup  d'intelligence  et  d'habi- 
leté pour  imiter  nos  gestes.  Ils  ont ,  ep  effet,  des  clavicules, 
une  poitrine  assez  large ,  portant  deux  mamelles  ,  ainsi 
que  nous  ;  la  structure  de  leurs  bras  leur  donne  des  mou- 
vemens  fort  analogues  aux  nôtres  ;  ils  ont  une  verge  pen- 
dante ou  libre,  et  s'accouplent  par  devant;  quelques  femelles 
ont,  parmi  les  grands  singes  surtout,  un  écoulement  de 
sang  par  la  vulve,  à  certaines  époques;  ces  espèces  sont 
monogames  la  plupart ,  et  font  un  ou  deux  petits  ,  qui  se 
cramponnent  à  la  mère.  Presque  tous  ont  une  queue,  ou  un 
prolongement  coccygien  qui  est  même  capable  de  saisir  les 
objets,  dans  les  sapajous  d'Amérique.  Les  ongles  des  doigts, 
aplatis  chez  la  plupart,  commencent  à  devenir  aigus  chez  les 
ouistitis  et  les  makis.  Ces  derniers  ont  le  museau  plus  avancé 
et  plus  pointu  que  chez  les  singes  ;  ce  qui  fait  qu'on  les  a 
comparés  à  des  renards,  pour  la  physionomie,  et  qu'ils 
sont  déjà  un  peu  carnivores  ,  ou  insectivores.  Les  autres 
quadrumanes  ont  des  intestins  et  l'appareil  dentaire  ou 
masticatoire  ,  comme  l'homme  ,  et  ils  sont  à  peu  près 
omnivores.  Toute  cette  structure,  qui  les  rapproche  de  la 
nôtre,  est  très  favorable  aux  habitudes  qu'ont  les  quadru- 
manes, de  grimper  sur  les  arbres;  ce  sont,  en  effet,  des 
animaux  frugivores ,  qui  vivent  tous  dans  les  pays  chauds. 
Plusieurs  d'entre  eux  s'attachent  aussi  aux  branches  par  le 
moyen  de  leur  queue  qui  est  prenante.  On  établit  deux  familles 
parmi  ces  quadrumanes.  F.  les  mots  Singes  et  Lémuriens 
ou  Makis,  (virey.) 

QUADRUPEDE  ,  Quadmpes;  rsTpxTrou?.  Ce  nom  con- 
vient à  tous  les  animaux  à  quatre  pieds  ;  ainsi  les  lézards, 
les  tortues  ,  les  grenouilles  ,  etc. ,  ayant  quatre  pieds  ,  sont 
des  quadrupèdes,  comme  les  chiens,  les  chevaux,  etc. 
Cependant ,  on  a  spécialement  appliqué  le  nom  de  quadru- 
pèdes aux  seules  espèces  qui  produisent  leurs  petits  vivans , 
et  qui  les  allaitent  ;  c'est  pourquoi  l'on  a  désigné  plus  par- 
ticulièrement les  animaux  vivipares  par  les  mots  de  mammi- 
fères ou  mamellifères,  c'est-à-dire,  porte  -  mamelles. 
(  F.  Mammifères.)  En  effet,  lorsqu'on  veut  comprendre 
dans  la  classe  des  quadrupèdes,  les  singes,  qui  ont  deux  bras 
et  deux  pieds,  les  phoques  ,  les  morses  ,  dont  les  pattes  de 
derrière  sont  réunies  et  presque  soudées  ensemble,  et  même 
les  cétacés,  tels  que  les  baleines,  les  dauphins  et  marsouins, 


336  0  TJ  A 

qui  sont  tous  des  animaux  vivipares  et  qui  allaitent  leurs 
petits,  le  même  mot  n'est  pas  exact,  puisque  les  cétacéâ 
n'ont  pas  quatre  pattes,  et  puisque  les  singes,  les  chauve- 
souris  ^  etc.,  ïie  sont  pas  de  véritables  quadrupèdes  à  la 
rigueur.  Les  grenouilles ,  les  salamandres  ,  les  crocodiles  ,  les 
lézards,  les  tortues,  et  plusieurs  autres  animaux,  ont  biert 
quatre  pattes  ,  et  peuvent  être  appelés  quadrupèdes;  mais 
ils  sont  ovipares ,  ils  n'allaitent  pas  leurs  petits  •,  ils  ont  d'ail- 
leurs le  sang  froid,  la  respiration  lente,  le  cœur  à  un  seul 
ventricule  ;  leur  corps  n'est  point  couvert  de  poils ,  comrtie 
chez  la  plupart  des  mammifères,  qui  sôïit  toujours  pourvus' 
d'un  cœur  à  deux  oreillettes  et  à  deux  ventricules  ,  qui  ont 
un  sang  chaud  ,  une  respiration  fapide,  et  une  foule  d'autres 
attributs  particuliers.  La  démarche  à  quatre  pieds  des  ovi- 
pares, telle  que  celle  des  lézards,  des  tortues,  des  crapauds, 
est  rampante;  ils  se  traînent  sur  le  sol  humide  et  dans  la 
fange  ,  plutôt  qu'ils  ne  marchent  ;  aussi  les  a-ton  rangés 
dans  la  classe  des  Reptiles.  {V.  ce  mot.  )  Nous  ne  traitons 
donc  ici ,  sous  le  nom  de  quadrupèdes,  que  des  mammifères 
ou  animaux  vivipares  exclusivement ,  qui  comprennent  les 
singes  ,  les  chauve-souris,  aussi  bien  que  les  amphibies  ,  tels 
que  les  veaux-marins  ou  phoques  ,  les  lamantins  ,  etc. ,  avec 
le  reste  des  animaux  véritablement  vivipares.  (  Les  Céta- 
cés sont  traités  à  leur  article ,  bien  que  leurs  principaux 
caractères  d'organisation  se  rapportent  à  la  classe  des  qua- 
drupèdes. ) 

Comparaison  des   Quadrupèdes  vivipares  oifec    les  autres  classes 
d'animaux. 

Le  caractère  fondamental  de  chaque  classe  d'animaux 
dépend  de  la  nature  des  lieux  qu'elle  habite.  L'oiseau,  ci- 
toyen des  airs,  a  reçu  un  tempérament  vif  et  chaud,  délicat 
et  sensible  ;  toujours  en  action  ,  toujours  gai ,  pétulant,  vo- 
lage ,  il  est  plein  de  fougue  et  d'incottstance,  comme  la 
région  qu'il  parcourt;  mais  les  poissons,  peuples  froids  des 
ondes  ,  sont  d'un  naturel  stupide ,  à  cause  du  ramollissement 
de  tous  leurs  organes;  d'un  caractère  insensible,  d'un  tem- 
pérament insouciant,  apathique,  qui  ne  s'occupe  que  des 
besoins  les  plus  matériels;  car  toute  leur  vivacité  se  consu- 
mant en  efforts  physiques ,  ne  sert  qu'à  les  soustraire  aux 
impressions  qui  viennent  les  frapper;  elle  les  éloigne  de  tout 
ce  qui  peut  ouvrir  leur  intelligence  et  perfectionnef  leurs 
facultés.  Le  quadrupède,  au  contraire,  se  tenant  dans  un 
milieu  également  éloigné  des  hauteurs  de  l'atmosphère 
et  des  profonds  abîmes  des  eaux ,  marchant ,  pour  ainsi 
dire ,  en  possesseur  et  en  maître  sur  la  terre  ,  semble  aussi 


Q  U  A  "  337 

tenir  le  milieu  entre  ces  extrêmes  ;  il  n'a  ni  l'ardeur  et  la 
fougue  de  l'oiseau  ,  ni  la  stupidité  brute  des  poissons,  ni 
la  lourde  apathie  du  reptile  ,  qui  se  traîne  dans  la  fange  ; 
mais  fixé  sur  un  sol  ferme  et  sec  ,  son  naturel  a  reçu  aussi 
plus  de  consistance  et  de  solidité.  La  démarche  du  quadru- 
pède ,  sans  avoir  la  lenteur  de  celle  du  reptile  ,  n'a  point  la 
rapidité  du  vol  de  l'oiseau  et  la  prestesse  de  la  nage  du 
poisson  ;  mais  elle  est  d'une  vitesse  modérée  ,  qui  permet 
aux  sens  d'agir  et  aux  facultés  de  se  développer  avec  aisance  ; 
de  là  vient  un  plus  grand  perfectionnement  de  l'intelligence 
dans  ces  animaux.  Ils  sont,  pour  ainsi  dire,  les  philosophes 
du  règne  animal, de  même  qu'ils  en  sont  les  supérieurs  ou  les 
chefs  naturels  par  lesdlfférens  allribuls  de  leur  organisation, 
bien  plus  parfaite  et  plus  compliquée  que  celle  des  autres 
genres  d'êtres  vivans.  Voyez  ,  pour  les  détails  de  l'organisa- 
tion,   à  la  suite  de  l'article  Mammifère. 

Nous   nous  proposons    de  considérer  ici    les  princes   dii . 
règne  animal ,  sous  le  point  de  vue  philosophique  de  leurs 
facultés  morales  et  intellectuelles,   de   leur  ulilllé  ,   ou   de 
leur  industrie,  relativement  aux  grands  desseins  de  la  nature, 
et  aux  fonctions  qu'elle  leur  attribue  sur  la  surface  du  globe. 
En  effet,  les  quadrupèdes  vivipares  sont  un  groupe  auquel 
les  diverses  classes  du  règne  animal   viennent  se  rapporter 
comme  au  type   le   plus  parfait;  à  mesure  que  les  organes 
des  animaux  se  perfeclionneni  ,  que   leurs  sens  se  dévelop- 
pent ,  que   leur  cerveau  s'étend  ,   que  leur  esprit  s  éclaire 
davantage,   ils   se   rapprochent    du   rang  des  quadrupèdes 
qui  est  au  sommet  de  l'échelle  de  gradation  de  tous  les  êtres 
animés  ,   car  ils  marchent  immédiatement  après  l'homme  , 
ainsi  que  ses  ministres  et  ses  auxiliaires,  pour  cultiver,  défri- 
cher ,  vivifier  la  terre  ,  et  dominer  les  créatures  ou  les  gou- 
verner. Nous  sentons  qu'un  quadrupède  a  beaucoup  plus  de 
rapports  et  d'analogie  avec  nous  ,  qu'un  ver  ,  un  insecte  ,  un 
coquillage,  un  poisson,  un  reptile,  et  même  qu'un  oiseau  ; 
il  est  plus  voisin  de  Thumanité  que  tout  autre,  s'il  est  per- 
mis toutefois  à  l'animal  de  se  comparer  à  l'homme.  Un  qua- 
drupède est  à  l'égard  d'un  poisson  ou  d'un  reptile  ,   ce  que 
l'homme  esta  l'égard  du  quadrupède  et  de  roiseau;les facultés 
de  l'un  sont  supérieures  à  celles  de  l'autre.  Dans  la  république 
des  animaux,  la  nature  a  donc  créé  des  rangs  et  une  noblesse 
héréditaires;  mais   à  l'homme  seul  appartient  l'empire  et  le 
droit  naturel  de  régner  ;  les  quadrupèdes  sont  devenus  les  mi- 
nistres de    sa  puissance;  fiers   de   servir  le  roi  de  la  terre, 
d'approcher  de  sa  demeure  ,   de  partager  ses  avantages,  et 
de  recevoir  de  lui  leurs  allmens  ,    les  animaux  domestiques 
ont  courbé  leur  tête  altière  sous  sa  main  caressante  ,  tandis 

xxvm.  22 


338  Q  U  A 

que   d'autres  espèces  moins  dociles  sont  restées  indépen- 
dantes. 

La  classe  des  quadrupèdes  est  non-seulement  la  portion 
la  plus  parfaite  du  règne  animal,  mais  elle  semble  même  je- 
ter des  prolongemens  et  étendre  des  ramifications  jusque 
dans  les  classes  voisines;  ainsi,  par  la  famille  des  singes^  elle 
paroît  vouloir  atteindre  à  l'espèce  humaine  :  par  les  chauve- 
souris  ,  les  polalouches,  les  galéopithèques  ,  et  autres  qua- 
drupèdes qui  voltigent ,  elle  se  rapproche  des  oiseaux  ;  les 
quadrupèdes  soit  cuirassés,  tels  que  les  tatous,  soit  écailleux, 
comme  les  pangolins  {manis^  Linn.),  semblent  se  rapporter 
aux  reptiles,  tels  que  les  tortues  ,  les  lézards;  tandis  que  les 
quadrupèdes  amphibies ,  les  phoques  ou  veaux-marins  ,  les 
lamantins  ,  les  vaches-marines  ,  tenant  de  la  nature  des  céta- 
cés ,  paroissent  se  joindre  aux  poissons.  On  pourroit  même 
croire  que  les  classes  des  animaux  à  vertèbres  et  à  double  sys- 
tème nerveux  ,  tels  que  les  oiseaux,  les  reptiles  et  les  pois- 
sons, viendroient  aboutir  à  la  classe  des  quadrupèdes,  et  que 
celle-ci  ne  seroit  en  effet  composée  que  de  ce  que  les  autres 
classes  ont  de  plus  parfait  ;  de  sorte  qu'elle  en  seroit  comme 
la  fleur,  la  pa'rtie  la  plus  délicate  et  la  mieux  travaillée  par  la 
main  de  la  nature.  Les  quadrupèdes  sont  en  effet  l'intermé- 
diaire par  lequel  les  autres  animaux  se  rapprochent  de  nous. 
Placés  immédiatement  au-dessous  de  l'homme  et  au-dessus 
de  tous  les  autres  êtres  vivans,  ils  réfléchissent  sur  les  races 
inférieures  les  rayons  de  la  suprême  intelligence  dont  nous 
sommes  les  dépositaires,  et  ils  rattachent  ces  classes  infimes 
à  l'humanité. 

De  la  nature  des  Quadrupèdes  vivipares  par  rapport  à  Vhomme. 

Toute  la  série  des  animaux  ne  représente  dans  la  struc- 
ture de  chacun  d'eux  ,  que  la  longue  dégradation  de  la  na- 
ture propre  de  l'homme  ;  car ,  en  lui  supposant  des  modifica-^ 
tions  successives  ,  on  retrouve  ,  par  nuances,  l'organisation 
des  quadrupèdes  et  même  celle  des  autres  classes  inférieu- 
res du  règne  animal.  En  effet ,  le  singe ,  considéré  soit  dans 
sa  figure  extérieure  ,  soit  dans  sa  structure  interne  ,  ne  sem- 
ble être  qu'un  Hottentot  dégradé;  il  a  les  mêmes  membres, 
à  peu  près  la  même  disposition  des  os  ,  des  muscles  ,  des 
nerfs,  des  veines  ;  le  cerveau,  l'estomac,  les  principaux  vis- 
cères, sont  presque  entièrement  semblables  ;  la  charpente  du 
squelette,  les  ramifications  des  nerfs  et  des  «irlères ,  sont  à 
peu  de  chose  près  les  mêmes  ;  on  croiroit  que  cet  animal 
est  un  homme  imparfait ,  ébauché,  La  même  nuance  s'ob- 
serve en  comparant  le  singe  au  quadrupède  ,  en  sorte  que  la 
trame  primitive  de  l'organisation  ,  les  principaux  viscères 


Q  tT  A  33jj 

et  les  appareils  les  plus  imporlans  pour  les  fondions  de  la 
vie,  sont  identiques  dans  toutes  ces  espèces  ,  et  exécutent 
leurs  fondions  de  la  même  manière  ,  à  quelques  légères  va- 
riations près. 

Les  différences  qui  distinguent  notre  organisation  de  celle 
des  singes  et  des  autres  animaux  vivipares  ,  sont  superficiel- 
les et  extérieures  ,  comme  si  les  parties  internes,  étant  moins 
exposées  aux  chocs  et  aux  impressions  du  dehors,  avoient  dû 
subir  moins  d'altérations.  Aussi,  ce  sont  les  membres,  quel- 
ques muscles,  la  peau  et  ses  productions,  etc. ,  qui  éprouvent 
surtout  des  modifications.  La  main  humaine  ,  par  exemple  , 
se  reconnoît  dans  celle  du  singe  ,  mais  elle  se  déforme  de 
plus  en  plus  chez  les  makis  ,  les  sarigues  ou  dldelphes,  chez 
les  hérissons  ,  les  ours  ,  dans  lesquels  elle  n'est  plus  qu'une 
patte.  Cette  partie  se  dégrade  encore  davantage  dans  les  chats, 
les  chiens, les  lièvres,  etc.  Elle  s'encroûte  même  de  sabots  de 
corne  ,  chez  les  ruminans ,  tels  que  les  brebis,  les  cerfs  et  les 
bœufs.  Le  pied  du  cheval  et  de  l'âne  n'a  plus  de  doigts  sépa- 
rés à  l'extérieur  ;  celui  du  rhinocéros  et  de  l'hippopotame 
n'est  qu'une  sorte  de  pilier  informe  ;  enfin,  chez  les  phoques 
ou  les  veaux-marins  ,  chez  les  morses,  les  lamantins  et  les 
cétacés,  ce  membre  n'est  plus  reconnoissable  ;  grossière- 
ment façonné  en  rame  pour  fendre  les  eaux  ,  on  ne  trouve 
plus  sous  une  peau  coriace  ,  épaisse ,  que  quelques  rudi- 
mens  osseux  qui  décèlent  une  espèce  de  rapport  avec  le  bras 
et  la  main  de  l'homme.  Les  dégradations  des  autres  parties 
extérieures  s'opèrent  à  peu  près  de  la  même  manière  dans 
toute  la  classe  des  quadrupèdes.  V.  Mains, 

Mais  la  déformation  qui  influe  le  plus  sur  la  nature  des 
animaux  par  son  importance ,  est  celle  du  cerveau  et  du 
système  nerveux  qui  en  dépend.  En  descendant  de  l'homme 
au  singe ,  on  s'aperçoit  que  la  capacité  du  crâne  se  rétrécit  , 
et  que  le  museau  se  prolonge  ,  à  commencer  depuis  le  nègre 
jusqu'au  dernier  des  singes  (  V.  les  articles  Homme,  Nègre, 
Cerveau  et  Crâne  ).  L'allongement  des  os  de  la  face  et  le 
rétrécissement  du  cerveau  s'augmentent  de  plus  en  plus  en 
descendant  dans  toute  la  série  des  quadrupèdes  ;  et  ces  deux 
états  sont  même  proportionnels  ,  car  plus  le  crâne  se  rappe- 
tisse  ,  plus  le  museau  s'allonge ,  comme  si  le  défaut  de  l'un 
faisoit  l'excès  de  l'autre.  D'ailleurs  ,  la  petitesse  du  cerveau, 
proportionnellement  à  la  masse  du  corps  ,  occasione  le  gros- 
sissement relatif  des  nerfs  ;  en  sorte  que  la  substance  mé- 
dullaire de  la  cervelle  étant,  pour  ainsi  dire  ,  trop  à  l'étroit 
dans  la  cavité  du  crâne  ,  est  comme  refoulée  dans  les  nerfs 
et  la  moelle  épinière.  Il  suit  de  là  que  plus  l'on  descend  dans 
réchelle  des  aiilmaus  ,  plus  leurs  nerfs  sont  volumineux  et 


34o  Q  U  A 

plus  leur  cerveau  devient  petit,  en  même  temps  que  leur  face 
s'avance.  Ils  sont  donc  plus  faits  pour  les  sensations  et  les 
mouvemens  dont  les  nerfs  sont  le  principe  ,  que  pour  la  ré- 
flexion  et  la  pensée  dont  le  cerveau  est  le  siège.  La  gueule 
proéminente  des  bêles  ,  et  leur  crâne  rejeté  tout  en  arrière  , 
semblent  désigner  qu'elles  mettent  le  manger  et  le  boire 
avant  tout  ce  qui  vient  de  la  réflexion. 

Si  nous  comparons,  en  effet,  l'animal  à  l'homme,  nous 
verrons  que  ,  toujours  courbé  vers  la  terre  ,  la  gueule  ten- 
due vers  sa  nourriture  ,  le  quadrupède  n'écoute  que  ses  ap- 
pétits, ne  suit  (Jue  ses  penchans  sensuels;  il  est  tout  adonné 
aux  sensations  physiques,  tout  plongé  dans  la  vie  matérielle; 
il  ne  songe  qu'à  remplir  son  ventre  ,  qu'à  satisfaire  ses  dé- 
sirs. Et  comme  toutes  ses  facultés  vitales  se  transportent  dans 
ses  sens  matériels ,  ceux-ci  se  perfectionnent  d'autant  plus 
par  un  continuel  exercice  ,  que  les  qualités  morales  et  spi- 
rituelles se  détériorent  davantage  par  leur  inaction  perpé- 
tuelle ;  aussi  les  quadrupèdes  ont ,  en  général ,  les  appétits 
plusviolens,  les  sens  du  goût  et  de  l'odorat  plus  développés 
que  l'homme.  Comme  ils  s'abandonnent  à  leurs  penchans 
avec  toute  impétuosité  et  sans  nulle  retenue,  ceux-ci  acquiè- 
rent un  ascendant  insurmontable  sur  toutes  leurs  autres  fa- 
cultés ;  de  là  vient  encore  que  l'animal  est  moins  suscepti- 
ble de  perfectionnement  moral  que  l'homme  ,  car  il  est  do- 
miné sans  cesse  par  tout  ce  qui  affecte  ses  sens  ,  éveille  ses 
appétits  ,  fait  naître  ses  besoins  ou  excite  ses  passions. 

Dans  l'homme,  la  prépondérance  du  cerveau,  organe  de 
la  pensée  et  foyer  principal  de  l'âme  ,  sur  toutes  les  autres 
parties  de  son  corps,  le  rend  capable  d'éclairer  toutes  ses 
démarches  par  le  flambeau  de  la  raison.  Il  peut  rélléchir 
avant  de  se  déterminer  ,  lorsqu'instruit  surtout  par  l'expé- 
rience de  la  vie  et  de  l'éducation  ,  il  sait  se  conduire  avec 
sagesse  et  prudence;  mais  la  brute,  mue  par  l'instinct  et  l'ap- 
pétit, ne  se  détermine  que  par  les  affections  présentes.  Nous 
vivons  plus  dans  le  cerveau  ;  les  bêtes  vivent  plus  dans  leurs 
sens,  parce  que  le  premier  organe  est  plus  parfait  chez  nous, 
et  que  les  derniers  sont  plus  actifs  chez  les  animaux;  de  sorte 
que  l'âme  s'écoule  principalement  vers  les  organes  les  plus 
actifs  de  chaque  espèce  vivante.  Aussi  l'homme  est-il ,  en 
général,  le  plus  sensible  des  animaux,  surtout  au  moral.  Je 
n'en  voudrois  point  d'autre  preuve  que  celle  de  l'amour.  Dans 
les  quadrupèdes  ,  qui  sont  les  plus  parfaits  des  animaux , 
l'amour  n'est  guère  qu'une  passion  brute  ,  qu'un  appétit  pu- 
rement physique  du  mâle  pour  la  femelle  ,  ou  des  organes 
de  la  génération  ;  il  n'y  a  nulle  famille  établie  ,  nul  attache- 
ment durable  entre  les  sexes  hors^  ie  temps  du  rut  et  de  l'ai- 


Q  U  A  34i 

lâitement  ;  mais  dans  Thomme  que  n'a  point  corrompu  la 
licence  des  mœurs  ,  régnent  la  pudeur,  la  sainte  union  des 
cœurs  ,  la  fidélité  conjugale  et  l'attachement  inviolable.  De 
là  vient  encore  cette  piété  maternelle ,  si  tendre  et  si  pré- 
voyante pour  l'enfance  ,  cette  unité  de  la  famille  ,  qui  n'est 
qu'une  même  chair  et  une  même  âme  en  plusieurs  corps , 
dont  le  père  est  la  tête  et  la  mère  est  le  sein. Quelle  brute, 
en  effet ,  égalera  jamais  l'âme  d'une  bonne  mère  ?  Quel 
jeune  quadrupède  conservera  pour  ses  parens  la  même  piété 
filiale  qu'un  bon  fils?  Le  quadrupède  adulte  quitte  sa  mère 
pour  toujours  ;  il  devient  étranger  pour  elle  ;  ce  n'est  plus 
qu'une  femelle  de  son  espèce  ;  elle-même  ne  voit  plus  en 
lui  qu'un  mâle  au  temps  de  l'amour.  L'homme,  en  qui  l'édu- 
cation et  la  société  n'a  point  perverti  la  nature  ,  frémit  en 
voyant  couler  le  sang  d'un  pauvre  animal  sans  défense  ;  le 
seul  récit  des  souffrances  d'un  être  le  touche  de  compassion; 
mais  les  quadrupèdes  n'ont  guère  de  pitié  que  pour  leur  pro- 
pre espèce  ,  et  nous  voyons  aussi  que  les  plus  sensibles  d'en- 
tre eux  sont  les  plus  intelligens,ceux  qui  s'approchent  le  plus 
de  nous  ;  tel  est  le  chien  ,  animal  fidèle  et  généreux,  plein 
de  zèle  et  d'obéissance  pour  son  maître.  De  même  les  peines 
et  les  plaisirs  d'esprit ,  si  vifs  chez  les  hommes  ,  sont  pres- 
que entièrement  inconnus  aux  animaux  ;  ils  sont  donc  moins 
susceptibles  d'être  émus;  ils  ont  moins  de  cette  âme  du  sen- 
timent qui  fait  exceller  l'espèce  humaine  ,  surtout  lorsqu'elle 
n'est  pas  dépravée  par  la  plupart  de  nos  folles  institutions 
et  par  une  éducation  qui  ment  à  la  nature. 

Toutefois  ,  les  quadrupèdes  ont  d'autant  plus  de  sensibi- 
lité purement  corporelle  ,  qu'ils  manquent  davantage  de 
sensibilité  intérieure  ou  morale.  Par  cette  raison  ,  leurs  sens 
sont,  pour  la  plupart,  plus  parfaits  et  plus  exercés  que  les 
nôtres,  à  l'exception  du  toucher.  Celui-ci  est  le  sens  de  la 
réflexion;  il  détermine  principalement  le  jugement;  il  semble 
donner  plus  de  solidité  à  la  pensée  ;  on  connoît  encore  plus 
exactement  ce  qu'on  touche  que  ce  qu'on  entend  ou  qu'on 
voit;  c'est  pourquoi  les  enfans  veulent  toucher  tout  ce  qu'ils 
aperçoivent ,  pour  s'assurer  mieux  des  choses  ;  et  les  aveugles, 
exerçant  beaucoup  le  tact,  suppléent  non-seulement  par  lui 
au  sens  dont  ils  sont  privés,  mais  sont  même  pour  la  plupart 
spirituels.  (  Fojez  Toucher  etOEii,.)  L'activité  des  sens  rem- 
place donc,  chez  le  quadrupède  ,  la  foiblesse  du  sentiment 
moral,  de  même  que  nous  voyons  les  hommes  adonnés  aux 
plaisirs  sensuels,  comme  à  ceux  du  goût,  de  l'odorat,  de 
la  génération  ,  etc. ,  être  aussi  fort  peu  capables  d'affections 
morales. 

Une  autre  cause  contribue  encore  à  raffoiblîssemenl  des 


3^2  0  U  A 

facultés  des  animaux  ;  c'est  le  grand  développement  de  leurs 
forces  musculaires,  principalement  chez  les  espèces  sauvages. 
A  mesure  que  l'exercice  fortifie  les  membres,  et  grossit  les 
muscles  ,  les  qualités  de  l'esprit  et  les  attributs  de  la  sensibi- 
lité diminuent ,  comme  on  le  remarque  en  comparant  un  ro- 
buste manœuvre,  au  corps  épais,  avec  un  homme  de  cabinet, 
àcomplexion  délicate.Le  premierareçu  en  vigueur  de  corpsce 
que  le  second  obtient  en  qualités  de  Tesprit.La  brute  est, toute 
proportion  gardée  ,  beaucoup  plus  robuste  que  l'homme, car 
la  nature  l'a  plutôt  conformée  pour  agir  que  pour  réfléchir. 
En  comparant  donc  l'homme  naturel  avec  le  quadrupède  dans 
l'état  sauvage,  ou  l'homme  civilisé  avec  l'animal  domestique, 
l'un  l'emportera  toujours  par  les  attributs  corporels  ,  de 
même  que  l'autre  sera  bien  supérieur  par  les  attributs  spiri- 
tuels; parce  que  la  nature  nous  ayant  formés  plutôt  pour 
faire  usage  de  l'intelligence  et  de  la  raison,  que  pour  agir  à  la 
manière  des  bétes,  elle  a  diminué  nos  forces  de  corps  pour 
ajouter  à  celles  de  la  pensée. 

La  comparaison  du  quadrupède  avec  Ihomme,  le  montre 
bien  inférieur  à  nous  par  rapport  aux  facultés  de  l'âme; 
néanmoins,  en  le  comparant  aux  autres  classes  d'animaux, 
il  jouit  d'une  grande  supériorité,  puisque  les  qualités  pure- 
ment corporelles  augmentent  en  intensité  ,  à  mesure  qu'on 
descend  -davantage  dans  l'échelle  du  règne  animal;  car  les 
qualités  spirituelles  diminuent  dans  la  même  progreséion.  En 
effet,  l'oiseau  n'a  déjà  plus  autant  de  rapports  avec  nous  que 
le  quadrupède.  Quelque  familiarité  ,  quelque  intelligence 
qu'on  suppose  à  un  serin,  à  un  perroquet,  ou  à  telle  autre 
espèce  d'oiseau  apprivoisée,  les  qualités  du  chien,  du  castor, 
du  renard,  l'emporteront  toujours.  Ceux-ci  nous  semblent 
moins  étrangers;  ils  nous  appartiennent  de  plus  près,  et 
nous  comprennent  mieux  ;  leurs  facultés  ont  même  plus  de 
ressemblance  avec  les  nôtres,  que  celles  des  autres  bêtes.  Et 
après  les  oiseaux,  nous  nous  trouvons  avoir  encore  bien 
moins  de  rapports  avec  les  reptiles,  les  poissons,  etc.  ,  qui 
semblent  plutôt  appartenir  à  un  autre  monde  et  à  une  autre 
nature. 

Si  nous  voulons  donc  ne  nous  pas  compter ,  le  quadrupède 
sera,  sans  contredit,  le  premier  parmi  les  animaux  ;  ses  sens 
sont  plus  développés,  son  organisation  est  plus  parfaite,  son 
intelligence  plus  grande  et  plus  capable  d'instruction  que  celle 
de  toute  autre  espèce.  Quelque  industrie  qu'on  puisse  accor- 
der aux  autres  animaux,  le  quadrupède  les  surpassera  tou- 
jours ;  caria  petite  somme  d'instinct  d'un  insecte  ,  d'un  pois- 
son ou  d'un  reptile,  dépend  principalement  de  leur  organi- 
sation; elle  est  le  résultat  d'une  mécanique  subtile  et  pro 


Q  V  A  343 

fondement  savante ,  plutôt  qlie  le  fruit  de  la  pensée  et  du 
raisonnement,  au  lieu  que  le  quadrupède  n'agit  pas  pure- 
ment en  automate;  il  est  susceptible  de  connoître  et  capa- 
ble d'apprendre  ;  il  se  perfectionne  ;  nous  pouvons  même  lui 
communiquer  beaucoup  de  connoissances,  mais  nous  en 
donnons  moins  à  l'oiseau  ,  encore  moins  au  reptile ,  au  pois- 
son, et  enfin  nous  n'en  communiquons  presque  aucune  à 
l'insecte.  Parce  que  le  quadrupède  est  plus  voisin  de  nous, 
aussi  nous  le  modifions  davantage  ,  et  plus  les  classes  d'ani- 
nîaux  s'éloignent  de  notre  nature,  moins  nous  avons  d'empire 
sur  eux.  On  pourroit  penser,  en  effet,  que  le  quadrupède  est 
intermédiaire  entre  la  matière  grossière  qui  compose  la  bête, 
et  l'essence  divine  qui  forme  l'âme  humaine;  car  il  n'a  point 
cette  existence  stupide  et  cette  vie  toute  brutale  des  reptiles 
et  des  poissons ,  animaux  réduits  à  manger ,  engendrer  et 
mourir.  Aussi  le  lion,  le  tigre,  l'éléphant,  le  rhinocéros,  etc., 
sont  les  princes  du  règne  animal,  et  les  autres  quadrupèdes 
partagent  leur  puissance  sur  tous  les  êtres  animés.  Puisque 
la  nature  leur  accorde  la  prééminence  en  les  douant  de  sens 
plus  parfaits,  de  forces  plus  énergiques  et  de  facultés  plus  dé- 
veloppées que  dans  toutes  les  autres  classes,  elle  a  voulu  éta- 
blir une  hiérarchie  entre  les  espèces  et  une  subordination 
dans  l'empire  de  la  vie. 

En  perfectionnant  les  qualités  morales  et  intellectuelles 
chez  les  quadrupèdes  ,  la  nature  a  dû  restreindre  les  facultés 
les  plus  corporelles  ,  telles  que  la  nutrition,  la  génération  et 
les  autres  fonctions  animales.  Aussi  les  quadrupèdes  multi- 
plient moins,  en  général,  et  sont  moins  voraces,  toute  pro- 
portion'gardée ,  que  les  insectes ,  les  poissons  et  la  plupart  des 
autres  classes  du  règne  animal.  Leur  existence  est  en  revan- 
che plus  complète  ;  ils  connoissent  mieux  tout  ce  qui  les  en- 
vironne ;  ils  ont  des  relations  plus  étendues  avec  les  diffé- 
rens  objets  de  la  terre,  et  les  rapports  mutuels  qui  s'établissent 
dans  chaque  espèce,  sont  plus  intimes;  ils  se  communiquent 
entre  eux  des  idées  ,  par  les  accens  naturels  de  la  voix  et  par  le 
langage  d'action  ;  ils  se  sentent,  ils  s'entendent,  surtout  à 
l'époque  de  leur  saison  d'amour.  Le  rapprochement  des  sexes, 
la  naissance  et  l'éducation  de  la  famille  ,  les  échanges  de  sen- 
llmens  et  de  pensées  si  nécessaires  entre  les  mères  et  les  nou- 
veau-nés, les  soins  del'allaitement,  de  l'incubation  des  petits, 
enfin ,  tout  met  en  action  les  facultés  morales  du  quadru- 
pède ,  tandis  que  le  reptile  ,  indifférent  pour  sa  progéniture, 
le  poisson  qui  abandonne  ses  œufs  au  hasard  des  ondes, 
l'insecte  qui  périt  avant  la  naissance  de  ses  larves,  n'ont  el 
ne  doivent  avoir  aucune  relation  de  famille,  ne  peuvent  point 
développer,  dans  un  commerce  mutuel,  leurs  idées  et  leurs 


3U  Q  U  A 

affections  ,  ils  restent  donc  dans  leur  nature  brute  et  impar- 
faite. 

11  faut  bien  distinguer  ce  qui  appartient  à  l'instinct  dont 
chaque  espèce  est  pourvue  ,  des  connoissances  et  de  la  somme 
d'intelligence  que  plusieurs  animaux  sont  capablesd'acquérir. 
{Voyez  1^STI^CT  et  Cerveau.  )  Le  premier  étant  le  résultat 
de  l'organisation  et  de  la  n)achine  animale,  est  inné  et  na- 
turel; c'est  l'effet  des  fonctions  propres  à  chaque  espèce; 
de  là  vient  qu'il  dépend  de  la  structure  seule,  et  non  de  l'é- 
ducation ou  de  l'institution  ,  et  c'est  pour  cela  qu'il  n'est  sus- 
ceptible ni  de  plus  ni  de  moins  de  perfection.  Ainsi  une 
abeille  construira  toujours  sa  cellule  sur  le  même  modèle  et 
avec  la  même  exactitude  dans  tous  lés  temps  et  dans  tous  les 
lieux;  le  fourmilion  creusera  toujours  son  trou  conique  dans 
le  sable;  l'araignée  disposera  toujours  ses  toiles  de  la  même 
manière  ;  les  jeunes  sont  d'abord  aussi  habiles  que  les  vieux  ; 
mais  il  en  est  autrement  parmi  les  quadrupèdes.  Le  jeune  re- 
nard ne  connoît  pas  encore  toutes  les  ruses  de  chasse  des 
vieux  routiers  des  forêts  ;  il  étudie ,  se  corrige  ,  puis  fait  mieux 
ensuite;  il  repasse  en  sa  tête  les  bons  tours  de  matoiserie 
qu'il  voit  exécuter  par  les  plus  habiles  dans  son  métier.  II 
apprend  à  se  défier  des  pièges  où  se  laisse  prendre  la  jeunesse* 
remplie  d'outrecuidance,  comme  dlsoienl  si  bien  nos  ancê- 
tres. Les  cerfs,  les  lièvres  deviennent  plus  rusés  et  plus  dé- 
fians  lorsqu'on  les  chasse  souvent;  ils  observent  la  marche 
des  chiens  qui  leur  font  la  guerre;  ils  cherchent  à  les  mettre 
en  défaut,  à  leur  faire  perdre  la  voie,  tandis  que  les  plus 
jeunes  y  sont  pris  ,  faute  d'expérience.  Il  y  a  donc  chez  ces 
animaux  une  étude,  une  science  qui  s'acquiert;  il  faut 
dresser  le  chien  à  la  chasse  pour  perfectionner  ses  qualités 
naturelles  ;  l'instinct  ne  fait  donc  pas  tout  chez  le  quadru- 
pède; il  lui  faut  encore  des  connoissanres  d'acquisition, indé- 
pendamment des  facultés  innées  et  habituelles  qu'il  doit  à 
son  organisation.  C'est  cette  susceptibilité  de  perfection  qui 
distingue  les  quadrupèdes  et  même  les  oiseaux  des  autres 
classes  d'animaux. 

Des/ariilfes  des  qitadiiipefh<i ,  dues  à  leur  sensibilité  physique. 

Les  espèces  à  sang  chaud,  telles  que  les  animaux  vivipares 
etles  oiseaux,  sont  douées  de  facultésbien  supérieuresà  celles 
des  autres  classes.  La  seule  chaleur  du  sang,  qui  dépend  du 
mode  de  la  respiration  des  Poumons  et  de  la  Circulation 
(  Consultez  ces  articles),  exalte  la  puissance  de  sentir  et  ac- 
célère toutes  les  fonctions  vitales;  elle  fait  vivre  avec  plus 
de  plénitude  el  de  force.  Un  oiseau,  toujours  bouillant  de 
vie,  comparé  à  un  froid  reptile,  semble  être  dans  une  fiè- 
vre   chaude  continue ,  dans  un   délire  perpétuel;  la  tension 


Q  U  A  345 

fle  ses  fibres  les  rend  plus  sensibles  aux  moindres  impres- 
sions, tandis  que  le  relâuhcmcnt  des  parties  ,  dans  le  reptile 
et  le  poisson,  rend  leur  sensibilité  plus  obtuse.  Par  exem- 
ple, nous  voyons  qu'un  organe  quelconque,  dans  l'état  d'in- 
flammation, tels  que  l'œil,  l'oreille,  la  membrane  olfactive, 
la  peau,  etc.,  acquièrent  alors  un  degré  extrême  de  délica- 
tesse pour  tous  les  objets  qui  les  frappent;  la  rougeur,  la 
chaleur,  la  tension  qui  se  manifestent,  y  décèlent  une  accu- 
mulation de  vie  ,  un  afflux  considérable  de  sang  et  d'humeurs, 
une  action  et  une  réaction  continuelle  des  liquides  et  des 
organes  solides.  La  puissance  de  vie  est  donc  plus  active  dans 
les  parties  enflammées  que  dans  toutes  les  autres  :  or,  les 
animaux  vivipares  et  les  oiseaux  sont  dans  un  état  analogue 
d'inflammation,  par  rapport  aux  reptiles  et  aux  poissons. 
Toutes  leurs  facultés  sont  plus  exaltées;  elles  se  répandent 
au-dehors  de  l'individu  ;  car  le  reptile ,  le  poisson  n'aime  et 
ne  connoît  pour  ainsi  dire  que  lui  seul ,  puisqu'il  n'a  nul 
attachement  pour  ses  petits  ,  nulle  union  avec  sa  femelle  que 
dans  le  moment  de  la  jouissance,  nulle  amitié  avec  ses  sem- 
blables ,  et  même  nul  sentiment  de  compassion  pour  leurs 
souffrances;  il  vit  tout  entier  en  lui-mcme  :  au  contraire, 
l'oiseau,  et  surtout  le  quadrupède  ,  déploient  leurs  affections 
les  plus  tendres  sur  toute  leur  famille;  ils  s'attachent  sou- 
vent avec  une  grande  fidélité  à  leur  femelle  ;  ils  ont  une  vive 
amitié  pour  leurs  semblables  ;  ils  accourent  pour  les  défen- 
dre; ils  semblent  se  parler  entre  eux,  et  se  confier  égale- 
ment leurs  plaisirs  et  leurs  peines,  témoins  les  oiseaux  de  nos 
bois.  Les  animaux  à  sang  froid,  toujours  à  demi- engourdis 
et  muets  ,  vivent  moins  qu'ils  ne  végètent  ;  leur  existence  est 
un  état  de  stupeur ,  tandis  que  les  races  à  sang  chaud ,  tou- 
jours animées  ,  ayant  plus  d'ardeur  ,  d'âme  et  de  sensibilité  , 
semblent  cire  dévorées  de  vie.  Celte  différence  se  remarque 
même  dans  la  nature  de  la  chair,  qui  est  bien  moins  nourris- 
sante et  moins  substantielle  chez  les  poissons  et  les  reptiles, 
que  chez  les  quadrupèdes  et  les  oiseaux  :  c'est  pour  cela  que 
les  législateurs  religieux  en  ont  fait  la  distinction  ;  la  pre- 
mière étant  du  maigre  ,  et  la  seconde  du  gras. 

Cette  grande  vivacité  des  animaux  à  sang  chaud  détruiroit 
rapidement  leurs  organes,  si  elle  étoit  continuelle.  Ils  ont 
donc  des  momens  de  repos  ou  de  sommeil  qui  réparent  leurs 
pertes;  mais  les  animaux  à  sang  froid  demeurent  toujours 
dans  un  demi  sommeil  ,  et  la  plupart  passent  l'hiver  dans 
rengourdissemenl  (  V.  Sommlil).  A  la  vérité  ,  plusieurs 
espèces  de  q-iadrupèdes  tombent ,  pendant  la  saison  froide  , 
dans  une  torpeur  profonde  :  tels  sont  les  loirs  ,  les  lérols,  les 
rouscardins,  les  mannoUes,  le  bobak,  le  hamster,  le  souslic 


3^6  Q  U  A 

le  mongul  ,  les  gerboises  ,  les  hérissons,  les  ours  ,  etc.  D'au- 
tres se  retirent  aussi  dans  des  asiles  chauds  pendant  l'hiver  , 
mais  ne  passent  pas  cette  saison  dans  un  engourdissement 
complet ,  puisqu'ils  font  des  provisions  pour  se  nourrir  :  tels 
sont  les  raJs  économes  de  Sibérie  {mus  œconomus  de  Pallas  , 
et  aussi  les  mus  allian'us,  mus  gregalis ,  etc.).  Tous  ces  animaux 
deviennent  fort  gras  en  automne  ,  et  ils  ont  même  plusieurs 
épiploons  graisseux  surnuméraires  dans  le  bas-ventre.  Cette 
surabondance  dégraisse  est  en  quelque  sorte  un  aliment  inté- 
rieur tout  préparé  pour  la  subsistance  de  l'animal.  Lorsque 
la  chaleur  atmosphérique  diminue,  les  organes  de  la  vie 
n'étant  plus  aussi  excités  par  elle  ,  tombent  dans  l'affaisse- 
ment, surtout  chez  les  espèces  d'animaux  dont  la  complexion 
est  molle  el  délicate,  comme  dans  les  rongeurs;  mais  les 
oiseaux  ayant  plus  de  chaleur  naturelle  que  les  quadrupèdes, 
parce  que  leur  respiration  est  plus  étendue  {Voyez  Oiseaux), 
ne  tombent  jamais  dans  cette  torpeur  hibernale.  Toutefois, 
la  chaleur  excessive  abat  tellement  les  forces  de  quelques 
espèces,  qu'elle  les  fait  tomber  dans  un  assoupissement  ana- 
logue à  celui  que  produit  le  froid  :  tels  sont  les  tanrecs  et  les 
tendracs,  espèces  de  hérissons  d'Afrique. 

11  faut  observer  aussi  que  la  plupart  des  quadrupèdes  ont, 
de  même  que  l'homme  ,  les  membres  du  côté  droit  plus 
nourris  ,  plus  robustes  et  plus  actifs  que  ceux  du  côté  gauche, 
e*  c'est  pour  |cela  que  nous  nous  servons  plus  volontiers  de 
la  main  droite  ,  et  que  nous  avançons  toujours  le  pied  droit 
avant  le  gauche.  Si  l'on  y  prend  garde  ,  on  verra  qu'il  en  est 
de  même  chez  les  bestiaux,  les  chiens,  et  chez  d'autres  espèces 
de  quadrupèdes.  La  cause  de  cette  inégalité  de  force  et  de 
grandeur  de  l'une  des  moitiés  du  corps,  paroît  produite  par 
la  manière  dont  les  animaux  se  couchent  ;  car  il  est  évident 
que  le  côté  sur  lequel  l'homme  ou  le  quadrupède  se  posent, 
étant  le  plus  bas,  les  humeurs ,  le  sang  et  la  nourriture  doi- 
vent s'y  amasser  plus  abondamment  pendant  le  relâchement 
du  sommeil,  que  dans  les  membres  et  le  côté  supérieurs. 
D'ailleurs  ,  la  partie  inférieure  doit  avoir  plus  de  cette  cha- 
leur douce  du  lit  que  celle  de  dessus.  Elle  est  donc  plus  dila- 
tée et  mieux  couvée  ;  ainsi,  elle  doit  prendre  un  plus  grand 
accroissement  que  l'autre  ,  et  devenir  plus  active.  Ne  voyons- 
nous  pas  que  plusieurs  coquillages  univalves  étant  toujours 
fixés  d'un  seul  côté  au  fond  de  la  mer,  ont  aussi  leurs  valves 
très-inégales,  celle  de  dessous  étant  plus  creuse  et  plus  grande; 
car  ces  animaux,  d'une  chair  mollasse,  tendent  toujours  à 
s'affaisser,  ce  qui  n'arrive  point  à  ceux  qui  peuveni  changer 
souvent  de  position  et  se  coucher  également  sur  les  deux  cô- 
tés. Si  l'homme  «t  le  quadrupède  se  couchoienl  toujours  in- 


Q  U  A  347 

distinclemcnl  sur  chaque  côlé,  la  différence  seroit  presque 
insensible,  et  nous  serions  ambidextres;  mais  on  est  plus 
porté  à  se  coucher  sur  le  flanc  droit  que  sur  le  gauche.  La 
raison  en  est  sensible  ;  c'est  que  le  foie  ,  qui  est  un  gros  et 
pesant  viscère  ,  est  placé  dans  la  région  droite  du  ventre  ;  il 
entraîne  non-seulement  le  poids  du  corps  de  ce  côté ,  maïs 
encore,  lorsqu'on  se  couche  sur  le  flanc  gauche,  il  comprime 
de  toute  sa  masse  l'estomac  et  les  intestins,  de  sorte  qu'il 
gêne  la  digestion;  aussi  est-on  plus  mal  couché  sur  le  côté 
gauche  et  sur  le  dos  que  sur  le  flanc  droit ,  et  le  cauchemar 
vient  quelquefois  de  cette  seule  position  gauche;  elle  doit 
nuire  surtout  aux  bestiaux,  qui,  étant  herbivores  et  ayant 
un  grand  estomac,  ont  besoin  de  laisser  étendre  ce  viscère 
de  toute  sa  capacité. 

Nous  observerons  encore  que  certains  quadrupèdes  ayant  les 
sens  trop  délicats  et  la  complcxion  trop  foible  pour  supporter 
l'éclat  du  grand  jour  et  la  chaleur  du  soleil,  ne  peuvent  sortir 
que  pendant  la  nuit  ou  dans  les  crépuscules  du  soir  et  du 
matin  :  tels  sont  les  chauve-souris,  les  fourmiliers,  les  tatous, 
les  pangolins,  les  gerboises  ,  les  lièvres  et  même  les  ours,  les 
hérissons,  les  mangoustes,  les  kinkajous,  les  taupes,  les  musa- 
raignes, qui  préfèrent  les  lieux  obscurs  à  la  clarté  des  cieux 
dont  leurs  yeux  sont  blessés  ,  et  qui  fuient  l'ardeur  du  jour 
qui  les  accable  ,  parce  que  leurs  forces  s'épuisent  facilement, 
Voyez  Nocturnes  ;  les  animaux  carnivores ,  tels  que  les 
hyènes,  les  chacals,  les  lions,  les  tigres  ,  les  léopards  ,  etc. , 
recherchent  les  pays  chauds  et  les  endroits  arides  ,  qui  ai- 
guisent leur  soif  sanguinaire  et  la  férocité  de  leurs  appétits. 

Des  sens  et  des  forces  des  quadrupèdes  vhîpares  ;  habitudes  qui  en 
résultent.  «' 

Nous  avons  vu  que ,  chez  les  bêtes,  les  sens  dominoient  sur 
rintelligence,  de  sorte  qu'elles  dévoient  plutôt  se  conduire 
suivant  les  affections  charnelles  que  selon  l'esprit.  Leurs  sens 
ont  en  finesse  ce  que  notre  entendement  a  reçu  en  étendue  et 
en  puissance.  Par  exemple,  l'odorat  du  chien  est  peut-être 
mille  fois  plus  parfait  que  le  noire  ;  l'ouïe  du  lièvre  surpasse 
aussi  beaucoup  la  nôtre  ;  le  goût  est  plus  délicat  chez  le  singe 
que  chez  la  plupart  des  hommes,  et  la  vue  du  lynx,  du  cha- 
mois, est  infiniment  plus  perçante  que  la  nôtre  :  mais  le  tact 
est  le  seul  sens  par  lequel  nous  surpassons  extrêmement  les 
quadrupèdes.  En  effet ,  la  main  du  singe  n'est  pas  aussi  bien 
conformée  et  aussi  délicate  que  celle  de  l'homme,  et  les  pattes 
des  autres  espèces  ne  lui  sont  nullement  comparables,  car 
les  unes  sont  couvertes  d'un  cuir  calleux  et  de  poils  épais,  ou 
encroûtées  d'une  comç.  A  la  vérité  ,  les  lèvres  et  la  bouche 


^^8  Q  U  A 

du  cheval,  et  surtout  la  trompe  de  l'éléphant,  peuvent  sup- 
pléer au  tact  de  la  main  ;  mais  les  autres  animaux  sont  en- 
tièrement privés  de  cet  avantage.  Les  grandes  membranes 
nues  des  ailes  et  des  oreilles  des  chauve-souris  ont  une  sen- 
sibilité particulière  et  un  tact  léger  qui  leur  fait  reconnoître 
aisément  la  forme  des  corps  environnans  ,  même  de  nuit  et 
sans  le  concours  des  autres  sens.  Il  paroît  que  la  queue  pre- 
nante et  nue  en  dessous  des  sapajous,  des  didelphes  ou  phi- 
landres ,  des  coendous,  et  qui  sert  à  les  retenir  après  les 
branches  des  arbres  ,  est  une  sorte  de  main  dont  le  tact  est 
grossier.  La  queue  molle  et  plate  du  castor  est  aussi  un  ins- 
trument utile  pour  battre  la  terre  lorsque  cet  animal  construit 
ses  digues.  La  délicatesse  de  la  peau  dans  la  femme  et  dans 
les  autres  femelles  d'animaux,  rendant  leur  tact  plus  parfait, 
est  peut-être  l'une  des  causes  du  développement  toujours  plus 
précoce  de  leur  intelligence  que  celle  des  mâles. 

Chez  les  animaux  ongulés,  la  peau  est  plus  dure  et  plus 
épaisse  que  chez  les  quadrupèdes  à  doigts  divisés  ou  ongui- 
culés ;  c'est  ainsi  que  les  ruminans,  les  solipèdcs,  ayant  moins 
de  délicatesse  dans  le  toucher,  sont  aussi  plus  stupides  que 
les  autres.  En  général ,  les  mammifères  sont  pourvus  de  peaux 
d'autant  plus  épaisses ,  qu'il  sont  plus  inférieurs  dans  l'échelle 
de  l'organisation.  C'est  ainsi  que  les  espèces  nommées  pachy- 
dermes par  Aristole  ,  à  cause  de  l'épaisseur  et  de  la  rudesse 
de  leur  peau  (  telles  que  les  cochons  ,  les  rhinocéros ,  les 
hippopotames),  sont  plus  brutes  que  les  autres.  Les  races 
amphibies,  dont  le  cuir  n'est  pas  moins  grossier,  et  les  céta- 
cés, qui  ont  non-seulement  un  cuir  extrêmement  épais,  mais 
encore  une  couche  épaisse  de  lard  au-dessous,  sont  aussi  les 
pius  stupides  de  tous  les  vivipares  :  au  contraire,  la  peau  fine 
des  rongeurs  et  des  frugivores  les  rend  plus  spirituels  en 
quelque  sorte,  plus  vifs  et  plus  éveillés,  parce  que  letgr  sen- 
sibilité jouit  d'une  activité  bien  supérieure  à  celle  des  autres 
espèces. 

Le  goàt ,  qui  est  une  sorte  de  toucher  très-intime,  paroît 
être  plus  vif  chez  les  carnivores,  mais  plus  délicat  et  plus 
capable  de  choix  parmi  les  herbivores,  à  cause  de  la  multi- 
tude des  plantes  dont  ils  ont  besoin  de  discerner  les  saveurs. 
Ce  sens  est  l'un  des  plus  actifs  dans  le  quadrupède  ,  et  celui 
qui  influe  le  plus  sur  l'instinct  ;  car  il  n'a  pas  la  même  in- 
fluence chez  les  oiseaux,  les  reptiles  et  les  poissons,  qui  n'ont 
point  la  langue  et  les  autres  parties  de  la  bouche  aussi  déli- 
catement organisées.  Les  singes,  les  makis  et  plusieurs  autres 
frugivores ,  ont  un  goû.t  approchant  de  la  finesse  du  nôtre , 
car  ils  savent  fort  bien  discerner  la  saveur  des  fruits.  Dans 
les  rongeurs ,  comme  parmi  les  lièvres,  les  rats,  les  écureuils, 


Q  U  A  3^9 

le  sens  du  goût  paroît  être  assez  de'veloppé;  mais  chez  les 
animaux  sans  dents,  tels  que  les  fourmiliers,  les  pangolins,: 
la  langue  cylindrique,  extensible,  étant  toujours  gluante  d'une 
humeur  épaisse,  pourarrêterles  fourmis  et  autres  insectesdont 
ils  tirent  leur  nourriture  ,  le  sens  du  goût  doit  être  fort  obtus. 
Les  espèces  qui,  comme  le  cochon,  le  rhinocéros,  l'hippo- 
potame ,  l'éléphant,  se  vautrent  dans  les  lieux  fangeux,  cher- 
chent les  racines  et  les  tendres  tiges  des  arbustes,  des  roseaux,, 
ne  paroissent  pas  avoir  un  goût  fort  délicat  ;  plusieurs  d'entre- 
eux  se  repaissent  même  de  substances  qui  nous  semblent  ex- 
trêmement dégoûtantes.  D'ailleurs,  les  ruminans  possèdent  ua 
organe  particulier  à  leurpalais,  et  reconnu  parJacobson;  il  leur 
sert  probablement  à  distinguer  la  saveur  des  herbes,  et  à  leur 
faire  reconnoître  les  nuisibles  ou  vénéneuses.  Foyez  Goût.  Au 
reste ,  tout  étant  relatif,  il  se  peut  que  le  pourceau  trouve  des 
saveurs  agréables  et  variées  dans  la  matière  fécale  que  re- 
poussent les  autres  animaux,  comme  on  voit  certains  hommes 
abhorrer  le  même  fromage  qui  paroît  délicieux  au  palais  d'au- 
tres personnes.  Enfin ,  les  animaux  amphibies  étant  natu- 
rellement voraces  et  goulus  sans  choix,  paroissent  avoir  un 
goût  peu  développé.  Il  semble  donc  que  ce  sens  se  perfec- 
tionne d'autant  plus  dans  les  animaux,  qu'ils  sont  plus  élevés 
dans  l'échelle  de  l'organisation,  et  plus  voisins  de  l'espèce 
humaine.  Cet  effet  est  peut-être  dû  au  développement,  dans 
le  même  progrès,  du  sens  du  toucher,  puisque  le  goût  n'est 
qu'une  espèce  de  tact  très-délicat  pour  les  saveurs. 

Les  animauxlesplus  parfaits  après  l'homme,  qui  ont  le  sens 
du  goût  beaucoup  plus  développé,  sont  en  effet  ceux  qui  peu- 
vent le  plus  faire  usage  du  toucher  ;  tels  sont  les  singes  ,  les 
makis,  les  chauve-souris,  les  rongeurs  et  même  les  carnivores, 
La  plupart  d'entre  eux  se  servent  de  leurs  pattes  de  devant 
pour  tenir  leur  aliment,  ou  même  pour  le  porter  à  leur  bou- 
che; aussi  presque  tous  sont  pourvus  de  clavicules,  ou  tout  au 
moins  en  ont  des  rudimens.  Leurs  doigts  sont  bien  séparés  et 
munis  d'un  ongle  qui  n'emboîte  pas  l'extrémité  du  pied  ou 
de  la  main  comme  chez  les  ruminans  et  les  solipèdes.  Les 
animaux  onguiculés  tirent  donc  plus  d'usage  de  leurs  pattes 
antérieures  que  les  ongulés,  parce  qu'ayant  des  clavicules 
pour  la  plupart,  ils  peuvent  tourner  le  bras  en  dehors  ou  eu 
dedans,  le  porter  à  leur  gueule  ,  et,  à  l'aide  de  leurs  doigts 
séparés,  flexibles,  saisir  et  retenir  en  quelque  manière  tous  les 
objets;  mais  les  ongulés,  tels  que  les  ruminans,  les  solipèdes, 
les  cochons,  les  rhinocéros,  les  nmphibies,  ayant  des  pieds 
sans  doigts  bien  séparés  et  étant  privés  de  clavicules,  ne  peu- 
vent faire  usage  de  leurs  pieds  qui'  pour  chemi-ier  seulement. 
Il  y  a  donc  un  rapport  entre  la  perfection  du  goût  et  la  per- 


35o  0  U  A 

fection  du  toucher  parmi  les  animaux.  Toutefois,  il  faul  re- 
marquer que  la  véhémence  de  l'appétit  imprime  au  goût  une 
plus  grande  intensité,  sans  lui  communiquer  plus  de  délica- 
tesse. Il  est  certain,  au  contraire,  que  le  goût  devient  plus 
délicat  à  mesure  que  la  faim  est  moins  grande,  tandis  que, 
dans  une  faim  extrême  ,  le  goût  moins  fin  est  cependant  plus 
intense  ;  de  là  vient  que  les  plus  goulus  et  les  plus  affamés  sont 
peu  difficiles  sur  le  choix  de  leurs  aiimens,  et  tout  leur  semble 
bon,  tandis  que  les  espèces  plus  tempérantes  ont  plus  de 
finesse  dans  ce  sens.   Voyez  aussi  Main  et  Pied. 

Il  en  est  à  peu  près  de  même  de  l'odorat,  qui  est  un  avant- 
goût  des  saveurs.  Ce  sens  n'est  relatif  qu'à  la  nourriture  dans 
l'animal;  il  ne  paroît  nullement  apercevoir  tout  ce  qui  n'est 
pas  un  aliment  et  qui  ne  réveille  pas  en  lui  des  idées  d'ap- 
pétit. Un  bœuf  ne  s'arrête  point  à  l'odeur  agréable  d'une 
belle  prairie  en  fleur;  il  ne  cherche  qu'à  paître.  Il  ne  faut 
point  assaisonner  d'aromates,  de  sauces  de  bon  goût,  la  chair 
qu'on  donne  aux  chiens  et  aux  chats.  Tous  ces  animaux  ne 
paroissent  point  flairer  comme  nous  les  odeurs  agréables, 
Lien  que  leur  odorat  soit  beaucoup  plus  subtil  et  plus  étendu 
que  le  notre.  En  effet,  on  sait  combien  le  chien  a  de  déli- 
catesse dans  ce  sens,  puisqu'il  suit  à  la  piste  des  animaux 
très-éloignés,  et  qu'il  découvre  si  facilement  leurs  traces.  On 
rapporte  qu'un  chien  d'Altenklingen  vint  chercher  son  maî- 
tre jusqu'à  Paris,  qui  est  éloigné  de  plus  de  cent  lieues  de 
cette  ville,  et  sut  le  découvrir  dans  la  foule.  Cependant  son 
maître  étoit  venu  en  poste  dans  l'espace  de  trois  jours,  et  ne 
pouvoit  pas  avoir  laissé  sur  la  raute  des  corpuscules  bien 
abondans.  Rien  n'égale  la  sagacité  des  carnivores  pour  dé- 
couvrir leur  proie;  les  hyènes,  les  chacals,  les  loups,  les 
renards,  sont  les  plus  habiles  d'entre  eux;  car  les  lions ,  les 
tigres ,  les  léopards,  les  panthères  ,  les  lynx,  ayant  un  mu- 
seau court,  comme  les  chats,  ne  sentent  pas  aussi  facilement 
les  émanations  de  leur  proie  que  les  précédentes  ;  aussi  ne  la 
suivent-ils  jamais  à  la  piste  ;  mais,  tapis  dans  les  broussailles, 
ils  l'attendent  au  passage,  et  l'arrêtent  du  premier  bond.  Tous 
les  animaux  qui  ont  un  museau  fort  allongé  ,  sont  doués  d'un 
odorat  très-fin,  parce  que  leur  membrane  olfactive  se  déploie 
largement  sur  les  différens  cornets  du  nez  et  jusque  dans  les 
cavités  du  crâne  ,  comme  on  le  remarque  chez  les  cochons  , 
les  éléphans,  les  rhinocéros,  les  chevaux,  etc.  C'est  encore 
par  le  moyen  des  cochons  qu'on  découvre  des  truffes  sous 
terre.  La  trompe  de  l'éléphant  est  un  instrument  olfactif  ad- 
mirable ,  qui  avertit  ce  grand  animal  des  qualités  bonnes  ou 
mauvaises  des  corps,  et  perfectionne  aussi  ses  connoissances 
par  la  délicatesse  de  son  toucher. 


Q  U  A  35, 

Comme  les  animaux  ont  le  museau  d'autant  plus  allongé 
qu'ils  s'éloignent  davantage  àes  races  les  plus  perfectionnées, 
l'odorat  acquiert  chez  eux,  suivant  la  même  proportion, beau- 
coup de  force  et  de  vivacité,  à  l'exception  des  cétacés  dont  le 
nez  est  mal  conformé  pour  flairer  les  odeurs.  Quelle  sensibi- 
lité d'odorat  ne  faut-il  pas  aux  herbivores  pour  distinguer  la 
plante  nourrissante  de  Therbe  vénéneuse  ?  L'habitude  de 
flairer  les  alimens  développe  encore  plus  ce  sens,  et  le  be- 
soin de  nourriture  l'aiguise.  Toutefois,  il  faut  distinguer  ici , 
comme  dans  le  goût,  le  degré  d'intensité  ou  la  force  de  Todo- 
rat,  de  sa  délicatesse  et  de  sa  variété  ;  car  plus  ce  sens  est  fort 
et  étendu,  comme  dans  les  animaux,  moins  il  est  capable  de 
juger  de  diverses  odeurs  ;  c'est  ainsi  qu'un  chien  qui  évente 
très-bien  une  charogne,  est  indifférent  aux  odeurs  suaves  de 
la  rose,  de  l'œillet,  de  la  violette  ,  ou  de  toute  autre  émana- 
tion. Au  contraire ,  l'homme  qui  aperçoit  toutes  ces  diffé- 
rentes senteuiHi,  ne  peut  reconnoître  aussi  bien  celles  qui 
frappent  le  nez  du  chien.  Les  sauvages  ,  les  nègres,  accou- 
tunaés  à  vivre  à  la  manière  des  brutes  ,  acquièrent  peu  à  peu, 
par  Thabitude,  une  grande  étendue  d'odorat,  et  parviennent 
même  à  découvrir  à  la  piste  un  homme  ou  un  animal  ;  mais 
ils  n'ont  point  comme  nous  cette  même  finesse  de  sens  pour 
les  odeurs  délicates  et  agréables.  Ils  flairent ,  mais  ne  jugent 
pas  les  odeurs  ;  de  même  qu'ils  ont  plutôt  de  l'appétit  que  du 
goût  ;  c'est  pour  cela  qu'ils  se  conduisent  de  même  que  les 
bêtes  ,  non  par  choix  et  raison  ,  mais  par  une  impression 
brute  et  tout  animale.  (  Voyez  Odorat  ). 

Il  est  encore  un  autre  genre  d'odeurs  sur  lesquelles  nous 
sommes  bien  plus  ignoransque  les  quadrupèdes  ;  telles  sont 
les  odeurs  que  répandent  presque  tous  les  mâles  à  l'époque  du 
rut.  Dans  notre  espèce  ,  il  y  a  sans  doute  une  odeur  d'homme 
et  de  femme  qui  agit  sur  les  sexes  ,  mais  elle  est  peu  sensi- 
ble ;  tandis  qu'elle  est  très-violente  dans  beaucoup  d'ani- 
maux ;  témoins  le  bouc  ,  la  civette  ,  le  putois  ,  le  porte- 
musc  ,  etc.  Ainsi ,  en  frottant  son  soulier  contre  la  vulve  d'une 
chienne  en  chaleur  ,  on  peut  se  faire  suivre  d'une  foule  de 
chiens.  Ces  odeurs  imprègnent  même  la  chair  des  quadru- 
pèdes,  et  la  rendent  si  désagréable  au  goût ,  qu'on  ne  peut 
pas  manger  celle  du  taureau  ,  du  verrat ,  etc.  Nous  verrons 
plus  loin  ,  dans  cet  article,  quels  sont  les  organes  destinés  à 
sécréter  ces  humeurs  odorantes.  (  Voyez  Odeur  ). 

La  plupart  des  quadrupèdes  étant  pourvus  d'oreilles  lon- 
gues qui  leur  servent  de  cornets  acoustiques  ,  et  leurs  besoins 
exigeant  continuellement  le  secours  de  l'ouïe ,  soit  pour  éviter 
leurs  ennemis  ,  soit  pour  découvrir  leur  proie  ,  soit  pour  dis- 
tinguer les  différens  cris  de  chaque  espèce  ,lcelte  longue  ha-^ 


352  Q  U  A 

Litnde  doitbeaucoup  perfectionner  ce  sens.  Aussi,  entendent- 
ils  de  plus  loin  que  nous,  et  d'ailleurs,  la  position  de  leur  tête,' 
toujours  penchée  vers  la  terre  ,  est  plus  favorable  pour  re- 
cevoirle  bruii ,  que  la  position  droite  et  relevée  de  la  tête  chez 
l'homme.  En  effet ,  le  bruit  se  dissipe  facilement  dans  les  airs 
à  une  médiocre  élévation ,  tandis  qu'il  est  plus  fort  à  la  surface 
du  sol.  Mais  l'ouïe,  chez  le  quadrupède,  a  de  même  que  les 
autres  sens  plus  d'iniensité  que  de  délicatesse  ;  il  entend  les 
bruits,  sans  comprendre  la  mélodie  des  sons,  aussi  bien  que 
l'oiseau  dont  l'oreille  est  musicale.  L'animal  distingue  très- 
bien  les  accens ,  les  cris  et  toutes  ces  voix  soudaines  que  les 
émotions  de  l'âme  dictent  aux  quadrupèdes,  telles  que  celles 
de  la  plainte,   de  la  terreur,   de  l'amour,  du  désir  ,   etc.; 
mais  il  n'apperçoit  nullement  les  rapports  des  sons  entre  eux, 
les  combinaisons  savantes  de  l'harmonie  ;    il  ne   saisit  point 
le  charme  de  la  musique.  Le  chien  ne  comprend  même  pas 
les  mots  articulés  ;    il  les  entend  comme  des  bruits  ;    il  les 
reconnoît  comme  des  accens  -,  il  se  fie  au  tmi  de  la  voix  plus 
qu'au  sens   de  la  parole  ;   il  n'apprend  pas  le  langage,  mais 
l'expression;  il  ignore  les  langues  française,  anglaise,  ïille- 
mande  ,  etc.  ;  mais  il  devine  ce  qu'elles  veulent  exprimer, 
en  considérant  le  ton  ,   la  manière  ,   le  geste  de   celui  qui 
parle,  mit  les  volontés  de  son  maître  dans  l'expression  de  sa 
figure,  aussi  bien  que  dans  l'accent  de  sa  voix. (F.  Oreille). 
Comme  les  animaux  les  plus  foibles  sont  aussi  les  plus  ti- 
mides ,  et  cherchent  avec  le  plus  de  soin  à  se  soustraire  à  leurs 
ennemis,  ils  font  plus  d'usage  de  leur  ouïe  qu'aucun  autre  ,  et 
l'ont  aussi  plus  parfaite  ;   témoins  les  lièvres  ,  les  lapins  ,  les 
gerboises,  les  rats,  les  taupes,  les  gazelles,  etc.  Les  espèces 
qui  ont  la  vue  perçante  ,  ont  l'ouïe  beaucoup  plus  foible  que 
les  espèces  à  demi  aveugles.  Ainsi ,  les  chauve-souris  ont  de 
grandes  oreilles;  les  rhinocéros,  les  hippopotames,  les  ta- 
tous,  les  taupes,  le  zocor,  qui  ne  peuvent  bien  voir  que  dans 
le   crépuscule  ,   entendent  le  moindre  bruit  ;  tandis  que  les 
lynx  ,  les  chats  ,  les  lions  ,  les  tigres  ,  dont  la  vue  est  perd 
çante  ,  même  pendant  la  nuit,  ont  des  oreilles  courtes  et  une 
ouïe  moins  parfaite  que  les  précédens  ;  de  sorte  que  la  foi- 
blesse  d'un  sens  fait  la  force  de  l'autre.  Ainsi  ,  les  aveugles 
acquièrent  ordinairement  une  ouïe  délicate  ,  et  les  sourds  , 
exerçant  beaucoup  leur  vue  pour  remplacer  le  sens  qui  leur 
manque ,  mettent  en  quelque  sorte  leurs  oreilles  dans  leurs 
yeux. 

Dans  les  quadrupèdes  ,  la  vue  ,  comme  l'ouïe  et  leurs 
autres  sens,  a  plus  d'intensité  que  de  délicatesse  ,  tandis 
qu'on  remarque  souvent  le  contraire  dans  l'homme.  Si  nous 
apercevons  les  objets  moins  distinctement  que  l'animal ,  et  à 


O  U  A  353 

un  moindre  éloignemcnt ,  en  revanche  nous  observons  mieux 
l'harmonie  des  formes ,  la  beauté  ou  la  laideur  des  traits ,  la 
finesse  des  nuances,  la  dégradation  des  teintes  et  des  ombres: 
toutes  choses  auxquelles  l'animal  ne  fait  nulle  aiientlon.  Sa 
vue  est  toute  physique  ;  mais  il  se  mêle  des  sensations  mo- 
rales à  la  nôtre.  F.  Œil, 

Les  espèces  qui  se  tiennent  sur  les  moillagnes  ,  et  dont  la 
course  est  rapide  ,  vagabonde ,  comme  les  bouquetins  ,  les 
chamois,  les  gazelles,  etc. ,  ont  une  vue  presbyte,  ou  voient 
mieux  de  loin  que  de  près  ;  au  contraire ,  les  races  lentes  et 
pesantes  des  vallées  ,  telles  que  les  cochons  ,  les  tapirs,  et 
même  les  ours  ,  les  paresseux  ,  les  fourmiliers,  sont  myopes, 
et  voient  mieux  de  très  près.  Les  animaux  qui  voient  de  nuit, 
sont  offusqués  de  l'éclat  du  jour,  parce  que  leur  vue  est  trop 
sensible  à  la  lumière.  En  effet ,  un  homme  qui ,  sortant  d'un 
lieu  éclairé  du  soleil  ,  entreroil  tout  à  coup  dans  un  endroit 
sombre  ,  s'y  trouveroit  aveuglé  ;  mais  s'étant  habitué  peu  à 
peu  à  l'obscurité  ,  il  parviendroit  ensuite  à  y  voir  assez  clair, 
et  s'il  sorloit  de  son  réduit  ténébreux  pour  se  présenter  au 
grand  jour,  il  ne  pourroit  plus  en  soulenir  l'éclat ,  et  ne  ver- 
roit  rien  en  plein  midi ,  tandis  qu'il  apercevroit  beaucoup 
mieux  pendant  la  nuit.  Il  en  est  de  même  des  animaux  noc- 
turnes. C'est  un  excès  de  sensibilité  qui  rend  leurs  yeux  inca- 
pables de  supporter  l'éclat  du  grand  jour.  Nous  ne  pouvons 
sentir  tout  ce  qui  agit  trop  vivement  sur  nos  organes.  C'est 
ainsi  qu'un  bruit  assourdissant  pour  nous,  sera  convenable 
à  une  oreille  dure ,  et  un  son  qui  ne  nous  blesse  pas  ,  peut 
être  extrême  pour  un  animal  qui  a  l'oreille  très-fine  ,  comme 
la  taupe  ,  le  lièvre  ,  etc.  Le  zemni  (mus  typhlus  ,  Linn.  ),  et  le 
zocor  (  mus  aspalax  )  ,  ont  des  yeux  extrêmement  petits  ;  le 
premier  est  même  entièrement  aveugle,  mais  son  ouïe  est 
très-fine. 

Tous  les  quadrupèdes  n'ont  donc  pas  un  égal  degré  de  force 
dans  leurs  sens.  Les  singes,  par  exemple,  ont  le  goût  fin  et  le 
tact  délicat;  les  chauve- souris  ,  les  taupes  ,  les  rats-taupes 
(  mus  typhlus,  Linn.  )  ,  les  lièvres  ,  les  tatous  ,  les  hippopo- 
tames ,  etc.  ,  chez  lesquels  la  vue  est  foible  ,  et  même  nulle 
dans  diverses  espèces,  ont  l'ouïe  prompte  et  étendue;  les  chats, 
les  lynx  ,  les  tigres  ,  ont ,  à  la  vérité  ,  l'odorat  assez  foible  ; 
mais  leur  vue  est  très-perçante.  Les  chiens  ,  les  ours  ,  les 
hérissons  ,  les  hyènes  ,  les  cochons  ,  les  éléphans  ,  etc. ,  ont 
l'odorat  fort  développé  ;  mais  plusieurs  d'entre  eux  ont  la  vue 
foible  et  le  goût  fort  grossier.  Il  n'arrive  jamais  que  les  cinq  sens 
soient  tous  également  parfaits;  au  contraire,  ils  varient  suivant 
la  nature  et  le  genre  de  vie  de  chaque  espèce.  En  général , 
les  sens  des  animaux  sont  plus  actifs  et  plus  forts  que  ceux  de 

XXYIII.  2j 


554  Q  ^^   '^ 

l'homme  ;  et  c'est  pour  cela  même  qu'ils  n'en  ont  point  la  àé- 
licatesse  ,  parce  que  l'une  de  ces  propriétés  exclut  l'autre.  Or, 
c'est  principalement  la  délicatesse  des  sens  qui  nous  fait  apcr- 
cevoirlesqualitéspartlculièresetdétaillées  des  objets,  puisque 
la  force  des  sensations  n'en  indique  seulement  que  les  masses 
«t  les  traits  principaux.  Il  suit  de  là  que  nous  pouvons  mieux 
comparer  et  connoîtreen  détail,  tandis  que  les  animaux  n'ont 
que  des  aperçus  en  bloc.  Ils  n'aperçoivent  les  choses  que 
par  les  sens  :  nous  les  observons  par  les  sens  et  par  la  pensée. 
Il  en  est  de  même  des  mouvemens  et  de  la  force  corpo- 
relle, car  lesquadrupèdes  sont  engénéral  plus  robustes  et  plus 
capables  d'agir  que  les  hommes  ;  et  les  plus  exercés  d'entre 
nous,  sont  aussi  les  plus  brutaux  pour  l'ordinaire  ,  et  les  moins 
susceptibles  de  perfection  intellectuelle ,  parce  que  toutes  les 
puissances  de  la  vie  sont  employées  dans  leurs  muscles.  Les 
•athlètes  qui  n'exercent  que  leurs  forces  de  corps  ,  devien- 
nent d'autant  plus  vigoureux  qu'ils  ont  moins  d'intelligence  ; 
c'est  ainsi  qu'ils  se  rapprochent  de  la  nature  des  brutes  ;  car 
elles  sont  destinées  à  l'action  et  non  à  la  rétlexion.  Leur  tem- 
pérament est  athlétique  et  musculeux,  si  on  veut  le  comparer 
au  nôtre  ;  c'est  aussi  pourquoi  les  quadrupèdes  ont  moins  de 
maladies  que  nous  ;  l'exercice  rétablissant  surtout  l'équilibre 
des  forces  de  l'organisme  ,  l'on  observe  que  les  homme* 
d'une  vie  dure  et  laborieuse  ,  comme  les  soldats ,  les  ouvriers, 
les  voyageurs,  etc.,  jouissent  ordinairement  d'une  santé  inal- 
^  térable  et  d^une  longue  vie. 

L'habitude  d'exercer  ses  forces  dès  le  plus  jeune  âge  ,  com- 
munique aux  animaux  une  vigueur  bien  supérieure  à  celle  de 
notre  espèce.  Néanmoins,  laforce  dépend  beaucoup  des  nour- 
ritures. Ainsi ,  les  carnivores  sont  plus  robustes  que  les  herbi- 
vores ,  parce  que  la  chair  nourrit  plus  abondamment  que  les 
végétaux.  Il  étoit  nécessaire  d'ailleurs  que  les  animaux  vivant 
de  chair  ,  pussent  vaincre  leur  proie  ;  la  nature  a  donc  rendu 
les  herbivores  plus  foibles.  A  la  vérité,  un  buffle,  un  éléphant, 
peuvent  très-bien  se  défendre  contre  le  lion  ou  le  grand  tigre, 
mais  ils  n'ont  pas  l'extrême  agilité  de  ces  tyrans  des  forêts  ; 
leurs  défenses  ne  sont  pas  aussi  avantageuses  que  les  griffes 
et  les  dents  de  leurs  agresseurs  ,  et  ils  manquent  de  cette  ar- 
deur de  courage  ,  de  cette  soif  de  sang  qui  animent  ces  redou- 
tables carnivores.  Un  loup  enragé,  une  hyène  enivrée  de  car- 
nage ,   auront  bientôt  porté  l'épouvante  et  la  mort  dans  un 
troupeau  de  paisibles  bœufs;  la  prestesse  du  saut  du  lynx,  du 
caracal,  l'attaque  intrépide  de  l'ours ,  la  hardiesse  du  chacal, 
la  ruse  du  renard,  l'instinct  sanguinaire  des  fouines  ,  l'appétit 
vorace  des  gloutons  ,  triomphent  aisément  du  naturel  doux 
des  cerfs  ou  des  brebis  ;  cependant ,  ces  mêmes  herMvoreg 


Q  U  A  355 

Sont  plus  robustes  ,  toute  proportion  garde'e  ,  que  les  honi-r 
mes  civilisés.  Qyi  de  nous  a  seuleaient  l'agilité  du  lièvre  à  la 
Course  ,  loin  d'égaier  celle  du  cerf,  des  gazelles,  du  bouque- 
tin ?  Je  ne  parie  point  de  la  nage  des  loutres  et  des  phoques, 
du  saut  des  gerboises  et  des  kanguroos  ;  ni  delà  facilité  qu'ont 
les  taupes,  les  blaireaux  ,  les  lapins  à  creuser  la  terre  ;  ni  de 
l'habileté  des  singes  pour  grimper  sur  les  arbres;  ni  du  volti- 
gement  des  galéopithèques  ,  ni  du  saut  parabolique  des  ta- 
guans  ,  des  phalangers  volans  ,  et  moins  encore  du  vo!  des 
chauve-souris  ;  ces  avantages  sont  dus  à  la  conformalio.i  de 
chaque  espèce  ;  cependant ,  ils  annoncent  beaucoup  de  vi- 
gueur musculaire.  Ce  qui  déguise  la  foiblesse  de  l'homme  , 
relativement  aux  animaux  ,  c'est ,  outre  les  ressources  de  son 
esprit  etsesinstrumens  ,  la  facilité  qu'il  a  de  réparer  prompte- 
ment  ses  forces  perdues.  Un  bœuf  épuisé  de  faîigja  a  besoin 
de  plusieurs  semaines  de  repos  pour  se  rétablir  ;  quelques 
jours  suffisent  à  l'homme,  parce  qu'il  prend  des  ali.mcris  plus 
restaurans  que  l'animal  ;  c'est  encore  par  cette  cause  que 
l'espèce  humaine  peut  engendrer  en  toute  saison,  tandis  que 
la  brute  n'a  qu'une  époque  fixée  pour  le  rut. 

D'ailleurs  ,  la  vig'ieur  des  quadrupèdes  nest  pas  propor- 
tionnelle à  leurs  masses;  car  les  plus  petites  espi'ces  sont  re- 
lativement pbis  robustes  que  les  g  andes  races.  Comme  elles 
emploient  moins  de  force  pour  faire  mouvoir  leur  propre 
masse  ,  elles  en  disposent  davantage  pour  les  objets  exté- 
rieurs ;  aussi ,  la  souris  est ,  toute  proportion  gardée  ,  bien 
plus  robuste  que  l'éléphant.  En  outre,  la  petitesse  des  mem- 
bres donne  plus  d'unité  ,  plus  de  solidité  au  corps  ,  et  les 
fibres  étant  plus  courtes  se  contractent  plus  prestement  et 
plus  fortement.  iJe  là  vient  que  les  mouvemeus  sont  plus 
rapides  et  plus  multipliés  dans  les  petites  espèces  d  animaux  , 
tandis  que  les  grosses  machines  ne  se  meuvent  qu'avec  de 
grands  eiTorts. 

Mais  c'est  principalement  au  temps  du  rut  que  se  déve- 
loppe la  vigueur  des  muscles  ,  et  que  les  animaux  uiontrent 
plus  de  courage.  On  n'ignore  pas  combien  la  castration  leur 
enlève  de  force,  et  combien  elle  détériore  leurs  qualités  na- 
turelles. (  V.  l'article  Muscles.)  Consultez  aussi  les  mots 
Castration  ,  Eunuque. 

Des  armes  et  des  défenses  des  quadrupèdes. 
Les  défenses  et  les  armes  des  quadrupèdes  sont  principale* 
ment  les  dents  ,  les  griffes  et  les  cornes.  Le  jeune  taureau  , 
avant  même  que  ses  cornes  soient  sorties ,  sait  déjà  frapper  de 
la  tête.  Le  chevreau  et  l'agneau,  encore  sans  défense,  savent 
déjà  s'y  prendre  d'une  façon  différente  pour  attaquer,  parce 


356  0  U  A 

qne  les  cornes  ne  sont  point  placées  de  la  même  manière  dans 
l'une  et  l'autre  espèce.  Les  animaux  onguiculés  ont  tous  des 
griffes.  Celles  des  lions  ,  des  tigres  ,  sont  rétractiles  et  fort 
pointues ,  comme  celles  des  chats  ;  aussi  ces  espèces  s'en  ser- 
vent comme  d'arniei  redoutables.  Les  ongulés  ,  tels  que  les 
ruminans  ,  les  solipèdes  ,  etc.,  peuvent  se  défendre  par  des 
ruades  ou  des  coups  de  pied  ;  d'ailleurs,  la  plupart  des  rumi- 
nans, surtout  les  mâles,  sont  armés  de  cornes.  La  giraffe  en  a 
deux  courtes  ;  mais  les  cerfs  ,  les  élans  ,  les  rennes ,  les 
daims  ,  en  ont  de  grandes  ,  de  larges  et  fort  rameuses,  qui 
tombent  el  repoussent  chaque  année,  (  F.  Cerf.  )  Elles  sont 
d  abord  molles  ci  couvertes  d'une  sorte  de  duvet,  et  croissen* 
surtout  par  leurs  extrémités  ;  mais  elles  se  durcissent  ensuite 
el  se  dessèchent.  Les  autres  ruminans  ont  des  cornes  creu- 
ses ,  formées  de  cornets  emboîtés  et  superposés.  Elles  ne 
tombent  point  et  s'accroissent  chaque  année  par  la  racine. 
(  Cherchez  le  mot  CoRNE.  )  Elles  ne  sont  jamais  rameuses. 
Les  genres  des  bœufs,  des  chèvres,  des  gazelles,  des  brebis  , 
en  sont  tous  pourvus.  Il  est  encore  d'autres  espèces  de  cornes 
formées  par  une  agrégation  de  fibres  analogues  à  des  poils  ; 
telle  est  la  corne  que  le  rhinocéros  porte  sur  son  nez  ,  et  dont 
il  se  sert  pour  arracher  de  terre  les  racines  ,  les  arbustes  ,  et 
fendre  le  tronc  des  jeunes  arbres  qu'il  mange  comme  de  la 
paille.  L'éléphant  est  armé  de  deux  longues  dents  incisives 
supérieures,  appelées  défenses,  avec  lesquelles  il  peut  per- 
cer et  vaincre  ses  ennemis,  indépendamment  de  sa  trompe 
qui,  mobile  en  tous  sens  et  semblable  à  un  bras  vigoureux, 
renverse  et  écrase  tout  ce  qui  s'oppose  à  son  passage.  Les 
lamas  n'ayant  aucune  arme  ,  lancent  sur  leurs  ennemis  une 
salive  dégoûtante  et  acre  ;  plusieurs  animaux  du  genre  des 
mouffettes  ,  des  putois  ,  exhalent  des  vapeurs  empestées  qui 
font  quitter  prise  à  leurs  ennemis  les  plus  acharnés.  L'ours 
attaqué  ,  se  dresse  sur  ses  pattes  ,  et  trappe  à  grands  coups 
de  poings,  ou  embrasse  son  adversaire  jusqu'à  l'étouffer.  Les 
hérissons  ,  les  porc  épies  ,  se  mettent  en  boule  .,  et  ne  pré- 
sentent que  des  pointes  à  leurs  agresseurs.  Les  tatous  ,  cou- 
verts d'une  cuirasse  osseuse  ,  se  roulent  de  même.  Les  san- 
gliers ,  les  tajaçus  ,  les  babyroussas  ,  sont  armés  de  canines 
longues  et  retournées  en  haut,  et  avec  lesquelles  ils  peuvent 
éventrer  les  chiens  d'un  coup  de  boutoir.  Les  dugongs  et  les 
vaches  marines  sont  pourvus  de  très-grosses  dentk  Incisives  à 
la  mâchoire  supérieure ,  et  iU  s'en  servent  avec  adresse  contre 
leurs  ennemis. 

D'aîîîrtS  espèces,  telles  que  les  renards,  rendent,  lorsqu'on 
les  poursuit ,  leur  urine  mëlee  d'une  odeur  dégoûtante  ,  qui 
rebute  ceus  qui  les  chassent  ;  plusieurs  animaux  à  qui  la 


Q  U  A  357 

nature  n'accorda  aucune  arme  naturelle  ,  cherchent  à  se  dé- 
fendre de  plusieurs  manières  ,  soit  en  épouvantant  leurs  en- 
nemis par  des  cris  ,  soit  en  grimpant  sur  les  arbres  ,  en  sau- 
tant ,  en  creusant  la  terre,  en  déroutant  ceux  qui  les  poursui- 
vent, en  se  cachant  dans  les  eaux,  en  voltigeant ,  et  enfin  à 
force  de  ruses  ,  de  soins  ,  de  prévoyance  ,  en  se  préparant 
des  retraites  obscures ,  des  asiles  sûrs  ,  par  mille  moyens 
impossibles  à  énumérer.  Les  singes  se  défendent  avec  des 
bâtons  ,  des  pierres  ;  ils  lancent  même  leur  urine  et  leurs 
excrémens  aux  hommes  qui  les  attaquent.  Les  didelphes 
cherchent  les  antres  des  forêts,  se  suspendent  aux  branches 
d'arbres,  avec  leur  queue  prenante.  Les  rats  desmans  se  bâtis- 
sent de  petites  cabanes  au  bord  des  étangs  et  des  fleuves.  Les 
tatous ,  les  hérissons ,  les  marmottes  ,  les  blaireaux,  les  taupes, 
et  une  foule  d'aulres  espèces,  se  creusent  des  retraites  souter- 
raines.Chaque  genre  enfin  a  son  industrie  propre  pour  échap- 
per à  ses  persécuteurs  ,  et  conserver  sa  vie. 

Chaque  famille  de  quadrupèdes  a  des  allures  particulières  ; 
ce  sont  autant  de  nations  distinctes.  Les  singes  grimpent  siir 
ies  arbres  des  tropiques  ,  vivent  de  leurs  fruits  ,  et  prennent 
mille  postures  singulières.  Les  espèces  qui  voltigent ,  comme 
les  chauve-souris  ,  les  roussettes  ,  se  tiennent  dans  les  lieux 
ombragés,  et  n'en  sortent  que  pendant  le  crépuscule,  pour  at- 
teindre au  vol  les  insectes  nocturnes.  Les  races  demi-carni- 
vores, telles  que  les  blaireaux  ,  les  mangoustes  ,  les  taupes, 
les  hérissons,  les  sarigues  ,  les  belettes,  restent  cachées  pen- 
dant le  jour,  s'avancent  avec  lenteur  et  par  détour,  n'exercenft 
leurs  rapines  que  dans  l'ombre  ,  sont  cauteleuses  et  adroites  ; 
mais  les  bêtes  féroces  armées  de  dents  et  de  griffes  acérées  , 
attaquent  ouvertement  leur  proie  ,  en  triomphent  parla  force 
et  l'agilité.  Les  rongeurs,  race  timide,  à  démarche  sautilianle, 
au  chanfrein  arqué,  minentsourdement  toutes  les  productions 
végétales,  amassent  des  magasins,  et  se  cachent  en  hiver  dans  de 
chaudes  habitations.  La  famille  des  quadrupèdes  cuirassés,  tels 
que  les  tatous  ,  les  pangolins  ,  et  même  les  genres  des  four- 
miliers ,  sont  des  animaux  presque  sans  dents  ,  doux  et  tristes  , 
qui  se  creusent  des  terriers  ,  sortent  de  nuit  avec  précaution  , 
butinent  en  silence  ,  et  roulés  en  boule  dorment  pendant  la 
chaleur  du  jour.  Au  contraire,  les  ruminans  au  pied  fourchu  , 
à  la  tête  armée  de  cornes  ,  broutent  paisiblement  la  riche  pa- 
rure des  collines  ,  et  se  tiennent  ordinairement  en  famille  ; 
tandis  que  les  quadrupèdes  grossiers  à  peau  épaisse  (  nom- 
més pachydermes  par  Aristote)  ,  tels  que  les  cochons ,  les  rhi- 
nocéros ,  les  éléphans  ,  etc. ,  se  roulent  dans  les  fondrières 
marécageuses, déterrent  les  racines  des  végétaux  aquatiques,  et 
s'engraissent  dans  l'insouciance.  Les  amphibies  ,  comme  les 


358  0  U  A 

veaux-raarios  ou  phoques  ,  les  lamantins  et  les  cétacés  ,  aux 
pieds  en  forme  tle  nageoires  ,  s'élancent  en  troupes  dans  les 
eaux  ,  attaquent  les  poissons  ,  ou  se  nourrissent  des  herbages 
qui  naissent  sur  les  bords  de  la  mer  et  des  fleuves. 

Ces  familles  sont  aussi  douées  particulièrement  d'un  »em- 
pérament  disiinctif  ;  car  les  cétacés  et  les  amphibies  sont  d'une 
complexion  très-lymphatique  ;  leur  chair  épaisse  est  grasse 
et  molle;  ils  ont  un  gros  ventre  ,  et  sont  d  un  naturel  pesant  , 
d'un  caractère  peu  sensible.  U  en  est  de  même  des  quadru- 
pèdes à  peau  épaisse  ,  ou  des  bêtes  brutes  appelées  pachy- 
dermes. Les  rumiîians  tiennent  du  tempérament  sanguin  et 
du  uiusculeux.  La  famille  des  cuirassés  et  édeulés  est  d'une 
nature  débile  et  un  peu  triste  ,  qui  tient  du  flegmatique  et 
du  mélancolique.  Les  rongeurs  sont  dun  tempérament  mêlé 
de  sanguin  et  de  nerveux;  ils  sont  vifs  et  délicats  comme  les 
personnes  de  cette  constitution.  Le  caractère  bilieux,  à  fibres 
sèches  et  tendues,  domine  dans  les  animaux  carnivores.  Leur 
couiage  ,  leur  vigueur  de  membres  ,  leur  soif  de  sang  et  l'ha- 
bitude de  vivre  de  chair  ,  dépendent  principalement  d'une 
semblable  complexion  ;  aussi  remarque-t-on  que  ces  animaux 
ont  une  bile  abondante  et  très-amère  ,  qui  slinmle  avec  vio- 
lence leur  système  nerveux  intestinal  ,  et  leur  communique 
ces  passions  impétueuses  et  cet  appétit  véhément  qui  les  dis- 
tinguent. Le  tempérament  des  singes  et  des  autres  quadru- 
pèdes grimpeurs,  se  caractérise  principalement  par  l'état  grôie 
et  irritable  de  leurs  fibres  ;  semblables  à  ces  personnes,  mai- 
gres ,  fluettes  ,  délicates  ,  leurs  mouvemens  sont  prestes  , 
multipliés;  leur  naturel  est  vif,  inconstant  ,  inégal  :  nés 
grands  imitateurs  ,  ils  gesticulent  très- bien  avec  une  affecta-r 
tion  ridicule. 

Des  moeurs  des  quadrupèdes  vivipares  relaiwcs  à  leurs  nourrilurcs. 

Il  existe  trois  principales  causes  d'action  parmi  les  ani- 
maux :  i.°  le  besoin  de  se  nourrir  ;  2.»  le  sentiment  de  sa 
conservation  ;  3."  le  désir  de  se  reproduire.  La  première  ,  qui 
est  peut-être  la  plus  impérieuse  de  toutes,  influe  le  plus  sur 
touie  Texislence  des  êtres  animés  ,  car  elle  dépend  de  leurs 
organes  les  plus  essentiels.  Les  sens  ,  les  membre&sont  même 
principalement  destinés  à  servir  aux  fonctions  nutritives  ; 
l'œil,  l'oreille,  sont  faits  pour  entendre  ,  apercevoir  la  proie  ; 
le  nez  est  disposé  pour  en  reconnoître  les  odeurs  ;  la  langue 
poui  en  juger  la  saveur  ;  les  pieds  pour  aller  chercher,  pour 
atteindre  l'aliment;  les  dents  pour  le  broyer,  etc.  Les  ani- 
mau3^  ne  semblent  même  être  nés  que  pour  manger ,  ensuite 
engendrer  et  mourir.  C'est  ainsi  qu'ils  passent  sur  cette  terre 
.depuis  un  grand  nombre  de  siècles ,  sans  laisser  des  trace& 


Q  U  A  3% 

Ae  leur  existence ,  de  même  qu'une  infinité  d'hommes  qui 
végètent  à  la  manière  des  brutes. 

Les  espèces  de  quadrupèdes  frugivores  et  herbivores  ont 
plus  de  capacité  et  d'étendue  dans  leurs  intestins  que  les  ani- 
maux carnassiers, parce  que  vivantd'alimenspeusubstantiels, 
ils  sont  obligés  d'en  prendre  un  volume  considérable  à  la  fois 
pour  en  retirer  une  nourriture  suffisante.  Les  carnivores,  au 
contraire ,  trouvant  sous  un  petit  volume  une  matière  très- 
nourrissante  ,  n'ont  pas  besoin  d'intestins  aussi  grands.  D'ail- 
leurs la  facilité  avec  laquelle  la  chair  se  putréfie  ,  ne  permet 
pas  qu'elle  demeure  longtemps  sans  danger  dans  le  corps;  et 
quoiqu'elle  en  soit  promptement  évacuée,  la  chair  des  carni- 
vores est  très-désagréable  au  goût;  leurs  humeurs  sont  dans 
un  état  d'alkalescence  ,  voisin  de  la  putridité  ;  leurs  excrémens 
exhalent  même  une  odeur  extrêmement  putride,  et  leur  urine 
est  acre  et  caustique  ;  telle  est  celle  des  chats ,  des  lions  ,  des 
tigres.  Au  contraire ,  les  alimens  végétaux  n'acquièrent  jamais 
des  qualités  aussi  pernicieuses  dans  le  corps  des  animaux 
herbivores ,  et  leurs  déjections  ne  répandent  presque  aucune 
mauvaise  odeur.  Consultez  les  articles  Carnivore  et  Herbi- 
vore. 

Cette  habitude  de  se  nourrir  de  chair,  cette  soif  du  sang 
et  du  meurtre  ,  communiquent  aux  carnivores ,  des  passions 
cruelles,  et  une  insensibilité  d'âme  qui  se  remarque  de  même 
chez  les  hommes  que  leurs  occupations  forcent  à  verser  le 
sang  des  animaux.  Au  contraire  ,la  vie  toute  pythagoricienne 
des  herbivores  les  rend  plus  doux  et  plus  timi<ies.  11  semble 
que  cette  douceur  soit  même  empreinte  dans  leurs  humeurs 
et  leurs  chairs  ;  tandis  que  l'âcreté  de  celles  des  carnassiers 
paroît  être  la  principale  cause  delà  férocité  de  leur  caractère. 
La  nature  qui  les  a  créés  pour  vivre  de  chair,  ne  les  a  pas  des- 
tinés à  devenir  la  nourriture  de  l'homme  ;  de  sorte  que  la 
destruction  pèse  uniquement  sur  les  races  les  plus  paisibles. 
C'est  ainsi  que  les  tyrans  s'épargnent  entre  eux  et  ne  cons- 
pirent que  contre  les  foibles. 

Au  reste  ,  les  habitudes  des  animaux  ,  relativement  à  leurs 
nourritures»  dépendent  de  la  structure  de  leurs  organes.  Les 
singes,  ayant  des  dents  toutes  semblables  à  celles  de  l'homme 
et  la  bouche  conformée  de  même ,  ainsi  que  l'estomac  et  les 
intestins,  peuvent  vivre  des  mêmes  alimens  ;  ils  sont  surtout 
frugivores.  Quelques-unsd' entre  eux,  tels  que  les  guenons,  les 
magots  ,  les  babouins,  sont  pourvus  d'abajoues,  c'est-à-dire 
de  cavités  ou  sacs  so«s.  les  joues  ,  dans  lesquels  ils  peuvent 
garder  des  alimens.  On  en  trouve  de  semblables  chez  les 
hamsters  et  chez  plusieurs  espèces  de  rats,  d'écureuils,  qui 
font  des  provisions  pour  la  saison  des  frimas.  Les  makis  et 


36o  Q  U  A 

les  loris  ,  ayant  aussi  trois  sortes  de  dents  h  peu  près  comme 
les  singes  ,  vivent  de  fruits  comme  eux  ,  et  quelquefois  d'in- 
sectes. Quoique  le  nombre  des  dents  varie  dans  les  diverses 
espèces  de  chauve-souris  ,  leur  forme  est  communément  en 
pointes  menues  ,  afin  de  mieux  diviser  les  insectes  que  ces 
animaux  atteignent  en  voltigeant  pendant  les  soirées  d'été.  La 
langue  des  chauve-souris  est  aussi  hérissée  d'une  multitude 
de  petits  piquans  capables  d'entamer  la  peau  ;  et  l'on  assure 
que  les  vampires,  les  roussettes,  qui  apparliennent  à  ce 
genre  ,  sucent  par  ce  moyen  le  sang  des  honmies  et  des  ani- 
maux qu'ils  trouvent  endormis.  Comme  ces  animaux  sont 
carnivores,  leur  estomac  est  privé  de  cette  sorte  de  sac  in- 
testinal appelé  cœcum^  qu'on  trouve  dans  l'homme,  les  singes, 
les  makis  ,  les  galéopithèques  et  tous  les  herbivores  ,  mais 
dont  manquent  presque  toutes  les  espèces  carnassiè^-es,  à 
l'exception  des  genres  du  chien  ,  du  chat ,  de  la  civette  et  des 
didelphes. 

Ces  quadrupèdes  carnassiers  ont  tous,  trois  sortes  de  dents, 
des  molaires  ,  des  canines  ,  des  incisives,  comme  nous  ,  mais 
différentes  en  nombre  et  en  figure.  Ainsi  les  carnivores  sont 
armés  de  fortes  canines  et  de  molaires  pointues ,  tandis  que 
celles  des  herbivores  sont  plates  ,  et  plutôt  formées  pour 
broyer  l'herbe  que  pour  déchirer  la  chair.  (  Voy.  Dents.  ) 
l^ts  rongeurs  ont,  à  chaque  mâchoire,  deux  incisives  longues 
et  fort  tranchantes  ,  avec  lesquelles  ils  coupent  et  divisent  fa- 
cilement toutes  les  matières  végétales  ;  leurs  molaires  sont 
quelquefois  en  scie  ,  mais  ils  manquent  toujours  de  canines. 
Leur  gueule  n'a  point  l'ouverture  large  de  celle  des  carni- 
vores ,  et  leur  lèvre  supérieure  est  fendue.  Ils  ont  des  intestins 
longs  et  amples  ,  un  cœcum  plus  vaste  que  leur  estomac  ;  tels 
sont  surtout  les  lièvres,  les  lapins.  Ces  animaux  ne  boivent 
presque  jamais  ,  et  urinent  cependant  assez  souvent  ,  parce 
que  leurs  nourritures  sont  assez  humides,  etqu'ils  perdent  peu 
paà"  la  transpiration  à  cause  de  l'épaisseur  de  leur  fourrure. 
Les  fn.'giv ores  incisent,  et  les  carnivores  déchirent  leurs ali- 
mens  ;  mais  les  rongeurs  grignotent  précipitamment  avec  leurs 
incisives,  et  minent  en  quelque  sorte  ce  qu'ils  mangent.  Les 
fourmiliers  ,  les  pangolins  ,  étant  privés  de  toutes  espèces  de 
dents  ,  ne  mâchent  point  leurs  alimens  ;  ils  allongent  dans  les 
fourmilières  une  langue  cylindrique  et  gluante  ,  et  la  retirant 
dans  leur  long  museau ,  avalent  à  loisir  les  insectes  qui  s'y  sont 
attachés.  Les  tatous,  ayant  seulement  des  molaires  ,  broient 
les  racines  molles  et  les  fruits  tendres  qui  font  leur  nourriture 
journalière.  Les  paresseux,  privés  de  dents  incisives  ,  se  con- 
lentent  de  mâcher  les  feuilles  des  arbres  ,  sur  lesquels  ces  ani- 
maux à  voix  lamentable  grimpent  avec  une  extrême  lenteur. 


0  U  A  36i 

Leur  estomac  esl  composé  de  plusieurs  poches  analogues  à 
celles  des  rumlnans.  Ces  derniers  manquent  de  dents  Incisives 
supérieures  ,  et  ont ,  comme  chacun  sait ,  quatre  estomacs  , 
«ne  grande  panse  ,  le  bonnet  à  parois  en  forme  de  réseau  ,  le 
feuillet  garni  de  lames  ui^^mbraneuses  ,  et  la  caillette  à  parois 
ridées  et  épaisses.  P,^.  •ijut  tout  te  temps  que  les  jeunes  ruml- 
nans sont  allaités  par  leur  mère ,  cette  dernière  poche  de 
restomac  est  la  seule  qui  serve  à  la  digestion  ;  mais  lorsqu'ils 
vivent  d'herbes  ,  leur  nourriture  ,  d'aliord  à  demi-mâchée , 
descend  dans  la  panse  où  elle  s'humecte,  et  passe  dans  le 
bonnet  qui  la  forme  en  pelotte  en  1  imbibant  de  suc  gastrique  ; 
elle  remonte  ensuite  dans  la  gueule  ,  pour  être  mâchée  une 
secondefois;  la  nourriture-  re  I«;scendetcnlre  immédiatement 
dans  le  feuillet,  puis  dans  la  caillette,  pour  passer  de  là  dans 
les  intestins.  Les  chameaux  et  les  chevrolains,  qui  sont  les 
seuls  genres  de  ruminans  privés  de  cornes  ,  ont  des  dents  ca- 
nines supérieures  ;  les  ruminans  ,  armés  de  cornes,  sont  dé- 
pourvus de  cette  sorte  de  denfs.  La  manière  dont  'les  animaux 
de  celte  famille  mâchent,  est  plutôt  oblique  que  verticale;  ils 
broient  leurs  alimens  sur  leurs  larges  molaires  en  remuant 
horizontalement  leurs  mâchoires.  Ces  herbivores  ont  plus 
besoin  de  boire  que  les  autres  espèces  d'animaux  ,  car  un 
chien  ,  une  civette  peuvent  se  passer  de  boire  pendant  un 
mois  ;  cependant  celle-ci  urine  beaucoup.  Les  ruminans  sont 
sujets  à  des  concrétions  qui  se  forment  dans  leur  estomac. 
Tantôt  c'est  une  pe-lolte  composée  des  poils  que  ces  animaux 
avalent  en  se  léchant  ;  c'est  ce  qu'on  nomme  Egagropile. 
V.  ce  mot.  Tantôt  ce  sont  des  concrétions  de  diverse  nature  , 
d'une  consistance  pierreuse  ,  et  qu'on  appelle  Bëzoard. 
(  Consultez  cet  article.  )  Les  ruminans  des  pays  froids  sont  plus 
sujets  auxégagropiles  ,  et  ceux  des  pays  chauds  auxbézoards. 
On  observe  encore  que  la  graisse  des  ruminans  étant  d'une 
consistance  beaucoup  plus  solide  que  celle  des  autres  es- 
pèces ,  est  connue  sous  le  nom  de  suif.  Cet  état  de  la  graisse 
paroît  dépendre  de  la  rumination.  (  V.  Ruminans.  Nous  ex- 
posons aussi ,  à  l'article  Graisse  ,  les  principales  causes 
de  cette  production  animale.  )  Les  bosses  des  chameaux,  des 
dromadaires  ;  les  loupes  dorsales  des  zébus,  des  bisons  ;  les 
grosses  queues  des  moulons  de  Barbaiie.,  ne  sont  que  des  con- 
gestions de  suif  dans  ces  ruminans.  Au  contraire,  la  graisse 
des  animaux  carnassiers  est  peu  abondante  et  fort  liquide. 

Les  animaux  vivant  de  chair ,  ont  la  gueule  large  ,  les  dents 
grandes  et  pointues  ,  les  mâchoires  fortes  ,  et  les  muscles  qui 
les'  font  mouvoir  sont  robustes;  le  cou  est  court,  nerveux  ; 
tandis  que  chez  les  herbivores  la  gueule  est  plus  étroite  ,  les 
«lenis  sont  plus  aplaties,  les  mâchoires  et  leurs  muscles  plus 


36a  Q  U  xi 

foibles ,  le  cou  est  allongé  ;  ils  résistent  aussi  moms  de  tempSi 
à  la  diselle  d'alimens.  Quelques  jours  d'abstinence  font  péril' 
un  bœuf,  un  cheval ,  ou  toute  autre  espèce  herbivore  ;  niais- 
un  chien  peut  demeurer  jusqu'à  trente-quatre  jours  sans  boire 
ni  manger;  un  chat  sauvage  ne  périt  pas  de  faim  dans  vingt 
jours  ,  et  un  blaireau  résiste  pendant  un  mois  entier  ;  un  rat 
ne  peutpas  supporter  la  faim  au-delà  de  trois  jours  ;  l'homme 
ne  peut  guère  la  supporter  plus  de  sept  à  huit  jours  ,  surtout 
dans  nos  pays  un  peu  froids  ;  car  dans  les  contrées  ardentes 
de  l'Asie  et  de  l'Afrique  ,  il  peut  vivre  plus  long-temps  sans 
manger.  Au  reste  ,  les  petits  animaux  mangent  davantage,  ea 
raison  de  leur  taille  ,  que  les  grosses  espèces  ;  ainsi  des  rats., 
des  souris  feront  à  proportion  plus  de  ravages  dans  un  champ, 
qu'un  bœuf  ou  qu'un  chameau.  Beaucoup  de  rongeurs  ,  de 
frugivores  ne  dédaignent  même  pas  de  se  nourrir  de  subs- 
tances animales  ;  mais  les  ruminans  refusent  de  vivre  de 
chair;  car  quoiqu'on  ail  habitué  quelquefois  des  vaches,  des 
moutons  à  manger  du  poisson  ,  en  Islande  ,  les  nourritures, 
animales  répugnent  exlri*mement  à  tous  ces  herbivores. 

Dans  la  famille  des  cho,ts  ,  qui  comprend  les  lions  ,  les 
tigres,  les  panthères,  les  lynx,  etc.  ,  la  langue  estliérissée  de 
pointes  dures  ,  redressées  vers  la  gorge  ,  qui  la  rendent  rude 
comme  une  râpe;  aussi  ces  animaux  écorcbent  la  peau  en  la 
léchant,  et  sucent  le  sang  avec  une  voliipxé  cru'.'lle;  ils  1« 
préfèrent  même  à  la  chair  ;  ils  immolent  .linsi  un  grand  noui- 
bre  de  victimes  pour  étancher  cette  soif  qui  les  dévore  ;  ils  ne 
vivent  presque  jamais  des  chairs  mortes,  des  charognes  ,  que 
recherchent  les  hyènes,  les  chacals  ,  les  loups ,  et  les  autres 
espèces  du  genre  du  chien  ;  il  leur  faut  des  animaux  vivans  et 
une  viande  fraîche.  Les  didelphes  et  plusieurs  espèces  de  ge- 
nettes  (viverra,  Linn.)  ,  ont  aussi  la  langue  couverte  de  pa- 
pilles piquantes.  En  général ,  les  carnassiers  ont  plus  da 
houppes  nerveuses  sur  leur  langue  que  les  herbivores  ;  ils  l'ont 
aussi  plus  rouge  ,  plus  enflammée  de  sang  et  plus  affamée  da 
carnage.  Leur  gueule  exhale  une  haleine  forte  et  putride  , 
comme  l'odeur  de  leur  transpiration  ;  tandis  que  Les  hcrbir 
vores  ne  répandent  que  des  odeurs  plus  foibles  et  un  peu 
acides.  Ceux-ci  ont  besoin  de  manger  chaque  jour;  mais  lors- 
que les  carnivores  se  sont  bien  repus,  ils  peuvent  se  passer 
de  manger  pendant  plusieurs  jours;  il  arrive  mên^e  que  les 
loups,  les  chiens,  les  renards  ,  etc. ,  ont  soin  de  cacher  la 
î>roie  qu'ils  ne  peuvent  dévorer  en  entier,  afin  de  la  retrou- 
ver au  premier  besoin  ;  exemple  de  prévoyance  qui  montre 
que  les  bêtes  songent  à  l'avenir  aussi  bien  que  leshommes;  car 
les  hamsters  ,  les  écureuils  ,  les  loirs ,  et  autres  rats  qui  amasr 
5ent  des  provisions  pour  passer  l'hiver^  qui  rassemblent  da 


Q  U  A  363 

l>lé ,  clés  faînes ,  des  noisettes ,  des  noix ,  des  bulbes  de  plantes , 
nous  montrent  une  grande  économie  et  une  sage  diligence, 
dignes  d'être  imitées  par  Thomme.  Au  reste ,  les  herbivores 
trouvant  toujours  leur  subsistance  toute  prête  sur  la  terre  , 
peuvent  bien  s'en  nourrir  chaque  jour;  mais  il  faut  que  le" 
Carnivore  chasse  et  atteigne  sa  proie,  qu'il  l'attaque  de  force, 
la  surprenne  par  ruse  ou  la  surmonte  par  sa  prudence  ;  cha- 
que jour  n'amène  pas  son  pain  pour  lui  ;  aussi  la  nature  l'a 
rendu  capable  de  tolérer  la  faim  ;  mais  lorsque  celle  -  ci  le 
presse  ,  elle  lui  inspire  de  l'audace  et  du  courage.  Le  loup 
intrépide,  attaque  les  troupeaux  en  plein  jour,  malgré  le 
berger  et  ses  chiens;  il  entre  dans  les  villages,  force  l'en- 
ceinte des  étables  ,  ne  craint  ni  les  blessures  ni  la  mort.  Sou- 
vent même  désespéré  ,  de  rage  il  s'élance  contre  l'homme  , 
le  déchire ,  et  venge  dans  son  sang  toutes  les  cruautés  que 
nous  exerçons  contre  son  espèce. 

Les  bêles  brutes  et  qui  se  plaisent  dans  la  fange ,  telles  que 
les  éléphans,  les  cochons,  les  tapirs  ,  les  rhinocéros,  etc., 
ainsi  que  les  amphibies  ,  comme  les  dugongs ,  les  morses  , 
ont  souvent  de  fortes  dents  pour  arracher  les  racines  des 
plantes  aquatiques.  Ce  sont  des  espèces  très-voraces,  à  gros 
ventre,  à  démarche  pesante,  à  chair  grasse  et  molle,  et  d'un 
caractère  plutôt  brutal  que  méchant.  Les  phoques  ou  veaux- 
marins  et  les  cétacés  se  nourrissent  goulûment  de  poissons  et 
de  mollusques  ;  ces  races  sales  répandent  une  odeur  dégoû- 
tante de  marée;  elles  sosit  enveloppées  sous  leur  cuir  grossier 
d'une  couche  épaisse  de  lard  ;  leurs  intestins  sont  vastes,  leur 
foie  est  gros  et  huileux  ,  tandis  que  celui  des  carnivores  est 
petit ,  maigre,  et  divisé  en  plusieurs  lobes  ,  afin  de  se  prêter 
plus  facilement  aux  différens  mouvemens  de  ces  espèces. 
Nous  traitons  des  amours  des  quadrupèdes  aux  articles  Gé- 
nération ,  VtVIPARE,  JRuT,  etc. 

De  V accouplement ,  de  la  gestation  et  de  V allaitement  chez  les 
quadrupèdes. 

Tous  les  quadrupèdes  ne  s'accouplent  pas  de  la  même 
ïnanière.  Les  singes  se  posent  à  la  manière  des  homnies  ; 
les  hérissons,  les  porc-épics  se  tiennent  droits  et  s'embras- 
sent ventre  contre  ventre  ,  à  cause  des  piquans  qui  recou- 
vrent leur  dos  ;  il  en  est  de  même  chez  les  castors ,  parce 
que  leur  large  queue  s'oppose  à  toute  autre  position.  On  sait 
que  les  chiens,  les  loups,  les  renards,  les  hyènes,  sont 
collés  dans  raccouplemenl  ,  à  cause  du  gonflement  du  gland 
dans  le  vagin  de  la  f«'melle  ;  il  éloit  nécessaire  que  ces  ani- 
maux fussent  ainsi  retenus  ,  parce  que  ,  manquant  de  vési- 
cules séminales  ,  leur  sperme  n,e  peut  pas   être  lancé  dani> 


361  Q  U  A 

rutérus.Les  veaux  marins  ou  phoques  sont  collés  de  même  ; 
les  chats  ,  ayant  un  gland  épiqeux  comme  leur  langue  ,  cau- 
sent à  leurs  femelles  des  sensations  de  douleur,  peut-être 
afin  de  modérer  l'excès  de  leur  passion  ,  qui  pourroit  êlre 
contraire  à  la  propagation  de  l'espèce.  Les  gerboises  mâles 
ont  aussi  le  gland  épineux  ,  et  celui  des  ornithorhinques  est 
percé  de  plusieurs  petits  trous.  De  tous  les  quadrupèdes  , 
icschameaux  sont  ceux  qui  s'accouplent  le  plus  difficilement, 
parce  que  leur  verge  est  courbée;  ils  passent  des  jours  en- 
tiers auprès  de  leurs  femelles  sans  pouvoir  en  jouir;  ils  font 
cent  tentatives  infructueuses  qui  les  mettent  dans  une  fureur 
étrange  ,  et  les  fontécumer  de  rage;  lel  est  le  moyen  que  la 
nature  a  mis  en  œuvre  pour  prévenir  la  trop  grande  multi- 
plication de  cette  espèce.  Chez  les  cochons,  la  verge  est  un 
peu  tordue  en  spirale  ,  et  l'accouplement  est  long;  ces  ani- 
maux ,  qui  ont  beaucoup  de  sperme  ,  sont  très-féconds.  Il 
ne  paroît  pas  qu'il  y. ait  des  espèces  qui  s'accouplent  à  re- 
bours ,  comme  on  l'a  dit  des  lions  ,  des  chats  ,  des  liè- 
vres ,  etc. 

Ordinairement  la  gestation  des  animaux  est  d'autant  plus 
longue,  que  les  individus  mettent  plus  de  temps  à  parvenir  au 
faîte  de  leur  accroissement  ;  de  sorte  que  plus  une  espèce 
est  précoce  ,  moins  sa  gestation  est  longue  ;  néanmoins  il  se 
trouve  quelques  variétés  à  ce  sujet.  La  vache  porte  plus  long- 
temps que  la  femme,  quoiqu'elle  acquière  presque  tout  son 
développement  dans  l'espace  de  deux  ou  trois  ans;  la  lionne, 
qui  n'engendre  qu'au  bout  de  deux  ans  ,  porte  trois  mois  et 
demi  ;  tandis  que  la  chèvre  ,  qui  reçoit  le  mâle  à  un  an  , 
garde  son  fruit  pendant  cinq  mois.  La  durée  de  la  gestation 
n'est  pas  plus  en  rapport  avec  la  grandeur  des  animaux, 
bien  qu'elle  y  entre  pour  quelque  chose  ;  car  nous  voyons 
que  l'éléphant  porte  environ  dix  à  douze  mois  ,  le  chameau 
onze  mois,  la  vache  neuf,  les  cerfs  huit,  l'ours  six  à  sept, 
le  chamois  cinq  ,  le  cochon  quatre  ,  le  loup  deux  mois  et 
demi  ;  la  loutre  trois  mois ,  les  fouines  deux ,  les  écureuils 
quarante  jours  ,  les  lapins  un  mois  ,  les  cochons  d'Inde  trois 
semaines  ,  etc.  Cependant  la  lionne  ,  qui  est  plus  grosse  et 
plus  forte  que  les  gazelles  ,  porte  moins  de  temps  ;  l'âne 
et  le  zèbre,  qui  sont  moins  massifs  que  la  vache,  ont  une 
gestation  plus  longue  de  deux  mois.  Il  en  est  de  même  de 
plusieurs  autres  espèces.  F.  Gest\tion. 

Le  nombre  des  petits,  quoique  plus  considérable  dans  les 
menues  espèces  que  chez  les  grandes,  ne  présenle  pas  à  cet 
égard  une  régularité  constante  ;  car  la  truie  met  bas  jusqu'à 
quinze  ou  vingt  cochons  de  lait  d'une  seule  portée  ,  tandis 
qu'un  rat  femelle  n'en  fait  que  cinq  ou  six,  un  écureuil  de 


Q  U  A  365 

trois  à  cinq  ,  un  chat  de  quatre  à  six  ,  une  belette  ,  une  her- 
mine ,  de  trois  à  cinq  ,  etc.  Il  est  vrai  que  l'éléphant ,  l'hip- 
popotame ,  le  rhinocéros ,  ces  monstres  du  rèjgne  animal ,  ne 
produisent  qu'un  petit  à  la  fois  ;  car  la  nature  n'eût  pas  pu 
suffire  à  leur  immense  déprédation  ,  si  elle  avoil  autant  mul- 
tiplié leur  espèce  que  celle  des  lapins  ou  des  rats.  Les  rural- 
nans  ne  produisent  ordinairement  qu'un  petit  à  la  fois,  rare- 
ment deux  ou  trois.  Les  carnivores  mettent  bas  trois  à  qua- 
tre petits  à  chaque  gestation  ;  les  rongeurs  sont  les  plus  fé- 
conds de  tous  :  les  singes  ,  les  chauve-souris ,  qui  portent 
leurs  petits  toujours  cramponnés  après  eux,  n'en  produisent 
qu'un  pour  l'ordinaire. 

Aussitôt  que  les  femelles  ont  mis  bas,  elles  coupent  d'un 
coup  de  dent  le  cordon  ombilical  de  leurs  petits  ,  et  dévorent 
le  placenta  ou  l'arrière-faix.  Bien  que  les  herbivores ,  les 
ruminans  refusent  de  vivre  de  chair,  néanmoins  ces  animaux 
ont  l'instinct  de  dévorer  cette  substance  ,  qui  est  peut-être 
convenable  à  leur  état  et  utile  pour  rétablir  leurs  forces.  Je 
ne  sais  même  pas  s'il  ne  seroit  pas  avantageux  à  la  femme 
d'imiter  les  animaux ,  qui ,  suivant  toujours  l'impulsion  de 
la  nature,  se  portent  mieux  et  se  rétablissent  plus  tôt  qu'elle. 
Quoique  le  cordon  ombilical  des  quadrupèdes  ne  soit  jamais 
lié  ,  il  ne  leur  arrive  point  d'hémorragies  ,  et  la  précaution 
que  nous  prenons  de  le  lier  aux  enfans  ,  ne  me  semble  pas 
indispensable.  Les  mères  des  animaux  ont  soin  de  lécher 
leurs  petits,  afin  d'enlever  la  mucosité  que  les  eaux  de  l'am- 
nios  ont  déposée  sur  leur  peau;  les  femmes  sauvages  font 
de  même  pour  leurs  enfans,  et  les  baisers  que  les  mères 
donnent  aux  nouveau-nés  me  semblent  un  reste  de  cet  ins- 
tinct primitif.  Les  anciens  prétendoient  que  Tours  naissoit 
informe  ,  et  que  sa  mère  le  façonnoit,  et  développoil  ses 
membres  en  le  léchant.  La  plupart  des  animaux  onguiculés  , 
tels  que  les  carnassiers  et  quelques  rongeurs  ,  mellent  ba> 
des  petits  qui  ont  les  yeux  fermés,  et  qui  ne  les  ouvrent 
qu'au  bout  de  plusieurs  jours  ;  les  ruminans  ,  au  contraire; 
et  les  autres  herbivores  ,  produisent  des  petits  qui  se  tien- 
nent sur  leurs  pieds  et  commencent  à  marcher  au  bout  de 
quelques  heures  :  aussi  ces  derniers  sont-ils  plus  prompte- 
ment  développés  que  ceux  des  précédens.  Tous  ces  jeunes 
animaux  suçant  le  premier  lait  de  leur  mère  ,  qui  est  séreux 
et  laxatif,  en  sont  légèrement  purgés  ,  afin  d'évacuer  le  me- 
conium  de  leurs  intestins.  Le  défaut  de  cet  usage  dans  l'espèce 
humaine  ,  est  cause  qu'une  multitude  d'enfans  périssent  de 
tranchées  ,  de  coliques  et  d'autres  maladies  ,  parce  qu'on 
n'a  pas  eu  l'attention  de  débarrasser  leurs  intestins  de  cette 
substance  noirâtre  qui  le§remplit.  11  paroît  que  l'usage  qu'ont 


366  Q  U  A 

tous  les  quadrupèdes  ^e.  lécher  leurs  petits,  produisant  une 
légère  irritation  sur  leur  peau,  détermine,  par  sympathie  , 
l'excrérion  des  premières  matières  contenues  dans  leurs  in- 
testins; car  on  voit  souvent  les  petits  se  vider  à  mesure  que 
leur  mère  les  lèche. 

Aucuxî  quadrupède  n'a  moins  de  deux  ni  plus  de  douze 
mamelles;  les  quadrumanes  ou  les  singes,  et  les  makis  «  les 
chauve-souris  ,  l'éléphant,  le  lamantin,  en  ont  deux  placées 
sur  la  poitrine  ;  les  caruivorcs  en  ont  six  ou  huit  disposées 
en  longueur  sous  le  ventre.  Celles  des  rongeurs  sont  en  plus 
grand  nombre  ;  mais  elles  ne  sont  visibles  qu'à  l'époque  de 
l'allaitement.  Les  ornithorhinques  et  les  échidnés  paroissent 
dépourvus  de  mamelles.  Dans  les  sarigues  ou  didelphes  et 
les  kanguroos ,  elles  sont  au  nombre  de  quatre  à  huit  dans 
une  duplicature  de  la  peau  du  bas-ventre  ,  qui  forme  une 
espèce  de  bourse  ;  car  ces  animaux  accouchent  à  demi-terme, 
et  leurs  petits,  chaudement  enfermés  dans  cette  poche,  y 
sucent  la  mamelle  jusqu'à  l'époque  de  leur  sevrage,  et  jus- 
qu'à ce  qu'ils  soient  en  état  de  se  passer  de  leurs  parens.  La 
mère  a  soin  de  faire  sortir  quelquefois  ses  petits  ,  et  de  les 
retirer  dans  sa  bourse  inguinale  au  moindre  danger.  Le  phi- 
landre  de  Surinam  porte  les  siens  sur  son  dos  ,  et  ceux-ci 
savent  se  fixer  sur  leur  mère  en  enveloppant  leur  longue 
queue  autour  de  la  sienne.  Ces  animaux  ont  encore  une  par- 
ticularité remarquable  :  le  gland  des  mâles  qui  est  fourchu  , 
a  deux  orifices  ;  le  vagin  de  la  femelle  ,  se  séparant  en  deux 
branches  ,  correspond  aux  deux  cornes  de  l'utérus.  Ces  es- 
pèces n'ont,  à  parler  exactement ,  aucune  matrice;  leur  po- 
che inguinale  en  tient  lieu.  (  F.  Sarigue  et  le  mot  Mamel- 
les.) Chez  les  ruminans,  les  mamelles,  placées  dans  la  ré- 
gion inguinale,  ne  forment  qu'une  grosse  glande  conglomé- 
rée ,  avec  deux  ou  quatre  mamelons.  Cette  famille  d'ani- 
maux a  un  lait  plus  substantiel  que  toutes  les  autres  espèces, 
et  leurs  petits  savent  reconnoitre  leur  mère  par  le  seul  odorat, 
au  milieu  d'un  nombreux  troupeau.  Plus  les  mammifères  sont 
parfaits  (ou  élevés  dans  l'échelle  de  l'organisation),  plus  leurs 
fœtus  naissent  foibles  et  hors  d'état  de  se  suffire  à  eux«euls  ; 
moins  ils  ont  absorbé  et  reçu  dans  leurs  enveloppes  utérines, 
de  la  substance  du  jaune,  qui  est  si  abondante  au  contraire 
chez  tous  les  ovipares  ,  pour  suppléer  au  défaut  de  l'allaite- 
wient. 

En  effet ,  dans  l'espèce  humaine  ,  la  vésicule  ombilicale 
du  foetus ,  laquelle  contient  le  jaune  ,  est  fort  petite  et  dis- 
paroît  bientôt  dans  les  premiers  temps  de  la  gestation  :  aussi 
l'enfant  naît  très-foible,  très-incapable  de  se  suffire  ;  il  fal- 
loit  donc  un  long  allaitement ,  un  grand  soin  de  la  mère. 


O  U  A  36; 

Cheï  les  carnivores  elles  fissipèdes  ,  en  général,  les  fœtus 
plus  ou  moins  nombreux  ,  sont  aussi  fort  imparfaits  ;  ils  nais- 
sent la  plupart  les  yeux  fermés  ,  ont  besoin  de  chaleur,  d'al- 
laitement ,  de  soins  ,  de  nourriture. 

Chez  les  herbivores  bisulces  ,  les  ruminans ,  les  pachy- 
dermes, l'on  voit  que  les  fœtus  naissans  sont  déjà  forts;  ils  "se 
lèvent  sur  leurs  pieds  .  suivent  leur  mère  ;  et  après  un  allai- 
tement de  quelques  jours,  ils  esjayentde  manger  seuls.  Dans 
les  cétacés,  les  fœtus  naissenî  fort  grands  et  bientôt  en  état 
de  se  passer  «le  leurs  parens;  ils  nagent  tout  d'abord;  aussi 
ces  animaux  à  foetus  assez  gros  et  perfectionnes  ,  sonlpau- 
cipares. 

Chez  les  oiseaux,  de  même  ,  les  petits  sont  plus  avancés  , 
à  leur  naissance,  parmi  les  gallinacés,  les  échassiers  et  pal- 
mipèdes ,  que  parmi  les  picœ  ,  les.  pussercs ,  les  rapaces. 

Enfin,  chez  les  reptiles,  les  poisscms ,  etc.,  les  fœtus  sor- 
tant de  l'œuf,  abandonnés  à  eux  seuls,  sont  en  état  de  pour- 
voir à  leur  propre  existence  ;  mais  leur  œuf  éloit  tout  com- 
posé de  jaune,  et  riche  en  substance  nutritive. 

Chez  les  quadrupèdes  ,  l'allaitement  n'est  pas  si  long  que 
dans  l'espèce  humaine  ,  parce  que  les  jeunes  individus  pren- 
nent plus  promptement  leur  croissance.  On  prétend  que  le 
chameau  allaite  son  petit  pendant  deux  ans.  Il  en  est  à  peu 
près  de  même  du  jeune  éléphant.  Six  semaines  ou  deux 
mois  peuvent  suffire  au  veau.  Les  autres  espèces  allaitent  à 
proportion  de  l'accroissement  de  leurs  petits;  celles  qui  font 
plusieurs  portées  par  an  n'allaitent  que  fort  peu  de  temps , 
comme  les  lapines  ,  les  truies,  les  raltes,  etc. 

De  rinstînct ,  de  l intelligence  et  du  caractère  des  animaux 
vivipares. 

Chaque  espèce  d'animal  est  douée  de  facultés  suffisantes 
pour  sa  conservation  ,  parce  que  les  races  les  plus  puissantes 
abusant  de  leurs  forces  ,  auroient  bientôt  détruit  les  espèces 
les  plus  foibles,  si  celles-ci  n'avoient  pas  reçu  les  moyens  de 
se  soustraire  à  la  destruction.  D'ailleurs,  les  besoins  des  ani- 
maux variant  suivant  leur  organisation  ,  leurs  âges  ,  leurs 
sexes  ,  et  selon  les  circonstances  des  saisons  ,  des  climats,  il 
faut  qu'ils  multiplient  leurs  ressources  en  même  proportion , 
qu'ils  déploient  tous  les  ressorts  de  leur  industrie  pour  vivre 
tout  le  temps  que  la  nature  leur  accorde  sur  la  terre.  A  me- 
sure que  les  animaux  sont  plus  perfectionnés,  leur  structure 
est  plus  délicate,  plus  sujette  à  se  déranger;  d'où  il  suit  qu'ils 
ont  besoin  d'un  plus  grand  nombre  de  facultés  pour  exister  , 
et  c'est  pour  cela  que  l'homme,  de  tous  les  êtres  le  plus  sen- 
sible et  le  plus  frêle ,  a  reçu  \»,  raison  et  l'intelligence  ea 


368  Q  U  A 

partage.  Au  contraire,  moins  un  animal  a  de  facultés,  plus  il 
est  insensible  et  plus  son  corps  se  moule  facilement  aux  cir- 
constances qui  le  modiGent,  sans  en  être  altéré.  Tout  est 
donc  proportionné  dans  le  monde,  car  l'animal  n'a  précisé- 
ment que  la  dose  d'instinct  et  d'intelligence  qui  lui  est  né- 
cessaire ,  puisqSe  le  trop  lui  deviendroil  inutile ,  et  le  Irop 
peu,  fatal.  J^es  rapports  qui  s'établissent  entre  un  être  etles 
objets  dont  il  a  besoin,  sont  donc  exactement  mesurés  par 
ses  facultés  ;  et  la  Providence  ,  qui  veille  sur  toutes  les  es- 
pèces vivantes  ,  n'est  rien  autre  chose  que  ces  relations  et  ces 
ordres  admirables  ,  disposés  par  l'auteur  de  la  nature,  de 
manière  qu'ils  amènent  des  chances  favorables  à  chaque  in- 
dividu dans  la  place  où  il  est  né.  V.  Instinct. 

Car  l'état  de  vie  est  un  effort  continuel  contre  tous  les  élé- 
mens  et  les  corps  extérieurs  qui  conspirent  à  l'éteindre; 
chaque  être  empiète  sur  la  vie  de  ses  voisins  ;  chacun  se 
comprime  ,  se  retient  uiutuellemenl  dans  ses  limites  ;  il  faut 
que  la  ruse  supplée  à  la  foiblesse  ,  et  que  l'habileté  résiste  à 
la  force.  Enfin  ,  la  nature  ayant  donné  à  certaines  espèces 
la  prépondérance  sur  d'autres  ,  il  faut  que  ces  dernières  ré- 
parent leurs  pertes  ,  soit  en  mnllipliant  avec  plus  d'abon- 
dance ,  soit  en  attaquant  à  leur  tour  des  races  inférieures.  Et 
cette  hiérarchie  de  pouvoirs  chez  les  animaux  n'est  fondée 
que  sur  un  état  perpétuel  de  guerre;  le  pesant  joug  de  la 
nécessité  comprime  également  tous  les  êtres,  soit  les  uns 
par  les  autres  ,  soit  au  moyen  des  autres  circonstances,  tel- 
les que  les  saisons  ,  les  tenjpératures  ,  les  lieux,  les  temps, 
l'abondance  ou  la  disette  des  alimens,  etc. 

U  y  a  trois  principales  causes  qui  mettent  en  jeu  l'instinct 
àes  animaux:  i."  le  besoin  de  la  nourriture  ;  2.°  la  nécessité 
de  se  conserver  ;  3."  le  désir  de  se  reproduire.  La  faim  est  le 
mobile  de  la  première,  la  douleur  est  le  motif  de  la  seconde, 
et  le  plaisir  est  la  source  de  la  troisième.  Avec  ces  trois  prin- 
cipes ,  variés  dans  chaque  animai  suivant  sa  structure  parti- 
culière, peuvent  s'expliquer  les  causes  de  toutes  ses  actions  , 
et  se  démontrer  tous  leurs  résultats.  Dans  le  vrai ,  l'animal 
Tj'est  point  libre  ;  il  suit  avec  une  impétuosité  aveugle  ses 
penchans  et  ses  besoins  naturels  ,  commandés  par  son  orga- 
nisation; le  tigre  n'est  point  cruel,  et  l'agneau  doux  par  vo- 
lonté, mais  par  l'effet  de  leur  structure  ;  car  ,  de  même  que 
le  quadrupède  ne  peut  voler, comme  l'oisenu  ,  parce  qu'il 
n'est  pas  conformé  comme  lui ,  de  même  le  tigre ,  ayant  un 
estomac  qui  ne  peut  digérer  les  herbes  ,  un  appétit  qui  lui 
demande  impérieusement  de  la  chair  et  du  sang  ,  des  dents 
pour  dévorer  les  animaux ,  des  griffes  pour  les  déchirer ,  il 
est  forcé  d'exécuter  des  mouvemens  que  lui  imprime  son 


O  U  A  369 

organisation.  Il  n'est  donc  cruel  que  par  nécessité ,  par  la 
nature  de  son  tempérament;  car  dès  qu'il  est  repu  et  satisfait 
il  devient  doux  ,  traitable  ;  son  caractère  ne  s'irrite  que  par 
le  besoin  de  nourriture;  besoin  ardent,  impérieux  dans  cette 
espèce.  En  nourrissant  abondamment  les  animaux  carnas- 
siers, on  soumet  cette  âpreté  farouche  ;  on  les  tempère  ;  on 
les  habitue  à  vivre  en  paix,  à  recevoir  avec  douceur  les  ali- 
mens  de  la  main  de  leurs  maîtres,  à  les  caresser,  les  flatter, 
à  plier  même  leur  fierté  et  leur  audace  sous  sa  volonté.  C'est 
ainsi  qu'on  est  parvenu  à  dompter  les  animaux  les  plus  féro- 
ces, les  tigres,  les  ours,  les  lions,  les  crocodiles,  etc.,  preuve 
que  la  nature  n'en  a  formé  aucun  essentiellement  méchant, 
et  qu'elle  a  seulement  eu  l'intention  de  diminuer  le  nombre 
des  individus  vivans ,  en  établissant  des  races  carnivores. 

D'ailleurs,  le  Carnivore  attaquant  les  animaux  ,  épargne 
les  plantes;  et  sil'herbivore  épargne  les  premiers,il  attaque  les 
dernières.  Tout  ce  qui  respire,  vivant  de  destruction,  qu'im- 
porte à  la  nature  sur  quels  individus  elle  tombe .''  Ne  faut-il 
pas  bien  que  tout  périsse  .■'  Et  si  les  animaux  peuvent  éprou- 
ver de  la  douleur,  ils  sont  de  même  capables  déplaisirs;  de 
sorte  que  tout  se  compensant,  la  nature  est  ainsi  justifiée. 
(  F.  les  mots  Armes  des  animaux  et  Carnivore.  )  Quelque 
dure  que  paroisse  cette  condition  pour  des  êtres  sensibles, 
elle  n'en  est  pas  moins  équitable  ;  car  la  somme  des  repro- 
ductions égalant  nécessairement  celle  des  destructions ,  la 
quantité  des  biens,  à  tout  prendre,  n'est  pas  moindre  que 
celle  des  maux.  11  en  seroit  de  même  dans  l'espèce  humaine, 
si  elle  suivoit  plus  exactement  les  lois  que  la  simple  nature 
lui  impose,  et  si,  dégagée  des  erreurs  et  des  crimes  où  l'en- 
traînent  l'audace  des  tyrans  et  la  lâcheté  des  esclaves,  elle  vi- 
voit  au  sein  du  repos ,  de  l'obscurité  et  du  bonheur.  En  effet, 
la  médiocrité  gardant  toujours  le  milieu  en  toutes  choses , 
n'est  jamais  exposée  à  ces  immenses  revers  que  les  condi- 
tions excessives  ont  coutume  d'éprouver,  parce  que  dans 
les  choses  morales  ,  comme  dans  les  effets  physiques  ,  la 
réaction  est  toujours  égale  à  l'action. 

Chaque  animal  a  les  mœurs  qui  résultent  de  ses  humeurs 
et  de  son  tempérament.  C'est  pour  cela  que  les  herbivores 
sont  plus  tranquilles  et  plus  traitables  que  les  races  carnas- 
sières. De  même  les  femelles  ne  sont  jamais  aussi  farouches 
que  les  mâles,  parce  qu'elles  ont  moins  de  vigueur;  leur  hu- 
meur est  plus  maniable  ,  plus  docile  ,  et  par-là  plus  suscep- 
tible de  s'apprivoiser  et  de  devenir  domestique  ;  mais  aussi 
elles  se  dédommagent  de  cette  foiblesse  par  la  ruse  et  la 
tromperie,  car  elles  sont  plus  insidieuses  que  les  mâles; 
néanmoins  lorsqu'il  s'agit  de  défendre  leur  famille  à  l'époque 

XXVIII.  24 


370  Q  U  A 

de  rallaitemenl,  les  plus  douces  deviennent  furieuses,  et 
exposent  même  leur  propre  vie  pour  conserver  celle  de 
leurs  nourrissons.  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  lionnes, 
les  louves  ,  les  ourses  ,  les  panthères  qui  montrent  ce  géné- 
reux courage  ,  mais  même  les  tendres  biches  ,  les  timides 
gazelles ,  et  les  espèces  les  plus  délicates  méprisent  tout  dan- 
ger pour  sauver  leur  famille  attaquée  par  le  chasseur.  Elles 
songent  à  mettre  leurs  petits  en  sûreté,  sans  craindre  de  s'ex- 
poser elles-mêmes:  tant  est  puissant  chez  elles  l'amour  ma- 
ternel. L'ourse  attaquée,  fait  grimper  ses  petits  sur  un  arbre, 
et  se  redressant  sur  ses  pattes,  s'avance  hardiment  contre  le 
chasseur.  Les  femelles  du  bison  ,  du  bouquetin,  s'élancent 
avec  furie  sur  les  assaillans  ,  les  terrassent ,  les  éventrent  à 
coups  de  cornes  et  les  foulent  aux  pieds.  Les  femelles  des 
singes  emportent  hurs  pelils  sur  leur  dos  jusqu'au-dessus 
des  grands  arbres.  Les  kanguroos  et  les  didelphes  cachent 
les  leurs  dans  la  poche  de  leur  ventre;  d'autres  espèces  leur 
creusent  des  asiles  souterrains.  Les  écureuils  placent  leur 
famille  dans  des  trous  d'arbre  ,  chaudement  tapissés  de 
mousse.  Les  chats,  les  lions  ,  les  léopards,  les  loups,  les  ci- 
vettes et  autres  bêtes  carnassières,  ont  soin  dapporter  a  leurs 
petits  quelque  proie  vivante  pour  les  exercer  de  bonne  heure 
à  la  connoîlre  et  à  la  vaincre  ,  pour  les  habituer  à  vivre  de 
chair  et  de  sang  :  instruction  cruelle  à  laquelle  ces  jeunes  ani  • 
maux  ne  sont  déjà  que  trop  enclins  parleur  naturel  :  c'est  de 
cette  sorte  qu'on  voit  les  petits  chats  jouer  adroitement  de  la 
patte  ,  et  sous  un  minois  hypocrite  déceler  des  sentimens 
féroces.  Les  jeunes  animaux  montrent  ainsi  les  indices  de 
leur  caractère  futur. 

Denique  cur  acrum  violentia  triste  leonum 
Seminium  sequitur ,  dolus  vulpibus  et  fuga  cervis 
A  patribus  datur,  et  potius  pavor  incitât  arlus, 
Si  non  certa  suo  quia  semine  seminioque 
Vis  animi  pariter  crescit  cum  corpore  toto? 

Ldcbet.  ,  Rer.  nat. ,  lib.  m  ,  vers  yC^—ji, 

Aussi  voyons-nous  que  les  chiens  nés  de  père  et  mère 
instruits  à  la  chasse,  ont  plus  d'aptitude  pour  l'apprendre  que 
les  autres  races  ;  de  là  vient  le  proverbe ,  bon  chien  chasse  de 
race.  C'est  de  la  même  manière  que  le  maintien  humble  et 
doux  de  l'agneau  présage  l'esprit  benêt  du  mouton  et  la  stu- 
pidité bonace  de  la  brebis  ;  il  suffit  de  conduire  l'un  de  ces 
animaux  pour  que  tous  suivent  à  la  file  ,  quand  même  on  les 
meneroit  noyer.  L'instinct  irascible  et  brutal  du  buffle  ,  du 
taureau,  la  malignité  du  singe,  la  malpropreté  du  cochon,  la 
lasciveté  dubouc,  la  timidité  du  lièvre,  l'impudence  du  chien, 


0  U   A  371 

ia  pétulance  de  la  chèvre,  la  finesse  du  renard  ,  ropiniâtrelc 
du  mulet,  la  ténacité  du  blaireau  ,  sont  des  caractères  telle- 
ment naturels  ,  qu'ils  se  déclarent  même  dès  les  premiers 
temps  de  leur  naissance  ,  comme  la  pesanteur  dans  le  petit 
rhinocéros,  le  courage  magnanime  dans  le  lionceau,  la  per- 
fidie dans  le  jeune  tigre,  la  voracité  dans  l'hyène,  la  sobriété 
dans  le  jeune  chameau.  Ainsi  les  petits  des  carnassiers  ,  tels 
que  les  chiens,  les  ours,  les  loups  ,  essayent  l'usage  de  leurs 
dents  en  rongeant  des  os  et  même  du  bois.  Les  jeunes  loutres, 
les  petits  des  castors  ,  courent  déjà  se  baigner,  et  savent  na- 
ger aussi  Lien  que  les  veaux-marins,  tandis  que  les  jeunes 
taupes,  les  rats  fouisseurs  essayent  de  creuser  la  terre  avec 
leurs  petites  pattes  de  devant  ;  les  écureuils  nouveau-nés 
commencent  à  sautiller  de  branche  en  branche  ;  les  jeunes 
chauve-souris  s'apprennent  à  voltiger  ,  les  petits  singes  à 
grimper,  le  chevreau  à  escalader  les  roches  et  à  frapper  de  ia 
tête  ;  le  faon  de  biche  s'exerce  à  de  légères  excursions  pour 
se  rendre  ingambe  ;  le  poulain  élevant  déjà  sa  courte  cri- 
nière ,  ouvrant  ses  naseaux  et  aspirant  la  victoire,  défie  à  la 
course  ses  jeunes  rivaux.  On  le  verra  dans  peu  marcher  fiè- 
rement sous  son  maître  au  champ  de  la  gloire ,  enfoncer  les 
plus  épais  bataillons  au  milieu  du  feu  et  de  la  mêlée ,  ou  re- 
tourner triomphant  de  la  course  en  présence  des  peuples,  et 
aux  acclamations  de  la  multitude.  Les  chevaux  sauvages  ont 
même  un  naturel  amoureux  de  la  gloire  ;  vivant  en  troupes 
dans  les  immenses  savanes  de  l'Amérique  ou  les  steppes  de 
la  Tartarie ,  ils  mesurent  leur  vitesse  entre  eux;  couverts 
d'une  noble  poussière ,  ils  se  défient  à  franchir  les  ravins 
profonds  ,  à  traverser  à  la  nage  les  grands  fleuves.  En  faisant 
subir  la  castration  à  ces  animaux,  en  les  asservissant  au  joug 
de  la<aptivité,nous  les  énervons,  nous  comprimons  les  élans 
de  leur  cœur  généreux ,  nous  les  rendons  lâches  et  effémi- 
nés ,  de  fiers  et  audacieux  qu'ils  étoient  dans  leur  état  na- 
turel. 

C'est  surtout  dans  les  montagnes  ,  les  pays  agrestes  ,  que 
les  bêtes  sauvages  deviennent  plus  farouches  et  plus  terri- 
bles. Le  sanglier,  à  la  hure  hérissée,  à  la  gueule  écumanle,  à 
la  croupe  énorme  et  rebondie  ,  sort  de  ses  bois  ,  et  son  seul 
aspect  fait  trembler  d'épouvante  les  plus  fiers  habitans  de  la 
plaine.  L'ours  des  Alpes,  à  l'approche  du  voyageur,  fait 
retentir  sa  haute  voix  dans  les  éfhos  des  forêts  pour  appeler 
ses  compagnons;  son  œil  étincelle  dans  l'obscurité;  nouveau 
Cacus,  il  gravit  en  silence  au  milieu  des  roches  pour  dépo- 
ser dans  les  cavernes  les  corps  des  hommes  qu'il  a  mis  à 
mort.  Les  autres  animaux  osent  à  peine  lever  les  yeux  sur 
ce  monstre  sauvage  ,  et  l'ardent  chasseur  ne  passe  qu'avec 


37a  0  U  A 

effroi  près  de  son  repaire.  A  mesure  que  les  lieux  sont  plus 
incultes  ,  plus  solitaires  ,  les  animaux  y  deviennent  plus  fé- 
roces  ,  parce  que  leur  proie  est  rare  ,  toujours  disputée  avec 
opiniâtreté  par  des  concurrens  affamés  et  nombreux  ;  de 
sorte  que  n'oblerunt  rien  que  par  la  violence  et  la  rapine, 
leur  caractère  contracte  une  aigreur  farouche  et  une  cruauté 
implacable. 

Au  contraire  les  bêtes  des  pays  de  plaines  ,  des  vallées  fer- 
tiles ,  trouvant  une  nourriture  plus  facile  et  moins  disputée, 
amollies  par  les  commodités  de  leur  genre  dévie,  n'acquiè- 
rent jamais  Taudace  et  Tâpreté  des  mœurs  des  animaux 
montagnards.  Cette  différence  de  caractère  se  remarque 
même  parmi  les  hommes  ,  car  les  habitans  des  montagnes 
sont  bien  autrement  durs  et  vigoureux  que  les  nations  effé- 
minées ,  1(!S  peuples  voluptueux  des  vallons  et  des  plaines  où 
règne  l'abondance  avec  la  joie  et  les  plaisirs. 

Les  antipathies  des  animaux  paroissent  même  dues  à  cette 
différence  dans  les  caractères;  c'est  ainsi  que  le  loup  elle 
chien  sont  ennemis.  Le  loup ,  qu'on  peut  regarder  comme 
un  chien  sauvage ,  déteste  celui  qui  s'est  attaché  à  nous  ;  il 
le  regarda  comme  tout  dévoué  à  nos  intérêts  ,  ou  plutôt 
comme  vendu  à  un  tyran  pour  détruire  la  race  des  loups;  in- 
digné de  la  lâcheté  d'un  traître  cédant  sa  liberté  pour  rece- 
voir ,  avec  ignominie  ,  un  morceau  de  pain  de  la  main  d'un 
maître  qui  lui  ordonne  de  sévir  contre  sa  propre  espèce  ,  il 
attaque  le  chien  avec  fureur  ,  et  l'ayant  mis  à  mort,  assou- 
vit de  chair  et  de  sang  sa  cruauté  et  sa  vengeance.  Tous  les 
animaux  sauvages  abhorrent  de  même  ceux  de  leur  espèce 
que  rhomme  a  rendus  domestiques ,  comme  si  ceux-ci  hé- 
ritoient  de  la  haine  que  chaque  être  nous  voue  parce  que  nous 
les  tyrannisons  tous.  Aussi  les  animaux  domestiques  ne  pa- 
roissent-ils  qu'en  tremblant  devant  leur  espèce  sauvage  ;  ils 
ont  l'air  de  transfuges ,  d'apostats  ,  de  criminels  ;  ils  parois- 
sent honteux,  atterrés,  parce  que  les  individus  sauvages  étant 
plus  libres  et  plus  exercés  ,  sont  aussi  les  plus  forts  et  man- 
quent rarement  de  les  attaquer  ,  de  les  punir  de  mort ,  à 
moins  que  le  sentiment  de  l'amour  ne  vienne  suspendre 
leur  fureur.  C'est  ainsi  que  des  truies,  des  chiennes  en  cha- 
leur rôdant  parmi  les  bois  ,  sont  quelquefois  couvertes  par 
des  sangliers  et  des  loups  ;  la  race  qui  en  provient  est  belle 
et  vigoureuse  ,  car  elle  semble  avoir  été  retrempée  dans  sa 
source  originelle. 

On  observe  d'autres  antipathies  entre  les  animaux  carnas- 
siers ;  mais  elles  naissent  de  la  concurrence  pour  la  chasse. 
C'est  ainsi  que  le  lion,  l'ours,  la  panthère,  le  tigre  ,  etc.,  ne 
souffrent  point  de  rivaux  dans  les  domaines  qu'ils  se  sont 


Q  U  A  373 

appropries  dans  les  bois,  les  montagnes,  qu'ils  se  sont  choi- 
sis pour  demeure.  Ces  majestés  du  règne  animal  ne  suppor- 
tent ni  rebelles  ni  concurrens  dans  leurs  états;  elles  ne  veu- 
lent aucun  partage  d'autorité  ;  elles  purgent  leur  empire  de 
ces  tyrans  subalternes,  de  ces  hardis  guerroyeurs  qui  détrui- 
sent le  même  gibier,  et  qui,  semblables  aux  seigneurs  de  vil- 
lage ,  oppriment  sourdement  les  paysans  et  minent  la  popu- 
lation jusque  dans  ses  fondemens.  Seulement  le  lion  ,  prince 
généreux,  permet  aux  chacals  de  lui  servir  de  pourvoyeurs  et 
de  vivre  des  restes  de  sa  table;  mais  ces  domestiques  para- 
sites ne  se  présentent  qu'en  tremblant  devant  leur  roi;  ils 
redoutent  sa  colère  et  ce  front  redoutable  ombragé  d'une 
épaisse  crinière- 
Cette  antipathie  des  grands  carnivores  entre  eux,  a  pour 
but  d'en  diminuer  le  nombre;  car  ces' espèces  se  faisant  une 
guerre  à  mort,  se  détruisant  souvent  les  unes  par  les  autres  , 
et  les  tigres  dévorant  quelquefois  eux-mêmes  leurs  propres 
enfans  ,  la  nature  vivante  est  soulagée  ainsi  du  poids  de  ces 
déprédateurs.  L'homme  surtout  est  chargé  de  purger  la  terre 
de  ces  animaux  malfaisans,  pour  régner  seul  en  liberté  sur  les 
autres  espèces,  et  pour  établir  sa  monarchie  universelle  sur 
les  ruines  des  autres  puissances. C'est  ainsi  qu'il  a  confiné  les 
bctes  farouches  dans  les  déserts  inhabitables,  et  mis  leur  tête 
à  prix  comme  celle  des  fameux  brigands.  Aussi  la  haine  que 
nous  vouent  les  animaux  féroces,  les  ligue  tous  contre  nous- 
Souvent  des  loups  affamés  dans  les  longues  nuits  d'hiver , 
s'appellent  dans  les  bois  par  de  longs  hurlemens,  s'attrou- 
pent en  tumulte ,  et  pleins  de  rage  viennent  fondre  sur  les 
habitations  écartées ,  assiègent  les  fermes  ,  massacrent  les 
chiens  ,  forcent  les  portes  des  étables  et  arrachent  de  vive 
force  les  agneaux ,  les  innocentes  brebis  ,  qui  ne  peuvent 
échapper  ^  la  dent  de  ces  farouches  vainqueurs.  Ainsi  que 
dans  une  ville  prise  d'assaut,  tout  est  mis  au  pillage,  le  sang 
ruisselle  de  toutes  parts,  et  à  l'approche  du  jour,  chaque 
guerrier  emportant  sa  proie  ,  se  retire  en  son  fort.  Le  loup 
étrangle  plus  de  victimes  qu'il  n'en  peut  dévorer  et  empor- 
ter. Nouveau  Pyrrhus  dans  une  Troie  nouvelle,  la  fureur  et 
la  vengeance  aiguisent  sa  férocité  naturelle.  Lorsque  la  be- 
lette se  glisse  dans  un  poulailler  ,  elle  y  fait  les  mêmes  ra- 
vages ;  la  rusée  s'allonge,  s'introduit  en  rampant,  dans  les 
fentes  les  plus  étroites  ,  et  échappe  avec  adresse  aux  pièges 
qu'on  lui  tend.  Sa  démarche  est  légère  et  glissante  ,  comme 
celle  des  hermines,  des  putois  et  des  fouines. 

Les  attroupemens  des  carnivores  n'ont  pour  but  que  1  at- 
taque et  le  brigandage  ;  les  sociétés  des  herbivores  sont  éta- 
blies pour  leur  propre  défense.  Ces  races  paisibles  se  plaisent 


374  Q  U  A 

ensemble;  souvent  une  troupe  légère  àc  gazelles,  à  la  taille 
élancée  ,  bondit  suç  les  collines  de  l'Iduniée  ou  du  Liban  ; 
on  croiroit  voir,  au  matin ,  les  nymphes  des  montagnes  jouer 
parmi  les  bruyères,  tandis  que  l'hippopotame  se  couche  dans 
les  roseaux  touffus  du  fleuve,  et  que  les  vieux  onagres,  sembla- 
bles aux  patriarches  du  désert,  viennent  boire  à  la  fontaine 
et  se  retirent  en  silence  près  de  leur  roche  solitaire.  Ailleurs 
l'inquiète  vigogne ,  Toreille  droite,  Toell  au  guet,  cherche 
la  liberté  dans  les  hautes  montagnes  des  Cordilières;  voya- 
geant en  troupe  sur  leurs  sommets  glacés  ,  elle  ne  fournit 
qu'à  regret  sa  belle  laine  rose  à  l'avare  Américain. 

Nous  voyons  dans  chaque  espèce  et  dans  chaque  race  des 
mœurs  différentes.  Les  singes  ,  famille  lascive,  malfaisante  et 
curieuse,  cherchent  à  contrefaire  les  actions  de  tous  les  ani- 
maux, à  leur  prêter  leurs  ridicules;  le  magot,  toujours  rechi- 
gnant ,  grimaçant  ,  marmottant,  s'accroupit  et  fait  la  moue 
aux  passans  ;  les  sapajous  entortillant  leur  queue  après  les 
branches  d'arbre  ,  se  laissent  pendre  la  tête  en  bas  et  bran- 
diller  ainsi  dans  les  forêts  de  l'Amérique  ;  le  voyageur  en- 
tend de  loin  les  clameurs  affreuses  des  alouales  ,  et  les  échos 
répètent  les  accens  de  ces  Démoslhènes  du  désert.  Les  ma- 
kis,  les  loris,  au  museau  pointu,  vont ,  ainsi  que  les  autres 
quadrumanes ,  marauder  dans  les  jardins  et  enlever  les  fruits; 
car  tous  ces  animaux  grimpent  avec  une  habileté  merveil- 
leuse. Chaque  espèce  de  singe  ne  se  mêle  jamais  aux  autres 
races  ,  et  lorsqu'on  traverse  les  bois  de  la  zone  torride  ,  on 
est  souvent  assailli  par  une  troupe  de  cercopithèques  ou  de 
guenons  qui  lancent  des  pierres  ,  des  bâtons  ,  et  même  leurs 
excrémens  à  la  tête  des  passans,  avec  force  postures  grotes- 
ques et  des  grimaces  ridicules.  Les  babouins  ,  d'un  naturel 
féroce  et  d'une  lasciveté  dégoûtante,  se  présentent  avec  im- 
pudeur aux  yeux  du  sexe;  ils  font  même  des  gestes  ,  des  ac- 
tions si  révoltantes  ,  qu'il  n'est  pas  permis  de  les  décrire;  on 
en  a  vu  plusieurs  attenter  à  la  pudeur  des  femmes,  et  leurs  fe- 
melles se  montrent  aussi  jalouses  des  hommes.  Tous  les  sin- 
ges ont  un  soin  particulier  de  leurs  petits,  qu'ils  embrassent 
arec  tendresse  ,  et  auxquels  ils  offrent  la  mamelle  ;  le  petit 
singe  se  cramponne  sur  le  dos  de  sa  mère,  lorsque  celle-ci 
grimpe  sur  les  aibres ,  ou  qu'elle  s'enfuit  en  grinçant  les 
dents  à  l'approche  du  chasseur.  Les  maris  soufHètent  souvent 
leurs  épouses  quand  elles  leur  donnent  quelque  suj.et  de  ja- 
lousie; car  elles  sont  coquettes  et  fort  lascives.  V.  SilSGEs  et 
Orang-outang. 

Les  chauve-souris  ,  espèces  tristes  et  effrayantes  ,  se  ca- 
chent pendant  le  jour  dans  les  cavernes  ténébreuses  ;  lorsque 
l'obscurité   descend  des  cieux  ,   elles    déploient  leurs  ailes 


Q  U  A  375 

membraneuses  et  voltigent  dans  les  airs  pour  atteindre  les 
.  moucherons  et  les  phalènes  qui  bourdonnent  pendant  les 
soirées  de  l'été.  Ces  légers  fantômes  de  la  nuit  se  retirent  en 
hiver  dans  les  souterrains  obscurs,  et  suspendus  aux  voûtes, 
y  passent  cette  saison  dans  l'engourdissement.  Lorsque,  ré- 
veillées par  la  chaleur  du  printemps,  les  chauve-souris  ont 
produit  leurs  petits,  elles  les  transportent  toujours  avec  elles, 
cramponnés  sous  leurs  ailes.  Plusieurs  d'entre  elles  por- 
tent des  membranes  hideuses  sur  le  museau  et  représentent 
des  spectres  sinistres  dans  Thorreur  de  la  nuit.  Les  galéopi- 
ihèques  ou  chats  volans,  munis  de  larges  membranes  sur 
leurs  flancs  ,  sautent  dans  les  branches  des  arbres  où  ils  s'at- 
troupent tous  les  soirs,  pour  y  vivre  de  fruits.  C'est  ainsi  que 
lesphalangers  volans,  les  polatouches,  les  taguans  ,  peuvent 
prolonger  leurs  sauts  sur  les  arbres ,  au  moyen  des  peaux  lar- 
ges de  leurs  flancs. 

Plusieurs  animaux  étant  pourvus  de  griffes,  savent  grimper 
sur  les  arbres  avec  beaucoup  d'adresse  ;  tels  sont  les  écu- 
reuils ,  les  chats  ,  les  lynx,  etc.  Les  ours  qui  grimpent  moins 
facilement,  n'en  descendent  qu'avec  la  plus  grande  précau- 
tion et  à  reculons  ;  mais  les  unaux,  les  aïs  ou  paresseux  ne 
montent  qu'avec  effort  et  une  extrême  lenteur  ,  en  poussant 
de  temps  en  temps  des  exclamationsUamentables,  comme  les 
pleurs  d'un  enfant  délaissé  dans  les  déserts.  11  semble  que  la 
nature  n'ait  créé  ces  êtres  que  pour  souffrir  ;  pleins  de  foi- 
blesse  et  d'infirmité  ,  exposés  sans  défense  à  toutes  les  inju- 
res des  saisons  ,  à  toutes  les  insultes  de  leurs  ennemis,  ils  sup- 
portent tout  avec  patience,  la  pluie,  la  faim,  la  soif,  les  coups, 
les  chutes  ,  les  blessures  :  leur  vie  n'est  qu'une  longue  agonie  ; 
aussi  l'espèce  diminue  de  nombre  chaque  jour ,  et  sera  pro- 
bablement éteinte  par  la  suite  ;  heureusement  ils  paroissent 
peu  sensibles  à  la  douleur,  sont  d'un  naturel  tenace,  d'un 
tempérament  dur  et  robuste. 

Les  quadrupèdes  carnassiers,  dont  les  pieds  conservent 
encore  quelque  ressemblance  avec  ceux  de  l'homme,  et  qui 
appuient  la  plante  à  terre ,  ont  une  démarche  traînante  ,  un 
maintien  triste  ,  une  allure  gauche  et  embarrassée  ;  ils  mè- 
nent une  vie  mélancolique,  solitaire,  ne  sortent  que  le  soir 
ou  la  nuit.  Les  retraites  ténébreuses ,  les  asiles  frais  et  hu- 
mides leur  plaisent.  Ces  espèces  ont  la  peau  lâche,  s'engrais- 
sent beaucoup  dans  l'automne  ;  plusieurs  se  creusent  des  de- 
meures souterraines;  tels  sont  les  hérissons,  les  didelphes 
ou  sarigues,  les  taupes  ,  les  musaraignes  et  les  blaireaux  ,  et 
la  plupart  passent  l'hiver  dans  l'engourdissement.  C'est  ainii 
que  s'endorment  les  hérissons  ,  les  ours  ,  les  blaireaux  ,  etc. 
(Quelques-uns  recherchent  les  lieux  aquatiques,  comme  les 


376  Q  U  A 

ichneumons ,  les  musaraignes,  les  ours  blancs  ,  les  crabiers  i 
les  coatis  ,  ou  trempent  dans  l'eau  tout  ce  qu'ils  mangent , 
comme  les  ratons  et  les  ours.  Il  en  est  qui  aiment  passion- 
nément le  miel  ;  tel  est  le  ratel ,  le  blaireau  du  Cap  et 
même  l'ours,  qui  ne  craint  pas  d'ouvrir  les  ruches,  parce 
que  sa  toison  épaisse  et  touffue  le  défend  aisément  de  l'ai- 
guillon des  abeilles.  Tous  les  quadrupèdes  de  cette  famille 
ont  un  naturel  lent ,  opiniâtre ,  ami  de  la  retraite  et  de 
l'obscurité  ;  aussi  le  grand  jour  les  offusque  ,  la  chaleur  et  la 
sécheresse  les  font  souffrir  ;  ils  ont  tous  une  vue  basse  ,  une 
ouïe  délicate  ,  un  odorat  fin  ,  un  nez  fort  long  et  quelquefois 
mobile,  comme  chez  les  coatis.  La  plupart  vivent  également 
de  fruits ,  de  chair  et  de  menu  gibier.  Leur  caractère  est 
moins  audacieux  que  timide ,  mais  ,  quoique  pacifiques  et 
lents  à  s'irriter  ,  leur  colère  est  atroce  et  haineuse  ;  ils  se 
laissent  déchirer  en  morceaux  plutôt  que  de  lâcher  prise. 
Lorsqu'on  attaque  les  hérissons,  les  tenrecs,  ils  se  roulent 
en  boule  et  présentent  partout  des  piquans  à  leurs  ennemis. 
Leskiiikajous  se  retirent  sur  les  arbres  et  s'accrochent  aux 
branches  avec  leur  queue  prenante.  On  a  prétendu  que  l'ich- 
neumon  ,  voulant  dévorer  les  aspics  et  les  autres  serpens, 
avoitsoin  de  se  rouler  dans  la  boue  ,  qui,  séchée  au  soleil, 
lui  foriuoit  une  sorte  de  cuirasse.  Le  terrier  du  hérisson 
ayant  des  chambres  et  des  issues  de  plusieurs  côtés  ,  l'ani- 
mal se  relire  dans  celles  qui  sont  les  moins  exposées  au  vent 
qui  souffle;  de  sorte  qu'il  change  de  place  lorsque  le  vent 
doit  souffler  d'un  autre  côlé.  Nous  avons  dit  quel  soin 
les  didelphes  ou  sarigues  prenoicnt  de  leurs  petits  ;  ces 
animaux  se  servent  aussi  de  leurs  pattes  de  devant,  comme 
de  mains,  et  se  tiennent  accroupis  fort  souvent.  Les  cone- 
pates,  les  blaireaux  puans  (^vweira  capensis,  Linn.  ),  le 
chinche  et  les  mouffettes  ,  les  coases ,  les  coatis,  exhalent, 
lorsqu'on  les  poursuit ,  des  odeurs  exécrables  qui  font  lâcher 
prise  à  leurs  ennemis  le^  plus  acharnés  ;  mais  lesdesmans, 
les  musaraignes,  les  civettes,  les  genettes ,  le  zibet,  répandent, 
au  contraire,  une  vapeur  de  musc,  surtout  lorsqu'on  les  irrite; 
et  l'on  extrait,  pour  les  parfumeurs,  l'humeur  odorsnîc 
que  la  civette  porte  dans  une  double  glande  ,  vers  l'anus. 

Les  autres  carnivores  ,  tels  que  les  chiens,  les  hyènes  ,  les 
chacals ,  les  isatis  ,  les  chats  ,  les  tigres  et  les  léopards,  les 
onces,  les  couguars  ,  etc.  ,  sont  d'un  naturel  plus  ardent, 
plus  sanguinaire  que  les  précédons.  Le  genre  des  chats  est 
armé  de  griffes  rétractiles,  de  dents  fortes,  d'une  langue 
hérissée  de  pointes  ;  leur  tête  ronde  ,  avec  des  moustaches; 
leur  concourt  et  musculcux,  leur  force  extrême,  la  prestesse 
et  l'étendue  de  leur  saut,  leur  vue  perçante  et  leurs  yeux 


Q  U  A  377 

llamboyans  dans  l'obscurité,  leur  appéiit  véhément  pour  la 
chair  vivante  ,  enOn  leur  voix  acre  ,  tout  annonce  dans  eux 
la  férocité  des  penchans  et  le  moyen  de  s'y  livrer.  Les  lions  , 
les  panthères,  les  tigres,  tapis  dans  un  repaire  touffu,  près 
des  sources  d'eaux  vives,  attendent  le  passage  des  animaux 
qui  viennent  boire,  et,  d'un  seul  bond  ,  fondent  sur  eux, 
comme  la  foudre.  L'innocente  gazelle  se  plaint  en  vain  de 
sa  destinée  ;  les  échos  insensibles  répèlent  ses  derniers  sou- 
pirs; Iç  monstre  lui  déchirant  les  flancs  ,  savoure,  avec  déli. 
ceâ,  un  sang  tout  fumant  et  des  chairs  encore  palpitantes. 
Lorsque  le  lynx  aperçoit,  du  haut  d'un  arbre,  le  léger 
caribou,  il  s'élance  sur  son  dos  et  lui  déchire  la  gorge  avec 
ses  griffes;  le  malheureux  quadrupède  se  débat  avec  vio- 
lence ,  se  roule  à  terre  ,  cherche  à  se  débarrasser  de  son 
ennemi;  mais  ses  efforts  sont  inutiles,  le  lynx  enfonce  ses 
griffes ,  se  cramponne  de  toutes  ses  forces  et  suce  ,  à  longs 
traits ,  le  sang  qui  découle  des  blessures.  On  se  sert ,  dans 
l'Inde  ,  du  caracal ,  du  guépard  pour  la  chasse  ;  en  trois 
bonds,  ces  carnivores  atteignent  leur  proie.  Lorsqu'ils  la 
manquent,  ils  restent  confus,  ou  s'enfuient  souvent  pour 
cacher  leur  honte  dans  les  déserts.  Au  reste  ,  la  force  de  ces 
quadrupèdes  est  prodigieuse  ;  le  tigre ,  le  lion  ,  traînent  aisé- 
ment un  cheval ,  un  bœuf,  et  courent  même  avec  cette  proie  ; 
leurs  moindres  bonds  mesurent  plusieurs  toises  d'étendiie- 
Ces  animaux  n'aiment  pas  l'humidité  et  redoutent  le  feu.  Le 
genre  des  chiens  a  des  mœurs  différentes  ;  ardens  à  pour- 
suivre leur  proie  à  la  piste,  habiles  à  éventer  les  émanations 
des  bêtes  fauves  et  du  gibier,  le  chien  ,  le  loup,  l'isatis  ,  le 
renard,  etc.,  les  forcent  à  la  course  ,  s'attroupent  pour  les 
attaquer,  ou  se  concertent  pour  les  surprendre.  Ces  carni- 
vores préfèrent  même  les  charognes,  les  cadavres  putréfiés 
à  la  chair  récente  ;  l'hyène  ,  le  boshond  des  déserts  africains  , 
vont  déterrer  des  cadavres  humains  dans  les  cimetières.  Les 
chacals,  attroupés  de  nuit  comme  une  bande  de  voleurs, 
remplissent  la  solitude  de  leurs  hurleraens  sinistres  ,  tandis 
que  le  Bédouin  et  le  Maure  renfermés  dans  leur  tente,  crai- 
gnent à  chaque  instant  l'attaque  de  ces  brigands.  Leur  vois 
glapissante  qui  roule  dans  les  échos  du  désert,  leur  voracité, 
leur  audace  ,  leur  nombre  ,  leur  soif  du  sang  des  hommes  , 
les  rendent  redoutables  aux  voyageurs  ;  car  lorsqu'ils  se  sont 
accoutumés  à  la  chair  humaine ,  ils  n'en  veulent  plus  goûter 
dautre.  Ces  animaux  se  cachent  de  jour  ,  et  s'assemblent  de 
nuit  en  troupes  de  plus  de  deux  à  trois  cents,  lorsqu'ils  mé- 
ditent l'attaque  d'une  caravane.  A  leurs  clameurs  effroya- 
bles,  les  quadrupèdes  prennent  la  fuite  et  tombent  dans 
Tembuscade  de  quelque  lion  qui  les  dévore  ,  tandis  que  la 


3;»  Q  U  A 

troupe  des  jackals,  voyant  à  regret  sa  proie  entre  les  dénis 
du  roi  des  animaux,  attend  qu'il  s'en  soit  repu  pour  s'en 
disputer  les  restes.  Les  ruses  du  renard  et  la  férocité  du  loup 
sont  assez  connues.  Les  mœurs  des  belettes ,  des  martes ,  des 
fouines,  des  furets,  quoique  plus  timides  que  celles  des  pré- 
cédens  ,  ont  aussi  plus  d'hypocrisie  ,  de  finesse;  ces  anitnaux 
allongés,  rampans,  s'insinuent  partout,  exercent  leurs  ra- 
pines sur  le  menu  gibier,  détruisent  plus  qu'ils  n'ont  besoin. 
Ce  sont  des  espèces  rusées,  à  museau  pointu,  et  d'aulanl 
plus  malfaisantes,  qu'elles  travaillent  plus  sourdement; 
vives  et  alertes  ,  sortant  plus  de  nuit  que  de  jour,  lorsque 
tout  dort  dans  la  nature  ,  elles  s'apprêtent  au  carnage.  Les 
lièvres  ,  les  lapins  ,  les  poules ,  les  perdrix  et  leurs  œufs ,  tout 
devient  leur  proie.  On  met  à  profit  cet  instinct  du  furet  , 
pour  lui  apprendre  à  chasser  pour  l'avantage  de  Thomme  ; 
tous  ces  animaux  ont  de  l'antipathie  pour  les  chats.  On 
trouve ,  près  des  étangs  et  des  rivières  ,  les  loutres  ,  les 
visons,  les  saricoviennes,  aux  pieds  palmés  et  courts,  au 
pelage  lustré  ,  car  ces  animaux  pêcheurs  nagent  et  plongent 
bien,  sans  que  leurs  poils  prennent  l'eau.  Sur  la  terre  ,  ils 
semblent  ramper  plutôt  que  marcher,  et  ne  sautent  jamais,  le 
dos  courbé  et  la  queue  tendue  ,  comme  les  belettes  ;  mais 
ils  se  creusent  des  terriers  au  bord  des  eaux  douces,  entre 
les  joncs  ,  et  apportent  du  poisson  à  leurs  petits. 

Une  autre  famille  bien  remarquable  par  ses  habitudes, 
est  celle  des  quadrupèdes  rongeurs.  Ces  espèces  armées  de 
deux  fortes  dents  incisives  à  chaque  mâchoire  ,  rongent , 
minent  et  dégradent  toutes  les  substances  végétales ,  telles 
que  les  bois,  les  écorces  ,  les  fruits  qui  servent  à  leur  nour- 
riture. Ces  dents,  fort  tranchantes,  et  profondément  im- 
plantées dans  les  mâchoires  ," s'accroissent  à  mesure  que  le 
frottement  les  use,  et  grandiroient  démesurément,  si  l'ani- 
mal ne  mangeoit  que  des  substances  molles.  On  distingue  un 
rongeur,  au  premier  coup  d'œil ,  par  son  museau  arqué  , 
ses  yeux  saillans  ,  ses  pieds  de  devant  courts,  ceux  de  der- 
rière longs,  son  corps  ramassé,  son  dos  recourbé,  et  sa 
démarche  sautillante.  Ces  animaux,  en  effet,  ayant  le  train 
de  derrière  fort  relevé  ,  sautent  toujours  en  marchant , 
comme  on  le  voit  chez  les  lapins  ,  les  lièvres  et  autres  ron- 
geurs. Tous  ont  une  fourrure  douce  et  bien  fournie  ;  leur 
instinct  est  fort  timide  ,  et  craint  le  bruit  ;  ils  aiment  les 
retraites  souterraines,  et  la  plupart  d'entre  eux  se  creusent 
des  terriers;  tels  sont  les  lapins,  les  porc-épics,  les  mar- 
mottes, le  paca  ,  l'agouti,  le  pilori,  et  une  multitude  de 
rats  ,  de  mulots,  de  campagnols  ,  de  loirs,  de  gerboises  ,  de 
damans,  etc.  lis  ont  une  ouïe  délicate  et  une  vue   courte  y 


Q  IJ  A  379 

qui  s'accommode  mieux  de  l'obscurité  que  du  grand  jour. 
Sachant  fort  bien  se  servir  de  leurs  paltes  antérieures 
pour  tenir  leurs  alimens  ,  les  porter  à  leur  bouche  ,  et  pei- 
gner leurs  moustaches  ;  ils  boivent  aussi  très-rarement  ^ 
sont  toujours  propres,  vifs  et  pleins  d'inquiétude.  Ils  témoi- 
gnent leurs  désirs  ,  leur  impatience  par  de  petits  cris  ou  des 
sifflemens  aigus  ;  très-portés  à  l'amour  ,  ils  sont  aussi  les 
plus  féconds  des  quadrupèdes.  La  plupart  dorment  beaucoup, 
et  passent  même  l'hiver  dans  l'engourdissement;  c'est  ainsi 
que  la  marmotte,  le  hamster  ,  le  souslic  ,  le  bobak ,  le  loir, 
le  lérot ,  le  muscardin  ,  les  gerboises  et  plusieurs  rats,  tels 
que  le  mongul,  le  jard,  le  tamaricin  ,  le  bétuiin,  ie  sikls- 
tan,  etc.,  se  renferment,  pendant  la  froide  saison,  dans  leurs 
cases  souterraines ,  bien  fermées  et  tapissées  de  mousse  , 
pour  y  dormir  tranquillement,  jusqu'à  ce  que  la  douce  cha- 
leur du  printemps  les  rappelle  à  la  vie  active.  Ces  animaux 
ne  mangent  rien  pendant  ce  temps  ;  car  lorsqu'ils  s'engour- 
dissent à  l'entrée  de  l'hiver,  ils  sont  tout  ronds  de  graisse  ,  à 
cause  des  fruits  abondans  que  leur  a  fournis  l'automne;  mais 
les  espèces  qui  ne  dorment  point,  ont  soin  d'amasser,  dans 
leur  trou,  des  provisions  pour  vivre  dans  la  mauvaise  saison  : 
les  écureuils  ,  les  campagnols  rassemblent  des  noisettes,  des 
faînes  ,  des  noix  ,  des  cônes  de  pins  ;  les  hamsters  apportent 
du  blé ,  des  pois  dans  leurs  abajoues  ;  les  loirs  font  provision 
de  glands,  de  pépins;  Talagtaga  ,  la  marmotte  ,  l'ondatra, 
d'herbes,  de  racines;  le  zizel,  des  baies  et  même  des  rats , 
des  oiseaux  qu'il  mange;  la  taupe  des  dunes,  ler-t  économe 
de  Sibérie,  le  lagure  ,  le  rat  social,  etc.,  amassent  des 
racines  bulbeuses.  Plusieurs  espèces  ,  comme  le  surmulot , 
le  rat,  la  souris,  le  mulol ,  le  rat  d'eau,  le  lagure,  etc., 
sont  très-voraces  ,  ne  dédaignent  point  la  chair  ,  et  même 
s'enlre-dévorent  lorsque  le  besoin  les  presse  ;  leur  carac- 
tère est  cruel,  irascible;  ils  font  des  morsures  vives  ,  et 
quelques-uns  ne  craignent  pas  de  se  mesurer  avec  les  chats 
et  les  belettes.  Ce  sont ,  au  reste  ,  les  plus  adroits  des  ani- 
maux pour  se  creuser  des  terriers,  pour  se  faire  des  retraites  ; 
car  sans  parler  de  la  singulière  industrie  du  castor,  qui  sait 
construire  de  grandes  digues  dans  les  rivières  et  se  bâtir  des 
huttes  à  plusieurs  étages  ,  des  cabanes  de  bois  enduites  de 
terre;  sans  faire  mention  des  maisonnettes  de  joncs  de  l'on- 
datra au  bord  des  fleuves  ;  qui  n'admireroit  pas  les  diverses 
chambres  souterraines  que  se  pratique  le  hamster,  avec 
deux  galeries,  l'une  oblique  pour  y  jeter  ses  excrémens, 
l'autre  perpendiculaire  pour  sa  sortie.  Les  terriers  très- 
profonds  des  bobaks  contiennent  jusqu'à  vingt-quatre  indi- 
vidus ,  dont  l'un  va  faire  ,  de  temps  en  temps ,  la  ronde  au- 


38o  Q  U  A 

dehors,  et  en  sifflant,  comme  la  marmotte,  avertît  ses  com- 
pagnons de    la  présence  des  ennemis.  Une  foule  d'autres 
espèces   sait  tapisser   chaudement:  de    mousse,    ses  petites 
chamhres,  destiner   l'une  à  leurs  petits,  avec  leur  mère, 
l'autre  à  la  provision;  telle  autre  est  le  vestibule,  et  celle-ci 
une  sorte  de  dortoir.  Vous  diritz  que  ces  architectes  ont 
appris  l'art  de  disposer  leur  logement  de  quelque  \itruve 
sauvage;    l'un   étançonne  un   terrain  qui  s'éboule,  l'autre 
divise  une  vaste  cavité  en  compartimens  ;  celui-ci  avec  de 
l'argile  pélrie,  garantit  sa  demeure  de  l'infiltration  des  eaux; 
tel  autre  sèche  ,  avec  soin  ,  ses  provisions,  pour  les  garder 
pendant  tout  Ihiv^r  ;  chacun  travaille  selon  ses  forces  et  son 
industrie;    le   souslic,  le  taupin ,  aiment  vivre  seuls  ;  le  rat 
social  fait  >nénage  avec  sa  femelle  et  sa  famille  ;  le  rat  éco- 
nome de  Sibérie,  craignant  la  disette  ,  remplit,  en  diligence, 
plusieurs  greniers  souterrains  de  bulbes  et  de  racines  ;  le 
rat  roux  de  la  Tarlarie,se  pratique, sous  la  neige  des  galeries, 
des  portiques  pour  passer.  On  assure  que  les  lemings  s'at- 
troupent,  dans  l'automne,   en   immenses  cohues  ,  et,  cha- 
que  nuit ,    se  mettent    en  marche ,    sans   quitter   la   ligne 
droite  qu'ils  suivent  pour  chemin  ;  ils  traversent  ainsi ,  avec 
obstination,  les  montagnes,  les  bois,  les  rochers  ,  passent 
les  rivières  mêmes  à  la  nage,  et  ne  se  détournent  jamais  pour 
quelque  obstacle   que  ce  soit.  Les  rats  économes  font  de 
même.  Une  foule  d'autres  espèces,  telles  que  les  mus  c^ra- 
rius ,  lagums ,   iorquatus  ^  acredula    de    Pallas,    changent    de 
demeure  à  certaines  époques,  comme  les  oiseaux  de  passage, 
et  reviennent ,  l'année  suivante  ,  retrouver  leurs  anciennes 
habitations;  d'autres  espèces  erratiques  ,  comme  les  campa- 
gnols, \e.  mus  vagiis,  le  bétulin ,   etc.,  voyagent  de  contrée 
en  contrée  ,  et  parlent  lorsqu'elles  ne  trouvent  plus   à  y 
vivre  ;  de  même  les  pasteurs  arabes  et  iartares  parcourent 
leurs  solitudes  et  ne  s'arrêtent  que  dans  les  pâturages  qu'ils 
n'ont  point  encore  épuisés. 

D'autres  rongeurs  nichent  dans  les  trous  Aqs  arbres  , 
comme  les  écureuils,  et  sautent  prestement  de  branche  en 
branche  ;  en  s'accroupissant ,  ils  s'ombragent  et  s'éventent 
de  leur  queue  touffue;  on  dit  même  qu'ils  passent  les  rivières 
en  se  servant  d'une  écorce  d'arbre  comme  d'un  canot.  Ces 
jolis  animaux  sont  gais,  vifs  et  fort  délicats;  on  les  appri- 
voise aisément  ;  ils  font  mille  tours  de  gentillesse;  et  lors- 
qu'on leur  donne  une  noix,  ils  savent  la  porter  à  leur  bouche 
avec  leurs  mains,  et  l'ouvrir  en  un  instant  pour  en  prendre 
l'amande.  Lorsque  l'écureuil  petit-gris  voit  un  gros  serpent 
à  sonnette  le  regarder  avec  des  yeux  hagards  et  une  gueule 
béante,  le  pauvre  petit,  tout  tremblant  de  peur,  se  laisse 


Q  U  A  3Si 

tomber  devant  l'affreux  reptile,  qui  le  dévore  sur  l'heure. 
L'écureuil  suisse  sait  se  creuser  ,  sous  quelque  souche  d'ar- 
bre ,  une  habitation  à  plusieurs  chambres  ,  pour  y  enfouir 
des  vivres,  et  ,  comme  un  avare  ,  il  cherche  toujours  à  en- 
tasser de  nouveaux  trésors.  Le  polatouche  se  fait  un  lit  de 
feuilles  pour  y  dormir  mollement  pendant  le  jour,  tandis 
qu'il  va ,  pendant  la  nuit ,  dérober  des  fruits  dans  les  jardins, 
de  même  que  ses  congénères;  race  de  petits  maïaudeurs 
gourmands,  semblables  à  ces  jeunes  écoliers  qui  pénètrent 
adroitement  dans  les  vergers ,  pour  insulter  les  arbres  à 
coups  de  pierres. 

Les  gerboises  et  les  kanguroos  sont  remarquables  par 
leurs  grands  sauts,  à  l'aide  de  leurs  longues  pattes  de  der- 
rière ,  et  de  leur  queue  roide  qui  appuie  contre  terre , 
comme  un  bâton.  Plusieurs  espèces  de  rongeurs  recherchent 
les  lieux  aquatiques  ;  tel  est  le  castor  ,  l'ondatra  ,  le  cabiai , 
le  rat  d'eau  ,  le  caraco  ,  le  surmulot ,  le  rat  économe  ,  le 
campagnol ,  et  presque  tous  les  rats.  Au  contraire  ,  les  écu- 
reuils se  tiennent  sur  les  arbres  ,  et  les  coëndous,  les  ursons, 
dont  la  queue  est  prenante,  s'accrochent  après  leurs  bran- 
ches. Plusieurs  espèces  d'écureuils  ,  de  porc-épics  ,  de  rats  , 
peuvent  s'apprivoiser  comme  le  cochon  d'Inde ,  le  lapin  ,  etc. 
Quelques-unes,  comme  l'ondatra,  le  rat  d'eau,  le  piloris, 
le  rat  économe  ,  le  lagure  ,  le  taupin  ,  exhalent  une  odeur  de 
musc  ,  surtout  lorsqu'ils  entrent  en  chaleur. 

On  trouve  ,  en  Amérique  et  en  Afrique ,  une  famille 
d'animaux  qui,  privés  de  dénis  pour  la  plupart,  et  d'un 
naturel  innocent ,  vivent  d'insectes ,  de  fruits  ou  de  racines 
sauvages.  Les  fourmiliers  à  long  museau ,  avec  une  gueule 
étroite  ,  à  toison  lâche  et  épaisse  ,  à  poils  durs  comme  la 
bourre,  marchent  lentement,  chaque  nuit,  vont  en  silence 
déchirer  ,  de  leurs  ongles  robustes  ,  les  nids  cartonnés  des 
fourmis  d'Amérique  ;  étendant  alors  leur  grande  langue  cy- 
lindrique et  gluante  ,  ils  arrêtent  ces  insectes  pour  en  faire 
leur  nourriture.  Retirés,  pendant  le  jour,  dans  un  lieu 
sombre  ,  ils  peuvent  supporter  long-temps  la  faim  ;  cachant 
leur  tête  entre  leurs  bras ,  et  se  recouvrant  de  leur  longue 
queue  touffue,  ils  dorment  exposés  à  la  pluie  et  aux  injures 
du  temps  ;  mais  l'oryctérope  du  Cap  de  Bonne-Espérance  , 
qui  ressemble  aux  animaux  précédens ,  se  creuse  un  terrier. 
Les  pangolins  et  phatagins ,  couverts  d'écaillés  mobiles 
qu'ils  hérissent  lorqu'ils sont  en  fureur  ,  se  roulent  en  boule, 
la  tête  et  la  queue  recouvrant  le  ventre  ,  et  ne  présentent  à 
leurs  ennemis  qu'une  masse  ronde  ,  écailleuse.  On  estime  la 
chair  de  ces  animaux  sur  les  tables,  et  surtout  leur  queue 
grasse.  Ils  dorment  pendant  le  jour ,  et  ne  sortent  que  de 


383  Q  U  A 

nuit ,  en  marchant  avec  lenteur  et  précaution  ,  pour  cher- 
cher leur  nourriture  de  vermisseaux,  de  fourmis,  etc.  Ils 
n'ont  aucune  dent,  ainsi  que  les  fourmiliers.  Chez  les  tatous, 
animaux  américains  ,  cuirassés  d'un  test  osseux,  de  diverses 
pièces,  rangées  en  bandes,  on  trouve  des  dents  molaires; 
car  Ils  vivent  non  seulement  de  racines  sauvages,  de  patates, 
de  melons,  d'insectes  et  de  vers  ,  mais  ils  ne  dédaignent  ni 
le  poisson,  ni  la  chair.  Au  reste  ,  ce  sont  des  espèces  timi- 
des, nocturnes,  qui  se  contractent  en  houle  à  l'approche  de 
leurs  adversaires  ,  car  ils  ne  se  défendent  point  autrement, 
lisse  creusent  des  terriers  où  ils  dorment  pendant  le  jour  , 
et  deviennent  fort  gras;  aussi  leur  chair  est  estimée;  les 
femelles  mettent  bas  des  petits  ,  presque  tous  les  mois. 

Parmi  les  familles  de  quadrupèdes  ,  11  en  est  peu  d'aussi 
utiles  pour  nous  que  celle  desruminans.  L'aJjsence  des  dents 
incisives  à  leur  mâchoire  supérieure  ,  leurs  pieds  fourchus, 
leur  front  cornu,  leur  vie  toute  végétale,  leur  rumination  , 
le  lait,  le  suif,  la  chair,  les  cuirs,  que  ces  animaux  nous 
fournissent ,  la  facilite  qu'ils  ont  de  s'apprivoiser,  la  polyga- 
mie des  mâles,  tout  les  rend  dignes  d'une  attention  particu- 
lière. {Voyez  RuMiT^A^s.)  Le  genre  des  chameaux,  espèces 
sobres,  nerveuses,  sans  cornes  ,  mais  dédommagées  par  des 
denlscaninessupérieures,estremarquable  par  l'allure  déhan- 
chée, le  long  cou  et  le  regard  stuplde  de  ces  divers  individus. 
Le  dromadaire,  le  chameau  à  dos  garni  d'un  ou  deux  cous- 
sins naturels,  transporte  au  milieu  des  arides  solitudes  l'A- 
rabe ou  le  Maure  avec  son  bagage  et  ses  vivres.  Au  premier 
signe  de  son  maître,  il  s'accroupit  pour  qu'on  le  charge  ,  et 
se  levant  sans  murmure  ,  tourne  ses  pas  vers  l'immensité 
des  déserts.  Content  de  quelques  poignées  d'orge  de  son 
maître,  et  d'un  peu  d'herbes  sèches  et  épineuses  que  lui  re- 
prochent avec  avarice  ces  vastes  mers  de  sable,  le  dromar- 
dalre  voyage  et  se  délasse  au  chant  de  son  maître.  La  nature 
prévoyante  lui  a  donné  en  particulier  un  cinquième  estomac, 
dans  lequel  U  conserve  de  l'eau;  parce  qu'étant  destiné  à 
passer  sa  vie  au  milieu  des  plus  arides  contrées  de  l'univers, 
11  seroit  mort  de  soif  sans  cette  sage  disposition  ;  aussi  lors- 
qu'il boit,  11  prend  de  l'eau  pour  étancher  la  soif  actuelle  et 
pour  celle  à  venir;  d'ailleurs  cet  animal  sent  de  fort  loin 
les  sources;  il  est  sobre,  patient,  robuste,  mais  obstmé  ,  et 
porte  jusqu'à  douze  quintaux;  son  pas ,  quoique  lent ,  est 
toujours  uniforme  :  jamais  il  ne  se  presse  ,  et  ne  fait  plus  de 
chemin  que  de  coutume,  ou  ne  reçoit  plus  que  sa  charge 
accoutumée.  Ses  pieds  calleux  sont  appropriés  au  sol  mouvant 
et  sablonneux  de  l'Afrique  ou  de  l'Arabie,  et  ses  gencives , 
sa  langue  presque  cartilagineuses,  s'accommodent  sanspeine 


Q  U  A  381Î 

des  herLcs  épineuses  du  déserl.  Le  lama  des  montaenes  du 
Pérou,  à  voix  hennissante,  porte  un  quintal  et  demi  pen- 
dant plusieurs  jours  ,  et  lorsqu'on  l'attaque  ,  il  frappe  du 
pied ,  lance  une  salive  caustique  ;  lorsqu'il  succombe  de  fa- 
ligue,  rien  ne  le  force  à  faire  un  pas,  à  moins  de  lui  serrer 
les  testicules.  La  vigogne  dontla  laine  fine  et  rougeâire  est  si 
estimée  pour  les  plus  fines  étoffes ,  se  lient  en  Iroupes  sur 
les  froides  hauteurs  du  Chili  et  de  Coquimbo  ;  et  le  paco 
qui  ne  porte  pas  au-delà  de  cinquante  livres,  grimpe  avec 
sa  famille  sur  les  hautes  montagnes  du  Pérou.  On  retire  d'une 
espèce  de  chevrolain,  le  musc,  ce  parfum  si  recherché,  que 
l'animal  sécrète  vers  son  prépuce,  et  qui  se  forme  plus  abon- 
damment au  temps  du  rut.  Ces  espèces  portent  à  la  mâ- 
choire supérieure  deux  dents  canines  fort  longues,  et  vi- 
vent solitaires  dans  les  rochers  les  plus  sauvages  ;  elles  sont 
timides  et  d'une  extrême  agilité  à  la  course.  On  connoît  lu 
vitesse  des  cerfs,  la  beauté  de  leur  bois,  l'élégance  de  leur 
corsage,  leur  ardeur  et  leurs  combats  en  amour;  on  sait 
que  le  renne,  devenu  domestique  chez  les  Lapons,  les  Ja- 
kutes,  les  Samoïèdes,  leur  donne  son  lait,  sa  chair  ,  sa 
peau,  et  les  fait  voyager  rapidement  sur  les  neiges,  dans 
leurs  traîneaux  ;  cet  animal,  que  la  moindre  chaleur  fait  pé- 
rir, trouve  le  lichen  dont  il  se  nourrit ,  en  grattant  la  neige 
qui  couvre  les  terres  glacées  du  septentrion  ;  tandis  que  la 
giraffe  gigantesque ,  animal  doux  et  prompt  à  la  course  ,  paît 
le  feuillage  des  plus  hauts  arbres  de  la  brûlante  Ethiopie.  C'est 
aussi  dans  les  chaudes  régions  de  l'Afrique  et  de  l'Asie  ;  c'est 
à  la  cime  des  monts  et  sur  les  flancs  des  collines  qu'on  voit 
bondir  les  troupes  légères  des  gazelles,  aux  yeux  vifs  et  noirs, 
au  corsage  svelte  ,  à  la  marche  précipitée.  Leur  port  gra- 
cieux, leur  regard  de  douceur  mêlée  de  fierté,  leur  viva- 
cité, l'élégance  de  leur  taille,  leur  tête  couronnée  de  cornes 
aussi  belles  que  fortes  et  pointues  ,  la  sensibilité  de  leur  ca- 
ractère ,  la  facilité  aveclaquelle  on  les  apprivoise ,  en  font  les 
plus  aimables  espèces  de  cette  famille  de  quadrupèdes.  Elles 
fournissent  des  chairs  délicates,  des  bézoards,  et  une  peau 
très-recherchée.  On  connoît  le  naturel  pétulant  et  lascif  de 
la  chèvre,  l'instinct  qui  la  fait  gravir  sur  les  roches  escarpées 
pour  y  cueillir  le  feuillage  des  arbrisseaux  ,  de  même  que  les 
antilopes.  Les  chèvres  d'Angora  sont  revêtues  d'une  robe 
longue  et  soyeuse,  dont  les  poils  sont  recherchés  pour  les 

f)lus  beauxtissus ,  tels  que  les  schalls  de  Kachemire.  La  brebis , 
e  plus  stupide  et  le  plus  foible  peut-être  de  tous  les  ani- 
maux; le  bélier  qui  frappe  de  la  tête  ,  et  qui,  couvert  d'une 
chaude  toison  ,  préfère  les  collines  sèches  et  un  peu  arides, 
prend  en  Guinée  une  laine  courte  et  des  oreilles  pendantes , 


384  Q  U  A 

en  Espagne  et  en  Syrie  une  laine  fine  et  longue,  en  Bar- 
barie et  en  Arabie  une  grosse  et  large  queue  toute  bouffie  de 
graisse.  Le  genre  du  bœuf  comprend  des  races  d'animaux 
robustes  et  massifs  qui  se  plaisent  dans  les  prairies  basses  et 
les  vallées  humides.  Les  mâles  sont  d'un  caractère  très-iras- 
cible ;  l'œil  enflammé,  le  regard  de  travers,  ils  se  précipi- 
tent avec  furie  sur  leurs  adversaires  au  temps  de  l'amour  ,  les 
percent  à  coups  de  cornes,  les  renversent  et  les  foulent  aux 
pieds;  leurs  naseaux  exhalent  le  feu  de  leur  colère,  et  leurs 
longs  mugissemens  remplissent  les  forêts.  La  bosse  dorsale 
des  bisons  et  des  zébus ,  l'épaisse  et  noire  crinière  de  la  vache 
de  Tartarie  ,  le  maintien  farouche  et  intrépide  du  buffle  ,  les 
larges  Fanons  du  taureau  ,  caractérisent  ces  vigoureux  qua- 
drupèdes. Souventdanslesbroussailles  de  l'Afrique,  à  l'aspect 
inopiné  du  voyageur  ,  un  taureau  sauvage  lève  sa  tête, 
ouvre  les  naseaux,  lance  des  regards  de  colère,  et  tendant 
la  queue  ,  se  battant  les  flancs  ,  fond  tête  baissée  sur  le  pas- 
sager, l'écrase  ,  le  déchire  et  disperse  dans  les  buissons  ses 
membres  palpitans.  Lorsque ,  poursuivi  par  une  meute , 
l'animal  fougueux  se  voit  près  d'être  atteint,  il  lance  à  plu- 
sieurs pas  de  distance  des  excrémens  caustiques  sur  les 
chiens;  enfin  se  voyant  arrêté  ,  il  s'accule  contre  un  arbre, 
présente  les  cornes  et  éventre  tout  ce  qui  ose  l'approcher, 
défend  vaillamment  sa  vie  qu'il  ne  perd  qu'en  écumant  de 
rage  dans  les  convulsions  du  désespoir. 

Nous  avons  parlé  du  naturel  des  solîpèdes,  tels  que  les 
chevaux ,  les  ânes  ,  qui  sont  grands  ,  beaux  et  vifs  en  Arabie , 
en  Perse  et  dans  tout  l'Orient.  Les  zèbres ,  animaux  si  élé- 
gamment rayés  de  bandes  noires  et  blanches ,  courent  en 
hordes  vagabondes  dans  les  solitudes  africaines;  leur  naturel 
impatient  du  frein,  leur  caractère  indocile,  les  soustrait  à  la 
puissance  de  l'homme,  quoiqu'ils  s'apprivoisent  dans  la  jeu- 
nesse ;  le  czigilai  fuit  dans  les  steppes  sablonneuses  de  la 
Tartarie  ,  se  répand  dans  les  plaines  découvertes  ,  les  vallées 
fertiles  en  herbes,  et  se  rassemble  en  troupes,  qui  évitent 
avec  soin  le  voisinage  des  hommes. 

Enfin  ,  les  mœurs  de  la  dernière  famille  des  quadrupèdes 
se  rapportent  à  la  nature  des  lieux  fangeux  qu'ils  fréquen- 
tent; car  ils  sont  d'un  caractère  lourd  ,  d'un  instinct  brutal , 
d'un  sentiment  obtus  et  grossier;  tels  sont  les  cochons,  les 
tapirs,les  rhinocéros, les hippopotames,animaux  appelésbêles 
brutes  ou  pachydermes  par  Aristote  et  quelques  modernes , 
à  cause  de  l'épaisseur  et  de  la  rudesse  de  leur  peau  ,  sous  la- 
quelle se  trouve  ordinairement  une  couche  de  lard.  L'élé- 
phant ,  qui  appartient  à  cette  même  famille  par  toute  son  or- 
.ganisalion  et  ses  habitudes  ,   ne  s'en  dislingue  que  par  son 


Q  U  A  385 

intelligence  bien  supérieure  à  celle  des  genres  qui  lui  sont 
analogues,  à  cause  de  la  conformation  particulière  de  sa 
trompe  qui  réunit  le  sens  de  l'odorat  à  celui  du  toucher.  Tous 
les  pachydermes  ont  besoin  de  ramollir,  d'assouplir  con- 
tinuellement leur  peau  dans  Teau  ,  de  l'enduire  même 
d'une  couche  de  boue  pour  l'empêcher  de  se  gercer,  et  lui 
tenir  lieu  de  poils  dont  elle  est  irès-rarement  couverte.  En 
effet ,  ces  quadrupèdes  ne  portent  que  quelques  soies  rudes  et 
peu  nombreuses.  Ils  ont  une  vue  myope,  louche  et  foible 
au  grand  jour;  leur  toucher  est  très  grossier,  à  Texceplion 
des  lèvres  et  du  nez  où  ce  sens  paroït  plus  vif  et  plus  in- 
time ;  leur  goût  extrêmement  rude ,  les  rend  goulus ,  vo- 
races  ;  ils  avalent  indistinctement  les  matières  dont  les  saveurs 
sont  les  plus  révoltantes;  mais  leur  ouïe  est  assez  fine,  et 
leur  odorat  surtout  a  reçu  un  développement  et  une  déli- 
catesse extraordinaires  ;  c'est  à  laide  de  ce  dernier  sens  qu'ils 
flairent  de  très-loin  leurs  aliniens,  et  que  leur  appétit  étant 
vivement  excité  ,  ils  ne  dédaignent  pas  les  plus  dégoûtantes 
nourritures.  Demeurant  continuellement  attroupés  dans  les 
lieux  couverts  et  chauds,  les  pays  profonds,  marécageux, 
remplis  de  joncs  ,  d'herbes  touffues  et  aquatiques ,  ils  aiment 
se  vautrer  dans  la  fange  ,  déterrer  les  racines  ,  briser  les 
tiges  et  autres  substances  végétales  dont  ils  font  leur  nourri- 
ture. Leurs  dents  sont  grandes  et  fortes  ;  des  défenses  longues 
sortent  de  leur  gueule  dans  les  espèces  du  sanglier,  du  baby- 
roussa,  de  l'éléphant  et  même  de  l'hippopotame;  chez  le  rhi- 
nocéros, la  lèvre  supérieure  s'allonge  et  peut  se  mouvoir  pour 
saisir  divers  objets;  dans  le  tapir,  elle  forme  une  petite 
trompe  mobile  d'un  pied  de  longueur,  et  dans  l'éléphant , 
dont  la  grosse  tête  est  placée  sur  un  cou  très-court  à  cause  de 
sa  pesanteur,  la  trompe  s'allonge  jusqu'à  terre  afin  que  cet 
animal  puisse  saisir  par  ce  moyen  ce  qu'il  trouve  à  ses  pieds. 
Dans  les  cochons,  le  groin  est  terminé  par  un  boutoir  carti- 
lagiheux,  avec  lequel  ces  animaux  labourent  le  sol  :  les  rhi- 
nocéros ,  armés  d'une  corne  sur  le  nez  ,  et  quelquefois  d'une 
autre  petite  sur  le  front,  s'en  servent  pour  fendre  les  troncs  des 
jeunes  arbustes,  dont  ils  écrasent  la  tige  succulente,  sous  leurs 
grosses  mâchoires,  comme  nous  mangeons  des  asperges.  La  dé- 
marche des  animaux  de  cette  famille  est  pesante  et  indolente  , 
leur  port  inepte  ,  leurs  manières  brutales,  sans  être  féroces  ; 
ils  sont  stupidement  farouches;  ies  mâles  souvent  .poly- 
games ,  ont  des  amours  rustiques  et  sans  délicatesse  :  toujours 
affamés ,  ils  ne  songent  qu'à  remplir  leur  ventre  ,  dorment 
long-temps  et  profondément ,  vivent  sans  souci,  salement,  et 
s'engraissent  beaucoup;  leur  chair  est  dure,  filandreuse  et 
indigeste.  L'éléphant  seul  déploie  des  qualités  remarquables 

XXVîII.  2.J 


386  Q  TT   A 

d'intelligence,  de  prudence,  d'attach Aient  pour  ses  maîtres^ 
de  fidélité  et  d'obéissance,  que  n'ont  aucune  des  autres  es- 
pèces voisines. 

A  la  suite  de  l'hippopotame,  qui  demeure  presque  également 
sur  la  terre  et  dans  l'eau,  viennent  des  espèces  entièrement 
aquatiques  ,  ou  amphibies ,  comme  les  phoques  ou  veaux- 
marins  ,  les  morses  et  les  lamantins ,  qui  font  le  passage  des 
quadrupèdes  aux  cétacés.  Toujours  plongés  dans  les  eaux  de 
la  mer  ou  desfleuves,  ces  amphibies  ontdes  pieds  forméspour 
la  natation  en  manière  de  rames  ;  ils  ne  paroissent  au-dessus 
de3  flots  que  pour  respirer  et  prendre  leur  nourriture.  Les 
veaux-marins  viventde  poissons  qu'ils  atteignent  en  plongeant. 
Les  morses  et  les  lamantins  broutent  les  plantes  aquatiques- 
Ces  animaux  s'accouplent  à  la  manière  des  hommes  et  allaitent 
leurs  petits.  Les  lions-marins  ,  les  ours  de  mer ,  les  grands 
phoques  rassemblent  en  un  sérail  plusieurs  femelles  dont  ils  ont 
la  possession  exclusive  ,  et  combattent  même  avec  un  achar- 
nement sans  exemple  pour  se  la  conserver.  Lorsque  leurs 
petits  sont  prêts  à  naître  ,  ils  émigrent  en  bandes  nombreuses 
dans  quelques  îles  désertes,  et  les  mères  se  posent  sur  la  grève 
pour  y  accoucher;  elles  ont  soin  de  conduire  à  la  mer  leur 
jeune  famille  ,  de  l'apprendre  à  nager  habilement ,  sans 
craindre  les  flots  et  la  tempête.  Ces  animaux  sont  curieux, 
toujours  au  guet ,  se  placent  sur  quelque  roche  élevée  et  soli- 
taire pour  dormir  ;  ils  ronflent  alors  profondément.  Leur  ca- 
ractère est  irascible,  extrêmement  hargneux  ;  on  prétend  que 
dans  leurs  combats,  ils  ne  cherchent  qu'à  défendre  leur  droit; 
ils  se  mettent  toujours  du  côté  de  la  justice  ,  de  l'équité,  ont 
soin  de  secourir  les  foibles  ,  prennent  parti  dans  toutes  les 
querelles ,  de  sorte  que  la  guerre  s'allume  chez  tous  et  de- 
vient universelle.  Au  reste,  ce  sont  des  races  dures,  pres- 
que insensibles  aux  blessures  ,  excepté  à  celle  du  nez;  sales  , 
voraces  ,  ils  s'engraissent  beaucoup  au  milieu  des  bancs 
épais  de  harengs ,  et  les  oiseaux  de  mer  les  poursuivent 
avec  acharnement ,  pour  leur  faire  vomir  leur  proie  et  s'en 
emparer  à  leur  tour.  Les  lamantins ,  d'un  caractère  inno- 
cent, viennent  sur  les  bords  des  fleuves  y  paître  sans  cesse 
les  joncs  et  les  autres  plantes;  toujours  en  familles,  ils  sem- 
blent se  plaire  à  voir  l'homme,  s'il  ne  leur  fait  aucune  in- 
sulte, et  se  délecter  aux  accens  de  sa  voix  ou  de  ses  instru- 
mens  ,  comme  les  dauphins  se  rassembloient  jadis  au  son  de 
la  lyre  d'Arion.  Le  mâle  se  contente  d'une  seule  femelle , 
qui ,  fuyant  d'abord  par  mille  détours,  cède  enfin  à  ses  désirs, 
et  qui,  devenue  mère,  allaite  son  petit,  le  transporte  sur 
son  dos  au  milieu  des  ondes,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  la  force 
de  la  suivre  à  la  nage.  Les  morses  ou  vaches-marines  et  les 


Q  U  A  38/ 

dugongs,  armés  de  deux  longues  défenses  à  la  mâchoire 
supérieure,  viennent  en  bandes  creuser  le  sable  des  rivages, 
pour  s'y  reposer  à  leur  aise  ;  ces  animaux  mugissent  comme 
le  bœuf  et  ronflent  en  dormant.  Leur  lard  esi ,  dit-on  ,  d'un 
goût  agréable,  et  leur  peau  sert  à  faire  des  soupentes  de 
carrosses. 

On  peut  consulter ,  à  l'article  Cétacés  ,  ce  que  nous  avons 
dit  de  cette  famille  d'animaux,  qui  doit  se  placer  naturelle- 
ment à  la  suite  de  ces  quadrupèdes  amphibies. 

De  l'influence  des  lieux  d'habilation  et  des  saisons ,  des  climats  sur 
r organisation  des  quadrupèdes. 

En  décrivant  les  mœurs  des  quadrupèdes  ,  nous  avons 
parlé  des  émigrations  de  plusieurs  espèces,  et  des  lieux  que 
préféroit  chacune  de  leurs  familles.  Ainsi  les  singes  ne  se  plai- 
sent que  dans  les  forêts  de  haute-futaie  et  sur  les  grands 
arbres;  les  chauve-souris  dda(|||es  rochers;  les  carnassiers  dans 
les  retraites  des  bois  et  des  montagnes;  la  plupart  des  ron- 
geurs dans  les  broussailles  ,  les  champs  ,  et  les  halliers  ;  les 
ruminansau  sein  des  prairies  ou  sur  les  collines  :  lessolipèdes 
au  milieu  des  plaines  où  ils  puissent  exercer  en  liberté  leurs 
membres  à  la  course;  les  bêles  brutes  dans  les  terrains  fangeux 
et  profonds;  enfin,  les  amphibies  parmi  les  eaux  des  fleuve» 
et  des  mers.  Nous  apercevons  même  dans  cet  ordre  de  pré- 
férence ,  des  rapports  entre  la  nature  des  lieux  et  la  com- 
plexion  de  chaque  famille  ;  car ,  plus  les  espèces  préfèrent 
les  terrains  bas  et  aquatiques ,  plus  elles  sont  d'un  tempé- 
rament humide  ,  d'une  chair  molle  ,  d'un  caractère  apathi- 
que et  stupide ,  tout  adonné  à  la  vie  brute  ;  tels  sont  les  am- 
phibies et  les  bêtes  brutes;  au  contraire,  plus  les  races  re- 
cherchent un  sol  élevé  et  sec,  comme  les  singes,  les  makis, 
les  écureuils  ,  qui  se  tiennent  constamment  sur  les  arbres, 
loin  de  la  fange  de  la  terre  ,  plus  aussi  leur  structure  est  dé- 
licate ,  leur  sensibilité  vive  ,  leur  intelligence  développé^,  et 
leurs  mouvemens  sont  prompts  en  comparaison  des  autres 
races.  De  même,  les  familles  qui  se  tiennent  d'ordinaire  sur 
les  hautes  montagnes,  telles  que  les,  chèvres,  les  gazelles,  les 
chevrotains,  ou  même  dans  les  plaines  arides,  comme  les  che- 
vaux, les  zèbres,  les  czigitais ,  les  onagres,  ont  une  structure 
nerveuse  et  fine,  une  taille  svelte  et  l'habitude  de  l'agilité  et 
de  la  vigueur.  Ceux  d'entre  les  quadrupèdes  qui  ne  vivent  ni 
parmi  les  lieux  très-secs,  ni  dans  des  terrains  trop  humides  , 
gardent  aussi  le  milieu  entre  les  caractères  de  ces  deux  ex- 
trêmes ,  et  les  animaux  qui  se  tiennent  au  milieu  des  âpres 
rochers  ,  des  monts  escarpés  et  sauvages ,  comme  les  ours, 
les  lions,  les  tigres  et  les  hyènes,  ont  aussi  contracté  une  fé- 


388  Q  U  A 

rocïté  de  courage  et  une  rudesse  de  mœurs  tout-h-fait  ana- 
logues à  leur  demeure  ;  mais  les  quadrupèdes  des  pays  doux, 
fertiles  et  cultivés  par  l'homme  ,  se  sont  en  quelque  sorte  po- 
licés en  vivant  près  de  lui,  de  même  que  le  chien  a  perdu 
en  sa  compagnie  son  ancienne  férocité,  le  bœuf  sa  fierté 
primitive,  et  la  chèvre  sa  liberté  vagabonde  Nous  avons 
dompté  leurs  qualités  excessives,  et  les  loups  ,  les  renards  de 
nos  bois  n'ont  pas,  à  beaucoup  près,  autant  d'audace 
et  de  courage  que  .ceux  des  pays  déserts  qui  n'ont  jamais 
senti ,  comme  ceux-ci ,  tout  ce  que  pouvoit  le  bras  de 
l'homme. 

D'ailleurs,  les  températures  influent  beaucoup  plus  sur  les 
animauxque  sur  nous-mêmes,  parce  qu'ils  sont  exposés  a  toute 
l'inclémence  des  airs,  tandis  que  nous  savons  nous  vêtir,  nous 
chauffer  et  nous  rafraîchir ,  nous  loger ,  enfin,  nous  .oustraire 
par  toutes  sortes  de  moyens,  au^randes  et  rapifles  mutations 
deratmosphère;mais  aussi  nougPé  pouvons  pas  prévoir  les  va- 
riations aériennes, les  changemens  de  temps,  de  même  que  les 
quadrupèdes.  Les  animaux  qui  s'engourdissent  en  hiver  savent 
quand  il  faut  se  renfermer  dans  leur  retraite  ,  et  quand  il  faut 
en  sortir.  L'ours,  le  hérisson,  connoissenl  les  vents.  Les  autres 
carnivores  savent  aussi  de  quel  côté  ils  soufflent,  afin  d'éventer 
leur  proie.  La  froide  bise  fait  rentrer  les  quadrupèdes  dans 
leurs  tanières.  Le  vent  du  midi,  précurseur  des  orages,  rend 
les  animaux  inquiets  :  le  sanglier,  le  cochon,  dispersent  alors 
la  paille  avec  leur  groin  ;  la  génisse,  le  cou  tendu,  les  naseaux 
ouverts,  semble  aspirer  la  tempête  ;  la  marmotte,  le  bobak, 
aux  premières  pluies  de  l'automne,  rappellent  par  des  siffle- 
mens  aigus  leurs  compagnons  égarés  pendant  la  brume  du 
matin;  le  chat,  au  coin  du  foyer,  frotte  sa  tête  et  lèche  sa 
patte  lorsque  le  ciel  annonce  la  pluie,  et  la  main  passée  sur 
son  dos,  n'en  tire  plus  d'étincelles  électriques. 

Les  quadrupèdes  tenant  aussi  de  plus  près  que  nous  au 
climat,  tant  par  l'influence  immédiate  qu  ils  en  reçoivent, 
que  par  les  nourritures  toutes  crues  et  non  apprêtées  qu'il 
fournit ,  surtout  aux  races  herbivores  et  frugivores ,  ils  doi- 
vent en  éprouver  de  grandes  mutations.  C'est  ainsi  que  le 
même  animal  revêt  une  forme  différente  dans  les  diverses 
contrées  de  la  terre.  La  Syrie  donne  h  la  chèvre,  au  lapin,  à  la 
brebis,  au  chat,  un  vêtement  soyeux  et  long  comme  les  habits 
orientaux,  tandis  que  le  froid  du  septentrion  couvre  ces  ani- 
maux d'une  bourre  épaisse  et  touffue,  et  que  la  vive  chaleur 
de  la  Guinée,  du  Sénégal,  dépile  presque  entièrement  ces 
espèces,  ou  ne  leur  laisse  que  des  villosités  clair-semées  et  fort 
courtes.  D'ailleurs,  les  mêmes  animaux  deviennent  lourds  et 
massifs  dans  les  vallons  creux  et  humides,  sveltes  et  légers  sur 


Q  tJ  A  389 

les  terrains  élevés  el  sablonneux,  maigres  dans  les  pays  chauds 
el  <  n  été  ,  gras  dans  les  régions  froides  et  en  hiver.  Le  chien 
presque  sans  poil,  appelé  chien  tiirc^  se  trouve  entre  les  con- 
trées les  plus  ardentes  de  la  terre,  tandis  qu'en  Sibérie,  en 
Islande, il  se  revêl  d'une  fourrure  épaisse  et  très-chaude.  Les 
cochons,  les  chevaux,  etc.,  prennent  même,  dans  ces  climats 
froids ,  des  poils  plus  longs  et  plus  laineux.  Les  espèces  qui 
vivent  sur  les  montagnes  sont  aussi  mieux  habillées  que  celles 
des  plaines  et  des  vallées  profondes  où  la  chaleur  est  plus 
concentrée.  Les  nuances  du  pelage  varient  aussi  par  les  mê- 
mes causes:  sous  les  cieux  ardens  de  la  torride  ,  toutes  les 
couleurs  sont  vives,  brunes,  prononcées  ;  mais  pâles,  déteintes 
et  comme  lavées  dans  les  climats  tempérés;  elles  deviennent 
blanches  ,  mates ,  dans  les  plus  froides  régions  de  la  terre. 

Ainsi,  le  lynx, dont  la  robe  est  d'un  roux  vif  tacheté  de  noir 
vers  le  midi,  devient  presque  blanc  avec  de  légères  impres- 
sions noirâtres  dans  le  nord.  Plusieurs  animaux  blanchissent 
par  le  froid  extrême  ,  comme  les  hermines ,  les  belettes,  les 
taupes,  les  ours,  les  renards  gris,  l'isatis,  les  chiens  de  Sibé- 
rie,  d'Islande  ,  les  lièvres  variés,  les  écureuils  suisses,  les 
écureuils  communs,  les  castors  et  diverses  espèces  de  souris, 
de  rats ,  etc.  La  plupart  des  animaux  à  poils  naturellement 
blancs  ou  gris  pâle,  ne  craignent  pas  le  froid,  et  même  habi- 
tent dans  les  régions  septentrionales ,  tandis  que  les  races 
dont  les  couleurs  sont  foncées ,  vives ,  animées,  se  tiennent 
dans  les  pays  chauds.  La  robe  des  léopards ,  des  tigres  ,  des 
panthères,  est  d'un  fauve  très-vif,  avec  des  raies  ou  des  mar- 
ques bien  tranchées;  il  en  est  de  même  du  zèbre,  de  la  giraffe. 
Les  singes  qui  se  tiennent  entre  les  tropiques,  ont  des  teintes 
fortes  et  animées;  c'est  ainsi  que  le  marikina,  le  tamarin,  le 
saki,  les  alouates,  le  coaïta,  la  mône,  le  patas,  le  callitriche, 
la  diane,  l'ouanderou,  les  mandrills,  les  gibbons,  les  pilhè- 
ques ,  ont  des  couleurs  très-prononcées  et  qui  tiennent  plus 
du  brun  et  du  fauve  que  des  autres  nuances.  Dans  le  Nord  , 
on  trouve,  au  contraire,  des  ours  blancs,  des  hermines,  des 
renards  gris,  des  isatis,  des  rennes,  des  orignaux,  des  lièvres 
des  Alpes,  des  écureuils  et  des  rats,  dont  les  teintes  sont 
généralement  pâles  et  grisâtres.  V.  Albinos. 

Non-seulement  l'âge  fait  varier  les  nuances  du  pelage  des 
quadrupèdes,  mais  ils  éprouvent  chaque  année  un  renou- 
vellement de  poils,  et  même  d'épiderme.  C'est  ce  qu'on  ap- 
pelle la  mue.  Voyez  à  la  suite  de  Métamorphose.  Elle  ne  se 
fait  qu'après  la  gestation  des  femelles  et  après  l'accouplement 
dans  les  mâles.  C'est  alors  que  les  bois  des  cerfs,  des  rennes, 
des  élans ,  des  daims,  des  chevreuils,  se  dessèchent  et  tom- 
bent ;  il  en  croît  de  nouveaux  en  leur  place,  pour  la  saison 


390  Q  U  A 

d'amour  qui  doit  suivre.  En  effet ,  lorsque  les  animaux  onl 
engendré,  ils  sont  affoiblis,  épuisés  de  cet  effort  de  vie  ;  leurs 
membres  n'ont  plus  la  même  vigueur,  le  même  embonpoint; 
plusieurs  individus  meurent  à  cette  époque  ;  les  autres  sont 
quelque  temps  à  se  refaire  ;  cette  secousse  de  l'économie  ani- 
male fait  périr  la  racine  des  poils  et  l'épiderme,  qui  se  déta- 
chent comme  les  feuilles  des  arbres  en  automne.  Cependant 
il  renaît  de  nouveaux  poils  et  un  nouvel  épiderme  en  place 
de  ceux  qui  tombent. 

Dans  les  espèces  qui,  comme  l'homme,  trouvent  une 
nourriture  également  abondante  pendant  toute  l'année  ,  la 
mue  s'opère  insensiblement  ;  les  nouveaux  poils  remplacent 
aussitôt  les  anciens  ;  mais  la  mue  est  plus  visible  chez  les 
espèces  qui  n'ont  pas  toujours  des  alimens  à  souhait  ;  tels  sont 
les  carnivores ,  parce  que  la  restauration  des  forces  n'est  pas 
aussi  prompte  que  la  déperdition.  Au  reste ,  ce  renouvelle- 
ment n'est  pas  particulier  aux  seuls  quadrupèdes ,  mais  il 
s'étend  aux  autres  espèces  d'animaux,  et  même  aux  arbres 
et  autres  végétaux  vivaces  qui  se  dépouillent  chaque  année. 
Les  animaux  qui  font  plusieurs  portées  par  an,  n'engendrent 

Î)oint  dans  le  temps  de  leur  mue;  car  c'est  une  sorte  de  ma- 
adie  et  d'affaissement  de  toute  l'économie  animale,  un  repos 
nécessaire  à  la  vie  pour  ressaisir  ses  forces. 

Il  est  remarquable  que  les  seuls  quadrupèdes  vivipares 
soient  pourvus  de  poils ,  parmi  les  animaux  à  sang  rouge  ; 
car  bien  que  l'éléphant,  l'hippopotame,  le  rhinocéros,  soient 
presque  tout  nus,  cependant  ils  portent  quelques  soies  en 
diverses  parties  du  corps,  surtout  durant  leur  première  jeu- 
nesse. Les  tatous ,  couverts  d'un  test  osseux  ;  les  pangolins 
et  phatagins,  protégés  de  leurs  écailles,  ont  des  poils  sous  le 
ventre;  les  porc-épics,  les  hérissons,  les  échimys  ,  armés  de 
piquans,  ont  aussi  des  poils,  et  les  pointes  même  qui  les 
couvrent  sont  des  espèces  de  poils  plus  gros,  plus  roides  et 
plus  aigus  que  les  autres.  Les  soies  rudes  des  sangliers ,  les 
crins  des  chevaux,  la  laine  des  vigognes  ,  des  chameaux  et  des 
brebis,  le  poil  plat  et  court  des  veaux-marins,  la  bourre  gros- 
sière des  paresseux,  des  fourmiliers,  sont  des  variétés  de  poils 
comme  le  velouté  des  hermines ,  des  castors  ,  des  taupes, 
comme  les  longs  poils  flottans  et  soyeux  des  animaux  d'An- 
gora. Il  y  a  des  chats,  des  lapins,  des  chèvres,  des  béliers 
d'Angora  dont  la  dépouille  est  très-recherchée  pour  la  fa- 
brication des  plus  fines  étoffes  ;  cet  allongement  des  poils  des 
animaux  dans  la  Syrie,  paroît  dépendre  des  influences  locales, 
soit  du  sol,  soit  de  l'air,  soit  des  nourritures  ,  soit  de  quelques 
autres  circonstances  encore  inconnues.  Les  animaux  aqua- 
tiques ont  des  poils  fort  gros  et  clair-genics  ;  dans  le  bec  d'oi-. 


Q  U  A  391 

%e9.Vi  {prnithûrhynchus)  ,  ces  poils  sont  aplatis  à  leur  extrémité, 
et,  en  général,  cet  animal  a  une  conformation  intérieure  qui 
le  rapproche  plutôt  des  animaux  ovipares  que  des  vivipares, 
de  sorte  qu'il  ne  paroîtpas  devoir  être  compris  dans  la  classe 
des  mammifères ,  puisqu'il  manque  de  mamelles.  Peut-être 
est-il  ovipare ,  bien  qu'il  ait  les  principaux  caractères  des 
quadrupèdes  à  sang  chaud.  (F,  Everard  Home,  Descr.  anatom. 
àzns  les  Phi/osophical  Transactions,  1802  ,  part,  i.) 

Les  animaux  mâles,  dans  la  vigueur  de  l'âge,  prennent  des 
couleurs  plus  vives  et  plus  intenses  que  celles  de  leur  jeunesse 
et  de  leurs  femelles.  Ces  dernières  couleurs  sont  toujours 
pâles,  lavées,  et  annoncent  la  foiblesse  des  individus;  tandis 
que  les  teintes  fortes  et  prononcées,  relativement  aux  cou- 
leurs naturelles  à  l'espèce,  indiquent  une  mâle  énergie.  Il  en 
est  de  même  chez  les  hommes  ;  car  les  individus  à  cheveux 
blonds  n'ont  pas  la  même  vigueur  que  ceux  à  cheveux  noirs  et 
à  peau  brune.  F.  Dégénération, 

Il  en  est  à  peu  près  ainsi  de  la  taille  des  animaux  ;  car  dans 
les  terrains  bas  et  humides,  les  vallons  fertiles,  les  climats 
doux,  les  mêmes  races  de  quadrupèdes  prennent  plus  de 
corps,  de  procérité  et  Jl'embonpoint  que  sur  un  sol  aride, 
élevé,  parmi  les  terres  stériles,  pierreuses,  les  climats  rigou- 
reux. Voyez  combien  les  chevaux,  les  bœufs  de  Flandre  et 
des  gras  pâturages  de  la  Suisse,  sont  plus  gros  et  plus  grands 
que  les  petits  bœufs  nerveux  des  montagnes  d'Ecosse,  ou  les 
chevaux  secs  et  fins  de  Barbarie.  En  effet ,  on  conçoit  que 
les  corps  étant  plus  relâchés  et  plus  amollis  dans  les  terrains 
profonds  et  un  peu  humides,  doivent  mieux  se  prêter  à  la  force 
d'accroissement  et  d'expansion,  que  les  tempéramens  secs  et 
fibreux  des  lieux  arides;  c'est  aussi  pour  cela  que  les  Flamands 
ont  un  corps  plus  massif  que  les  montagnards  des  Alpes  (F. 
le  mot  Géant).  De  même,  la  chaleur,  aidée  de  l'humidité, 
produit cesgrandesellourdes machines  animées,  leséléphans, 
les  rhinocéros,  les  hippopotames;  tandis  que  la  sécheresse 
n'enfante  que  les  petites  espèces  de  quadrupèdes  :  les  écureuils 
les  polatouches  ,  les  chauve-souris,  les  sapajous,  qui  vivent 
moins  sur  la  terre  que  sur  les  arbres  et  dans  la  moyenne  ré- 
gion de  l'air.  Aussi  la  plupart  des  quadrupèdes  des  pays  chauds 
sont  plus  gros  ,  en  général,  que  ceux  des  climats  froids  et  sté- 
riles; les  giraffes,  les  buffles,  les  bubales,  les  tapirs  ,  les  cha- 
meaux, les  lions,  les  tigres,  indépendamment  des  éléphans  , 
des  hippopotames,  des  rhinocéros,  sont  des  races  bien  plus 
massives  que  cette  multitude  de  rats,  de  belettes,  de  zibelines, 
de  hérissons  ,  de  marmottes ,  de  loirs,  de  renards  ,  qui  peu- 
plent les  montagnes  des  pays  froids.  lien  est  de  même  des  oi- 
seaux el  des  reptiles  ;  car  les  autruches,  les  casoars,  les  émeus. 


392  0  U  A 

sont  bien  plus  gros  que  les  volatiles  de  nos  climats,  et  les  cro- 
codiles et  les  immenses  scrpens  boas  ne  trouvent  aucune 
proportion  avec  nos  petits  lézards  et  nos  minces  couleuvres. 

Chaque  partie  du  monde  empreint  même  un  caractère  spé- 
cifique sur  les  animaux  qu'elle  produit.  Le  port,  les  habitudes, 
l'allure,  le  maintien,  décèlent  les  lieux  originaires  de  chaque 
espèce,  aux  yeux  de  quiconque  les  observe.  L'Asie  nous  en- 
voie des  bêtes  plus  grandes,  plus  monstrueuses,  qui  ont  je  ne 
sais  quoi  de  superbe  et  de  pompeux.  L'Afrique  nous  présente 
des  animaux  dont  la  variété  des  couleurs,  l'aspect  hideux  et 
noir,  la  démarche  oblique,  annoncent  quelque  chose  de  per- 
fide et  d'atroce  dans  le  caractère;  les  espèces  qui  nous  vien- 
nent d'Amérique  ont  quelque  chose  de  mou,  d'efféminé  ,  de 
timide  dans  la  structure  et  dans  les  moeurs,  et  en  même  temps 
de  gai,  de  facile  dans  les  habitudes  ;  tandis  que  les  animaux 
d'Europe  montrent  des  manières  plus  décidées,  un  carac- 
tère de  vigueur  ,  une  sorte  de  franchise  dans  les  mœurs,  et 
des  formes  plus  rudes,  plus  fermes  et  mieux  prononcées.  Les 
animaux  des  montagnes  très-élevécs  sont,  comme  les  plantes," 
tout  ramassés,  rabougris;  leur  allure  est  vive,  étourdie  ;  tan- 
dis que  ceux  des  bas-fonds  humides  ont  je  ne  sais  quelle 
lenteur,  quelle  lâche  indolence  avec  un  corps  mou,  apathique 
et  de  gros  membres  lourds.  Ces  caractères  ,  reconnoissables 
surtout  dans  les  quadrupèdes  qui  sont  plus  attachés  au  sol 
terrestre  que  les  autres  classes  d'animaux,  se  remarquent  à 
plus  forte  raison  sur  les  plantes  (i),  et  paroissent  dépendre 
de  la  nature  parliculière  de  la  terre  dans  ses  diverses  régions. 

A  voir  les  quadrupèdes  dispersés  au  sein  des  continens,  on 
pourroit  penser,  qu'ayant  la  faculté  de  se  mouvoir,  ils  chan- 
gent à  leur  gré  de  climats,  et  vivent  sous  tous  indifféremment. 
Il  n'en  est  pas  ainsi,quoiqu'on  remarque  quelques  émigrations 
de  certaines  espèces  :  par  exemple, celles  descouaggas,des  czi- 
gitais ,  et  des  troupes  de  chevaux  sauvages ,  ou  les  sorties  des 
loups  ,  des  ours,  des  sangliers,  des  cerfs  des  vastes  forêts  du 
Nord,  ou  les  départs  des  lemings,  des  campagnols, des  veaux- 
marins  ;  les  voyages  ,  d'un  canton  à  un  autre,  des  bandes  de 
singes,  des  hordes  de  gazelles  ,  des  troupeaux  de  rennes,  etc. 
Mais  ces  petits  changemens  sont  presque  imperceptibles,  et 
se  rétablissent  d'eux-mêmes  par  le  retour  de  ces  animaux 
dans  leur  première  demeure.  Voyez  Migration  des  ani- 
maux. 


(i)  Nescio  qufe  faciès  torva  ,  sicca,  obscura  Afris  (plantis)  ,  quae 
superba  ,  exaltata  Asiaticis ,  qiiae  Isela  ,  glabia  Americanis  ,  quae  coarc- 
tata  ,  indurata  Alpinis.  Philos,  lotan.  LinNjEI  ,  pag.  iiq  ,  éd. 
Willdenav. 


Q  U  A  393 

Gomme  chaque  espèce  tient  à  un  climat  par  la  tempéra- 
ture qui  lui  est  convenable,  elle  y  est  aussi  fixée  par  la  nature 
de  ses  alimens  ;  en  effet,  les  races  herbivores  ne  peuvent  pas 
être  fort  nombreuses  dans  les  contrées  très-froides  qui  ne 
donnent  des  plantes  qu'avec  parcimonie  ,  ou  dans  les  déserts 
arides,  caries  végétaux  n'y  peuvent  croître  ;  mais  ces  mêmes 
herbivores  vivront  principalement  dans  les  régions  tempérées 
qui  fournissent  une  multitude  d'herbes  succulentes.  Les  ru- 
minans  habitent  ainsi  de  préférence  les  zones  tempérées  du 
globe.  Comme  les  pays  froids  empêchent  le  développement 
des  plantes  au-dessus  du  sol,  leurs  racines  y  deviennent  en 
revanche  plus  nourries  ,  plus  grosses  et  plus  nombreuses  ;  il 
arrive  de  là  que  les  frugivores  qui  vivent  sous  terre,  s'y  multi- 
plieront; aussi  voyons-nous  les  rongeurs  répandus  en  grande 
quantité  dans  les  contrées  du  Nord,  qui  produisent  d'ailleurs 
un  grand  nombre  de  fruits  secs  ;  tels  que  les  cônes  de  pins , 
les  faînes,  les  noisettes,  les  noix,  etc.  Au  contraire  ,  les  tem- 
pératures chaudes  étant  très-favorables  à  la  production  des 
fruits ,  tels  que  les  bananes  ,  les  papayes  ,  les  goyaves  ,  les 
mangues,  les  pastèques,  les  corossols,  les  oranges,  les  fruits 
à  pain  ,  etc. ,  il  est  naturel  que  de  telles  contrées  nourrissent 
un  grand  nombre  de  frugivores,  comme  les  singes,  les  makis, 
les  indris,  les  galéopithèques  et  autres  animaux  qui  savent 
très-bien  grimper  sur  les  arbres  ,  par  cette  même  cause. 
Comme  le  petit  nombre  de  végétaux  dans  les  pays. froids  et 
les  déserts  seroit  bientôt  détruit  en  entier  par  les  herbivores, 
s'ils  y  devenoient  trop  abondans,  il  a  été  nécessaire  de  dimi- 
nuer leur  quantité  ,  en  lâchant  des  races  carnivores  qui  leur 
font  la  guerre  ;  et  comme  l'immensie  abondance  des  végétaux 
qui  naissent  dans  les  régions  ardentes  des  tropiques,  y  nourrit 
une  multitude  d'herbivores  et  de  frugivores,  les  races  carnas- 
sières s'y  sont  multipliées  en  abondance  par  la  même  raison. 
Ainsi  les  grands  herbivores,  tels  que  les  éléphans,  les  rhino- 
céros ,  les  hippopotames  ,  faisant  une  énorme  consommation 
de  plantes  ,  n'ont  pas  pu  s'établir  dans  le  Nord,  avare  de 
productions ,  indépendamment  de  la  froidure  que  ces  ani- 
maux ne  supportent  pas.  Voyez  à  l'article  de  I'Eléphant,  les 
raisons  de  douter  que  ces  animaux  aient  pu  y  subsister  avec 
le  climat  d'aujourd'hui.  Peut-être  aussi  qu'une  longue  habitude 
passée  en  nature  du  père  aux  enfans  ,  de  supporter  la  tempé- 
rature de  son  climat,  fait  que  les  espèces  des  pays  froids  ne 
peuvent  pas  plus  supporter  la  chaleur  des  tropiques,  que  les 
animaux  de  la  Torride  ne  peuvent  s'accoutumer  à  la  froi- 
dure des  pôles.  Les  races  des  zones  tempérées  peuvent ,  au 
contraire ,  s'acclimater  avec  bien  moins  de  peine  dans  les 
deux  extrêmes ,  parce  qu'elles  ont  déjà  la  moitié  du  chemin 


3g4  Q  U  A 

fait  pour  y  parvenir  ;  aussi  les  animaux  domestiques ,  qui 
nous  ont  suivis  par  toute  la  terre,  comme  le  cheval,  le  chien, 
le  bœuf,  la  chèvre ,  la  brebis ,  sont  originaires  des  contrées 
tempérées;  c'est  pour  cela  que  leur  nature  est  plus  flexible 
et  plus  modifiable.  Quoique  l'homme  soit  probablement  né 
d'abord  dans  les  climats  les  plus  chauds  ,  comme  nous  l'an- 
noncent sa  nudité  et  ses  grands  rapports  de  conformation 
avec  les  singes  ,  il  a  pu  se  répandre  en  tout  pays,  parce  qu'il 
sait  se  soustraire  à  la  rigueur  des  saisons  et  aux  intempéries 
de  l'atmosphère.  V.  Habitation. 

U  faut  nécessairement  que  les  différens  animaux  aient  été 
formés  par  la  sage  Providence  pour  vivre  exclusivement  dans 
une  région  du  globe  plutôt  que  dans  une  autre  ,  puisqu'ils  ne 
peuvent  en  changer  indifféremment ,  soit  à  cause  de  la  diver- 
sité des  températures  du  sol  ,  soit  en  raison  des  nqurritures. 
Nous  voyons  même  chaque  espèce  circonscrite  sur  la  terre 
entre  certaines  limites  si  insurmontables,  qu'elle  périt  lors- 
qu'elle veut  les  franchir.  Et  ne  remarquons-nous  pas  qu'un 
habitant  d'Europe  devient  malade  et  meurt  souvent  aux  Indes, 
qu'un  Lapon  ne  peut  pas  vivre  loin  de  sa  patrie,  qu'un  mon- 
tagnard suisse  sortant  de  ses  roches  a  le  hemvé  ou  la  maladie 
du  pays  ?  Qui  ne  sail  pas  que  nos  corpsprennent  la  teinte  de 
notre  pays  natal .''  qu'ils  s'habituent  à  son  air  ,  à  ses  qualités, 
à  ses  émanations,  à  ses  productions ,  au  genre  de  vie  qu'on  y 
mène  ,  et  que  nous  contrarions  notre  nature  en  voulant  for- 
cer ces  longues  accoutumances  ?  Elles  s'impriment  même 
dans  la  structure  du  corps  ;  c'est  ainsi  qu'on  distingue  ,  avec 
un  peu  d'observation,  la  physionomie  des  hommes  de  chaque 
nation;  preuve  que  si  tous  les  hommes  se  ressemblent  en  gé- 
néral, ils  diffèrent  aussi  en  particulier;  il  en  est,  à  plus  forte 
raison  ,  de  même  parmi  les  quadrupèdes  ,  parce  qu'ils  sont 
bien  plus  nûment  exposés  que  nous  aux  chocs  divers  des  élé- 
niensetaux  influences  des  climats. 

La  disposition  des  races  d'animaux  sur  le  globe  terrestre,, 
dépendant  principalement  des  degrés  de  température  de 
chaque  climat,  doit  être  en  zones  parallèles  à  l'équateur.  Les 
chaînes  de  montagnes  étant  plus  froides,  à  cause  de  leur  élé- 
vation, que  la  région  basse  où  elles  sont  placées,  nourrissent 
aussi  les  animaux  et  les  plantes  des  pays  dans  lesquels  la  froi- 
dure est  correspondante.  C'est  ainsi  que  les  Alpes,  les  Pyré- 
nées, les  monts  Carpathes,  la  chaîne  de  l'Oural ,  de  l'Altaï, 
du  Caucase,  celle  duThibet,  du  Liban,  et  les  hautes  monta- 
gnes d'Afrique  ,  ces  pyramides  de  la  nature,  portent  sur 
leurs  cimes  glacées  des  animaux  et  des  plantes  qui  ne  se  trou- 
vent que  vers  les  contrées  polaires;  tandis  que  les  bas- fonds  , 
kiS  vallées  creuses,  où  la  chaleur  est  forte  et  réverbérée,  peu: 


Q  U  A  395 

vent  nourrir  des  végétaux  et  des  animaux  qui  ne  prennent 
leur  origine  que  sous  les  deux  ardens  des  tropiques.  Les  pro- 
ductions vivantes  des  pays  chauds  sont  donc  plus  susceptibles 
de  s'acclimater  dans  les  terrains  bas,  et  celles  des  climats  gla- 
cés dans  les  sites  élevés.  Le  globe  terrestre  peut  être  com- 
paré à  deux  énormes  montagnes  d'un  égal  diamètre,  qui  se- 
roient  accolées  par  leur  base  comme  les  deux  moitiés  d'une 
sphère.  Les  pôles  sont  en  effet  à  l'égard  de  l'équaleur  ,  ce 
qu'est  une  haute  montagne  pour  les  profondes  vallées  qui 
sont  à  son  pied;  et  celles-ci  sont  à  son  sommet ,  ce  qu'est  la 
ligne  équatoriale  pour  la  zone  glacée  des  pôles  ,  toute  pro- 
portion gardée. 

De  r empire  de  l'homme  sur  les  quadrupèdes,  et  de  remploi  qu\'l  en 
fait  sur  le  globe. 

Les  desseins  de  la  Providence  en  créant  l'homme,  se  mani- 
festent surtout  par  les  êtres  qu'elle  nous  donne  comme  auxi- 
liaires et  comme  ministres  de  notre  empire  sur  toute  la 
terre. 

Que  seroit  l'homme,  en  effet ,  sans  les  quadrupèdes  ?  Ne 
resteroit-il  pas  éternellement  sauvage  et  hors  d'état  de  com- 
poser une  société  un  peu  nombreuse  .■*  car  il  est  évident  que 
nulle  agriculture  ne  pourroit  être  établie  régulièrement  ;  et 
alors  sans  partage  de  terres,  ni  propriétés  fixes  ,  on  ne  voit 
plus  que  des  tribus  errantes  et  nomades.  Voilà  pourquoi  le 
Nouveau-Monde  ,  qui  manquoit  de  nos  bœufs  ,  de  nos  che- 
vaux, ou  du  chameau  et  des  autres  bêtes  de  somme  ou  de 
trait ,  comptoit  tant  de  nations  sauvages.  Les  seuls  Mexi- 
cains et  Péruviens  ,  qui  avoient  apprivoisé  le  lama,  étoient 
parvenus  à  fonder  des  états  fixes  et  assez  puissans. 

D'ailleurs,  de  quelle  nourriture  animale  vivroit  l'homme, 
au  milieu  des  continens  ,  sans  les  quadrupèdes  ?  Nous  conce- 
vons que  la  pêche  suffise  au  bord  des  mers  ou  près  des  lacs  , 
des  fleuves  poissonneux  ;  mais  des  oiseaux,  quelques  repti- 
les, ne  sont  pas  une  proie  habituelle  et  suffisante  pour  chaque 
jour,  à  des  peuples  noujbreux;  il  étoit  donc  impossible  que 
les  nations  s'accrussent  beaucoup  sans  quadrupèdes,  puisque 
la  vie  végétale  seule  fournil  peu,  sans  l'agriculture  surtout.  Il 
ne  croît  pas  en  tout  climat  l'arbre  à  pain  ou  des  palmiers 
couverts  de  fruits  abondans. 

Mais  la  sage  nature  en  a  décidé  autrement  pour  notre 
bonheur  et  notre  puissance  sur  le  globe.  Si  elle  y  a  placé  des 
lions  et  des  tigres  ,  c'étoit  pour  régner  sur  des  races  inférieu- 
res, et  y  établir  une  pondération  par  la  force,  en  supprimant 
des  herbivores  trop  nombreux  ,  relativement  à  la  quantité  de 
végétaux.  L'homme,  dont  le  sceptre  devoil  s'étendre  partout, 


SgS  Q  U  A 

s'est  fait,  comme  l'a  bien  remarqué  Buffon  ,  un  auxiliaire 
puissant  du  chien  qu'il  amène  avec  lui  par  toute  la  terre , 
pour  conquérir  et  dompter  les  autres  animaux,  afin  d'assujet- 
tir les  doux  et  les  dociles  pour  notre  usage  ,  et  d'exterminer 
les  rebelles  ou  les  plus  féroces.C'est  ainsi  que  nous  modifions 
le  chien  avec  le  plus  d'aisance  ;  c'est  lui  qui  peut  le  mieux 
nous  servir  par  sa  fidélité ,  sa  docilité  ,  son  intelligence  et  son 
courage.  Il  semble  lire  dans  les  yeux  de  son  maître  ses  moin- 
dres volontés;  il  voudroit  prévenir  ses  désirs  par  sa  complai- 
sance ;  il  sait  également  plaire  et  devenir  utile.   Instrument 
vivant  dont  nous  pouvons  disposer  à  noire  gré  ,  c'est  encore 
le  seul,  le  véritable  ami  qui  ne  vous  abandonne  jamais  dans 
l'infortune  ,  qui  vous  défend  au  péril   de  sa  vie.   Il  s'accou- 
tume avec  le  pauvre  comme  avec  le  riche,  et  se  fait  à  toutes 
les  conditions.  C'est  le  chien  qui  conduit  l'aveugle,  qui  relire 
son  maître  du  milieu  des  eaux  ,  qui  le  délivre  des  mains  des 
brigands,  et  qui  ne  peut  survivre  à  la  perle  de   celui  qu'il 
aime.  C'est   encore  cet  animal  tempérant  et  obéissant  qui 
conserve  avec  soin  la  propriété  de  ses  maîtres ,  qui  rapporte 
une  proie  sans  y  toucher,  et  qui  vient  lécher  avec  soumission 
la  main  qui  le  frappe.  Il  sait  supporter  jusqu'à   nos  injus- 
tices ,   et  n'a  d'autre   défense  contre  nous  que  la  plainte  ,  la 
douceur  et  la  patience  ,  quoique  ardent,  fier  et  féroce  contre 
tout  autre.  Nous  pouvons,  il  est  vrai,  tirer  de  grands  avanta- 
ges des  autres  animaux;  toutefois  les  plus  gros  elles  plus  forts, 
tel  que   l'éléphant  ,    coûtent   beaucoup  à  nourrir  ,  à  con- 
server. Devenu  notre  captif,  l'éléphant  peut  nous  compren- 
dre, obéir  à  notre  commandement  ;  mais  cette  lourde  ma- 
chine est  plus  faite  pour  l'ostentation  que  pour  l'utilité  de 
l'homme  ;    elle  ne  peut  lui  servir  que  dans  quelques  occa- 
sions :  le  chien  est,  au  contraire,  le  serviteur  à  portée,  et  dont 
on  a  besoin  à  tous  momens.  Le  cheval,  par  ses  services  jour- 
naliers ,  peut  bien  balancer  l'utilité  du  chien  ;  mais  il  n'est 
pas  ,  comme  ce  dernier,  un  compagnon  ,  un  ami  sincère  qui 
vous  suit,  qui  vous  caresse,  qui  vit  avec  vous  sans  cesse.  Quoi- 
que le  chat  soit  aussi  un  domestique  de  la  chambre  ,   il  n'a 
pas  pour  l'homme  rattachement  du  chien  ;  il  ne  vient  vers 
vous  que  pour  être  caressé  ;  il  est  traitre  ,  infidèle  ,  fausse- 
ment doucereux  ;  sous  un  aspect  bénin  ,  il  cache  un  cœur 
méchant  et  une  âme  sanguinaire. 

Il  est  vrai ,  l'homme  est  bien  injuste  envers  les  animaux 
qu'il  asservit  ;  il  maltraite  le  plus  ceux  qui  le  servent  le 
mieux.  Ce  n'éloit  point  assez  que  le  bœuf,  accoutumé  au 
joug  ,  traçât  péniblement  des  sillons,  prodiguât  ses  peines  et 
ses  sueurs  pour  faire  croître  le  blé  dont  cet  humble  animal  ne 
profite  point  ;  falloit-il ,   sur  ses  vieux  jours ,  conduire  à  la 


Q  U  A  397 

boucherie  cet  innocent  serviteur  ?  La  vache  qui  nous  pro- 
digue son  lait ,  la  douce  brebis  qui  nous  offre  sa  toison  dé- 
voient elles  attendre,  pour  leur  récompense,  une  mort 
cruelle  de  la  main  de  celui  qu'elles  comblèrent  de  leurs 
dons  ?  Ce  vieux  coursier  ,  qui  tant  de  fois  sauva  son  maître 
des  dangers,  au  péril  de  sa  vie,  et  triompha  dans  tant  de 
combats,  devoit  il  succomber  entre  les  mains  d'un  avare 
écorcheur  ,  ou  finir  sa  carrière  sous  les  indignes  traitemens 
d'un  brutal  voiturier  ?  Tandis  que  le  pauvre  animal  expire 
sous  les  coups,  son  maître,  jouissant  des  faveurs  de  la  for- 
tune ,  oublie  le  serviteur  fidèle  qui  les  lui  mérita  ,  et  qui 
achève  sa  vie  sans  se  plaindre  de  l'ingratitude  des  hommes. 
C'est  ainsi  que  les  heureux  traitent  les  misérables  qui  se  sont 
sacrifiés  pour  eux,  et  l'injustice  a  été  souvent  le  seul  prix  du 
sang  versé  pour  la  défense  de  l'Etat. 

En  partageant  les  avantages  de  la  sociabilité  avec  l'hom- 
me ,  les  quadrupèdes  y  perdent  non-seulement  leur  indé- 
pendance ;  mais  ils  contractent  encore  des  maladies  et  un 
affoiblissement  qui  dégrade  leur  espèce.  Quand  les  épizoo- 
ties  ne  viendroient  pas  ravager  les  troupeaux,  qui  pourroit 
rendre  à  ces  animaux  le  courage  et  la  vigueur  du  tempéra- 
ment, fruits  de  la  liberté  et  de  l'état  sauvage  ?  Ce  sont  nos 
soins,  nos  abondantes  nourritures  qui  les  amollissent,  leur 
ôtent  la  santé  ;  de  même  que  l'état  social  nous  expose  à  un 
plus  grand  nombre  d'incommodités  que  la  vie  rustique  et 
sauvage.  Nous  ne  pouvons  dompter  les  animaux  qu'en  les 
énervant  de  corps  ;  nous  nous  les  attachons  en  les  rendant  lâ- 
ches, en  les  mettant  dans  l'impuissance  de  se  passer  de  nous; 
car  les  animaux  les  plus  courageux  sont  aussi  les  moins  sus- 
ceptibles de  s'apprivoiser  ;  et  la  captivité  à  laquelle  les  au- 
tres se  soumettent ,  n'est  qu'une  marque  de  la  foiblesse  de 
leur  caractère.  Que  pouvoit-il  leur  manquer  dans  l'état  de 
liberté  ?  La  terre,  toujours  parée  de  sa  verdure  ,  leur  offroit 
des  alimens  sains ,  agréables  ,  et  une  table  toujours  servie; 
les  vastes  forêts  leur  donnoient  des  retraites  et  des  ombra- 
ges ;  s'ils  avoient  à  craindre  les  armes  de  l'homme,  en  ont-ils 
moins  à  redouter  aujourd'hui  en  se  soumettant  à  lui  ?  Ne 
dispose-l-il  pas  à  son  gré  de  leur  vie  ?  Ménage-t-il  leurs  tra- 
vaux et  leurs  sueurs  ?  Ne  prodigue-t-il  pas  leur  sang  pour 
ses  plaisirs,  et  dans  son  caprice  ne  se  joue-t  il  pas  de  leurs 
douleurs?  Non-seulement  il  les  Immole  à  ses  moindres  be- 
soins ,  mais  il  les  déforme,  il  les  mutile  ;  aux  uns  ,  il  retran- 
che les  oreilles  et  la  queue  ;  il  prive  les  autres  des  organes  de 
la  reproduction  ;  il  engraisse  celui  ci  pour  le  dévorer  dans 
ses  festins  ;  il  empêche  celui-là  de  croître  pour  en  faire  son 
Jouet  ;  il  lui  faut  des  variétés,  des  monstruosités  ;  il  confond 


398  Q  U  A 

les  espèces  et  veut  étendre  son  empire  jusque  sur  les  pluâ 
doux  senlimens  de  la  nature,  sur  ceux  de  l'amour.  C'est  ainsi 
qu'il  crée  des  mulets  par  des  liaisons  adultères,  qu'il  mélan- 
ge les  races  et  forme  toutes  ces  variétés  de  chiens  ,  de  chats, 
de  lapins,  de  brebis,  de  bœufs,  de  chevaux,  que  nous  voyons 
naître  et  multiplier  aujourd'hui. 

Dans  l'état  de  nature,  lorsque  l'animal  est  malade,  l'ins- 
tinct lui  indique  ce  qu'il  doit  faire.  Le  chien  ,  mâchant  du 
gramen  ,  s'excite  à  vomir  ;  le  loup  se  purge  avec  certains 
champignons  ;  le  cerf  blessé  cueille  ,  dit-on  ,  le  dictamne  , 
plante  vulnéraire;  le  repos  et  la  diète ,  ces  deux  grands  méde- 
cins de  la  nature  ,  dont  nous  ne  savons  plus  reconnoître 
l'utilité,  les  guérissent  bien  plus  sûrement  de  leurs  maux  que 
les  drogues  dont  les  hommes  s'empoisonnent.  Ils  n'ont  d'ail- 
leurs ni  les  inquiétudes  qui  nous  rongent ,  ni  le  corps  usé 
par  les  débauches  ou  les  excès  ;  leurs  nourritures  ,  toujours 
simples,  ne  les  excitent  point  à  manger  au-delà  de  leurs  be- 
soins. Endurcis  aux  fatigues  et  accoutumés  aux  intempéries  de 
l'atmosphère  ,  ils  ignorent  toutes  les  maladies  inventées  par 
notre  mollesse  et  préparées  par  nos  propres  soins  ;  en  leur 
donnant  nos  besoins,  en  les  amollissant  par  les  précautions 
que  nous  prenons  pour  eux  ,  nous  leur  avons  fait  partager 
nos  misères  ,  et  payer  quelques  frivoles  avantages  de  tout  le 
prix  de  leur  santé  et  de  leur  bonheur.  V.  Instinct. 

Comme  c'est  pour  notre  avantage,  et  non  pour  celui  des 
animaux,  que  nous  les  asservissons ,  nous  ne  cultivons  en 
eux  que  les  qualités  qui  nous  sont  utiles ,  et  négligeons  tou- 
tes les  autres  :  nous  attirons  ces  animaux  à  nous  ;  mais  il  ne 
peut  se  faire  aussi  que  nous  ne  participions  en  quelque  façon 
à  certains  caractères  qui  leur  sont  propres.  Voyez  ces  hom- 
mes qui  passent  leur  vie  auprès  des  animaux,  comme  les  bou- 
viers, les  bergers,  les  braconniers  ,  les  gardes  de  bestiaux, 
les  palefreniers, ils  retiennent  toujours  du  naturel  des  espèces 
dont  ils  prennent  soin;  ils  contractent  des  manières  analo- 
gues; ils  prennent  même  l'odeur  de  ces  animaux,  car  vivant 
sans  cesse  au  milieu  d'eux  et  étudiant  leurs  mœurs,  ils  adop- 
tant peu  à  peu  leurs  habitudes  ,  de  la  même  manière  que 
nous  ressemblons  à  ceux  que  nous  fréquentons  souvent.  C'est 
ainsi  que  l'homme  devient  lourd  et  grossier  avec  le  bœuf,  sale 
et  gourmand  avec  le  cochon,  simple  avec  les  moutons,  cou- 
rageux et  habile  chasseur  avec  le  chien,  etc.  De  même  l'A- 
rabe est  sobre  comme  le  chameau,  le  Tartare  brutal  comme 
ses  chevaux  ,  le  Lapon  craintif  comme  le  renne  ,  l'Africain 
lascif  avec  le  singe  ,  le  montagnard  léger  avec  la  chèvre,  et 
l'Indien  lent  et  réfléchi  avec  l'éléphant,  parce  qu'il  faut  que 
nous  nous  prêtions  à  la  nature  de  ces  animaux  ,  lorsqu'ils  ne 


Q  U  A  399 

peuvent  pas  se  prêter  entièrement  à  la  nôtre.  De  même  le 
chien  devient  féroce  avec  le  boucher,  humble  avec  le  pauvre 
fier  et  dédaigneux  avec  le  grand  seigneur;  car  il  se  fait  au  ton 
de  son  maître  et  reçoit  Tempreinte  de  ses  vices  comme  celle 
de  ses  vertus. 

Il  y  a  des  animaux  que  nous  ne  privons  que  pour  satisfaire 
notre  curiosité  ;  tels  sont  les  singes,  les  hérissons,  les  cochons 
d'Inde ,  les  écureuils ,  etc.  Nous  aimons  voir  enchaînés  les 
quadrupèdes  féroces,  comme  les  lions  ,  les  tigres ,  les  ours  , 
les  léopards;  la  terreur  que  ces  animaux  inspirent  ne  pou- 
vant nous  atteindre  ,  nous  jouissons  de  notre  supériorité  ,  et 
nous  nous  enorgueillissons  d'avoir  pu  dompter  des  races  aussi 
indomptables.  C'est  encore  avec  un  sentiment  d'orgueil  et 
d'admiration  que  nous  voyons  les  éléphans,  les  rhinocéros  se 
courber  sous  les  volontés  de  l'homme.  Cet  empire  que  nous 
prenens  sur  les  bêtes,  nous  élève  à  nos  propres  yeux?  il  nous 
fait  sentir  notre  puissance ,  et  nous  rend  même  despotes  en- 
vers nos  inférieurs  ;  car  telle  est  la  foiblesse  de  l'esprit  hu- 
main, qu'il  faut  lui  montrer  son  élévation  pour  qu'il  ne  tombe 
pas  dans  l'abjection  ,  et  qu'il  faut  lui  faire  voir  en  même 
temps  sa  bassesse  pour  qu'il  ne  se  perde  point  dans  la  pré- 
somption. 

Sans  les  animaux  domestiques,  l'homme  ne  pourroit  donc 
pas  subsister  dans  l'état  de  civilisation;  car  qui  pourroit  culti- 
ver laterre,  sans  le  bœuf  et  le  cheval.?  Quand  on  envisage  que 
la  subsistance  de  tant  de  peuples  repose  entièrement  sur  le  tra- 
vail des  bestiaux,  et  que  la  société  humaine  dépend  principa- 
lement de  l'agriculture,  on  ne  peut  considérer  sans  effroi 
quel  seroit  l'état  de  l'homme,  si  aucune  de  ces  races  n'avoit 
été  créée,  ou  si  elles  renoient  à  s'anéantir  par  quelque  grande 
épizootie.  Les  Indiens,  qui  regardent  le  bœuf  comme  un  ani- 
mal sacré  ,  me  semblent  plus  raisonnables  que  nous;  car, 
sans  la  multiplication  de  ces  animaux  ,  la  vie  humaine  seroit 
tellement  précaire  ,  que  je  doute  qu'une  nation  puisse  sub- 
sister dans  nos  climats  sans  leur  secours.  La  chair,  le  lait,  les 
paeux,  la  graisse  qu'ils  nous  donnent  après  leur  mort,  ne  sont 
que  la  moindre  portion  des  avantages  que  nous  en  tirons  par 
tant  d'usages  domestiques,  à  traîner,  à  porter,  et  surtout  par 
le  labourage,  où  nul  travail  humain  ne  peut  suppléer  ces  ani^ 
maux.  Sans  le  chameau,  on  verroit  l'Arabe  con6né  dans  ses 
déserts  ,  mener  la  vie  la  plus  misérable  et  devenir  le  plus  in- 
fortuné des  hommes  ;  mais  avec  cet  animal ,  qui  est  pour  lui 
une  voiture  toute  vivante,  l'Arabe  traverse  les  solitudes ,  vit 
du  lait  des  femelles  du  chameau  ,  en  mange  la  chair ,  et  se  fait 
des  habits  et  des  tentes  avec  son  poil.  Le  cheval  est  aussi 
toute  la  possession  du  Tartare  ;  sa  chair,  son  lait,  ses  peaux 


4oo  Q  U  A 

satisfont  à  tous  ses  besoins  ;  il  monte  sur  ce  fier  quadrupède, 
et,  les  armes  à  la  main,  parcourt  Tétendue  de  ses  plai- 
nes. Qui  peut  faire  vivre  heureux,  au  milieu  des  neiges  et  des 
frimas,  ces  Lapons  ,  ces  Samoïèdes  ,  ces  Jakutes  et  cette 
foule  de  nations  polaires  ?  Qui  peut  leur  fournir  une  nourri- 
ture suffisante,  lorsque  la  terre  y  semble  avoir  des  entrailles 
d'airain  pour  ses  malheureux  habitans  ?  Cependant  le  renne 
est  pour  eux  une  richesse  qui  ne  tarit  jamais  ;  il  leur  tient  lieu 
de  tout  et  ne  leur  coûte  rien.  Ils  se  vêtent  de  sa  peau ,  se 
nourrissent  de  sa  chair  et  de  son  laitage  ;  ils  s'en  font  voitu- 
rer  partout  en  traîneaux,  et  n'ont  d'autre  souci  que  celui  de 
multiplier  une  espèce  si  nécessaire  à  leurs  besoins  ,  puisque 
ces  peuples  n'existeroient  point  sans  elle.  L'homme  est,  dans 
tous  les  climats,  tributaire  des  animaux,  quoiqu'il  en  soit  le 
maître  ;  il  ne  les  multiplie  que  pour  augmenter  sa  proie.  Le 
chien  devient  même  au  Kamtschatka  et  en  d'autres  contrées 
de  la  Sibérie  ,  nécessaire  pour  charrier  des  traîneaux  sur 
les  neiges  ,  et  il  sert  aussi  de  nourriture  au  besoin. 

Cependant  l'homme  ne  mange  ordinairement  la  chair  des 
carnivores  ,  en  aucun  climat,  à  moins  que  la  nécessité  ne  l'y 
contraigne  ;  car  si  certaines  peuplades  nègres  recherchent  la 
viande  du  chien ,  du  lion  ,  etc. ,  c'est  qu'elles  n'en  ont  pas 
toujours  de  meilleure.  En  effet ,  les  quadrupèdes  carnas- 
siers ont  une  chair  désagréable  au  goût ,  tandis  que  celle 
des  herbivores  est  la  plus  savoureuse  et  la  plus  recherchée 
de  toutes.  Les  ruminans  paroissent  surtout  destinés  par  la  na- 
ture à  nourrir  les  hommes  et  les  races  carnivores  ;  les  ron- 
geurs sont  pour  nous  dugibier  plutôt  que  de  la  viande  ordinaire. 
L'espèce  humaine  qui,  de  toutes  les  races  d'animaux  ,  est  la 
plus  déprédatrice,  épargne  la  chair  des  bêtes  qui  lui  ressem- 
blent par  leur  voracité;  elle  ne  recherche  que  les  animaux  pai- 
sibles qui  broutent  la  verdure  ,  et  qui,  loin  de  lui  porter  dom- 
mage ou  d'entrer  en  concurrence  avec  elle,  viennent  lui  offrir 
leurs  services, leur  toison  et  leur  lait.  L'homme  semble  être  né 
pour  vivre  par  l'ingratitude  ,  pour  établir  le  règne  de  l'injustice 
sur  la  terre,  et  il  n'est  point  étonnant  qu'il  porte  dans  la  so-t 
ciété  cet  odieux  caractère  de  tyrannie  ,  d'avarice  et  d'ambi- 
tion ,  qui  le  distingue  si  éminemment  de  tous  les  animaux. 

La  classe  des  quadrupèdes  est  de  toutes  la  plus  indispen- 
sable à  nos  besoins;car,  indépendamment  des  services  jour- 
naliers que  nous  recevons  du  bœuf,  du  cheval ,  de  l'âne ,  du 
mulet  en  Europe  ;  du  dromadaire  ,  du  chameau  ,  du  bison  , 
du  buffle  en  Afrique  et  en  Asie  ;  du  renne  et  du  chien  dans 
les  régions  polaires  ;  du  lama  au  Pérou,  de  l'éléphant  aux 
Indes ,  soit  pour  porter  ou  pour  traîner  des  fardeaux ,  plu- 
sieurs autres  espèces  nous  sont  encore  fort  utiles  dans  une 


Q  Û  A  ^ot 

niultilude  d'occasions.  Le  cbien  se  dresse  à  la  chasse  ,  à  la 
garde  des  troupeaux  ou  de  la  maison  ;  dans  l'Inde,  les  gué- 
pards, lescaracals  s'emploient  aussi  à  la  chasse,  de  même  que 
les  furets  en  Orient  et  en  Europe.  Le  chat,  la  mangouste  , 
l'ichneumon  ,  la  belette  apprivoisés  ,  délivrent  nos  maisons 
d'une  foule  de  parasites  nuisibles ,  comme  les  souris  et  les 
rats.  La  vache  ,  la  chèvre ,  la  brebis  ,  les  femelles  de  cha- 
meaux, de  rennes,  les  cavales,  les  ânesses,  etc. ,  fournissent 
le  lait ,  le  beurre  et  le  fromage  ,  dont  plusieurs  nations  font 
leur  unique  nourriture.  La  vigogne,  la  chèvre  de  Syrie  ,  les 
moutons  mérinos,  le  lapin  et  le  chat  d'Angora,  le  chameau, 
nous  présentent  chaque  année  leurs  riches  toisons.  La  chair 
de  tous  les  quadrupèdes  ruminans  est  la  plus  saine  et  la  plus 
agréable  de  toutes  ;  celle  des  rongeurs  est  plus  fine  ,  plus 
délicate  ,  mais  moins  bonne  peut-être.  Les  anciens  Romains 
engraissoient  des  loirs  pour  les  manger,  et  les  Chinois  nour- 
rissent le  rat  caraco  eiXo.  chien  pour  le  même  usage.  Les  Amé- 
ricains recherchent  les  tatous  sur  leurs  tables,  et  la  chair  des 
phataglns,  des  pangolins  est  estimée  aux  Indes,  Les  peuples 
maritimes  ne  dédaignent  pas  celle  des  veaux-marins  ou  pho- 
ques,des  marsouins,des  vaches-marines  ou  morses,  et  des  la- 
mantins. De  même,  les  nègres  trouvent  fort  bonne  la  viande 
de  rhinocéros  ,  d'hippopotame  et  d'éléphant  ;  ils  la  mangent 
même  crue  ou  séchée  au  soleil  en  petites  tranches.  Beau- 
coup de  nations  sauvages  font  la  chasse  aux  singes ,  aux  chauve- 
souris  ,  et  s'en  nourrissent  sans  répugnance.  La  chair  des 
porc -épies  ,  descoendous,  des  agoutis  et  des  cochons-d'Inde 
n'est  pas  mauvaise;  celle  des  rats  ,  des  castors  ,  des  marmottes 
a  une  odeur  forte  et  déplaisante  ;  celle  des  écureuils ,  des 
gerboises  ,  du  klipdaas  ,  est  assez  estimée  de  divers  habltans 
de  l'Afrique  ;  mais  on  ne  fait  guère  usage  en  Europe  que  de 
celle  des  lièvres  et  des  lapins,  parmi  les  quadrupèdes  ron- 
geurs. La  chair  des  chameaux,  quoique  dure,  n'est  pas  déplai- 
sante au  goût  des  Arabes  ;  celle  des  gazelles  est  fort  recher- 
chée et  d'un  goût  très-agréable  ;  les  cerfs  ,  les  rennes  ,  les 
élans  ont  une  viande  plus  dure  ;  nous  sommes  habitués  à  celle 
du  bœuf ,  du  mouton  ,  du  chevreau  ,  etc.  On  ne  mange  pas 
ordinairement ,  en  Europe,  la  chair  du  cheval ,  que  les  Tar- 
tares  estiment  au-dessus  de  toute  autre,  ni  celle  de  l'âne  et 
du  mulet  (i)  ;  mais  on  fait  un  grand  usage  de  celle  du  porc  , 


(i)  On  prétend  que  dans  quelques  pays  d'Ilalie  ,  comme  à  Bo- 
logne, on  pre'pare  des  langues  sécbées,  des  saiitissons,  avec  la  chair 
de  ces  animaux. On  fait  quelquefois  manger  à  Pans  de  l'ânon  pour  du 
Yeau,et  l'on  vend  de  la  chair  de  cheval  à  la  boucherie,  en  Danemarck. 

XXVIil.  iiÔ 


4o2  O  U  A 

tandis  qu'elle  est  défendue  aux  peuples  d'Orient  par  leurs 
législateurs ,  car  cette  viande  étant  de  difficile  digestion  ,  à 
cause  de  sa  graisse,  et  empêchant  la  libre  transpiration, 
suivant  Sanctorius  ,  elle  cause  des  maladies  de  peau  ,  des 
indigestions  mortelles  dans  les  pays  chauds,  f^oyez  les  mots 
Viande,  Carnivore,  Homme. 

Non-seulement  les  quadrupèdes  nous  fournissent  des  ali- 
mens  savoureux  et  bien  plus  restaurans  que  les  substances 
végétales  ;  mais  nous  en  lirons  encore  des  cuirs  ,  des  peaux 
de  différentes  épaisseurs  et  de  qualités  diverses.  Les  peaux  du 
buffle,  du  bœuf,  du  veau,  du  renne,  de  Télan  ,  du  daim  , 
sont  très-renommées ,  et  une  multitude  d'arts  tirent  de  grands 
avantages  de  celles  du  cheval,  du  mouton,  de  la  chèvre  ,  de 
l'âne,  ainsi  que  du  crin  ,  de  la  sole  de  cochon  ,  des  cornes  , 
du  poil ,  de  la  bourre  ,  des  os  ,  de  la  moelle  ,  des  tendons  , 
de  la  graisse,  du  sain-doux  ,  du  suif,  du  sang  ,  du  fiel  ,  des 
boyaux,  etc.  ;  enfin  rien  n'est  inutile  ,  et  l'on  fabrique  même 
du  sel  ammoniac  ,  du  bleu  de  Prusse ,  de  l'huile  animale  ,  de 
l'adipocire,  avec  les  débris  des  charognes  et  de  tout  ce  qui  ne 
peut  plus  servir  à  d'autres  emplois. 

Des  familles  naturelles  des  Quadrupèdes  ,  et  de  leurs  analogies  avec 
celles  des  Oiseaux. 

En  considérant  la  classe  des  animaux  à  mamelles  ,  on 
aperçoit  qu'ils  se  réunissent,  comme  les  autres  animaux  ,  en 
divers  groupes  d'espèces  analogues  qui  composent  autant  de 
familles.  Celles-ci  ont  même,  entre  elles,  des  liaisons  assez 
marquées  pour  qu'on  ne  puisse  les  rapprocher  que  suivant  un 
certain  ordre,  qui  est  celui-là  même  de  leur  perfection  rela- 
tive. Ainsi  personne  ne  peut  nier  que  les  singes  ayant  des 
rapports  de  conformation  avec  nous, plus  que  les  autres  mam- 
mifères,doivent  être  placés  à  la  tête  des  animaux.  En  suivant 
ainsi  l'échelle  de  dégradation  des  espèces,  on  parviendra  à 
les  classer  dans  un  ordre  assez  naturel ,  bien  qu'il  existe  plu- 
sieurs lacunes  d'une  famille  à  l'autre  ,  parce  que  nous  ne 
connolssons  pas  toutes  les  espèces  de  quadrupèdes,  et  que 
plusieurs  d'entre  elles  ont  sans  doute  été  détruites,  comme 
nous  l'avons  dit. 

La  première  famille  d'animaux  après  l'homme  ,  est  sans 
contredit  celle  des  quadrumanes,  animaux  singuliers  par  les 
traits  de  ressemblance  qu'ils  conservent  avec  notre  espèce  , 
par  l'imitation  de  nos  gestes,  de  nos  actions;  par  l'habitude 
qu'ils  ont  de  grimper  sur  les  arbres,  et  leur  genre  de  vie  en- 
tièrement frugivore.  Tous  ont  ,  au  lieu  de  pieds  ,  quatre 
véritables  mains  dont  les  pouces  sont  séparés ,  ce  qui  leur 
permet  d'empoigner  les  branches  et  de  s'y  retenir  avec  beau- 


Q  IT   A  4o3 

coup  de  facilita.  Ces  espèces,  qui  sont  monogames  ,  s'ac- 
couplent comme  l'homme  ,  ne  produisent  ordinairement 
qu'un  petit  ;  leurs  deux  mamelles  sont  placées  sur  leur  poi- 
trine ;  elles  ont  presque  toutes  le  même  nombre  de  dents  mo- 
laires, canines  et  incisives  que  nous,  et  toujours  cinq  doigts 
à  chaque  main  ;  elles  habitent  toutes  dans  les  pays  chauds , 
et  se  tiennent  en  troupes.  Leur  adresse,  leur  intelligence, 
leur  mémoire ,  leur  vivacité ,  surpassent  celles  de  tous  Les 
autres  animaux.  Il  y  a  très  peu  de  différence  entre  leur  orga- 
nisation intérieure  et  la  nôtre.  V.  Quadrumanes. 

Nous  mettons  la  famille  des  chauve  -  souris  et  des  galéopi- 
thèques  au  second  rang,  parce  que  ces  animaux  présentent 
des  rapports  d'analogie  avec  la  première  famille,  par  leurs 
deux  mamelles  pectorales  ,  leur  verge  pendante  et  détachée  , 
leurs  pieds  de  devant  en  forme  de  bras  ;  mais  ils  s'en  distin- 
guent par  les  larges  membranes  étendues  entre  leurs  doigts, 
qui  sont  fort  allongés.  Ces  espèces  sont  nocturnes  ,  vivent 
d'insectes  ou  de  fruits  ,  et  peuvent  voltiger  dans  les  airs.  On 
les  a  nommés  chéiroptères  ,  c'est-à-dire  ,  ayant  des  mains  en 
forme  d'ailes.  Celte  membrane,  placée  entre  leurs  doigts, 
s'étend  jusqu'aux  pattes  de  derrière,  et  embrasse  aussi  la 
queue.  Ces  animaux  s'accrochent  facilement  aux  arbres  ,  aux 
plafonds  des  cavernes  et  des  reuaites  obscures  où  ils  se  ta- 
pissent ,  surtout  dans  les  temps  froids,  qu'ils  craignent. 

A  la  suite  de  cette  famille  ,  on  peut  placer  les  paresseux  ," 
qui  ont ,  comme  les  précédens  ,  les  membres  antérieurs  plus 
grands  et  plus  nerveux  que  ceux  de  derrière  ,  deux  mamelles 
situées  sur  la  poitrine,  l'habitude  de  grimper  aux  arbres; 
mais  ils  ont  les  doigts  réunis  jusqu'aux  ongles,  qui  sont  grands 
et  forts.  La  démarche  de  ces  animaux  est  d'une  difficulté  , 
d'une  lenteur  extraordinaires;  ils  sont  toujours  plaintifs,  ma- 
lingres ,  souffreteux  ;  leur  voix  est  lamentable  ;  ils  vivent  du 
feuillage  des  arbres,  et  n'ont  aucune  dent  incisive;  leur 
estomac  est  ample  et  divisé  en  plusieurs  étranglemens. 

Les  carnassiers  ,  qui  posent  à  terre  toute  la  plante  des 
pieds  ,  et  qu'on  a  nommés  pour  cette  raison  plantigrades  , 
composent  une  autre  famille  vivant  de  menue  proie,et  même 
d'insectes  pour  la  plupart.  Us  ont  tous  une  espèce  de  museau, 
le  maintien  gêné  ,  le  corps  trapu  ,  la  démarche  indolente  , 
le  caractère  triste  ,  mélancolique  ;  tous  mènent  une  vie  sau- 
vage ,  fuient  le  grand  jour,  aiment  le  crépuscule  ,  les  lieux 
humides  ,  les  forêts  sombres.  Ils  portent  leurs  alimens  à  leur 
gueule  arec  les  pattes  de  devant.  Leur  peau  est  lâche  ;  leurs 
poils  sont  épais,  touffus;  plusieurs  passent  l'hiver  dans  un 
état  d'engourdissement ,  et  presque  tous  se  creusent  des  ter- 
riers. Us  n'ont  point  d'intestin  cœcum  ;  la  plupart  ont  des 


l^l,  Q  U  A 

dents  incisives  «i  chaque  mâchoire  ,  outre  les  canines  et  les 
molaires  ;  ils  mordent  avec  beaucoup  de  ténacité  ;  leur  sens 
de  Touïe  est  délicat ,  et  ils  ont  un  os  dans  la  verge. 

Les  phalangers  ,  les  sarigues ,  les  dasyures  et  péramè- 
les  ,  etc. ,  qui  ont  des  pouces  séparés  aux  pieds  de  derrière ,  et 
se  servent  de  leurs  pattes  de  devant  comme  de  mains  ,  sont 
distingués  par  leur  poche  inguinale  dans  laquelle  ils  placent 
leurs  petits.  Ces  animaux  appartiennent  à  la  famille  des  mar- 
supiaux, si  remarquables  parleur  double  matrice  qui  les  a 
fait  nommer  didelphes  par  Linnœus  ;  et  à  cette  même  famille, 
se  rattachent  des  animaux  moins  carnivores  et  des  frugivores , 
des  herbivores  ,  tels  que  les  kanguroos,  mais  que  nous  de- 
vons plutôt  renvoyer  près  des  gerboises  et  autres  rongeurs 
sauiilîans.   Voyez  Marsupiaux. 

Il  en  est  une  autre,  voisine  des  carnassiers,  dont  les  es- 
pèces se  distinguent  par  un  corsage  long  et  fluet ,  des  membres 
courts  ,  une  allure  rampante  et  en  tapinois  ,  un  mouvement 
glissant  et  vermlforme  ;  telles  sont  les  belettes  ,  les  loutres , 
les  martres,  les  mouffettes  au  pelage  fin  et  lustré  ,  et  qui  ré- 
pandent, lorsqu'on  les  irrite,  des  odeurs  très-désagréables  ; 
leur  marche  est  légère,  sur  le  bout  des  doigts  ,  et  leur  ins- 
tinct rusé  ;  elles  ont  des  dents  fines  ,  qui  mordent  vivement 
et  pénètrent  comme  des  épingles  ;  aussi  ces  espèces  aiment 
plus  sucer  le  sang  que  manger  la  chair. 

Les  plus  courageux  et  les  plus  puissans  carnivores  appar-. 
tiennent  à  une  famille  particulière  qui  comprend  les  genres 
des  civettes  ,  des  chats  ,  des  chiens  et  des  hyènes  ,  animaux 
qu'on  nomme  plus  particulièrement  hêles  féruces.  On  les  re- 
connoil  à  leur  maintien  fier  ,  à  leurs  membres  redressés  ;  ils 
ontla  tête  levée,  la  structure  robuste,  les  mouvemens  prestes, 
et  n'appuient  à  terre  que  leurs  doigts;  quelques  -uns  voient 
de  nuit ,  ont  des  ongles  rétractiles,  une  tête  ronde  et  le  mu- 
seau court  ;  ils  grimpent  et  sautent  facilement;  les  autres 
ont  un  nez  long,  l'odorat  fin,  et  sont  très  -  propres  à  la 
course.  V.  Carnassiers  et  Carnivores. 

Une  famille  d'animaux  bien  reconnoissables  par  leur  allure 
sautillante,  leur  museau  arqué,  leur  corps  ramassé,  et  sur- 
tout par  deux  longues  dents  incisives  au-devant  de  chaque 
mâchoire  ,  sans  canines  ,  est  celle  des  rongeurs.  La  plupart 
des  espèces  se  creusent  des  terriers  ou  nichent  dans  des  re- 
traites obscures;  les  uns  grimpent  sur  les  arbres  comme  les 
écureuils,  ou  sautent  en  voltigeant  comme  les  polatouches  ; 
d'autres  se  tiennent  à  terre  ou  près  des  lieux  humides  ;  plu- 
sieurs ayant  de  longues  pattes  de  derrière  ,  marchent  par 
bonds  comme  des  sauterelles.  Un  grand  nombre  d'entre  eux 
passe  l'hiver  dans  l'engourdissement ,  tandis  que  les  autres 


Q  U  A  4oS 

amassent  des  magasins  de  vivres  pour  la  saison  des  frimas. 
F.  Rongeurs. 

Les  gerboises  ne  s'avancent  qu'en  bondissant  sur  leurs 
longut;^  paltes  postérieures  et  sur  leur  queue,  qui  sert  de  troi- 
sième point  (Kappui  ;  la  marcbe  des  kanguroos  est  la  même  ; 
mais  ces  animaux  singuliers  forment  une  petite  famille , 
qu'on  dis^lingue  des  autres  par  la  bourse  inguinale  dans  la- 
quelle ces  quadrupèdes  déposent  leurs  petits  ,  comme  chez 
les  sarigues  ,  par  les  six  à  huit  dents  incisives  à  leur  mâchoire 
supérieure  ,  et  par  les  deux  incisives  inférieures  ,  et  l'ab- 
sence des  canines.  Leurs  petites  pattes  de  devant  ont  cinq 
doigts  ,  qui  font  l'office  des  mains  ;  les  pieds  de  derrière  ont 
seulement  trois  doigts.  F.  Marsupiaux. 

Après  ces  quadrupèdes ,  dont  les  intestins  sont  plus  étendus 
que  ceux  des  carnivores ,  se  place  la  famille  des  édenlés ,  ainsi 
nommés  parce  qu'ils  manquent  entièrement  de  canines  et  d'in- 
cislves.  Leur  nmseau  très-allongé,  leur  démarche  traînante  et 
laborieuse  ,  leur  habitude  de  se  serrer  en  boule  à  l'approche  de 
l'ennemi,  leur  peau  cuirassée,  chez  les  tatous,  de  comparti- 
niens  osseux,  chez  les  pangolins  ,  d'écaillés  larges  et  acérées 
comme  celles  de  l'artichaut;  leur  vie  nocturne  ,  sourde,  pa- 
tiente; leur  nourriture  de  fourmis,  do  vermisseaux,  déracines; 
leurs  longues  griffes  ,  les  distinguent  suffisamment  de  toute 
autre  famille.  Ces  espèces  se  rapprochent  en  outre  des  rumi- 
nans  par  la  capacité  et  les  élranglemens  divers  de  leur 
estomac.   Foyez  Edentes. 

Ces  diverses  familles  composent  la  première  série  des  ani- 
maux ,  celle  des  onguiculés  ,  'ainsi  nommés  à  cause  que  leurs 
doigts  sont  libres  et  munis  chacun  d'un  onglet.  Les  familles' 
suivantes  ont  les  pieds  comme  enveloppés  et  encroûtés  sous 
la  peau  ;  leurs  doigts  ont  des  sabots  cornés;  aussi  on  les  com- 
prend sous  le  nom  d'ongulés.  D'ailleurs  ,  leurs  pieds  anté- 
rieursnesontplus  libresdese  tourner  comme  ceuxdes  familles 
précédentes;  ils  ne  peuvent  plus  tenir  lieu  de  bras  et  de  main; 
il  n'y  a  même  aucun  rudiment  de  clavicules  (i)  ;  de  sorte  qu'à 
tous  égards,  celle  dernière  série  est  beaucoup  moins  parfaito 
que  la  première.  Elle  n'a ,  en  effet,  ni  la  même  facilité  d'agir, 
ni  la  môme  finesse  de  tact,  ni  la  même  intelligence.  Toutes 
ses  actions  sont  plus  brutes  ,  et  tiennent  plus  de  la  nature 
animale  que  celles  des  autres  quadrupèdes. 


(i)  Véléphant  semble  faire  une  exception  à  cette  règle  ,  par  di- 
Tcrscs  q\ialilés  qui  le  rapprochent  des  quadrupèdes  plus  paifails». 
comme  la  délicatesse  du  loucher  de  sa  trompe,  ses  mamelles  placées 
$ur  la  poltiiue,  etc. 


,4o6  Q  U  A 

La  première  famille  qui  se  place  dans  cet  ordre,  est  celle 
des  ruminans,  si  remarquable  pas  ses  attributs.  Les  espèces 
qui  la  composent  sont  privées  de  dents  incisives  supérieures  et 
decan:nes;maislesraces  qui  portent  des  cornes  n'ont  poinlies 
canines  à  la  mâchoire  supérieure, que  montrent  les  chameaux, 
les  lamas  et  les  chevrotains,  chez  lesquels  on  ne  trouve  jamais 
de  cornes. Les  diverses  espèces  de  cerfs  sont  les  seules  dont  la 
tête  soit  parée  décernes  rameuses,  qui  se  renouvellent  tous 
les  ans  ;  les  autres  genres  de  ruminans  sont  armés  de  cornes 
creuses  et  simples  ,  qui  ne  tombent  jamais.  Cette  famille  se 
distingue  encore  par  les  pieds  fourchus  de  ses  espèces  ,  qui 
portent  aussi  le  nom  de  blsulces  ,  à  cause  de  ce  caractère  ; 
mais  ce  qui  les  distingue  principalement,  ce  sont  leurs  quatre 
estomacs ,  leur  rumination  ,  le  suif  qu'ils  fournissent ,  ainsi 
que  leur  lait  gras  et  butyreux.  Ils  ont  un  naturel  doux,  qui  se 
prête  aisément  au  joug  de  la  domesticité  ;  les  mâles  sont 
polygames.  V.  Rumiinans, 

On  peut  regarder  les  solipèdes  comme  un  intermédiaire 
entre  les  ruminans  et  la  famille  suivante  ,  car  ils  ont  des  ca- 
ractères communs  aux  deux  ;  mais  ils  s'en  distinguent  par  des 
pieds  renfermés,  chacun,  dans  un  seul  sabot,  et  par  le  défaut 
de  rumination.  Leurs  intestins  sont  vastes  ,  et  une  valvule 
placée  au  bas  de  leur  œsophage  les  empêche  de  vomir.  Ces 
-mimaux  aiment  beaucoup  la  course  ;  leur  allure  est  vive  , 
impétueuse,  leur  taille  élancée,  leurs  membres  sont  nerveux  ; 
leur  force, leur  ardeur,  la  fierté  et  la  souplesse  de  leur  naturel, 
les  rendent  très-précieux  à  l'homme. Le  naturel  des  solipèdes, , 
comme  le  cheval ,  l'âne  ,  le  ^èbre  ,  est  sobre  ,  laborieux  , 
robuste ,  propre  à  la  course  ,  surtout  dans  les  pays  sablon- 
neux, secs  et  découverts.  Ils  sont,  au  reste  ,  impatiens,  in- 
dociles ,  quoique  susceptibles  de  s'apprivoiser. 

Les  animaux  à  peau  épaisse  n'ayant  ,  au  lieu  de  poils,  que 
des  soies  rares  et  grossières  ,  composent  la  famille  des  bêtes 
brutes,  ou  des  pachydermes;  leur  corps  ramassé,  leur  forme 
massive,  leur  maintien  lourd  ,  avec  un  air  de  stupidité  ,  an- 
noncent leur  caractère  brut.  Ils  aiment  se  vautrer  dans  la 
boue  ,  et  recherchent  les  lieux  humides.  Avec  une  vue  basse, 
ils  ont  un  odorat  extrêmement  délicat  et  l'ouïe  fine.  Leurs 
dents  sont  grandes  et  fortes  ;  plusieurs  ont  des  défenses 
comme  l'éléphant,  Thippopotame  ,  le  sanglier  ,  ou  une  corne 
comme  le  rhinocéros.  Ils  vivent-  du  racines  ,  de  fruits  et  de 
plantes  aquatiques ,  plutôt  que  d'herbes.  Comme  la  peau  est 
presque  insensible  au  toucher  ,  et  qu'ils  ont  beaucoup  de 
graisse  >  le  mulle  des  rhinocéros ,  des  hippopotames  ,  le 
groin  des  cochons ,  la  trompe  du  tapir  et  celle  de  l'éléphant , 
sont  leur  principal  organe  du  tact.  F.  Pachydermes. 


Q  U  A  407 

Une  autre  famille  dont  tous  les  individus ,  au  lieu  de  quatre 
pieds ,  ont  des  membres  façonnés  en  ram^s  ,  en  nageoires  , 
ceux  de  derrière  étant  aussi  séparés ,  est  celle  des  quadrupèdes 
AMPHIBIES.  En  effet  ,  ils  vivent  plus  dans  l'eau  que  sur  la 
terre  ,  et  bien  qu'ils  aient  besoin  de  respirer  l'air  ,  qu'ils  pro- 
duisent leurs  petits  vivans,  et  aient  le  sang  chaud ,  ils  se  rap- 
prochent de  la  nature  des  poissons.  Lorsqu'ils  sortent  de 
l'eau  ,  ils  ne  rampent  qu'avec  difficulté  sur  les  rivages.  Ils  ont 
ungros  ventre,  une  chair  huileuse  ,  et  de  très-mauvaise  odeur. 

Enfin  ,  la  dernière  famille  est  celle  des  cétacés  ,  que  nous 
traitons  à  leur  article  ,  parce  que  ces  animaux  ne  sont  plus 
quadrupèdes,  c'est-à-dire,  qu'ils  n'ont  pas  quatre  membres, 
leurs  pattes  de  derrière  manquant  tout  à-fait  ,  même  dans 
leur  squelette. 

En  comparant  entre  elles  ces  diverses  familles,  on  observe 
que  celles  qui  avoisinent  le  plus  l'espèce  humaine  ,  ont  des 
membres  plus  développés  ,  des  mouvemens  plus  libres  et  plus 
multipliés  ,  une  sensibilité  plus  délicate  que  les  familles  qui 
se  rapprochent  des  cétacés.  Aussi  les  premières  ont  jplus  d'in- 
telligence, une  structure  plus  délicate,  les  parties  antérieures 
du  corps  plus  larges  ,  et  le  cerveau  plus  étendu  à  proportion 
que  les  dernières  ;  celles-ci  ont  une  chair  humide  et  grasse  , 
un  ventre  renflé  ,  des  intestins  amples ,  des  membres  oblitérés, 
une  sensibilité  obtuse ,  une  grande  voracité ,  et  le  naturel  très- 
brut.  En  remontant  des  cétacés  aux  amphibies  ,  de  ceux-ci 
aux  bêtes  brutes  ,  aux  solipèdes  et  aux  ruminans  ,  on  ob- 
serve une  perfection  graduelle  dans  le  développement  des 
membres  ,  des  sens  et  des  autres  organes  extérieurs  ,  tandis 
que  les  viscères  intérieurs  diminuent  en  même  proportion 
d'étendue  et  d'activité.  Cette  gradation  n'est  pas  moins  re- 
marquable chez  les  familles  d'animaux  onguiculés  ,  dans  les- 
quelles organes  extérieurs  acquièrentbeaucoup  de  supériorité 
sur  les  viscères  internes;  de  là  vient  que  les  facultés  des  sens  et 
de  l'intelligence  l'emportent  chez  eux  sur  les  affections  ani- 
males. Au  contraire,  chez  les  ongulés,  les  qualités  matérielles, 
les  affections  brutes  de  la  gourmandise  et  de  la  concupis- 
cence surmontent  celles  de  l'esprit  et  de  la  sensibilité.  Comme 
cette  même  remarque  s'applique  à  la  classe  des  oiseaux  ,  et 
qu'ils  paroissent  organisés  suivant  le  même  ordre  ,  nous  les 
offrirons  sous  le  même  point  de  vue  et  par  familles  corres- 
pondantes ,  en  passant  graduellement  des  moins  perfection- 
nés aux  plus  parfaits. 

Ainsi,  pourpeu  que  l'on  considère  laclasse  entière  des  vi- 
vipares, depuis  les  cétacés  jusqu'aux  singes, on  observera  une 
transition  et  un  développement  graduel  dans  l'organisation^ 
Prenons  un  cétacé,  un  dauphin  ,  pour  exemples.  En  snppo- 


4o8  Q  U  A 

sani  que  la  nature  dégage  davantage  ses  membres  ,  ses  extré- 
mités inférieures ,  arrondisse  sa  tête ,  et  raccourcisse  son  mu- 
seau, elle  formera  un  photîneou  veau  marin.  En  dévelop- 
pant encore  plus  toutes  les  parties  ,  en  allongeant  les  pieds  , 
enformantla  conque  externe  de  l'oreille,  elle  approchera  de  la 
figure  d'un  hippopotame  ,  d'un  tapir,  d'un  cochon  ;  un  troi- 
sième effort  de  développement  amènera  la  structure  d'un 
cheval  ou  d'un  bœuf.  Si  nous  poursuivons  cette  gradation  , 
nous  verrons  l'estomac  si  vaste  dans  les  familles  précédentes 
et  les  ruminans  ,  se  rétrécir  déjà  dans  les  fourmiliers  et  les 
tatous;  les  doigts  commencent  à  se  séparer,  à  se  diviser  ; 
les  palfes  antérieures  prennent  plus  de  liberté  dans  leurs 
mouvcmens;  ie  museau  se  raccourcit,  et  le  cerveau  se  renfle 
proportionnellement,  commeon l'observe,  en  remonlantdans 
la  famille  des  rongeurs,  dans  celle  des  carnivores;  enfin  on  par- 
vient, en  suivant  cesdéveloppemens,  à  la  famille  des  makis  et 
des  singes  immédiatement  placée  au-dessous  de  notre  espèce. 

Ces  transitions  visibles  nous  dévoilent  le  plan  de  la  su- 
prême puissance  du  Créateur  ,  qui  marche  sans  cesse  du 
simple  au  composé.  Ainsi,  le  cétacé  est  comme  l'embryon  du 
quadrupède  (  comme  le  têtard  est  celui  de  la  grenouille  )  ;  le 
quadrupède  a  tous  lesriidimens  du  singe  qui ,  à  son  tour,  est 
comme  la  pâte  élémenlairc  dont  se  pétrit  la  race  humaine 
dans  l'origine  des  choses.  C'est,  en  quelque  sorte,  une  tige 
d'organisation  dont  l'homme  est  le  sommet,  la  (leur  élaborée, 
le  cétacé  ,  la  racine  ,  et  dont  les  quadrupèdes  composent  les 
nuances  ,  les  linéamens  intermédiaires.  De  même  les  mam- 
mifères sont  ,  à  l'égard  des  autres  classes  du  règne  animal , 
les  tiges  supérieures,  et  les  plus  perfectionnées  du  grand  arbre 
de  la  vie, dont  les  racines  se  perdent  dans  les  animalcules  in- 
fusoircs,leszoophytes  les  plus  imparfaits.Et  cet  arrangement 
n'est  que  le  développement  du  plan  général  de  l'organisation 
qu'il  a  plu  à  la  nature  d'élablir  sur  notre  globe  ,  et  de  faire 
germer  dans  la  longue  chaîne  des  âges.  C'est  une  conséquence 
nécessaire  de  la  progression  qui  rattache  le  minéral  le  plus 
brut  à  la  planté  imparfaite  ;  le  végétal  irritable  ,  aux  plus 
simples  animaux;  et  ceux-ci,  aux  plus  compliqués,  aux  plus 
élaborés  et  inlelligens  d'entre  eux  ,  jusqu'à  la  race  souve- 
raine ou  dominatrice  de  toutes  ,  qui  est  1  iiomme. 

I."  Les  quadrupèdes  amphibies  et  les  oiseaux  palmipèdes 
ont  pour  traits  de  ressemblance  le  besoin  de  nager  ;  un  ap- 
pétit vorace  et  un  grand  ventre  ;  des  chairs  huileuses  et  d'un 
goût  désagréable;  des  membres  raccourcis  ,  oblitérés  ;  la  de- 
meure dans  les  mêmes  lieux  aquatiques  ,  et  l'habitude  de 
vivre  en  troupes  dans  les  régions  froides. 

a.".  Les  bêles  brutes  ou  les  |)achydcrmes  ont  pour  confor« 


Q  U  A  409 

mhé,  avec  les  oiseaux  de  rivage  ou  échassiers,  la  coutume  de 
barbolter  dans  la  fange  ;  la  stupidité  du  caractère  ;  la  finesse 
de  l'odoral  ;  la  foiblesse  de  la  vue  qui  ne  peut  supporter  le 
grand  jour ,  et  qui  se  plaît  dans  le  crépuscule  ;  la  facilité  de 
s'engraisser  ,  surtout  dans  les  temps  humides  et  brumeux.  Ces 
animaux  je  tiennent  en  bandes. 

3.**  Les  quadrupèdes  ruminans  et  les  oiseaux  gallinacés 
conservent  entre  eux  les  plus  grandes  analogies.  Les  premiers 
remâchent  leurs  alimens  ;  les  seconds  les  triturent  dans  leur 
gésier  :  les  uns  ont  des  cornes,  les  autres  des  eigots.  La  poule 
leprésente  la  vache,  et  le  coq  ,  le  taureau.  L'autruche  est  le 
chameau  des  oiseaux.  Ces  deux  ordres  d'animaux  se  plaisent 
dans  les  mêmes  terrains,  aiment  se  rouler  dans  la  poussière  ; 
leurs  mâles  sont  polygames  ;  les  uns  et  les  autres  s'apprivoi- 
sent facilement. 

4-^  Les  rongeurs  et  les  oisillons  granivores  et  insectivores 
ont  aussi  des  qualités  communes.  Leslemings,  les  campagnols 
et  quelques  autres  rats  émigrent  comme  certains  oiseaux;  d'au- 
tres de  chaque  classe  se  tiennent  près  des  eaux  ;  les  uns  vivent 
en  troupes  ,  d'autres  sont  solitaires.  L'industrie  des  carouges 
et  des  troupialcs  est  analogue  à  celle  des  castors  ,  des  onda- 
tras. Les  moineaux  sont  semblables  ,  pour  les  mœurs  ,  aux 
rats  des  champs,  aux  mulots  ;  les  gros-becs,  aux  loirs,  etc. 

5."  Les  animaux  carnassiers  trouvent  leurs  analogues  parmi 
les  oiseaux  rapaces  ;  laigle  et  le  lion  ,  le  vautour  el  le  tigre  , 
le  faucon  et  le  chien  ,•  le  milan  et  le  loup  ,  le  chat-huant ,  la 
chouette  et  le  chat,  le  lynx,  etc.  ,  offrent  des  ressemblanct^s 
qui  ont  été  observées  par  tous  les  naturalistes. 

6."  La  famille  des  chauve-souris  a  quelques  rapports  avec 
les  engoulevents  ou  tète-chèvres,  qui  ont  un  pareil  vollige- 
ment  pendant  la  nuit,  el  vivent  également  d'insectes,  tels  que 
des  papillons  phalènes  ,  des  sphynx,  des  teignes  ,  etc.  Pen- 
dant le  jour  ,  ces  espèces  se  cachent  dans  des  trous  obscurs. 

7.0  Enfin  ,  la  famille  des  singes  trouve  son  analogie  dans 
celle  des  perroquets  qui  ,  coaime  les  précédens  ,  vivent  en 
société  dans  les  pays  chauds,  grimpent  également  sur  les 
mêmes  arbres,  se  nourrissent  des  mêmes  fruits,  savent  imiter 
les  gestes  des  autres  animaux  et  de  l'homme,  sont  pareillement 
susceptibles  d'éducation,  d'affection,  montrent  de  l'adresse  , 
de  l'intelligence,  et  sont  remplis  de  mémoire  ,  d'agrémens  et 
de  vivacité.  Enfin  ,  par  leurs  facuhés  perfectionnées  et  leurs 
mœurs ,  ils  méritent  d'être  placés  les  uns  et  les  autres  à  la  tête 
de  leur  classe  (  F.  nos  Vues  générales  ,  placées  à  la  fin  de 
VHist.  mit.  des  Oiseaux  de  Buffon,  édit.  de  Sonnini,  tom.  6/^, 
pag.  i34.etseq.,etlafin  du  mot  Oiseau  en  ce  dictionnaire.). 

En  congidéraût  ces  diverses  modiûcaUoiis  de  la  matièr» 


4io  Q  U  A 

vivante  ,  suivant  l'ordre  et  l'harmonie  que  nous  y  aperce- 
vons ;  en  voyant  tant  de  grâce  unie  à  tant  de  magnificence  « 
qui  peut  se  défendre  d'un  sentiment  d'admiration  pour  cette 
main  créatrice  de  tous  les  êtres?  Les  bois  et  les  champs  ,  les 
montagnes  et  les  vallons  peuplés  de  races  libres  et  vaga- 
bondes ,  offrent  à  l'espèce  humaine  de  riches  proies  et  des 
compagnons  utiles  dans  ses  travaux.  Chacun  de  ces  animaux 
vit  satisfait  dans  ses  retraites  ,  et  suit  son  genre  de  vie  ;  tous 
fuient  l'homme ,  qui  n'existe  que  pour  les  détruire  ou  pour  les 
tyranniser.  Qui  sait  si  notre  espèce  étoit  anéantie  ,  laquelle  de 
ces  races  régneroit  sur  la  terre?  Mais  peut-êtreque,  tranquilles 
entre  elles ,  aucune  ne  voudroit  combattre  pour  le  sceptre  du 
monde.  Passant  leurs  jours  dans  l'indépendance  et  dans  l'in- 
souciance ,  elles  ne  chercheroient  point  à  sortir  de  leur  état 
naturel.  Leurs  sociétés,  comme  celles  des  castors  et  des  autres 
rongeurs,  que  notre  despotisme  a  dissoutes,  se  rélabliroient  ; 
leur  industrie  s'agrandiroit  par  le  sentiment  de  l'indépen- 
dance ,  et  par  les  associations  libres.  Qui  sait  jusqu'à  quel 
degré  de  police  et  d'adresse  parviendroient  les  animaux  dans 
un  monde  dont  ils  posséderoient  seuls  l'empire  ?  L'homme 
seroit-il  donc  moins  heureux  sur  la  terre ,  si  rejetant ,  comme 
l'animal ,  toutes  ces  funestes  inventions  qui  le  tourmentent, 
si  abjurant  les  lois  et  la  société,  il  pouvoit  se  résoudre  à  vivre 
tel  que  la  nature  l'a  fait ,  dans  toute  sa  simplicité  primitive  ? 
Alors  libre  de  toute  espèce  de  joug,  content  des  simples  fruits 
que  lui  offriroitla  nature,  couché  sur  un  lit  de  feuillage  à  l'om- 
bre des  forêts  et  au  bord  des  fontaines  ,  il  passeroit  les  jours 
sans  désirs  et  sans  soins.  Lorsque  son  âme  ,  fatiguée  de  la 
course  de  la  vie  ,  se  glaceroit  dans  ses  membres  ,  il  s'endor- 
miroit  d'un  sommeil  éternel ,  après  avoir  vécu  sans  peine  tel 
que  la  nature  l'avoit  formé.  Qu'emportons-nous  de  plus  dans 
la  tombe  que  les  autres  animaux ,  après  cette  vie  misérable 
et  tumultueuse  ,  puisque  les  biens ,  les  honneurs  et  les  rangs 
ne  nous  sont  plus  rien?  Que  d'infortunes  nous  seroient  épar- 
gnées en  nous  rapprochant  delà  nature  ,  et  en  nous  livrant  à 
son  repos  !  C'est  alors  qu'examinant  de  loin  les  vanités  de  la 
vie  sociale  ,  les  vices  et  les  malheurs  qu'elle  engendre  ,  nous 
aimerions  nous  réfugier  dans  la  contemplation  des  œuvres  du 
Créateur,  et  nous  abandonner  à  l'élude  des  beautés  ineffables 
de  la  nature.  V.  les  mots  Nature  ,  Animal  ,  Homme  ,  ainsi 
que  les  articles  qui  ont  quelque  rapport  avec  l'histoire  des 
Quadrupèdes;  tels  sont  :  Génération,  Alimens,  Carnivore, 
Sensibilité  ,  Vie  ,  Instinct  ,  Mammifères  ,  Mammalogie  , 
Mouvement  des  animaux,  Habitation,Oiseaux,  etc.,  etc. 
La  manière  de  conserver  et  d'empailler  les  quadrupèdes, 
sera  détaillée  au  mot  Taxidermie,  (virey.) 


Q  U  A  4iî 

QUADRUPÈDES  FOSSILES.  Voyez  Mammifères 

FOSSILES.  (DESM.) 

QUADRUPÈDES  OVIPARES.Les  quadrupèdes  dont 
on  vient  de  parler,  sont,  en  général,  couverts  de  poils,  et 
tous  vivipares;  mais  il  est  d'autres  animaux  qui,  quoiqu'ils 
aient  aussi  quatre  pieds ,  n'ont  jamais  de  poils  et  pondent  des 
œufs.  Daubenton,  le  premier,  a  donné  à  ces  derniers  le  nom  de 
quadrupèdes  ovipares  ,  nom  que  Lacépède  a  depuis  rendu 
r.Jassique  par  la  publication  de  l'excellent  ouvrage  qui  traite 
de  leur  histoire. 

Cependant,  malgré  l'aulorilé  de  ces  deux  célèbres  profes- 
seurs, les  naturalistes,  sévèrement  méthodistes,  ont  dû  re- 
pousser le  nom  dé  (juadmpèdes  Oin'pares,  comme  indiquant  avec 
les  quadrupèdes  à  mamelles^  des  rapports  plus  étendus  que  ceux 
qui  existent  réellement.  En  effet,  si  on  éludie  comparativement 
l'organisation  interne  des  animaux  decesdeuxclasses,onn'est 
pas  long-temps  à  s'apercevoir  qu'ils  sont  beaucoup  plus  loin 
\cs  uns  des  autres  ,  que  ceux  de  la  première  ne  le  sont  des 
oiseaux,  par  exemple.  Aussi  Alexandre  Brongniart  s'est-ll  cru 
obligé,  dans  son  excellent  travail  Erpétologique,  inséré  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  philomaihique ,  et  dans  le  Magasin  ency- 
clopédique pour  1799 ,  de  ne  pas  employer  ce  nom. 

Les  quadrupèdes  ovipares  de  Lacépède  comprennent  les 
genres  Tortue,  Lézard,  Grenouille,  Raine  et  Crapaud. 

Ces  genres,  dans  la  méthode  de  Brongniart ,  forment  trois 
ordres  :  Les  ChÉloniens,  qui  comprennent  les /or/H^5  Je /ner 
et  de  terre;  les  Sauriens,  qui  réunissent  les  lézards  et  tous  les 
genres  qui  ont  été  formés  à  leurs  dépens  ;  enfin,  les  Batra- 
(Âens,  qui  renferment  les  trois  derniers  genres  de  Lacépède, 
plus  les  Salamandres  qui  n'ont  que  des  rapports  extérieurs 
avec  les  lézards. 

On  trouvera  au  mot  Erpétologie  et  à  ceux  ci-dessus  cités, 
les  détails  convenables  aux  préliminaires  de  l'étude  des  qua- 
drupèdes ooipar-es,  et  à  chacun  des  genres  qui  s'y  trouveront 
indiqués,  ceux  qui  concernent  l'organisation  et  les  mœurs 
des  animaux  qui  les  composent,  (b.) 

QUAGLIA ,  QUALLIA.  Noms  italiens  de  la  Caille. 

QUAI-FA.  Nom  de  I'Olivier  odorant  {oleafragrans), 
en  Chine,  selon  Osbeck.  (ln.) 

QUAIL.  Nom  anglais  de  la  Caille,  (v.) 

QUAKITE.  Genre  de  plante  qui  ne  diffère  pas  de  celui 
appelé  Bladie.  On  lui  a  aussi  donné  le  nom  de  Sanchite. 
F.  Bladie.  (b.) 

QUAL.Nom  que  l'on  donne,  sur  les  côtes  de  la  Hollande, 
au  frai  des  Astéries,  lequel  est  un  poison  pour  l'homme  et 


4is  Q  U  A 

les  animaux.  C'est  lui  qui  rend  les  Moules  dangereuses  pcn- 
•  dant  l'été,  (b.) 

QUALIER,  Qualea.  Genre  de  plantes  de  la  monandrie 
monogynie,  qui  a  pour  caractères  :  un  calice  divisé  en  quatre 
parties,  dont  deux  plus  grandes  ;  une  corolle  de  deux  pétales, 
dont  le  supérieur  est  petit,  relevé,  échancré  ,  sessile  et  épe- 
ronné,  et  l'inférieurgrand,  incliné  et  onguiculé  ;  une  étamine 
à  filet  relevé  et  courbé ,  à  anthère  didyme  ;  un  ovaire  velu,  à 
style  courbé  et  à  stigmate  obtus  ;  probablement  une  baie 
contenant  un  grand  nombre  de  semences. 

Ce  genre  renferme  deux  arbres  à  feuilles  opposées  et  à 
fleurs  disposées  en  panicules  terminales  et  accompagnées  de 
bractées.  L'un  de  ces  arbres,  le  Qualier  rouge,  a  les  feuilles 
acuminées;  et  l'autre,  le  Qualier  bleu,  a  les  feuilles  ai- 
guës. L'un  et  l'autre  se  trouvent  dans  les  forêts  de  la  Guyane, 
où  ils  ont  été  observés  par  Aublet ,  qui  rapporte  que  leurs 
fleurs  répandent  une  odeur  des  plus  suaves,  (b.) 

QUAMASH.  Nom  que  les  sauvages  de  l'Amérique 
septentrionale  donnent  à  la  racine  d'une  Scille  dont  ils  se 
nourrissent,  (b.) 

QUAMELLE.  Nom  vulgaire  de  1' Agaric  élevé  ,  qui  se 
mange  dans  beaucoup  de  lieux,  (b.) 

QUAMH.  Nom  arabe  de  I'Épeautre  {triticum  spelta  ,  L.). 

QUAMITZLI.  Quadrupède  de  l'Amérique ,  indiqué  par 
Nieremberg;  c'est  vraisemblablement  le  Couguar.  F^.  l'his- 
toire de  ce  mammifère,  à  l'article  Chat,  (desm.) 

QUAMOCLIT  de  Tournefort ,  F.  Quamoclite.  (lw.) 
QUAMOCLITTE,  Ipomœa.  Genre  de  plantes  de  la  pen- 
tandrie  monogynie  et  de  la  famille  des  convolvulacées  ,  qui 
ne  diffère  des  liserons  que  parce  que  la  fleur  a  le  stigmate 
capité,  et  que  le  fruit  est  une  capsule  toujours  triloculaire 
(^V.  au  mot  Liseron.  ).  Ce  caractère  n'a  pas  paru  suffisant  à 
plusieurs  botanistes  pour  autoriser  la  formation  d'un  genre  ; 
et,  en  effet,  il  devient  souvent  impossible,  surtout  dans  les 
plantes  sèches,  de  s'assurer  si  telle  espèce  est  un  liseron  ou 
une.  qunmodiUe  ;  en  conséquence ,  ils  les  ont  réunis;  mais 
comme  le  genre  des  liserons  est  très-nombreux  en  espèces  , 
il  a  paru  convenable,  à  la  plupart,  de  le  conserver. 

Les  quamorUftes,  comme  les  liserons  ,  sont  des  plantes  ordi- 
nairement volubles ,  à  feuilles  alternes^et  à  (leurs  affectant 
différentes  dispositions.  On  en  compie  une  centaine  d'es- 
pèces, toutes  étrangères  à  l'Europe  ,  et  dont  les  principales 
sont: 

Parmi  celles  dont  les  fleurs  sont  distinctes  , 

La  QuAMOCLiTTE  A  FEUILLES  PlNNîiES,  Ipomœa  quamoclit. 


Q  U  A  4.3 

Lînn.,qaî  aies  feuilles  pinnatifides,  à  folioles  linéaires,  et  les 
fleurs  la  plupart  solitaires.EUeest  annuelle,  et  vient  de  l'Inde. 
Onlacultive  dans  l'Inde  et  en  Europe,  à  raison  de  la  délica- 
tesse de  son  feuillage  et  de  la  belle  couleur  rouge  de  ses 
fleurs.  Elle  est  très-propre  à  employer,avec  d'autres  plantes 
à  larges  feuilles, pour  garnir  les  tonnelles,  mais  réussit  diffici- 
lement dans  le  clitnat  de  Paris.  On  l'appelle  jasmin  rouge. 
Willdenow  l'a  réunie  aux  Cantus  ,  et  Michaux  en  a  fait  un 
genre  sous  le  nom  d'IPOMOPSis. 

La  QuAMOCLiTTE  ÉCARLATE  a  les  feuilles  en  cœur,aiguës, 
anguleuses  à  leur  base,  et  les  pédoncules  mullitlores.  Elle  est 
annuelle,  et  ,se  trouve  dans  les  Anlilles.  C'est  aussi  une 
très-belle  plante.  C'est  la  Liane  À  tonnelle  de  Saint-Do- 
mingue. 

La  Quamoclitte  tubéreuse  a  les  feuilles  palmées  de  sept 
lobes  lancéolés  ,  aigus ,  très-entiers  ,  et  a  les  pédoncules 
triflores  ;  sa  racine  est  vivace  et  tubéreuse.  Elle  se  trouve  dans 
les  Antilles,  et  se  cultive  pour  la  nourriture  des  hommes. 
(F.  au  mot  Batate  )  J'ai  fréquemment  mangé,  en  Caroline, 
ses  racines  cuites  sous  la  cendre,  dans  l'eau  ou  d'autre  ma- 
nière, V.  pi.  P.  I,  où  elle  est  figurée. 

Michaux ,  dans  sa  Flore  de  f  Amérique  septentrionale  ,  a  mis 
dans  cette  division  ,  sous  le  nom  A'ipomœa  macrorhiza,  le  lise" 
Tonjalap.  Voyez  aux  mots  Lfseron  et  Jalap. 

Parmi  celles  dont  les  fleurs  sont  réunies  en  tête ,  se  trou- 
vent : 

La  Quamoclitte  a  feuilles  d'hépatique,  qui  a  les 
feuilles  à  trois  lobes.  Elle  se  trouve  à  Ceylan. 

La  Quamoclitte  pied  de  tigre  ,  qui  a  les  feuilles  pal- 
mées. Elle  est  annuelle,  et  se  trouve  dans  l'Inde.  On  la  cul- 
tive dans  les  jardins  de  Paris. 

Ruiz  et  Pavon  ont  figuré  six  espèces  nouvelles  de  quamo- 
cliltes  dans  leur  Flore  du  Pérou,  pi.  119  et  suivantes.  La  plus 
importante  de  ces  espèces  est  la  Quamoclitte  rapirée  ,  qui 
a  les  feuilles  palmées  et  en  cœur,  les  lobes  lancéolés,  les  pé- 
doncules uniflores,  et  la  racine  tubéreuse.  Celte  racine  est 
employée  comme  drastique.  Elle  ressemble  beaucoup  à  celle 
au  jalap, 

La  Quamoclitte  aviculaire  de  Raûnesque  constitue  le 
sous-genre  Ornithosperme.  (b.) 

QUAN.  V.  Can,  Guan  et  Yacou.  (s.) 
QUAN  d'Ewards.  V.  Dindon  du  Brésil,  (s.) 
QUANHPECOTLL  Seba  rapporte  ce  nom  de  pays  à 


/;t4  Q  V  A 

son  felis  montana  americana,  qui  est  Vursus  lotor  de  Linnaeus  , 
le  Raton  de  Buffon.  V.  ce  dernier  mot.  (desm.) 

QUAPACHEANAUHTLI.  Nom  que  porte  ,  à  la  Nou- 
velle-Espagne ,  le  Canard  Millouin  du  Mexique,  (v.) 
QUAPACHTOLOÏLE.  V.  Quapactol.  (v.) 
QUAPACTOL  ,  Cuculus  ridibundus  ,  Laih.  Quapach- 
TOTOLT  ,  est  le  nom  mexicain  de  cet  oiseau  ;  il  a  rapport  à  la 
couleur  fauve  qui  domine  sur  ses  parties  supérieures.  On  l'ap- 
pelle aussi  oiseau  rleur^  d'apiès  son  cri  qui  ressemble  à  un 
éclat  de  rire.  Il  a  seize  ponces  de  longueur  totale  ,  dont  la 
queue  en  prend  seule  la  moitié  ;  le  bec  est  d'un  noir  bleuâ- 
tre; l'iris  blanc;  la  gorge  ,  le  devant  du  cou  et  la  poitrine  sont 
cendrés;  le  ventre  et  les  parties  postérieures  noirs;  le  reste 
du  plumage  est  fauve;  mais  cette  teinte  est  plus  foncée  sur  les 
pennes  alaires  et  caudales.  Le  quapactol  présente  dans  son 
cri ,  sa  taille ,  la  longueur  de  son  bec  et  son  plumage  ,  de  l'a- 
nalogie avec  le  iaclo  ;  peut-être  appartient-il  à  la  même  es- 
pèce, et  n'en  est-il  qu'une  variété  de  climat.  Les  anciens 
Mexicains  le  regardoient  comme  un  oiseau  de  mauvais  au- 
gure. (V.) 

QUAPALIER,  Sloanea.  Genre  de  plantes  de  la  polyan- 
drie monogynie  et  de  la  famille  dss  tiîiacées,  qui  présente 
pour  caractères:  un  calice  monopbylle  à  cinq  divisions  ovales, 
dont  quatre  plus  grandes;  point  de  corolle;  un  grand  nom- 
bre d'étamlnes  à  anthères  adnées  aux  filamens;  un  germe 
supérieur,  oblong,  velu,  à  quatre  ou  cinq  côtés,  surmonté 
d'un  style  court  à  quatre  ou  cinq  stigmates  aigus;  une  cap- 
sule oblongue  hérissée  de  longs  piquans  grêles  qui  se  déta- 
chent facilement ,  à  quatre  ou  cinq  valves,  à  quatre  ou  cinq 
loges,  renfermant  chacune  une  ou  deux  semences  entourées 
d  une  arille. 

Ce  genre  renferme  trois  espèces.  Ce  sont  des  arbres  à 
feuilles  alternes  ,  entières ,  stipulées  ,  et  à  fleurs  disposées  en 
bouquets  axillaires  et  accompagnées  de  bractées. 

La  principale  de  ces  espèces  est  le  Quapalier  a  gros 
fruits,  Sloanea  deniala  ,  qui  a  les  feuilles  ovales,  et  les  sti- 
pules en  cœur  et  dentées.  Elle  vient  à  la  Guyane,  et  a  été 
observée  par  Aublet.  On  la  cultive  dans  les  autres  colonies 
françaises  de  l'Amérique,  sous  le  nom  de  châtaignier^  à  rai- 
son de  ses  fruits  ,  qui  ont  la  forme  et  le  goût  de  la  châtaigne, 
et  qu'on  mange  de  même.  Elle  se  voit  dans  quelques  serres 
d'Europe. 

Ce  genre  diffère  fort  peu  de  I'Apéiba  ,  auquel  on  prétend 
même  qu'une  de  ses  espèces ,  le  Quapalier  a  petits  fruits  , 
doit  être  réunie,  (b.) 


0  U  A  4i5 

QUAPARA,  C'est ,  à  Cayenne ,  la  Banistèbe  A^'GU- 

LEUSE.  (B.) 

QUAPERVA.  V.  GuAPERVA.  (s.) 
QUAPIZOLT  ou  QUAUHTLA  COYMATL.  Noms 
mexicains  du  Pécari.  V.  ce  mot.  (s.) 

QVAPOYEKyXanihe.  Genre  de  plantes monadelphes  de 
la  dioécie  pentandrie  ,  et  de  la  famille  des  guttifères ,  qui  a 
pour  caractères  :  un  calice  composé  de  cinq  écailles;  une  co- 
rolle de  cinq  pétales  arrondis  et  concaves,  attachés  par  un 
onglet  autour  d'un  disque  charnu;  cinq  étamines  à  anthères 
sessiles  placées  sur  un  disque  saillant,  dans  les  fleurs  mâles  ; 
un  ovaire  oblong,  à  cinq  côtes,  surmonté  de  cinq  stigmates 
larges  et  échancrés  ,  dans  les  fleurs  femelles  ;  une  capsule 
ronde,  charnue,  couronnée  parles  stigmates,  s'ouvrant  en 
cinq  valves  ,  et  contenant  cinq  rangs  de  semences ,  séparés 
par  des  membranes  qui  tiennent  au  placenta. 

Ce  genre,  fort  voisin  des  Clusiers  ,  renferme  deux 
arbrisseaux  grimpans ,  à  feuilles  opposées ,  entières ,  et  à 
fleurs  disposées  en  panicules  terminales.  L'un  ,  le  Quapoyer 
A  petits  fruits  ,  a  les  feuilles  ovales  ,  charnues ,  très-entiè- 
res. Il  se  trouve  à  la  Guyane,  où  il  a  été  observé  par  Aublet. 
Toutes  ses  parties  rendent  un  suc  blanc  ,  transparent  et 
visqueux.  L'autre  ,  le  Quapoyer  a  longs  fruits  ,  rend  une 
gomme  jaune  qui  se  dissout  dansl'eau.  Il  vient  dans  les  mêmes 
endroits.  (B.) 

QLIAQUILE.  Synonyme  de  Cakile.  (b.) 
QUARANTAINE.  Espèce  de  Giroflée,  (b.) 
QUARANTE  LANGUES.  V.  Moqueur,  à  l'article 
Merle,    (v.) 

QUARARIBÉ ,  Myrodia.  Genre  de  plantes  de  la  mona- 
delphie  polyandrie  et  de  la  famille  des  malvacées  ,  qui  offre 
pour  caractères  :  un  calice  simple,  tubuleux,  se  déchirant; 
cinq  pétales;  un  grand  nombre  d'étamines  réunies  en  un 
tube  ;  un  ovaire  ovale  ,  supérieur ,  surmonté  d'un  style  très- 
long,  à  stigmate  bllobé  ;  une  capsule  ou  drupe  sec  à  deux 
ou  trois  loges ,  ne  contenant  qu'une. seule  semence. 

Ce  genre  renferme  deux  arbrisseaux  à  feuilles  alternes  et 
à  fleurs  ramassées  dans  les  aisselles  des  feuilles.  L'un ,  le 
Quaribé  tubbiné,  aies  feuilles  ovales  oblongues;  le  ca- 
lice turbiné  ;  le  tube  des  étamines  plus  court  que  les  péta- 
les. Il  se  trouve  aux  Antilles.  L'autre ,  le  Quaribé  a  lon- 
gues fleurs,  a  les  feuilles  lancéolées,  oblongues  ;  le  calice 
cylindrique  ,  et  le  tube  des  étamines  plus  long  que  les  péta- 
les. 11  se  trouve  à  la  Guyane  ,  où  il  a  été  observé  par  Aublet. 


4i6  Q  U  A 

QUARDATINAJAS.  Non  du  Cabiai,  parmi  les  Espa- 
gnols de  la  Guyane,  (desm.) 

QUARIAU.  Ancien  nom  des  Carrelets,  T.  Pleuro- 

KECTE.  (B.) 

QUARRÉ.  C'est  un  des  noms   du  Squale    marteau. 

(DESM.) 

QUARRELET.  V.  les  mois  Carrelet  et  Pleuronecte. 

(B.) 

QUARTAN,  Les  veneurs  disent  qu'un  sanglier  est  en  son 
(juadan  ,  lorsqu'il  a  acquis  l'âge  de  quatre  années,  (desm.) 

QUARTANIER  {vénerie  ).  V.  Quaktats\  (s.) 

QUARTERON  et  QUARTEROlNNE.  Individu  prove- 
nant de  l'alliance  d'un  blanc  avec  une  mulâtresse,  ou  d'un 
mulâtre  avec  une  blanche.  On  l'appelle  aussi  quelquefois 
Terceron  ,  à  cause  qu'il  y  a  un  tiers  ou  un  quart  du  sang  dune 
race  ou  blanche  ou  nègre,  (virey.) 

QUARZ  ou  QUARTZ.  Substance  minérale  de  la  classe 
des  pierres  ,  fort  abondamment  répandue  dans  la  nature  ,  et 
s'y  présentant  sous  des  formes  et  des  aspects  très -variés. 
L'infusibilité  ,  l'apparence  vitreuse  ,  semblable  à  celle  du 
cristal,  ou  à  celle  de  la  glace  ,  et  la  dureté,  sont  les  caractères 
essentiels  que  tous  les  minéralogistes  ont  assignés  à  l'espèce 
quarz.  M.  Haiiy  a  réuni  à  cette  espèce,  les  agates,  les  silex, 
les  silex  résinites,  les  jaspes,  etc.,  qu'il  considère  comme 
des  quarz  dont  la  pâte  est  plus  ou  moins  grossière ,  ou  bien 
comme  réunissant  un  très-grand  nombre  de  caractères  com- 
muns aujquarz,et  dont  le  caractère  chimique  essentiel  est  d'être 
presqueuniquemcnt  composé  de  silice.  Nous  ne  traiterons  ici 
que  du  quarz  proprement  dit ,  de  celui  qui  est  vitreux  ,  et  que 
M.  Haiiy  désigne  par  quarz  hyalin.  Quant  aux  autres  subs- 
tances, voyez  les  articles  Jaspe  et  Silex,  et  les  renvois  indi- 
qués à  la  lin  de  cet  article. 

Quarz  {Quarz  -  hyalin  ,  Haiiy  ;  quartz  ou  cristal  de  roche 
des  minéralogistes  anciens  ;  quartz  ,  Brong.,  James.  ;  quarz  , 
"Wern.,  Karst.  ;  silicium  oxydé ^  Berz.  ).  Le  quarz  se  présente 
avec  toutes  les  couleurs  ;  mais  il  est  communément  blanc  ou 
blanc  grisâtre.  Il  est  très-fréquemment  cristallisé  ;  ses  cris- 
taux sont  des  prismes  terminés  par  des  pyramides  ,  et  qui  ont 
pour  noyau  primitif  un  rhomboïde  obtus  de  94  d.  4'  et  85  d. 
56'.  Il  a  la  cassure  vitreuse.  Cette  cassure  est  conchoïde  et 
ondulée  dans  les  variétés  homogènes;  elle  est  raboteuse  et 
inégale  dans  les  autres  ;  elle  est  rarement  un  peu  lamelleuse. 
L'éclat  est  tvif  comme  celui  du  verre;  quelquefois  il  est  gras, 
d'autrefois  mat. 

Le  quarz,  bien  moins  dur  que  le  corindon,  la  topaze  ,  le 
zircon ,  le  grenat,  et, par  conséquent,  que  le  diamant,  est 


ou  A  ^.^ 

néanmoins  très-remarquable  par  sa  dureté,  qui  ne  le  cède 
guère  à  celle  de  plusieurs  des  pierres  que  nous  venons  de  citer. 
Il  raye  la  plupart  des  autres  espèces  de  pierres  ,  et  très-for- 
tement le  verre  ;  il  étincelle  vivement  sous  le  choc  du  briquet  • 
il  est  ordinairement  transparent.  Ceriaines  variétés  sont  par- 
faitement limpides,  d'autres  translucides  ou  opaques.  Lors- 
que les  cristaux  sont  transparens ,  ils  jouissent  de  la  réfrac- 
tion double  ,  et  celte  propriété  s'observe  en  regardant  un 
objet  quelconque;  par  exemple  ,*une  épingle  à  travers  l'une 
des  faces  de  la  pyramide  et  la  face  du  prisme  qui  lui  est  oppo- 
sée-,  mais,  comme  les  cristaux  ont  le  prisme  toujours  strié 
transversalement,  ou  que  leur  limpidité  est  souvent  troublée 
par  des  gerçures  ou  des  nuages ,  la  double  réfraction  est 
rarement  bien  manifeste.  La  pesanteur  spécifique  du  quarz 
varie  entre  2,58  et  2,67;  elle  est  quelquefois  de  2,80.  Le 
quarz  est  absolument  infusible  au  chalumeau  ordinaire  ;  mais 
lorsqu'on  l'expose  à  un  jet  de  flamme  alimentée  par  du  gaz 
oxygène,  il  se  fond  en  un  verre  limpide.  La  plupart  des 
variétés  colorées  perdent  leur  couleur  par  l'action  du  feu,  et 
deviennent  blanches. 

Le  quarz  le  plus  pur,  qu'onnomme  cristal  de  roche, estpre^- 
que  uniquement  composé  de  silice.  Tromsdorf  l'a  trouvé  en- 
tièrement formé  de  silice. Bucholz  en  a  retiré, par  une  première 
analyse,  99,37  sur  cent  parties;  le  reste  étoit  un  peu  de  fer  et 
d'alumine.  Dans  une  seconde  analyse  ,  il  a  trouvé  97,76  de 
silice,  0,5  d'alumine,  i  d'eau,  et  0,76  de  perte.  Quelques  au- 
tres analyses  ,  indiquent  moins  de  silice  dans  le  cristal  de  roche , 
Celte  terre  varie  dans  les  proportions  de  9?.  à  97  centièmes 
dans  les  autres  variétés.  Le  quarz  paroît  aussi  contenir  ua 
alcali, comme  nous  l'exposerons  à  l'article  du  quarz  hyalin  gras 
§  2.  Dans  l'obscurité,  le  quarz  est  phosphorescent  par  frot- 
tement, en  répandant  une  odeur  particulière,  appelée  odeur 
siliceuse.  Une  de  ses  variétés  laisse  exhaler,  lorsqu'on  la  bfise 
ou  qu'on  la  frotte  avec  un  corps  dur  ,  une  odeur  fétide.  L'on 
avoit  avancé  que  le  quarz  étoit  combustible;  mais  les  par- 
celles de  corps  brûlé  qu'on  aperçoit ,  lorsqu'on  frotte  deux 
morceaux  de  quarz  pour  produire  le  phénomène  de  la  phos- 
phorescence, ne  sont  autre  chose  que  des  corpuscules  aériens 
enflammés  par  le  calorique  qui  se  développe  pendant  cette 
action. 

Les  formes  cristallines  du  quarz  ne  sont  pas  très-nom- 
breuses, à  moins  que  l'on  ne  veuille  considérer  comme  for- 
mes distinctes  toutes  les  irrégularités  qu'on  observe  dans 
l'étendue  et  le  développement  des  faces  d'une  même  forme  ; 
car  alors  il  n'y  a  point  de  limite  dans  leur  nombre.  Un  cristal 
est  tellement  déformé  quelquefois  parces  irrégularités,  qu'on 

xxYin.  27 


4i8  0  U  A 

ne  saurolt ,  au  premier  coup  d'œîl ,  le  ramener  par  la  pensée 
à  la  symétrie  qui  est  propre  à  la  forme  dont  il  dérive  ;  mais 
après  une  légère  observation  on  parvient  aisément  à  ce  but.  Il 
suffit  pour  cela  de  se  rappeler  que  les  pans  du  prisme  sont 
constamment  striés  en  travers  ;  et  ce  sont  ces  pans  qu'il  s'agit 
d'abord  de  reconnoître  ;  une  fois  reconnus  ,  les  positions  àes 
autres  faces  sont  aussitôt  déterminées.  Les  cristaux  de  quarz 
offrent  presque  toujours  les  pans  du  prisme,  et  il  est  extrê- 
mement rare  que  celui-ci  n'*existe  pas, ce  qui  n'arrive  que  dans 
deux  variétés  que  nous  citerons  à  l'instant.  Toutes  les  formes 
dérivent  d'un  noyau  primitif  qui  est,  comme  nous  l'avons  dit , 
un  rhomboïde  obtus  de  g^d.  4'  et  de  85  d.  56'.  Ce  rhomboïde 
est  difficile  à  obtenir.  L'on  observe  cependant  quelques  cris- 
taux qui  se  clivent  assez  bien  ,  suivant  les  directions  de  leurs 
Joints  naturels  :  tels  sont  des  cristaux  noirs,  recueillis  dans 
les  montagnes  de  la  Toscane ,  et  cités  par  M.  Haiiy.  Dans 
ceux  de  ces  cristaux  qui  ont  été  divisés  parallèlement  à 
l'axe ,  on  voit  vers  le  centre  un  quadrilatère  d'une  couleur 
grisâtre  ,  peu  différent  d'un  carré ,  et  qui  présente  la  coupe 
du  noyau.  C'est,  parmi  des  cristaux  noirs  de  même  es- 
pèce et  dumême  pays,  que  j'ai  eu  l'occasion  de  trouver  un 
cristal  presque  rhomboïdal ,  les  facettes  qui  émoussent  six 
des  angles  solides  du  rhomboïde  étant  à  peine  sensibles.  L'on 
voyoit  dans  la  collection  de  M.  Delamétherie,  un  cristal  de 
quarz  ,  cassé  dans  la  direction  d'un  des  plans  du  rhomboïde 
primitif.  M.Guyton-Morveau,possédoit  un  groupe  de  cristaux 
de  roche  prismes  ,  dont  trois  des  faces  alternes  de  chaque  py- 
ramide étoient  ternes,comme  cela  s' observe, en  général,  dans 
les  faces  secondaires  de  beaucoup  de  substances.  Le  quarz  se 
présente  aussi,  quoique  rarement,  sous  la  forme  de  son  noyau 
primitif.  Enfin  ,■  on  peut  obtenir  celui-ci  en  faisant  chauffer 
fortement  des  cristaux  de  quarz,  et  en  les  plongeant  aussitôt 
dans  l'eau  froide;  les  fissures  qui  s'y  forment,  permettent  d'en 
détacher  des  fragmens  dont  les  faces  lisses  se  réunissent  de 
manière  à  offrir  un  ou  plusieurs  angles  solides  du  rhomboïde, 
et  quelquefois  le  rhomboïde  presque  entier. 

Le  quarz  est  cristallisé  en  prismes  hexaèdres  réguliers , 
termines  par  une  pyramide  à  six  faces.  On  observe  des  fa- 
cettes additionnelles  sur  les  angles  et  les  bords  des  pyramides 
conliguës  au  prisme  ,  et  même  sur  les  bords  longitudinaux. 
Ces  facettes  prennent  rarement  un  assez  grand  développe- 
ment pour  masquer  la  forme  générale.  De  plus,  lorsqu'un 
angle  est  remplacé  par  une  ou  plusieurs  de  ces  facettes,  il  est 
infiniment  rare  que  tous  les  autres  angles  analogues  les  offrent 
aussi  :  les  faces  primitives,  comme  les  faces  secondaires,  sont 
très -éclatantes.  L'on  peut  faire  sur  le  quarz ,  mieux  que  sur 


Q  U  A  413 

toute  autre  substance  minérale,  l'observation  que,  lorsqu'oi^ 
le  rencontre  cristallisé  ,  tous  les  cristaux  de  la  même  localité 
présentent  la  même  forme  et  les  mêmes  modifications.  Lea 
formes  cristallines  du  quarz  les  plus  remarquables,  sont  les 
suivantes  : 

i.Q.  H.  pnmilif,  Haiiy,  Tab.  comp. ,  pag.  24.  etiSa; 
Trait,  pi,  4o,  figure  4.  En  petits  cristaux  limpides,  dans 
les  cavités  d'un  quarz  gris  noirâtre  des  environs  de  Chaud- 
fontaine,  dans  le  ci-devant  département  de  TOurlhe.  Quel- 
ques minéralogistes  ont  considéré  la  calcédoine  bleue,  dite 
saplurine ^  qui  se  présente  sous  la  forme  de  cristaux,  comme 
appartenant  au  quarz  primitif,  parce  que  cette  calcédoine  est 
d'une  substance  qui  tire  plus  sur  l'aspect  vitreux  du  quars 
que  sur  l'aspect  luisant  de  la  calcédoine;  mais  ces  cristaux 
paroissent  être  des  pseudomorphoses.  Ils  ont  la  forme  cu- 
boïde  ou  cubique ,  très-rarement  émarginée  sur  les  bords, 
comme  dans  la  chaux  fluatée. 

2.  Q.  H.  dodécaèdre^  Haiiy;  Trait.,  pi.  /Jo ,  figure  i  ," 
composé  de  deux  pyramides  hexaèdres  ,  à  faces  triangu- 
laires isocèles.  Les  deux  pyramides  font  entre  elles  un  angle 
deio3  dégrés  20' ,  et  l'incidence  des  deux  faces  contiguës  de 
chaque  pyramide ,  est  de  i33  d.  4-8'.  Cette  forme  n'est  pas 
très-rare;  elle  s'observe  dans  les  localités  où  l'on  rencontre 
des  cristaux  de  quarz  simples  et  isolés;  dans  les  environs  de 
Piano  et  de  San  -  Salvador ,  dans  le  Siennois ,  ils  sont  lim- 
pides, gris,  noirâtres  ou  rougeâtres  ou  noirs  ;  on  les  nomme 
piètre  r.anute  ^  piètre  dicone,  di  mercaii ,  dell  aldobrandi  et  iride 
nere.  Ces  cristaux  appartiennent  également  à  la  variété  sui- 
vante (le  quarz  prisme  ).  On  en  observe  de  semblables  dans 
les  collines  de  Bologne  en  Italie,  et  parmi  ceux  de  couleur 
rouge  qu'on  trouve  dans  les  gypses  d'Arragpn,  du  royaume  de 
Valence,  et  deBaslènes  près  Dax.  Cette  forme  s'observe  en- 
core dans  le  quarz  tapissant  les  géodes  d'Oberstein ,  dans 
les  granités  et  dansbeaucoup  de  porphyres. 

3.  Q.  H.  prisme,  Haiiy;  Trait.,  pi.  4o  7  figure  5,  en 
prismes  à  six  pans,  terminés  par  des  pyramides  hexaèdres. 
Cette  forme  est  extrêmement  commune,  et  présente  un  très- 
grand  nombre  de  modifications  dont  voici  l'indication  des 
principales  : 

a.  régulier.  Prisme  pyramide  à  ses  deux  bouts  ;  faces  des 
pyramides  toutes  de  même  grandeur  et  de  même  forme;  pans 
du  prisme  également  similaires  entre  eux. 

b.  alterne.  Les  faces  de  chaque  pyramide  alternativement 
grandes  et  petites ,  de  manière  que  les  unes  et  les  autres  se 
correspondent  sur  les  deux  pyramides;  les  petites  facettes 
sont  triangulaires,  et  les  plus  grandes  pentagonales. 


420  Q  U  A 

c.  hisalleme,  La  forme  précédente  dans  laquelle  les  petites 
faces  d'une  des  pyramides  sont,  chacune,  opposées  à  l'une 
des  grandes  faces  de  l'autre  pyramide. 

d.  cunéiforme.  Deux  faces  opposées  de  la  pyramide  ,  ayant 
pris  un  beaucoup  plusgrand  accroissement,  terminent  le  som- 
met en  forme  de  biseau  ou  de  bec  de  tlûte. 

e.  oblique.  Lorsqu'une  ou  plusieurs  faces  contiguës,  d'une 
même  pyramide  ,  ont  pris  un  développement  plus  considé- 
rable ,  de  manière  à  rendre  les  autres  facettes  très-petites. 

f.  dilaté.  Les  pans  du  prisme  sont  alternativement  très- 
rctrécis  ou  très-élargis  à  leur  base  -,  ils  représentent  des  trian- 
gles isocèles  extrêmement  allongés  et  tronqués  à  leurs  poin- 
tes. Les  petites  et  les  grandes  facettes  des  pyramides  sont 
en  rapport  avec  les  extrémités  rétrécies  ou  élareles  des  pans. 
Cette  variété  est  commune  dans  les  mines  de  Guanaxuato  au 
Mexique,  de  Schemnitz  en  Hongrie,  de  la  Transilvanie,  etc. 

g.  trièdre.  Les  trois  petites  facettes  de  la  pyramide  n'exis- 
tant plus ,  le  cristal  est  un  prisme  terminé  par  trois  faces 
seulement.  Cette  cristallisation  est  extrêmement  rare  et  de- 
vroit  être  considérée  à  part,  et  non  pas  comme  une  modifica- 
tion du  Q.  H.  prisme;  mais  ,  comme  il  arrive  que  les  cristaux 
qui  la  présentent  sont  toujours  accompagnés  ou  groupés  avec 
d'autres  cristaux  prismé-alternes,  dont  les  trois  petites  faces 
de  la  pyramide  sont  très-petites  et  même  apparentes  seule- 
ment à  la  loupe  ,  j'ai  cru  devoir  la  rapporter  ici.  Cette  va- 
riété s'observe  dans  les  géodes  quarzeuses  des  montagnes  de 
l'Argoun  ,  près  Nertschinski  en  Sibérie  ;  au  Hartz  ,  à 
Schemnitz  en  Hongrie,  et  à  Neullly  près  Paris. 

h.  raccourci.  Dans  cette  modification  du  quarz  hyalin 
prisme  ,  le  prisme  est  extrêmement  court.  Lorsque  ce  cas  ar- 
rive dans  les  variétés  bisalterne ,  oblique  ,  dilatée  ,  et  sur- 
tout lorsqu'elles  offrent ,  en  outre  ,  une  ou  plusieurs  des  fa- 
cettes additionnelles  des  variétés  suivantes,  il  en  résulte  des 
manières  d'être  extrêmement  irrégulières  en  apparence. 

i.  comprimé.  Le  prisme  irès-aplali  :  le  cristal  prend  alors 
la  forme  d'une  lame  plus  ou  moins  épaisse,  selon  qu'il  est  plus 
ou  moins  comprimé. 

4..  Q.  H.  rhombifère ,  Haiiy,  Trait. ,  pi,  /^o ,  f.  6.  La  forme 
précédente  dont  les  angles  solides  latéraux  sont  remplacés 
chacun  par  une  facette  rhomboïdale  inclinée.  Rarement  tous 
les  angles  solides  latéraux  d'un  même  cristal  sont  ainsi  mo- 
difiés; le  plus  souvent,  il  n'y  en  a  qu'un  ou  deux. 

5.  Q.  H.  plagièdre  y  Haiiy,  pi.  4°,  fig- 7-  La  forme  pris- 
mée  dont  les  angles  solides  latéraux  offrent  chacun  une 
facette  située  de  biais  et  inclinée  de  167  d.  56'  sur  l'un  des 
deux  pans  du  prisme  qui  lui  sont  adjacens.  Cette  variété  est 
sujette  à  la  même  observation  que  la  précédente. 


Q  U  A  421 

6.  Q.  H.  rhombifère  plagièdre.  C'est  la  combinaison  des  deux 
formes  précédentes. 

7.  Q.  H.  coordonné  ,  Haiiy  ,  Ann.  Mus.  2,  p.  loi,  pi.  38, 
fig.  2.  La  forme  précédente,  plus  une  nouvelle  facette,  inter- 
ceptant Tarête  de  jonclion  de  la  facette  rhombifère  et  de 
la  facette  plagièdre.  Le  cristal  de  cette  forme  présenteroit 
54-  faces  ou  facettes  ,  s'il  étoit  complet  ;  mais  c'est  ce  qui 
ne  s'est  pas  encore  rencontré.  Toutes  les  facettes  d'i.n  même 
angle  solide  sont  plus  inclinées  sur  le  même  pan  du  prisme  , 
et  cette  inclinaison  suit  la  même  loi  surles  autres  angles  d'une 
même  pyramide  ,  et  alterne  avec  l'inclinaison  des  facettes 
des  angles  de  la  pyramide  opposée;  en  sorte  que  les  pans  du 
prisme  les  offrent  sur  deux  de  leurs  angles  diagonalemeot 
opposés. 

8.  Q,  H.  peniahexaèdre ,  Haiiy,  Trait,  pi.  4oi  fig-  8.  La  forme 
prismée  dans  laquelle  chacune  des  six  arêtes  horizontales 
(celles  formées  par  la  rencontre  des  faces  de  la  pyramide  avec 
les  pans  du  prisme),  est  remplacée  par  une  facette  trapé- 
zoïdale inclinée  sur  le  prisme  de  168  d.  49\  c*  sur  la  pyra- 
mide de  i52  d.  5i'. 

a.  Fiisiforme.  Cette  crislallisalion  ,  qui  s'observe  assez  sou- 
vent dans  le  quarz  des  mines,  n'est  autre  chose  que  la  forme 
pentahexaèdre  dans  laquelle  les  faces  du  prisme  et  celles  de  la 
pyramide  passent  insensiblement  de  l'une  à  l'autre,  par  Tinter- 
médiaire  des  facettes  additionnelles  que  nous  avons  indiquées. 

Le  quarz  pentahexaèdre  et  toutes  les  formes  précédentes 
se  trouvent  fréquemment  combinés  ensemble  ,  mais  seule- 
ment sur  un  ou  plusieurs  des  angles  ou  des  bords  d'un  même 
cristal.  Elles  appartiennent  principalement  au  quarz  cristal- 
lisé des  montagnes  primitives, 

9.  Q,  H.  émarginé.  La  forme  prismée  dont  trois  des  facettes 
delà  pyramide,  prises  alternativement,  ont  chacune  leurs  deux 
arêtes  obliques  remplacées  par  deux  facettes  linéaires  incli- 
nées sur  cette  même  face.  Cette  forme  est  fort  rare  ,  et  n'a 
été  observée  jusqu'ici  que  sur  des  cristaux  du  quarz  hyalin 
violet,  vulgairement  appelé  améthyste. 

Tels  sont  les  caractères  généraux  du  quarz  hyalin.  Pour 
mieux  faire  connoître  les  variétés  de  cette  pierre,  nous  les 
diviserons  ainsi  qu'il  suit  : 

1.  Manières  d'être,  et  formes  indéterminables  ,  page  422. 

2.  Variétés  dues  à  des  accidens  ou  à  des  reflets  de  lumière, 
page  429. 

3.  Variétés  de  couleur  ,  page  434- 

4.  Variétés  contenant  diverses  substances  minérales,p.443. 

5.  Quarz  hyalin/e/tie,  page  449- 

6.  Quarz  compacte  ,  page  45o. 

7.  Quarz  hyalin  concrétionné  ,  page  45  ï 


422  Q  U  A 

§  I.  Manières  d'être ,   etjormes  indélenninahhs. 

1.  QuARZ  ïiY kUT^  cristallisé  ,  lorsqu'il  est  cristallisé  régu- 
lièrement :  il  est  prismatique  ,  lorsque  leprismejest  apparent 
et  simplement  ^jram/</<'';  lorsque  l'on  n'aperçoit  que  les  py- 
ramides des  cristaux.  Les  cristaux  du  quar/,  lorsqu'ils  sont 
gros  et  limpides  ,  s'appellent  vulgairement  cristal  de  roche  , 
sans  égard  à  leur  couleur.  Dans  le  langage  vulgaire  on  nomme 
leur  prisme  un  canon ^  expression  qui  s'applique  aussi  aux 
gros  cristaux  des  autres  substances  minérales.  Les  cristaux  de 
quarz  sont  rarement  isolés  et  complets;  ils  sont  presque  tou- 
jours implantés  par  l'une  de  leurs  extrémités  ,  ou  diversement 
groupés  entre  eux,  de  manière  à  laisser  voir  quelquefois  leurs 
deux  sommets;  ils  forment  des  druses  souvent  d'un  très- 
grand  volume  ;  d'autres  fois  ce  ne  sont  que  des  cristaux  im- 
perceptibles qui  revêtent  les  cavités  de  pierres  également 
quarzeuses  ou  siliceuses;  ces  cavitésse  nomment  géodes.  De  pe- 
titscristauxsemblabless'observenttapissautlasurTacede  beau- 
coup de  pierres  diverses,  et  même  de  corps  organisés  fossiles. 

Les  cristaux  de  quarz  les  plus  volumineux  appartiennent 
aux  montagnes  primitives,  et  acquièrent  plus  d'un  pied  de 
diniension.  On  en  trouve  à  Fischbach  dans  le  Valais  ,  qui 
sont  d'un  volume  très-considérable  :  un  tel  cristal  est  con- 
servé dans  les  galeries  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  à 
Paris.  En  général,  les  cristaux  les  plus  parfaits  ne  dépassent 
guère  un  à  trois  pouces  de  diamètre.  C'est  au  sommet  des 
montagnes  primitives  couronnées  d'une  neige  élernelle,  qu'on 
va  recueillir  les  plus  belles  druses  de  cristaux  de  quarz. 

2.  Q.  u.  aciculaire;  en  cristaux  extrêmement  fins ,  déliés  » 
très-longs  ,  enlacés  les  uns  dans  les  autres.  Cette  variété  se 
rencontre  dans  les  mines  de  fer  duDauphiné,  de  la  Bohème. 

3.  Q.  H.  aciculaire-radié  (  Quartz  zéolitliiforme .,  Faujas  ; 
Quartz  cristallisé  en  rose,  R.  D.  ;  Quartz  commun,  fibreux  et  radié, 
Ménard-Lagr,  -^Quartz  en  barre,  Delamélh.).  Il  est  en  noyaux  , 
en  boule  ou  en  mamelons  solitaires  ou  groupés,  et  composé 
de  rayons  divergens,  tantôt  très-gros,  tantôt  très-fins  ,  se 
terminant  au-dehors  par  des  pyramides  hexaèdres.  Le  quarz 
radié  est  quelquefois  assez  fragile  pour  permettre  à  ces 
rayons  de  se  désunir;  alors,  lorsqu'ils  sont  un  peu  épais,  on 
les  a  comparés  à  des  clous.  Les  couleurs  ordinaires  de  ce 
quarz  sont  le  blanc  grisâtre,  le  blanc  jaunâtre  ou  rougeâtre  <'t 
le  violet.  On  en  trouve  dans  beaucoup  de  lieux,  notamment 
en  Sibérie  ,  en  Hongrie  ,  en  Saxe  ,  en  Bohème  ;  dans  la 
vallée  de  Brozzo,  en  Piémont.  Dans  le  Volierran  ,  en  Tos- 
cane ,  où  il  est  en  noyaux,  contenus  dans  une  roche  altérée, 

PrèsdeFassâ,  à  la  montagne  dite  Molignon,  on  trouve 
un  trapp  verdûtre  contenant  des  noyaux  de  quarz.  radié  rosé. 


Q  U  A  42^ 

En  France,  on  le  rencontre  au  coteau  cleMîsen,en  petits 
globules,  dans  le  granité  qu'on  exploite  pour  le  pavage  de  la 
ville  de  Nante  ,  située  près  de  là  ;  les  globules  sont  associés 
à  la  baryte  sulfatée  crêtée  ou  mamelonée.  M,  Ménard  de 
la  Groye  l'a  découvert  sur  le  territoire  des  communes  de 
Chavaigne  et  de  Martigné-Briant ,  à  six  lieues  d'Angers  ;  il 
y  est  en  masses,  de  toutes  grosseurs,  et  même  en  petits 
blocs  épars ,  entre  une  multitude  de  débris  de  même  nature, 
dans  un  terrain  schisteux.  On  a  observé  aussi  ce  quarz  dans 
les  dépariemens  de  la  Corrèze  ,  de  la  Hante-Loire  et  du 
Cantal. 

Le  quarz  violet  ou  Vaméthysie  présente  aussi  la  structure 
aciculaire  radiée  ;  on  remarque  dans  ce  cas,  que  les  rayons, 
divergens  sont  quelquefois  presque  blancs,  tandis  que  la  py- 
ramide terminale  est  toute  violette  :  cela  s'observe  dans  les 
améthystes  en  masse  de  Hongrie,  et  des  environs  de  Brioude 
en  Auvergne. 

4..  Q.  ^.fibreux  {Faser  quarz  ,  Karst.  ),  en  fibres  parallèles 
ou  légèrement  divergentes,  ayant  jusqu'à  deux  lignes  d'épais- 
seur environ.  Ses  couleurs  sont  le  blanc  grisâtre  ou  laiteux  , 
le  violet  (^  dîck  fasriger  amelhysl ,  Wern.)  ,  et  le  jaunâtre.  Ce 
quarz  se 'trouve  en  veines  dans  les  agates  ou  revêtant  les 
géodes  de  même  nature  ;  ses  fibres  sont  perpendiculaires  aux 
parois  des  cavités  de  ces  géodes  ,  et  se  terminent  par  des  py- 
ramides hexaèdres.  On  en  trouve  dans  beaucoup  d'endroits; 
il  y  en  a  de  belles  variétés  de  couleur  violette  auprès  de 
Dresde  ,  et  près  de  Schemnilz  en  Hongrie. 

5.  Q.  H.  sacchardîde.  En  masse  poreuse  uniquement  compo- 
sée de  très-petits  cristaux  prismes,  bipyramidaux  ,  d*un  beau 
blanc,  et  ayant  tellement  l'apparence  du  sucre,  qu'on  y  se  - 
roit  aisément  trompé.  Cette"  variété  existe  dans  le  cabinet  de 
M.  de  Drée  ,  à' Paris,  sans  indication  de  localité.  Il  pa- 
roît  qu'on  trouve,  en  Piémont,  un  quarz  analogue,  en  masses 
traversées  par  de  gros  prismes  striés  d'épidoie. 

6.  Q.  H.  muscoide.  Composé  de  rameaux  simples  ou  ra- 
meux,  séparés  ou  embrouillés  ,  ou  disposés  en  touffes  sem- 
blables à  certaines  mousses,  et  couverts  sur  toute  leur  sur- 
face de  très-petits  cristaux  brillans.  On  en  trouve  une  très- 
jolie  variété  à  Gersdorf ,  près  de  Freyberg  en  Saxe. 

7.Q.  H.  spumiforme.  Il  est  en  concrétions  scoriacées  ou  spon- 
gieuses, caverneuses  et  cellulaires.  Les  parois  des  cavité.s 
sont  couvertes  de  petits  cristaux;  tel  est  le  quarz  hyalin  qu'on 
rencontre  si  fréquemment  entre  les  lits  de  marne  et  de  pierres 
calcaires  qui  couronnent  la  formation  du  calcaire  grossier 
aux  environs  de  Paris,  à  Neuilly-sur-Selne  ,  à  Passy  ,  à  Issy, 


424  Q  U  A 

à  Vaugîrard,  etc.  ;  ce  quarz  est  blanc  de  neige,  ou  quelquefois 

sali  par  An  fer  hydraté  jaune  ou  rougeâlre. 

8.  Q.  H.  incrustant.  C'est  celui  qui ,  en  recouvrant  d'au- 
tres corps,  est  en  croûte  mince  ,  qui  en  prend  la  forme 
extérieure.  On  trouve  fréquemment ,  en  Saxe  et  ailleurs  , 
des  incrustations  de  quarz  qui  se  sont  faites  sur  des  cristaux  de 
chaux  fluatée.  En  Hongrie  ,  on  trouve  des  croûtes  quar- 
zeuses  cristallines  qui  ont  la  forme  complète  de  diverses  varié- 
tés cristallines  et  de  groupemens  propres  à  la  baryte  sulfatée. 
On  observe  également,  en  Hongrie  ainsi  qu'à  Guanaxuato  , 
de  très-jolies  incrustations  de  quarz ,  qui  ont  conservé  di- 
verses formes  propres  à  la  chaux  carbonalée.  Les  cristaux 
de  quarz  sont  aussi  incrustés  par  le  quarz  lui-même.  Enfin 
les  incrustations  quarzeuses  imitatives  sont  assez  variées.  Je 
citerai  encore  des  incrustations  singulières'qu'on  trouve  près 
de  Freyberg,  en  Saxe;  ce  sont  des  croûtes  minces  Irès-irrégu- 
licrcs,  mamelonnées,  qui  s'emboîtent,  et  qui ,  malgré  cette 
circonstance  ,  sont  très-mobiles,  sans  pouvoir  être  dégagées  ; 
les  deux  parois  de  ces  croûtes  offrent ,  l'une  en  relief,  l'autre 
en  creux,  des  empreintes  d'une  multitude  de  cristaux  de 
chaux  fluatée.  On  en  peut  conclure,  avec  certitude,  que  ces 
lames  quarzeuses  étoient  séparées  par  une  couche  de  chaux 
fluatée  qui  s'est  détruite;  mais  il  reste  à  savoir  comment: 
question  qu'on  peut  appliquer  à  presque  toutes  les  substances 
que  rappelent  les  cristaux  imitatifs  du  quarz  hyalin, 

9-  Q.  Tî.  pseudomorphicfue.  Ce  quarz  et  le  précédent  ont  des 
rapports  entre  eux  par  les  formes  empruntées  sous  lesquelles 
ils  se  présentent  ;  mais  le  précédent  est  un  quarz  modelé  , 
et  celui-  ci  un  quarz  moulé.  Les  arêtes  et  les  angles  des  cris- 
taux sont  plus  vifs  et  mieux  conservés  dans  les  cristauxpseudo- 
morphes;  ils  sont  arrondis  dans  les  cristaux  modelés.  Les 
cristaux  de  quarz  pseudomorphique  sont  pleins  ou  creux  à 
l'intérieur.  Leursformessont  le  cube  et  l'octaèdre  de  la  chaux 
fluatée  ,  les  formes  primitive ,  mélastique  ,  dodécaèdre  et 
autres  de  la  chaux  carbonatée  ,  la  forme  lenticulaire  de  la 
chaux  sulfatée,  les  formes  primitive,  trapézienne ,  époin- 
tée  ,  laminaire  ,  crêtée,  concrélionnée  et  radiée  de  la  baryte 
sulfatée  ,  le  rhomboïde  du  fer  oligiste  primitif,  etc. 

U  existe  dans  le  cabinet  de  M.  de  Drée  ,  à  Paris  ,  une 
druse  de  cristaux  de  quarz  ,  couverte  de  petits  cubes  de  quarz 
translucide  grisâtre  :  ce  morceau  est  de  Saxe. 

A  Beeralston  ,  en  Angleterre,  il  y  a  des  quarz  pseudo-» 
niorphiques  ,  cubiques  et  octaèdres  ,  d'un  blanc  jaunâtre  , 
presque  opaque.  Les  mêmes  formes,  et  presque  toutes  celles 
citées  plus  haut ,  se  trouvent  dans  le  quarz  pseudomorphi-^ 
que    découvert   dans  le  département  de   Saône-et-Loire  , 


Q  U  A  4,5 

communesde  laBoula^e  (canton  deRoussîllon),etde  la  petite 
Verrière  ,  et  dans  le  département  de  la  Nièvre  ,  aux  envi- 
rons de  Childe.  On  cite  des  pseudo  cristaux  de  chaux  car- 
bonatée  métastatique  et  dodécaèdre,  qui  ont  plus  d'un  pied 
de  longueur ,  à  Montbrison  ,  département  de  la  Loire. 
M.  de  la  Fruglaie  a  découvert  les  mêmes  quarz  pseudomor- 
phiques  métastatiques  dans  ledépartement  desCôtes-du-Nord. 
Guyton  de  Morveau  a  donné  l'analyse  d'un  pseudocristal  mé- 
tastatique de  quarz  ;  il  l'a  trouvé  composé  de  silice  ,  92,4.2  ; 
chaux  ,  3,58  ;  magnésie ,  2  ;  la  perte  a  été  de  2,i3.  Sa  pe- 
santeur spécifique  étoit  de  2,55. 

Le  quarz  pseudomorphique  lenticulaire  de  Passy  ,  près  Pa- 
ris ,  est  connu,  depuis  long-temps,  sous  le  nom  àt quarz. 
en  crêtes  de  coq.  Il  est  en  blocs  ,  composés  de  cristaux  lenti- 
culaires ,  diversement  groupés  entre  eux  dans  une  couche  de 
marne  calcaire  ou  dans  un  sable  argileux  qui  recouvre  im- 
médiatement les  premières  couches  qui  précèdent  les  bancs 
de  la  formation  du  calcaire  coquillier.  Des  masses  énormes 
du  même  quarz  amorphe  accompagnent  des  bancs  qui  ren- 
ferment ces  pseudo  cristaux  ;  ceux-ci  ont  dû  se  former  en 
se  moulant  dans  des  cavités  laissées  par  la  chaux  sulfatée 
lenticulaire  dont  ils  ont  pris  la  forme  et  le  groupement;  cette 
présomption  est  d'autant  plus  probable,  qu'à  une  petite  dis- 
tance de  Passy  ,  au  pied  de  Montmartre  ,  les  bancs  les  plus 
profonds  qu'on  ait  observés,  sont  des  marnes  contenant  des 
groupes  semblables  de  chaux  sulfatée  :  ces  bancs  complètent 
la  formation  gypseuse  de  notre  sol,  qui,  comme  on  l'observe , 
couvre  toujours  la  formation  calcaire. 

Le  quarz  ,  qui  se  présente  sous  la  forme  primitive  du  fer 
oligiste,  en  Saxe,  avoit  été  considéré  comijie  du  quarz  hyalin 
sous  sa  forme  cristalline  primitive  ;  mais  le  rhomboïde  pri- 
mitif du  quarz  est  un  peu  obtus  ,  et  celui  du  fer  oligiste  est 
plus  aigu  ;  ce  qui  a  conduit  M.  Haiiy  (  Tabl.  comp.)  à  re- 
connoître  que  ce  quarz  pseudomorphique  avoit  emprunté  sa 
forme  au  fer  oligiste.  Les  cristaux  sont  blanchâtres  et  enga- 
gés dans  un  fer  hyperoxydé  (  V.  Fer  oxydé  au  maximum^, 
espèce  de  fer  confondu  pendant  long-temps  avec  le  fer  oli- 
giste ,  et  dont  la  forme  primitive  est  le  cube ,  selon  M.  de 
lîournon.  L'on  trouve  aussi  ces  pseudomorphes  du  quarz 
en  rhomboïde  primitif  du  fer  oligiste,  à  Framont  (Vosges), 

Le  quarz  pseudomorphique  se  dislingue  des  autres  pseu- 
domorphes siliceux  par  sa  contexture  quarzeuse.Nous  verrons 
à  l'article  silex  qu'il  en  est  une  variété,  dont  la  contexture  de 
la  pâte  tient  le  milieu  entre  celle  du  quarz  et  celle  du  silex 
commun ,  et  qui  se  présente  aussi  en  cristaux  pseudomor- 
phiques.  Les  minéralogistes  allemands  la  comprennent  dans 


426  Q  U  A 

leur  hornsiein  ,  où  se  réunissent  des  pierres  compactes  de 
plusieurs  natures.  Ils  nomment  lespseudomorplioses  en  ques- 
tion ,  hornsiein  cristallisé ,  expression  vicieuse  ,  puisque  celle 
pierre  n'a  pas  la  structure  cristalline  et  qu'elle  ne  présente 
que  des  formes  emprnnlées  de  crislaux  dont  les  noyaux  pri- 
milifs  sont  dlfférens  de  celui  du  quarz.  Au  reste,  le  quarz 
hyalin  pseudomorphique  et  le  hornsiein  cristallisé  passent 
de  l'un  à  l'autre, 

Observons  ici  que  les  substances  dont  le  quarz  et  le  silex 
emprunlenl  les  formes,  sont,  ou  des  substances  salines  pier- 
reuses ,  ou  des  substances  métalliques  toutes  plus  tendres  ou 
susceptibles  de  se  décomposer.  V.  Pseudomorphoses. 

10.  Q.  H.  laminiforme  (^quartz  lamelleux  ou  fendillé,  R.  D.  ; 
Gekammt ,  Reuss.  ;  vulgairement  quarz  haché  ).  Ce  quarz 
est  en  masse  ou  en  croûtes  fendillées  dans  tous  les  sens, 
comme  si  on  l'avoit  haché.  C'est  principalement  dans  les 
mines  qu'on  le  trouve.  Ces  fentes  paroissent  devoir  leur  ori- 
gine à  des  substances  qui  les  remplissolent  autrefois  et  qui 
se  sont  détruites.  Les  quarz  hachés  d'Andreasberg,  au  Hariz, 
de  Souabe  et  de  Nertschlnski  en  Daourie  ,  sont  communs 
dans  les  cabinets.  Il  arrive  quelquefois  que  les  gerçures  sont 
remplies  après  coup  par  de  la  matière  siliceuse  -  agaline  ; 
alors  on  a  une  masse  compacte  qui,  étant  polie  ,  offre  sur 
un  fond  hyalin  brun,  ou  blanchâtre, ou  violet,  des  lignes  blan- 
ches diversement  dirigées  ;  tels  sont  certains  quarz-agaJins 
de  Framont  dans  les  Vosges  ,  et  de  Bohème,  On  suppose, 
dans  ce  cas,  que  la  baryte  sulfatée  laminaire  avoit  occupé 
primilivement  les  fentes  de  ces  quarz-agatlns.  Ils  sont  assez 
répandus  dans  les  cabinets  sous  forme  de  plaques  cl  de 
Loîles. 

11.  Q.  H.  laminaire.  Lorsque  le  quarz  hyalin  est  en  grande 
masse,  il  offre  quelquefois  une  structure  laminaire,  soit  dans 
un  seul  sens  ,  soit  dans  plusieurs  ;  et  il  paroît  que  ses  divi- 
sions ont  lieu  à  peu  près  dans  les  mêmes  inclinaisons  que 
celles  des  faces  du  noyau  primitif,  puisque, d'après  l'observa- 
tion de  M.  Haiiy  ,  on  obtient  plus  aisément ,  en  les  brisant  , 
des  fragmens  qui  présentent  un  ou  plusieurs  des  angles  so- 
lides du  noyaux  primlllf.  Le  quarz  hyalin  rose  laiteux  ,  dont 
nous  parlerons  plus  bas,  a  celte  structure.  M.  AUuaud  l'a 
observée  dans  un  quarz  hyalin  gris  des  environs  de  Limoges. 

12.  Q.  H.  cellulaire.  Il  est  rempli  de  cavités,  ou  alvéoles,  ou 
cellules  séparées  par  de  simples  cloisons  très-minces.  Celle 
variété  est  le  plus  souvent  très-légère  ,  au  point  de  nager 
quelques  inslans  sur  l'eau.  On  la  rencontre  principalement 
à  Bérésof  en  Sibérie,  dans  la  même  mine  où  existe  le  plomb 
chromalé;il  y  a  àtà  mprceaux  qui  sont  moitié  compactes  et 


Q  U  A  427 

nioilic  cellulaires.  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  le  silex 
léger  ,  ou  nectique  de  Saint-Ouen  près  Paris. 

i3.  Q.  H.  carrié.  Très-irrégulier,  criblé  de  cavités  très-irré- 
gulières  ordinairement  salies  par  du  fer  oxydé  ou  hydraté,  ou 
par  d'autres  substances.  Cequarz,de  même  que  le  précédent, 
conlenoit  ou  étoil  empâté  avec  d'autres  minéraux  qui  ont  été 
détruits;  il  en  formoil,pour  ainsi  dire,  le  squelette.  On  ren- 
contre souvent  le  quarz  carié  dans  les  mines  de  plomb  où  le 
plomb  phosphaté  vert  et  le  fer  hydraté  sont  communs. 

i4-  Q.  H.  ondulé,  Haiiy  (  Tabl.  comp.  ).  En  petites  masses, 
en  noyaux  et  en  petits  morceaux  blanc-laiteux  très-fendiU 
lés,  dont  la  surface  est  très -lisse  ,  très-ondulée  ,  écla- 
tante ,  semblable  à  celle  que  prendroit  un  verre  fendille 
fondu  à  sa  surface.  Il  est  translucide  ou  demi-transparent , 
rarement  limpide  ;  il  a  une  teinte  opaline  ,  il  refilète  quel- 
quefois les  couleurs  de  l'iris  à  la  manière  du  quarz  irisé.  Sa 
cassure ,  dans  les  morceaux  les  plus  homogènes ,  est  con- 
choïde  ,  lisse  ,  brillante  ;  dans  les  gros  noyaux  et  les  peti- 
tes masses,  elle  est  à  gros  grains.  On  le  trouve  dans  les  ter- 
rains volcaniques  et  principalement  dans  des  roches  qui  ont 
éprouvé  l'action  du  feu,  et  qui  en  portent  souvent  les  mar- 
ques les  plus  évidentes. C'est  près  le  cap  deGatte  enEspagne, 
au  Granatillo  près  de  Nijar,  et  dans  une  roche  micacée  gra- 
natifère,  contenant  le  dichroïte  ou  rordîêriles^qu'on  rencontre 
abondamment  ce  quarz  ondulé  ,  soit  en  grains  épars,  soit  en 
plus  gros  noyaux  fendillés.  Cette  roche  volcanisée,  remplie  de 
ces  débris,  produi{,par  sa  décomposition,  leslils  des  anciens 
torrens.  Des  roches  analogues  se  retrouvent  dans  les  tufs  et 
les  brèches  de  San-Pedro,  non  loin  de  là.  V.  Cordiérite. 

Le  Q.  H.  ondulé  s'observe  en  grains  ou  morceaux  éclatans , 
d'un  blanc  rose  laiteux  ,  tantôt  limpide  ,  tantôt  fendillé,  dans 
les  laves  granitiques  vitreuses  des  environs  de  Santa-Fiora  en 
Toscane  ;  dans  une  lave  vitreuse  du  Mont-Dor  ;  dont  le  grain 
s'approche  de  celui  de  la  domite;  et  dans  une  autre  lave  ana- 
logue ,  de  l'île  Milo. 

On  a  considéré  le  quarz  de  cesjaves,  tantôt  comme  de 
l'obsidienne,  tantôt  comme  du  feldspath  fondu  :  or,  il  n'y  a 
pas  d'exemple  de  cristaux  de  feldspath  fondus  complètement 
dans  les  laves,  c'est-à-dire  sans  trace  de  leur  structure  cristal- 
line ,  et  le  quarz  en  question  est  complètement  vitreux  et 
seulement  gercé  irrégulièrement  comme  le  quarz;  de  plus,  il 
ressemble  entièrement  au  précédent,  et  surtout  au  quarz 
hyalin  rose  laiteux,  par  sa  couleur.  Je  l'ai  trouvé  fonslam- 
ment  infusible  ;  et  Dolomicu  ,  qui  en  possédoit  un  fragment 
de  la  grosseur  d'une  noisette  ,  n'avoit  pu  réussir  a  le 
fondre. 


^20  Q  U  A 

L'on  doit  encore  rapporter  au  Q.  h.  ondulé  les  noyaux  de 
quarz  très  -  fendillé  et  à  gros  grains,  qui  se  rencontrent 
dans  les  scories  en  boules  et  en  larmes  de  Graveneire,et  dans 
la  lave  poreuse  de  Volvic  (Puy-de-Dôme)  ,  et  dans  celle  de 
Niedermenîg  près  d'Andernach  ,  sur  les  bords  du  Rhin  , 
quoiqu'il  n'ait  pas  l'aspect  aussi  luisant  et  aussi  lisse. 

i5.  Q.  H.  />o/i  (vulgairement  rnche  poliey  L'on  rencontre 
ce  quarz  en  masse,  poli  naturellement  sur  une  face,  qui  n'est 
jamais  parfaitement  unie  ,  comme  on  l'obtient  par  l'art.  Ce 
quarz  affecte  deux  gisemens  :  dans  le  premier,  il  forme  en 
mélange  avec  d'autres  substances  ,  les  salbandes  des  filons 
métalliques  ;  sa  surface  polie  est  inégalement  striée  ou 
ondulée.  Dans  le  second  gisement,  il  est  encaissé  dans  les 
roches  primitives,  et  lui-même  est  en  masses  considérables 
mélangées  avec  d'autres  roches;le  tout  semble  le  produit  d'une 
cristallisation  simultanée.  Ces  masses  offrent  sur  leur  partie 
polie,  des  stries  parallèles  analogues  à  celles  qu'on  observe 
sur  le  prisme  des  cristaux  de  quarz.  Cette  apparence  a  fait 
penser  que  ces  masses  polies  primitives  pourroient  être  re- 
gardées ,  peut-être  ,  comme  des  portions  de  cristaux  énor- 
mes incomplets  ;  on  ne  devroit  pas  attribuer  alors  le  poli 
brillant  de  la  surface  de  ces  masses  à  l'action  des  eaux. 
Les  Alpes  fournissent  plusieurs  exemples  de  roches  polies  ; 
les  plus  célèbres  sont  celles  du  grand  Saint-Bernard  et  du 
Simplon. 

i6.  Q,  H.  amorphe.  C'est  celui  qui  se  présente  en  masse 
sans  forme  déterminée.  Il  est  de  toutes  les  couleurs  et  de 
tous  les  degrés  de  transparence.  Le  quarzîamorphe  cons- 
titue à  lui  seul  des  filons  et  des  couches  puissantes  dans  les 
montagnes  primitives. 

Vers  la  base  de  la  montagne  granitique  du  Helsberg,  près 
de  Reichemberg ,  à  quatre  lieues  de  Darmstadt,  on  observe 
une  espèce  de  muraille  de  quarz  qui  s'élève  perpendiculaire- 
ment et  se  montre  à  nu  comme  si  elle  étoit  sortie  subite- 
ment de  la  roche  feuilletée  granitoïde  sur  laquelle  elle  repose. 
Elle  a  quatorze  à  quinze  pieds  de  hauteur,  dix  d'épaisseur  et 
environ  cinq  cents  de  longueur. 

17.  Q.  H.  roulé.  En  cailloux  arrondis  'de  diverses  grosseurs  , 
usés  par  le  frottement.  Lorsque  ces  cailloux  sont  limpides  et 
propres  à  la  taille,  on  leur  donne  le  nom  de  la  contrée  ou 
celui  du  fleuve  sur  les  bords  duquel  on  les  trouve  ;  tels  sont 
les  Cailloux  du  Rhin ,  de  Cayenne,  de  Médoc,  â'Ars  ,  de  Royan  , 
de  Sroua^e,  de  Vichy.,  etc. 

18.  Q.  H.  granulaire  {quarz  salin,  saltz-schlag  des  Allemands). 
En  masse  composée  de  petits  grains  vitreux.  On  trouve  dans 
les  Alpes  des  masses  et  des  couches  quarzeuses  uniquement 


Q  U  A  ^,3 

composées  de  petits  grains  vitreux.  La  structure  granulaire 
est  commune  à  beaucoup  de  variétés  de  quarz;  par  exemple, 
au  cantalitile  j  décrit  plus  bas  ,  §  3  ,  n."  i3,  aux  variétés  de 
couleur. 

19.  q.n.  grenu.  Il  a  l'apparence  d'un  grès  à  grain  fin  et  serré, 
à  cassure  écailleuse.  U  faut  que  cette  espèce  de  quarz  ait 
existé  jadis  en  immense  quantité  dans  les  Alpes ,  puisque 
Saussure  a  reconnu  qu'il  forme  les  sept  huitièmes  au  moins 
des  pierres  roulées  qui  remplissent  la  vallée  du  Rhône,  depuis 
le  Jura  jusqu'à  son  embouchure.  Il  paroît  que  ce  n'est  pas 
un  quarz  primitif.  F.  Q.  compacte,    §  6. 

20.  Q.  H.  arénacé  (  arena,  Wall.;  sable  quaHzeux  pur,  quartz 
en  poussière,  sablon,  R.  D.;  quartz  grenu,  De  Born.;  quartz  sa- 
bleux ,  Delaméth.  ;  sable  stérile  ,  sable  mouvant ,  Bomare  ; 
vulgairement  sable  ,  sablon  pur  ).  En  grains  arrondis  ou 
anguleux  ,  vitreux  ,  libres  ,  extrêmement  fins.  Ces  sables 
couvrent  les  plaines  et  le  sol  d'une  grande  étendue  de  pays  ; 
ils  forment  aussi  des  bancs  puissans  dans  les  terrains  les  plus 
récens.  Les  grains,  sans  cohésion  entre  eux,  ont  quelquefois 
une  telle  finesse,  qu'ils  deviennent  le  jouet  des  vents;  tels  sont 
les  sables  qu'offrent  les  landes  des  déserts  de  l'Afrique  :  ces 
landes,  brûlées  pendant  plusieurs  mois  de  suite  par  les  rayons 
d'un  soleil  toujours  ardent,sont  couvertes  de  poussière  quar- 
zeuse  ,  que  les  vents  enlèvent ,  dispersent  ou  accumulent  en 
hautes  collines,  à  leur  gré. 

Les  sables  quarzeux  les  plus  purs  renferment  toujours  une 
petite  quantité  ou  d'argile,  ou  de  fer,  ou  du  mica,  etc.,  en  par- 
ticules extrêmement  ténues.  (^  V.  Sables.  ) 

22.  Q.  H.  arénacé-massif  (yul^airemtxxt  grès  quarzeux).  C'est 
le  nom  qu'on  peut  donner  au  grès  commun  ;  car  on  doit  le 
considérer  comme  un  sable  quarzeux  dont  les  grains  sont 
agglutinés  entre  eux.  Dans  diverses  contrées  de  la  France , 
notamment  près  d'Auberive  sur  le  Rhône  ,  et  en  Provence  , 
près  d'OUioules  ,  de  même  qu'aux  environs  de  Nevers, 
d'Etampes,  etc. ,  on  trouve  de  puissantes  couches  d'un  sable 
quarzeux,  blanc  comme  la  neige,  et  parfaitement  pur  et  ho- 
mogène, qui,  n'est  peut-être  pas  une  matière  transportée  par 
les  eaux,  mais  qui  s'est  probablement  formée  là  par  une  opé- 
ration chimique  de  la  nature.  V.  Grès  et  Sable. 

§   II.   Variétés  dues  à  des  accidens   ou  à  des  reflets  de  lumière. 

I,  QvARZ-UYALl^  limpide,  Haiiy  {Quartzum  pellucidum 
cristallisatum  ;  Q.  cristallinum  colore  aqueo  ;  cristallus  mon- 
tana,  etc.,  Waller;  quartzum  hyalinum ;  nitrum  jluor  lapida- 
sum  ,  Linn.  ;  cristal  de  roche  ,  R.  D. ,  de  Born  ,  Daubent.  , 
Brochant  ;   Berg  cristal ,    Wern.  ;    Edlerquari  ,   Suekow.  ; 


43o  Q  U  A 

transparent  quarz ,  Kid.  ;  Rock  ,  or  Mountain-cristal,  James.  ). 
C'est  le  cristal  de  roche  par  excellence  ;  il  est  caractérisé  par 
sa  transparence  el  par  sa  limpidité  ,  qui  permettent  de  voir 
nettement  les  objets,  lorsqu'on  les  regarde  à  travers.  Cette 
limpidité  est  même  souvent  si  parfaite,  que  ce  quarz,  dont 
le  mérite  est  augmenté  par  la  densité,  l'emporte  sur  le  plus 
beau  cristal  artificiel.  Il  est  cristallisé,  mais  plus  souvent 
amorphe  et  en  grandes  masses  quelquefois  roulées  ;  il  est 
incolore  ,  blanc  de  neige,  brun  enfumé,  jaune  ,  vert,  etc.  ; 
sa  cassure  très-éclatante  est  largement  conchoïde  ,  à  surface 
ondoyante.  Les  cristaux  sont  prismes,  rhombifères  ,  plagiè- 
dres,  pentahexaèdres ,  coordonnés,  etc. ,  et  ont  généralement 
un  ou  plusieurs  de  leurs  angles  et  de  leurs  bords  latéraux  sur- 
chargés de  facettes  ;  ils  acquièrent  un  volume  considérable, 
la  grosseur  du  bras  et  plus;  ces  gros  cristaux  ne  sont  pas 
ceux  dont  le  prisme  est  plus  chargé  de  facettes  sur  les 
angles.  Les  cristallisations  offrent  toutes  les  bizarreries  que 
nous  avons  indiquées  plus  haut. 

C'est  dans  les  montagnes  primitives  que  l'on  rencontre 
spécialement  le  quarz  hyalin  transparent;  il  est  cristallisé 
dans  les  fentes  et  cavités  des  filons  quarzeux  qui  traversent 
les  roches  granitiques,  où  l'on  va  le  chercher  pour  le  tra- 
vailler, ou  pour  se  procurer  ces  magnifiques  druses  qui 
ornent  nos  collections.  On  nomme  poches  ,  four  à  cristaux 
et  cristalllères ,  les  cavités  d'où  on  les  retire.  C'est  souvent  en 
surmontant  les  dangers  les  plus  inouis  ,  que  les  monta- 
gnards de  divers  pays,  et  notamment  du  Dauphiné  ,  vont  à 
la  recherche  du  cristal  de  roche.  La  Suisse,  les  Alpes,  le 
Dauphiné  ,  la  Bohème  ,  l'Ecosse,  la  Hongrie,  le  Brésil, 
Ceylan  ,  et  beaucoup  d'autres  contrées ,  offrent  de  beaux 
cristaux  de  roche  ;  celui  des  monts  d'Abostimène  à  Mada- 
gascar ,  est  remarquable  par  sa  limpidité  et  le  volume 
énorme  de  ses  masses  ,  qui  pèsent  jusqu'à  75  kilogrammes 
et  plus. 

On  n'emploie  dans  les  arts  que  cette  variété  de  quarz.  Les 
petits  cristaux  de  quarz  limpides  et  brillans  dodécaèdres  ou 
prismes  ,  avec  leurs  deux  pyramides  ,  portent  le  nom  de 
faux  diamans  ;  on  les  nomme  aussi  diamans  de  Carrare  , 
de  Bristol,  de  Hongrie,  de  Bohème,  de  Silésie,  de  Baffa, 
des  Asturies  ,  de  Galice  ,  du  Dauphiné  ,  etc.,  des  noms  des 
lieux  qui  les  produisent.  Le  cap  des  diamans ,  au  Canada , 
doit  ce  nom  aux  cristaux  de  quarz  qu'on  y  trouve. 

Le  quarz  limpide  offre  plusieurs accidens  qui  en  troublent 
la  transparence ,  et  qui  sont  regardés  comme  des  imper- 
fections ;  voici  les  principales  : 

a.  à  plans  ondoyans.  La  limpidité  du  quarz  hyalin  est  sou»- 
vent  troublée  par  des  voiles  ondoyans ,  qui  semblent  flolr 


Q  U  A  /,3ï 

ter  dans  la  substance  quarzeuse.  Ces  voiles  sont  unique- 
ment composés  de  petites  bulles  ou  gerçures  égales,  quelque- 
fols  extrêmement  fines.  Cet  accident  remarquable  donne 
un  caractère  excellent  pour  reconnoître  ,  à  la  première  vue 
et  sans  le  toucher,  le  cristal  de  roche  taillé  ,  qu'on  pourroit 
confondre  avec  le  cristal  artificiel  ;  car  dans  celui-ci,  lorsqu'il 
offre  des  bulles  ,  elles  y  sont  éparses ,  sans  suivre  une  dis- 
position semblable. 

b.  Neigeux.  On  nomme  cristal  de  roche  neigeux,  le  quarz 
hyalin  dont  la  transparence  et  la  limpidité  sont  troublées 
par  des  flocons  et  des  nuages  blanchâtres. 

c.  G/acé.  C'est  le  quarz;  transparent,  rempli  de  glaces  et, 
de  fentes   qui  reflètent  la  lumière  sans  iris. 

d.  Treillissé.  La  surface  de  ce  quarz  est  marquée  de  sir/ es 
parallèles  ^flexueuses,  qui  se  coupent  obliquement ,  et  for- 
ment ainsi  un  réseau  à  mailles  serrées,  de  manière  à  dcvnner 
à  ce  quarz  un  aspect  satiné  ,  ou  l'aspect  que  l'emr^reinte 
des  stries  des  doigts  laisseroit  sur  un  corps  mo'j.  Des 
plans  formés  par  de  semblables  stries  s'observen.t  dans  la 
substance  du  quarz  ,  et  se  coupent  entre  eux  obliquement. 
Ce  système  existe  dans  toutes  les  masses  ,  puisque  la  moin-- 
dre  cassure  met  à  découvert  des  surfaces  pareUJement  sati- 
nées. Ce  quarz,  fort  curieux,  vient  du  Bréf.il;  il  est  vert 
violet ,  jaune  ou  blanc ,  unicolore  ou  panaché  de  plusieurs 
couleurs  ;  mélaugé  en  morceaux  amorphes  ou  en  cristaux 
brisés  ,  avec  les  améthystes  brutes.  On  l'apporte  du  Brésil. 
Il  n'est  pas  rare  dans  ce  moment  à  Paris  ;  aucun  auteur 
ne  paroît  ai^olr  remarqué  l'accident  qu'il  présente.  Lorsqu'il 
est  taillé  et  poli ,  les  plans  intérieurs  offrent,  dans  un  certain 
sens  ,  de  petites  lamelles  brillantes,  disposées  en  quinconce. 

e.  Irisé.  {Iris  par  fêlure,^.  D.;  Rogenbogenslein  ,  des  Al- 
lemands). C'est  le  quarz  qui  reflète  intérieurement  les  cou- 
leurs vives  de  l'iris,  tantôt  confuses,  tantôt  disposées  par 
zones.  Le  quarz  limpide  irisé  ,  vulgairement  appelé  fris  et 
cristal  irisé  ,  est  employé  dans  la  petite  joaillerie  ,  lorsqu'il 
n'a  pas  d'imperfections.  On  détermine  les  iris  dans  le  quarz 
transparent ,  en  frappant  dessus  ,  avec  un  petit  marteau  , 
des  coups  secs  :  les  iris  se  développent  aussitôt  sur  les  plans 
des  gerçures  que  le  choc  a  produites.  Le  quarz  perd  ses  iris 
au  feu.  filles  sont  dues  à  un  peu  d'humidité  qu'il  contient  et 
qui  réfléchit  la  lumière.  L'on  croit  que  l'iris  mentionnée 
par  Pline  ,  n'est  autre  chose  que  du  quarz  irisé, 

/.  Astérie.  M.  Caire-Morand  dit  avoir  observé  que  les  cris- 
taux de  quarz  ont  la  propriété  de  donner  une  ou  plusieurs 
étoiles  lorsqu'on  les  taille  dans  un  sens  particulier.  Foyez, 
Corindon  Astérie  ,  vol.  8 ,  p.  72. 

2.  Q.  H.  demi-transparent  ou  translucide  \  {Quarizum  ,  Linn., 


^3a  Q  U   A 

Waller  ,  etc.;  Quartzum  rude^  Waller  ;  Quartz  cûminun  •, 
de  Born,  ;  Quartz^  R.  D.  ,  Kirw.  ;  le  quartz  commun  , 
Broch.  ;  Gemeiner  quartz  ,  W.  ;  Common  quartz  ,  James,  ), 
C'est  le  quarz  qui  est  le  plus  commua  ;  c'est  lui  qui  sert  de 
gangue  à  la  plupart  des  minerais  ;  il  entre  dans  la  composi- 
tion des  filons  des  granités  et  autres  roches  primitives.  On 
le  trouve  dans  les  terrains  de  transitions  ,  secondaires  et 
d'alluvion  ;  il  n'a  point  l'éclat  ni  l'homogénéité  du  cristal 
de  roche  ;  il  est  communément  amorphe  et  sous  toutes  les 
formes  indéterminables;  il  se  rencontre  également  en  cris- 
taux dodécaèdres  ou  prismée  et  pseudomorphiques  ;  il  est 
communément  translucide  ou  presque  opaque.  Ses  cristaux 
sont  quelquefois  demi-transparens.  Sa  cassure  est  vitreuse  , 
ordinairement  raboteuse.  L'éclat  des  surfaces  est  plus  sou- 
vent luisant  et  comme  gras.  Ce  quarz  présente  toutes  les 
couleurs  ;  mais  il  est  habituellement  gris  ou  blanc  jaunâtre  , 
ou  blanc  laiteux. 

3.  Q.  H.  aoenturiné ,  Haiiy  (  Quartz  informe  aventuriné  , 
de  Born  ;  aventurine  naturelle  ,  ou  quartz  ai>enturiné ,  R.  D.  ; 
Pseudo  aveniurine  quartzeuse^  Delaméth  ;  Quarz  granular,  aven- 
turine  ,  Kirvv.  )  C'est  un  quarz  translucide  sur  ses  bords ,  et 
rempli  d'une  grande  quantité  de  petites  gerçures  ou  fis- 
sures dirigées  en  tous  sens ,  et  qui  reflètent  la  lumière  en 
paillettes  brillantes ,  jaunes  ,  grises  ou  blanchâtres.  Il  est 
ordinairement  roux  ou  rougeâtre  ;  il  offre  aussi  des  variétés 
jaunes  ,  grises,  vertes ,  et  même  noires.  Le  véritable  quarz 
hyalin  aventuriné  ne  contient  point  de  mica.  On  appelle 
la  variété  rousse  ,  pierre  du  soleil ,  lorsque  ses  fissures  ren- 
voient un  vif  éclat  ;  mais  ce  n'est  point  la  vraie  pierre  du 
soleil ,  qui  est  un  feldspath.  On  lui  donne  le  nom  de  ruhasse 
naturelle  ,  lorsque  ces  paillettes  sont  lâches  et  étendues;  telle 
est  l'aventurine  quarzeuse  de  Ceylan.  Elle  est  très-rare  ;  on 
la  trouve  cristallisée  sous  la  forme  prismée  ,  tandis  que  les 
aventurines  sont ,  d'ordinaire,  en  masse  amorphe.  Le  quarz 
hyalin  aventuriné  vert,  à  reflets  argentés,  se  trouve  au 
Brésil,  de  même  qu'une  variété  grisâtre  ,  à  petits  points  bril- 
ians.  A  Facebay ,  en  Transylvanie  ,  on  en  rencontre  une 
qui  est  noirâtre.  Une  variété  blanche  à  reflets  argentés  ,  se 
trouve  au  cap  de  Gates.  Les  variétés  rousses  ou  rougeâtres 
sont  communes  en  Espagne  ,  dans  l' Aragon ,  aux  environs 
de  Madrid  et  en  Bohème  :  dans  le  Reisengebiirge  ,  elles 
sont  en  fragmens  roulés,  quelquefois  d'un  très-grand  volume, 
et  elles  varienlpour  la  finesse  de  leurs  paillettes.  En  France, 
on  trouve  de  semblables  cailloux  roulés,  mais  moins  agréa- 
bles pour  le  jeu  des  paillettes  ,  dans  la  Basse-Bretagne,  aux 
environs  de  Rennes,  de  Nantes,  de  Vasles  (départ,  des 
Deux-Sèvres),  etc.  Parmi  les  cailloux  roulés  du  sol  d'allu- 


Q  U  A  ^33 

Vion  des  environs  de  Paris,  où  on  en  trouve  de  quarzeux  im- 
parfaitement aventuriné. 

L'on  donne  vulgairement  le  nom  d'ayW«r/«e  à  des  pierres 
quarzeuses,qui  ont  un  reflet  pailleté,  soit  que  ces  pierres  doi- 
vent ce  refléta  des  gerçijres,comme  dansle  quarz  liyalin  aven- 
turiné,ou  que  la  substance  de  ces  pierres  contienne  du  mica 
\quarz  hyalin  mîcacé)^ou  bien  encore  qu'elles  soient  un  mélanee 
de  grès,  de  quarz  et  de  paillettes  de  mica  ,  c'est  à-dire,  un 
grès  micacé  à  grains  fins  et  serrés.  Les  plus  estimées  de 
CCS  aventurines sont  les  premières.  On  ne  doit  point  les  con- 
tondre  avec  les  aventurines  feldspathiques  {feldspath  aventu- 
riné), qui  sont  infiniment  plus  prisées. 

4.  Q.  lî.  chaioyantiV.  OElL  DE  CH\T,et  plus  bas  Q.  H.  amianthé, 
S»,  n.»  i3  ).  Il  est  possible  que  \q  faser  kiesel  de  Werner» 
qu  on  trouve  en  cailloux  roulés  à  Sanzawa  en  Bohème,  soit 
un  quarz  commun  ,  fibreux  ,  chatoyant  ;  il  ne  contient  point 
d  amianlhe  m  de  corps  étranger  qu'on  puisse  soupçonner  lui 
donner  sa  structure  frbreuse.  Il  est  compacte  ,  d'un  blanc 
jaunâtre  ou  grisâtre  ,  translucide  sur  ses  bords  ;  ses  fibres 
sont  fasciculées,  et  leurs  faisceaux  s'entrecoupent  :  ils  ont,  çà 
et  là,  l'aspect  fibreux  du  bois  pétrifié.  Sa  cassure  transvei 
sale  est  raboteuse  ,  mate  ou  un  peu  luisante. 

5.  Q.  H.  gras  {id.  Hady.  R.  D.  ,  quartzum.  solldum  aiiactu 
pmgue,  fade  nitente;  quarUum  phigue,  Wall.;  qmirU  informe, 
grcis.Dthora).  11  a  un  aspect  gras  elle  toucher  glissant,  comme 
s  il  eût  été  frotté  d'huile.  Il  est  translucide  ou  presque  opaque, 
presque  toujours  gris  ou  blanc.  Il  est  amorphe,  rarement  cris- 
tallisé,etne  doit  être  considéré  que  comme  une  légère  modifi- 
cation ou  variété  du  quarz  demi-transparent ,  ci-dessus  n.°  2. 

Son  aspect  gras  seroit-il  dû  à  un  principe  qu'on  n'auroit  pas 
encore  réussi  à  en  retirerr'Quelqueschimistes  anciens  font  ob- 
server que  lorsqu'on  distille  du  quarz  à  un  feu  violent,  on  ob- 
tient quelquesgouttes d'une  liqueur  alkaline;ils  ajoutent  qu'en 
faisantrougirlequarzplusieursfoisde  suite, et  qu'en  enfaisant 
à  chaque  fols, l'extinction  dans  de  l'eau  pure,  ce  liquide  don- 
noit  des  vestiges  d'un  aikali.  Enfin,  M.  Vauquelina  lui  même 
observé  que  certains  quarz  verdissoient  le  sirop  de  violette. 
Seroit  ce  à  cet  aikali  que  le  quarz  devroit  son  aspect  gras, 
et  cet  aikali  seroit-il  le  lithion  ,  nouvel  aikali  découvert  dans 
le  pétalite  ,  minéral  remarquable  par  son  aspect  gras  .^ 

(3.  Q.  H.  opaque.  L'opacité  ,  quoique  très-forte  dans  plu- 
sieurs variétés  de  quarz  qui  sont  colorées  ,  n'est  jamais 
parfaite,  si  l'on  prend  l'épithète  d  opaque  dans  son  ac- 
ception ;  caries  esquilles  du  quarz  s  le  plus  opaque  sont 
au  inoins  légèrement  translucides  sur  leurs  bords  minces. 
On    nomme   cristaux  en    chemise  ceux  qui  sont    transpa- 

XXVill.  28 


434  Q  U  A 

rens  à  l'intérieur,  et  opaques  à  l'extérieur.  Ils  sont  commune 
dans  les  mines;  ceux  de  Zinnwald  en  Bohème  sont  répandus 
dans  les  anciens  cabinets  ;  ils  sont  tous  polis  sur  une  ou 
plusieurs  de  leurs  faces ,   et  laissent  voir  très-bien  leur  état. 

§  m.  Variétés  de  couleurs  (  Nitrum  fluor  ,  Linn.  ). 
Le  quarz  hyalin  doit  ses  couleurs  au  fer  oxydé  ,  et  quel- 
quefois au  manganèse  oxydé  ,  ou  bien  à  une  substance  étran- 
gère ,  tellement  fondue  dans  la  pâte  quarzeuse  ,  qu'on  ne 
sauroit  plus  la  discerner.  Ses  variétés  sont  nombreuses  ,  et 
offrent  presque  toutes  les  couleurs  et  leurs  nuances  intermé- 
diaires. 

Les  quarz  transparens  qui  offrent  une  couleur  pure  ,  ont 
été  comparés  aux  pierres  gemmes ,  à  cause  du  vif  éclat 
qu'ils  sont  susceptibles  d'acquérir  parle  poli.  On  leur  a 
donné  alors  le  nom  de  la  pierre  précieuse  dont  ils  rappellent 
la  couleur.  Mais,  néanmoins, on  ne  les  confond  point  avec  les 
gemmes ,  et  leur  valeur  est  infîniment  moindre.  Ils  con- 
servent bien  moins  long-temps  ,  comparativement  à  ces  der- 
nières, la  propriété  électrique  que  leur  communique  la  pres- 
sion entre  les  doigts.  Voici  les  variétés  qu'il  faut  remar- 
quer : 

1.  Q.  H.  încolor.  C'est  celui  dont  la  limpidité  ne  le  cède 
pas  à  la  glace  la  plus  pure  ,  et  qui  n'offre  aucune  couleur  ; 
c'est  le  cristal  de  roche  pur ,  celui  qu'on  emploie  de  préfé- 
rence. V,  Q.  H.  limpide  ,  2.^  §  ,  n."  i. 

2.  Q.  n.  violet  ou  Améthyste  (^crislallus  colorafa  violacea  ^ 
Wall.;  améthyste,  R.  D.,  Deborn.  ;  crisial  déroche  violet, 
Daub.  ;  amélhyste  ,  Broch.  ;  gemeiner  amethyst ,  W.  ;  a77ze- 
if//y5<,  James.;  viAg.faux  rubis  améthyste,  et  améthyste').  Chacun 
connoît  l'améthyste;  c'est,  de  toutes  les  variétés  de  quarz,  la 
plus  recherchée.  Sa  couleur  violette,  nuancée  de  teintes  plus 
ou  moins  foncées,  et  d'un  reflet  agréable,  la  rend  précieuse. 
Cependant,  eile  est  souvent  variée  de  blanc  ou  de  gris,  ou 
même  de  teinte  enfumée  ,  verdâlre  ou  jaune.  On  trouve  au 
Brésil  des  cristaux  qui  sont  à  la  fois  panachés  de  ces  diverses 
couleurs;  et  c'est  là  l'origine  du  nom  A'améthyste  verte  qu'on 
leur  donne  dans  le  commerce.  Les  cristaux  d'améthyste 
sont  toujours  plus  colorés  à  leur  sommet. 

Le  quarz  arnélhyste  n'offre  pointées  belles  cristallisations 
propres  au  cristal  déroche.  Il  est  rarement  en  gros  cristaux^ 
mais  souvent  en  petits  cristaux  prismes,  ou  en  pyramides 
Bessiles.  Les  angles  latéraux  du  prisme  n'offrent  presque  ja- 
mais de  facettes  additionnelles.  Mais  les  arêtes  longitudinales 
de  ses  pyramides  sont  quelquefois  émarginées.  L'améthyste 
effre   aussi  des  cristaux  pentahexaèdres  fusiformes.  Une  de 


0  U  A  435 

ses  variétés  est  fibrease  ;  elle  a  été  distinguée  par  Werner 
qui  l'a  nommée  {Dickfaseramethyst.)  U  y  a  encore  de  l'amé- 
thyste roulée.  L'améthyste  en  masses  est  formée  de  couches 
quarzeuses  violettes  et  blanches  opaques ,  ou  d'agates,  qui 
offrent  des  dessins  anguleux  ,  festonnés,  ayant  l'apparence 
de  plans  de  fortifications.  En  Saxe,  à  Roclitz,  on  trouve  une 
jolie  brèche  d'agate  et  d'améthyste  dont  on  fait  des  tabatières. 

L'améthyste  ,  suivant  l'analyse   qu'en  a  faite  M.  Rose 
contient  :  silice  ,  97, 5o  ;   alumine  ,  0,26  ;  fer  oxydé  ,  o  5o  • 
une  trace  de  manganèse  ;  la  perte  est  de  1,75. 

L'améthyste  se  trouve  dans  un  grand  nombre  de  lieux- 
elle  est  en  veines  ou  cristallisée  ,  dans  les  cavités  de  quel- 
ques roches  primitives  et  de  transition,  ou  de  diverses  roches 
considérées  parles  uns  comme  des  laves,   et  par  les  autres 
comme  des  trapps. 

L'Ecosse  présente  l'améthyste  dans  beaucoup  d'endroits 
principalement  aux  environs  de  Burntisland  ,  dans   le  Fife- 
shire  ,  de  Montrose  ,   et  dans  la  montagne  de  Kinnoul.  U  y  a 
de  l'améthyste  près  de  Cork  en  Irlande,  et  à  Feroè". 

L'améthyste  existe  à  Dannemora  ,  en  Suède  ;  à  Claus- 
ihal  ,  et  dans  divers  lieux  du  Hariz  ;  à  Annaberg  ,  Dresde 
et  Kunnersdorf ,  en  Saxe;  en  Bohème,  en  Silésie  ,  en 
Bavière  ,  en  Tyrol  ,  en  Suisse  ,  à  Schemnilz  en  Hongrie  , 
en  Transilvanie  ,  à  Oberstein  dans  le  Palatinat  ;  en 
France  ,  près  de  Brioude  en  Auvergne  ,  et  dans  le  val 
Louise  ;  en 'Espagne,  dans  les  montagnes  des  royaumes  de 
Grenade  ,  de  Murcie  (  où  se  trouve  Carthagène  )  ,  et  de 
Valence  ;  et  dans  la  Catalogne  ,  province  dans  laquelle  est 
située  la  ville  de  Vicque  ,  où  l'on  fait  un  commerce  d'amé- 
thyste taillée  assez  lucratif  ,  et  auquel  l'améihyste  brute 
du  pays  ne  peut  suffire  ,  puisque  les  Catalans  viennent  , 
dans  certaines  années ,  exploiter  l'améthyste  des  environs 
de  Brioude. 

Les  améthystes  de  Sibérie  se  trouvent  dans  les  environs 
d'Ekathérinbourg  et  de  Mursinka ,  dans  les  monts  Durais. 
C'est  dans  le  voisinage  de  ce  dernier  endroit,qui  est  un  village, 
qu'on  exploite  l'améthyste;  elle  est  en  veines  d'un  à  deux 
pouces  d'épaisseur ,  dans  une  roche  qui  ressemble  beaucoup  à 
un  gneiss  compacte.  Il  y  a  aussi  des  améthystes  à  Nertschinsk , 
dans  la  Daourie,  dans  les  montagnes  qui  avoisinent  le  fleuve 
Argoun  et  la  rivière  de  la  Chilka. 

La  Perse,  l'île  de  Ceylan  et  plusieurs  autres  contrées 
des  Indes  orientales  ne  sont  point  dépourvues  de  cette  belle 
pierre.  Elle  abonde  dans  les  montagnes  du  Brésil.  On 
en  trouve  aussi  au  Mexique  ,  dans  les  riches  mines  d'argent 
de  Guauaxualo  et  à  Real  del  Monte  ,  et  aux  Étals-Unis ,  etc. 


436  Q  U  A 

Les  améthystes  les  plus  belles  se  tiroîent  autrefois  des 
environs  de  Gambay,  dans  l'Inde.  Les  Danois  étoient  en 
possession  de  ce  commerce  avec  l'Europe  ;  maintenant  on 
les  apporte  du  Brésil  et  de  Sibérie.  Celles  du  Brésil  sont 
plus  estimées  que  celles  de  Sibérie,  qui  ont  une  couleur  sou- 
vent beaucoup  plus  intense  et  des  rellets  noirs.  Les  auiélhysles 
d'Europe  ne  sont  pas  non  plus  à  mépriser  :  la  Saxe  et  la 
Bohème  en  fournissent  une  grande  quantité  qui  s'exportent 
principalement  en  Turquie  ,  par  la  voie  de  Venise  ,  pour 
Consiantinople.  Les  Orientaux  prisent  beaucoup  cette  pierre. 
L'Espagne  en  fournit  et  en  fait  également  un  commerce 
étendu;  mais  ses  améthystes  sont  généralement  petites  et 
clairettes.  On  peut  lire,à  l'article  Améthyste  de  ce  diction- 
naire, les  usages  et  les  emplois  de  cette  belle  variété  de 
quarz.  L'améthyste  orientale  n'est  pas  un  quarz;  c'est  un 
corindon  vitreux  violet. 

3.  Q.  H.  hleu.  L'on  a  long-temps  nommé  ainsi  le  Saphir 
d'eau ,  qui  n'est  pas  un  quarz  ,  mais  une  substance  par- 
ticulière que  l'on  a  reconnue  depuis  pour  le  dichroïte. 
Je  crois  être  le  premier  qui  ait  fait  cette  distinction,  et  à 
une  époque  à  laquelle  le  dichroïte  étoit  encore  peu  connu. 
(  V.  de  Drée,  Mus.  minéral.  )  C'est  donc  au  dichroïte  qu'il 
faut  rapporter  tous  les  quarz  bleus,  faux  saphir,  saphir 
d'eau,  etc.,  etc.,  qui  sont  indiqués  dans  les  anciens  ou- 
vrages ,  et  que  Ton  avoit  regardés  comme  du  quarz.  Cepen- 
dant il  existe  aussi  du  quarz  bleu  ou  avec  une  teinte  bleue. 
L'on  en  cite  des  cristaux  dodécaèdres ,  bleu-grisâtres ,  au  cap 
de  Gates  en  Espagne. 

A  Goëlling ,  pays  de  Salzbourg  ,  l'on  a  découvert ,  il  y  a 
quelques  années  ,  un  quarz  bleu  foncé  ,  avec  une  teinte  gri- 
sâtre ;  il  est  en  veines  ou  en  incrustations  dans  une  roche, 
•|inélangé  avec  du  calcaire  et  souillé  d'oxyde  de  fer  ;  il  a  été 
nommé  syderit.  On  ne  doit  pas  le  confondre  avec  Vindicolithe 
de  Bodenmais  en  Bavière,  qu'on  avoit  pris  aussi  pour  du 
quarz  bleu  ,  et  qui  est  du  dichroïte  ,  ainsi  que  le  quarz  bleu 
de  Bohème.  Saussure  a  observé  sur  le  Pic-Blanc  ,  et  vers  la 
base  du  Mont -Rose,  un  granité  quirenfermoit  du  quarz  d'un 
bleu  de  lavande  claire  ,  mais  pourtant  décidé  ,  surtout  dans 
les  places  où  plusieurs  de  ses  grains  sont  réunis,  et  dans  celles 
où  il  forme  des  filons  dans  les  fissures  de  la  pierre.  Ce  quarz 
est  peut-être  aussi  du  dichroïte. 

Ilparoît  que  le  quarz  bleu  ,  associé  au  fer  phosphaté ,  dé- 
couvert par  le  chevalier  Gisecke  àKikestangoak,dans  la  partie 
méridionale  du  Groenland,  est  véritablement  du  quarz.  Il 
n'en  est  pas  de  même  à\x steinheiliie  oxn^réienàn  quarz  bleu, 
des  mines  d'Orra  Syesvl,  en  Finlande,  qui  diffère  ,  par  sa 
cristallisation,  et  du  quarz  et  du  dichroïte.  V,  ST£mH£iLiT£. 


O  TT  A  437 

On  trouve  dans  les  anciens  ouvrages  de  minéralogie  le 
«]narz  bleu  indiqué  dans  beaucoup  de  mines;  mais  c'est  du 
quarz  coloré  par  le  cuivre  carbonate.  L'on  dit  qu'il  existe  à 
Ceylan  du  cristal  de  roche  d'un  beau  bleu  indigo.  C'est  pro- 
bablement encore  du  dichrdite. 

4-  Q-  H.  rose-hnteuoo  (^q.  H.  rose,  Haiiy  ;  Cristal  déroche  couleur 
derubis,  R.D.;  Cristalde  roche  row^e,Daub.;  Milch (}uarz,yV ern.-, 
Karst,,  elc.^Roseor  milck(fuarz,J<imes.;Rhodite,B..  Forst.).Ce 
quarz,  d'un  rose  de  fleur  de  pêcher  plus  ou  moins  intense,  a  un 
rcfletcalcédonieuxqui  lui  estpropre.il  est  translucide  etmcme 
transparent;  alors  il  donne,  par  le  chatoiement, un  reflet  demi- 
jaunâtre,  comme  certaines  calcédoines  ou  certains  silex  rési- 
îiites  ïiommés girasols.  Il  a  un  éclat  vif,  vitreux  ou  un  peugras. 
On  le  trouve  en  masses  amorphes,  qui  ont  quelquefois  la  struc- 
ture laminaire.  11  paroît  devoir  sa  couleur  au  manganèse 
oxydé.  On  le  trouve  en  couches  ou  filons,  dans  les  roches 
granitiques  et  dans  le  gneiss  ,  et  même  en  veines  qui  traver- 
sent  le  jaspe  schisteux.  Il  se  trouve  en  lits  dans  le  granité  ,  à 
Ivabenstein,  Zwiesel  et  Hoïlberg ,  en  Bavière  ;  en  cailloux  et 
en  masses  roulées,  à  Hiittschlag,  dans  le  Salzbourg;en  veines, 
et  dans  le  jaspe  schisteux  (  Kieselschiefer  ,  W.  ),  dans  la  forêt 
d'Hartzburg  ;  dans  le  Hochwald  ,  près  Stolpen,  en  Saxe  ;  à 
Arendal ,  en  Norwége  ;  dans  l'île  de  Coll ,  l'une  des  Hé- 
brides; au  Groenland;  et  en  Finlande,  aux  environs  de  la  for- 
teresse Neyschlolt  ,  dans  un  feldspath  grisâtre,  quelquefois 
strié  ,  avec  une  tendance  à  se  cristalliser  :  il  est  en  grosses 
masses,  et  meié  avec  des  masses  d'amphibole  noir,  etc. 
Le  quarz  rose  forme  des  bancs  puissans  dans  le  Kolyvan, 
eu  Sibérie  ,  et  à  Tigcrateky,  dans  la  chaîne  altaïque. 

En  France,  on  a  découvert  celte  variété  à  Châteauneuf , 
en  Auvergne,  et  en  blocs  d'un  grand  volume,  dans  la  plaine 
granitique  qui  sépare  Marvcjols  et  Saint-Chely, département 
de  la  Lozère,  et  spécialement  auprès  de  Plane  et  de  Chaba- 
nols,  dans  le  même  déparlement. 

C'est  à  cette  intéressante  variété  que  doit  se  rapporter  la 
quarz  rosaire  qy^e  l'on  trouve  en  grains  ou  en  petits  morceaux, 
dans  certaines  laves  vitrifiées  du  Mont-d'Or  ,  de  Santa- 
Fiora  ,  en  Toscane,  de  l'île  Milo  ,  dans  l'Archipel ,  et  dont 
la  surface  est  ondulée  et  lisse  ,  comme  si  elle  avoit  été 
polie.  Le  quarz  ondulé,  qu'on  trouve  au  cap  de  Gates,  en 
Espagne,  et  mentionné  par  M.  Hauy,  ne  diffère  des  pré- 
cédens  que  par  sa  couleur  blanche.  V.  2.*=  §  ,  n.^  i5,  p.  427. 

Le  qu^rz  rose  laiteux  est  employé  en  bijouterie  ,  lorsqu'il 
est  d'une  couleur  foncée  pure.  Il  est  connu  sous  les  noms  vul- 
gaires de  prime  de  ruhis ,  fiiti.v  rubis,  pseudo-rubis,  rubis  de 
Bulième  ,  rubi:i  de   Silésie ,   niùis  dXhddcnl,  faux  spiiulle ,  clc. 


1^38  0  TJ  A 

Il  est  susceptible  d'un  très-beau  poli.  On  en  voyoit  un  vase 

des  plus  élégans  dans  le  cabinet  de  M.  de  Drée  ,  à  Paris. 

5.  Q.  H.  rougeâtre  {pseudo -grenat ,  faux  grenat').  Ce  quarz  est 
d'un  rose  pâle,  ou  d'un  blanc  rougeâtre  du  rouge,  et  ordinai- 
rement cristallisé  en  petits  cristaux;  il  a,  du  reste,  tous  les 
caractères  du  quarz  demi-transparent;  il  doit  sa  couleur  à 
l'oxyde  de  fer  légèrement  répandu  dans  sa  substance.  Il  n'est 
pas  rare.  On  en  trouve  des  cristaux  pyramides  aux  environs 
de  Bristol ,  et  en  petits  cristaux  prismes  réguliers  à  deux 
sommets, dans  les  gypses  des  masses  d'Eislebenen  Tburinge. 
Des  cristaux  pareils  existent  dans  les  anciennes  collections 
de  minéralogie, sous  le  nom  de  diamansde  la  Loire, sans  doute 
parce  qu'on  les  apportoit  d'un  endroit  voisin  de  ce  (ieuve. 

6.  Q.  H.  fauve  on  roux ,  est  ordinairement  aventuriné.  V. 
plus  haut  2..^  §  ,  n."  3  ,  Q.  il.  aventuriné. 

7.  Q.  II.  V2rl  (  pseudo-aigue-marine ,  faux  hèril ,  faux  pérîdot , 
fausse  cInysoUthe  ,  fausse  éméraude  ),  transparent  ,  vert  clair  , 

vert  foncé,  ou  vert  olive,  ou  vert  pistache  ,  avec  tous  les 
passages  au  gris  ,  au  blanc  ,  au  violet.  C'est  principalement 
du  Brésil  qy'on  apporte  toutes  les  variétés  de  couleur  de  ce 
quarz;  elles  prennent  un  poli  très-vif;  elles  sont  communément 
très-pures:  néanmoins  elles  ne  l'emportent  point  pour  la 
beauté  sur  les  gemmes,  desquelles  elles  empruntent  leurs 
noms  vulgaires.  Les  variétés  vertes  du  Brésil  portent  le  nom 
à^amèlhysle  verte,  parce  que  les  mêmes  morceaux  qui  four- 
nissent les  pierres  de  cette  couleur  sont  à  la  fois  colorés  en 
violet,  en  vert,  en  jaune  ;  on  trouve  aussi  des  améthystes 
vertes  dans  le  comté  de  Glalz  en  Silésle. 

8.  Q  u.  Jaune  (^  cristai/us  colorataflaoa  ,  Wall.;  cristal  d^  un 
Jaune  clair ,  R.  D.  vulgairement  pseudo-topaze  ,  fausse  topaze  y 
topaze  occidentale  ,  topaze  de  Bohème,  cris'al  citrin  ,  iris);  il 
est  d'un  jaune  tantôt  pâle,  tantôt  brunâtre  ,  tantôt  d'une  belle 
teinte  dorée.  Le  quarz  de  cette  dernière  teinte  nous  vient 
principalement  du  Brésil,  où  on  le  trouve  en  cristaux  qui 
ont  quelquefois  la  grosseur  du  poing.  Les  autres  variétés  de 
teintessont  communes  dans  les  quarz  de  laBohè^ne,  d'Ecosse, 
de  Ceylan  et  de  Sibérie  ,  qui  sont  les  plus  répandus  dans  le 
commerce. 

9»  Q.  H.  orangé  (^fausse  hyacinthe  )  ,  d'un  beau  jaune  orangé 
ou  roussâlre,  analogue  à  celui  duzircon  ou  Imitant  celui  des 
belles  topazes  jaunes  du  Brésil.  C'est  encore  du  Brésil  que 
l'on  tire  ce  quarz  ,  sans  contredit  un  des  plus  précieux  par  sa 
rareté  et  par  sa  couleur.  M.  Haiiy  nous  apprend  qu'il  en  a 
clé  rapporté  d'Espagne. 

10,  Q.  u.  enfumé  (crisfallus  colorata  fusca  ,  Wall.;  cristal 
de  roche  d  un  brun  foncé,  V\.  f).  ;  quarz  brun,  Deborn  ;   cris/ai' 


Q  U  A  439 

ée  roche  roux  ou  noirâtre;  topaze  enfumée,  Daub.  ;  topaze 
d'Ecosse  ;  morion  et  pramnion  ,  PI  in.  ;  diamant  d'Alençon  , 
et  caillou  du  Poitou  de  quelques  auteurs  ).  Ce  quarz  est  trans- 
parent et  d'une  couleur  brune  enfumée,  tantôt  très-claire  , 
tantôt  extrêmement  foncée,  de  manière  qu'il  paroît  noir.  A 
la  transparence  il  est,  tantôt  gris  enfumé,  tantôt  un 
peu  jaunâtre.  11  est  extrêmement  commun ,  presque  tou- 
jours cristallisé  et  remarquable  par  son  éclat  ;  ses  cristaux 
acquièrent  le  volume  du  poing.  Il  abonde  en  Dauphiné  , 
au  Saint-Gotliard,  au  Mont-Blanc,  en  Bohème  ,  en  Ecosse  , 
à  Odontschelon  en  Daourie,  etc. 

II.  Q.  H.  vert  obscur,  Hatiy  {quartzumcoloratum  Wn</g,  Wall.; 
quartz  jnforme  y  gras,  vert ,  demi-transparent  .^  T>  ah  ovx\  \  prime 
démeraude^  R.  D.  ;  prase ,  Delaméth.;  James.  ;  prasium^lLxrw.'; 
prasem,yV ern.;  Cronst.', prasemguarz^lLursL).  C'est  un  quarz 
translucide  d'un  vert  poireau  plus  ou  moins  foncé,  tantôt 
olivâtre,  tantôt  vert  pistache  ou  grisâtre;  sa  cassure  est  rabo- 
teuse. Il  a  l'aspect  gras  ou  luisant.  On  le  trouve  amorphe, 
rarement  en  cristaux  prismes  et  pyramides  dont  les  surfaces 
sont  presque  toujours  rudes.  Il  est  c  omposé  ,  d'après 
Bucholz  ,  de 

Silicel 98,50 

Alumine o,5o 

Fer I 

.    Manganèse trace. 

Le  quarz  prase  se  trouve  dans  certaines  couches  métallifères, 
accompagné  de  fer  oxydulé  ,  de  fer  oligisle  ,  de  fer  sulfuré  , 
de  fer  sulfuré  magnétique,  de  cuivre  pyriteux  ,  de  plomb 
sulfuré,  de  zinc  sulfuré,  de  quarz  commun,  de  chaux  carbo- 
natée  spathique  et  d'amphibole  vert  opaque.  La  localité  la 
plus  connue  est  celle  de  Breitenbrunn  près  de  Schwar- 
zemberg  en  Saxe  :  la  prase  s'y  trouve  dans  des  filons  mé- 
talliques. Cette  substance  se  rencontre  encore  à  Mummel- 
grund  en  Bohème,  à  Bajanowilz  en  Moravie  ,  à  Kupferberg 
en  Silésie,  en  Finlande  sur  les  bords  du  lac  Onega,  et  en 
Sibérie  près  d'Ekatherinbourg.  A  l'île  d'Elbe  ,  il  y  en  a  une 
variété  verte  grisâtre  en  masses  à  gros  grains  ;  elle  adhère 
quelquefois  au  fer  oligiste.  Jameson  indique  ce  quarz  en 
Angleterre,  dans  la  petite  île  de  Bute  et  dans  divers  autres 
lieux.  Il  est  très-commun  dans  l'Argillshire;  on  le  trouve  à 
Loch-Hourn  en  Ecosse  ,  en  veines  dans  le  gneiss. 

On  ne  doit  pas  confondre  le  quarz  prase  avec  les  silex 
verts;  on  ne  doit  pas  le  confondre  non  plus  avrc  le  qnarz  chîo- 
rité.  Les  minéralogistes  le  regardent  comme  un  quarz  coloré 
par  l'amphibole  vert,  uniformément  dissous  dans  la  substance 


^o  Q  U  A 

quarzeuse.    M,  Haiiy     a  même  observé  dans  le  prase  ,  des. 
aiguilles  d'amphibole  vert. 

L'on  taille  et  l'on  polit  quelquefois  le  quarz  prasepour  ea 
faire  des  objets  d'ornement  ;  mais  comme  il  n'est  pas  très- 
estimé  ,  on  en  fait  peu  d'usage,  La  monture  en  or  est  celle 
qui  lui  convient  le  mieux,  à  cause  de  la  couleur  de  ce  métal. 

i3.  Q.  H.  rubigineux  ^  Brongniart  (^quarz  hémaiitic^  Allan  ). 
Ce  quarz  diffère  des  précédens  par  plusieurs  caractères.  îl 
est  à  peine  translucide  sur  les  bords,  ou  même  parfaitement 
Opaque.  Cette  opacité  est  due  à  la  dose  considérable  d'oxyde 
de  fer  jaune  ou  rouge  qu'il  contient  ;  ^jjssi  suffit  -  il  de  le 
chauffer  au  chalumeau  pour  développer  en  lui  la  vertu  ma- 
gnétique. Sa  cassure  est  conchoïde  ou  raboteuse,  selon  les 
variétés;  elle  a  presque  toujours  le  coup  d'œil  gras  ou  résineux. 

Le  quarz  rubigineux  peut  être  divisé  en  quatre  variétés 
principales  : 

a.  Q.  H.  hémaihoïde  (  tjuarz  hyalin  hémathoîde  cristallisé^ 
Ilaiiy  ,  Trait. ,  2  ,  pag.  420  ;  cristal  de  roche  d'un  rouge  plus  ou 
moins  fonce  ^  R.  D.  ;  quartz  cristallisé  d\m  rouge  de  cornaline  , 
Deborn  );  d'un  rouge  foncé  sombre  ,  assez  analogue  à  celui 
de  la  cornaline,  comme  le  dit  Deborn;  quelquefois  jau- 
nâtre. Il  est  toujours  cristallisé  ,  soit  en  pyramides  qui  ta- 
pissent des  géodes  et  des  cavités  dans  les  gangues  quar- 
zeuses  des  filons  métalliques  ,  ou  bien  en  petits  cristaux  dodé- 
caèdres ou  prismes,  d'une  régularité  parfaite,  tantôt  solitaires, 
tantôt  diversement  groupés.  Sa  cassure  est  plutôt  vitreuse  que 
résineuse, et  moins  raboteuse.  Lorsqu'il  n'est  pas  très-chargé 
de  fer,  sa  couleur  devient  jaunâtre. 

L'on  connoît  ces  petits  cristaux  isolés,  sous  les  noms 
à"" hyacinthe  occidentale  et  A' hyacinthe  de  Cowpostelle,  parce  que 
c'est  en  Espagne  ,  auprès  de  Saint-Jacques  de  Compostelle 
en  Galice  ,  qu'ils  ont  d'abord  été  rencontrés, et  où  ils  se  trou- 
vent en  quantité  dans  de  la  chaux  sulfatée.  Depuis  ,  ils  ont 
été  découverts  également  en  abondance  dans  la  chaux  sulfa- 
tée souillée  d'oxyde  rouge  de  fer,  et  qui  contient  des  cristaux 
d'arragonite,  à  Molina  et  dans  d'autres  lieux  de  l'Arragon.  A 
Bastènes  etCaupenne  près  de  Dax  ,  des  cristaux  semblables 
s'observent  dans  un  gypse  ferrugineux  qui  renferme  égale- 
ment des  cristaux  d'arragonite,  dans  lesquels  sont  fréquem- 
ment enchâssés  ces  cristaux  de  quarz  hémaihoïde.  Ce  même 
quarz  s'observe  en  Angleterre  ,  sur  de  la  baryte.  Dans  le 
royaume  de  Valence,  à  Bugnol,  il  y  a  une  pierre  sablonneuse 
qui  contient  des  cristaux  de  quarz  hémathoîde  ,  etc. 

L'on  rencontre  de  belles  variétés  de  quarz  hémathoîde 
pyramide,  dans  les  mines  aux  environs  de  Freyberg  en  Saxe, 
?H  Bohème  et  en  Hongrie, 


Q  U  A  44i 

l.  Q.  H.  R.  sinoph  (  Q.  H.  hemathoîde  massif,  Haiiy  ;  Jaspr's 
opaca  pariiculis  dist'mctis  ,  Sinopel^  Wall.  ;  Sinople  ou  Sinopel , 
K.  D.  ,  Delamélh. ,  Kirw.  ;  Jaspe  à  cassure  scclic  ,  ronge  ^ 
ferrugineux  ,  Deborn  ).  Il  est  en  masses  d'un  rouge  vif  de 
sang,  ou  semblable  à  celai  de  la  cire  à  cacbeter  el  à  celui  de 
certains  jaspes;  il  esl  presque  complètement  opaque.  Sa  cas- 
sure esl  conchoïde,  à  surface  luisante  ,  quelquefois  éclatante- 
Sa  texture  est  même  vitreuse  dans  quelques  points.  Cette  tex- 
ture et  Téclat  de  ce  quarz  le  distinguent  du  jaspe  rouge  avec 
lequel  on  l'a  confondu.  Il  sert  de  gangue  à  divers  minerais  , 
et  par  conséquent  il  ne  se  rencontre  guère  que  dans  les  filons 
métalliques;  le  quarz  amorphe  l'accompagne  ordinairement. 
A  Francogny  (  ci-devant  Franche-  Comté  )  ,  il  est  pénétré 
de  fer  oligiste  ;  à  Poullaoën  en  Bretagne  ,  il  forme  de  petites 
veines  dans  le  plomb  sulfuré  granulaire  ;  en  Saxe  et  en  Hon- 
grie ,  il  est  associé  au  plomb  sulfuré,  au  cuivre  pyrifeux,  au 
fer  sulfuré,  etc.  Le  quarz  sinople  a  été  observé  à  Schemnilz 
en  Hongrie,  dans  un  filon  aurifère,  à  i6o  mètres  de  profon- 
deur; il  enveloppoit  des  madrépores,  et  offroit  des  impres- 
sions de  polypiers. 

c.  Q.  H.  rubigineux  proprement  dit  (  Quarz  hyalin  rubigineux 
jaunâtre  ou  brun,  Haiiy,  Tabl.  comp.  ;  Quartz  rubigineux  jaune, 
lîrong.  ;  Eisenkicsel ,  Werner,  Reuss,  Oken ,  etc.;  IroT/flint, 
James.;  le  Caillou  ferrugineux ,  Brochant).  Ce  quarz  est  le 
plus  souvent  un  amas  confus  de  petits  cristaux  prismes,  quel- 
quefois à  deux  sommets,  et  très-nets  ;  il  est  également  massif. 
Ses  masses  sont  le  plus  souvent  une  agrégation  compacte  de 
semblables  petits  cristaux.  Ses  couleurs  sont  le  jaune-brun  ou 
le  jaune  d'or,  le  brun,  le  châtain  et  le  rouge  très-foncé  de  sang. 
La  cassure  de  ses  masses  est  raboteuse,  inégale  ,  à  surface 
luisante  ;  les  petits  cristaux  ont  la  cassure  conchoïde  et  rési- 
îîeuse.  Sa  pesanteur  spécifique  varie  entre  2,576  et  2,74-6  , 
selon  Hoffman,  et  de  2,627  ^  2,838,  suivant  Haberle. 
M.  Bucholz  a  fait  les  analyses  des  trois  variétés  principales 
de  ce  quarz ,  et  les  a  trouvées  composées  de  : 

Variétés.  jaune,    jaune-brun,  rouge. 

Silice f)3,5         92,00       76,83 

Fer  oxydé 5,  5,7$       21,67 

Alumine o,  0,00         0,2$ 

Manganèse  oxydé     .     .       o,  i,oo         0,00 

Matière  volatile  (eau  ?)        i,  1,00  1,00 

Perte     ....       o,5  o,25         o,25 

Ces  analyses  démontrent  que  la  variété  rouge  est  la  plus 
cli-irgée  de  fer,  et  Bucholz  a  trouvé  que  ce  métal  y  étoit 
à  1  étal  d'oxyde  ronge  ,  cest  -  à-  dire  5  oxydé  «w  maximum  } 


442  Q  U  A 

aussi  M.  Haiiy  el  plusieurs  autres  minéralogistes  rapporienl- 
ils  cette  variété  au  quarz  hémaihoïde  ci-dessus. 

C'est  dans  les  filons  où  le  fer  hydraté  et  le  fer  hyperoxydé, 
c'est  à-dire,  1  hématite  brune  et  Thématite  rouge,  abondent, 
<}u'on  rencontre  souvent  le  quarz  rubigineux;il  se  trouve  aussi 
dans  les  roches  dt  trapp  analogues  à  la  roche  qui  contient 
les  agates,  à  Oberstein.  On  l'observe  dans  les  minerais  de 
ferd'Allenberg  et  dEibenstock  en  Saxe,  de  Ilfeldt  et  Fisch- 
bach  au  Harlz  ,  du  Fichielgebirge  en  Franconie,  de  Hohen- 
stein  et  Se.llilz  ,  en  Bohème  ,  à  Framont  dans  les  Vosges  , 
et  dans  piuseurs  mines  de  fer  de  la  Sibérie  et  de  la  Daourie. 
Il  existe  à  Oberstein  et  aux  environs  de  Bristol.  Dans  l'île  de 
Raihlin,  sur  la  cote  d  Irlande,  il  est  dans  un  trapp  superposé 
à  des   bancs  de  pierre  calcaire  blanche. 

Le  quarz  hy.iîin  rubiz^inoux  jaune  accompagne  volontiers 
le  fer  hydraté  ;  la  variété  jaune  est  plus  souvent  associée  au 
ferhyperoxvdé  :  Tune  el  l'autre  sont  sujettes  aune  décompo- 
sition qui  les  réduit  en  une  terre  ochreuse  jaune  ou  rouge.  Les 
rainerais  de  fer  avec  lesquels  on  trouve  ce  quarz  ,  fondent 
avec  beaucoup  plus  de  difficulté,  sans  doute  parce  quïls  con- 
tiennent une  grande  q  lantité  de  silice, 

i3.  Q.  H.  jaune  -  verdàtre.  (  Q.  ii.  granulaire  ,  jaune  verdâlre  , 
Haiiy  ;  Q.  vl.  granulaire,  Lucas;  Quartz  verdâlre  ,  Brong.  ;  can~ 
talit ^  Karst.  )  ;  granulaire,  en  petits  grains  jaunes  verdâtrcs. 
Au  chalumeau,  il  noircit  et  devient  magnétique.  Sa  pesanteur 
spécifique  est  de  2,85o.  Selon  M.  Laugier,  il  est  coiiiposé  de  : 
silice,  87  ;  fer  oxydé ,  8  ;  et  eau,  7.  Il  a  été  découvert ,  par  M. 
Mossier,auCantal,oùil  accompagne  le  silex  résinite;  il  diffère 
des  autres  variétés  de  quarz  rubigineux  par  sa  contexture,  son 
analyse,  et  par  plusieurs  autres  considérations;  aussi  a-t-il 
été  classé  très-différemment  par  divers  minéralogistes.  Je  le 
rapporte  ici  à  cause  de  la  propriété  dont  il  jouit,  de  devenir 
magnétique  lorsqu'on  le  chauffe  :  propriété  commune  à  tous 
les  quarz  que  nous  avons  réunis  sous  la  dénomination  collec- 
tive de  quarz  hyalin  rubigineux.  Le  griinesfossil  de  Leonhard 
(  Tasch.  iSoi))  ,  qui  n'est  point  celui  de  Werner  (  Voyez 
page  319),  se  rapproche  de  ce  quarz.  Il  se  trouve  dans  la 
forêt  de  Spessart ,  en  Franconie. 

i4-  Q-  H.  laiteuv  ,  Haiiy  (  Quartz  laiteux  ,  R.  D.  ,  Daubent., 
michl-uartz  ,  Wern.  ,  Karst.  ).  Le  quarz  laiteux  doit  son 
nom  à  sa  couleur  laiteuse  très-intense  et  qui  lui  ôte  sa  trans- 
parence ;  il  a  ordinairement  l'aspect  très-gras  et  onctueux. 
C'est  presque  toujours  en  masses  qu'on  le  trouve  ,  et  il  est 
très-fréquem  nant  la  gangue  de  l'or.  Le  qu  arz  laiteux  cris- 
tallisé n'est  pas  rare  non  plus.  Ses  cristaux  sont  plus  trans- 
lucides ,  pristués,  solitaires  ou  en  groupes  pyramides,  ou 
radiés.  O.i  ne  doit  pas  le  confondre  avec  le  quarz  rose  laiteux. 


Q  U  A  4^3 

Wallérîus  dit  que  le  quarz  laiteux  -  enfume'  est  phospho- 
rescent par  chaleur. 

i5.  Q.u.noir(^Cnstalluscoloraiamgra,  Wall.;  Cristal  noir  ^ 
R.  D.).  Ce  quarzest  noir;  mais  lorsqu'on  examine  ses  esquilles 
minces  ,  elles  sont  translucides  sur  les  bords;  il  est  toujours 
cristallisé  ;  ses  cristaux  les  plus  beaux  et  les  plus  gros  sont 
prismes  ,  rhombifères  ,  plagtèdres ,  penlahexaèdres ,  à  longs 
prismes,  ou  simplement  pyramides;  ils  ont  le  bord  mince  de 
leurs  esquilles,  translucide  et  de  celte  couleur  enfumée  par- 
ticulière au  Q,  H.  enfumé ,  n.°  lo,  p.  4-38,  duquel  ils  ne  diffèrent 
que  par  l'intensité  de  la  couleur.  11  y  a  aussi  des  cristaux  de 
quarz  noir,  dont  les  bords  sont  translucides  et  grisâtres;  ces 
cristaux  sont  ordinairement  petits  ,  solitaires  ,  dodécaèdres 
ou  prismes  avec  leurs  deux  sommets:ils  sont  mélangés  avec  des 
cristaux  semblables,  de  couleur  d'un  gris  noirâtre  oublanchâ- 
ire  ;  leur  surface  est  terne  ou  peu  brillante.  (  F.  Q.  h.  dodé- 
caèdre,n.°  z  .,hV  ariicle  des  formes  cristallines  du  quarz,  p. 4.19) 

Dans  la  mine  de  mercure,  dite  des  Trois-Rois,  dans  le 
Palatinat ,  on  trouve  du  bois  silicifié ,  qui  est  tapissé  de  très- 
petits  cristaux  de  quarz  noir  bitumineux. 
§  1 V.  Variétés  contenant  diverses  espèces  minérales  ,  vulg.  Quartz 
accidentés. 

Le  quarz  hyalin  ,  par  cela  même  qu'il  se  trouve  partout , 
doit  se  rencontrer  associé  avec  un  grand  nombre  de  subs- 
tances minérales  différentes;  mais  ce  n'est  passons  ce  point 
de  vue  général  que  nous  le  considérons  ici  :  nous  voulons 
seulement  indiquer  certaines  variétés  «ommunément  répan- 
dues dans  les  cabinets  des  curieux,  ou  qu'on  rencontre  dans 
le  commerce  ,  et  dans  lesquelles  les  corps  étrangers  sont 
plongés  dans  la  substance  quarzeuse  elle-même  ,  homogène 
du  reste  ou  régulièrement  cristallisée. 

A.  Accidens  de  cristallisatîuns  produites  par  V influence  d'une 
matière  étrangère. 

I,  Quarz  hyalin  multiple  ,  Nob.  Cristal  en  prismes  longs, 
transparent,  qui  semble  en  contenir  un,  deux  ou  trois 
autres  emboîtés  les  uns  dans  les  autres  ,  et  dont  les  plans  sont 
dessinés  par  une  matière  étrangère,  d'une  couleur  différente; 
les  pointes  ou  pyramides  de  ces  cristaux  sont  ordinairement 
plus  chargées  de  la  matière  colorante.  L'on  trouve,  dans  les 
montagnes  du  Dauphiné,  des  cristaux  de  quarz  transparens 
qui  contiennent  des  simulacres  de  cristaux  dont  l(;s  pans 
sont  chlorités  et  verts.  J'ai  compté  ,  dans  un  cristal ,  jusqu'à 
cinq  figures  d'autres  cristaux. 

Dans  les  mines  de  mercure  de  la  Carinthie  ,  on  trouve  de 
gros  cristaux  de  quarz  demi  -  transparens  ,  dont  l'iniérienr 
présente  le  dessin  d'un  second  cristal  coloré  superficielle' 
ment  par  du  mercure  «uUuré. 


444  0  TJ  A 

Lesgros  cristaux  d'améihyste  offrent  le  même  accicîc'nl;mais. 
ici  la  matière  colorante  est  le  fer  ,  et  la  couleur  le  blanc  ou 
le  violet, 

ABeeralslon,  en  Angleterre,  on  vient  de  découvrir  du. 
quarz  cristallisé  en  grosse:^  pyramides  opaques,  qui  se  décom- 
posent chacune  en  deux  pyramides,  l^a  surface  de  la  pyra- 
mide intérieure  est  raboteuse  et  recouverte  d'un  peu  de  terre 
Ofbreuse,  qui  a  sans  doute  donné  naissance  à  ce  singulier  ac- 
cident, en  interrompant  la  cristallisation  du  quarz  à  l'époque 
où  elle  s'opéroit. 

On  rencontre  fréquemment  des  cristaux  de  quarz  trans- 
parent dont   Tintérieur  est  laiteux  cl  figuré  en  cristal  parfait. 

Ces  accidens  ont  pris  naissance  dans  l'acte  même  de  la 
crisîaillsation  du  quarz. 

2.  Q.  n.feuil/eié,  Noh.  Cristaux  dont  les  faces  de  la  pyramide 
ou  les  pans  du  prisme  sont  composes  de  plusieurs  lames  parai  - 
lèies  légèrement  distantes,  et  entre  lesquelles  on  observe  quel- 
quefois les  restes  de  la  matière  étrangère  qui  éloit  contenue 
dans  les  cavités  intermédiaires.  Les  lames  sont  incomplètes 
et  leur  milieu  est  vide  :  celles  des  faces  de  la  pyramide  for- 
ment ,  dans  leur  milieu  ,  un  vide  en  forifte  de  trémie  trian- 
gulaire très-aplatie;  les  vides  des  pans  du  prisme  sont  carrés: 
c'est  principalement  sur  les  pyramides  que  cette  structure  est 
plus  manifeste  ;  elle  est  due  à  une  cristallisation  opérée  dans 
tin  liquide  impur.  Les  cristaux  de  quarz  violet  de  Schem- 
niiz,  en  Fiongrie  ,  présentent  communément  cette  forme. 
Dolomieu  possédoit  des  cristaux  (  dont  plusieurs  de  la  gros- 
seur du  poing)  qui  offroient  cette  structure  on  ne  peut  pas 
mieux  ;  ces  cristaux  éloient ,  les  uns  blancs ,  les  autres  vio- 
lets ,  et  entre  les  feuillets  on  voyoit  une  terre  argileuse  qui 
formoil  des  couches  d'une  couleur  gris-jaunâtre.  Ces  cristaux 
avoient   été  recueillis  aux  environs  de  Bologne  ,   en  îlalie, 

La  collection  de  minéralogie  de  M.  Pelit-.îean  ,  à  Paris  , 
qui  fut  vendue  publiquement ,  il  y  a  quelques  années  ,  ren- 
fcrmoit  un  cristal  de.  roche  jaune  ,  du  Brésil ,  dans  lequel  on 
voyoit  une  succession  de  plusieurs  plans  ou  voiles  rhomboï- 
daux  grisâtres  parallèles  à  l'une  des  faces  de  la  pyramide. 
L'on  voyoit,  sur  un  autre  côté  du  cristal,-  les  indices  de 
plans  semblables  ,  dont  la  rencontre  auroit  donné  les  figures, 
répétées  d'un  des  sommets  du  rhomboïde  primitif  du  quarz. 

3.  Q.  II.  pcrœ.  Cristaux  de  quarz  traversés  par  des  tuyaux 
creux  ,  qui  sont  des  cavités  abandonnées  par  des  cristaux ,  soit 
d'épidote  (  Oisans  ,  en  Dauphiné),  soit  de  tourmaline  verte 
(Ekatbérinbourg,  en  Sibérie),  soit  de  zinc  oxydé  (  Gazimour 
et  Neilscbint-  ,  en  Sibérie  ),  soit  de  titane  oxydé  (Ma- 
dagascar, Brésil,  Saint-Golhard,  cli^) 


Q  U  A  «5 

B.  Indication  de  plusieurs  substances  ohservées  dans  le  quarz. 

4..  Q.  H.  aérohydre.Qaairz  3ivec  des  bulles  vides, ou  renfermant 
des  gouttes  d'eau  mobiles.  Le  quarz  limpide  ou  transparent 
offre  cet  accident  bien  plus  souvent  qu'on  ne  l'avoit  cru;  et 
la  présence  de  l'eau  dans  ces  bulles  seroit  une  des  preuves 
contre  l'opinion  de  ceux  qui,  comme  Buffon  ,  supposent  que 
le  quarz  est  un  verre  primitif  produit  par  la  fusion.  Les  bulles 
d'air  ou  gouttes  d'eau  ont  rarement  le  volume  d'une  graine  de 
chènevis  ;  elles  sont  presque  toujours  très-petites  ,  peu  nom- 
breuses,et  même  solitaires  dans  les  petits  cristaux  ;  cependant 
le  quarz  limpide  en  masse  ou  en  gros  cristaux  en  est  quelque-i 
fois  rempli.  Les  plans  ou  voiles  ondoyans  que  nous  avons  si- 
gnalés en  parlant  du  Q.  H.  limpide  ,  sont  formés  par  une 
multitude  de  bulles  ou  gerçures  ,  qui  recèlent  souvent  de 
l'eau.  Lorsqu'on  casse  ces  masses  de  quarz  ,  leur  surface  est 
même  légèrement  humide.     . 

Le  quarz  en  masse  limpide  aérohydre  se  trouve  à  Mada- 
gascar et  à  Ceylan.On  apporte  du  Brésil  des  cristaux  de  roche 
aérohydre  d'un  jaune  d'ambre.  Les  cristaux  de  quarz  limpide 
et  gercé  qu'on  observe  dans  le  marbre  de  Carrare  et  dans  les 
géodes  ou  ludus  argileux  de  Meillan,en  Dauphiné,  renferment 
aussi  des  gouttes  d'eau.  Les  cristaux  de  quarz  d'un  blanc 
demi-transparent ,  des  raines  d'argent  de  Guanaxuato  ,  au 
Mexique,  sont  très-souvent  aérohydres;  ceux  d'un  violet  léger 
de  Schemnitz  ,  en  Hongrie  ,  offrent  encore,  mais  rarement, 
des  bulles  d'eau;  enfin,  les  montagnes  du  Dauphiné,  des 
Alpes,  etc.  ,  offrent  aussi  le  quarz  aérohydre. 

5.  Q,  H.  avec  baryte  sulfatée.  L'on  trouve  dans  les  mon- 
tagnes voisines  du  bourg  d'Oisans,  en  Dauphiné,  des  cris- 
taux de  quarz  transparens  ,  qui  renferment  des  lames  minces 
de  baryte  sulfatée  d'un  blanc  opaque.  La  baryte  sulfatée  se 
présente  aussi  en  forme  de  nuages  ou  de  filamens  d'un  blanc 
laiteux, 

6.  o.  H.  aoec  cristaux  aussi  de  quarz.  L'on  trouve  en  Hon- 
grie, au  Mexique  et  ailleurs,  des  cristaux  de  quarz  limpide, 
dans  l'intérieur  desquels  sont  disséminés  de  petits  cristaux 
complets,  mais  d'apparence  bizarre  et  du  môme  quarz. 

7.  Q.  H,  aoec  épidote.  Quarz  transparent ,  avec  des  aiguilles 
d'épidote  vertes,  du  Dauphiné. 

8.  Q.  H.  avec  amphibole  vert  (  vulg,  cheoeux  de  Thétis  ).  Lim- 
pide et  incolore  ,  avec  des  prismes  déliés  et  entrecroisés 
d'amphibole  vert  opaque  (  Hornblende  ).  On  en  fait  des 
plaques  et  des  tabatières  ,  etc.  Il  est  apporté  du  St.-Gothard, 
On  en  trouve  aussi  en  Dauphiné  et  à  Madagascar.  On^a  vu 
à  l'article  du  Q.  h.  vert-obscur^  §  3  ,  u."  11  ,  p.  349,  que  c'est 
à  l'amphibole  qu'il  doit  sa  couleur. 


W  0  TT  A 

g.  Q.  H.  flwr  ^Mrma/me.  Limpide  OU  transparent,  avec  de 
longs  prismes  plus  ou  moins  fins  de  tourmaline  noire  ;  à  Ma- 
dagascar, en  Espagne,  au  St.-Golhard  ^  en  Sibérie  ,  etc. 

a.  Q.  H.  avec  lourm.  verte.Y,Y\  cristaux  transparens  blancs  ou  in- 
colores, traversés,  dans  toutes  les  directions,  par  des  prismes 
très-fins  de  tourmaline  d'un  beau  vert  transparent;  d'Lkatbé- 
rinbourg  ,  en  Sibérie.  On  taille  ces  cristaux  ,  et  Ton  en  fait 
des  objets  de  bijouterie.  Ils  sont  groupés  entre  eux  sur 
leur  propre  substance  d'un  blanc  laiteux ,  renfermant  des 
faisceaux  très-serrés  de  ces  mêmes  tourmalines  qu'on  avoit 
prises  pour  de  i'actinote  et  de  l'hornblende  (  amphibole  vert 
transparent  et  opaque  ).  Ces  tourmalines  sont  également 
cristallisées  à  la  surface  du  quartz. 

lo.  Q.  H.  chlorité.  Quarz  limpide  avec  de  la  chlorite 
blanche  ,  nacrée  ,  disposée  en  forme  de  nuages  et  de  flocons; 
du  Brésil.  Quarz  limpide  ,  avec  chlorite  verte  en  flocons  et 
en  nuages  ;  du  Saint-Golhard.  Quarz  transparent  ou  laiteux, 
avec  chlorite  pulvérulente  verte  ou  jaunâtre;  du  Dauphiné, 
du  Saint-Gothard ,  du  Brésil  ,  etc.  Quarz  vert  rendu  opaque 
par  la  grande  quantité  de  chlorite  qu'il  contient.  Ces  cristaux 
chlorités  sont  quelquefois  multiples  à  l'intérieur.  * 

xi.q.^.  avec  talc.  Limpide,  avec  des  prismes  hexaèdres  ver- 
mlculaires  et  très-petits,de  talc  chlorlteux, vert-grisâtre, demi- 
iransparenl; duSt.-Gothard  et  delà  vallée  d'Ala,enPiémont. 
12.  q.  n.  micacé.  Transparent,  avec  des  lames  de  mica 
jaune  ou  gris  argenté  ;  de  la  Bohème,  du  Dauphiné ,  etc.  A 
Zinnwald  en  Bohème  ,  on  trouve  des  cristaux  dans  lesquels 
le  mica  est  en  lamelles  très-fines,  brunes  ou  roussâtres,  dis- 
posées en  nuages  ,  etconfigurées  en  cristal  Intérieur.  Lors- 
qu'on taille  seulement  la  partie  chargée  de  mica  ,  on  obtient 
une  espèce  d'aventurlne;  mais  ce  n'est  pas  la  véritable  aven- 
turine  micacée.  Elle  est  produite  par  un  quarz  amorphe  gris 
translucide,  qui  contient  du  mica  disposé  par  couches  extrême- 
ment fines  ettrès-mulilpliées  :  c'est  donc  une  véritable  roche. 
Telle  est  l'aventurine  rousse  d'Ekathérinbourg,  en  Sibérie. 
i3.  Q.  H.  ami anthé  ou.  avec  ash este.  Rien  n'est  plus  commun 
que  l'amianthe  dans  le  cristal  de  roche;  cette  substance  .s'y 
présente  en  filamens  très-apparens,  et  quelquefois  très-déliés 
et  sensibles"  seulement  par  le  chatoiement  ;  d'autres  fois  elle 
y  est  extrêmement  abondante.  Ses  couleurs  ordin-aires  sont 
le  blanc  pâle  et  le  blanc  grisâtre.  On  croit  que  c'est  elle  qui 
donne  aux  yeux  de  chat  ou  chatoyantes  du  commerce,  leur 
éclat  soyeux  (  V.  OEil  de  chat  ,  et  ci-dessus,  p.  4-33.  Q.  ir. 
chatoyant,  n.°  4)  Si  cela  n'est  pas  vrai  pour  toutes  ces  pierres, 
du  moins  obtient-on  le  même  effet  avec  certains  quarz 
amianthés;  par  exemple  ,  arec  des    fragmçns  de    çristaus 


Q  U  A.  4/,7 

de  quârz  gris-verdâtre  ,  chargés  d'amîantlie  soyeuse  qu'on 
trouve  aux  Pyrénées,  dans  les  montagnes  qui  avoisinent  Bar- 
règes.jOn  tire  du  cœur  de  ces  cristaux,  des  pierres  chatoyan- 
tes en  blanc  grisâtre ,  assez  agréables. 

L'on  rencontre  ,  dansles  cabinets,  des  plaques  decristal  de 
roche  d'une  grande  limpidité,  qui  présentent  néanmoins  des 
filamens  d'amianthe  d'une  délicatesse  et  d'une  finesse  telles 
qu'ils  échappent ,  pour  ainsi  dire  ,  à  la  vue. 

i4-  Q-  H.  argentijère.  Limpide,  avec  de  l'argent  natif  cristal- 
lisé en  feuilles  de  fougère  ,  ou  en  filamens  capillaires  ;  de 
Guanaxuato,  au  Mexique.  L'on  rencontre  quelquefois  chez 
les  curieux  la  variété  qui  présente  l'argent  en  forme  de  fou- 
gère ;  elle  est  très  rare  lorsque  le  quarz  est  parfaitement 
limpide. 

i5.  Q.  H.  avec  fer  oligisie  métalldide.Quzvz  limpide,  avec  fer 
oligiste  en  lames  minces  assez  étendues;  du  Dauphiné,  du 
Saint-Gothard  ,  de  Corse  ,  du  Brésil. 

i6.  Q.  H.  avec  fer  oligiste  micacé.  Quarz  limpide  incolore  ou 
légèrement  violet,  avec  de  petites  paillettes  brunes  qui  re- 
flètent la  couleur  rouge  du  rubis  le  plus  éclatant.  La  ra- 
hasse  naturelle,  par  excellence  ,  des  lapidaires  ,  est  une  pierre 
taillée  de  cette  sorte,  qu'on  rencontre  assez  rarement  dans  le 
commerce  ;  on  l'apporte  du  Brésil.  On  en  trouve  d'ana- 
logues, moins  parfaites  ,  dans  les  mines  de  fer  de  Nassau- 
Ussing.  Ses  paillettes  sont  de  petits  cristaux  très- aplatis  de 
fer  oligiste  micacé,  de  la  variété  appelée  pyrrhosydérite  par 
Ullmann ,  et  de  laquelle  la  craitonite  lamellaire  semble  se 
rapprocher. 

17.  Q.  H.  avec  fer  hydraté.  Limpide  ou  demi-transparent, 
incolore  ,  blanc  ou  violet ,  contenant  du  fer  hydraté. 

a.  Transparent  ou  limpide  ,  blanc-violet ,  contenant  des 
cristaux  aciculaires  ,  entrecroisés  ou  fascicules  de  fer  hydraté 
cristallisé  brut,  des  environs  de  Bristol,  et  dans  les  cristaux 
des  géodes  de  Petrozabotski,  dans  le  gouvernement  d'Olo- 
netz,  en  Russie.  Dans  un  échantillon  de  celte  variété  ,  qui 
est  dans  le  cabinet  de  M.  de  Drée,  le  fer  hydraté  est  en  long 
prisme  carré  ,  terminé  par  une  pyramide  à  quatre  faces  trian- 
gulaires ;  on  pourroit  le  confondre  avec  Tétain.  Les  pans  du 
prisme  sont  striés  longitudinalement.  Des  cristaux  de  même 
nature,extrêmement  petits  et  cylindroïdes, tapissent  les  parois 
des  géodes  de  Petrozabotski. 

b.  Q,  limpide  incolore  ou  violet  ,  renfermant  de  petits 
pinceaux  épars  de  fer  hydraté  capillaire,  d'un  brun  doré; 
ce  joli  quarz  est  nommé  vulgaircuictit  ,  à  cause  de  cette 
dÀsçosiiion:  pinceaux  d  Amour.,  pimeaux  de  Vénus,  flèche  d  A~ 
mour.  On  le  trouve  dans  les  mêmes  contrées  que  la  variété 


448  Q  U  A 

précédeme,  et  h  Oberslein,  à  Frammont  dans  les  Vosges, 
en  Hongrie,  en  Bohème  ,  etc. 

c.  Q.  H.  limpide  ou  demi-transparent  avec  ferhydralé  pul- 
vérulent d'un  brun  clair.  Se  trouve  à  Oberstein. 

i8.  Q.  H.  aoec  titane  oxydé.  Limpide,  contenant  des  cristaux 
aciculaires  de  titane  oxydé. 

a.  Q.  en  cristaux  prismatiques  traversés  ,  et  renfermant  du 
titane  oxydé  ,  semblables  à  des  poils  mi-partie  jaunâtres  et 
bruns.  Se  trouve  à  Chamouni  ,  où  il  est  connu  sous  le  nom 
de  poils  de  marmotte.,  à  cause  de  la  ressemblance  de  ce  titane 
avec  les  poils  de  la  marmotte. 

b.  Q.  limpide  avec  du  titane  oxydé  en  longs  filamens  capil- 
laires semblables  à  des  cheveux  blonds,  .vulgairement  cJiei^euju 
de  frémis;  commun  dans  les  cabinets.  Il  provient  de  Madagas- 
car, du  Brésil ,  etc. 

c.  Q.  limpide  avec  titane  oxydé  rouge,  réticulé  ,  vulgaire- 
ment réseau  ourlet  d'amour.  Au  Saint-Gothard. 

d.  Q.  limpide  ou  transparent  ,  avec  cristaux  prismatiques 
allongés,  diversement  dirigés,  de  titane  oxydé  rouge  brillant  ; 
commun.  Madagascar,  Brésil,  Espagne,  Saint-Gothard, 
Hongrie  ,  Ekathérinbourg  en  Sibérie  ,   Ecosse  ,    etc. 

e.  Q.  limpide  renfermant  de  nombreux  cristaux  de  titane 
oxydé,  d'un  gris  d'acier,  semblable  à  celui  de  Fantimoine 
sulfuré.  Ces  cristaux  ont  souvent  leurs  pointes  colorées  en 
rouge  ;  ils  sont  extrêmement  remarquables  par  leur  régu- 
larité. Quoique  aussi  fins  que  des  aiguilles,  ils  ont  tous  leur 
sommet.  En  parlant  de  pareils  morceaux  de  quarz,  M,  de 
Bournon  a  dit  avec  raison  qu'avec  un  peu  de  soin  on  pour- 
roit  parvenir  à  faire,  avec  ces  morceaux  de  quarz,  en  quel- 
que sorte,  l'étude  des  formes  cristallines  du  titane  oxydé,  qu'il 
est  si  difficile  de  rencontrer  en  cristaux  un  peu  grands  et  ayant 
leur  sommet.  Dans  les  nombreux  et  magnifiques  échantillons 
que  j'ai  eu  occasion  de  voir  de  cette  variété,  j'ai  remarqué  que 
les  aiguilles  de  titane  partoient  presque  toutes  de  la  base  du 
cristal,  ce  qui  peut  faire  croire  qu'ils  se  sont  formés  avant 
que  la  matière  quarzeuse  ne  fût  venue  les  envelopper. 

iQ.  Q.  H.  avec  manganèse  oxydé,  Ontrouveen  Dauphiné  un 
quarz  renfermant  du  manganèse  oxydé  en  aiguilles  bril- 
lantes. Cet  oxyde  forme  aussi  des  dendrites  ,  tantôt  bru- 
nes ,  tantôt  argentines.  On  apporte  du  Brésil  du  quarz  lim- 
pide ,  incolore  ou  jaune  ,  ainsi  arborisé.  Lorsque  les  arbo- 
risations sont  bien  développées  sur  le  fond  limpide  de  la 
pierre ,  elles  font  un  assez  bel  effet;  on  a  long-temps  pris  pour 
de  l'argent ,  celles  qui  ont  l'éclat  argentin. 

20.  Q.  H,  arborisé j  vulgairement  quarz.  arborisé.  Le  quarz 


Q  U  A  44^ 

arborisé  présente  aussi  des  dendrites  de  nature  différente  de 
celles  du  manganèse  oxydé  argentin.  On  peut  ciier  les  deux 
variétés  suivantes  : 

a:  Quarz  blanc  de  lait  opaque  en  masse,  contenant  dans 
son  intérieur  une  multitude  de  grandes  et  belles  dendrites  de 
fer  oxydé  noir  manganésifère  de  Dulcharsfkoi  ,  près  de 
Nertfshinsk  en  Daourie;  on  en  voit  des  plaques  qui  ont  plu- 
sieurs pouces  de  dimensions,  dans  les  collections  des  curieux. 
Ce  quarz ,  regardé  comme  un  hornslein  infusible  (  Silex 
corné  Brongn.)  par  quelques  minéralogistes,  nous  paroît  de- 
voir être  rapporté  au  quarz  compacte.  (  V.  §  6.) 

b.  Quarz  translucide  ,  et  d'un  blanc  un  peu  gris  ,  avec 
de  nombreuses  dendrites  blanches  de  calcédoine  opaque. 

Ce  sont  là  à  peu  près  toutes  les  variétés  de  quarz  acci- 
dentés qu'on  a  occasion  de  voir  habituellement.  L'on  en 
trouve  d'autres  dans  la  nature,  qui,  ne  se  présentant  pas 
avec  les  mêmes  agrémens ,  n'ont  pas  été  jugés  dignes  d'ê- 
tre recueillis. /rels  sont  les  quarz  avec  grenat,  topaze, 
feldspath,  bitume  (Oisans  en  Dauphiné),  chaux  fluatée  ,  anti- 
moine ,  étain  oxydé,  or,  arsenic  sulfuré,  fer  sulfuré  ou 
pyrite,  cuivre  carbonate  vert  ou  bleu,  etc.  (  F.  Rome  de 
l'Isle  ,  Cristall.  ,  vol.   2  ,  p.  106.  ) 

Le  quarz  forme,  par  sa  cristallisation  confuse  ,  ou  parson 
agrégation  avec  d'autres  pierres  ou  des  roches  ,  des  variétés 
innombrables.  Tels  sont  le  granile  graphique,  les  brèches 
quarzeuses  et  agatines ,  et  la  pierre  d'alliance,  etc. 

§  V.     Quarz  hyalin  félide. 

Q.  i\.  félide,  Haiiy ,  (quaiiz  fétide.  AUuaud,  Bigot  de  Moro- 
gues;  Stinkqiiarz,  Steffens). 

Il  est  caractérisé  par  sa  singulière  propriété  de  répandre 
une  odeur  fétide  d'ail  ou  d'hydrogène,  lorsqu'on  le  frotte  vio- 
lemment ou  qu'on  le  frappe  avfc  le  marteau.  Au  chalumeau, 
il  devient  laiteux  et  perd  cette  odeur  ;  elle  se  dissipe  aussi 
lorsqu'on  conserve  ce  quarz  dans  des  lieux  secs.  Il  n'est  ja- 
mais cristallisé  ,  mais  en  masses  laminaires  ,  cellulaires  ou 
granulaires.  Il  est  blanc-grisâtre  ou  brunâtre.  Son  aspect  est 
un  peu  luisant.  Sa  pesanteur  spécifique  est  de  2,639. 

La  variété  laminaire  a  été  découverte  la  première  par 
M.  Alluaud.  Ce  naturaliste  l'a  trouvée  avec  l'émcraude  ,  sur 
la  pente  septentrionale  de  la  colline  qui  domine  le  petit 
ruisseau  de  Barat ,  près  Chanteloube  ,  département  de  la 
Corrèze.  Il  est  encaissé  dans  le  gneiss  ,  entre  deux  couches  , 
l'une  de  feldspath  laminaire  rose  ,  et  l'autre  de  mica  foliacé. 

MM.  Dubuisspn  et  Bigot  de  Morogues  l'ont  découvert 
ensuite  dans  la  carrière  de  granité  de  la  Salle-Yerte,  près 


^5o  Q  U  A 

Nantes.  Il  est  blanc  grisâtre,  et  en  lils  distincis  dans  ic  gneiss,' 
ou  comme  partie  constituante  du  granité.  Il  est  quelque- 
fois, mais  rarement  ,  accompagné  de  fer  arsenical  amorphe. 

Un  quarz  analogue  a  été  observé  à  Marmagne,près  d'Autun, 
par  M.  Brard  :  il  contenoit  des  émcraudes  comme  celui  de 
Chanteloube. 

M.  Lelièvre  a  rapporté  de  l'île  d'Elbe  une  variété  en 
masse  concrétionnée  et  cellulaire. 

J'ai  observé  le  quarz  fétide  granulaire  en  noyaux  assez 
volumineux  dans  la  dolomie  du  Saint  -  Gothard.  L'odeur 
qu'exhale  ce  quarz,  lorsqu'on  le  casse  ou  qu'on  le  frotte 
violemment  avec  un  corps  dur ,  est  due  sans  doute  à  la  dé- 
composition de  son  eau  de  cristallisation. 

On  trouve  un  quarz  gras  compacte,  schisteux  et  fétide,  qui 
forme  un  filon  dans  un  granité  fissile  a  Querqueville,  à  une 
demi-lieue  de  Cherbourg. 

§  VI.  Quarz  compacte  ,  Brochant. 

Il  est  compacte  ,  tantôt  tout- à- fait  en  masie  et  sans  mé- 
lange, tantôt  schisteux,  et  alors  mélangé  de  mica  ou  de  talc, 
quelquefois  veiné  à  feuillets  contournés.  Lorsqu'il  est  en 
masse  ,  il  se  divise  naturellement  en  rhomboïdes  aigus. 

Ce  quarz ,  dit  M.  Brochant ,  ressemble  tout-à-fait  à  un 
grès  quarzeux,  à  grains  fins.  Saussure  l'avoit  pris  pour  un 
grès.  Il  est  absolument  mat  et  opaque  ,  et  n'a  pas  la  cas- 
sure conchoïde  du  quarz.  Considéré  minéralogiquement ,  il 
diffère  tout-à-fait  du  quarz-hyalin-amorphe  de  M  Haiiy ,  et 
du  quarz  commun  en  masse  de  M.  Werner;  il  est  au  quarz 
hyalin  en  masse,  ce  que  la  chaux  carbonatée  compacte  est  à 
la  chaux  carbonatée  lamelleuse  en  masse. 

Ce  quarz  est  très-fréquent  dans  les  Alpes  de  la  Savoie  ; 
et  d'après  les  observations  de  M.  Brochant  ,  il  appartient 
aux  terrains  de  transition  le%  plus  anciens.  Saussure  avoit 
déjà  fait  pressentir  qu'on  ne  devoit  point  le  rapporter  aux 
terrains  primitifs.  Le  quarz  compacte  sans  mélange,  ou  mi- 
cacé ,  forme  des  masses  énormes  très-bien  stratifiées,  sou- 
vent même  schisteuses  ,  mais  sans  aucune  alternalion  d'au- 
tres roches  ,  auprès  de  Pesey  ,  au  col  de  Lavanoise  ,  au 
Chapiu ,  et  ailleurs  dans  la  partie  de  la  Savoie  qu'on 
nomme  la  Tarantaise.  Il  avoisine  le  calcaire  qui  constitue 
toutes  les  montagnes  environnantes.  Sur  la  montagne  de  Pe- 
sey,  on  l'observe  à  deux  hauteurs  différentes  en  couches 
verticales,  et  entre  ces  deux  gisemens ,  on  trouve  le  cal- 
caire. A  Tines  ,  auprès  de  Sainlc-Foix  ,  aux  environs  du 
Bonhomme,  au  Petit  Saint- Bernard ,  et  d'autres  en- 
droits des  Alpes  de  la  Savoie,  on  voit  des  couches  de  quarz 
semblables  ,    encaissées  immédiatement  dans  les  couches 


Q  U  A  l'rt 

calcaires.  Au  col  de  la  Seigne,  ce  quarz  alterne  avec  les  ar- 
doises qui  elles-mêmes  alternent  à  peu  de  distance  de  là  avec 
des  calcaires.  Enfin,  il  y  a  une  variété  de  ce  quarz  qui  est  mé- 
langée de  calcaire,  et  qe;  fait  effervescence  avec  l'acide  ni- 
trique; c'est  ce  quarz  mélangé  que  Saussure  avoitpris  pour  un 
grès.  Il  forme  ,  à  Valorsine  ,  des  couches  qui  alternent  avec 
des  couches  calcaires  et  d'ardoise  inclinées  sur  les  poud- 
dingues  à  fragmens  primitifs  de  cet  endroit ,  si  célèbres  par 
leur  disposition  en  couches  presque  verticales. 

Le  quarz  compacte  est  souvent  tellement  micacé  ,  qu'il 
devient  peu  apparent  dans  la  roche  ;  c'est  alors  un  vrai 
schiste  micacé.  Des  couches  de  ces  schistes  micacés  à  feuillets 
brillans  alternent  avec  les  couches  calcaires,  auprès  de  Mous- 
tiers  ,  aux  environs  du  Bonhomme  et  du  Petit  Saint-Ber- 
nard. Ils  contiennent  quelquefois  du  feldspath,  tandis  que 
le  quarz  compacte  veiné  à  feuillets  contournés  ne  renferme 
point  de  feldspath,  quoiqu'il  se  trouve  associé  dans  des 
blocs  isolés ,  avec  des  schistes  micacés  analogues.  U 
forme  aussi  des  couches  à  lui  seul ,  etc.  (  F.  Brochant , 
Journ.  Min.  ,  vol.  23  ,  p.  32i  ,  Observations  géologiques  sur  des 
terrains  de  transition  gui  se  rencontrent  dans  la  Taraniaise  ,  etc.  ) 

§  VIL    Quarz   hyalin  concréiionné. 

(  Q.  hyalin  concrêtionné  ,  et  quarz  agathe  concrétionné  ther- 
mogène, Haiiy,  Lucas  ;  Q.  hyalin  concrétionné ,  Brong.  ). 

Les  minéralogistes  français  comprennent  sous  ces  nomâ 
diverses  variétés  de  pierres  concrétionnées ,  de  nature  sili- 
fceuse  ,  qui  ont  la  cassure  vitreuse  du  quarz  et  l'apparence 
de  la  calcédoine  ou  de  l'opale.  Ces  variétés  se  réduisent  na- 
turellement à  deux  principales,  dont  une,  la  féconde,  pour- 
roit  être  considérée  comme  une   modification  de    l'opale. 

I.  Q.  li,  C.  thermogène  ou  volcanique.  Son  caractère  essen- 
tiel consiste  en  ce  qu'à   l'analyse  il  n'a  point    offert   d'eau, 

a.  Q.  H.  C.  grenu  ou  geysÉRITE  (q.  agathe  concrétionné  ther- 
mog-èrtc,  Haiiy;  Geysérite  ,  Laméth.  ;  Kieselsinter  ,  Klaproth, 
Wern.  ;  Gemeiner  kieselsinler  et  gemeiner  kieselschiefer ,  Karst.  ; 
Kieseltuff ,  ^lohs  ;  Tufftripel  .^  Oken  ;  Common  siliceous  sinter  ^ 
James.  ;  Silice  natii,>e  ,  tuf  siliceux  ,  gulir  siliceux  ,  etc.  ") 

11  est  d'un  blanc  opaque  ,  mais  translucide  sur  les  bords, 
et  d'un  blanc  grisâtre  ou  rougeâtre ,  avec  des  taches  et  des 
stries  rouges,  grises  et  jaunâtres.  Il  est  très-léger,  finement 
poreux,  en  croûte  schisteuse,  ou  massif,  ou  en  concré- 
tions et  en  stalactites  coralloïdes ,  botryoïdes  et  mame- 
lonnées. Sa  cassure  est  presque  toujours  grenue,  inégale,  ou 
même  imparfaitement  conchoïde.  Il  se  casse  aussi  dans  le 
sens  de  ses  feuillets  et  de  ses  fibres.  Son  grain  est  très-fin  , 
yilreux ,  luisant  et  même  J?erié.  La  surface  de  ses  concrér 


452  Q  U  A 

lions  est  quelquefois  enduite  d'un  vernis  vitreux  blanc; 
transparent.  Sa  pesanteur  spécifique  est  de  1,807  C^^^P'"-)» 
ou  de  1,816  (Karst.  );  il  contient,  selon  Klaproth:  silice,  98; 
alumine,  i,5o;  ter,  o,5o5  ;  c'est  donc  de  la  silice  presque 
pure  et  sans  eau. 

L'on  en  connoît  une  variété  beaucoup  plus  vitreuse,  et  qui 
a  l'aspect  de  Topale  incolore.  Quelques  minéralogistes 
l'ont  décrite  séparément  (^  opalarliger  kieselsinter ,  Webers.  , 
Hausm.  ,  Steffens;  opaline  silceous  sinler ,  James.  ).  Elle  est 
rapportée  ,  par  M.  Haiiy,  à  son  quarz  liyalin  concrétionné, 
qui  comprend  aussi  le  quarz  hyalin  concrélionné  perlé  ci- 
après  ,  et  le  quarz  hyalin  concrétionné  vitreux. 

Le  quarz  thermogène  grenu  se  rencontre  abondamment, 
en  Islande  ,  au  fond ,  autour  et  sur  les  bords  des  sources 
d'eau  chaude  et  jaillissantes,  du  Strock,  du  (ieyser  et  de 
Keikum  ,en  face  de  la  montagne  de  Longafell.  La  source  du 
Geyser  est  la  plus  célèbre;  elle  jaillit  jusqu'à  60  et  70  toises 
«le  hauteur.  Ce  quarz  est  déposé  par  les  eaux  de  ces  sources, 
qui  paroissent  contenir  la  silice  en  dissolution  ,  à  l'aide  d'un 
alkali  et  de  leur  haute  température.  Klaprolh  a  reconnu  que 
l'eau  de  la  source  de  Keikum  contient,  sur  cent  pouces 
cubes,  neuf  grains  de  silice  ,  trois  de  carbonate  de  soude  , 
huit  de  muriate  de  soude ,  et  cinq  de  sulfate  de  soude. 

M.  Zellner  a  publié  deux  analyses  d'une  substance  qu'on 
rapporte  au  kleselsinter  ,  c'est-à-dire  au  quarz  que  nous  dé- 
crivons ,  mais  qui ,  d'après  ces  analyses  mêmes ,  appartien- 
droit  plutôt  an  poliersrJiiefer  ^  quoiqu  elle  n'en  ait  pas  l'aspect. 

Voici  ces  analyses:  la  première  est  celle  d'une  variété 
blanche,  et  la  seconde  ,  celle  d'une  variété  jaune  : 

Silice     .     .     .     q3,25  .     .     .       92, 

Alumine     .     .       2  ...         2. 

Fer  ....        1,25    .     .     .         2,5o. 

Chaux    .     .     .      trace    .     .     .         o,25. 

Eau  ....  3  ...  3. 
On  ne  peut  pas  non  plus  rapporter  ce  kiesehinter  au 
quarz  hyalin  c.  vitreux  ou  hyalite  ,  puisque  ce  dernier  ne 
contient  point  de  chaux,  et  qu'il  offre  une  dose  plus  forte 
de  silice.  Ses  analyses  sont  plus  en  rapport  avec  celles  du 
poUerschiefer.  (  V.  ce  mot.  )  Ce  kieselsinler  seroit  seulement 
plus  siliceux ,  et  renfermeroit  un  peu  moins  d'eau. 

b.  Q.  H.  c.  perlé  ^  ou  FlORITE  (  Quarz  hyalin  concrétionné  j 
Haiiy  ;  Fiorite  ,  Thomps.  ;  Ainialile  ,  Santi  ;  Perlslnier  , 
Mohs.  ,  Steffens,  tttc.  ;  Fearlsinter  or  Fiorite,  James.).  On 
recounoît  aisément  ce  quarz  à  son  éclat  nacré  ou  perlé  et 
brillant.  Il  se  présente  en  petites  incrustations  ou  concré- 


Q  U  A  45S 

tîons ,  d'un  blanc  de  lait  ou  d'un  blanc  jaunâtre  ou  grisâtre  ; 
il  est  coralloïde  en  stalactites  feuilletées  ou  mame- 
lonnées; il  incruste  les  corps  sur  lesquels  on  le  trouve,  et 
ces  incrustations  en  suivent  les  ondulations  ;  il  est  trans- 
lucide sur  les  bords,  quelquefois  demi-transparent,  fragile, 
et  moins  dur  que  le  quarz  hyalin  -,  il  est  très-léger  ,  et  sa  pe- 
santeur spécifique  est  de  1,917.  La  fiorite  ou  la  variété  qu'on 
trouve  à  Santa-Fiora  ,  en  Toscane,  est  composée  ,  d'après 
Santi ,  de  :  silice  ,  94  ;  alumine  ,  2  ;  chaux. ,  4.-  C'est  dans 
les  terrains  volcaniques  qu'on  trouve  ce  quarz  ;  il  s'y  ren- 
contre fréquemment  sur  les  parois  des  fissures  et  des  cavités 
par  où  sortent  des  eaux  chaudes  réduites  en  vapeurs.  On 
trouve  néanmoins  de  ces  concrétions  quarzeuses  dans  les 
lieux  volcanisés  ,  où  il  n'existe  pas  de  semblables  vapeurs. 

Thompson  a  fixé,  le  premier,  l'attention  des  minéralo- 
gistes sur  ces  concrétions, qu'il  a  observées  dans  l'île  d'Ischia, 
sur  les  parois  d'où  jaillissent  les  sources  d'eau  chaude  ,  et  à 
la  solfatare  de  Pouzzol  ,  autour  des  soupiraux  qui  exhalent 
des  vapeurs  aqueuses,  et  qu'on  nomme  fumaroll ,  etc.  ;  il  y  a 
observé  des  incrustations  de  trois  lignes  d'épaisseur.  Les 
laves  de  l'ancien  cratère  des  Astroni,  situé  tout  près  de  la 
solfatare  ,  offrent  également  ce  quarz. 

C'est  surtout  dans  les  environs  du  Monte  -  Amiata  ,  près 
Sante-Fiora,  qu'on  trouve,  en  abondance,  des  concrétions 
quarzeuses  de  cette  espèce.  Elles  sont  en  petits  morceaux,  oU' 
en  petites  masses, et  même  de  la  grosseur  du  poing,  cellulaires 
ou  mamelonnées,  ou  en  petites  stalactites,  formées  de  feuil- 
lets qui  se  recouvrent,  et  quelquefois  creuses  dans  le  centre. 
Santi  a  faitconnoître  le  gisement  de  celles  qu'il  a  observées  à 
Arcidosso  et  à  Casteldel  Piano.  Elles  se  trouvent  au-dessous  , 
d'un  lit  de  terre  jaunâtre,  siliceuse,  ou  sous  la  lave,  qu'il 
nomme  peperino  ,  et  qui  est  une  lave  porphyritique  vitri- 
fiée ,  très-riche  en  feldspath  ,  contenant  du  mica  ,  et  quel- 
quefois du  quarz  hyalin  rosâtre.  Les  lagoni  dcl  Sasso  et  les 
monts  Euganéens  présentent  également  des  concrétions 
quarzeuses  ,  d'après  Thompson.  Ce  médecin  anglais  suppo- 
soit  que  ces  concrétions,  ainsi  que  le  tuf  siliceux  d'Islande, 
décrit  ci-dessus ,  avoient  été  tenues  en  dissolution  dans  les 
eaux  thermales ,  à  l'aide  du  carbonate  de  soude  qu'elles 
contiennent  toujours. 

En  France  ,  on  a  trouvé,  dans  divers  endroits  du  Vêlai, 
et  de  l'Auvergne,  des  scories  enduites  de  croules  quarzeuses 
perlées  ,  analogues  aux  précédentes.  Il  en  a  été  observé  sur 
ïts  scories  de  Graveneire  ,  près  le  Puy-de-Dôme,  etc. 

H.  Q.  H.  c.  vitreux  ou  hyalite  (  Q.  H.  concrélionnê ^  Haiiy.  ; 
hyalite,  Wern.,  Steffens;  hyalite,  Kirw.,  James.).  11  ressemble 
à  une  gelée  solidCjOU  bien  à  un  verre  grisâtre  ,  demi-transpa- 


/54  0  U  A 

ïcnt.  ou  même  transparent ,  à  sorface  luiâflnle  el  unie  j 
antremcnt  on  le  pourroif  considérer  comme  de  la  calcé- 
doine. Il  est  mamclonué  ,  disposé  en  stalactites  ,  et  en 
forme  de  croûtes  ;  il  se  brise  aisément  ;  sa  cassure  est  vi- 
treuse ,  conchoïde  ,  éclatante  ,  ou  luisante  ,  ou  résineuse.  Il 
n'est  point  poreux  ,  mais  d'un  tissu  homogène  ;  sa  pesanteur 
spécifique  ,  pins  considérable  que  celle  des  autres  variétés 
de  quarz  concrétionné  mentionnées  plus  haut,  est  de  2,4.76, 
selonKirwan.  Cependant elleest également  indiquéede  2,1^0 
(Kopp.).  Bucholz  a  trouvé  que  Ihyalite  étoit  composée  de  : 
silice  ,  92,00  ;  eau  ,  6,33  ;  une  trace  d'alumine  ;  la  perte 
étoit  de  1,66.  On  peut  conclure  de  cette  analyse  ,  que  l'hya- 
iite  est  de  la  silice  hydratée,  et  même  une  variété  de  Topale. 
En  effet,  cette  dernière  pierre  est  composée  de  tjO  de  siJice, 
et  10  d'eau  sur  cent;c'est  ce  que  confirment  encore  les  divers 
gisemcnsde  Thyalite. 

Cette  pierre  a  d'abord  été  trouvée  dans  une  roche  de 
couleur  grisâtre  ,  amygdaloïde  ,  cellulaire  ,  à  Schwartz- 
Slcinkant ,  près  de  Rockenheim  ,  non  loin  de  Hanau  ,  à  une 
lieue  et  demie  de  Francfort  sur  le  Mcin.  Elle  est  en  petites 
croûtes  stalactiformes  ,  grises  ou  incolores  ,  à  la  surface  et 
dans  les  cavités  de  la  roche.  On  lui  a  donné  les  noms  de  lava- 
glass  et  de  mullerglass,  à  cause  que  l'on  considère  la  roche  qui 
la  contient,  comme  une  lave  basaltique.  Ce  n'est  que  depuis 
deux  ans  qu'on  a  trouvé  dans  cette  même  lave  l'opale  avec 
tous  ses  feux. 

L'hyalile  de  Schemnilz  ,  en  Hongrie,  accompagne  l'hy- 
drophniie  ;  elle  est  en  incru^ations  limpides  ,  mamelonnées 
çt  perlées  ,  sur  un  porphyre  argileux  gris  ,  analogue  à  celui 
de  Czsrchwenilza,  près  Kaschau,  dans  la  Haute-Hongrie,  la- 
quelle renferme  l'opale,  et  en  outre  Thyalite  en  petites  masses 
el  en  veines  limpides  ,  grises  ou  laiteuses.  C'est  encore  avec 
riiydrophane  et  l'opale  ou  le  silex  résinile  ,  que  Ihyalite  se 
trouve  en  Silésie.  M.  Humboldt  l'indique  à  Zimapan  ,  au 
Mexique  ,  sur  des  filons  d'opale  qui  traversent  un  porphyre. 

L'hyalite  n'est  jamais  associée  avec  la  fiorite  ni  avec  la 
geysérite  ;  c'est  un  caractère  de  plus  qui  la  distingue  de  ces 
quarz  hyalins  concrétlonriés. 

L'hyalite  laiteuse  s'emploie  en  bijouterie.  Lorsqu'elle 
est  taillée  ,  elle  a  un  reflet  encore  très-agréable.  La  taille 
convenable  est  celle  du  cabochon.  On  en  fait  des  pcndans 
d'oreilles,  etc.  Dans  le  commerce  ,on  lui  donne  le  nom  de  gira- 
sol  el  d'opale  laiteuse;  mais  l'hyalite  est  pLus  dure  que  l'opale. 

Gisement  du  Quarz. 

Le  quarz  est  du  petit  nombre  de  ces  substances  minérales 
Irèf-répanducs  et  qui  entrent  essentiellement  dans  la  com- 


Q  U  A  455 

position  àvL  globe.  On  le  trouve  partout  et  dans  toutes  les 
formations;  et  bien  qu'il  ne  constitue  point  de  montagnes  à 
lui  seul,  on  peut  dire  néanmoins -que  c'est,  après  la  chauK 
carbonatée  ,  la  substance  la  plus  commune.  Il  se  présente  , 
du  reste,  sous  tous  les  aspects;  mais  il  adopte,  dans  les  divers 
terrains  primitifs,  secondaires,  etc.,  des  manières  d'être  parti- 
culières. Ainsi,  dans  les  terrains  primitifs,  il  entre  dans  la  com- 
position d'un  très-grand  nombre  de  roches,  et  notamment 
des  granités.  Dans  les  granités,  il  est  en  grains  irréguliers  ou 
en  petits  cristaux,  et  toujours  associé  au  feldspath  ou  au  mica. 
hes  roches  granitiques  micacées ,  c'est-à-dire  ,  les  schistes 
micacés,  les  gneiss, etc.,  sont  essentiellement  quarzeuses,  et 
souvent  même  le  quarz  forme  une  grande  partie  de  leur  masse 
Le  granité  à  gros  grains  ,  celui  que  l'on  regarde  comme  le 
plus  anciende  tous, esttoujours  composé  de  quarz, de  feldspath 
et  de  mica.  Le  quarz  forme  aussi ,  dans  les  terrains  primitifs  , 
des  filons  et  des  couches  puissantes, tantôt  obliques, tantôt  ver- 
ticales. C'est  dans  les  crevasses  et  les  fentes  qu'on  rencontre 
dans  les  filons  quarzeux  qui  traversent  les  roches  primitives 
les  plus  anciennes,  que  l'on  trouve  les  cristallisations^  quar- 
zeuses et  le  quarz  le  plus  limpide  et  le  plus  pur,  le  vrai  type, 
en  un  mot ,  de  l'espèce.  C'est  dans  les  filons  de  quarz  des 
roches  primitives  ,  qu'on  peut  regarder  comme  les  plus  ré- 
centes, et  dans  les  filons  de  quarz  des  terrains  de  transition, 
que  gisent  la  plupart  des  minerais;  et  Vi^allérius  fait  l'obser- 
vation qu'en  général ,  lorsqu'on  rencontre  un  filon  de  quarz, 
on  doit  s'attendre  à  trouver  des  mines.  Le  quarz  en  couche 
ji-i  en  grandes  masses  schisteuses  ,  micacées  ,   etc. ,  paroît 
appartenir  plus  particulièrement  aux  couches  primitives  les 
plus  récentes, et  même  aux  terrains  de  transition  les  plus  an- 
ciens, comme  nous  l'avons  exposé  §  Yl,  à  propos  du  quarz 
compacte.  Dolomieu  considéroit  les  couches  quarzeuses  pri- 
mitives comme  des  filons  immenses,  souvent  mis  à  nu  par  la 
destruction  des  roches  dans  lesquelles  ils  étoient  encaissés. Les 
porphyres  primitifs  et  ceux  des  terrains  de  transition,  ainsi 
que  les  roches  amygdaloïdes  ,  présentent  aussi,  quel  que  soit 
d'ailleurs  leur  gisement ,  du  quarz  en  grains  ou  en  cristaux 
épars  dans  leur  pâte.  Le  quarz  forme  ,    dans  les  terrains  de 
t^ransilion ,    des  filons  puissans  et  métallifères.   Il  se  trouve 
aussi  disséminé  en  petits  cristaux,  ou  en  grains,  dans  des  cou- 
ches de  substances  gypseuses  ,  calcaires,  etc.;  et  nous  avons 
eu  occasion  d'en  citer  des  exemples,  en  énumérant  ses  va- 
riétés. Il  forme  encore,  à  l'état  pulvérulent  ou  de  fragmens-ou 
en  mélange  avec  d'autres  débris,  les  sables  et  quelques-unes. 
des  couches  qui  se  rencontrent  dans  ces  terrains. 
Dans  les  terrains  secondaires,  le  quarz  hyalin  est  princlr 


456  Q  U  A 

paiement  à  l'état  de  sable  agglutiné  ou  bien  mobile  :  dans  le 
premier  cas',  il  est  appelé  grès.  Les  grès  ,  souvent  très-purs, 
forment  des  bancs  quelquefois  très-épais  et  fort  étendus,  qui 
sont  intercalés  entre  les  bancs  calcaires  argileux  ou  gyp»seux  ; 
et  quelquefois  même  le  quarz  pulvérulent  est  mélangé  avec  le 
calcaire  ,  l'argile  ,  etc.  ,  ou  se  présente  dans  leurs  bancs  en 
veines  très-pures.  Le  quarz  roulé  en  cailloux  plus  ou  moins 
gros  ,  les  sables  purs  ou  mélangés  ,  couvrent  presque  toutes 
Jes  plaines  qui  avoisinenl  les  grands  fleuves,  les  rivières  ,  les 
terrains  de  transport  et  d'alluvion;  ces  débris  s'accumulentet 
forment,  par  leur  agglutination,  des  pierres  sablonneuses,  des 
pouddingues  ,  etc.  Il  n'y  apas  de  sable ,  ou  de  pierres  sablon- 
neuses ou  de  grès,  quine  contiennent  du  quarz,  peu  importe 
la  nature  du  terrain  où  ils  se  rencontrent.  L'on  est  porté  à  re- 
garder les  grès  quarzeux  et  les  sables  deslerrains  secondaires, 
comme  produits  par  la  destruction  et  la  trituration  des  roches 
primilives;et  c'est  vraiment  là  leur  origine  dans  bien  des  cas, 
surtout  lorsqu'ils  sont  impurs  et  mélangés  avec  des  galets  ou 
cailloux  de  touteespèce;mais  lorsqu'ilssont  parfeitementpurs, 
et  qu'il  gisent  loin  de  tous  terrains  primitifs,  comme  le  grès 
des  environs  de  Paris,  doit-on  leur  attribuer  cette  origine? 
c'est  ce  qu'il  est  difficile  de  dire  :  et  doit-on  croire  qu'ils  aient 
été  produits  par  précipitation  dans  un  liquide  qui  les  auroit 
contenus.''  Le  quarz,  soit  pur,  soit  en  combinaison  chimique 
avec  d'autres  corps,  et  contenu  dans  un  liquide  duquel  il  se 
sépareroit  par  la  précipitation  ,  n'est  pas  rejeté  par  les  plus 
célèbres  géologues. 

Indépendamment  de  la  profusion  du  quarz  dans  les  roclirs 
primitives  ,  de  ses  bancs  ,  de  ses  couches  et  de  sa  présence 
en  cristaux  dans  des  couches  de  nature  différente,  on  trouve 
cette  pierre  en  petits  cristaux  dans  tous  les  fossiles  où  des  ma- 
tières siliceuses  se  rencontrent;  ainsi,  les  égales,  les  silex  , 
les  bois  siliceux,  offrent,  dans  leurs  fentes  et  dans  leurs  cavi- 
tés ou  géodes,  des  cristaux  de  quarz  :  il  est  vrai  que  les  silex 
et  les  agates  ne  sont  eux-mêmes  que  des  quarz  plus  ou  moins 
grossiers.  La  plupart  des  marbres  saccharoïdes  contiennent 
du  quarz  en  grains,  et  quelques  -uns  offrent  dans  leurs  fentes 
des  cristaux  limpides  de  quarz  (  à  Carrare  ). 

Enfin, les  concrétions  argilo-calcaires, dites /«r/u5, présentent 
aussi  des  cristaux  de  quarz  limpide  ;  tels  sont  les  ludus  de 
Meillan.  Il  est  infiniment  moins  commun  dans  les  laves  , 
en  comparaison  du  feldspath  et  dupyroxène,  et  sur-tout 
dans  celles  que  l'on  a  vu  couler,  ou  qui  portent  les  mar- 
ques certaines  d'avoir  coulé  ;  et  encore  ,  dans  ce  cas,  il  pa- 
roît  accidentel  et  s'être  laissé  envelopper  par  les  laves  ,  après 
leur  sortie  du  cratère.  Cependant,  si  Ton  admet  que  les  amyg- 
daloïdcs  du  Viccntifj,  celles  d'Oberstein  ,  de  l'eroë,   et  au- 


Q  U  A  4^7 

très  analogues,  sont  vraiment  des  laves  qui  ont  été  fondues  , 
on  ne  peut  pas  dire  que  le  quarz  soit  rare  dans  les  laves. 
L'on  convient  cependant ,  alors,  que  le  quarz  s'est  formé 
après  coup ,  par  une  suite  de  l'altération  de  la  pâte  de  ces 
roches  ,  et  par  une  sorte  de  transsudation  de  la  matière  sili- 
ceuse, qui  est  venue  se  cristalliser  dans  leurs  cavités. 

Ce  mode  de  formation  peut  convenir  à  ces  laves  amygda- 
loïdes  ;  mais  il  n'est  pas  applicable  à  certains  porphyres 
pleins  de  cristaux  de  quarz,  que  l'on  rapporte,  soit  aux  roches 
de  transition,  soit  aux  laves  ,  selon  que  l'on  est  dominé  par 
l'esprit  neplunien  ou  par  l'esprit  vUlcanien.  V.  les  articles 
Roche  et  Terrain. 

Usages  du  quarz.    ' 

Ils  sont  très-bornés,  relativemenlà  la  prodigieuse  quantité 
avec  laquelle  cette  substance  est  répandue  partout.  Le  plus 
important  de  ces  usages  est  sans  doute  celui  offert  par  le 
quarz  limpide  ou  le  sable  quarzeux  pur;  car  ils  entrent  dans  la 
fabrication  de  nos  glaces  ,  de  nos  verres  ,  de  nos  plus  beaux 
cristaux  ,  et  même  du  smalt  et  de  la  porcelaine.  Cet  usage 
a  même  valu  au  quarz  le  nom  de  terre  vitrlfiahle.  Le  quarz 
limpide  et  incolore  ou  blanc,  est,  de  toutes  les  variétés,  celui 
qu'on  exploite  particulièrement.  On  le  taille  et  on  le  scie 
sous  diverses  formes,  pour  composer  les  garnitures  de  lus- 
tres et  des  objets  d'ornement.  Ces  objets  sont  ordinairement 
le  produit  de  Tindustrie  des  habilans  des  montagnes  où  se 
trouve  le  cristal  de  roche. 

Le  cristal  de  roche  étoit  beaucoup  plus  apprécié  avant 
le  i6.^  siècle  ;  jusque-là ,  les  procédés  pour  faire  ces  cris- 
taux artificiels,  si  éclatans ,  et  qui  remplacent  le  cristal  de 
roche  avec  autant  d'effet  que  d'harmonie  ,  n'éioient  pas  con- 
nus. C'est  aussi  jusqu'aux  époques  des  i5  ,  j6  et  17,^  siècles, 
qu'on  a  exécuté  les  plus  beaux  ouvrages  en  cristal  de  roche, 
des  vasques,  des  vases  ,  des  coffrets  ,  ornés  de  gravures  et  de 
dessins  remarq'uables  par  leur  exécution.  C'est  à  Milan  qu'on 
manufacturoit  surtout  le  cristal  de  roche;  maintenant,  ces  ob- 
jets précieux  ornent  les  cabinets  des  curieux,  et  Ton  ne  tra- 
vaille plus  autant  le  cristal  de  roche  en  ce  genre. 

C'est  du  Dauphiné  ,  de  la  Savoie  ,  des  montagnes  de  la 
Suisse  ,  de  la  Hongrie,  de  la  Bohème  et  d'Ecosse,  qu'on  tire 
le  cristal  de  roche. 

La  joaillerie  emploie  peu  les  quarz  colorés  ,  si  ce  n'est 
l'amélhyste  qui  est ,  de  toutes  les  variétés  du  quarz  ,  la  plus 
estimée  ,  et  celle  qui ,  par  sa  couleur  ,  (latte  les  yeux  le  plus 
agréablement.  On  estime  le  quarz  limpide  irisé  ,  les  variétés 
d'un  beau  jaune  doré,  verte,  ou  d'un  rose  laiteux.  On  en  fait 
èits  pe-ndans  d'oreilles  et  des  parures  qui  ont  un  certain  mérite. 


458  Q  II  A 

Quant  au  quarz  parfailement  limpide ,  ou  jaune ,  ou  enfumé ," 
on  en  fait  des  cachets.  Le  quarz  limpide  est  surtout  employé 
pour  faire  des  (laçons  à  odeur  et  des  pendeloques  de  lustre. 

En  Turquie  ,  on  en  fait  des  poignées  de  sabres  ,  etc.  ;  il 
paroît  qu'en  Chine  on  façonne  ,  avec  le  quarz  limpide  ,  des 
verres  à  lunettes.  L'abbé  Rochon  a  pro6té  de  sa  propriété  de 
doubler  les  images, pour  en  construire  des  lunettes  propres  à 
mesurer  les  plus  petites  distances  entre  des  objets  éloignés. 

Les  quarz  accidentés  et  aventurinés  ne  sont  que  des  objets 
de  curiosité.  On  fait ,  avec  le  quarz  limpide  ,  ce  que  l'on 
nomme  des  rubasses  ,  c'est-à  dire  ,  des  pierres  à  reHels  co- 
lorés. Pour  les  obtenir  ,  on  chauffe  au  rouge  du  cristal  de 
roche  très-pur,  et  on  l'éteint  à  plusieurs  reprises  dans  une 
teinture;  il  se  fendille,  et  ses  fentes  se  colorent  en  rouge,  si 
Ion  a  employé  de  la  teinture  de  cochenille;  en  noirâtre, en  rouge 
foncé,  avec  la  teinture  de  santal  rouge;  en  jaune  clairon  foncé, 
9vec  la  teinture  de  safran;  enbleu  de  saphir,  avec  les  teintures 
d'indigo  ou  de  tournesol  ;  en  bleu  violet ,  avec  le  suc  de  ner- 
prun; en  vert  d'émeraude,avecnn  mélange  de  teinture  de  tour- 
nesol et  de  safran  ,  etc.  ;  on  préfère  les  rubasses  rouges.  On 
colore  le  quarz  blanc  en  brun  ,  en  rexposantàla  chaleur  et  à 
la  fumée  de  bois. 

L'on  monte  le  quarz  sur  paillon  de  couleur  et  surdoublé, 
lorsqu'on  veut  imiter  des  pierres  fines  unicolores. 

Les  anciens  ont  parfaitement  connu  le  cristal  de  roche  et 
sa  manière  de  cristalliser  ,  sur  laquelle  Pline  s'exprime  avec 
admiration. Le  cristal  de  roche  étoit  regardé  par  eux  comme  de 
l'eau  fortement  congelée;c'est  pour  cela  qu'ils  lui  donnèrent  le 
nom  de  <;nstal,  d'un  mot  qui  signifie,  en  grec^  g/are  ou  bien  eau 
congelée.  Le  nom  de  cristal  s'est  depuis  généralisé,  et  a  été  ap- 
pliqué à  tous  les  minéraux  qui  se  présentent,  comme  le  cristal 
de  roche  ,  sous  des  formes  géométriques  régulières. 

Les  quarz  epfumé  ,  jaune  ,  vert ,  et  surtout  l'améthyste, 
^toient  en  usage  comme  pierres  précieuses.  L'améthyste  fut 
ainsi  appelé  ,  par  les  Grecs  ,  ameihystus  ,  c'est-à-dire  ,  remède 
contre  r ivresse  .,  parce  que  les  charlatans  débitoient  que  cette 
pierre  avoit  la  propriété  de  préserver  de  l'ivresse  ceux  qui 
la  portoient  en  amulette.  L'on  travailloit  également  le  quarz, 
et  on  en  faisoit  des  objets  d'ornement  et  de  luxe.  Les  deux 
coupes  précieuses,  brisées  par  l'empereur  Néron  ,  dans  le 
désespoir  qui  s'empara  de  lui  lorsqu'il  apprit  la  révolte  que 
sa  tyrannie  avoit  causée,  étoient  de  pur  cristal;  une  seule  de 
ces  coupes  étoit  estimée  plus  de  35o,ooo  francs,  (ln.) 

Quarz  agathe.  Toutes  les  variétés  du  silex  et  de  l'agate 
iç,ont  classées,  par  M.  Haiiy,  sous  ce  nom  collectif.  Voyez, 
§JtLE5i, 


Q  U  A  09 

QuARZ  AGATHE  CHATOYANT.  M.  Hauy  nomme  ainsi  l'œil 
de  chat.    V.  Quarz  hyalin  chatoyant,  p.  ^•^a. 

QuARZ  AGATHE  GROSSIER,  OU  si/âx  corné,  OU  hornstein  infu- 
sible. V.  à  l'article  Silex. 

Quarz  agathe  concrétionné  thermogène.  V.  QuARZ 
Hyalin  conorétionné,  p.  45 1. 

Quarz  agathe  opaque  ,  Haiiy.  V.  Jaspe. 

Quarz  agathe  molaire  on  pierre-meidière.  V.  Silex. 

Quarz  agathe  prase.  V.  Chrysoprase  et  Silex. 

Quarz  AGATHE  PYROMA<?UE.  C'est  la  pierre  à  fusil  corn-?, 
mune.  V.  Silex. 

Quarz  agathe  schistoïde.  V.  Jaspe  schisteux. 

Quarz  agathe  vert  obscur,  V.  Silex. 

Quarz  fragile  résinite  ,  résinoïde  et  subrésinoïde. 
Dénominationsdiverses  appliquées  au  Silex  résinoïde. 

Quarz  hyalin  saphirin.  On  a  donné  ce  nom  au  saphir 
d'eau  ou  dichroïte  ,  lorsqu'il  étoit  encore  considéré  comme 
une  variété  de  Quarz  bleu.  V.  Cordiérite. 

Quarz  hydraté.  Nom  proposé  pour  désigner  collective- 
ment l'opale,  les  pechsteins  infusibles  et  les  variétés  de  quarz 
hyalin  concrétionné,  qui  contiennent  une  petite  quantité 
d'eau. 

Quarz  jaspe.  F.  l'ariicle  Jaspe. 

Quarz  pseudomohphique.  V.  Quarz  hyalin  pseudo- 
mokphique,  p.  424,  et  Silex. 

Le  tjuarz  agathe  pseudomorphique  de  M.  Haiiy  ,  comprend 
non-seulement,  les  pseudo-cristaux  siliceux,  mais  aussi  les 
bois  silicifères,  et  les  moules  siliceux  de  corps  organisés  pé- 
trifiés. 

Quarz  nectique  ,  c'est-à-dire  qui  nage.  Il  estproduitpar 
la  décomposition  du  silex  pyromaque.  V.  SiLEX. 

Quarz  résinite  opalin  ou  Opale.  V.  Silex. 

Quarz  zéolithiforme.  V.  Quarz  hyalin  aciculaire 
RADIÉ  ,  n.o  3  ,  p,  422. 

Quarz  résinite.  M.  Haiiy  donne  ce  nom  colleciif  aux 
diverses  variétés  de  silex  qui  ont  l'apparence  résineuse  ,  tel- 
les que  l'opale  ,  l'hydrophane  ,  et  les  pechsteins  infnsibles  des 
auteurs.  Notre  intention  avoit  d'abord  été  de  les  décrire  sons 
celle  dénomination  ;  mais  remeltant  à  traiter,  à  l'article  Si- 
lex,de  toufçs  les  variétés  de  pierres  siliceuses  rassemblées  par 
M.  Haiiy  sous  les  noms  de  quarz  agalhe  et  de  quarz  réSinite, 
nous  devons  y  renvoyer  le  lecteur,  (ln.) 

QUARTZ-CUBIQUE.  V.  Magnésie  boratée.  (ln.) 
QUARTZ-FELS  et  Quarz- schieffer.  Les  Allemands 
donnent  ce  nom  aux  roches  quarzeuses.  (ln.) 

QUARTZ  -  FLUS  {faior  de  quarz ,  ou  quarz-fluor  ).  Nom. 


46o  0  U  A 

donne,  pai'  les  anciens  minéralogisles  allemands,  aux  quarz 

colorés.  (LN.) 

QUARTZ-MÀGNÉSIEN.  On  a  donné  ce  nom  à  une 
variété  de  ningncsie  carbonatée  silicifère  qui  contient  une 
plus  grande  quantité  de  silice  que  les  autres,  et  qu'on  trouve 
à  Kosemutz  en  Silésle  ,  accompagnant  la  chrysophrase  sous 
forme  de  masse  terreuse  blanche  un  peu  rude  au  toucher  ; 
elle  accompagne  aussi  le  Razoumoffskine  qui^  ne  paroît 
pas  en  différer  beaucoup  ,  et  qui  est  quelquefois  coJoré  en 
vert  par  le  nickel  oxydé,  (lm.) 

QUARTZ-WURFEL.  C'est  un  desnoms  allemandsde  la 
magnésie  boratée  de  Lunébourg.  Avant  que  sa  nature  fût 
connue  ,  on  avoit  considéré  ses  cristaux  comme  du  quarz 
cubique,  (ln.) 

QUASJE.  Voyez  Moufette,  (desm.) 

QUÀSSI.  En  Guinée,  c'est  le  Renard,  ou  plutôt  le 
Chacal.  Voyez  l'article  Chien,  (desm.) 

QUASSIE,  Quassia.  Genre  de  plantes  de  la  décandrie 
monogynie  et  de  la  famille  des  ochnacées  ,  dont  les 
caractères  consistent  :,  en  un  calice  de  cinq  folioles  ;  en  une 
corolle  de  cinq  pétales  ;  en  cinq  écailles  ovales  entourant  le 
germe  ;  en  dix  étamines  fort  longues;  en  un  ovaire  supérieur 
garni  de  cinq  sillons  et  surmonté  d'un  style  fort  long  à  stig- 
mate en  tête  ;  en  cinq  drupes  écartés  ,  bivalves  ,  monosper- 
ines  ,  insérés  sur  un  réceptacle  charnu. 

Ce  genre  renferme  des  arbres  à  feuilles  alternes,  ailées,  et 
à  fleurs  disposées  en  grappes  ou  en  panicule.  On  en  connoît 
six  à  huit  espèces,  toutes  très-précieuses  pour  la  médecine. 

La  première  est  la  Quassie  amère  ,  qui  a  les  fleurs  her- 
maphrodites -,  les  feuilles  pinnées  avec  Impaire  ;  les  folioles 
opposées  ,  sessiles  ,  le  pétiole  articulé  ,  ailé ,  et  les  fleurs  en 
grappes  d'un  beau  rouge  de  corail.  Voyez,  pi.  D.  ï,  où  elle 
est  figurée.  Elle  se  trouve  à  Surinartn,  et  a  été  l'objet  d'une 
dissertation  de  Linnœus  ,  insérée  dans  le  sixième  volume  des 
Aménités  académiques.  C'est  un  arbrisseau  très-agréable  par 
son  aspect ,  dont  la  racine  est  pivotante  ,  grosse  comme  le 
bras:  celte  racine  n'a  point  d'odeur,  surtout  si  elle  a  été 
desséchée  à  propos  ;  mais  elle  est  d'une  amertume  extrême 
et  durable.  On  l'ordonne  en  poudre  dans  les  fièvres  inter- 
mittentes, continues,  malignes  ou  putrides  ;  on  la  fait  aussi 
prendre  infusée  dans  du  vin,  contre  la  goutte  et  pour  fortifier 
i'estomac.  Celte  racine  supplée  souvent  le  quinquina,  et 
termine  même  des  maladies  qui  y  avoient  été  rebelles.  On 
l'appelle  bois  de  quassie. 

La  Quassie  simarouba  a  les  fleurs  monoïques ,  ailées  sans 


Q  U  A  46i 

iJBpalre  ;  les  folioles  alternes ,  un  peu  péliolées  ,  elles  fleurs 
en  panicules.  Voyez,  pi.  i,  où  elle  est  figurée.  Elle  se  trouve 
dans  une  partie  de  TAmcrique  méridionale.  C'est  un  arbre 
élevé  ,  lactescent,  dont  l'écorce  de  la  racine  est  très-em- 
ployée en  médecine  ,  sous  le  nom  de  simaruuha.  Il  a  été  l'objet 
d'une  dissertation  d'Aublet,  insérée  dans  les  Mémoires  de. 
V Académie  des  Sciences .,  pour  l'année  1776.  DecandoUe  croit 
qu'on  doit  la  séparer  de  ce  genre,  et  en  conséquence  rétablir 
celui  de  Simarouba. 

C'est  principalement  contre  les  diarrhées  dyssentériqucs 
et  les  fièvres  intermittentes  que  la  poudre  ou  la  décoction  de 
cette  écorce  est  employée.  Ce  remède  purge  ,  fait  vomir  quel- 
quefois ;  mais  la  plupart  du  temps  il  apaise  les  douleurs 
vives  de  la  dyssenterie  ,  sans  qu'on  s'en  aperçoive  autrement 
que  par  des  sueurs  ;  le  sommeil  revient  comme  par  enchan- 
tement ,  l'odeur  fétide  des  matières  fécales  disparoît ,  l'es- 
tomac se  fortifie,  et  on  reprend  rapidement  son  état  ordi- 
naire. C'est  un  des  plus  excellons  remèdes  qu'on  puisse  em- 
ployer. 11  surpasse  les  autres  remèdes  antidyssentcriques  par 
sa  vertu  anli  spasmodique,  et  doit  être  préféré  aux  astrin- 
gens  dans  presque  tous  les  cas.  La  dose  varie  selon  les 
personnes  et  le  genre  de  la  maladie.  -  H 

La  QuASSiE  ÉLEVÉE  a  les  fleurs  polygames, pentandres, et 
paniculées  ;  les  feuilles  pinnées  avec  impaire  ;  les  folioles 
opposées  et  pétiolécs.  Elle  a  été  trouvée  par  Svvartz  à  la 
Jamaïque  ,  et  fait  l'objet  d'une  dissertation  de  ce  botaniste 
insérée  dans  les  Actœ  Holmianœ  de  lyHS.  Sa  racine  jouit  des 
vert,us  de  la  première  espèce  ,  mais  à  un  moindre  degré  , 
son  amertume  étant  plus  foible. 

Le  genre  Arube  d'Aublet  est  aujourd'hui  confondu  avec 
celui-ci.  (b.) 

QUi.\TA  et  QUATO.  Noms    sous   lesquels   quelques 
auteurs  désignent  I'Atèle  coaïta.  Voyez  ce  mot.  (desm.) 

QUATELÉ,  Lecythis.  Genre  de  plantes  delà  polyandrie 
monogynie,delafamille  des  myrtes,qui  offre  pour  caractères: 
un  calice  de  six  folioles  ;  une  corolle  de  six  pétales,  dont 
deux  plus  grands ,  attachés  au-dessous  d'un  disque  qui  couvre 
l'ovaire  ;  ce  disque  est  un  feuillet  épais  percé  dans  son  milieu 
pour  le  passage  du  style,  et  couvert  d'étamines  ,  excepré  du 
côtédes  petits  pétales  oùilseprolongeenunemembrane  nue, 
épaisse,  surmontée  d'un  gros  tubercule  charnu, ovale, incliné, 
et  cachant  les  étamines;  un  ovaire  semi-inférieur,  surmonlé 
d'un  corps  rond  qui  porte  un  style  à  stigmate  aigu  ;  ui\t  cap- 
sule en  forme  d'urne,  dure,  ligneuse,  épaisse,  convexe  à 
son  sommet ,  bordée  par  les  restes  du  calice ,  qui  s'ouvre  par 
la  chute   du  couvercle  ,   et  qui  contient  plusieurs  grosses 


4êi  Q  tr.  À 

amandes  attachées  à  un  placenta  conique.  Ce  fruit  ressemblé 
à  une  marmite  surmontée  de  son  couvercle  ;  aussi  i'appelle- 
t-on  marmite  de  singe. 

Ce  genre,  fort  voisin  des  Couroupites,  renferme  des 
arbres  àfeuiiles  alternes,  et  à  fleursdiposées  en  épis  ligneux 
et  pendans  ,  tous  propres  à  l'Amérique  méridionale.  On  en 
compte  huit  espèces,  parmi  lesquelles  il  faut  distinguer  : 

Le  QuATELÉ  MARMITE,  Lecythis  ollaria ,  qui  a  les  feuilles 
sessiles,  ovales,  en  cœur,  presque  entières.  11  croît  au  Brésil. 
Ses  amandes  sont  un  excellent  manger,  et  son  bois  est 
recherché  pour  faire  des  machines ,  parce  qu'il  est  très- 
liant  ,  et  pour  faire  des  constructions  dans  l'eau,  parce  qu'il 
ne  pourrit  pas  facilement. 

Le  QuATELÉ  AGRAiNDES  FLEURS  ,  qui  a  les  feuilles  pélio- 
lées  ,  oblongues,  aiguës,  très-entières  ,  et  les  pétales  obtus 
et  rouges.  Il  se  trouve  à  la  Guyane  ,  où  il  a  été  observé  par 
Aublet,  Ses  amandes  sont  bonnes  à  manger.  Voyez  pi.  P.  2. 
où  il  est  figuré. 

Le  QuATELÉ  AMER,  qui  a  les  feuilles  oblongues,  pétiolées, 
très-entières,  et  les  pétales  aigus.  Il  se  trouve  à  la  Guyane. 
Son  bois  est  amer,  ainsi  que  ses  amandes. 

Le  QuATELÉ  ZABUCAIE  ,  qui  a  les  feuilles  lancéolées  et  les 
pétales  très-aigus.  C'est  un  très-grand  arbre  de  la  Guyane  et 
du  Brésil ,  dont  les  fleurs  sont  couleur  de  rose  ,  et  dont  les 
fruits  ont  4  pouces  de  diamètre.  Les  amandes  qu'il  produit 
sont  douces,  délicates  et  préférables  aux  amandes  d'Europe, 
pour  manger  et  faire  de  l'huile.  On  fabrique  des  boîtes  et 
autres  petits  ouvrages  avec  ses  capsules,  et  des  cordes  avec 
son  écorce. 

Le  CouRoupiTE  d' Aublet  a  été  réuni  à  ce  genre  par 
Willdenow.  (b.) 

QUATOTOMOML  Nom  mexicain  du  Pic  noir  huppé 

ou    à   BEC   BLANC.   (V.) 

QTJATOTZTLI.  Séba  indique  sous  ce  nom  un  oiseau 
du  Brésil,  (s.) 

QUATRAIN.  Dénomination  du  Chardonneret  ,  lors- 
qu'il n'a  que  quatre  pennes  de  la  queue  terminées  de 
blanc.  (V.) 

QUATRE-AILES.  L'on  prétendit  ,  en  1680  ,  qu'une 
race  de  canards  singulière ,  à  quatre  ailes  ,  s'étoit  montrée 
dans  le  Boulonais  ;  mais  l'on  a  reconnu  que  les  quatre  ailes 
w'étoient  qu'apparentes,  et  que  ces  canards  ne  formoient 
qu'une  variété  accidentelle.    Voyez  l'article  Canard,    (s.) 

QUAÏRE-AILES.    V.  Oiseau  quatre-ailes.  (b.) 

QUATRE- CORNES.  Poisson  du  geore  des  Cottes. 


Q  Û  A  iù 

QUATRE  AU  COU.  C'est ,  dans  quelques  cantons  de 
la  Normandie ,  le  nom  vulgaire  du  Coucou  ,  d'après  un  de 
ses  cris  d'amour,  (v.) 

QUATRE  CENTS  LANGUES  {Cenront/aiom).  Nom 
que  des  aborigènes  de  l'Amérique  donnent  au  ^JoQUECa 
proprement  dit.  Voyez  l'article  Merle  ,  section  des  Mo- 
queurs (v.) 

^  QUATRE-DENTS.  Daubenion  a  ainsi  traduit  le  mot 
Tétraodon,  que  Linnseus  a  employé  pour  indiquer  un  genre 
de  poissons,  (b.) 

QUATRE-EPICES.  Voyez  à  la  fin  de  l'article  Épiges, 

(D.) 

QUATRE  A  LA  LIVRE.  Variété  du  Cerisier,  (b.) 

QUATRE-OEIL.  C'est  le  nom  d'une  espèce  de  Didei- 
H1E.  V.  ce  mot.  (desm.) 

QUATRE-SAISONS.  V.  Saisons,  (s.) 

QUATRE-SEMENCES.  Nom  collectif  pharmaceutî-* 
que  ,  donné  à  certaines  semences  qui  ont  les  mêmes  vertus  , 
et  qui  sont  considérées  quatre  à  quatre  sous  ce«seul  rapport- 
Ainsi  l'on  distingue  Icsçuatre  grandes  semences  chaudes,  qui  sont 
le  fenouil,  l'anis,  le  cumin  et  le  carvi  ;  les  quatre  petites  se- 
mences chaudes,  qui  sont  l'ache,  l'ammi,  l'amome  et  la  carotte 
vulgaire  ;  les  quatre  grandes  semences  froides,  lesquelles  sont  la 
citrouille  ,  le  melon,  le  concombre  et  la  courge  ;  enfin  ,  les 
quatre  petites  semences  froides,  qui  sont  la  chicorée,  l'endive,  la 
laitue  et  le  pourpier.  Rien  n'est  puéril  et  arbitraire  comnrte 
ces  sortes  de  classifications,  qu'on  pourroit,  si  l'on  vouloit  , 
multiplier,  pour  ainsi  dire,  à  l'infini,  sans  faire  faire  un  pas 
à  la  science,  (d.) 

QUATRE-TACHES.  Poisson  dugenre  Silure,  aujour- 

d1iui  PiMÉLODE.  (B.) 

QUATRE-VINGT.  Ce  nom  est  celui  d'une  race  da 
chiens  appelés  aussi  Chiens  d'Artois,  (desm.) 

QUATRE-VINGT-DIX-NEUF.  L'un  des  noms  vul- 
gaires du  papilioatalanta  de  Linnseus,  plus  connu  sous  le  nom 
de  VuLCAiN.  (desm.) 

QUATRE-YEUX.  V.  Quatre  œil.  (desm.) 

QUATREUÏ.  Un  des  noms  du  Roitelet  à  Turin,  (v.) 

QUATROCCHI  (yMa/rey^Mic).  Nom  italien  du  Canard 

garrot  ,  lequel  a  rapport  aux  deux  taciies  blanches  placées 

entre  son  bec  et  son  œil,  et  qui,  de  loin,   paroissent  être 

elles-mêmes  des  yeux,  (v.) 

QUATROUILLÉ  (, vénerie).    Un    poil  quatrouillé   est 


4^4  Q  U  A 

celui  qui  est  mêlé  à  la  couleur  dominante  d'un  chien,    (s.) 

QUATTO  de  Vosmaër.  Singe  d'Amérique  ,  rapporté  à 
tort,  par  ce  naturaliste  ,  à  l'espèce  de  I'Atèle  Belzebuth  , 
mais  qui  doit  l'être  à  celle  do  I'Atèle  coaïta.  (desm.) 

QUAU.  C'est,  en  Rrie  ,  le  nom  du  Mauvis.  (v.) 

QUAUCHCHOPITILI.  Nom  mexicain  du  Pic  trico- 
lore.   (V.) 

QUAUCHICHIL.  Petit  oiseau  à  tête  rouge  du  Mexi- 
que ,  qui  n'est  pas  plus  grand  qu'un  colibri,  (v.) 

QUAUHAIOAHUALT.  Nom  vulgaire  d'uneCASSiE  pro- 
pre au  Mexique  (  cassia  Jistuldides  ).  (B.) 

QUAUHCILNI.  C'est,  dans  Séba ,  le  Guêpier  a  tête 
GRISE.  V.  le  mot  Guêpier,  (s.) 

QUAUHCOYAMETL.  Nom  rapporté  par  Fernandez 
au  Pécari.  V.  ce  mot.  (desm.) 

QUAUHOMECATL.  Selon  Hernandès,  c'est  le  nom 
mexicain  du  PaulUnia  mexicana  ,  L. ,  rapporté  par  Willde- 
now  au  genre  seriana.  (lis.) 

QUAUHTECALLOTLQUAPACHTLI  ou  COZ- 
TIOCOTEQUALLIN.  Noms  mexicains  du  quadrupède 
décrit  par  Buffon  sous  celui  de  I'Ecureuil  coquallin.  f^'^oy. 
Ecureuil,  (desm.) 

QUAUHTECHALOTL-THLILTIC  ,  ou  simplement 
QUAUHTECHALOTL.  D'après  Jonslon,  c'est  I'Ecu- 
reuil ^'OlR.  V.  ce  mot.  (desm.) 

QUAUHTLA  COYMALT.  C'est,  suivant  Hernandès, 
le  nom  du  Pécari  {Sustajassu,  Linn.),  au  Mexique,  (desm.) 

QUAUHÏOTLI.  C'est,  dans  Fernandez,  le  nom  mexi- 
tain  d'un  oiseau  de  proie,  que  Brisson  rapporte  au  Sacre. 

(V.) 

QUAUHTOTOPOÏLT.  Oiseau  du  Mexique  ,  qui  est  si 
familier,  dit  Fernandee,  qu'il  vit  dans  les  maisons.  Sa  taille 
est  celle  de  l'élourneau  ;  son  plumage  est  noir  et  tacheté  de 
blanc.  Il  fait  des  trous  aux  arbres  et  se  nourrit  comme  les 
pics.  Cet  auteur  ne  faisant  pas  mention  qu'il  ait  du  rouge  sur 
aucune  partie  du  corps  ,  Buffon  a  présumé  que  c'étoit  le 
ihtiême  oiseau  que  l'épeiche  du  Canada;  mais  le  mâle  de  celte 
espèce  a  du  rouge  à  la  lêle  comme  les  autres  épeiches;  c'est 
ce  qu'ignoroit  ce  naturaliste  ,  qui  n'a  connu  que  la  femelle. 

QUAUHTZONECOLIN.  V.  Zonecolin  ,  à  l'art.  Per- 
drix ,  sect.  des  Colins,  (s.) 

QUAUMEATI.  Nom  de  pays  de  la  Paullinie  du 
Mexique,  (b.) 

OUAUPECOTU.     Voyez   Quanhpecotli   et  Raton. 

(desm.) 


0  TT  Ê  .  465 

QUATHLAMAÇAME.  C'est,à  la  Nouvelle-Espagne,  le 
ïiom  des  MAZA.MES  ,  espèces  de  Cerfs  à  bois  très-courts,  et 
peu  ou  point  ramifiés,  (desm.) 

QUAXOXOCTOTOTL.  Oiseau  du  Mexique ,  décrit 
par  Fernandez  {Hist.Nov.Hisp.,  cap.  177).  Il  est  d'une  grande 
beauté,  gros  comme  un  pigeon,  se  trouvant  sur  le  bord  de  la 
mer,  et  ayant  le  bec  long,  large,  noir  et  un  peu  crochu,  M. 
Brisson  Ta  pris  pour  un  couroucou  ;  mais  c'est  une  erreur  , 
puisque  la  forme  du  bec  du  quaxoxoctototl  l'exclut  évidem- 
ment de  ce  genre.  Cet  oiseau  est  donc  du  petit  nombre  de 
ceux  qui  attendent  de  nouvelles  observations  pour  être  rap- 
porté au  genre  qui  lui  convient,  (s.) 

QUE.  Nom  d'un  Cannellier  qui  croît  au  Tonquin  ,  et 
qu'on  dit  supérieur  à  celui  de  Ceylan.  Cette  espèce  ne  pa- 
roit  pas  être  connue  des  botanistes,  (b.) 

QUEBITE ,  Quebitea.  Plante  à  racines  fibreuses ,  à  tige 
tortueuse,  rampante,  couverte  de  poils  roussâtres,  et  chargée 
de  feuilles  horizontales,  ovales,  alternes,  tachées  de  rouge  , 
hérissées  de  poils,  à  fleurs  disposées  en  épi  cylindrique,  et  dont 
le  caractère  générique  est  inconnu ,  mais  qui  se  rapproche 
des  D RACONTES.  V .  ce  mot. 

Cette  plante  se  trouve  à  la  Guyane  ,  sur  le  bord  des  ruis- 
seaux. Lorsqu'on  mâche  ses  racines  ,  elles  laissent  dans  la 
bouche  une  impression  brûlante.  Elle  passe  pour  guérir  de 
la  morsure  des  serpens  venimeux,  (b.) 

QUEBRADA.  Les  Espagnols  du  Pérou  donnent  ce  nom 
à  des  ravins  d  une  largeur  et  d'une  profondeur  énormes,  qui 
ont  été  creusés  par  les  eaux  qui  descendent  de  la  cime  des 
Cordillères. 

Les  observations  faites  par  don  Ulloa  sur  ces  quebradas, 
nous  donnent  la  solution  d  un  grand  problème  qui  a  beaucoup 
embarrassé  les  géologues,  et  fait  imaginer  une  foule  de  révo- 
lutions et  de  catastrophes  qui  n'arrivèrent  jamais. 

On  voit  quelquefois  sur  des  sommets  de  montagnes  cal- 
caires secondaires,  des  blocs  et  des  amas  de  débris  de  roches 
primitives  qu'on  diroit  être  tombés  du  ciel,  et  qu'on  a  sup- 
posés avoir  été  roulés  du  fond  des  vallées  sur  ces  sommets, 
par  des  courans  prodigieux,  par  des  débâcles  de  l'Océan, 
par  des  marées  de  800  toises,  etc. ,  quoique  ces  suppositions 
soient  absolument  gratuites,  et  même  contredites  par  nombre 
d'autres  faits. 

Les  quebradas  du  Pérou  nous  donnent  l'explication  toute 

simple  de  ce  phénomène.  Don  Ulloa  a  vu  dans  ces  ravins,  à 

une  élévation  d'environ  1600  toises,  des  blocs  de  rochers 

«l'une  forme  à  peu  près  cubique  (  qu'affectent  ordinairement 

XXYlIl.  "to 


466  Q  TJ  E 

les  roches  primitives)  ,  qui  avoient  jusqu'à  3o  pieds  de  dia- 
mètre. 

Les  eaux  du  torrent,  qui  baignent  la  base  de  ces  blocs,  rou- 
lent avec  elles  des  sables  et  des  galets  qui  usent  et  arrondis- 
sent insensiblement  les  angles  de  cette  base.  Ces  eaux  en  même 
temps  accumulent  des  débris  contre  la  partie  postérieure  du 
bloc,  et  creusent  au  contraire  le  lit  de  ravins  devant  sa  partie 
antérieure  ,  de  sorte  qu'au  bout  dun  certain  temps  ,  le  bloc  , 
diminué  dans  les  dimensions  de  sa  base  par  le  frottement  des 
sables,  et  cessant  d'être  soutenu  dans  sa  partie  antérieure, 
doit  faire  la  culbute  :  sa  partie  supérieure  devient  alors  base  à 
son  tour  ;  elle  est  de  même  rongée  et  arrondie  par  le  (rolte- 
ment  ;  le  bloc  est  de  nouveau  déchaussé  par  les  eaux  dans  sa 
partie  antérieure ,  et  il  fait  une  nouvelle  culbute  ,  mais  plus 
grande  que  la  première  ,  parce  qu'il  n'est  plus  arrêté  dans  sa 
course  par  ses  angles  et  l'aplatissement  de  ses  faces. 

Il  arrive  ainsi,  de  culbute  en  culbute,  jusqu'à  quelque  par- 
tie des  tlancs  de  la  montagne  où  le  sol  se  trouvant  dans  une 
situation  moins  inclinée  (quoiqu'à  une  élévation  encore  assez 
considérable  au-dessus  des  plaines),  il  s'y  arrête  pour  n'en 
plus  descendre. 

Cependant  les  eaux  qui  trouvent  là  cet  obstacle  ,  mais  qui 
ne  sont  plus  resserrées  dans  un  Ut  étroit,  comme  dans  la  partie 
supérieure  du  ravin,  se  divisent  en  deux  branches,  qui  creu- 
sant le  sol  à  droite  et  à  gauche  du  bloc  ,  le  laissent  sur  une 
petite  île  qui  d'abord  n'est  guère  plus  étendue  que  le  bloc  lui- 
même  ;  mais  ces  eaux  continuant  de  creuser  leur  lit,  le  bloc 
semble  s'élever  insensiblement  au-dessus  de  leur  surface. 
Bientôt  il  se  trouve  sur  une  espèce  de  tertre  qui ,  par  l'effet 
des  érosions  voisines,  devient  enfin  une  montagne;  et  les 
ravins  forment  des  vallées  plus  ou  moins  considérables  :  Dou 
Ulloa  en  a  vu  de  deux  lieues  de  large. 

Ces  blocs  de  roches  primitives,  dont  la  situation  étonne 
aujourd'hui  l'observateur  ,  ne  sont  donc  point  montés  sur  les 
sommets  où  on  les  trouve  ;  mais  ces  sommets  ont  été  simple- 
ment sculptés  par  les  eaux  dans  des  massifs  de  couches  soit 
secondaires ,  soit  tertiaires  ,  qui  se  trouvoient  sur  les  flancs 
ou  vers  la  base  des  montagnes  primitives  ,  lesquelles  furent 
jadis  incomparablement  plus  élevées  qu'aujourd'hui. 

Il  est  aisé  de  faire  une  observation  qui  vient  à  l'appui  de 
l'explication  que  je  donne  de  ce  fait  ;  c'est  qu'on  voit  asse« 
souvent  des  sommets  de  montagnes  calcaires  à  couches  l^ri- 
zontalcs ,  qui  sont  séparés  Tun  de  l'autre  par  de  profondes 
vallées,  et  qui  néanmoins  présentent  de  part  et  d'autre  des 
couches  si  parfaitement  semblables  en  nature,  en  couleur,  en 
épaisseur,  çn  arrangement,  qu'il  est  évident  qu'elles  sont  une 


Q  i  y-  467 

prolongation  les  unes  des  autres,  et  que  s'il  existe  un  vide  qui 
interronipi  aujourd'hui  leur  contiguïté  ,  ce  vide  n'est  autre 
chose  qu'un  grand  ravin  creusé  par  les  eaux.  V.  Montagnes 
et  Poudingue,  (pat.) 

QUEBRANTAPlEDRAS.En  Espagne,  on  donne  ce  nom 
à  une  espèce  d'hcrniole  très-comoaune  et  qu'on  avoit  con- 
fondue avec  la  herniole  velue  {fierniaria  hirsula^  L.).  Lagasca  , 
qui  l'appelle  fierniaria  annua,  assure  que  son  infusion  fait  uri- 
ner abondamment,  et  qu'elle  chasse  les  calculs  de  la  vessie. 
Cette  plante  herbacée,  velue  et  annuelle,  a  les  feuilles  ovales 
et  un  peu  pétiolées.  (ln.) 

QUEBRANTAHUESSOS,  Briseur  d'os.  Noms  que 
l'on  donne  ,  dans  le  Brésil,  à  un  Pétrel.  V.  ce  mot.  (v.) 

QUESCHU.  Nom  imposé  à  un  manchot,  par  les  habi- 
tans  de  l'Archipel  de  Chiloé,  où  il  est  très-commun,  (s.) 

QUEDEC.  C'est  la  Lobélie  longiflore.  (b.) 

QUEEN-JA.  En  Guinée  ,  c'est ,  au  rapport  de  Barbot , 
le  PoRc-ÉPic.  V.  ce  mol.  (desm.) 

QUEEQUEHATCH.  Dobbs  rapporte  ce  nom  canadien 
à  un  quadrupède  qui  paroît  être  le  glouton  d'Améri(jue.  Voyez 
Glouton,  (desm.) 

QUECKSILBER.  Nom  du  MERCURE,en  allemand. (ln.) 

QUÉLÉLÉ  Espèce  de  Saule  qui  croît  sur  les  bords  du 
Sénégal,  et  dont  le  bois  sert  à  nettoyer  les  dents  des  nègres. 

(B.) 

QUELLY.  Barbot  dit  que  c'est  le  nom  du  léopard ,  en 
Guinée.  V.  l'article  Chat,  (desm.) 

QUELTIE,  Quellia.  Genre  de  plantes  établi  par  Salis- 
bury,  pour  placer  le  Narcisse  odorant  et  deux  ou  trois  au- 
tres, (b.)  .  ^ 

QUELUSIE,  Queîusîa.  Genre  de  plantes  établi  par  Van- 
deli ,  mais  qui  rentre  dans  celui  appelé  Fuchsie.  (b.) 

QUENIA.  C'est,  suivant  Dapper,  le  nom  du  Porc-épic 
dans  quelques  contrées  de  l'Afrique,  (s.) 

Q13EN1PIER  etQUENlQUIER.  Cesont  les  noms  du 
Bonduc.  (b.) 

QUENOTTES  T.  Plomb  Sulfuré  Granuliforme.  (ln.) 

QUENOT.  Nom  vulgaire  du  Cerisier  mahaleb  ,  aux 
environs  d'Angers,  (b.) 

QITENOTTE  SAIGNANTE.  Coquille  du  genre  Né- 
rite,  (b.) 

QUENOUILLE,  Cnicus.  Genre  de  plantes  de  la  syngé- 
nésie  polygamie  égale  et  de  la  famille  des  cinarocéphales  , 
qui  offre  pour  caractères  :  un  calice  ventru,  formé  d'écaillés 
imbriquées ,  entières,  acuminées,  épineuses,  souvent  entou- 
rées de  bractées  ovales,  oblongues  et  munies  de  dénis  épi- 


468  QUE 

lieuses  ;  un  réceptacle  velu ,  garni  d'un  'grand  nombre  de 
fleurons  hermaphrodites  ;  des  semences  nues,  à  aigr.eltes  ordi- 
nairement plumeuses.  V.  Chardon  et  Quenodillette. 

Pour  éviter  toute  discussion ,  je  ne  mentionnerai  ici  que 
l'espèce  la  plus  commune,  celle  sur  laquelle  Llnnœus  a  fait 
ce  genre,  c'est-à-dire,  le  cnicus  oleraceus.  Cl'est  une  plante  à 
larges  feuilles  pinnatifides,  amplexicaules ,  et  à  bractées  pres- 
que colorées  et  concaves.  Elle  est  vivace  et  se  trouve  par  toute 
l'Europe,  dans  les  prés  humides  ,  dans  les  bois  marécageux, 
sur  le  bord  des  étangs;  elle  s'élève  à  trois  ou  quatre  pieds 
et  n'est  pas  sans  élégance.  On  en  mange  les  feuilles  en  guise 
d'épinards  ,  dans  plusieurs  contrées  de  l'Europe  ,  et  on  fait, 
avec  sa  semence,  une  huile  très-bonne  à  brûler.  Ses  tiges  peu- 
vent ,  comme  celles  de  plusieurs  plantes  de  la  même  famille, 
fournir  de  la  potasse  par  leur  incinération.  On  l'appelle  que- 
nouille, parce  que,  lorsque  ses  fruits  sont  mûrs,  elle  ressemble 
à  une  quenouille  garnie  de  chanvre,  (b.) 

QUENOUILLE.  On  donne  aussi  ce  nom  aux  arbres 
nains,  dont  on  conserve  la  tige  droite.  V.  le  mot  Arbre,  (b.) 

QUENOUILLE.  C'est  le  murex  colus  de  Linnœus.  V.  au 
mot  Fuseau,  (b.) 

.  QUENOUILLE  EN  DOME  A  FOSSETTE.  Espèce 
de  champignon  du  genre  Agaric  de  Linnaeus,  qui  croît  aux 
environs  de  Paris,  et  qui  ne  paroît  pas  nuisible.  Son  chapeau 
est  en  dôme  creusé  d'une  fossette  ,  au  milieu  ;  il  n'a  pas  de 
pulpe.  Sa  couleur  est  cannelle  en  dessus,  et  purpurine  en  des- 
sous, Paulet  l'a  figuré  pi.  loo  de  son  Traité  des  champignons. 

(B.) 

QUENOUILLE  MONTEE.  Agaric  couleur  marron  , 
à  chapeaud'un  pouce  de  diamètre,  à  pédicule  de  quatre  à  cinq 
pouces  de  hauteur  et  renflé  en  bas;  à  lames  brunes,  cou- 
vertes d'un  réseau  blanc.  Son  odeur  et  sa  saveur  sont  désa- 
gréables ,  mais  il  n'a  pas  incommodé  les  animaux  à  qui  on  en 
a  fait  manger,  Paulet  l'a  figuré  pi.  99  de  son  Traité  des  cham- 
pignons, (b.) 

QUENOUILLE  A  NOMBRIL.  Agaric  de  couleur 
violette,  dont  le  cbapeau  est  sans  épaisseur,  et  offre  uhe 
cavité  en  son  milieu,  dont  le  pédicule  est  très-élevé  et  d0nt 
la  chair  n'esl  agréable  ni  au  goût  ni  à  Todorat.  On  le  troiive 
aux  environs  de  Paris.  Il  s'appelle  aussi  TAméthyste,  Paulet 
l'a  figuré  pi.  100  de  son  Traité  des  champignons.  (B.). 

QUENOUILLETTE.  Voyez  Atractylide,  Le  genre 
Alfredie  a  été  établi  par  H,  Cassini  aux  ^dépens  de  celui- 
ci  ,  que  quelques  botanistes  suppriment  eniièrement  pour 
en  réunir  les  espèces  aux  Chardons,  (b,) 


QUE  ^69, 

QUERAIBA.  Nom  américain  de  la  Bignone  du  Brésil. 
On  l'appelle  en  français  liane  aux  yeux  ^  peut-élre  parce 
qu'étant  astringente,  on  l'emploie  dans  les  maux  d'yeux,  (c.) 

QUE-RANH.  C'est  le  nom  du  Cannellier  en  Cochin- 
ehine.  (ln.) 

QUERCEVELLE.  Nom  vulgaire  de  la   Cresserelle. 

(V.) 

QUERCITRON.  Espèce  de  Chêne  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale, dont  l'écorce  sert  à  teindre  en  jaune,  (b.) 

QUERCUS.  C'est  en  traitant  des  arbres  qui  portent  des 
glands,  que  Pline  fait  mention  du  qnercm;  et  qu'il  décrit  le 
gland  du  chêne  ,  à  ne  pas  s'y  méprendre.  Les  arbres  qui 
portent  réellement  des  glands^  sont,  d'après  Pline,  le  rot)ui\y 
le  quercus  ^  Vesriilus  ^  le  cerrus  ^  V iiex  et  le  suler.  Dans  tous 
ces  arbres  ,  selon  Pline ,  le  gland  étoit  plus  ou  moins 
enfoncé  dans  une  capsule  ou  calice  hérissé;  les  feuilles, 
excepté  celles  de  ïilex,  étoienjt  grandes,  charnues,  sinuées 
sur  les  bords  ,  et  ne  jaunissoicnt  que  lorsqu'elles  lomboient  ,, 
comme  celles  A\i  fagus  (HÈtre  ).  Elles  différoienl  dans  ces 
arbres  par  leur  grandeur  et  leur  longueur. 

L'/fcr  aroit  les  glands  courts  et  grêles  ;  ces  glands  étoient 
appelés rtcy/oH,  par  Homère.  Pline  distingue  deux  ilex  pareils 
pour  le  gland;  mais  il  ne  parle  que  de  Viiex  d'Italie  qui  avoit 
les  feuilles  un  peu  semblables  à  celles  de  l'olivier  qui  étoit 
appelé  aquifolhiin  dans  les  provinces ,  et  smilnx  par  quel- 
ques auteurs  grecs. 

Pline  fait  observer  que  les  glands  du  ç'MgrcHS  proprement  dit 
sont  excellenset  les  plus  gros  de  tous;  puis  viennent  en  gros- 
seur ceux  de  l'escw/M.î;  enfin  le  rohurnen  porte  pas  beaucoup,. 

Le  cerrus  portoit  un  gland  désagréable  et  horriblement 
hérissé  ,  comme  la  châtaigne. 

Il  paroît  qu'on  distinguoit  ces  arbres  en  mâles  et  en  fe- 
melles ;  car  Pline  dit  que  dans  les  quercus  ,  les  pieds  femelles 
porloient  des  glands  plus  doux  et  plus  tendres,  tandis  que 
les  glands  produits  par  les  pieds  mâles  étoient  plus  épais  et 
massifs.  On  préféroit  surtout  les  glands  des  variétés  à  larges 
feuilles.  Pline  décrit  ensuite  les  glands,  et  à  ce  propos,  il  cite 
les  arbres  smysins  :  quercus ^  hemeris  ^  Mgylops  et  haUplileos  ; 
il  donne  quelques  idées  de  leur  port ,  de  la  nature  ,  de  la  qua- 
lité et  de  l'usage  de  leur  bois.  Il  fait  observer  que  le  bois  du 
quercusest  dur  et  incorruptible. 

Les  fruits  du  fagus  rendoient  la  ch||iir  du  cochon  belle  et 
excellente  ;  mais  ceux  des  robur  ,  esculus  et  suber  ^  fongueuse. 

Tous  ces  arbres,  dit- il,  portent  d'une  année  à  l'autre,  et 
tour  à  tour,  des  glands  et  des  galles.  La  galle  de  ïheimrÎB 


470  Q  II  E 

est  la  meilleure  pour  tanner  les  cuirs  ;  colle  des  chênes  k  lar- 
ges feuilles  (Ç.  latifoUa) ,  quoique  semblable,  est  plus  large 
et  beaucoup  moins  estimée. 

Il  est  évident  que  Pline  avoit  en  vue,  dans  cette  description, 
les  arbres  que  nous  nommons  chênes.  Parmi  ceux  qu'il  dé- 
crit, il  y  en  a  qui  sont  reconnoissables.  On  peut  dire  que 
toutes  nos  espèces  communes  ,  en  masse ,  sont  comprises 
dans  ses  quercus. 

C'est  avec  réserve  qu'on  doit  rapprocher  le cerms des  çuerais 
cerriset  austriaca  ,  W.  ;  Vhemeris,  du  querais  pedunculala  ,^W .\ 
le  robiir,  du  querciis  pubescens^yV .;  le  laiifolia^  du  quercus  rubur, 
"W.  ;  Vœgy  'ops,du  quercus  œgylops;  ïilex,  des  quercus  ilex  et  cocci- 
fera  ;  le  suber^  du  quercus  suber  ^  etc. 

Dioscoride  parle  des  chênes,  en  masse  ,  a  l'article  gland. 
Il  faut  faire  observer  que  le  nom  de  diys^  donné  par  les 
Grecs  aux  chênes,  s'appliquoit ,  dans  l'origine,  à  tous  les 
arbres,  puis  à  ceux  seuls  qui  portent  des  glands.  Théophraste 
admet  les  espèces  suivantes  :  hemens  ^  œgylops  ,  platyphyllos  ^ 
phegos  ,  hallphleois,  noms  que  Gaza  traduit  par  placida  ,  cerrus, 
ialifelia  ,  fagus  et  salsicortex  ou  recticortcx  ,  et  en  comprenant 
tous  ces  arbres  sous  la  dénomination  de  robur.  Ce  nombre  de 
chênes  est,  comme  on  le  voit,  plus  borné  que  celui  donné 
par  Pline.  Mais  les  espèces  de  Théophraste  sont  comprises 
dans  celles  de  Pline, comme  on  peutlejuger,par  les  rapports 
des  noms,  Pline  a  parlé  à  la  fois  d'autres  espèces  qui  ne 
furent  pas  confondues  avec  les  chênes  par  le  naturaliste  grec  ; 
parexemple  :  le  phellos  {suber ,  Plin.  )  ,  et  Vilex  ;  car  pour  le 
phegos,  on  le  rapporte  à  Vesculus  de  Pline. 

Les  Grecs  avoient  encore  uu  phellodrys  ou  chêne- liège ,  que 
Mallhiole  rapproche  du  quercus pseudo  su^c/' très-commun  en 
Italie,  et  qu'il  a  signalé  le  premier. 

Toutes  ces  plantes  rentrent  dans  le  genre  quercus  des  bo  - 
tanistes  ,  formé  des  trois  genres  que  Tournefort  nom- 
moit  :  I ."  5MÂer  (  liège  )  ,  à  cause  de  l'écorce  fongueuse  des 
espèces;  2.°  ilex  (yeuse),  où  rentroient  les  espèces  tou- 
jours vertes,  et  à  feuilles  épineuses  sur  les  bords;  3.°  quercus 
(chêne),  les  espèces  à  feuilles  caduques,  sans  épines,  (ln.) 

QUEREIVA.  V.  CoTiNGA  quereiva.  (v.) 

QUERELLEUR  (  vénerie  ).  On  appelle  ainsi  un  cliien 
pillard  et  hargneux,  (s.) 

QUERFE.  Nom  arabe  delà  Cannelle,  (lis.) 

QUERIE ,  Queria.  Genre  de  plantes  de  la  triandrie  Irigy- 
nie,  et  de  la  famille  des  caryophyllées,  qui  offre  pour  carac- 
tères :  un  calice  divisé  en  cinq  parties  ;  point  de  corolle  ;  trois 


Q   U  E  47» 

ëtamiaes;un  ovaire  supérieur  surmonté  de  trois  styles;  une 
capsule  uniloculaire,  trivalve  et  monosperme. 

Ce  genre  renferme  trois  espèces ,  dont  la  plus  connue 
est  la  QuÉRiE  d'Espagne,  dont  les  fleurs  sont  réunies  en 
tête.  C'est  une  petite  plante  annuelle,  blanche,  dont  les 
feuilles  sont  opposées  et  linéaires ,  et  les  bractées  garnies 
d'épines  recourbées.  Elle  ne  présente  aucune  utilité.  La  quérie 
du  Canada  forme  aujourd'hui  le  genre  AlNYCHlE.  (B.) 

QUERQUEDULA.  Nom  lalin  de  la  Sarcelle,  (v.) 

QUERTZ-PALCO.  Espèce  de  Scinque.  (b.) 

QUERULA.  Schwencfeld  {Avîar.siles.^  désigne  ainsi  le 
sizerin  cabaret^  à  cause  de  son  cri  plantif.  V.  SiZERiN.  (s.) 

QUESNE.  Nom  du  Chêne,  en  patois,  dans  quelques  pro- 
vinces de  France,  (desm.) 

QUETE  (vénerie).  C'est  l'action  du  chasseur  qui  va  dé- 
tourner une  bé/e,  et  aussi  qpUe  d'un  chien  qui  cherche  le 
gibier,  (s.). 

QUETELE.  Nom  de  la  Peintade  au  Congo,  dans  Pison 
et  Marcgrave.  (s.) 

QUETHU.  Nom  que  les  naturels  de  l'archipel  de  Chiloé 
donnnent  au  pingouin  du  Chili,  (s.) 

QUEUE,  Cauda.  Partie  qui  termine  le  coccyx  de  la  plu- 
part des  quadrupèdes,  des  oiseaux  ,  des  reptiles  et  des  pois- 
sons. Elle  est  formée  par  la  continuation  des  vertèbres  coc- 
cygiennes ,  qui  sont  mobiles  les  unes  sur  les  autres  en  tout 
sens  ,  par  le  moyen  de  muscles  nombreux. 

Les  orang-outangs  n'ont  point  de  queue  comme  les  autres 
singes,  et  ce  qu'on  a  raconté  des  hommes  à  queue  (  dans  les 
Voyages  àe  Struys  ,  de  Monconys  ,  de  Paul  Lucas,  etc.), 
paroît  fabuleux  ,  parce  que  ces  voyageurs  crédules  ont  pu 
prendre  certains  singes  à  queue  ,  pour  des  hommes  sauvages. 

Les  autres  espèces  de  singes  ont  une  queue  plus  ou  moins 
longue.  Celte  des  cercopithèques  ,  des  guenons  ,  est  assez 
allongée  ;  les  papions  en  ont  de  courtes;  la  queue  des  sapa- 
jous, des  alouates ,  ainsi  que  celle  des  coendous  ,  des  kin- 
kajous  ,  des  sarigues  ,  des  cayopollins  ,  est  nue  en  dessous 
comme  un  doigt ,  et  capable  de  saisir  différens  corps  ;  aussi 
ces  animaux  s'en  servent  pour  s'attacher  aux  branches  des 
arbres  sur  lesquels  ils  grimpent  ;  elle  peut  même  se  rouler 
en  spirale  à  son  extrémité  ,  pour  saisir  de  petits  objets.  Dans 
les  chauve-souris  et  les  galéopithèques  ,  la  queue  est  fixée  de 
chaque  côté  par  de  larges  membranes  qui  se  joignent  à  celles  des 
membres.  Les  chats  ,  les  lions  ,  les  tigres  ,  ont  une  queue 
très-forte  ,  dont  ils  se  battent  les  flancs  lorsqu'ils  sont  irrités  \ 
celle  du  lion  porte  à  son  extrémité  une  houppe  de  poil* 


^7^  Q  TT  E 

Chez  les  ours  ,  les  taupes  ,  les  hérissons  ,  la  queue  est 
eourle  ,  ainsi  que  celle  des  pacas,  agoutis],  cochons  d'Inde  , 
et  des  lièvres,  des  cerfs,  des  gazelles  ,  etc.  ;  elle  est  longue 
dans  lesgenettes  el  les  coatis.  La  plupart  des  rats  ont  une 
queue  presque  nue,  longue,  bien  ronde  et  comme  écail- 
leuse  ;  celle  du  castor  est  surtout  remarquable  par  sa  forme 
aplatie  ,  oblongae,  par  sa  surface  ccailleuse  et  nue;  elle  sert 
de  truelle  à  cet  animal,  pour  battre  le  mortier  dont  il  enduit 
ses  huttes ,  lorsqu'il  construit  ses  bourgades.  Les  écureuils 
ont  une  jolie  queue  touffue  et  à  longs  poils  ,  qu'ils  redres- 
sent avec  grâce  sur  leur  dos  pour  s'ombrager  ;  celle  des  ger- 
boises et  des  kanguroos  est  grosse  ,  longue  et  roide  ;  car  ces 
animaux  l'appuient  contre  terre  ,  comme  un  bâton  ou  une 
troisième  jambe  de  derrière  ,  pour  se  soutenir  ,  lorsqu'ils  se 
redressent  sur  leurs  pattes  de  derrière.  Il  y  a  des  moulons  en 
Afrique  ,  dont  la  queue  devient  énormément  grosse  par  une 
tumeur  graisseuse  qui  s'y  fornrre,  et  qu'il  faut  même  soutenir, 
chez  les  espèces  domestiques  ,  sur  un  petit  chariot.  La 
queue  de  la  vache  de  Tartarie  ou  yak  ,  sert  aux  Turcs  pour 
leurs  enseignes  militaires;  de  [h,  le  titre  de  pacha  à  trois 
queues,  etc.  On  connoît  celles  du  cheval ,  du  renard  ,  etc. 
Les  tatous  et  les  pangolins  ont  une  longue  queue  couverte 
comme  leur  corps  ,  et  lorsque  ces  animaux  se  mettent  en 
boule  ,  à  l'approche  de  leur  ennemi  ,  ils  retirent  leur  queue 
sous  le  ventre  ;  les  loirs  s'entourent  de  la  leur  loij|qu'ils  s'en- 
gourdissent ;  celle  des  rhinocéros  ,  des  éléphans  ,  des  hippo- 
potames ,  ne  porte  que  quelques  crins  ou  soies  fort  rudes. 
Dans  les  cétacés,  la  queue,  divisée  en  deux  lobes,  est  toujours 
horizontale  ,  et  lient  lieu  des  pieds  de  derrière  pour  la  nata- 
tion ;  ils  se  nomment,  à  cause  de  cela,  plagiures. 

Les  oiseaux  n'ont  point  ,  h  proprement  parler  ,  de  queue 
charnue  ,  bien  qu'ils  aient  des  vertèbres  coccygiennes  ,  à 
moins  qu'on  ne  prenne  leur  croupion  pour  cette  partie  ;  mais 
ils  ont  de  belles  et  longues  queues  de  plumes  i%n  connoît 
celles  du  paon,  du  faisan,  du  coq,  etc.  Les  perroquets  se  distin- 
guent aussi  par  leurs  queues;  ils  s'en  servent,  comme  les  autres 
oiseaux  grimpeurs  ,  tels  que  pics  ,  grimpgreaux  ,  toucans  , 
coucous,  barbus,  etc.,  pour  s'appuyer  contre  le  tronc  des 
arbres  ,  et  s'aider  ainsi  à  grimper.  Rien  de  plus  magnifique 
que  les  loiigues  et  belles  queues  des  promérops  ,  de  quelques 
gobe-mouches,  etc.  La  riche  queue  en  forme  de  lyre,  dupar- 
kinson  ménure,la  queue  longue  et  se  terminant  en  pointe,  des 
^ras;  celle  de  l'argus  ou  faisan  de  Junon,  sont  les  plus  riches 
de  toutes.  Les  oiseaux  à  pattes  courtes  ont  une  queue  longue 
qui  leur  sert  de  gouvernail;  car  ils  volent  ra-pidement  pouf 
VavUinaire  ;  mais  les  oiseaux  à  longues  jambes  ou  les  éthas-^ 


Q  ÎI  E  ^73 

siers  ,  comme  tous  ceux  qui  patrouillent  dans  la  fange  ,  n'ont 
presque  point  de  queue,  parce  qu'en  volant  ils  tendent  leurs 
pattes  en  arrière  ,  pour  leur  servir  de  coiilre-poids  ,  et  leur 
tenir  lieu  de  queue.  Les  oiseaux  à  vol  lourd  n'ont  pas  ordi- 
nairement la  queue  longue  ;  celle  des  oiseaux  de  proie  est 
d'une  taille  médiocre;  aux  uns  fourchue,  à  d'autres  arrondie, 
ou  cai-rée,  ou  en  forme  de  coin. 

Parmi  les  reptiles  ,  on  ne  trouve  point  de  queue  aux  gre- 
nouilles ,  aux  raines  et  aux  crapauds  ;  car  celle  qu'ils  ont  dans 
Tclat  de  têtard  ou  de  larve  ,  se  résorbe  el  se  dessèche  lors- 
qu'ils subissent  leur  métamorphose  ;  mais  les  tortues  ,  les 
salamandres  ,  les  lézards  el  les  serpens  ont  tous  une  queue 
plus  ou  moins  longue  ,  souvent  arrondie  ,  et  quelquefois 
platp.  Dans  les  amphisbènes  ,  elle  ressemble  à  la  tête  de  ces 
serpens  ;  dans  les  crotales  ou  serpens  à  sonnettes  ,  la  queue 
étant  terminée  par  des  anneaux  d'un  épidémie  sec  et  dur 
comme  le  parchemin  ,  fait  une  sorte  de  bruit  qui  décèle  la 
marche  de  ces  terribles  reptiles.  Ces  sonnettes  caudales,  ou 
ce  crefjltnniîiim,  viennentdela  mue  de  l'animal,  et  augmentent 
chaque  année. 

La  queue  de  tous  les  poissons  est  aplatie  latéralement,  et 
sa  largeur  est  dans  une  position  verticale  ;  elle  se  termine 
ordinairement  par  une  nageoire  ,  bien  que  certaines  espèces, 
telles  que  les  marines,  en  manquent.  Chez  le  poisson-lune,  il 
n'y  a  point  de  queue  ;  aussi  ce  poisson  est  orbiculaire.  La 
forme  ,  la  longueur  et  les  diverses  définitions  de  la  queue  chez 
les  poissons,  les  reptiles,  les  oiseaux,  les  quadrupèdes,  sont 
p!us  speciaieujent  traitées  aux  mots  Mammalogie  ,  Orni- 
thologie, Erpétologie  et  Ichthyologie.  (virey.) 

QLEUE,  Caïuhi.  Nom  donné,  par  Gsertner,  au  filet  qui 
s'élève  du  sommet  de  quelques  semences,  et  qui  est  velu  dans 
toute  son  étendue,  corruTie  dans  les  Clématites.  On  appelle 
aussi  Queue  ,  dans  l'usage  ordinaire  ,  soit  le  pétiole  ,  soit  le 
pédoncule.  V.  ces  deux  mots,  (d.) 

QlJEUE-AKilTE  {  Co/a  agnda  ).  Dénominatien  appli- 
quée ,  par  M,  de  Azara,  à  une  petite  famille  d'oiseaux  dm 
Paraguay,  à  laquelle  il  donne  pour  caracières:lù  tête  un  peu 
petite  ,  relrécie  en  devant  ,  et  couverte  de  plumes  très- 
-serrées  ;  l'œil  petit;  le  bec  effilé  ,  fort  pointu  ,  comprime 
sur  les  côtés,  plus  épais  que  large  ,  luisant  et  presque  droit  ; 
le  pied  et  les  doigts  robustes  ;  la  queue  excessivement  lon- 
gue ,  foible  ,  et  composée  de  pennes  aiguës  et  fortement 
étagées. 

Les  queue- aiguës  que  ee  savant  naturaliste  a  pu  observer, 
sont  sédentaires  el  solitaires  ;  le  mâle  el  la  femelle  se  trou- 
VciU  toujours  ensemlie  ;  ne  fiét^utiUtnl  c|ue  les  luissoBS , 


474  Q  U  E 

sans  pénétrer  tlans  les  bois  ,  ni  se  montrer  dans  les  lieux 
découverts  ;  ils  sautillent  sans  cesse.  Des  douze  espèces  que 
cet  ornithologiste  a  placées  dans  celte  famille  ,  j'en  ai  décrit 
liuit  parmi  les  fauvettes  ,  parce  qu'elles  m'ont  paru  apparte- 
nir à  ce  genre.  J'engage  les  naturalistes  qui  les  verront  en 
nature ,  à  rectifier  mes  erreurs ,  si  je  me  suis  trompé. 

Le  CiCLi.  Tel  est  le  nom  que  M.  de  Azara  a  donné  à  cet 
oiseau ,  parce  qu'il  prononce  ces  deux  syllabes  clairement , 
et  d'un  ton  élevé  et  aigu  ,  que  l'on  entend  de  fort  loin  ;  il  le 
répète  souvent ,  et  de  sorte  que  les  intervalles  ne  durent  pas 
plus  que  les  cris.  Il  est  solitaire  ,  et  il  se  tient  entre  les  cara- 
guatas  oualoës,et  dans  les  halliers  fourrés.  11  est  dans  un  mou- 
vement continuel ,  et  il  ne  se  montre  jamais  m  à  la  cime  des 
broussailles,  ni  dans  les  bois,  ni  dans  les  campagnes.  Son 
vol  ne  consiste  que  dans  le  passage  d'un  buisson  à  un  autre. 
11  a  les  ailes  foibles  et  concaves  ;  les  douze  pennes  de  la 
queue  pointues,  foibles  et  étagées  ;  le  bec  très-comprimé  sur 
les  côtés ,  droit ,  avec  un  petit  crochet  à  sa  pointe  ;  six  pouces 
un  quart  de  longueur  totale;  le  front  brun  ;  le  dessus  la  tête  , 
la  queue  ,  le  pli  et  les  couvertures  supérieures  de  l'aile  d'un 
rouge  carmin ,  un  peu  obscur  sur  les  ailes  et  la  queue  ;  les 
parties  supérieures  d'un  brun  roussâtre  ;  les  plumes  de  la 
gorge  noires  ,  et  terminées  de  blanc  ;  le  devant  du  cou  et  les 
côtés  de  la  tête  ,  d'un  blanc  rembruni  ;  la  poitrine  et  le  ven- 
tre ,  blanchâtres  ;  les  côtés  du  corps  ,  d'un  brun  fauve  clair  : 
les  couvertures  inférieures  des  ailes,  d'un  roux  pâle  ;  le  tarse 
d'un  verdâtre  plombé  ;  le  bec,  noirâtre  en  dessus,  blanchâtre 
en  dessous  ;  l'iris,  d'un  gris  rougeâlre. 

M.  de  Azara  décrit  une  autre  queue  aiguë ,  sous  le  nom  de 
cogogo ,  qui  ne  diffère  du  cicli ,  que  par  son  cri  ,  ses  habi- 
tudes ,  et  par  les  pennes  de  ses  ailes ,  qui  sont  très-foibles  , 
concaves,  et  dont  la  i."«  est  assez  courte  ,  et  les  3.^  ,  4.^ 
et  S.*""^  égales  ;  du  reste  ,  la  ressemblance  est  parfaite  entre 
ces  deux  oiseaux. 

Le  Collier  noir  {^pardo  collamigro)  a  les  ailes  foibles  et 
concaves,  l'extérieure  despennes  caudales  plus  courte  de  seize 
lignes  que  les  quatre  du  milieu;  les  autres  en  tuyaux  d'orgue  , 
inégalement  disposées  ;  le  bec  courbé  sur  toute  sa  lon- 
gueur ,  et  comprimé  sur  les  côtés  ,  noir  en  dessus  et  à  sa 
pointe  d'un  bleu  de  ciel  vif  sur  le  reste;  un  trait  de  blanc  sale 
part  de  la  narine  ,  et  passe  au-dessus  de  l'œil  et  de  l'oreille  ; 
au-dessous  de  ce  trait,  les  côtés  de  la  tête  sont  d'un  noir 
velouté  ;  la  gorge  est  d'un  gris  blanchâtre  ;  une  bandelette 
noire  forme  un  demi-collier  ;  le  devant  du  cou ,  le  dessous 
et  les  côtés  du  corps ,  de  même  que  les  couvertures  infé- 
rieures des  ailes ,  ont  la  teinte  du  tabac  d'Espagne  ;  le  reste 


Q  V  E  475 

du  plumage  est  d'un  brun  noirâtre;  le  tarse  noirâtre;  lon- 
gueur totale  ,  cinq  pouces  dix  lignes. 

Le  Dos  TACHETE,  Eicuipalaria  chorreado,  a  toutes  les  parties 
inférieures,  le  derrière  de  la  tête,  le  dos  et  le  croupion,  d'un 
roux  foible  ;  une  bande  de  la  même  couleur,qui  prend  naissance 
aux  narines,  passe  en  dessus  des  yeux  et  des  oreilles,  et  se  ter- 
mine à  la  nuque  ;  une  tache  noirâtre  à  l'angle  antérieur  de 
l'œil, laquelle  couvre  la  paupière  inférieure  et  l'oreille; les  plu- 
mes du  dessus  de  la  tête  et  du  haut  du  dos  ,  longues  et  poin- 
tues, à  tige  blanche  ,  à  barbes  noires  à  l'intérieur  ,  et  d'un 
plombé  clair  à  l'extérieur  ;  les  petites  couvertures  supé- 
rieures des  parties  internes  de  l'aile  sont  d'un  brun  rous- 
sâtre  ;  les  grandes  (les  mêmes  parties  ,  d'un  rouge  de  carmin 
à  leur  origine  et  à  leur  bout ,  et  noires  sur  leur  milieu  ;  les 
autres  brunes  ;  la  moitié  inférieure  des  pennes  des  parties 
internes  de  l'aile  est  d'un  brun  noirâtre  ;  l'autre  moitié  d'un 
rouge  de  carmin  qui  s'étend  sur  le  milieu  des  pennes  de  la 
partie  extérieure  ,  dont  le  reste  est  brun  foncé  ,  de  même 
que  les  premières  pennes  et  les  tiges  de  toutes  ;  l'extérieur 
de  chaque  côté  de  la  queue  et  l'extrémité  des  autres  pennes, 
d'un  roux  sombre  ;  le  tarse  d'une  teinte  plombée  ;  le  bec 
noirâtre  et  presque  droit  ;  l'œil  noir  ;  les  pennes  de  la  queue 
étagées;  toutes,  à  l'exception  des  deux  extérieures  de  chaque 
côté  ,  dégarnies  de  barbes  à  deux  lignes  de  leur  extrémité. 
Longueur  totale,    cinq  pouces  et  demi. 

Le  Tacheté  chorreadeto  a  six  pouces  deux  tiers  de  longueur 
totale;  la  gorge  blanchâtre;  le  front,  les  côtés  de  la  tête,  le  de- 
vant du  cou  et  le  dessous  du  corps,  couverts  de  plumes  brunes, 
avec  des  taches  longues  et  blanches  sur  leur  milieu  ;  les  cou- 
vertures inférieures  des  ailes  et  le  bord  antérieur  des  pennes, 
d'un  roussâtre  clair;  un  Irait  roussâtre  sur  les  côtés  de  la 
tête ,  lequel  va  de  l'angle  inférieur  de  l'œil  à  l'occiput  ;  toutes 
les  parties  supérieures  d'un  brun  un  peu  foncé;  la  queue  d'un 
rouge  de  carmin  ;  le  tarse  vert;  le  bec  noirâtre  en  dessus  et 
sur  les  bords  ,  et  blanchâtre  en  dessous,  (v.) 

QUEUE  D'ARONDEou QUEUE  D' ARONDELLE. 

Noms  vulgaires  de  la  Fléchière.  (b.) 

QUEUE  DE  BICHE.  Graminée  qui  couvre,  en  été  et  en 
automne,  les  plaines  de  l'Amérique  méridionale,  et  qui  s'é- 
lève à  trois  ou  quatre  pieds.  C'est  le  Barbon  saccharoïde 
de  Swartz  ,  ainsi  que  je  l'ai  observé  en  Caroline.  Comme 
celte  plante  n'est  pas  mangée  par  les  bestiaux  ,  et  qu'elle 
subsiste  desséchée  plusieurs  années  sur  pied  ,  on  est  obligé 
de  mettre  le  feu  aux  savanes  à  la  tin  de  chaque  hiver  pour 
qu'elle  redeviennent  pâturables.  (b.) 


^7^  O  U  E 

QUEUÉ-BLANCHE.  V.  Pygargue.  (s.) 
QUEUEDE  CHEVAL.  V.  au  mot  Prèle,  (b.) 
QUEUE  DE  CRABE  ou  D'ECREVISSE.  Les  Osca^ 

BRlONS  ont  quelquefois  reçu  ce  nom.  (desm.) 

QUEUE  DE  CRABE.  Ce  sont  des  fossiles  contournés 

qu'on  prend  pour  des  queues  d'écrevisse  ,   quoique  dans  le 

fait  ils  appartiennent  à  des  cornes  d'animon  ,    à  àes  gryphites  et 

autres  coquillages  à  spire  aplatie,  (b.) 
QUEUE  DE  CRABE  PÉTRIFIÉE.  On  trouve,  sur  la 

côte  de   Coromandel,  un  fossile  de  couleur  brune  ,  empâté 

dans  une  pierre  marneuse  ,  qui  paroît  avoir  été  la  queue  d'un 

crabe.  V.  Astaciïes.  (pat.) 

QUEUE  EN  EVENTAIL.  Nom  appliqué  ,  par  Buffon  , 

à  un  Gros  BEC.  V.  ce  mot.  (v.) 

QUEUE  DE  FLÈCHE.  V.  Phaéton.  (v.) 
QUEUE  FOURCHUE.  Nom  spécifique  d'un  Bombix. 
V.  ce  mot.  (l.) 
QUEUE  GAZÉE.  F.  Mérion binkion.  (v.) 
QUEUE  JAUNE.   Poisson  de  la  Caroline  ,  le  Leios- 

TOME.  On  appelle  aussi  de  même  un  Scombre  ,  le  scomber 

ihrysiinis.  (c.) 

QUEUE  D'HERMINE.  C'est  le  nom  d'une  coquille  du 

genre  Cône,  Conus  musteUnus.,  Linn.  (desm.) 

QUEUE  DE  LEZARD.  Synonyme  de  Lézardelle.  (b.) 
QUEUE  DE  LIÈVRE.  Nom  de  la  Lâgure  ovale,  (r  ) 
QUEUE  DE  LION.  C'est  la  Phlomideléonuride.  (b.) 
QUEUE  NOIRE.  Poisson  du  genre  des   Perches.    V. 

GOBIOÏDE.  (b.) 

QUEUE  DE  POILE  ou  de  PELLE  ou  de  POILON. 

L'on  nomme  vulgairement  ainsi  la  mésange  à  longue  queue  ^  ea 
plusieurs  lieux  de  la  France.  V.  le  mot  Mésange,  (s.) 

QUEUE  DE  POIREAU.  Nom  vulgaire  de  ïhyacinlhus 
comosus.  (desm.) 

QUEUE  DE  POURCEAU.  C'est  le  Peucedan  offi- 
cinal, (c.) 

QUEUE  DERAT.  Deuxplantes  ont  été  ainsi  nommées; 
lefestucamyurusei  \e  poÛ/os  acaulis.  (DESM.) 

QUEUE  DE  RENARD.  Nom  vulgaire  du  Lilac  ,  de 
I'AmaratsTiie  caudate  et  du  Vïjlpin.  (b.) 

QUEUE  DE  RENARD.  C'est  une  espèce  d' Astragale, 
Aslragahis  alopecuroïdes.    (DESM.) 

QUEUE  DE  RENARD.  On  donne  ce  nom  à  l'extré- 
mité d'une  racine  qui  entre  dans  l'eau  ,  et  qui  pousse  une 
grande  quantité  de  chevelu  enduit  d'une  matière  visqueuse,. 
y.  Racine  et  Végétation,  (r.) 


OUI  l.'j'j 

QUEUE  DE  RONDELLE.  Nom  vulgaîre  du  Cotylet 
NOMBRIL  DE  VÉ^■us  ,  aux  environs  d'Angers,  (b.) 

QUEUE  ROUGE.  V.  Rouge-queue,  à  l'article  Fau- 
vette, (v.) 

QUEUE  ROUGE.  Les  pêcheurs  donnent  ce  nom  au 
scvmber  hippos  de  Linnseus  (  V.  Scombre.  ).  Ils  le  donnent 
aussi  au  spams  eryiJiroiirus.  V.  Spare.  (b.) 

QUEUE  EN  SOIE.  V.  Veuve  a  quatre  brins,  à  l'ar- 
ticle Fbingille.  (v.) 

QUEUE  DE  SOURIS.  C'est  la  Ratoncule.  (b.) 

QUEUE  VERTE.  Nom  àuspams  chlorourus  dehinnxus. 
V.  r.u  mot  Spare.  (b.) 

QUEUES  DE  RAIE  PÉTRIFIÉES.  F.  l'art.  Poissons 

FOSSILES.  (DESM.)     ' 

QUEUNERON.  On  appelle ainsila Camomille  puante, 
aux  environs  de  Roulogne.  (B.)  > 

QUEUX  ou  COS.  Foyez  Pierre  a  rasoir  et  Pierre 
naxienne.  (pat.) 

QUEZAZEH  {Vitrea).  Nom  arabe  de  la  Morgeline 
commune  ou  Mouron  des  petits  oiseaux,  Jlsine  média ^  L. , 
qui  se  trouve  dans  tout  l'Orient,  en  Europe  el^ans  l'A- 
mérique ,  où  elle  a  été  transportée  d'Europe.  (ln.J 

QUIRE  ou  QUIBEL.  V.  Quedec.  (s.) 

QUICKHATCH.  Catesby  et  Edwards  rapportent  ce 
nom  au  Glouton  du  nord  de  l'Amérique.  (desxM.) 

QUIINIER  ,  Quiina.  Arbre  à  feuilles  opposées  ,  entières, 
ovales  ,  ondées  ,  presque  sessiles,  accompagnées  de  deux  sti- 
pules lancéolées  et  caduques  ,  dont  on  ne  connoîi  pas  le  ca- 
ractère des  fleurs;  il  a  pour  fruit  des  baies  jaunâtres,  axil- 
laires,  qui  contiennent  deux  osselets  ovales,  convexes  en 
dehors  et  couverts  de  poils. 

Le  quiinier  croît  à  la  Guyane.  Ses  baies  sont  acides  et 
agréables  au  goût,  (b.) 

QUEUJTA.  Espèce  de  Pleuronecte  commun  sur  la 
côte  de  Norwége.  (b.) 

QUI  JURA  TUI.  Nom  brasilien  de  la  Perruche  jaune. 

(V.) 

QUIL  ou  QUILO-PELE.  A  Ceylan ,  c'est  la  Man- 
gouste des  Indes,  (desm.) 

QUILINEIJA.  Arbuste  qui  ressemble  au  GenÊt  d'Es- 
Pagne  ,  et  dont  les  insulaires  de  Chiloë  font  des  cordes.  " 

J'ignore  à  quel  genre  cet  arbuste  appartient,  (b.) 

QUILLAI,  Quillaj'a.  Avhvc  k  feuilles  alternes  ovales, 
oblongues,  entières,  denliculées,  toujours  vertes,  à  fleurs 
axiUaircs,  qui  forme  un  genre  dans  la  monoécie  polyandfie. 


47»  Q  U  I 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  de  quatre  folioles  ; 
point  de  corolle;  douze  étamines  dans  les  fleurs  mâles  ,  un 
ovaire  presque  rond  et  à  quatre  styles  dans  les  fleurs  femelles; 
une  capsule  à  quatre  loges  ,  chacune  contenant  une  seule  se- 
mence. 

Le  quillai  croît  au  Chili.  Il  a  un  bois  très-dur  ,  que  l'on 
emploie  à  divers  usages.  Son  écorce,  pulvérisée  et  mêlée 
avec  de  Teau,  mousse  comme  le  savon  et  fait  le  même  effet 
pour  dégraisser  les  laines.  On  en  exporte  beaucoup  pour 
cet  usage. 

Gruvel  observe  que  les  fruits  que  Dombey  a  rapportés 
sous  ce  nom ,  et  que  Lamarck  a  figurés  ,  sont  composés  de 
cinq  capsules  disposées  en  étoile  dans  un  calice  commun, 
monophylle  ,  et  à  cinq  divisions  ;  qu'ainsi,  il  faut  qu'il  y  ait 
erreur. 

Les  auteurs  de  la  Flore  du  Pérou  ont  fixé  nos  idées  à  cet 
égard ,  dans  le  développement  des  caractères  du  genre 
SmeCiMadermos  ,  qui  est  le  même  que  celui-ci.  (b.) 

QUILO-PELE.  r.  QuiL.  (desm.) 

QUILTOÏON.  V.  Amazone  tarabé  ,  à  l'article  Per- 
roquet, (v.) 

QUI  MA.  Vovez  ExQUiMA.  (desm.) 

QUIMBA.  Voyez  Quinoa.  (s.) 

JQUIMICHPATLAN.  Nom  canadien, rapporté  par  Fer- 
nandez  au  Polatouche  d'Amérique  (  sciurus  volans  ,  Linn.  ). 

(desm.) 

QUIMOS.  Variété  de  l'espèce  humaine  que  Commerson 
et  quelques  autres  voyageurs  prétendent  avoir  observée  dans 
l'île  de  Madagascar.  C'est ,  dit-on  ,  une  petite  race  d'hommes 
à  longs  bras,  d'une  constitution  maigre,  mince,  mais  d'un 
naturel  opiniâtre  et  courageux  ,  quoique  fort  triste.  Elle  se 
retire  principalement  dans  les  montagnes  du  milieu  de  l'île  , 
et  y  nourrit  des  troupeaux.  D'autres  voyageurs  ont  nié  l'exis- 
tence de  cette  race ,  et  ont  affirmé  que  les  individus  décrits 
n'étoient  que  des  dégénérations  particulières.  Voyez,  le  mot 
Homme  (  virey.  ) 

QUIMPEZÉE  ou  CIIIMPANZÊE.  V.  Orang-ou- 
tang. (VlREY.) 

QU  IN  AIRE,  ()Mmana.  Nom  donné  par  Loureiro  au  genre 
appelé  Vampi  par  Sonnerat,  et  Cookie  par  Retzius.  (b.) 

QUINAQUINA.  On  appeloit  ainsi,  chez  les  Péruviens, 
une  plante  que  ces  peuples  emploient  pour  la  guérison  des 
fièvres.  Jussieu  la  rapporte  au  genre  Mirosperme  ;  mais 
Laubert,  dans  le  troisième  volume  des  Actes  de  la  Société 
linnéenne  de  Londres^  la  figure  comme  une  plante  à  tige  à  trois 
ailes  analogues  à  celles  du  Genêt  ségétal.  Par  erreur  de 


O  TT  I  479 

mol  ,  on  a  irausporté  ce  nom  de  quinquina  à  une  autre  plante 
du  même  pays,  qui  guérit  également  de  la  fièvre,  plante  qui 
est  d'un  genre  bien  différent.  C'est  à  celte  dernière  que  le 
nom  de  quinquina  est  resté  en  Europe  ;  mais  au  Pérou  on 
l'appelle  toujours  cascara  de  loxa.  V.  le  mot  Quinquina,  (b  ) 
QUINATE.  Arbre  du  genre  Nissole.  (b.) 
QUINBIENDENT.  Le  fruit  de  I'Ambelanier  porte  ce 
nom  dans  nos  colonies,  (b.) 

QUmCAJOU.  V.  KlNKAJOU.  (DESM.) 

QUINCAMBO.  Nom  de  la  Ketmie  esculente  {Hi- 
biscus esculentus,  L.  ).  (B.) 

QUINCHAMALI  ,  Quinchamalium.  Plante  à  racine  bis- 
annuelle et  fusiforme,  à  feuilles  alternes,  lancéolées,  li- 
néaires ,  et  à  fleurs  disposées  en  épi  terminal ,  qui  forme  un 
genre  dans  la  pentandrie  monogynie  et  dans  la  famille  des 
éléagnoïdes. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  divisions;  une 
corolle  lubulée  également  à  cinq  divisions  ;  cinq  étamines  ; 
un  germe  ovale  surmonté  d'un  style  à  stigmate  obtus;  une 
capsule  à  trois  loges  polyspermes. 

Le  quinchamali  croît  au  Chili ,  et  y  est  employé  comme 
résolutif  (b.) 

QUINÇONouQuiNSOUN.IVom  provençal  du  PmsoN.(v.) 

QUINÇON  DE  MONTAGNE.  Nom  savoyard  du 
Pinson  d'Ardennes.  (v.) 

QUINCONGL  C'est  un  des  noms  du  Cytise  cajan.  (b.) 

QUI-NHON.  V.   Sa-nhon.  (ln.) 

QUINDÉ.  V.  Oiseau-mouche,  (v.) 

QUINOA.  Plante  du  genre  Anserine.  (b.) 

QUINOMORROCA.  Dans  quelques  endroits  de  l'A- 
frique, c'est  I'Orang  chimpanzée.  (desm.) 

QUINQUE.  r.«:iNK.(v.) 

QUINQUENERES.  Nom  vulgaire  des  Mésanges  en 
Bourgogne,  (v.) 

QUINQUEFOLIUM.  Si  l'on  en  juge  d'après  les  quatre 
lignes  que  Pline  a  écrites  sur  le  quinquefolium  ,  on  peut 
croire  que  les  Romains  attribuoient  ce  nom  à  plusieurs 
plantes.  «  Le  quinquefolium ,  dil  Pline  ,  est  connu  d'un 
chacun  ,  et  même  l'espèce  qui  porte  des  fraises  ,  laquelle 
est  tenue  pour  la  plus  excellente  de  toutes.  Les  Grecs  Vdr^- 
peileiit  pentapetes  chamaezelos  ,  et  peniaphyilon.  Nouvellement 
arrachée  ,  elle  a  la  racine  rouge;  mais  en  se  desséchant  ,eHe 
noircit  et  devient  anguleuse  ;  elle  tire  son  nom  du  nombre 
de  feuilles  qu'elle  porte  ,  etc.  »  On  se  servoll  de  cette 
herbe  pour  bénir  les  maisons.  Selon  Dioscoridc,  le  penia- 
phyilon avoit  des    rameaux   grêles     comme    des    brins    de 


48o  Q  U  I 

paille  ,  de  la  longueur  à'un  pan  ,  et  qui  porloient  les  grainri; 
Ses  feuilles,  semblables  à  celles  de  la  menthe  ,  et  portées 
cinq  à  la  fois  sur  la  même  queue  ,  ctoienl  dentelées  à  l'en- 
tour;  ses  fleurs  liroient  sur  le  jaune  paillé  de  couleur  d'or. 
Cette  plante  croissoit  dans  les  lieux  aquatiques,  auprès  de» 
conduits  d'eaux.  Sa  racine  rougeâtre  ,  longue  et  plus  grosse 
que  celle  de  l'hellébore  noir,  avoit  de  grandes  propriétés, 
sur  lesquelles  Dioscoride  s'étend  beaucoup.  Elle  calmoil  les 
douleurs  de  dents,  guérissoil  les  ulcères  à  la  bouche,  éloit 
utile  contre  la  goutte  ,  la  dyssenterie  ,  etc. 

Ces  deux  descriptions  ne  peuvent  appartenir  à  la  même 
plante  ;  et  sans  entrer  dans  des  commentaires  superflus  , 
faisons  remarquer  ici  que  les  auteurs  rapportent  la  plante 
de  Dioscoride  ,  à  notre  Potentille  rampante  ou  Qusnte- 
FEUILLE,  et  qu'ils  sont  plus  réservés  à  l'égard  de  celle 
décrite  par  Pline.  Plusieurs  d'entre  eux  la  rapportent  à  la 
sanicle  d'Europe,  parce  que  les  ombellules  de  cette  planie 
ombelllfère  sont  rougeâtres  ,  et  que  leurs  fleurs  sont  ra- 
massées de  manière  à  imiter  de  petites  fraises.  Pline  n'a 
pas  pu  avoir  en  vue  la  potentille  rampante,  ni  une  espèce  du 
même  genre  ,  puisque  aucune  ne  porte  de  fraises  ,  ni  rien 
qui  en  ait  l'apparence  ;  tandis  que  la  sanicle  d'Europe  est 
remarquable  et  par  la  disposition  de  ses  fleurs,  et  par  les 
grandes  vertus  qu'on  luiattribuoit ,  vertus  qui  la  firent  ranger 
autrefois  au  nombre  des  quatre  espèces  de  Quiiste-feuilles 
médecinales  :  elle  peut  donc  être  le  quiiiquefulium  de  Pline. 
Cet  auteur  a  sans  doute  compris  ,  dans  ses  ijuinquefolium  , 
l'espèce  décrite  par  Dioscoride  ,  et  il  a  donné  les  noms  grecs 
de  celle-ci ,  pour  ceux  du  quinquefolium  qu'il  décrit. 

he peniapeion  àe  Théophraste  paroît  être  le  même  végétal 
que  le  pentaphyllon  de  Dioscpride.  \oici  les  autres  noms 
qu'on  a  donnés  à  cette  plante  :  pentapetts  ,  pentatomon ,  pen- 
tadactylon  ,  calUpelalum  ,  ocyîopetalon  ,  xyloloion  ,  asphalton  , 
alphaltion  ,  thymatitis  ,  peniacoinon  ,  pentapteron  ,  hermuboianè  , 
ventages  ^  pseudoselinum.  Les  Egyptiens  l'appeloient  enotron  , 
vrphiteheoce  et  orphilo  ;  les  Daces,  propedula ;  les  Latins,  quin- 
quepeta  ,  qidnquepenna  ,  penpedula  ,  et  quinquefolium. 

Adanson  ,  et  d'autres  ,  rapportent  le  quinquefolium  de 
Plirre,  et  le  pentaphyllum  de  Dioscoride,  au  même  genre, 
celui  qu'il  nomme  quinquefolium  avec  ïourncfort,  et  qui 
renferme  les  espèces  du  genre  potentilla  de  Linnaeus  , 
qui  ont  des  feuilles  à  cinq  folioles.  Avant  eux ,  ce  nom  fut 
donné  à  ces  mêmes  plantes  et  à  celles  citées  à  l'article 
penùipyllon  (  V.  ce  mot.  )  ,  nom  grec  ,  dont  quinquefolium  est 
la  traduction  latine,  (lm.) 


QUINQUINA,  Chinchona.  Genre  de  plantes  de  la  pen- 
taùdrie  monogynie ,  et  de  la  famille  des  rublacées ,  qui 
renferme  une  trentaine  d'espèces,  dont  plusieurs  donnent  au 
commerce  l'écorce  qui  porite  le  même  nom ,  et  qui  , 
depuis  trois  siècles,  est  généralement  employée  en  Europe 
pour  la  guérison  des  fièvres. 

Les  caractères  de  ce  genre  sont  :  calice  campanule  à  cinq 
dents  ;  corolle  infundibuiiforme  ,  à  limbe  divisé  en  cinq 
parties,  souvent  réfléchies  et  velues;  cinq  étamines  ;  uu 
ovaire  inférieur,  surmonté  d'un  style  à  stigmate  eu  lête  ; 
une  capsule  à  deux  valves  ,  à  deux  loges  remplies  de  semen- 
cs  aplaties  et  à  bords  membraneux. 

Trente  espèces  environ  ,  extrêmement  voisines  du  PiNK- 
NÉJA ,  du  CosMiBuÈNE ,  des  Macrocnèmes  ,  des  Cates- 
BÉES,  des  ExosTÈMES,  et  des  Portlandes  ,  constituent  ce 
genre.  Toutes  sont  des  arbres  médiocres  ,  ou  des  arbrisseaux 
à  feuilles  opposées  et  à  fleurs  disposées  en  corymbes  ter- 
minaux ,  qui  croissent ,  pour  la  plus  grande  partie,  dans  les 
montagnes  du  Pérou  et  dans  les  contrées  voisines.  Il  s'en 
trouve  cependant  aussi  quelques  espèces  à  la  Guyane  ,  au 
Brésil ,  dans  les  Antilles  et  dans  l'Inde. 

Ce  n'est  que  depuis  quelques  années  que  les  quinquinas 
ont  été  convenablement  étudiés  par  les  botanistes.  Ceux  qui 
les  ont  le  mieux  débrouillés  ,  sont ,  Mutis ,  Zea  ,  Ruiz  et 
Pavon,  HumJboldt  et  Bonpland.  M.  Laubert,  pharmacien  eu 
chef  des  armées  ,  vient  de  rassembler  ,  en  un  volume  tout 
ce  qui  a  été  écrit  sur  ce  qui  les  concerne  ;  et  c'est  à  cet  ou- 
vrage que  je  renvoie  les  lecteurs  qui  voudroient  de  plus  grands 
détails  que  ceux  que  je  vais  donner. 

Les  Espagnols  du  Pérou  nomment  les  quinquinas  ,  casca- 
rilla  ,  avec  une  épithète  qui  distingue  les  différentes  espèces. 
On  les  appeloit ,  en  Europe  ,  à  l'époque  de  leur  intro- 
duction, c'est-à-dire  ,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle 
écorce  indienne ,  ecorce  péi^vienne ,  éçurce  américaine  ,  écorce 
des  jésuites  ,  écorce  du  cardinal  de  Lugo  ,  écorce  de  la  comtesst, 
de  Chincon  ^  écorce  fébrifuge  ^  kiaa-kina,  cascarilla.  D'abord, 
il  n'en  venoit  que  d'un  canton,  de  celui  appelé  Loxa^  et  il 
provenoit  d'une  espèce  qu'on  a ,  dans  ces  derniers  temps , 
appelée  quinquina  de  la  Condamine  ,  parce  qu'elle  a  été 
décrite  par  cet  académicien  (Mémoires  de  l'académie, 
année  lySS).  Aujourd'hui,  on  en  reçoit  de  toutes  les  parties 
du  Pérou  ,  du  royaume  de  Santa  -Fé  ,  du  Brésil ,  des  deux 
Guyanes  ,  des  îles  du  golfe  du  Mexique  ,  etc. 

Une  très-grande  incertitude  a  toujours  eu  lieu,  et  existe 
encore,  malgré  ks  travaux  des  botanistes  précités,  sur  l'ap- 

XXVIII.  3j 


482  Q  U  I 

plication  aux  espèces  connues  des  noms  des  écoices  qui  se 
trouvent  dans  le  commerce.  Souvent  même  ces  écorces 
sont  mélangées,  soit  entre  elles  ,  soit  avec  celles  d'arbres  de 
genres  voisins  ou  éloignés.  De  là ,  cette  grande  irrégularité 
dans  l'emploi  du  quinquina  ,  irrégularité  dont  se  plaignent 
inutilement  les  médecins,  et  qui  aura  toujours  lieu  ,  malgré 
le  haut  prix  auquel  beaucoup  de  malades  se  soumettent  pour 
en  avoir  du  bon  ,  et  tant  que  le  gouvernement  du  pays  où 
croissent  les  deux  espèces,  reconnues  comme  devant  être 
préférées  ,  ne  prendra  pas  ,  avant  de  les  laisser  embarquer 
pour  l'Europe  ,  les  moyens  propres  à  constater  leur  qua- 
lité. Espérons  que  la  nouvelle  ère  qui  se  prépare  pour  ce 
pays,  deviendra  celle  de  la  mesure  que  je  réclame,  et  qui 
peut  être  facilement  exécutée  par  une  inspection  analogue  à 
celle  qui  a  lieu  relativement  au  Tabac  de  Virginie  ,  et  à  la 
Cannelle  de  Ceylan. 

Le  principal  caractère  des  quinquinas  est  une  grande 
amertume ,  qui  varie  en  intensité  et  en  mode  ,  selon  les 
espèces,  et  en  qui  paroîl  résider  essentiellement  leur  qualité 
fébrifuge.  Elle  est  enlevée  par  l'eau,  dans  laquelle  on  les  fait 
infuser.  Ils  contiennent  en  outre  presque  moitié  de  leur 
poids  de  résine  ,  qui  ne  peut  être  enlevée  que  par  l'al- 
kool.  Analysés  rigoureusement ,  ils  fournissent  de  l'acide 
acéteux,  des  sulfates  et  des  muriates  de  potasse  ,  et  de 
la  chaux. 

Ce  n'est  pas  seulement  comme  fébrifuge,  et  le  plus  excel- 
lent des  fébrifuges ,  surtout  contre  les  fièvres  intermit- 
tentes ,  que  le  quinquina  est  employé  en  médecine  ;  on  en 
fait  encore  un  très-grand  usage  comme  stomachique  , 
comme  tonique,  comme  antiseptique.  Il  en  serolt  apporté 
mille  fols  plus  en  Europe,  qu'on  n'en  auroit  pas  encore 
assez.  On  le  prescrit  en  substance  réduite  en  poudre,  depuis 
dix  grains  jusqu'à  deux  gros.  Il  se  donne  en  infusion  dans 
l'eau  et  le  vin  ,  en  décoction  ,  en  extrait ,  en  teinture.  On 
l'unit  aux  sirops ,  aux  purgatifs ,  etc.  Il  entre  dans  les 
lavemens,  et  s'applique  en  cataplasmes,  pour  combattre  la 
gangrène  externe.  Le  seul  reproche  qu'on  puisse  lui  faire , 
lorsqu'il  est  employé,  sans  mesure  et  à  contre-temps  ,  dans 
les  fièvres  intermittentes  ou  autres  ,  c'est  de  donner  lieu 
à  des  obstructions  quelquefois  rebelles. 

La  pulvérisation  du  quinquina  ,  au  moyen  du  pilon ,  pa- 
roît  d'abord  facile;  mais  on  ne  parvient  qu'avec  peine  à  la 
compléter.  Une  faut  l'exécuter  qu'à  mesure  du  besoin,  parce 
qu'elle  favorise  son  altération. 

Les  espèces  les  plus  importantes  à  mentionner  ici  sont  : 


Q  U  I  483 

Le  Quinquina  a  feuilles  en  cœur  ,  qui  a  les  feuilles  en 
cœur  et  pubescentes,  principalement  en  dessous.  On  le  trouve 
au  Pérou.  Son  écorce  est  mise  dans  le  commerce  sous  le  nom 
de  quinquina  jaune ,  aussi  appelé  calysaya  et  quinquina  royal. 

Le  Quinquina  hérissé,  qui  aies  feuilles  ovales,  épaisses, 
roulées  en  leurs  bords,  hérissées  en  dessous.  Il  croît  dans  les 
Cordilières,  aux  environs  de  Pillao.  Son  écorce  porte  dans  le 
commerce  le  nom  espagnol  de  cascarilla  delgada. 

Le  Quinquina  pourpre,  quialesfeuilles  ovales  oblongues 
et  rougeâtres.  Il  croît  dans  les  Cordilières.  Son  écorce  est 
plus  amère  que  celle  d'aucun  autre  quinquina.  On  peut  croire 
que  c'est  lui  qui  fournil  les  quinquinas  appelés  huanucu  dans 
le  commerce,  quinquinas  qui  sont  caractérisés  par  de  petite* 
verrues  à  leur  surface. 

Le  Quinquina  de  la  Condamine  ,  ou  Quinquina  du 
Pérou,  dont  la  corolle  est  hérissée  .  les  feuilles  ovales  lan- 
céolées ,  avec  un  trou  garni  de  poils  à  l'aissclle  des  grosses 
nervures.  Il  croît ,  au  Pérou ,  sur  la  montagne  de  Loxa  près 
Quito.  Condamine  Ta  décrit  el  figuré  le  premier.  C'est  son 
écorce  qui  fournit  le  cascarilla  fina  ^  cascarilla  de  loxa  ,  des 
Espagnols  ;  le  quinquina  gris  ou  des  boutiques  des  Français.  Le 
roi  d'Espagne  avoit  réserve  toute  sa  récolte  pour  son  propre 
compte.  V.  pi.  P.  2, 

Le  Quinquina  a  feuilles  lancéolées.  Il  a  les  feuilles 
lancéolées  ,  aiguës  el  très-glabres.  Il  se  trouve  également  sur 
la  montagne  de  Loxa  Son  écorce,  appelée  par  Mu  lis  çrj/Z/j^yjVia 
orangé  passe  pour  aussi  bonne  que  celle  du  précédent.  Le  mé« 
decin  naturaliste  précité  la  regarde  même  comme  préférable. 

Le  Quinquina  luisant,  quialesfeuilles  oblongnes-aiguè's, 
glabres.  Il  croît  dans  les  montagnes  de  la  Nouvelle-Grenade. 
Ses  Heurs  sont  très-grandes  et  très-odorantes.  Son  écorce 
porte  dans  le  commerce  le  nom  de  quinquina  rouge. 

Le  Quinquina  a  feuilles  ovales,  d'Humboldt  etBon- 
pland  ,  qui  a  les  feuilles  ovales  et  velues  en  dessous.  Il  croît 
dans  la  province  de  Santa  Fé.  On  récolte  son  écorce  pour 
le  commerce  ,  où  elle  est  sans  doute  mise  sous  le  nom  d'une 
autre;  car  on  ne  l'y  trouve  pas  indiquée  spécialement. 

Le  QuiNQLiNA  A  gros  fruits,  qui  a  été  confondu  avec  le 
précédent  lui  ressemble  beaucoup  par  ses  feuilles  ;  mais  il  a 
les  fruits  bien  différens.  Il  croît  dans  la  même  province.  Son 
écorce  est  blanchâtre  ,  et  c'est  elle  probablement  qu'on  con- 
noît  sous  le  nom  de  quinquina  blanc  ,  quinquina  cannelle. 

Le  Quinquina  a  petites  feuilles,  qui  a  les  feuilles  ovales 
obtuses  :  les  fleurs  très-petites  ,  mais  très-nombreuses.  Il 
croît  dans  le  Pérou.  Peut-être  est-il  un  de  ceux  qui  fournis- 
sent le  quinquina  gris  du  commerce. 


i,H  QUI 

Le  Quinquina  a  feuilles  aiguës.  II  a  les  feuilles  ovâtes 
aiguës  ,  la  panicule  terminale ,  la  corolle  blanche  et  glabre. 
Il  croît  dans  les  Cordilières.  M.  Lauberl  élablit  que  c'est 
de  lui  que  provient  le  quinquina  noweau  du  commerce. 
r  Le  Quinquina  des  Antilles  ou  des  Caraïbes  ,  Cm- 
chona  caribœa  ,  Linn. ,  dont  les  fleurs  sont  glabres,  axillaires 
et  presque  solitaires.  Il  est  figuré  pi.  P.  2  de  ce  Dictionnaire. 
On  le  connoît  à  la  Martinique  sous  le  nom  de  quinquina- 
piton  ,  parce  qu'il  croît  sur  le  pilon  ,  c'est  à-dire  sur  le 
sommet  des  montagnes.  M.  Badier  est  le  premier  qui  en  a 
apporté  en  France,  où  on  en  a  fait  l'analyse  ,  et  où  ses  pro- 
priétés ont  été  constatées  et  reconnues  fébrifuges.  Il  abeau» 
coup  de  ressemblance  avec  celui  du  Pérou,  mais  est  plus 
amer,  purge,  fait  vomir,et  chasse  la  fièvre  plus  promptemedt. 
C'est  le  seul  qui  se  cultive  dans  nos  serres,  et  celui  qui  est 
le  plus  commun  dans  nos  herbiers. 

On  connoît  dans  le  commerce  trois  espèces  principales  de 
quinquina  ;  elles  sont  désignées  sous  les  noms  de  quinquina 
gris  ,  quinquina  rouge  ,  et  quinquina  jaune  ou  royal.  Les 
autres  espèces  connues  sous  les  noms  de  quinquina  de  la  Ha- 
vane ^  Carthagène^  Santa-Fé ,  Pilon,  Naoa, soni  peu  usitées  ;  il 
seroit  à  désirer  que  les  gouvernemens  en  défendissent  l'en- 
Iréedans  leurs  ports. 

Le  Quinquina  gris  est  désigné  parles  négocians  sous  les 
noms  de  quinquina  de  Lima  ,  de  Loxa.  C'est  le  Cinchona-Con- 
daminea  de  Bonpland.  Il  arrive  en  caisses  garnies  de  peaux. 
Avant  de  le  livrer  aux  apothicaires  ,  les  droguistes  séparent 
las  écorces  roulées  sur  elles-mêrties,  des  écorces  plates,  puis 
les  grosses  ,  les  moyennes  et  les  petites  ;  ce  qui  établit  plu- 
sieurs sortes  de  la  même  espèce  de  quinquina. 

On  préfère  le  quinquina  gris  en  écorce  desséchée  avec 
soin,  pas  plus  grosse  que  le  doigt,  pas  plus  petite  qu'une  plu- 
me à  écrire,  roulée  sur  elle-même,  pesante  ,  d  un  gris  noi- 
râtre à  sa  surface  ,  chagrinée,  couverte  d'un  léger  lichen  et 
coupée  de  petites  lignes  circulaires  ;  d'une  cassure  nette  , 
brune  à  l'intérieur;  d'une  saveur  astringente,  légèrement 
amère  ;  d'une  odeur  aromatique  analogue  à  celle  du  tan. 
Traitée  par  l'eau  froide  ,  elle  donne  un  extrait  de  couleur 
hyacinthe  ,    connu   sous   le  nom  de  sel  essentiel  de  Lngaraye. 

Le  Quinquina  rouge  nous  est  fourni  par  le  cinchona 
oblongifolia,  selon  Mutis ,  et  le  cinchona  magnifolia  (  Ruiz  ) ,  lu- 
c/da,  lîonpl.  Il  nous  arrive  en  surons.  Cette  espèce  ,  usitée 
dans  plusieurs  contrées  ,  et  préférée  souvent  au  quinquina 
gris  ,  est  en  écorce  d'un  rouge  foncé  ,  d'une  saveur  amère  , 
acerbe  ;  sa. cassure  est  légèrement  fibreuse;  elle  est  plus  ré- 
sLaeuse  que  la  précédente. 


2,   ■       (^  ai/uria/Ki  t/u  7^i'/y)i; 


OUI  485 

Le  QUINQUINA  JAUNE,  coDnu  également  sous  le  nom  de  ca- 
lisaya,  est  Técorce  dan'nchona  cordifolia  de  Mulis.  Il  est  ap- 
porté en  surons.  On  le  trouve  ,  dans  le  commerce  ,  souvent 
couvert  d  un  épidenne  Irès-épals  ,  facile  à  enlever ,  ou  eu 
morceaux  plais  d'un  jaune  pâle  ,  d'une  odeur  foible  ,  d'une 
saveur  amére  très-prononcée.  Les  écorces  plates  ,  sans  épi-  ^ 
derme  ,   portent  le  nom  de  quinquina  royal. 

Les  écorces  du  Cornouiller  de  la  Floride  ,  du  Cor- 
nouiller soyeux,  du  Tulipier,  des  Magnouers  glauque 
et  de  Plumier,  des  Portlandes  ,  d'un  Mahogoni,  d'un 
Clavalier  ,  de  I'Umari  ,  s'emploient  encore  contre  la  fiè- 
vre, et  portent  le  nom  de  quinquina. (b.) 

QUINQUINA   AROMATIQUE.    C'est    la    Casca- 

RILLE.  (b.) 

QUINQUINA  GRIS.  Voy.  Quinquina  aromatioue. 

(s.) 

QUINSOUN.  Nom  provençal  du  Pinson,  (v.) 

QUINSOUN  DE  LA  TESTO  NIGRO.  Nom  pro- 
vençal du  Bouvreuil,  (v.) 

QUINTEFEUILLE.  V.  au  mot  Potentille.  (b.) 

QUINTEUX  (^fauconnerie  ).  C'est  l'oiseau  de  vol  qui 
s'écarte  trop,  (s.) 

QUINTI.  Nom  que  porte  au  Pérou  I'Oiseau-moucue  ^ 
selon  Garcilasso.  (s.) 

QUINTICOLOR.    V.  Soui-manga  de  Sierra-Leona. 

(V.) 
QUINUA.  V.  QuiNOA.  (s.) 

QUINZE  EPINES.Nom  du  Gastéroste-spinachie.(b.) 

QUIO.  C'est  le  Piment  a  fruits  longs,  (b.) 

QUIOQUIO  ou  THIOTHIO.  Nom  donné  à  une  sorte 

de  beurre  qu'on  retire  de  l'amande  contenue  dans  le  fruit 

de  Vaooira  oa  aouara  de  Guinée,  espèce  de  palmier.  Foyczle 

mot  Avoira.  (d.) 

QUIOUQUIOU.  C'est,  dans  le  Poitou,  le  nom  du 
Troglodyte,  (v.) 

QUIQUI  {Mustela  quiqui,  Linn.).  Mammifère  qui  pourroit 
appartenir  au  genre  des  Martes.  (  V.  ce  mot.)  On  le  trouve 
au  Chili,  selon  Molina,  qui  l'a  décrit  dans  l'Histoire  natu- 
relle de  cette  contrée  de  l'Amérique.  11  y  est ,  dit-il ,  de- 
venu un  objet  de  comparaison  ;  car  l'on  y  donne  son  nom 
aux  gens  colères.  Quoiqu'il  ne  soit  pas  plus  gros  que  la 
belette  ,  il  s'est  fait  remarquer  par  son  naturel  irascible  et 
féroce.  Les  souris  sont  sa  proie  de  prédilection  ,  et  il  se  loge 
dans  des  trous  en  terre.  La  femelle  met  bas  plusieurs  Sois 
par  an. 


486  Q  U  I 

Le  quiqui  a  le  sommet  de  la  tête  aplati,  les  oreilles  courtes 
€t  arron<lies  ;  le  museau  formé  en  coin  ,  le  nez  comprimé  , 
avec  une  tache  blanche  au  milieu  ;  enfin  ,  le  pelage  brun.  A 
celte  distinction,  Molina  ajoute  que  la  bouche  est  aussi  fen- 
due que  celle  d'un  crapaud,  et  que  les  pattes  sont  sembla- 
bles à  celles  des  lézards,  avec  cinq  doigts  à  chaque  pied,  ar- 
ïnés  d'ongles  fort  crochus.  Ces  derniers  attributs  me  parois- 
sent  exagérés  ou  imaginaires;  l'ouvrage  de  Molina  n'est  pas 
toujours  exempt  de  pareilles  caricatures  en  histoire  natu- 
relle, (s.) 

QUIR.  V.  QuiL.  (s.) 

QUIRIVEL,  Quirhelia.  Genre  de  plantes  établi  par  Poi- 
ret,  mais  que  les  autres  botanistes  pensent  ne  devoir  pas 
être  séparé  des  Apocins.  Il  ne  renferme  qu'ime  seule  es- 
pèce ,  arbrisseau  de  Ceylan  ,  dont  les  feuilles  sont  réticu- 
lées,  (b.) 

QUIRIZAO  ,  ou  CuRASso  de  la  Jamaïque.  C'est  ainsi 
que  Brown  et  le  chevalier  Hans  Sloane  ont  désigné  le 
hocco  noir  dans  leur  Histoire  naturelle  de  la  Jamaïque.  Voy. 
Hocco,  (s.) 

OUIRPÈLE.  V.  QuiL.  (s.) 

QUIRQUINCHO  ou  QUIRIQUINCHO.Nom donné, 
par  les  Espagnols  de  la  Nouvelle-Espagne  ,  aux  grandes  es- 
pèces du  genre  Tatou.  Voyez  Tatou  noir  et  Tatou  velu. 

(desm.) 

QUIS  ,  ou  plutôt  KIES,  qu'on  prononce  (Kis).  Nom 
que  les  Allemands  donnent  au  Fer  sulfuré,  (ln.) 

QUISCALE,  Quîscalus,  Vieill.  ;  Gracula,  Lath,  Genre  de 
l'ordre  des  oiseaux  Sylvains,  et  de  la  famille  desCoRACES; 
V.  ces  mots.  Caractères:  Bec  glabre  et  comprimé  à  sa  base, 
droit,  entier,  robuste,  à  bords  anguleux  très- acérés  et 
rentrant  en  dedans  ;  mandibule  supérieure  prolongée  en 
pointe  dans  les  plumes  du  front ,  et  inclmée  vers  le  bout; 
narines  dilatées,  ovales ,  couvertes  d'une  membrane  ;  lan- 
gue cartilagineuse,  aplatie,  lacérée  sur  les  côtés,  bifide  à 
son  extrémité  ;  la  i."  et  la  5.^  rémiges,  égales  ;  les  2.^  ,  3.« 
et  4-*^  les  plus  longues  de  toutes;  quatre  doigts,  trois  devant, 
un  derrière  ;  les  extérieurs  réunis  le  long  de  la  première 
phalange.  Latham  et  Gmelin  ont  classé  les  quiscales  dans  le 
genre  mainate  ;  mais  j'ai  cru  devoir  les  en  retirer  ,  puisqu'ils 
n'ont  point  les  principaux  caractères  assignés  à  ce  groupe  ; 
ce  ne  sont  pas  non  plus  des  pies^  nom  sous  lequel  Brisson  et 
Buffon  les  ont  décrits,  ni  des  cassiques  ,  puisque  leur  bec  est 
bien  autrement  conformé,  et  de  plus  ils  n'ont  avec  eux  nul 
rapport  dans  leurs  mœurs,  leurs  habitudes  ,    la  construc- 


Q  U  I  487 

tîon  et  la  position  de  leur  nid.  Les  seuls  oiseaux  dont  ils  se 
rapprochent  le  plus  sont  les  troupiales  ;  mais  comme  ils  ont 
des  attributs  particuliers  ,  je  me  suis  décidé  à  les  isoler  gêné- 
riquement.  Ces  oiseaux  ne  se  trouvent  que  dans  les  États- 
Unis,  au  Mexique  ,  et  dans  les  Grandes- Antilles.  Ils  ni- 
chent sur  les  arbres,  font  une  ponte  de  cinq  ou  six  œufs  ^  et 
se  nourrissent  de  vers,  d'insectes  et  de  graines. 

Le  QuiscALE  ATHis,  Gracuîa  aihis  ^  Lath.  Cetoiseau,  que 
l'on  trouve  en  Egypte  et  dans  TAbyssinie  ,  a  été  donné  mal 
à  propos  pour  une  espèce  particulière  ,  car  c'est  noire  mar- 
iin- pêcheur  ;  nous  devons  à  M.  Savigny  la  connoissance  de 
cette  méprise. 

Le  QuiscALE  BARITE,  Quîscalus  harilus,  Vieill.;  Gracula  ha- 
riia ,  Lath.  Daudin  s'est  mépris  en  faisant  de  cet  oiseau  un 
étourneau  ,  car  il  n'en  a  point  le  bec.  On  le  trouve  dans  les 
Grandes  -  Antilles  et  dans  l'Amérique  septentrionale  ,  où 
il  se  nourrit  d'insectes  ,  de  fruits  et  de  graines.  Ces  quiscales 
se  réunissent  en  troupes,  se  mêlant  quelquefois  avec  les  sui- 
vans  ,  et  font  de  grands  dégâts  dans  les  plantations  de  bana- 
niers et  de  maïs.  Le  barite  a  dix  pouces  trois  lignes  de  lon- 
gueur totale  ;  Latham  exagère  sa  taille  en  lui  donnantun  pied 
d'étendue.  Le  bec  est  noir  ,  et  long  de  dix-sept  lignes  ;  Tiris 
blanc;  tout  le  plumage  d'un  noir  lustré,  à  rellets  violets  sur 
la  tête,  le  cou,  le  dos,  les  petites  couvertures  supérieures 
des  ailes  ,  la  gorge  et  le  ventre  ;  à  reflets  verts  sur  les  gran- 
des couvertures  alaires,  les  barbes  extérieures  des  pennes 
caudales  qui  sont  d'un  noir  mat  en  dessous  ;  c'est  aussi  la  cou- 
leur des  pieds. 

La  femelle  diffère  du  mâle  en  ce  que  le  noir  est  terne ,  et 
que  les  reflet»  sont  peu  apparens;  de  plus,  elle  est  un  peu 
plus  petite  ,  et  sa  queue  est  moins  longue.  Le  jeune  ,  avant 
sa  première  mue  ,  est  blanchâtre  sur  les  sourcils ,  et  brun 
sur  le  dessus  du  corps.  Cette  teinte  tire  au  gris  sur  la  tête  ; 
les  joues  et  la  gorge  sont  d'un  blanc  sale  ;  le  devant  du  cou 
et  la  poitrine  roussâtres,  et  les  parties  postérieures  sont 
brunes. 

La  queue  de  ces  oiseaux  présente  une  superficie  plane 
quand  elle  est  étalée  ;  mais  lorsqu'elle  est  pliée,  elle  paroît 
creusée  en  gouttière.  C'est  ainsi  qu'ils  la  portent  quand 
ils  sont  en  repos,  soit  à  terre  ,  soit  sur  un  arbre. 

Le  Grand  Quiscale  ,  Quiscalus  major ,  Vieill.  On  aura 
sans  doute  confondu  cette  espèce  avec  celle  qui  suit;  car  je 
ne  trouve  pas  dans  les  auteurs  une  description  qui  lui  con- 
vienne ,  si  ce  n'est  la  petite  pie  du  Mexique^  de  Brisson,  ou  le 
tzanahoei  de  Fernandez  ;  encore  ne  peut-on  l'appliquer  qu'à 
un  jeune  mâle  en  mue,  ou  à  la  femelle  dont  tout  le  corps  «st 


m  QUI 

couvert  de  plumes  noirâtres  qui  sur  lalêle  et  le  cou  tirent 
sur  le  fauve.  Ne  seroit-ce  pas  encore,  comme  je  le  soup- 
çonne, la  pie  de  la  Louisiane^  dont  parle  Lepage-Dupratz 
dans  son  histoire  de  cette  contrée  ?  Au  reste  ,  cette  espèce  , 
dont  j'ai  vu  plusieurs  individus  dans  des  bandes  de  quiscales 
yersicolors,  habite  particulièrement  le  Mexique  et  la  Loui- 
siane ;  on  la  rencontre  quelquefois  dans  le  nord  de  cette  ré- 
gion ,  mais  elle  ne  s'y  avance  pas  autant  que  ceux-ci ,  qu'elle 
surpasse  en  grosseur  et  de  trois  pouces  au  moins  en  longueur. 
Quant  à  son  plumage ,  il  a  moins  d'éclat  ;  c'est  généralement 
un  noir  profond  à  reflets  bleus  plus  ou  moins  sensibles  ;  la 
queue  est  longue  et  étagée. 

La  femelle  est  un  peu  plus  petite  que  le  mâle  ,  et  porte  la 
livrée  que  j'ai  indiquée  ci-dessus  ;  le  jeune ,  avant  sa  pre- 
mière mue,ressemble]totalement  àceluide  l'espèce  suivante, 
et  n'en  diffère  qu'en  ce  qu'il  a  une  taille  un  peu  plus  forte. 

Le  QUISCALE  CRISTATEI.LE.   V.  MaRTIN-HUPPÉ. 

Le  QuiscALE  VERSICOLOR ,  Quiscalus  versicolor,'W\Qi\\.\  Gra- 
cula  quiscala^  Lalh. ,  pi.  P.  3 ,  n.°  i  de  ce  Dictionnafre. 
Quand  le  mâle  est  dans  son  plumage  parfait ,  il  offre  à  l'œil 
les  couleurs  du  prisme  dans  tout  leur  éclat;  les  reflets  les 
plus  riches  et  les  plus  éclatans  ,  bleus,  pourpres  ,  violets  , 
dorés,  verts,  se  jouent  sur  un  noir  velouté  ;  le  bec  et  les 
pieds  sont  d'un  noir  mat;  l'iris  est  d'un  blanc  d'argent.  Lon- 
gueur totale ,  onze  pouces.  La  femelle  est  plus  petite  que  le 
mâle  ,  et  a  le  dessus  de  la  tête ,  le  cou  et  le  dos  d'un  brun 
fuligineux  ;  la  gorge  ,  la  poitrine  et  les  parties  postérieures  , 
d'un  brun  plus  clair  et  terreux  ;  les  ailes  ,  la  queue ,  le  bas  du 
dos  et  le  croupion  ,  noirs ,  avec  quelques  reflets  d'un  vert 
sombre.  Le  jeune  est  brun  sur  toutes  les  parti«s  supérieures, 
le  bec  et  les  pieds;  roussâtre  sur  les  parties  inférieures;  mais 
cette  teinte  est  plus  foncée  sur  la  poitrine.  11  porte  celte  livrée 
jusqu'à  la  mue ,  qui  a  lieu  aux  mois  d'août  et  de  septembre  ; 
ensuite  les  jeunes  mâles  ressemblent  aux  adultes  ,  dont  le 
plumage  est,  dans  leur  première  année  ,  moins  éclatant  que 
celui  des  vieux. 

Le  tequioaquiacatzanalt  ou  Vélourneau  des  marais  salés  de 
Fernandez  ,  le  maïs  diel  de  Kalm  ,  la  pie  de  la  Jamaïque  de 
Brisson  et  de  Buffon,  le  purple  jackdaw  de  Catesby ,  sont 
tous  des  individus  de  l'espèce  que  les  Américains  nom- 
ment blac  cl  lird ^   dont  il  vient  d'être  question. 

Ces  quiscales  ont  un  genre  de  vie  qui  présente  beaucoup 
d'analogie  avec  celui  de  nos  corneilles  freux  ;  comme  celles-ci, 
ils  se  plaisent  pendant  toute  l'année  dans  la  société  de  leurs 
semblables  ,  placent  leurs  nids  sur  les  arbres  ,  particulière- 
ment sur  les  pins,  les  uns  près  des  autres  ;  et  l'on  en  voit 


O  U  I  ^89 

quelquefois  jusqu'à  quinze  ou  vingt  sur  le  mêine  ;  les  malc- 
riaux  qu'ils  emploient  sont,  à  rexlerieur,  des  liges  et  fies  raci- 
nes'd'une  espèce  d'herbe  pleines' de  nœuds,  que  les  Améri- 
cains nomment  knoi/y ,  liées  ensemble  avec  de  la  terre  gâ- 
chée. L'intérieur  est  composé  d'une  sorte  de  jonc  très-fin,  et 
de  crins  de  cheval.  La  ponle  est  de  cinq  ou  six  œufs  d'une 
couleur  olive  bleuâtre,  parsemée  de  larges  taches  et  de  raies, 
les  unes  noires  et  dun  brun  sombre  ,  les  autres  d'une  tcinle 
plus  foible. 

Cette  espèce  présente  quelquefois  des  variétés  accidentel- 
les. Telles  sont  :  i."  le  cassique  delà  Louisiane^  dont  le  blanc 
pur  tranche  d'une  manière  très-agréable  sur  le  noir  chan- 
geant de  diverses  parties  du  corps ,  et  qui  a  été  donne  mal  à 
propos  pour  une  espèce  distincte   (  oriolus  ludooicianus  )  ; 
2.*^  la  variété  de  ce  prétendu  cassique  ,  décrite  par  Laiham, 
laquelle  a  été  trouvée  à  la  baie  d'Hudson,  dans  une  bande 
de  quiscales  ;  le  blanc  et  le  noir  sont  autrement  distribués 
sur  son  plumage  que  sur  celui  du  précédent,  ce  qui  doit  être, 
comme  dans  tout  ce  ^i  s'écarte  de  l'ordre  général,  et  de-- 
vient  alors  le  patrimoine  du  hasard;   3."  l'individu  rapporté 
à  ce  quîscale  versicolor  ^  par  le  même  auteur  ,  lequel  a  le  bec 
d'une  teinte  pâle,  la  tête  totalement  blanche,  le  dos,   les 
épaules  et  la  poitrine  variés  de  noir  et  de  blanc  ,  les  ailes  et 
la  queue  totalement  de  la  dernière  couleur ,  si  ce  n'est  à 
l'extrémité  des  pennes  secondaires;  4°  enfin,  une  variété 
rapportée  par  cet  ornithologiste  au  cassique   de   la  Loui- 
siane, et  présentée  par  Pennant  pour  une  espèce  distincte  , 
sous  le  nom  de  whiteheaded  or/o/e,  et  par  Gmelin  sous  celui  d'o- 
riolus  hudsonius^   dont  la  livrée  est  noire  cl  blanche  comme 
celle  des  précédens. 

On  rencontre  quelquefois  les  quiscales  dans  l'intérieur 
des  bois  ;  mais  ils  se  tiennent  ordinairement  sur  la  lisière  , 
d'où  ils  se  répandent  dans  les  marais  salés  ,  les  prairies  ,  les 
champs  cultivés  et  les  habitations  rurales  ,  pour  chercher 
leur  nourriture  qui  consiste  en  vers  ,  insectes ,  baies  et  grai- 
nes. Etant,  comme  je  l'ai  déjà  dit ,  d'un  naiurel  très-social , 
ils  se  tiennent  toute  l'année  en  troupes,  quelquefois  si  nom- 
breuses ,  que  l'air  en  est  obscurci  ;  ils  habitent  le  nouveau 
continent  ,  depuis  les  Grandes  -  Antilles  jgsqu'à  la  baie 
d'Hudson  ;  mais  ils  quittent,  à  l'approche  des  frimas  ,  les 
contrées  boréales.  On  les  voit  souvent  ,  comme  nos  pies  et 
nos  corneilles,  à  la  suite  de  la  charrue  ,  pour  se  nourrir  des 
vers  et  des  larves  que  le  soc  met  à  découvert. 

Ces  oiseaux  ne  chantent  qu'au  printemps  ;  leur  ramage 
m'a  paru  sonore  et  ne  pas  manquer  d'agrément ,  quoique 
mélancolique.  De  tous  les  oiseaux  voyageurs  do  nord  de  TA- 


i^o  Q  U  I 

mérique  ,  ce  sont  les  derniers  qui  abandonnent  le  centre  des 
Etats-Unis.  Leur  départ  a  lieu  au  mois  de  novembre  ;  il 
paroît  qu'ils  s'en  éloignent  peu,  puisqu'on  les  y  revoit  dès 
le  mois  de  février.  Ils  fréquentent  alors  les  marais  salés,  où 
ils  se  nourrissent  des  graines  de  la  zizanie  aquatique ,  et  ils 
se  retirent  au  mois  de  mars  dans  les  taillis  et  les  vergers 
voisins  des  habitations  rurales.  Ils  cherchent  à  cette  époque 
leur  nourriture  devant  les  granges,  et  ils  viennent  même  à  la 
porte  des  malsons  pour  prendre  leur  part  de  la  nourriture 
qu'on  distribue  à  la  volaille. 

A  l'époque  des  premiers  établlssemens  des  Européens 
dans  l'Amérique  septentrionale ,  les  qulscales  et  les  trou- 
piales  commandeurs  firent  un  tel  dégât  dans  les  champs  de 
graines  céréales  ,  qu'on  mil  leur  tête  à  prix.  On  les  exter- 
mina aisément,  car  ils  sont  peu  méfians  ,  et  plus  ils  sont 
nombreux  ,  plus  facilement  on  les  approche  ;  mais  il  ré- 
sulta de  leur  destruction  presque  totale  ,  un  mal  qu'on  n'a- 
voit  pas  prévu;  les  blés  et  les  pâturages  furent  dévorés  par 
les  vers  et  les  insectes.  On  fut  donc  forcé  de  les  ménager, 
pour  écarter  un  fléau  inconnu  jusqu'alors.  Le  dégât  qu'ils 
font  encore  ,  devenant  moins  apparent  à  mesure  que  le 
pays  est  plus  cultivé  ,  leur  chair  étant  dure  et  sèche  ,  on  ne 
leur  fait  à  présent  la  chasse  que  par  amusement,  (v.) 

QUISQUALE  ,  Quisqualis.  Plante  à  feuilles  opposées , 
pétiolées  ,  en  cœur  ou  ovales  ,  très- entières  ;  à  fleurs  oppo- 
sées sur  des  épis  axillaires  ou  terminaux,  garnis  de  bractées, 
laquelle  forme  un  genre  dans  la  décandrie  digynie  et  dans 
la  famille  des  thymelées. 

Ce  genre  a  pour  caractères  :  un  calice  à  cinq  divisions  fili- 
formes; une  corolle  de  cinq  pétales  arrondis  ;  dix  étamines 
courtes;  un  ovaire  supérieur  surmonté  d'un  seul  style;  un 
drupe  à  cinq  angles. 

Le  quisquale  est  originaire  de  l'Inde.  F.  pi.  P  2  où  il  est 
figuré.  On  en  indique  deux  variétés  qui  pourroient  fort  bien 
être  deux  espèces,  dont  les  fruits  sont  très-estlmés  dans 
rinde  comme  vermifuges  ,  et  les  fleurs ,  qui  sont  blanches  le 
matin  et  rouges  le  soir  ,  regardées  comme  propres  à  amollir 
les  tumeurs  du  bas-ventre  des  enfans.  Les  feuilles  ont  une 
odeur  nauséabonde  approchant  de  celle  de  la  Stramoine. 
Cependant  on  les  mange  crues,  en  guise  de  raifort  dont  elles 
ont  la  saveur  piquante,   (b.) 

QUISQUILÏUM.  Selon  Pline,  on  donnoit  de  son  temps 
ce  nom  au  chêne  cochaldllifère  (  quercus  coccifera  ) ,  lorsqu'il 
étoit  chargé  de  l'insecte  dont  on  tire  une  teinture.  Clusius 
croit  que  le  nom  de  coscoja  que  les  Espagnols  donnent  à 


Q  U  O  491 

cet  arbre,  dans  la  même  circonstance  ,  de'rive  de  l'ancienne 
dénomination  de  QuiSQUiLiUM.   (l.) 

QUITMOSSE.  C'est  le  Lichen  des  rennes  en  Nor- 
wége,  (b.) 

QUITTER.  C'est,  dansFrisch  ,  le  Cabaret.  FoyezSi- 

ZERIN,  (s.) 

QUIVISIE,  Gilhcrtia.  Genre  de  plantes  de  la  décandrie 
monogynie  et  de  la  famille  des  azédaracs,  qui  présente  pour 
caractères  :  un  calice  à  quatre  ou  cinq  dents  ;  une  corolle 
de  quatre  ou  cinq  pétales;  un  tube  cylindrique,  tronqué, 
supportant  les  étamines  ;  huit  ou  dix  étamines  insérées  sur  le 
tube  ,  et  sessiles  ;  un  ovaire  supérieur  ,  profondément  strié, 
surmonté  d'un  style  à  stigmate  en  tête  ;  une  capsule  à  quatre 
loges,  le  plus  souvent  monospermes. 

Ce  genre  renferme  des  arbustes  à  feuilles  alternes  ou 
opposées, et  à  fleurs  axillaires.On  en  distingue  quatre  espèces, 
toutes  venant  de  l'Ile  de-France,  où  elles  sont  connues  sous 
le  nom  de  bois  de  quivi.  La  plus  remarquable  de  ces  espèces 
est  la  QuiviSŒ  hétérophylle  ,  qui  a  les  feuilles  alternes , 
ovales,  ou  entières,  ou  dentées,  ou  sinuées,  ou  presque  pin- 
nées;  les  pédoncules  axillaires,  uniflores,  et  le  fruit  glabre. 
On  ne  trouve  pas  deux  branches  qui  aient  des  feuilles  sem- 
blables, (b  ) 

QUIXVAL.  V.  Chachunga.  (b.) 

QUOAITA.  r.  Atèle  coaita,(desm.  ) 

QUOASSE  ou  COASSE.  V.  Moufette.  (  desm.  ) 

QUOATA.  V.  Atèle  coaita.  (desm.) 

QUOCOLOS.  Quelques  auteurs  donnent  ce  nom  et  celui 
de  pierre-à-verre ,  à  une  lave  vitreuse  d'une  couleur  verdâtre 
qu'on  trouve  en  Toscane  ,  et  qu'on  emploie  dans  quelques 
verreries  à  bouteilles  et  autres  verres  communs.  Nous  avons 
en  France  des  laves  qui  pourroient  être  employées  utilement 
au  même  usage  ,  ainsi  que  l'ont  prouvé  les  expériences  faites 
par  Chaptal ,  dans  les  verreries  d'Erepian  et  d'Alais.  La  lave 
dure  de  ces  cantons, mêlée  avec  partie  égale  de  cendres  et  de 
soude ,  a  donné  un  verre  excellent  de  couleur  verte.  Les 
bouteilles  qu'on  en  a  faites  éloient  de  moitié  plus  légères  et 
en  même  temps  plus  fortes  que  les  bouteilles  ordinaires. 
Chim. ,  t.  m  ,  p.  262.  (  PAT.  ) 

QUOGELO,  QUOGGELO  ou  KQUOGGELO.  Les 
auteurs  rapportent  ces  noms  africains  au  Pangolin.  Voyez  ce 
mot.  (  DESM.  ) 

QUOIAS-MORROU.  On  trouve  dans  la  Description  de 
r Afrique  par  Dapper  ,  et  dans  plusieurs  autres  voyageurs  , 
l'histoire  d'une  grande  espèce  de  singe,  sous  cette  dénomina- 
tion. C'est  le  même  que  le  barris  ou  le  jocko ,  le  chimpanzée 


^9*  R  A  B 

{simùi  saiyrus,  Lînn.  )  ,  grand  quadrumane  du  genre  des 
Orangs,  à  Tarticle  desquels  nous  le  décrivons  ;  sa  taille  s'é- 
lève jusqu'à  cinq  pieds,  et  il  se  lient  quelquefois  droit,  se 
servant  de  ses  mains  comme  l'homme ,  marchant  avec  un 
bâton  ,  et  le  maniant  avec  adresse  pour  sa  défense.  Les  Por- 
tugais établis  sur  la  côte  d'Afrique  le  nomment  El  sehago,  le 
sauvage  ;  car  on  le  prend  quelquefois  pour  l'homme  des  bois  : 
il  est  noir  et  velu  ,  vit  dans  les  bois  ;  se  fait ,  dit-on  ,  des 
huttes,  des  ajoupas  de  feuillage.  On  prétend  qu'il  aime  les 
femmes  et  enlève  les  négresses.  Il  a  de  longs  bras  ,  et  quoique 
d'un  naturel  assez  tranquille  ,  il  sait  se  défendre  avec  vi- 
gueur ,  des  dénis,  des  ongles,  des  mains;  il  lance  aussi  des 
pierres  avec  adresse.  (  virey.  ) 

QUOIMEAU.  Nom  qu'on  donne,  en  Sologne, au  Butor 

ROUX.  (V.)  '  b      ' 

QUOIMÏOS.  Nom  d'une  race  de  Frai.siers.  fc.) 
QUOJAS  MORROU.  V.  Quoias.  (desm.) 
QUOJOIS-MORAS.  V.  Quoias-  morrou.  (s.) 
QUOUJAVAURAU    ou   QUOJAVANRAN.   Voyez 

Quoias  morrou.  (desm.) 

QUOUIYA.  Nom  de  I'Hydromys  coïpou  au  Paraguay. 
Marcgrave  l'a  appliqué,  mais  à  tort,  à  la  Loutre  du  Brésil. 

(desm.) 
QUOZAO.  V.  Quirizao.  (s.) 
QUUMBENGO.  Nom  de  I'Hyène  en  Guinée,  selon  le 

voyageur  Barbot.  (desm.) 
QUY- LUNE -LONG-  SU.  Nom  chinois  du  Moucde- 

ROLLE  A  COU  JAUNE.  V.  MOUCHEROLLE.  (V.) 

QUYO.  F.  Quio.  (s.) 

R 

RA.  V.  Rha.  (ln.) 

RA  RADJUR.  Nom  suédois  du  Chevreuil,  (desm.) 

RAA,  RAA-DYR,  RAA-BUK.  Noms  du  Chevreuil 
en  Danemarck  et  en  Norwége.  (desm.) 

RAADA.  Nom  du  Silure  électrique  en  Egypte.  V.  ce 
mot,  (B.) 

RAAF.  Nom  hollandais  du  Corbeau,  (desm.) 

RAAS  EL  FEEL.  C'est  le  nom  du  Calao  d'Abyssime, 
dans  ce  pays,  (desm.) 

RAB ,  RAPP  ,  RAVE.  Noms  allemands  du  Corbeau. 

RAB  A.  Celte  plante  de  Lippi  rentre  dans  le  genre  Reme 
d'Adanson.  (b.) 


RAB AGI.  Nom  d'un  Chétodon  (C^.  hifasdatiis).  (desm.) 

RABAILLET.  Nom  que  l'on  donne  à  la  Cresserelle  , 
dans  des  cantons  de  la  Champagne,  (v.) 

RABANA.  Synonyme  de  Moutarde,  (b.) 

RABANEL.  Aux  environs  de  la  ville  d'Orcelis  en  Espa- 
gne ,  c'est  le  nom  d'une  nouvelle  espèce  de  Sénevé,  sinapîs 
dissecta^  Lagasc,  (i-N.) 

RABANO.  En  espagnol,  c'est  le  Raifort,  (desm.) 

RABANENCO  ou  SOFIO.  Noms  languedociens  de 
rOMi'.RR,  espèce  de  iruile.  F,  l'article  Salmone.  (desm.) 

RABAKByVRUM.  V.  Rhabarbarum.  (ln.) 

RABAS  ou  RAVAT.  En  languedocien,  c'est  un  vieux 
mouton  ,  un  mouton  à  laine  pendante  et  frisée.  (r/F.sM.) 

RABAS  ou  PUDI.  Noms  languedociens  du  Putois, 
espèce  de  quadrupède  dh  genre  Marte.  V.  ce  mol.  (desm.) 

RABASSO.  Nom  languedocien  de  la  Truffe,  (desm.) 

RABAT.  V.  Rabas.  (desm.) 

RABATOS.  Troupeau  de  hrefns  qu'on  mène  paître,  de  la 
plaine  sur  les  montagnes  des  Cevennes,  pendant  les  chaleurs 
de  l'été,  (desm.) 

RABBET,  CONY.  Le  Lapin  et  la  Lapine,  en  anglais. 

(desm.) 

RABBIT.  V.  RABBET.  (desm.) 

RABD.  Nom  arabe  d  un  Buphthalme  {Buphihalmum, 
graveolens  ,  Forsk).   (ln.) 

RABDION  ou  RHABDION.  Noms  grecs  de  la  plante 
décrite  par  Dioscoride  sous  la  dénomination  à'hatimus. 
V.  ce  mot.  (ln.) 

RABDOCHLOÉ,  Rahdoddoa.  Genre  de  plantes  établi 
parPalisot-de-Beauvois,potirplacerquelques  espèces  (le  (Bre- 
telles qui  n'ont  pas  les  caractères  des  autres.  Ceux  qu  il  lui 
attribue,  sont  :  épillets  unilatéraux;  balle  calicinaie  de  deux 
valves  très-courtes  et  renfermant  trois  ou  cinq  fleurs,  à 
deux  valves  dont  l'inférieure  est  crénelée  etséiigère  ,  et  dont 
la  supérieure  est  entière,  (b.) 

RABE  ,  RAAB  ,  RAB.  Noms  divers  du  Corbeau  ,  en 
Allemagne.  (DESM.) 

RABÉ  ou  RAFÉ.  Raifort  en  languedocien,  (desm.) 

RABEIREN.  En  languedoc,  c'est  ainsi  qu'on  appelle  les 
Galets  ou  pierres  roulées  dans  les  rivières,  (desm.) 

RABEKES.  Le  voyageur  Robert  rapporte  {Hist.  gên. 
des  Voyages,  tom.  2,  page  87  )  qu'à  l'île  de  May  ,  en  Afri- 
que, il  y  a  des  hérons  gris  ^  que  les  naturels  nomment  Rabè- 
kes.  Cette  espèce  est  la  même  que  le  héron  commun,  (s.) 

RABENSTJ&IN   (  Pierre  de  Corbeau  ).    Nom    allemand 


494  R  A  C 

donné  aux  Bélemnites.  En  Hongrie  ,  il  désigne  une  variété 
d'OesiDiENNE.  (ln.) 

RABETTE  ou  NAVETTE.  V.  au  mot  Chou,  (b.) 

RABIHORCADO  ou  QUEUE  FOURCHUE.  Nom 
espagnol  de  la  Frégate.  Le  même  oiseau  s'appelle  Rabi- 
forcado  en  portugais,  (desm.) 

RABIOULE.  Nom  qu'on  donne  quelquefois  ,  à  la  Rave 
RONDE.  V.  au  mot  Chou,  (b.) 

RABIROLLE.  C'est,  en  Provence,  I'Hirondelle  de 

FENÊTRE.    (V.) 

RABIS.  Nom  patois  du  Loup,  (desm.) 

RABIS.  Nom  de  la  Carline  sans  tige,  dans  \es  Pyré-. 
nées,  (b.) 

RABLE.  Se  dit  de  la  portion  lombaire  et  pelvienne  de 
plusieurs  mammifères ,  et  notammAt  du  lièvre ,  du  lapin  , 
du  chien,  du  chat,  etc.  Lorsque  cette  région  dorsale  est 
munie  de  muscles  robustes  et  épais,  elle  indique  la  vigueur 
ou  l'énergie  de  ces  animaux,  qu'on  appelle  alors  bien  râblés. 
Ces  muscles  très-exercés  et  très-nourris  chez  les  animaux 
laborieux  ou  coureurs,  fournissent,  d  ordinaire,  l'aliment  le 
plus  substantiel,  comme  on  l'observe  dans  le  filet  du  bœuf,  etc. 

(VIREY.) 

RABO.  Nom  languedocien  de  la  vraie  Rave  ou  Turneps 
des  Anglais,  (desm.) 

RABOFORCADO.  Nom  portugais  et  espagnol  de  la 
Frégate,  (v.) 

RABOLANE.  Le  Lagopède  porte  ce  nom  dans  le  pays 
des  Grisons,  (s.) 

RABOTEUSE.  Nom  spécifique  d'une  Tortue,  (b.) 

RABOTEUX.  Poisson  du  genre  Cotte,  (b.) 

RABOUITLERE.  C'est  ainsi  que  l'on  nomme ,  en  terme 
de  chasse,  le  terrier  que  la  lapine  creuse  à  l'écart  pour  dépo- 
ser ses  petits.  V.  au  mot  Lapin,  (s.) 

RAC.  Nom  donné  par  Adanson  à  un  très -petit  Buccin 
de  la  côte  d'Afrique.  Il  diffère  fort  peu  du  NisoT  ou  Murex 
sinensis  de  Gmelin.  (b.) 

RACANETTE.  Dénomination  que  les  chasseurs  don- 
nent aux  Sarcelles,  (s.) 

RAC ARIER,  iîacar/a.  Arbrisseau  de  la  Guyane,  épi- 
neux, sans  branches,  à  feuilles  alternes,  ailées  sans  im- 
paire, à  folioles  opposées,  ovales-oblongues  ,  terminées  en 
pointe  et  portées  sur  des  pétioles  courts,  renflés  à  leur  base, 
dont  on  ne  connoît  pas  les  Heurs. 

Ses  fruits  sont  de  la  grosseur  et  de  la  forme  d'un  gland, 
disposésen  grappes  au  sommet  du  tronc,  et  contiennent,  sous 
une  écorce  jaune, une  pulpe  acide,  dans  laquelle  on  trouve 


R  A  C  ,495 

trois  osselets  oblongs ,  qui  se  touchent  par  un  angle  ,  con- 
vexes à  l'extérieur,  et  contenant  chacun  une  amande  qui 
a  le  goût  des  pois  verts,  (b.) 

RACCO.  Variété  de  Froment  cultivée  aux  environs  de 
Nantes,  (b.) 

RACCOON.  Presque  tous  les  auteurs  anglais  donnent 
ce  nom  au  Raton  ordinaire,  (desm.) 

RACE,  vient  de  7î«É/ia;,  racine,  souche.  Ce  mot  désigne 
une  variété  particulière  dans  une  espèce  d'animaux,  variété 
qui  se  maintient  par  la  génération,  parce  que  les  causes  qui 
la  déterminent  sont  toujours  subsistantes.  Ainsi  le  cheval  ne 
forme  qu'une  espèce  unique;  mais  il  y  a  des  races,  c'est-à- 
dire  des  variétés  permanentes  dt  chevaux  ;  tels  sont  les  che- 
vaux barbes ,  ceux  d'Angleterre  ,  ceux  des  Pays-Bas ,  ceux 
de  la  Normandie  ,  ceux  des  Tartares,  ceux  d'Andalousie,  Les 
races  de  chiens  sont  singulièrement  multipliées,  de  même 
que  celles  des  brebis,  celles  des  poules,  etc.  La  domesticité 
crée  des  races  que  l'état  sauvage  ramène  au  type  naturel  de 
l'espèce.  F.  le  mot  Espèce. 

Nous  connoissons  h  peine  cinq  cents  espèces  de  quadru- 
pèdes; encore  pourroit-on  en  réduire  le  nombre,  parce  que 
nous  ne  savons  pas  si  quelques  animaux  voisins  ne  sont  point 
des  races  constantes  d'une  même  tige  originelle,  et  si  les 
influences  des  climats  n'ont  point  créé  des  variétés  qui  se 
maintiennent  fixes  par  la  continuité  de  ces  mêmes  influences. 
Toutefois,  la  nature  paroît  avoir  éprouvé  quelque  grande  al- 
tération dans  les  catastrophes  qu'elle  a  subies.  Tant  d'osse- 
mens  de  toute  espèce  enfouis  dans  le  sol  des  continens,  at- 
testent que  l'empire  de  la  vie  a  souffert  jadis  quelque  at- 
teinte ;  et  lorsqu'on  vient  à  comparer  ces  ossemens  avec  ceux 
des  races  actuellement  vivantes,  on  n'en  trouve -presque 
point  d'entièrement  semblables.  Les  os  fossiles  d'éléphans, 
le  megatherium  ,  les  ossemens  gigantesques  trouvés  dans  di- 
verses autres  contrées,  etc.,  témoignent  assez  que  la  nature  a 
perdu  quelques-uns  de  ses  enfans,  dont  nous  ne  voyons  plus 
aujourd'hui  que  les  débris;  et  ces  mêmes  débris  attestent  par 
leur  taille  que  ces  antiques  races  éloient  bien  plus  vigou- 
reuses et  plus  grandes  que  celles  des  mêmes  espèces  aujour- 
d'hui existantes.  (  V.  les  ossemens  de  grands  éléphans  , 
trouvés  à  Canstadt,  en  Allemagne,  Journal  de  Physicf.^  mai 
1818;  les  Mèm.  de  r  Académie  de  Pétersùourg^  t.  5,  et  article 
Eléphant.  ) 

La  terre  n'est  plus  maintenant  ce  qu'elle  fut  dans  les  temps 
anciens  ;  nous  marchons  sur  les  ruines  d'un  monde  anté- 
iieur  ;  et  à  considérer  la  misérable  et  frêle  existence  de  plu- 
sieurs races,  il  est  à  croire  qu'elles  s'éteindront  un  jour,  et 


496  R  A  C 

qu  il  ne  restera  même  sur  la  face  de  la  terre  aucun  monu- 
ment qui  puisse  retracer  aux  siècles  futurs  leur  antique  exis- 
tence :  tels  sont  les  paresseux  ,  l'unau  et  l'aï,  animaux  infor- 
mes, dégradés,  imparfaits,  que  la  nature  semble  n'avoir 
qu'ébauchés,  et  qu'elle  jeta  sans  force,  sans  défense  ,  pres- 
que sans  mouvement  dans  un  coin  de  la  terre,pour  y  végéter 
tristement  ;  tels  furent ,  parmi  les  oiseaux  lourds  et  sans  vol , 
le  dronle  ,  l'oiseau  de  Nazare ,  dont  les  espèces,  sinon 
anéanties .  ne  sont  plus  connues  que  d'après  le  témoignage 
des  anciens  naturalisles  et  la  foi  des  premiers  voyageurs. 
A  voir  les  disparates  étranges  des  animaux  de  la  Nouvelle- 
Hollande  avec  ceux  de  l'ancien  continent ,  la  nature  serti- 
ble  manquer  des  races  intermédiaires  qui  établissent  des 
nuances  de  conformation  entre  les  uns  et  les  autres;  elle  a 
trop  de  lacunes  pour  former  une  chaîne  non  interrompue 
dans  la  série  des  animaux,  mais  elle  a  trop  de  suite  et  d'or- 
donnance pour  ne  pas  montrer  l'admirable  échelle  de  ses 
productions. 

Les  continens  n'ont  point  été  ce  qu'ils  sont  aujourd'hui  , 
et  les  mers  qui  séparent  les  îles  de  la  terre  ferme  n'ont  pas 
toujours  existé  de  la  même  manière.  En  effet,  comment  des 
quadrupèdes  sauvages ,  des  races  purement  terrestres,  au- 
roient-elles  pu,  traversant  le  vaste  empire  des  mers,  venir 
peupler  les  îles  les  plus  éloignées?  Qui  auroit  transporté 
Torang  outang  à  Bornéo,  le  philandre  à  Surinam  ,  le  poto- 
roo  dans  la  Nouvelle-Hollande,  l'écureuil  bicolor  à  Java  , 
la  méminne  ,  petit  chevrotain,  à  Ceylan  ,  l'aye-aye  à  Mada- 
gascar, etc.-,  tandis  qu'on  ne  trouve  aucun  de  ces  mêmes  qua- 
drupèdes naturalisé  dans  les  continens  voisins?  Comment 
ces  espèces  ,  qui  pourroient  à  grande  peine  nager  l'espace 
d'une  lieue,  auront-ellestraversécent  ou  deux  cents  lieues  de 
mer  pour  aller  échouer  dans  quelque  île  déserte  ?  Qui  les  au- 
roit fait  sortir,  avec  les  plantes,  les  arbres,  lesinsectes,  les  vers, 
les  reptiles,  de  leur  patrie,  pour  aller  au  loin  peupler  quelque 
île  ?D'où  seroient  tirés  les  animaux  et  les  plantes  qu'on  ne 
trouve  nulle  part  sur  la  terre  que  dans  ces  seules  îles?  Si 
l'ancien  monde  avoit  fourni  ses  animaux  à  l'Amérique,  nous 
devrions  donc  trouver  ces  espèces  communes  aux  deux  hé- 
misphères; et  l'on  sait  cependant,  à  n'en  pouvoir  douter, 
qu'aucun  quadrupède  des  plus  chaudes  régions  de  l'Amérique 
ne  se  trouve  dans  l'ancien  monde.  Chaque  animal ,  chaque 
plante  ,  ont  donc  été  créés  dans  leur  propre  patrie  ;  ils  n'ont 
traversé  ni  les  mers,  ni  les  continens  ;  tout  au  plus  se  sont-ils 
répandus  sur  les  bords  de  leur  patrie  ;  mais  aucun  n'a  pu 
émigrer  au  loin  et  abandonner  entièrement  la  région  où  il 
avoll  pris  naissance ,  et  où  sa  conforuialion  étoit  appropriée 


R  A  C  ^97 

à  la  nature  de  celle  région.  Voyez  Géographie  Naturelle 
et  Habitation. 

D'où  vient  donc  la  population  des  plantes,  des  arbres,  des 
quadrupèdes,  desreptiies,  des  vers,  etc.,  dans  lesîles  éloignées 
de  toute  terre  ,  et  dans  l'Amérique,  si  ces  productions  n'ont 
pu  traverser  les  déserts  de  l'Océan  ,  et  si  n-ille  autre  con- 
trée du  globe  ne  présente  les  mêmes  espèces  de  végétaux  et 
d'animaux  ?  Elles  ont  donc  été  créées  sur  le  sol  même 
qu'elles  habitent,  et  y  sont  toutes  nées  ensemble  :  mais  y 
a-t-il  eu  autant  de  créations  partielles  sur  la  terre  qu'il  y  a 
d'îles  et  de  continens  recelant  des  espèces  uniques  et  extraor- 
dinaires ? 

Les  eaux  du  globe  n'ont  point  été  distribuées  toujours  de 
la  même  manière  à  sa  surface  ,  et  nous  voyons,  dans  le  cours 
des  siècles,  l'Océan  changer  peu  à  peu  son  lit.  miner  des 
terrains,  les  morceler,  les  envahir,  et  en  laisser  d'autres  à 
sec.  Quelque  lents  qu'aient  pu  être  ces  changemcns,  ils  n'en 
ont  pas  moins  dû  anéantir  les  plantes  terrestres  et  les  ani- 
maux peu  mobiles  des  régions  submergées.  L'Archipel  indien 
fut  sans  doute  un  vaste  continent  couvert  de  plantes,  d'ani- 
maux de  toute  espèce  ;  lorsque  recouvert  par  les  eaux,  il  n'en 
r.'sta  plus  que  les  terrains  les  plus  élevés,  qui  forment  ces 
îles  nombreuses  que  nous  y  voyons  aujourd'hui ,  les  espèces 
végétales  et  animales  terrestres  qui  ne  purent  échapper  à  la 
destruction,  furent  ainsi  ensevelies  sous  les  ondes,  et  anéan- 
ties à  jamais. 

Ce  qui  nous  montre  que  ces  îles  ont  jadis  appartenu  aux 
continens  voisins,  c'est  qu'elles  ont,  indépendamment  de 
leurs  espèces  particulières  d'animaux etde  végétaux,  plusieurs 
des  races  qui  se  rencontrent  aussi  sur  la  terre  ferme  la  moins 
éloignée  d'elles.  Ainsi,  Madagascar,  Ceylan,  Sumatra,  Bor- 
néo ,  Java ,  possèdent  aussi  des  plantes,  des  bêtes  semblables 
à  celles  des  cotes  ou  d'Afrique  ou  d'Asie  qui  les  avoisinent. 
11  en  est  de  même  de  la  Grande-Bretagne  par  rapport  à  la 
France,  et  de  la  Sicile  à  l'Italie,  parce  que  ces  îles  ont  été 
démembrées  et  arrachées  du  continent  par  quelque  violent 
effort  des  mers,  ou  par  une  commotion  volcanique  de  ces  ter- 
rains. Nous  ne  connoissons  que  ce  qui  est  échappé  à  ces 
fléaux  de  la  nature. 

Les  îles  n'ont  donc  pas  toujours  été  des  îles  ,  et  les  conti- 
nens ont  été  peuplés  de  races  vivantes  et  végétantes  avant  la 
disposition  actuelle  des  mers  sur  le  globe;  l'Océan  a  dû,  en 
se  répandant  au  milieu  des  terres,  submerger  beaucoup  d'a- 
nimaux et  de  végétaux.  Qui  peut  deviner  tous  ceux  quenour- 
rissoient  jadis  les  terrains  envahis  par  la  mer  Méditerranée, 
la  mer  Noire  et  celle  d'Azof ,  la  Caspienne  ,  lamer  Rouge, 

XXYUl.  32 


498  R  A  G 

ïe  golfe  Persique,  celui  du  Bengale  ,  de  Cambaye,  de  Siam, 
du  Tunquin ,  celui  du  Mexique ,  la  mer  Vermeille ,  la  mer 
Jaune  ,  la  baie  d'Hudson  ,  etc.  i*  Qui  peut  énumérer  les  dé- 
luges ,  les  inondations,  les  catastrophes  qui  ont  tourmenté 
notre  planète  depuis  les  siècles  innombrables  qu'elle  roule 
dans  les  cieux  ?  La  main  puissante  du  Créateur  a  mille  fois 
réparé  les  pertes  de  la  nature,  et  il  reste  encore  des  monu- 
«lens  de  ces  ruines  dans  les  entrailles  de  la  terre.  Ces  vieilles 
médailles  d'un  monde  antérieur  nous  annoncent  combien  est 
passagère  notre  existence,  et  combien  peu  nous  devons  me- 
surer les  grands  effets  de  la  nature  par  nos  moyens  bornés 
et  notre  foible  vue. 

A  considérer  même  les  restes  des  animaux  de  cet  ancien 
monde  ,  nos  plus  grandes  espèces  ne  leur  sont  point  compa- 
rables pour  la  taille  ,  puisque  en  jugeant  d'après  la  longueur 
et  les  proportions  des  os,  ces  races  primitives  ont  dû  avoir 
une  masse  et  une  grandeur  bien  supérieures  aux  animaux  de 
notre  temps.  Les  ossemens  fossiles  des  éléphans  dévoient  ap- 
partenir à  des  individus  hauts  de  vingt  et  même  trente  pieds  , 
tandis  que  ceux  d'aujourd'hui  en  ont  à  grande  peine  douze 
ou  quinze.  D'ailleurs ,  la  plupart  des  os  fossiles  qu'on  a  pu 
rassembler  et  comparer ,  sont  ceux  d'animaux  différens  de 
toutes  les  espèces  actuellement  connues.  Le  règne  de  la  vie 
a  donc  changé  ;  les  siècles  ont  introduit  sans  doute  des  mo- 
difications dans  la  structure  des  espèces  ,  parce  qu'ils  en  ont 
apporté  au  globe  terrestre.  En  effet,  les  corps  organisés  sont 
toujours  enrapport  avec  la  nature  des  lieux  qui  leur  sontdesti- 
nés;  et  puisque  les  animaux  sont  si  différens  selon  les  climats, 
l'air,  les  nourritures  et  les  besoins  que  leur  impose  leur  genre 
de  vie  ,  c'est  par  ces  mêmes  circonstances  que  leurs  organes 
ont  été  altérés-,  d'où  il  suit  qu'en  changeant  ces  circonstan- 
ces ,  on  parvient,  par  la  suite  des  temps  ,  à  changer  dans  les 
mêmes  proportions  les  animaux  soumis  à  leur  influence.  Les 
quadrupèdes  ,  tenant  de  plus  près  à  la  terre  que  les  oiseaux 
ou  même  que  les  poissons;  ne  pouvant  pas,  comme  eux,  se 
séparer  du  sol ,  s'élever  dans  un  autre  élément ,  se  soustraire 
par  une  fuite  rapide  ou  par  des  migrations  instantanées  ,  ils 
doivent  éprouver,  dans  toute  leur  intensité,  les  effets  des 
climats,  des  saisons,  des  émanations  des  terrains,  etc.  Leur 
nature,  toute  terrestre,  doit  nécessairementparticiper  à  toutes 
les  révolutions  de  cette  terre  qui  les  nourrit ,  qui  les  allaite  , 
et  dont  ils  sont  entièrement  dépendans  ;  car  l'homme  lui- 
même  ,  malgré  ses  soins  continuels  pour  se  mettre  à  l'abri 
des  vives  impressions  de  l'air,  des  mauvais  alimens  ,  des 
saisons,  est  cependant  différent  en  chaque  contrée  du  monde. 
Ainsi  les  quadrupèdes  ,  qui ,  plus  que  les  autres  animaux,  sont 


R    A  C  499 

exposés  à  ces  influences  depuis  une  longue  suite  de  généra- 
lions,  doivent  en  être  aussi  les  plus  modifiés  dnns  leurs  races. 

On  a  essayé,  en  Angleterre,  de  tirer  vace  des  individus  les 
plus  rapprochés  par  la  parenté,  comme  de  pères,  enfans 
et  frères,  parmi  les  chiens  ,  les  oiseaux  de  basse-cour  et  les 
pigeons.  Sir  John  Sebrigt  a  toujours  observé  de  la  dégénéra- 
tion. Un  autre  particulier  qui  a  fait  les  mêmes  épreuves  sur 
les  cochons,  les  amena  au  point  que  les  femelles  devinrent 
presque  toutes  stériles  ,  et  que  celles  qui  portoient,  offroient 
de  si  foibles  produits  qu'ils  périssoient  pres(|ue  tous  en  nais- 
sant, quoique  les  parens  fussent  bien  nourris.  Selon  Knight/ 
les  plantes  provenant  d'individus  sans  parenté  entre  eux, 
sont  aussi  plus  vigoureuses  que  celles  qui  proviennent  de  trop 
proches  parens. 

L'animal  qui  résulte  des  alliances  de  parenté  au  premier 
degré,  naît  d'ordiu.ùre  pln';  peiit  qu'un  autre,  et  quand  même 
on  l'engraisse  avec  soin  ,  son  ossature  est  plus  mince.  Ou 
pourroit  obtenir  ainsi  une  ou  deux  générations  de  taille  et  de 
beauté  supérieures,  u\aîs  qui  ne  se  soutiendroieot  pas  long- 
temps; car  cette  race  ,  toujours  alliée  à  ses  parens,  devient 
mince  ou  délicate,  et  se  détériore  par  les  qualités  les  plus 
éminentes,  telles  que  la  vigueur  et  l'activité  même  ,  en  con- 
servant des  formes  élégantes.  Cet  abâtardissement  et  cette 
foiblesse  deviennent  telles,  à  la  longue,  que  Us  individus  se 
rapetissent  et  perdent  la  faculté  de  se  reproduire.  Cette 
énervation,  quelque  soin  qu'on  apporte  à  la  prévenir,  est 
inévitable,  selon  un  h.ibile  éleveur  de  bestiaux,  Prinsep. 
(  Sir  John  Sinclair,  Code  d  AgncuUure.  ) 

C'est  donc  principalenient  le  mélange  des  races  qui  pro- 
duit les  plus  beaux  individus,  en  corrigeant  leurs  défauts  par 
des  défauts  contraires;  ainsi,  en  tempérant  les  qualités  ex- 
trêmes par  des  mélanges,  on  obtient  des  produits  intermé- 
diaires d'une  beauté  supérieure  aux  autres.  Delà  vient  l'im- 
portance des  croisemens.  Par  exemple  ,  si  l'on  accouple  une 
jument  à  large  croupe  ,  mais  foible  d'encolure ,  avec  un  éta- 
lon au  contraire  à  large  et  vigoureuse  encolure,  mais  foible 
de  reins  ,  l'on  obtiendra  prctbablement  un  produit  plus  éga- 
lement équilibré,  ou  moulé  avec  plus  d'harmonie  en  toutes 
ses  parties ,  que  ne  l'etoient  ses  parens  ;  car  il  aura  compensé 
le  défaut  de  l'un  par  la  force  de  l'autre.  Ainsi  les  races  ten- 
dent à  se  mélanger  pour  maintenir  la  pureté  et  l'équilibre  de 
l'organisation  qui  constituent  la  beauté  et  la  vigueur. 

D'ailleurs  ,  l'uniformité  dans  laquelle  vivent  les  races  qu'on 
néglige  de  mélanger,  semble  en  user  et  détériorer  le  type,  à 
la  longue  ,  comme  un  instrument  dont  on  se  serviroit  sans 
relâche.  11  est  certain  que  les  animaux  dont  la  vie  et  la  repro  - 


5oo  R  A  C 

duclion  sont  trop  monotones,  n'acquièrent  jamais  un  déve- 
loppenjenl  complet  de  leurs  forces  en  tout  sens;  ils  semblent 
s'endormir  dans  cette  uniformité.  En  effet,  les  élémens  ten- 
dent sans  cesse  à  détruire  les  corps  vivans,  et  agissant  perpé- 
tuellement sur  des  races  dont  la  tige  vieillie  n'a  plus  la  même 
vigueur  ,  ils  parviennent  à  les  abâtardir  ;  il  faut  en  quelque 
sorte  greffer  ces  animaux  sur  une  nouvelle  tige,  pour  les  ré- 
habiliter ,  pour  leur  donner  une  sève  plus  forte,  et  les  em- 
preindre d'un  caractère  plus  mâle.  11  semble  que  la  nature 
en  use  de  même  pour  rétablir  dans  la  vigueur  primitive  de 
leur  espèce,  les  peuples  amollis  par  une  longue  oisiveté.  C'est 
ainsi  que  le  sang  tartare  vient  redonner  de  temps  en  temps 
plus  de  fermeté  et  d'ardeur  au  caractère  timide  et  lâche  des 
Chinois.  Les  races  mongoles  tempèrent  ainsi  leur  férocité  en 
se  mêlant  aux  castes  indiennes,  dont  ils  sont  les  vainqueurs. 
Il  en  est  de  même  de  ces  essaims  de  peuples  barbares  qui,  se 
débordant  des  retraites  du  Nord,  sont  venus  anciennement 
croiser  leurs  vaillantes  légions  avec  les  peuples  opprimés  par 
les  empereurs  romains,  et  ranimer  le  courage  de  toutes  ces 
nations  qu'un  long  esclavage  avoil  abâtardies.  Ces  chocs  inté- 
rieurs qu'éprouvent  quelquefois  les  états,  ne  sont  peut-être 
que  de  secrètes  impulsions  de  la  nature  pour  rétablir  l'équi- 
libre entre  les  races  humaines  ,  pour  retremper  les  familles 
efféminées  d'ancienneté,  par  leur  mélange  avec  des  familles 
plus  récentes  et  plus  vigoureuses  ;  car  nous  ignorons  sans 
doute  jusqu'à  quel  point  le  moral  de  l'espèce  humaine  est 
gouverné  par  son  physique,  et  combien  la  nature  tend  à 
reprendre  ses  droits  en  brisant  toutes  les  barrières  que  les 
lois  de  la  société  lui  imposent  ;  mais  comme  11  n'en  est  point 
de  même  chez  les  animaux  ,  les  races  ne  se  dégradent  pas 
autant  que  dans  notre  espèce. 

On  obtient  souvent  des  produits  de  l'accouplement  de  cer- 
taines espèces  voisines.  C'est  ainsi  que  le  cheval  et  l'ânesse 
donnent  le  bardeau,  et  l'âne  avec  la  jument  produisent  le 
mulet,  qui  n'est  pas  toujours  stérile  dans  les  pays  chauds.  Le 
buffie  avec  la  vache,  ou  le  taureau  et  le  buffle  femelle,  engen- 
drent ensemble  ,  ainsi  que  le  zèbre  avec  l'âne  ,  le  bison  avec 
la  vache  ,  ainsi  que  le  bœuf  velu  de  Tartaiie,  La  race  du  cha- 
meau avec  celle  du  dromadaire,  les  variétés  nombreuses  des 
chiens  avec  le  loup,  le  renard  et  le  chacal ,  la  race  du  bélier 
avec  celle  de  la  chèvre,  celle  du  lièvre  avec  celle  du  lapin  , 
se  fécondent  réciproquement.  Des  auteurs  d'un  grand  nom 
assurent  que  l'union  d'espèces  plus  éloignées  n  est  pas  tou- 
jours sans  résultat.  Plusieurs  prctendeni  avoir  obtenu  des 
métis  du  chien  avec  la  chatte,  du  taureau  avec  la  jument,  de 
1  âne  avec  la  vache  (  produits  appelésyMmar*,  mais  qui  n'ont 


R  A  C  Soi 

pas  lieu  réellement),  et  même  du  chat  avec  le  loir,  selon 
l'illustre  Locke.  On  rapporte  encore  des  exemples  de  pro- 
ductions du  singe  avec  l'espèce  humaine  ;  mais  ces  alliances 
sont,  sinon  impossibles,  au  moins  fort  rares  et  difficiles. 
Quoique  plusieurs  espèces  couvrent  indistinclement  toutes 
leurs  femelles ,  on  prétend  que  le  chameau  refuse  de  couvrir 
sa  mère. 

Les  espèces  domestiques  qu'on  a  long-temps  déformées 
ou  mutilées,  les  chevaux,  les  chiens  dont  on  a  coupé,  pen- 
dant un  grand  nombre  de  générations,  les  oreilles  et  la  queue, 
engendrent  parfois  des  petits  à  queue  et  oreilles  courtes  ; 
mais  ces  déformations,  désavouées  par  la  nature,  disparois- 
sent  au  bout  de  plusieurs  générations,  lorsque  la  main  de 
l'homme  cesse  de  les  mainlenir.  C'est  ainsi  que  des  Juifs 
naissent  quelquefois  avec  un  court  prépuce  ,  par  la  même 
cause  ,  et  que  des  particularités  de  conformation  se  perpé- 
tuent ,  puis  s'éteignent  par  la  suite.  Ces  variétés  des  races  , 
introduites  dans  les  produits  des  générations  ,  ne  se  conser- 
vent que  par  de  perpétuels  efforts,  la  nature  tendant  toujours 
à  reprendre  sa  forme  originelle  II  en  est  ainsi  pour  les  plan- 
tes, les  fleurs  panachées  ,  les  bonnes  graines  qui  se  détério- 
rent suivant  les  terrains.  Voyez  DÉGÉNÉaATiOT^î. 

Il  en  est  ainsi  des  teintes  du  pelage  ou  du  plumage  dans  les 
races  domestiques.  Cet  esclavage  efféminé  ces  êtres,  dégrade 
leurs  couleurs,  les  rapproche  des  nuances  ternes  et  lavées  ^ 
c'est  ainsi  que  des  chiens,  des  chats,  des  chevaux,  des  cochons, 
des  brebis  ,  qui  sont  plus  ou  moins  bruns  à  l'état  de  nature  , 
deviennent  la  plupart  blancs  ou  nuancés  par  l'effet  de  celte 
civilisation,  tout  comme  les  hommes  des  grandes  villes  sont 
étiolés  et  efféminés  en  comparaison  des  ïiabitans  des  cam- 
pagnes. Lorsque  la  domesticité  est  extrême,  les  animaux 
sont  encore  plus  efféminés;  leur  vigueur  se  perd,  leurs  fibres 
n'ont  plus  le  même  ressort  ;  ces  races  portent  alors  l'oreille 
basse,  la  tête  penchée  humblement,  la  queue  pendante, 
comme  les  chiens  et  les  cochons,  etc.  ,  tous  signes  d'avilis- 
sement et  de  lâcheté  des  organes  ;  tandis  que  ces  animaux  , 
fiers  et  ardens  dans  l'état  sauvage,  ont  la  tête  haute,  loreille 
droite  ,  la  queue  dressée,  la  démarche  vive  et  sûre  ,  les  sens 
fins,  l'œil  et  l'oreille  au  guet,  le  cou  tendu  cl  ferme;  toutes 
qualités  que  ces  animaux  perdent  par  notre  fréquentation  ; 
ils  semblent  porter  avec  tristesse  la  chaîne  de  l'esclavage  que 
nous  leur  imposons;  ils  n'ont  plus  l'âme  et  le  courage  de  leur 
espèee  sauvage  ;  ils  la  fuient  ;  ils  craignent  de  se  présenter  à 
ses  regards  dans  l'étal  d'indignité  et  de  dégradation  où  nous, 
les  avons  plongés,  et  viennent  lâchement  implorer  l'assistance 
de  l'homme  auquel  leur  foiblcssc  les  rattache.  En  effet ,  les 


5o2  K    A   C 

animaux  les  plus  indomptables  sont  les  moins  attachés  à 
l'homme,  parce  qu'ils  se  sentent  capables  de  se  pass'er  de 
lui  ;  c'est  par  lâcheté  que  les  autres  ont  pour  nous  de  la  fidé- 
lité ;  nous  estimons  cette  qualité  en  eux,  parce  qu  elle  nous 
est  utile  et  qu'elle  flatte  notre  orgueil  ;  mais  elle  n'en  est  pas 
moins  vile  et  méprisable  aux  yeux  de  l'espèce  et  de  la  nature; 
car  les  chiens,  les  chais  ,  les  oiseaux  privés,  qui  retournent 
vivre  parmi  leurs  semblables  ,  au  milieu  des  forêts ,  en  sont 
battus,  bafoués,  comme  s'ils  déshonoroieni  leur  espèce,  à 
peu  près  comme  le  sauvage  méprise  l'homme  civilisé,  et 
comme  nous  méprisons  les  eunuques  el  les  esclaves.  La  ser- 
vitude ne  dégrade  pas  moins  les  âmes  que  les  corps  ,  car  le 
courage  étant  le  fondement  essentiel  des  vertus,  il  n'est  pas 
donné  aux  êtres  nourris  dans  1  esclavage  d'en  avoir. 

On  observe  encore  une  dégradation  originelle  dans  plu- 
sieurs races  de  quadrupèdes.  11  y  a  des  souris,  des  lapins, 
des  écureuils,  des  chiens,  des  chats,  des  cerfs,  des  daims,  des 
chevaux,  etc. ,  dont  le  pelage  est  très  blanc,  soyeux,  qui  sont 
naturellement  foibles,  délicats,  qui  ont  louïe  dure,  les  yeux 
gris  ou  rouges,  la  vue  tendre,  et  fuient  le  lumière  qui  les 
offusque.  Ces  animaux  analogues  aux  individus  blafards  de 
l'espèce  humaine  et  aux  nègres-blancs  ou  dondons,  kakerlaks, 
albinos,  etc.,  sont  blancs,  à  cause  de  l'absence  du  réseau  mu- 
queux  de  Malpighi ,  qui  est  placé  sous  lépiderme  dans  les 
autres  animaux.  C  est  à  ce  réseau  muqueux  qu'est  due  la  co- 
loration diverse  de  la  peau  de  tous  les  hommes  de  race  blan~ 
che  ,  des  nègres  ,  des  poils  des  quadrupèdes  ,  el  des  plumes 
des  oiseaux  ;  aussi,  lorsqu'il  manque  par  un  défaut  d'organi- 
sation, l'animal  demeure  blafard.  C'est  à  la  même  cause  qu'on 
doit  attribuer  la  rougeur  des  yeux,  car  la  choroïde  n'étant  pas 
peinte  par  l'humeur  qui  lui  est  particulière  ,  soit  brune  ,  soit 
fauve,  selon  les  espèces,  comme  on  le  voit  à  la  couleur  de 
l'iris,  elle  laisse  apercevoir  les  lacis  des  innombrables  vais- 
seaux sanguins  dont  elle  est  traversée  ;  et  comme  elle  laisse 
pénétrer  trop  de  lumière  sur  la  rétine  ,  l'animal  est  offusqué 
pendant  le  jour  ,  mais  voit  fort  bien  dans  le  crépuscule.  Les 
poils  des  animaux  blafards  ne  recevant  donc  aucune  colora- 
lion,  parce  qu'ils  manquent  du  réseau  muqueux,  demeurent 
blancs.  11  y  a  des  éléphans  blancs  par  la  même  cause.  (  Foy. 
les  mots  Eléphant,  Peau  ,  Homme  ,  ISègre,  etc.  )  Nous 
voyons  de  même  que  les  cicatrices  de  la  peau  des  chevaux  ne 
reproduisent  que  des  poils  blancs,  parce  que  le  tissu  muqueux 
ne  se  régénère  pas  dans  cette  partie. 

C'est  à  une  cause  analogue  qu'on  doit  rapporter  la  blan- 
cheur de  certaines  races  pendant  l'hiver  ;  telles  sont  les  her- 
mines el  d'autres  espèces  de  heieltes  {musiela  nimà's ,  erminea  , 


R  A  C  5o3 

Linn.  )  ,  des  blaireaux,  des  isalis ,  des  écureuils,  des  rats,  des 
lièvres,  qui  deviennent  plus  ou  moins  blancs  dans  les  pays 
froids  et  en  hiver,  tandis  qu'ils  revêtent  une  robe  colorée 
pendant  l'été  et  dans  les  pays  chauds.  En  effet ,  la  froidure 
resserrant  extrêmement  les  pores  de  la  peau  ,  rend  inactif  le 
tissu  niuqueux  de  Malpighi,  et  l'empêche  de  colorer  les  poils , 
tandis  que  la  chaleur  de  l'été  fait  un  effet  tout  contraire  ;  aussi 
voyons-nous  que  les  animaux  des  pays  chauds  ont  des  couleurs 
bien  plus  foncées  que  ceux  des  pays  froids,  et  les  parties  su- 
périeures de  leur  corps  étant  les  plus  exposées  à  la  chaleur  et 
à  la  lumière,  portent  aussi  des  teintes  bien  plus  vives  que  leur 
ventre.  Au  reste ,  comme  les  couleurs  blanches  indiquent  la 
foiblesse  du  tempérament  et  même  une  sorte  d'impuissance 
pour  la  propagation,  les  couleurs  vives  et  foncées  annoncent, 
au  contraire,  une  grande  ardeur  pour  l'acte  vénérien  ;  car  la 
plupart  des  animaux  blafards  se  reproduisent  plus  rarement 
que  les  autres.  Si  le  froid  violent  fait  blanchir  les  poils  d'un 
grand  nombre  d'animaux  ,  il  les  rend  plus  déliés ,  plus  touffus 
et  plus  fournis  ;  car  tous  les  quadrupèdes  des  régions  septen- 
trionales ont  des  fourrures  très-chaudes  et  très-épaisses.  Le 
cochon  lui-même  porte  dans  le  Nord  une  espèce  de  duvet, 
ainsi  que  les  chevaux  ,  les  chiens  ,  etc.  ,  par  une  providence 
admirable  de  la  nature  pour  les  garantir  du  froid.  Cette  sage 
prévoyance  s'étend  même  jusqu'auxêtres  insensibles,  puisque 
les  bourgeons  des  arbres  du  Nord  sont  chaudement  enveloppés 
d'écaillés  résineuses,  tandis  que  les  végétaux  des  tropiques  sont 
exposés  nûment  à  l'air.  En  acclimatant  un  animal,  un  arbre 
des  pays  méridionaux  ,  dans  les  contrées  glaciales  des  pôles  » 
ils  se  revêtent  de  couvertures  propres  à  les  mettre  à  l'abrî 
des  hivers  ;  tandis  que  le  contraire  arrive  lorsqu'on  habitue  à 
vivre  dans  les  pays  chauds  des  animaux  et  des  végétaux  du  sep- 
tentrion. 

A  l'égard  des  autres  modifications  des  races  d'animaux  et 
de  végétaux ,  V.  Dégénération. 

Il  y  a  dans^les  races  d'hommes,  ainsi  que  dans  celles  des 
chevaux  et  chiens  de  chasse,  des  caractères  de  généalogie 
écrits  sur  leur  visage  ou  empreints  dans  leurs  mœurs.  On  voit 
des  rqusseaux,  des  bruns,  des  petits,  des  blancs,  des  grands 
(  de  là  ces  noms  de  famille  empruntés  originairement  de  ces 
complexions  )  ,  comme  on  voit  des  familles  de  longs  nez  ou 
de  nez  courts.  On  sait  que  les  maisons  de  haute  noblesse  , 
qui  se  mésallient  peu,  conservent  les  traits  primordiaux  de 
leur  souche  ;  ainsi,  l'on  connoît  la  forme  des  traits  des  Bour- 
bons ,  la  grosse  lèvre  inférieure  de  la  maison  d'Autriche  ;  à 
Rome,  les  Gâtons  étoient  sévères,  les  Appius  violens  et  in- 
flexibles, les  Brutus  ardens  républicains.  Agrippine  dit  de 


5o4  Pi  A  G 

Ncron  (Brilarmicus,  scène  i."): 

Il  se  déguise  eti  vain;  je  lis  sur  son  visage 
Des  fiers  Doniitius  l'humeur  triste  et  sauvage. 
11  mêle  avec  l'orgueil  qu'il  a  pris  dans  leur  sang, 
La  fierté  des  Nérous  qu'il  puisa  dans  mon  flnnc. 

Ainsi, rhumeiir  dominanlepassantdanslesgénérationsavec 
les  traits  de  famille  ,  fail  que  le  sung  ne  ment  jamais.  Phèdre, 
amoureuse  et  coupable  ,  accuse  les  ardeurs  insensées  de  sa 
race  ,  et  Clytemneslre  reproche  à  Agamenmon  le  sang 
d'Alrée. 

Parmi  les  animaux,  l'instinct  de  la  férocité  se  propage  chez 
les  tigres  et  les  léopards,  comme  la  douceur  dans  les  brebis 
et  les  colombes  '.fortes  creantur fortibus  et  bonis.  Les  caractères 
transmis  se  déclarent  jusque  dans  les  songes  par  le  seul  jeu  de 
l'économie  ,  comme  le  remarque  Lucrèce  ,  Rer.  nai.,  lib.  iv. 
Et  quàm  qiiaeque  niagis  sunt  aspera  semina  eorum  , 
Tàin  magis  in  soninis  eadem  sae^ire  necesse  est. 

La  transmission  des  affections  du  moral  dans  les  races , 
vient  de  la  transmission  des  tempéramens  ou  complexions  du 
corps ,  dit  encore  le  même  poêle  ,  lib,  ni. 

Denique  cur  acris  violentia  triste  leonum 
Seminium  sequitur?  Dolus  volpibus  et  fuga  cervis 
A  patrlbus  dalur  ,  et  palrius  pavor  incitât  artus  ? 


Si  non  certasuo  quiàsemine,  seminioque 
Vis  animi  pariter  crescit  cum  corpore  tolo  ? 

On  comprendra  pourquoi  l'hérédité  peut  n'être  pas  cons- 
tante ou  absolue  dans  les  races  par  leur  croisement  ,  parce 
que  celui-ci  mêle  et  éteint  Tune  par  l'autre  des  dispositions 
différenles. 

Qui  pourroit  nier  que  chaque  espèce  de  plante  ne  se  déve- 
loppe spontanément  ,  selon  les  formes  qui  lui  sont  originai- 
rement assignées,  et  que  chaque  animal,  dès  sa  naissance, 
n'exerce  des  mouvcmens  et  des  actes  convenables  à  sa  con- 
servation,  à  sa  vie,  sans  savoir  encore  ce  qu'il  fait?  Cette 
vérité  importante   est   mise  en  tout  son  jour  à  l'article  Insj 

TINCT. 

La  nature  ayant  attribué  une  structure  particulière  à  chaque 
animal ,  et  un  principe  interne  de  mouvement ,  il  s'ensuit  que 
chacune  de  ses  races  agira  d'après  sa  conformation.  Le  ser- 
pent ne  pourra  que  ramper,  le  poisson  nager,  loiseauprendra 
son  essor.  Ces  actes  étant  relatifs  à  l'organisation  de  l'être  , 
l'habileté  que  celui-ci  dépjoie  dès  s.i  nalss;jnre,  appartient, 
i;on  à  sa  volonté  ,  non  à  son  intelligence,  mais  à  l'ouvrier 
qui  a  construil  des  machines  aussi  pai  faites  ;  car  mieux  un 


R  A  G  So3 

automate  est  construit,  plus  ses mouvemens  sont  empreints 
de  rinlelligence  qui  l'a  formé.  On  peut  observer  les  mêmes 
opérations  dans  Tespère  humaine  ,  puisque  sur  toute  la  terre, 
les  hommes  manifestent  un  même  fonds  de  passions ,  d'appé- 
tits ,  de  senlimens,  de  besoins;  et  si  le  cœur  humain  est  par- 
tout semblable  ,  c'est  parce  que  notre  organisation  et  la 
puissance  qui  l'anime  sont  partout  uniformes ,  en  général. 

Cependant  nous  observons  encore  des  dispositions  parti- 
culières également  innées.  Un  enfant  ne  naît  pas  avec  la 
même  complexion,  la  même  force,  le  même  développement 
d'organes  qu'un  autre.  Ces  modifications  primitives  de  struc- 
ture entraîneront  nécessairement  des  penchans  plus  ou  moins 
vifs  en  tel  ou  tel  sens.  Chaque  organe,  par  exemple  ,  ayant 
son  activité  plus  ou  moins  développée  naturellement,  entraî- 
nera l'individu  en  son  sens;  ainsi,  suivant  la  disposition  de 
l'appareil  viscéral,  l'un  naît  plus  vorace  ou  goulu  que  d'autres; 
tel  sera  plus  porté  à  l'amour,  tel  autre  à  l'usage  de  la  pensée, 
etc.  Si  rien  n'étoit  inné  dans  nous,  ayant  tous  une  égale 
aptitude  à  toute  chose,  nous  vivrions  indéterminés  et  immo- 
biles comme  ces  mâts  de  navire  que  des  cordages  tirent  éga- 
lement de  tout  côté;  mais,  au  contraire,  nous  voyons  des 
individus  incapables  de  telle  occupation  dans  les  arts  ,  par 
exemple,  qui  se  jettent  avec  ardeur  dans  le  métier  de  la  guerre 
et  y  réussissent.  Chaque  homme  a  son  génie  : 

Scit  geiiius  natale  cornes  qui  tempérât  astrum  , 
Naturae  deus  hutnanee,  mortalls  in  unum 
Quodque  caput,  vultu  mutabilis  ,  albus  et  ater. 

HoRAT. ,  Epist.  ad  Flor, 

On  ne  se  donne  rien  de  soi-même  ,  si  l'on  manque  du 
germe  du  talent.  Si  une  créature  pouvoit  d'elle  seule  orner 
à  volonté  son  être  de  mille  dons  heureux ,  elle  posséderoit 
plus  qu'elle  n'a  reçu,  ce  qui  est  impossible.  II  est  vrai,  les 
conjonctures  de  la  vie,  la  condition,  l'éducation,  décident  la 
plupart  des  hommes  qui  n'ont  aucune  inclination  marquée; 
aussi  ne  forment-ils  que  des  caractères  insignifians ,  sans 
couleur  ,  sans  forme  propre  ;  mais  il  en  est  d  autres  qu'au- 
cune circonstance  ne  sauroit  empêcher  de  percer  dans  leur 
vocation.  L'arbre  transplanté  hors  de  son  sol  natal,  périt  ou 
conserve  du  moins  toujours  ses  penchans  originels,  milgré 
quelques  déformations  que  la  culture  lui  fait  subir  ;  de  même, 
l'homme  à  vocation  décidée  languit  hors  de  la  place  que  lui 
destinoit  la  nature ,  mais  il  ne  se  transforme  point  ;  donc  il 
apporte  une  inclination  primordiale,  et  il  y  revient  toujours 
avec  ardeur  : 

Naluram  expellas  furcâ,  tamen  usque  recurret. 


5o6  R  A  C 

Il  y  a  des  dispositions  innées  qui  sont  he'réditsires  :  bon 
chien  chasse  de  race^  dit-on.  Ne  seroit-ce  point  parce  que  des 
organes  souvent  exercés  par  l'habitude ,  dans  ces  animaux  , 
acquérant  un  plus  ample  développement ,  seroient  suscep- 
tibles de  transmettre  cette  heureuse  acquisition  aux  descen- 
dans,  par  la  voie  de  la  génération?  L'enfant  sauvage  ,  élevé 
chez  les  peuples  civilisés,  retourne  à  la  vie  indépendante 
comme  à  sa  nature  primitive  ;  tandis  que  l'enfant  de  l'homme 
civilisé,  s'il  est  nourri  dans  la  vie  sauvage  ,  ne  revient  qu'in- 
volontairement à  l'existence  policée,  toujours  factice  et  con- 
trainte. (  V.  au  mot  Habitude  ,  la  différence  du  naturel  et 
de  l'acquis.  ) 

Toutes  ces  observations  prouvent  l'existence  incontestable 
de  directions  innées  dans  nos  inclinations  et  nos  penchans 
primitifs  ;  plusieurs  résistent  même  à  l'éducation ,  à  de  lon- 
gues habitudes  contraires.  C'est  comme  le  dogme  de  la  pré- 
destination ;  car  il  naît  malheureusement  des  esprits  mal 
tournés,  disposés  aux  vices,  comme  il  naît  des  individus 
contrefaits  dans  leurs  membres. 

La  question  des  idées  innées  perd  donc  beaucoup  de  son 
importance  quand  on  veut  consulter  notre  organisation.  Si 
nous  n'apportons  pas  des  connoissances  toutes  faites  dans 
notre  esprit,  en  naissant,  elles  n'en  existent  pas  moins  en 
germes  et  susceptibles  de  végéter  spontanément,  selon  la 
direction  que  notre  tempérament  et  notre  organisation  par- 
ticulière nous  attribuent.  Qu'on  nous  dise  pourquoi  les  idées 
de  mathématiques  se  développoientd'elles  seules  dans  Pascal, 
enfant,  avec  tant  de  perfection  ,  tandis  qu'elles  ne  sauroient 
germer  dans  la  cervelle  d'un  imbécile?  Les  métaphysiciens, 
raisonnant  sans  recourir  à  l'expérience ,  ne  nous  ont  rien 
appris  depuis  plus  de  deux  mille  ans  de  disputes.  Qu'ils  étu- 
dient la  nature  ou  la  physiologie,  ils  seront  bientôt  d'accord 
et  nous  instruiront  davantage  des  merveilleux  phénomènes 
de  notre  existence;  ils  verront  que  notre  cerveau,  en  naissant, 
n'est  pas  comme  une  table  rase  ,  comme  on  le  répète  mal  à 
propos.  (VIREY.) 

RAGHA.  C'est,  selon  Gesner,  le  nom  hébreu  de  la 
Huppe,  (s.) 

RACHAM.  En  hébreu,  c'est  I'Orfraie  ,  et  en  arabe, 
le  Vautour,  (s.) 

RACHAMAH.  Les  Egyptiens  et  les  Maures  appellent 
ainsi  le  Vautour  d'Egypte.  Ce  nom  a  beaucoup  exercé  les 
savans  en  étymologies,  qui  en  ont  fait  l'application  peu  heu- 
reuse au  Pélican,  au  Cygne  ,  à  la  Cigogne.  V.  l'article  des 
Vautours,  (s.) 


R   4  C  S07 

RACHE  ou  RASCHE.  Nom  de  la  Cuscute  a  un  seul 
STYLE  ,  qui  nuit  souvent  aux  vignes  du  Midi,  (b.) 

RACHENLIE.  Nom  allemand  des  Antholyres  ,  selon 
Willdenow.  (ln.) 

RACHIS,  Extrémité  du  Chaume  des  Graminées,  qui 
supporte  les  fleurs  ,  et  qui  est  en  zig  zag  dans  beaucoup  d'es- 
pèces ;  dans  le  Froment  ,  par  exemple.       1 

On  a  aussi  appliqué  ce  nom  aux  axes  des  fleurs  en  Cha- 
tons ,  et  aux  tiges  des  Palmiers  et  des  Fougères,  (b.) 

RACHIS.  r.  Râpe.  (DESM.) 

RACHLEHANE  des  Suédois,  et  par  corruption  Rack- 
LAN.  Sorte  de  petit  Tétras.  V.  ce  mot.  (s.) 

RACINE.  On  appelle  racine  la  partie  la  plus  inférieure 
de  la  plante  ,  constamment  et  irrésistiblement  dirigée  vers  le 
centre  de  la  terre  :  cette  règle  ne  souffre  d'exception  que  pour 
les  plantes  parasites ,  telles  que  le  gui ,  l'hypociste ,  la  cuscute 
et  les  lichens  ,  dont  les  racines  pénètrent  et  croissent  dans  le 
tissu  des  autres  plantes  dans  toutes  les  directions.  V.  Spon- 

GIOLE. 

Les  racines  ne  sont  pas  des  organes  communs  à  toutes  les 
plantes.  Les  conferves ,  les  byssus  ,  les  truffes,  en  sont  dé- 
pourvues. Les  tremelles  n'en  laissent  point  apercevoir.  Je 
les  ai  cherchées  en  vain  sur  ces  plantes  gélatineuses  vivantes  , 
où  quelques  naturalistes  annoncent  les  avoir  observées.  Ce- 
pendant, je  ne  puis  affirmer  leur  absence,  d'après  ce  que  mon 
frère  Henry  Tollard  et  moi ,  nous  avons  vu  sur  la  tremelle 
nostoc  de'sséchée  et  conservée  depuis  deux  ans  dans  nos  her- 
biers. Cette  matière  végétale  animalisée  ,  mise  dans  l'eau  , 
reprit  son  volume  et  sa  forme  première  ,  et  nous  fournit  ainsi 
l'occasion  de  l'observer  comme  si  elle  eût  encore  été  sur  la 
terre  humide,  où  elle  se  développe  après  la  pluie.  Nous  aper- 
çûmes un  prolongement  qui  se  divisoit  en  deux  parties  que 
nous  supposâmes  être  des  racines  ;  mais  ces  prolongemens 
qu'on  voyoit  à  la  faveur  de  la  diaphanéité  de  l'eau ,  dispa- 
roissoient  à  l'œil  nu  dès  que  le  nostoc  étoit  hors  du  fluide. 

Les  lichens  qui  végètent  sur  les  pierres  n'ont  pas  de  racines 
proprement  dites.  Ce  sont  des  suçoirs  faits  en  entonnoir, 
dont  les  lèvres  s'appliquent  aux  substances  végétales  ou  mi- 
nérales, pour  en  aspirer  un  suc  nourricier  en  même  temps 
qu'elles  le  soutirent  encore  de  l'atmosphère  pour  le  digérer 
et  le  modifier  dans  des  viscères  invisibles  pour  nos  sens  gros- 
siers ,  mais  que  l'analogie  et  l'imagination  conçoivent.  Ce 
fluide  nourricier  ,  préparé  dans  les  entrailles  de  ces  plantes 
cryptogames  ,  les  transforme  en  humus  ou  terre  végétale  ; 
et  telle  est ,  pour  le  dire  en  passant ,  l'origine  première  du 
terreau  qui  se  forme  sur  les  pierres  et  qui  s'annonce  à  nos 


5o8  II  A  C 

yeux  par  une  couleur  grise  sur  les  rochers  et  sur  les  vieux 
édifices. 

11  est  des  plantes  dont  les  racines  nagent  sur  l'eau  sans  ad- 
hérer à  la  terre;  d'autres  poussent  des  racines  en  terre  en 
même  temps  qu'elles  en  jettent  dans  l'air,  telles  que  les 
Joubarbes  et  les  Cotylédons;  enfin,  on  voit  des  plantes 
qui  flottent  sur  les  eaux  de  la  mer,  dans  lesquelles  on  n'a- 
perçoit aucunes  racines  ni  suçoirs  analogues  à  ceux  des  plan- 
tes parasites,  mais  seulement  des  porcs  disséminés  dans 
toute  leur  surface  ,  qu'on  considère  comme  les  bouches  ab- 
sorbantes d'un  fluide  qu'elles  digèrent  dans  un  parenchyme 
toujours  plus  dilaté  que  dans  les  plantes  terrestres.  J'ai  ob- 
servé ces  faits  sur  une  foule  de  plantes  que  je  me  suis  pro- 
curées par  des  plongeurs  dans  des  herborisations  maritimes. 
Quant  aux  plantes  marines  fixées  aux  rochers ,  leurs  ra- 
cines sont  extrêmement  fibreuses,  dures  et  ligneuses  ,  et  celte 
disposition  étoit  nécessaire  pour  qu'elles  résistassent  aux 
mouvemens  répétés  des  eaux  de  la  mer,  et  leur  compacité  , 
ainsi  que  leur  volume  ,  indiquent  qu'elles  servent  moins  à 
la  nutrition  des  tiges  qu'à  leur  appui.  11  est  vraisemblable 
que  l'observation  déjà  faite  que  lesplantes  maritimes  dépour- 
vues de  racines  n'ont  pas  de  vaisseaux  longitudinaux  ,  mais 
seulement  des  vésicules  transversales ,  peut  s'appliquer  aussi 
à  celles  qui  ont  des  racines  et  qui  habitent  la  mer  ,  car  les 
racines  de  celles-ci  sont  totalement  ligneuses  ,  et ,  autant  que 
j'ai  pu  le  voir  à  la  loupe  et  à  l'œil  nu  ,  leurs  tiges  ne  renfer- 
ment aucun  appareil  de  vaisseaux  longitudinaux  conducteurs 
d'un  fluide  quelconque.  Tout  se  confond  dans  un  appareil  cel- 
luleux.  Au  reste,  c'est  dans  la  racine  ,  comme  dans  les  autres 
parties  végétales  ,  une  question  difficile  à  résoudre  que  celle 
de  l'existence  et  de  la  forme  des  vaisseaux.  Voyez  ce  que  j'ai 
dit  à  cette  occasion  au  mot  Arbre. 

La  racine  est  l'organe  le  plus  durable  de  la  plante  ;  hîs 
feuilles  et  les  tiges  tombent  et  se  renouvellent  selon  lessaisons; 
elles  périssent  totalement  ou  suspendent  leur  activité  vitale  ; 
mais  le  principe  de  vie  qui  les  animoit  refoulant  dans  les  ra- 
cines ,  y  détermine  dans  Thiver  un  accroissement  non  in- 
terrompu ,  parce  qu'elles  trouvent ,  dans  le  sein  de  la  terre  , 
une  chaleur  supérieure  à  celle  de  l'atmosphère,  suffisante 
pour  y  entretenir  le  mouvement  organique.  Ainsi  les  racines 
croissant  en  hiver,  solidifientpendantcettesaisonleurtexture, 
pour  mieux  se  cramponner  au  sol  et  résister  aux  attaques  des 
animaux  qui  vivent  sous  terre  :  il  se  déduit  naturellement  de 
ce  fait ,  que  toutes  les  plantations  doivent  se  faire  de  préfé- 
rence en  automne  qu'au  printemps  ,  parce  que  les  végétaux 
emploient  cette  saison  à  former  un  chevelu  qui  les  fixe  et  les 
habitue  au  soi. 


R  A  C  rog 

Le  collet  des  racines  des  plantes  vivaces  et  herbacées  doit 
être  considéré  comme  un  centre  d'évolutions  successives  du- 
quel se  déroulent  et  s'élèvent  chaque  printemps  des  végétaux 
que  les  rayons  solaires  attirent  vers  les  régions  célestes  ;  mais 
il  est  remarquable  que  cette  évolutionsoitlimitée,  et  qu'après 
un  certain  nombre  d'expansions  végétales  du  même  centre  , 
celui-ci  périsse,  et  que  des  bourgeons  naissent  de  ses  parties 
latérales  pour  remplir  des  fonctions  attribuées  aux  racines 
mères.  Le  collet  des  racines  est  donc  un  centre  de  vitalité  , 
un  point  plus  déterminé  de  générations  ,  et  doit  être  consi- 
déré comme  l'un  des  moyens  les  plus  actifs  de  la  vie  végétale. 
Dans  la  tulipe  ,  la  tige  ne  s' élevant  jamais  plusieurs  années 
de  suite  du  même  centre ,  et  naissant  chaque  année  du  même 
côté  d'un  nouveau  bulbe  ,  a  fait  dire  que  cette  plante  jouis- 
soit ,  en  quelque  sorte  ,  de  la  faculté  de  changer  de  place 
spontanément,  parce  qu'en  effet  croissant  toujours  du  même 
côté  ,  elle  semble  abandonner  le  sol  où  elle  étoit  d'abord  ; 
mais  ce  n'est  pas  elle  qui  l'abandonne  ,  puisqu'elle  périt  tous 
les  ans  après  avoir  donné  naissance  à  un  bulbe. 

Les  racines  annuelles  des  plantes  des  pays  chauds  devien- 
nent bisannuelles  quand  ces  plantes  sont  transportées  dans 
les  pays  froids  où  le  cours  de  la  végétation  n'est  que  de  six  à 
sept  mois  au  lieu  d'une  année  ;  telles  sont  celles  du  tropeolum 
majus  et  du  ricinus  commuais. 

Les  racines  affectent  diverses  formes  qui  ont  été  rapportées 
à  trois  principales  ,  et  qui  comprennent  de  nombreuses  sous- 
divisions  établies  par  les  botanistes  pour  procéder  avec  plus 
de  sûreté  dans  la  description  des  plantes  :  elles  sont  fibreuses , 
tubéreuses  et  bulbeuses.  Les  fibreuses  naissent  sur  différens 
points  d'un  collet  plus  ou  moins  allongé  ,  selon  les  espèces  de 
plantes ,  se  répandent  et  se  ramifient  en  tous  sens  en  filamens 
très-déliés  et  très-multipliés  ,  sans  affecter  dans  aucune  de 
leurs  parties  la  moindre  inégalité  ni  la  moindre  dilatation  ou 
renflement  dans  leur  tissu.  Les  racines  tubéreuses  ,  au  con- 
traire ,  sont  distendues  et  très-volumineuses  dans  quelques 
points  et  quelquefois  dans  toute  leur  continuité;  telles  soHt 
celles  du  navet  cultivé,  delà  pomme-de-terre,  et  en  général  de 
toutes  les  racines  féculentes  et  alimentaires.  Les  racines  bul- 
beuses ont  peu  d'analogie  avec  les  précédentes  ;  elles  ne  nais- 
sent pas  de  divers  points  d'une  racine  principale  ,  et  ne  se 
renflent  jamais  dans  leur  continuité.  C'est  une  expression 
impropre  dont  on  se  sert  pour  distinguer  les  bulbes  des  li- 
liacées  ,  car  ce  n'est  pas  sur  la  racine  que  réside  le  bulbe  , 
mais  à  la  partie  inférieure  de  la  tige,  et  où  commence  la 
partie  supérieure  du  collet  des  véritables  racines  ,  lesquelles 
parlent  toutes  d'un  même  point,  et  sont  fibreuses  ou  plus 


Sio  R  A   G 

ou  moins  charnues.  Lessquammes  de  l'ognon,  et  de  toute 

autre  plante  cépacée,  sont  des  feuilles  souterraines  et  non  des 

racines. 

Si  on  enlève  avec  soin  chaque  feuille  qui  enveloppe  la  lige 
d'un  ognon  ou  d'un  ail,  on  les  observe  se  continuer  et  aller 
aboutir  aux  extrémités  supérieures  des  squammes  qui  compo- 
sent ce  bulbe.  Ainsi  tout  ce  qu'on  connoît  en  botanique  sous 
les  noms  de  bulbe  écailleux  du  lis  ,  de  bulbe  solide  des  tulipes,  de 
tuniques  des  cépacées,  sont  des  feuilles  qui  vivent  sous  la  terre. 
Les  véritables  racines  de  ces  plantes  sont  fibreuses  et  nais- 
sent de  la  partie  inférieure  de  la  tige  pour  s'enfoncer  dans  la 
terre,  tandis  que  les  tuniques  et  les  squammes  des  bulbes 
tendent  constamment  à  s'élever  hors  de  terre,  comme  si  elles 
étoient  sans  cesse  attirées  dans  Tatmosphère  par  leurs  pro- 
longemens  amplexicaules  qui  embrassent  et  engaînent  la  tige, 
dont  la  partie  inférieure  est  invaginée  dans  le  bulbe  que  la 
réunion  de  ces  feuilles  souterraines  compose. 

On  ne  connoît  pas  la  cause  de  la  coloration  des  racines. 
La  terre  ne  paroît  pas  y  concourir  ,  et  la  lumière  ne  les  tou- 
chant pas,  ne  peut  y  contribuer.  Leurs  tégumens  sont  plus 
épais  que  ceux  des  tiges ,  et  les  pores  qui  s'ouvrent  à  leur 
surface  sont  plus  multipliés  que  dans  les  autres  parties  des 
végétaux  ,  surtout  dans  les  plantes  herbacées. 

La  substance  ligneuse  est  en  général  moins  abondante  dans 
les  racines  que  dans  les  tiges  ainsi  que  la  moelle  ;  mais  il  est  à 
remarquer  que  dans  les  racines  le  tissu  ligneux  esi  plus  serré 
dans  les  parties  voisines  de  Técorce  que  vers  la  moelle ,  tandis 
qu'on  observe  une  disposition  contraire  dans  les  tiges.  Cette 
observation  fait  voir  que  les  utricides  sont  placés  au  centre 
des  racines ,  et  qu'ils  sont  plus  à  l'extérieur  dans  les  parties  de 
la  plante  hors  de  terre  ,  afin  de  recevoir  le  stimulus  de  la 
lumière  qui  favorise  la  chylification  dans  les  surfaces  végé- 
tales exposées  aux  rayons  lummeux  ,  disposition  inutile  dans 
les  racines  ,  puisqu'elles  ne  sont  pas  en  contact  avec  la  lu- 
mière ,  et  que  destinées  ,  d'ailleurs,  à  aspirer  les  sucs  de  la 
terre  ,  il  étoit  nécessaire  qu'elles  eussent  un  tissu  réliculaire 
plus  lâche  à  leur  centre  ,  dont  les  ulricules  plus  dilatés  doi- 
vent être  considérés  comme  les  réservoirs  de  la  sève  ,  qui 
s'élève  dans  les  tiges  par  les  fibres  ligneuses. 

La  longueur  et  le  nombre  des  racines  sont  toujours  en  rai- 
son inverse  du  nombre  des  feuilles  et  de  leurs  surfaces  ,  parce 
que  c'est  par  ces  deux  organes  que  la  nutrition  s'opère  ;  ainsi 
les  plantes  grasses  ,  comme  les  cactus  ,  qui  absorljent  abon- 
damment les  fluides  humides  de  l'air,  ont  très-peu  de  racines. 
Daubenton  a  observé  ,  pendant  cinquante  ans  ,  un  cactus 
tétragone  dans  le  même  pot,  et  dont  l'accroissement  se  faisoit 


R  A  C  5x1 

toujours.  Les  arbres  qui  ne  perdent  jamais  leurs  feuilles  ont 
de  très-foibles  racines  ,  parce  que  celles-ci  leur  sont  presque 
inutiles  pour  opérer  la  nutrition. 

Les  plantes  alpines  et  celles  qui  luttent  contre  l'instabilité 
des  sables  mobiles  des  bords  de  la  mer  ,  ont  des  racines  très- 
volumineuses  et  très-longues.  Les  Elimes  ,  les  Bugranes  , 
certaines  Laiches  ,  les  Luzernes  ,  ont  des  racines  très-lon- 
gues qui  leur  procurent  une  grande  force  végétative  dans  les 
terres  calcaires. 

Les  racines  répugnent  à  certaines  couch«s  de  terre  qu'elles 
fuient ,  et  vont  cbercher  quelquefois  ,  loin  de  là  ,  un  sol  qui 
leur  plaît  davantage,  plus  riche  en  bumus  végétal,  après 
avoir  traversé  des  roches  et  des  murailles  ,  et  dans  ces  cir- 
constances leurs  tiges  végètent  très-peu. 

Dans  les  plantes  monocolylédones ,  les  racines  ont  une 
structure  analogue  à  celle  de  leur  tige  ,  c'est-à-dire  ,  qu'elles 
n'ont  pas  de  canal  médullaire  au  centre  comme  dans  les  di- 
cotylédones dont  nous  avons  parlé.  La  moelle  est  dissémi- 
née dans  toutes  les  parties  de  la  tige  et  de  la  racine ,  sans  ha- 
biter un  canal  d'où  partent  des  prolongemens  médullaires, 
ce  canal  et  ce  prolongement  n'existant  pas  en  elles. 

Dans  ces  deux  séries  de  plantes ,  les  racines  décroissent 
insensiblement  de  volume  depuis  le  collet  jusqu'aux  radicules, 
quoique  la  forme  de  leurs  tiges  diffère.  Nous  avons  déjà  parlé 
desracines  des  plantes  parasites  qui  sont  des  suçoirs  dont  les 
lèvres  sont  armées  de  radicules  qui  s'insinuent  dans  la  subs- 
tance des  autres  plantes  pour  en  aspirer  les  sucs  ,  et  se  glisser 
entre  les  réseaux  superposés, corticaux  et  ligneux  des  végétaux 
dont  elles  aspirent  et  s'approprient  la  substance  alimentaire. 

Les  moyens  de  reproduction  sont  plus  multipliés  dans  les 
racines  que  dans  les  autres  parties  végétales.  Une  racine 
coupée  par  fragmens  ,  et  ceux-ci  mis  en  terre  ,  produit  de 
nouvelles  plantes  plus  facilement  que  si  la  même  expérience 
étoit  faite  sur  des  tiges.  On  sait  que  c'est  ainsi  qu'on  multiplie 
les  pommes-de-terre.  Une  racine  de  chiendent  coupée  en  au- 
tant de  pièces  que  de  nœuds  ,  fait  autant  de  nouvelles  plantes. 
D'autres  racines  ,  sans  être  stolonifères,  se  reproduisent  par 
tous  les  points.  \Jaralia  spinosa  ,  le  guilandina  dîoica  ,  Vaylun- 
ihus  glandulosus  ^  etc.,  etc.,  naissent  de  tous  les  fragmens  de 
racines  qu'on  en  sépare.  Cette  propriété  est  plus  marquée 
dans  certains  végétaux  que  dans  d'autres  ;  et  quand  elle  se 
trouve  dans  les  arbres  forestiers  ,  elle  mérite  d'être  calculée 
pour  beaucoup  :  coupez  un  robinier  près  de  terre,  et 
vous  verrez  naître  de  nombreux  rejetons  de  tous  les  points  de 
ses  racines.  Celte  propriété  est  si  marquée  dans  le  mûrier  à 
papier  (morus  papyriferà),  que  de  jeunes  mûriers  naissant  des 


5i3  R  A  G 

racines,  lors  même  que  la  sève  s'emploie  à  nourrir  un  tronc 
et  des  rameaux  hors  de  terre  ;  mais  on  ne  doit  point  abuser 
de  cette  disposition  dans  les  végétaux  pour  les  multiplier  sans 
le  secours  des  graines,  car  il  est  reconnu  que  les  plantes,  long- 
temps multipliées  par  boutures  ou  par  racines,  finissent  par 
ne  plus  donner  de  graines  ;  et  j'ai  tenté  de  démontrer  ailleurs 
que  les  arbres  venus  de  marcottes,  de  boutures,  ou  nés  sur 
racines ,  ceux  surtout  qui  ne  donnoienl  plus  de  graines  depuis 
long-temps,  avoientla  fibre  moins  serrée,  et  cependant  plus 
fragile  que  les  autres,  et  qued'ailleurs  ils  éloient  moins  utiles 
dans  les  arts.  C'est  une  vérité  physiologique  reconnue  dans 
tous  les  corps  vivans  ,  que  la  négation  des  influences  sémi- 
nales diminue  la  force  de  la  fibre. 

Le  phénomène  de  la  reproduction  par  racines  est  déter- 
miné par  diverses  causes.Lesgermes  reproducteurs  sont  portés 
vers  les  racines  par  une  dérivation  sollicitée  par  les  sections 
et  les  contusions  qu'on  leur  fait  éprouver  lorsqu'on  veut  leur 
faire  produire  des  tiges.  Dans  cette  opération,  une  synergie 
vitale  appelle  vers  les  parties  blessées  toutes  les  forces  sémi- 
nales qui  s'emploient  à  cicatriser  les  plaies  des  plantes, 
comme  on  voit  dans  les  animaux  une  lésion  quelconque  déter- 
miner le  sang  à  se  porter  vers  les  parties  malades.  Dans  l'un 
et  l'autre  cas  ,  la  somme  des  forces  vitales  occupée  entiè- 
rement dans  la  partie  lésée  ,  a  abandonné  les  organes  de  la 
reproduction  qui  restent  nécessairement  stériles. 

Nous  avons  dit,  en  parlant  de  l'écorce  (au  mot  Arbre)  , 
que  les  germes  y  étoient  plus  abondamment  répandus  que 
dans  les  autres  parties  végétales  ;  or,  l'écorce  étant  plus 
épaisse  dans  les  racines  que  dans  les  tiges  ,  les  moyens  de 
reproduction  y  sont  plus  nombreux  :  cette  conséquence  se 
fonde  aussi  sur  la  plus  grande  quantité  des  pores  disséminés 
à  la  surface  des  racines,  et  sur  leur  structure  plus  molle  et 
plus  parenchymateuse. 

Les  racines  doivent  être  considérées  comme  les  organes 
les  plus  importans  de  la  nutrition.  L'eau  et  les  autres  alimens 
des  plantes  absorbés  par  les  bouches  inhalantes  des  racines, 
sont  aspirés  et  portés  dans  toutes  les  parties  végétales  par  un 
mécanisme  encore  inconnu,  et  contribuent  ainsi  à  opérer  la 
nutrition  ,  de  concert  avec  l'humidité  que  les  feuilles  absor- 
bent de  l'atmosphère. 

La  nutrition  s'opère  dans  les  racines  en  hiver,  et  elles  se 
perfectionnent  dans  celte  saison  ;  alors  la  tige  et  la  fleur  se 
dessinent  dans  les  ognons  ,  dont  on  juge  la  beauté  des  fleurs 
en  en  sacrifiant  un  qu'on  coupe  pour  observer  si  la  fleur  sera 
double  :  cette  pratique  est  familière  aux  marchands  d'ognous 
de  fleurs  ,  qui  s'assurent  ainsi  si  les  fleurs  sont  doubles  ou 


«  A  C  S.3 

simples.  C'est  particulièrement  avec  les  narcisses  qu'on  fait 
celle  expérience. 

Dans  le  système  des  physiologistes  des  plantes,  qui  ad- 
mettent des  vaisseaux  longs,  conducteurs  des  fluides  ,  on  dit 
que  la  sève  montante  part  des  racines  ,  d'où  elle  s'élève  par 
les  fibres  ligneuses,  du  centre  des  tiges  aux  extrémités  supé- 
rieures de  la  plante.  Nous  avons  dit  ailleurs  qu'il  n'existoit 
pas  de  vaisseaux  lymphatiques  continus  dans  les  plantes  ; 
celte  ascension  se  fait  par  un  autre  moyen  que  j'ai  examiné 
au  mot  Sève. 

hes  plaies  des  racines  se  cicatrisent  difficilement.  Une 
racine  coupée  en  travers  cesse  de  croître  en  longueur  ;  il  se 
développe  alors,  sur  les  bords  de  la  section  ,  des  bourgeons 
qui  forment  un  bourrelet,  d'où  partent  d'autres  racines  quivé-: 
gèlent  dans  une  direction  latérale  :  on  produit  cet  effet  toutes 
les  fois  que,  dans  le  jardinage,  on  coupe  le  pivot  des  arbres, 
ou  qu'on  coupe  les  racines  des  arbres  fruitiers  pour  leur  faire 
porter  des  fleurs  et  des  fruits. 

Les  maladies  des  racines  sont  des  plaies  ,  des  ulcères ,  des 
fractures ,  la  pourriture ,  la  gangrène  ,  l'ulcère  du  safran. 
(  Voy.  Maladies  des  Plantes  au  mot  Arbre.  )  Les  Racines 
exposées  à  la  lumière  verdissent ,  deviennent  plus  fibreuses  , 
et  jouissent,  après  un  certain  temps,  si  elles  restent  exposées 
au  contact  àts  corps  atmosphériques  ,  de  toutes  les  pro- 
priétés des  tiges. 

Si  on  renverse  un  saule  de  manière  que  les  rameaux  soient 
dans  la  terre  et  les  racines  dans  l'air,  les  racines  et  les  tiges 
continuent  de  vivre  et  se  remplacent  dans  leurs  fonctions. 

Quoique  les  racines,  dans  l'état  naturel,  ne  soient  point 
exposées  aux  rayons  lumineux ,  elles  fournissent  la  plupart  un 
principe  odorant  très-marqué  ;  celles  de  Vanthoxanium  odo- 
raium  dégagent  un  arôme  très-agréable,  et  qui  a  beaucoup 
d'analogie  avec  celui  deJ'acide  benzoïque.  Celte  grarainée 
mériteroit  peut-être  d'être  cultivée  sous  ce  point  de  vue  , 
pour  en  retirer  le  principe  aromatique  qu'elle  renferme  abon- 
damment ,  et  qu'on  pôurroit  en  extraire  pour  le  fixer  dans  les 
liqueurs  alkooliques,  de  la  même  manière  qu'on  y  fixe  l'arôme 
de  celles  du  sassafras  ,  du  raifort ,  de  l'angélique.  Il  est  dé- 
montré que  les  racines  absorbent  et  corrompent  l'air  pur,  et 
qu'elles  dégagent ,  ainsi  que  les  fleurs  et  les  fruits  ,  des  gaz 
contraires  à  la  respiration  animale. 

Indépendamment  des  usages  des  racines  ,  comme  parties 
essentielles  à  la  nutrition  de  \a  plante  et  pour  la  fixer  au  sol , 
elles  servent  à  nourrir  les  animaux  nombreux  qui  vivent  sous 
terre.  Elles  forment  la  base  de  la  tourbe  qui  a  été  autrefois 
et  qui  est  de  nos  jours  le  chauffage  de  plusieurs  peuples  ; 

xxYIii.  3j 


^i4  R  A  G 

celles  de  Yelymus  arenan'us  sont  eniploye'es  uiileinent  pour  fixer 
les  sables  mobiles  des  bords  maritimes  -,  celles  de  jonc  marin, 
de  l'acacia-roblnier  ,  du  genêt ,  pénétrant  loin  dans  le  sol  , 
sont  très-propres  à  remplir  cet  objet,  et  ont  déjà  servi  à  fixer 
des  montagnes  de  sables  mobiles  ,  actuellement  couvertes  de 
bois,  et  qui  y  ont  été  élevés  à  la  faveur  de  ces  arbres  et  des 
plantes  à  racines  longues  et  tenaces. 

Une  culture  longue  et  assidue  des  plantes  à  racines  alimen- 
taires dans  un  sol  riche  et  fertile  ,  augmente  leur  volume  , 
y  développe  la  matière  muqueuse  sucrée, exclusivement  nutri- 
tive ,  comme  on  le  voit  dans  les  nombreuses  variétés  de 
racines  légumières  ;  exemple  :  les  panais,  les  carottes,  les 
betteraves ,  etc. ,  qui  n'offroient  dans  leur  état  naturel  qu'un 
très-léger  renflement  au  collet  de  leurs  racines. 

Si  la  terre  n'a  aucune  influence  sur  la  couleur  de  la  peau 
des  racines  ,  elle  influe  beaucoup  sur  leur  saveur  par  les  prin- 
cipes qu'elle  renferme  ;  celles  qui  ont  végété  dans  un  sol  trop 
abondant  en  matières  animales  ,  en  conservent  les  mauvaises 
odeurs ,  et  celles  qui  croissent  dans  un  sol  humide  ,  sont 
fades  et  aqueuses  ;  mais  les  racines  qui  croissent  dans  une 
terre  fournie  de  matières  organiques  et  animales ,  dans  les 
proportions  nécessaires  pour  constituer  les  composés  salins 
et  savonneux,  susceptibles  d'action  et  de  stimulus  sur  la  fibre 
végétale,  parviennent  à  un  développement  considérable,  et 
se  transforment  en  masses  volumineuses  d'une  pulpe  saccha- 
rine et  féculente,  d'une  saveur  agréable  et  d'une  qualité 
nutritive. 

Les  racines  aspirent-elles  du  sein  de  la  terre  les  subs- 
tances salines  et  métalliques  ,  comme  les  sels  de  plusieurs 
espèces  ,  diverses  terres,  le  fer ,  l'or,  etc.,  qu'on  trouve  dans 
les  plantes  ;  ou  ces  substances  sont-elles  composées  dans  les 
viscères  végétaux  par  une  force  de  formation  inhérente  à 
leur  organisation  ?  Foyef  le  mot  Vé/sétal.  (toll.  aîné.) 

RACINE  D'ABONDANCE.  On  a  quelquefois  donné 
ce  nom  à  la  Betterave,  (desm.) 

RACINE  D'AMÉRIQUE  ou  MASSUE  DES  SAU- 
VAGES. Nom  de  la  racine  du  mabouier ,  qui  est  appelée  , 
p.-»r  les  sauvages  de  l'Amérique,  Mabouia.  Voyez  le  mot 
Mabouier.  (d.) 

RACINE  AMIDONIÈRE.  Voy.  Gouet  pied-de-veau. 

(desm.) 
RACINE  D'ARMÉNIE.  Espèce   de  Garance,   pro- 
bablement la  même  qu'on  connoît  en  Europe  ,  sous  le  nom 
de  Garance  DE  Smyrtve.  (b.) 
RACINE  DU  BENGALE.  F.  Risagon.  (ln.) 
RACINE    BLANCHE.    V.  Vx^xiS  (^Pastinaca  saiii>a). 

(DEiSM.) 


R  A  C  5i5 

ixACÎNE  DU  BRESIL.  C'est  la  racine  du  psychoire 
itnéûque ,  c'est-à-dire  ,  Xipécacuariha.  V.  au  mot  Psychotre. 

(B.) 

RACINE  DU  BRESIL.  C'est  la  Boerrhave  droite. 

(desm.) 
RACINE   DE    BRIONE.     Quelques   naturalistes    ont 
donné  ce  nom  aux  coquilles  du  genre  Strombe.  (b.) 

RACINE  DE  CAMOMILLE.  V.  Racine  salivaire. 

RACINE  DE  CANNE.  C'est  la  même  chose  que  Kon. 
V.  ce  mot  et  Ficgïde.  (b.) 

RACINE  A  CHAMPIGNONS.  V.  Pierre  a  cham- 
pignons, (desm.) 

RACINE  DE  CHARCIS.  C'est  celle  de  la  Dorstène 

CONTRA-YERBA.  (B.) 

RACINE  DE  CHINE.  On  donne  «e  nom  à  la  racine  du 
smilax  china  ,  ou  la  squine.  V.  au  mot  Salsepareille.  (b.) 

RACINE  DE  CHINE.  V.  Salsepareille  de  la  Chine. 

(B.) 

RACINE  DES  CHRETIENS.  C'est  une  espèce  d'As- 
TRAGALE  ,  Astragalus  chrisiianus.  (DESM.) 

RACINE  DE  COLOMBO.  Cest,  selon  Bomare ,  la 
racine  d'un  arbre  inconnu,  qu'on  nous  apporte  des  Indes,  en 
morceaux  gros  comme  le  pouce.  Elle  est  jaune,  sans  odeur, 
et  d'une  saveur  amère  ;  on  la  regarde,  au  Bengale  ,  comme 
un  spécifique  contre  les  indigestions  et  les  coliques.  Elle 
porte*  aussi  le  nom  de  calumbé.  (d.) 

RACINE  DE  DICTAME  BLANC.  V.  Dictame.  (d.) 
'  RACINE  DE  DISETTE.  C'est  le  nom  qu'un  agricul- 
teur moderne  a  donné  à  la  Betterave,  (b.) 

RACINE  DOUCE.  V.  Réglisse,  (desm.) 

RACINE  DE  DRACK,  C'est  la  racine  de  la  Dorstène 

CONTRA-YERBA.  (B.) 

RACINE  D'EMERAUDE.  Quelques  auteurs  ont  donné 
ce  nom  à  la  Prase  ,  à  cause  d'une  certaine  ressemblance  , 
entre  la  couleur  verte  de  cette  pierre  et  celle  de  Véméraude; 
mais  ces  deux  substances  minérales  n'ont  rien  de  commun 
entre  elles.  V.  Prase,  Prime  et  Quarz  hyalin  vert  obscur, 
pag.  439.  (pat.) 

RACINE  DE  FEMME  BATTUE.  Voyez  Racine- 
vierge,  (desm.) 

RACINE  DE  FLORENCE.   V.  Iris  de  Florence. 

(B.) 

RACINE   INDIENNE.   V.  Racine  de  S.t-Charles. 

(B.) 

RACINE  JAUNE.   V.  Racine  d'or,  (b.) 


Si6  R  A  G 

RACINE  DE  MÉCHOACAN.  On  croît  que  c'est  celle 
d'un   Liseron   d'Amérique.    Elle  est   purgative  comme   le 

JaLAP.     V.    MÉCHOACAN.    (B.) 

RACINE  DE  MONGO.  C'est  celle  de  I'Ophiorriiize. 

(B.) 

RACINE  D'OR.  On  croit  que  c'est  celle  d'une  espèce 
de  PiGAMON  qui  croît  à  la  Chine.  On  en  vante  les  vertus 
comme  diurétique  ,  stomachique  et  fébrifuge.  (B.) 

RACINE  DE  PESTE.   C'est  la  racine  du  tussilage, 
qu'on  regardoit  autrefois  comme  un   puissant  sudorifique, 
qui  giiérissoit  de  la  peste  et  des  fièvres  pestilentielles.  (LN.) 
RACINE  PÉTRIFIÉE,  r.  Rhizolithe.  (pat.) 
RACINE  DES  PHILIPPINES.  C'est  la  dorstène  contra- 
yerla.  V.  au  mot  Dorstène.  (b.) 
RACINE  DE  P5YCHOTRE.   V.  Psychotre.  (s.)    • 
RACINE  DE  RHODE.  V.  au  mot  Rhodiole.  (b.) 
RACINE  DE  SAFRAN.  C'est  celle  du  Curcuma.  (b.) 
RACINE  DE  SAINT-CHARLES.  Elle  vient  du  Rrésil , 
et  s^emploie  dans  Tépilepsie  ,  la  vérole  ,  les  hernies  ,  et  pour 
hâter  l'accouchement.  On  ignore  à  quel  genre  elle  appar- 
tient. (B.) 

RACINE  DU  SAINT-ESPRIT.  C'est  celle  de  I'An- 
gélique  offlcinale.  (b.) 

RACINE  DE  SAINTE  -  HÉLÈNE.  C'est  celle  de 
l'AcoRE  odorant,  (b. 

RACINE  SALIVAIRE.  On  nomme  ainsi  les  racines 
des  Camomilles  pyfiètre  et  des  Canaries  ,  parce  que 
mâchées  ,  elles  exciient  la  salivation,  (b.) 

RACINEDE  SANAGROEL.  (F.  au  mot  Coluvrine 
DE  Virginie).  Il  paroît  que  c'est  celle  de  Y  aristoloche  ser^ 
pentaire.  (B), 

RACINE  DE  SERPENT.  On  appelle  ainsi  la  racine 
de  rOpaiosE  de  l'Inde,  (b.) 

RACINEDE  SERPENT  A  SONNETTE.  V.  au  mot 
Polygala  seneca.  (b.) 
RACINE  DU  SMILAX.  V.  Racine  de  Chine,  (b.) 
RACINE  DE  SOLOR.  C'est  celle  d'un  Gouet.  (b.) 
RACINE  DE  THYMELEA.  C'est  celle   de  la  Lau- 

RÉOLE.    (p.) 

RACINE -VIERGE.  On  appelle  ainsi  celle  de  la 
Bryone.  (b.) 

RACINEDE  VIRGINIE.  C'est  celle  delà  Quamo- 
clite  tubéreuse,  (b.^)     ' 


R  A  C  5,7 

RACINIER.    C'est   I'Agaric  radiqueux  de   Bulliard. 

(B.) 

RACK.  Ce  mot  est  presque  toujours  synonyme  d'ARACK, 
en  français;  mais  il  se  peut  que,  dans  Flnde  ,  il  s'applique 
plus  particulièrement  à  I'Eau  DE-viE  DE  Riz.  (B.) 

RACK  DES  ARABES.  V.  Racka.  (ln.) 

RACKA.  Romer  et  Schultes  proposent,  avec  doute  ,  de 
faire,  dans  la  tétrandrie  monogynie ,  et  sous  ce  nom,  un 
genre  ,  de  l'arbre  que  le  voyageur  Bruce  a  figuré  et  appelé 
rack.  Ils  lui  assignent  les  caractères  suivans  :  calice  à  quatre 
divisions  ;  corolle  en  roue,  à  quatre  divisions;  élamines  sans 
filaniens  ;  fruit  inconnu. 

Le  Rack  {R.  toriida,  R.  et  S.)  est  un  grand  arbre  parti- 
culier aux  pays  chauds;  il  abonde  dans  l'Arabie-Heureuse, 
dans  la  Basse-Abyssinie  et  dans  la  Nubie.  11  se  plaît  dans  les 
endroits  couverts  d'eau  salée  et  dans  les  déserts ,  partout  où  il 
y  a  des  sources  salées.  Bruce  rapporte  que  l'on  dit  que  les 
Arabes  font  des  canots  avec  son  bois,  qui  est  d'un  goût  si 
acre,  et  qui  se  durcit  tellement  par  l'eau  de  la  mer,  que  les  vers 
ne  le  piquent  jamais.  Les  Arabes  en  font  aussi  des  cure- 
dents  qu'ils  vendent  par  petits  paquets,  à  la  Mecque  ,  et  qui 
ont  la  réputation  d'être  bons  ,  non-seulementpour  les  dents 
et  pour  les  gencives,  mais  même  pour  rendre  l'haleine  douce. 
Le  Rack  ,  d'après  la  figure  donnée  par  Bruce  (  Voy.  Abys.  , 
tom.  5,  p.  5g  ,  pi.  i25,  édit.  franc.  ),  a  les  feuilles  opposées,  à 
peine  pétiolées,  ovales  lancéolées,  très  aiguës,  entières  et 
décurrentes  ;  les  pédoncules  axillaires  à  l'extrémité  des 
branches  ;  les  fleurs,  presque  verticillées  ,  offrant  une  corolle 
à  tube  court  ;  et  des  anthères  sessiles  dans  les  sinus  des  lobes 
de  la  corolle.  Les  fleurs  sont  inodores,  très  -  amères  ,  et  de 
couleur  orange  foncée  ,  mêlée   de  jaune  clair.  Les  abeilles 

^n'approchent  jamais  du  rack^  et  les  chameaux  refusent  de 

manger  ses  feuilles.  Les  naturalistes  pensent  que  cette  plante 
est  une  espèce  A'mncenne.  Mais  si  l'on  s'en  rapporte  à 
Forskaël  ,  il  paroîtroit  que  le  rack  des  Arabes  est  une  autre 
plante.  Ce  seroit  I'Achite  en  arbre  (  Cissus  arborea  ,  L.  ). 
Forskaël  écrit  également  Arak.  M.  Delisle  rapporte  le 
rack  des  Arabes  à  la  Salvadore  de  Perse,  (ln.) 

RACKE.  C'est,  dans  Meyer ,  le  nom  allemand  du 
CORACIAS.    (v.) 

RACKELHANE  ou  RACKLEHANE.    Nom  suédois 

du  TÉTRAS   A  queue    FOURCHUE.  (V.) 

RACLE,  Cenchrus.  Genre  de  plante  de  la  polygamie 
monoécie  et  de  la  famille  des  graminées  ,  qui  offre  pour 
caractères  tune  balle  calicinale  renfermant  une  fleur  mâle 
et  une  hermaphrodite ,  chacune  de  deux  valves  nautiques  ; 


5i8  E   A  D 

trois  étamioes  ;    un    seul  style  à  (!euK  stigmates  velus;  une 
semence  presque  ronde. 

Ce  genre  ,  que  Micheli  avoit  appelé  Panicastrelle, 
renferme  des  plantes  ,  à  Heurs  disposées  en  épis ,  et  ac- 
compagnées d'involucres  laciniés  ,  hérissés  de  pointes,  On 
en  compte  une  douzaine  d'espèces  ,  dont  la  plus  commune 
est  : 

'La  Racle  en  tète  ,  qui  a  Tépi  ovale  et  simple.  Elle  est 
annuelle  ,  et  se  trouve  dans  les  parties  méridionales  de  l'Eu- 
rope. Elle  sert  de  type  au  genre  Echinaire  de  Desfon- 
taines. 

Les  autres  viennent  de  l'Amérique  méridionale ,  de 
l'Afrique  ou  de  l'Inde,  et  ne  présentent  rien  de  remarquable. 

Quant  au  cenchrus  racemosus ,  de  Linnœus ,  on  en  a  fait 
xm  nouveau  genre ,  sous  les  noms  de  Lappage  et  de  Trague. 

On  a  aussi  fait  les  genres  Pennisète  ,  Trachis  ,  Gym- 
NOTRix  et  Centrothèque,  aux  dépens  de  celui-ci.  (b.) 

RACLETIE,  Radetia.  Genrç  de  plantes  établi  par 
Adanson  ,  d'après  Lipi  ,  et  non  retrouvé  depuis  ;  ses 
feuilles  sont  alternes;  ses  (leurs  sont  terminales,  solitaires, 
et  composées  d'un  calice  à  cinq  divisions  persistantes  ,  d'une 
corolle  de  cinq  pétales  crénelés  à  leur  sommet,  d'environ 
trente  étamines.  Son  fruit  est  une  capsule  à  cinq  valves  et 
à  plusieurs  semences  allongées  et  values,   (b.) 

RACOMA.  V.  Ruacoma.  (ln.) 

RACOPILON  ,  Racopilum.  Genre  de  plantes  de 
la  famille  des  mousses  ,  quatrième  tribu  ou  section  des 
DiPLOPOGOlSES  munis  de  deux  péristomes.  Ce  genre  diffère 
des  Hypnes  par  la  coiffe  campaniforme  ,  mais  fendue  lon- 
gitudinalement  d'un  côté.  Il  a,  de  plus,  un  port  parti- 
culier; comme  dans  les  fendules,  les  feuilles  sont  disposées  de 
manière  à  paroîlre  distiques.  Les  espèces  de  ce  genre  sont 
exotiques.  (P.  B.) 

RACOÙREA.  Genre  de  plantes  élablipar  Aublct,  et  qui 
a  été  réuni  par  Swarlz  aux  Acomats.  (b.) 

RACOUET.  Nom  vulgaire  du  Vulpin  des  champs  ,  aux 
environs  d'Angers,  (r.) 

RACQUET.  Nom  picard  du  Castagneux.  (v.) 

RACROCHEUSE  C'est  le  rocher  t^renouUk.  V.  au  mot 
Rocher,  (b.) 

RACUACANGA.  C'est  un  nom  de  pays  du  Ralisier. 

(b). 

RADDEN.  V.  Raden.  (  desm.  ) 

RADE.  Grand  espace  de  mer  entre  les  côtes  qui  forment 
Vin  çnfoncement ,  dont  l'ouverture  est  fort  évasée  ,  et  où  les 


R  A  D  5,^ 

vaisseaux  peuvent  jeter  l'ancre,  mais  où  il?  ne  sont  pas  à 
i  abri  de  tous  les  vents.  (  pat.  ) 

RADELERZ     de     quelques  minéralogistes   allemands. 

^  est  \eplowh  sulfure  aniimonifère  ei  cuprifère  ou  en(Mhne.{L^.} 

RADEMACHIA.  Nom  générique  imposé  par  ïhunbere 

aux  Jacquiers,  ^ 

RADEN  ,  RADDEN  ou  RALEN.  Noms  allemands  de 
}  Agrostème.  (desm.) 

RADHEA,  Nom  que  porte,  aux  Moluques,  un  perroquet 
de  celte  contrée.  F.  Loriradhea,  article  du  Perroquet.(v.) 

R  AD  I  AIRE.  Lamarck  appelle  ainsi  Vastrance  dans  sa 
r  lore  française.  Voyez  A&trance.  (b.) 

RADIAIRES.  Nom  qu'a  donné  Lamarck  à  une  nouvelle 
division  dans  la  classe  des  vers,  qui  comprend  plusieurs  genres 
de  Linnseus  qui  ne  conviennent  pas  aux  autres  par  l'en- 
semble de  leurs  caractères. 

Bruguières  ,  le  premier  parmi  nous,  entreprit  d'améliorer 
le  travail  de  Linnœus  sur  les  Mollusques,  en  séparant  de 
ces  animaux  les  Oursins  et  les  Astéries,  pour  en  former 
une  classe  parliculière  ,  sous  le  nom  d'ÉcHiNODERMES.  Après 
lui  ,  Luvierfjt  un  grand  changement  dans  la  classe  des  vers 
de  Lmnœus.Il  n'attribua  le  nom  de  mollusques  qu'aux  animaux 
des  coquilles  et  à  ceux  qui,  quoique  sans  coquilles,  avoient 
une  organisation  intérieure  semblable  aux  premiers.Les  mol- 
lusques du  naturaliste  suédois  furent  ainsi  divisés  d'une  ma- 
nière fort  inégale.  Une  très-petite  portion  resta  avec  les 
coquillages,  et  le  reste  fut  mis  dans  deux  autres  classes; 
savoir,  celle  des  Vers  et  celle  des  Zoophytes.  Cette  der- 
nière comprend  tous  les  animaux  qui  ont  des  tentacules  pre- 
nans  et  réiiactiles;  elle  est  par  conséquent  composée  d'une 
portion  des  mollusques  de  Linnseus  et  de  tous  les  zoophytes  du 
même  auteur. 

Lamarck  a  adopté  en  partie  les  changemens  indiqués  par 
Luvier  ;  mais  il  s'est  refusé  à  joindre  aux  zoophytes  de  Lin- 
nœus la  portion  des  mollusques  que  Cuvier  y  avoit  réunie.  Il 
en  a  formé  la  classe  dont  il  est  ici  question  ,  dont  le  nom  es» 
tiré  de  la  disposition  de  la  plupart  des  animaux  qui  la  corn 
posent ,  à  la  forme  rayonnante. 

Celle  classe   n'est  point  naturelle;  mais  la  difficulté  de 
placer  les  genres  qui  la  composent  dans  aucune  des  autres 
torce  à  l'adopter  jusqu'à  ce  qu'on  puisse  faire  mieux.  Ici  oi 
en  séparera  les  èchinodermes  de  Bruguières,  qui  en  sont  trop 
disparates  pour  y  être  conservés. 

Les  radiaires,  dit  Lamarck,  sont  tous  dépourvus  de  tête  , 
d  yeux  cl   de  moelle  longitudinale.   On  ne  leur  reconnoît 


520  '  R  A  D 

point  de  nerfs  ni  de  ccnlre  de  circulalion.  Ils  sonl  donc  moins 
Lien  organisés  que  les  vers  proprement  dits  ;  cependant  , 
relativement  à  la  complication  de  Torganisalion  ,  les  radiaires 
sont  encore  d'un  degré  au-dessus  des  Polypes,  qui  constituent 
la  dernière  classe  du  règne  animal.  En  effet,  outre  les  or- 
ganes digestifs,  ils  en  offrent  encore  quiparoisscnt  appartenir 
à  la  respiration. 

Tous  les  animaux  de  cette  classe  sont  libres  et  vivent  dans 
la  mer.  La  plupart  jouissent  à  un  degré  éminent  de  la  pro- 
priété d'être  phosphoriques  à  volonté.  Plusieurs  ,  lorsqu'on 
les  touche,  excitent  une  démangeaison  durable  et  accom- 
pagnée de  rougeur ,  qu'on  ne  peut  mieux  comparer  qu'à  celle 
produite  par  des  piqûres  d'ortie;  une  seule  espèce  est  utile  à 
l'homme.  En  général ,  leurs  mœurs  sont  très-peu  connues. 

Lesgenres  qui  entrentdans  cette  classe  sonliSTÉPHATSOTWiE, 
Physsophore  ,  Méduse,  Béroé  ,  Lucernairb,  Porpite, 
Yellelle,  Physalie,  Geste,  Callianire  ,  Noctiluqle  , 
Rhizophyse,  Eudore,  Phokcynie,  Carybdée,Equorée, 
Callirhoé,  Orythie,  Dianée  ,  Ephyre  ,  Obélie,  Cas- 
siopÉ,  AuRÉLiE ,  Cephée  et  Cyanée.  Nous  y  joignons  aussi 
lesgenres  Holothurie  et  Siponcle.  (b.) 

RADIANA.  Rafinesque  Schmallz  annonce  avoir  décrit  ce 
genre  de  plantes  exotiques  dans  un  ouvrage  qu'il  a  publié  en 
Sicile,  en  i8i4,  et  intitulé  SpeccJiîo  délie  sa  enze.  (îi>!.) 

RADIAÏULE.  Selon  Lluid  ,  c'est  un  Polypier  fossile. 

(desm.) 

RADICULA.  Ce  diminulif  du  mot  latin  radix  ,  racine,  a 
été  employé  par  quelques  anciens  botanistes  ,  et  principale- 
ment parDodonée  ,  pour  désigner  le  Radis  et  ses  variétés, 
ainsi  que  le  ^KWOK'i: {Cochlearia  armorada)  &i  le  Sisymbre  des 
MARAIS  {Sisymb.  palustre:^.  Toutes  ces  plantes  sont  rangées  , 
dans  le  FinaxàQ  C.  Bauhin  ,  sous  le  nom  de  raphanus  ;  mais 
dans  V Histoire  des  plantes  de  J.  Bauhin  ,  on  revoit  l'espèce  de 
sisymbre  ci-dessus  ,  sous  le  nom  de  radlcula.  Cette  planfle,  et 
plusieurs  encore  du  même  genre,  par  exemple  le  sisymbrium 
amphibium ,  diffèrent  des  autres  espèces  par  la  forme  ovale 
ou  oblongue  de  leur  silique  ,  laquelle  est  très-longue  et  très- 
fine  dans  les  premières.  Dillenius  crut  ce  caractère  assez 
important  pour  faire  du  sisymbrium  amphibium  un  genre  à  part, 
qu'il  nomme  radicula.  Scopoli  l'adopta  sous  1»  nom  de  Roripa^ 
et  puisl'abandonna;  mais  Adanson le  conserva.  Hallera  réta- 
bli ce  genre  avec  son  nom  de  radicula^  et  y  rapporte  les  deu-t 
espèces  de  sisymbrium  ci-dessus.  C'est  ce  genre  radicula  qu'a- 
doptent Ventenat,  Mocnch  et  plusieurs  botanistes.  Il  faut  y 
placer  les  sisymb. palustre,  amphibium,  pyrenaicum,ei  quelques 
aulTes  espèces  très-voisines.   On  y  rapporte  également   les 


R  A  D  52t 

sisymhrium  syhestre  cl  islandîcum  ;  ces  deux  espèces  ,  quoique 
ayant  une  silique  courte,  en  diffèrent  par  la  forme.  Le  bra- 
chiolobus  d'Allioni  est  le  même  genre.  V.  Sisymbre. 

Par  ce  qui  précède  ,  on  voit  que  la  dénomination  de  radl- 
cula  se  trouve  avoir  été  donnée  à  des  plantes  dont  les  racines 
étoient  charnues  et  épaisses  (japhanus)^  ou  capillaires  et  nom- 
breuses {sisymbrium). 

Le  radicula  de  Pline  ,  même  plante  que  le  stmOuon  des 
Grecs  ,  devoit  être  une  espèce  de  gypsophyle.    Voyez  Stb.l- 

THION.  (LN.) 

RADICULE  ,  Racit^e  naissante.  La  réunion  de  la  radi- 
cule et  de  laPLUMULE  s'appelle  Blastème.  V.  Semence,  (b.) 

RADIÉES.  Nom  donné  par  Tournefort  à  une  famille 
naturelle  de  plantes  à  fleurs  composées.  Elles  constituent 
aujourd'hui  une  des  divisions  des  Synanthérées.  (b.) 

RADIOLE,  Radiola.  Plante  du  genre  des  lins,  que  quel- 
ques botanistes  croient  devoir  former  un  genre  particulier  qui 
auroitpour  caractères  :  un  calice  de  quatre  folioles;  une  co- 
rolle de  quatre  pétales;  quatre  étamines;  un  ovaire  supérieur 
surmonté  de  quatre  styles;  une  capsule  globuleuse  à  quatre 
valves  et  à  huit  loges,  contenant  chacune  une  seule  semence. 

Cette  plante  est  annuelle  ,  très-rameuse  ,  et  a  les  feuilles 
opposées.  Elle  ne  s'élève  pas  à  plus  d'un  à  deux  pouces,  et 
se  trouve  dans  les  bois  humides  de  l'Europe  septentrionale. 

(B.) 

RADIOLITE,  Radioliies.  Genre  de  testacés  fossiles  de  la 
classe  des  Bivalves  ,  dont  les  caractères  consistent  en  une 
coquille  irrcgulière,  inéquivalve,  striée  à  l'extérieur,  avec  la 
valve  inférieure  turbinée,  la  supérieure  convexe  ou  conique, 
et  point  de  charnière  ni  de  ligament.    . 

Les  coquilles  de  ce  genre ,  qu'on  ne  trouve  que  dans  1  état 
fossile,  ont  toutes  plus  ou  moins  la  forme  de  deux  cônes 
surbaissés,  irréguliers,  opposés  base  à  base.  Elles  sont  con^ 
nues  des  oryctographes  sous  le  nom  à'ostradtes.  Brugulères , 
d'après  la  considération  qu'elles  manquoienl  de  charnière  et 
de  ligament,  les  avoit  réunies  à  son  genre  Acarde;  mais 
Lamarck  a  pensé  que  leur  forme  ,  entièrement  opposée  à 
celle  des  acardes,  suffisoit  pour  en  faire  un  genre  particulier; 
et  son  opinion  paroît  devoir  être  adoptée. 

Les  radioliies  ne  se  trouvent  que  dans  les  montagnes  pri- 
mitives ,  ordinairement  dans  les  schistes  de  dernière  forma- 
lion  ;  elles  ne  sont  point  rares  en  France,  et  on  en  voit  un 
grand  nombre  de  figurées  dans  les  ouvrages  des  anciens 
oryctographes.  Leur  test  est  presque  toujours  entier,  et  leurs 
valves  intimement  soudées  par  l'intermède  d'une  boue  schis 
teuse  qui  les  remplit.  Leurs  formes  sont  souvent  très-bizarres, 


.^..7  R  A.  D 

el  difâciles  par  conséquent  à  peindre  par  une  description; 
cependant  Lamédicrie  en  possèdolt  une  qui  éloil  ouverte  ,  et 
qu'il  a  décrite  et  figurée  dans  le  Journal,  de  physique^  bru- 
maire an  4,  sous  le  nom  de  Sphérulite.  F.  ce  mot. 

M.  Fleuriau  de  Bellevue  vient  de  reconnoître  que  l'île 
d'Aix,  située  en  face  de  l'embouchure  do  la  Charente  ,  ren- 
ferme beaucoup  de  ces  coquilles,  mêlées  avec  des  dicérates  , 
dans  une  couche  située  au-dessus  d'un  dépôt  très  considé- 
rable de  végétaux  fossiles  très-bien  conservés. 

Deux  raih'oliies  sont  fifïurées  pi.  P.  i8  de  ce  Dict.  (b.) 
RADIOLITES.On  a  donné  ce  nom  aux  bogueltes  d'our- 
sins fossiles.  (l'N.) 

RADIOLUS  F.  Radius,  (desm.) 

RADIS, /îarfia^^.  Genre  de  coquilles  établi  par  Denys-de- 
Montfort  pour  placer  quelques  espèces  d'HELlCES  de  Linn.  , 
ou  de  BuLiMES  de  Bruguières  ,  qui  s'écartent  des  autres.  Ses 
caractères, sont  :  coquille  libre,  univalve ,  à  spire  régulière  , 
courte,  aiguë;  sans  ombilic;  ouverture  arrondie  ,  évasée  en 
dehors  ,  entière  ;  lèvres  tranchantes  ,  désunies  ;  coiumelle 
chargée  d'un  pli  tors  et  très-oblique. 

L'espèce  qui  sert  de  type  à  ce  genre,  se  nomme  vulgaire- 
ment le  bucdn  ventru  ,  le  radis  flimatiîe.  Elle  parvient  ordi- 
nairement à  un  pouce  de  diamètre;  elle  est  très -abondante 
dans  les  rivières  bourbeuses  et  dans  les  étangs.  Ses  mœurs 
diffèrent  peu  de  celles  dos  Lymmées,  dont  elle  se  distinguo 
principalement  par  sa  spire  très-courte  et  sa  lèvre  rejetée 
en  dehors.  Elle  nage  fort  bien.  Les  oiseaux  d'eau  en  font  leui* 
proie,  (b.) 

RADIS.  Nom  marchand  du  Buccin  et  du  Pourpre,  (b.) 
RADIS.  Espèce  jardinière  du  Raifort,  (b.) 
RADIS  DE  CHEVAL.  C'est  le  Cranson  rustique,  (ln.) 
RADIS  FLUVIATILE.  V.  Lymnée  auriculée.  (desm.) 
RADIUS.  Nom  latin  d'un  des  os  de  l'avant-bras,  qui  ac- 
compagne celui  ducoude  oucz//y//f/5,  el  sert  principalement  à  la 
pronation  et  supination   du   bras,   comme  le  péroné    de  la 
jambe,  qui  est  son  os  correspondant  au  membre  inférieur. 
V.  Squelette.  Chez  les  oiseaux ,   le  radius  sert  aussi  aux 
ailes  ;  mais  il  ne  peut  pas  chevaucher  sur  le  cubitus  avec 
lequel  il  est  articulé  par  synarthrosc.  F.  Mammifères  (Or^a- 
nisation)  et  Oiseau,  (virey.) 

RADIUS.  Nom  latin  donné  par  Denys-de-Montfort  au 
genre  de  coquille  qu'il  appelle  Navette  en  français,  (desm.) 
RADIUS  ARTICULA  TUS.   Ce  nom  a  été  donné  pai^ 
d'anciens  oryctographes  à  I'Hippurite  bioculé.  (desm.) 

RADIUS ,  RADIOLUS.  On  donne  ces  noms  aux  pointes 
d"OuRSI^•s  pclrificcs,  (desm) 


R  A  D  5^3 

RADIX.  Ce  nom  latin  signifie  racine  ;  il  est  donné  aux 
Hadis  par  Césalpin.(LN.) 

RADIX-CAVA.  Nom  sous  lequel  Dodonée  et  Lobel  ont 
dccril  deux  espèces  de  Fumeterre  {fumariabulLosa  cAhal- 
ieri,  W.  )  ,  dont  la  racine  est  un  gros  tubercule  creux.  On  l'a 
ccalement  donné  à  la  Moschatelline  {adoxa  moschatellina). 

RADIX-DULCIS.  C'est  la  traduction  latine  du  nom 
a,recglyryrrïiiza  ,  qui  est  celui  des  réglisses,  (ln.) 
'  RADIX  ID.4EA  (IJœa  rluza,  Diosc).  On  ne  connoît  pas 
cette  plante  des  anciens,  qui,  suivant  ces  noms,  devolt 
croître  sur  le  mont  Ida  ,  dans  la  Troade  ,  ou  dans  l'île  de 
Crète.  Selon  Dioscoride,  cette  racine  a  des  feuilles  sem- 
blables à  celles  de  1'  Oxymyrsine  (  ruscus),  et  d'entre  les- 
quelles sortent  les  fleurs.  Elle  a  une  vertu  propre  à  épaissir 
et  à  resserrer;  prise  en  breuvage,  elle  arrête  le  flux  de  ventre 
et  étanche  toutes  (luxions.  Suivant  Galien  ,  elle  est  fort  âpre 
au  goût.  Quelques  botanistes  ont  cru  qu'il  s'agissolt  ici  de  la 
racine  du  Laurier  alexandrin  (  ruscus  hypophyllum  ) ,  ou 
bien  de  celle  d'une  espèce  d'ARBOUSiER  (  arbulus  ma  lirai  ). 
C.  Bauhin,  qui  est  de  ce  dernier  avis,  a  réuni  le  radix  idœa  et 
le  vitisidœa  ou  myrtilliis  en  un  seul  groupe,  où  se  trouvent  ran- 
gés les  vacdnium  myrtilhis  et  vitis  idœa  ,  L.  ,  qui  sont  les  ra- 
dix idisa  à  fruit  noir  et  à  fruit  rouge  d'Angnlllara.  (ln.) 

RADIX  INDICA,  de  Monardès.  V.  Racine  de  Saint- 
Charles,  (ln.) 

RADIX  MUSTELLAE.  Synonyme  de  Racine  de  &^^- 
VE^T  {ophioxylum).  (s.) 

RADIX  PULORONICA.  Rumpbius  décrit  sous  ce  nom 
(Amb.  5,  11b.  9,  cap.  8i  )  ,  une  plante  que  quelques  botanis- 
tes croyent  être  V arislolorhia  indica.  (LN.) 

RADIX  QUIMBAYA.  Racine  de  la  grosseur  du  doigt, 
qui  naît  parmi  les  arbres,  aux  environs  de  Cartbagène,  dans 
la  province  de  Qulmbaya  en  Amérique.  Cette  racine ,  ma- 
(  érée  dans  l'eau  pendant  l'espace  d'une  nuit,  en  absorbe  une 
grande  partie.  Le  résidu,  pris  à  la  dose  de  trois  onces,  purge 
à  la  manière  de  la  rhubarbe.  On  ignore  à  quelle  plante  cette 
racine  appartient,  (ln.) 

RADIX  SINÎCA.  Dans  l'herbier  d'Ambolne,  on  donne 
ce  nom  au  NiNsi ,  espèce  de  Berle  {siumninsi).  (ln.) 

RADIX-TOXICARIA  (Rumph.  «t,  t.  69).  C'est  la 
Crinole  asiatique  {  Crinuin  usiaticum  ^  L.  ).  Suivant  Rum- 
pliius,  sa  racine,  mâchée  et  appliquée  immédiatement  sur  les 
blessures  faites  par  des  armes  empoisonnées  ou  par  des  ani- 
maux vénéneux,  en  opère  promptement  la  guérison.  Rajoute 


52^  RAF 

qu'on  doit  également  en  avaler,  et  que  c'est  un  vomitif  qui 
chasse  le  poison,  lorsqu'on  en  a  pris  intérieurement,  (ln,) 

RADIX  VESIGATORIA.  C'est,  dans  Rumphius,  la 
Det^telaire  rose,  (b.) 

RADJA  OU  lANG.  A  Java,  c'est  le  Tigre.  F.  à  l'arti- 
cle Chat.  (i>esm.) 

RADJTJR.  C'est  le  Chevreuil  en  Suède,  (desm.) 
RADKORN.  Nom  suédois  de  TOrge  distique,  (^desm.) 
RA-DOURMEIRE.  Nom  languedocien  du  Loir  et  du 
Mulot,  (desm.) 

RADSUME.  Espèce  de  Dolic  qui  croît  au  Japon  (Do- 
lichos  hinuhis  ,  Thunb.  ).  (ln.) 

RADULAIRE,  Radularia  ,  de  Lluid.  Ce  seroit  un  corps 
marin,  voisin  des  astroïies,  selon  Scheuchzer.  (desm.) 

RADUL!  ER.  Arbre  des  Indes,  à  feuilles  alternes  et  allées, 
à  fleurs  odorantes  et  pendantes  en  longues  grappes  ,  dont  on 
ne  connoît  qu'incomplètement  les  parties  de  la  fructification. 
Ses  fruits  sont  des  capsules  à  cinq  loges  et  à  cinq  valves  , 
dont  l'extérieur  est  raboteux  au  point  de  servir  de  râpe,  (b.) 
RAEDKA.  En  danois,  le  Genévrier,  (desm.) 
RAER,  ElTER-UNGE.  C'est  le  Renard,  en   danois. 

(desm.) 
RAETAM.  V.  Retam.  (ln.) 

RAF.  Poisson  ;  le  même  que  le  Flet.  V.  ce  mot.  (s.) 
RAF.  En  Suède  ,  c'est  le  Renard.  V.  ce  mot.  (desm.'I 
RAF.  L'Ambre  jaune  ou  Succin  ,  porte  ce  nom  sur  les 
bords  de  la  Raltique.  (desm.) 
RAFANELO.  Nom  languedocien  du  Raifort  sauvage. 

(desm.) 
RAFANO  ,  Ravano  ,    Ravanello.  Noms  italiens   du 
Raifort,  (desm.) 

RAFAR.  En  Languedoc,  on  nomme  ainsi  un  Mulet  qui 
a  cinq  ans  passés,  (desm.) 

RAF  AS.  Nom  arabe  du  Plomb,  (lis.) 
RAFÉ.  V.  Rabé.  (desm.) 

RAFEIRO.  En  portugais,  c'est  le  Chien  mâtin,  (des-m.) 
RAFEL.  C'est  le  vohUafaha  de  Gmelin.  F.  Volute,  (b.) 
RAFETINNA.  Nom  de  I'Obsidienne,  en  Islande,  (ln.) 
RAFFAUD.  A  Rive-de-Giers  ,  on  désigne  sous  ce  nom 
une  houille  bitumineuse ^  homogène  ,  à  cassure  brillante  ,  gé- 
néralement dure  et  se  détachant  en  gros  fragmens  ;  elle  est 
préférée  pour  le  chauffage,  (ln.) 

RAFFAULT.  Nom  vulgaire  de  I'Agaric  meurtrier  de 
BuUiard.  (b.) 

RAFLE.  Nom  d'une  chasse  que  l'on   fait  aux  petits  oi 
seaux.  V.  l'article  Moineau,  au  mot  Fringille.  (v.) 


R  A  G  525 

RAFLE.  C'est  le  support  des  grains  qui  composent  une 
grappe  de  raisin  (desm.) 

RAFNIE,  Rafnia.  Genre  de  plantes  établi  par  Thun- 
berg,  pour  placer  la  CaOTALAiRE  perfoliée  et  seize  autres 
plantes  du  Cap  de  Bonne-Espérance.  Il  offre  pour  carac- 
tères :  un  calice  à  deux  lèvres  ,  dont  la  supérieure  est  bifide 
et  l'Inférieure trifide;  un  légume  lancéolé  et  comprimé.  V.  au 
mot  Crotalaire.  Ce  genre  a  aussi  été  appelé   ïemplétO' 

NIE.  (B.) 

RAG.  En  suédois  ,  le  Seigle,  (desm.) 

RAGACHE  ou  RAGASSE.  Noms  vulgaires  que  l'on 
donne,  en  Normandie,  à  divers  oiseaux,  d'après  leur  cri, 
tels  que  la  Pie  ,  la  Pie-grièche,  les  Fauvettes  grisette 
et  Babit.larde.  V.  ces  mois,  (v.) 

RAGAD^LY  et  RAGADO-FU.  Noms  du  Grateron 
(  Galium  aparine  )  ,  en  Hongrie,  (ln.) 

RAGADIOLE  ,  Rhagadiolus.  Genre  de  plantes  de  la  syn- 
géncsle  polygamie  égale  ,  et  de  la  famille  des  chicoracées  , 
dont  les  caractères  consistent  en  un  calice  caliculé,  persistant, 
composé  de  cinq  à  huit  folioles,  et  renfermant,  sur  un  ré- 
ceptacle nu,  huit  à  dix  demi-fleurons  à  languette  obtuse  et 
dentée,  dont  celles  du  centre  avortent;  deux,  quatre  ou 
cinq  semences  ,  longues  ,  courbées  ,  sans  aigrettes  ,  faisant 
étoile  ,  en  partie  enveloppées  par  une  des  folioles  du  calice, 
qui  se  déchire  et  paroît  dentée  sur  le  dos. 

Ce  genre  est  composé  de  deux  espèces  ,  qui  faisoîent  par- 
tie du  genre  des  Lampsanes  de  Linnaeus.  Ce  sont  des  plantes 
à  feuilles  alternes,  et  à  fleurs  portées  sur  de  longs  pédoncu- 
les axillaires  et  terminaux. 

L'une ,  la  Ragadiole  comestible,  Lampsana  rhagadiolus\ 
Linn.  ,  a  les  feuilles  en  lyre.  Elle  est  annuelle,  et  se  trouve 
dans  l'Orient.  On  en  mange  les  feuilles  en  salade  ou  cuites  , 
comme  la  chicorée. 

L'autre,  la  Ragadiole  en  étoile,  a  les  feuilles  lancéo- 
lées et  entières.  Elle  se  trouve  dans  les  parties  méridionales 
de  la  France.  Quelques  botanistes  la  regardent  comme  une 
simple  variété  de  la  première,  (b.) 

RAGADIOLOÏDES.  Ce  genre  ,  établi  par  Vaillant , 
avolt  été  réuni  à  Yhyoseris  par  Linnœus;  Adanson  le  confond 
avec  le  zaclnilia  de  Tournefort ,  qui  n'est  pas  le  même  que 
Vhedypnois  de  Schreber,  Willdenovv,etc.  Celui-ci  répond  au 
Rhagadîoloïdes  àe  Vaillant,  et  ne  comprend  que ïes  hyoserîs 
rameuses.  Le  crépis  rhagadioloides  ,  Linn. ,  ne  s'y  trouve  pas 
compris.  Jussleu  le  rapporte  à  son  genre  hedypnois.  (ln.) 

RAGADIOLUS.  Césalpin  donne  ce  nom  à  deux  plan- 
tes; l'une  est  ï hedypnois  monspeliensisy  W.,  et  l'autre,  le  Rhaga- 


5^6  R  A  I 

diolus  s/ellalus.  Dans  ces  planles,  les  folioles  du  calice  enve- 
loppent les  semences  inconiplétemenl ,  et  forment ,  sur  leur 
côlé  antérieur,  une  espèce  de  gerçure,  ou  fente  ,  appelée  en 
italien  ragaggiolo,  nom  vulgaire  de  ces  plantes  au  temps  de 
Césalpin. 

La  première  de  ces  plantes  est  le  ragadioloïdes  de  Vaillant  ; 
mais  la  seconde,  placée  parmi  les  lapsana  ,  ainsi  que  le  rlia- 
gadiolus  edulis  hieraciis  aj finis  de  J.  JBauhin  ,  par  Linnseus  , 
formoient  le  genre  rhagadiolus  de  Tournefort  ,  adopté  par 
Vaillant,  repoussé  par  Adanson,  qui  le  confond  avec  [e/ap- 
sana,  et  rétabli  par  Haller ,  Jussieu  ,  Gœrlner,  Schreber  , 
W^illdenovv,  etc.  Ce  dernier  y  joint  le  koelpinia  de  Pallas  ,  et 
en  ôte  V a pargia  crispa  que  Haller  y  avoit  rapporté.  V.  Ra- 

CADIOLE.  (LN.) 

RAGANA  ,  Ragno.  Noms  italiens  de  la  YtvE.  (desm.) 
RAGASTOLA,  Castrica,  Falconetto.  Noms  italiens 

de    la    PlE-GRlÈCHE  GRISE.   (DESM.) 

RAGHLET.   V.  Forrey.  (ln.) 

RAGIA,  Nom  de  la  gomme  de  TOlivier  ,  dans  la 
Fouille,  (b.) 

RAGNO.  Nom  italien  des  Araignées;  la  Tarentule  , 
en  particulier  ,  est  appelée  ragno  de  Puglia  ,  araignée  de  la 
Fouille,  (desm.) 

RAGNOLOCUSTA.  Nom  italien  des  insectes  du  genre 
Mante,  (desm.) 

RAGOT  {vénerie).  Sanglier  de  deux  ans  et  demi.  V.  ce 
mot.  (s.) 

RAGOUDE.  Nom  vulgaire  de  I'Agaric  du  panicaut. 

(B.) 

RAGOUMINIER.  Espèce  de  Cerisier  du  Canada,  (b.) 

RA-GRIOULE  ou  RA-TAOUFIÉ.  Le  Lérot  Ron- 
geur, du  genre  Loir,  en  Languedoc,  (desm.) 

RAGUAHIL  ou  MAIHARL  V.  Maihari  et  l'article 
Chameau  ,  espèce  du  Dromadaire,  (desm.) 

RAGUETTE.  Nom  vulgaire  d'une  espèce  d'OsEiLLE 
{rumex  acutus').  (desm.) 

RAGUIN.  Synonyme  d'ANTENOis.  (desm.) 

RAGWORT.  Le  Séneçon  et  I'Othonne  portent  ce  nom 
en  Angleterre,  (desm.) 

RAGWURZ.  Nom  allemand  des  Orchis  ,  selon  Will- 
denovv.  (ln.) 

RAHA.  Arbre  de  Madagascar,  qu'on  appelle  aussi  Faux 
Muscadier,  (b.) 

RAHARE,  ou  Bahare.  Nom  turc  de«  Mouettes,  (v.) 

RAIA.  Nom  abrégé  de  Rajania.  Il  a  été  employé  par  Bur- 
mann  pourdésigner  le  même  genre  de  plante  ,  consacré  par 


11  A  ï  5.7 

Linnœus    à  Jean  Rai ,   célèbre  botaniste  anglais.  Adansou 
nomme  ce  ^enrejanrai'a.  (ln.) 

RAIANIA ,  ou  Kajatsia  ,  Llnnteus.   Foy.  Raia   et  Ra- 

JANE,  (ln.) 

RAICILLA.  Nom   de  pays   des  racines  du  PsYCiioxaE 

ÉMÉTIQUE.  (b.) 

RAIE  ,  Raja.  Genre  de  poissons  de  la  divison  des  Ghon- 
DaoPTÉRYGiENS,  dont  les  caractères  consistent  :  à  avoir  cinq 
ouvertures  branchiales  à  chaque  côté  du  dessous  du  corps;  la 
bouche  située  dans  la  partie  inférieure  de  la  tête  ;  le  corps 
très-aplati. 

Ce  genre  se  rapproche  infiniment  de  celui  des  Squales. 
Il  est,  comme  lui,  formé  par  des  poissons  cartilagineux, 
qui  ont  le  plus  communément  cinq  ouvertures  branchiales  ; 
mais  les  Squales  ayant  le  corps  rond,  ces  ouvertures  sont 
sur  les  côtés,  au  Heu  que  les  raies  ,  étant  très-déprimées  ,  ne 
peuvent  les  avoir  qu'en  dessous.  Comme  il  y  a  des  raies 
juoins  aplaties  que  les  autres  ,  et  qu'il  y  a  des  squales  qui 
le  sont  un  peu  ,  quelques  espèces  de  ces  deux  genres  sont 
assez  mal  caractérisées  pour  qu'on  soit  souvent  embarrassé 
dans  leur  classification.  Les  genres  PvHINObate  ,  LÉio- 
RATE ,  Narcobate,  Pristobate  ,  Squatine,  Cépîialo- 
PTÈRE,  Dasybate,  Trigonobate,  Aétobate  et  Dicéro- 
BATE  ,  ont  été  établis  à  ses  dépens. 

C'est  dans  l'immensité  des  mers,  loin  des  côtes,  qu'habi- 
tent les  raies  pendant  la  plus  grande  partie  de  l'année  ;  là  , 
elles  attirent  l'attention  du  navigateur  par  le  vaste  espace 
qu'elles  couvrent  de  leur  corps  ,  lorsque  dans  le  calme  elles 
se  promènent  à  la  surface  des  eaux.  Il  n'y  a,  parmi  les  habl- 
tans  des  flots  ,  que  quelques  baleines  et  le  Pleuronecte  flé- 
lAN,  qui  présentent  une  plus  grande  étendue.  On  les  a  com- 
parées à  l'aigle ,  dont  elles  se  rapprochent  en  effet  par  la 
grandeur  de  leurs  ailes  ,  la  vitesse  de  leur  natation  et  le 
nombre  de  leurs  victimes.  A  l'époque  du  frai ,  elles  se  rap- 
prochent des  côtes,  sans  pour  cela  quitter  leurs  habitudes  , 
et  c'est  alors  que  l'on  en  prend  le  plus. 

La  très-grande  partie  des  raies  ont  un  corps  ds  forme 
carrée  ,  très-aplati  ,  et  qui  se  présente  antérieurement  par 
un  de  ses  angles  :  cet  angle  est  la  tête ,  qui  ne  se  distingue 
pas  du  reste  du  corps  dans  la  plupart  des  espèces ,  mais 
qui  est  indiquée  en  dessus  par  les  deux  yeux ,  les  évenis  et 
les  deux  narines  ,  et  en  dessous  par  la  bouche  ,  derrière  la- 
quelle sont  les  ouvertures  branchiales  ;  les  nageoires  pecto- 
rales ,  dont  chacune  est  presque  toujours  plus  large  que  le 
corps  proprement  dit ,  sont  presque  triangulaires,  et  leur 
partie  la  plus  éloignée  du  corps  forme  les  angles  intermé- 


528  RAI 

diâires  entre  la  tête  et  la  queue  ;  la  poitrine  en  dessus  se 
distingue  assez  mal  du  ventre,  mais  en  dessous  leur  sépara- 
lion  est  bien  prononcée. 

Beaucoup  de  raies  ont  le  corps  garni  en  dessus  d'épines 
recourbées,  implantées  dans  leur  chair  chacune  par  l'inter- 
médiaire d'un  mamelon  plus  ou  moins  gros.  Quelques  au- 
teurs ont  voulu  établir  des  distinctions  spécifiques  sur  le 
nombre  de  ces  épines  ;  mais  Lacépède  s'est  assuré  qu'on 
ne  pouvoit  faire  usage,  pour  cet  objet,  que  de  leur  arran- 
gement. Il  est  assez  difficile  de  rendre  raison  de  l'usage  de  ces 
épines. 

L'ouverture  de  la  bouche  des  raies  est  toujours  transver- 
sale, garnie  de  plusieurs  rangées  de  dents,  pointues  chez 
les  unes,  émoussées  chez  les  autres.  Celles  des  ouïes  ont 
une  direction  oblique.  Leurs  yeux  sont  longs  et  garnis  d'une 
membrane  clignotante;  en  avant,  se  voient  les  narines  comipe 
une  large  fente  entourée  d'une  peau  qui  a  l'aspect  d'un  ré- 
seau, couverte  d'une  membrane  en  forme  de  soupape,  sur 
laquelle  on  remarque  des  plis  frangés  :  cette  membrane  est 
divisée  par  une  cloison  mitoyenne  :  aussi  les  raies  jouissent- 
elles  du  sens  de  l'odorat  à  un  degré  très-éminent  ;  en  arrière, 
se  remarquent  deux  ouvertures  en  forme  de  croissant ,  et 
terminées  chacune  par  deux  canaux  ,  dont  l'un  se  rend  à  la 
bouche,  et  l'autre  aux  ouïes.  Ce  sont  les  évents  qui  servent 
à  rejeter  l'eau  que  l'animal  avale  en  saisissant  sa  proie  ,  et 
celle  qui  entre  continuellement  dans  ses  ouïes.  Ces  ouvertu- 
res sont  pourvues  inférieurement  d'une  soupape  ,  pour  em- 
pêcher l'eau  d'entrer  dans  la  bouche  et  les  alimens  d'en  sor- 
tir. Les  ouïes  sont  conformées  comme  celles  des  autres 
poissons  de  cette  classe.  Lacépède  pense  que  ces  évents  ser- 
vent à  la  respiration  des  raies;  mais  cela  ne  paroît  guère 
probable  ,  quand  on  les  compare  à  ceux  des  cétacés. 

Les  nageoires  pectorales  qui  entourent  le  corps,  excepté 
la  tête  et  la  queue  ,  sont  couvertes  d'une  peau  épaisse 
qui  empêche  de  compter  leurs  rayons.  Les  ventrales  sont 
réunies  à  celles  de  l'anus. 

La  queue  est  longue  ,  souvent  quadrangulaire  et  épineuse, 
toujours  diminuant  de  grosseur  jusqu'à  la  pointe,  qui  est 
garnie  d'une  ou  deux  petites  nageoires  verticales. 

L'ouverture  de  l'anus  est  à  l'extrémité  du  ventre,  près  de 
la  queue.  C'est  derrière  cette  ouverture  qu'on  remarque  , 
dans  les  mâles  ,  deux  corps  saillans,  qu'on  a  long-temps 
pris  pour  les  organes  de  la  génération ,  mais  que  Bloch  a 
prouvé  ,  par  la  dissection  et  le  raisonnement ,  ne  servir 
qu'indirectement  à  cet  acte.  Ce  sont  des  espèces  de  pieds 
pourvus   chacun  de  trois   os ,   qui ,    dans  l'accouplement  ^ 


RAI  S29 

prennent  la  forme  d'une  griffe  ,  et  servent  à  saisir  et  arrl^ler 
la  femelle,  à  quoi  aide  une  sérosité  glutineuse  qui  sort 
d'une  glande  et  s'amasse  dans  une  bourse  située  entre  les 
os> 

Cependant ,  comme  les  raies  sont  vivipares  ,  il  falloit 
qu'il  y  eût  un  accouplement  réel ,  et  Bloch  a  encore  prouvé, 
par  des  observations,  que  cet  accouplement  avoll  lieu, 
mais  sans  intromission  d'organes  saillans.  Dans  celte  opéra- 
lion  ,  le  mâle  se  cramponne  avec  force  contre  la  femelle , 
fixe  l'ouverture  de  ses  vésicules  séminales  contre  l'ouverture 
des  ovaires  de  sa  femelle,  et  la  féconde  sans  doute  par  suite 
d'un  frottcmopt  extérieur. 

Aristote  avoit une  connoissance  exacte  de  ces  faits  ,  elles 
a  mentionnés  dans  ses  ouvrages;  mais  ils  étoient  oubliés. 

Les  femelles  des  raies  sont  beaucoup  plus  grosses  que  les 
.mâles.  Elles  ont  deux  ovaires,  dans  lesquels  il  y  a  des  œufs 
à  différens  degrés  de  maturité ,  de  sorte  qu'il  n'en  sort  ja- 
mais qu'un  à  la  fois  ;  aussi,  pendant  le  temps  du  frai,  qui 
dure  trois  mois  sur  nos  côtes  ,  y  a«t-il  de  fréquens  accouple 
mens. 

Les  œufs  des  raies  sont  gros  comme  ceux  des  poules ,  et 
renfermés  dans  un  cartilage  quadrangulaire  ,  terminé  par 
quatre  filamens  de  même  nature.  Ces  œufs  ,  qui  ressemblent 
à  un  coussin  allongé  ,  sont  souvent ,  lorsqu'ils  sont  vides  , 
rejetés  sur  le  rivage,  où  ils  sont  connus  sous  le  nom  de  sou- 
ris de  mer.  On  leur  a  attribué,  autrefois,  de  grandes  vertus  , 
uniquement  à  raison  de  leur  forme  extraordinaire;  et  en- 
core aujourd'hui,  selon  Forskaël ,  les  habitans  des  îles  de  la 
Grèce  en  fant  respirer  la  fumée  à  ceux  qui  sont  attaqués  de 
fièvres  intermittentes.  Lacépède  en  a  figuré  pi.  7  du  i.^r  vol. 
de  son  Histoire  des  Poissons. 

On  observera  sans  doute  avec  surprise  que  je  parle  d'œufs, 
quoique  j'aie  déjà  dit  que  les  raies  étoient  vivipares  ;  mais  il 
est  difficile  de  s'exprimer  autrement.  Ce  ne  sont  point  de 
véritables  œufs  ,  ce  sont  des  matrices  oviformes  que  portent 
les  raies.  Quelque  temps  après  le  premier  accouplement ,  il 
sort  de  leur  ovaire  un  de  ces  œufs  ou  une  de  ces  matrices , 
qui  reste  attachée  à  la  mère  ,  et  dans  laquelle  se  développe 
un  fœtus  jusqu'à  l'époque  où  il  est  assez  fort  pour  briser  les 
enveloppes  qui  le  tiennent  enfermé,  nager  et  se  pourvoir 
de  nourriture.  Quelques  auteurs  ,  et  Lacépède  suit  leur 
avis  ,  prétendent  que  ces  petits  éclosent  dans  le  ventre  même 
de  leur  mère  ,  comme  ceux  des  Squales  ;  mais  il  est  facile 
de  croire  que  ces  deux  manières  peuvent  avoir  lieu  dans  la 
même  espèce,  selon  les  circonstances.  Cet  œuf  n'est  pas 
plutôt  débarrassé  de  son  fœtus  ,  qu'il  se  sépare  de  la  mère, 

WVili.  i4 


53o  RAI 

qu'il  s'en  présente  un  autre  déjà  fécondé  avec  le  premier , 
ou  qu'il  se  fait  un  nouvel  accouplement  qui  donne  la  vie  à 
un  nouvel  œuf,  pourvu  d'un  blanc  ou  d'un  jaune  comme  le 
premier,  et  ainsi  de  suite. 

En  général ,  les  raies  peuplent  peu  ,  quand  on  les  com- 
pare aux  autres  poissons  ;  car  on  ne  peut  pas  présumer  qu'il 
en  naisse  plus  d'une  à  deux  douzaines  de  chaque  femelle  par 
année. 

L'anatomie  des  raies  a  été  essayée  par  Wiliughby ,  Ar- 
tedi,  Klein  ,  Monro  et  Bloch;  mais  leurs  travaux  sont  fort 
imparfaits.  Cuvier  s'en  est  également  occupé  ,  et  il  y  a  lieu 
d'attendre  que  lorsqu'il  aura  publié  les  résultats  de  ses  obser- 
vations il  restera  peu  à  désirer.  En  attendant, on  peut  consulter 
JLacépède ,  qui  en  a  esquissé  les  principales  parties  avec  art. 
Jacobson  ,  en  examinant  de  nouveau  des  organes  ,  déjà  ob- 
servés ,  sous  la  peau  de  la  tête  des  raies,  a  reconnu  qu'ils 
étoient  au  nombre  de  dix. 

C'est  de  crustacés  ,  de  coquillages,  de  poissons,  et ,  dit- 
on  ,  de  varecs ,  que  vivent  les  raies.  Elles  attendent  leur 
proie,  cachées  dans  la  boue  ou  le  sable ,  ou  la  poursuivent 
avec  rapidité  à  travers  les  flots.  Quelques  espèces,  telles 
que  la  raie  bâtis  ,  ont  la  queue  terminée  par  une  pointe  cor- 
née aiguë ,  arme  redoutable  par  la  force  et  la  flexibilité  qui 
lui  est  communiquée  ,  et  avec  laquelle  elles  percent  les 
poissons  dont  elles  veulent  faire  leur  nourriture,  et  se  défen- 
dent contre  ceux  qui  cherchent  à  les  dévorer. 

Des  voyageurs  ont  même  rapporté  qu'elles  attaquoient 
les  hommes,  les  étouffoient  en  les  pressant  avec  leur  large 
corps  ,  et  les  rougeoient  après  leur  mort.  On  les  prend  à 
l'hameçon, auquel  on  a  mis  pour  appât  un  des  objets  ci-dessus 
mentionnés.  On  les  prend  aussi,  lorsqu'elles  viennent  sur 
les  côtes  ou  qu'elles  nagent  à  la  surface  de  l'eau  ,  avec  des 
fouènes  et  autres  engins  pointus.  Toutes  ont ,  à  leur  sortie 
de  la  mer,  une  odeur  désagréable,  qui  fait  soulever  le  cœur 
à  ceux  qui  n'y  sont  pas  accoutumés  ;  mais  elles  la  perdent  pe- 
tit à  petit  à  l'air.  La  plupart  donnent  lieu  à  une  pêche  lu- 
crative sur  nos  côtes ,  et  fournissent  un  aliment  savoureu.K 
et  sain  ,  quoique  en  général  un  peu  coriace.  Celles  qui  sont 
transportées  loin  de  la  mer  acquièrent  de  la  qualité  par  les 
secousses  du  voyage  :  aussi,  en  mange-t-on  de  très-bonnes 
à  Paris.  Le  foie  de  ce  poisson  est  regardé  comme  un  mets 
très-délicat ,  et  en  conséquence  très-recherché  des  gour- 
mets. 

On  a  trouvé  plusieurs  espèces  de  raies  fossiles  dans  les 
boues  volcaniquesduMonte-Bolca, près  Vérone,entre  autres 


RAI  531 

une  qui  se  rapproche  de  la  torpille  par  sa  forme,  et  qui  a  trois 
pieds  de  diamètre. 

On  connoît  près  de  quarante  espèces  de  raie;ï  ,  que  Lacé- 
pède  divise  en  quatre  sections,  d'après  la  forme  des  dénis  et 
la  présence  ou  l'absence  des  aiguillons  sur  le  corps  ou  sur  la 
queue. 

La  première  division  comprend  celles  qui  ont  les  dents 
aiguës  ,  et  des  aiguillons  sur  le  corps  comme  sur  la  queue  , 
telles  que  : 

La  Raie  bâtis,  qui  a  un  seul  rang  d'aiguillons  sur  la  queue. 
Elle  est  connue  sous  le  nom  de  raie  cendrée.  On  la  trouve 
dans  les  mers  d'Europe,  où  elle  a  ordinairement  deux  à  trois 
pieds  de  large  -,  mais  on  en  pêche  quelquefois  qui  ont  cinq  à 
six  pieds ,  et  qui  pèsent  deux  cents  livres.  C^est  la  plus  grosse 
et  en  môme  temps  la  meilleure  espèce  de  ce  genre  ,  surtout 
quand  elle  est  jeune.  Sa  chair  est  blanche.  On  la  sèche  dans 
le  nord  de  l'Allemagne  ,  pour  l'envoyer  au  loin.  On  retire  de 
son  foie  une  huile  agréable  au  goût. 

Cette  raie  se  pêche  aussi  fréquemment  dans  la  Méditer- 
ranée ,  où  elle  est  connue  sous  les  noms  deflossade,  coliart , 
vache  marine  et  couverture.  Aristote  et  plusieurs  autres  auteurs 
anciens  la  mentionnent.  Son  museau  est  pointu;  ses  nageoires 
pectorales  sont  latéralement  obtuses  ;  sa  queue  ronde ,  est  ter- 
minée par  une  pointe  aiguë;  son  corps  est  enduit  d'une  humeur 
visqueuse ,  fournie  par  des  canaux  placés  assez  près  des  tégu- 
mens,  surtout  aux  côtés  de  la  tête.  Elle  est  d'un  gris  cendré  , 
marbré  irrégulièrement  de  noir. 

La  Raie  oxyrinque  a  une  rangée  d'aiguillons  sur  le 
corps  et  sur  la  queue.  C'est  la  raie  lisse  de  quelques  auteurs. 
On  la  trouve  dans  toutes  les  mers  d'Europe.  On  l'appelle 
raie  au  long  bec  ,  alesne ,  sot ,  gilioro  ,  flossade ,  lentillade  et  la- 
('ej«e,  sur  les  différentes  côtes  de  France.  Sa  grandeur  diffère 
peu  de  celle  de  la  précédente.  Elle  a  le  museau  pointu  ,  et  le 
corps  gris,  varié  de  rouge  et  de  blanc.  Sa  chair  est  quelque- 
fois très-bonne,d'autresfois  très-dure.  Il paroît  qu'elle  estplus 
tendre  dans  les  pays  chauds  que  dans  le  Nord,  où  Bloch  dit 
qu'elle  n'est  pas  estimée. 

La  Raie  miralet  a  le  dos  lisse,  quelques  aiguillons  auprès 
des  yeux ,  et  trois  rangs  d'aiguillons  sur  la  queue.  On  la  trouve 
dans  la  Méditerranée.  Son  corps  est  brun  rouge âlre  ,  par- 
semé de  taches  de  plusieurs  nuances,  dont  une  ,  sur  chaque 
nageoire  pectorale,  est  pourpre  et  renfermée  dans  un  cercle 
noirâtre  ;  cette  dernière  ayant  été  comparée  à  un  œil  ou  à 
un  miroir,  a  fait  donner  à  l'animal  le  nom  de  raie  oculée  ou 
raie  à  miroir.  Sa  grandeur  est  médiocre. 

La  Raie  chardon  ,  Raja  fullonica ,  Linn. ,  a  tout  le  dos 


532  R   A   I 

garni  d'épines;  un  rang  d'aiguillons  auprès  des  yeux  ;  deux 
rangs  d'aiguillons  sur  la  queue.  On  la  pêche  dans  presque 
toutes  les  mers  d'Europe.  Elle  est  d'un  blanc  jaunâtre  ,  avec 
des  taches  noires.  Elle  reste  petite. 

La  Raie  roisce,  Raja  ruhus,  Linn. ,  a  un  rang  d'aiguillons 
sur  le  corps ,  et  trois  sur  la  queue.  On  la  pêche  dans  toutes 
les  mers  d'Europe.  Son  corps  est  jaunâtre  ,  tacheté  de  blanc. 
Elle  ne  parvient  pas  à  une  grandeur  considérable. 

La  Kaîe  chagrinée  a  des  tubercules  sur  le  devant  du 
corps  ;  deux  rangées  d'épines  sur  le  museau  et  sur  la  queue. 
On  la  pêche  sur  les  côtes  d'Angleterre. 

La  Raie  museau  poiîstu  a  le  museau  pointu ,  le  corps 
très-lisse  ;  trois  rangs  de  piquans  sur  la  queue  ;  deux  nageoi- 
res dorsales,  petites  et  arrondies,  auprès  de  l'extrémité  de  la 
queue  ;  point  de  nageoire  caudale.  Elle  se  trouve  sur  les 
côtes  de  France.  Sa  couleur  est  grise.  Elle  se  rapproche 
beaucoup  de  la  raie  oxyrinquc  ^  mais  ne  parvient  qu'à  de  très- 
petites  dimensions  ,  au  rapport  de  Noël ,  qui  l'a  fait  con- 
noître  à  Lacépède. 

La  Raie  coucou  a  la  tête  courte  et  petite  ;  le  dessus  du 
corps  dénué  de  piquans;  la  partie  antérieure  du  corps  élevée; 
un  ou  plusieurs  aiguillons  dentelés ,  longs  et  forts ,  à  la  queue, 
qui  est  très-déliée.  On  la  trouve  avec  la  précédente.  Sa  cou- 
leur est  bleuâtre  ou  rouge  brun. 

La  seconde  division  comprend  les  raies  dont  les  dents  sont 
aiguës,  qui  n'ont  point  d'aiguillons  sur  le  corps  ni  sur  la 
queue. 

La  Raie  torpille  a  le  corps  presque  ovale  ,  et  deux  na- 
geoires dorsales.  Elle  habite  presque  toutes  les  mers  ,  et  par- 
vient à  une  grandeur  assez  considérable.  Celle  espèce  est 
célèbre  de  toute  ancienneté  ,  à  raison  de  la  faculté  qu'elle 
possède  d'engourdir  le  bras  de  celui  qui  la  touche ,  faculté  qui 
lui  sert  à  s'emparer  plus  facilement  de  sa  proie ,  et  qui  est  flue 
à  un  effet  électrique  ou  mieux  galvanique  (  V.  au  mot  Tor- 
pille). Il  paroît,  par  les  figures  et  les  descriptions  des  auteurs, 
que  plusieurs  espèces  ont  été  confondues  sous  ce  nom. 

Cuvier  la  regarde  comme  le  type  d'un  sous -genre  de  son 
nom.  V.  pi.  M.  14. ,  où  elle  est  figurée. 

La  troisième  division  réunit  les  raies  dont  les  dents  sont 
obtuses  ,  et  qui  ont  des  aiguillons  sur  le  corps  et  sur  la  queue. 
On  doit  y  remarquer: 

La  Raie  aigle,  qui  aun  aiguillon  dentelé  et  une  nageoire  à  la 
queue  ;  celle  dernière  partie  plus  longue  que  le  corps.  V.  pl,^ 
M.  14  ,  où  elle  est  figurée.  On  la  pêche  dans  toutes  les  mers 
d'Europe  ,  principalement  dans  la  Méditerranée,  où  elle 
parvient  à  une  largeur  de   trois  à  quatre   pieds  ;  mais  on  en 


R  A  î  533 

eite  de  prises  entre  les  tropiques  qui  pesoient  plus  de  trois 
cents  livres  ,  ce  qui  la  range  à  côté  de  la  raie  bâtis  pour  la 
grandeur.  Elle  est  connue  sous  les  noms  A'aigle  poisson ,  pois- 
son aigle,  faucon  de  mer,  rate  penade ,  glorieuse,  crapaud  de 
mer  et  mouiine. 

Cette  espèce  se  distingue  des  deux  autres  par  sa  tête  sé- 
parée du  corps  ,  et  sillonnée  des  deux  côtés  ;  par  la  forme  et 
la  disposition  de  ses  nageoires  pectorales,  terminées  par  un 
angle  aigu  ,  et  peu  confondues  avec  le  corps  proprement  dit. 
Comme  l'étendue  de  ces  nageoires  est  très-grande ,  on  les  a 
plus  spécialement  comparées  aux  ailes  des  aigles  ,  dès  les 
temps  anciens.  On  a  cru  qu'elle  n'avoit  pas  de  nageoires 
ventrales;  mais  Lacépède  s'est  assuré  que  c'étoit  de  nageoire 
anale  dont  elle  étoit  dépourvue.  Son  corps  ,  entièrement 
lisse  ,  est  plombé  en  devant ,  brun  sur  le  dos  ,  et  olivâtre  sur 
les  côtés  -,  sa  queue  est  deux  fois  plus  longue  que  le  corps  , 
presque  ronde  ,  très-mince,  très  mobile,  et  terminée  par  un 
iil  très-délié  ;  une  petite  nageoire  dorsale  est  implantée  près 
de  l'origine  de  cette  queue,  et  plus  bas  se  voit  un  gros  et  long 
piquant ,  ou  plutôt  un  dard  très-fort ,  dont  la  pointe  est  tour- 
née vers  l'extrémité  la  plus  déliée  de  la  queue. 

Ce  dard,  célèbre  par  les  dangers  qu'il  fait  courir  aux  pé- 
cheurs ,  est  un  peu  aplati  et  dentelé  des  deux  côtés  ,  par  des 
barbes  tournées  vers  sa  racine  ,  et  d'autant  plus  longues  , 
qu'elles  sont  plus  près  de  cette  même  racine.  Il  acquiert 
quelquefois  plus  de  cinq  à  six  pouces  de  long.  Il  se  détache 
du  corps  de  la  raie  chaque  année  et  il  en  revient  un  autre 
et  quelquefois  deux  à  sa  place. 

Aristote  ,  Pline  ,  et  autres  anciens  naturalistes  ,  qui  ont 
connu  celte  raie  ,  ont  longuement  disserté  sur  son  dard  ,  et 
ont  prétendu  qu'il  renfermoit  un  poison  plus  actif  que  celui 
qui  sert  à  rendre  mortelle  la  blessure  des  flèches  des  peuples 
d'Afrique.  Le  vrai  est  que  lorsque  cette  arme  est  introduite 
très-avant  dans  la  main  ,  dans  le  bras,  ou  dans  quelque  autre 
endroit  du  corps  de  ceux  qui  cherchent  à  prendre  ce  poisson, 
lorsque  surtout  elle  y  est  agitée  en  différens  sens  „  et  qu'elle 
est  retirée  avec  violence  ,  elle  cause  une  blessure  très-dou- 
loureuse ,  donne  lieu  à  des  inflammations  très-dangereuses  :, 
mais  Lacépède  s'est  assuré  qu'il  n'y  avoit  point  de  glandes  , 
ni  sur  le  dard,  ni  dans  ses  environs  ,  qui  puissent  distiller  un 
venin  quelconque.  Le  préjugé  qui  existoit  du  temps  de  Pline  , 
n'est  pas  encore  effacé  ,  et  actuellement  même  il  est  défendu, 
dans  quelques  endroits  de  l'Italie  ,  de  présenter  au  marché 
cette  raie  ,  avant  d'avoir  coupé  sa  queue. 

C'est  avec  ce  dard,  aidé  de  sa  queue  plusieurs  fois  con- 
tournée, que  la  raie  rt/g/e  saisit  et  donne  la  mort  aux  ani- 


534  R  A  I 

maux  dont  elle  fait  sa  proie  ,  el  qu'elle  attend  au  fond  de  la 
mer  et  à  demi-couverte  de  vase;  c'est  encore  avec  lui  qu'elle 
se  défend  contre  ses  ennemis. 

La  chair  de  la  raie  aigle  est  dure  et  difficile  à  digérer;  il 
n'y  a  que  les  pauvres  qui  en  mangent  ,  encore  n'est-ce  que 
quand  elle  est  jeune;  cependant ,  le  foie  passe  pour  un  mets 
délicat ,  et  on  le  sert  sur  la  table  des  riches. 

Les  auteurs  ont  décrit  comme  variétés  plusieurs  raiesaigles^ 
qui  paroissenl  devoir  être  regardées  comme  des  espèces. 
Celle  que  Lacépède  a  figurée  d'après  Commerson,est  surtout 
extrêmement  différente  de  celle  qu'on  voit  dans  Bloch, 

Cette  espèce  sert  de  type  au  sous-genre  Mourine  deCuvier. 

LaPiAiE  GiORNA  a  deux  grands  appendices  sur  le  devant  de 
la  têle  ;  chaque  pectorale  formant  un  triangle  ;  une  nageoire 
dorsale  placée  devant  un  aiguillon  fort,  et  dentelé  des  deux 
côtés  ,  qui  termine  le  corps  ;  la  queue  très-longue ,  très-déliée 
et  dénuée  de  nageoires.  Cette  espèce, qui  alteintplus  dequatre 
pieds  de  large  ,  a  été  prise  dans  le  golfe  de  ISice  ,  et  je  l'ai 
vue  dans  le  cabinet  de  l'estimable  Giorna.  Lacépède  l'a  figu- 
rée. Elle  sert  de  type  au  sous-genre  Cépbaloptère  de  Cuvier. 

La  Raie  pastenague, /îa/ayoas/mara,  Linn,,  a  un  aiguillon 
dentelé  ,  point  de  nageoires  à  la  queue  ;  cette  dernière  partie 
plus  longue  que  le  corps.  On  la  trouve  dans  presque  toutes  ks 
mers.  Elle  se  rapproche  beaucoup  de  la  précédente,  parla 
forme  et  les  mœurs;  elle  a  comme  elle  un  dard  dentelé  sur  la 
queue  ,  mais  elle  ne  parvient  jamais  à  la  même  grandeur, 
puisque  les  plus  grosses  ne  pèsent  que  dix  livres.  On  la  con- 
noît  sur  les  côtes  de  France  ,  sous  les  noms  de  iareronde,  bas- 
tenague ,  vastangue  et  allaoelle.  Les  anciens  ,  qui  Font  aussi 
connue  ,  et  qui  l'ont  su  distinguer  de  lara/e  aigle,  attribuent 
à  son  dard  un  venin  encore  plus  subtil.  La  fable  avoit  même 
mis  ce  dard  entre  les  mains  du  fils  de  Circé  ,  pour  qu'il  pût 
tuer  plus  sûrement  son  père.  Aujourd'hui  les  peuples  de  quel- 
ques côtes  d'Amérique  s'en  servent  pour  armer  leurs  flèches. 
Ceux  du  Japon  ,  au  contraire  ,  le  regardent  comme  un  re- 
mède sou'ï^erain  contre  la  morsure  des  serpens  venimeux  ,  et 
en  conséquence  ,  en  portent  toujours  sur  eux. 

Cette  espèce  présente  quatre  variétés  notables  ,  dont  deux 
ou  trois  avoient  été  mentionnées  comme  espèces  distinctes. 
Sa  chair  n'est  guère  meilleure  que  celle  de  la  raie  aigle  ,  et 
son  foie  est  également  bon. 

Cuvicf  établit  qu'elle  doit  être  le  type  d'un  sous-genre 
qu'il  appelle  Pastenague. 

La  Raie  sephen  a  un  grand  nombre  de  tubercules  sur  la 
tête,  le  dos  et  la  partie  antérieure  de  la  queue.  Forskaël  l'a 
observée  dans  la  mer  Rouge  ,  où  elle  parvient  à  douze  pieds 


Vx   \  1  535 

«le  largenr.  Son  corps  esl  d'un  brun  cendré.  Elle  est 
pniirvue  d'un  dard  dentelé  ,  analogue  à  celui  des  précéden- 
tes- C'est  elle  qui  fournit,  d'après  la  découverte  très-impor- 
tante de  Lacépède  ,  la  peau  que  l'on  emploie  ,  sous  le  nom 
de  galuchat,  pour  couvrir  les  boîtes  et  les  étuis  destinés  à 
renfermer  des  bijoux,  peau  qu'il  faut  bien  distinguer  de  la 
peau  de  reguin  ,  et  qui  nous  vient  exclusivement  de  l'Angle- 
terre. V.  au  mot  Oaluchat. 

La  Raie  églantier  a  une  rangée  longitudinale  de  petits 
aiguillons  sur  le  dos  ,  qui  d'ailleurs  est  parsemé  d'épines  en- 
core plus  courtes  ;  plus  de  trois  rangs  longitudinaux  de  pi- 
quans  recourbés  sur  la  queue.  Elle  est  figurée  pi.  M.  i^.  Je 
l'ai  observée,  décrite  et  dessinée  dans  la  rade  de  Charleston, 
où  elle  est  fort  commune,  et  où  elle  parvient  à  trois  piedi 
de  large.  Sa  couleur  est  brune  en  dessus  ;  sa  chair  est  tendre 
et  savoureuse. 

La  Raie  nègre  a  le  museau  pointu  ;  un  rang  de  piquans 
sur  le  dos  et  sur  la  queue  ;  une  autre  rangée  de  piquans  plus 
écartés  de  chaque  côté  de  la  queue;  toute  la  partie  supérieure 
plus  ou  moins  noire.  On  la  trouve  dans  les  mers  d'Europe. 
Elle  est  de  médiocre  grandeur. 

La  Raie  BOUCLÉE,  So/flc/ai'a/a,  Lion. ,  a  un  rangd'aiguillons 
recourbés  sur  le  corps  et  sur  la  queue.  Ellese  trouve  dans  toutes 
les  mers  d'Europe  ,  et  parvient  à  plus  de  douze  pieds  de 
longueur.  C'est  une  de  celles  qu'on  mange  le  plus  habituelle- 
ment en  France  ,  et  surtout  à  Paris  ,  où  on  estime  sa  chair 
tendre  et  savoureuse.  Dans  le  Nord  ,  où  on  en  prend  beau- 
coup,le  peupleseulen  faitusage.  LesNorwégiens  ne  la  pèchent 
même  ,  au  rapport  de  Bloch  ,  que  pour  faire  sécher  sa  chair, 
qu'ils  envoient  à  l'étranger  pour  l'approvisionnement  des 
vaisseaux,  et  pour  faire  de  l'huile  avec  son  foie.  On  l'appelle 
davelade  ou  raie  clouée ,  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée  ; 
rajon  ,  raielon  ,  ratîllon  et  papillon  ,  lorsqu'elle  est  jeune  ,  sur 
celles  de  l'Océan.  Sa  couleur  varie.  Elle  est  tantôt  brunâtre, 
avec  des  taches  blanches,  tantôt  blanchâtre  ,  avec  des  taches 
noires  ;  sa  tête  est  un  peu  allongée  et  pointue  ;  sa  queue  est 
plus  longue  que  le  corps ,  un  peu  aplaiie  en  dessous  -,  elle  n'a 
pas  de  dard ,  mais  elle  est  garnie  en  dessus  de  deux  petites 
nageoires  dorsales  et  d'une  caudale.  Chacun  de  ses  aiguil- 
lons est  attaché  à  une  base  circulaire  ,  épaisse  ,  plus  que 
cartilagineuse ,  enfoncée  sous  la  peau.  Leur  nombre  varie 
beaucoup. 

La  Raie  rhinobate  a  le  corps  allongé  et  un  seul  rang 
d'aiguillons  ;  elle  se  trouve  dans  la  Méditerranée.  Ses  rap- 
ports avec  les  squales ,  surtout  avec  le  squale  ange  ,  sont 


535  XX  A  1 

«ombreux.  Lacépède  l'a  figurée  ,  et  lui  a  réuni  ia  Raie  hataoi 
que  Forskaël  a  observée  dans  la  Mer  Rouge  Cuvier  la  re- 
garde comme  devant  être  le  type  du  sous-genre  Rhinobate. 

La  Raie  thouin  a  le  museau  très-prolongé  et  garni,  ainsi 
que  le  devant  de  la  tête  ,  de  petits  aiguillons  ;  du  reste,  elle 
diffère  peu  de  la  précédente. Elle  est  figurée  dans  Lacépède, 
vol.  I,  pi,  I.  On  la  pêche  dans  la  mer  Rouge  et  dans  celle 
des  Indes.  Le  dessus  du  corps  est  noir;  mais  les  côtés,  la 
partie  antérieure  de  la  tête ,  excepté  le  museau  ,  sont  d'un 
blanc  éclatant  ;  eHe  est  de  même  couleur  en  dessous. 

La  Raie  bohkat  ,  Raja  djiddensis  ,  Forsk.  ,  a  trois  rangs 
d'aigaillons  sur  la  partie  antérieure  du  dos  ,  et  la  première 
nageoire  dorsale  située  au-dessus  desnageoiresventrales.  On 
la  pêche  dans  la  mer  Rouge. 

La  Raie  cuvier  a  un  rang  d'aiguillons  sur  la  partie  posté- 
rieure du  dos;  trois  rangées  d'aiguillons  sur  la  queue;  la 
première  nageoire  dorsale  située  vers  le  milieu  du  dos.  Elle 
est  figurée  dans  Lacépède,  vol.  i,  pi.  7.  On  ignore  son  pays 
natal.  Elle  se  rapproche  un  peu  des  squales  par  la  position 
de  sa  nageoire  dorsale  ,  position  très-remarquable  dans  le 
genre  des  raies. 

La  quatrième  division  rassemble  les  raies  qui  ont  les  dents 
obtuses  et  point  d'aiguillons  sur  le  corps  ni  sur  la  queue. 

La  Raie  mobular  a  deux  grands  appendices  vers  le  devant 
de  la  tête  ,  et  la  queue  sans  nageoires.  On  la  trouve  dans  la 
Méditerranée  et  dans  l'Océan.  C'est  à  Duhamel  qu'on  en 
doit  la  connoissance.  Celle  qu'il  a  décrite,  qui  avoit  été  prise 
dans  une  madrague  près  de  Marseille ,  étoit  de  dix  pieds  et 
demi  de  long,  et  pesoit  six  cents  livres.  Elle  ressembloit  beau- 
coup à  celle  que  Lacépède  a  appelée  manatia. 

Tellcssont  les  raies  dont  les  dents  ont  été  observées;  mais 
il  en  est  encore  quelques-unes  de  connues ,  dont  les  dents  ne 
l'ont  pas  été.  Ce  sont  : 

Parmi  celles  qui  sont  pourvues  d'aiguillons: 

La  Raie  schoukie,  qui  a  des  aiguillons  très-éloignés  les 
uns  des  autres,  et  un  grand  nombre  de  tubercules.On  la  pêche 
dans  la  mer  Rouge. 

La  Raie  chinoise  ,  qui  a  le  corps  un  peu  ovale,  le  museau 
avancé  el  arrondi;  trois  aiguillons  derrière  chaque  œil;  deux 
angées  d'aiguillons  sur  le  dos.  Elle  est  figurée  dans  Lacé- 

;de,  vol.  i  ,  pi.  2.  On  la  trouve  dans  les  mers  de  la  Chine. 

Ile  se  rapproche  un  peu  de  la  torpille. 

La  Raie  mosaïque  a  le  museau  un  peu  allongé  ,  un  rang 
d'aiguillons  étendu  depuis  la  nuque  jusqu'à  l'extrémité  de  la 
queue  ;  deux  ou  trois  piquans  au-devant  de  chaque  œil  ;  un 
ou  deux  pifpans  derrière  chaque  évent  ;  une  série  longitudi- 


l 


R  A  I  537 

nale  de  cinq  à  six  piquans  de  chaque  rôle  de  l'origine  de  la 
queue  ;  la  couleur  jaunâtre;  dop  taches  blanches  ,  petites  et 
arrondies  ;  plusieurs  séries  doubles  ,  tortueuses  et  placées 
symétriquement,  de  points  blancs  ou  blanchâtres.  Elle  est 
figurée  dans  Lacépède,  vol.  4i  ph  ï6.  On  la  trouve  dans  les 
mers  d'Europe.  C'est  la  plus  belle  des  raies. 

La  Raie  ondulée  a  le  museau  un  peu  pointu  ;  une  rangée 
de  piquans  étendue  depuis  la  tête  jusque  vers  l'extrémité  de 
la  queue  ;  deux  aiguillons  devant  et  derrière  chaque  œil  ;  un 
aiguillon  situé  auprès  de  la  tête  et  de  chaque  côté  de  la  ran- 
gée de  piquans  qui  règne  sur  le  dos  ;  un  grand  nombre  de 
lignes  sinueuses  et  dont  plusieurs  se  réunissent  les  unes  aux 
autres.  On  la  trouve  avec  la  précédente. 

Parmi  celles  qui  n'ont  point  d'aiguillons  : 

La  Raie  gronovienne  ,  Kaja  capensis  ^  Linn.  ,  qui  a  le 
corps  presque  ovale  et  une  seule  nageoire  dorsale.  On  la 
trouve  au  Cap  de  Bonne-Espérance. 

La  Raie  aptéronote  a  le  museau  pointu  et  très-avancé  ; 
point  de  nageoire  dorsale;  un  sillon  longitudinal  au-devant 
des  yeux  ;  un  sillon  presque  semblable  entre  les  deux  évents; 
la  couleur  rousse.  On  ignore  son  pays  natal.  Elle  est  figurée 
dans  Lacépède,  vol.  4?  pi-  i4- 

La  Raie  frangée  a  deux  grands  appendices  sur  le  devant 
de  la  tète  ;  celte  partie,  le  corps  et  les  pectorales,  forment 
ensemble  un  losange  presque  parfait;les  deux  côtés  de  la  queue, 
de  la  partie  postérieure  du  corps  et  de  celle  des  pectorales, 
sont  garnis  de  barbillons  ou  de  filamens  ;  il  n'y  a  point  de 
nageoires  ni  de  bosses  sur  le  dos.  Elle  est  figurée  pi.  M.  i4- 

On  a  péché,  dans  la  Grande-Mer,  un  individu  qui  avolt 
plus  de  quinze  pieds  de  long. 

La  Raie  manatia,  qui  a  deux  appendices  sur  le  devant 
de  la  tête;  point  de  nageoire  dorsale;  une  bosse  sur  le  dos. 
Elle  est  figurée  dans  Lacépède,  vol.  i,pl.  v.On  la  trouve  dans 
les  mers  d'Amérique,  où  elle  parvient  aune  grandeur  égale  à 
£elle  de  la  précédente. 

LaRAiEFABRONiENNE  a  deux  grands  appendices  sur  le  de- 
vant de  la  tête;  chaque  nageoire  pectorale  aussi  longue  que  le 
corps  proprement  dit,  très-étroite  et  occupant ,  par  sa  base, 
la  portion  du  côté  de  l'animal  comprise  entre  la  tête  et  le 
milieu  du  corps.  Elle  est  figurée  dans  Lacépède,  vol.  2,  pi.  5 
On  la  trouve  dans  la  Méditerranée.  Elle  a  douze  pieds  de 
large.  On  dit  que  les  appendices  de  son  museau  se  déploient 
à  la  volonté  de  l'animal,  et  lui  servent  à  porter  sa  nourriture 
à  la  bouche,  ce  qui  paroît  difficile  à  croire  ;  ces  appendices, 
dans  l'ctat  de  repos  ,  ressemblent  à  deux  cornes  ,  et  ont  fait 
donner  à  cette  espèce  le  nom  de  raie-vache  par  les  pêcheurs 
de  Toscane. 


538  K   A   I 

La  Raie  batsksïenne  a  deux  appendices  sur  le  devant  de 
la  tête  ;  point  de  nageoire  suv  le  dos  ni  au  bout  de  la  queue  ; 
chaque  nageoire  pectorale  plus  longue  que  le  corps  propre- 
ment dit,  très-étroite  et  à  peu  près  également  éloignée  dans 
son  axe  longitudinal  et  dans  la  pointe  de  la  tête  et  de  la 
queue  ;  les  yeux  placés  sur  la  partie  supérieure  de  la  tête. 
Elle  est  figurée  dans  Lacépède,  vol.  2,  pi.  5.  On  la  trouve 
dans  les  mers  d'Amérique,  où  elle  parvient  à  une  telle  gros- 
seur,  que  Banks,  à  qui  on  en  doit  la  connoissance  ,  rapporte 
qu'un  individu,  qui  fut  pris  sur  les  côtes  de  la  Barbade,  ne.pul 
être  tiré  à  terre  que  par  le  moyen  de  sept  paires  de  bœufs. 
On  l'appelle,  dans  les  îles  anglaises,  diable  de  mer. 

Ces  quatre  dernières  espèces  et  la  mohular ,  espèces  si 
monstrueuses  ,  sont  peut-être  dans  le  cas  de  former  un  genre 
particulier. 

La  Raie  astérias  est  une  espèce  peu  commune,  observée 
par  Delaroche,  aux  îles  Baléares,  el  figurée  pi.  i  de  son 
Mémoire  sur  les  poissons  de  ces  îles. 

Les  Raies  raboteuse,  petit  museau  et  ponctuée,  sont 
encore  des  espèces  nouvelles, que  Risso  nous  a  fait  connoître 
dans  son  Ichthyôlogie  de  Nice.(B.) 

RAIES-FOSSILES.  (F.  Poissons-fossiles.)  (desm.) 

RAIETOIVfS.  Petits  de  la  Raie  bouclée.  Voyez  au  mot 
Raie,  (b.) 

RAIFORT ,  RADIS  ,  Raphanus  ,  Linn.  (  Tétradynamie 
silf'queuse).  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  crucifères, 
qui  se  rapproche  beaucoup  des  Choux  et  des  Moutardes, 
et  qui  présente  pour  caractères  :  un  calice  formé  de  quatre  fo- 
lioles droites  ,  oblongues  et  rapprochées  des  pétales  ;  une 
corolle  de  quatre  pétales  étendus,  disposés  en  croix  et  à  on- 
glets ;  six  étamines,  dont  deux  plus  courtes  et  opposées; 
quatre  glandes  placées  sur  le  réceptacle  ,  deux  entre  les  éta- 
mines courtes  et  le  pistil,  et  deux  entre  les  étamines  longues 
et  le  calice  ;  un  ovaire  oblong,  gonflé  et  rétréci,  presque  sans 
style  ,  et  couronné  par  un  stigmate.  Le  fruit  est  une  silique 
charnue  ,  inégale,  renflée,  articulée  ,  à  plusieurs  loges  mem- 
braneuses, disposées  longitudinalement  sur  deux  rangs ,  con- 
tenant de  petites  semences  arrondies. 

Les  plantes  de  ce  genre  ont  une  racine  tubéreuse ,  fusi- 
forme  ou  sphéroïde.  On  n'en  compte  qu'une  quinzaine 
d'espèces  ;  mais  l'une  d'elles,  la  seule  dont  je  ferai  mention, 
offre  plusieurs  variétés. 

C'est  le  Raifort  cultivé,  Raphanus  saiwas.,  Linn. ,  plante 
annuelle  ou  bisannuelle  ,  dont  le  pays  natal  ne  nous  est  pas 
connu,  et  qui  est  cultivée  dans  les  jardins  pour  sa  racine, 
qu'on  mange  crue  au  printemps  et  pendant  une  grande  par- 
lie  de  l'été. Cette  racine  est  ronde  ou  allongée,  blanche,  vio- 


R    i  1  539 

îetle,  rose,  rougcâlre  ou  noirâtre.  On  lui  donne  le  nom  de 
pelile  rm^e  ou  de  radis,  suivant  sa  forme.  Elle  est  presque  tou- 
jours blanche  intérieurement,  et  a  une  écorce  plus  acre  que 
sa  pulpe.  Les  feuilles  du  raifort  sont  alternes  et  ailées  ;  les 
caulinaires  sessiles;  les  radicales  pétiolées;  du  milieu  de 
celles-ci  s'élèvent  des  tiges  hautes  d'environ  deux  pieds  ,  her- 
bacées ,  rondes  ,  et  divisées  en  rameaux  ,  aii  sommet  des- 
quels viennent  lesfleurs  disposées  en  grappes. 

Parmi  les  variétés  que  présente  cette  espèce,  on  distingue 
la  rave  de  corail ,  la  petite  hâtive,  la  rave  couleur  de  rose  ou 
saumonée,  le  radis  blanc  hâtif ,  le  rond  hâtif,  le  petit  rond 
rouge,  le  gros  blanc  ,  le  petit  noir  ,  le  gros  noir  d'hiver,  la 
rave  blanche  longue  ,  qui  se  sème  depuis  mars  jusqu'en  sep- 
tembre, la  tortillée  du  Mans,  la  grosse  blanche  d'Augsbourg, 
etc.  ;  elles  aiment  en  général  une  terre  meuble,  fraîche,  qui 
ait  de  la  profondeur.  On  en  sème  la  graine  presque  toute 
l'année  :  en  été,  on  doit  semer  à  l'ombre  et  arroser  souvent, 
pour  que  les  racines  soient  tendres.  Quand  on  veut  avoir  des 
petites  raves  de  primeur,  il  faut  les  semer  sur  couche. 

Les  racines  des  raiforts,  radis  ou  petites  raves,  ont  une 
saveur  piquante,  agréable.  On  les  ;nange  avec  du  sel  ;  mais 
les  estomacs  foibles  les  digèrent  difficilement  ;  elles  don- 
nent souvent  des  rapports.  Elles  sonltrès-apéritives  et  anti- 
scorbutiques. Les  jeunes  feuilles  de  radis  se  mangent  cuites 
et  en  salade. 

Un  membre  de  la  société  patriotique  de  Milan  ayant  fait 
des  essais  ,  il  y  a  quelques  années,  sur  la  manière  de  se  pro- 
curer de  bonne  huile  dans  les  contrées  où  le  climat  ne  per- 
met pas  de  planter  des  olives,  en  a  extrait  des  graines  d'une 
espèce  de  raifort  de  la  Chine.  Cette  plante  résiste  aux  hivers 
les  plus  rigoureux.  On  en  tire  une  grande  quantité  d'huile 
d'assez  bonne  qualité  ,  pour  être  placée  immédiatement 
après  l'huile  d'olive.  Ce  raifort  demande  un  terrain  bon  et 
un  peu  ferme.  Il  faut  le  semer  asez  clair  en  septembre  ,  et 
c'est  au  mois  de  mai  qu'on  recueille  sa  graine  ,  qui  est  très- 
grosse  et  très-abondânte. 

Ventenat  a  détaché  de  ce  genre  le  Faux  raifort  {raphanus 
raphfmisirum,  Linn.),  pour  en  faire  un  genre  particulier  sous 
le  nom  de  Raphamstre  ,  et  Labillardière  ,  le  Raifort  a. 
FEUILLES  EN  LYRE,  pour  constituer  celui  qu'il  a  appelé  Enar- 
THRocARPE.   Voy.  ces  mots  ,  et  Raphanus.  (d.) 

RA.IFORT.  A  Paris,  on  donne  ce  nom  au  Cranson  rus- 
tique (  Corhlearia  armoracia  ,  Linn.  ).  (ln.) 

RAIFORT  AQUATIQUE.  C  est  un  Sysimbre,  Sysim- 
hrium  amphiblum.  (d.) 

RAIFORT  SAUVAGE  ou  Grand  Raifort.  C'est  le 
cranson  nislique  (  cochlearia  armoracia  )  ,   égalçment  appelé 


Ho  II  A  I 

r.ran  de  Brelogiie  ,  cran  des  Anglais  ,  moutarde  des  capucins , 
moutarde  des  Allemands^  meredic  et  meer  edyck.  On  râpe  sa  ra- 
cine qui  est  fort  grosse ,  et  on  la  mange  en  place  de  mou - 
tarde.  (LN.) 

RAIGRASS.  V.  Ra\gràss.  (b.) 

RAIIS,  Myletes.  Sous-genre  introduit  par  Cuvier  dans  le 
genre  des  Salmones.  Il  renferme  trois  espèces  non  encore 
décrites,  vivant  dans  les  rivières  de  l'Amérique,  et  une  pro- 
pre au  Nil,  qui  est  le  Salmone  ^ILOTlQUE  de  Forskaël.  Il  est 
remarquable  par  des  dents  en  prisme  triangulaire  court, 
arrondi  aux  arêtes  ,  et  dont  la  face  supérieure  se  creuse. 

Ce  genre  a  aussi  été  appelé  Mylète.  (b.) 

RAINE, //y/a.  Genre  de  reptiles  de  la  famille  des  Ba- 
traciens, dontles  caractères  consistenlàavoirlespattes  pos- 
lérieures  fort  longues ,  les  doigts  terminés  par  une  pelote  vis- 
queuse placée  sur  un  empâtement  ;  point  de  queue. 

Ce  genre  faisoit  partie  de  celui  des  Grenouilles  de  Lin- 
nceus;  mais  ,  quoiqu'il  lui  convienne  par  beaucoup  de  carac- 
tères ,  il  en  est  bien  distingué  par  les  pelotes  visqueuses  des 
doigts  et  par  les  mœurs. 

La  plupart  des  auteurs  français  ont  séparé  les  raines  des 
grenouilles;  et  en  cela,  ils  n'ont  fait  que  se  conformer  à  l'u- 
sage qui  attribue  un  nom  différent  à  la  seule  espèce  qui  se 
trouve  en  France.  V.  V Histoire  des  quadrupèdes  ovipares ,  par 
Lacépède. 

Les  raines  sont  généralement  plus  tranquilles  que  les  gre- 
anouilles;  elles  attendent  des  journées  entières  leur  proie 
dans  la  même  place  ;  mais  si  elles  font  moins  de  mouvemens, 
ces  mouvemens  sont  plus  vifs  ou  plus  rapides  que  ceux  des 
premières.  C'est  dans  les  bols  ,  sur  les  arbres,  qu'elles  se 
tiennent  pendant  presque  tout  l'été.  On  les  voit  sauter  de 
branche  en  branche  ,  à  des  distances  souvent  de  plusieurs 
pieds ,  se  tenir  suspendues  sur  des  feuillesagitées  par  les  vents 
aussi  bien  que  sur  les  plus  grosses  branches,  monter  très- 
lestement  sur  leur  tronc,  etc.  Elles  vivent  de  mouches  et 
autres  insectes  qui  passent  à  leur  portée,  et  sur  lesquels  elles 
se  jettent  avec  la  rapidité  d'un  trait.  Leur  langue  ,  confor- 
mée comme  celle  des  grenouilles,  c'est-à-dire  large,  épaisse, 
visqueuse,  et  attachée  par  son  extrémité  antérieure,  est  très- 
propre  à  les  arrêter  et  à  les  empêcher  de  s'échapper  dès  qu'ils 
sont  saisis. 

Considérées  sous  ces  rapports,  dit  Latreille  ,  Histoire  na- 
turelle des  Reptiles^  faisant  suite  au  Buffon^  édition  de  Deter- 
ville ,  elles  sont,  dans  cet  ordre,  ce  que  les  iguanes  et  les  ca- 
méléons sont  dans  celui  des  sauriens. 


RAI  541 

La  faculté  donl  jouissent  les  raines  .  de  marcher  contre  les 
glaces  les  mieux  polies  ,  avait  été  attribuée  à  la  viscosité  dont 
elles  sont  enduites;  mais  Labillardière  nous  a  appris  qu'elle 
étoit  principalement  due  à  celle  de  former  le  vide  sous  les 
pelotes  de  leurs  pattes.   Voy.  les  Mém.  deTInstitut,  an  1818. 

Les  Vaines  ou  mieux  les  mâles  des  raines,  jouissent  comme 
les  grenouilles, et  même  à  un  plus  haut  degré,de  la  faculté  de 
coasser.  Il  est  peu  d'habitans  de  la  campagne  qui  ne  les  aient 
souvent  entendus  au  sommet  des  arbres  le  soir  et  le  matin, 
dans  les  grandes  chaleurs  de  l'été,  pousser  en  chœur  des  sons 
rauques  fort  discordans,  et  par  conséquent  fort  désagréables 
à  l'oreille. 

C'est  surtout  dans  les  bois  humides  ,  sur  les  buissons  voi- 
sins des  marais,  dans  les  jardins  ornés  de  pièces  d'eau  ,  qu'il 
faut  s'attendre  à  trouver  des  raines.  Elles  sont  rares  dans  les 
pays  secs,  dans  les  forêts  montagneuses.  La  raison  en  est 
qu'elles  passent,  comme  les  grenouilles ,  tout  l'hiver  dans 
l'eau,  enfoncées  dans  la  boue,  et  qu'encore,  comme  elles, 
elles  y  déposent  leurs  œufs  au  printemps. 

Tout  ee  qu'on  a  dit  de  l'organisation  interne  des  grenouilles, 
de  leur  accouplement,  de  leur  fécondation,  de  leurs  œufs  , 
et  des  têtards  qu'ils  produisent,  s'applique  en  général  aux: 
raines  ;  ainsi  on  ne  pourroit  que  répéter  ce  qu'on  peut 
lire  à  ce  sujet  au  mot  Grenouille.  On  y  renvoie  donc  le 
lecteur. 

11  paroît  que  ce  n'est  qu'aubout  de  trois  ou  quatre  ans  que 
ces  animaux  sont  en  état  de  perpétuer  leur  espèce.  Jusqu'à 
cette  époque,  les  mâles  sont  presque  muets.  Ils  s'accouplent 
beaucoup  plus  tard  que  les  grenouilles  dans  nos  climats.  Ce 
n'est  guère  qu'aux  premiers  jours  de  mai  qu'on  trouve  des 
œufs,  et  qu'on  entend  coasser  les  mâles  ,  qui  alors  ont  quitté 
leurs  femelles. 

Il  faut  deux  mois  et  même  un  peu  plus,  si  la  saison  est 
froide,  aux  têtards,  pour  subir  toutes  leurs  métamorphoses  , 
et  parvenir  à  l'état  d'animaux  parfaits.  Ce  n'est  qu'alors  qu'ils 
quittent  les  eaux  ,  et  vont  rejoindre  leurs  mères  sur  les 
arbres. 

Defrance,  qui  a  nourri  des  raines  chez  lui,  a  assuré  à  La- 
trellle  qu'elles  avaloient  leur  peau  à  chaque  mue.  J'en  ai 
également  élevé,  et  j'ai  observé  qu'elles  ne  mangeoient  ja- 
mais les  insectes  morts,  et  qu'elles  ne  se  jeloient  que  sur  ceux 
qui  étoient  en  mouvement. 

Quelques  personnes  se  plaisent  à  conserver  des  raines 
dans  des  bocaux,  sur  leur  cheminée,  dans  la  persuasion 
qu'elles  indiquent  le  beau  temps  ou  la  pluie ,  le  froid  ou  le 


5^2  ,  RAI 

chaud,  selon  qu'elles  se  tiennent  hors  ou  dans  l'eau.  Le 
vrai  est  que  si  leurs  mouvemens  paroissent  varier  comme 
l'atmosphère,  elles  ne  les  font  pas  généralement  avec  assez 
de  régularité  ,  pour  pouvoir  remplir  le  hut  que  ces  per- 
sonnes ont  en  vue.  Leur  manière  d'être  est  en  concordance 
complète  avec  celle  des  Salamandres  placées  dansla*même 
situation;  en  conséquence,  on  renvoie  le  lecteur  à  l'article 
de  ses  dernières,  où  les  phénomènes  qu'elle  présente  sont 
analysés  et  réduits  à  leur  juste  valeur. 

Les  raines  ont  pour  ennemis  une  grande  quantilé  d'oiseaux 
de  proie  ,  d'oiseaux  d'eau  ,  quelques  quadrupèdes  ,  et  sur- 
tout les  serpens.  L'espèce  qu'on  trouve  en  France  n'est  pas 
très-commune  ;  mais  il  en  est ,  dans  les  pays  chauds ,  qui  sont 
si  abondantes  dans  certains  lieux ,  que  leur  coassement  se 
fait  entendre  d'une  lieue  ,  et  qu'il  est  impossible  de  se 
parler  autrement  qu'à  l'oreille  ;  la  raine  flanc-rayé  est  dans 
ce  cas.  Je  l'ai  observée  en  Caroline  ,  et  j'en  ai  vu  quelque- 
fois des  buissons  tout  couverts ,  et  chaque  roseau  en  porter 
des  douzaines. 

Latreille ,  dans  l'ouvrage  cité  plus  haut ,  compte  dix-huit 
espèces  de  raines ,  la  plupart  découvertes  dans  les  collec- 
tions de  Paris  par  Daudin,  qui  a  publié  une  monographie  de- 
ce  genre,  qui  marquera  en  histoire  naturelle,  parla  clarté  de 
ses  descriptions,  la  solidité  de  sa  critique  et  par  la  beauté  et 
l'exactitude  de  ses  figures.  On  ne  peut  qu'en  recommander 
l'acquisition  aux  naturalistes  qui  voudront  des  détails  plus 
étendus  sur  les  raines ,  animaux  aussi  élégans  par  leurs  formes 
qu'agréables  par  leurs  couleurs. 

Les  espèces  de  raines  les  plus  importantes  à  connoîlre  , 
sont  ainsi  caractéisées  : 

La  Raine  verte  ou  commune  est  d'un  vert  gai  en  dessus , 
avec  une  ligne  noirâtre  bordée  de  jaune  sur  les  côtés. Elle  aies 
pieds  rougeâtres.  Son  ventre  est  jaunâtre  et  granulé.  Sa  lon- 
gueur est  d'un  pouce  et  demi.  On  la  trouve  dans  les  parties 
moyennes  et  méridionales  de  l'Europe.  Elle  fournit  quel- 
ques variétés  de  couleur. 

La  Raine  patte  d'oie  est  d'un  rouge  pâle  marbré  de  brun, 
avec  des  bandes  géminées  de  même  couleur  sur  les  pattes.  On 
la  trouve  en  Caroline.  Sa  longueur  est  de  quatre  à  cinq  pou- 
ces.  F.  pi.  P  4  où  elle  est  figurée. 

La  Raine  bicolore  est  bleue  ;  son  ventre  est  moitié  violet 
et  moitié  jaunâtre  ,  avec  des  taches  blanches  entourées  d'une 
ligne  violette.  Elle  atteint  quatre  pouces.  On  la  trouve  à  Su- 
rinam. V.  pi.  P  4  ,  où  elle  est  figurée. 

La  Raine  réticulaire  est  d'un  rouge  pâle  ,  marbrée  de 
lignes  et  de  points  plus  foncés,  de  fascies  et  de  taches  plus 


3  ■     /}i7t/tt'   /j/fo/orc  . 
/ .    Jhune    CO//I//11//IC 
i>      Jifirnr    raitije  ■ 


t>  ,  Jini/tf^    rrttu'hrce  , 

S  ■  Jitii/ic    (I    '/>ii/>t/eaii  ■ 

t)  ■  Jlai/ic    à    /<r/>ircr  • 

!/<7  .  Jliitnc   /u/jLWco/ii^ria/i' 


RAI  5{3 

claires.  Elle  se  trouve  dans  la  Caroline.  Elle  acquiert  jusqu'à 
quatre  pouces  de  long.  Les  vésicules  du  mâle  sont  très- 
longues. 

La  PiAiNE  MARBRÉE  cst  d'un  jaunc  cendré ,  marbré  de  rouge 
en  dessus ,  ponctué  de  noir  en  dessous.  Elle  se  trouve  à  Su- 
rinam. V.  pi.  P  4- 

La  Raine  a  bandeau  ,  Ranajronialis  ,  est  d'un  brun  rou- 
geâtre  ,  avec  des  taches  oblongues  d'un  blanc  brillant,  dont 
une  est  sur  le  front.  Elle  se  trouve  à  Surinam.  V.  pi.  P  4. 

La  Raine  a  tapirer  ,  Rana  iinctorîa,  est  unie  ,  d'un  brun 
rouge  ,  avec  deux  lignes  larges  sinueuses  ,  qui  se  réunissent 
à  leurs  extrémités  et  dans  leur  milieu.  Elle  se  trouve  à  Su- 
rinam. 

Lacépède  ,  d'après  Buffon  ,  indique  cette  espèce  comme 
servant ,  en  Amérique,  à  tapirer  les  perroquets,  c'est-à  dire 
à  leur  faire  venir  des  plumes  rouges  ou  jaunes  ,  lorsqu'après 
leur  avoir  arraché  les  plumes  vertes  dans  leur  première  jeu- 
nesse, on  frotte  la  place  avec  le  sang  de  cette  raine.  La  pos- 
sibilité de  cette  opération,  dont  l'explication  est  hors  de  nos 
données  physiologiques  actuelles  ,  a  besoin  d'être  confirmée 
par  des  observations  authentiques.  F.  pi,  P  4. 

La  Raine  squirelle  est  d'un  vert  obscur,  avec  des  taches 
brunes  et  les  fesses  jaunes.  Je  l'ai  trouvée  dans  l'Amérique 
septentrionale.  Elle  se  cache  ordinairement  sous  les  écorces 
d'arbres.  Sa  grandeur  n'atteint  pas  celle  de  la  raine  commune. 

La  Raine  fémorale  est  verte  ,  avec  sept  ou  quelquefois 
un  plus  grand  nombre  de  taches  jaunes  sur  les  cuisses.  Elle 
se  trouve  dans  l'Amérique  septentrionale  ,  où  je  l'ai  décrite 
et  dessinée. 

La  Raine  rouge  est  d'un  rouge  -  brun  ,  avec  des  taches 
rondes  blanchâtres  sur  les  cuisses.  Elle  se  trouve  en  Amé- 
rique. Lacépède  a  mal  à  propos  confondu  la  raine  à  tapirer 
avec  elle.  V.  pi.  P  4- 

La  Raine  beuglante  est  d'un  blanc  cendré  ,  quelque- 
fois mêlé  d'un  brun  rougeâlre  très-clair.  Elle  se  trouve  à  Su- 
rinam. F.  pi.  P  4 ,  où  elle  est  figurée  sous  le  n.°  10. 

La  Raine  hypochondriale  est  d'un  gris  bleuâtre,  avec  les 
côtés,  surtout  ceux  des  cuisses ,  fasciés  de  brun.  Elle  vient 
de  Surmam.  Sa  longueur  est  d'un  pouce  et  demi.  F.  pi.  P  4 
où  elle  est  figurée  sous  le  n."  9. 

La  Raine  flanc  rayé,  Hyla  lateralis ^  est  d'un  vert  clair, 
avec  une  ligne  latérale  jaune  de  chaque  côté.  Elle  se  trouve 
dans  la  Caroline  ,  où  elle  a  été  observée  par  Catesby  et  par 
moi.  Celte  espèce  couvre  quelquefois,  comme  je  l'ai  déjà 
dit ,  les  buissons  ainsi  que  les  grandes  plantes  qui  se  trouvent 
dans  l'eau  ou  quil'avoisinent ,  et  fait  un  bruit  qu'on  entend 


5^4  RAI 

pendant  la  nuit  à  une  distance  considérable  ,  et  près  duquel 
il  est  très-difficile  de  s'entendre  parler.  Les  serpens  et  les  oi- 
seaux d'eau  en  font  une  destruction  considérable.  Elle  saute 
à  une  distance  surprenante  ,  à  près  de  deux  toises  ,  selon 
Catesby.  (b.) 

RAINET.  V.  l'article  de  la  petite  Joubarbe,  (desm.) 

RAINETO.  Dans  le  Midi ,  la  Raine  verte,  (desm.) 

PvAINETTE.  Nom  vulgaire  de  l'espèce  commune  de 
Haine  ,  Hyla  viridis.  (desm.) 

RAINETTE  SAINT-MARTIN.  La  Raine  verte  ou 
COMMUNE  est  ainsi  appelée  dans  quelques  parties  de  la  France. 

(desm.) 

RAIPONCE.  Nom  spécifique  d'une  Campanule.  On  ap- 
pelle souvent  de  même  la  racine  de  la  Raponcule.  (b.) 

RAIPONCE  (grande),  RAIPONCE  A  ÉPIS.  C'est  la 
Raponcule  a  épis.  V.  ce  mot.  (desm.) 

RAIPONCE  (petite)  DE  CARÊME.  C'est  la  Cam- 
panule RAIPONCE,  (desm.) 

RAIRE.  Cri  du  Cerf  lorsqu'il  est  en  rut.  (des.m.) 

RAIS.  Synonyme  de  Raie,  (b.) 

RAISIN.  Fruit  de  la  Vigne,  (b.) 

RAISIN  D'AMÉRIQUE.  V.  au  mot  Phytolacca.  (b.) 

RAISIN  D'AUTRICHE  ,   Vitis  laciniosa  ;  Raisin  de 

RENARD,   Vilis  vulpina  ;  RaISIN  DE  DEMOISELLE,    RaISIN   DE 

Maroc,  Raisin  de  la  Magdelaine,  etc.  V.  Fariicle  Vigne, 

(desm.) 
RAISIN  RARBU.  C'est  la  Cuscute,  (desm.) 
.RAISIN  DES  BOIS,  C'est  I'Airelle  myrtille,  (b.) 
RAISIN  DE  BRUYÈRE.  Voy.  Myrtille  et  Airelle. 

(LN.) 

RAISIN  DE  CHEVRE.   V.  Nerprun    cathartique. 

(LN.) 

RAISIN  DE  CORINTHE,  Vitis  apyrenn.  Variété  de 
raisin  qu'on  fait  sécher  pour  la  livrer  au  commerce. 

C'est  du  canton  de  Malvoisie  ,  près  Patras  ,  dans  l'isthme 
de  Corinthe  ,  que  sortent  la  plupart  des  raisins  secs  de  ce 
nom  ,  et  dont  on  fait  une  si  grande  consommation  en  Angle- 
terre dans  les  sauces  :  les  îles  Ioniennes  ,  de  Lipari,  et 
autres  delà  Méditerranée,  en  fournissent  aussi.  Il  ne  faut  pas 
confondre  ces  raisins  avec  ceux  qu'on  appelle  de  ce  nom 
dans  nos  jardins,  et  dont  les  grains,  soit  rouges,  soit  blancs, 
sont  dépourvus  de  pépins.  Ces  derniers  n'ont  d'autre  mérite 
que  cette  absence  de  pépins.  V.  Vigne  et  Fruit,  (b.) 

RAISIN  DE  CORNEILLE.  C'est  la  Camarine 
noire  (  Empetrum  nigrum  ).  (ln.) 


R  A  I  545 

RAISIN  IMPÉRIAL.  C'est  une  espèce  Je  Varec  , 
Fucus  acinarius.  (desm.) 

RAlSIiN  DE  LOUP.  C'est  Ja  Morelle  noire,  5o/a- 
uum  nigrum  ,   Llnn.    (LN.) 

RAISIN  DE  MER.  Nom  que  donne  Lémerl  à  une 
Holothurie  couverte  de  tubercules  rouges  ,  et  que  les  pê- 
cheurs appliquent  toujours,  avec  bien  plus  de  raison,  aux 
œufs  des  Sèches,  et  à  ceux  de  coquillages  qui  sont  en 
grappes,  (b.) 

RAISIN  DE  MER.  On  donne  ce  nom  à  I'Uvette.  (b.) 

RAISIN  DE  MER.  On  appelle  de  ce  nom  le  fruit  du 
Raisinier  uvifère.  (desm.) 

RAISIN  DE  MER  GRIMPANT.  C'est  ainsi  qu'on 
appelle  I'Anabase.  (b.) 

RAISIN  D'OURS.   On  donne  ce  nom  à  I'Arbousier 

TRAINANT,    (b  ) 

RAISIN  DE  RENARD.  Nom  de  la  Pa risette,  (b.) 

RAISIN  DE  SECHES.  On  donne  ce  nom  aux  œufs  de 
SÈCHES  ,  qui  sont  toujours  disposés  en  grappes,  (desm.) 

RAISIN  DES  TROPIQUES.  C'est  le  nom  donné,  par 
les  marins ,  à  une  espèce  de  Varec  qu'on  trouve  en  pleine 
mer  ,  le  Fucus  natans  ,  Linn.    (DESM.) 

RAISINET  ou  RAISIN  DE  DEMOISELLE.  Voyez 
l'article  Vigne,  (desm.) 

RAISINIER ,  Cocoloba.  Genre  de  plantes  de  l'octandrie 
trigynie  et  de  la  famille  des  polygonées,  dont  les  caractères 
consistent  :  en  un  calice  monophylle,  coloré  ,  divisé  en  cinq 
parties;  point  de  corolle;  huit  étamines  ;  un  ovaire  supé- 
rieur surmonté  de  trois  styles  à  stigmates  globuleux  ;  une 
noix  uniioculaire  ,  recouverte  par  le  calice  devenu  succulent. 

Ce  genre  renferme  des  arbres  à  feuilles  alternes  et  à 
fleurs  disposées  en  grappes  pendantes ,  propres  aux  parties 
les  plus  chaudes  de  l'Amérique.  On  en  compte  une  vingtaine 
d'espèces ,  parmi  lesquelles  les  plus  intéressantes  à  con- 
noître  ,  sont  : 

Le  Raisinier  uvifère  ,  qui  a  les  feuilles  en  cœur  ,  pres- 
que rondes  et  luisantes.  Il  croît  dans  les  Antilles  ,  sur  le 
bord  de  la  mer.  On  le  cultive  dans  les  serres  d'Europe. 
V.  sa  figure  pi.  P.  8.  Ses  Heurs  ont  une  odeur  suave.  Ses 
fruits  sont  de  couleur  rouge  ,  acides  et  très-agréables  à 
manger  ,  quoique  leur  pulpe  ne  soit  pas  très-épaisse.  Leur 
amande  est  amère  et  astringente  ,  et  on  s'en  sert  en  mé- 
decine, comme  anti-dyssentérique.  La  consommation  qu'on 
fait  de  ces  fruits,  à  Saint-Domingue  ,  est  très-considérable. 

Le  Raisinier  excorié  ,  qui  a  les  feuilles  ovales  ,  oblon- 
gues  ,  aiguës ,  en  cœur  à  leur  base.  Il  croît  dans  les  Antilles, 


-SiG  R  A  L 

où  li  est  connu  sous  le  nom  de  raisinier  de  montagne.  On  ex» 
mange  le  fruit. 

Le  Raisinier  blanc,  qui  a  les  feuilles  obIongues,aiguës  et 
atténuées  à  leur  base.  Il  se  trouve  aux  Antilles,  où  il  est 
connu  sous  le  nom  de  raisinier  du  coudre.  On  en  mange  aussi 
es  fruits. 

Le  Raisinier  ponctué  ,  qui  a  les  feuilles  lancéolées , 
ovales.  Il  se  trouve  aux  Antilles.  Ses  fruits  sont  ponctués  et 
odorans.  (b.) 

RAIZ  DE  MONGO.  Nom  espagnol  de  VOphiorrhiza 
mungo  ,  L.  (l'N.) 

RAIZ  DE  RESFRIAO  Les  habitans  du  Pérou  donnent 
ce  nom  à  la  Dorstène.  (b.) 

RAJA.  Nom  latin  des  Raies,  (desm.) 

RA.TANE ,  Rajawa.  Genre  de  plantes  de  la  dioécie 
îiexandrie  et  de  la  famille  des  smilarinées ,  qui  présente 
pour  caractères  :  un  calice  campanule  ,  divisé  en  six  parties 
oblongues  ,  aiguës  et  ouvertes  ;  point  de  corolle  ;  dans  les 
pieds  mâles ,  six  étamines  plus  courtes  que  le  calice  ;  dans  les 
pieds  femelles, «un  ovaire  inférieur, comprimé,  plus  saillant 
d'un  côté,  surmonté  de  trois  styles  à  stigmates  obtus;  une 
capsule  comprimée,  à  trois  loges  et  à  trois  semences,  mu- 
nies d'une  aile  membraneuse. 

Ce  genre  renferme  des  plantes  grimpantes  ,  à  racines  or- 
dinairement tubéreuses ,  à  feuilles  alternes ,  et  à  fleurs  dis- 
posées en  grappes  pendantes  et  axillaires.  On  en  compte 
une  douzaine  d'espèces  décrites  ou  figurées  dans  les  auteurs  , 
les  unes  d'Amérique  et  les  autres  du  Japon. 

Les  deux  espèces  les  plus  connues  sont  : 

La  Rajane  a  feuilles  en  cœur  ,  qui  a  les  feuilles  en 
cœur  et  à  sept  nervures  ,  et  la  Rajane  a  feuilles  hastées  , 
qui  a  les  feuilles  en  cœur,  hastées.  Elles  se  trouvent  toutes 
deux  dans  les  Antilles. 

Ce  genre  a  beaucoup  de  rapports  avec  celui  des  Ignames, 
et  il  paroît  qu'on  mange  ,  dans  quelques  endroits,  les  racines 
de  ses  espèces  ,  comme  celles  de  ces  dernières,  et  sous  leur 
nom  ;  deux  des  semences  avortent  souvent,  (b.) 

RAKKE,  KOETER,  MYNDE,  HUND.  Différens 
noms  danois  appliqués  aux  animaux    de  l'espèce  du   Chien. 

(desm.) 

RAKKOON,  V.  Raccoon  et  Raton,  (desm.) 

RALE,  Rallus.  Genre  de  l'ordre  des  oiseaux  Échassiers, 
et  de  la  famille  des  MacrodacTYLES  (f^.  ces  mots.).  Caractères  : 
bec  plus  ou  moins  long  que  la  tête  ,  épais  à  sa  base ,  le  plus 
souvent  droit,  comprimé  latéralement;  mandibule  supérieure 
avec  un  sillon  nasal  sur  chaque  côté  de  son  arcte,  un  peu 
ToÇltée  et  inclinée  à  sa  pointe  sur  l'inférieure;  narines  ob- 


R  A  L  547 

l'ongùés  ou  kngiludinales ,  situées  dans  un  sillon,  couvertes 
à  leur  origine  par  une  membrane,  ouveries  et  percées  à  jour 
en  dessous,  vers  le  milieu;  langue  entière  pointue;  front  em- 
plumé;  4-  doigts  lisses  ,  3  devant ,  un  derrière  ;  les  antérieurs 
allongés  et  totalement  séparés  ;  le  postérieur  portant  à  terre 
Sur  le  bout  et  articulé  sur  le  tarse,  un  peu  plus  haut  que  les 
autres;  ongles  courts  falculaires  et  peu  pointus;  ailes  concaves 
arrondies;  la  1".  rémige  plus  courte  que  les  cinq  suivantes; 
les  2."'e  3.nie  gt  ^me  i,  peu  près  égales  entre  elles  et  les  plus 
longues  de  toutes;  corps  comprimé  par  les  côtés.  Ce  genre 
est  susceptible  de  deux  divisions,  si  l'on  met  de  l'importance 
à  l'étendue  du  bec;  car,  chez  les  uns,  il  est  plus  long  que  la 
tête,  et  chez  les  autres,  de  sa  longueur  ou  plus  court;  ce  qui , 
joint  à  quelques  caractères  secondaires,  m'avoit  déterminé  à 
faire  de  ceux-ci, dansl'analyse  de  mon  Ornithologie  élémentai- 
re ,  un  genre  particulier  sous  le  nom  de  porzane;  mais  depuis  , 
m'étant  aperçu  que  parmi  les  espèces  étrangères  il  y  en  avoit 
chez  qui  la  ligne  de  démarcation  devenoit  à  peu  près  nulle  , 
je  les  réunis  ici ,  et  je  me  borne  à  indiquer  celles  dont  la  lon- 
geur  dubec  dépasse  l'étendue  de  la  tête. Tels  sont, parmi  celles 
que  j'ai  Vues  en  nature,  le  grand  râle  de  Cayenne,  celui  à  longbeCf 
de  la  même  contrée,  les  raies  d'eau,  varié,  bruyant,  mudhes, 
et  les  tiklins;  tous  les  autres  râles,  à  l'exception  du  râleàhec  ridé 
deM.de  Azara,n'ontpascettepartiepluslongue  quelatête,  et 
il  en  est  quil'ont  plus  courte;  c'est  parmi  ceux-ci  que  se  trouvent 
les  espèces  que  Latham  a  classées  avec  s^s  gallinula,  et  Gmelin 
avec  ses/ulica;  mais  ils  diffèrent  essentiellement  des  uns  et  des 
autres  en  ce  qu'ils  n'ont  point  le  front  chauve  ;  de  plus ,  ils 
n'ont  pas  ,  comme  les  gallinula ,  les  doigts  bordés  d'une 
membrane,  ni  festonnés  comme  \esfulica.  Enfin,  ils  ne  dif- 
fèrent guère  des  porphyrions  qu'en  ce  que  leur  front  est  cou- 
vertde  plumes  ;  du  reste  tous  ces  oiseaux  présentent  de  grands 
rapports  dans  leur  genre  de  vie, et  tous  ont  la  tête  petite, le  vol 
court ,  les  ailes  fort  concaves,  et  ils  Volent  les  pieds  pendans. 
La  famille  des  râles  est  répandue  sur  les  trois  continens, 
et  partout  ils  ont  les  mêmes  habitudes;  en  effet  ,  comme  le 
dit  un  savant  Observateur  ,  M.  de  Azara  ,  ils  fuient  de  loin  , 
marchent  avec  agilité  ,  la  tête  haute  et  les  pieds  Içvés, 
courent  avec  une  extrême  rapidité,  se  tiennent  cachés  sous 
l'herbe  pendant  le  jour  ,  et  cherchent  leur  nourriture  le  soir 
et  le  matin  sur  le  bord  des  eaux  stagnantes  et  des  lagunes  0^ 
croissent  les  plantes,  sans  entrer  trop  avant  dans  Teau,  ni  se 
laisser  voir  sur  les  rives  sablonneuses  ouunies;lls  se  fourrent 
dans  les  endroits  les  plus  embarrassés,  dans  les  joncs,  les 
broussailles  et  dans  l'épaisseur  des  herbes  des  marais  et  des 
prairies,  et  quelquefois  dans  les  bois  qui  bordent  les  eaux  ; 
ils  ne  ise  rémuissent  jamais  en  famille»  ni  en  troupes ,  et  vivent 


548  R  A  L 

toujours  isolés.  Ces  oiseaux  se  perchent  quelquefois  sur  les 
branches  basses  des  buissons, el  jamais  sur  des  arbres, à  moins 
qu'ils  ne  soient  poursuivis  par  quelque  mammifère  carnassier. 
Tous  sont  remarquables  par  la  grâce  et  l'agilité  de  leurs  mou- 
vemens  et  ils  lèvent  le  cou  comme  les  poules,  lorsqu'ils  sont 
inquiets  ;  d'où  leur  est  venu  le  nom  de  poulette  que  leur  ont 
donné  les  Espagnols.  Les  petits  quittent  le  nid  dès  leur  nais- 
sance,suivent  leur  mère, et  saisissent  eux-mêmes  la  nourriture 
qu'elle  leur  indique. 

Le  Rale  de  I'Amérique,  V.  Râle  Wil»geon. 

Le  RaleRailloin",  Rallus  Bailloni^  Vieill.  Le  nom  que  j'ai 
imposé  à  cette  espèce  ,  est  celui  du  naturaliste  à  qui  je  dois 
tous  les  détails  qui  la  concernent ,  et  qui  le  premier  l'a  dé- 
couverte en  Picardie  ,  où  elle  arrive  au  mois  d'avril,  y  niche 
et  en  part  au  mois  d'octobre. Elle  a  six  pouces  et  demi  de  lon- 
gueur, le  bec  long  de  sept  lignes,  depuis  le  capisirum  jusqu'à 
sa  pointe  ,  et  d'un  très-beau  vert  ;  l'iris  d'un  rouge  brillant  ; 
les  pieds  d'un  vert  jaunâtre;  le  milieu  du  dessus  de  la  tête 
et  l'occiput,  noirs  et  roux  ;  le  dessus  du  cou,  le  manteau  ,  les 
couvertures  supérieures  des  ailes  et  le  croupion ,  d'un  roux 
rembruni,  marqué  de  noir  sur  la  dernière  partie  ,  et  varié 
sur  le  dos,  les  scapulaires  et  les  couvertures  alaires,  de  taches 
oblongues  noires  et  entourées  de  blanc  ;  ces  taches  sont  plus 
allongées  sur  les  pennes  secondaires  ,  dont  plusieurs  ont 
quelques  marques  noires  ;  les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue 
sont  noirâtres  et  frangées  de  roux  à  l'extérieur  ;  le  bord  du 
front,  les  sourcils  ,  les  côtés  de  la  tête  ,  la  gorge,  le  devani 
du  cou,  la  poitrine  el  le  haut  du  ventre,  d'une  couleur  de 
plomb  bleuâtre  et  uniforme;  les  parties  postérieures  noires  et 
rayées  transversalement  du  même  blanc  qui  occupe  le  bord  de 
l'aile  et  frange  en  dehors  sa  première  penne  ;  la  queue  est  cu- 
néiforme et  les  deux  pennes  intermédiaires  dépassent  celles 
qui  les  suivent  immédiatement  d'environ  deux  lignes. 

La  femelle  est  semblable  au  mâle,  fait  dont  M.  RailloH 
s'est  assuré  sur  plus  de  vingt  individus  tués  dans  la  saison  des 
amours;mais  il  croit  quelesmâles  et  les  femellesne  prennent 
la  livrée  décrite  ci-dessus,  qu'à  leur  seconde  mue  d'automne, 
en  ajant  vu  plusieurs  aux  mois  d'avril  et  de  mai,  qui  étoient 
encore  sous  le  plumage  dont  il  va  être  question. 

Le  jeune  a  le  front,  le  dessus  de  la  tète  et  sa  nuque  rous- 
sâtres,  et  tachetés  de  noirâtre  ;  le  dessus  du  cou,  le  dos,  les 
scapulaires,  les  couvertures  des  ailes  et  leurs  pennes  se- 
condaires roux  et  variés  d'un  grandnombre  de  lâches  noires  et 
blanches  sur  toutes  ces  parties,  à  l'exception  du  cou,  en 
dessus;la  gorge  d'un  blanchâtre  uniforme;  le  devant  du  cou, 
la  poitrine  et  le  milieu  du  ventre  de  cette  couleur,  avec  des 
raies  transversales  roussâtres  et  peu  apparentes  ;  les  côié^du 


R   A  L  5{9 

corps ,  en  dessous  ,  roux  et  barrés  de  blanc  ;  les  couvertures 
inférieures  de  la  queue  rayées  transversalement  de  celte 
couleur  et  de  noir.  Le  même,  lorsqu'il  vient  d'éclore,est  tout 
couvert  d'un  duvet  noir,  comme  la  jeune  marouette  ;  mais  il 
a  son  bec  totalement  d'un  beau  vert  pur  ,  ce  qui  le  dislingue 
de  celle-ci  qui  l'a  rouge  à  la  base  et  à  l'extrémité,  avec  un 
cercle  noir  sur  le  milieu ,  comme  le  grèbe  à  bec  cerclé. 

Cette  espèce  fait  son  nid  à  terre  dans  les  grands  marais  de 
la  Picardie,avec  un  peu  d'herbes  sèches-,sa  ponte  est  de  quatre 
ou  cinq  œufs  roussâtres ,  couverts  de  taches  irrégulières  d'une 
nuance  plus  sombre.  Le  mâle  présente, dans  sa  taille  et  sa  li- 
vrée, de  grands  rapports  avec  le  nillus  pusilhis  de  Pallas;  mais 
il  ne  peut  appartenir  à  la  même  espèce  ,  si ,  comme  le  ditM. 
Meyer,  la  femelle  de  ce  dernier  porle  un  plumage  très-dif- 
férent de  celui  du  mâle;  en  effet,  les  deux  sexes,  dans  le  râle 
Bâillon,  sont  totalement  pareils;  comme  je  l'ai  dit  ci-dessus. 

*  Le  Râle  Brutsoir,  Rallus  melunophaîus  ^  Vieill.  C'est 
Vypacaha  pardo  obscwo  de  M.  de  Azara  :  Sonnini  le  donne 
pour  la  variété  de  la  grande  poule  d'eau  de  Cayenne  ,  de  son 
édition  des  Œuvres  de  Buffon;  mais  celle-ci  a  dix-huit 
pouces  de  longeur  totale,  et  cet  j^aca/i«  n'en  a  que  six  et 
dix  lignes,  différence  qui  ne  permet  pas  d'adopter  ce  rappro- 
chement. Une  bande  rousse  part  de  l'angle  de  la  bouche  , 
passe  au-dessous  de  l'œil,  courre  les  oreilles  et  se  prolonge 
sur  les  côtés  du  cou  et  de  la  poitrine;  la  gorge  est  blanchâ- 
tre; les  couvertures  inférieures  des  ailes  sont  rousses  ;  la 
poitrine  ,  les  flancs  et  les  jambes,  rayés  transversalement  de 
blanc  sur  un  fond  noirâtre  ;  les'  couvertures  inférieures 
des  ailes  variées  de  blanc  et  de  brun;  leurs  pennes  en-dessous 
d'une  teinte  argentine;  les  paupières,  et  le  reste  des  côtés 
de  la  tête  et  toutes  les  parties  supérieures  ,  d'un  brun 
noirâtre  ;  les  pieds  d'un  blanc  pâle  ;  le  bec  est  noirâlre  et 
vert  à  sa  base.  On  trouve  cet  oiseau  au  Paraguay. 

*  Le  Râle  de  Barbarie  ,  Rallus  harbun'cus,  Lath. ,  esi  un 
peu  plus  petit  que  le  pluvier.  Il  a  le  bec  long  d'un  pouce  et  demi 
et  noir  ;  le  ventre  et  la  poitrine  d'un  brun  jaunâtre  ;  celte 
teinte  est  plus  foncée  sur  le  dos  ;  les  ailes  ont  des  taches  blan- 
ches; le  dessous  du  corps  est  enenlier  de  celte  couleur,  elle 
croupion  rayé  de  noir  et  de  blanc;   les  pieds  d'un  brun  obscur. 

*  Le  Ralu.  a  bec  ridé,  Rallus  rytirliynchos ^  Vieill.  Celle 
espèce,  que  M.  de  Azara  a  décrite  sous  la  dénomination  à'ypa- 
caha  pardo  ,  a  onze  pouces  trois  quarts  de  longueur  totale  ;  le 
bec  ridé  à  sa  base  ,  et  long  de  trente-cinq  lignes  et  demie  ;  le 
dessus  et  les  côtés  de  la  tête  d'un  brun  noirâtre  ;  l'occiput  et 
le  dessus  du  cou  d'un  brun  clair;  le  dos,  le  croupion  et  les 
couvertures  supérieures  des  ailes,  d'un  brun  pur;  les  pennes 
alaires  et  caudales  noirâtres  ;  la  gorge  mélangée  de  brun  et 


55o  R  A  L 

de  blanchâire  ;  le  devant  du  cou,  la  poitrine  et  les  flancs, 
d'un  brun  bleuâtre  ;  une  bandelette  blanchâtre,  depuis  le  bas 
du  cou  jusqu'au  bas  du  ventre  ;  les  couvertures  inférieures  de 
la  queue,  les  plumes  des  jambes,  le  bas  et  les  côtés  du  crou- 
pion, noirâtres,  terminés  et  bordés  de  brun  roussâtre  ;  le  tarse 
noir  par  derrière ,  d'un  rouge  de  corail  sur  le  devant  et  les 
côtés;  l'iris  rouge.  On  la  trouve  au  Paraguay. 

Le  Râle  bidi-bidi  ,  Rallus  jamdîrensis ,  Lath. ,  pi.  278  des 
Oiseaux  d'Edwards.  Cet  oiseau  s'est  nommé  lui-même  par  son 
cri  ;  il  n'est  guère  plus  gros  qu'une /omo^Wc.  Il  a  la  tête  noire 
de  même  que  le  bec,  dont  la  mandibule  inférieure  est  teinte 
de  rouge  à  sa  base;  les  parties  supérieures  d'un  brun  rayé  de 
blanchâtre  ;  le  devant  du  cou  et  la  poitrine  d'un  cendré 
bleuâtre  ,  et  les  pieds  bruns,  (s.) 

*  Le  Râle  blanc  et  roux,  Rallus  leucopyrrhus.  Une  couleur 
de  tabac  d'Espagne  règne  sur  la  tête  et  sur  le  cou,  mais  elle 
est  plus  vive  sur  les  joues  ;  le  dos  ,  le  croupion  et  les  couver- 
tures supérieures  des  ailes  sont  châtains;  les  pennes  des  ailes  et 
cellesde  la  queue,d'unbrun  unp.euroussâtre;ledevantducou, 
la  poitrine  et  le  ventre ,  très-blancs ,  cette  couleur  étant  rayée 
transversalement  de  noir  sur  les  flancs  et  su»-  les  jambes  ;  les 
couvertures  Inférieures  des  côtés  de  la  queue  sont  d'un  beau 
blanc  ,  celles  du  milieu,  noires  ;  les  pennes  alaircs  brunes 
en  dessous  ,  de  même  que  Içurs  couvertures  inférieures  qui 
ont  leur  extrémité  blanche  ;  le  tarse  est  rouge  ;  l'iris  d'un 
beau  rouge  de  feu  ;  le  bec  noirâtre  en  dessus  et  d'un  vert 
mêlé  de  jaune  en  dessous  ;  longueur  totale,  six  pouces  et  demi. 
Q^ est  Vypacaha  pardo  acanelado y  Uanco  de  M.  de  Azara  ,  qui 
l'a  trouvé  au  Paraguay. 

Le  Râle  brun  olivâtre,  Rallus fuscescens,\ieiil.,  se  trouve 
en  Afrique.  Il  a  toutes  les  parties  supérieures  d'un  brun  oU- 
yâtre,  plus  foncé  sur  la  tête  et  la  nuque  ;  la  gorge  blanche  ; 
les  parties  postérieures  couleur  de  plomb  ;  les  flancs  et  l,e 
rentre  d'un  gris  brun,  rayé  transversalement  de  blanc  et  de 
roux  ;  le  bec  et  les  pieds  bruns  ;  taille  du  râle  d'eau. 

Le  Râle  brun  des  Philippines.  F.  Râle  tiklin  brun. 

*  Le  Râle  brun  rayé  de  noir  ,  Rallus  obscurus ,  Lath. , 
habile  les  îles  Sandwich,  Il  a  cinq  pouces  et  demi  de  lon- 
gueur; le  bec  noir  ,  mais  jaunâtre  sur  les  bords  ;  le  plumage 
d'un  brun  fauve  et  strié  de  noir  en  dessus,  d'un  brun  ferrugi- 
neux en  dessous;  les  pieds  d'un  rouge  brun. 

Le  Râle  bruyant,  Rallus  crépitons^  Lath.,  est  un  des  plus 
grands  de  ce  genre.  Il  a  treize  à  quatorze  pouces  de  longueur;  le 
bec  long  de  deux, et  d'un  brun  rouge â Ire; l'iris  d'un  rouge  som- 
bre ;  le  dessus  de  la  tête  «l  du  cou,  le  dos  et  toutes  les  par- 
lies  supérieures  ,  noirs  et  striés  d'un  brun  effacé  ;  les  sourcils 
et  la  gorge  d'an  blanc  brunâtre  ;  les  oreilles  d'une  feinte  plus 


R  A  L  55x 

sombre  ;  le  devant  du  cou,  la  poitrine  et  le  haut  du  ventre , 
d'un  rouge  brun  ;  les  flancs,  le  bas-ventre  et  les  couvertures 
inférieures  de  la  queue ,  noirs  et  rayés  transversalement  de 
blanc  ;  les  couvertures  supérieures  des  ailes  ,  d'un  marron 
clair  ;  les  pennes  primaires  noirâtres  :  tel  est  le  plumage  dp 
mâle  à  l'âge  de  deux  ans  ;  et  la  femelle  en  diffère  très-peu  ; 
mais  ,  dans  sa  première  année  ,  il  a  toutes  les  parties  supé- 
rieures d'un  brun  olive  ,  rayé  d'une  couleur  d'ardoise  pâle  ; 
les  ailes  de  la  première  teinte  ;  le  menlon  et  une  partie  de  la 
gorge,  blancs  ;  la  poitrine  d'un  cendré  rembruni;  les  pieds 
d'une  couleur  de  corne  pâle.  Le  petit  naît  couvert  d'un  duvet 
noir,  avec  une  tache  blanche  sur  les  oreilles  ,  et  une  strie  de 
la  même  couUur ,  étendue  en  longueur  sur  les  côtés  de  la 
poitrine ,  du  ventre  et  du  devant  des  cuisses  ;  les  pieds  sont 
d'une  teinte  d'ardoise  noirâtre  ;  le  bec  porte  une  tache  blan,- 
che  près  de  sa  pointe  et  autour  des  narines. 

La  manière  dont  ce  râle  construit  son  nid  est  remarquable. 
La  femelle  dépose  son  premier  œuf  dans  une  petite  cavité^, 
sur  quelques  Jierbes  sèches  ,  et  à  mesure  qu'elle  pond ,  elle 
augmente  les  matériaux,  au  point  d'en  faire  une  masse  haute 
d'un  pied.  Lorsque  sa  ponte  est  complète  ,  elle  entoure  cette 
couche  de  longues  herbes  maritimes,  leur  donne  la  forme 
d'une  voûte  ,  et  lie  les  bouts  qui  la  dépassent ,  de  manière 
qu'il  ne  reste  en  dessus  aucun  passage  à  la  vue.  Les  œufs  , 
ordinairement  au  nombre  de  dix ,  sont  parsemés  de  taches 
d'un  rouge  obscur  sur  un  fond  jaunâtre  pâle.  Cette  espèce 
se  trouve,  pendant  l'été  seulement,  dans  les  Etats-Unis. 

Le  R-ALE  DE  Gayenne,  V.  Râle  kiolo. 

*  Le  Râle  cendré  a  queue  noire,  Rallus  iaîtiensis ,  Lath.^ 
a  cinq  pouces  et  demi  de  longueur  ;  le  bec  noir;  la  tête  ,  le 
cou  et  tout  le  dessous  du  corps  d'un  cendré  sombre, plus  pâle 
sur  la  gorge  ;  le  dessus  et  les  couvertures  des  ailes  d'un  brun 
rouge  foncé  ;  les  pennes  noirâtres  et  bordées  de  blanc  ;  la 
queue  arrondie  à  son  extrémité  et  pareille  à  la  tête  ;  les  pieds 
d'un  jaune  obscur;  les  ongles  noirs.  Il  habile  l'île  d'O-Taïti. 

*  Le  Râle  a  cou  bleu  ,  Rallus  cœrulescens,  Lalh.  Ce  râlie 
du  Cap  de  Bonne-Espérance  a  sept  pouces  de  longueur;  le 
bec  rouge  ;  le  dessus  de  la  tête,  du  cou  et  du  corps  d'un  brun 
rougeâtre;  la  gorge,  le  devant  du  cou  et  la  poitrine  d'un  blea 
pâle  ;  le  reste  du  dessous  du  corps  rayé  transversalement  de 
blanc  et  de  noir;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue, 
blanches  ;  les  pieds  rouges. 

*  Le  Râle  chiriodte,  Rallus  rMricoi,e,  Vieill.  Le  nom  que 
les  naturels  et  les  Espagnols  du  Paraguay  ont  donné  à  ce  râle, 
est  tiré  de  son  cri  qui  exprime  très,-  distinctement  chiiicote. 
Il  pénètre  assez  avant  dans  les  bois,  se  perche  pendant  la 
^uil ,   e*   quelquefois   pendant  le  jour  ,   sur  les  arbres  peiz. 


552  R   A   L 

élevés  et  touffus.  II  a  quatorze  pouces  et  demi  de  longueur 
totale ,  et  le  bec  long  de  vingt-quatre  lignes  ;  la  gorge  d'un 
gris  de  perle  clair;  la  tête  et  le  cou  en  entier  de  coulear 
plombée  ;  la  poitrine  rouge  ;  le  bas  du  dos ,  le  croupion ,  la 
queue  ,  les  plumes  des  cuisses  et  des  jambes  ,  entièrement 
noirs  ;  le  haut  du  dos  et  les  couvertures  supérieures  des  ailçs 
d'un  vert  noirâtre;  leurs  pennes  rouges;  leurs  couvertures  in- 
férieures rayées  transversalement  de  roux  et  de  noirâtre  ;  le 
tarse  couleur  de  sang;  le  bec  d'un  vert  tendre,  avec  du  jaune 
à  sa  base  qui  est  ridée. 

M.  de  Azara  décrit ,  sous  la  dénomination  de  chirocote 
aplonado ,  un  autre  râle  qui  a  les  mêmes  formes  et  les  mêmes 
dimensions  que  le  précédent,  et  qui  n'en  diffière  que  par  la 
teinte  plombée  claire  du  dessous  du  corps  ,  le  brun  roussâtre 
du  haut  du  cou  et  le  vert  du  bec  plus  tendre.  C'est  proba- 
blement, comme  le  pense  Sonnini ,  une  variété  d'âge  ou  de 
sexe  du  chiricole  proprement  dit. 

*  Le  Râle  dit  Tiklin  a  collier  ,  Rallus  torquatus ,  Lath. 
Ce  tiklin,  un  peu  plus  gros  que  notre  râle  de  genêt  ^  a  les  par- 
tics  supérieures  d'un  brun  teint  d'olivâtre  sombre;  les  joues 
et  la  gorge  de  couleur  de  suie  ;  un  trait  blanc  part  de  l'angle 
dn  bec,  passe  sous  loeil  et  s'élend  en  arrière;  le  devant  du 
cou,  la  poitrine,  le  ventre,  sont  d'un  brun  noirâtre,  rayé  de 
lignes  blanches  ;  une  bande  d'un  beau  marron  ,  large  d'un 
doigt,  forme  comme  un  demi-collier  au-dessus  de  la  poitrine  ; 
les  pennes  des  ailes  sont  brunes  ;  celte  couleur  s'éclaircil  sur 
leur  côté  extérieur;  les  trois  primaires  sont  rayées  transver- 
salement de  blanc  du  côté  interne;  les  six  suivantes  le  sont 
de  marron  roussâtre;  les  pennes  de  la  queue  sont  brunes,  et 
bordées  d'olivâtre  sombre  ;  le  bec,  les  pieds,  bruns,  et  les 
ongles  gris;  longueur,  onze  pouces. 

Le  Râle  a  collier  des  Philippines.  V.  Rai.e  dit  tiklin 
A  collier. 

Le  Râle  de  la  Daourie.  F.  Râle  rallo  marouet. 

Le  Râle  d'eau  ,  Ral/us  aquaticus ,  Lath. ,  pi.  en  1.  de  Buff., 
n.°  y^g-  Ce  râle,  qui  ne  se  plaîl  que  le  long  des  eaux  stagnantes, 
se  tient  caché  dans  les  grandes  herbes  et  les  joncs;  il  n'en  sort 
guère  que  pour  traverser  les  eaux  à  la  nage,et  pour  ainsi  dire 
à  la  course,  puisqu'on  en  voit  souvent  courir  légèrement  sur 
les  larges  feuilles  du  nénuphar  qui  couvrent  les  eaux  dor- 
mantes. Du  reste,  il  a  dans  ses  habitudes  et  son  genre  de  vie 
beaucoup  de  rapports  avec  le  râle  de  terre  ;  il  court  avec  au- 
tant de  vitesse  ,  n'est  pas  moins  rusé  ,  et  présente  autant  de 
difficultés  au  chasseur  et  au  chien  pour  le  forcer  à  prendre 
son  vol  ;  il  a  ,  comme  lui ,  son  temps  d'émigration  marqué; 
uiais  on  en  rencontre  dans  nos  contrées  un  plus  grand  nom- 


R  A  L  553 

Lre  pendant  Thiver,  époque  où  il  se  retire  autour  des  sources 
chaudes. 

La  femelle  construit  son  nid  daps  les  grandes  herbes  aqua- 
tiques ;  ses  œufs  ont  un  pouce  et  demi  de  long ,  sont  jaunâtres 
et  marqués  de  taches  brunes,  égales  en  grandeur,  mais  d'une 
forme  irrégulière. 

Le  râle  d'eau  a  neuf  pouces  de  longueur;  les  plumes  de  la 
tête,  du  cou  et  du  corps,  les  scapulaires  et  les  couvertures 
du  dessus  de  la  queue, celles  des  ailes  et  leurs  pennes  secon- 
daires, noirâtres  dans  leur  milieu  et  bordées  d'un  roux  oli- 
vâtre; les  primaires  et  les  pennes  caudales,  noires  et  bor- 
dées de  brun  roux;  les  couvertures  du  dessous  de  la  queue 
rayées  de  noir  et  de  blanc;  toutes  les  parties  inférieures,  les 
joues,  la  gorge  ,  les  côtés  et  le  devant  du  cou,  d'un  cendré 
bleuâtre  ;  les  flancs  noirs  et  rayés  de  blanc  ;  l'iris  royge  ;  la 
partie  nue  de  la  jambe  ,  les  pieds  et  les  ongles  d'un  brun  vcr- 
dâtre;  le  bec  rougeâtre  et  noir  en  dessus  dans  une  partie  de 
sa  longueur.  Le  jeune  ,  dans  son  premier  âge  ,  a  le  ventre  et 
les  plumes  des  cuisses  d'un  roux  brun  ,  et  les  parties  infé- 
rieures sans  bandes  transversales. 

Le  Râle  d'eau  (  petit  ).  F.  Râle  marquette. 
*  Le  Râle  a  face  noire,  Ra/lus  mehmops  ,  Vielll. ,  est 
Yypacaha  cara  negra  de  M.  de  Azara.  Il  s'éloigne  des  autres 
râles,  en  ce  que  les  trois  doigts  antérieurs  ont,  sur  lescôlés  , 
une  espèce  de  rebord  comme  un  vestige  de  nageoire,  ce  qui  le 
rapproche  desgallinules  ou  poules  d'eau;  mais  il  n'a  pas  , 
comme  celles-ci,  le  front  chauve  ;  au  contraire  ,  cette  partie 
est  couverte  de  plumes  d'un  noir  velouté  jusqu'aux  yeux , 
qui  s'étend  par  un  trait  sur  la  tête,  dont  le  reste,  ainsi  que  le 
cou  en  entier  et  la  gorge,  sont  de  la  couleur  du  plomb  ;  le  dos 
et  le  croupion  sont  d'un  brun  foiblement  teinté  de  roussâlrc  ; 
les  couvertures  supérieures  des  ailes  mélangées  de  roux  et  de 
brun ,  à  l'exception  des  grandes  de  la  partie  externe,  qui  sool 
d'un  brun  noirâtre,  aussi  bien  que  les  pennes  de  la  queue, 
dont  la  première  a  un  peu  de  blanc  sur  son  bord  extérieur; 
la  poitrine  et  le  ventre  sont  d'un  blanc  roussâtre;  les  pennes 
des  ailes,  en  dessous,  d'une  couleur  d'acier  bruni,  ainsi  que 
les  grandes  couvertures  inférieures;  les  autres  blanchâtres  et 
tachetées  de  blanc  ;  la  queue  est  brune  en  dessous;  le  tarse 
d'un  brun  verdâtre;  le  bec  d'un  joli  vert  tendre,  et  l'iris  d'un 
rouge  très-vif;  longueur  totale  ,  neuf  pouces  ;  du  bec  ,  treize 
lignes.  On  le  trouve  au  Paraguay.  Sonnini  a  cru  reconnoître 
dans  ce  râle ,  celui  de  Virginie  ;  mais  il  en  diffère  assez,  sur- 
tout par  la  membrane  qui  borde  les  doigts ,  pour  être  d'une 
espèce  distincte. 

Le  Râle  de  genêt,  Ralluscrex^'Liaa.  édil.  \Z\GaHinula  crex, 


554  R  A  L 

planche  P  6,n.«  i  de  ce  Dictionnaire.  Ce  râle  n'est  pas 
plus  gros  que  la  caille  ,  mais  sa  taille  est  beaucoup  plus  al- 
longée ;  il  a  neuf  pouces  et  demi  de  longueur  :  le  bec 
d'un  brun  rougeâtre  en  dessus  et  blanchâtre  en  dessous  ;  les 
paupières  couleur  de  chair  ;  l'iris  noisette  ;  le  dessus  de  la  têtç, 
le  derrière  du  cou,  le  dos,  les  scapulaires,  le  croupion  et 
les  couvertures  supérieures  de  la  queue,  variés  de  noirâtre 
et  de  gris  roussâtre;  la  première  teinte  tient  le  milieu  de 
chaque  plume;  la  gorge  d'un  blanc  roussâtre;  les  joues,  le 
devant  du  cou,  la  poitrine  d'un  cendré  clair;  le  ventre  blanc, 
légèrement  nuancé  de  roussâtre  ;  les  jambes  de  cette  dernière 
leinte  ;  les  flancs  roux,  rayés  transversalennient  de  bjanc;  les 
couvertures  inférieures  de  la  queue  des  mêmes  couleurs  ;  le 
blanc  forme  une  large  bordure  sur  leurs  plumes  ;  le  bord  de 
l'aile  «d'un  blanc  lavé  de  roussâtre;  les  pennes  primaires 
fauves  à  l'extérieur,  d'un  gris-brun  du  côté  interne;  celles  de 
la  queue  ,  noires  dans  leur  milieu  et  d'un  gris  roussâtre  sur 
leurs  bords;  la  partie  nue  des  jambes  et  des  pieds  d'un  brun 
rougeâtre  clair. 

La  femelle  diffère  par  sa  taille  un  peu  inférieure  ,^  par  sa 
lête  un  peu  plus  petite,  et  par  des  couleurs,  surtout  la  teinte 
rousse,  moins  vives. 

Ge  râle  arrive  en  Europe  au  printemps ,  ne  fait  que  passer 
dans  les  contrées  méridionales,  et  se  répand  dans  le  Nord 
jusqu'en  Norwége;  il  paroîl  ordinairement  dans  nos  contrées 
septentrionales  vers  le  lo  de  mai,  et  semble  accompagner  les 
cailles  en  tout  temps,  à  l'arrivée  et  au  départ  ;  cela,  joint  à 
quelques-unes  de  ses  habitudes,  comme  celle  d'habiter  les 
mêmes  lieux,  d'y  être  moins  commun  et  d'y  vivre  seul,  a 
donné  lieu  de  l'appeler  roi  des  cailles.  Ce  n'est  guère  qu'à  son 
cri  qu'on  peut  juger  de  l'époque  de  son  retour  ;  car  on  le  voit 
rarement,^  vu  qu'il  vole  peu  et  se  tient  constamment  cach^ 
dans  les  herbes  ,  les  grains  et  surtout  les  genêts ,  ce  qui  l'a 
fait  appeler  râle  de  genêl.  D'autres  le  nomment  crëk,  crëk^ 
d'après  son  cri;  il  prononce  ces  syllabes  d'un  ton  sec  et 
rauque  ,  et  les  répète  sans  cesse  dans  le  temps  des  amours. 
Si  l'on  s'avance  vers  cette  voix ,  elle  s'éloigne  sans  disconti- 
nuer,  parce  que  l'oiseau  fait ,  non  pas  en  prenant  son  essor, 
mais  en  courant  avec  une  extrênie  vitesse  àlravers  les  herbes 
les  plus  touffues.  C'est  dans  une  petite  fosse,  a^i  milieu  des 
praiHes,  que  la  femelle  place  son  nid;  elle  le  compose  de, 
mousse,  d-herbes  sèches,  et  le  construit  assez  négligemment; 
la  ponte  est  de  huit  à  dix  œufs,  plus  gros  que  ceux  de  la  caille, 
d'un  jaune  brunâtre  et  tachetés  de  brun  roux.  Les  petits  nais- 
sent couverts  d'un  duvet  npir ,  et  suivent  leur  mère  aussitôt 
qu'ils  sont  nés. 


R  A  L  55Si 

Ces  oiseaux  se  nourrissent  de  diverses  graines  ',  surtout 
<le  celles  de  genêt,  de  trèfle,  de  grémil ,  indépendamment 
des  insectes ,  des  limaçons  ,  des  vermisseaux  ,  qui  sont  les 
premiers  alîmens  de  leur  jeune  famille  ;  mais  lorsqu'elle  est 
parvenue  à  l'état  adulte,  toute  nourriture  lui  profite  éga- 
lement et  lui  procure  cette  graisse  qui  rend  sa  chair  si  savou- 
reuse. 

Le  râle  de  genêt  disparoît  à  la  première  gelée  Llanche,  prend 
son  essor  la  nuit  et  se  porte,  à  l'aide  d'un  vent  favorable, 
dans  nos  contrées  méridionales  ;  mais  il  les  quitte  presque 
aussitôt  pour  passer  en  Afrique.  Cependant  il  reste  quelque- 
fois des  individus  pendant  l'hiver  dans  nos  campagnes,  où  ils 
se  cachent  dans  des  touffes  d'herbes  au  fond  des  fossés.  Cette 
espèce,  selon  Latham  ,  est  très-commune  en  Irlande,  où  elle 
passe,  dit-il,  probablement  l'hiver.  Ce  qui  paroît  appuyer 
sa  conjecture ,  c'est  qu'il  nous  assure  qu'elle  arrive  en  An- 
gleterre et  dans  le  pays  de  Galles  vers  le  20  avril,  ce  qui  est 
près  d'un  mois  plus  tôt  qu'en  France;  néanmoins, le  docteur 
Thomas  Molineux  (  Transactions  philosophiques)  dit  qu'elle  ne 
reste  en  Irlande  que  trois  ou  quatre  mois  d'été.  Au  reste,  elle 
suit ,  dans  les  parties  boréales  de  l'Asie,  le  même  ordre  dans 
ses  émigrations  qu'en  France  ;  le  mois  de  mai  est  également 
celui  de  son  arrivée  au  Kamtschatka  ,  dans  la  Russie  ,  où  elle 
porte  le  nom  de  korastsl^  et  en  Sibérie  où  elle  est  très  -  com- 
mune, sous  celui  de  dergoun. 

lia.  poule  sultane  roussâlre ,  que  Brisson  a  décrite  d'après 
Gesner,  est  le  même  oiseau  que  le  précédent. 

*  Le  Râle  a  gorge  et  poitrine rougeatres^  Eallusferm- 
gineus  ,  Lalh.  Taille  du  râle  d^eau;  longueur  ,  huit  pouces  ; 
bec  d'une  teinte  pâle  ;  plumage  en  dessus ,  noirâtre  ;  trait 
d'un  blanc  sale  au-dessus  des  yeux  ;  poitrine  et  cou  rougeâ^- 
ires  ;  parties  postérieures  cendrées  ;  flancs  rayés  transver-- 
salemenl  de  lignes  étroites  blanches;  pieds  jaunes. 

Son  pays  est  inconnu. 

Le  GRAND  Râle.  C'est ,  dans  Belon  ,  la  Poulette 
d'eau.  V.  Gallinule. 

Le  GRAND  Râle  de  CayennE,  Rallus  maximm  ,  Vieill.  ; 
Gallinula  cayennensis ,  Lalh,  ;  Fulica  cayennensis ,  Gm.  ;  pi. 
enl.  de  Buff. ,  n°.  352  ,  sous  la  dénomination  de  grande  poule 
d''eau  dé  Cayenne.  Ce  râle,  le  plus  grand  de  tous  ,  aie  bec 
long  de  deux  pouces  ,  et  dix  -  huit  pouces  de  longueur 
totale  ;  la  tête  ,  le  cou,  la  queue  ,  le  bas-ventre  et  les  cuisses  , 
d'un  gris  brun  ;  les  côles  de  la  tête  et  la  naissance  de  la 
gorge  ,  d'un  blanc  verdâtre  ;  le  manteau  ,  d'un  olivâtre 
sombre;  la  poitrine  et  les  pennes  des  ailes,  d'un  roux 
ardent  eL  rougeâtre  ;    les  pieds  rouges.;  le  bec,    noirâtre 


556  R  A  L 

sur  son  arête,  rougcâlre  à  ses  côtés  ,  jusqu'à  la  moitié  de  sa 
longueur,  et  gris  sur  le  reste. 

Les  jeunes  ont  le  plumage  tout  gris  ,  et  ne  prennent  de 
roux  et  de  rouge  qu  à  la  mue. 

Cette  espèpe  est  commune  à  Cayenne  et  à  la  Guyane. 

Le  Râle  gris  ,  Rallus  cimreus ,  Vieill. ,  a  la  tête  ,  le  cou  en 
entier  ,  et  les  côtés  des  parties  inférieures  ,  d'un  joli  gris  ; 
le  manteau  et  les  ailes  bruns  ;  le  milieu  de  la  gorge  et 
du  haut  du  cou,  blanc  ;  cette  teinte  prend  un  ton  gris  sur 
le  milieu  de  la  poitrine  et  du  ventre  ;  les  flancs  et  le  bas- 
ventre  ont  des  raies  noires  et  blanches  ;  le  bec  est  brun  ,  et 
le  tarse  gris.  Taille  du  petit  râle  de  Cayenne.  Comme  on  le 
trouve  dans  la  même  contrée  ,  n'en  seroit-  ce  pas  une  va- 
riété d'âge  ou  de  sexe?  Du  Muséum  d'Hist.  Nat. 

Le  Râle  de  la  Jamaïque.  V.  Ralebidi-bidi. 

*  Le  Râle  jaspé  ,  Rallus  maculosus  ,  Vieill.  11  a  six  pouces 
de  longueur;  la  moitié  de  la  tête,  le  devant  du  cou,  la 
poitrine  et  le  ventre  ,  d'un  roux  vif,  qui  tire  au  blanchâtre 
sur  l'estomac  ;  l'autre  moitié  de  la  tête  ,  le  dessus  du  cou, 
du  corps  et  des  ailes  ,  variés  de  noirâtre  et  de  blanc  ,  sur 
un  fond  brun,  mêlé  de  roux;  les  petites  couvertures  infé- 
rieures des  ailes  ,  d'un  blanc  roussâtre;  et  les  grandes,  noi- 
râtres ;  la  queue  brune  ;  le  tarse  d'un  rouge  de  corail  ;  l'iris 
rouge  ;  le  bec  noirâtre  à  sa  pointe  ;  noir  en  dessus,  et  d'un 
vert  jaunâtre  en  dessous.  C'est  Vypacaha  jaspeado  enciina  de 
M.  de  Azara.   On   le   trouve  au  Paraguay. 

*  Le  Râle  KIîSGALIK  ,  Rallus  harharicus  ,  Lalli.  Cet  oiseau 
est  très-peu  connu;  on  dit  qu'il  habite  le  Groenland,  et 
qu'il  est  plus  grand  que  le  canard  ;  son  bec  a  une  protubé- 
rance dentelée  et  orangée  entre  les  narines  :  le  mâle  est 
noir;  ses  ailes  sont  blanches,  et  son  dos  est  tacheté  de  celle 
couleur  :  la  femelle  est  brune.  Je  ne  puis  croire  que  cet 
oiseau  soit  un  râle. 

Le  Râle  kiolo  ,  Rallus  klolo  ,  Vieill.  ;  Rallus  cayanensis  , 
Lath.  ;  pi.  enl.  de  Ruffon  ,  n."'  36B  et  ySS,  mâle  et  femelle. 
Cet  oiseau  est  un  peu  plus  petit  que  noire  marouette;  le  devant 
du  corps  et  le  sommet  de  la  tête  sont  d'un  beau  roux  ;  le 
manteau  est  lavé  de  vert  olivâtre  ,  sur  un  fond  brun.  On  le 
trouve  â  Cayenne  ;  les  naturels  lui  ont  donné  le  nom  de 
kiolo  d'après  son  cri;  c'est  aux  approches  de  la  nuit  que  ces 
oiseaux  le  font  entendre  ;  il  paroît  être  ,  pour  eux,  un  cri  de 
ralliement ,  car  ils  se  tiennent  seuls  pendant  le  jour  ;  ils 
placent  leur  nid  au  pied  d'un  buisson  ,  et  ne  le  composent 
que  d'une  sorte  d'herbe  rougeâlre  ;  ce  nid  est  relevé  en 
petite  voûte  ,  et  construit  de  manière  que  la  pluie  ne  peut 
pénétrer  dans  l'intcrieur.   Buffon  s'est  mépris  en    rappor- 


R   A  L  557 

tant  à  ce  râle  celui  de  Pensylvanie  ,  car  c'est  une  espèce  dif- 
férente. F.  Râle  Mudhen. 

Le  Râle  a  long  bec  ,  Rallus  longirostm  ,  Lalh.  ;  pi,  enl.  da 
Buff. ,  n."  84.9  ,  a  toutes  les  parties  supérieures  variées  de 
gris  brun  et  de  noirâtre  ;  le  devant  du  cou  et  la  gorge  d'un 
gris  blanc  ;  la  poitrine  et  le  ventre  d'un  gris  cendré  ;  le  bas- 
ventre  et  les  flancs  de  la  couleur  de  la  gorge  ;  ces  derniers 
rayés ,  en  travers  ,  de  bandes  noires  ;  les  ailes  et  la  queue 
brunâtres  ;  le  bec  rougeâtre ,  les  pieds  verdâtres.  La  taille 
de  ce  râle ,  de  la  Guyane  ,  est  un  peu  au-dessus  de  celle  de 
noire  râle  d'eau;  cependant  on  trouve  des  individus  beaucoup 
plus  grands. 

Le  Râle  marquette,  Rallus  ponana  ;  Lînn.  ,  édit.  i3  , 
Gallinula  maculata^  Latham  ;  planche  enluminée  ,  n."  781  de 
V Histoire  naturelle  de  Buffon.  De  tous  nos  gibiers  à  plumes  ,' 
celui  -  ci  est  le  meilleur;  sa  graisse  succulente  et  savou- 
reuse est  au-dessus  de  celle  de  V ortolan  ;  sa  chair  est  plus 
fine  que  celle  de  la  guignette  ,  et  surpasse,  par  sa  délicatesse, 
celle  de  la  caille.  Le  hec-figue  seul  peut  le  balancer  dans  ce 
goût  exquis  qui  lui  fait  donner  une  préférence  bien  méritée 
sur  tous  les  oiseaux  connus.  Mais  c'est  à  l'automne  qu'il  faut 
se  procurer  la  marouette  ,  si  l'on  veut  jouir  de  tous  ces  avan- 
tages ;  elle  est  si  chargée  de  graisse  à  cette  époque  ,  qu'elle 
peut  à  peine  voler.  Hors  cette  saison,  sa  chair,  privée  de 
graisse  ,  la  met  au  rang  du  gibier  commun.  Ce  râle  disparoîC 
dans  le  fort  de  l'hiver,  et  reparoît  de  très-bonne  heure. 
Dès  le  mois  de  février ,  on  le  rencontre  en  Italie  et  dans 
nos  provinces  méridionales;  mais  ce  n'est  guère  qu'à  la 
fin  de  mars  ou  au  commencement  d'avril ,  qu'il  revient 
habiter  nos  contrées. 

Cet  oiseau  est  désigné  sous  différens  noms  :  dans  des  can- 
tons ,  on  l'appelle  cocouan  ;  dans  d'autres  ,  girardine  ,  griselte. 
Il  se  lient  dans  les  marais ,  se  cache  dans  les  gr-andes  herbes 
et  les  roseaux.  C'est  là  aussi  qu'il  place  son  nid;  il  lui 
donne  la  forme  d'une  gondole  composée  de  joncs  entrela- 
cés ,  et  l'amarre  ,  par  un  des  bouts  ,  à  une  tige  de  roseau,  de 
manière  que  ce  petit  berceau  flottant  peut  s'élever  et 
s'abaisser  avec  plus  ou  moins  d'eau.  Sa  ponte  est  de  sept 
à  huit  œufs  ,  d'un  brun  clair  tacheté  de  brun  plus  foncé  ;  les 
petits  naissent  couverts  d'un  duvet  noir,  courent ,  nagent  et 
plongent  dès  qu'ils  sont  éclos  ;  bientôt  ils  se  séparent  et 
vivent  solitaires  et  sauvages.  Cet  instinct  est  tel  dans  ces 
oiseaux,  qu'il  prévaut  même  dans  le  temps  des  amours. 
Ainsi  que  la  caille.,  le  mâle  n'approche  de  sa  femelle  ^e 
pour  satisfaire  à  la  loi  de  la  nature  ;  hors  cet  instant ,  il  se 
lient  toujours  écarté  de  sa  compagne;  son  cri  est  aigre  et 


558  R  A  I. 

perçant ,  assez  semblable  à  celui  d'un  pelit  oiseau  de  proie  ; 
si  un  de  ces  râles  se  fait  entendre  ,  aussi  tôt  un  autre  lui 
répond  ,  seule  communication  qui  existe  entre  ces  animaux. 
Sa  nourriture  est  la  même  des  autres  râles  ;  comme  eux  , 
il  tient  si  fort  devant  les  chiens  ,  que  souvent  on  peut  le 
prendre  à  la  main  ou  l'abattre  avec  un  bâton.  Si  dans  sa 
fuite  il  rencontre  un  buisson ,  il  y  monte  ,  et  de  cette  ma- 
nière, met  les  chiens  en  défaut;  il  plonge  ,  nage  ,  et  même 
entre  deux  eaux,  lorsqu'il  cherche  à  éviter  son  ennemi. 

La  marouelte  a  environ  sept  pouces  et  demi  de  longueur 
totale;  le  front,  la  gorge  et  les  sourcils,  d'un  gris  un  peu 
plombé  ;  la  tête  brune  ,  nuée  de  noir  ;  la  poitrine  d'un  gris 
foncé  et  tachetée  de  blanc  sur  les  côtés,  ainsi  que  le  cou;  les 
flancs  rayés ,  en  travers  ,  de  cette  couleur  ;  le  ventre  cendré  ; 
les  parties  postérieures ,  d'un  blanc  jaunâtre  ;  les  supérieures  , 
olivâtres  et  comme  émaillées  de  blanc  et  de  noir,  ce  qui  lui 
a  valu  le  nom  de  râle  perlé  ;  le?  pennes  du  milieu  de  la  queue 
bordées  de  blanc,  ainsi  que  la  première  des  peniies  alaires 
qui  sont  olivâtres  ;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
sont  rousses  ;  le  bec  et  les  pieds  d'un  jaune  verdâtre  ;  l'iris 
est  d'une  couleur  noisette  rougeâtre.  On  ne  remarque  que 
très-peu  de  différence  entre  le  mâle  et  la  femelle.  Le  jeune, 
avant  la  mue,  est  d'un  gçis  très-clair,  et  marqué  de  blanc 
sur  la  gorge  ;  les  taches  blanches  sont  plus  nombreuses  que 
chez  les  adultes  sur  le  reste  du  plumage  ,  et  les  couvertures 
inférieures  de  la  queue  sont  d'un  roux  plus  clair.  Le  même  , 
lorsqu'il  vient  d'éclore  ,  est  entièrement  couvert  d'un  duvet 
noir,  et  se  distingue  du  râle  bâillon^  en  ce  qu'il  a  le  bec 
rouge  à  sa  base  et  à  sa  pointe  ,  et  entouré ,  dans  le  milieu  ^ 
d'une  bandelette  noire  ;  tandis  que  chez  ce  dernier  ,  le  bec 
est  totalement  d'un  très- beau  vert. 

Le  Râle  mudhen,  Rallus  Umicola  ^  Vieill.  ;  Rallud 
vlrginianus ,  Linn. ,  édit.  i3.  Latham  fait  de  cet  oiseau 
une  variété  du  râle  d'eau.  Buffon  le  rapporte  au  KiOLO  ; 
mais  c'est  une  espèce  distincte.  Il  a  le  bec  noirâtre  en 
dessus  et  rougeâtre  à  la  base  de  sa  partie  inférieure  ;  une 
raie  blanche  au  -  dessus  des  yeux  ;  la  tête  noirâtre  ;  les 
joues  cendrées;  le  dessus  du  corps  et  du  cou  varié  de  rous- 
sâtre  et  de  noirâtre  ;  le  haut  de  la  gorge  blanc  ;  la  partie  in- 
férieure ,  le  devant  du  cou  ,  la  poitrine  et  le  haut  du  ventre 
d'un  fauve  obscur  ;  le  bas-ventre ,  les  côtés ,  le  haut  des 
jambes  d'un  brun  foncé,  avec  des  raies  transversales  blan- 
ches ;  le  bord  de  l'aile  de  cette  dernière  couleur;  les  grandes 
peniaes  des  ailes  noirâtres  en  dessus  ;  les  secondaires  rous- 
sâtres  et  toutes  cendrées  en  dessous  ;  une  tache  de  couleur 
marron  ,   formée  sur  les  ailes  par  les  petites   couvertures 


Pt  A  L  55^ 

^sapërieures  ;  la  queue  noirâtre  ;  son  extrémité  rôussâtre  ;  les 
pieds  de  couleur  de  chair  foncée.  Longueur,  sept  pouces 
huit  lignes. 

Cette  description  ne  convient  qu'à  la  femelle ,  dont 
Edwards  a  publié  la  figure  sur  la  pi.  279,  Le  mâle  a  l'iris 
jaune  orangé  ;  le  haut  de  la  gorge  teinté  de  jaunâtre  ;  toutes 
les  parties  postérieures  jusqu'au  bas  -  ventre  ,  d'un  brun 
orangé  ;  la  partie  inférieure ,  le  bas-ventre  et  les  flancs,  ont 
des  raies  noires  et  blanches  ,  ainsi  que  les  couvertures  infé- 
rieures de  la  queue  ;  le  croupion  est  d'une  teinte  plus  foncée; 
les  couvertures  des  ailes  sont  d'un  brun  rouge  ,  et  les  pieds 
rougeâtres. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  les  Etats-Unis ,  passe  l'été 
dans  les  provinces  du  nord,  et  les  quitte  à  l'automne.  Elle 

})lace  son  nid  dans  nne  touffe  d'herbe  ,  au  milieu  d'une 
bndrière  presque  impénétrable  ,  le  compose  entièrement 
d'herbes  et  de  joncs  ;  la  ponte  est  de  six  à  dix  œufs  ,  d'un 
blanc  sale  ,  ou  d'un  jaunâtre  très-clair ,  parsemé  de  taches 
rougeâtres  ,  plus  nombreuses  vers  le  gros  bout.  Le  nom  que 
j'ai  conservé  à  cette  espèce  ,  est  celui  sous  lequel  elle  est 
connue  dans  le  New-Jersey.  Il  sïgniûe  poule  du  limon  ,  parce 
qu'elle  se  plaît  dans  les  marais  bourbeux. 

Le  Râle  noir  ,  Rallus  niger,  Vieill.  ;  Rallus  nîger  ,  Lath.  ; 
a  le  bec  jaune  ,  les  pieds  rouges  ,  le  plumage  généralement 
noir  ,  changeant  en  vert  sur  les  ailes;  longueur,  huit  pouces 
et  demi.  On  le  trouve  au  Sénégal. 

*  Le  Râle  noir  a  paupières  et  iris  rouges  ,  Rallus 
tabuensis ,  Lath.  Six  pouces  font  la  longueur  de  cet  oiseau  ; 
le  bec  est  noir  ;  le  plumage  de  la  même  couleur ,  mais  rem- 
brunie et  moins  décidée  en  dessous  du  corps  ;  les  pieds  sont 
d'un  brun  rougeâlre. 

Ce  râle  se  trouve  dans  les  îles  de  la  mer  Pacifique. 

Il  y  a  une  variété  qu'on  voit  à  l'île  de  Tanna  ;  ses  teintes 
inclinent  plus  au  brun  ;  les  couvertures  inférieures  de  la 
queue  ont  des  raies  transversales  noires  et  blanches;  les 
pieds  sont  rouges. 

*  Le  Râle  noir  pointillé  de  blanc  ,  Rallus  pacificus  , 
Lath. ,  se  trouve  dans  les  îles  de  la  mer  Pacifique,  et  parti- 
culièrement à  O-Taïti.  Bec  et  iris  rouges  ;  tête  brune  ,  une 
ligne  blanchâtre  au-dessus  des  yeux;  nuque  ferrugineuse; 
gorge  blanche  ;  poitrine  d'un  blanc  cendré-bleuâtre  ;  dos  , 
croupion,  noirs  et  parsemés  de  points  blancs;  dessus  des  ailes 
varié  de  bandes  blanches  et  interrompues  sur  un  fond  noir; 
pennes  brunes;  queue  pareille  au-dessus  des  ailes  et  tachetée 
de  blanc;  rentre,  côtés  et  bas-ventre  blanchâtres;  pieds 


5Co  R  A  L 

couleur  de  chair  *,  taille  du  râle  d'eau.  La  qneife  àa  cet  oiseau 
est  si  courte  ,  qu'elle  paroît  à  peine. 

*Le  Râle  noirâtre,  Rallus  nigricans  »  Vieill.,  se  trouve  au 
Paraguay  et  sur  les  bords  de  la  rivière  de  la  Plata.  La  gorge 
est  blanchâtre  ;  le  devant  du  con,  la  poitrine,  les  flancs,  le 
front  et  les  côtés  de  la  tête  et  du  cou  sont  d'une  couleur  de 
plomb  noirâtre;  le  ventre  ,  les  jambes,  la  queue  et  les  cou- 
vertures supérieures ,  noirs  ;  les  ailes  noirâtres  ;  le  dessus 
de  la  tête  et  du  cou  ,  le  dos  et  le  croupion  ,  d'un  brun  ver- 
dâlre  ;  les  pieds  rouges  ;  le  bec  est  d'un  vert  tendre  ,  et  l'iris 
d'un  rouge  vif.  Longueur  totale  ,  onze  pouces;  du  bec,  viagt- 
deux  lignes.  Ct&xVypacahaobscuro  de  M,  de  Azara. 

*Lel\ALE  DELA  r»i0UVELLE-ZÉLANDE,/îa//M5ausfra//5,Lath., 

a  la  grosseur  d'une  petite  poule  d'eau:,  quinze  à  seize  poucef 
de  long  ;  le  bec  d'un  brun  rougeâtre  ;  l'iris  d'un  jaune  sale  ; 
les  plume»  de  la  tête  ,  du  cou  ,  du  dos ,  de  la  poitrine  et  dut 
ventre ,  brunes  et  frangées  de  gris  roussâtre  ;  les  joues  et  la 
gorge  cendrées;  une  ligne  de  même  couleur  au-dessus  dea 
yeu.x  (des  individus  en  sont  privés)  ;  les  ailes  très-courtes; 
les  couvertures  de  la  couleur  du  dos  ;  l'aile  bâtarde  arméft 
d'une  épine  qui  a  un  pouce  et  demi  de  longueur  ;  elle  est 
droite ,  pointue  et  cachée  dans  les  plumes  ;  les  pennes  brunes  , 
avec  des  raies  transversales  ferrugineuses  sur  les  bords  ;  les 
couvertures  inférieures  de  la  queue  brunes;  celle-ci,  longue 
de  près  de  quatre  pouces ,  de  cette  même  couleur  et  frangée 
de  gris-roux  ;  les  pieds  d'un  brun  rougeâtre. 

Un  autre  râle  ,  du  même  pays  ,  diffère  en  ce  qu'il  a  le  des- 
sus du  corps  d'un  marron  foncé;  chaque  plume  noire  le  long 
de  la]  tige  ;  le  dessous  cendré  ,  tendant  à  la  couleur  marron 
sur  la  poitrine  ;  les  pennes  des  ailes,  les  dernières  couver- 
tures ^t  la  queue  ,  rayées  de  rouge  brun  et  de  noir. 

Enfin  un  troisième  ,  long  de  treize  pouces  environ  ,  a  le 
bec  plus  courbé  ;  les  narines  cachées  dans  une  rainure  pro- 
fonde ;  le  plumage  ,  en  dessus ,  pareil  à  celui  du  premier  ; 
les  côtés  de  la  tête  et  les  sourcils  d'un  cendré  pâle  ;  tout  le 
dessous  du  corps  de  la  même  couleur,  mais  plus  foncée,  et 
les  jambes  couvertes  de  plumes  jusqu'au  talon.  Ce  râle  se 
trouve  dans  l'île  Howe.  Le  précédent  habite  la  Nouvelle- 
Zélande  ainsi  que  la  Nouvelle-Hollande,  mais  il  n'y  est  pas 
commun.  La  première  espèce  est  très-nombreuse  à  la  baie 
Dusky,  où  on  lui  donne  le  nom  de  poule  deauy  dont  elle  a 
toute  l'apparence  à  une  certaine  distance.  Cet  oiseau  gratte 
la  terre  à  la  manière  des  poules ,  court  avec  beaucoup  de 
vitesse  ,  mais  il  a  le  vol  pénible.  Quoiqu'il  se  plaise  sur  les 
bords  de  la  mer,  il  ne  va  point  à  l'eau  ;  il  craint  même  la 
pluie,   et  ne  crie  que  lorsqu'elle  tombe.  11  est  d'un  naturel 


R  A  L  sr,i 

doux  et  timide ,  se  lient  à  la  lisière  des  bois,  cherche  un 
abri  sous  les  racines  des  arbres  ,  dans  des  trous  et  sous  les 
broussailles.  Les  vers  composent  sa  nourriture  ordinaire  ;  sa 
chair  est  un  très-bon  manger,  surtout  lorsqu'elle  est  écor- 
chée  ,  et  sa  graisse  est  de  couleur  orangée. 

Le  J\ M.E  OLiVATnE^  Ral/us  o/miceiis  Vieill.  ,  se  trouve  ;\ 
Saint-Domingue.  11  a  six  pouces  et  demi  de  longueur  ;  toutes 
les  parties  supérieures  d'un  brun  olivâtre  ,  avec  des  tnaits 
noirs  sur  la  tête  et  le  dessus  du  cou  ,  de  grandes  taches  de  la 
même  couleur  sur  le  milieu  des  plumes  du  manteau  et  des 
couvertures  supérieures  de  l'aile  ,  dont  les  pennes  sont  bor- 
dées d'olivâtre  à  l'extérieur;  la  gorge  est  d'un  blanc  un  peu 
sali  ;  les  côtés,  le  devant  du  cou  et  toutes  les  parties  posté- 
rieures sont  d'un  gris  fauve  ,  les  flancs  rayés  transversale- 
ment de  noir;  le  bec  est  brun  en  dessus,  et  jaunâtre  en  des- 
sous ;  les  pieds  sont  bruns. 

Le  Râle  PERLÉ.  V.  Râle  marquette. 

Le  Petit  Râle  de  Cayeinne  ,  lial/us  mmiiius ,  Lath.  ;  pi. 
enl.  de  Ruffon,  n."  84.7.  C'est  un  des  plus  petits;  il  a  à  peine 
cinq  pouces  de  long;  sa  grosseur  est  celle  de  l'alouelle  ;  le 
dessus  de  la  tête  et  du  cou  est  brunâtre  ;  le  dos ,  le  croupion  , 
les  couvertures  supérieures  des  ailes  sont  variés  de  noir,  de 
roussâtre  et  de  blanc  ;  la  première  couleur  occupe  le  milieu 
de  chaque  plume  ,  et  sur  quelques-unes  le  blanc  est  indiqué 
par  un  trait  longitudinal  ;  la  gorge  ,  le  devant  du  cou  et  la 
poitrine  ont  pour  teinte  un  gris-blanc  nuancé  de  roussâtre  ; 
le  reste  des  parties  inférieures  du  corps  est  rayé  transversa- 
lement de  noir  sur  le  même  fond  que  celui  de  la  poitrine;  les 
ailes  et  la  queue  sont  d'un  brun  lavé  de  roussâtre  ;  les  pieds 
d'un  brun  jaunâtre  ;    le  bec  est  brun  noirâtre. 

Le  râle  de  la  Jamaïque,  que  Latham  donne  pour  une  va- 
riété de  sexe  ,  diffère  en  ce  qu  il  a,  une  plaque  rousse  sur  le 
milieu  du  cou  ,  les  couvertures  des  ailes  et  le  dos  ,  bruns  et 
rayés  de  blanc  ;  les  pennes  alairesetcellesde  la  queue,  d'un 
brun  cend'é  ;.  les  pieds  sont  jaunes. 

Le  Râle  des  Philippines.  F.  Râle  tiklin. 

*  Le  Hale  plombé  a  gorge  blanche  ,  Ra/Ius  alhicoUîs  , 
Vieill.,  se  trouve  au  Paraguay,  et  est  décrit  par  iVl.  de 
Azara  ,  sous  la  dénomination  Xypaca]ia  aplomado  y  pardo.  Il 
a  huit  pouces  de  longueur  totale  ;  la  gorge  blanche;  le  devant 
du  cou  ,  les  côtés  de  la  tête,  la  poitrine  et  le  ventre  ,  d'une 
couleur  de  plomb  blanchâtre  ;  les  couvertures  inférieures  de 
la  queue  ,  d'un  brun  foncé  et  rayé  transversalement  de  blanc  ; 
celles  du  dessous  des  ailes  ,  d'un  noirâtre  luisant  et  finement 
bordées  de  blanc  ;  les  pennes  alaires,  d'une  couleur  d'acier 
bruni  en  dessous  et  noirâtres  en  dessus  -,  les  plumés  des  par- 


5G2  R  A  L 

lies  supérieures ,  les  couverlnres  du  dessus  de  l'aile  et  la  queue 
presque  noires  et  largement  bordées  de  brun  roussâtre  ;  le 
bord  de  l'aile  presque  tout  blanc;  le  tarse  d'un  brun  rou- 
geâtre  ;  le  bec  d'un  vert  léger  ,  etTirisH'un  rouge  de  carmin. 

*Le  Râle  de  Possega  ,  Rallus  duhius ,  Lath.,  se  trouve  en 
Esclavonie  ,  dans  le  comté  de  Possega.  Il  a  presque  la  taille 
de  la  poule  d'eau  ;  le  bec  et  les  pieds  d'un  vert  sombre;  la 
goi^e  d'un  blanc  sale  ;  un  collier  blanc  autour  du  cou  ;  le 
plumage  en  général  rayé  de  brun  et  de  couleur  de  rouille  , 
le  ventre  et  le  bord  des  pennes  primaires  ,  blancs  ;  les  flancs 
bruns  ,  rayés  de  cendré  et  de  ferrugineux. 

Le  Râle  rallo-marouet,  Eallus  Peyroiisei ^WqWL  ;  Rallus 
pusillus ,  Pallas  ,  Lath.  Je  n'ai  pas  vu  en  nature  le  Rallus 
puslllus  de  Pallas ,  et  c'est  avec  doute  que  je  le  rap- 
proche du  rallo-marouet.  J'ai  donné  à  ce  dernier  un  nom  la- 
tinisé, pour  rappeler  celui  de  feu  Picot  de  laPeyrouse  ,  qui 
nous  l'a  fait  connoître  le  premier,  et  l'a  trouvé  dans  les  Py- 
rénées. «  C'est,  dit-il,  mi  oiseau  mi-parti,  un  composé  du 
râle  d'eau  et  de  la  marouette;  on  peut  le  regarder  comme  le 
chaînon  intermédiaire  qui  unit  ces  deuflt  oiseaux.  Sa  lon- 
gueur ,  du  bout  du  bec  à  celui  de  la  queue ,  est  de  sept  pouces 
six  lignes  ;  les  ailes  ,  étendues  ,  ont  environ  un  pied  ;  le  bec, 
les  jambes,  les  pieds  sont ,  pour  les  dimensions,  la  forme 
et  les  couleurs,  les  mêmes  que  ceux  de  la  marouette;  la 
gorge,  les  joues,  la  poitrine  et  le  ventre,  sont  d'un  gris 
bleuâtre  ,  de  même  que  sur  le  râle  d'eau  ;  le  dessus  du  corps 
est  brun,  mêlé  d'olivâtre,  ainsi  que  dans  la  marouette;  le 
dessous  de  la  queue  est  brun,  tacheté  de  blanc  comme  dans 
le  râle  d'eau  ,  mais  non  pas  rayé  aussi  régulièrement  ;  la 
queue  ,  composée  de  douze  pennes ,  est  brune.  Je  rapproche 
de  cette  espèce  :  i.°  un  petit  râle  que  M.  Bonelll  m'a  en- 
voyé ,  et  qui  se  trouve  dans  le  Piémont ,  en  Suisse  ,  et  très- 
rarement  dans  les  marais  de  la  Picardie ,  près  Abbeville  ,  où 
M.  Bâillon  ne  l'a  vu  qu'une  seule  fois.  Il  a  le  milieu  du  som- 
met de  la  tête  et  l'occiput,  noirâtres  ;  le  dessus  du  cou  roux  ; 
le  dos  et  le  croupion  noirs  ,  avec  quelques  taches  rousses  et 
blanches  sur  la  première  partie;  les  couvertures  supérieures 
des  ailes  fauves;  leurs  pennes  ,  de  cette  couleur  en  dehors  et 
d'un  brun  noir  dans  le  reste  ;  les  pennes  secondaires,  les  plus 

firoches  du  dos,  noires  dans  le  milieu  ;  le  front ,  les  côtés  de 
a  tête  ,  les  sourcils  ,  la  gorge  et  toutes  les  parties  posté- 
rieures, d'un  gris-bleu ,  avec  des  taches  blanchâtres  à  l'ex- 
trémité des  plumes  du  bas-ventre  et  des  flancs  ;  les  couver- 
tures inférieures  de  la  queue  rayées  transversalement  de 
blanc  et  de  noir.  Longueur  totale ,  sept  pouces  un  quart. 
a.°  Un  autre  individu  ,  que  M.  Bonelli  présente  comme 


R  A  L  56:^ 

la  femelle  du  précédent  ,  est  d'un  roux  sombre  sur  le  mi- 
lieu de  la  têle  ;  d'un  cendré  un  peu  bleuâtre  sur  les  joues  , 
le  front  et  les  sourcils  ;  d'un  roux  olivacé  uniforme  sur  le  dessus 
du  cou  ;  de  celte  même  teinte,  avec  quelques  taches  noirâtres 
en  dessus  du  corps,  grandes  sur  le  manteau  et  sur  les  pennes 
secondaires  de  l'aile  ,  plus  petites  sur  le  croupion  et  sur  les 
couvertures  supérieures  de  la  queue.  Il  est  blanc  sur  la  gorge 
et  la  partie  antérieure  du  devant  du  cou  ;  fauve  sur  les  parties 
postérieures,  moucheté  de  blanchâtre  sur  le  fond  roux  rem- 
bruni desflancs;  rayé  de  cette  teinte  et  de  noir  sur  les  couver- 
tures inférieures  de  la  queue  ,  dont  les  pennes  sont  élagées  , 
noirâtres  et  bordées  de  roux  à  Textérieur  ;  les  pennes  alaircs 
sont  brunes  et  frangées  de  roussâlre  à  IVxterieur. 

3.0  Volioaceous  gallinule  ,  décrit  par  M.  Montagu  ,  dans  le 
supplément  de  V Orniihological  Dictionnary  ,  que  je  regarde 
comme  un  mâle. 

4.°  Le  Utile  f;aUinule ^  du  même  naturaliste  ,  lequel  me  pa- 
roit  être  une  femelle. 

5.°  Le  râle  de  la  Daourie  (^Ralhis  piisillus)  dont  la  face  ,  le 
devant  du  cou  et  le  haut  de  la  poitrine  sont  d'un  gris  bleu  ^ 
le  menton  est  blanc  ;  une  strie  d'un  ferrugineux  pâle  passe 
à  travers  l'œil;  cette  couleur, mélangée  de  noir  et  accompa- 
gnée sur  le  dos  de  lignes  longitudinales  blanches  ,  règne  sur 
les  parties  supérieures;  le  ventre  et  l'abdomen  ont,  sur  un 
fond  noir,  des  raies  transversales  blanches  ;  les  pieds  sont 
verts.  Grosseur  de  Ynlouetie  commune.  Sept  pouces  à  sept 
pouces  et  demi  de  longueur  totale  ,  selon  M.  Mever.  La  fe- 
melle ,  suivant  cet  auteur,  a  des  couleurs  plus  claires  que  le 
mâle.  La  femelle,  selon  M.  Temminck  ,  a  seulement  les 
sourcils  et  les  côtés  de  la  têle  d'un  cendré  pur  ;  la  gorge  blan- 
châtre ;  le  devant  du  cou  ,  la  poitrine  el  le  ventre  ,  d'un  cen- 
dré roussâlre  ;  les  barbes  extérieures  des  couvertures  cau- 
dales ,  nuancées  de  jaune  r&ussâtre.  Ce  même  auteur  dit  que 
le  jeune  a  des  teintes  plus  claires  ;  presque  la  totalité  de  la 
gorge  blanchâtre  ;  les  traits  blancs  du  haut  du  dos  sont  en  très- 
petit  nombre,  et  les  plumes  des  flancs  brunes  ,  avec  des 
bandes  blanches.  M.  Meyer  décrit  le  jeune  comme  ayant  une 
strie  blanche  au-dessus  des  yeux  ;  l'espace  entre  le  bec  et 
l'œil ,  la  gorge  et  presque  tout  le  devant  du  cou,  blancs  ;  cette 
couleur ,  de  même  que  la  teinte  brune  el  claire  de  la  poi- 
trine ,  est  ondulée  ;^,le  dessus  du  corps  est  d'un  brun  clair  et 
très-parsemé  de  taches  blanches  ;  les  plumes  des  côtés  du 
ventre  sont  brunes  et  striées  transversalement  de  blanc.  Ce 
râle  ,  ajoute  cet  ornithologiste  ,  niche  dans  les  roseaux  et  les 
herbes  marécageuses  ;  sa  ponte  est  de.  six  à  huit  œufs  jau- 
nâtres et  tachetés  de  brmi. 


r. 


^H  V.   A  L 

On  pourroit  confondre  le  rallo-maromt  t\\erâ!e  laîUon  ,  si 
l'on  n'avolt  pour  guide  que  les  descriptions  des  mâles  ;  mais 
lorsqu'on  les  compare  en  naiure,  on  saisit  facilement  les  dif- 
férences qui  les  caraclérisenl.  De  plus,  le  mâle  et  la  femelle, 
chez  ce  dernier,  se  ressemblent  parfaitement  ,  et  ne  portent 
as  chez  l'autre  la  même  livrée,  cela  suffit,  je  crois  ,  pour 
2S  présenter  comme  deux  espèces  distinctes,  dont  les  œufs 
sont  encore  dissemblables.  Le  râle  haillon  ne  peut  pas  non 
pius  être  le  ndlus  pusV'.ns  de  Pallas,  si  rée'lemenl  ia  femelle  de 
celui-ci  est  telle  (jue  l'oni  décrite  MM.  Meyer  cl  Temminck. 

*  Le  Râle  ra\é  a  bec  isoir  et  pieds  rouges  ,  Rallus  ra- 
pensh  ,  Lath. ,  est  à  peu  près  de  la  taille  du  mie  de  terre  ;  il  a 
le  bec  noir  ;  la  tête  ,  le  cou  ,  le  dos  et  le  haut  de  la  poitrine  , 
ferrugineux  ;  le  bas  de  la  poitrine,  le  ventre  ,  les  cuisses  ,  les 
pennes  des  ailes  et  de  la  queue  ,  à  l'exception  des  deux  inler- 
médiaires,  ondulés  de  noir  et  de  blanc;  ces  deux  dernières 
sont  pareilles  au  dos,  et  les  pieds  d'un  rouge  de  sang. 

Ce  râle  a  été  vu  au  Cap  de  Bonne-Espérance. 
Le  Râle  rayé  des  Pullippiises.  V.  Râle  tiiclin  ra\'é. 
Le  Râle  rouge.  C'est,  en  Normandie  ,  le  nom  du  Râle 
DE  GENÊT.  V.  ce  mot. 

*  Le  Râle  rougeàTRE  ,  Rallus  zeylunicus  ,  Lath.  Ceylan 
est  la  patrie  de  cet  oiseau  ,  un  peu  plus  grand  que  notre  râle 
deuil  ;  il  a  le  bec  et  les  pieds  rouges  -,  la  tête  noirâlre  ;  le 
cou,  le  dos  et  la  queue  ferrugineux;  celte  dernière  assez 
longue  ;  les  couvertures  des  ailes  pareilles  au  dos  ;  les  pennes 
priniaires  ,  noires  ;  le  devant  du  cou  ,  ia  poitrine  et  le  ventre, 
d'un  rougeâtre  rembruni. 

*  Le  Râle  rougeâtre  a  bec  et  pieds  cendrés,  Rallus 
sandwicensis ,  Lath.  Taille  petite  ;  couleur  générale  d'un  fer- 
rugineux pâle,  plus  foncée  sur  le  milieu  des  plumes  du  dessus 
du  corps  ;  queue  courte  ,  cachée  par  les  couvertures  supé- 
rieures. Ce  râle  des  îles  Sandwich  a  une  variété  qui  se  trouve 
à  l'île  Tanna,  et  qui  ne  diffère  qu'en  ce  que  le  plumage  est 
plus  foncé  sub  les  parties  supérieures  ,  et  que  le  bec  et  les 
pieds  sont  jaunes. 

Le  Râle  roi  x,  Rallus  ru  fus  ,  Vieill.  Cette  espèce,  que  Ton 
trouve  en  Afrique,  a  six  pouces  et  demi  de  longueur  totale  ; 
les  ailes  courtes  et  ne  dépassant  pas  l'origine  de  la  queue  , 
dont  les  pennes  sont  très-grêles  et  garnies  de  barbes  un  peu 
décomposées  ;  la  tête  du  mâle  et  le  cou  en  entier  sont  d'un 
roux  foncé,  plus  clair  sur  la  gorge  ;  les  parties  postérieures, 
d'un  brun  noirâlre  ,  strié  longitudinalement;  le  manteau  est 
d'un  brun  noirâtre,  avec  des  raies  longitudinales  et  des  taches 
rondes  d'im  blanc  pur;  le  bec  et  les  pieds  sont  d'un  l)run 
clair.  La  femelle  a  la  gorge  blanche  ,  de  même  que  la  poi- 


R  A  L  565 

Irine  et  le  ventre  ",  avec  des  taches  d'une  couleur  sombre  ;  le 
reste  du  plumage  ,  d'un  brun  noi.rc^(re  ,  moucheté  de  blanc 
sale  ;  et  les  Uaucs  ,  rayes  d'une  couleur  bistre  claire. 

Le  PiALE  RUFALBlN,  Rullns  lufescens  ,  Vieill.  Ci-  petil  râle, 
que  Ton  trouve  dans  l'île  de  Java ,  a  la  gorge  ,  le  devant  du 
cou,  la  poitrine  elle  ventre  ,  blancs  dans  leur  milieu  el  roux 
sur  les  côtés  ;  les  flancs  et  le  bas-ventre,  noirs  el  rayés  trans- 
versalement de  blanc;  toutes  les  parties  supérieures,  d'un 
brun  roussâtre;  le  bec  brun  en  dessus, jaunâtre  en  dessous;  les 
pieds  verdâtres,  et  une  taille  très-petite. Du  Mus.  d'Hist.  nat. 

*  Le  Râle  a  sourcils  blancs,  Rallus  superciliaris  ^  Vieill. 
Trois  bandelettes  ,  l'une  blanche  et  les  deux  autres  noires, 
se  t'ont  remarquer  sur  les  côtés  de  la  tête  ;  la  blanche  part  du 
bec  et  s'étend  sur  l'œiî  en  l'orme  de  sourcil  ;  une  des  deux 
autres  se  trouve  au-dessous  ae  celle-ci ,  et  se  termine  à  l'an- 
£,lc  extérieur  de  l'œil;  la  troisième  ,  qui  est  encore  plus  bas, 
(•ntoure  la  paupière  inférieure  ;  les  côtés  et  le  devant  du  cou 
sont  d'un  roux  jaunâtre  clair;  la  gorge,  la  poitrine,  le  ven- 
tre el  la  partie  interne  des  jambes,  de  couleur  blanche;  l'in- 
lérîeur  des  jambes,  les  flancs  et  les  couvertures  inférieures 
.de  la  queue  ,  rayés  transversalement  de  blanc  et  de  noirâ- 
tre ;  les  couvertures  du  dessous  de  l'aile  blanches  ,  avec  un 
peu  de  brun  sur  le*  petites  ;  la  tête  et  la  nuque  d'un  brun 
foncé;  le  dessus  du  cou,  le  dos  ,  le  croupion  et  les  plumes 
scapulaires  noirs  ,  avec  de  longues  taches  blanches  Sur  le 
milieu  des  plumes  et  à  leur  extrémité  ;  une  tache  d'un  roux 
vif  se  trouve  entre  les  scapulaires  et  le  dos;  les  pennes  de 
l'aile  ,  et  ses  couvertures  Ws  plus  extérieures  sont  brunes , 
les  autres  rousses  ,  avec  quelques  petites  taches  blanches  sur 
le  milieu  de  la  plume  ;  la  queue  est  piquetée  de  blanc  sur 
un  fond  noirâtre;  le  tarse  jaune  et  le  bec  noir.  Longueur  to- 
tale ,  six  pouces.  Cet  oiseau  ,*ïjue  l'on  trouve  au  Paraguay  , 
est  décrit  par  M.  de  Azara  sous  le  nom  A''ypacaha  ceja  blanca, 
et  rapporté  par  Sonnini  au  petit  râle  de  Cayenne  ,  rallits 
minutus  ;  mais  il  me  semble  que  c'est  une  espèce  particu- 
lière ;  au  reste ,  il  faut  le  voir  en  nature  pour  assurer  leur 
identité. 

Le  Râle  tacheté  ,  RalJus  \>ariegatus  ,  Lath.  ;  pi,  enl.  de 
Buffon,  n.°  775.  il  a  onzp  pouces  de  longueur  ;  la  tête,  le  coa 
et  tout  le  dessus  du  corps  variés  de  blanc  et  de  noir  ;  la 
■  gorge  blanche  ;  le  dessous  du  corps  comme  le  dessus  ,  mais 
tacheté  irrégulièrement;  les  couvertures  des  ailes  variées  de 
brun  roussâtre  ,  de  noir  et  de  blanc  ;  les  pennes  noirâtres  , 
celles  de  la  queue  noires  et  frangées  de  blanc  ;  le  bec  fort 
long ,  jaunâtre  mais  rouge  à  la  base  de  sa  partie  inférieure  ; 
\c%  pieds  et  les  ongles  jaunâtres. 


566  Pv  A  L 

Cette  espèce  se  trouve,  mais  rarement ,  à  la  Guyane. 

Le  Râle  de  terre.  V.  Râle  de  genêt. 

Le  Râle  tiklin  ,  Ralhis  philippensis ,  Lath.  ;  pi.  enlum.  de 
Buffon,  n.o  774.  Tiklin  est  le  noui  qu'on  donne,  dans  les 
îles  Philippines  ,  à  cet  oiseau  et  à  plusieurs  autres  du  même 
genre.  Celui-ci  est  un  peu  plus  grand  que  notre  râle  d'eau; 
une  plaque  grise  couvre  le  devant  du  cou  ;  une  autre  d'un 
roux  marron  est  sur  le  dessus  et  la  tête  ;  un  long  sourcil 
Liane  surmonte  l'aile;  la  gorge  est  d'un  blanc  sale;  tout  le 
«dessous  du  corps  varié  de  petites  lignes  transversales  alter- 
nativement noires  et  blanches  ;  un  brun  nué  de  roussâlre 
teint  le  menton  ;  il  est  parsemé  de  petites  taches  blanches 
sur  les  épaules  et  au  bord  de  l'aile,  dont  les  pennes  sont  mé- 
langées de  noir,  de  blanc  et  de  marvon  ;  la  queue  est  noi- 
râtre et  bordée  de  gris  roux;  les  ^eux  intermédiaires  sont  ta- 
chetées de  marron  sur  leur  s  barbes  intérieures.  Longueur,dix 
pouces  et  demi  environ  ;  bec  et  pieds  gris.  Latham  donne  à 
celte  espèce  plusieurs  variétés. 

La  première  se  .trouve  à  O-Taïti  ;  elle  diffère  par  la  cou- 
leur cendrée  du  dessous  du  corps  ,  par  la  teinte  du  manteau, 
qui  est  d'un  brun  rayé  de  blanc  et  de  noir,  et  par  ses  pieds 
jaunes. 

La  seconde ,  que  l'on  trouve  à  Tongat^boo  ,  a  des  sourcils 
gris  et  tout  le  dessous  du  corps  blanc. 

Enfin,  la  troisième,  que  les  Indiens  nomment  chaha,  et 
que  Latham  a  décrite  d'après  un  dessin  colorié  fait  aux  In- 
des,  a  le  corps  brun  en  dessus,  cendré  pâle  en  dessous, 
avec  des  traits  blancs  sur  le  dos  et  les  ailes;  le  bas  ventre 
blanc  et  rayé  de  noirâtre;  le  bec  rouge,  à  pointe  blanche,  et 
les  pieds  verdâtres.  Ce  tiklin  a  une  sous-variélé  dont  le  ven- 
tre est  blanc ,  sans  raies  ni  taches. 

Le  Râle  tiklin  brun,  Ralius  fusnis ,  Lath.,  pi.  enl.  de 
Buffon  ,  n.°  773.  Dn  brun  sombre  uniforme,  lavé,  sur  la 
gorge  ,  la  poitrine  et  le  haut  du  ventre  ,  d'une  teinte  de  pour- 
pre vineux,  rayé  de  noir  et  de  blanc  sur  les  couvertures 
inférieures  de  la  queue  ,  couvre  tout  son  plumage  ;  le  bec  est 
brun  ;  les  pieds  et  les  ongles  sont  jaunes.  Taille  de  la  ma- 
rouelle;  longueur,  sept  pouces. 

Le  Râle  a  ventre  roux  de  Cayenne.  V.  Râle  kiolo. 

Le  Râle  de  Virginie.  V.  Pvale  widgeon. 

Le  Râle  varié  a  gorge  rousse,  RoJ/us  nificollis  ^  Vieill.; 
Galtina  nopeboracensis^  Lath.;  FiiUca  nooeboracensis^  Gm.  CeltC' 
très-petite  espèce  ,  moins  commune  que  le  râle  widgeon, 
habite  les  Etats-Unis  depuis  le  Canada  jusqu'à  la  Louisiane. 
Le  mâle  aie  dessus  de  la  tête  noir,  et  pointillé  de  blanc;  les 
plumes  du  cou  ,  du  dos,  des  scapulaires  et  du  croupion,  va- 


R  A  L  567 

riées  de  roux  et  de  noir,  et  terminées  par  un  trait  blanc 
transversal;  les  couvertures  supérieures  des  ailes,  et  les 
grandes  pennes  secondaires,  pareilles  au  dos;  les  moyennes 
blanches  sur  leur  côté  interne  ;  les  primaires  brunes  ;  les 
couvertures  de  la  queue  plus  longues  que  les  rectrices,  noi- 
res et  rayées  de  blanc  ;  les  plumes  de  la  gorge  ,  du  devant 
du  cou  et  du  milieu  du  ventre  roussâtres  ,  et  terminées  def 
brun  ;  celles  de  la  poitrine  et  'des  flancs  tachetées  en  travers 
de  noir  et  de  blanc,  sur  un  fond  roux;  les  pieds  et  lest 
ongles  rougeâtres.  Longueur  totale  ,  quatre  pouces  trois 
quarts. 

La  femelle  a  le  front  et  les  joues  roux;  le  ventre  noirâtre  ; 
la  gorge  et  le  milieu  du  ventre  d'un  blanc  roussâtre  ;  le  de- 
vant du  cou,  les  côtés  et  la  poitrine,  roux,  avec  des  tache» 
transversales  brunes;  le  dessus  du  corps  ,  les  flancs,  comme 
le  mâle,  mais  d'une  teinte  moins  vive. 

La  tête  et  le  dessus  du  cou  sont,  chez  le  jeune,  d'un  brun 
olivâtre  foncé  et  tachetés  de  blanc;  les  scapulaires  bordées 
de  blanc  jaunâtre  pâle  ;  la  poitrine  est  d'un  jaune  sale  ;  le 
dos  et  les  pieds  sont  bruns.  C'est  ce  jeune  oiseau  qu'avoient 
décrit  les  auteurs  cités  ci-dessus. 

Le  Râle  WIDGEON,  Rallus stoliâus ,  Vieill.;  Rallus  carolînusi 
Gmelin  ;  Gallinula  carolina^  Lath  ;  pi.  i4-4  des  oiseaux  d'Ed- 
wards, sous  la  dénomination  de  liltle  amevican-waiher-hen 
(  petite  poule  d'eau  de  l'Amérique  ).  Celte  espèce  a  dans  ses 
formes,  ses  couleurs  et  son  genre  de  vie,  de  l'analogie  avec  la 
marouette  ;  mais  elle  en  diffère  principalement  par  une  taille 
plus  petite  ,  et  en  ce  que  le  mâle  porte  sur  le  devant  du  corps 
une  large  bande  noire  qui  s'étend  en  long,  depuis  la  gorge 
jusqu'à  l'anus  ;  cette  bande  n'est  son  attribut  distinctif  que 
dans  la  saison  des  amours.  Ces  râles  sont  susceptibles  de 
prendre  beaucoup  de  graisse  à  l'automne;  c'est  au  point  qu'ils 
ne  peuvent  voler  ;  il  suffit  alors ,  pour  les  prendre  ,  de  les  fa- 
tiguer à  la  course;  c'est  par  ce  moyen  que  les  naturels  en 
attrapent  un  grand  nombre.  On  les  trouve  alors  dans  les 
lieux  où  croît  l'avoine  sauvage,  qui,  à  l'arrière-saison,  est 
leur  principale  nourriture.  L'espèce  est  répandue  dans  l'A- 
mérique, depuis  la  Louisiane  jusqu'à  la  baie  d'Hudson,  dont 
les  Aborigènes  l'appellent  ponpaka  patessew,  les  Américains 
la  nomment  cvidgeon^  d'après  son  peu  de  défiance,  et  Ca- 
tesby,  soree.  Elle  passe,  au  commencement  du  printemps, 
dans  la  Pensylvanie  et  d'autres  provinces  voisines  ;  des  indi- 
vidus y  restent,  tandis  que  les  autres  arrivent,  au  mois  de 
mai ,  à  la  baie  d'Hudson ,  où  ils  se  tiennent  le  long  des  côtes, 
et  où  ils  nichent  dans  les  herbes  ;  ils  n'y  font  qu'une  seule 
ponte  de  dix  à  douze  œufs  d'un  blanc  sale  ,  tachetés  de  brua 


568  R  A  L 

et  de  noirâtre  :  ils  quittent  ces  conlre'cs  à  l'auiomne  ,  repa- 
roissent ,  peu  de  temps  après,  au  centre  des  Etats-  Unis  ,  y 
restent  encore  environ  six  semaines,  et  se  retirent  plus  au 
sud  pour  Y  passer  Ihiver. 

Le  mâie  a  sept  pouces  et  demi  de  longueur  totale  ;  le  bec 
noirâtre  à  sa  pointe  et  jaune  dans  le  reste;  le  lorum ,  le  front, 
le  sommet  de  ia  tête,  le  menton,  noirs,  ainsi  qu'une  bande- 
lette qui  descend  presque  juslju'au  ventre  ,  en  passant  par  le 
milieu  du  devant  du  cou  et  de  la  poitrine;  les  sourcils,  les 
joues  et  la  poitrine,  d'un  cendré  clair  ;  les  côtés  du  sommet 
de  la  tête  ,  le  cou  et  généralement  toutes  les  parties  supé- 
rieures d'un  brun  olivâtre  tacheté  de  noir  et  de  blanc.  Les 
deux  premières  couleurs  occupent  le  centre  desplumes,  et  la 
dernière  leur  sert  de  bordure;  les  pennes  primaires  des  ailes 
sont  d'un  brun  olive  unifonne  ;  les  secondaires  striées  de 
noir  et  de  blanc  ;  les  quatre  pennes  intermédiaires  de  la 
queue  d'un  cendré  clair  et  bordées  do  blanc  dans  la  moitié  de 
leur  longueur;  les  autres,  d'un  brun  olive  sombre;  le  ventre 
est  blanc,  les  côtés  du  corps  que  cachent  les  ailes  ont  des 
barres  noires ,  blanches  ,  fauves  et  d'un  olive  foncé  ;  le  bas- 
ventre  est  d'un  fauve  brunâtre;  le  bord  extérieur  de  l'aile  , 
blanc  ;  l'iris  noisette  et  le  tarse  d'un  vert  jaunâtre. 

La  femelle  et  les  jeunes  ont  la  gorge  blanche,  la  poitrine 
d'un  brun  pâle  ,  avec  peu  ou  point  de  noir  à  la  tête. 

*  Le  Râle  YPEC\}l\,Iîa/ln!;ypcaiha,yici\\.  Le  nom  imposé 
à  cette  espèce  par  les  naturels  du  Paraguay  exprime  son  cri, 
qui  est  fort, très-clair, et  que  Ton  entendàun  mille  de  distance; 
ce  cri  est  quelquefois  interrompu  par  des  sifflemens  sonores. 
Elle  a  dix-huit  pouces  de  longueur  totale  ;  le  bec  long  de 
trente-six  lignes  ;  la  gorge  d'un  blanchâtre  qui  prend ,  en 
s'obscurcissant  sur  le  devant  du  cou  et  sur  une  partie  de  la 
poitrine,  la  teinte  du  plomb;  le  reste  de  la  poitrine  rouge  ; 
le  ventre,  les  jambes  d'un  cen<lré  obscur;  le  croupion  et  une 
partie  du  dos,  la  queue  et  les  couvertures  noires  ;  la  tête  de 
couleur  de  plomb;  les  dcnx-tiers  supérieurs  du  cou,  roux;  une 
ligne  qui  descend  depuis  l'oreille  jusqu'à  la  naissance  de  l'aile, 
et  parcourt  chaque  côté  ;  le  reste  du  dessus  du  cou,  le  haut 
du  dos,  toutes  les  couvertures  supérieures  de  l'aile  sont  d'un 
brun  verdâtre  ;  les  quinze  premières  pennes  rouges,  termi- 
nées de  brun  verdâtre  ,  et  roussâtres  en  dessous;  les  couver- 
tures inférieures  rayées  transversalement  de  noirâtre  et  de 
rouge.  Des  individus  ont  du  rouge  au  fouet  de  Taile  et  du 
brun  marron  sur  ses  couvcîrlures  extérieures  ;  le  bec  est 
orangé  et  vert  près  de  son  bout;  l'iris,  le  bord  de  la  pau- 
pière et  les  pieds  sont  rouges.  C'est  Vypacaha  proprement 
dit  de  M.  de  Azara.  (v.) 


RAT,  564 

Chasse.  —  De  nos  râles  ,  ceux  qu'on  chasse  de  préférence , 
sont  le  râle  de  terre  et  la  marouette  ,  à  cause  de  la  délica- 
tess  <>  leur  chair  ;  le  râle  d'eau  est  peu  estimé.  Le  temps  le 
plus  favorable  est  en  août  et  septembre,  époque  où  ils  pren- 
nent  beaucoup  de  graisse;  mais  on  leur  fait  encore  la  chasse. 
en  mai  et  juin  ;  comme  c'est  le  temps  des  couvées  et  qu'ils 
sont  fort  maigres,  on  doit  s'en  abstenir ,  puisque  c'est  dé- 
truire sans  profit.  On  s'en  procure  de  trois  manières  :  au  f-:— 
sil  ,  au  tramail,  aux  halliers  et  aux  lacets.  L^  chasse  au  fnsil 
se  fait  avec  un  chien,  mais  tous.les  chiens  n'y  sont  pas  pro-, 
près ,  car  le  râle  est  très-rusé  ;  quelquefois  il  tient  l;  lle- 
ment  et  se  laisse  serrer  de  si  près  ,  qu'il  se  fait  prendre  à  la 
main.  Souvent  il  s'arrête  dans  sa  fuite  et  se  blottit,  de  sorte 
qu'un  chien  emporté  passe  par-dessus  et  perd  sa  trace  ;  il 
profite  de  cet  instant  d'erreur,  revient  sur  la  voie  et  donne 
le  change;  il  ne  part  qu'à  la  dernière  extrémité,  et  s'élève 
assez  haut  avant  que  de  filer  :  comme  il  vole  pesamment,  il 
est  facile  à  tuer;  son  vol  est  court;  aussi  voit-on  aisément  !a 
remise  ,  mais  c'est  inutilement  qu'on  va  le  chercher,  car  il 
a  déjà  piété  plus  de  cent  pas  quand  le  chasseur  arrive  ;  il 
supplée  par  la  rapidilé  de  sa  marche  à  la  lenteur  de  son  vol. 
Il  court  en  s'allongeanl ,  se  coule  par-dessous  les  herbes  et 
paroît  glisser  plutôt  que  de  marcher,  tant  sa  course  est 
rapide.  Souvent,  en  faisant  ses  détours,  il  passe  entre  les 
jambes  des  chasseurs,  et  en  ce  moment  il  ne  paroît  guère 
plus  gros  qu'une  souris;  il  arrive  même,  lorsque  les  genêis  sont 
fort  hauts,  qu'il  monte  et  se  perche  à  leur  cime,  ou  bien 
il  gagne  une  haie  voisine ,  et  se  cache  dans  quelque  touffe 
de  coudre  ou  d'épines.  La  marouette  gagne  le  haut  d'un 
buisson;  le  râle  d'eau  use  des  mêmes  ruses,  et  c'est  surtout 
lorsque  ces  oiseaux  sont  gras  et  peuvent  à  peine  voler,  qu'ils 
y  ont  recours. 

On  reconnoît  qu'un  chien  rencontre  un  râle,  à  la  vivacité 
de  sa  quête,  au  nombre  de  faux  arrêts  et  à  l'opiniâtreté  avec 
laquelle  l'oiseau  tient.  Les  chiens  d'arrêt  ne  sont  pas  bons 
pour  cette  chasse;  il  faut  des  chou-pilles  qui  suivent  le  nez  en 
terre.  Les  vieux  chiens  y  sont  les  meilleurs ,  parce  qu'étant 
moins  vifs,  ils  ne  s'emportent  pas  comme  les  jeunes,  et 
savent  démêler  les  ruses  du  râle  en  le  suivant  pied  à  pied. 
Le  râle  de  terre  a  sa  passée  soir  et  malin,  comme  la  bécasse, 
c'est-à-dire  qu'il  part  le  soir  de  l'endroit  où  il  est  cantonné, 
pour  aller  revoler  pendant  la  nuit  dans  les  champs;  mais 
lorsqu'il  est  trop  gras,  il  reste  toujours  dans  la  môme  pièce 
de  genêts  ;  ce  qui  fait  que  lorsqu'on  veut  se  procurer  des 
râles  pour  un  jour  déterminé,  on  va  quelques  jours  aupara- 
vant les  délourner,  en  battant  les  endroits  où  il  y  en  a  ;  et  le 

XXYiH.  3- 


Syo  R   A   L 

jour  qu'on  choisit  pour  les  tuer  ,  on  est  sûr  de  les  y  trouver. 

On  lui  tend,  comme  à  la  caille  un  filet,  où  on  l'attire  par 
l'imitation  de  son  cri,  crëk,  cr'ék,  crè'k,  crè'k,  en  frottant  ru- 
dement une  lame  de  couteau  sur  un  os  dentelé. 

La  chair  de  ce  râle,  ainsi  que  celle  de  la  marouette,  est 
très-grasse  à  l'automne,  et  d'un  goût  exquis;  elle  a  plus  de 
fumet  que  celle  de  la  caille,  et  se  mange  comme  celle  de  la 
bécasse.  Les  jeunes  ne  prennent  jamais  autant  de  graisse  que 
les  vieux. 

Le  râle  d'eau  est  aussi  rusé  que  le  précédent  ;  il  court  aussi 
vite,  traverse  les  eaux  à  la  nage,  et  se  fait  des  petites  routes 
à  travers  les  grandes  herbes  où  l'on  tend  des  lacets  ;  on  le 
prend  d'autant  plus  aisément ,  qu'il  revient  constamment  à 
son  gîte  et  par  le  même  chemin.  On  le  chasse  encore  avec 
des  tramails,  espèce  de  filet  composé  de  trois  nappes  et  de 
plusieurs  piquets  ;  on  en  entoure  les  herbages  d'un  marais,  et 
l'on  bat  toute  la  queue  de  ce  marais  en  amenant  vers  la  ten- 
due dans  laquelle  les  râles  d'eau  se  prennent,   (s.) 

RALLO-MAROUET.  F.  page  662.  (v.) 

RALLEH,  et  Chagaret  ,  et  Ghazal.  Noms  arabes 
d'une  espèce  de  Sauge  (  Sabia  œgyptiaca  ).   (ln.) 

RALLUS.  Nom  du  Râle  en  latin  de  nomenclature.  (&.) 


rm    DU    VINGT-HUITIÈME   VOLUME. 


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