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Full text of "Nouveau manuel complet d'industrie laitière pour la province de Québec"

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LflS  IflVIÇB  DE  LA  PE^ME 


UNIVERSITY  OF   B.C.   LIBRARY 


M 


3  9424  00126  1996 
/-TUT  WJU1-* 


d'Industrie 


GABRIEL  HENRY 


FEGCESSING-ONL 

Lpl-FlSG 
U.B.C.  LIBRARY 


PROULX  &  PROULX, 
QUEBEC 


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'îlivUtv.  Il  vL  otumbîa 
(o/iiô  hoo  co  /'ne  tpJtcJ> 

k 


NOUVEAU 

MANUEL  COMPLET 

D'INDUSTRIE  LAITIERE 


POUR  LA 

PROVINCE  DE  QUÉBEC 

PAR 

GABRIEL  HENRY 

B.  E.  S.     I.  E.  C.  P. 


M 


QUEBEC 
PROULX  &  PROULX,  Imprimeurs 

1897 


Enregistré  conformément  à  l'acte  du  Parlement  du 
Canada,  en  l'année  mil  huit  cent  quatre-vingt-dix-sept, 
par  Hector  A.  Proulx.  au  bureau  du  ministre  de 
l'Agriculture. 


INTRODUCTION 


Ce  nouveau  manuel  d'Industrie  Laitière  s'adresse 
surtout  aux  cultivateurs  des  campagnes  éloignées 
des  villes,  car,  aux  portes  des  marchés,  les  ressources 
pour  la  vente  des  produits  du  sol  sont  toutes  diffé- 
rentes et  bien  plus  nombreuses  que  dans  ces  cam- 
pagnes. 

Dans  les  campagnes  éloignées,  un  cultivateur  peut 
bien,  comme  près  des  villes,  récolter  du  foin,  de  la 
paille,  des  grains,  des  racines,  etc.  ;  il  peut  élever 
et  engraisser  des  animaux,  mais  la  difficulté  com- 
mence avec  la  vente. 

Ces  produits  sont  tous  pesants  et  volumineux  et 
ia  question  des  transports,  puis  celle  des  voyages  et 
des  pertes  de  temps  que  nécessitent  ces  transports, 
toujours  coûteux  relativement  aux  revenus  de  la 
terre,  interviennent  pour  réduire  les  bénéfices  d'une 
façon  considérable. 


IV 


Si  on  considère  que  la  majorité  des  cultivateurs 
habite  loin  des  marchés,  on  se  rend  facilement 
compte  que  la  question  de  l'utilisation  économique, 
sur  place,  des  produits  du  sol,  et  celle  de  la  rentrée 
sure,  rapide  et  sans  frais  de  l'argent  chez  les  braves 
et  courageux  habitants  des  campagnes,  sans  qu'il 
en  reste  trop  entre  les  mains  des  intermédiaires 
obligés  du  commerce  et  des  parasites  des  villes,  est 
une  question  tout  à  fait  vitale  au  point  de  vue  de 
l'enrichissement  des  cultivateurs  et  des  moyens 
plus  énergiques  d'action  que  leur  apporte  toujours 
avec  lui  l'argent. 

Je  ne  parle  pas  de  l'appauvrissement  rapide  du 
sol,  amené  par  la  vente  en  nature  des  produits  du 
sol  sur  les  marchés  éloignés  ;  cette  question  est  suffi- 
samment connue  de  tous  maintenant. 

Lorsqu'on  habite  près  d'une  ville  on  peut  y  remé- 
dier en  achetant  des  engrais,  que  l'on  y  trouve  tou- 
jours facilement  et  à  bon  compte  ;  mais,  loin  des 
villes,  comment  rapporter  ces  engrais  sans  de  nou- 
veaux frais. 

Or,  l'Industrie  Laitière  est  l'un  des  meilleurs 
moyens  de  transformer  sur  place  les  produits  en- 
combrants de  la  ferme  en  produits  d'un  faible  poids, 


d'un  faible  volume,  d'une  plus  grande  valeur,  en  un 
produit  pour  ainsi  dire  "  plus  monnaie,"  comme  le 
beurre  et  le  fromage. 

Ces  produits  se  transportent  alors  dans  les  villes 
avec  moins  de  frais  et  de  pertes  de  temps,  leur  vent3 
et  les  retours  d'argent  par  les  propriétaires  des  fa- 
briques, se  fait  plus  avantageusement,  parce  que 
ceux-ci  se.  tiennent  constamment  au  courant  des 
prix  des  marchés  et  en  rapport  continuel  avec  les 
gros  commerçants  de  la  ville  et  qua  cause  de  l'impor- 
tance des  transactions  à  faire,  ces  derniers  ont  plus 
à  compter  avec  eux  qu'avec  un  simple  habitant  ve- 
nant vendre  en  ville  seulement  quelques  tinettes 
de  beurre  ou  meules  de  fromage.  Par  l'industrie 
laitière,  l'appauvrissement  du  sol  est  minime. 

Il  y  a  des  principes  généraux  très  importants  qui 
dominent  l'ensemble  des  opérations  qui  constituent 
l'industrie  laitière,  et  le  côté  économique  de  cette 
industrie  n'est  pas  toujours  bien  compris. 

Dans  ce  petit  volume  j'ai  essayé  de  le  mettre  en 
relief,  autant  et  chaque  fois  que  je  l'ai  pu,  en  insis- 
tant spécialement  sur  la  question  des  prix  de  re- 
vient, des  frais  nécessités  par  les  transformations 
successives  des  récoltes,  de  l'utilisation  des  résidus 
deces  transformations  et  sur  celle  de  la  main-d'œuvre 
qui  joue  le  rôle  le  plus  important  en  agriculture. 


VI 


Interviennent  ensuite,  dominées  par  la  question 
économique,  une  foule  de  questions  d'ordre  tech- 
nique, de  pratique,  de  détails,  qui  constituent  l'art 
de  l'industrie  laitière  et  qui  sont  très  importantes. 

Parmi  ces  questions  je  n'ai  abordé  que  celles  qui 
ont  reçu  la  sanction  la  plus  complète  de  la  bonne 
pratique. 

Je  me  suis  efforcé  de  faire  voir  l'industrie  laitière 
sous  le  jour  sous  lequel  elle  se  montre  actuellement, 
avec  tous  les  progrès  qui  y  ont  été  faits  dans  ces 
dernières  années. 

Enfin,  j'ai  signalé  tout  ce  qui  se  fait  de  mieux  à 
l'étranger  pour  montrer  jusqu'où  les  choses  peuvent 
être  poussées  et  encourager  les  cultivateurs  de 
cette  province  en  leur  montrant  toutes  les  ressources 
qu'ils  ont  à  leur  disposition. 

Ce  livre  est  loin  d'être  parfait,  je  puis  m'en  rendre 
compte  mieux  que  personne  ;  il  est  écrit  dans  des 
conditions  qui  ne  m'ont  pas  permis  de  lui  donner 
toute  la  perfection  que  j'aurais  désiré  et  je  demande 
l'indulgence  du  lecteur,  en  le  priant  de  tenir 
compte  de  ma  bonne  volonté. 

G.  HENRY. 


ERRATA. 


Page  19,  dernière  ligne,  lisez  :  facilitant,  au  lieu  de 
facilit. 

Page  44,  dernière  ligne,  lisez  :  25  arpents,  au  lieu  de 
256  arpents. 

Page  47,  2ième  ligne,  lisez  :  récolte  du  foin  sur  la 
prairie,  puis  fumure  ou  couverture  aussitôt  le  foin  en- 
levé. 

Page  64,  ioème  ligne,  mettre  deux  points  après  ''beau- 
coup moins  ". 

Page  68,  i2ème  ligne,  lisez  :  perte,  au  lieu  de  porte. 
"     75,  2ième     "       mettre  plus,  au  lieu  de  plu. 
"     78,  23ème     "  "      saupoudrer,   au   lieu  de 

sous  poudrer. 

Page  124,  23ème  ligne,  lisez  $197,40,  au  lieu  de 
$197,60. 

Page  124,  dernière  ligne,  lisez  :  $18,28,  au  lieu  de 
$18.20. 

Page  152,  9e me  "         ''       nécessaires,  au  lieu  de 

nécessaire. 

Page  152,  23èine  ligne,  lisez  :  paragraphe,  au  lieu  de 
chapitre. 

Page  209,  i3ème  ligne,  lisez:  ne  dépend  pas  du,  au 
lieu  de  dépend  du 

Page  210,  4ème  ligne,  lisez  :  cette,  au  lieu  de  cet. 
"     212,  ioème  ligne,  lisez  :  milles,  au  lieu  de  mille. 
"     212,  i9ème      "         "         pour   le,    au    lieu    de 
pour  la. 

Page  214,  i2ème  "  "  qu'il  faille,  au  lieu  de 
qu'ils  faille. 

Page  223,  i7ème  "  "  chlorhydrique,  au  lieu 
de  chorhydrique. 

Page  138,  2ème  ligne,  lisez  :  6000  lbs,  au  lieu  de  600. 
"     158,  22ème  ligne,  lisez  :    1000    lbs,  au  lieu   de 
100. 


MANUEL 

D'INDUSTRIE  LAITIERE 

PREMIÈRE  PARTIE 


AGRICULTURE  EX  VUE  DE  L  INDUSTRIE  LAITIERE 


Dans  l'agriculture  au  point  de  vue  de  l'industrie 
laitière,  il  y  a  deux  choses  bien  distinctes  à  consi- 
dérer :  lo.  La  production  économique  des  matières 
premières  du  lait  ;  2o.  La  transformation  de  ces  ma- 
tières premières  en  lait.  La  première  chose  fera 
l'objet  du  chapitre  1er  de  ce  livre,  et  la  seconde 
celui  du  chapitre  II.     Dans  un  troisième  chapitre, 


nous  parlerons  des  soins  à  donner  au  lait  depuis  le 
moment  de  la  traite  jusqu'à  celui  où  il  est  livré 
aux  fabriques. 


CHAPITRE  I 


Matières  premières  du  lait. — Prix  de  revient  :  Main- 
d'œuvre,  travail  des  animaux,  semences,  engrais,  in- 
térêts des  capitaux,  frais  d'entretien,  amortisse- 
ments, assurances  et  autres  frais  généraux. — Impor- 
tance du  prix  de  revient  des  récoltes. — Travail  per- 
sonnel et  bénéfices  du  cultivateur. — Rotations. — 
Etude  d'un  assolement. — Exemples  d'assolements. — 
Prairies  et  pâturages  :  Trèfle,  mil,  dactyle  pelo- 
tonné, prairies  et  pâturages  permanents,  foin. — 
Eourrages  verts.  —  Ensilage.  —  Racines  fourra- 
gères.—  Grains  et  pailles. — Remarques  générales. 

Matières  premières  du  lait— Définition.— 
Les  matières  premières  du  lait  sont  tous  les  four- 
rages secs  et  verts,  les  racines  fourragères,  les  tu- 
hercules,  les  grains,  les  moulées,  les  farines,  les  tour- 
teaux et  autres  résidus  industriels  qui  peuvent  ser- 
vir de  nourriture  aux  vaches  laitières. 

On  les  appelle  matières  premières  du  lait  parce 
qu'ils  sont  réellement  la  base  de  sa  production 
économique,  au  point  de  vue  de  sa  quantité  et,  dans 
une  certaine  mesure,  au  point  de  vue  de  sa  quali- 
té. Sans  ces  produits,  pas  de  lait;  au  contraire  si  la 
récolte  annuelle  en  est  abondante,  leur  qualité  ex- 
cellente, s'ils    sont  bien  choisis,  bien  assortis,  on 


4  MANUEL 

pourra  compter  sur  une  grande  quantité  de  bon  lait. 

C'est  là  une  chose  évidente.  Combien  de  cultiva- 
teurs, cependant,  agissent  comme  s'ils  l'ignoraient 
et  rattachent  leurs  bénéfices  au  nombre  de  leurs 
vaches,  sans  songer  tout  d'abord  au  rendement  à 
l'arpent,  à  l'assortiment,  à  la  bonne  qualité  et  à  la 
quantité  des  récoltes,sauf  à  laisser  dépérir  ces  vaches 
pendant  les  sécheresses  de  l'été  et  les  rigueurs  de 
l'hiver,  ou  à  acheter  au  dehors  le  surplus  d'aliments 
qui  leur  manque,  moyen  en  général  peu  rémunératif 
pour  des  cultivateurs  ne  disposant  que  de  ressources 
fort  limitées. 

Aug méritât  ion  des  b  'néjîces. — Il  est  actuellement 
un  fait  certain,  c'est  qu'il  jserait  fort  difficile  à  un 
cultivateur  de  vendre,  avec  un  bénéfice  suffisant, 
aux  fabriques  de  beurre  et  de  fromage, du  lait  obte- 
nu avec  des  fourrages,  des  grains,  etc.,  payés  aux 
prix  des  marchés;  tandis  que,  d'un  autre  coté,  par 
une  culture  bien  entendue,  il  peut  obtenir  sur  sa 
terre  des  récoltes  à  un  prix  suffisamment  bas  pour 
lui  permettre  d'en  tirer  un  bon  bénéfice  par  l'in- 
dustrie laitière,  même  au  prix:  actuel  du  lait  dans 
les  fabriques. 

C'est,  je  le  répète,  en  diminuant  le  plus  possible 
le  prix   auquel   lui  reviennent  ses  récoltes,   en   en 


D  INDUSTRIE  LAITIERE 


augmentant  le  rendement  à  l'arpent,  la  quan- 
tité, en  les  choisissant,  les  assortissant  convena- 
blement et  en  n'ayant  que  juste  le  nombre  de 
vaches  voulu  pour  les  consommer  et  les  trans- 
former économiquement  en  lait,  puis  en  utilisant 
convenablement  les  sous-produits  de  la  laiterie, 
que  le  cultivateur  peut  espérer  augmenter  ses  re- 
venus ;  aussi  ne  saurait-on  trop  lui  recommander 
la  prudence  dans  l'achat  au  dehors  de  fourrages  ou 
d'autres  aliments,  ni  attirer  tout  d'abord  son  atten- 
tion sur  le  fait  que  je  viens  de  signaler.  Je  ne 
parle  pas  ici  de  l'échange  d'une  partie  des  produits 
de  la  ferme  contre  d'autres  produits  industriels  plus 
économiques  pour  l'alimentation  des  vaches;  échange 
fort  avantageux  dans  certaines  circonstances  et  sur 
lequel  nous  reviendrons. 

Qu'il  me  soit  permis  d'insister  sur  ces  remarques. 
C'est  à  ce  point  de  vue  surtout  que  je  me  propose 
d'examiner  la  production  économique  du  lait  par  les 
petits  cultivateurs. 

Récoltes. — Les  récoltes  sont  le  résultat  de  l'asso- 
ciation de  trois  choses  :  (1)  les  forces  gratuites  de  la 
nature  qui  font  germer  la  graine,  développent  les 
plantes,  transforment  dans  le  sol  les  engrais  non  as- 
similables en  engrais  assimilables,  etc.  ;  (2)  le  capital 
représenté  par  l'ensemble   des  milieux  naturels  ou 


MANUEL 


artificiels  où  s'exercent  ces  forces,  par  les  matières 
sur  lesquelles  elles  agissent  et  par  les  animaux,  les 
machines  et  instruments  au  moyen  desquels  on  les 
contrôle  ;  (3)  le  travail  plus  ou  moins  efficace  de 
l'homme. 

Plus  un  cultivateur,  pourvu  des  moyens  néces- 
saires, saura,  par  un  travail  énergique  et  intelli- 
gent, utiliser  les  forces  naturelles  que  la  Provi- 
dence met  gratuitement  à  sa  disposition-,  plus  ses 
récoltes  seront  abondantes  et  économ  iques,  plus,  par 
suite,  ses  chances  de  bénéfices  seront  grandes. 

Prix  de  revient  des  récoltes.— Les  bénéfices 
à  réaliser  par  la  culture  en  vue  de  l'industrie  lai- 
tière dépendent  tout  d'abord  du  '-prix  de  rêVÛ  fit 
des  récoltes." 

On  entend  par  prix  de  revient  des  récoltes  la 
somme  des  dépenses  qu'elles  occasionnent  au  cul- 
tivateur et  qui  se  classent  comme  suit  : 

Main-d'œuvre.  Frais  d'entretien. 

Travail  des  animaux.  Amortissements.— Déprécia- 
Semences,  tion. — Usure. 

Engrais.  Assurances  et  autres  frais 
Intérêts  des  capitaux.  généraux  secondaires. 

Moins  la  somme  de  ces  dépenses  sera  élevée,  plus 
il  restera  de  marge  pour  les  bénéfices. 


D  INDUSTRIE  LAITIERE 


Le  prix  de  revient  pent  encore  se  définir  le  prix 
le  plus  bas  auquel  le  cultivateur  doit  livrer  ses  ré- 
coltes à  ses  étables  pour  la  production  du  lait.  Si 
une  tonne  de  foin  lui  coûte  S-3,  il  devra,  pour  ne 
rien  perdre,  céder  cette  tonne  de  foin  à  ses  étables 
à  un  prix  qui  ne  soit  pis  inférieur  à  $5. 

Puisqu'un  cultivateur  doit  toujours  chercher  à 
diminuer  le  prix  de  revient  de  ses  récoltes,  il  est 
important  pour  lui  de  bien  connaître  les  éléments 
qui  le  constituent,  afin  de  pouvoir  déterminer  exac- 
tement les  points  faibles  de  son  entreprise  et  y 
porter  remè.le.  Ces  éléments  du  prix  de  revient 
viennent  précisément  d'être  énumerés  plus  haut  et 
nous  allons  les  passer  en  revue. 

Main  d'oeuvre.  —  La  main  d'oeuvre  est  l'élément 
le  plus  important  du  prix  de  revient  des  récoltes. 
C'est  l'un  de  ceux  sur  lequel  le  cultivateur  a  le  plus 
de  prise. 

La  main  d'œuvre  des  réeoltes  est  constituée  par 
l'ensemble  de  tous  les  travaux  qu'il  faut  exécuter 
annuellement  pour  les  obtenir  :  labours,  hersages, 
transport  et  épandage  des  fumiers  et  des  engrais, 
binages  et  sarclages,  etc. 

Le  prix  de  cette  main  d'œuvre  revient  au  culti- 
vateur lui-même  et  aux  salariés  qu'il  a  engagés, 


M  MANUEL 

suivant  la  part  prise  par  chacun,  dans  les  travaux. 
Une  t'ois  les  autres  salaries  payés  le  cultivateur,  au 
point  de  vue  de  la  main  d'oeuvre,  doit  se  considérer 
lui-même  connue  un  salarie  et  exiger  tout  d'abord 
de  sa  terre,  qui  est  son  atelier,  une  rémunération 
suffisante  de  sa  part  de  travail  effectif  ;  il  doit  éta- 
blir en  conséquence  le  prix  de  revient  <le  ses  ré- 
coltes. 

Il  est  souvent  possible  de  diminuer  dans  une 
large  mesure  lus  frais  de  main  d'ceuvre  par  tonne 
de  récolte,  par  une  meilleure  organisation  générale 
de  l'entreprise,  (1)  qui  répartit  mieux  les  divers 
travaux  dans  le  cours  de  l'année,  (2)  qui  leur  donne 
plus  d'efficacité. 

La  première  et  la  plus  importante  des  conditions 
nécessaires  pour  pouvoir  augmenter  l'efficacité  de 
la  main  d'oeuvre  et  la  bien  répartir  dans  le  cours 
de  l'année,  est  de  cultiver  une  terre  dont  Tétendue 
soit  proportionnée  aux  moyens  pécuniaires  et  autres 
dont  on  dispose.  Lorsqu'une  terre  est  trop  étendue, 
il  est  impossible  d'exécuter  convenablement  les  di- 
vers travaux  au  moment  voulu,  on  est  pressé,  gêné  et 
les  circonstances  atmosphériques  ne  le  permettent 
presque  jamais  :  les  récoltes  en  sont  diminuées.  En 
proportionnant  l'étendue  de  la  terre  aux  moyens 
dont  on  dispose,  il   est  plus  facile   de  s'arranger  de 


D  INDUSTRIE  LAITIÈRE 


manière  à  pouvoir  choisir,  pour  leur  exécution,  les 
moments  les  plus  favorables.  La  somme  des  ré- 
coltes se  trouve  généralement  plus  forte  sur  une 
terre  petite,  bien  cultivé;,  que  sur  une  terre  plus 
grande  mais  mal  cultivée. 

Il  est  fort  difficile  de  donner  des  règles  au  sujet 
de  l'étendue  des  terres  qu'il  est  possible  de  cultiver 
avantageusement,  puisque  cela  dépend  des  moyens 
d'action  de  chacun,  cependant  on  peut  poser,  en  rè- 
gle générale,  que,  dans  la  province  de  Québec,  dans 
l'état  actuel  de  l'agriculture,  une  terre  de  50  à  100 
arpents  est  tout  ce  qu'un  cultivateur,  disposant  de 
moyens  ordinaires,  peut  cultiver  convenablement 
avec  l'aide  de  sa  famille.  Ceux  qui  possèdent  des 
terres  plus  grandes  pourraient  en  profiter  pour  l'é- 
tablissement de  leurs  enfants  ;  ou  n'en  cultiver  que 
les  parties  les  plus  avantageuses,  mettant,  dans  le 
cas  où  la  chose  serait  possible,  le  reste  en  prairies 
permanentes  en  dehors  de  l'assolement  :  ou  reboiser 
i  lans  le  cas  de  terres  rocheuses;  ou  en  laisser  provisoi- 
rement une  partie  en  friche,  sauf  à  y  revenir  plus 
tard,  les  ressources  augmentant. 

"Il  y  a,  dit  un  économiste  agricole  distingué,  M. 
Lecouteux,  faisant  contraste  avec  les  splendeurs  de 
la  grande  culture,  des  petits  cultivateurs  qui,  ne 
pouvant  plus  rémunérer  la  main-d'œuvre  à  raison 


10  MANUEL 

de  ses  prétentions  actuelles,  réduisent  leur  faire 
valoir  aux  proportions  de  terres  qu'ils  peuvent 
manœuvrer  par  eux-mêmes  sans  ouvriers  payés. 
Ceux-là  battent  en  retraite.  Ils  embrassent  moin» 
d'étendue.  Ils  ne  comptent  que  sur  eux.  Ont-ils  tort? 
Non  certes.  Ils  marchaient  à  la  ruine.  Ils  ont  chance 
de  marcher  désormais  vers  le  mieux  être,  vers  une 
grande  indépendance."' 

Une  fois  cette  question  de  l'étendue  des  terres 
bien  établie,  voici  quelques  moyens  généraux  de 
diminuer  les  frais  de  main-d'œuvre. 

Bien  répartir  la  main-d'œuvre  consiste  à  s'ar- 
ranger de  façon  à  n'être  jamais  pressé  par  les  tra- 
vaux. Pour  cela  on  donnera,  dans  la  mesure  du 
possible,  de  l'extension  aux  cultures  qui  demandent 
le  moins  de  main-d'œuvre,  comme  les  pâturages, 
sans  cependant  pousser  la  chose  de  manière  à  nuire 
à  l'entretien  de  la  fertilité  et  de  la  propreté  du  sol, 
à  la  sécurité  et  à  l'abondance  des  récoltes.  Un  autre 
bon  moyen  consiste  à  choisir  des  cultures  qui  ne 
demandent  pas  toutes  à  être  travaillées  en  même 
temps.  Il  faut  varier  les  récoltes. 

Augmenter  l'efficacité  de  la  main-d'œuvre  re- 
vient  à  obtenir  des  récoltes  plus  fortes  et  plus  ri- 
ches avec  la  même  ou  une  moindre  somme  de  tra- 
vail. 


d'industrie  laitière  11 


Lorsque  les  travaux  sont  faits  au  temps  voulu,  leur 
efficacité  est  en  général  plus  grande.  Par  exemple, 
il  est  très  difficile  de  pulvériser  certaines  terres  ar- 
gileuses labourées  par  un  temps  pluvieux.  Si  on  ne 
les  pulvérise  pas  complètement,  la  récolte  en  souf- 
fre ;  si  on  les  pulvérise,  les  frais  de  culture  devien- 
nent considérables.  En  cultivant  ces  sols  au  temps 
favorable,  on  évite  cette  alternative  et  le  travail  se 
fait  économiquement. 

Il  y  a  une  foule  de  moyens  d'augmenter  l'efficacité 
de  la  main-d'œuvre,  parmi  lesquels  un  grand  nombre 
dépendent  de  conditions  locales.  Ils  sont  bien  con- 
nus du  bon  cultivateur  et  c'est  dans  leur  applica- 
tion raisonnée  que  se  manifeste  son  habileté.  On 
peut  encore  ajouter,  d'une  manière  générale,  que 
tout  ce  qui  tend  à  améliorer  le  sol  et  à  faciliter  les 
travaux  de  culture,  augmente  aussi  l'efficacité  de 
la  main-d'œuvre. 

Travail  des  animaux.— Il  s'agit  ici  exclusive- 
ment des  animaux  employés  aux  transports,  aux 
battages,  à  la  traction  des  instruments  aratoires,  etc., 
c'est-à-dire  des  chevaux  et  bœufs  de  travail. 

Tous  les  fourrages,  graines,  racines  qui  servent  à 
la  nourriture  de  ces  animaux  doivent  être  prélevés 
sur  les  récoltes  de  la  ferme,  diminuant  d'autant  la 
quantité  disponible  pour  la  production  du  lait.   Les 


12  MANUEL 

soins  à  ces  animaux  demandent  par  an  l'équivalent 
d'un  certain  nombre  de  journées  de  travail  ;  il  y  a 
encore  d'autres  frais  comme  le  ferrage,  les  remèdes, 
etc. 

L'entretien  annuel  de  ces  animaux  représente 
donc  une  somme  d'argent  déterminée  qui,  partagée 
entre  le  nombre  annuel  de  leurs  journées  de  travail 
effectif,  donne  le  prix  de  la  journée 

On  peut  compter  que  l'entretien  d'un  cheval 
coûte  annuellement  et  suivant  les  circonstances,  de 
$50  à  1100  et  plus,  en  tenant  compte  de  tous  les 
frais  :  nourriture,  soins,  abris,  remèdes,  intérêts, 
amortissements,  risques  et  part  dans  les  frais  géné- 
raux. Supposant  que  le  cheval  travaille  200  jours 
par  an,  sa  journée  reviendrait  à  une  somme  variant 
entre  25cts.  et  -50  cts. 

Pour  diminuer  le  prix  de  la  journée  d'un  cheval 
il  ne  faut  pas,  comme  beaucoup  le  font,  calculer  sur 
la  nourriture.  Un  cheval  mal  nourri  ne  donne  pas 
autant  de  travail  par  jour  qu'un  cheval  bien  nourri  ; 
il  s'use  plus  vite  et  les  frais  d'amortissements  doivent 
en  être  augmentés.  L'amortissement  d'un  cheval 
est  la  somme  annuelle  qu'il  faut  mettre  de  côté  pour 
représenter  su  dépréciation.  Le  meilleur  moyen  pour 
diminuer  le  prix  de  la  journée  d'un  cheval  est,  tout 
en  le  nourrissant  bien,  d'augmenter  le  nombre  de  ses 


d'industrie  laitière  13 


journées  de  travail  effectif  par  an,  parce  qu'alors  la 
somme  d'argent  qui  représente  son  entretien  annuel 
sera  répartie  en  un  bien  plus  grand  nombre  de  jour- 
nées. Pour  cela,  sur  une  ferme,  il  faut  réduire  le 
nombre  des  chevaux  au  strict  nécessaire. 

La  question  du  coût  de  l'entretien  des  chevaux 
de  travail  n'est  pas  la  seule  qui  influe  sur  le  coût 
du  travail  de  ces  animaux,  il  faut  encore  tenir 
compte  de  la  quantité  de  travail  fournie,  deux  che- 
vaux dont  le  prix  de  la  journée  est  le  même,  peu- 
vent ne  pas  donner  la  même  somme  de  travail  dans 
le  même  temps. 

La  règle  générale  est  d'avoir  de  bons  chevaux, 
actifs  au  pas,  capables  de  fournir  journellement  une 
bonne  somme  de  travail  effectif  :  de  les  bien  nour- 
rir et  de  les  faire  travailler  chaque  année  le  plus 
possible  en  ne  conservant  d'animaux  de  trait  que  ce 
qui  est  strictement  nécessaire  pour  les  besoins  de  la 
ferme. 

On  peut  employer,  soit  des  chevaux,  soit  des 
bœufs.  L'entretien  des  bœufs  est  bien  moins  coû- 
teux que  celui  des  chevaux  auxquels  ils  sont  supé- 
rieurs pour  tous  les  travaux  qui  exigent  un  fort 
tirage  et  un  effort  soutenu. 


14  MANUEL 

Frais  de  semences. — Les  frais  de  semences  ne 
sent  relativement  pas  bien  considérables.  Cepen- 
dant il  est  possible  de  les  diminuer  un  peu,  non  pas 
en  achetant  de  la  mauvaise  semence,  bon  marche', 
ou  en  en  semant  une  faible  quantité  à  l'arpent,  ce 
qu'il  ne  faut  jamais  faire,  mais  en  cultivant  autant 
que  possible  des  plantes  qui  occupent  le  sol  pen- 
dant plusieurs  années,  et  surtout  par  l'emploi  de 
semoirs  qui  répartissent  mieux  les  semences  et  les 
rendent  plus  efficaces. 

Engrais. — 1°.  Nature  de  la  fertilité  du  sol. — 
Le  sol  naturel  est  un  mélange  de  matériaux  prove- 
nant de  la  décomposition  des  roches  et  de  détritus 
végétaux.  Il  contient  toujours  une  certaine  quan- 
tité de  substances  pouvant  servir  d'aliments  aux 
plantes.  Une  partie  de  ces  substances  sont  direc- 
tement assimilables  par  elles,  c'est-à-dire  peuvent 
être  absorbées  telles  qu'elles  par  leurs  racines  ;  d'au- 
tres ne  sont  pas  encore  assimilables  et  ne  le  devien- 
nent que  petit  à  petit  sous  l'influence  des  agents 
atmosphériques  qui  déterminent  dans  le  sol  lui- 
même  des  réactions  chimiques  et  des  transformations 
qui  les  rendent  propres  à  l'alimentation  directe  des 
plantes.  La  somme  de  ces  éléments  naturels  assimi- 
lables et  non  assimilables  constitue  la  "  richesse  na- 
turelle "  du  sol  qui  varie  d'un  sol  à  l'autre.  La  ri- 
chesse naturelle  des  sols  est  en  général  très  grande 


d'industrie  laitière  15 


et  pour  ainsi  dire  inépuisable.  La  proportion  des 
éléments  assimilables  que  le  sol  contient  à  un  mo- 
ment déterminé  est  la  base  de  sa  "fertilité  natu- 
relle. " 

Les  plantes  demandent  pour  se  développer  les 
éléments  principaux  suivants  : 

Acide  phosphorique.         Chaux. 

Azote.  Magnésie. 

Potasse.  Oxyde  de  fer  et  silice. 

Si  l'un  d'eux  seulement  vient  àfaire  défaut,  quelle- 
que  grande  que  soit  dans  le  sol  la  quantité  des 
autres,  le  terrain  ne  portera  que  des  récoltes  chétives. 
La  "  fertilité  naturelle  "  du  sol  dépend  donc  aussi 
des  proportions  relatives  de  ces  divers  éléments.  Elle 
dépend  encore  de  son  état  physique,  c'est-à-dire 
de  sa  texture,  de  la  facilité  avec  laquelle  il  se  laisse 
pénétrer  par  l'air,  l'humidité  et,  d'une  façon  géné- 
rale, par  les  agents  atmosphériques,  puis  de  la 
manière  dont  il  retient  l'humidité.  Enfin,  les  élé- 
ments assimilables  du  sol  ou  des  engrais  qu'on  y  in- 
troduit sont,  en  général,  solubles  dans  l'eau,  et  les 
sols  ne  sont  pas  tous  capables  au  même  degré  de 
les  retenir  et  de  les  empêcher  d'être  entraînés  dans 
le  sous-sol  par  les  eaux  de  pluie  dans  lesquelles  ils 
se  dissolvent  au  fur  et  à  mesure  qu'ils  deviennent 
solubles  ;  les  sols  n'ont  pas  tous  le  même  "  pouvoir 


16  MANUEL 

absorbant  "  ni  le  même  "  pouvoir  rétentif".  Leur 
fertilité  naturelle  dépend  donc  encore  de  ces  deux 
propriétés. 

2o.  Variation  de  la  fertilité  du  sol. — Cette  ferti- 
lité peut  diminuer  ou  s'épuiser  momentanément: 
si  on  retire  du  sol,  par  des  récoltes  successives 
faites  sans  restitution,  plus  d'éléments  assimilables, 
qu'il  ne  s'en  forme  par  les  transformations  inté- 
rieures dont  nous  venons  de  parler  ;  ou  seulement 
si  on  épuise  un  seul  des  éléments;  si  enfin,  par  man- 
que de  travail  du  sol  ou  pour  toute  autre  raison,  ses 
propriétés  physiques  et  chimiques  ou  ses  pouvoirs 
absorbant  et  rétentif  sont  diminués,  de  manière  à  ce 
que  les  transformations  intérieures  soient  moins  ac- 
tives et  à  ce  qu'une  plus  grande  partie  des  éléments 
assimilables  soient  entraînés  dans  le  sous-sol. 

Si  la  fertilité,  naturelle  de  certains  sols  est  grande, 
dans  d'autres,  au  contraire,  bien  que  la  richesse  ,"<- 

ta  relie  soit  pour  ainsi  dire  inépuisable,  la  fertilité 
naturelle  reste  faible,  parce  que  les  transformations 
intérieures  sont  lentes  ;  ou  parce  qu'une  partie  des 
éléments  assimilables  sont  entraînés  au  fur  et  à  me- 
sure de  leur  formation  ;  ou  parce  que  l'un  ou  l'autre 
des  éléments  nécessaires  à  la  vie  des  plantes  fait 
défaut  ;  ou  enfin  parce  que  les  propriétés  physiques 
et  chimiques  du  sol  sont  mauvaises. 


d'industrie  laitière  17 

Il  y  a  de  nombreux  moyens  artificiels  de  corriger 
les  défauts  naturels  de  ces  sols.  L'augmentation  de 
fertilité  qui  en  résulte  s'appelle  "  fertilité  acqvÂse". 

Le  moyen  le  plus  usité  consiste  à  améliorer  la 
qualité  du  sol  et  à  l'enrichir  au  moyen  d'engrais  et 
d'amendements. 

3o.  Engrais  proprement  dits. — Par  les  engrais 
on  fournit  au  sol  les  éléments  nutritifs  qui  y  man- 
quent ou  qui  y  deviennent  trop  lentement  assi- 
milables pour  pouvoir  satisfaire  à  la  demande  des 
récoltes. 

Si  un  engrais  contient  tous  les  éléments  nutritifs 
des  plantes,  dans  leurs  proportions  moyennes,  on 
dit  que  c'est  un  engrais  complet.  Toutes  les  plantes 
ne  demandent  pas  au  sol  les  éléments  nutritifs  dans 
les  mêmes  proportions.  Certaines  d'entre  elles  exi- 
gent surtout  de  la  potasse,  d'autres  de  l'azote, 
d'autres  de  l'acide  phospliorique  ;  de  même,  cer- 
tains sols  ne  contiennent  pas  toujours  les  éléments 
nutritifs  dans  des  proportions  convenables  pour 
certaines  récoltes.  Quand  on  compose  un  engrais 
spécialement  pour  un  sol  ou  pour  une  récolte  déter- 
minée, cet  engrais  est  appelé  "  engrais  spécial,  " 
ou  "  engrais  à  dominantes." 


18  MANUEL 

Jf.o.  Amendements. — Les  amendements  sont  de 
deux  sortes.  Les  uns  ont  pour  but  de  déterminer  ou 
de  faciliter  dans  le  sol  les  réactions  par  lesquelles  les 
éléments  non  assimilables  sont  transformés  en  élé- 
ments assimilables,  et  de  modifier  avantageusement 
les  propriétés  physiques,  mécaniques  et  chimiques 
du  sol,  tout  en  enrichissant  celui-ci,  plus  ou  moins, 
d'éléments  nutritifs  nécessaires  aux  plantes.  La 
chaux  et  le  fumier  peuvent  être  considérés  comme 
les  types  principaux  de  ce  genre  d'amendements. 
Les  autres  ont  pour  but  simplement  de  modifier  la 
texture  du  sol  pour  le  rendre  plus  perméable  aux 
agents  atmosphériques  et  plus  facile  à  travailler 
s'il  est  trop  lourd,  ou  plus  compact,  s'il  est  trop 
léger.  L'addition  d'argile  ou  de  sable  rentre  dans 
cette  catégorie  d'amendement-. 

L'un  des  caractères  de  ce  dernier  genre  d'amen- 
dements est  d'avoir  un  effet  durable.  Lorsqu'on  les 
emploie,  les  frais  qu'il  nécessitent  doivent  être,  tout 
comme  les  frais  de  drainage  ou  de  bâtisses,  ajoutés 
à  la  valeur  de  la  terre,  ne  grevant  les  récoltes  que 
par  les  intérêts  de  la  somme  d'argent  qui  les  repré- 
sente. 

Le  premier  genre  d'amendements,  au  contraire, 
ainsi  que  les  engrais,  n'ont  qu'un  effet  temporaire, 
ne  durant  au  plus  qu'un   petit  nombre  d'années. 


d'industrie  laitière  19 

Les  frais  qu'ils  nécessitent  doivent  donc  entrer  an- 
nuellement dans  les  prix  de  revient  des  récoltes 
qui  doivent  toujours  en  rembourser  le  montant. 
Ces  frais  augmentent  donc  dans  une  large  mesure 
le  prix  coûtant  des  récoltes,  et  il  faut  tendre  à  les 
diminuer  le  plus  possible  par  tonne  de  récolte. 

5o.  Diminution  des  frais  d'engrais. — Ce  serait 
une  mauvaise  chose,  pour  arriver  à  ce  but,  que 
d'employer  des  engrais  de  seconde  classe  parce 
qu'ils  sont  bon  marché,  ou  d'en  employer  en  quan- 
tité insuffisante.  C'est  aussi  un  mauvais  calcul 
d'employer  des  engrais  et  des  amendements  qui  ne 
sont  pas  bien  appropriés  aux  sols  auxquels  on  les 
destine,  ou  d'en  employer  dans  des  sols  qui  ne  sont 
pas  préparés  à  les  recevoir  et  à  leur  faire  rendre 
tout  leur  effet,  parce  que,dans  ces  cas,  l'augmentation 
des  récoltes  ne  répond  pas  aux  frais  d'achat  et  d'é- 
pandage.  C'est  encore  une  mauvaise  chosi  de  ne 
pas  soigner  ses  fumiers  pour  en  diminuer  le  prix 
coûtant  parce  que,  dans  ce  cas,  on  perd  une  partie 
des  éléments  nutritifs  qu'ils  contiennent. 

Pour  diminuer  les  frais  d'engnis,  il  faut  en  em- 
ployer qui  soient  bien  appropriés  aux  sols  ou  aux 
récoltes  auxquels  ils  sont  destinés.  Les  engrais 
spéciaux  doivent  avoir  la  préférence.  De  plus,  les 
amendements  comme  la  chaux  et  le  f  umier,facilit 


20  MANUEL 


et  accélérant  dans  le  sol  les  transformations  des 
éléments  non  assimilables  en  éléments  assimilables, 
puis  augmentant  les  pouvoirs  absorbant  et  rétentif 
du  sol,  sont  par  suite  un  moven  d'économiser  les 
engrais  proprement  dits  qui  sont  en  général  plus 
onéreux  pour  le  cultivateur, 

La  culture  de  fourrages  riches,  que  l'on  enterrera 
comme  engrais  verts  ou  qui  serviront  à  la  nourriture 
des  animaux,  doit  ensuite  être  recommandée, surtout 
s'ils  sont  constitués  par  des  légumineuses  comme  le 
trèfle,  les  pois  qui  vont  puiser  avec  leurs  racines, 
dans  les  profondeurs  du  sol,  des  éléments  nutritifs 
qu'elles  transforment  et  ramènent  à  la  surface  et 
qui  jouissent  de  la  propriété  importante  de  puiser 
leur  azote  dans  l'air  par  l'intermédiaire  de  petits 
tubercules  parasites  qui  se  développent  sur  leurs 
racines.  Or,  les  engrais  azotés  sont  les  plus  néces- 
saires et  généralement  les  plus  dispendieux,  ces 
légumineuses  sont  donc  un  moyen  d'en  diminuer 
les  frais  d'achat.  Si  on  les  enterre  comme  engrais 
verts,  elles  modifieront  avantageusement  la  texture 
du  sol. 

De  plus,  les  racines  de  certaines  de  ces  plantes, 
pénétrant  le  sol  dans  tous  les  sens  jusqu'à  une  assez 
grande  profondeur,  celles  de  la  récolte  subséquente, 
en  suivant  leurs  traces,  descendront  bien  plus  fa- 
cilement et  plus  profondément  dans  le  sous-sol  à  la 


d'industrie  laitikre  21 


recherche  de  leur  nourriture.  Enfin  le  sol,  ainsi 
touillé  par  toutes  ces  racines,  sera  plus  perméable 
à  l'air  et  à  l'eau,  et  les  réactions  intérieures  seront 
plus  actives. 

Faire  en  sorte  que  le  sol  soit  le  plus  longtemps 
possible  chaque  année  couvert  de  végétation,  ce  qui 
diminue  l'entraînement  des  engrais  solublcs  dans 
le  sous-sol  et  est,  par  conséquent,  un  bon  moyen  de 
diminuer  les  frais  d'achat  d'engrais. 

Le  travail  du  sol  par  les  instruments  aratoires 
est  aussi  un  des  meilleurs  moyens  de  diminuer 
les  achats  d'engrais.  Les  labours,  les  binages,  les 
sarclages,  etc.;  exécutés  en  bon  temps,  facilitent 
l'action  des  agents  atmosphériques  sur  le  sol  et  y  ac- 
célèrent la  transformation  des  éléments  non  assi- 
milables en  éléments  assimilables,  augmentant 
ainsi  "  la  fertilité  actuelle  "  du  sol  aux  dépens  de- 
sa  ''  richesse  naturelle.  "  Ils  laissent  aux  forces  gra- 
tuites de  la  nature  pour  ainsi  dire  le  soin  de  la  prépa- 
ration d'une  partie  des  engrais  nécessaires  pour 
répondre  aux  besoins  des  plantes.  Par  ces  façons, 
le  cultivateur  supplée  au  moyen  de  son  travail  à  une 
partie  de  ce  qu'il  aurait  fallu  acheter  d'engrais  à 
prix  d'argent.  Lorsqu'un  cultivateur  n'a  pas  une 
terre  trop  étendue  et  qu'il  peut  faire  son  travail 
lui-même,  ou  lorsque  la  main  d'oeuvre  est  bon  mar- 


22  MANUEL 

ché,  ce  moyen  de  fertiliser  le  sol  doit  recevoir  toute 
son  attention  ;  il  doit  en  tenir  compte  dans  le  choix 
de  son  assolement. 

Un  autre  moyen  consiste  à  acheter  des  aliments 
comme  les  tourteaux,  que  l'on  fera  tout  d'abord 
consommer  par  les  animaux.  Ces  aliments  facilite- 
ront la  digestion  des  autres  aliments,  augmenteront 
la  production  du  lait,  puis  donneront  un  fumier 
très  riche  qui  améliorera  la  fertilité  du  sol  dans 
une  large  mesure. 

Par  ce  moyen,  il  y  aura  nécessairement  perte 
d'une  partie  des  éléments  fertilisants,  mais,  si  ces 
aliments  ne  sont  pas  achetés  trop  cher,  leur  emploi 
sera  écononomique.  Ce  moyen  est  très  employé  en 
Angleterre  ;  quelques  praticiens  distingués  l'em- 
ploient aussi  avec  succès  dans  cette  province  et  le 
recommandent  fortement. 

Le  drainage  et  legouttement  du  sol  y  facilitent 
l'action  des  agents  atmosphériques  et  celle  des  en- 
grais qui  y  sont  apportés,  et  procurent  aussi  une 
économie  d'engrais. 

Les  moyens  économiques  d'entretenir  la  fertilité 
du  sol  et  de  diminuer  les  frais  d'achat  d'engrais 
sont  donc  nombreux  et  l'attention  des  cultivateurs 
doit  être  attirée  ici  sur  eux.    De  plus,  la  règle  gêné- 


d'industrie  laitière  23 


raie  actuellement,  lorsqu'on  se  sert  d'engrais,  est 
de  les  employer  de  manière  à  en  retrouver  la  valeur 
aussi  rapidement  que  possible  et  d'employer  des  en- 
grais rapidement  assimilables;  enfin,  on  recomman- 
de les  doses  moyennes  mais  souvent  répétées. 

Intérêts  des  capitaux. — On  appelle  capital  la 
somme  d'argent  qu'il  a  fallu  débourser  pour  se  pro- 
curer la  terre,  les  bâtisses,  les  clôtures,  les  instru- 
ments aratoires,  les  animaux  de  travail,  etc.;  en  un 
mot,  c'est  la  valeur  de  la  terre  et  de  la  partie  du 
matériel  qui  sert  aux  récoltes.  Si  cette  somme  était 
placée  en  banque,  elle  rapporterait  chaque  année  à 
son  propriétaire,  et  sans  travail,  un  intérêt  déter- 
miné. Il  faut  donc,  qu'en  dehors  des  sommes  que  le 
cultivateur  peut  retirer  comme  salaire  de  son  tra- 
vail, il  retire  encore  l'intérêt  de  sa  terre.  Lorsque  le 
cultivateur  est  fermier,  ou  lorsqu'il  emprunte  les 
sommes  nécessaires  à  son  entreprise,  l'obligation  de 
compter  chaque  année  les  intérêts  des  capitaux  et 
d'en  grever  les  récoltes  s'impose  absolument.  Pour 
diminuer  le  prix  de  revient  des  récoltes,  il  faut 
chercher  à  diminuer  ces  intérêts  autant  que  pos- 
sible. Ceci  ne  veut  pas  dire  que  le  cultivateur, 
au  lieu  de  retirer  4  à  5°2o  c^e  son  capital,  doive  se 
contenter  de  l°?o,  mais  signifie  uniquement  qu'il 
doit  toujours  tendre  à  employer  le  plus  petit  capi- 
tal possible  pour  obtenir  un  résultat  déterminé. 


24  MANUEL 


Voici  les  fautes  à  é/iter  relativement  aux  capi- 
taux : 

Prix  d'achat  de  la  terre  trop  élevé. 

Bâtisses  trop  luxueuses,  mal  comprises,  ou  trop 
considérables  pour  les  récoltes  qu'il  est  possible 
d'espérer  sur  cette  terre,  et  le  nombre  d'animaux 
que  ces  récoltes  permettent  d'y  intretenir. 

Animaux  et  voitures  de  luxe  représentant  une 
mise  de  fonds  qui  ne  rapporte  rien,  tout  en  grevant 
d'intérêts  les  revenus  de  la  ferme. 

Trop  d'animaux  de  travail  pour  les  travaux  à 
exécuter. 

Achat  d'instruments  coûteux,  simplement  com- 
modes et  souvent  inutiles,  dont  on  pourrait  se  passer, 
la  ferme  n'étant  pas  trop  considérable,  par  un  peu 
de  travail  supplémentaire  ou,  si  l'on  engage  des  ou- 
vriers, en  organisant  mieux  leur  travail,  ainsi  que 
par  une  meilleure  surveillance. 

Avoir  recours  à  la  main  d'oeuvre  étrangère  pour 
tous  les  travaux  d'amélioration  permanente  sur  la 
ferme,  lorsqu'on  peut  les  faire  soi-même  à  temps 
perdu. 

D'une  façon  générale,  capitaux  empruntés  à  un 
taux  plus  élevé  que  celui  qu'ils  peuvent  rapporter 


d'industrie  laitière  25 

de  la  manière  dont  ils  doivent  être  employés  sur  la 
ferme. 

D'un  autre  côte',  des  améliorations  permanentes, 
comme  le  drainage,  le  dérochage  et  les  amendements 
qui  modifient  d'une  façon  durable  la  nature  du  sol, 
comme  l'apport  de  sable  dans  les  terrains  argileux, 
d'argile  dans  les  terrains  sablonneux,  sont  des  tra- 
vaux où  il  y  a  souvent  avantage  à  engager  des  ca- 
pitaux. 

Cette  question  de  capitaux  et  d'intérêts  est  de  la 
plus  haute  importance  et  mérite  toute  l'attention  du 
cultivateur.  Il  n'y  a  souvent  aucun  moyen  de  re- 
mettre sur  un  bon  pied  une  affaire  mal  organisée 
dès  le  début  au  point  de  vue  des  capitaux  ;  des  pertes 
en  résultent  fatalement.  La  plus  grande  partie  des 
insuccès  en  agriculture  provient,  on  peut  le  dire,  de 
l'ignorance  des  faits  que  nous  venons  de  signaler  ou 
de  la  négligence  des  cultivateurs  à  leur  égard,  et 
l'augmentation  du  rendement  des  récoltes  ne  peut 
souvent  rien  contre  la  mauvaise  organisation  géné- 
rale d'une  entreprise. 

Frais  d'entretien. — Les  frais  d'entretien  sont 
représentés  par  la  somme  d'argent  et  le  travail 
nécessaires  pour  entretenir  chaque  année  les  écuries, 
les  instruments  aratoires,les  clôtures,chemins,fossés, 
drains,  etc.  en  bon  état,  Ce  sont  des  dépenses  néces- 


26  MANU KL 

saires  et  inévitables  qui  grèvent  forcément  le  prix 
de  revient  des  récoltes,  mais  que  l'on  peut  atténuer. 

Plus  une  bâtisse  est  construite  solidement,  moins 
elle  demande  d'entretien  annuel.  Lorsqu'on  dispose 
de  la  somme  nécessaire,  il  vaut  mieux  construire 
solidement,  en  augmentant  un  peu  le  capital  et  par 
suite  les  frais  d'intérêts,  mais  diminuant  ceux  d'en- 
tretien. Lorsqu'on  ne  dispose  pas  entièrement,  sans 
avoir  recours  à  l'emprunt,  des  fonds  nécessaires,  on 
peut  conseiller  de  construire  plus  économiquement, 
diminuant  le  capital  engagé,  mais  augmentant  les 
frais  d'entretien  auxquels  le  cultivateur  est  le  plus  en 
état  de  subvenir  avec  ses  propres  ressources  et  par 
son  travail  personnel.  Sn  règle  générale,  meilleure 
est  la  qualité  d'une  bâtisse,  d'une  clôture,  d'un  che- 
min, d'un  drainage,  d'un  instrument,  etc.,  plus  la 
fraction  de  capital  et,  par  suite,  les  intérêts  qui  s'y 
rapportent,  sont  considérables,  mais  moins  les  frais 
d'entretien  le  sont  et  réciproquement. 

On  diminue  les  frais  d'entretien  d'une  façon  con- 
sidérable en  maintenant  l'ordre  et  la  propreté  dans 
la  ferme,  soignant  bien  les  instruments,  ne  les  lais- 
sant pas  exposés  aux  influences  atmosphériques,  ne 
forçant  pas  les  animaux  de  travail,  n'attendant  pas, 
pour  les  soigner,  que  leurs  indispositions  dégénèrent 
en  maladies,  et  par  une  feule  d'autres  mo}rens  que 


d'industrie  laitière  27 

tout  cultivateur  intelligent  ne  manque  pas  de  trou- 
ver, s'il  est  persuadé  que  la  négligence  sous  ce  rap- 
port est  toujours  onéreuse. 

Les  réparations  doivent  toujours  être  faites  à 
temps  ;  si  on  les  remet  de  jour  en  jour,  les  dégra- 
dations augmentent  rapidement  et  il  devient  coû- 
teux d'y  porter  remède.  Elles  ne  doivent  jamais 
être  faites  à  moitié,  mais  complètement  et  avec  le 
plus  grand  soin,  sans  cela  elles  ne  durent  pas. 

Le  cultivateur  doit  éviter  toute  négligence  sous 
le  rapport  des  frais  d'entretien  que  demande  son 
entreprise  :  le  supplément  de  bénéfices  qu'il  peut 
obtenir  en  améliorant  sa  culture  par  ailleurs  est 
souvent  mangé  par  ces  frais  qu'un  peu  de  soin  lui 
aurait  fait  éviter.  Il  doit  toujours  en  tenir  compte 
dans  le  calcul  du  prix  de  revient  des  récoltes. 

Amortissements. — Dépréciation.— Usure.— 

On  appelle  dépréciation  la  perte  de  valeur  que  subit, 
par  exemple,  un  instrument  d'agriculture  quand  il 
passe  des  mains  du  marchand  dans  celles  du  culti- 
vateur ou  lorsqu'il  subit  une  avarie. 

On  appelle  usure  la  dépréciation  que  subit  un  ins- 
trument, un  cheval  etc.,  par  suite  d'un  usage  prolongé. 

On  appelle  amortissement,  la  somme  d'argent 
qu'il  faut  prélever  annuellement  sur  les  bénéfices 


28  MANUEL 


bruts  de  l'entreprise  pour  parer  à  cette  dépréciation 
et  à  cette  usure,  de  manière  à  avoir  en  main  la  valeur 
nécessaire  pour  se  procurer  l'objet  auquel  il  se  rap- 
porte lorsqu'il  deviendra  nécessaire  de  remplacer  cet 
objet  par  un  neuf,  au  bout  d'un  certain  nombre  d'an- 
nées 

Pour  les  animaux  de  travail,  comme  les  chevaux, 
on  peut  comptei-  S  à  10°2o  par  an  dès  qu'ils  ont  4 
ou  5  ans.  Pour  les  instruments  aratoires  de  10  à 
20%.  C'est-à-dire  qu'il  faudra  avoir  en  main  de  quoi 
pouvoir  les  remplacer  au  bout  de  G  à  10  ans,  suivant 
les  cas.  Pour  les  instruments  aratoires,  l'amortisse- 
ment varie  beaucoup  suivant  leur  nature,  leur  qua- 
lité moyenne  et  les  soins  que  l'on  en  prend. 

On  diminue  les  frais  d'amortissement  par  les 
mêmes  moyens  que  les  frais  d'entretien  :  par  des 
soins  plus  grands,  en  n'achetant  que  des  instruments 
et  des  animaux  de  première  classe,  qui  durent  plus 
longtemps  et  subissent  une  moindre  dépréciation  au 
moment  de  l'achat. 

Les  frais  d'amortissement  ne  doivent  pas  être 
ignorés.  Bien  des  cultivateurs  sa  trouvent  obligés 
d'avoir  recours  au  crédit  pour  remplacer  des  instru- 
ments hors  d'usage,  faute  d'avoir  prévu  cette  éven- 
tualité et  d'y  avoir  paré  par  des  amortissements  an- 


d'industrie  laitière  29 

nuels  ;  et  le  crédit  est  une  chose  souvent  ruineuse, 
dont  il  faut  user  avec  la  plus  grande  circonspection. 

La  question  des  amortissements  ne  saurait  être 
trop  signalée  à  l'attention  des  cultivateurs.  Elle 
est  toujours  l'origine  d'une  sage  habitude  de  pré- 
voyance. 

Ces  amortissements  doivent  aussi  être  prélevés 
sur  les  récoltes  dont  il  faut  calculer  le  prix  de  re- 
vient en  conséquence. 

Assurances  et  autres  frais  généraux.  —  Les 

frais  généraux  sont,  en  dehors  des  frais  de  ménage, 
les  nombreuses  dépenses  continuellement  néces- 
saires dans  toute  entreprise,  et  que  l'on  ne  peut 
classer  dans  aucune  des  catégories  dont  nous  venons 
de  parler.  Ce  sont  le&  assurances,  les  transports,  les 
voyages,  les  taxes,  etc. 

Dans  toute  entreprise  agricole,sérieusement  admi- 
nistrée, des  assurances  sont  toujours  prises.  On  ne 
saurait  trop  encourager  cette  mesure.  Quant  aux 
autres  frais  généraux,  il  est  souvent  facile  de  les  di- 
minuer, et  il  ne  faut  jamais  y  manquer  chaque  fois 
que  l'occasion  s'en  présente.  Ils  augmentent  dans 
une  mesure  assez  importante  le  prix  de  revient  des 
récoltes. 

Se  souvenir  que  le  premier  argent  gagné  est  celui 
qui  n'est  point  dépensé. 


30  MANUEL 

Importance  de  l'établissement  du  prix  de 
revient  des  récoltes. —  Elle  provient  du  fait  que 
le  calcul  du  prix  de  revient  des  récoltes  nécessite  de 
la  part  du  cultivateur  une  étude  sérieuse  et  continue 
de  toutes  les  conditions  de  son  entreprise,  étude  qui 
lui  fait  toucher  du  doigt  les  points  faibles,  qui  ne 
sont  pas  toujours  où  l'on  pense.  L'établissement  du 
prix  de  revient  des  récoltes  lui  suggère  d'heureuses 
modifications  à  ses  méthodes  de  culture.  L'atten- 
tion et  les  efforts  du  cultivateur  ne  se  portent  pas 
tout  d'abord  sur  des  choses  secondaires,  tandis  que 
son  affaire,  mal  organisée,  pèche  par  la  base  et  de- 
mande à  être  complètement  remise  sur  un  pied  nou- 
veau, "s'il  ne  veut  pas  être  fatalement  poussé  à  une 
ruine  certaine. 

Etudier  le  prix  de  revient  des  récoltes,  c'est  étu- 
dier l'organisation  de  l'entreprise,  c'est  prévoir,  et 
lorsqu'on  connait  les  résultats  certains  ou  probables 
d'une  négligence,  on  est  moins  porté  à  la  commettre. 
La  prévoyance  est  mère  de  la  sûreté.  Par  les  prix 
de  revient,  le  cultivateur  est  un  industriel  rensei- 
gné, capable  de  prendre  un  parti  en  homme  éclairé 
et  non  en  aveugle,  comme  c'est  souvent  le  cas  pour 
un  grand  nombre. 

Le  prix  par  tonne  des  différentes  récoltes  une 
fois  déterminé,   et  celui  des   100  lbs  de   lait  étant 


d'industrie  laitière  31 


connu,  de  même  que  la  quantité  probable  de  lait 
qu'il  est  possible  d'obtenir  avec  ces  récoltes,  le  cul- 
tivateur opérera  avec  plus  de  précaution  leur^trans- 
formation  en  lait. 

On  ne  saurait  trop  insister  pour  que  chaque  cul- 
tivateur fasse  la  détermination,  assez  facile  du 
reste,  de  ces  prix  de  revient  et  ne  se  contente  pas 
de  se  dire  :  "  cette  année  je  ne  me  suis  pas  endetté  ; 
l'année  n'est  pas  mauvaise  "  ;  ou  bien  :  "j'ai  fait 
des  dettes,  mauvaise  année." 

Travail  personnel.— Bénéfices]  du  cultiva- 
teur.— Nous  venons  de  voir  que  la  main  d'œuvre 
constituait  la  plus  forte  partie,  peut-être,  du  prix 
de  revient  des  récoltes  et  que  le  cultivateur  en  tou- 
chait une  part  proportionnelle  à  son" travail  et  à 
celui  de  ses  enfants.  Par  conséquent,  plus  son  tra- 
vail personnel  et  celui  de  ses  enfants  seront  im- 
portants par  rapport  à  celui  des  engagés,  plus  sa 
part  dans  les  salaires  sera  forte. 

Les  bénéfices  possibles  du  cultivateur  peuvent  se 
classer  comme  suit  : 

1.  Intérêts  des  capitaux. 

2.  Part  dans  les  salaires  proportionnelle  à  son  tra- 
vail et  à  celui  de  ses  enfants. 


32  MANUEL 


3.  Bénéfices  nets. 


Comme  propriétaire,  il  doit  toucher  les  intérêts 
de  la  valeur  de  sa  ferme,  du  matériel,  des  animaux, 
etc.  S'il  est  locataire  de  la  ferme  ou  si  tout  ou  partie 
du  prix  d'achat  est  emprunté,  ces  intérêts  revien- 
nent  au   propriétaire    de  la  terre  ou  au  prêteur. 

Comme  engagé  sur  sa  propre  ferme,il  doit  toucher 
une  juste  rémunération  de  ses  journées  de  travail. 
S'il  ne  travaille  pas,  il  ne  doit  rien  attendre  de  ce 
chef,  et  les  salaires  vont  aux  engagés. 

Comme  directeur  de  l'entreprise,  il  doit  toucher 
les  bénéfices  qui  restent  lorsque  tous  les  frais  :  sa- 
laires (y  compris  les  siens),  amortissements,  inté- 
rêts, frais  d'entretien,  engrais  pour  maintenir  in- 
tacte la  fertilité  du  sol,  etc.,  sont  pa}Tés.  Ces  béné- 
fices s'appellent  "  bénéfices  nets.'" 

Les  bénéfices  nets,  il  faut  malheureusement  le 
reconnaître,  sont  souvent  nuls  et  les  cultures  si 
pauvres  que  le  cultivateur  doit  même  renoncer  aux 
intérêts  de  ses  capitaux  et  qu'il  lui  reste  à  peine 
un  maigre  salaire  pour  son  travail  personnel  et  celui 
de  sa  famille.  Trois  à  quatre  cent  piastres  par  année 
sur  une  ferme  de  100  à  200  arpents,  représentent, 
étant  donnés  les  prix  actuels  des  marchés,  un  reve- 
nu plutôt  audessus  de  la  moyenne  pour  les  cultiva- 


d'industrie  laitière  33 

teurs  qui  suivent  l'ancienne  routine,  et  encore  faut- 
il  ajouter  que  les  bâtisses,  les  instruments,  sont  en 
mauvais  état,  que  les  mauvaises  herbes  envahissent 
les  terres,  que  le  sol  s'épuise.  Ce  sont  là  des  cas 
déplorables  qui  ne  devraient  certainement  pas  ex- 
ister car,  comme  on  le  verra  plus  loin,  la  majorité 
des  cultivateurs  pourrait  facilement,  presque  sans 
augmentation  de  capital, par  une  meilleure  direction 
de  leur  entreprise,  avec  de  meilleures  méthodes  de 
culture,  tripler  ces  revenus. 

Dans  les  frais  généraux  ne  sont  pas  compris  les 
frais  de  ménage  et,  par  rapport  à  sa  ferme,  au  point 
de  vue  de  ces  frais,  le  cultivateur  devrait  se  consi- 
dérer comme  un  étranger.  C'est  avec  son  salaire 
et  ses  autres  bénéfices  annuels  (les  bénéfices  nets  et 
les  intérêts  des  capitaux  engagés),  quand  il  y  en  a, 
qu'il  doit  faire  vivre  sa  famille  et  pourvoir  aux 
besoins  de  son  ménage.  Tout  cultivateur  devrait 
tenir  compte  du  lait,  du  beurre,  des  légumes  et  au- 
tres denrées  qu'il  prend  sur  sa  ferme.  Cela  lui 
permettrait  d'établir  plus  exactement  les  prix  de 
revient  dont  nous  avons  parlé  et,  en  même  temps, 
de  surveiller  les  dépenses  de  ménage  qui,  si  on  n'y 
prend  garde,  dépassent  souvent  les  revenus. 

Nous  venons  de  passer  rapidement  en  revue  les 
éléments  qui  constituent  le  prix  de  revient  des  ré- 
3— 


34  MANUEL 


coites  et  nous  avons  indiqué,  à  propos  de  chacun 
d'eux,  des  moyens  particuliers  pour  les  diminuer. 
Tous  ces  éléments  dépendent  les  uns  des  autres  ;  il 
nous  reste  maintenant  à  voir  comment,  par  l'organi- 
sation générale  de  l'entreprise,  il  est  encore  possible 
de  les  diminuer. 

Rotations. — lo.  Définition. — Etablir  une  rota- 
tion de  récoltes,  c'est  déterminer  l'ordre  chronolo- 
gique suivant  lequel  ces  récoltes  se  succéderont  sur 
un  même  terrain.  Etablir  un  assolement,  c'est  divi- 
ser le  terrain  en  autant  de  parties  ou  soles  que  la 
rotation  compte  d'années  et  fixer  la  proportion  des 
diverses  récoltes.  L'assolement  est  le  complément 
indispensable  de  la  rotation.  En  pratique,  les  deux 
termes  sont  souvent  employés  l'un  pour  l'autre. 

2o.  Exemple  d'un  mauvais  assolement.  —  Un 
genre  d'a?solement  qui  a  été  assez  répandu  et  l'est 
encore  parmi  les  cultivateurs  de  certaines  parties 
de  la  province,  consiste  à  semer,  sur  relevé  de  prairie, 
des  grains  pendant  une  année  :  avoine  et  pois  (gou- 
driole  généralement,)  puis  une  seconde  année,  avec 
fumure  plus  ou  moins  forte,  encore  du  grain,  orge 
ou  blé,  avec  graines  de  mil  et  de  trèfle  ;  viennent 
ensuite  une  année  de  trèfle,  deux  ou  trois  années  de 
foin  et  enfin  deux  années  de  pâturages  et,  tantôt  dans 
un  endroit,  tantôt  dans  un  autre,  un  champ  de  blé- 


d'industrie  laitière  35 


d'Inde  et  de  légumes.  Ce  système  a,  il  est  vrai, l'avan- 
tage d'avoir  à  peu  près  6]S  de  la  terre  en  prairies  et 
pâturages  ;  c^est-à-dire  qu'il  économise  une  grande 
quantité  de  main-d'œuvre,  puisque  les  2^8  de  la 
terre  seulement  sont  labourés  et  semés  chaque  an- 
née ;  l'avoine  vient  bien  sur  un  relevé  de  prairies  ■ 
le  trèfle,  qui  est  une  plante  qui  puise  son  azote  dans 
l'air  atmosphérique,  est  un  fourrage  riche  qui  don- 
nera un  bon  fumier  et  préparera  bien  le  sol  pour  la 
prairie  qui  le  suivra  ;  mais  cet  assolement,  surtout 
comme  il  est  pratiqué,  présente  les  plus  graves  in- 
convénients. Sa  vogue  ne  s'explique  que  parce  qu'il 
diminue  la  quantité  totale  de  main-d'œuvre  an- 
nuelle par  arpent  et  permet  au  cultivateur  d'entre- 
prendre une  plus  grande  étendue  de  terre:  150,  200, 
250  arpents,  et  de  vendre  du  foin.  Dans  la  cir- 
constance, comma  nous  allons  le  démontrer,  c'est  là 
un  bien  triste  avantage  et  un  système  de  culture 
demandant  plus  de  main-d'œuvre,  mais  payant 
mieux  cette  main-d'œuvre,  s'impose  et  doit  être  re- 
cherché. 

On  vend  le  plus  possible  de  foin  et  les  vaches 
sont  maigrement  nourries  pendant  l'hiver.  Elles 
sont  envoyées  en  pâture  aussitôt  que  l'herbe  se 
montre.  Elles  broutent  les  jeunes  pousses  qui  n'ont 
pas  le  temps  de  se  développer  et  de  prendre  de  la 
force  ;    dès  le  mois  de  juillet,   il  n'y  a  plus  d'herbe 


rît!  MANUEL 

Ivasée  près  de  terre,  elle  souffre  beaucoup  des  ardeurs 
du  soleil,  d'autant  plus  que  ces  pâturages  se  font  sur 
dés  prairies  datant  déjà  de  4  ans.  Les* marguerites 
et  autres  mauvaises  herbes,  que  les  vaches  délais- 
sent et  qui  ont  tout  le  temps  de  se  développer,  de 
fleurir  et  de  se  ressemer,  prennent  sa  place.  Les 
pâturages  en  sont  bien  vite  envahis,  et  il  faut  les  re- 
tourner. Ces  mauvaises  herbes  se  développent  de 
nouveau  dans  les  grains  qui  suivent  en  diminuant 
beaucoup  leur  rendement.  Dans  cette  rotation  il  n'y 
a  rien  de  prévu  pour  leur  destruction.  Du  foin  et 
de  la  paille,  les  mauvaises  graines  passent,  par  les 
animaux,  dans  les  fumiers,  puis  reviennent  avec 
lui  sur  la  terre.  Les  fumiers  étant  souvent  mal 
soignés,  une  bonne  partie  de  leur  azote  se  perd  dans 
les  égouts  de  la  ferme,  les  mauvaises  graines  s'}" 
conservent,  et  ils  n'ont  pour  ainsi  dire  plus  d'autre 
ertet  que  celui  d'infester  de  mauvaises  herbes  les 
terres  sur  lesquelles  on  les  emploie. 

Le  sol  étant  peu  travailleras  drainé  et  les  mêmes 
récoltes  revenant  fréquemment  sur  elles-mêmes,  la 
partie  non  assimilable  des  engrais  du  sol  ne  devient 
assimilable  que  très  lentement  et  pas  assez  pour 
faire  face  aux  exigences  répétées,  toujours  les 
mêmes,  des  récoltes  ;  la  fertilité  finit  par  disparaître 
petit  à  petit. 


D'INDUSTRIE  LAITIÈRE  37 


Tous  les  travaux  tombent  en  même  temps,  par 
trois  fois  dans  Tannée  :  semailles,  foins,  labours 
d'automne  ;  et,  comme  la  terre  est  très  étendue,  pour 
éviter  les  mauvais  temps,  il  faut  les  exécutera  la  hâ- 
te, avec  de  nombreux  chevaux  et  en  engageant  des 
bras  supplémentaires.  La  nourriture  de  ces  che- 
vaux pendant  toute  l'année,  ainsi  que  ces  frais  de 
main-d'œuvre  forcée,  doivent  être  pris  sur  les  béné- 
fices déjà  maigres  du  cultivateur.  Ce  système  est 
donc  déplorable  au  point  de  vue  de  l'entretien  de  la 
fertilité  du  sol,  du  rendement  et  du  choix  des  récol- 
tes, de  la  destruction  des  mauvaises  herbes  et  de  la 
répartition  de  la  main-d'œuvre. 

Quand  on  le  voit  suivi,  surtout  sir  certains  ter- 
rains trop  légers,  ou  trop  argileux  et  non  drainés, 
il  ne  faut  pas  s'étonner  qu'un  cultivateur  arrive 
difficilement,  sur  une  terre  de  200  à  250  arpents,  ne 
gagner  dans  son  année  que  2  à  300  piastres,  c'est-à- 
dire  à  peine  de  quoi  suffire  à  la  nourriture  de  sa  fa- 
mille, en  entretenant  misérablement  sur  sa  ferme  10 
à  15  vaches,  quelques  cochons,  quelques  poules  et 
plusieurs  chevaux.  Un  nouveau  système  d'assole- 
ment s'impose  donc. 

Un  cultivateur,  dont  les  ressources  pécuniaires 
sont  limitées,  doit  demander  plutôt  à  ses  bras  qu'à 
sa  bourse,  l'amélioration  de  sa  terre;   aussi  t^ut  as- 


38  MANUEL 


solement  qui  laissera  une  large  place  à  un  travail 
rémunérateur  et  bien  réparti  dans  le  cours  de  l'an- 
née, devra  être  préféré.  Cela  implique,  il  va  sans 
dire,  une  terre  dont  l'étendue  soit  bien  proportion- 
née aux  moyens  du  cultivateur,  une  ferme  qui  soit 
bien  "  en  main  ". 

Règles  à  suivre  dans  le  choix  d'un  assolement. — 
Voici  tout  d'abord  un  résumé  de  faits  que  nous 
avons  déjà  signalés  en  partie  et  qu'il  ne  faut  jamais 
perdre  de  vue,  lorsque  se  présente  le  problème  du 
choix  d'un  assolement  pour  la  production  écono- 
mique du  lait. 

lo.  S'arranger  pour  utiliser  le  mieux  possible 
les  ressources  dormantes  du  sol  en  donnant  de  l'ex- 
tension aux  récoltes  qui  y  favorisent  la  transfor- 
mation des  éléments  non  assimilables  en  éléments 
assimilables.  Ces  récoltes  sont  les  plantes  sarclées, 
qui  demandent  des  binages,  des  sarclages  et,  d'une 
façon  générale,  un  travail  énergique  du  sol.  Ce 
sont  aussi  certaines  plantes  qui,  en  envoyant  pro- 
fondément leurs  racines  dans  tous  les  sens  dans  le 
sous-sol,  y  facilitent  l'accès  de  l'air,  de  l'humidité, 
puis  aussi  la  pénétration  des  racines  des  récoltes 
qui  les  suivent 

2q.  Prévoir  l'entraînement  possible  de  certains 
engrais  hors  du  sol,  par  les  eaux  de  pluie,  de  sources 


d'industrie  laitière  39 


et  surtout  de  drainage,  et  faire  en  sorte  que  le  sol 
soit  le  plus  longtemps  possible  couvert  de  végéta- 
tion dans  le  cours  de  l'année,  ce  qui  est  le  meilleur 
moyen  pour  diminuer  ces  genres  de  pertes.  Les  cul- 
tures dérobées  servent  beaucoup  dans  ce  cas.  Ceci 
est  surtout  important  pour  les  terrains  drainés  ou 
à  sous-sol  perméable. 

3o.  Pourvoir  à  la  destruction  des  mauvaises 
herbes  par  des  récoltes  nettoyantes,  des  récoltes 
dérobées  et  la  culture  des  plantes  sarclées  qui,  tout 
en  contribuant  à  l'amélioration  du  sol  et  à  l'entre- 
tien de  sa  fertilité,  facilitent  cette  destruction. 

4o.  Etablir  la  succession  des  récoltes  de  manière 
que  la  demande  d'un  ou  de  plusieurs  des  éléments 
fertilisants  ne  soit  pas  exagérée  au  point  de  nuire 
à  la  fertilité  du  sol.  La  culture  du  blé,  plusieurs 
années  de  suite  sur  une  môme  pièce  de  terre,  serait, 
par  exemple,  une  faute  contre  cette  règle. 

oo.  Quant  à  la  nature  des  récoltes,  choisir  celles 
qui  conviennent  le  mieux  à  la  production  du  lait,  et 
les  associer  en  quantité  dans  les  proportions  les 
plus  favorables  à  la  composition  des  rations,  pour 
qu'elles  soient  utilisées  le  mieux  possible.  Pour  com- 
poser des  rations,  il  faut  du  bon  foin,  des  aliments 
aqueux,  comme  le  blé-d'Inde  fourrage  ou  ensilé,  des 
racines  fourragères,    des  fourrages  verts  ;  puis  des 


40  MANUEL 


aliments  riches  en  azote  (aliments  concentrés) 
comme  les  grains,  les  pois,  la  graine  de  lin  ;  enfin' 
des  aliments  fibreux,  comme  les  pailles.  Il  faut  donc 
s'arranger  pour  en  récolter  autant  que  possible  dans 
les  proportions  suivant  lesquelles  elles  entrent  dans 
les  rations,  et  pour  ne  jamais  en  manquer  jusqu'à 
fin  mai. 

6.  Au  point  de  vue  de  la  main-d'œuvre,  faire  des 
cultures  variées  qui  ne  demandent  pas  toutes  à 
être  travaillées  en  même  temps.  Donner  une  cer- 
taine extension  aux  pâturages  qui  fournissent  pen- 
dant une  bonne  partie  de  l'année  aux  animaux  une 
nourriture  très  saine,  celle  qui  demande  le  moins  de 
main-d'œuvre.  Se  souvenir  cependant  que  le  ren- 
dement des  pâturages,  au  point  de  vue  du  poids  de 
matière  sèche  récolté  à  Tarpent,  est  moins  considé- 
rable que  celui  d'autres  récoltes  demandant  plus  de 
main-d'œuvre,  comme  les  fourrages  verts,  les  ra- 
cines fourragères.  Il  ne  faut  de  pâturages  que  pour 
nourrir,  avec  laide  de  fourrages  verts,  le  nombre 
d'animaux  pour  lesquels  le  reste  de  la  terre  est  ca- 
pable de  fournir  de  bonnes  rations  d'octobre  à  juin. 

7.  Penser  aux  fourrages  verts  nécessaires  pour 
compléter  les  pâturages,  lorsque  ceux-ci  faiblissent 
pendant  les  chaleurs  de  l'été. 

8.  Ménager  surtout  de  la  place  aux  plante*  légu- 


d'industrie  laitière  41 


mineuses,  comme  le  trèfle,  les  pois,  qui  puisent  leur 
azote  clans  l'air  et  en  enrichissent  le  sol  à  peu  de 
frais. 

9o.  Se  souvenir  que,  pour  les  cultivateurs  pau- 
vres, la  question  de  main-d'œuvre  et  celle  de  l'enri- 
chissement du  sol  par  des  moyens  n'exigeant  que 
le  moins  possible  de  dépenses,  sont  des  questions 
importantes. 

Etude  d'un  assolement.— Revenons  à  l'assole- 
ment, dont  il  a  été  question  clans  le  paragraphe 
précédent,  qui  comprend  une  sole  de  pois  et  avoine, 
une  sole  de  céréales,  une  sole  de  trèfle,  deux  ou  trois 
soles  de  mil  et  deux  soles  de  pâturages.  Intercalons 
une  année  de  plantes  sarclées  entre  celle  des  pois  et 
avoine  et  celle  des  céréales,  nous  obtiendrons  l'assole- 
ment suivant  : 


ière  année  :  Plantes  sarclées  fumées,  en- 
graissées, comprenant  du 
blé  d'Inde  cultivé  pour 
fourrage  et  pour  grain, 
des  betteraves,  des  na- 
vets, des  carottes,  puis 
des  fourrages  verts  comme 
les  lentilles,  les  vesces,sur 
la  partie  la  plus  propre  de 
cette  sole,  etc 1 2 y2  arpents 


42 


MANUEL 


2ème  année 


3eme  année 


4eme  année 


5ème  année 
6ème  année 
7ème  année 

8ème  année 


Blé,  orge,  avec  graines  -de 
trèfle,  de  mil  ou  de  grami- 
nées pour  prairies;  on  peut 
aussi  récolter  sur  cette 
sole  la  graine  de  lin i2^<  arpents 

Trèfle,  une  ou  deux  coupes, 
pour  foin  et,  sur  une  par- 
tie, pour  être  donné  en 
vert 12^2  arpents 

Foin  de  mil  ou  de  grami- 
nées, puis  fumier  en  cou- 
verture sur  la  prairie  aus- 
sitôt le  foin  enlevé 123^  arpents 

Foin '123^  arpents 

Pâturage: 12^  arpents 

Pâturage  que  l'on   relèvera 

l'automne 123^  arpents 

Avoine   ou  pois  et   avoine 

(  oudriole) 12^  arpents 


100  arpents 

Cette  sole  de  plantes  sarclées  intercalées  change 
toute  la  nature  de  l'assolement.  Elle  permet  de 
nettoyer  le  sol,  de  l'ameublir  et  de  l'engraisser  ; 
toute  la  question  des  mauvaises  herbes,  de  l'emploi 
le  plus  économique  du  fumier,  d'un  ameublissement 
du  sol  plus  complet,  pour  y  activer  les  transfor- 
mations intérieures  des  éléments  nutritifs,  est  ré- 
solue. 


La  durée  de  cette  rotation  est  de  8  ans  et  les  la- 
bours annuels  se  montent  à  37 \  arpents  au  lieu  de 


d'industrie  laitière  43 

281  arpents  dans  le  premier  cas.  La  quantité  de 
main-d'œuvre  n'est  donc  pas  augmentée  dans  de 
fortes  proportions.  Cette  augmentation  porte  sur 
les  plantes  sarclées  et,  par  l'ameublissement,  le  net- 
toyage, l'engraissement  du  sol,  ainsi  que  par  les 
fortes  récoltes  qui  en  résultent,  la  main-d'œuvre 
qu'elle  exige  en  plus  se  trouve  largement  payée. 
Du  reste,  toute  cette  main-d'œuvre  sera  bien  répar- 
tie dans  le  cours  de  l'été  si  on  a  le  soin  de  cultiver 
des  plantes  sarclées  variées. 

L'avoine  vient  parfaitement  sur  un  relevé  de 
prairie,  ainsi  que  les  pois.  Ceux-ci  tirent  leur  azote 
de  l'air  ;  ils  constituent  en  même  temps  une  récolte 
nettoyante,  qui  diminue  déjà  les  frais  de  sarclage 
de  l'année  suivante.  On  peut  même,  si  cela  est  né- 
cessaire, pratiquer  dès  cette  année,  sur  tout  ou 
partie  de  cette  sole,  un  déchaumage,  si  cela  est 
nécessaire,  et  y  semer  une  récolte  dérobée  qui  occu- 
pera le  sol  jusqu'aux  labours  d'automne,  époque  à 
laquelle  on  l'enterra  comme  engrais  vert. 

Les  labours  pour  les  plantes  sarclées  se  feront 
l'automne,  et  on  en  profitera  pour  enterrer  le  fumier 
ainsi  que  les  engrais  potassiques  et  phosphatés.  Il 
sera  bon  de  préparer  les  billons  pour  les  betteraves 
dès  l'automne  ;  des  engrais  azotés  pourront  s'em- 
ployer en  couverture  au  printemps. 


44  MANUEL 


Le  blé,  l'orge,  l'avoine  viennent  admirablement 
à  la  suite  des  plantes  sarclées  qui  ont  nettoyé  et 
ameubli  le  sol.  Les  labours  pour  céréales  se  feront 
l'automne. 

Le  trèfle  sur  les  céréales  est  à  sa  place.  On  doit  le 
plâtrer  si  cela  est  nécessaire.  Le  trèfle,  comme  les 
pois,  puise  son  azote  dans  l'air  et  donne  un  fourrage 
riche  qui  enrichit  les  fumiers  en  azote  ;  il  enrichit 
en  même  temps  le  sol  et  le  prépare  bien  pour  la 
récolte  de  mil  et  de  graminées  qui  va  suivre.  C'est 
du  reste  une  récolte  qui  retardera  l'envahissement 
des  prairies  par  les  mauvaises  herbes. 

La  récolte  de  mil  sur  trèfle  se  fera  dans  les  meil- 
leures conditions,  et.  pour  augmenter  le  rendement 
de  la  récolte  suivante,  on  pourra  aussitôt  après  son 
enlèvement  y  mettre  du  fumier  en  couverture,  si 
cela  est  nécessaire. 

Les  pâturages  pourront  durer  en  moyenne  deux 
ans.  Si  ils  s'épuisent  ou  se  salissent  trop  vite,  il 
faudra  les  relever  la  première  année  ;  s'ils  se  tien- 
nent bien,  on  pourra  les  laisser  trois  ans  et  plus. 
Cela  dépend  des  localités  et  de  la  nature  du  sol. 

Si  on  examine  cet  assolement  au  point  de  vue  de 
la  quantité  et  de  l'assortiment  des  lécoltes,  on 
trouve  256  arpents  de  pâturages  qui,  avec  l'aide  de 


d'industrie  laitière  45 


fourrages  verts,  pris  sur  la  sole  des  plantes  sarclées 
ou  sur  celle  du  trèfle,  seront  capables  de  bien  nour- 
rir au  moins  20  à  25  vaches  de  mai  au  commence- 
ment d'octobre. 

Pour  la  nourriture  d'hiver,  si  oh  compte  par  va- 
che une  ration  de  10  à  15  lbs  de  bon  foin  de  trèfle 
ou  de  graminées,  25  à  50  lbs  de  racines  ou  d'ensi- 
lage, 4  à  8  lbs  d'un  mélange  de  grains  et  de  graine 
de  lin  moulue,  1  à  3  lbs  de  paille,  plus  S  lbs  de  li- 
tière, on  voit  que  la  sole  de  trèfle  et  celle  de  mil 
sont  capables  de  fournir  le  foin,  si  on  suppose  une 
récolte  de  1  h  tonne  à  l'arpent;  que,  pour  les  plantes 
sarclées,  en  supposant  une  récolte  moyenne  de  10  à 
20  tonnes  de  l'arpent,  12}  arpents  seront  plus  que 
suffisants  et  qu'il  y  restera  de  la  place  pour  les 
fourrages  verts  à  donner  dans  le  cours  de  l'été  en 
supplément  aux  animaux  en  pâture.  Quant  aux 
grains  et  à  la  paille  25  arpents  sont  suffisants. 

On  pourra,  sur  une  terre  de  100  arpents  ainsi 
assolée,  compter  pouvoir  entretenir  dans  les  meil- 
leures conditions,  de  20  à  25  vaches,  3  chevaux,  une 
dizaine  de  porcs,  une  centaine  de  volailles,  sans 
être  obligé  d'acheter  aucun  aliment  au  dehors,  c'est- 
à-dire  l'équivalent  de  27  à  28  têtes  de  gros  bétail, 
soit  une  tête  par  3i  arpents,  ce  qui  n'est  pas  exa- 
géré.   Dans   les  bonnes   fermes  en  Angleterre,  on 


46  MANUEL 


compte  de  3  à  3|  arpents  par  tête,  avec  achat  de 
tourteaux  au  dehors,  et  nous  avons,  dans  notre  pro- 
vince, des  fermes  où  on  entretient  une  tête  et  plus 
par  trois  arpents.  Etant  donnés  les  prix  actuels  du 
beurre  et  du  fromage  et  supposant  les  animaux  bien 
choisis  et  bien  soignés,  ces  récoltes  pourront  rappor- 
ter au  cultivateur  600  à  1000  piastres  et  plus,  en  sup- 
posant qu'il  n'engage  pas  de  bras  étrangers,  et  que 
la  terre  lui  appartienne.  Car,  dans  ce  cas,  les  intérêts 
des  capitaux  et  les  salaires  lui  reviennent,  ainsi  que 
le  bénéfice  net.  Il  ne  lui  reste  comme  frais  que  les 
frais  d'entretien,  les  amortissements,  les  assurances 
et  quelqu'autres  frais  généraux  qu'il  lui  sera  facile  de 
diminuer  par  une  bonne  administration.  Ces  S600  a 
$1000  représenteront  son  revenu  sur  lequel  lui  et  sa 
famille  devront  vivre,  les  frais  de  ménage,  d'après 
nos  conventions,  n'étant  pas  comptés  parmi  les  frais 
généraux  de  la  ferme. 

Exemples  d'assolements. — L'assolement  pré- 
cédent ne  peut  pas  convenir  à  tous  les  terrains 
ni  dans  toutes  les  circonstances,  et  il  sera  souvent 
nécessaire  d'y  apporter  des  modifications;  nous  ne  le 
donnons  là  que  comme  exemple. 

Supposons  que  dans  les  céréales  nous  ne  semions 
que  du  trèfle  et  que  l'année  suivante  nous  relevions 
ce  trèfle,  pour  le  faire  suivre  par  du  blé  dans  lequel 


D  INDUSTRIE  LAITIERE 


47 


nous  sèmerons  des  graines  fourragères  mêlées  ;  jmis 
que  nous  fassions  du  foin  quatre  années  de  suite 
sur  cette  sole  que  nous  ferons  ensuite  pâturer  trois 
années  de  suite,  nous  obtiendrons  l'assolement  sui- 
vant fort  recommandé  et  déjà  bien  suivi  dans  cer- 
taines parties  de  la  province  : 


ière  année  :  Fumier  enfoui  par  labour 
l'automne  précédent  et  ré- 
colte, soit  de  racines,  soit 
de  tubercules,  en  culture 
sarclée,  soit  de  fourrages 
verts  soit  de  maïs  fourrage 
pour  silo %Yi  arpents 

2ème  année  :  Récolte  d'orge  et  semis  de 

graines  de  trèfles  mêlés...     8^|  arpents 

3ème  année  :  Récolte  de  trèfle  et  labour 

d'automne 8^3  arpents 

4ème  année  :  Récolte  de    blé,    semis  de 

graines  de  prairies  mêlées     8^3  arpents 

5,  6e  année  :  Récolte  de  foin  sur  prairie  i6ji  arpents 

7ème  année  :  Récolte  de  foin,  sur  fumure 
en  couverture  puis  la  prai- 
rie, aussitôt  le  foin  enlevé     8^3  arpents 

8ème  année  :  Récolte  de  foin  sur  prairie.     8}i  arpents 

9,10,11e"     :  Pâturage 25  arpents 

i2ine  année  :  Récolte  d'avoine  ou  de  pois 
et  avoine  sur  pâturage  la- 
bouré l'automme  précé- 
dent       8^3  arpents 


100  arpents 


48  MANUEL 


En  comparant  les  deux  assolements  précédents 
nous  obtenons  le  tableau  suivant  : 

ier  assolement    2111e  assolement 
Plantes  sarclées  et  four- 
rages verts 1 2  *4  arpents         8^3  arpents 

Foin  et  fourrages  verts       37J2  arpents       41  ;  3  arpents 

Pâturages 25  arpents  25      arpents 

Grains 25  arpents  25      arpents 


Total 100  arpents         100     arpents 

Etendue  des  labours....       37^2  arpents  33  arpents 

Etendue  des  sarclages       123^  arpents         8^  arpents 

Ce  tableau  montre  que  le  1er  assolement  fait  re- 
poser l'alimentation  des  vaches,  l'été,  sur  les  pâtu- 
rages et  les  fourrages  verts,  et  l'hiver,  plutôt  sur  les 
racines  fourragères  et  l'ensilage, tandis  que  le  second 
l'été,  fait  reposer  l'alimentation  des  vaches  sur  les 
fourrages  verts  et,  l'hiver,  plutôt  sur  le  foin.  Nous 
trouvons  en  effet,  dans  le  1er  assolement,  25  arpents 
de  pâturages,  37  i  de  foin  et  fourrages  verts  et  12i 
arpents  de  plantes  sarclées,  tandis  que  dans  le  second 
nous  trouvons  25  arpents  de  pâturages,  mais  seule- 
ment 8J  de  plantes  sarclées,  puis  41  §  de  foin  et 
fourrages  verts.  Avec  le  second  assolement,  les  ter- 
res restent  en  foin  et  pâturages  8  années  de  suite 
avec  les  premières  4  années.  Le  premier  assolement 
convient  à  des  terrains  moins  avancés  en  culture 


d'industrie  laitière  49 


que  le  second  qui  convient  à  des  terrains  qui  sont 
en  meilleur  état.  On  comprend  en  effet  que,  si  une 
terre  est  sale  et  appauvrie,  comme  elle  sera  moins 
travaillée  avec  le  second  assolement,  dans  lequel 
l'année  des  plantes  sarclées  ne  revient  que  tous  les 
12  ans,  et  comme  elle  restera  plus  longtemps  en 
pâturages,  les  mauvaises  herbes  auront  plus  de  chan- 
ces de  s'y  développer  et  les  transformations  inté- 
rieures des  engrais  non  assimilables  en  engrais  as- 
similables  seront  moins  rapides. 

Au  point  de  vue  de  l'enrichissement  du  sol,  le 
premier  est  plus  énergique,  pareeque  les  plantes 
sarclées  ainsi  que  les  légumineuses  y  ont  un  plus 
grand  développement. 

Au  point  de  vue  de  la  sécurité  des  récoltes,  lors- 
qu'il y  aura  beaucoup  d'insectes  s'attaquant  aux  ra- 
cines, elle  sera  moins  grande  avec  le  premier  qu'avec 
le  second,  mais  lorsqu'il  y  aura  de  fortes  gelées  et 
peu  de  neige,  la  sécurité  sera  moins  grande  avec  le 
second  qu'avec  le  premier. 

Là  où  les  prairies  réussissent  bien,  il  faudra 
préférer  le  second.  Sur  un  terrain  favorable  aux 
racines  fourragères  et  aux  mauvaises  herbes  il  faudra 
préférer  le  premier. 

4— 


50 


MANUEL 


lie  premier  assolement  demande  plus  de  main 
d'oeuvre  que  le  second  puisque  letendue  des  labours 
est  avec  le  premier  de  37|  arpents  contre  33  avec 
le  second,  et  l'e'tenduedes  sarclages  de  12|  contre  8^. 
Mais,  comme  nous  l'avons  vu,  cette  main  d'œuvre 
sera  bien  rémunérée  par  l'amélioration  du  sol. 

Voici  un  troisième  exemple  d'assolement  indiqué 
par  monsieur  Jenner  Fust. 

ière  année  :  Plantes  sarclées  :  racines, 
blé  d'Inde,  pois  avec  avoi- 
ne, lentilles  et  navette io  arpents 

2ème  année  :  Grain  (7  d'orge  et  3  de  lin), 
avec  des  graines  pour  prai- 
ries        10  arpents 

3ème  année  :  Foin 10  arpents 

4ème  année  :  Foin 10  arpents 

5ème  année  :  Pâturage 10  arpents 

6ème  année  :  Pâturage  retourné  le  1er  juil- 
let pour  jachère  d'autom- 
ne         10  arpents 

7ème  année  :  Grain  (avoine  avec  14  lbs. 

de  trèfle) 10  arpents 

8ème  année  :  Trèfle  que  l'on  coupera  pour 
foin,  pour  ensilage  ou  pour 
donner  en  vert 10  arpents 

çème  année  :  Avoine 10  arpents 

ioème  année:  Légumineuses  (pois) 10  arpents 

100  arpents 

Cet  assolement  comporte  40  arpents  en  prairies 
et  pâturages,  10  arpents  en  pois,  10  en  trèfle,  10  en 


d'industrie  laitière  51 


plantes  sarclées,  27  en  grain  et  3  en  lin.  Il  exige 
beaucoup  plus  de  labours  que  les  précédents  et  est, 
par  conséquent,  moins  économique  au  point  de  vue 
de  la  main  d'œuvre.  Il  comporte  beaucoup  plus  de 
grains  et  moins  de  pâturages.  Avec  cet  assolement, 
les  rations  seront,  pendant  l'hiver,  plus  fortes  en 
foin  et  en  grain.  C'est  un  assolement  qui  demande 
une  terre  en  très  bon  état  de  culture  pour  donner 
des  récoltes  capables  de  payer  toute  la  main  d'œuvre 
qu'il  exige. 

Ces  trois  exemples  montrent  combien  l'on  peut, 
tout  en  suivant  les  principes  énoncés  précédemment 
varier  la  nature  des  assolements  et  comme  il  faut 
se  laisser  guider  en  cela  par  la  nature  du  terrain, 
sa  richesse,  son  état  de  culture,  par  le  climat  et  aussi 
par  les  questions  de  main  d'œuvre  et  d'enrichisse- 
ment du  sol,  puis  par  la  composition  des  rations  que 
l'on  veut  donner  aux  vaches  pendant  1  hiver. 

On  peut  presque  dire  que  chaque  terre  demande 
un  assolement  différent.  On  en  trouvera  de  très 
bons  et  très  nombreux  exemples  dans  les  rapports 
des  juges  du  mérite  Agricole  pour  toutes  les  années 
précédentes,  depuis  1872.  La  lecture  doit  en  être 
fortement  recommandée  aux  cultivateurs  et  ils  y 
rencontreront  là  des  exemples  de  terres  où  sont 
nourries  un  grand  nombre  de  têtes  de  bétail  par 


52  MANUEL 


arpent  ;  ils  se  rendront  compte  aussi  que  tout  ce  qui 
vient  d'être  dit  n'est  pas  de  la  pure  théorie,  mais 
qu'au  contraire  ces  choses  sont  déjà  bien  entrées  dans 
le  domaine  de  la  pratique,  dans  cette  province.  Dans 
le  rapport  de  1893,  au  paragraphe  relatif  à  la  ferme 
de  M.  Bourassa  de  Montebello  Co.  Ottawa,  ils  trou- 
veront l'état  des  recettes  et  des  dépenses  de  cette 
ferme  pour  1893.  Les  bénéfices  nets  se  montent  à 
sept  piastres  quatre-vingt-trois  cents  ;  mais  il  y  a 
$1136,8-1  de  salaire,  dont  le  propriétaire  aurait  pu 
avoir  une  bonne  part  s'il  avait  cultivé  sa  terre  lui- 
même  avec  sa  famille,  ce  qui  confirme  ce  que  nous 
avons  dit  précédemment  au  sujet  du  revenu  des  ter- 
res. Dans  le  rapport  pour  1895,  nous  signalons 
spécialement  ce  qui  se  rapporte  à  la  ferme  de  M.  Ja- 
mes Drummond  qui,  sur  290  arpents,  entretient  86 
têtes  de  gros  bétail,  c'est-à-dire  une  tête  par  3|  ar- 
pents; dans  le  même  rapport  nous  signalons  encore 
le  système  de  M.  Nichols,  de  8t.  Philippe  d'Argen- 
teuil,  qui  entretient  1  tête  de  gros  bétail  par  2i  ar- 
pents. 


Prairies  et  pâturages  temporaires. — L'étude 
de  ces  prairies  et  celle  de  ces  pâturages  vont  ensem- 
ble, parceque,  généralement,  ces  pâturages  sont  des 
prairies  qui  ont  déjà  été  fauchées  pour  foin  pendant 
trois  ou  quatre  ans.     On  les  appelle  temporaires- 


d'industrie  laitière  53 


parcequ'ils  ne  restent  sur  le  même  sol  qu'un  nombre 
limité  d'années. 

Sur  une  terre  cultivée  en  vue  de  la  production 
du  lait,  les  prairies  et  les  pâturages  jouent  un  rôle 
très  important,  car  le  foin,  pendant  l'hiver,  et  les 
pâturages  avec  les  fourrages  verts,  pendant  l'été, 
sont  la  base  de  l'alimentation  des  vaches. 

Il  est  en  général  avantageux  de  donner  de  l'ex- 
tension aux  prairies  à  foin  en  les  faisant  durer  3  et  4 
ans,  parceque,  restant  plusieurs  années  consécutives 
sur  le  même  sol,  elles  diminuent  l'étendue  des  la- 
bours et  les  frais  de  main-d'œuvre. 

Quant  aux  pâturages,  on  peut  dire  que  si,  dans  les 
pays  qui  leur  sont  le  plus  favorable,  ils  représentent 
la  manière  la  plus  économique,  surtout  au  point  de 
vue  de  la  main-d'œuvre,  et  la  plus  salutaire,  de  nour- 
rir les  vaches  pendant  une  partie  de  l'année,  dans 
la  province  de  Québec,  en  général,  les  conditions 
climatériques  ne  leur  sont  pas  bien  prospices  ;  les 
sécheresses  de  l'été,  dans  les  terrains  secs  surtout,  les 
gels  et  dégels  de  l'hiver,  dans  les  terrains  humides, 
quand  ils  sont  dégarnis  de  neige,  leur  font  souvent 
beaucoup  de  tort  ;  d'un  autre  côté,  la  saison  pendant 
laquelle  les  vaches  peuvent  être  mises  à  l'herbe,  d'une 
façon  profitable,  est  relativement  courte.  On  ne  sau- 


54  MANUEL 


rait  donc  conseiller  d'une  manière  générale  aux  cul- 
tivateurs de  cette  province  de  donner  une  grande 
extension  aux  pâturages  ;  ils  doivent  avoir  plus 
d'avantage  à  cultiver  le  sol  pour  récoltes  à  haut 
rendement,  comme  le  blé  d'Inde,  les  racines  four- 
ragères, les  fourrages  verts. 

Les  prairies  se  sèment  généralement  dans  le  grain 
qui  suit  les  plantes  sarclées  qui  ont  ameubli,  net- 
toyé et  enrichi  le  sol.  Elles  réussissent  bien  sur 
tous  les  sols  qui  ne  sont  pas  trop  humides.  La 
terre  franche  est  ce  qui  leur  convient  le  mieux.  Un 
bon  sous-sol  perméable  et  drainé  leur  est  favorable. 
Ce  qu'il  y  a  de  plus  mauvais  pour  elles,  ce  sont  les 
sols  légers,  certains  terrains  graveleux  et  certains 
sols  compacts  argileux.  Il  est  quelquefois  difficile 
de  les  faire  prendre  sur  ces  derniers. 

Les  principales  espèces  de  plantes  qui  entrent 
dans  la  composition  des  prairies  sont  le  trèfle  rouge 
commun,  le  grand  trèfle  rouge,  le  trèfle  alsike,  le 
mil,  le  dactyle  pelotonné  et  diverses  autres  grami- 
nées comme  les  fétuques,  les  agrostis,  les  avoines,  les 
brome":,  le  foin  bleu  (Herbe  à  liens).  Avec  les  grai- 
nes de  ces  dernières  plantes,  on  forme  des  mélanges 
appropriés  aux  terrains. 

Lorsqu'on  a  en  vue  une  prairie,  on  choisit,  pour 
le  mélange,  des  plantes  qui  fleurissent  à  peu  près  à 


D  INDUSTRIE  LAITIERE  OO 

la  même  époque,  afin  qu'an  moment  de  la  fenaison 
elles  atteignent  toutes  en  même  temps  leur  plein 
développement.  S'il  s'agit  île  pâturages,  au  con- 
traire, on  choisit  des  plantes  qui  mûrissent  succes- 
sivement, afin  d'assurer  aux  animaux  de  l'herbe 
tendre  pendant  la  plus  grande  partie  de  l'été.  Cer- 
tains praticiens  recommandent  cette  dernière  ma- 
nière de  procéder,  même  pour  les  prairies,  dans  cer- 
tains districts. 

Voici  trois  exemples  de  mélanges  de  semences, 
pour  prairies  temporaires.  Les  poids  sont  donnés 
pour  un  arpent. 

ier  mélange  :  8  à  10  lbs  de  trèfle  rouge. 
2  gallons  de  mil. 

2^me  mélange  :  Trèfle  rouge  commun 3  à  4j4  lbs 

Trèfle   alsike 233       " 

Grand  trèfle  rouge 1   à  i}4   " 

Mil 6  à  9       " 

3ème  mélange  :  Dactyle  pelotonné 8    lbs 

Trèfle  rouge 10  " 

Trèfle  alsike 4     " 

Trèfle  blanc 1     " 

Le  sol  doit  être  bien  ameubli,  bien  pulvérisé  et 
nettoyé.  Ces  mélanges,  bien  que  se  semant  ordinai- 
rement avec  du  grain  (blé,  orge  ou  avoine),  peuvent 
cependant  se  semer  sans  grain. 


56  MANUEL 


Lorsque  la  grosseur  et  le  poids  des  diverses  se- 
mences d'un  mélange  sont  différents,  il  ne  faut  pas 
semer  le  tout  ensemble.  On  commence  par  le  grain 
que  l'on  herse  fortement,  puis  on  sème  les  graines  les 
plus  lourdes  du  mélange  que  l'on  herse  légèrement 
avec  une  herse  de  broussailles  ou  une  herse  légère, 
et  enfin  on  sème  les  graines  les  moins  lourdes  ;  pour 
terminer,  on  peut  rouler.  Les  prairies  peuvent  don- 
ner de  1|  à  1\  et  même  3  tonnes  de  foin  à  T  arpent. 

Après  avoir  récolté  du  foin  dans  ces  prairies 
pendant  3  et  4  ans,  on  les  fera  généralement  pâturer 
pendant  1,  2  ou  3  ans  suivant  leur  état. 

Trèfle. — Le  trèfle  est  une  plante  bis-annuelle, 
par  conséquent  dès  la  troisième  année  il  cédera  la 
place  aux  autres  plantes  du  mélange.  On  peut  faire 
des  prairies  composées  exclusivement  de  trèfle  que 
l'on  coupera  soit  pour  foin,  soit  comme  fourrage 
vert,  soit  pour  être  ensilé.  Le  trèfle,  pris  en  particu- 
lier, demande  un  sous-sol  profond  et  bien  drainé.  Il 
peut  donner,  dans  cette  province,  deux  récoltes  par 
an.  Son  rendement  varie  de  1|  à  2|  et  3  tonnes 
à  l'arpent  de  foin  sec.  Comme  fourrage  vert,  il  peut 
donner  de  7  à  15  tonnes  à  l'arpent.  C'est  la  récolte 
améliorante  par  excellence,  comme  nous  l'avons  déjà 
expliqué  précédemment,  et  on  ne  saurait  trop  la  re- 
commander. 


d'industrie  laitière  57 


Des  variétés  que  nous  avons  citées  dans  les  mé- 
langes précédents,  seul  le  trèfle  blanc  est  vivace  ; 
on  l'ajoute  dans  ces  mélanges  parce  que,  lorsque  les 
prairies  seront  mises  en  pâture,  plus  tard,  il  four- 
nira aux  vaches  une  herbe  excellente.  Le  foin  de 
trèfle  est  l'un  des  foins  les  plus  riches. 

Mil. — Le  mil  est  suffisamment  connu  clans  la 
province  pour  que  nous  n'insistions  pas  sur  lui.  Ce- 
pendant, nous  devons  faire  remarquer  qu'il  convient 
moins  aux  vaches  laitières  que  le  trèfle,  que  son 
rendement  à  l'arpent  est  moins  élevé  (1  à  2  tonnes) 
et  enfin  que  sa  valeur  nutritive  n'est  pas  aussi 
forte.  Au  point  de  vue  de  l'industrie  laitière,  il  est 
préférable  de  le  semer  en  même  temps  que  le  trèfle 
et  d'autres  graminées.  En  mélange,  il  formera  un 
excellent  foin  pour  les  vaches  laitières  ;  donné  seul, 
il  ne  convient  qu'aux  chevaux. 

Dactyle  pelotonné. — Croît  partout  dans  notre 
province  et  s'accommode  de  toutes  espèces  de  sols 
secs  ou  humides,  pourvu  qu'ils  ne  soient  pas  trem- 
pés ;  c'est  un  bon  terrain  sablo- argileux  qui  lui 
convient  le  mieux.  Il  résiste  bien  à  la  sécheresse  ; 
il  vient  bien  à  l'ombre.  Son  rendement  est  élevé, 
surtout  si  on  le  fait  paître  souvent,  car  il  repousse 
vite.  Si  on  le  sème  en  même  temps  que  le  trèfle 
rouge,  il  mûrit  en    même   temps,  mais   semé   en 


58  MANUEL 


mémo  temps  que  le  mil,  il  est  déjà  dur  quand  le 
mil  fleurit.  C'est  une  plante  vivace  par  excellence, 
qui  convient  admirablement  aux  pâturages  perma- 
nents dont  nous  allons  parler.  Lorsqu'on  le  sème 
seul,  il  faut  employer  25  Ibs  ou  3  minotsde  semence 
à  l'arpent. 

Prairies  et  pâturages  permanents.— Il  existe 
et  on  peut  créer  des  prairies  et  des  pâturages  qui 
restent  un  grand  nombre  d'années  sur  le  même  sol 
et  qu'on  appelle,  pour  cette  raison,  prairies  ou  pâtu- 
rages permanents.  Ces  prairies  ou  pâturages  sont 
en  général  pi  us  facilement  détériorées  que  les  prairies 
et  pâturages  temporaires  par  les  sécheresses  exces- 
sives de  l'été  et  les  fortes  gelées  de  l'hiver,  dont 
l'action  finit  souvent  par  les  ruiner  complètement. 
On  ne  saurait  les  conseiller  d'une  façon  générale 
dans  cette  province.  On  en  connaît  cependant  de 
bons  exemples. 

Ils  réussissent  mal  sur  les  terrains  secs,  sablon- 
neux, et  sur  ceux  qui  sont  trop  compacts  ;  ils  préfè- 
rent les  terrains  bas,  bien  drainés  et  la  bonne  terre 
franche  riche  en  humus. 

Lorsqu'on  créée  un  pâturage  permanent,  le  terrain 
doit  être  bien  labouré,  bien  fumé,  bien  ameubli  et 
surtout  bien  pulvérisé. 


d'industrie  laitière  59 


On  emploie  des  mélanges  de  graines  analogues  à 
ceux  qui  conviennent  aux  prairies  temporaires  et 
on  les  sème  de  la  même  manière. 

Voici  l'exemple  d'un  excellent  mélange  indiqué 
par  Monsieur  J.  C.  Cliapais  dans  un  article  des 
mieux  compris  sur  la  création  des  prairies  et  pâtu- 
rages permanents,  publié  dans  le  journal  d'agricul- 
ture du  15  décembre  1896. 

Dactyle  pelotonné  (Orchard 

grass) 4  lbs 

Fétuque  des  prés 5 

Paturin  commun ,  4 

Paturin  des  prés 4 

Fléole  des  prés  (mil) 4 

Trèfle  alsike , 2 

Trèfle  blanc 1 

Trèfle  rouge  (Grand) 4 

Vulpin  des  prés 4 

Voici  un  autre  mélange  assez  connu  : 

Dactyle  pelotonné.  8  lbs 

Trèfle  rouge 10    " 

Trèfle  alsike 4   " 

Trèfle  blanc 1    " 

Les  prairies  permanentes  ne  rentrent  pas  dans 
les  assolements.  Dans  le  cas  où  on  a  une  terre  trop 
étendue,  on  pourrait  en  mettre  certaines  parties  en 
prairies  permanentes,  ce  qui  apporterait  un  bon 
appoint  de  foin  ou  de  pâturages  à  la  ferme. 


60  MANUEL 


Foin. — Il  faut  couper  le  trèfle  quand  il  est  en 
fleur,  et  le  mil  et  les  autres  graminées  quand  elles 
commencent  à  fleurir.  Le  dactyle  pelotonné,  en  par- 
ticulier, doit  se  couper  quand  l'épillet  commence  à 
se  montrer.  Jamais  plus  tard.  Quand  les  herbages 
se  composent  de  différentes  espèces  de  plantes,  il  faut 
choisir  le  moment  de  la  fenaison  qui  convient  le 
mieux  aux  plantes  les  plus  importantes  du  mé- 
lange. 

Pour  faire  un  foin  de  première  classe  il  ne  faut 
pas  l'exposer  aux  actions  réitérées  du  soleil  de  la 
pluie  et  de  la  rosée.  On  coupe  l'herbe,  on  la  laisse 
sécher  un  peu  au  soleil,  puis  on  la  met  de  suite  en 
veillottes,  où  on  la  laisse  fermenter  et  se  faire  avant 
de  la  l'entrer.  Cette  fermentation  améliore  la  qua- 
lité du  foin.  La  pluie  dissout  et  lave  une  partie 
des  éléments  nutritifs  solubles  du  foin,  diminuant 
ainsi  sa  qualité,  aussi  faut-il  éviter  son  action  avec 
le  plus  grand  soin. 

Il  y  a  un  procédé  rapide  pour  faire  le  foin,  qui 
ne  doit  cependant  pas  s'appliquer  au  trèfle.  Il 
consiste  à  faner  l'herbe  en  la  retournant  plusieurs 
fois  au  soleil,  à  râteler  le  foin  puis  à  le  rentrer  de 
suite  dans  la  grange.  Une  bonne  brise  et  un  peu  de 
soleil  sont  ce  qu'il  y  a  de  mieux  pour  cela.  Cette 
méthode,  tout  en  étant  rapide,  est  économique.    Si  le 


d'industrie  laitière  61 


foin  est  encore  un  peu  humide  lorsqu'on  le  rentre, 
on  pourra  prévenir  la  fermentation  en  tas  ainsi  que 
la  moisissure,  en  le  salant. 

Fourrages  verts. — Les  fourrages  verts  sont  les 
re'coltes  que  l'on  cultive  dans  des  pièces  de  terre 
spéciales,  pour  être  coupées  et  servies  en  vert  aux 
vaches,  soit  à  l'étable,  soit  dans  la  cour  de  la  ferme, 
soit  dans  un  parc,  soit  enfin  au  pâturage.  Lorsque 
les  vaches  restent  à  l'étable  ou  dans  un  parc,  les 
fourrages  verts  constituent  presqu'entièrement  leur 
nourriture  en  été  ;  mais  lorsqu'elles  vont  au  pâtu- 
rage, ils  ne  sont  donnés  que  pour  compléter  ceux-ci 
lorsque  l'herbe  y  devient  rare  ou  dure. 

Les  fourrages  verts  économisent  du  terrai»":  une 
récolte  d'un  arpent  de  fourrages  verts  fournit  autant 
de  nourriture  aux  vaches  que  trois  à  cinq  arpents 
de  pâturages. 

Ils  économisent  de  la  nourriture  parce  que  les  ani- 
maux les  consomment  entièrement,  tandis  que,  dans 
le  cas  des  pâturages,  une  partie  de  l'herbe  est  pié- 
tinée  par  eux  et  salie  par  leurs  déjections. 

Dans  les  endroits  où  le  sol  est  en  parfait  état  de 
culture  et  a  une  valeur  élevée,  surtout  si  la  main- 
d'œuvre  esta  bon  marché,  il  vaut  mieux  supprimer 
les  pâturages,  tenir  les  vaches  à  l'étable  ou  dans  un 


62  MANUEL 


parc  tout  l'été,  et  les  y  nourrir  avec  des  fourrages 
verts  ;  mais  lorsque  le  prix  de  la  terre  est  bas,  que 
le  sol  est  moyennement  riche,  il  vaut  mieux  conser- 
ver plusieurs  arpents  de  pâturages  que  l'on  complète 
par  des  fourrages  verts  cultivés  sur  d'autres  parties 
de  la  ferme.  C'est  le  cas  général  de  la  province. 
Moins  le  terrain  a  de  valeur,  plus  il  est  avanta 
geux,  en  général,  de  donner  de  l'extension  aux  pâ- 
turages. 

Les  fourrages  verts  s'imposent  si  on  veut  main- 
tenir la  production  du  lait  pendant  l'été,  à  cause 
du  rendement  relativement  faible  des  pâturages 
dans  ce  pays. 

Les  principales  récoltes  que  Ton  peut  couper  en 
vert  pour  les  vaches  sont  le  trèfle,  les  mélanges  de 
mil  et  de  trèfle,  le  dactyle  pelotonné  avec  d'autres 
graminées,  des  mélanges  en  diverses  proportions  de 
pois,  d'avoine  ou  de  seigle  et  de  lentilles,  le  blé 
d'Inde,  le  millet. 

Nous  avons  déjà  parlé  du  trèfle  et  du  mélange  de 
mil  et  de  trèfle  ainsi  que  du  dactyle  pelotonné,  et 
nous  n'y  reviendrons  pas  ici.  Lorsqu'on  sème  un 
mélange  de  pois,  de  lentilles  ou  de  vesces  et  d'a- 
voine, il  faut  compter  lf  minot  d'avoine  ou  de 
seigle,  f  minot  de  pois  et  f-  minot  de  lentilles  ou 
de  vesces  par  arpent. 


d'industrie  laitière  63 


Lorsqu'on  sème  un  mélange  de  pois  et  d'avoine 
ou  de  seigle,  on  compte  2i  minots  de  pois  et  1  mi- 
not  d'avoine  ou  de  seigle. 

Les  mélanges  se  sèment  aussitôt  que  possible  au 
printemps,  sur  labour  d'automne. 

Ce  sont  les  labours  de  terres  franches,  profondes, 
qui  conviennent  le  mieux  à  ces  récoltes.  Herser 
avec  soin  avant  et  après  avoir  semé.  La  semence 
doit  être  enterrée  à  2|  où  3  pouces  de  profondeur. 
Ii  faut  rouler  la  pièce  une  fois  la  semence  en  terre 
et  faucher  au  moment  de  la  floraison.  Certains  pra- 
ticiens recommandent  d'attendre  jusqu'au  moment 
où  les  graines  sont  formées  et  laiteuses.  Comme  les 
graines  ne  restent  pas  longtemps  laiteuses  il  faut 
commencer  à  couper  aussitôt  que  les  fleurs  sont  bien 
développées. 

En  semer  des  pièces  de  8  en  S  jours  ou  de  15  en 
15  jours  pour  en  avoir  jusqu'au  moment  où  le  blé 
d'Inde  peut  se  couper  en  vert. 

On  peut  encore  recommander  un  mélange  d'a- 
voine hâtive,  de  seigle  et  de  lentilles  que  l'on  sè- 
mera de  8  en  8  jours,  à  raison  de  |  de  minot  de 
chaque  et  que  Ton  pourra  commencer  à  couper  à 
la* fin  de  juin. 


64  MANUEL 

Il  faut  couper  ces  fourrages  le  matin,  les  laisser 
fermenter  en  tas  5  ou  6  heures  avant  de  les  donner. 
Les  fourrages  verts,  servis  sans  cette  précaution, 
peuvent  météoriser  les  animaux. 

Ces  récoltes  ont  un  rendement  de  6  à  15  tonnes 
en  vert  à  l'arpent.  Si  les  vaches  étaient  exclusive- 
ment nourries  de  fourrages  verts  à  1  etable  pen- 
dant l'été,  il  faudrait  en  compter  de  100  à  125  lbs 
par  tête  ;  mais  lorsqu'elles  sont  en  pâture,  il  faut 
nécessairement  en  compter  beaucoup  moins  de  1 
arpent  à  2  arpents  de  fourrages  verts  par  10  vaches 
pour  la  saison  d'été,  suivant  la  nature  de  ces  four- 
rages. 

Millet. — Il  réussit  bien  sur  la  terre  franche, 
riche,  sèche  et  bien  ameublie.  C'est  une  plante  riche, 
à  croissance  rapide,  qui  porte  beaucoup  de  feuilles 
et  est  très  nutritive.  On  peut  en  semer  de  mai 
jusqu'en  juillet.  Le  couper  quand  il  commence  à 
fleurir. 

Blé  d'Inde. — Le  blé  d'Inde  peut  se  donner  en 
vert.  On  peut  commencer  à  le  couper  pour  fourrage 
vert  à  partir  du  milieu  d'août  ;  il  pourra  former  la 
nourriture  en  vert  des  animaux  jusqu'au  moment 
où  les  vaches  seront  mises  aux  rations  d'hiver.  Si 
on  fait  une  première  coupe  à  environ  un  pied  du  sol, 


d'industrie  laitière  65 

c'est-à-dire  au-dessus  du  premier  nœud,  le  ble'  d'Inde 
continuera  à  pousser  et  donnera  une  seconde  coupe 
que  Ton  pourra  ensiler.  Nous  en  verrons  la  cul- 
ture à  propos  de  l'ensilage. 

Choux. — Comme  fourrages  verts  on  peut  encore 
compter  les  choux.  Bien  qu'ils  ne  soient  encore  que 
très  peu  cultivés  pour  les  animaux  dans  cette  pro- 
vince, ils  pourraient  cependant  y  bien  réussir  dans 
certains  districts  et  y  être  employés  avantageuse- 
ment pour  les  vaches.  Il  y  en  a  de  nombreuses 
espèces,  depuis  les  choux  pommés  jusqu'aux  choux 
branchus  et  aux  choux  moelliers.  Les  choux  réus- 
sissent en  général  très  bien  sur  les  terres  riches. 
Ils  se  sèment  en  pépinière  avant  d'être  transplantés  ; 
on  a  donc  tout  le  loisir  de  préparer  le  sol  qui  doit 
les  recevoir,  puis  de  les  repiquer  lorsque  toutes  les 
autres  récoltes  sont  semées.  Us  se  cultivent  sur  la 
sole  des  plantes  sarclées  comme  les  autres. 

Choux  pommés. — Pour  en  avoir  des  plants,  on 
choisit  un  sol  riche  et  plutôt  léger,  non  loin  du 
champ  où  ils  seront  transplantés;  on  le  laboure 
l'automne  en  le  fumant  avec  une  forte  dose  de  fu- 
mier bien  fait  ;  au  printemps,  quand  la  neige  sera 
tondue  et  que  le  sol  sera  bon  à  être  travaillé,  herser 
vigoureusement  et  semer  les  choux  en  rangs  espacés 


66  MANUEL 


de  neuf  pouces.  Les  choux  de  Savoie  réussissent  très 
bien  dans  ce  pays.  Pour  avoir  des  plants  pour  un 
arpent  on  emploiera  h  à  f  de  livre  de  semence. 

Pour  transplanter,  on  commence  par  arroser  la 
pépinière  où  se  trouvent  les  plants,  une  heure  avant 
de  les  arracher,  et  si,  précédemment,  les  plants  ont 
été  bien  houés,  ils  s'arracheront  facilement,  la  terre 
restant  après  les  racines.  On  les  tirera  avec  soin, 
sans  secouer  la  terre.  On  creusera  dans  le  champ 
qui  doit  les  recevoir  des  trous  plutôt  larges  que 
profonds.  La  terre  pour  transplanter  devra  avoir 
été  bien  fumée  en  billons  après  avoir  été  travaillée 
au  cultivateur,  puis  hersée  et  roulée.  Le  roulage 
est  important. 

Il  faut  au  planteur  un  aide  pour  lui  tendre  les 
plants.  Le  planteur  creuse  les  trous,  y  place  le  plant 
et  serre  fortement  la  terre  avec  les  mains  ;  puis, 
lorsqu'il  a  planté  un  rang  ou  une  partie  d'un  raug, 
il  tasse  la  terre  avec  les  pieds  de  chaque  côté  des 
plants;  du  tassage  dépend  le  succès.  100  lbs  de  ni- 
trate de  soude  à  l'arpent,  semées  autour  des  plants 
donneront  un  résultat  avantageux. 

On  repique  en  juin.  En  terre  forte,  il  vaut  mieux 
repiquer  par  un  temps  chaud  et  sec,  pour  que  la 
terre  ne  se  prenne  pas  en  motte  autour  des  racines 
lorsqu'on  presse.     Inutile  d'arroser  après  avoir  re- 


D'INDUSTRIE  LAITIERE  67 


piqué  si  on  a  bien  tassé  le  sol  autour  des  plants. 
Une  fois  les  choux  repiqués,  il  faut  les  travailler  à 
Ja  houe  comme  les  autres  plantes  sarclées.  Les  rangs 
doivent  être  espacés  de  24  pouces  et  les  choux  de  12 
pouces  dans  les  rangs  Cela  donne  18000  pieds  à 
l'arpent.  Chaque  chou  peut  peser  de  4  à  8  ou  10 
lbs.  Un  champ  bien  préparé  peut  donc  donner  de 
30  à  60  tonnes  à  l'arpent.  Un  demi  acre  en  pro- 
duit assez  pour. en  fournir  30  lbs  par  jour  à  10  va- 
ches pendant  3  mois  à  3  mois  et  demi. 

Pour  conserver  les  choux  on  étend  sur  le  sol  une 
couche  de  paille,  puis  on  y  place  les  choux'  côte  à 
côte,  les  racines,  que  l'on  a  le  soin  de  ne  pas  couper, 
en  l'air.  On  place  ainsi  six  rangs  de  choux,  puis 
on  les  recouvre  d'un  peu  de  paille  ou  de  feuilles,  et 
de  terre,  puis  on  apporte  quelques  broussailles  pour 
arrêter  la  neige  sur  les  choux.  Les  choux  se  con- 
serveront parfaitement  ainsi  jusqu'au  printemps. 
On  peut  parfois  conserver  les  choux  en  cave. 

Pour  les  choux  moelliers,  semer  en  pépinière,  dans 
le  courant  de  mai,  sur  une  terre  grasse  et  bien  pré- 
parée, ratisser  et  couvrir  de  cendres.  La  quantité 
de  semence  à  employer  est  la  même  que  pour  les 
choux  pommés. 

Repiquer  vers  le  20  juin,  comme  pour  les  choux 
pommés,  en  espaçant  un  peu  plus  ;  biner  deux  fois  ; 


68  MANUEL 


arracher  les  mauvaises  herbes  ;  renchausser  lors- 
qu'ils ont  bien  pris  racine. 

Faire  une  première  coupe  de  feuilles,  pour  les 
vaches,  à  la  base  des  pieds,  vers  le  1er  septembre, 
(4  feuilles  à  chaque  chou),  puis  une  seconde  coupe 
plus  tard.  Couper  les  choux  à  la  fin  d'octobre  Les 
conserver  en  tas  à  l'abri  de  la  gele'e,  pour  les  vaches. 

Ensilage.  —  Les  fourrages  ensilés  ne  sont  pas 
tout-à-fait  aussi  riches  que  verts.  Pendant  la  fer- 
mentation qui  a  lieu  dans  le  silo,  il  y  a  une  perte 
d'albuminoïdes  et  d'hydrates  de  carbone.  Cette 
porte  varie  avec  la  nature  et  la  condition  des  four- 
rages ensilés  et  la  chaleur  de  la  fermentation  en 
silo. 

Pour  la  production  du  lait,  l'ensilage  doit  être 
doux,  aussi  parfumé  que  le  foin  de  trèfle.  Comme 
le  lait  absorbe  facilement  les  mauvaises  odeurs, 
l'ensilage  sur.  dont  l'odeur  désagréable  s'y  retrouve 
souvent,  ne  doit  jamais  être  employé  pour  sa  produc- 
tion. Toutes  les  mesures  doivent  être  prises  pour 
que  son  odeur  ne  pénètre  pas  dans  les  étables,  soit 
en  en  éloignant  le  silo,  soit  en  ayant  une  forte  che- 
minée d'aérage  dans  le  voisinage  de  ce  dernier. 

La  valeur  nutritive  de  l'ensilage  dépend  de  la 
qualité  des  fourrages  qui  le  composent. 


d'industrie  laitière  69 


L'ensilage  est  un  moyen  économique  cle  conserver 
les  fourrages  verts  et,  malgré  la  perte  de  matières 
nutritives  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  il  est 
encore  un  des  moyens  les  plus  avantageux  de  pro- 
curer aux  vaches,  pendant  l'hiver,  une  alimentation 
agréable,  succulente,  supérieure  à  celle  que  procu- 
rent les  fourrages  secs  d'égale  qualité  ;  sans  doute  à 
cause  de  la  combinaison  naturelle  avec  l'eau  des 
constituants  solides  des  plantes  ensilées.  Malheu- 
reusement, il  surit  facilement  et  l'odeur  qu'il  émet 
alors  est  fort  nuisible  au  lait.  C'est  là  son  principal 
inconvénient. 

On  peut  ensiler  toutes  sortes  de  fourrages  verts: 
les  herbes  de  prairies,  les  mélanges  divers  cle  pois, 
d'avoine,  et  de  lentilles,  et  de  fèves,  le  millet  le  trèfle  ; 
etc.  ;  mais  la  récolte  la  plus  économique  pour  être 
ensilée  est  celle  de  blé  d'Inde,  sans  doute  à  cause  du 
fort  rendement  à  l'arpent  de  cette  plante.  L'ensilage 
de  trèfle  ou  d'autres  fourrages  plus  riches  que  le 
blé  d'Inde  est  aussi  plus  riche. 

Blé  d'Inde  d'ensilage. — Pour  l'ensilage  plu- 
sieurs variétés  peuvent  être  recommandées.  Ce  sont 
des  variétés  de  blé  d'Inde  sucré  qu'il  fart  choisir. 
Les  principales  sont  le  Mammouth  sucré  rouge,  le 
Prolifique  géant,  le  Blé  d'Inde  sucré  à  ensilage,  le 


70  MANUEL 

Blé  d'Inde  d'ensilage  à  rafles  rouges,  le  Mammouth 
sucré  à  ensilage,  etc. 

Choisissez  une  bonne  pièce  de  terre,  autant  que 
possible  à  sous-sol  perméable.  Toute  terre  portant 
bien  les  racines  conviendra  parfaitement  a  a  blé- 
d'Inde.  Il  se  cultive  sur  la  sole  des  plantes  sarclées. 
Le  terrain  doit  avoir  été  engraissé  et  labouré  l'au- 
tomne. Ne  pas  craindre  de  mettre  une  forte  fumu- 
mure.  Au  printemps,  passez  le  cultivateur.,  hersez, 
roulez,  tracez  les  sillons  à  la  charrue  double  ou  sim- 
ple, si  vous  n'en  avez  pas  d'autre.  Les  rayons  doi- 
vent être  tracés  à  3i  pieds  d'écartement  pour  les 
grandes  espèces  et  à  2h  pieds  pour  les  petites  espè- 
ces. Semez  un  quart  de  minot  à  l'arpent,  en  met- 
tant dans  les  rangs  de  3  à  5  graines  environ  au  pied 
courant  ;  recouvrez  à  4  pouces  de  profondeur,  à  la 
charrue  double  ou  par  un  hersage  en  travers  et  rou- 
lez. Vous  pouvez  employer  avec  avantage  pour  ce- 
la le  semoir  à  maïs  ;  il  y  en  a  de  très  bons  mainte- 
nant dans  le  commerce.  Quelques  jours  après,  selon 
la  rapidité  de  la  végétation,  hersez  avec  une  herse 
à  dents  couchées  (smoothing  harrow)  ou  à  dents 
grosses  et  courtes.  Hersez  en  long  et  en  large  jus- 
qu'à ce  que  le  blé-d'Inde  ait  atteint  6  pouces  envi- 
ron ;  après  cela  faites  usage  de  la  houe  à  cheval  et 
tenez  la  récolte  nette  jusqu'à  ce  qu'elle  ombrage  le 
sol. 


d'industrie  laitière  71 


Pour  l'ensilage,  de  bons  praticiens  recommandent 
de  récolter  le  blé-d'Inde  lorsque  le  grain  se  lustre  ; 
pour  les  variétés  à  dents,  ils  recommandent  d'atten- 
dre qu'il  soit  bien  denté  ;  d'autres  praticiens  conseil- 
lent de  couper  plus  tôt.  S'il  est  bien  mûr  et  pas  trop 
couvert  d'humidité,  on  peut  le  rentrer  de  suite  ;  si- 
non il  est  préférable  de  le  laisser  en  bottes  pendant 
quelque  temps  sur  le  champ.  Il  vaut  mieux  ne  pas 
e  rentrer  couvert  de  l'humidité  de  la  pluie  ou  de 
la  rosée. 

Le  couper  en  morceaux  de  h  pouce  avant  de  l'en- 
siler ;  le  bien  tasser  dans  le  silo  pour  en  exclure  l'air, 
surtout  dans  les  coins  et  le  long  des  murs. 

La  chose  la  plus  importante  à  atteindre  pour 
réussir  l'ensilage  est  l'exclusion  de  l'air,  et  toutes 
les  précautions  doivent  être  prises  pour  cela.  Quand 
l'air  pénètre,  il  y  a  danger  de  fermentation  trop 
forte  ou  de  moisissure,  l'ensilage  surit. 

Une  tonne  d'ensilage  de  blé -d'Inde  occupe  50 
pieds  cubes.  Un  silo  de  18  x  20  et  de  18  de  haut 
peut  en  contenir  100  tonnes.  Lorsque  l'ensilage 
s'y  sera  tassé,  il  n'occupera  plus  que  14  pieds  de 
haut  environ.  Une  ferme  de  100  arpents  devrait 
avoir  un  silo  d'au  moins  cette  capacité.  On  peut 
compter  sur  au  moins  12  tonnes  d'ensilage  de  blé 


72  MANUEL 

blé-d'Inde  par  arpent.  Deux  tonnes  d'ensilage  de 
blé-d'Inde,  au  point  de  vue  delà  production  du  lait, 
vaut  autant  qu'une  tonne  de  foin  ordinaire.  Une 
tonne  d'ensilage  de  blé-d'Inde  peut  coûter  au  culti- 
vateur, de  81.25  à  S2.."0  y  compris  toute  la  main- 
d'œuvre. 

Racines. — Les  racines,  comme  nous  l'avons  vu, 
jouent  un  grand  rôle  dans  l'amélioration  économi- 
que du  sol,  et  la  culture  ne  doit  pas  en  être  omise 
sous  prétexte  qu'elles  demandent  beaucoup  de  main- 
d'œuvre.  C'est  justement  le  travail  énergique  du 
sol  qu'elles  exigent  qui  est  pour  le  cultivateur  une 
des  principales  sources  de  progrès  Si  la  culture 
du  blé-d'Inde  demande  un  peu  moins  de  main-d'œu- 
vre, en  revanche  les  racines  fournissent  une  alimen- 
tation plus  riche,  comme  nous  le  verrons.  De  plus, 
c'est  une  bonne  chose  de  pouvoir  varier  les  récoltes, 
car  si  les  unes  ne  réussissent  pas,  pour  une  raison  ou 
pour  une  autre,  les  autres  peuvent  parfaitement  réus- 
sir, et  on  n'est  pas  exposé  à  une  perte  totale  certaines 
années.  De  plus,  des  cultures  variées  donnent  plus 
d'aise  au  cultivateur  pour  les  différents  travaux  qui, 
ainsi,  ne  tombent  pas  tous  à  la  fois  ;  enfin,  c'est  une 
bonne  chose  d'avoir  pour  l'hiver  des  aliments  variés 
qui  deviennent  bons  à  être  consommés  les  uns  après 
les  autres  :    les  navets,  par  exemple,  ne  sont  bons 


d'industrie  laitière  73 

qu'au  commencement  de  l'hiver  et  les  betteraves  à 
la  fin.     La  culture  des  racines  s'impose  donc. 

Le  rendement  moyen  des  racines,  dans  la  province, 
de  Que'bec,  pour  des  terres  en  bon  état,  varie  de  15 
à  25  tonnes  à  l'arpent.  On  a  vu  dans  certains  pays 
des  betteraves  donnant  jusqu'à  60  tonnes  à  l'arpent. 
C'est  là,  il  est  vrai,  un  rendement  extraordinaire, 
mais  il  montre  combien  le  rendement  des  racines  est 
élastique  et  jusqu'à  quel  point  l'habileté  de  celui  qui 
les  cultive  convenablement  peut  être  récompensée. 

Les  principales  espèces  de  racines  à  cultiver  sont  : 
les  betteraves  ;  les  navets  (turnips)  ;  les  choux  de 
Siam,  appelés  en  France  rutabagas  et  en  Angleterre 
swedes ;  les  carottes:  les  panais.  On  doit  y  ajouter 
les  pommes  de  terre,  bien  qu'elles  ne  soient  que  des 
tubercules,  parce  que  leur  culture  se  fait  d'une  fa- 
çon analogue.  Pour  toutes  ces  plantes  sarclées,  le  sol 
se  prépare  à  peu  près  de  la  même  manière  :  labour 
et  fumure  d'automne,  culture,  hersage  et  semailles  au 
printemps,  binages  et  hersages  dans  le  cours  de  l'été. 
Elles  se  cultivent  toutes  sur  la  même  sole  appelée 
sole  des  plantes  sarclées. 

Nous  avons  déjà  vu  le  rôle  important  qu'elles 
jouent  dans  l'amélioration  du  sol  et  sa  préparation 
pour  les  autres  récoltes,  et  on  peut  dire  de  plus  que, 


74  MANUEL 


comme  le  blé-d'Inde,  elles  sont  le  meilleur  moyen 
de  diminuer  le  prix  de  revient  du  lait  à  cause  de 
leur  fort  rendement  à  l'arpent.  Les  règles  suivantes 
sur  la  culture  des  racines  fourragères  doivent  être 
modifiées  suivant  les  circonstances. 

Betteraves  fourragères. — Les  betteraves  four- 
ragères sont  les  plus  importantes  des  racines  four- 
ragères pour  la  nourriture  des  vaches  laitières.  Pres- 
que tous  les  sols,  excepté  les  sols  trop  légers,  et 
ceux  qui  sont  trop  compacts,  leur  conviennent.  Leb 
sols  de  texture  moyenne,  riches  et  bien  drainés,  sont 
ceux  qui  leur  conviennent  le  mieux. 

Aussitôt  la  récolte  de  grain  qui  précède  enlevée^ 
procéder  à  un  premier  déchaumage  pour  détruire 
toutes  les  mauvaises  herbes,  herser  quelques  jours 
après  pour  faire  germer  les  mauvaises  graines  qui 
ont  pu  se  ressemer  pendant  la  moisson.  Conduire 
à  peu  près  15  à  20  charges  à  l'arpent  de  fumier 
suffisamment  pourri  pour  qu'il  n'y  reste  pas  de 
mauvaises  graines  vivantes  ;  l'enterrer  en  donnant 
un  fort  labour  à  l'automne  ;  on  prépare  en  même 
temps  les  billons  si  on  a  affaire  à  un  sol  lourd,  ce  qui 
qui  permet  de  gagner,  dans  ce  cas,  du  temps  pour  le 
printemps.  En  sol  moyen  ou  léger,  c'est  au  prin- 
temps, immédiatement  avant  les  semailles,  qu'il  faut 
préparer  les  billons  ;  mais  après  avoir  bien  ameubli 


d'industrie  laitière  75 


le  sol,  .soit  par  un  labour  en  travers,  soit  au  moyen 
du  scarificateur  ;  et  après  avoir  passé  la  herse  et, 
suivant  Je  cas,  le  rouleau.  L'une  des  conditions  de 
réussite  est  que  le  sol  soit  bien  ameubli  et  pulvérisé. 

Les  bilions  doivent  avoir  au  moins  24  pouces  de 
large,  on  les  roule  et  on  place  la  semence  à  leur  som- 
met. Il  faut  au  moins  6  lbs  de  graine  à  l'arpent.  La 
semence  germe  plus  vite  et  plus  sûrement  si  on  la 
fait  tremper  auparavant  18  à  24  heures  dans  de  l'eau 
et  si  on  la  sèche  dans  des  cendres  lavées  et  séchées 
ou  dans  du  sable.  On  peut  encore  semer  les  bette- 
raves avec  un  semoir  à  drilles. 

Aussitôt  qu'elles  sont  bien  levées,  il  faut  les  sar- 
cler, soit  à  la  main,  soit  avec  un  cultivateur  à  main* 
On  passe  ensuite  la  houe  à  cheval  aussi  souvent  que 
possible.  Aussitôt  que  la  récolte  est  assez  forte 
pour  être  démariée,  on  exécute  le  démariage,  ne  lais- 
sant qu'une  plante  tous  les  10  à  12  pouces  dans  les 
rangs.  Dix  jours  plus  tard  on  exécute  un  autre 
sarclage,  puis  on  passe  la  houe  à  cheval  entre  les 
rangs  tant  que  les  feuilles  ne  les  couvrent  pas  com- 
plètement, et  on  n'a  plu  qu'à  attendre  la  récolte. 

On  récolte  les  betteraves  avant  les  gelées.  On  en 
arrache  les  queues  avec  les  mains.  Si  on  les  laisse 
quelques  jours  sur  le  champ,  en  tas  que  l'on  recouvre 
avec  leurs  feuilles,  elles  ne  fermentent  pas  à  la  cave 


76  MANUEL 

où  elles  s'améliorent  généralement.  Récolte  moyenne 
20  à  25  tonnes  à  l'arpent: 

Navets.  (Turnips)  et  Choux  de  Siam  (Ruta- 
bagas OU  Swedes.) — La  bonne  terre  franche,  plu- 
tôt un  peu  légère,  pas  trop  riche  en  humus,  bien 
drainée,  qui  se  travaille  et  se  pulvérise  bien  est  ce 
qui  leur  convient  le  mieux. 

Le  travail  du  sol  à  l'automne,  pour  ces  racines,  se 
fait  de  la  même  manière  que  pour  les  betteraves. 
Au  printemps,  il  faut  donner  un  labour  en  travers  ; 
on  travaille  le  sol  au  cultivateur  avant  de  tracer  les 
sillons.  On  ne  les  sème  pas  d'aussi  bonne  heure 
que  les  betteraves  à  cause  des  mouches.  En  les  se- 
mant du  10  au  15  juin,  ils  seront  rapidement  à  l'abri 
des  attaques  de  ces  mouches  parce  que  leur  crois- 
sance est  rapide.  On  emploie  pour  tracer  les  sillons 
une  charrue  spéciale.  Les  rangs  doivent  être  dis- 
tants de  28  à  'jO  pouces.  Semer  de  3  à  6  Ibs  à  l'ar- 
pent. Dix  jours  après  les  semailles,  commencera 
passer  entre  les  rangs  une  charrue  sous-soleuse  et 
la  houe.  L'éclaircissement  peut  se  faire  presqu'en- 
tièrement  à  la  houe.  Un  homme  habile  peut  éclaicir 
un  quart  d'arpent  par  jour  II  faut  laisser  12  à  15 
pouces  entre  les  plants  dans  les  rangs.  Bien  détruire 
les  mauvaises  herbes.  Les  navets  s'arrachent  à  la 
main  ou  à  la  houe.   On  en  coupe  les  queues.  Il  faut, 


d'i  ndustrie  laitière  77 


en  les  emmagasinant  à  la  cave,  prendre  la  précaution 
de  les  rentrer  bien  secs  et  sans  terre.  La  cave  doit 
être  bien  ventilée.  Récolte  moyenne:  navets  17 
tonnes  à  l'arpent,  choux  de  Siam  14  tonnes  à  l'ar- 
pent. 

Carottes. — Le  sol  qui  convient  le  mieux  aux  ca- 
rottes est  une  terre  franche,  légère  et  profonde.  Les 
variétés  à  racines  courtes  viennent  bien  aussi  sur 
des  sols  moins  profonds  et  plus  lourds. 

Le  sol  se  prépare  comme  pour  les  navets  et  les 
choux  de  Siam.  Il  doit  être  travaillé  plus  profon- 
dément. Les  autres  travaux  se  font  aussi  d'une 
manière  semblable. 

Elles  germent  lentement  et  il  convient  de  les  se- 
mer de  bonne  heure  en  général.  Les  rangs  doivent 
en  être  espacés  de  18  à  24  pouces.  Il  faut  compter 
de  3  à  6  lbs  de  semence  à  l'arpent.  On  les  éclaircit 
dans  les  rangs  à  une  distance  de  5  à  7  pouces.  On 
les  arrache  à  la  main.  Pour  faciliter  l'arrachage,  on 
peut  passer  la  charrue  entre  les  rangs. 

Certains  praticiens  recommandent  de  ne  pas  les 
semer  trop  tôt  et  prétendent  que  les  travaux  de  cul- 
ture seront  beaucoup  moindres  et  la  récolte  proba- 
blement aussi  forte  en  ne  les  semant  que  le  premier 
juin.     Une  récolte  de    carottes  semée  à  cette  date 


78  MANUEL 


peut  en  rattraper  une  autre  semée  environ  un  mois 
plus  tôt.     Rendement  12  à  20  tonnes  à  l'arpent. 

Panais. — Les  panais  se  cultivent  comme  les  ca- 
rottes, produisent  bien  et  donnent  environ  12  tonnes 
à  l'arpent. 

Pommes  de  terre. — Pour  la  culture  en  grand, 
il  faut  préférer  les  variétés  hâtives  que  l'on  peut 
arracher  de  bonne  heure  en  automne  et  qui,  pour 
cette  raison,  sont  moins  sujettes  à  pourrir.  Ne  pas 
cultiver  trop  longtemps  la  même  variété  sur  le  même 
terrain.  On  cultive  les  pommes  de  terre  sur  la  sole 
des  plantes  sarclées.  Elles  réussissent  bien  sur  pres- 
que tous  les  sols  que  l'on  peut  ameublir  convenable- 
ment. Ce  sont  les  sols  naturellement  riches,  pro- 
fonds, secs  et  poreux  qui  leur  conviennent  le  mieux. 
Un  sous- sol  perméable  leur  est  très  favorable. 

Le  terrain  doit  être  préparé  dès  l'automne  par  un 
déchaumage  et  un  bon  labour.  Employer  12  à  15 
tonnes  de  fumier  à  l'arpent.  On  trace  les  sillons  à 
la  charrue  à  une  profondeur  de  4>  ou  5  pouces  et  dis- 
tants de  24  à  trois  pieds.  On  plante  la  semence  avec 
des  intervalles  d'environ  un  pied  dans  les  rangs  et 
on  la  recouvre  soit  à  la  charrue  soit  à  la  houe.  Deux 
jours  avant  son  emploi,  il  est  bon  de  la  souspoudrer 
avec  de  la  chaux  éteinte  ;  après  ce  traitement  elle 
lève  plus  vite. 


d'industrie  laitière  79 

Avant  que  les  plantes  ne  sortent  de  terre,  il  est 
bon  de  herser  fortement  le  sol  avec  une  herse  à 
courtes  dents  pour  entraver  le  développement  des 
mauvaises  herbes  et  hâter  la  croissance  des  plantes. 
Une  fois  que  les  plantes  sont  levées,  il  faut  passer 
la  houe  à  cheval  entre  les  rangs  une  ou  deux  fois 
dans  le  courant  de  l'été.  On  renchausse  avec  la  char- 
rue. Dans  un  bon  terrain,  bien  sec  et  bien  meuble, 
on  peut  se  dispenser  du  renchaussage  en  enterrant 
la  semence  un  peu  plus  profondément. 

Contre  la  "mouche  à  patates  "  on  se  sert  du  vert 
de  Paris  que  l'on  emploie,  soit  en  poudre,  dans  un 
mélange  de  1  lb  de  vert  et  100  lbs  de  plâtre,  soit 
sous  forme  liquide,  en  mélangeant  une  grande  cuil- 
lerée de  vert  par  trois  gallons  d'eau  et  répandant  ce 
mélange  au  moyen  d'un  pulvérisateur  ou  d'un  ton- 
neau sur  roue  muni  d'une  pompe  foulante  et.de 
deux  ou  plusieurs  becs  spéciaux.  On  peut  en  faire 
deux  ou  trois  applications  dans  le  courant  de  l'été 
suivant  la  quantité  des  mouches. 

Contre  la  pourriture  et  l'échaudage,  on  emploie 
]a  bouillie  bordelaise  qui  est  un  mélange  de  4  lbs 
de  chaux  vive  éteinte,  4  lbs  de  vitriol  bleu  en  pou- 
dre, dans  30  gallons  d'eau.  On  en  fait  deux  applica- 
tions, la  première  quand  les  plantes  ont  six  pouces 
de  haut  et  la  seconde  quinze  jours  plus  tard.     Si  le 


80  MANUEL 


temps  est  humide  il  faut  eu  faire  d'autres  applica- 
{ ions  à  l'automne. 

On  arrache  les  pommes  de  terre,  soit  à  la  charrue, 
soit  avec  un  arrache-pommes  de  terre.  Il  faut  les 
rentrer  à  la  cave  bien  sèches,  sans  les  exposer  direc- 
tement aux  rayons  du  soleil.  La  cave  doit  être 
obscure,  sèche  et  sa  tempe'rature  ne  doit  pas  s'élever 
au-dessus  de  45o  ni  descendre  en  dessous  de  32o. 

On  peut  compter,  si  le  sol  est  favorable  et  la  cul- 
ture bien  faite,  sur  une  récolte  de  200  à  400  minots 

à  l'arpent. 

Grains. —Les  grains  jouent  un  rôle  important 
dans  la  production  du  lait  et  l'utilisation  des  rési- 
dus de  la  laiterie  par  les  porcs.  Toute  terre  culti- 
vée en  vue  de  l'industrie  laitière  doit  donc  com- 
prendre un  certain  nombre  d'arpents  de  grains 
Les  grains  sont  à  si  bon  marché  dans  le  commerce, 
qu'on  pourrait,  il  est  vrai,  cultiver  des  fourrages  en 
quantité  et  acheter,  avec  le  surplus  que  l'on  en 
pourrait  avoir,  les  grains  nécessaires.  Mais  comme 
cette  opération  n'est  pas  toujours  facile  dans  les 
pays  éloignés  des  villes,  et  comme  le  transport  des 
fourrages  au  marché  est  souvent  coûteux,  il  est  en 
général  plus  avantageux  de  les  récolter  soi-même, 
si  le  sol  est  bon  et  en  bon  état  de  culture. 


d'industrie  laitière  81 

Les  principaux  grains  employés  à  la  production 
du  lait,  sont  le  blé,  l'orge,  l'avoine,  le  blé-d'Inde, 
les  pois,  les  fèves,  la  graine  de  lin. 

Le  blé,  l'orge  et  la  graine  de  lin  se  cultivent 
ordinairement  à  la  suite  des  plantes  sarclées  ; 
l'avoine  se  cultive  avantageusement  sur  un  relevé 
de  prairie  ;  le  blé-d'Inde  est  à  sa  place  sur  la  sole 
des  plantes  sarclées  ainsi  que  les  fèves  qui  réus- 
sissent dans  certaines  parties  de  la  province  et 
doivent  être  recommandées  quand  la  culture  en  est 
possible.  Les  pois,  pour  grain,  se  placent  de  préfé- 
rence à  la  suite  de  l'avoine  et  souvent  sur  un  rele- 
vé de  prairie  et  sur  la  sole  qui  précède  celle  des 
plantes  sarclées. 

La  culture  des  principales  céréales,  blé,  orge, 
avoine  ainsi  que  celle  des  pois  et  du  blé-d'Inde 
pour  grain  est  généralement  bien  connue  des  cultiva- 
teurs. Cet  ouvrage  étant  avant  tout  un  traité 
d'industrie  laitière,  ne  peut  entrer  dans  le  détail 
de  ces  cultures  pour  lesquelles  le  cultivateur  devra, 
en  cas  de  besoin,  consulter  un  traité  d'agriculture 
générale.  Il  n'est  cependant  pas  inutile  ici  de  par- 
ler brièvement  des  cultures  moins  connues  du  lin 
et  des  fèves. 

6— 


«2  MANUEL 

Lin. — Le  lin  se  cultive,  soit  pour  la  graine,  soit 
pour  la  fibre.  C'est  la  graine  qui  intéresse  l'indus- 
trie laitière.  Lorsqu'on  le  cultive  pour  la  graine,  on 
doit  semer  plus  clair  que  si  l'on  a  en  vue  la  produc- 
tion de  la  fibre.  De  bons  praticiens  prétendent, 
quoique  ce  ne  soit  pas  là  l'avis  général,  qu'il  est 
possible,  lorsque  le  sol  est  bon  et  bien  préparé,  d'ob- 
tenir à  la  fois  une  bonne  récolte  de  fibres  et  de 
graines.    « 

Le  lin  réussit  bien  sur  tous  les  sols  qui  produisent 
de  bonnes  récoltes  de  céréales  ;  certains  sols  qui  ne 
conviennent  pas  aux  céréales  peuvent  quelquefois 
donner  une  abondante  récolte  de  lin.  Le  lin  aime 
bien  les  sols  profonds,  fertiles  et  la  terre  franche 
bien  meuble.  Il  ne  réussit  pas  dans  les  terrains 
humides  et  non  aérés. 

Cette  récolte  demande  du  fumier  bien  fait.  Le 
lit  de  semence  doit  être  bien  pulvérisé  et  bien  ho- 
mogène pour  qu'il  soit  possible  d'y  répartir  la  se- 
mence bien  uniformément,  condition  principale  du 
succès.  Si  la  surface  du  sol  est  irrégulière,  la  chose 
est  impossible.  Si  le  sol  est  pris  en  mottes,  il  faut 
passer  le  rouleau.  Si  le  sol  est  déjà  bien  endetté, 
on  emploiera  une  herse  légère  à  dents  courtes  et 
rapprochées.  Il  faudra  choisir  la  meilleure  semence 
qui  est  toujours  la  plus  grosse  et  la  plus  brillante. 


d'industrie  laitière  83 

lies  meilleurs  praticiens  recommandent  1-J-  minots 
de  semence  à  l'arpent,  aussi  bien  pour  récolter  de  la 
fibre  que  pour  récolter  de  la  graine,  si  le  terrain  est 
bon.  D'autres  recommandent  pour  la  graine  de 
h  à  un  minot  à  l'arpent,  et  pour  de  la  fibre  très  fine, 
de  trois  à  quatre  minots  à  l'arpent.  Il  faut  semer 
aussitôt  que  le  sol  s'est  rassis  et  qu'il  s'est  suffisam- 
ment réchauffé.  Si  on  sème  trop  tôt,  la  récolte 
sera  rabougrie,  si  on  sème  trop  tard,  on  s'expose 
aux  gelées  d'automne.  Le  meilleur  moment  pour 
semer  eit  après  une  pluie  d'orage,  alors  que  toute  la 
surface  du  sol  eut  devenue  bien  friable. 

Lorsqu'on  veut  semer  de  la  graine  de  lin  sans  la 
préparer,  elle  glisse  dans  les  mains  et  on  ne  peut  la 
répartir  uniformément  sur  le  sol.  Pour  éviter  cet 
inconvénient,  il  faut  la  faire  tremper  pendant  deux 
ou  trois  heures  dans  de  l'eau  chaude,  puis  on  la 
roule  ensuite  dans  du  plâtre  ;  après  cette  opération 
on  pourra  la  semer  bien  plus  régulièrement.  Le 
lin  est  la  semence  la  plus  difficile  à  semer.  Les  se- 
moirs, soit  à  rayons,  soit  à  la  volée  ne  conviennent 
pas  pour  cette  semence. 

La  graine  de  lin  ne  demande  qu'à  être  très  légè- 
rement recouverte.  On  emploie  pour  cette  opéra- 
tion, non  une  herse  à  dents,  mais  une  herse  spéciale 
en   forme   de  balai  ou   tout  au  moins  une  herse 


S4  MANUEL 


d'épines,  qu'il  faudra  tirer  à  la  main.  Les  che- 
vaux, en  piétinant  le  sol,  enterreraient  la  semence 
trop  profondément  sur  leur  passage  et  la  récolte 
croîtrait  et  mûrirait  irrégulièrement. 

Lorsqu'on  laisse  la  récolte  mûrir  complètement, 
la  graine  est  de  meilleure  qualité,  mais  la  libre  est 
moins  bonne.  Lorsqu'on  veut  profiter  de  la  fibre, 
il  faut  faire  la  récolte  lorsque  les  capsules  ont  pris 
une  couleur  brune  et  lorsque  les  feuilles  sont  moites 
à  la  base  de  la  tige,  sur  un  quart  de  sa  longueur  et 
que  les  tiges  elles-mêmes  ont  passé  du  vert  foncé  à 
une  légère  couleur  jaune. 

Comme  on  peut  facilement  tirer  un  parti  avan- 
tageux de  la  fibre  de  lin,  les  cultivateurs  devraient 
toujours  cultiver  cette  plante  en  vue  de  la  fibre, 
car  ils  en  récolteraient  en  même  temps  suffisam- 
ment de  graine  pour  leurs  animaux.  Ils  obtien- 
draient ainsi  leur  graine  de  lin  à  un  prix  de  revient 
assez  bas.  On  peut  considérer  comme  une  bonne 
récolte  300  lbs  de  fibres  préparées,  100  lbs  de  grosse 
étoupe,  o0  lbs  de  fine  étoupe  et  10  minots  de  graine 
à  l'arpent. 

On  trouvera  tous  les  renseignements  relatifs  à  la 
culture  du  lin  dans  une  petite  brochure  intitulée 
"  Manual  ofjlax  culture,  hy  practical  flaxgroivers  " 


d'industrie  laitière 


85 


Orange.  Judd  Company,  —  751,  Broadway ,  New 
York,  et  dans  le  "  Journal  cV  Agriculture  illustré,  " 
Nos  de  février  à  juillet  1895. 

Fèves. — Les  fèves,  connues  encore  sous  le  nom 
de  féveroles,  gourganes,  fèves  à  café,  fèves  à  che- 
val, viennent  bien  dans  certaines  parties  de  la  pro- 
vince et  en  particulier  dans  le  district  de  Montréal. 
Leur  culture  se  fait  d'une  manière  semblable  à  celle 
du  blé-d'Inde,  demande  les  mêmes  soins,  et  comme 
lui,  un  bon  terrain  bien  préparé.  Les  rangs  doivent  en 
être  espacés  de  20  à  30  pouces.  Cette  plante  pousse 
à  une  hauteur  de  3  à  4  pieds.  Elle  rend  30  minots 
de  graines  à  l'arpent  et  une  tonne  de  paille. 

On  peut  aussi  cultiver  de  la  même  manière  des 
fèves  naines  qui  ont  un  rendement  de  40  minots  à 
l'arpent. 

RENDEMENT  DES  PRINCIPALES  RÉCOLTES  DE  GRAIN 

On  peut  compter  pour  une  bonne  récolte  par  ar- 
pent : 


Blé 

.  .    30  minots    .  . 

. .   3158  Ibs 

Orge 

..   40 

ce 

. .   2447   " 

Avoine 

.    4:» 

CC 

. .    2835    " 

Blé-d'Inde    .  . 

..   30 

a 

. .    220S    « 

Fèves 

..   30 

CC 

. .    2240    " 

Pois 

..   20 

ce 

86  MANUEL 


Avoine,  pois,  vesces,  blé  d'Inde  employés 
comme  fourrages  secs.  —  L'avoine,  les  pois,  les 
vesces,  le  blé  d'Inde,  ainsi  que  leurs  mélanges,  sont 
souvent  récoltés  comme  fourrages  secs  pour  être 
servis  aux  animaux  sans  être  battus.  La  paille  est 
un  élément  peu  nutritif  par  lui-même,  cependant 
servie  avec  du  grain,  elle  peut,  comme  on  le  verra 
dans  le  chapitre  suivant,  donner  de  bons  résultats. 

Pour  ce  qui  est  de  l'avoine,  des  pois  et  des  vesces 
ou  de  leurs  mélanges  récoltés  secs,  la  manière  de  les 
récolter  est  suffisamment  connue  pour  qu'il  soit  inu- 
tile d'en  parler  ici.  Mais  pour  le  blé  d'Inde  il  n'en 
n'est  plus  de  même,  et  voici  ce  que  recommandent 
à  son  sujet  de  bons  praticiens. 

Lorsque  le  blé  d'Inde  est  cultivé  pour  grain,  si  on 
veut  en  conserver  la  paille,  une  bonne  méthode  est 
d'entasser  les  tiges  dans  la  grange,  avant  qu'elles  ne 
soient  complètement  sèches,  en  couches  alternant 
avec  des  lits  de  paille  de  céréales. 

C'est  un  mauvais  système  de  laisser  les  tiges  sur 
pied  pour  en  venir  prendre  chaque  jour  une  certaine 
quantité  pendant  l'hiver  ;  les  pluies  d'automne  et 
les  gels  et  dégels  de  l'hiver  en  diminuent  les  qua- 
lités nutritives.  Cependant  si  on  veut  les  laisser  en 
plein  air,  il  faut  les  placer  en  gerbes  les  têtes  atta- 


d'industrie  laitière  87 

chées  solidement  ensemble  et  de  telle  sorte  que  la 
neige  ne  puisse  pas  pénétrer  au  centre  des  gerbes. 

Certains  cultivateurs  font  sécher  le  blé  d'Inde 
avec  les  épis  en  moyettes,  puis  placent  ensuite  les 
gerbes  horizontalement  les  unes  par  dessus  les  autres 
en  tas  dans  une  grange  en  mettant  les  pieds  des 
tiges  en  dehors  et  les  têtes  ensemble  au  milieu  du 
tas.  Ces  cultivateurs  prétendent  que  le  ble  d'Inde 
ainsi  serré  ne  fermente  pas.  Après  l'avoir  liissé 
sécher  encore  quelque  temps,  ils  le  hachent  po  îr  le 
mélanger  à  de  la  paille  ou  à  du  foin,  le  blé  d'In  le 
entrant  pour  un  tiers  dans  le  mélange.  Ils  laissent 
ensuite  ce  mélange  dans  les  tasseries  jusqu'à  ce  qu'il 
soit  donné  aux  animaux.  D'autres  empilent  les  ger- 
bes verticalement  les  unes  sur  les  autres. 

Voici  encore  un  procédé  suivi  aux  Etats  :  Le  blé- 
d'Inde  à  récolter  pour  être  consommé  comme  four- 
rage sec  se  cultive  comme  pour  grain.  Lorsque  les 
épis  sont  en  lait,  on  coupe  les  tiges  à  raz  le  sol  et  on 
les  laisse  sécher  deux  ou  trois  jours.  On  en  forme 
ensuite  de  petites  bottines  que  l'on  plante  les  unes 
contre  les  autres,  dont  on  lie  fortement  toutes  les 
têtes  ensemble  et  dont  on  écarte  les  pieds  pour 
permettre  la  pénétration  de  l'air  dans  le  tas.  On 
les  abandonne  dans  cet  état  jusqu'à  ce  que  les  tiges 
soient  à  peu  près  sèches  et  que  les  épis  soient  ra- 


88 


MANUEL 


cornis.  On  en  forme  ensuite  de  petites  meules  d'en- 
viron mille  bottes  chaque,  les  bottes  étant  placées 
contre  une  charpente  grossière  à  claire-voie  en 
forme  de  pyramide,  ce  qui  permet  à  l'air  de  péné- 
trer à  l'intérieur. 

BONNE  RÉCOLTE  PAR  ARPENT,  PAILLE  ET  GRAIN 


Au  moment  de 

Tout  à  fait     ', 

la  moisson 

secs 

'3 

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îbs 

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îbs 

îtjS 

Blé. 

30  minots 

1800 

3158 

4958 

i53o 

2653 

4183 

Orge, 

J.0          " 

208c 

^447 

45  2  7 

1747 

2080 

3S27 

Avoine, 

45        " 

189c 

2B35 

47  2  5 

1625 

2353 

3978 

Ble-d'Inde. 

30       " 

1680 

2208 

3888 

1500 

1877 

337  7 

Fèves, 

30 

192c 

2240 

4160 

1613 

1848 

346i 

Pois 

20 

2500 

Remarques  générales. — Dans  certains  pays 
d'Europe,  certaines  régions  dont  le  climat  et  la  na- 
ture du  sol  sont  uniformes,  ont  leur  méthode  parti- 
culière de  culture.  Cette  méthode  est  le  résultat  de 
l'expérience  des  meilleurs  cultivateurs  de  ces  régions 
depuis  de  longues  années.  Elle  se  modifie  petit  à 
petit  et  avec  prudence,   suivant   les   progrès  de  la 


d'industrie  laitière  89 


science  et  les  variations  des  marchés.  Dans  ces  ré- 
gions tout  le  monde  y  cultive  à  peu  près  de  la  même 
manière,  et  avec  raison,  puisque  la  méthode  suivie 
est  sanctionnée  par  une  longue  expérience,  qu'elle  est 
la  meilleure,  et  qu'en  s'en  écartant,  on  s'exposerait 
à  des  déboires. 

Mais  dans  cette  province,  il  non  est  pas  de  même  ; 
les  anciennes  méthodes,  qui  n'ont  pas  été  modifiées 
avec  les  progrès  de  la  science,  prévalent  encore  dans 
bien  des  districts  :  de  nouvelles  ne  sont  pas  trou- 
vées. Les  uns  voudraient  en  créer  de  toutes  pièces 
d'après  les  résultats  qu'ils  ont  obtenus  sur  leur  pro- 
pre terre  et  les  imposer  partout,  sans  s'inquiéter  que 
le  sol,  le  climat  et  les  conditions  économiques  ne  sont 
pas  les  mêmes  dans  toute  la  province  ;  d'autres 
veulent  continuer  à  s'en  tenir  aux  anciennes  ;  beau- 
coup tâtonnent  et  essayent  pour  leur  propre  compte, 
et,  finalement,  à  part  dans  une  ou  deux  régions,  rien 
n'est  encore  coordonné.  Dans  un  même  district, 
les  meilleurs  cultivateurs  ne  sont  souvent  même 
pas  d'accord  sur  les  récoltes  à  adopter  systémati- 
quement de  préférence,  ni  sur  le  genre  d'assolement 
ni  sur  ces  mille  choses  qui  constituent  un  type  de 
culture.  De  nouvelles  plantes  à  introduire  dans 
le  pays  n'ont  pas  été  essayées  sérieusement  partout 
et  les  statistiques  manquent. 


90  MANUEL 


On  comprend  donc  qu'il  soit  encore  fort  difficile 
pour  qui  que  ce  soit  d'indiquer  complètement  et 
sûrement  ici  les  meilleurs  types  de  culture  propres 
à  chaque  district  de  cette  province,  et  dans  lesquels 
les  cultivateurs  puissent  avoir  confiance.  On  ne  peut 
encore  actuellement  que  rappeler  certains  faits, 
vrais  dans  certaines  circonstances  mais  ne  s'appli- 
quant  pas  généralement  dans  tous  les  cas. 

On  le  comprendra  d'autant  mieux  que  chacun 
sait  que  dans  le  Bas-Fleuve,  par  exemple,  ou  dans 
le  district  du  Lac  St-Jean,  il  n'est  pas  possible  de 
cultiver  exactement  de  la  même  manière  que  dans 
le  district  de  Montréal,  la  nature  du  climat,  celle  du 
sol,  son  état  de  culture  et  les  marchés  n'étant  pas 
les  mêmes  dans  ces  diverses  régions. 

Quoiqu'il  en  soit,  dans  ce  premier  chapitre,  j'ai 
rappelé  les  règles  les  plus  générales  et  les  plus  im- 
portantes de  la  bonne  organisation  des  entreprises 
agricoles,  j'y  ai  ajouté  tout  ce  que  j'ai  pu  trouver 
de  plus  certain,  d'après  les  meilleurs  praticiens  du 
pays,  en  fait  de  règles  particulières  ou  de  méthodes 
de  culture,  en  ayant  soin,  toutefois,  d'indiquer,  au- 
tant que  possible,  les  circonstances  dans  lesquelles 
elles  ont  le  plus  de  chances  de  réussir. 


d'industrie  laitière  91 

Ii  y  a  eu  bien  des  progrès  de  faits  dans  la  provin- 
ce de  Québec  depuis  plusieurs  années,  et  bon  nom- 
bre de  cultivateurs  intelligents  font  de  réels  efforts 
pour  arriver  à  une  solution  ;  mais  des  efforts  isolés 
ne  sont  pas  suffisants  :  ce  que  je  viens  de  dire  le  fait 
ressortir  pleinement. 

Le  problème  agricole  est  une  chose  fort  complexe 
et  l'expérience  de  l'un,  si  remarquable  fut-elle,  n'est 
jamais  complète  et  ne  peut  pas  toujours  servir  à 
tous  dans  tous  les  cas.  Il  faut  des  résultats  nom- 
breux obtenus  dans  des  circonstances  variées  pour 
qu'il  puisse  en  être  tiré  des  conclusions  sérieuses 
réellement  profitables  au  public. 

Les  cultivateurs  devraient  avoir  leur  tête  meublée 
de  mille  moyens  de  se  tirer  d'affaire  dans  tous  les 
cas  qui  peuvent  se  présenter  à  eux  :  ils  devraient 
en  un  mot  avoir  de  la  théorie  en  même  temps  que 
de  la  pratique  et  ne  pas  se  contenter  de  connaître 
et  de  pratiquer  les  quelques  enseignements  souvent 
erronés  de  l'ancienne  routine.  Dans  ce  but  il  serait 
fort  à  désirer  qu'ils  étudiassent  les  moyens  que  la 
science  leur  propose  déjà  et  missent  leur  expérience 
en  commun  pour  le  bien  public  :  les  moyens  ne 
manquent  pas  pour  cela. 


CHAPITRE  II 


Nombre  de  vaches  à  tenir  sur  une  ferme. — Ration  d'en- 
tretien et  ration  de  production — Objection.— Qua- 
lités d'une  bonne  vache  laitière. — Epreuve  des 
vaches  laitières. —Amélioration  des  troupeaux  de 
vaches  laitières.  — Choix  du  taureau. — Caractères 
généraux  d'une  bonne  vache  laitière. — Choix  de  la 
race  de  vaches  à  adopter. — Différentes  races  de 
vaches  laitières. — Production  du  lait  et  du  gras  par 
les  vaches  laitières. — Exemples  de  résultats  obtenus 
avec  des  vaches  laitières. — Caractères  des  diffé- 
rents fourrages  et  aliments  que  peuvent  utiliser  les 
vaches  laitières. — Principes  d'alimentation  des  va- 
ches laitières.  -Soins  à  donner  aux  vaches  laitières. 
— Production  du  lait  et  traite  des  vaches. — Étables. 
Veaux.     Fumiers.  —  Remarques  générales. 

La  seconde  opération  de  l'industrie  laitière  est  la 
transformation  des  fourrages  en  lait  ;  le  prix  de 
revient  du  lait  dépand  donc,  non  seulement  du  prix 
coûtant  sur  la  ferme  de  ces  fourrages  et  des  autres 
aliments  des  vaches,  mais  encore  de  leurs  frais  de 
transformation  ;  ces  frais  sont  nombreux  et  com- 
plexes, et  il  importe  tout  d'abord  d'en  bien  saisir 
la  nature.  Ceci  nous  amène  à  l'étude  et  au  choix 
des  vaches  laitières  puis  aux  principes  généraux  de 


d'industrie  laitière  93 

leur  alimentation  rationnelle,  choses  qui  feront  le 
sujet  de  ce  chapitre. 

Nombre  des  vaches  à  tenir  sur  une  ferme. 

— La  vache  laitière  est  la  machine  par  le  moyen  de 
laquelle  les  fourrages  sont  transformés  en  lait,  et 
1°  la  quantité  annuelle  de  lait  que  l'on  peut  obtenir 
sur  une  ferme  dépend  avant  tout,  non  du  nombre 
de  vaches  nourries  sur  la  ferme,  mais  bien  de  la 
quantité  de  fourrages  récoltés,  principe  déjà  énoncé 
au  commencement  du  premier  chapitre  de  ce  livre  ; 
2°  le  nombre  des  vaches  à  tenir  sur  une  ferme 
doit  se  calculer  d'après  la  récolte  moyenne  annuelle 
que  l'on  peut  espérer 

Ce  sont  là  deux  principes  évidents,  dira-t-on  ; 
cependant,  il  n'est  pas  inutile  de  les  rappeler  ici, 
parce  qu'un  certain  nombre  de  cultivateurs  pensent 
encore  qu'il  vaut  mieux,  pour  accroître  la  produc- 
tion du  lait,  augmenter  le  nombre  de  leurs  vaches, 
sauf  à  réduire  leurs  rations,  et  rattachent,  au  fond 
beaucoup  trop,  la  production  du  lait  au  nombre  de 
ces  animaux.  Ce  préjugé  doit  être  fortement  com- 
battu parce  qu'il  contribue  à  l'augmentation  du 
prix  de  revient  du  lait  dans  une  large  mesure. 

La  règle  générale  qui  résulte  des  deux  principes 
énoncés  ci-dessus  est,  qu'étant  donnée  une  certaine 


94  MANUEL 

quantité  de  fourrages,  il  faut  avoir  pour  les  consom- 
mer dans  le  cours  de  l'année,  le  moins  de  vaches 
possible,  que  l'on  nourrit  au  maximum. 

Dix  vaches  bien  nourries  demandent  beaucoup 
moins  de  nourriture  que  vingt  vaches  pour  produire 
la  même  quantité  de  lait. 

Ration  d'entretien  et  ration  de  production. 

— La  ration  de  chaque  vache  peut,  en  effet,  se  divi- 
ser en  deux  parties  :  la  première  partie  sert  à  l'en- 
tretien de  toutes  les  fonctions  vitales  de  l'animal,  et 
l'autre  directement  à  la  production  du  lait.  La 
première  partie  de  la  ration,  qui  est  absolument  né- 
cessaire, s'appelle  ration  d'entretien,  et  la  seconde, 
ration  de  production.  On  comprend  donc  que  si, 
pour  10  vaches,  il  ne  faut  que  10  rations  d'entre- 
tien et  10  rations  de  production,  pour  20  vaches 
produisant  chacune  moitié  moins  de  lait,  il  faudra 
20  rations  d'entretien  et  20  demi-rations  de  pro- 
duction. Comme  les  rations  d'entretien  ne  servent 
pas  à  la  production  directe  du  lait,  on  voit  que 
dans  le  premier  cas  nous  avons  à  donner  10  rations 
d'entretien  pour  10  rations  de  production,  et  dans  le 
second  20  rations  d'entretien  pour  10  rations  de 
production.  Ce  fait  démontre  l'économie  qu'il  y  a 
à  diminuer  le  plus  possible  le  nombre  des  vaches 
pour  consommer  une  certaine  quantité  de  fourrages. 


d'industrie  laitière  95 

Objection.— Cependant  une  objection  peut  se 
soulever.  D'après  le  système  actuellement  .suivi  par 
un  grand  nombre  de  cultivateurs,  les  vaches  ne 
produisent  du  lait  que  pendant  l'été,  époque  de  l'an- 
née à  laquelle  elles  sont  au  pâturage,  où  la  nourri- 
ture ne  coûte  apparemment  presque  rien,  et  pen- 
dant l'hiver,  époque  à  laquelle  la  nourriture  des 
animaux  est  si  chère  qu'il  paraît  y  avoir  peu  d'a- 
vantage à  faire  du  lait,  elles  ne  reçoivent  qu'une 
simple  ration  d'entretien  réduite  au  minimum.  Mais: 

1°  Avec  cette  méthode,  il  faut  donner  un  o-rand 
développement  aux  pâturages  ;  il  faut  une  terre 
d'une  grande  étendue,  et  si  la  terre  est  chère,  une 
mise  de  fonds  beaucoup  plus  considérable  devient 
nécessaire. 

2t'  Des  pâturages  étendus  et  peu  entretenus  don- 
nent annuellement  une  récolte  relativement  faible  ; 
ils  sont  plus  sujets  à  être  gelés  pendant  l'hiver  et 
à  êtrebrûlés  pendant  les  chaleurs  de  l'été,  et  le  coût 
de  la  vie  des  animaux  sur  ces  pâturages  est  beau- 
coup plus  élevé  qu'il  ne  paraît  à  première  vue,  leur 
rendement  étant  relativement  très  faible. 

3°  Sur  une  terre  cultivée  pour  fourrages  à  haut 
rendement,  ou  pour  grain,  ou  pour  racines,  les  ré- 
coltes sont  plus  de  cinq  fois  plus  fortes  qu'avec  des 


96  MANUEL 

pâturages  ;  la  main-d'œuvre  que  demande  ces  ré- 
coltes est  donc  rémunérée  cinq  fois  plus  et  l'on 
peut  abaisser  leur  prix  de  revient  si  bas  que  la  pro- 
duction du  lait,  en  hiver  même,  devient  avanta- 
geuse. 

4°  Les  vaches  qui  n'ont  reçu  durant  l'hiver 
qu'une  faible  ration  d'entretien  demandent,  dans  le 
début  de  l'été,  pendant  un  certain  temps  et  pour  se 
remettre  en  état,  une  plus  forte  ration  d'entretien 
perdue  pour  la  production  du  lait. 

Toutes  ces  raisons  et  bien  d'autres  montrent  que 
l'ancienne  méthode  d'alimentation  est  complètement 
surannée  et  doit  être  abandonnée  par  tous  les  cul- 
tivateurs sérieux  qui  veulent  trouver  un  bon  revenu 
dans  l'industrie  laitière. 

Elle  ne  doit  être  adoptée,  et  encore  en  la  perfec- 
tionnant, que  là  où  les  terres  ne  sont  pas  encore 
ou  ne  peuvent  pas  être,  par  leur  nature,  en  état 
de  produire  de  bonnes  récoltes  de  grains,  de  four- 
rages, de  racines,  etc.,  etc.,  en  un  mot  dans  le  cas  de 
la  culture  extensive  forcée.  Chaque  fois  que  la  cul- 
ture intensive  (à  haut  rendement)  ou  semi-inten- 
sive est  possible,  la  méthode  de  nourriture  des 
vaches  au  maximum  avec  réduction  de  l'étendue 
des  pâturages  et  extension  des  récoltes  sarclées  et 
fourragères  à  haut  rendement  s'impose. 


d'industrie  laitikre  97" 

dualités  d'une  boune    vache    laitière.  — 

Qu'est-ce  qu'une  bonne  vache  laitière  ?  On  doit 
entendre  par  bonne  vache  laitière  celle  qui  donne,, 
dans  le  courant  d'une  année,  la  plus  grande  quan- 
tité de  lait,  le  plus  riche  avec  le  moins  d'aliments 
possible. 

Une  vache  qui  donne  une  très  grande  quantité 
de  lait  un  certain  temps  après  le  vêlage,  mais  dont 
la  production  de  lait  ne  se  maintient  pas  dans  le 
cours  de  l'année,  ne  peut  pas  toujours  être  qualifiée 
de  bonne  vache  laitière  ;  au  contraire,  une  vache 
qui  donne  une  bonne  quantité  moyenne  de  lait 
chaque  jour,  mais  dont  la  production  se  maintient 
relativement  constante  d'un  bout  de  l'année  à  l'au- 
tre, peut  souvent  être  considérée  comme  une  excel- 
lente vache. 

Une  vache  qui  donne  une  grande  quantité  de 
lait,  si  ce  lait  est  pauvre,  ne  peut  pas  toujours  être 
qualifiée  de  bonne  vache  si  le  lait  est  porté  dans 
une  beurrerie  ou  dans  une  fromagerie  ;  mais  s'il 
est  vendu  en  nature,  dans  une  ville,  elle  pourra  être- 
considérée  comme  excellente  si,  toutefoi?,  son  lait 
n'est  pas  trop  pauvre. 

Une  vache  donnant  annuellement  une  forte  quan- 
tité de  lait  ne  serait  pas  la  meilleure  s'il  lui  fallait 

7— 


98  MANUEL 

consommer,  par  100  lbs  de  lait,  relativement  plus 
de  fourrage  qu'une  autre  vache  à  faible  production 
annuelle. 

Ce  qu'il  importe  de  connaître  pour  juger  saine- 
ment de  la  valeur  d'un  troupeau,  c'est  la  quantité 
annuelle  de  beurre,  de  fromage,  ou  même  simple- 
ment de  lait,  suivant  les  différents  cas,  produite  par 
tonne  de  fov.rrage  récolté  sur  la  ferme. 

Et,  lorsqu'on  cherche  à  se  rendre  compte  de  la  va- 
leur d'une  vache  ou  du  prix  de  revient  du  lait,  une 
erreur  est  souvent  commise,  on  se  contente  de  cal- 
culer la  quantité  de  lait  produite  pendant  une  pé- 
riode déterminée  de  l'année,  puis  on  compare  cette 
quantité  à  celle  des  fourrages  consommés  pendant 
le  même  temps.  Or  une  vache,  tout  en  ne  produisant 
du  lait  que  pendant  une  partie  de  l'année,  6,  8,  10 
mois,  par  exemple,  mange  chaque  jour,  d'un  bout  de 
l'année  à  l'autre,  et  on  ne  peut  réellement  détermi- 
ner sérieusement  sa  valeur  qu'en  comparant  la  quan- 
tité ou  la  valeur  du  lait  qu'elle  a  produit  d'un  veau 
à  l'autre  avec  la  quantité  ou  la  valeur  des  aliments 
consommés  pendant  tout  le  cours  de  l'année. 

Dans  le  cas  où  le  lait  est  porté  dans  une  beur- 
reric  ou  une  fromagerie,  les  laits  des  différentes 
vaches  étant  mêlés,  on  ne  peut  que  connaître  1 1  pro- 
duction de  beurre  ou  de  fromage  du  troupeau  entier, 


d'industrie  laitière  99 

et    on   n'a  aucun  renseignement  sur  chacune  des 
vaches  en  particulier. 

Dans  ce  cas,  en  dehors  de  la  pesée  du  lait,  il  faut 
avoir  recours  à  la  détermination  de  la  richesse  du 
lait  de  chaque  vache  par  un  des  procédés  connus  et, 
en  particulier,  par  le  moyen  du  babcoch  Yoici  com  • 
ment  il  faut  procéder. 

Epreuves  des  vaches  laitières. — Les  chau- 
dières dans  lesquelles  se  fait  la  traite  doivent  avoir 
été  pesées  vides,  et  une  marque  ineffaçable,  qu'elles 
portent  à  un  endroit  bien  visible,  doit  en  indiquer  le 
poids. 

Chaque  fois  qu'une  vache  est  traite,  la  chaudière 
contenant  son  lait  est  pesée  immédiatement  avant 
d'être  vidée  dans  la  canistre;  le  poids  obtenu  est  ins- 
crit sur  une  ardoise  pendue  au  mur,  à  portée  de  la 
balance.  En  regard  de  ce  poids  on  inscrit  le  poids 
de  la  chaudière  vide.  Cette  opération,  qui  est  des 
plus  simples,  ne  demande  que  quelques  instants, 
pour  chaque  vache.  On  se  servira  de  préférence 
d  une  balance  romaine  ordinaire.  Ces  balances  sont 
peu  coûteuses  et  relativement  justes.  Elles  peuvent 
se  transporter  facilement  dans  tous  les  endroits  où 
peuvent  se  faire  la  traite.  Par  ce  moyen,  employé 
régulièrement,  on  peut  obtenir  exactement  le  poids 
du  lait  fourni  annuellement  par  chaque  vache. 


100  MANUEL 


Si  on  désire  un  peu  moins  d'exactitude,  on  peut 
se  contenter  de  ne  peser  le  lait  des  vaches  qu'un 
jour  par  semaine  et,  en  multipliant  par  sept  le  chiffre 
obtenu,  on  aura  approximativement  le  poids  de  lait 
produit  dans  la  semaine. 

Pour  déterminer  la  richesse  du  lait  de  chaque 
vache  on  aura  pour  chacune  d'elles  un  petit  flacon 
numéroté  ou  portant  son  nom.  Chaque  jour,  après 
la  pesée,  lorsque  le  lait  se  sera  un  peu  reposé,  on 
prendra  un  échantillon  de  lait  de  chacune  d'elles,  on 
aura  bien  soin  de  remplir  complètement  la  petite 
mesure  avec  laquelle  on  prélève  les  échantillons 
et  de  ne  pas  prendre  de  mousse.  On  fera  l'analyse 
de  ces  échantillons  par  la  méthode  des  échantillons, 
composés  qui  sera  indiquée  au  chapitre  suivant,  et 
la  mesure  dont  on  se  servira  pour  la  prise  d'échan- 
tillons S3ra  la  même  que  celle  qui  est  employée  dans 
ce  cas  dans  les  fabriques. 

Comme  tous  les  cultivateurs  n'ont  pas  ou  ne  peu- 
vent pas  avoir  de  babcock,  ni  le  temps  voulu  pour 
faire  ces  épreuves,  ils  pourraient  s'entendre  avec 
le  fabricant  de  la  fromagerie  ou  de  la  beurrerie  où 
ils  portent  leur  lait  qui  se  chargerait  de  ces  épreuves 
moyennant  une  rémunération  raisonnable.  Tous  les 
fabricants  devraient  connaître  parfaitement  l'usage 


d'industrie  laitière  101 


du  babcock  et  chaque  fabrique  devrait  être  pourvue 
d'un  de  ces  appareils. 

Comme  pour  la  pesée,  si  on  voulait  moins  d'exac- 
titude, on  pourrait  ne  prendre  des  échantillons  des 
laits  des  différentes  vaches,  et  n'en  faire  l'épreuve 
que  tous  les  huit  ou  quinze  jours,  admettant  le  chif- 
fre obtenu  comme  étant  la  richesse  moyeune  du  lait 
pour  la  huitaine  ou  la  quinzaine. 

Connaissant  pour  chaque  vache  la  quantité  de 
lait  produite  annuellement  ainsi  que  sa  richesse 
moyenne,  connaissant  aussi  la  quantité  de  nourri- 
ture que  chaque  vache  mange  dans  le  cours  de  l'an- 
née il  devient  facile  de  déterminer  quelles  sont  celles 
qu'il  faut  garder  et  celles  dont  il  est  nécessaire  de 
se  défaire  au  plus  tôt. 

Lorsqu'il  s'agira  simplement  de  la  vente  du  lait 
en  nature  dans  les  villes,  on  pourra  se  dispenser  de 
l'épreuve  du  lait  au  babcock  et  se  contenter  de  le 
peser. 

Certaines  vaches  donnent  très  peu  de  lait  pour 
la  quantité  de  nourriture  qu'elles  consomment;  d'au- 
tres, au  contraire,  en  donnent  une  quantité  énorme. 
Je  ne  parle  ici  que  des  vaches  complètement  nourries. 

Beaucoup  de  vaches,   et  c'est  malheureusement 


102  MANUEL 

souvent  le  cas,  donnent  très  peu  de  lait  et  du  mau- 
vais lait  parce  qu'elles  sont  mal  nourries  ou  qu'elles 
ne  sont  nourries  d'une  façon  complète  que  pendant 
une  période  relativement  courte  de  l'année. 

Avant  de  porter  un  jugement  sur  la  valeur  des 
différentes  vaches,  il  faut  donc  tout  d'abord  les  bien 
nourrir  et,  supposons  qu'elles  le  soient,  dans  ce  cas 
on  trouve  entre  elles  des  différences  considérables. 

Amélioration  des  troupeaux  de  vaches 
laitières. — Il  y  a  deux  moyens  principaux  d'amé- 
liorer un  troupeau.  Le  premier  consiste  à  acheter 
de  droite  et  de  gauche  les  meilleures  vaches  en  y 
mettant  le  prix  nécessaire  et  à  vendre  les  mauvaises. 
Ce  moyen  demande  en  général  une  grosse  mise 
de  fonds  et,  par  lui,  les  cultivateurs  s'exposent  à 
introduire  des  maladies  dans  leur  troupeau. 

Par  le  second  moyen,  on  commence  par  se  défaire 
des  plus  mauvaises  vaches  de  l'étable,  puis  par  en 
acheter  deux  ou  trois  excellentes  de  la  race  que 
l'on  désire,  et  un  taureau  de  première  classe  de  la 
même  race,  c'est  là  la  chose  importante.  Les  vaches 
que  l'on  achète  doivent  être  au  moins  à  leur  deux- 
ième ou  troisième  veau  pour  que  l'on  puisse  en  juger  : 
elles  doivent  être  encore  assez  jeunes  pour  être  sus- 


d'industrie  laitière  103 


ceptibles  d'amélioration  et  donner  du  profit  pendant 
quelques  années. 

On  commence  alors  de  suite  l'amélioration  du 
troupeau  ainsi  formé,  par  la  sélection,  l'élevage  des 
meilleurs  veaux.  On  fait  systématiquement  l'é- 
preuve du  lait  de  toutes  les  vaches,  comme  cela  a 
été  expliqué  précédemment,  et  on  vend  sans  pitié 
toutes  celles  qui  ne  donnent  pas  satisfaction,  puis 
on  les  remplace  par  les  meilleures  génisses  qu'on 
élève.  Si  on  en  a  occasion,  on  achète  des  vaches 
qui  peuvent  relever  la  moyenne  du  troupeau. 

Si  l'espèce  choisie  convient  bien,  on  s'apercevra 
vite  que  plus  il  y  aura  du  sang  de  cette  espèce  dans 
le  troupeau  mieux  cela  vaudra. 

En  partant  avec  des  demi-sang,  (le  produit  d'un 
taureau  pur  sang  et  de  vaches  de  sang  mêlé)  on 
obtiendra  des  trois  quarts  sang  qui  seront  meilleures 
pour  la  laiterie  que  les  demi-sang,  si  le  taureau  est 
ce  qu'il  doit  être  et  si  les  veaux  ont  été  bien  choisis. 
Avec  ces  derniers  et  le  même  taureau,  à  la  troisième 
génération,  on  aura  encore  fait  un  pas  de  plus  au 
point  de  vue  de  la  production  économique  du  lait 
et  on  continuera  jusqu'au  moment  où  le  sang  du 
troupeau  sera  pratiquement  pur.  C'est  alors  seule- 
ment que  les  résultats  les  plus  avantageux  pourront 
être  espérés. 


104  MANUEL 

Chaque  fois  que  la  chose  est  possible,  ne  pas 
manquer  de  faire  enregistrer  les  vaches.  Dans 
l'élevage  ou  l'achat  de  vaches,  il  ne  faut  pas  consi- 
iérer  exclusivement  les  qualite's  individuelles  des 
ancêtres  et  celles  qui  sont  héréditaires  dans  la  fa- 
mille à  laquelle  l'animal  appartient,  il  faut  encore 
bien  étudier  l'animal  lui-même  au  point  de  vue  de 
ses  qualités  laitières  spécialement. 

On  adoptera  un  minimum  de  gras  à  obtenir  an- 
nuellement par  vache  pour  toute  l'étable.  Toutes 
•celles  qui  donneront  une  quantité  moindre  que  ce 
minimum  seront  vendues  impitoyablement.  On 
élèvera  ce  minimum  petit  à  petit,  au  fur  et  à  me- 
sure que  le  troupeau  s'améliorera. 

De  cette  manière,  on  finira  pas  ne  plus  avoir  dans 
l'étable  que  des  vaches  fournissant  le  lait  d'une  ma- 
nière économique. 

Il  sera  bon  de  tenir  un  registre  sur  lequel  seront 
entrés  les  noms  des  vaches,  la  date  de  leur  nais- 
sance, celles  de  leurs  saillies  et  de  leurs  vêlages  suc- 
■cessifs.et  des  quantités  annuelles  de  lait,  de  beurre 
ou  de  fromage  qu'elles  auront  donné,  ainsi  que  tous 
les  renseignements  relatifs  à  leur  pedigree.  Tous 
ces  renseignements,  qui  se  recueillent  très  facile- 


d'industrie  laitière  105 

ment,  ont  une  grande  valeur,  et  tous  les  culti\  ateurs 
devraient  apporter  beaucoup  de  soin  à  les  réunir. 

Choix  du  taureau. — Pour  un  cultivateur  qui 
maintient  et  améliore  son  troupeau  par  l'élevage 
des  veaux  qui  en  proviennent,  le  choix  du  taureau 
est  ce  qu'il  y  a  de  plus  important.  Le  taureau  est 
la  base  du  troupeau.  On  dit  généralement  que  le 
taureau  est  le  maître  du  troupeau.  Chaque  veau 
ajouté  au  troupeau  tient  du  taureau  la  moitié  de 
son  sang,  et  c'est  souvent  la  plus  importante  moitié. 
Puisque  c'est  du  taureau  que  dépend  l'amélioration 
de  la  qualité  moyenne  du  troupeau,  et  il  i'aut  le 
choisir  en  conséquence.  Cela  est  surtout  vrai  si 
les  vaches  ont  déjà  du  sang. 

De  la  vache  dépend  surtout  la  taille,  la  forme,  la 
constitution  et  la  capacité  de  production  des  génisses 
qu'elles  engendrent.  Les  qualités  laitières  spéciales 
de  ces  génisses  ainsi  que  leur  susceptibilité  naturelle 
de  donner  un  lait  plus  riche  que  celui  de  leur  mère, 
proviennent  du  taureau  pur  sang. 

Une  vache  peut  donner  de  très  mauvais  veaux 
tout  en  étant  excellente  laitière  et,  dans  ce  cas,  les 
conséquences  n'ont  rien  de  bien  grave  ;  mais,  si  le 
taureau  fait  défaut  ou  n'est  pas  bon,  elles  sont  bien 
autrement  importantes  et  le  troupeau  entier  ainsi 
que  son  accroissement  peuvent  en  soujfrir  fortement. 


106  MANUEL 

Il  faut  toujours  demander  les  services  du  meil- 
leur taureau  que  l'on  peut  avoir.  Il  est  nécessaire, 
pour  ce  choix,  d'en  connaître  aussi  parfaitement  que 
possible  l'histoire  et  les  antécédents,  spécialement 
du  côté  de  ses  ancêtres  femelles  les  plus  rappro- 
chés. Les  taureaux  que  l'on  emploie  doivent  être 
réputés  pour  bien  transmettre  leurs  qualités.  Une 
erreur  fréquente  parmi  les  cultivateurs  est  d'em- 
ployer des  taureaux  trop  jeunes  et  avant  que  leurs 
qualités  reproductrices  aient  été  démontrées,  par- 
ce que,  à  cet  âge,  ils  sont  meilleur  marché  et  plus 
faciles  à  tenir.  Il  vaut  mieux  acheter  un  tau- 
reau d'un  certain  âge,  dont  la  progéniture  prouve 
la  valeur,  qu'un  jeune  taureau,  même  ayant  un  bon 
pedigree,  mais  sans  passé.  Lorsqu'on  a  une  fois  un 
bon  taureau,  il  faut  le  conserver  et  l'employer  tant 
qu'il  est  fort  et  que  ses  qualités  se  maintiennent. 
Il  n'y  a  qu'une  objection  à  cela  :  c'est  que  les  vieux 
taureaux  deviennent  dangereux  à  la  longue  ;  mais 
avec  un  peu  de  soin  et  d'habitude,  ce  n'est  là  qu'une 
question  secondaire. 

Choix  de  la  race. — On  peut  trouver  de  très  bon- 
nes vaches  laitières  dans  un  grand  nombre  de  races, 
on  en  trouve  même  parmi  les  vaches  communes. 
Certaines  races  sont  cependant  réputées  au  point  de 
vue  de  la  grande  proportion  de  bonnes  vaches  qu'on 
y  trouve  et  des  qualités  spéciales  de  ces  vaches.  Ce- 


d'industrie  laitière  107 

pendant,  voici  à  ce  sujet  quelques  faits  d'expérience 
qu'il  importe  de  ne  pas  oublier. 

Il  faudra  choisir  ses  vaches  dans  les  races  pure- 
ment laitières.  Certaines  personnes  recommandent 
spécialement  les  vaches  qui  peuvent  à  la  fois  pro- 
duire de  la  viande  et  du  lait,  mais  les  meilleurs 
praticiens  conseillent  de  ne  choisir  que  dans  les 
races  purement  laitières. 

Dans  les  villes,  cependant,  lorsque  le  lait  est  vendu 
en  nature,  bien  des  laitiers  choisissent  de  préférence 
des  vaches  qui  ont  des  dispositions  à  l'engraissement 
ils  renouvellent  souvent  leur  stock  et  vendent  leurs 
animaux  pour  la  boucherie.  Mais  dans  ce  cas,  les 
vaches  sont  généralement  nourries  très  fortement 
et  pour  ainsi  dire  industriellement,  elles  sont  en  sta- 
bulation  permanente,  circonstances  qui  les  expo- 
sent à  contracter  des  maladies  et  qui  nécessitent  leur 
renouvellement  fréquent.  Dans  les  campagnes,  les 
circonstances  ne  sont  plus  les  mêmes,  et  il  préférable 
de  porter  plus  d'attention  à  la  santé  des  vaches  et 
de  les  garder  aussi  longtemps  qu'elles  sont  avan- 
tageuses. 

Dans  la  classe  des  vaches  exclusivement  laitières, 
il  s'en  rencontre  avec  les  qualités  les  plus  variées. 
Les  unes  sont  remarquables  par  la  quantité  de  lait 


108  MANUEL 


quelles  donnent,  d'autres  par  la  bonne  qualité  et  la 
richesse  de  leur  lait ,  et  les  dernières  sont  des  vaches 
propres  à  la  production  économique  du  beurre. 
D'autres  qui  combinent  la  quantité  avec  la  qualité, 
sont  avantageuses  dans  certaines  circonstances.  On 
rencontre  des  vaches  très  actives  qui  se  nourrissent 
bien  sur  les  pâturages  les  plus  pauvres  pendant  l'été 
et  qui,  pendant  l'hiver  à  l'étable,  consomment  facile- 
ment les  fourrages  les  plus  grossiers  tout  en  don- 
nant une  production  abondante  de  lait  riche.  Il  y 
en  a  d'autres  qui,  pour  donner  avantageusement  du 
lait,  doivent  être  nourries  d'une  façon  spéciale  avec 
des  rations  bien  combinées.  Quelques  vaches  don- 
nent une  production  abondante  de  lait  pendant  un 
temps  relativement  court,  d'autres  au  contraire  ont 
une  bonne  production  moyenne  de  lait  mais  pendant 
toute  l'année. 

En  règle  générale,  ces  différentes  qualités  appar- 
tiennent chacune  à  des  races  particulières  ;  un  culti- 
vateur peut  donc  toujours,  en  s'adressant  à  ces  diffé- 
rentes races,  assurer  à  son  troupeau  les  qualités  que 
nécessitent  les  circonstances  dans  lesquelles  il  se 
trouve.  En  fait,  il  est  facile  de  déterminer  dans  une 
région  déterminée  les  meilleures  vaches  à  adopter, 
soit  pour  la  production  du  lait,  à  vendre  en  nature; 
soit  pour  la  production  du  beurre,  soit  pour  la  pro- 
duction de  la  crème. 


d'industrie  laitière  109 


Pour  le  fromage,  il  n'y  a  pas  de  race  spéciale.  Ce 
sont  celles  qui  sont  les  plus  avantageuses  pour  le 
beurre  qui  le  sont  aussi  pour  lui.  Ce  fait  a  été  dé- 
montré complètement  et  est  généralement  admis 
aujourd'hui. 

Caractères   d'une  bonne  vache  laitière. — 

Lorsqu'il  est  nécessaire  de  choisir  une  vache  laitière, 
il  faut  en  examiner  soigneusement  toutes  les  parties 
et  déterminer  jusqu'à  quel  point  chacune  d'elles 
s'approche  de  la  perfection.  Mais,  toutes  les  parties 
de  l'animal  n'ont  pas  la  même  importance  et  le 
maximum  des  points  à  donner  à  chacune  d'elles 
n'est  pas  le  même. 

Yoici  un  tableau  prépaie  par  M.  G.  M.  Twitchell, 
d'Augusta,  Maine,  et  publié  par  le  Hords  Dairyman 
qui  fait  ressortir  l'importance  relative  des  diverses 
parties  de  la  vache.  L'avant  dernière  colonne  indique 
le  maximum  des  points  que  pourrait  obtenir  pour 
chacune  d'elles  une  vache  laitière  parfaite.  Dans  la 
dernière  colonne  on  inscrira  les  points  mérités  par 
a  vache  que  l'on  examine. 


110 


MANUEL 


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112  MANUEL 

Voici,  en  abrégé,  les  caractères  généraux  aux- 
quels on  peut  reconnaître  une  bonne  vache  laitière  : 
Les  veines,  et  particulièrement  les  veines  à  lait, 
doivent  être  grosses  et  noueuses.  Pis  bien  déve- 
loppé et  bien  souple,  se  contractant  bien  après  la 
traite  et  couvert  d'une  peau  et  de  poils  fins.  Les 
trayons  bien  écartés  et  inclinant  vers  l'extérieur. 
Les  pattes  de  derrière  écartées.  Poitrine  bien  dé- 
veloppée et  indiquant  une  bonne  constitution  ; 
physionomie  aussi  féminine  que  possible  :  peau  fine 
et  souple  ;  tête  et  cornes  fines  ;  naturel  doux,  bon, 
paisible. 

Une  vache  moyennement  laitière  se  reconnaîtra 
aux  mêmes  caractères,  mais  les  veines  ne  seront  pas 
aussi  développées. 

Une  mauvaise  vache  laitière  aura  les  membres,  et 
en  particulier  les  caisses,  charnus.  Arrière  train 
étroit  ;  la  peau,  et  en  particulier  celle  du  pis,  sera 
grosse,  épaisse  et  dure  ;  les  mamelles  seront  cou- 
vertes de  poils  grossiers  ;  les  veines  seront  peu  dé- 
veloppées. 

Un  bon  taureau  doit  avoir  la  physionomie  aussi 
mâle  que  possible  ;  cou  gros,  yeux  méchants,  front 
large  et  couvert  de  poils,  expression  féroce  ;  partie 
antérieure  du  corps  très  forte  et  partie  postérieure 
allant  en  diminuant,  contrairement  à  ce  qui  doit 
exister  pour  la  vache. 


d'industrie  laitière  113 

Différentes  races  de  vaches  laitières.— Il  y 

a  de  nombreuses  races  de  vaches  laitières  dont  les 
principale?  sont  les  Shorthorn  laitières,  les  Devon, 
les  Red  Poil,  les  Ayrshires,  les  Kerry,  les  Jersey,  les 
Guernesey,  les  Dutch  Belted,  les  Brown  Swiss,  les 
American  Holderness,  les  Canadiennes.  Mais  ces 
diverses  races  ne  peuvent  toutes  convenir  à  la  Pro- 
vince de  Québec  où  un  bon  nombre  déjà  ont  été 
essayées  sérieusement.  i 

Les  races  les  plus  connues  dans  cette  province  et 
qui  peuvent  donner  les  meilleurs  résultats  pour 
fournir  du  lait  aux  fabriques  de  beurre  et  de  fro- 
mage, dans  les  campagnes,  sont  les  Shorthorn  laitiè- 
res, les  Jersey,  les  Guernesey,  les  Ayrshires  et  les 
Canadiennes  Les  Brown  Swiss  ainsi  que  les  Deutch 
Belted  et  les  American  Holderness,  n'ont  pas  encore 
été  essayées  sérieusement  dans  ce  pays.  Les  Hols- 
tein  conviennent  bien  pour  le  lait  à  vendre  dans 
les  villes. 

Shorthorn. — Il  y  a  deux  variétés  de  Shorthorn 
qu'il  ne  faut  pas  confondre,  les  Shorthorn  laitières 
et  les  Shorthorn  d'engrais.  Ici  nous  voulons  parler 
des  premières. 

Les  Shorthorn  sont  des  vaches  de  grande  taille, 
couleur  rouan,   rouge,   blanche,   rouge  et  blanche, 
rouan  et  blanche  ;  poids  moyen,  1350  lbs  ;  production 
8— 


114  MANUEL 

annuelle,  moyenne  de  lait  :  6000  lbs  ;  qualité  du  lait  : 
3.  7  °]0  de  gras  et  9  °je  de  solides  non  gras.  Elles 
donnent  du  lait  excellent  pour  la  fabrication  du 
fromage  et  peuvent  souvent  s'engraisser  quand  elles 
ne  sont  plus  bonnes  pour  le  lait. 

Ayrshire. — Vache  de  taille  moyenne  ;  poids 
moyen  1000  lbs;  couleur  rouge  et  blanc,  brun  et 
blanc,  jaune  et  blanc,  noir  et  blanc,  le  blanc  prédo- 
mine généralement  ;  quantité  moyenne  de  lait  :  5500 
lbs  ;  qualité  du  lait  :  3.  8  0j0  de  gras  et  8.  95  de  solides 


(Fig.  1) 

non  gras.  Ces  vaches  résistant  bien  au  froid,  leur 
lait  donne  un  beurre  et  un  fromage  de  qualité  su- 
périeure. Leur  production  de  lait  est  régulière  et 
varie  peu  dans  le  cours  de  l'année  ;  elles  peuvent  se 
croiser  avantageusement  avec  les  vaches  communes, 
les  Shorthorn  et  les  Jersey. 


D  INDUSTRIE  LAITIERE 


115 


La  figure  1  représente  un  taureau  Ayrshire,  Em- 
peror,  No  3355,  un  fils  de  la  fameuse  vache  duchesse 
of  Sniithfield  qui  eut  un  record  de  10700  lbs  de 
lait  dans  une  année  et  de  19  lbs  6  onces  de  beurre 
en  une  semaine. 


(Fig.  2) 


La  figure  2  représente  la  vache  Ayrshire  Red 
Rose,  une  vache  importée,  qui  peut  donner  une  idée 
de  la  forme  générale  des  vaches  de  cette  race. 


116  MANUEL 


Pour  des  renseignements  relatifs  aux  Ayrshires, 
nous  pouvons  adresser  le  lecteur  à  l'Ayrshire  Bree- 
ders  Association,  Brandon,  Vermont,  U.  S.  dont 
Mr    C.    M.    Winslow   est   actuellement   secrétaire- 

C'est  à  ML  Winslow  que  nous  devons  les  deux 
gravures  d'Ayrshires  ci-dessus.  Cette  association  a 
publié  sur  cette  race  de  vaches  une  petite  brochure 
très  intéressante. 

Jersey. — Vache  de  petite  taille,  élégante;  couleur 
jaune,  gris  d'argent,  souris  ;  les  nuances  en  sont  très 
variées.  Poids  moyen  830  lbs  ;  quantité  moyenne 
de  lait  :  4500  lbs  ;  richesse  moyenne  gras  :  4.  64  °io  et 
en  solides  non  gras  9.  S'2°]0.  C'est  une  des  meilleures 
races  de  vaches  laitières.  Leur  lait  est,  comme  on  le 
voit,  très  riche  en  gras.  Il  donne  un  beurre  excel- 
lent. Quelques  cultivateurs  cependant  prétendent 
que  les  Jerseys  ne  sont  pas  assez  résistantes  au 
climat  de  cette  province  ;  elles  deviennent  facile- 
ment tuberculeuses  La  figure  3,  Mary-Ann,  de  St- 
Lambert,  représente  le  type  des  vaches  Jersey. 

Guernesey. — Vache  de  taille  moyenne  ;  poids 
moyen  1000  lbs.  Couleur  orange  et  blanc  ou  orange. 
Quantité  de  lait  :  5200  lbs  ;  qualité  du  lait  :  gras  4. 
55  ?70,  solides  non  gras  9.  55  ç2o-  Bonne  vache 
laitière. 


d'industrie  laitière 


117 


La  figure  4  représente  le  taureau  Guernesey  Ha- 
warden  No.  2615,  qui  a  remporté  de  nombreux  prix 
dans  diverses  expositions. 


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118 


MANUEL 


La  figure  5  représente  "  Sweet  Ada,  "  No.  3596, 
l'une  des  vaches  du  troupeau  de  Guernesey  de  l'Ex- 
position de  Chicago  en  1893.  Pour  les  renseigne- 
ments relatifs  aux  Guernesey,  nous  pouvons  adresser 
le  lecteur  au  "  American  Guernesey  Cattle  Club,  " 
Peterboro,  N.-H.,  aux  Etats-Unis  dont  Monsieur 
Wm.  H.  Caldwell  est  le  secrétaire  et  à  qui  nous  de- 
vons ces  gravures. 


(Fig.  4.) 


d'industrie  laitière 


119 


Holstein. — C'est   une    vache    généralement    de 
grande  taille,  dont  le  poids  moyen  dépasse  1262  lbs. 


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Couleur,  noir  et  blanc  ou  gris  et  blanc.   Ces  vaches 
donnent  généralement  beaucoup  de  lait,    mais  un 


120 


MANUEL 


lait  relativement  pauvre.  Elles  conviennent  bien 
pour  les  étables  dont  le  lait  est  vendu  en  ville.  Ces 
vaches  croissent  et  atteignent  rapidement  leur  ma- 
turité. 


N028F.H.B.I8GNHB  478  P.R.Z2S  M.R.. 

(Kg-  6) 

La  figure  6  représente  la  vache  Durkje  Veeman, 
importée,  28  Friesian  Herd  Book,  186  Netherland 
Herd  book.  Elle  a  été  importée  par  la  Chenango 
Valley  Stock  Breeders  Association  d'Hamilton 
N.  Y.  Son  propriétaire  Minnie  S.  Yeeman  de  Btars- 
sam,  province  de  Friesland,  Pays-Bas,  a  certifié  un 
record  de  81  lbs  de  lait  en  un  jour  et  de  718  lbs  en 
10  jours.  Durant  cette  période  de  10  jours  elle  se 
trouvait  au  pâturage  et  ne  recevait  aucune  nourri- 
ture en  dehors.  Quand  le  record  a  été  pris  elle  était 
âgée  de  sept  ans.  Le  record  fut  pris  le  dernier  jour 
de  mai  1882,  elle  avait  vêlé  le  5  mai. 

Pour  des  renseignements  sur  les  Holstein  s'adres- 
à   la   Holstein    Friesian   Association   of    America 


d'industrie  laitière  121 


York  ville  N.  Y.  dont  F.  L.  Hougton,   Brattleboro, 
Vt.  U.  S.  est  le  secrétaire. 

Canadienne. — C'est  une  des  meilleures  races 
pour  la  Province  où  elle  s'est  pour  ainsi  dire  formée. 

Voici  ce  que  dit  à  son  sujet  le  Dr  J.  A.  Couture, 
V.  S.,  secrétaire  du  herd  book  de  cette  race  et  l'un 
de  ceux  qui  ont  le  plus  contribué  à  la  faire  connaître. 

"Les  vaches  canadiennes  sont  de  petite  taille, 
pèsent  environ  700  Ibs  et  sont  d'un  excellent  carac- 
tère. Ce  sont  les  vaches  les  pins  rustiques  et  les 
plus  faciles  à  nourrir.  On  n'y  rencontre  pas  de  tu- 
berculose. Elles  ont  de  gros  trayons  et  sont  par 
conséquent  faciles  à  traire. 

Elles  sont  généralement  noires  ou  noires  avec  des 
bandes  jaunes  sur  le  dos  et  un  cercle  jaune  ou  gris 
autour  du  nez  ;  ou  brunes  avec  des  points  noirs,  ou 
tachetées  de  brun  ou  même  jaunâtre.  Ce  sont  les 
couleurs  admises  pour  l'enregistrement  des  vaches. 
Les  taureaux  doivent  être  noirs,  avec  ou  sans  bandes 
jaunes,  parce  qu'on  désire  arriver  aussitôt  que  pos- 
sible à  une  couleur  noire  uniforme.  Les  cornes  sont 
noires  ou  blanches  avec  bout  noir. 

Ce  sont  les  meilleures  laitières  pour  les  cultiva- 
teurs de  la  province  de  Québec  qui  ne  disposent  que 


122 


MANUEL 


de  ressources  ordinaires.  Elles  ne  donnent  pas  autant 
de  lait  que  les  Holstein  ou  même  que  quelques  Ayr- 
shires  certains  jours  ou  certaines  semaines,  mais 
de  veau  à  veau  elles  donnent  une  quantité  moyenne 
de  lait,  surprenante.  La  différence  en  leur  faveur 
est  encore  plus  tranchée  si  on  tient  compte  du  coût 
de  leur  entretien. 

Monsieur  Odilon  Robichaud,  de  St-Denis,  Kamou- 
raska  P.  Q.,  qui  possède  24  vaches  de  cette  race  a 
obtenu  le  résultat  suivant  du  12  mai  1892  au  12 
mai  1893. 

Revenus  : 

63,193  lbs  de  lait  porté  à  la  fromagerie $531.19 

1616  lbs  de  beurre  fait  à  la  maison  à  20c  lb.  323.20 
9125  lbs  de  lait  consommé  à  la  maison  à  12c 

par  gallon 109.50 

3  veaux  engraissés  avec  du  lait 12.00 

6  veaux  nourris  quelque  temps  avec  du  lait     18.00 

Revenu  total $993.89 

Revenu  brut  par  vache...     41.41 
Dépenses  : 

4480  bottes  de  foin  à  $6  le  cent $268.80 

2240       "      de  paille  à  $3     "      67.20 

4800  de  son  à  84  cts 40.32 

Pâturage  à  $5  par  tête 120.00 

Total  des  dépenses $496.32 


d'industrie  laitière  123 


Revenu  net  :  $497.57. 

Dépense  brute  par  tête  :  $20.68. 

Revenu  net  par  tête  :  $20.73. 

Ce  cultivateur  n'a  ni  coupe-paille,  ni  ensilage..  Il 
ne  leur  a  donné  ni  grain  ni  tourteaux  ;  les  vaches 
ne  reçurent  que  du  foin\sec,5  de  la  paille  et  un  peu 
de  son. 

Quelques  lecteurs  trouveront  peut-être  que  le 
rendement  en  lait  n'est  pas  élevé,  [mais  qu'ils  con- 
sidèrent la  nourriture  donnée. 

M.  Némèze  Garneau  M.  P.  P.,  de  Ste-Foye,  près 
de  Québec,  a  un  jolie  troupeau  de  vaches  cana- 
diennes. 

En  1895,  cinq  de  ses  vaches,  parmi  lesquelles  se 
trouvaient  une  vieille  vache  de  18  ans  et  une  génisse 
de  deux  ans,  ont  donné  en  huit  mois,  du  1er  février 
au  1er  octobre,  18,803  lbs  de  lait  Si  on  compte  la 
vieille  vache  et  la  génisse  pour  une  tête,Fon  trouve 
que  la  production  moyenne  de  ces  cinq  vaches  a  été 
d'environ  20  lbs  par  jour.  Le  lait  éprouvé  au  babcock 
en  août  a  donné  h\  °2c,  de  gras.  Il  produisit  987  lbs 
de  beurre  qui,  vendu  à  20  cts,  rapporta  $197.40  ou 
.48  pour  chaque  vache. 


124  MANUEL 


Le  troupeau  complet  se  composait,  en  1895,  de  12 
têtes  :  un  taureau,  cinq  vaches,  quatre  génisses  et 
deux  veaux. 

Pendant  l'hiver  le  coût  de  la  nourriture  de  ce 

troupeau  fut  : 

2  minots  de  betteraves  à  12i  cts $0.25 

12  lbs  de  son  à  80  cts " 0.09/j, 

11  lbs  de  foin  à  7  cts 0.77 

6  bottes  de  paille  à  2|  cts 0.15 

Coût  total  de  la  nourriture  par  jour  et     

pour  les  12  têtes $1.26x0 

soit  11  cts  par  tête 

Pendant  l'été,  les  cinq  vaches  mentionnées  plus 
haut  n'eurent  que  cinq  acres  de  pâturages  et  rien 
autre  chose.     En  résumé,  le  résultat  fut  : 

Dépenses  : 

4  mois  d'hiver,  à  11  cts  par  jour,  soit  $13.20 

par  vache,  et  pour  les  cinq $  66.00 

4  mois  de  nourriture  d'été  à  $2.  par  mois  et 

par  tête,  soit  $8.  par  vache,   et  pour  les  5     40.00 

Total $106.00 

Recettes 

987  lbs  de  beurre  h  20  cts $197.60 

Profit  net  pour  les  cinq  vaches.  .  .  .891.60 
Dépenses  brutes  p.  tête  pour  8  mois  21.20 
Profit  net  par  tête  pour  1  mois.  .  .  .    18.20 


d'industrie  laitière 


125 


Lorsque  la  vache  canadienne  est  bien  nourrie, 
elle  paye  largement  sa  nourriture.  A  l'hôpital  du 
Sacré-Cœur,  à  Québec,  la  vache  Prunière  1712  vêla 
le  28  août  1892,  à  l'âge  de  6  ans,  et  fut  traite  jus- 
qu'au 15  juillet,  devant  vêler  de  nouveau  le  31  de  ce 
mois.  Pendant  ces  318  jours,  elle  donna  11310  lbs 
de  lait,  soit  une  moyenne  de  35  lbs  par  jour.  Cette 
vache  pesait  675  lbs.     Sa  ration  se  composait  de  : 


(Kg.  7) 

Foin  haché 10  lbs 

Paille  hachée 5    " 

Ensilage 20   " 

Son 2   " 

Tourteau  de  coton  et  moulée  2    " 


126  MANUEL 


le  tout  mêlé  et  fermenté  24  heures  d'avance.  La 
vache  fut  pendant  tout  ce  temps  en  stabulation 
permanente. 

La  vache  Azilda  de  Lévis,  (956)  dont  nous  don- 
nons une  gravure  (îig.  7)  et  qui  appartient  à  Mon- 
sieur Némèze  Garneau,  M.  P.  P.  pour  le  comté  de 
Québec,  résidant  à  Ste-Foye,  donna  8500  lbs  de  lait 
pendant  lOi  mois,  5h  °/0  de  beurre  par  100  lbs  de 
lait,  et  cela  le  16  juin  1896,  une  époque  où  le  lait 
est  généralement  pauvre.  Elle  fut  mise  au  pâtu- 
rage en  été,  et  reçut  chaque  jour  pendant  l'hiver 
15  lbs  de  foin  sec  et  4  lbs  de  grains  (mélange  d'a- 
voine, de  son  et  de  tourteau).  Cette  vache  a  obtenu 
deux  premiers  prix  et  une  médaille  à  la  dernière 
Exposition  provinciale  à  Québec. 

Une  vache  canadienne  qui  ne  donne  pas  au  moins 
6000  lbs  de  lait  par  an,  avec  une  nourriture  suffi- 
sante, ne  peut  pas  être  considérée  comme  une  bonne 
vache. 

Au  point  de  vue  de  la  qualité,  le  lait  des  vaches 
canadiennes  donne  de  4  à  5|  pour  cent  de  gras  au 
babcock.  On  a  trouvé,  dans  quelques  cas  excep- 
tionnels de  6  à  6|  pour  cent.  La  richesse  de  leur 
lait  ne  descend  qu'exceptionnellement  en-dessous  de 
4  pour  cent. 


d'industrie  laitière  127 

Pour  les  renseignements  relatifs  à  cette  race, 
s'adresser  au  Dr  J.  A.  Couture,  V.  S ,  49,  rue  Des 
Jardins,  Québec. 

Actuellement,  les  meilleurs  cultivateurs  conseil- 
lent, pour  la  province  de  Québec,  surtout  les  races 
Canadienne,  Guernesey  et  Ayrshire.  Quoique  les 
autres  aient  donné  de  bons  résultats  dans  certains 
cas,  ces  bons  résultats  obtenus  ne  sont  pas  aussi 
généraux  qu'avec  les  trois  races  sus-mentionnées. 
11  faut  remarquer  en  outre  que  si  les  Jerseys,  par 
exemple,  ne  sont  pas  assez  rustiques  pour  résister 
dans  le  nord,  elles  peuvent  cependant  donner  de 
bons  résultats  dans  le  sud.  Pour  les  régions  les 
plus  froides,  c'est  la  vache  Canadienne  qui  convient 
le  mieux.  Les  cultivateurs  devraient  s'efforcer,  dans 
ces  régions,  d'en  former  des  troupeaux  améliorés. 

Production  du  lait  et  de  la  graisse  par  les 
vaches  laitières. — Une  bonne  vache  laitière  doit 
donner  au  moins  5000  lbs  de  lait  dans  chaque  pé- 
riode de  lactation.  Cependant,  comme  la  qualité  du 
lait  varie  beaucoup,  il  vaut  mieux,  pour  porter  un 
jugement  sur  une  vache,  s'en  rapporter  à  la  quan- 
tité de  gras  produite  par  période  de  lactation  qu'à 
la  quantité  de  lait. 

Le  temps  compris  entre  le  vêlage  et  le  moment 


128  MANUEL 


où  la  vache  tarit  est  ce  qu'on  appelle  une  période 
de  lactation.  La  moyenne  d'une  période  de  lactation 
est  de  300  jours  environ  et  la  vache  reste  sèche 
pendant  les  six  ou  huit  semaines  qui  suivent. 

Trois  quarts  de  livre  de  gras  par  jour  pendant 
une  moyenne  de  300  jours,  soit  environ  225  lbs  de 
gras,  peut  être  considéré  comme  une  bonne  moyenne. 
Cependant  bien  des  cultivateurs,  dans  d'autres  con- 
tiées,  visent  à  obtenir  de  toutes  les  vaches  mûres  de 
leur  troupeau,  365  lbs  de  gras,  soit  l'équivalent  d'une 
livre  par  chaque  jour  de  l'année  en  moyenne.  Cela 
devrait  se  tenter  aussi  dans  cette  province.  Pour 
produire  cela,  une  vache  dont  le  lait  marque  4  Q2°> 
doit  produire  Jine  moyenne  annuelle  de  25  lbs  de 
lait  par  jour  ;  une  vache  qui  produit  du  lait  à  3  pour 
cent,  doit  en  donner  33J  lbs  par  jour  en  moyenne, 
et  celle  qui  produit  du  lait  marquant  5  °2o  de  gras> 
doit  en  donner  en  moyenne  20  lbs. 

La  production  du  lait  est  généralement  la  plus 
forte  peu  de  temps  après  le  vêlage,  elle  est  à  son 
maximum  pendant  les  deux  premiers  mois  qui 
suivent.  Elle  décroît  ensuite  graduellement.  La 
rapidité  avec  laquelle  elle  décroît  dépend  des  qua- 
lités naturelles  de  la  vache  et  de  la  manière  dont 
elle  est  nourrie.  La^quantité  moyenne  dont  elle 
décroît  pour  les  bonnes  vaches  laitières  bien  nour- 


d'industrie  laitière  129 


ries  est  comprise  en  général  entre  une  demi  et  trois 
quarts  de  livre  par  tête  et  par  dix  jours.  Quand 
les  vaches  sont  mal  nourries  et  ne  reçoivent  que 
très  peu  d'aliments  concentrés,  le  décroissement  est 
plus  marqué  et  dépasse  souvent  une  livre  de  lait 
par  tête  et  pour  dix  jours.  Il  est  plus  marqué 
vers  la  fin  de  la  période  de  lactation  qu'au  com- 
mencement ;  il  est  aussi  plus  marqué  chez  les  vaches 
ayant  des  qualités  laitières  peu  développées  que 
chez  les  bonnes  vaches  laitières. 

Une  vache  est  considérée  comme  étant  en  pleine 
activité  entre  sa  cinquième  et  sa  septième  année  ; 
la  force  constitutionnelle  de  l'animal,  le  mode  d'a- 
limentation employé,  et  les  soins  généraux  qu'on 
lui  donne  déterminent  la  période  de  temps  pendant 
laquelle  on  peut  la  conserver  avec  avantage. 

La  qualité  du  lait  produit  individuellement  par 
chaque  vache  demeure  assez  uniforme  durant  la 
plus  grande  partie  de  la  période  de  lactation  et  est 
difficilement  modifiée  d'une  manière  permanente 
par  l'alimentation,  si  la  vache  est  bien  nourrie 
déjà,  ou  par  toute,  autre  condition  extérieure.  Du- 
rant les  derniers  mois  de  la  période  de  lactation, 
lorsque  la  production  du  lait  diminue  plus  rapide- 
ment qu'avant,  la  qualité  du  lait  s'améliore  généra- 
9— 


130  MANUEL 

lement  jusqu'à  un  certain  point.  La  variation  est 
en  moyenne,  pour  le  gras,  de  1  pour  cent  en  plus. 
Des  variations  de  plus  de  un  pour  cent  de  gras 
peuvent  quelquefois  se  produire  d'un  jour  à  l'autre 
ou  d'une  traite  à  une  autre  pour  certaines  vaches 
en  particulier,  ety  dans  ces  conditions,  on  rencontre 
souvent  des  variations  de  un  pour  cent.  La  qualité 
moyenne  du  lait  d'un  troupeau  entier  est  beaucoup 
plus  constante  et  le  percentage  de  gras  n'en  varie 
guère  d'un  jour  à  l'autre  de  plus  de  deux  dixièmes 
de  un  pour  cent  ;  la  variation  atteint  exceptionnelle- 
ment un  pour  cent. 

Pour  le  cas  de  bonnes  vaches  laitières,  bien  nour- 
ries, le  percentage  des  solides  totaux  dans  le  lait 
s'accroît  au  fur  et  à  mesure  que  la  période  de  lac- 
tation s'avance,  et  ce  n'est  pas  seulement  la  propor- 
tion de  gras  dans  le  lait,  mais  encore  sa  proportion 
dans  les  solides  totaux  qui  augmente. 

On  a  peu  de  renseignements  sur  la  manière  dont 
se  comportent  les  autres  constituants  du  lait  pen- 
dant la  période  de  lactation.  Cependant,  S.  Kiihn 
a  trouvé  que,  dans  le  cas  des  vaches  sur  lesquelles 
il  a  expérimenté,  le  percentage  de  la  protéine,  et  en 
particulier,  celui  de  la  caséine,  s'accroissaient  vers  la 
fin  de  la  période  de  lactation,  tandis  que  celui  de 


d'industrie  laitière  131 


l'albumine  et  celui  du  sucre  de  lait  tendaient  à  di- 
minuer. 

La  quantité  de  lait  par  période  de  lactation  peut 
s'accroître  en  général  pendant  les  huit  premières 
années  de  la  vache  pour  diminuer  ensuite.  L'âge 
auquel  il  n'est  plus  avantageux  de  conserver  une 
vache  dépend  de  la  race,  du  caractère  individuel 
de  l'animal  et  surtout  de  la  manière  dont  il  est 
nourri  et  soigné. 

La  variation  de  la  composition  du  lait  avec  l'âge 
de  la  vache  n'a  pas  encore  été  complètement  déter- 
minée. Cependant,  dans  bien  des  cas,  on  a  trouvé 
un  décroissement  des  solides  totaux  et  de  la  richesse 
en  gras,  en  particulier,  avec  l'âge. 

Exemples  de  résultats  obtenus  avec  des 
vaches  laitières. — La  quantité  d'aliments  que  les 
vaches  laitières  peuvent  avantageusement  trans- 
former en  lait  est  beaucoup  plus  considérable  que 
bien  des  cultivateurs  se  le  figurent  et  il  importe 
d'en  donner  ici  quelques  exemples. 


132 


MANUEL 


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d'industrie  laitière  133 


Dans  ces  expériences,  les  aliments  des  vaches  sont 
comptés  à  un  prix  beaucoup  plus  élevé  que  celui 
auquel  ils  peuvent  revenir  aux  cultivateurs  sur  leur 
ferme  ;  c'est  ce  qui  explique  le  prix  élevé  de  l'alimen- 
tation de  ces  vaches.  Dans  ces  expériences  on  pour- 
rait classer  comme  suit  les  différentes  vaches  par 
ordre  de  valeur,  les  premières  étant  les  meilleures, 
lo.  Au  point  de  vue  de  la  quantité  de  gras  produite  : 
Shorthorn,  Guernesey,  Jerse}',  Holstein,  Ayrshire, 
American  Holderness,  Devon. 

2o.  Au  point  de  vue  du  prix  coûtant  d'une  livre 
de  gras  :  Guernesey,  Jersey,  Shorthorn,  American 
Holderness,  Devon,  Holstein  et  Ayrshire. 

3o.  Au  point  de  vue  de  la  quantité  de  lait  pro- 
duite :  Shorthorn,  Holstein,  Ayrshire,  Guernesey, 
American  Holderness,  Jersey,  Devon. 

4o.  Au  point  de  vue  du  coût  des  100  lbs  de  lait 
Holstein,    American  Holderness,  Ayrshire.  Short- 
horn, Guernesey,  Devon,  Jersey. 

5o.  Au  point  de  vue  du  coût  de  l'alimentation  : 
Devon,  American  Holderness,  Guernesey,  Jersey, 
Shorthorn,  Ayrshire,  Holstein. 

60  Au  point  de  vue  de  la  richesse  du  lait  :  Jer- 
sey, Guernesey,  Devon,.  Shorthorn,  American  Hol- 
derness. Ayrshire,  Holstein. 


134  MANUEL 


RECORDS    OFFICIELS    DE    LAIT    ET    DE   BEURRE  POUR 
365  JOURS. 

lo.  pour  le  lait: 

I  Holstein  Friesian  : 

Pietertje  2d,  No  3273  H.  H.  B  30,318|  lbs 

II  Guernesey  : 

Lily  of  Alexander,  Xo  1059  12,855£  lbs 

III  Ayrshire  : 

Rena  Myrtle,  No  9530  12172  lbs 

2o.  Pov/r  le  beurre  : 

I.  Holstein  Friesian  : 

Pauline  Paul,  No  852,  A.  R,  2199  H.  H.  B., 

(1  lb  de  beurre  avec  16,18  lbs  de  lait.)  1153  lbs  j* 

II.  Jersey  : 

Signal's  Lily  Flagg,   Xo  31035  (avec 

11339  lbs  de  lait.)  ^  1047  lbs6\ 

III.  Guernesey  : 

Bretown,  No.  3660  753,6  lbs 

IV.  Ayrshire  : 

Kena  Myrtle,  Xo  9530  546  lbs 

Plus  haut  record  pour  la  production  de  la 
graisse  en  24- heures,  pendant  un  concours  public  de 
3  jours,  à  l'exposition  de  Chicago,  en  1891.  Toutes 
les  vaches,  pour  lesquelles  on  a  fait  une  demande, 
ont  été  admises  à  concourir  : 


d'industrie  laitière 


135 


"Brienz,  "  vache  suisse,  âgée  de  11  ans  et  pesant 
1395  lbs. 

Production  moyenne  de  lait  par  jour,  81,70  lbs 

"        en  gras        "  3,11  " 

Richesse  en  gras  du  lait  3,81  Qi0 

En  Angleterre,  l'Association  des  laitiers  exige  les 
quantités  annuelles  suivantes  de  lait  des  vaches  des 
différentes  races  qu'elle  enregistra  : 


Races 


Poids  de  lait  à 
fournir  pendant 
une  période  de 
lactation  ne  dé- 
passant pas  11 
mois  et  par  va- 
che. 


Gras  de  beurre 

produit  par 
jour  (moyenne 
de  2  analyses.) 


Shorthorn 

Jersey  

Guernesey 

Ayrshire 

Red  Polled 

Kerry  et  Dexter  Kerry. 
Dutch  (Holstein) 


lbs 
8500 
6000 
6000 
7500 
7000 
4500 
8500 


1.25 
1.25 

x-25 
I  00 
1.00 

o-75 
1.00 


Pour  les  vaches  croisées,  les  quantités  exigées  sont 
les  moyennes  des  vaches  pures  d'où  elles  sont  issues. 
On  n'admet  aucun  animal  dont  le  lait  contient  moins 
de  1 2  °2o  de  solides,  à  un  essai  d'un  échantillon 
quelconque. 


136 


MANUEL 


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d'industrie  laitière  137 

Au  Canada,  on  trouve  quelques  exemples  de  bons 
troupeaux  de  vaches  laitières.  Celui  de  Madame 
Jones,  de  Brock ville,  Ontario,  est  justement  re- 
nommé. 

L'une  de  ses  vaches,  Massena,  âgée  de  16  ans,  une 
Jersey  pure,  a  donné,  dans  le  courant  de  l'année  1*92 
deux  veaux  et  8290i  lbs  de  lait  d'où  on  a  tiré  654  { 
lbs  de  beurre,  pendant  la  période  de  lactation  sépa- 
rant ces  deux  veaux  ;  cette  vache  a  fait,  pendant  ce 
temps,  un  voyage  en  chemin  de  fer  de  1100  milles, 
est  restée  pendant  trois  semaines  à  l'Exposition  de 
Chicago,  tout  cela  sans  recevoir  une  nourriture  trop 
abondante.  Pendant  les  deux  mois  qui  ont  précédé 
le  second  vêlage,  elle  ne  reçut  pas  de  grain.  Dix-neuf 
semaines  avant  la  mise  bas  elle  donnait  encore  une 
moyenne  de  9|-  lbs  de  beurre  par  semaine.  Pendant 
toute  la  période  de  lactation  jusqu'aux  sept  dernières 
semaines  pendant  lesquelles  elles  ne  reçut  absolu- 
ment que  du  son  très  léger,  il  ne  fallait  que  11  h  lbs 
de  son  lait  pour  faire  une  livre  de  beurre.  Pendant 
les  six  premiers  mois  seuls  de  cette  période  de  lac- 
tation, elle  produisit  541 3i-  lbs  de  lait  qui  ont  donné 
416  lbs  et  10  onces  d'un  beurre  magnifique. 

Les  autres  vaches,  du  même  troupeau  de  Jersey, 
donnèrent  en  1892  de  14  à  23  lbs  de  beurre  par  se- 
maine. 


138  MANUEL 


Dans  Ontario,  on  conseille  de  ne  pas  garder  de 
vaches  donnant  moins  de  600  lbs  de  lait  ou  285  lbs 
de  beurre.  Des  vaches  donnant  moins  que  cela  ne 
sont  pas  considérées,  par  beaucoup,  comme  avanta- 
geuses. 

Dans  la  province  de  Québec,  il  y  a  quelques  bons 
troupeaux  et  des  bonnes  vaches  isolées  par  ci  par  là. 
La  moyenne  de  la  province  est  encore  bien  faible, 
2500  lbs  à  3000  lbs,  mais  s'améliore  rapidement,  et 
les  renseignements  ci-dessus,  relatifs  à  la  capacité 
des  vaches  laitières,  sont  pour  engager  les  cultiva- 
teurs à  entrer  plus  activement  encore  dans  la  voie 
de  l'amélioration  de  leurs  troupeaux  de  vaches  lai- 
tières. 

Les  prix  du  beurre,  du  fromage  et  du  lait  sont 
très  bas  à  l'heure  actuelle  et  l'emploi  de  bonnes 
vaches,  puis  la  diminution  du  prix  de  revient  des  ré- 
coltes, sont  les  moyens  les  plus  puissants  pour  rele- 
ver le  taux  des  bénéfices. 

L'un  des  troupeaux  que  l'on  peut  citer  dans  la 
province  est  celui  de  Monsieur  Roach,  d'Abbotsford, 
comté  de  Rouville.  Il  se  compose  de  douze  Holstein- 
Friesian  et  voici  les  chiffres  relatifs  à  la  production 
en  lait  de  ce  troupeau  depuis  le  1er  mai  1895  jus- 
( .  u'au  1er  mai  1896.     Ces  chiffres  sont  pris  sur  les 


d'industrie  laitière  139 


livres  de  la  beurrerie  où  était  vendu  le  lait,  à  Ab- 
botsford. 

lbs  lbs 

Mai 8615  Novembre 6688 

Juin 9001  Décembre 7523 

Juillet 9988  Janvier 10,092 

Août 7241  Février 9236 

Septembre 5300  Mars 7987 

Octobre 6440  Avril 6969 


A  rapporter.  .46,585       Production  totale 

pour  l'année    95,080 

Soit  7923  lbs  par  vache  en  moyenne.  La  richesse 
moyenne  de  ce  lait  a  été-de  3.7  °?o  ce  qui  représente 
293  lbs  de  gras  par  vache. 

Caractères  des  différents  fourrages  et  ali- 
ments que  peuvent  utiliser  les  vaches  lai- 
tières.— Dans  le  chapitre  précédent,  nous  avons  vu 
ce  qui  est  relatif  à  la  production,  sur  la  ferme,  des 
différentes  récoltes  à  transformer  en  lait,  par  le 
moyen  des  vaches  laitières,  et  aussi  ce  qui  se  rap- 
porte à  la  diminution  du  prix  coûtant  de  ces  ré- 
coltes sur  la  ferme,  ainsi  qu'à  leur  rendement  à  l'ar- 
pent ;  il  faut  maintenant  étudier  les  caractères  gé- 
néraux de  ces  différents  fourrages  au  point  de  vue 
de  leur  transformation  en  Jait. 

Les  fourrages  et  autres  aliments  des  vaches  peu. 


140  MANUEL 


vent  être  caractérisés,  au  point  de  vue  de  la  pro- 
duction du  lait,  par  leur  richesse,  lv  en  éléments 
azotés  analogues  à  l'albumine  de  l'œuf,  connus  sous 
le  nom  d'  "  albuminoïdes  "  ou  "  protéine  "  ;  2°  en 
matières  grasses  ;  3e  en  éléments  hydrocarbonnés, 
facilement  digestibles,  analogues  à  l'amidon,  au 
sucre,  qu  on  classe  sous  le  nom  de  "  sucres  ''  ;  4o  en 
éléments  hydrocarbonnés  fibreux,  difficilement  di- 
gestibles, analogues  aux  fibres  du  bois  (cellulose)  et 
qu'on  appelle"  fibres  "  ;  5°  par  leur  richesse  en  eau. 

Ceux  qui  contiennent  une  grande  quantité  de 
protéine,  comme  les  tourteaux  de  coton,  sont  connus 
sous  le  nom  d'aliment*  concentrés. 

Ceux  qui  contiennent  beaucoup  d'eau  sont  con- 
nus sous  le  nom  d'aliments  aqueux. 

Ceux  qui  contiennent  beaucoup  de  fibres  sont 
connus  sous  le  nom  d'alivients  fibreux. 

Herbes  et  fourrages  verts. — Ces  aliments  sont 
caractérisés  par  la  grande  quantité  d'eau  qu'ils  con- 
tiennent. L'eau  forme  environ  60  à  90  °?0  de  leur 
poids.  Ce  sont  donc  des  aliments  aqueux.  Leur  ri- 
chesse en  albuminoïdes,  qui  n'est  pas  très  élevée,  va- 
rie beaucoup  avec  leur  nature,  leur  mode  de  culture 
et  de  réeolte,  le  terrain  où  ils  ont  poussé  et  surtout 
avec  l'époque  à  laquelle  ils  ont  été  coupés.   Ils  sont 


d'industrie  laitière  141 

plus  riches  en  albuminoïcles  lorsqu'ils  poussent  sur 
un  terrain  riche  Quand  ils  sont  coupés  jeunes,  ils 
sont  beaucoup  plus  riches  en  albuminoïcles  que  lors- 
qu'ils sont  coupés  vieux,  c'est-à-dire  après  la  florai- 
son. On  admet  généralement  maintenant  que,  pour 
tirer  d'une  certaine  étendue  de  terre,  par  les  fourra- 
ges verts,  tous  les  albuminoïdes  qu'il  est  possible 
d'en  obtenir  en  une  récolte  et  sous  la  forme  la  plus 
digestible,  il  faut  couper  vers  l'époque  de  la  florai- 
son. En  année  ou  en  terrain  .humide,  ces  fourrages 
sont  souvent  plus  pauvres  en  azote  qu'en  année  sèche 
ou  en  terrain  sec.  L'herbe  et  les  fourrages  verts  de 
bonne  qualité  ne  contiennent  pas  en  général  un 
excès  de  fibres.  Leur  richesse  en  eau  stimule  chez 
les  vaches  la  production  du  lait.  Ils  composent 
pour  l'été  l'alimentation  la  plus  saine  et  la  plus  éco- 
nomique des  vaches  laitières.  Leur  richesse  en  ma- 
tières grasses  et  en  sucres  est  plutôt  faible.  Ce 
sont  les  trèfles,  les  pois,  les  vesces  et  certaines  gra- 
minées qui  contiennent  le  plus  d'albuminoïdes.  Le 
blé-d'Inde  fourrage  et  le  mil  sont  plus  fibreux.  Le 
dactyle  pelotonné  devient  rapidement  fibreux  après 
la  floraison. 


142  MANUEL 


Voici  la  composition  moyenne  de  quelques  uns  de 
ces  herbes  et  fourrages  verts  par  100  lbs  sans  tenir 
compte  de  la  matière  minérale  : 


33 

œ 

'S 

u 

0 

£  s? 

d  s. 
-  a> 

i.o 

IO.IO 

4.0 

4-5 

°ô 

8.4 

4-7 

1.4 

°-5 

8-3 

6-5 

2-3 

o.6 

7-6 

5-6 

3-2 

Bon  pâturage  78.2 

Blé  d'Inde  coupé  en  vert  S4.0 

Avoine  coupée  en  vert  .  81.0 

Pois  en  vert  81.5 


Foin — Le  foin  n'étant  autre  chose  que  de  l'herbe 
ou  des  fourrages  verts  dont  on  a  retiré  par  dessica- 
tion  la  plus  grande  partie  de  l'eau,  sa  valeur  com- 
me aliment  dépend  beaucoup  de  celle  des  plantes 
d'où  il  provient.  Il  ne  contient  en  général  que  15 
à  20  °20  d'eau,  et,  par  le  fait  de  la  dessication.  sa 
richesse  en  albuminoïdes,  en  graisses,  en  sucres  et 
en  fibres,  est  nécessairement  plus  considérable  que 
dans  les  herbages  d'où  il  provient. 

Voici  la  composition  moyenne  de  quelques-uns 
de  ces  foins,  par  100  lbs,  sans  tenir  compte  de  la 
matière  minérale  : 


d'industrie  laitière  143 


«"-  eS"£  22  P  « 

•SE        ,r:  =s         £  s  42 

eS  SL  «^  >Û  "~" 

Vesce  commune  14-3°  4  53  35.36  13,06  25.14 
Trèfle  rouge  avant  la  fleur  9.45  5.25  42.30  11.85  23-IQ 
Trèfle  rouge  en  fleur  8.55  ,438  47.42  1455  17.50 
Trèfle  rouge  mur  815  3.65  49.90  17.55  M-oo 
Mil  (jeune)  7.85  4.20  50.05  18.35  "-55 
Mil  (début  de  la  floraison)  5.60  3.63  54.01  21.43  9-63 
Mil  (mur)  5.95  3.20  47.09  22.48  11.38 
Dactyle  pelotonné  (jeune)  5.75  3.88  47.94  17.68  15.05 
Dactyle  pelotonné  (au  dé- 
but de  la  floraison)  7.35  3.03  50.32  23.78  8.92 
Millet  de  Hongrie              13-40  2.20  38.50  29.40  10.80 

On  considère  en  général  le  foin  de  trèfle,  de 
vesces  et  de  certaines  graminées  comme  le  plus 
riche  en  albuminoïdes.  Le  mil  est  plutôt  riche  en 
fibres. 

Le  bon  foin  forme  à  juste  raison  la  base  de 
l'alimentation  des  vaches  pendant  l'hiver.  Sa  ri- 
chesse en  éléments  nutritifs  divers  est  moyenne. 

Ensilage. — L'ensilage  s'obtient,  comme  on  l'a  vu, 
au  moyen  de  fourrages  verts  que  l'on  veut  con- 
server pour  l'hiver  sans  leur  enlever  leur  eau.  Pour 
cela,  on  les  comprime  dans  de  grandes  chambres 
étanches  à  l'air.  Mais  comme  cette  opération  ne  peut 


144  MANUEL 

se  faire  sans  qu'une  fermentation  active  se  produise 
dans  la  masse  ainsi  tassée,  par  le  fait  même  de  cette 
fermentation,  il  se  produit  dans  les  albuminoïdes  et 
les  hydrates  de  carbone  des  transformations  qui 
modifient  la  composition  des  fourrages  verts  avec 
lesquels  cet  ensilage  est  fait. 

Sans  être  devenue  analogue  à  celle  du  foin,  puis- 
que l'eau  n'est  pas  enlevée,  la  composition  de  l'en- 
silage n'est  plus  la  même  que  celle  des  fourrages 
verts  avec  lesquels  il  est  fabriqué.  La  différence 
cependant  n'est  pas  bien  considérable. 

La  qualité  dépend  encore  de  celle  des  fourrages 
qui  le  composent.  Il  y  a  une  perte  d'albuminoïdes 
et  d'hydrates  de  carbone  pendant  la  fermentation,  et 
cette  perte  varie  avec  la  manière  dont  l'ensilage  est 
fait  et  la  chaleur  produite  dans  la  masse  pendant 
cette  fermentation. 

L'ensilage  bien  fait  est,  pour  les  vaches,  un  ali- 
ment succulent,  agréable,  et  supérieur  à  un  aliment 
sec  d'égale  qualité. 

On  emploie  le  plus  généralement  pour  l'ensilage 
le  blé-d'Inde  et  le  trèfle.  L'ensilage  de  blé-d'Inde 
contient  par  100  lbs,  83i  lbs  d'eau,  0,9  lbs  de 
graisse,  8.9  lbs  d'hydrates  de  carbone,  5.3  lbs  de 
fibres  et  1.2  lbs  d'albuminoïdes.  L'ensilage  de  trèfle 


d'industrie  laitière  145 


contient  pour  100  lbs3  79.2  lbs  d'eau,  2.2  lbs  de 
graisses,  6.4  d'hydrates  de  carbone,  5.9  lbs  de  li- 
bres et  4.2  d'albuminoïdes. 

L'ensilage  de  blé-d'Inde  et  de  trèfle  est  plus  riche 
en  libres  que  l'herbe  des  prairies,  le  blé-d'Inde  et 
le  trèfle  servis  en  vert  ;  il  est  aussi  nourrissant  que 
les  racines.  L'ensilage  est  un  aliment  aqueux.  L'im- 
portance de  l'emploi  de  l'ensilage  en  industrie  lai- 
tière provient  de  ce  qu'il  permet  de  conserver  pour 
l'hiver  de  grandes  quantités  de  fourrages  verts, 
sous  une  forme  très  propre  à  la  production  du  lait. 

Racines. — La  composition  des  racines  se  rap- 
proche, dans  une  certaine  mesure,  de  celle  des  four- 
rages verts  et  de  l'ensilage  ;  mais  elles  contiennent 
beaucoup  plus  d'eau,  moins  de  fibres,  moins  d'albu- 
minoïdes et  plutôt  plus  d'hydrates  de  carbone.  Les 
racines  donnent  de  fortes  récoltes  à  l'arpent,  sont 
favorables  à  la  production  du  lait  à  cause  de  la 
grande  quantité  d'eau  qu'elles  contiennent,  et  per- 
mettent d'améliorer  beaucoup  l'alimentation  des 
vaches  pendant  l'hiver,  lorsqu'on  ne  dispose  pas 
d'ensilage.  On  ne  saurait  trop  en  recommander  la 
culture. 

10— 


146  MANUEL 


Voici    la   composition   par    100   lbs,   sans   tenir 

compte  des  matières  minérales,  de  quelques  racines 

usuelles  : 

Hydrates  A  lbu  mi- 

Eau  Graisse        cîe  carb.      Fibres     noides 

Betteraves  8S.0  —  o.i  —  9.1  —  0.9  —  1.1 
Carottes  85.0  —  0.2  —  10.8  —  1.7  —  1.4 
Panais         88.3    —     0.2     —  10.2     —     1.0     —     1.6 

Comme  ce  tableau  le  montre,  les  racines  ne  peu- 
vent pas,  par  suite  de  leur  composition,  servir  seules 
à  l'alimentation  des  vaches  et  elles  ne  doivent  être 
destinées  qua  compléter  une  ration  trop  pauvre  en 
eau  ou  en  hydrates  de  carbone  spécialement. 

Les  principales  racines  qui  conviennent  à  l'indus- 
trie laitière  sont  les  betteraves  fourragères  ;  les 
choux  de  Siam,  connus  en  Angleterre  sous  le  nom 
de  Swedes  et  en  France  sous  celui  de  rutabagas  ; 
les  navets,  les  carottes,  les  panais  et  les  choux  moël- 
liers.  Les  racines  très  développées  fournissent  une 
alimentation  moins  riche  que  celles  qui  sont  de  gros- 
seur moyenne.  Les  choux  de  Siam  sont  plus  fibreux 
que  les  betteraves,  surtout  lorsqu'ils  vieillissent  ;  les 
betteraves,  au  contraire,  s'améliorent  en  vieillissant. 

Aux  racines  on  peut  ajouter  les  choux  et  les 
pommes  de  terre  qui,  comme  elles,  sont  des  aliments 
aqueux.  Les  pommes  de  terre  sont  très  riches  en  a- 


d'industrie  laitier!  147 

midon  et  se  rapprochent  plutôt  des  grains,  les  choux 
se  rapprochent  plutôt  des  fourrages  verts. 

Grain*. — La  composition  des  grains  diffère  beau- 
coup de  celle  des  fourrages,  de  l'ensilage  et  des  ra- 
cines. La  différence  provient  surtout  de  leur  richesse 
en  hydrates  de  carbone  et  en  albuminoïdes  et  de 
leur  pauvreté  en  fibres  et  en  eau.  Ils  sont  relative- 
ment riches  en  albuminoïdes,  c'est  pour  cela  qu'on 
les  appelle  quelquefois  aliments  concentrés  oq  semi- 
concentrés  suivant  leur  richesse.  Ils  conviennent 
bien  pour  augmenter  la  richesse  d'une  ration  en  hy- 
drates de  carbone  et  en  albuminoïdes.  Ils  ne  con- 
tiennent que  10  à  15  °;&  d'eau.  Ce  sont  les  fèves  qui 
contiennent  le  plus  d'albuminoïdes,  viennent  ensuite 
par  ordre  de  richesse,  les  pois,  l'orge,  l'avoine,  le  blé, 
le  blé-d'Inde,  le  seigle.  Le  blé  contient  environ  12 
°/r  de  matières  azotées  ;  les  pois  à  vaches  en  con- 
tiennent 20  à  21  c:/,v 

Pailles. — Les  pailles  des  diverses  céréales,  des 
pois,  des  fèves,  du  blé-d'Inde  sont  caractérisées 
surtout  par  leur  richesse  en  fibres  et  leur  pauvreté 
en  eau,  en  hydrates  de  carbone  et  en  albuminoïdes. 
Ce  sont  des  aliments  fibreux  et  pauvres  par  excel- 
lence.    Voici  la  composition  de  quelques  pailles  : 


148 

MANUEL 

Eau 

Albumi- 

noides       Fibres 

Hydrates 
de  carb.  Grais. 

Paille  de  blé 

9.6 

—  3-4  —  38-1 

—  43-4  —   1.3 

"       avoine 

9.2 

—  4-o  —  37-° 

—  42.4  —  2.3 

"       orge 

"       seigle 

"      blé-d'Inde 

14.2 

7-i 
40.1 

—  3-5  —  35-° 

—  3-o   —  38-9 

—  38  —  19-7 

—  39.0  —  1.5 

—  46.6  —   1.2 

—  3i-9   —   i-« 

"       pois 

13.6 

—  9-o  —  35-5 

—  33-7  —  i-6 

La  paille  la  plus  riche  serait  donc  d'après  cela  la 
paille  de  pois,  viendrait  ensuite  celle  d'avoine  puis 
celle  de  blé-d'Inde. 

Aliments  divers. — Lorsqu'on  dispose  d'un  sur- 
plus de  jour  rages  sur  la  ferme,  il  est  souvent  avan- 
tageux de  vendre  ce  surplus  pour  acheter,  avec  le 
produit  de  cette  vente,  certains  produits  industriels 
qui,  donnés  aux  vaches,  augmentent  beaucoup  l'ef- 
ficacité des  rations  et  leur  rendement  en  lait.  Par- 
mi ces  produits  industriels,  il  faut  citer  en  pre- 
mière ligne  les  tourteaux  oléagineux,  comme  les 
tourteaux  de  lin  et  de  coton,  les  moulées  de  coton, 
de  lin,  de  pois,  de  blé,  de  blé-d'Inde,  d'avoine,  le 
son  de  blé,  les  graines  de  malt,  les  drèches  de  bras- 
serie, etc. 

Les  tourteaux  oléagineux  sont  remarquables  par 
leur  richesse  en  albuminoïdes.  Les  tourteaux  de 
coton  se  trouvent  dans  le  commerce  sous  deux 
formes  :  décortiqués  et  non  décortiqués.     Ce  sont 


d'industrie  laitière  149 


les  résidus  de  la  fabrication  de  l'huile  au  moyen  de 
la  graine  de  coton.  Les  tourteaux  de  coton  com- 
muns, provenant  de  graines  non  décortiquées,  con- 
tiennent une  relativement  grande  quantité  de  fibres 
non  digestibles,  environ  23  °]0  ;  dans  les  tourteaux 
provenant  de  graines  décortiquées,  il  n'y  a  qne  9hQ2o 
environ  de  fibres  non  digestibles.  Dans  les  pre- 
miers, il  y  a  o\  °2a  d'huile  et  17|  °l0  d'albuminoï- 
des  digestibles,  tandis  que  les  seconds  peuvent  con- 
tenir 12|  à  loi  "/„  de  matières  grasses  et  jusqu'à 
30  °]0  d'albuminoïdes. 

Les  tourteaux  de  lin  proviennent  de  la  fabrica- 
tion de  l'huile  au  moyen  de  la  graine  de  lin.  Les 
matières  carbonnées  s'y  rencontrent  en  plus  grande 
quantité  que  dans  les  tourteaux  de  coton,  et  la  pro- 
portion d'albuminoïdes  y  est  aussi  plus  considéra- 
ble. 

Certaines  moulées  proviennent  aussi  de  la  fabrica- 
tion de  l'huile  par  des  procédés  spéciaux.  La  moulée 
de  coton  contient  33  °}0  d'albuminoïdes,  17£  %,  de 
carbo-hydrates  et  16  °?0  de  graisse.  La  moulée  de 
lin  contient  27.8  °io  d'albuminoïdes.  34  °j0  de  car- 
bo-hydrates, et  2.1  °20  de  graisses. 

Le  son  de  blé  contient  16  °i0  d'albuminoïdes, 
53^  °20  d'hydrates  de  carbone,  et  4  °j0    de  gras, 


150  MANUEL 


8|  o.i0  de  fibres  et  seulement  12  °20  d'eau.  Les 
germes  de  malt  contiennent  24.8  v]0  de  protéine, 
11  °2'0  de  fibres,  47  0]0  d'hydrates  de  carbone,  1.7 
°2o  de  graisses,  et  9|  °2o  d'eau.  Tous  ces  aliments 
sont  donc  très  riches  en  albuminoïdes  et  peuvent 
être  employés  avantageusement  pour  augmenter  la 
richesse  en  albuminoïdes  des  rations.  Quant  aux 
drèches  de  brasseries,  qui  contiennent  76  °q0  d'eau, 
5.4  °20  d'albuminoïdes,  3.8  Q/,^  de  fibres,  l'2h  °J0 
d'hydrateô  de  carbone  et  1.6  °]0  de  graisses,  elles 
peuvent  s'employer  avantageusement  pour  rempla- 
cer les  racines  et  l'ensilage  dans  les  rations. 

Voici  un  classement  des  différents  aliments  que 
nous  venons  de  passer  en  revue,  qui  pourra  servir 
lorsqu'on  aura  à  combiner  des  rations  et  à  substi- 
tuer un  aliment  à  un  autre  dans  une  ration  : 

1° — Aliments  pauvres  en  albuminoïdes  et  riches 
en  fibres  :  pailles  diverses  ; 

2^ — Aliments  aqueux,  normalement  riches  en  al- 
buminoïdes (sans  tenir  compte  de  l'eau)  :  herbes 
fourrages  verts,  drèches  de  brasserie  ; 

3° — Aliments  aqueux,  pauvres  en  protéine,  riches 
en  hydrates  de  carbone:  racines  diverses,  choux, 
pommes  de  terre  ; 


d'industrie  laitière  151 

4g — Aliments  secs,  normalement  riches  en  albu- 
minoïdes, hydrates  de  carbone  et  graisses  ;  foin  de 
trèfle,  de  prairie  et  autres  foins  divers  pas  trop 
grossiers. 

5° — Aliments  très  riches  en  albuminoïdes,  (ali- 
ments concentrés)  et  plutôt  riches  en  graisses  :  tour- 
teaux et  moulées  de  coton  et  de  lin. 

6° — Aliments  riches  en  albuminoïdes  et  en  hy- 
drates de  carbone  :  pois,  fèves. 

7° — Aliments  moyennement  riches  en  albumi- 
noïdes et  en  hydrates  de  carbone:  graines  de  céréales, 
blé,  orge,  avoine,  seigle,  blé-d'Inde. 

8Q — Aliments  riches  en  graisses  et  en  albuminoï- 
des :  graine  de  lin. 

Lorsqu'on  dessèche  complètement  à  la  chaleur  un 
fourrage  ou  un  aliment  quelconque,  on  obtient  ce 
qu'on  appelle  la  matière  sèche  du  fourrage  ou  de 
l'aliment  en  question. 

Lorsqu'on  brûle  complètement  un  fourrage  ou  un 
aliment  quelconque  on  obtient  ce  que  Ton  appelle 
vulgairement  des  cendres.  Ces  cendres  contiennent 
toute  la  matière  minérale  du  fourrage  ou  de  l'aliment 
calciné. 


152  MANUEL 


Bien  que  la  partie  minérale  de  la  ration  joue  un 
grand  rôle  dans  l'alimentation  des  animaux,  on  ne 
s'en  occupe  généralement  pas  parce  que  les  aliments 
sont  presque  toujours  assez  pourvus  de  ces  éléments 
pour  que  les  animaux  n'en  manquent  pas  et  qu'il  est 
du  reste  assez  difficile  d'en  ajouter  à  la  ration  qui 
soient  directement  assimilables  par  eux. 

Les  fourrages  ne  manquent  des  éléments  miné- 
raux nécessaire  que  quand  ils  poussent  dans  des 
terrains  pauvres  et  dépourvus  eux-mêmes  d'élé- 
ments minéraux  ;  et  il  n'y  a  qu'une  chose  à  faire 
dans  ce  cas,  c'est  d'enrichir  le  sol  lui-même  par  des 
engrais  chimiques.  C'est  la  chaux  qui  fait  le  plus 
souvent  défaut  dans  les  fourrages  de  cette  Province. 

Pour  la  composition  de  tous  les  aliments  em- 
ployés en  industrie  laitière,  nous  ne  pouvons  faire 
mieux  que  de  renvoyer  le  lecteur  au  tableau  publié 
dans  le  Handbook  for  Farmers  and  Dairymen,  de 
F.  W.  Wool,  (John  Wiley  &  Sons,  New-York)  pp. 
3  à  9. 

Principes  d'alimentation  des  vaches  lai- 
tières.— Digestibïlité  des  aliments. — Comme  nous 
l'avons  vu  dans  le  chapitre  précédent,  la  compo- 
sition des  différents  aliments  varie  beaucoup  et, 
nécessairement,   pour  produire  tout  leur  effet  ils 


d'industrie  laitière  153 


ont,  en  gênerai,  besoin  d'être  combinés  les  uns  avec 
les  autres  et  de  manière  à  se  compléter  mutuelle- 
ment. 

Tout  ce  qui  est  absorbé  par  les  animaux  n'est  pas 
complètement  assimilé  et  une  partie  de  leur  nour- 
riture se  retrouve,  non  digérée,  dans  leurs  déjec- 
tions. 

La  proportion  pour  cent  qui  en  est  digérée  s'ap- 
pelle le  coejfficit  ut  >><>  digestibilité  ou  simplement 
la  digestibilité  de  ces  aliments.  Il  n'y  a  que  la 
partie  réellement  digérée  et  assimilée  qui  serve  à 
la  production  du  lait,  de  la  viande,  à  l'entretien  de 
la  chaleur  de  l'animal,  etc.,  le  reste  ne  sert  à  rien 
et  retourne  à  la  terre  en  passant  par  le  fumier. 

La  digestibilité  moyenne  de  la  matière  sèche  des 
divers  aliments  employés  pour  les  vaches  est  très 
variable  suivant  la  nature  de  ces  aliments  comme 
le  montre  le  tableau  suivant  : 

Digestibilité  moyenne  de  la  matière  sèche  des  principaux 

aliments  des  vaches  en  pour  cent  de  la  quant ité 

consommée. 

Maïs  fourrage  vert(tiges         Foin  de  trèfle  rouge .  •  53  0/0 

et  grain 680/0  Foin  de  trèfle  blanc  .66  " 

Mil  en  vert. 63  "     Paille  de  pois  59  '*' 

Millet   de  Hongrie  en            Betteraves     fourragè- 
vert 63  "       res 78  " 


154  MANUEL 


Herbes  de  pâturages.. 6go/o  Choux  de  Siam 87  ojo 

Trèfle  rouge  en  vert 66  "  Navets 93  '• 

Ensilage  de  blé-d'inde.66  "  Pommes  de  terre 77  " 

Maïs  foun âge  sec 66"  Moulée  de  blé-d'Inde. 87  " 

Paille  d'avoine 50"  Moulée  de  pois 87  " 

Millet  de  Hongrie  sec. 65  "  Moulée  de  doton  76  " 

Foin  de  dactyle  pelo-  Moulée  de  graine  de 

tonné 56  "       lin 80  " 

Foin  de  Mil 58"  Germes  de  malt 67  " 

Foin  de  prairie 72  "  Son  de  blé 61  " 

Foin  de  graminées  mê-  Blé-dTnde  en  grains.  86  " 

lées 56  "  Pois 90  " 

Les  chiffres  de  ce  tableau  sont  le  résultat  d'ex- 
périences faites  dans  différentes  fermes  expérimen- 
tales des  Etats-Unis. 

On  voit,  que,  d'après  eux^  la  digestibilité  de  la 
matière  sèche  des  aliments  serait  comprise  entre  50 
et  93  <%. 

Mais  dans  un  même  aliment,  les  différents  com- 
posants de  cet  aliment  ne  sont  pas  tous  digérés 
aussi  complètement  :  ainsi,  pour  le  blé-d'Inde  con- 
sommé en  vert,  il  n'y  a  que  68  °2a  de  la  matière 
sèche  totale  digérée,  et  dans  cette  matière  sèche  les 
cendres  ne  sont  digérées  qu'à  raison  de  35  Q2Q,  les 
albuminoïdes  de  61  °?0,  les  fibres  61  ^o»  ^es  carbo- 
hydrates  74  °/,,  et  les  graisses  74  v/,,. 

En  général  pour  toutes  les  expériences  faites 
dans  ces  fermes  expérimentales,  la  digestibilité  des 


d'industrie   laitière  155 

cendres  des  aliments  essayés  est  restée  comprise 
entre  10  et  90  °}0  ;  celle  de  la  protéine  entre  10  et 
90  °]a  ;  celle  des  fibres  entre  25  et  100  °2o  .;  ce^e 
des  hydrates  de  carbone  entre  50  et  100  °lQ  et 
celle  des  graisses  entre  50  et  100  °2o- 

La  digestibilité  des  aliments  est  très  variable  sui- 
vant les  aliments  considérés,  et  l'association  de  ces 
aliments  dans  les  rations  ;  c'est  ce  qui  fait  juste- 
ment que  la  composition  des  rations  est  une  chose 
si  importante  et  si  difficile.  Dans  certaines  rations 
bien  combinées,  la  digestibilité  d'un  fourrage  pour- 
ra être  considérable,  tandis  qu'elle  sera  faible  si  ce 
fourrage  est  associé  à  d'autres  aliments  mal  choisis. 

On  admet  généralement  que  les  fibres  et  les  ali- 
ments fibreux  sont  les  moins  digestibles,  tandis  que 
ceux  qui  contiennent  beaucoup  d'hydrates  de  car- 
bone (sucres,  amidon) sont  très  digestibles.  Les  fibres 
sont  mieux  digérées  quand  la  quantité  d'hydrate  de 
carbone  est  faible  dans  un  aliment  ou  une  ration 
que  si  elle  est  forte.  Les  albuminoïdes  et  les  graisses 
sont  moyennement  digestibles  dans  les  aliments 
usuels.  C'est  dans  les  racines  que  les  différents 
composant  des  aliments  sont  le  plus  digestibles,  et 
dans  les  pailles  qu'ils  le  sont  le  moins  en  général. 

Les  chiffres  du  tableau  précédent  sont  intéres- 
sants au  point  de  vue  théorique  et   donnent  une 


156  MANUEL 

idée  générale   approximative   de   la  proportion  de 
la  matière  sèche  des  aliments  qui  peut  être  digérée. 

Pour  le  calcul  de  la  digestibilité,  on  ne  tient  pas 
compte  de  l'eau  de  ces  aliments,  parce  que  l'eau 
peut  être  considérée  d'une  façon  générale  comme 
étant  toujours  totalement  digérée.  Cependant  on 
remarquera  que  les  aliments  les  plus  aqueux,  comme 
les  racines,  ont  une  digestibilité  plus  forte  que  les 
aliments  secs. 

Pour  utiliser  le  mieux  possible  les  récoltes  pro- 
duites sur  une  ferme  il  faut  donc  s'arranger  pour 
qu'elles  soient  aussi  bien  digérées  que  possible  par 
les  vaches  et  les  autres  animaux  qui  les  consom- 
ment. 

Or  l'expérience  a  démontré  que  pour  atteindre  ce 
but,  et  pour  les  vaches  laitières  en  particulier,  il  fal- 
lait que  le  poids  des  albuminoïdes  susceptibles  d'être 
digérés,  dans  une  ration  déterminée,  et  la  somme  de 
ceux  des  hydrates  de  carbonne  et  des  graisses  diges- 
tibles ;  de  la  même  ration,  soient  dans  un  certain 
rapport  pouvant  varier  entre  \  et  *  .  Ce  rapport 
est  ce  qu'on  appelle  la  relation  nutritive  de  cette 
ratipn.  Cette  relation  nutritive  de  \  à  ^  est  à  peu 
près  celle  du  bon  foin  (matière  en  partie  sèche  de 
l'herbe)  et,  si  le  sol  pouvait  produire  économique- 


d'industrie  laitière  157 

ment  de  l'herbe  et  du  bon  foin,  à  haut  rendement 
pendant  de  longues  années  sans  s'épuiser  et  sans  se 
salir  de  mauvaises  herbes,  la  nourriture  la  plus  na- 
turelle des  vaches,  serait  l'herbe  ou  le  bon  foin  ; 
mais  pour  l'entretien  de  la  richesse  du  sol,  aussi 
bien  que  pour  augmenter  la  sécurité  et  le  rende- 
ment des  récoltes  et  en  diminuer  le  prix  de  revient 
on  est  obligé  de  les  alterner  et  de  les  varier.  C'est 
avec  les  fourrages  divers,  les  racines  fourragères, 
les  grains  provenant  des  cultures  variées  qu'il  faut 
combiner  les  rations,  de  manière  à  ce  que  leur  com- 
position moyenne  se  rapproche  de  l'herbe  ou  du 
bon  foin,  si  on  ne  tient  pas  compte  de  l'eau. 

Quantité  de  nourriture  nécessaire  aux  vaches. — 
Pour  le  calcul  du  poids  de  nourriture  à  donner  aux 
vaches  on  ne  tient  pas  compte  de  l'eau  et  on  ne  s'oc- 
cupe que  de  la  matière  complètement  sèche  des  ali- 
ments. 

La  théorie,  de  nombreuses  expériences,  ainsi  que 
la  pratique  des  meilleurs  cultivateurs  ont  démon- 
tré que  les  vaches  consomment  en  moj^enne  envi- 
ron de  20  à  30  lbs  de  matières  sècltes  par  100  lbs 
de  poids  vif,  suiv  .  f  la  quantité  de  lait  qu'elles 
donnent.  C'est  là  u.  ?  première  base  pour  le  calcul 
de  la  quantité  de  nourriture  nécessaire  aux  vaches. 


158  MANUEL 

Si  nous  prenons  la  moyenne  des  rations  emplo- 
yées par  15  des  meilleurs  cultivateurs  du  Wiscon- 
sin,  en  1881-92,  nous  trouvons  que  leurs  vaches 
recevaient  une  ration  journalière  de  26  lbs  de  ma- 
tières sèches  par  1000  lbs  de  poids  vif  dont  : 

Eléments  azotés  (albuminoïdes)  .     .     2.20  lbs 
Hydrates  de  carbone  (sans  amidon)      13*55    " 
Matières  grasses 0.76    " 


soit  un  total  de     16.51  lbs 

étaient  digestibles  sur  les  26  lbs.  Avec  cette  ration 
ils  ont  obtenu  cette  année-là  une  moyenne  de  5,792 
lbs  de  lait  par  vache,  et  ce  lait  a  donné  290  lbs  de 
de  beurre  par  vache. 

Ces  chiffres  s'accordent  assez  avec  ceux  qui  sont 
indiqués  par  Kiihn  et  Wolfe,  deux  savants  alle- 
mands considérés  comme  des  autorités  en  fait  de 
science  alimentaire  pour  les  animaux.  Nous  pen- 
sons que  les  cultivateurs  de  cette  province  pour- 
raient prendre  ces  chiffres  comme  base  pour  le  pre- 
mier calcul  approché  de  la  quantité  de  nourriture  à 
donner  à  leurs  vaches. 

Calcul  des  rations. — Etant  admis  tout  ce  qu'il 
vient  d'être  dit  au  sujet  de  la  nature  des  aliments, 
de  leur  dio-estibilité,  de  la  relation  nutritive  et  de 


d'industrie  laitière  159 


la  quantité  de  matière  sèche  à  faire  consommer 
chaque  jour  aux  vaches,  on  peut  arriver  facilement 
à  combiner  Je  h  >:mes  rations  avec  les  récoltes  de 
la  ferme. 

Pour  cela,  il  faut  se  servir  de  tables  de  composi- 
tion des  fourrages  et  autres  aliments,  qui  indiquent 
pour  chacun  d'eux  les  poids  des  différents  éléments 
nutritifs  qui  les  composent,  ainù  que  celui  de  leur 
matière  sèche,  et  la  digestibilité  probible  de  ces  ali- 
ments et  de  leurs  éléments.  On  trouve  de  ces  tables 
dans  la  plupart  des  traités  d'agriculture  et  d'indus- 
trie laitière  et  ces  tables  sont  accompagnées  d'exem- 
ples de  calculs  de  rations.  Cependant,  les  cultiva- 
teurs auxquels  ce  livre  s'adresse  n'ont  pas  toujours 
à  leur  disposition  de  pareilles  tables,  ni  le  temps  de 
les  consulter,  ni  l'habitude  de  ce  genre  de  calculs  et 
le  résultat  des  ca'culs  que  l'on  peut  faire  avec  le  se- 
cours de  ces  tables  n'est  jamais  qu'une  première 
approximation,  qu'une  indication  générale,  qu'il 
faut  ensuite  modifier  un  peu  en  pratique.  D'un 
autre  côté,  une  foule  de  rations  types  ont  été  es- 
sayées et  ont  donné  de  bons  résultats.  C'est  donc 
un  bon  moyen  pour  ces  cultivateurs  de  simplifier 
les  choses  en  prenant  de  suite,  comme  première  ap- 
proximation, des  rations  types  qui  sont  "déjà  sanc- 
tionnées par  une  pratique  sérieuse,  et  de  choisir 
celles  qui  peuvent  le  mieux  convenir  dans  leur  cas 


160 


MANUEL 


particulier,  puis  de  les  modifier  suivant  les  circons- 
tances. C'est  la  méthode  à  conseiller  de  préférence 
ici. 

Voici  quelques  exemples  de  ces  rations  types  : 

1er  exemple. — Avec  beaucoup  d'ensilage. 

Ensilage  50  lbs       "lûmes  égaux 10  lbs 

Foin.... 10  '%     Tourteaux  moulus. ...   2    " 

Son  et  avoines  par  vo- 

2ème  exemple. — Avec  une  moindre  quantité  d'ensilage 
et  sans  foin. 

blé-d'Inde  et  d'avoi- 


Blé-d"Inde  ensilé  .  ...30  lbs 
Tiges    de    blé-d'Inde 

hachées 12  à  14  lbs 

Mélange,  moitié  en 
volume  de  son  de 
blé  et  l'autre  moitié 
d'un     mélanee    de 


ne  moulus  ensemble 
(yi  en  vol.  de  blé- 
d'Inde  et  ~/z  en  a- 
voine)  avec  quel- 
ques  pois  dessus. .  10  lbs 


\ème  exemple. — Rations  avec  racines. 


Son  de  blé  6  lbs 

Farine  de  blé-d'Inde.  3  " 


Racines     fourragères 

(betteraves) 40  lbs 

Foin  de  trèfle 3  " 

j\.ème  exemple. — Rations  sans  aliments  aqueux. 

Mil 10  lbs  I  Son  de  froment 6  lbs 

Trèfle 8  "    |  Avoine 6  " 

$ème  exemple. — Sans  ensilage  ni  racines 


Trèfle 40  lbs 

Tiges   de    blé-d'Inde 
coupées  10  " 


Son 4  lbs 

Avoine 4  " 

Blé-d'Inde  (grains)...  4  " 


d'industrie  laitière  161 


berne  exemple. 

Ensilage  de  Blé-d'In- 
de  40  lbs 

Foin  de  trèfle 7^  " 

Paille  d'avoine 3  " 

Avoine t  V3   " 


Orge \Yz  lbs 

Moulée  de  pois. i}i  " 

Son  de  blé 3  " 

Moulée  de  coton..  . .    1  " 


On  trouve  de  nombreux  exemples  de  rations 
combinées  dans  les  différents  journaux  et  traités 
d'agriculture,  et  pour  peu  qu'il  veuille  se  donner  la 
peine  de  chercher,  chaque  cultivateur  n'aura  pas 
beaucoup  de  peine  à  trouver  une  ration  qui  con- 
vienne à  ses  vaches,  étant  donnés  les  aliments  dont 
il  dispose.  Ces  rations,  comme  on  le  voit,  sont  in- 
diquées en  poids  d'aliments  à  l'état  naturel,  et  non 
en  poids  de  matière  sèche  de  ces  aliments. 

Le  poids  total  de  chacune  de  ces  rations  est  cal- 
culé pour  1000  lbs  de  poids  vif.  Pour  déterminer 
le  poids  de  chacun  des  aliments  à  préparer  poul- 
ies vaches  il  faut  déterminer  combien  pèse  le  trou- 
peau et  multiplier  chacun  des  poids  indiqués  dans 
la  ration  par  le  nombre  de  fois  1000  livres  que 
pèse  le  troupeau. 

Supposons  qu'un  troupeau  de  10  vaches,  pesant 
700  lbs  chacune,  soit  nourri  avec  la  ration  indiquée 
au  3ème  exemple.     Le  poids  total  des  vaches  étant 

11  — 


162  MANUEL 

de  7000  lbs  il  faudra  peser  ou  mesurer  chaque  jour 
7  x  40  =  280  lbs  de  racines  :  7  x  3  =  21  lbs  de  foin 
de  trèfle  ;  6  x  7  =  42  lbs  de  son  de  blé  et  3  x  7  = 
21  lbs  de  farine  de  blé  d'Inde.  On  donne  ensuite  à 
chaque  vache  tout  ce  qu'elle  peut  manger  de  ce  mé- 
lange à  chaque  repas  sans  en  laisser  ;  moitié  de  sa 
part,  environ,  le  matin,  et  l'autre  moitié  le  soir.  Si 
le  premier  jour  on  s'aperçoit  qu'on  n'en  a  pas  pré- 
paré tout  à  fait  assez,  ou  un  peu  trop,  le  jour  sui- 
vant on  en  préparera  un  peu  plus  ou  un  peu  moins, 
de  façon  à  ce  que  chaque  vache  en  ait  son  compte 
sans  en  laisser. 

Mais,  comme  nous  l'avons  vu  ;  la  composition 
des  différents  fourrages  varie  beaucoup  avec  les 
terrains  où  ils  ont  poussé,  la  manière  dont  ils  ont 
été  récoltés,  le  degré  de  maturité  auquel  ils  ont  été 
fauchés.  Les  rations  types  calculées  en  se  servant 
de  tables  donnant  la  composition  moyenne  des  dif- 
férents aliments  qui  y  entrent,  peuvent  parfaite- 
ment ne  pas  donner  les  résultats  qu'on  était  en 
droit  d'attendre  si  la  composition  des  fourrages 
dont  on  se  sert  s'écarte  de  la  composition  moyenne 
indiquée  dans  ces  tables.  Si,  par  exemple,  on  se 
sert  de  foin  de  trèfle  mal  fait,  dont  une  bonne  par- 
tie des  feuilles,  sont  restées  sur  le  champ  pendant 
la  récolte,  ou  qni  a  subi  l'action  de  la  pluie  et  du 


d'industrie  laitière  163 


soleil  pendant  la  fenaison,  ou  qui  a  été  coupé  trop 
vieux,  ou  qui  a  poussé  dans  un  terrain  trop  pauvre, 
dans  ce  cas,  il  faut  savoir  modifier  les  rations  ; 
et  la  chose  est  facile  en  se  reportant  à  ce  qui  a  été 
dit  plu  j  haut.  Si  on  examine  les  rations  précéden- 
tes, on  reconnaîtra  bien  vite  qu'elles  se  composent 
1°  d'une  certaine  quantité  d'aliments  normaux 
comme  le  foin  ;  2Q  d'aliments  aqueux,  comme  les 
racines,  l'ensilage  ;  3°  d'aliments  semi-concentrés 
ou  concentrés,  comme  les  grains,  les  moulées,  les 
tourteaux  ;  4°  d'aliments  fibreux,  comme  les  pailles, 
et  que  ces  différentes  rations  ont  été  obtenues  en 
substituant  simplement  aux  aliments  d'une  catégo- 
rie d'autres  aliments  de  la  même  catégorie,  à  peu 
près  dans  la  même  proportion.  Dans  un  des  para- 
graphes précédents,  (pages  150  et  151)  nous  avons 
classé  les  différents  aliments  au  point  de  vue  de 
leur  composition  et  nous  renvoyons  le  lecteur  ici  à 
cette  classification  qui  lui  fera  connaître  quels  sont 
les  aliments  que  l'on  peut,  sans  trop  modifier  les  ra- 
tions ou  pour  les  modifier  dans  un  sens  ou  dans 
l'autre,  substituer  les  uns  aux  autres. 

Les  foins,  par  exemple,  peuvent  se  substituer 
entre  eux  ;  les  racines,  l'ensilage,  l'herbe,  les  choux, 
les  pommes  de  terre  sont  de  la  même  catégorie. 


164  MANUEL 

Le  blé,  l'orge,  l'avoine,  le  blé-d'Inde  et  leurs 
moulées,  le  son  de  blé,  peuvent  se  substituer  les 
uns  aux  autres. 

Les  divers  tourteaux  oléagineux  et  les  germes  de 

malt  sont  analogues. 

Entre  les  céréales  et  les  tourteaux,  nous  avons 
les  pois  et  les  fèves. 

Les  pailles  ont  des  propriétés  semblables. 

Quand  les  animaux  sont  au  pâturage,  il  faut 
compléter  leur  nourriture  par  des  grains  et  des  tour- 
teaux, parce  que  l'herbe  n'est  pas  toujours  assez 
riche  en  albuminoïdes. 

Quand  un  foin  est  très  riche  en  fibres,  on  peut 
supprimer  la  paille  ;  au  contraire,  quand  on  n'em- 
ploie que  peu  de  foin  et  beaucoup  de  graines,  on 
peut  en  augmenter  la  quantité  pour  maintenir  la 
quantité  voulue  de  fibres  dans  la  ration. 

Quand  on  emploiera  une  grande  quantité  de  ra- 
cines contenant  beaucoup  d'hydrates  de  carbone, 
on  pourra  diminuer  la  quantité  de  grains  qui  en 
contiennent  eux  aussi  beaucoup,  et  rattraper  la 
quantité  d'albuminoïdes  qu'auraient  apporté  les 
grains  supprimés,  en  employant  une  plus  grande 


d'industrie  laitière  165 

quantité  de  tourteaux  oléagineux  ;  puis  pour  intro- 
duire dans  la  ration  des  fibres  nécessaires  que  ne 
peuvent  apporter  les  racines,  il  faudra  augmenter 
la  quantité  de  paille. 

Quand  on  emploie  un  foin  riche  en  albuminoïdes, 
comme  le  bon  foin  de  trèfle,  on  peut  diminuer  la 
quantité  d'aliments  concentrés,  comme  les  grains, 
les  tourteaux. 

Si,  au  lieu  de  racines,  on  emploie  de  l'ensilage  de 
blé-d'Inde,  qui  contient  beaucoup  plus  de  fibres 
qu'elles,  il  faut  diminuer  ou  même  supprimer  la 
paille. 

Si,  dans  une  ration  adoptée,  on  s'aperçoit  que  le 
foin  est  pauvre  et  fibreux,  on  augmentera  la  quan- 
tité de  grains  ou  de  tourteaux  et  on  diminuera  celle 
de  paille. 

Pour  augmenter  la  quantité  d'eau  dans  une  ration, 
il  faut  augmenter  la  proportion  des  aliments  aqueux, 
En  un  mot,  il  faut  toujours  s'arranger  pour  que, 
dans  la  ration,  les  rapports  des  albuminoïdes,  des 
graisses,  des  sucres  et  des  fibres  entre  eux  et  par 
suite,  la  relation-nutritive,  soient  à  peu  près  cons- 
tante, cette  dernière  devant  être  dans  le  voisinage  de 
1  comme  nous  l'avons  déjà  dit.  Les  tableaux  des  pages 
précédentes  peuvent  beaucoup  servir  dans  ces  subs- 
titutions. 


166  MANUEL 


C'est  dans  l'adaptation  d'une  ration  type  aux  be- 
soins du  moment  que  se  reconnaît  le  bon  cultivateur, 
car  il  lui  faut  pour  cela  beaucoup  de  coup-d'œil, 
une  connaissance  sérieuse  de  la  qualité  des  aliments 
et  fourrages  divers  qu'il  emploie,  ainsi  que  des  be- 
soins de  ses  animaux. 

Bien  qu'elles  ne  soient  pas  très  digestibles,  les  fi- 
bres jouent  dans  les  rations  un  certain  rôle  qu'on 
ne  peut  méconnaître  et  ces  dernières  doivent  tou- 
jours en  contenir  une  certaine  quantité.  D'après  cer- 
tains expérimentateurs,  leur  objet  serait  de  diviser 
dans  l'intestin  les  matières  nutritives,  et  d'en  facili- 
ter ainsi  l'attaque  par  les  sucs  digestifs.  Elles  au- 
raient aussi  pour  but  de  produire  une  certaine  dis- 
tension des  intestins  favorable  à  la  digestion. 

Quant  à  l'eau  contenue  dans  les  fourrages,  et  en 
particulier  dans  les  aliments  aqueux,  elle  joue  un 
rôle  important  dans  la  production  du  lait,  et  cette 
eau,  qui  excite  fortement  la  sécrétion  du  lait  et  faci- 
lite la  digestion  des  aliments,  ne  peut  pas  être  com- 
parée, quant  à  ses  effets,  avec  l'eau  que  les  animaux 
boivent.  Il  y  a  là  un  fait  que  n'a  pas  encore  suffi- 
samment expliqué  la  science,  mais  auquel  les  prati- 
ciens ne  se  laissent  cependant  pas  méprendre. 


d'industrie  laitière  167 


Pour  le  calcul  de  la  relation  nutritive,  il  y  a 
plusieurs  manières,  plus  ou  moins  équivalentes  au 
point  de  vue  pratique,  de  le  faire.  Ce  calcul  ne  se 
comprend  pas  de  la  même  manière  dans  les  diffé- 
rents pays,  ni  par  les  différents  savants  ;  c'est  une 
question  pour  ainsi-dire  encore  à  l'étude,  aussi 
n'ai-je  pas  insisté  dans  ce  livre  sur  ce  sujet,  me 
contentant  de  conseiller  aux  cultivateurs  de  partir 
de  résultats  déjà  acquis  en  pratique.  Que  ceux-ci 
ne  se  troublent  donc  pas  s'ils  rencontrent  dans  di- 
vers ouvrages,  diverses  manières  d'interpréter  la 
chose.  Toutefois,  on  peut  dire  que  la  solution  de 
ce  problème  est  maintenant  proche,  car  plusieurs 
bons  pas  ont  déjà  été  faits  dans  cette  voie  impor- 
tante. 

Soins  à  donner  aux  vaches  laitières.— Ali- 
mentutioii  d'été — Pendant  l'été,  les  vaches  doivent 
être  nourries  au  pâturage.  Mais,  dans  la  province 
de  Québec,  à  cause  des  gels  et  des  dégels  de  l'hiver 
qui  nuisent  fortement  aux  prairies  lorsqu'elles  ne 
sont  pas  suffisamment  protégées  par  une  bonne 
couche  de  neige,  et  aussi  à  cause  des  sécheresses 
fréquentes  dans  le  courant  de  l'été,  le  rendement 
moyen  de  ces  prairies  est  relativement  faible  et  il 
arrive  fréquemment  que  les  vaches  en  souffrent. 
Il  serait  fort  à  désirer  que  les  cultivateurs  aient 
plus  largement  recours  aux  fourrages  verts  et  d'une 


168  MANUEL 


manière  systématique.  Nous  avons  déjà  parlé  suf- 
fisamment de  ces  fourrages  dans  le  premier  cha- 
pitre pour  qu'il  soit  inutile  d'y  revenir  ici. 

Les  fourrages  verts  et  les  herbes  de  prairies  ne 
sont  pas  toujours  suffisamment  riches  en  albumi- 
minoïdes,  surtout  à  la  fin  de  la  saison  d'été,  il  est 
donc  fort  à  recommander  de  relever  leur  relation 
nutritive  en  les  complétant  par  une  certaine  quan- 
tité de  grains,  ou  de  tourteaux,  ou  de  moulée.  Trois 
livres  de  gru  par  vache  et  par  jour,  par  exemple, 
peuvent  suffire  pour  les  vaches  en  pâture. 

Les  fourrages  verts  doivent  toujours  être  coupés 
plusieurs  heures  avant  d'être  servis  aux  animaux. 
On  les  laisse  se  faner  un  peu  avant  de  les  leur  don- 
ner. On  évite  ainsi  la  météorisation,  maladie  qui,  si 
on  n'y  prend  garde,  cause  souvent  la  mort  des  va- 
ches et  diminue  toujours  leur  rendement  en  lait.  On 
les  donne  soit  dans  des  racks  portatifs  au  pâtu- 
rage, soit  étendus  sur  le  sol.  Dans  ce  dernier  cas, 
par  le  piétinement  des  animaux,  le  gaspillage  est 
plus  grand. 

Il  faut  compter  par  vache  pesant  1000  lbs,  envi- 
ron 110  lbs  d'herbes  ou  de  fourrages  verts  par  jour. 
Trois  arpents  de  fourrages  verts  pour  cinq  vaches 
pour  la  soison 'd'été  est  un  estimé  très  modéré.  Des 


d'industrie  laitière  169 


essais  très  sérieux  faits  aux  Etats-Unis,  ont  prou- 
vé qu'en  nourrissant  les  vaches  à  l'étable  exclusi- 
vement de  fourrages  verts,  on  pouvait  tirer  d'un 
acre  de  terre,  de  deux  à  cinq  fois  plus  de  lait  que 
de  la  même  terre  en  pâture.  Dans  cette  Province, 
les  fourrages  verts  donnent  les  meilleurs  résultats 
à  ceux  qui  les  emploient. 

Le  pâturage  bien  entendu  a  un  effet  salutaire  sur 
la  santé  des  vaches,  parce  que  celles-ci  y  sont  expo- 
sées au  grand  air  et  qu'elles  peuvent  y  prendre  de 
l'exercice,  puis  parce  que  l'herbe  dont  elles  s'y  nour- 
rissent est  la  nourriture  la  plus  naturelle  et  la  plus 
saine  qu'on  puisse  leur  donner.  Le  pâturage  dimi- 
nue beaucoup  leurs  dispositions  à  la  tuberculose. 
On  sait,  en  effet,  que  les  vaches  en  stabulation  per- 
manente, et  en  même  temps  fortement  nourries, 
échappent  difficilement  à  cette  terrible  maladie  qui 
épargne  celles  qui  jouissent  de  pâturages  durant  la 
saison  d'été. 

Au  pâturage,  les  vaches  doivent  avoir  à  leur  dis- 
position de  la  bonne  eau  :  l'eau  contaminée  nuit  à  la 
qualité  et  à  la  conservation  du  lait  aussi  bien  que 
de  celles  du  beurre  ou  du  fromage  fabriqué  avec  ce 
lait.  Des  défauts  graves  dans  l'arôme  et  la  saveur 
du  beurre  et  du  fromage  n'ont  souvent  pas  d'autre 


170  MANUEL 

cause  que  la  mauvaise  qualité  de  l'eau   mise  à  la 
disposition  des  vaches. 

Pendant  les  chaleurs  des  mois  de  juillet  et  d'août 
les  vaches  devraient  toujours  avoir  un  abri.  L'ar- 
deur des  rayons  du  soleil  à  cette  époque  nuit  beau- 
coup, non  seulement  à  la  production  mais  encore  à 
la  qualité  du  lait. 

Les  mouches  sont  encore  une  autre  cause  de  la 
diminution  et  de  la  mauvaise  qualité  du  lait.  On 
recommande  contre  la  mouche  des  cornes,  en  parti- 
culier, l'émulsion  de  pétrole  que  l'on  peut  appliquer 
sur  les  vaches  tous  les  trois  ou  quatre  jours. 

Contre  la  chaleur  et  les  mouches,  certains  prati- 
ciens recommandent  de  rentrer  les  vaches  à  l'étable 
pendant  les  chaleurs  du  jour  et  leur  y  servir  un 
repas  de  fourrages  verts  avec  des  grains  et  de  ne  les 
laisser  sortir  que  quand  la  chaleur  du  jour  a  diminué 
et  pendant  la  nuit  ;  cette  recommandation  est  bonne 
mais  à  condition  que  les  étables  soient  bien  ventilées 
et  bien  propres. 

Il  faut  écarter  des  pâturages  et  des  étables  tout 
ce  qui  peut  empester  l'air  que  les  vaches  respirent, 
car  ces  mauvaises  odeurs  peuvent  nuire  à  la  qualité 
du  lait  produit  par  elles. 


d'industrie  laitière  171 


Enfin,  il  faut  avoir  soin  de  diviser  les  pâturages 
et  de  mettre  les  vaches  successivement  dans  les  di- 
verses parties  ainsi  armées  pour  permettre  à  l'herbe 
d'y  repousser  ;  sans  cela  les  vaches  finissent  par  n'a- 
voir plus  à  leur  disposition  que  de  la  mauvaise  herbe, 
ce  qui  nuit  encore  à  la  qualité  et  à  la  quantité  du 
lait.  Cette  méthode  de  ne  pas  diviser  les  pâtu- 
rages a,  du  reste,  un  effet  désastreux  sur  le  ren- 
dement et  la  durée  de  ceux-ci  ;  car,  continuelle- 
ment tondue  par  les  animaux,  l'herbe  n'a  pas  le 
temps  de  reprendre  de  la  force  ;  les  rayons  du 
soleil,  très  vifs  à  cette  époque,  concourent  à  l'affai- 
blir et,  en  cet  état,  les  gelées  de  l'hiver  ont  vite  fini 
de  la  tuer.  Chaque  fois  qu'on  retire  les  vaches  d'une 
des  parties  du  pâturage,  il  faut  y  passer  une  légère 
herse  à  dents  courtes  et  fines  et  y  étendre  les  bouses 
de  vaches  afin  que  1  herbe  puisse  repousser  uniformé- 
ment partout,  pour  empêcher  le  développement  des 
mouches  dans  ces  bouses,  et  pour  répartir  également 
cette  fumure  sur  toute  la  surface  de  la  prairie.  Le 
hersage  a  en  outi  e  l'avantage  d'aérer  la  surface  du 
sol  et  d'exciter  la  végétation  de  l'herbe  puis  de  dé- 
truire les  mousses.  Il  est  bon  aussi  de  passer  la 
faucheuse  pour  couper  toutes  les  mauvaises  herbes 
que  les  vaches  ont  laissé,  et  les  empêcher  de  mûrir 
et  de  se  ressemer,  sans  cela,  la  prairie  finirait  par  en 
être  envahie. 


172  MANUEL 


Avec  des  pâturages  ainsi  entretenus,  on  peut 
compter  qu'il  en  faut  de  lh  à  3  arpents  pour  la  nour- 
riture d'une  vache  pendant  l'été,  suivant  leur  ri- 
chesse. 

Passage  de  la  nourriture  d'hiver  à  celle  de  l'été 
et  réciproquement. — Lorsque  les  vaches  passent  de 
la  nourriture  d'hiver  à  celle  de  l'été,  il  faut  prendre 
bien  des  précautions.  On  donne  une  ration  de  foin 
aux  vaches  à  l'étable  avant  de  les  envoyer  au  pâtu- 
rage où  ne  les  laisse  d'abord  qu'un  temps  relative- 
ment court.  Puis,  de  jour  en  jour,  on  augmente 
progressivement  le  nombre  d'heures  de  pâture  en 
diminuant  la  quantité  de  foin  jusqu'au  moment  où 
on  les  laisse  complètement  à  l'herbe. 

Lorsqu'on  change  trop  subitement  le  régime  ali- 
mentaire d'une  vache,  elle  en  souffre  et  la  quantité 
ainsi  que  la  qualité  du  lait  s'en  ressentent.  Cette 
règle  s'applique  non  seulement  aux  passages  de  l'a- 
limentation d'hiver  à  celle  d'été,  et  de  celle  d'été  à 
celle  d'hiver,  mais  encore  chaque  fois  que  l'on  mo- 
difie les  rations  ;  dans  tous  ces  cas,  ils  faut  tou- 
jours opérer  ces  changements  petit  à  petit  comme 
il  vient  d'être  dit. 

Alimentation  d'hiver. —  L'alimentation  d'hiver 
est  fondée  sur  les  rations  combinées  que  l'on  calcule 


d'industrie  laitière  173 

comme  cela  a  été  expliqué  précédemment.  La  ra- 
tion type  à  choisir  dépend  des  fourrages  dont  on 
dispose  ;  une  fois  cette  ration  adoptée,  on  la  modi- 
fie, comme  nous  l'avons  dit,  suivant  la  richesse  en 
fibres,  en  hydrates  de  carbone,  en  albuminoïdes  et 
en  graisses  des  différents  autres  aliments  qui  en- 
trent dans  sa  composition  et  de  façon  à  augmenter 
le  plus  possible  le  rendement  en  lait  des  vaches. 

0 

La  base  de  ces  rations  est  presque  toujours  le  bon 
foin  que  l'on  complète  par  un  mélange  d'aliments 
aqueux,  (racines,  ensilage,)  d'aliments  plus  ou  moins 
concentrés,  (grains,  moulée,  tourteaux,)  et  d'aliments 
fibreux,  (pailles.) 

On  fait  consommer  à  chaque  vache  le  plus  grand 
poids  possible  de  cette  ration  afin  de  tirer  de  cha- 
cune d'elles  la  plus  grande  quantité  possible  de  lait. 
Les  vaches  étant  des  machines  à  transformer  les 
fourrages  en  lait,  plus  elles  en  transformeront  dans 
le  courant  de  l'année,  mieux  cela  vaudra. 

Il  ne  faut  cependant  pas  croire  que  la  même  ra- 
tion peut  convenir  en  tout  temps  également  à  toutes 
les  vaches  d'un  troupeau.  Il  faut  la  modifier  au- 
tant que  possible,  suivant  le  tempérament  de  cha- 
cun des  animaux,  suivant  leur  état  de  santé,  la 
quantité  de  lait  qu'ils  donnent,  et  surtout  à  l'épo. 


17-4  MANUEL 

que  du  vêlage,  aussi  bien  avant  avant  qu'après. 
C'est  justement  là  la  difficulté  que  rencontre  le  culti- 
vateur, qui  doit  connaître  ses  vaches  parfaitement, 
savoir  les  exigences  de  chacune  d'elles,  suivre  leur 
état  de  santé  et  approprier  les  rations  à  chacune 
d'elles,  suivant  ses  besoins  et  sans  trop  augmenter  les 
frais  île  manipulation  des  fourragea  et  autres  ali- 
ments. Ici,  il  y  a  peu  de  règles  générales  à  donner. 
Un  cultivateur  qui  aime  son  métier,  aime  ses  vaches, 
sait  toujours  trouver  les  mille  petits  moyens,  les 
mille  précautions  à  prendre  pour  tirer  le  meilleur 
parti  de  ses  récoltes  en  les  tronsformant  en  lait, 
tout  en  maintenant  chacune  de  ses  vaches  dans  le 
meilleur  état  de  santé.  On  peut  trouver  des  culti- 
vateurs (pli,  avec  un  genre  de  nourriture  particu- 
lier et  dans  certaines  circonstances  particulières, 
vont  obtenir  des  résultats  merveilleux,  alors  que  le 
vo.sin,  avec  les  mêmes  aliments,  la  même  ration 
générale  et  dans  les  mêmes  circonstances  n'obtien- 
dra rien  de  profitable.  Le  premier  aime  et  connait 
son  métier,  l'autre  n'y  a  aucun  goût,  agit  sans  ré- 
flexion et  n'est  pas  observateur.  Au  point  de  vue 
de  l'organisation  générale  de  l'entreprise,  il  faut 
considérer  les  vaches  comme  des  machines  à  trans- 
formation ;  mais  dans  les  détails  de  la  pratique,  il 
n'en  est  plus  de  même,  car  ce  sont  des  machines-  dé- 
licates comme  tous  les  êtres  vivants  ;  la   question 


D'INDUSTRIE  LAITIERE  17") 


d'instinct,  d 1  nerf,  de  sensibilité,  de  tempérament, 
et  une  foule  d'autres  circonstances  peu  connues  en- 
core scientifiquement,  interviennent  ;  il  faut  large- 
ment tenir  compte  <le  cela. 

Observations  générales  sur  l'alimentation  des 
vaches. — Voici  cependant  quelques  règles  bien  con- 
nues des  praticiens  : 

Bien  examiner  chaque  jour  les  déjections  des 
vaches  ;  si  elles  deviennent  trop  claires,  diminuer 
la  proportion  des  aliments  aqueux  et  augmenter  un 
peu  celle  des  grains,  moulée  ou  tourteaux  ;  si  elles 
deviennent  dures,  augmenter  un  peu  la  proportion' 
des  aliments  aqueux  et  diminuer  celle  des  grains 
moulées,  tourteaux.  Le  son,  dans  ce  cas,  est  une 
bonne  chose  ;  c'est  un  rafraîchissant,  et  on  peut  en 
augmenter  la  dose. 

Si  les  vaches  ont  une  propension  à  l'engraissement 
diminuer  la  quantité  des  hydrates  de  carbone  en 
diminuant  celle  des  farineux  comme  les  grains,  mais 
pas  toujours  celle  des  tourteaux.  Une  vache  ne  doit 
pas  être  trop  grasse.  Tous  les  aliments  qui  se  trans- 
forment en  graisse  sont  perdus  pour  la  production 
du  lait.  Les  farineux  ont  une  tendance  à  se  trans- 
former en  graisse  si  les  vaches  y  ont  des  prédispo- 
sitions. 


176  MANUEL 

Lorsqu'une  vache  dépérit,  il  faut  augmenter  sa  ra- 
tion, et  si  l'animal  mange  déjà  à  sa  faim,  augmenter 
un  peu  dans  la  ration  la  proportion  des  tourteaux, 
oléagineux,  des  grains,  des  moulées.  Le  poil  des  va- 
ches doit  être  luisant  et  la  peau  souple,  si  elles  sont 
en  bonne  santé;  leur  nez  est  alors  humide  et  couvert 
de  gouttes  de  sueur,  l'appétit  fort  et  régulier,  les 
yeux  sont  brillants,  les  cornes  légèrement  chaudes, 
la  respiration  facile,  le  pouls  régulier,  la  rumination 
constante  et  commençant  aussitôt  après  le  repas 
enfin  la  production  du  lait  est  abondante.  Ce  sont 
là  les  principaux  caractères  de  bonne  santé. 

Tarir  les  vaches  six  semaines  à  un  mois  avant  le 
vêlage,  en  supprimant  petit  à  petit  les  grains  dans 
la  ration  pour  les  remplacer  par  une  quantité  équi- 
valente de  foin  et  de  paille,  puis  éloigner  progressi- 
vement les  traites.  Cependant  ne  pas  persister  à 
vouloir  tarir  celles  qui,  malgré  tout,  continuent  à 
donner  du  lait. 

Le  système  de  tarir  les  vaches  en  les  trayant 
chaque  jour  de  moins  en  moins  à  fond  n'est  pas  re- 
commandé par  tous  les  bons  praticiens. 

Les  vaches  taries  ne  doivent  pas  recevoir  d'ali- 
ments riches,  mais  plutôt  des  fourrages  grossiers. 
Après  le  vêlage,  on  augmentera  petit  à  petit  la  ri- 


d'industrie  laitière  177 


chesse  de  leur  alimentation  jusqu'à  ce  qu'elle  soit 
ramenée  à  la  composition  normale  Je  celle  des  au- 
tres vaches  en  lait. 

Brosser  ou  bouchonner,  chaque  jour,  avec  un  bou- 
chon de  paille,  les  vaches  ;  les  étriller  (carder)  à  fond 
de  temps  en  temps,  mais  pas  plus  de  deux  fois  par 
mois.  Cette  pratique  de  bouchonner  et  d'étriller  les 
vaches  est  excellente  pour  leur  santé  et  favorise  les 
sécrétions  de  la  peau  qu'elle  débarrasse,  du  reste, 
d'une  foule  de  mauvais  germes  qui  peuvent  tomber 
dans  le  lait  pendant  la  traite  e"t  en  altérer  la  qualité 
par  leur  développement  consécutif.  Cette  opération 
empêche  aussi  les  maladies  de  la  peau  dont  sont 
souvent  atteintes  les  vaches  malpropres. 

Les  vaches  doivent  recevoir  une  bonne  litière  bien 
propre,  capable  d'absorber  toutes  les  déjections  li- 
quides de  l'étable,  retardant  ainsi  leur  fermentation, 
et,  par  suite  ,1a  production  des  mauvaises  odeurs. 
Une  bonne  litière  empêche  du  reste  les  vaches  de  se 
salir  et  les  maintient  au  sec,  chose  nécessaire  à  leur 
santé.  Le  fumier  devrait  être  enlevé  chaque  jour, 
matin  et  soir,  de  l'étable,  et  les  dallots  à  purin  net- 
toyés avec  soin.  Une  bonne  chose  serait  de  semer 
dans  ces  dallots  et  derrière  les  vaches  une  matière 
comme  la  tourbe  qui  absorbe  les  mauvaises  odeurs 

12— 


178  MANUEL 


qui  peuvent  se  dégager  des  urines  et  du  fumier. 
Lorsqu'on  se  sert  de  paille,  comme  litière,  il  est  pré- 
férable de  la  hacher. 

L'air  pur  est  une  chose  aussi  nécessaire  dans  les 
étables  que  dans  les  pâturages  et  nous  traiterons 
spécialement  cette  question  au  paragraphe  des  éta- 
bles. 

La  qualité  de  l'eau  joue  aussi  un  rôle  très  impor- 
tant au  point  de  vue  de  la  qualité  du  lait  et  des 
produits  qui  en  dérivent.  Les  cultivateurs  ne  de- 
vraient donner  à  leurs  vaches  que  de  l'eau  de  pre- 
mière classe. 

Mettre  une  pierre  de  sel  à  la  disposition  des  va- 
cher, afin  qu'elles  puissent  en  prendre  à  volonté. 
Le  sel  est  un  stimulant  pour  la  digestion  ;  on  peut 
dire  qu'il  est  nécessaire  à  la  santé  de  ces  animaux. 
Il  vaut  mieux  le  leur  offrir  sous  forme  de  pierre  de 
sel,  qu'elles  peuvent  lécher  à  leur  gré,  que  de  l'a- 
jouter aux  aliments. 

Il  est,  en  général,  préférable  de  couper  en  tran- 
ches assez  fines  les  racines,  comme  les  betteraves, 
les  choux  de  Siam,  les  carottes,  les  navets.  Cer- 
tains praticiens  recommandent  de  donner  le  foin 
sans  le  hacher.  La  paille  doit  de  préférence  être 
hachée    uis  donnée  mélangée  aux  racines  hachées 


d'industrie  laitière  17i> 


et  aux  moulées,  grains  et  tourteaux.  Lorsqu'on 
emploie  des  tourteaux  non  broyés,  une  bonne  chose 
est  de  les  faire  dissoudre  dans  de  l'eau  puis  d'arro- 
ser avec  cette  eau  le  mélange  de  paille  hachée, 
de  racines  coupées  et  d'une  partie  du  foin  que  l'on 
hachera.  Ce  mélange  pourra  être  fermenté  pen- 
dant douze  heures  avant  d'être  servi  ;  il  acquérera, 
par  la  fermentation,  un  petit  goût  alcoolique  qui  le 
rendra  plus  appétissant  aux  vaches. 

De  bons  praticiens  recommandent  de  servir  d'a- 
bord une  partie  du  foin  à  l'état  naturel  et  non  ha- 
ché, pour  empêcher  les  vaches  d'absorber  trop  avi- 
dement le  mélange  de  paille  hachée,  de  racines  cou- 
pées et  de  foin  haché  dont  on  leur  sert  la  moitié 
aussitôt  qu'elles  ont  consommé  leur  foin.  Lorsque 
cette  première  partie  du  mélange  est  mangée,  si 
les  vaches  n'ont  pas  d'eau  continuellement  à  leur 
disposition  dans  Tétable  même,  il  faut  les  faire 
boire  puis  leur  donner  la  seconde  partie  du  mélange 
dont  il  vient  d'être  parlé  et,  pour  terminer  le  repas, 
leur  jeter  dans  la  crèche  de  la  bonne  paille  non 
hachée  dont  le  surplus  non  consommé  pourra  ser- 
vir à  la  litière.  Pour  les  autres  genres  de  rations, 
il  faudra  toujours  s'arranger  pour  que  les  vaches 
n'en  absorbent  pas  trop  avidement  les  parties  les 
plus  succulentes,  en  commentant  le  repas  par  du 


180  MANUEL 

bon  foin,  en  généra1.,  et  en  mélangeant  les  grains, 
moulées  ou  tourteaux  soit  avec  de  la  paille,  soit 
avec  un  aliment  grossier. 

Tous  les  bons  praticiens  ne  recommandent  pas  la 
cuisson  des  aliments,  en  particulier  celle  du  foin, 
de  la  paille  et  des  racines,  à  cause  de  la  main- 
d'œuvre  et  des  frais  que  nécessite  cette  opération 
qui  ne  sont  pas  toujours  suffisamment  compensés 
par  les  avantages  obtenus  dans  l'alimentation.  La 
fermentation  est  plus  recommandée  pour  l'amé- 
lioration des  aliments. 

Le  foin  ou  la  paille  hachés,  humectés  d'eau,  fer- 
mentent difficilement  s'ils  ne  sont  pas  accompagnés 
d'autres  aliments  comme  les  racines,  les  moulées, 
parce  que  les  hydrates  de  carbone,  et  en  particulier 
le  sucre,  sont  nécessaires  pour  que  la  fermentation 
se  produise.  Un  mélange  bien  fait  de  foin  et  de 
paille  hachés  et  humectés  d'eau,  sucrée  ou  non,  et 
de  betteraves  coupées,  fermente  très  facilement  en 
douze  heures  ;  par  la  fermentation,  le  foin  et  la 
paille  subissent  dans  leur  composition  des  modifi- 
cations qui  les  rendent  plus  digestibles. 

En  hiver,  par  les  temps  froids,  les  bouettes  chau- 
des ont  un  très  bon  effet. 

La  propreté  des  crèches  et  de  tous  les  instruments 
nécessaires  à  la  préparation  des  aliments  est  une 


D  INDUSTRIE  LAITIÈRE  1<S1 


chose  importante  ;  car  tous  les  aliments  gâtés  qui 
peuvent  rester,  par  exemple  dans  le  fond  des  crè- 
ches, sont  absolument  nuisibles  à  la  santé  des  va- 
ches. 

Ne  jamais  donner  aux  vaches  de  foin  moisi,  d'en- 
silage trop  sûr,  de  racines  plus  ou  moins  gâtées,  de 
moulées  ou  de  tourteaux  fermentes  ou  de  grains 
avariés  ;  tous  ces  aliments  sont  nuisibles  à  la  santé 
des  vaches  ainsi  qu'à  la  qualité  du  lait.  Pour  les 
vaches  pleines,  ils  peuvent  amener  l'avortement  et 
quelquefois  plusieurs  abortements  de  suite  dans  la 
même  étable. 

L'hiver,  on  commencera  par  les  choux,  les  na- 
vets, l'ensilage,  les  choux  de  Siam,  qui  perdent  de 
leur  qualité  en  vieillissant  ;  on  réservera  les  bette- 
raves pour  la  fin  de  la  saison,  car  ces  dernières,  au 
contraire,  s'améliorent  à  la  cave. 

Les  repas  doivent  se  donner  à  des  heures  régu- 
lières, deux  fois  par  jour,  matin  et  soir.  Certains 
praticiens  recommandent  de  donner  le  repas  avant 
la  traite,  pour  que  les  vaches  soient  plus  tranquilles 
pendant  cette  opération  et  donnent  mieux  leur  lait  ; 
c'est  la  méthode  généralement  suivie  ;  d'autres  pré- 
conisent la  méthode  de  donner  le  repas  immédia- 
tement après  la  traite  pour  qu'elles  ne  soient  pas 
dérangées  dans  leur  digestion.     Mais  un  fait  admis 


182  MANUEL 


généralement,  c'est  que  lorsqu'on  emploie  de  l'en- 
silage, il  faut  traire  les  vaches  avant  de  le  leur  ser- 
rir.  L'ensilage,  en  effet,  répand  souvent  dans  l'éta- 
ble  une  odeur  qui  pénètre  facilement  dans  le  lait. 
Nous  reviendrons  sur  ce  sujet  à  propos  de  la  traite. 

Effets  (Tune  bonne  alimentation  sur  les  qualités 
laitières  des  vaches. — Lorsqu'on  s'est  procuré  un 
bon  troupeau  de  vaches  laitières,  il  ne  faut  pas 
croire  qu'il  suffise,  pour  améliorer  encore  ce  trou- 
peau, d'avoir  un  bon  taureau  et  de  pratiquer  la  sé- 
lection. Un  troupeau,  nourri  et  soigné  d'une  façon 
quelconque,  ne  peut  pas  s'améliorer,  quelles  que 
soient  les  qualités  des  reproducteurs  et  l'habileté 
avec  laquelle  la  sélection  est  faite.  Il  faut  que  les 
animaux  élevés  reçoivent  continuellement  une  nour- 
riture substantielle,  aient  suffisamment  d'exercice, 
respirent  un  air  pur,  pour  que  tous  leurs  organes, 
ainsi  que  les  qualités  dont  ils  ont  hérité  de  leurs 
parents,  puissent  se  développer  convenablement. 
Il  y  a  là  une  gymnastique  nécessaire  et  ce  fait  est 
admis  des  meilleurs  praticiens.  C'est  une  des  choses 
les  plus  importantes  pour  l'amélioration  des  trou- 
peaux. 

Dangers  d'une  nourriture  forcée. — Si  on  recom- 
mande généralement  pour  les  vaches  laitières  une 
alimentation  forcée,  on  doit  cependant  prévenir  en 


d'industrie  laitière  183 


même  temps  les  cultivateurs  de  ne  pas  pousser  les 
eh  oses  trop  loin,  parce  que,  à  la  longue,  une  ali- 
mentation trop  substantielle,  dont  la  qualité  s'é- 
loigne trop  de  la  qualité  moyenne  du  foin,Fsurtout 
si  les  vaches  sont  renfermées  dans  une  étable3  peu 
aérée  et  si  elles  prennent  peu  d'exercice,  finitjpar 
les  prédisposer  à  certaines  maladies  et,  en  particu- 
lier, à  la  tuberculose.  C'est  pour  cela"que  je  con- 
seillais tout  à  l'heure  de  toujours  faire  entrer  dans 
la  ration  une  certaine  quantité  de  bon  foin  et^de 
paille  à  l'état  naturel.  Avec  cette  précaution,~avec 
une  étable  bien  aérée,  bien  éclairée  etytenue'bien 
proprement,  et  des  aliments  sains,  si  la'race  de  vache 
choisie  est  rustique,  on  évitera  cette  terrible  maladie 
qui  décime  bon  nombre  de  troupeaux"excellents, 
pour  lesquels  cette  règle  a  été  méconnue. 

Ce  sont  le  foin  et  la  paille  ébouillantés  ou  cuits, 
en  excès  et  aussi  un  excès  d'aliments  fermentes,  de 
drèches  de  brasseries  qui,  d'après  certains  praticiens, 
favorisent  le  plus  la  tuberculose.  On  voit  souvent 
cette  maladie  se  répandre  dans  les  étables  des  lai- 
tiers des  villes,  qui  pratiquent  la  stabulation  perma- 
nente et  l'alimantation  forcée  à  outrance. 

On  doit  donc  ici  recommander  la  prudence  aux 
«ultivateurs  des  campagnes,  qui  ne  peuvent  pas, 
comme  les  laitiers  des  villes,  renouveler  leurs  ani- 


184  MANUEL 


maux  aussi  facilement  sans  perte,  et  qui  ne  vendent 
pas  leur  lait  à  un  prix  aussi  élevé. 

Vêlage. — Une  vache  porte  neuf  mois  et  une  se- 
maine snviron.  Sur  760  vaches  dont  la  période  de 
gestation  a  été  observée  par  Lord  Spencer,  600 
vêlèrent  entre  le  279e  et  le  291e  jour.  La  moyenne 
fut  d'environ  284  jours.  Les  veaux  mâles  viennent 
un  peu  plus  tard  que  les  veauxjiemelles. 

Lorsque  la  mise  bas  approche,  les  organes  géni- 
taux se  dilatent  et  les  mamelles  se  gonflent  ;  ces 
dernières  atteignent  leur  gonflement  normal  un 
jour  ou  deux  avant  le  vêlage.  Lorsqu'on  s'apper- 
çoit  de  ces  choses,  il  faut  conduire  la  vache  dans 
une  stalle  spéciale,  fermée,  propre,  bien  aérée  et 
pourvue  d'une  bonne  litière,  et  on  lui  donnera  du 
bon  foin  et  de  l'eau.  La  vache  ne  doit  pas  être  at- 
tachée, pour  éviter  les  accidents.  Il  faut  la  sur- 
veiller. Lorsque  le  veau  se  présente  bien,  les  pat- 
tes de  devant  les  premières,  aucune  assistance  n'est 
nécessaire  généralement.  S'il  est  nécessaire  d'aider, 
il  faut  le  faire  avec  précaution.  Si  le  veau  se  pré- 
sente mal,  il  vaut  mieux  recourir  à  l'aide  du  vété- 
rinaire. 

Une  fois  la  mise  bas  terminée,  on  laisse  quelque 
temps  le  veau  avec  sa  mère.     Il  faut  s'assurer  que 


d'industrie  laitière  185 


l'expulsion  du  placenta  se  fait  bien.  Il  ne  faut  pas 
laisser  la  vache  le  manger.  Lorsque  l'expulsion  du 
placenta  tarde,  il  faut  y  suspendre  une  pierre  au 
moyen  d'une  corde  fine.  Cette  pierre  exercera  sur 
lui  une  légère  traction  qui  aidera  à  son  expulsion. 
Le  placenta  peut  quelquefois  rester  plusieurs  jours 
sans  venir  ;  dans  ce  cas,  il  y  a  à  craindre  un  em- 
poisonnement du  sang,  et  il  faut  avoir  recours  à 
des  injections  dans  les  organes  génitaux,  au  moyen 
d'une  seringue,  d'acide  carbolique  dilué  dans  de 
l'eau  (1  d'acide  pour  50  d'eau),  une  fois  ou  deux 
par  jour  ;  il  faut  aussi  tirer  légèrement  de  temps  à 
autre  sur  le  placenta  pour  le  décoller  petit  à  petit, 
ayant  soin  de  ne  pas  déchirer  les  organes  de  la 
vache  en  faisant  cette  opération  trop  rudement. 

Après  le  vêlage,  on  a  généralement  l'habitude  de 
donner  à  la  vache  une  ou  deux  bouettes  chaudes  de 
son,  on  y  ajoutera  avec  avantage  des  racines  cuites. 
Le  bon  foin,  l'eau  tiède,  les  racines  bouillies  et  le 
son  sont  les  meilleurs  aliments  à  employer  pendant 
quelques  jours  après  la  mise  bas.  Il  ne  faut  jamais 
exposer  les  vaches  fraîches  vêlées  au  vent  froid  et 
à  la  pluie  tant  qu'elles  n'ont  pas  recouvré  leurs 
forces. 

Le  nouveau  lait,  connu  sous  le  nom  de  colostrum, 
n'est  pas  utilisable  avant  quatre  ou  cinq  jours.     Il 


186  MANUEL 


est  très  riche  en  albuminoïdes  et  convient  parfaite- 
ment au  jeune  veau,  et  ce  qu'il  y  a  de  mieux  à  faire 
«'est  de  le  lui  donner. 

Les  vaches  en  bon  état,  pas  trop  maigres,  pas 
trop  grasses  au  moment  de  la  mise  bas  n'ont  géné- 
ralement à  redouter  aucun  accident  de  vêlage  : 
aussi  faut-il  prendre  toutes  les  précautions  voulues 
pour  qu'elles  soient  en  excellente  santé  à  ce  moment- 
là.  Les  vaches  trop  grasses  sont  assez  sujettes  aux 
accidents  de  la  mise  bas.  Les  présentations  défec- 
tr.  use  du  veau  viennent  souvent  de  ce  que  les 
vaches  ont  été  malmenées  ou  brutalisées  par  ceux 
^ui  en  ont  la  charge  ou  par  les  chiens. 

Maladies  des  vaches. — Fièvre  de  lait — C'est  une 
maladie  dont  les  vaches  sont  soudainement  at- 
teintes après  le  vêlage  surtout  si  elles  sont  trop 
grasses. 

(Symptômes.)— Assoupissement,  mouvement  diffi- 
eile  des  pattes  de  derrière,  tête  et  cornes  chaudes  ; 
l'animal  s'affaiblit  rapidement  et  ne  peut  bientôt 
plus  se  lever,  il  porte  sa  tête  en  arrière  sur  le  flanc 
©ù  l'incline  sur  le  sol,  il  est  constipé  et  perd  la 
sensibilité. 

(Traitement.) — Donner  une  dose  de  sels  purga- 
tifs ;  appliquer  un  sinapisme  de  moutarde  le  long  de 


d'industrie  laitière  1S7 


la  colonne  vertébrale,  recouvrir  l'animal  d'une  cou- 
rerture  et  le  tenir  au  chaud.  Donnez  lui  des  injec- 
tions d'eau  de  savon  tiède,  et  faites  lui  prendre 
aussi  à  l'intérieur  tous  les  trois  heures  :  whisky,  | 
pinte,  extrait  liquide  de  belladone  §  once,  noix 
vomique  en  poudre,  2  dr. 

(Prévention.) — Pour  prévenir  cette  maladie,  ne 
pas  nourrir  les  vaches  trop  fortement  quelque  temps 
avant  la  mise  bas,  et  leur  donner  beaucoup  d'exer- 
cice. Pour  une  vache  trop  grasse  qui  y  est  exposée, 
il  n'y  a  rien  de  mieux,  quar.d  la  chose  est  possible? 
que  de  la  mettre,  aussitôt  qu'elle  est  tarie,  dans  un 
pâturage  pauvre  où  elle  sera  forcée  de  beaucoup 
marcher  pour  se  procurer  sa  nourriture.  On  pour- 
ra, surtout  si  elle  est  constipée,  lui  donner  un  pur- 
gatif composé  de  §  lb  de  sel  d'Epsom  dans  de  l'eau 
chaude,  vingt-quatre  heures  avant  qu'elle  ne  vêle. 

Avortemênt. — L'avortement  a  plusieurs  causes 
qui  sont  les  chutes,  les  coups,  les  courses  lorsque 
les  vaches  sont  poursuivies  par  les  chiens,  par  ex- 
emple, une  pression  trop  forte  sur  le  ventre  lorsque 
les  vaches  rentrent  précipitamment  dans  uneétable 
dont  la  porte  est  trop  étroite,  l'excitation  nerveuse, 
la  peur,  des  odeurs  trop  fortes,  l'exposition  prolon- 
gée à  la  pluie  et  au  mauvais  temps,  une  mauvaise 
alimentation  qui  amène  le  dérangement  des  autres 


188  MANUEL 


organes  ;  des  fièvres,  des  maladies  intérieures  qui 
causent  la  mort  du  fœtus,  l'emploi  d'aliments  ava- 
riés et  en  particulier  de  ceux  qui  sont  moisis  ou  qui 
ont  subi  la  fermentation  acide,  parce  qu'ils  peuvent 
tuer  le  fœtus  ;  l'emploi  de  racines  gelées,  d'eau  trop 
froide,  l'emploi  d'un  aliment  trop  riche  avant  la 
mise  bas. 

Il  y  a  encore  l'avortement  contagieux,  qui  peut 
atteindre  tontes  les  vaches  d'une  même  étable.  Cet 
avortement  provient  d'un  mauvais  germe  introduit 
dans  le  sang  des  vaches  et  qui  peut  se  transmettre 
d'un  animal  à  l'autre.  Aussi  faut- il  faire  bien  at- 
tention à  cela  quand  on  introduit  une  nouvelle 
vache  dans  une  étable. 

Dans  le  cas  d'avortement  contagieux,  il  faut  dé- 
sinfecte]- 1  étable  et  séparer  des  autres  les  vaches 
qui  en  sont  atteintes.  Leur  faire,  dans  l'utérus» 
des  injections  d'acide  earbolique  dilué,  (un  d'acide 
carbolique  pour  cinquante  d'eau.)  Il  faut  aussi  laver 
les  organes  extérieurs  avec  la  même  solution.  Le 
fœtus  ainsi  que  toutes  les  matières  rejetées  par  elles 
doivent  être  brûlés  <m  mélangés  à  de  la  chaux 
et  enterrés  profondément.  Ne  pas  conduire  au 
taureau  avant  un  certain  laps  de  temps  les  vaches 
qui  ont  avorté  de  cette  façon. 


d'industrie  laitière  189 


Si  toutes  les  mesures  de  désinfection  possibles  ne 
sont  pas  prises  de  suite,  toutes  les  vaches  du  trou- 
peau seront  exposées  aux  atteintes  de  cette  maladie. 

Pour  arrêter  l'écoulement  dans  le  cas  d'avorte- 
tement,  il  faut  employer  des  calmants.  Le  lauda- 
num, à  raison  de  1  once,  deux  fois  à  une  heure 
d'intervalle,  est  excellent. 

Il  suffit  d'indiquer  les  causes  des  avortements 
pour  montrer  qu'on  peut  presque  toujours  éviter 
cette  maladie  si  les  vaches  sont  soignées  comme 
elles  doivent  l'être,  et  l'attention  des  cultivateurs 
doit  être  attirée  sur  ce  sujet  important.  Une  vache 
qui  a  avorté  une  fois  avortera  encore,  et  la  plupart 
du  temps  elle  n'est  plus  bonne  que  pour  la  bouche- 
rie ;  les  suites  de  cette  maladie  sont,  du  reste,  très 
dangereuses  ;  elles  amènent  souvent  la  mort  de  l'ani- 
mal. 

Inflammation  du  pis. — Cette  maladie  prend  des 
caractères  bien  différents  suivant  les  cas.  Dans 
tous  les  cas,  si  on  n'y  porte  remède  de  suite,  on  s'ex- 
pose à  une  foule  de  désagréments. 

(Causes.) — Les  causes  sont  une  alimentation  irré- 
gulière, une  nourriture  trop  forte,  l'exposition  au 
froid  des  vaches  fraîches  vêlées,  des  coups  sur  le 


190  MANUEL 

pis,  une  course  exagérée  lorsque  le  pis  est  plein,  la 
rétention  du  lait,  etc. 

(Symptômes.) — Cette  maladie  atteint  rarement  le 

pis  entier.  Généralement,  il  se  gonfle,  devient  brû- 
lant, dur,  la  partie  enflammée  rougit  souvent,  le 
lait  ressemble  quelquefois  à  du  lait  caillé,  d'autres 
fois  à  du  petit  lait,  il  est  souvent  visqueux,  mé- 
langé de  sang  et  d'humeurs.  Parfois,  on  sent  dans 
diverses  parties  du  pis  des  durillons.  Lorsque  le 
cas  est  grave,  il  est  accompagné  de  fièvre  et  d'autres 
troubles  constitutionnels. 

(Traitement.) — Quand  le  temps  est  chaud,  on 
peut  commencer  par  baigner  le  pis  malade  dans 
de  l'eau  chaude  pendant  une  heure  ou  deux. 

Il  faudra  essayer  de  traire  la  vache'  et  si  le  lait 
ne  sort  pas,  recourir  à  l'emploi  d'un  petit  tube  d'ar- 
gent que  Ton  introduira  dans  le  trayon  ;  l'emploi  de 
ce  tube  amènera  souvent  l'écoulement  du  lait  et  le 
dégagement  du  pis.  Lorsque  les  trayons  sont  engor- 
gés on  peut  aussi  y  injecter  une  dissolution  d'une 
cuillère  à  thé  de  soda  à  pâte  dans  une  pinte  ou  une 
demi-pinte  d'eau  chaude,  puis  traire  ensuite  dou- 
cement. 

On  peut  employer,  avec  avantage,  à  l'extérieur 
un  mélange  :  extrait  liquide  de  belladone,  1  once,\et 


d'industrie  laitière  191 

de  glycérine,  lances,  avec  lequel  on  frictionnera  lé- 
gèrement la  partie  malade  du  pis  trois  fois  par  jour. 
On  fera  prendre  à  la  vache  une  purgation  composée 
de  sel  d'Epsom  1  Ib,  gingembre  1  once  et  eau  une 
chopine.  On  pourra  aussi,  si  l'animal  est  fiévreux 
employer  avec  avantage  à  l'intérieur  des  sels  alca- 
lins comme  le  soda  à  pâte. 

Si  l'atteinte  n'est  pas  trop  forte  on  pourra  venir 
à  bout  de  la  maladie  simplement  en  baignant  le  pis 
clans  de  l'eau  chaude,  entrayant  la  vache  fréquem- 
ment et  en  massant  le  pis  avec  le  pouce  et  un  peu 
de  graisse. 

Lorsque  l'enflamation  provient  d'un  coup  sur  le 
pis  on  peut  maintenir  sur  la  partie  malade  un  ca- 
taplasme bien  chaud  de  farine  de  lin  et  traire  fré- 
quemment, puis  le  frictionner  avec  l'onguent  dont 
nous  venons  de  parler  plus  haut  si  l'enflamation  est 
forte.  Si  le  pis  est  très  gonflé  il  est  bon  de  le  sou- 
tenir avec  un  linge  que  l'on  passe  sous  le  pis  et 
qu'on  lie  sur  le  dos  de  l'animal. 

Lorsque  la  mamelle  suppure,  que  le  lait  est  mé- 
langé de  pus  qu'il  y  a  des  durillons  ;  on  peut,  avec 
avantage,  faire  prendre  à  l'animal  chaque  jour  une 
once  d'hyposulphite  de  soucie  jusqu'à  ce  que  tout 
danger  soit  disparu.  On  emploie  en  même  temps  à 


192  MANUEL 


l'extérieur  sur  le  pis,  un  mélange  de  quatre  onces 
de  glycérine  avec  un  dragme d'iodure  de  "potassium 
dissouis  dans  le  moins  d'eau  possible.  Ce  remède  est 
excellent  pour  ramollir  les  parties  durcies  du  pis  et 
combattre  les  abcès.  Pour  l'employer  on  commencera 
par  baigner  le  pis  dans  de  l'eau  chaude  pendant  un 
quart  d'heure  au  moins,  on  en  frictionnera  ensuite 
les  parties  dures  du  pis,  doucement,  mais  cependant 
avec  une  pression  suffisante  pour  faire  entrer  cet 
onguent  dans  les  pores  de  la  peau. 

11  faut  toujours  faire  disparaître  en  même  temps 
lés  causes  de  la  maladie  et,  en  particulier;  si  le  mal 
vient  d'une  nourriture  trop  substantielle,  commen- 
cer par  supprimer  les  tourteaux  oléagineux  et  les 
graines,  employer  des  bouettes  chaudes  de  son  de 
blé.  Dans  tous  les  cas,  il  faudra  faire  en  sorte  que 
le  pis  ne  reçoive  pas  de  courant  d'air  et  ne  soit  pas 
exposé  au  froid.  Si  la  maladie  est  combattue  trop 
tard,  il  est  souvent  impossible  de  ramener  à  leur 
état  normal  les  parties  durcies  du  pis. 

Obstruction  des  mamelles. — Il  se  forme  quelque- 
fois de  petites  tumeurs  à  l'intérieur  des  mamelles 
le  long  du  canal  par  lequel  le  lait  sort.  Ordinaire- 
ment ces  boutons  crèvent  sans  causer  d'autre  trou- 
ble. Mais  parfois  le  canal  se  rétrécit  et  la  traite 
devient  difficile.     On  peut  employer,  pour  traire  la 


d'industrie  laitière  193 


vache  pendant  ce  temps,  un  petit  tube  en  argent 
nue  l'on  introduit  dans  le  trayon  atteint  et  qui  laisse 
couler  lo  lait.  Si  la  maladie  se  prolonge,  il  faut 
avoir  recours  à  un  vétérinaire  qui,  par  l'emploi 
d'une  sonde  spéciale,  pourra  rélargir  facilement  le 
canal  de  manière  à  permettre  la  traite. 

Variole  des  vaches. — Une  des  maladies  les  plus 
ennuyeuses  est  la  variole.  Cette  maladie  est  une 
lièvre  éruptive  qui  peut  se  transmettre  d'un  ani- 
mal à  l'autre,  aux  chevaux,  à  l'homme.  Une  érup- 
tion de  boutons  purulents  apparaît  sur  le  pis  et  les 
trayons,  et  les  vaches  se  laissent  traire  difficile- 
ment, parce  que  les  trayons  deviennent  douloureux 
par  suite  de  l'inflammation  produite  et  des  boutons. 
La  maladie  se  termine  par  une  gale  qui  finit  par 
tomber.  On  peut,  dans  ce  cas,  recourir,  pour  la 
traite,  à  un  tube  en  argent  que  l'on  introduit  dans 
le  trayon.  La  maladie  se  communique  rapidement 
d'une  vache  à  l'autre,  surtout  par  l'intermédiaire 
de  celui  qui  fait  la  traite. 

Lorsque  cette  maladie  apparaît  sur  une  vache,  il 
faut  l'isoler,  et  celui  qui  la  soigne  ne  doit  pas  tou- 
cher aux  autres  vaches.  Si  la  maladie  apparaît 
pendant  l'hiver,  lorsque  toutes  les  vaches  sont  à 
l'étable,  il  faudra  désinfecter  l'étable.     On  donnera 

13— 


194  MANUEL 

à  la  vache  malade,  chaque  jour,  une  close  d'une  once 
d'hyposulphite  de  soude  qu'on  mélangera  aux  au- 
tres aliments.  On  pourra,  par  mesure  de  précau- 
tion, en  donner  la  même  dose  aux  autres  vaches  du 
troupeau,  et  si  cette  médecine  ne  les  préserve  pas 
de  la  maladie,  elle  la  rendra  au  moins  plus  légère. 
Cette  maladie  dure  de  20  à  30  jours  et,  si  la  vache 
atteint  ce  terme  au  chaud  et  à  l'abri  de  la  pluie, 
aucune  complication  ne  sera  généralement  à  crain- 
dre. La  maladie  doit  suivre  son  cours.  L'impor- 
tant pendant  cette  maladie  est  de  traire  à  fond  deux 
fois  par  jour  les  vaches  qui  en  sont  atteintes,  car 
sans  cela  elles  pourraient  perdre  un  ou  plusieurs 
trayons.  Le  lait  des  vaches  atteintes  de  la  variole 
ne  doit  pas  être  mélangé  à  celui  des  autres  vaches, 
ni  vendu  en  ville  ou  dans  les  beurreries  ou  fromage- 
ries, car  il  peut  être  infecté  de  germes  qui  peuvent 
communiquer  la  maladie  à  l'homme.  Le  mieux  est 
de  le  donner  aux  porcs. 

Indigestion. — Lorsque  la  nourriture  n'est  pis 
digérée,  elle  reste  généralement  dans  le  troisième 
estomac  dont  elle  provoque  l'inflammation  de  la 
muqueuse.  La  nourriture,  par  suite  de  la  chaleur 
de  cette  inflammation,  se  durcit  dans  les  replis  de 
cet  estomac,  causant  de  sérieux  désordres  au  sys- 
tème nerveux. 


d'industrie  laitière  19ô 


La  rumination  cesse  d'abord,  la  vache  paruit 
beaucoup  souffrir,  puis  elle  s'assoupit  ou  devient 
furieuse  par  suite  d'une  congestion  de  poumons  ré- 
sultant de  l'indigestion. 

Une  alimentation  excessive  d'herbe  humide,  d'her- 
bes très  fibreuses,  de  tiges  de  blé-d'Inde  malpropres 
ou  d'autres  aliments  indigestes  est  la  cause  de  cette 
maladie. 

Il  faut,  dans  ce  cas,  donner  une  forte  purgation 
et  des  bouettes  légères  avec  des  stimulants.  Deux 
livres  de  sel  d'Epsom  ou  de  Glauber  dissoutes 
dans  deux  bonnes  pintes  d'eau  chaude  est  un  bon 
purgatif.  Une  bonne  dose  de  mélasse  aide  beaucoup. 
Après  cela  on  donnera  de  fortes  injections  d'eau  de 
savon.  Après  avoir  donné  la  purgation,  on  fera 
prendre  à  l'animal  deux  onces  de  carbonate  d'am- 
moniaque toutes  les  trois  heures,  puis  en  abondance 
des  bouettes  légères  c!e  farine  de  graine  de  lin. 

Si  l'animal  devient  furieux,  il  faudra  l'attacher 
solidement  pour  qu'il  ne  puisse  arriver  aucun  acci- 
dent. 

Après  la  guérison,  on  lui  fait  reprendre  progres- 
sivement son  alimentation  ordinaire  et,  pendant  la 
convalescence,  des  bouettes  de  son,  de   farine   de 


196  MANUEL 


graine  de  lin  avec  de  la  gentiane  et  du  gingembre 
sont  avantageuses. 

Metéorisat  ion.— Cette  maladie  se  produit  lors- 
que les  vaches  mangent  un  excès  d'herbes  très  suc- 
culentes, comme  le  trèfle.  Une  fermentation  se  pro- 
dans l'estomac  ;  il  s'y  dégage  du  gaz  acide  carbo- 
nique qui  gonfle  fortement  l'animal  et  peut  finir 
par  l'étouffer  rapidement. 

Le  remède  est  de  perforer  la  panse  de  l'animal 
avec  un  instrument  connu  sous  le  nom  de  "  trocar  " 
et  si  on  n'en  a  pas  à  sa  disposition,  ave?  un  couteau 
à  longue  et  étroite  lame.  On  permet  ainsi  aux  gaz  de 
s'échapper  et  on  empêche  la  suffocation.  On  en- 
fonce l'instrument  en  un  point  également  distant 
de  la  pointe  de  la  hanche,  de  la  dernière  côte  et  des 
reins  ;  c'est  le  centre  du  triangle  formé  par  ces  trois 
points.  On  tiendra  le  trocar  verticalement  en  l'en- 
fonçant, pour  éviter  d'atteindre  certains  organes 
vitaux  essentiels,  comme  les  rognons  et  les  muscles 
des  lombes.  Lorsqu'on  se  sert  d'un  trocar,  il 
reste  dans  l'ouverture  un  tube  par  lequel  les 
gaz  s'échappent  facilement.  On  peut  injecter  dans 
la  panse,  au  moyen  de  ce  tube,  une  pinte  d'une  solu- 
tion de  carbonate  d'ammoniaque  ou  d'une  solution 
de  deux  onces  d'hyposulphite  de  soude  dans  une 
chopine  d'eau.     Ces   solutions  arrêtent  immédiate- 


d'industrie  laitière  1!)7 


ment  la  fermentation.  On  peut  aussi  administrer 
charbon  de  bois  pulvérisé,  3  onces  ;  huile  de  lin 
crue,  3  demiards.  Pendant  la  convalescence  il  fau- 
dra donner  une    alimentation  très  légère. 

Suffocation.  —  Cet  accident  a  lieu  lorsqu'une 
pomme  de  terre,  un  navet  ou  un  corps  quelconque 
reste  dans  le  gosier  ou  l'œsophage  d'une  vache. 
Pour  l'éviter,  il  ne  faut  donner  à  ces  animaux  que 
des  racines  coupées. 

Dans  le  cas  où  il  se  produit,  il  faut  essayer  d'en- 
foncer dans  l'estomac,  au  moyen  d'un  bâton  bien 
uni,  d'un  manche  de  fouet,  par  exemple,  le  corps 
qui  produit  la  suffocation.  La  chose  n'est  pas  tou- 
jours facile  et  il  faut  éviter,  pendant  cette  opéra- 
tion, de  blesser  le  gosier  de  l'animal.  Si  le  corps 
étranger  n'est  pas  arrêté  trop  profondément,  on 
peut  essayer  de  le  retirer  avec  la  main.  Il  est  tou- 
jours préférable,  lorsque  la  chose  est  possible,  d'a- 
voir recours  à  un  vétérinaire. 

Tuberculose. — Cette  maladie  est  une  des  plus 
dangereuses  et  des  plus  communes  parmi  les  vaches. 
Lorsqu'un  animal  en  est  atteint,  il  faut  l'abattre  de 
suite  et  ne  pas  mettre  la  viande  en  vente,  car  la  ma- 
ladie est  excessivement  contagieuse  pour  l'homme. 
Elle  se  transmet  d'une  vache  à  l'autre. 


198  MANUEL 


Cette  maladie,  qui  est  incurable  consiste  dans  la 
désorganisation  de  certains  organes  et  en  particulier 
des  poumons,  du  foie,  des  rognons,  sous  l'influence 
de  germes  très  virulents. 

Les  symptômes  de  cette  maladie  sont  très  varia- 
bles suivant  les  parties  atteintes,  mais  il  y  a  en  gé- 
néral de  la  fièvre  et  perte  d'activité  ;  la  peau  de- 
vient rude,  la  respiration  est  nauséabonde,  les  pattes 
de  derrière  deviennent  raides  et  faibles,  l'animal  a 
une  toux  sèche,  donne  du  lait  clair  et  bleu,  il  désire 
constamment  le  taureau,  les  glandes  de  la  gorge  se 
gonflent,  les  yeux  sont  enfoncés  dans  leur  orbite  et 
deviennent  brillants  de  fièvre.  L'animal  s'amai- 
grit progressivement  et  son  appétit  est  irrégulier. 

Si  ce  sont  les  intestins  qui  sont  attaqués  la  diar- 
rhée est  forte  et  continuelle.  Souvent  un  animal 
atteint  de  cette  maladie,  ne  présente  presqu'aucun 
symptômes  dans  le  début.  Le  développement  de 
cette  maladie  est  favorisé  par  tout  ce  qui  tend  à  di- 
minuer la  santé  de  l'animal,  comme  la  réunion  d'un 
trop  grand  nombre  d'animaux  dans  une  étable  trop 
petite,  mal  ventilée,  mal  éclairée,  humide,  les  pré- 
dispositions héréditaires,  le  manque  d'exercice,  une 
alimentation  mal  comprise. 

Pour  empêcher  cette  maladie  d'entrer  dans  une 
•table,  cette  étable  doit  être  spacieuse,  bien  aérée 


d'industrie  laitière  199 


bien  éclairée,  sèche  et  n'y  conserver  que  des  ani- 
maux vigoureux  et  en  parfait  état  de  santé  :  l'a- 
limentation doit  être  saine  et  pas  trop  forcée  ;  au- 
cune personne  atteinte  de  consomption  ne  doit  s'ap- 
procher des  animaux. 

Les  animaux  suspects  doivent  être  isolés  et  exa- 
minés par  un  médecin,  puis  abattus  immédiatement 
s'ils  sont  atteints  de  la  maladie  ;  leur  corps  doit 
être  brûlé  ou  enterré  profondément  après  avoir  été 
recouvert  de  chaux. 

Lorsque,  dans  an  troupeau,  un  animal  en  est  at- 
teint, il  faut  faire  venir  un  vétérinaire  pour  faire 
subir  l'épreuve  de  la  tuberculine  à  tout  le  troupeau. 
L'étable  doit  être  ensuite  sérieusement  désinfectée. 

La  tuberculose  des  vaches  est  exactement  la 
même  maladie  que  la  consomption  des  hommes,  aux- 
quels elle  peut  se  communiquer,  soit  par  contact 
avec  les  animaux  malades,,  soit  par  la  respiration 
de  l'air  de  l'étable  où  se  trouvent  ces  animaux,  soit 
par  la  consommation  de  leur  lait,  spécialement  par 
les  enfants,  soit  par  la  consommation  de  leur  viande. 
La  question  est  donc  excessivement  sérieuse,  car 
cette  maladie  est  très  répandue  et  on  ne  saurait 
trop  prendre  de  précautions  contre  la  contamina- 
tion. 


200  MANUEL 


En  particulier,  le  lait  d'une  vache  ou  d'un  trou- 
peau atteint  de  tuberculose  ne  doit  jamais  être  ni 
consommé  par  les  habitants  de  la  ferme,  ni  porté 
dans  une  fabrique,  ni  vendu  dans  les  villes,  car  c'est 
un  poison  très  dangereux  puisqu'il  contient  toujours 
de  nombreux  germes  de  la  maladie. 

Pour  les  maladies  des  vaches,  nous  recomman- 
dons la  lecture  du  "  Précis  de  médecine  vétérinaire" 
du  Dr  Couture,  4,  vue  Des  Jardins,  à  Québec,  puis 
celle  du  "  Dairyman's  manual  ;  praetical  treatise 
on  tke  Dairy  "  par  Henry  Steivart,  New-York, 
Orange  Judd  Company,  auquel  nous  avons  em- 
prunté quelques  renseignements. 

Epoque  des  vêlages. — C'est  encore  une  coutume 
générale  dans  la  province  de  faire  vêler  toutes  les 
vaches  au  printemps.  Beaucoup  s'objectent  à  pren- 
dre des  mesures  pour  répartir  les  vêlages  dans  tout 
le  cours  de  Tannée,  et  principalement  l'automne, 
parce  que,  disent-ils,  il  est  impossible  de  faire  du 
bon  beurre  avec  du  lait  d'hiver.  C'est  là  une  er- 
reur : 

S'il  y  a  continuellement  dans  le  troupeau  des  va- 
ches fraîches  vêlées  ; 

Si  les  étables  sont  bien  aérées  et  bien  propres 
pour  que  les  vaches  n'y  respirent  que  de  l'air  pur 
et  sans  mauvaise  odeur  ; 


D'INDUSTRIE  JLAITI  ERE  201 

Si  les  vaches  reçoivent  une  nourriture  saine  et 
abondante  et  ont  à  leur  disposition  de  la  bonne 
eau  pure  ; 

Si  on  leur  donne,  ainsi  qu'au  lait,  tous  les  soins 
voulus,  le  lait  d'hiver  donnera  certainement  d'ex- 
cellent beurre  ;  les  nouveaux  procédés  de  fabrica- 
tion le  permettent  maintenant  et  il  n'y  a  pas  de 
doute  que  ce  beurre  puisse  trouver  un  aussi  bon 
débouché  que  le  beurre  d'été  sur  les  marchés  étran- 
gers. 

Il  y  a  avautage  à  faire  vêler  les  vaches,  surtout 
en  automne,  parce  que  : 

1°  Si  les  vaches  sont  soignées  convenablement, 
elles  peuvent  produire  pendant  l'hiver  en  abon- 
dance un  excellent  lait  ; 

2°  Parce  que  le  lait  se  vendrait  plus  cher  en  hi- 
ver qu'en  été,  selon  les  probabilités,  au  moins  dans 
les  premières  années  ; 

3q  Parce  que  la  conservation  et  le  transport  des 
produits  périssables  comme  le  beurre,  le  lait  écré- 
mé, est  plus  facile  en  hiver  qu'en  été.  Le  feu  est 
moins  coûteux  que  la  glace. 

4°  Parce  que  le  cultivateur  a  plus  de  temps  à 
donner  à  ses  vaches  pendant  l'hiver  ; 

5S  Parce  que  les  vaches  qui  ont  vêlé  l'automne 
donneront  tout  l'hiver  une  production  soutenue  de 


202  MANUEL 

lait,  n'ayant  pas  à  souffrir,  comme  en  juillet  et  en 
août,  de  la  chaleur  et  des  mouches,  et  parce  que, 
lorsque  leur  rendement  tendra  à  diminuer  au  prin- 
temps, ce  rendement  se  relèvera  lorsqu'on  les  met- 
tra à  l'herbe  ; 

6U  Parce  que  les  veaux  qui  naissent  l'automne 
font  aussi  facilement  de  beaux  veaux  que  ceux  du 
printemps.  Il  est  donc  important  que  les  cultiva- 
teurs prennent  ces  raisons  de  plus  en  plus  en  con- 
sidération. 

Production  du  lait  et  traite  des  vaches. — 

Le  lait  est  produit  par  les  mamelles  qui  ne  sont  que 
des  glandes  analogues  aux  glandes  qui  se  trouvent 
sous  la  langue  et  produisent  la  salive.  Le  sang  est 
amené  du  cœur  aux  mamelles  par  des  artères  situés 
à  l'intérieur  du  corps  de  la  vache  et  qu'on  ne  voit 
pas.  Dans  les  mamelles,  ces  artères  se  subdivisent 
en  une  foule  de  petits  vaisseaux  très  ténus,  des 
vaisseaux  capillaires,  comme  l'on  dit.  Ces  vaisseaux 
capillaires  se  réunissent  ensuite  entre  eux  et  une 
partie  du  sang  retourne  au  cœur  par  deux  grosses 
veines  bien  connues  sous  le  nom  de  veines  à  lait, 
que  l'on  voit  sur  le  ventre  l'une  à  droite  et 
l'autre  à  gauche  de  la  vache.  Elles  rentrent  dans 
l'abdomen  par  deux  orifices  connus  sous  le  nom  de 
fosses  lactées.     Immédiatement  en  rapport  avec  les 


d'industrie  laitière  203 

vaisseaux  capillaires,  du  pis  se  trouve  un  autre  ré- 
seau de  canaux  très  ténus  enchevêtrés  avec  les  pré- 
cédents, et  terminés  par  de  très  petites  poches.  Ces 
canaux  se  réunissent  les  uns  aux  autres  en  aug- 
mentant progressivement  de  grosseur  et  viennent 
déboucher  dans  les  trayons.  Le  tout  est  empaque- 
té dans  un  tissu  adipeux  spécial  et  forme  le  pis. 
C'est  en  filtrant  pour  ainsi  dire  des  veines  capil- 
laires dans  les  petites  poches  terminales  des  canaux 
qui  conduisent  aux  trayons,  qu'une  partie  du  sang 
se  transforme  en  lait  d'une  manière  qui  n'est  pas  en- 
core bien  connue.  Il  y  a  quatre  trayons  qui  corres- 
pondent chacun  à  un  paquet  de  canaux  capillaires 
et  ces  paquets  sont  réunis  deux  par  deux  de  cha- 
que côté  du  pis.  Tout  ce  système  est  très  élastique 
et  la  capacité  en  lait  d'un  pis  vide  peut  se  monter 
à  environ  KM  à  1  H  chopines. 

Pour  traire  une  vache,  on  saisit  le  trayon  à  la  base 
et  contre  le  pis  avec  le  pouce  et  l'index  repliés  ;  on 
tire  vers  le  bas  en  serrant  avec  ces  deux  doigts  d'a- 
bord, puis  contre  la  paume  de  la  main  successive- 
ment avec  le  médium,  l'annulaire  et  en  dernier  lieu 
avec  le  petit  doigt,  de  manière  à  pousser  le  lait  de 
la  base  du  trayon  vers  son  extrémité.  Cette  opéra- 
tion doit  se  faire  avec  le  plus  de  douceur  possible. 


204  MANUEL 

On  saisira  avec  l'une  des  mains  l'un  des  trayons 
arrière  puis,  avec  l'autre  main,  l'un  des  trayons  d'a- 
vant du  côté  opposé,  mais  jamais  à  la  fois  les  deux 
trayons  d'un  même  côté.  Voici  quelques  règles  gé- 
néralement admises  pour  la  traite  des  vaches. 

lo.  La  traite  doit  se  faire  avec  toute  la  douceur 
possible  et  de  façon  à  être  une  opération  agréable 
à  la  vache.  Une  vache  ne  donnera  jamais  tout  son 
lait  à  une  personne  qu'elle  n'aime  pas  ou  qui  la  trait 
rudement. 

2o.  La  traite  des  vaches  doit  être  faite  aussi  ra- 
pidement que  possible,  car  on  obtient  plus  de  lait 
par  une  traite  faite  rapidement  que  par  une  traite 
faite  lentement,  parce  qu'une  partie  du  lait  est  sé- 
crétée pendant  la  traite  elle-même  et  que  la  rapi- 
dité de  cette  opération  excite  cette  sécrétion. 

3o.  Les  vaches  doivent  toujours  être  traites  à 
fond,  parce  que  le  dernier  lait  est  le  plus  riche  et 
que  la  traite  faite  à  fond  active  la  sécrétion  du  lait 
et  améliore  les  qualités  laitières  de  la  vache.  Dans 
les  grandes  fermes,  aux  Etats-Unis,  la  traite  dure 
environ  une  heure  et  on  donne  à  chaque  homme  ou 
à  chaque  femme  de  dix  «a  douze  vaches  à  traire 
pendant  ce  temps. 

4o.  Se  laver  les  mains  avant  la  traite,  laver  les 
trayons  avec  de  l'eau  bien  pure,  les  essuyer   avec 


d'industrie  laitière  205 

un  linge  très  propre  et  surtout  no  pas  mouiller  ses 
mains  avec  le  premier  lait  tiré,  avoir  toujours  des 
vêtements  propres  et  non  couverts  de  poussière. 
La  propreté  la  plus  scrupuleuse  doit  être  observée 
pour  ne  pas  contaminer  le  lait. 

5o.  Les  premières  gouttes  de  lait  doivent  être 
tirées  par  terre  ;  il  ne  faut  pas  les  mélanger  au 
reste  du  lait  parce  qu'elles  sont  toujours  plus  ou 
moins  contaminées  de  mauvais  germes  qui  peuvent 
ensiute  se  développer  dans  le  lait  et  en  diminuer  la 
qualité. 

60.  La  traite  doit  se  faire  dans  un  endroit  bien 
aéré  et  à  l'abri  des  mauvaises  odeur,  que  le  lait  ab- 
sorbe facilement,  et  des  mauvais  germes  qui  peuvent 
le  contaminer.  Lorsqu'on  donne  de  l'ensilage,  en 
particulier,  la  traite  doit  se  faire  avant  sa  distribu- 
tion. Elle  doit  se  faire  aussi  avant  la  distribution 
du  foin  qui  répand  dans  l'atmosphère  une  foule  de 
poussières  nuisibles.  On  doit  au  moins  attendre 
que  ces  poussières  se  soient  déposées. 

7o.  La  traite  doit  se  faire  deux  fois  par  jour,  au- 
tant que  possible,  à  douze  heures  d'intervalle.  Le 
matin  et  le  soir  sont  les  meilleurs  moments,  ce  sont 
ceux  pendant  lesquels  les  vacbes  sont  le  plus  calme. 

80.  Les  vaisseaux  dans  lesquels  se  font  la  traite 
doivent  avoir  été  soigneusement  lavés  avec  de  l'eau 


206  MANUEL 


pure,  ébouillantés  et  sèches  dans  un  air  pur.   a   l'a- 
bri de  la  poussière  et  des  mauvaises  odeurs. 

Le  tableau  suivant  indique  la  richesse  du  lait  à 
différentes  périodes  de  la  traite,  d'après  une  expé- 
rience faite  à  la  ferme  expérimentale   du    Wiscon- 

sin  : 

POUE   CENT 

, -v 


GRAS        SOLIDES         EAU 

Premier  lait 1.32         11.83        88.17 

Egouts 9.63        19.18       80.82 

II  montre  que  les  égouts  sont  au  moins  sept 
fois  plus  riches  en  gras  et  plus  de  deux  fois 
plus  riches  en  solides  que  le  premier  lait  tiré.  Il 
tait  ressortir  l'importance  'l'opérer  la  traite  à  fond. 
Cîtte  opération  ne  devrait  pas,  autant  que  possible, 
être  faite  par  des  enfants,  d'autant  plus  qu'elle  a 
une  grande  importance  sur  l'amélioration  de  la  race 
les  vaches,  surtout  lorsqu'on  améliore  un  troupeau 
par  l'élevage  et  la  sélection.  C'est  une  opération 
délicate  qui  demande,  pour  être  bien  faite,  beau- 
coup d'habileté  et  de  douceur. 

Le  lait  du  soir  est  généralement  plus  riche   que 
celui  du  matin.    Le  nombre  d'heures  qui  sépare  les 


d'industrie  laitière  207 

traites  a  une-  gran  le  influence  sur  la  richesse  du 
lait.  Les  faits  porteraient  à  croire  que  la  qualité 
«.lu  lait  dépend  surtout  de  la  nourriture  donnée  aux 
vaches  cinq  ou  six  heures  avant  la  traite.  Ainsi, 
quand  les  vaches  reçoivent  à  1  etable  une  excellente 
nourriture  de  six  heures  du  matin  à  huit  heures  du 
soir,  le  lait  du  soir  est  produit  dans  d'excellentes 
conditions,  tandis  que  pendant  la  nuit,  les  vaches 
restant  sans  nourriture,  la  quantité  fournie  peut 
être  plus  considérable,  à  cause  de  la  longue  période 
de  temps  pendant  laquelle  la  sécrétion  du  lait  n'est 
pas  troublée,  mais  la  qualité  en  est  rarement  aussi 
bonne. 

La  qualité  du  lait  dépend  aussi  beaucoup  de  l'état 
de  santé,  ainsi  que  de  l'âge  des  vaches  et  du  traite- 
ment qu'elles  reçoivent.  Avec  l'âge,  le  lait  a  une 
temlance  à  devenir  plus  riche.  Lorsque  la  santé 
de  la  vache  s'altère  d'une  manière  ou  d'une  autre, 
la  qualité  de  son  lait  s'en  ressent,  ainsi  que  la  quan- 
tité. Si  les  vaches  sont  brutalisées,  énervées,  le 
lait  peut  devenir  impropre  à  tout  usage  et  aussi- 
tôt que  l'animal  retrouve  sa  tranquillité  le  lait  re- 
prend ses  qualités  ordinaires.  Un  lait  normal  n'est 
fourni  que  par  des  vaches  en  bonne  santé,  bien 
nourries  et  bien  traitées.  Nous  avons  parlé  de  la 
variation  et  de  la  richesse  du  lait  pendant  la  durée 
de  la  période  de  lactation,  pages  128,  129,  130,  131 


208  MANUEL 


On  trouvera  de  nombreux  renseignements  très 
intéressants  sur  la  constitution  du  pis  et  la  traite 
dans  le  Bulletin  No  G.!,  vol.  vu,  octobre  1896,  pu- 
blié par  la  ferme  expérimentale  de  l'Université  des 
Pursue,  aux  Etats-Unis,  ainsi  que  dans  le  Dairy- 
man's  Manual,  de  Henry  Stuart,  que  nous  avons 
déjà  recommandé,  page  200. 

Etables. — La  principale  chose  à  assurer  dans  une 
étable  c'est  une  bonne  température  moyenne  de  60° 
environ,  un  air  pur,  exempt  de  mauvaises  odeurs, 
une  propreté  scrupuleuse,  la  trauquilité  des  vaches 
et  la  commodité  du  service.  Cette  dernière  chose 
est  importante  assurément  et  on  lui  donne  déjà- 
beaucoup  d'attention  dans  la  province,  mais  certai- 
nement les  premières  le  sont  beaucoup  plus. 

Température. — Pour  pouvoir  maintenir  la  tempé- 
rature, la  première  chose  est  de  construire  de  bons 
murs  avec  du  papier  entre  les  doubles  de  planches. 
Des  murs  construits  grossièrement  ne  sont  pas  suffi- 
sants pour  maintenir  la  température  pendant  les 
temps  froids  de  l'hiver;  ou  bien  on  est  obligé  de  di- 
minuer la  hauteur  de  la  salle,  puis  de  resserrer  les 
vaches,  ce  qui  nuit  à  la  pureté  de  l'air  qui,  dans  ces 
étables  resserrées,  est  facilement  empesté,  humide 
et  malsain.  On  conseille  d'employer  pour  les  colom- 
bages des  2x6,  de  mettre  à  l'intérieur  deux  doubles 


d'industrie  laitière  209 

•  le  planches,  dont  au  moins  un  embouveté,  séparés 
par  du  papier  et  de  faire  la  même  chose  à  l'extérieur. 
Les  plafonds  doivent  être  soignés  pour  éviter  les 
pertes  de  chaleur  et  les  poussières  qui  peuvent  tom- 
ber du  grenier.  Plus  une  étable  est  bien  construite, 
mieux  on  peut  la  ventiler  sans  en  abaisser  la  tem- 
pérature ;  c'est  une  chose  importante  à  retenir  dans 
cette  province  où  les  hivers  sont  longs  et  rigou- 
reux. 

Dimensions  et  disposition  des  stables. — La  hau- 
teur des  étables  devrait  être  de  10  à  12  pieds.  Le 
nombre  de  pieds  cubes  à  donner  à  l'étable,  par  va- 
che, dépend  du  nombre  et  de  la  quantité  des  ven- 
tilateurs. Il  vaut  mieux  une  grande  étable  qu'une 
petite  parceque,  si  les  ventilateurs  ne  fonctionnent 
pas  régulièrement  l'air  y  devient  impur  moins  ra- 
pidement. On  compte  qu'il  faut,  par  vache,  environ 
500  à  800  pieds  cubes  de  chambre.  Dans  les  pays 
où  la  température  est  moins  froide  .l'hiver  et  où  on 
construit  les  étables  avec  de  bons  murs  en  pierres 
ou  en  briques  on  va  jusqu'à  1000  pieds  cubes. 

La  surface  de  plancher  par  vache  ne  doit  pas  être 
moindre  du   dixième  de  l'espace  cubique.     Si    la 
hauteur  de  l'étable  est  moins  forte,  il  faut  une  sur- 
face de  plancher  relativement  plus  considérable. 
14— 


210  MANUEL 


Ainsi,  une  étable  de  50'  x  25',  par  exemple,  et  de 
10  pieds  de  haut  donne  un  volume  de  50'  x  250  = 
12500  pieds  cubes.  Si  nous  comptons  500  pieds 
•cubes  par  vache,  cet  étable  pourrait  contenir  25 
vaches.  La  surface  du  plancher  étant  de  50  x  25 
=  1250  pieds  carrés,  chaque  vache  pourrait  dispo- 
ser de  1250  ■—  25  =  50  pieds  carrés  de  plancher, 
c'est-à-dire  du  dixième  du  volume,  et  la  règle  serait 
observée. 

On  recommande  généralement  un  passage  de  4 
pieds  de  large  à  la  tête  des  vaches  ;  une  crèche  de 
18  pouces  de  large  ;  des  stalles  de  5  à  ôh  pieds  de 
profondeur  et  de  7  pieds  de  large  pour  deux  vaches, 
soit  3|  pieds  par  vache;  un  dallot  pour  le  purin; 
derrière  les  vaches,  de  15  à  18  pouces  de  large  et 
de  <j  à  8  pouces  de  profondeur  ;  et  enfin,  derrière  ce 
dallot,  un  passage  de  5  à  0  pieds  de  large.  Ce  passage 
doit  être  suilisaiiiment  large  pour  permettre  un  en- 
lèvement facile  du  fumier,  et  aux  vaches  de  circu- 
ler sans  danger,  lorsqu'elles  entrent  ou  qu'elles 
sortent.  La  hauteur  de  la  crèche  doit  être  comprise 
entre  9  et  15  pouces,  suivant  la  grosseur  des  vaches. 
L'inclinaison  du  plancher  sur  lequel  reposent  les 
vaches,  vers  la  gouttière,  doit  être  de  2  pouces  par 
4|  ou  6  pieds.  Ce  sont  là  les  dimensions  générale- 
ment admises  par  les  bons  praticiens. 


d'industrie  laitière  211 

Ventilation. — La  ventilation  a  pour  but  le  re- 
nouvellement de  l'air.  Dans  une  étable  où  sont 
renfermés  des  animaux,  l'oxygène  de  l'air,  par  la 
respiration,  est  absorbé  puis  remplacé  par  de  l'acide 
carbonique,  de  la  vapeur  d'eau,  de  l'ammoniaque  et 
des  matières  organiques  très  toxiques  ;  or  tous  ces 
gaz  expirés  sont  aussi  nuisibles  à  la  santé  des  ani- 
maux que  l'oxygène  est  nécessaire  à  leur  vie.  La 
transpiration  cutanée  et  les  excrétions  vicient 
l'air  dans  une  large  mesure.  L'air  d'une  étable 
devient  donc  rapidement  impur  si  on  ne  prend  le 
moyen  de  le  renouveler  constamment.  Générale- 
ment, pour  cela,  on  se  lie  sur  les  fentes  des  portes 
et  des  fenêtres  ;  mais  c'est  là  une  faute  grave  et  des 
moyens  spéciaux  doivent  toujours  être  pris  pour 
assurer  un  renouvellement  constant  et  suffisant  de 
l'air  des  étables  L'hiver  ce  renouvellement  conti- 
nu de  l'air  peut  les  refroidir,  mais  il  vaut  sou- 
vent mieux  une  température  un  peu  plus  froide 
qu'un  air  malsain.  Les  conditions  à  réaliser  sont 
lo.  Un  renouvellement  constant  d'air  pur  ;  2o.  Ce 
renouvellement  doit  se  faire  sans  courant  d'air  nui- 
sible aux  vaches  ;  3o.  il  doit  pouvoir  être  réglé  à 
volonté. 

Les  dimensions  de  l'étable  n'ont  rien  à  faire  avec 
la  quantité  d'air  frais  à  fournir  à  un  nombre  déter- 
miné de  vaches  par  la  ventilation.  L'avantage  d'une 


212  MANUEL 


grande  étable  est  que,  si  la  ventilation,  s'arrête  l'air 
se  corrompra  moins  vite  que  dans  une  étable  res- 
serrée, mais  la  quantité  d'air  a  fournir  par  la  ven- 
tilation pour  un  même  nombre  de  vaches  reste  la 
même,  que  Pétable  soit  grande  ou  petite.  C'est  un 
principe  important  qu'il  ne  faut  pas  oublier. 

On  compte,  en  Angleterre,  qu'il  faut  20,000  pieds 
cubes  d'air  frais  par  vache  et  par  heure.  Pour  lais- 
ser rentrer  cette  quantité  d'air  frais  avec  une  vi- 
tesse de  deux  mille  à  l'heure,  vitesse  à  peine  sen- 
sible aux  animaux,  il  faut  compter  une  ouverture 
de  300  pouces  carrés  par  vache  II  faut  une  autre 
ouverture  d'égale  dimension  pour  la  sortie  de  l'air 
vicié,  soit  environ  en  tout  4  pieds  carrés  par  vache. 
Le  succès  de  la  ventilation  dépend  de  la  distribu- 
tion et  de  la  diffusion  de  l'air  entrant  ;  la  forme 
ainsi  que  la  situation  des  ouvertures  d'entrée  et  de 
sortie  jouent  un  grand  rôle  dans  ce  cas.  La  force 
qui  pousse  l'air  pour  la  faire  entrer  ou  sortir  dépend 
un  peu  du  vent,  mais  surtout  de  la  différence  de 
température  entre  l'air  intérieur  et  l'air  extérieur^ 
et  il  suffit  souvent  d'enlever  les  obstacles  qui  en 
empêchent  le  mouvement  pour  que  la  ventilation 
se  fasse. 

L'air  que  l'on  introduit  dans  l' étable  doit  être 
pur  ;  les  ouvertures  d'entrée  ne  doivent  donc  pas 


d'industrie  laitiers  213 


donner  sur  des  fumiers  ou  des  cours  malpropres,  ou 
sur  d'autres  étables,  ou  sur  des  endroits  où  l'air  est 
contaminé. 

L'air  frais  doit,  autant  que  possible,  arriver  en 
tête  des  animaux  pour  qu'ils  puissent  en  profiter 
avant  qu'il  ne  se  mêle  à  l'air  vicié,  et  les  étables 
dans  lesquelles  les  vaches  sont  tête  à  tête,  avec  un 
passage  entre  les  deux  rangs  qu'elles  forment,  est 
une  bien  mauvaise  disposition,  parceque  l'air  qu'elles 
expirent  séjourne  dans  ce  passage  où  il  est  fort  dif- 
ficile d'envoyer  régulièrement  de  l'air  frais.  La  dis- 
position précédemment  indiquée,  adoptée  avec  un 
ou  deux  rangs  de  vaches,  est  préférable. 

Une  partie  de  l'air  entrant  doit  être  prise  près 
du  sol,  en  tête  des  animaux,  pour  balayer  les  cou- 
ches inférieures  d'air  vicié  de  l'étable;  les  ouvertures 
doivent  être  nombreuses  et  petites  plutôt  que  gran- 
des et  peu  nombreuses,  afin  de  répartir  plus  unifor- 
mément l'air  entrant.  Une  autre  série  d'ouvertures 
pour  l'entrée  de  l'air  sera  percée  dans  le  haut  du 
mur. 

L'air  vicié,  chargé  de  vapeurs,  étant  plus  chaud 
que  l'air  frais,  tend  à  monter  à  la  partie  supérieure 
de  l'étable.  On  pourra  donc  l'enlever  soit  par  de 
bonnes  ouvertures  dans  les  murs   immédiatement 


214  MANUEL 


sous  le  plafond,  c'est  là  le  meilleur  système,  soit  par 
de  bonnes  cheminées.  Toutes  ces  ouvertures  devront 
être  grillées  et  recouvertes  d'une  planche  à  coulisse 
ou  à  charnières,  avec  laquelle  on  pourra  les  ouvrir 
et  les  fermer  à  volonté. 

Supposons  une  étable  comprenant  deux  rangées 
de  vaches,  la  tête  tournée  contre  les  murs,  avec  un 
passage  de  quatre  pieds  de  large  à  la  tête,  le  long- 
dès  murs,  et  un  passage  de  5  à  6  pieds  à  la  queue 
entre  les  deux  rangées,  ce  qui  est  la  meilleure  dis- 
position ;  supposons  que  les  stalles  aient  sept  pieds 
de  largeur  pour  deux  vaches,  et  qu'ils  faille  des 
ouvertures  de  300  pouces  carrés  par  vache  pour  l'en- 
trée de  l'air.  Pour  deux  vaches  il  faudra  600  pouces 
carrés.  Supposons  que  l'entrée  de  l'air  se  fasse  par 
deux  rangées  d'ouvertures,  l'une  près  du  sol  et  l'au- 
tre à  six  ou  sept  pieds  du  sol.  Si  on  donne  à  ces 
ouvertures  six  pouces  de  hauteur,  elles  devront  avoir 
300  :  6  =  50  pouces  de  longeur,  soit  près  de  six  pieds 
pour  deux  vaches  ;  c'est-à-dire  que  ces  ouvertures 
occuperaient  presqu'entièrement  la  longeur  de  l'é- 
table. 

Pour  la  sortie  de  l'air,  il  faudrait  employer  de 
bonnes  cheminées  d'aérage  situées  au-dessus  du 
passage  central.  Comme  dans  les  cheminées  l'air 
circule  beaucoup  plus  vite,   leur  section  devra  né- 


d'industrie  laitière  21; 


cessairement  être  beaucoup  plus  faible  que  celle 
des  ouvertures  d'entre'e.  Pour  une  hauteur  de  che- 
minée de  18  pieds,  il  faudrait  compter  une  section 
d'au  moins  16  à  36  pouces  carrés  par  vache.  Il  fau- 
drait donc  pour  25  vaches  au  moins  3  cheminées 
carrées  de  12  à  1S  pouces  de  côté.  Si  l'étable  n'est 
qu'à  un  rang  de  vaches,  il  serait  mieux  de  remplacer 
les  cheminées  par  des  ouvertures  de  8  à  12  pouces 
de  haut  percées  dans  le  haut  du  mur  situé  à  l'arrière 
des  vaches,  le  long  du  couloir  de  six  pieds. 

Tous  ces  chiffres  sont  admis  dans  les  pays  où  les 
hivers  ne  sont  pas  très  rigoureux.  Ils  sont  loin  de  ce 
qui  se  pratique  ordinairement  dans  cette  province 
où  ils  peuvent  paraître  exagérés,  parce  que  la  grande 
quantité  d'air  froid  admise  pourrait  refroidir  un 
peu  trop  les  étables  certains  jours.  Cependant  si 
l'étable  est  construite  avec  de  bons  murs  imperméa- 
bles à  la  chaleur  et  si  ces  ouvertures  sont  mnnies 
de  bonnes  portes  permettant  de  régler  à  volonté  la 
rentrée  de  l'air,  nous  ne  voyons  pas  pourquoi  ils  ne 
seraient  pas  admis,  même  dans  cette  province  :  car 
pour  la  santé  des  vaches  l'air  pur  est  une  chose  es- 
sentielle. Nous  attirons  donc  fortement  l'attention 
des  cultivateurs  sur  ce  point. 

Les  étables  à  deux  rangs  de  vaches  sont  préfé- 
rables dans  les   parties   froides  de   la   province   à 


216  MANUEL 


celles  à  un  seul  rang  qui  exigent  une  bâtisse  plus 
longue  ;  parce  qu'une  bâtisse  longue  se  refroidit 
plus  facilement  qu'une  bâtisse  large. 

Eclairage. — La  lumière  est  un  facteur  important 
pour  la  salubrité  des  étables.  La  lumière  directe, 
et  à  un  moindre  degré',  la  lumière  diffuse,  réchauf- 
fent et  sèchent  l'air  ;  elles  le  mettent  en  mouve- 
ment dans  les  endroits  où  il  est  en  repos  et  rendent 
ainsi  la  ventilation  plus  parfaite.  La  lumière  tue 
en  outre  une  foule  de  mauvais  germes,  comme  le 
germe  de  l'anthrax  Elle  ne  tue  pas,  il  est  vrai,  le 
bacille  de  la  tuberculose,  mais  cependant  son  action 
combinée  avec  le  renouvellement  de  l'air  peut  en 
atténuer  beaucoup  la  virulence. 

Le  manque  de  lumière  est  une  des  causes  de 
mauvaise  santé  et  de  maladies  pour  les  vaches,  aussi 
bien  que  pour  l'homme  du  reste.  C'est  surtout 
pour  les  jeunes  animaux  que  l'air  et  la  lumière  sont 
nécessaires. 

La  meilleure  exposition  pour  les  étables  est  celle 
de  l'est  et  de  l'ouest  pour  les  grandes  faces.  La 
surface  des  fenêtres  doit  être  le  dixième  de  la  sur- 
face du  plancher  de  Pétable.  Pour  une  étable  de 
25'  +  50'  =  1250  pieds  carrés,  par  exemple,  la  sur- 
face des  fenêtres  devra  être  d'au  moins  125   pieds 


d'industrie  laitière  217 


carrés.  Si  les  fenêtres  avaient  3'  +  2'  on  voit  qu'il 
en  faudrait  environ  une  vingtaine.  Ces  conditions 
prraîtront  peut-être  aussi  très  exagérées  à  beau- 
coup de  cultivateurs,  cependant  elles  sont  recom- 
mandées par  d'excellents  praticiens.  Il  faut  munir 
les  fenêtres  de  doubles  châssis  pour  l'hiver,  et  de 
rideaux  économiques  pour  l'été.  Il  faut  construire 
les  fenêtres  de  façon  à  ce  qu'elles  puissent  servir  à 
ventiler  l'étable  pendant  l'été. 

Drainage. — Le  drainage  extérieur  consiste  à  éva- 
cuer au  loin  toutes  les  eaux  de  pluie  qui,  en  séjour- 
nant clans  le  voisinage  de  l'étable,  pourraient  y  jeter 
de  l'humidité  et  y  répandre  de  mauvais  air. 

Le  drainage  intérieur  consiste  à  conduire  au  de- 
hors tous  les  excréments  liquides  des  vaches.  Pour 
cela,  la  première  condition  est  que  le  plancher,  ou  le 
pavé,  soit  parfaitement  étanche,  pour  que  le  purin 
ne  séjourne  pas  en  dessous  et  ne  répande  pas  de 
mauvaises  odeurs  dans  l'étable.  S'il  y  a  une  cave  à 
fumier  sous  l'étable  l'étanchéité  du  plancher  doit 
aussi  être  assurée  pour  empêcher  les  émanations  du 
fumier  de  remonter,  et  cette  cave  doit  être  munie 
de  bons  ventilateurs. 

Lorsqu'on  emploie  un  plancher,  il  doit  être  fait  de 
deux  rangs  de  planches  bien  embouvetées  et  à  joints 


218 


MANUEL 


croisés.  Le  premier  rang  de  planches  doit  être  re- 
couvert d'une  bonne  couche  de  goudron  chaud  au 
fur  et  à  mesure  qu'on  pose  le  second  rang,  pour  que 
le  goudron  pénètre  bien  dans  tous  les  joints.  Un 
plancher  ainsi  fait  peut  durer  20  ans,  ou  trois  fois 
autant  qu'un  plancher  ordinaire.  Il  faut  le  blanchir 
à  la  chaux  en  dessus  et,  si  possible,  en  dessous,  deux 
fois  par  an  ;  cela  en  prolonge  la  durée. 

Comme  pavé,  c'est  la  terre  qui  fera  le  meilleur 
et  le  plus  économique  des  pavés,  si  elle  est  suffisam- 
ment dure  comme  l'argile  ferme  ou  le  gravier.  Un 
pavé  en  terre  devient  rapidement  assez  solide  pour 
ne  plus  avoir  besoin  de  réparation. 

Mais  le  sol  n'est  pas  souvent  convenable  pour  un 
bon  pavé,  il  faut  alors  le  recouvrir  d'un  aggloméré 
ou  de  ciment. 

Un  bon  aggloméré  consiste  en  un  mélange  de  sa- 
ble  et  de  gravier  avec  de  la  chaux  éteinte  commune, 
le  tout  mis  en  tas  et  bien  mélangé,  puis  travaillé  à 
la  houe,  une  fois  par  jour,  pendant  quelques  jours. 
Ce  mélange  est  étendu  sur  le  sol  qui  a  été  bien  uni 
d'avance  ;  il  durcit  rapidement  et  devient  très  ré- 
sistant. De  la  cendre  de  charbon  de  terre,  humectée 
d'eau  et  ajoutée  au  mélange,  le  rend  encore  plus  du- 
rable.    De  la  sciure  de  bois  ou  de  la  paille  hachée 


d'industrie  laitière  219 


produisent  le  même  effet.  Ce  mélange  doit  être  bien 
battu. 

Du  ciment  hydraulique,  dans  la  proportion  de  un 
quart  pour  trois  quarts  de  sable  fin  et  cinq  ou  six 
quarts  de  gravier  grossier,  est  ce  qu'il  y  a  de  mieux, 
surtout  si  on  sature  ce  mélange  de  goudron  chaud. 
Un  pavé  façonné  avec  ces  matériaux  dure  très 
longtemps  et  est  à  l'abri  de  l'eau  et  de  la  vermine. 
Pour  cela  on  mêle  le  ciment  sec  avec  trois  fois  son 
volume  de  sable  sec  et  propre  ;  on  l'humecte  ensuite, 
pour  en  faire  un  mortier  clair  auquel  on  mélange 
le  gravier.  On  n'en  mélange  à  la  fois  que  ce  qu'on 
peut  étendre  en  un  quart  d'heure  environ,  car  il 
durcit  très  vite.  Il  faut  tasser  fortement  le  pavé,  au 
fur  et  à  mesure  qu'il  se  fait  avec  un  pilon  en  bois 
qu'on  manie  à  la  main. 

En  employant  des  pierres  rondes,  en  les  enfonçant 
solidement  dans  le  sol  et  en  les  recouvrant  d'une 
bonne  couche  d'un  des  mortiers  dont  nous  venons 
de  parler  on  peut  obtenir  un  pavé  très  résistant. 

Les  dallots  doivent  avoir  une  bonne  pente  vers 
l'extrémité,  1  à  2  pouces  par  4  ou  5  pieds,  pour  que 
le  purin  puisse  s'écouler  facilement  au  dehors  dans 
une  fosse  bien  étanche.  Jamais  il  ne  doit  se  ré- 
pandre dans  la  cour  de  la  ferme.     Pour  absorber  le 


220  MANUEL 


purin,  on  peut  employer  de  la  terre  sèche  ou  de  la 
tourbe  dont  on  remplit  la  dalle  située  derrière  les 
vaches  chaque  fois  qu'on  enlève  le  fumier.  Dans 
ce  cas,  le  dallot  n'a  pas  besoin  d'être  plus  large  que 
15  pouces  ni  plus  profond  que  3  pouces,  pour  les 
vaches.  Une  vache  donne  chaque  année  en  moyenne 
1280  gallons  d'urine,  soit  3§  gallons  par  jour,  et  il 
faut,  pour  absorber  cette  urine,  environ  20  lbs  de 
terre  sèche  ou  de  tourbe.  Il  en  faudrait  donc  d'a- 
près cela  7280  lbs  par  année  et  par  vache.  On  peut 
toujours  trouver  suffisamment  de  terre  sèche  ou  de 
tourbe  sur  une  ferme. 

Toute  terre  légère  et  absorbante  convient  pour 
cela,  si  on  la  rentre  pendant  l'été.  Une  shed  de 
30'  +  15'  remplie  à  une  hauteur  de  six  pieds,  peut 
contenir  75  tonnes  de  terre  sèche.  Mais,  si  on  tient 
compte  que  les  vaches  sont  en  pâture  une  partie  de 
l'année,  et  si  on  a  de  la  paille  qui  peut  remplacer 
une  partie  de  cette  terre,  on  voit  que  la  quantité  à 
rentrer  pendant  l'été  peut  être  beaucoup  moindre- 

Le  système  de  la  terre  sèche  est  fort  à  recom- 
mander, parce  que  la  terre  ainsi  employée  absorbe 
toutes  les  mauvaises  odeurs  de  l'étable  et  donne  un 
fumier  beaucoup  plus  riche  et  plus  facile  à  emplo- 
yer. 


D  INDUSTRIE  LAITIÈRE  221 

On  pourra  semer  du  bran-de-scie  ou  de  la  terre 
mélangée  de  chaux  derrière  les  vaches.  L'été  on 
pourra  arroser  le  pavé  pour  maintenir  la  fraîcheur. 

Approvisionndwnent  d'eau. — Les  étables  doivent 
toujours  être  bien  approvisionnées  d'eau  aussi  pure 
que  possible.  C'est  une  chose  essentielle  pour  la 
qualité  du  lait  et  la  santé  des  vaches.  Le  mieux 
c'est  de  prendre,  autant  que  possible,  l'eau  à  des 
sources  éloignées  et  plus  élevées  que  les  bâtisses  de 
la  ferme,  puis  de  l'amener  dans  les  étables  par  des 
tuyaux  en  fer  de  l-\  à  1|  pcs.  Les  puits  doivent 
toujours  être  éloignés  des  tas  de  fumier  et  des 
fosses  d'aisances,  par  lesquels  ils  sont  plus  facile- 
ment contaminés  qu'on  ne  le  pense.  Il  faut,  autant 
que  possible,  s'arranger  pour  amener  l'eau  dans  l'é- 
table,  à  la  disposition  des  vaches. 

Emplacement. — Les  étables  doivent  toujours  être 
placées,  de  préférence  dans  des  endroits  élevés  et 
bien  aérés  ;  il  faut  éviter  les  endroits  humides.  Le 
sous-sol  des  étables  doit  être  drainé  avec  soin,  s'il 
ne  l'est  pas  naturellement. 

Le  sol  est  toujours  imprégné  d'air,  et  cet  air,  sou- 
vent malsain,  surtout  dans  les  endriots  humides, 
peut  monter  dans  les  étables. 


222  MANUEL 


Service. — La  commodité  du  service  peut  s'assu- 
rer de  bien  des  manières  différentes  ;  c'est  un  peu 
une  affaire  de  goût,  d'habitude  et  de  circonstances  ; 
aussi  est-il  impossible  de  donner  ici  des  règles  gé- 
nérales, ou  d'indiquer  des  dispositions  convenant 
dans  tous  les  cas. 

Désinfection  des  étables — En  cas  d'épidémie,  les 
étables  ont  besoin  d'être  désinfectées.  Voici  les 
règles  principales  de  désinfection  indiquées  par 
Trumbower  : 

Ie  Enlevez  le  foin,  la  paille,  les  balayures,  et 
brûlez-les. 

2^  Enlevez  le  fumier  et  enterrez-le  dans  un 
champ  où  les  animaux  ne  peuvent  avoir  accès. 

ov'  Nettoyez  les  crèches,  les  racks,  les  stalles  et 
toutes  les  boiseries  avec  soin,  lavez-les  avec  de  l'eau 
chaude  dans  laquelle  vous  aurez  fait  dissoudre  deux 
onces  d'acide  carbolique  par  gallon.  Vous  pourrez 
aussi  employer  pour  cela,  et  de  préférence,  la  for- 
maline  à  raison  de  2  à  3  onces  par  gallon  d'eau. 

4Q  Vous  blanchirez  tout  l'intérieur  de  l'étable, 
les  planchers,  les  plafonds,  les  murs  avec  du  lait  de 
chaux  dans  lequel  vous  aurez  fait  dissoudre  une 
livre  de  chlorure  de  chaux  par  quatre  gallons  d'eau 
employée.     Il  faut  employer  assez  de  chaux  éteinte 


d'industrie  laitière  223 


pour  que  les  murs  deviennent  blancs  par  le  badi- 
geonnaçre. 

Cette  règle  doit  surtout  s'appliquer  aux  stalles, 
et  aux  crèches. 

5°  Toutes  les  boiseries  pourries  doivent  être  en- 
levées, brûlées  et  remplacées  par  des  neuves. 

6°  Tous  les  vases,  les  fourches,  les  pelles,  les  ba- 
lais et  autres  instruments  doivent  être  lavés  et  passés 
au  lait  de  chaux. 

7°  Tous  les  dallots,  les  drains  doivent  être  soi- 
gneusement lavés  et  désinfectés  avec  une  dissolution 
de  chlorure  de  chaux  ;  1  lb  par  4  gallons  d'eau. 

8S  Pour  désinfecter  l'air  on  peut  brûler  du  soufre 
dans  l'étable  ou  y  vaporiser  de  la  formaline. 

On  recommande  aussi  d'employer  en  place  d'acide 
carbolique,  surtout  en. cas  de  typhus,  de  l'acide  de- 
chorhydrique  dissout  dans  vingt  fois  son  poids  d'eau. 

Les  étables  devraient  toujours  être  blanchies  à  la 
chaux  deux  fois  par  année,  même  en  dehors  des  épi- 
démies. 

Veaux.— Les  veaux  sont,  au  point  de  vue  éco- 
nomique, un  des  produits  secondaires  indispensables 
de  l'étable,  dont  il  faut  tirer  le  meilleur  parti  pour 


224  MANUEL 


diminuer  le  prix  de  revient  du  lait,  qui  est  le  prin- 
cipal produit. 

On  les  élève,  soit  pour  remplacer  les  vaches  hor- 
de service,  soit  pour  la  boucherie.  C'est  en  rempla- 
çant les  mauvaises  ou  les  moins  bonnes  vaches  du 
troupeau  qu'ils  peuvent  le  plus  contribuer  à  son  a- 
mélioration  et  à  là  diminution  ou  prix  de  revient 
du  lait.  Les  veaux  de  boucherie  ne  donneraient 
qu'un  faible  bénéfice  s'ils  ne  servaient  pas  à  utiliser 
le  lait  écrémé,  un  des  sous-produits  importants  de 
la  laiterie,  avec  lequel  il  est  ainsi  toujours  préférable 
de  les  nourrir.  C'est  un  des  meilleurs  moyens  de 
tirer  bon  profit  du  lait  écrémé,  ce  fait  ne  doit  pas 
être  méconnu.  Les  engraisser  avec  d'autres  aliments 
achetés  au  dehors,  ou  même  pris  sur  la  ferme,  ne  se- 
rait pas  souvent  la  meilleure  règle  à  suivre. 

Veaux  délevage. — Les  veaux  «l'élevage  sont  la 
base  de  l'amélioration  des  troupeaux  et  le  cultiva- 
teur doit  employer  toute  son  adresse  à  les  choisir 
surtout,  puis  à  les  bien  nourrir,  à  développer  les 
formes  et  les  qualités  que  ces  animaux  tiennent  de 
leurs  parents  et  que  l'on  recherche  surtout.  Une 
génisse  bien  choisie,  bien  nourrie,  doit  toujours  faire 
une  meilleuae  vache  que  sa  mère,  tant  qu'on  n'a 
pas  atteint  la  perfection.  C'est  de  cette  manière 
que  les  troupeaux  les  plus  en  renom  ont  été  formés. 


d'industrie  laitière  225 


La  sélection  et  l'élevage  sont  la  clef  de  l'améliora- 
tion des  troupeaux.  Nous  supposons  nécessaire- 
ment que  le  cultivateur  peut  avoir  les  services  d'un 
taureau  pur  sang  de  première  classe. 

La  base  de  la  nourriture  des  veaux  d'élevage,  pen- 
dant les  premiers  cinq  ou  six  mois,  est  le  lait  écré- 
mé frais.  Le  bon  lait  écrémé  frais  suffit  pour  don- 
ner à  un  veau  un  bon  squelette  et  de  bons  muscles. 
Point  n'est  nécessaire  pour  cela  de  trop  de  graisse 
dans  le  lait.  Le  lait  doit  être  donné  chaud  à  une 
température  d'environ  80°  Farenheit,  celle  du  sang. 

Aussitôt  sa  naissance,  le  veau  est  conduit  dans 
une  stalle  spéciale,  loin  de  sa  mère,  dont  on  lui 
donne  le  lait  entier  et  chaud,  pendant  quatre  jours 
environ,  deux  fois  par  jour.  On  introduit  la  main 
dans  le  lait  qu'on  désire  lui  faire  boire,  on  relève 
les  doigts  vers  le  haut,  endessous  de  la  surface  du 
lait,  puis  on  les  lui  fait  téter.  Le  veau  s'accoutume 
ainsi  rapidement  à  boire  seul. 

Le  neuvième  repas  se  compose  de  moitié  lait 
écrémé  et  moitié  lait  frais,  le  tout  chauffé  à  80Q 
Farenheit.  Trois  pintes  sont  suffisantes  par  repas 
pour  un  veau  de  cet  âge,  si  l'animal  ne  boit  que 
deux  fois  par  jour  ;  s'il  boit  trois  fois  par  jour  deux 

15— 


226  MANUEL 

pintes  suffisent.  Il  ne  faut  pas  trop  leur  donner  à 
boire  dans  le  début,  car  leurs  organes  ne  sont  pas 
encore  propres  à  digérer  une  grande  quantité  de 
lait.  On  augmente  graduellement  la  quantité,  sui- 
vant l'appétit  qu'ils  manifestent. 

A  la  fin  du  premier  mois,  ils  peuvent  faire  par 
jour  deux  repas  de  quatre  ou  cinq  pintes  chaque, 
ou  trois  repas  de  trois  pintes.  Le  lait  doit  toujours 
être  donné  doux  et  chaud. 

Si  la  diarrhée  se  montre,  on  ne  donnera  plus 
qu'une  pinte  de  lait  frais,  non  écrémé  de  la  mère  ou 
d'une  autre  vache  et  cela  suffira  pour  la  faire  dis- 
paraître si  on  ne  donne  aucun  autre  aliment.  Ce  lait 
sera  chauffé  à  90e*  Farenheit. 

La  diarrhée  provient  d'un  excès  de  nourriture  ou 
de  l'emploi  de  lait  plus  ou  moins  sur.  On  apprend 
au  veau  à  lécher  un  mélange,  par  parties  égales,  de 
blé-d'Inde  finement  moulu,de  son  de  blé  et  de  moulée 
de  graine  de  lin.  Au  commencement  une  pleine  cuil- 
lerée à  thé  de  ce  mélange  suffit  et  on  en  augmente 
progressivement  la  quantité.  A  deux  mois  on  peut 
donner  une  cuillerée  à  table  du  même  mélange;  à 
trois  mois,  quatre  onces  chaque  jour;  à  cinq  mois, 
huit  onces  et  une  livre  à  six  mois.  A  partir  de  trois 
mois  on  peut  donner  chaque  jour  six  pintes  de  lait 
deux  fois  par  jour. 


d'industrie  laitière  227 


A  partir  de  un  mois,  on  peut  mettre  les  veaux 
dans  un  pâturage  d'un  quart  d'arpent  environ,  fermé 
par  une  clôture  mobile  que  l'on  déplace  de  temps 
à  autre  pour  leur  procurer  une  pâture  plus  fraîche. 
A  deux  mois,  les  veaux  commencent  à  boire  un 
peu  d'eau,  il  faut  donc  en  mettre  à  leur  disposition. 
En  hiver,  on  ne  peut  pas  les  envoyer  au  pâturage, 
il  faut  leur  donner,  à  partir  de  l'âge  d'un  mois,  du 
bon  foin  nouveau,  de  trèfle  coupé  jeune  ;  on  en 
augmente  graduellement  la  quantité,  au  fur  et  à 
mesure  qu'ils  apprennent  à  le  manger. 

Il  faut  veiller  avec  soin  à  la  quantité  de  nourri- 
ture qu'on  leur  fournit  ;  il  n'y  a  pas  de  danger  à 
leur  donner  un  excès  de  foin  ;  ce  sont  surtout  les 
grains  qui,  mangés  en  trop  forte  quantité,  peuvent 
leur  faire  du  mal.  Quels  que  bons  que  soient  la 
santé  et  l'appétit  d'un  jeune  veau,  il  ne  faut  jamais 
essayer  de  lui  donner  de  nourriture  plus  qu'il  n'en 
peut  digérer,  sous  prétexte  de  le  faire  grandir  et 
grossir  plus  vite. 

Les  veaux  prennent  facilement  la  mauvaise  habi- 
tude de  se  téter  mutuellement  les  oreilles,  lorsqu'ils 
sont  plusieurs  ensemble  dans- la  même  stalle  ;  pour 
éviter  cette  mauvaise  habitude,  certains  praticiens 
conseillent  de  les  tenir  continuellement   attachés, 


228  MANUEL 


d'autres  prétendent  qu'il  suffit  de  les  attacher  pen- 
dant les  repas  et  vingt  minutes  après. 

Lorsque  les  génisses  ont  six  mois  et  qu'elles  sont 
sevrées,  on  les  réunit  aux  autres  vaches  et  on  les 
soigne  comme  elles.  Leur  élevage  se  termine  entre 
9  et  12  mois.  Les  génisses  doivent  être  nourries 
libéralement  pour  bien  développer  leurs  facultés 
digestives.  Une  génisse  qui  a  trop  de  dispositions 
à  prendre  la  graisse  doit  être  mise  de  côté  en  géné- 
ral. 

Veaux  de  boucherie. — Les  veaux  élevés  pour 
la  boucherie  peuvent  se  soigner  comme  les  autres, 
mais  on  peut  substituer  au  lait  écrémé  des  bouillies 
formées  d'un  mélange  en  diverses  proportions  d'orge, 
d'avoine,  de  graine  de  lin  moulue  et  de  son,  le  tout 
dilué  dans  du  thé  de  foin  bouilli,  à  la  consistance 
du  lait  ;  mais  comme  l'engraissement  des  veaux 
de  boucherie  est  un  bon  un  moyen  d'utiliser  le  lait 
écrémé,  il  ne  faut,  en  général,  avoir  recours  aux 
bouillies  que  si  le  lait  écrémé  fait  défaut  et  si  la 
viande  de  veau  se  vend  assez  cher. 

Fumier. — Le  fumier  peut  être  considéré,  et  est 
en  réalité,  un  résidu  de  la  production  du  lait.  Le 
fumier  a  une  valeur  importante  qu'il  ne  faut  pas 
négliger.  Nous  avons  vu  qu'une  partie  des  aliments 


d'industrie  laitière  229 


traversaient  le  tube  digestif  des  animaux  sans  être 
digérée  et  se  retrouvait  à  peu  près  intacte  dans 
les  déjections.  Mais  la  partie  des  aliments  qui  est 
digérée  n'est  pas  entièrement  assimilée  pour  former 
de  la  graisse,  de  la  viande,  du  lait,  des  poils,  etc. 
Tout  ce  qui  sert  à  entretenir  la  chaleur  animale, 
ainsi  qu'à  la  production  des  mouvements  des  organes, 
par  exemple,  se  retrouve  en  partie  dans  l'air  expiré, 
en  partie  dans  la  transpiration  et  en  grande  partie 
dans  les  urines.  Si  on  considère  d'un  côté  la  quan- 
tité de  nourriture  absorbée  chaque  jour  par  un  ani- 
mal et  de  l'autre  son  augmentation  de  poids  et  la 
quantité  de  lait  qu'il  donne,  on  peut  se  rendre  facile- 
ment compte  qu'une  forte  proportion  de  son  alimen- 
tation se  retrouve  dans  .ses  déjections  qui,  mélangées 
à  la  litière,  doivent  constituer  un  produit  important 
et,  qu'au  point  de  vue  de  l'entretien  de  la  fertilité 
du  sol  d'où  proviennent  les  aliments  consommés,  ce 
fumier  doit  nécessairement  jouer  un  grand  rôle. 

Si  le  fumier  est  un  sous-produit  de  la  laiterie 
c'est  un  sous-produit  essentiel  qui,  retournant  au 
sol,  diminuera  d'autant  plus  le  prix  de  revient  du 
lait  qu'il  s'en  perdra  moins  pendant  toutes  les  ma- 
nipulations successives  auquel  il  sera  soumis. 

Nous  ne  pouvons  traiter  ici  à  fond  la  question  des 
fumiers,  cela  sortirait  du  cadre  de  cet  ouvrage  ;  cette 


230  MANUEL 

question  est  du  reste  traitée  très  sérieusement  dans 
la  plupart  des  ouvrages  d'agriculture  ;  nous  voulions 
seulement  attirer  une  fois  de  plus  l'attention  du 
cultivateur  sur  l'importance  de  ce  sous-produit,  au 
point  de  vue  de  la  diminution  du  prix  de  revient 
du  lait  et  l'enerager  à  lui  donner  tous  les  soins 
possibles. 

Voici  cependant  un  résumé  des  faits  généraux 
acquis  à  la  science  et  qu'il  ne  faut  pas  oublier. 

La  richesse  du  fumier  varie  avec  la  richesse  de 
l'alimentation  donnée  aux  vaches,  avec  celle  de  la 
litière  employée,  avec  le  tempérament  et  l'état  des 
vaches  et  augmente  en  raison  des  soins  qu'on  lui 
donne  pour  empêcher  la  déperdition  des  éléments 
fertilisants  qu'il  contient. 

Il  joue  dans  le  sol  deux  rôles  :  1°  le  rôle  d'amen- 
dement en  rendant  plus  légères  les  terres  fortes, 
et  plus  fortes  les  terres  légères,  en  facilitant  l'accès 
de  l'air  et  le  développement  d'acides  légers  dans  le 
sol  et,  par  suite,  la  transformation  en  éléments  assi- 
milables de  ceux  qui  ne  le  sont  pas  déjà  ;  2°  le  rôle 
d'engrais  proprement  dit,  par  l'introduction  dans  le 
sol  d'éléments  fertilisants  qu'il  rend  ainsi  aux  ré- 
coltes subséquentes  sous  une  forme  plus  rapidement 
assimilable  que  celle  sous  laquelle  les  récoltes  précé- 
dentes, d'où  il  provient,  les  avaient  trouvés. 


d'industrie  laitière  231 


Les  cultivateurs  doivent  s'arranger  pour  ne  rien 
laisser  perdre  des  excréments  liquides  et  solides  des 
vaches  et  pour  empêcher  une  trop  forte  fermen- 
tation du  fumier. 

Ne  faire  subir  au  fumier  que  le  moins  de  mani- 
pulations possible  parce  que,  étant  donné  son  poids 
et  sa  masse,  elles  sont  toujours  onéreuses  et  que  les 
frais  qu'elles  nécessitent  ne  sont  pas  toujours  cou- 
verts par  la  valeur  de  l'amélioration  de  sa  qualité 
Dans  le  livre  intitulé  Le  Sol,  par  John  Scott  et 
J.  C.  Morton,  on  trouvera,  à  ce  sujet  tous  les  rensei- 
gnements désirables  les  plus  nouveaux.  Voici,  d'après 
McConnell,  la  plus  petite  quantité  de  bon  fumier  de 
ferme  nécessaire,  par  arpent,  pour  restituer  au  sol 
les  éléments  fertilisants  enlevés  par  les  différentes 
récoltes  suivantes  : 

Blé  5  tonnes     Carottes  10 

Orge  5  Navets  15 

Avoine  5  Choux  de  Siam      10 

Foin  de  prairie  8       Betteraves  fourragères  20 
Trèfle  rouge    12  Pommes  de  terre  10 

Fèves  10  Choux  25 

Une  vache  de  poids  moyen,  en  stabulation  perma- 
nente, produit  environ  20,000  Ibs  de  fumier  par  an 
et  8,000  rbs  de  purin  d'après  F.  W.  Wool.     D'après 


232  MANUEL 


Wilckens,  une  vache  donne  de  15  à  20  lbs  d'urine 
par  jour,  d'autres  indiquent  environ  25  à  35  lbs  ; 
cela  dépend  de  la  taille  des  vaches,  de  leur  genre 
d'alimentation  et  de  leur  état  de  santé. 

Nécessairement,  lorsque  les  vaches  vont  au  pâtu- 
rage, une  partie  de  leurs  déjections  retournent  direc- 
tement au  sol  et  la  quantité  de  fumier  récoltée  à 
l'étable  est  diminuée  en  raison  de  la  durée  de  la 
saison  du  pâturage. 

Remarques  générales.  —Dans  ce  chapitre  nous 
avons  étudié  la  manière  de  transformer  économique- 
ment les  récoltes  en  lait  et  nous  avons  vu  avec  quelle 
attention  le  cultivateur  doit  organiser  et  suivre  cette 
branche  de  l'industrie  laitière  s'il  veut  obtenir  un 
résultat  satisfaisant. 

Le  prix  de  revient  du  lait  se  compose  : 

Ie"  Du  prix  de  revient  sur  la  ferme  des  récoltes 
nécessaires  à  sa  production.  Nous  avons  étudié  ce 
prix  de  revient  au  chapitre  précédent. 

2°  Des  frais  de  manipulation  de  ces  récoltes  pour 
en  préparer  la  nourriture  aux  vaches. 

3°  Des  frais  de  main-d'œuvre,  pour  traire  et 
soiçrner  les  vaches. 


d'industrie  laitière  233 

4°  Des  frais  d'intérêts,  d'amortissements  et  d'assu- 
rances du  capital  représenté  par  la  valeur  des  va- 
ches, celle  de  l'étable  et  des  instruments  et  ma- 
chines qui  servent  à  l'étable. 

5°  Des  frais  généraux  relatifs  à  l'étable. 

6°  Déduire  de  la  somme  de  tous  ces  frais  la  valeur 
du  fumier  et  des  veaux. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  précédemment  fait 
suffisamment  ressortir  combien  ce  prix  de  revient 
peut  être  affecté  par  la  négligence  du  cultivateur. 
Voici  un  résumé  des  principales  fautes  le  plus  sou- 
vent commises  sous  ce  rapport. 

1°  Nombre  de  vaches  trop  grand  par  rapport  aux 
récoltes  que  l'on  peut  espérer  sur  la  ferme  et,  par 
suite,  pas  assez  nourries. 

2°  Troupeau  consommant  beaucoup  de  nourriture 
par  100  livres  de  lait  ou,  si  l'on  veut,  donnant  une 
faible  quantité  de  lait  par  tonne  de  récoltes  par 
suite  de  la  mauvaise  qualité  des  vaches. 

3°  Troupeau  ne  produisant  du  lait,  qu'une  partia 
de  l'année. 

4°  Récoltes  mal  choisies  pour  la  production  du 
lait,  et  rations  mal  combinées  et  n'atteignant  par  le 


234  MANUEL 


degré  de  digëstibilitë  qu'elles  devraient  avoir  si  elles 
étaient  mieux  composées. 

5°  Traite  des  vaches  mal  et  imparfaitement  faite. 

6U  Vaches  mal  soignées,  exposées  pendant  l'été  à 
la  chaleur  et  aux  mouches  dans  de  mauvais  pâtu- 
rages ;  au  froid  pendant  l'hiver,  dans  une  étable 
malsaine,  mal  ventilée,  mal  éclairée,  humide,  mal- 
propre. 

7°  Fumier  mal  récolté,  mal  soigné,  lavé  par  les 
eaux  de  pluie,  et  manipulé  d'une  manière  trop  coû- 
teuse. 

D'après  des  expériences  faites  par  Sir  John  B. 
Lawes  à  Rothamsted,  en  Angleterre,  une  tonne  de 
lait,  (environ  220  gallons)  peut  être  produite  à  l'ar- 
pent sur  une  terre  de  première  classe  avec  de  très 
bonnes  vaches.  D'après  cela  on  pourrait  tenir  sur 
une  pareille  terre,  par  3|  arpents,  une  vache  donnant 
annuellement  800  gallons  de  lait. 

Tous  les  cultivateurs  ne  peuvent  pas  prétendre 
arriver  immédiatement  à  pareil  résultat  parce  qu'il 
faut,  pour  cela,  améliorer  et  le  sol  et  le  troupeau, 
deux  choses  qui  ne  peuvent  se  faire  que  progressi- 
vement ;  nous  signalons  cependant  cette  production 
comme  pratiquement  possible  dans  bien  des  cas  ;  et 


d'industrie  laitière  235 


les  cultivateurs  se  livrant  à  l'industrie  laitière  de- 
vraient avoir  ces  chiffres  devant  les  yeux  et  cher- 
cher à  les  atteindre  là  où  la  chose  est  économique- 
ment possible.  Il  faut  toujours  viser  plus  haut  que 
le  but. 

Si  nous  rapprochons  de  ce  fait  celui  que  bien  des 
fermes  de  cette  province,  cultivées  en  vue  de  l'indus- 
trie laitière  ne  produisent  pas  plui  de  150  à  200  lbs 
de  lait  par  arpent  avec  des  vaches  donnant  1500  à 
2000  lbs  de  lait,  ce  qui  est  un  très  faible  salaire  pour 
le  cultivateur,  on  voit  quel  progrès  il  reste  à  faire. 


CHAPITRE  III 


Composition  du  lait. — Odeur  et  saveur. — Variations 
dans  la  qualité  du  lait. —  Causes  d'altération  du  lait 
et  soins  à  lui  donner. — Colostrum. — Fraudes  et  falsi- 
fications du  lait. — Analyse  du  lait. — Emploi  du  lac- 
todensimètre  et  du  crémomètre. — Emploi  du  lacto- 
densimètre  et  du  balcock. — Acidimètre. 

Composition  du  lait. — Cent  livres  de  bon  lait 
contiennent  environ  87  lbs  d'eau,  4  lbs  de  gras  de 
beurre,  5  lbs  de  sucre  de  lait,  3J  lbs  de  matières 
azotées,  dont  la  principale  est  la  caséine,  et  §  de  lb 
de  sels  minéraux. 

La  quantité  d'eau  peut  varier  de  S0Qlo  à  90f  QlQ 
Le  gras  se  trouve  dans  le  lait  sous  forme  de  petits 
globules  de  dimensions  variables  nageant  dans  le 
liquide.  Leur  grosseur  est  telle  qu'il  faudrait  en 
placer  12000  des  plus  petits  les  uns  à  la  suite  des 
autres  pour  couvrir  la  longueur  d'un  pouce,  quinze 
cents  des  plus  gros  et  5000  des  moyens.  Lorsque 
le  lait  est  en  repos,  comme  ils  sont  plus  légers  que 


d'industrie  laitière  237 


l'eau  ils  montent  à  la  surface  et  forment  la  crème. 
Nécessairement  les  plus  gros  montent  plus  vite  et 
arrivent  les  premiers  à  la  surface,  les  plus  petits 
montent  très  difficilement  à  cause  de  la  viscosité  du 
lait.     La  quantité  de  gras  de  lait  peut  varier  de 

U  o,     à  fil  °n 
L^      Zo  a  D2       la- 

Les  matières  azotées  du  lait  sont  plus  ou  moins 
dissoutes  ou  en  suspension  dans  le  lait,  mais  on  peut 
facilement  précipiter  la  principale  d'entre  elles,  la 
caséine,  en  mélangeant  au  lait  de  la  présure  ou  un 
acide  et  on  obtient  ce  qu'on  appelle  du  caillé  qui 
sert  à  faire  le  fromage.  La  quantité  des  matières 
azotées  du  lait  varie  de  2,07  lbs  o^  à  6,40  lbs  par 
cent  livres. 

Le  sucre  de  lait  est  un  sucre  analogue  au  sucre 
commun,  on  le  connait  aussi  sous  le  nom  de  lactose. 
C'est  lui  qui  communique  au  lait  son  goût  sucré.  U 
est  en  dissolution  dans  le  lait  dont  on  ne  peut  l'ex- 
traire que  par  évaporation.  La  quantité  de  sucre 
peut  varier  dans  le  lait  de  2  lbs  à  6  lbs  par  cent 
livres. 

Les  matières  minérales  du  lait  sort  les  cendres, 
que  l'on  obtient  lorsqu'on  a  évaporé  le  lait  puis  cal- 
ciné le  résidu  ainsi  obtenu.  Ces  cendres  contiennent 
de  la  potasse,  de  la  soude,  de  la  chaux,  de  la  magné- 


238  MANUEL 


sie,  de  l'acide  phosphorique,  du  soufre,  du  chlore,  du 
fer.  Leur  quantité  peut  varier  dans  le  lait  de  ^  de 
livre  à  1^  lb  par  cent  livres  de  lait. 

Outre  les  constituants  signalés  plus  haut,  le  lait 
renferme  encore  une  foule  de  germes  vivants,  de 
nombreuses  espèces  de  microbes,  qui  y  tombent  ou 
y  sont  introduits  d'une  façon  quelconque  pendant 
ou  après  la  traite  et  nous  verrons  que  ces  microbes 
jouent  un  rôle  important  au  point  de  vue  la  conser- 
vation du  lait  et  dans  la  fabrication  du  beurre  et  du 
fromage. 

On  entend  par  solides  totaux  du  lait,  l'ensemble 
des  matières  azotées,  du  sucre  de  lait,  des  matières 
minérales  et  du  gras.  La  quantité  de  ces  solides 
peut  varier  dans  le  lait  de  9  lbs  à  20  lbs  par  100  lbs 
de  lait. 

On  entend  par  solides  non  gras  du  lait,  la  somme 
des  poids  des  matières  azotées,  du  sucre  de  lait  et 
des  matières  minérales,  le  poids  du  gras  n'entrant 
plus  dans  cette  somme. 

On  voit  que  la  composition  du  lait  peut  varier 
dans  des  limites  très  étendues  :  elle  dépend  de  la 
race,  du  tempéramment,  de  l'état  de  santé,  du  temps 
écoulé  depuis  l'époque  du  vêlage,  de  l'alimentation 
des  vaches  et  de  la  saison. 


D  INDUSTRIE  LAITIÈRE  239 


Aux  Etats-Unis,  la  plupart  des  Etats  et  des  villes 
fixent  pour  le  lait  mis  en  vente,  les  limites  que  ne 
doit  pas  dépasser  le  pourcentage  de  ces  différents 
éléments.  Aussitôt  que  leur  pourcentage  s'écarte  de 
ces  limites,  il  est  légalement  regardé  comme  falsifié 
bien  qu'en  réalité  il  puisse  être  naturel  s'il  provient 
de  vaches  fournissant  un  lait  très  pauvre. 

Ainsi  les  lois  demandent  généralement  3  à  3|  °j0 
de  gras  et  9  à  9|  °l0  de  solides  non  gras,  ce  qui  fait 
que  le  poids  des  solides  totaux  par  100  lbs  de  lait 
doit  être  au  moins  de  12  à  13  lbs.  Ces  exigences 
de  la  loi  sont  justifiées  par  ce  fait  que  ce  sont  les 
solides  qui   donnent  au  lait  sa  valeur  et  non  l'eau. 

On  se  figure  souvent  qu'une  fois  le  gras  enlevé 
du  lait,  ce  qui  reste  n'a  plus  qu'une  faible  valeur. 
C'est  une  erreur  parce  que  la  caséine  que  contient 
encore  le  lait  est  une  substance  azotée  très  riche  et 
très  nutritive.  Il  est  cependant  raisonnable  déjuger 
de  la  qualité  d'un  lait  par  sa  teneur  en  gras,  parce 
que,  plus  il  contient  de  gras,  plus  le  pourcentage  des 
autres  aliments  non  gras  y  est  fort. 

Pour  un  ensemble  de  2400  échantillons  de  lait  amé- 
ricain, le  percentage  du  gras  a  varié  de  3  à  6°/0, 
c'est-à-dire  de  3°^0,  et  celui  de  la  caséine  de  2.92 
à  4.30,  c'est-à-dire  d'un  peu  moins  de    l^°J0.     Les 


240  MANUEL 

analyses  de  ces  laits  démontrèrent  aussi  qu'un  lait 
plus  riche  en  gras  est  aussi  plus  riche  en  caséine, 
et  que  lorsque  la  richesse  du  lait  en  gras  augmente, 
sa  richesse  en  sucre  de  lait  ou  en  cendres  augmente 
peu. 

Odeur  et  saveur  du  lait.— A  l'état  naturel  pur 
et  frais,  le  bon  lait  a  une  odeur  caractéristique 
particulière  et  une  saveur  légèrement  alcaline  et 
agréable  ;  mais  comme  nous  le  verrons,  l'odeur  et  la 
saveur  du  lait  sont  deux  choses  éminemment  alté- 
rables ;  aussi  peut-on  dire  qu'un  lait  de  première 
qualité  n'est  pas  une  chose  aussi  commune  qu'on 
peut  le  croire  généralement. 

Variations  dans  la  qualité  du  lait. — Un  bon 

lait  doit  contenir  une  forte  proportion  de  gras  et 
de  solides  non  gras,  ne  renfermer  que  relativement 
peu  de  microbes  et  avoir  cette  odeur  et  cette  saveur 
particulières  au  bon  lait,  n'accusant  aucun  goût  ni 
aucune  odeur  étrangère  et  ayant  une  teinte  blanche 
ou  jaunâtre  bien  uniforme.  Lorsque  les  vaches  sont 
en  bonne  santé,  bien  soignées,  tenues  proprement  à 
l'abri  des  mauvaises  odeurs  et  pourvues  de  bonne 
eau  pure,  que  la  traite  s'est  faite  proprement  et  dans 
des  vases  bien  propres,  le  lait  est  presque  toujours 
de  bonne  qualité.     Mais  ces  conditions  ne  sont  pas 


d'industrie  laitière  241 


toujours  remplies  et  voici  les  causes  principales  qui 
en  modifient  la  qualité  : 

1°  Emploi  d'aliments  qui  peuvent  lui  communi- 
quer un  mauvais  goût  comme  les  choux,  les  navets, 
et  les  pommes  de  terre  en  excès,  l'ensilage  trop  sûr, 
ou  mal  fait,  les  fourrages  moisis  et  une  foule  d'her- 
bes des  champs  capables  de  lui  donner  une  saveur 
spéciale  et  d'en  altérer  la  qualité.  Pour  ceux  qui 
désirent  plus  de  détails  à  ce  sujet,  nous  leur  conseil- 
lons de  consulter  un  article  très  intéressant  publié 
par  J.  0.  Chapais  à  ce  sujet  dans  le  Journal  d'Agri- 
culture Illustré,  Nos  de  novembre  et  décembre  1895 
et  janvier  et  février  1396.  Cet  article  est  intitulé 
"  Plantes  qui  ont  une  influence  sur  la  vache  et  sur 
le  lait  ". 

2°  Emploi  pour  les  vaches  d'eau  croupie,  et  mal- 
saine ou  contaminée.  Certaines  eaux,  bien  que 
paraissant  pures,  contiennent  souvent  une  foule  de 
germes  invisibles  qui  peuvent  communiquer  aux  va- 
ches certaines  maladies  infectueuses  qui  rendent 
leur  lait  dangereux  pour  la  consommation.  Les 
mauvaises  odeurs  et  les  mauvais  goûts  de  l'eau  con- 
sommée par  les  vaches  peuvent  se  transmettre  à 
leur  lait. 

16— 


242  MANUEL 


SQ  Séjour  des  vaches  dans  des  étables  ou  dans 
des  pâturages  où  l'air  est  malsain  et  chargé  de  mau- 
vaises odeurs  et  de  mauvais  germes.  L'air  malsain 
engendre  des  maladies  qui  peuvent  se  communiquer 
à  l'homme  par  le  lait.  Les  mauvaises  odeurs  de  l'air 
pénètrent,  par  les  poumons,  dans  le  sang  de  la  vache 
et  de  là  dans  le  lait.  Les  mauvais  germes  en  sus- 
pension dans  l'air,  surtout  lorsqu'il  est  chargé  de 
poussières,  tombent  dans  le  lait  au  moment  de  la 
traite  et  y  déterminent  des  fermentations  subsé- 
quentes qui  empêchent  sa  conservation  et  le  rendent 
impropre  à  la  fabrication  du  beurre  ou  du  fromage. 

4°  Malpropreté  des  vaches,  des  ustensiles  emplo- 
yés à  la  traite,  de  la  personne  qui  trait  les  vaches. 

5°  Etat  de  santé  de  la  vache:  vêlage,  chaleurs, 
tuberculose,  fièvre,  maladies  du  pis,  etc. 

Nous  avons  déjà  examiné  avec  détails  toutes  ces 
causes  de  production  de  mauvais  lait,  page  178  et 
nous  y  renvoyons  le  lecteur.  Pour  l'infection  du 
lait  par  les  microbes,  nous  conseillons  aux  lecteurs 
désireux  d'avoir  de  plus  amples  détails,  de  lire  une 
conférence  de  M.  E.  Castel,  publiée  dans  le  journal 
d'Agriculture  Nos  des  15  Juillet  et  15  Août  1897, 
et  dans  le  quinzième  rapport  de  la  Société  d'Indus- 
trie laitière,  année  18^6. 


d'industrie  laitière  243 


Nous  ne  voulions,  dans  ce  paragraphe,  que  résumer 
en  quelques  lignes  les  causes  d'altération  de  la  qua- 
lité du  lait  afin  de  faire  voir,  d'un  coup  d'œil,  com- 
bien elles  sont  nombreuses  et  quelles  précautions 
minutieuses  il  faut  prendre  pour  obtenir  un  lait  de 
1ère  qualité.  C'est  du  reste  une  question  de  vie  ou 
de  mort  pour  les  personnes  ayant  des  dispositions 
à  contracter  la  consomption  ou  la  fièvre  typhoïde 
et  qui  consomment  du  lait,  du  fromage  et  du  beurre  ; 
c'est  une  grave  question,  surtout,  pour  la  vie  et  la 
santé  des  enfants. 


Causes  d'altération  du  lait  et  soins  à  lui 
donner. — Le  lait  sort  du  pis  de  la  vache  à  une  tem- 
pérature de  80°  environ  ;  il  renferme  toujours,  quoi- 
qu'on fasse,  une  foule  de  germes  vivants.  Comme 
c'est  un  liquide  éminemment  favorable  au  dévelop- 
pement et  à  la  multiplication  des  germes,  surtout  à 
la  température  de  la  traite,  on  comprendra  facile- 
ment que,  si  on  n'entrave  pas  immédiatement  le 
développement  de  ces  germes,  ils  l'altéreront.  Ceux 
qui  se  développent  le  plus  rapidement  sont  les  mi- 
crobes de  l'acide  lactique.  Ces  microbes  ont  la 
propriété  de  se  nourrir  avec  le  sucre  du  lait,  le 
lactose,  qu'ils  transforment  rapidement  en  un  acide 
appelé  acide  lactique.  Cet  acide  forme,  pour  ainsi 
dire  leurs  déjections  ;  c'est  lui  qui  rend  le  lait  aigre. 


244  MANUEL 


Nous  avons  vu  que  les  acides  avaient  la  propriété 
dé  cailler  le  lait  ;  par  conséquent,  si  on  n'arrête  pas 
cette  fermentation,  le  lait  contiendra  bien  vite  assez 
d'acicle  lactique  pour  le  faire  cailler  et  le  rendre 
impropre  à  la  fabrication  du  beurre  et  même  du 
fromage. 

D'autres  germes  s'attaquant  aux  matières  azotées 
du  lait,  en  particulier,  et  aussi  au  sucre  de  lait,  peu- 
vent, en  même  temps,  commencera  s'y  multiplier  et 
produire,  par  exemple,  du  lait  gazeux,  si  nuisible  à 
la  fabrication  du  fromage,  ou  des  laits  altérés,  con- 
nus sous  le  nom  de  lait  visqueux,  lait  bleu,  lait 
rouge,  etc. 

Le  lait  renferme  toujours  plus  ou  moins  de  mau- 
vaises odeurs  et  est  susceptible  d'absorber  celles  de 
l'air  environnant. 

Enfin  il  contient  des  impuretés. 

Comme  le  cultivateur  doit  livrer  à  la  fabrique 
ou  à  la  consommation  un  produit  aussi  doux  et 
aussi  pur  que  possible,  voici  les  règles  qu'il  devra 
toujours  observer  : 

1S  Prendre  pour  la  traite,  les  précautions  qui 
nous  avons  indiquées  pages  202  et  suivantes. 


d'industrie  laitière  245 


2°  Couler  le  lait  aussitôt  la  traite  pour  le  débar- 
rasser de  toutes  les  impuretés  qu'il  peut  contenir. 

3°  Tous  les  seaux,  canistres,  et  ustensiles  avec 
lesquels  le  lait  vient  en  contact,  doivent  être  en  fer 
blanc  ;  les  couloirs  peuvent  être  en  toile.  Ne  jamais 
employer  de  seaux  de  bois  pour  traire  ou  conserver 
le  lait. 

4°  Tous  ces  seaux,  canistres,  et  autres  ustensiles 
doivent  être  soigneusement  lavés  à  l'eau  tiède,  puis 
ébouillantés  ou  passés  à  la  vapeur  et  enfin  aérés  et 
séchés  dans  un  endroit  où  l'air  est  pur  et  exempt 
de  poussières,  de  façon  à  ce  qu'ils  soient  nets,  sentent 
bon  et  à  ce  que  tous  les  germes  qu'ils^  peuvent  con- 
nir  dans  leurs  enfractuosités  aient  été  détruits. 

5°  Aussitôt  coulé,  le  lait  doit  être  aéré.  On  aère 
le  lait  pour  en  chasser  toutes  les  mauvaises  odeurs. 
L'oxygène  de  l'air  qu'on  y  introduit  ainsi,  joue  un 
grand  rôle  dans  cette  opération  ;  il  a,  en  même 
temps,  un  bon  effet  pour  entraver  le  développement 
de  certains  germes  nuisibles.  Nécessairement,  l'aéra- 
tion doit  se  faire  dans  un  air  pur,  et,  autant  que  pos- 
sible, dans  une  salle  séparée  de  l'étable,  pour  avoir 
tout  son  effet  et  ne  pas  contaminer  le  lait  ;  elle 
doit  toujours  se  faire  lorsque  le  lait  est  encore  chaud. 
L'aération  du  lait  devrait  se  faire,  non  après  avoir 


246 


MANUEL 


coulé  et  mélangé  tous  les  laits  ensemble,  et  en  les 
brassant  dans  la  canistre,  mais  séparément  pour  le 
lait  de  chaque  vache,  ce  qui  n'est  pas  plus  long, 
mais  plus  efficace, lorsqu'on  est  muni  d'un  bon  couloir 
aérateur.  Il  y  en  a  de  nombreux  systèmes,  bons  et 
économiques.  Les  fig.  8  et  9  sont  deux  exemples 
d'aérateurs  dont  le  second  est  très  répandu.    Le  lait 


Fig.  8  Fig.  9 

des  vaches  en  chaleur  doit  être  trait,  aéré  et  refroidi 
à  part  ;  il  présente  des  dangers  pour  la  fabrication 
du  beurre  et  du  fromage. 


d'industrie  laitière  247 


6U  Ne  pas  confondre  l'aération  et  le  refroidisse- 
ment du  lait.  L'aération  refroidit  un  peu  le  lait, 
il  est  vrai,  mais  pas  suffisamment  par  les  chaleurs 
de  l'été  ;  cette  opération  doit  toujours  être  suivie 
du  refroidissement  qui  a  pour  but  d'entraver  le  dé- 
veloppement des  microbes  jusqu'au  moment  où  le 
lait  est  employé.  Il  se  fait  en  plaçant  les  canis- 
tres  dans  de  l'eau  bien  fraîche,  en  y  brassant  le  lait, 
en  renouvelant  l'eau  fraîche  aussitôt  qu'elle  se  ré- 
chauffe, surtout  dans  le  début  de  l'opération.  Il  doit 
toujours  se  faire  rapidement.  Pour  le  fromage,  les 
fabricants  s'objectent  à  un  refroidissement  trop 
grand,  parce  qu'il  retarde  la  maturation  du  lait  à  la 
fabrique  et  augmente,  par  suite,  la  durée  de  la  fabri- 
cation ;  d'autres  allèguent  qu'un  refroidissement 
énergique  augmente  la  quantité  de  gaz  dans  le  lait 
et  que  le  froid  empêche  de  découvrir,  au  moment  de 
la  réception,  les  mauvaises  odeurs  qu'il  peut  conte- 
nir. Pour  le  fromage,  il  est  à  conseiller  de  ne  pas 
refroidir  plus  bas  que  60Q  ;  pour  le  beurre,  il  vaut 
mieux  refroidir  énergiquement  Le  refroidissement 
doit  toujours  suivre  l'aération,  mais  non  la  précéder. 
Il  doit,  comme  l'aération,  se  faire  dans  un  endroit 
où  l'air  n'est  pas  contaminé  par  les  pouesières  et  les 
mauvaises  odeurs. 

7°  Après  ces  trois  opérations,  le  lait  doit  être 
gardé  dans  un  endroit  ou  l'air  est  pur. 


248  MANUEL 


8°  Ne  jamais  laisser  passer  la  nuit  à  une  canistre 
dans  une  cuve  d'eau  froide,  à  moins  que  le  lait  n'ait 
été  préalablement  refroidi  au  moins  jusqu'à  60°  et 
l'eau  changée  ou  refroidie  par  de  la  glace. 

9°  Ne  jamais  fermer  hermétiquement  les  ca- 
nistres  pour  la  nuit.  L'air  doit  pouvoir  y  pénétrer 
abondamment. 

10°  Ne  jamais  mélanger  la  lait  du  matin  à  celui 
du  soir. 

11°  Ne  jamais  laisser  dans  les  canistres,  jusqu'à 
deux  ou  trois  heures  de  l'après-midi,  du  lait  écrémé 
ou  du  petit  lait  dans  un  état  de  fermentation  plus 
ou  moins  avancée  ;  car  il  devient  ainsi  presque  im- 
possible de  débarrasser  complètement  les  canistres 
des  mauvais  germes  qu'elles  contiennent,  et  cette 
pratique  est  absolument  condamnable.  Il  serait  bon 
d'avoir  des  canistres  spéciales  pour  le  petit  lait  ou 
le  lait  écrémé. 

Colostrum. — On  appelle  colostrum  le  lait  d'une 
vache  qui  vient  de  vêler.  Il  contient  moins  de  gras 
et  plus  de  caséine  et  de  matières  minérales  que  le 
lait  ordinaire.  Il  est  plus  épais  et  se  coagule  par  la 
chaleur.  Il  n'est  bon,  ni  à  la  vente  en  nature,  ni 
à   la  fabrication  du  beurre,  ni  à  celle  du  fromage. 


d'industrie  laitière  249 


Le  lait  d'une  vache  ne  doit  être  vendu  ou  porté  à 
une  fabrique  que  cinq  ou  six  jours  après  qu'elle  a 
vêlé. 

Adultération  ou  falsification  du  lait.  Mau- 
vais laits. —  On  peut  considérer  comme  mauvais 
laits  : 

1°  Celui  auquel  on  a  ajouté  de  l'eau. 

2°  Celui  auquel  on  a  enlevé  de  la  crème. 

3°  Celui  auquel  on  n'a  pas  ajouté  les  égouts  de 
la  vache. 

4°  Celui  qui,  sans  avoir  été  écrémé  ou  additionné 
d'eau,  contient  moins  de  3°20  de  gras. 

5Q  Celui  qui  est  trop  aigre,  trop  avancé. 

6°  Celui  auquel  on  a  ajouté  du  soda,  ou  du  borax 
ou  d'autres  matières  dans  le  but  d'y  détruire  l'aci- 
dité au  fur  et  à  mesure  de  sa  formation. 

7°  Celui  qui  contient  du  sang,  du  pus  ;  les  laits 
altérés  comme  le  lait  rouge,  le  lait  bleu,  le  lait  vis- 
queux, etc. 

8°  Le  lait  apporté  dans  des  canistres  malpropres 
et  qui  a  été  malproprement  trait,  mal  coulé  et  mal 
aéré. 


250  MANUEL 

9°   Le  lait  d'une  vache  trop  fraîchement  vêlée. 

10°  Le  lait  de  vaches  consommant  de  l'eau  con- 
taminée, de  vaches  malades  et  surtout  de  celles 
•qui  sont  atteintes  de  péripneumonie,  ou  de  typhus  ; 
le  lait  contenant  des  germes  de  maladies  comme  la 
diphtérie  et  les  autres  fièvres  analogues  ;  ou  d'autres 
ferments  nuisibles  à  la  fabrication  du  beurre  ou  du 
fromage.  Le  lait  trait  par  des  personnes  atteintes 
de  maladies  contagieuses,  surtout  par  celles  qui  sont 
atteintes  de  consomption. 

11°  Les  laits  ayant  un  mauvais  goût  provenant 
des  aliments  consommés  par  les  vaches.  Tous  ces 
laits  sont,  les  uns  dangereux  pour  la  consommation, 
et  les  autres  nuisibles  à  la  fabrication  d'un  beurre 
ou  d'un  fromage  de  première  classe.  C'est  toujours 
une  faute  très  répréhensible  de  mettre  en  vente  de 
pareils  laits,  et  la  chose  est  d'autant  plus  répréhen- 
sible qu'elle  est  facile  à  éviter  avec  un  peu  de  bonne 
volonté. 

Examen  et  épreuve  du  lait.  —  L'examen   et 

l'épreuve  du  lait  ont  pour  but  d'y  découvrir  les 
fautes  que  nous  venons  de  signaler.  C'est  au  moment 
où  on  ouvre  la  canistre  que  la  plupart  de  ces  dé- 
fauts apparaissent  le  plus  facilement,  et  avec  un  peu 
d'adorat,  de  goût,  d'attention  et  d'habitude,  on  re- 


d'industrie   laitière  251 

connaîtra  facilement  la  plupart  d'entre  eux.  En 
transvidant  la  canistre,  puis  en  en  examinant  le 
fond  et  en  la  sentant,  on  saura  bien  vite  si  on  a 
affaire  à  un  cultivateur  soigneux  et  propre.  Quant 
aux  laits  infestés  de  mauvais  germes,  il  est  difficile, 
sans  instruments  spéciaux  de  les  découvrir  ;  cepen- 
dant, en  allant  examiner  les  vaches  d'où  provient 
un  lait  suspect,  l'eau  qu'elles  boivent,  les  personnes 
qui  en  opèrent  la  traite,  les  endroits  où  se  fait  géné- 
ralement la  traite  on  pourra  en  conclure  certaine- 
ment que  tel  ou  tel  lait  est  infesté  de  germes  dan- 
gereux. Quant  aux  germes  nuisibles  à  la  fabrication 
du  beurre  ou  du  fromage,  on  peut  dire  que  tous  les 
laits  malpropres  en  contiennent  une  grande  quan- 
tité. 

Pour  savoir  si  un  lait  a  été  additionné  d'eau  ou 
écrémé,  pour  connaître  sa  richesse  en  gras,  ou  son 
degré  d'aigreur  ou  d'acidité,  il  y  a  plusieurs  moyens 
dont  nous  allons  parler. 

Emploi  du  Lactomètre. — La  densité  du  lait  est 
comprise  entre  1029  et  1033  ;  c'est-à-dire  que  si, 
dans  un  vase  contenant  1000  lbs  d'eau  pure,  on  rem- 
place cette  eau  par  un  égal  volume  de  lait,  ce  lait 
pèsera  entre  1029  et  10331bs,  s'il  est  pur  et  à  la 
température  de  60°  Farenheit.  S'il  est  falsifié,  il 
pèsera  moins  de  1029  ou  plus  de  10331bs. 


252 


MANUEL 


Pour  déterminer  la  densité  du  lait  sans  se  servir 


r 


d'une  balance,  on  emploie  un  instru- 
ment appelé  lactomètre.  C'est  un  petit 
flotteur  en  verre  muni  d'une  ti^e  gra- 
duée  très  mince.  Ce  flotteur  est  lesté  à 
sa  base,  de  manière  à  se  tenir  verticale- 
ment, la  tige  sortant  plus  ou  moins  de 
l'eau.  Plus  le  lait  est  pesant,  moins  il  s'en- 
fonce ;  moins  il  est  pesant,  plus  il  s'en- 
fonce. Les  graduations  se  font  de  dif- 
férentes manières.  Le  lactomètre  est  gé- 
néralement gradué  de  0  à  120°.  0°  est 
le  point  de  la  tige  jusqu'où  l'instrument 
plonge  dans  l'eau  pure  à  60°  F,  et  100 
celui  jusqu'où  il  plonge  dans  un  liquide 
ayant  une  densité  de  1029  à  60°  F.  Cet 
instrument  ne  peut  donner  que  des  indi- 
cations approximatives  et  grossières  ;  il 
n'est  plus  guère  en  usage. 

Emploi  simultané  du  lactodensi- 
mètre,  du  crémomètre  et  du  ther- 
momètre.— Pour  avoir  des  indications 
précises,  il  faut  se  servir  simultanément 
d'un  lactodensimètre  de  Quevenne,  d'un 
thermomètre  et  d'un  crémomètre. 

LactodensimUre. — Le  lactodensimètre 


d'industeie  laitière  253 


a  la  même  forme  extérieure  que  le  lactomètre  ffig. 
10)  mais  la  graduation  est  différente  et  repose  sur 
les  données  suivantes  : 

1°  A  la  température  de  60°  F.,  la  densité  d'un 
lait  normal  et  pur  est  comprise  entre  1029  et  1033. 

2°  A  la  même  température,  la  densité  d'un  lait 
écrémé,  mais  non  additionné  d'eau,  est  comprise 
entre  1032  et  1036.  La  crème  étant  plus  légère  que 
le  lait,  la  densité  d'un  lait  écrémé  doit  en  effet 
augmenter. 

3°  Si  l'on  ajoute  à  un  lait  écrémé  ou  non  écrémé 
des  proportions  croissantes  d'eau,  la  densité  du  mé- 
lange va  toujours  en  diminuant. 

Quevenne  a  inscrit  sur  la  tige  de  son  lactodensi- 
mètre  les  deux  points  d'affleurement  correspondant 
aux  densités  1029  et  1033  ;  il  a  partagé  l'intervalle 
en  quatre  parties  et  continué  la  division  au-dessus 
et  au-dessous  de  ces  deux  points. 

Le  lactodensimètre  porte  deux  échelles  :  l'une 
teintée  en  jaune  pour  le  lait  non  écrémé,  d'abord 
pur,  puis  additionné  d'un  dixième,  deux  dixièmes, 
trois  dixièmes,  etc.,  d'eau  ;  l'autre  teintée  en  bleu 
pour  le  lait  dépouillé  de  crème  et  pris  dans  les 
mêmes  conditions  que  le  précédent.     Les  poids  ins- 


254  MANUEL 


crits  sur  la  tige  correspondent  à  la  densité  du  lait. 
Ainsi,  un  lait  pur,  marquant  25°  au  lactodensiinètre. 
a  une  densité  de  1025  ;  c'est-à-dire  pèse  25  lbs  de 
plus  que  l'eau  pure  pour  un  volume  de  lait  égal  à 
celui  occupé  par  1000  lbs  d'eau. 

Quand  il  s'agit  de  laits  mélangés,  provenant  de 
différentes  vaches,  on  peut  admettre  que  tout  lait 
dont  la  densité  est  inférieure  à  1029  est  un  lait  fal- 
sifié par  addition  d'eau,  mais  quand  il  s'agit  du  lait 
d'une  seule  vache,  il  n'en  est  plus  de  même.  En 
effet,  plus  un  lait  est  riche  en  gras  plus  il  est  léger, 
par  conséquent  plus  il  a  de  chance  d'être  considéré 
au  lactodensimètre  comme  additionné  d'eau,  et 
certaines  vaches  donnent  un  lait  très  riche. 

De  plus,  le  lactodensimètre  peut  en  quelque  sorte 
servir  de  guide  au  falsificateur  ;  ce  dernier  peut 
commencer  par  écrémer  son  lait  (la  densité  du  li- 
quide augmente)  ;  il  y  plonge  alors  le  lactodensi- 
mètre et  ajoute  de  l'eau  (la  densité  diminue)  jusqu'à 
ce  que  le  point  d'affleurement  corresponde  à  celui 
du  lait  pur  non  écrémé. 

Crémomètre — Pour  reconnaître  cette  fraude,  il 
faut  employer  en  même  temps  le  crémomètre.  Cet 
instrument  se  compose  d'une  éprouvette  graduée,  en 
verre.     Cette  éprouvette  porte  une  graduation  en 


d'industrie  laitière 


255 


degrés  qui  expriment  des  centièmes 
de  sa  capacité  et  qui  partent  d'une 
ligne  tracée  circulairement  à  la  partie 
supérieure  du  vase.  On  remplit  l'é- 
prouvette  avec  du  lait  jusqu'au  zéro 
de  l'échelle  et  on  abandonne  le  liquide 
pendant  24  heures  dans  un  lieu  frais, 
puis  on  note  le  nombre  de  degrés  que 
la  couche  de  crème  occupe.  Un  bon 
lait  devra  marquer  en  moyenne  de 
12  à  17°  de  crème  dans,  cette  pro- 
vince, après  24  heures  de  repos. 


Manière  de  procéder.—  Voici  comment  il  convient 
d'employer  simultanément  le  lactodensimètre,  le 
crémomètre  (fig.  1.1)  et  le  thermomètre. 


lyf  On  introduit  du  lait  à  assayer  dans  un  cré- 
momètre que  l'on  remplit  presqu'entièrement  ;  on 
amène  le  lait  à  la  température  de  60°  F.  en  plon- 
geant le  crémomètre  dans  de  l'eau  chaude  ou  glacée, 
suivant  que  le  lait  a  une  température  moins  élevée 
ou  plus  élevée  que  60°,  et  en  agitant.  Lorsque  le 
lait  a  atteint  la  température  de  60°  F.,  ce  qu'on  cons- 
tate avec  un  thermomètre,  on  y  plonge  le  lactoden- 
simètre ;  la  densité  de  ce  lait  doit  être  comprise 
entre  1029  et  1033. 


256  MANUEL 


2°  On  vide  ce  qu'il  y  a  de  trop  de  lait  dans  le 
crémomètre  et  de  façon  à  ce  qu'il  n'en  reste  que 
jusqu'à  la  ligne  0e",  puis  on  porte  le  crémomètre 
dans  an  lieu  frais,  où  on  le  laisse  jusqu'au  lende- 
main à  la  même  heure.  Au  bout  de  ce  temps,  on 
note  le  nombre  de  divisions  correspondant  à  l'épais- 
seur de  la  crème  formée.  Pour  un  lait  pur,  ce  nom- 
bre doit  être  entre  12  et  17. 

3°  On  enlève  avec  une  petite  cuillère  toute  la 
couche  de  crème,  en  faisant  en  sorte  de  ne  pas  la 
remêler  au  lait,  puis  on  ramène  le  lait  à  60°  F.,  par 
le  même  procédé  que  précédemment,  et  on  y  replonge 
le  lactodensimètre,  puis  on  note  la  densité.  Dans 
cette  seconde  lecture,  l'affleurement  doit  avoir  lieu  à 
l'accolade  correspondant  au  mot  pur  sur  l'échelle 
bleue  c'est-à-dire  à  1033  au  moins. 

Si  ces  trois  conditions  sont  remplies,  le  lait  peut 
être  considéré  comme  pur. 

Si  le  lait  est  très  riche  en  beurre,  on  pourra  avoir, 
à  la  première  lecture,  sur  l'échelle  jaune,  une  den- 
sité moindre  que  1029  et,  dans  ce  cas,  le  crémomètre 
devra  indiquer  une  grande  richesse  en  gras,  et  ce  ne 
sera  qu'à  la  seconde  lecture,  c'est-à-dire  sur  l'échelle 
bleue,  que  le  lactodensimètre  devra  marquer  lait 
pur. 


d'industrie  laitière  257 

Si  le  crémomètre  indique  une  faible  richesse  en 
gras,  c'est-à-dire  moins  de  7  divisions,  quoique  le 
lactodensimètre  indique  lait  pur  sur  l'échelle  jaune, 
à  la  première  lecture,  on  pourra  en  conclure  que  le 
lait  a  été  écrémé,  puis  additionné  d'eau  ;  dans  ce  cas, 
à  la  seconde  lecture,  après  avoir  enlevé  la  couche 
de  crème,  le  lactodensimètre  indiquera  une  densité 
inférieure  à  1033  et  l'affleurement  se  fera  en  dehors 
de  l'accolade  du  lait  pur. 

Nous  avons  vu  que  pour  faire  les  lectures  il  fallait 
amener  le  lait  à  la  température  de  60S  F.,  mais  on 
peut  se  dispenser  de  cela  en  faisant  subir  aux  den- 
sités obtenues  des  corrections  dépendant  de  la  tem- 
pérature du  lait.  On  ajoutera  0,  1,  à  la  lecture  au- 
tant de  fois  qu'il  y  aura  de  degrés  au-dessus  de  60 
et  ou  sustraira  0,  1  pour  chaque  degré  de  chaleur 
en-dessous  de  60°.  Supposons  que  le  lactodensi- 
mètre marque  32,5  à  la  température  de  67°,  la  vraie 
densité  sera  alors  32,5  +  0,7  =  33,2.  Si  la  tempéra- 
ture du  lait  n'était  que  de  56°  et  la  densité  31  il 
faudrait  retrancher  0,4  et  la  densité  réelle  serait 
29,  6.  Si  les  écarts  de  température  dépassent  10° 
il  vaut  mieux  réchauffer  on  refroidir  le  lait  avant 
de  faire  la  lecture  si  on  ne  dispose  pas  de  tables  de 
corrections. 

17— 


258 


MANUEL 


Emploi  simultané  du  lactodensimètre,  du 
thermomètre  et  du  babcock. — Pour  l'épreuve  du 
lait,  quand  on  peut  se  procurer  un  babcock,  il  vaut 
mieux  remplacer  le  crémomètre  par  cet  instrument 
qui  permet  d'avoir  sur  le  lait  plus  de  renseignements 
que  le  crémomètre,  comme  nous  allons  le  voir. 

Le  babcock  sert  à  déterminer  la  richesse  en  gras 
du  lait.  Il  se  compose  d'un  appareil  à  turbiner,  fonc- 
tionnant soit  à  la  main  soit  à  la  vapeur;  de  bouteilles 


(Fig.  12). 

à  long  col  gradué  ;  d'une  petite  mesure  d'acide  ; 
d'une  pipette  1.  our  mesurer  le  lait  et  d'une  bouteille 
d'acide  sulfurique.  Ces  différents  instruments  sont 
indiqués  sur  la  figure  12,  et  lorsqu'on  achète  un 
babcock,  ils  sont  toujours  fournis  avec  l'appareil  à 
turbiner. 


d'industkie  laitière  259 


Mélanger  du  lait. — Pour  se  servir  de  cet  appareil 
on  commence  par  bien  mêler  le  lait  dont  on  veut 
faire  l'essai,  en  le  brassant  ou  en  le  versant  succes- 
sivement d'un  vase  dans  un  autre  convenablement, 
mais  pas  de  façon  à  le  baratter  et  à  faire  monter 
quelques  petits  grains  de  beurre  à  la  surface  ;  cela 
fausserait  lepreuve.  Cette  opération  souvent  né- 
gligée est  plus  importante  qu'on  ne  se  le  figure 
généralement,  et,  si  on  veut  avoir  des  épreuves 
exactes,  ce  mélange  doit  être  fait  soigneusement. 
Il  est  nécessaire  d'attirer  ici  l'attention  sur  ce  point 
dont  l'importance  est  souvent  peu  comprise. 

Mesure  du  lait. — Lorsque  le  lait  est  bien  mélan- 
gé, on  en  prélève  un  échantillon  avec  la  pipette. 
Pour  cela,  on  place  l'extrémité  inférieure  pointue  de 
cette  pipette  dans  le  vase  où  le  lait  est  déposé,  et 
on  aspire  à  l'autre  extrémité  jusqu'à  ce  que  le  lait  re- 
monte au-dessus  de  la  marque  que  porte  la  tige  ;  puis 
on  bouche  cette  dernière  extrémité  avec  l'index, 
on  retire  la  pipette  du  lait  et  on  en  laisse  écouler 
quelques  gouttes  en  desserrant  le  doigt,  jusqu'à  ce 
que  le  niveau  du  lait  dans  la  tige  de  la  pipette 
coïncide  exactement  avec  la  marque.  On  place 
ensuite  l'extrémité  pointue  de  la  pipette  dans  le 
goulot  d'une  des  bouteilles  d'épreuve  ;  on  tient  la 
pipette  légèrement  inclinée  pour  que  le  lait  puisse 
couler  facilement  dans  la  bouteille  sans  être   rejeté 


260  MANUEL 


à  l'extérieur  par  l'air  qui  tend  à  sortir.  On  enlève 
alors  le  doigt.  Après  avoir  attendu  un  peu  que  le  lait 
se  soit  écoulé  et  que  la  pipette  se  soit  égouttée,  on 
souffle  légèrement  dans  celle-ci  pour  faire  tomber 
dans  la  bouteille  la  goutte  de  lait  retenue  dans  la 
pointe.  Si  la  pipette  n'est  pas  sèche  lorsqu'on  s'en 
sert,  il  faut  d'abord  l'emplir  une  fois  de  lait  et  jeter 
celui-ci  de  côté  avant  de  prendre  l'échantillon. 
L'emploi  de  la  pipette  demande  une  certaine  habi- 
tude pour  que  les  échantillons  soient  pris  convena- 
blement. 

Addition  de  l'acide. — Il  faut  ensuite  ajouter  l'aci- 
de. Pour  cela  on  emplit  jusqu'au  trait  supérieur  la 
petite  mesure  à  acide  q^e  l'on  vide  ensuite  dans  la 
bouteille  où  l'on  vient  de  mettre  le  lait  à  essayer. 
Il  faut  manipuler  l'acide  avec  beaucoup  de  précau- 
tion ;  c'est  un  liquide  très  dangereux  et  très  corrosif. 
On  mélange  ensuite  l'acide  au  lait  en  agitant  la  bou- 
teille avec  précaution.  Le  liquide  s'échauffe  forte- 
ment et  l'acide  dissout  la  caséine.  Lorsque  tout 
le  caillé,  qui  s'est  d'abord  produit,  est  entièrement 
dissout,  la  bouteille  est  prête  à  être  turbinée.  Une 
fois  le  lait  mesuré,  il  n'est  pas  nécessaire  d'ajouter 
de  suite  l'acide,  on  peut  attendre  pour  cela,  même 
plusieurs  jours  ou  plusieurs  semaines,  mais  il  est 
préférable  de  ne  pas  attendre  trop  longtemps.  La 
densité  de  l'acide  doit  être  de  1,82  à  1,83.     S'il  est 


d'industrie  laitière  261 


trop  faible,  toute  la  caséine  ne  sera  pas  dissoute  et 

I  épreuve  sera  imparfaite  ;  s'il  est  trop  fort,  il  se  for- 
mera un  dépôt  noir  qui  empêchera  la  lecture  du 
gras.  L'acide  doit  être  conservé  dans  une  bouteille 
hermétiquement  bouchée  avec  un  bouchon  en  verre 
ou  en  caoutchouc,  sans  cela  il  devient  rapidement 
trop  faible. 

Turbinage. — Après  avoir  ajouté  l'acide,  on  place 
les  bouteilles  dans  la  turbine,  par  paires  opposées 
l'une  à  l'autre,  pour  que  l'équilibre  de  l'appareil  ne 
soit  pas  dérangé  et  qu'il  tourne  avec  le  moins  de 
vibrations  possible.  On  doit  imprimer  à  l'appareil 
une  vitesse  d'au  moins  1200  révolutions  par  minute. 
Une  roue  de  babcock  ne  doit  pas  avoir  un  diamètre 
de  moins  de  12  pouces,  ni  de.  plus  de  20  pouces. 
L'épreuve  ne  doit  jamais  se  faire  sans  que  le  cou- 
vercle de  l'appareil  soit  en  place,  pour  prévenir  le 
refroidissement  des  bouteilles  et  protéger  l'opérateur 
contre  les  éclats  de  verre  et  l'acide  lorsque  les  bou- 
,  teilles  viennent  à  se  briser.  Si,  après  l'addition  de 
l'acide,  on  laisse  les  bouteilles  se  refroidir  au-dessous 
de  100°  F.,  on  doit  les  réchauffer  jusqu'à  200  F.,  en 
les  plaçant  dans   l'eau  chaude  avant  le  turbinage. 

II  est  bon  de  mettre  de  l'eau  chaude  dans  le  fond 
de  la  boite  du  babcock  pendant  cette  opération  pour 
prévenir  le  refroidissement  des  épreuves. 


262  MANUEL 


Les  grands  défauts  du  habcock  à  main  sont,  1°  le 
manque  de  vitesse,  2°  les  vibrations  (on  fixe  sou- 
vent pour  l'épreuve  ces  instruments  sur  des  tables 
insuffisamment  stables)  ;  3°  le  refroidissement  des 
bouteilles  lorsque  la  température  extérieure  n'est 
pas  chaude. 

Les  babcocks  à  vapeur  sont  préférables  parce 
qu'avec  eux,  on  peut  toujours  avoir  la  vitesse  vou- 
lue,et  que  la  vapeur  réchauffe  les  échantillons  ;  mais, 
comme  ils  tournent  vite,  pour  éviter  les  vibrations, 
ils  doivent  être  fixés  à  demeure  sur  une  table  très 
résistante. 

Le  manque  de  vitesse,  ainsi  que  les  vibrations 
amènent  toujours  des  épreuves  défectueuses  ;  c'est 
là  la  cause  de  bien  des  difficultés  dans  les  épreuves 
au  babcock.  Il  faut  turbiner  pendant  l'espace  d'au 
moins  cinq  minutes. 

On  arrête  ensuite  l'appareil,  puis  on  remplit  les 
bouteilles  jusque  dans  le  voisinage  du  chiffre  7  sur 
la  tige,  avec  de  l'eau  chaude,  au  moyen  d'un  vase 
muni  d'un  tube  en  caoutchouc  et  sans  retirer  les 
bouteilles  de  l'appareil,  puis  on  remet  le  couvercle 
et  on  tourne  encore  pendant  deux  minutes. 

Lecture  du  gras. — Pour  la  lecture,  le  gras  doit 
être  bien  liquide,  et  plus  la  température  des  bou- 


d'industrie  laitière  263 


teilles  est  élevée,  mieux  cela  vaut.  On  fait  la  lec- 
ture avec  un  compas.  On  met  l'une  des  pointes  du 
compas  à  la  base  de  la  colonne  de  gras,  l'autre  pointe 
à  l'autre  extrémité,  puis  on  retire  le  compas  et  on 
le  reporte  au  bas  de  l'échelle,  l'une  des  pointes  au  0° 
et  l'autre  indiquant  le  nombre  de  divisions  de  gras. 
Si,  par  exemple,  l'une  des  pointes  du  compas  étant  au 
0  l'autre  s'arrête  à  deux  petites  divisions  au-dessus 
du  chifTre  3;  cela  signifiera  que  le  lait  en  question 
contient  3,4  °io  de  gras.  Chaque  grande  division 
représente  1  °iQ  et  chaque  petite  division  deux 
dixièmes  de  un  pour  cent. 

La  lecture  doit  se  faire  au  point  où  la  surface 
supérieure  du  gras  rencontre  le  côté  du  tube  et  non 
au  niveau  du  gras  au  centre  du  tube.  On  peut  faire 
larlocture  à  \  division  près,  c'est-à-dire  à  un  dixième 
de  un  pour  cent  près. 

Remarques  sur  l'emploi  du  babcock. — Lorsqu'on 
fait  des  épreuves  au  babcock  on  obtient  ou  bien 
une  séparation  très  nette  du  gras,  ou  bien  une  sépa- 
ration du  gras  avec  plus  ou  moins  d'une  substance 
noire  et  floconneuse,  spécialement  au  bas  de  la  co- 
lonne de'gras  ;  ou  bien  une  séparation  très  ressem- 
blante à  la  seconde,  excepté  que  la  substance  qui 
s'oppose  à  la  bonne  lecture  est  blanche  au  lieu  d'être 
noire. 


264  MANUEL 


La  substance  noire  indique  une  trop  forte  action 
de  l'acide  sur  le  lait.  L'altération  blanche  indique, 
soit  une'action  trop  faible  de  l'acide,  soit  une  sépa- 
ration incomplète  par  l'instrument. 

Quand  la  température  du  lait  est  trop  élevée  et 
l'acide  trop  fort,  il  se  produit  des  taches  noires,  il 
faut  alors  refroidir  le  lait  avant  d'ajouter  l'acide? 
Si  l'acide  est  trop  faible  ou  la  température  du  lait 
trop  basse,  on  obtient  des  taches  blanches.  Le  re- 
mède est  alors  de  chauffer  le  lait  avant  d'ajouter 
l'acide. 

On  doit  employer  un  acide  de  1,82  à  1,83,  et  la 
température  du  lait,  au  moment  de  l'addition  de 
l'acide,  doit  être  de  60  à  70. 

En  versant  l'acide  dans  la  bouteille  d'épreuve, 
tenez  la  bouteille  inclinée  pour  que  l'acide  coule  le 
long  de  ses  parois,  jusqu'au  fond,  et  ne  tombe  pas  à 
travers  le  lait  dans  le  centre.  Si  on  le  verse  conve- 
nablement il  y  aura  deux  couches  distinctes  de  lait 
et  d'acide  sans  ligne  noire  entre  elles. 

Mélangez  à  fond  le  lait  et  l'acide  de  suite  sans 
attendre. 

La  séparation  est  imparfaite  par  le  turbinage 
lorsque  la  vitesse  n'est  pas  suffisante  ou  si  l'appareil 


d'industrie  laitière  265 


vibre  trop  fort  ;  deux  choses  qu'il  faut  à  toute  force 
e'viter.  Ne  pas  turbiner  lorsque  les  bouteilles  sont 
froides.  Il  faut  toujours  turbiner  à  chaud,  et  ne  pas 
oublier  de  réchauffer,  s'il  le  faut,  les  bouteilles  avant 
l'opération,  puis  placer  de  l'eau  chaude  dans  le  fond 
de  la  boite  du  babcock.  Les  babcocks  à  vapeur  sont 
ce  qu'il  y  a  de  mieux  pour  cela,  la  vapeur  réchauf- 
fant directement  les  bouteilles. 

Après  cinq  à  10  minutes  de  turbinage,  au  lieu  de 
rajouter  l'eau  chaude  en  une  fois,  on  obtient  une 
meilleure  séparation  de  gras  en  remplissant  d'abord 
les  bouteilles  jusqu'au  col  seulement,  turbinant  une 
minute,  achevant  de  remplir  jusque  dans  le  voisi- 
nage du  chiffre  7  et  turbinant  encore  pendant  une 
minute  ou  deux.  L'addition  d'eau  chaude  en  deux 
fois  aide  beaucoup  à  la  séparation  du  gras. 

Quand  le  turbinage  est  fini,  pour  que  la  lecture 
se  fasse  correctement,  le  gras  doit  être  bien  liquide  j 
il  faut  pour  cela  que  la  température  des  bouteilles 
soit  assez  élevée.  Lorsqu'on  se  sert  d'un  babcock 
à  vapeur,  on  n'en  sort  les  bouteilles  qu'au  moment 
de  la  lecture,  pour  ne  pas  les  refroidir.  Si  on  se 
sert  d'un  babcock  à  mnin,  il  faut  les  placer  dans  de 
l'eau  chaude  à  140  ou  160  F.,  en  attendant  la  lec- 
ture. Lorsque  les  bouteilles  se  refroidissent,  le  gras 
se  solidifie,  le  liquide  se  contracte  et  la  lecture  de- 
vient impossible. 


266  MANUEL 

Le  babcock  indique  de  suite  la  quantité  de  gras 
que  contient  un  lait  et  on  peut  alors,  par  compa- 
raison avec  le  lait  ordinaire  du  pays,  se  rendre 
compte  si  celui  que  l'on  essaye  est  écrémé. 

(  "lads. — La  découverte  de  l'addition  d'eau  est 
basée  sur  ce  fait  que  la  soustraction  de  crème  réduit 
le  pourcentage  de  gras  et  augmente  légèrement  le 
pourcentage  des  solides  non  gras  dans  le  lait  qui  res- 
te, D'un  autre  côté,  l'addition  d'eau  réduit  le  pour- 
centage de  gras  et  des  solides  non  gras  en  proportion 
de  la  quantité  d'eau  ajoutée.  Pour  faire  l'épreuve  du 
lait  avec  ces  instruments  :  1°  en  prendre  un  bon 
échantillon  ;  2V  en  chercher  la  densité  au  moyen  du 
lactodensimètre,  comme  nous  l'avons  expliqué  précé- 
demment ;  3°  en  faire  l'épreuve  au  babcock  qui 
donnera  la  quantité  de  gras  contenu  dans  ce  lait  ; 
4>  Avec  ces  deux  chiffres,  la  densité  et  le  gras,  dé- 
terminer les  solides  non  ffras  de  ce  lait. 

Il  y  a  des  tableaux  qui  donnent  la  quantité  de 
-olides  non  gras  dans  le  lait  ;  mais  quand  on  ne 
dispose  pas  d'une  de  ces  tables,  on  peut  la  calculer 
directement  comme  suit.  Ajoutez  au  quart  du 
nombre  des  degrés  trouvés  au  lactodensimètre  de 
Quevenne  à  60°,  les  2  dixièmes  du  pourcentage  de 
gras.  Par  exemple,  si  un  lait  donne  36  au  babcock 
et  32  au  lactodensimètre,  à  60Q  F.,  la  quantité  des 
solides  non  gras  sera  8  +  0,72  =  8,72. 


D  INDUSTRIE  LAITIÈRE  267 

En  général,  lorsque  le  total  formé  par  l'addition 
du  degré  du  lactodensimètre  de  Quevenne  à  60°F. 
au  pourcentage  de  gras  n'atteint  pas  32,  le  lait  n'est 
pas  pur. 

Maintenant,  pour  connaître  la  quantité  d'eau  ajou- 
tée à  un  lait,  lorsqu'on  connait  les  solides  non  gras 
de  ce  lait,  il  faut  diviser  ces  solides  non  gras  par  les 
solides  non  gras  d'un  lait  normal  et  multiplier  le 
produit  par  100.  Par  exemple  si  un  lait  ne  contient 
que  7  de  solides  non  gras  et  que  le  lait  ordinaire 
non  falsifié  du  pays  en  contienne  9,  en  divisant  7 
par  9  et  en  multipliant  le  résultat  par  100  on  ob- 
tient le  nombre  77,7  qui  indique  qu'il  y  a  dans  le 
lait  examiné  77,7°?0  de  bon  lait  et  par  suite  100  — 
77,7  =  22,3  °2o  d'eau,  si  on  prend  pour  base  de  com- 
paraison le  lait  normal  du  pays.  Lorsqu'on  veut 
faire  l'épi'euve  du  lait  d'un  patron,  au  point  de  vue 
de  l'écrémage  ou  de  l'addition  d'eau,  il  faudra  pren- 
dre pour  terme  de  comparaison  du  lait  de  ce  même 
patron,  non  écrémé  et  non  additionné  d'eau,  et  dont 
on  déterminera  aussi  la  richesse  en  gras  et  la  quan- 
tité des  solides  non  gras,  tout  en  déterminant  celle 
du  lait  soupçonné;  puis  on  divisera  les  solides  non 
gras  du  lait  soupçonné  par  ceux  du  lait  normal  et 
on  multipliera  le  résultat  par  100.  ce  qui  donnera 
le  pourcent  de  bon  lait  dans  le  lait  soupçonné,  comme 
plus  haut. 


268  MANUEL 

Epreuve  du  lait  écrémé,  du  lait  de  beurre 
et  du  petit  lait,  par  le  babcock. — Avec  des  pro- 
duits comme  ceux-ci,  qui  généralement  contiennent 
moins  de  1  °?0  de  gras,  on  obtient  des  résultats  plus 
précis  par  l'emploi  d'une  bouteille  d'une  contenance 
double.  Avec  ces  bouteilles,  on  prend  le  double  de 
la  quantité  ordinaire  de  lait  et  la  colonne  de  gras 
étant  double  en  hauteur,  la  lecture  peut  se  faire  avec 
plus  d'exactitude.  Dans  ce  cas,  la  quantité  réelle 
de  gras  ne  sera  que  la  moitié  de  celle  indiquée  par 
l'échelle.  Pour  le  petit  lait  de  fromage,  il  faudra 
employer  moins  d'acide. 

S'il  n'apparaît  dans  le  col  de  la  bouteille  que  des 
traces  de  gras,  on  dit  que  le  lait  essayé  contient  un 
dixième  de  un  pour  cent.  On  est  ainsi  plus  près  de 
la  vérité  qu'en  comptant  des  centièmes  ou  des  cinq 
centièmes  de  un  pour  cent. 

Epreuve  de  la  crème  par  le  babcock.  —  La 

principale  difficulté  de  l'épreuve  de  la  crème  con- 
siste dans  l'échantillonnage.  La  crème  qui  est  sure, 
ou  qui  a  été  exposée  à  l'air  jusqu'à  ce  que  sa  sur- 
face ait  séché,  ne  peat  être  échantillonnée  convena- 
blement. La  même  chose  est  vraie  de  la  crème  cen- 
trifuge qui  a  fortement  moussé.  Le  montant  de 
gras  dans  la  crème  est  si  fort  qu'on  ne  peut  le  me- 
surer dans  les  bouteilles  ordinaires,  si  on  en   prend 


d'industrie  laitière  269 

la  quantité  usuelle  pour  l'épreuve.  En  outre,  la 
crème  qui  adhère  à  la  pipette  occasionne  un  erreur 
qui  n'est  plus  négligeable. 

Pour  surmonter  ces  difficultés,  on  emploie  trois 
bouteilles  et  on  divise  aussi  également  que  possible 
entre  elles  l'échantillon  prélevé  avec  la  pipette.  On 
emplit  alors  la  pipette  d'eau  qu'on  verse  par  par- 
ties égales  dans  les  trois  bouteilles,  comme  la  crème. 
On  remplit  une  seconde  fois  la  pipette  et  on  en  par- 
tage encore  le  contenu  entre  les  trois  bouteilles. 
Cette  eau  sert  ainsi,  en  même  temps,  à  rincer  la  pi- 
pette et  à  diluer  la  crème  de  manière  à  ce  qu'elle 
puisse  être  éprouvée  comme  le  lait.  On  traite  alors 
les  bouteilles  de  la  manière  ordinaire.  La  quantité 
de  gras  de  la  crème  s'obtient  en  additionnant  l^s 
trois  résultats  obtenus  pour  les  trois  bouteilles. 

On  peut  aussi  diluer  soigneusement  la  crème 
dans  trois  fois  son  poids  d'eau,  prélever  avec  la  pi- 
pette un  échantillon  de  ce  mélange  et  le  traiter  abso- 
lument comme  le  lait  ordinaire.  On  multipliera 
par  trois  le  résultat  obtenu. 

Echantillons  composés. — Lorsqu'on  veut  faire 
l'épreuve  des  vaches  d'une  étable,  ou  lorsqu'on  paye, 
dans  les  fabriques,  le  lait  suivant  sa  richesse,  il  de- 
vient impossible,  à  cause  du  nombre  de  vaches  ou 


270  MANUEL 


de  patrons,  de  faire  lepreuve  journalière  de  tous  ces 
laits.  On  se  contente  alors  d'avoir,  pour  chaque 
vache  ou  pour  chaque  patron,  un  vase  en  verre  d'une 
contenance  d'une  chopine  ou  d'une  pinte.  Chacun 
de  ces  pots  doit  porter  le  nom  ou  le  No.  de  la  vache 
ou  du  patron  dont  il  doit  contenir  les  échantillons 
de  lait.  On  place  dans  le  fond  de  chacun  de  ces 
pots  du  bichromate  de  potasse  en  poudre.  La  quan- 
tité à  mettre  est  ce  qui  tient  sur  une  lame  de  canif, 
sur  la  longueur  d'un  pouce,  ou  la  moitié  de  ce  qui 
peut  tenir  sur  une  pièce  de  10  centins.  Avec  une 
petite  mesure  en  fer  blanc,  de  la  contenance  d'en- 
viron un  à  deux  pouces  cubes,  et  toujours  la  même, 
on  prélève  chaque  jour  un  échantillon  du  lait  de 
chaque  vache  ou  de  chaque  patron  et  on  place  cet 
échantillon  dans  le  pot  correspondant,  en  agitant  un 
peu  le  pot  pour  mélanger  le  tout.  Au  bout  de  8  à  15 
jours  on  fera  l'épreuve  des  laits  de  ces  pots  par  la 
méthode  ordinaire. 

Le  bichromate  de  potasse  a  pour  but  d'empêcher 
le  lait  de  se  cailler.  C'est  ce  qu'on  appelle  la  mé- 
thode des  échantillons  composés  parce  que  le  lait  de 
ces  pots  représente  la  moyenne  du  lait  de  la  semaine 
ou  de  la  quinzaine. 

Les  pots  doivent  être  hermétiquement  clos  chaque 
jour,  aussitôt  que  chaque  échantillon  y  a  été  ajouté, 


d'industrie  laitière  271 


et  conservés  dans  un  endroit  frais.  Si  on  les  tenait 
chaudement,  la  crème  durcirait  et  on  ne  pourrait 
plus  la  remélanger  au  lait  au  moment  de  la  prise 
d'épreuve. 

Le  pourcentage  de  gras  du  lait  de  ces  pots  est  la 
moyenne  du  pourcentage  de  gras  du  lait  pendant  les 
8  ou  15  jours  qui  séparent  les  épreuves.  Supposons 
qu'une  vache  ait  fourni  pendant  quinze  jours  450  lbs 
de  lait  et  que  l'échantillon  composé  ait  donnné  au 
babcock,  au  bout  de  15  jours,  4cyo  de  gras,  on  pourra 
en  conclure  que  la  vache  a  fourni  environ  4,5  x  4  = 
18  lbs  de  gras  pendant  ces  quinze  jours.  Si  un  pa- 
tron a  apporté  dans  une  fabrique  3000  lbs  de  lait  et 
que  l'épreuve  de  l'échantillon  composé  a  donné  une 
richesse  de  3,8  °2oon  pourra  en  conclure  que  le  pa- 
tron a  apporté  à  la  fabrique  30x2,8  =  114  lbs  de 
gras  dans  ces  quinze  jours. 

Pour  la  prise  des  échantillons  dans  les  fabriques, 
lorsque  le  payement  se  fait  suivant  la  richesse  du 
lait  en  gras,  les  fabricants  »  loi  vent  brasser  énergi- 
quement,  avec  un  dipper,  le  lait  dans  la  canistre  de 
pesée,  avant  la  prise  ;  car  lorsqu'ils  versent  le  lait  de 
la  canistre  du  patron  dans  celle  qui  se  trouve  sur  la 
balance,  le  lait  ne  se  mélange  pas  suffisamment  pour 
la  prise  d'un  bon  échantillon. 


272  MANUEL 

Lorsqu'ils  prennent  un  échantillon  de  lait  écrémé 
au  sortir  du  centrifuge,  ils  doivent  le  laisser  reposer 
pendant  quelque  temps  avant  de  prélever  la  prise 
avec  la  pipette. 

Il  en  est  de  même  lorsqu'on  prend  un  échantillon 
de  lait  au  moment  de  la  traite.  Dans  les  deux  cas, 
après  avoir  laissé  le  lait  se  reposer,  il  faudra  le  bras- 
ser pour  en  opérer  le  mélange  avant  la  prise  d'échan- 
tillon, car,  par  le  repos,  le  gras  a  une  tendance  à 
monter. 

On  trouvera  tous  les  renseignements  relatifs  à 
l'emploi  du  babcock  dans  le  bulletin  No  36  de  la 
station  expérimentale  agronomique  du  Wisconsin, 
traduit  de  l'anglais  par  E.  Castel,  secrétaire  de  la 
Société  d'Industrie  laitière,  et  publié  dans  le  lOème 
rapport  de  cette  société,  année  1894. 

Détermination  du  degré  d'acidité  du  lait. — Pour 
déterminer  le  degré  d'acidité  de  la  crème  ou  du  lait, 
on  emploie  les  instruments  suivants  :  lo.  une  bu- 
rette giaduée  en  dixièmes  de  centimètres  ;  un 
porte-burette  ;  une  capsule  en  porcelaine  d'environ 
3  pouces  de  diamètre  ou  un  verre  à  réactions  ;  un 
agitateur  en  verre  (baguette  de  verre)  pour  remuer 
le  liquide  ;  un'e  mesure  de  10  c.  c.  pour  mesurer  la 
crème  ou   le   lait  ;    une  bouteille  d'une  solution  de 


d'industrie  laitière  273 

soude  caustique  de  force  telle  que  1  c.  c.  neutralise 
un  gramme  d'acide  lactique  ou  son  équivalent  ;  en- 
fin, une  bouteille  d'un  liquide  spécial  connu  sous  le 
nom  de  phenolphtaleïne.  Ce  liquide  s'obtient  en 
dissolvant  ^  d'once  de  phenolphtaleïne  dans  quatre 
onces  d'alcool  méthylique. 

Pour  trouver  l'acidité  d'un  échantillon  de  crème 
ou  de  lait,  on  en  prend  10  c.  c.  que  l'on  mesure  avec 
la  petite  mesure  en  verre  dont  nous  avons  parlé. 
On  les  place  dans  la  capsule  de  porcelaine.  On  fait 
en  sorte  qu'il  ne  reste  pas  de  crème  ou  de  lait  contre 
les  parois  intérieures  de  cette  capsule  et  au-dessus 
du  niveau  du  liquide  qui  s'y  trouve.  Pour  cela  on 
lave  ces  parois  avec  un  peu  d'eau  que  l'on  mélange 
au  reste  de  la  crème  ou  du  lait.  On  ajoute  une  ou 
deux  gouttes  de  phenolphtaleïne.  Puis  avec  la  bu- 
rette on  verse  la  solution  de  soude,  goutte  par  goutte, 
jusqu'au  moment  où  la  couleur  rose,,  produite  dans 
la  crème  par  cette  solution,  ne  disparaît  plus  lors- 
qu'on agite  le  liquide  On  lit  sur  la  burette  la  quan- 
tité de  solution  ajoutée.  Si  on  emploie  10  c.  c.  de 
lait  ou  de  crème,  chaque  centimètre  cube  de  soude 
employée  représente  0,01  pour  cent  d'acide  lactique 
dans  cette  crème  ou  ce  lait.  Ainsi  s'il  a  fallu  7| 
centimètres  cubes  de  soude  pour  produire  une  teinte 

18— 


274  MANUEL 

permanente  clans  10  C.  C.  de  crème,  cela  signifie  que 
la  crème  contient  0,75  pour  cent  d'acide  lactique  et 
qu'elle  est  suffisamment  mûre  pour  être  barattée 

La  difficulté  est  d'avoir  une  solution  de  soude 
caustique  de  force  convenable  et  de  lui  conserver 
cette  force.  Cette  solution,  exposée  à  l'air,  s'altère 
rapidement.  On  en  empêche  l'altération  en  mettant 
dans  le  flacon,  à  la  surface  du  liquide,  quelques 
gouttes  d'huile  de  parafine  et  en  retirant  la  solution 
au  moyen  d'un  siphon  approprié. 

On  peut  encore  se  servir,  pour  la  détermination 
de  l'acidité  d'un  lait,  de  tablettes  de  Farrington, 
d'une  tasse  à  thé  ordinaire,  d'une  bouteille  de  4,  6 
ou  8  onces  et  d'une  cartouche  vide  en  laiton,  No  10, 
pouvant  contenir  une  once  de  lait,  ou  d'une  mesure 
quelconque  de  même  capacité.  On  prépare  4  onces 
de  la  solution  en  remplissant  une  bouteille  de  4 
onces  d'eau  et  en  y  dissolvant  4  tablettes.  On  rem- 
plit la  cartouche  No  10  avec  du  lait  ou  de  la  crème 
à  éprouver.  On  verse  ensuite  ce  lait  dans  la  tasse 
à  thé,  puis  on  y  ajoute  une  mesure  de  la  solution 
de  soude.  On  mélange  fortement  ensemble  ces  deux 
liquides.  S'il  n'y  a  pas  de  changement  de  couleur, 
on  rajoute  une  autre  mesure  de  la  solution.  On  con- 
tinue ainsi  jusqu'au  moment  où  le  mélange  de  lait 
de  crème  avec  la  solution  de  soude  devient  rose; 


d'industrie  laitière 


27; 


alors  on  n'ajoute  plus  rien.  Chaque  once  de  solu- 
tion, qu'il  faut  ajouter  à  une  once  de  lait  ou/le 
crème  pour  obtenir  la  couleur  rose,  représente  une 
acidité  de  un  dixième  de  un  pour  cent. 

On  a  combiné  des  appareils  pour  faciliter  la  re- 


(Fig-  13)- 
cherche  de  l'acidité  des  liquides.  Ces  appareils  sont 
connus  sous  le  nom  d'acidimètres.      Il  y  en  a  de 


276  MANUEL 


différentes  sortes  et  plus  ou  moins  commodes,  parmi 
lesquels  nous  pouvons  signaler  l'acidimètre  Dornic 
dont  nous  donnons  ici  une  gravure.  Les  renseigne- 
ments relatifs  à  l'emploi  de  cet  instrument  se  trou- 
vent clans  une  petite  brochure  qui  l'accompagne" 
généralement. 

En  général,  un  lait  parait  doux  au  goût  et  à  l'o- 
dorat, tant  qu'il  ne  contient  pas  trois  à  quatre  dixiè- 
mes de  un  pour  cent  d'acide.  Cependant  un  bon 
lait  ne  doit  jamais  contenir  plus  de  deux  dixièmes 
de  un  pour  cent  d'acide. 

Une  crème  douce  ne  contient  pas  plus  de  un 
dixième  et  demie  de  un  pour  cent  d'acide.  Une 
crème  est  suffisamment  mure  quand  elle  contient  six 
dixièmes  de  un  pour  cent  d'acide. 

Il  suffit  de  quelques  minutes  pour  déterminer 
l'acidité  dé  la  crème  ou  du  lait.  En  cas  de  lait  dou- 
teux, ainsi  que  pour  se  rendre  compte  de  la  matu- 
rité de  la  crème,  cette  opération  est  nécessaire. 

Transport  du  lait. — Dans  bien  des  paroisses, 
le  transport  du  lait  se  fait  par  le  cultivateur 
lui-même.  Chacun  va  à  la  fabrique  chaque  jour. 
Ce  système  est  très  mauvais  parce  qu'il  cause 
des  pertes  de  temps  énormes.  Dans  un  plus  grand 
nombre  de  paroisses,  les  cultivateurs  s'entendent 


d'industrie  laitière  277 

entre  eux,  par  groupe  de  4  à  6,  et,  dans  chaque 
groupe,  transportent  à  tour  de  rôle  le  lait  de  tous 
ceux  qui  font  partie  du  groupe.  Ce  système  est 
meilleur  que  le  précédent  mais  n'est  pas  encore 
la  perfection.  Un  système  à  recommander  est  celui 
qui  consiste  à  confier  le  transport  du  lait  à  un  ou 
plusieurs  charretiers  qui  s'en  chargent  moyennant 
une  certaine  rémunération. 

A  St- Denis  (Kamouraska),  la  fabrique  elle-même 
entreprend  le  transport  du  lait  et  du  petit-lait  ;  elle 
opère  ce  transport  au  moyen  de  six  voitures  qui 
vont  chercher  le  lait  deux  fois  par  jour,  matin  et 
soir,  chez  les  cultivateurs.  Ces  six  voitures  ont 
charrié  l'an  dernier  1,562,510  lbs.  de  lait  pour  le 
prix  de  $610,  soit  3.99  cts.  des  100  lbs.  ou  $3.00 
pour  10,000  lbs.,  à  peu  près  60  cts.  la  tonne.  Ces 
voitures  parcouraient,  la  première  1J  mille,  la  se- 
conde 1|  mille,  la  troisième  5  milles  dans  la  direc- 
tion de  la  seconde,  mais  allant  plus  loin  ;  la  qua- 
trième 1  mille,  la  Sème  1|  mille  et  la  6ème  5  milles 
dans  la  direction  de  la  5ème,  mais  allant  plus  loin. 
Faisant  le  trajet  deux  fois  par  jour,  en  allant  et  en 
revenant,  la  première,  la  seconde  et  la  5ème  par- 
couraient chacune  6  milles,  la  3ème  et  la  6ème  20 
milles  et  la  4ème  4  milles. 


278  MANUEL 


Les  mauvais  chemins  sont  très  souvent  un  obs- 
tacle au  transport  économique  du  lait  parce  qu'ils 
limitent  la  charge  des  voitures  et  forcent  à  en  mul- 
tiplier le  nombre,  de  plus,  dans  les  mauvais  chemins, 
le  lait  est  si  fort  brassé  que  sa  qualité  en  souffre. 
Dans  certaines  paroisses,  les  cultivateurs  sont  même 
obligés  de  garder  leur  lait  l'automne  à  cause  du 
mauvais  état  des  routes.  Un  cultivateur  estime, 
dans  sa  paroisse,  à  2c.  par  100  lbs  l'augmentation 
des  frais  de  transport  du  lait,  par  suite  du  mauvais 
état  des  chemins. 


DEUXIEME   PARTIE 


UTILISATION  DU  LAIT. 

Dans  la  première  partie  de  ce  livre,  nous  avons 
vu  la  manière  de  produire  économiquement  le  lait 
sur  une  ferme,  les  moyens  d'en  diminuer  le  prix  de 
revient,  d'en  améliorer  la  qualité  et  d'en  reconnaître 
les  défauts  ;  dans  cette  seconde  partie,  nous  allons 
étudier  les  moyens  d'en  tirer  un  bon  parti.  Les 
moyens  les  plus  répandus  actuellement  dans  la  pro- 
vince sont,  en  dehors  de  la  vente  en  nature,  la  fa- 
brication du  beurre  et  celle  du  fromage  cheddar» 
parce  que  ces  deux  articles  ont  un  bon  débouché 
aussi  bien  en  Angleterre  que  dans  le  pays  même, 
et  qu'ils  conviennent  bien  à  l'utilisation  du  lait 
dans  les  campagnes. 

Comme,  ni  les  cultivateurs, ni  les  fabricants, ne  peu- 
vent contrôler  les  marchés,  il  faut,  qu'avec  les  prix 
du  marché,  ces  derniers  puissent  trouver  une  ré- 


280  MANUEL 


munération  suffisante  dans  la  fabrication  de  ces  ar- 
ticles, tout  en  donnant  à  leurs  patrons  un  prix 
raisonnable  pour  leur  lait. 

Les  patrons,  d'un  côté,  diminuant  le  plus  possible 
le  prix  de  revient  du  lait,  et  en  fournissant  de 
bonne  qualité  ;  les  fabricants,  de  l'autre,  pouvant, 
avec  du  bon  lait,  diminuer  fortement  leurs  frais  de 
fabrication  et  produire  du  beurre  ou  du  fromage 
remportant  les  plus  hauts  prix  sur  les  marchés,  il 
arrivera  que  chacun  pourra  trouver  un  bon  bénéfice 
dans  cette  industrie  importante. 

Cette  seconde  partie  traitera  donc  de  la  fabrica- 
tion économique  du  beurre  et  du  fromage  cheddar, 
de  l'utilisation  du  lait  écrémé  et  du  petit  lait,  puis  de 
diverses  questions  se  rapportant  à  la  construction, 
l'aménagement,  la  direction  des  fabriques,  ainsi 
qu'au  transport  et  à  la  vente  des  produits  laitiers. 


CHAPITRE  IV 


FABRICATION    DU   BEURRE 

Réception  du  lait. — Importance  d'un  bon  écrémage. — 
Nécessité  d'une  vitesse  régulière  pour  le  centri- 
fuge.— Quantité  de  lait  à  écrémer  à  l'heure. — Diffi- 
cultés de  l'écrémage. —  Epreuve  du  lait  écrémé  ; 
précautions  à  prendre  pour  la  prise  d'essai. — Con- 
sistance de  la  crème. — Pasteurisation. — Matura- 
tion de  la  crème. — Ferments. —  Préparation  des 
ferments. — Refroidissement  de  la  crème. — Barat- 
tage.—  Travail  et  salage  du  beurre. —  Couleur, 
taches,  marbrures.  Arôme  saveur,  propreté. — Goût 
de  poisson  et  goût  d'huile. — Goût  de  suif. — Grain 
et  texture. — Empaquetage. — Conservation.— Trans- 
port.— lugement  du  beurre. — Taux  de  fabrication. — 
Diminution  des  frais  de  fabrication. — Beurre  d'hi- 
ver.— Beurre  ou  fromage. 

Réception  du  lait. — En  principe,  les  fabricants 
ne  devraient  jamais  recevoir  du  lait   qui   ne    soit 


282 


MANUEL 


pas  de  première  classe.  On  entend  par  mauvais  lait, 
comme  nous  l'avons  vu  page  249,  lo,  le  lait  qui  a  été 
écrémé  ou  additionné  d'eau  ;  2°,  le  lait  malpropre, 
mal  aéré,  qui  n'a  pas  une  bonne  odeur  bien  franche  ; 
3°,  le  lait  trop  avancé,  trop  acide  ;  4°,  le  lait  d'une 
vache  malade  ou  fraîche  vélée  ;  5°,  du  lait  altéré, 
comme  le  lait  visqueux,  le  lait  bleu,  etc.,  ou  du  lait 
ayant  un  mauvais  goût  provenant  de  certains  ali- 
ments consommés  par  les  vaches.  Tous  ces  derniers 
laits  peuvent  causer  à  la  communauté  des  patrons 
autant  de  dommage  que  1  ecrémage  ou  l'addition 
d'eau.  Avec  de  mauvais  lait,  un  fabricant  ne  peut 
faire  ni  bon  beurre,  ni  bon  fromage  ;  c'est  une  chose 
absolument  impossible  ;  et,  s'il  n'a  pas  le  contrôle 
absolu  de  la  réception  du  lait,  il  n'est  pas  juste  de 
le  tenir  responsable  des  défaut  d'arôme  du  fromage 
ou  du  beurre,  lorsqu'il  n'y  a  aucune  faute  de  fabri- 
cation, surtout  si  les  défauts  du  lait  ne  sont  pas  ap- 
parents au  moment  de  sa  réception. 

Les  fabricants  devraient  être  très  sévères  à  la 
réception  du  lait  ;  malheureusement  la  multiplica- 
tion des  petites  fabriques  leur  rend  la  tâche  fort 
délicate  ;  souvent  une  observation,  même  juste,  à 
un  patron  sur  la  qualité  de  son  lait,  suffit  pour  le 
faire  changer  de  fabrique,  et  quelquefois  il  entraîne 
avec  lui  quelques-uns  de  ses  parents  et  amis,  met- 
tant dans  l'embarras  un  fabricant  qui,  au  fond,  n'a 


d'industrie   laitière  283 


fait  que  remplir  consciencieusement  son  devoir  en 
prenant  l'intérêt  général  des  patrons. 

Les  patrons,  encore  plus  que  les  fabricants,  doi- 
vent être  entièrement  convaincus  que  l'apport  aux 
fabriques  de  lait  qui  n'est  pas  de  première  qualité 
sous  tcus  les  rapports,  est  une  fraude.  Lorsque  cette 
conviction  sera,  bien  établie,  la  tâche  des  fabricants 
sera  bien  simplifiée,  au  grand  avantage  de  tout  le 
monde. 

Cependant,  avant  de  donner  des  conseils,  les  fa- 
bricants doivent  donner,  sur  eux-mêmes  et  dans 
leur  fabrique,  l'exemple  de  la  propreté  la  plus  mé- 
ticuleuse. Un  fabricant  malpropre  n'aura  aucune 
autorité  sur  les  patrons,  tandis  qne  ceux-ci  n'ose- 
ront se  présenter  à  la  fabrique  avec  du  mauvais 
lait,  si  dans  celle-ci  tout  respire  le  plus  grand  ordre 
et  la  plus  grande  propreté.  C'est  surtout  par  l'ex- 
emple que  doit  prêcher  le  fabricant. 

Par  la  pratique,  un  bon  fabricant  arrive  à  dis- 
tinguer immédiatement  un  bon  d'un  mauvais  lait. 
L'odeur  qui  se  dégage  de  la  canistre,  lorsqu'on 
l'ouvre,  et  l'apparence  du  lait  sont  de  bons  indices. 
Cependant  il  peut  y  avoir  doute  et,  dans  ce  cas, 
l'emploi  sitnultamé  du  babcook  et  du  lactodensi- 


284  MANUEL 

mètre,  ainsi  que  de  Tacidimètre  est  tout  indiqué. 
Dans  le  chapitre  précédent,  l'emploi  de  ces  instru- 
ments se  trouve  expliqué  en  détail. 

L'importance  d'un  bon  écrémage.  —  L'écré- 

mage  est  une  opération  qui  demande  toute  l'atten- 
tion du  fabricant.  Dans  du  lait  bien  écrémé  il  ne 
doit  pas  rester  plus  d'une  livre  de  gras  par  1000  lbs. 
de  lait:  0, 1  au  babcock.  S'il  reste  4 à  5  lbs.  par  1000 
lbs.,  le  cas  est  fréquent,  surtout  dans  les  fabriques 
où  le  babcock  n'est  jamais  employé,  et  il  ne  faut 
pas  une  bien  grande  négligence  pour  cela,  on  retire 
donc  3  à  4  lbs.  de  gras  de  moins  que  ce  que  l'on 
pourrait  espérer.  Si  la  fabrique  reçoit  une  moyenne 
de  8000  lbs.  de  lait  par  jour,  par  exemple,  la  perte 
sera  de  24  à  32  lbs.  ;  et  en  comptant  20  cts.  par  lb. 
de  gras  elle  sera  de  $4.80  à  $6.20  par  jour,  soit  pour 
6  mois  une  perte  variant  de  $878.04  à  $1,134.06,  ce 
qui  démontre  l'importance  de  cette  question. 

Nécessité  d'une  vitesse  régulière  pour  le 
centrifuge. — Une  des  premières  conditions  pour 
un  bon  écrémage  est  la  régularité  de  la  marche  du 
centrifuge.  Pour  cela,  la  bouilloire  doit  être  suffi- 
samment forte  pour  que  la  pression  n'y  baisse  pas 
beaucoup  lorsqu'on  l'alimente  d'eau  ou  lorsqu'on 
recharge  le  feu.  L'engin  doit  être  suffisamment 
fort,   en   bon  ordre,  bien  réglé,  le  gouverneur  fonc- 


d'industrie  laitière  28 


tionnant  régulièrement.  Un  engin  ne  doit  jamais 
se  régler  par  la  valve  d'admission  de  vapeur  qui,  en 
marche,  doit  toujours  être  ouverte  au  large.  Les 
courroies  doivent  être  en  bon  ordre,  sèches,  et  suffi- 
samment tendues  sur  les  poulies  de  transmission, 
sans  l'être  trop.  La  régularité  de  la  marche  une 
fois  assurée,  la  vitesse  doit  être  suffisante.  Cette 
vitesse  varie  avec  le  genre  de  centrifuge  employé, 
et  il  faut  s'y  tenir. 

Quantité  de  lait  à  écrémer  à  l'heure.  —Il  faut 
ensuite  ne  pas  passer  trop  de  lait  à  la  fois.  Pour 
déterminer  la  quantité  de  lait  à  passer  à  l'heure,  il 
faut  faire  au  babcock  l'épreuve  du  lait  écrémé,  dont 
on  essaye  successivement  plusieurs  échantillons  pris 
en  passant  chaque  fois  dans  le  centrifuge  une  quan- 
tité différente  de  lait  à  l'heure.  On  se  rend  ainsi 
facilement  compte  de  la  quantité  à  laquelle  il  faut 
se  tenir. 

Cette  quantité  varie  d'un  centrifuge  à  l'autre 
d'une  époque  de  l'année  à  l'autre,  et  avec  la  qualité 
du  lait.  En  automne,  lorsque  le  lait  est  riche,  il 
faut  passer  beaucoup  moins  de  lait  et  prendre  la 
crème  plus  claire,  pour  obtenir  un  aussi  bon  écré- 
mage  qu'au  printemps,  lorsque  le  Tait  est  relative- 
ment pauvre. 


286  MANUEL 

Oa  peut  écrémer  beaucoup  plus  de  lait  à  l'heure 
si  on  le  chauffe  :  la  crème  se  sépare  alors  plus  faci- 
ment.  Aussi,  cette  pratique  est -elle  généralement 
recommandée.  Au  printemps  et  en  automne,  on 
porte  la  température  vers  80  ou  85  F.  ;  pendant  le 
cours  de  l'été,  par  les  chaleurs,  il  est  inutile  de  le 
chauffer. 

Enfin,  il  faut  assurer  un  écoulement  régulier  du 
lait. 

Difficultés  de  l'écrémage. — La  principale  diffi- 
culté que  rencontrent  généralement  les  fabricants, 
pour  obtenir  un  écrémage  satisfaisant,  provient  de 
l'irrégularité  de  l'écoulement  du  lait  dans  le  centri- 
fuge. En  ajoutant  du  lait  dans  le  bassin  de  récep- 
tion, le  niveau  y  monte,  la  vitesse  d'écoulement 
s'accélèie,  la  crème  devient  plus  claire  et  l'écrémage 
est  moins  bon.  Lorsque  le  niveau  baisse,  l'écoule- 
ment se  ralentit  et  la  crème  s'épaissit.  On  comprend 
facilement  que  i,  en  même  temps,  la  bouilloire  étant 
trop  faillie,  la  pression  y  varie  constamment,  si  l'en- 
gin fonctionne  irrégulièrement,  si  le  calorifère  pour 
chauffer  le  lait  fonctionne  lui-même  irrégulièrement 
par  suite  de  la  variation  et  pression  dans  la  bouil- 
loire, le  fabricant  soit  constamment  obligé  de  courir 
du  bassin  de  réception  à  la  bouilloire,  au  centrifuge 


d'industrie  laitière  287 


à  l'engin,  sans   obtenir   malgré   tout  un  écrémage 
complet,  ni  une  crème  de  consistance  régulière. 

Pour  toutes  ces  raisons,  l'écrémage  demande  du 
fabricant  une  grande  connaissance  de  ses  appareils 
et,  en  même  temps,  beaucoup  d'habileté  ;  mais 
lorsque  les  appareils  sont  mauvais,  mal  calculés  et 
mal  montés,  il  lui  est,  malgré,  tout  matériellement 
impossible  de  faire  de  bon  ouvrage  et  les  patrons* 
ainsi  que  le  propriétaire  de  la  fabrique,  perdent  un 
grand  nombre  de  fois  dans  une  seule  saison  la  somme 
qui  eut  été  nécessaire  pour  mettre  les  choses  en 
ordre. 

Pour  augmenter  la  régularité  de  l'écoulement  du 
lait  dans  le  centrifuge  on  peut  conseiller  un  bassin 
grand  et  large  pour  que  la  variation  de  niveau  y 
soit  moins  grande.  On  doit  encore  conseiller,  comme 
le  meilleur  moyen,  l'emploi  de  flotteurs  réglant  au- 
tomatiquement l'écoulement  du  lait.  Enfin  on  trou- 
ve maintenant  dans  le  commerce  de  très  bons  cen- 
trifuges à  turbine  qui  marchent  sans  le  secours  de 
l'engin  et  dont  la  vitesse  ne  dépend  plus  que  de  la 
pressiou  de  la  vapeur  dans  la  bouilloire. 

Epreuve  du  lait  écrémé.  Précautions  à  pren- 
dre pour  la  prise  d'essai. -Pour  vérifier  l'écrémage 
de  toute  une  matinée,  il  ne  suffit  pas  de  prendre  des 


288  MANUEL 

échantillons  de  lait  écrémé  directement  au  centri- 
fuge, plusieurs  fois  pendant  la  matinée,  parce  que 
les  conditions  de  l'écrémage,  comme  nous  l'avons 
vu,  varient  constamment  et,  à  un  moment  donné, 
on  peut  facilement  trouver  0,001  au  centrifuge  et 
en  même  temps  0,004  pour  le  lait  pris  au  bassin  à 
lait  écrémé.  Pour  avoir  une  idée  exacte  de  la  moyen- 
ne de  l'écrémage  du  lait  d'une  matinée,  il  vaut  mieux 
prendre  les  échantillons  à  la  chantepleure  du  bassin 
a  lait  écrémé,  et  en  prendre  plusieurs  pendant  le 
cours  de  l'écrémage,  en  rendant  le  lait  écrémé  aux 
patrons.  Un  bon  écremage  ne  doit  pas  laisser  une 
moyenne  de  plus  de  1  livre  de  gras  par  mille  livres 
de  lait  au  bassin  de  lait  écrémé,  (0,10  pour  cent  livres 
au  babcock),  vers  la  fin  de  l'écrémage. 

Consistance  de  la  crème.  —  La  consistance  à 
laquelle  là  crème  doit  être  au  sortir  du  centrifuge 
dépend  beaucoup  de  la  saison.  Au  commencement 
de  la  saison  d'été,  lorsque  le  lait  est  encore  pauvre, 
on  recommande  de  prendre.  12  Q/,5  de  crème,  tandis 
qu'à  la  fin  de  l'année  lorsque  le  lait  est  riche  on  peut 
prendre  jusqu'à  18  °i0.  Avec  de  la  crème  trop 
claire,  le  barattage  se  fait  difficilement  et  demande, 
pour  réussir,  une  température  plus  élevée. 

Pasteurisation. — Le  lait  à  l'état  naturel  ren- 
ferme.comme  nous  l'avons  vu  page  243,  une  quantité 


d'industrie  laitière  289 


de  germes  de  toutes  espèces  qui  s'y   développent 
facilement  en  y  produisant  une  altération  profonde. 

La  nature  et  le  nombre  de  ces  germes,  dépendent 
de  la  propreté  des  étables  et  des  vaches,  des  ali- 
ments que  celles-ci  consomment,  de  l'eau  qu'elles 
boivent,  de  la  manière  dont  a  été  faite  la  traite  et 
de  l'endroit  où  on  la  pratique,  enfin  de  la  propreté 
des  vases  dont  on  se  sert  pour  recueillir  et  trans- 
porter le  lait.  Pour  que  la  crème  mûrisse  régu- 
lièrement, elle  doit  être  débarrassée  .de  tous  les  mau- 
vais germes  et  ne  plus  renfermer  que  ceux  qui  pro- 
duisent ce  qu'on  appelle  la  fermentation  lactique. 
Pour  détruire  dans  le  lait  les  mauvais  germes  nui- 
sibles  à  la  maturation  de  la  crème,  on  procède  de 
deux  manières. 

La  première  consiste  à  chauffer,  dans  un  appa- 
reil spécial,  le  lait  jusqu'à  155°  ou  160°  Fahr.  pen- 
dant 30  minutes,  puis  à  le  refroidir  vers  80°  ou 
85°  et  à  procéder  ensuite  à  l'écrémage.  La  seconde 
consiste  à  chauffer  pendant  30  minutes  à  155°  ou 
160°  F.  la  crème  qui  sort  du  centrifuge  et  à  ne  la 
refroidir  qu'ensuite. 

Cette  opération,  qui  a  pour  but  de  tuer  une  par- 
tie des   mauvais  germes  du  lait   ou   de  la  crème, 
s'appelle  pasteurisation  du  lait  ou  de  la  crème. 
19— 


290  MANUEL 

Le  premier  mode  de  pasteurisation  est  plus  coû- 
teux parce  qu'on  a  une  plu?  grande  masse  de  li- 
quide à  réchauffer  et  à  refroidir,  et  le  lait,  lorsqu'il 
est  un  peu  sûr,  se  caille  dans  les  appareils.  Le  se- 
cond procédé  est  plus  économique,  mais  certains 
praticiens  prétendent  qu'il  communique  au  beurre 
une  apparence  graisseuse. 

La  pasteurisation,  soit  du  lait,  soit  de  la  crème 
permet  d'obtenir,  en  tout  temps,  une  maturation 
régulière  de  la  crème  et,  par  suite,  une  qualité  plus 
uniforme  et  plus  régulière  du  beurre,  elle  augmente 
ses  qualités  de  conservation,  elle  fait  disparaître 
les  mauvaises  odeurs  que  le  lait  peut  renfermer, 
mais  elle  diminue  un  peu  le  rendement  en  beurre, 
parce  qu'alors  il  reste  un  peu  plus  de  gras  dans  le 
lait  de  beurre,  et  parce  que  le  beurre  de  lait  ou  de 
crème  pasteurisé  contient  moins  d'eau. 

La  pasteurisation  de  la  crème  se  pratique  en 
grand  au  Danemark,  mais  dans  la  province  de 
Québec  elle  est  encore  peu  connue. 

Dans  les  petites  beurreries,  on  peut  pasteuriser 
la  crème  en  mettant  clans  l'eau  bouillante  chaque 
chaudière  de  crème  à  mesure  qu'elle  sort  du  sépa- 
rateur, en  y  brassant  la  crème  jusqu'à  ce  que  la 
température  se  soit  élevée  à  160*    F.,  puis   en  pla- 


d'industrie  laitière  291 

çant,  au  bout  de  20  à  30  minutes,  ces  chaudières 
dans  de  l'eau  glacée,  de  manière  à  obtenir  un  re- 
froidissement rapide. 

Dans  les  grandes  beur reries,  on  peut  se  servir 
pour  la  pasteurisation  de  l'appareil  bien  connu  du 
Dr.  Fjord,  par  exemple,  ou  de  celui  de  Resgen. 
Tous  les  appareils  à  pasteuriser  qui  existent  actu- 
ellement sont  loin  d'être  parfaits  :  en  général,  le  lait 
ne  fait  qu'y  passer  sans  y  séjourner  un  temps  suffi- 
sant et  une  partie  seulement  des  germes  sont  tués. 
Avec  du  bon  lait,  il  serait  peut-être  pratique  de 
chauffer  le  lait  à  160°  F.,  directement,  dans  le  bas- 
sin de  réception  muni  d'un  bon  couvercle  et  d'un 
double  fond  renfermant  de  l'eau  chauffée  par  un 
jet  de  vapeur.  Le  lait  serait  ensuite  refroidi  à  86° 
par  un  réfrigérant  où  il  circulerait  à  l'abri  de  l'air 
avant  d'être  envoyé  au  centrifuge.  Le  lait  séjour- 
nant un  certain  temps  dans  ce  bassin,  à  une  tem- 
pérature de  160*  F.,  les  germes  seraient  détruits  en 
plus  grande  quantité. 

Maturation  de  la  crème. — La  maturation  de 
la  crème  a  pour  but  d'augmenter  l'arôme  et  la  sa- 
veur ;  de  plus,  avec  de  la  crème  mûrie,  on  obtient 
au  barattage  un  rendement  plus  fort  qu'avec  de  la 
crème  douce.  La  maturation  de  la  crème  est  de  la 
plus  haute  importance  au  point  de  vue  de  la  qua- 
lité du  beurre. 


292  MANUEL 

La  maturation  de  la  crème  pasteurisée  et  de 
celle  qui  provient  de  lait  pasteurisé  s'obtient  au 
moyen  de  ferments.  Comme  ferments,  on  peut  em- 
ployer :  lo.  Le  lait  de  beurre  de  la  beurrerie  où 
l'on  fabrique  ;  2o.  Un  nouveau  ferment  ;  3o.  Du 
lait  de  beurre  d'une  autre  beurrerie.  Nous  devons 
cependant  ajouter  qu'actuellement  les  fabriques 
dont  on  pourrait  recommander  le  lait  de  beurre 
sont  bien  rares. 

Quand  on  emploie  du  lait  de  beurre,  il  faut  que 
la  crème  d'où  provient  ce  lait  de  beurre  ait  mûri 
bien  régulièrement  et  que  le  beurre  qui  en  est  ré- 
sulté soit  de  première  qualité. 

Quand  le  lait  n'est  pas  pasteurisé,  la  crème  peut 
fermenter  naturellement  et  sans  addition  spéciale 
de  ferment  ;  mais  lorsque  le  lait  ou  la  crème  ont 
été  pasteurisés,  l'addition  de  ferment  s'impose  en 
général,  puisqu'une  grande  partie  des  germes  ont 
été  détruits  par  la  pasteurisation.  L'emploi  de 
ferments  s'impose  encore  pour  le  beurre  d'hiver. 

La  quantité  de  ferment  à  ajouter  à  la  crème  pas- 
teurisée ou  non  et  provenant  ou  non  de  lait  pas- 
teurisé, dépend  beaucoup  de  la  rapidité  avec  la- 
quelle on  désire  que  la  crème  mûrisse  ;  elle  dépend 
aussi  de  la  température  à  laquelle  cette  maturation 
doit  se  faire.       Plus  la  maturation   doit   se   faire  à 


d'industrie  laitière  293 

température  basse  et  plus  elle  doit  être  rapide,  plus 
il  faut  employer  de  ferment.  Au  Danemark,  dans 
certaines  fabriques  où  la  maturation  commence,  la 
crème  non  pasteurisée  étant  à  une  température  de 
84°  F.,  et  se  termine  avec  une  température  de  60° 
F.,  au  bout  de  12  à  13  heures,  la  température  bais- 
sant progressivement  pendant  la  maturation,  on 
emploie  5  p.  c.  de  lait  de  beurre. 

On  peut  encore  employer  en  été  1°?0  et  en  hiver 
2°^  de  lait  de  beurre  de  crème  bien  mûrie  du  joui- 
précédent  et  tenir  la  crème  à  65°  ;  elle  mûrit  alors 
complètement  en  20  ou  22  h^ires. 

On  recommande  en  général,  en  été,  de  mûrir  à 
basse  température,  ce  qui  donne  plus  d'arôme  au 
beurre.  Les  bons  ferments  se  développent  plutôt  à 
basse  température  et  les  moins  bons  à  plus  haute 
température,  il  convient  donc  d'avantager  les  bons. 

La  crème  non  pasteurisée  de  lait  non  pasteurisé 
peut,  dans  les  beurreries  de  cette  province,  parfaite- 
ment bien  mûrir  sans  ferment  spécial,  à  une  tem- 
pérature de  65°  à  75°  en  10  ou  12  heures.  La  crème 
étant  refroidie  vers  50°  pour  la  nuit.  C'est  même 
le  meilleur  système  à  recommander  pour  cette  pro- 
vince pendant  l'été  ;  pendant  l'hiver,  au  contraire, 


294  MANUEL 


l'emploi  des  ferments  est  avantageux.  En  été,  ne 
pas  dépasser  70e"  ;  en  hiver  il  faut  plutôt  augmenter 
la  température. 

Une  crème  est  mûre  lorsque  toute  la  mousse  a 
disparu  et  lorsqu'elle  est  bien  épaisse,  bien  homo- 
gène, et  d'une  acidité  suffisante,  qu'avec  un  peu  d'ha- 
bitude, on  peut  quelque  fois  apprécier  au  goût,  mais 
qu'il  est  préférable  de  déterminer  au  moyen  de  l'aci- 
dimètre,  comme  nous  l'avons  expliqué  plus  haut. 

Une  crème  bien  mûre  doit  contenir  cinq  à  six 
millièmes  d'acide.  Tout  bon  fabricant  devrait  em- 
ployer systématiquement  l'acidimètre. 

La  maturation  de  la  crème  doit  être  bien  régulière, 
dans  toute  la  masse  ;  car  si  l'on  baratte  de  la  crème 
inégalement  mûrie,  les  parties  les  plus  mûres  don- 
neront leur  beurre  plus  vite  que  les  autres  et  on 
s'expose  à  une  perte  de  gras.  Lorsqu'on  mélange  la 
crème  de  deux  écrémages  faits  à  des  temps  diffé- 
rents, il  faut  bien  brasser  le  tout  ensemble.  Le 
brassage  de  la  crème  doit  du  reste  se  faire  sérieu- 
sement chaque  jour,  dans  le  début  de  la  maturation. 
Il  faut  le  répéter  plusieurs  fois  dans  l'après  diner 
et  la  soirée.  Le  brassage  est  favorable  à  la  matura- 
tion en  introduisant  de  l'air  dans  la  crème,  ce  qui 
excite  l'action  du  ferment. 


d'industrie  laitière  295 


Préparation  des  ferments  de  la  crème. — Quand 
la  crème  mûrit  convenablement  et  que  la  qualité 
du  beurre  est  bonne,  on  peut  employer  comme  fer- 
ment, pour  le  jour  suivant,  le  lait  de  beurre  de  la 
baratte'e  du  jour.  On  en  recueille  une  certaine 
quantité  dans  une  chaudière  bien  nettoyée  et  stéri- 
lisée par  la  vapeur  et  on  la  conserve  au  froid  et  à 
l'abri  des  mauvais  germe  en  attendant  son  emploi* 
On  peut  encore  employer  comme  ferment  une  cer- 
taine quantité  de  crème  bien  surie  de  la  veille,  con- 
servée de  la  même  manière. 

Aussitôt  que  la  maturation  de  la  crème  ne  se 
fait  plus  régulièrement,  ou  si  la  qualité  du  beurre 
devient  mauvaise,  il  faut  changer  de  ferment.  On 
pourra  employer,  soit  le  lait  de  beurre  d'une  autre 
beurrerie  où  le  beurre  est  de  qualité  supérieure,  ou 
bien  préparer  un  ferment  nouveau  (starter). 

Pour  cela  on  prend  du  lait  frais  et  pur,  le  meilleur 
que  l'on  peut  trouver  ;  on  le  met  dans  des  canistres 
qui  ont  été  nettoyées  avec  du  soda,  puis  ébouil- 
lantées ou  passées  à  la  vapeur.  Ces  canistres  sont 
placées  dans  un  réfrigérateur  ou  dans  de  l'eau  avec 
de  la  glace.  L'après-dîner,  quand  la  moitié  de  la 
crème  est  montée  on  l'enlève.  On  chauffe  ensuite 
ce  lait  à  une  température  variant  de  77°  à  86°  F., 
en  plaçant   les  canistres    dans  l'eau  chaude   et  en 


296  MANUEL 


brassant  avec  un  dipper  stérilisé  par  la  vapeur  ; 
on  le  laisse  à  la  chaleur  jusqu'à  ce  qu'il  soit  devenu 
suffisamment  acide,  ce  qui  a  lieu  après  18  à  20 
heures.  On  arrête  alors  la  fermentation  en  mettant 
les  canistres  dans  l'eau  froide.  On  enlève  ensuite 
la  couche  supérieure  du  ferment,  puis  on  brasse 
fortement  ce  ferment  pour  en  mélanger  toutes  les 
parties.  On  le  conserve  au  froid  jusqu'au  moment 
de  l'employer. 

On  peut  encore  employer  des  ferments  préparés 
que  l'on  trouve  dans  le  commerce.  La  manière  de 
les  employer  est  indiquée  par  une  notice  jointe  à 
chaque  paquet. 

Le  lait,  lorsqu'il  n'est  pas  pasteurisé  complète- 
ment, peut  contenir  des  mauvais  germes  provenant 
des  étables,  ou  des  pâturages,  ou  de  l'eau  bue  par 
les  vaches,  et  ces  mauvais  germes  peuvent  grande- 
ment entraver  la  maturation. 

Le  mauvais  air  des  beurreries  malpropres  est  une 
source  d'infection.  Dans  certaines  beurreries  il  est 
absolument  impossible  de  faire  mûrir  convenable- 
ment la  crème  à  cause  de  la  malpropreté,  apparente 
ou  non.  Le  seul  remède  est  alors  de  procéder  au 
nettoyage  et  à  la  désinfection  de  la  fabrique. 


d'industrie  laitière  297 


Refroidissement  de  la  crème.— Le  refroidisse- 
ent  de  la  crème  est  une  opération  qui  donne  au 
beurre  une  plus  grande  fermeté  et  améliore  ses 
qualités.  On  peut  refroidir  la  crème,  soit  au  moment 
où  elle  sort  du  centrifuge,  avant  de  la  faire  mûrir, 
soit  après,  la  maturation,  avant  le  barattage.  La 
température  doit  en  être  abaisée  au  moins  à  50°  F. 
et  la  crème  doit  rester  à  cette  température  pen- 
dant un  temps  assez  long  si  on  veut  que  le  refroi- 
dissement ait  tout  son  eftet.  Un  refroidissement 
d'une  heure  améliore  déjà  beaucoup  la  qualité  du 
beurre. 

Lorsqu'on  refroidit  la  crème  au  sortir  du  centri- 
fuge, on  peut  commencer  la  maturation  le  soir  pour 
la  terminer  le  matin.  Cette  méthode  offre  le  danger 
d'une  maturation  sans  contrôle  pendant  la  nuit  et 
n'est  pas  à  recommander  d'une  façon  générale. 
Lorsqu'on  refroidit  la  crème  après  la  maturation, 
on  peut  commencer  la  maturation  immédiatement 
après  l'écrémage,  la  terminer  dans  la  soirée,  et  mettre 
la  crème  à  la  température  de  50°  pendant  la  nuit, 
ou  ne  terminer  qu'en  partie  la  maturation  le  soir  et 
refroidir  petit  à  petit  la  crème  dans  la  nuit,  de  fa- 
çon à  ce  qu'elle  soit  à  50°  le  matin,  la  maturation 
s'achevant  pendant  ce  temps.  C'est  cette  dernière 
pratique  qui  est  actuellement  recommandée  par 
l'Ecole  de  Laiterie  de  St-Hyacinthe. 


298  MANUEL 


Le  refroidissement  de  la  crème  peut  se  faire 
dans  le  bassin  à  crème,  s'il  est  muni  d'un  double 
fond  dans  lequel  on  peut  mettre  de  l'eau  et  de  la 
glace.  Lorsqu'on  refroidit  la  crème  au  sortir  du 
centrifuge,  on  doit  se  servir  de  réfrigérants  spé- 
ciaux. Il  y  en  a  de  nombreux  modèles  que  l'on 
peut  trouver  dans  le  commerce.  Dans  ce  cas,  la 
crème  aura  encore  besoin  d'être  refroidie  au  mo- 
ment du  barattage  pour  être  amenée  à  tempéra- 
ture convenable  pour  cette  opération.  Le  refroidis- 
sement de  la  crème  est  une  pratique  qui  mérite 
toute  l'attention  des  fabricants. 

Ne  pas  refroidir  la  crème  en  y  mettant  fondre 
des  blocs  de  glace  ;  la  glace  ne  doit  pas  venir  direc- 
tement en  contact  avec  elle. 

La  crème  se  compose  surtout  de  gras  de  beurre 
avec  des  proportions  très  variables  d'eau,  de  sucre 
et  de  caséine.  Ces  proportions  sont  si  variables, 
avec  les  circonstances,  qu'il  est  presqu'impossible 
d'en  donner  la  composition  moyenne.  Le  tableau 
suivant  donne,  d'après  Kônig,  la  moyenne  de  43  ana- 
lyses. 


d'industrie  laitière 


299 


MOYENNE 

MINIMUM 

MAXIMUM 

Graisse 

68  82 

22    66 

3  76 

4  23 

53 

22    83 

J5   x9 

63 

59 
11 

33     23 

29  93 

7  88 

5  S2 
2  5° 

Caséine  et  albumine... 
Sucre  de  lait 

Barattage. — On  recommande  maintenant  de 
baratter  à  la  température  la  plus  basse  possible, 
dans  le  voisinage  de  50Q  en  été  et  vers  60°  en  hiver. 
Pour  cela,  la  crème  doit  être  écrémée  suffisamment 
épaisse  pour  que  le  barattage  ne  dure  pas  trop  long- 
temps. La  crème  doit  être  écrémée  suffisamment 
épaisse  pour  que  le  baratage  à  50Q  en  été  et  à  60° 
en  hiver  se  fasse  en  une  demi-heure  environ.  On 
arrête  le  barattage  lorsque  le  beurre  est  en  grains 
de  la  grosseur  d'une  noisette  ou  un  peu  plus  petits. 
On  fera  écouler  le  lait  de  beurre,  puis  on  lavera  le 
beurre,  deux  fois  au  plus,  en  remplissant  à  moitié  la 
baratte  avec  de  l'eau  pure  et  bien  fraîche  et  en  tour- 
nant quelques  tours.  Le  lait  de  beurre  sera  coulé, 
au  sortir  de  la  baratte,  dans  un  tamis  pour  retenir 
tous  les  grains  de  beurre  qui  peuvent  s'échapper 
avec  lui.  Quand  la  crème  a  été  bien  refroidie  et 
bien  mûrie  et  le  barattage  fait  à  température  con- 


300  MANUEL 


venable,  un  seul  lavage  suffit  souvent.  Le  lavage 
fini,  on  laisse  égoutter  le  beurre  pendant  quelque 
temps.  Monsieur  J.  D.  Leclair,  surintendant  de 
l'école  de  laiterie  de  St-Hyacinthe,  recommande  le 
dessèchement  du  beurre  par  un  mouvement  rapide 
de  la  baratte  après  l'écoulement  de  l'eau  de  lavage. 

Travail  et  salage  du  beurre. — Le  beurre  doit 
être  travaillé  à  température  convenable.  62°  F. 
est  la  meilleure  température  pour  ce  travail.  Ce- 
pendant, en  été,  il  est  bon  de  le  travailler  à  une  tem- 
pérature un  peu  plus  bast>e,  et  en  hiver  à  une  tem- 
pérature eu  peu  plus  haute.  Si  le  beurre  est  trop 
mou,  il  faut  le  refroidir  et  le  raffermir  avant  de  lui 
faire  subir  cette  opération.  En  travaillant  un  beurre 
trop  mou  il  est  impossible  de  le  délaiter  et  on  altère 
son  grain.  Le  beurre  ne  doit  pas  non  plus  être  tra- 
vaillé à  trop  basse  température  à  cause  du  grain  qui 
pourrait  en  souffrir. 

On  commencera  le  travail  par  faire  sortir  la  plus 
grande  partie  du  lait  de  beurre,  puis  on  étendra  le 
beurre  sur  la  table,  on  ajoutera  le  sel  que  l'on  incor- 
porera ensuite  le  plus  rapidement  possible  à  la  mas- 
se tout  en  pressant  le  beurre.  Un  fabricant  habile 
peut,  dans  bien  des  cas,  arriver  à  délaiter,  saler  et 
presser  convenablement  le  beurre  en  une  seule  fois  ; 


d'industrie  laitière  301 


et  de  fait,  plus  ces  opérations  sont  conduites  rapi- 
dement, tout  en  étant  faites  complètement,  mieux 
cela  vaut,  le  beurre  demandant  à  être  manipulé  le 
moins  possible.  Mais,  bien  souvent,  les  circonstances 
ne  le  permettent  pas,  et  dans  ce  cas,  après  avoir  dé- 
laité  le  beurre  et  y  avoir  incorporé  rapidement  le 
sel  on  le  portera  dans  une  chambre  à  basse  tempé- 
rature où  on  le  laissera  se  raffermir.  On  finira  en- 
suite le  travail  rapidement.  Il  faut  assécher  le 
beurre  le  plus  possible,  car  du  beurre  qui  contient 
beaucoup  d'eau  perd  jusqu'à  deux  ou  trois  livres  par 
tinette  de  70  lbs  en  quinze  jours  ;  on  cesse  le  tra- 
vail quand  il  n'apparaît  plus  à  la  surface  du  beurre 
que  de  légères  gouttelettes  d'eau,  le  beurre  étant 
suffisamment  ferme.  Il  vaut  toujours  mieux  donner 
le  travail  requis,  car  on  peut  ainsi  sauver  une  demi- 
livre  sur  le  trait  qu'il  est  d'habitude  de  mettre,  sans 
courir  le  risque  de  perdre  la  livre. 

On  doit  toujours  employer  du  sel  bien  propre,  de 
première  qualité  et  qui  ne  se  prenne  pas  en  mottes. 
Le  sel  en  quarts  doit  être  préféré,  il  est  moins  sujet 
à  se  salir  et  à  s'altérer.  Souvent  le  sel  voyage  en 
sacs  dans  des  chars  malpropres  dont  il  prend  les 
mauvaises  odeurs  qu'il  transmet  ensuite  au  beurre. 
Pour  découvrir  les  mauvaises  odeurs  du  sel,  on  met 
de  l'eau  bouillante  dans  le  fond  d'une  chaudière  bien 
propre  et  on  y  jette  une  poignée  ou  deux  de  sel;  les 


302  MANUEL 

mauvaises  odeurs  qu'il  peut  avoir  se  font  alors  sen- 
tir de  suite.  Le  commerce  recommande  de  saler  le 
beurre  à  raison  de  ^  à  §  d'once  par  livre.  C'est  la 
quantité  de  sel  qui  doit  rester  dans  le  beurre  lors- 
qu'il est  complètement  fini,  mais  non  celle  qu'il  faut 
employer  et  qui  est  plus  grande,  puisque  pendant 
le  travail  du  beurre  une  partie  en  est  expulsée  avec 
le  lait  de  beurre.  La  quantité  réelle  à  employer 
dépend  beaucoup  de  la  manière  de  travailler  le  beur- 
re. Trois  quarts  d'once  par  livre  n'est  pas  de  trop 
si  on  le  travaille  fortement,  et  surtout  si  on  le  délaite 
peu  avant  de  le  saler. 

Le  salage  du  beurre  est  une  des  choses  qui  se  fait 
le  plus  irrégulièrement,  et  l'attention  des  fabricants 
doit  être  appelée  sur  ce  sujet.  Le  commerce  s'en 
plaint. 

Couleurs,  taches,  marbrures.  — Le  commerce 
demande  une  couleur  jaune  paille  très  claire. 

La  couleur  du  beurre  varie  avec  la  race  des  va- 
ches, leur  état  de  maigreur  ou  d'embonpoint,  la  na- 
ture des  pâturages,  la  saison.  En  automne  le  beurre 
est  très  blanc  et  il  est  nécessaire  d'employer  de  la 
couleur  artificielle. 

On  entend  par  beurre  tacheté  du  beurre  parsemé 
de  points  blancs.     Ces  taches  sont  le  résultat  delà 


d'industrie  laitière  303 


présence  dans  le  beurre  de  morceaux  de  caillé  qui 
proviennent  soit  de  la  crème  séchée  sur  les  bord» 
du  bassin  à  crème,  ou  de  crème  trop  mûrie,  ou  de 
mottons  de  crème  qui  se  produisent  à  certains  mo- 
ments pendant  l'écrémage,  quand  il  est  mal  conduit. 

Par  beurre  marbré,  on  entend  du  beurre  strié  de 
raies  blanches  ou  plus  pâles.  Les  marbrures  pro- 
viennent de  plusieurs  causes.  Lorsqu'en  remala- 
xant le  beurre  elles  disparaissent,  c'est  qu'elles  pro- 
viennent de  l'imparfait  mélange  du  sel  résultant  du 
malaxage  du  beurre  à  une  température  trop  basse 
et  inégale  dans  toutes  ses  parties,  ou  d'un  malaxage 
insuffisant.  Si  en  remalaxant  le  beurre  elles  ne 
disparaissent  pas,  il  faut  en  rattacher  la  cause  à  un 
barattage  mal  fait  (trop  long),  à  une  maturation 
mal  faite  et  irrégulière. 

Arôme  et  saveur,  propreté. — L'arôme  est  le 
principe  odorant  qui  se  dégage  du  beurre  et  qui 
est  saisi  par  le  nez  ;  la  saveur  est  l'impression  pro- 
duite sur  le  palais  à  la  dégustation.  Pour  bien  ju- 
ger du  beurre  il  faut  tenir  compte  des  deux.  Il  est 
fort  à  regretter  que  ces  deux  choses  soient  généra- 
lement confondues. 

Les  causes  de  mauvais  arôme  et  de  mauvaise  sa- 
veur sont  multiples.  Nous  en  avons  déjà  parlé, 
page  240  et  suivantes,  en  voici  le  résumé  : 


304  MANUEL 

1.  Mauvaises  odeurs  dans  les  étables,  par  manque 
de  ventilation  et  mauvaise  tenue  des  étables  ;  mau- 
vaises odeurs  dans  les  pâturages  ;  ces  odeurs  respi- 
rées  par  les  vaches  peuvent  passer  dans  le  lait. 

2.  Aliments  pouvant  communiquer  au  lait  un 
mauvais  goût,  comme  certaines  mauvaises  herbes, 
l'ensilage  trop  sûr,  certaines  racines  données  en 
excès. 

3.  Mauvaise  eau,  soit  pour  les  vaches,  soit  à  la 
fabrique. 

4.  Traite  des  vaches  et  mise  au  repos  du  lait 
dans  des  endroits  ou  l'air  n'est  pas  absolument 
pur. 

5.  Manque  d'aération  et  de  refroidissement  du 
lait. 

6  Fabrique  malpropre,  mal  tenue  et  mal  aérée 
et  dégageant  de  mauvaises  odeurs,  soit  à  l'extérieur, 
soit  à  l'intérieur. 

7.  Vases,  bassins,  ustensiles  et  instruments  qui 
servent  aux  manipulations  du  lait,  de  la  crème  du 
beurre,  s'ils  sont  malpropres. 


d'industrie  laitière  306 


8.  Incompétence  du  fabricant,  et  maturation  de 
la  crème  mal  conduite.  Mauvais  local  pour  cette 
maturation. 

9.  D'une  façon  générale,  tout  ce  qui  peut  com- 
muniquer au  lait  ou  au  beurre  un  mauvais  goût  ou 
entraver  la  maturation  régulière  de  la  crème. 

Goût  de  poisson,  goût  d'huile  et  goût  de 
suif. — L'origine  de  ces  mauvais  goûts  n'est  pas 
encore  absolument  connue.  On  est  cependant  géné- 
ralement d'accord  pour  admettre  que  du  beurre 
conservé  dans  un  endroit  où  il  y  a  du  poisson  ou 
de  l'huile  peut  en  prendre  le  goût,  et  que  le  sel  em- 
ployé pour  saler  le  beurre,  s'il  est  conservé  dans 
ces  mêmes  endroits,  peut  aussi  lui  communiquer 
ces  mauvais  goûts. 

Le  goût  de  suif  provient  de  l'action  de  l'oxygène 
de  l'air  sur  les  matières  grasses  et,  peut  être,  de 
l'action  de  certains  microbes. 

Grain  et  texture. —Le  grain  se  juge  par  la  di- 
mension et  la  forme  des  grains  du  beurre  ;  la  tex- 
ture est  la  réunion  plus  ou  moins  serrée  des  grains. 
Un  beurre  pltut  avoir  un  excellent  grain  et  n'avoir 
pas  de  texture. 
20— 


306  MANUEL 

Un  beurre  à  bon  grain  donne  la  cassure  de  la 
grosse  fonte.  Un  beurre  à  bonne  texture  présente 
l'aspect  de  la  cire.  Dans  la  province,  le  grain  est  gé- 
néralement bon,  mais  la  texture  est  mauvaise.faute 
d'un  délaitage  suffisant  et  d'une  dessication  assez 
complète.  Le  barattage  à  haute  température  rend 
en  général  le  délaitage  et  la  dessication  'difficiles. 
Dans  la  province,  le  travail  du  beurre  est  générale- 
ment fait  à  trop  haute  température  pendant  les 
chaleurs  de  l'été,  et  la  texture  ainsi  que  le  grain  en 
souffrent  beaucoup 

Empaquetage  du  beurre. —L'empaquetage  du 
beurre  est  un  travail  qui  se  fait  malheureusement 
avec  beaucoup  de  négligence  ;  les  fabricants  de- 
vraient lui  donner  plus  d'attention. 

L'apparence  extérieure  des  articles  [offerts,  joue 
toujours  un  grand  rôli  sur  tous  les  marchés.  Si  un 
article  a  une  mauvaise  apparence  extérieure,  il 
produit  un  mauvais  effet  sur  l'acheteur,  qui  est 
toujours  porté  à  en  offrir  un  prix  moins  élevé.  De 
plus,  l'empaquetage  doit  être  fait  suivant  le  goût 
des  acheteurs.  Actuellement  les  quarts*de  112  lbs. 
sont  peu  usités,  les  tinettes  de  70  lbs.  sont  fort  em- 
ployées :  mais  ce  sont  les  boîtes  de  56  lbs.  qui  sont 
préférées  d'une  façon  générale  pour  •'exportation. 
Voici  les  dimensions  intérieures  ordinaires  de  ces 
boîtes  : 


d'industrie  laitière  307 

Les  Rutherford  Patent  Box  ont  10"f  de  haut, 
14"  de  long  et  12"§  de  large,  Les  boîtes  bon  mar- 
ché, communes  ont  11"  de  haut,  12''  de  lonç»\  et  12" 
de  large. 

Les  tinettes  doivent  toujours  être  trempées 
avant  d'être  employées.  On  les  remplit  d'eau 
bouillante,  on  jette  une  poignée  de  gros  sel  com- 
mun dans  chacune  d'elles,  on  les  laisse  ainsi  trem- 
per pendant  trois  ou  quatre  jours  ;  au  bout  de 
ce  temps,  on  les  vide,  on  les  retourne  pendant  5 
minutes  sur  un  jet  de  vapeur,  puis  on  les  frotte 
énergiquement  avec  une  brosse  en  chiendent  et  de 
l'eau  chaude,  et  ensuite  avec  une  bouillie  claire  de 
sel  et  d'eau,  après  les  avoir  rincées  soigneusement 
à  l'eau  froide.  Le  bois  des  boîtes  doivrait  être  mis 
a  trempe]-  aussi,  et  les  boîtes  passées  à  la  vapeur. 

Ce  traitement  de  la  boîte  ou  de  la  tinette  ne  doit 
jamais  dispenser  de  l'emploi  du  papier  parchemin, 
pas  plus  que  l'emploi  de  ce  papier,  du  lavage  de  la 
boîte  fait  comme  nous  venons  de  l'indiquer.  N'em- 
ployer que  du  papier  parchemin  de  première  classe. 
Le  commerce  en  vend  actuellement  beaucoup  de 
mauvaise  qualité,  ce  qui  est  regrettable. 

Il  faut  avant  de  les  employer,  tremper  les  pa- 
piers parchemins  dans  de  la  saumure. 


308  MANUEL 


Pour  préparer  cette  saumure,  on  peut  dissoudre 
1  lb  d'acide  borique,  2  onces  de  salpêtre  et  4  lbs  de 
sel  dans  deux  gallons  d'eau,  faire  bouillir  et  refroi- 
dir ensuite.  Conserver  cette  saumure  dans  un  en- 
droit frais,  à  l'abri  des  mauvaises  odeurs  et  des 
mauvais  germes. 

Le  papier  parchemin  doit  être  placé  dans  les 
boîtes  ou  les  tinettes  avec  le  plus  grand  soin  et  sans 
plis.  Les  acheteurs  anglais  trouvent  que  ce  papier 
n'est  pas  toujours  mis  avec  assez  de  soin.  Le  beur- 
re doit  être  tassé  soigneusement  de  façon  à  ce  qu'il 
n'y  reste  aucun  vide.  L'empaquetage  du  beurre 
doit  se  faire  à  une  température  d'environ  60°.  Les 
vides  sont  toujours  une  cause  de  détérioration  du 
beurre. 

Les  boîtes  doivent  être  aussi  propres  que  possi- 
ble, bien  faites,  bien  fermées,  bien  marquées  ;  en  un 
mot  l'apparence  doit  en  être  aussi  attrayante  que 
possible. 

Les  quarts  doivent  être  bien  frottés  de  sel,  dou- 
blés de  papier  parchemin  Avant  de  les  fermer,  on 
place  à  la  surFace  du  beurre  une  forte  saumure  qui 
achève  d'en  exclure  complètement  l'air. 


d'industrie  laitière  309 


Les  emballages  paraffinés  à  l'intérieur,  sur  le  bois, 
ne  suffisent  pas  pour  la  bonne  conservation  du  beur- 
re et  ne  doivent  pas  dispenser  de  l'emploi  du  papier 
parchemin. 

Conservation  du  beurre.  —  Les  principales 
causes  d'altération  du  beurre,  tant  à  la  fabrique  que 
pendant  le  transport  et  chez  les  marchands  sont  :  1° 
la  chaleur  ;  2°  l'humidité  ;  3°  les  mauvaises  odeurs. 
Dans  la  plupart  des  beurreries,  malheureusement, 
il  n'y  a  pas  de  réfrigérateur  convenable.  Ils  sont 
presque  toujours  remplacés  par  des  salles  humides, 
mal  ventilées,  en  communication  directe  avec  la 
glacière,  où  la  température  ne  descend  jamais  en- 
dessous  de  50°  ou  55Q.  Dans  un  bon  réfrigérateur 
la  température  doit  descendre  à  32°.  Ce  n'est  qu'à 
cette  température  que  le  beurre  peut  se  conserver 
sans  altération  un  certain  temps.  Il  devrait  j  être 
amené  aussi  rapidement  que  possible  après  avoir 
été  empaqueté. 

Transport. — Au  point  de  vue  du  transport  du 
beurre,  voici  les  principaux  points  sur  lesquels  il 
faut  porter  son  attention. 

Pour  le  transport  du  beurre,  de  la  fabrique  au 
port  d'embarquement,  il  faut  se  servir,  autant  que 
possible,  de  chars  réfrigérants  ;  les  grandes  lignes 
de  chemin  de  fer  en  sont  actuellement  pourvues. 


310  MANUEL 


Le  beurre,  tant  en  chemin  de  fer  que  sur  les  ba- 
teaux, ne  doit  pas  être  entassé  avec  les  autres  mar- 
chandises, quelles  qu'en  soient  la  nature  et  les  odeurs, 
ni  dans  des  wagons  malpropres.  Les  tinettes  et  les 
boîtes  de  beurre  ne  doivent  pas  séjourner  des  heures 
entières  au  soleil,  au  quai  d'embarquement,  et  quel- 
quefois à  celui  du  débarquement. 

Veiller  à  ce  que  les  chars  réfrigérants  soient 
pourvus  de  glace.  Ce  sont  souvent  des  chars  des- 
tinés au  transport  de  la  viande,  du  poisson  ou 
d'autres  produits  analogues  que  l'on  met,  sans  les 
nettoyer  ni  les  désinfecter,  à  la  disposition  des  fa- 
briques. Celles-ci  doivent  donc  les  faire  désinfecter 
avant  de  les  employer  au  transport  du  beurre. 

Aux  ports  d'embarquement  et  de  débarquement, 
les  compartiments  réfrigérants  doivent  être  parfaits 
au  point  de  vue  de  l'isolement  des  produits,  de  l'hu- 
midité, de  la  température,  de  l'espace  offert  et  de  la 
propreté. 

Examen  et  jugement  des  beurres— lo.  Ex- 
aminer l'apparence  extérieure. —  L'empaquetage 
est-il  propre  ? — Les  dimensions  de  la  boîte  ou  de  la 
tinette  sont-elles  convenables  pour  le  marché  ? — 
Le  bois  est-il  bon,  sans  nœud,  ni  fente,  et  bien 
assemblé  ? —  Les  couvercles  sont-ils  bien  fixés  ? — 


d'industrie  laitière  311 


Manque-t-il  des  cercles  aux  tinettes  ? — Sont-ils 
solides  et  bien  placés  ? — Le  poids  est-il  étampé  d'une 
façon  bien  apparente  ? — La  marque  de  fabrique 
est-elle  élégamment  placée  ? 

2o.  Ouvrir  la  boite  ou  la  tinette. — Le  papier 
parchemin  est-il  assez  fort  et  bien  mis  ? — La  sur- 
face supérieure  du  beurre  est-elle  bien  unie  ■ 

3o.  Sonde?'  le  beurre. — La  couleur  de  l'échan- 
tillon doit  être  jaune  paille  clair,  bien  régulière  et 
sans  aucune  tache  blanche  ni  marbrures  ? —  L'é- 
chantillon contient-il  beaucoup  d'eau  ou  de  lait  de 
beurre  ? — Un  bon  beurre  doit  être  suffisamment 
sec  pour  qu'il  n'apparaisse  à  la  surface  de  l'échan- 
tillon que  de  légères  gouttelettes  d'eau  claire.  Si  le 
beurre  a  été  mal  lavé,  ces  çrouttelettes  seront  blan- 
châtres. 

4o.  Casser  un  morceau  de  V échantillon  et  en 
examiner  la  cassure  qui  doit  ressembler  à  celle 
d'un  morceau  de  grosse  fonte.  Le  beurre  ne  doit 
pas  avoir  le  grain  trop  fin.  Il  doit  en  outre  être 
bien  ferme,  et  si  on  le  coupe,  il  doit  être  bien  ho- 
mogène, bien  pressé  et  ressembler  à  de  la  cire. 

5o.  Sentir  l'échantillon  qui  ne  doit  émettre  au- 
cune odeur  désagréable.  Les  plus  mauvaises  odeurs 


312  MANUEL 

sont  celles  d'animal,  d  etable,  de  navets,  d'ensilage, 
de  petit  lait  en  décomposition,  de  suif,  etc.  L'odeur 
doit  être  bien  fraîche. 

6.  Goûter  l'échantillon  qui  ne  doit  avoir  aucun 
mauvais  goût.  Les  mauvais  goûts  les  plus  communs 
sont  ceux  de  lait  de  beurre,  de  suif,  de  rance,  de 
poisson,  d'huile,  de  caillé  ou  de  fromage  et  le  goût 
acide.  Le  goût  de  noisette  ou  d'amande  est  au  con- 
traire une  bonne  note. 

Le  beurre  doit  en  outre  n'être,  ni  trop,  ni  trop 
peu  salé.  Le  marché  anglais  demande  2  à  2|CÎ70  ; 
le  marché  local  demande  un  peu  plus.  On  arrive 
facilement,  avec  un  peu  d'habitude,  à  distinguer 
si  le  salage  est  suffisant  ou  trop  fort. 

On  cote  l'arôme  et  la  saveur  de  0,  à  45 

"  le  grain  de  0,  à  25 

"  la  couleur  de  0,  à  15 

le  salage  de  0,  à  10 

l'apparence  générale  de  0,  à     5 


Soit  un  total  possible  de  100  points 

pour  un  beurre  parfait.  Sont  cotés  de  1ère  classe 
les  beurres  qui  atteignent  de  95  à  100  points  ;  de 
2ème  classe  ceux  qui  atteignent  de  90  à  95  points, 
de  3ème  ceux  ayant  moins  de  85  points. 


D'INDUSTRIE  LAITIERE 


313 


Sous  le  titre,  apparence  générale,  c'est  à  la 
qualité  du  papier  parchemin  et  à  la  manière  dont 
il  est  mis,  qu'il  faut  attacher  le  plus  d'importance  : 
c'est  de  lui  que  dépend  la  conservation  du  beurre. 

Composition  du  beurre.— Le  beurre  du  com- 
merce n'est  pas  entièrement  composé  de  graisse,  il 
contient  aussi  de  l'eau,  de  la  caséine  et  du  sucre  de 
lait,  puis  du  sel. 

Le  tableau  suivant  donne,  d'après  Fleischmann,  la 
composition  de  différents  beurres. 


Fabriqué  avec 
de     la     crème 
douce, non  salé 

Fabriqué  avec 
de    la     crème 
mûrie,  salé. 

Non 
lavé 

Lavé 

Non 
lavé 

Lavé 

Sucre  de  lait  et  quelques 
autres  matières  organi- 
ques   

Pourct 
15.01 
83.47 
.60 

.80 
.13 

Pourct 
15.00 
83.73 
.55 

.60 
.12 

Pourct 
12.00 
84.75 
.50 

.55 
2.20 

Pourct 
12.50 

84.62 
.48 

.40 

Cendres  ou  cendres  et  sel 

2.00 

314  MANUEL 

Il  montre  que  la  quantité  d'eau,  dans  ces  beurres, 
varie  de  12  °2a  à  15  °20.  La  crème  barattée  à  haute 
température  donne  inévitablement  un  beurre  riche 
en  eau  et  qu'il  est  impossible  de  débarrasser  de  cette 
«au.  Un  beurre  peut  paraître  parfaitement  sec  à 
l'œil  et  contenir  jusqu'à  18  °^o  d'eau,  tandis  qu'un 
autre  échantillon  peut  être  couvert  de  gouttelettes 
et  être  relativement  pauvre  en  eau.  Cela  provient 
de  ce  que  l'eau  peut  être  incorporée  au  beurre  sous 
forme  de  gouttelettes  invisioles. 

Rendement  du  lait  en  beurre. — Dans  la  pra- 
tique ordinaire  des  beurreries  de  cette  province  où 
on  emploie  les  nouvelles  méthodes  de  fabrication, 
la  quantité  de  beurre  produite  dépasse  de  10  à  15 
°10  la  quantité  de  gras  contenu  dans  le  lait  qui  sert 
à  faire  ce  beurre.  Ainsi  100  lbs  de  gras  dans  le  lait 
donnent  110  à  115  lbs  de  beurre.  Par  exemple  6000 
lbs  de  lait  donnant  à  Sh  °]0  de  gras  au  babcock, 
produiront  60x  3i  x  1.15  =  241J  lbs  de  beurre. 

Au  printemps  le  lait  donne  110  lbs  de  beurre  par 
100  lbs  de  gras  environ  ;  le  rendement  augmente 
jusqu'en  automne  ou  il  devient  de  114  à  115  lbs  de 
beurre  par  100  lbs  de  gras. 

Rendement  en  beurre  de  laits  de  différentes 
richesses  (Kirchner) 

100  lbs  de  lait  donnent  le  nombre  de  lbs  de 
beurre  indiquées  au  tableau  suivant.  (On  suppose  que 


D  INDUSTRIE  LAITIERE 


315 


l'on  a  pris  16° ]0  de  crème  et  que  le  beurre  contient 
83%  de  gras.) 


POUR     CENT     DE 
GRAS    DANS    LE 

POUR  CENT  DE  GRAS    K  ESTANT 
LAIT     ÉCRÉMÉ 

DANS    LE 

LAIT 

0.  20   °/0 

0.  30  °/o 

0.  40   °/o 

0.  50  % 

lbs 

lbs 

lbs 

lbs 

2.5 

2.697 

2.600 

2503 

2.406 

2.6 

2.812 

2.716 

2.618 

2.522 

2.7 

2.928 

2.832 

3.734 

2.638 

2.8 

3.044 

2.918 

2.850 

2  754 

29 

3.160 

3.063 

2.966 

2.169 

3.0 

3.276 

3.178 

3.081 

2,984 

3.1 

3.925 

3.293 

3.297 

3.100 

3.2 

3.308 

3.-109 

3313 

3.216 

3.3 

3.624 

3.52Ô 

3429 

3.332 

3.4 

3.739 

3.641 

3.546 

3.447 

3.5 

3.854 

3.757 

3.659 

3.562 

3.6 

3.969 

3.8.3 

3.774 

3.677 

3.7 

4  084 

3.989 

5  890 

3.793 

3.8 

4.200 

4.105 

4.006 

3-909 

3.9 

4.316 

4.220 

4.122 

4.025 

4.0 

4.433 

4.335 

4.238 

4.141 

4.1 

4.547 

4  450 

4.352 

4.257 

4.2 

4.653 

4.565 

4.468 

4.373 

4.3 

4.779 

4.681 

4.584 

4.4*9 

4.4 

4.895 

4.797 

4.700 

4.604 

4.5 

5.011 

4.913 

4.866 

4.719 

4.6 

5.127 

5.028 

4.932 

4.834 

4.7 

5.243 

5.144 

5.068 

4.949 

4.8 

5.359 

5.200 

5.164 

5.065 

4.9 

5.474 

5376 

5.280 

5.181 

5.0 

5.589 

5.492 

5.395 

5.297 

316 


MANUEL 


Le  tableau  suivant  indique  la  quantité  de  lait 
nécessaire  pour  faire  une  livre  de  gras  d'après  sa 
richesse.  Il  est  calculé  en  supposant  qu'on  obtient 
dans  les  beurreries  115  lbs  de  beurre  par  100  lbs 
de  gras. 

QUANTITÉ  DE  LAIT  POUR  FAIRE  UNE  LIVRE  DE  BEURRE 
D'APRÈS  LA  RICHESSE  DU  LAIT  EN  GRAS. 


Richesse  du 
lait  en  gras 

lbs  de  lait  par 
lb  de  beurre 

Richesse  du 
lait  en  gras 

lbs  de  lait 

par  lb  de 

beurre 

2.8 

31.1 

5.0 

17.4 

3.0 

29  0 

5.2 

16.7 

3.2 

27.2 

5.4 

loi 

3.4 

25.5 

5.6 

15.5 

3.6 

24.2 

58 

15.0 

3.8 

22.9 

6.0 

14.5 

4.0 

21.7 

6.2 

14.0 

4.2 

20.7 

6.4 

13.6 

4.4 

19.8 

6.6 

13.2 

4.6 

18.9 

6.8 

12.8 

4.8 

18.1 

7.0 

12.4 

D'INDUSTRIE  LAITIÈRE 


317 


QUANTITÉ    DE    LIVRES    DE    LAIT    NÉCESSAIRES    POUR 
FAIRE  UNE  LIVRE  DE  BEURRE  (Kirchntr.) 


Ibs  de  beurre 

par  ioo  lbs 

de  lait 


lbs  de  lait  pour 
i  lb  de  beurre 


lbs    de  beurre 

par  ioo  lbs  de 

lait 


lbs    de   lait 

pour  i  lb  de 

beurre 


2.4 

41.67 

38 

26  32 

2.5 

4D.00 

3.9 

25.64 

2.6 

38.46 

4.0 

25.00 

2.7 

37.04 

4.2 

24.39 

2.8 

35.71 

4.3 

23.81 

2.9 

34.48 

4.1 

23.26 

3.0 

33.33 

4.4 

22.73 

3.1 

32  26 

4.  fi 

22.22 

3.2 

31.25 

4.7 

21.74 

3.3 

30.30 

4.8 

21.28 

3.4 

Z9.41 

4.5 

20  83 

3.5 

28.57 

4.9 

20.41 

3.6 

27.68 

5.0 

20.00 

3.7 

27.03 

5.5 

18.18 

318 


MANUEL 


RÉPARTITION  DES  ÉLÉMENTS  DU  LAIT,  PAR  LA  FABRI- 
CATION DU  BEURRE  AVEC  1000  Ibs  DE 

lait  (Gooke). 


Solides  to- 
tuux 

Gras 

Caséine 

a 

a 

3 
< 

'S 

s 
s> 

3 

a 
O 

Proportion% 

du  gras  dans 

le  produit 

1000  Ibs  de  lait  eu- 

Ibs 

130  0 

78  0 
52  0 

14  91 
37  09 

Ibs 

40  0 

2  4 
37  6 

8 
36  8 

Ibs 
26  0 

22  0 

4  0 

3  77 
23 

Ibs 

7  0 

6  0 
1  0 

94 
06 

Ibs 

49  5 

41  2 
8  3 

8  3 

Ibs 

7  5 

6  4 

1  1 

1  1 

1  00 

800  Ibs  de  lait  écré- 
mé  

200  Ibs  de  crème... 
187   Ibs  de  lait  de 

6 

94 

2 

433  Ibs  de  beurre.  . 

92 

Taux  de  fabrication. — Cette  question  est  im- 
portante parce  qu'elle  amène  souvent  des  diseus- 
sions entre  les  patrons  et  le  propriétaire  d'une 
beurrerie.  Plus  les  patrons  apporteront  de  lait  à 
une  fabrique,  plus  ils  pourront  espérer  un  taux  de 
fabrication  bas  ;  parce,  que,  dans  une  beurrerie,  les 
frais  restent  à  peu  près  les  mêmes,  de  0  à  7000  Ibs 
de  lait  par  jour,  les  mêmes  aussi  entre  7000  à 
15.000  Ibs  de  lait  par  jour,  et  que,  lorsqu'on  fa- 
brique en  grand,  ces  frais  sont  répartis  entre  un 
plus  grand  nombre  de  livres  de  beurre. 


d'industrie  laitière  319 


Voici  les  taux  de  fabrication  qu'il  seraient  rai- 
sonnable d'admettre  : 

de  0  à  7000  Ibs Sh  et  p.  lb. 

de  7000  à  15000 3    et.  p.  lb. 

En-dessous  de  15000  lbs,  on  peut  encore  baisser 
ce  taux. 

Dans  ces  conditions,  une  fabrique  recevant  .r000 
lbs  par  jour  pendant  6  mois  laisserait  le  fabricant 
avec  ses  orages  seulement.  En  recevant  6000  lbs 
par  jour  le  fabricant  pourrait  retirer  environ  200 
piastres  en  plus.  Il  n'est  pas  prudent  avec  ces  taux 
d'établir  une  fabrique  devant  recevoir  moins  de 
6000  lbs  de  lait  par  joui-. 

Les  grandes  fabriques,  bien  organisées,  ayant  un 
bon  fabricant,  sont  plus  avantageuses  pour  tout  le 
inonde  que  les  petites  et  on  ne  saurait  trop  conseil- 
ler aux  cultivateurs,  dans  leur  propre  intérêt,  de  les 
encourager  de  préférence  ;  mieux  organisées  et  dis- 
posant de  plus  de  fonds,  elles  pourront  produire  à 
meilleur  compte  un  meilleur  article  qui  trouvera 
un  meilleur  prix  sur  les  marchés,  que  dans  le  cas 
des  petites  fabriques. 


320  MANUEL 

Beurre  d'hiver. —  La  fabrication  d'un  beurre 
d'hiver  aussi  bon  que  le  beurre  deté  est  possible  ; 
mais  cette  fabrication  demande  quelques  conditions 
spéciales. 

1°  Il  faut  qu'il  y  ait  au  moins,  par  5  à  8  vaches, 
vieilles  en  lait,  une  vache  fraîche  vêlée.  Cette  con- 
dition serait  facile  à  remplir  si  les  cultivateurs 
s'arrangeaient  pour  faire  vêler  une  partie  de  leurs 
vaches  l'automne. 

2°  Il  ne  doit  y  avoir  dans  les  étables,  qui  doivent 
être  parfaitement  ventilées,  aucune  mauvaise  odeur, 
de  quelque  cause  qu'elle  provienne.  L'odeur  d'ensi- 
lage sur  est  la  plus  mauvaise. 

3°  Le  lait  doit  être  parfaitement  aéré  avant  d'être 
refroidi. 

4°  Ne  pas  donner  aux  vaches  trop  de  navets  ;  ne 
pas  employer  d'aliments  qui  peuvent  communiquer 
au  lait  un  mauvais  goût  :  l'ensilage  sur  j  est  de  ce 
nombre,  ainsi  que  les  fourrages  moisis,  les  racines 
gâtées,  les  moulées  fermentées. 

5°   Ne  pas  employer  de  lait  trop  vieux.";  [Le  lait 
devrait  être  conduit  à  la  fabique  tous  les  jours^ou 
ous  les  deux-  jours. 


d'industrie  laitière  321 


6°  Emploj^er  des  ferments  lactiquas  de  culture 
pure  et  ne  pas  faire  fermenter  à  trop  basse  tempé- 
rature. 

7°  Il  faut  que  le  contrôle  de  la  température  dans 
la  fabrique  soit  possible  pendant  tout  l'hiver.  Dans 
ces  conditions,  et  en  suivant  les  autres  règles  de  la 
fabrication  du  beurre,  on  peut  faire  du  beurre  de 
choix  pendant  l'hiver  aussi  bien  que  pendant  l'été  ; 
on  ne  saurait  trop  encourager  cette  fabrication. 

Beurre  et  fromage. — Il  ne  devrait  jamais  se 
faire  de  fromage,  ni  au  printemps,  ni  tard  en  au- 
tomne (fodder  cheese).  Le  fromage  de  foin  ne 
convient  nullement  au  marché  anglais  et  la  fabri- 
cation de  ce  fromage  produit  chaque  année  sur  le 
marché  une   baisse  de  prix  coûteuse  à  la  province. 

Au  printemps,  à  l'automne  et  pendant  l'hiver,  le 
lait  devrait  être  conduit  aux  beurreries  ;  les  froma- 
geries ne  devraient  marcher  que  l'été.  C'est  là  un 
fait  prouvé  par  l'expérience  et  l'avantage  des  culti- 
vateurs serait  d'en  tenir  compte. 


21— 


CHAPITRE  V 


CONSTRUCTION  ET  MATERIEL  DES  BEURRERIES 


Choix  de  l'emplacement  des  beurreries. — Règles  de  cons- 
truction des  beurreries. — Bâtisses. —  Bouilloires. — 
Engins. —  Vitesse  du  shaft  intermédiaire  et  calcul 
des  poulies. —  Centrifuges. —  Bassins  divers. —  Ba- 
ratte.— Malaxeurs. — Propreté  des  beurreries. — Dé- 
sinfection des  fabriques. —  Matériel  nécessaire  à 
une  beurrerie  de  500  à  700  vaches. 

Dans  ce  chapitre,  nous  allons  passer  rapidement 
en  revue  les  principales  règles  à  observer  dans  la 
construction  des  beurreries  ;  puis,  sommairement,  les 
choses  les  plus  importantes  à  connaître  relativement 
à  l'achat,  et  l'usage  des  principales  machines  et  des 
principaux  instruments  employés  dans  les  beurre- 
ries. Je  ne  traiterai  dans  ce  chapitre,  que  les  points 
les  plus  négligés  ou  les  moins  connus. 

Choix  de  l'emplacement  des  beurreries.— 

L'emplacement  des  beurreries  doit  être  choisi  de 
manière  à  avoir  : 


d'industrie  laitière  323 


lo.  Suffisamment   de  lait  :  au  moins  cinq   à  six 
mille  livres  par  jour. 

2o.  Un  écoulement  facile  pour  les  eaux  de  drai- 
nage ;  c'est  une  condition  importante. 

3o    De  la  bonne  eau  pure  en  abondance.  En  par- 
ticulier l'eau  ne  doit  pas  gonfler  dans  la  bouilloire. 

Règles  de  construction  des  beurreries. — La 

maturation  de  la  crème,  le  travail  et  la  conserva- 
tion du  beurre,  doivent  se  faire  à  certaines  tempé- 
ratures bien  déterminées  ;  les  murs  de  la  fabrique 
doivent  donc  être  suffisamment  bien  construits 
pour  empêcher,  autant  que  possible,  les  variations 
de  température  ;  il  en  est  de  même  des  partitions 
intérieures. — Autant  que  possible,  ne  pas  placer 
l'engin  et  la  bouilloire  dans  la  salle  des  centrifuges 
ou  de  travail  du  beurre,  et  mettre  de  forts  ventila- 
teurs dans  la  salle  où  ils  se  trouvent. — Le  travail 
du  beurre  ne  devrait  pas  se  faire  dans  la  salle  des 
centrifuges  qui  sert  généralement  aux  lavages. 
Il  serait  à  désirer  qu'il  y  ait  une  salle  spéciale  pour 
ce  travail,  qu'elle  soit  bien  proche  et  à  portée  du 
réfrigérateur.  C'est  dans  cette  salle  que  devrait  se 
trouver  la  baratte. 

La  plate-forme  de  réception  du  lait  doit  être  spa- 
cieuse et  en  rapport  direct  avec  la  salle   de  l'engin 


324  MANUEL 


et  celle  des  centrifuges,  pour  que  le  fabricant  ait 
l'engin  et  les  centrifuges  à  sa  portée  et  puisse  faci- 
lement surveiller  l'écréinage  tout  en  recevant  le 
lait. 

Il  faut,  pour  la  maturation  de  la  crème,  une  salle 
spéciale  qui  n'ait  aucune  communication  avec  les 
autres,  si  ce  n'est  avec  celles  du  barattage  et  du 
travail  du  beurre.  Cette  salle  doit  être  éloignée  de 
l'engin  et  rapprochée  de  la  glacière  autant  que 
possible.  Les  niveaux  des  différentes  salles  doivent 
être  pris  de  façon  à  ce  que  le  lait  puisse  couler  di- 
rectement dans  les  centrifuges,  et  la  crème  dans 
les  bassins  à  crème  et  de  là  dans  la  baratte,  sans 
manipulation. 

La  ventilation  de  la  beurrerie  doit  être  parfaite, 
et  chaque  salle  doit  avoir  au  moins  un  bon  venti- 
lateur. 

Le  drainage  doit  se  faire  par  l'intermédiaire  de 
joints  hydrauliques  (tuyaux  en  S),  de  façon  à  ce  que 
le  mauvais  air  des  égouts  ne  puisse  pas  revenir  dans 
les  différentes  salles,  et  les  eaux  de  drainage  doi- 
vent être  écoulées  au  loin  par  .des  conduits  souter- 
rains, toutes  les  précautions  étant  prises  pour  qu'il 
ne  puisse  pas  se  répandre  de  mauvais  air  autour  de 
la  fabrique,  et  pour  qu'on  puisse   visiter  facilement 


d'industrie  laitière  325 


ces  canaux.  Pour  faciliter  l'écoulement  des  eaux, 
et  par  suite  le  drainage,  le  solage  de  la  fabrique 
doit  être  suffisamment  élevé  au-dessus  du  sol. 

Les  fabriques  doivent  être  pourvues  de  bons  ré- 
frigérateurs pour  la  conservation  du  beurre.  On 
doit  s'arranger  pour  pouvoir  faire  descendre,  dans 
ces  réfrigérateurs,  la  température  jusqu'à  32°  au 
moins.  Le  meilleur  système  actuellement  en  usage 
pour  cela  est  le  système  des  cylindres  en  tôle  gal- 
vanisée que  l'on  charge  de  glace.  Ces  cylindres 
doivent  avoir  environ  un  pied  de  diamètre  et  six 
pieds  de  haut.  Au-dessus  du  réfrigérateur  il  y  a 
une  chambre  dans  laquelle  ils  s'ouvrent  et  de  laquelle 
ils  reçoivent  leur  charge  de  glace.  Cette  chambre 
est  en  communication  avec  la  glacière.  L'ouverture 
de  chaque  cylindre  est  fermée  par  un  bon  couvercle 
en  bois.  L'eau  de  fusion  de  la  glace  des  cylindres 
est  reçue  en  bas  dans  un  bac  en  tôle  galvanisée 
placé  endessous.  Ce  bac  reçoit  en  outre  les  eaux 
qui  se  condensent  à  la  surface  des  cylindres.  Toutes 
ces  eaux  sont  écoulées  dans  les  égouts  de  la  beur- 
rerie  par  un  tuyau  en  S.  Ces  cylindres  doivent 
être  tenus  continuellement  remplis  de  glace,  et  pour 
produire  un  plus  fort  abaissement  de  température, 
on  peut  y  ajouter  un  peu  de  sel. 

La  fig  15  indique  la  disposition  de  ces  cylindres. 
Chacun  d'eux  peut  contenir  200  lbs  de  glace  brisée. 


326  MANUEL 

Pour  une  chambre  de  10  x  10  x  6,  qui  est  capabie 
d'emmagasiner  8,000  lbs  de  beurre,  on  compte  six 
de  ces  cylindres,  trois  à  droite  et  trois  à  gauche,  et 
avec  une  tonne  et  demie  de  glace  par  semaine,  et 
par  par  de  fortes  chaleurs,  il  sera  possible  de  main- 
tenir la  température  de  ce  réfrigérateur  dans  le  voi- 
sinage de  32°,  si  les  murs  sont  bien  construits. 

La  salle  de  conservation  du  beurre  ne  doit  pas 
être  en  communication  directe  avec  la  glacière,  et 
doit  être  éloignée  de  l'engin  et  de  la  bouilloire. 
Elle  doit  être  pourvue  d'une  bonne  cheminée  d'aé- 
rage. 

La  glacière  doit  êtro  suffisante  pour  contenir  au 
moins  150  à  200  tonnes  de  glace.  Un  pied  cube  de 
glace  pèse  55  lbs.  La  glacière  doit  être  bien  imper- 
méable à  l'air  à  la  base  et  munie  d'une  bonne  che- 
minée d'aérage. 

Les  salles  doivent  être  spacieuses  et  élevées  d'au 
moins  12  pieds.  Dans  les  salles  trop  basses,  l'air  s'ë- 
chauffe  trop  vite  et  les  mauvaises  odeurs  se  font 
trop  sentir. 

Les  différentes  salles  de  la  beurrerie  doivent  être 
pourvues  de  moyens  de  chauffage  pour  la  fabrica- 
tion du  beurre  d'hiver.  Ce  chauffage  peut  se  faire 
économiquement  avec  la  vapeur  de  la  bouilloire. 


d'industrie  laitière  327 

Les  planchers  ou  pavés  des  différentes  salles 
doivent  être  bien  étanches  pour  empêcher  les  eaux 
de  drainage  de  s'infiltrer  au  travers  et  de  répandre 
de  mauvaises  odeurs  dans  la  fabrique  en  se  cor- 
rompant en-dessous. 

Le  chemin,  dans  le  voisinage  de  la  beurrerie,  doit 
être  entretenu  dans  la  plus  grande  propreté  ;  il 
serait  bon  de  le  paver  ou  de  le  macadamiser. 

Le  plan  ci-contre  indique  une  disposition  de 
beurrerie  remplissant  les  conditions  que  nous  ve- 
nons d'énoncer.  Le  département  de  l'Agriculture  a 
fait 'construire  l'hiver  dernier,  à  la  ferme  école  de 
Compton,  une  fabrique  d'après  ce  plan  combiné  par 
l'auteur  de  ce  livre.  On  y  remarque,  en  particulier, 
la  situation  de  la  salle  de  maturation  de  la  crème 
est  complètement  isolée  des  autres  salles  et 
dont  le  plafond  est  très  élevé.  L'air  chaud  qu'elle 
peut  renfermer  s'accumule  dans  le  haut  de  la  salle 
bien  au-dessus  des  bassins  à  crème  et  s  écoule  par 
un  bon  ventilateur  qui  en  traverse  le  plafond. 
Cette  salle  étant  en  contrebas  de  la  salle  des  cen- 
trifuges, munie  elle-même  de  bons  ventilateurs, 
l'air  chaud  de  cette  dernière  ne  peut  jamais  y  des- 
cendre, ni  dans  celle  du  travail  du  beurre  qui  se 
trouve  dans  les  mêmes  conditions  que  la  salle  à 
crème. 


328 


MANUEL 


Bâtisses. —Il  y  a  deux  inodes  de  construction. 
Le  premier  mode  consiste  à  employer  du  bois  carré 
que  l'on  assemble  à  languette  et  mortaise  etjque 
l'on  recouvre,  àd'intérieur,  d'une  couche  de  papier 
et  d'un  revêtement  de  un  pouce,  en  pruche,  et  à 


COUPE  DU   MUR  DE  LA  GLACIERE 


PAPIER  FEUTRE 

CLAPBOARDS 
BANDES  DE  l"sî" 
PLANCHES  BRUTES 


4  BASE 


PAPIER  FEUTRE 

REVÊTEMENT  DE  1* 
JÏANDES  DK  1"  iî" 
1  ■  PLANCHES  BRUTES 
G"  x  2"  COLOMBAGES 
IG '■  DE  CENTRE  À  CENTRE 


36'  DE  BRAN  DE  SOIE 


i'X-X-w^WM... 


DE  PIERRES  CASSÉES 


»a'-  DIA    POTEAUX 


l-u-,  i6 


—328  a— 


' 1 

S  Ifl 

— '      G  1 


3.X.JJ 


Fig.    I4 


-328  b- 


.328  e  — 


d'industrie  laitière  329 

l'extérieur  d'une   couche   de  papier  et  d'un  rang  de 
elapboards. 

Le  deuxième  mode,  bien  connu  sous  le  nom  de 
'' balloon  frarne,"  consiste  à  dresser  des  montants 
d'au  moins  2x6  pouces  sur  une  sole  de  8x8  pou- 
ces ;  en  les  écartant  de  16  pouces.  On  finira  les 
murs  à  l'intérieur  en  clouant,  sur  le  travers  de 
ces  colombages,  un  rang  de  planches  de  un  pouce, 
puis  sur  la  planche,  un  rang  de  papier  et  pour  ter- 
miner, sur  Le  papier,  un  revêtement  de  planches  de 
pruche  de  1  pouce  d'épaisseur  et  de  pas  plus  de  4 
pouces  de  large.  A  l'extérieur,  on  clouera  un  rang 
de  planches,  un  rang  de  papier  et  un  revêtement  de 
clap-board.  Les  murs  intérieurs  seront  construits 
de  la  même  manière,  mais  avec  des  colombages  de 
2x4  pouces,  écartés  de  16  pouces  Pour  les  pla- 
fonds, on  emploiera  de  la  pruche  assemblée  à  lan- 
guette et  mortaise  ;  les  poutrelles  seront  de  2  x  8 
écartées  de  2  pieds.  Pour  supporter  le  plancher 
des  différentes  salles  du  rez-de-chaussée,on  emploie- 
ra des  poutres  de  2|  x  8,  écartées  de  deux  pieds,  que 
l'on  recouvrira  de  pruche  de  2  pouces,  embouvetée 
9t  bien  clouée  ;  on  donnera  aux  planches  deux  cou- 
ches d'huile.  Tous  les  murs,  à  l'intérieur  de  la  fa- 
brique, devront  recevoir  une  couche  d'huile  et  deux 
couches  de  vernis.  Pour  la  salle  de  travail  du  beurre 


330 


MANUEL 


et  du  barattage,  un  pavé  sera  préférable  à  un  plan- 
cher. 

Les  murs  de  la  glacière  et  du  réfrigérateur  seront 
construits  d'une  manière  spéciale  indiquée  dans  les 


faJC 


fig.  16,  17,  18.     Le  fond  de  la  glacière  s;ra  composé 
d'une  couche  de  un  pied  au  moins  de  pierres  brisées 


d'industrie  laitière  331 


sur  lesquelles  on  mettra  six  pouces  de  bran  de  scie; 
de  cette  manière  l'eau  de  fusion  de  la  glace  pourra 
s'écouler  facilement  dans  le  sous-sol,  si  celui-ci  est 
perméable,  et,  de  plus,  l'air  ne  pourra  pas  rentrer 
par  le  bas  et  faire  fondre  la  glace.  Quand  le  terrain 
inférieur  n'est  pas  perméable,  il  faut  faire  un  pavé 
en  ciment  bien  étancbe  avec  un  tuyau  en  S,  au  point 
le  plus  bas  pour  écouler  l'eau  de  fusion  de  la  glace, 
et,  sur  ce  plancher,  on  placera  une  couche  de  gra- 
vier et,  pardessus,  10  pouces  de  bran  de  scie  avant 
de  mettre  la  glace. 

Les  croquis  ci-joints  montrent  qu'on  emploie  une 
grande  quantité  de  papier  et  qu'on  laisse  dans  les 
murs  de  nombreux  vides  ;  ce  sont  là  des  conditions 
essentielles  pour  un  bon  isolement.  Il  ne  faut  pas 
qu'il  puisse  se  produire  de  courants  d'air  à  l'intérieur 
des  murs,  c'est  pour  cela  qu'à  la  base,  sur  la  sole,  on 
applique  une  couche  de  six  pouces  d'amiante.  On 
peut  remplacer  l'amiante  par  du  bran  de  scie  ;  mais 
le  bran  de  scie  attire  la  vermine  et  l'humidité  et  ne 
produit  pas  un  aussi  bon  effet  que  l'amiante. 

Pour  le  réfrigérateur,  il  faudra  un  bon  plancher, 
bien  étanche,  construit,  comme  l'indique  la  figure  18 
avec  du  papier  entre  les  doubles  de  planches. 


332 


MANUEL 


La  glacière  et  le  réfrigérateur  de  la  beurrerie  de 
l'école  d'agriculture  de  Compton  sont  aussi  cons- 
truits d'après  ces  principes. 


Relativement  à  la  construction  des  glacières  et 
des  réfrigérateurs,  le  Professeur  Jas.  W.  Robertson, 
Commissaire  d'Industrie  Laitière,  à  Ottawa,  a  fait 
publier,    cette  année,  un  petit  bulletin  très  intéres- 


d'industrie  laitière  333 


sant,  contenant  d'amples  détails  accompagnés  de 
desseins,  et  nous  engageons  le  lecteur  à  s'y  reporter. 
Les  fig.  16.  17,  18  lui  sont  empruntées. 

Force  de  la  bouilloire. — La  question  de  la 
force  de  la  bouilloire  dans  une  beurrerie  est  impor- 
tante au  point  de  vue  du  bon  fonctionnement,  de 
la  sécurité  de  la  fabrique  et  de  la  perte  de  gras 
dan*  l'écrémage.  On  est  souvent  porté  à  la  prendre 
trop  petite,  par  économie  ;  c'est  la  plus  mauvaise 
économie  que  l'on  puisse  faire. 

Lorsqu'une  bouilloire  n'est  pas  suffisamment 
forte,  il  est  impossible  au  fabricant  d'y  maintenir 
la  pression  constante  pendant  l'écrémage,  sans 
avoir  un  homme  qui  s'en  occupe  continuellement. 
Il  faut  recharger  à  chaque  instant  et  forcer  le  feu  ; 
chaque  fois  que  l'on  alimente  d'eau  la  bouilloire,  la 
pression  baisse  ;  si  l'eau  n'est  pas  très  bonne,  elle 
gonfle  et  passe  dans  l'engin.  Tout  ceci  fait  que, 
même  avec  la  meilleur  volonté,  il  est  impossible  de 
maintenir  bien  constante  la  vitesse  de  l'engin  et 
du  centrifuge,  ainsi  que  le  réchauffement  du  lait,  et 
l'écrémage  s'en  ressent  beaucoup,  causant  souvent 
une  grosse  perte  de  beurre  pour  les  patrons.  De 
plus,  une  chaudière  ainsi  forcée  ne  peut  pas  durer 
longtemps  et  le  propriétaire  doit  la  remplacer  au 
bout  de  peu  d'années. 


334  MANUEL 


Au  contraire,  avec  une  bouilloire  suffisamment 
forte,  il  n'est  plus  nécessaire  d'avoir  un  homme 
chargé  spécialement  de  sa  conduite  pendant  1  ecré- 
mage.  Il  est  bien  moins  souvent  nécessaire  de  re- 
charger le  feu  et  d'alimenter  d'eau,  la  pression  reste 
bien  constante  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  forcer 
le  feu  ;  cela  économise  du  combustible,  et  il  est  pos- 
sible d'arriver  à  écrémer  correctement. 

11  faut  bien  penser,  que  dans  une  beurrerie,  il 
faut  de  la  vapeur,  non  seulement  pour  l'engin  pen- 
dant l'écrémage,  mais  encore  pour  réchauffer  le  lait 
avant  de  l'envoyer  dans  le  centrifuge,  puis  pour 
faire  fonctionner  l'injecteur  ou  les  pompes,  pour  les 
lavages,  pour  chauffer  la  fabrique,  si  on  fait  du 
beurre  l'hiver  ;  il  faut  encore  songer  qu'on  peut 
être  amené  à  baratter  ou  à  travailler  le  beurre 
pendant  l'écrémage  ;  il  faut  enfin  faire  la  part  des 
fuites  et  des  pertes  par  condensation  des  irrégula- 
rités dans  la  marche  du  feu.  Tout  cela  fait  qu'il 
faut  conseiller  de  ne  pas  prendre,  pour  une  beur- 
rerie, de  bouilloire  qui  ont  moins  de  douze   forces. 

Au  point  de  vue  de  la  sécurité,  toute  bouilloire 
doit  être  pourvue  des  appareils  suivants,qui  doivent 
toujours  être  en  bon  état  et  fonctionner  régulière- 
ment : 


d'industkie  laitière  33.1 


1°  Un  niveau  d'eau  en  verre  et  trois  robinets  de 
jauge  pour  le  remplacer,  quand  le  tube  de  verre 
vient  à  se  briser  ;  2°-  Une  soupape  de  sûreté  • 
3°  Un  manomètre  pour  indiquer  la  pression;  4°  Un 
injecteur  ou  une  pompe  pour  l'alimentation.  Il  doit 
y  avoir  une  check-valve  entre  la  bouilloire  et  la 
pompe  ou  l'injeeteur,  et  une  valve  entre  la  check- 
valve  et  la  bouilloire. 

Pour  éviter  les  explosions  ;  1°  ne  jamais  laisser 
baisser  l'eau  au-dessous  du  niveau  supérieur  de  la 
dernière  rangée  de  tubes,  et  si  cela  arrive  par  hasard, 
ne  pas  remettre  d'eau  froide  dans  la  bouilloire  avant 
de  l'avoir  laissée  se  refroidir.  La  plupart  des  explo- 
sions de  bouilloires  arrivent  pour  avoir  négligé 
cette  règle.  Jamais  aucune  des  parties  que  peut 
atteindre  les  flammes  ou  les  gaz  chauds  du  foyer 
ne  doivent  être  découvertes  d'eau  ;  2°  Ne  pas  mon- 
ter la  pression  de  manière  à  fatiguer  la  bouilloire. 
Une  bouilloire,  éprouvée  à  150  lbs,  à  froid,  ne  devrait 
pas  fonctionner  à  plus  de  80  ou  100  lbs.  Pour  cela, 
le  manomètre  qui  indique  la  pression  doit  être  juste 
et  la  soupape  de  sûreté  doit  fonctionner  régulière- 
ment. On  doit  s'assurer  de  temps  à  autre  qu'elle 
n'est  pas  bloquée  et  qu'elle  se  lève  bien  à  la  pression 
à  laquelle  elle  doit  fonctionner. 

Pour  économiser  du  bois  et  obtenir  une  pression 
constante  à  la  bouilloire,  les    tubes   doivent    être 


336  MANUEL 


nettoyés  fréquemment  et  les  dépots  de  la  bouilloire 
doivent  être  enlevés  aussi  souvent  qu'il  est  néces- 
saire. Les  dépôts  et  incrustations  intérieures,  ainsi 
que  la  suie  et  les  cendres  dans  les  tubes,  empêchent 
la  chaleur  du  foyer  de  se  transmettre  à  l'eau  et  la 
bouilloire  ne  donne  plus  autant  de  vapeur  que  de 
coutume.  Les  incrustations  sont  souvent  une  cause 
d'explosion. 

Pour  se  débarrasser  des  dépots  intérieurs,  il 
faut  souffler  la  bouilloire  de  temps  à  autre.  Ne  pas 
souffler  les  bouilloires  lorsqu'elle  ont  plus  de  20  ou 
30  livres  de  pression  pour  ne  pas  s'exposer  à  en 
disloquer  les  tubes  par  le  refroidissement  inégal  et 
rapide  de  ses  différentes  parties,  ce  qui  amène  rapi- 
dement des  fuites.  Lorsque  les  dépôts  forment  sur 
les  parois  intérieures  de  la  bouilloire  des  incrusta- 
tions, il  faut  employer  à  l'intérieur  des  ingrédients 
comme,  par  exemple,  des  patates,  (une  douzaine 
pour  une  bouilloire  de  10  forces,  chaque  fois  qu'on 
la  souffle)  ou  des  poudres  qu'on  trouve  dans  le 
commerce  et  qui  doivent  être  choisies  d'après  la 
nature  des  eaux  qu'on  emploie. 

Ellgill. — Pour  la  régularité  de  la  marche  des  en- 
crins,  la  plus  importante  chose  à  surveiller,  et  la 
plus  négligée,  est  le^bon  fonctionnement  du  régula- 
teur ou  gouverneur.       Les  engins  doivent  toujours 


d'industrie  laitière  337 


fonctionner,  la  valve  d'admission  de  vapeur  com- 
plètement ouverte.  Jamais  on  ne  doit  régler  leur 
vitesse  par  cette  valve.  C'est  le  gouverneur  qui 
doit  maintenir  en  tout'  temps  la  vitesse.  Il  faut 
d'autant  plus  insister  sur  ce  point  que  bien  des 
écrémages  sont  défectueux  et  que  les  patrons  su- 
bissent de  grandes  pertes  à  cause  de  cela.  Les  fabri- 
cants doivent  donc  mettre  tous  leurs  soins  à  la 
mise  au  point  de  leur  gouverneur  et,  s'ils  n'en  sont 
pas  capables,  ils  doivent  la  faire  régler  par  un 
homme  compétent. 

Un  second  point  important  est  de  s'assurer  du 
fonctionnement  régulier  du  tiroir.  Il  arrive  fré- 
quemment que  les  tiroirs  sont  mal  réglés,  ou  que 
l'excentrique  a  tourné  sur  le  shaft,  modifiant  ainsi 
les  conditions  d'admission  et  d'échappement  de  la 
vapeur  et  amenant  une  marche  tout  à  fait  irrégulière 
de  l'engin.  Comme  pour  le  gouverneur,  les  fabri- 
cants doivent  faire  régler  leur  engin  par  un  homme 
compétent,  s'ils  n'en  sont  pas  capables  eux  mêmes. 
Le  bruit  que  fait  entendre  par  fois  un  engin  n'a 
souvent  pas  d'autres  causes. 

Les  engins  fonctionnant  à  grande  vitesse,  c'est  à 
dire  250  ou  300  tours,  forcent  moins  sur  les  cour- 
roies, et  il  se  produit  moins  de  glissement  dans  ces 
—22 


338  MANUEL 


dernières,  mais  ils  se  disloquent  plus  vite  s'ils  ne 
sont  pas  très  solidement  construits,  et  demandent 
une  plus  grande  surveillance  que  les  engins  fonc- 
tionnant à  une  vitesse  moins  considérable,  c'est-à- 
dire  vers  125  à  150  tours. 

Vitesse  du  shaft  intermédiaire  et  calcul 
des  poulies— Pour  les  centrifuges,  le  shaft  intermé- 
diaire doit  fonctionner  à  une  vitesse  suffisante.  S'il 
ne  tourne  pas  assez  vite,  on  est  obligé  d'employer, 
pour  la  commande  des  centrifuges,  des  poulies  d'un 
diamètre  trop  grand  par  rapport  à  celle  du  centri- 
fuge et  il  se  produit  des  glissements  considérables 
de  la  courroie.  En  pratique,  avec  les  centrifuges  ac- 
tuellement en  usage  dans  la  province,  il  est  préfé- 
rable de  donner  à  ce  shaft  une  vitesse  d'au  moins 
315  à  320  tours  Pour  calculer  la  poulie  de  ce  shaft 
qui  est  en  rapport  avec  l'engin,  on  prend  le  dia- 
mètre de  la  poulie  de  l'engin  et  la  vitesse  de  l'en- 
gin telle  que  donnée  par  le  constructeur,  on  calcule 
le  rapport  de  la  vitesse  de  l'engin  à  celle  du  shaft 
intermédiaire,  puis  on  multiplie  le  diamètre  de  la 
poulie  de  l'engin  par  ce  rapport.  Supposons  que  le 
shaft  intermédiaire  doive  fonctionner  à  325  tours, 
que  l'engin  fonctionne  à  250.  Le  rapport  à  trouver 
est  250  :  325  =  0,77.  Supposons  le  diamètre  de  la 
poulie  de  l'engin  =  3  pieds,  en  multipliant  ce  rapport 
par  3  on  obtiendra  3x0,77=  2,31  soit  environ   2} 


D  INDUSTRIE  LAITIERE 


339 


340  MANUEL 

pieds  pour  la  poulie  du  shaf t  intermédiaire.  Il  faudra 
lui  donner  |-  pouce  à  un  pouce  en  moins  à  cause  des 
glissements  de  la  courroie  et  prendre  2'  3"  à  2'  3"i 
pouce. 

Pour  calculer  le  diamètre  de  la  poulie  du  shaft 
intermédiaire  qui  commande  l'intermédiaire  du  cen- 
trifuge, il  faut  prendre  le  rapport  de  la  vitesse  de 
l'intermédiaire  du  centrifuge  à  celle  du  shaft  inter- 
médiaire et  multiplier  le  diamètre  de  la  petite  pou- 
lie de  l'intermédiaire  du  centrifuge  par  ce  rapport, 
en  augmentant  le  résultat  de  un  pouce  environ.  On 
peut  faire  les  calculs  en  prenant  le  rayon  au  lieu  du 
diamètre  ;  mais,  dans  ce  cas,  l'augmentation  supplé- 
mentaire doit  être  moitié  moindre  puisqu'elle  ne 
porte  que  sur  le  rayon. 

Ne  pas  employer  de  courroies  trop  étroites,  parce- 
que,  pour  éviter  les  glissements,  il  faut  les  tendre 
trop  fort  et  elles  s'usent  rapidement.  Avec  des 
courroies  suffisamment  larges  on  évite  cet  incon- 
vénient. 

Ne  pas  employer  un  shaft  intermédiaire  trop 
faible  et  mettre  un  nombre  de  paliers  suffisant  pour 
le  soutenir  parce  que,  sans  cela,  il  vibrerait  trop  et 
produirait  des  glissements  considérables  dans  les 
courroies  et  une  forte  usure  de  ces  dernières  avec 
irrégularité  de  marche. 


d'industrie  laitière  341 

Centrifuge. — On  se  pose  souvent  la  question  : 
quel  est  le  meilleur  centrifuge  à  adopter  ?  A  cela 
on  peut  répondre  que  dans  tous  les  systèmes  il  y  en 
a  de  bons  et  de  mauvais.  Il  ne  faut  acheter  un  cen- 
trifuge qua  la  condition  de  l'avoir  à  l'essai  pendant 
quelque  temps.  On  peut  aussi  ajouter  qu'un  mau- 
vais fabricant  écrémera  mal  avec  n'importe  quel 
système.  La  conduite  d'un  centrifnge,  quelqu'il  soit, 
demande  toujours  une  certaine  habileté  et  des  soins 
continus. 

Il  y  en  a  de  nombreux  systèmes.  Les  plus  en  vogue 
actuellement  dans  la  Province  sont  l'Alexandra, 
l'Alpha,  la  Russian,  la  Danoise.  Nous  donnons  ici 
des  gravures  des  trois  premières.  La  figure  19  repré- 
sente une  Alexandra  à  pouvoir  ;  la  figure  20  la  coupe 
d'une  Alpha  à  turbine  et  la  figure  21,  celle  d'une 
Russian. 

Les  données  relatives  à  ces  centrifuges  sont  tou- 
jours fournies  par  le  vendeur.  Cependant,  lorsqu'on 
les  monte  et  lorsqu'on  les  emploie,  il  y  a  plusieurs 
règles  générales  à  observer  sur  lesquelles  il  importe 
d'attirer  l'attention. 

1°  Les  centrifuges  ne  doivent  jamais  être  placés 
sur  un  plancher  capable  de  vibrer,   ces  vibrations 


342 


MANUEL 


Fig.   20 


d'industrie  laitière 


343 


produisent  de  réchauffement  et  une  détériotion  ra- 
pide de  la  machine.  Il  vaut  toujours  mieux  la  fixer 
sur  un  bon  bâtis  en  pierre,  en  briques  ou  en  ciment. 


Fig.  21 

2e  Elles  doivent  être  placées  de  façon  à  ce  que 
l'axe  soit  aussi  vertical  que  possible.  C'est  là  une 
condition  essentielle. 


3°  Elles  doivent  être  fixées  solidement  en  place 
par  de  bons  boulons  munis  de  larges  "  washers.  " 
Il  ne  faut  jamais  en  assurer  l'horizontabilité  par  des 


344  MANUEL 


cales  en  bois  qui  pourrissent  rapidement,  mais  par 
des  cales  en  fer. 

4*  N'employer  pour  la  graisse  que  de  l'huile  de 
première  qualité  et  bien  propre.  L'huile  qui  n'est 
pas  claire  et  contient  du  sable  ou  d'autres  corps 
étrangers  produit  rapidement  réchauffement  et  l'u- 
sure du  centrifuge.  Tous  les  huiliers  doivent  être 
pourvus  de  mèches  bien  propres.  L'emploi  d'un  filtre 
à  l'huile  serait  très  économique. 

5*  Lorsqu'on  nettoie  un  centrifuge,  il  faut  avoir 
soin  de  ne  pas  laisser  pénétrer  d'eau  ou  d'impuretés 
dans  la  crapaudine. 

6°  Amener  graduellement  le  centrifuge  à  sa  vi- 
tesse normale  sans  vouloir  y  arriver  trop  vite  ; 
s'assurer  avec  un  indicateur  de  vitesse,  que  la  vi- 
tesse est  atteinte  et  ne  jamais  dépasser  celle  qui  est 
indiquée  par  le  constructeur. 

7°  Arrêter  la  machine  avec  précaution  et  laisser 
le  bol  se  ralentir  de  lui-même. 

8°  La  propreté  du  centrifuge  en  prolonge  la  du- 
rée et  en  assure  le  bon  fonctionnement. 

Bassins  divers. — Les  bassins  doivent  ê}re  en 
fer   blanc  suffisamment  épais   et  de  bonne  qualité. 


d'industrie  laitière 


345 


Il  faut  adopter  au  moins  du  No  22.  Lorsque  la 
tôle  n'est  pas  assez  épaisse  et  de  mauvaise  qualité, 
ces  bassins  ne  durent  pas. 


346 


MANUEL 


Les  bassins  à  crème  doivent  être  à  double  fond 
et  il  faut  ménager  un  espace  suffisant  pour  pouvoir 
mettre  de  la  glace  dans  le  double  fond  et  agiter  l'eau 
sans  difficulté.  Ces  doubles  fonds  doivent  être  munis 
d'un  tuyau  de  vapeur,  pour  permettre  le  réchauffe- 
ment de  l'eau  dans  le  cas  où  il  faut  élever  la  tem- 
pérature de  la  crème.  Ce  tuyau  doit  pénétrer  de 
deux  à  trois  pieds  dans  l'eau  et  être  percé  de  nom- 
breux petits  trous.  De  cette  manière  le  réchauffe- 
ment de  l'eau  se  fait  plus  vite. 

Baratte. — Le  système  de  baratte  le  plus  simple 
et  le  meilleur  est   celui   qui  est   représenté  par  la 


Fig-  23 


d'industrie  laitière  347 


fig.  23.    C'est  du  reste  le  plus  répandu  dans  la  pro- 
vince de  Québec. 

Il  vaut  mieux  choisir  une  baratte  en  chêne  qu'une 
en  pin.  Les  barattes  en  pin  n'ont  pas  une  bien 
grande  durée. 

Pour  préparer  la  baratte,  on  commence  par  la 
rincer  à  l'eau  bouillante  ;  l'été,  on  procédera  à  un 
second  rinçage  à  l'eau  bien  froide,  sans  cela,  la  cha- 
leur de  la  baratte  élèverait  trop  la  température  de 
la  crème.  L'hiver,  le  rinçage  à  l'eau  froide  sera  sup- 
primé et  la  chaleur  de  la  baratte  servira  à  réchauf- 
fer la  crème. 

Ne  jamais  oublier  de  faire  sortir  les  gaz  qui  se  dé- 
gagent de  la  crème  au  commencement  du  barattage, 
la  pression  intérieure  qu'ils  produisent  pouvant 
endommager  la  baratte. 

Lorsque  le  barattage  est  terminé,  il  faut  la  rin- 
cer à  l'eau  bouillante.  On  frottera  les  ferrures  in- 
térieures avec  un  linge  propre  trempé  dans  l'eau 
bouillante  de  la  baratte,  pour  enlever  tout  le  beurre 
qui  peut  y  adhérer.  On  rincera  ensuite  avec  de 
l'eau  en  abondance,  puis  on  terminera  le  lavage  en 
envoyant  dans  la  baratte  pendant,  5  minutes  envi- 
ron, un  bon  jet  de  vapeur  pour  y  détruire  tous  les 


348  MANUEL 

germes,  et  amener  un  séchage  rapide  de  l'instru- 
ment. On  la  laisse  ouverte  lorsqu'on  ne  s'en  sert 
pas. 

Prendre  des  barattes  assez  grandes  pour  ne  pas 
être  obligé  de  les  remplir  plus  d'à  moitié. 

Malaxeurs. — Pour  travailler  le  beurre,  on  em- 
ploi des  instruments  appelés  malaxeurs  qui  con- 
sistent en  une  table  sur  laquelle  le  beurre  est  pres- 
sé par  un  ou  plusieurs  rouleaux  fonctionnant,  soit  à 
la  main,  soit  avec  l'engin.  Il  y  a  d'autres  systè- 
mes dans  lesquels  le  beurre  passe  entre  des  cylin- 
dres plus  ou  moins  cannelés.  Les  derniers  systèmes 
sont  plutôt  à  recommander  pour  opérer  des  mé- 
langes de  beurres  que  pour  travailler  et  presser  le 
beurre. 

En  effet,  lorsqu'il  se  trouve  étendu  et  collé  sur 
une  table,  l'effet  des  cylindres  est  de  le  presser  et 
d'en  faire  sortir  l'eau,  mais  s'il  passe  entre  les  can- 
nelures de  deux  cylindres  plus  ou  moins  écartés,  ces 
cannelures  le  découpent,  pour  ainsi  dire,  sans  le 
presser  et  mélangent  le  lait  de  beurre  au  beurre 
sans  le  faire  sortir. 

Le  meilleur  système  est  le  malaxeur  à  table 
tournante,  déjà  bien  répandu  dans  la  province. 


d'industrie  laitière  349 


Il  vaut  mieux  employer  un  malaxeur  à  pouvoir 
qu'un  malaxeur  à  main,  lorsqu'on  a  plus  de  150  lbs 
de  beurre,  parce  que  l'ouvrage  se  fait  plus  vite  et 
avant  que  le  beurre  ait  le  temps  de  se  réchauffer, 
ce  qui  est  une  chose  importante. 

Comme  malaxeur  à  main,  on  peut  recommander 
celui  qui  se  compose  d'une  table  inclinée  et  d'un 
levier  cylindrique  cannelé.  C'est  le  plus  simple  et 
le  meilleur. 

Un  malaxeur  s'entretient  comme  une  baratte. 

Calorifères  et  appareils  réfrigérants. — Ces 

appareils  reposent  tous  sur  le  même  principe.  Une 
paroi  métallique  mince,  au  travers  de  laquelle  cir- 
cule la  chaleur  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  ;  d'un 
côté  de  cette  paroi  un  liquide  chaud,  et  de  l'autre 
un  liquide  froid.  La  chaleur  passe  du  liquide  chaud 
au  liquide  froid,  en  traversant  la  paroi  métallique, 
.d'autant  plus  vite  que  cette  paroi  est  plus  mince  et 
que  la  différence  de  température  des  deux  liquides 
est  plus  grande.  Si  c'est  le  liquide  chaud  qu'il  faut 
refroidir,  l'appareil  est  un  réfrigérant  ;  si  c'est  le 
liquide  froid  qu'il  faut  réchauffer,  c'est  un  calo- 
rifère. Dans  le  premier  cas,  le  liquide  froid  est  or- 
dinairement de  l'eau  glacée,  dans  le  second  cas,  le 
liquide  chaud  est  de  l'eau  bouillante.  Dans  les  deux 


350  MANUEL 

cas,  le  liquide  à  refroidir  ou  à  réchauffer  est  du  lait 
ou  de  la  crème.  Voici  quelques  règles  générales  con- 
cernant la  construction  de  ces  appareils  : 

1°.  Nous  venons  de  voir  que  la  transmission  de 
chaleur  était  d'autant  plus  forte  que  le  paroi  de 
transmission  était  plus  mince  et  que  la  différence 
de  température  des  deux  liquides  était  plus  consi- 
dérable, mais,  pour  assurer  une  bonne  transmis- 
sion, il  faut  renouveler  les  liquides,  ou  au  moins 
l'un  d'eux,  le  long  de  la  surface  de  la  paroi  de  trans- 
mission. En  effet,  si  le  liquide  n'est  pas  brassé  ou  ne 
circule  pas  contre  cette  paroi,  la  chaleur  de  la  por- 
tion du  liquide  le  plus  chaud  traversera  rapide- 
ment la  paroi  et  se  transmettera  à  la  partie  du 
liquide  avoisinant  immédiatement  l'autre  surface 
de  la  paroi.  Les  deux  liquides,  le  long  de  la  paroi, 
prendront  à  peu-  près  la  même  température  et  la 
transmission  de  la  chaleur  d'un  liquide  à  l'autre 
s'arrêtera,  la  chaleur  circulant  bien  plus  difficile- 
ment dans  les  liquides  comme  l'eau,  le  lait  et  sur- 
tout la  crème,  que  dans  le  fer.  Il  faut  donc  assurer 
le  renouvellement  continuel  des  deux  liquides  au 
contact  de  la  paroi  métallique  en  les  faisant  circuler 
le  long  de  cette  paroi  ou  par  un  brassage. 

2°.  Lorsqu'on  a  à  réchauffer  du  lait  ou   de   la 
crème,  il  ne  faut  pas  employer  de  l'autre  côté  de  la 


d'industrie   laitière  351 


paroi  de  transmission  de  la  vapeur  au  lieu  d'eau 
chaude,  et  le  lait  doit  être  énergiquement  brassé  ou 
circuler  rapidement,  sans  cela,  il  se  coagule  sur  la 
surface  de  la  paroi  métallique  et  cette  couche  de 
lait  coagulé  empêche  la  chaleur  de  traverser  la 
paroi  dans  laquelle  elle  s'accumule  ;  celle-ci  devient 
très  chaude,  et  durcit  tellement  la  couche  de  lait  qui 
la  recouvre  qu'il  n'est  plus  possible  à  la  chaleur  de 
traverser  et  que  l'appareil  ne  réchauffe  plus  le  lait. 
Le  même  fait  se  produit  si  l'appareil,  étant  fait  pour 
réchauffer  une  certaine  quantité  de  lait,  on  dimi- 
nue subitement  cette  quantité  sans  diminuer  la 
source  de  chaleur. 

SQ.  Lorsqu'on  refroidit  de  la  crème,  celle-ci 
doit  circuler  sur  une  surface  aussi  inclinée  que  pos- 
sible, parce  qu'au  contact  de  la  paroi  froide,  il  se 
durcit  une  couche  très  mince  de  gras  qui  empêche  la 
chaleur  de  sortir  de  la  crème,  et  que  la  paroi  re- 
froidissante perdant  beaucoup  de  son  efficacité,  il 
faut  y  faire  circuler  la  crème  en  une  couche  aussi 
mince  que  possible  pour  qu'elle  se  débarrasse  bien 
de  sa  chaleur. 

4°.  Dans  le  calcul  d'un  appareil  réfrigérant  ou 
d'un  calorifère,  il  y  a  deux  choses  à  considérer  : 
1°.  La  quantité  de  chaleur  à  communiquer  par 
heure  au  liquide  à  réchauffer,  ou    à  transmettre  du 


3ô2  MANUEL 


liquide  à  refroidir  à  un  liquide  plus  froid.  2°.  L'é- 
tendue de  paroi  de  transmission  nécessaire  pour 
transmettre  à  l'heure  cette  quantité  de  chaleur. 
Les  deux  choses  doivent  toujours  être  en  rapport. 
L'erreur  la  plus  généralement  commise  par  les  fa- 
bricants, pour  la  combinaison  de  ces  appareils,  est 
de  se  figurer  qu'il  suffit  de  faire  passer  à  l'heure  une 
grande  quantité  du  liquide  qui  doit  communiquer 
ou  recevoir  de  la  chaleur,  pour  que  cette  chaleur 
soit  transmise  ou  reçue  par  l'autre  liquide.  C'est  là 
une  erreur  absolue,  car  la  surface  de  transmission 
intervient  et  il  ne  passe  de  chaleur  que  celle  que  la 
paroi  de  transmission  laisse  passer  ;  cette  paroi  doit 
donc  avant  tout  être  suffisamment  étendue.  On  ne 
peut  pour  refroidir  ou  réchauffer  une  certaine  quan- 
tité de  lait  ou  de  crème,  diminuer  la  paroi  métalli- 
que de  transmission  qu'a  condition  d'en  diminuer 
l'épaisseur  et  d'augmenter  la  différence  de  tempé- 
rature des  deux  liquides. 

5°.  Il  est  fort  difficile  d'indiquer  le  nombre  de 
pieds  carrés  de  surface  nécessaire  pour  refroidir 
une  certaine  quantité  de  lait  ou  de  crème,  car  la 
chose  dépend  beaucoup  de  la  manière  dont  est 
construit  l'appareil,  c'est-à-dire  de  l'efficacité  de  la 
paroi  de  transmission.  Pour  refroidir  jusqu'à  50° 
Fahr.    300  lbs  de  crème  à   l'heure  avec   une  paroi 


d'industkie  laitière  353 


verticale  contre  laquelle  la  crème  tombe  en  couche 
mince,  la  crème  étant  à  80°  Fahr.  et  l'eau  glacée  à 
38°,  il  faut  à  peu  près  8  à  10  pieds  carrés  de  sur- 
face réfrigérante  en  fer  blanc  no.  22. 

6°  La  quantité  d'eau  ou  de  glace  nécessaire  pour 
refroidir  une  certaine  quantité  de  lait,  en  supposant 
que  les  deux  liquides  sortent  de  l'appareil  tous  les 
deux  à  la  même  température,  c'est-à-dire  que  la  pa- 
roi de  transmission  ait  une  efficacité  complète,  ce 
qui  n'est  jamais  le  cas,  dépend  du  nombre  de  degrés 
à  refroidir  et  de  la  quantité  de  liquide  à  traiter. 

On  nomme  calorie  la  quantité  de  chaleur  néces- 
saire pour  élever  de  1°  Farenheit,  une  livre  d'eau 
pure.  Si  pour  élever  la  température  de  une  li- 
vre d'eau  il  faut  une  calorie,  il  faudra,  pour  élever 
de  1°  F  la  même  quantité  de  lait,  0,84  calories  et 
pour  la  crème  0,78  calories.  Dans  les  trois  cas,  pour 
élever  la  température  du  liquide  d'un  certain  nom- 
bre de  degrés,  n,  et  il  en  faudra  n  fois  plus. 
Pour  fondre  une  livre  de  glace  à  32°  il  faut  lui 
communiquer  44,55  calories.  Supposons  donc  qu'il 
faille  refroidir  de  10°  F.  par  exemple,  1000  lbs  de 
lait,  il  faudra  donc  leur  enlever  par  de  la  glace 
1000  x  0,84  x  10  =  8400  calories. 

23— 


354  MANUEL 


Supposons  que  toute  cette  chaleur  doive  être  ab- 
sorbée par  de  la  glace  à  faire  fendre  et  que  l'eau  de 
fusion  de  la  glace  sorte  de  l'appareil  à  32°  F.,  comme 
une  livre  de  glace  demande  pour  fondre  44.55  calo- 
ries,on  voit  que  pour  prendre  ces  8400  calories  il  fau- 
dra 8400  :  44.55  =  187  lbs  de  glace,  en  supposant  que 
toute  la  chaleur  passe  d'un  liquide  à  l'autre,  sans 
perte,  ce  qui  n'est  jamais  le  cas.  Si  au  lieu  de  sor- 
tir à  32°  l'eau  de  fusion  sortait  à  50°,  il  lui  faudrait 
en  plus  50  —  32°  =  18  calories  par  livre  pour  arri- 
ver à  cette  température  et,  dans  ce  cas,  il  faudrait 
un  peu  moins  de  glace  pour  produire  le  même  ré- 
sultat. Beaucoup  se  figurent  que,  par  des  combi- 
naisons spéciales  d'appareils,  ils  arriveront  à  re- 
froidir une  grande  quantité  de  crème  ou  de  lait 
avec  peu  de  glace  ;  mais  ce  que  nous  venons  de 
dire  montre  qu'il  y  a  une  limite  théorique  qu'on  ne 
peut  jamais  dépasser,  (pie  nous  venons  de  signa- 
ler, mais  dont  on  ne  peut  que  s'approcher  plus  ou 
moins  suivant  que  les  appareils  sont  plus  ou  moins 
parfaits. 

Ventilation. —  La  ventilation  des  beurreries  est 
une  chose  importante,  surtout  pour  la  fabrication 
du  beurre  d'hiver.  Elle  peut  s'obtenir  :  1°  Au 
moyen  de  simples  cheminées  d'aérage  ;  2°  par  de.s 
cheminées  chauffées  ;  3°    par  des   moyens  mécani- 


d'industrie  laitière  355 

ques  (ventilateurs  et  aspirateurs).  Le  dernier  moyen 
est  peu  usité  dans  les  beurreries. 

Le  tirage  d'une  cheminée  dépend  de  la  différence 
de  température,  entre  l'air  extérieur  et  l'air  inté- 
rieur. Plus  l'air  de  la  cheminée  est  chaud  par  rap- 
port à  l'air  extérieur,  plus  le  tirage  est  fort.  Il  dé- 
pend aussi  de  la  hauteur  de  la  cheminée  et  augmente 
avec  elle.  Cependant,  en  hiver,  l'air  d'une  haute 
cheminée  se  refroidit  facilement  en  montant  et  le 
tirage  en  est  diminué.  Il  faut  donc  protéger  les 
cheminées  d'aérage  contre  le  froid  pendant  l'hiver 
pour  en  assurer  le  tirage.  On  peut  aussi  réchauffer 
l'air  des  cheminées  en  y  faisant  circuler  un  tuyau 
d'eau  chaude  ou  de  vapeur  et  activer  ainsi  fortement 
le  tirage. 

Lorsque  plusieurs  conduits  d'aérage  se  réunissent, 
la  cheminée  où  ils  aboutissent  doit  toujours  avoir 
une  section  égale  à  la  somme  des  sections  de  tous 
les  eonduits. 

Pour  une  salle  de  25  x  15,  il  faut  au  moins  donner 
à  la  cheminée  d'aérage  une  section  de  1  à  lh  pieds 
de  côté  suivant  la  hauteur  de  cette  cheminée. 

Les  cheminées  d'aérage  doivent  toujours  être 
munies  de  bons  registres  qui  permettent  d'en  régler 
le  tirage. 


356  MANUEL 


Propreté  des  beurerries.  —  La  propreté  des 
beurreries  est  la  condition  sans  laquelle  le  succès 
est  impossible.  Elle  doit  être  minutieuse  et  voici  les 
points  sur  lesquels  il  faut  porter  son  attention  : 

1°  Les  dallots  doivent  être  entretenus  aussi  nets 
que  possible.  Ils  doivent  être  construits  de  manière 
à  ce  que  les  ordures  ne  puissent  s'y  accumuler.  Il 
vaut  mieux  les  arrondir  que  de  leur  donner  une 
section  carrée.  Le  plancher  ne  doit  jamais  dépasser 
le  rebord  du  dallot,  de  façon  à  former  un  angle  dans 
lequel  s'accumulent  des  matières  en  décomposition 
qu'il  est  difficile  d'enlever.  Il  vaut  mieux  les  placer 
dans  le  milieu  des  salles  que  contre  les  murs. 

2e.  Les  creux  dans  le  bâtis  des  centrifuges  et  de 
l'engin  doivent  être  fréquemment  nettoyés  pour 
qu'il  ne  s'y  accumule  pas  d'huile  ou  un  mélange 
d'huile,  d'eau  et  de  lait  en  décomposition.  Ces  ma- 
chines doivent  être  essuyées  chaque  jour  avec  le 
plus  grand  soin. 

3°.  Les  vases,  bassins,  ustensiles,  et,  en  particu- 
lier, le  bassin  à  lait  écrémé  et  la  baratte  doivent 
aussi  être  nettoyés  avec  le  plus  grand  soin  chaque 
jour.  La  baratte,  en  particulier,  doit  être  stérilisée 
chaque  jour  par  un  jet  de  vapeur  après  nettoyage. 


d'industrie  laitière  357 


4°.  Tous  les  tuyaux  et  pompes  qui  servent,  soit 
au  lait,  soit  à  la  crème,  doivent  être  lavés  chaque 
jour  et  stérilisés  par  la  vapeur. 

5°.  Les  faux  fonds  des  bassins  à  crème  ou  à  lait 
doivent  être  nettoyés  de  temps  à  autre,  sans  cela 
l'eau  s'y  corrompt  et  dégage  de  mauvaises  odeurs 
dans  la  fabrique. 

6®.  Les  réfrigérants  et  les  salles  où  le  beurre  est 
emmagasiné,  en  attendant  la  vente,  doivent  être 
entretenus  dans  la  plus  grande  propreté  ;  il  ne  doit 
pas  y  avoir  d'humidité.  La  ventilation  doit  y  être 
suffisante.  Ne  pas  conserver  de  beurre  dans  la 
glacière  proprement  dite. 

Désinfection  des  beurreries.  — Chaque  année, 
au  printemps,  il  est  bon  de  nettoyer  à  fond -les 
fabriques  pour  détruire  les  mauvais  germes  qui> 
aux  premières  chaleurs,  vont  commencer  à  s'y  déve- 
lopper et  à  s'y  reproduire. 

Pour  une  destruction  complète,  nous  conseille- 
rons de  commencer  par  laver  soigneusement  les 
murs,  plafonds,  planchers,  portes,  fenêtres,  etc.,  avec 
du  caustique  et  du  savon,  puis  d'aérer  à  fond  et  de 
sécher.  Cela  fait,  laver  une  seconde  fois  toute  la 
fabrique  avec  une  éponge  et  une  solution  à  1  ou  2 
.  c.  de  chlorure  de  zinc  ou  de  formaline.     Le  chlo- 


358  MANUEL 


rure  de  zinc  coûte  actuellement  (18^7)  environ  $1 
la  livre  et  sa  solution  à  lh  p.  c.  reviendrait  à  en- 
viron 15  c.  le  gallon.  La  formaline  coûte  SI. 15  la 
livre  et  sa  solution  à  lh  p.  c,  reviendrait  à  environ 
17  c.  le  gallon.  Ces  corps  sont  des  poisons,  mais  en 
solution  k  lh  p.  c,  ils  ne  peuvent  pas  nuire  aux 
mains. 

Pour  désinfecter  simplement  l'air  d'une  fabrique, 
on  peut  y  brûler  du  soufre,  en  fermant  portes  et 
fenêtres,  ou  y  vaporiser  de  la  formaline. 

La  formaline  détruit  mieux  les  mauvais  germes 
que  le  chlorure  de  zinc,  d'une  façon  générale. 

La  désinfection  intérieure  ne  suffit  pas  et  les  a- 
bords  de  la  fabrique  doivent  être  nettoyés  avec 
soin  ;  les  canaux  d'écoulement  des  eaux  de  lavage 
doivent  être  visités,  leur  pente  doit  être  assez  forte 
pour  que  les  eaux  ne  puissent  jamais  y  séjourner, 
imbiber  le  sol  et  répandre  aux  alentours  de  mau- 
raises  odeurs  ;  ils  doivent  toujours  être  couverts  et 
communiquer  avec  la  fabrique  par  un  tuyau  en  S. 
Vérifier  l'étanchéité  des  planchers  et  des  dalots.  S'il 
y  a  des  fissures,  essayer  d'atteindre  les  endroits  où 
se  sont  fait  les  infiltrations  l'année  précédente  et  y 
répandre  un  peu  de  chaux. 


d'industrie  laitière  359 


Dans  certaines  fabriques  où  il  est  impossible  de 
faire  de  bon  beurre,  malgré  toutes  les  précautions 
prises,  une  simple  désinfection,  ne  coûtant  pas  plus 
de  $4  à  $5,  -amènerait  souvent  une  amélioration  con- 
sidérable. 

Nettoyer  spécialement  les  bassins  à  lait  écrémé, 
qui  doivent  toujours  être  doublés  en  zinc.  Ces  bas- 
sins doivent  être  lavés  à  fond  chaque  jour  comme 
le  bassin  de  réception.  Ils  sont  souvent  la  cause  de 
l'infection  des  beurreries,  par  suite  des  mauvais 
germes  qu'ils  y  répandent  et  qui,  tombant  dans  la 
crème,y  produisent,en  s'y  développant,  de  mauvaises 
fermentations  qui  altèrent  la  qualité  du  beurre. 

Ces  précautions  et  ces  désinfections  seront  tou- 
jours une  cause  d'amélioration  dans  la  qualité  des 
produits,  et,  par  elle,  on  évitera  les  mouches  qui 
sont  si  désagréables  dans  la  fabrication  du  beurre. 

Matériel  d'une  beurrerie  de  500  à  700  va- 
ches-— l°.Une  bouilloire  à  vapeur  de  12  à  15  forces, 
complète  avec  injecteur  ou  pompe,  soupape  de  sû- 
reté, niveau  d'eau  en  verre,  3  robinets  de  jauge,  un 
manomètre,  un  robinet  de  vidange,  une  check- valve 
pour  le  tuyau  de  la  pompe  et  une  cheminée. 


360  MANUEL 


2°.  Un  engin  de  8  à  10  forces.  Si  les  centrifuges 
sont  à  turbine  on  pourra  se  contenter  d'un  engin  de 
5  forces  pour  le  barattage  et  le  malaxage. 

3°.  Une  chaudière  pour  le  pesage  du  "lait,  d'une 
capacité  de  500  lbs.  Une  dalle  pour  le  lait. 

4°  Un  bassin  de  réception  pour  le  lait,  d'une  ca- 
pacité de  400  à  500  gallons. 

5°  Un  ou  deux  centrifuges  pouvant  écrémer 
chacun  de  1200  à  2000  lbs  de  lait  à  l'heure. 

6°  Un  calorifère  pouvant  réchauffer  à  85°  de 
4000  à  5000  lbs  de  lait  à  l'heure. 

7°  Un  aspirateur  ou  une  pompe  pour  monter  le 
lait  écrémé  dans  son  bassin. 

8*  Un  dallot  à  crème  pour  conduire  la  crème 
dans  le  bassin  à  crème. 

9U   Deux  bassins  à  crème  de  300  gallons. 

10°  Une  baratte  de  300  à  400  gallons. 

11°  Un  malaxeur  à  pouvoir. 

12°  Une  balance  de  800  lbs  à  levier  doubla  pour 
le  lait. 


d'industrie  laitière  361 

13e  Une  balance  pour  peser  le  beurre. 

14Q  Une  balance  pour  le  sel. 

15°  Des  couloirs  pour  le  bassin  de  réception,  le 
bassin  à  crème  la  baratte  et  un  tamis  en  cuir  pour 
le  lait  de  beurre. 

16Q  Un  bassin  à  lait  écrémé,  de  400  à  500  gal- 
lons. 

17*  Une  canistre  pour  rendre  le  lait  écrémé. 

18°  Un  réservoir  à  eau  froide,  de  la  capacité  de 
15  à  20  barils  ;  un  réservoir  pour  amener  l'eau  de 
lavage  du  beurre  à  la  température  voulue  et  un  ré- 
servoir pour  le  lait  de  beurre. 

19°  Un  shaft  avec  poulies  et  courroies  de  trans- 
mission, des  tuyaux  de  vapeur  et  d'eau  et  les  con- 
nections et  valves  nécessaires. 

20°  Un  babcock  à  vapeur  de  24  bouteilles  avec 
tous  les  accessoires. 

21*  Un  lactodensimètre  de  Quevenne  et  ou  deux 
trois  crémomètres. 

22*  Deux  thermomètres. 

23°.   Un  acidiniètre. 


362  MANUEL 


24e'  Un  verre  gradué  de  8  onces  pour  mesurer 
la  couleur. 

25  e'  Une  sonde  à  beurre. 

26^  Trois  chaudières  en  fer  blanc;  un  ou  deux 
dippers  deux  brosses  à  plancher  et  grattoir  en  ca. 
outchouc,  des  palettes  et  spatules  à  beurre. 

27°  Plaque  pour  marque  de  fabrique  ;  une  série 
de  lettres  et  de  chiffres  et  la  brosse  pour  marquer. 

28°  Un  évier,  un  baril  à  eau  chaude  et  un  baril 
à  eau  froide. 

29°   Une  grue  à  peser  les  canistres. 


CHAPITRE  VI 


FABRICATION  DU  FROMAGE 

Réception  du  lait. — Epreuve  du  lait  par  la  fermenta- 
tation. — Maturation  du  lait. — Mise  en  présure. — 
Coupage  du  caillé. — Expulsion  du  petit  lait  et  raf- 
fermissement du  caillé. — Cuisson,  brassage  et  sou- 
tirage du  petit  lait.  — Egouttement  du  caillé,  bras- 
sage, paquetage,  cordage. — Coupage  au  moulin. — 
Salage.—  Mise  en  moules  et  pressage.  —Matura- 
tion.— Arôme  et  saveur. — Corps  et  texture. — Cou- 
leur.— Dimensions  des  meules  et  des  boites. — Dé- 
préciation résultant  des  principaux  défauts  exté- 
rieurs.— Transport. — Quantité  de  lait  nécessaire  à 
une  fromagerie  et  taux  de  fabrication.  —  Juge- 
ment et  examen  des  fromages. — Principes  de  cons- 
truction des  fromageries. — Matériel  nécessaire  à 
une  fromagerie  de  500  vaches. — Propreté,  ventila- 
tion et  entretien  des  fromageries. — Composition  du 
fromage  et  des  résidus  résultant  de  la  fabrication. — 
Rendement  du  lait  en  fromage. 


364  MANUEL 

Réception  du  lait. — La  première  condition 
pour  faire  du  bon  fromage  est  d'employer  du  bon 
lait,  et  les  fabricants  de  fromage  ne  sauraient  être 
trop  sévères  à  la  réception  du  lait,  refusant  impi- 
toyablement tous  ceux  qui  ont  un  mauvais  goût, 
une  mauvaise  odeur,  ou  sont  trop  avancés  II  n'y 
a  aucune  excuse  pour  accepter  de  tels  laits.  Les 
soins  que  doit  recevoir  le  lait  des  patrons  ont  été 
indiqués   précédemment  à   propos  du  beurre. 

28.  Brasser  le  lait  de  temps  à  autre  pendant  la 
réception  pour  bien  le  mélanger  et  empêcher  la 
crème  de  monter. 

Epreuve  du  lait  par  la  fermentation. — Dans 
les  fromageries,  il  est  souvent  nécessaire,  surtout 
pendant  les  chaleurs  de  l'été,  d'avoir  un  moyen 
pour  découvrir  la  cause  des  fermentations  anor- 
males du  lait,  qui  se  montrent  d'elles-mêmes  par  un 
caillé  gâté,  a  mille  trous  et  flottant. 

La  cause  de  ce.^  accidents  vient  presque  toujours 
du  lait  fourni  par  quelques  patrons  peu  soigneux  qui 
ne  se  font  pas  scrupule  d'envoyer  à  la  fabrique  du 
lait  de  vaches  malades,  du  lait  malpropre  et  gâté. 
La  méthode  suivante  permet  de  découvrir  ces 
laits,  dans  les  cas  où,  même  un  fabricant  expéri- 
menté, ne  peut  les  reconnaitre,  ni  à  l'apparence,  ni 
à  l'ulorat. 


d'industrie  laitière  365 

Cette  méthode  est  la  méthode  de  Gerber,  modifiée 
par  Monrad. — 

Prendre  un  vase  en  fer-blanc,  que  l'on  peut  chauf- 
fer sur  une  petite  lampe  et  portant  intérieurement 
un  support  mobile  pouvant  contenir  verticalement 
un  certain  nombre  de  petits  tubes  en  verre,  numé- 
rotés et  portant  chacun  une  marque  à  la  partie 
supérieure,  et  un  couvercle  en  fer-blanc. 

On  les  remplit  de  lait  jusqu'à  la  marque  et  on 
note  sur  un  carnet  le  nom  du  patron  et  le  No.  du 
tube  correspondant,  on  les  place  sur  le  support,  puis 
on  porte  celui-ci  dans  le  vase  que  l'on  remplit  d'eau 
et  que  l'on  chauffe  pendant  six  heures  à  la  tempé- 
rature de  l04  à  106  Fahr.  Au  bout  de  ce  temps, 
on  retire  le  support  avec  les  tubes  ;  on  brasse  ceux- 
ci  légèrement  et  on  note  soigneusement,  pour  cha- 
cun d'eux,  l'apparence  du  lait,  l'odeur,  le  goût,  etc. 
On  les  reporte  dans  l'eau  chaude  à  104  ou  106, 
pendant  une  période  de  six  heures.  Au  bout  de  ce 
temps  on  examine  de  nouveau  le  lait,  et  on  note  ce 
qui  se  rapporte  à  chacun  d'eux.  Les  laits  altérés 
peuvent  alors  se  découvrir  en  raison  de  la  coagula- 
tion anormale  qui  s'y  produit. 

1°. — Du  bon  lait,  bien  soigné,  ne  peut  pas  se  coa- 
guler en  moins  de  12  heures,  et  ne  montre  rien 
d'anormal  quand  il  est  coagulé. 


366  MANUEL 


2V. — Si  la  fermentation  est  anormale,  le  lait  l'est 
lui-même,  .soit  dans  sa  composition  chimique,  soit 
parce  qu'il  est  infecté  de  mauvais  germes. 

3°. — Le  lait  de  vaches  en  chaleur,  de  celles  qui 
sont  malades,  de  celles  dont  les  mamelles  sont  ma- 
lades se  coagule  toujours  en  moins  de  12  heures. 

Maturation  du  lait. — Avant  detre  mis  en  pré- 
sure, le  lait  doit  avoir  une  certaine  acidité  que  l'on 
peut  déterminer,  soit,  au  moyen  d'un  acidimètre 
dont  nous  avons  déjà  parlé,  page  272,  soit  au  moyen 
d'  un  essai  par  la  présure.  Le  lait  doit  être  assez 
avancé  pour  qu'il  caille  en  un  nombre  de  secondes 
teJ'que  le  petit  lait  s'en  écoule  dans  un  intervalle 
de  2h  à  3  heures  à  partir  de  la  mise  en  présure 
et  que  le  caillée  donne  \  de  pouce  d'acide  à  l'épreuve 
au  fer  chaud. 

Pour  faire  l'essai  par  la  présure,  prenez  au  ba->in 
(fig.  24),  huit  onces  de  lait,  ajoutez-y  un  drachme 
d'extrait  de  présure,  agitez  rapidement  pendant 
dix  secondes.  Si  la  coagulation  a  lieu  en  17  ou 
20  secondes  le  lait  est  suffisamment  mûr  pour 
être  mis  en  présure.  Il  y  a  nécessairement  une 
petite  variation  d'un  district  à  l'autre,  mais  quel- 
ques essais  feront  vite  connaître  au  fabricant  cette 
variation.     Pour  pourvoir  se  rendre  compte  exacte- 


J)  INDUSTRIE  LAITIERE 


367 


368  MANUEL 


ment  du  moment  où  la  coagulation  a  lieu,  il  suffit  de 
jeter  à  la  surface  du  lait  un  bout  d'allumette  brûlée. 
Quand  on  agite  le  lait,  cette  allumette  à  un  mouve- 
ment de  rotation  à  la  surface  du  lait,  qui  cesse  su- 
bitement dès  que  le  lait  est  caillé  ;  et  le  moment  où 
son  mouvement  cesse  est  facile  à  saisir. 

Mise  en  présure. — Au  moment  de  la  mise  en 
présure,  le  lait  doit  avoir  une  température  uniforme 
de  86°  à  88°  Fah.,  un  peu  plus  basse  au  printemps 
et  un  peu  plus  haute  en  automne  :  86°  au  prin- 
temps, 88°  en  automne. 

Ajoutez  suffisamment  de  présure  (de  S  à  4  onces 
par  1000  lbs)  pour  coaguler  le  lait  en  15  ou  20  mi- 
nutes au  printemps,  30  minutes  en  été  et  40  mi- 
nutes en  automme.  Mêlez  la  présure  avec  de  l'eau 
à  60°  ou  65°  avant  de  l'ajouter,  et  brassez  le  lait 
quelques  minutes  avant  et  après  la  mise  en  pré- 
sure. 

Coupage  du  caillé. — ;On  commence  avec  le 
couteau  horizontal  et  on  finit  avec  le  couteau  ver- 
tical. Le  caillé  est  bon  à  couper  quand  il  se  brise 
net  devant  le  doigt.  Il  faut  le  couper  en  petits  dés 
de  la  grosseur  uniforme  de  \  de  pouce  de  côté  et  en 
faisant  en  sorte  de  ne  pas  réduire  le  caillé  en  bouil- 
lie.   En  été,  on  peut  commencer  le  coupage  un  peu 


d'industrie  laitière 


369 


plus  tôt  et,  si  le  lait  est  très  avancé,  il  faut  couper 
plus  fin,  ce  qui  permet  d'opérer  plus  rapidement  la 
cuisson. 


(Fig.  25). 

Couteau  horizontal  à 
caillé. 


(Fig.  26). 

Couteau  vertical  à 
caillé. 


Expulsion  d n.  petit  lait  et  raffermissement 
du  caillé.  Cuisson,  brassage  et  soutirage  du 
petit  lait. — Brassez-le  pendant   10   à  15  minutes 
24— 


370  MANUEL 

en  détachant  le  caillé  du  fond  et  des  côtés  du  bas- 
sin. Il  faut  brasser  lentement  et  avec  précaution 
pour  ne  pas  endetter  les  morceaux  de  caillé  ;  alors 
placez-y  l'agitateur  et  commencez  la  cuisson.  La 
cuisson  se  fait  de  98°  à  100°  dans  le  courant  de 
l'été,  à  98°  au  printemps  et  de  100°  à  102e"  en  au- 
tomne. On  recommande  de  chauffer  de  1°  par  4  ou 
5  minutes.  En  automne  il  faut  chauffer  un  tout 
petit  peu  moins  vite.  Lorsque  le  lait  est  déjà  fort 
avancé  il  faut  cuire  plus  vite.  On  brasse  en  activant 
le  brassage  au  fur  et  à  mesure  que  la  température 
augmente.  Brasser  encore  pendant  cinq  minutes 
après  avoir  fermé  la  vapeur.  A  ce  moment,  enlevez 
une  partie  du  petit  lait  pour  n'être  pas  surpris  par 
un  rapide  développement  de  l'acide.  Si  on  remarque 
de  l'odeur  dans  le  caillé,  il  faut  n'en  laisser  que 
juste  assez  pour  que  le  caillé  y  nage  sans  se  pren- 
dre ;  on  pourra  alors  aérer  fortement  le  caillé  par 
un  brassage  énergique  ;  par  ce  moyen  on  améliore 
l'arôme.  Lorsqu'on  a  du  gaz,  il  faut  brasser  énergi- 
quement.  On  fait  alors  l'épreuve  au  fer  chaud  et  on 
achève  de  soutirer  le  petit  lait  lorsqu'il  donne  ^  à  \ 
de  pouce  d'acide  au  printemps,  |à  \  en  été  et  §  à 
£  en  automne.  Pendant  que  le  petit  lait  s'écoule  il 
faut  brasser  le  caillé  à  la  main.  Le  soutirage  doit  se 
faire  rapidement  et  de  manière  que  l'acide  ne  dé- 
passe pas  les  quantités  indiquées. 


d'industrie  laitière  371 

L'épreuve  au  fer  chaud  consiste  à  mettre  un 
morceau  de  caillé  en  contact  avec  un  fer  chaud  • 
en  le  retirant,  il  laisse  des  fils  fins,  soyeux,  attachés 
au  fer,  et  qui  sont  d'autant  plus  longs  qu'il  y  a 
d'acide.     On  les  mesure  à  l'œil. 

Égouttement  du  caillé,  brassage,  paque- 
tage, Cordage. — Aussitôt  le  petit  lait  enlevé,  on 
brasse  le  caillé  à  la  main  pour  en  faciliter  1  égout- 
tement, puis  il  faut  brasser  un  peu  plus  ;  si  le  tra- 
vail dans  le  petit  lait  a  été  bien  fait,  on  aura,  en  gé- 
néral, peu  à  brasser.  Lorsque  le  caillé  est  bien  pris, 
ce  qui  a  généralement  lieu  au  bout  d'une  demi-heure, 
il  faut  le  couper  en  blocs  puis  retourner  ces  blocs 
plusieurs  fois  de  suite,  à  20  minutes  d'intervalle  ; 
on  les  corde  ensuite.  Au  commencement  du  prin- 
temps, fin  d'avril  et  mai,  il  ne  faut  pas  corder  haut  ; 
en  juin,  on  corde  à  quatre  ou  cinq  rangs  ;  et  en  été, 
quand  on  a  du  gaz  ou  des  petits  yeux,  il  faut  cor- 
der plus  haut  et  retourner  plus  souvent.  En  au- 
tomne, on  corde  sur  cinq  ou  six  rangs.  Toutes  ces 
opérations  doivent  se  faire  à  une  température  va- 
riant, suivant  la  chaleur  extérieure,  de  94  à  98°, 
mais  ne  dépassant  jamais  98°.  En  automne,  par  les 
temps  froids,  recouvrir  le  bassin  pour  éviter  le  re- 
froidissement. 


372 


MANUEL 


d'industrie  laitière  373 

Coupage  au  moulin. — Quand  le  caillé  est  moel- 
leux, il  est  bon  à  être  coupé  au  moulin.  A  l'épreuve 
au  fer  chaud  il  doit  alors  donner  1£  à  2§  pouces 
d'acide,  moins  au  printemps  et  plus  à  l'automne. 
Aussitôt  coupé  il  faut  le  brasser  énergiquement 
pour  l'aérer  et  en  faire  sortir  le  gaz.  La  tempéra- 
ture doit  être  de  90°  à  92°.  L'un  des  meilleurs 
moulins  est  celui  qui  est  indiqué  fig.  27. 

Salage. — Lorsque  le  caillé  est  devenu  mou, 
soyeux,  a  un  arôme  de  beurre  frais  et  montre  de  la 
graisse  quand  on  le  presse  dans  les  mains,  on  peut 
le  saler  à  raison  de  1A  à  2  lbs  de  sel  par  1000  lbs  de 
lait  au  printemps,  de  2|  à  2f  lbs  en  été  et  de  3  à  3| 
lbs  en  automne. 

La  température  du  caillé  doit  être  de  88  à  90° 
Le  sel  s'ajoute  en  deux  fois  et  on  brasse  chaque  fois 
le  caillé  pour  qu'il  soit  bien  mélangé.  Ne  jamais 
saler  avant  que  tout  le  gaz  ait  disparu. 

Mise  en  moules  et  pressage. — Quand  le  sel 
est  bien  dissout,  que  le  caillé  redevient  doux  au 
toucher,  c'est-à-dire  environ  15  à  25  minutes  après 
le  salage,  il  faut  mettre  en  moule.  Cette  opération 
se  fait  à  une  température  de  85°  en  été  et,  lorsque 
le  temps  est  froid,  au  printemps  ou  en  automne,  à 
une  température  de  88°      On  presse  ensuite  douce- 


374  MANUEL 


ment  d'abord,  pour  éviter  les  pertes  de  matière 
grasse,  jusqu'au  moment  où  le  petit  lait  commence 
à  sortir  clair,  puis  on  augmente  la  pression  gra- 
duellement. La  température  doit  être  alors  de  80° 
à  85e.  La  fig.  28  est  uu  exemple  de  presse  hori- 
zontale. 

Après  avoir  laissé  le  fromage,  environ  45  minutes 
en  presse,  on  le  sort  et  on  procède  à  sa  toilette  qui 
ne  doit  se  faire  qu'avec  de  l'eau  bien  pure,  puis  on 
le  remet  en  presse.  Le  fromage  doit  être  en  presse 
au  moins  pendant  vingt  heures  avant  d'être  porté 
à  la  chambre  de  maturation.  Un  bon  usage,  c'est 
de  le  retourner  dans  les  moules  le  matin  suivant, 
de  corriger  tous  les  défauts  d'apparence  que  l'on  y 
reconnaît  et  de  le  remettre  en  presse  pendant  cinq 
ou  six  heures  avant  de  le  porter  à  la  chambre  de 
maturation. 

Maturation. — La  maturation  des  fromages  doit 
se  faire  dans  une  salle  spéciale,  maintenue  aussi 
fraîche  que  possible  pen  lant  l'été,  et  pas  trop  froide 
au  printemps  et  en  automne.  La  bonne  tempéra- 
ture est  de  65°  à  70°.  Cette  salle  doit  être  bien 
ventilée,  sans  cependant  que  des  courants  d'air 
puissent  venir  frapper  les  fromages. 

Dans  bien  des  fabriques,  actuellement,  la  matura- 
tion est  mal  faite,  parce  que  les  fromages  sont  ven- 


D  INDUSTRIE  LAITIERE 


375 


(Fig.  28).    Presse  horizontale. 


376  MANUEL 


dus  trop  tôt  et  parce  qu'ils  sont  rais  à  mûrir  dans 
des  chambres  où  il  est  impossible  de  contrôler  la 
température  qui  s'y  élève  trop  pendant  la  canicule 
et  y  est  trop  basse  au  printemps  et  à  l'automne.  Les 
fromages  devraient  être  conservés  trois  semaines 
avant  la  vente  ;  les  meilleurs  praticiens  le  recom- 
mandent. Un  fromage  envoyé  trop  tôt  sur  le  mar- 
ché est  sujet  à  prendre  de  l'amertuma  et  à  devenir 
mou  ;  la  fermentation  y  est  arrêtée  et  il  n'achève 
pas  de  mûrir  convenablement.  Si  on  le  conserve 
plus  de  trois  semaines  il  faut  une  seconde  chambre 
de  maturation  un  peu  plus  fraîche  que  la  précé- 
dente. 

Arôme  et  saveur. — Le  commerce  confond  géné- 
ralement l'arôme  et  la  saveur  qu'il  définit  ''  goût  de 
noisette,  "  "  Nutty  flavor."  Il  y  a  cependant  une 
grande  différence  entre  eux,  comme  pour  le  beurre  : 
l'arôme  est  le  principe  odorant  qui  se  dégage  du 
fromage  et  qui  est  saisi  par  le  nez  ;  la  saveur  est 
l'impression  produite  sur  le  palais  à  la  dégustation- 
Le  fromage  de  la  province  de  Québec  a  générale- 
ment l'arôme  voulu  ;  On  y  rencontre  souvent  le 
goût  d'amande  ou  de  noisette. 

Les  mauvaises  saveurs  ou  les  mauvais  arômes 
qu'on  rencontre  dans  le  fromage  sont  le  goût  de 
fruit  ou  de  levure,  le  goût  de  petit   lait,   la   saveur 


d'industrie  laitière  377 


amère  et  une  foule  d'autres  mauvais  goûts  qui  pro- 
viennent presque  toujours  de  la  mauvaise  qualité 
du  lait,  d'une  mauvaise  fabrication,  ou  de  la  mal- 
propreté de  la  fabrique,  ou  de  celle  des  canistres 
des  patrons,  ou  de  la  mauvaise  qualité  de  l'eau  em- 
ployée.    Cela  a  été  signalé  précédemment. 

Le  commerce  classe  "  off  flavor,"  tout  fromage  à 
mauvais  arôme  ou  à  mauvaise  saveur. 

Corps  et  texture. —  Les  qualités  d'une  bonne 
toxture  sont  la  fermeté,  la  cohésion,  la  plasticité  ; 
un  bon  échantillon  est  bien  lisse  sous  la  sonde  et 
doux  au  toucher,  "  silky  ". 

Pour  qu'un  fromage  ait  un  bon  corps,  il  faut  qu'il 
soit  ferme  et  élastique.  Le  fromage  de  cette  pro- 
vince a  généralement  un  bon  corps  et  une  bonne 
texture.  Cependant,  dans  quelques  district  le  corps 
est  trop  mou  ou  trop  sec  et  la  texture  est  trop  lâche. 

Couleur. — La  couleur  d'un  fromage,  qu'on  ne 
colore  pas  artificiellement,  doit  être  pâle.  lia  pro- 
vince de  Québec,  à  cause  de  la  grande  richesse  de 
son  lait,  ne  devrait  faire  que  du  fromage  pâle.  La 
fabrication  du  fromage  "blanc  mat,"  entraîne  une 
plus  forte  perte  de  matière  grasse  et,  par  conséquent, 
est  un   contre  sens  quand  on  a  du  lait  riche  ;    elle 


378 


MANUEL 


devrait  être  limitée  aux  districts  où  le  lait  est  le 
inoins  riche.  Quand  au  fromage  coloré,  sa  fabrica- 
tion est  sujette  à  des  accidents  fréquents  et  il  vau- 
drait'mieux  s'abstenir  d'en  fabriquer,  lorsqu'on  n'a 
pas  la  main  sûre. 

Dimensions  des  meules  et  des  boîtes.—  Les 
meules  devraient  avoir  15  pouces  de  diamètre,  une 
hauteur  de  10i  à  lOf,  et  un  poids  de  75  lbs. 

Les  boîtes  devraient  avoir  un  diamètre  intérieur 
de  15^  pouces:  }  de  pouce  déplus  et  la  même 
hauteur  intérieure  que  le  fromage,  c'est-à-dire  être 
rasées  au  niveau  de  la  face  supérieure  du  fromage. 
Il  faut  employer  de  l'orme  sain,  sans  nœud  ni  ger- 
çure et  de  couleur  uniforme.  Le  couvercle  et  le  fond 
doivent*être  en  bois  sec  embouveté.  Le  nombre  de 
clous  à  employer  pour  la  boîte  est  de  18.  Les  cer- 
cles du  fond  1|  pouce  et  celui  du  couvercle  2h 
pouces.  Il  est  inutile  de  clouer  les  couvercles,  il 
suffit  qu'il  s'assemblent  bien  avec  la  boîte.  Les 
boîtes  doivent  être  étampées  et  porter  la  marque 
de  la  fabrique,  comme  l'indique  les  photographies 
ci-jointes,  qui  montrent  la  différence  entre  une 
bonne' et  une  mauvaise  boîte.  La  marque  de  fabri- 
que devant  être  ovale  et  avoir  6x3  pouces  (Fig.  30.) 


D  INDUSTRIE  LAITIERE 


379 


Dépréciation  résultant  des  principaux  dé- 
fauts extérieurs. — Les  fromages  d'apparence  sale 
subissent  une  dépréciation  de  1  cent  par  livre  ;  les 
fromages  moisis  h  et  ;  les  fromages  qui  ne  sont  pas 
d'aplomb,  ^  à  h  et  ;  ceux  qui  ont  des  cordons  en 
haut  ou  en  bas  de  la  meule,  \  et  ;  cotons   mal  cou- 


(Fig.  29) 

pés  et  mal  rabattus  ^  et  à  £  et  ;  absence  de  couvert 
de  coton,  |  et.  La  différence  entre  un  fromage  de 
belle  apparence  et  un  de  mauvaise  apparence  peut 
aller  de  \  à  1  et  par  livre.  Un  fromage  craqué, 
même  en  le  supposant  de  première  qualité  sous  tous 
les  autres  rapports,  ne  peut  pas  être  payé  au  plus 
haut  prix  du  marché,  il  subit  une  dépréciation  d'au 
moins]-^  et  à  1  et  par  livre. 


380 


MANUEL 


Transport.  — Pour  le  transport  du  fromage,  tant 
à  bord  des  chars  que  des  bateaux,  on  peut  re- 
péter ce  qui  a  été  dit  pour  le  beurre.  Le  fro- 
mage est  souvent  détérioré,  pendant  ce  transport, 
par  la  chaleur  et  la  malpropreté,  et  il  serait  à  dé- 
sirer qu'il  y  ait  des  améliorations  sous  ce  rapport. 
•Le  transport  du  fromage,  de  la  fabrique  à  la  station, 
devrait  se  faire  pendant  la  soirée  ou  le  matin,  mais 


(Fig.  3°) 

jamais,  autant  que  possible,  pendant  la  chaleur  de 
la  journée  ;  si  l'on  y  est  forcé,  recouvrir  la  voiture 
d'une  bonne  bâche  qui  met  les  meules  à  l'abri  du 
soleil.  Quand  il  pleut,  il  faut  aussi  les  abriter  »ur  la 
voiture  pour  qu'elles  ne  se  salissent  pas. 

Quantité  de  lait  nécessaire  à  une  froma- 
gerie et  taux  de  fabrication.  —La  première  chose 
nécessaire  au  bon  fonctionnement  d'une  fromagerie 


d'industrie  laitière 


381 


est  une  quantité  suffisante  de  Jait.  On  comprend 
facilement  que,  si  une  fabrique  ne  reçoit  qu'une 
faible  quantité  de  lait,  il  lui  sera  imppssible  de  faire 
ses  frais  sans  se  rattraper,  soit  sur  le  salaire  du  fa- 


(Fig-30 


bricant,  soit  en  faisant  un  fromage  de  mauvaise 
qualité,  en  visant  surtout  au  rendement.  Les  revenus 
devant  être  faibles  on  montera  la  fabrique  aussi 
économiquement  que  possible  en  négligeant  même 
les  choses  les  plus  nécessaires.  Dans  certains  districts 
les  petites  fabriques  se  sont  multipliées  d'une  ma- 
nière incroyable,  les  taux  de  fabrication  ont  baissé 
de  plus  en  plus,  par  suite  de  la  concurrence,  le  mau- 
vais lait  est  accepté  comme  le  bon  et  il  en  résulte 
une  fabrication  considérable  de  mauvais  produits 
qui  nuisent  beaucoup  à  la  vente  du  fromage  de 
toute  la  province.     C  est  là  un  état  de  chose  déplo- 


82  MANUEL 

rable,  et  un  grand  nombre  de  bons  fabricants  se 
plaignent,  avec  raison,  qu'il  leur  est  impossible  de 
faire  concurrence  aux  fabricants  moins  soigneux  et 
moins  scrupuleux  qu'eux.  Les  patrons  devraient 
comprendre  leur  intérêt,  n'encourager  que  les  fa- 
briques bien  organisées  et  disposant  d'un  fabricant 
diplômé,  et  leur  assurer  une  quantité  suffisante  de 
lait  pour  un  bon  fonctionnement.  Plus  une  fabrique 
reçoit  de  lait,  plus  il  lui  est  possible  de  diminuer  le 
taux  de  fabrication,  tout  en  conservant  un  bénéfice 
raisonnable.  Le  taux  de  fabrication  devrait  être 
pour  une  fabrique  produisant  : 

Quatre  fromages  chaque  jour,  au  moins  2  et  par  livre. 
Huit             "             "          "  «     i^àr^ctp.lb. 

Douze  "  "  "  "     i#àij£ct    " 

Vingt  "  "  "  "     1  et  " 

Au  sujet  de  la  fabrication  du  fromage,  on  peut 
recommander  spécialement  la  lecture  de  "  La  fabri- 
cation du  fromage,  Cheddar,  "  par  John  W.  Decker. 
B.  A.,  ouvrage  traduit  de  l'anglais  par  Emile  Castel, 
secrétaire  de  la  Société  d'Industrie  Laitière  de  la 
Province  de  Québec.  Nous  avons  emprunté  bien  des 
renseignements  à  cet  ouvrage  qui  est  un  des  meil- 
leurs à  consulter. 

Examen    et    jugement    des    fromages- — 

1e'.  Apparence    générale. — La   boîte   est-elle    bien 


d'industrie  laitière  383 

faite,  bien  arrondie,  bien  clouée  ?  Le  bois  est-il  bon, 
sans  nœuds  ni  gerçures  ?  A-t-il  une  belle  couleur  ? 
Il  ne  doit  pas  être  trempé  trop  longtemps  et  il  faut 
renouveler  l'eau  ?  Les  cercles  de  la  base  et  du 
couvercle  sont-ils  suffisamment  résistants  ?  Les  mar- 
ques sont-elles  bien  visibles  et  élégamment  mises  ? 
Le  poids  doit  être  étampé  ?  Le  couvercle  s'assem- 
ble-t-il  bien  avec  la  boîte  '.  La  boîte  est-elle  propre  ? 

Retirer  le  fromage  de  la  boîte. — La  boîte  est-elle 
juste  pour  le  fromage,  de  manière  à  ce  que  celui-ci 
puisse  sortir  sans  difficulté  ?  N'est-elle  pas  trop 
grande  ?  Est-elle  de  la  même  hauteur  que  le  fro- 
mage ?  Le  fromage  pèse-t-il  au  moins  75  Ibs  ?  La 
hauteur  en  est-elle  proportionnée  au  diamètre  ?  Le 
bandage  est-il  propre  et  bien  posé  ?  Il  ne  doit  pas 
être  replié  de  plus  de  un  pouce  à  chaque  extrémité. 
Les  cotons  doivent  avoir  été  posés  avec  de  l'eau  bien 
chaude  de  façon  à  bien  adhérer  au  fromage.  La  sur- 
face du  fromage  est-elle  craquée  ou  gercée  ? 

Pour  l'apparence  générale  du  fromage  ou  cote  de 
Oà  10. 

2°.  Sonder  le  fromage  avec  une  sonde  (fier. 
32 J  Sentir  l'échantillon  qui  ne  doit  émettre  au- 
cune mauvaise  odeur,  comme  l'odeur  d'animal,  l'o- 
deur d'ensilage,  l'odeur   de  petit  lait.     L'odeur  doit 


384  MANUEL 


en  être  bien  franche.  Les  odeurs  se  dégagent  sur- 
tout au  moment  où  on  presse  un  morceau  de 
l'échantillon  pour  en  connaître  le  corps. 

Goûter  l'échantillon. — Il  ne  doit  avoir  aucun 
mauvais  goût.  Les  goûts  acides,  de  fruit,  de  suif,  de 
petit  lait,  amer  et  bien  d'autres  sont  de  graves  dé- 
fauts. 


(Fig.  32. — Sonde  à  fromage.) 

Le  goût  d'amande  ou  de  noisette  est  une  qualité. 

L'arôme  et  la  saveur  se  cotent  de  0  à  45. 

L'échantillon  ne  doit  pas  être  trop  salé.  Avec  un 
peu  d'habitude  on  arrive  vite  à  apprécier  le  salage 
d'un  fromage. 

Pour  le  salage  on  côte  de  0  à  10. 

3°.  Casser  un  morceau  de  l'échantillon  et  le 
malaxer  entre  le  pouce  et  les  autres  doigts.  Il  doit 
être  plutôt  ferme  que  mou,  à  texture  soyeuse  et 
plutôt  serrée  et  ne  pas  adhérer  aux  doigts.  Les 
trous  sont  un  défaut  grave,  ainsi  que  les  taches  de 


d'industrie  laitière  385 

beurre.  Il  ne  doit  pas  être  humide  :  l'excès  d'hu- 
midité est  un  grave  défaut.  C'est  pendant  que 
l'on  malaxe  ainsi  le  fromage  entre  les  doigts  que 
l'odeur  s'en  sent  le  mieux.  Le  fromage  ne  doit  pas 
être  trop  vert. 

Pour  le  grain  et  la  texture,  on  cote  de  0  à  20. 

La  couleur  doit  être  bien  uniforme  et  pas  trop 
blanche  ;  elle  doit  être  transparente. 

On  cote  la  couleur  de  0  à  15. 

Principes  de  construction  des  fromageries. — 

Pour  une  fromagerie,  la  première  chose  nécessaire 
est  de  pouvoir  y  régler  la  température.  Les  froma- 
geries doivent  être  suffisamment  chaudes  au  prin- 
temps et  en  automne  et  suffisamment  fraîches  en 
été.  Elles  doivent  être  pourvues  d'une  bonne  cham- 
bre de  maturation  où  la  température  puisse  être 
maintenue  en  tout  temps  entre  65°  et  70°  ;  dans  ce 
but,  les  murs  doivent  être  construits  solidement 
avec  des  colombages  de  2  x  6,  et  à  l'intérieur  aussi 
bien  qu'à  l'extérieur,  un  double  rang  de  planches 
avec  une  couche  de  papier  entre  les  deux.  Les  plan- 
chers doivent  être  en  bois  de  deux  pouces,  embou- 
veté.  Les  murs  doivent  recevoir  une  couche  d'huile 
et  deux  couches  de  vernis  et  le  plancher  une  couche 
25— 


386  MANUEL 


d'huile.  Le  bassin  à  petit  lait  doit  être  suffisam- 
ment accessible  pour  pouvoir  être  nettoyé  complè- 
tement chaque  jour  sans  difficulté.  Il  doit  y  avoir, 
dans  chaque  salle,  de  bons  ventilateurs.  Les  abords 
de  la  fromagerie  doivent  être  entretenus  dans  la 
plus  grande  propreté.  Les  canaux  d'écoulement  des 
eaux  de  drainage  doivent  être  construits  avec  soin 
et  disposés  de  manière  à  pouvoir  être  visités  fré- 
quemment ;  ils  doivent  communiquer  avec  la  fabri- 
que par  un  tuyau  en  S  (joint  hydraulique),  qui 
empêchera  les  mauvaises  odeurs  des  égouts  de  ren- 
trer dans  la  fabrique.  La  fabrique  doit  avoir  un 
solage  assez  élevé  pour  que  l'écoulement  des  eaux 
se  fasse  facilement.  Le  chemin  vis-à-vis  de  la  plate- 
forme de  réception,  doit  être  pavé,  ou  au  moins 
macadamisé. 

Ne  jamais  placer  la  chambre  de  maturation  dans 
le  grenier,  sous  le  toit,  qui  doit  être  réservé  pour 
servir  de  magasin.  Une  bonne  chambre  de  matu- 
ration est  ce  qui  manque  le  plus  dans  la  plupart 
des  fabriques  et  l'attention  des  propriétaires  de  fro- 
mageries doit  être  spécialement  attirée  sur  ce  point. 

Le  plan  fig.  33,  page  328c,  est  un  plan  de  fro- 
magerie pour  300  à  500  vaches. 

A — Chambre  de  fabrication,  28  pds  x  16  pds 


d'industrie  laitière  387 

B — Chambre  des  presses,  15  pds  x  14  pds  ; 

C — Chambre  de  l'engin  et  de  la  bouilloire,  13  pds 
x  12  pds ; 

D — Plateforme  de  réception,  3^  pds  ; 

E — Tablettes  pour  les  canistres  ; 

F — Chemin  couvert  ; 

G — Chambre  de  maturation,  36  pds  x  28  pds. 

1  Chaudière,  2  Engin,  3  Bassins  à  lait,  4  Presses 
à  fromage,  5  Egouttoir  pour  le  caillé,  6  Moulin  à 
couper  le  caillé,  7  Chaudière  pour  pesage,  8  Appa- 
reils et  table  pour  l'épreuve  du  lait,  9  Réservoir  à 
eau,  10  Gouttière  3"  x  4",  11  Tablettes  à  fromage, 
12  Ligne  la  plus  basse  du  plancher. 

La  figure  34  montre  la  manière  dont  doivent  être 
construites  les  tablettes  de  la  chambre  de  matura- 
tion. On  doit  employer  à  leur  construction  du  bois 
qui  ne  travaille  pas. 

Matériel  nécessaire  à  une  fromagerie  de 
500  vaches. — 1°.  Une  bouilloire  de  10  forces 
complète. 

2°.  Deux  bassins  à  fromage  de  60  gallons  cha- 
cun, 


388 


MANUEL 


7s  £?•??*$* 


(fig-  34). 


d'industrie  laitière  38? 

3°.  Une  presse  horizontale  Fraser  de  12  meules 
avec  les  moules  et  12  cercles  de  presse. 

4°.  Une  presse  verticale  de  6  meules  avec  les 
moules  et  6  cercles  de  presse. 

5°.  Trois  égouttoirs  pour  le  caillé. 

6°.  Un  moulin  à  caillé. 

7°.  Une  chaudière  à  peser  le  lait,  de  500  lbs  de 
capacité. 

8°.  Une  dalle  pour  faire  couler  le  lait. 

9°.  Un  couteau  à  caillé  vertical  et^un  horizontal. 

10°.  Balances  à  peser  ;  une  pour  le  lait  de  800 
lbs,  à  deux  fléaux,  une  pour  le  fromage  et  1  pour  le 
sel. 

11°.  Deux  thermomètres. 

12°.  Un  babcock  à  vapeur  complet  de  24^échan- 
tillons. 

13°.  Un  acidimètre. 

14°.  Un  appareil  pour  l'épreuve  du  lait'  par  la 
fermentation. 

15°.  Uu  verre  gradué  de  8  onces. 

16°.  Trois  râteaux  pour  brasserie  caillé. 


390  MANUEL 

17°.  Un  appareil  à  poser  les  bandages. 

18.°  Une  brosse  à  plancher  et   un    grattoir   en 
caoutchoue. 

19°.  Trois  chaudières  et  des  dippers. 

20°.  Tuyaux  à  eau,  à  vapeur,  et  connexions. 

21°.  Une  pompe. 

22°.  Une  grue  pour  élever  les  canistres. 

23°.  Une  pompe  à  petit  lait. 

24e.  Un  bassin  à  petit  lait  de  55  livres. 

25e.  Un  réservoir  à  eau  de  10  barils  de  capacité. 

26°.  Un  évier  (sdnk). 

27°.  Une  sonde  à  fromage. 

28°.  Marque,  étampe  à  manquer  et  brosse  pour 
marquer. 

29°.  Un  seau  à  caillé  avec  coté  plat. 

30°.  Un  bassin  pour  l'eau. 

29°.  Une  machine  à  faire  les  boîtes. 

Propreté,  entretien  et  ventilation  des  fro- 
mageries.—Tout  ce  qui  a  été  dit  par  ce  sujet 
à  propos  des  beurreries  s'applique  aussi  aux  fro- 
mageries. 


D  INDUSTRIE  LAITIERE 


391 


Composition  du  fromage  et  des  résidus  ré- 
sultant de  sa  fabrication.  —  Rendement  du 
lait  en  fromage. — Dans  la  fabrication  du  fromage, 
on  obtient  en  moyenne,  par  1000  lbs  de  lait,  envi- 
ron 900  lbs  de  petit  lait  et  100  lbs  de  fromage. 

COMPOSITION  DU  FROMAOE  ET  DU  PETIT  LAIT. — 

(Cooke). 


Solides 
totaux. 


Gras 


<o  a       Sucre  de 

l'a 

1i  lait 

O  '08         i 


Fromage 

Egouts  de  la  presse. 
Petit  lait 


par  cent 

par  cent 

par  cent 

par  cent 

54.2 

90.6 

77.4 

5.0 

.9 

.4 

.6 

1.5 

44.9 

9.0 

22.0 

93.5 

100.0 

100.0 

100.0 

100  0 

par  cent 

36 

1 

63 


100.0 


On  peut  calculer  approximativement  le  rende- 
ment en  fromage  du  lait,  en  multipliant  le  pour 
cent  de  gras  du  lait  par  le  nombre  2,  7.  Ainsi,  si 
un  lait  contient  3Q/0  de  gras,  on  pourra  espérer  en 
tirer  3,  2x2,  7,  =  8,64  lbs  de  fromage. 


Van  Slyke  a  trouvé  que  la  quantité  de  fromage 
fabriquée  par  livre  de  gras  dans  le  lait,  variait  de 
2.50  à  3.06,  la  moyenne  étant  de  2.71  à  273. 


392 


MANUEL 


PERTE  DE  POIDS  DU  FROMAGE  CHESSAR    PENDANT  LA 
MATURATION.  —  (Babcock). 


P*  <»  a 


tu 


P    3 
C  c'a, 

•^  o  £ 

a  Sch 

O    «     - 

is  a 


S  *= 


23s 


3  S  o 

3h-  2" 


Perte 

totale 


jours 

jours 

1  —  10 

6 

99 

11—20 

16 

242 

21-30 

25 

298 

3 1  —60 

41 

41T 

audes- 

141 

172 

susdeGO 

Ibs 
2.8 
7.356.9 

8  53«,5 

12.353,3 

0244,4 


lbs 
2741.5 

7.77.0 

8160.4 

11684.4 

5736.0 


lbs 
70  5 
279.9 
370.1 
668.9 
508.4 


par  cent 
2.51 
3.80 
4.34 
5.41 
8  11 


CHAPITRE  VII 

QUESTIONS    DIVERSES 

Utilisation  du  lait  écrémé,  du  lait  de  beurre  et  du  petit 
lait. —  Répartitions. 

Utilisation  du  lait  écrémé,  du  lait  de  beurre 
et  du  petit  lait.. — Dans  la  fabrication  du  beurre 
on  obtient,  par  mille  livres  de  lait  entier,  en  moy- 
enne, 800  livres  de  lait  écrémé  et  190  lbs  de  lait  de 
beurre  et,  pour  le  fromage,  900  lbs  de  petit  lait. 

Le  lait  écrémé  contient  par  1000  lbs,  130  lbs  de 
solides  totaux,  dont  2  lbs  l  de  gras,  22  lbs  de  caséine 
6  lbs  d'albumine,  12  lbs  de  sucre  de  lait  et  6  lbs  \ 
de  cendres.  Le  lait  de  beurre  contient  14,  91  lbs  de 
solides  totaux,  dont  0  lbs  8  de  gras,  3,  77  lbs  de  ca- 
séine, 0,94  lbs  d'albumine,  8,  3  lbs  de  sucre  de  lait 
et  1,  1  lb  de  cendres. 

Le  petit  lait  contient,  45,  8  lbs  de  solides  totaux, 
dont  9,  4  lbs  de  gras,  22,  6  lbs  de  caséine  et  d'albu- 
mine, 93,  5  lbs  de  sucre  de  lait  et  63  lbs  de  cendre. 


394  MANUEL 

Comme  l'albumine  et  la  caséine  sont  des  aliments 
azotés  et,  par  suite,  très  nutritifs  et  que  le  rôle  du 
sucre  dans  l'alimentation  est  aussi  important  que 
celle  du  gras,  on  voit  que  ces  produits  sont  très  in- 
téressants, et  qu'en  les  utilisant  on  peut  diminuer 
dans  une  large  mesure  le  prix  de  fabrication  du 
bsurre  et  le  prix  de  revient  du  lait. 

Le  meilleur  moyen  d'utiliser  le  lait  écrémé  c'est 
l'élevage  et  l'engraissement  des  veaux  et  des  porcs. 
Le  lait  de  beurre  et  le  petit  lait  conviennent  sur- 
tout aux  porcs.  On  ne  saurait  recommander  l'em- 
ploi du  petit  lait  pour  les  veaux.  Cependant,  si  la 
chose  est  nécessaire,  il  faut  y  alL'r  avec  précaution 
et  passer  graduellement  de  l'alimentation  au  lait 
frais  et  chaud  à  celle  au  petit  lait.  Il  est  bon  de 
chauffer  celui-ci  jusqu'à  170  F., avant  de  le  donner. 
Quelques  fermiers  y  mélangent  avec  avantage  de 
la  graine  de  lin  on  de  la  moulée.  On  peut  aug- 
menter graduellement  la  quantité  de  petit  lait 
qu'on  donne  aux  jeunes  veaux,  jusqu'à  une  livre. 
Pour  les  veaux,  ce  qui  convient  le  mieux  c'est  le 
lait  écrémé  et  nous  avons  déjà  traité  cette  question. 

La  richesse  du  petit  lait  n'est  que  le  tiers  environ 
de  celle  du  lait  écrémé,  comme  on  le  voit  par  sa 
composition  que  nous  venons  de  donner  plus  haut. 
Quant  à  celle  du  lait  de  beurre,  elle  n'est  que  le 


d'industrie  laitière  395 

lOème  environ  de  celle  du  lait  écrémé,  et  il  ne  con- 
vient pas  pour  les  veaux. 

Mais  le  meilleur  moyen  d'utiliser  ces  trois  sous- 
produits  de  la  laiterie  c'est  de  les  faire  servir  à  l'ali- 
mentation des  porcs.  Par  ce  moyen,  il  est  facile  de 
retirer  du  lait  écrémé  15  à  25  cents  et  plus  par  cent 
livres,  du  petit  lait  5  à  10  cents  par  cent  livres  et 
du  lait  de  beurre  1  à  2  cents  par  100  lbs. 

Ce  qui  paierait  le  mieux  les  patrons  ce  serait  l'éle- 
vage des  porcs  à  bacon  et,  comme  cet  élevage,  peu 
répandu  encore  dans  la  province,  se  pratique  en 
grand  avec  succès  au  Danemark,  nous  ne  pouvons 
mieux  faire  que  de  rappeler  ici  ce  qui  se  pratique 
dans  ce  pays,  d'après  le  rapport  de  MM.  G.  A.  Gi- 
gault  et  J.  D.  Leclair,  publié  par  le  département  de 
l'Agriculture  en  1894. 

Les  Danois  s'appliquent  surtout  à  produire  du 
lard  propre  à  faire  du  bacon  et  du  jambon  :  1°  parce 
que,  pour  le  bacon  on  doit  abattre  les  porcs  lors- 
qu'ils sont  jeunes  et  ne  pèsent  pas  plus  de  200  lbs 
et  que  l'engraissement  des  jeunes  porcs  est  moins 
coûteux  que  celui  des  vieux  ;  2°  parce  que  le  prix 
du  bacon  est  plus  élevé  que  celui  du  lard  salé. 


396  MANUEL 

Des  expériences  faites  sur  l'alimentation  des  porcs 
à  la  Ferme  Expérimentale  d'Ottawa  ont  démon- 
tré, qu'en  général,  après  le  deuxième  mois  de  la  pé- 
riode d'alimentation  et  quand  le  poids  de  l'ani- 
mal a  dépassé  cent  livres,  il  faut,  pour  produire 
chaque  livre  de  gain  dans  le  poids  vif,  une  quantité 
graduellement  croissante  de  nourriture.  Ainsi,  pour 
porter  le  poids  vif  de  cinq  porcs  de  430  lbs  à  580 
lbs  il  a  fallu  3,81  livres  d'aliments  consommés  par 
livre  de  grain;  pour  porter  le  poids  des  mêmes  porcs 
de  741  à  865  livres,  il  a  fallu  4:64  livres  d'aliments 
consommés  par  livre  de  gain. 

Pour  le  bacon,  il  faut  une  viande  maigre  et,  dans 
ce  but,  les  porcs  doivent  recevoir  une  nourriture 
variée.  C'est  le  secret  de  la  réussite  dans  ce  genre 
d'élevage  et  d'engraissement.  Ce  genre  d'alimenta- 
tion  permet  du  reste  d'utiliser  les  déchets  de  cuisine, 
des  herbages,  des  racines  fourragères  qui  sont  des 
aliments  peu  dispendieux. 

La  nourriture  des  porcs  au  Danemark  consiste 
surtout  en  lait,  orge,  légumes.  On  donne  parfois 
de  la  farine  de  blé-d'Inde,  mais  l'emploi  de  cet  ali- 
ment n'est  pas  recommandable  pour  la  production 
du  bacon.  En  tout  cas,  il  ne  faut  jamais  en  employer 
pendant  le  mois  qui  précède  l'abattage.  L'emploi  du 
blé-d'Inde  donne  une  viande  molle  qui, aux  abattoirs 
est  cotée  de  quatrième  classe. 


d'industrie  laitière  397 

Les  pois  raffermissent  la  viande,  ils  conviennent, 
en  petite  quantité,  pendant  la  dernière  période  de 
l'engraissement,  pour  raffermir  la  viande.  Il  ne  faut 
pas  les  employer  en  grande  quantité. 

L'orge,  le  seigle,  les  betteraves  fourragères  ou  les 
pommes  de  terre,  données  avec  le  lait,  produisent 
une  viande  de  première  classe.  Les  pommes  de  terre 
se  donnent  généralement  cuites. 

Une  livre  de  grain  équivaut,  comme  aliment,  à 
quatre  livres  de  patates,  ou  à  6  livres  de  lait  écrémé, 
ou  à  12  livres  de  petit  lait,  ou  10  livres  de  betteraves 
fourragères  ou  carottes.  Les  tourteaux  donnés  seuls 
forment  une  viande  molle.  Le  lait  écrémé  et  le  petit 
lait,  s'ils  ne  sont  pas  donnés  avec  de  l'orge  et  du 
seigle,  forment  une  viande  de  quatrième  classe. 

Monsieur  Holm,  un  éleveur  Danois  très  expéri- 
menté, donne  pendant  l'été  aux  truies  et  aux  jeunes 
cochons,  outre  le  lait  et  le  grain,  du  trèfle,  de  la  len- 
tille et  de  l'avoine  verts.  Il  remplaces  cela,  en  hiver 
par  des  betteraves.  Aux  cochons  à  l'engrais,  il 
donne  des  betteraves  hachées,  de  la  farine  d'orge 
ou  de  blé,  mais  jamais  d'avoine. 

Les  truies  sont  logées  de  manière  à  pouvoir 
prendre  tout  l'exercice  désirable  ;  c'est  là  une  con- 
dition essentielle  dans  l'élevage  des  cochons.  Autre- 
ment les  bêtes  restent  faibles  et  meurent  en  grand 


398  MANUEL 


nombre.  M.  Holra  vend  ses  porcs  lorsqu'ils  pèsent 
200  lbs  au  plus.  Lorsqu'ils  sont  trop  gras,  le  prix 
de  vente  est  moins  élevé  par  livre  et  la  livre  de 
viande  ou  de  graisse  coûte  plus  cher  à  produire. 
Le  grand  Yorkshire  amélioré  et  le  Tamworth  sont 
les  deux  races  les  plus  recommandables  pour  le 
bacon. 

Il  faut  attirer  l'attention  des  cultivateurs  sur 
cette  question  importante  de  l'utilisation  des  sous- 
produits  de  la  laiterie,  dont  ils  peuvent  tirer  un  si 
bon  parti  avec  un  peu  d'intelligence  et  de  savoir. 
Pour  de  plus  amples  renseignements,  consulter  le 
cours  fait  à  ce  sujet  par  monsieur  J.  C  Chapais,  à 
l'Ecole  d'Industrie  Laitière  de  St-Hyacinthe  et 
publié  dans  le  Journal  d'Agriculture  Illustré,  Nos. 
du  15  avril,  15  mai  et  15  juin  1887.  C'est  un  arti- 
cle des  plus  instructifs  intitulé.  "  Le  porc  et  l'in- 
dustrie laitière." 

Répartitions. — Anciennement,  dans  toutes  les 
fabriques,  le  lait  se  payait  aux  patrons  proportion- 
nellement au  poids  apporté  par  chacun  d'eux.  Mais 
dans  ces  dernières  années,  depuis  l'usage  du  bab- 
cock  surtout,  il  a  été  reconnu  que,  non  seulement  la 
quantité  de  beurre,  mais  aussi  la  quantité  de  fro- 
mage fabriqué  par  100  livres  de  lait,  dépend  de  la 
richesse  en  gras  de  ce  lait,  il  a  été  reconnu  aussi 
que  la  qualité  du  lait  fourni  par  les  différents  pa- 


d'industrie  laitière  399 

trôna  variait  dans  des  limites  très  étendues  :  certains 
laits  peuvent  ne  contenir  que  3  °20  de  gras  et  d'au- 
tres jusqu'à  6  Qj0  et  plus.  Il  devenait  donc  évident 
que  l'ancienne  méthode  de  payement  était  absolu- 
ment injuste  et  que,  si  l'on  avait  un  moyen  de  dé- 
terminer rapidement  et  exactement  la  richesse  en 
gras  des  laits  apportés  par  les  patrons,  il  serait  pré- 
rable  de  payer  les  laits,  non  d'après  leur  poids,  mais 
d'après  le  gras  qu'ils  contiennent. 

Or  le  babcock  permet  cette  détermination  rapide 
d'une  façon,  sinon  toute  à  fait  exacte,  du  moins  suffi- 
samment exacte  pour  qu'il  soit  bien  plus  juste  de 
payer  les  laits  d'après  la  richesse  en  gras  qu'il  in- 
dique pour  chacun  d'eux  que  d'après  leur  poids. 

Cette  méthode  du  payement  du  lait  suivant  la 
richesse  en  gras  s'est  beaucoup  répandue  partout 
dans  ces  dernières  années  et  se  répand  chaque  jour 
davantage  et  on  ne  saurait  trop  engager  les  culti- 
vateurs à  l'adopter. 

Pour  faire  les  répartitions  d'après  ce  système  de 
payement,  on  commence;  1Q  par  déterminer  la  ri- 
chesse moyenne  du  lait  fourni  par  chaque  patron, 
par  la  méthode  des  échantillons  composés  dont  nous 
avons  parlé  page  269  ;  2°  on  multiplie,  pour  chaque 
patron,  la  richesse  en  gras  de  son  lait  par  le  poids 
qu'il  a  apporté  ;  3°  On  fait  la  somme  du  gras  ap- 


400  MANUEL 


porté  par  tous  les  patrons  ensemble  ;  4°  on  déter- 
mine le  produit  net  en  argent  obtenu  par  la  vente 
du  beurre  ou  du  fromage  fabriqué  avec  le  lait  de 
tous  les  patrons  ;  frais  de  fabrication,  de  vente,  etc. 
déduits  ;  5°  On  divise  le  produit  net  en  argent  par 
le  nombre  total  de  livres  de  gras  apporté  par  les 
patrons  ;  6°  pour  avoir  la  somme  à  payer  à  chaque 
patron  il  suffit  de  multiplier  le  quotient  de  la  divi- 
sion précédente,  qui  est  le  prix  net  de  vente  d'une 
livre  de  gras,  successivement  par  le  nombre  de  livres 
de  gras  apporté  par  chaque  patron. 

Exemple  : 

Le^patron  A  a  apporté  2000  lbi  de  lait  contenant  3,  25%  de  gras 
B            "          750         "                        "       4.  00%         " 
C             "       1275         "                        "      5.  20%        '• 
D            "       1500         <;                        "      3,  60%         " 

Ce  qui  fait  que  : 

Le  patron  A  a  apporté      20  r  3,  25=un  total  de  65  fts  de  gras 
"  B  "       7,50x4,00=  "  30         " 

"  C  "     12,  75  i  5,  2  =  "  66.3     " 

»  D  "     15,  00  x  3,  6  =  "  54         " 


Total  du  gras  apporté  215,3  lbs 


Le  rendement  total  du  lait  en  bsurre  a  été  de 
240  lbs  qui,  vendu  à  20  centins  a  produit  $48.  Le 
coût  de  la  fabrication  a  été  de  4  cents  par  livre,  y 
compris  les  frais  de  vente,  le  fret,  etc.      Soit  $9.60 


d'industrie  laitière  401 

pour  les  240  lbs.  Il  reste  donc  à  partager  entre  les 
patrons  48— 9.60  =  $38.40,  suivant  la  quantité  de 
livres  de  gras  apporté  par  chacun  d'eux.  240  lbs  de 
gras  rapportent  $38,40,  une  livre  de  gras  rapporte 
donc  $38,40  :  215,3 =$0,1783.  Ils  reste  maintenant 
à  multiplier  ce  nombre  par  le  nombre  de  livres  de 
gras  apporté  par  chaque  patron  pour  avoir  la  somme 
à  payer  à  chacun  d'eux. 

Ainsi  le  patron  A  devra  recevoir  65      x  $0,17836=$  11,593 
B  "  30      x  $0,17836==      5,351 

C  "  66,  3  x  $0,17886=    11,825 

D  "  54,      x  $0,17836=      9,631 

Total  38.400 

Pour  avoir  le  nombre  de  livres  de  beurre  par  100 
livres  de  gras  il  suffit  de  diviser  le  nombre  de  livres 
de  beurre  produit,  par  le  nombre  de  livres  de  gras 
apporté  par  les  patrons.  Dans  ce  cas,  c'est  240  :  215 
3=  111,37  lbs. 

Si  ce  lait  avait  servi  à  faire  du  fromage  et  s'il  en 
avait  produit  par  exemple  570  lbs,  le  prix  de  vente 
étant  de  9f  et  ;  le  coût  de  fabrication,  de  vente,  fret, 
etc.,  de  1J  et  par  lb.  on  aurait  à  partager  $55,57  — 
$8,55  =  $47.02. 

Comme  les  patrons  ont  apporté  215,3  lbs  de  o-ras 
ils  doivent  toucher  par  livre  de  gras  $47,02  :  215,2  = 
$0,21839,  ce  qui  donne  à  chacun  d'eux  : 

26— 


402  MANUEL 

Patron  A  65  x  0,21839  =  $14.20 

"      B  30  x          ':       =       8.55 

"      C  66.3  x          "       =    14.48 

"      D  54  x          "      =    11.78 


Total  47.01 

Si  le  lait  avait  été  vendu  à  raison  de  $0.75  par 
cent  livres  contenant  4°^rt  de  gras,  cfda  aurait  mis 
la  livre  de  gras  à  S0.75  :  4  =  80,1875  et  chaque 
patron  aurait  eu. 

Patron  A  65  x  0,1875  =  $12.1875 

B  30  x        "  =      5,625 

"       C  66.3  x       "  =     12,431 

"      D  54  x        "  -     10,125 


Total  40,368 

Les  périodes  dont  on  prend  l'échantillon  moyen 
pour  la  détermination  du  gras  peuvent  être  de  8  ou 
de  15  jours  et  même  plus.  Si  on  fait  la  répartition 
pour  plus  d'une  période,  le  gras  se  calculera  pour 
chacune  en  particulier,  puis,  pour  la  répartition  de 
l'argent,  on  fera,  pour  obtenir  le  gras  total,  la 
somme  du  gras  de  toutes  ces  périodes 


FIN. 


TABLE  DES  MATIERES 


PAGES 

Introduction I 

PREMIÈRE  PARTIE 

Agriculture  en  vue  de  l'industrie  laitière i 

CHAPITRE  I 

Matières  premières  du  lait. — Prix  de  revient  :  Main- 
d'œuvre,  travail  des  animaux,  semences,  en- 
grais, intérêts  des  capitaux,  frais  d'entretien, 
amortissements,  assurances  et  autres  frais  gé- 
néraux.— Importance  dit  prix  de  revient  des 
récoltes. —  Travai  personnel  et  bénéfices  du  cul- 
tivateur.— Rotations. — Etude  d  tin  assolement. 
— Exemples  d' assolements. — Prairies  et  pâtu- 
rages :  Trèfle,  mil,  dactyle  pelotonné,  prairies 
et  pâturages  permanents,  foin.  — Fottrrages 
verts.  —  Ensilage.  —  Racines  fourragères.  — 
Grains  et  pailles — Remarques  générales 3 


404  TABLE  DES  MATIÈRES 


CHAPITRE  II 

Nombre  de  vaches  à  tenir  sur  une  ferme. — Ration 
d'entretien  et  ration  de  production. — Objection. 

—  Qualités  d'une  bonne  vache  laitière. — Epreu- 
ve des  vaches  laitières. — Amélioration  des  trou- 
peaux de  vaches  laitières.     Choix  du  taureau. 

—  Caractères  généraux  d'une  bonne  vache  lai- 
,  tière. — Choix  de  la  race  de  vaches  à  adopter. — 

Différentes  races  de  vaches  laitières. — Produc- 
tion du  lait  et  du  gras  par  les  vaches  laitières. 
— Exemples  de  résultats  obtenus  avec  des  va- 
ches laitières.  —Caractères  des  différents  four- 
rages et  aliments  que  peuvent  utiliser  les  vaches 
laitières.  Principes  d'alimentation  des  vaches 
laitières.  —Soins  à  donner  aux  vaches  laitières. 

—  Production  du  lait  et  traite  des  vaches. — 
Etables.  Veaux. — Fumiers. —  Remarques  gé- 
nérales      92 

CHAPITRE   III 

LE    LAIT 

Composition  du  lait.  — Odeur  et  saveur. — Variations 
dans  la  qualité  du  lait. — Causes  d'altération  du 
lait  et  soins  à  lui  donner. — Colostrum. — Fraudes 
et  falsifications  du  lait. — Analyse  du  lait. — Em- 
ploi du  lactodensimètre  et  du  crémomètre. — 
Emploi  du  lactodensimètre  et  du  balcock. — 
Acidimètre 236 


DEUXIÈME  PARTIE 
Utilisation  du  lait 279 


TABLE  DES  MATIÈRES  405 


CHAPITRE  IV 


FABRICATION    DU    BEURRE 

Réception  du  lait. — Importance  d'un  bon  écré- 
mage. — Nécessité  d'une  vitesse  régulière  pour 
centrifuge. — Quantité  de  lait  à  écrémer  à 
l'heure. — Difficultés  de  l'écrémage. — Epreuve 
du  lait  écrémé  ;  précautions  à  prendre  pour  la 
prise  d'essai.— Consistance  de  la  crème. — 
Pasteurisation. — Maturation  de  la  crème. — 
Ferments. — Préparation  des  ferments. —  Re- 
froidissement de  la  crème. — Barattage. —  Tra- 
vail et  salage  du  beurre. — Couleur,  taches, 
marbrures.  Arôme,  saveur,  propreté. — Goût  de 
poisson  et  goût  d'huile. —  Goût  de  suif. — Grain 
et  texture. —  Empaquetage.—  Conservation 
Transport. — Jugement  du  beurre  — Taux  de 
fabrication. — Diminution  des  frais  de  fabrica- 
tion.— Beurre  d'hiver.  -  Beurre  ou  fromage 281 

CHAPITRE  V 

CONSTRUCTION    ET    MATÉRIEL    DES    BEURRERIES 

Choix  de  l'emplacement  des  beurreries. — Règles  de 
construction  des  beurreries. — Bâtisses.  Bouil- 
loires.—  Engins. —  Vitesse  du  shaft  intermé- 
diaire et  calcul  des  poulies. — Centrifuges. — 
Bassins  divers. — Baratte. — Malaxeuis.-  Pro- 
preté des  beurreries. — Désinfection  des  fabri- 
ques.—  Matériel  nécessaire  à  une  beurrerie  de 
500  à  700  vaches  322 


406  TABLE  DES  MATIERES 


CHAPITRE  VI 

FABRICATION  DU  FROMAGE 

Réception  du  lait. — Epreuve  du  lait  par  la  fermen- 
tation.—  Maturation  du  lait.  Mise  en  pré- 
sure.— Coupage  du  caillé. —  Expulsion  du  petit 
lait  et  raffermissement  du  caillé. — Cuisson, 
brassage  et  soutirage  du  petit  lait.  — Egoutte- 
ment  du  caillé,  brassage,  paquetage,  corda- 
ge.— Coupage  au  moulin. — Salage.-  Mise  en 
moules  et  pressage.  —Maturation. — Arôme  et 
saveur. — Corps  et  texture. — Couleur. — Dimen- 
sions des  meules  et  des  boites. — Dépréciation 
résultant  des  principaux  défauts  extérieurs. — 
Transport.-- Quantité  de  lait  nécessaire  à  une 
fromagerie  et  taux  de  fabrication.— Jugement 
et  examen  des  fromages. — Principes  de  cons- 
truction des  fromageries. — Matériel  nécessaire 
à  une  fromagerie  de  500  vaches. — Propreté, 
ventilation  et  entretien  des  fromageries. — Com- 
position du  fromage  et  des  résidus  résultant  de 
la  fabrication. — Rendement  du  lait  en  fromage.  363 

CHAPITRE  VII 

QUESTIONS    DIVERSES 

Utilisation  du  lait  écrémé,  du  lait  de  beurre  et  du 

petit  lait. — Réparations 393 


HoLYROOD 


Kennels 


CHIENS  DE  BERGERS  ECOSSAIS  A  LONG  POIL  (Rough-Coated  Collies) 

Propriétaire:     ROBT.  McEwEN, 

BYRON,  Ontario,  CANADA. 


C/G  wllCriîl  contient  plusieurs  "  Collies  "  pri- 
més à  l'Exposition  de  New-York,  1897,  ainsi  qu'aux 
dernières  expositions  tenues  à  Toronto,  Ont.,  Dé- 
troit, Chicago  et  Boston. 


A  VENDRE:   Jeunes  chiens,  Chiens  dressés 

Chevaux  de  trait  et  de  selle 
Une  spécialité  de  moutons   "  Smtthdown" 


J?f*L     Date  Due 

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